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Full text of "Journal de l'agriculture"

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JOURNAL 


L'AGRICULTURE 


ANNÉE  1880,  TOME  TROISIÈME 


(juillet  a  SEPTEMan 


Le  JOURNAL  DE  L'AGRICULTURE,  fondé  le  20  juillet  1866,  a 
successivement  fusionné  avec  le  Journal  de  la  Ferme  et  des  Maisons 
DE  CAMPAGNE  et  avcc  la  Revue  de  l'Horticultcre.  En  conséquence  il 
s'occupe  de  toutes  les  questions  de  pratique  et  de  science  agricoles,  de 
législation  rurale,  d'économie  politique  ou  sociale  dans  ses  rapports 
avec  la  vie  rurale;  enfin  il  donne  tous  les  développements  nécessaires 
aux  progrès  de  la  viticulture,  de  l'horticulture,  de  l'arboriculture  et 
de  la  culture  maraîchère;  il  traite  aussi  bien  de  la  production  des 
jardins  que  de  celle  des  champs. 

11  appartient  à  une  Société  composée  de  840  agriculteurs  ou  agro- 
nomes groupés  autour  de  M.  J.~A.  Barrai. 


JOURNAL 


L'AGRICULTURE 

DE   LA   FERME    ET  DES    MAISONS    DE   CAMPAGNE 
DE    LA    VITICULTURE,    DE    L'HORTICULTURE 

DE    L'ÉCONOMIE    RURALE    ET    DES    INTÉRÊTS    DE    LA    PROPRIETE 

rOHDÉ    ET    DIRIGÉ    FAR 

J.-A.     BARRAL 

Secrétaire  perpétuel  de  la  Société  nrUiomle  d'agriculture  de  France; 

Membre  du  Conseil  génénil  de  la  Moselle  jusqu'en  1871  ; 

Ancien  élève  et  ancien  répétiteur  de  chimie  de  l'Ecole  polytechniaue  ; 

Membre  du  Conseil  d'administration   de   la   Société  des   agriculteurs    de   France 

Lauréat  de  l'Académie  des  sciences  en  1863,  pour  le  prix  de  ilorogues,  décerné  à  l'ouvrage  ayant  fait  faire 

le  plus  grand  progrés  à  l'agriculture  en  France; 

•fficier  de  la  Légion  d'honneur:  Commandeur  de  I  Ordre  ottoman  du  Aledjidié,  de  celui  ries  Saints  Maurice  et  Lazare  d'Italie^ 

de  celui  d'Isabelle  la  Catholi'iue  d'Espagne;  Chevalier  des  Ordres  de  Léopold  de  Belgique, 

de  Notre-Dame  de  la  Conception  de  Portugal; 

Membre  de  la  Société  philomatique  et  da  Conseil  de  la  Société  d'encouragement  pour  l'industrie  nationale  ; 

Membre  honoraire  de  la  Société  royale  d'agriiuliure  d'Angleierre  ; 

Membre  honoraire  de  l'Académie  de  Metz,  de  la  Société  centrale  d'agricul  ure  de  Belgique,  de  la  Société  royale  d'agriculture  de 

Portugal,  de  la  Société   des  agriculteurs  italiens, 

des  Sociétés  d'Agriculture  du  grand-duché  de  Luxembourg,  de  Moscou,  de  Varsovie,  de  Spolato, 

des  Géorgofiles  de  Florence,  de  Grosseto,  de  Turin,  de  Saint-Pétersbourg,  de  Pesaro.  du  Chili,  de  Hongrie,  de  l'Uruguay  ; 

Correspondant  de  l'Institut  genevois,  de  l'Institut  égyptien,  de  la  Société  des  sciences  naturelles  de  Milan; 

des  Sociétés  d'Agriculture,  de  Viticulture  ou  d'Horticulture  de  Paris,  d'Arras,  de  l'Aube,  de  Bayeux.  des  Bouclies-du-Rhône, 

de  Compiègne,  de  Caen.  de  Clermont,  du  Nord,  de  la  Seine-Inférieure,  de  Mayenne,  de  la  Haute-Garonne,  de  la  Côte-d'Or; 
de  Joigny,  de  Libourne.  de  Lyon,  de  Mirecourt,  de  Nancy,  du  Pas-de-Calais,  de  Poitiers,  de   Poligny,  de    Sentis,  de  Vaucluse  , 

des  Comices   agricoles  d'Agen.  de  Lille,  de  Meaux,  de  Metz,  de  Brantôme,  de  la  Société  des  Amis  de  la  paix, 

de  Valence  (Espagne),  des  Sociétés  d'Agriculture  de  Gand.de  New-Vork.  devienne  (Autriche),  delà  Gueidre  (Hollande),  de  Hongrie; 

du  Cercle  agricole  et  horticole    du  gr.md-diKhé  du  Luxembourg; 

Associé  étranger  de  l'Académie  royale  de  Suède,    eto  ,  etc. 


Conseil  de  direction  Scientifique,  Politique  et  Agricole  : 

MM.    J.-A.    BARRAL,     GASTON    BAZILLE,     DE    BÉHAGUE,     BELLA, 

GAREAU,      P.     DE    GASPARIN,     A.     VANDERCOLME 


ANNÉE   1880,  TOME  TROISIÈME 


(juillet  a  septembre) 


3ï:^u 


PARIS 

AUX  BUREAUX  DU  JOUR\AL  DE  L'AGRICULTURE 

Chez  M.  G.  MAS  S  ON,  libraire-éditeur,   120,  boulevard  SaiQt-Germaia 

ET 

Bruxelles,  chez  M.  Henri  MANCEAUX,  libi aire-éditeur,  8,  rue  des  Trois-Tôtos 

1880 


AO 


9/ /SU-  x5>^. 


Le  Journal  de  T Agriculture  paraît  tous  les  samedis  en  une  livraison  de  52  à 
68  pages,  avec  de  nombreuses  gravures  noires  intercalées  dans  le  texte  et  des 
planches  noires  ou  coloriées  hors  texte.  —  Il  forme  par  an  quatre  volumes  de 
500  à  600  pages  chacun. 


PRIX   DE   L'ABONNEMENT  : 

FRANCE  :  un  an,  20  fr.  ;  —  six  mois,  11  fr,  ;  —  trois  mois,  6  fr.  —  Un  numéro,  50  centimes. 

Pour   tous   les   pays   de  l'Union  postale  :   un    an,    22   fr. 
Pour  tous  les  autres  pays,  le  port  en  sus. 


LES    PAYS   FAISANT   PARTIE    DE    L'UnION   POSTALE   SONT  : 

Allemagne  —  Autriche  —  Belgique  —  Danemark  —  Espagne  —  Etats-Unis  —  Grande-Bretagne   —  Grèce 

.Hongrie  —  Italie  —  Luxembourg  —  Monténégro  —  Norvège  —  Pays-Bas  —  Portugal 

Roumanie   —  Russie  —  Serbie  —  Suède  —  Suisse  —  Turquie  —  Egypte  —  Tanger  et  Tunis 

Perse  — Brésil  —  République  argentine —  Pérou — Colonies, françaises 

La  plupart  des  colonies  étrangères. 


JOURNAL 


DS 


L'AGRICULTURE 


CHRONIQUE  AGRICOLE  o  juillet  1880,. 

Rapport  fait  à  la  Chambre  des  députés  sur  le  dégrèvement  des  vins  et  des  sucres.  —  Propositions 
de  la  Commission  du  budget.  —  Conséquence  des  dégrèvements.  —  Projet  de  loi  relatif  à  une 
expérimentation  de  mobilisation  des  chevau.x  et  des  voitures.  —  La  révision  du  cadastre.  —  Pro- 
position de  la  loi  de  M.  Mathé.  —  Concours  du  Comice  de  Seine-et-Marne  à  Courquetaine  et  du 
Comice  de  Seine-et-Oise  à  Angeryile.  —  L'intrusion  de  la  politique  dans  l'agriculture.  —  Con- 
cours ouvert  par  la  Société  d'agriculture  de  Vaucluse.  —  Concours  d'animaux  reproducteurs  à 
Vic-Bigorre.  —  Vente  annuelle  de  béliers  à  Grignon.  —  Résultats  de  la  vente.  —  La  clavelée 
chez  les  moutons  algériens.  —  Protestation  de  la  Société  d'agriculture  des  Bouches-du-Rhône. 
—  Notice  de  M.  Hérisson  sur  la  race  bovine  de  Lourdes.  —  Concours  pour  des  chaires  départe- 
mentales d'agriculture.  —  Changement  de  date  d'un  concours  dans  les  écoles  d'agriculture.  — 
Prochaine  élection  d'un  membre  titulaire  à  la  Société  nationale  d'agriculture.  —  Nouvelle  liste 
de  membres  de  la  Société  d'encouragement  à  l'agriculture.  —  Les  conditions  du  métayage.— 
Lettre  de  M.  Kersanté.  —  Le  bon  métayage.  —  Le  phylloxéra.  —  Taches  constatées  en  Istrie.  — 
.Sériciculture.  —  Nouvelles  des  éducations  des  vers  à  soie. 

I.  —  Dégrèvement  des  droits  sur  les  sucres  et  sur  les  vins. 

Nous  avons  fait  connaître  le  projet  du  gouvernement,  portant  dégrè- 
vement des  droits  sur  les  sucres  de  toute  origine  et  substituant  au  ré- 
gime des  classes  la  tarification  au  degré  saccharimétrique.  Nous  avons 
applaudi  de  toutes  nos  forces,  en  nous  efforçant  de  montrer  toute 
l'importance  que  cette  mesure  aura  pourl'agriculture.  La  Commission 
du  budget  delà  Chambre  des  Députés,  vient,  par  l'organe  de  son  rap- 
porteur, M.  Maurice  Rouvier,  de  faire  connaître  son  approbation  à  ce 
dégrèvement  qui  se  produirait  dès  le  P'  octobre  prochain,  c'est-à-dire 
avec  l'ouverture  de  la  campagne  sucrière.  Ce  point  établi,  la  Commis- 
sion du  budget  a  voulu  aussi  faire  profiter  des  excédents  du  budget  la 
viticulture,  et  elle  propose  à  la  Chambre  de  voter  un  autre  dégrèvement 
portant  sur  l'impôt  des  vins.  Le  gouvernement  a  adopté  cette  manière 
devoir.  En  substance  et  laissant  de  côté  les  détails  de  la  loi  nouvelle, 
il  résulte  du  projet  qui  sera  certainement  adopté,  que  : 

r  Les  droits  de  circulation  et  d'entrée  actuellement  établis  sur  les 
vins,  cidres,  poirés  et  hydromels,  sont  réduits  d'un  tiers  et  fixés,  en 
prmcipal  et  décimes,  conformément  au  tarif  suivant  : 

Désignation  des  droits  et  population  des  Tarif  par  hectolitre  en  principal  et  décimes. 

communies  sujettes  au  droit  d'entrée.   vins  en  cercles  et  en  bouteilles  dans  Cidres, 

poirés  et 
les  départements  de hydromels. 

!'«  classe.  2«  classe.         3°  classe'        — 

4.000  à      6,000  âmes  0  40  0  55  0  75         0  35 

6.001  10,000     >.  0  60  0  85  1   10  0  50 
,  10,001          15,0t!0     »                   0  75                1   15                1  50          0  60 

Entrée  dans  les  (  15,001          20,0no     »  0  95  1  40  1  90  0  85 

communes   de  ]  20,001          30,000     »  l  10  1  70  2  25  0  95 

30,001          50,000     .  1  30  2  00  •         2  6J  l   15 

.  50,001      et  au-dessus.  1,50  2  25  3  00  1  25 

Circulation  suivant  le  lieu  de  destination.  1  00  1  50  2  00  0  80 

Taxe  de  remplacement  aux  entrées  de  Paris.  ""^  ■"""'        8^25  "       4  50 

2°  Que  le  droit  à  la  vente  en  détail  des  vins,  cidres,  poirés  et  hydro- 
mels, également  réduit  d'un  tiers,  se  trouve  désormais  fixé,  en  prin- 
cipal et  décimes,  à  12  fr.  50  pour  100  du  prix  de  vente. 

N»  586.  —  Tome  III  de  1880.  —  3  Juillet. 


6  CHRONIQUE  AGRICOLE  (3  JUILLET  1880). 

L'ensemble  des  dégrèvements  se  montera,  pour  1881,  sur  les  sucres, 
à  59,609,000  fr.,  et  sur  les  vins  à  71,000,000  fr.,  soit  en  tout 
130,000,000  fr. 

Les  consommateurs  profiteront  de  cette  mesure  libérale,  en  même 
temps  que  l'agriculture  trouvera  un  nouvel  essor  pour  ses  produc- 
tions, dans  l'accroissement  de  la  vente.  L'ère  des  dégrèvements  d'im- 
pôts, qui  est  maintenant  ouverte,  démontre,  d'une  manière  éclatante, 
que  la  prospérité  de  notre  pays  n'a  pas  sombré,  comme  cherchaient 
à  le  faire  croire  tant  d'esprits  chagrins  ou  hostiles. 

II.  —  Expérimentation  de  requisUion  de  chevaux  et  de  voilures. 

On  sait  que  la  conscription  des  chevaux,  mulets  et  voitures,  a  été  or- 
donnée par  la  loi  militaire.  Jusqu'ici  les  appels  annuels  des  hommes 
de  la  réserve  et  de  l'armée  territoriale  ont  permis  d'apprécier  dans 
une  certaine  mesure,  pour  les  hommes,  les  conditions  dans  lesquelles 
se  ferait  la  mobilisation  générale  de  l'armée  en  temps  de  guerre.  La 
même  expérience  n'a  pu  encore  être  faite  pour  les  chevaux  et  les  voi- 
tures attelées  que  la  loi  du  3  juillet  1877  met  par  voie  de  réquisition 
h  la  disposition  de  l'autorité  militaire,  car  cette  loi  ne  s'applique  exclu- 
sivement qu'au  temps  de  guerre.  La  ministre  de  la  guerre,  tenant  ce- 
pendant à  se  rendre  compte  des  résultats  que  donnerait  le  règlement 
contenant  les  mesures  d'exécution  de  celte  loi,  vient  de  présenter  au 
Parlement  un  projet  qui  tend  à  lui  donner  l'autorisation  de  procéder  à 
un  essai  partiel  de  réquisition  des  chevaux,  voitures  attelées  et  har- 
nais, ainsi  qu'à  lui  accorder  un  crédit  extraordinaire  del  10,000  francs 
pour  faire  face  aux  dépenses  qui  en  résulteront.  L'opération  aurait  lieu 
au  mois  d'octobre  prochain.  Elle  porterait  sur  quatre  corps  d'armée, 
à  raison  de  deux  circonscriptions  par  région,  c'est-à-dire  sur  le  quart 
de  quatre  régions  de  corps  d'armée.  On  retiendrait  au  plus  pendant 
une  journée  chaque  animal  ou  voiture,  de  manière  à  limiter  au  strict 
nécessaire  le  dérangement  à  imposer  aux  populations,  et  l'on  donne- 
rait une  indemnité  de  déplacement  à  tous  les  propriétaires  de  chevaux 
ou  voitures  auxquels  s'étendrait  la  réquisition.  Celle-ci  comprendrait 
environ  8,000  chevaux,  soit  le  vingtième  à  peu  près  de  ce  qu'elle 
pourrait  produire  en  réalité.  Il  y  a  tout  lieu  de  croire  que  le  Parle- 
ment acceptera  le  projet  du  gouvernement,  car  la  dépense  supplémen- 
taire est  de  peu  d'importance  et  il  est  intéressant  de  juger  à  l'avance 
le  mécanisme  des  réquisitions  de  chevaux  et  de  voitures  qui  jouent 
un  rôle  important  dans  la  mobilisation  générale. 

IIL  —  Le  Cadastre. 
La  Chambre  des  députés  est  saisie,  depuis  un  certain  temps,  de 
plusieurs  projets  de  loi  relatifs  au  cadastre,  à  son  renouvellement  et 
au  moyen  d'arriver  à  répartir  d'une  façon  plus  régulière  les  charges 
de  l'impôt  foncier.  M.  Mathé,  député,  vient  de  présenter  une  nouvelle 
proposition  dans  ce  sens.  Cette  proposition  a  le  double  but  de  faire 
opérer  une  révision  du  cadastre  qui  servirait,  grâce  à  des  révisions 
décennales,  de  base  sérieuse  et  authentique  pour  les  mutations  de 
propriété.  Toutefois  cette  révision  ne  serait  complète  que  pour  les 
documents  et  plans  qu'il  serait  impossible  d'utiliser  désormais.  La 
révision  coûterait  sensiblement  moins  cher  que  le  renouvellement  ; 
cette  considération  est  importante,  car  c'est  la  question  des  frais  qui 
a  arrêté  toutes  les  opérations  de  ce  genre.  M.  Mathé  estime  que  la  ré- 


GURONIQUEl  AGRICOLE  (3  JUILLET  1880).  7 

vision  qu'il  propose  pourrait  êtra  exécutée  en  quatre  ou  cin^  ans,  et. 
qu'elle  ne  coulerait  pas  plus  de  60  millions  de  i'rancs. 

IV.  —  Concours  des  Comices  'dfi  SÂne-ct-Marne  et  Seine-et-Oise. 

Le  concours  annuel  du  Comice  de  Saine-et-Mame  s'est  tenu  le 
dimanche  6  juin,  sur  la  belle  exploitation  de  M.  Hardon,  à  Courque- 
taine.  Malgré  le  mauvais  temps,  qui  n'a  cessé  de  régner  toute  la 
journée,  le  concours  a  été  remarquable  à  tous  les  points  de  vue,  et  il 
a  été  suivi  par  une  très  grande  at'rlueace  de  visiteurs;  au  banquet,  on 
comptait  plus  de  cinq  cents  convives.  Il  était  d'ailleurs  dit'licile  de 
trouver  une  installation  plus  parfaite  que  celle  de  Courquetaine,  pour 
une  réunion  de  ce  genre.  Nous  ne  pouvons  que  signaler  sommairement 
les  principales  récompenses  décernées  par  le  Comice.  La  grande  mé- 
daille d'or  des  améliorations  agricoles  a  été  attribuée  à  M.  Hardon, 
pour  l'ensemble  de  ses  travaux  de  culture  et  spécialement  pour  son 
intérieur  de  ferme,  et  une  médaille  d'or  à  M.  Augor,  cultivateur  à 
Montchauvoir,  commune  de  Saint-Méry,  pour  son  agencement  méca- 
nique. Une  autre  médaille  d'or  a  été  décernée  à  M.  Baudron,  régisseur 
de  Mme  de  Lancosme,  au  château  de  Graville,  commune  de  la  Celle- 
sous-Mores. 

C'est  le  27  juin  que  le  Comice  de  Seine-et-Oise  tenait  son  concours 
annuel  à  Angerville.  Ici,  encore,  l'affluence  était  très  nombreuse,  et  le 
concours  était  réellement  remarquable.  Le  président  du  Comice  a  pro- 
fité de  la  distribution  des  récompenses,  pour  insister,  à  nouveau,  sur 
les  souffrances  de  l'agriculture;  à  cela  il  n'y  a  qu'à  applaudir,  mais 
c'était  outrepasser  la  vérité  que  d'en  annoncer  la  ruine  prochaine.  Heu- 
reusement le  rapport  fait  par  M.  Testard  sur  le  concours  des  fermes  a 
fait  un  contraste  absolu  avec  ces  prédictions  car,  il  a  montré  la  prospé- 
rité des  exploitations  qui  ont  pris  part  à  ce  concours  et  fait  ressortir 
la  marche  croissante  du  progrès.  Un  incident  fâcheux  s'est  produit  au 
banquet  :  nous  n'y  avons  pas  assisté,  et  nous  ne  le  jugeons  pas.  Mais 
nous  répétons  que  c'est  un  fait  déplus  à  invoquer  contre  les  tendances 
politiques  de  quelques  associations  agricoles.  Le  devoir  de  ceux  qui 
les  dirigent  doit  être  de  les  faire  s'occuper  exclusivement  d'agriculture. 
Les  Comices  doivent  être  des  réunions,  non  pas  de  combat,  mais 
de  progrès. 

V.  —  Prochains  concours  agricoles. 

La  Société  nationale  d'agriculture  et  d'horticulture  de  Vaucluse, 
présidée  par  M.  le  marquis  de  l'Espine,  ouvre  cette  année  trois  concours 
spéciaux  entre  les  agriculteurs  du  département.  Le  premier  est  relatif 
aux  plantations  de  vigne,  le  second  à  l'élevage  du  bétail  (bœufs, 
moutons  et  porcs)  ;  le  troisième  est  réservé  aux  serviteurs  agricoles 
les  plus  méritants.  Les  agriculteurs  qui  désirent  prendre  part  à  l'un 
de  ces  concours  doivent  en  faire  la  déclaration  avant  le  1"  août,  au 
président  de  la  Société,  à  Avignon.  Il  est  probable  qu'il  y  aura  de  nom- 
breux concurrents,  notamment  pour  les  prix  concernant  les  vignes 
américaines,  dont  la  culture,  récente  encore  dans  le  département  de 
Vaucluse,  paraît  susceptible  de  rendre  de  grands  services  à  la  popu- 
lation viticole  si  cruellement  éprouvée. 

Nous  devons  aussi  annoncer  le  concours  organisé  par  le  Comiee  de 
Tarbes,  sous  la  direction  de  M.  Desbons,  qui  aura  lieu  à  Vic-Bigorre, 
le  5  septembre  prochain;  il  comprendra  les  animaux  reproducteurs, 


8  CHRONIQUE  AGRICOLE  (3  JUILLET   1880). 

les  produits  agricoles  et  ceux  de  l'horticulture.  Le  concours  d'animaux 
reproducteurs  comprendra  les  espèces  bovine,  ovine,  porcine  et  asine. 
YI.  —  Vente  de  béliers  à  Grignon. 
La  vente  annuelle  des  béliers,  provenant  des  bergeries  de  l'État,  a 
eu  lieu,  ainsi  que  nous  l'avons  annoncé,  le  28  juin,  à  l'école  nationale 
d'agriculture  de  Grignon.  Cette  vente  avait  dû  être  un  peu  retardée,  à 
raison  de  la  translation  de  la  bergerie  du  Haut-Tingry  à  Grignon. 
Néanmoins,  elle  a  eu  le  succès  accoutumé,  ainsi  qu'il  résulte  des 
chiffres  suivants  résumant  les  résultats  de  la  vente  des  35  béliers  : 

14  béliers  Dishîey  ont  été  vendus 3 .874  fr.  60 

Le  plus  cber 388  fr.  50 

Le  mo'ns  cher 220  50 

Moyenne 276  75 

10  béliers  Dishley-mérinos  ont  été  vendus 4,336        50 

Le  plus  cher 1,186  50 

Le  moins  cher 220  50 

Moyenne 433  65 

4  béliers  Shrcpshiredoion  ont  été  vendus 924        00 

Le  plus  cher 262  50 

Le  moins  cher 220  50 

Moyenne 231  00 

7  béliers  Southdown  ont  été  vendus 2 ,  100        00 

Le  plus  cher 430  50 

Le  moins  cher 220  50 

Moyenne 300  00 

Total  générai 11.235        00 

Moyenne  générale  de  la  vente 321        00 

Les  principaux  acheteurs  ont  été  MM.  Sarazin,  de  l'Aisne;  Soufflet, 
Gruyer,  de  l'Aube;  Waddington,  de  l'Eure;  Gouache,  Chasles,  d'Ar- 
gent, d'Eure-et-Loir;  Fagnielle,  de  la  Marne;  Colson,  de  la  Meuse; 
Souchon,  de  la  Nièvre;  Hervaux,  Foubert,  de  l'Oise;  Lefèvre,  Rossignol, 
de  lOrne;  Muret,  Pelletier,  de  Seine-et-Marne;  Filou,  Prévost,  de 
Seine-et-Oise;  Godeby,  Legros ,  de  la  Seine-TnférieLire;  Martine- 
Langlet,  de  la  Somme. 

VIL  — •  La  clavelée  des  moutons. 

Depuis  plusieurs  années,  les  agriculteurs  du  Midi  font  entendre  des 
plaintes  assez  vives,  relativement  à  l'importation  des  bêtes  à  laine 
d'Afrique  atteintes  par  la  clavelée.  La  Société  d'agriculture  des 
Bouches-du-Rhône  vient  encore  de  s'occuper  de  cette  grave  question. 
Son  présidentM.  Rougemont  a  adressé  au  préfet  des  Bouches-duRhône 
une  lettre  demandant  que  des  mesures  énergiques  soient  prises  en 
Algérie  pour  empêcher  l'embarquement  des.  animaux  malades  qui 
peuvent  infecter  les  troupeaux  dans  lesquels  ils  sont  introduits  après 
leur  débarquement  en  France.  Un  arrêté  du  gouverneur  général  de 
l'Algérie,  en  date  du  1 9  octobre  1 H79,  a  prescrit  une  inspection  minu- 
tieuse des  animaux  avant  leur  départ;  il  est  indispensable,  en  effet, 
que  cette  mesure  soit  exécutée  rigoureusement. 

VIII.  —  La  race  bovine  de  Lourdes. 

M.  Hérisson,  ancien  élève  de  lécole  d'agriculture  de  Grand-Jouan, 
ancien  vice-président  du  comice  d'Argelès,  vient  de  publier  (librairie 
Péré,  à  Bagnères)  une  intéressante  notice  sur  la  vache  de  Lourdes.  11 
passe  successivement  en  revue  ses  origines,  sa  conformation,  ses  ap- 
titudes, le  système  d'exploitation  auquel  elle  est  soumise.  C'est  un 
travail  fait  avec  beaucoup  de  soin,  que  nous  nous  plaisons  à  signaler 
parce  qu'on  y  trouvera  un  grand  nombre  de  renseignements   étudiée 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (3  JUILLET    1880),  9 

sur  place  et  utiles  à  connaître  pour  tous  ceux  qui  s'intéressent  à   la 
production  agricole  dans  les  Pyrénées. 

IX.  —  Concours  pour  des  chaires  dèparlementales  d'agriculture. 
On  sait  que,  en  exécution  de  la  loi  votée  l'année  dernière,  tous  les 
départements  doivent  être  pourvus,  dans  un  délai  de  six  ans,  de 
chaires  d'agriculture.  Qaarante-sept  départements  en  manquent 
encore.  Le  ministre  de  l'agriculture,  d'accord  avec  le  ministre  de 
l'instruction  publique,  vient  de  décider  que  onze  concours  seraient 
ouverts  cette  année.  Ces  concours  auront  lieu  aux  dates  ci-après,  aux 
chefs -lieux  des  départements  indiqués  : 

4  octobre,  Hautes-Alpes,  Indre-et-Loire  et  Nord; —  8  octobre,  Rhône;  —  12  oc- 
tobre, Alpes-Maritimes  et  Pas-de-Calais;  —  16  octobre,  Drôme  et  Deux-Sèvres;  — 
18  octobre,  Allier;  —  25  octobre,  Eure-et-Loir;  —  3  novembre,  Loire-Inférieure. 

Les  candidats  devront  se  faire  inscrire  avant  le  3  septembre,  soit 
au  ministère  de  l'agriculture,  soit  dans  les  préfectures  de  leurs  dépar- 
tements respectifs,  et  produire  à  l'appui  de  leur  demandes  les  pièces 
requises  pour  les  concours  de  ce  genre,  ainsi  que  leurs  titres  scienti- 
fiques. 

X.  —  Concours  dans  les  écoles  d'agriculture. 

Une  décision  du  ministre  de  l'agriculture  et  du  commerce  a  reporté 
au  mercredi  3  novembre  1880,  la  date  d'ouverture  d'un  concours  pri- 
mitivement fixée  au  1 G  août,  pour  la  nomination  à  un  emploi  de  profes- 
seur de  physique,  chimie,  minéralogie  et  géologie  appliquées  dans  les 
Ecoles  d'agriculture.  Le  programme  de  ce  concours  se  distribue  :  à 
Paris,  au  ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce  (direction  de 
l'agriculture,  Bureau  de  l'enseignement  agricole),  et  au  secrétariat  des 
trois  Ecoles  d'agriculture  de  Grandjouan  (Loire-Inférieure),  de  Grignon 
(Seine-et-Oise),  et  de  Montpellier  (Hérault). 

XL  —  Prochaine  élection  à  la  Société  nationale  d'agriculture. 

Dans  le  Comité  secret  de  sa  séance  du  30  juin,  la  Société  nationale 
d'agriculture  a  entendu  le  rapport  de  la  Section  de  mécanique  agricole 
et  des  irrigations,  sur  les  candidats  à  la  place  rendue  vacante  par  la 
mort  de  M.  le  général  Morin.  La  Section  présente  la  liste  de  candidats 
suivante  :  en  première  ligne,  M.  Fernand  Raoul  Duval,  agriculteur  à 
MaroUes  (Indre-et-Loire),  lauréat  de  la  prime  d'honneur;  en  deuxième 
ligne,  ex  œquo^  et  par  ordre  alphabétique  :  M.  Grandvoinnet,  profes- 
seur à  l'Ecole  nationale  d'agriculture  de  Grignon,  et  M.  Mille,  in- 
specteur général  des  raines.  Les  titres  des  candidats  ont  été  discutés. 
L'élection  aura  lieu  dans  la  séance  du  7  juillet. 

XII.  —  La  Société'  d'encouragement  à  V agriculture. 

Nous  recevons  la  nouvelle  liste  qui  suit,  des  membres  de  la  Société 
d'encouragement  à  l'agriculture  : 

MM.  Charles  Desprez,  agriculteur  à  Gappelle  (Nord),  fondateur.  —  Le  Cohiice 
agricole  du  canton  de  Saint-Jean  de  Losne  Gôte-d'Or).  —  Henry  Pinto,  ancien 
élève  de  Grignon  (Rohême  Autriche].  —  Ronnard,  constructeur,  à  Paris.  — 
Dumangin,  ancien  élève  de  Grignon,  au  Palais  Rourbon.  —  Le  Comice  agricole  de 
V arrondissement  de  Vilhaeuve-sur-Lot.  —  P.  H.  Richard,  constructeur  à  Jarnac 
(Charente) .  —  G.  Pioche,  administrateur  de  la  Société  nationale  contre  le  phyl- 
loxéra (Paris).  — Alfred  Droz,  avocat  à  la  cour  d'appel  à  Paris.  —  Chrétien, 
cultivateur  à  Aubepierre  (Seine-et-Marne).  —  Hardon,  ingénieur,  propriétaire- 
agriculteur  (Seine-et-Marae),  fondateur.  —  Lafaye,  propriéiaire-agriculteur,  à 
Puy-Saint-Astier  (Dordogne).  — -  Austruy,  ingénieur  à  Cuzorn  (Lot-et-Garonne). 


10  CHRONIQUE  AGRICOLE   (3  JUILLET   1880). 

—  Boutelleau,  vice -président  du  Comice  agricole  de  Barbezieux  (Charente).  — 
J.  B.  Girard,  professeur  d'agriculture  à  l'école  nationale  de  Glermont  (Puy-de- 
Dôme).  —  Beaussire,  membre  de  llnstitut,  député  de  la  Vendée.  —  Galpin, 
député  de  la  iSarlhe  —  Bianchi,  agriculteur  à  Cappelle,  par  Templeuve 
(Nord).  — '  Laurent,  président  du  Comice  agricole  de  la  Flèche  (Sarthe).  — 
Boutevin,  conseiller  général,  président  du  Comice  agricole  de  Mayet  (SariheU  — 
Courtiller,  conseiller  général  de  la  Sarthe,  lauréat  de  la  prime  d'honneur  (Sarthe). 

—  Guedon,  directeur  des  bergeries  de  Grignon  (Seine-et-Oise).  —  Labarre, 
pré-sident  de  l'exposition  de  Melun  (Seine-et  Marne).  —  Gotelle,  directeur  de 
l'exposition  de  Melun.  —  Heulot,  secrétaire  général  de  l'exposition  de  Melun.  — 
Blereau,  conseiller  municipal  à  Melun.  —  Montant,  ingénieur  en  chef  des  ponts 
et  chaussées,  à  Melun.  —  Lemaire,  archiviste  à  la  prél'ectwre  de  Melun.  — 
Trnquier,  négociant  en  vins  et  eaux-de-vie,  à  Melun.  —  Alfred  de  Lavalette, 
directeur  de  la  Revue  et  économie  rurale.  —  Aimé  Champin,  viticulteur,  membre 
du  conseil  général  de  la  Drome. —  Borie  Ghanal,  ingénieur  à  Toulouse,  fondateur. 

—  Flandin,  député  de  la  Marne,  fnnda'enr.  —  De  la  Condamine,  propriétaire- 
agriculteur  (Haute-Garonne).  —  Zulmar  Williot,  propriétaire  agriculteur,  maire 
à  Poix  (Nord),  fondateur.  —  Brisson,  maire  de  Bourges,  fon.dateur.  —  Livret, 
propriétaire  à  Paris.  —  Emile  Hirisson,  agriculteur,  près  Culturel  (Haute-Ga- 
ronne), foad'teur.  —  Albert  Hérisson,  agronome  (Haute-Garonne),  fondateur.  — 
Petit-Dossaris,  sous-préfet  à  Gjrbeil.  — -  Le  Comice  agricole  de  Suintes. 

Les  adhésions  doivent  être  envoyées  à  M.  Lagorsse,  secrétaire  gé- 
néral, 56,  rue  Basse-dii- Rempart,  àPcris.  —  Dans  la  dernière  liste  pu- 
bliée, une  erreur  s'est  glissée.  Au  lieu  de  :  Sociélé  de  sériciculture  du 
Gard,  il  faut  lire  :  Société  d'agriculture  du  Gard,  Comice  agricole  de 
Nîmes. 

Xlll.  —  Sur  le  mélayage. 

A  Toccasion  des  observations,  suivie  métayage,  que  nous  avons 
publiées  récemment,  nous  recevons  de  M.  Kersanté  la  lettre  suivante, 
que  nous  insérons  très  volontiers    : 

«  Monsieur  le  directeur, 
«  I.  —  Après  avoir  lu  les  considération?,  relatives  au  métayage,  contenues- 
dans  le  numéro  du  5  juin  du  Journal  de  l'Agriculture^  j'avais  espéré  que  des  voix 
plus  autorisées  que  la  mienne  s'élèveraient  auprès  de  vous  pour  formuler,  au  nom 
de  la  vérité  des  faits,  des  observations  et  des  réserves  nécessaires  sur  des  affir- 
mations et  des  allégations  qui  tendraient  à  faire  considérer  les  bailleurs  de  fermes 
à  cuiona^re  partiaire,  dont  j'ai  Tb^nneur  de  faire  partie,  comme  de  purs  tyrans, 
imposant  le  servage  nntigue  à  une  classe  de  laborieux  laboureurs,  et  à  accréditer 
l'idée  fausse  que  L  localion  à  coloaage-partiaire  est  le  moyen  de  suppléer  à  la 
rareté  de  la  main  d'œuvre  dans  les  campagnes. 

«  M  lis,  en  présence  du  sdenco  qui  accueille  des  assertions  dangereuses,  qui 
emprunient  une  fofce  nouvelle  à  cette  publicité  spéciale  et  à  l'autorité  de  votre 
adhésion,  permettez,  monsieur  le  directeur,  à  l'un  de  vos  plus  anciens  collabora- 
teurs, devons  dire  f[ue  ces  assertions  renferment  au  moins  deux  grosses  erreurs.^  et, 
de  plus,  l'inconvénient  grave,  à  l'époque  de  trouble  moral  que  nous  traversons,  de 
jeter,  dans  le;  relations  cordiales  qui  existaient  jusqu'ici  entre  bailleurs  et  colons, 
des  semences  de  préventions,  de  haine  et  de  divisions  qui  ne  peuvent  jamais  pro- 
fiter au  développement  du  progiès  agricole. 

«  n.  — La  première  de  ces  erreun,  monsieur  le  directeur,  consiste  à  insinuer  que 
le  colon  partiâire  est  privé,  dans  la  réalisation  de  son  bail  et  des  conventions  qui 
l'engagent,  de  la  liberté  d'action  et  de  l'indépendance  dont  jouirait  le  fermier  à 
prix  d'argent,  et,  qu'en  conséquence,  il  devient  la  victime  des  exigences  du 
bailleur. 

«  Il  est  impossible  à  mon  esprit,  et  sans  doute  au  vôtre,  monsieur  le  directeur,  de 
saisir  la  raison  de  cette  différence  entre  deux  hommes  parfaitement  égaux  entre 
eux,  et  avec  le  propriétaire  bailleur  devant  la  loi  et  la  liberté  des  transactions  de 
la  vie  civile.  J'aime  mieux  continuera  penser  que,  dan^  l'état  d'émancipation  in- 
dividuelle où  l'homme  se  trouve  aujourd'hui  placé,  les  conventions  privées,  quel 
qu'en  soit  l'objet,  sont  librement  consenties  ;  et  que  nos  codes  ont  été  sages  en 
consacrent  la  principe  que  ces  conventions  font  loi  entre  les  parties  contractantes  ! 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (3  JUILLET  1880).  Il 

«  Les  engagements  des  colons,  vis-à-vis  des  bailleurs,  et  réciproquement,  sont 
donc  conventionnels,  et  les  résultats  de  libres  discussions;  et  ils  échappent,  par 
ce  caractère  incontestable,  aux  critiques  que  voudraient  en  faire  des  tiers,  même 
dans  un  bui  politique. 

«  Mais  si,  de  ces  appréciations  sur  la  légalité  et  la  liberté  des  conventions,  je 
descends  sur  le  terrain  des  laits,  je  me  demande  comment  on  peut  avancer,  à  la 
face  de  la  pratique  agricole,  que  la  clause  d'un  bail,  qui  stipule  le  prélèvement 
des  impots  et  réparations  locatives,  avant  partage,  sur  les  produits  de  l'exploitation 
à  moitié,  constitue  un  abus  du  bailleur  contre  le  colon  partiaire?  Gomment  on 
pourrait  même  lui  donner  une  pareille  qualification  si  cette  clause  imposait  au 
colon,  seul,  le  payement  de  ces  charges,  qu'il  a  acceptées?  Est-ce  que  le  premier 
venu  connaît,  pour  se  permettre  de  telles  appréciations,  les  motifs  qui  ont  déter- 
miné le  colon  à  souscrire  l'engagement?  Sait-il  si  ce  dernier  n'a  pas  trouvé,  dans 
l'économie  du  bail,  des  compensations  avantageuses  où,  comme  je  vais  le  dire,  le 
profit  n'est  pas  du  côté  du  propriétaire? 

«  Si  donc  il  est  outrageant  pour  le  bailleur  d'entendre  taxer  d'abus  une  conven- 
tion librement  discutée  et  acceptée,  il  est  humiliant  ])Our  le  colon  de  se  voir  ainsi 
jugé  incapable  de  discuter  et  sauvegarder  ses  intérêts  sans  la  tutelle  de  la  loi. 

«  Mais  en  fait,  le  colon  partiaire  est-il  aussi  maltraité  qu'on  voudrait  le  faire 
croire?  Voyons. 

«  Le  principe,  qui  est  la  raison  d'être  du  bail  à  colonage  partiaire,  consiste  en 
ce  que  le  colon,  pour  la  rémunération  de  son  travail,  conserve  la  moitié  de  tous 
les  produits  enfantés  par  ce  travail  même;  l'autre  moitié  appartenant  au  bailleur. 

«  D'après  ce  principe,  le  colon  n'a  aucun  droit  aux  produits  qui  ne  sont  pas  son 
œuvre,  à  moins  de  convention  contraire,  tels  que  les  produits  spontanés  du  sol. 
En  Bretagne,  tous  ces  produits  entrent  en  partage.  Or,  ils  sont  très  importants, 
et  consistent  en  :  1°  les  bois  d'émonde  en  quantité  considérable;  2°  les  bois  pi- 
quants; 3"  les  pommes  et  poires  à  cidre;  k°  les  ajoncières  pour  chaufl'age;  5"  les 
cerisiers  des  champs;  etc.  Les  bois  piquants,  et  même  ceux  des  ajoncières,  sont 
laissés  en  totalité  au  colon.  Et  quand  on  saura  que,  cette  année,  dans  ma,  con- 
trée, la  récolte  des  pommes  a  sauvé  le  cultivateur  de  la  misère,  et  lui  a  procuré, 
en  valeur,  de  quoi  payer  deux  années  de  ses  fermages,  on  ne  pourra  pas  soutenir 
que  le  colon  partiaire,  qui  n'a  rien  à  payer  à  son  maître,  en  argent,  mais  qui  a 
partagé  avec  lui  des  pommes  qui  ne  lui  ont  coûté  aucun  travail,  et  qui  lui  ont  pro- 
duit une  forte  somme,  aurait  lieu  de  se  plaindre  s'il  payait  la  totalité  de  l'impôt. 
Devant  ces  faits,  il  serait  difficile  aux  détracteurs  des  baillpurs,  qui  stipulent  de 
telles  conditions,  de  ne  pas  reconnaître  que  celui  des  contractants  qui  prend  la 
part  du  lion  n'est  pas  le  propriétaire. 

ce  Mais,  en  laissant  de  côté  l'avantage  considérable  du  partage  des  produits 
.>nontanés,  serait-il  juste  de  laisser  le  payement  de  l'impôt  à  la  charge  du  bailleur 
seul? 

ce  Cet  impôt  est,  en  droit,  une  charge  des  produits  ;  il  n'aurait  pas  sa  raison 
d'être  sur  une  chose  qui  ne  produirait  rien.  Aussi,  disparaît-il  quand  l'immeuble 
est  sans  revenus  :  ce  qui  arrive  rarement  pour  les  immeubles  ruraux,  mais  arrive 
fréquemment  pour  les  immeubles  urbains.  Il  est  donc  de  la  plus  stricte  équité 
qu'au  moins  le  propriétaire,  qui  ne  prend  que  la  moitié  des  produits,  ne  supporte 
que  la  moitié  de  l'impôt.  Or,  la  stipulation  du  prélèvement  de  l'impôt  et  dépenses 
de  réparations  sur  la  totalité  des  produits,  avant  partage,  n'a  pas  d'autre  effet  que 
de  faire  supporter  ces  charges  par  moitié  ;  ce  qui  est  correct  et  conforme  à  l'esprit 
de  la  convention. 

<c  III.  —  La  seconde  erreur  consiste  à  dire  que  le  système  de  la  location  à 
colonage  partiaire  a  pour  effet  d'apporter  des  remèdes  efficaces  aux  souffrances  de 
l'agriculture  provenant  de  la  rareté  de  la  main-d'œuvre  I 

ce  C'est  là,  monsieur  le  Directeur,  l'illusion  d'un  cœur  rempli  de  bonnes  inten- 
tions, mais  une  pure  illusion  dont  votre  esprit  éclairé  et  sagace  aura  déjà  fait 
justice. 

ce  En  effet,  est-ce  que  le  bail  à  colonage  partiaire  et  le  bail  à  prix  d'argent  ne 
consicrent  pas  la  poursuite  d'un  même  but  :  la  bonne  culture  de  la  terre?  Est-ce 
que  ces  deux  exploitants  n'ont  pas  à  exécuter  les  mêmes  travaux,  à  lutter  contre 
les  mêmes  obstacles?  Est-ce  que  l'un  aura  moins  besoin  d'ouvriers  que  l'autre, 
ou  bien  aura  le  privilège  d'avoir  plus  d'enfants  le  secondant  dans  son  œuvre? 

ce  Poser  ces  questions,  monsieur  le  Directeur,  c'est  suffisamment  les  résoudre; 
et  constater  que  de  pareilles  allégations  ne  sont  point  basées  sur  les  faits,  et  que 


12  CHRONIQUE  AGRICOLE  (3  JUILLET  1880). 

ce  n'est  point  dans  une  forme  de  bail,  plutôt  que  dans  une  autre,  qu'il  faut  cher- 
cher les  remèdes  aux  souli'rances  poignantes  que  supporte  l'agriculture  française. 

«  IV.  —  Quant  à  la  supériorité  d'un  système  de  location  sur  l'autre  pour 
accélérer  le  progrès  agricole,  je  ne  m'arrêterai  pas  à  la  discuter  ici.  Mais  je  ne 
serai  pas  démenti  quand  je  dirai  que  le  colonage  parliaire,  cette  association  des 
forces  du  bailleur  et  du  preneur,  est  le  seul  système  d'exploitation  propre  à 
transformer  nos  terres  vagues  en  cultures  productives;  mais  qu'il  devient  de  plus 
en  plus  impraticable^  par  suite  des  prédications  subversives  qui  allument,  jusqu'au 
fond  des  campagnes,  le  feu  d'une  guerre  insensée  entre  le  capital  et  le  travail; 
qui  inculquent  dans  l'esprit  du  colon  l'idée  que  la  moitié  des  produits  de  l'exploi- 
tation, qu'il  donne  au  bailleur,  constitue  une  spoliation  exercée  sur  son  œuvre; 
qu'il  a  tort  de  tant  travailler  pour  autrui,  et  qu'il  suffit  de  produire  seulement  de 
quoi  nourrir  la  famille. 

ce  Aussi  les  ardeurs  et  la  bonne  volonté  s'éteignent;  l'impulsion  du  bailleur 
reste  sans  ell'et;  et  les  cultures,  courues  et  sans  soins,  ne  donnent  que  des  résul- 
tats dérisoires.  Le  colonage  partiaire  disparaîtra  des  pratiques  rurales,  sous  l'in- 
fluence de  celte  funeste  propagande,  ou  il  ne  sera  plus  que  l'asile  de  la  paresse 
et  de  l'indifférence. 

«  En  vous  demandant,  monsieur  le  Directeur,  l'hospitaUté  du  journal  pour  ces 
observations,  je  vous  prie  d'agréer,  etc.  V.  Kersanté, 

Président  du  Comice  agricole  de  Ploubalay. 

(Cotes-du-^ord.) 

Nous  ajouterons  seulement  une  réflexion,  que  nous  avons  eu  plu- 
sieurs fois  l'occasion  de  présenter.  Il  y  a  un  bon  métayage,  comme  il 
y  a  un  métayage  défectueux.  Le  but  à  atteindre  est  que  partout  le  mé- 
tayage présente  les  caractères  de  justice  et  de  loyauté  que  nous  avons 
constatés  dans  beaucoup  de  circonstances,'  et  que  nous  avons  eu  soin 
de  signaler.  Mais  pour  arriver  à  corriger  les  défauts,  il  faut  les  mon- 
trer. 

XIV.  —  Le  phylloxéra. 

Il  n'y  a  rien  à  ajouter  aux  indications  que  nous  avons  données  pré- 
cédemment sur  les  faits  constatés  jusqu'ici,  relativement  à  la  marche 
de  l'invasion  pliylloxérique,  depuis  le  commencement  du  printemps. 
Mais  une  nouvelle  grave  est  venue  de  l'empire  d'Autriche.  La  présence 
du  phylloxéra  a  été  constatée  dans  des  vignes  de  la  commune  de  Pi- 
rano,  dans  la  province  d'Istrie.  Cette  province  confine,  comme  on  sait, 
au  royaume  d'Italie.  Le  chef  du  district  de  Capodistria  a  pris  immé- 
diatement des  mesures  pour  provoquer  le  traitement  des  vignes 
atteintes  et  pour  empêcher  la  sortie  des  plants  de  vigne  et  autres  objets 
propres  à  propager  le  fatal  insecte,  conformément  à  la  loi  édictée  en 
Autriche  dès  1*875. 

XV.  —  Sériciculture. 

Les  ventes  de  cocons  frais  ont  lieu  avec  des  prix  en  hausse  de  25  à 
50  centimes  par  kilogr.  D'après  le  Moniteur  des  soies,  la  réduction  de 
la  récolte  proviendrait  uniquement  du  petit  nombre  des  éducations. 
Le  succès  des  lots  issus  de  graines  de  choix  serait  général  :  le  prix  de 
4  fr.  avec  un  rendement  de  45  à  50  kilog.  de  cocons  suffirait  large- 
ment à  entretenir  le  zèle  des  éleveurs;  en  effet  ils  avaient  moins  de 
bénéfice  autrefois  en  les  vendant  6  à  7  francs,  alors  qu'ils  n'obtenaient 
que  20  à  25  kilog.  à  l'once. 

La  conclusion  à  en  tirer  est  que  l'industrie  séricicole  n'est  point 
autant  en  péril  que  quelques-uns  veulent  le  dire.  Lesitaliens,  plus  inté- 
ressés que  lUjus  en  celte  affaire,  n'ont  point  l'air  de  s'inquiéter;  jamais 
ils  n'ont  mis  plus  d'ardeur  à  soigner  leurs  plantations  de  mûriers  et 
leurs  grainages.  J.-A.  Barral. 


CONCOURSl  RÉGIONAL    DE  MELUN.  13 

CONCOURS  REGIONAL  DE  MELUN- 

Deux  choses  ont  donné  une  physionomie  spéciale  au  concours  régional  qui  s'est 
tenu  àMelun,  du  12  au  21  juin,  pour  la  région  du  Nord,  comprenant  les  dépar- 
tements de  l'Aisne,  du  Nord,  de  1  Oise,  du  Pas-de-Calais,  de  la  Seine,  de  Seine- 
et-Marne,  de  Seine-et-Oise  et  de  la  Somme  :  une  collection  hors  ligne  de  ma- 
chines destinées  à  tous  les  travaux  agricoles  et  une  exhibition  magnifique  de 
moutons  mérinos. 

Le  plus  grand  nombre  des  constructeurs  et  des  entrepositaires  de  machines, 
en  France,  étaient  venus  exposer  leurs  meilleurs  types  de  machines;  quelques-uns 
avaient  fait  des  exhibitions  spéciales  fort  intéressantes.  Il  faut  citer  tout  d'abord 
M.  Albaret,  M.  Bajac,  M.  Pécard,  M.  Grautreau,  M.  Pilter,  M.  Dudouy, 
MM.  Decker  et  Mot,  M.  Decauville,  M.  Dumont,  MM.  Aveling  et  Porter, 
M  Candeher,  M.  Olivier-Leq,  M.  Peltier  jeune,  M.  Gumming,  M.  Ault- 
mann,  etc.  Au  nombre  des  machines  nouvelles  qui  ont  appelé  d'une  manière 
--""'-'"  l'attention  des  visiteurs,  figure  en  première  ligne  la  lieuse  indépendante 


pour  les  gerbes  de  céréales,  exposée  par  M.  Dudouy  ;  les  quelques  essais  faits  sous  nos 
yeux  ont  démontré  à  la  fois  l'esprit  ingénieux  de  l'inventeur,  et  la  valeur  pratique 
de  l'appareil.  A  côté,  il  faut  citer  les  moulins  agricoles  de  ML  Albaret,  auxquels 
a  été  décerné  un  premier  prix;  l'engreneuse  pour  machines  à  battre,  de  AI.  De- 
moncy-Minelle,  la  simplification  du  secoueur  de  paille  dans  la  batteuse  à  manège 
de  M.  Gautreau,  etc.,  etc. 

Deux  concours  spéciaux  ont  principalement  appelé  l'attention  :  celui  des  appa- 
reils de  culture  à  la  vapeur,  et  celui  des  locomobiles  routières  pour  les  transports 
agricoles.  Dans  le  premier  concours,  deux  ordres  d'appareils  étaient  en  présence: 
ceux  à  deux  machines  motrices,  ceux  à  une  seule.  Dans  la  première  section,  on 
voyait  en  lutte,  d'une  part,  MM.  Aveling  et  Porter;  d'autre  part,  M.  John 
Fowler,  représenté  par  M.  Decauville.  Dans  la  deuxième  section,  on  pouvait 
étudier  les  appareil-  de  M,  Debains,  et  ceux  d'un  nouveau  venu  dans  ce  genre 
de  construction,  M.  Pineau,  de  Moulins.  Nos  lecteurs  connaissent  les  appareils 
Fowler,  Aveling  et  Porter,  Debains  ;  il  n'y  a  rien  à  ajouter  actuellement  aux  des- 
criptions publiées  ici  à  l'occasion  de  l'Exposition  universelle  de  1878.  Nous  dirons 
seulement  que  les  appareils  de  M.  Debains,  complets  sans  la  locomobile  que 
doivent  posséder  toutes  les  fermes  qui  peuvent  faire  du  labourage  à  vapeur,  coû- 
tent, au  maximum,  14,000  francs,  comprenant  le  treuil-tender,  les  ancres,  les 
câbles  et  poulies,  le  cultivateur  tournant  à  cinq  dents,  la  charrue  à  quatre  socs, 
toute  en  fer  et  en  acier.  Quant  à  l'appareil  Pineau,  les  premiers  essais  sont  de 
nature  à  encourager  le  constructeur  dans  la  voie  où  il  est  entré.  —  Les  expériences 
des  locomotives  routières  ont  démontré  la  valeur  de  la  machine  Aveling  et  Porter. 
Cette  machine  a  parcouru  sur  la  route  de  Melun  à  Fontainebleau,  en  une  heure  six 
minutes,  10  kilomètres,  en  traînant  une  charge  brute  de  11,500  kilog.,  sans  autre 
arrêt  que  celui  fait  pour  resserrer  un  boulon.  Les  pentes  de  la  route  étaient  de  15 
à  27  millimètres  par  mètre.  La  machine  a  brûlé  69  kilog.  de  charbon,  soit 
0  kilog.  612  par  tonne  brute  et  par  kilonaètre.  Les  tournées  se  sont  faites  très 
facilement,  avec  les  quatre  chariots  que  la  machine  remorquait,  malgré  un  mode 
d'attelage  improvisé.  Les  locomotives  routières  sont  désormais  d'un  usage  con- 
stant dans  les  travaux  du  génie  militaire  ;  les  expériences  de  Melun  ont  démontré 
qu'elles  peuvent  rendre  de  grands  services  dans  toutes  les.circonstances. 

Si  maintenant  nous  arrivons  à  l'exposition  du  bétail,  nous  devons  d'abord  nous 
arrêter  devant  la  splendide  collection  de  mérinos  qui  ne  comprenait  pas  moins  de 
60  lots.  Pour  une  seule  section,  c'est  trop;  aussi  nous  espérons  que,  dans  la  ré- 
gion, on  fera  désormais  deux  sections,  l'une  pour  les  jeunes,  l'autre  pour  les 
adultes,  suivant  le  vœu  formulé  par  le  jury.  En  effet,  la  race  mérinos  est  mainte- 
nant devenue  une  race  précoce,  au  même  titre  que  les  races  anglaises  les  plus 
renommées;  il  est  juste  que  le  développement  des  animaux  précoces  trouve,  dans 
les  concours,  un  encouragement  spécial.  L'heureux  vainqueur  du  prix  d'ensemble 
a  été  M.  Paul  Bataille,  de  Passy-en- Valois,  dont  les  lots  étaient  réellement  splen- 
dides,  surtout  celui  d'agneaux.  A  côté,  MM,  Duclert,  Dehzy,  Delamarre,  Conseil- 
Triboulet,  soutenaient  avec  éclat  une  juste  renommée.  —  Les  autres  sections  de 
moutons  étaient  un  peu  éclipsées  par  celle  des  mérinos  ;  toutefois,  il  serait  in- 
juste de  ne  pas  donner  une  mention  spéciale  aux  très  beaux  dishley-mérinos 
exposés  par  M.  Martine-Lenglet,  et  aux  southdowns  de  M.  de  Ghezelles  et  de 
M.  Nouette-Delorme. 


14  CONCOURS  REGIONAL  DE  MELUN. 

De  toutes  les  catégories  des  races  bovines,  celle  réservéeàlarace  cotentine  comp- 
tait le  plus  grand  nombre  d'animaux,  mais  les  plus  intéressantes  étaient  celles 
des  races  flamande,  boUandaise  et  Durhara.  La  Section  des  hollandais  était  certaine- 
ment la  plus  remarquable;  M,  Gliristpfle  exposait  des  animaux  qui  ont  mérité 
tous  les  suffrages;  on  trouvera  à  la  liste  des  prix  les  noms  des  autres  lauréats.  11 
faut,  dans  la  section  des  durhams,  signaler  particulièrement  les  animaux  exposés 
par  M.  Lacour  et  par  M.  de  Falloux;  la  célèbre  étable  du  bourg  d'Iré  maintient 
sa  grande  réputation.  M.  Stevenoot,  fermier  à  Armbouts-Gappel  (Nord),  exposait, 
de  son  côté,  quelques  durbams-flamands  bien  réussis;  cet  agriculteur  est  un  de 
ceux  qui  ont  le  mieux  secondé  M.  Yandercolme  dans  son  active  propagande  en 
vue  du  progrès  du  drainage,  de  la  transformation  des  fosses  à  fumier,  etc, 

Peu  de  cboses  à  dire  des  races  porcines;  mais  une  très  belle  et  très  nombreuse 
exposition  d'animaux  de  basse-cour.  Elle  a  été  l'occasion  d'un  succès  hors  ligne 
pour  M.  Lemoine,  de  Crosne  (Seine-et-Oise),  qui  a  remporté  huit  premiers  prix  et 
le  prix  d'ensemble.  En  outre,  un  diplôme  d'honneur  spécial  a  été  attribué  à 
Mme  Lemoine  pour  un  modèle  tout  à  fait  réussi  d'élevage  de  poussins.  Dix-huit 
parcs  en  miniature  s'alignaient  sur  une  étendue  de  20  mètres  ;  dans  chaque  parc, 
gazonné,  sablé  et  entouré  d'un  grillage,  une  poule  de  race  différente  et  enfermée 
dinsune  cabane  où  elle  réchauffait  ses  poussins  auxquels  un  grillage  permettait  de 
courir  hors  de  la  cabane.  Ce  n'est  pas  seulement  en  vue  de  résoudre  la  difficulté, 
d'ailleurs  assez  grande,  de  forcer  dix-huit  poules  à  couver  à  la  même  date,  mais 
dans  un  but  d'instruction  que  cette  exposition  a  été  organisée.  Mme  Lemoine 
s'empressait,  en  effet,  de  donneraux  visiteurs  des  détails  peu  connus  sur  les  diffé- 
rences de  couleur  dans  le  plumage  des  poussins  et  sur  les  variations  que  l'âge 
amène.  Nous  espérons  que  M.  Lemoine  les  donnera  lui-même  aux  lecteurs  du 
Journal. 

La  ville  de  Melun  avait  organisé  de  nombreuses  et  belles  fêtes  à  l'occasion  du 
concours  régional.  Nous  ne  pouvons  entrer  dans  le  détail  de  ces  solennités;  nous 
diroiis  seulement  quelques  mots  de  la  distribution  des  prix  du  'concours,  qui  a 
eu  lieu  le  samedi  19  juin.  Elle  était  présidée  par  M,  Patinot,  préfet  de  Seine-et- 
Marne,  assisté  par  M.  Lembezat,  inspecteur  de  l'agriculture,  commissaire  général 
du  concours,  et  entouré  de  M.  Bancel,  maire  de  Melun  ;  de  MM.  Foucher  de 
Gareil  et  Oscar  de  Lafayette,  sénateurs,  et  des  députés  du  département. 

Après  une  excellente  allocution  de  M.  Patinot,  M.  Lembezat  a  prononcé  le 
discours  suivant,  souvent  interrompu  par  les  applaudissements  : 

«  Messieurs,  dans  une  région  comme  celle  du  nord  de  la  France  où  l'agriculture 
industrielle  occupe  une  aussi  large  place,,  un  concours  est  plus  qu'une  simple  fête 
agricole;  c'est  un  enseignement. 

«Le  département  de  Seine-et-Marne,  qui  est  aujourd'hui  le  centre_  de  réunion  de 
la  partie  la  plus  riche  et  la  plus  importante  de  notre  pays,  au  point  de  vue  de 
l'appoint  qu'elle  fournit  à  la  production  générale,  s'il  n'est  pas  le  plus  favorisé  sous  le 
rapport  de  la  fertilité  de  son  sol,  est  remarquable,  à  tous  égards,  par  les  progrès 
constants,  comme  par  les  efforts  couronnés  de  succès,  qu'il  ne  cesse  de  faire, 
pour  se  mettre  au  niveau  de  ses  voisins. 

«  L'extension  de  la  culture  de  la  betterave,  qui  a  été  le  point  de  départ,  et  plus 
tard  le  pivot  d'une  grande  prospérité  pour  le  nord,  a  produit  les  mêmes  résultats 
dans  votre  département,  partout  où  les  conditions  normales  de  sa  végétation  ont 
pu  être  réalisées.  Pour*  atteindre  ce  but,  il  a  fallu  ici  plus  de  travail,  plus  de 
dépenses  qu'ailleurs,  dans  bien  des  cas,  à  cause  des  difficultés  naturelles  contre 
lesquelles  les  cultivateurs  avaient  à  lutter.  Des  travaux  considérables  d'améliorations 
foncières  ont  été  exécutés,  et  il  me  suffira,  pour  en  donner  la  preuve,  de  citer  le 
drainage,  pour  lequel  le,  département  de  Seine-et-Marne  loccupe  le  premier 
rang. 

ce  En  même  temps,  messieurs,  que  le  sentiment  industriel  se  développait  dans 
la  Brie,  les  notions  d'agriculture  scientifique  s'introduisaient  dans  la  pratique.  Sans 
être  chimistes,  les  agriculteurs  ont  vite  compris  l'importance  de  la  grande  loi  de 
la  restitution,  loi  générale,  absolue,  mais  dont  l'appUcation  raisonnée  est  une 
question  capitale  pour  obtenir  des  récoltes  rémunératrices.  L'emploi  des  engrais 
complémentaires  se  généralise  de  jour  en  jour,  et  je  n'hésite  pas  à  dire  que  les 
fermiers  qui  achètent  le  -plus  d'engrais,  sont  ceux  qui  obtiennent  les  récoltes 
moyennes  les  plus  élevées.  J'ajoute  qu'il  ne  saurait  en  être  autrement.  La  synthèse 
de  la  production  végétale  peut  se  réduire  à  trois  termes  principaux,  qui  sont  :  le 


CONGOUBS  REGIONAL  DE  MELUN.  15 

sol,  sa  préparation  mécanique,  et  enfin,  les  éléments  de  nutrition  que  la  plante 
doit  y  puiser. 

«  Les  deux  premiers  termes  de  cette  proposition  varient  peu.  On  peut  atténuer, 
ou  modifier  dans  une  certaine  mesure,  les  propriétés  physiques  d'un  sol,  mais 
c'est  surtout  par  la  nature  et  la  quantité  des  engrais  employés,  que  l'on  obtient 
des  récoltes  économiques. 

«  Tous  les  bons  cultivateurs  de  la  Brio,  —  et  leur  nombre  est  considérable  — 
savent,  comme  leurs  confrères  du  nord,  chez  lesquels  ils  ont  le  bon  esprit  d'aller 
puiser  des  enseignements,  quelle  est  l'importance  de  lajpaestion  dont  je  parie  en 
ce  moment,  question  qui  est  résolue,  sans  aucun  doute,  aujourd'hui  pour  eux, 
mais  qu'il  faut  désirer  voir  généraliser  le  plus  tôt  possible,  pour  être  en  mesure 
de  fournir  à  la  consommation  nationale  les  matières  alimentaires  de  première 
nécessité,  telles  que  la  viande  et  le  pain,  pour  lesquelles  la  France  est,  malheureu- 
sement, depuis  quelques  années,  tributaire  des  nations  étrangères. 

a  Puisque  cet  ordre  d'idées  se  présente  à  moi,  je  vous  demande  la  permission, 
messieurs,  d'effleurer  rapidement  ce  côté  de  la  situation  économique  agricole.  Je 
n'ignore  aucune  des  plaintes  et  des  doléances  que  la  culture  a  fait  entendre  depuis 
plusieurs  années,  et  je  sais  aussi  que,  dans  bien  des  cas,  il  existe  des  souffrances 
réelles.  Je  viens  de  passer  dix  années  dans  une  région  cruellement  atteinte  dans 
sa  fortune  par  le  phylloxéra,  et  là,  je  l'avoue,  le  présent  est  sombre. 

«  Cependant,  je  n'ai  pas  trouvé  le  découragement  dans  le  sud-ouest,  malgré 
les  blessures  profondes  qu'il  a  éprouvées.  On  lutte  par  tous  les  moyens  contre  la 
situation  nouvelle;  on  fait  de  la  submersion  là  où  elle  est  possible  ;  on  plante  des 
cépages  américains,  on  remplace  la  vigne  par  des  céréales,  des  fourrages;  en  un 
mot,  personne  ne  se  laisse  abattre. 

«  La  riche  région  du  nord,  dont  la  production  repose  sur  les  céréales,  le  bétail, 
le  sucre,  l'alcool  et  quelques  cultures  de  plantes  industrielles,  se  trouve  atteinte, 
elle  aussi,  dans  sa  prospérité.  Elle  fait  intervenir  comme  causes  efficientes  de  la 
situation  actuelle,  les  charges  que  supporte  la  culture,  l'augmentation  du  prix  de 
la  main  d'œuvre,  la  diminution  du  nombre  des  ouvriers  agricoles,  enfin  la  législa- 
tion sur  le  sucre  et  l'alcool,  et  les  traités  de  commerce. 

«  Ces  plaintes  sont  elles  toutes  fondées?  quels  sont  les  moyens  à  appliquer 
pour  changer  l'état  des  choses? 

«  Dans  toute  autre  circonstance  que  celle-ci,  messieurs,  je  me  ferais  un  devoir  de 
discuter  devant  vous  les  raisons  invoquées  pour  établir  les  causes  de  la  situation 
actuelle,  et  les  moyens  indiqués  pour  y  remédier;  mais  cette  discussion  dépasserait 
de  beaucoup  les  limites  dans  lesquelles  je  dois  me  circonscrire  en  ce  moment. 

«  Permettez-moi  de  vous  dire  en  substance  que,  malgré  l'agitation  qui  s'est 
faite,  et  qui  se  continue  encore  sur  la  question  agricole,  personne  n'oserait  soutenir 
qu'en  présence  de  plusieurs  années  peu  favorisées  sous  le  rapport  de  notre  pro- 
duction, l'on  doit  mettre  des  droits  sérieux  sur  le  blé,  à  l'entrée,  ou  rétablir 
l'échelle  mobile,  qui  n'a  jamais  fonctionné  qu'au  détriment  de  l'agriculture. 

«  Peut-on  également  réclamer  un  droit  de  10  pour  100  ad  valorem,  sur  le  bétail, 
alors  que  la  France  ne  produit  pas  assez  de  viande  pour  sa  consommation,  alors 
que  cette  consommation  augmente  d'une  manière  régulière,  et  que  la  culture  ne 
peut  la  satisfaire? 

«  Et,  d'ailleurs,  êtes-vous  sûrs,  messieurs,  que  des  droits  comme  ceux  dont  on 
parle  empêcheraient  les  blés  et  le  bétail  étrangers  de  venir  faire  concurrence  aux 
produits  similaires  nationaux  ? 

«  Pour  ma  part,  j'en  doute  absolument,  et  je  ne  vois  de  moyen  pour  lutter 
contre  les  étrangers,  que  de  produire  assez,  et  assez  économiquement  pour  leur  faire 
concurrence  sur  les  marchés  anglais,  suisse,  italien,  espagnol,  et  fermer  ainsi  tout 
naturellement  nos  portes  à  leurs  produits,  dont  nous  n'aurons  plus  besoin,  si  nous 
avons  des  excédents  chez  nous. 

«  Tant  qu'il  en  sera  autrement,  il  faut  nous  estimer  heureux  de  trouver  avec 
notre  argent,  à  acheter  du  blé  et  de  la  viande,  à  des  prix  modérés,  car  il  n'est  pas 
un  esprit  sensé  qui  se  déciderait  à  affamer  la  France,  dans  une  année  où  l'inclé- 
mence des  saisons  aurait  atteint  sa  production. 

«L'outillage  agricole  de  la  France  se  complète  de  jour  en  jour;  les  voies  de  terre, 
de  fer,  les  canaux,  et  tous  les  moyens  capables  de  favoriser  les  échanges  et  l'éco- 
nomie dans  les  transports,  ne  laisseront  dans  un  avenir  prochain  plus  rien  à  désirer. 
Il  faut  donc  que  la  culture  se  prépare  à  entrer  dans  une  large  voie  de  production, 
pour  lutter  sur  son  propre  terrain,  avec  les  pays  lointains  qui  lui   apportent  les 


16  CONCOURS    REGIONAL  DE  MELUN. 

objets  dont  elle  manque  :  il  faut  qu'elle  ait  confiance  en  elle  pour  en  inspirer  aux 
capitaux  qui  sont  le  nerf  de  toute  activité.  La  fortune  mobilière  considérable  de 
la  France  permet  de  supposer  que  les  capitaux  vont  refluer  sous  peu,  sur  la  pro- 
priété foncière  et  un  mouvement  sensible  d'entreprises  agricoles  par  actions  se 
produit  en  ce  moment.  Il  y  en  a  des  exemples  dans  votre  département,  notam- 
ment. Ce  mouvement  va  s'accentuer  inévitablement. 

«  Le  dégrèvement  des   sucres,  peut-être  celui    des  alcools  employés  pour  le  • 
vinage,  vont  provoquer  un  fait  économique  certain,  en  en  augmentant  la  consom- 
mation, et  la  région  du  nord  n'aura  plus  à  se  préoccuper  que  de  produire,  pour  se 
tenir  au  niveau  des  i^esoins,  et  il  suffira  de  deux  bonnes  récoltes  de  blé  en  France, 
pour  que  cette  crise  agricole  passagère  disparaisse. 

«  D'ailleurs,  est-ce  que  la  situation  de  la  France  est  unique? 

ce  Non,  messieurs,  elle  n'est  pas  unique,  et  vous  savez  aussi  bien  que  moi,  les 
plaintes  qui  nous  viennent  de  nos  plus  proches  voisins. 

«  S'il  existe  des  souffrances  dans  la  région  du  nord  —  ce  que  je  ne  veux  pas 
nier  — je  suis  autorisé  à  dire  qu'elles  sont  relatives  et  loin  d'être  générales,  car, 
pas  plus  tard  qu'hier,  des  hommes  qui  ont  une  situation  considérable  dans  l'agri- 
culture de  la  région,  me  disaient  :  «  Oui,  la  culture  traverse  une  phase  pénible  ; 
«  mais  personnellement,  nous  ne  pouvons  pas  nous  plaindre.  » 

«  J'avoue,  messieurs,  que  ces  paroles  m'ont  beaucoup  rassuré,  et  je  suis  heureux 
de  vous  les  citer. 

«  Je  m'aperçois  que  je  n  ai  rien  dit  du  concours  qui  est  encore  sous  vos  yeux. 

«  Une  analyse  ne  vous  apprendrait  rien,  et  je  suis  persuadé  que  chacun  des 
intéressés  l'a  faite  à  son  profit  mieux  que  je  ne  saurais ,  depuis  la  démon- 
stration imposante  de  la  culture  à  vapeur,  jusqu'aux  plus  modestes  instruments 
de  la  culture  des  jardins. 

<c  L'exposition  vivante  est  représentée  par  des  types  bien  connus  des  races  peu 
nombreuses  de  la  région,  et  se  distingue  particulièrement  par  la  valeur  et  la 
qualité  des  diverses  sections  de  l'espèce  ovine. 

«  L'honorable  rapporteur  de  la  prime  d'honneur  va  vous  lire  le  très  remarquable 
travail  qu'il  a  fait  sur  les  divers  concurrents  qui  se  sont  disputé  cette  haute  récom- 
pense, et  vous  pourrez  ainsi  apprécier  d'une  manière  exacte  les  mobiles  qui  ont 
dicté  les  décisions  de  la  Commission. 

«  Permettez-moi,  messieurs,  en  terminant,  d'adresser  mes  sincères  remercî- 
ments  au  département  de  Seine-et-Marne  et  à  la  ville  de  Melun,  pour  la  générosité 
qu'ils  ont  montrée  à  l'égard  du  concours,  et  pour  l'accueil  qu'ils  m'ont  fait. 

«  Pour  mon  compte,  je  n'ai  jamais  rencontré  plus  de  bienveillance,  plus  de 
courtoisie,  et  plus  de  sympathie,  que  j'en  ai  trouvé  auprès  de  M.  le  préfet  et  de 
M.  le  maire,  et  je  tiens  à  leur  dire  ici  publiquement  combien,  grâces  à  eux,  ma 
tâche  a  été  facile  et  agréable. 

«  Comme  toujours,  messieurs,  le  jury  a  déployé  le  plus  grand  zèle  dans  l'ac- 
complissement de  sa  mission  toujours  délicate  et  difficile.  Je  l'en  remercie  au  nom 
des  exposants,  et  je  proteste  énergiquement  ici  contre  les  reproches  inconsidérés 
dont  on  a  voulu  l'atteindre  en  dehors  de  toute  justice.  » 

Après  ce  discours  accueilli  avec  beaucoup  de  faveur,  M.  Godefroy  a  donné 
lecture  d'un  extrait  de  son  rapport  sur  le  concours  de  la  prime  d'honneur  ;  puis 
les  récompenses  ont  été  proclamées  dans  l'ordre  suivant  : 

Prime  dlionneur  consistant  en  une  coupe  d'argent  de  la  valeur  de  3,500  fr.  pour  l'exploitation 
du  département  de  Seine-et-Marne  ayant  obtenu  l'un  des  prix  culturaux  et  ayant  réalisé  les  amé- 
liorations les  plus  utiles  et  les  plus  propres  à  être  offertes  comme  exemple,  décernée  à  M.  Edouard 
Bouchet,  à  Preuilly,  commune  d'Egligny,  canton  de  Donnemarie,  arrondissement  de  Provins. 

Prix  culturaux. 

!'■'=  Catégorie.  —  Propriétaires  exploitant  directement  leurs  domaines  ou  par  régisseurs  ou  par 
maîtres-valets.  —  Prix  consistant  en  un  objet  d'art  de  500  fr.  et  une  somme  de  2,000  fr.,  décerné 
à  M.  Nicolas,  au  domaine  d'Arey,  commune  de  Chaumes,  canton  de  Tournan,  arrondissement  de 
Melun, 

T  Catégorie.  —  Fermiers  à  prix  d'argent  ou  à  redevances  en  nature  fixes,  remplaçant  le  prix  de 
ferme;  cultivateurs-propriétaires  tenant  à  ferme  une  partie  de  leurs  terres  en  culture;  métayers 
isolés  (domaines  au-dessus  de  20  hectares!.  —  Prix  consistant  en  un  objet  d'art  de  500  fr.  et  une 
somme  de  2,000  fr.,  décerné  a  M.  Edouard  Bouchet. 

Par  décision  de  M.  le  ministre  de  l'agriculture  e  et  du  commerce,  sur  la  proposition  en  jury, 

un  objet  d'art  a  été  décerné   à  M.  Paul  Auberge,  à  la  ferme  de  Cramayel,  commune  de  Moissy- 

Cramayel,  canton  de  Brie-Comte-Robert,  arrondissement  de  Melun,  pour  bonnes  cultures  en  ligne 

et  excellente  installation  de  distillerie  d'après  le  système  Champonnois. 

Médailles  de  spécialité. 

Médaille  d'or  grand  module,  là.  ktha.ndise  3 a.vTY,  à  La  Noue,  commune  de  Saint-Jean-les-Deux- 


CONCOURS    REGIONAL  DE  MELUN.  17 

Jumeaux,  canton  de  La  Ferté-sous-Jouarre,  arondissement  de  Meauï,  pour  nne  remarquable  vache- 
rie et  une  importante  fabrication  de  fromages  de  Brie.  —  Médaille  d'or,  M.  Auguste  Houdart,  à 
Thorigny,  canton  de  Lagny,  arrondissement  de  Meaux^  pour  culture  améliorée  de  la  vigne  avec 
des  instruments  attelés. 
Récompenses  aux  agents  des  exploitations  qui  ont  obtenu  des  prix  culturaux  : 
1"  Catégorie.  —  (Agents  de  l'exploitation  de  M.  Nicolas.)  —  Médailles  d'argent,  M.  Barré,  régis- 
seur; Mme  Barré;  M.  Victor  Mathias,  commis.  —  Médailles  de  bronze,  MM.  Alfred  Poulet,  maître 
valet;  Joseph  Roos.  compagnon;  Théophile  Defî.rt,  charretier. 

2'=  Catégorie.  —  (Agents  de  Texploitation  de  M.  Bonchel.)  —  Médailles  d'argent,  MM.  Auguste 
Refauveley;  Greley,  charretier.  —  Médailles  de  bronze,  MM.  Louis  Cocher,  charretier;  Alexandre 
Cousin,  charretier;  Théodore  Barrât,  berger.  —  ôO  fr.,  M.  Fourthier,  garçon  de  cour. 
Animaux  reproducteurs.  —  Espèce  bovine. 
V'  Catégorie.  —  Race  flamande  pure.  —  Mâles.  —  1"  Section.  —  Animaux  de  1  à  2  ans,  nés 
depuis  le  l"  mai  1878,  et  avant  le  1"  mai  1879.  -—  1"  prix,  M.  Omaere,  à  Hazebrouck  (Nord)  ; 
2%  M.  Ardaens,  à  Pitgam  (Nord);  S^jM.  Fetel-Longueval,  à  Loon  (Nord);  prix  supplémentaires, 
M.  Marche,  à  Nouvion  (Aisne)  ;  M.  Rancy,  à  Hazebrouck  (Nord);  M.  Penel,  à  Eps  (Pas-de-Calais). 
—  2^  Section.  —  Animaux  de  2  à  3  ans,  nés  depuis  le  1"'  mai  1877,  et  avant  le  1"  mai  1879.  — 
l""-  prix,  M.  Rancy;  2",  M.  Darras,  à  Coudekerque  (Nord);  3%  M.  Trottein,  à  Hazebrouck  (Nord)  ; 
mention  honorable,  M.  Platel-Wasse,  à  Moreuil  (Somme).  —  Femelles.  —  1"^  Section.  —  Génisses 
de  1  à  2  ans,  nées  depuis  le  1"  mai  1878,  et  avant  le  l"  mai  1879.  —  1"  prix,  M.  Fetel-Longue- 
val; 2",  M.  Vermond,  à  Péronne  (Somme);  3",  non  décerné.  —  Mention  honorable,  M.  Fetel-Lon- 
gueval. —  2"  Section  —  Génisses  de  2  à  3  ans,  nées  depuis  le  1"  mai  1877  et  avant  le  !<"■  mai  1878, 
pleines  ou  à  lait.  —  l""'  prix,  M.  Vermond;  2°,  M.  Hochet,  à  Villiers-en-Bierre  (Seine-et-Marne); 
3°,  non  décerné.  —  3°  Section.  —  Vaches  de  plus  de  3  ans,  nées  avant  le  1"  mai  1877,  pleines  ou 
à  lait.  -—  l"  prix,  M.  Sys,  à  Hazebrouck  (Nord);  2%  M.  Vermond;  3%  M.  Fetel-Longueval;  4% 
M.  Baey,  à  Strazelle  (Nord).  —  Prix  supplémentaire,  M.  Lambrey,  à  Esquelbeck  (Nord). 

2"  Catégorie.  —  Race  normande  pure.  —  Mâles.  —  1"  Section.  —  Animaux  de  1  à  2  ans,  nés 
depuis  le  1"  mai  1878,  et  avant  le  1"  mai  1879.  —  1"  prix,  M.  Haran.  à  Verneuil  (Seine-et- 
Marne);  2°,  M.  Paul  René,  à  Châtres  (Seine-et-Marne);  3",  M.  Midorge,  à  Fleury-en-Bierre  (Seine- 
et-Marne).  —  2=  Section.  —  Animaux  de  2  à  3  ans,  nés  depuis  le  V  mai  1877,  et  avant  le  1'"  mai 
1878.  —  1°''  prix,  M.  Vavasseur,  à  Ferrières  (Seine-et-Marne);  2",  M.  le  marquis  de  Fraguier,  au 
Mée  (Seine-et-Marne);  3°,  M.  Leroy,  à  Nangis  (Seine-et-Marne).  —  3^  Section.  —  Vaches  de  plus  de 
3  ans,  nées  avant  le  1"  mai  1877,  pleines  ou  à  lait.  —  P"' prix,  M.  Nicolas,  à  Chaumes  (Seine-et- 
Marne);  2",  M.  Vavasseur;  3",  M.  Leroy;  4'=,  M.  le  marquis  de  Fraguier.  —  Prix  supplémentaire, 
M.  Boyenval.  —  Mention  honorable,  M.  Nicolas. 

.3''  Catégorie.  —  Race  hollandaise.  —  Mâles.  —  1"  Section.  —  Animaux  de  1  à  2  ans,  nés  depuis 
le  l^''  mai  1878,  et  avant  le  l"  mai  1879.  —  1"  prix,  M.  Christofle,  à  Brunoy  (Seine-et-Marne);  2", 
non  décerné.  —  2'  Section.  — Animaux  de  2  à  3  ans,  nés  depuis  le  1"  mai  1877,  et  avant  le 
1"  mai  1878.  —  1"  prix,  M.  Christole;  2",  M.  Lacour,  à  Saint-Fargeau  (Yonne).  —  Femelles  — 
V  Section.  —  Génisses  de  1  à  2  ans,  nées  depuis  le  1"  mai  1878,  et  avant  le  V'  mai  1879.  — 
l"prix,  M.  Christofle;  2%  non  décerné.  —  2"  Section.  —  Génisses  de  2  à  3  ans,  nées  depuis  le 
l"  mai  1877,  et  avant  le  1"  mai  1878,  pleines  ou  à  lait.  —  l""'  prix,  M.  Christofle;  2«,  non  décerné. 

—  3"  Section.  —  Vaches  de  plus  de  3  ans,  nées  avant  le  I"  mai  1876,  pleines  ou  à  lait.  —  1"  prix 
M.  Christofle;  2=  et  3%  non  décernés.  —  Mention  honorable,  M.  Christofle. 

■  Prix  d' ensemble  à  attribuer  au  meilleur  lot  d'animaux  des  ]'%  2'  et  3*  catégories.  —  Un  objet 
d'art  décerné  à  M.  Christofle. 

Prix  d'ensemble  (par  virement)  à  attribuer  au  meilleur  lot  d'animaux  des  l",  2"  et  3»  catégo- 
ries. —  Un  objet  d'art  décerné  à  M.  Fetel-Longueval. 

4=  Catégorie.  —  Race  Durham.  —  Mâles.  —  P»  Section.  —  Animaux  de  6  mois  à  1  an,  nés 
depuis  le  1"  mai  1879  et  avant  le  1"  novembre  1879.  —  l"prix,  M.  Debailly,  à  Mézières  (Somme). 

—  M.  de  Lavaublanche,  à  Larbroye  (Oise).  — 2*  Section. —  Animaux  de  1  à  2  ans,  nés  depuis  le 
1"  mai  1878  et  avant  le  1"  mai  1879.  —  1"'  prix,  M.  le  comte  de  Falloux,  à  Bourg-d'lré  (.Maine- 
et-Loire);  2%  M.  Lacour.  —  Prix  supplémentaire,  M.  Boyenval.  —  3*=  Section.  —  Animaux  de  2  à 
4  ans,  nés  depuis  le  1"  mai  1876  et  avant  le  l"  mai  1878.  —  P"' prix,  M.  Dubisc,  à  Epreville 
(Seine-Inférieure);  2°,  M.  de  Lavaublanche.  —  Prix  supplémentaires,  M.  Lacour;  M.  Debailly.  — 
Femelles.  —  1"  Section.  —  Génisses  de  6  mois  à  1  anj  nées  depuis  le  V  mai  1879  et  avant  le 
h"'  novembre  1ST9.  —  Prix  unique,  M.  le  comte  de  Falloux.  —  2''  Section.  —  Génisses  de  1  à 
2  ans,  nées  depuis  le  1"  mai  1878  et  avant  le  1"  mai  1879.  —  P"'  prix,  M.  Debailly;  2%  M.  Lacour.— 
3''  Section.  —  Génisses  de  2  à  3  ans,  nées  depuis  le  l"'  mai  1877  et  avant  le  1"  mai  1879,  pleines 
ou  à  lait.  —  1"  prix,  M.  Debailly;  2",  M.  Lacour.  —  4*  Section.  —  Vaches  de  plus  de  3  ans,  nées 
avant  le  1"  mai  1877,  pleines  ou  à  lait.  —  1"  prix,  M.  Debailly;  2",  M.  Boyenval.  —  Prix  supplé- 
mentaires, M.  Dubosc;  M.  Lacour.  —  Mention  honorable,  M.  Boyenval. 

4""  Catégorie.  —  Croisements  durham.  —  Mâles.  —  l"  Section.  —  Animaux  de  6  mois  à  1  an, 
nés  depuis  le  1"  mai  1879  et  avant  le  1"  novembre  1879.  —  Prix  unique,  non  décerné.  —  2'  Sec- 
tion. —  Animaux  de  1  à  2  ans,  nés  depuis  le  1"  mai  1878  et  avant  le  1"  mai  1879.  —  1"  prix,  non 
décerné;  2%  M.  Stévenoot,  à  Armbouts-Cappel  (Nord).  —  3»  Section.  —Animaux  de  2  à  3  ans,  nés 
depuis  le  1"  1877  et  avant  le  V  mai  1878".  —  1"  et  2=  prix,  pas  d'animaux  présentés,  -r-  Femelles. 

—  !•••■  Section  —  Génisses  de  6  mois  à  1  an,  nées  depuis  le  l"'  mai  1879,  et  avant  le  l"  novembre 
1879.  —  1"  prix,  non  décerné;  2",  M.  Stévenoot.  —  2"  Section.  —  Génisses  de  1  à  2  ans,  nées 
depuis  le  1"  mai  1878  et  avant  le  1"  mai  1879.  —  1"  prix,  M.  Debailly;  2\  M.  Fetel-Longueval. 
3'  Section.  —  Génisses  de  2  à  3  ans,  nées  denuis  le  l"  mai  1877,  et  avant  le  1"  mai  1878,  pleines 
ou  à  lait.—  1"  prix,  M.  Debailly  ;  2".  M.  Fetel  Longueval.  —  4^  Section.  —  Vaches  de' plus  de 
3  ans,  nées  avant  le  1"  mai  1877,  pleines  ou  à  lait.  —  1"  prix,  M.  Stévenoot;  2^  et  3°,  non 
décernés. 

6°  Catégorie.  —  Races  françaises  ou  étrangères  autres  que  celles-ci  et  croisements  divers  autres 
que  ceux  de  la  5"  Catégorie.  —  M.àles.  —  P'  Section.  —  Animaux  de  1  à  2  ans,  nés  depuis  le 
l^'mai  1878,  et  avant  le  l"  mai  1879.  —  1"  prix,  non  décerné;  2",  M.  de  Garsignies,  à  Beaufort 
(Somme).  —  2'  Section.  —  Animaux  de  2  à  3  ans,  nés  depuis  le  1"  mai  1877,  et  avant  le  1"  mai 
1878.  —  Prix  unique,  non  décerné.  —  Femelles.  —  1"  Section.  —  Génisses  de  1  à  2  ans,  nées 
depuis  le  1"  mai  1878,  et  avant  le  l"  mai  1879.  —  V  prix,  M.  Fetel-Longueval;  2%  M.  Giot,  à 
Chevry-Cossigny  (Seine-et-Marne).  —  2"  Section.  —  Génisses  de  2  à  3  ans,  nées  depuis  le  1"  m£ii 


18  CONCOURS  RÉGIONAL    DE    MELUN. 

1877,  el avant  le  1"  mai  1878,  pleines  ou  à  lait.  —  1"  prix,  M.  Giot;  2",  M.  de  Garsiguies.  — 
3°  Section.  —  Vaches  de  plus  de  3  ans,  nées  avant  le  1"  mai  1876,  pleines  ou  à  lait.  —  1"  prix, 
non  décerné;  2°,  M.  Giot. 

Espèce  ovine. 

1"  Catégorie.  —  Races  mérinos  et  métis-mérinos.  —  Mâles.  —  l"  prix,  M.  Bataille,  à  Passy-en- 
Valois  (Aisne);  2",  M.  Delizy,  k  Montémafroy  (Aisne);  3%  M.  Duclert,  à  Oulchy-le-Château  (Aisne); 
4°,  M.  Toulol-Ghavin,  à  Epieds  (Aisne);  b",  M.  Michenon.  à  Andrezel  (Seine-et-Marne).  Prix  sup- 
plémentaires, M.  Delamarre,  à  Réau  (Seine-et-Marne)  ;  M.  Conseil-Triboulet,  à  Oulchy-le-Château 
(Aisne).  —  Femelles  —  1"  prix.  M.  Duclert;  2".  M.  Delizy;  3%  M.  Conseil-Triboule  ;  4°, 
M.  Bataille.  Prix  supplémentaires.  M.  Haran,  à  Verneuil  (Seine-et-Marne);  M.  Hincelin,  à 
Loupeigne  (Aisne). 

2"  Catégorie.  —  Races  anglaises  à  laine  longue.  —  Mâles.  —  1"  prix,  M,  Maillard  (Céran),  à 
Sainte-Marie-du-Mont  (Manche);  2",  M.  Massé,  à  Germigny  (Nièvre);  3°,  M.  Martine-Lenglet,  à 
Aubigny  (Aisne).  —  Femelles.  —  1"  prix,  M.  Tiersonnier,  à  Gimouille  (Nièvre)  ;  2%  M.  Martine- 
Lenglet. 

S"'  Catégorie.  —  Races  anglaises  a  laine  courte.  —  Mâles.  —  1"  prix,  M.  Nouette-Delorme,  à 
Ozouer-des-Champs  (Loiret)  ;  2",  M.  le  vicomte  de  Chezelles,  à  Lierville  (Oise);  2",  non  décerné. 
—  Femelles.  —  l"'  prix,  M.  Nouette-Delorme;  2°.  M.  le  vicomte  de  Chezelles. 

4=  Catégorie.  —  Races  françaises  diverses  et  croisements  divers.  —  Mâles.  —  l"'  prix,  M.  Martine- 
Lenglet;  2",  non  décerné;  3%  M.  Muret,  à  Noyen  (Seine-et-Marne).  —  Femelles.  —  1"  p:ix, 
M.  Martine-Lenglet  ;  2%  M.  Muret. 

Prix  d'ensemble,  à  attribuer  au  meilleur  lot  de  l'espèce  ovine.  —  Un  olijet  d'art,  décerné 
à  M.  Bataille. 

Espèce  porcine. 

1"  Catégorie.  —  Races  indigènes  pures  ou  croisées  entre  elles.  —  Mâles.  —  l*""  prix,  non 
décerné;  2",  M.  Rancy,  à  Hazebrouck  (Nord),  —  Femelles.  —  V  prix,  M.  Pailiart,  Quesnoy-le- 
Montant  (Somme);  2%  non  décerné. 

2"  Catégorie.  —  Races  étrangères  pures  ou  croisées  entre  elles.  —  Mâles.  —  i*"'  prix, 
M.  Boyenval,  à  Neuville  (Somme);  2%  M.  Mengin,  à  Sainte-Geneviève-des-Bois  (Loiret)  :  3°, 
M.  Pailiart.  Mention  honorable.  —  Femelles.  —  l'"  prix,  M.  de  Lavaublanche,  à  Larbroye  (Oise); 
2%  M.  Boyenval;  3%  M.  Pailiart.  Prix  supplémentaire,  M.  Mengin.  Mention  très  honorable, 
M.  Boyenval.  Mentions  ItonoraMes,  M.  Pailiart;  M.  Boyenval. 

3"  Catégorie.  —  Croisements  divers  entre  races  étrangères  et  races  françaises.  —  Mâles.  — 
!"■  prix,  M.  de  Lavaublanche  ;  2%  non  décerné.  —  Femelles.  —  V  et  2"  prix,  pas  d'animaux  pré- 
sentés. 

Prix  d'ensemble  à  attribuer  au  meilleur  lot  d'animaux  de  l'espèce  porcine.  —  Un  objet  d'art 
décerné  à  M.  Pailiart 

Animaux  de  basse-cour. 

Les  premiers  prix  sont  accompagnés  d'une  médaille  d'argent  et  les  prix  suivants  d'une  médaille 
de  bronze, 

V"  Catégorie.  —  Cogs  et  poules.  —  1"  Section.  —  Race  de  Crèvecœur.  —  1"  prix,  M.  Lemoine; 
à  Crosne  (Seine-et-Oise)  ;  2°,  Mlle  Boyenval,  à  Sainte-Geneviève  (Loiret).  Mention  honorable, 
M.  Voitellier,  à  Mantes  (Seiiie-et-Oise).  —  2^  Section.  —  Race  de  la  Flèche.  —  1"  prix,  M.  Lemoine; 
2%  M.  Boutillier,  à  Choisy-le-Roi  (Seine).  Mentions  honorables,  M.  Lemoine  ;  M.  Mignot,  à  Lissy 
(Seine-et-Marne).  —  3"*  Section.  —  Race  de  Houdan.  —  1"  prix,  M.  Voitellier;  2",  M.  Boutillier. 
Mention  très  honorable,  M.  Lemoine.  —  4°  Section.  —  Races  françaises  diverses.  —  1"  prix, 
M.  Lemoine  ;  2%  Mme  Pailiart,  à  Quesnoy-Le-Montant  (Somme);  3%  M.  Voitellier.  Mention  très 
honorable,  M.  Lemoine.  —  b"  Section.  —  Races  étrangères  diverses.  —  l"  prix,  M.  Lemoine;  2", 
M.  Voitellier;  3%  Mlle  Boyenval.  Mention  très  honorable,  M.  Lemoine.  — 6"=  Section.  —  Croise- 
ments divers.  —  Prix  unique,  M.  Bocquet,  à  Paris. 

2"  Catégorie.  —  Dindons.  —  l"  prix,  M.  Lemoine;  2®,  M.  Bocquet. 

3°  Catégorie.  — Oies.  —  l"''  prix,  M.  Lemoine;  2',  M.  Voitellier. 

4°  Catégorie.  —  Canards.  —  1"  prix,  M.  Lemoine;  2%  M.  Cloud,  à  Touquin  (Seine-et-Marne); 
3%  M.  Voitellier.  Mentions  honorables,  M.- Bocquet;  M.  Lemoine. 

5"  Catégorie.  —  Pintades  et  pigeoiîs.  —  1"  prix,  M.  Voitellier;  2",  M.  Bouchereaux,  à  Choisy-le- 
Roi  (Seine)  ;  mention  très  honorable,  M.  Lemoine. 

6"  Catégorie.  — Lapins  etléporides.  — p"' prix.  M.  Lemoine  ;  2",  M.  Boutillier;  mention  hono- 
rable, M.  Du  va,  à  Choisy-le-Roi  (Seine). 

Pria;  d'ensemble  à  attribuer  au  plus  bel  ensemble  des  lots  de  basse-cour.  —  Objet  d'art  décerné 
à  M.  Lemoine. 

Récompenses  aux  serviteurs  ruraux  pour  les  soins  donnés  aux  animaux  privés.  —  Médailles 
d'argent,  MM.  Lenormand,  employé  chez  M.  Christofle;  Nival,  employé  chez  M.  Bataille;  Pécourt, 
employé  chez  M.  Debailly;  Avisse,  employé  chez  M.  Pailiart.  —  Médailles  de  bronze,  MM,  Loise, 
employé  chez  M.  Martine-Lenglet;  Sachet,  employé  .-hez  M.  Eluard;  Noël,  employé  chez  M.  de 
Lavaublanche;  Lesage,  employé  chez  M.  Vermond;  Sanier,  employé  chez  M.  de  Chezelles. 

Machines  et  instruments  agricoles. 

Concours  spéciaux.  —  Instruments  d'extérieur  de  ferme.  —  1°  Appareils  de  culture  à  la  vapeur 
avec  deux  machines.  —  l"  prix,  médaille  d'or  à  M.  Decauville  aîné,  à  Petit-Bourg  (Seine-et-Oise)  ; 
2=,  médaille  d'argent  à  MM,  Aveling  et  Porter;  3%  médaille  de  bronze,  non  décerné. 

2*=  Appareils  de  culture  à  la  vapeur  avec  une  seule  locomobile.  —  1"  prix,  médaille  d'or  à 
M.  Debains,  à  Meaux  (Seine-et-Marne);  2",  médaille  d'argent  à  M.  Pineau,  à  Moulins  (Allier)  ;  3", 
médaille  de  bronze,  non  décerné. 

3°  Appareils  de  labourage  mis  en  mouvement  au  moyen  d'une  transmission  à  distance  facilement 
applicable  de  la  force  motrice  (électricité  et  autres).  —  1"  prix,  médaille  d'or.  2°  médaille  d'ar- 
gent ;  3'  médaille  de  bronze.  Il  n'y  a  pas  eu  d'appareils  présentés. 

4°  Locomobiles  routières  pour  transports  agricoles.  —  l"'  prix,  médaille  d'or  grand  module  à 
MM.  Aveling  et  Porter;  2%  médaille  d'argent,  non  décerné  ;  3%  médaille  de  bronze  à  M.  Albaret, 
à  Liancourt  (Oise). 


CONCOURS  RÉGIONAL  DE  MELUN.  19 

Instruments  d'intérieur  de  ferme.  —  1°  Moulins  agricoles,  l'"'  prix,  médaille  d'or  à  M.  Albaret; 
2",  médaille  d'argent  à  MM.  Brisson  et  Fauchon,  à  Orléans  (Loiret);  3%  médaille  de  bronze  à 
M.  Arpé,  à  Villenoy  (Sein-et-Marne). 

2°  Dépulpeurs  à  "grand  travail.  —  1"  prix,  médaille  d'or  à  M.  Albaret;  2',  médaille  d'argent  ; 
3%  médaille  de  bronze  à  M.  Pilter,  à  Paris. 

3°  Appareils  pour  faire  mécaniquement  la  gerbe  ou  la  botte  (soit  isolés,  soit  annexés  à  une 
moissonneuse  ou  à  une  machine  à  battre).  —  l'"-prix,  médaille  d'or  à  MM.  Waite,  Burnell  et  G"  à 
Paris  ;  2,  médaille  d'argent  à  M.  Pilter;  3%  médaille  de  bronze  à  M.  Vermorel,  à  Villefranche 
(Rhône)  ;  P.  S.  4^  méJaille  de  bronze  à  M.  Pêne,  à  Bordeaux,  (Gironde). 

4°  Appareils  el  ustensiles  de  laiterie  auties  que  ceux  spécialement  apjiropriés  à  la  fabrication  du 
fromage  de  gruyère.  —  l"prix,  médaille  d'or,  M.  Pilter;  2°,  médaille  d'argent,  MM.  Lawrence  et 
C^  H  Lille  (Nord);  3°,  médaille  d'argent  (par  virement),  à  M.  Dudouy,  à  Pans. 

Récompenses  aux  plus  habilss  conducteurs  des  machines  admises  aux  concours,  et  aux  contre- 
maîtres et  ouvriers  des  constructeurs  desdites  machines.  —  Médailles  cVargent,  MM.  Franck  Smyth, 
conducteur  de  la  locomobile  routière  de  MM.  Aveling  et  Porter  ;  Gradlot,  chef  d'équipe  chez 
M.  Brisson  ;  Médailles  debronze,  MM.  Edmond Givry,  contre-maître  chezxM.  Albaret,  Louis  Foucre, 
mécanicien  chez  M.  Pilter,  Harry-Wood,  conducteur  de  la  charrue  à  vapeur  à  trois  socs  de 
MM.  Aveling  et  Porter,  Léger,  conducteur  de  la  charrue  à  vapeur  de  M.  Debains  ;  45  fr.,  à 
MM.  La  Valette,  conducteur  chez  M.  Bronhot;  Louis  Carly,  conducteur  de  batteuses  à  vapeur  chez 
M.  Ferdinand  Del;  20  fr.,  MM.  Pierre  Simon,  conducteur  de  l'appareil  de  labourage  à  \apeur  de 
M.  Pineau  ;  Rœland,  conducteur  des  appareils  de  culture  à  vapeur  de  M.  Decauville:  15  fr.,  M.  Par- 
fait, conducteur  de  la  machine  à  vapeur  de  M.  Debains. 

Mentions  honorables.  —  Décernées  conformément  à  l'art.  15  de  ra<.<.été  ministérieL  Mentions 
honorables,  M.  Lebrun,  à  Reims  (Marne)  ;  M.  Guedon,  à  Amiens  (Somme)  ;  MM,  Wackernie  et 
Strauss,  au  Vésinet  (Seine-et-Oise)  ;  M,  Demoncy-Minelle,  à  Château-Thierry  (Aisne)  :  M.  Boutmy,  à 
Paris;  M.  Pilter;  M.Candelier,  à  Bucquoy  (Pas-de-Calais);  M.  David,  rue  Vandamrae,  13,  àParis. 

Produits  agricoles  et  matières  utiles  à  l'agriculture. 

Concours  spéciaux.  —  1°  Froment,  notamment  les  variétés  les  plus  remarquables  pour  le  rende- 
ment, la  qualité  du  grain  et  la  précocité.  —  1"  prix,  médaille  d'or  à  .M.  Leroy,  à  Nangis  (Seine-et- 
Marne)  ;  2",  médaille  d'argent,    M.  Grandin,  à  Cocherel  (Seine-e'-Marne). 

3°    Graines  de  betteraves.  —  ]"prix,  médailledor,  M.  Olivier-Lecq,  à  Templeuve(Nord). 

4°  Laines  en  toison.  —  1='  prix,  médaille  d'or,  M.  Robcis  (Théophile),  à  Bussy-Saint-Georges 
(Seine-et-Marne)  ;  2=,  médaille  d'argent,  M.  Michenon,  à  Andrezel  (Seine-et-Marne);  3%  médaille 
de  bronze  à  M.  Bataille,  à  Passy-en-Valois  (Aisne). 

Produits  divers  non  compris  "dans les  concours  spéciaux.  —  Médailles  d'or,  MM.  Capgrand-Mothe^, 
à  Meylan  (Lot-et-Garonne)  ;  M.  Meyer,  à  Coubert  (Seine-et-Marne)  ;  M.  Nœtinger,  à  Douera  (Alger)  ; 
médailles  d'argent,  à  M.  Bool,  à  Paris;  à  MM.  Darier  de  Rouffio  et  C^,  à  Marseille  (Bouches-du- 
Rhône);MM.  Arlatte  et  C%  à  Cambrai  (Nord);  M.  Boyenval,  à  Neuvillè-Coppegueule  (Somme); 
M.  Samin,  à  Loos-les-Lille  (Nord);  M.  Mayeux,  à  Villejuif  (Somme),  P.  S.  M.  Besscde;  à  Marseillle 
(Bouches-du-Rhône)  :  La  Société  Française  du  teillage  mécanique  du(in,  à  Vert-Saint-Denis  (Seine- 
et-Marne);  médaille  de  bronze,  M.  Nivat  Bogros,  à  Saînl-Sauves  (Puy-de-Dôme)  ;  M.  de  Beau- 
royre,  à  Villetoureix  (Dordogne  ;  M.  Crépeaux.  à  Neuilly-sur-Seine  (Seine)  ;  M.  Chandora,  à 
Moissy  Crafnayel  (Seine-et-Marne)  ;  M.  Leguay,  a  Argenteuil  (Seine-et-Oise);  M.  Hurand,  à  Tou- 
quin  (Seine-et-Marne)  ;  M.  Bréelle,  à  Abbeville  (Somme);  M.  Fua,  à  Paris;M.  Maugest,  à  Bue  il 
(Seine-et-Oise);  M.  Baillargéon,  à  Sens-de-Bretagne  (Ille-et-Vilaine)  ;  P.  S.  M.  Sassinot,  à  Saints 
(Seine-et-Marne);  M.  Langlois,  à  Paris.  j 

En  même  temps  que  le  concours  régional,  un  congrès  agricole  avait  été  provoqué 
par  la  Société  d'agriculture  de  Melun.  Parmi  les  principales  questions  qui  y  ont 
été  agitées,  il  faut  mentionner  celle  relative  à  l'unification  des  méthodes  d'analyse 
des  engrais  et  des  produits  agricoles.  Le  Congrès  a  encore  émis  le  vœu  que  le  dégrève- 
ment des  sucres,  proposé  par  le  ministre  des  finances,  tut  voté  par  les  Chambres 
aussi  rapidement  que  possible.  Henry  Sagnier. 

HISTOIRE  DES  GRANDES   FAMILLES 

DE   LA   RACE  DURHAM.   —  [Suite] 
Les  Red-Rose  et  les  Waterloo. 

[.a  famille  des  Waterloo,  de  même  que  celle  des  Oxford,  peut  être 
considérée  comme  une  création  exclusive  de  Bates.  Les  éléments  des 
autres  familles  qu'il  a  formées  et  développées,  lui  avaient  été  fournis 
par  d'autres  éleveurs  qui,  avant  lui,  avaient  déjà  cultivé  ces  types 
perfectionnés,  créés  par  eux,  au  moyen  de  souches  que  le  hasard  leur 
avait  mis  sous  la  main  et  dont  ils  avaient  su  discerner  le  mérite  pri- 
mordial et  inné.  Mais  les  TValerloo,  comme  les  Oxford,  ont  pris  leur 
origine  à  Kirklevijiglon. 

L'histoire  des  Waterloo  ressemble  beaucoup  à  celle  des  autres 
tribus  célèbres  de  la  race  Durham.  La  première  vache  dont  il  soit  fait 
mention  dans  le  Herd-Book  est  la  vache  Waterloo,  achetée  en  1831 
par  Bates  sur  le  marché  de  Thorpe  dans  le  comté  de  Durham.  Cette 


20  LES    FAMILLES    RENOMMEES  DE  LA  RACE  DURHAM. 

vache,  jusqu'à  ce  moment  inconnue  et  d'une  famille  obscure,  était 
fille  de  Waterloo  (*28t6}  et  d'une  mère  é2;alement  fille  du  même 
taureau.  Cette  vache  Waterloo  était  donc  fille  de  son  grand-père.  Ces 
exemples  d'accouplements  m  and  in  sont  très  fréquents,  on  a  pu  le 
remarquer,  dans  les  origines  des  grandes  familles.  Les  éleveurs  de  ce 
temps-là,  quand  ils  avaient  sous  leurs  mains  un  bon  taureau,  ne 
craignaient  pas,  soit  par  calcul,  soit  par  nécessité,  de  répéter  l'infusion 
d'un  sang  dont  ils  connaissaient  le  mérite,  dans  le  même  élément 
femelle,  de  manière  à  fixer  plus  fermement  les  qualités  dont  ils 
voulaient  doter  les  générations  à  venir.  Cet  accouplement  in  and  in 
avec  certains  taureaux  tels  que  Hubback,  Favourite,  Cornet, Belvédère, 
Usurer,  Matchem,  Cleveland,  Lad,  le  duc  de  Northumberhind  et 
plusieurs  autres  que  je  pourrais  nommer,  a  singulièrement  réussi  avec 
des  vaches  telles  que  lady  Maynard,  Duchesse,  Princesse,  Matchem 
Waterloo,  etc.,  etc.  Les  effets  de  ces  accouplements  consanguins  sont 
encore  manifestes  de  nos  jours,  et  n'ont  fait  que  s'affermir  de  plus 
en  plus  entre  les  mains  d'éleveurs  soigneux  qui  se  sont  toujours 
attachés  à  maintenir  l'hérédité  dans  les  familles,  sans  jamais  en 
briser  la  continuité.  Ce  n'est  qu'à  cette  condition  que  la  perfection  de 
la  race  et  son  principal  mérite,  celui  de  la  transmission  de  ses  qua- 
lités, peuvent  être  assurés  d'une  manière  certaine.  L'élevage  de 
hasard,  de  promiscuité  dans  les  accouplements  fortuits,  non  calculés, 
non  raisonnes  d'après  les  aptitudes  et  les  affinités  de  races,  n'a  jamais 
réussi. 

Malgré  la  grande  estime  que  Bâtes  avait  conçue  de  la  tribu  des 
Waterloo,  on  remarque  d'après  les  généalogies  de  son  troupeau,  qu'il 
ne  se  servait  presque  jamais  des  taureaux  Waterloo.  C'est  au  point 
que,  à  l'origine,  presque  tous  les  veaux  mâles  issus  de  cette»  famille 
furent  castrés.  Bâtes  employa  avec  les  femelles  Jf\aterJoo,  des  taureaux 
choisis  en  dehors  de  cette  tribu,  tels  que  lord  Barrington  (9303)  et 
Holkar,  lesquels  contribuèrent,  dans  une  large  mesure,  à  fixer  dans 
les  produits,  les  traits  de  supériorité  qui  les  distinguent  ;  et  la  preuve 
que  les  éleveurs  les  plus  éminents  contemporains  de  la  vente  des  trou- 
peaux de  Kirklevington  en  1850,  tels  que  les  Eastwood,  les  Cruicks- 
hank,  les  Maynard  et  les  Torr,  tenaient  cette  tribu  en  haute  estime, 
c'est  que.  à  la  vente  de  Bâtes,  les  Waterloo  réalisèrent  la  moyenne  la 
plus  élevée  après  les  Duchess  et  les  Oxford. 

M.  Bâtes  a  laissé  parmi  ses  papiers  une  note  sur  les  Waterloo, 
écrite  de  sa  main,  affirmant  que  la  vache  Waterloo  qu'il  avait  achetée 
à  Thorpe  en  1 83 1 ,  sortait  d'une  famille  qui  existait  depuis  cinquante  ans 
dans  le  troupeau  de  l'éleveur  qui  l'avait  amené  sur  le  marché,  comme 
une  vache  ordinaire.  Du  reste  il  existe  une  légende  assez  généralement 
admise,  surtout  en  Amérique,  que  cette  vache  Waterloo,  fille  et  petite- 
fille  de  Waterloo  (^2816  ,  remonte  presqu'à  la  vache  Princess  de  R. 
Colling.  En  effet,  cette  légende  se  trouve  inscrite  dans  le  Herd-Book  amé- 
ricain, et  ce  qui  tend  à  faire  admettre  cette  généalogie,  c'est  cette 
expression  gracieuse  de  la  physionomie  que  Ton  remarque  chez  les 
membres  de  cette  famille,  expression  absolument  identique  à  celle 
que  l'on  voit  chez  les  descendants  directs  de  cette  vache  si  célèbre,  et 
qui  fait  le  principal  mérite  distinctif  de  tous  ses  descendants  directs. 

Bâtes  avait  un  travers  qui  dépare  son  caractère,  et  qui  a  souvent 
été  le  mobile  d'une  grande  injustice  de  sa  part  envers  les  éleveurs  de 


LES    FAMILLES  RENOMMÉES  DE   LA    RACE   DURHAM.  21 

Durham  les  plus  célèbres,  ses  devanciers  aussi  bien  que  ses  contempo- 
rains. C'était  une  jalousie  intense,  inspirée  par  le  succès  des  autres 
éleveurs,  et  un  esprit  de  dénigrement  qu'ils  ne  se  donnait  pas  même 
la  peine  de  voiler  sous  des  prétextes  plausibles.  C'est  ainsi  qu'il  ne 
voulait  jamais  admettre  l'influence  heureuse  que  le  sang  de  Princess 
avait  exercée  sur  les  principales  familles  de  son  troupeau,  ni  la  part 
importante  appartenant  à  Charles  CoUing  dans  la  création  de  la  tribu 
des  Duchess.  C'est  peut-être  à  ce  sentiment  qu'on  doit  attribuer  chez 
lui  la  suppression  de  Princess  de  la  généalogie  des  Waterloo,  laquelle 
remonte  incontestablement  à  Princess,  de  peur  d'en  faire  remonter 
le  mérite  jusqu'à  cette  vache  élevée  par  un  de  ses  principaux  rivaux. 

Le  sang  des  Waterloo,  bien  qu'appartenant  exclusivement  à  Bâtes, 
n'en  a  pas  moins  été  adopté  par  les  Booth  eux-mêmes  et  par  leurs 
principaux  adhérents.  Parmi  ceux-ci,  personne  n'a  mieux  réussi  dans 
la  culture  de  cette  famille  que  le  regretté  William  Torr,  d'Aylesby.  A 
la  vente  de  ce  grand  éleveur,  qui  eut  lieu  après  sa  mort,  il  y  a  quel- 
ques années,  il  n'y  avait  pas  moins  de  21  têtes  de  cette  tribu,  connue 
dans  les  catalogues,  sous  le  vocable  de  la  première  lettre  de  son  nom. 
On  ne  les  connaissait  en  effet  que  sous  le  nom  de  W.  On  les  appelait 
les  double  F  de  M.  Torr.  A  cette  vente,  la  moyenne  de  ces  21  \V  attei- 
gnit le  chiffre  de  près  de  6,500  fr.,  soit  un  total  de  76,500  fr.  pour 
21  têtes.  Une  vache  de  cette  tribu  des  Waterloo  fut  adjugée  à  un  éle- 
veur australien  au  prix  de  14,000  fr. 

Outre  M.  William  Torr,  M.  Richard  Eastwood,  M.  Cruiks- 
hanck,  M.  Maynard,  qui,  hélas!  ne  sont  plus,  et  que  j'ai  tous  intime- 
ment connus,  on  peut  citer,  parmi  les  éleveurs  contemporains  qui 
possèdent  du  sang  Waterloo  dans  leurs  troupeaux,  lord  Fitzhardinge, 
lord  Peurhyn,  M.  Angerstein  et  M.  Oliver.  Richard  Booth  lui-même 
ne  craignit  point- d'infuser  le  sang  des  Waterloo  dans  son  troupeau. 
On  remarque,  en  effet,  dans  plusieurs  de  ses  généalogies,  le  taureau 
Water  King  élevé  par  M.  Torr.  Ce  taureau,  que  M.  R.  Booth  admirait 
beaucoup,  était  petit-fils  de  la  vache  Waterloo  3*,  que  M.  Torr  acheta 
à  la  vente  de  Kirklevington,  après  la  mort  de  Bâtes,  et  qu'il  avait 
préférée  comme  une  des  plus  belles  vaches  du  troupeau. 

M.  Torr  avait  toujours  été  un  grand  appréciateur  de  cette  tribu. 
Entre  autres  sujets  de  cette  famille,  il  avait  une  estime  toute  particu- 
lière pour  le  taureau  Duc  de  Northumberland  4%  qu'il  considérait 
comme  le  plus  bel  animal  deconcoursqu'il  eûtjamais  vu.  Il  se  décida  un 
jour  à  faire  exprès  le  voyage  de  Kirklevington  pour  tâcher  d'obtenir  de 
M.  Bâtes  la  location  de  ce  taureau.  Après  de  longs  débats,  l'accord  fut 
fait  sur  le  prix  de  la  location,  et  au  moment  oii  M.  Torr  allait  repartir, 
M.  Bares  se  ravisa  et  exigea  comme  condition  nouvelle  que  son  tau- 
reau ne  servirait  pas  plus  de  25  vaches.  M.  Torr  se  récria  en  disant 
qu'il  ne  possédait  en  tout  que  30  femelles  et  que  par  conséquent  la 
différence  était  si  minime  qu'il  désirait  avoir  à  cet  égard  toute  liberté. 
M.  Bâtes  ne  voulut  point  céder,  et  voyant  que  tout  argument  était 
inutile,  M.  Torr  se  leva  et  partit  en  disant  :  Eh  bien!  M.  Bâtes,  vous 
garderez  votre  taureau  et  moi  mon  argent,  puis  il  s'en  alla.  Cette 
espèce  de  rupture,  heureusement  pour  le  troupeau  d'Aylesby  en  parti- 
culier et  pour  l'élevage  de  la  race  Durham  en  général,  n'eut  pas  de 
suites  permanentes.  M.  William  Torr  avait  conçu  une  trop  haute  estime 
de  la  tribu  des  Waterloo  pour  ne  pas  persévérer  dans  son  intention 


22  LES  FAMILLES    RENOMMÉES  ,'DE  LA  RAGE  DURHAM. 

formelle  de  l'introduire  dans  son  élevage.  Nullement  découragé  par 
l'échec  qu'il  venait  d'éprouver,  il  eut  le  bon  esprit  d'attendre  d'autres 
occasions  qui  ne  tardèrent  point  à  se  présenter.  En  eiîet,  un  peu  plus 
tard,  M.  ïorr  acheta  au  révérend  Thomas  Cator  la  génisse  Waterwilch, 
fille  de  ce  même  taureau  Duc  de  Northumberland  A"  qu'il  n'avait  point 
réussi  à  louer,  puis  plus  tard,  à  la  vente  de  Bâtes,  la  vache  Water- 
loo 3"  par  Norfolk^  d'où  sont  sortis  tous  les  W  du  troupeau  d'Aylesby. 

Ainsi,  il  résulte  de  l'usage  fait  des  taureaux  de  cette  famille  dans 
le  troupeau  de  Warlaby,  et  du  mélange  du  sang  de  taureaux  Booth 
judicieusement  choisis  par  un  éleveur  aussi  éminent  que  feu  M.  Wil- 
liam ïorr,  que  deux  branches  distinctes  de  la  tribu  des  Waterloo  se 
sont  constituées,  celle  de  sang  Bâtes  et  celle  de  sang  Booth;  mais 
cette  bifurcation  des  deux  branches  n'a  produit  aucune  différence  de 
mérite.  La  supériorité  innée  de  la  fondation  de  cette  famille  s'est  per= 
pétuée  dans  les  deux  branches  avec  une  égalité  remarquable.  C'est 
toujours  la  même  noblesse  de  physionomie,  la  même  rectitude  de 
lignes,  le  même  équilibre  symétrique,  les  mêmes  qualités  laitières 
alliées  à  la  même  aptitude  à  l'engraissement,  qui  caractérisaient  les 
premiers  ancêtres  de  cette  famille,  dès  son  origine,  et  qui  resemblent 
d'une  manière  si  frappante  aux  traits  distinctifs  et  héréditaires  de  la 
famille  Princess,  ce  chef-d'œuvre  de  l'élevage  de  Robert  Colling. 

Du  côté  de  Bâtes,  c'est  surtout  avec  le  sang  Duchess  et  Oxford  que 
les  Waterloo  modernes  tracent  leur  généalogie  ascendante,  et  du  côté 
des  Booth,  on  retrouve  le  sang  des  Croum  Prince,  des  Vangurard  et  des 
Baron  Warlaby  dans  les  pedigrees  de  la  branche  de  Warlaby.  Voici 
une  généalogie  qui  donnera  une  idée  juste  de  la  filiation  de  la  branche 
de  Bâtes,  laquelle  se  reconnaît  toujours  par  le  fait  que  toutes  les  fe- 
melles portent  le  nom  de  Waterloo  avec  un  numéro  d'ordre,  tandis 
que  les  Waterloo  de  la  branche  de  Booth  ont  des  noms  différents. 
Celles  du  troupeau  d'Aylesby  avaient  toutes  des  noms  commençant  par 
un  W,  de  là  leur  nom  générique  de  double  V. 
t 

Maud  Waterloo,  pelage  rouan,  née  le  1"  juillet  1875  chez  lord  Skelmersdale. 

Son  père  Baron  Oxford  (25580). 

Sa  mère  Waterloo  33%  par  Grand  Duke  11°  (21849). 

Sa  grand'mère  Waterloo  25=,  par  Duke  of  Geneva  (19614). 

Sa  2°  grand'mère  Waterloo  17%  par  Red  KnigTit  (11976). 

Sa  3=  grand'mère  Waterloo  14%  par  Grand  Duke  (10284). 

Sa  4"  grand'mère  Waterloo  13%  par  3=  Duke  of  Oxford  (9047). 

Sa  5=  grand'mère  Waterloo  9%  par  2°  Cleveland  Lord  (3408). 

Sa  6°  grand'mère  Waterloo  6%  par  Duke  of  Northumberland  (1940). 

Sa  7'  grand'mère  Waterloo  3°,  par  Norfolk  (2377). 

Sa  8=  grand'mère  Waterloo  Lord,  par  Waterloo  (2816). 

Sa  9=  grand'mère  ,  par  Waterloo  (2816). 

Dans  un  prochain  numéro,  je  traiterai  des  deux  dernières  familles 
du  troupeau  de  Kirklevington,  les  Wild  Eyes  et  les  Foggathorpe. 

P.  S.  —  Ceux  de  mes  lecteurs  qui  s'intéressent  à  l'introduction  de 
la  race  Durham  en  France  apprendront  avec  plaisir  que,  à  la  vente  du 
troupeau  du  marquis  d'Exeter  qui  vient  d'avoir  lieu  récemment, 
j'ai  eu  la  bonne  fortune  de  me  faire  adjuger  une  vache  et  trois  gé- 
nisses du  plus  grand  mérite.  Ce  troupeau,  dont  on  a  pu  admirer  les 
qualités  exceptionnelles  à  notre  grand  concours  international  de  1878 
et  à  celui  non  moins  important  tenu  à  Kilburn  en  Angleterre  par  les 
spécimens  qui  y  étaient  exposés,  vient  en  effet  d'être  dispersé  par  une 
vente  aux  enchères.  Je  n'ai  eu  garde  de  manquer  une  si  belle  occasion 


LES  FAMILLES   RENOMMÉES   DE  LA  RACE    DURHAM.  23 

d'embellir  mon  troupeau  de  sujets  d'un  sang  aussi  remarquable,  et 
dont  tous  les  grands  concours,  depuis  quelques  années,  ont  consacré  le 
mérite  transcendant  par  les  succès  les  plus  éminents  et  les  plus  per- 
sistants. Quelque  temps  auparavant,  le  mois  dernier,  j'avais  déjà 
acheté  un  taureau  pur  sang  Gicynne  pour  mon  étable  de  Saron,  et 
deux  autres  de  sang  OUI  Quickly  et  de  sang  Charmer  pour  deux  de  mes 
amis.  J'avais  besoin  de  ces  nouvelles  importations  pour  mon  troupeau 
de  Saron,  car  cinq  nouvelles  étables  de  pur  sang  Durham  viennent 
de  se  fonder  en  France  avec  des  éléments  choisis  dans  mon 
troupeau. 

D'un  autre  côté  l'introduction  de  la  race  ovine  Shropshiredown, 
que  je  recommande  de  préférence  à  toute  autre  race,  comme  élément  de 
croisement  et  com.me  race  d'élevage,  a  dernièrement  fait  un  grand 
progrès.  Les  importations  cette  année,  de  béliers  et  de  brebis,  faites 
par  mes  soins,  ont  plus  que  triplé,  et  ceux  de  mes  amis  qui  ont  eu  le 
bon  esprit  de  suivre  mes  conseils  sont  tous  très  satisfaits  des  animaux 
reproducteurs  mâles  et  femelles  de  cette  race,  que  je  leur  ai  procurés; 
j'aurai  soin  plus  tard  de  publier  les  résultats  obtenus. 

F.-R.    DE  LA  TrÉHONNAIS. 

TRAITÉ  DU  GREFFAGE  DE  LA  VIGNE, 

PAR  AIMÉ  CHAMFIN  K 

Au  milieu  du  désastre  qui  accable  les  vignobles,  on  est  heureux  de 
rencontrer  des  hommes  d'acti'on  qui  n'ont  point  désespéré  du  salut  de 
la  viticulture  française.  Les  uns  cherchent,  avec  des  efforts  dignes 
d'un  meilleur  succès,  le  moyen  de  faire  vivre  les  cépages  européens 
avec  le  phylloxéra;  ils  essayent  de  réduire  par  les  insecticides  le 
nombre  des  insectes  dévastateurs,  tout  en  produisant  des  récoltes  ré- 
munératrices. D'autres,  plus  heureux  déjà,  montrent  des  vendanges 
françaises  obtenues  par  la  greffe  de  nos  cépages  sur  des  racines  résis- 
tantes. 

Parmi  les  dévoués  pionniers  de  cette  œuvre  de  régénération  dont 
le  plan  satisfait  à  la  fois  aux  lois  de  la  science  et  aux  exigences  de  la 
pratique,  M.  Aimé  Champin  restera  comme  un  de  ceux  auxquels  nos 
viticulteurs  auront  dû  les  essais  les  plus  profitables  et  les  encourage- 
ments les  plus  précieux.  M.  Champin  ne  s'est  pas  contenté  de  montrer 
aux  incrédules  des  vignes  américaines  résistantes,  produisant  des 
fruits  liquoreux;  il  a  fait  plus  :  il  a  montré  sur  des  surfaces  déjà 
importantes  des  récoltes  de  raisin  de  nos  meilleurs  cépages  greffés 
sur  pied  américain.  Chez  lui,  l'exemple  a  devancé  le  précepte,  et  le 
livre  vient  aujourd'hui  augmenter  l'autorité  d'une  belle  démonstration. 

Dans  un  volume  élégant,  dont  les  jolies  vignettes  ajoutent  au  charme 
du  style  toutes  les  satisfactions  que  procure  une  belle  édition,  M.  Cham- 
pin a  développé  l'enseignement  théorique  et  pratique  du  greffage  de  la 
vigne.  La  clarté  des  explications,  la  netteté  du  texte,  l'abondance  des 
détails,  la  vérité  des  dessins,  se  joignent  dans  cet  ouvrage  à  la  valeur 
des  conseils  donnés  par  un  maître  expert  en  l'Art  de  greffer.  Disons 
encore  que  le  livre  est  écrit  avec  une  verve  gauloise  à  rendre  jaloux 
les  écrivains  des  œuvres  d'imagination.  Nous  en  félicitons  vivement 
l'auteur;  n'a  pas  d'esprit  qui  veut,  et  le  sien  n'a  pas  gâté  la  science, 

1.  Un  beau  volume  in-8,  accompagné  de  gravures.  — A  la  licrairie  de  G.  Masson,  120,  boulevard 
Saint-Germainj  à  Paris,  —  Prix  :  6  francs. 


24  TRAITÉ  DU  GREFFAGE  DE  LA  VIGNE. 

Nous  ne  suivrons  pas  M.  Champin  dans  l'exposé  des  divers  modes 
de  greffage,  dans  les  soins  à  donner  aux  greffes  et  dans  la  discussion 
de  chaque  système;  notre  analyse  serait  longue  et  fastidieuse.  Nos 
lecteurs  nous  sauront  gré  d'abréger  cette  notice  pour  leur  permettre 
d'aller  ouvrir  un  livre  dont  la  lecture  agréable  les  retiendra  jusqu'au 
dernier  chapitre. 

Après  avoir  lu  ce  volume,  on  aura  beaucoup  appris,  on  aimera 
l'auteur,  et  on  greffera,  nous  en  sommes  certain,  ne  serait-ce  que  pour 
essayer  de  goûter  avec  M.  Champin  ce  greffage  attrayant  auquel  il 
nous  a  conviés  avec  tant  d'esprit.  Camille  Saint-Pierre. 

APPAREIL  POUR  BATTRE  LES  FAUX 

Il  existe  plusieurs  appareils  qui  ont  été  imaginés  pour  battre  les 
faux  et  les  faucilles.  Nous  devons  signaler  aujourd'hui  celui  que  con- 
struit M.  Leblanc-Winckler,  mécanicien  à  Altkirch  (Alsace).  Il  est 
représenté  par  la  fig.  \ .  Il  consiste  en  un  petit  marteau  vertical  relié 
à  une  petite  roue  à  came  mue  par  une  manivelle 
dont  le  mouvement  le  fait  alternativement  monter 
et  retomber  sur  une  enclume  destinée  à  recevoir  la 
faux.  Un  ressort  à  boudin  augmente  l'action  du 
marteau  ;  le  coup  peut  être  plus  ou  moins  forcé, 
suivant  que  l'on  serre  davantage  le  ressort,  à  l'aide 
de  la  vis  placée  en  tête  de  l'appareil.  Pour  s'en  ser- 
vir, on  place  la  lame  de  la  faux  à  l'envers  sur 
l'enclume,  le  dos  penché  en  bas,  de  manière  qu'elle 
soit  bien  appuyée.  On  retire  plus  ou  moins  vite  la 
faux  selon  sa  dureté.  L'appareil  peut  se  placer  par- 
'^^M  Y  h\  ^^win^kie?  *^^^*'  ^^  ^^  pcut  l'emportcr  aux  champs.  Le  prix  de 
pour  battre  les  faux,      cette  petite  machine  est  de  35  francs. 

iM.  Leblanc-Winckler  en  construit  un  autre  mo- 
dèle qu'on  fait  marcher  avec  le  pied,  à  l'aide  d'une  pédale,  et  qui  est 
muni  d'un  bâti  mobile.  Le  prix  de  ce  deuxième  modèle  est  de  53  francs. 

L.  DE  Sardriac. 

LE  BÉTAIL  AU  CONCOURS  RÉGIONAL  DE  NEVERS. 

Le  concours  régional  comprenant  les  sept  départements  de  l'Allier,  du  Cher,  de 
l'Indre,  d'Indre-et-Loire,  de  Loir-et-Cher,  du  Loiret  et  de  la  Nièvre  s'est  tenu 
comme  on  l'a  vu,  à  Nevers,  du  22  au  3]  mai,  sous  la  présidence  de  M.  Lembezat, 
inspecteur  général  de  l'agriculture.  Dans  cette  contrée,  presque  partout  fertile,  riche 
en  productions  variées,  sillonnée  par  de  nombreux  cours  d'eau,  des  canaux,  des 
chemins  de  fer,  et  située  au  centre  de  la  France,  chacun  savait  d  avance  qu'il  y 
auiait  une  splendide  exposition,  mais  personne  ne  supposait  qu'elle  pût  être  aussi 
considérable  et  aussi  brillante.  C'est  en  bestiaux  et  surtout  en  machines  et  en  in- 
struments qu'elle  a  été  remarquable,  tant  au  point  de  vue  du  nombre,  qu'au  point 
de  vue  des  perfectionnements.. Jamais,  jusqu'à  ce  jour,  on  n'avait  réuni  encore,  sur 
le  champ  d'un  concours  régional,  autant  de  locomobiles,  de  batteuses,  de  faucheuses, 
de  moissonneuses  et  autres  instruments  de  tous  genres. 

Durant  notre  séjour  àNevers  nous  avons  entendu  beaucoup  d'exposantsen  bestiaux, 
ou  en  produits  agricoles,  demander  pourquoi  le  concours  de  cette  région  a  eu  lieu 
plus  tard  que  d'babitude,  et  quelqes-uns  ont  même  regretté  qu'il  ne  se  soit  pas 
fait  plus  tôt.  Les  motifs  qui  ont  déterminé  ce  changement  de  date  ne  paraissent 
pas,  en  général,  suffisamment  connus  des  intéressés.  A'ce  sujet,  nous  pouvons  leur 
donner  quelques  renseignements  tout  à  fait  exacts.  Pendant  plusieurs  années,  en 
effet,  cette  exposition  s'était  tenue  vers  la  fin  d'avril  ou  les  premirs  jours  de  mai. 
Cette  époque  était  bien  choisie  au  début  de  l'institution  du  concours,  alors  qu'on 


LE  BÉTAIL  AU  CONCOURS  RÉGIONAL  DE  NEVERS.  25 

n'exposait  que  des  animaux  et  quelques  produits  agricoles  conservés.  Aujourd'hui, 
il  n'en  est  de  même,  les  faucheuses,  les  moissonneuses,  les  faneuses  et  les  râteaux 
à  cheval  viennent  concourir  en  nombre  considérable.  Or,  pour  juger  et  classer  ces 
machines,  il  ne  suffît  pas  d'examiner  leur  mécanisme,  il  faut  de  plus  les  voir  à 
l'œuvre.  Au  commencement  de  mai  les  fourrages  sont  souvent  trop  peu  développés 
dans  cette  région  pour  qu'ils  puissent  être  coupés  et  ramassés  par  les  appareils  en 
question.  Dans  ce  cas,  des  essais  comparatifs,  qui  doivent  avoir  lieu  dans  des 
conditions  normales  pour  être  concluants,  ne  peuvent  être  faits.  C'est  ce  qui  est 
arrivé  l'année  dernière  au  concours  de  Bourges.  A  la  réunion  qui  a  eu  lieu,  lors  de 
ce  concours,  dans  le  but  de  discuter  les  modifications  à  apporter  au  programme  de 
l'exposition  régionale  de  1880,  les  exposants  ont  demandé  que  dorénavant  l'époque 
du  concours  fût  reculée.  L'administration  de  l'agriculture  n'a  donc  changé  cette 
date  que  pour  donner  satisfaction  aux  vœux  exprimés  parles  exposants  eux-mêmes. 
TeUes  sont  les  raisons  qui  ont  décidé  ce  changement,  et  elles  nous  paraissent 
excellentes.  Aussi  est-il  à  désirer,  dans  l'intérêt  du  plus  grand  nombre,_  que  l'expo- 
sition agricole  de  cette  région  n'ait  plus  lieu  que  dans  la  dernière  quinzaine  du  mois 
de  mai. 

Sans  nous  arrêter  à  des  détails  sur  la  production  du  département  de  la  Nièvre, 
arrivons  immédiatement  au  sujet  de  cet  article.  La  spéculation  agricole  la  plus 
importante  et  la  plus  lucrative  du  département  de  la  Nièvre  est  l'élevage  et  l'engrais- 
sement du  gros  bétail.  La  population  animale  est  très  considérable  ainsi  qu'on  peut 
le  constater  par  les  chiffres  qui  suivent  :  Chevaux  19,500,  mulets  550,  ânes  7,000, 
bêtes  bovines  188,730,  moutons  -211,800,  porcs  72,200,  chèvres  6,400. 

Les  chevaux  de  cette  région  appartiennent  à  des  races  diverses.  Autrefois_  on  y 
trouvait  partout  un  cheval  peu  développé  de  taille,  mais  réunissant  les  précieuses 
qualités  suivantes  :  la  rusticité,  la  sobriété,  une  rare  sohdité  de  membres  et  une 
grande  vigueur  lui  permettant  de  fournir  de  bons  et  longs  services.  On  rencontre 
encore  dans  le  Nivernais,  surtout  dans  la  partie  montagneuse,  quelques  individus 
de  cet  excellent  type,  connu  dans  le  centre  sous  le  nom  de  cheval  du  Morvan.  Les 
animaux  de  l'espèce  chevahne  les  plus  répandus  sont  actuellement  les  chevaux  de 
gros  trait  et  de  trait  léger  issus  de  croisements  percherons  et  bourbonnais.  Bien 
que  ces  animaux  ne  SDient  pas  irréprochables  de  forme,  ils  sont  forts  et  résistent  aux 
longues  fatigues. 

Dans  la  Nièvre,  l'espèce  bovine  se  compose  de  races  et  de  croisements  divers, 
mais  la  race  la  plus  nombreuse  et  la  plus  intéressante  est  la  charolaise,  qui  gagne 
tous  les  ans  du  terrain  et  chasse  devant  elle  les  autres  animaux  de  son  espèce  II  est 
inutile  de  faire  ressortir  ici  les  mérites  du  bœuf  charolais;  sa  réputation  est  bien 
établie  en  France  et  ses  quahtés  ne  sont  pas  méconnues  non  plus  dans  certains  pays 
étrangers.  On  sait  partout,  en  effet,  qu'après  le  durham,  race  d'origine  anglaise, 
le  charolais,  animal  éminemment  français,  est  le  plus  pariait  au  point  de  vue  delà 
précocité,  de  l'aptitude  à  l'engraissement  et  de  la  qualité  de  la  viande.  Depuis 
quelques  années,  on  ne  l'ignore  pas,  les  Anglais  viennent  acheter  chez  nous  des 
durhams;  mais,  ce  qui  paraît  moins  connu,  c'est  qu'ils  ne  manquent  pas  d'emmener 
en  même  temps  de  beaux  charolais.  Les  Italiens  commencent  aussi  à  rechercher 
cette  race,  ils  sont  venus  faire  au  concours  de  Nevers  l'acquisition  d'un  lot  important 
de  reproducteurs  charolais.  La  vente  de  ces  animaux  aux  étrangers  est  d'un  bon 
augure  pour  les  éleveurs  de  la  Nièvre  et  du  Cher.  Et,  comme  le  disait  dans  son 
remarquable  discours  M.  Lembezat,  commissaire  général  au  concours  de  Nevers, 
«  l'achat  que  viennent  de  faire  les  Italiens  sera  peut-être  le  début  d'un  débouché 
commercial  que  le  temps  ne  fera  que  développer.  » 

On  rencontre  le  charolais  dans  diverses  contrées  du  centre  de  la  France,  mais 
c'est  surtout  dans  les  vastes  et  riches  pâturages  de  la  Nièvre  et  d'une  partie  du  Cher 
qu'on  en  trouve  de  nombreux  troupeaux  qui,  engraissés  dans  les  herbages  de  ces 
contrées,  vont  ensuite  alimenter  le  marché  de  La  Villette. 

Les  moutons  les  plus  répandus  dans  le  Nivernais  sont  généralement  des  animaux 
de  petite  taille,  néanmoins  ils  sont  très  estimés  pour  la  délicatesse  de  leur  chair 
et  la  finesse  de  leur  laine.  Ces  moutons  tendent  à  diminuer;  dans  beaucoup  de 
fermes  ils  ont  été  remplacés  par  les  southdown  et  les  dishley  qui  y  prospèrent 
parfaitement. 

L'agriculture  de  la  Nièvre  a  fait  depuis  quelques  années  des  progrès  considérables, 
grâce  à  l'exemple  donné  par  des  hommes  actifs  et  éclairés  que  possède  encore  le 
département.  Les  grandes  améliorations  ont  porté  sur  le  sol  et  sur  l'espèce  bovine. 
Il   est  peu  de  pays  en   France   où  les   amendements    calcaires  aient  été  aussi 


26  LE  BÉTAIL  AU  CONCOURS  RÉGIONAL  DE    NEVERS. 

largementetaussijudicieusementemployés.  Cependant,  si  la  question  des  amende- 
ments est  bien  comprise,  on  peut  dire  qu'il  n'en  estpas  de  même  de  celle  des  engrais 
de  ferme,  qui  sont  négligés  d'une  façon  inconcevable. 

Lesanimauxderespècebovine,au  nombre  de  252,  se  partagaient  en  cinq  catégo- 
ries. La  première  comprenait  la  race  charolaise  et  comptait  119  bêtes  appartenant 
à  34  exposants  qui,  outre  les  récompenses  portées  au  catalogue,  ont  reçu  10  prix 
supplémentaires  et  5  mentions  honorables.  Les  sept  premiers  prix  ont  été  obtenus 
par  M.  Michel  (Nièvre),  pour  un  taureau  de  10  mois,  Henri  Signoret  (Nièvre), 
pour  un  taureau  de  12  mois;  Mary-Lépine  (Cher),  pour  un  taureau  de  27  mois; 
le  comte  de  Bouille  (Nièvre),  pour  une  génisse  de  9  mois;  Clair  (Nièvre],  pour 
une  génisse  de  3  mois  et  demi;  Roy  de  l'Ecluse  (Allier),  pour  une  génisse  de 
26  mois,  et  Doury  (Nièvre),  pour  une  vache  de  38  mois.  Tous  ces  animaux  étaient 
fort  remarquables,  mais  l'individu  qui  réunissait  au  plus  haut  degré  tous  les  carac- 
tères d'un  beau  reproducteur  charolais,  était  certainement  le  taureau  de  M.Mary- 
Lépine,  Les  produits  de  cet  éleveur  de  la  riche  vallée  de  Germigny,  jouissent 
d'une  réputation  bien  méritée;  depuis  quelques  années  ils  figurent  aux  premiers 
rangs  dans  les  concours  de  reproducteurs  comme  dans  les  concours  d'animaux  gras. 
L'année  dernière  à  Bourges  et  cette  année  à  Nevers,  M.  Mary-Lépine  a  été  bien 
près  d'obtenir  le  prix  d'ensemble.  Mais  qu'il  ne  se  décourage  pas,  il  a  tous  les 
moyens  d'y  arriver",  ce  siiccès  lui  est  peut-être  réservé  pour  l'année  prochaine. 

L'heureux  concurrent  qui  a  obtenu  le  prix  d'ensemble  dans  cette  catégorie  est  M. 
Jojon  (Nièvre),  éleveur  bien  connu  par  ses  magnifiques  charolais,  que  les  concours 
ont  déjà  couronnés  plusieurs  fois. 

En  somme,  l'exhibition  des  charolais  a  été  fort  belle,  mais  il  était  permis  d'espérer 
qu'elle  serait  plus  nombreuse,  au  centre  même  du  pays  de  cette  race.  Les  hommes 
compétents  (et  ils  ne  sont  pas  encore  rares)  qui  ont  visité,  en  1852,  le  premier  concours 
de  Nevers  et  le  dernier  qui  s'est  tenu  eo  cette  ville,  doivent  évidemment  trouver 
que  le  type  charolais  s'est  considérablement  modifié.  Mais  sans  remonter  à  cette 
époque  éloignée,  on  peut  encore  comparer  les  animaux  d'alors  avec  ceux  d'aujourd'hui, 
car  dans  beaucoup  d'étables  du  département  de  Saône-et-Loire,  jiremier  berceau 
du  charolais,  nous  trouvons  cet  animal  tel  qu'il  était  au  temps  des  premiers  perfec- 
tionnements, obtenus  par  l'habile  éleveur,  Louis  Massé,  qu'on  pourrait  appeler  avec 
raison  le  Backwell  français. 

La  deuxième  catégorie  était  consacrée  à  la  race  Durham,  représentée  par  61 
animaux  appartenant  à  8  exposants. 

Les  premiers  prix  ont  été  attribués  à  MM.  Charles  Signoret,  (Nièvre),  pour  un 
taureau  de  11  mois  et  demi  ;  Auclerc  (Cher),  pour  un  taureau  de  20  mois;  au  même 
pour  un  taureau  de  28  mois  ;  au  même  rappel  de  1"  prix  pour  une  vache  de  9  ans  ; 
Alphonse  Tiersonnier  (Nièvre),  pour  unegénisse  de  12  mois;  Larzat,  Elle  (Cher), 
pour  une  génisse  de  13  mois;  au  même  pour  une  génisse  de  35  mois  ;  au  même 
pour  une  vache  de  38  mois.  Cette  catégorie  n'a  pas  été  moins  bien  traitée  ni  moins 
heureuse  que  la  précédente,  au  contraire.  Toutes  les  récompenses  portées  au  cata- 
logue ont  été  décernées  et  tous  les  exposants  ont  obtenu  plusieurs  prix.  Le  jury 
a  même  accordé  des  rappels  de  médailles,  des  prix  supplémentaires  et  des  mentions 
honorables  ;  il  ne  saurait  être  taxé  par  conséquent  de  parcimonie  ni  encore  moins 
de  prodigalité,  car  ce  qu'il  a  fait,  surtout  à  propos  des  animaux  durham,  a  reçu  la 
sanction  de  l'opinion  publique. 

Nous  avons  dit  que  l'exhibition  des  charolais  était  fort  belle  :  elle  l'était  en  effet, 
mais  celle  des  durham  la  surpassait  de  beaucoup.  Les  exposants  de  la  deuxième 
catégorie  sont  arrivés  à  des  résultats  véritablement  prodigieux.  C'est  peut-être 
pour  la  première  fois  qu'une  collection  d'aussi  beaux  durham  figurait  sur  un 
concours  régional.  Les  anglais,  qui  sont  si  forts  dans  l'art  de  produire  les  animaux 
de  boucherie,  nous  en  vient  et  nous  achètent  assez  souvent  les  sujets  que  nous 
donne  la  race  anglaise.  Cela  se  comprend,  quand  on  obtient  des  produits  aussi 
parfaits  que  ceux  de  MM.  Auclerc,  Larzat  et  Massé.  La  réputation  de  ces  habiles 
éleveurs  est  faite  depuis  de  longues  années.  Il  y  a  longtemps,  en  effet,  qu'on  est 
habitué  à  voir  leur  nom  parmi  les  premiers  lauréats  des  concours  de  cette  région 
et  même  des  concours  généraux  de  Paris. 

Les  brillants  succès  obtenus  par  les  animaux  venant  des  étables  de  MM.  de 
Massol,  Salvat,  Signoret- et  Tiersonnier  sont  forts  connus.  A  Nevers  les  durham  de 
ces  exposants  se  distinguaient  surtout  par  une  grande  finesse  dans  la  tête  et  les 
membres,  ce  qui  indique  une  ossature  très  réduite,  qualité  d  une  grande  impor- 
tance pour  les  bêtes  de  boucherie. 


LE   BÉTAIL  AU  CONCOURS   RÉGIONAL  DE   NEVERS.'  27 

De  tous  les  sujets  de  cette  catégorie,  ceux  qui  ont  le  plus  captivé  rattention 
du  visiteur  ce  sont  :  les  2  veaux  de  8  et  13  mois,  les  3  génisses  de  10,  13  et  35 
mois  et  les  3  vaches  de  38,  39  et  46  mois  de  M.  Larzat  (Élie),  le  lauréat  du  prix 
d'ensemble  attribué  au  meilleur  lot  d'unimaux  des  2%  3%  4''  et  5'^  catégories. 
Cette  récompense  ne  pouvait  être  mieux  méritée  que  par  le  groupe  de  cet  éleveur. 
Les  produits  de  M.  Larzat  sont  certainement  remarquables  sous  tous  les  rapports, 
mais  surtout  par  la  rectitude  de  la  ligne  du  dos  et  des  reins,  par  la  largeur  de  ces 
deux  parties,  par  une  croupe  large,  longue  et  bien  musclée  et  par  une  culotte  des- 
cendue et  bien  formée. 

La  troisième  catégorie  (croisements  diirham),  comptait  25  bêtes  présentées 
par  9  exposants,  Relativement  au  petit  nombre  d'animaux  et  de  producteurs  figurant 
dans  cette  catégorie,  les  récompenses  étaient  assez  nombreuses.  Aussi  plusieurs 
prix  sont  restés  non  décernés  faute  d'animaux  présentés  dans  certaines  sections. 
Si  parmi  ces  croisements  qui  étaient  tous  durham-charolais,  il  n'y  avait  pas  la 
quantité,  il  y  avait  du  moins  la  qualité.  Tous  ces  produits  indiquent  une  grande 
habileté  de  la  part  des  éleveurs  qui  les  ont  obtenus.  Les  premiers  prix  ont  été 
attribués  à  MM.  le  comte  de  Jîourg  (Nièvre),  Bignon  père  et  fils  (Allier), 
Larzat  Pierre,  (Alher).  Ensuite  viennent  MM.  Roy  de  l'Écluse  (Alher)  et  Mary- 
Lépine  (Cher). 

Dans  la  quatrième  catégorie  se  trouvaient  les  races  laitières  françaises  ou  étran- 
gères pures,  à  l'exclusion  de  toutes  les  races  ayant  une  catégorie  spéciale.  Ici,  nous 
ne  trouvons  que  26  numéros  et  10  exposants  dont  les  principaux  lauréats  sont: 
MM.  Noblet  (Loiret)  pour  un  taureau  normand,  Mengin  Emile  (Loiret),  pour  un 
taureau  normand  et  une  génisse  cotentine,  Brisset  (Nièvre),  pour  une  vache  nor- 
mande. Daas  cette  catégorie,  nous  aurions  voulu  trouver  un  plusgrand  nombre  de 
concurrents,  pour  se  disputer  les  prix  du  catalogue.  ^ 

La  cinquième  catégorie  était  formée  des  races  de  travail,  à  l'exclusion  des  races 
ayant  une  catégorie  spéciale  (Parthemise,  Limousine,  etc.).  L'exhibition  de  ces 
animaux  est  trop  peu  importante.  Il  ne  figure  au  catalogue  que  26  inscriptions  au 
nom  de  6  exposants.  Il  est  regrettable  de  ne  pas  trouver  un  nombre  plus  considé- 
rable d'animaux  de  travail  dans  un  concours  d'une  région  où  la  plupart  des  travaux 
agricoles  sont  faits  par  le  bœuf.  Citons  comme  premiers  prix  dans  cette  catégorie, 
MM.  Emile  Thunel  (Indre),  Lamy-ViUière  (Indre),  Prégermain  (Nièvre), 

L'exposition  de  l'espèce  ovine  était  fort  intéressante  •  on  trouvait  dans  chacune 
de  ses  divisions  les  plus  beaux  spécimens  que  l'on  puisse  désirer.  Dans  cette 
partie  de  la  production  animale,  l'améHoration  est  poussée  encore  plus  loin  que 
dans  les  races  bovines.  L'espèce  ovine  était  divisée  en  cinq  catégories,  dont  la 
première  comprenait  la  race  iSouthdown,  la  deuxième  la  race  Dishley,  la  troisième 
la  race  de  la  Gharmoise,  la  quatrième  la  race  mérinos  et  métis- mérinos,  la 
cinquième  les  races  françaises  diverses  pures,  berrichonnes,  solognotes  et  autres 
non  dénommées  et  la  sixième  les  croisements  divers.  Cette  exhibition  comptait 
223  animaux  présentés  par  seize  exposants.  Les  deux  premiers  prix  de  la  "race 
Southdown  ont  été  obtenus  par  M.  le  comte  de  Bouille  (Nièvre)  ;  après  lui  vient 
M.  Colas  (Nièvre).  Pour  la  race  Dislhey,  c'est  M.  Signoret  (Nièvre)  qui  remporte 
les  deux  premiers  prix;  après,  viennent  en  second  rang,  MM.  Massé  (Cher)  et  Tier- 
sonnier  (Nièvre).  Les  deux  premières  récompenses  attribuées  à  la  race  de  la 
Gharmoise  ont  été  accordées  aux  animaux  de  Mme  la  comtesse  de  Montalivet 
(Cher).  Dans  la  quatrième  catégorie,  c'est  M.  Charles  Lefebvre  (Loiret),  qui 
obtient  le  premier  prix  et  le  prix  unique.  Les  principaux  lauréats  de  la  cinquième 
catégorie  sont  MM.  Emile  Lefebvre  (Loiret),  Laine  (Cher),  Pierre  Edm  (Cher), 
Jugand  (Cher).  Pour  les  croisements  divers,  MM.  Chalmin  (Allier)  et  Tabouet 
(Allier)  obtiennent  les  premiers  prix.  Le  prix  d'ensemble,  attribué  au  meilleur  lot 
de  l'espèce  ovine,  a  été  remporté  par  un  troupeau  de  six  bêtes  southdown  .appar- 
tenant à  M.  le  comte  de  Bouille. 

Dans  la  race  porcine  nous  trouvons  42  individus  répartis  en  trois  catégories.  Au 
nombre  des  premiers  prix  figurent  les  noms  de  MM.  Emile  Lefebvre  (Loiret) 
pour  des  craonnais;  Emile  Mengin  (Loiret),  pour  un  craonnais  et  un  essex  ; 
Pierre  Mengin  (Loir-et-Cher),  pour  un  lincolnshire  ;  Poisson  (Cher),  pour  deux 
yorkshire-berrichons.  Le  prix  d'ensemble  offert  au  lot  d'animaux  de  l'espèce 
porcine  est  obtenu  par  le  lot  de  M.  Emile  Lefebvre. 

Dans  l'exposition  des  animaux  de  ba,çse-cour  nous  avons  deux  cent  vingt-trois 
inscriptions  et  toujours  à  peu  près  les  mêmes  exposants  et  les  mêmes  expoWntes. 
Les  plus  beaux  lots  appartiennent   à  MM.  Voitellier  (Seine-et-Oise);  Lagrange  et 


28  LE  BÉTAIL  AU  CONCOURS  RÉGIONAL  DE  NE  VERS. 

Barillot  (Saône-et-Loire)  ;  Giat  (Nièvre),  Guillomet  (Nièvre)  ;  à  Mmes  Mengin 
(Loir-et-Cher)  et  Duverne  (Nièvre)  et  à  Mlle  Boyenval  (Loiret).  L'objet  d'art 
attribué  au  plus  bel  ensemble  de  lots  de  basse-cour  a  été  décerné  aux  animaux 
de  Mme  Mengin.  Franc, 

Professeur  départemental  d'agriculture,  à  Bourges. 

MACHINES  A  VAPEUR  ET  BATTEUSES  DE  M-  FILOQUE- 

Parmi  les  machines  qui  ont  appelé  l'attention,  spécialement  l'an 
dernier  au  concours  régional  d'Evreux,  et  cette  année  à  celui  du  Mans, 
figurent  celles  construites,  par  M.  Filoque,  à  Bourgtheroulde  (Eure). 
Cet  habile  mécanicien  doit  être  compté  désormais  au  nombre  de  ceux 


Fig.  2.  —  Machine  à  vapeur  locomobile  de  M.  Filoque. 

qui  offrent  à  l'agriculture  d'excellentes  machines,  surtout  en  ce  qui 
concerne  les  machines  à  vapeur  et  les  batteuses. 

La  fig.  2,  représente  le  type  de  la  machine  à  vapeur  locomobile 
qui  sort  de  ses  ateliers.  Le  générateur  et  le  dôme  de  vapeur  sont  faits 
en  tôle  de  première  qualité  ;  le  foyer  est  en  tôle  d'acier.  Le  mécanisme 
est  ajusté  avec  Je  plus  grand  soin;  les  parties  les  plus  susceptibles 
d'usure  sont  fabriquées  "en  acier;  elles  peuvent  être  déplacées  facile- 
ment dans  le  cas  où  des  réparations  sont  nécessaires.  Le  régulateur  est 
à  force  centrifuge;  il  reçoit  son  mouvement  par  l'engrenage  placé  sur 
Tarbre  moteur,  et  règle  les  écarts  de  vitesse  en  agissant  sur  une  valve 
placée  sur  la  boîte  ^de  distribution.  Les  roues  sont  en  fer  et  d'un 
diamètre  assez  grand  pour  passer  dans  les  chemins  les  plus  étroits. 
Le  prix  de  cette  machine,  de  la  force  de  cinq  chevaux  et  demi,  est  de 
4,500  francs. 


MACHINES  A  VAPEUR   ET  BATTEUSES   DE  M.   FILOQUE. 


29 


La  batteuse,  destinée  à  être  mue  par  cette  locomobile  à  vapeur,  a 
figuré  avec  honneur  aux  essais  faits  au  dernier  concours  régional  du 
Mans.  Le  batteur  est  en  fer,  avec  battes  isolées;  le  contrebatteur, 
également  tout  en  fer,  est  à  jour.  Le  secouage  est  fait  sur  une  double 
table  avec  mouvements  excentriques  à  rotules,  afin  d'atténuer 
les    secousses.    La    machine    est   d'ailleurs  .  très    solidement    cons- 


truite;   sa   largeur   est    de    I    mètre 


Elle    peut    donc     battre? 


les  blés  et  les  seigles  les  plus  longs  sans  briser  la  paille. 
Le  grain,  après  avoir  été  vanné  et  criblé,  tombe  dans  un  élévateur 
où  les  orges  sont  ébarbées;  les  balles  sont  séparées  et  tombent  du  côté 
opposé  aux  grains.  Elles  sont  également  complètement  séparées  de  la 


Fig.  3.  —  Grande  batteuse  montée  sur  roues,  construite  par  M.  Filoque. 

paille  et  sortent  à  l'extrémité  opposée  de  la  machine.  Au  concours 
régional  du  Mans,  dans  les  essais  spéciaux  de  machines  à  battre,  le 
jury-  a  ajouté  aux  prix  à  décerner  une  mention  très  honorable  qu'il  a 
attribuée  à  M.  Filoque,  quoique  sa  machine  n'ait  pas  de  double  net- 
toyage. 

M.  Filoque  construit  aussi  des  machines  à  battre  les  petites  graines, 
sur  lesquelles  nous  aurons  bientôt  à  revenir.  G.  Gaudot. 

LA  SOCIÉTÉ  DE  VITICULTURE  DE  LYON- 

Mon  cher  directeur,  je  vous  avais  promis  de  vous  tenir  au  courant 
des  résolutions  prises  par  la  Société  de  viticulture  de  Lyon,  dans  sa 
séance  du  12  juin,  et  je  viens  tenir  ma  parole,  après  un  petit  retard 
que  je  vous  expliquerai  tout  à  l'heure. 

Cette  réunion  a  eu  une  importance  exceptionnelle  à  cause  du  grand 
nombre  de  membres  qui  y  assistaient,  des  renseignements  qui  ont  été 
entendus,  des  questions  qui  ont  été  traitées  et  des  décisions  qui  ont 
été  prises.  Plus  de  soixante  membres  étaient  présents,  venus  de  tous 
les  points  de  la  région  viticoledu  Lyonnais  et  du  Beaujolais,  et  même 
de  l'Isère,  de  la  Loire  et  de  la  Drôme.  La  séance   était  présidée  par 


30  LA  SOCIÉTÉ    DE  VITICULTURE    DE  LYON. 

M.  Dfoche,  l'infatigable  donateur  de  prix  agricoles,  et  c'est  avec  un 
enthousiasme  sympathique  que  tous  les  membres  présents  se  sont 
associés  aux  félicitations  émues  adressées  par  M.  Bender  à  celui  que 
la  Société  d'encouragement  au  bien  vient  de  récompenser  à  son  tour 
en  lui  décernant  une  couronne  civique. 

Comme  ceci  n'est  point  un  procès-verbal,  je  néglige  les  détails.  Une 
question  importante  à  l'ordre  du  jour  était  celle  du  dégrèvement  des 
vignes  détruites  par  le  phylloxéra.  Je  me  suis  permis  de  faire  obser- 
ver qu'une  pétition  de  la  région  lyonnaise  avait  peu  de  chance  d'abou- 
tir, parce  que  bien  d'autres  régions  avaient  des  droits  au  dégrèvement 
aussi  fondés  et,  qui  plus  est,  antérieurs.  Mais,  sur  une  observation 
fort  juste  de  M.  Pulliat  que  le  principal  mérite  de  la  pétition  serait 
d'appeler  une  fois  de  plus  l'attention  du  gouvernement  sur  la  ruine  de 
la  viticulture,  il  a  été  décidé,  à  l'unanimité,  que  cette  pétition  serait 
adressée  par  la  Société  à  tous  les  maires  pour  être  ensuite  remise  à  qui 
de  droit. 

Pour  justifier  cette  demande  de  dégrèvement,  tous  les  viticulteurs 
présents,  parmi  lesquels  quelques-uns  des  plus  grands  propriétaires 
du  Beaujolais,  ont  fourni  des  renseignements  tellement  lamentables 
que  je  ne  pouvais  m'empêcber  de  les  accuser,  m  petto,  d'un  peu  d'exa- 
gération pessimiste.  La  moitié  des  40,000  hectares  qui  forment  le 
vignoble  lyonnais  est  complètement  perdue,  disait  l'un;  c'est  une  perte 
de  plus  de  200  millions.  Nous  ne  vendangerons  pas  cette  année,  disait 
un  autre,  et  un  troisième  ajoutait  :  nous  ne  vendangerons  plus. 

Que  je  vous  dise  tout  de  suite  que,  pour  avoir  le  cœur  net  de  mes 
soupçons  d'exagération,  je  suis  allé,  les  jours  suivants,  faire  une 
tournée  dans  le  Beaujolais,  et  j'ai  pu  constater  qu'il  n'y  avait  qu'une 
chose  d'exagérée,  c'était  le  désastre  lui-même.  Eu  septembre  dernier, 
lors  du  Congrès  de  Villefranche,  j'avais  déjà  parcouru  toute  la  région 
entre  cette  ville ,  Villié  -  Morgon ,  Romanèche ,  Belleville ,  Saint- 
Georges,  etc.,  et  quoique  de  tous  côtés,  on  aperçut  de  petites  taches 
phylloxériques,  je  croyais  qu'il  faudrait  bien  des  années  avant  que  le 
fléau  terminât  son  œuvre.  Les  viticulteurs  du  pays  le  croyaient  aussi, 
et  en  gens  intelligents  et  avisés,  ils  se  préparaient  à  lutter  pied  à  pied 
contre  le  fléau  en  se  faisant  de  petites  pépinières  de  vignes  améri- 
caines qui  leur  auraient  fourni  chaque  année  de  quoi  remplacer  les 
victimes  du  phylloxéra.  Mais  hélas  !  la  gelée,  venant  en  aide  à  l'in- 
secte, a  accompli  en  quelques  mois  l'œuvre  de  destruction  de  dix 
années,  et  l'aspect  de  tous  ces  beaux  coteaux  du  Beaujolais,  naguère 
encore  si  riches  et  si  verdoyants,  est  aujourd'hui  aussi  lugubre  qus 
celui  des  vignes  du  bord  du  Rhône.  J'ai  vu  des  étendues  de  plusieurs 
hectares  où  pas  une  souche,  —  et  il  y  en  a  14,000  par  hectare,  — 
n'avait  donné  signe  de  vie;  ailleurs,  il  y  a  eu  un  essai  de  végétation  : 
quelques  rameaux  rabougris,  flétris  ou  déjà  desséchés;  par-ci,  par-là, 
quelques  coins  favorisés  tranchent  sur  le  fond  morne  par  leur  cou- 
leur verte  et  saillante;  ce  sont,  en  général,  des  plaatiers;  car,  chose 
étonnante  et  générale  cette  année,  ce  sont  les  vieilles  vignes  qui  ont 
été  le  plus  gravement  atteintes. 

Quelle  est  la  part  respective  du  phylloxéra  et  de  la  gelée  dans  cette 
destruction  si  rapide  et  si  complète?  La  théorie  répond  que  les  sou- 
ches atteintes  et  affaiblies  par  le  fléau  ont  offert  au  gel  une  proie  plus 
facile  et  moins  résistante.  Mais  la  constatation  pratique  des  résultats 


LA.   SOCIÉTÉ  DE    VITICULTURE  DE   LYON.  31 

est  compliquée  par  les  questions  fort  complexes  de  l'exposition,  de  la 
nature  du  sol,  de  l'Iiumidité  plus  ou  moins  grande  des  terres,  et  en 
outre  par  la  difficulté  de  reconnaître  les  traces  du  phylloxéra  sur  des 
racines  décomposées  par  la  gelée.  MM.  Pulliat  et  Bender,  mes  aimables 
et  compétents  com[)agnons  de  recherches,  ont  pu  constater  avec  moi 
cette  ditficulté  sur  les  racines  gelées  des  nombreuses  souches  qu'ils 
ont  fait  arracher  et  sur  lesquelles  nous  avons  eu  grande  peine  à  trou- 
ver quelques  preuves  bien  positives  du  séjour  du  phylloxéra,  même 
quand  ces  souclies  étaient  prises  au  centre  d'une  tache  phylloxérique 
bien  connue.  Quant  au  phylloxéra  lui-même,  il  va  sans  dire  que  nous 
ne  le  cherchions  pas  sur  des  racines  incapables  de  le  nourrir;  car,  de 
deux  choses  l'une  :  ou  bien  il  n'a  pas  été  gelé  et  il  est  allé  chercher 
sa  vie  sur  des  racines  vivantes,  ou  bien  il  a  disparu  parce  qu  il  a  été 
gelé  lui  aussi.  Je  suis  tout  disposé,  pour  faire  plaisir  aux  gens  qui 
tiennent  à  ce  que  le  phylloxéra  gèle,  à  leur  accorder  que  quand  la 
ojelée  détruit  les  racines  de  la  vigne,  elle  détruit  aussi  les  insectes  qui 
vivaient  sur  ces  racines.  Quant  à  ceux  qui  n'ont  pas  gelé,  il  est  à 
craindre  qu'ils  soient  encore  bien  nombreux  et  que  leurs  ravages 
soient  d'autant  plus  graves  que  la  surface  des  vignes  sera  plus  res- 
treinte et  que  toutes  les  vignes  survivantes  ont  été  plus  ou  moins 
atteintes  et  atîaiblies  par  la  gelée. 

De  tous  colés  on  voit  des  gens  qui  arrachent  des  vignes,  et  s'il  est 
un  spectacle  tristement  frappant,  c'est  celui  de  ces  deux  grands  tas  de 
bois  noir  qui  s'élèvent  parfois  côte  à  côte  au  bout  d'une  vigne  :  l'un, 
des  sarments  dernièrement  taillés  qui  attestent  combien  la  vigne  était 
encore  vigoureuse  l'an  passé;  l'autre,  des  souches  arrachées  et  des- 
séchées. 

Que  ceux  qui  écrivent  de  si  beaux  articles  sur  les  heureux  effets 
de  l'hiver  dernier  et  sur  les  magniû  |ues  espérances  que  donnent  les 
vignobles,  aillent  faire  une  tournée  dans  le  Beaujolais!... 

La  résolution  définitive,  prise  à  la  réunion  du  i2  juin,  a  été  l'orga- 
nisation d'un  grand  Congrès  viticole  qui  se  tiendra  à  Lyon  du  12  au 
15  septembre  prochain,  et  auquel  seront  convoqués  tous  les  viticul- 
teurs de  la  France  et  de  l'étranger. 

Des  conférences  seront  faites,  dans  une  grande  salle  bien  appro- 
priée, sur  tous  les  moyens  propres  à  combattre  le  fléau,  à  commencer 
par  les  insecticides  qui,  comme  de  juste,  auront  les  premiers  la  parole. 
La  submersion,  malgré  ses  succès  incontestables  et  toujours  croissants, 
n'occupera  pas  une  place  aussi  prépondérante  que  dans  le  Midi,  car 
la  région  lyonnaise  et  les  autres  régions  du  Centre  et  de  l'Est  sont  à  la 
fois  trop  accidentées,  trop  élevées  et  peut-être  trop  froides  pour  que 
la  submersion  y  soit  praticable.  Oa  peut  en  dire  autant  de  la  planta- 
tion dans  les  sables.  11  n'y  aura  donc  réellement  en  présence  que  les 
insecticides  et  les  vignes  américaines,  et  ce  n'est  pas  à  moi  de  pré- 
dire de  quel  côté  restera  la  victoire. 

Une  exposition,  à  laquelle  prer.dra  probablement  part  une  autre  grande 
Société  honnaise,  aura  lieu  sur  la  place  Morand.  La  surface  sera  assez 
grande  pour  que  les  insecticides  puissent  y  apporter  non  seulement 
leurs  panacées  et  leurs  outils  ingénieux,  mais  même  les  vignes  qu'ils 
ont  débarrassées  à  tout  jamais  du  fléau. 

11  y  aura  aussi  une  exposition  de  cépages  et  de  raisins  américains  : 
les  uns  francs  de  pied  et  offrant  cependant  des  produits  de  tous  les 


32  LA  SOCIÉTÉ  DE  VITICULTURE  DE  LYON. 

goûts,  de  toutes  les  grosseurs  et  de  toutes  les  couleurs,  les  autres  sup- 
portant par  la  greffe  toutes  nos  variétés  françaises  et  pouvant  prouver 
à  l'œil  et  au  palais  que  ces  variétés  greffées  n'ont  perdu  aucune  de 
leurs  qualités,  au  contraire. 

Je  puis  vous  annoncer  d'avance  qu'il  y  aura  au  Congrès  de  Lyon 
un  énorme  concours  de  visiteurs  de  tous  les  pays,  et  qu'ils  ne  regret- 
teront pas  leur  voyage,  car  les  organisateurs,  que  je  ne  puis  nommer, 
parce  que  ce  sont  mes  amis,  et  que  je  ne  pourrais  parler  d'eux  sans 
blesser  leur  modestie,  ont  tout  ce  qu'il  faut  pour  bien  faire  les 
choses....  et  ils  les  feront  bien. 

Si  je  n'avais  pas  le  plaisir  de  vous  voir  d'ici  là,  je  suis  bien  sûr  de 
vous  rencontrer  à  cette  occasion  à  Lyon,  et  je  ne  connais  que  vous  au 
monde  qui  soyez  capable  de  convertir  les  Lyonnais  au  canal  Damont. 
C'est  un  tour  de  force  que  je  vous  conseille  d'essayer. 

Agréez,  etc.  A.  Champin. 

FABRICATION  DES  TUILES  DANS  LE  MIDI 

Au  concours  régional  de  Tulle,  se  trouvaient  des  produits  céra- 
miques destinés  à  1  agriculture,  qui  étaient  extrêmement  remarquables. 
Le  jury  a  décerné  une  médaille  d'argent  à  leur  exposant,  M.  Borie- 
ChanaL  A  l'exposition  industrielle,  celui-ci  a  reçu  un  diplôme 
d'honneur.  Ces  produits  consistaient  en  tuiles  à  crochets  pour  toitures, 
en  briques,  en  tuyaux  de  drainage,  et  en  un  grand  nombre  d'objets 
d'ornementation  pour  les  parcs,  les  jardins  et  les  constructions  rurales. 

M.  Joseph  Chanal  est  arrivé  à  l'industrie  par  son  mariage,  de  telle 
sorte  qu  il  a  donné  le  nom  de  Borie  Chanal  à  l'usine  établie  sur  le 
chemin  de  Périol  à  Toulouse.  Son  beau-père  et  lui  ont  introduit  dans 
le  midi  la  fabrication  mécanique  des  tuiles  et  des  briques.  Ils  agissent 
sur  l'argile  directement  extraite  du  sol,  et  à  laquelle  il  n'est  fait  aucun 
mélange  ni  aucune  addition  d'eau.  On  lui  fait  subir  seulement,  à  sa 
sortie  de  terre,  trois  cylindrages  :  le  premier,  en  la  faisant  passer 
entre  deux  cylindres  dentelés,  le  second  entre  deux  cylindres  lisses, 
et  le  troisième  de  nouveau  entre  deux  cylindres  dentelés.  La  terre 
ainsi  assouplie  en  quelque  sorte  est  réduite  en  rubans  dont  on  forme 
des  galettes,  en  la  comprimant  dans  l'instrument  spécial  qu'un 
appelle  la  galetière.  De  là,  elle  passe  dans  des  presses  inventées  par 
M.  Boulet,  qui  la  réduisent  en  briques,  en  tuiles  creuses  ou  en  tuyaux. 
Les  objets  moulés  passent  deux  à  trois  jours  dans  un  séchoir,  pais 
trois  jours  dans  le  four  oii  s'opère  la  cuisson,  et  on  défourne  après 
48  heures  de  refroidissement. 

Il  y  a  cinq  presses  dans  l'usine  de  Périol,  et  quatre  grands  fours 
pouvant  contenir  chacun  80,000  pièces  par  fournée.  Les  produits 
fabriqués  se  distinguent  par  cette  qualité  qu'il  n'y  a  aucune  trace  de 
carbonate  de  chaux  dans  la  terre,  et  par  suite  de  chaux  libre  dans  la 
poterie.  D'où  il  résulte  que  l'humidité  n'exerce  aucune  action  fâcheuse. 
En  outre,  à  dimensions  égales,  la  terre  cuite  a  une  très  grande  légè- 
reté, chose  importante  pour  l'emploi  des  tuiles.  Actuellement,  l'usine 
de  Périol  fait  chaque  année  2,500,000  tuiles,  1  million  de  briques, 
1  million  de  tuyaux  de  drainage,  et  mille  objets  divers  d'ornemen- 
tation. Ce  sont  les  tuiles  qui  forment,  comme  on  le  voit,  l'objet  prin- 
cipal de  la  fabrication.  Elles  se  sont  très  répandues  dans  le  Midi. 

M.  Chanal  a  imaginé  des  châssis  en  fonte  qui  portent  avec  eux  leurs 


FABRICATION  DES  TUILES  DANS  LE  MIDI.  33 

tuiles  et  leurs  demi-tuiles,  de  telle  sorte  que  le  couvreur,  sans  l'aide 
d'un  zingueur,  peut,  avec  la  plus  grande  facilité,  les  placer  partout  oii 
l'on  veut  avoir  une  fenêtre  ou  une  lucarne. 

La  qualité  des  produits  a  fait  qu'ils  sont  maintenant  adoptés  par 
tous  les  grands  établissements  du  Midi,  par  les  arsenaux  de  Toulouse 
et  de  Bayonne,  par  les  Compagnies  de  chemins  de  fer,  etc.  M.  Chanal 
donne  d'ailleurs  son  concours,  comme  ingénieur,  à  toutes  les  con- 
structions rurales  dans  le  Midi. 

La  fabrication  directe  avec  des  presses  énergiques,  appliquée  à  la 
terre  naturelle,  est  un  service  rendu,  à  cause  de  la  bonne  qualité  des 
matériaux  de  construction  qu'on  obtient  ainsi.  Naguère,  dans  les 
constructions  rurales,  on  se  contentait  des  matériaux  les  plus  défec- 
tueux et  on  croyait  faire  quelque  chose  d'économique.  On  est  heureu- 
sement bien  revenu  de  pareils  préjugés.  C'est  en  cela  que  les  expositions, 
dans  les  concours  régionaux,  du  genre  de  celle  faite  par  xM.  Borie- 
C-hanal,  ont  leur  grande  utilité.  J.-A.  Barral. 

LES  VERS  A  SOIE  DANS  LA  DROME 

Le  Buis,  le  28  juin  1880. 

Voilà  la  récolte  des  vers  à  soie  terminée,  et  elle  n'a  pas  été  belle, 
tant  s'en  faut.  En  général,  les  vers  à  soie  ont  suivi  une  assez  bonne 
marche  jusqu'à  la  quatrième  mue;  à  partir  de  ce  jour,  laflacherie' 
s'est  emparée  de  beaucoup  de  chambrées,  et  dans  l'espace  d'un  ou 
ou  de  deux  jours,  tout  espoir  était  perdu,  il  fallait  tout  jeter.  Cepen- 
dant, il  y  a  eu  du  mal,  il  y  a  eu  aussi  de  belles  réussites  :  les  Bionnes, 
race  assez  fragile,  ont  très  bien  fait  cette  année-ci  dans  nos  environs.  En 
somme,  je  crois  que  nous  ne  devons  compter  au  plus  qu'une  demi- 
récolte.  Le  manque  de  cocons  n'a  pas  fait  que  les  prix  fussent  bien 
élevés,  car  on  a  payé  de  h  fr.  à  4  fr.  40  le  kilog.;  aussi  beaucoup 
d'éducateurs  sont  découragés  car  c'est  une  récolte  qui  demande  beau- 
coup de  soins  et  de  peines. 

Les  premiers  foins  sont  tous  rentrés,  on  coupe  les  luzernes  pour  la 
seconde  fois.  Les  luzernes  ont  été  belles  et  abondantes,  il  n'en  a  pas 
été  de  même  des  prairies  que  le  froid  avait  abîmées;  elles  ont  poussé 
bien  tard,  et  le  rendement  a  été  d'un  tiers  inférieur  à  celui  de  l'année 
dernière.  Ravocx. 

SITUATION  AGRICOLE  DANS  LE  PUY-DE-DOx¥E 

La  situation  agricole  du  département  n'est  pas  brillante.  Beaucoup  de  blés 
d'hiver  ont  été  retournés  au  printemps  et  la  plupart  de  ceux  conservés  sont  telle- 
ment envahis  par  les  mauvaises  herÉes  qu'une  récolte  même  médiocre  n'est  pas 
possible  dans  les  semis  faits  à  la  volée;  fort  heureusement  que  l'étendue  de  ceux 
en  Jign  e  est  de  plus  en  plus  considérable  et  que  dans  ces  parties,  grâce  aux  binages 
et  sarclages,  dont  sont  prodigues  nos  cultivateurs,  on  a  de  meilleures  espérances. 

Les  céréales  de  mars,  tout  en  ayant  levé  un  peu  irrégulièrement,  sont  générale- 
ment assez  belles. 

Les  foins  de  prairies  naturelles  et  de  luzerne  ne  sont  pas  abondants,  les  trèfles  et 
sainfoins  donnent  une  bonne  coupe,  mais  les  pluies  persistantes  nuisent  à  la 
fenaison. 

Quanta  la  vigne,  elle  a  été  plus  maltraitée  par  les  froids  d'hiver  qu'on  ne  s'y 
attendait.  Celles  établies  dans  les  bas-fonds  sont  généralement  perdues  et  le  nombre 
d'hectares  que  l'on  a  déjà  arrachés  est  considérable  ;  les  vignes  à  mi-côte  et  des 
plateaux  ont  peu  ou  point  de  récolte,  mais  elles  végètent;  quant  à  celles  des 
coteaux  élevés,  si  la  chaleur  vient  bientôt  faire  place  aux  pluies,  elles  pourront 
donner  une  réaalte  moyenne. 


34  SITUATION  AGRICOLE  DANS  LE  PUY-DE-DOME. 

Quoi  qu'il  arrive,  le  département  du  Puy-de-Dôme  qui  occupait  en  1879  le 
seplième  rang  sous  le  rapport  de  la  production,  aura  en  1880  une  récolte  infinimeat 
moindre. 

Les  vins  de  la  dernière  récoUe  se  sont  particulièrement  bonifiés  et  j'ai  pu  con- 
stater chez  moi  et  ailleurs,  que  ceux  emmagasinés  dans  les  cuvages  où  les  grands 
froids  se  sont  fait  plus  sentir,  sont  meilleurs  que  les  vins  mis  en  cave. 

Il  reste  encnre  à  vendre  une  bonne  moitié  des  vins  de  187 9,  mais  si  le  débit  qui 
s'est  manifesté  depuis  une  quinzaine  de  jours  continue,  le  stock  sera  épuisé  avant 
trois  mois,  Les  prix  sont  assez  variables,  nO  à  50  fr.  l'hectolitre,  et  les  prix  élevés 
sont  obtenus  surtout  dans  l'arrondissement  d'Issoire,  où  la  qualité  est  supérieure, 
—  le  degré  alcoolique  varie  de  b  à  8,  j'ai  eu  une  de  mes  cuvées  qui  a  atteint  9.  — 
Les  vius  vieux,  excellents  d'ailleurs,  sont  à  des  pri<  élevés,  de  60  à  75  fr.  l'hecto- 
litre ;  mais  ces  prix  ne  sont  pas  commerciaux  car  les  quantités  très  restreintes  que 
l'on  trouve  sont  écoulées  directement  à  la  clientèle  bourgeoise.  G  rard, 

Ex-élève  de  Grignon. 

SOCIÉTÉ  NATIONALE  D'AGRICULTURE, 

Séance   du  30  juin   1880.  —   Présidence   de  31.  C/icvreui. 

M.  Alfred  Durand-Claye  écrit  à  la  Société  pour  poser  sa  canditature 
à  la  place  vacante  dans  la  Section  de  mécanique  et  des  irrigations  par 
la  mot^t  de  M.  Nadaalt  de  Buffoa.  Renvoi  à  la  Section, 

M.  Boucher  envoie  une  note  qu'il  a  publiée  dans  YEconomiste  fran- 
çais sur  les  droits  d'enregistrement  en  matière  de  ventes  d'immeubles. 

M.  de  Bouille  envoie  les  réponses  faites  par  la  Société  d'agriculture 
de  la  Nièvre  à  l'enquête  ouverte  devant  la  Société  sur  les  dégâts  causés 
aux  produits  agi^icoles  par  les  froids  du  dernier  hiver.  MM.  Le  Gor- 
beiller;,  Borely  la  Sapie,  Bazin,  Roche  Beaucoudry,  d'André,  Laurens, 
Boisselot,  de  Monicault,  de  Lalyman,  de  Marne,  Cesbron  Lavau, 
Causse,  G.  Cantoni,  transmettent  aussi  leurs  réponses.  Renvoi  à  la 
Commission  spéciale. 

M.  JMarion  adresse  une  note  sur  la  maladie  des  pommes  de  terre  el 
les  moyens  d'y  remédier. 

M.  Cornevin,  professeur  à  l'Ecole  vétérinaire  de  Lyon,  envoie  un 
Mémoire  sur  la  question  du  prix,  de  la  viande,  dans  lequel  il  insiste 
principalement  sur  les  conditions  de  l'élevage  en  Amérique. 

M.  Denisy  envoie  un  Mémoire  manuscrit  intitulé  '.Eléments  d  agri- 
culture et  cf  horticulture  pratiques  à  l'usar/e  des  écoles  primaires  rurales. 
Renvoi  à  l'examen  de  la  Section  d'économie,  de  statistique  et  de  légis- 
lation agricoles. 

M.  de  Quatrefages  présente  une  note  de  M.  x4ngliviel  de  la  Bourelle 
sur  les  effets  du  froid  du  dernier  hiver  à  Vallerangue  (Gard)  ;  il  insiste 
ensuite  sur  les  mauvaises  conditions  dans  lesquelles  s'est  faite  dans 
les  Cévennes  l'éducation  des  vers  à  soie  cette  année.  MM.  Ghaiin,  de 
Tillancourt  et  Bouchardat  ajoptent  quelques  observations  sur  les  con- 
ditions dans  lesquelles  se  fait  la  végétation  des  diverses  récoltes,  no- 
taminent  de  la  vigne. 

La  Société  se  forme  ensuite  en  comité  secret.  Henry  Sagnier. 

REYUE  GOMilERGIÂLE    ET   PRIX-COURANT  DES  DENRÉES  AGRICOLES 

(3  JUILLET  1880). 
l.   —  Situation  générale. 
Toujours  le  plus  grand  calme  dans  les  transactions  sur  les  denrées  agricoles, 
la  plupart  des  marchés  sont  presque  déserts.  Pour  le  plus  grand  nombre  des  pro- 
duits, les  afiaires  sont  à  peu  près  nulles. 

II    —  Les  grains  et  les  farines. 
Les  tableaux  suivants  résu-nent  les  cours  des  céréales,  par  quintal    métrique, 
sur  les  pncipaux  marchés  de  la  France  et  de  l'étranger. 


REVUE  COMMERCIALE   ET    PRIX-COURANT  (3  JUILLET    1880^. 


35 


V  RKOION.—  NORD-OUEST, 

Blé.  Seigle.  Orge. 

fr.  fr.  fr. 

Calvados.  Gondé 31.00  ik.iO  20.75 

—  Lisieux 31.50  »  o 

Côtes-d.-\ord  LanniOQ.  29  50  23  50  23.00 

—  Tré,'uier 'îO-50  2b. 50  21  bo 

Finistère.    Morlaix 29.50  24.25  23   50 

—  Qiiimper 30.00  24.50  22  50 

Ule-et-Vilaine.  Rennes.  31.50  »  20  25 

—  St  M   lo 31.00  »  21.25 

4fonc/ie.  Avranches....  31.00  »  2't.oo 

—  Pontorson 31.75  »  21.50 

—  Villedieu 30.00  23.00  23. 2i 

Afaj/enne.  Laval 30.50  »  19.75 

—  Château  Gontier..  29. iiO  »  • 
Morbihan.  Hennebont..  28.50  23.00  »• 
Orne.  Séez 30.00  20.50  22.50 

—  Vimoutiers 31.50  24.00  23.50 

SaW/ie.    i.p  Mans 29. bO  24.50  20.50 

•     Sablé 30.25  »  20.75 

Prix  moyens 30.36  25.72  22.10 

V  RÉGION.  —  NORD 

Aiine.  Soissons 30.00  22.10  20.75 

—  St-Quentin  30.00  22.00  22. oc 

—  Villers-Cotterets..  28.50  »  » 
£ure.  Evreux 30.00  18.25  21.90 

—  C-nClies 30.50  »  22.25 

—  Pacy 30.25  19.00  22.50 

Eure-ei-Loir.  Chartres.  31.50  23.25  2u.oO 

—  Auneau 30.25  21.00  22  2b 

—  Nogenl-le-Rotrou.  33. OJ  »  22.10 
/Vorrf. Cambrai 29.25  18.50  19.60 

—  Douai    29.00  19.25  20.00 

—  Valenciennes 30.50  22.50  » 

Oise.  Beauvais 28.50  20.50  21.75 

—  Compiègne 3o.0o  19.25  » 

—  Senlts 28.00  21.00 

Pas-de-Calais.  Plttas...  30.00  20.25  2i.25 

—  Sainl-Omer 30.50  21. uo  22  oo 

Seine.  Plis 32.25  23  25  2200 

S.-et-Marne  Dammartin   23.00  20.50  19.50 

—  Melun 31.45  22.25  » 

—  Provins 31.25  22.75  22.7» 

S.-et-Oixe.   Dourdan 31.50  »  » 

—  Pontoise 31.25  22.50  21.00 

—  Versailles 29.50  »  » 

Seine-Inférieure.  Rouen  28.65  20.25  23.50 

—  Dieppe 30.75  20.25  » 

—  FéCirap 30.50  19.00  » 

Somme.  Abbeville 28.75  »  19-50 

—  Peronne 29.00  ■  '9  50 

—  Roye 29   90  30.75  20. uO 

Prix  moyens 30.01  20.73  21.25 

3»  RÉûloN.  —  x\ORD-EST. 

i4rd«nne«.  Charleville ...  31.00  >  » 

/iube.  Bar-Sur-Aube...  30.25  »  20.00 

Méry-iur-Seine...   30.25  22  25  20.50 

—  Troyes 30.50  23.00  21.00 

i/arne.  Chàions 31.10  22.75  22.25 

—  Séza  ne, 30  25  21.50  2l.50 

—  Reins 30.00  23.50  22.25 

—  St-Ménéhould 30.75  »  21.50 

Hte-.Marne.  Bourbonne.  33.00  »  » 

'Ueurt.-et-Moselle  ^aacy  30. 'iQ  21.00  > 

—  Lunéville 31.25  21.25  iO.SO 

—  Toul 30,00  »  20.00 

âfeu«e.  Bar-le-Duc 30.75  »  • 

—  Verdun 30.50  23.00  20.00 

Haute-Saône  Gny 31.25  »  • 

—  Vesoul 32.30  20.95  19.05 

Vosges.  Epiital 32.23  23.00  » 

—  Raon-l'Etape.  .^..  32.00  23.25  » 
Prix  moyens 30.99  22.31  20  90 

4«  RÉGION.   —  OUEST. 

Charente.  Angoulême..  32.80  21.25  23.25 

—  Ruffec  33.00  24.00  24.50 

Charente-lnfér.  Marins.  30  50  »  » 

Deux-Sevres.   Thenezat  32.75  »  23.00 

Indre-ei-l.oire.  Tours..   31.50  22.00  23.00 

—  Blere 30.50  20.00  22. T5 

—  Ciiàieau-Reaault.  30.00  21.00  25.00 

Loire-M/. Nantes 31.00  21.75  22.50 

M.-et-Loire.Sa.\im\iT...   30  75  ■>  24.00 

Vendée    Fontenay. 29.00  »  20. 50 

—  Luçon.., 30.00  »  20.00 

Vienne. Chàtellerault 31.00  23.00  24.50 

—  Loudun 31.50  »  23.50 

HawJs-P'tenne.  Limoges  31.50  23-00  22  00 

Prix  moyens 31. lO  22,00  22T8T 


fr. 

27 

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23 

00 

22 

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25 

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27 

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24 

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27 

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26 

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23 

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25 

50 

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50 

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50 

21 

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00 

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00 

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00 

21 

50 

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00 

23 

04 

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00 

21 

00 

21 

50 

21 

50 

2J 

50 

24 

00 

22 

25 

23 

25 

19 

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00 

20 

00 

20 

50 

22 

25 

20 

50 

20.00 

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35 

20 

50 

21 

00 

21 

23 

25 

00 

23 

00 

23 

50 

22 

50 

22 

50 

23 

00 

22 

(10 

19 

00 

24 

50 

24 

00 

23 

50 

211 

75 

24 

50' 

22 

50 

I  5'   RÉGION.  —  CE.\'I'RB. 

I                                    Blé.  Seigle.  Orge.  Aîoina. 

fr.  fr  fr,  fr. 

Allier,  \roulins 32.75  23.50  »  22  50 

—  iMoiilluçon 32.25  teiO  »  23.25 

—  Gannal 33.50  »  23.50  22  50 

Cher.  Boiirtes 31.25  21.50  2l.50  21.(0 

—  Graçay 32.25  24.20  94  25  22.00 

—  Vierzon 33.00  24. oO  24.50  23.50 

Creuse.  Aubusson 31.50  22.50  »  22  oO 

Indre.  Chateauroux.. . .  34.00  24  50  22.25  22.25 

—  Issoiidiin 31   75  23.75  24.50  22.25 

—  Vanlençay 32.50  24.50  21.25  23  00 

Loiret.  Orléans 31.50  23.00  21.50  22.00 

—  Montargis 31.00  23  50  22.50  20.50 

—  Patay 33.25  »  20.50  23  50 

Lotr-e<-C'/ver.  Blois 31.50  22.50  21.50  23  00 

—  Montoire 30.00  20.50  23.50  22  50 

Nièvre.    Nevers 31.25  »  24.25  23  00 

—  La  Charité 32.00  »  22  50  21.25 

Yonne.   Brienon.- 32  00  20.75  20.00  23. 75 

—  St-Fiorentin 32.00  »  20.50  24.00 

—  Sens 31.25  21.50  2i(.25  22.00 

Prix  moyens 32  os'  23.11  22.28  22.49 

6«  RÉGION.  —   EST. 

Ain.  Bourg 33.50  21.50  »  21.00 

—  Pont-de-Vaux. ...  32  75  22.00  »  21.50 
Côie-d'Or   Dijon 3100  »  21.50  1975 

—  Semur 30.00  d  »  19.75 

Doubs.   Besançon 32  25  »  »  21.50 

Isère.  Grenoble 33.25  24.25  •  22.25 

—  Bourgoin 32.00  •  »  20.75 

/ura.  Lons-le-Saunier..  33.50  22.00  22.00  2i.50 

Loire.  Roanne 32  25  24.00  23.25  23.50 

P.-de-£>ômeClermont  F.  34.00  25.50  22.00  .» 

Rhône.   Lyoa 32,75  22.75  »  20.25 

Saône-el- Loire.  Autan..   31.50  22.50  »  20.50 

—  Cliâlon 32  75  »  »  21   50 

Satjoie.  Chambéry 35.00  24  50  »  22.00 

Hte-Savoie.  Aaaecy 32.75  »  »  20  25 

Prix  moyens 32.62  23.22  22.19  21. i4 

7"  RÉGION,  —  SUD-OUEST, 

Ariège.  Pamiers 33.00  24.75  »  24.00 

/)or(iogne.  Bergerac —   J4.25  26.00  »  21.75 

^(6-GoroHne.  Toulouse.   33.00  25.75  20.75  23.75 

—  Viliefranche-Laur.  33.25  27.30  22.50  23.50 
Gers.  Condom 32.75  »  »  26.00 

—  Eauze 32.75  .  .25  00 

—  Mirande 34.25  »  •  24.75 

Gironde.  Bordeaux....  32.50  23.00  »  23.50 

—  Bazas 33.00  24.70  »  23.00 

Landes.  Dax 33  00  24.25  »  » 

Lot-et-Garonne.  Agen..  32.00  25.20  »  25.00 

—  Nérac 33.50  »  =  24.75 

fî. -Pî/rénées.  Bayoone..  34.00  25.70  24.00  23  25 

Htes-Pyrénèes.  Tarbes.  33.00  2d.00  »  23.50 

Prix  moyens 33.16  25.26  22.41  24.02 

8"  RÉGION.  —  SUD. 

.Tlude.    Castelnaudary..  33.50  »  21.00  25.00 

Aveyron.  Villefranche.  32. £0  »  21.30  22.00 

Cantal.   Mauriac 36.00  31.95  »  25.00 

Cnrreze.  Luberzac 33. 00  24.25  23.50  23.00 

Hérault.  Cette 29.00  »  »  » 

Z.o«.  Figeac 32.75  23-00  22.50  22.25 

Lozère.  .Uende 32.45  28.85  24.75  23.50 

—  Marvejols 31.65  23.60  »  e 

—  Florac 31.25  20  80  22.15  24.40 

Pi/r(;rtée.s-Or.  Perpignan  31.90  22.60  23.00  26.65 

Tcrn.    Albi 32.75  22.00  »  » 

Tarn^et-Gar. Montauban  33.00  19.25  21.50  24  50 

Prix  moyens 32.46  24.60  22.49  24  03 

9«  RÉGION.  —  SUD-EST. 

Basses-^ipe«Manosque  31.25  »  ■  22.00 

/^au2e.s-.4ipe.<i.  Briançon  31.20  20. co  20.50  21. 00 

Alpes-Maritimes Càaaes  32. .SO  22  25  21.50  22  00 

^rrfec/ie.  Privas 31.70  22.30  20.60  21.80 

S.-da-«;iône.  Arles 32.25  »  20.50  21.50 

Drôine  Montéliinar 31.50  22.50  »  22.00 

Gard.  Alais 32.50  »  »  21.50 

//au<e-Z-oire.   Le  Puy...   32.00  26.25  22.25  19.50 

l^ir  Dcaijuignaii 32.70  »  »  » 

Vaucliise.  Carpentras...  33.00  »  »  » 

Prix  moyens 32.06  22.66  21.07  21.41 

Moy.  de  toute  la  France  31.98  23.07  22  94  22  82 

—  de  U semaine  precéd.  31.94  23  13  22.01  22.77 

Sur  la  se.Tiaine  ^  Hausse.    0.04  »  »  0.05 

précédente..     (Baisse.       »  0.06  0.07  » 


36  REVUE  COMMERCIALE   ET  PRIX-COURANT. 

Ble.  Seigle.  Orge.  Avoine, 

fr.               fr.  fr.               fr. 

Angleterre.              Londres 31.50            «  20.75  21.00 

Belgique.                 Anvers 28.00  25  75  23.00  23.50 

—  Bruxelles 30.35  25.00  »  22.00 

—  Liège 31.50  25.50  23.00  21.75 

—  Namur 30.50  23.50  23.00  21.00 

Pays-Bas.  Amsterdam 23. 8i)  24.25 

Luxembourg.  Luxembourg 30.75  21.00  24.25  2200 

Alsace-Lorraine.  Strasbourg 33.00  25.50  24.25  20.50 

—  Mulhouse 32.00  »  .  21.25 

_  Metz 30. .50  25.00  20.50  22.25 

Allemagne.  Berlin "26.75        24.85  •  » 

—  Cologne 30  85        26.85 

—  Hambourg 26.50        22.10 

Suisse.  Genève 33  fO  «  •  23.00 

—  Berne 32.50  •  -  22.75 

Italie.  Milan 33.'.()  24.00  »  21.50 

Autriche.  Vienne 26.75  22. CO         19.00  16  25 

Espagne  Bur^os 33.25  »  s  » 

Russie.  Saint-Pétersbourg.,.  27.00  20.25  »  15.00 

Etats-Unis.  New-York 24.85  »  »  » 

l^lés.  —  On  commence  à  se  livrer  à  un  grand  nombre  d'évaluations  sur  les 
résultats  de  la  prochaine  récolte  et  sur  l'iniluence  que  son  caractère  exercera  sur 
le  commerce.  Dans  un  certain  nombre  de  régions,  notamment  dans  l'Ouest,  on 
compte  actuellement  sur  un  bon  produit;  de  même  dans  le  Sud-Ouest;  on  est 
moins  affirmatif  dans  le  Sud-Est  où  la  moisson  commence.  Au  Nord,  les  appré- 
ciations seraient  encore  bien  prématurées.  Etant  donnée  cette  situation  et  vu 
l'absence  de  stocks,  aussi  bien  dans  la  culture  que  dans  le  commerce,  il  n'est  pas 
étonnant  que  les  marchés  accusent  beaucoup  de  calme  et  que  les  cours  varient  peu. 
—  A  la  halle  de  Paris,  le  mercredi  30  juin,  il  n'y  a  eu  que  des  ventes  presque 
nulles  sur  les  blés  indigènes;  les  cours  sont  demeurés  fixés,  con.'me  la  semaine 
dernière,  de  31  fr.  à  33  fr.  50  par  iOO  kilog.,  suivant  les  quahtés,  ou  en  moyenne 
3i  fr.  25.  —  Sur  le  marché  des  blés  à  livrer,  on  paie  par  100  kilog.  :  juin, 
30  fr.  50;  juillet,  28  fr.  ^0;  juillet  et  août,  28  Ir.  à  28  fr.  25;  quatre  derniers 
mois,  26  fr.  —  Au  Havre,  peu  d'affaires  sur  les  blés  d'Amérique  sans  grands 
changements  dans  les  prix  précédemment  pratiqués.  —  A  Marseille,  les  ventes 
ont  été  assez  importantes;  quoique  les  arrivages  aient  été  de  2*:5,000  hectolitres 
environ,  le  stocK  continue  à  diminuer  dans  les  docks,  où  il  n'est  plus  que  de 
24,000  quintaux.  On  paye  par  100  kilog.  suivant  les  sortes  et  les  provenances  : 
Berdianska,  32  fr.  ;  Marianopoli,  30  fr.  50;  Danube,  27  fr.  25  à  28fr.  25; 
Azoff  durs,  29  à  29  fr.  50;  Irka,  28  fr.  50  à  29  ir.  50.  Les  blés  des  Indes  valent 
28  à  29  fr.  par  100  kilog.  suivant  la  qualité.  —  A  Londres,  les  arrivages  étran- 
gers n'ont  pas  atteint,  durant  la  semaine  dernière,  83,'i00  quintaux  métriques.  Les 
transactions    accusent     beaucoup   de   calme.  Au   dernier    jour,    on    payait    par 

IOO  kilog.  30  fr.  à  33  fr,,  suivant  les  qualités  et  les  provenances, 

Farijies.  —  Peu  d'affaires  sur  les  diverses  sortes,  avec  des  cours  faibles.  C'est 

surtout  sur  les  farines  de  consommation  que  les  prix  se  maintiennent  avec  peine. 

On   les   payait   à  la  halle    de  Paris,  le  mercredi    30  juin   :    marque  D,   67  Ir.  ; 

marques  de  choix,  65  à  67   fr,;  bonnes  marques,  65  à  66  fr.;  sortes  ordinaires, 

64  à  65  fr.;  le  tout  par  sac  de  159  kilog.,  toile  à  rendre,  ou  157  kilog.  net,  ce  qui 
correspond  aux  prix  extrêmes  de  40  fr.  75  à  42  fr.  75  par  100  kilog,,  ou,  en  moyenne, 
41  fr.  70,  avec  une  baisse  de  0  fr.  95  cent,  sur  le  prix  moyen  du  mercredi  précé- 
dent —  En  ce  qui  concerne  les  farines  de  spéculation,  on  cotait  à  Paris  le 
mercredi  30  juin  au  soir  :  :  farines  huit-marques,  courant  du  m^ois,  65  fr.  50; 
juillet,  62  fr.  50;  juillet  et  août,  61  fr.  25  à  61   fr.    50;   quatre 'derniers  mois, 

65  fr,  75;  farines  supérieures,  courant  du  mois,  66  fr.;  juillet,  63  fr.;  juillet  et 
août,  G2  f r  ;  le  tout  par  sac  de  159  kilog.,  toile  perdue,  ou  157  kilog,  net.  — 
La  cote  officielle  en  disponible  a  été  établie  comme  il  suit,  pour  chacun  des 
jours  de  la  semaine,  par  sac  de  157  kilog,  net  : 

Ditfcs  (juin) 24  25  26  28  29  30 

Farines  biiit-mirques 65.7.i  65.00  66,75  65.50  65.50        66.00 

—     sapécieai-os 66.00  66.25  66.00  66.00  66.15        66.00 

Le  prix  moyen  a  été,  pour  les  farines  huit-marques,  de  65  fr.  75,  et  pour  les 
supérieures  de  66  fr.;  ce  qui  correspond  au  cours  de  41  fr.  85  et  de  42  fr.  05  par 
IOO  kilog.  C'est  une  baisse  de  50  centimes  pour  les  unes  et  les  autres  depuis 


DES  DENRÉES  AGRICOLES   (3   JUILLET  1880j.  37 

huit  jours. —  Les  farines  deuxièmes  sont  cotées  aux  prix  de  la  semaine  précédente, 
de  34  à  39  fr.  par  100  kilog.;  les  gruaux  de  54  à  60  fr. 

Seigles.  —  Les  cours  sont  plus  fermes  que  la  semaine  précédente.  Quelques 
ventes  ont  été  faites  de  23  à  23  fr.  50  pari 00  kilog.  Pour  les  farines,  les  prix 
s'établissent  de  30  à  32  fr. 

Orges.  —  Il  n'y  a  que  très  peu  d'aft'aires  sur  ce  grain.  Les  cours  sont  à  peu 
près  nominaux  de  20  à  24  fr.  par  100  kilog.,  suivant  les  qualités.  Les  escour- 
geons sont  payés  de  22  à  22  fr.  50.  —  A  Londres,  les  affaires  sont  aussi  très 
restreintes.  Les  cours  sont  ceux  delà  semaine  dernière,  de  19  fr.  80  à  22  fr.  par 
100  kilog. 

j^fall  —  Mêmes  prix  que  précédemment  à  Paris.  Les  malts  d'orge  valent  de 
35  à  40  fr.;  ceux  d'escourgeon.  34  à  36  fr.  par  100  kilog. 

Avoines.  —  Les  offres  sont  très  restreintes,  et  les  prix  présentent  peu  de  varia- 
tions. On  paie  à  la  halle  de  Paris  de  23  à  24  fr.  50  par  iOO  kilog.,  suivant  poids, 
couleur  et  qualité.  —  A  Londres,  on  a  importé  cette  semaine  95,000  quintaux 
d'avoines;  les  cours  sont  en  hausse.  On  paye  de  21  à  23  fr.  50  par  100  kilog., 
suivant  les  sortes. 

Sarrasin. — Mêmes  prix  que  précédemment,  à  Paris,  avec  peu  d'affaires.  On 
paye  de  25  à  26  fr.  par  KO  kilog. 

Maïs.  —  Peii  de  variations  dans  les  anciens  cours.  On  paye  au  Havre,  15  à 

16  fr.  par  100  kilog.  pour  les  maïs  d'Amérique. 

Issues.  —  Les  cours  sont  très  fermes  pour  les  diverses  sortes.  On  cote  à  la 
halle  de  Paris  par  100  kilog.  :  gros   son   seul,   17  fr.  50  à  18  fr.;    son  trois  cases, 

17  à  17  fr.  50;  sons  fins,  16  à  16  fr.  50;  recoupettes,  16  à  16  fr.  50;  remou- 
lages bis,  16  à  18  fr.  ;  remoulages  blancs,  19  à  22  fr. 

III.  —  Vins,    spirilueux,  vinaigres,  cidres. 

Vins.  —  Nous  n'avons  rien  aujourd'hui  à  ajouter  à  nos  précédents  bulletins  : 
c'est  toujours  le  même  temps,  c'est  toujours  la  même  situation  aussi  bien  au  vi- 
gnoble que  dans  les  chais  du  commerce.  Il  semblerait  seulement  que  les  cours 
tendent  à  fléchir,  comme  on  peut  du  reste  le  constater,  en  comparant  \e  prix  des 
vins  à  Bercy  et  à  l'Entrepôt  que  nous  donnons  ci-dessous  avec  les  prix  que  nous 
avons  donné  dans  notre  bulletin  du  29  mai  dernier-  —  Vins  rouges  :  Auvergne,  la 
pièce,  115  fr.  —  Basse-Bourgogne,  le  muid  de  272  litres,  vieux,  150  à  160  fr.; 
nouveau,  115  à  120  fr.  —  Bayonne,  l'hectoHtre,  nouveau,  55  fr.  —  Bordeaux, 
la  pièce,  vieux,  150  à  165  fr.  —  Gahors,  la  pièce,  nouveau,  125  à  135  fr.  — 
Charente,  la  pièce,  nouveau,  100  à  105  fr. —  Cher,  la  pièce,  vieux,  150  fr.;  nou- 
veau, 110  fr.  —  Cbinon,  la  pièce,  vieux,  150  fr.,  nouveau  110  fr.  —  Fitou,  l'hect., 
vieux,  55  fr  ;  nouveau,  55  fr.  —  Gaillac,  la  pièce,  nouveau,  120  fr.  — Maçon- 
nais, 'Beaujolais,  la  pièce,  vieux,  150  à  200  fr.;  nouveau,  115  à  120  fr.  —  Mon- 
tagne, l'hect.,  vieux,  45  fr.;  nouveau,  45  fr,  —  Narbonne,  l'hectolitre,  vieux, 
55  fr.;  nouveau,  55  fr.  —  Orléans,  la  pièce,  nouveau,  105  fr.  —  Roussillon,  l'hect., 
vieux,  60  à  65  fr.;  nouveau,  55  fr.  —  Sancerre,  la  pièce,  nouveau,  116  fr.  — 
Selles-sur  Cher,  la  pièce,  nouveau,  12a  fr.  —  Touraine,  la  pièce,  nouveau, 
100  fr.  —  Espagne,  l'hectolitre,  55  fr.  —  Italie,  l'hect.,  44  à  55  fr,  —  Portugal, 
l'hect.,  58  fr.  — Sicile,  l'hectolitre,  50  à  55  fr,  —  Vins  blancs:  —  Anjou,  la 
pièce,  vieux,  125  à  140  fr.;  nouveau,  105  fr,  — Basse-Bourgogne,  le  muid,  vieux, 
160  fr,;  nouveau,  105  à  120  fr.  —  Bayonne,  rhectoHtre,  vieux,  45  fr,;  nouveau, 
42  fr.  —  Bergerac,  Sainte-Foy,  la  pièce,  vieux,  140  à  160  fr.  —  Chablis,  le 
muid,  vieux,  170  à  19 J  fr,;  nouveau,  160  fr.'  —  Entre-deux-Mers,  la  pièce,  vieux, 
110  fr.;  nouveau,  95  fr,  —  Pouilly-Fuissé,  la  pièce,  vieux,  180  fr.  — Picquepoul, 
l'hectolitre,  vieux,  55  fr.  —  Poitou,  l'hectolitre,  nouveau,  33  à  35  fr.  — ^Pouilly- 
Sancerre,  la  pièce,  vieux,  168  fr.  —  Sologne,  la  pièce,  vieux, 110  à  115  fr.;  nou- 
veau, 95  à  100  fr.  —  Vouvray,  la  pièce,  vieux,  130  à  175  fr.;  nouveau,  125  fr. 
—  Hongrie,  l'hect.  43  à  55  fr. 

Spiritueux.  —  Les  cours  se  maintiennent  sans  grands  changements  ;  ils  oscil- 
lent entre  65  et  66  fr.  Le  fait  le  plus  remarquable  à  noter,  c'est  l'augmentation 
du  stock  parisien  qui  est  actuellement  de  8,70'^  pipes  contre  9,850  pipes  en  1879, 
à  la  même  date.  On  s'attend  prochainement  à  voir  ces  deux  chiffres  s'équilibrer. 
Il  est  certain,  si  le  temps  se  mettait  au  beau  et  devenait  propice  à  la  vigne,  à  la 
betterave  et  à  la  végétation  en  général,  que  le  chiffre  actuel  du  stock,  pourrait  bien 
déterminer  un  mouvement  en  baisse,  c'est  au  moins  un  bruit  qui  court  ;  mal- 
heureusement, le  ciel  ne  semble  pas  être  pour  nous  cette  année.  Les  marchés  du 
Nord  nous  arrivent  avec  des  cours  en  baisse  :  le  disponible  à  Lille  est  coté  62  fr. 


38  RE\^[JE  COMMERCIALE  ET  PRIX-COURANT 

et  le  ?/6  de  grain  63  fr.  Le  Midi  a  toujours  des  cours  inamovibles,  entre  106  et 
110  fr.  —  A  Paris,  on  cote  H/6  betterave,  r»  qualité,  90  degrés  disponible  64  fr. 
50  à  64  fr,   75,  juillet-août  64  fr.,  quatre  derniers  59  fr.  50. 

Vinaigres.  —  A  Orléans,  les  cours  de  l'arlicle  vinaigre  sont  très  bien  tenus, 
mais  sans  changement  — A  Dijon  (Gôte-d'Or),  on  cote  :  vinaigre,  I"  choix,  l'hec- 
tolitre nu,  pris  en  gare,  18  fr. 

Cidres.  —  Rien  de  nouveau  sur  cet  article  dont  les  cours  sont  toujours  très 
élevés. 

IV.  —  Sucres.  —  Mclafises.  —  Fécules.  —  Glucoses.  —  Amidons.—  Houblons. 

Sucres.  —  Depuis  notre  dernier  bulletin  nous  constatons  un  peu  de  hausse  sur 
les  sucres  bruts,  tandis  que  les  blancs  demeurent  un  peu  au-dessous  du  dernier 
cours  que  nous  avons  donné.  On  acoté  à  Paris,  par  100  kilog.,  pour  sucres  bruts 
88°  degrés  saccharimétri  jues  :  n'^^  7  à  9,  66  fr.  23  ;  n"*  10  à  13,  60  Ir.  blanc 
type,  n»  3,  68  fr.  2o  à  68  fr.  50.  A  Valenciennes,  moins  7,  75  fr  ;  n"*  7  à  9, 
6a  fr.  25;  n»»  10  à  13,  58  fr.  50;  n»^  13  et  14,  58  fr.  A  Lille,  n»^  10  à  13, 
58  fr.  50  A  Péronne,  le  marché  est  calme,  sans  affaires.  On  demandait  les  roux 
n"*  7  à  9,  65  fr.  25  ;  et  les  blancs  n"  3,  à  67  fr.  50.  Le  stock  réel  de  l'entrepôt  de 
Paris  était,  au  28  juin,  de  337,447  sacs,  avec  une  diminution  de  8,541  sacs 
depuis  huit  jours.  Les  raffinés  bonnes  sortes  valent  145  fr.  50;  les  belles  sortes, 
146  fr.  50  ;  les  cours  pour  l'exportation  sont  de  69  fr.  25  à  72  fr.  selon  les  mar- 
ques. A  Londres,  quoique  les  affaires  soient  de  peu  d'importance,  la  fermeté  des 
prix  persiste. 

MrUixses.  —  La  cote  de  Paris  n'a  pas  varié  depuis  la  semaine  dernière.  Mélasse 
de  fabrique   14  fr.,  mélasse  raffinée  15  fr. 

Fécules.  —  Les  cours  n'ont  pas  varié  à  Paris.  On  cote  de  46  fr.  50  à  47  fr.  ;  la 
fécule  l""''  de  l'Oise  et  du  rayon  de  Paris.  A  Gompiègne,  la  lécule  type  de  _la 
chait.bre  syndicale,  a  fait  46  fr. 

Glucoses.  —  La  rareté  de  la  marchandise  maintient  leur  fermeté  aux  cours  qui 
sont  ceux  de  la  semaine  dernière  :  siro,j  de  froment,  65  à  66  fr.;  sirop  massé, 
55  à  56  tr.;  sirop  liquide,  (33  degrés),  (i5  à  46  fr.;  sirops  de    maïs  massés,    45   à 

46  fr.,  le  tout  par  100  kilog. 

Aonidons.  —  Transactions  restreintes.  Les  cours  se  maintiennent  à  cause  de  la 
rareté  de  la  marchandise.  Voici  les  prix  de  Paris  :  amidons  de  Paris  en  paquets, 
pur  froment,  78  à  80  fr.;  amidons  de  province  64  à  66  fr.;  amidons  d'Alsace  en 
vrague,  64  à  66  fr.  ;  amidons  de  maïs,  î-0  à  52  fr  ;  fleur  de  riz,  44  à  46  fr.  ;  amidon 
riz  de  Louvain,  78  à  80  fr.  par  100  kilog. 

V.  —  Huiles  et  graines  oléagineuses. 

Huiles.  —  Le  marché  est  calme.  On  a  coté  à  Paris  :  colza  tous  fûts,  77  fr.  50  > 
en  tonnes,  79  fr.  5U;  épurée  en  tonnes,  87  Ir,  50;  lin  disponible  en  fûts,  72  fr- 
entonnes,  74  fr.  par  lOu  kilog.  A  Arras,  l'huile  d'oeillette  en  fûts  vaut  180  fr,  le^ 
91  kilog.  ;  l'huile  de  pavot  à  bouche  (par  100  kilog.),  94  fr.  ;  de  colza  pays,  78  fr.  ; 
idem  étranger,  77  fr.  50;  de  lin  étranger,  72  fr  ;  de  cameHne*  76  fr.  A  Rouen  on 
cote:  colza,  7/  fr.  50;  bn,  72  fr.;  arachides  comestible,  110  à  120  fr.;  arachides 
fabrique,  80  à  86  fr.;  sésame  100  à  UO  fr.;  sésame,  80  à  85  fr.;  de  ravison, 
74  fr.;  d'oUves  127  fr. 

Graines  oléagineuses.  —  A  Arras,  on  a  coté  (l'hectolitre)  :  œillette  vieille,  44  à 

47  fr.  25;  colza  vieux,  23  fr.  50  à  25  fr.  A  Rouen  (par  100  kilog.),  graine  decolza, 
34  fr.  A  Gaen,  colza,  23  fr.  l'hectolitre.  A  Marseille,  arachides  coroiuandel  décor- 
tiquées, 31  fr.  50;  sésame  Sénégal,  45  fr.  ;  bn  de  Danube,  65  tr.  les  100  kilog. 

VI.  —  Tourteaux,  noirs,  engrais. 

Tourteaux.  —  On  a  coté  à  Marseille  les  tourteaux  comme  suit  par  100  kilog.  : 
bn  pur,  20  fr.  75;  arachide  décortiquée,  14  fr.;  idem  bruns  pour  engrais, 
12  Ir.  75;  idem  en  coque,  10  fr.  75;  ricins,  9  fr.  75;  sésame  blanc  du  Levant, 
15  fr.  25;  idem  de  l'Jnde,  13  fr.  75;  œillette  exotique,  12  fr.  7f);  colza  du 
Danube,  12  fr.  25;  coton  d'Egypte,  10  fr.  '^5;  idem  repassé,  8  fr.  ;  ravison, 
12  fr.  25.  A  Arras,  œillette  Lide,  20  fr  ;  colza,  16  fr.;  lin,  29  fr.;  pavot  étran- 
ger 13  fr.  2"'  ;  lin  idem,  23  fr.  A  Rouen  :  colza  indigène,  14  fr.  ;  arachides  en  coques, 
10  fr.  50;  idem  décoitiquées,  16  tr  ;  sésame,  15  fr.  ;  Pulguères,  10  fr.  ;  lin,  2*  fr.  ; 
ravison,  1 1  fr.  A  Gaen,  colza,  15  fr. 

Noirs.  —  Goarssans  changement  à  Valenciennes  :  noir  neuf  en  grains,  32  fr.  ; 
vieux  en  grains,  8  à  9  fr.;  lavage,  2  à  4  fr. 


DES   DENRÉES  AGRICOLES   (3  JUILLET   1880).  39 

VIL  —  Matières  résineuses  et  colorantes,  textiles. 

MatiPres  résineuses.  —  A  Dax,  l'essence  de  térébenthine  vaut  52  fr.  les  100  kilog. 
—  A  Bordeaux,  les  fabricants  de  produits  résineux  n'otfrent  plus  que  le  prix  de 
37  fr.  £0  pour  barrique  de  gomme  de  250  litres  et  quelques-uns  même  ne  sont 
preneurs  qu'à  35  r. 

Laines.  —  Environ  21, 000  toisons  et  5,000  kilog.  d'agneaux  ont  été  apportées  à  la 
derniè'e  foire  aux  laines  à  Chartres.  Nombreux  acheteurs,  mais  peu  disposés  à 
payer  les  prix  payés  jusqu'à  ce  jour.  Aussi  la  vente  s'en  est- elle  ressentie.  Il  n'a 
été  vendu  que  5,000  toisons  de  1  Ir.  90  à  2  fr.  2u;  Un  seul  lot  s'est  v^  ndu 
à  2  fr.  SCi.  On  a  tiaité  environ  10,1.00  de  1  fr.  60  à  1  fr.  90;  les  agneaux,  de 
1  fr.  90  à  2  fr.  30.  Le  marché  d'Issoudun  était  approvisionné  de  H, 000  kilog  de 
laines  en  suint  On  a  vendu  aux  cours  de  1  fr.  70  à  2  Ir.  Le  prix  le  {slus  courant 
était  de  1  fr.  80  à  i  fr.  90.  —  A  Montélimar,  on  cote  à  1  fr.  ^0.  —  A  Montargis, 
les  cours  atteignent  assez  difficilement  les  prix  de  1  Ir.  70  à  1  fr.  80.  —  A  Mont- 
morillon  (Vienne),  les  affaires  se  sont  traitées  avec  une  baisse  de  50  à  70  cent, 
sur  les  prix  de  2  fr.  à  2  fr,  50  qu'on  avait  obtenus  il  y  a  quinze  jours. 

Gaudes.  —  Les  gaudes  continuent  à  se  payer  25  fr.  les  lOU  kilog. 

VIIL  —  Suifs  et  corps  gras. 

Suifs.  —  A  Paris  les  prix  de  la  semaine  dernière  se  maintiennent.  On  a  coté  • 
suif  frais  hors  Paiis,  80  fr.  50  ;  bœufs  Plata,  84  fr.;  suif  en  branches,  60  fr.  37 
par  100  kilog. 

Saindoux  tt  salaisons.  —  Saindoux  en  baisse.  On  cote  le  disponible,  97  fr.  les 
100  kilog.,  au  Havre. 

IX.  —  Beurres.  —   Œufs.  —  Fromages.  —  Volailles. 

Beurres.  —  2'i.8,834  kilog.  de  beurres  ont  été  vendus  cette  semaine,  à  la  halle 
de  Paris.  Voici  les  prix  par  kilog.  :  en  demi-kilog.,  de  1  fr.  80  à  3  fr.  48;  petits 
beurres,  de  1  fr.  76  à  2  fr.  50  ;  Gournay,  de  1  fr.  80  à  4  fr.  26  ;  Isigny,  de  1  fr.  84 
à  6  fr.  26. 

Œufs.  —  Du  22  au  28  juin,  4,225,260  œufs  ont  été  vendu  à  la  halle  de  Paris, 
aux  prix  suivants  par  mille  :  choix,  85  à  92  fr. ;  ordinaires,  de  58  à  83  fr.; 
petits,  47  à  52  fr. 

F/oinoges.  —  Le  prix  des  fromages  vendus  à  la  halle  de  Paris,  a  été  cette  semaine, 
par  douzaine.  Brie,  3  à  14  fr.;  Montlhéry,  )5  fr.;  par  cent  :  Livarot,  17à65fr.  ; 
Mont  d'Or,  9  à  19  fr.;  Neufchâtel,  de  3  f r  50  à  1 7  Ir.  50,  divers,  de  5  à  89  fr.;  Le 
Gruyère  s'est  vendu    de  160  à  180  ir.  les  100  kilog. 

Volailles.  —  On  vend  à  la  halle  de  Paris  :  agneaux  12  à  25fr.  ;  canards  bar- 
boteurs,  1  fr.  80  à  7  fr.  75;  chevreaux,  1  fr.  80  à  4  fr.  20;  crêtes  en  lots,  1  fr,  50 
à  10  fr.  ;  dindes  gras  ou  gros,  9  à  12  fr.  50  ;  dindes  co  i  muns,  4  Ir.  50  à  8fr.  75; 
lapins  domestiques,  1  fr,  40  à  5  fr.  25  ;  lapins  de  garenne,  à  fr.  oies 
communes,  3  à  8  fr,  15;  pigeons  de  volière,  0  fr.  70  à  1  fr,  90  ;  pigeons  bizets.de 
0  fr,  i^O  à  1  fr.  25  ;  poules  ordinaires,  3  à  3  fr.  80  ;  poulets  gras,  4  fr.  25  à  7  fr.  80  ; 
poulets  communs,  1  fr.  30  à  2  fr.  15;  pintades,  4  à  5  fr.  75. 

X.  —  Chevaux.  —  Bétail.  —  Viande. 

Bétail.  —  Le  tableau  suivant  résume  le  mouvement  du  marché  aux  bestiaux  de 
|a  Villette  du  jeudi  24    au  mardi  29  juin. 

Poids        Prix  du  kilog.  de  viande  sur  pied 
Vendus  inoyea  au  marché  du  lundi  28  juin. 

Pour  Pour  En  4  quartiers,  l"  2»  2»  Prix 

Amenés.  Paris,  l'extérieur,  totalité.  kil.  -quai.  quai.  quai.  moyen. 

Bœufs 6.246  3.125  1,864  5.0i)9  336  1.74  1.56  1.24          1.50 

Vaches 1675  799  602  1,393  230  1.62  1.32  1.02          1.34 

Taureaux 347  214  43  257  410  1.42  1.22  1.02          1.23 

Veaux 4,495  2,753  1,212  3.965  71  1.88  1.68  1.26          155 

Moutons 37,880  28,459  8,641  37,100  .    19  2.10  1  84  1.42          1  73 

Porcs  gras 6,246  2,817  3,076  5,893  88  1  78  1.68  1.58          1.68 

—    maigres,              11  2  9  11  40  1.60  »  »              1.60 

Les  approvisionnements  du  marché  ont  été  encore  moins  considérables  que  la 
semaine  précédente  sauf  en  ce  qui  concerne  les  porcs  elles  veaux.  Aussi  les  cours 
accusent  de  la  fermeté  pour  les  gros  animaux  ainsi  que  pour  les  moutons,  mais  de 
la  faiblesse  pour  les  autres  catégories. 

A  Londres,  les  arrivages  d'animaux   étrangers,  durant  la  semaine  dernière,  se 


40 


REVUE   COMMERCIALE     ET    PRIX-COURANT  (3   JUILLET    1880). 


sont  composés  de  13,497  lêtes,  dont  427  bœufs  de  Baltimore  :  412  bœufs  et  145 
moutons  de  Boston;  301  bœufs  et  407  moutons  de  Montréal;  519  bœufs  et 
868  moutons  de  New- York.  Prix  du  kilog.  :  Bœuf  :  V%  1  tr,  99  à  2  fr  'l6; 
2%  1  fr.  75  à  1  fr.  93  ;  qualité  inférieure,  1  fr.  58  à  1  fr.  75.  —  Veau  :  ]'%  1  fr.  93 
à  2  fr.  10;  2%  1  fr.  75  à  1  fr.  93.  —Mouton  :  1",  2  fr.  28  à  2  fr.  45;  2%  1  fr.  75 
à  2  fr.  10;  qualité  inférieure,  1  fr.  58  à  1  fr.  75.  —  Agneau  :  2  fr.  45  à  2  fr.  63 
—  Porc  :  1",  1  fr.  58  à  1  fr.  75  ;  2"  1  fr.  40  à  1  fr.  58. 
\%ande  à  la  criée.  —  On  a  vendu,  à  la  halle  de  Paris,  du  22  au  28  juin  : 


Prix  du  kilog.  le  '28  jl 


kilos. 
Bœuf  OU  vache..   168,738 

Veau 245,385 

Mouton 50,509 

Porc 17,003 


1"  quai. 
0.98  à  1   80 
1.58     1.90 
1.50     1.86 


2»  quai. 
0.82  à  1.46 
1.16  1.56 
1.18     1.48 


Porc  frais . . , 


3"  quai. 
0.60  à  1.10 
0  74     1.14 
0.90     1,16 


Choix.     Basse  boucheria. 
0.90à2.90    0.06à0.90 
0.80     2.20       . 
1.00     3.40       . 


1.30a  1.90     salé,     1.40;  fumé     l.f 


481,635      Soit  par  jour. 


68,805  kilos 


Les  ventes^  ont  été  supérieures  de   700   kilog.  environ  par  jour  à  celles  delà 
semaine  précédente.  Sauf  pour  la  viande  de  veau  ,  les  prix  sont  très  fermes. 

XI.  —  Cours  de  la  viande  à  l'abattoir  de    la  Villette  du  1"  juillet  (par  50  kilog.) 
Cours  de  la  charcuterie.  —  On  vend  à  la  Villette  par    50  kilog.  :  1"  qualité, 
98  à  102  fr.;  2%  90  à  95  fr.;  poids  vif,  62  à  67  tr. 

Bœufs.  Veaux.  Moutons. 


1"                   2° 

3» 

{rg 

2-                   3.                  ir. 

2» 

3» 

quai.           quai. 

quai. 

quai. 

quai.           quai.           quai. 

quai. 

quai. 

fr.               fr. 

fr. 

fr. 

fr.               fr.               fr. 

fr. 

fr. 

82              75 

67 

100 

92              80               88 

82 

73 

XII. 

—  Marche 

aux   bestiaux  de  la  Villette    du  jeudi  1= 

^  juillet. 

Cours  des  commissionnaires 

Poids 

Cours    officiels. 

en  bestiaux. 

moyen    ^- — 

— - 1, ,^ ^__ 

_       — -— -^ 

Animaux 

gênerai.     1" 

0.            3e                 Prix                    jr. 

2«        3« 

Prix 

amenés.    lavendas. 

kil.       quai. 

quai.  quai,     extrêmes,     quai. 

quai.  quai. 

extrêmes. 

Bœufs 2.584 

531 

360        1.74 

1.56     1.24     1.2uàl.80       1.74 

1.50     1.22 

l,18àl.7l 

Vaches 604 

128 

252         1.62 

1.32     1.04     1.00     1.68        1.60 

1.30     1.05 

95     1.64 

Taureaux...        120 

29 

370         1.42 

1.24     1.02     1.00     1.45        1.40 

1.25     1.00 

90     1.45 

Veaux 1.315 

206 

80         1.88 

1.68      1.26      1.10     2.00          » 

»           » 

»           » 

Moutons.,..  19.419 

1570 

18         2.06 

1.80     1.40     1.30     2.10         » 

»           • 

»           » 

Porcs  gras..    3.513 

105 

83         1.78 

1.68     1.58     1.50     1.86         . 

>           » 

»          > 

—  maigres,         » 

> 

1           » 

»           » 

»           » 

Vente  assez  active  sur  toutes  les 

espèces. 

XÎII.  —  Résumé. 


C'est  la  fermeté  que  nous  avons  du  signaler  cette  semaine  dans  les  cours  des 
denrées  agricoles:  les  farines  font  presque  seules  exception.  A.  Remy. 


BULLETIN  FINANCIER. 

La  réaction  dont  nous  parlions  dans  notre  dernier  bulletin  a  continué  toute 
cette  semaine.  Nous  retrouvons  le  3  0/0  à  8t,85  perdant  0,90:  l'amortissable  à88, 30 
perdant  0,45  et  le  5  0/0  à  118,85  perdant  !,02.  L-s  autres  valeurs  ne  sont  que 
peu  atteintes  par  ce  mouvement  et  conservent  en  général  leurs  cours. 

Cours  de  la  Bourse  du  23  ait  30  juin    1830  (au  comptant). 

Fonds  publies  et  Emprunts  français  et  étrangers: 


Principales  valeurs  françaises  : 

Plus  Plus 
bas.  haut. 
85.90 
88. 4u 
115.50 
119.95 


Rentes  0/0 

Rente  3  0/0  amortis. 
Rente  4  1/2  0/0 


87.75 
114.50 

Rente  5  O/o 118.85 

Banque  de  France 3400.00  3460.00 

Comptoir  d'escompte 960.00  975. o) 

Société  générale 557.50  567.50 

Crédit  foncier 1240.00  1275.00 

Est Actions  500    750.00  760.00 

Midi d°  1020.00  10.'55,0> 

Nord d"  1630.00  1655.00 

Orléans d"  1200.00  I2i2.50 

Ouest d»    790.00  *05.oo 

Paris-Lyon-Méditerranée  d"  i3i5.oo  1365  jo 

Paris  1871  obi.  400  3  0/0...    404.00  4o5.oo 

5  0/0  Italien 87.00  87.90 

Le  Gérant  :  A.  BOUCHÉ. 


Dern 

cou 

1er 

84 

35 

87 

85 

115 

40 

118 

85 

3420 

00 

965 

00 

560.0)     1 

12S0 

00 

755 

00 

1025 

00 

1645 

.00 

1>00 

.00 

802 

.50 

1347 

.50 

4o4 

.75 

87 

.00 

obligations  du  Trésor 

remb  a  500. 4  O'o. 
Consolidés  angl.  3  o/O 

5  0/0  autrichien 

4  1/2  0/0  belge 

6  0/0  égyptie.1 

3  0/0  espagnol,  extér'^. 

d"  intérieur 

6  0/0  Etats-Unis...... 

Honduras,  obi.  300... 
Tabacs  ital.,  obi.  500.. 
6  0/0  péruvien 

5  0/0  russe 

5  0/0  turc 

5  0/0  roumain 

Bordeaux,  100,  3  O/O.. 
Lille,  100,3  0/0 


Plus 
bas. 
524.00 


65.00 
105.45 
308.00 

18.00 

106   1/2 
12.00 


97.25 
10.70 


PlUS 

haut. 
525.00 


65  3/4 
106.00 
312.00 
18  3/4 

107.00 
12.00 


Derniers 
cours. 
524.00 

98  9/16 
65  3/4 
106.00 
313. 7S 
18  3/4 

106  7/8 
12.00 


3S.30 
11  20 


97.90 
10.90 


100.50 
101.59 


CHRONIQUE  AGRICOLE  do 


JUILLET  1! 


Visite  à  l'Ecole  nationale  d'agriculture  de  Grand-Jouan.  —  Les  travaux  agricoles  en  Bretagne.  — 
Conséi|uences  des  efforts  de  M.  Rieiïel.  —  Disparition  des  landes  et  transformation  d^s  cultures. 
Influence  do  l'enseignement  agricole.  — Nécrologie.  —  Mort  de  M.  Victor  Borie.  —  Ses  prin- 
cipales oeuvres.  —  Vote  par  la  Chambre  des  députés  du  dégrèvement  des  sucres  et  des  vins.  — 
Lettre  de  M.  Vivien  au  président  du  Comité  centrai  des  fabricants  de  sucre.  —  Propagande  à 
faire  en  faveur  du  sucrage  des  vendangps.  —  Les  tarifs  de  douane  devant  la  Commission  du 
Sénat.  —  Changements  apportés  aux  chiffres  votés  par  la  Chambre  des  députés.  —  Discussion  à 
la  Chambre  des  députés  sur  le  projet  de  loi  relatif  à  la  conservation  des  tenains  en  montagnes. 

—  L'invasion  de  la  politique  dans  le  domaine  agricole.  —  Lettre  de  M.  le  marquis  de  Dampierre, 
.président  de  la  Société  des  agriculteurs.  —  Programme  du  concours  général   agricole  de  Paris 

enlSSl.  —  Modifications  apportéts  au  programme.  —  Concours  sur  des  questions  agricoles 
ouverts  par  l'Acadc  raie  de  Met/.. —  Excursion  des  élèves  de  l'Institut  national  agronomique  en 
Bourgogne  (H  en  Champagne.  —  Examen  de  sortie  des  élevés  de  l'Ecole  d'arboriculture  du  dé- 
partement de  la  Seine.  —  Le  pliylloxera.  —  Quatrième  rapport  annuel  de  M.  Ma' ion  sur  le 
traitement  par  le  sulfure  de  carbone  des  vignes  phylloxérées  sous  la  direction  delà  Compagnie 
des  chemins  de  f-v  de  Paris  Lyon-Méditerranée.  —  Quantités  de  sulfure  de  carbone  livrés  à  la 
viticulture.  —  Observations  de  M.  Mares  sur  les  résultats  obtenus  par  le  traiement  de  ses  vignes 
au  moyen  du  sulfocarbonate  dissous.  —  Syndicats  dans  la  Gironde.  —  Reconstitution  des  vignes. 

—  Election  de  M.  F.-R.  Duval  comme  membre  titulaire  de  la  Société  nationale  d'agriculture.  — 
Sur  les  procédés  d'analyse  des  engrais.  —  Lettre  de  M.  Toché  —  Organisation  d'une  ligue 
contre  les  falsificateurs  d'engrais,  par  la  Société  d'agriculture  de  Meaux.  — Instructions  publiées 
par  M.  Gatellier. 

I.  —  Les  progrès  agricoles. 

On  trouvera  dans  ce  numéro  le  compte  rendu  de  la  fête  par  laquelle 
les  anciens  élèves  de  l'Ecole  nationale  d'agriculture  de  Grand  Jouan 
ont  voulu  honorer  leur  vénéré  maître,  M.  Jules  Riéffel,  qui,  il  y  a 
cinquante  ans,  est  venu  héroïquement  planter  le  drapeau  de  l'ensei- 
gnement agricole  au  milieu  des  landes  de  la  Bretagne.  iNous  ne  voulons 
ajouter  aucun  détail  à  la  description  que  notre  collaborateur 
M.  Sagnier  donne  de  cette  fête  de  famille;  mais  nous  croyons  remplir 
un  devoir  en  disant  hautement  que  c'est  là  un  événement  dont  la 
portée  doit  s'étendre  bien  au  delà  de  la  contrée  dont  on  peut  dire  que 
M.  Rieffel  a  fait  la  transformation.  Il  y  a  cinquante  ans,  on  avait  cette 
opinion  que,  pour  apprendre  l'agriculture  il  fallait  être  absolument 
éloigné  des  villes,  en  quelque  sorte  séparé  du  monde  entier,  et  vivre  le 
mancheron  de  la  charrue  à  la  main.  M.  Rieffel  a  accepté  les  conséquences 
de  cette  opinion,  et  il  s'est  mis  bravement  à  l'œuvre  dans  un  désert 
où  l'on  ne  pouvait  circuler  qu'à  cheval  et  oh  l'on  était  à  plusieurs  lieues 
de  tout  centre  important  de  population.  Mais  ses  premiers  soins  ont 
dû  se  concentrer  sur  la  nécessité  de  créer  des  chemins  et  des  routes, 
le  plus  énergique  instrument  de  l'agriculture  progressive.  Les  voies 
ferrées  qui  déjà  s'approchent  de  Grand-Jouan,  y  toucheront  tout  à 
l'heure.  Alors  le  foyer  de  lumière  allumé  par  M.  Rieffel  au  milieu  de 
la  lande,  aujourd'hui  disparue,  rayonnera  avec  toute  sa  puissance  sur 
toute  la  contrée.  Il  y  avait  vingi-six  ans  que  nous  avions  été  à  Grand- 
Jouan.  Il  y  avait  encore  beaucoup  de  landes,  les  plantations  parais- 
saient à  peine,  le  seigle  était  la  récolte  principale,  et  la  culture  des 
racines  s'introduisait  avec  quelque  difficulté.  Aujourd'hui  on  ne 
soupçonne  plus  l'aridité  qui  régnait  alors.  Partout  du  froment, 
beaucoup  de  racines,  et  puis  des  arbres  admirables.  La  plaine  est 
transformée  en  une  série  de  parcs  et  de  jardins  sillonnés  par  de 
nombreuses  routes.  Les  bâtiments  ruraux  sont  transformés.  On  sent 
que  l'aisance  a  pris  possession  du  pays.  Et,  en  effet,  M.  Rieffel  nous 
citait  tel  ou  tel  domaine  où  un  fermier  qui  ,  il  y  a  trente  ans,  était 
misérable  et  parvenait  à  peine  à  payer  les  500  fr.  de  son  bail,  aujour- 
d'hui se  trouve  riche  en  payant  1,500  fr.  avec  la  plus  grande  facilité. 
Le  propriétaire  et  le  cultivateur  ont,  en  même  temps,  fait  fortune.  Tel 
est  le  résultat  de  l'œuvre  entreprise  par  M.  Rieffel.  Que  ceux  qui  ne 
croient  pas  à  l'enseignement  agricole,  que  ceux  qui  dénigrent  la  science, 
que  ceux  qui  prétendent  que  l'agriculture   fait  des  pas    en    nYrikue. 

N«  587.  —  Tome   II  de  1880.  —  10  Juillet. 


42  CHRONIQUE  AGRICOLE   (10  JUILLET  1880). 

aillent  donc  à  Grand-Jouan  ;  qu'ils  se  fassent  dire  ce  qui  s'y  trouvait 
naguère,  et  qu'ils  comparent! 

IL  —  Nécrologie. 
En  revenant  de  Grand-Jouan,  j'ai  éprouvé  une  vive  douleur.  Un  vieil 
ami,  un  ancien  collaborateur,  un  confrère  qui  siégeait  à  côté  de  moi 
depuis  longtemps  à  la  Société  nationale  d'agriculture,  est  mort  au 
moment  où  j'arrivais,  lorsque  j'espérais  que  la  maladie  qui  Favait 
atteint  était  domptée  par  la  science.  M.  Victor  Borie  était  devenu  mon 
collaboiateur  en  1852,  et  lorsque,  des  fonctions  alors  bien  modestes, 
de  secrétaire  de  la  rédaction  de  mon  journal,  il  s'est  élevé  à  une  haute 
situation,  il  n'oublia  jamais  ses  débuts.  Il  a  été  un  des  meilleurs  écri- 
vains de  la  presse  agricole,  il  a  soutenu  avec  éclat  les  doctrines  libé- 
rales, sans  jamais  faillir.  Jl  avait  foi  dans  l'avenir  de  la  démocratie 
rurale,  et  il  voulait  l'élever  en  l'instruisant.  Les  livres  qu'il  a  écrits 
dans  ce  but,  les  rapports  qu'il  a  faits,  resteront.  Extrêmement  bienveil- 
lant, homme  au  cœur  généreux,  il  a  succombé,  miné  peut-être  parles 
émotions  patriotiques  qu'il  éprouvait  trop  vivement.  Il  avait  été  élu 
membre  de  la  Société  nationale  d'agriculture  en  i  866,  en  remplacement 
de  M.  Dupin  aîné,  dans  la  Section  d'économie,  de  statistique  et  de 
législation  agricoles.  Quand  M.  Tisserand  a  été  nommé  directeur  de 
l'agriculture,  il  l'a  remplacé  comme  ofhcier  de  la  Société,  au  titre  de 
vice-secrétaire.  Nous  écrivons  ces  lignes,  alors  qu'il  est  encore  sur  son 
lit  de  mort;  nous  aurons  plusieurs  fois  le  devoir  de  rendre  hommage 
à  sa  mémoire,  devoir  plus  cruel  chaque  jour,  car  nous  restons,  alors 
que  tant  d'hommes  éminents  nous  quittent  sur  cette  terre.  Mais  nous 
sentons  qu'il  faut  dire  le  bien  qu'ils  ont  fait,  car  c'est  les  immortaliser 
autant  qu'il  est  possible  dans  le  monde  que  nous  traversons,  pour  n'y 
trouver  guère  que  des  douleurs,  et  où  les  joies  sont  toujours  mêlées 
d'amertume. 

III.  —  Le  dégrèvement  des  sucres  et  des  vins. 

La  Chambre  des  Députés  a  adopté,  dans  sa  séance  du  2  juillet,  le 
projet  de  loi  portant  dégrèvement  des  sucres  et  des  vins,  dont  nous 
avons  fait  connaître  l'économie  et  signalé  l'importance.  Nous  avons 
confiance  que  ce  projet  sera  voté  par  le  Sénat  avant  la  prorogation  du 
parlement,  et  que,  par  conséquent,  en  ce  qui  concerne  les  sucres,  la 
nouvelle  loi  sera  applicable  dès  le  1"  octobre  prochain,  c'est-à-dire 
avec  l'ouverture  de  la  campagne  sucrière.  Nous  publierons  le  texte 
complet  dès  que  le  Sénat  l'aura  voté.  Pour  le  moment,  nous  nous 
associons  complètement  aux  vœux  exprimés  par  M.  Villain  dans  la 
lettre  qu'il  vient  d'adresser  au  Comité  des  fabricants  de  sucre,  et  qui  est 
ainsi  conçue  : 

a  Monsieur  le  président  du  Comité  central  des  fabricants  de  sucrp  de  France, 
la  Chambre  a,  comme  vous  le  savez,  voté  à  l'unanimité  la  loi  de  dégrèvement  des 
sucres  et  des  vins  si  péniblement  élaborée  dans  le  sein  de  la  Commission  du 
budget.  Le  Sénat  k  votera  cette  semaine,  très  certainement;  j'ai  pu  constater 
hier  les  bonnes  dispositions  qui  l'animent  à  ce  sujet. 

«  Je  me  rejouis  fort  d'avoir  pu,  utilement  et  activement,  coopérer  à  cette  dis- 
position législative  si  ardemment  désirée  et  qui  aura  les  plus  heureuses  consé- 
quences pour  les  consommateurs,  et,  par  suite,  pour  L'industrie  et  l'agriculture 
de  notre  pays. 

-  «  Il  faut  maintenant  quB  la  «onsommation  s'accroisse  rapidement;  ainsi  le  veu- 
lent les  intérêts  du  Trésor,  de  la  culture,  de  la  fabrication. 

«  Le  Comité  central  n'a-t-il  point  le  devoir  d'aider,  par  tous  les  moyens  en  son 


CHRONIQUE  AGRICOLE   (10  JUILLBT  1880).  43 

pouvoir,  au  développement  de  la  consommation?  Il  me  paraît  qu'il  ne  peut  rester 
mac  tic  Qu'a-t-il  à  faire? 

«  Eclairer  les  vignerons  sur  leurs  propres  intérêts,  et  leur  montrer  tous  les 
avantages  qu'ils  peuvent  retirer  du  sucrage. 

«  La  vendange,  vous  le  savez  comme  moi,  devrait  absorber  une  quantité  consi- 
dérable dé  sucre  si  les  vignerons  pratiquaient  le  mélange  du  sucre  au  raisin,  à  la 
cuve,  avant  la  fermentation.  Malheureusement,  la  plupart  ignorent  et  négligent 
une  source  abondante  de  profits  avouables  et  légitimes;  notre  devoir  est  de  les 
leur  indiquer. 

«  Le  Comité  central  a,  selon  moi,  un  moyen  facile,  mais  qui  exige  une  certaine 
dépense.  Qu'il  achète  ou  crée  un  petit  traité  bien  simple,  bien  clair,  bien  net  du 
sucrage;  qu'il  l'édite  et  le  mette  à  la  portée  des  vignerens  ea  le  répandant  gratui- 
tement dans  les  campagnes  où  se  cultive  la  vigne,  et  il  aura  rendu  à  l'industrie 
qu'il  représente  le  plus  signalé  service,  en  lui  ouvrant  d'amples  débouchés.  Gela 
vaut  la  peine  d'y  réfléchir,  et  je  vous  prie,  monsieur  le  président,  de  saisir  nos 
collègues  de  cette  idée  que  je  me  permets  de  leur  soumettre. 

«  J'ai  l'honneur,  etc.  «  Villain.  « 

Il  est  incontestable  que  c'est  par  ignorance  que,  le  plus  souvent, 
l'agriculteur  ne  tire  pas  bon  parti  des  circonstances  au  milieu  des- 
quelles il  se  trouve.  Instruire  est  le  premier  devoir,  et  c'est  aussi  le 
premier  intérêt  des  propriétaires  et  des  grands  industriels.  Si  l'in- 
struction était  aujourd'hui  plus  répandue,  Ift  plupart  des  crises  dont 
on  souffre  seraient  moins  douloureuses. 

IV.  —  Le  tarif  des  douanes  devant  la  commission  du  Sénat. 

Le  journal  le  Télégraphe  annonce  que  la  commission  du  tarif  gé- 
néral des  douanes  du  Sénat  a  terminé  l'examen  des  deux  premières 
sections  du  tarif  :  matières  animales  et  végétales  et  matières  minérales. 
Nous  croyons  utile  de  donner  un  tableau  des  droits  votés  par  la 
Chambre   dont  la    commission  sénatoriale  propose   la  modification. 

Voici  le  relevé  de  ces  droits  ; 

Droits  voté»  Droits  proposés 

Produits.  par  la  Chambre,    par  la  commission. 

Bœufs Fr.  6.00partête.    30.00  par  tête. 

Vaches 4.00  —          20.00  — 

Taureaux 6.00  —          30.00  — 

Bouvillons,  taurillons,  génisses 2.00  —          10.00  — 

Veaux.. 0..50  —            2.50  — 

Béliers,  brebis,  moutons 1.50  —            5.00  — 

Agneaux 0  50  —            1.00  — 

Boucs,  chèvres,  chevreaux 0.20  —            0.50  — 

Porcs 1.50  —           5.00  — 

Cochons  de  lait.. 0.50  —            l.CO  — 

Viandes  fraîches I..i0  100  kil.     10.00  100  kil. 

Viandes  salées 4.00  —            8.00  — 

Cheveux  non  ouvrés Exempts.  4.50  — 

Seigle,  maïs,  avoine —  0.60  — 

Riz  en  grains  d'origine  extra-euro- 
péenne...   —  0.60  — 

Riz  en  grains  d'origine  européenne.  —  i.OO  — 
Riz  en    paille  d'origine   extra -eu- 
ropéenne    —  0  30  — 

Riz  en  paille  d'origine  européenne.  —  0.50  — 

Citrons,  oranges  et  leurs  variétés..  4.00  —            6.00  — 

Carouge 6.00  —            0.30  — 

Colza,  lin,  œillette,  navette Exempts.  2.00  — 

Autres  graines  oléagineuses —  0.60  — 

Huile  d'olive 4.50  —            6.00  —                          ' 

Camphre  raffiné "2.00  —            4.00  — 

Soufre  épuré  ou  sublimé Exempt.  Û.50  — 

Huiles  de  pétrole,  de  chiste  et  au- 
t;es   huiles  minérales  propres  à 

l'éclairage  :  brutes 18.00  —          21.00  — 

Id.  raffinées 25.O0  —          30.00  — 

Rails  d'acier 6.00  —            8.00  — 

Fer  dit  machine  de  5  millimètres  de 

diamètre  et  moins 6.00  —            7.00  — 

Fils  de  fer  au-dessus  de   1  millim . 

de  diamètre 6.00  —            8.00  — 


44  CHRONIQUE  AGRir.OLE    (10  JUILLET   1880). 

Sur  tous  les  autres  chapitres  des  deux  premières  sections  du  tarif  gé- 
néral des  douanes,  chapitres  dont  le  total  est  de  213,  Iqs  droits  votés 
par  la  Chambre  ont  été  maintenus  par  la  commission  sénatoriale. 

V.  —  La  conservation  des  terrains  en  montagnes. 
Le  Sénat  a  commencé  la  discussion  du  projet  de  loi  relatif  à  la 
restauration  et  à  la  conservation  des  terrains  en  montagnes.  Une 
longue  discussion  s'est  élevée  sur  le  premier  article  qui  a  été  jusqu'ici 
seul  adopté.  Le  texte  proposé  par  le  gouvernement  et  celui  de  la  Com- 
mission offraient  des  divergences  assez  sensibles.  Le  texte  du  gouver- 
nement a  été,  en  fin  de  compte,  adopté.  Il  est  ainsi  conçu  :  «  Il  est 
pourvu  à  la  restauration  et  à  la  conservation  des  terrains  en  mon- 
tagnes, soit  au  moyen  des  travaux  exécutés  par  l'Etat  ou  les  proprié- 
taires avec  subvention  de  l'Etal,  soit  au  moyen  des  mesures  de  pro- 
tection, conformément  aux  dispositions  de  la  présente  loi,  »  Nous 
ferons  connaître  les  résultats  de  la  discussion  des  articles  suivants, 
qui  passent  en  revue  les  travaux  à  exécuter  pour  arriver  à  faire  le 
gazonnement  et  le  reboisement. 

\l.  —  U agriculture  et  la  politique. 
A  l'occasion  des  réflexions  que  nous  avons  émises  dans  deux  pré- 
cédentes chroniques,  relativement  à  Tintrusion  de  la  politique'  dans 
le  domaine  agricole,  nous  recevons  de  notre  éminent  confrère,  M.  le 
marquis  de  Dampierre,  président  de  la  Société  des  agriculteurs 
de  France,  la  lettre  suivante,  que  nous  insérons  avec  une  vive  satis- 
faction : 

«  Mon  cher  collègue,  permettez-moi  de  vous  dire  la  satisfaction  que  j'ai  éprouvée 
en  lisant  dans  vos  chroniques  des  19  et  26  juin,  les  très  sages  et  très  patriotiques 
réflexions  que  vous  faites  sur  la  «  nécessité  de  placer  l'agriculture  au-dessus  des 
«  compétitions  politiques,  et  d'en  faire,  comme  naguère,  un  terrain  neutre  sur 
«  lequel  florissait  le  progrès...  j) 

«  Jusqu'à  ces  derniers  temps,  dites-vous,  nous  avions  vu  nos  vœux  se  réaliser. 
«  Des  hommes  de  toutes  les  opinions  politiques  se  réunissaient  et  discutaient  les 
a  intérêts  ruraux,  en  vue  seulement  des  progrès  à  accomplir.  On  ne  s'occupait 
«  pas  davantage  des  opinions  religieuses  des  hommes  de  bonne  volonté  qui  s'ettbr- 
«  çaient  de  faire  connaître  ou  de  nouvelles  machines,  ou  des  semences  plus 
«  avantageuses,  ou  des  méthodes  destinées  à  améliorer  la  production  ani- 
«  maie  ou  les  cultures.  Les  choses  paraissent  vouloir  changer  et  nous  le  déplo- 
«  rons,  car  les  haines  et  les  discussions  passionnées  sur  les  questions  politiques 
«  ou  religieuses  ne  peuvent  que  nuire  au  pays  et  au  progrès  des  choses  rurales... 
«  La  solidarité  est  complète,  ei  si,  sous  prétex!e  de  politique  ou  de  religion,  les 
«  uns  deviennent  les  adversaires  des  autres,  la  production  générale  ne  pourra 
«  qu'en  souffrir,  en  même  temps  que  les  classes  rurales  se  mettraient  en  lutte  les 
a  unes  avec  les  autres.  Il/aut  chercher  la  paix  et  la  conciliation.  Gela  est-il  désor- 
«  mais  possible?  Nous  l'espérons  encore.  Ce  sera  à  une  condition,  c'est  que  l'in- 
«  térêt  agricole  sera  poursuivi  en  dehors  de  toute  autre  préoccupation.  Il  faudrait 
<c  que  dans  les  Sociétés  d'agriculture  et  les  Comices,  on  cessât  d'abriter  des  ambi- 
«  tions  politiques,  des  manœuvres  électorales,  sous  le  drapeau  purement  agri- 
«  cole.  » 

«  Ces  excellentes  paroles  répondent  si  bien  à  la  ligne  de  conduite  que  j'ai  tou- 
jours voulu  garder,  elles  ressemblent  tant  à  celles  que  M.  Drouyn  de  Lhuys 
adressait  aux  membres  de  la  Société  des  agriculteurs  de  France  lorsqu'en  quit- 
tant la  présidence  de  cette  Société  il  leur  disait  :  «  Qu'aucune  muin  imprudente 
ne  sème  l'ivraie  de  la  politique  dans  des  sillons  destinés  à  ne  recevoir  que  le  pur 
froment,  »  que  je  n'ai  pu  m'empêcher  de  vous  remercier  des  encouragements  que 
vous  donnez  à  cette  sage  attitude. 

«  Les  passions  politiques  et  rehgieuses  sont  plus  excitées  que  jamais.  Chacun 
de  nous  a  ses  convictions  à  cet  égard,  profondes,  énergiques;  il  ne  serait  pas  ce 


CHRONIQUE  AGRICOLE    (10  JUILLET  1880).  45 

que  l'on  nomme  un  homme,  sans  cela.  Je  le  disais  à  l'ouverture  de  la  session  du 
Congrès  international  de  1878,  devant  un  grand  auditoire  :  «  Oh,  assurément, 
«  vous  n'êtes  îndiiïerents  à  rien  de  ce  qui  se  passe  autour  de  vous;  vous  vous 
«  trouvez  trop  activement  mêlés  aux  affaires  de  votre  pays  pour  n'avoir  pas  tous 
«  ce  que  l'on  nomme  des  opinions  politiques;  mais  ces  opinions  engendrent, 
«  hélas!  des  dissentiments,  et  ici  il  ne  faut  rien  de  pareil;  il  n'y  a  place  que  pour 
«  les  luttes  pacifiques  de  la  science.  »  Il  y  a,  en  effet,  un  terrain  sur  lequel,  pour 
le  bien  de  la  patrie,  tous  peuvent  se  rencontrer  sans  se  déchirer,  c'est  celui  de 
l'agronomie. 

«  L'état  de  notre  agriculture,  les  remèdes  à  apporter  à  des  maux  réels,  les 
efforts  que  l'on  fait  pour  faire  prédominer  tels  ou  tels  principes  économiques,  sus- 
citent des  polémiques  ardentes,  des  discussions  déjà  trop  vives.  Dans  cette  situa- 
tion, prêter  à  ses  adversaires  des  mobiles  politiques,  ou  les  apporter  réellement 
soi-même  dans  ces  luttes,  constitue  presque  un  crime,  à  mes  yeux.  En  fait,  la 
politique  ne  joue  aucun  rôle  dans  l'opposition  que  rencontrent  en  ce  moment,  par 
exemple,  les  idées  émises  par  le  gouvernement  dans  la  question  des  tarifs  doua- 
niers :  je  n'en  veux  pour  preuve  que  les  noms  de  certains  des  députés  ou  des 
sénateurs  qui  se  sont  montrés  les  plus  vifs  dans  cette  question,  et  qui  pourtant 
sont  le  plus  notoirement  dévoués  à  la  République.  L'ardeur  de  quelques-uns  leur 
a  lait  quelquefois  dépasser  la  mesure  ;  il  n'en  est  pas  moins  injuste  de  donner  une 
couleur  politique  à  leur  opposition,  et,  pour  mon  compte,  je  me  sens  si  loin  et  je 
vois  mes  amis  si  loin  de  telles  pensées,  que  je  considère  comme  une  offense 
qu'une  opinion  sincère  et  sincèrement  manifestée,  parce  qu'elle  ne  se  trouve  pas 
être  celle  du  gouvernement,  puisse  être  soupçonnée  d'un  caractère  que  je  réprouve. 
L'indépendance  n'est  pas  un  vain  mot,  certain  esprits  la  présentent  au-dessus  de 
tout,  et  il  faut  respecter  un  sentiment  qui  est  fait  pour  élever  le  niveau  moral  du 
pays,  et  non  le  rabaisser. 

«  Il  m'a  semblé  que  la  situation  de  président  de  la  Société  des  agriculteurs  de 
France  n'interdisait  pas  à  un  vieux  champion  deTagriculture  de  vous  aire  ses  très 
fermes  convictions  sur  un  sujet  que  vous  venez  de  traiter  vous-même,  et  j'ai  d'au- 
tant moins  hésité  aie  faire  qu'avec  la  meilleure  foi  du  monde,  peut-être,  on  m'a 
attribué  des  idées  différentes. 

«Recevez,  etc.  «  E.  de  Dampierre.  » 

Nous  nous  associons,  d'une  manière  absolue,  aux  idées  si  sage- 
ment exprimées  par  M.  de  Dampierre,  dont,  pour  notre  part,  nous 
avons  toujours  estimé  la  loyauté  et  l'élévation  de  cœur.  Puissent  les 
mêmes  pensées  inspirer  tous  ceux  qui  travaillent  au  progrès  de  l'agri- 
culture. 

VIL  —  Le  concours  général  de  Paris  en  1881. 
Le  programme  des  concours  généraux  d'animaux  gi^as,  de  volailles 
vivantes  et  mortes,  de  semences  de  céréales,  de  plantes  des  prairies 
naturelles,  de  plantes  fourragères,  de  lins  et  chanvres,  de  houblons, 
de  racines  industrielles,  fourragères  et  alimentaires,  de  pommes  de 
terre,  de  fruits,  de  légumes  de  primeur,  de  miels  et  cires,  d'huiles 
d'olive,  de  fromages  et  beurres,  qui  doivent  avoir  lieu  à  Paris,  en 
1881.  vient  d'être  arrêté.  Ce  concours  se  tiendra  au  Palais  de  l'indus- 
trie du  14  au  23  février.  Il  sera  accompagné,  comme  les  années  précé- 
dentes, d'une  exposition  générale  d'instruments  et  de  machines  agri- 
coles. Quelques  modifications  ont  été  apportées  au  programme;  les 
principales  consistent  dans  des  changements  peu  importants  dans  les 
conditions  des  prix  des  concours  spéciaux.  Les  sommes  mises  à  la  dis- 
position du  jury  pour  les  prix  supplémentaires  dans  les  diverses 
•  classes  de  bétail  ont  été  diminuées.  Enfin,  il  est  un  paragraphe  relatif 
aux  animaux  de  l'espèce  porcine,  dans  le  nouveau  règlement,  que  nous 
devons  signaler  aux  éleveurs.  On  sait  que  les  porcs  sont  divisés  en 
trois  classes  :  1"  races  françaises  pures  et  croisées  entre  elles;  T  races 
étrangères  pures  et  croisées  entre  elles;   3"  animaux    provenant  de 


46  CHRONIQUE  AGRICOLE  (10  JUILLET  1880). 

croisements  entre  races  françaises  et  races  étrangères.  A  l'occasion  de 
la  première  classe,  le  programme  ajoute  :  «  Tous  les  animaux  déclarés 
dans  cette  classe  qui  présenteront  des  indices  certains  de  croisement 
avec  les  races  anglaises  seront  mis  hors  concours  par  le  jury.  » 

VIII.  —  Concours  ouverts  par  V Académie  de  Metz. 

L'Académie  des  lettres,  sciences,  arts  et  agriculture  de  Metz,  met  au 
concours,  pour  1880-81,  diverses  questions  qui  intéressent  l'agricul- 
ture. Elle  décernera  au  mois  de  mai  prochain  des  médailles  d'or, 
d'argent,  de  vermeil,  de  bronze  et  des  mentions  honorables  aux  au- 
teurs des  meilleurs  travaux  qui  lui  auront  été  envoyés  sur  les  sujets 
suivants  : 

1.  Etudes  sur  les  constructions  rurales  affectées  à  la  grande  et  à  la  petite  culture, 
au  point  de  vue  de  la  salubrité,  de  l'économie  et  des  facilités  de  l'exploitation. 

2.  L'établissement  des  meules  en  plein  champ,  comme  cela  se  pratique  géné- 
ralement dans  le  département  du  Nord,  en  Belgique,  etc.,  doit-il  être  recommandé 
pour  la  Lorraine  ? 

3.  E^ude  sur  l'épizootie  connue  sous  le  nom  de  péripneumonie  contagieuse  des 
hêtes  à  cornes.  Quels  seraient  les  moyens  de  la  prévenir  et  de  la  combattre? 

4.  Etude  d'une  question  intéressant  la  viticulture  dans  le  pays  Messin. 

5.  Etude  sur  l'utilisation  des  amendements  et  des  engrais. 

6.  De  la  destruction  des  parasites  nuisibles  à  l'agriculture  et  à  la  viticulture. 

7.  Etude  sur  le  phylloxéra  en  Alsace-Lorraine,  en  Suisse  et  dans  les  autres 
pays  qui  sont,  vers  le  nord,  les  extrêmes  limites  de  la  culture  de  la  vigne. 

8.  Mémoire  sur  les  moyens  les  plus  pratiques  de  créer  de  bonnes  prairies  arti- 
ficielles. 

&.  Etude  sur  la  cuscute. 
^  10.  De  la  production  et  de  l'alimentation  économique  du  bétail. 

L'Académie  n'admet  au  concours  que  des  œuvres  inédites.  Les 
mémoires  présentés  devront  être  adressés,  avant  le  20  janvier  1881, 
au  secrétariat  de  l'Académie,  rue  de  la  Bibliothèque  2,  à  Metz.  Les 
concurrents  ne  devront  pas  se  faire  connaître.  Chaque  œuvre  portera 
une  devise  qui  sera  reproduite  sur  un  billet  cacheté,  [dans  lequel 
l'auteur  inscrira  son  nom  et  son  adresse. 

IX.  —  Excursion  des  élèves  de  Vlnstitut  agronomique. 

Les  élèves  de  Tlnstitut  national  agronomique  ont  quitté  Paris,  au 
commencement  de  la  semaine,  pour  aller  faire  une  excursion  agricole 
en  Champagne  et  en  Bourgogne.  Ils  sont  accompagnés  par  trois  pro- 
fesseurs de  l'Institut.  Cette  excursion  doit  durer  une  dizaine  de  jours. 
X.  —  École  d arboriculture  du  département  de  la  Seine. 

Les  examens  des  élèves  de  l'École  d'arboriculture  du  département 
de  la  Seine  dirigée  par  M.  Du  Breuil,  pour  l'obtention  du  diplôme  de 
capacité,  ont  eu  lieu  les  5  et  6  juillet  dans  une  des  salles  de  la  Société 
nationale  et  centrale  d'horticulture  de  France.  Le  jury  d'examen, 
nommé  par  le  préfet  de  la  Seine,  était  ainsi  composé  : 

MM.  Huet,  ingénieur  en  chef  des  Ponts  et  Chaussées,  président.  —  Hardy 
directeur  de  l'Ecole  d'horticulture  de  Versailles.  -;-  Pissot,  conservateur  du  bois 
de  Boulogne.  —  Le  Paute,  conservateur  du  bois  de  Vincennes.  —  Carrière, 
ancien  chef  de  culture  au  Muséum.  —  Verlot,  chef  de  culture  au  Muséum.  — 
Ferd.  Jamin,  pépiniériste  à  Bourg  la-Reine,  —  Du  Breuil,  professeur  d'arbori-  • 
culture.  —  Nuy,  chef  de  bureau  à  la  Préfecture  de  la  Seine,  secrétaire.  —  Lafuge, 
sous-chef  de  bureau  à  la  Préfecture,  secrétaire-adjoint. 

Les  candidats  qui  se  sont  présentés  étaient  au  nombre  de  16.  Les 
14  suivants  ont  été  diplômés  : 


CBRCiNILUE  AGRICOLE  (lO  JUILLET    iSSO;..  47 

MM.  Grrosdemange,  né  à  St-Leu-Taverny  (Seiae-et-Oise).  —  Pothier,  né  à 
Auxerre  (Yonne).  —  Orève,  né  à  Nantes  (Loire-Inféiieure).  —  Lemée,  né  à 
Louvigny  (Sarthe).  —  Groimard,  né  à  Ghantonnay  (Vendée).  —  Précastelli,  né  à 
Sainte-Marie  (canton  des  Grisons,  Suisse^.  —  Ballif,  né  à  Lucens  (Suissel.  — 
Karolus,né  en  Pologne.  —  Baudouin,  né  à  Metz  (Alsace-Lorraine).  —  Oger,  né  à 
Souger-sur-Braye  (Loir-et-Cher;.  —  Tempiin,  né  eu  Pologne.  —  Graul,  né  à 
Paris.  —  Delille,  né  à  Paris. 

Le  jury  a  demandé  un  i'"'  prix  pour  M.  Grrosdemange,  un  2^  pour  M.  Pothier, 
et  un  3'^  pour  M.  Orève. 

Les  cours  recommenceront  en  novembre  prochain  ;  les  élèves  qui 
voudront  prendre  part  aux  travaux  de  l'Ecole  pratique  de  Saint-Mandé 
y  seront  reçus  à  la  même  époque. 

XI.  —  Le  phylloxéra. 
La  compagnie  des  chemins  de  fer  de  Paris  à  Lyon  et  à  la  JMéditer- 
ranée  vient  de  publier  le  rapport  sur  les  travaux  de  l'année  1879 
et  sur  les  résultats  obtenus  dans  l'application  du  sulfure  de  carbone 
au  traitement  des  vignes  phyiloxérées.  C'est  le  quatrième  rapport 
annuel  que  nous  avons  à  signaler  ;  c'est  en  1876,  en  etîet  que,  sur  l'i- 
nitiative de  M.  Paulin  Talabot,  la  Couipagnie  a  entrepris, sur  une  vaste 
échelle,  le  traitement  des  vignes  malades.  Ce  rapport  est  du,  comme 
les  précédents,  à  M.  Marion,  professeur  à  la  Faculté  des  sciences  de 
Marseille,  membre  de  la  Commission  supérieure  du  phylloxéra.  Il  est 
divisé  en  deux  parties.  La  première  partie  a  pour  objet  les  observations 
nouvelles  faites  sur  les  mœurs  du  puceron,  et  l'analyse  des  traitements 
culturaux  opérés.  Elle  renferme  plusieurs  notices  d'un  réel  intérêt  sur 
les  pucerons  épargnés  par  les  opérations  insecticides  hivernales,  sur 
les  migrations  estivales  des  aptères  radicicoles  et  sur  le  rôle  des  phyl- 
loxéras de  première  génération.  La  première  impression  qui  ressort 
des  détails  donnés  sur  les  traitements  culturaux  pratiqués  dans  les 
champs  d'expérience  de  Marseille,  est  celle  d'un  soulagement  véri- 
table et  d'une  confiance  raisonnée  :  il  y  est  démontré,  par  les  faits, 
que  la  viticulture  a,  dans  les  mains,  une  arme  puissante  qui  lui  per- 
mettra de  lutter  contre  le  phylloxéra.  La"  même  impression  se  retrouve 
à  la  lecture  de  la  deuxième  partie  du  rapport  de  M.  Marion;  celle-ci 
renferme,  en  effet,  les  documents  relatifs  aux  traitements  opérés  par 
un  grand  nombre  de  viticulteurs.  Nous  ne  pouvons  insister  sur  les 
détails  de  ces  documents;  mais  nous  devons  dire  que  tous  expriment 
la  même  opinion.  D'ailleurs  la  confiance  des  viticulteurs  dans  le 
sulfure  de  carbone  est  démontrée  par  la  progression  des  quantités  de 
cet  agent  expédiées  par  le  service  spécial  de  Marseille  durant  les  quatre 
dernières  années.  Ces  quantités  ont  été  les  suivantes  : 

du  P' janvier  au  30  septembre  1877 1,085  barils  de  100  kiL 

du  1"  octobre  1877  au  30  septembre  1878-  2,382  — 

du  1"  octobre  1878  au  30  septembre  1879.  4,230  — 

du  1"  octobre  1879  au  31  mars  1880 6,253  — 

Dans  les  quantités  relatives  à  la  campagne  1878-1879,  les  traite- 
ments administratifs  n'ont  employé  que  524  barils.  Dans  les 
6,253  barils  appliqués  pendant  la  première  partie  de  la  campagne 
1879-1880,  l'Etat  n'a  reçu  pour  ses  opérations  que  733  barils^  de 
telle  sorte  que  les  viticulteurs  ont  employé  pendant  l'hiver  dernier 
5,520  barils  de  100  kilog.  On  comprend  toutes  les  difficultés  que  cet 
accroissement  des  demandes  a  dû  entraîner.  Il  devient  nécessaire, 
ajoute  avec  raison  M.  Marion,  de  provoquer  une  fabrication  plus  con- 


48  CHRONIQUE  AGRICOLE  (10  JUILLET   1880). 

sidérable  de  sulfure  de  carbone.  —  Afin  que  les  viticulteurs  puissent 
étudier  à  loisir  cet  important  travail,  la  Compagnie  des  chemins  de 
fer  de  Paris-Lyon-Méditerranée  a  mis  à  notre  disposition  un  certain 
nombre  d'exemplaires.  Nous  le  ferons  parvenir  à  ceux  de  nos  lecteurs 
qui,  avec  leur  demande,  nous  feront  parvenir  0  fr.  35  en  timbres-poste 
pour  l'affranchissement. 

Dans  une  note  qu'il  vient  d'adresser  à  l'Académie  des  sciences, 
M,  Henri  Mares  donne  des  détails  sur  les  résultats  du  traitement  de 
ses  viennes  par  le  sulfocarbonate  de  potassium.  Tout  d'abord  il  con- 
state cette  année  sur  toutes  les  vignes  traitées  à  Launac,  et  particu- 
lièrement sur  celles  qui  ont  reçu  du  sulfocarbonate  de  potassium 
dissous,  une  reprise  dans  la. végétation  qui  dépasse  de  beaucoup  celle 
de  l'année  dernière.  Sur  quelques  points,  la  vigne  a  retrouvé  l'étal 
normal  qu'elle  avait  perdu  sous  la  double  influence  du  phylloxéra  et 
de  la  sécheresse.  En  1879,  il  a  fait  deux  applications  de  sulfocarbo- 
nate dilué  à  raison  de  250  kilog.  de  l'insecticide  et  de  120  mètres 
cubes  d'eau  par  hectare,  la  première  en  avril,  la  seconde  fin  juillet  et 
aoiàt.  Il  recommence  cette  année,  avec  l'espoir  d'un  succès  encore  plus 
complet.  M.  Mares  insiste  sur  la  nécessité  de  traiter  toute  la  surface 
des  vignes;  à  ses  yeux,  le  traitement  des  seuls  points  d'attaque  d'une 
vigne  envahie  ne  peut  aboutir  à  aucun  résultat  sérieux;  dans  ce  cas, 
le  phylloxéra  se  déplace,  et  s'étend  beaucoup  plus  rapidement  sur  les 
surfaces  encore  vigoureuses  de  la  vigne.  C'est  une  observation  sur 
laquelle  il  est  important  d'insister. 

Nous  recevons,  d'autre  part,  deux  rapports  de  M.  F.  Artigue,  délé- 
gué départemental  dans  la  Gironde,  sur  les  résultats  obtenus  dans  le 
traitement  des  vignes  au  moyen  du  sulfure  de  carbone,  par  deux  syn- 
dicats :  le  syndicat  Mortier,  à  Saint-André  de  Cubzac,  et  le  syndicat 
Danflous,  s'étendant  sur  les  communes  de  Saint-André  de  Cubzac,  de 
Cubzac,  Aubie  et  Espessas.  Dans  le  premier  syndicat,  une  superficie 
de  45  hectares  a  été  traitée^,  et  la  dépense  a  été  de  147  fr.  70  par  hec- 
trre;  dans  le  second  syndicat,  43  hectares  ont  été  traités,  et  la 
dépense  est  ressortie  à  131  fr.  52  par  hectare.  On  se  loue  des  résul- 
tats obtenus;  les  vignes  traitées  sont  en  très  bon  état,  comparative- 
ment à  ce  qu'elles  étaient  l'année  dernière,  et  leur  végétation  fait  un 
grand  contraste  avec  celle  des  vignes  qui  n'ont  pas  été  traitées.  Ce 
sont  encore  ici  des  résultats  absolument  propres  à  ranimer  la  con- 
fiance chez  les  viticulteurs. 

XII.  —  Élection  à  la  Société  nationale  d'agriculture. 
Dans  sa  séance  du  7  juillet,  la  Société  nationale  d'agriculture  a 
procédé  à  l'élection  d'un  membre  titulaire  dans  la  Section  de  méca- 
nique agricole  et  des  irrigations,  en  remplacement  de  M.  le  général 
Morin.  Sur  36  membres  votants,  la  majorité  étant  19,  M.  Fernand- 
Raoul  Duval  a  obtenu  19  voix,  contre  13  données  à  M.  Grandvoinnet, 
et  4  à  M.  Mille.  En  conséquence,  M.  Fernand-Raoul  Duval  a  été 
proclamé  membre  de  la  Société.  Grand  propriétaire  dans  le  départe- 
ment d'Indre-et-Loire,  il  a  remporté  la  prime  d'honneur  en  1873;  il 
s'est  livré  à  de  nombreux  et  importants  essais  sur  l'emploi  des 
machines  agricoles. 

Xin.  —  Sur  l'analyse  des  engrais. 
L'analyse  des  échantillons  d'engrais  est  la  meilleure  garantie  qu'un 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (10  JUILLET    1880).  49 

fabricant  puisse  donner  aux  agriculteurs  auxquels  il  livre  des  engrais . 
S'il  y  a  des  doutes  entre  les  résultats  de  deux  analyses,  on  peut  avoir 
recours  à  une  troisième  pour  les  départager.  Nous  n'avons  pas 
d'exemple,  quant  à  nous,  dans  notre  longue  pratique  de  près  de 
quarante  ans,  qu'on  ne  soit  pas  parvenu  à  se  mettre  toujours  d'accord, 
de  manière  à  donner  complète  satisfaction  à  l'agriculture.  C'est  la 
seule  observation  que  nous  ayons  à  faire  pour  précéder  la  lettre 
suivante  dont  l'insertion  nous  est  demandée  : 

«  Monsieur,  nous  avons  vendu  dernièrement  à  un  fabricant  de  sucre  du  dépar- 
tement de  l'Aisne,  un  lot  important  d'engrais  chimiques  sous  la  dénomination  d'os 
dissous,  avec  la  garantie  de  titrage  concernant  l'azote  organique,  ammoniacal  et 
nitrique,  l'acide  pliosphorique  soluble  dans  le  citrate  d'ammoniaque  alcalin  à  froid 
et  la  potasse. 

«  Cinq  chimistes  ont  fait  l'analyse  sur  dos  échantillons  prélevés  contradictoire- 
ment,  et  ont  trouvé  les  résultats  ci-inclus.  Les  noms  des  quatre  chimistes  repré- 
sentés par  les  numéros  1,2,  3,  4,  importent  peu  pour  le  moment;  le  cinquième 
est  M.  Vivien,  de  Saint-Quentin  (Aisne).  II  émet  cette  singuhère  prétention  sur 
laquelle  s'appuie  notre  acheteur  pour  contester  notre  mode  de  règlement,  que  les 
quatre  chimistes  qui  ont  fait  l'analyse  en  même  temps  que  lui,  opèrent  mal.  Voici, 
du  reste  la  lettre  qu'il  nous  écrit  par  l'intermédiaire  de  notre  agent,  à  Laon  : 

«  Monsieur,  les  différences  constatées  dans  le  dosage  des  phosphates  solubles 
«  proviennent,  ainsi  que  je  m'en  suis  assuré  chez  M...  à  Paris,  de  ce  que  ces 
«  Messieurs  ont  opéré  suivant  la  méthode  Joulie  et  en  broyant  l'engrais  en  pré- 
ce  sence  de  la  liqueur  citro- magnésienne. 

«  Cette  manière  d'opérer  est  fausse,  car  le  phosphate  fossile,  dans  ces  condi- 
<c  tions,  donne  du  phosphate  soluble  et  rétrogadé,  ce  qui  ne  peut  être.  » 

«  Agréez,  etc.  Signé  :  A.  Vivien. 

«  Cette  question,  qui  peut  vous  paraître  toute  personnelle,  intéresse  à  un  tel 
point  la  vente  à  l'analyse  chimique  des  engrais,  que  nous  venons  vous  prier  de 
vouloir  bien  publier  notre  lettre  dans  votre  estimable  Journal,  car  c'est  pour  nous 
le  seul  moyen  de  protester  contre  la  prétention  de  M.  Vivien. 

«  Si,  en  effet,  les  chimistes  les  plus  raisonnables  doivent  être  tenus  en  suspicion 
d'ignorance,  ainsi  que  le  soutient  ce  dernier,  nous  serons  obligés,  ainsi  que  nos 
confrères  fabricants  d'engrais  chimiques,  de  renoncer  à  la  vente  à  garantie  ! 

«  Nous  espérons.  Monsieur,  que  vous  voudrez  bien  accueillir  favorablement 
notre  demande  d'insertion,  et  en  attendant  votre  réponse,  nous  vous  prions  de 
vouloir  bien  agréer,  etc.  E.  et  J.  Toché,  fils. 

12  3  4  5 

Azote  ammoniacal 2.93  2.45        2.863  {  c:  ko  2.352 

—  organique 3.00  2.';2         2.637  j  ^'*°  2.963 

—  nitrique 0.26  0.59.^0.184  0.39  0.173 

Azote  total 6.19  5.76        5.684*  5.87  5.488- 

Acide  phosphorique  soluble  dans  l'eau 4.47  4.63  4.538  4.48  4.800 

—  _               _       _    le  nitrate.  4.73  5.31  4.622  4.12  1.452 

—  —            insoluble.... 0.96  0.92  1.179  1.30  4.480 

Acide  phosphorique  total 10  16  10.86  10.339  9.90  10.7:3^ 

Potasse 0.85  2.17  1.088  1.80  2.765 

Moyenne  des  analyses     \    S  pho^pho-i'- .'i       lo:3Î5     dont  9.225  soluble 
1,2,  3  et  4  )     Potasse.............         1.478 

La  prétention  soulevée  contre  la  méthode  de  M.  Joulie  n'est  pas  sé- 
rieuse. Dans  tous  les  cas,  cette  méthode  était  prescrite  dans  la  garan- 
tie faite  par  le  vendeur;  par  conséquent,  son  application,  toute  discus- 
sion de  doctrine  mise  de  côté,  devait  faire  loi  dans  l'exécution  du 
marché. 

Nous  regardons  l'analyse  comme  un  moyen  tellement  efficace  pour 
éviter  la  fraude  dans  le  commerce  des  engrais,  que  nous  applaudissons 
de  toutes  nos  forces  à  une  décision  que  vient  de  prendre  la  Société  d'à- 


50  CHRONIQUE  AGRICOLE   (10  JUILLET   1880). 

gricultiire  de  Meaux.  Cette  société,  reconnaissant  que  les  fraudes  peu- 
vent être  commises  de  deux  manières,  lors  de  la  vente  par  une  spécula- 
tion sur  l'ignorance  de  certains  cultivateurs  qui  ne  connaissent  pas  la 
valeur  réelle  des  éléments  de  fertilité  contenus  dans  les  engrais  proposés, 
et  lors  de  la  livraison  par  une  infériorité  de  dosage  des  éléments  utiles 
qui  ont  été  vendus,  a  adopté  les  résolutions  suivantes  : 

^i-t.  1".  —  II  est  formé  entre  tous  les  membres  de  la  Société  d'agriculture  de 
Meaux  une  ligue  contre  les  falsificateurs  d'engrais. 

Art.  2.  —  Un  comité  de  six  membres  élu  par  les  membres  de  la  Société  et  re- 
nouvelable chaque  année  par  moitié,  sous  la  présidence  du  président  de  la  Société, 
est  chargé  de  rédiger  des  instructions  nettes  et  précises  sur  la  valeur  des  engrais 
et  sur  leurs  conditions  de  vente,  de  façon  à  édifier  parfaitement  chacun  des  socié- 
taires pour  la  conclusion  d'un  marché.  Ces  instructions  seront  envoyées  aux  mem- 
bres delà  Société  et  chaque  année  le  cours  des  éléments  utiles  leur  sera  également 
adressé. 

^rt.  3.  —  Les  analyses  d'engrais  présentés  par  les  sociétaires  seront  faites  aux 
frais  de  la  Société  d'agriculture,  conformément  à  une  convention  entre  la  Société 
et  le  directeur  de  la  station  agronomique  de  Seine-et-Marne.  Les  échantillons 
d'engrais  à  analyser,  avec  les  conditions  de  la  vente,  seront  adressés  à  un  mem- 
bre du  comité  institué  par  l'article  2.  Ce  membre,  élu  annuellement,  sera  chargé 
de  transmettre  les  échantillons  au  directeur  de  la  station  agronomique  et  le  résul- 
tat des  analyses  au  destinataire. 

Art.  4.  —  Dans  tous  les  cas  de  fraude  manifeste,  indiquée  par  l'écart  entre  les 
éléments  utiles  constatés  par  l'analyse  et  ceux  promis  par  la  vente,  le  comité  en 
délibérera  et  chyrgera  s'il  y  a  lieu  le  président  de  la  Société  de  signaler  le  fait  au 
parquet. 

Art^  5,  —  Le  comité  se  réunira  tous  les  mois,  le  jour  de  l'assemblée  de  la  So- 
ciété, et,  en  cas  d'urgence,  un  des  samedis  dans  le  courant  du  mois  sur  la  con- 
vocation soit  du  président,  soit  du  membre  délégué  chargé  de  transmettre  les 
échantillons  et  les  résultats  des  analyses. 

Une  commission  a  été  formée  pour  l'exécution  de  ce  programme  en 
1880.  M.  Emile  Gatellier,  ingénieur  à  la  Ferté-sous-JouaiTe,  a  été 
délégué  pour  la  transmission  des  échantillons  d'engrais  et  des  analyses. 
Il  a  rédigé,  avec  la  collaboration  de  M.  Gassend,  directeur  de  la 
station  agronomique  de  Seine-et-Marne,  des  instructions  qui  peuvent 
servir  de  guide  aux  cultivateurs  à  la  fois  sur  la  valeur  des  engrais,  et 
sur  les  précautions  à  prendre  pour  prélever  les  échantillons. 

J.-A.  Barral, 

SOCIÉTÉ  NATIONALE  D'AGRICULTURE. 

Séance   du  7  juillet  1880.  —   Présidence   de  M.  ChevreuL 
M.  le  secrétaire   perpétuel  donne   lecture   d'une   lettre  du  fils   de 
M.  Victor  Borie,  annonçant  la  mort  de  son  père  décédé  le  G  juillet. 
M.  le  président  exprime  les  vifs  regrets  de  la  Société  pour  cette  perte 
cruelle. 

MM.  d'Havrincourt,  de  Chavanne,  de  Larègle,  Denille,  Hecquet 
d'Orval,  Verrier,  Mares,  de  Lentilhac,  de  l'Espine,  Boisselot,  Liazard, 
envoient  leurs  réponses  à  l'enquête  ouverte  devant  la  Société  sur  les 
dégâts  dus  aux  froids  de  l'hiver.  Renvoi  à  la  Commission  spéciale. 

M.  Chevreul  annonce  qu'il  a  présenté  à  l'Académie  des  sciences, 
dans  sa  dernière  séance,  les  deux  volumes  renfermant  les  résultats  de 
l'enquête  faite  par  la  Société  sur  la  situation  agricole  en  France,  ainsi 
que  la  brochure  contenant  les  lectures  faites  dans  la  séance  publique 
du  13  juin. 

M.  Delesse  fait  une  communication  sur  les  études  agronomiques  de 
M.  G.-H.  Gook,  dans  le  New-Jersey.  Il  présente  en  même  temps  une 


SOCIÉTÉ    NATIONALE    D'AGRICULTURE    DE  FRANCE.  51 

carte  géologique  agronomique  dont  le  même  savant  est  l'auteur,  en 
insistant  d'une  manière  spéciale  sur  les  données  que  ces  travaux  ren- 
ferment au  point  de  vue  de  l'emploi  des  roches  qui  peuvent  être  uti- 
lisées comme  amendements  ou  engrais. 

La  Société  procède  à  l'élection  d'un  membre  dans  la  Section  de  mé- 
canique agricole  et  des  irrigations.  M.   Fernand-Raoul  Duval  est  élu. 

M.  Aristide  Dumont  donne  lecture  d'une  note  sur  le  projet  de  canal 
d'irrigation  du  Rhône,  et  il  présente  des  détails  sur  l'importance  des 
souscriptions  déjà  effectuées.  M.  Barrai  insiste  sur  la  valeur  de 
l'œuvre  poursuivie  par  M.  Aristide  Dumont. 

M.  Gayot  présente  les  16  premiers  numéros  du  journal  La  Vigne 
française,  spécialement  cousacré  à  l'étude  des  moyens  de  combattre  le 
phylloxéra. 

M.  Barrai  présente  de  la  part  de  M.  Paulin  Talabol^  directeur  de  la 
Compagnie  des  chemins  de  fer  de  Paris-Lyon-Méditerranée^  le  4*  rap- 
port du  à  M.  Marion  sur  l'application  du  sulfure  de  carbone  au  trai- 
tement des  vignes  phylloxérées.  Cet  important  document  est  analysé 
dans  la  chronique  de  ce  numéro. 

Il  est  décidé  que,  à  raison  de  la  fête  nationale  du  14  juillet,  la  pro- 
chaine séance  est  reportée  au  jeudi  1 5  juillet.  Henry  Sagnier. 

GOXGOURS  RÉGIONAL  AGRICOLE  DU  MANS 

Le  concours  d'animaux  reproducteurs,  d'instruments  et  de  produits  agricoles 
institué  chaque  année  dans  la  région  comprenant  les  départements  du  Calvados, 
de  l'Eure,  d'Eure-et-Loir,  de  la  Manche,  de  l'Orne,  de  la  Sarthe  et  de  la  Seine- 
Inférieure,  s'est  tenu  du  5  au  14  juin  dans  la  ville  du  Mans  sous  la  direction  de 
M.  de  Lapparent,  commissaire  ge'néral,  inspecteur  général. 

L'aménagement  de  ce  concours  a  été  très  bien  compris.  Sous  les  grands  arbres 
de  la  promenade  étaient  placés  les  animaux  de  l'espèce  bovine  Au  bâs,  sur  la 
grande  place  étaient  exposés  les  instruments,  machines  et  engins  de  toute  sorte  de 
l'agriculture  qui,  devenant  chaque  année  plus  nombreux,  semblent  toujours 
être  à  l'étroit  où  ils  sont  placés. 

A  l'extrémité  de  cette  exhibition  étaient  l'exposition  des  produits,  et  l'espèce  ovine. 
L'ensemble  de  cette  installation  était  complétée  très  agréablement  par  un  magni- 
fique jardin  qui  a  remplacé  avantageusement  la  butte  aux  canons. 

L'espèce  bovine  était  admirablement  représentée. 

La  race  normande  comptait  140  sujets. 

Rien  d'étonnant  de  voir  tant  de  normandes  ;  disons  que  la  vache  normande  dans 
les  petites  exploitations  semble  avoir  remplacé  la  mancelie  dont  la  couleur  est  tantôt 
d'un  rouge  blond  uniforme,  tantôt  d'un  rouge  blond  mêlé  de  blanc  surtout  à  la  tête. 
Les  arrondissements  de  Ghâteau-Gontier  dans  la  Mayenne,  de  Segré  et  deBeaugé 
dans  Maine-et-Loire,  et  de  la  Flèche  dans  la  Sarthe  en  étaient  surtout  peuplés. 
On  a  prétendu  que  la  disparation  de  la  mancelie  tient  à  ce  que  les  vaches  nour- 
rissent à  peine  leurs  veaux  ;  quant  aux  bœufs,  ils  sont  mous  au  travail,  mais  ils 
engraissent  facilement  et  même  assez  pi^omptement  dans  la  jeunesse  ;  aussi  tous 
les  herbagers  normands  en  font-ils  un  cas  tout  particulier. 

A  la  ferme  de  Bure,  commune  de  Neuvy-en-Champagne,  à6  kilomètres  de  Conlie 
et  cultivée  par  M.  Pancher,  la  Commission  de  la  prime  d'honneur  a  trouvé  cepen- 
dant une  vacherie  entièrement  composée  d'animaux  de  la  race  mancelie  pure.  Et 
elle  s'est  demandé,  en  voyant  ces  beaux  spécimens  de  nos  races  françaises  si  l'on 
n'aurait  pas  pu  tirer  un  excellent  parti,  en  leur  prodiguant  les  soins  et  en  prati- 
quant la  sélection  comme  on  le  fait  pour  des  races  étrangères.  Les  produits  que 
M.  Pancher  retire  de  ses  nouvelles  vacheries  semble  être  une  protestation  contre 
la  médiocrité  dont  cette  race  a  toujours  été  accusée,  médiocrité  inexplicable  quand 
on  songe  qu'elle  doit  son  origine  à  des  croisements  opérés  avec  ses  voisines  de 
la  Normandie,  de  la  Bretagne  et  delà  Vendée.  M.  Sanson  explique  son  infériorité 
d'aptitude  pour  le  lait  ainsi  que  pour  le  travail  par  la  déplorable  habitude  de  l'a 
limentation  parcimonieuse  du  bétail  pendant  l'hiver. 

La  race  mancelie  a  paru  aux  zootechniciens  être  le  résultat  d'un  métissage  et 


52  CONCOURS  RÉGIONAL  DU  MANS. 

peut-être  ce  fait  de  la  réunion  de  plusieurs  sangs  est-il  la  cause  de  la  réussite  des 
croisements  durham-manceaux  si  répandus  maintenant  dans  la  région  et  dont 
certains  cultivateurs  tirent  un  parti  avantageux.  Ainsi,  M.  Drouin ,  fermier  à  la 
Gour,  commune  de  Janzé,  qui  exploite  38  hectares  de  terre  arable  et  55  en  her- 
bages ou  prés  lauchables,  sèvre  par  an  20  veaux  dont  8  proviennent  de  ses  vaches 
et  les  autres  sont  achetés.  A  3  mois  ces  veaux  sont  envoyés  dans  la  prairie  où  ils 
restent,  sauf  pendant  l'hiver,  jusqu'à  l'âge  de  30  mois,  époque  à  laquelle  ils  sont 
vendus  aux  herbagers  de  l'Orne  qui  les  recherchent  pour  l'engraissement. 

Aussi  l'exhibition  des  Durham  et  des  croisements  durhams  était  magnifique, 
nous  en  avons  rarement  vu  une  plus  belle  collection.  On  y  comptait  plus  de  deux 
cents  sujets. 

Les  croisements  Durham-manceau  et  Durham-normand  étaient  également  très 
remarquables, 

M.  de  Villepin,  directeur  de  la  fermeécole  deLa  Pilletière  adonné  dans  la  région 
une  sérieuse  impulsion  à  l'élevage  des  Durhams,  il  est  arrivé  à  former  une  belle 
ekable  de   Durham  et  de  croisements  durhams. 

Les  veaux  femelles  de  croisement  sont  généralement  vendus  au  boucher. 
Les  mâles  castrés  de  bonne  heure  sont  élevés  pour  être  vendus  à  l'âge  de  3   ans 
du  poids  moyen  de  550  kilogr.  à   des  éleveurs  normands  qui  les  recherchent  et  les 
paient  un  prix  rémunérateur. 

Tous  les  veaux  pur  sang  Durham  mâles  ou  femelles  sont  élevés,  sauf  les  défec- 
tueux qui  sont  livrés  à  la  boucherie. 

Les  mâles,  en  dehors  du  taureau  de  service,  sont  mis  à  la  disposition  des  culti- 
vateurs à  des  prix  raisonnables;  s'ils  ne  sont  point  achetés,  on  les  coupe  pour  en 
faire  des  bœufs  d'herbage,  comme  les  croisements,  et  ils  ne  donnent  pas  les 
moindres  bénéfices. 

Tous  les  soins  sont  donnés  à  ces  pui'-sang  pendant  la  première  année  seule- 
ment; plus  tard,  ils  n'ont  plus  de  soins  particuhers. 

Avec  ces  soins,  cette  bonne  nourriture,  M.  de  Villepin  obtient  de  bons  produits, 
des  ventes  fréquentes  à  de  très  bons  prix. 

L'élevage  Durham  au  point  de  vue  exclusif  de  la  viande  de  boucherie  est  donc 
profitable;  quant  à  la  race  mancelle  que  M.  de  Villepin  a  essayé  d'améliorer  parle 
régime  de  la  sélection,  les  produits  les  mieux  réussis  ne  lui  ont  jamais  donné 
une  prime  de  plus  de  10  francs  sur  les  marchés.  Aussi  ne  faut-il  pas  s'étonner  que 
l'élevage  des  Durhams  et  des  croisements  Durhams  ait  pris  tant  de  développe- 
ment dans  cette  région;  néanmoins,  l'engraissement  du  bœuf  est  loin  d'être  aussi 
avantageux.  D'après  la  comptabihté  du  directeur  de  la  Pilletière,  le  bénéfice  brut 
entre  le  prix  d'achat  des  bœufs  et  leurs  revenus  à  l'état  gras  est  de  0  fr.  90  par 
tête  et  par  jour  d'engraissement;  il  estime  la  nourriture  à  1  fr.  35  par  tête  et  par 
jour^  il  reste  donc  45  cent,  par  tête  et  par  jour  pour  représenter  le  fumier,  tandis 
que  le  iumier  de  la  gendarmerie  du  château  du  Loir  ne  coiite  que  30  centimes  par 
tète  et  par  jour. 

Quoiqu'à  la  ferme-école,  M.  de  Villepin  n'ait  pas  tiré  grand  profit  de  la  spécula- 
tion du  beurre  avec  de  bonnes  vaches  normandes,  nous  sommes  convaincu  que 
les  petits  cultivateurs  de  la  Sarthe  qui  savent  entretenir  suffisamment  cette  vache 
peuvent  en  tirer  un  profit  avantageux. 

L'exhibition  de  l'espèce  ovine,  sans  être  très  nombreuse,  présentait  cependant  un 
certain  intérêt. 

Les  animaux  exposés  devaient  être  nés  avant  le  1"  mai  1879  à  l'exception  toute- 
fois des  agneaux  et  agnelles  devant  faire  partie  des  lots  d'ensemble. 

La  1"  catégorie  comprenant  la  race  mérinos  et  les  métis  mérinos  ne  comptait  que 
25  têtes  appartenant  à  des  éleveurs  de  l'Eure-et-Loir.  La  Sarthe  n'élève  guère 
le  mérinos,  on  y  préfère  les  races  anglaises  plus  précoces,  plus  faciles  à  engraisser; 
nous  avons  cependant  remarqué  quelques  berrichons  et  quelques  cauchois.  Les 
moutons  berrichons  sont  robustes,  vigoureux  et  rustiques,  ils  s'engraissent  assez 
facilement,  gras  ;  ils  rendent  au  moins  50  pour  100  d'une  viande  de  saveur  très  dé- 
licate et  très  recherchée. 

Quant  aux  moutons  cauchois  ou  normands  si  vilains  de  forme,  nous  ne  voyons 
pas  quel  intérêt  économique  il  peut  y  avoir  à  cultiver  une  variété  qui  laisse  à  dé- 
sirer pour  la  viande  comme  pour  la  laine. 

La  race  anglaise  Dishley  à  laine  longue,  était  représentée  par  24  sujets  et  les 
Southdown  par  dix  têtes.  Le  reste  de  l'espèce  ovine  était  composé  de  croisements 
dishley-mérinos  et  dishley-Southdown. 


CONCOURS  RÉGIONAL  DU  MANS.  53 

Il  y  a  déjà  un  certain  nombre  d'années  que  les  Southdown  sont  introduits  dans 
la  Sarthe,  M.  de  Villepin  les  avait  adoptés  comme  race  rustique  s'accommodant 
mieux  à  ses  maigres  pâtures  et  ayant  une  aptitude  très  marquée  pour  engraisser.  Il 
nous  a  paru  que  les  dishley  et  dishley-mérinos  réussissent  très  bien  dans  la  région 
car  il  y  en  avait  au  concours  de  magnifiques  spécimens 

Les  dishley  sont  des  moutons  qui  s'accommodent  mal  delà  chaleur  et  de  la  sé- 
cheresse, mais  qui  résistent  beaucoup  mieux  que  d'autres  à  un  certain  degré 
d'humidité  atmosphérique  ;  cette  race  a  acquis  à  cet  égard  une  sorte  d'accoutu- 
mance. En  Angleterre,  ils  vivent  presque  constamment  dehors  dans  une  atmos- 
phère brumeuse  au  miUeu  des  champ  de  turneps. 

Les  dishley-mérinos  ont  été  créés,  comme  on  sait,  en  vue  de  produire  des 
moutons  ayant  une  certaine  finesse  de  laine,  avec  une  viande  plus  abondante. 
Mais  on  sait  aujourd'hui  combien  il  est  difficile  de  fixer  ce  croisement. 

En  tant  qu'animaux  producteurs  de  viande,  les  dishley-mérinos,  ne  diffèrent 
guère  des  purs  dishley,  atteignent  les  mêmes  poids  vifs,  variables  comme  les 
conditions  de  milieu  dans  lesquelles  ils  sont  produits.  Leur  valeur  individuelle  à 
cet  égard  n'est  point  contestable.  Elle  dépend  surtout  de  l'habileté  personnelle 
des  éleveurs. 

Comme  le  fait  observer  avec  raison  M.  Sanson,  la  toison  chez  le  dishley- 
mérinos  a  toujours  une  valeur  inférieure  à  poids  vif  égal  de  l'animal  qui  la  porte, 
à  celle  du  pur  mérinos.  Le  poids  de  cette  toison  n'est  jamais  aussi  élevé,  la  cfualité 
est  toujours  moins  bonne.  Aussi  le  professeur  de  l'Institut  agronomique  en  tire 
la  conclusion  qu'étant  donné,  que  la  régularité  de  conformation  et  la  précocité 
si  grandes  qu'on  le  suppose  chez  les  dishley-mérinos,  ne  surpassent  point  celles 
des  purs  mérinos  de  la  variété  précoce,  et  en  laissant  de  côté  la  question  de 
variabilité  désordonnée,  qui  ne  serait  cependant  pas  négligeable,  il  est  évident 
qu'au  double  point  de  vue  de  la  production  de  la  viande  et  de  la  production  de  la 
laine,  les  métis  en  question  n'ont  aucune  place  utile  à  prendre  en  économie 
rurale.  Le  temps  nous  dira  si  la  doctrine  de  M.  Sanson  n'est  pas  exacte;  les  éleveurs 
sauront  bien  se  rendre  compte  s'il  est  plus  profitable  de  cultiver  le  dishley,  le 
dishley-mérinos,  ou  le  southdown,  plutôt  que  d'améliorer  nos  races  trançaises, 
de  rendre  nos  mérinos  plus  précoces,  d'en  faire  des  moutons  de  laine  et  de 
viande. 

L'espèce  porcine  comprenait  19  sujets  de  races  indigènes  pures  et  croisées  entre 
elles,  parmi  lesquels  il  y  avait  quelques  types  normands  et  craonnais. 

Les  races  étrangères  pures  ou  croisées  entre  elles,  étaient  représentées  par 
22  sujets  :  berkshire,  yorkshire,  new-leicester  et  anglo-normand. 

Quant  à  l'exposition  des  animaux  de  basse-cour  elle  était  intéressante;  la  race 
de  La  Flèche,  qui,  depuis  quelques  années,  a  remporté  les  prix  d'honneur  dans  les 
concours,  était  admirablement  représentée  :  grâce  à  ses  qualités,  cette  race  a 
acquis  une  réputation  européenne  justement  méritée. 

Cette  race  est  tardive,  mais  ce  n'est  pas  là  un  inconvénient,  car  les  produits 
arrivent  sur  le  marché  quand  ceux  des  autres  ont  cessé  d'y  paraître.  On  confond 
généralement  la  race  de  la  Flèche  avec  celle  du  Mans.  Cependant,  les  éleveurs  les 
distinguent;  celle  du  Mans  aurait  pour  caractère  distinctif  une  demi-huppe  retom- 
bant sur  l'occiput,  avec  crête  triple,  volumineuse,  frisée,  des  barbillons  ronds  et 
assez  longs,  un  plumage  avec  des  reflets  verts. 

Quoi  qu'il  en  soit  de  cette  distinction,  il  n'est  pas  moins  vrai  que  la  race  de  La 
Flèche  est  excellente  et  que  de  tout  temps  elle  a  été  recherchée  par  les  gourmets  et 
que  Racine  a  choisi  un  chapon  du  Mans  pour  en  faire  le  héros  de  sa  comédie  des 
Plaideurs.  L'exportation  des  volailles,  comme  celle  des  légumes  et  des  fruits  pour 
Paris,  constitue  une  industrie  ancienne  qui  ne  fait  que  se  développer  ;  les  races 
de  Houdan,  de  Crèvecœur,  étaient  également  bien  représentées.  Nous  avons  aussi 
remarqué  de  beaux  dindons,  des  oies,  des  canards,  des  pintades  et  des  pigeons, 
et  enfin  une  belle  collection  de  lapins  et  de  léporides. 

L'exposition  des  produits  ne  représentait  guère  ce  que  donne  le  département  de 
la  Sarthe,  ainsi  que  les  autres  départements  de  la  région.  Et  cependant  M.  de 
Lavergne  constate  que  le  Haut-Maine,  qui  forme  aujourd'hui  le  département  delà 
Sarthe,  avait  atteint,  dès  1789,  une  assez  grande  prospérité.  Ce  département 
occupait  le  premier  rang  parmi  nos  départements,  pour  la  production  du  chanvre. 

Parmi  les  produits  de  la  région  du  concours,  nous  signalerons  les  blés  et  avoines 
de  M.  Charles  Dumontier,  de  Claville  (Eure);  les  produits  divers  de  M.  Girard, 
du  Mans,  et  surtout  ceux  de  M.  Lépine,  à  Rouez-en-Ghampagne  ^Sarthe),  la  belle 


5i  CONCOURS  REGIONAL  DU  MANS. 

collection  de  pommes  de  terre  françaises,  anglaises,  américaines  et  allemandes, 
de  M.  Alfred-Jean  Pellier,  à  Jupilles-Fessard  (Sarthe)  ;  la  collection  d'avoines  et 
de  trèfle  de  M.  Roche-Papillon,  de  Chartres;  les  cidres  de  M.  Fournier,  à  Sainte- 
Marguerite  (Calvados)  ;  les  cidres  mousseux  de  M.  Floquet,  à  Pont-Lévêque  (Cal- 
vados). Nous  avons  enfin  remarqué  à  l'exposition  des  produits,  des  tourteaux 
alimentaires  de  graines  de  coton  d'Egypte  fabriqués  par  M.  Darier  de  Rouffio,  à 
Marseille.  D'après  de  nombreux  témoignages  ces  tourteaux  donnent  de  bons 
résultats  quand  on  les  mélange  avec  des  betteraves  ou  d'autres  racines,  avec  des 
pulpes  de  pommes  de  terre,  des  résidus  de  distillerie,  avec  du  foin,  de  la  paille, 
ou  même  avec  du  fourrage  vert;  ces  tourteaux  sont  employés  à  la  ferme-école  de 
la  Pilletière,  pour  les  bœufs  à  l'engrais,  et  pour  les  vaches  laitières  dans  les  pro- 
portions suivantes  : 

Foin  haché,  14  kil.;  betteraves  fermentées,  40  kil..;  tourteaux  de  coton,  6  kil.; 
farine  d'orge,  1  kil.,  féveroles  arrachées,  0  kil.  500  ;  sec,  0  kil.  040. 

Le  tourteau  de  graines  de  coton  très  bon  pour  l'espèce  bovine  et  ovine,  ne  doit 
pas  être  employé  pour  l'espèce  porcine. 

L'exhibition  des  instruments  agricoles  était  aussi  complète  que  possible,  il  y 
avait  plus  de  mille  engins  agricoles.  Les  concours  d'instruments  qui  ont  eu  liau 
ont  été  très  intéressants. 

Les  essais  d'instruments  d'extérieur  de  ferme  ont  été  très  suivis,  aussi  bien 
ceux  des  charrues,  que  des  faucheuses  et  des  râteaux. 

Le  premier  de  ces  concours  a  eu  lieu,  dans  des  conditions  difficiles,  sur  un  sol 
dur,  gazonné  depuis  longtemps  et  semé  de  cailloux,  bien  fait,  du  reste^  pour 
éprouver  les  instruments, 

La  condition  du  travail  était  un  labour  de  déchaumage  à  8  centimètres  de  pro- 
fondeur environ. 

Sept  bisocs  et  trisocs  ont  pris  part  au  concours.  Deux  ont  été  obligés,  par  la 
résistance  du  sol,  de  cesser  la  lutte.  Les  autres  ont  donné  un  bon  travail,  et  surtout 
le  trisoc  Hornsby  présenté  par  M.  Pécard  de  Nevers,  le  trisoc  Ransome,  le  bisoc 
Candelier  qui,  comme  on  le  verra,  ont  obtenu  les  prix;  mais  nous  nous  sommes 
demandé  si  un  concours  de  polysocs  était  bien  utile  dans  un  pays  de  petite  culture. 

Les  brabants  doubles  ont  eu  plus  de  succès  aux  yeux  des  cultivateurs  du  pays  ; 
manœuvrant  dans  un  champ  caillouteux,  divisé  en  planches  de  20  centimètres 
environ,  et  recouvert  d'un  vieux  gazon,  ils  ont  donné  un  excellent  travail  surtout 
les  brabants  de  MM.  Henry  frères.  Fondeur,  et  Delahaye,  constructeurs  dont  la 
réputation  n'est  plus  à  faire. 

Près  de  l'importante  usine  à  farine  de  M.  Leroux  et  Jamin  à  trois  kilomètres 
environ  de  la  ville  du  Mans  a  eu  lieu  le  concours  des  faucheuses,  dans  un  pré 
dont  la  récolte  était  très  inégale. 

Les  faucheuses  étaient  au  nombre  de  19,  ayant  chacune  9  ares  de  surface  à 
couper.  Elles  ont  exécuté  leur  travail  en  dix  à  onze  minutes,  certaines  ont  mis 
trente  minutes,  en  raison  des  difficultés  et  des  obstacles  du  terrain  qui  était 
inégal  en  certains  endroits  et  couvert  de  taupinières.  Les  faucheuses  sont  aujour- 
d'hui très  perfectionnées,  ce  qui  a  rendu  la  tâche  du  jury  très  difficile. 

La  faucheuse  Aultmann  a  donné  incontestablement  le  meilleur  travail  ;  c'est  du 
reste  un  instrument  construit  dans  d'excellentes  conditions. 

Le  bâti  de  la  faucheuse  est  tubulaire  et  fermement  supporté  de  fer  battu,  de 
manière  à  bien  combiner  la  résistance  de  ce  métal  avec  la  rigidité  de  la  fonte. 

La  barre  coupeuse  est  d'acier  étiré,  ce  qui  lui  donne  une  grande  rigidité.  Les 
doigts  sont  de  fer  et  acier  forgés  et  les  deux  sabots  de  fonte  malléable;  les 
sections  des  lames  sont  fortes  et  dressées  des  deux  côtés. 

Cette  machine  est  balancée  de  telle  sorte  qu'il  n'y  a  pas  de  tirage  de  côté,  de 
même  que  son  équilibre  est  parfait  lorsque  le  conducteur  est  sur  le  siège  ;  ce  qui 
supprime  tout  poids  inutile  sur  le  cou  des  chevaux. 

Le  levier  de  hausse,  le  levier  d'inclinaison  de  la  barre  coupeuse  et  le  levier 
d'embrayage  manœuvrent  facilement  et  sont  à  la  portée  du  conducteur. 

Le  démontage  et  le  remontage  de  cette  machine  peuvent  se  laire  en  quelques 
minutes  avec  le  seul  secours  des  outils  contenus  dans  la  boîte  :  un  catalogue  des 
pièces  de  rechange  est  joint  à  chaque  machine  ;  de  cette  façon  le  cultivateur  lui- 
même  peut  y  faire  les  réparations  nécessaires. 

Après  l'Aultmann  les  faucheuses  qui  ont  le  mieux  fonctionné  sont  la  Wood, 
celle  de  M.  Albaret,  la  nouvelle  Samuelson,  celles  de  M.  Renou  et  de  M.  Hidien. 

Le  concours  de  râteaux  n'a  pas  donné  les  résultats  habituels.  Les  conditions 


CONCOURS   REGIONAL  DU  MANS.  55 

d'opération  étaient  très  mauvaises.  Le  foin  coupé  le  matin  n'était  pas  sec.  Le 
ramassage  se  faisait  difficilement,  les  dents  laissaient  échapper  péniblement  leur 
contenu,  et  il  y  avait  toujours  un  intervalle  dans  lequel  le  foin  n'était  pas  ramassé. 
D'autres  râteaux  à  dents  trop  légères  laissaient  glisser  l'herbe  et  traînaient  leur 
andain. 

Néanmoins  au  milieu  de  ce  travail  que  l'humidité  du  foin  ne  permettait  pas 
d'accomplir  aussi  régulièrement  que  s'il  eût  été  sec,  les  râteaux  de  MM.  Renou, 
Gerbouin  et  Waite  Burnell,  Roi,  Decker  et  Mot,  ont  assez  bien  fonctionné;  nous 
avons  surtout  remarqué  les  dents  accouplées  du  râteau  Grerbouin  qui  retomlîaient 
plus  facilement  que  celles  des  râteaux,  des  autres  concurrents. 

Une  expérience  de  la  machine  à  charger  le  foin  présentée  par  la  maison  Pilter 
a  eu  lieu  sur  le  champ  du  concours  et  a  beaucoup  excité  la  curiosité  des  visiteurs. 
Cet  appareil  s'adapte  au  moyen  d'un  crochet  à  l'arrière  d'une  charrette  à  deux  ou 
quatre  roues  sur  laquelle  doit  être  chargé  le  fourrage  disposé  en  andains.  Le  bâti 
de  bois  repose  sur  un  essieu  supporté  par  deux  roues.  Les  moyeux  de  fonte  sont 
munis  de  deux  engrenages  enfermés  dans  une  boîte  et  commandant  à  la  vitesse 
voulue  l'essieu  qui  sert  d'arbre  moteur  à  tout  le  système  au  moyen  d'un  enclique- 
tage  qu'on  amorce  à  volonté. 

Detax  autres  roues  intérieures  de  fonte  reçoivent  six  rouleaux  de  bois  sur 
lesquels  sont  fixés  des  dents  d'acier  de  forme  recourbée.  Quand  les  engrenages 
sont  mis  en  contact  et  que  le  véhicule  marche,  ces  rouleaux  tournant  librement 
dans  les  trous  ménagés  dans  les  jantes  des  roues  de  fonte,  il  en  résulte  que  les 
dents  prennent  le  foin  avec  autant  de  perfection,  que  le  meilleur  râteau  et  le 
déposent  sur  un  tablier  sans  fin  qui  peut  l'élever  sur  le  véhicule  récepteur 
jusqu'à  cinq  mètres  de  hauteur. 

La  quantité  de  fourrage  ramassée  et  élevée  est  assez  considérable  pour  occuper 
deux  hommes  sur  une  charrette. 

Cet  ajipareil,  qui  supprime  les  chargeurs  à  la  fourche  et  diminue  les  frais  de 
main-d'œuvre,  a  très  bien  fonctionné. 

Le  jury  en  se  retirant  du  champ  du  concours  a  eu  la  satisfaction  de  croire  que 
les  expériences  qui  avaient  eu  lieu  auraient  une  utilité  pour  les  cultivateurs. 

Les  essais  d'instruments  d'intérieur  de  ferme  ont  été  également  très  intéressants 
et  très  difficiles  à  juger. 

L'arrêté  du  concours  portait  comme  récompenses  ;  une  médaille  d'or,  une 
d'argent  et  une  de  bronze  pour  machines  à  battre  à  vapeur,  vannant  et  criblant 
pour  grandes  exploitations.  Les  machines  qui,  dans  les  conditions  du  concours, 
ont  été  jugées  comme  ayant  le  mieux  fonctionné  et  présentant  la  meilleure 
construction  sont  celles  de  MM.  Hidien,  Del,  à  Vierzon,  puis  celles  de  M.  Brouhot 
à  Vierzon  et  Filoque,  à  Bourgtheroulde. 

Il  y  avait  d'autres  machines  à  battre,  également  très  bien  construites  et  qui  ont 
donné  de  très  bons  résultats.  Le  jury  a  eu  l'excellente  pensée  de  récompenser 
également  ces  machines  à  battre  à  grand  travail  donnant  le  grain  vanné,  criblé, 
trié.  Le  ministre  a  accordé  trois  prix  pour  ces  machines.  Ils  ont  été  mérités  par 
MM.  Albaret,  Roi  et  Gautreau  de  Dourdan. 

Deux  autres  concours  ont  encore  eu  lieu  :  un  de  trieurs,  et  un  autre  de  hache- 
paille  à  manège,  ou  à  vapeur  et  à  bras.  Dans  le  premier  concours,  les  constructeurs 
qui  ont  obtenu  les  prix  sont  :  MM.  Marot,  à  Niort  ;  Brisson,  à  Bourges;  Fare,  à 
Tonneins  (Lot-et-Garonne). 

Pour  les  hache-paille  à  manège  ou  à  vapeur,  ce  sont  MM.  Albaret,  Pécard  et 
Waite -Burnell;  pour  les  hache-paille  à  bras:  MM.  Waite-Burnell,  Rigault,  à 
Paris;  Beurez,  à  Ghatenay  (Sartbe). 

Parmi  les  autres  instruments  qui  ne  concourraient  pas,  on  peut  citer  comme 
méritant  de  fixer  l'attention  ;  l'élévateur  de  paille  de  M.  Roi,  le  monte-paille  de 
M  Albaret;  la  bouche  de  four  de  M.Bernard;  le  moteur  à  gaz  Bisschao  de 
MM.  Mignon  et  Rouart,  la  machine  à  vapeur  avec  petite  grue  de  M.  Lefèvre.  au 
Mans  ;  les  meules  automatiques  de  M.  Guedon-Fois,  à  Amiens,  et  les  plaques 
tournantes  de  M.  Decauville,  à  Petit-Bourg. 

Signalons  enfin  une  bonne  innovation.  Depuis  longtemps  déjà  on  récompense 
dans  les  comices,  les  ouvi'iers  des  fermes  qui  sont  restés  pendant  un  certain 
nombre  d'années  chez  les  mêmes  patrons.  L'administration  a  eu  l'excellente  idée 
de  mettre  deux  médailles  d'argent,  quatre  de  bronze  et  une  somme  de  300  francs, 
à  la  disposition  du  jury  pour  récompenser  les  plus  habiles  conducteurs  des  machines 
aux  concours  et  aux  démonstrations  publiques. 


56  CONCOURS  REGIONAL    DU  MANS. 

En  résumé,  leconcours  régional  du  Mans  a  été  brillant  et  a  été  rendu  très  agréable 
par  les  belles  fêtes  que  la  municipalité  a  su  organiser,  et  par  la  courtoisie  qu'elle 
a  mise,  ainsi  que  M.  le  Préfet,  à  bien  accueillir  les  membres  du  jury. 

Quant  aux  résultats  agricoles,  comme  l'a  dit  M.  Girerd,  sous-secrétaire  d'État 
au  ministère  de  l'agriculture,  l'agriculture  a  fait  des  progrès  importants.  Les 
céréales  et  les  bestiaux  ont  pris  un  grand  développement.  Dans  h  Sarthe,  la  culture 
des  céréales  a  été  transformée.  Les  terres  qui  produisaient  autrefois  du  seigle  et 
du  sarrasin  produisent  aujourd'hui  du  froment. 

Si  l'on  compare  les  années  Ibkb  et  187^1,  on  remarque,  a  dit  M.  le  sous-secré- 
taire d'État,  que,  en  1845,  pour  ne  parler. que  du  département  de  la  Sarthe,  il  y 
avait  65,042  hectares  ensemencés  en  froment,  tandis  qu'en  1874,  il  y  en  avait 
75,483.  D'autre  part,  en  1845,  le  rendement  était  de  12  hectolitres;  en  1874, 
année  exceptionnelle  sans  doute,  il  était  de  19  hectolitres.  Ainsi  la  production  totale 
s'est  élevée  de  780,000  hectolitres  à  1,448,273.  Elle  a  presque  doublé. 

Les  bestiaux  ont  été  transformés  tant  par  les  croisements  et  la  sélection,  que  par 
l'améUoration  des  herbages:  une  race  nouvelle  a  été  .pour  ainsi  dire  créée.  La 
précocité  permet  de  livrer  aujourd'hui  à  trois  ans,  pour  la  boucherie,  des  animaux 
dont  on  ne  voulait  autrefois  qu'à  six  ans.  On  produit  donc  en  six  ans  deux  fois 
plus  qu'on  ne  produisait  autrefois. 

Nous  ne  voulons  pas  contester  les  progrès  accomplis.  Il  est  certain  que  le  dépar- 
tement de  la  Sarthe  n'est  pas  resté  à  l'arrière  depuis  trente  ans. 

Le  conseil  général  a  donné  une  vive  impulsion  à  la  vicinalité.  Il  a  été  intelligem- 
ment secondé  par  M.  Delanney,  agent voyer  chef;  on  remarque  aujourd'hui  que  le 
département  est  sillonné  de  routes  et  de  chemins  admirables.  Une  chaire  d'agri- 
culture départementale  a  été  créée  au  concours;  elle  est  occupée  par  un  professeur 
distingué  M.  Launay,  qui  prépare  les  élèves  de  l'école  normale  à  l'enseignement 
agricole  et  qui  saura  rendre  plus  généraux  les  progrès  accomplis  dans  la  Sarthe. 
Sans  doute  avec  des  agriculteurs  comme  MM  de  Yillepin,  Jouanneau,  Pan- 
cher,  Drouin,  Girard,  Courtillier  et  autres  ;  l'agriculture  progresse,  la  production 
à  l'hectare  augmente;  mais  pour  se  rendre  exactement  compte  de  l'agriculture  de 
la  Sarthe,  il  faut  voir  aussi  les  petites  exploitations  et  alors  on  comprend  que  les 
progrès  constatés  ont  besoin  d'être  généralisés,  car  on  trouve  encore  la  culture  en 
sillon,  de  mauvais  instruments,  des  logements  insalubres,  un  bétail  insuffisant  ou 
absolument  défectueux. 

Enfin  l'élan  est  donné.  Espérons  qu'avec  l'instruction  primaire  agricole  et  le 
crédit  ouvert  à  la  culture,  le  progrès  s'étendra  partout. 

Voici  la  liste  complète  des  récompenses  décernées  : 

Prix  culturaux. 

V^  Catégorie.  —  Propriétaires  exploitant  leurs  domaines  directement  ou  par  régisseurs  et 
maîtres-valets.  Un  objet  d'art  de  500  fr.  et  une  somme  de  2,000  fr.  :  à  M.  Lépine,  au  Baudray, 
commune  de  Rouez-en-Champagne. 

2°  Catégorie.  —  Fermiers,  cultivateurs,  propriétaires,  tenant  à  ferme  une  partie  de  leurs  terres 
en'culture  ;  métayers  isolés  cultivant  des  domaines  au-dessus  de  20  hectares.  Un  objet  d'art  ;\ 
M.  Jouanneau,  fermier  à  la  Grenochère,  commune  d'Auvers-le-Hamon. 

y  Catégorie.  —  Propriétaires  exiiloitant  plusieurs  domaines  par  métayers.  Un  objet  d'art  : 
non  décerné,  aucun  concurrent  ne  s'étant  présenté. 

4e  Catégorie. Métayers  isolés,  propriétaires  ou  fermiers  de  domaines  au-dessus  de  5  hectares 

et  n'excédant  pas  20   hectares.   Un  objet   d'art  à  M.  Legears,   métayer,  au    Perray,   commune 
d  Yvré-l'Evèque. 

Prime  d'honneur  consistant  en  une  coupe  d'argent  de  la  valeur  de  3,500  fr.  et  remplaçant 
l'objet  d'art  de  la  2^  catégorie.  —  M.  Jouanneau,  fermier  à  la  Grenochère,  précité,  lauréat  du  prix 
çultural  de  la  2'  catégorie,  pour  l'ensemble  des  progrès  qu'il  a  réalisés  sur  son  exploitation,  et 
l'excellent  exemple  qui  en  résulte  pour  la  contrée. 

Médailles  de  spécialité:  —  Médaille  d'or  grand  module.  —  M.  Paucher,  fermier  a  Bures,  com- 
mune de  Neuvy-en-Champagne.  ,    ^.        ,    ,  ,,„     T.     . 

Médailles  d'or.  —  M.  Drouin,  à  la  Cour,  commune  de  Janzé;  M.  Girard,  a  1  Hernene,  commune 
du  Mans.  —Médaille  d'argent  (grand  module),  M.  Henri  a'iné,  au  Bois,  commune  d'Ecorpain.  — 
Médaille  d'argent,  M.  Diouet,  métayer  à  Bidoux,  commuue  de  'Vivoin. 

Prix  spécial  des  fermes-écoles,  un  objet  d'art.  —  M.  de  Villepiu^  directeur  de  la  Ferme-Ecole  de 
la  Pillelière.  .  . 

Récompenses  aux  agents  des  exploitations  qui  ont  obtenu  des  prix  culturaux.  —  1"=  Catégorie.  — 
Ferme  de  Biudray,  exploitée  par  M.  Lépine.  —  Médailles  d'argent,  MM.  François  Blossier,  pre- 
mier valot-  Constant  Guyet,  palefrenier  ;  Pierre  Berthelot,  aide-palefrenier. —  Jtftdtu'Ues  de  bronze, 
MM.  Henri' Abrivart,  laboureur  ,  M"  Blossier,  femme  de  ménage;  Guyet,  femme  de  basse-cour. 

2'  Catégorie.  —  Ferme  de  la  Grenochère,  cultivée  par  M.  Jouanneau).  —  Médailles  d'argent. 
M.  Jean-Baptiste  Jouanneau  ;  M=  Angèle  Jouanneau,  ménagère  ;  —  Médailles  de  bronze,  MM.  Fran- 
çois Leblanc  ,  vacher;  Alphonse  Chanteau,  domestique;  Mlle  Marie  AUain,  métivière. 
■  4e  Catégorie.  —  Ferme  de  Perray,  cultivée  par  M.  Legears.  —  Médailles  d'argent,  M.  Auguste 
Legears,  laboureur  ;  Mlle  Eugénie  Legears,  ménagère;  —  Médaillede  bronze,  M.  Auguste  Buon, 
domestique. 


CONCOURS  REGIONAL  DU  MANS.  57 

Pria:  ^peciai  lies  fermes-écoles.  Ferme  de  la  Pilletière,  cultivée  par  M.  de  Villepin.  Médailles 
d'argent. —  MM.  Delhaye,  berger;  François  Guillaumet  chef  de  pratique.  —  Médailles  de  bronze, 
MM.  Layé,  jardinier  ;  Coilliot,  surveillant  comptable. 

Animaux  reproducteurs.  —  Espèce  bovine. 

{''Clause,  i"  Catégorie.  Race  normmde.  — Mâles.  —  l'=  Sech'on.  Animaux  de  6  mois  à  1  an 
l"prix,  M.  Laverge  Emmanuel,  à  Lasson  (Calvados)  ;  2^  M.  Maillard  Céran,  à  Sainte-Marie-du- 
Monl  (Manche)  ;  3"  M.  Leneveu  Auguste,  à  Matliieu  (Calvados)  ;  Prix  supplémentaire,  M''  veuve  Le- 
coispellier,  à  Gagny  (Calv;idos);  mention  honorable,  M.  Barassin  Gustave,  àSaint-Martin-de-Fon- 
tenay  (Calvados).  —  V  Section.  Animaux  de  1  an  à  2  ans.  1"  prix,  M.  Gillain  Victor,  à  Carentan 
(Manche);  2%  M.  Leconte,  à  Hubert-Folie  (Calvados);  3%  M.  Hervieu  Louis,  à  la  Mancellière 
(Manche)  ;  4"?  M.  Quemm  Delphin,  à  Montville  (Seine-inferieure)  ;  5°,  M.  Sauvage  Thomas,  à- 
SainteMartin-de-Fontenay  (Calvados);  6»,  M.  Nepveu  Jules,  fils,  à  Sainte-Geneviève  (Seine-Infé- 
rieure) ;  7',  M'*  veuve  Lecoispellier;  Prix  supplémentaire,  M  Capey  Auguste,  à  Méautis  (Manche); 
mention  honorable,  M.  Houdeville,  à  Saint-Aubin-sur-Mer  (Seine-InCérieure).  —  3' Section.  Ani- 
maux de  2  à  3  ans.  1"  prix,  M.  Touzari  Hippolyte,  Montmarliri-en-Graignes  (Manche)  ;  2%  M.  Ba- 
rassin Gustave;— Prix  supplémentaire,  M.  Capey,  M.  MaiUardCèran  ;  mention  honorable,  Mme  veuve 
Lecoispellier.  —  Femelles.  —  l"  Section.  —  Génisses  de  6  mo's  à  I  an.  —  I"'  prix,  M.  Nepveu 
Jules,  fils  ;  M.  Maillard  Céran  ;  3%  M.  Touzard  H.;  mention  honorable,  M.  Hervieu  L.  — 
2^  Section.  —  Génisses  de  1  an  à  2  ans.  1"  prix,  M.  Maillard  Céran  -,  2° ,  M.  Cahour  J.,  à  Montbray 
(Manche)  ;  3%  M.  Leconte;  4*  M.  Leroy-Portien,  à  Laigle  (Orne)  ;  5'  M.  Her  ieu  L.  ;  1"  mention  ho- 
norable, M.  Leconte;  M.  Ménager  Auguste,  à  la  ferme  de  la  Cour  (Sarihe).  —  3=  Section.  Gé- 
nisses de  2  à  3  ans.  1"  prix,  M.  Maillard  Céran  ;  2%  M=  veuve  Lecoispellier;  3%  M.  Hervieu  Amédée 
à  Vorceville  (Calvados);  4°,  M.  Victor  Gillain  ;  b%  M.  J.  Cahour  —  4"  Section.  —  Vaches  de  plus 
de  3  ans.  — 1"  prix,  M.  Leconte  ;  2%  M.  Thomas  Sauvage  ;  3%  M.  Céran  Maillard;  4°,  M.Alexandre 
Ménager,  à  l'Ormeau  (Sarthe)  ;  5",  M.  V.  Gillain;  6",  M.  Houdeville;  7%  Mme  veuve  Lecoispellier; 
8%  M.   J.  Nepveu. 

Bandes  de  vaches  laitières  (en  lait).  —  1"  prix,  Mme  veuve  Lecoispellier;  2",  M.  H.  Touzard; 
3",  non  décerné. 

Prix  d'ensemble.  —  Ce  prix  qui  consiste  en  un  objet  d'art,  a  été  décerné  à  M.  Céran  Maillard. 

2"  Catégorie.  —  Race  Durham.  —  Mâles.  —  I"  Section.  —  Animaux  de  6  mois  à  1  an.  — 
i^"'  prix,  M.  le  marquis  de  Grosourdy  de  Saint-Pierre,  à  la  Vente-Silly  (Orne);  2',  M.  Lépine,  au 
Baudray  (Sarthe).  Rappel  de  '2",  M.  GroUier,  à  Durtal  (Maine-et-Loire);  3%  M.  le  marquis  de 
Talhouet-Roy,  au  château  du  Lude  (Sarthe);  4',  M.  Daniel  Daudiar,  à  Niafie  (Mayenne);  b",  Mme  la 
comtesse  d'Armaillé,  à  Saint-Amadour  (Mayenne).  Mentions  honorables,  M.  Grollier;  M.  Aimeric  de 
Chatauvieux,  aux  Haiiies  (Ub-et-Vdaine)  ;  M.  Louis  Souchard,  à  la  Cochinière  (Sarthe);  M.  Lépine. 
—  2"  Section.  —  i^nimaux  de  1  à  2  ans.  —  1^'  prix,  M.  Daniel  Daudier  ;  2*,  Mme  la  comtesse 
d'Armaillé;  3%  M.  le  marquis  de  Talhouet-Roy  ;  4%  M.  le  baron  Le  Guay,  à  La  Meignane  (Maine- 
et-Loire)  ;  5%  M.  P.  de  Villepin,  à  Jupilles  (Sarthe);  6%  M.  Grollier.  Mentions  honorables,  Mme  la 
comtesse  d'Armaillié;  M.  le  marquis  de  la  TuUaye,  à  Ménil  (Mayenne).  —  3*  Section.  — Animaux 
de  2  à  4 ans.  —  1"  prix,  M.  Léon  Gandon,  à  laBouchardière  (Mayenne);  2',  M.  de  Villepin;  3", 
M.  Ferdinand  Després,  au  Temple  (lUe-et-ViIaine).  Rappel  de  3^,  M  Grollier.  Mentions  honorables, 
M.  Lépine;  M.  le  comte  Rœderei",  à  Bois-Roussel  (Orne);  M.  le  marquis  de  Grosourdy  de  Saint- 
Pierre.  —  Femelles.  —  I"  Section.  —  Génisses  de  6  mois  à  1  an.  —  r"  prix,  M.  Auguste  Massé,  à 
Germigny  (Cher)  ;  2%  M.  de  Villepin;  2%  M.  le  marquis  de  Talhouet  ;  4«,  M.  le  baron  Le  Guay. 
Mention  très  honorable,  M.  Aimeric  de  Chateauvieux.  Mentions  honorables,  M.  le  marquis  de 
Talhouet;  M.  Lépine;  M.  le  marquis  de  Nicolay,  à  Montfort-le-Rotrou  (Sarthe).  —  2"  Section.  — 
Génisses  de  1  à  2  ans.  —  1"  prix,  M.  le  marquis  de  Grosourdy  de  Saint-Pierre;  2%  M.  Lépine  ;  3°, 
M.  le  marquis  de  la  Tullaye;  4°,  Mme  la  comtesse  d'Armaillé  ;  b",  M.  Clément  Girard;  au  Mans 
(Sarthe).  Mentions  honorables,  M.  de  Viilepin;  M.  Grollier;  M.  Girard  —  3"  Section  —  Génisses 
de  2  à  3  ans.  —  1"  prix,  M.  Grollier;  2%  M.  le  marquis  de  Grosourdy  de  Saint-Pierre  ;  S", 
M.  Lépine  ;  4°,  M.  Ferdinand  Després  ;  5%  M.  le  marquis  de  Talhouet.  Mentions  honorables, 
M.  Clément  Girard  ;  M.  de  Villepin  ;  M.  le  marquis  de  la  Tullaye.  —  4"  Section.  —  Vaches  de  plus 
de  3  ans.  —  ]"'  prix,  M.  Grollier;  2%  M.  le  baron  Le  Guay.  Rappel  de  2'',  M.  le  marquis  de 
Grosourdy  de  Saint-Pierre  Rappel  de  3%  Mme  la  comtesse  d'Armaillé.  Rappel  de  3%  M.  Lépine; 
3°.  M.  le  marquis  de  la  Tullaye  ;  4",  M.  de  Villepin;  5",  M.  Lépine;  6%  M.  le  marquis  de  Talhouet. 
Mentions  honorables,  M.  le  baron  Le  Guay;  M.  de  Villepin;  M.  Clément  Girard. 

Prix  d'ensemble.  —  Ce  prix,  qui  consiste  en  un  objet  d'art,  a  été  décerné  à  M.  Paul  de  Villepin. 

3^  Catégorie.  —  Croisement  durham.  —  Mâles.  —  I"  Section.  —  Animaux  de  6  mois  à  1  an.  — 
1"  prix,  Mlle  de  Rougé,  à  Précigné  (Sarthe);  2%  M.  Baiière,  à  Valmont  (Seine-Inférieure).  — 
2"  Section.  —  Animaux  de  1  à  2  ans.  —  \"  prix,  M.  Joseph  Lemoine,  à  Doucelle  (Sarthe); 
2",  Mlle  de  Rougé;  3",  M.  Niéceron,  à  la  Corbinière  (Sarthe);  mention  honorable,  M.  le  vicomte 
Ch.  de  Charnacé.  —  3^  Section.  — Animaux  dn  2à  3  ans.  — Prix  unique,  M.  le  comte  Rœderer; 
mention  très  honorable,  M.  Henri  Goutard,  à  la  ferme  du  Grand-Léard  (Sarthe).  —  Femelles.  — 
1"  Section.  —  Génisses  de  6  mois  à  1  an.  —  l""'  prix,  M.  de  Villepin  ;  2°,  M.  Louis  Souchard,  à  la 
Cochinière  (Sarthe);  3",  M.  le  vicomte  de  Charnacé;  mentions  honorables,  M.  Donon,  à  Lonray  ; 
M.  Louis  Souchard.  —  2"=  Section.  —  Génisses  de  1  à  2  ans.  —  l^'prix,  M.  le  vicomte  de  Charnacé; 
2",  M.  de  Villepin;  3%  M.  le  comte  Rœderer;  4%  Mlle  de  Rougé;  mentions  honorables,  M.  Jean 
Joanneau,  à  la  Grenochère  (Sarthe)  ;  M.  le  vicomte  Ch.  de  Charnacé.  —  3'  Section.  —  Génisses  de 
2  à  3  ans.  —  1"  prix,  M.  le  comte  Rœderer  ;  2^  M.  de  Villepin  ;  3%  Mlle  de  Rougé  ;  4%  M.  Donon  ; 
5%  JI.  Joanneau;  mention  très  honorable,  M.  le  comte  Rœderer:  mention  honorable,  M.  Auguste 
Grégoire,  à  Almenèches  (Orne).  —  4"  Section.  —  Vaches  de  plus  de  3  ans.  —  !*■■  prix,  M.  le 
vicomte  Ch.  de  Charnacé:  2%  M.  le  comte  Rœderer;  3-=;  M.  Jules  Hubert;  4%  Mlle  de  Rougé; 
mention  très  honorable,  M.  le  vicomte  Ch.  de  Charnacé  ;  mentions  honorables,  Mlle  de  Rougé  ;  M.  le 
comte  Rçederer;  M.  le  marquis  de  Nicolay;  M.  Jean  Joanneau. 

Prix  d'ensemble.  —  Ce  prix,  qui  consiste  en  un  objet  d'art,  a  été  décerné  à  M.  le  vicomte  Ch.  df 
Charnacé. 

Espèce  ovine. 
1"  Catégorie.  —  Races  mérinos  et  méti5-mérinos    —  V  Section.  —  Animaux  de  18  mois  a 
plus.  —Mâles.  —  l"-prix,  M.  Donatien  Gouache,  à  Ollé  (Eure-et-Loir);  2%  M.  Anatole  Legendr 


58  CONCOURS  RÉGIONAL  DU  MANS. 

à  VilIez-ChampJûininel  (Eure);  3%  M.  Pierre  Hellard,  au  Cormier  (Eure);  mention  très  lionorable, 
M.  Lcroy-Portien,  à  Lai^le  (Orne).  —  Femelles.  —  1"  prix,  M.  Sédillot-Delaleu,  à  Ormoy  (Eure-et- 
Loir)  ;  2%  M.  Legendre  ;  3°,  M.  Hellard.  —  2"  Section.  —  Animaux  de  plus  de  is  mois.  —  Mâles.  — 
1"  prix,  M.  Gouache;  2',  M.  Bailleau,  à  lUiers  (Eure-et-Loir);  3'',  M.  Hellard;  mention  honorable, 
M.  Leroy-Portien.  —  Femelles.  —  T"- prix,  M.  Sédillot-Delaleu;  2%  M.  Bailleau;  3%  M.  Hellard. 

2°  Catégorie.  —  Races  françaises  diverses.  —  Mâles.  —  1"  prix,  M.  Gouache  ;  2%  M.  de  Villepin, 
à  Jupilles  (Sarthe).  —  Femelles.  —  1"'  prix,  M.  Louis  Engrand,  à  Saint-Ouen  (Seine-Inférieure); 
2",  M.  de  Villepin. 

3°  Calrgorie.  —  Races  étrangères  à  laine  longue.  —  Mâles.  —  1"  prix,  M.  Céran  Maillard,  à  Sainte- 
Marie-du-Mont  (Manche)  ;  2»,  M.  Louis  Abafour,  à  Miré  (Maine-et-Loire);  3%  M.  H.-F.  Signoret,  au 
Clos  Hy  (Nièvre);  mention  très  honorable,  M.  Céran  Maillard.  — Femelles.  —  l-'prix,  M.  Céran 
Maillard  ;  2%  M.  Alphonse  Tiersonnier,  au  Colombier  (Nièvre)  ;  3=,  M.  Victor  Gillain. 

A"  Catégorie.  —  Races  étrangères  à  laine  courte.  —  Mâles.  —  l"  prix,  M.  de  Villepin; 
2*,  M.  \V;i(idington,  à  Saint-Remy-sur-Avre  (Eure-et-Loir)  ;  3',  M  Louis  Engrand.  —  Fsmelles.  — 
1"  prix,  M.  Waddingion  ;  2",  M.  .te  Villepin;  3%  M.  Engrand. 

5"  Catégorie.  —  Croisements  dishley-mérinos.  —  Mâles.  —  V  prix,  M.  Emile  Bonnet,  à  Bréqueille 
(Eure-et-Loir)  ;  2%,  M.  Donatien  Gouactie;  ;,",  M.  de  Villepin.  —  Femelles.  —  l"  prix,  M.  de  Ville- 
pin; 2«  et  3"  prix, 'pas  d'animaux  présentés. 

6' Catégorie.  —  Croisements  divers.  —  Mâles.  —  1"  prix,  M.  Royneau,  à  Aufl'erville  i  Eure-et- 
Loir);  2%  M.  Gouache;  mention  honorable,  M.  Royneau.  —  Femelles.  —  1"  prix,  M.  Royneau; 
2%  M.  Waddington. 

Prix  d'ensemble  —  Un  objet  d'art  à  M.  Royneau. 

Espèce  porcine. 

r=  Catégorie.  —  Races  indigènes  pures  ou  croisées  entre  elles.  — Mâles.  —  1"  prix,  M.  Évode 
Chevalier,  à  Anceaumevillc  (Seine-Inférieurp)  ;  2",  M.  Louis  Mouroeq,  à  Gréville  (Manch^;); 
3°,  M.  Labbé,  à  Omriiéel  (urne).  —  Femelles.  —  l"'  [)rix,  M.  Louis  Hervieu,  à  la  Mancellière 
(Manche);  2",  M.  Louis  Dupuy,  à  Saint-Mars-d'Outillé  (Sarthe)  ;  3°,  M.  Louis  Mouroeq; prix  supplé- 
mentaires, M.  Auguste  Gordelet,  à  Challes  (Sarthe)  ;  M.  Labbé. 

2"  Catégorie.  — Races  étrangères  pures  ou  croisées  entre  elles.  —  Mâles.  —  1"  pri.x,  M.  Auguste 
Desvignes,  à  Bazouges-snr-le-Loir  (Sarthe);  2',  M  Charles  Dumoutier,  à  Claville  (Eure);  3=  et  4* 
non  décernés.  —  Femelles.  —  1*'  prix,  M.  Auguste  Desvignes;  2^,  M.  Dumoutier;  3»  et  4*  non 
décernés;  mention  honorable.  M.  Desvignes. 

3°  Catégorie.  — Croisements  divers  entre  races  étrangères  et  races  françaises.  —  1"  prix, 
M.  Evode  Chevalier;  2',  M.  Clovis  Lasnun,  à  Montville  (Seine-Inférieure);  mention  honorable, 
Mme  Vve  Lecoispellier.  —  Femelles.  —  1"  prix,  M.  Evode  Chevalier;  2",  M.  Lasnon. 

Prix  d'ensemble.  —  Un  objet  d'art  à  M.  Desvignes. 

Animaux  de  basse-cour. 

1"  Catégorie.  —  Coqs  et  poules.  —  1"  Section.  —  Race  de  Houdan.  —  1"  prix,  M.  Izart,  au 
Mans  (Sarthe)  ;  2%  M.  Voitellier,  à  Mantes  (Seine-et-Oise)  ;  3°,  Mme  Aillerot,  née  Lusson,  à  La 
Flèche  (Sarthe);  4°,  M.  Brichet,  au  Mans  (Sanhe).  —  2°  Section.  —  Race  de  Crèvecœur.  — 
1"  prix,  M.  Jean  Farcy,  à  Foulletourte  (Sarthe);  2%  M  Trouillart  père,  à  La  Suze  (Sarthe);  3", 
M.  Izart;  4%  M.  René  Voisin,  à  La  Suze  (Sarthe);  mention  très  honorable,  M.  Jean  Loyau,  à  Lou- 
plande  (Sarthe);  Mentions  honorables,  M.  Corbin,  à  Villaines-sous-Malicorne  (Sarthe);  M.  Farcy.  — 
3^  Section.  —  Race  de  La  Flèche.  —  1"  prix,  M.  Voisin;  2",  M.  Corbin;  3%  M.  Izart;  4*,  M.  Trouil- 
lard  père;  prix  supplémentaire,  M.  Farcy;  mention  honorable,  Mme  Aillerot,  née  Lusson.  — 
4*  Section.  —  Races  françaises  diverses.  —  1"  prix.  M.  Izart;  2%  M.  Jean  Loyau;  3%  M.  René 
Voisin.  —  r,<='  Section.  — °  Races  étrangères  diverses.  —  1"  prix,  Mme  Aillerot,  née  Lusson;  2% 
M.  Ixart;  M.  Loyau;  mention  très  honorable,  M.  Loyau;  mentions  honorables,  Mme  Aillerot,  à 
La  Flèche  (Sarthe);  M.  Farcy.  —  6'=  Section.  —  Croisements  divers.  —  1",  2°  et  3°  prix  non 
décernés. 

2'  Catégorie.  —  Dindons.  —  l"  prix,  Mme  Aillerot,  née  Lusson;  2",  M.  Joseph  Loiseau,  à  Per- 
dereau  (Sarthe). 

3^  Catégorie.  —  Oies.  —  1"  prix,  M.  Jean  Loyau  ;  2°,  M.  Louis  Deaprés,  à  jSainl-Pavace  (Sarthe)  ; 
3%  M.  Brichet;  mention  honoraiile,  M.  Evode  Chevalier. 

4'  Catégorie.  —  Canards.  —1°'  prix,  M.  Izart;  2%  M.  René  Voisin;  3%  Mme  Aillerot;  4%  M.  Voi- 
tellier, 

5=  Catégorie.  —  Pintades  et  pigeons.  — 1"  prix,  Mme  Aillerot;  2°,  M.  Izart. 

6=  Catégorie.  —  Lapins  et  léporides.  —  l"''  prix,  M.  Després;  2%  M.  Izart. 

Prix  d'ensemble.  —  Un  objet  d'art,  à  M.  Izart. 

Serviteurs  primés,  employés  chez  les  lauréats  et  récompensés  pour  les  bons  soins  donnés  aux 
animaux  primés.  —  Médailles  d'argent,  MM.  Louis  Jouault,  vacher  chez  M.  le  vicomte  de  Charnacé  ; 
Vasselin  Boum  rice,  vacher  chez  M.  Céran  Maillard;  Claude  Délaye,  vacher  chez  M.  ue  Villepin; 
Mousset,  berger  chez  M.  Royneau.  —  Médailles  de  bronze.  —  MM.  Baptiste  Cousinard,  berger  chez 
M.  Gouache;  Pierre  Cartier,  bergrer  chez  M.  Grollier;  Pierre  Levitre,  domestique  chez  M.  Chevalier; 
Adolphe  Blanche,  vacher  chez  M.Grosourdy  de  Saint-Pierre;  Constant  Guyet,  vacher  chez  M.  Lépine  ; 
François  Têtu,  vacher  chez  Mlle  de  Rougé.  —  30  fr.  à  MM.  Pierre  Hébert,  chez  M.  Louis  Hervieu; 
Catherine  Jules,  domestique  chez  M.  Victor  Gillain;  Gouabault,  vacher  chez  M.  Sédillot. 

Machines  et  instruments  agricoles. 

Concours  spéciaux  d'instruments.  —  1'°  Section.  —  Essais  d'instruments  d'extérieur  de  ferme. 
—  Charrues  brabant  doubles.  —  1"  prix,  médaille  d'or,  MM.  Henry  frères,  à  Dury-les-Amiens 
(Somme);  2",  médaille  d'argent,  M.  Pol-Fondeur,  à  Viry  (Aisne)  ;  3°,  médaille  de  bronze,  M.  Bajac- 
Delahaye,  à  Liancourt  (Oise);  mention  très  honorable,  M.  Caadelier,  à  Bucquoy  (Pas-de-Calais). 

Charrues  po!y--ocs.  —  1"  prix,  médaille  d'or,  M.  Pécard,  àNevers  (Nièvre)  ;  2",  médaille  d'argent, 
MM.  Decker  E.  et  Mot,  à  Paris;  3%  médaille  de  bronze,  M.  Candelier;  mention  très  honorable, 
MM.  E   Decker  E.  et  Mot. 

Machines  à  faucher  les  prairies,  —  1"  prix,  médaille  d'or,  MM.  Aultmann  et  Cie,  à  Paris;  2°,  mé- 
daille d'argent,  MM.  Gerbouin  frères,   à  Sablé  (Sartne)  ;  3%  médaille  de  bronze,  M.  Albaret,  à 


[CONCOURS  RÉGIONAL  DU,;  MANS.  59 

Liancourt  (Oise)  ;  mention  très  honorable,  MM.  Gerbouin  frères;  mentions  honorables,  M.  Hidien, 
à  Chàteauroux  (Indre);  M.  Renou,  à  Abilly  (Indre-et-Loire). 

Râteaux  à  cheval.  —  1=''  prix,  médaille  d'or,  M.  Renou;  2°,  médaille  d'argent,  MM.  Gerbouin 
frères;  3",  médaille  de  bronze,  MM.  Waite,  Burnell  et  Cie,  à  Paris  ;  mention  très  honorable, 
M.  Roi,  à  Nantes  (Loire-Interieure);  mention  honorable,  MM.  E.  Decker  et  Mot. 

2°  Section.  —  Essais  d'instruments  d'intérieur  de  ferme.  —  Machines  à  battre  à  vapeur,  donnant 
le  grain  nettoyé,  pour  grandes  exploitations.  —  1"  prix,  médaille  d'or,  M.  Hidien,  à  Chàteauroux 
(Indre)  ;  2%  médaille  d'argent,  M.  Del;  à  Vierzon-Forges  (Cher);  3",  médaille  de  bronze,  MM.  Brou- 
chot  et  Cie,  à  Vierzon  (Cher);  mention  très  honorable,  M.  P'iloque,  à  Bourgtheroulde  (Eure). 

Trieurs.  —  !"  prix,  médaille  d'or,  M.  Marot,  à  Niort  (Deux-Sèvres);  2°,  médaille  d'argent, 
M.  Presson,  à  Bourges  (Cher)  ;  3%  médaille  de  bronze,  M.  Clert,  à  Niort  (Deux-Sèvres)  ;  mention 
très  honorable,  M.  Fau,  à  Tohneins  (Lot-et-Garonne). 

Hache-paille,  à  manî'ge  ou  à  vapeur. —  P'prix,  médaille  d'or,  M.  Albaret;  2%  médaille  d'art 
gent,  M.  Pécard  ;  3",  médaille^  de  bronze,  MM.  Waite,  Burnell  et  Cie  ;  mentitfn  honorable, 
MM.  Gerbouin  frères. 

Hache-paille  à  bras.  —  1"  prix,  médaille  d'or,  MM.  Waite,  Burnell  et  Cie;  2%  médaille  d'argent, 
MM.  Rigault  et  Cie,  à  Paris;  3^,  médaille  de  bronze,  M.  Beurez,  à  Chantenay  (Sarthe)  ;  mention 
honorable,  M.  Maury,  au  Mans  (Sarthe). 

Mentions  honorables  décernées  en  vertu  de  l'article  15  de  l'arrêté  ministériel,  parles  deux  sec- 
tions du  jury  réunies.  —  Mentions  très  honorables,  la  Société  du  matériel  a'gricole  de  la  Sarthe, 
au  Mans;  MM.  Gerbouin  frères;  mentions  honorables,  M.  Roi:  M.  Albaret;  MM.  Bernard  père  et 
fils,  à  Tours  (Indre-et-Loire);  MM.  Mignon  et  Rouart,  boulevard  Voltaire,  137,  à  Paris;  M.  Lefebvre, 
au  Mans  (Sarthe);  MM.  Budan  et  Capelle,  à  Tours  (iDdre-et-Loire):  M.  Guédon-Fois,  à  Amiens 
(Somme)  ;  M.  Decauville  aîné,  à  Petit-Bourg  (Seine-et-Oise). 

Récompenses  attribuées  à  des  conducteurs  de  machines  et  à  des  contre-maîtres,  en  vertu  de 
l'article  13  de  l'arrêté  ministériel,  par  les  deux  sections  du  jury  réunies.  —  ilédailles  d'argent, 
M.  Isaac  Trolly,  conducteur  d'instruments  d'intérieur  de  ferme  chez  M.  Pécard,  à  Nevers.  (Nièvre, 
M.  Jules  Serein,  mécanicien-conducteur  chez  MM.  Aultmann  et  Cie,  à  Paris.  —  Médailles  de 
bronze,  M.  Charles  Girault,  conducteur  d'instruments  d'ex.érieur  de  ferme  chez  M.  Renou,  à 
Abilly  (Indre-et-Loire)  ;  M.  A.-F.  Guillonneau,  contre-maître  chez  M.  Voruz,  à  Nantes;  M.  A. 
Renaud,  conducteur  d'instruments  d'intérieur  de  ferme  chez  MM.  Gerbouin  frères,  à  Sablé;  M.  G. 
Lesimple,  monteur  de  machines  chez  M.  Gautreau,  à  Dourdan  (Seine-et-Oise);  30  fr.;  M.  A.  Ar- 
gence,  contre-maître  chez  MM.  Brouhot  et  Cie,  à  Vierzon;  M.  P.  Polet,  conducteur  de  batteuse 
chez  M.  Cheael,  à  Nantes;  25  fr.,  M.  Waast,  conducteur  de  machines  d'intérieur  de  ferme  chez 
MM.  Decker  et  Mot,  à  Paris;  M.  Brin;  monteur  de  machines  chez  M.  Lotz,  à  Nantes:  M.  Michaux, 
conducteur  de  batteuse  à  la  Société  française  du  matériel  agricole,  à  Vierzon;  M.  L.  Carly,  con- 
ducteur de  machines  chez  M.  Del,  à  Vierzon. 

Produits  agricoles  et  matières  utiles  à  l'agriculturea 

Concours  spéciaux.  —  l"  Beurres  frais.  —  1"  prix,  médaille  d'or,  M.  Julien  Toreau,  à  Laval 
(Mayenne);  2%  médaille  d'argent,  M.  Join,  à  Auvers-le-Hamon  (Sarthe);  3%  médaille  de  bronze, 
non  décerné. 

2°  Fromages  à  pâte  molle,  frais.  —  Pas  de  prix  décernés. 

3°  Fromages  à  pâte  molle,  affinés.  —  1"  prix,  médaille  d'or,  M.  François  Fournier,  à  Sainte- 
Marguerite-de-Viette  (Calvados)  ;  2%  médaille  d'argent,  M.  Victor  Paynel,  à  Ghamposoult  (Orne)  ; 
3%  médaille  de  bronze,  M.  Champion,  au  Chalet  (Ille-et-Vilaine). 

4"  Produits  maraîchers,  cultivés  en  grand.  —  1"''  prix,  médaille  d'or,  M.  Alfred-Jean  Pellier,  à 
Jupilles-Fessard  (Sarthe);  2%  médaille  d'argent,  non  décerné.  • 

5°  Cidres  et  poirés.  —  l"  prix,  médaille  d'or,  M.  Alfred  Hélie,  à  Canteloup  (Calvados);  2" ,  mé- 
daille d'argent,  M.  Charles-Constant  Guérin,  à  Saint-Germaiu-de-Talvende  (Calvados)  ;  8^,  médaille 
de  bronze,  M.  Fournier. 

6°  Produits  de  distillerie.  —  1"  prix,  médaille  d'or,  M.  Hélie:  2^,  médaille  d'argent,  M.  Alexandre 
Floquet, à  Pont-FEvèque  (Calvados)  ;  3%  médaille  de  bronze,  M.  Alfred  Picquot,  à  Saint-Pierre- 
sur-Dives  (Calvados). 

7°  Plants,  arbres,  arbustes  et  produits  forestiers.  —  1"  prix,  médaille  d'or;  2%  médaille  d'ar- 
gent; 3^,  médaille  de  bronze,  pas  de  concurrents. 

Produits  divers.  —  Médailles  d'or,  M.  Clément  Girard,  au  Mans  (Sarthe);  M.  Lépine,  à  Rouez-en- 
Champagne  (Sarthe). 

Médailles  d'argent,  M.  Bailleau,  à  Illiers  (Eure-et-Loire)  ;  M.  Pierre  Hellard,  au  Cormier  (Eure); 
M.  Leroy-Portien,  à  Laigle  (Orne);  M.  Sédillot-Delaleu,  à  Ormoy  (Eure-et-Loir);  M.  Vétault- 
Rouault,  à  la  Bo:re-Croissante  (Maine-et-Loire). 

Médailles  de  bronze,  M.  Baillargeon,  à  Sens-de-Bretagne  (Ille-et-Vilaine)  ;  MM.  Bessède  fils,  à 
Marseille  (Bouches-du-Rhône);  M.  Aimé  Ghauffour,  à  Mareuil-sur-Ay  (Marne);  MM.  Darier  de 
Rouffiou  et  Cie,  à  Marseille  (Bouches-da-Rône);  M.  Anatole  Legendre,  à  Villez-Champ-Dominel 
(Eure)  ;  M.  Jean  Loyau,  à  Louplande  (Sarthe);  M.  Léon  Rézé,  à  Beaumont-Pied-de-Bœuf  (Mayenne); 
M.  Roche-Papillon,  à  Chartres  (Eure-et-Loir). 

Ernest  Menault* 

CONSIDÉRATIONS  SUR  L'ALIMENTATION  DES  ANIMAUX 

Je  viens  de  lire,  avec  l'attention  qu'il  mérite,  l'article  sur  la  nourriture 
des  chevaux  que  vient  de  donner  aux  lecteurs  de  ce  Journal  le  vénéré 
M.  Villeroy  (voir  le  Journal  du  29  mai,  tome  II  de  1880,  p.  334). 

A  constater  la  clarté  des  idées,  la  netteté  du  style,  ceux  qui,  comme 
moi,  lisent  depuis  bientôt  trente  ans  les  publications  de  notre  si  dévoué 
directeur,  éprouvent  une  vive  satisfaction,  celle  de  savoir  que  la  Provi- 
dence accorde  généreusement,  mais  à  bien  juste  titre,  des  faveurs  aussi 


60  CONSIDÉRATIONS  SUR  L'ALIMENTATION  DES  ANIMAUX. 

marquées  à  un  tel  lutteur  arrivé  à  un  âge  où  il  est  rarement  donné  à 
un  homme,  non  seulement  d'étudier,  mais  encore  de  goûter  même  le 
repos. 

En  analysant  le  contenu  de  chacun  des  petits  paragraphes  affectés  à 
un  aliment  donné,  tous  les  praticiens  y  reconnaîtront  le  jugement  d'un 
maître.  Aussi  pour  justifier  mon  titre,  me  bornerai-je,  sur  l'alimenta- 
tion du  cheval,  à  quelques  courtes  observations.  En  dehors  des  qualités 
nutritives  des  aliments,  il  a  été  et  est  encore  fort  discuté  par  intervalle, 
sur  le  mo.dc  d'administration,  c'est-à-dire  sur  la  préparation  à  donner 
aux  aliments,  soit  qu'il  s'agisse  de  les  couper  ou  hacher,  aplatir, 
concasser,  soit  qu'on  fasse  intervenir  dans  les  manipulations  qu'on 
leur  fait  subir,  la  cuisson,  la  macération,  la  fermentation. 

J'ai  écouté  bien  des  praticiens,  les  uns  pour,  les  uns  contre  telle 
opération.  Comme  il  est  d'ordinaire  que,  de  deux  hommes  d'une  valeur 
incontestable  qui  ne  peuvent  s'entendre  sur  une  question  de  pratique, 
il  n'en  est  pas  un  qui  ait  absolument  raison  ou  tort,  j'ai,  il  y  a  quinze 
anspassés,  expérimenté  les  préparationsalimentaires  ci-dessus  énoncées. 
Aux  chiffres  sont  venues  s'ajouter  depuis  des  observations,  des  consé- 
quences nouvelles,  que  j'ai  trouvées  sur  le  chemin  frayé  par  mes 
expériences. 

Que  peut  produire  le  fourrage  coupé  ou  haché?  Un  cheval  alimenté 
de  foin  hache  consommera  un  poids  de  cet  aliment  en  un  temps  moitié 
moindre  qu'un  poids  égal  du  même  foin  donné  au  naturel.  Ce  fait,  je 
l'ai  constaté  montre  en  main.  Autre  fait  :  toute  déjection  d'un  cheval 
qui  a  mangé  du  foin  haché  présentera  ce  foin,  ou  mieux  les  particules, 
dans  le  même  état  de  longueur  et  de  largeur  qu'elles  affectaient  au 
sortir  du  hache-paille.  Les  conséquences  pratiques  de  ces  faits  se 
déduisent  très  facilement. 

1°  Un  cheval  n'aurait-il  que  peu  de  temps  pour  ses  repas,  il  devra 
être  progressivement  habitué  à  absorber  son  foin  ou  sa  paille  hachée. 
T  D£fns  ces  conditions,  la  mastication  et  l'insalivation  étant  incom- 
plètes, la  digestion  stomacale  et  intestinale  enlèveront  une  somme 
moindre  des  substances  assimilables  du  foin;  de  plus  l'animal  absor- 
bera une  plus  grande  quantité  d'eau  pour  subvenir  à  l'eau  fournie  en 
moins  pendant  une  déglutition  d'une  vitesse  doublée. 

Il  en  résulte  qu'il  est  utile,  au  point  de  vue  de  l'économie  du  temps,  de 
faire  certains  mélanges  de  foins  qui  ne  sauraient,  vu  leur  odeur,  leurs 
défauts,  être  mangés  à  l'état  naturel.  Le  procédé  du  hachage  est  contre- 
indiqué  pour  des  chevaux,  ayant  un  temps  suffisant  pour  leur  repas,  qui 
réaliseront  alors,  par  une  mastication  et  une  insalivation  suffisantes,  un 
travail  ou  un  rendement  supérieur  eu  égard  au  même  poids  de  fourra 
absorbé. 

J'ai  langtemps  expérimenté  les  effets  de  l'avoine  aplatie.  Je  dirai 
d'abord  qu'elle  vaut  moins  à  poids  égal.  En  donnant  dans  les  deux  cas 
même  poids,  c'est-à-dire  autant  de  kilog.  d'avoine  au  naturel  que 
d'avoine  aplatie,  je  constatai  une  résistance  moindre  au  travail  dans  le 
cas  de  nourriture  avec  la  dernière. 

Voulant  après  l'expérience  avec  l'avoine  aplatie,  répéter,  sous  forme 
de  contre-expérience,  avec  l'avoine  au  naturel,  je  constatai,  non  avec 
étonnement,  que  les  chevaux  n'avaient  pas  broyé  ni  digéré  quantité  de 
grains.  L'habitude  d'avaler  plus  lestement,  les  forces  digestives  moins    > 
sollicitées  et  par  conséquent  affaiblies,  avaient  produit  ce  résultat. 


CONSIDÉRATIONS  SUR  L'ALIMENTATION  DES  ANIMAUX.  61 

Il  me  paraît  donc  résulter  de  mes  observations  sur  ce  point  qu'à 
part  les  animaux  vieux  ou  en  dentition  l'avoine  ne  doit  être  four- 
ragée  qu'au  naturel.  Je  n'ai  pas  expérimenté  l'avoine  concassée  c'est-à- 
dire  coupée  en  deux  ou  trois  parties. 

Au  sujet  de  l'avoine^  je  dois  ajouter  que  sa  qualité^  d'après  maintes 
expériences,  dépend  de  la  richesse  du  sol,  des  engrais,  de  l'année  de  sa 
culture  :  que  toutes  choses  égales,  l'analyse  chimique  a  constaté  chez 
moi  que  la  noire,  ainsi  que  le  croient  les  voituriers,  est  plus  nutritive  de  1 0 
à  1 5  pour  1 00  que  la  blanche.  Averti  par  l'expérienceje  donne  d'habitude, 
à  mes  jeunes  chevaux  à  l'élevage,  mêlé  à  leur  avoine,  un  volume  de 
balles  double  de  celui  du  grain.  La  présence  de  ces  Ijailes,  indépen- 
damment de  leur  valeur  nutritive,  provoque  selon  moi  une  mastication 
et  surtout  une  salivation  qui  exercent  sur  la  digestion,  la  plus  heureuse 
influence.  La  démonstration  de  ce  que  j'avance  m'a  été  fournie  par  un 
élevage  opéré  par  l'un  de  mes  parents. 

De  6  mois  à  18  mois,  mes  poulains,  qui  alors  ont  une  grande  dis- 
position à  grandir,  sont  généreusement  nourris  et  mangent  de  6  à 
8  litres  d'avoine  par  jour  plus  2  litres  de  son  à  midi;  plus  tard  ils 
sont  successivement  descendus  à  4  et  6  litres  avec  4  litres  de  son. 
Mon  parent  donne  son  avoine  sans  balles;  de  plus  avant  et  après  boire 
—  l'avoine  doit  se  donner  après  boire  —  et  quoiqu'il  donne  2  à 
3  litres  d'avoine  de  plus  à  ses  poulains  que  moi  aux  miens,  les  siens 
sont  moins  en  état.  Le  son  doit  se  donner  à  peine  humecté;  en  bar- 
botage  il  donne  la  diarrhée  ou  relâche  les  intestins. 

D'après  mes  expériences,  les  racines,  sauf  les  pommes  de  terre, 
n'ont  pas  avantage  à  être  cuites. 

Des  chevaux  nourris  chez  moi  d'orge,  en  place  d'avoine,  sont  deve- 
nus mous,  suant  bien  plus  facilement.  J'ai  aussi  donné  des  germes 
d'orge  sans  inconvénient,  du  maïs.  Est-il  nécessaire  d'ajouter  que  mes 
chevaux,  dans  aucun  cas,  n'avaient  ni  la  vigueur,  ni  la  chair  ferme 
que  donne  l'avoine? 

J'estime  beaucoup  les  fèveroles  données  modérément,  soit  à  raison  de 
1  litre  ou  1  litre  et  demi  par  tête  et  par  jour. 

Dans  ma  pratique,  j'ajoute  une  importance  capitale  à  ne  donner  à 
mes  animaux,  de  quelque  espèce  qu'ils  soient,  que  le  moins  d'eau 
possible,  de  quoi  assurer  à  leurs  déjections  une  consistance  solide, 
sans  qu'elles  soient  luisantes,  coiffées. 

Par  ce  procédé,  les  élèves  ne  prennent  pas  de  gros  ventre  et  les 
inconvénients  qui  résultent  du  contraire  :  dos  ensellé  et  poitrine  res- 
serrée n'ont  pas  lieu. 

L'espèce  bovine,  quoique  moins  difficile  dans  le  choix  des  aliments, 
nécessite  des  soins  non  moins  entendus. 

On  sait  le  danger  de  donner  aux  vaches  des  fourrages  inférieurs  : 
ceux  des  prés  bas  marécageux  produisent  un  lait  à  réaction  acide.  De 
pareils  foins  sont  dommageables  aux  animaux  et  aux  enfants  qui  en 
boivent  le  lait.  C'est  une  inconséquente  pratique,  celle  de  boire  du  lait 
non  .cuit  :  que  de  maladies  ne  se  prennent  pas  par  le  lait  qui  se  boit 
chèrement  non  cuit  pour  guérir.  Il  est  établi  aujourd'hui  que  le  lait 
des  vaches  phthisiques  donne  la  phthisie.  J'ajouterai  ici,  autorisé  de 
l'expérience,  que  des  parents  soucieux  de  la  santé  de  leurs  enfants  ne 
devront  jamais  leur  laisser  boire  de  lait  non  cuit,  dangereux  surtout 
pour  les  enfants  en  bas-âge,  et  particulièrement  lorsque  la  nourriture 


62  CONSIDÉRATIONS  SUR  L'ALIMENTATION  DES  ANIMAUX. 

verte  est  donnée  aux  animaux.  C'en  est   dire   assez    pour   conclure. 

La  fermentation  et  la  macération  sont  des  pratiques  qui  ne  peuvent 
être  que  passagères  dans  une-  étable  d'élevage,  elles  donnent,  long- 
temps continuées,  naissance  à  la  ladrerie  ou  phtliisie  des  organes 
internes. 

Si  la  drèche  augmente  la  quantité  de  lait,  la  qualité  en  est  mau- 
vaise; les  chairs  des  animaux  ainsi  nourris  sont  peu  nutritives  et  de 
conservation  très  difficile.  Bien  autrement  meilleurs  sont  lait  et 
viande  produits  par  de  bon  foin  ou  de  bon  regain,  auxquels  s'ajoute 
comme  ration  complémentaire  1  kilog.  par  tête  et  par  jour  de  son  et 
surtout  de  tourteau  de  lin,  le  meilleur  des  tourteaux  après  le  tourteau 
de  noix,  ou  aussi,-  par  ordre  de  valeur  descendante,  de  tourteaux 
d'arachides  décortiquées,  de  sésame,  de  coton,  de  palmiste.  Ce  der- 
nier est  généralement  aujourd'hui  le  plus  mauvais  dans  le  commerce. 

En  parlant  de  Fespèce  bovine,  combien  recommandé-je  de  ne 
jamais  rien  brusquer  dans  la  nourriture  :  les  transitions  dans  le  four- 
rage et  la  manière  de  nourrir  doivent  être  lentes.  A  l'occasion  de 
nouveaux  aliments,  le  vacher  introduira  adroitement  une  poignée 
desdits  aliments  dans  la  bouche  de  ses  bêtes,  puis  leur  maintiendra 
les  mâchoires  fermées  un  instant.  C'est  ainsi  qu'elles  se  décideront  le 
plus  vite,  sans  quoi,  bien  souvent,  on  entendra  dire  :  les  animaux 
ne  veulent  pas  de  telle  ou  telle  nourriture.  Ce  qui  vient  d'être  dit  pour 
les  adultes  s'applique  d'autant  plus  aux  veaux.  Que  l'on  calcule  et 
l'on  verra  que  1 0  litres  de  lait  produiront  chez  un  aussi  petit  animal 
1  kilog.  d'augmentation  du  poids  vif;  c'est,  au  point  de  vue  de  la 
raison  et  de  la  comptabilité,  le  lait  maternel  qui  est  l'aliment  le  plus 
avantageux.  Il  doit,  après  le  troisième  mois,  être  supprimé  successi- 
vement et  par  demi-litre  et  remplacé  par  20  à  30  grammes  —  pour 
commencer  —  de  tourteau-x  de  lin.  On  procède  ainsi  en  diminuant 
1  litre  de  lait  par  huit  jours;  mais  on  continue  le  plus  longtemps 
possible  2  litres  par  jour,  c'est-à-dire  jusqu'au-  sixième  mois,  s'il  y  a 
lieu  et  si  le  sujet  est  de  mérite.  Jamais  il  ne  faut,  lorsque  le  veau  a 
seulement  2  litres  de  lait,  par  exemple,  ajouter  de  l'eau.  Offrez-lui  de 
l'eau  pure,  s'il  a  soif,  il  boira  ;  autrement,  il  rééditera  l'anecdote  de 
l'ivrogne  qui  boit  son  litre  mêlé  à  2  litres  d'eau. 

Pour  les  ruminants,  c'est  une  erreur  aussi  de  croire  à  l'effet  utile 
d'une  grande  quantité  d'eau  absorbée;  les  dommages  sont  ceux  qui 
s'observent  chez  le  cheval.  Les  taureaux  surtout  sont  abîmés  par  l'eau 
pendant  l'élevage  ;  si  on  ne  les  rationne  pas,  ce  qui  se  fait  en  leur 
donnant  trois  fois  par  jour  4  à  5  litres  d'eau,  jamais  on  ne  réalisera 
chez  eux  de  belles  formes. 

Que  dire  du  porc,  qui  se  nourrit  de  tout?  Généralement  on  mêle  sa 
nourriture  à  trop  d'eau  :  erreur  regrettable  qui  ne  permet  pas  une 
insalivation  suffisante,  et  entraîne  une  assimilation  incomplète.  Comme 
à  tous  nos  animaux,  offrez-lui  de  l'eau  pure. 

De  tous  les  animaux  de  la  ferme  les  moins  bien  soignés,  dans  bien 
des  localités,  sont  les  espèces  ovipares  :  poules,  dindes,  canards,,  qui 
peuplent  nos  basses  cours.  Si  encore  on  leur  octroyait  beaucoup  d'eau 
fraîche  et  pure,  les  affreuses  maladies  typhoïdes,  le  choléra,  puis- 
qu'ainsi  se  désigne  un  mal  qui  naguère  a  fait  de  nombreuses  victimes, 
seraient  inconnus  chez  elles.  Pour  les  poules,  il  faut  se  rappeler  que, 
granivores,  la  nourriture  sèche  et  non  diluée  d'eau  qu'on  leur  pré- 


CONSIDÉRATIONS  SUR  L'ALIMENTATION  DES  ANIMAUX.  63 

sente  si  rarement,  leur  est  nécessaire.  Les  grains,  le  sarrasin,  Forge,  ■ 
des  pommes   de  terre  cuites  et  bien  écrasées,  mêlées  à  du  son,  leur 
font  une  bonne  pitance. 

Depuis  quelques  années,  d'intelligents  éleveurs  ont  entrepris  l'éle- 
vage artificiel  des  animaux  de  nos  basses-cours.  Le  succès  couronne 
leurs  efforts.  Quelle  occupation  plus  digne  d'intéresser,  par  l'agrément 
qu'elle  occasionne  et  le  peu  de  capitaux  qu'elle  comporte,  des  popula- 
tions des  campagnes  où  le  sol  est  très  morcelé,  comme  dans  le  Nord 
et  l'Est  de  la  France,  en  Alsace.  A  l'œuvre,  mesdemoiselles  les  fer- 
mières! Si  vous  ignorez  que  ce  petit  monde  de  volailles  a  épris  de 
grandes  dames  dont  il  a  fait  et  fera  encore  les  charmes,  songez  aux 
termes  à  payer  par  vos  besogneux  parents  et  croyez  aux  grandes  faci- 
lités qui  vous  sont  offertes,  par  une  élève  soignée  de  la  volaille,  pour 
alléger  leurs  charges,  en  venant  de  votre  pas  le  plus  pressé,  remettre 
avec  un  gracieux  et  malicieux  sourire  au  caissier  de  la  maison,  —  le 
père  ou  la  mère  —  le  net  produit  de  votre  petit  monde  emplumé.  A 
l'œuvre,  mesdemoiselles!  Il  n'y  a  pas  de  petit  métier;  ne  sont  sottes 
parmi  nous  que  celles  qui  placent  toutes  leurs  forces  dans  ces 
charmes  extérieurs,  habits  ou  minois,  qui  tous  deux  sont  les  jouets 
du  temps  et  disparaissent  avec  lui  ! 

Faire  naître,  élever,  c'est  par  la  pensée  s'élever  vers  Dieu  le  grand 
créateur.  Jean  Kiener.  • 

LE  CINQUANTENAIRE  DE  dRAND-JOUAN 

Le  4  juillet  1880  est,  pour  l'Ecole  nationale  d'agriculture  de  Grand- 
Jouan,  une  date  qui  restera  désormais  tracée  en  lettres  d'or  dans  ses 
fastes,  et  dont  le  souvenir  demeurera  gravé  dans  le  souvenir  de  tous 
ceux  qui,  ce  jour-là,  entouraient  M.  Jules  Rieffel,  le  vénéré  fondateur 
de  l'Ecole. 

Grand-Jouan  compte,  en  1880,  cinquante  années  d'existence.  A  cette 
occasion,  les  anciens  élèves  de  l'Ecole  ont  pensé,  avec  raison,  qu'il 
était  de  leur  devoir  de  témoigner,  par  une  fêie  solennelle,  et  de  leur  re- 
connaissance pour  l'école  oi^i  ils  ont  reçu  l'instruction  agricole,  et  de 
leur  affection  pour  son  fondateur  dont  la  verte  vieillesse  se  rit  des 
injures  du  temps.  Un  comité  fut  constitué  sous  la  présidence  de 
M.  Londet,  professeur  d'économie  rurale  à  Grand-Jouan,  pour  orga- 
niser la  fête  du  cinquantenaire  et  offrir  à  M.  Rieffel  un  souvenir  de 
l'affection  de  ses  anciens  élèves.  Ce  comité  comptait,  avec  son  prési- 
dent :  M.  Belot  comme  vice-président;  M.  Saint-Gai,  comme  secrétaire, 
M.  Ronchail  comme  trésorier,  et  il  était  complété  par  MAI.  Chazely, 
Roussille,  Bouscasse,  Sensarric,  Massabiau,  Fiévet  et  Lucien  Lembezat. 
Ce  comité  fit  appel  à  tous  les  élèves  de  Grand-Jouan,  ainsi  qu'aux 
amis  de  l'agriculture.  Une  souscription  fut  ouverte  pour  offrir  à 
M,  Rieffel  un  objet  d'art  destiné  à  perpétuer  la  reconnaissance  de  ses 
élèves. 

L'origine  de  la  fête  étant  indiquée,  nous  devons  en  faire  connaître 
les  détails  à  nos  lecteurs.  Mais  il  est  des  choses  qui  ne  se  racontent 
pas,  ou  dont  le  suave  parfum  est  perdu  quand  on  les  fige  sur  le  pa- 
pier. La  fête  de  Grand-Jouan  a  été  surtout  une  fête  du  cœur  ;  nous  nous 
avouons  incapable  à  retracer  ici  la  profonde  émotion  qui  en  a  été  le 
grand  caractère.  La  joie  de  leurs  enfants  et  petits-enfants  est  la  cou- 


64  LE  CINQUANTEXAIRE  DE  GRAND-JOUAN. 

ronne  des  vieillards;  M.  Kieffela  eu,  dinianelie,  lapins  belle  couronne 
qu'il  ait  pu  rêver  pour  ses  cheveux  blancs. 

L'afïluence   des  anciens  élèves  et   des   amis   de    l'agriculture  qui 
avaient  tenu   à  donner  à  x\I.    Rieffel  ce  témoignage  de  respect,   était 
nombreuse.  Nous  devons  citer  quelques  noms  :  M.  de  Lapparent,  ins- 
pecteur général  de  l'agriculture  représentait  le  ministre  de  l'agriculture. 
A  côté  MM.  Dutertre,  directeur  de  l'école  nationale  de  Grignon,  Barrai, 
Lecouteux,    Bobierre,  de  la  Haye-Jousselin,  Despretz,  Salvat,  Abadie, 
Pensiot,  Leroux,  Billot,  Baron-Lacroix,  Touzard,  Boudy,  Aubert,  Léo- 
nard, Bouche,  Chenel,  Leroux,  Garnier,  Lorza,  Sorin,  Drouard,  Aillet, 
de  Fontenay,  de  Beaufond,   autant  de  noms  dont  quelques-uns  sont 
illustres  dans  l'agriculture.  Puis  un  grand  nombre  d'anciens  élèves,  les 
autorités  du  pays,  etc.,  etc.  Parmi  les  visiteurs,  il  y  en  avait  beaucoup 
qui  n'étaient  pas  revenus  à  Grand-Jouan,  les  uns  depuis  vingt  ans,  les 
autres  depuis   vingt-cinq  ou  trente  ans.  C'est  à  ceux-là    surtout  que 
nous  avons  demandé  leurs  impressions.  Elles  étaient  unanimes.    Non 
seulement  l'école  elle-même  a  exercé  une  puissante  influence  de  tous 
les  côtés  par  les  mille  jeunes  gens  qu'elle  a  formés;  mais  elle  a  trans- 
formé le  pays  tout  entier.  Jadis  la  lande  l'entourait  à  perte  de  vue; 
aujourd'hui,  nous  venons  de   le  voir  de  près,  la  lande  est  devenue 
l'exception.    La  population  a  gagné  en  nombre  et  en  richesse,  elle  a 
appris  à  manger  du  pain  de  froment  ;  tout  entière  elle  a  appris  à  bénir 
le  nom  de  M.  Rieffel  comme  celui  du  rénovateur  du  pays.  Mais  pour- 
quoi en  dire  davantage,  alors  que  l'histoire  de  Grand-Jouan  est  si  bien 
racontée  dans  les  discours  que  nous  allons  reproduire. 

A  trois  heures,  l'association  amicale  des  anciens  élèves  de  Grand- 
Jouan  tient  sa  séance  annuelle.  Elle  est  ouverte  par  la  lecture  d'un  té- 
légramme des  élèves  de  Grignon  qui  ont  tenu  à  envoyer  ici  un  témoi- 
gnage de  la  confraternité  cordiale  qui  unit  les  écoles  d'agriculture.  A 
la  suite  de  cette  séance,  a  lieu  la  remise  solennelle  de  l'objet  d'art 
offert  à  M.  Rieffel  par  ses  anciens  élèves.  M.  Londet  préside,  assisté 
de  M.  Saint-Gai;  M.  Rieffel  est  entouré  de  sa  famille  :  M™  Lembezat, 
sa  fille,  qui  a  été  pour  lui  un  véritable  collaborateur,  et  dont  les  vertus 
et  la  bienveillance  sont  bénies  dans  tout  le  pays  ;  M.  Lembezat,  ins- 
pecteur de  l'agriculture,  et  leurs  enfants  formés  à  l'école  de  leur 
grand-père  et  de  leur  père. 

M.  Saint-Gai  donne  lecture  de  l'adresse  à  M.   Rieffel,    rédigée  par 
M.  Belot   qu'une  mission  agricole  a  retenu  loin   de  Grand-Jouan,  au 
moment  de  la  fête.   Voici  ce  discours  qui  a  été  plusieurs  fois  interrom- 
■  pu  par  les  applaudissements  unanimes  : 

«  Monsieur  le  Directeur, 

ce  Au  nom  de  la  Société  des  anciens  élèves  de  Grand-Jouan,  au  nom  de  tous  les 
amis  de  l'agriculture,  qui  ont  bien  voulu  s'associer  à  notre  œuvre  et  dont  je  suis 
heureux  d'être  Tinterprète,  je  viens  vous  prier  d'accepter  un  témoignage  de  notre 
sympathique  reconnaissance  et  de  notre  profonde  affection. 

«  Formé  à  l'école  de  ce  grand  maître,  Mathieu  de  Dombasle,  vous  êtes  venu  dans 
l'ouest  continuer  son  œuvre. 

«  Vous  êtes  arrivé  bien  jeune  dans  ce  pays,  seul,  au  milieu  des  landes,  vous  ne 
vous  êtes  point  découragé;  c'est  que  vous  apportiez  avec  vous  le  savoir,  l'énergie 
et  la  confiance  dans  le  succès,  trois  éléments  indispensables  à  l'homme  qui  veut 
réussir  et  sans  lesquels  il  doit,  tôt  ou  tard,  mais  fatalement  succomber. 

«  Autrefois  les  conquérants  plantaient  leur  épée  dans  le  sol  ennemi  pour  en 
prendre  possession;  vous,  vous  y  avez  fait  passer  cet  instrument  de  la  paix  et  du 
progrès,  la  charrue,  pour  montrer  que  désormais  cette  terre  vous  était  asservie. 


LE  CINQUANTENAIRIi   DE  GRAXD-JOUAN.  65 

«  Par  cinquante  années  de  luttes  contre  les  éléments,  contre  les  préjugés, 
vous  nous  avez  donné  l'exemple  de  la  persévérance;  par  la  transformation  de 
500  hectares  de  landes  incultes  en  terres  productives,  vous  avez  montré  l'action 
de  riiomme  instruit  sur  la  nature,  vous  avez  fait  mentir  ce  vieux  proverbe  breton 
qui  assurait  aux  landes  leur  éternité;  par  les  progrès  réalisés  dans  toutes  les 
branches  de  l'industrie  agricole  autour  de  Grand-Jouan,  vous  avez  rendu 
évidente  l'influence  des  bons  exemples  sur  les  populations;  et  8,000  hectares  de 
landes  défrichés  dans   le    canton   de  Nozay  y  ont  amené  l'aisance  et  le  bien-être. 

«  Par  la  fondation  de  Comices  agricoles  et  surtout  de  l'association  bretonne 
dont  vous  êtes  encore  le  Directeur,  vous  avez  été  le  promoteur  des  exhibitions 
d'animaux  dont  sont  sortis  plus  tard  les  concours  régionaux. 

«  Par  la  création  de  l'Ecole  de  Grand-Jouan,  vous  avez  répandu  l'instruction 
agricole  dans  toutes  les  classes  de  la  société,  et  vos  nombreux  élèves  ont  eu  une 
influence  ;  marquée  sur  le  progrès.  Vous  leur  avez  appris  à  se  servir  de  la  science, 
tout  en  s'aidant  du  savoir  du  pays  où  ils  cultivent  et  à  toujours  marcher  avec  un 
plan  bien  médité. 

«  Par  vos  écrits,  vous  avez  enseigné  ceux  qui  ne  pouvaient  vous  entendre  et 
exercé  ainsi,  au  loin,  votre  action  sur  la  marche  de  l'a^'riculture;  vous  avez  déve- 
loppé le  goiit  des  champs  chez  les  grands  propriétaires  en  leur  montrant  qu'aucune 
profession  n'est  plus  noble  ni  plus  utile  que  celle  de  l'agriculture. 

a  Dans  votre  monographie  du  rutabaga,  vous  avez,  le  premier,  montré  les  pré- 
cieuses qualités  de  cette  crucifière  au  début  des  défrichements  et  toutes  les  res- 
sources qu'on  pouvait  en  tirer. 

«  Par  vos  nombreux  mémoires  insérés  dans  Y  Agriculture  de  V ouest,  vous  avez 
développé  les  grands  principes  de  l'exploitation  du  sol;  vous  y  avez  surtout  étudié 
cette  question  si  complixe  des  défrichements  ;  vous  avez  fait  connaître  les  résultats 
de  votre  expérience,  et  démontré  des  principes  à  peine  entrevus  par  vos  devan- 
ciers. 

«  Enfin  votre  ouvragiî  sur  le  métayage  étudie  dans  ses  plus  minutieux  détails, 
ce  mode  d'exploitation,  et  montre  combien  dans  certaines  conditions  il  est  avan- 
tageux. 

«  C'est  une  transition  nécessaire,  par  laquelle  doivent  passer  les  peuples,  pour 
arriver  à  la  plus  grande  perfection  culturale  de  la  civilisation  moderne  :  le  fermage. 

«  Quant  à  vos  anciens  élèves  répandus,  on  peut  le  dire,  sur  tous  les  points  du 
globe,  fiers  d'avoir  reçu  directement  les  leçons  d'un  tel  maître,  ils  en  conserveront 
toujours  le  souvenir. 

«  Ceux  qui  ne  peuvent.se  trouver  aujourd'hui  avec  nous,  s'y  associent  de  cœur 
et  regrettent  profondément  de  ne  pouvoir  assister  à  cette  fête  du  cinquantième  anni- 
versaire de  la  fondation  de  l'Ecole,  pour  vous  témoigner  combien  nous  sommes 
heureux  de  vous  retrouver,  vous,  le  Fondateur  et  le  Directeur,  depuis  cinquante 
années  toujours  sur  la  brèche  à  votre  poste  de  combat. 

«  Maintecant,  messieurs,  permettez-moi  encore,  au  nom  de  la  Société  des 
anciens  élèves  de  Grand-Jouan  d'adresser  les  plus  sincères  remercîments  à 
M.  l'Inspecteur  général  de  la  Région  qui,  par  sa  présence  à  cette  fête,  montre 
tout  l'intérêt  qu'il  porte  à  notre  Ecole;  et  à  tous  les  amis  de  notre  vénéré  Direc- 
teur qui,  en  collaborant  ^à  notre  œuvre,  ont  voulu  laisser  une  marque  durable  de 
leur  attachement  pour  lui,  » 

C'est  avec  une  vive  émotion  que  M.  Rieffel  se  lève  pour  répondre, 
par  une  allocution  écrite  avec  la  clarté,  la  précision  et  la  bonne  foi 
qui  ont  toujours  caractérisé  son  talent.  Nous  tenons  à  la  reproduire, 
parce  que  le  simple  exposé  des  faits  qu'elle  rapporte  suffirait  pour 
démontrer  la  grandeur  de  l'œuvre  accomplie.  M.  Rieffel  s'est  exprimé 
dans  les  termes  suivants  : 

«  Messieurs, 

«  Après  avoir  i-endu  grâce  à  Dieu,  qui  a  bien  voulu  me  conserver  la  vie  et  la 
santé  jusqu'à  ce  jour,  je  vous  prie  d'agréer  tous  mes  remercîments,  tous  les 
témoignages  de  ma  reconnaissance  pour  votre  présence  ici.  Quelques-uns  sont 
venus  de  fort  loin,  et  ce  voyage,  possible  aujourd  hui,  eût  été  bien  difficile  il  y  a 
cinquante  ans. 

«  Quelles  transformations  se  sont  faites  autour  de  nous  pendant  cette  période 
de  temps  !  Permettez-moi  de  vous  en  parler,  moi  qui  ai  vu  toutes  ces  transforma- 


66  LE   CINQUANTENAIRE  DE  GRAND-JOQAN. 

lions  naître,  grandir  et  contribuer  à  la  richesse  du  pays.  A  ce  sujet,  vous  voulez 
J3ien  me  rappeler  mes  travaux  de  dét'riehements.  Tous  les  hommes  de  ma  généra- 
tion, a-t-on  dit  cette  année  au  conseil  général  de  la  Loire-Inférieure,  ont  tenu  à 
honneur  de  prendre  part  au  défrichement  des  bruyères,  et  ils  ont  eu  le  bonheur  de 
mener  l'entreprise  à  bonne  hn  dans  ce  département. 

«  Avec  les  nouvelles  terres  labourées  par  de  meilleures  charrues,  les  cultures 
se  sont  étendues  et  enrichies,  les  emblavures  de  fi'oment  ont  assez  promptement 
remplacé  les  emblavures  de  seigle.  Ces  dernières  ont  aujourd'hui  à  peu  près 
disparu,  et  tout  le  monde  s'est  mis  à  manger  du  pain  de  froment.  L'homme  a 
commencé  par  sa  propre  satisfaction,  et  c'était  assez  juste;  c'est,  d'ailleurs,  un 
encouragement  à  faire  mieux. 

<f  En  efl'et,  après  lui,  le  cultivateur  songea  à  ses  animaux,  et  nous  avons  vu 
s'élever  l'ère  des  fourrages.  Le  chou  a  ouvert  la  marche  avec  les  pommes  de  terre. 
Le  chou  pour  les  bœufs  et  les  vaches  ;  la  pomme  de  terre  pour  les  porcs.  Puis  est 
venu  le  rutabaga,  la  plante  des  défrichements.  Peu  à  peu,  et  avec  l'amélioration 
du  sol,  la  betterave  s'est  fait  sa  place  Le  topinambour  commence  aussi  à  se  faire 
la  sienne.  Je  ne  peux  pas  oublier  ici,  que,  dans  le  cruel  hiver  que  nous  venons 
de  traverser,  tous'  nos  bestiaux  ont  eu  sans  cesse  une  bonne  nourriture  fraîche, 
grâce  à  une  excellente  récolte  de  topinamhours.  Tous  les  choux  étaient  gelés. 

«  Pendant  que  se  développait  cette  culture  des  racines,  entrait  aussi  en  ligne 
celle  des  plantes  de  la  famille  des  légumineuses,  les  trèfles  violets  et  les  trèfles 
incarnats,  auxquels  il  faut  ajouter  les  vesces.  Ces  riches  plantes  sont  aujourd'hui 
en  plein  succès  dans  notre  heureux  canton  de  Nozay;  et,  tandis  qu'ailleurs  elles 
périclitent,  elles  gagnent  ici  du  terrain  chaque  jour. 

«  Quels  ont  été  les  résultats  de  cette  extension  fourragère?  La  récompense  légi- 
time due  au  travail,  une  augmentation  et  une  amélioration  de  tous  les  animaux, 
la  plus  grande  source  des  profits  dans  la  ferme. 

«  L'histoire  du  bétail  dans  le  pays  de  Nozay,  depuis  cinquante  ans,  est  exces- 
sivement intéressante. 

«  Commençons  par  le  cheval.  Autrefois  nous  n'avions  pas  de  routes,  par  consé- 
quent il  n'était  pas  question  de  voitures.  Tout  le  monde  allait  à  cheval,  hommes, 
femmes  et  enfants.  C'étaient  de  petits  chevaux  d'une  valeur  moyenne  de  50  fr., 
nourris  sur  les  bruyères.  La  construction  des  routes,  à  partir  de  1833,  fit  naître 
les  véhicules,  et  les  véhicules  demandèrent  des  chevaux  plus  forts.  Il  devint 
nécessaire  de  mieux  nourrir  les  chevaux,  et  j'ai  dit  comment  les  cultivateurs  ont 
successivement  augmenté  leurs  fourrages. 

«  La  station  d'étalons  a  engagé  les  cultivateurs  à  faire  naître  et  à  se  livrer  à 
l'élevage  du  cheval.  Cette  industrie  est  réellement  nouvelle,  car  autrefois  elle 
n'existait  pas.  Ce  sera  une  source  de  profits. 

«  L'espèce  bovine  a  reçu  l'encouragement  le  plus  énergique  par  les  prix  de  plus 
en  plus  rémunérateurs  qu'elle  a  obtenus.  Les  bœufs,  les  vaches,  les  veaux  se 
vendent  aujourd'hui  deux  et  trois  fois  plus  qu'autrefois. 

«  Mais  ce  sont  surtout  les  moutons  qui  ont  gagné.  Loreque  je  formai  le  premier 
troupeau  à  Grand-Jouan,  il  y  a  près  de  cinquante  ans,  j'achetai  soixante-dix  bre- 
bis à  la  foire  de  Beaulieu,  au  prix  moyen  de  5  fr.  chacune.  Aujourd'hui,  le  prix 
moyen  d'une  brebis  est  de  20  fr.  C'est  un  produit  quadruple,  auquel  il  faut 
encore  ajouter  l'agneau  et  la  laine  bien  plus  chers  qu'autrefois, 

«  Il  est  excessivement  intéressant  de  bien  se  rendre  compte,  dans  l'étude  d'une 
contrée,  des  bénéfices  ou  des  pertes  des  cultivateurs.  Il  y  a  bien  longtemps  que 
j'ai  fait  cette  remarque  :  cpaana  les  fermiers  sont  riches,  tout  le  monde  est  riche 
et  satisfait, 

«  Cependant  cela  frappe  moins  que  la  proj)osition  contraire  ;  quand  les  fermiers 
sont  pauvres,  tout  le  monde  est  pauvre.  Voyez  ce  qu'ont  fait  en  France  deux  mau- 
vaises récoltes;  d'un  bout  à  l'autre  du  territoire  on  se  plaint,  on  crie  misère. 

«  Cependant,  les  salaires  ont  partout  doublé  et  triplé.  Mais  cela  ne  suffit  pas  ; 
lorsque  le  cultivateur  n'a  pas  d'argent,  il  ne  prend  qu'un  valet  au  lieu  de  deux, 
il  diminue  le  nombre  de  ses  journaliers  et  de  ses  journalières,  il  n'achète  plus 
rien  chez  le  drapier,  chez  le  cordonnier,  chez  le  charron;  il  prend  peu  chez  l'épi- 
cier; tout  le  monde  souffre  de  la  souffrance  de  ce  grand  distributeur  des  richesses 
que  l'on  appelle  un  fermier  ou  un  métayer, 

«  Après  ces  études  rétrospectives  sur  les  changements  survenus,  depuis  cinquante 
ans,  dans  la  contrée,  au  point  de  vue  de  son  agriculture,  parlons  de  nos  écoles. 
Je  me  suis  occupé  d'enseif^nement  toute  ma  vie. 


LE  CINQUANTENAIRE  DE  GRAND-JOUAN.  67 

«  L'entreprise  financière  de  Grand-Jouan  ayant  été  faite  primitivement  par  une 
société  d'actionnaires,  on  avait  dû  publier  des  prospectus  pour  la  faire  connaître. 
Il  est  résulté  de  cette  publicité  que,  dès  les  premiers  temps  de  l'installation,  un 
certain  nombre  d'élèves  se  sont  présentés  pour  les  deux  Ecoles,  que  j'avais  l'in- 
tention d'établir.  Il  ne  faut  pas  oublier  que,  pendant  plus  de  quarante  ans,  nous 
avons  eu  deux  écoles  qui  ont  commencé  ensemble  :  l'Ecole  nationale  et  la  Ferme- 
Ecole. 

«  Cette  dernière  n'existe  plus  malheureusement  à  Grrand-Jouan.  Mais  l'idée  en  a 
été  féconde;  et,  quand  je  fus  appelé  à  Paris,  en  1845,  au  sein  de  la  commission 
qui  préparait  le  projet  de  loi  sur  l'enseignement  de  l'agriculture,  j'ai  pu  la 'faire 
adopter  par  mes  collègues.  C'est  ainsi  que  l'ensemble  de  l'enseignement  devait 
comprendre:  1°  un  Institut  agronomique  supérieur;  2"  des  Ecoles  nationales; 
3°  des  Fermes-Ecoles. 

a  Je  possédais  seul  alors  les  éléments  nécessaires  à  l'organisation  d'une  Ferme- 
Ecole,  puisque  celle  de  Grand-Jouan  fonctionnait  depuis  1830.  Elle  a  servi  de 
type  à  toutes  les  autres,  et  mes  chiffres  ont  été  adoptés  par  l'administration  d'alors 
Le  nombre  des  apprentis  sortis  de  cette  Ferme-Ecole  a  été  arrêté  au  chiffre  de  467; 
et,  parmi  eux  il  y  a  eu  des  hommes  de  valeur;  beaucoup  sont  entrés  dans  les 
écoles  nationales,  et  même  à  l'Institut  agronomicpe.  Mon  excellent  sous-directeur, 
M.  Ronchail,  a  passé  par  les  deux  écoles;  et,  déjà,  son  prédécesseur,  M.  Besnard, 
aujourd'hui  professeur  au  Chili,  avait  suivi  la  même  filière. 

«  L'école  nationale  d'agriculture,  dont  nous  fêtons  aujourd'hui  le  cinquantième 
anniversaire,  a  vu  passer  sur  ses  bancs  le  nombre  de  570  élèves.'  Ses  commence- 
ments ont  été  très  modestes.  Le  matériel  d'un  simple  enseignement  pratique  est 
déjà  très  coûteux  en  instruments  et  machines.  A  plus  forte  raison,  lorsqu'il  faut 
ajouter  à  ce  matériel  une  bibliothèque,  un  laboratoire  de  chimie  et  de  nombreuses 
collections.  " 

«  Après  la  société  d'actionnaires  dont  j'ai  parlé,  j'avais  pris  l'entreprise  à  ma 
charge,  et  l'on  comprend  dès  lors  pourquoi,  dans  les  premières  années,  l'enseigne- 
ment a  dû  être  économique.  Ce  n'est  qu'au  bout  d'une  dizaine  d'années  que  le 
gouvernement  se  chargea,  peu  à  peu,  d'une  partie  du  matériel  de  l'enseignement  et 
du  payement  des  professeurs  dont  les  appointements  n'avaient  alors  rien  de  brillant. 
Malgré  cela,  professeurs  et  élèves  ont  travaillé  avec  courage  et  j'ai  conservé  de  ces 
temps-là  les  meilleurs  souvenirs.  Je  désire  vivement  qu'il  en  soit  de  même  des 
anciens  qui  vivent  encore.  Je  dois  ici  un  témoignage  de  reconnaissance  à  M.  de 
Sainte-Marie,  qui  a  été  pendant  longtemps  notre  inspecteur  généra!,  et  nous  a  tou- 
jours apporté  son  concours  le  plus  dévoué.  Arriva  l'année  1848  et  M.  Tourret 
deviût  ministre  de  l'agriculture.  C'est  lui  qui  avait  p.^ésidé,  en  1845,  la  commis- 
sion d'enseignement  dont  j'ai  parlé.  Il  se  souvint  de  nos  travaux  et  de  nos  projets 
d'organisation  générale  de  l'instruction  agricole.  Il  se  hâta  de  réunir  au  ministère 
tous  les  éléments  que  nous  avions  élaborés  et  présenta  à  l'Assemblée  nationale  la 
loi  dite  du  3  octobre. 

«  Il  m'appela  immédiatement  à  Paris  pour  la  réorganisation  et  la  transforma- 
tion de  l'Ecole  de  Grand-Jouan,  en  Ecole  du  gouvernement  à  partir  du  l'"' janvier 
1849.  C'est  aloi"s  que  furent  faites  les  constructions  qui  existent  aujourd'hui;  et 
le  ministre  me  demanda  si,  pendant  les  travaux,  je  ne  jugerais  pas  à  propos  de 
licencier  l'Ecole  pendant  un  an.  Nous  avions  alors  une  cinquantaine  d'élèves,  res- 
tant des  promotions  montant  au  chiffre  de  soixante-trois;  le  cœur  me  saigna  de 
faire  perdre  une  année  entière  à  ces  jeunes  gens,  auxquels  j'étais  naturellement 
attaché.  Je  répondis  d'eux,  et  ils  furent  logés  à  Nozay  chez  des  particuliers,  comme 
les  soldats;  un  restaurateur  était  chargé  de  la  nourriture.  Je  n  ai  eu  qu'à  me  louer 
de  ma  résolution  et  de  la  conduite  de  ces  excellents  jeunes  gens  qui  venaient  tous 
les  jours  à  Grand-Jouan  pour  les  cours  et  les  travaux  pratiques.  Personne  n'a  perdu 
son  temps.  C'était  alors  un  beau  coup  d'œil  de  voir  la  jeune  et  vaillante  population 
qui  nous  entourait,  composée  des  cinquante  élèves  de  l'Ecole  nationale  et  des 
trente  apprentis  de  la  Ferme-Ecole. 

«  Comme  toutes  les  institutions  humaines  d'une  aussi  longue  durée,  celle-ci  a 
connu  de  bons  et  de  mauvais  jours,  des  jours  de  pluie  et  de  soleil,  ressemblant 
en  cela  à  la  vie  du  cultivateur.  Je  vous  ai  entretenus  de  nos  constructions  et  de 
l'heureuse  solution  que  j'ai  obtenue,  en  1849,  dans  l'intérêt  des  élèves.  Les 
constructions  ne  sont  pas  complètes  ;  l'administration  avait  mis  à  ma  dispo- 
sition une  somme  de  200,000  francs.  Dans  l'intérêt  des  ouvriers  du  pays^  je  de- 
mandai  à  faire   durer  les  travaux  pendant  deux  années.  On  dépensa,  en  1849, 


68  LE  CINQUANTENAIRE  DE  GRAND-JOUAN. 

120,000  francs.  Puis,  quand,  en  1850,  je  réclamai  les  80,000  francs  restant,  les 
idées  avaient  changé,  nous  avions  d'autres  ministres  et  il  fallut  me  contenter 
d'une  somme  de  500  francs  pour  parachever  les  travaux  commencés.  Ge  fut  ma 
première  déception. 

a  La  nation  française  est  ainsi  faite  qu'il  lui  faut  de  continuels  changements. 
Peut-être  est-ce  le  secret  de  sa  grandeur.  Dans  tous  les  cas,  l'Ecole  de  Grand- 
Jouan  n'eut  pas  à  se  féliciter  des  changements  qu'elle  a  subis.  Après  avoir  été 
largement  dotée  de  300  hectares  de  terre  et  d'un  nombreux  et  magnifique 
bétail,  l'Ecole  a  vu  successivement  diminuer  cette  dotation,  pour  arriver  aux  plus 
faibles  proportions  possibles,  il  y  a  quelques  années.  Les  conséquences  ne  se  sont 
pas  fait  attendre  ;  les  étrangers,  les  visiteurs  et  les  élèves  ne  trouvant  plus  les 
attraits  d'autrefois,  sont  devenus  de  plus  en  plus  rares, 

«  Aujourd'hui,  ces  temps  nébuleux  me  paraissent  être  à  leur  fin  ;  et  de  l'excès  du 
mal  naîtra  le  bien,  ainsi  qu'il  arrive  toujours.  De  nombreux  symptômes  favorables 
apparaissent  de  divers  côtés,  et  je  veux  en  prendre  date  avec  vous,  à  cet  anniver- 
saire que  nous  fêtons  ensemble.  * 

«  En  somme,  les  deux  Ecoles,  qui  ont  été  fondés  sur  le  domaine  de  Grand- Jouan, 
ont  donné  l'instruction  agricole  à  un  nombre  total  de  1,037  jeunes  gens,  instruc- 
tion qui  leur  a  été  utile  dans  toutes  les  phases  de  leur  existence. 

ce  A  leur  tour,  ils  auront  répandu  cette  instruction  soit  par  l'enseignement 
direct,  soit  par  leurs  relations. 

«  Lorsque  l'on  examine  l'état  de  notre  civilisation,  ses  besoins,  sa  production 
et  sa  consommation,  on  arrive  toujours  à  cette  conclusion,  savoir  :  que  dans 
l'intérêt  de  l'humanité  nous  ne  produisons  pas  assez  de  denrées  de  consommation. 
Il  faut  donc  apprendre  à  produire,  et  former  des  agriculteurs  producteurs  en 
nombre  immense. 

«  Il  n'y  en  aura  jamais  assez  pour  le  bien  général.    » 

M.  Londet,  entourédes  membres  du  comité,  remet  ensuite  à  M.  Rieffel 
le  magnifique  objet  d'art  qui  sort  des  ateliers  de  Christophle,  et  dont 
tout  le  monde  reconnaît  le  caractère  à  la  fois  sobre  et  élégant.  Une 
renommée  s'élève  au  milieu  d'emblèmes  agricoles  et  écrit,  sur  une 
table,  le  nom  de  M.  Rieffel,  avec  les  deux  dates  de  1830  et  de  1880. 
Ensuite,  sous  la  direction  de  M.  Ronchail,  sous-directeur,  de  MM.  Lon- 
det, Saint-Gai,  Chazely,  Roussille,  Bouscasse,  professeurs,  et  de  MM. 
Fiévet  et  Lucien  Lembezat,  répétiteurs,  on  visite  l'école.  C'est  alors 
surtout  que  les  anciens  élèves  se  plaisent  à  reconnaître  les  transfor- 
mations que  le  temps  a  opérées  :  les  collections  pour  l'enseignement 
forment  un  musée  parfaitement  organisé;  les  laboratoires,  sans  avoir 
encore  toutes  les  ressources  dont  ils  pourraient  disposer,  sont  bien 
agencés;  dans  deux  galeries,  sont  installés  les  nombreux  instruments 
d'intérieur  et  d'extérieur  nécessaires  pour  les  démonstrations  du  génie 
rural;  enfin  les  champs  et  jardins  d'études  sont  organisés  et  cultivés  avec 
un  goût  et  un  soin  qui  font  le  plus  grand  honneur  aux  professeurs 
et  au  jardinier  M.  Moitié.  L'avis  unanime  est  que  Grand-Jouan  possède, 
dans  son  corps  enseignant  et  dans  les  outils  mis  à  sa  disposition,  tous 
les  éléments  nécessaires  pour  prendre  rapidement  un  grand  ossor  et 
ajouter  encore  d'immenses  services  à  ceux  qu'elle  a  déjà  rendus.  L'École 
n'est  plus  comme  jadis,  dans  une  sorte  de  désert.  Le  chemin  de  fer 
de  Nantes  à  Chateaubriant  passe  à  une  dizaine  de  kilomètres  et  une 
nouvelle  voie  ferrée  qui  va  être  construite,  aura  une  gare  à  Nozay., 
tout  près  de  l'Ecole. 

La  fête  s'est  terminée  par  un  banquet  très  bien  organisé  sous  une 
vaste  tente  ornée  avec  le  plus  grand  goût  par  les  organisateurs.  Par- 
tout des  fleurs,  des  guirlandes  et  des  festons.  Inutile  d'insister  sur  la 
cordialité  qui  n'a  cessé  d'y  présider,  mais  nous  devons  indiquer  en 
quelques  mots  les  toasts  qui  en  ont  été  le  couronnement.  M.  Londet 


LE  CINQUANTENAIRE  DE  GRAND-JOUAN.  69 

parle  le  premier  au  nom  de  l'association  des  anciens  élèves  ;  M.  Rief- 
lel  lui  répond,  mais  à  plusieurs  reprises  l'émotion  l'interrompt,  et 
c'est  par  un  tonnerre  d'applaudissements  que  ses  paroles  qui  vont  au 
cœur,  sont  accueillies.  M.  de  Lapparent  promet  à  l'École  son  concours 
le  plus  dévoué  et  boit  à  sa  prospérité.  M.  Salvat  salue,  au  nom  des 
anciens  élèves,  Mme  Lembezat  qui,  pour  tous,  est  l'image  du  dévoue- 
ment filial  et.de  la  suprême  bonté.  Puis,  successivement,  M.  Dutertre, 
au  nom  de  l'École  de  Grignon;  Me  Barrai,  au  nom  de  la  Société  natio- 
nale d'agriculture;  M.  Lecouteux,  au  nom  de  la  presse  agricole; 
M.  Ronchail,  pour  les  anciens  élèves  de  la  ferme-école  et  de  l'Ecole; 
M.  Chenel,  saluent  en  termes  chaleureux,  souvent  éloquents,  le  fonda- 
teur de  Grand-Jouan  et  son  œuvre.  M.  Lembezat,  au  nom  de  la  famille 
de  iM.  Rieffel,  adresse  à  tous  les  remercîments  les  plus  vifs  et  les  plus 
complets. 

Le  soir,  grande  illumination  et  feu  d'artiPce.  Plusieurs  milliers 
d'habitants  sont  accourus  de  tous  les  lieux  d'alentour  saluer  aussi  le 
vieil  athlète  de  leur  pays  C'est  un  magnifique  couronnement  de  la 
fête.  Pour  notre  part,  rarement  nous  avons  vu  spectacle  plus  émou- 
vant; c'est  qu'on  n'a  pas  tous  les  jours  devant  soi  un  demi- siècle  de 
vertus  élevées  et  de  travail  fécond.  De  quelque  vénération  que  le  nom 
de  Rieffel  soit  entouré  aujourd'hui,  il  rayonnera  bien  plus  vivement 
dans  l'avenir,  quand  tout  le  monde  comprendra,  par  expérience,  la  né- 
cessité de  l'instruction  agricole.  Ainsi  qu'on  l'a  si  bien  dit  hier,  trois 
grands  noms  resteront  à  jamais  illustres  dans  les  fastes  de  l'agriculture 
nationale,  et  leur  gloire  ira  sans  cesse  en  grandissant  :  Mathieu  de 
Dombasle  qui  a  créé  Roville,  Auguste  Bella  qui  a  créé  Grignon^  Jules 
Rieffel  qui  a  créé  Grand-Jouan.  Henry  Sagnier. 

Grand-Jouan,  5  juillet  1880. 

MACHINE  DE  FJLOQUE  POUR  BATTRE 

LES  PETITES  GRAINES. 

Dans  un  précédent  numéro,  nous  avons  donné  des  détails  sur  les 
machines  à  vapeur  et  les  machines  à  battre  construites  par  M.  Filoque, 
à  Bourgtheroulde  (Eure).  La  fig.  h  représente  une  machine  à  battre  les 
petites  graines,  telles  que  luzernes,  trèfles,  etc.,  qui  sort  également 
de  ses  ateliers. 

Cette  machine  opère  en  une  seule  fois.  On  engrène  dans  un  cylindre 
conique,  muni  de  nervures,  dans  lequel  tourne  un  batteur  également 
conique,  sur  lequel  sont  placées  des  battes,  posées  en  hélice.  Les 
graines  battues  avec  leur  écorce  tombent  dans  un  second  contre-batteur 
en  toile  métallique  de  forme  demi-cylindrique.  Dans  ce  contre-batteur 
tourne  un  arbre  muni  de  brosses  et  de  lames  formant  hélice;  les 
brosses  détachent  les  graines  qui  pourraient  rester  attachées  à  leur 
écorce.  Les  graines  tombent  ensuite  sur  les  grilles  du  ventilateur  qui 
les  nettoie  de  la  poussière  qui  a  pu  passer  avec  elles  au  travers  du 
contre-batteur  en  toile  métallique.  Toutes  les  balles  et  pailles  sont 
projetées  hors  de  la  machine,  par  l'arbre  qui  porte  les  brosses  et  les 
lames  disposées  dessus  en  hélice;  le  ventilateur  n'a  donc  que  peu  de 
chose  à  faire  pour  rendre  les  graines  propres,  qui  tombent  ensuite  dans 
un  sac. 

Les     quelques   graines  qui    ne    seraient    pas    complètement    dé- 


70         MACHINES  DE  FILOQUE  POUR  BATTRE  LES  PETITES  GRAINES. 

pouillées  de  leur  écorce,  tombent  au  bout  des  grilles  du  ventilateur 
et  sont  remontées,  au  moyen  d'une  chaîne  à  godets,  pour  repasser 
au  batteur. 

Le  prix  de  celte  machine  est  de  1,800  fr.  Une  médaille  d'or  a  été 


/Jr 


Fig.  4.  —  Machine  de  M.  Filoque  pour  battre  les  petites  graines. 

attribuée  à  son  constructeur  au  concours  régional  d'Evreux  en  1 879. 

G.  Gaudot. 

L'INCIDENT  D'ANGERYILLE 

Dans  sa  dernière  chronique,  le  directeur  du  Journal  a  donné  un  aperçu  som- 
maire de  ce  qui  s'est  passé  au  concours  du  Comice  de  Seine-et-Oise,  à  Angerville. 
Un  grave  incident  s'est  produit  :  Le  nom  de  M.  le  ministre  de  l'agriculture  a  été 
hué  par  un  groupe  qui  paraissait  obéir  à  un  mot  d'ordre,  et  qui  a  oublié  jusqu'aux 
principes  de  la  civilité  la  plus  élémentaire.  M,  le  maire  d' Angerville  a  été  inter- 
rompu au  moment  où  il  proposait,  dans  son  toast,  de  remercier  M.  le  ministre 
des  allocations  et  des  médailles  dont  il  a  si  libéralement  doté  le  Comice,  et  qu'on 
venait  de  décerner  solennellement. 

Le  fait  a  eu  un  grand  retentissement,  il  a  été  diversement  apprécié  ;  il  importe 
de  lui  donner  sa  véritable  signification. 

Est-ce,  comme  l'a  avancé  un  journal  agricole,  une  manifestation  des  paysans, 
«  éternels  exploités,  »  contre  un  ministre  qu'il  qualifie  de  fanion  de  discordes  et 
de  haines  implacables  ? 

Est-ce,  suivant  un  communiqué  adressé  à  un  autre  organe  de  l'agriculture,   et 
qui  provient  évidemment  du  président  ou  du  bureau  du  Comice,  un  incident  pure- 
ment local  auquel  le  Comice  est  absolument  étranger? 
^  Non.  Surchauffés  par  les  discours    alarmistes  du   président,  les  sentiments  des 
vieux  partis  ont  fait  explosion  et  se  sont  manifestés  par  ces  huées  intolérantes. 

C'est  en  invoquant  le  spectre  de  l'Amérique,  en  se  déclarant,  au  nom  du  Co- 
mice, partisan  des  droits  de  douane  sur  les  blés  étrangers,  tant  que  les  cours  n'at- 
teindraient pas  le  prix  de  24  francs  l'hectolitre,  en  faisant,  sous  prétexte  de  boire 
à  la  santé  de  M.  le  président  de  la  République,  un  tableau  navrant  de  la  situation 
de  l'agriculture,  que  M.  Pluchet  a  préparé  les  esprits  à  cette  intempestive 
algarade. 

«  Je  n'ai  pas  l'intention,  dit-il  à  la  distribution  des  prix,  de  refaire  devant 
vous  l'historique  de  la  production  agricole  des  divers  pays  qui  viennent  aujour- 
d'hui sur  nos  marchés  taire  à  nos  grains  et  à  tous  les  produits  de  nos  cultures 
et  de  nos  fermes  une  concurrence  qu'il  nous  est  impossible  de  soutenir. 


l'incident  D'ANGERVILLE.  71 

«  Si  l'opinion  publique  eût  été  éclairée  en  particulier  sur  la  véritable  position 
de  la  plupart  des  fermiers  et  sur  les  causes  qui  maintiennent  le  plus  souvent  le 
prix  du  pain  hors  de  proportion  avec  le  prix  du  blé,  peut-être  eût-on  cherché 
ailleurs  un  moyen  plus  juste  de  satisfaire  le  consommateur,  sans  faire  peser  sur 
l'agriculture  de  fâcheux  soupçons  et  des  pertes  répétées  depuis  plusieurs  années 
et  qui  ont  mis  tant  de  gène  parmi  ceux  qui  font  travailler  la  terre.  » 

Est-il  juste,  est-ce  le  fait  d'un  esprit  patriotique  de  jeter  le  cri  d'alarme,  de 
parler  du  profond  découragement  de  l'agriculture  au  moment  où  elle  paraît  re- 
naître à  l'espoir,  quand  les  pouvoirs  publics,  comme  l'ont  si  bien  fait  remarquer 
M.  le  préfet  de  Seine-et-Oise  et  M.  le  député  Dreyfus,  étudient  avec  soin  les 
moyens  de  donner  satisfaction  aux  intérêts  agricoles?  Ces  doléances  extrêmes  sont- 
elles  fondées,  quand  on  entend  le  rapporteur  delà  visite  des  fermes  venir,  immé- 
diatement après  le  président,  faire  un  tableau  saisissant  de  la  pi'ospérité  des  ex- 
ploitations de  l'arrondissement  d'Etampes,  le  moins  favorisé  du  département  sous 
le  rapport  de  la  qualité  du  sol  et  de  la  facilité  d'écouler  les  produits.  Huit  jours 
plus  tôt,  le  rapport  de  la  prime  d'honneur  au  concours  régional  de  Melun  démon- 
trait que  les  concurrents  obtenaient  de  leur  capital  un  intérêt  de  17  à  18  0/0  et 
que  le  lauréat  de  la  coupe,  qui  avait  commencé  dans  des  conditions  très  mo- 
destes, avait  conquis  une  véritable  fortune  sous  l'empire  des  traités  de  1860. 

Ce  contraste  entre  les  faits  et  les  assertions  du  président  est  frappant,  il  prouve 
que  les  agriculteurs  doivent  se  défier  des  entraînements  subits,  des  excitations 
malsaines,  et  ne  rechercher  le  remède  aux  difhcultés  du  moment  que  dans  l'étude 
sérieuse  des  lois  économiques. 

Ils  reconnaîtront  alors  qu'à  l'époque  de  chemins  de  fer^  de  navigation  à  vapeur, 
de  correspondance  électrique  où  nous  vivons,  il  est  impossible  de  revenir  à  l'an- 
tique système  de  chacun  chez  soi,  chacun  pour  soi. 

Nous  sommes  en  présence  d'une  révolution,  dit  M.  le  président  du  Comice  de 
Seine-et-Oise.  —  Gest  vrai,  elle  est  fatale,  inévitable  ;  elle  est  le  résultat  naturel 
de  la  multiphcation  des  rapports  internationaux  et  de  la  rapidité  des  transports. 
Vouloir  y  mettre  une  barrière,  c'est  s'exposer  à  être  renversé.  Il  faut  suivre  le 
courant,  envisager  la  situation  avec  toutes  ses  conséquences,  et  étudier  les  trans- 
formations à  apporter  à  l'industrie  agricole,  au  lieu  de  se  borner  à  réclamer  des 
droits  impolitiques,  qui  augmenteraient  le  prix  des  denrées  de  consommation  sans 
protéger  l'agriculture.  Jules  GtOdefroy. 

PISCICULTURE.  —  LA  RUSSIE 

Un  des  résultats  des  plus  pratiques  de  l'exposition  de  pisciculture 
de  Berlin  est  d'avoir  donné  la  note  de  ce  qu'elle  est  à  peu  près  dans 
l'Europe,  et  même  le  monde^  puisqu'on  sait  que  le  Chinois,  qui  n'est 
peut-être  pas  ce  qu'un  vain  peuple  pense,  en  était  ;  se  faire  aimer  des 
bêtes  à  ce  point  d'en  faire  les  intermédiaires  de  ses  besoins  et  de  ses 
plaisirs,  n'est  pas  si  ordinaire  que  cela  semble;  qui  a  domestiqué  la 
loutre  et  le  cormoran,  qui  est  à  la  veille  de  trouver  le  chien  cVecm?  ce 
rêve  de  notre  vieil  ami  Toussenel,  ose  bien  se  montrer  à  ceux  qui  dans 
la  science  officielle  n'ont  créé  que  la  race  des  mulots  sans  oreilles, 
rêvé  de  larves,  d'anguilles,  ou  annoncé  le  poisson  à  un  sou  la  livre  ! 

Les  équipages  de  loutres  et  de  cormorans  des  grands  seigneurs 
chinois  en  valent  beaucoup  d'autres  de  notre  connaissance,  et  leurs 
marchands  ambulants  de .  frai  de  poissons  l'emportent  de  beaucoup 
sur  les  nôtres,  puisqu'ils  n'existent  pas  encore. 

Tant  d'autres  choses  apportées  à  Berlin,  par  les  fils  du  ciel,  aussi 
curieuses  que  pratiques,  ne  doivent  pas  être  passées  sous  silence; 
nous  nous  en  tiendrons  à  cet  énoncé,  quitte  à  y  revenir  à  notre  heure. 

Le  but  dudit  entretien  est  la  pisciculture  russe,  laquelle,  avec  l'expo- 
sition des  travaux  de  M.  Cirio  au  golfe  de  Tarente,  eut  un  succès  si 
mérité. 

La  supériorité  des  Italiens,  ils  sont  de  haute  race  ces  fils  des  créateurs 
de  Commachio  et  des  pêcheries  de  la  Tresa  (ces  pêcheries  dont  nous 
parlerons  un  jour  sont  entre  les  lacs  de  Lugano  et  Maggiore)  n'a  rien 


72  LA  PISCICULTURE  EN  RUSSIE. 

qui  doive  nous  étonner;  mais  la  Russie  dont  presque  personne  ne  se 
doutait,  les  pas  de  géants  qu'elle  a  faits,  ce  qui  du  reste  nous  fût  prédit 
en  1859  par  notre  ami  Jourdier,  lors  de  sa  mission  agricole  dans  ce 
vaste  empire,  le  point  où  elle  vient  d'arriver  si  brillamment,  sera  Tobjet 
du  présent. 

De  tels  faits  économiques,  nés  des  pratiques  de  la  science  la  plus 
intelligemment  appliquée,  ne  peuvent  être  ignorés  des  lecteurs  de  cette 
Revue.  C'est  à  un  travail  de  M.  Sonda  Keviez,  que  nous  allons  nous 
adresser  d'abord. 

L'établissement  d'Huningue  n'est  qu'à  l'état  d'enfantement  si  on  le 
compare  actuellement  à  celui  de  Nikolsky,  sous  la  direction  du 
ministère  de  l'agriculture  russe,  dit  il  en  commençant,  on  voit  que 
d'entrée  le  début  promet.  Continuons  donc. 

Le  principal  but  des  directeurs  est  de  fournir  aux  eaux  russes 
quelques  espèces  de  poissons  dont  elles  manquent.  Cet  établissement 
est  situé  entre  les  lacs  de  Pestow  et  de  Velio  et  la  rivière  Pestowka,  qui 
reliant  ces  lacs,  alimente  ses  bassins;  de  par  ce  fait  il  est  donc  exac- 
tement à  cbeval  sur  Timmense  bassin  du  Volga  d'un  côté  et  le  lac 
de  Ladoga  de  l'autre.  Sa  longueur  est  d'environ  100  pieds  sur  40  de 
large,  tout  en  bois  sur  fondations  de  pierre. 

Jusqu'ici  je  ne  vois  pas  une  grande  différence  avec  notre  ancien 
Huningue. 

L'intérieur  est  divisé  en  plusieurs  bassins  dont  chacun  contient 
une  espèce  de  poisson  incubée  à  part.  Plus,  8  grands  bassins  en  pierre, 
à  eau  filtrée,  passent  des  réservoirs  à  travers  des  boîtes  contenant  les 
graviers  de  filtration.  L'eau  en  sort  tellement  limpide  qu'à  l'œil  nu  on 
en  peut  découvrir  la  moindre  impureté. 

Là  sont  des  œufs  fécondés  dans  des  caisses  à  jour,  ainsi  que  la 
petite...  friture.  Nous  pensons  qu'il  faut  lire  feuille  ou  alevins,  la 
friture  ne  nous  paraissant  là  pas  tout  à  fait  à  sa  place. 

L'établissement  peut  incuber  de  9  à  1 0  millions  d'œufs  et  avoir 
600,000  alevins  qu'on  élève  jusqu'à  un  an,  le  lavaret  surtout  pour 
lequel  on  fait  de  grands  efforts  d'acclimatation  et  de  multiplication. 

C'est  en  1871  que  les  directeurs  commençaient  la  vente  des  œufs, 
qui  prit  aussitôt  dans  toute  la  Russie  un  développement  énorme;  en 
1 873,  les  9  millions  d'œufs  ne  suffisaient  déjà  plus,  car,  seule,  l'école 
forestière  de  Pétrowsky  en  recevait  plus  de  2,000  par  jour. 

Un  second  établissement  fut  donc  créé  dans  le  gouvernement  de 
Sawalki  près  la  ville  du  même  nom,  oii  l'on  élève  surtout  truites  et 
saumons,  les  salmonidés  indigènes,  en  un  mot,  et  autres,  lescorégones 
surtout,  dans  la  description  desquelles  nous  ne  nous  lancerons  ;  car, 
pour  le  pisciculteur  sérieux,  c'est  un  bridant  terrain  sur  lequel  on 
attendra  que  la  science  pure  se  mette  d'abord  d'accord.  15  lacs  dudit 
gouvernement  ont  déjà  été  empoissonnés  par  cet  établissement  et  de 
1860  à  1869,  le  produit  de  la  pêche  avait  été  augmenté  de  7  pour  100. 
Nous  pensons  qu'il  y  a  là  une  petite  erreur  de  chiffres  qui  doit  être 
établie  ainsi  :  1 870  à  1 879. 

L'initiative  privée  n'est  non  plus  restée  en  arrière  de  ce  grand  mou- 
vement officiel  et  le  nom  de  M.  Zermern  et  de  ses  magnifiques  sau- 
monnières  à  quelques  lieues  de  St-Pétersbourg  est  en  effet  justement 
connu  au  delà  des  frontières  de  l'empire. 

L'inspecteur  général  des  pêches,  M.  Holmberg,  a  spécialement  installé 


LA  PISCICULTURE  EN  RUSSIE.  73 

pour  la  truite  les  établissements  de  Stockfors  et  d'Abortorfs  dans  les 
gouvernements  de  Viborg,  Newland,  etc.,  sur  les  rivières  débouchant 
dans  le  golfe  de  Finlande  surtout. 

Dans  tous  ces  établissements  le  système  humide  dans  la  fécondation 
a  fait  place  depuis  1 8G3  à  la  fécondation  sèche  trouvée,  comme  on  le  sait, 
par  M.  le  professeur  Vrasky. 

Nous  n'avons  rien  à  ajouter  à  ce  que  nous  avons  dit  à  nos  lecteurs 
de  ces  procédés  Vrasky,  qui,  tout  en  ayant  notre  complète  approbation, 
ne  nous  feraient  cependant  pas  lui  sacrifier  notre  bonne  vieille  manière 
de  gloser  le  père,  qui  nous  donnait  de  90  à  95  pour  1 00  de  réussite. 
(Détails  au  n°  f)51  de  la  collection  du  Journal). 

Le  prix  des  œufs  de  truite  est  de  9  fr.  75  le  mille  ;  pour  les  embryons, 
9  fr.  75  le  cent  ;  les  alevins  à  6  mois,  31  fr.  le  cent  et  pour  les  truitons 
de  18  mois,  98  fr.  le  cent. 

Tel  est  donc  l'état  du  mouvement  piscicole  russe,  on  s'explique  du 
reste  pourquoi  cet  empire  si  vaste  a  embrassé  cette  question  avec  tant 
d'ardeur. 

Les  pêcheries  du  Volga  n'étaient-elles  pas  seules,  même  dans  l'état 
rudimentaire  et  si  dangereux  (la  terrible  épidémie  de  peste  noire  chez 
les  riverains  du  grand  ^fleuve  ne  date-t-elle  pas  d'hier)  un  produit  de 
quelques  millions  de  roubles,  1 2  ou  1 3  millions  de  francs  croyions-nous  ? 
Or,  sous  l'impulsion  des  Holmberg  et  autres  pisciculteurs  chargés  de 
l'inspection  générale  des  pêches  dont  nous  avons  parlé  dans  cette  Revue 
il  y  a  longtemps;  à  quels  résultats  n'arriveront-ils  pas,  le  jour  où  la 
science,  dirigeant  une  pratique  intelligente,  présidera  à  l'utilisation  et  à 
la  direction  de  si  immenses  ressources. 

Il  y  aurait  là  pour  nous  des  chiffres  que  la  plus  haute  fantaisie  ne 
craindrait  pas  d'énoncer  mais  que  nous  laissons  à  la  plume  compétente 
du  jeune  écrivain  auquel  nous  devons  cette  intéressante  communication. 
—  Un  de  nos  lecteurs  nous  demande  quelques  explications  sur  le 
chiffrede  13, 000 bateaux  de  pêche  annoncé  par  nous  dans  notre  dernier 
entretien,  n"  583  du  Journal. 

Cette  demande  de  renseignements  a  une  forme  si  aimable  et  si  com- 
pétente que  nous  aurions  mauvaise  grâce  à  ne  pas  essayer  de  satisfaire 
une  aussi  légitime  curiosité. 

Ce  chiffre  est  pris  du  remarquable  rapport  de  M.  de  Forcade  La 
Roquette,  suivant  les  décrets  du  2  mai  1862  et  autres,  signés  deChas- 
seloup-Laubat,  qui  apportaient  des  modifications  si  profondes  aux 
règlements  de  la  marine. 

Ce  point  de  fait  vidé,  nous  prendrons  la  liberté  de  continuer,  afin 
qu'à  l'avenir  notre  correspondant  n'ait  plus  son  étonnement  mis  à 
pareille  épreuve.  L'Irlande  avec  ses  9  millions  d'habitants  avant  1846, 
avait  20,000  barques  de  pêche,  réduites  à  6,000,  il  est  vrai,  après  la 
famine  et  l'émigration  qui  suivirent,  pour  remonter  à  12,000  en  1863, 
époque  de  la  grande  enquête  parlementaire  sur  la  pisciculture. 

Actuellement  les  3  îles  sœurs  n'ont  pas  moins  de  5,000  barques, 
montées  par  500,000  moissonneurs  de  la  mer  qui  chaque  matin 
partent  prendre  le  poisson,  lequel  vendu  le  soir  même  à  des  agents 
spéciaux  aux  cent  points  de  débarquement,  arrivent  par  les  1 00  voies 
qui  y  aboutissent  aux  grands  centres  de  l'intérieur. 

Seule,  la  ville  de  Manchester  en  consomme  20,000  tonnes!  Voir 
pour  plus  de  détails  les  n°'  405  et  532  du  Journal. 


74  LA  PISCICULTURE  EN  RUSSIE. 

Que  noire  honorable  abonné  nous  permette  à  notre  tour  une  petite 
interroû;ation.  Pourquoi  la  l'Yance,  avec  une  population  de  un  cin- 
quième plus  grande  (mali>ré  la  perle  de  nos  chères  provinces)  n'en 
pourrait-elle  avoir  autant,  puisqu'elle  aussi  a  ses  2,700  ou  2,800  kilo- 
mètres de  côtes. 

Il  se  constate,  il  est  vrai,  à  notre  grande  joie,  une  diminution  dans 
la  pêche  Imulurière^  on  avance  même  que  le  coefticient  en  serait  de 
22  pour  1 00  tous  les  3  ans,  et  cela  en  correspondance  avec  l'augmen- 
tation du  matériel  et  des  produits  de  la  pêche  côtière. 

De  là  les  lamentations  de  tous  nos  armateurs  qui,  n'osant  pourtant 
pas  se  plaindre  de  la  diminution  de  nos  inscrits  qui  suit  naturellement 
la  même  progression,  se  récrient  sur  les  malheurs  du  temps  et  peignent 
bien  noirs  les  diables  à  la  paroi  ! 

Pauvres  armateurs,  comme  nos  filateurs,  nos  maîtres  de  forges, 
tous  ruinés,  mais  toujours  millionnaires,  comme  le  leur  disait  au  par- 
lement, il  n'y  a  que  quelques  jours,  notre  ministre  de  l'agriculture, 
M.  ïirard,  dans  son  langage  aussi  clair  que  précis.  La  direction  du 
Journal  avait  les  observations  qui  précèdent  trois  semaines  avant  les 
intéressants  discours  de  MM.  Rouher  et  Perrin  sur  les  primes  à  la  marine 
marchande;  séance  de  la  Chambre  des  députés,  28  et  29  juin  1880. 

Ne  pas  rappeler  à  ce  propos  les  belles  pages  qu'il  y  a  plus  de  trente 
ans,  notre  cher  Toussenel  consacrait  à  cette  barbarie  officielle:  qui 
grâce  à  nos  raillions  de  subvention,  sous  prétexte  du  recrutement  des 
équipages  de  la  flotte  fait  disparaître  tous  les  jours  davantage  baleines, 
phoques,  lamentins,  tous  ces  grands  nettoyeurs  volontaires  de  la  haute 
mer,  ce  serait  plus  qu'un  oubli. 

La  pisciculture  qui  renaissait  chez  nous  à  cette  même  époque, 
comprenant  aussitôt  quel  emploi,  autrement  profitable  à  la  nation,  on 
pourrait  faire  de  ces  millions,  et,  au  nom  de  la  science,  joignit  aussitôt 
sa  voix  à  celle  de  notre  si  spirituel  ami,  et  dit  :  mais  donnez-les  à  vos 
commissaires  de  la  marine,  ces  millions;  faites-les  directement  par- 
venir aux  marins,  aux  navigateurs  de  nos  côtes,  sous  forme  de  subven- 
tions, de  prêts,  etc. 

De  là  en  acheminement,  le  premier  décret  cité  plus  haut  prenant  en 
1 SG9  nos  richesses  maritimes  à  9,300  barques  montées  par  40,300  ma- 
rins et  les  laissant,  en  1876,  à  20,582  barques  montées  par  68,31 7  ma- 
rins; ces  chiffres  sont  officiels. 

Espérant  que  ces  quelques  chiffres  qui  nous  ont  entraîné  plus  loin 
que  nous  ne  voulions,  satisferont  notre  honorable  lecteur-correspon- 
dant, nous  prendrons,  en  finissant,  la  liberté  de  les  recommander  à 
l'attention  de  ceux  dont  les  décisions  sont  si  impatiemment  attendues 
pour  la  solution  des  grands  intérêts  dont  en  ce  moment  même  ils  ont 
accepté  la  responsabilité.  Chabot-Karlen, 

Thun  (Suisse).  Correspondant  de  la  Société  nationale  d'agriculture  de  France. 

REVUE  GOMERCIiLE    ET   PRIX-COURANT  DES  DENRÉES  AGRICOLES 

(10  JUILLET  1880). 
I.  —  Situation  générale. 
La  situation  est  la  même  que  durant  les  semaines  précédentes.  Peu  d'affluence 
sur  les  marchés,  et  ventes  insignifiantes  pour  le  plus  grand  nombre  des  denrées. 
II,  —  Les  grains  et  les  farines. 
Les  tableaux  suivants  résument  les  cours  des  céréales,  par  quintal   métrique, 
sur  les  principaux  marchés  de  la  France  et  de  l'étranger. 


REVUE  COMMERCIALE   ET  PRIX-COURANT  (10  JUILLET   1880). 


75 


REGION. — 


NORD-OUEST. 

Blé.    Seigle.   Orge. 


Calvados.  Condé 

—  Lisieux 

Côtes-d.-Nord  POntrieux 

—  Tréguier *. .. 

Finistère.  Morlaix 

—  Quimper 

lUe-et-Vilaine.  Rennes. 

—  St-M.lo 

Manche.  Avranches. ... 

—  Pontorson 

—  Villedieu 

Mayenne.  Laval 

—  Château-Gontier.. 
Morbihan.  Henneboat.. 
Orne.  Séez 

—  Vimouliers 

Sarthe.  Le  Mans 

—  Mamers 


fr. 
31.00 
31.00 
31  00 

29.50 
29.50 
31.50 
31.00 
31.00 
31.50 
31.75 
30.00 
28.50 
27.50 
30.00 
31.50 
29.  SO 
31.00 


fr. 
24.50 


25.00 
24.50 
23.00 


fr. 
20.  SO 


Avome. 

fr. 
25.00 


22.50 

23  00 

24.25 

22.50 

23.50 

22.50 

22.50 

24.50 

20.75 

2Ï.O0 

21.00 

22.00 

24.05 

26.50 

21.50 

28.00 

23.00 

27.00 

Prix  moyens 30.40    2s. 25 

2«  RÉGION.  —  NORD 


Aisne.  Soissons 29.75 

—  St-Quentin 30.00 

—  Château-Thierry..  29.75 
Sure.  Evreux 30.25 

—  Conches 31.00 

—  Bernay 31.00 

Eure-et-Loir.  Chartres.  28.50 

—  Auneau 29.25 

—  Nogent-le-Rotrou.  33.09 
/Vord. Cambrai 28.50 

—  Douai 29.00 

—  Valenciennes 30.50 

Oise.  Beauvais 28.75 

—  Compiègne 3o.0o 

—  Noyon 30.00 

Pas-de-Calais.  ArrsLS...  30.00 

—  Saint-Omer 30.50 

Seine.  P;ris 31.25 

S.-et-Marne  Dammartin   28.00 

—  Nemours 30.75 

—  Provins 31.00 

S.-et-Oise.  Angerville...  33.00 

—  Pontoise 30.00 

—  Rambouillet 28.75 

Seine-Inf'erieure.  Rouen  28.30 

—  Dieppe 31.25 

—  Yvetot 29.75 

Somme.  Abbeville 29.00 

—  Péronne 29.25 

—  Roye 30  00 

Prix  moyens 29.95 


22.25 
22.00 
20.75 
19.00 

20.00 

20.60 

20.00 
19.50 
22.50 
20.00 
21.00 
21.50 
19.75 
20.75 
22.50 
20.50 
22.70 
22.80 

22.25 
19.25 
20.25 


20.75 
20.86 


22.50 
24.25 
20.00 
20.50 
22.20 


22.00 
22.25 
21.50 
21.50 
22.00 
22.10 

20.25 

22.00 
20.00 

21.00 
21.75 
21.50 
19.50 
18.75 
22.75 
19.25 
•21.00 
21.25 
28.50 


19.50 
20.00 
20.50 


23.00 
28.00 
26.25 


23.50 
21.50 

20.  oe 

23.25 
25.20 
24.50 
22.75 
22.70 
27.05 
18. 00 
20. OO 
19.50 
24.25 
22.50 
21.50 
21.50 
21.00 
24  25 
21.50 
22.00 
23.75 
23 .  50 
21.25 
22.00 
26.10 
23.50 
19.25 
20.00 
22,00 
2Î.00 


21.11     22.29 


3»  RÉGION.  —  NORD-EST. 

ilrdenne*.  Charleville...  31.60  23.75    • 

Aube.  Bar-sur-Aube  ...  30.00  » 

--    Méry-sur-Seine...   30.25  22.75 

—  Troyes 30.75  23.00 

âf orne.  Chàions 30.50  22.25 

—  Epernay si.bo  2t.  50 

—  Reiras 29.50  23.00 

—  St-Ménéhould 30.50  » 

Hte-Marne.  Chaumont..  31.25  » 

Meurt. -et-Moselle  Ha^ncy  30.2»  22.00 

—  Lunéville 31.25  21.50 

—  Toul 30.00  » 

Afeuse.  Bar-le-Duc 30.25  22.25 

—  Verdun 30.50  23.00 

Haute-Saône.  Gray 31.50  » 

—  Vesoul 32.30  20.95 

K08ge«.  Epi n al 32.50  23.00 

—  Raon-1'Etape 32.00  23.50 

Prix  moyens 30.91  22.50 

4«  RÉGION.   —  OUEST. 

Charente.  Angoulême,.  32.25  23.00 

—  Ruffec 32.50  24.00 

G/iorenie-M/'ér. Marans.  30.50  » 

Defu.x-S'evres .  Niort 32.50  » 

Indre-et-Loire.  Tours..  31.75  22.25 

—  Bléré 30.00  20.00 

—  Château-Renault.  30.00  21.00 

toire-M/". Nantes 29.50  21,75 

if.-et-Z,otre.  Saumur.  ..  30.75  » 

Vendée.  Luçon 29.00  ■ 

—  Fontenay 30. 00  » 

Ktenne.  Chàtellerault...  31.20  22.75 

—  Loudun 31.50  » 

Haute-Vienne.  Limoges  31.25  23.00 

Prix  moyens.,..,,,  30. 9i  22.22 


22.50 
20.50 
19.00 
21.25 
22.75 
20.50 
21.50 
22.00 

18  50 
iO.75 
20.50 
20.50 
20.25 

19.05 


25.75 
25.00 

22.25 
23.00 
21.50 
23.00 
22.25 
24.50 
19.25 
23.25 
24.20 
23.50 
22.50 


24.25 
22.00 
20.50 
21.50 
22.75 
22.50 
22.00 
22  50 
19.50 
19.50 
20.25 
20.00 
22.00 
20.75 
20.00 
19.35 
20.75 
21.00 

21.17 


27.00 
23.25 
23.00 
23.00 
22.50 
23.50 
22.25 
24.00 
25.00 
22.50 
23.00 
20.25 
24.50 
22.25 


AUier.  Moulins 

—  Montluçon... . 

—  Gannat 

Cher.  Bourges 

—  Graçay 

—  Vierzon 

Creuse.  Aubusson.. . 
Indre.  Chàleauroux. 

—  Issoiidun 

—  Valençay 

Loiret.  Orléans 

—  Gien 

—  Montargis 

Loir-et-Cher.  Ulois.. 

—  Montoire 

Nièvre.   Nevers 

—  La  Charité.... 
Vonne.  Brienon 

—  St-Florentin... 

—  Sens 


5«  RÉGION.  —  CENTRE. 

Blé.    Seigle, 
fr.        fr° 


24.00 
22.75 
23.00 
21.25 
25.10 

s> 
23  50 
23.00 
20.25 
23.00 


Orge. 


22.75 

23.00 
25.20 
24.25 


Avoine. 

fr. 

22.00 
22.75 
23.50 
23.50 
22.00 
24.50 
22.25 

23.00     21.25 
»         22.50 

23.25     22.50 


22.75 
21.50 
21.25 

23.50 
22.75 
19.00 
20.50 


Prix  moyens. 


..   31.38     22.65 


23.50 
20.00 
24.20 
21.50 
23.00 
21.50 
24.50 
23.50 
20.25    -22.25 

22.35     22.67 


Ain.  Bourg 

—  Pont-de-Vaux. ... 
Côle-d'Or.  Dijon 

—  Beaune 

Doubs.  Besançon 

Isère.  Grenoble 

—  Bourgoin 

Jura.  Lons-ie-Saunier. . 

Loire.  St-Ktienne 

P.-de-Dôme  Glermonl  F, 

Rhône,  Lyon 

Saône-et- Loire.  Châlon. 

—  Louhans 

Savoie.  Chambéry 

Hte-Savoie.  Annecy 

Prix  moyens 


21.25 
24.00 


32.70     23.63     22.11     21.18 


7*  REGION.  —  SUD-OUEST. 


Ariège.  Pamiers 

Dordogne.  Bergerac... 
Hte-Garonne.  Toulouse. 

—  Viliefranclie-Laur. 
Gers.  Condom 

—  Eauze 

—  Mirande 

Gironde.   Bordeaux.... 

—  Bazas..'. 

Landes.  Dax 

Lot-et-Garonne.  Agen.. 

—  Néruc 

B. -Pyrénées.  Bayonne. . 
Htes-P  y  rénées.  Tarbes. 


33.00 
34.00 
32.75 
33.00 
32.75 
32.60 
33.25 
32.75 
33.00 
33  75 
32.00 
33.50 
34.00 
33.50 


24.50 
26.25 
25.75 
27.25 


2Î.25 
24.25 
21.00 


25.75 
26.00 


Prix  moyens 33.13    24. 8( 

8'  RÉGION.  —  SUD. 
Aude.   Carcassonne. ...  32.50 
Aveyron.  Villefranche.  32.70 

Cantal.  Mauriac 35.35 

Correze.  Luberzac 33.00 

Hérault.  Cette 30.75 

Lot.  Figeac 32.50 

Lozère.  Mende 32.45 

—  Marvejols 31.65 

—  Florac 31.25 

Pj/rénées-Or.  Perpignan  31.90 

Tarn.  Albi 32.00 

Tarn-et-Gar. Montauban  32.75 


31.25 
24.50 

23.25 
28.85 
23.60 
20.90 
22.60 


20.60 
21.75 


24.25 
22.20 

21.75 

23.25 
20.00 
22.50 
24.75 

22.15 
23.00 


23.75 
21.75 
22.75 
23.25 
26.00 

25  00 

26  50 
23.75 
23.00 

*24.50 
25.00 
23.50 
23.25 
24.00 


Prix  moyens 

9»  RÉGION. 

Basses-^ipes.  Manosque 
Hautes-Alpes.  Briançon 
Alpes-Maritimes  Ca.nii%s 

Ardèche.  Privas 

B.-du-Rhône.  Arles.... 

Drôme.  Valence 

Gard.  Nimes 

Haute-Loire.  Le  Puy... 

Var  .  Draguignan 

Vaucluse.  Carpentras... 

Prix  moyens 

Moy.  de  toute  la  France 
—  de  la  semaine  précéd. 
Sur  la  semaine  \  Hausse, 
précédente..     {Baisse. 


24.75 
22.50 
25.55 
23.00 
18.50 
22.70 
23.50 

24.40 
26.65 
24.50 
24.50 

32,40     24.93     22.36     23.69 
—  SUD-EST. 

31.25         » 

20.00 
22 .  50 
22.30 


).50     21.50 


20.50 
21.75 
20.60 
20.75 


22.00 


31.20 

32.25 

31.70 

32.50 

32.50 

32.75 

32.25 

32.50         »  » 

32.25         »  P 

32.12     22.56     20.68 

31.54     23.05     21.86 

31.98     23.07     22.94 


18.00 
22.50 


32.00 

21.00 
21.70 
21.80 
21.50 
21.00 

20.25 

ao.50 

21.22 
22.71 
22,82 


0.44    0.02      1-08      0.11 


76  REVQE  COMMERCIALE  ET  PRIX-COURANT. 

Ble.  Seigle.          Orge.  Avoine 

fr  Ir.                 fr                 fr. 

Angleterre.              Londres 31  ôO  »  20.75  ?!  00 

Belgique.                  Anvers 27.r,0  56  00  23.25  23.75 

—  Bruxelles 30.25  ->                 .                 ■> 

—  Liège 31  00  25.25  23.00  21.  T5 

—  Naumr 30. .^0  23  50  23.00  21.50 

Pays-Bas.                Amsterdam 23.9)  21.95 

Luxembourg.  Luxembourg 31.00  21.25  24.25        22  50 

Alsace-Lorraine.  Metz 30.50  25.00  20.75        22  00 

—  Strasbourg 31.75  25.(10  23.25        21. Oq 

—  Mulhouse 32.75  »                 •            21.25 

Allemagne.  Berlin 27.60  23  50 

—  Cologne 30  60  26.85 

—  Hambourg 25.35  21. CO 

Suisse.  Genève 33  25  »  •  24.00 

—  Zurich 32.50  •  -.  23.25 

Ilalie.  Milan 33  40  23. .50  »  21  50 

Autriche.]  Vienne 25.50     .    23  25         18.25  16  15 

Espagne  Burgos ...  33  00  »  »  » 

Russie.  Saint-Pétersbourg...  26.50  20.25  •  15  10 

Etats-Unis.  Ne\v->ork 23.00  »  »  » 

Blés.  —■  La  moisson'est  commencée  dans  le  sud-est  de  la  France,  ainsi  que 
nous  le  disions'dans  notre  dernière  Revue.  Les  premiers  renseignements  que  nous 
avons  recueillis  tendent  à  montrer  que  la  production  est  jalouse,  suivant  l'expres- 
sion consacrée;  elle  donne  ici  des  résultats  remarquables,  et  à  côté  de  faibles  ren- 
dements. Il  faut  ajouter  que  cette  région  n'est  pas  celle  qui  est  grande  produc- 
trice de  grain.  En  outre,  il  serait  absolument  téméraire  d'en  déduire  des 
conjectures  pour  ce  qui  se  passera  dans  le  reste  du  pays.  Agriculteurs  et  commer- 
çants sont  aujourd'hui  dans  l'attente.  Les  approvisionnements  sont  aujourd'hui 
suffisants  potir  attendre  les  premiers  blés  ;  il  n'y  a  donc  que  très  peu  d'affaires, 
les  marchés  n'offrant  d'ailleurs  qu'un  approvisionnement  très  réduit  —  A  la  halle 
de  Paris,  le  mercredi  7  juillet,  sous  l'influence  des  causes  qui  viennent  d'être 
indiquées,  les  affaires  ont  été  presque  nulles  ;  les  prix  sont  faibles  et  accusent  de 
la  baisse  depuis  huit  jours.  On  cotait  de  30  à  32  fr.  50  par  lOU  kilog.,  suivant  les 
qualités.  Le  prix  moyen  s'est  établi  à  31  fr.  25.  —  Sur  le  marché  des  blés  à  livrer, 
on  paye  par  iOO  kilog.  :  courant  du  mois,  28  fr.  75  à  29  fr.;  aoiàt,  27  fr.  50; 
quatre  derniers  mois,  26  fr.  25;  quatre  mois  de  novembre,  25  fr.  50  à  25  fr.  75, 
—  Au  Havre,  les  cours  sont  assez  faibles  sur  les  blés  d'Amérique,  que  l'on  paye 
de  28  à  30  fr.  50  par  100  kilog.  suivant  les  sortes.  —  Marseille,  les  transactions 
sont  devenues  très  calmes  sur  toutes  les  sortes  :  les  arrivages  de  la  semaine  ont 
été  de  210,000  hectolitres  environ.  Au  dernier  jour,  on  cotait  par  100  kilog.  : 
Berdianska,  30  à  30  fr.  25  ;  Marianopoli,  29  fr,  75;  Danube,  26  fr  25  à  27  fr.  25; 
L'ka,  Nicopoli,  28  à  28  fr.  50;  Irka  supérieurs,  28  à  28  ir.  50.  Le  stock  s'est  un 
peu  relevé  dans  les  docks;  il  était  au  2  juillet,  de  33,000  quintaux  métriques.  —  A 
Londres,  les  arrivages  de  blés  étrangers  durant  la  semaine  dernière  se  sont  com- 
posés de  169,520  quintaux  métriques;  le  marché  présente  assez  d'activité.  Les 
prix  sont  ceux  de  la  semaine  dernière;  on  paye  de  30  à  33  fr.  par  100  kilog.,  sui- 
vant les  qualités  et  les  provenances. 

Farines.  —  Après  quelques  oscillations  à  la  fin  du  mois  dernier,  les  cours 
présentent  plus  de  stabilité,  principalement  en  ce  qui  concerne  les  farines  de 
consommation.  Celles-ci  étaient  payées  à  la  halle  de  Paris,  le  mercredi  7  juillet  : 
marque  D,  67  fr.  ;  marques  de  choix,  65  à  67  fr.;  bonnes  marques,  64  à 
66  fr.;  sortes  ordinaires  et  courantes,  63  à  6k  fr.;le  tout  par  sac  de  159  kilog., 
toile  à  rendre,  ou  157  kilog.  net,  ce  qui  correspond  aux  prix  extrêmes  de  59  fr.  50  à 
42  fr.65  par  100  kilog.,  ou,  en  moyenne,  41  fr.  10,  c'est  une  baisse  deOfr.  60  cent, 
sur  le  prix  moyen  du  mercredi  précédent.  —  En  ce  qui  concerne  les  farines  de 
spéculation, on  cotait  à  Paris  le  mercredi  7  juillet  au  soir  :  farines  huit-marques, 
courant  du  mois,  62  fr.  75;  aoiàt,  60  fr.  25;  quatre  derniers  mois,  56  fr.  ;  quatre 
mois  d^  novembre,  55  fr.  50:  farines  supérieures,  courant  du  mûis,  63  fr.  25; 
aoJit,  (jl  fr.;  quatre  mois,. 35  fr.  50;  quatre  mois  de  novembre,  35  fr.  25;  le  tout, 
à  l'exception  des  deux  dernières  cotes,  par  sac  de  159  kilog,,  toile  perdue  ou 
157  kilog.  net.  —  La  cote  officielle  en  disponible  a  été  établie,  comme  il  suit, 
pour  chacun  des  jours  de  la  semaine,  par  sac  de  157  kilog,  net: 

aaSDates  (juillet) l"  2  3  5  6  7 

Pirines  hiiit-mariues 64.0)  64.00  63. .50  63.35  62. .50        62.75 

.     —     ^apérieurei 65.00  62,75  63.00  63.35  63. OJ        63.25 


DES  DENRÉES  AGRICOLES   (10  JUILLET   1880;.  77 

Le  prix  moyen  a  été  pour  les  farines  huit-marques,  64  fr.  25  ;  et  pour  les  supé- 
rieures, 64  fr.,  ce  qui  correspond  aux  cours  de  40  fr.  30  et  de  40  fr.  10  par 
100  kilog.  C'est  une  baisse  de  1  fr.  6  )  pour  les  premières,  et  de  i  fr.  90  pour  les 
secondes  depuis  huit  jours. —  Les  farines  deuxièmes  sont  vendues  aux  mêmes  cours 
que  la  semaine  dernière,  de  34  à  39  fr.  par  quintal  métrique. 

Seigles  —  On  peut  dire  que  les  affaires  sur  ce  grain  sont  à  peu  près  nulles. 
Les  cours  sont  nominaux,  à  la  halle  de  Paris,  de  22  à  23  fr.  par  100  kilog.,  sui- 
vant les  sortes.  Quant  aux  farines,  les  offres  sont  toujours  rares,  on  les  paye  de 
29  à  32  fr.  par  quintal  métrique. 

Orges.  —  Suivant  les  qualités  pour  la  mouture  ou  la  brasserie,  les  cours  s'éta- 
blissent à  la  halle  de  Paris,  de  20  fr.  50  à  22  fr.  50  par  100  kilog.  Quant  aux 
escourgeons  nouveaux,  on  commence  à  les  offrir  au  cours  de  20  fr.  par  quintal 
métrique.  —  A  Londres,  les  arrivages  d'orges  étrangères  durant  la  semaine  ont 
été  à  peu  près  nuls  Le  marché  présente  beaucoup  de  calme.  On  cote  de  19  fr.  95 
à  22  fr.  par  100  kilog.  suivant  les  sortes. 

Mail.  —  La  demande  est  toujours  assez  faible,  avec  des  prix  ma!  tenus.  On 
paye  de  31  à  34  fr.  par  100  kilog.  pour  les  malts  d'orge  du  pays,  et  de  31  à  37  fr. 
pour  ceux  d'escourgeon. 

Avoines.  —  Mêmes  cours  que  la  semaine  dernière  avec  des  offres  un  peu  plus 
abondantes.  On  cote  à  la  halle  de  Paris,  23  à  24  fr.  50  par  100  kilog.,  suivant 
poids,  couleur  et  quaUté.  —  A  Londres,  le  marché  accuse  beaucoup  de  fermeté. 
On  paye  de21  fr.  10  à  23  fr.  55  par  100  kilog.  Les  arrivages  de  la  semaine  ont 
été  de  53,000  quintaux  métriques. 

Sarrasin.  —  Peu  d'offres  et  prix  toujours  très  élevés.  On  paye  à  la  halle  de 
Paris,  25  à  26  fr.  50  par  KO  kilog.  suivant  les  sortes. 

Maïs.  —  Il  y  a  peu  d'affaires  au  Havre  sur  les  maïs  d'Amérique  qui  sont  payés 
de  14  fr.  50  à  16  fr.  par  100  kilog.  suivant  les  sortes.  Dans  le  Midi,  on  cote  de 
20  à  24  fr.  par  100  kilog.,  suivant  les  marchés,  pour  les  maïs  indigènes. 

Issues.  —  Les  cours  sont  devenus  plus  faibles.  On  paye  à  la  halle  de  Paris  par 
100  kilog.  :  gros  son  seul,  16  fr.  75  à  17  fr.;  son  trois  cases,  16  à  16  fr.  50  ; 
sons  fins,  15  fr.  50  à  15  fr.  75;  recoupettes,  15  à  15  fr.  50;  remoulages  bis, 
15  à  17  fr.  ;  remoulages  blancs,  18  à  20  fr. 

IV.  —  Vins,  spiritueux,  vinaigres,  cidres. 
Vins.  —  Le  temps  continue  à  être  incertain  et  humide,  heureusement  que  la 
température  est  chaude  et  que  cette  chaleur  active  merveilleusement  la  végéta- 
tion. En  résumé,  la  floraison  s'est  passée  mieux  qu'on  ne  l'espérait,  et  la  coulure, 
envisagée  au  point  de  vue  de  la  généralité  des  vignobles,  n'est  qu'une  exception. 
Mais  si  la  coulure  de  la  fleur  est  à  peu  près  nulle,  celle  du  grain  commence  à  se 
produire  d'une  manière  inquiétante,  surtout  dans  nos  vignobles  de  l'Ouest;  encore 
de  ce  côté,  ce  ne  serait  rien,  si  à  l'humidité  succédait  un  mois  de  chaleurs  sèches. 
—  Les  affaires  sont  partout  languissantes,  malgré  le^  dénégations,  intéressées, 
croyons-nous,  de  quelques-uns  de  nos  confrères,  qui  affirment  que  le  vin  en  ma- 
gasin ne  pourra  suffire  jusqu'à  l'époque  des  vendanges  et  qu'au  mois  d'août  il  y 
aura  un  reprise  sérieuse.  En  attendant  les  vins  sont  offerts  et  ne  trouvent  pas 
preneurs,  les  transactions  sont  nulles  et  la  baisse,  baisse  minime  il  est  vrai,  est, 
quoiqu'on  dise,  un  fait  aujourd'hui  bien  constaté. 

Spiritueux.  —  La  semaine  écoulée  a  été  très  mouvementée  :  elle  a  débuté  à 
65  fr.  50,  puis  successivement  les  cours  ont  fléchi  et  ont  fait  64  fr.  75  ,  64  fr.  25, 
63  fr.  25,  le  vendredi  63  fr.,  pour  clôturer  le  samedi  en  hausse  à  64  fr.  ;  le  livrable 
en  août  a  fait  au  plus  bas  62  fr.  50  et  les  quatre  derniers  mois  qui  étaient  tenus 
à  60  fr.  75  la  semaine  dernière,  ont  trowvé  vendeurs  à  58  fr.  50.  Le  stock  s'est 
légèrement  accru  :  il  est  actuellement  de  8,850  pipes  contre  9,725  en  1879  à  la 
même  date.  Lille  comme  Paris  a  baissé,  l'alcool  bon  goût  disponible  est  coté 
62  fr.  50  et  l'alcool  de  grain  63  fr.  Sur  les  marchés  du  Midi,  les  prix  sont  tou- 
jours les  mêmes  :  on  cote  à  Béziers,  106  fr.  le  disponible  et  le  3/6  de  marc;  à 
Pézmas,  103  fr.;  à  Cette,  110  à  115  fr.,  et  à  Montpellier,  109  fr.  —  A  Paris,  on 
cote  3/6  betterave,  1"  qualité,  90  degrés  disponible,  63  fr.  à  63  fr.  25;  juillet- 
•  août,  62  fr.  75;  quatre  derniers,  58  fr.  50  à  5s  fr.  75. 

Vinaigres.  —  Les  vinaigres  sont  très  recherchés  et  les  cours  ont  subi  une  légère 
hausse.  Il  est  entré  dans  Paris,  pendant  le  mois  de  mai  dernier,  3,634  hectolitres 
de  vinaigre  à  tous  degrés  d'acidité. 

Cidres.  —  On  écrit  de  Caen  (Calvados)  :  La  consommation  locale,  qui  est  en  ce 
moment  très  importante,  détermine  une  surélévation  des  cours.   On  trouve  diffi- 


78  REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX-COURANT 

cilement  vendeurs  à  26  et  28  i'r.  l'hectolitre.  Le  cours  de  30  fr.  sera  sûrement 
dépassé  avant  la  fin  de  k  huitaine,  si  la  demande  continue  à  être  aussi  active. 
Cette  année,  dans  la  région,  la  récolte  des  pommes  sera  à  peu  près  nulle.  On  a 
traité  quelques  affaires  au  prix  de  9  à  10  fr.  l'hectolitre. 

V.  —  Sucres.  —  Mélasses.  —  Fécules.  —  tilucoses.  —  Amidons.\—  Houblons. 

Sucres.  —  Les  affaires  sont  peu  actives,  mais  les  prix  sont  facilement  maintenus 
à  cause  de  la  rareté  de  l'offre.  On  a  coté  à  Paris,  par  100  kilog.,  pour  sucres 
88  degrés  saccharimétriques  :  n"'  7  à  9,  66  fr.  ;  n"^  10  à  l3,  60  fr.;  blanc 
type'  n»  3,  67  fr.  50.  A  Valenciennes,  les  affaires  ont  été  à  peu  près  nulles.  On  y 
a  coté  :  moins  7,  75  fr  75;  n»"  7  à  9,  65  fr.  25;  n»^  10  à  13,  58  fr.  50;  n"*  13 
et  14,  56  fr.  Marché  sans  affaires  à  Péronne  où  l'on  demandait  les  roux  7  à  9  à 
65  fr.  2-,  et  les  blancs  n"  3,  de  66  fr.  25  à  66  fr.  50.  A  Lille,  les  affaires  ont  été 
très  calmes.  On  a  coté  :  moins,  7,  75  fr.  75;  n»^  7  à  9,  65  fr.;  n''  10  à  13,  58  fr.  25. 
Le  stock  réel  de  l'entrepôt  de  Paris  était^  au  5  juillet,  de  338,020  sacs,  avec 
une  augmentation  de  573  sacs  depuis  huit  jours.  Les  raffinés  sont  sans  change- 
ment. Bonnes  sortes,  145  fr.  50;  belles  sortes,  146  fr.  50.  Les  cours  pour  l'ex- 
portation sont  de  69  fr.  25  à  72  fr.  selon  les  marques.  A  Londres,  le  marché  est 
calme,  mais  soutenu. 

Mêlasses.  —  Pas  de  variation  dans  la  cote  de  Paris.  Mélasse  de  fabrique  14  fr., 
de  raffinerie,  15  fr. 

Fécules.  —  Affaires  très  restreintes.  Fécule  1'"''  de  l'Oise  et  du  rayon  de  Paris, 
de  46  à  46  fr.  25.  Compiègne,  type  de  la  chambre  syndicale,  45  fr. 

Glucoses.  —  A  Paris,  peu  de  marchandises  en  sirops  de  fécule  ;  la  demande 
inodérée  se  porte  sur  les  sirops  de  maïs.  On  a  coté  :  sirop  de  froment,  65  à  66  fr.; 
sirop  massé,  55  à  56  fr.;  sirop  liquide,  (33  degrés),  45  à  46  fr.;  sirops  de  maïs 
massés,  45  à  46  fr.,  le  tout  par  100  kilog. 

Amidons.  —  La  tendance  est  un  peu  plus  faible.  On  cote  :  amidons  de  Paris 
en  paquets,  pur  froment,  78  à  80  fr.;  amidons  de  province  64  à  66  fr.;  d'Alsace 
en  vrague,  64  à  6&  fr.  ;  fleur  de  riz,  44  à  46  fr.  ;  riz  de  Louvain,  78  à  80  fr.,  le 
tout  par  100  kilog. 

VI.  —  Huiles  et  graines  oléagineuses. 
Huiles.  —  A  Paris,  le  marché  est  calme  avec  un  peu  de  baisse  sur  les  colzas. 
On  a  coté  :  colza  tous  fiàts,  76  fr.  75;  en  tonnes,  78  fr.  75;  épurée  en  tonnes, 
86  fr.  75;  lin  en  fûts,  72  fr.;  en  tonnes,  74  fr.  A  Arras,  huile  d'oeillette  surfine 
(par  91  kilog.),  176  fr,,  pavot  à  bouche  (par  100  kilog.),  94  fr.  ;  colza  pays,  78  fr.; 
idem  étranger,  77  fr.;  lin  étranger,  72  fr  ;  cameline,  76  fr.;  pavot  industriel, 
88  fr.  A  Cambrai  (par  100  kilog.),  colza  pays,  75  fr.;  étranger,  73  fr.  50;  lin, 
69  fr.  à  69  fr.  50;  œillette  surfine,  200  fr.  A  Rouen  :  colza  disponible,  77  fr.  25. 
Graines  oléagineuses.  —  A  Arras,  on  a  coté  (l'hectol.)  :  graine  d'oeillette,  de 
42  fr.  50  à  46  fr.  50;  de  colza,  19  fr.  50  à  21  fr.  25.  A  Cambrai  :  graine  de  lin 
nouvelle,  26  fr.  A  Rouen  (par  100  kilog.)  :  graine  de  colza,  34  fr.;  de  Pulguères, 
27  fr. 

VII.  —  Tourteaux, noirs,  engrais. 
^  Tourteaux.^ — Voici  la  cote  de  Marseille  :  tourteaux  de  lin  pur,  20  fr.  75; 
d'arachide  décortiquée,  14  fr.  50;  idem  bruns  pour  engrais,  13  fr.  50;  idem  en 
coque,  11  fr.;  de  ricins,  10  fr.;  de  sésame  blanc  du  Levant,  15  fr.  25;  idem  de 
l'Inde,  14  fr.;  de  colza  du  Danube,  13  fr.  25  ;  de  coton  d'Egypte,  12  fr.;  de  pal- 
miste naturel,  10  fr.  ;  de  ravison,  12  fr.  50.  A  Arras,  tourteaux  de  graines  indi- 
gènes ;  d'œillette,  20  fr.;  de  colza,    16  fr.;  de   lin,    29    fr.;    de   pavot   étranger, 

13  fr.  25;  de  bn  idem,  23  fr.,  le  tout  par  100  kilog.  A  CamlDrai  (l'hectol.)  :  tour- 
teaux de  colza  pays,  15  à  16  fr.;  lin,  22  fr.  50  à  23  fr.  50;  cameline,  17  fr.  50; 
œillette,  17  fr.  A  Rouen  (par  100  kilog.)  :  tourteaux  de  colza  indigène,  14  fr.  25  à 

14  fr.  50;  de  navettes,  12  fr.  25;  d'arachides  en  coques,  10  fr.  50;  idem  décorti- 
quées, 16  fr.;  de  sésame  15  fr.  ;  de  Pulguères,  10  fr.;  de  lin,  24  fr.;  de  ravison, 
Ufr.  25. 

Noirs.  —  A  Valenciennes  les  cours  sont  sans  changement  :  noir  neuf  en  grains, 
32  fr.  ;  vieux  en  grains,  8  à  9  fr.;  lavage,  2  à  4  fr. 

VIJI.  — Matières  résineuses  et  colorantes,  textiles. 

Matières  résineuses.  —  A  Bordeaux,  la  demande  est  très  active,  mais  les 
usines  livrent  de  petites  quantités,  ce  qui  maintient  la  fermeté  des  cours.  L'es- 
sence de  térébenthine  vaut  65  fr.  A  Dax,  elle  vaut  55  fr.  les  100  kilog.  A  Mont-de- 
Marsan,  on  paie  la   barrique  de  gemme  ordinaire,  (340  litres),  40  fr.  ;  système 


DES  DENRÉES  AGRICOLES   (10  JUILLET   1880). 


79 


Hugues,  48  fr.,  et  à  Benquet  :  ordinaire,  41  fr.;  Hugues  49,  charroi  compris. 

Laines.  —  Au  Havre  on  a  vendu  24  balles  Buenos-Ayres,  en  suint  de  1  fr.  80  à 
1  fr.  97  1/2  le  kilog.  A  Sainte-Menehould,  il  s'est  traité  quelques  lots  de  4  fr,  50 
à  4  fr.  90  par  kilog.  pour  laine  lavée  à  dos. 

Soufres.  —  Dans  l'Hérault,  on  paie  le  soufre,  selon  qualité,  de  13  fr.  50  à 
15  fr.  25  par  100  kilog. 

IX.  —  Suifs  et  corps  gras. 

Suifs.  —  Nous  constatons  une  hausse  dans  les  prix  depuis  la  semaine  dernière. 
On  a  coté  :  frais,  hors  Paris,  81  fr.  50  ;  bœufs  Plata,  84  fr.  50  ;  suif  en  branches, 
61  fr.   12. 

Saindoux  et  salaisoiis.  —  Au  Havre  les  prix  sont  en  hausse.  On  a  vendu  cent 
fûts  saindoux  Wilcox  à  100  fr.  les  100  kilog.,  400  caisses  épaules  livrables  de 
juillet  à  octobre  à  155  fr.,  et  ^0  caisses  longues  bandes  à  109  fr.  en  disponible,  le 
tout  par  100  kilog, 

X.  —  Beurres.   —   Œufs. —  Fromages.  —  Volailles.- 

Beurres.  —  On  a  vendu  cette  semaine,  à  la  halle  de  Paris,  231,715  kilog.  de 
beurres.  Les  prix  par  kilog.  ont  été  comme  suit  :  en  demi-kilog.,  de  2  fr.  20  à 
3  fr.  60;  petits  beurres,  de  1  fr.  50  à  2  fr.  72;  Gournay,  de  1  fr.  96  à  4  fr,  04; 
Isigny,  de  1  fr.  92  à  6  fr.  02. 

OEufs.  —  Du  29  juin  au  5  juillet  ont  a  vendu  4,583,190  œufs  à  la  halle  de 
Paris,  aux  prix  suivants  par  mille  :  œufs  de  choix,  86  à  93  fr.;  ordinaires, 
de  65   à  85  fr.;  petits,  de  5J  à  60  fr. 

Frotnages.  —  Les  prix  des  fromages  vendus  cette  semaine,  à  la  halle  de  Paris,  ont 
été,  par  douzaine,  de  :  Brie,  4  fr.  50  à  9  fr.  50;  Montlhéry,  15  fr,  ;.  par  cent  : 
Livarot,  30  à  58  fr.  ;  Mont  d'Or,  8  à  20  fr.;  Neuichâtel,  de  4  fr  50  à  19  fr.  50, 
divers,  de  5  à  80  fr.  Le  Gruyère  s'est  vendu  de  150  à  176  fr,  les  100  kilog, 

XI,  —  Chevaux.  — Bétail.  —  Viande. 

Chevaux.  —  Aux  marchés  des  30  juin  et  3  juillet  à  Paris,  on  comptait  1,055 
chevaux.  Sur  ce  nombre,  372  ont  été  vendus  comme  il  suit  : 

Amenés.    Vendus.  Prix  extrêmes. 


Chevaux  de  cabriolet 

282 
321 

A  5 
75 
120 
60 
72 

340  à  1 

300  à  1 

35  à 

6.Ô  à 

40  à 

,000    fr. 
,320 

—      hors  d'âge 

314 
60 

975 
340 

—       de  boucherie 

72 

125 

Anes  et  chèvres.  —  Aux  mêmes  marchés,  on  comptait  17  ânes  et  10  chèvres; 
6  ânes  ont  été  vendus  de  25  à  85  fr.;   2  chèvres  de  18  à  45  fr. 

Bétail.  —  Le  tableau  suivant  résume  le  mouvement  du  marché  aux  bestiaux  de 
la  Yillette  du  jeudi  1"   au  mardi  6  juillet. 

Poids        Prix  du  kilog.  de  viande  sur  pied 
Vendus  moyea  au  marché  du  lundi  5  juillet. 

Pour  Pour  En         k  quartiers.  1"            2«             3«  Prix 

Amenés.  Paris,  l'extérieur,  totalité.  kil.  quai.  quai.  quai.  moyen. 

6,367  3.432  1,676  5,108  3n8  1,76  1.56  1,24  1.50 

1,613  615  662  1,277  23Ô  1.60  1.32  1.02  1,33 

318  22i  44  265  409  1.44  1.26  1,04  1.24 

4,665  2,962  1,222  4,184  76  1.95  1.80  1.36  1.67 

â9,934  25,498  11,810  37,308  19  2.10  1.84  1.42  1.74 

5,839  2,372  3,081  5,453  90  1  76  1.66  1.54  1.64 

8  »  5  5  30  1.50  »  »  1.50 


Bœufs , 

Vaches 

Taureaux , 

Veaux  

Moutons.. ., 

Porcs  gras 

—    maigres. 


Les  approvisionnements  ont  été  à  peu  près  les  mêmes  que  durant  la  semaine 
dernière  pour  les  principales  espèces  d'animaux  amenés.  Les  ventes  ont  été  assez 
faciles,  et  les  cours  se  sont  soutenus  aux  taux  de  la  semaine  qui  accusaient  de  la 
fermeté  ;  il  y  a  même  eu  une  reprise  assez  sensible  sur  les  prix  des  bœufs.  —  Sur 
la  plupart  des  marchés  des  départements,  la  baisse  qui  s'était  produite  depuis  deux 
mois  environ,  paraît  aujourd'hui  enrayée. 

A  Londres,  les  arrivages  d'animaux  étrangers,  durant  la  semaine  dernière,  se 
sont  composés  de  14,482  têtes,  dont  2C  œufs,  502  veaux,  2,813  moutons  et 
5  porcs  venant  d'Amsterdam;  651  mouton  d'Anvers;  530  moutons  de  Brème; 
115  bœufs  de  Ghristiana;  1,6  1 3  moutons  et  412  porcs  de  Hambourg;  8  bœufs, 
145  veaux,  3,058  moutons  et  135  porcs  d'Harlingen;  474  bœufs  et  180  moutons  de 


80  REVUE   COMMERCIALE  ET  PRIX-COURANT  (10    JUILLET    1880). 

New-York;  9  bœufs,  401  veaux,  3,336  moutons  et  7  5  porcs  de  Rotterdam.  Prix 
du  kilog.  :  Bœuf  :  1",  1  Ir.  93  à  2  fr.  05;  2%  1  fr.  75  à  1  fr.  93  ;  qualité  infé- 
rieure, 1  fr.  58  à  1  fr.  75.  —  Veau  :  ]•%  I  fr.  95  à  2  fr.  10;  2%  1  fr.  75  à  1  fr.  93. 
—  Mouton  :  l",  2  fr.  28  à  2  fr.  45;  2%  1  fr.  75  à  2  fr.  10;  qualité  inférieure, 
1  fr.  58  à  1  fr.  75.  —  Agneau  :  2  fr.  45  à  2  fr.  80  -  Porc  :  1",  1  fr.  58  à 
1  fr.  75;  2*1  fr.  40  à  1  fr.  58. 
}iande  à  la  criée.  —  On  a  vundu,  à  la  halle  de  Paris,  du  29  juin  au  5  juillet  : 

Prix  du  kilog.  le  5  juillet. 


Bœuf  ou  vache 

Veau 

Mouton 

Porc 


Choix      Bisse  boucherie. 
1.00à3.30  O.lOà  1.16 
0.86     2.26       .  » 

0.90     4.00       . 
Porc  fumé,  1.40  à  1.70 


*62,56o 


66,081  kilog. 


Les  ventes  ont  été  inférieures  de  2.800    kiloff.  par  jour  à  celles  de  la  semaine 
précédente.  Pour  toutes  les  catégories,  les  cours  accusent  de  la  hausse. 

XII.  —  Cours  de  la  viande  à  Vabattoir  de    la  Villette  du  8  juillet  {par  50  kilog.) 

Cours  de  la  charcuterie.  —  On  vend  à  la  Villette  par    50  kilog.  :  1"  qualité, 
96  à  100  fr.;  2%  90  à  95  fr.;  poids  vif,  63  à  t8  ir. 

Bœufs.  Veaux.  Moutons. 


1"                   2'                  3« 

ire                        2« 

3e 

"  ire 

2e 

3» 

quai.           quai.          quai. 

quai.            quai. 

quai. 

quai. 

quai. 

quai. 

fr.                fr.               fr. 

fr.                 fr. 

fr. 

fr. 

fr. 

fr. 

82      •         76              67 

100                93 

84 

90 

82 

75 

XIII.  —  Marché  aux    bestiaux  de 

la  Villette 

du  jeudi  8 

juillet. 

Cou 

rs  des  commissionnaires 

Poids                 Goura 

officiels. 

en  bestiaux. 

moyen     , ■^««■^ 

-^^  ...^ — 

— ^^         

--•«.-^  .-  -   _ 

„»••. — 

Animaux 

gênerai.     1"        2' 

3=            Pi 

ix            1" 

2»         3= 

Prix 

amenés.    Invendus. 

kil.       quai.  quai. 

quai,     extrêmes,     quai. 

quai.  quai. 

extrêmes. 

Bœufs 2.7G9               417 

265         1.75     1.54 

1.22      1.18 

11.78       1.75 

1.50      1,20 

I.l5àl.78 

Vaches 703               47 

250         1.60     1.30 

1.02      1.00 

1.65       1.60 

1.30     1.00 

95     1.62 

Taureaux...        103               13 

37b         1.42     1.24 

1.02      1.00 

1.45        1.40 

1.20     1.05 

1.00     1.44 

Veanx 1.420            116 

82         1.95     1.80 

1.36     1.20 

2.14         » 

a             1 

»           ( 

Moutons....  17.390 

18         2.14     1.88 

1.46      1.38 

2.18         » 

X                       t 

%           » 

Porcs  gras..     3.812 

85         1.88     1.78 

1.68     1.50 

1.S6         » 

> 

»           » 

—  maigres.          »                  • 

.            .           » 

«           » 

»              e 

»        » 

»           " 

Vente  assez  active  sur  toutes  les  espèces. 

XIV.  —  Résumé. 

Les  cours  sont  plus  faibles  pour  les  céréales,  les  farines,  les  spiritueux,  et  la  plu- 
part des  autres  produits  végétaux,  m^is  plus  fermes  pour  la  viande  et  les  denrées 
animales.  A.  Remy. 

BULLETIN  FINANCIER. 

Nos  fonds  publics  après  quelques  hésitations  entrepris  leur  marche  ascensionnelle  : 
le  3  0/0,  coupon  détaché,  est  à  85,50  ;  l'amortissable  à  87  ;  le  5  0/0  est  à  1  19,8l», 
à  terme  à  12U,17.  Les  sociétés  de  crédit  et  les  chemins  de  fer  sont  toujours  très 
demandés. 

Cours  de  la  Bourse  du  1  au  7  juillet 


Plus 

Plus 

bas. 

haut. 

84.80 

85.50 

30.80 

87.  6  J 

114.25 

115.50 

118.90 

119.80 

Principales  valeurs  françaises: 


Renie  3  o/o 

Rente  3  o/O  amortis.. 

Rente  4  1/2  0/0 

Rente  5  o/o 118.90 

Banque  de  France  .; 3400.00  3425.00 

Comptoir  d'escompte 967.50    975. Oi) 

Société  générale 560.00     56). 00 

Crédit  foncier 1255.00  1277.50 

Est Actions  500  745.00     755.00 

Midi d»  1020.00  1030.01» 

Nord d-  1610.00  1650.00 

Orléans d"  1205.00  l2.iO.oO 

Ouest d"  800.00 

Paris-Lyon-Méditerranée  d"  1332.50 

Paris  1871  obi.  400  3  0/0  ..  396.00 

Italien  &  0/0 85.70 


i08.75 
355.00 
405.00 
88.10 


Dernier 
coins. 
85.50 
87.00 
115.25 
119.80 

3'400.00 
975.00 
563.75 

1270.00 
755.00 

1020.00 

1610.00 

1220.00 
807.50 

1355.00 
396.00 
85.70 


Le  Gérant  :  A.  BOUCHÉ. 


7  juillet    1880  [au 

comptant). 

Chemins  de  fer  français  et  étrangers  : 

Plus 

Plus 

Uerniet 

bas. 

haut. 

cours. 

Autrichiens. 

d» 

605   00 

627.. -iO 

605.00 

Lombards. 

d' 

178.00 

182.50 

178.00 

Romains. 

d' 

1 4S . 50 

150.00 

150.00 

Nord  de  l'Espagne. 

d' 

335.00 

340.00 

336.25 

Saragosse  à  Madrid 

d- 

345.00 

358.75 

358.75 

Portugais. 

d- 

59(1.00 

610.00 

590.00 

Est. 

d» 

384.00 

387.50 

387.50 

Midi 

d" 

385.00 

392.00 

385.50 

Nord. 

d" 

390.50 

397.50 

391.00 

Orléans. 

d- 

384.  OJ 

392.00 

336.00 

Ouest. 

d» 

335.00 

393.00 

386.50 

Paris-Lyon-Méditer 

d° 

385.00 

394.50 

386.00 

Nord  Esp.  priorité. 

d" 

341.50 

347.00 

345.00 

Lombards. 

d" 

262.00 

269.75 

265.25 

Leterrieb. 

CHRONIQUE  AGRICOLE  (n  juillet  isso,. 

Les  vacances  parlementaires.  — Vote  parle  Sénat  du  dégrèfement  des  sucres  et  dés  vins.  — Com- 
mencement de  la  moisson  des  céréales.  —  Projet  de  loi  relatif  aux  ci^nditions  de  pariage  des 
terres  vaines  et  vasrues  delà  Bretatrne.  — Etendue^  restant  encore  indivise-;. —  Fropisition  de 
loi  sur  raccroissement  du  no.nbredes  étalons  de  l'Etat  et  sur  les  encourav'ements  à  la  produc- 
tion chevaline.  —  Liste  des  promotions  et  des  nominatioi'S  faites  dans  la  I,égion  d'honneur  sur 
la  proposition  du  ministre  de  l'agriculture  et  du  commerce.  —  Nécrolotrie.  —  Mort  de  M.  Isaac 
Pereire  et  de  M.  le  docteur  Broca,  —  Le  phylloxéra.  —  Nomination  de  trois  nouve^uix  mem- 
bres de  la  Commission  supérieure  du  phylloxéra.  —  "Subventions  accordées  à  des  syndicats  des- 
tinés au  traiiem'^nt  des  vignes  malailes.  —  Traitem  nts  administratifs  dans  les  Landes  et  dans 
la  Savoie.  —  Proietdn  loi  autorisant  le  dépariernent  de  l'Aude  à  s'imposer  pour  lutter  conire  le 
phylloxéra.  —  Nouvelles  recherches  de  M.  Chauveau  relatives  à  !<  résistance  (bs  mouons  algé- 
riens à  l'inoculation  de  la  maladie  chaibonneuse   — Les  moyens  d'obvier  an  choléra  des  poules. 

—  Lettre  de  M.  Ht-aucamp.  —  Vœu  du  Congrès  ngrico'e  de  Melun  sur  le  dégrèvement  des 
sucres.  —  Tableau  du  mouvement  et  dj  la  prorlucuon  des  sucres  indigènes  de  1 1  dernir're  cam- 
pagne. —  Récompenses  décernées  par  la  Société  d'encouragemenl,  pour  l'indu-trie  nationale.  — 
Concours  de  la  Société  d'agriculture  de  Joigny.  —  Prochain  C^mgrès  de  la  Société  pomologique 
de  France.  —  Observatiors  de  M.  Mectii  sur  le  labour:ige  à  vapeur  et  ses  résultats  en  Angleterre. 

—  Nouvelles  du  concours  de  la  Société  royale  d'a.;ricuiture  d  Angleterre  à  Carlisle.  —  Blés  pour 
semences.  —  Note  de  M.  Dubosq  sur  la  situation  des  récoltes  dans  le  déparlement  de  l'Aisne. 

I.  —  La  situation. 
Les  Chambres  entrent  cette  semaine  en  vacances.  Les  agitations  de 
la  politique  vont  se  calmer,  au  centre  du  gouvernement  tout  au  moins; 
cardes  luttes  s'engageront  dans  peu  de  jours  au  sujet  des  élections 
pour  les  Conseil  généraux.  Quant  aux  agriculteurs,  ils  vont  être  occu- 
pés, comme  tous  les  ans,  aux  travaux  pressés  et  absorbants  des  mois- 
sons, des  récoltes  de  tous  genres.  Ils  se  féliciteront  toutefois  des  deux 
dégrèvements  sur  les  sucres  et  les  vins  qui  sont  définitivement  votés. 
On  ne  pouvait  pas  mettre  en  doute  le  consentement  du  Sénat  à  deux 
mesures  qui  rendront  de  l'activité  à  la  culture  de  la  betterave  et  don- 
neront du  soulagement  à  la  viticulture.  La  moisson  des  céréales  se 
poursuit  dans  le  Midi.  Quels  seront  les  résultats  définitifs,  nul  ne  peut 
l'affirmer  encore.  Mais  l'ensemble  des  nouvelles  s'accorde  our  dire 
que  l'on  aura  probablement  mieux  qu'on  ne  l'espérait  d'abord. 

IL  —  Le  pariage  des  terres  vagues  de  Bretagne. 

Depuis  le  commencement  du  siècle,  plusieurs  lois  ont  successive- 
ment réglé  la  procédure  relative  au  partage  des  terres  vaines  et 
vagues  dans  les  cinq  départements  composant  l'ancienne  Bretagne. 
En  1850,  une  loi  spéciale  organisa  le  pariage  de  ces  biens  communs 
qui  occupaient  alors  une  surface  de  72,000  hectares.  L'efTet  de  cette 
loi  ne  devait  avoir  que  vingt  années;  mais  lorsque  ce  terme  arriva, 
les  partages  n'avaient  encore  porté  que  sur  35,903  hectares.  Le  3  août 
1870,  une  nouvelle  loi  prorogea  celle  de  1850  pour  dix  nouvelles 
années.  Depuis  cette  date,  de  nouveaux  partages  ont  réduit  à 
17,890  hectares  la  surface  des  terres  vaines  et  vagues  restant  encore 
indivi^es.  C'est  pour  permettre  d'achever  cette  opération  que  le  gou- 
vernement vient  de  présenter  à  la  Chambre  des  députés  un  projet  de 
loi  ayant  pour  objet  de  proroger  pour  dix  nouvelles  années  la  loi  de 
1850.  Les  terres  qui  restent  encore  à  partager  se  répartissent  ainsi 
entre  les  cinq  départements  de  la  Bretagne  :  Côtes-du-Nord,  1 ,2  U  hec- 
tares; Finistère,  2,089  hectares;  lile-el- Vilaine,  7,82G  heclarss;  Loiret 
Inférieure,  100  hectares;  Morbihan,  6,630  hectares. 

IIL  —  Projet  d'augmentation  des  étalons  de  l'Etat. 
On   sait  que  la  loi  du  29  mai  1874  a  fixé  h.  2,500  le  nombre  des 
étalons  qui  doivent  être  entretenus  par  l'administration  des  haras,  et  à 

N*  588.  —  Tome  III  de  1880.  —  17  Juillet. 


82  CHRONIQUE  AGRICOLE   (17  JUILLET   1880), 

1,500,000  fr.  la  sommeaffectée  aux  primes  des  étalons  approuvés,  des 
juments  poulinières,  des  pouliches  et  des  poulains.  La  loi  aura  reçu 
l'année  prochaine  son  exécution  complète.  Un  certain  nombre  de 
députés,  pensant  que  cet  effectif  n'est  pas  suffisant,  viennent  de  faire 
une  proposition  de  loi  dont  les  principales  dispositions  sont  les  sui- 
vantes. A  partir  du  1"  janvier  i882,  reffectif  des  étalons  entretenus 
par  l'administration  des  iiaras,  sera  successivement  augmenté  de  cenl 
étalons  par  an  jusqu'à  ce  que  cet  effectif  ait  atteint  le  chiffre  de  3,000. 
A  partir  de  la  même  date,  l'allocation  de  1 ,500,000  fr.  pour  les  primes 
et  encouragements  sera  augmentée  de  100,000  fr.  par  an,  jusqu'à  ce 
qu'elle  ait  atteint  la  somme  de  2  millions  de  francs,  en  faveur  des 
étalons  appartenant  à  des  particuliers,  à  des  Sociétés  ou  à  des  départe- 
ments et  approuvés  par  l'administration  des  haras,  ainsi  qu'en  javeur 
.des  juments  poulinières,  des  pouliches  et  des  poulains.  Nous  aurons  à 
revenir  sur  cette  proposition,  lorsqu'elleaura  été  examinée  parla  Gom- 
niissioa  d'initiative  parlementaire  et  qu'elle  viendra  en  discussion. 
IV.  —  Décorations  pour  services  rendus  à  Cagric allure. 

Lq,  Journal  officiel  àw  13  juillet  publie  la  liste  des  promotions  et 
nominations  dans  la  Légion  d'honneur,  faites  sur  la  proposition  du 
ministre  de  l'agriculture  et  du  commerce.  Nous  en  extrayons  la  liste 
des  noms  qui  appartiennent  à  l'agriculture ,  en  y  ajoutant  quelques 
autres  noms  que  nous  trouvons  dans  les  promotions  d'auLres  mi- 
nistères et   qui  intéressent  également  l'agriculture.  —  Sont  promus 

ou  nommés  : 

• 

Au  grade  de  commandeur  :  M.  Marie  (Bugène-François-Auguste),  directeur 
du  commerce  extérieur  à  l'Administration  centrale,  membre  de  la  Société  natio- 
nale d'agricultui'e  de  France  ;  33  ans  de  services.  Officier  du  3  août  18~5. — 
M.  Barral  (J--A),  secrétaire  perpétuel  de  la  Société  nationale  d'agrxulture  d« 
France.  Officier  du  24  janvier  18Ô3.  Services  exceptionnels. 

Au  grade  d.'officier  :  M.  de  Laire  (Jean-François-ïCrnest),  inspecteur  général 
des  haras;  2S  ans  de  services.  Chevalier  du  13  auût  1866.  —  M.  Giiauveau  ijean- 
Baptiste-Auguste),  directeur  de  l'Ecole  nationale  vétérinaire  de  Lyon,  membre 
de  la  Société  nationale  d'agriculture;  32  ans  de  services.  Chevalier  du  12  août 
1868.  —  M.  DuBRUNFAUT  (Augustc-Pierre),  chimiste,  membre  de  la  Société  na- 
tionale d'agriculture.  Services  distingués  rendus  à  l'agriculture  et  à  l'mdustrie 
pendant  soixante  années.  ChevaUer  du  U  août  1861. — M.  Meugy  (Jules- 
Alexandre-Alphonse),  inspecteur  général  honoraire  des  mines;  39  ans  de  service. 
Chevalier  du  14  novembre  1855.  —  M.  le  docteur  Cosson,  membre  de  l'Institut, 
vice-président  de  la  Société  d'acclimatation.  Travaux  importants  sur  la  flore  algé- 
rienne et  sur  la  flore  des  environs  de  Paris.  Chevalier  du  25  décembre  1855. 

Au  grade  de  chevaUtr  :  M.  Challot  (Paul),  chef  de  division  à  l'Administra- 
tion centrale;  27  ans  de  services.  —  M.  de  Bricognf  (Jules),  inspecteur  général 
des  haras;  29  ans  de  services.  — M.  Clé.ment  de  GtRAndprey  (Josephj,  inspecteur 
général  des  forêts;  39  ans  de  services.  —  M.  Grandjean  (Paul-François-Eumond), 
directeur  du  dépôt  d'étalons  de  Cluny;  32  ans  de  services.  —  M.  Saint-Pierre 
(Hoche-Camille),  directeur  de  l'Ecole  nationale  d'agriculture  de  Moutpellier; 
20  ans  de  services.  —  M.  Trélut  (Auguste),  vétérinaire  du  dépôt  d'étalons  de 
Tarhss;  30  ans  de  services.  — M.  Grimaux  (Edouard),  professeur  à  l'Institut 
national  agronomique  ;  1 8  ans  de  services.  Lauréat  de  l'Institut.  Services  exception- 
nels. —  M.  DuBOST  (Jean-Claude-Paul),  professeur  à  l'Ecole  nationale  d'agri- 
culture de  Grignon  ;  22  ans  de  services.  —  M.  Arloing  (Saturnin),  professeur 
d'anatomie  à  l'Ecole  nationale  vétérinaire  de  Lyon  ;  13  ans  de  services;  services 
exceptionnels.  —  M.  Bollée  (Ernest),  fondeur,  constructeur-mécanicien  au  ?vlans 
(Sarthe).  Auteur  de  nombreuses  inventions  utiles  à  l'industrie  et  à  l'agriculture. 
Services  exceptionnels.  —  M  Boursier  (Charles),  propriétaire-agriculteur  à  Che- 
vrières  (Oise),  secrétaire  de  la  Société  d'agriculture  de  Corapiègne  ;  23  ans  de 
services  gratuits.  — M.  Denis    (Etienne),  "cultivateur  à  Chissay  (Loir-et-Cher). 


CHRONIQUE   AGRICOLE    (17  JUILLET  1880).  83 

Perfectionnements  apportés  à  la  culture  de  la  vigne.  Services  exceptionnels.  — \ 
M.  FoURViER  DE  Saint-Amand  (Jules),  propriétaire-agriculteur  à  Montflanguin 
(Lot-etG-.ironne),  président  du  Go  .  ice  agricole  et  du  Giimité  d'études  et  de  vigi-. 
lance  du  phylloxéra  de  l'arrondisscinent  de  Vil.etieuve.  Services  exceptionnels.  — 
M.  IMoNiER  (Gamille-Jean-Baptiste),  agriculteur-industriel  dans  le  département 
des  Bouchesdu-Rliône.  A  contribué  à  introduire  en  France  l'inluslrie  de  la  fabri- 
cation des  huiles  de  graine?,  en  créant  à  Eyguières,  eu  1840,  une  importante 
usine.  —  M.  Rabier,  président  du  Comice  agricole  de  Pilhiviers  (Loiret)  ;  25  ans 
de  services  publics  et  gratuits,  —  M  SiAu  (Antoine).  Services  rendus  comme 
sériciculteur  dans  le  département  des  P3-rénées-0rientules  ;  membie  de  la  Société 
agricole  et  scientifique  du  département  depuis  26  ans.  —  M.  Wallon  (Jules), 
propriétaire-agriculteur  dans  la  Dordogne.  Progrès  importants -réalisés  dans  les 
méthodes  de  culture  de  sou*  département.  Services  exce,  tionnels.  —  Demontzey 
(Gabriel-Louis-Prosper),  conservateur  des  forêts;  28  ans  de  services. 

Nous  ne  poavons  qu'applaudir  aux  distinctions  que  le  gouverne- 
ment vient  de  conférer  à  des  hommes  qui  se  sont  .distingués  par 
des  services  sig.mlés  rendus  à  la  cause  de  l'agricullurs.  Nous  félicite- 
rons d'abord  tout  particulièrement  nos  confrères  de  la  Sociélé  nationale 
d'agriculture  :  M.  Eugène  Marie,  qui  depuis  de  nombreuses  aanées, 
dirige  ave.î  habileté  un  des  plus  importants  services  du  ministère  de 
l'agricuiture  et  du  commerce;  M.  Chauveau,  dont  on  conaaît  les 
remarquables  travaux  de  physiologie;  M.  Dubrunfaut,  qui  compte  au 
premier  rang  de  ceux  qui  ont,  depuis  un  demi-siècle,  rendu  le  plus 
de  services  à  l'agriculture.  Nous  devons  aussi  profiter  de  cette  occasion 
pour  rappeler  de  nouveau  que  M.  Ghallot  est  un  des  fonctionnaires 
les  plus  estimés  du  ministère  de  l'agriculture;  que  le  dévouement 
infatigable  de  M.  Saint-Pierre  a  puissamment  contribué  au  développe- 
ment^de  l'école  de  Montpellier;  que  M.  Dubost,  dont  les  travaux  sont 
si  appréciés  par  nos  lecteurs,  est  un  des  professeurs  les  plus  aimés  de 
Grignon;  que  M.  Grimaux  s'est  fait  apprécier  par  d'importants  travaux 
de  chimie.  M.  Trélut  s'attache,  avec  un  succès  complet,  au  développe- 
ment de  la  race  chevaline  dans  la  plaine  de  Tarbes.  M.  Boursier  est  un 
des  plus  ardents  pionniers  du  progrès  agricole  dans  l'Oise.  M.  Denis 
est  le  modeste  et  énergique  promoteur  de  la  culture  de  la  vigne  en 
chaintres.  M.  Monier,  en  même  temps  qu'il  est  uu  grand  industriel, 
est  un  des  agriculteurs  les  plus  progressistes  du  déparlement  des 
Bouches-du-Uliô.ne.  M.  Siau  est  un  des  vétérans  émérites  de  l'agricul- 
ture méridionale.  M.  Jules  ^Yallon  a  remporté,  il  y  a  quelques-semaines, 
le  prix  cultural  des  propriétaires  au  concours  régional  de  Périgueux. 
M.  Rabier,  M.  Fournier  de  Saint-Amand  sont  à  la  tête  de  Comices  qu'ils 
dirigent  avec  beaucoup  de  succès. 

Quant  à  la  distinction  qui,  sur  l'initiative  du  ministre  de  l'aîïriculture 
et  du  commerce,  est  venue  trouver  le  directeur  du  Journal  de  t agri- 
culture, elle  lui  est  d'autant  plus  sensible  qu'elle  lui  est  décernée  au 
titre  de  secrétaire  perpétuel  de  la  Société  nationale  d'agriculture. 
V.  —  Nécrologie. 

Encore  deux  morts  à  signaler  cette  semaine.  M.  Isaac  Pereire,  qui, 
avec  son  frère  aîné,  a  été  le  fondateur  en  France  des  grandes  Compa- 
gnies de  chemins  de  fer,  qui,  le  premier  a  eu  le  courage  et  l'intelligence 
d'établir  une  voie  ferrée  pour  la  circulation  à  grande  vitesse,  est  mort 
à  Armainvilliers,  près  de  Gretz,  le  12  juillet,  à  l'âge  de  74  ans.  Il 
avait  rendu  à  l'agriculture  nationale  le  plus  grand  service  qu'elle  pût 
recevoir.  On  doit  d'ailleurs  aux  Pereire  d'autres  œuvres  agricoles  :  le 
reboisement  et  la  mise  en  culture  d'une  grande  partie  des  Landes,  et, 


84  CHRONIQUE  AGRICOLE  (17  JUILLET  1880). 

on  peut  le  dire,  la  création  complète  d'Arcachon.  Tout  récemment, 
M.  Isaac  Pereire  avait  consacré  une  somme  de  120,000  fr.  pour  la 
création  de  prix  relatifs  aux  meilleurs  mémoires  ayant  en  vue  la  solu- 
tion de  la  question  du  sort'  de  ceux:  qui  travaillent.  Toute  sa  vie, 
il  avait  poursuivi  la  réalisation  de  cette  pensée  que  toutes  les  institu- 
tions sociales  doivent  avoir  pour  but  l'amélioration  du  sort  physique, 
intellectuel  et  moral  de  la  classe  la  plus  nombreuse  et  la  plus  pauvre. 
M.  Broca,  qui  est  mort  à  56  ans,  le.  0  juillet,  était  un  grand  savant. 
11  faisait  partie  du  Sénat  depuis  le  mois  de  février.  Il  était  le  beau- 
frère  de  M.  Lugol,  viticulteur  dans  le  département  du  Gard,  à  qui  les 
nombreux  agriculteurs  qui  le  connaissent,  témoigneront  certainement 
une  vive  sympathie  pour  le  coup  qui  le  frappe.  Le  docteur  Broca 
laissera  surtout  un  nom  glorieux  à  cause  de  ses  travaux  sur  l'anthro- 
pologie. 

YI.  —  Le  phylluxera. 

Un  décret  du  président  de  la  République  vient  de  nommer  trois 
membres  nouveaux  de  la  Commission  supérieure  du  phylloxéra,  en 
remplacement  de  M.  Joigneaux,  député,  démissionnaire;  de  iM.  Tami- 
sier^  sénateur,  décédé,  et  de  M.  le  docteur  Micé,  qui  a  cessé  d'être 
président  de  la  Société  d'agriculture  de  la  Gironde.  Les  nouveaux 
membres  sont  M.  Parent,  sénateur  de  la  Savoie;  M.  Lalancle,  pro- 
priétaire du  Château-Léoville,  dans  la  Gironde,  et  M.  Georges  Berger, 
également  grand  propriétaire  de  vignes  dans  la  Gironde. 

La  Section  parmanente  de  la  Commission,  dans  sa  séance  du  10  juil- 
let, a  approuvé  le  traitement  adminisiralif  de  la  tache  récemment  con- 
statée sur  la  commune  de  Lamolte-en-Chalosse,  en  terrain  argilo-sili- 
ceux,  dans  l'arrondissement  de  Saint-Sever  (Landes).  Le  phylloxéra  y 
avait  été  probablement  importé,  car  la  vigne  date  de  six  ans,  et  a  été 
faite  avec  des  plants  venant  d'une  région  phylloxérée.  Le  traitement 
administratif  a  été  aussi  décidé  pour  deux  taches  nouvelles  du  dépar- 
tement de  la  Sivoie.  Dds  subventions  ont  été  accordées  à  trois  syndi- 
cats; deux  de  la  Gironde  et  un  du  Rhône  ;  ce  dernier,  pour  l'emploi 
du  sulfure  de  carbone,  les  deux  autres  pour  l'usage  de  la  submersion. 
La  demande  de  l'établissement  d'une  pépinière  de  plants  américains 
dans  l'arrondissement  de  Saumur  (Maine-et-Loire)  a  été  ajournée. 

Le  département  de  l'Aude  a  été  autorisé,  par  une  loi  du  .24  décembre 
dernier,  à  s'imposer  extraordinairement  d'un  centime  additionnel,  en 
1880,  pour  combattre  les  ravages  du  phylloxéra.  Le  Conseil  général 
ayant  constaté,  dans  sa  dernière  session,  les  bons  résultats  obtenus  par 
ses  efforts,  a  demandé  à  êlre  autorisé  à  continuer  cette  imposition  en 
INHI.  Le  gouvernement  vient  de  présenter  aux  Chambres  un  projet 
de  loi  dans  ce  sens.  Cette  imposition  produitenviron'2T,S00  fr.  par  an. 
Ainsi  que  le  fait  remarquer  l'exposé  des  motifs,  cette  somme  est  insuf- 
fisante si  on  la  compare  à  l'inqjortance  du  dommage  causé  dans  le 
département,  mais  elle  s'augmentera  de  la  subvention  de  l'Etat,  et 
permettra  de  provoquer  les  sacrifices  des  communes  et  des  particuliers. 

VIL—  Sur  la  résistance  des  moutons  algériens  à  l'inoculation  charbonneuse. 

Deux    communications    très  importantes   viennent   d'être   faites    à 

l'Académie  des  sciences  par  notre  confrère,  M.  Chauveau,  sur  un  sujet 

dont  nous  avons  déjà  entretenu  nos  lecteurs.  Il  s  agit  de  la  résistance 

des  moutons  algériens  à  l'inoculation   de  la  maladie  charbonneuse. 


CHROiNIQUE  AGRICOLE   (17  JUILLET  1880).  85 

Dans  les  dernières  expériences  que  nous  avons  analysées,  M.  Chau- 
Teau  avait  constaté  que  quelques  moutons  algériens  peuvent  contrac- 
ter le  vrai  sang  de  rate  et  en  mourir.  Il  a  voulu  chercher  les  causes  da 
ces  accidents,  et  il  est  arrivé  à  les  déterminer.  La  conclusion  à  la- 
quelle il  est  arrivé  peut  se  résumer  ainsi  :  la  bactéridie  charbonneuse 
se  comporte  dans  l'organisme  des  moutons  algériens,  non  pas  comme 
s'il  était  privé  des  principes  nécessaires  à  la  vie  bactéridienne,  mais 
bien  plutôt  comme  si  c'était  un  milieu  rendu  impropre  à  celle  der- 
nière par  la  présence  de  substances  nuisibles;  mais  quand  les  bacté- 
ridies  sont  exceptionnellement  nombreuses,  elles  peuvent  arriver  à 
surmonter  cet  obstacle  à  leur  prolifération.  M.  Chauveau  arrive,  de 
l'ensemble  de  ses  expériences,  à  considérer,  au  moins  provisoirement, 
comme  innée  l'aptitude  des  moutons  algériens  à  acquérir  l'immunité 
contre  l'infeclion  charbonneuse.  Il  reste  à  vérifier  si,  ces  moulons 
étant  transportés  dans  des  milieux  différents,  par  exemple,  dans  le 
midi  de  la  France,  cette  immunité  se  maintiendra  d'une  manière  indé- 
finie. 

YIII.  —  Le  choléra  des  poules. 
Nous  avons  publié  les  instructions  rédigées  par  le  Comité  des  épi- 
zoolies  sur  le  choléra  des  poules.  Celte  épidémie  a  été  signalée,  celte 
année,  sur  un  grand  nombre  de  points  dans  les  départements  septen- 
trionaux. A  celte  occasion,  nous  recevons  de  iM.  IJeaucamp,  agricul- 
teur à  Elreux  (Aisne),  une  letlre  renfermant  des  observations  qui 
seront  lues  avec  profit  par  beaucoup  d'agriculteurs. 

«  Monsieur  le  directeur,  la  maladie  dite  le  choléra  des  poules,  a  depuis  plusieurs 
années  occasionné  beaucoup  de  pertes  et  de  plaintes.  Les  savatits,  aussi  bien  que 
les  vétérinaires,  ont  cherché  les  moyens  de  guérir  cette  maladie,  sans  y  avoir  trop 
réussi,  à  ce(|ue  je  sache;  je  n'ai  donc  pas  la  prétention,  simple   cultivateur,  de 

fiouvoir  trouver  lerernède  que  les  célébrités  de  la  partie  n'ont  pu  découvrir;  seu- 
ement  comme  ceite  raaladi-^  existe  dans  ma  commune  depuis  une  dizaine  d'années, 
sans  que  pour  cela  ma  volaille  en  ait  été  affectée  jusqu'à  présent,  j*ai  cherché  le 
motif  [jour  lenuelj'ai  été  exempt-,  et,  comme  éviter  une  maladie,  c'e-t  plu**  si.nple 
et  plus  éronomique  que  de  la  guérir,  je  v^iis  me  permettre  de  faire  part  de  mes 
observations  à  cet  égard.  J'ai  toujours  entendu  émettre  l'opinion  (|ue  pour  avoir 
beaucoup  d'œuis,  il  fallait  (jue  la  volaille  eût  chaud  dans  son  poulailler,  et  pour 
donner  cette  chaleur,  on  construisait  ces  poulaillers,  petits,  peu  élevés  de  planchers, 
sans  lumière,  ne  recevant  lair  le  plus  souvent  que  par  la  déjuinture  des  planches 
de  la  porte,  ou  quelques  petits  trous  faits  dans  cette  porte;  quant  aux  excréments, 
ou  les  eiilevait  une  fuis  par  an,  à  la  sortie  de  Ihiver.  Un  poulailler  de  deux  mètres 
de  profondeur,  sur  trois  de  large,  et  deux  de  hauteur,  en  tout  douze  mères  cubes 
d'espace  pour  log^^r  uncent  de  volailles,  c'était  la  rè^le  suivie,  huii poules,  (|uel  (ue- 
fois  plijs,  pa-  mètre  cube,  dans  un  endroit  près  lUe  sans  air  et  jamais  renouvelé; 
et  on  s'étonne  que  les  habitants  de  ces  demeures  soient  emportés  par  la  maladie  ; 
il  y  aurait  bien  plus  lieu  de  s'étonn-r  qu'il  n'eu  meurt  pas  encore  davantage. 

Sans  vouloir,  comi  e  sans  même  avoir  le  droit  (ie  citer  a  demeure  de  mes  poules 

{)0ur  modèle  je  ne  puis  faire  autrement  que  d'en  parler  puisqu'elle  leur  accorde 
ongue  vie,  et  bonne  santé,  malgré  leur  mauvais  voisinage;  mon  poulailler  a  trois 
mètres  carrés,  il  a  pour  plancher  le  toit  même  du  bâtiment,  (luatre  mètres  de  hauteur, 
en  tout  trente-six  mètres  cubes  d'espace  pour  une  centaine  de  poules,  ce  qui  fait 
moins  de  trois  poules  par  mètre  cube;  il  y  a  des  lucarnes  grillées  dans  les  murs,  en 
face  l'une  de  l'autre  pour  établir  des  c jurants  d'air,  on  enlève  les  excréments, 
cinq  ou  six  fois  par  an.  Avec  cette  siiuplii-,iié  de  demeure,  ma  volaille  se  porte 
bien,  et  elle  pond  en  proportion  de  la  n  uirture  qu'elle  reçoi'.  Pour  ceux  qui 
veulent  éviter  cette  malailir-,  j'ai  la  conviction  (|u'en  donnant  de  lair.  de  l'espace, 
de  la  proi^eté,  et  j'ajouterai  que,  en  ne  laissam,  pas  manquer  la  boisson,  éviteront 
facilement  cette  mortalité  à  leurs  volailles,  en  même  temps  que  le  déplai-ir  de  voir 
la  femme  contrariée  par  le  dépeuplement  de  sa  basse-cour. 

«  Veuillez  agréer,  etc.  «  Beaucamp.  » 


86  CimONIQUE  AGRICOLE  (17  JUILLET  1880). 

M.  B^aucamp  a  parfaitement  raison  d'insister  sur  la  nécessité  de 
prendre  les  précautions  qu'inspire  l'hygicae  bien  comprise.  C'est  là 
une  condition  indispensable  de  succès,  aussi  bien  dans  l'élevage  des 
animaux  de   basse-cour   que  clans  celui   des   autres  animaux   de  la 

ferme. 

IX.  — Les  sucres  et  les  hctlcraiKs. 

Dans  le  compte  rendu  du  concours  régional  de  Melun  que  le  Journal 
a  publié,  on  a  signalé  le  vœu  émis  par  leCongrès  réuni  dans  cette 
ville,  relativement  au  vote  du  dégrèvement  des  sucres  par  les  deux 
Chambres.  Nous  croyons  utile  de  publier  ici  le  texte  même  de  ce  vœu, 
que  nous  empruntons  au  procès-verbal  de  la  séance  du  1  7  juin  : 

«  M.  le  comte  Foucher  de  C^.reil,  sénateur,  président  de  la  Société  na.ionale 
d'encouiagement  à  ragricultnre,  membre  de  la  Société  d'agriculture  de  Melun,  dé- 
pose le  projet  de  vœu  suivant  : 

«  Le  Congrès  ai,'ricole,  considérant  que  la  Chambre  des  Députés  vient  d'être 
saisie  par  >°.  le  ministre  des  finances  d'un  in-ojet  de  loi  ayant  pour  objet  de  dé- 
grever les  sucres  par  l'abaissement  du  droit  de  70  à  40  francs,  soit  de  30  francs, 
et  réglant  en  même  t^raps  le  régime  des  sucres  ; 

«  Que  ce  projeta  été  renvoyé  à  la  Commission  du  budget,  qui  l'examine,  en  ce 
moment;  .  . 

«  Qu'il  importe  qu'il  soit  voté,  dans  l'intérêt  de  la  production  agricole  comme 
dansT'elui  du  consommateur,  avant  la  séparation  des  Chambres  qui  doit  avoir  lieu  le 
13  juillet  prochain  ; 

«  Emet  le  vœu  :  que  la  Chambre  et  le  Sénat  votent  le  projet  de  dégrèvement 
des  sucres,  avant  la  prorogation,  des  Chambres. 

«  M.  le  comte  Foucher  de  Cardl,  après  avoir  développé  les  motifs  qui  militent 
en  faveur  du  vœu  pir  lui  déposé,  d"femHnde  qu'il  soit  statué  d'urgence  par  le  Cou- 
grès.  Sa  demande  est  appuyée  par  un  grand  nombre  de  membres. 

■  «  M.  le  Président  met  aux  voix  la  question  desavoir  t-i  ce  projet  de  vœu  sera  mis 
immédiatement  en  delihéiation. 

■  «  Le  Congrès,  à  l'unanimité,  se  prononce  pour  la  discussion  immédiate. 

«  A,près  quelques  observations  présentées  par  plusieurs  membres,  le  projet  de 
vœu  dépo-é  par  M.  le  comte  Foucher  de  Gareil  est  admis  à  l'unanimité.  _ 

«  Le  Congrès  décide  que  ce  vœu  sera  transmis,  à  MM.  les  ministres  des 
finances  et  de  l'agriculture  et  du  commerce.  « 

Le  tableau  que  vient  de  publier  le  Journal  officiel  sur  la  production 
et  le  mouvement  des  sucres  indigènes  depuis  l'ouverture  de  la  der- 
nière oau!p;igne  jusqu'au  30  juin,  constate  d'une  manière  définitive 
ce  que  Ton  savait  depuis  longtemps  sur  la  faiblesse  de  la  dernière 
recolle.  Les  quantités  de  jus  déféqués  ont  été  seulement  de 
49,t'.81,00{)  bectolitres  au  lieu  de  77/108,000  hectolitres  l'année  pré- 
cédente. Le  degré  moyen  des  jus  n'a  été  que  de  3.5.  Les  quantités 
prises  en  charge  s'élevaient,  au  30  juin,  à  300/155,000  kilog.  au  lieu 
de  ^3(>/22'i,(U)0  kilog.  en  1879.  A  cette  même  date,  il  restait  en 
fabrique  'iO, 900,000  kilog.  de  sucres  achevés,  et  seulement 
2,908^000  kilog.  de  produits  en  cours  de  fabrication. 

X.  —  Société  d'encouragement  pour  l'industrie  na'ionnle. 

La  Société  d'encouragement  pour  Liiidustrie  nationale  a  tenu,  le 
vendredi  9  juillet,  sa  séance  générale  annuelle,  sous  la  présidence  de 
M.  Dum.-is,  secrétaire  perpétuel  de  rA<;adémie  des  sciences.  Dans 
cette  ^éiince  ont  été  décernées  les  récompenses  attribuées  par  la 
Société.  Nous  devons  signaler  celles  qui  se  rattachent  à  l'a-riculture. 
Sur  le  rapport  de  iVl.^Risler,  un  encouragement  de  500  fi\  a  été 
accordé  à  M,  Goelz  pour  ses  travaux  relatifs  aux  prairies  artificielles^. 
Sur  le  rapport  de  M.   Bella,  une  médaille  d'argent  a  été  attribuée  à 


GHRONIQaEjAGRICOLE  (17  JUILLET   1880).  87 

MM.  Defoy  et  Moreau  pour  FappHcAtion  de  l'électricité  an  dressage 
des  chevaux.  Sur  le  rapport  de  M.  Bérard,  une  autre  médaille  d'ar- 
gent a  été  attribuée  à  M.  Houdart  pour  ses  travaux  sur  l'analyse  des 
vins.  Enfin,  dans  la  liste  des  ouvriers  auxquels  ont  été  décernées  des 
médailles  d'encouragement,  nous  trouvons  le  nom  de  M.  Jacques 
Izard,  ouvrier  agricole  depuis  trente  neuf  ans  chez  M.  Tliéron  de 
Montaugé^  agriculteur  à  Périole,  près  de  Toulouse. 

XL  —  Concours  de  la  Société  d'agricuUure  de  Joigny. 

Le  concours  de  la  Société  d'agriculture  de  Joigny  et  du  Comice 
agricole  du  canton  de  Brienon  (Yonne),  aura  lieu  le  dimanche  29  août 
à  Brienon.  Ce  concours,  pour  lequel  les  deux  associations  se  sont 
réunies,  promet  d'être  important.  Des  primes  nombreuses  y  seront 
décernées  pour  les  cultures  aussi  bien  que  pour  les  diverses  races 
d'animaux  reproducteurs. 

XII.  —  Congrès  pomologique  de  France. 

La  22'  session  de  la  Société  pomologique  de  France  se  tiendra  cette 
année  à  Moulins;  elle  sera  ouverte  le  29  septembre,  et  elle  coïncidera 
avec  une  exposition  de  fleurs,  de  fruits,  de  légumes  et  d'objets  d'art 
concernant  l'horticulture  organisée  par  la  Société  d'horticulture  de 
l'Allier.  Dans  cette  session,  le  Congrès  pomologique  s'occupera 
spécialement  :  1°  De  l'appréciation  des  fruits  admis  à  l'étude;  2"  des 
fruits  étudiés  et  présentés,  soit  par  la  Commission  permanente  des 
études,  soit  par  les  Commissions  pomologiques  locales;,  3°  de  l'étude 
et  de  la  dégustation  des  fruits  qui  lui  seront  déposés;  4°  de  la  médaille 
à  décerner  à  la  personne  qui  a  rendu  le  plus  de  services  à  la  Pomo- 


logie  française. 


XIII.  —  Le  labourage  à  vapeur  en  Anglekrrc. 
Un  agriculteur  anglais  bien  connu,  M.  Mechi,  vient  de  publier  sur  les 
applications  du  labourage  à  vapeur  en  Angleterre, une  note  dans  laquelle 
il  présente  plusieurs  observations  intéressantes  que  nous  crovons  utile 
de  résumer.  En  Angleterre,  environ  24,000  hectares  sont  cultivés  à  la 
vapeur;  et  presque  dans  aumn  cas  les  fermiers  qai  se  servent  de 
ces  appareils  n'ont  pu  affirmer  une  augmentation  de  récolte;  quanta 
l'économie  sur  l'emploi  delà  vapeur,  elle  paraît  résulter  de  touâ  les 
comptes  établis  sur  ce  sujet.  M.  Mechi  attribue  les  résultats  actuels  au^ 
labour  profond  que  tous  les  fermiers  ont  adopté  en  même  temps  que 
la  traction  à  vapeur.  Pour  lui  c'est  là  une  grande  faute  qui,  la  plupart 
du  temps,  donne  pour  résultat  une  diminution  dans  le  rendement  de 
la  récolte.  Il  ne  fallait  pas  dès  l'origine,  et  encore  actuellemaat,  dit-il, 
ramener  à  la  surface  ou  mélanger  avec  la  surface  du  sol  arable  les 
couches  inférieures  qui  sont  généralement  très,  pauvres;  il  fallait  com- 
mencer par  des  labours  moins  profonds  et  augmenter  peu  à  peu- 
la  profondeur  des  labours;  il  fallait  surtout  employer  la  charrue 
sous-sol,  en  môme  temps  qu'un  kbour  moins  profond  était  donné, 
afin  de  remuer  les  couches  inférieures  sans  les  ramener  à  la  surface, 
sans  les  mélanger  avec  les  parliez  supérieures.  \\  n'y  a  point  de  doute 
qu'il  faut  employer  le  labourage  à  vapeur,  quant  à  l'éconouiie;  mais 
il  ne  fallait  pas  courir  d'un  extrême  à  l'autre.  On  doit,  dans  tous  les 
cas,  adopter  la  charrue  sous-sol  avec  la  charrue  ordinaire  à  vapeur; 
de  celte  manière  on  obtient  un  travail  excellent;  on  ralentit  un  peu  la 
marche  de  la  charrue,  mais  aussi  on  l'empêche  de  plonger  en  terre  et 


88  CHRONIQUE   AGRICOLE   (17  JUILLET   1880). 

d'en   alternativement   sortir  de  terre,    comme  cela  arrive   lorsqucni 
laboure  avec  une  grande  rapidité.  -    '^^  '^' 

XIV.  —  Concours  de  la  Société  royale  d'agriculture  d'Angleterre. 

Le  concours  de  Carlisle  est  ouvert  depuis  le  lundi  12  juillet;  il  a 
été  favorisé  par  un  temps  magnifique;  l'emplacement  est  le  plus 
commode  qu'on  ait  encore  eu  en  Angleterre  pour  cette  solennité  an- 
nuelle. L'attrait  particulier  du  concours  de  la  Société  royale  d  agricul- 
ture est,  cette  année,  dans  les  essais  de  labourage  à  vapeur,  dont  les 
résultats  ne  nous  parviendront  à  temps  que  pour  les  insérer  dans 
notre  procbain  numéro. 

XV.  —  Blés  pour  semences. 

Un  agriculteur  habile  du  Rous^illonnais,  M.  Durand,  à  Saint- 
Nazaire  (Pyrénées-Orientales),  qui  a  obtenu  d'excellents  résultat  dans 
la  pratique  des  irrigations,  nous  envoie  plusieurs  échantillons  des 
produits  de  ses  cultures.  Nous  y  remarquons  spécialement  un  très 
beau  blé  barbu,  obtenu  dans  des  terrains  salés,  et  excellent  pour 
semences.  M.  Durand  nous  écrit  qu'il  peut  disposer  de  200  à  300  hec- 
tolitres pour  semences,  absolument  semblables  à  Féchantillon  qu'il 
nous  a  envoyé. 

XVL  —  Nouvelles  de  l'état  des  récoltes, 

La  grande  préoccupation  des  agriculteurs  est  aujourd  hui  la  matu- 
ration des  céréales  qui  s'achève  dans  de  bonnes  conditions.  Nous 
avons  reçu  quelques  notes  qui  donnent,  sur  ce  sujet,  des  renseigne- 
ments intéressants  et  que  nous  publierons.  M.  Dubosq  nous  écrit  de 
Château-Tbierry  (Aisne),  à  la  date  du  (3  juillet  : 

.«  Grâce  à  des  pluies,  quoique  tardives,  arrivées  après  une  attente  de  plus  de  deux 
mois,  d'une  sécheresse  désolante,  les  blés  et  les  avoines  se  sont  améliorés  ;  pen- 
dant un  uioment  on  pouvait  craindre  de  ne  plus  trouver  dans  les  champs,  de  nour- 
riture pour  les  moutons;  aussi,  la  piemière  coupe  des  luzernes,  trèfles  et  prairies 
caturelles,  ne  donnera  qu'un  fourrage  insignifiant  Si  la  pluie  était  arrivée  (rois 
semaines  plutôt,  il  est  probable,  qu'on  aurait  eu  cette  année  une  abondante  ré- 
colte en  grains  et  en  fourrages. 

«  Les  seigles  sont  très  beaux,  ils  donneront  beaucoup  de  grains. 

«  Les  pommes  de  terre  n'ont  pas  souffert  jusqu'ici  ;  il  y  a  espoir  d'un  bon  pro  - 
duit. 

ce  Les  betteraves  sont  bien  levées,  elles  reçoivent  en  ce  moment  leur  troisième 
binage;  il  y  a  suffisamment  de  plants. 

«  Les  féverolles ,  bizail  es  et  maïs  donnent  l'espoir  d'une  bonne  récolte,  cela 
viendra  remplir    les  vides  laissés  par  la  première   coupe  des   autres   fourrages. 

«  Ayant  eu  occasion  de  parcourir  tout  récemment  l'Auvergne,  la  Nièvre  et  une 
partie  de  l'Allier,  partout  il  est  facile  de  se  rendre  compte  de  l'état  peu  favorable 
des  récoltes  en  terre,  les  blés  sont  généralement  dans  de  mauvaises  conditions;  il 
y  a  partout  ab^ence  de  plants,  ils  sont  envahis  par  des  plantes  parasites,  les 
avoines  sont  courtes,  el  es  ne  donneront  ni  paille,  ni  grain,  les  prairies  natu- 
relles qui  ont  eu  à  souffrir  pendarit  près  de  deux  mois  de  pluies  glaciales,  n'ont 
pas  poussé,  aussi  faut-il  s'attendre  pour  ces  départements,  à  une  récolte  peu 
abondante 

«  L'hiver  qui  a  été  si  préjudiciable  dans  notre  département  et  aux  environs  de 
Paris,  auxarbres  fruitiers  etd'agrément,  n'a  causé  aucun  dommage  dans  Ics  dépar- 
tements cités;  aucun  arbre  n'a  souffert,  aussi  compte-t-on  en  profiter,  pour  la 
vente  des  fruits  et  autres  produits.  » 

La  moisson  est  commencée  dans  le  Midi;  elle  est  même  à  peu  près 
achevée  dans  quelques  parties  de  la  Provence,  notamment  dans  les 
Bouchei-dud\bône.  On  se  trouve  généralement  satisfait,  dans  celte 
région,  du  rendement  et  de  la  qualité  du  grain.  J.-A.  Barral. 


EFFETS   DE    L'HIVER   EN    LORRAINE 


LES  EFFETS  DE  L'HIVER  EN  LORRAINE 

Ea  consultant  mon  calendrier  iherraométrique,  je  vois  que  la  gelée  a 
commencé,  à  Thionville,  le  25  novembre.  Le  thermomètre  est  descendu 
alors  à  — 5"  et^  en  baissant  chaque  jour  davantage,  il  était  à  — 16"  le 
3  décembre.  Le  10,  il  atteignait  le  maximum  de  froid,  — 23°.  La 
rigueur  du  temps  se  maintint  jusqu'au  28  décembre,  jour  où  le 
thermomètre  marquait  encore  — 10".  Le  29,  nous  avions  6°.  C'était  la 
fin  du  premier  hiver,  lequel  a  duré  34  jours  consécutifs,  avec  une 
moyenne  de  — 13°. 71. 

Durant  cette  première  et  terrible  épreuve,  j'ai  déjà  constaté  des  ge- 
livures  sur  les  chênes  les  plus  puissants;  mais  j'ai  eu  lieu  de  conser- 
ver quelque  petit  espoir  pour  la  vigne.  Dans  celle-ci  je  trouvais, 
même  au-dessus  de  la  base  des  ceps  qu'avait  protégée  la  neige,  pas 
mal  de  bourgeons  intacts,  en  sorte  que  je  me  promettais  alors  de 
faire  tailler  très  long,  afin  de  ne  rien  perdre  de  ce  que  je  devais  au 
hasard. 

Mais  pendant  que  les  plantes  subissaient  une  atteinte  dont  nous  ne 
devions  connaître  exactement  la  gravité  qu'au  retour  du  printemps, 
les  animaux  enduraient  des  souffrances  dont  les  effets  étaient  bien 
plus  manifestes.  Dans  le  cours  de  ces  nuits  brillantes  oii  l'argent  des 
étoiles  scintillait  dans  un  ciel  de  cobalt,  les  geais  mouraient  sur  la 
branche  libie  et  les  poules  sous  le  toit  de  la  servitude.  Même  de  grands 
mammifères  succombaient  çà  et  là  dans  des  élables  insulfisamment 
protégées,  et  nos  cultivateurs  civilisés,  imitant  par  nécessité  les  peu- 
plades primitives  qui  vivent  en  promiscuité  avec  leurs  animaux,  ré- 
servaient la  place  la  plus  chaude  de  la  stube  aux  jeunes  veaux.  Sur 
ces  entrefaites,  lièvres  et  perdrix  s'aventuraient  dans  les  choux  des 
jardins  et  périssaient  souvent  sous  l'escopette  inhospitalière  du  cam- 
pagnard. Les  renards  se  promenaient  en  plein  jour  dans  les  champs, 
et  les  loups  eux-mêmes,  chassés  hors  du  bois  par  la  faim,  donnaient, 
en  maraudant  publiquement,  le  démenti  à  cette  parole  de  l'Ecriture  : 
Qui  malum  facit,  odit  lucem.  J'en  ai  compté  un  jour  quatre  qui 
opéraient  en  commun,  avec  des  qualités  stratégiques  qui  ont  déjoué 
toute  la  stratégie  que  j'ai  déployée  moi-même,  le  fusil  à  la  main,  pour 
leur  couper  la  retraite. 

Le  5  janvier,  après  un  interrègne  de  sept  jours  de  temps  relative- 
ment tiède,  chacun  de  nous  se  replongeait  frileusement  dans  un  cata- 
falque de  fourrures  où  il  devait,  cette  fois,  rester  enseveli  pendant 
36  jours  consécutifs.  Durant  ce  deuxième  hiver,  le  minimum  a  atteint 
— 16",  le  29  janvier,  et  la  moyenne  générale  a  été  de  — 6".1 1.  Quoique 
moins  rude  aux  animaux,  cette  seconde  période  a  été  très  nuisible  aux 
plantes.  Tous  les  bourgeons  qui  avaient  été  épargnés,  dans  mes 
vignes,  ont  succombé  cette  fois.  Des  pommes  de  terre  ont  été  gelées 
dans  les  celliers  et  dans  les  caves,  et  l'esprit  de  spéculation,  escomp- 
tant ce  désasire  qu'on  croyait  général,  a  si  bien  raréfié  ou  plutôt  ca- 
ché la  marchandise  que,  trois  mois  plus  tard,  à  la  saison  des  semis, 
elle  inondait  nos  marchés  en  y  subissant  des  prix  de  plus  en  plu^ 
avilis,  pour  finir  par  ne  plus  trouver  de  débouché  dans  aucune  con- 
dition, si  bien  que  tout  ce  qui  est  resté  de  la  plantureuse  récolte  de 
1879  est  actuellement  livré  au  bétail,  après  avoir  été  écarté  de  la 
consommation  humaine  par  des  prétentions  exagérées. 


90  EFFETS  DE  LHIVER  EN  LORRAINE. 

Pendant  le  premier  hiver,  la  terre  était  restée  molle  sous  20  centi- 
mètres d'une  neige  brusquement  saisie  par  un  froid  vif  et  qui  a  pro- 
tégé les  récoltes  en  terre.  Dans  ce  milieu  mouvant,  facilement  pénétré 
et  remué  par  le  groin  des  sangliers,  ceux-ci  ont  trouvé  sans  peine 
leur  nourriture  et  se  sont  maintenus  en  bon  état.  Mais  ces  animaux, 
qui  ne  paraissscnt  guère  plus  sensibles  au  froid  qu'aux  compliments, 
ont  fait  tfisle  figure  pendant  le  second  hiver  qui,  opérant  à  l'inverse 
du  premier,  a  congelé  profondément  la  terre  avant  de  la  revêtir  d'une 
éclatante  parure.  D'où  il  est  résulté  que  les  sangliers  vivaient  de  l'air 
du  temps  el  de  feuilles  de  ronces.  A  ce  régime  fondant  ils  ont  perdu 
la  vigueur  de  la  race;  quelques-uns  d'entre  eux,  accrochés  par  la  dent 
du  malin,  ont  été  achevés  à  coups  de  fourche,  d'autres  sont  morts 
d'inanition  et  ont  servi  de  pâture  non  seulement  aux  loups,  ce  qui  se 
conroit,  mais  encore  à  leurs  semblables,  ce  qui  est  plus  étonnant.  J'ai 
vu  ouvrir  l'estomac  d'un  solitaire  qui,  comme  Ugolin,  avait  servi  de 
sépulture  à  ses  enfants.  On  ne  peut  mieux  justifier  l'épilhè.te  d'omnivore. 
En  môme  temps  qu'un  manteau  de  neige  cachait  la  terre,  les  eaux 
étaient  partout  couvertes  d'une  couche  de  glace  qui,  sur  la  Moselle, 
dépassait  30  centimètres  d'épaisseur.  Cette  congélation  générale,  cette 
solidification  des  liquides  à  laquelle  n'avaient  échappé  que  de  rares 
petites  sources,  attirait  sur  celles-ci  les  oies  sauvages  altérées  par 
î'âcreté  des  colzas  qui  leur  avaient  servi  de  pâture.  D'où  une  pré- 
cieuse occ^asion  de  surprendre  et  de  tirer  ce  gibier  sauvage  et  d'un 
accès  si  difficile. 

A  la  suite  des  dures  épreuves  de  cet  hiver  en  deux  volumes,  on  ne 
s'est  pas  lait  beaucoup  d'illusions  sur  ses  tristes  résultats.  Ordinaire- 
ment les  Jérémies  ne  manquent  pas  de  grossir  le  mal;  mais,  cette 
fois,  il  ne  restait  malheureusement  que  peu  de  place  pour  leurs  exa- 
:,ération3.  Dans  nos  jardins,  il  n'y  a  presque  plus  rien  de  bon  parmi 
les  arbres  de  court  jet,  mais  la  majorité  des  grands  arbres  a  survécu. 
C'est  un  spectacle  consolant  pour  des  yeux  qui,  en  parcourant  la  ligne 
de  Reims  à  Charleville,  ont  vu,  dans  les  Ardennes,  surtout  dans  les 
parages  de  Launois,  la  mort  étendant  son  cachet  noir  sur  tous  les  ar- 
bres fruitiers  et  jusque  sur  les  espèces  forestières,  donnant  ainsi  aux 
vergers  l'aspect  de  nécropoles  végétales. 

Aux  premières  tiédeurs  de  mars,  les  horticulteurs  se  sont  générale- 
m.€nt  frotté  les  mains,  en  voyant  des  feuilles  pousser  aux  arbres  qui 
avaient  paru  des  plus  compromis.  Cette  joie  a  été  courte;  la  séche- 
resse de  l'atmosphère,  entretenue  par  un  vent  opiniâtre,  n'a  pas  tardé 
à  éteindre  ces  symptômes  de  vie.  Ils  étaient  bien  décidément  perdus, 
hélas!  ces  arbres  qu'on  avait  crus  sauvés  parce  que  l'écorce  en  était 
encore  verte  et  que  leur  bois  paraissait  blanc,  sain.  Tel  a  été  le  sort 
de  tous  les  noyers,  d'une  foule  de  poiriers,  de,  pêchers  et  d'arbustes 
d'ornement. 

En  somme,  dans  nos  forêts,  le  mal  est  insignifiant  ;  sur  les  prome- 
nades et  sur  les  routes  il  n'a  pas  grande  importance,  mais  dans  les 
jardins  la  perte  est  énorme.  Quand,  à  l'automne,  on  en  aura  enlevé 
tous  les  squelettos  végétaux  qui,  au  milieu  delà  verdure  des  parterres, 
rappellent  que  les  végétaux,  comme  les  animaux,  sont  tous  mortels, 
ces  pauvres  jardins  seront  à  peu  près  nus  comme  les  espaces  cultivés 
en  pleins  champs. 

Cependant,  si  arrand  que  soit  le  mal,  i]  ne  frappe  point  la  culture 


EFFETS  DE    L'HIVER  EN  LORRAINE.  91 

de  notre  pays  dans  sa  production  essentielle.  Les  prairies,  naturelles  ou 
artificielles,  n'ont  pas  souffert,  les  gros  grains  non  plus.  Les  travaux 
du  printemps  se  sont  adinirablemeiu  effectués  dans  un  sol  desagrégé 
par  la  force  irrésisàble  du  plus  grand  et  du  plus  long  froid  qu'on  ait 
constaté  , en  Lorraine.  Nos  blés,  généralement  exubérants,  avaient 
besoin  de  temps  sec;  nos  marsages  sont  bien  fournis,  nos  trèfles  très 
épais,  et  si  la  pluie  qui  tombe  aujourd'hui,  28  mai,  pouvait  nous  con- 
tinuer quelques  jours  sa  bienfaisante  intervention,  l'année  1880 
compterait  parmi  les  bonnes,  et  nous  n'aurions  pas,  après  deux  mau- 
vaises campagnes,  à  dévorer  une  troisième  vache  maigre. 

Docteur  F.  Schneider, 

correspondant  de  la  Société  nationale  d'agriculture  de  France^ 

N.  B.  C'est  la  vache  grasse  qui  l'emporte  visiblement,  aujourd'hui  5  juillet,  à 
l'heure  où  je  corrige  mes  épreuves.  La  pluie  a,  en  effet,  dissipé  toutes  lesans^oisses 
du  cultivateur  et  celui-ci  déclare  d'ores  et  déjà  que  la  place  va  lui  man;juer  pour 
engranger  les  magaihijues  récoltes  qui  ornent  ses  champs.  Les  céréales  se  tiennent 
fermes  sur  leurs  tiges  au  tissu  dense;  la  floraison  s'est  bien  faite,  les  épis  sont 
bien  garnis  de  grai/is.  Les  pommes  de  terre  sont  luxuriantes,  les  betterave?  mar- 
chent à  grandes  étapes  et  les  secondes  coupes  de  trèfle  arrivent  à  marche  forcée. 
Vraiment,  la  nature  a  des  ressources  admirables.  Mais,  comme  on  a  la  manie  de 
toujours  gémir,  on  va  se  plaindre  sans  doute  du  fléau  de  l'abondance.       F.  S. 

LES  HIRONDELLES 

Il  y  a  tous  les  ans  beaucoup  d'hirondelles  au  Riltershof.  —  Pas 
d'hirondelle  de  che  iiinée,  la  petite  qu'on  nomme  vulgiiremsnt  Mar- 
tinet. Liles  viennent  au  printemps  reti-ouver  leurs  nids.  Elles  élèvent 
une  famille,  et  partent  dans  les  premiers  jours  de  septembre.  Or  cette 
année,  te  26  juin,  on  a  remarqué  qu'il  n'y  en  avait  plus.  Elles  étaient 
toutes  parties.  —  Quelle  cause  a  déterminé  leur  départ,  où  sont-elles 
allées?  Ce  fait  se  rattache-t-il  à  des  circonstances  d'un  intérêt  général 
qui  nous  sont  inconnues? 

Ce  départ  des  hironlelles  n'a  pas  été  occasionné  par  une  cause 
locale,  accidentelle.  On  peut  en  avoir  la  certitude,  parce  qu'il  y  a 
dans  la  cour  de  la  ferme  deux  familles  d'hirondelles  qui  occupent  deuî 
bâtiments  éloignés  l'un  de  l'autre  d'environ  60  mètres.  Elles  sont 
parties  toutes  ensemble,  comme  elles  partent  chaque  armée  au  mois 
de  septembre. 

Ce  fait  me  semble  être  assez  intéressant  pour  le  faire  connaître  aux 
nombreux  lecteurs  du  Journal  de  l'Agriculture,  en  les  priant  de  faire 
savoir  si  ce  départ  des  hirondelles  a  eu  lieu  aussi  chez  eux,  et  s'ils 
peuvent  en  inditjuerla  cause. 

On  leur  lait  la  guerre,  on  les  tue  pour  les  manger,  ces  innocentes 
hirondelles  qui  nous  rendent  tant  de  services.  Chaque  année,  à  l'au- 
tomne, il  se  fait  dans  le  midi  de  la  France  et  en  Italie,  une  effrayante 
destruction  de  petits  oiseaux  qui  émigrent  pour  aller  passer  l'hiver 
dans  un  climat  plus  chaud. 

L'agriculture  française  a  déjà  fait  bien  des  progrès,  ne  fera-t-elle 
pas  encore  celui  d'une  loi  qui  protège  les  petits  oiseaux?  Et  si  cette  loi 
est  enfin  renlue,  le  gouvernement  françris  ne  pourra-t  il  pas  s'en- 
tendre a^^ec  le  gouvernement  italien  pour  que  les  petits  oiseaux  soieat 
protégés  pendant  leur  passage  en  Italie  ? 

Celte  loi,  que  j'ai  déjà  demandée  pour  la  France,  existe  ici  dans  la 
Bavière  rhénane.  Les  forestiers  du  gouvernem^it  et  des  particuliers, 


92  LES    HIRONDELLES. 

les  gardes  champêtres  exercent  une  police  sévère.  Les  nids  sont  res- 
pectés, et  la  loi  désigne  tous  les  oiseaux  nuisibles  qu'il  est  permis  de 
détruire  et  tous  les  oiseaux  utiles  qui  doivent  être  respectés  et  protégés. 
Espérons  qu'une  loi  semblable  ne  tardera  pas  à  être  rendue  en 
France.  F.  Villebot. 

Riltershof,  2  juillet  1880. 

DISCOURS  PRONONCÉ  AUX  OBSÈQUES 

DE     M.    VICTOR    BORIE, 
au    nom  de    la   Société    nationale    d'agriculture,  le  8  juillet    1880. 

Messieurs,  le  confrère  à  qui,  au  bord  de  cette  tombe,  nous  venons  au 
nom  de  la  Société  nationale  d'agriculture,  rendre  le  suprême  hommage, 
nous  a  été  enlevé  par  un  coup  imprévu.  Il  y  a  quelques  jours  à  peine, 
il  était  parmi  nous  plein  de  verve  et  d'esprit,  détendant  avec  une  rare 
vigueur  les  doctrines  de  la  liberté  dans  l'économie  rurale,  encourageant 
par  ses  éloges,  dans  d'excellents  rapports,  les  efforts  d'homnit-s  de 
progrès  ayant  pour  but  d'émanciper  les  habitants  de  la  campagne  de 
tous  les  préjugés,  enfin,  dans  notre  dernière  séance  publique,  prodi- 
guant de  chaleureuses  paroles  à  des  instituteurs  qui  s'étaient  distin- 
gués dans  l'enseignement  agricole  au  milieu  des  populations  rurales. 
11  avait  pris  à  cœur  le  développement  de  l'instruction  populaire,  non 
pas  seulement  dans  les  villes,  mais  surtout  dans  les  villages  et  les 
hameaux.  Il  était  ardemment  dévoué  à  la  cause  du  progrès  dans  la 
démocratie  rurale. 

Victor  Borie  était  né  en  1818,  à  Tulle,  dans  la  Corrèze.  C'est  là  qu'il 
fit  ses  études  sous  la  direction  de  son  père,  archiviste  delà  préfecture 
et  de  la  ville.  Placé  dans  une  position  modeste,  il  fut,  dès  l'âge  de 
vingt  ans,  nommé  vérificateur  des  poids  et  mesures.  Il  y  avait  alors 
peu  de  chemins  et  de  routes  dans  ce  pays  de  montagnes,  qtie  chaque 
jour  le  jeune  employé  parcourait  à  cheval,  dans  tous  les  sens,  de  l'aube 
au  crépuscule.  C'est  là  qu'il  prit  son  premier  goût  pour  l'économie 
rurale. 

Tout  jeune,  il  avait  déjà  un  véritable  talent  d'écrivain.  Aussi  il  livra 
de  bonne  heure  à  divers  journaux  des  départements  des  articles  qui 
appelèrent  sur  lui  l'attention.  Il  fut  distingué  par  une  des  plus  grandes 
illustrations  de  notre  siècle  dans  les  lettres,  et  bientôt,  sous  ses  aus- 
pices, il  fut  appelé  à  diriger  un  journal  de  province,  poste  périlleux 
pour  un  homme  imbu  des  idées  les  plus  libérales.  Aussi,  condamné 
pour  qut^lques  attaques  vigoureuses  contre  les  hommes  qui  allaient 
faire  l'Empire,  il  dut  prendra  le  chemin  de  l'exil  et  souffrir  de  toutes 
les  misères  de  la  pauvreté  noblement  supportée.  Il  publia  en  Belgique 
quelques  ouvrages  politiques  qui  eurent  du  retentissement,  mais  des 
succès  littéraires  ne  pouvaient  le  consoler  d'être  éloigné  de  la  France. 
Il  voulut  rentrer  dans  sa  patrie,  quoiqu'il  sût  qu'il  allait  y  subir  les 
rigueurs  de  la  prison. 

Lorsqu'il  redevint  libre,  il  nous  fut  recommandé  par  François 
Arago,  et  c'est  ainsi  qu'il  est  entré  dans  la  carrière  agronomique 
qu'il  a  si  bien  parcourue.  Outre  de  nombreux  articles  dans  les  jour- 
naux agricoles,  il  devint  collaborateur  de  la  Presse,  puis  du  Siècle.  Ses 
premières  années  écoulées  au  sein  des  campagnes  lui  avaient  laissé 
des  impressions  que  son  esprit  judicieux  avait  changées  en  données 


DISCOURS   PRONOXCK   AUX   OBSEQUES    DE  M.   VICTOR  BORIE.  93 

positives  sur  les  besoins  des  populations  rurales  et  qui  lui  servirent 
pour  appliquer  avec  certitude  les  doctrines  de  l'économie  politique 
aux  choses  de  l'agriculture.  Son  talent  d'écrivain  avait  mûri  et  s'était 
aîTernii;  dès  185^,  il  publiait,  sur  l'organisation  du  commerce  delà 
boucherie,  sous  le  titre  La  question  du  pot-au-feu,  une  brochure  aussi 
savante  qu'originale,  où  il  démontrait  l'inutilité  de  la  taxe  et  les 
avantages  de  la  liberté.  C'est  le  môme  thème  que,  quelques  années 
plus  tard,  alors  qu'il  était  devenu  rédacteur  en  chef  de  ÏEclio  a'/ricole, 
il  soutint  pour  ce  qui  concerne  le  commerce  des  céréales  et  l'indus- 
trie de  la  boulangerie.il  était  alors  vivement  préoccupé  de  la  iiécessité 
de  remettre  entre  les  mains  des  paysans  des  livres  simples,  mais  sur- 
tout exacts,  et  d'une  facile  lecture,  afin  de  faire  pénétrer  paitout  les 
découvertes  de  la  science  et  les  perfectionnements  que  la  pratique 
pouvait  immédiatement  mettre  en  œuvre  pour  triompher  de  la  rou- 
tine. Son  premier  livre  agricole  fut  intitulé  :  Les  travaux  des  (luimp.'i ; 
il  y  disait  :  «  La  clarté  de  la  démonstration  ne  tient  pas  à  la  forme  du 
langage;  elle  dépend  bien  plutôt  de  la  simplicité  du  style.  »  Il  resta 
lidèle  à  ce  principe  dans  ses  autres  livres  de  vulgaris.ition,  intitulés  : 
Les  Jeudis  de  M.  Dulaurier,  Calendrier  agricole^  Cours  élémentaire 
d'agriculture.  Dans  un  autre  ouvrage,  Les  Animaux  de  la  ferme,  destiné 
aux  riches  bibliothèques,  il  a  montré  les  mêmes  qualités  pour  sefaire 
lire  et  aimer  des  grands  agriculteurs,  ainsi  qu'il  avait  su  le  faire  pour 
les  petits. 

Ces  travaux  lui  ouvrirent  les  portes  de  notre  Compagnie;  il  fut  élu, 
en  18GG,  pour  su. •céder  à  Dupin  aîné  dans  la  Section  d'économie,  de 
statistique  et  de  législation  agricoles.  C'est  vers  cette  époque  qu'Edmond 
Adam,  qui  l'avait  connu  chez  Bixio,  s'étant  retiré  du  Comptoir  d'es- 
compte, le  fit  nommer  secrétaire  général  de  cette  Société  linancière.  La 
part  considérable  que  Victor  Borie  prit  dès  lors  au  mouvement  des 
grandes  affaires  ne  le  détourna  pas  de  l'agronomie;  il  y  revenait  tou- 
jours avec  une  plus  vive  ardeur,  en  apportant  à  l'examen  des  ques- 
tions la  maturité  et  l'autorité  qu'un  homme  de  valeur  et  d'intelligence 
contracte  à  mesure  qu'il  se  trouve  de  plus  en  plus  en  lutte  avec  les 
difficultés  de  la  vie.  Les  deux  livres  nouveaux  dans  lesquels  il  a  ré- 
sumé ses  méditations,  l'un  intitulé  :  V agriculture  et  la  liberté,  l'autre, 
Et  de  sur  le  crédit  (ujricoleet  le  crédit  foncier,  sont  d'un  style  non  moins 
simple  que  les  précédents,  mais  plus  ferme  et  plus  élevé.  Il  montre 
que  le  cultivateur,  pour  ari'iver  à  la  véritable  prospérité,  doit  être  dé- 
gagé de  tous  les  liens  prétendus  protecteurs,  dont  on  l'a  entouré 
comme  d'entraves  qui  anéantissent  toute  son  initiative.  Il  le  veut  abso- 
lument libre,  mais  instruit  et  cap;ible,  soit  de  diriger  lui-même  son 
exploitation,  soit  d'entrer  dans  de  fructueuses  associations  avec  le 
propriétaire  du  sol.  Le  cultivateur  libre  aura  le  crédit  et  la  puissance 
au  même  titre  que  l'industriel  et  le  commerçant.  Le  dernier  moi,  de 
Borie  est  d'ailleurs  une  révolte  contre  Tanathème  trop  ritroureu.v 
dont  le  métayage  avait  été  frappé  par  l'ancienne  agronomie,  u  Le  mé- 
tayage, dit-il,  n'est-ce  pas  la  plus  magnifique  et  la  plus  facile  réalisa- 
tion de  cette  association  idéale  tant  vantée  du  capital,  de  1  intellio-ence 
et  du  travail,  marchant  fièrement  à  la  conquête  de  la  paix,  de  l'union 
de  l'aisance  et  de  la  civilisation!  » 

Ces  mots  peignent  bien  notre  confrère,  toujours  généreux  et  ardent. 
Notre  Compagnie  a  voulu  lui  témoigner  l'estime  que  lui  in.-;pirait  son 


94  DISCOURS  PRONONCÉ  AUX  OBSÈQUES  DE  M.  VICTOR  BORIE. 

caractère  en  l'élisant  membre  du  bureau,  où  nous  l'avons  eu  une 
seconde  fois  comme  collaborateur  assidu,  pour  le  voir  mourir  à  nos 
côtés  après  qu'un  quart  de  siècle  s'était  écoulé  depuis  ses  débuts  avec 
nous  dans  l'uoronomie.  En  apprenant  sa  mort,  notre  doyen  et  illustre 
président,  M.  Chevrcul,  que  son  graad  âge  seul  a  retenu  loin  de  cette 
triste  cérén\onie,  nous  a  dit  :  «  C'est  pour  moi  une  peine  très  vive, 
nous  faisons  une  grande  perte,  car  c'était  un  homme  au  cœur  bon  et 
ferme,  un  esprit  loyal  et  solide.  »  Cet  éloge,  provenant  d'une  telle 
bouche  est  le  plus  beau  témoignage  d'estime  qui  puisse  être  donné 
au  bord  d'une  tombe.  —  Adieu  donc,  cher  confrère  et  ami,  l'émotion 
et  l'affection   de  tous  vous  accompagnent  au  delà  de  ce  monde  ! 

J.-A.  Babral. 

LA  QUESTION  DU  LIBRE-ÉCHANGE  EN  TOURAINE 

Monsieur  le  directeur,  la  question  du  libre-échange  se  débat  aussi 
en  Touraine,  avec  la  même  vivacité  qu'à  Paris.  Nous  avons  surtout 
un  ^azetier  qui  fait  rage  dans  chaque  numéro  de  sa  feuille.  Il  ne  se 
pique  iïuère  de  logique  et  dit  volontiers  aujourd'hui  le  contraire  de  ce 
qu'il  avait  dit  hier.  Mais  c'est  un  fait  bien  connu  qu'il  supplée  au  défaut 
de  suite  dans  les  idées  par  une  pompe  majestueuse  dans  le  style.  Tout 
ce  qui  sort  de  sa  plume  est  solennel.  Pour  faire  connaître  à  vos  lec- 
teurs ce  qui  se  passe  ici,  je  ne  puis  omettre  de  vous  parler  de  ce  pu- 
bliciste  qui  n'a  pas  son  pareil  parmi  nous.  Même  à  Paris,  vous  n'en 
trouveriez  pas  deux,  bien  sûr,  qui  lui  ressemblent. 

Il  y  a  dix-  huit  mois,  quand  le  prix  du  blé  vint  à  tomber  si  bas,  vu 
que  malheureusement  il  ne  valait  pas  grand'chose,  notre  homme  était 
pour  la  liberté  du  commerce.  Il  disait  hautement  et  à  tout  propos, 
«  que  les  traités  de  commerce  ont  du  bon,  qu'on  les  charge  d'ini- 
quités dont  ils  ne  sont  pas  coupables;  que  la  suppression  de  l'échelle 
mobile  avait  fait  monter  le  prix  du  blé;  que  la  liberté  commerciale 
n'est  pas,  comme  le  disent  quelques  malintentionnés,  un  obstacle  au 
pros;rès  ao-ricole,  etc.,  etc.  »  La  devise  qu'il  avait  arborée  était  :  «  Pas 
de  retour  en  arrière.  »  Même  il  se  fit  enrôler  dans  la  Ligue  pour  la 
liberté  commerciale,  et  alla  jusqu'à  ouvrir  une  souscription  dans  sa 
feuille  pour  faire  de  la  propagande  en  faveur  de  la  cause. 

Ce  qu'il  redoutait  principalement  pour  l'agriculture,  c'était  de  la 
voir  s'allier  à  l'industrie  pour  faire  campagne  contre  les  traités  de 
commerce.  Il  disait  aux  cultivateurs  tourangeaux  :  «  Vous  serez 
dupes,  si  vous  jouez  ce  jeu.  Au  dernier  moment,  l'intérêt  du  consom- 
mateur prévaudra,  et  les  tarifs  manufacturiers  seront  seuls  relevés. 
Vous  aurez  tiré  les  marrons  du  feu,  mais  c'est  le  grand  manufacturier 
d  Indre-et-Loire,  M.  Bouvyer  Cartier,  dont  vous  connaissez  le  nom  et 
l'appétit,  qui  les  mangera.  » 

L'art^ument  qu'il  se  plaisait  à  invoquer  pour  combattre  avec  plus 
de  succès,  auprès  des  cultivateurs,  le  i-encliérissement  du  blé  par  les 
tarifs  de 'douane,  c'était  la  culture  intensive,  à  grosses  recolles,  à 
f^rosses  fumures  et  à  gros  rendements,  comme  on  dit  en  patois  de  chez 
nous.  «  Faites  de  la  betterave  à  sucre,  disait  il  aux  cultivateurs  des 
bords  de  la  1  oire  :  elle  a  cela  de  l)on  qu  on  peut  lui  imputer  beaucoup 
de  frais,  ce  qui  vous  permettra  de  décharger  d'autant  le  blé  de  1  ob- 
tenir à  bon  compte  et  de  le  vendre  avec  un  honnête  bénéfice,  même 


LA  QUESTION  DU  LIBRE  ÉCHANGE  EN   TOURAJNE.  95 

en  le  cédant  à  bon  marché  ».  Il  citait  à  ce  propos  l'exemple  d'une 
ferme  bien  connue  de  l'Anjou,  la  ferme  de  Prasny,  où  la  culture  des 
betteraves  et  des  autres  plantes  industrielles  permet  d'obtenir  le  blé  à 
d'aussi  bonnes  conditions  qu'en  Amérique. 

Sans  être  grand  clerc.  Monsieur  le  directeur,  ainsi  que  vous  le  savez 
déjà,  il  me  semble  que  si  j'avais  eu  à  participer  au  débat,  j'aurais 
eu  la  partie  belle  en  objectant  que  ce  n'est  pas  d'imputer  les  béné- 
fices au  blé,  de  préférence  à  la  betterave,  qui  importe,  c'est  de  les 
encaisser;  que  le  cultivateur  a  beau  mettre  ses  plus  grosses  dépenses 
sur  le  compte  de  la  betterave,  cela  ne  le  dispense  pas  de  les  payer; 
que  si  les  traités  de  commerce  vident  réellement  notre  bourse,  des  vi- 
rements de  frais  sur  le  papier  ne  nous  mettront  pas  en  mesure  de 
la  remplir.  M'est  d'ailleurs  avis  que  le  conseil  est  plus  facile  à 
donner  qu'à  suivre,  vu  que  la  betterave  ne  pousse  pas  dans  tous  les 
pays  où  l'on  cultive  le  blé;  que  les  contrées  notamment  qui  le  vendent 
à  meilleur  marché  et  le  produisent  par  conséquent  à  meilleur  compte, 
n'ont  pas  la  ressource  d'imputer  les  plus  grosses  dépenses  aux  plantes 
industrielles,  par  l'excellente  raison  qu'elles  n'en  cultivent  pas;  que 
c'est  d'ailleurs  le  blé  qui  fait  défaut,  non  le  sucre,  etc.  On  aurait  pu 
ajouter  bien  d'autres  raisons  ;  mais  les  Tourangeaux,  d'ailleurs  scep- 
tiques en  matière  de  comptabilité  agricole,  sont  bons  prmces,  par- 
dessus le  marché.  Personne  ne  lit  d'objection,  ou  du  moins,  je  ne  con- 
nais personne  qui  en  ait  fait.  Les  bordiers  et  autres  cultivateurs  ne 
sont  pas  assez  simples  pour  demander  ou  même  pour  espérer  à  leur 
profit  des  privilèges  de  douane  :  ils  savent  trop  qu'ils  sont  faits  pour 
payer  ces  faveurs,  non  pour  en  jouir.  Nous  nous  bornions  donc  à 
attendre  avec  résignation  des  jours  meilleurs  et  pour  la  récolte  et  pour 
la  vente. 

11  y  a  six  mois,  le  prix  du  blé  s'étant  relevé,  et  celui  du  bétail 
s'étant  abaissé  à  son  tour,  notre  grand  publiciste  changea  carrément 
son  fusil  d'épaule,  pour  me  servir  de  ses  expressions.  Quand  nous  en 
parlons  entre  nous,  nous  disons  simplement  qu'il  retourna  sa  veste. 
Il  planta  là  bel  et  bien  la  Ligue  pour  la  liberté  commerciale,  courut  les 
séances  du  Grand-Hôtel  de  Tours,  où  se  réunit  la  fine  fleur  des  pro- 
tectionnistes, fit  des  avances  à  M.  Bouvyer-Cartier,  le  grand  orateur 
qui  verse  des  larmes  de  crocodile  sur  le  sort  de  l'agriculture,  trouva 
du  bon  dans  l'attitude  du  fougueux  M.  Eliacin  qui  s'improvise  général 
en  chef  des  comices  de  Touraine,  et  se  mit  à  faire  une  guerre  achar- 
née aux  traités  de  commerce  qu'il  accusa  publiquement  d'être  anti- 
égalitaires,  anti-agricoles,  en  un  mot,  du  libre-échange  de  carton.  Il 
consentait  bien  à  passer  l'éponge  sur  le  blé,  qui  était  alors  à  plus  de 
32  francs  le  quintal,,  mais  à  la  condition  d'obtenir  de  sérieuses  com- 
pensations, telles  qu'un  droit  de  40  pour  100,  représentant  50à  80  fr. 
par  tête  de  bœuf,  sur  le  bétail  étranger.  Il  justifiait  sa  nouvelle  thèse 
par  les  deux  raisons  suivantes  :  il  faut  repousser  le  bétail  étranger, 
parce  qu'il  n'arrive  à  nos  abattoirs  qu'après  avoir  fécondé  la  terre 
étrangère;  il  faut  encoorager  le  bétail  national,  parée  que  c'est  le 
moyen  d'avoir  un  sol  plus,  fécond*  du  blé  obtenu  à  meilleur  compte  et 
vendu  moins  dier.  Il  miettait  encore  en  avant  i' exemple  de  la  ferme  de 
Prasny,  où  le  blé  ne  coûte  presque  rien,  parce  qu'on  y  engraisse  beau- 
coup de  bétail,  et  il  allait  même  juisqu'à  tancer  verte m,ent  le  comiec 
d'Ar^uzon-saff -Loire,  qui  ne  voulaat  pas  lâcher  les  droits  sur  le  blé. 


96  LÀ  QUESTION  DU  LIBRE-ECHANGE  EN  TOURAINE. 

avail  chargé  de  frais  le  corupte  de  cette  culture^  pour  démontrer 
qu'elle  était  devenue  ruineuse.  «  Ce  serait,  ))  disait-il,  c  un  effoiidre- 
menl  si  formidable,  que  je  ne  puis  le  prendre  pour  une  réalité.  » 

11  y  aurait  eu  beaucoup  à  dire,  il  me  semble  encore,  sur  les  deux 
points  de  cette  nouvelle  ihèse.  Sur  le  premier  point,  il  était  facile 
d'ob)ecter  que  si  les  bœufs  d'Italie  et  les  moutons  d'Allemagne  laissent 
leur  fumier  à  l'étranger,  ce  n'est  pas  sans  y  avoir  consommé  des  four- 
rages, ce  qui  établit  bien  une  certaine  compensation  ;  que  si  l'étran- 
ger nous  vend  son  bétail  et  garde  le  fumier,  c'est  simplement  parce 
que  nous  avons  besoin  de  l'un  et  n'avons  pas  besoin  de  l'autre,  etc.,  etc. 
Sur  le  second  point,  il  semble  évident  que  si  le  bétail  est  la  source  de 
toute  richesse,  l'étranger,  en  nous  vendant  ses  bêtes  à  bon  marché, 
nous  fait  un  vrai  cadeau  :  car  il  ne  tiendrait  qu'à  nous  de  faire  servir 
ce  bétail,  non-seulement  à  accroître  la  fertilité  de  nos  terres  et  le  ren- 
demuit  de  nos  champs  de  blé,  mais  encore  à  diminuer  le  prix  de  re- 
vient de  toutes  nos  récoltes.  Il  n'est  pas  démontré,  que  je  sache,  que 
le  meilleur  moyen  à  employer  pour  avoir  beaucoup  de  bétail  en 
France,  soit  précisément  de  fermer  nos  portes  aux  moutons  et  aux 
bœufs  de  nos  voisins 

Toutefois,  et  bien  qu'il  y  eût  beaucoup  à  dire,  les  Tourangeaux,  gens 
discrets  et  peu  enclms  à  se  produire  en  public,  n'ont  rien  dit.  Ils  en 
ont  quelque  peu  glosé,  en  riant,  les  jours  de  foire;  mais  ils  s'en  sont 
tenus  là,  estimant  d'ailleurs  que  la  chose  ne  tirait  pas  autrement  à 
conséquence. 

Aujourd'hui,  nouveau  changement,  non  dans  le  fond  de  la  thèse, 
mais  dans  les  arguments  qui  la  justifient.  Une  grave  nouvelle,  une 
nouvelle  invraisemblable  s'est  répandue,  et  patatras  !  tout  s'écroule 
autour  de  nous.  Un  voyageur  qui  passait  dans  le  pays,  a  semé  le  bruit 
qu'avec  ses  racines  à  grands  rendements  et  ses  engraissements  à  gros 
bénéfices,  la  ferme  de  Prasny  est  réellement  en  perte  pour  son  blé.  Le 
prix  de  revient  de  l'hectolitre,  loin  de  s'abaisser  par  la  longue  pra- 
tique de  la  culture  intensive,  comme  on  nous  l'avait  fait  croire  pen- 
dant 40  ans,  n'a  fait  que  s'élever  ;  on  dit  même  qu'il  a  monté  de 
4  fr.  44,  ce  qui  fait  juste  5  fr.  55  le  quintal.  Ce  qu'il  y  a  de  plus  sur- 
prenant dans  l'affaire,  c'est  que  la  moitié  environ  de  cet  accroissement 
provient  des  attelages  de  bœufs  et  de  chevaux,  qui  ont  évidemment 
profité  de  l'occasion  des  traités  de  commerce  pour  se  livrer  à  des  orgies 
de  consommation.  Grave  symptôme!  Si  la  ferme  de  Prasny  est 
atteinte,  toute  l'agriculture  est  menacée,  ou  plutôt,  faisons-en  notre 
deuil,  elle  est  décapitée.  La  ferme  de  Prasny  qui  battait  la  charge,  bat 
maintenant  le  rappel  :  c'est  une  débandade,  c'est  un  sauve-qui-peut 
général...  si  l'on  ne  se  hâte  de  fermer  la  porte  au  bétail  étranger. 

Dans  le  principe,  et  tant  que  la  nouvelle,  propagée  seulement  par 
le  comice  d'Arjuzon-sur-Loire,  n'avait  pas  franchi  sérieusement  les 
confins  de  l'Anjou  pour  se  répandre  en  Touraine,  notre  publiciste 
l'avait,  sinon  incriminée  de  faux,  du  moins  taxée  d'exagération  et  de 
doute.  Il  semblait  même  dire  aux  membres  du  comice  :  «  si  le  blé 
coûte  si  cher  à  Prasny,  c'est  que  vous  n'en  savez  pas  faire  le  compte  ; 
songez  que  les  betteraves  ont  bon  dos  et  qu'elles  peuvent  prendre  à 
leur  charge  tout  ce  que  vous  voudrez  leur  faire  supporter,  au  grand 
soulagement  du  blé  ».  L'auteur  avait  vécu  40  ans  sur  la  culture  inten- 
sive, l'avait  chantée  sur  tous  les  tons,  l'avait  exploitée  sous  toutes  les 


LA  QUESTION   DU  LIBRE-ÉGHA.VGE   EN   TOURAINE.  97 

ibrmes  et  s'en  était  fait  une  carrière  et  un  renom,  laissant  ses  adeptes 
«  se  ruiner  scientifiquement  en  prenant  le  conseil  au  sérieux  «.  Il  avait 
aussi  mis  à  la  mode  la  théorie  des  prix,  de  revient,  celle  du  fumier 
en  particulier,  et  vingt  fois  il  avait  ouvert  à  ce  sujet  des  discussions 
auxquelles  il  avait  dû  mettre  un  terme,  en  attendant,  disait-il,  «  qu'on 
se  mît  (l'accord  sur  la  méthode  de  calcul  à  employer  ».  La  culture 
intensive  était-elle  une  hérésie,  et  le  prix  de  revient  du  fumier,  un 
leurre?  Il  était  bien  dur,  je  ne  dirai  pas  d'en  convenir,  maih  simple- 
ment de  le  laisser  soupçonner. 

ftlais  quand  le  voyageur  qui  avait  passé  à  Prasny  eût  rapporté  ce 
fait  douloureux,  que  les  attelages  de  hœufs  et  de  chevaux  ne  gardent 
plus,  d(^puis  la  néfaste  conclusion  des  traités  de  commerce,  la  moindre 
modération  dans  leurs  consommations  de  foin  et  d'avoine,  la  lumière 
se  lit  enfin  dans  l'esprit  de  notre  puhliciste.  Il  jeta  bravement  à  l'eau, 
au  lin  fond  de  la  Loire,  la  doctrine  de  la  culture  intensive,  la  théorie 
du  prix  de  revient  du  fumier,  et  se  rabattit,  pour  s'y  concentrer  entiè- 
rement, sur  le  bétail  producteur  d'engrais.  Voici  la  phrase  qui  résume 
tout  l'esprit  de  ses  derniers  manifestes  :  «  On  accuse  la  France  de  ne 
pas  produire  assez  de  viande  de  boucherie.  Mais  ce  n'est  là  qu'un  côté 
de  la  question,  car  le  bélail  est  aussi  producteur  d'engrais...  Ainsi  se 
pose  la  question  du  bétail  dans  toute  son  ampleur.  «  La  CDuclusion 
qui  découle  naturellement  de  ces  grandes  prémisses,  c'est  qu'il  faut 
plus  que  jamais  fermer  la  porte  au  bétail  étranger.  A  la  vérité,  nos 
contcfiiporains,  déjà  si  mal  pourvus,  devront  encore  se  serrer  le  ven- 
tre. iMais  il  paraît,  c'est  du  moins  ce  qu'on  affirme  que  c'est  le  bon 
moyen  pour  que  nos  neveux  soient  plus  à  l'aise,  et  qu'ils  aient  plus 
de  viande  et  de  blé,  à  leur  usage,  avec  réduction  de  prix,  par  surcroît, 

A  cette  thèse,  un  Tourangeau  opposait  récemment  la  doctrine  d'un 
chimiste,  qui  établit  que  le  bélail  «  n'est  pas  producteur,  mais 
destructeur  d'engrais.  »  Même  il  eût  pu  rappeler  que  notre  grand 
publiciste  avait  récemment  qualifié  celte  proposition  d'admirable  et 
«  valant  à  elle  seule  tout  un  livre.  »  La  réponse  a  été  que  le 
chimiste  avait  bien  eu  raison,  mais  que,  «  la  science  étant  opportu- 
niste, »  ceux  qui  tiennent  aujourd'hui  le  même  langage,  sont  des  hé- 
rétiques sentant  le  fagot  et  surtout  n'entendant  rien  à  l'économie  rurale. 

C'est  surtout  par  amour  de  l'égalité,  cette  sainte  égalité  de  I  789, 
qui,  comme  on  le  sait,  a  été  si  méconnue  en  1860,  qu'il  lutte  pour 
obtenir  le  droit  de  10  pour  100  sur  le  bétail  étranger.  Il  répète  à  tout 
propos  que  «  l'industrie  ayant  des  droits  plus  élevés,  le  gouvernement 
est  mal  fondé  à  ne  pas  obtempérer  à  sa  demande.  La  question  n'est  pas 
de  savoir  si  un  pareil  droit  est  possible,  c'est  de  l'obtenir.  Puisque  les 
industriels  ont  du  nanan,  eh  bien,  qu'on  en  donne  aussi  aux  culti- 
vateurs. )'  Là-dessus,  on  vit  le  fougueux  M.  Eliacin  taper  sur  le  ventre 
à  notre  publiciste,  qui  trouva  le  procédé  moins  entaché  de  familiarité 
que  dépourvu  de  modération  (la  tape  avait  été  trop  fortej,  pendant  que 
le  grand  industriel  Bouvyer-Cartier  se  frottait  les  mains  et  riait  à  se 
tordre  les  côtes  en  songeant  aux  marrons  qu'il  allait  manger. 

Un  homme  d'esprit,  comme  il  s'en  trouve  encore.  Dieu  merci,  quel- 
ques-uns en  Touraine,  disait  à  ce  propos,  qie  quand  les  basques  de 
l'habit  sont  trop  grandes,  ce  n'est  pas  les  manches  qu'il  faut  rallonger, 
c'est  les  pans  qu'il  faut  raccourcir.  M'est  avis  que  la  meilleure  ma- 
nière de  rétablir  l'égalité,  ce  n'est  pas  de  créer  des  privilèges  pour 


18  LA  QUESTION  DU  LIBRE-ÉCHANGE  EN  TODRÂINE. 

l'agriculture,  c'est  bien  plutôt  de  rogner  ceux  de  l'industrie.  On  ne 
prend  pas  assez  garde  que  les  privilèges  établis  pour  les  uns,  sont 
nécessairement  payés  par  les  autres.  Puisqu'il  est  question  de  ran- 
çonner un  tas  de  pauvres  diables  et  de  les  tailler  à  merci,  il  serait 
peut-être  prudent  de  les  consulter  sur  les  douceurs  du  régime  qu'on 
leur  prépare,  ne  fût-ce  que  pour  s'assurer  des  chances  d'établissement 
et  de  durée  que  peut  avoir  ce  régime. 

La  forme  que  prend  la  discussion  mérite  d'être  signalée.  On  peut 
dire  que  la  plume  de  notre  publiciste  sent  la  poudre.  Ses  manifestes 
contre  ce  qu'il  appelle  le  faux  libre-échange  sont  de  vraies  déclara- 
tions de  guerre  :  il  n'y  est  question  que  de  prise  d'armes,  de  levée  de 
boucliers,  de  plan  de  campagne,  de  cheval  de  bataille,  d'arrière-garde 
ou  d'avant-garde,  de  rappel,  de  retraite  et  autres  termes  plus  familiers 
aux  guerriers  qu'aux  cultivateurs. 

Voilà  où  en  est  la  question  du  libre-échange  en  Touraine.  A  en 
juger  froidement,  il  est  clair  qu'on  ne  fora  rien  pour  relever,  au  profit 
de  l'agriculture,  le  prix  du  bétail  par  des  taxes  de  douane.  Outre  que 
cela  ferait  crier,  et  à  juste  titre,  les  raisons  qu'on  invoque  pour  justi- 
fier la  hausse  artificielle  des  prix  sont  véritablement  trop  mauvaises 
pour  que  le  gouvernement  et  les  Chambres  puissent  s'y  arrêter.  Il 
est  d'ailleurs  à  remarquer  que  le  gouvernement,  loin  d'enchérir  les 
articles  de  consommation,  cherche  plutôt  à  les  dégrever,  témoins  les 
projets  qui  viennent  d'être  adoptés  sur  le  vin  et  sur  le  sucre.  C'est 
l'opinion  de  presque  tous  les  cultivateurs  des  bords  de  la  Loire,  au- 
delà  comme  au-decà  du  fleuve  qu'en  agissant  ainsi,  il  entre  véritable- 
ment dans  la  bonne  voie.  C'est  particulièrement  l'opinion  de  votre  dé- 
voué serviteur.  Jacques  Vincent, 

Bordieren  Touraine. ;i 

DROIT  RURAL.  —  RÉPONSE  AUX  QUESTIONS  POSÉES 

On  nous  pose  la  question  suivante  : 

«  Une  ville  qui  a  une  banlieue  fort  étendue  (5  kilomètres  du  centre  aggloméré) 
et  quia  un  abattoir  où  elle  perçoit  des  droits  élevés,  a-t-elle  le  droit  d'interdire 
l'abatage  dans  les  propriétés  rurales  situées  en  dehors  du  rayon  d'octroi? 

«  Il  est  bien  entendu  que  les  viandes  abattues  sont  soumises  à  leur  entrée  en 
ville  à  la  vérification  relative  à  la  salubrité.  » 

L'article  2  de  l'ordonnance  royale  de  1 5  avril  1 838  sur  les  éta- 
blissements insalubres  est  ainsi  conçu  :  «  La  mise  en  activité  de  tout 
abattoir  public  et  commun,  légalement  établi,  entraînera  de  plein  droit 
la  suppression  des  tueries  particulières  situées  dans  la  localité.  » 

La  plupart  des  actes  du  gouvernement  portant  création  d'abattoirs 
et  antérieurs  à  l'ordonnance  de  1838,  ont  prescrit  la  fermeture  des 
tueries  particulières  existant  dans  la  commune  où  l'abattoir  était 
établi.  L'ordonnance  du  15  avril  1838  n'a  donc  fait  autre  chose 
qu'énoncer  d'une  manière  générale  un  principe  qui  était  passé  depuis 
longtemps  dans  la  pratique  ^ 

Cette  mesure,  prise  uniquement  en  vue  de  la  salubrité  publique, 
devait-elle  emporter  pour  les  bouchers  l'obligation  de  se  servir  de 
l'abattoir?  Jusqu'en  1838,  on  a  pensé  qu'il  devait  en  être  ainsi,  et 
usqu'à  cette  époque,  les  actes  d'administration  imposent,  en  général, 
aux  bouchers  l'obligiition  de  faire  abattre  exclusivement  dans  l'abat- 

3.  V.  Block,  Dictionnaire  de  l'Administration,  v  Abattoir. 


DROIT   RURAL.  99 

toir  de  la  commune  tous  les  animaux  de  boucherie  destinés  à  la  con- 
sommation locale.  L'intérêt  financier  des  villes  l'emportait  sur  le  prin- 
cipe de  la  liberté  du  commerce  et  de  l'industrie  proclamé  par  la  loi  du 
2  mars  1791  dans  son  art.  7. 

Depuis,  on  a  décidé  autrement,  et  on  a  admis  les  bouchers  à  abattre 
leurs  bestiaux  dans  les  communes  voisines,  de  même  que  les  bouchers 
de  ces  communes  ont  la  faculté  de  venir  vendre  leurs  viandes  sur  le 
marché  de  la  ville  où  est  établi  l'abattoir  public.  Le  droit  de  ces  der- 
niers était  nettement  précisé  dès  1825,  dans  une  circulaire  du  mi- 
nistre de  l'intérieur  qui  porte  la  date  du  22  décembre.  Il  n'est  pas 
inutile  d'en  détacher  ce  passage  : 

«  L'interdiction  de  tout  concours  de  commerce  extérieur  de  boucherie  et_  de 
charcuterie  à  l'approvisionnement  des  marchés  des  villes,  est  une  mesure  qui  ne 
saurait  trouver  de  justification  dans  aucune  des  parties  de  la  législation  actuelle  ; 
elle  aurait  pour  résultat  d'isoler  les  villes  de  l'intérêt  général,  et  de  créer  un  espnt 
de  localité  qui  repousserait  l'action  légitime  de  la  liberté  industrielle.  L  admmis- 
tration  supérieure  a  toujours  jugé  que  l'introduction  des  denrées  préparées  au 
dehors  avec  plus  d'économie,  et  par  conséquent  susceptibles  d'être  livrées  à  1  in- 
térieur à  des-prix  modérés,  ne  pouvait  que  favoriser  l'approvisionnement  et  la  con- 
sommation; que  d'ailleurs,  cette  introduction  était  fort  utile,  en  ce  qu'elle  sert 
de  contre-poids  aux  prétentions  trop  élevées  ou  trop  exigeantes  des  bouchers  de 
l'intérieur  pour  la  fixation  du  prix  de  la  viande.  Aussi  a-t-elle  eu  grand  soin  de 
faire  admettre  en  termes  formels  dans  les  règlements  que  les  /bouchers  et  charcu- 
tiers forains  auraient,  concurremment  avec  les  mêmes  commerçants  domicilies,  la 
faculté  de  vendre  sur  les  marchés  publics  de  la  ville,  et  aux  jours  où  ils  se  tien- 
nent. Cette  concurrence  ainsi  restreinte  aux  jours  des  marchés,  satisfait  tous  les 
intérêts  sans  préjudicier  à  aucun,  elle  n'empêche  pas,  d'ailleurs,  l'action  de 
l'autorité,  puisque  celle-ci  est  toujours  à  même  de  surveiller  dans  les  mar- 
chés l'état  et  la  qualité  des  viandes  mises  en  vente  ;  mais  il  convient  d'obser- 
ver que,  pour  obtenir  les  résultats  efficaces  qu'on  a  droit  d'attendre  du  concours 
des  forains,  il  importe  que  la  fixation  du  nombre  des  jours  par  semaine  où  le 
débit  doit  avoir  lieu  soit  en  harmonie  avec  les  habitudes  locales,  et  proportion- 
née aux  besoins  de  la  consommation.  » 

Et  plus  loin,  le  ministre  ajoute  : 

«  Les  maires  de  quelques  villes  qui  possèdent  des  abattoirs^  publics  ont  obKgé 
les  bouchers  et  charcutiers  des  communes  de  la  banlieue  à  venir  abattre  leurs  bes- 
tiaux à  la  tuerie  commune  ;  on  a  même  fait  dépendre  de  l' accomplissement  de 
cette  obligation  la  concession  de  la  faculté  de  vendre  sur  les  marchés  de  l'inté- 
rieur. J'ai  signalé  plus  haut,  au  sujet  de  cette  faculté,  la  propension  des^villes  à 
s'isoler  de  l'intérêt  général;  ici  c'est  ce  même  intérêt  qu'on  veut  associer  à  1  inté- 
rêt local;  mais  l'administration  supérieure  a  jugé  qu'une  telle  mesure  serait  con- 
traire au  droit  commun  et  aux  règles  de  l'équité.  En  effet,  elle  forcerait  des  com- 
merçants, qui  payent  leur  quote-part  de  contributions  dans  /e  lieu  où  se  trouve 
leur  domicile^  à  contribuer  encore  aux  revenus  communaux  d'une  ville  qui  n'est 
pas  le  siège  habituel  de  leur  commerce.  Aussi,  dans  tous  les  règlements  ?,pprou- 
vés  par  ladite  administration,  a-t-on  étaiDli  formellement  que  l'usage  des  abattoirs 
publics  des  villes  devait  être  facultatif  et  non  obligatoire  pour  les  bouchers  et 
charcutiers  du  dehors,  et  que  ceux-ci  pourraient  tenir  des  abattoirs  et  des  étaux  au 
lieu  de  leur  domicile,  sous  l'approbation  de  l'autorité  locale.  » 

La  solution  de  la  question  qui  nous  est  posée  se  dégage  nettement 
de  cette  circulaire. 

Qu'en  ressort-il?  D'une  part,  que  l'abattoir  d'une  ville  n'est  obliga- 
toire, ni  pour  les  bouchers  delà  ville,  ni  pour  les  forains;  d'autre  part, 
que  les  forains  peuvent,  dans  des  conditions  déterminées,  apporter  sur 
le  marché  des  viandes  provenant  d'animaux  abattus  au  dehors. 

La  jurisprudence  de  la  Cour  de  cassation  n'a  pas  toujours,  il  faut 
bien  le  reconnaître,  consacré  ce  système  d'une  manière  absolue,  mais 


100  DROIT    RURAL. 

elle  panjît  s'y  raltacliei'  aujourciMiiii.  Un  arrêt  de  rejet  de  la  Chambre 
criminelle  du  l'i  juin  1869  (Dali.  70,  1,  40;  a  en  effet  décidé  que  le 
droit  qui  appartient  au  maire  d'une  ville  de  prendre  des  mesures  pour 
s'assurer  de  la  salubrité  des  viandes  qui  y  sont  introduites,  ne  peut 
aller  jusqu'à  l'interdicLion  de  cette  introduction  et  la  défense  de  mettre 
en  vente  des  viandes  autres  que  celles  provenant  de  l'abattoir  com- 
munal, (.e  serait  violer  les  principes  généraux  sur  la  liberté  com- 
merciale. 

il  s'agissait,  en  fait,  d'animaux  abattus  hors  du  territoire  delà  com- 
mune, sur  celui  d'une  commune  voisine,  et  dans  un  abattoir  public. 
JMais  que  décider  relativement   à  l'abatage  dans  les  conditions  que 
l'on  nous  indique,  c'est-à-dire  «  dans  les  propriétés  rurales  situés    en 
dehors  du  rayon  d'octroi  d'une  ville  ayant  un  abattoir  public?  )) 

Nous  raisonnons  dans  Thypothèse  oii  ces  propriétés  sont  situées 
dans  la  commune  dont  fait  partie  la  ville,  sans  quoi  il  n'y  aurait  plus 
de  question. 

Faut-il  cnnsidérer  comme  forains  les  habitants  de  ces  propriétés? 
Rentrent-ils  dans  la  catégorie  de  ceux  qui  peuvent  abattre  sur  place 
et  introduire  leurs  viandes  sur  le  marché? 

Que  dit  la  circulaire?  Qu'  «  il  ne  faut  pas  forcer  des  commerçants 
qui  payent  leur  quote-part  de  contributions  dans  le  lieu  où  se  trouve 
leur  domicile,  à  contribuer  encore  aux  revenus  d'une  ville  qui  n'est 
pas  le  siège  habituel  de  leur  commerce.  »  Et  encore  :  «  Que  les  bou- 
chers et  charcutiers  du  dehors  peuvent  tenir  des  abattoirs  et  étaux  au 
lieu  de  leur  domicile,  sous  l'approbation  de  l'autorité  locale.  » 

Que  signifient  ces  termes  sinon  que  les  habitants  des  communes 
suburbames  ont  la  faculté  d'introduire  —  dans  des  conditions  déter- 
minées —  sur  le  marché  de  la  ville  voisine,  les  viandes  provenant 
des  abattoirs  établis  dans  ces  communes,  et  que  pour  les  habitants 
du  territoire  de  la  commune  où  est  située  la  ville,  qu'ils  résident  en 
deçi  ou  en  delà  des  limites  de  l'octroi,  ils  ne  peuvent  introduire  sur  le 
marché  que  les  viandes  provenant  d'animaux  abattus  en  dehors  de  ce 
territoire. 

Il  dépend  de  l'autorité  d'autoriser,  dans  les  conditions  et  les  formes 
voulues  par  .la  loi,  la  création  d'un  abattoir  nouveau  s'il  répond  à 
des  nécessités  locales. 

Selon  toute  probabilité,  l'acte  qui  a  constitué  celui  auquel  notre 

correspondant  fait  allusion,  contient  un   article  analogue  à  celui-ci  : 

«  Il  est  interdit  aux  bouchers,  etc.,  de  la  commune^  d'abattre  ou 

d'égorger  les  animaux  destinés  à  la  boucherie   et  au  débit,  ailleurs 

qu'à  l'abattoir  public.  » 

C'est  l'article  T'"  d'un  arrêté  pris  par  le  maire  de  Toulouse,  le 
14  novembre  1849,  sur  la  légalité  duquel  la  Cour  de  cassation  a 
statué  en  disant  que  l'arrêté  municipal  qui  fait  défense  aux  bouchers 
de  la  commune  d'abattre  les  animaux  destinés  à  la  consommation 
alimentaire,  adleurs  qu'à  l'abattoir  public,  est  obligatoire;  et  cet 
rrêté  s'applique  à  tous  les  bouchers  établis  sur  le  territoire  de  la 
commune,  sans  qu'il  y  ait  lieu  de  distinguer  entre  ceux  résidant  en 
deçà  ou  en  delà  des  limites  de  l'octroi.  (Cass.,  12  sept.  1851.  Dali., 
52,5,347.)^ 

Cet  arrêt  n'est  pas  isolé.  C'est  la  jurisprudence  de  la  Cour  suprême 
dès  avant  l'ordonnance  de  1838. 


•DROIT    RURAL-  lOi 

Deux  arrêts  anciens(Crim.  cass.,  18oct.  1827et  r'  juin  1832j  ont  dé- 
cidé que  l'arrêté  municipal  portant  que  les  bouchers  seront  tenus 
d'abattre  le  bétail  à  l'abattoir  public,  et  non  ailleurs,  est  obligatoire 
pour  tous  les  bouchers  qui  demeurent  dans  la  commune,  et  même 
])our  ceux  qui  habitent  hors  des  limites  de  l'octroi  de  la  ville.  L'auto- 
rité municipale  du  maire  s'étend  en  elîet  sur  toute  l'étendue  du  terri- 
toire de  la  commune.  Ainsi,  en  renvoyant  un  boucher  des  poursuites 
dirigées  contre  lui  pour  infraction  à  un  pareil  arrêté,  sous  prétexte 
que  le  bétail  abattu  par  lui  se  trouvait  placé  hors  de  la  ville  et  des 
faubourgs,  et  sur  un  terrain  dépendant  de  la  commune,  mais  au  delà 
des  limites  de  l'octroi,  on  viole  cet  arrêté  qui  a  force  obligatoire. 

Donc,  pas  de  doute  possible.  Dès  qu'on  est  sur  le  territoire  de  la 
commune,  que  l'on  soit  dans  la  ville,  ou,  comme  dit  notre  correspon- 
dant, «  dans  une  propriété  rurale,  située  en  dehors  de  l'octroi  w,  on  ne 
peut  abattre  que  dans  les  conditions  et  les  endroits  fixés  .par  les  arrê- 
tés municipaux.  Mais,  bien  entendu,  on  a  toujours  lô  droit  d'intro- 
duire sur  le  marché,  des  viandes  provenant  d'animaux  abattus  dans 
une  commune  voisine,  en  se  soumettant  aux  règlements  et  au  contrôle 
de  l'administration  municipale.  Eug.  Pouillet, 


LA  PRODUCTION  DE  LA  BIÈRE  EN  ALLEMAGNE 

Il  faut  considérer  en  Allemagne,  au  point  de  vue  de  la  production 
de  la  bière,  les  pays  sjumis  à  la  loi  d'empire  et  les  pays  appliquant 
leur  léi^islation  particulière.  Ces  derniers  sont  la  Bavière,  le  Wurtem- 
berg, Bade  et  l'Alsace-Lorraine.  La  loi  d'empire  prélève  les  droits 
d'après  la  quantité  de  malt  employée;  elle  taxe  en  outre  les  succé- 
danés, riz,  amidon,  fécule,  glucose,  sirops,  etc.  11  y  a  remise  de  l'im- 
pôt pour  la  bière  de  consommation  domestique  chez  le  producteur, 
comme  aussi  pour  celle  exportée,  soit  hors  d'Allemagne,  soit  dans  les 
pays  de  l'empire  où  la  législation  commune  n'a  pas  été  introduite.  La 
bière  de  ces  pays,  en  entrant  dans  le  domaine  soumis  à  la  loi  d'empire, 
paye  un  droit  de  passage.  L'impôt  de  l'empire  est  moins  élevé  que 
celui  des  Etats  du  Sud. 

Les  chiffres  que  je  vais  citer  sont  relatifs  à  l'année  budgétaire  1 878* 
1879.  Dans  les  pays  soumis  à  la  législation  impériale,  on  compte 
1  1,867  brasseries,  dont  3,338  employant  la  fermentation  basse.  Ces 
11,867  brasseries  ont  fabriqué  20,371,925  hectolitres  de  bière,  dont 
12,331,206  par  fermentation  basse,  et  8,040,719  par  fermentation 
haute.  On  a  employé  8,012,843  quintaux  de  100  livres  de  malt, 
300,545  quintaux  de  froment  germé  et  43,403  quintaux  de  suc- 
cédanés. 

La  quantité  de  malt  employée  par  hectolitre  varie  de  35  à  55  livres; 
elle  est  en  moyenne  de  41  livres. 

Le  prix  de  l'orge  a  oscillé  de  7  à  9  marcs,  celui  du  froment  de 
8™. 50  à  10  marcs  par  100  livres;  celui  du  houblon  de  Bohême,  de 
100  à  200  marcs.  Les  prix  de  la  bière  de  conserve  ont  varié  d3  15  à 
24  marcs,  ceux  de  la  bière  de  fermentation  haute  de  7  à  1 6  marcs  par 
hectolitre. 

Le  revenu  brut  de  l'impôt  s'est  élevé  à  17,015,960  marcs;  si  on 
en  déduit  279,611  marcs  remboursés  à  l'exportation,  il  se  monte 
à    16,736,349    marcs.    L'entrée   des   bières    allemandes   a   rapporté 


102  PRODUCTION  DE  LA   BIERE  EN  ALLEMAGNE. 

956,237  marcs,  celle  des  bières  étrangères,  507,667  marcs.  La  recette 
totale  a  atteint  la  somme  de  18,200/253  marcs.  L'impùt  prélevé  en 
moyenne  est  84  pfennigs  ou  1  fr.  05  par  hectolitre. 

En  Bavière  on  compte  7,053  brasseries  fabriquant  12,122,483  hec- 
tolitres dont  220,000  par  fermentation  haute.  La  brasserie  liavaroise 
emploie,  en  moyenne,  43  litres  de  malt  par  hectolitre;  l'usage  des 
succédanés  est  formellement  interdit  par  la  loi.  L'impôt  est  de  4  marcs 
par  hectolitre  de  malt,  il  rapporte  20,775,000  marcs  et  prélève  I'°.71 
par  hectolitre  de  bière. 

Dans  le  royaume  de  Wurtemberg,  7,765  brasseries  fabriquent 
3,801,519  hectolitres  et  payent  au  fisc,  déduction  faite  de  129,463 
marcs  remboursés  à  la  sortie,  5,496,382  marcs.  Le  revenu  total,  y 
compris  les  droits  d'entrée,  est  de  5,555,869  marcs.  L'impôt  prélève 
1'".48  par  hectolitre. 

Dans  le  grand-duché  de  Bade,  2,108  brasseries  produisent 
1,085,020  hectolitres.  Le  revenu  est  de  2,247,853  marcs,  et  de 
2,478,764  marcs,  si  on  tient  compte  du  droit  d'entrée  sur  les  bières 
étrangères.  L'impôt  perçoit  2".  13  par  hectolitre. 

En  Alsace-Lorraine,  229  brasseries  fabriquent  787,905  hectolitres. 
Le  revenu  brut  est  de  1,746,643  marcs  sur  lesquels  on  rembourse  à 
la  sortie  649,124.  Le  revenu  net  atteint  1,097,519  marcs;  avec  les 
droits  d'entrée  sur  les  bières  étrangères,  il  monte  à  1,331,785  marcs. 
L'impôt  pf'rçu,   d'après  la  loi  française,  prélève  2". 22  par  hectolitre. 

La  production  totale  de  la  bière,  dans  l'empire  d'Allemagne,  est  de 
39  millions  d'hectolitres.  Paul  Muller, 

Membre  correspondant  de  la  Société  nationale  d'agricullure. 

SUR  LE  PHOSPHATE  DE  FER 

DIT  PHOSPHATE  RÉTROGRADÉ. 

Lorsque  l'on  a  commencé  à  s'occuper  du  phosphate  rétrogradé,  on 
croyait  que  ce  phosphate  était  du  phosphate  bicalcique  et  on  attribuait 
à  ce  corps  le  coefficient  de  solubilité  de  0.28  pour  1000,  pour  l'eau 
pure,  et  de  0.66  pour  1000,  pour  l'eau  chargée  d'acide  carbonique; 

OVll      100.000     ^l-     100,000* 

Cette  solubilité,  quoique  faible,  était  suffisante  pour  faire  penser 
qu'il  se  dissolvait,  sous  l'influence  des  pluies,  une  quantité  assez 
forte  de  ce  phosphate,  pour  que  son  absorption  par  les  plantes,  et  par 
suite  son  effet  utile  probable,  soit  notablement  plus  prononcé  que 
celui  du  phosphate  tricalcique. 

C'est  probablement  sous  l'influence  de  cette  idée,  et  guidée  égale- 
ment par  d'autres  considérations,  dont  il  sera  parlé  plus  loir,  que  la 
Commission  des  engrais  de  la  Société  des  agriculteurs  de  France,  a 
voté  dans  sa  séance  du  29  décembre  1875,  des  conclusions  relatives 
aux  engrais,  qui  se  terminent  ainsi  : 

«  ....  appelle  l'attention  des  agriculteurs  sur  la  nécessité  de  spécifier  sur  lec[uel 
des  trois  états  devra  porter  le  dosage,  attendu  que  l'unité  d'acide  phosphorique 
soluble  dans  l'eau  a  une  valeur  plus  élevée  que  l'unité  d'acide  phosphorique  so- 
luble  dans  le  citrate,  qui  lui-même  l'emporte  de  beaucoup  sur  l'acide  phospho- 
rique insoluble  dans  l'eau  et  dans  le  citrate.  » 

Cette  conclusion,  qui  ne  pouvait  manquer  d'emprunter  une  grande 
autorité  à  la  savante  Société  dont  elle  émanait,  a  été  encore  exagérée 
par  un  certain  nombre  de  fabricants  d'engrais  qui  ont  cherché  à  per- 


SUR  LE   PHOSPHATE   DE   FER  DIT   RÉTROGRADÉ.  103 

suader  aux  agriculteurs  que  le  phosphate  rétrogradé,  ou  soluble  dans 
le  citrate  d'ammoniaque,  équivaut  au  phosphate  soluble  dans  l'eau. 

Cependant,  à  une  époque  peu  éloignée  de  celle  oii  la  décision  de  la 
Société  des  agriculteurs  de  France  était  prise  (même  quelque  temps 
avant),  M.  iMillot  publiait  un  travail  excessivement  remarquable,  dans 
lequel  il  démontrait  que  le  phosphate  rétrogradé  n'était  pas,  comme 
on  le  pensait,  du  phosphate  bicalcique,  mais  bieri  du  phosphate  de 
fer,  dont  la  composition  est  comprise  entre  les  formules  : 
2PhOTe'0'  et  3Ph0^2Fe'0\ 

En  présence  de  ce  fait  que  devait-on  penser  de  la  valeur  agricole  de 
ce  phosphate  de  fer? 

Devait  on  continuer  à  lui  attribuer  une  valeur  supérieure  au  phos- 
phate tricalcique  ou  phosphate  de  chaux  insoluble,  ou  bien  devait-on 
le  considérer  comme  lui  étant  analogue? 

A  vrai  dire,  il  n'y  avait  que  des  essais  agricoles,  longtemps  répétés, 
qui  pouvaient  élucider  cette  question.  Et  c'est  encore  de  ces  essais 
qu'il  faut  attendre  une  solution  définitive. 

M.  Millot,  dans  un  récent  article,  s'exprime  ainsi  : 

«  Quant  à  la  valeur  agricole  des  phosphates  rétrogrades,  elle  ne  pourra  être  in- 
diquée d'une  façon  certaine  qu'à  la  suite  de  nombreuses  expériences,  faites  dans 
les  conditions  les  plus  diverses,  et,  à  mon  avis  le  véritable  moyen  de  faire  avancer 
la  question,  maintenant  que  l'on  sait  ce  que  sont  ces  phosphates  rétrogrades,  c'est 
que  le  cultivateur  sache,  lorsqu'il  emploie  un  superphosphate,  quelle  proportion 
de  phosphate  soluble  et  de  ptiosphate  rétrogradé  se  trouve  dans  son  engrais.  >> 

Mais  en  attendant  que  ces  longs  essais  agricoles  aient  définitivement 
tranché  la  question,  ne  serait-il  pas  possible,  en  étudiant  les  pro- 
priétés du  phosphate  de  fer,  de  se  former  dès  à  présent  quelque 
idée  sur  sa  valeur? 

J'ai  pensé  que  la  détermination  (même  approximative)  de  son 
coefficient  de  solubilité  pourrait  jeter  quelque  jour  sur  cette  question. 

Car  si  cette  solubilité  se  rapprochait  de  celle  du  phosphate  bical- 
cique, on  pourrait  rester  dans  les  mêmes  idées  que  l'on  avait  au  com- 
mencement de  l'étude  de  cette  question,  lorsqu'on  croyait  que  le 
phosphate  rétrogradé  était  du  phosphate  bicalcique.  Si,  au  contraire, 
sa  solubilité  est  beaucoup  moindre,  on  devra  bien  alors  être  porté  à 
penser  que  sa  valeur  se  rapproche  de  celle  du  phosphate  tricalcique  ou 
insoluble. 

Pour  cette  détermination,  il  convenait  d'employer  du  phosphate  de 
fer  tel  qu'il  se  trouve  dans  les  superphosphates,  l'identité  de  ce  phos- 
phate avec  le  phosphate  de  fer  que  l'on  prépare  au  laboratoire  pou- 
vant laisser  quelques  doutes. 

Je  l'ai  préparé  en  enlevant  par  l'eau  tout  le  phosphate  soluble  d'un 
superphosphate,  puis  en  terminant  par  un  grand  lavage  capable  de 
dissoudre  tout  le  sulfate  de  chaux. 

Je  me  suis  assuré  que  ce  grand  lavage  ne  dissolvait  qu'une  quantité 
de  phosphate  de  fer  correspondant  au  coefficient  trouvé.  On  a  ainsi 
un  résidu  composé  en  grande  partie  de  phosphate  de  fer  et  dont 
l'acide  phosphorique  est  presque  totalement  soluble  dans  le  citrate. 

Pour  opérer  on  fait  agir  l'eau  sur  ce  résidu,  et  comme  il  contient  des 
impuretés  on  dose  l'acide  phosphorique  dissous,  après  avoir  réduit 
l'eau  à  un  petit  volume  par  l'évaporation. 

En  opérant  dans  ces  conditions,  j'ai  trouvé  que  ce  coefficient  de 


104         SUR  LE  PHOSPHATE  DE  FER  DIT  RÉTROGRADÉ. 

solubilité  dans  l'eau  du  phos{)liatc  do  fer,  dit  phosphate  rétrogradé, 
ne  dépasse  pas  ioôVoïï- 

Le  phosphate  de  fer  préparé  au  laboratoire  m'a  donné  sensiblement 
les  mômes  résnhats. 

Or,  le  eoelfieient  de  solubilité  du  phosphate  tricaleiquc  est  indiqué 
comme  étant  de  ^ôïïVo. 

Le  chiffre  que  j'ai  trouvé  pouvant  ne  pas  être  d'une  rigueur  absolue, 
on  peut  dire  que  la  solubilité  de  ces  deux  corps  est  à  peu  près  la 
même,  ou  plutôt  (jue  l'insolubilité  est  aussi  grande  chez'  l'un  que 
chez  1  autre. 

Celte  môme  insolubilité  doit  donc  faire  penser  qu'il  n'y  a  pas  de 
raison  pour  donner  à  l'un  une  valeur  agricole  plus  grande  qu'à  lautre. 

Une  première  objection  pouvait  ôtre  faite  à  ces  conclusions  :  L'eau 
que  cou  Lient  la  terre  arable  tient  en  dissolution  une  certaine  quantité 
d  acide  carbonique.  Le  phosphate  de  fer  pouvait  bien  être,  pour  ainsi 
dire,  insoluble  dans  l'eau  pure;  mais  pouvait  peut-être  se  dissoudre 
dans  de  l'ciiu  contenant  de  l'acide  carbonique.  J'ai  donc  iépété  les  expé- 
riences en  employant,  au  lieu  d'eau  pure,  de  l'eau  saturée  de  gaz 
acide  carbonique  à  la  pression  ordinaire.  Je  n'ai  pas  trouvé  que  le 
coeflicient  de  solubilité  précédemment  trouvé  fût  senaiblement  modifié. 

On  pouvait  encore  supposer  que  cette  insolubililé  du  phosphate  de 
fer  se  trouvait  modifiée  par  la  présence  de  diverses  substances  qui  se 
trouvent  souvent  ajoutées  dans  les  enii;rais.  On  pouvait  croire  que  par 
suite  de  quelque  réaction,  le  phosphate  de  fer  devenait  soluble  à  leur 
contact. 

Mais  l'expérience  m'a  démontré  que  cette  supposition  n'est  ];as 
exacte. 

J'ai  e?sayé  l'action  du  sulfate  d'ammoniaque,  du  nitrate  de  soude, 
du  sel  marin,  du  chlorure  de  polassium;  tant  en  dissolution  con- 
centrée qu'en  dissolution  étendue  :  rien  ne  s'est  dissous. 

J'ai  fait  ces  expériences,  soit  avec  le  phosphate  de  fer  extrait  des 
superphosphates,  soit  avec  du  phosphate  de  fer  préparé  au  laboratoire. 
Le  résultat  a  été  le  même. 

11  n'y  avait  pas  lieu  de  rechercher  si  le  phosphate  de  fer  peut  se  dis- 
soudre en  petites  quantités  à  l'aide  du  phosphate  monocalcique  ou 
de  l'acide  phosphorique  libre  qui  existe  dans  les  superphosphates  ; 
car,  en  suppos  iUt  qu'il  s'en  dissolve  un  peu,  cette  minime  quantité 
est  comptée,  dans  l'essai  des  superphosphates,  comme  du  phosphate 
soluble  dans  l'eau. 

Maintenant,  on  dit  encore  :  mais  ce  phosphate  rétrogradé,  sous 
l'influence  de  quelque  action  de  la  terre  arable  finit  peut-être  par  de- 
venir soluble? 

Voici  une  expérience  qui  semble  contredire  entièrement  cette  sup- 
position. J'ai  mis  du  phosphate  rétrogradé  en  contact  avec  de  la  terre 
arable,  maintenue  à  l'aide  d'arrosages  dans  un  état  d'humidité  suffi- 
sante, et  j'ai  laissé  le  tout  à  l'action  de  l'atmosphère,  depuis  le  mois 
de  novembre  jusqu'au  mois  de  mai.  J'ai  ensuite  repris  cette  terre 
arable  par  l'eau,  et  j'ai  cherché  dans  cette  eau  la  présence  de  l'acide 
phosphorique.  Il  ne  s'y  en  était  dis.-ous  aucune  quantité  appréciable. 

Cette  action  mystérieuse  de  la  terre  arable  me  paraît  donc  bien 
douteuse. 

Un  argument  qui  a  été  mis  en  avant  en  faveur  du  phosphate  rétro- 


SUR  LE  PHOSPHATE  DE  FER  DIT  RÉTROGRADÉ.  105 

gradé,  et  qui  a  peut-être  contribué  à  la  décision  de  la  Société  des  agri- 
culteurs de  France,  est  celui  qni  consiste  à  dire  que  l'aciile  phospho- 
rique  soluble  devient  insoluble  au  contact  de  la  terre  arable;  qu'il  est 
donc  indifférent  que  celte  insolubilité  se  soit  produite  dans  l'enj^rais 
lui-même  ou  au  cont^pt  de  la  terre;  que  l'essentiel  est  que  l'engrais 
soit  très  divisé  pour  que  l'eau  s'en  sature  facilement. 

Il  est  vrai  que,  dans  la  terre  arable,  surtout  au  contact  du  carbonate 
de  chaux,  la  solubilité  du  phosphate  soluble  se  perd.  Mais  cette  réac- 
tion n'est  pas  immédiate  et  l'acide  phosphorique  soluble  a  le  temps 
d'être,  dans  une  certaine  proportion,  absorbé  par  les  plantes,  et  sur- 
tout de  se  répandre  uniformément  dans  le  sol.  Or,  cette  diffusion  dans 
la  terre  est  d'une  grande  importance. 

D'ailleurs,  pour  certains  engrais  phosphatés,  cette  insolubilisation 
n'a  pas  lieu  (guano  du  Pérou,  phospho-guano  véritable,  importé  par 
Peter  Lawson  et  fils'). 

Au  surplus,  cette  argumentation  ne  tendrait  à  rien  moins  qu'à  in- 
firmer la  supériorité  du  phosphate  soluble  (supériorité  cependant 
universellement  reconnue),  car  le  phosphate  tricalcique  ou  insoluble 
peut  être  aussi  divise  que  le  phosphate  rétrogr;'dé. 

Mes  expériences  ne  se  rapportent  pas  à  cette  question.  Elles  ont  eu 
simplement  pour  but  de  chercher  à  comparer  les  propriétés  du  phos- 
phate rétrogradé  et  celles  du  phosphate  insoluble. 

En  résumé,  les  recherches  que  j'ai  faites  me  semblent  démontrer  que 
dans  l'état  actuel  de  nos  connaissances  sur  les  propriétés  du  phos- 
phate de  fer,  dit  phosphate  rétrogradé,  et  spécialement  sur  sa  solubilité, 
rien  ne  fait  supposer  que  ce  corps  puisse  être  plus  utile  aux  végétaux 
que  le  phosphate  tricalcique  ou  insoluble. 

Aussi  ne  peut-on  pas  comprendre  que  certains  chimistes  se  servent 
du  mot  assimilable  pour  désigner  un  phosphate  qui  cependant  est 
aussi  insoluble  que  le  phosphate  tricalcique,  auquel  ils  refusent  cette 
dénomination;  car  il  est  démontré  physiologiquement  que  tous  les 
corps,  même  solubles,  ne  sont  pas  assimilables,  et  qu'aucun  corps 
ne  peut  être  assimilé  qu'à  l'état  de  dissolution.         Jules  Joffre. 

CONCOURS  RÉGIONAL  DE  TULLE 

Quoique  placé  dans  une  ville  un  peu  retirée  de  la  grande  circula- 
tion, sur  un  chemin  de  fer  qui  jusqu'à  présent  n'a  pas  d'autre  issue,  le 
concours  de  Tulle,  qui  s'est  tenu  du  22  au  31   mai,  a  été  remarquable. 

Dans  l'espèce  bovine,  la  race  limousine  était  représentée  par  des 
animaux  provenant  des  meilleures  étables  de  la  région.  Venaient  en- 
suite la  race  d'Aubrac  et  celle  de  Salers  ;  mais  la  première  peut-être 
plus  remarquable  dans  son  ensemble,  quoique,  dans  le  pays,  un  peu 
inférieure  à  la  seconde.  Il  y  avait  aussi  quelques  bons  animaux  de 
race  Marchoise  et  de  race  d'Angles;  mais  à  une  ou  deux  exceptions 
près,  c'est  à  peine  si  l'on  peut  dire  qu'en  vérité  ces  races  occupaient 
une  place  digne  des  prix  qui  leur  ont  été  décernés. 

Pour  l'espèce  ovine,  il  y  avait  quelques  bons  animaux,  appartenant 
les  uns  à  la  race  de  la  Charmoise,  d'autres  à  celle  du  Larzac,  d'autres 
enfin  à  la  race  Southdown.  Ceux-ci  venaient  principalement  des  berge- 
ries de  M.  Teisserenc  de  Bort  et  de  M.  de  Léobardy.  Les  animaux  de  la 

1.  Noie  sur  la  solubilité  des  phosphates.  Moniteur  scientifique ,  novembre  1874. 


106  CONCOURS  REGIONAL  DE  TULLE. 

Charmoise  qui  ont  eu  le  prix  d'ensemble^  ont  été  exposés  par  M.  Na- 
daud,  de  la  Creuse. 

Comme  partout  d'ailleurs,  l'espèce  porcine  portait  des  traces  de 
croisements  avec  les  races  anglaises,  particulièrement  du  Yorkshire  et 
du  Berkshire,  traces  telles  que  le  sang  indigène  avait  presque  disparu. 
MM.  Sérèzat,  Teisserenc  de  Bort  et  de  Léobardy,  ont  remporté  les  prix 
principaux. 

Les  animaux  de  basse-cour  étaient  assez  bien  représentés,  grâce 
surtout  aux  animaux  envoyés  par  MM.  Imbert  et  Bouvière,  ce  dernier 
ayant,  à  juste  titre,  remporté  le  prix  d'ensemble. 

L'exposition  des  instruments  et  machines  agricoles  offrait  un  en- 
semble assez  complet  malgré  l'éloignement,  et  aussi  malgré  l'intérêt 
que  les  constructeurs  pouvaient  avoir  à  exposer,  alors  qu'en  dehors 
des  concours  très  restreints  pour  charrues,  herses,  rouleaux,  hache- 
paille,  coupe-racines,  égrenoirs  à  maïs  et  pompes  à  purin,  ils  ne  pou- 
vaient plus  avoir  droit  qu'à  des  mentions  honorables.  Nous  craignons 
bien  qu'à  moins  de  réformes,  l'organisation  nouvelle  n'amène  un  dé- 
sintéressement complet  des  concours  tenus  dans  les  petites  villes  un 
peu  excentriques,  de  la  part  des  constructeurs.  Il  y  avait  néanmoins 
quelques  expositions  très  remarquables,  notamment  de  MM.  Al- 
baret  Pilter,  Maréchaux,  Tritschler,  Noël,  Peltier,  Beaume,  puis  ende- 
hors  des  objets  prévus,  de  MM.  Bruel,  Borie-Chanal,  Mabille  et  Cie. 
Dans  un  article  spécial,  nous  avons  déjà  parlé  des  produits  de  M.  Bo- 
rie-Chanal; aujourd'hui  il  en  est  consacré  un  à  ceux  de  M.  Bruel. 

C'est  Ihorticulture  qui  a  principalement  eu  les  honneurs  de  l'expo- 
sition des  produits  de  la  ferme.  11  importe  cependant  de  signaler 
quelques  vins  du  pays,  puis  des  plants  forestiers,  et  enQn  des  expo- 
sitions en  beurres  et  fromages,  provenant  desburons  de  la  montagne. 

La  distribution  des  récompenses  a  été  faite  sous  la  présidence  du 
préfet.  Notre  confrère,  M.  Heuzé,  inspecteur  général  de  l'agriculture, 
a  prononcé  un  discours  que  nous  reproduisons,  parce  que  c'est  une 
bonne  appréciation  de  la  solennité  : 

«  Messieurs,  encore  quelques  heures  et  la  ville  de  Tulle  assistera  à  la  clôture  du 
quatrième  concours  général  auquel  elle  a  bien  voulu  donner  l'hospitalité. 

«  Le  concours  actuel,  par  ses  machines  agricoles,  nombreuses  et  variées,  et  par 
le  remarquable  ensemble  du  bétail  qu'on  y  admire  et  qui  en  est  le  plus  bel  orne- 
ment, atteste  une  foi-'  de  plus  l'utilité  des  grandes  réunions  agricoles  qui  revien- 
nent tous  les  six  ou  sept  ans  dans  le  même  département,  et  dont  l'histoire  révèle 
à  tous  le  passé  et  le  présent,  et  permet  de  préjuger  de  l'avenir  de  l'agriculture  du 
Bas-Limousin,  de  l'Auvergne  et  du  Quercy. 

«  Ces  importantes  assises  agricoles  sont  fécondes  en  résultats,  et  partout  elles 
font  naître  un  mouvement  qui  est  une  véritable  conquête  sur  le  pissé  en  ce 
qu'elles  contribuent,  dans  une  sage  mesure,  à  détruire  l'aveugle  et  confiante 
crédulité  des  populations  rurales  trop  attachées  aux  anciennes  coutumes. 

«  C'est  en  1856  que  s'est  tenu,  dans  le  dépaitement,  le  premier  concours  ré- 
gional. Depuis  cette  époque,  la  machinerie  at;ricole  a  fait  de  très  grands  progrès, 
et  partout  elle  excite  la  vive  curiosité  des  cultivateurs  ;  mais  ceux  qui  admirent 
pour  la  première  fois  les  ins^truments  qu'^n  y  expose,  se  demandent  si  cet  outil- 
lage nouveau  est  réellement  utile  aux  laboureurs.  Un  grand  nombre  d'entre  eux 
ne  peuvent  croire  qu'il  est  possible,  dans  les  pays  montagneux,  de  remplacer 
le  travail  de  l'homme  par  des  machines  pour  renlèvement  des  plantes  nuisibles  à 
racines  traçantes  telles  que  le  chiendent,  pour  la  fauchaison  et  la  fenaison  des 
prairies  naturelles  et  anificielles,  et  pour  la  moisson  des  céréales.  Encore  quelques 
années,  et  grâce  à  la  diffusion  de  l'instruction,  grâce  aux  voies  ferrées  qui  sillon- 
neront bientôt  le  département  dans  divers  s  directions,  les  doutés  qui  existent 
encore  dans  l'esprit  aes  agriculteurs,  devieûdront  des  certitudes,  et  le  Bas-Limou- 


CONCOURS  RÉGIONAL  DE  TULLE.  107 

sin  prouvera  une  fois  de  plus  que  la  terre,  sous  la  main  du  laboureur  intelligent, 
ne  vieillit  jamais  et  se  rajeunit  tous  les  ans. 

«  Le  bétail  est  digne  de  toute  l'attention,  de  tous  les  efforts  des  cultivateurs. 
Dans  les  circonstances  actuelles,  il  constitue  leur  principale  richesse  et  leur  revenu 
le  plus  assuré,  parce  qu'il  est,  avec  le  pain,  la  base  de  l'alimentation  de  toutes 
les  classes  sociales.  C'est  pourquoi  on  ne  saurait  trop  encourager  ceux  qui  le  pro- 
pagent et  raméliorent. 

«  C'est  en  augmentant  le  nombre  des  animaux  domestiques  qu'on  accroîtra 
encore  et  toujours  les  moyens  de  fertilisation  qui  ont  une  si  grande  influence  sur 
les  cultures  et  qu'on  parviendra  aisément,  en  employant  les  engrais  calcaires  et 
phosphatés  sur  les  terres  granitiques  ou  schisto-granitiques,  à  accroître  le  rende- 
ment du  blé  et  à  diminuer  son  prix  de  revient.  Qu'on  ne  l'oublie  pas,  le  sort  de  la 
société  est  lié  à  la  production  des  subsistances  qui  l'alimentent.  N'est-ce  pas,  en 
effet,  de  la  prospérité  rie  l'agriculture  que  dépendent  et  l'abondance  et  le  bon 
marché  relatif  du  pain  et  de  la  viande,  véritable  solution  de  tous  les  grands  pro- 
blèmes sociaux  et  économiques. 

«  Il  est  donc  exact  de  dire  que  le  progrès  agricole  est  devenu  la  première 
nécessité  de  l'époque.  Ce  progrès  existe  dans  le  département,  et,  quoiqu'il  soit 
encore  peu  apparent,  il  répond  aux  encouragements  que  le  gouvernement  de  la 
République,  le  Conseil  général  et  les  associations  agricoles  accoident  annuelle- 
ment à  l'agriculture;  mais  cette  rénovation  ne  doit  pas  faire  oublier  aux  proprié- 
taires et  aux  métayers  qu'ils  ont  encore  de  nouveaux  et  de  nombreux  efforts  à 
tenter,  des  pratiques  à  perfectionner,  des  prairies  naturelles  à  assainir  et  à  ferti- 
liser, des  soins  hygiéniques  à  donner  au  bétail,  en  un  mot,  de  nouvelles  conquêtes 
à  faire.  Les  uns  et  les  autres  doivent  se  rappeler,  comme  le  dit  une  antique 
maxime,  qu'il  n'y  a  rien  de  fait,  tant  qu'il  reste  quelque  chose  à  faire! 

a  Le  progrès,  qu'on  est  heureux  de  constater  dans  le  département,  est  appelé 
très  certaii  ement  à  s'accentuer  de  plus  en  plus.  J'en  puise  une  preuve  éclatante 
dans  l'accueil  bienveillant  que  la  ville  de  Tulle  a  fait  au  concours  régional.  Aussi, 
suis-je  très  heureux  d'exprimer  à  M.  le  préfet  et  à  M.  le  maire  nos  sentiments 
de  profonde  gratitude  et  les  prier,  au  nom  de  M.  le  ministre  de  l'agriculture  et  du 
commerce,  de  vouloir  bien  remercier  et  le  Conseil  général  de  la  Corrèze  et  le 
Conseil  municipal  de  Tulle  qui  ont  voté,  avec  empressement,  les  subi^ides  néces- 
saircb  pour  que  cette  grande  réunion  agricole  reçût  ici  l'hospitalité  la  plus  écla- 
tante. 

ce  L'honneur  qu'on  fait  de  nos  jours  à  l'agriculture  mérite  d'être  signalé. 
Autrefois,  le  laboureur  vivait  isolé  au  milieu  de  ses  champs  et  de  ses  troupeaux. 
Alors  on  se  préoccupait  peu  de  son  instruction  et  de  son  bien-être  ;  alors  aussi 
on  oubhait  et  ses  peines  et  ses  fatigues  pour  alimenter  chaque  jour  les  petites 
comme  les  grandes  cités.  Pour  les  habitants  des  villes  et  les  gens  désœuvrés  qui 
jouaient  à  la  pastorale  sous  les  tranquilles  ombrages  des  antiques  châteaux  de 
Turenne  et  de  Pompadour,  le  laboureur  était  un  paria;  on  le  regardait  comme 
devant  être  placé  à  la  base  de  l'échelle  sociale,  et  les  classes  riches,  oubliant  sa 
vie  calme  et  laborieuse,  foulaient  dédaigneusement  la  terre  que,  chaque  jour,  il 
arrosait  de  ses  sueurs. 

«  A  l'époque  à  laquelle  je  fais  allusion,  personne  n'aurait  osé  venir  applaudir 
aux  couronnes  qu'on  aurait  jugé  utile,  ■  nécessaire  même  de  lui  décerner  pour 
récompenser  ses  efforts  ou  exciter  son  émulation,  son  zèle  et  son  activité. 

«  Ce  dédain,  pour  les  classes  rurales,  n'existe  plus  aujourd'hui.  Sur  tous  les 
points  de  la  France,  dans  les  grandes  villes  comme  dans  les  petites  bourgades,  l'in- 
telligence, 1  esprit,  la  beauté,  la  e:râce  et  l'éléo^ance  les  encouragent  et  les  applau- 
dissent dans  les  fêles  qu'on  organise  en  leur  honneur. 

«  Cet  heureux  changement  dans  l'état  social  du  pays  tient  à  deux  causes  :  à 
l'éducation  bttéraire  et  à  l'instruction  scientifique  qui  éclairent  et  vivifient  toutes 
les  classes  df  la  société,  et  qui,  en  outre,  ont  fait  disparaître  cette  inégalité  qui 
était  si  funeste  à  la  prospérité  publique,  à  la  marche  de  l'esprit  humain  et  à  la 
grandeur  de  la  Fraûce  ! 

«  Eclairé  par  l'instruction,  armé  de  savoir  et  de  liberté,  l'homme  plus  audacieux 
a  sommé  la  terre  d'augmenter  ses  productions  pour  nourrir  tout  le  monde.  Partout 
on  a  travaillé,  on  a  comparé  les  climats,  les  terrains,  les  plantes  et  les  animaux  ; 
la  patience  s'est  jointe  à  l'énergie,  les  écoles  industrielles  ont  formé  des  mécani- 
ciens et  l'agriculture  a  multiplié  ses  plantes  fourragères,  son  bétail  et  ses  moyens 
de  fertilisation.  Chaque  contrée,  par  !«  concours  de  la  presse  agricole,  s'est  emparée 


108  CONCOURS  RÉGIONAL  DE  TULLE. 

des  découverles,  des  perfectionnements  de  sa  voisine  ;  on  a  dérriché  des  terres 
incultes,  boisé  des  coteaux  jadis  improductifs,  desséché  des  marais,  drainé  des 
terres  humides  et  assaini  dos  prairies  marécageuses.  Tout  principe  a  reçu  son 
application,  et  sur  ungrand  nombre  de  points  la  terre  a  prouvé  par  une  production 
plus  abondante,  que  la  lécondité  est  inHnie  et  qu'invoquer  l'émii^ration  pour 
remédier  à  la  surabondance  de  la  population,  est  devenue  une  requête  impie  et 
indigne  d"un  grand  pays  civilisé  comme  la  France. 

«  Mais  l'agriculture  n'est  pas  la  seule  industrie  qui  mérite  d'être  encouragée  et 
honorée.  A  côté  d'elle  se  place  naturellement  l'horticulture  qui  a  pour  but  la  pro- 
duction des  légumes,  des  fruits  et  des  Heurs.  Personne  aujourd'hui  n'igruare  l'ar- 
deur infatigable  et  le  travail  opiniâtre  et  incessant  du  paisible  et  laborieux  maraî- 
cher qui,  chaque  matin,  alimente  nos  cités  de  légumes  abondants  et  variés;  nul 
n'oublie  avec  quel  art  le  jardinier  soumet  les  arbres  fruitiers  à  tous  les  capiices 
de  la  mode  sans  qu'ils  perdent  de  leur  productivité,  avec  quels  succès  il  augmente 
nos  jouissances  en  nous  procurant  à  profusion  des  fruits  savoureux  et  des  fleurs 
éclatantes  et  parfumées. 

•  ff  Le  salon  floral  organisé  avec  tant  d'art  par  MM:  Buge  père  et  fils,  a  été 
admiré  par  tous  ceux  qui  ont  été  témoins  de  son  ordonnance  et  de  sa  fraîcheur;  sans 
doute  cette  exhibition  florale,  la  première  qu'on  a  vue  à  Tulle,  ne  peut  être  com- 
parée aux  expositions  horticoles  qu'on  organise  annuellement  dans  les  villes  où 
l'horticulture  a  fait  de  grands  progrès  ;  mais  elle  n'en  présente  pas  moi-is  un  vif 
intérêt  aux  personnes  qui  éprouvent  de  douces  émotions  en  respirant  le  suave 
parfum  d'une  rose,  en  admirant  une  fleur  qui  se  distingue  par  sa  beauté  et  la 
pureté  de  son  coloris.  Qui  oserait  mer  l'influence  salutaire  et  féconde  que  les  fleurs 
exercent  sur  tous  les  âges,  sur  toutes  les  intelligences.  De  nos  jours,  il  en  laut 
pour  toutes  les  fêtes,  pour  toutes  les  cérémonies,  dans  les  jardins,  les  salons,  sur 
les  tables  des  banquets  et  même  jusque  sur  les  tombeaux.  Mais  pourquoi  donc  cet 
amour  de  fleurs  si  répandu?  C'est  que  la  fleur,  suivant  l'heureuse  expression 
poéti  |ue  de  Chateaubriand,  est  la  fille  du  matin,  le  charme  du  printemps,  la 
source  des  parfums,  l'amour  des  poètes  et  la  consolatrice  des  affligés  Pour  toutes 
les  dames,  un  jardin  sans  fleurs  est  un  ciel  sans  étoiles,  ua  parterre  oi!i  nul  parfum 
ne  vient  accroître  l'attrait  que  présentent  la  grâce  et  la  beauté. 

«  Le  concours  régional  de  Tulle,  si  élégamment  complété  par  cette  charmante 
exposition  florale,  restera  très  certainement  gravé  dans  le  souvenir  des  populations 
rurales  qui  se  pressent  depuis  plusieurs  jours  dans  cette  enceinte. 

«  De  retour  au  milieu  de  leurs  champs,  elles  n  oublieront  pas  ni  le  magnifique 
bétail,  ni  le  remarquable  outillage  agricole  qu'elles  ont  admirés,  et  auxquels  le 
)ury,  au  nom  du  gouvernement  de  la  République,  a  décerné  des  récompenses  si 
vaillamment  disputées  et  si  dignement  méritées.   » 

Les  prix  ont  été  décernés  dans  l'ordre  suivant  : 

Prix  cuhuraux. 

2*  Catégorie.  —  Fermiers,  métayers  isolés.  —  Douiaines  au-dessus  de  20  hectares.  —  Prix 
consistant  en  un  objet  d'art  de  ôOO  fr.,  et  une  somme  de  2,000  fr.,  décerné  à  M.  de  Meynard,  au 
Peuch.  près  Tulle. 

4'  Cati>gnrie.  —  Métayers  isolés,  petits  cultivateurs,  propri-^taires  ou  fermiers  de  domaines  au- 
dessus  de  h  hectares  et  ri'excédant  pas  20  hectares.  —  P-ix  consistant  en  un  objet  de  203  fr.,  et 
une  somme  de  600  fr,.  décerné  à  M.   Mioinet,  à  Chaoïeyrat  (Corrèze). 
Médailles  de  spécialité. 

Médaille  d'or  (grand  module).  —  A  M.  le  comte  d'I  ssel,  pour  création  de  12  hectares  de  bois.  — 
Médaille  d'argent  grand  m  dule.  M.  Farges,  au  Lonzac.  pour  cr-iitioi  de  8  hectares  de  prairies 
irriguées.  —  Médaille  d'argent,  M..  Couder,  à  Saint-Fardoux-le-Vieux,  pour  établissement  d'une 
conduite  deau  servant  à  l'irrigati.m. 

Uéi-nm  enses.  —  Aux  agents  des  exploititions  qui  ont  obtenu  des  prix  culturaux. 

2' Catégorie.  —  (Agents  de  M.  de  Meynard).  —  Mida'dles  d'argent,  M.  Pérol,  régisseur: 
Mlle  Jeanne  Malterne,  fille  de  cour.  —  Médailles  de  lirm:;e,  M.  Joseph  Soleilhavoup,  ch^f  .ie 
praique:  Mlle  Françoise  Bachélerie,  ménagère;  M.  Gérald  Labjusset,  pâtre;  M.  Pierre  Bouilla- 
guet.  laitier. 

l^^  Catégorie.  —  (Agents  de  M.  Toinet).  —  Mé  tailles  d  argent,  M.  Jean  Soleilhavoup,  mStayer  ■. 
M.  Jean  Ir-ch.  —  'Jédailles  de  bronze,  M.  Léonard  Aujol;  ^éonard  Baiss;n;  25  fr.,  M.  Baptiste 
Jean  ;  Mlle  Marie  Vialle,  bergère. 

Animaux  reproducteurs.  —  Espèce  bovine. 

Pour  les  animaux  reproducteurs  des  espèces  boviae,  ovine  et  porcine,  les  premiers  prix  sont 
pccompa.rnés  d'une  médail  e  d'or:  les  seconds  prix  d'une  médaille  u'argent,  et  les  prix  suivants 
d'une  mëd^iille  «Je  t  roiize. 

\"  Catégorie.  —  Race  Limousine.  —  Mâles,  —  1'*  Section.  —  1"  prix,  M.  Barbiu  des  Places,  à 
Meilhard  (Corrèze)  :  2%  M.  de  Léoliardy,  à  Saint-Priest-Palus  (Creuse):  3%  M.  Ceaux,  à  Seilhac 
Corrèze).  —  2'  Section.  —  Animaux  de  2  à  4  ans.  —  ]"'  prix,  M.  de  Léobardy  :  2%  M  le  comte 
du  Authier,  à  Auriat  Creuse]  :   3',  non  décerné.  —  Femelles.  —  V'  Section.   —  Génisses  de  1  à 


CONCOURS  RÉGIONAL  DE  TULLE  109 

2  ans.  —  l^'prix,  M.  de  LéoharJy.  2".  M.  le  comte  du  Authier;  3°,  non  décerné.  —2'  Section. 

—  Génisses  de  2  à  3  ans  pleines  <m  à  lait.  —  !•■•  prix,  M.  Barbon  des  Pi.jC"s;  2',  M.  de  Meynard, 
à  Chameyrnt  (Corrè/e)  ;  3%  M.  Bach,  à  \aves  (Corrèze).  —  3'  S'Ction.  —  Vaches  de  plus  de  3  ans, 
pleinps  ou  à  lait.  —  I"  prix,  M.  le  comle  du  Aulhier  ;  2%  M.  de  Lage,  à  Rosiers  (Corrèie)  ;  3*, 
M,  Bru'tieux.àSaini-ial  (Corrè/e):  uinùon  très  hoD'T.ilile,  M.  le  comte  du  Authier. 

Prix  d'ensemble.  —  Un  «  tijet  .l'art,  M.  Bartjou  <1ps  Phices. 

2"  Catégorie.  —  Mace  Garonnaise.  —  Mâles.  —  1"  Section.  —  Animaux  de  1  à  2  ans. —  l'^prix, 
M.  Lal'argue,  ^  Mirabel  (Tarn-ei  Garonne)  ;  2",  non  décerné.  —  Femelles.  —  I"  Section.  —  Génisses 
de  1  à  2  ans.  —  1"  prix,  M.  Blanc,  à  Mirabel  (rarn-et-Garonne)  ;  2%  non  décerné. 

3*  Catégorie.  —  Raue  d'Aubtac.  —  Mâles.  —  1'°  Section.  —  Animaux  de  I  à  2  ans.  —  Prix 
unique.  M.  Louis  Coirat,  à  Wontrozier  (Aveyron);  prix  supplémentaire  M.  Rd')udnl  Colrat,  à 
Montrozier  (Aveyron).  —  2"  Section.  —  Prix  unique,  M.  Louis  Colrat;  prix  suripléra  iilnire, 
MM.  Galtayries  el  Scudier,  à  Montnizi-r  (Aveyron).  —  Fefnelle<;.  —  1"'  Section.  —  Géni-ses  'le  1  à 
2  ans.  —  Prix  unique,  MM.  Galtayries  et  Scudier.  —  Mentions  honorables,  M.  louis  Colrat; 
M.  Louis  Colrat.  —  2"  Section.  —  Génisses  de  2  à  3  ans,  pleines  ou  à  lait.  —  I"  prix,  M.  Louis 
Colrat;  2\  MM.  Gai  ayries  et  Scu'lier.  —  3'  Section.  —  Viiches  de  plus  de  3  -ans,  pleines  ou  a  kit. 

—  1"  pMx.  M.  Louis  C')lrat  ;  2',  MM.  Galtayries  et  Scudier. 

4'  Catégorie.  —  Race  de  Salers.  —  Mâles  —  l"  Section.  —  Animaux  de  1  à  2  ans.  —  !"■  prix, 
M.  Ramon  I,  à  AuriUac  (Cantal);  M  Bouyssou,  à  NauceHc  (Cantal).  —  i'  S-ction.  —  1"  prix, 
.M.  Poignet,  à  Itrac  (Cintai);  2.  M.  Bruel-Kevel,  à  Giou-de-Mamon  (C:inttl);  prix  supplémentaire, 
M.  Gely,  -i  Mauriac  (("antal).  —  Feme  les.  —  {'•'Section.  —  Génisses  de  1  à  2  ans.  —  l<='  |,rijc, 
M.  Bouyssou  ;  2'',  M.  R^mond  :  pr'x  sup()lément.ire.  M.  Bruel  Revel.  —2'  S'Ction  —  Gt-nisses  de  2 
à  3ans,  pleines  ou  à  lait.  —  l"  prix,  non  décerné;  2",  n m  décerné.  —  3"  Section.  —  Vaches  de 
plus  de  3  ans,  pleines  ou  a  lait    —  1'  prix,  ujn  dé  e'-n'î  ;  2',  non  décerné  ;  3",  non  dé-î  rné 

5'  Ca/eVor/e.  -  RaceMarch^ise.  —  Màl-s.  -  1"  Section.—  Animauxile  1  à  2  ans  l*"^  prix,  M.  André 
Faure,  à  la  Souterraine  (Creust^);  2",  M  Delafont,  à  Colondannes  (l'reuse). —  2°  Section.  — Ani  naux 
de  ■;  à  4  ans.  —  1""-  [.rix,  M.  André  Faure  2",  M.NadiuJ,  à  Dun  le  Pallefîau  (Creuse)  Prix  sufipié- 
mentair',  M.  de  La  Ceile,  à  Ajain  (Creuse).  —Femelles.  —  l"  Section.  —  G'^nisses  de  I  à  2  ans. — 
I"  prix,  M.  Nadaud;  "i',  M.  Dalbv.  à  Gueret  (Creuse).  —  -f  Section  —Génisses  de  2  à  4  ans, 
pleines  ou  à  lait.  —  1"  priv,  M  Dalby;  2°,  non  décerné.  — 3"  Section.  —  Vaches  de  plus  de  3  ans. 

—  l^'  prix    M.  Calf'y;  2°  et  3',  non  décernés. 

6'  Cniégorir.  —  Hace  d'Angles.  —  Mflbs.  -  V  Section.  —  Animaux  de  1  à  2  ans.  —  Prix  uni- 
ques, M.  Ro>ivière,  à  \'azaraet  (Tarn).  —  2'  Se-tion.  —  Animaux  <le  2  à  4  an<.  —  M.  Rouvière.  — 
Femelles.  —  1"  Section  —  Génisses  de  I  à  2  ans.  —  Prix  unique,  M.  Rouvière.  —  2'  S.-ction  — 
Génisses  de  2  à  3  ans,  pleines  ou  à  lait.  —  Prix  unique,  M.  Rouvière.  —  3"  Stction.  —  Vaches 
de  plus  de  3  ans,  pleines  ou  à  liit.  —  Prix  nnique,  M    Rouvière. 

1'  Cotégorie.  —  Races  françaises,  diverses,  pures  ou  croi-ées  entre  elles.  —  Mâles.  —  1"  Sec- 
tion. —  Animaux  île  1  à  2  ans.  —  1".  2"^  et  3':irix,  non  décernés.  —  2°  Section.  —  Animaux  de  2 
à  4  ans.  —  1"  et  2=  prix,  non  décernés;  3%  M.  Imberr,  à  Vigeois  (Correze).  —  Femelles.  —  1"=  Sec- 
tion. —  Génisses  de  1  à  2  ans.  —  '"  pri»,  M.  Blanc,  à  Mirab-1  (  Parn-et-Garonn-'!;  2%  M.  1)  iber- 
nard,  à  .-^aint-Ybar  i  (Corréze);  ,3',  M.  Dela'ont.  —  2°  Section.  —  G-nisses  de  2  à  3  ans,  pleines  ou 
à  lait.  —  |"prix,  non  déceni<^;  2",  M.  Imbert;  3'',  M.  F  oucau'I-Pénardille,  à  Tulle  (Corréze).  — 
3'  Section.  —  Vaches  de  plus  de  .3  ans,  pleines  ou  à  lait.  —  I -'  prix,  M.  0-tfotir,  à  A  irillac  (Can- 
tal); 2%  M.  de  Meynard;  3',  M.  Joseph  Lafarge,  à  Meyssac  (Corrèze);  '4%  M.  Kliucaul-Pénardille. 

8°  Ca-éf/orie.  —  HMces  étrang'res  puies  et  croisements  divers,  autres  qu'i  ceux  de  la  1'  Catégo- 
rie. —  Mâles.  —  1'»  Section.  —  Animaux  de  1  à  2  ans.  —  i"  prix,  M.  B;ijau,  à  Toulouse  (Haute- 
Garonne);  2^,  M.  Imirert.  —  2"  Section.  —  An  m^ux  de  2  à  4  nns  —  1"  pnx,  M.  de  Verdinac,  à 
Sarra/.ac  (Lot-et-Gironni-);    2'^,  non  décerné.  —  Fetnelles. —  V  Senion.  — Génisses  de  1  à  2  ans. 

—  1"  prix,  M.  Doiivier,  à  Tulh  (Corrèze);  2',  M  Ba|au.  -  v  Section.  —  Gèmsses  de  2  à  3  ans, 
pleines  i.u  à  lait  —  !"■,  prix,  M.  B-ijau;  2",  M.  de  Verninac;  3^,  M.  Imbert.  —  3°  Section.  -  Va- 
ches de  plus  le  :}ans,  pleines  ou  à  liit.  —  1"'  prix,  M.  Bajau:  2°,  M.  de  Verninac;  3^.  .M.  Imbert. 
Prix  d'ensemble.  —  Pour  les  animaux  de  l'espèce  bovine.  —  Objet  d'art.  —  A  M.  Louis  Coirat.  — 
Bandes  de  vaches  laitières.  —  1"  prix,  M.  Bruel-Re  el;  2%  M.  Bouyssou. 

Espèce  ovine. 
1"  Catégorie.  —  Races  originaires  de  l'Aveyron,  de  la  Corrèze  et  du  Lot.  —  Mâles.  —  1"  prix, 
M.  Rouvière,  à  Mazamet  (Tarn);  2",  M.  Lafon,  à  Betaili^;  (Lot);  3-,  M.  de  Lag»,  à  Ros  ers  (Corrèze). 

—  Femelles.  —  (Lots  de  6  brebià).  —  P"  piix,  non  décerné;  2%  M.  de  Lage;  3",  M.  Grande,  à  Cor- 
rèze (Coirè/e). 

2°  Catégorie. —  Races  françiis3s  diver-es,  non  comprises  dans  laprécéd°nte  catégorie. — Mâles. — 
1"  prix,  M.  Uelafiint,  à  Colondannes  (Creuse);  2\  M.  Rouv  ère.  Pmx  supfilémentaite.  .M.  Molinié, 
à  Saint-Amans-Soult  (Tarn).  —  Femelles.  —  (Lots  de  3  brebis).  —  1"  prix,  M.  Rouvière;  2°,  M.  De- 
lafont. 

3=  Catégorie.  —  Races  étrangères  diverses.  —  Mâles  —  l"  prix,  M.  Teisserenc  de  Bort,  à  Saint- 
Prie^t-I'auiiou  (Hauie-Vienne);  2',  iM.  de  Léohardy,  à  Saint-Priest-Palis  (Creuse).  —  Femelles.  — 
(Lots  de  3  biebis).  —  l"  prix,  M.  Teisserenc  d3  Bort,  2^  M.  de  l.éobardy. 

4*  Catégorie  —  Crnisemenis  divers.—  Mal -s  —1"  prix,  M.  N'ai.iud.  A  D  in-le-Palleteiu  ('"Ireuse); 
2*,  M.  Deiafont.  —  Femelles.  —  (Lots  de  3  nrebi.s).  —  V  prix.  .M    Nadaud;  2',  non  d*ce  né. 

Prix  dCensemble.  —  Un  objet  d'art.  —  Pour  le  lot  d'animaux  de  race  de  la  charmoise,  à 
M.  Nadiud. 

Espèce  porcine. 

1"  Catégorie.  —  Races  indigènes  pures  ou  croisées  entre  ePes.  —  Mâles.  —  I"'  prix,  non  décerné; 
2',  M.  S  rézat,  à  Saint-Salvadour  (Corrèze).—  Femelles.—  I"prix,  M.  jlerliac,  à  Sedhac  (Correze); 
2',   M.  Bru<lienx,  à  Samt-Jal  (Corrèze). 

2*  Catégorie.  —  R  ices  étran  ères  iiures  ou  croisées  entre  elles.  —  Mâles.  —  1"  prix.  M.  Teisse- 
renc de  liort,  à  Sa  nt-Priest-Taiirion  (4  l'i  e  Vienne);-  2°,  M.  de  Léobordy,  à  Saint-Piie-t-Pdlus 
Creusp)  3%  M.  le  com  e  rie  Miramon,  à  Vitrac  (Cmtal,;  4*,  M.  de  Verninac,  à  Sarrazac  (Lot).  — 
Femelb's.  —  l"  prix,  M.  le  comte  île  Mira-non  ;  2",  M.  Rouvè.e,  à  Mizimet  (Tarn);  3%  M.  Teisse- 
renc de  Bon;  4°,  M.  de  Léobardy.  Prix  siipplémentiire,  M.  Aubert,  à  Saiiite-Fciéole  (Cor^è^e. 

Prix  d'ensemble.  —  Un  objet  d'art.  —Pour  les  animaux  de  races  Mieddlesex-Yorkshire,  à  M.  de 
Léobardy. 


1 1  0  CONCOURS  REGIONAL  DE  TULLE 

Animaux  de  basse-cour. 

Les  premiers  prix  sont  accompagnés  d'une  médaille  d'argent,  les  antres  d'une  médaille  de 
bronze. 

l"  Caléivrie.  —  Coqs  et  poule=î.  —  ]'"  Section.  —  Races  françaises  diverses.  —  1"  prix,  M.  Rou- 
vière,  à  Mazamet  'Tarn);  2%  M.  Voitellier,  à  Mantes  (Seine-et-Oise);  3«,  M.  Sang  m,  à.  Tulle  (Cor- 
rèze).  —  2°  Sccton.  —  Races  étranghres  diverses.  —  ]"  prix,  M.  Rouviùre;  2%  M.  Voitellier. 
■3'Scti'm.  —  Croisements  diver>.  —  ]"  prix,  M.  Rouvière;  2',  M.  Imb?rt,  à  Vigeois   Corrèze). 

2°  Catéyorif.  —  Dindons.  —  1"  prix-,  M.  Béronie,  à  Tulle  (Corr^ze);  2',  M.  Rouvière. 

3°  Cnt'goiie.  —  Oies.  —  1"  prix,  M.  R  uvjère;  'i',  M.  Béronie;  3*,  M.  Imbert. 
'     4»  Caléijork.  —  Canar.ls.  —  1"'  prix,  M.  Imbert;  2«,  M.  Béronie;  3',  non  décerné. 

5"  Caiéi)nne.  —  Pintades  et  Pigeons,  —  I"prix,  M.  Imbert;  2°,  M.  Rouvière.  Prix  supplémen- 
'•aire.  M.  Béronie. 

6"  Catégorie.  —  Lapins  et  Léporides.  —  l"prix,  M.  Cantonny,  à  Tulle  (Corrèze);  2°,  M.  Rouvière; 

Frix  d'ensemble.  —  Un  objet  d'art,  à  M.  Rouvière,  déjà  nommé. 

Machines  et  instruments  agricoles. 

Inulrumeiili  d'extérieur  de  forme.  —  Charmes  tourne-oreilles.  —  1"  prix,  médaille  d'or. 
M.  Barrt',  à  Limoges  (Haute-Vienne); 2%  médaille  d'argent,  M.  Trilschler,  à  Limoges  (Haute -Vienne); 
3",  médaille  de  bronze,  M.  Rosier,  A  Tulle  (Corrèze)  ;  mention  très  honoriblc,  M.  Chamtionnière,  a 
Cusset  (Allier);  mentions  honorables,  M.  Roucayrols,  à  Albi  (Tarn);  M.  Taroussie,  à  Uzerche 
(Corrèze). 

Charrues  pour  labours  ordinaires.  —  !"•  prix,  médaille  d'or,  M.  Birre;  2%  médaille  d'argent, 
M.  Cliambonnière  ;  3*,  médadle  de  bronze,  M.  Tritschler;  mention  très  honorable,  M.  Vieillema- 
ringe,  à  Samte-Fortunade  (Corrèze)  ;  mentions  honorables,  M.  Rosier;  M.  Latour,  à  Uzerche 
(Corrpze). 

Herses  arlicule'es.  —  l"pnx,  médaille  d'or,  M.  Pelt'e-,  à  Paris  ;  2%  ra-Mailla  d'argent,  M.  Emile 
Puzen  t,  à  Iiourbon-Lancy  (Siône-et-Liire)  ;  3%  médaille  de  bronze,  M.  Bruel ,  à  Moulins  (Allier); 
meulions  très  hoimraldes.  M  Puzcnaf  aîné,  à  Bourbon-Lancy  (Saône-et- Loire)  ;  M.  Hidien,  à 
Ch-^teauroux  (Indre)  ;  mentions  honoraliles,   M.  Chanibonniére;   M.  Tritsciiler. 

Rouleaux  brise-mottes.  —  1"  prix,  médail  e  d  or,  M.  Bruel  ;  2" ,  médaille  d'argent,  M.  Tritschler; 
3%  médaille  de  bronze,  M.  Barre;  mention  très  honorable,  M.  Emile  Puzenat;  mention  honorable, 
M.  P&liier. 

Par  application  de  l'article  là  de  l'arrêté  du  18  novembe  1879,  relatif  au  concours  de  Tulle. — 
Mentions  très  honorables,  M.  Rosier,  de  Chameyrat  (Corrèze),  pour  ustensiles  à  fauctier;  M.  Rosier, 
pour  la  charrue  tri-soc;  mention  honorable,  M.  Vieillemaringe,  pour  sa  herse  à  r  uleau. 

Inslnnni'nts  d'intérieur  de  ferme.  —  Ilache-paiUe.  —  i"  prix,  méJaille  d'or,  M.  Aibaret,  à 
Lia- court-Ra.'itigny  (Oise);  2',  médaille  d'argent,  M.  Piiter,  à  Paris;  3°,  médaille  de  bronze, 
M.  Peiti-T,  à  P.ins. 

Coupe-racines.  —  1"  prix,  médaille  d'or,  M  Aibaret;  2°,  médaille  d'argent,  M.  Maréchaux,  <à 
Montmord  on  (Vi^^nne)  ;  3",  médaille  di  bronze,  M.  Peltier;  montions  honorables,  M.  Chambon- 
nière;M.  Barre;  M.  Tritschler. 

E(/r<noirs  à  inai'i. —  l"''  prix,  médaille  d'or,  M.  Peltier;  2°,  médaille  d'argent,  M.  Tritschler  : 
3«,  médadle  dj  1h onz^  M.  Bruel. 

Pompes  à  purin.  —  1°' prix,  médaille  d'or.  M.  Noël,  à  Paris;  2«,  médaille  d'argent,  M.  Beaume, 
àBouloiii;e  (Sein");  3°,  méd-iille  de  bronze,  M.   Peltier. 

Par  application  de  l'ariiLb^  Ih  de  l'arrêté  du  18  novembre  1879,  relatif  au  conco  irs  régional  de 
Tulle  —  Mention  honorable,  MM.  Mibille  ei  Cie,  à  Limoges,  pour  la  mangeoire  eu  ciment 
comprimé. 

Produits  agricoles  et  matières  utiles  à  l'agriculture. 

Prnduiis  des  burons,  caves  et  fruitières.  —  Médaille  d'or,  Mme  Monteil,  à  Sarran  (Corrèze).  — 
•Médailles  d'argent,  M.  le  baron  de  Bélinay ,  à  Liginiac (Corrèze)  ;  Mme  Traverse,  à  G:mel  (Corr^^ze); 
M.  F.iyel,  R  Ti in:|ueux-lès-Heifns  (Vlarne).  —  MUlaHles  de  bronze,  M.  Hier,  rue  Laiuerif,  à  Lyon 
(Rhînp)  ;  M    de  Meynaid,  à  Saint-Bonnei-Avalouz^  (Cnrrèze)  ;  M.  Béronie,  à  Tulle  (Corrèze). 

Produiis  hoiticoïi'S.  —  (Gollejiion  li'aniusies,  fleurs,  phntes  in  lustiielles  et  tinctoriales)  — 
MHait  e  d'or,  MM.  Buge,  père  «i  ?ls,  à  TuUe  (Corrèze).  —  Médaille  dargent,  MM.  Bug',  père  et 
fîls.  —  vipntion  hononble,  M.  Aîoinon,  à  Sidroc  (Corrèze). 

Prodxiiis  maraîchers.  —Médaille  d'or,  M  Saugon,  à  Tulle  (Corrèze).  —  Mcda'lle  d'argent, 
MM.  r>u-e  père  et  lils. 

Proiuiti  jorestiers.—  Midiille  d'or,  Palazinge-i  (commune  de)  (Corrèze).  —  M'-ditlles  d'argent, 
M.  le.  général  de  Chanal,  à  Glergou.v  (Gorrèzej;  M.  Laval,  à  l^'avars  (Corrèze).  —  MédalUe  de  bronze, 
M.  Vilain,  :\  T.niignac  (Conèze). 

Yins  —  \^^  Section.  —  Vins  lu  Lof,  du  Tarn  et  de  Tarn-et-Gironne.  —  Médaille  d'or,  M.  C;ilmon, 
à  Cahors  (Loi).—  M.'dnUes  d'-irgen',  M.  Mollis,  à  Giillac  (Tarn);  M.  l.aton,  k  Glanes  (Lot).  — 
Médailles  de  bronze,  M.  Lassene,  à  Kspèie  (Lot^;  M.  Delonclp,  à  Siint-M-'lai  l-lJatus  (lot)  ; 
M.  Verninac,  à  .Sarnzac  (Loi).  —  2"  'Section.  —  Mus  divers.  —  M.'dailk  d'or,  M  Es-.ande,  à  'lou- 
louse  (Haute-Garonne).  —Médaille d'urgent.  .M.  Brousse,  à  Hillao  (Corrèze).  —  Médailles  de  bron;se, 
M.  Fcrrand,  à  Segonzic  (Charente);  M.  de  Ganis,  à  Voutezjc  (Corrèze). 

Produits  non  compris  dans  les  concours  spéciaux. 

M>h1aill''s  d'or,  M.  Fournau  1.  à  Tulle  (Corrèze)  ;  VT.  Gan,  h  Brive (Corrèze).  —  Mpdailles  d'argent, 
MM.  les  instituteurs  de  la  Gorrè'.e;  M.  Aibouin,  à  Li^Miières  (Charente)  ;  M.  Borie-Chau  d,  à  Tou- 
louse (HiuteGarv)nne);  M.  Es;ande.  —  M.iiidles  de  bronze,  a\i  Co.nice  agnole  de  l'ulle-Nord; 
M.  Magdntlres,  à  Koi<  (A'"i'^o");  '^I-  l^^i'Sand  er,  à  Marchtour  (Corrèze)  ;  .vi.  de  Meynird  ;  M.  Mau- 
petit,  'le  Limo^^es  (Haute-Vieune)  ;  M.  de  Giaesti,  à  Garravaques  (Tarn);  M.  Rilhac,  à  Drive 
(Corrèz^);  M.  Vinel,  à  Cahors  (Lot).  •  . 

Rieon  >e<ises  aux  servUeu -s  ruraux.  —  MVL  PieTe  Vigouroux.  vacher  chez  M.  Louis  Colrat, 
médaille  d'..rgep.i;  Pierre  Bea  dt,  vacher  ch^z  M.  Rouvière,  ml-daïUe  d'argeit;  Jea;:  Tixier, 
berger  chez  M.  Nxdaud,  uiélaille  d'argent  ;  Pierre  Naquier,  vacher  chez  M.  Ra'iiond,  mé  laille 
d'argeni;  Jacques  Bouzir,  berger  chez  M.  Kouviè-e,  mé.iaiUe  de  bronze  ;  Pierre  Roger,  vacher 
chez  M.  de  Léjbardy,  médaille  de  bronze;  Etienne  Péricrot,  vacher  chez  M.  le  comte  du  Authier, 


CONCOURS  RÉGIONAL  DE  TULLE.  111 

ille   de   bronze:   Léonard  Papal,  vacher  chez  M.   Barbou  des  Places,  médaille   de   bronze; 
~  .    .  •       ^  vacher  chez 


Antoine  La&sagne,    vacher  chez  M.  Crueghe,  20  fr,;   Jean  Claussade,  vacher  chez  M.  Brudieux, 

Récompenses  aux  conducteurs  de  machine?,  aux  contre-maJtres  et  ouvri-^rs  des  constructeurs 
d'instruments.  —  MM.  Florent  Daleau,  coutre-maîtie  chez  M.  Aibaret,  médaille  d'argent;  Bourdon, 
contre-maître,  chez  M.  Muré  hiu,  médaille  d'argent;  Léonard  Vincent,  ouvrier  mécanicien,  chez 
M.  Tritscliier,  médaille  de  bronze;  Carolus  Leroy,  ouvrier  monteur  chez  M.  Aibaret,  médaille  de 
bronze;  Pierre  Chauveau,  chez  I\I.  Barre,  médaiLe  de  bronze. 

Différentes  conférences  ont  eu  lieu  pendant  le  concours  ;  elles  avaient 
attiré  une  grande  affluence.  L'une  a  été  faite  par  notre  confrère 
M.  Victor  liorie,  avec  beaucoup  d'entrain,  sur  l'enseignement;  rien 
alors  ne  pouvait  faire  prévoir  sa  mort  prématurée.  Nous  en  avons^  fait 
une  autre  sur  les  engrais,  dans-  laquelle  nous  espérons  avoir  convaincu 
les  auditeurs  delà  nécessité  de  compléter  la  puissance  de  production  du 
sol  par  des  matières  fertilisantes  appropriées.  J.-A.  Barril. 

BONDES  D'IRRIGATION  DE  M.  BRUEL 

On  a  beaucoup  remarqué,  au  concours  régional  de  Tulle,  ^  les 
bondes  d'irrigation  qui  étaient  exposées  par  M.  Bruel,  ingénieur-méca- 
nicien à  Moulins  (Allier).  M.  Bruel  est  un  constructeur  que  des  inven- 
tions ingénieuses  ont  mis  en  évidence  depuis  de  longues  années. 

Les  bondes  de  son  système  sont  représentées  par  la  fig.  .5.  Le  dessin 


Fig.  5.  —  Bonde  de  M.  Bruel  pour  les  irrigations^ 

montre  suffisamment  en  quoi  consiste  l'appareil.  L'obturateur  de  la 
bonde  est  à  charnière  et  se  ferme  ou  s'ouvre  à  la  volonté  de  l'irrigateur. 
Grâce  à  la  forme  du  tuyau  et  de  la  bonde,  on  peut  régler  à  volonté  le 
débit  de  l'eau.  Tous  ceux  qui  savent  combien  il  est  souvent  difficile 
de  faire  des  arrosages  réguliers,  et  de  régler  l'écoulement  de  l'eau, 
apprécieront  le  nouvel  appareil  dû  à  M.  Bruel.  Le  prix  de  ses  bondes 
varie  de  20  à  35  fr,,  suivant  leur  dimension.  L.  de  Sardiuag. 

LA  BETTERAVE  A  SUCRE  DANS  L^OUEST 

On  semblait  croire,  il  y  a  quelques  années  seulement,  que  les 
terres  de  l'Ouest  n'étaient  pas  favorables  à  la  culture  de  la  betterave 
à  sucre.  On  cultive  cependant  dans  celte  région  les  betteraves  dites 
fourragères,  à  grand  rendement,  selon  qu'on  se  propose  la  production 
du  lait,  ou  bien  l'engraissement  du  bétail,  ou  même  la  betterave  de 
jardin  qui  apparaît  l'hiver  sur  nos  tables.  xMais  l'une  et  l'autre  de  ces 
deux  variétés  sont  impropres  à  la  fabrication  du  sucre  qui  ne  s'élabore 
pas  dans  leur  tissu  cellulaire,  comme  dans  la  troisième  espèce  de 
betterave,  la  betterave  à  sucre  proprement  dite.  Il  n'existait  pas  de 
sucrerie  dans  l'Ouest,  et  les  importantes  raffineries  de  Nantes  ne  trai- 
taient que  le  sucre  des  colonies. 


112  LA  BETTERAVE  A   SUGRB  DANS  L'OUEST. 

Tout  paraît  changer  aujourd'hui,  et  la  Compagnie  de  sucreries  de 
l'Ouest,  l'ondée  au  capital  de  10  millions,  et  dont  les  opérations  doi- 
vent s'étendre  à  quatorze  départements,  exposait  au  concours  de 
Kennes  des  sucres  provenant  de  la  sucrerie  de  Châlelaudren  (Côtes- 
du-Nord;,  qui  lui  ont  valu  une  récompense  justement  méritée.  Il 
paraît  en  outre  acquis  que,  tandis  que  les  betteraves  du  Nord  four- 
nissent seulement  5  à  5  1/2  pour  100  de  sucre,  celles  qui  sont  obte- 
nues dans  la  région,  donnent  une  richesse  qui  varie  de  9  à  13  pour 
100;  qu'en  outre,  les  raffineries  de  Nantes  considèrent  l'adjonction 
du  sucre  indigène  comme  nécessaire  dans  leur  fabrication. 

Quand  on  considère  que,  avec  les  quatre  départements  du  Nord  con- 
tenant plus  de  quatre  cents  sucreries,  l'industrie  sucrière  déjà  établie 
dans  vingt-trois  départements,  va  acquérir,  par  les  opérations  des 
sucreries  de  l'Ouest,  quatorze  autres  départements,  on  peut  dire  que 
cette  industrie  intéressera  plus  de  la  moitié  de  la  France.  C'est  la  cul- 
ture de  la  betterave  qui  a  transformé  le  Nord,  par  les  préparations  du 
sol  qu'elle  réclame,  les  façons  et  les  engrais  qu'elle  exige;  elle  conduit 
à  la  culture  intensive  des  céréales  et,  partant,  à  ses  rendements 
maxima.  La  même  transformation  est  possible  dans  plusieurs,  sinon 
tous  les  départements  de  l'Ouest;  et  on  peut  affirmer  par  ailleurs 
que  cette  industrie  permettra  à  l'agriculture  française  de  soutenir  avec 
succès  la  concurrence  étrangère. 

Le  Journal  de  t' Agriculture  a  toujours  réclamé  le  dégrèvement  des 
sucres,  comme  la  mesure  la  plus  favorable  à  prendre  en  faveur  de  la 
culture  française.  Le  gouvernement  tenant  à  sa  promesse  vient  d'en 
prendre  l'initiative  et  il  faut  espérer  que  rien  ne  viendra  contrarier  le 
vote  de  dégrèvement  d'un  impôt  qui  pèse  trop  lourdement  sur  la  pro- 
duction et  la  consommation  tout  à  la  fois.  La  loi  ne  se  contentera  pas 
d'en  baisser  la  quotité,  elle  changera  aussi  le  mode  de  perception 
d'après  les  types,  et  prescrira  l'analyse  saccharimétrique  qui  appor- 
tera la  précision  dans  les  épreuves.  On  ne  peut  qu'applaudir  à  cette 
double  mesure. 

Pourtant  nous  avons  été  parmi  les  tenants  de  la  culture  coloniale 
si  favorable  à  notre  marine  marchande,  aujourd'hui  si  éprouvée. 
Ceux  qui  peuvent  se  reporter  à  quarante  ans  se  souviennent  encore 
de  la  lutte  de  la  canne  et  de  la  betterave,  qu'on  chansonnait  alors 
comme  cousine  du  navet.  On  ne  peut  oublier,  que  le  sucre  de  nos 
colonies  donnait  aliment  de  fret  à  plus  de  300  navires  à  voile,  au- 
jourd'hui presque  sans  emploi;  qu'avant  l'émancipation  de  Saint-Do- 
mingue, plus  de  200  navires  étaient  consacrés  aux  transports  de  cette 
seule  colonie,  d'après  JM.  L.  de  Lavergne,  et  que  leurs  retours  s'opéraient 
en  sucre.  Aujourd'hui  la  fabrication  du  sucre  de  betterave  s'élève  à 
près  de  400  millions  de  kilog.,  et  celle  de  nos  colonies  à  85  millions 
seulement,  d'après  l'exposé  même  de  M.  le  ministre  du   commerce. 

Il  est  toutefois  avéré  que  la  richesse  de  la  betterave  à  sucre  diminue 
depuis  quelques  années  dans  les  départements  du  Nord.  Ce  n'est  pas 
qu'on  ménage  les  fumures;  le  sol  s'épuise  principalement  d'un  élé- 
ment qui  se  retrouve  en  abondance  dans  nos  terrains  de  l'Ouest,  la 
potasse  iMais  il  est  nécessaire  que  les  terres  consacrées  à  la  betterave 
soient  pourvues  de  l'élément  calcaire  qui  manque  à  certains  terrains 
granitiques  de  la  Bretagne,  et  auxquels  on  devra  le  rendre  pour  pou- 
voir la  cultiver  avec  avantage. 


LA  BETTERAVE  A  SUCRE  DANS  L'OUEST.  1 1 3 

La  betterave  réclame,  pour  arriver  à  son  développement  physiolo- 
gique le  plus  complet,  un  sol  argileux  légèrement  calcaire.  Dans  un 
sol  semblable  la  plante  se  développe  en  profondeur  d'une  façon  normale, 
croît  avec  un  tissu  compact,  présentant  des  orbes  concentriques  à 
mailles  serrées.  Dans  les  terrains  trop  voisins  de  la  mer,  la  présence 
du  sel  dans  le  sol  est  contraire  à  la  cristaliisalion  du  sucre. 

La  présence,  selon  nous  nécessaire,  de  l'élément  calcaire  dans  le  sol 
pour  la  culture  betteravière,  nous  conduit  à  examiner  le  rôle  de  la 
chaux. 

Introduite  dans  une  terre  arable,  elle  la  réchauffe,  c'est-à-dire  la 
rend  plus  susceptible  de  subir  l'action  calorifique  des  rayons  du 
soleil,  et  3L  Cartuyvels,  agronome  belge,  en  même  temps  que  chi- 
miste, a  calculé  que,  envisagés  au  point  de  vue  de  la  propriété  qu'ils 
possèdent  de  conserver  la  chaleur,  les  sols  différents  se  rangent 
d'après  l'échelle  suivante  : 

Sable  très  calcaire 100.0 

—  siliceux 9G.6 

Terre          calcaire 74.5 

—  argileuse 68.4 

—  .(ie  jardin 64.8 

Humus 49.0 

On  voit  par  là  que  les  terres  noires,  formées  de  débris  végétaux,  ne 
sont  pas  propres  à  la  betterave  à  sucre.  Mais  la  chaux  agit  sur  ces 
débris  renfermés  dans  le  sol;  elle  provoque  et  accélère  leur  décompo- 
sition et  rend  ces  substances  plus  assimilables  par  les  plantes  qui  s'en 
alimentent. 

On  sait,  par  ailleurs,  au  point  de  vue  chimique,  que  la  chaux  est 
un  alcali  et  possède,  comme  tel,  la  faculté  de  neutraliser  les  acides 
répandus  dans  les  terrains  renfermant  des  plantes  amères ,  des 
oseilles  sauvages,  etc.  Elle  les  détruit  en  raison  même  de  la  propriété 
dont  elle  jouit,  par  une  action  antagoniste  à  leur  végétation. 

Mais  la  chaux  possède  encore  une  autre  action  fertilisante,  qui  con- 
siste à  mettre  en  activité,  dans  le  sein  de  la  terre,  les  principes  miné- 
raux nécessaires  à  l'alimentation  des  végétaux,  et  qui  ne  se  trouvent 
pas  originairement  dans  le  sol  à  un  état  assimilable  pour  les  plantes; 
tel  est  par  exemple  le  cas  pour  la  potasse  renfermée  dans  le  sol  à 
l'état  insoluble.  Sous  l'action  delà  chaux,  elle  devient  soluble  et  hau- 
tement fertilisante;  les  radicelles  des  végétaux  peuvent  dès  lors  s'en 
imprégner  et  faire  servir  cet  alcali  à  la  nutrition  de  la  plante.  Telle 
est  la  raison  de  l'introduction  de  la  chaux  dans  la  culture,  et  particu- 
lièrement dans  la  culture  de  la  betterave  sucrière. 

Le  sol  qui  paraît  le  plus  favorable  à  la  production  de  la  betterave 
à  sucre  est  celui  qui,  de  nature  argileuse,  est  modifié  par  l'adjonction 
d'une  quantité  plus  ou  moins  considérable  de  matière  calcaire.  Les 
sols  entièrement  granitiques  ou  tourbeux  y  sont  impropres. 

A.    DE   LA  MORVONNAIS. 

LA  SITUATION  AGRICOLE  DANS   LES  VOSGES 

Aussi  singulier  a  été  l'hiver  par  sa  température,  aussi  singulière  se  montre  la 
belle  saison  pour  les  productions  du  sol.  Aux  montagnes.,  on  fera  une  récolte  de 
foins  assez  bonne,  tandis  que  dans  les  plaines,  jamais,  que  l'on  s'en  souvienne, 
elle  n'a  été  plus  misérable.  La  fauchaison  est  commencée  dans  quelques  fermes, 
mais  pour  la  fenaison  on  est  menacé  de  subir  une  épreuve  semblable  à  celles  de 
1879.  Il  faut  espérer  que  ces  épreuves  seront  moins  rigoureuses  et  d'une  durée 


114  SITUATION  AGRICOLE  DANS  LES  VOSGES. 

plus  courte.  L'année  dernière  fut  une  année  introuvable  dans  la  mémoire  d'un 
homme  et  même  de  longues  annales;  il  faut  bien  croire  qu'une  semblable  ne  se 
renouvellera  point  de  sitôt.  Les  s-eigles  sont  partout  très  beaux,  même  assez  beaux 
pour  subir  en  bien  des  endroits  l'avarie  de  la  verse.  Les  pommes  de  terre  sont 
très  avancées  sur  les  versants  des  montagnes  exposés  au  sud  :  elles  montreraient 
des  fleurs.  Au  fond  des  vallées.,  ayant  été  gelées  deux  et  trois  fois,  elles  n'ont  pas 
partout  un  décimètre  de  hauteur.  Sur  quelques  points  du  sommet  des  montngnes, 
la  situation  est  la  même.  On  comprend  avec  quelle  difficulté  s'est  opéré  le  net- 
toyage des  mauvaises  herbes  par  une  végétation  aussi  accidentée,  aussi  lente.  Les 
mauvaises  herbes  ne  sont  guère  retardées  par  les  contre-temps. 

Au  moment  de  terminer  ma  lettre,  je  m'aperçois  que  le  baromètre  remonte. 
Au  premier  beau  temps,  la  coupe  des  foins  va  être  poussée  avec  beaucoup  d'ac- 
tivité. Nous  voilà  menacés  d'une  nouvelle  invasion  des  sangliers  qui,  dans  quel- 
ques localités  déjà,  ont  ravagé  cruellement  les  récoltes.  Quelques  battues  ont  eu 
Keu,  mais  sans  succès.  Au  cas  oii  il  y  aurait  quelqu'un  parmi  les  correspondants 
ou  abonnés  du  Journal  de  f  Agriculture  pour  connnître  quelques  procédés  ca- 
pables d'éloigner  des  champs  ces  destructeurs  de  récoltes,  il  nous  rendrait  un 
service  bien  ])iécieux  en  nous  les  faisant  connaître.  Pour  bien  des  fermes,  dont  les 
champs  sont  tous  rapprochés,  on  a  la  seule  ressource  de  faire  du  tapage  ;  seule- 
ment cet  exercice  ne  remplace  pas  agréablement  le  sommeil  et  le  repos.  Un  bon 
chien  de  garde  se  chargerait  peut-être  suffisamment  de  la  besogne. 

Dans  les  plaines,  les  pommiers,  dans  la  proportion  de  plus  de  moitié,  n'ont  plus 
donné  sign.î  d^.  vie.  Beaucoup  d'autres  arbres,  -noyers,  cerisiers,  sont  aussi  dé- 
truits par  l'hiver.  Les  forêts  n'ont  pas  bien  souffert.  Le  plus  grave  de  tout,  c'est 
que  les  prairies  pourront  s'en  ressentir  pendant  deux  années  peut-être.  Gelées  et 
fréquemment  inondées,  de  grandes  étendues,  naguère  d'une  fertilité  de  premier 
ordre,  n'ont  plus  qu'une  végétation  déplorable  de  joncs  et  de  carex.  Il  est  pénible 
de  voir,  au  moijent  de  la  récolte,  ces  belles  prairies,  si  bien  soignées,  n'avoir  plus 
(jue  l'aspect  de  chaumes  stériles. 

Pour  conséquence,  le  bétail  baisse  considérablement  et  les  fourrages  prennent 
la  marche  ascendante.  En  rapport  des  années  précédentes,  c'e-t  la  situation  re- 
tournée, mais  cette  face  de  la  méd  âîle  sera  encore  moins  brillante  que  l'autre. 
Les  cultivateurs  des  montagnes,  qui  feront  une  bonne  récolte,  pourront  en  tirer 
un  parti  fort  avantageux.  J.-B.  Jacqcot. 

Yagney  (Vosges),  27  juin  1880. 

BIBLIOGRAPHIE  AGRICOLE- 

L'écrevisse,  introduclwn  à  l'élude  de  la  Zoolngie,  par  TH.  Huxlet,  membre  de  la  Société  royale 
de  LoQiires.  —Un  volume  in-8  orné  lie  82  figures  dans  le  texte.  —  Chez  Germer  Baillière  et 
Cie,    108,  boulevard  Saint-Germain,  à  Paris.  Prix  :  6  fr. 

Le  volume  que  nous  annonçons  est  le  36*  de  la  Bibliothèque  scienti- 
fique internationale,  publiée  sous  la  direction  de  M.  Alglava.  Il  «est  du 
à  un  dessavantsqui  oQtacquis  la  plus  légitime  notoriété  dans  Tétude 
des  sciences  naturelles.  En  même  temps  qu'il  donne  des  détails  complets 
sur  l'écrevisse,  l'auteur  entre  dans  des  considérations  sur  des  questions 
plus  élevées.  En  effet_,  il  n  a  pas  voulu  simplement  écrire  une  mono- 
graphie de  l'écrevisse,  mais  montrer  comment  l'étude  attentive  de  l'un 
des  animaux  les  plus  communs  peut  conduire  aux  généralisations  les 
plus  larges,  aux  problèmes  les  plus  difficiles  de  la  zoologie,  et  même 
de  la  science  biologique  en  général.  Avec  ce  livre,  le  lecteur  se  trouve 
amené  à  envisager  toutes  les  grandes  question  zoologiques  qui  excitent 
aujourd'hui  un  si  vif  intérêt.  G.  Gaulot. 

REVUE  COMMERCIALE    ET   PRIX-COURANT  DES  DENRÉES  AGRICOLES 

(17  JUILLET  1880). 
L   —  Situation  générale. 
Les  marchés  agricoles  présentent  toujours  le  plus  grand  calne.  Les  offres  sonê 
très  restreinte?,  et  les  transactions  peu  importantes  sur  la  plupart  des  denrées. 
II    —  Les  grains  et  les  fariyies. 
Les  tableaux  suivants  résument  les  cours  des  céréales,  par  quintal    métrique, 
sur  les  principaux  marchés  de  la  France  et  de  l'étranger. 


REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX-COURANT  (17  JUILLET    11 


RÉQ.ION.—  SORD-OCEST. 


Calvados.  Condé. 

—  Lisieux 

Gôtesd.-  \orii    Lamaion 

—  Tréo'uier 

Finistère.  Moilaix  

—  Qjimper 

nie-et-yilai7ia.  Bennes. 

—  St  M  lo 

Manche.  Avranches 

—  Potilorsoa 

—  ViUedieu 

Mayenne.  Laval 

—  Château  Gonl-.er.. 
Morbihan.  Hermeboal.. 
Orne.  Séez 

—  Viiiiodtiers 

Sarthe.   Le  Mans 

—  Mamers 


Blé. 
fr. 

30.50 
31.00 
29  50 
^1).50 
Î9.50 
30.00 
31.75 
3t. 00 
30.75 
31.50 
31  .50 
20.00 
28.50 
•J8.00 
30.00 
31.50 
30. bO 
31-00 


Seiïle. 


25.75 
25.50 
25.00 


20.75 
21.00 


Org«. 

fr. 
20.50 

23   50 

25.75 
19.26 
22  50 
21.00 
21.50 
24.00 
22.2  5 
iS.OO 

22.50 

22.75 
2i.O0 
25.75 
20.75 


Avoioe. 
fr. 
26.00 

23  00 
21.50 
31.00 

24.00 
23.00 
22.00 
26.25 
26.00 
26.75 

25.00 
24.50 
23.00 
27.00 
21.50 


Prix  moyens 30.33     2s. 63     22.60     24.03 

2»  RÉGION.  —  NORD. 


Aisne.  Soissons 

29.00 

21.75 

» 

21.50 

La  Fère 

29.50 
28.50 

19.50 

* 

—    ChâteauTaierry.. 

20.50 

Eure.  Evreux 

29.50 

18.20 

21.95 

21.80 

—    Bernay 

30.75 

19.50 

21.75 

25.00 

—    Pacy 

30.25 

18.75 

21.25 

22.50 

Eure-ei-Lotr.  Chartred. 

28.50 

» 

21.50 

21.75 

—    Auiieau 

28.75 
30. OJ 

20.70 

22.25 
21.60 

22.75 

—    Nogent-le-Rotrou. 

23.50 

/Vord.Caiiilirai 

28.00 

18   50 

20.00 

20.25 

—    Doua)    

28.50 

20.00 

,) 

19.75 

—    Valenciennes 

i9.50 

23.00 

22.50 

19.00 

Oise.  Beau  vais 

28.75 

20.00 

22.25 

24.00 

—    Compiègne 

3).U0 

21.00 

20.00 

22 .  50 

-    Senlis..... 

28. 00 

21.00 

» 

2J.50 

Pas-de-Calais.  Arras... 

29.25 

19.75 

2t. 00 

21.75 

—     Sdint-Oiner 

30.50 

21. '0 

21    75 

21.00 

Seine.  P  ris. 

31    2.-, 
2S.00 

■i:  50 
20. 50 

21    50 
19.50 

23    75 

S.-el-MarnK  Daintnartir. 

21.50 

—     Monler.îau 

31.50 

19.00 

2i.75 

—     Provins   

29    75 

21.50 

21.00 

23   00 

S.-et-Oi.ie.   Vei-siilles... 

2J.25 

» 

24    .10 

—     Ponlose 

30   no 

23.50 

■il-Ot 

22   50 

—     Ang;rville  ....... 

31.00 

18.50 

21.50 

Seine-hi/f-riKure.  Rouen  27.95 

20.00 

24.00 

26.75 

-     Fe.amp 

29.90 

25.00 

» 

25.l.'0 

—      YvetOl 

29.50 

» 

» 

24.00 

Somme.  Amiens 

30.00 

], 

4 

» 

—     AbbeviUe 

28.25 

18.50 

21.50 

22  00 

*-    Roye 

30  00 

20-75 

20.50 

2  2   50 

Prix  moyens 

29.39 

20.59 

2on4 

22.48 

3'  RÉ.HON. 

—  i\4»RU-KST. 

Ardennps  Charleville .. 

30.75 

23.75 

22.50 

23.75 

Aube.  B;ir-sui--Aiiue  ... 

30.50 

■il.uO 

2i.O0 

-       Méy-s,ir-Srfine... 

29   00 

20  00 

17.75 

20.50 

—    Ti-oyes 

Si'. 75 

22  80 

21    25 

21    50 

Marne.  Cn:i..,u6 

6i)  60 

21.50 

20.25 

2!.  25 

—    Eprn.iy     

31    50 

21    50 

20.50 

22.50 

—     Kel  u.s    

29.50 

23.00 

21.50 

2>   00 

.—     Sl-Mênéhiull.... 

3  1.50 

22.00 

2  2    25 

Hte-Mariie.   Bju  bo  il  .. 

32-00 

a 

19   '  0 

Meurl.-ei  M'<s^,Ue  M.mcy 

30    -.0 

21.00 

20  0) 

20.00 

—    Lunévi.le 

31  .50 

21.75 

ii;.50 

20    75 

—    Ton. 

20.50 

Meuse.  B-ir-le-liic 

30  00 

, 

20.50 

—       Ver.liM 

29   50 

23.75 

19.50 

18-00 

Haute-Saôixe.  Gray 

32   2-, 

21    50 

18   7  5 

—     Ve>..u..:... 

32. 30 

20.95 

19.05 

19. 3> 

Vosges.  Epi  la! 

3. '.00 

22.. SO 

21.00 

—    Raon-rE;ape 

3i..iO 

23.00 

u 

21  .00 

Prix  moyens.    

30.28 

2». 04 

20.48 

20.88 

4*  nÉGION 

.    —  tUTEST, 

Charente.  Angouléme.. 

32.0.1 

21.00 

„ 

25.00 

31.75 

24.00 

23.75 

23.  OJ 

Charente  lafér   Marans. 

30  50 

c 

» 

23.00 

Deu.V-Se.orex .    N'Ort..w 

31.00 

» 

22.50 

23   00 

[ndre-et-i.oire.  Tjurs.. 

32.00 

22.50 

2i.00 

2i.25 

—     Blere 

30.25 

20.2) 

21.50 

23.00 

—     Cria,teao-rteaa:iit. 

30.25 

21.00 

23.03 

22.25 

Lo^re-/.l^.\a  ii.es 

.iO   50 

24   50 

M.-ef-/.,oir«.  saamur.  .. 

31    60 

^ 

, 

23   75 

Vendée.   Lnçj...... 

2  9  50 

, 

20.50 

24.00 

—     Font-nar 

■.<9.50 

a 

20.75 

24.00 

Viennr-.  Cu.uellerauU. . . 

31    00 

22.75 

24.00 

20.75 

—     Po:liers  .    . 

31.75 
31.25 

24.00 
22.50 

22.50 
22   25 

2'   50 

Haute- i'ignue.  Limoges 

22.50 

Prix  moyeas 30.89    21.50    2i.38    23.25 


5«  REGION.  —  CENTRE. 


Allier.  Moulins 

—  Montiuçon 

—  Gannal 

Cher.  Bo.irsips 

—  .\iibigny 

—  Vierzon 

Creuse.  Aiibusson 

Indre.  Cliâleaaroux.. . 

—  Issoudnn 

—  Valençay 

Loiret.  Orléans 

—  Montargis , 

—  Patay 

Loir-et-Cher.  Blois. . . . 

—  Monloire 
Nièvre.   Nevers 

—  La  Ctiariié 
Yonne.  Brienon. .. 

—  St-Fiorenlin 

—  Sens 


Bie. 
fr. 

32.00 
21. dO 
31.50 
29  50 
30.70. 
30.50 
30.50 
34.00 
31-25 
32.50 
3i.0o 
31.50 
31.fO 


Seigle. 
fr. 
23.00 


23.50 
21.75 
23.00 

22.50 
21.25 
24.00 
24.75 
22  50 
22.50 


llj 


Opfe.  AToiib 


fr. 


fr. 

»  22  0' 

»  24.5" 

22.25  23.00 

24.25  22.00 

'il.  00  23.  OU 

23.50  23.50 

J>  22.20 

23.00  21.25 

23. 50  22.25 


Prix  moyens. 


20.50    22.00 
31.22     22.60     21.75     22.59 


S^  REGION.  —  EST. 


Ain.  Bourg 

—  Pont-de-Vaux. ... 
Côte  d'Or.  Dijon.. ., 

—  Beaune 

Doubs.    Besançon 

Isère.  Grand  Lemps.... 

—  Vienne 

Jura.  Dole 

Loire.   Roanne 

P.-de-Dôine  Clermont  F. 

Rhône.   Lyon 

Saône-et- Loire.  Châlon. 

—  Lonhans 

Savoie.  Gliaaibery 

Hte-Savoie.  Annecy 

Prix  moyens 


33.50 
33  00 
31  00 
31.50 

31  50 
33.00 
31.00 
32.10 

32  25 
35.0) 
31.25 
32.50 

33  25 
34.50 
33. CO 


21.70 
23.25 


26.00 
2i.50 


25  00 
23.66 


23.00 
21.35 
21.00 
20.50 
232  5 

20.50 


20.2b 
21.00 
19.50 
20.00 
21.25 
21.50 
20  75 
18.00 
22.50 

22.50 
21.00 
23  00 
22.00 
20  00 


T  RÉGION.   —  SCD-OrEST. 


,4.riége.  Pamiers 

Oniviogne.  Bergerie 

Hle-Garoane.  'loaiouse. 

—  Villefranche-Laur. 
Gers.  Condorn 

—  E;iU7.e 

—  Mirande 

Gironde,    bordeaux.... 

—  Bazas 

Lande.-..   Uax 

Lot-el-Gnrotxne.  Agen.. 

—  Nerac 

B.-Pyrèiices.  Bayonne.. 
Htes-Pyrénees.   Tarbes. 


Prix  moyens. 


24.50 
25.00 
23.25 
23.50 

03     24.56     21.67     23.83 


8°    RÉGION. 
Aude.    Castelnaudary..   32. 
Aveyrnn.    Villefraiiche.  33. 

Caaial.    vlaiinao 35. 

Correze.   Luherzac 32. 

Hérault.  Cette 31. 

Lot.  Figeac 32. 

Lozère.   Mende 32. 

—  Marvejols 31. 

—  Florac 31. 

Pxtrèneex-itr.  Perpignan  3o 

Tarn.   Albi 32. 

ra>'n-e<-Gur.  Montauban  32 


31.25 
24.50 

23.25 
28.85 
2S.60 
20  90 
2J.60 

20. 50 


21.75 

23.25 

20.00 
22.50 
24.75 

22.15 
23.00 


Prix  moyens 

9"  KKOION. 
Basses-Alpes  Manosque 
Hautes-. Alpes.  Briançon 
Alpes-.Mrirititnes  C'i.tmeA 

Ardeche.  Privas 

B.-dii.-lihôae.   Arles 

Drôiixe.    Homms 

Gurd.  Ni;nes 

Himle- Loire.   Le  Puy... 

Var.  Dra^'ui^niii 

Wauctuse.  Carpentras.. . 

Prix  moyens 

Moy.  de  lo.ite  u  France 
de  II  semaine  preced. 

Surla  se  naine  \  Hausse, 
précédante..     (Baisse. 


52.29     24.74 

_  sPO-esT. 

31.25  » 

31.20      20.flO 


22   50 
22.65 


3.'.o0 
31.85 

30.50  J 

30.50  22.50 

32.50  » 

32.2»  26.00 

32.00  » 

32.25  » 

31.63  22.73 

31.25  22.89 

31.54  2i.05 


20.50 
21.50 
20.00 
18.00 

18.50 
2225 


20  12 
21.  52 

21  86 


24.75 
22.50 
25.55 
23.00 
18.60 
22.70 
23.50 

24.40 
26.65 
24.25 
23.50 


22.00 

21.00 
21.70 
21.80 
19-75 
21.50 
21. Od 
20.50 

20.50 

21.08 
22.51 
22.71 


116  REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX-COURANT, 

Blé.  Seigle.  Orge.          Avoloa. 

fr.                Ir.  fr.               fr. 

Angleterre.              Londres :îl  60            »  20  80  ?2.50 

Belgique.                 Anvers 27.(0  ^.S  00  23.25  24.09 

—  Bruxelles 20.75  24.3.i  .                » 

—  Liège 30  50  25  25  ->3  00  21.75 

—  Namur  30(10  22  .«iO  23.00  21. CO 

Pays-Bas.                Atrsterdam 23.90  22  45  »                » 

Luxembourg.           Luxemtiourg 31.00  23  00  23.25  22  00 

Alsace-Lorraine.  Colrair 31  .SO  24.00  22  25  19.!i0 

—  Strasbourg...   32  00  24.50  23.50  21.00 

—  Mulhouse 32.75  »  >  21.25 

Allemagne.  Berlin 28  10  23  50  »               » 

—  Cologne 30  60  26  85 

—  Hambourg 24.85  20  85 

Suisse.  Genève 32.25            <>  »  27.75 

—  Zurich 32.50            •  -  23.25 

Italie.  Milan ' 33  00  23.75  .  22  75 

Autriche.  Vienne '25.50  22  70  18. CO  16  15 

Espagne  Buruos 3200            »  t  » 

Jtussip.  Saint-l'étersbourg.. .  25.75  20.30  »  14  85 

Etals-Unis.  New-york 24  50            »  »  » 

Blés.  —  La  grande  préoccupation  des  agriculteurs  et  des  commerçants  est 
l'évaluation  de  la  prochaine  récoite.  Le'*  dernières  semaines  ont  fait  beaucoup  de 
bien  aux  blés  en  terr  .  et  il  est  désormais  certain  qu'on  aura  plus  qu'on  se  pouvait 
atlen'lre  à  la  fin  du  printemps.  Les  uvis  sont  encore  paitagés,  mais  l'impression 
générale  est  que  la  France  aura  au  moins  une  récolte  moyenne.  11  faut  désormais 
peu  de  leraps  pour  ([ue  l'on  soit  définitivement  fixé;  la  moisson  est  aujourd'hui 
commencée  dans  le  Midi,  elle  se  pourtiiuivra  rapidement  dans  le  reste  de  la  France. 

—  La  halle  de  Paris,  a  eu,  à  cause  de  la  fête  nationale  du  U  juillet,  sa  réunion 
hebio^nadaire  le  mardi  13.  Il  y  a  eu  très  peu  de  monde  sur  le  marché;  les  alïaires 
ont  élé  presque  nulles.  Les  prix  cotés  ont  été  ceux  de  la  semaine  dernière.  On 
payait,  pour  l^-s   'aibles  quantités  vendues,  de  30  à  32  fr.  50  par  lOn  kilog.  Le 

firixmoyen  a  été  fixé  sans  variations,  à  31  fr.  25.  —  Sur  le  marché  des  blés  à  livrer, 
es  cours  sont  les  suivants  :    courant  du   mois,    28    fr.    50   à  2'^  fr.    7o;  août, 

27  ir.  50  à  27  fr,  75;  quatre  derniers  mois,  26  fr.  2.=>;  quatre  derniers  mois, 
25  Ir.  75  à  26  fr.  —  Au  fiavre,  la  situation  est  la' même  que  la  semaine  dernière; 
les  cours  des  blés  américains  sont  demeurés  sans  changements  depuis  huit  jours. 

—  Marseille,  il  y  a  toujours  beaucoup  de  calme  dans  les  transaction-;  les  anivages 
de  cette  semainti  ont  été  sensiblement  inférieurs  à  ceux  de  la  semaine  précédante. 
Au  dernier  jour,  on  payait  par  100  kilog  suivant  les  provenances  :  Berdianska, 
30  à  3n  Ir.  5U;   Marianopoli,  29  Ir.  50;  Danube,  26  fr  50  à  27  fr.;  Iika,  Nicopoli, 

28  fr.;  Irka  supérieurs,  28  à  •  8  fr.  50.  —  A  Londres,  les  arrivages  de  blés  étrangers 
ont  été  sensiblement  moins  élevés  que  les  semaines  précédentes:  ils  ont  été  de 
80,717  quintaux  métriques.  Il  y  a  une  plus  grande  activité  dans  les  affaires  :  les 
prix  se  coient  en  hausse.  On  paye  de  30  fr.  25  à  33  Ir.  10  par  100  kdog.,  sui- 
vant les  qualités  et  les  provenances. 

Farims.  —  Les  transactions  sont,  comme  précédemment,  peu  importantes.  Les 
prix  de  neurent  ?ans  changements.  —  Pour  les  farines  d«  consommation,  on 
payait  à  la  halle  de  Paris,  le  mardi  13  juillet  :  marque  D,  65  Ir.  ;  maïques  de 
ct'oix,  66  à  67  f r  ;  bonnes  marques,  64  à  65  fr.;  sortes  ordinaires  et  cou- 
rantes, 63  à  H4  fr.;le  tout  par  sac  de  159  kilog.,  toile  à  rendre,  ou  157  kilog.  net, 
ce  qui  correspond  aux  prix  extrêmes  de  39  fr.  50  à  42  fr.  65  par  100  kilog.,  ou,  en 
moyenne,  4i  fr.  10,  soit  le  même  prix  moyen  que  le  mercredi  précédent  —  En  ce 
qui  concerne  les  larines  de  spéculation,  les  offres  sont  restreintes,  et  les  prix 
se  maintiennent  bien.  On  cotai^  à  Paris,  le  mardi  13  juillet  au  soir  :  farities  huil- 
morques,  courant  du  mois,  62  fr.  25  à.  62  fr.  5i);  août,  60  Ir  2  b;  quatre  derniers 
mois,  56  fr  ;  quatre  mois  de  novembre,-  55  fr.  à  55  fr.  25;  f'irines  supérieures, 
courant  du  mois,  d3  fi;.;  août,  t.O  fr  50  à  60  fr.  75;  quatre  derniers  mois, 
35  fr.  25  à  35  fr.  50;  quatre  mois  de  novembre,  ?5  fr.;  le  tout,  à  l'exception  des 
deux  dernières  cotes,  par  sac  de  lôQ  kilog.,  toile  perdue  ou  157  kilog.  net.  — 
La  cote  oUicielle  en  disponible  a  été  établie,  comme  il  suit,  pour  chacun  de» 
jours  de  la  semaine,  par  sac  de  157  kilog.  net: 

Dates  (juillet) 8  9  10  12  13  14 

Farines  hiiit-mar^ues 62.65  63  00  63.00  62.10  62.25  • 

—      sui.é-ieaies 63.00  63.25  63.35  62.85  62  OJ 

Le  prix  moyen  a  été  pour  les  farines  huit-marques,  62  fr.  75  ;  et  pour  les  supé- 


DES  DENRÉES  AGRICOLES   (17  JUILLET  1880;.  117 

rieures,  63  fr.,  ce   qui  correspond  aux  cours  de  39  fr.  30  et  de  39   fr.   50  par 
quintal  métrique  comme  Ja  semaine  précédente. 

Seig'es.  —  Les  nouveaux  seisjles  commencent  à  être  offerts  sur  le  marché.  On 
les  paye  de  22  à  23  Ir.  par  loO  kilog.,  suivant  Ihs  sortes.  Quant  aux  farines,  elles 
sont  tenues  à  des  prix  un  peu  plus  fermes,  de  30  à  33  fr.  par  quintal  métri<jue. 

Orge<.  —  Mêmes  cours  que  la  semaine  dernière  à  la  halle  ae  Paris,  avec  des 
affaires  presjue  nulles.  On  paye   de  2U  fr.  50  à  22  fr.    50  par  100  kiloo-.   Peu 

d'offres  en  C'^courgeons,  qui  sunt  vendus  de  19  à  20  fr.  par  quintal  méliique. A 

Londres,  il  n'y  a  que  très  peu  d'affaires.    On  cote  de  19  fr.  yO  à  21    Ir.   85  par 
100  kilog.  suivant  les  sortes. 

Avoines.  —  Les  prix  sont  ceux  de  la  semaine  dernière.  Il  n'y  a  que  très  peu  de 
ventes.  Les  cours  demeurent  fixés,  à  la  halle  de  Paris,  de  23  à  2^  fr.  50  par 
100  kilog  ,  suivant  poids,  couleur  et  qualité.  —  A  Londres,  les  affaires  présen- 
tent toujours  beaucoup  de  calme. On  paye  de  21  fr.  10  à  23  fr.  55  par  loOkilo''. 
suivant  les  sortes 

Sarrasi'i.  —  Les  prix  sont  un  peu  moins  fermes,  quoique  les  offres  soient  peu 
abondantes.  On  paye  à  la  halle  de  Paris,  2i  fr.  50  à  25  fr.  par  KO  kilog.  sui- 
vant les  qualités 

Maïs.  — Les  prix  '-l'^meurent,  cette  semaine,  sans  changements,  au  Havre,  pour 
les  maïs  d'Amérique,  Les  prix  se  fixent  de  14  fr.  50  à  16  fr.  par  100  kilog.  sui- 
vant les  qualités.  Dans  le  Midi,  les  maïs  indigènes  sont  toujours  payés  de  20  à 
24  fr.  par  lUO  kilog.,  suivant  les  sortes. 

Issues.  —  Il  n'y  a  que  très  peu  d'affaires  à  la  halle  de  Paris,  et  les  prix  sont  en 
baisse.  0;i  paye  par  \0<>  kilog.  :  gros   son   seul,    15  fr.    15  à  15  fr.  50;  son   trois 
oases,  14  fr.    50  à    15   fr.;    sons   fias,   U   à  14  fr.   50;  recoupettes,  14  à  15  fr. 
remoulages  bis,  15  à  16  fr  ;  remoulages  blancs,  17  à  19  fr. 
IV.  —  Vins,    spiritueux,  vinaigres,  cidres. 

Vins.  —  Les  nouvelles  qui  nous  parviennent  du  vignoble  sont  parfaitement 
insignifiantes.  Ce  sont  toujours  les  mêmes  plainies,  les  mêmes  récriminations, 
tant  au  point  de  vue  de  la  végétation  de  la  vigne  que  de  l'incertitude  du  temps  et 
du  calme  des  affaires.  On  commence"  à  se  demander,  très  sérieusement,  ce  que 
sera  la  récoite  pi'ochaine,  et  sur  ce  thème,  chacun  dit  son  mot  II  v  a  le  camp  des 
optimistes  qui  espèrent  une  vendange  moyenne,  il  y  a  aussi  le  camp  des  pessi- 
mistes qui  ne  craignent  pas  d'avancer,  que  si  nous  avons  eu  -25  milli  ms  d'hecto- 
litres de  vin,  l'an  passé,  nous  n'en  aurons  celte  année  que  30  millions  à  peine. 
Il  y  a  aussi  le  camp  des  hommes  qui  envisageant,  sins  parti  pris,  la  situation  en 
général,  sont  d'avis  que  si  nous  avons  une  bonne  fia  de  juillet  et  uo  ch  lul  mois 
d'août,  on  pourrait  encore  faire  une  récolte  pasable,  non  une  moyenne  — 
50  millions  d'hectolitres  —  ce  qui  serait  trop  beau,  mais  enfin  uue  récolte  rela- 
tivement bonne,  eu  égird  aux  gelées  d'hiver  et  de  printemps  et  aux  dégâts  causés 
parle  phylloxéra.  A  propos  du  terrible  insecte,  il  nous  parvient  du  Bordelais  et 
même  du  Midi,  de  bonnes  nouvelles.  Des  vignobles  abandonnés,  sur  lesquels  on 
ne  comptait  plus,  qui  n'ont  été  traités  ni  par  la  submersion,  ni  par  le  sulfure  de 
carbone,  ni  par  aucune  autre  substance  toxique,  ont  des  bois  splemJides  et  des 
grappes  à  l'avenant.  JJst  ce  que  la  maladie,  s'inoculant  au  sol,  deviendrait  plus 
bénigne  et  finirait  un  jour  par  disparaître  comme  elle  est  venue?  C'est,  il  faut  le 
dire,  l'espoir  d'un  grand  nombre  de  vignerons.  Quoi  qu'il  en  soit,  nous  recom- 
mandons aux  possesseurs  de  vignes,  de  ne  pas  s'endormir  dans  une  douce  quié- 
tude, et  en  attendant  la  disparition  naturelle  du  fl'^au.  de  continuer  à  appliquer 
des  médications  :  submersion,  sulfure  de  carbone  ou  sullb-carbonate. 

Spirilueux.  —  Toujours  même  situation  Le  marché  est  pour  amsi  dire  nul  et 
sans  fermeté.  Voici  du  reste  le  mouvement  de  la  semaine  écoulée  :  elle  a  débuté 
à64fi-.,  puis  brusquement,  elle  est  descendue  à  62  fr.  75  pour  faire  successive- 
ment 63  fr.,  63  fr.  25,  et  clôturer  à  63  fr.  50.  Ls  stock,  qui  avait  continué  à 
s'accroître  et  qui  a  même  atteint  un  instant  9,075  pipes,  est  redescendu  à 
8,70j  pipes,  contre  9,*^û0  l'an  dernier  à  la  même  date.  A  Lille,  les  affaires  restent 
calmes,  l'alcool  de  grain  disponible  reste  fixé  à  63  fr.  50.  Les  marchés  du  Midi 
sont  toujours  sans  variations.  —  A  Pariai,  on  cote  3/6  betterave,  1"  qualité, 
90  degrés  disponible,  63  fr.;  juillet-aoiàt,  62  à  63  fr., quatre  derniers,  59  fr. 

Vinaigres.  —  OrUans  est  sans  variations,  avec  prix  fermes.  A  Dijon,  le  vi- 
naigre 1"  choix  vaut  18  fr.  t'hectolitre  nu,  pris  en  gare. 

Cidres.  —  A  Virn  (Calvados^  le  cidre  1879  vaut,  l'hectoHtre  sans  logement, 
24  à  26  fr.  1  hectolitre. 


118  REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX-COURANT 

V.  —  Sucres.  —  Mélasses.  —  Fécules.  —  Glucoses.  —  Amidons.' —  Houblons. 

Sucres.  —  Depuis  notre  dernier  bulletin,  la  hausse  s'est  faite  sur  les  sucres 
blancs  et  les  lalfinés.  On  a  coté  à  Paris,  par  100  kilog.,  pour  sucres  88  de- 
grés saccharimétriques  :  n"'  7  à  9,  66  fr.  ;  n°*  10  à  l;<,  60  fr.:  blanc  type 
n"  3,  68  fr.  7r.  A  Valenciennes,  le  marché  est  très  ferme,  mais  les  affaires  sont 
hmilées,  faute  de  vendeurs.  On  a  coté  :  moins  7,  76  fr  50;  n°»  7  à  9,  6.b  fr.  50; 
n»'  10  à  13,  58  fr.  tO.  A  Lille,  marché  trps  ferme  aux  cours  de  :  n"^  7  à  9, 
65  fr.  25;  n*^  10  à  13,  59  fr.  2:o  ,  moins  7,  76  fr.  25.  A  Saint  Quentin,  marché 
peu  animé,  n"'  7  à  9  ont  fait  65  fr.  75  ;  moins  7,  77  fr.  Le  stock  réel  de  l'entrepôt 
de  Paris  était,  au  12  juillet,  de  318,688  sacs,  avec  une  diminution  de 
19,332  sacs  depuis  huit  jours.  Les  raffinés  font:  Bonnes  sortes,  1^6  fr.  50; 
belles  sortes,  1^17  fr.  50,  avec  une  hausse  de  1  fr.  Les  cours  pour  l'exportation 
varieut,  selon  les  marques,  de    70  fr.  50  à  73  fr. 

Mêlasses.  —  On  continue  à  nayer  la  mélasse  de  fabrique  Ik  fr.,  celle  de  raffinerie, 
15  fr. 

Fécules.  —  Les  affaires  en  fécules  sont  de  plus  en  plus  lentes  à  Paris.  On 
cote  le  disponible  en  f"  de  l'Oise  et  du  rayon  de  Paris,  de  ^5  à  'i5  fr.  50,  les 
100  kil.  A  Gompiègne,  la  fécule  1"  type  de  la  chauJ3re  syndicale,  vaut  44  fr.,  sans 
affaiies. 

Glucoses.  —  L'usage  plus  répandu  des  sirops  de  maïs  est  cau^e  que  les  prix  de 
sirops  deféculene  s'améliorent  pas  malgré  l'activité  des  transactions.  On  a  coté  à 
Paris  :  sirop  de  froment,  65  à  66  fr.;  sirop  massé,  55  à  56  fr.;  sirop  liquide, 
45  à  46  fr.;  sirops  de  maïs  massés,  ki>  à  46  fr.,  le  tout  par  100  kilog.,  sans  va- 
riation avec  les  prix  de  la  semaine  dernière. 

Amidons.  —  Demande  irréguliùre  et  cours  tendant  à  la  baisse.  On  a  coté  à 
Paris  :  amidons  de  Paris  en  paquets,  pur  froment,  78  à  80  fr.;  amidons  de  pro- 
vince 64  à  66  fr.;  amidons  d'Alsace  en  vrague,  64  à  66  fr,  ;  amidons  de  maïs, 
50  à  52  fr.,  fleur  de  riz,  44  à  ^Q  fr.  ;  amidons  riz  de  Louvain,  78  à  80  fr.,  par 
100  kilog.,  sans  changement  depuis  huit  jours. 

VI. —  Huiles  et  graines  oléagineuses. 

Huiles.  —  Affaires  calmes  et  prix  en  baisse.  On  cote  à  Paris  :  colza  tous  fûts, 
76  fr.  ;  en  tonnes,  78  fr.  ;  épurée  en  tonnes,  8b  fr.  ;  lin  disponible,  en  fûts, 
71  fr.  75;  idem  en  tonnes  73  fr.  75.  A  Rouen  :  huile  de  colza  disponible,  76  fr. 
50;  de  lin,  72  fr  ;  d'arachide  comestible,  110  à  120  fr.;  idem  à  fabrique,  80  à 
86  fr.;  de  sésame  com.,  100  à  ]  10  fr.;  idem  à  fabrique,  80  à  8'  fr.;  de  ravison, 
74  fr.;  d'olive  lampante,  127  fr.  A  Gaen  :  huile  disponible,  73  fr.  5  .  A  Marseille, 
on  cote  les  huiles  d'olive  :  Aix  surfine,  200  fr.;  idem  fine,  175  fr.;  Bari  A  A,  160 fr. 
A,  ItO  tr.;  n"  1,  145  fr.;  n°  2,  130  fr.  ;  Toscane  surfine,  190  fr.;  fine,  175  fr.; 
Tunis  Arbelmé,  96  fr.;  idem  surfine,  102  fr.;  Var  surfi  e,  12  fr.;  fine,  ,15  fi'  ; 
mangeable^  .00  fr.;  lampante,  100  fr.,  le  tout  par  100  kilog, 

Grames  oléai/ineitses.  —  A  Rouen,   la  graine  de  colza  vaut  33  fr.  50;    de  Pul- 
guères,  27  fr.,  par  iOO  kilog.  A  Gaen  (l'hectol.)  :  graine  de  colza,  22  à  £2  fr.  50. 
A  Arras  :  graine  d'œillette,  44  à  46  fr.  ;  colza,  17  à  21  fr.  25.  A  Cambrai  :  colza 
nouveau,  20  à  20  fr.  50;  vieux,  22  fr.;  lin,  26  fr.,  le  tout  par  hectolitre. 
VIT.  —  Tourteaux,  noirs,  engrais. 

Tourteaux.  —  On  a  coté  à  Marseille  :  tourteaux  de  lin  pur,  20  fr.  50  ;  d'ara- 
chide décortiquée,  14  fr.  50;  idem  bruns  pour  engrais,  13  Ir.  75;  idem  en  coque, 
11  fr.  25;  de  ricins,  10  fr.;  de  sésame  blanc  du  Levant,  15  fr.  25;  idem  de 
l'Inde,  14  fr.;  colza  du  Danube,  13  fr.  50;  coton  d'Egypte,  12  fr.;  de  palmiste 
naturel,  10  fr.  50;  idem  repassé,  9  fr.  50;  de  ravison,  [^  fr  A  Rouen, co'za  indi- 
gène, 14  fr.  25;  navette,  12  fr.  25;  aracJiide  en  coque  10  fr.  ;:0;  idem  décorti- 
quée, 16  fr.;  sésame,  15  fr.;  Pulguères,  10  fr.  .2n;  lin,  24  fr.;  ravison,  11  fr.  50. 
A  Gaen,  colza  15  fr.  A  Arras,  tourteaux  de  graines  indigènes,  œillette,  19  fr.; 
colza,  15  fr.  50;  lin,  29-  fr.,  le  lout  par  100  kilog.  A  Gambrai  (Ihectolitre),  colza 
pays,  15  à  16  fr.;  lin,  23  à  23  fr.  50  ;  œillette,  17  fr. 

VIII.  —  Matières  résineuses  et  colorantes,  textiles. 

Madères  résineuses.  —  A  Bordeaux,  le  cours  de  l'essence  de  térébenthine  est 
de  60  fr.  les  100  kilog.  avec  5  ir.  de  baisse  depuis  la  semaine  dernière. 

Laines.  —  Quoique  les  laines  de  mégisserie  soient,  à  Paris,  l'objet  de  peu  de 
demandes,  les  prix  sont  cependant  fermes.  Les  laines  métis  pur  valent  de  3  fr.  20 
à  3  fr.  40;  les  laines  métis  et  bas  fins  mêlées,  de  3  fr.  à  3  fr.  20;  les  laines  hauts 
fins,  de  2  fr.  70  à  2  fr.  80;  les  communes  noires  et  beiges,  de  2  fr.  à  2  fr.  20,  le 


DES  DENRÉES  AGRICOLES   (17  JUILLET   1880).  119 

tout  par  kilog.  au  comptant  avec  escompte  5  pour  100.  A  Bordeaux,  six  bailes 
Chili  ont  été  vendues  à  175  fr.  Au  Havre,  44  balles  Buenos-Ayres,  ont  été  vendues 
à  217  !r.  50.  A  Yalençay,  les  laines  amenées  à  la  foire  se  sont  vendues  de  1  fr.  40 
à  1  fr.  80  le  kilog.  selon  qualité,  au  comptant  avec  escompte  5  pour  100. 

IX.  —  Suifs  et  corps  gras. 

Suifs.  —  Cours  sans  variation  à  Paris  :  frais,  hors  Paris,  81  fr.  50;  bœufs 
Plata,  84  fr.  50;  suif  en  branches,  61  fr._  12. 

Saindoux.  —  Au  Havre  on  a  cédé  50  tierçons  Wilcox  à  101  fr.  les  100  kilog. 
Dans  les  lards  salés,  50  caisses  épaules,  disponibles  ont  été  vendues  à  79  fr.  les 
100  kilog. 

X.  —  Beurres.   —   Œufs.  —  Fromages.  —  Volailles. 

Beurres.  —  205,493  kilog.  de  beurres  ont  été  vendus  cette  semaine  à  la  balle 
de  Paris.  Voici  les  prix  par  kilog.  .  eu  demi-kilog.,  '2  fr.  40  à  3  fr.  56;  petits 
beurres,  1  fr.  eo  à  2  fr,  84;  Gournay,  2  fr.  30  à  3  fr.  50;  Isigny,  2  fr.  04  à 
6  fr.  26. 

Œufs.  —  Du  6  au  11  juillet  il  a  été  vendu  à  la  halle  de  Paris,  3,839.343  œufs, 
aux  prix  suivants  par  mille  :  choix,  89  à  98  fr. ;  ordinaires,  66  à  89  fr.;  petits, 
49  à  59  fr. 

Fromages.  —  Les  prix  des  fromages  vendus  pendant  la  semaine,  à  la  halle  de  Paris 
sont  comme  suit,  par  douzaine  :  Brie,  5  à  J 1  fr.  ;  Montlhéry,  15  fr.;  par  cent  : 
Livarot,  27  à  Si  fr.  ;  Mont  d'Or,  21  à  25  fr.;  Neufchâtel,  4  à  20  fr.  ;  divers, 
5  à73fr.  Le  Gruyère  a  été  vendu  de  120  à  150  fr.  les  100  kilog. 

XL  —  Chevaux.  —  Bùail.  —  Viande. 
Chevaux.  —  Aux  marchés  des  6  et  10  juillet,  à  Paris,  on  comptait  1,109  che- 
vaux ;  sur  ce  nombre,  317  ont  été  vendus  comme  il  suit  : 

Amenés.     Vendus.  Prix  extrêmes. 
Chevaux  de  cabriolet 200        29  290  à  1 ,050    fr. 

—  (je  trait 359         53  265  à  1,300 

—  hors  d'âge 415     100  25  à  1,050 

—  à  l'enchère 38        38  60  à      390 

—  de  boucherie 97        97  35  à       125 

Anes  et  chèvres.  —  Aux  mêmes  marchés,  on  comptait  15  ânes  et  8  chèvres; 
5  ânes  ont  été  vendus  de  45  à  90  fr.;    2   chèvres  de  35  à  60  fr. 

Bétail.  —  Le  tableau  suivant  résume  le  mouvement  du  marché  aux  bestiaux  de 
la  Villette  du  jeudi  8  au  lundi  12  juillet  : 

Prix  du  kilog.  de  viande  sur  pi?d 
au  marché  du  lundi  r>  juillet. 


Bœufs 

Vaches 

Taiireauï 

Veaux  

Moutons 

Porcs  gras 

—    maigres. 

Pour  toutes  les  espèces,  les  approvisionnements  sont  abondants.  Mais  les 
ventes  sont  faciles,  -avec  des  prix  très  fermes,  principalement  pour  les  moutons 
et  pour  les  porcs  gras.  Les  besoins  exceptionnels  de  Paris,  durant  cette  semaine, 
suffisent  pour  justifier  cette  fermeté  considérable  dans  les  prix  de  toutes  les 
viandes. 

A  Londres,  les  arrivages  d'animaux  étrangers,  durant  la  semaine  dernière,  se 
sont  composés  de  16,98^  têtes,  dont  24  bœufs,  592  veaux,  2,636  moutons  et 
5  porcs  venant  d'Amsterdam;  216  moutons  d'Anvers;  1,276  moutons  de  Brème; 
169  bœufs  de  Grothenbcurg  ;  1,5  1 9  moutons  de  Hambourg;  20  bœufs,  230  veaux, 
2,761  moutons  et  2r8  porcs  d'Harlingen;  1,985  bœufs  et  1,045  moutons  de  New- 
York;  160  bœufs  d'Oporto;  499  veaux,  3,478  moutons  et  66  porcs  de  Rotteriam; 
100  bœufs  de  Vig-o.  Prix  du  kilog.  :  Bœuf  :  1",  1  ir.  99  à  2  fr.  10;  2%  1  fr.  75 
à  1  fr.  93  ;  qualité  inférieure,  1  fr.  58  à  1  fr.  75.  —  Veau:  1'%  1  fr.  93  à  2  Ir. 
10;  2%  1  fr.  75  à  1  fr.  93.—  Mouton  :  1",  2  fr.  40  à  2  fr.  51;  2%  1  fr.  75  à 
2  fr.  10;  qualité  inférieure,  1  fr.  58  à  1  fr.  75.  —  Agi^eau  :  2  fr,  28  à  2  fr.  63. 
—  Porc  :  1'%  1   fr.  58  à  1  fr.  81  ;  2%  1  fr.  40  à  1  fr.  58. 


120  REVUE   COMMERCIALE  ET  PRIX-COURA.NT  (17    JUILLET    1880). 

Viande  à  la  criée.  —  On  a  vendu,  à  la  halle  de  Paris,  du  5  au  12  juillet  : 


Prix  du  kilog.  le  12  juillet. 


Choix      Basse  boucherie. 
1.00à3  30  O.lOà  1.10 
0  9i)     2.20       .  . 

0.90     3.50       . 


kilog.  1"  quai.  2"  quai.  3'  quai. 

Bœuf  OU  vache  . .   I4ô,606      1. 124190      1.18àl.60      0.60àl.l6 

Veau....   VHAGh      1..V2     1.80      1.18     1.60      0  70    116 

Mouton 42.48'j       1.52     1.90       1.26     1.50      0.76     1   2i 

Porc _lo,27C  Porc  frais 1104  2  00 

h21,831       Soit  par  jour 70,306  kilog. 

Les  ventes  ont  été  supérieures  de  4,000  kilog  environ  par  jour  à  celles  de  la 
semaine  précédente.  Sauf  en  ce  qui  concerne  la  viande  de  veau,  les  cours  sont 
maintenus  avec  une  grande  fermeté. 

XII. —  Fruits  et  légumes. 

Fruits.  —  Abricots  de  Paris,  le  cent,  2  fr.  50  à  10  fr.  ;  le  kilog.  0  fr.  60  à  1  fr.  20; 
amandes,  le  cent,  1  à  2  fr.  ;  cassis,  le  kilog.  0  fr.  68  à  0  fr.  70;  cerises  en  pri- 
meur, le  panier,  1  fr.  50  à  5  fr.  ;  communes,  le  kilog.,  0  fr.  50  à  2  fr.  ;  figues,  le 
cent,  4  à  15  fr.  ;  fraises,  le  panier,  0  fr.  75  à  15  fr.  ;  le  kilog.  0  fr.  90  à  1  fr.  80  ; 
framboises,  le  kilog.,  0  fr.  8)  à  1  fr.  ;  groseilles,  le  kilosr.,  0  fr.  40  à  0  fr.  60  : 
melons,  la  pièce,  1  à  4  fr.  ;  poires,  le  cent,  2  à  4  f r  ;  le  kilog.  0  fr.  45  à  0  fr.  70  ; 
pommes,  le  kilog.,  0  fr.  30  à  0  fr.  50;  prunes,  le  cent,  5  à  10  fr.  ;  le  kilog.  0  fr.  60 
à  1  Ir.  80. 


XIII.  —  Cours  de  la  viande  à  Vabattoir  de   la  Villette  du  15  juillet  {par  50  kilog.) 
Cours  de  la  charcuterie.  —  On  vend  à  la  Villette  par    50  kilog.  :  1"  qualité, 
105  à  110  fr.;  2%  100  à  105  fr.;  poids  vif,  70  à  76  fr. 

Bœufs.  Veaux.  Moutons. 


1" 
quai. 

2« 

quai. 

3» 
quai 

fr. 

fr. 

ft. 

80 

74 

66 

quai, 
fr. 


2« 

quai. 
fr. 
87 


3» 

quai. 
fr. 
78 


1" 
quai, 
fr. 
94 


2« 

quai. 

fr. 


3» 

quai, 
fr. 
75 


XIV.  —  Marché  aux  bestiaux  de  la  Villette  du  jeudi  15  juillet. 


Animaux 
amenés. 

Bœufs 2.765 

7.S2 

194 

1.?.68 

23.783 

2.655 


Invendus. 


Poids 
moyen 
général. 

kil. 
365 
250 
370 

80 

18 

84 


Cours    officiels. 


Cours  des  commissionnaires 


2«        3" 
quai.  quai.  quai. 


1.70 


1. 

1.24 

1.18 

1.72 

1.80 

2.U0 


25 
0.98 
1  00 
1.26 
1.40 


Prix 
extrêmes. 
I.l0ài.7<i 


0.92 
094 
1.20 
1.30 


1.60 
1.42 
2. Où 
2  tO 
2.10 


quai. 
1.68 

i.50 
t. 3b 


2« 

quai. 
1.44 


3« 
quai. 


0.95 
1.00 


Prix 
extrême!» 
1.10  à  I   70 
0.90     1.60 
0.90     1.40 


Vaches 752  2io  250        1.54 

Taureaux...         194  118  370        1.38 

Veaux 1.?.68  402                  80         1.85 

Moutons....  23.783  3.266                    18         2.1)8 
Porcs  gras..     2.655                                  84        2.05 

—  maigres.          »  »                    •»»»»•• 
Vente  lente  et  difficile  sur  le  gros  bétail  ;  assez  activ  e  sur  les  autres  espèces. 

XV.  —  Résumé. 

Sauf  pour  les  céréales  et  les  farines  dont  les  prix  sont  en  légère  baisse,  les  cours 

des  autres  denrées  se  sont  bien  maintenus  depuis  huit  jours.  A.  Remy. 

BULLETIN  FINANCIER. 

Cours  de  la  Bourse  du  7  au  13  juillet  1880  (au  comptant). 
Semaine  de  fluctuation  et  en  définitive  de  réaction  :  notre  3  0/0  est  à  84^55; 
l'amortissable  à  86,40  et  le  5  0/0  à  1 19  50.  Ce  mouvement  de  réaction,  sans  être 
cependant  très  prononcé,  s'est  fait  sentir  sur  toutes  les  valeurs. 


Principales  valeurs  françaises: 


Plus 
bas. 

Rente  3  O/O ....       84.55 

Rente  3  0/0  amortis 8fi.4o 

Rente  4  1/2  0/6 115.00 

Rente  5  0/0 119.25 

Banque  ()p  h'rance  .. 
Corrploir  descoinpte 


Plus 

haut. 

85.(10 

87.65 

116  00 

119.25      119.60 

3400.00  342»  00   S'iOO.OO 

971. 'J5      980.0  1     975.00 


Dernier 
couis. 
84.55 
«6.40 

U.T.OO 

119.50 


Société  générale 562  5ii     56i.7.5  f.6i.5(i 

Crédit  foncier tiaO.oo  1267  50  1250  00 

Est Actions  500     750.00     755.00  750.00 

Midi d»     ^90.00(0  0.0'  990. dO 

Nord d*   tfiSD.CO   1600.00  1585.00 

Orléans d"  r»02.<io  1215. uO  1>(p5.00 

Ouest d'     800.(10     K>7.50  8(1.1.00 

Paris-Lyon-Méditerranée  d"  i34o.oo  1352  5d  i35o.00 

Paris  1871  obi.  400  3  0/0  ..     395.00     39850  395.00 

Italien  i  0/0 84.80      85.50  85.10 

Le  Gérant  :  A.  BOUCHÉ. 


Valeurs  diverses  : 

Plus 


Plus    Dernier 


Créd.  fonc.  obi.  50o  4  o'o 
(Jo  d°  d»  d'  3  0/0. 
d*  obi.  c«»  500  3  0/0 
Bqne  de  Pans  act.  500... 
Crédit  ind.  et  coti.  500  .. 
Dépôts  et  cptes  cts.  5oO... 

Cre  lit  lyonn.ils d°... 

Créd.  raubilier 

Cie  parisienne  du  gaz  2iO 
Cie  génér.  traiisnll.. ..  .500 

Messag.  manlimes d° 

Canal  de  Suez d» 

d°      délégation d» 

d*      obli.  5  0/0  d" 

Créd.  fonc.  Autrioh 500 

Cred  mob.  Espagnol. ...d* 
Créd. fonc.    Russe 


518.00 
5  42  50 
470.00 


haut. 
525.00 
5V>.5n 
474.00 
lOôi.OO  1085  00 
720.00  7i5.00 
708.75  710.00 
910.00  960.00 
620.00  625.00 
1320.00  1332.50  13!0.00 
497.50  b4o.U0  497.50 
725.00  72il  75  728.75 
1095.00  1135.00  1117.50 
787.50  800.00  790.00 
571.00  bll. iO 
740.00  750  oO 
640.00  762.50 
400. (JO     410.00 

Letbrrief.. 


cours. 

518.00 
5!.2.50 
'i73.25 
065.00 
720.00 
708.75 
930.00 
6^0.00 


572.50 
750.00 
640.00 
<i07.00 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (24  juillet  isso,. 

Recherches  sur  les  maladies  charbonneuses.  —  Communication  de  M.  Pasteur  à  la  Société  na- 
tionale d'agriculture  et  à  l'Académie  des  sciences  sur  les  causes  de  la  propagation  des  germes 
delà  maladie  du  charbon. —  Induence  des  vers  de  terre.  —  Recherches  de  M.  Toussaint  sur 
l'action  de  l'inoculation  du  sang  de  rate.  —  Nouvelles  promotions  et  nominations  dans  la  Légion 
d'honneur.  —  Le  phylloxéra.  —  Régime  spécial  sous  lequel  est  place  l'Algérie.  —  Décret  éten- 
dant à  l'Algérie  la  loi  du  I.t  juillet  1878  et  2  août  1879  sur  le  phylloxéra.  —  Extension  de 
l'aclion  d^s  syndicats  de  défense.  —  Lf'ttre  de  M.  Gaulier-Descottes  sur  la  formation  d'un  syn- 
dicat dans  la  Camargue  pour  la  submersion  des  vignes.  —  Exiension  du  phylloxéra  dans  l'Aude.  — 
Congrès  des  vignes  françaises  à  Clermont-Ferrand.  —  Lettre  du  Comité  d'organisation.  —  Pro- 
gramme des  travaux  du'Congrès.  —  Prochaine  session  de  l'Association  française  pour  l'avanco- 
nient  des  sciences.  —  Programme  des  travaux  de  la  Section  d'agronomie.  -^  Excursion  à  l'Ecole 
de  Grignon  des  auditeurs  du  cours  de  physiologie  végétale  au  Muséum  d'histoire  riaturelle.  — 
Essais  de  moissonneuses-lieuses  et  de  lieu-es  organisés  par  la  Société   d'agriculture  de  Melun. 

—  Nouvelles  des  éducations  de  vers  à  soie.  —  La  mode  et  les  étoffes  de  soie.  —  Promulgation 
de  la  loi  portant  dégrèvement  des  sucres  ei  des  vins.  —  Végétation  des  betteraves.  —  L'analyse 
des  engrais  et  particulièrement  des  phosphates.  —  Lettre  de  M.  Vivien.  —  Solubilité  dans 
l'eau.  —  Le  fumier  de  cheval  en  bal!es.  —  Lettre  de  M.  Bacqnet.  —  Description  de  son  système. 

—  Nécrologie.  —  Mort  de  M.  Droche.  —Notes  de  MM.  de  la  Morvonnais,  de  Lentilhac  et 
d'Ounous  sur  la  situation  des  récoltes  dans  les  départements  d'IUe-et-Vilaine,  de  la  Dordogne  et 
de  l'Ariège. 

I.  —  Nouvelles  recherches  sur  les  maladies  charbonneuses. 

Dans  le  compte  rendu  annuel  des  travaux  de  la  Société  nationale 
d'agriculture  que  je  faisais  il  y  a  un  mois  à  peine,  je  disais  que  je  ne 
pensais  pas  qu'aucun  de  mes  prédécesseurs  ait  eu  à  enregistrer  une 
plus  grande  découverte  que  celle  des  êtres  infiniment  petits  qui  ont 
été  trouvés  dans  quelques  virus.  Les  faits  qui  successivement  sont 
mis  en  évidence  par  les  recherches  de  M.  Pasteur  lui-même  et  des  sa- 
vants qui  suivent  ses  traces  ou  se  sont  faits  ses  collaborateurs,  mon- 
trent que  cette  appréciation  est  plutôt  au-dessous  de  la  vérité  qu'au- 
dessus.  Unevoie  nouvelle  est  ouverte,  et  chaque  jour,  pour  ainsi  dire, 
on  y  découvre  des  faits  de  la  plus  haute  importance  pour  l'agriculture. 
Nous  insérerons  dans  notre  prochain  numéro  un  nouveau  mémoire 
que  M.  Pasteur  et  deux  de  ses  collaborateurs,  MM;  Chamberland  et 
Roux,  ont  présenté  à  l'Académie  des  sciences  et  à  la  Société  d'agricul- 
ture, et  dont  les  conclusions  pratiques  doivent  être  mises  en  évidence. 
Les  maladies  charbonneuses  qui,  tous  les  ans,  sont  la  cause  de  tant 
de  pertes  pour  le  bétail  et  de  catastrophes  pour  les  hommes,  peuvent 
complètement  disparaître  en  quelques  années,  maintenant  qu'on  con- 
naît bien  leurs  causes  et  leur  prophylaxie.  Ce  sont,  d'après  M.  Pas- 
teur, les  vers  de  terre  qui  ramènent  à  la  surface  les  germes  du  mal, 
dans  les  terrains  où  l'on  a  enfoui  les  cadavres  d'animaux  charbon- 
neux. Si  un  terrain  n'a  pas  de  vers  de  terre,  c'est-à-dire  si  ce  terrain 
est  peu  fertile,  les  germes  charbonneux  resteront  dans  l'intérieur  du 
sol,  et  la  maladie  ne  pourra  pas  être  transmise.  On  peut  craindre  que 
la  conclusion  manque  d'une  justesse  absolue,  car  un  sol  qui  n'a  pas 
de  vers  de  terre  aujourd'hui  en  aura  peut-être  dans  un  temps  plus  ou 
moins  éloigné.  Il  nous  paraîtrait  bien  préférable  d'assurer  la  destruc- 
tion complète  de  tous  les  germes  par  la  cuisson  immédiate  et  la  trans- 
formation en  engrais  de  tous  les  animaux  abattus  à  raison  de  maladie 
charbonneuse.  Nous  devons  dire  d'ailleurs  que  M.  Pasteur  n'a  émis  sa 
conclusion  qu'en  l'entourant  de  toutes  les  réserves  qu'un  vrai  savant 
apporte  toujours  dans  l'émission  d'une  idée,  alors  qu'elh  n'a  pas  été 
complètement  vérifiée  par  l'expérience. 

Comment  les  bactéridies  qui  donnent  la  maladie  charbonneuse 
agissent-elles?  Comment  peut-il  se  faire  que  certains  animaux  y  soient 
réfractaires,  comme  le  porc,  par  exemple,  et  que  d'autres  contractent 
la  maladie  plus  facilement,  pendant  les  premiers  mois  de  leur  exis- 

N«  58*.  —  Tome  III  de  1880.  —  24  Juillet. 


122  CHRONIQUE 'AGRICOLE  (24  JUILLET  1880). 

tence,  tandis  que  plus  tard  ils  sont  indeiîinés^  comme  les  moutons 
algériens  sur  lesquels  M.  Chauveau,  ainsi  que  nos  lecteurs  le  savent, 
a  expérimenté  ?  Ce  n'est  que  par  des  recherches  nouvelles  que  cette 
question  peut  être  résolue.  Cette  question,  M.  Toussaint,  professeur  à 
l'Ecole  vétérinaire  de  Toulouse,  a  entrepris  de  la  résoudre  en  ce  qui 
concerne  le  chien  et  les  moutons.  Il  est  arrivé  à  constater  qu'on  peut 
faire  acquérir  à  des  animaux  l'immunité  contre  le  charbon,  au  moyeti 
d'inoculations  préventives.  Quelles  seront  les  conditions  d'efficacité 
pour  ces  inoculations,  c'est  ce  qui  est  encore  à  déterminer.  On  doit, 
par  conséquent,  vivement  encourager  les  expériences  entreprises  par 
M.  Toussaint.  Le  ministère  de  l'agriculture  est  disposé  à  lui  donner 
toutes  les  sommes  nécessaires,  de  même  qu'il  a  récemment  demandé 
a  la  Commission  du  budget  de  la  Chambre  des  députés  qu'une  somme 
de  50,000  francs  fût  votée  pour  permettre  à  M.  Pasteur  de  continuer 
ses  expériences. 

IL  —  Décoratmis  dans  la  Légion  d'honneur. 
Dans  notre  précédente  chronique  (p.  82),  nous  avons  inséré  la  liste 
des  nominations  ou  promotions  dans  la  Légion  d'honneur,  faites  sur 
la  proposition  du  ministre  de  l'agriculture  et  du  commerce.  Nous  trou- 
vons dans  les  nominations  faites  à  d'autres  titres,  des  noms  qui  inté- 
ressent aussi  l'agriculture.  Ont  été  nommés  : 

ku  grade,  d&  commandewp  .'M,  le  colonel  Basserie,  commandant  la  première 
circonscription  de  remonte. 

Au  grade  d'officier  :  M.  Duponchel  (Adolphe],  ingénieur  en  chef  de  pre- 
mière classe  au  corps  des  ponts  et  chaussées,  chevalier  du  13  août  1865;  37  ans. 
de  services.  Etudes  remarquables  sur  la  question  du  chemin  de  fer  transsabarien. 
-^  M.  Rousseau  (Paul-Armand),  conseiller  d'Etat  ea  service  extraordinaire,  direc- 
teur des  routes  et  de  1a  navigation;  chevalier  du  7  mars  1871  ;  22  ans  de  services. 

—  M.  Bixio  (Maurice),  membre  du  conseil  municipal  de  Paris;  chevalier 
depuis  1871. 

Au  grade  de  chevalier  :  M.  Courtillier,  membre  du  0)nseil  général  de  k 
Sârthe,  président  de  la  Société  des  agriculteurs  de  la  Sarthe,  membre  de  la  Cham- 
bre consultative  d'agriculture  de  Sablé.  Lauréat  de  la  prime  d  honneur  au  con- 
cours régional  de  1872;  conseiller  général  depuis  1871.  Titres  exceptionnels.  — 
LiÉBERT,  directeur  pohtique  de  la  Gazelle  du  Village.  Titres  exceptionnels.  — 
M.  Passy  (Frédéric),  membre  de  l'Institut,  professeur  au  collège  Ghaptal.  Tra- 
vaux distingués  sur  l'économie  politique  et  l'histoire.  — M.  Tourasse,  propriétaire 
à  Pau  (Basses-Pyrénées),  a  consacré  la  plus  grande  partie  de  sa  fortune  au  déve- 
loppement de  l'enseignement  primaire.  —  M.  Poloîsy  (Victor-Marie-Edouard- 
Ernest),  ingénieur  ordinaire  au  corps  des  ponts  et  chaussées;  a  conduit  d'une 
façon  remarquable  des   travaux  de  navigation,    de    dessèchement   et   irrigation. 

—  M.  Gar?el  (Marie-Charles),  irgénieur  des  ponts  et  chaussées,,  professe  avec 
distinction  les  cours  préparatoires  de  physique  et  de  chimie  à  l'École  des  ponts 
et  chaussées. 

Les  éleveurs  connaissent  les  travaux  du  colonel  Basserie  sur  le 
cheval.  M.  Duponchel,  M.  Courtillier,  M.  F.  Passy  ont  été  trop  sou- 
vent cités  dans  notre  Recueil  pour  que  l'on  ait  oublié  leurs  travaux 
d'ordres  divers,  mais  distingués.  On  doit  à  M.  Tourasse  des  recherches 
importantes  sur  la  production  rapide  des  arbres  fruitiers.  On  se  souvient 
des  importantes  expériences  faites  par  M.  Maurice  Bixio  sur  l'alimen- 
tation des  chevaux  de  la  Compagnie  des  petites  voitures,  qu'il 
dirige. 

IIL  —  Le  phylloxéra. 

On  sait  que  l'Algérie  est  placée  sous  un  régime  spécial  au  point  de 
vue  du  phylloxéra.  Afin  de  compléter  ce  régime,  le  gouverneur  général 


CHRONIQUE  AGRICOLE   (2=4  JUILLET  1880).  123 

de  l'Algérie  a  proposé  que  les  conditions  dans  lesquelles  serait  appli- 
quée la  loi  qui  régit  la  France,  fassent  déterminées  d'une  manière 
précise.  Le  décret  suivant  a  résolu  la  question,  après  avis  de  la  Com- 
mission supérieure  du  phylloxéra  : 

Le  président  de  la  Républicme  française, 

Sur  le  rapport  du  ministre  de  l'agriculture  et  du  commerce,  d'après  les  propo- 
sitions du  gouverneur  général  de  l'Algérie  ; 

Vu  la  loi  des  15  juillet  1878,  2  août  1879,  relatives  aux  mesures  à  prendre  pour 
arrêter  les  progrès  du  phylloxéra  et  du  doryphora  ea  France; 

Vu  le  décret  du  2^  juin  1879,  portant  interdiction  d'importation  en  Algérie  des 
produit-^  énumérés  dans  le  décret  ; 

Considérant  qu'il  importe  de   compléter  le  régime  spécial  de   l'Algérie,  d"une 
part,  à  TeÔet  d'assurer  la  répression  pénale  des  délits,  et,  d'autre  part,  en  vue  de 
permettre  à  l'autorité  de  faire  appliquer,   suivant  les  circonstances  de  temps  et 
de  lieux,  les  dispositions  de  la  loi  des  i 5  juillet  1878,  2  août  1879, 
Décrète  : 

Article  premier.  — La  loi  des  15  juillet  1878,  2  août  1879  susvisée  est  déclarée 
applicable  à  l'Algérie. 

A  cet  etfet,  elle  sera  publiée  et  promulguée,  â  la  Suite  du  présent  décret  qui 
géra  inséré  au  Bulletin  officiel  des  actes  administratifs  du  gouvernement  général  de 
l'Algérie. 

Art.  2.  —  Le  décret  du  24  juin  1879,  spécial  à  l'Algérie,  reste  et  demeure  en 
vigueur.  Par  suite,  les  arrêtés  pris  en  France,  pour  l'application  de  ladite  loi  des 
15  juillet  1878,  2  août  1879,  ne  sont  pas  exécutoires  en  Algérie. 

Art,  3.  —  Le  gouverneur  général  de  l'Algérie  exerce  celles  des  attribatiQns' 
conférées  au  ministre  de  l'agriculture  et  du  commerce  par  la  loi  des  15  juillet  1878, 
2  août  1879. 

Art.  4.  —  Le  ministre  de  l'agriculture  et  du  commerce  et  le  gouverneur  général 
de  l'Algérie  sont  chargés  de  l'exécution  du  présent  décret. 

Fait  à  Paris,  le  12  juillet  1880.  Jules  Grévy.  _ 

Par  le  président  de  la  République  : 
Le  ministre  de  l'agriculture  et  du  commerce,  P.  Tirard. 

La  constitution  des  syndicats  de  défense  se  poursuit  dans  un  grand 
nombre  de  départements.  A  ce  sujet,  nous  recevons  la  lettre  suivante 
de  M.  Gautier-Descottes,  président  d'un  syndicat  qui  vient  de  se  con- 
stituer dans  les  Bouches-du-Rhône  : 

«  Monsieur  le  directeur,  votre  journal  mentionnait  dans  l'un  de"  ses  derniers 
numéros  la  constitution  de  nombreux  syndicats  en  conformité  de  la  loi  du 
2  août  1879. 

«  L'association  syndicale  temporaire  des  communes  d'Arles,  Fontvieille  et 
Saintes-Mariés  (Rou;.i  ;s  du  Rliône),  qui  est  aujourd'hui  en  instance  pour  obtenir 
l'approbation  de  ses  statut>?  ui  compte  pas  moins  de  937  hectares  de  %'igQes 
déjà  submergées  ou  préparées  à  i  être. 

«  Cette  contenance  se  répartit  de  la  manière  suivante  :  commune  d'Arles, 
817  hectares;  Fontvieille,  106;  Saintes-Mariés,  ]4. 

«  Cette  organisation  récente,  outre  qu'elle  témoigne  de  l'intelligente  initiative 
des  propriétaires  de  ces  régions,  est  un  hommage  de  plus  rendu  au  système  de  la 
submersion,  et  à  M.  Louis  Faucon,  son  inventeur. 

«  Veuillez  agréer,  etc  «  Gautier-Descottes, 

«  Président  du  syndicat.  » 

Enfin,  nous  devons  signaler  l'extension  des  taches  phylloxériques 
dans  le  département  de  l'Aude.  Ces  taches  sont  d'ailleurs  traitées  avec 
une  grande  énergie.  Ce  département  est,  comme  nous  l'avons  dit  déjà  à 
plusieurs  reprises,  un  de  ceux  où  la  lutte  est  conduite  avec  le  plus 
d'ensemble. 

IV.  —  Congrès  des  vignes  françaises  à  Clermont-Ferrand. 
La  Société  d'agriculture  du  Puy-de-Dôme,  présidée  par  M.  Guyot- 
Lavaline,  a  pris  l'initiative  d'organiser,  pendant  le  concours  régional 


124  CHRONIQUE  AGRifiOLE    (:4JL'ILLET   1880). 

qui  se  tiendra  à  ('lermont-Ferrand  à  la  lin  du  mois  d'août,  un  congrès 
viticole  qui  prendra  le  nom  de  congrès  des  vignes  françaises.  Le  but 
de  ce  congrès  est  exposé  dans  la  note  suivante  que  nous  croyons  utile 
de  reproduire  : 

«  Depuis  l'invasion  du  phylloxéra  en  France  et  dans  toute  l'Europe,  une  quan- 
tité innombrable  de  théories,  de  systèmes,  de  procédés  et  de  substances,  ont  été 
successivement  proposés,  essayés,  préconisés,  vantés  comme  infaillibles  pour 
triompher  du  fléau  qui  sème  autour  de  lui  taat  de  ruines.  Si  les  progrès  de  ce 
désastre  ne  se  sont  pas  arrêtés,  il  est  cependant  hors  de  doute  que,  sur  beaucoup 
de  pr.ints,  l'emploi  judicieux  de  certains  moyens  de  résistance  au  terrible  insecte 
a  donné  et  coninue  à  donner  des  résultats  satisfaisants  pour  la  défense  et  pour  la 
conservation  des  vignes  françaises.  Sans  vouloir  préjuger  le  succès  définitif  de  ces 
efforts  qui  semblent  se  généraliser  sous  forme  de  syndicats,  de  traitements  admi- 
nistratifs, d'associations  et  de  commissions  d'études  et  de  vigilance,  les  déi'en- 
seurs  persévérants  de  nos  anciens  cépages,  convaincus  que  notre  vieille  vigne  fran- 
çaise peut  encore  se  défendre,  dans  de  certaines  conditions  données,  ont  eu  la 
pensée  de  provoquer  une  réunion  libre  dans  laquelle  les  viticulteurs  seront  invités 
à  venir  exposer  les  moyens  qui  auront  été  couronnés  de  succès. 

«  La  ville  de  Glermont-Ferrand,  siège  d'un  concours  régional  de  cinq  départe- 
ments viticoles  et  de  la  station  agronomique  du  centre  de  la  France,  nous  a  paru 
un  heu  de  réunion  très  propice  pour  inaugurer  les  Congrès  des  Vignes  françaises^ 
que  nous  voudrions  rendre  périodiques  afin  de  tenir  le  public  viticole  au  courant 
non  seulement  des  moyens  de  défense  et  des  résultats  obtenus,  mais  encore  de 
tous  les  procédés  qui  peuvent  contribuer  au  développement  de  notre  pros[)érité 
viticole. 

«  Tout  en  nous  occupant  uniquement  des  vignes  françaises  ou  indigènes, 
c'est-à-dire  européennes,  et  des  traitements  employés  pour  leur  conservation,  il 
sera  du  plus  grand  intérêt  de  connaître  en  détail  les  procédés  qui  sont  mis  en 
œuvre,  les  substances  dont  on  fait  usage,  leur  composition,  leur  mode  d'emploi, 
leur  prix  de  revient  et  la  nature  des  terrains  sur  lesquels  se  poursuivent  les  études 
et  les  applications. 

«  Le  comité  qui  a  pris  l'initiative  Je  ce  congrès  serait  heureux  de  vous  voir  par- 
ticiper à  ceite  réunion,  et  y  apporter  le  concours  de  vos  lumières  et  de  votre 
expérience  viticole,  en  venant  nous  communiquer  ce  qui  se  fait  autour  de  vous  et 
ce  que  vous  faites  vous-même  pour  combattre  la  marche  du  fléau  dévastateur. 

«  Nous  vous  serions  fort  obhgés,  Monsieur,  si  en  donnant  votre  adhésion  à 
cette  réunion,  vous  nous  indiquiez  le  sujet  de  la  communication  que  vous  aurez 
1  intention  de  faire  au  Congrès,  afin  de  permettre  de  régler  l'ordre  de  ses  travaux 
pendant  la  session  qui  se  tiendra  à  Glermont-Ferrand,  les  30,  31  août  et  i'^"'  sep- 
tembre 18  0.  » 

Les  communications  relatives  au  Congrès  doivent  être  adressées, 
avant  le  20  août,  à  M.  Truchot,  directeur  de  la  Station  agronomique, 
à  Glermont-Ferrand,  ou  au  bureau  de  la  Vigne  française^  rue  Coq- 
Héron,  5,  à  Paris.  Voici  le  programme  des  travaux  du  Congrès  : 
Utilité  de  la  conservation  des  vignes  françaises  et  moyens  propres 
pour  y  arriver;  —  la  résistance  au  phylloxéra  :  systèmes  préventifs, 
méthodes  culturales,  procédés  divers,  la  submersion  des  vignes,  les 
terrains  sablonneux,  les  insecticides  :  le  sulfure  de  carbone,  les  sulfo- 
carbonates;  —  les  ennemis  naturels  du  phylloxéra;  —  les  divers 
ennemis  et  les  diverses  maladies  de  la  vigne.  —  Exposition  et  expé- 
riences des  instruments  préservateurs.  —  Excursion  à  Mézel.  —  La 
première  liste  des  adhérents  comprend  75  noms. 

V.  —  Association  française  pour  l'avancement  des  sciences, 

La  neuvième  session 'de  l'Association  française  pour  l'avancement 

des  sciences  se  tiendra  cette  année  à  Reims;  la  date  en  est  fixée  du 

12  au  19  août.  Elle  comprendra,  comme  les  années  précédentes,  des 

séances  générales  ou  de  sections,  des  conférences  et  des  excursions. 


CHRONIQUE  AGRICOLE   (24  JUILLET  1880).  125 

Parmi  les  travaux  qui  sont  déjà  mis  à  Tordre  du  jour  de  la  Section 
d'agronomie  dont  M.  Risler  est  président  cette  année,  nous  devons 
signaler  les  suivants  :  M.  Cliauveau,  sur  l'infection  bactéridienne; 
M.  Deliérain,  sur  la  maturation  de  quelques  plantes  herbacées  et  sur 
l'état  de  l'acide  phosphorique  dans  le  sol;  M.  de  Carpentier,  sur  la 
plantation  des  terrains  crayeux  de  la  Champagne;  M.  Risler,  sur  les 
caractères  agricoles  des  formations  jurassiques  et  crétacées; 
MM.  Schlœsinget  Muntz,  sur  la  nitrification;  M.  Mares,  sur  la  défense 
et  la  reconstitution  des  vignobles  pliylloxérés;  M.  Marié  Davy,  sur  la 
météorologie  agricole;  M.  Marcel  Dupont,  sur  l'emploi  des  engrais 
chimiques  à  la  culture  de  la  vigne;  M.  Michel  Perret,  sur  un  mode 
d'emploi  des  engrais  chimiques;  M.  Ponsard,  sur  la  nécessité  de  la 
création  d'un  corps  d'ingénieurs  agricoles;  M.  Vimont,  sur  les  prairies 
de  graminées  à  grands  rendements  sur  les  terres  crayeuses  de 
Champagne,  etc. 

YI.  —  Excursion   à  l'Ecole  de   Grignon  des   auditeurs  du  cours  de  physiologie 
végétale  du  Muséum  d'histoire  naturelle. 

Dimanche  dernier,  18  juillet,  M.  Dehérain,  professeur  au  Muséum, 
a  fait  une  excursion  au  champ  d'expériences  de  l'Ecole  de  Grigaon. 
Partis  de  Paris  à  dix  heures,  les  excursionnistes  se  sont  rassemblés 
dans  le  grand  amphithéâtre  de  l'Ecole  pour  écouter  une  courte  confé- 
rence dans  laquelle  M.  Dehérain  a  brièvement  résumé  les  résultats 
obtenus  au  champ  d'expériences  pendant  ces  six  dernières  années.  Il 
a  insisté  particulièrement  sur  les  résidus  laissés  sur  le  sol  par  les 
fumures  antérieures  et  sur  l'influence  des  matières  ulmiques  qui 
exercent  sur  le  développement  du  maïs-fourrage  une  action  des  plus 
marquées. 

Grignon  n'a  pas  failli  à  sa  vieille  réputation  d'hospitalité.  Une  table 
élégamment  servie,  réunissait  dans  la  machinerie  les  quarante  excur- 
sionnistes auxquels  s'étaient  joints  quelques-uns  des  fonctionnaires  de 
l'Ecole.  Mme  Dutertre  et  le  directeur  faisaient  les  honneurs  avec  leur 
grâce  et  leur  cordialité  habituelles  Dans  un  toast  fort  applaudi,  porté 
à  la  santé  du  directeur,  M.  Dehérain  montre  que  si  l'agriculture  béné- 
ficie des  recherches  de  la  science,  celle-ci  à  son  tour,  trouve  de  pré- 
cieuses indications  dans  cette  longue  suite  d'observations  sur  les- 
quelles s'appuyent  les  pratiques  agricoles.  «  L'enseignement  est 
réciproque;  c'est  là,  messieurs,  ce  qui  explique,  ce  qui  justifie  votre 
présence  ici;  pour  assurer  la  prospérité  de  l'agriculture  qui  importe  à 
la  richesse,  à  la  grandeur  de  notre  pays,  nous  devons  étroitement 
cimenter  l'union  de  la  pratique  agricole  et  de  la  science  !  » 

Les  excursionnistes  du  Muséum  sont  succe&sivement  conduits  aux  > 
vacheries,  aux  bergeries  où  ils  admirent  les  animaux  de  choix  qui 
sont  l'objet  de  toute  la  sollicitude  du  directeur,  puis  enfin  au  champ 
d'expériences  ;  les  différences  qui  existent  entre  les  parcelles  de  maïs- 
fourrage  qui  ont  reçu  le  fumier  et  celles  qui  ont  été  amenées  avec  des 
engrais  saUns  sont  réellement  extraordinaires  et  il  en  ressort  bien 
nettement  que  sur  un  sol  comme  celui  de  Grignon,  le  fumier  de  ferme 
est  de  beaucoup  le  plus  efficace  de  tous  les  engrais. 

Après  une  visite  complète   des   collections,    des    laboratoires    de 
l'Ecole,  les  excursionnistes  sont  partis,  vivement  intéressés  par  tout  • 
C3  qu'ils   ont  vu,  et  charmés  de  la  cordialité  avec  laquelle   ils    ont 
été  reçus. 


126  GHRONIQUi;  AGRICOLE   (2â  JUILLET  18f<0). 

VII.  —  Essais  de  moissonneuses  et  de  lieuses. 

Un  avis  que  nous  recevons  de  M.  Patinot,  préfet  de  Seine-et-Marne, 
nous  apprend  que  dos  essais  de  moissonneuses-lieuses  et  de  lieuses 
indépendantes  seront  organisés  par  la  Société  d'agriculture  de  Meluu 
le  jeudi  29  juillet,  de  1  à  5  heures  du  soir  à  la  ferme  dP^prunes, 
commune  de  Réau  (gare  de  Liousaint).  Un  service  d'omnibus  sera 
établi  de  la  gare  de  Lieusaint  au  champ  d'expériences  (Départ  de  Paris, 
à  midi  20  ;  "^ —  départ  de  Lieusaint,  à  5  heures  27). 
YIII.  —  Sériciculture.      . 

Le  iMoniteur  des  soies  du  17  juillet  nous  donne  des  renseignements 
importants  sur  la  récolte  des  Cévennes,  et  les  tendances  de  l'industrie 
séricicole  en  général.  On  aurait  obtenu,  dans  le  Gard,  l'Hérault  et  la 
Lozère  :  en  1878,2,330,000  kilog.  de  cocons;  —en  1879,  1,570,000; 
en  1880,  1,330,000.  La  diminution  accusée  en  1880  serait  due,  non 
pas  à  l'insuccès  des  éducations,  mais  à  l'abstention  des  éleveurs;  les 
rendements  de  cette  année  sont  au  contraire  assez  élevés  pour  faire 
espérer  une  reprise  plus  générale  l'année  prochaine.  On  a  remarqué 
le  succès  des  races  japonaises  dans  les  hautes  vallées;  le  prix  de  ces 
cocons  (blancs)  a  été  presque  celui  des  jaunes. 

On  comptait  beaucoup  l'an  passé  sur  un  retour  de  la  mode  aux 
soieries  pures;  il  semble  actuellement  que  cette  tendance  soit  absolu-  ^i 
ment  oubliée.  La  fabrique  ne  fait  guère  que  des  tissus  mélangés;  aussi 
les  déchets,  frisons  et  douppions,  sont  plus  recherchés  que  la  soie.  En 
résumé,  comme  Ta  dit  M.  Natalis  Rondot,  l'objet  actuel  de  l'industrie 
des  soies,  cest  le  prix  le  plus  bas  pour  ses  produits.  Il  faut  donc  que 
l'éleveur  produise  beaucoup,  et  économiquement. 

IX.  —  Les  sucres  et  les  betteraves. 

Nous  publions  dans  ce  numéro  la  loi  qui  porte  dégrèvement  des 
sucres  et  des  vins.  Cette  loi  sera  accueillie  avec  reconnaissance  par- 
tous  les   agriculteurs;  nous  n'avons  plus  à  insister  sur  les  heureux  i 
effets  qu'elle  produira. 

Le  temps  est  tout  à  fait  propice  à  la  végétation  des  betteraves;  aussi- 
se  développe-t-elle  avec  une  grande  rapidité.  Les  champs,  surtout  les 
premiers  enspmencés,  se  présentent  dans  d'excellentes  conditions;  on 
compte  partout  désormais  sur  un  rendement  sensiblement  supérieur 
à  celui  de  l'année  dernière. 

X.  —  Sur  l'analyse  des  engrais. 
Le  paragraphe  de  notre  dernière  chronique  relatif  à  l'analyse  des. 

engrais,  comme  garantie  des   matières  vendues,  nous   vaut  la  lettre 
suivante  de  M.  Vivien  : 

Saint-Queulia  le  16  juillet  1880. 

«  Monsieur  le  Directeur,  MM.  E.  et  J.  Toché  fils,  ont  publié  dans  votre 
journal  du  10  juillet  une  lettre  ayant  pour  but  d'éhminer  le  contrôle  chimique 
dans  le  commerce  des  engrais,  en  s'appuyant  sur  cinq  analyses  de  divers  échaa- 
tillons  d'un  même  engrais. 

«   L'écart  signalé   porte    surtout   sur   le   chiffre  de  phosphate  rétrograde    ou 
soluble    dans  le   citrate  d'ammoniaque  alcalin,  et  est  du  à  la  manière  d'opérer'|l 
ainsi  que  je  l'ai  déjà  expliqué  au  représentant  de  MM.  Toché.  Je  vous  demande  1 1 
l'hospitalité  de  vos  colonnes  pour  expliquer  la  cause  d'erreur  prétendue.  j 

«  Suivant  qu'on  fait  l'analyse  d'un  engrais  en  faisant  digérer  un  échantilloul 
moyen,  tel  qu'il  est  livré  par  le  fabricant,  dans  le  citrate  d'ammoniaque,  ou  qu'on  I 
le  broyé  intimement  de  façon  à  tout  réduire  en  une  poussière  ou  en  une  pâte  I  ; 
impalpable,  en  présence  du  même  citrate  d'ammoniaque,  on  constate  des  résultats I  : 


GHRONIUUE  AGRICOLE  (24  JUILLET  1880)-  127 

différents  pour  le  dosa^»  du  phosphate  rétrograde  et  du  phosphate  insoluble. 

«  Le  raisonnement  indique  qu'on  doit  faire  le  dosage  de  l'acide  phosphorique 
soluble  rétrograde  et  insoluble  sans  passer  par  l'opération  du  broyage  intime  qui 
modifie  la  nature  de  l'engrais,  et  c'est  ainsi  que  j'ai  opéré,  ce  qui  explique  la 
différence  de  titrage  signalée. 

«  Les  nodules  ou  rognons  de  phosphate  qu'on  trouve  en  terre  sont  insolubles 
et  ils  peuvent  y  rester  plusieurs  années  sans  céder  des  quantités  notables  d'acide 
phosphorique,  malgré  les  actions  dissolvantes  des  eaux,  des  acides  organiques  et 
carbonique  dissous  dans  le  sol,  malgré  l'action  désagrégeante  des  racines. 

«  Lorsqu'on  réduit  en  farine  ces  mêmes  nodules,  on  voit  les  phénomènes  se 
passer  autrement  et  l'acide  phosphorique  devient  assimilable. 

«  La  division  facilite  donc  l'assimilation,  et  tous  ceux  qui  se  servent  de  phos- 
phates insolubles  savent  l'importance  qu'il  faut  attacher  à  la  finesse  de  -la  division. 
On  dénature  un  engrais,  et  on  peut  rendre  soluble  à  l'analyse  certains  principes 
qui  sont  insolubles  réellement  pour  la  végétation,  lorsqu'on  rend  l'engrais  impal- 
pable, surtout  en  présence  de  produits  chimiques  dissolvants.  Le  chimiste  doit 
opérer,  il  me  semble,  sur  l'engrais  tel  qu'il  lui  est  soumis,  tel  qu'il  est  livré  à 
l'acheteur  et  donné  ensuite  aux  plantes,  en  ayant  le  soin  seulement  de  composer 
un  échantillon  moyen,  et  évitant  de  changer  l'état  physique  et  les  propriétés 
chimiques  et  notamment  la  solubilité  des  principes  fertilisants. 

«  MAI.  Toché  fils  établissent  la  moyenne  des  titrages  en  ne  prenant  que  ceux 
qui  sont  élevés  et  en  éliminant  ceux  qui  sont  les  plus  ïaas.  Cette  manière  d'opérer 
ne  saurait  être  loyalement  admise,  et,  lorsqu'on  veut  éliminer  certains  résultats 
qui  })araissent  erronés,  il  faut  éliminer  tous  ceux  qui  donnent  des  chiffres  extrêmes 
en  plus  comme  en  moins  de  la  moyenne. 

«  Dès  lors  des  deux  dosages  d'azote  des  n°*  1  et  5  doivent  être  éliminés  et  la 
moyenne  devient 

Azote • 5.771 

4'ai  trouvé 5'. 488 

D'où,  ûcarL. U^SSb 

écart  très  acceptable  pour  des  analyses  faites  d'après  des  méthodes  commerciales, 
et  admises  dans  le  commerce  qui  prend  généralement  comme  d'accord  deux  chiffres 
de  dosage  qui  se  rapprochent  à  û''5  JO  pour  100,  soit  5  k.  par  1000  k.  ou  à  cinq 
millièmes  près. 

«  L'échantillon  analysé  sous  len"  1  s'écarte  de  0''.4 19  de  la  moyenne  ;  la  différence 
pour  le  n°  1  est  donc  plus  grande  que  celle  que  j'ai.  On  ne  s'explique  pas,  autre- 
ment que  par  une  question  de  préférence  intéressée,  pourquoi  ces  messieurs 
prennent  l'analyse  n°  1  pour  établir  la  moyenne  de  l'azote. 

«  En  opérant  de  même-  pour  tous  les  autres  éléments  et  prenant  la  moyenne 
des  trois  analyses  qui  se.  rapprochent  le  plus,  éliminant  chaque  dosage  extrême^ 
la  moyenne  s'établit  comme  suit  : 

Azole 5.771  au  lieu  de  5.875  proposé  par  MM.  Toehé. 

Acide  phosphorique  soluble 4.496  »        ( 

rétrograde    .4,49!  »        \  ^-ii^  " 

insoluble...     1.146  »  1.090  »  » 

Potasse 2.245  >>  1.478  »  v 

«  Un  dernier  mot,  s'il  vous  plaît.  —  MM  Toché  fils  me  prêtent  une  apprécia- 
tion à  l'égard  de  mes  confrères  que  je  suis  loin  d  accepter  et  si  j'avais  quelqu'un  à 
mettre  en  suspicion  d'ignorance,  ce  ne  serait  certes  pas  M.  Joulie  ni  aucun  autre 
de  mes  confrères,  non  cités  dans  votre  journal,  mais  auxquels  MM.  Toché  font 
allusion  et  que  je  connais.  Loin  de  moi  cette  insulte  et  cette  arrogance. 

«  Je  comprends  l'ennui  pour  les  marchands  d'engrais  de  passer  par  le  contrôle 
de  la  chimie,  et  je  conçois  toute  leur  mauvaise  humeur  dans  ces  occasions;  mais 
la  chimie,  si  imparfaite  que  MM,  Toché  pourront  la  trouver,  a  rendu  un  grand 
service  en  moralisant  le  commerce  des  engrais,  et  je  pense  que  ces  messieurs  ne 
voudraient  pas  rejeter  ce  mode  de  contrôle  s'ils  tiennent  à  conserver  leur  réputation 
d'honnêtes  commerçants,  et  qu'ils  reconnaîtront  que  la  moyenne  doit  être  établie 
en  écartant  les  cas  extrêmes,  et  non  pas  en  conservant  les  dosages  qui  favorisent 
exclusivement  leurs  intérêts. 

«  Veuillez  agréer^  etc.  «  A.  Vivien.  » 

Notre  correspondant  a  raison  :  la  pulvérisation  a  pour  effet  d'aug- 
menter la  solubilité   dans  un   liquide^   mais   pour  un  temps  donné 


128  CHRONIQUE  AGRICOLE  (24  JUILLET   1880). 

seulement.  Ainsi,  si  l'on  met  dans  un  litre  d'eau  un  corps  soluble  en 
gros  morceaux,  ou  bien,  dans  un  autre  litre  d'eau,  ce  même  corps 
solide,  en  pulvérisant  et  en  agitant,  il  arrivera  que,  au  bout  d'un 
quart  d'heure  par  exemple,  ce  dernier  litre  aura  dissous  tout  ce  que 
l'eau  est  susceptible  de  prendre  à  la  température  à  laquelle  on  aura 
opéré,  tandis  qu'il  faudra  peut-être  plusieurs  jours  au  premier  litre 
pour  obtenir  le  même  résultat.  Le  broyage  n'augmente  que  la  vitesse 
de  solubilité,  mais  il  donne  tout  de  suite  le  résultat  qu'on  désire 
atteindre.  C'est  pourquoi  les  analystes  l'emploient  en  chimie.  Nous 
croyons  qu'il  faut  le  prescrire  pour  les  phosphates,  et  alors  disparaî- 
tront les'  difficultés  du  genre  de  celle  discutée  dans  les  lettres  de 
MM.  Toché  et  Vivien. 

XI.  —  Le  fumier  en  balles. 

Le  transport  du  fumier  est  une  des  difficultés  qui  empêchent  son 
emploi  par  les  agriculteurs  éloignés  des  grandes  villes.  M.  Bacquet, 
de  Saint-Quentin,  a  eu  la  pensée  qu'on  pourrait  mettre  le  fumier  en 
balles,  comme  on  fait  pour  les  fourrages,  les  cotons,  les  laines,  etc. 
A  ce  sujet,  il  nous  envoie  la  note  suivante,  que  nous  croyons  utile  de 
publier  : 

«  Le  fumier  de  cheval  est  considéré  comme  le  meilleur  marché  ainsi  que  comme 
le  meilleur  fertilisateur  connu  ;  mais,  par  rapport  à  son  grand  volume,  aux  incon- 
vénients, comme  dépense,  que  nécessite  son  transport,  il  n'est  jusqu'ici  acces- 
sible que  dans  un  rayon  rapproché  des  villes.  Pour  remédier  à  cet  inconvénient, 
le  procédé  du  fumier  en  halles  aide  à  placer  ce  fertilisateur  si  renommé  à  la 
portée  de  îous  les  fermiers  et  horticulteurs,  ainsi  qu'aux  autres  personnes  qui 
emploient  le  fumier  en  une  forme  convenahle  pour  le  transport  à  bon  marché,  et 
la  main-d'œuvre  est  au  même  prix  que  le  fumier  en  tas. 

i  La  méthode  de  préparation  pour  le  transport  est  comme  suit  :  Le  fumier  est 
pris  des  écuries  et  placé  dans  une  boîte,  et  est  pressé  jusqu'au  tiers  de  son 
volume  et  fortement  hé  avec  du  fil  de  fer;  on  en  forme  ainsi  une  hotte  compacte 
d'environ  !50  kilog.;  par  ce  procédé,  toutes  les  propriétés  nécessaires  à  la  terre 
sont  retenues. 

«  M.  Wœlcker,  chimiste  distingué  de  Londres,  a  déterminé  comme  suit  les 
pertes  qu'éprouve  le  fumier  de  ferme  pendant  sa  conservation  ;  un  tas  considé- 
rable de  fumier  neuf  a  été  rangé  sous  un  hangar,  un  tas  pareil  a  été  pendant  le 
même  laps  de  temps  en  plein  air,  une  troisième  partie  a  été  répandue  dans  la 
cour.  Le  tableau  ci-dessoas  indique  les  valeurs  relatives  restantes  après  exposition 
de  douze  mois  : 

Sous    couvert.  Exposé  au  dehors.       Répandu  dans  la  cour. 

Malitres  organiques.  40  pour  100  33  pour  100  21  pour  J&Û 

Azote 90       —  71       —  41       — 

«  Parce  tableau,  il  est  facile  de  voir  que  les  pertes  sont  grandes,  par  suite  de 
la  détérioration  qui  se  produit  à  cause  de  l'exposition  à  i'évaporation  et  à  la  pluie  : 
les  matières  organiques,  après  un  laps  de  temps  d'un  an,  diminuent  de  plus  de  moitié 
sous  un  hangar,  de  deux  tiers  en  tas  à  l'air,  et  de  quatre  cinquièmes,  si  le  premier 
est  répandu  dans  la  cour,  comme  il  est  coutume  de  le  faire  dans  les   campagnes. 

«  Il  est  donc  concluant  que  le  fumier  pressé  en  halles  ne  peut  perdre  aussi  vite 
ses  principes  fertihsants  et  doit  être  préféré  au  meilleur  fumier,  ainsi  que  le  con- 
state le  rapport  de  M.  Wœlcker. 

«  Le  fumier  de  ville  possède  encore  des  quahtés  supérieures  au  fumier  de  cam- 
pagne; en  général,  les  chevaux  sont  nourris  plus  fort  qu'à  la  campagne,  par  con- 
séquent leur  fiente  est  plus  riche  en  matières  fertilisantes.  (Gomme  les  matières 
fécales  des  hôtels  sont  meilleures  pour  la  poudrette,  à  poids  égal,  que  celles  d'une 
partie  des  villes  où  le  peuple  est  moins  bien  nourri  que  dans  les  hôtels.)  Tout  le 
monde  sait  que  la  fermentation  du  fumier  de  cheval  se  fait  de  suite,  surtout  s'il 
est  imprégné  d'urine. 

«  La  décomposition  chimique  est  essentielle  à  cause  de  l'azote  enfermé  dans  le 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (24  JUILLET    188Û).  129 

fumier  frais  et  pour  la  plupart  insoluble  à  l'eau,  d'où  il  lésulte  qu'il  ne  peut  être 
absorbé  par  les  racines  des  plantes. 

«  Après  fermentation,  la  proportion,  de  matières  azotées  solubles  et  matières 
organiques  solubles,  est  beaucoup  plus  grande. 

«  Les  phosphates  et  autres  sels  valables  sont  dans  une  condition  soluble  ainsi 
que  les  silicates. 

«  Tous  Its  fumiers  exposés  à  l'air  par  le  chargement  dans  les  voitures,  cha- 
riots, bateaux,  causent  de  sérieuses  pertes  de  ces  substances  gazeuses  qui  sont 
très  nutritives  aux  plantes, 

«  En  pressant  le  fumier  par  paquets  d'une  grandeur  convenant  à  la  manipula- 
tion, beaucoup  de  perte  et  de  main-d'œuvre  sont  épargnés. 

«  Le  degré  de  presse  auf[uel  le  fumier  est  soumis  ne  force  pas  le  puiin  à  sortir,  à 
moins  que  le  fumier  n'ait  été  exposé  à  la  pluie;  et  quand  même  on  ouvrirait  les 
balles  après  plusieurs  mois  de  presse,  quoiqu'il  y  aurait  un  peu  d'eau  perdue  à 
la  surface,  leur  contenu  ne  sera  pas  trouvé  sec,  ni  dans  une  condition  à  être  em- 
porté par  le  vent,  mais  dans  un  état  humide  et  saturé  de  tous  les  principes  ferti- 
lisants et  de  ses  matières  organiques  dans  un  état  soluble  disposé,  pour  un  emploi 
immédiat,  au  sol. 

«  Quand  la  décomposition  est  arrivée  à  un  certain  degré  d'avancement,  l'odeur  du 
fumier  est  piquante  et  nauséabonde;  par  balles,  il  peut  être  convoyé  par  les  rues 
de  la  ville,  dans  des  bateaux,  etc.,  sans  aucune  exhalaison;  il  est  par  Conséquent 
d'un  transport  facile  parce  qu'il  ne  jette  aucune  odeur;  ce  fait  ne  peut  qu'être 
approuvé  par  les  comités  d'hygiène  ainsi  que  par  le  pubHc. 

«Même  le  fumier  de  ville,  parle  chargement,  diminuera  en  valeur  en  comparaison 
du  fumier  en  balles. 

«  De  plus,  la  fermentation,  si  requise  avant  son  application  au  sol,  marche  lente- 
ment, sans  perte  appréciable  dans  ces  balles. 

a  Voici  les  avantages  du  fumier  en  balles  : 

«  1°  11  est  pressé  à  environ  un  quart  de  son  volume,  ensuite  il  est  entouré  de 
quelques  morceaux  de  bois  et  lié  par  dessus  avec  du  (il  de  fer,  cela  forme  une 
petite  balle  compacte  d'environ  150  kilog.  ;  par  ce  procédé  tous  les  principes  vivi- 
fiants contenus  dans  le  fumier  sonl  retenus. 

«  t"  Ces  balles  peuvent  être  expédiées  par  chemin  de  fer,  bateaux,  sans  augmen- 
tation de  prix  de  transport,  et  dans  les  cales  des  bateaux,  sans  détérioration  des 
bordages. 

a  6°  Le  purin  n'est  pas  extrait  par  la  compression  et  reste  dans  le  fumier. 

«  4°  Les  balles  sont  facilement  divisées  avec  la  fourche. 

«  5"  L'ammoniaque  n'est  pas  perdue  par  la  compression,  ni  entraîné  hors  de  la 
balle. 

«  6°  Après  la  compression,  quatre  tonnes  de  fumier  occupent  seulement  la  place 
d'une  tonne. 

ce  7°  Le  fumier  en  balles  est  facilement  manœuvré,  et  par  conséquent,  vite  char- 
gé et  vite  déchargé. 

«  8"  11  économise  ainsi  des  frais  de  labeur  et  de  main-d'œuvre. 

«  b°  Toutes  les  graines,  germant  dans  les  balles,  sont  par  ce  moyen  dé- 
truites, c'est  pourquoi  le  préfèrent  les  horticulteurs  et  maraîchers. 

«   10°  11  vaut  pour  une  récolte  trois  fois  la  valeur  du  fumier  ordinaire. 

«  Nota.  —  11  faut  plus  d'un  mètre  cube  de  fumier  pour  faire  une  tonne  de  fu- 
mier en  balles.  » 

Toute  tentative  qui  peut  avoir  pour  résultat  de  faire  parvenir  des 
engrais  dans  une  localité  oii  ils  sont  rares,  doit  être  vue  avec 
faveur  par  les  agriculteurs. 

Xll.  —  Nécrologie. 
Nous  avons  le  regret  d'annoncer  la  mort  de  M.  DrocKe,  banquier  à 
Lyon.  Son  nom  est,  depuis  de  longues  années,  connu  et  estimé  des 
agriculteurs.  Il  avait  eu  la  généreuse  pensée  de  consacrer  à  des  encou- 
ragements aux  progrès  agricoles  une  partie  de  la  grande  fortune  qu'il 
avait  acquise  dans  une  vie  de  travail.  Chaque  année,  il  donnait  à  la 
Société  des  agriculteurs  de  France  une  somme  de  10,000  fr.  destinée  à 
récompenser  les  serviteurs  ruraux  les  plus  méritants. 


130  CHRONIQUE  AGRICOLE   (24  JUILLET   1880). 

XIII.  —  Nouvelle  de  l'état  des  recolles. 

Toute  l'attention  des  agriculteurs  se  porte  maintenant  vers  la  mois- 
son. Les  circonstances  sont  d'ailleurs  favorables  à  la  maturation  de 
tous  les  grains. 

Dans  la  note  suivante  qu'il  nous  envoie  de  Bruz,  près  Rennes^,  à  la 
date  du  28  juin,  M.  de  la  Morvonnais  donne  des  détails  sur  la  plu- 
part des  principales  récoltes  : 

a  Les  premières  pluies  avaient  été  favorablement  accueillies  il  y  a  une  quin- 
zaine pour  les  céréales  de  printemps,  les  plantes  sarclées,  les  prairies  hautes,  etc. 
Mais  hélas  !  les  froments  sont  en  fleur  et  la  ijluie  continue,  l'aLmosphère  est 
humide,  le  baromètre  fort  bas,  le  vent  du  sud-ouest,  l'alarme  est  générale.  La 
triste  récolte  de  1879  et  les  pluies  de  juin  et  juillet  de  l'année  passée  sont  dans 
toutes  les  mémoires. 

«  Quelques  froments  sont  déjà  couchés,  le  foin  est  en  péril  sur  quelques 
prairies.  Les  avoines  de  printemps  et  les  orges  sont  belles. 

«  Les  foires  dernières  étaient  sans  acheteurs. 

«  IjC  froment  du  pays  est  à  28  fr.  les  100  kilog.,  le  blé  américain  à  32  fr.  Le 
disponible  n'est  pas  abondant,  et  j'ai  vu  cependant  proposer  un  marché  en  blé 
du  pays  de  la  récolte  prochaine  à  27  fr.  à  livrer.  Les  dernières  gelées  de  mai  ont 
fait  tomber  les  pommes,  le  cidre  est  au  prix  de  45  fr.  la  barrique,  cliiffre  énorme 
pour  la  boisson  usuelle.  « 

M.  de  LentilhaCj  dans  la  note  qu'il  nous  envoie  de  Saint-Jean  d'A- 
taux  (Dordogne),  à  la  date  du  12  juillet,  résume  ainsi  qu'il  suit  la  si- 
tuation agricole  dans  ce  département  : 

(c  La  température  du  mois  de  juin  s'est  élevée  jusqu'à  30",  avec  de  fréquentes 
ondées  qui  ont  admirablement  favorisé  la  végétation  des  plantes,  sauf  celle  des 
prairies  naturelles  qui,  fortement  éprouvées  par  les  gelées  de  l'hiver  n'ont  pu 
réparer  leurs  pertes  ;  ici  le  mal  est  grand,  demi-récolte  tout  au  plus.  Les  premières 
coupes  de  fourrages  artihciels  ont  été  pour  la  même  cause  peu  abondantes  ;  mais 
celles  qui  ont  suivi  ne  laissent  rien  à  désirer,  ce  qui  fait  espérer  qu'il  pourrait  en 
être  de  même  du  regain  de  prairies  naturelles  si  le  temps  est  favorable. 

«  Les  froments  ont  fait  plus  qu'on  ne  pouvait  espérer  et  compensé  par  un 
vigoureux  et  puissant  tallement  les  manques  nombreuses  occasionnées  par  les 
gelées  du  dernier  hiver,  l'épi  est  long,  bien  garni  et  montre  un  peu  partout  les 
premiers  indices  d'une  bonne  maturité.  Les  seigles  coupés  sont  généralement 
lourds  et  promettent  un  bon  rendement.  Les  pommes  de  terres,  maïs,  haricots, 
tabacs,  etc.,  marchent  bien.  Quant  à  la  vigne,  voici  bien  des  années  quelle  n'a^ 
vait  étalé  d'aussi  riches  promesses,  mais  on  remarque  dans  les  plus  vigoureuses'  de 
'nombreux  cas  d'oïdium  et  de  coulure  que  les  dernières  pluies,  suivies  d'assez 
basses  températures,  ont  malencontreusement  favorisés. 

Dans  le  département  de  l'Ariège,  d'après  la  note  que  M.  Léo 
d'Ounous  nous  envoie  de  Saverduii,  à  la  date  du  12  juillet,  on  estime 
que  la  récolte  des  blés  est  excellente  : 

«  Depuis  plus  de  quinze  jours,  les  seigles,  les  méteils,  les  orges  et  les  avoines, 
tombent  sous  la  grande  faux,  et  les  blés  ne  tarderont  pas  de  subir  le  même  sort, 
les  gerbes  sont  nombreuses  et  pesantes.  Un  de  nos  grands  agriculteurs  obtient  de 
7  hectohtres  de  semences,  plus  de  110  comptés  qui  dépasseront  l'hectolitre.  Il  ne 
nous  avait  été  rarement  donné  d'afhrmer  de  pareils  rendements  dans  nos  terres 
argiles  calcaires.  Les  diverses  fermes  gérées  par  le  comité  de  T Orphelinat,  vont 
nous  donner  de  7  à  800  hectolitres  de  Blé  et  suffiront  à  la  consommation  d'un, 
personnel  de  150  personnes.  Hélas!  pourquoi  faut-il  qu'il  n'en  soit  pas  ainsi  pour 
une  trop  grande  partie  de  notre  cher  déparlement  de  l'Ariège.  Un  fort  orage 
mêlé  de  pluie  et  de  grêle  a  frappé  un  «rand  tiers  de  ce  département,  plus  de 
20  communes  ont  été  atteintes.  Une  véritable  tempête  a -cassé  ou  renversé  des 
arbres  centenaires. 

«  Vous  connaissez  les  beaux  travaux  du  Directeur  de  la  ferme-école  de  Royat  oiî 
la  viticulture  tenait  la  plus  grande  place,  et  qui  depuis  bien  des  années  servait  aux 
études  les  plus  avancées.  Le  regretté  Directeur  "avait  du  faire  de  grands  sacrifices  et 


CHRONIOUE   AGRICOLE    ("24  JUILLET    1880).  131 

sa  malheureuse  et  intéressante  veuve  avait  l'espoir  de  combler  le  déficit  en  1880.  Le 
beau  vignoble  de  Royat  a  été  abîmé,  il  ne  reste  ni  un  Iruit  ni  une  feuilie  dans  ce 
splendide  vignoble. 

«  Si  les  blés  nous  donnent  plus  que  de  belles  espérances,  nos  prés  naturels  ou 
artificiels  n'ont  presque  rien  produit.  Ce  serait  presque  de  la  disette,  si  l'on 
n'avait  beaucoup  semé  des  vesces  et  avoines  qui  ont  fourni  une  abondante  récolte. 
De  là  nécessité  de  grands  semis  demaïsfourragers.  Il  n'est  que  temps  de  semer  des 
choux  d'hiver,  des  colzas,  des  moutardes  et  des  navets  qui  donnent  d'abondants 
produits  jusqu'au  printemps. 

«  Jardins  rt  vergers.  —  Le  dernier  rapport  de  l'Orphelinat  de  Saverdin,  nous  a  fai 
connaître  les  succès  obtenus  dans  nos  jardins  potagers,  fruitiers,  et  pépinières. 
Nos  produits  ont  déjà  doublé  et  triplé.  Le  grand  potager  si  dénudé  en  juillet  et 
août,  est  vraiment  splendide  en  ce  moment  :  on  y  récolte  des  cboux  vraiment 
monstrueux,  d'énormes  salades,  et  des  pois  Michaux  à  rames  qui  sont  curieux 
à  voir.  Les  arbres,  fruitiers  cèdent  sous  le  poids  des  fruits.  Une  grande  allée  d'a- 
mandiers en  donnera  plusieurs  hectolitres.  C'est  vraiment  un  travail  que  d'opérer 
la  récolte  de  mon  superbe  prunier  mirobolan.  Nos  habiles  ménagères  ont  utilisé 
leurs  bassines  pour  nous  confectionner  d'excellentes  gelées  de  groseilles,  traises  et 
framboises  ;  à  bientôt  les  compotes  d'abricots  et  de  pêches.  Nous  avons  déjà 
cueilli  et  consommé  les  premières  amandes. 

a  Piaules  sarclées.  —  Ces  cultures  de  natures  diverses  se  présentent  aussi  dans 
les  plus  favorables  conditions,  les  haricots  recouvrent  le  sol  en  entier  et  sont  en 
fleurs;  les  maïs  favorisés  par  des  pluies  peut-être  un  peu  trop  fréquentes,  ont  reçu 
la  dernière  façon,  ainsi  que  les  pommes  de  terre  qui  seront  fort  abondantes  si  la 
maladie  ne  vient  pas  les  atteindre. 

«  Malgré  le  retard  de  la  tloraison  de  la  vigne,  cette  récolte  promet  aussi  de  très 
forts  rendements,  les  fromences  sont  abondantes  et  belles  ;  c'est  d'une  luxuriante 
végétation. 

«  En  somme  et  si  les  céréales  obtiennent  des  prix  de  20k'i2  francs,  nos  colons  et 
nos  fermiers  poi^rront  liquider  leurs  affaires  et  leur  baux  à  ferme,  et  le  proprié- 
taire pourra  effectuer  les  travaux  nécessaires  aux  progrès  agricoles.  » 

Sur  une  partie  des  cantons  du  littoral  de  l'Océan,  depuis  l'embou- 
chure de  la  Seine  jusqu'au  nord  de  la  France,  on  a  signalé,  dans  les 
derniers  jours,  quelques  violents  orages  de  grêle  qui  ont  amené  des 
pertes  sérieuses;  m-iis  ces  désastres  sont  locaux,  et  les  résultats  qu'ils 
entraînent  ne  peuvent  influer  sur  l'ensemble  de  la  situation. 

J.-A.  Bakral. 

SOCIÉTÉ  NATIONALE  D'AGRICULTURE, 

Séance  du  15  juillet  1880.  —  Présidence  de  M.  ChevreuL 

M.  le  ministre  de  l'agriculture  envoie  l'ampliation  de  deux  décrels 
approuvant  l'élection  de  M.  Fernand-Raoul  Duval  comme  membre 
titulaire  dans  la  Section  de  mécanique  agricole  et  des  irrigations,  et 
de  M.  d'Esterno  comme  membre  associé  dans  la  Section  d'économie, 
de  statistique  et  de  législation. 

M.  le  secrétaire  perpétuel  rend  compte  des  obsèques  de  M.  Victor 
Borie  et  donne  lecture  du  discours  qu'il  a  prononcé  sur  sa  tombe,  au 
nom  de  la  Société. 

M.  Richier,  président  de  la  Société  d'agriculture  de  la  Gironde, 
envoie  un  exemplaire  de  la  géographie  du  phylloxéra  dans  ce  départe- 
ment, qui  a  été  récemment  dressée  par  M.  Froidefond  sous  le  patro- 
nage de  la  Société. 

M.  G.  Cantoni  envoie  une  note  sur  des  observations  relatives  à  un 
blé  improductif,  et  sur  les  causes  de  ce  phénomène. 

M.  le  baron  d'Arlot  de  Saint-Saud  écrit  pour  poser  sa  candidature 
à  une  place  de  correspondant. 

MM.  Célarié,  Lacour,  de  Longuemar,  Ponsard,  Sarrau Site  de  Men- 


13  2  SOCIÉTÉ    NATIONALE    D'AGRICULTURE  [DE  FRANCE. 

thière  envoieat  leurs  i'é.pon?es  à  l'enquête  ouverte  devant  la  Société  sur 
les  dommai^es  causés  par  l'hiver. 

M.  le  prince  ïorlonia  annonce  l'envoi  d'un  exemplaire  du  précis 
historique  et  technique  du  dessèchement  du  lac  Fucino. 

M.  Gatellier  envoie  les  instructions  qu'il  a  rédigées,  au  nom  de  la 
Société  d'agriculture  de  Meaux,  pour  éviter  la  fraude  dans  le  commerce 
des  engrais.  Cette  note  a  été  analysée  dans  un  précédent  numéro  du 
Journal. 

M.  Chevreul  exprime,  aux  applaudissements  unanimes,  la  vive  satis- 
faction que  la  Société  éprouve  de  la  haute  distinction  conférée,  par 
l'initiative  du  ministre  de  l'agriculture,  à  deux  de  ses  membres, 
M.  Barrai  et  M.  Marie,  qui  viennent  d'être  nommés  commandeurs  de 
la  Légion  d'honneur. 

M.  Barrai  analyse  un  rapport  de  M.  Bussy  au  Comité  consultatif 
d'hygiène  sur  les  procédés  de  M.  Lecourt  et  de  M.  Guillemare  pour  le 
verdissage  des  conserves  alimentaires  au  moyen  de  la  chlorophyle.  A 
cette  occasion,  MM.  Pasteur,  Bouley  et  Barrai  présentent  des  observa- 
tions sur  les  dangers  de  l'emploi  des  sels  de  cuivre  pour  verdir  les 
conserves  alimentaires. 

31.  Pasteur  fait  une  communication  relative  à  ses  dernière  recherches 
sur  les  causes  de  la  propagation  de  la  maladie  charbonneuse.  Il  a 
reconnu  que  les  vers  de  terre  sont  les  agents  qui  font  remonter  à  la 
surface  du  sol  les  germes  des  bactéridies,  provenant  des  animaux 
morts  du  charbon,  enfouis  dans  les  champs.  Il  arrive  à  cette  conclusion 
qu'il  faut  se  garder  d'enfouir  ces  cadavres  dans  les  champs  mis  en 
culture  ou  dans  les  pâtures  ;  il  pense  que,  en  prenant  cette  précaution, 
on  peut  arriver  à  atténuer  rapidement  l'infection  charbonneuse. 

M.  Boulay  présente,  de  la  part  de  M.  Toussaint,  professeur  à  l'Ecole 
vétérinaire  de  Toulouse,  une  note  sur  l'innocuité  pour  le  charbon 
acquise  à  la  suite  d'inoculations  préventives.  Il  fait  ressortir  l'impor- 
tance des  recherches  de  M.  Toussaint  et  le  profit  que  les  agriculteurs 
pourraient  retirer  de  l'application  de  leurs  résultats. 

Séance  du  21  juillet  1830.  —  Présidence  de  M.  Chevreid. 

MM.  de  Vanteaux,  Detourbet,  Boudy,  Stoecklin,  Fauchet,  envoient 
leurs  réponses  à  l'enquête  ouverte  devant  la  Société  sur  les  dégâts 
causés  par  l'hiver  aux  produits  agricoles  et  aux  récoltes.  Renvoi  à 
la  Commission  spéciale. 

M.  Ott  envoie  une  étude  qu'il  vient  de  publier  sur  la  colonisation 
de  l'Algérie  et  une  brochure  sur  la  culture  de  la  vigne  dans  notre  co- 
lonie africaine.  —  La  Société  reçoit  aussi  un  exemplaire  du  Guide 
pratique  du  cultivateur  algérien,  par  M.  Briez,  ancien  secrétaire  du 
Comice  d'Alger. 

M.  Kersanté  transmet  uns  brochure  qu'il  vient  de  publier  sur  la 
liberté  commerciale  au  point  de  vue  agricole. 

M.  Magne  donne  lecture  d'un  Mémoire  dans  lequel  il  décrit  un 
grand  nombre  d'observations  relatives  à  l'influence  des  sexes  sur  le 
produit  de  la  conception  dans  les  animaux  domestiques.  Après  plu- 
sieurs observations  sur  l'hérédité  et  l'atavisme  présentées  par  MM.  Clavé, 
Pluchet,  de  Tillancourt,  Chevreul,  Blanchard  et  de  Quatrefages,  la 
Société  ajourne  la  discussion  sur  celte  importante  question. 

Henry  Sagnier. 


DISCOURS  PRONOi\(:t:  AUX  OBSEQUES   DE   M.  NADAULT  Dli  BUFFON      133 

DISCOURS  PRONONCE  AUX  OBSÈQUES 

DE  M.   NADAULT  DE   BUFFON,   LE   21  JUIN   liiSO. 

Messieurs^  je  ne  comptais  pas  prendre  la  parole  dans  cette  irist  • 
cérémonie;  mais  l'absence  de  l'ingénieur  éminent  auqnel  revenait  le 
douloureux  honneur  de  rappeler  ici  les  services  rendus  à  l'Ecole  des 
ponts  et  chaussées  par  M.  Nadault  de  Bulïon,  m'oblige  à  venir,  au  nom 
de  ses  élèves,  rendre  un  dernier  hommage  au  savant  laborieux  et 
modeste,  au  maître  dévoué  dont  nous  déplorons  la  perte.  Je  dois  aussi 
dire  adieu  à  M.  iNadault  de  Buffoii  au  nom  de  ses  confrères  de  la  So- 
ciété nationale  d'agriculture,  au  nom  de  tous  ceux  qui  s'occupent 
d'hydraulique  agricole. 

Benjamin  Nadault  de  Buffon  est  né  à  Montbard  (Côte-d'Or),  le  2  fé- 
vrier 1804.  Il  entra  en  novembre  1823  à  l'Ecole  polytechnique,  et, 
cinq  ans  plus  tard,  en  sortant  de  l'Ecole  des  ponts  et  chaussées,  il 
fut  appelé  au  service  de  l'arrondissement  de  Chaumont  (Haute-Marne), 
dont  il  conserva  la  direction  pendant  plusieurs  années. 

En  1829,  M.  Nadault  de  Buffon  publia  la  première  édition  d'un 
ouvrage  intitulé  :  Considérations  sur  les  voies  de  communication  inté- 
rieures, dont  une  seconde  édition  parut  en  183G.  Son  grand  et  impor- 
tant Traité  des  usines  sur  les  cours  dcau,  qui  maintenant  encore  fait 
autorité  en  ces  matières  difficiles,  fut  publié  pendant  les  années  1840 
et  1841. 

Le  succès  considérable  et  si  bien  mérité  de  ces  deux  ouvrages  attira 
l'attention  du  ministre  sur  le  jeune  ingénieur,  et  M.  Nadault  de  Buffon 
fut  nommé  chef  de  la  division  des  usines  et  dessèchements  le  16  août 
1842.  Beaucoup  de  personnes  se  rappellent  encore  la  bienveillence  et 
l'esprit  de  conciliation  que  M.  Nadault  de  Buffon  apportait  dans 
l'exercice  de  ces  fonctions  délicates.  11  ne  tarda  pas  à  obtenir  le  grade 
d'ingénieur  en  chef  de  seconde  classe  (l"raai  1843\  Il  fut  élevé  à  la 
1""  classe  le  8  avril  1851,  et  reçut  le  16  août  18G2  la  croix  d'officier 
de  la  Légion  d'honneur. 

M.  Nadault  de  Buffon  faisait  partie,  depuis  1849,  de  la  Société  na- 
tionale d'agriculture  de  France,  dont  il  était  un  des  plus  anciens  titu- 
laires. Tous  ses  confrères  savent  combien  était  grande  son  autorité 
dans  les  questions  qui  faisaient  l'objet  habituel  de  ses  études  et  com- 
prennent la  grandeur  de  la  perte  que  nous  faisons  aujourd'hui. 

L'auteur  du  Traiié  des  usines  sur  les  cours  d'eau  ne  pouvait  pas  s'oc- 
cuper, comme  chef  de  division,  de  travaux  de  dessèchement,  sans 
deviner  l'importance  alors  si  peu  connue,  des  irrigations  pour  la  ri- 
chesse agricole  de  la  France.  M.  Nadault  de  Buffon  visita  l'Italie  et 
publia,  en  1843  et  1844,  son  grand  ouvrage,  en  trois  volumes  et  un 
Atlas,  sur  les  canaux  d'arrosage  de  tltolie  septentrionale.  Cette  pre- 
mière édition  était  épuisée  depuis  bien  longtemps,  lorsque  la  deuxième 
édition  fut  imprimée  en  1861. 

Cet  important  ouvrage  fut,  en  quelque  sorte,  une  révélation  pour  les 
ingénieurs,  et  même  pour  beaucoup  d'agronomes.  Il  fit  connaître  de 
la  manière  la  plus  honorable  le  nom  de  son  auteur  aux  hommes  in- 
struits de  l'Europe  entière.  A  dater  de  cette  époque,  la  vocation  de 
M.  Nadault  de  Buffon  était  invariablement  fixée  :  jusqu'à  la  fin  de  sa 
vie,  il  n'a  pas  cessé  de  concourir,  par  sa  parole  et  par  ses  écrits,  aux 
progrès  de  l'art  des  irrigations. 


134      DISCOURS  PRONONCÉ  AUX  OBSEQUES  DE  M.  XADAULT  DE  BUFFON. 

En  1842,  M.  Nadault  de  Buffon  inaugura  à  l'Ecole  des  ponts  et 
chaussées,  sous  le  titre  modeste  de  Conférences,  l'enseiunement  de 
l'irri^i^ation.  En  1851,  il  fut  nommé  professeur  d'hydraulique  agricole, 
et  publia  son  Couis  d'agriculture  et  df hydraulique  agricole  en  quatre 
volumes,  1853-1856. 

Cette  aride  énumération  des  travaux  et  de  quelques-uns  des  princi- 
paux ouvrages  de  M.   Nadault  de   Buffon    ne    ferait   pas   connaître  ' 
l'œuvre  considérable  de  l'homme  que  nous  pleurons,  si  je  n'ajoutais 
quelques  mots  encore. 

Ce  n'est  point  assurément  ici  le  lieu  d'analyser  et  de  louer,  en 
détail,  chacune  des  œuvres  de  M.  Nadault  de  Butîon,  mais  on  ne  peut 
s'empêcher  de  remarquer  que  toutes  ses  publications,  depuis  ses 
grands  ouvrages  jusqu  à  ses  moindres  notes  sur  les  eaux  de  Thiais, 
présentent  un  caractère  spécial  qui  les  distingue  de  celles  de  ses 
devanciers.  Chaque  écrit  de  M  Nadault  de  Buffon  est  à  la  fois  tech- 
nique et  administratif;  il  intéresse  également  le  savant,  l'ingénieur, 
l'administrateur,  le  jurisconsulte  et  l'homme  du  monde  lui-même, 
pourvu  qu'il  soit  instruit  et  doué  d'un  esprit  réfléchi. 

L'enseignement  de  M.  Nadault  de  Buffon  présentait  le  même  carac- 
tère, et  l'on  peut  dire,  ce  qui  est  le  plus  grand  éloge  d'un  professeur 
ou  d'un  écrivain,  que  sa  méthode  a  véritablement  fait  école. 

J'ai  suivi  la  première  année  des  cours  de  M.  Nadault  de  Buffon,  et, 
en  me  reportant  à  cette  époque  éloignée,  je  reste  convaincu  que  ces 
leçons  et  la  lecture  des  ouvrages  de  M.  de  Gasparin  ont  eu  la  plus 
grande  influence  sur  le  choix  de  la  carrière  que  j'ai  suivie.  J'ai  dû 
aux  encouragements  et  à  la  bienveillance  de  M.  Nadault  de  Buffon  de 
devenir  son  adjoint  à  l'Ecole  des  ponts  et  chaussées;  je  conserverai 
toujours  pour  la  mémoire  de  mon  ancien  maître  le  plus  profond  res- 
pect et  la  plus  vive  reconnaissance. 

En  1867,  M.  Nadault  de  Buffon  dut  renoncer,  par  limite  d'âge,  à 
ses  fonctions  actives  ;  mais  bien  loin  de  prendre  un  repos  légitime- 
ment acquis,  il  se  livra  avec  plus  d'ardeur  que  jamais  à  ses  études 
sur  les  irrigations.  Il  a  publié  depuis  cette  époque  un  grand  nombre 
de  mémoires,  qu'il  serait  trop  long  de  citer,  et  un  travail  important 
sur  les  colmatages. 

Appelé  par  décret  de  M.  le  président  de  la  République,  en  date  du 
5  septembre  1878,  à  faire  partie  de  la  Commission  supérieure  pour 
l'aménagement  et  l'utilisation  des  eaux,  M.  Nadault  de  Buffon  apporta 
dans  ses  nouvelles  fonctions,  malgré  son  âge  avancé,  une  ardeur 
au  travail  et  une  érudition  dont  aucun  des  membres  de  la  Commission 
n'a  perdu  le  souvenir. 

Entièrement  absorbé  par  ses  études  et  son  travail  incessant,  M.  Na- 
dault de  Buffon  était  peu  soucieux  de  ses  intérêts  personnels.  Ses  amis, 
au  milieu  des  petites  préoccupations  de  la  vie  de  chaque  jour,  regret- 
taient quelquefois  cet  oubli  des  soins  à  donner  à  sa  fortune.  Mais  en 
présence  de  ce  grand  spectacle  de  la  mort,  cet  oubli  des  petites  choses 
nous  apparaît  aujourd'hui  comme  un  témoignage  magnifique  de  cet 
amour  du  travail,  de  ce  dévouement  sans  bornes  au  progrès  agricole 
qui  ont  fait  la  force  de  M.  Nadault  de  Buffon,  et  qui  ont  rempli  sa  vie 
tout  entière. 

Entouré  de  livres  qu'il  ne  cessait  d'annoter,  M.  Nadault  de  Buffon 
travaillait  encore  avec  nous,  il  y  a  moins  de  douze  jours,   dans  une 


DISCOURS  PRONONCÉ   AUX   OBSÈQUES  DE  M.  NADAULT   DE  BUFFOX.      135 

des  salles  de  la  Société  nationale  d'agriculture.  Sa  forte  constitution 
n'a  cédé  qu'à  l'étreinte  suprême  de  la  mort,  et  lui  a  laissé  ce  rare 
bonheur  de  travailler  et  d'apprendre  sans  cesse  jusqu'à  son  dernier 
jour. 

La  vie  de  M.  Nadault  de  Buffon,  si  bien  remplie  par  le  travail,  si 
désintéressée,  si  dévouée  et  si  utile  aux.  progrès  des  travaux,  publics 
agricoles,  restera  pour  tous  un  exemple  précieux,  un  souvenir  sacré 
dans  notre  mémoire  et  dans  notre  cœur.  Hervé  jMangom, 

membre  de  l'Académie  des  sciences 
et   de   la    Socétf;    nationale    d'agriculture. 

LES  GRANDES  FAMILLES  DE  LA  RAGE  DURHAM- 

SANG  BATES.  —  LES  WILD-EYES  ET  LES  FOGGATHORPE. 

Les  deux  familles,  dont  je  vais  maintenant  raconter  l'histoire, 
complètent  la  série  des  six  tribus  que  possédait  Bâtes  dans  son  trou- 
peau au  moment  de  sa  mort,  et  à  la  vente  qui  eut  lieu  un  an  après, 
en  1850. 

La  famille  des  Wild-Eyes  et  celle  des  Focrgathorpe  ne  sont  point 
originaires  de  Kirklevington.  Elles  existaient  et  existent  encore  en  de- 
hors de  Félevage  de  M.  Bâtes.  Ce  qui  fait  leur  mérite  particulier,  et 
ce  qui  explique  la  faveur  dont  elles  jouissent  parmi  les  éleveurs  de 
durhams,  c  est  que,  à  quelque  branche  que  ces  familles  appartiennent, 
elles  conservent  le  môme  caractère  dislinctif  et  les  mêmes  qualités.  Il 
se  peut  que  le  prestige  du  nom  de  Bâtes  fasse  rejaillir  un  certain  éclat 
sur  la  branche  de  Kirklevington;  mais  le  critique  le  plus  sévère,  le 
connaisseur  le  plus  clairvoyant  ne  peut  guère  distinguer  qu'une  diffé- 
rence légère  entre  les  descendants  de  ces  familles.  Ce  fait  est 
d'autant  plus  remarquable,  aujourd  hui,  que  leur  dispersion  par  les 
ventes  successives  en  ont  mélangé  les  divers  éléments  entre  eux, 
par  une  intermixtion  du  sang  des  reproducteurs  mâles,  d'après  un 
système  plus  ou  moins  in  and  in. 

La  tribu  des  Wild-Eyes  est  originaire  des  environs  de  Middlesbo- 
rough.  Ce  pays,  aujourd'hui  couvert  d'usines  métallurgiques,  noirci 
par  la  fumée  de  nombreux  hauts-fourneaux,  et  peuplé  d'une  véri- 
table armée  de  travailleurs,  était,  en  1831,  époque  où  le  troupeau  de 
M.  Par.rington  fut  dispersé,  un  des  plus  verts,  un  des  plus  riants 
paysages  de  l'Angleterre.  C'était  un  pays  couvert  de  frais  pâturages, 
où  se  prélassaient  dans  une  quiétude  absolue  de  magnifiques  troupeaux 
de  durhams,  dans  lesquels  les  éleveurs  d'alors  aimaient  à  venir  puiser 
les  éléments  améliorateurs  dont  ils  avaient  besoin.  Le  troupeau  de 
M.  Parrington  remontait,  comme  origine,  à  celui  de  sir  James  Pen- 
nyman,  l'un  des  premiers  fondateurs  de  la  race  et  antérieur  aux  frères 
Colling.  C'est,  du  reste,  de  cet  ancien  troupeau  que  naquit  la  célèbre 
ancêtre  de  la  vache  Wildair  de  Robert  Colling,  laquelle  produisit  plu- 
sieurs taureaux  d'un  grand  mérite,  et  à  laquelle  remonte  la  généalogie 
de  toute  la  tribu  des  Flowers  de  M.  William  Torr. 

C'est  à  la  vente  de  M.  Parrington,  en  1831,  que  Bâtes  fit  l'acquisi- 
tion de  sa  génisse  Wildair,  dont  il  modifia  le  nom  et  un  peu  le  pedi- 
gree, en  la  nommant  Wild  Eijes,  et  en  omettant  le  nom  de  sir  James 
Pennyman,  comme  l'un  des  premiers  éleveurs  de  cette  famille,  et 
en  y  substituant  :  par  Mowbrays  bull  (2342),  par  Maslermans  bull 
(422),  et  finalement  le  troupeau  de  Dohison. 

Ce  troupeau  de  Dobison,  selon  la  tradition  la  plus  accréditée,  était 


136  LES  GRANDES  FAMILLES  DE   LA  RAGE  DURHAM. 

originaire  de  la  Hollande.  On  assure  même  que  le  grand-père  de  Bâtes 
acheta  quelques  animaux  de  ce  troupeau  en  17130,  et  que  jusqu'en 
1 800  les  descendants  de  ces  animaux  étaient  encore  tenus  en  haute 
estime  dans  la  famille  des  Bâtes;  un  écrivain  dans  \-à  Gazelle  d'Agri- 
cullure  de  Londres,  sous  la  signature  de  Pnpil  Teacher,  et  dont  les 
articles  m'ont  fourni  de  précieux  renseignements,  avance  l'hypothèse 
que  c'est  par  cette  prédilection  de  famille  que  Bâtes  fut  influencé, 
lorsqu'il  modifia  ainsi  la  généalogie  des  Wild  Eyes  aussitôt  après 
l'arrivée  de  Wildair  à  Kirklevington. 

Une  autre  branche  de  cette  famille  fut  fondée  par  M.  White,  de 
Manor  House,  Bedale,  avec  la  propre  mère  de  Wildair.  Cette  famille, 
sous  le  nom  de  Rose,  acquit  aussi  une  grande  célébrité. 

La  génisse  Wildair  eut  une  nombreuse  postérité.  A  la  vente  de 
Bâtes,  en  1850,  le  troupeau  de  Kirklevington  ne  comptait  pas  moins 
de  dix-huit  vaches  et  génisses  et  sept  taureaux  de  cette  famille  sous 
le  nouveau  nom  de  ff^ild  Eyes.  Parmi  ces  animaux,  deux  vaches  sur- 
tout furent  remarquées  pour  leur  mérite  extraordinaire.  (Tétait  Wild 
Eyes  22-  et  surtout  Wild  Eyes  23".  Ce  qu'il  y  a  de  remarquable,  c'est 
que  ces  deux  vaches,  incomparablement  supérieures  aux  autres  de  la 
même  tribu,  étaient  filles,  petites-filles  ej,  arrière-petites-filles  de 
taureaux  Duchesses.  Wild  Eyes  23"  était,  en  efi^et,  par  Clevcland  ;  Lad  sa 
mère,  Wild  Eyes  9%  était  fille  du  Duc  de  Norlkumùerla'id,  taureaux  qui 
remontaient  directement  à  la  vache  Princess  de  Robert  Colling.  Ces 
deux  ff^ild  Eyes  avaient  donc  hérité  du  côté  de  leurs  ascendants  mâles 
une  dose  considérable  de  sang  Princess;  et  on  peut  conclure  de 
cette  parenté  que  leur  mérite  transcendant  n'avait  point  d'autre 
cause.  Du  reste,  en  examinant  cette  histoire  des  six  tribus  du  trou- 
peau de  Bâtes,  on  ne  peut  s'empêcher  d'être  frappé  de  cette  influence 
améliorante  exercée  par  le  sang  de  Princess  dans  la  formation  et  le 
développement  de  la  famille  des  Duchess  et  de  celles  des  Red  Rose,  des 
Oxford  et  des  Wild  Eyes.  Bâtes,  mu  par  un  sentiment  d'orgueil  et 
peut-être  même  de  jalousie,  ne  voulut  jamais  admettre  cette  influence, 
désirant  accaparer  pour  lui  seul  tout  le  mérite  de  ses  créations;  mais 
les  faits  révélés  par  les  généalogies,  sont  là  qui  rétablissent  la  vérité 
et  confondent  ses  insoutenables  prétentions. 

A  la  vente  de  Bâtes,  fFild  Eyes  23'  fut  achetée  par  M.  A.  May- 
nard.  Cette  vache  était  alors  pleine  par  Duke  of  York  3^  Elle  mit  bas 
une  génisse  à  laquelle  son  éleveur  donna  le  nom  de  Bright  Eyes,  la- 
quelle saillie  par  Duke  of  Riclimond,  produisit  Red  Eyes  qui  devint  la 
souche  de  la  branche  des  ff^ild  Eyes  du  troupeau  de  Kingscote,  bran- 
che si  remarquable  par  les  animaux  exceptionnels  qui  en  continuè- 
rent la  succession.  Brighl  Eyes  produisit  encore  White  Eyes  par  Lord 
Georges,  mais  cette  branche  est  aujourd'hui  éteinte.  Elle  produisit 
ensuite  une  autre  génisse  nommée  Bright  Slar,  par  Red  Duke.  C'est  à 
cette  vache  que  remonte  la  souche  de  la  tribu  des  Lady  Woraster,  une 
des  familles  les  plus  parfaites  de  la  race  Durham.  Bright  Eyes  produi- 
sit encore  Beauty  par  Crusade,  à  laquelle  remonte  cette  autre  famille 
célèbre  des  IVinsome,  dont  les  représentants  directs  sont  toujours 
recherchés  dans  les  ventes,  et  y  réalisent  des  prix  très  élevés. 

Ainsi,  presque  tous  les  tVild  Eyes  d'aujourd'hui,  sous  quelques 
noms  qu'ils  soient  connus  :  fVild  Eyes,  JVinsome,  Lady  fVorcesler, 
Roguish  Eyes,   etc.,   etc.,   remontent  à  fP'ild  Eyes  23^   achetée  à  la 


LES  GRANDES  FAMILLES  DE  LA  RACE  DURHAM.  137 

vente  de  Bâtes  par  M.  A/Maynard,  qui,  au  moyen  des  excellents 
taureaux  dont  il  se  servait  dans  son  troupeau,  n'a  pas  peu  contribué, 
même  après  Bâtes,  à  fixer  dans  tous  les  descendants  de  cette  vache 
célèbre,  les  plus  précieuses  qualités.  Ce  qui  distingue  surtout  les  ani- 
maux de  ces  familles,  c'est  le  développement  extraordinaire  du  quar- 
tier de  derrière.  D'ailleurs  on  peut  considérer  la  famille  des  JVild 
Eyes,  surtout  ceux  qui  remontent  à  ff^ild  Eyes  23%  comme  une  des  plus 
belles  de  la  raceDurham. 

Tout  en  reconnaissant  le  mérite  exceptionnel  des  descendants  de 
fFikl  Eyes  23%  il  existe  d'autres  branches  de  la  famille  dont  le  mérite 
n'est  pas  moins  bien  reconnu.  fFild  Eyes  \  5*  produisit  Balco,  l'un  des 
taureaux  les  plus  célèbres  de  sang  Bâtes,  et  le  principal  fondateur  du 
troupeau  d'Athelstaneford,  et  père  des  plus  beaux  spécimens  de  ce 
troupeau,  hélas  1  aujourd'hui  dispersé  après  la  mort  de  M.  Douglas. 
C'est  aussi  à  fFild  Eyes  27®  que  remontent  les  représentants  de  cette 
famille,  élevés  par  lord  Fitzhardinge,  et  parmi  lesquels  on  a  tant  ad- 
miré la  génisse  exposée  par  cet  illustre  éleveur  au  concours  de  Kil- 
burn  où  elle  remporta  le  1"  prix,  et  qu'on  regardait  à  juste  titre 
comme  la  plus  belle  génisse  da  concours.  Néanmoins,  je  conseillerais 
à  ceux  de  mes  lecteurs  qui  désireraient  orner  leurs  troupeaux  d'un 
représentant  de  la  tribu  des  fVild  Eyes,  de  choisir  de  préférence  parmi 
ceux  dont  la  généalogie  remonte  à  fFild  Eyes  23^ 

Voici  la  généalogie  de  fFinsome  Beauty,  remontant  à  Beauty,  par 
Crvsade  (7938),  dont  j'ai  parlé  plus  haut.  Cette  généalogie  est  celle 
de  la  branche  de  ff^ild  Eyes  23". 

Winsome  Beauty,  blanche,  née  le  29  mai  1876,  chez  lord  Skelmersdale. 
Son  père  4''  Baron  Oxford  (25580). 
Sa  mère  Bright  Eyes  5%  par  6=  Grand  Duke  (19876). 
Sa  giand'mère  Bonny,  par  Oxford  Duke  (15036). 
Sa    2"  ^rand'mère  Beauty,  par  Crusade  (7988). 
Sa    '6'  grand'mère  Bright  Eyes,  par  3"  Duke  of  York  (10166). 
Sa    4'  grand'mère  Wild  Eyes  23%  par  2»  Cleveland  Lad  (3408). 
Sa    h"  grand'mère  Wild  Eyes  9%  par  Duke  of  Northumberland  (1940). 
Sa    6"  grand'mère  "Wild  Eyes  3%  par  Belvédère  (1706). 
Sa     7«  grand'mère  "Wild  Eyes,  par  Emperor  (1975). 
Sa     .S"  grand'uaère  —  par  "Wonfierfull  (700). 

Sa    9"  grand'mère  —  par  Cleveland  (145). 

Sa  10=  grand'mère  —  par  Butterfly  (104). 

Sa  11^  grand'mère  —  par  Bolton's  Bull  (313). 

Sa  12=  grand'mère  —  par  Mowbray's  Bull  (2342). 

Sa  13"  gran  ','mère  —  par  Masteman's  Bull  (422). 

Sa  14=  grand'mère,  descendue  du  troupeau  de  M.  Dobison. 

GÉNÉALOGIE  DE  LA.  BRANCHE  DE  WILD  EYES  Ih*. 

"Wild  Eyes  Duke  (36007),  blanc,  né  le  18  août  1872,  chez  sir  Wilfrid  Samson. 
Son  père  3°  Duke  of  Claro  (23729). 
Sa  mère  "Wild  Eyes  30%  par  7«  Duke  of  York  (17754). 
Sa  grand'mère  "Wild  Eyes  24',  par  4"  Duke  of  Oxford  (1138). 
Sa  2'  grand'mère  Wild  Eyes  'Ir,  par  Wild  Duke  (19148). 
Sa  3»  grand'mère  Wild  Eyes  20%  par  Lord  Barrington  1"  (13170). 
Sa  4"  grand'mère  Wild  Kyes  16%  par  T  Duke  of  Oxford  (9046). 
Sa  5'  grand'mère  Wild  Eyes  15%  par  4°  Duke  of  Northumberland  (3649). 
Sa  6"  grand'mère  Wild  Kyes  8%  par  Duke  of  Northumberland  (1940). 
Sa  7'  grand'mère  Wild  Eyes  9%  par  Belvédère  (1706). 
Sa  8"  grand'mère  Wild  Eyes,  par  Emperor  (1975)  etc.,  comme  ci-dessus. 

LES  FOGGATHORPE. 

La  famille  des  Foggathorpe  n'est  point  originaire  de  Kirklevington. 
M.  Bâtes  acheta  sa  première  vache  de  cette  tribu  à  M.  Edwards,  de 
Market  Rasen,  elle  était  alors  âgée  de  dix  ans.  Cette  vache  Fogga- 
thorpe était  par  Malboroug  (1 189).  C'est  à  l'étable  de  Robert  Colling 
que  cette  famille  doit  son  origine,  et  elle  fut  évidemment  du  même 


138  LES  GRANDES  FAMILLPJS  DE   LA   RACE  DURHAAI. 

sang  que  Princess,  ou  au  moins  son  allianice  avec  cette  illustre  famille 
est  aussi  rapprochée  que  possible,  sinon  identique.  En  eiïet,  Fogga- 
thorpc  par  MaiboroïKjh  était  fille  de  Rnschud  par  Ebor  (997),  petite- 
fille  de  Tidii)  par  Rcgcnt  (546)  et  arrière-petite-Ûlle  de  Primrose  par 
North  Star  (459)  et  remonte  jusqu'au  taureau  blanc  de  Robert  Col- 
ling  (151),  et  l'extrême  jorigine  de  la  famille  remonte  à  une  vache 
élevée  par  cet  éminent  éleveur. 

Avant  de  passer  dans  Tétable  de  M.  Bâtes,  Foggathorpe  avait  pro- 
duit plusieurs  veaux  par  des  taureaux  d'un  autre  sang  que  celui  de 
Kirklevington.  La  renommée  de  ces  produits,  tous  remarquables,  prouve 
que,  en  dehors  même  de  l'influence  du  sang  Bâtes,  la  famille  Fogga- 
thorpe  possédait  un  mérite  exceptionnel  qui  se  reproduisait  dans  les 
produits.  Je  suis  assez  vieux  pour  me  rappeler  une  fille  de  Foggathorpe 
née  chez  M.  Edwards,  Jamima  par  Benjamui,  ainsi  que  d'autres  rejetons 
qui  ont  brillé  parmi  les  meilleurs  animaux  de  l'étable  de  M.  Kobinson 
de  Clifton  Pasliires,  parmi  lesquels  on  peut  citer  Bridsli  Beauty  par 
le  taureau  Booth  British  Prince.  C'est  dans  cette  famille  de  Jamima 
par  Benjamin,  que  le  colonel  Towneley  puisa  les  meilleurs  éléments 
de  son  second  troupeau.  Ce  sont  encore  les  filles  de  British  Beaunj  que, 
soua  le  nom  de  Baron  Oxford  benuties,  les  Américains  achetaient 
pour  en  doter  leur  pays,  après  avoir  acquis  l'éclat  des  plus  hautes 
récompenses  dans  les  concours  de  la  Société  royale  de  l'Angleterre. 
Dans  leur  nouvelle  patrie  ces  magnifiques  génisses  ont  fait  une  souche 
aussi  parfaite  que  prolifique,  et  aujourd'hui  cette  famille  jouit  d'une 
très  haute  estime  auprès  des  éleveurs  américains. 

Parmi  les  produits  de  la  vache  Foggathorpe,   il  faut  aussi   noter 
Golden  Drop  par  Gawthorpe  (2049).  Cette  génisse  fut  achetée  à  M.  Ed- 
wards par  M.  W.  Smith,  de  Market  Rasen,   et  fonda  l'origine  d'une 
famille  collatérale  des  plus  célèbres  et  des  plus  estimées  de  l'étable  de 
cet  éminent  éleveur.  M.  William  Torr  fit  entrer  un  des  rejetons  de 
Golden  Drop  dans  son  troupeau  d'Aylesby  Manor,  et  on  retrouve  cette 
famille  dans  la  célèbre  vente  qui  eut  lieu  après  la  mort  de  M.  Torr. 
Foggathorpe  donna  aussi  le  jour  à  une  autre  génisse  du  même  nom 
de  Golden  Drop  par  Prince  George  (5024).  Cette  vache  était  superbe, 
d'un  grand  et  majestueux  développement,  avec  un  air  de  grande  no- 
blesse et  des  qualités  laitières  transcendantes.  Sa  renommée  est  deve- 
nue légendaire  dans  le  comté  du  Yorkshire,   dont  les  concours  ont 
souvent  retenti   de  l'éclat  de  ses  victoires.   H  y  a  trente-cinq   ans, 
raconte  le  rédacteur  de  la  gazette  d'agriculture  déjà  cité,  M.  Wetherell, 
en  recommandant  dans  une  vente   les  mérites    des  Golden  Drop  par 
Prince    George,    s'écriait  :  Messieurs,  voici  un    animal    d'un  mérite 
transcendant.  11  existe  peut-être  de  meilleures  vaches,  et  d'une  nais»- 
sance  plus  illustre,  mais  je  dois  déclarer  que  je  ne  les  ai  jamais  vues. 
Et  certes,  comme  le  remarque  Pupil  Teadier^  M.  Wetherell  connais- 
sait bien  tout  ce  qu'il  y  avait  de  meilleur  dans  la  race  Durham.  Du 
reste,   l'estime   que  cet  éminent  éleveur  professait  pour   la   famille 
Golden  Drop  était  si  réelle  et  si  consciencieuse  que,  ayant. été  chargé 
quelques  années  plus  tard,  par  sir  Anthony  de  Rothschild  de  lui  former 
un  troupeau,  il  ne  crut  pas  pouvoir  mieux  faire  que  d'acheter  tous  les 
descendants  directs  de  Golden  Drop  qu'il  put  trouver  en  Angleterre. 
Il  reste  donc  acquis  que,  même  en  dehors  de  l'influence  du  sang 
Bâtes,  les  produits  de  la  vache  Foggathorpe,  nés  avant  son  admission 


LES  GRANDES  FAMILLES  DE  LA  RACE  DURHAM.  139 

dans  le  troupeau  de  Kirklevington,  possédaient  des  qualités  de  race 
incontestables,  lesquelles  se  sont  perpétuées  jusqu'à  nos  jours  avec 
une  fixité  égale  à  celle  des  descendants  des  produits  de  Kirklevington. 
A  la  vente  des  Bâtes  en  1850  —  il  y  avait  deux  vaches  et  une  génisse 
de  la  famille  des  Foggathorpe,  et  4  taureaux  du  même  sang  —  lesquels 
obtinrent  une  moyenne  d'environ  1/200  francs.  Les  quatre  mâles  réali- 
sèrent 5,600  fr.,  soit  une  moyenne  de  1,400  fr.,  alors  que  la  moyenne 
générale,  y  compris  les  Duchesses,  les  Oxford,  les  Waterloo,  etc.,  etc.,  ne 
dépassa  pas  2,200  fr.  pour  les  taureaux,  1 ,000  fr.  pour  les  veaux  mâles, 
1,350  fr.  pour  les  vaches  et  1,950  fr.  pour  les  génisses.  Il  ressort  de 
cette  comparaison  que  la  tribu  des  Foggathorpe  maintient  sa  position 
parmi  ses  plus  célèbres  compagnes. 

Bâtes  accoupla  les  Foggathorpe  avec  son  célèbre  taureau  Duke  of 
Northumberland,  en  obtint  de  magnifiques  produits.  A  sa  vente  il  y 
avait  deux  vaches  et  une  génisse.  La  plus  belle,  Foggathorpe  4^  par3Muc 
d'Oxford,  fut  achetée  par  M.  Sanday  de  Holme  Pierrepont  où  je  me 
rappelle  l'avoir  vue  dans  tout  l'éclat  de  sa  beauté  et  de  sa  jeunesse. 
Peu  de  temps  après  son  arrivée  chez  M.  Sanday,  Foggathorpe  4*  mit  bas 
Lady  Foggathorpe  par  'S"  Duc  (fYork,  taureau  Ducliesse.  L'année 
suivante  elle  donna  encore  Lady  of  the  Lake  par  2^  Duc  de  Bolton,  autre 
taureau  Duchesse.  Plus  tard  Foggathorpe  4^  fut  accouplée  à  des  tau- 
reaux Booth  avec  des  résultats  tout  aussi  bons  qu'avec  les  taureaux 
Bâtes,  ce  qui  prouve  les  qualités  innées  de  cette  admirable  famille. 
Voici  une  généalogie  de  la  tribu  des  Foggathorpe,  branche  de 
M.  Sanday,  laquelle  servira  à  en  reconnaître  la  véritable  origine  : 

Grafin   Foggathorpe  4»   blanche,   née  le  18  mars    1866,   chez  M.  George  Graham.  Son  père 
Touchstoue  (20,986). 
Sa  mère  Grafin  Foggathorpe  par  sir  James  (16,980). 
Sa  grami'mère  Lady  ofthe  Lake  par  2*  Duke  of  Bolton  (!2,759). 
Sa    2'  grand'mère  Lady  Foggathorpe,  par  3''  Duc  d'Oxford  (9,047). 
Sa    3"  grand'mère,  Foggathorpe  4",  par  Duc  de  Northumberland  (1940). 
Sa    4°  grand'mère,  Foggathorpe  par  Malborough  (1189). 
Sa     5'  grand'mère,  Rosebud,  par  Ebor  (997). 
Sa     6"  grand'mère,  Tulip  par  Régent  (o4ti)- 
Sa    7"  grand'mère,  Primrose,  par  North  Star  (459). 

Sa    8=  grand'mère,        —        par  le  taureau  blanc  (151),  de  Robert  Colling. 
Sa    9'  grand'mère,        —        élevéepar  Robert  Colling. 

Ceci  termine  mon  travail  sur  les  familles  de  sang  Bâtes.  Afin  de 
compléter  cette  étude,  je  publierai  prochainement  un  bref  Mémoire  sur 
la  vie  et  la  carrière  d'éleveur  de  Thomas  Bâtes.  Puis  finalement  j'en- 
treprendrai l'histoire  des  familles  de  sang  Booth. 

F.-R.   DE  LA  TrÉHONNAIS. 

CONSERVATION  DES  TOMATES  POUR  L'HIVER 

La  tomate  est  un  des  meilleurs  condiments  que   nous  possédions. 

Pour  obtenir  des  tomates  de  primeur,  il  faut  semer  en  janvier  sur 
couche  et  sous  châssis,  etc.,  puis  repiquer  en  pleine  terre  dans  le 
courant  de  mai,  le  long  d'un  mur  au  midi.  On  les  palisse  sur  un  treil- 
lage, et  lorsque  les  fruits  ont  atteint  à  peu  près  leur  grosseur,  on  doit 
enlever  quelques  feuilles  pour  laisser  la  lumière  solaire  hâter  leur 
maturité.  Malgré  tous  les  soins  que  prennent  nos  maraîchers,  pour 
éviter  la  maladie,  ils  ne  sont  pas  toujours  récompensés  de  leur  peine. 
Lorsque  les  pluies  arrivent,  la  plupart  des  fruits  deviennent  malades. 
Des  abris  horizontaux,  faits  avec  des  toiles,  peuvent  quelquefois  pré- 
server les  tomates  qui  sont  presque  arrivées  à  maturité. 


140  CONSERVATION  DES  TOMATES  POUR  L'HIVER 

Pour  en  trouver  l'emploi,  on  tait  aussitôt  des  conserves  pour  l'hiver  ; 
les  ménagères  réussissent  rarement  les  conserves  qu'elles  font,  et 
s'adressent  alors  aux  grandes  fabriques  qui  les  vendent  un  prix  assez 
élevé.  Je  pense  donc  être  utile  et  agréable  à  la  nouvelle  génération, 
en  rappelant,  un  mode  de  conservation  des  plus  simples,  que 
notre  savant  et  zélé  collègue,  M.  Andry,  ancien  secrétaire  général  de 
la  Société  centrale  d'horticulture  de  France,  nous  a  fait  connaître,  il 
y  a  bien  des  années. 

Il  faut  choisir  de  beaux  fruits,  mûrs,  parfaitement  sains,  qu'on  a 
soin  de  bien  essuyer;  ils  sont  placés  entiers  dans  un  bocal  à  goulot 
large;  on  verse  par-dessus  un  liquide  composé  de  huit  parties  d'eau, 
une  partie  de  vinaigre  et  une  partie  de  sel  de  cuisine,  puis  on  recouvre 
le  tout  d'une  couche  d'huile  d'olive  d'un  centimètre  d'épaisseur. 

Par  ce  procédé  peu  coûteux,  la  conservation  des  tomates  est  pour 
ainsi  dire  indéfinie,  puisque  M.  Andry  en  a  conservé  de  cette  ma- 
nière qui  étaient  encore  dans  le  meilleur  état  au  bout  de  huit  ans. 

Eug.  Vavin. 

MACHINES  A  VAPEUR  ET  A  BATTRE  D'ALBARET 

Au  concours  régional  de  Melun,  la  maison  Albartt,  de  Liancourt 
Oise),  présentait  une  très  belle  collection  des  machines  sortant  de 
ses  ateliers.  Non  content  des  légitimes  succès  qu'il  a  déjà  obtenus  au- 
près des  agriculteurs,  l'habile  directeur  de  l'usine  travaille  toujours  à 
perfectionner  sa  fabrication.  C'est  pourquoi  nous  avons  à  revenir  sur 
un  certain  nombre  d'appareils  auxquels  d'importantes  modifications 
ont  été  apportées. 

C'est  d'abord  la  machine  à  vapeur  loconiobile  que  représente  la 
fig.  6.  Cette  machine  se  recommande  à  la  fois  par  sa  construction  et 
par  ses  qualités. 

La  chaudière  est  composée  d'un  corps  vertical  où  se  trouve  le  foyer, 
dont  la  partie  supérieure  sert  de  réservoir  de  vapeur,  et  d'un  autre 
corps  cylindrique  horizontal,  où  sont  les  tubes  en  laiton.  Le  foyer  est 
vaste,  afin  d'obtenir  un  bon  mélange  des  gaz,  et  par  suite,  une  combus- 
tion parfaite.  La  longueur  des  tubes  est  aussi  grande  que  possible 
pour  que  la  chaleur  soit  parfaitement  utilisée.  Autour  de  la  boîte  à 
fumée,  se  trouve  un  réservoir  d'eau  froide,  lequel  constitue  un  premier 
réchaufTeur.  L'eau  aspirée  par  la  pompe  dans  un  récipient,  placé  sur 
le  sol,  est  d'abord  refoulée  dans  ce  réchauffeur,  où  elle  acquiert  une 
température  élevée;  puis,  par  une  simple  manœuvre  de  robinets,  celte 
eau  est  reprise  par  la  pompe  et  introduite  dans  la  chaudière.  Dans  son 
parcours,  elle  circule  dans  plusieurs  tubes  placés  dans  l'intérieur  du 
bâti  où  passe  l'échappement  avant  de  se  rendre  dans  la  cheminée,  ce 
qui  constitue  un  deuxième  réchaufî'eur,  et  lorsqu'elle  est  refoulée  dans 
la  chaudière,  elle  a  acquis  une  température  très  élevée,  et  cela,  sans 
nuire  au  bon  fonctionnement  de  la  pompe. 

Le  mécanisme  est  monté  sur  la  chaudière.  Les  coussinets  sont 
larges. .  Le  cylindre  est  à  enveloppe  de  vapeur.  Cette  enveloppe  est 
constamment  en  communication  avec  le  réservoir  de  vapeur  afin  d'é- 
viter le  plus  possible  le  refroidissement.  Par  ce  moyen,  il  ne  circule 
dan,s  l'enveloppe  que  de  la  vapeur  ayant  la  même  pression  que  celle 
de  la  ch:uidière, 


MACHINES  A    VAPEUR   ET  A  BATTRE   D'ALBARET.     ■  141 

Le  régulateur  à  boules  est  d'un  système  particulier  très  sensible. 
Il  commande  un  levier  agissant  sur  les  tiroirs  et  mettant  constam- 
ment la  durée  de  l'introduction  dy  la  vapeur  en  rapport  avec  le  travail 
à  produire.  De  plus,  cette  machine  peut  être  munie  de  l'appareil 
P.'tit-Pi  M-re   qui  a  pour  but  de  réchauffer  la  vapeur  et  de  vaporiser 


l'eau  entra.înée  par  cette  dernière.  Cet  appareil,  appliqué  à  beaucoup 
de  chaudières,  donne  les  meilleurs  résultats  pratiques,  et  il  est 
très  avantageux,  comme  il  est  facile  de  le  comprendre,  puisque  la 
vapeur  arrive  ainsi  au  cylindre,  parfaitement  sèche  et  sans  refroidisse- 


ment. 


La  batteuse,  que  montre  la  fig.  7,  est  un  modèle  très  estimé  pour 
les  fermes  ^t  pour  les  entreprises  de  battage.  Elle  ejLJge  une  locomobile 


142 


MACHINES  A  VAPEUR  ET    A   BATTRE  D  ALBARET" 


de  5  chevaux  environ  pour  être  mise  en  mouvement.  Ce  qui  la  carac- 
térise, c  est  la  disposition  à  retour  de  paille,  c'est-à-dire  que  les  tiges 
après  avoir  été  projectées  par  le  batteur,  reviennent  sur  elles-mêmes; 
le  secouage  est  ainsi  beaucoup  plus  complet.  Cette  batteuse  possède 


aussi  l'appareil  à  poussière  qui  permet  à  cette  dernière  de  sortir  du 
côté  opposé  des  lieurs  de  paille,  de  sorte  que  ceux-ci  ne  sont  nullement 
incommodés.  Cette  disposition  n'exige  aucune  force  motrice  et  est  aussi 
simple  qu'efficace. 

Les  principaux  avantages  de  cette  batteuse  peuvent  se  résumer 
ainsi  :  force  motrice  partaitement  utilisée,  excellent  battage,  paille 
bien  conservée,  suppression  complète  du  grain  clair  dans  la  longue 


MACHINES  A  VAPEUR  ET  A  BATTRE    D'ALBARET.  143 

paille,  extraction  de  la  poussière,  et  bon  vannage  du  grain.  Son  prix 
est  de  1,950  francs. 

Nous  continuerons  cette  revue  dans  un  prochain  article. 

Henry  Sagnier. 

SUR  L^ŒUF  DTOVER  DU  PHYLLOXERA 

Monsieur  le  directeur,  je  viens  de  recevoir  le  numéro  du  Journal  de  l'Agricul- 
ture du  26  juin,  dans  lequel,  à  propos  de  Vœaf  cVhiver  du  phylloxéra,  je  suis  sou- 
vent pris  à  partie  par  iauteur,  M.  Prosper  de  Laffitte. 

Je  n'ai  certes  pas  à  me  plaindre  de  l'exquise  courtoisie  de  la  critique  et  des 
termes,  trop  élogieux  peut-être,  employés  par  votre  collaborateur 

Mais  il  y  a  dans  la  discussion  byzantme  qui  menace  de  s'engager  sur  un  tout 
petit  point  d'histoire  naturelle,  de  quoi  noircir  des  centaines  de  teailles  de  papier 
si  on  remplace  les  faits  bien  observés  par  des  hypotlièses  basées  sur  l'analogie 
biologique. 

Ce  n'est  pas  une  raison  parce  que  le  phylloxéra  du  chêne,  le  puceron  des  galles 
ligneuses  du  peuplier  et  beaucoup  d'autres,  ont  un  œul  qui  passe  l'hiver,  pour 
que  le  phylloxéra  de  la  vigne  soit  dans  le  même  cas,  som^  toutes  les  latitudes.  Gela. 
peut  être,"  mais  nous  sommes  bien  une  cinquantaine  d'observateurs  qui  suivons 
cette  étude  et  nous  n'avons  pu  encore  ramasser  un  faisceau  d'observations  suffi- 
santes pour  dire  :  cela  est. 

M.  de  Laffitte  nous  dit  :  «  Il  serait  bien  surprenant  que,  tous  les  pucerons  ayant 
l'avantage  de  posséder  un  œuf  d'hiver,  seul  le  phylloxéra  qui  est  aussi  un  puce- 
ron, ou  à  peu  près,  en  fût  privé.  » 

Je  ferai  observer  que  seul,  ou  presque  seul  (le  puceron  lanigère  est  dans  le 
même  cas),  le  phylloxéra  de  la  vigne  a  une  faculté  de  reproduction  bourgeon- 
nante ou  agame  à  peu  près  illimitée,  et  n'a,  par  conséquent,  pas  besoin  de 
graine  fécondée,  c'est-à-dire  d'œuf  d'hiver  pour  durer  éternellement. 

J'ai  souvent  comparé,  afin  de  mieux  faire  comprendre  mon  idée,  le  système  de 
reproduction  du  phylloxéra  de  la  vigne  à  celui  des  végétaux  ayant  à  côté  de  la 
graine  des  boutures,  rhizomes,  bulbilles,  tubercules,  etc.,  aptes,  tout  comme  la 
graine  elle-même,  à  fournir  une  plante  exactement  pareille  à  celle  qui  provien- 
drait de  la  graine. 

En  suivant  cette  comparaison,  je  ferai  observer  que  les  plantes  qui  ont  cette 
double  faculté  de  reproduction  se  passent  très  souvent  de  graine. 

Sans  parler  des  bambous,  des  roseaux  qui  donnent  si  rarement  des  graines,  du 
peuplier  dont  une  espèce  n'a  qu'un  sexe  connu,  je  comparerai  entre  elles  deux 
solanées  des  plus  communes  :  la  tomate,  la  pomme  de  terre  —  Solanum  Lycoper- 
sicum,  Solanum  tuberosum. 

L'une  a  des  tubercules  reproducteurs  ;  mais  regardez  un  champ  de  pommes  de 
terre,  à  peine  trouverez-vous  un  fruit  sur  cent  pieds. 

L'autre  n'a  pas  de  tubercules,  mais  tous  les  pieds  sont  fructifères  et  il  y  a  des 
millions  de  graines. 

Je  trouve  chaque  année  des  milliers  de  sexués  de  phylloxéra  du  chêne,  insecte 
qui  n'a  pas  de  reproduction  agame  indéfinie.  Les  sexués  du  phylloxéra  de  la  vigne 
sont  rares  et  en  général  toutes  les  tentatives  de  reproduction  par  œuf  fécondé 
avortent,  d'où  je  conclus  que  cet  œuf  est,  ici  au  moins,  excessivement  rare  et  que 
sa  destruction  est  à  peu  près  sans  influence  sur  la  propagation  de  l'insecte. 

On  me  dira  que  je  réponds  à  une  hypothèse  par  une  hypothèse,  cela  est  vrai,  et 
reconnaissant  mon  tort  je  m'arrête  et  ne  reprendrai  la  plume  que  quand  j'aurai  des 
résultats  sûrs  et  certains  à  faire  connaître. 

Ce  jour-là,  monsieur  le  Directeur,  je  m'empresserai  de  vous  en  informer.  En 
attendant,  agréez,  etc.  J.  Lichtenstein. 

Villa  la  Lironde,  15  juillet  1880. 

L'ÉLEVAGE  DES  MOUTONS  EN  RUSSIE^ 

De  tous  les  pays  de  l'Europe,  la  Russie  possède  le  plus  grand  nombre 
de  moutons.  Ses  vastes  plaines  non  encore  livrées  à  la  culture  n'offrent, 

1.  Tout  ce  qui  est  dit,  dans  cet  article,  sur  l'élevage  des  moutons  et  la  production  de  la  laine, 
n'a  trait  qu'à  la  Russie  d'Europe  et  ne  comprend  ni  les  gouvernements  de  la  Pologne,  ni  la  Fin- 
lande, ni  même  la  partie  4e  la  iieutenauce  du  Caucase  située  en  deçà  des  montagnes  de  ce  nom. 


144  ÉLEVAGE  DES  MOUTONS  EN   RUSSIE. 

pour  !a  plupart,  d'autre  rendement  qu'une  pâture  souvent  très  maigre, 
il  est  vrai,  aux  moutons  qui  y  paissent,  durant  les  quelques  mois 
d'été.  C'est,  en  efTet,  le  seul  rendement  auquel  on  puisse  prétendre, 
dans  les  conditions  économiques  actuelles  de  l'empire.  Certainement, 
il  y  a  ausLÙ,  en  Russie,  nombre  de  vastes  plaines  propres  à  la  [tâture 
de  la  race  bovine,  notamment  dans  la  région  des  steppes  et,  en  partie, 
dans  les  gouvernements  du  centre.  Mais,  abstraction  faite  de  quelques 
rares  gouvernements  comme,  par  exemple,  de  celui  (ï Arkhangel,  les 
herbes  ne  poussent  que  très  médiocrement  dans  la  Russie  septentrio- 
nale, en  général,  par  suite  de  l'été  relativement  court;  ce  qui  fait  que 
ses  plaines  non  cultivées  se  prêtent,  tout  au  plus,  à  la  pâture  des 
moutons.  Aussi  faut-il  attribuer  à  l'insuffisance  de  ces  pâtures  le  fait 
que  la  grande  majorité  des  moutons  élevés  en  Russie,  appartient  aux 
espèces  indigènes  qui,  non  seulement  sont  endurcies  à  supporter  Tin- 
clémence  du  climat,  mais,  en  même  temps,  se  contentent,  en  été,  de 
la  plus  maigre  pâture  et,  pendant  le  long  hiver,  d'une  nourriture  non 
moins  maigre  consistant  en  paille.  La  conséquence  en  est  que  le 
mouton  indigène  russe  est  de  petite  stature,  surtout  par  suite  de  la 
nourriture  insuffisante  qu'il  rer-oit,  et  qu'il  porte  une  laine  grossière 
et  rude,  quoiqu'elle  soit  encore  assez  longue  ;  laine  qui,  d'ailleurs, 
n'est  bonne  qu'à  la  confection  des  tissus  les  plus  ordinaires  ou  à  la 
fabrication  des  fourrures.  Par  exception,  les  espèces  indigènes  de  la 
Russie  méridionale  ont  le  corps  assez  développé  et  une  constitution 
plus  robuste.  Le  grand  nombre  de  terrains  marécageux,  dans  la  Russie 
septentrionale,  ne  constitue  pas  moins  un  sérieux  obstacle  au  déve- 
loppement de  l'élève  des  moutons  perfectionnés;  car  les  races  ovines 
supérieures  et,  conséquemment,  plus  rémunératrices  ont  besoin,  on  le 
sait,  de  pâturages  secs  et  dépoir;vus  de  toute  humidité  stagnante,  tels 
qu'il  n'en  existe,  en  grand,  que  dans  les  régions  des  steppes. 

Néanmoins  le  nombre  des  moutons  qu'on  élève,  dans  les  gouverne- 
ments du  centre  et  du  nord,  est  encore  assez  important;  non  pas  qu'il 
y  ait  à  proprement  parler  de  gros  troupeaux  appartenant  à  de  grands 
propriétaires  fonciers,  mais  parce  que  chaque  petit  cultivateur  possède 
une  certaine  quantité  de  moutons  qu'il  fait  paître  avec  ses  vaches, 
sans  en  prendre  autrement  souci.  Généralement,  la  laine  tirée  de  ces 
moutons  ne  constitue  pas  un  article  de  commerce;  mais  elle  est  filée 
et  ensuite  tissée  à  domicile  par  les  paysans  mêmes,  de  façon  à  leur 
servir  pour  la  confection  des  vêtements  assez  grossiers,  dont  ils  se  con- 
tentent encore  dans  beaucoup  de  contrées  de  l'empire,  ne  demandant 
rien  aux  produits  des  manufactures. 

La  Russiepossède  deux  grands  groupes  de  moutons,  celui  des  mou- 
tons indigènes  et  celui  des  moutons  étrangers  ou  mérinos. 

Les  moutons  indigènes  qui  sont  répandus  dans  tous  les  gouverne- 
ments de  la  Russie  et  qui,  à  Texception  de  plusieurs  espèces  secon- 
daires peu  répandues ,  portent  une  laine  lisse  et  grossière ,  se 
subdivisent  en  quatre  groupes  principaux  très  distincts,  comme  suit  : 

1"  La  race  dite  russe.  On  la  rencontre  à  partir  du  plus  haut  nord 
jusqu'aux  limites  de  la  Nouvelle  Russie  où  elle  commence  à  se  con- 
fondre avec  la  race  dite  volochieime.  Dans  plusieurs  gouvernements  de 
la  Grande  Russie,  la  race  russe  est  représentée  par  des  types  particu- 
liers qui  se  distinguent  d'une  manière  notable  des  moutons  ordinaires 
de  cette  espèce.  Ainsi  nous  ne  citerons,    comme    exemple,    que    le 


ÉLEVAGE  DES  MOUTONS    EN  RUSSIE.  145 

mouLon  dit  de  Romanof  qui,  dans  le  gouvernemenL  de  laro.Uaf,  forme 
une  subdivision  très  estimée  de  la  race  russe  et  se  carjctérise  non- 
seulement  par  sa  laine  toujours  gris  foncé  et,  en  même  temps,  un  peu 
plus  frisée  et  plus  fine,  mais  surtout^par  ses  fréquentes  doubles  portées. 
Des  expériences  faites  pour  introduire  cette  espèce  secondaire,  à  cause 
de  ses  bonnes  qualités,  dans  d'autres  gouvernements,  n'ont  pas  été 
couronnées  de  succès.  11  faut  ajouter  que  les  fourrures  des  moutons  de 
Romanof  sont  particulièrement  appréciées  et  servent  à  la  confection 
d'une  espèce  supérieure  de  pelisses  fort  recherchées. 

2"  La  race  volochienne  se  trouve  au  midi  de  l'empire  et  ressemble 
à  la  race  russe;  de  l'autre  côté  du  Volga  elle  est  appelée  la  race  cir- 
cassienne. 

3°  La  race  dite  tsigaienne,  à  la  laine  longue  et  lisse,  est  principale- 
ment élevée  en  Bessarabie  et  dans  plusieurs  contrées  de  la  Tauride  ;  elle 
l'emporte  sur  toutes  les  autres  races  élevées,  en  Russie,  comme  ren- 
dement de  viande. 

4°  Le  mouton  dit  à  la  queue  grasse.  Cette  espèce  est  aujourd'hui 
restreinte  dans  les  gouvernements  orientaux  et  du  sud-est  de  la  Russie, 
et  il  n'en  reste  que  de  rares  échantillons  en  Nouvelle  Russie  où,  jadis, 
on  relevait  en  grand  nombre.  Ce  mouton  se  prête,  sans  doute,  au  per- 
fectionnement et,  comme  mouton  à  viande,  il  a  même  une  certaine 
valeur.  Il  serait  à  désirer  qu'on  appréciât  mieux  en  Russie  et  qu'on  y 
perfectionnât  au  moyen  d'un  élevage  rationnel  cette  espèce  ovine  qui 
fournit  une  laine  abondante  et  propre  à  l'industrie,  malgré  son  peu  de 
finesse.  On  parviendrait  à  en  obtenir,  par  le  croisement  avec  des 
reproducteurs  anglais,  une  race  dont  la  laine  pourrait  rendre  comme 
laine  peignée,  d'importants  services  à  l'industrie  lainière  de  la  Russie. 
De  nos  jours,  cette  race  est  principalement  représentée  dans  le  terri- 
toire des  Cosaques  du  Don  et  dans  les  gouvernements  avoisinant  ce 
territoire,  tandis  qu'on  la  rencontrait,  autrefois,  en  grands  troupeaux 
en  Crimée  et,  généralement,  en  Tauride  où  elle  a  dû  céder  la  place 
aux  moutons  mérinos. 

Le  nombre  de  moutons  indigènes  appartenant  aux  quatre  groupes 
précités  s'évalue  actuellement  à  34,688,000  têtes  environ. 

Les  moutons  à  laine  fine  ou  mérinos  sont  principalement  élevés  au 
midi  de  la  Russie,  où  ils  peuvent  aisément  trouver  une  nourriture 
convenable  et  suffisante  dans  les  terrains  secs  des  steppes  aux  pâtu- 
rages luxuriants.  La  brièveté  relative  de  l'hiver  et,  par  conséquent,  la 
possibilité  d'une  pâture  plus  prolongée,  durant  la  saison  d'été,  y  favo- 
risent, sans  doute,  l'élève  des  moutons  qui  constitue  l'une  des  prin- 
ci})ales  ressources  pour  l'agriculture  de  la  Russie  méridionale. 
Toutefois,  on  y  rencontre  aussi  des  conditions  climatériques  qui 
entravent  le  développement  suivi  de  cette  branche  de  l'élève  des  bes- 
tiaux domestiques,  et  dont  des  milliers  de  moutons  sont  victimes.  En 
effet,  de  fréquentes  tempêtes,  surtout  de  fréquentes  poussières  de  neige 
viennent  souvent  détruire  ou  tout  au  moins  décimer  les  troupeaux  sur- 
pris par  elles.  En  Russie,  bon  nombre  de  moutons  sont  aussi  victimes 
de  fréquentes  épizooties,  quoique  les  dommages  causés  parmi  les 
moutons  soient  loin  d'être  aussi  désastreux  que  ceux  produits  dans 
la  race  bovine.  Comme  un  obstacle  assez  sérieux  au  développement  de 
l'élevage  des  moutons,  dans  le  midi  de  l'empire,  on  peut  encore  citer 
la  fréquence  des  cas  où  les  grands  propriétaires  fonciers  sont  forcés, 


146  ÉLEVAGE  DES  MOUTONS  EN  RUSSIE.. 

par  défaut  d'argent,  de  vendre  des  troupeaux  entiers  qui  alors  sont 
impitoyablement  livrés  à  la  boucherie. 

L'élevage  des  moutons  mérinos  qui  commence  à  avoir  de  l'impor- 
tance dans  les  provinces  baltiques  et  dans  les  gouvernements  du 
centre  de  la  Russie,  ne  cesse  d'augmenter  vers  le  midi.  En  Nouvelle 
Russie,  particulièrement  en  Tauride  et  dans  les  gouvernements  d'Eka- 
terinoslaf  et  de  Cherson  où  l'on  comptait,  du  temps  des  plus  grands 
effectifs  en  mérinos,  un  mouton  par  hectare,  dans  les  grandes  pro- 
priétés foncières,  cet  élevage  est  encore,  à  l'heure  qu'il  est,  très 
important,  quoiqu'on  y  ait  remarqué,  depuis  quelques  années,  un 
décroissement  assez  notable,  pour  le  nombre  de  moutons  à  laine  fine. 
A  la  vérité,  il  n'était  que  de  7,979,000  têtes,  en  1851  ;  dix  ans  plus 
tard,  c'est-à- dire  j  usqu'en  1 861 ,  il  s'était  accru  jusqu'à  1 2,884,000  têtes; 
mais  à  partir  de  cette  époque  il  alla  diminuant,  de  sorte  qu'il  est 
actuellement  de  10,196,000  têtes  seulement,  ce  qui  équivaut  à  une 
réduction  de  20  pour  cent  environ,  pour  l'élevage  des  moutons  mé- 
rinos en  Russie, 

Le  tableau  qui  suit,  nous  donne  une  idée  précise  de  la  répartition 
des  moutons  élevés,  en  Russie,  sur  les  divers  gouvernements  de 
l'empire,  ainsi  que  des  proportions  respectives-  des  moutons  ordinaires 
et  des  moutons  mérinos,  et  enfin  des  proportions  du  nombre  des 
moutons  dans  chaque  gouvernement,  par  rapport  au  total  des  moutons 
élevés,  en  Russie. 

Nombre  de  moutons.  uÛiràrtoUl 

"^ '  -^     ~  des  montons 

Moutons  Moutons  élerés  en  Russie 

Gouvernements.  ordinaires.  mérinos.  Total.  Pour  cent. 

l.  Arkhangel 124.000  —  124.000  0.29 

2    Astrakhan 1.380.000  11.000  1.391.000  3.12 

3.   Bessarabie 865.000  269. OUO  1.134.000  2.55 

4    Cherson 543. COO  1.670.000  2.213.000  4.96 

h     rourlandè 495.000  16.000  511.000  1.16 

6.  Ekaterinoslaf •       875. OnO  1.741.000  2.616.000  5.85 

7.  Esthonie 147.000  112.000  259.000  0.60 

H    Grodnn 377.000  139.000  516.000  1.17 

9     laro-laf..    .'. 254.000  —  254.000  0.59 

lo!  Kalouga 307.000  —  307.000  0.72 

11  Kasan     1.013.000  12.000  1.025.000  2.30 

12  Kharkof                   679  OuO  482.000  1.161.000  2.61 

13*  Kief         .'      " 820.000  38.000  8.58.000  1.92 

14    K'-stroma 462.000  —  462.000  1.05 

is'   Koursk        .             9Ô6.000  66  000  1.022.000  2.30 

16'Kovno".'    382.000  2.000  38i.0û0  0.88 

17  Livonie' 26-'. 000  33.000  295.000  0.67 

18  Minsk             .'   366  000  97.000  463  000  1.05 

19  Mohilef'    "    '      '           314.000  6.000  320  000  0.73 

20!  Moscou'..'...'. 278.000  -  278.000  0.64 

21.  Niini-Novgoiod 492.000  2.000  494.000  1.12 

22  NovaoroJ. 248.000  —  248.000  0.57 

23'  Olonets         134.000  93.000  227.000  0.52 

24'  orel             764.000  8.000  772.000  1.74 

25'  Orem'bôurK   '      875.000  5.000  880.000  1.99 

o«"  oufa              380.000  —  3  0.000  0.87 

27'  Pensa 688.000  95.000  783.000  1.75 

28*  Perm 1. 0:^2.000  2.000  1.034.000  2.32 

29'  Po<iolié '. 587.000  157,000  744.000  1,68 

30"  P<>!tava'    "".' 1.166.000  .527.000  1.693.000  3.80 

81'  Pskof     "."'          ,      180.000  —  180.000  0.42 

32'  Riasan'   ."'"." -.  775.000  4:000  779.000  1.76 

33:  Saint-Pé'tersbourg «S-OOO  -  ^     68.0(0  0.17 

34  Snm^xra                             1.665.000  68.000  1.733.000  3.90 

3.=,"  Saralnf '"!'""."    '    '.' 1.(03.000  495  000  1.498.000  3.36 

36*  SiinbTsk."    '    ■   ."     .' 724.000  49.000  773.000  1.75 

3?:  smoiensk  :::.:..: 431.000        -        431.000    0.99 

38    Tambof        1.596.000  204.000  1.800.000  4.03 

39!  Tauridei .' 998.000  2.892.C0O  3.890.000  8.71 


ÉLEVAGE    DES   MOUTONS  EN   RUSSIE.  147 

40.  Tchernigot 703.000  50.000  7.Î3.0CO  1.70 

41 .  Territoire  des  Cosaques  du  Don  .  2. 8'- 4  000  123.000  2,987.000  6.68 

42.  Toula 7;iU.O(iO  18.000  748.000  1.69 

43.  Tver 401.000  —  401.000  0.92 

44.  Viritka I..ô2.b.000  —  l.c2ô.O0O  3.42 

4t.  Vilna    192.000  9.000  201.000  0.47 

46.  Vitebik 2«8  000  2.000  290  000  0.67 

47.  Vlaiimir... 322.00  —  322.000  0.74 

48.  Volhynie .Î31.000  287.000  818  000  1.84 

49.  Vologda 409  000  —  409  OuO  0.92 

50.  Voronege 1.518.000  412.000  1. 9^0  000  4.34 

Total 34.688.000       lo. 196. 000       '44.884.000'      100.00 

Il  résulte  de  ce  tableau  qu'on  élève  des  moutons,  quoiqu'en  propor- 
tions tout  à  fait  différentes,  dans  tous  les  cinquante  gouvernements  de 
la  Russie  d'Europe  proprement  dite,  sans  exception.  Nous  citerons 
comme  étfint  les  plus  favorisés  sous  ce  rapport  la  Tauride^  le  territoire 
des  Cosaques  du  Don,  les  i^ouvernements  à'Ekatérinoslaf,  de  Cherson, 
de  Vorenege^  de  Tambof^  de  Samara,  de  Poltava,  de  Saratof  et  d'Astra- 
khan; tandis  que  ceux  de  Sauit-Pétersbourcj,  d'Arkhangel,  de  Pskof,  de 
Vitna,  d'Olonets,  de  Novgorod,  de  laroslaf,  d'Esthonie,  de  Moscou^  de 
Vitebsk,  de  Kalouga,  de  Moliilef,  de  Vladimir,  d'Où  fa,  de  Kovno,  de 
Tver,  de  Vologda  et  de  Sniolensk  doivent  être  signalés  comme  étant  les 
plus  pauvres  en  moutons. 

En  ce  qui  concerne  la  production  de  la  laine,  en  Kussie,  elle  est  éva- 
luée, d'après  des  données  établies  avec  compétence  et  portant  sur  les  dix 
dernières  années,  à  environ  50  millions  de  kilog.  par  an,  notamment 
à  43  millions  de  kilog.  pour  la  laine  indigène  ordinaire  et  à  7  millions 
et  demi  de  kilog.  pour  la  laine  fine.  Cette  production  était  plus  consi- 
dérable pendant  la  période  décennale  précédente,  surtout  à  partir  de 
1 860  jusqu'en  1 870  ;  elle  s'élevait  alors  à  60  millions  de  kilog,  environ, 
pour  le  total  de  la  laine  produite  en  Russie. 

Il  est  à  noter  que  bon  nombre  de  moutons  sont  tués  pour  la  pelleterie, 
sans  avoir  été  préalablement  tondus,  ce  qui  a  surtout  lieu  pour  les 
moutons  de  Romanof.  Aussi  les  agnelins  de  plusieurs  races  indigènes 
trouvent-ils  un  emploi  très  varié  dans  li  pelleterie,  principalement 
ceux  de  Tespèce  à  la  queue  grasse,  qui  entrent  dans  le  commerce  sous 
la  désignation  de  <c  barachki  »  et  en  constituent  un  article  fort  appré- 
cié. Particulièrement  dans  ces  derniers  temps,  ils  ont  été  1res  recherchés 
et  payés  cher,  jusquàcinq  roubles  pour  la  peau  noire.  Le  commerce 
principal  avec  cet  article  se  fait  à  la  foire  de  Nijni-Novgorod.  Ces  agne- 
lins sont,  en  même  temps,  un  objet  sérieux  d  exportation,  et  ils  sont 
beaucoup  envoyés  à  Paris,  depuis  quelques  années.  Les  agnelins  bruns 
qui  se  vendent  moins  cher  que  les  noirs,  sont  expédiés  à  Londres  où 
on  les  teint  en  noir  —  un  art  que  les  pelletiers  russes  ne  savent, 
paraît-il,  pas  exercer  —  pour  ensuite  être  réimportés  en  Russie. 

La  décroissance  qui  s'est  effectuée  en  Russie,  dans  la  production  de 
la  laine,  est  due  à  deux  causes  principales.  L'une  de  ces  causes 
consiste  dans  l'augmentation  des  cultures,  c'est-à-dire  dans  la  conver- 
sion de  vastes  pâturages  en  champs,  laquelle  y  a  lieu  par  suite  de  la 
hausse  des  prix  pour  les  grains.  Cette  conversion  s'est  produite,  en 
proportions  très  sensibles,  dans  les  gouvernements  méridionaux  de 
l'empire,  où  l'on  a  conséquemment  cultivé  sur  une  grande  échelle  le 
froment.  C'est  donc  dans  ces  gouvernements  méridionaux  que  s'est 
manifestée,  depuis  une  quinzaine  d'années,  la  décroissance  la  plus 
considérable  du  nombre  des  moutons  et,   par  suite,    de  la  produc- 


148  ÉLEVAGE   DES  MOUTONS  EN    RUSSIE. 

tion  de  la  laine.  Ainsi,  dans  le  gouvernement  de  Chorson,  par 
exemple,  le  nombre  de  montons  a  pu  diminuer,  durant  cette  époque, 
de  580,000  têtes  ou  de  21  pour  100  sur  un  total  de  2,703,000  têtes  en 
ISOf),  et  dans  le  i^ouvernement  d^Ekatérinoslaf  de  330,000  têtes  ou 
d'environ  12  pour  100  sur  un  total  de  2,055,000  têtes. 

L'autre  cause  du  décroissement  de  la  production  de   la   laine  en 
Russie,  consiste  dans  la  crise  lainière  qui  avait  fait  beaucoup  baisser 
les  prix  de  la  laine,  en  général,  mais  particulièrement  ceux  de  la  laine 
fine.  La  concurrence  des  laines    transocéaniques    a   été    redoutable, 
d'ailleurs,  à  l'élève  des  moutons  dans  tous  les  pays  de  l'Europe  et  non 
pas  seulement  en  Russie  oi^i  surtout  la  production  des  laines  supérieures 
en  avait  souffert.  Malheureusement,  on  n'a  point  encore  triomphé  de 
cette  concurrence,   et  il  n'est  pas  vraisemblable  qu'on  en  triomphe 
jamais.  Mais  d'autre  part,  la  consommation  de  la  lame  va  augnientant 
tous  les  ans  et,  comme  conséquence,  les    prix  des  dernières  années 
avaient  un  peu  haussé,  de  sorte  qu'à  l'avenir  on  peut  s  attendre  à  un 
relèvement  plus  ou  moins  prompt  de  l'élevage  des  moutons  en  Europe. 
Les  éleveurs  de  l'Europe  occidentale  ont  trouvé  une  issue  à  la  cala- 
mité qui  les  menaçait,  en  élevant  à  coté  des  moutons  à  laine  fine,  des 
moutons  à  viande  et  en  rattrapant  par  ce  moyen,  tant  bien  que  mal, 
d'un  côté  ce  qu'ils  avaient  perdu  de  l'autre.  Etant  donné  qu'en  Russie, 
le  plus  important  élevage  des  moulons  a  lieu  au  midi  de  l'empire,  où 
il  n'existe  point  de  grands  débouchés  pour  la  viande  du  mouton,  les 
éleveurs  russes  ne  pouvaient  sJiivre  cet  exemple  que  dans  des  propor- 
tions tout  à  fait  limitées.  Car  un  long  transport  par  chemin  de  fer,  en 
supposant  qu'il  ne  soit  point  préjudiciable  au  mouton  frais,  rendrait 
cet  article  tellement  cher  que  le  prix  qu'obtiendraient  les  éleveurs  pour 
leurs  moutons  à  viande,  devrait  nécessairement  être  si  bas  qu'en  fin 
des  comptes  ils  tireraient  peut-être  moins  d'avantage  encore  de  l'élevage 
des  moutons  à  viande  que  de  celui  des  moutons  à  laine  fine.  D'ailleurs, 
ces  derniers,  lorsqu'ils  ne  peuvent  plus  servir  comme  moutons  à  laine, 
sont  cédés,  en  nombre,  à  de  grandes  boucheries  qui  les  achètent  pour 
en  extrarire  du  suif,  et  pour  en  vendre  la  viande  à  vil  prix. 

Une  meilleure  organisation  des  moyens  de  transport,  ainsi  que 
l'élevage  de  moutons  à  viande  vraiment  beaux,  contribueraient,  sans 
doute,  à  une  exportation  plus  considérable  des  moutons  vivants  dans 
les  pays  occidentaux.  En  efîet,  l'exportation  actuelle  des  moutons 
delà  Russie,  qui,  comme  quantité,  va  toujours  augnientant,  fournit  la 
preuve  que  les  pays  étrangers  ont  besoin  de  moutons  russes  et  qu'ils 
en  demanderaient  davantage  encore,  si  l'on  pouvait  leur  fournir  des 
moutons  de  qualité  supérieure.  Les  moutons  de  la  Russie  méridionale 
se  prêtent  particulièrement  à  l'élevage  pour  la  boucherie. 

Quant  à  la  Russie  septentrionale  où  sont  situés  les  grands  centres 
de  la  consommation  indigène  tels  que  Saint-Pétersbourg,  Moscou^ 
Riga,  etc.,  l'entretien  des  moutons  —  nous  disons  entretien,  vu  qu'il 
n'y  peut  pas  être  sérieusement  question  d'un  élevage  dans  le  vrai  sens 
du  mot  —  se  trouve  entièrement  entre  les  mains  des  paysans  qui  se 
contentent  de  leurs  moutons  indigènes  à  laine  grossière  et  impropres  à 
la  boucherie,  et  qui,  fidèles  à  leurs  anciennes  habitudes,  ne  songent  pas 
à  en  perfectionner  la  race.  Toutefois,  il  faut  en  excepter  les  provinces 
baltiques  où  l'élève  des  moutons  s'exerce  déjà  d'une  façon  plus  ration- 
nelle. On  peut,  d'ailleurs,  invoquer  pour  les  gouvernements  septen- 


ÉLEVAGE  DES    MOUTONS  EN   RUSSIE.  149 

trionauxde  la  Russie,  afin  d'être  juste,  les  conditions  défavorables  du 
sol  et  du  climat  qui  opposent  souvent  de  grands  obstacles  à  un  élevage 
important.  En  tout  cas,  ce  ne  seraient  que  des  prix  très  rémunérateurs 
qui  pourraient  y  rendre  avantageux  l'élève  rationnel  des  moutons  à 
viande,  aussi  bien  que  des  moutons  à  laine,  Nicolas  de  Nasakixe. 

LA  CULTURE  AUX  ENVIRONS  D'OURO-PRETO  (BRESIL)  ' 

La  culture  est  très  peu  active  au  Brésil,  dans  les  environs  d'Ouro- 
Preto.  La  difficulté  des  transports  fait  qu'on  se  borne  à  récolter  ce  qui 
est  nécessaire  pour  la  consommation  locale;  encore  arrive-t-il  fréquem- 
ment que  la  production  est  insuffisante  et  qu'il  faut  amener  du  dehors 
les  matières  de  première  nécessité. 

Le  blé  ne  pouvant  pas  être  cultivé,  la  population  ne  mange  pas  de 
pain  et  le  remplace  par  la  farine  de  maïs,  la  farine  de  mandioca  ou 
manioaa,  le  riz  et  le  feijao  (haricot  noir),  quatre  aliments  que  l'on  re- 
trouve constamment  sur  toute  table  brésilienne. 

Tous  quatre  sont  cultivés  aux  environs  d'Ouro-Preto. 

Le  maïs  est  de  beaucoup  la  culture  la  plus  importante.  Sa  princi- 
pale consommation  ne  se  fait  pas  sous  forme  de  farine;  mais  il  sert 
surtout,  sous  forme  de  graine,  à  l'alimentation  des  animaux.  C'est 
avec  le  maïs  que  l'on  nourrit  chevaux  et  mulets.  Quand  ils  ne  tra- 
vaillent pas,  ces  animaux  sont  d'ordinaire  abandonnés  dans  des 
pastos,  vastes  espaces  plus  ou  moins  clos  où  ils  mangent  l'herbe 
qu'ils  peuvent  rencontrer.  Quand  ils  travaillent,  on  leur  donne,  outre 
de  Therbe  fraîche,  de  quatre  à  six  litres  de  maïs  par  jour,  moitié  le 
malin,  moitié  le  soir.  Ces  animaux  sont  très  friands  de  cette  nourri- 
ture qui  leur  réussit  fort  bien. 

C'est  encore  avec  le  maïs  que  l'on  nourrit  les  poules  et  les  porcs. 
En  dehors  des  villes  où  l'on  tue  des  boeufs,  la  viande  de  porc  ou  de 
poule  est  à  peu  près  la  seule  viande  fraîche  que  l'on  mange  au  Brésil. 
Il  faut  y  joindre  la  viande  de  bœuf  séchée  au  soleil  {carne  secca)  qui, 
dans  cet  état,  se  conserve  fort  longtemps. 

Quand  le  maïs  est  abondant  et  par  conséquent  à  bon  marché,  on  en 
donne  beaucoup  aux  animaux,  les  transports  deviennent  moins  chers, 
les  poules  et  la  viande  de  porc  baissent  également  de  prix  ;  la  vie  en 
général  est  à  meilleur  marché  et  l'on  a  une  année  de  prospérité.  11  est 
donc  facile  de  comprendre  l'importance  de  cette  culture;  elle  est  du 
reste  fort  simple.  On  commence  à  la  fin  de  la  saison  sèche  par  brûler 
toutes  les  plantes  qui  se  trouvent  sur  le  terrain  que  l'on  veut  cultiver; 
puis,  après  Tavoir  nettoyé  un  peu,  on  y  plante  le  maïs.  L'homme  qui 
le  sème  fait  un  trou  en  terre  avec  son  pied  nu,  y  laisse  tomber  deux 
ou  trois  graines  qu'il  recouvre  ensuite  avec  son  pied.  Vers  le  milieu 
de  la  croissance,  on  arrache  une  fois  les  mauvaises  herbes  et,  si  la 
saison  est  favorable,  on  obtient  de  1  50  à  200  pour  I . 

La  canne  à  sucre  n'est  ordinairement  pas  cultivée  à  Ouro-Preto 
même;  cependant,  on  fait  dans  les  environs  un  peu  de  sucre  et  surtout 
de  la  cachara.  Cette  liqueur,  la  liqueur  nationale  du  Brésil,  produite 
par  la  fermentation  du  sucre  de  canne,  ne  ressemble  nullement  au 
rhum.  Sans  doute,  à  cause  d'une  distillation  mal  conduite,  elle  a  un 
goût  auquel  il  est  assez  difficile  à  s'accoutumer, 

La  vigne  française   n'a  jamais    réussi  sur   la  province   de  Minos 

1.  D'après  une  lettre  adressée  à  M.  Delesse. 


150  L\  CULTURE  AUK  EXTIRONS  D'OURO-PRETO  (BRKSIL). 

Geraes,  tandis  que  la  vigne  américaine  y  croît  avec  une  vigueur  éton- 
nante; un  pied  de  deux  ans  donne  en  abondance  de  fort  beau  raisin. 
Il  y  a  déjà  eu  quelques  tentatives  pour  la  production  du  vin;  mais  le 
résultat  a  été  plus  que  médiocre.  Cela  tient  certainement  en  partie  à 
des  vices  de  fabrication  ;  il  faut  ajouter  aussi  qu'on  trouve  sur  le  même 
pied  de  vigne  des  grappes  à  tout  état  de  maturité,  et  qu'il  y  a  souvent 
sur  la  même  grappe  des  grains  noirs,  roses  et  verts.  Cette  irrégularité 
dans  la  croissance  sera  toujours  un  obstacle  à  la  fabrication  du  vin. 

Le  café  est  peu  cultivé,  seulement  pour  les  besoins  locaux;  il  pré- 
sente le  même  inconvénient  que  la  vigne,  les  grains  arrivent  à  matu- 
rité d'une  façon  fort  irregulière. 

Il  existe  près  d'Ouro-Preto  une  plantation  de  tlié  qui  fournit  une 
partie  du  thé  consommé  dans  la  province.  Sans  être  comparable  au 
tbé  de  la  Chine,  il  suffit  du  moins  aux  besoins  du  pays. 

J'ai  dit  que  les  Brésiliens  se  nourrissent  de  farine  de  maïs,  farine  de 
manioca,  riz,  feijao,  poules,  porc,  bœuf  séché  ;  il  faut  y  joindre  quel- 
ques légumes.  Une  espèce  de  chou  fort  grossier  (coves),  vient  presque 
sans  soin,  à  côté  de  chaque  maison,  et  il  en  est  de  même  pour  quelques 
plantes  du  pays  (racine  d'igname,  xuxu,  etc.,  etc.).  En  outre,  la  ba- 
nane pousse  avec  facilité  et  sans  qu'il  soit  nécessaire  de  la  soigner. 

Quant  aux  légumes  d'Europe,  ils  sont  également  susceptibles  de 
pousser;  et  nous  obtenons  à  l'Ecole  des  mines  d'Ouro-Preto,  sans 
trop  de  difficulté,  des  petits  pois,  des  haricots  verts,  flageolets,  ca- 
rottes, navets,  choux,  tomates,  artichauts,  asperges  ;  presque  tous, 
sauf  les  derniers,  sont  de  qualité  inférieure  à  ceux  d'Europe,  quoique 
produits  par  des  graines  venues  de  France.  de  Bovet. 

LE  MÉTAYAGE  DANS  LE  DEPARTEMENT  DE  LTNDRE 

Une  discussion  s'est  élevée  dans  le  Journal  de  r Agriculture  au  sujet 
du  métayage.  Permettez-moi  de  vous  donner  quelques  renseignements 
qui  contribueront  sans  doute  à  jeter  quelque  lumière  sur  cette  question. 

Dans  le  département  que  j'habite,  le  département  de  l'Indre,  la  plus 
grande  partie  des  propriétés  est  exploitée  par  métayage;  les  condi- 
tions du  bail  varient  suivant  la  qualité  de  la  terre  et  surtout  en  raison 
de  la  quantité  et  de  la  qualité  des  prairies  naturelles. 

Dans  la  partie  du  département  oii  la  terre  est  cultivée  par  des  che- 
vaux, où  les  prés  sont  rares,  et  qui  s'appelle  la  Champagne  du  Berry, 
les  métairies  sont  affermées  suivant  leur  qualité,  ou  au  quart  partout  ; 
c'est-à-dire  que  le  propriétaire  prend  le  quart  de  toute  la  récolte  ;  le 
profit  des  bestiaux  se  partage  entre  le  propriétaire  et  le  colon,  à  l'excep- 
tion du  profit  de  la  porcherie  qui  appartient  en  totalité  à  ce  dernier. 

D'autres  métairies  sont  au  tiers  *et  quart,  c'est-à-dire  que  le  pro- 
priétaire prend  le  tiers  de  la  récolte  des  céréales  d'hiver,  et  le  quart 
des  céréales  de  mars,  les  autres  conditions  étant  les  mêmes.  H  y  a  aussi 
des  métairies  oii  le  propriétaire  a  la  moitié  des  céréales  d'hiver,  toutes 
celles  de  mars  étant  pour  le  métayer. 

Dans  la  partie  du  département  qui  s'appelle  le  Bois-Chaud,  où  la 
culture  se  fait  par  des  bœufs  et  où  les  prés  naturels  sont  abondants, 
les  domaines  sonten  général  affermés  à  moitié;  dans  certains  domaines, 
le  métayer  ne  paye  aucune  redevance;  dans  d'autres,  il  paye  une  partie 
ou  la  totalité  de  l'impôt.  Dans  quelques  domaines  où  il  y  a  une  grande 
quantité  de  prés  et  de  pacages,  il  paye  même  une  redevance  plus  forte; 


LE  MÉTAYAGE  DANS  LE  DÉPARTEMENT  DE  L'INDRE.  151 

et  remarquez  que  la  condition  de  ce  métayer  est  bien  souvent  préfé- 
rable à  celle  du  métayer  dont  le  propriétaire  ne  prend  que  le  quart  de 
la  récolte;  que  du  reste  s'il  était  interdit  au  propriétaire  d'imposer  une 
redevance  à  son  métayer,  il  retirerait  de  sa  métairie  une  partie  de  ses 
prairies  dont  le  fermage  l'indemniserait  de  cette  redevance.  Le  cheptel 
appartient  toujours  en  entier  au  propriétaire. 

En  général,  les  métairies  se  transmettent  du  père  aux  enfants.  Quand 
elles  sont  à  louer,  elles  sont  très  recherchées  ;  la  condition  des  métayers 
est  heureuse;  quand  ils  sont  économes,  ils  gagnent  assez  pour  devenir 
propriétaires  à  leur  tour.  Beaucoup  de  métayers  ont  à  eux  des  petites 
métairies  qu'ils  augmentent  tous  les  ans.  A.  de  Pauma^lle, 

à  Paumalle,  près  Argenton-sur-Creuse  (Indre). 

PARTIE    OFFICIELLE. 

Loi  portant  dégrèvement  des  droits  sur  les  sucres  et  sur  les  vins. 
Le  Sénat  et  la  Chambre  des  députés  ont  adopté, 
Le  président  de  la  République  promulgue  la  loi  dont  la  teneur  suit  : 

TITRE    1". 

Article  premier.  —  Les  départements  sont  rangés  en  trois  classes  pour  la  per- 
ception des  droits  de  circulation  et  d'entrée  sur  les  vins. 

11  n'est  rien  changea  la  composition  actuelle  de  la  1''^  classe;  les  départements 
rangés  dans  les  2*  et  3«  classes  actuelles  lorment  la  2*  classe  nouvelle;  la 
4*^  classe  devient  la  3^ 

Art.  2.  —  Les  vins  en  bouteilles  sont  soumis  aux  mêmes  taxes  que  les  vins  en 
cercles,  sans  préjudice  des  dispositions  de  l'article  145  de  la  loi  du  28  avril  1816. 

Les  eaux-de-vie  en  bouteilles,  les  fruits  à  l'eau-de-vie,  les  liqueurs  et  l'ab- 
sinthe sont  soumis  au  même  droit  de  consommation  et  aux  mêmes  taxes  de  rem- 
placement que  les  eaux-de-vie  et  esprits  en  éercles,  proportionnellement  à  leur 
richesse  alcoolique. 

L'article  17  delaloi  du  21  juin  1873,  les  articles  2  et3  et  ledernier  paragraphe 
de  l'article  6  de  la  loi  du  26  mars  1872  et  la  loi  du  4  mars  1875  sont  abrogés. 

Les  manquants  reconnus  imposables  chezles  marchands  en  gros,  bouilleurs  etdis- 
tillateurs  de  profession  sont  taxés  d'après  le  régime  antérieur  à  laloidu4  mars  1875. 

Art.  3.  —  Les  droits  de  circulation  et  d'entrée  actuellement  établis  sur  les 
vins,  cidres,  poirés  et  hydromels,  sont  réduits  d'un  tiers  et  fixés  en  principal  et 
décimes,  par  hectolitre  en  principal  et  décimes  : 

VINS   EN   CERCLES   ET    EN    BOUTEILLES  CIDRES 

dans  les  départements  de  poirés 

-  "— ^ — .«1^ et 

Entrée  dans  les  communes  de  :  Poêlasse.      2"  classe.      3' classe.      hydromels. 

4.000  à    6,000  âmes 0.40  0.55  0.75  0.35 

6.001  à  10,001     —     0.60  0.85  110  "O.oO 

10,001  à  15,000     —     0.75  1.15  1..50  0.60 

15,001  à  20,000     —     0.95  1.40  1.90  0.85 

20,001  à  30,000     —     1.10  1.70  2.25  0.95 

30,001  à  50,000     —     1.30  2     »  2.60  1.15 

50,001  et  au-dessus 1.50  2.25  3     »  1.25 

Circulation  suivant  le  lieu  de  destination 1     »  1.50  2     »  0.80 

Taxe  de  remplacement  aux  entrées  de  Pari^.  8.25  4.50 

Art.  4.  —  Le  droit  à  la  vente  en  détail  des  vins,  cidres,  poirés  et  hydromels  est 
réduit  d'un  tiers  et  se  trouve,  par  suite,  fixé,  en  principal  et  en  décimes,  à 
12  fr.  50  pour  100  du  prix  de  vente. 

Art.  5.  ~  Les  tarifs  de  taxe  unique  seront  révisés  eu  égard  à  la  fixation  nou- 
velle des  droits  d'entrée  et  de  détail,  et  d'après  les  bases  déterminées  par  l'article  4 
de  la  loi  du  9  juin  1875. 

Cette  révision  sera  opérée  d'après  les  résultats  des  années  1877,  1878  et  1879. 

Dans  les  agglomérations  de  10,000  âmes  et  au-dessus,  le  tarif  de  la  taxe 
unique  ne  pourra  pas  dépasser  un  maximum  fixé  à  trois  fois  le  droit  d'entrée 
déterminé  par  l'article  3  de  la  présente  loi. 

La  révision  quinquennale  des  tarifs  de  taxe  unique,  pi'escrite  par  la  loi  du  9  juin 
1875,  n'aura  lieu  qu'à  partir  du  1"  janvier  1886. 

Art.  6.  —  A  moins  qu'une  loi   spéciale  n'en  décide  autrement,  les  taxes  d'oc- 


U2  PARTIE  OFFICIELLE. 

troi  sur  les  vins,   cidres,  poirés  et  hydromels  ne  peuvent  excéder  le   double  des 
droits  d'entrée  peiçus  pour  le  Trésor  public. 

Dans  les  communes  de  moins  de  4,000  âmes,  les  taxes  d'octroi  peuvent  atteindre, 
mais  non  dépasser  la  limite  fixée  pour  les  communes  de  ^«,000  à6,00û  âmes. 

Dans  les  communes  où  les  taxes  ne  sont  pas  en  harmonie  avec  les  dispositions 
de  la  présente  loi.  les  tarifs  actuels  seront  révisés  à  l'expiration  de  la  période  pour 
laquelle  ils  ont  été  ap|irouvés. 

Art.  7.  —  Les  marchands  en  gros  pourront  faire  des  envois  de  vins,  de  cidres, 
de  poirés,  d'eaux-de-vie  et  de  li(|ueurs  en  toute  quantité  et  à  toute  destination, 
au  moyen  d'expéditions  prises  au  bureau  de  la  régie.  Ils  sont  autorisés  à  vendre 
des  boissons  en  détail  dans  des  magasins  séparés  et  n'ayant  avec  les  magasins  de 
gros  et  les  ateliers  de  fabrication  d'autre  communication  (|ue  par  la  voie  publique. 

Art.  8.  —  La  contenance  des  vaisseaux,  foudres  et  autres  récipients  d'une 
capacité  supérieure  à  10  hectolitres,  actuellement  en  usage  ch-z  les  marchands  en 
gros  et  fabricants  de  liqueurs,  sera  déclarée  au  bureau  ue  la  régie  et  marquée  sur 
chacun.  La  contenance  desdits  vaisseaux,  foudres  et  autres  récipients,  à  mesure 
qu'ils  seront  vides,  et  celle  des  vaisseaux,  foudres  et  récipients  nouveaux,  avant 
qu'ils  soient  mis  en' usage,  seront  mesurées  dans  les  conditions  déterminées  par 
les  articles  117  et  118  de  la  loi  du  28  avril  1816. 

Art.  9.  —  Lors  des  vérifications  que  les  employés  de  la  régie  sont  autorisés  à 
faire  dans  les  caves,  celliers  et  magasins  des  marchands  en  gros  et  fabricants  de 
liqueurs,  ceux-ci  sont  tenus  de  leur  déclarer  les  espèces  et  quantités  de  boissons 
existant  dans  les  fûts,  vaisseaux,  foudres  et  autres  récipients,  ainsi  que  le  degré 
des  spiritueux. 

Art.  10.  —  Il  est  accordé  aux  marchands  en  gros  une  tolérance  de  5  pour  100  sur 
les  déclarations  qu'ils  ont  à  faire  en  vertu  de  l'article  précédent.  Les  quantités 
reconnues  en  plus  dans  les  limites  de  cette  tolérance  seront  ajoutées,  et  les  quan- 
tités en  moins  retranchées,  sans  donner  lieu  à  la  rédaction  d'un  procèsverbal. 

Art.  11.  —  Les  contraventions  aux  articles  8,  9  et  10  de  la  présente  loi  seront 
punies  des  peines  édictées  par  l'article  7  de  la  loi  du  21  juin  1873  en  ce  qui  con- 
cerne les  vins,  cidres  et  poirés,  et  par  l'article  1"  de  la  loi  du  28  léviier  1872,  en 
ce  qui  concerne  les  spiritueux. 

Art.  12.  —  Les  employés  n'ont  aucun  droit  au  partage  du  produit  net  des 
amendes  et  confiscations  prononcées  pour  contraventions  aux  articles,  8,  9  et  lO. 

Art.  13.  —  Lorsqu'un  chargement  de  boissons  doit  emprunter  successivement 
divers  modes  de  transport,  un  délai  spécial  est  fixé  pour  le  premier  parcou-s 
jusqu'à  la  gare  de  chemin  de  fer,  ou  jusqu'au  point  de  départ  des  voitures  de  terre, 
ou  jusqu'au  lieu  d'embarquement  des  voitures  d'eau. 

Un  délai  spécial  est  également  fixé  pour  faire  sortir  des  villes  assujetties  au 
droit  d'entrée  ou  à  la  taxe  unique  les  boissons  que  les  entrepositaires  déclarent  à 
destination  de  l'extérieur  du  lieu  sujet. 

Chacun  des  délais  spéciaux  ainsi  fixés  est  indiqué  sur  les  titres  de  mouvement. 

L'entrepositaire  qui  expédiera  des  boissons  au  dehors  d'un  lieu  sujet  au  droit 
d'entrée  ou  à  la  taxe  unique  ne  se'-a  tenu  de  déclarer  que  le  jour  de  la  sortie,  à 
charge  par  lui  d'inscrire  l'heure  précise  de  l'enlèvement  sur  le  titre  de  mouvement 
avant  d'en  l'aire  usage. 

Toute  infraction  aux  dispositions  du  présent  article  sera  punie  des  pénalités 
spécifiées  à  l'article  1 1  ci-dessus 

Art.  14.  —  Les  dispositions  des  articles  qui  précèdent  sont  exécutoires  à  partir 
du  i"  janvier  1881. 

TITRE  11. 

Art.  15.  —  Les  droits  sur  les  sucres  de  toute  origine  et  les  glucoses  indigènes 
livrées  à  la  consommation  sont  fixés  ainsi  qu'il  suit,  décimes  et  deini-décimes 
compris  :  Sucres  bruts  et  raffinés,  40  fr.  par  100  kilog.  de  sucre  raffine' . 

Sucres  bruts  et  raffinés,  43  fr.  par  100  kilog.  de  sucre  candi. 

Sucres  extraits  dans  les  établissements  spéciaux,  de  mélasses  libérées  d'impôts, 
14  fr.  par  100  kil. 

Glucoses,  8  fr.  par  100  kil. 

Art.  16.  —  Les  sucres  étrangers  sont  soumis  aux  surtaxes  déterminées  ci-après  : 

Sucres  bruts  ou  sucres  non  assimilés  aux  sucres  raffinés  importés  des  pays 
d'Europe  ou  des  entrepôts  d'Europe,  3  fr.  par  100  kil. 

Sucres  raffinés  ou  assimilés  aux  raffinés  de  toute  provenance,  12  50  par  100  kil. 

Sucre  candi  de  toute  provenance,  13  fr.  50  par  100  kil. 


PARTIE  OFFICIELLE.  153 

Sont,  modifiés  comme  suit  les  droits  des  dérives  du  sucre,  énumérés   ci-après  : 

Sirops,  bonbons  et  fruits  confits  ;  Droit  du  sucre  raffiné. 
Confitures  et  biscuits  sucrés  :  Moitit'  du  droit  du  sucre  raffiné. 
Mélasses  autres  que  pour  la  dislillation,  ayant  en  richesse  saccharine  absolue  : 
50  pour  100  ou  moins,  12  fr.  par  100  kil. 

Mélasses  autres  que  pour  la  distillation,  ayant  en  richesse  saccharine  absolue 
plus  de  50  pour  100,  25  fr.  50  par  100  kil. 

Chocolat  :  88  fr.  par  100  kil. 

Art  17.  —  Sont  considérés  comme  sucres  raffinés  pour  l'application  des  droits, 
les  sucres  en  pains  ou  agglomérés  de  toute  forme. 

Sont  assimilés  aux  raffinés,  pour  l'acquittement  des  droits,  les  sucres  en 
poudre  provenant  des  pays  étrangers  et  dont  le  rendement  présumé  au  raffinage 
dépasse  98  pour  100. 

Art.  18.  —Les  sucres  en  poudre  de  toute  origine,  non  assimilés  aux  raffinés, 
autres  que  ceux  auxquels  s'applique  le  droit  spécial  de  14  fr.  édicté  par  la  pré- 
sente loi,  sont  imposés  d'après  leur  rendement  présumé  au  raffinage,  sous  la  dé- 
duction à  titre  de  déchet,  de  l   1/2  pour  100  de  ce.  rendement. 

Sont  également  pris  en  charge,  d'après  leur  rendement  présumé  au  rafffinage 
et  sous  la  même  déduction,  pour  l'application  du  régime  ae  ^admis^ion  tempo- 
raire créé  par  la  loi  du 7  mai  1864,  les  sucres  non  raffinés,  indigènes  ou  coloniaux, 
et  les  sucres  non  raffinés  étrangers  importés  directement  des  pays  hors  d'Europe. 

Dans  l'un  et  l'autre  cas,  quelque  soit  le  rendement  présumé,  les  sucres  ne 
peuvent  être  frappés  des  droits,  ou  xeçus  en  admission  temporaire,  pour  un  ren- 
dement supérieur  à  98  pour  100,  ni  pour  un  rendement  inférieur  à  65  pour  lOO, 
le  déchet  de  l  i/2  pour  100  non  compris. 

Le  rendement  présumé  au  raffinage  continuera  d'être  établi  sans  fraction  de 
degré  au  moyen  de  l'analyse  polarimétrique  et  de  la  déduction  des  cendres  et  de  la 
glucose.  Les  coefficients  des  réfractions  à  opérer  sur  le  titre  saccharimétrique 
sont  fixés  à  4  pour  les  cendres  et  à  2  pour  la  glucose. 

Dans,  le  cas  de  recours  à  l'expertise  légale,  les  titrages  constatés  par  les  labora- 
toires de  l'administration  seront  maintenus  lorsque  les  différences  en  plus  ou  en 
moins,  reconnues  par  les  commissaires-experts,  n'atteindront  pas  un  degré. 

Art.  19.  —  Les  sucres  raffinés  en  pain  ou  agglomérés  présentés  à  l'exportation^ 
où  à  la  décharge  des  obligations  d'admission  temporaire,  ne  sont  comptés  pour 
leur  poids  total  qu'à  la  condition  d'être  parfaitement  épurés,  durs  et  secs. 

Les  sucres  candis  doivent  être  en  cristaux  secs  et  transparents.  Ils  sont  admis  à 
raison  de  100  kilogrammes  de  candi  pour  107  kilogrammes  de  sucre  raffiné. 

Les  sucres  raffinés  autres  que  ceux  désignés  au  premier  paragraphe  ci-dessus, 
les  poudres  provenant  du  pilage  ou  du  cilage  des  pains  dans  les  établissements 
libres  et  les  vergeoises  sont  reçus  à  la  décharge  des  obligations  d'admission  tempo- 
raire pour  la  quantité  de  sucre  raffiné  qu'ils  représentent.  Cette  quantité  est 
constatée  dans  les  conditions  prévues  par  les  trois  derniers  paragraphes  de  l'article 
précédent,  mais  sans  déduction  de  la  glucose.  Il  en  est  de  même  à  l'importation 
pour  les  vergeoises. 

Art.  20.  —  Il  sera  procédé  à  l'inventaire  des  sucres  et  des  sirops  de  toute  na- 
ture (à  l'exception  des  mélasses)  qui  existeront  dans  les  raffineries  au  jour  de  la 
mise  à  exécution  de  la  présente  loi. 

Les  sucres  raffinés  seront  comptés  pour  leur  poids  intégral  et  les  sucres  candis 
pour  7  pour  100  en  sus.  Les  autres  sucres  et  les  sirops  en  cours  de  fabrication 
seront  évalués  en  sucre  raffiné.  Le  rendement  en.  sera  calculé  avec  les  coefficients 
de  5  pour  les  cendres  et  de  2  pour  la  glucose. 

Il  sera  déduit  du  chiffre  total  de  l'inventaire  les  quantités  de  sucre  raffiné  affé- 
rentes aux  obligations  d'admission  temporaire  non  encore  apurées. 

Le  surplus  donnera  droit  à  une  restitution  de  33  fr.  32  par  100  kilogrammes 
de  sucre  raffiné. 

La  restitution  s'opérera  au  moyen  de  certificats  d'inventaire  établissant  la 
somme  revenant  aux  ayants  droit.  Ces  certificats  seront  reçus  jusqu'à  due  concur- 
rence avant  le  1"  janvier  1881,  en  payement  des  droits  au  comptant  sur  les  sucres 
livrés  ultérieurement  à  la  consommation. 

Dans  les  quinze  jours  qui  précéderont  l'application  de  la  loi,  les  employés  des 
douanes  et  des  contributions  indirectes  devront  être  admis  dans  les  raffineries  à 
toute  heure  de  jour  et  de  nuit.  Ils  pourront  suivre  les  opérations  des  raffineries  et 
procéder  à  toutes   les  constatations  et   vérifications   qu'ils  jugeront    nécessaires. 


154  PARTIE     OFFICIELLE. 

Les  obligations  d'admission  temporaire  pour  lesquelles  il  n'aura  pas  été  repré- 
senté, au  moment  de  l'inventaire,  des  quantités  correspondantes  de  sucre  raffmés 
ou  de  matières  en  cours  de  iabricaiion,  ne  pourront  être  apurées  qu'au  moyen,  de 
certiiicats  d'exportation  ou  d'entrée  en  entrepôt,  antérieurs  à  l'application  de  la 
loi,  ou  par  le  payement  du  droit  de  1  .\  fr.  32  c.  par  100  kilog.  sur  les  quantités 
de  sucre  raffiné  prises  en  charge. 

Art.  21.  —  L'article  7  de  la  loi  du  31  mai  1846  est  modifié  ainsi  qu'il  suit  : 

Les  employés  tiennent  pour  chaque  fabrique,  un  compte  des  produits  de  la 
Iabricaiion,  tant  en  jus  et  sirops  qu'en  sucres  achevés  ou  imparfaits. 

Les  charges  en  sont  calculées  au  minimum,  en  raison  de  1,200  grammes  de 
sucre  raffiné  pour  100  litres  de  jus  et  par  chaque  degré  du  densimètre  au-dessus 
de  100  (densité  de  l'eau)  reconnus  avant  la  défécation  à  la  température  de  15  det- 
grés  centigrades.  Les  fractions  de  moins  d'un  dixième  de  degré  sont  négligées,. 

Le  volume  du  jus  soumis  à  la  défécation  est  évalué  d'après  la  contenance  des 
chaudières,  déduction  faite  du  10  pour  100. 

Art.  22.  — L'emploi  de  tout  procédé  déguisant  la  richesse  du  sucre  et  trompant 
sur  son  poids  est  puni  des  peines  prononcées  par  l'art.  3  de  la  loi  du  30  décembre  1873, 
sans  préjudice  des  dommages  et  intérêts  qui  peuvent  être  alloués  au  Trésor. 

Art.  23.  —  Sont  compris  sous  la  dénomination  de  glucoses,  tous  les  produits 
saccharins  non  cristallisables,  quels  que  soient  leur  degré  de  concentration  et  la 
matière  première  dont  ils  sont  extraits.  Ces  produits  sont  assujettis  au  droit  fixé 
par  Ja  présente  loi,  à  moins  qu'ils  ne  soient  exportés  ou  employés  dans  la  fabri- 
cation des  bières  auquels  cas  ils  sont  exonérés  de  tout  impôt. 

Toutefois,  il  n'est  dérogé  à  l'article  8  de  la  loi  du  l'"'  mai  1822,  en  ce  qui  con- 
cerne l'application  de  la  taxe  sur  la  petite  bière  à  un  brassin  auquel  sont  ajoutées 
des  glucoses  exemptes  d'impôt,  que  si,  à  la  température  de  15  degrés  centigrades 
avant  fermentation,  le  moût  de  cette  bière  ne  marque  pas  plus  de  2°, 5  au  densi- 
mètre centésimal. 

Un  règlement  d'administration  publique  déterminera  les  autres  conditions  auxr 
quelles  est  subordonnée  la  franchise  pour  les  glucoses  mitres  en  œuvre  dans  les 
brasseries.  Le  2*  paragraphe  de  l'article  22  de  la  loi  du  31  mai  1846    est  abrogé. 

Art.  24.  —  Les  dispositions  du  titre  2  de  la  présente  loi  seront  appliquées  à 
partir  du  1"  octobre  prochain. 

TITRE    III. 

Art.  27.  —  Il  sera  pourvu  à  la  diminution  momentanée  que  les  dégrèvements 
prononcés  par  la  présente  loi  entraîneront  dans  le  produit  des  impôts  indirects  .• 

1°  Au  moyen  de  l'excédent  des  recettes  sur  les  dépenses  de  l'exercice  1881, 
qui  ressortira  du  vote  de  la  loi  de  finances  de  cet  exercice. 

2"  Au  moyen  des  ressources  extraordinaires  énumérées  aux  articles  ci-après. 

Art.  26.  —  Sera  attribuée  et  portée  en  recette  au  budget  de  l'exercice,  1880  la 
somme  de  17, "780, 952  fr.  84  c.,  montant  de  l'excédent  des  ressources  sur  les  be- 
soins de  la  première  partie  du  compte  de  liquidation. 

Art.  27.  —  Seront  attribués  et  portés  en  recette  au  budget  de  l'exercice  1881, 
jusqu'à  concurrence  de  la  somme  de  80,6o9,400  fr.,  les  excédents  disponibles  de 
recette  qui  ressortiront  lors  du  règlement  définitif  des  exercices  1877-1878  et  1879. 

Art.  28.  —  Sera  attribué  et  porté  en  recette  au  budget  de  lexercice  1882  le 
reliquat  de  l'excédent  disponible  de  recette  de  l'exercice  1879,  jusqu'à  concur- 
rence d'une  somme  de  25,652,604  francs. 

La  présente  loi,  déhbérée  et  adoptée  par  le  Sénat  et  par  la  Chambre  des  députés, 
sera  exécutée  comme  loi  de  l'Etat.  • 

Fait  à  Paris,  le  19  juillet  1880.  Jules  Grévy. 

Par  le  président  de  la  République  :  Le  ministre  des  finances^  J.  Magnin. 

Le  ministre  des  postes  et  des  télégraphes,  chargé  de  fintérim 

du  ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce.  Gochery. 

REYUE  COMMERGIiVLE    ET   PRIX-COURANT  DES  DENRÉES  AGRICOLES 

(24  JUILLET  1880). 
I.   -^  Situation  générale. 
Nous  n'avons  presque  rien  à  ajouter  à  ce  que  nous  disions  les  semaines  précé- 
dentes. Les  marchés  sont  presque  complètement  délaissés  ;  suf  le  plus  grand  nombre 
des  denrées,  les  affaires  sont  presque  nulles. 

H.  — Les  g^ain^  et  Les  farines. 
Les  tableaux:  suiva,nts  résument  les  cours  des  céréales,  par  quintal   métrique, 
sur  les  principaux  marchés  de  la  France  et  de  l'étranger. 


■revue  COMMERCIALE   ET  PRIX-COURANT  [2k  JUILLET    li 


155 


4"  RÉGION.—  NORD-OUEST. 

Blé.    Seigle.   Orge. 

fr.         fr.         fr. 

Calvados.  Condé 31.00  .i4.50  20.50 

—  Lisieux 31.25  24.00        » 

Côtes-d.-\'ord  Pontrieux  29  50        »  22.50 

—  Tréguier ^0.25  24.50  25. 00 

Finistère.  LanJerneau.  30.00  22.50  22  00 

—  Quimper 30.00  23.00  22.50 

llle-et-Vilaiiie.  Rennes.  30.50        »  19.50 

—  St-M.lo 31.00         »  21.50 

Manche.  Avranches....  30.50        »  23.50 

—  Pontorson........  29.00        »  » 

—  Villediea 31.00  20.00  21.50 

âfaj/enne.  Laval 28.50        »  » 

—  Chiteau  Gontier..  28.00  »  » 
Morbihan.  Hennebont..  27.00  20.50  » 
Orne.  Séez 30.00  21.25  22.50 

—  Vimoutiers 29.20        »  23.75 

Sarthe.  Le  Mans 29.25         »  •> 

—  INIamers 31.00        »        20.75 

Prix  moyens 29.83     22.53     22.13 

2«  RÉGION.  —  NORD 
Aisne.  Soissons 28.00     21.00     22. 40 

—  St-Quentin 30.00     22.00        » 

—  Villtrs-Cotterets..  28.50  »  » 
Eure.  Evreux 28.75  18.00  20.25 

—  Bernay 31.00  19.50  21.75 

—  Pacy 28.00  18.00  22.50 

Eure-et-Loir.  Chartres.   28.50  »  21.50 

—  Auneau 28.25  19.70  21.40 

—  Nogenl-le-Rotrou.  29.50  »  22.50 
iVor-d. Cambrai 28.50  19.50        » 

—  Douai  28.00  19.75  20.00 

—  Valenciennes 29.50  23.00  22.25 

Oise.  Beauvais 28.75  19.25  21.75 

—  Compiègne 30.50  22. oo        • 

—  Noyon 30.25  20.50 

Pas-de-Calais.  krTa.s.. .  29.50  20.25  20.00 

—  Saint-Omer 3o.0O  20.50  20  25 

Seine.  Piris 31.00  20.50  21.50 

S.-et-Marne  Mleian 26-65  16.70        » 

—  Meaux 28.50  20.00        » 

—  Provins. 30.00  22.75  21.75 

S.-et-Oise.  Angerville..  30.00        »  18.00 

—  Pontoise 30.00  23.00  21.00 

—  Rambouillet 28.50  19.00  21.25 

Seine-M/'érieure.  Rouen  27.90  20.00  24.50 

—  Dieppe 30.50        »  » 

—  Fecamp 30.25  19.00        » 

Somme.   Abbeville 28.75        »  20.75 

—  Péronne 28.00        »  19.75 

—  Roye 29  00  20. 00 

Prix  moyens 29.09  20.15  21.24 

3«  RÉGION.  —  NORD-EST. 

^rdennei.  Charle ville  ...  30.50  23.50  22.50 

Aube.  Bar-sur-Aube  ...   30.25         »  20.00 

Méry-sur-Seine.,.  29.25  22.75  18.50 

—  Troyes 29.50        »  » 

âfarne.  Chàions 30  25  21.50  21.50 

—  Epcrnay 30  50  20  00  20.50 

—  Reiras 29.50  22.25  21.50 

—  Sézanne 30.00  20.50  20.50 

Hte-Marne.  Chaumont..  31.00        »  » 

Meurt.-et-Moselle  îia.iicy  29.1^  20.50  22  00 

—  Lunéville 30.50  21.50  20.00 

—  Toul 29.70         •  20.50 

.Ueu«e.  Bar-le-Duc 30.25  22.25  i9.75 

—  Verdun 29.80     23.00     19.50 

Haute-Saône.  Gva.y,....  30.50    21. 50        • 

—  Vesoul 32.30     20.95     19.05 

Kos^s.  Epinal ..31.30     22.25         » 

—  Raon-1'Etape 31.50    23.00        » 

Prix  moyens 30.35    .21.83    20.42 

4*  RÉGION.  —  OIJEST. 

Charente.  Angoulême..  32.00  21.00  22.75 

—  Ruffec 31.75  24.00  23.50 

C/iorente-/n/'ér. Marans.  29.50  m            » 

Deux-Sèvres.  Niort 31.00  »  22.50 

Indre-et-Loire.  Tours..  30.00  20.75  22.00 

—  Bleré 30.00  20.50  22.25 

—  Château-Renault.  30.00  21.00  21.00 

Loire-M/^.  Nantes 29.25  22.00  21.75 

/tf,-e<-/.oî»'e.  Saumur.  .-  30  00  »  23.25 

Vendée.   Liiçod..... 29.00  »  19.00 

;  —     Fontenay 29.00  »  20.50 

Kienne-.  Cliàtellerault...  30.70  22.7-5  24.00 

—  Poitiers 31.25  23.50  22.50 

Haute- Vienne.  Limoges  31.00  22.50  22 

Prix  moyens 30.32    22,00    rî. 


Ayoïne. 

fr. 

26.00 
24.. 50 

22.00 
21.50 
20.00 
24.00 
23.00 
22.00 
26  .  00 

26.00 

25.50 
25.00 
23 .  00 
26.50 


22  35 
21.00 
23.5e 
22.50 
25.00 
23.00 
21. 5u 
22.70 
23.70 
18.50 
20.25 
19.50 
23.50 
23.50 

21.50 
21.75 

23  25 
25.50 

22.25 
21.75 
22 .  25 
22.50 
26.80 
23.50 
25.00 
21.00 
22  00 


23.25 
21.75 
20.00 
20.50 
21.75 
23.50 
21.75 
23  00 
19. (JO 
19.00 
20. 50 
20.25 
20.25 
19.00 
18.75 
19.35 
21.00 
20.50 

20.73 


26.00 
21.50 
2Z.00 
22.00 
21.00 
20.  £0 
22.50 
25  00 
21.75 
22.00 
24.00 
21.00 
22.50 
22.25 
22.43 


5'  HEGION.  —  CENTRE. 


Allier.  Moulins 

—  Montluçon.. . .. .. 

—  Gannat 

Cher.  Bourttes 

—  Graçay 

—  "Vierzon 

Creuse.  Aubusson 

Indre.  Chàteauroux.. . . 

—  IssouduR 

—  Valençay 

Loiret.  Orléans 

—  Montargis 

—  Pithiviers 

Loir-et-Cher.  Blois 

—  Montoire 

Nièvre.   Nevers 

—  La  Charité 

Yonne.  Brienon 

—  St-Fiorentin 

—  Sens 


Blé. 

fr. 

31.25 
31.25 
31.50 
29.50 
31.50 
31.75 
30.00 
32.00 
31.50 
32.00 
30.00 
31.50 
31.00 
30.75 
29.50 
30.50 
31.25 
31.75 
31.50 
30.50 


Seigle. 

fr. 


24.00 
21.50 
22.25 

19.50 
24.50 
20  50 
22.00 
24.00 
19.75 


22.50 
21.75 


Prix  moyens. 


31.03     22.02 
6'  RÉGION.  —  .EST. 
Ain.  Bourg 32.00    21.25 

—  Pont-de-Vaux 32.75     23.00 

Cô;e.rf'Oï'.  Dijon. 30  50        » 

—  Seraure 30.00        » 

Doubs.  Be.sançon 31.25        » 

Isère.  Grenoble 31.50    24.50 

—  Grand-Lemps 32.50        » 

Jura.  "Dois 31.00 

Loire.  Roanne 32  00 

P.-de-Z>ôme  Clermont  F.  35.00 

Rhône.  Lyon 30.50 

Saône-et- Loire.  Châlon.   32.50 

—  Louhaas ., ..  33  25 

Sauoie.  Chambéry 34.25 

Hte-Savoie.  Annecy 32.78 

Prix  moyens 32.78     22.84 


21.00 
24.00 
26.00 
18.00 


25.  00 


Orge.  Avoine. 

fr.  fr. 

»  21.75 

23.25  24.00 

22  50  23.00 

24.00  22.25 

21.25  22.00 

23.75  23.50 

»  22.00 

»  24.00 

19  00  21.00 

22.00  21.20 

18.00  22.25 

18.50  18.25 

19.50  23.00 

20.50  24.00 

22.50  22.50 

22.75  23.00 

22.25  21.50 

»  23.40 

20.25  22.00 

21.30  22.35 


»  19.50 

»  21.00 

21.50  19.50 
19.78 

»  21.5e 

»  21.75 

•  21  50 
18.00  19  aO 
21.00  22.25 
20.50  » 

•  21.50 

•  21.00 
20.75  22  50 


-  SCD-OPEST. 

32.75     24.00 


17.20 
20. JO 


T  REGION. 

Ariège.  Pamiers 

Dordogne.  Bergerac...  34.00  26.25 

Hte-Garonne.  Toulouse.  32.00  23.00 

—  Viliefranche-Laur.  32.50  25.50 
Gers.  Condora 32.50  » 

—  Eauze 32.75  .» 

—  Mirande 32.00  » 

Gironde.   Bordeaux....  31.00  » 

—  Bazas 32.50  24.25 

Landes.  Dax 33  '^5  21.50 

Lot-et-Garonn'e.  Agen,.   30.50  » 

—  Nérac 33.50  » 

S.-Pj/re'nées.  Rayonne..  33.00  25.3c 

Htes-Pyrénées.  Tarbes.   33.50  20.50 

Prix  moyens 32.55  24.41 

8»  RÉGION.   —  SUD. 

Aude.   Casteinaudary..  32.50  » 

Aveyron.  Rodez ,  3i.25  » 

Cantal.  Mauriac 35.35  31.25 

Corrèze.  Luberzac 32.50  24.00 

//érau/<.  Béziers 30.50  19.00 

Lot.  Figeac 32.00  23.25 

Lozère.  Mende 32.45  28.85 

—  Marvejols 31.65  23.60 

—  Florac 31.25  20.90 

Pyrénées-Or.  Perpignan  29 .  25  2 1 .  05 

Tarn.  Albi 32.00  »            » 

Tarn-ei-Gar. Montauban  31.75  19.50    21.50 

Prix  moyens 31.95  24.04    22.61 

9«  RÉGION.  —  SUD-EST. 

Sasses-^ipes.  Manosque  31.00  »           « 

Hautes-Alpes.  Briançon  31.20  20.00 

.4 tpes-A/oKi!imes Cannes  31.50  22.25 

Ardèche.  Privas ^1.85  22.65 

B.-du-Rhône.  Arles....  30.75  » 

Brome.    MOntélimar. ..   30.50  » 

Garrf.  Niraes 30.50  19.00 

Haute-Loire.  Le  Puy.^.  31.50  21.50 

Kar.  Draguignan 31.75  » 

Vaucluse.  Avignon 31.00  » 

Prix  moyens 31 .  16  21.14 

Moy.  de  toute  la  France  31.01  22.33 

—  de  Usemaineprécéd.  31.28  2289 

Surlase.iiaine^  Hausse.      »  » 
précédente..     |  Baisse.    0.27    0.56 


22.00 

23.00 
22.00 

22.50 
24.75 

22.15 
23.00 


20.50 
21.00 
20.00 
17.75 
18«50 
18.00 
24.00 


23.50 
22.00 
22.7,S 
23.0ti 
26.00 

25  CO 

26  50 
22.00 
22.50 

23.50 
25.00 
23.25 
23.50 


24.  CO 
22.50 
25.55 
23.25 
24.75 
22.25 
23.50 


24. 


23.25 
24.50 


Î2.5C 
21.00 
21.25 
21.80 
19.50 
19.50 
20.00 
22.00 

19.00 


Seigle. 

Orge. 

Avoine 

ir. 

fr. 

fr. 

» 

12. ,50 

14.25 

» 

20.85 

22.25 

n.ih 

23.75 

24.00 

24.f)0 

22  25 

„ 

^5.25 

23.00 

21.75 

22.50 

23.00 

21. CO 

20.95 

23.00 

23.25 

22.00 

24.00 

22.. 50 

20.00 

25.25 

23.25 

20.25 
21.25 

23.35 

» 

, 

25  00 

» 

a 

20.85 

» 

. 

i> 

1 

22.00 

« 

» 

23.00 

25.00 

» 

22.50 

22  70 

18.00 

16  25 

» 

B 

15  20 

20.25 

» 

15.00 

156  REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX-COURANT. 

Blé. 
fr. 

Algérie.  Oran 26.50 

Angleterre.  Londres 31  50 

Belgique.  Anvers 28.75 

—  Bruxelles 29. .50 

—  Liège 30  00 

—  Namur  .30.00 

Pays-Bas.  Amsterdam 24.65 

Luxembourg.  Luxemhourg 30. .tO 

Alsace-Lorraine.        Colraar 31.75 

—  Strasbourg 31.25 

—  Mulhouse 32.75 

Allemagne.  Berlin 26  00 

—  Cologne 30  00 

—  Hambourg 25.25 

Suisse.  Genève 31  25 

—  Zurich 32.00 

Italie.  Milan 32  25 

Autriche.  Viienne 25.00 

Hongrie.  Budapesth 22. .50 

Russie.  Saint-Pétersbourg...  25.75 

Etats-Unis.  New-York 22.10 

Blés.  —  L'attention  de  tous  est  aujourd'hui  portée  partout  sur  la  moisson  des 
blés;  on  attend  avec  anxiété  les  résultats  qu'elle  va  donner.  Elle  se  poursuit  dans 
la  France  méridionale  avec  assez  de  rapidité.  Les  temps  chauds  que  nous  traver- 
sons favorisent  la  maturation.  Ainsi  que  nous  l'avons  déjà  dit,  dans  les  parties  où 
les  blés  sont  coupés,  on  se  montre  généralement  satisfait  tant  du  rendement  que 
de  la  qualité  du  grain.  Les  nouvelles  des  autres  parties  de  l'Europe  oij  la  moisson 
est  commencée,  commencent  aussi  à  arriver.  En  Italie,  de  même  qu'en  Hongrie 
et  en  Roumanie.,  on  se  montre  content  du  résultat.  Il  n'en  est  pas  de  même  dans 
la  Russie  méridionale  ;  les  ravages  des  insectes  ont  considérablement  diminué  le 
rendement,  et  dans  quelques  gouvernements,  il  est  presque  nul.  —  Les  marchés 
agricoles  continuent  à  présenter  le  plus  grand  calme  :  les  aiîaires  sur  tous  les  grains 
sont  à  peu  près  nulles.  A  la  halle  de  Paris,  le  mercredi  21  juillet,  il  n'y  a  eu, 
comme  les  semaines  précédentes,  que  très  peu  d'aflkires  ;  la  vente  des  vieux  blés 
était  très  difficile,  aux  cours  de  3  i  à  32  fr.  par  lOU  kilog.  ou  en  moyenne  31  fr. 
C'est  une  baisse  de  25  centimes  sur  le  prix  moyen  du  mercredi  précédent.  —  Sur 
le  marché  des  blés  à  livrer,  on  cotait  par  100  kilog.  :  courant  du  mois,  28  fr.  50; 
août,  27  Ir.  50;  quatre  derniers  mois,  26  fr.  2.=^;  quatre  mois  de  novembre,  26  fr. 
— '  Au  Havre,  il  y  a  peu  d'offres  sur  les  blés  d'Amérique  qui  valent  de  28  à  'G  fr  50 
par  100  kilog.  suivant  les  provenances.  —  A  Marseille,  les  arrivages  de  la  semaine 
ont  été  de  1  k  1 ,000  hectolitres  environ  Le  stock  s'est  un  peu  relevé  dans  les  docks; 
au  17  juillet,  il  était  de  49,000  quintaux  métriques.  Les  vent-s  sont  assez  actives 
sur  la  marchandise  disponible.  On  paye  suivant  les  provenances  :  Berdianska, 
28  fr  50  à  28  fr.  75  ;  Marianopoli,  27  Ir.  75  ;  Irka,  26  à  28  fr.  50  ;  Nicopoli,  26  à 
27  fr.  50  ;  Pologne,  28  fr.  50  à  28  fr.  75  ;  Michigan,  25  fr  50  à  27  fr.  75  ;  le  tout 
par  100  kilog.  —  A  Londres,  les  arrivages  de  blés  étrangers  durant  la  semaine  der- 
nière, ont  été  de  223,000  quintaux.  Les  affaires  sont  restreintes  avec  des  prix 
maintenus.  .On  cote  de  30  fr.  25  à  33  fr.  par  100  kilog.,  suivant  les  provenances 
et  les  qualités 

Farines.  —  Les  transactions  sur  les  farines  de  toutes  sortes  se  bornent  aux 
stricts  besoins  de  la  consommation.  — Pour  les  farines  de  boulangerie,  les  cours 
demeurent  ceux  de  la  semaine  dernière.  On  payait  le  mercredi  21  juillet,  à  la  halle 
de  Paris  :  marque  D,  64  fr.  ;  marques  de  choix,  66  à  67  fr.  ;  bonnes  marques,  64 
à  65  fr.;  sortes  ordinaires  et  courantes,  63  à  64  fr.;  le  tout  par  sac  de  159  kilog., 
toile  àrendre,  ou  157  kilog.  net,  ce  qui  correspond  aux  prix  extrêmes  de  39  fr.  50 
à  42  fr.  65  par  100  kilog.,  ou  en  moyenne,  41  fr.  10,  comme  le  mercredi  précé- 
dent. —  Les  cours  sont  faibles  sur  les  farines  de  spéculation.  On  cotait  à  Paris, 
le  mercredi  21  juillet  au  soir:  farines  huit-marques,  courant  du  mois,  62  fr.  ; 
août,  60  fr.  ;  quatre  derniers  mois,  56  fr.  à  56  fr.  25  ;  quatre  mois  de  novembre, 
55  fr.  ;  farines  supérieures.,  courant  du  mois,  63  fr.;  août,  60  fr  75  à  61  fr.  ;  qua- 
tre derniers  mois,  36  fr.  ;  quatre  mois  de  novembre,  35  à  35  fr.  25  ;  le  tout  par 
sac  de  159  kilog.,  toile  perdue  ou  157  kilog.  net,  à  l'exception  des  deux  dernières 
cotes  qui  sont  étahlies  par  quintal  métrique.  —  La  cote  officielle,  en  disponible, 
a  été   établie  comme  il  suit,  pour  chacun  des  jours  de  la  semaine,  par  sac  de 

157  kilog:.  net  : 


DES   DENRÉES  AGRICOLES   (24  JUILLET  1880).  157 

Dates  (juillet) 15  16  17  19  20  21 

Farines  huit-marques 62.50  62.50  62.65  62.50  62.75        62-00 

—      supérieures 62.76  63.25  63.25  63.15  63.10        63.00 

Le  prix  moyen  a  été,  pour  les  farines  huit-marques  de  62  fr.  50,  et  pour  les 
farines  supérieures,  63  fr.;  ce  qui  correspond  aux  cours  de  39  fr.  10  et  de 
39  fr.  50  par  100  kilo'g.  C'est  une  baisse  de  20  centimes  pour  les  unes  et  les 
autres,  sur  les  prix  moyens  du  mercredi  précédent.  —  Pour  les  farines  deuxièmes, 
on  paye  de  34  à  39  fr.  par  100  kilog.,  avec  des  demandes  assez  actives. 

Seigles.  —  Il  y  a  quelques  offres  en  seigle  nouveau  à  la  halle  de  Paris.  Les  prix 
s'établissent  de  20  à  21  fr.  par  100  kilog.,  avec  un  peu  de  baisse  depuis  huit 
jours.  Les  farines  sont  cotées  aux  prix  de  30  à  33  fr.  par  quintal  métrique. 

Orges.  — Mêmes  cours  que  la  semaine  dernière,  avec  desatfaires  très  restreintes, 
à  la  halle  de  Paris.  On  paye  de  20  fr.  50  à  22  fr.  59  par  100  kilog.  suivant  les 
sortes.  —  Les  escourgeons  se  vendent  de  19  fr.  25  à  20  fr.  25.  —  Sur  le  marché 
de  Londres,  peu  d'atfaires;  on  paye  de  19  fr.  90  à  21  fr.  80  par  100  kilog. 
suivant  les  sortes. 

Malt.  —  Les  demandes  sont  assez  actives.  Les  malts  d'orges  valent  à  Paris,  de 
34  à  35  fr.  50  par  100  kilog.  suivant  les  sortes.  Quant  à  ceux  d'escourgeon,  leur 
prix  varie  de  30  à  36  fr.,  suivant  les  provenances. 

Avoines.  —  Les  offies  sont  un  peu  plus  actives,  et -les  prix  sont  moins  fermes 
à  la  halle  de  Paris.  On  paye  de  22  fr.  25  à  24  fr.  25  par  100  kilog.  suivant  poids, 
couleur  et  qualité.  —  A  Londres,  quoiqu'il  y  ait  des  arrivages  assez  abondants, 
les  transactions  présentent  peu  d'activité.  Les  cours  se  maintiennent  avec  peine. 
On  cote  de  21  fr.  à  23   fr.  50  par  100  kilog.  suivant  les  sortes. 

Sarrasin.  —  Très  peu  d'affaires  sur  ce  grain.  On  paye  à  la  halle  de  Paris  24  à 
24  fr.  50  par  KO  kilog  pour  les  sarrasins  de  Bretagne,  suivant  les  qualités. 

Maïs.  —  Mêmes  cours  que  la  semaine  précédente  au  Havre,  pour  les  maïs 
d'Amérique. qui  sont  cotés  de  14  fr.  50  à  16  fr.  par  quintal  métrique.  Dans  le  midi 
de  la  France,  les  cours  n'éprouvent  pas  de  variations  sensibles. 

Issues.  — Les  prix  sont  à  peu  près  ceux  de  la  semaine  dernière.  On  paye  à  la 
halle  de  Paris  par  100  kilog.  :  gros  son  seul,  15  fr.  25  à  15  fr.  50;  son  trois 
cases,  14  fr.  50  à  15  fr.;  sons  fins,  I4  à  14  fr.  50;  recoupettes,  14  à  15  fr. 
remoulages  bis,  15  à  16  fr.;  remoulages  blancs,  17  h  19  fr. 
m.  —  Fourrages,  graines  fourragères,  issues. 
Fourrages.  —  Les  prix  varient  peu.  On  cote  à  Paris  par  1000  kilog;  foin,  108 
à  148  f  r.  ;  luzerne,  110  à  140  fr.  ;  regains,  104  à  132  fr.;  paille  de  blé',  84  à  106  ; 
paille  de  sigle,  80  à  108  fr.;  paille  d'avoine,  66  à  86  fr.;  —  dans  les  Ardennes, 
foin,  70  à  75  fr.;  paille,  60  à  65  fr.;  — à  Rouen,  foin,  125  à  135  fr.;  paile,  96  fr.; 
—  à  Bordeaux,  foin,  150  à  160  tr.;  —  dans  la  Touraine,  foin,  80  à  95  fr.;  paille, 
50  à  55  fr. 

Pommes  de  terre.  —  On  paye  à  la  halle  de  Paris  :  Hollande  nouvelle,  10  à  12  fr. 
l'hectolitre  ou  14.30  à  17.15  par  100  kilog  ;  jaunes  nouvelles,  7  à  9  fr.  l'hectolitre 
ou  10  à  J2.85  par  quintal  métrique. 

IV,  —  Vins,  spiritueux,  vinaigres,  cidres. 
Vins.  — Nous  n'avons  absolument  rien  à  ajouter  à  nos  précédentes  apprécia- 
tions, surtout  cette  semaine  où  les  affaires  sont  partout  suspendues.  La  fête  na- 
tionale a  dû  donner  une  grande  impulsion  à  la  consommation,  aussi  espérons- 
nous  que  la  semaine  dans  laquelle  nous  entrons,  va  donner  lieu  à  de  nombreuses 
demandes  et  déterminer  un  peu  d'activité  commerciale  à  laquelle,  depuis  quelque, 
temps,  on  n'est  plus  habitué.  Le  temps  continue  à  être  chaud  et  humide,  il  est 
caractérisé  par  des  intermittences  de  soleil  et  de  pluie,  et  cependant  les  nouvelles 
du  vignoble  sont  relativement  satisfaisantes.  Quant  aux  cours,  malgré  les  dénéga- 
tions des  détenteurs,  ils  sont  en  baisse  et  cette  baisse  est  surtout  accentuée  sur 
les  petits  vins  et  notamment  sur  ceux  qui  ne  présentent  pas  les  éléments  d'une 
solide  conservation.  —  La  bonne  nouvelle  est  l'adoption  par  le  Sénat  de  la  loi  sur 
le  dégrèvement  des  droits  sur  les  vins  et  les  sucres,  loi  précédemment  votée  par 
la  Chambre  des  députés. 

Spiritueux.  —  Les  mêmes  causes  ont  produit  les  mêmes  effets,  en  d'autres 
termes,  ce  qui  s'est  passé  pour  les  vins  s'est  passé  pour  les  spiritueux.  Les  affaires 
ont  été  suspendues,  et  il  en  est  résulté  un  calme  parfait  et  une  complète  nullité 
d'affaires.  Les  cours  n'ont,  par  suite,  pas  ou  peu  varié.  Telle  est  la  situation  dans 
toute  sa  simpbcité.  Notre  prochain  bulletin  aura,  il  faut  l'espérer,  un  peu  plus 


158  REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX-COURANT 

d'intérêt.  A  Paris,  on  cote,  3/6  betterave  bon  goût,  première  qualité  disponible 
62  fr.  25  à  62  fr,  50;  août,  62  fr.:  septembre-octobre,  60  fr.;  quatre  derniers 
58  fr.  50  à  59  fr. 

Vinaigres.  —  Aucun  changement  sur  cet  article.  Les  cours  sont  fermes,  mais 
sans  variations. 

Cidres.  —  Nous  n'avons  rien  à  signaler  sur  les  cidres,  sinon  des  prix  bien  t'enu-s^ 
avec  tendance  vers  la  hausse. 

V.  — Sucres.  —  Mélassen.  —  Fécules.  —  Q'iar.oaes.  —Amidons. —  Houblons. 

Sucres.  —  Le  prix  des  sucres  a  augmenté  depuis  notre  dernier  bulletin.  Les 
offres  sont  peu  nombreuses  et  les  sucres  roux  deviennent  de  plus  en  plus  rares,; 
aussi  la  fermeté  domine  sur  le  marché.  On  a  coté  à  Paris,  par  100  kilog.,  pour 
sucres  bruts,  88  degrés  saccharimétriques  :  n"^  7  à  9,  68  fr.  75;  n"»  10  à' 
13,  62  fr.  50:  blanc  type  n"  3,  69  fr.  7b.  A  Valenciennes,  on  a  coté  pour  sucres, 
bruts  disponibles  :  moins  7,  78  fr  50;  n°*  7  à  9,  67  fr.;  n"  10  à  13,  60  fr.  5*0. 
A  Lille,  le  sucre  indigène,  n»  10  à  13,  vaut  61  Ir.  A  Arras,  on  cote,  en  dispo- 
nible, moins  7,  78  fr.;  n°^  7  à  9,  67  fr.;  n"»  10  cà  13,  61  fr.  Le  stock  réel  de 
l'entrepôt  de  Paris  était,  au  19  juillet,  de  306,495  sacs,  avec  une  diminution  de 
12,193  sacs  depuis  huit  jours.  Les  raffinés  font  :  Bonnes  sortes,  150  fr.;  belles 
sortes,  152  fr.  Les  cours  pour  l'exportation  varient,  selon  les  marques,  de 
74  fr.  50  à  77  fr.  50.  A  Londres,  le  marché  est  très  ferme,  mais  les  transactions 
sont  entravées  par  les  hauts' prix  demandés. 

Mélasses.  —  Pas  de  changement  dans  le  cours  des  mélasses  qui  continuent  à  se 
payer  14  fr.,  celle  de  raffinerie,  15  fr. 

Fécules.  —  Nous  constatons,  dans  le  prix  des  fécules,  une  baisse  de  1  franc 
depuis  la  semaine  dernière.  On  a  coté  à  Paris,  fécules  l--"*  de  l'Oise  et  du  rayon  de 
Paris,  de  44  à  44  fr.  50,  les  100  kilog.  A  Gompiègne,  le  type  de  la  chambre 
syndicale,  vaut  43  fr.,  sans  affaires. 

Glucoses.  —  La  vente  est  active  sur  lès  sirops,  et.  l'a  marchandise  assez  rare. 
Les  achats  continuent  à  se  porter  sur  les  sirops  de  maïs.  On>cote,.  sans  change- 
ment avec  la  semaine  dernière  :  sirop  de  froment,  65  à  66  fr.;  sirop  massé,  55 
à  56  fr.;  sirop  liquide  (33  degrés),  45  à  46  fr.;  siiiops  de  maïs  masses:,  45  à. 
46  fr.,  le  tout  par  100  kilog. 

Amidons.  —  Demandes  restreintes..  Les  prix  ont  faibli  sur  les  amidons  en 
vrague.  On  a  coté  à  Paris  :  amidons  de  Paris  en  paquets,  pur  froment,  7B  à 
80  fr.;  amidons  de  province,  64  a  66  fr.;  amidons  d'Alsace  en  vrague,  62  à  64  fr.  ; 
amidons  de  maïs,  50  à  52  fr.;  fleur  de  riz,  44  à  46  fr.  ;  amidons  riz  de  Louvain, 
78  à  80  fr.,  le  tout  par  100  kilog. 

VI.  —  Huiles  et  graines  oléagineuses. 

Huiles.  —  Les  acheteurs  sont  rares.  Les  prix  ont  baissé  de  î  fr.  depuis-  notre 
dernier  bulletin.  On  a  coté  à  Paris  :  colza  tous  fïïts,  75  fr.  ;  idem  en  tonnes, 
77  fr.  ;  idem  épurée  en  tonnes,  85  Ir.  ;  lin  disponible,  en  fûts,  70  fr.  50; 
idem  en  tonnes  72  fr.  bO.  A  Arras  :  huile  d'œillette  surfine,  180  fr.  les  91  kilog;.; 
pavot  à  bouche,  95  fr.;  colza  pays,  76  fr  50,  lin  étranger,  72;fr.;.cameHne,  75  fr.; 
pavot  industriel,  88  fr.  les  100  kilog.  A  Cambrai,  (par  100  kilog.)  colza  pays, 
74  fr.;  étranger,  73  fr,;  lin,  69  fr.;  œillette  surfine,  1"  qualité,  195  fr. 

Graines  oléagineuses.  — A  Arras,  la  graine  d'œillette  vaut  de'  44  à'  47'  fr.  l'heetol.; 
celle  de  colza,  de  16  fr;  50  à  21  fr.  50.  A  Cambrai  :  colza  nouveau  (l'heetol.),  20  à 
22  fr.;  vieux,  22  i\-.;  lin,  26  fr.  A  Marseille:  on  a  vendu' 18,000  quintaux-  sésame 
Goromandel,'37  fr.,  et  arachides  décortiquées  Coromandel,  30  lï:  75  les  100  kilog; 

VII.  —  Tourteaux,  noir  s,  engrais. 

Tourteaux.  —  La  cote  de  Marseille  est  comme  suit  :..tourteaux  lin  pur,  20  fr;  50; 
arachide  décortiquée;  14  fr.  50;  idem  brun  pour  engrais,  13  Ir.  75;.  idem  en 
coquCj  11  fr.  25;  ricins,  10  fr.;  sésame  blanc  du  Levant,,  15  fr.;  idem  de  l'Inde, 
13  fr.  50;  colza  du  Danube,  13  fr.  50;  coton  d'Egypte,  12.fr.;  palmiste  natureli, 
10  fr.  75  ;  ravison,  1  2  fr  75.  A  Arras,  tourteaux  de  graines  indigènes:  œillette, 
19  fr.  50;  colza,  15  fr.;  lin,  29  fr.  Graines  étrangères  :  pavot,  13.fr.;  lin,  23  fr.  50 
les' 104  kilog.  A  Cambrai,  tourteaux  colza  pays,  15  à  16  fr.;  lin,  23  à  24- fr.; 
œillette,  17  fr.  l'heetol. 

Noirs.  —  On  cote  à  Valenciennes,  noir  neuf^  en.  grains,  32  fr.;  vieux  en 
grains,  de  8 à  9  fr.;, Lavage,  2  à  4  fr. 

VIJI.  —  Matières  résineuses  et  colorantes,  textiles.. 

Matières  résineuses.   —  A  Bordeaux,  nouvelle  baisse  de  4  fr.  depuis  la  semaine 


DES  DENRÉES  A&RICOLES   (24  JUILLET  1880j.  159 

dernière,  sur  l'essence  de  térébenthine  dont  le  cours  est  desoendii  à  56  fr.  JLes 
IQO  kilog.  A  Dax,  l'essence  de  térébenthine  vaut  49  fr.  A  Mont-de -Marsan,  on 
paye  la  barrique  de  :gemme  ordinaire  (3  10  litres),  40  fr.  ;  système  Hugues,  -45  fr.; 
à  Beangiiet,  ordinaire,  41  fr.;  Hugues  46  fr.,  charroi  compris. 

.Soufres.  —  Voici  les  denaiers  cours  de  Marseille  :  12  fr.  50  à  15  fr..  30  les 
100  ikilog. 

Laines.  —  A  Levroux  (Indre),  la  laine  s'est  vendue  de  1  fr.  80  à  .2  fr.  20  le  kil. 
A  Neuvy  (Indre)^  le  prix  a  été  de  1  fr.  70 à  1  fr.  90.  A  Sém'ur  (Gôte-d'Or),  les  prix 
étaient  de  4  fr.  à  4  fr.  20  le  Mlog. 

Houblons.  —  A  Alort  d  y  a  vendeurs  en  houblons  de  la  récolte  prochaine  au 
prix  de  141  fr.  50  les  100  Mlog.  .Affaires  nulles  en  Alsace  oiî  l'apparence  de  la 
récolte  est  excellente. 

IX.  —  Suifs  et  corps  gras. 

Suifs.  —  A  Paris,  il  n'y  a  pas  de  variation  dans  les  prix  de  la  semaine  der- 
nière :  frais,  hors  Paris,  81  fr.  50  ;  bœufs  Plata,  84  fr.  50  ;  suif  en  branches, 
61  fr.  12. 

Saindoux  et  salaisons.  —  Au  Havre  les  saindoux  et  lards  ^alés  sont  au  grand 
calme,  mais  les  prix  sont  fermes.  0n  a  coté,  Wilcox  disponible,  lOu  fr.  les 
100  kilog.  Jjkûs  les  lards  salés  onra  fait  50  .caisses  épaules  à  7.8  .fr..  les  1.00  kilog. 
et  des  lotinB  de  longues. bandes  à  99  fr. 

X.  —  Beurres.   —    Œufs.  —  Fromages. 

Beurres.  —  On  a  vendu  cette  semaine  à  la  halle  de  Paris,  294,312  kilog.  de 
beurres.  Voici  les  prix  par  kilog.  ;  en  demi-kilog.,  de  1  fr.  40  à  3  fr,  62  ;  petits 
beurres,  de  1  fr.  50  à  2  fr.  48  ;  Gournay,  de  1  fr.  80  à  4  fr.  46  ;  Isigny,  de  1  fr.  .80 
à  5  fr.  72. 

Œufs.  —  Du  l'2  au  19  juillet,  5,194,920  œufs  ont  été  vendus  à  la  halle  de  Paris, 
aux  prix  suivants  par  mille  :  choix,  90  à  98  fr.  ;  ordinaires,  65  à  90  fr.;  petits, 
48  à  60  fr. 

Fromages.  — Les  prix  des  fromages  vendus  cette  semaine  à  la  halle  de  Paris  sont 
comme  suit,  par  douzaine  :  Brie,  de  4  à  8  fr.  ;  Montlliéry,  de  15   fr.  ;  par  cent  : 
Livarot,  de  22  à  54  fr.  ;  Mont-d'Or,  de  10  à  24  fr.;  Neulchâtel,  de  3  à  17  fr.  ; 
divers,  de  7  à  83  fr.  Le  Gruyère  s'est  vendu  de  130  à  160  fr.  les  100  kilog. 
XL  —  Chevaux.  —  Bétail.  —  Viande. 

Chevaux.  —  Aux  marchés  des  13  et  17  juillet,  à  Paris,  on  comptait  901  che- 
«vaux;  sur.Ge  nomJare,  .323  ont  été  vendus  comme  il  suit  : 

Ameaés.    Vendus.  Prix  extrêmes. 
Chevaux  de -cabriolet 243        25  180  à      980    fr. 

—  de  trait 

—  hors  d'âge 

—  à  l'enchère 

—  de  boucherie 

Anes  et  chèvres.  —  Aux  mêmes  marchés,  on  comptait  14  ânes  et  II  chèvres; 
•6  ânes  ont  été  vendus  de  35  à  100  fr.;  3  chèvres  de  20à'6O'fr. 

Bétail.  —  Le  tableau  suivant  résume  le  mouvement  du  marché  aux  bestiaxix  de 
la  Yillette  du  jeudi  15  au  mardi  20  juillet  : 

Poids        Prix  du  kilog.  de  viande  sur  pied 


243 

25 

180  à 

980 

217 

47 

300  à 

1,090 

276 

^86 

22  à 

960 

103 

.103 

50. à 

605 

62 

62 

32  à 

115 

^Veadus 

moy«n 

des 
k  quartiers 

au  m. 

arciié  du 

lundi  19 

juillet. 

'POOT 

Pour 

En 

i.  t" 

-2« 

^~T^ 

Prix 

'Amerbés. 

Paris,  l'axteneur. 

totalité. 

,kil. 

,qual. 

quai. 

q,ual. 

moyen- 

7.199 

3,056 

1,743 

4,799 

334 

1.68 

1.45 

1.08 

1.36 

1,719 

480 

715 

1,195 

236 

1.52 

1.22 

0.96 

1.23 

478 

190 

■36 

226 

380 

1.36 

.1.15 

0.9A 

1.15 

4,916 

2,907 

1,210 

4,117 

71 

1.90 

1.78 

1.30 

1.65 

50,867 

18,105 

.24,033 

42,138 

19 

2.00 

1.72 

1.32 

1.62 

4,314 

1,735 

2,579 

4,314 

86 

1  90 

1.80 

1.70 

1.88 

10 

7 

.3 

10 

25 

.1.50 

a 

• 

l.âO 

Bœufs 

Vaches 

Taureaux 

Veaux  

Moutons , 

Porcs  gras 

—    maigres. 

Lestransactionssurtoutesles-catégories  d'animaux  ont  été  difficiles;  les  arrivages 
dépassaient  d'une  manière  très  considérable  la  moyenne  des  semaines  ordinaires. 
Aussi  les  prix,  pour  toutes  les  catégories,  sont  faiblement  tenus,  et  c'est  une  baisse 
assez  sensible,  comparativement  aux  cours  de  la  semaine  dernière,  que  nous  avons 
à  enregistrer.  —  On  cote  k, Bordeaux  :  bœuf,  l,40,à.l,80;  ,vaclie,  1,10  à  i,50:; 
veau,  1,30  à  1,70;  mouton,  1^60  à  2  fr.;  porc,  1,30  à  1^40; — .à /Jouen,  rbœuf, 
1,60  à  1,85;  vache,  1,40  a  1,80;  veau,  ,1,50  ..à  1,75,;  mouton,  ;2. à  2,35;  porc, 
1,65  à  1,80. 

A  Londres,  les  arrivages  d'animaux  étrangers,  durant  la  semaine  dernièi-e,  se 
sont   composés  de  25,456   tètes,  dont  7  bœufs,  471   veaux,    3,086    moutons  et 


160 


REVQE    COMMERGEALE  ET  PRIX-COURANT  (24   JUILLET    1880). 


2  porcs  venant  d'Amsterdam;  316  moutons  d'Anvers;  1,818  moutons  de  Brème; 
40  bœufs  de  Christiana;  2,901  moutons  et  441  porcs' d'Hambourg,  10  bœufs,' 
140  veaux,  2,655  moutons  et  Sf^'.*]  porcs  d'Harlingen;  700  bœufs  et  1,216  mou- 
tons de  Montréal;  1,258  bœufs  de  New-York;  2  bœufs,  460  veaux,  4,616  mou- 
tons et  62  porcs  de  Rotterdam;  849  bœufs  et  4,023  moutons  de  Tonning;  80  bœufs 
de  Vigo.  Prix  du  kilog.  :  Bœuf  :  1",  1  tr.  93  à  2  fr.  05  ;  2f,  1  fr.  75  à  1  fr.  87  ; 
qualité  inférieure,  1  fr.  58  à  1  fr.  75. —  Veau:  ]'%  1  fr.  93  à  2  ir.  10;  2«  1  fr.  78 
à  1  fr.  93.—  Mouton  :  l",  2  fr.  22  à  2  fr.  40;  2%  1  fr.  75  à  2  fr.  10;  qualité 
inférieure,  1  fr.  58  à  1  fr.  75.  —  Agneau  :  2  fr.  28  à  2  fr.  63.  -  Porc  :  \">, 
1  fr.  58  à  1  fr.  75  ;  2%  1  fr.  40  à  1  fr.  58. 
Viande  à  la  criée.  —  Oa  a  vendu,  à  la  halle  de  Paris,  du  12  au  19  juillet  : 

Prix  du  kilog.  le  il  juillet. 

kilog.  1"  quai.  2«>  quai.  J"  quai. 

229,571       1.06àl.86      0.98àl.6a      O.ôOàl.O't 

2i8,8l8       1.78    2.10       1.18     1.76       0.80     1.16 

59,508       1.56     1.90      1.18     1.54      0.60     1.16 

2T,227  Porc  frais. . ...       1 .  10  à  2  00 

565,12^      Soit  par  jour 70,732  kilog. 

La  vente  a  été  à  peu  près  la  même  que  pendant  la  semaine  précédente.  Les  prix 
restent  sans  changements  depuis  huit  jours,  sauf  pour  la  viande  de  veau  qui  est 
cotée  en  hausse. 


Bœuf  ou  vache . 

Veau 

Mouton 

Porc 


Choix.     Basse  boucherie. 
1.00à3.30  O.lOà  1  00 
0.90     2.20       . 
0.90     3.80       . 


XII.  —  Cours  de  la  viande  à  Vaiattoir 


Cours  de  la  charcuterie.  —  On  vend  à  la  Villette  par 
105  à  110  fr.;  20,  100  à  105  fr.;  poids  vif,  72  à  74  tr. 


la  Villette  du  22  juillet  {par  50  kilog.) 

50  kilog.:   \"  qualité, 


XIII.  —  Marché  aux   bestiaux  de  la  Villette  du  jeudi  22  juillet. 


Poids 
moyen 
Animaux  général.     1" 

amenés.    Invendus.  kil.       quai. 

Bœnfs 2.234  231  360         1.72 

Vaches 590  40  255         1.56 

Taureaux...  83  5  370        1.38 

Veaux 1.499  i38  80         1.95 

Moutons 22.083  2.000  18         2.02 

Porcs  gras..     2.892  85        2.05 

—  maigres.  »  •  >  » 

Vente  assez  active  sur  toutes  les  espèces. 


Cours    officiels. 


Cours  des  commissionnaires 
en  bestiaux. 


2« 
quai. 
i.'iS 
1.26 
1.16 
1.80 
1.74 
2.00 


3° 
quai. 
1.15 
1.00 
1.00 
1.34 
1.34 
1.90 


Prix 
extrêmes. 
1.02  ài.78 
0.96  1.62 
0.96  1.42 
1.26  2.14 
1.24  2.05 
1.80     2.14 


1»         2»         3» 
quai.   quai.  quai. 
1.72     1.48     1.15 


Prix 
extrêmes 
1.00  à  1.78 
0.95     1.60 
0.95     1.40 


XIV.  —  Résumé. 
Le  plus  grand  nombre  des  denrées  accusent  des  cours  en  baisse  ou  faiblera3nt 
tenus.  Les  transactions  sont  d'ailleurs  très  faibles.  A.  Remy. 

BULLETIN  FINANCIER. 

Cours  de  la  Bourse  du  13  ou  21  juillet  1880  {au  comptant). 
Retour  à  lahausse:  notre  3  0/0  est  à  85,40  gagnant  0,90,  l'amortissable  à  87,40 
gagnant  1  fr.  et  le  5  0/0  à  120,45  gagnant  1,05.  Toutes  les  valeurs  profitent  de  ce 
mouvement. 


Principales  valeurs  françaises  : 

Plus  Plus 
haut. 
85.50 
87.50 
116.00 
120.45 


Rente  3  0/0 84.45 

Rente  3  0/0  amortis 86.45 

Rente  4  1/2  0/0 115.50 

Rente  5  0/0 119.20 

Banque  de  France 3415.00  3480.00 

Comptoir  d'escompte 970.00    980.09 

Société  générale 560.00     565.75 

Crédit  foncier 1250.00  1275.00 

Est Actions  500     747.50     755.00 

Midi..... d»  1010.00  1040. 0> 

Nord d°  1590.00  1662.50 

Orléans d»  1209.00  1220.00 

Ouest d°    802.50    éio.oo 

Paris-Lyon-Méditerranée  d»  1347.50  1375.00 
paris  1871  obi.  400  3  0/0  ..  394.50  398.00 
Italien  5  0/0 85   lo       85.50 

£    Gérara  :  A.   BOUCHÉ. 


Dernier 
cours. 
85.40 
87.40 
115.75 
120.45 

3460.00 
980.00 
562.50 

1275.00 
752.50 

1033.75 

1662.50 

1218.75 
810.00 

1375.00 
398.00 
85.25 


Fonds  publics  ©t  Emprunts  français  et  étrangers 


Plus 

Plus 

Derniers 

bas. 

haut. 

cours. 

Obligations  du  Trésor 

515.00 

515.00 

515.00 

remb  a  500. 4  O'O. 

> 

» 

» 

Consolidés  angl.  3  O/O 

» 

» 

98  9/16 

50/0  autrichien.... .. 

62  3/8 

63.00 

63.00 

4  1/2  0/0  belge 

106.15 

106.25 

106.15 

6  o/O  égyptiea 

314.00 

320.00 

316.00 

3  o/o  espagnol,  ester', 
d"  intérieur 

18  3/4 

19  7/8 

19  7/8 

» 

11 

» 

6  O/o  Etats-Unis 

107  00 

107  1/2 

107  1/2 

Honduras,  obi.  300... 

» 

» 

» 

Tabacs  ital.,  obi.  500.. 

,) 

n 

» 

6  o/O  péru'-ien 

» 

D 

•  ■ 

5  o/o  russe 

94.00 
10.25 

95.50 
10  45 

9i.30 

5  o/o  turc 

10.40 

5  0/0  roumain 

Bordeaux,  lOO,  3  o/O.. 

I 

» 

100.50 

Lille,  100,3  0/0 

» 

n 

101,50 

Leterrieb 

CHRONIQUE  AGRICOLE  ouuillet  isso). 

La  moisson  dans  le  midi  et  dans  le  centre.  —  Maturation  des  grains  dans  la  région  du  nord.  — 
Evaluation  approximative  de  la  récolle.  —  Nouvelles  des  diverses  parties  de  l'Europe  méridio- 
nale. —  les  orages  ot  les  dégâts  qu'ils  occisionnent.  —  Lettre  de  M.  Ferté  sur  les  effets  d'un 
orage  à  grêle  dans  l'arrondissem-nt  de  Soissons.  —  Le  gibier  tué  par  la  grêle.  —  Le  phylloxéra, 
—  Nouveaux  traitements  adminis  ralifs.  —  Constitution  de  syndicats  dans  la  Gironde.  —  Note 
de  M.  P.  deLafitte  en  réponse  à  M.  Lichtensiein.  —  Nouvelles  d'Autriche-Hongrie.  —  Extension 
du  fléau.  —  Stations  expérimentales  de  culture  de  vignes  américaines.  — Organisation  d'un  con- 
grès phylloxérique  internaiionil  en  Espagne  —  L'importation  du  bétail  en  France.  —  Relevé 
pour  les  six  premiers  mois  de  1880,  publié  par  l'aiministration  de  l'agriculture.  —  Différences 
avec  les  relevés  publiés  par  ladministration  des  douanes.  —  Nouvelles  études  de  M.  Souheyran 
sur  les  dangers  que  présentent  les  viandes  de  porc  d'origine  américaine.  —  Le  verdissage  des 
conserves  alimentaires.  — Conclusions  de  la  Soci'îté  d'hygiène.  —  Nécrologie.  —  Mort  de  M.Stié- 
venart.  —  Dates  des  expériences  de  machin-'S  à  battre  faites  par  h  Société  des  agriculteurs  de 
France.  —  Prochain  concours  de  la  Société  d'agriculture  de  la  Gironde.  —  Concours  ouvert  par 
le  gouvernement  belge  sur  la  situation  de  l'agriculture  et  les  moyens  de  la  faire  progresser.  — 
Concours  de  juments  poulinières  dans  la  Seine-Inférieure.  —  Recherches  de  M.  Lefranc  sur  les 
laines  de  couchage. —  La  végétation  des  betteraves.  —  Les  sucreries  dans  l'ouest.  —  Notes  de 
MM.  Schneider,  Nebout  et  Leyrisson  sur  la  situation  des  récoltes  en  Lorraine  et  dans  les  dépar~ 
temenls  de  l'Allier  et  de  Lot-et-Garonne. 

I.  —  La  moisson, 

La  France  agricole  est  ea  pleine  moisson  de  céréales.  Dans  le  Midi^ 
tout  est  déjà  coupé  et  en  partie  battu;  dans  le  Centre,  les  seigles  sont 
par  terre  ou  bien  livrés  aux  machines  à  battre,  aûn  que  la  paille 
puisse  servir  à  faire  les  liens  nécessaires  pour  les  gerbes  d3  blé. 
Presque  partout  on  est  obligé  d'attaquer  les  froments  et  les  avoines 
à  peu  près  en  même  temps;  car,  par  l'action  des  dernières  cha- 
leurs, la  maturation  s'est  faite  très  rapidement  et  pour  presque 
toutes  les  céréales  à  la  fois.  Les  choses  ont  marché  tellement  vite  que, 
dans  le  Nord  môme,  on  se  dispose  à  faire  la  moisson.  Presque  partout 
des  machines  travaillent  de  manière  à  remplacer  presque  la  moitié  de 
la  main-d'œuvre  employée  naguère  à  couper  les  céréales.  Les  machines- 
lieuses  elles-mêmes,  quoique  encore  à  leur  aurore,  si  l'on  peut  parler 
ainsi,  commencent  à  être  appréciées.  En  général,  la  paille  est  plus- 
courte  que  d'ordinaire,  et  dans  un  certain  nombre  de  champs,  on  se 
plaint  qu3  les  gerbes  ne  soient  pas  très  nombreuses.  Mais  à  peu  près 
partout,  l'épi  est  bien  rempli  et  le  grain  est  de  belle  qualité.  11  nous 
semble  qu'on  peut  conclure  de  tous  les  renseignements  donnés 
jusqu'à  ce  jour,  et  de  toutes  les  observations  faites  que,  pour  la  France^ 
on  a  une  récolte  moyenne  pour  la  quantité,  et  généralement  remarquable 
pour  la  qualité.  Ce  dernier  point  est  important,  parce  que,  sur  le 
marché,  nos  grains  braveront  facilement  la  concurrence  étrangère. 

Ajoutons  que  les  dernières  nouvelles  qui  sont  parvenues  des  autres 
pays  d'Europe  accusent  une  bonne  récolte  de  blé  eu  Italie,  en  Hongrie 
et  dans  la  Roumanie  où  la  production  s'est  considérablement  accrue 
depuis  quelques  années.  Dans  la  Russie  méridionale,  au  contraire,  la 
moisson  ne  donne  que  des  résultats  médiocres;  dans  un  grand  nombre 
de  districts,  les  intempéries  et  les  attaques  des  insectes  ont  réduit, 
dans  une  proportion  très  considérable,  la  moisson  du  blé.  En  Alle- 
magne, on  commence  à  couper  les  diverses  céréales.  Quant  aux  régions 
septentrionales  de  l'Europe,  la  maturation  n'est  pas  encore  assez.: 
avancée  pour  que  l'on  puisse  préjuger  ce  que  donnera  la  moisson. 
■  II.  —  Les  orages. 

Nous  avons  déjà  signalé  la  série  d'orages  qui  s'est  abattue  sur  la 
partie  septentrionale  de  la  France.  Ces  orages  ont  amené,  dans  quelques 
cantons,  des  désastres  très  considérables,  mais  qui,  quelque  tristes 
qu'ils  soient  pour  ceux  qui  n'étaient  pas  assurés,  ne  compromettront 

N»  5«0.  —  Tome  lîl  de  1880.  —  31  Juillet. 


162  CHRONIQUE  AGRICOLE   (31  JUILLET  1880). 

pas  d'une  manière  sensible  le  résultat  général  de  la  moisson.  Au 
sujet  d'un  de  ces  orages^,  un  de  nos  correspondants  nous  envoie  la 
lettre  suivante  : 

«  Monsieur  le  Directeur,  notre  culture,  déjà  si  cruellement  éprouvée,  vient 
d'être  frappée^  en  partie,   d'un  nouveau  désastre. 

«  Durant  la  nuit  du  samedi  i  7  juillet,  un  cyclone  s'est  déchaîné  à  l'ouest  de 
l'arrondissement  de  Soissons  (Aisne),  et  une  pluie  diluvienne  de  grêlons  a  détruit 
en  quelques  heures  l'espoir  si  brillant  de  la'prochaine  récolte. 

«  Voici,  d'après  les  renseignements  qui  me  parviennent,  la  nomenclature  de-« 
localités  atteintes  :  Ressous-le-Long  ;  Vie;  Berny-Rivière;  Sacy;  Saint-Christophe; 
Mouftkye;  Gonfrécourt;  Tartiers  ;  Forêt;  Vezaponin;  Mareuil  ;  Epagny;  Saint- 
Léger;  Bonne-Maison;  Trosly-Loire  ;  Moyemhrie;  Crécy-au-Mont;  Po'nt-Saint- 
Mard. 

«  On  ignore  l'étendue  du  désastre,  mais  dès  maintenant  les  pertes  connues 
dépassent  deux  millions,  et  le  pis,,  c'est  que  peu  de  cultivateurs  sont  assurés, 
n^ayant  jamais  vu  leurs  récoltes  atteintes  par  la  gpêle, 

c  Agréez,  etc.'  »  A.  Ferté. 

Parmi  les  fermes  qui  ont'  été  le  plus  gravement  atteintes,  sur  la 
commune  de  Moulflaye,  où  il  faut  citer  la  belle  exploitation  de 
M.  Vallerand,  sur  laquelle  les  récoltes  de  blé,  d'avoine  et  de  betteraves 
ont  été  presque  complètement  détruites.  Le  gibier  a  été  violemment 
atteint,  et  dans  les  champs  on  trouve  beaucoup  de  cadavres  d'oiseaux 
et  de  lièvres. 

in.  —  Le  phylloxéra. 
Le  phylloxéra  continue  à  se  développer,  ainsi  qu'il  arrive  toujours 
à  cette  époque  de  l'année.  Aussi  des  demandes  de  traitements  admi- 
nistratifs, soit  pour  extinction,  soit  comme  mode  cultural,  ont  dû  être 
autorisées  par  la  section  permanente  de  la  Commission  supérieure  du 
phylloxéra,  dans  sa  dernière  séance,  pour  cinq  communes  dans  Far- 
rondissement  de  Chambéry  (Savoie),  pour  une  dans  le  département  de 
la  Haute-Garonne,  pour  un  assez  grand  nombre  de  petites  taches  dans 
lé  département  de  l'Aude,  et,  enfin,  pour  Corte  et  Bastia,  dans  la  Corse. 
Les  syndicats,  pour  se  défendre  contre  l'insecte  nuisible,  continuent  d'ail- 
leurs à  se  former,  surtout  dans  la  Gironde. 

A  l'occasion  de  lanote  de  M.  Lichtenstein,  publiée  dans  notre  dernier 
numéro,  M.  Prosperde  Lafitte  nous  envoie  la  réponse  suivante  : 

«  M.  Lichtenstein  a  écrit  dans  \e  Journal  de  l'agriculture,  n°  du  24  juillet,  page 
143  :  «  ....  à  propos  Vœuf  d'hiver  du  phylloxéra,  je  suis  souvent  pris  à  partie  par 
l'auteur,  M.  Prosper  de  Lafitte.  » 

«  Point  du  tout  !  je  n'ai  pas  pris  à  partie  M.  Lichtenstein.  J'ai  fait  précisément 
le  contraire,  puisque  j'ai  invoqué  ses  observations,  en  y  donnant  mon  plus  complet 
assentim.ent,  et  qu'ainsi,  où  j'ai  pu  le  faire,  je  me  suis  fait  son  disciple.  J'aurais  pu 
le  prendre  à  partie  pour  autre  chose  .;  c'est  vrai  et  je  fai  dit.  Mais  j'ai  formellement 
dit  aussi  que  je  ne  voulais  pas  le  faire.  Il  y  a  plus  :  pour  si  engag-r'anle  que  soit 
l'occasion  nouvelle  qui  vient  s'offrir,  je  ne  veux  pas  le  faire  encore. 

(c  II  ne  m'eiit  pas  été  désagréable,  je  l'avoue,  de  rencontrer  ces  mots  :  «  discus- 
sion bysantine,  »  sous  la  plume  officielle  de  son  beau-frère;  mais  je  regrette  d'avoir 
donné  à  M.  Lichtenstein  la  tentation  de  créer,  en  histoire  naturelle,  une  classe  de 
«  tout  petits  points  «^  où  risquerait  d'aboutir  à  peu  près  tout  ce  qu'il  a  fait  lui- 
même  jusqu'à  ce  jour.  Prosper  de  Lafitte,  » 

Nous  recevons  d'Autriche-Hongrie  des  nouvelles  fâcheuses  sur  le 
développement  que  l'invasion  y  a  pris.  Elles  sont  extraites  de  lettres 
que  nous  a  communiquées  M.  Laliman.  A  Klosterneubourg,  lesefforts 
énergiques  tentés  pour  détruire  l'insecte  n'ont  pas  eu  de  résultat  com- 
plet; on  cherche  à  vivre  avec  le  phylloxéra,  en  traitant  la  vigne  par  le 
sulfure  de  carbone.  En  Hongrie,  de  nouveaux  centres  d'invasion  ont  été 


CHRONIQUE  AGRICOLE   (31  JUILLET  1880).  163 

constatés  :  à  Panscova,  sur  380  hectires  ;  àErmellek,  sur  14  hectares, 
puis  à  Kaschau,  Nagy  Karoly,  Szaltuar  Nemesy.  Enfin,  dans  Flstrie, 
le  phylloxéra  a  été  trouvé  dans  la  vallée  de  Sizzale,  non  loin  de  Trieste. 
Des  stations  expérimentales  de  culture  de  vignes  américaines  ont  été 
établies  sur  plusieurs  points  par  le  gouvernement  austro-hongrois. 

En  Espagne  aussi,  on  se  préoccupe  beaucoup  de  la  marche  rapide 
du  fléau.  Un  congrès  phylloxérique  international  organisé  sous  le 
patronage  du  gouvernement,  se  tiendra  à  Sarragosse,  du  l'""  au  10 
octobre  prochain.  On  y  étudiera  les  divers  moyens  préconisés,  soit 
pour  enrayer  la  marche  de  l'insecte  soit  pour  reconstituer  les  vignes 
atteintes  ou  détruites. 

IV.  —  L'importation  du  bétail  en  France. 

Dans  un  précédent  numéro,  nous  avons  inséré  le  premier  tableau 
publié  par  l'administration  de  Tagriculture  relativement  à  l'importation 
du  bétail  en  France  et  aux  résultats  de  l'inspection  du  service  sanitaire 
à  la  frontière.  Ce  tableau  se  rapportait  aux  cinq  premiers  mois  de 
l'année  1880.  Le  Jnurnal  officiel  du  24  juillet  publie  le  relevé  des  im- 
portations du  1"  janvier  au  30  juin,  ainsi  que  celui  des  animaux 
reconnus  atteints  de  maladies  contagieuses  : 

Relevé  des  importations  du  1"  janvier  au  30  juin  1880. 

Génibses 
Pays  de  provenance.        Bœufs.    Taureaux.  Vaches.  et  Veaux.      Moutons.      Chèvres.     Porcs. 

Taurillons. 

Algérie 9,096  ,  ,  »  7  1.5b, 001  2  90 

Allemagne 2,851  315  4,366  724  1,.5]5  378,294  92  46,.780 

Autriche-Hongrie »  »  »  •  »  81,003  »  244 

Belgique 1,935  1,895  16,019  885  11,117  30,940  110  55,474 

Espagne 1,438  28  255  8  539  55,8'46  2,013  1,423 

Etats-Unis  d'Amérique  413  »  3  »  2  1,858  »  231 

Italie 23,790  23  10,529  540  7,656  112,198  2,091  14,930 

Pays-Bas 4  2  1,718  ,52  330  2,185  .  1,019 

Suisse 412  283  4,580  308  3,628  2,200  59  916 

Angleterre 122  5  11  3  »  18  1  23 

Russie »  »  »  »  »  »  »  87 

Paysdivers 1,646       2t_  404      50^  561  6,639  156  2,379 

41,707       2,572       37,885       2,o7025,35o      

Totaux ■  ""■""""     no7o89^  "         827,182      4,524     123.646 

RÉCAPITULATION 

(Boucherie 32,711  1,488  14,873  4?2  18,515  729,989  1 ,4"6  67,365 

Deslioation  Lai>rieelreprod.  31  78  11,465  1,342  398  1,041  -2,291             » 

'Engraissement..  8,^65  1,036  11.54?  806  6,442  96,152  757  55,281 

Totaux 41,707  2,572  '  37,885  2,570  25,355  '827,182'  4,524  123,646 

Animaux  reconnus  atteints  de  maladies  contagieuses  pendant  la  même  période. 

Pays  de  Kspece     Mou-     Chè-  Mesures 

provenance.  Nature  de  la  maladie.  bovine,    tons.    vres.  Porcs.        prises. 

Rpirrin  P  Flèvre  aphtheuse. —  Erysipèle  j  IMilades. ..  »  »  »  1  Repoussé. 

Belgique.,  gangreneux j  Contaminés 

Idem  Péripneuinonie.  Cyanose  gan- 1  Malades ...  3  3  »  1  Idem. 

■"■  gréneuse.  Maladie  de  poitrine.  I  Contaminés  3  »  »  » 

Idem  Phlhisie  paludéenne |  MiUdes    ..  13  »  >■  »  Idem. 

Fièvre  aphtheuse I  Contaminés  1  »  »  »  Idem. 

,  ,„^  _  ,                                               )  Malades ...  6  »  »  »  Idem. 

Idem..,.  Gale |  Contaminés  44  »  »  -  Idem. 

j,  .....             ^^            ^    ,              l  Malades...  2  2  >-  »  Idem. 

Idem....  Pievre  aphtheuse.  Dartres....  |co;.taminés  ■  :»  3  »  .  Idem. 

■r,„ „,  .                .                               Malades —  3  >.  »  »  Idem. 

Espagne...  Peripneumonie 1  Contaminés  4  »  .  „  Idem. 

Ai„i,..  „  ,      ,      ,,                                 j  Malades...  »  315  »  .  Abattoir. 

Algéiie....  Gale-clavelée (Contaminés  .  224  »  .  SequeslréB. 

T.  ,.  ^  ,      ,       ,.                                   i  Malades...  1  2  ->  » 

Italie,....  Gale-cIavelee Contaminés  >.  ,.  .  , 


164  GHR0NIQUE|AGRIC0LE  (31   JUILLET   1880). 

Ces  tableaux  nous  paraissent  mériter  toute  confiance,  car  ils  sont  le 
résultat  des  constatations  faites  par  le  service  vétérinaire,  chargé 
d'examiner  tous  les  convois  de  bestiaux  entrant  en  France;  en  outre, 
le  passage  de  chaque  tête  de  bétail  est  contrôlé  par  le  payement  de  la 
taxe  afl'érente  à  ce  service.  Mais  si  nous  les  comparons  aux  relevés 
publiés  mensuellement  par  l'administration  des  douanes,  nous  trou- 
vons des  différences  très  considérables.  Voici,  en  eflet,  les  chiffres 
publiés  par  celle-ci  pour  les  six  premiers  mois  de  1 880  : 

Commerce  général.        Commerce  spécial. 

Bœul'.s ;33,9fi6  têtes.  .31 ,8.o3  têtes. 

V;icli(!^ :).'), 324  »  35.2'2.T  » 

,...       r.ii.rcuux 1,069  «  1,069  ■ 

(A'iiis-ses  et  launllons 3,875  »  3,872 

Veaux 23,639  »  23,639  « 

Moutons 691,878  .  681,078  » 

Porcs 72,700  »  70,600  » 

Les  différences  s'élèvent,  comme  on  peut  le  voir  et  en  ne  parlant 
que  des  plus  importantes,  à  environ  10,000  têtes  pour  les  bœufs;  pour 
les  moutons,  à  1-^15,000  têtes;  et  pour  les  porcs,  à  53,000  têtes,  c'est-à- 
dire  parfois  à  plus  du  quart  du  nombre  des  animaux  inscrits  dans  les 
états.  Il  est  important  que  des  faits  semblables  soient  expliqués, 
parce  qu'il  faut  arriver  à  des  relevés  exacts.  Quoi  qu'il  en  soit,  il  reste 
établi  que  les  importations  du  bétail  américain  sont  tout  à  fait  insigni- 
fiantes, et  cela  confirme  la  thèse  que  nous  avons  toujours  soutenue. 
Nous  ajouterons  que  les  quantités  totales  importées  ne  sont  qu'une 
faible  fraction  de  la  consommation.  C'est  à  tort  que  l'on  fait  jouer  un 
rôle  considérable  au  bétail  étranger  sur  nos  marchés.  Tout  ce  qui  se 
dit  à  cet  égard  n'est  qu'affaire  de  spéculation  de  la  part  des  acheteurs 
qui,  naturellement,  font  tous  leurs  efforts  pour  provoquer  de  la  baisse, 
tandis  que,  quand  ils  deviennent  vendeurs,  ils  s'ingénient  de  toutes  ma- 
nières pour  produire  de  la  hausse. 

V.  —  Le  danger  des  mandes  de  porc  d'' origine  américaine. 
Depuis  longtemps,  on  a  fait  connaître  la  présence  dans  les  viandes 
de  porc  d'origine  américaine,  importées  en  grande  quantité  en  Europe, 
de  la  trichine,  et  c'est  sur  cette  cause  que  plusieurs  gouvernements 
ont  prohibé  l'introduction  des  jambons  américains.  M.  Soubeyran  vient, 
avec  raison,  d'appeler  l'attention  sur  une  autre  maladie  contagieuse 
dont  sont  atteints  les  porcs  en  Amérique.  Cette  maladie,  qui  leur  paraît 
spéciale,  influe  considérablement  sur  la  qualité  de  la  chair;  tous  les 
tissus  sont  infectés,  surtout  la  muqueuse  des  intestins  et  les  poumons 
qu'on  trouve  remplis  d'helminthes.  Le  nombre  des  animaux  infectés 
qui  sont   amenés  aux  établissements  de  préparation  est  énorme,  et 
les  porcs  sains  sont  rapidement  contaminés.  De  l'aveu  de  tous,  à  Chi- 
cago, les  animaux  malades  sont  tués  et  préparés  sans  scrupule  pour 
l'exportation.    Il  y  a  là  une  question  qui  intéresse  au  plus  haut  point 
la  salubrité  publique,  et  surtout  les  populations  des  campagnes  qui 
consomment  de  grandes  quantités  de  jambons  d'Amérique.  L'impor- 
tation de  ces  denrées  doit  être  soumise  à  une  surveillance  spéciale. 
VL  —  Le  cuivre  et  les  conserves  alimentaires. 
Nous  avons  eu  à  signaler  récemment  l'emploi  de  la   chlorophylle 
extraite  des  épinards,  pour  verdir  les  légumes  de  conserve.  Ce  procédé 
viendrait  en  concurrence  avec  l'usage  des  sels  de  cuivre.  Pour  nous,  il 
paraît  prudent  de  ne  pas  autoriser  ces  derniers,  quoique  l'on  prétende 


CHRONIQUE   AGRICOLE   (31   JUILLET    1880).  165 

que,  à  la  dose  où  ils  entrent  dans  les  légumes  verdis,  ils  ne  puissent 
présenter  aucun  danger.  Cependant,  une  Commission  de  la  Société 
d'hygiène  composée  de  MM.  Pasteur,  Pascal  et  Brouardel,  rapporteur, 
vient  de  proposer  une  autre  solution.  Elle  consisterait  à  tolérer  l'usage 
du  verdissage  des  conserves  alimentaires  par  les  sels  de  cuivre,  à  la 
condition  que,  sur  les  boîtes  de  conserves,  soit  imprimée,  en  carac- 
tères lisibles,  la  déclaration  de  la  substance  par  laquelle  ce  verdissage 
a  été  obtenu. 

VII.  —  Nécrologie. 

i\I.  Stiévenart,  vice-président  honoraire  du  Comité  central  des  fabri- 
cants de  sucre,  est  mort  à  Valenciennes  le  24  juillet  dernier.  Il  jouis- 
sait d'une  grande  autorité  parmi  les  cultivateurs  du  Nord.  11  était 
auteur  de  plusieurs  travaux  importants  sur  la  betterave  et  notamment 
sur  les  maladies  de  cette  racine. 

VIII.  —  Expériences  de  machines  a  battre. 

Nous  avons  fait  connaître  le  programme  des  expériences  de  machi- 
nes à  battre  à  grand  travail  que  la  Société  des  agriculteurs  de  France 
doit  faire  à  la  ferme  de  l'Institut  national  agronomique,  près  de  Join- 
ville-le  Pont.  Les  dates  de  ces  expériences  viennent  d'être  fixées.  Elles 
commenceront  le  jeudi  23  septembre.  Les  premiers  jours  seront  consa- 
crés à  l'examen  des  machines.  Les  essais  dynamométriques  commen- 
ceront le  27  septembre  et  seront  poursuivis  pendant  le  temps 
nécessaire  pour  y  soumettre  toutes  les  machines  présentées  aux  expé- 
riences. 

IX.  —  Concours  de  la  Société  d'agriculture  de  la  Gironde. 

Le  concours  annuel  de  la  Société  départementale  d'agriculture  de  la 
Gironde,  aura  lieu,  cette  année,  le  dimanche  1"  septembre  sous  la  di- 
rection de  M.  Uichier,  président  de  la  Société,  dans  l'arrondissement  de 
Blaye.  Des  primes  importantes  pour  les  animaux  reproducteurs,  pour 
la  viticulture,  pour  les  autres  cultures,  pour  l'instruction  agricole,  etc., 
y  seront  distribuées,  comme  tous  les  ans.  En  outre,  nous  devons  si- 
gnaler dans  le  programme  du  concours,  des  médailles  d'or  et  d'argent 
à  attribuer  aux  personnes  qui  auront  fourni  à  la  Société  les  renseigne- 
ments les  plus  complets  et  les  plus  précis  sur  l'étude  du  phylloxéra, 
aux  inventeurs  ou  fabricants  de  machines  élévatoires  dont  le  mérite 
aura  été  reconnu  après  un  concours,  aux  agriculteurs  ou  jardiniers  qui 
auront  appliqué  les  meilleurs  procédés  degretîagede  la  vigne. 
X.  —  Concours  ouvert  par  le  gouvernement  belge. 

Un  arrêté  royal  a  ouvert,  en  Belgique,  un  prix  de  25,000  fr.  institué 
par  le  roi  et  qui  doit  être  décerné  en  1884.  Nous  croyons  utile  de  faire 
connaître  le  sujet  de  ce  concours,  qui  a  été  fixé  dans  les  termes  suivants, 
par  un  arrêté  du  21  avril  dernier  : 

«  Ce  prix  (concours  exclusivement  belge)  sera  attribué  au  meilleur  ouvrage  sur 
la  question  suivante  :  «  Exposer  les  condilions  économiques,  industrielles  et 
commerciales  dans  lesquelles  se  trouve  placée  actuellement  l'agriculture  belge,  et 
rechercher,  en  tenant  spécial-^raent  com[)te  des  ressources  naturelles  du  sol,  de 
l'état  des  voies  de  communication,  de  l'importance  relative  et  de  l'avenir  probable 
des  marchés  d'importation  ou  d'exportation,  ainsi  que  du  voisinage  des  grandes 
villes  étrangères  et  particulièrement  de  Londres,  quels  seraient  les  perfectionne- 
ments et  les  modifications  de  nature  à  rendre  l'industrie  agricole  plus  lucrative 
d  ns  les  diver-es  régions  delà  Belgique.  Il  y  aura  lieu  d'examiner  successivement, 
dans  cette  étude,  les  objets,  les  moyens  et  les  trais  de  production,  les  débouchés 
et  les  moyens  de  transport,  tant  nationaux  qu'internationaux,  avec  les  installation* 


166  CHRONIQUE  AGRICOLE  (31  JUILLET  1880). 

qui  s'y  rapportent,  en  indiquant/  les  changetnents  et  les  perfectionnements  dont 
elles  seraient  susceptibles,  le  rôle  respectif  de  l'Etat  et  des  pai'liculiers. 

«  11  est  entendu  que  dans  le  mot  agrlcidlare  sont  compris  tous  les  modes 
d'exploitation  rurale  du  sol,  par  conséquent  la  pommicuUare  et  la  sylviculture, 
ainsi  que  la  culture  maraîchère  qui  paraît  appelée  à  prendre  un  grand  dévelop- 
pement. 

«  Les  ouvrages  destinés  à  ce  concours  devront  être  transmis  au  ministère  de 
l'Intérieur  avant  le  1"  janvier  188(i.  » 

Ce  programme  montre  l'importance  que  le  gouvernement  belge 
attache  au  développement  de  la  production  agricole. 

XL  —  Concours  de  juments  poulinières  dans  la  Seine-Inférieure. 

Nous  avons  déjà  signalé  les  concours  de  juments  poulinières  orga- 
nisés par  la  Société  d'agriculture  de  la  Seine-lnlérieure,  présidée  par 
M.  Pouyer.  Ces  concours  auront  lieu  dans  chacun  des  arrondissements 
du  département,  avec  les  fonds  mis  à  la  disposition  de  la  Société  par 
l'Etat  et  par  le  Conseil  général.  Voici  les  dates  de  ces  concours  :  à 
Neufchâtel,  le  7  août  ;  à  Dieppe,  le  9  août  ;  à  Godervilie,  le  1 0  août,  à 
Yvetot,  le  11  août;  à  Rouen,  le  12  août.  Dans  chaque  concours,  il 
sera  distribué  une  somme  de  3,500  fr.  divisés  en  onze  prix. 
XII.  —  Les  laines  de  couchage. 

L'hygiène  du  couchage  est  une  des  principales  conditions  de  la 
santé  :  les  laines  qui  entrent  dans  les  matelas  s'imprègnent  très  faci- 
lement des  germes  des  maladies  contagieuses,  en  même  temps  que, 
par  suite  de  leur  origine,  elles  ont  une  propension  naturelle  à  subir  la 
fermentation.  C'est  ce  que  l'on  oublie  souvent  dans  les  campagnes. 
Dans  une  brochure  qu'il  vient  de  publier  à  la  librairie  Rozier  (26,  rue 
Saint-Guillaume,  à  Paris),  sous  le  titre  :  Les  laines  de  couchage  au 
point  de  vue  hygiénique,  M.  Lefranc,  pharmacien  principal  à  l'hôpital 
militaire  de  Lyon,  appelle  l'attention  sur  cette  délicate  question.  Il 
s'occupe  surtout  des  hôpitaux;  mais  les  conseils  qu'ildonne  doivent  être 
appliqués  aussi  bien  dans  la  vie  ordinaire.  Il  arrive  à  cette  conclusion 
qu'il  faut,  à  chaque  printemps,  procéder  au  battage  des  laines  ayant 
servi,  et  .faire  suivre  ce  battage,  tous  les  trois  ans,  de  fumigations 
d'acide  sulfureux  et  d'acide  arsénieux.  Cette  pratique  doit  surtout 
être  adoptée,  lorsque  les  laines  proviennent  de  lits  qui  ont  servi  à  des 
malades.  La  fumigation  soufrée  sera  utilement  suivie  d'un  lavage  à 
l'eau  légèrement  alcalisée. 

XIII.  —  Les  sucres  et  les  betteraves. 
La  végétation  des  betteraves  se  poursuit  dans  de  très  bonnes  condi- 
tions :  la  chaleur  leur  a  Fait  le  plus  grand  bien;  les  feuilles  se  déve- 
loppent avec  une  grande  vigueur.  Quoique  beaucoup  de  champs  pré- 
sentent encore  d'assez  grandes  irrégularités  à  cause  du  retard  des 
betteraves  semées  les  dernières,  les  agriculteurs  sont  beaucoup  plus 
satisfaits  qu'il  y  a  un  mois.  —  Dans  la  région  de  l'ouest,  on  continue 
à  se  préoccuper  de  l'extension  de  la  culture  des  betteraves  ;  dans  les 
Charentes,  on  s'occupe  de  la  création  de  sucreries;  ces  efforts  ten- 
dront à  rendre  une  partie  de  sa  prospérité  à  une  région  si  cruellement 
éprouvée     par    la    destruction    des    vignes    sous    les    atteintes    du 

phylloxéra. 

XIV.  —  Nouvelles  de  l'état  des  récoltes. 
Voici  quelques  nouvelles  notes  de  nos  correspondants,  qui  ont  par- 
ticulièrement trait  à  la  moisson.  —  M.  le  docteur.  Schneider  notis  écrit 
de  Thion ville,  à  la  date  du  24  juillet  : 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (31  JUILLET  1880).  167 

«  Rendemeut  extraordinaire  du  seigle,,  en  Lorraine,  où  cette  céréale  avait  paru 
très  gravement  compromise  par  les  gelées  du  printemps  :  une  gerbe  donne  5  litres 
de  grain,  le  rendement  de  \0  hectolitres  à  l'hectare  est  commun.  —  Les  épis  de 
blé  sont  bien  garnis  ;  de  ce  côté  encore  on  s'attend  aune  surprise  agréable.  Quant 
à  l'orge  elle  deiie,  comme  l'avoine,  toute  comparaison  avec  les  15  ou  20  annéesqui 
précèdent!  Tout  va  bien,  et  nous  tenons  décidément  une  excellente  année,  mais  le 
revers  de  la  médaille,  offert  par  les  arbres  fruitiers,  est  vraiment  terrible.  Le  désas- 
tre prend  chaque  jour  des  proportions  plus  effrayantes,  sous  l'empire  de  la  séche- 
resse. Nos  vergers  d'ordinaire  si  riants,  présentent  actuellement  l'aspect  le  plus 
triste  et  si  l'on  peut  ainsi  dire,  le  plus  bigarré  :  une  partie  des  arbres  est  noire, 
celle  qui  n'a'  pas  donné  signe  de  vie  au  printemps  ;  une  autre  partie  est  brune, 
là  où  les  feuilles  sont  mortes;  une  autre  est  jaune,  la  vie  s'en  va;  une  dernière  est 
encore  verte,  'il  y  aura  des  survivants,  mais  rarinantes.  Dans  les  côtes  de  Fameck, 
de  Budange  et  dans  les  contrées  circonvoisines,  oîi  les  cerisiers  abondent,  il  y  a 
des  fermes  dont  lejrevenu  va  diminuer  de  400  à  600  francs  par  an.  A  ce  point  de 
vue,  le  rapport  que  j'ai  envoyé  à  la  Société  nationale  d'agriculture  n'est  pas  assez 
pessimiste,  et  il  est  probable  qu'on  en  pourra  dire  autant  de  la  plupart  des  rap- 
port dus  à  mes  confrères.  » 

Dans  la  noie  suivante  qu'il  nous  envoie  de  Ferrières,  à  la  date  du 
23  juillet,  M.  Nebout  fils  donne  des  détails  sur  la  situation  des  deux 
cantons  de  Lapalisse  et  de  Cusset,  dans  le  départemi3nt  de  FAliier: 

«  La  moisson  du  seigle  est  achevée  dans  les  cantons  deCusset  et  de  Lapalisse  en 
ce  mjment-ci,  etcommence  dans  nos  montagnes  du  canton  du  Mayet-Montagne. 

«  Dans  les  deux  premiers,  elle  n'est  que  moyenne  et  ne  paraît  pas  donner  beau- 
coup de  grains,  dans  le  dernier  ils  sont  splendides,  mais  ne  paraissent  pas  non 
plus  grenés. 

«  Le  froment  y  est  beau  aussi,  presque  moyen  dans  les  deux  premiers,  l'on  dit 
qu'il  est  très  mauvais  et  envahi  de  mauvaises  herbes  dans  la  Limagne  d'Auvergne, 
appelée  avec  juste  raison  le  jardin  de  la  France. 

Les  travaux  de  la  moisson  se  sont  bien  exécutés  dans  le  département 
de  Lot-et-Garonne,  d'après  la  note  que  M.  Leyrisson  nous  envoie  de 
Tridon,  à  la  date  du  27  juillet  : 

«  Malgré  unefloraison  desplus  anormales,  la  récolte  desblés  ne  paraît  pas  encore 
trop  mauvaise  tellement  l'hiver  dernier  avait  apporté  une  heureuse  influence  sur  le 
développement  des  tiges  de  la  céréale  :  Les  gerbes  que  l'on  rendre  maintenant  sont 
passablement  lourdes,  sauf  quelques  cas  de  blés  versés,  très  rares  d'ailleurs.  La 
vigne  attaquée  d'abord  par  la  coulure,  l'est  encore  d'avantage  par  l'oïdium  :  les 
premiers  soufrages  ayant  été  exécutés  en  temps  pluvieux  n'ont  produit  aucun  effet, 
et  maintenant  que  le  temps  est  prospère,  les  travaux  de  la  moiss  )n  nous  empê- 
chent d'exécuter  convenablement  cette  utile  opération.  Les  tabacs  souffrent  de  la 
sécheresse,  mais  les  chanvres  sont  d'une  végétation  des  plus  luxuriantes.  Les 
pommes  de  terres  et  les  betteraves  promettent  d'assez  beaux  produits.  La  récolte 
des  abricots  a  été  tellement  abondante  qu'à  raison  de  5  fr.  les  50  kilog.  on  a  pu  ache- 
ter d'assez  beaux  fruits;  tandis  que  les  qualités  inférieures  se  sont  vendues  de  1  à 
3  fr.  La  deuxième  coupe  de  fourrages  artihciels  a  été  très  abondante.  Les  regains 
des  prés  naturels  vont  assez  bien  jusqu'ici;  mais  la  pluie  serait  déjà  très  néces- 
saire pour  leur  développement  ainsi  que  pour  toutes  nos  semailles  d  été.  » 

Nous  avons  donné  plus  baut  les  résultats  des  premiers  renseigne- 
ments de  la  moisson.  En  ce  qui  concerne  la  vigne,  les  appréciations 
sont  assez  contradictoires  :  il  faut  encore  attendre  quelques  semaines 
avant  de  pouvoir  se  former  quelque  opinion.  J.-A.  Barral. 

LES  EXPLOITATIONS  RURALES  DE  LA  COMPAGNIE 

DE  FERTILISATION. 

Nous  avons  fait  connaître  les  engrais  de  la  Compagnie  générale  de 
fertilisation  placée  sous  la  direction  de  M.  Coquerel,  leur  origine  et 
leur  mode  de  fabrication.  Cette  Compagnie  dont  les  produits  ont  pour 
base  les  matières  des  vidanges  combinées  avec  les  phosphates  miné- 


168        EXPLOITATIONS  RURALES  DE  LA  COMPAGNIE  DE  FERTILISATION. 

raux  ou  d'os,  les  sels  ammoniacaux  et  les  sels  de  potasse,  n'a  pas 
seulement  voulu  livrer  à  l'ai^ricullure  des  matières  fertilisantes  à 
dosages  garanLia  et  d'une  action  toujours  certaine  et  identique  aux 
effets  annoncés  pour  la  nature  des  terrains  sur  lesquels  on  les 
emploie,  et  les  sortes  de  récoltes  à  obtenir;  elle  a  encore  résolu  d'ap- 
pliquer elle  môme  ses  engrais  sur  des  terres  lui  appartenant  ou  qu'elle 
aurait  prises  en  location.  Dès  maintenant  elle  opère  sur  17  fermes 
d'une  étendue  totale  de  2,1  UÛ  hectares,  situées  les  unes  dans  Seine-et- 
Marne,  les  autres  dans  le  département  de  la  Marne.  Nous  avons 
visite  le  premier  groupe  de  ces  exploitations  considérables,  qui  compte 
719  hectares  divisés  en  sept  fermes,  savoir  :  dans  les  cantons  de 
Nemours  et  de  Moret,  sur  l'arrondissement  de  Fontainebleau,  la 
ferme  de  Saint-Louis,  135  hect.;  la  métairie  des  Champs-Marolles,  de 
65  hect.;  les  fermes  du  Bois-d'Eve,  70  hect.;  de  la  Basse-Plaine, 
64  hect.;  des  Gallois,  200  hect.;  de  Mazagran,  100  hect.;  enfin  près 
de  Melun,  la  Gatellerie,  de  85  hectares.  Les  deux  premières  exploita- 
tions seules  sont  à  bail;  les  cinq  autres  sont  la  propriété  de  la 
Compagnie,  qui  a  partout  soit  des  directeurs  d'exploitation,  soit  des 
métayers,  avec  une  inspection  générale  pour  le  groupe  des  fermes.  Les 
employés  ont  un  traitement  iixe,  plus  un  intérêt  dans  les  bénéfices 
nets  des  exploitations  auxquels  ils  sont  attachés. 

Il  y  a  là  un  fait  agricole  considérable  qu'il  nous  a  paru  important 
de  signaler  avec  quelques  détails.  C'est  un  exemple  de  la  mobilisation 
de  la  propriété  rurale,  ou  encore  d'une  entreprise  de  l'exploitation  des 
terres  sous  une  forme  qui  n'avait  guère  été  appliquée  jusqu'ici  qu'à  la 
grande  industrie,  aux  chemins  de  fer,  aux  canaux,  aux  lignes  de 
navigation,  aux  mines,  à  des  banques.  Nous  n'hésitons  pas  à  dire 
que  lorsque  manquent  les  capitaux  nécessaires  pour  mettre  une  terre 
en  plein  rendement,  soit  en  cultivant  directement,  soit  en  la  cultivant 
par  métayers  ou  bien  lorsqu'on  ne  rencontre  pas  de  fermier  pouvant 
faire  au  sol  les  avances  indispensables,  on  ne  doit  pas  hésiter  à 
employer,  s'ils  se  présentent,  les  nouveaux  modes  d'exploitation 
inauguics  par  la  Compagnie  de  fertilisation.  Ce  qui  importe  avant  tout, 
c'est  de  constater  les  faits  qui  forment  le  pjint  de  départ,  afin  d'être 
en  mesure  de  signaler  les  résultats,  à'  mesure  qu'ils  se  présenteront. 

Les  premières  fermes  que  nous  avons  visitées  sont  celles  de  Saint- 
Louis  et  des  Champs-Marolles.  Elles  ont  ensemble  une  étendue  de 
200  hectares.  La  Compagnie  les  a  louées  à  j\L  de  la  Tour-du-Pin,  par 
un  bail  de  27  ans.  Le  taux  de  location  n'est  que  de  4,000  fr.,  soit 
Hi)  fr.  par  hectare.  Le  propriétaire  doit  payer  les  impôts  et  faire  toutes 
les  réparations  nécessaires  pour  les  bâtiments;  il  aura  droit,  d'un 
•autre  cCté,  à  5  pour  i  00  dans  les  bénéfices  nets.  Ces  terres  font.partie 
du  vaste  domaine  de  Nanteau,  qui,  outre  un  très  beau  château, 
présente  encore  une  forêt  de  1,800  hectares.  Les  terres  arables  étaient, 
pour  la  plus  grande  partie,  en  friches,  et  elles  ne  trouvaient  pas 
fermier,  les  plus  intrépides  reculant  devant  les  grandes  avances  à  faire 
pour  arriver  à  mettre  en  état  de  production  des  terres  sableuses  ou 
argilo-siliceuses,  très  légères,  absolument  épuisées.  La  Compagnie  de 
fertilisation  a  le  droit  de  pacage  pour  ses  porcs  dans  les  1,800  hecLai-es 
de  bois.  En  revanche,  elle  a  laissé  le  droit  de  chasse  sur  ses  fermes  à 
M.  delà  Tour-du-Pin. 

Pour  commencer,  la  Compagnie  a  acheté  les  appareils  de  labourage 


EXPLOITATIONS  RURALES   DE  LA  COMPAGNIE  DE  FERTILISATION        169 

à  vapeur  de  M.  Debains,  pour  la  somme  de  12,500  fr.  Elle  a  pris,  en 
outre,  chez  M.  Piller,  une  locomobile  à  vapeur  de  10  chevaux,  fabriquée 
par  Garrett,  ainsi  qu'une  machine  à  battre  à'grand  travail  du  même 
constructeur.  Ces  machines  doivent  servir  aux  autres  fermes  du  groupe 
de  Seine-et-iMarne  ;  pour  le  labourage  à  vapeur,  c'est  encore  un  projet, 
car  les  machines  n'ont  été  utilisées  qu'à  Saint-Louis;  la  machine  à 
battre  a  déjà  été  employée  pour  les  seigles  dans  toutes  les  exploitations, 
elle  livre  les  grains  tout  prêts  à  être  portés  au  marché.  Les  machines 
seront  aussi  louées  aux  autres  fermiers  du  pays.  Tous  les  travaux 
sont,  du  reste,  faits  mécaniquement;  il  y  a,  sur  l'exploitation, 
machine  à  moissonner,  machine  à  faucher,  râteaux  à  cheval,  herses 
articulées,  rouleaux  de  fonte,  semoirs,  tous  instruments  de  Wood, 
Hornsby,  Howard,  Nicholson,  c'est-à-dire  des  constructeurs  anglais 
les  plus  estimés,  la  Compagnie  se  réservant,  bien  entendu,  d'acheter 
aussi  des  machines  aux  constructeurs  français. 

Sur  la  ferme  de  Saint-Louis,  nous  avons  vu  17  chevaux  et  20  vaches, 
dont  22  hollandaises  et  4  du  pays. 

Les  seigles,  au  moment  de  notre  visitf>  (25  juillet),  étaient  coupés 
et  battus.  Sur  une  surface  de  3  hectares  35  ares,  on  avait  obtenu 
6,480  kilog.  de  grain,  soit  90  hectolitres  en  toutou  26hectol.  85  litres 
par  hectare.  La  qualité  du  grain  est  remarquable;  certainement  il  devra 
être  employé  comme  semence.  Le  champ  qui  était  plein  de  chiendent, 
et  qui  avait  été  très  difficile  à  mettre  en  état,  avait  reçu  500  kilog. 
d'engrais,  soit  pour  150  fr.  La  paille  qui  sortait  de  la  machine  Garrett 
était  très  belle;  on  l'employait,  au  moment  où  nous  l'avons  vue,  pour 
faire  des  liens.  Les  autres  cultures  que  nous  avons  visitées,  étaient  : 

Pommes  de  terre? 43  hectares. 

Blé ]2 

Avoine 14         » 

Trèfle 13 

Bette-aves ...  .", 

Choux '2        n 

Haricots 2        -. 

Vesces  de  printemps   2         » 

Carottes 1         „ 

Prairies 1  j 

Tûlal 109  hectares. 

Il  y  a,  en  outre,  un  parc  de  7  hectares,  et  l'on  n'avait  pas  encore  pu 
défricher  40  hectares  qui  seront  mis  en  culture  pour  l'an  prochain. 
Sur  la  ferme  tout  entière,  il  avait  été  eiuployé,  à  l'hiver  et  au  prin- 
temps, pour  2G,008  fr.  d'engrais  de  la  Compagnie^  soit  230  fr. 
environ  par  hectare,  dont  les  quatre  cinquièmes  après  la  semaille  et 
le  dernier  cinquième  au  printemps  après  la  levée.  Si  l'on  fait  un  total 
des  engrais,  du  prix  des  machines  et  de  celui  du  cheptel  vivant,  on 
voit  que  la  Compagnie  a  dû  faire  à  la  ferme  une  avance  d'environ 
110,000  francs. 

D'après  l'état  des  cultures,  il  n'y  a  pas  de  doute  que,  pour  cette 
année,  l'affaire  sera  très  rémunératrice.  Les  blés  sont  très  beaux  d'épis, 
quoique  un  peu  clairs,  ce  qui  paraît  être  uq  résultat  des  gelées  de 
l'hiver.  Les  pommes  de  terre  sont  en  parfait  état,  et  d'après  la  récolle 
de  quelques  pieds  qui,  à  différentes  places,  ont  été  arrachés  devant 
nous,  on  ne  doit  pas  estimer  le  rendement  à  moins  de  10,u00  kilog. 
par  hectare. 

L'exploitation  de  Saint-Louis  a  pour  directeur  M.  Queynesson  qui, 
auparavant,    était  cultivateur   aux   environs    de    Valencieiines.    Il  a. 


170       EXPLOITATIONS  RURALES  DELA  COMPAGNIE  DE  FERTILISATION. 

outre  des  appointements  fixse  de  2,000  fr.,  le  logement  et  la  nourriture 
prise  sur  la  ferme,  un  intérêt  de  5  pour  100  dans  les  bénéfices  nets. 

M.  Queynesson  surveille  en  même  temps  la  métairie  des  Champs 
MaroUes  qui  est  confiée  à  un  belge  de  la  Flandre.  Celui-ci  est  depuis 
peu  de  temps  dans  le  pays.  Les  conditions  qui  lui  ont  été  faites  sont 
de  fournir  toute  la  main-d'œuvre  et  de  partager  par  moitié  les  produits 
de  la  vente,  après  le  prélèvement  du  payement  des  engrais  et  des 
semences,  et  en  outre  d'un  intérêt  de  (>  pour  100  sur  le  capital  avancé 
en  cheptel.  Il  n'y  a  pas  de  bétail,  si  ce  n'est  pour  la  consommation  du 
métayer  et  de  ses  gens.  Cette  année,  il  n'a  été  faitencore  aux  Champs- 
Marolles  que  des  pommes  déterres  et  un  peu  d'avoine.  On  avait  ense- 
mencé 14  hectares  de  seigle  qui  ont  dû  être  retournés.  C'est  une  cul- 
ture qui  commence  dans  un  sol  difficile;  mais  le  métayer  nous  a 
affirmé  qu'il  était  sûr  de  s'en  tirer.  Il  a  dû,  sur  la  partie  des  terres 
qu'il  a  défrichée,  enlever  une  masse  de  chiendent  qu'il  a  brûlé  et  faire 
aussi  des  épierrements.  Mais,  d'après  son  expérience  de  la  Flandre, 
il  ne  doute  pas  du  succès. 

Les  deux  fermes  du  Bois-d'Eve  et  de  la  Basse-Plaine  que  nous  avons 
ensuite  visitées  sont  sous  la  direction  de  M.  Pruvost,  qui  est  maire 
de  sa  commune,  et  qui,  dans  son  domicile,  a  un  élevage  de  volailles. 
Il  fait  des  poulets,  des  dindons,  des  oies,  etc.,  pour  toutes  les  fermes 
du  groupe;  il  se  sert  des  appareils  de  Roullier-Arnoult,  et  il  est  monté 
pour  livrer  400  jeunes  volatiles  par  mois.  Sur  les  œufs  mis  à  couver, 
et  jusqu'au  moment  de  la  livraison  à  l'âge  de  six  semaines,  il  y  a  à 
peu  près  une  perte  de  40  pour  100  ;  les  jeunes  bêtes  reviennent,  les 
pertes  comprises,  à  50  centimes  au  moment  de  la  naissance,  et  ensuite 
un  peu  moins  de  1  centime  par  jour^  soit  en  tout  à  90  centimes  au 
moment  de  la  livraison  dans  les  fermes.  On  n'a  rencontré  d'obstacle 
que  dans  quelques  invasions  de  la  maladie  dite  le  choléra  des  poules. 

La  ferme  du  Bois-d'Eve  a  été  achetée  par  la  Compagnie  le  27  oc- 
tobre dernier,  pour  le  prix  de  35,000  francs;  elle  appartenait  à  un 
notaire  de  Valenciennes  qui,  depuis  cinq  ans,  la  laissait  en  friches.  Elle 
ne  comptait  pas  moins  de  156  parcelles.  M.  Pruvost,  par  des  échanges 
dont  beaucoup  sont  déjà  accomplis,  compte  ramener  les  cultures  à 
six  parcelles  seulement.  Il  a  déjà  de  beaux  champs  d'avoine  et  de 
pommes  de  terre  pour  lesquels  il  a  employé  de  600  à  1 ,000  kilo- 
grammes d'engrais  de  la  Compagnie.  Il  a  sept  chevaux  pour  les  tra- 
vaux des  deux  fermes.  Les  récoltes  que  nous  avons  vues  sur  pied  pro- 
mettent d'être  très  rémunératrices.  Il  n'y  a  pas  de  bétail. 

La  ferme  de  la  Basse-Plaine  a  été  achetée  à  la  même  époque  que  la 
précédente  pour  le  prix  de  45,000  fr.  Les  terres  sont  meilleures,  elles 
ont  un  sous-sol  profond  et  frais  :  quelques  parties  sont  même  exposées 
à  avoir  trop  d'eau  dans  les  années  pluvieuses,  à  cause  de  leur  position 
que  leur  nom  indique.  Une  pièce  d'un  seul  tenant  a  une  étendue  de 
60  hectares;  4  hectares  seulement  sont  en  morceaux  détachés.  Les 
récoltes  que  nous  avons  vues,  pommes  déterre,  seigle,  froment,  avoine 
et  même  betteraves,  sont  en  bon  état. 

La  ferme  des  Gallois,  que  nous  avons  visitée  le  lendemain,  est  sur  la 
commune  de  Villemer,  dans  le  canton  de  Moret  ;  elle  appartenait  à 
M.  le  vicomte  de  Soussay  qui  a  vendu  pour  85,000  fr.,  260  hectares. 
La  Compagnie  a  cédé  les  parcelles  détachées,  d'une  contenance  totale 
de  62  hectares,  pour  72,000  fr.,  de  telle  sorte  qu'elle  reste  propriétaire 


EXPLOITATIONS  RURALES  DE  LA  COMPAGNIE  DE   FERTILISATION.         171 

de  198  hectares,  en  dix  parcelles,  pour  une  somme  de  13,000  fr.,  en 
ajoutant  les  frais,  c'est  un  total  de  25,000  fr.,  ou  126  fr.  par  hectare.  Il 
est  vrai  qu'il  faudra  refaire  quelques  bâtiments,  mais  une  partie  est  en 
très  bon  état.  M.  Lair,  ancien  élève  de  Grio;non,  est  le  directeur  de 
l'exploitation;  il  a  comme  aide  un  jeune  stagiaire,  M.  Cellier.  Il  était 
antérieurement  depuis  sept  ans  fermier,  et  il  payait  3,100  fr.  de  loyer 
pour  150  hectares  qui  lui  avaient  été  loués  ;  ce  n'était  que  20  fr.  environ 
par  hectare.  Il  nous  a  dit  qu'il  y  avait  fait  ses  affaires.  Nous  avons 
trouvé  sur  la  ferme  1 1  chevaux  et  20  vaches.  M.  Lair  a  employé,  cette 
année,  pour  12,000  fr.  d'engrais  pris  à  la  Compagnie.  Nous  avons 
trouvé  sur  la  ferme  : 

Avoine a.-  34  hectares. 

Froment 21         » 

Sei^'le 3 

{^fcourpeon 4         » 

Fourrages  de  deux  ans    (sainfoin,  luzerne)....  19         » 

Mènes  fourrages  d'ua  an 14        » 

Vesces 9        » 

Trèfle  incarnat 2         » 

Pommes  d«  terre 14        » 

Total    ...  120  hectares. 

Il  y  a  encore  trois  pièces  de  terres  boisées  d'une  étendue  totale  de 
1A  hectares;  d'autres  sont  en  fi^iche,  et  n'ont  jamais  été  cultivées. 
Nous  avons  traversé  une  friche  de  9  hectares  qui  avait  été  récemment 
défrichée  et  mise,  à  la  fm  de  juin,  en  sarrasin  destiné  à  être  enfoui. 
Les  escourgeons  et  les  seigles  étaient  déjà  moissonnés  et  battus.  Les 
escourgeons  avaient  même  été  vendus  à  raison  de  18  fr.  50  les  100 
kilog.  ;  les  seigles  étaient  battus  et  avaient  donné  en  tout  75  hectolitres, 
soit  25  hectolitres  à  l'hectare.  Ils  avaient  reçu,  outre  du  fumier,  600 
kilog.  d'engrais  de  la  Compagnie.  On  coupaitles  blés  au  moyen  d'une* 
machine  à  moissonner.  Tous  les  battages  sont  faits  avec  la  batteuse 
Garrett  venue  de  Saint-Louis.  M.  Lair  estime  sa  récolte  à  26  hectolitres 
par  hectare.  Avant  que  celui-ci  entrât  aux  Gallois,  le  propriétaire  ne 
récoltait  pas  assez  de  Idé  pour  sa  consommation.  Il  y  a  deux  machines 
à  moissonner,  une  de  Wood  et  une  de  Hornsby  combinée;  l'une  et  l'autre 
fonctionnaient.  On  attendait  une  faucheuse  lieuse  de  Decker  et  Mot  que 
M.  Durand,  de  Nemours,  devait  donner  à  l'essai.  Le  reste  du  cheptel 
mort  se  composait  de  sept  charrues,  d'un  extirpateur-scarificateur, 
d'un  buttoir  Howard,  d'une  herse  articulée,  de  huit  herses  parallélo 
grammiques  du  pays,  de  deux  rouleaux  de  bois  et  d'un  rouleau  de 
fonte,  d'un  râteau  à  cheval  de  Howard,  d'une  petite  batteuse  de 
Breloux  (de  Nevers)  avec  le  manège  Pinet,  d'un  hache-paille  de  Pilter  à 
trois  lames,  de  cinq  chariots  pour  rentrer  les  fourrages,  d'un  tombereau 
et  de  deux  voitures  pour  la  direction  ;  le  tout  d'une  valeur  de  7,000  fr. 
environ.  Un  bourrelier  de  Villemer  a  pris  à  l'entreprise  l'entretien  des 
harnais,  à  raison  de  20  fr.  par  cheval  pour  l'année.  Un  ouvrier  de  la 
Compagnie  fait  le  ferrage  des  chevaux  pour  tout  le  groupe  des  fermes 
de  Seine  et-Marne  ;  il  est  payé  à  raison  de  60  fr.  par  mois. 

Le  domaine  de  Mazagran  est  placé  sous  le  régime  du  métayage.  Le 
métayer  M.  Julien,  qui  vient  de  Belgique,  est  entré  le  14  février  dernier. 
Les  conditions  sont  les  mêmes  que  pour  le  domaine  des  Champs- 
Marolles.  M.  Lair  surveille  lacultureet  les  partages.  Nous  avons  trouvé 
sur  le  domaine  7  chevaux  et  15  bêtes  à  cornes.  Les  cultures  étaient 
ainsi  réparties  : 


172        EXPLOITATIONS  RURAI.KS  DE  LA.  r.OMl*.\f.-\'IE  DE  FEBTI[,I> aTIO.n. 

Avoine '22  heclaros 

Blé  et  niéti'il • 17 

Seigle ;{         y 

Pommes  dp  lei  IV ]'4 

Betteraves   '2 

Vesces 3         » 

Fourrage  nouveau 10         n 

Trèfle  violet 6 

Vieux  sjiinl'oin 7         . 

Pâture  de  vieux  saiD loin '.\ 

Total 87  hectares 

Il  reste  encore  quelques  pièces  à  défricher.  Les  avoines  et  les  blés, 
ainsi  que  les  pommes  de  terre  sont  en  excellent  état.  Il  a  été  employé 
1 2,000  kilog.  d'engrais  de  la  Compagnie.  Le  cheptel  se  compose  de  deux 
charrues,  de  deux  rouleaux  en  fonte,  de  trois  herses  articulées,  d'un 
extirpateur,  d'une  moissonneuse  de  Hornsby  et  d'un  râteau  de  Nichol- 
son.  On  se  sert  d'ailleurs,  au  besoin,  des  outils  et  machines  delà  ferme 
des  Gallois.  L'avantage  de  la  combinaison  employée,  est,  en  effet,  que 
toutes  les  fermes  se  portent  aide  ou  secours  tour  à  tour  ;  ainsi  un  taureau 
sert  pour  toutes  les  vaches,  et  un  étalon  pour  toutes  les  juments. 

Il  resterait,  pour  terminer  l'étude  de  ce  groupes  de  fermes,  à  parler 
<ie  la  terre  de  la  Gatellerie,  qui  est  située  sur  la  commune  du  Chatelet, 
dans  l'arrondissement  de  Àlelun.  Elle  est  mise  sous  le  régime  du  mé- 
tnycjfije.  Le  métayer  est  un  ancien  garde  champêtre  du  pays.  M.  Lair 
surv^eille  la  culture.  Cette  ferme  est  destinée  principalement  à  faire  des 
cultures  fourragères,  et  elle  doit  recevoir  en  infirmerie  les  chevaux 
d'une  Compagnie  de  voitures  de  Paris. 

Toutes  les  fermes  adressent  chaque  semaine,  à  Clichy-la-Garenne, 
une  feuille  donnant  tous  les  détails  nécessaires  pour  que  la  Direction 
générale  établisse  la  comptabilité.  Les  engrais  sont  vendus  aux  fermes 
au  même  prix  qu'à  tous  les  autres  clients;  seulement  on  les  bonifie  de 
la  remise  de  10  pour  100  faite  aux  intermédiaires.  M.  Maillard,  chi- 
miste de  la  Compagnie,  détermine  la  composition  des  engrais  de 
chaque  culture  d'après  la  nature  du  sol  et  des  récoltes  à  faire. 

Tel  est  en  substance  l'état  du  groupe  de  fermes  de  la  Compagnie  de 
fertilisation  dans  Seine-et-Marne;  on  voit  qu'elle  a  affaire  à  des  terres 
crénéralenaentde  peu  de  valeur,  qui  étaient  peu  productives,  parce  que 
les  engrais  et  le  capital  d'exploitation  manquaient.  Tout  fait  pen- 
ser que,  sous  la  nouvelle  administration,  les  choses  changeront  com- 
plètement de  face.  On  peut  affirmer  dès  maintenant  qu'il  est  possible 
d'y  faire  de  très  belles  récolles,  certainement  très  rémunératrices.  Si, 
en  France,  certaines  cultures  ne  donnent  pas  de  résultats^,  c'est  que  les 
capitaux  et  l'intelligence  y  font  défaut.  Nous  ajouterons  (]ue  la  main- 
d'œuvre,  dans  les  fermes  que  nous  avons  vues,  est  plutôt  rare  que 
chère;  à  Saint- Louis,  les  charretiers  (il  y  en  a  quatre)  sont  payés  à 
raison  de  500  fr.  par  an,  plus  la  nourriture;  aux  Gallois,  le  salaire 
des  hommes  est  de  3fr.  50  par  jour;  ils  sont  en  outre  nourris,  et  pen- 
dant la  moisson  ils  ont  une  bouteille  de  vin  le  matin,  plus  de  l'abon- 
dance à  volonté  pendant  toute  la  journée.  Quand  on  manque  d'hommes 
dans  les  fermes,  l'usine  de  Clichy  en  envoie  immédiatement. 

Une  simple  constatation,  en  terminant.  C'est  que  l'hiver  dernier  a 
tué  absolument  tous  les  noyers  dans  les  cantons  que  nous  avons  tra- 
versés durant  les  deux  journées.  On  dit  qu'on  a  eu  un  froid  de  —  29 
degrés.  Les  dégâts,  sur  d'autres  cultures  ou  d'autres  arbres,  ont  été,  en 
général,  de  peu  d'importance.  J.-A    Baural. 


SUR  L'ÉTIOLOQIE  DE   LA  MALADIE  CHARBONNEUSE.  173 

SUR  L'ÉTIOLOGIE  DU  CHARBON  ' 

Une  des  maladies  les  plus  meurtrières  du  bétail  est  l'affection  que 
l'on  désigne  vulgairement  sous  le  nom  de  charbon.  La  plupart  de  nos 
départements  ont  eu  à  en  souffrir;,  les  uns  peu,  les  autres  beaucoup.  Il 
en  est  où  les  pertes  se  comptent  annuellement  par  millions;  tel  est  le 
département  d'Eure-et-Loir.  Des  nombreux  troupeaux  de  moutons 
qu'on  y  élève,  il  n'en  est  pas  un  seul  peut-être  qui  ne  soit  frappé  chaque 
année.  Tout  fermier  s'estime  heureux  et  ne  donne  même  aucune 
attention  à  la  maladie  quand  la  mort  n'atteint  pas  plus  de  2  à  3 
pour  100  du  nombre  total  des  sujets  qui  composent  son  troupeau. 
Tous  les  pays  connaissent  ce  fléau.  Il  est  parfois  si  désastreux  en 
Russie  qu'on  l'y  nomme  la  pesle  de  Sibérie. 

D'où  vient  ce  mal?  comment  se  propage-t-il?  La  connaissance 
exacte  de  son  étiologie  ne  pourrait-elle  conduire  à  des  mesures  pro- 
phylactiques faciles  à  appliquer  et  propres  à  éteindre  rapidement  la 
redoutable  maladie?  Telles  sont  les  questions  que  je  me  suis  pro- 
posé de  résoudre  et  pour  lesquelles  je  me  suis  adjoint  deux  jeunes 
observateurs  pleins  de  zèle,  qu'enflamment  comme  moi  les  grandes 
questions  que  soulève  létude  des  maladies  contagieuses,  MM.  Cham- 
berlandet  Roux. 

Longtemps  on  a  cru  que  le  charbon  naissait  spontanément  sous 
l'influence  de  causes  occasionnelles  diverses  :  nature  des  terrains,  des 
eauX;  des  fourrages,  modes  d'élevage  et  d'engraissement,  on  a  tout 
invoqué  pour  expliquer  son  existence  spontanée;  mais,  depuis  que  les 
travaux  de  M.-  Davaine  et  Delafond,  en  France,  de  Pollender  et  de 
Brauëll,  en  Allemagne,  ont  appelé  l'attention  sur  la  présence  d'un 
parasite  microscopique  dans  le  sang  des  animaux  morts  de  cette  affec- 
tion, depuis  que  des  recherches  rigoureuses  ont  combattu  la  doctrine 
de  la  génération  spontanée  des  êtres  microscopiques  et  qu'enfin  les 
effets  des  fermentations  ont  été  rattachés  à  la  microbie,  on  s'habitua 
peu  à  peu  à  l'idée  que  les  animaux  atteints  du  charbon  pourraient 
prendre  les  germes  du  mal,  c'est-à-dire  les  germes  du  parasite,  dans 
le  monde  extérieur,  sans  qu'il  y  eût  jamais  naissance  spontanée  pro- 
prement dite  de  cette  affection.  Cette  opinion  se  précisa  encore  davan- 
tage lorsque,  en  1876,  le  docteur  Kock,  de  Breslau,  eût  démontré  que 
la  bactéridie,  sous  sa  forme  vibrionienne  ou  bacillaire,  pouvait  se 
résoudre  en  véritables  corpuscules-germes  ou  spores. 

Il  y  a  deux  ans,  j'eus  l'honneur  de  soumettre  au  ministre  de  l'agri- 
culture et  au  président  du  Conseil  général  d'Eure-et-Loir  un  projet  de 
recherches  sur  l'étiologie  du  charbon,  qu'ils  accueillirent  avec  em- 
pressement. J'eus  également  la  bonne  fortune  de  rencontrer  dans 
M.  Maunoury,  maire  du  petit  village  de  Saint-Germain,  à  quelques 
lieues  de  Chartres,  un  agriculteur  éclairé  qui  voulut  bien  m'autoriser 
à  installer  sur  un  des  champs  de  sa  ferme  un  petit  troupeau  de  mou- 
tons dans  les  conditions  généralement  suivies  en  Beauce  pour  le  par- 
cage en  plein  air.  En  outre,  le  directeur  de  l'agriculture  mit  obligeam- 
ment à  notre  disposition  deux  élèves-bergers  de  l'école  de  Rambouillet 
pour  la  surveillance  et  l'alimentation  des  animaux. 

Les  expériences  commencèrent  dans  les  premiers  jours  d'août  1878. 

1.  Communication  à  l'Académie  des  sciences  et  à  la  Société  nationale  d'agriculture. 


174  SUR  L'ÉTIOLOGIE  DE  LA  MALADIE  CHARBONNEUSE. 

Elles  consistèrent  tout  d'abord  à  nourrir  certains  lots  de  moutons  avec 
de  la  luzerne  que  l'on  arrosait  de  cultures  artificielles  de  bactéridies 
charbonneuses  chargées  du  parasite  et  de  ses  germes.  Sans  entrer 
dans  des  détails  qui  trouveront  leur  place  ailleurs,  je  résume  dans 
les  points  suivants  nos  premiers  résultats. 

Malgré  le  nombre  immense  de  spores  de  bactéridies  ingérées  par 
tous  les  moutons  d'un  même  lot,  beaucoup  d'entre  eux  échappent  à 
la  mort,  souvent  après  avoir  été  visiblement  malades;  d'autres,  en 
plus  petit  nombre,  meurent  avec  tous  les  symptômes  du  charbon 
spontané  et  après  un  temps  d'incubation  du  mal  qui  peut  aller  jusqu'à 
huit  et  dix  jours,  quoique,  dans  les  derniers  temps  de  la  vie,  la  ma- 
ladie revête  ces  caractères  presque  foudroyants  fréquemment  signalés 
par  les  observateurs,  et  qui  ont  fait  croire  à  une  incubation  de  très 
peu  de  durée  \ 

On  augmente  la  mortalité  en  mêlant  aux  aliments  souillés  des 
germes  du  parasite  des  objets  piquants,  notamment  les  extrémités 
pointues  des  feuilles  de  chardon  desséché,  et  surtout  des  barbes 
d'épis  d'orge  coupées  par  petits  fragments  de  O'^.OI  de  longueur 
environ. 

Il  importait  beaucoup  de  savoir  si  l'autopsie  des  animaux  morts 
dans  ces  conditions  montrerait  des  lésions  pareilles  à  celles  qu'on  ob- 
serve chez  les  animaux  morts  spontanément  dans  les  étables  ou  dans 
les  troupeaux  parqués  en  plein  air.  Les  lésions,  dans  les  deux  cas, 
sont  identiques,  et  parleur  nature  elles  autorisent  à  conclure  que  le 
début  du  mal  est  dans  la  bouche  ou  l'arrière-gorge.  Nos  premières 
constatations  de  ce  genre  ont  été  faites  le  18  août,  par.  des  autopsies 
pratiquées  sous  nos  yeux  par  M.  Boutet  fils  et  M.  Vinsot,  jeune  élève 
vétérinaire,  sortant  de  l'Ecole  d'AUbrt,  qui  nous  a  assistés  avec  beau- 
coup de  zèle  pendant  toute  la  durée  des  expériences  faites  à  Saint- 
Germain*. 

Dès  lors  l'idée  qui  présidait  à  nos  recherches,  à  savoir  que  les 
animaux  qui  meurent  spontanément  du  charbon  dans  le  département 
d'Eure-et-Loir  sont  contagionnés  par  des  spores  de  bactéridies  char- 
bonneuses répandues  sur  leurs  aliments,  prit  dans  notre  esprit  la  plus 
grande  consistance. 

Reste  la  question  de  l'origine  possible  des  germes  de  bactéridies.  Si 
l'on  rejette  toute  idée  de  génération  spontanée  du  parasite,  il  est 
naturel  de  porter  tout  d'abord  son  attention  sur  les  animaux  enfouis 
dans  la  terre. 

L  La  communication  de  la  maladie  par  des  aliments  souillés  de  spores  cliarbonn'>uses  est  plus 
difficile  encore  chez  les  cobayes  que  chez  les  moutons.  Nous  n'en  avons  pas  obtenu  d'exemple  dans 
d'assez  nombreuses  expériences.  Les  spores,  dans  ce  cas,  se  trouvent  dans  les  excréments.  On  les 
retrouve  également  intactes  dans  les  excréments  des  moutons. 

2.  Dans  nos  expériences,  une  circonstance  particulière  mérite  d'être  mentionnée.  Huit  de  nos 
moutons  d'expérience  furent  inoculés  directement  par  piqûres  à  Faide  de  cultures  de  bactéridies, 
certains  même  par  du  sang  charbonneux  d'un  moiJtDii  mort  quelques  heures  auparavant  et  qui 
était  rempU  de  bactéridies.  Tous  les  moutons  furent  malades,  avec  élévation  constatée  de  leur 
temiiérature  ;  un  seul  mourut  qu:  avait  été  piqué  sous  la  langue.  Un  des  moutons  qui  guérirent 
n'avait  pas  reçu  à  la  cuisse,  avec  une  seringue  de  Pravaz,  moins  de  dix  gouttes  de  sang  char- 
bonneux. Ces  faits,  signalés  à  M.  Toussamt,  fort  versé  dans  les  connaissances  relatives  au  charbon, 
quij  dans  le  même  temps,  s'occupait  à  Chartres  d'études  sar  cette  affection  et  qui  assistait  quelque- 
fois à  nos  expériences  sur  le  champ  de  Samt-Germain,  lui  parurent  si  surprenants  qu'il  ne  voulut 
pas  y  croire  et  qu'il  tint  à  faire  lui-même  une  des  inoculations.  Le  mouton  survécut  comme  les 
autres. 

Les  poules  qui  ont  été  nourries  par  des  aliments  souillés  du  microbe  du  choléra  des  poules, 
lorsqu'elles  ne  meurent  pas,  peuvent  être  vaccinées.  Il  y  a  lieu  dès  lors  de  se  demander  si  l'on  ne 
pourrait  arriver  à  vacciner  des  mouton9>,pour  l'affection  charbonneuse  en  les  soumettant  préala- 
blement et  graduellement  à  des  repas  souillés  des  spores  du  parasite. 


SUR  LETIOLOGIE  DE   LA  MALADIE  CHARBONNEUSE.  175 

Voici  ce  qui  arrive  toutes  les  fois  qu'un  animal  meurt  spontanément 
du  charbon  :  un  établissement  d'équarrissage  est-il  proche,  on  y 
conduit  le  cadavre.  Est-il  trop  éloigné  ou  l'animal  a-t-il  peu  de 
valeur,  comme  c'est  le  cas  des  moutons,  on  pratique  une  fosse  sur 
place,  à  une  profondeur  de  0'".50  à  ir.60  ou  1  mètre,  dans  le  champ 
même  où  l'animal  a  succombé,  ou  dans  un  champ  voisin  de  la  ferme, 
s'il  a  péri  à  l'écurie,  on  ïy  enfouit  en  le  recouvrant  de  terre.  Que  se 
passe-t-il  dans  la  fosse  et  peut-il  y  avoir  ici  des  occasions  de  dissémi- 
nation des  germes  de  la  maladie?  Non,  répondent  certaines  personnes, 
car  il  résulte  d'expériences  exactes  du  docteur  Davaine  que  l'animal 
charbonneux,  après  sa  putréfaction,  ne  peut  plus  communiquer  le 
charbon.  Tout  récemment  encore,  de  nombreuses  expériences  ont  été 
instituées  par  un  des  savants  professeurs  de  l'Ecole  d'Alfort,  grand 
partisan  de  la  spontanéité  de  toutes  les  maladies.  Il  est  arrivé  à  cette 
conclusion  «  que  les  eaux  chargées  de  sang  charbonneux,  de  débris 
«  de  rate,  les  terreaux  obtenus  en  stratifiant  du  sable,  de  la  terre,  du 
«  fumier  avec  des  débris  de  cadavres  rapportés  de  Chartres  n'ont  jamais 
«  (par  l'inoculation)  provoqué  la  moindre  manifestation  de  nature 
«  charbonneuse  »  (Colin,  Bulletin  de  f  Académie  de  Médecine^  1879); 
mais  il  faut  compter  ici  avec  les  difficultés  de  la  recherche,  difficultés 
que  M.  Colin  a  entièrement  méconnues. 

Prélever  de  la  terre  dans  les  champs  de  la  Beauce  et  y  mettre  en 
évidence  des  corpuscules  d'un  à  deux  millièmes  de  millimètre  de 
diamètre  capables  de  donner  le  charbon  par  l'inoculation  à  des  ani- 
maux, c'est  déjà  un  problème  ardu.  Toutefois,  par  des  lavages  appro- 
priés et  en  profitant  de  la  puissance  contagionnante  de  ces  corpuscules- 
germes  pour  les  espèces  cobayes  et  lapins,  la  chose  serait  facile  si  ces 
corpuscules  du  parasite  charbonneux  étaient  seuls  dans  la  terre.  Mais 
celle-ci  recèle  une  multitude  infinie  de  germes  microscopiques  et 
d'espèces  variées,  dont  les  cultures  sur  le  vivant  ou  dans  les  vases  se 
nuisent  les  unes  aux  autres'.  J'ai  appelé  l'attention  de  l'Académie  sur 
ces  luttes  pour  la  vie  entre  les  êtres  microscopiques  dans  ces  vingt 
dernières  années;  aussi,  pour  faire  sortir  d'une  terre  la  bactéridie 
charbonneuse  qu'elle  peut  contenir  à  l'état  de  germes,  il  faut  recourir 
à  des  méthodes  spéciales,  souvent  très  délicates  dans  leur  application  : 
action  de  l'air  ou  du  vide,  changements  dans  les  milieux  de  cultures, 
influence  de  températures  plus  ou  moins  élevées,  variables  avec  la 
nature  des  divers  germes,  sont  autant  d'artifices  auxquels  on  doit 
recourir  pour  empêcher  un  germe  de  masquer  la  présence  d'un  autre. 
Toute  méthode  de  recherche  grossière  est  fatalement  condamnée  à 
l'impuissance,  et  les  résultats  négatifs  ne  prouvent  rien,  sinon  que 
dans  les  conditions  du   dispositif  expérimental  qu'on  a  employé  la 

1.  Je  suis  même  très  porté  à  croire  que  c'est  dans  cette  infinie  quantité  de  germes  microsco- 
piques qu'il  faut  aller  chercher  la  solution  vraie  de  la  nitrification  que  MM.  Schlœ-ing  et  Mûntz 
ont  si  bien  démontrée  être  sous  la  dépendance  exclusive  d'une  sorte  de  fermentation.  Un  jour,  c'était, 
si  j'ai  bon  souvenir,  au  mois  de  juillet  1878,  alors  que  j'étais  précisément  préoccupé  de  la  présence 
de  tous  ces  germes  microscopiques  des  terres  arables,  je  reçus  la  visite  de  ces  savants  observateurs. 
Ils  m'apportaient  des  billes  sortant  de  leurs  tubes  nitrificateurs  afiirmant,  par  les  excellentes 
preuves  qu'ils  en  ont  données,  que  quelque  chose  de  vivant,  existant  à  la  surface  de  ces  billes, 
devait  être  l'agent  du  phénomène.  Mais,  ajoutaient-ils,  «  nous  avons  beau  chercher  et  observer, 
nous  ne  trouvons  pas  d'êires  microscopiques.  Voyez  vous-même.  •  J'examine  et  je  leur  dis  :  «  Vous 
avez  raison,  il  n'y  a  pas  d'êtres  microscopiques;  mais  cela  fourmille  de  leurs  germes  et  voilà,  je 
crois,  votre  agent  nitrificateur.  •■  En  d'autres  termes,  je  suis  porté  à  ne  pas  admettre  un  fer- 
ment spécial,  un  être  en  voie  de  développement  (il  déniinfierait  plutôt  en  cet  état),  mais  un  effet 
physique  d'absorption  et  de  transport  d'oxygène  sur  les  éléments  de  l'ammoniaque  par  les  germes 
innombrables  de  la  terre,  analogue  à  celui  qui  s'effectue  sous  l'influence  d\x  mycoderma  aceté 
dans  les  liquides  alcooliques  en  voie  d'acétification. 


176  SUR  LETIOLOGIE  DE  LA  MALADIE  CHARBONNEUSE. 

bactéridie  n'a  pas  apparu.  L'argument  principal  invoqué  par  le  savant 
professeur  d'Alfort  à  l'appui  des  résultais  négatifs  de  ses  nombreuses 
inoculations  est  que  le  charbon  disparaît  dans  le  cadavre  d'un  animal 
charbonneux  au  moment  oii  il  se  putréfie.  Cette  assertion  est  exacte, 
et  elle  était  bien  connue  des  équarrisseurs  avant  même  que  le  docteur 
Davaine  en  donnât  une  confirmation  de  fait.  Souvent  j'ai  entendu  les 
équarrisseurs,  que  je  voyais  manier  des  animaux  charbonneux  et  que 
j'avertissais  du  danger  qu'ils  couraient,  m'assurer  que  le  danger  avait 
disparu  quand  l'animal  était  avancé  et  qu'il  fallait  n'avoir  de  craintes 
que  s'il  était  encore  chaud.  Quoique,  prise  à  la  lettre,  cette  assertion 
soit  inexacte,  elle  trahit  cependant  l'existence  du  fait  en  question. 
Dans  un  travail  antérieur,  M.  Joubert  et  moi,  nous  avons  donné  la 
véritable  explication  du  phénomène.  Dès  que  la  bactéridie,  sous  un 
état  filiforme,  est  privée  du  contact  de  l'air,  qu'elle  est  plongée,  par 
exemple,  dans  le  vide  ou  dans  le  gaz  acide  carbonique,  elle  tend  à  se 
résorber  en  granulations  très  ténues,  mortes  et  inoffensives.  La  putré- 
faction la  place  précisément  dans  ces  conditions  de  désagrégation  de 
ses  tissus.  Les  corpuscules-germes  ou  spores  n'éprouvent  pas  cet 
effet  et  se  conservent,  ainsi  que  le  docteur  Kock  l'a  montré  le  premier. 
Quoi  qu'il  en  soit,  et  comme  l'animal,  au  moment  de  sa  mort,  ne 
contient  que  le  parasite  à  l'état  filiforme,  il  est  certain  que  la  putréfac- 
tion l'y  détruit  dans  toute  sa  masse. 

Si  l'on  s'arrêtait  à  cette  opinion  pour  l'appliquer  aux  faits  de  la 
nature  d'une  manière  absolue,  on  n'aurait  qu'une  vue  incomplète  de 
la  vérité. 

Assistons  par  la  pensée  à  l'enfouissement  du  cadavre  d'une  vache, 
d'un  cheval  ou  d'un  mouton  morts  du  charbon.  Alors  même  que  les 
animaux  ne  seraient  pas  dépecés,  se  peut-il  que  du  sang  ne  se 
répande  pas  hors  du  corps  en  plus  ou  moins  grande  abondance? 
N'est-ce  pas  un  caractère  habituel  de  la  maladie  qu'au  moment  de  la 
mort  le  sang  sort  par  les  narines,  par  la  bouche  et  que  les  urines  sont 
souvent  sanguinolentes?  En  conséquence,  et  dans  tous  les  cas  pour 
ainsi  dire,  la  terre  autour  du  cadavre  est  souillée  de  sang.  D'ailleurs, 
il  faut  plusieurs  jours  avant  que  la  bactéridie  se  résolve  en  granula- 
tions inoffensives  par  la  protection  des  gaz  privés  d'oxygène  libre  que 
la  putréfaction  dégage,  et  pendant  ce  temps  le  ballonnement  excessif 
du  cadavre  fait  couler  les  liquides  de  l'intérieur  à  l'extérieur  par  toutes 
les  ouvertures  naturelles  quand  il  n'y  a  pas,  par  surcroît,  déchirure 
de  la  peau  et  des  tissus.  Le  sang  et  les  matières  ainsi  mêlées  à  la  terre 
aérée  environnante  ne  sont  plus  dans  les  conditions  de  la  putréfaction, 
mais  bien  plutôt  dans  celles  d'un  milieu  de  culture  propre  à,  la  forma- 
tion des  germes  de  la  bactéridie.  Hàtons-nous  toutefois  de  demander  à 
l'expérience  la  confirmation  de  ces  vues  préconçues. 

Nous  avons  ajouté  du  sang  charbonneux  à  la  terre  arrosée  avec  de 
l'eau  de  levure  ou  de  l'urine  aux  températures  de  l'été  et  aux  tempé- 
ratures que  la  fermentation  des  cadavres  doit  entretenir  autour  d'eux 
comme  dans  du  fumier.  En  moins  de  vingt-quatre  heures,  il  y  a  eu 
multiplication  et  résolution  en  corpuscules-germes  des  bactéridies 
apportées  par  le  sang.  Ces  corpuscules-germes,  on  les  retrouve  ensuite 
dans  leur  état  de  vie  latente,  prêts  à  germer  et  propres  à  communi- 
quer le  charbon,  non  seulement  après  des  mois  de  séjour  dans  la  terre, 
mais  après  des  années. 


SUR  LETIOLOGIE  DE  LA  MALADIE  CHARBONNEUSE.  177 

Ce  ne  sont  là  que  des  expériences  de  laboratoire,  11  faut  rechercher 
ce  qui  arrive  en  pleine  campagne  avec  toutes  les  alternatives  de  séche- 
resse, d'humidité  et  de  culture.  Nous  avons  donc,  au  mois  d'août  1878, 
enfoui  dans  un  jardin  de  la  ferme  de  M.  Maunoury,  après  qu'on  en 
eût  fait  l'autopsie,  un  mouton  de  son  troupeau  qui  était  mort  sponta- 
nément du  charbon. 

Dix  mois,  puis  quatorze  mois  après,  nous  avons  recueilli  de  la 
terre  de  la  fosse  et  il  nous  a  été  facile  d'y  constater  la  présence 
des  corpuscules-germes  de  la  bactéridie  et,  par  l'inoculation,  de 
provoquer  sur  des  cochons  d'Inde  la  maladie  charbonneuse  et  la 
mort.  Bien  plus,  et  cette  circonstance  mérite  la  plus  grande  attention, 
cette  même  recherche  des  germes  a  été  faite  avec  succès  sur  la  terre 
de  la  surface  de  la  fosse,  quoique,  dans  l'intervalle,  cette  terre  n'eût 
pas  été  remuée.  Enfin,  les  expériences  ont  porté  sur  la  terre  de  fosses 
où  l'on  avait  enfoui,  dans  le  Jura,  à  2  mètres  de  profondeur,  des  vaches 
mortes  du  charbon  au  mois  de  juillet  1878.  Deux  ans  après,  c'est-à-dire 
récemment,  nous  avons  recueilli  de  la  terre  de  la  surface  et  nous  en 
avons  extrait  des  dépôts  donnant  facilement  le  charbon.  A  trois 
reprises,  dans  cet  intervalle  des  deux  années  dernières,  ces  mêmes 
terres  delà  surface  des  fosses  nous  ont  offert  le  charbon.  Enfin,  nous 
avons  rexîonnu  que  les  germes,  à  la  surface  des  terres  recouvrant  les 
animaux  enfouis,  se  retrouvent  après  toutes  les  opérations  de  la  cul- 
ture et  des  moissons  ;  ces  dernières  expériences  ont  porté  sur  la  terre 
de  nos  champs  delà  ferme  de  M.  Maunoury.  Sur  des  points  éloignés 
des  tosses,  au  contraire,  la  terre  n'a  pas  donné  le  charbon. 

Je  ne  serais  pas  surpris  qu'en  ce  moment  des  doutes  sur  l'exactitude 
des  faits  qui  précèdent  ne  s'élèvent  dans  l'esprit  de  l'Académie.  La 
terre,  qui  est  un  filtre  si  puissant,  dira-t-on,  laisserait  donc  remonter 
à  sa  surface  des  germes  d'êtres  microscopiques! 

Ces  doutes  pourraient  s'étayer  même  des  résultats  d'expériences  que 
M.  Joubert  et  moi  nous  avons  publiées  autrefois.  Nous  avons  annoncé 
que  les  eaux  de  sources  qui  jaillissent  de  la  terre  à  une  profondeur 
même  faible  sont  privées  de  tous  germes,  à  cepoint  qu'elles  ne  peuvent 
féconder  les  liquides  les  plus  susceptibles  d'altération.  De  telles  eaux 
cependant  sont  en  contre-bas  des  terres  que  traversent  incesgamment, 
quelquefois  depuis  des  siècles,  les  eaux  pluviales,  dont  l'effet  doit 
tendre  constamment  à  faire  descendre  les  particules  les  plus  fines  des 
terres  superposées  à  ces  sources.  Celles-ci,  malgré  ces  conditions 
propres  à  leur  souillure,  restent  indéfiniment  d'une  pureté  parfaite, 
preuve  manifeste  que  la  terre,  en  certaine  épaisseur,  arrête  toutes  les 
particules  solides  les  plus  ténues.  Quelle  différence  dans  les  conditions 
et  les  résultats  des  expériences  que  je  viens  de  relater,  puisqu'il  s'agit 
au  contraire  de  germes  microscopiques  qui,  partant  des  profondeurs, 
remonteraient  à  la  surface,  c'est-à-dire  en  sens  inverse  de  l'écoulement 
des  eaux  de  pluie  et  jusqu'à  de  grandes  hauteurs  !  Il  y  a  là  une 
énigme. 

L'Académie  sera  bien  surprise  d'en  entendre  l'explication.  Peut-être 
même  sera-t-elle  émue  à  la  pensée  que  la  théorie  des  germes,  à  peine 
née  aux  recherches  expérimentales,  réserve  à  la  science  et  à  ses  appli- 
cations des  révélations  aussi  inattendues.  Ce  sont  les  vers  de  terre  qui 
sont  les  messagers  des  germes  et  qui,  des  profondeurs  de  l'enfouisse- 
ment, ramènent  à  la  surface  du  sol  le  terrible  parasite.  C'est  dans  les 


178  SUR  L'KTIOLOGIE   DK   LA  MALADIE  CHARBONNEUSE. 

petits  cylindres  de  terre  à  très  fines  particules  terreuses  que  les  vers 
rendent  et  déposent  à  la  surface  du  sol,  après  les  rosées  du  matin  ou 
après  la  pluie,  que  se  trouvent,  outre  une  foule  d'autres  germes,  les 
germes  du  charbon.  Il  est  facile  d'en  faire  l'expérience  directe  :  que 
dans  de  la  terre  à  laquelle  on  a  mêlé  des  spores  de  bactéridies  on  fasse 
vivre  des  vers,  qu'on  ouvre  leur  corps  après  quelques  jours,  avec 
toutes  les  précautions  convenables  pour  en  extraire  les  cylindres  ter- 
reux qui  remplissent  leur  canal  intestinal,  on  y  retrouve  en  grand 
nombre  les  spores  charbonneuses.  11  est  de  toute  évidence  que  si  la 
terre  meuble  de  la  surface  des  fosses  à  animaux  charbonneux  renferme 
des  germes  du  charbon,  et  souvent  en  grande  quantité,  ces  germes 
proviennent  de  la  désagrégation  par  la  pluie  des  petits  cylindres 
excrémentitiels  des  vers.  La  poussière  de  cette  terre  désagrégée  se  ré- 
pand sur  les  plantes  aras  du  sol  et  c'est  ainsi  que  les  animaux  trouvent 
au  parcage  et  dans  certains  fourrages  les  germes  du  charbon  par  les- 
quels ils  se  contagionnent,  comme  dans  celles  de  nos  expériences  où 
nous  avons  communiqué  le  charbon  en  souillant  directement  de  la 
luzerne.  Dans  ces  résultats,  que  d'ouvertures  pour  l'esprit  sur  l'in- 
fluence possible  des  terres  dans  l'étiologie  des  maladies,  sur  le  dan- 
ger possible  des  terres  de  cimetières,  sur  l'utilité  de  la  crémation! 

Les  vers  de  terre  ne  ramènent-ils  pas  à  la  surface  du  sol  ,d'autres 
germes  qui  ne  seraient  pas  moins  inoffensifs  pour  ces  vers  que  ceux 
du  charbon,  mais  porteurs  cependant  de  maladies  propres  aux  ani- 
maux? Ils  en  sont,  en  effet,  constamment  remplis  et  de  toutes  sortes, 
et  ceux  du  charbon  s'y  trouvent  en  réalité  toujours  associés  aux 
germes  de  la  putréfaction  et  des  septicémies. 

Et  maintenant,  quant  à  la  prophylaxie  de  la  maladie  charbonneuse, 
n'est-elle  pas  naturellement  indiquée  ?  On  devra  s'efforcer  de  ne  ja- 
mais enfouir  les  animaux  dans  les  champs  destinés,  soit  à  des  ré- 
coltes de  fourrages,  soit  au  parcage  des  moutons.  Toutes  les  fois  que 
cela  sera  possible,  on  devra  choisir  pour  l'enfouissement  des  terrains 
sablonneux  ou  des  terres  calcaires,  mais  très  maigres,  peu  humides  et 
de  dessiccation  facile,  peu  propres,  en  un  mot,  à  la  vie  des  vers  de  terre. 
L'éminent  directeur  actuel  de  l'agriculture,  M.  Tisserand,  me  disait 
récemment  que  le  charbon  est  inconnu  dans  la  région  des  Savarts  de 
Champagne.  Ne  faut-il  pas  l'attribuer  à  ce  que,  dans  ces  terrains 
pauvres,  tels  que  ceux  du  camp  de  Châlons,  par  exemple,  l'épaisseur 
du  sol  arable  est  de  0"M5  à  0™.20  seulement,  recouvrant  un  banc  de 
craie  où  les  vers  de  peuvent  vivre  ?  Dans  un  tel  terrain,  l'enfouisse- 
ment d'un  animal  charbonneux  donnera  lieu  à  de  grandes  quantités 
de  germes  qui,  par  l'absence  des  vers  de  terre,  resteront  dans  les  pro- 
fondeurs du  sol  et  ne  pourront  nuire. 

Il  serait  à  désirer  qu'une  statistique  soignée  mît  en  correspon- 
dance dans  les  divers  pays  les  localités  à  charbon  ou  sans  charbon 
avec  la  nature  du  sol,  en  temps  que  celle-ci  favorise  la  présence  ou 
l'absence  des  vers  de  terre.  M.  Magne,  membre  de  l'Académie  de 
médecine,  m'a  assuré  que,  dans  l'Aveyron,  les  contrées  où  l'on  ren- 
contre le  charbon,  sont  à  sol  argilo-calcaire,  et  que  celles  où  le  char- 
bon est  inconnu,  sont  à  sol  schisteux  et  granitique.  Or,  j'ai  ouï  dire 
que,  dans  ces  derniers,  les  vers  de  terre  vivent  difficilement. 

J'ose  terminer  cette  communication  en  assurant  que,  si  les  cultiva- 
teurs le  veulent,  l'affection  charbonneuse  ne  sera  bientôt  plus  qu'un 


sur.l'étiologie  de  la  maladie  charbonneuse.  179 

souvenir  pour  leurs  animaux,  pour  leurs  bergers,  pour  Ic^  bouchers 
et  les  tanneurs  des  villes,  parce  que  le  charbon  et  la  pustule  maligne 
ne  sont  jamais  spontanés,  que  le  charbon  existe  là  oii  il  a  été  déposé 
et  où  l'on  en  dissémine  les  germes  avec  la  complicité  inconsciente  des 
vers  déterre;  qu'enfin,  si  dans  une  localité  quelconque  on  n'entre- 
tient pas  les  causes  qui  le  conservent,  il  disparaît  en  quelques  années  ^ 

L    Pasteur, 

Membre  de  l'Institut  et  de  la  Société  d'agriculture  de  France 

LE  PRIX  DE  LA  MAIN-D'ŒUVRE  EN  SAVOIE- 

Saint-Julien  (Haute-Savoie),  le  11  juillet  1880. 

La  question  du  prix  de  la  main-d'œuvre  agricole  en  Savoie  n'est  point 
nouvelle  pour  les  lecteurs  du  Journal  de  V Agriculture.  En  1867,  M.  Anselme 
Pétetin  en  signalait  l'importance  dans  cet  estimable  organe  de  l'agriculture 
française  et  vous-même,  mon  très  honoré  Directeur,  vous  avez  plusieurs  fois 
encouragé  celui  qui  vous  adresse  cet  article.  Aujourd'hui  j'ai  fait  pour  vous,  un 
travail  spécial  qui,  peut-être,  pourra  intéresser  quel:fues-uns  de  vos  lecteurs. 

Vous  le  savez,  depuis  près  de  cent  ans,  un  marché  d'ouvriers  de  campagne  se 
tient  chaque  dimanche  à  Saint-Julien,  avant  la  messe  paroissiale  de  huit  heures. 
Les  maîtres  s'y  donnent  rendez-vous;  les  ouvriers  font  de  même. 

Celui  qui  désire  embaucher  un  ouvrier,  lui  propose  un  prix  :  l'ouvrier  accepte 
ou  refuse.  S'il  accepte,  le  prix  de  la  journée  ae  travail  est  convenu,  et  il  est  payé 
à  la  fin  de  la  semaine,  le  samedi  soir.  Les  contestations  sont  ektraordinairement  rares. 

Gomme  dans  tous  les  marchés  il  y  a  les  prix  les  plus  élevés,  les  prix  les  plus 
bas,  et  enfin  le  prix  moyen.  Mais  tous  les  maîtres,  mais  tous  les  ouvriers  ne 
viennent  point  au  marché.  Dans  ce  cas,  il  est  convenu  que  le  prix  de  la  journée 
de  travail  sera  payé  d'après  le  journal,  qui  est  distribué  dans  les  campagnes,  le 
samedi.  Le  prix-courant  du  journal  fait  autorité. 

J'ai  relevé  dans  les  collections  de  l'Echo  du  Salève,  le  prix-courant  de  la 
journée  de  travail.  Je  crois  que  les  dates  du  15  avril,  du  15  juin,  du  15  juillet  et 
du  1"  octobre,  correspondent  assez  bien,  en  Savoie,  aux  saisons  oià  les  grands 
travaux  de  la  campagne  occupent  la  plus  grande  partie  du  monde  agricole.  J'ai  ensuite 
établi  des  moyennes,  et  je  vous  envoie  le  travail  complet,  pour  une  période  de 
douze  années,  dans  ce  qui  va  suivre  : 

1868.  1869.                         1870.  1871. 

15  mars 1    fr.    20   c.  1    fr.    30  c.  1    fr.    50   c.  1     fr,    40  c. 

15juin 1     —    75—  2_._  i_20—  i_2o  — 

15  juillet 1     —    20—  2—      .—  i_50—  i_4o_ 

1"  octobre 1     —    85  —  1     —    40  —  i     —    50  —  1     —    75  — 

Total 6  fr.  »   c.  6  fr.  70   c.  h  fr.  70   c.  5  fr.  80   c. 

Moyennes 1  —  50  —  1  —  68  —  1  _  49  _  1  _  45  _ 

1872.  1873.  1874.  1875. 

15  mars 1  fr.  70   c.  1  fr.  25   c.  1  fr.  20  c.  1  fr.  50   c. 

15  juin 2  —  15—  1  —  50—  1  _  75  _  1  _  90  — 

15  juillet  2  —  25—  2  —  30—  3  —  25—  2  —  50  — 

1"  ociobre 1  —  90  —  2  —  05  —  1  —  50—  2  —  »  — 

Total 8  fr.  90    c.  7  fr.  10   c.  7  fr.  70   c.  7  fr.  90   c- 

Moyennes 2  —  90  -  l  _  78  —  1  _  93  _  1  __  98  — 

1.  Voir  le  travail  très  intéressant  que  M.  Baillet  a  publié,  il  y  a  dix  ans,  sur  les  pâturages  de 
l'Auvergne  qui  produisent  ce  que  l'on  nomme  dans  ce  pays  le  mal  de  montagne  {Mémoires  du  mi- 
nistère de  l'Agriculture,  1870). 

Dès  1786,  un  très  habile  vétérinaire.  Petit,  avait  démontré  que  le  mal  de  montagne  n'était  autre 
chose  que  le  charbon,  résultat  confirmé  de  nos  jours,  dans  des  rapports  administratifs  remarquables, 
par  M.  Maret,  de  Salianches.  Une  circonstance  connue  de  tous  dans  le  Cantal,  c'est  qu'il  est  des 
pâturages  qui,  depuis  un  temps  immémorial,  sont  épargnés,  qu'il  en  est  où  le  mal  sévit  de  temps 
à  autre,  qu'enfin  on  en  trouve  où  le  bétail  est  si  fréquemmeiit  décimé  qu'on  les  a  désignés  sous  le 
nom  de  montagnes  dangereuses,  montagnes  qu'on  abandonne  même  souvent  sans  en  tirer  le 
moindre  produit,  «  tout  au  moins  pendant  quelques  années  »,  dit  M.  Baillet. 

Cette  dernière  circonstance  mérite  une  grande  attention.  C'est  la  preuve  que  la  cause,  quelle 
qu'elle  soit,  qui  produit  le  charbon  dans  une  localité,  disparaît  avec  le  temps.  Nous  en  avons  eu 
plusieurs  exemples  dans  le  cours  de  nos  recherches  en  Beauce.  M.  Boutet,  le  vétérinaire  si  connu 
dans  ce  pays,  nous  a  indiqué  des  champs  maudits,  c'est-à-dire  des  champs  où  leurs  propriétaires 
assurent  que  le  charbon  serait  inévitable  sur  les  moutons  qu'on  y  ferait  parquer.  Aussi  le  parcage 
y  est-il  interdit  depuis  un  certain  nombre  d'années,  c'est-à-dire,  depuis  la  constatation  des  der- 
nières mortalités  sur  ces  champs.  Or,  sur  cinq  de  ces  champs,  nous  avons  établi  des  troupeaux 
de  (Joutons  et  la  mortalité  y  a  été  nulle,  excepté  pour  un  des  troupeaux  où  elle  a  été  de 
1  pour  100. 


180  LE  PRIX   DE  LA    MAIN-D'ŒUVRE    EN    SAVOIE. 

1876.  1877.  1878. 


15  mars 

lojuin 

1 
2 

fr. 
IrT 

50   c. 
15  - 

10  - 
75   c. 
19  — 

1  fr.     20   c. 
3     -       »  — 

2  -     oO  — 
1     -    30  — 

2 

î 

7     : 
1 

syennes. 

fr.    50  ( 

—  68 

—  49 

—  45 

—  90 

—  78 

—  93 

—  98 

—  19 

—  s 

—  97 

—  84 

fr.     10   C. 

-  50  — 
fr.     85    c. 

—  95  — 

;entimes. 
centimes. 

2  fr. 
1  — 
1  — 
1     — 

50  c. 
57  — 
50  — 
60  — 

15  juillet 

3 

V  octobre... ., 

2 
8 

Total 

8     fr.       .    c. 
2    -       »  — 

Récavilulation. 

M( 

7  fr. 
1     — 

35    c. 

84- 

Moyenne.. 

2 

Années. 
1868.. 

1869 . . 

1870.. 

1871  .. 

1872.. 

1873.. 

1874.. 

1875.. 

1876.. 
1877., 

'                  2 

■ 

1878.. 
1879.. 

Total. 

21 

fr.    75^ 

Moyenne  des  douze  années,   1  fr.  81  c,  avec  la  nourriture  et  le  logement. 

Pendant  les  cinq  premières  années  (1868-1872),  la  moyenne  de  la  journée  de 
travail  a  été  de  1  franc  61  centimes;  ce  qui  constitue  une  élévation  de  II  centimes 
sur  la  moyenne  de  la  première  année  de  l'opération,  l'année  1863. 

Pour  les  cinq  années  suivantes,  (1873-1878)  la  moyenne  de  la  journée  de  tra- 
vail s'est  encore  élevée;  elle  est  de  1  fr.  97  centimes,  soit  une  augmentation  de 
26  centimes. 

Le  prix  de  la  main-d'œuvre  agricole  en  Savoie  a  donc  subi  une  augmentation  de 
30  centimes  en  dix  années. 

Les  deux  premières  années  de  la  troisième  période  quinquennale  donnent  une 
moyenne  de  l  fr.  91  centimes,  soit  une  augmentation  de  11  centimes,  et  au  total 
une  augmentation  de  41  centimes  sur  l'année  1868. 

Du  Rhône  au  Mont-Cenis,  le  prix  de  la  journée  de  travail  ne  diffère  pas  sensi- 
blement; il  en  est  de  même  dans  toute  la  Suisse  Romande,  dans  le  département  de 
l'Ain  et  une  partie  de  celui  du  Jura. 

Récoltes.  —  En  Savoie,  la  situation  agricole,  sans  être  absolument  bonne,  à 
cause  de  la  trop  grande  humidité  et  du  manque  de  chaleur,  permet  cependant  de 
compter  sur  un  rendement  moyen  de  toutes  les  récoltes.  Les  blés  et  les  avoines 
sont  partout  superbes.  L'épi,  constitué  vigoureusement,  a  résisté  à  la  violence  de 
la  bise  (vent  du  nord).  Le  grain  est  bien  nourri. 

Les  premières  coupes  fourragères  ont  trompé  en  mal,  le  rendement  est  moin- 
dre /{ue  celui  sur  lequel  on  avait  compté.  Toutefois  la  qualité  est  très  supérieure. 
Dans  une  étable  de  12  vaches  nourries  avec  du  fourrage  nouveau,  le  propriétaire  a 
constaté  une  augmentation  de  poids,  et  les  bêtes  ont  donné  une  plus  grande  quan- 
tité de  lait. 

La  vigne  est  partout  très  belle.  La  floraison  a  eu  lieu,  cette  année,  d'une  façon 
régulière  ;  tous  les  grains  d'une  même  grappe  se  sont  trouvés  en  fleur  à  la  fois. 
C'est  un  signe  certain  de  bonne  qualité.  Les  vins  sont  extraordinairement  rares  et 
extraordinairement  chers.  Le  prix  moyen  dépasse  55  fr.  l'hectolitre,  non  compris 
les  charges.  Les  fruits  sout  peu  abondants,  mais  de  bonne  qualité.  Les  noix 
donneront  une  récolte  supérieure  à  celle  d'une  année 'moyenne.  Au  total,  si  nous 
étions  gratifiés  de  huit  jours  de  bonne  chaleur,  nous  commencerions  la  moisson. 

L'ouverture  prochaine  du  chemin  de  fer  de  Thonon  à  Gollonges  transformera 
notre  pays.  Nous  pourrons  communiquer  librement  avec  l'intérieur  de  la  France 
sans  emprunter  le  territoire  étranger,  et  nous  serons  affranchis  du  transit  onéreux 
et  désespérant,  que  nous  payons  sans  profit  et  sans  compensation,  aux  douanes 
étrangères.  Le  jour  de  l'ouverture  nous  crierons  avec  un  redoublement  de  satis- 
faction :  Vive  la  France.  F.  Gassagnes. 

MACHINES  A  VAPEUR  ET  BATTEUSES  DE  AULTMANN 

Le  Journal  a.  déjà  appelé  l'attenlion,  l'année  dernière,  sur  les  macMnes 
à  vapeur  locomolDiles  et  les  machines  a  battre   introduites   en  France 


LES  MACHINES  A  VAPEUR  ET  LES  BATTEUSES  D'AULTMÂNN.         181 

par  la  maison  Aultmann,  de  Canton,  dans  l'Ohio  (Etats-Unis  d'Amé- 
rique), en  même  temps  que  des  faucheuses  et  des  moissonneuses. 
Il  est  utile  de  revenir  sur  la  description  de  ces  machines,  à  la  fois 
pour  permettre  aux  agriculteurs  de  les  apprécier  à  leur  véritable 
valeur,  et  pour  montrer  sur  quels  points  elles  diffèrent  du  plus  grand 
nombre  de  celles  qui  sont  construites  en  France. 

Voici  d'abord  la  machine  à  vapeur  locomobile  (fig.  8),  imaginée  par 
l'ingénieur  Miller.  Elle  est  du  type  des  machines  verticales.  Les  appa- 
reils de  transmission  du  mouvement  sont  fixés  sur  le  côté  de  la  chau- 
dière et  relient  celle-ci  à  l'avant-train  qui  porte  le  siège  du  conduc- 


Fig.  8.  —  Machine  à  vapeur  locomobile  de  Aultmann. 


teur.  La  fig.  9  montre  la  coupe  verticale  de  la  chaudière;  il  suffit  de 
jeter  un  coup  d'oeil  sur  la  figure  et  sa  légende  pour  en  comprendre  les 
dispositions.  Au-dessus  de  la  grille  du  foyer  G,  celui-ci  se  termine  en 
dôme  relié  à  la  partie  supérieure  du  générateur  par  deux  tiges  SB. 
La  flamme  monte  par  un  des  tuyaux  F,  dans  la  chambre -qui  surmonte 
le  générateur,  et  les  produits  de  la  combustion  séchappent  dans  la 
cheminée,  après  avoir  traversé  un  registre  HD  qu'on  ouvre  à  volonté, 
suivant  qu'on  veut  activer  plus  ou  moins  le  tirage.  L'eau  WS  entoure 
toute  la  partie  supérieure  du  foyer,  en  même  temps  qu'elle  s'élève 
dans  le  générateur  aux  trois  quarts  de  la  hauteur  de  celui  ci;  un  tam- 
pon fusible  SP,  à  la  partie  supérieure  de  la  paroi  du  foyer,  sert  pour 
prévenir  les  explosions  dans  le  cas  où  la  chaudière  serait  insuffisam- 
ment alimentée.  On  voit  en  N  l'ouverture  du  tuyau  d'alimentation  et 
en  E  celle  du  tuyau  d'échappement  de  la  vapeur.  Les  tuyaux  de  la 
machine,  surtout  ceux  qui  servent  au  passage  de  la  flamme,  sont  d'une 
grande  épaisseur;  et  ils  sont  fabriqués  en  fer  d'excellente  qualité  et 
soudés  à  recouvrement. 

Dans    la    machine,  toutes   les  pièces   qui   travaillent,   notamment 


182        LES  MACHINES  A  VAPEUR  ET  LES  BATTEUSES  D'AULTMANN. 

l'arbre  moteur,  la  bielle,  le  piston  et   sa  tig;e,   sont  en  acier,  de  ma- 
nière à  présenter  la  plus  grande  résistance  à  l'usure.  Toutes  les  pré- 


mR 


Fig.  9 .  —  Coupe  verticale  de  la  chaudière^ 


cautions  ont  été  prises,  dans  la  construction,  afin  d'éviter  les  chocs  et 
les  secousses  qui  sont  si  préjudiciables  à  la  conservation  des  machines 
à  vapeur.  En  même  temps,  les  ors^anes  ont  été  agencés  avec  la  plus 
grande  simplicité  qu'il  a  été  possible  d'atteindre. 

Le  diamètre  du  cylindre,  dans  la  machine  de  sept  chevaux,  est  de 
156  millimètres;  la  course  du  piston  est  de  182  millimètres.  La  hau- 


LES  MACHINES  A  VAPEUR  ET  LES  BATTEUSES  D'AULTMANN.         183 

teur  de  la  chaudière  est  de  1™.74,  et  son  diamètre  de  O^.Ql.  La  lon- 
gueur des  60  tubes  est  de  I'°.(i92.  La  surface  totale  de  chauffe  est  de 
1  1  mètres  carrés  7053.  Le  poids  de  la  machine  est  de  1,720  kilog. 
Son  prix,  à  Paris,  est  de  4,950  fr.  M.  Aultmann  construit  aussi  des 
machines  plus  puissantes,  dont  la  force  varie,  suivant  les  modèles,  de 
9  à  1 8  chevaux-vapeur. 

La  plupart  des  agriculteurs  savent  que  les  batteuses  américaines 
diffèrent  notablement  do  celles  construites  en  Europe.  Les  différences 


principales  consistent  d'abord  en  ce  que  la  plupart  des  machii^es, 
même  les  plus  grandes,  battent  en  bout;  et  ensuite  en  ce  que  le  grain 
est  séparé  de  la  paille  par  une  sorte  de  battage  analogue  à  celui  du 
fléau.  La  fig.  10  représente  la  batteuse  Aultmann,  destinée  à  être  mue 
par  une  machine  à  vapeur,  avec  un  élévateur  de  paille  qui,  dans  le 
dessin,  est  replié.  La  gerbe  entrant  dans  la  machine,  passe  d'abord 
sur  le  cylindre-batteur  dont  la  forme  est  donnée  par  la  fig.  1 1  ;  au 
lieu  d'être  muni  de  battes  cannelées,  il  est  à  claire-voie  et  armé  de 


184        LES  MACHINES  A  VAPEUR  ET  LES  BATTEUSES  D'AULTMANN. 

longues  dents  qui  frappent  les  épis.  Le  contre-batteur  consiste  en  une 
pièce  concave  également  armé  de  dents  A;  quand  il  s'agit  de  battre  le 
blé,  cette  pièce  est  munie  d'une  double  rangée  de  dents  (lig.  1 2)  ;  pour 
le  battage  du  trètle,  elle  en  a  trois  (fig.  13).  Un  levier  qu'on  voit  sur 
la  gauche  de  la  fig.  1 1,  permet  de  rapprocher  ou  d'éloigner  cette  pièce 
du  cylindre;  l'écartement  minimum  est  de  7  centimètres.  Après  être 


n-L^ 


Fig.  11.  —  Cylindre  batteur  de  la  machine  Aultmann. 

passée  sur  le  cylindre,  la  paille  est  entraînée  sur  un  long  tablier  sans 
fin,  où  le  grain  en  est  séparé  par  un  mouvement  continu  de  va-et-vient. 
Delà,  le  grain  est  porté  sur  un  second  tablier  formant  crible,  au-dessous 
duquel  est  disposé  le  ventilateur  qui  vanne  d'une  manière  complète 
le  grain,  de  quelque  nature  qu'il  soit.  Les  grilles  des  tabliers  sont  très 


Fig.  12.  —  Dents  du  contre-batteur 
pour  battre  le  blé. 


Fig.  13.  —  Forme  des  dents  du 
contre-batteur  pour  battre  le  trèfle. 


longues,  de  manière  qu'il  ne  puisse  s'échapper  aucun  grain  de  blé 
dans  la  menue  paille. 

La  paille  et  les  déchets  sont  amenés  à  un  élévateur.  Celui-ci  est 
disposé  de  telle  sorte  que  les  personnes  qui  ne  tiennent  ni  à  la  menue 
paille  ni  aux  déchets  peuvent  les  laisser  partir  sur  la  meule,  sans 
qu'il  y  ait  aucune  autre  issue  pour  les  pailles  courtes.  Rien  ne  tombe 
sous  la  machine.  Au  contraire,  si  l'on  veut  séparer  les  menues  pailles, 
il  suffît  d'ouvrir,  dans  le  monte-paille,  une  portière  qui  est  placée 
près  du  nettoyeur. 

Le  grain  n'est  pas  cassé,  dans  la  machine;  après  avoir  été  nettoyé. 


LES  MACHINES  A  VAPEUR  ET  LES  BATTEUSES  D'AULTMANN.         185 

il  passe  par  un  compteur  qui  le  mesure  avec  exactitude.  M.  Jasselme, 
agriculteur  à  Villeneuve-Saint-Denis  (Seine-et-Marne),  qui  a  acheté 
une  des  premières  batteuses  introduites  en  France,  affirme  que  son 
travail  est  très  régulier  et  qu'elle  livre  le  grain  très  bien  nettoyé,  sans 
le  casser. 

Le  prix  de  la  batteuse  varie  de  2,000  à  3,000  fr.  sans  élévateur,  et 
de  2,275  à  3,325  avec  l'élévateur  de  paille.  L.  de  Sardriac. 

COURRIER  DU  SUD-OUEST 

Les  travaux  de  la  moisson,  entamés  depuis  huit  jours,  poursuivent  leurs  mou- 
vements, dans  notre  région,  sous  l'influence  d'une  bonne  et   chaude  température. 

La  gerbe  offre  de  grandes  inégalités  correspondantes  à  l'action  des  grands 
froids,  qui  ont  gelé  nombre  de  pieds  à  l'exposition  du   Nord,  et  à  l'intensité  des 

Eluies  et  des  brouillards  qui  ont  touché  à  la  floraison  et  provoqué  l'avortement  et 
i  rouille  des  grains. 

Comparée  aux  années  précédentes,  la  récolte  présente  des  éléments  bien  supé- 
rieurs en  qualité  et  quantité.  La  zone  du  Sud-Ouest  ayant  bien  moins  souffert 
des  intempéries  et  surtout  du  fléau  des  inondatioos,  retrouve  l'abondance  et  la 
rich  sse  dans  la  culture  des  céréales.  Elle  a  sans  doute  éprouvé  de  graves  décep- 
tions dans  le  rendement  des  premières  coupes  de  fourrages,  et  le  prix  des  foins 
s'est  ressenti  de  cette  pénurie;  mais  la  belle  végétation  des  maïs  et  des  prairies 
artificielles  la  dédommagera  amplement  de  ces  privations  et  relèvera  l'élevage  du 
bétail. 

L'aspect  des  vignobles  laisse  apercevoir  beaucoup  trop  de  points  noirs.  L'in- 
quiétude des  viticulteurs  n'a  jamais  été  plus  éveillée.  —  Une  lutte  sérieuse  est 
engagée  contre  les  agents  de  destruction  avec  les  divers  moyens  préconisés  pour 
arrêter  la  contagion. 

L'essai  des  plants  américains  jouit  d'une  certaine  vogue,  d'une  sorte  d'engoue- 
ment de  nouveauté.  D'après  les  observations  des  Comités  d'étude  et  de  vigilance, 
les  greffes  des  cépages  exotiques  ont  presque  partout  avorté  en  dehors  des  ter- 
rains sablonneux. 

La  formation  de  pépinières  de  plants  résistant  au  phylloxéra  est  très  encoura- 
gée par  les  Conseils  départementaux.  Des  syndicats  de  propriétaires  s'organisent 
sous  les  auspices  du  gouvernement  et  recherchent  les  meilleurs  procédés  de 
sauvetage. 

Le  procédé  de  M.  Garros,  propriétaire  au  château  de  Cantin,  près  Libourne,  et 
dont  le  secret  a  été  livré  à  la  publicité,  a  donné  de  bons  résultats. 

Il  se  compose,  comme  vous  le  savez,  de  700  kilog.  de  chaux  vive  ;  150  kilog.  de 
sel  marin  dénaturé  ;  10  kilog.  de  sulfate  de  cuivre  mêlés  ensemble. 

Les  viticuheurs  du  Sud-Ouest  manipulent  déjà  le  sulfate  de  cuivre  (vitriol)  dans 
la  préparation  de  toutes  leurs  semences  de  blé.  Ils  ont  confiance  dans  les  propriétés 
de  la  formule  Grarros  et  ils  l'apphquent  à  raison  de  sa  simplicité  et  de  son 
économie.  Jules  Serret. 

LE  CONCOURS  DE  CARLISLE 

Il  y  a  vingt-cinq  ans,  c'était  en  1855,  la  ville  antique  de  Carlisle 
toujours  entourée  de  ses  vieilles  fortifications  du  moyen  âge,  lesquelles 
lui  permetiaient  de  résister  à  ces  terribles  invasions  des  hommes  du 
Nord,  qui,  sur  toute  la  ligne  des  frontières  northumbriennes,  perpé- 
tuaient de  générations  en  générations  une  guerre  de  clans  et  de  race 
dont  le  pillage  était  presque  toujours  l'objet,  la  ville  de  Carlisle,  dis-je, 
avait  ouvert  ses  portes  plus  ou  moins  hospitalières  aux  membres  de 
la  Société  royale  d'agriculture  de  l'Angleterre,  et  aux  nombreux  visi- 
teurs que  ces  assises  déjà  très  célèbres  y  avaient  attirés.  Comme  pen- 
dant la  semaine  qui  vient  de  s'écouler,  les  travées  éclatantes  de  blan- 
cheur, où  s'abritent  les  machines  les  plus  ingénieuses,  et  l'élite  des 
troupeaux  de  la  Grande-Bretagne,  s'allongeaient  en  lignes  serrées  et 


186  LE  CONCOURS  DE  GARLISLË. 

compactes  sur  la  prairie  que  protègent  de  leur  ombre  et  de  leur 
intéressante  vétusté  les  vieux  remparts  croulants  et  le  vieux  château 
fort  encore  solide  et  entier  qui  domine  cette  vaste  plaine,  en  face  des 
monts  écossais  qu'il  semble  toujours  braver.  Je  n'oublierai  jatnais 
cette  grande  solennité  à  laquelle  j'assistais,  car  en  jetant  mes  regards 
en  arrière  avec  ce  long  souvenir  d'un  quart  de  siècle,  je  puis 
me  faire  une  idée  du  chemin  que  la  science  de  l'agriculture  a 
parcouru  en  comparant  l'exposition  de  1880,  avec  celle  qui,  sur  le 
même  terrain,  avait  lieu  sous  les  auspices  de  la  même  Société,  bien 
que  sous  l'administration  d'hommes  en  grande  partie  nouveaux,  mais 
imbus  du  même  esprit  de  progrès  et  suivant  les  mêmes  règles,  les 
tûêmes  inspirations  de  haute  sagesse,  la  même  abnégation  et  le  même 
dévouement. 

Ce  concours  de  la  Société  royale  possède  donc  un  intérêt  tout  parti- 
culier, en  ce  qu'il  nous  permet  une  comparaison  de  laquelle  ressort  un 
grand  enseignement.  A  l'aide  de  cette  comparaison  nous  pourrons 
mesurer  le  chemin  parcouru  depuis  l'année  1855,  et  apprécier  le  pro- 
grès accompli. 

En  1855  l'enceinte  du  concours  couvrait  bien  moins  de  terrain  que 
celle  de  1880,  ce  qui  démontre  l'extension  énorme  que  l'élevage  du 
bétail  et  la  fabrication  des  machines  et  instruments  agricoles  ont  prise 
depuis  25  ans.  Je  me  rappelle  que  c'est  à  ce  premier  concours  de 
Carlisle,  que  parut  la  première  exposition  d'un  engin  de  culture  à 
vapeur.  Il  y  avait  même  trois  applications  de  la  vapeur  comme  force 
riiotrice  pour  agir  sur  le  sol;  le  système  Firken  avec  ses  poulies  mues 
par  des  cordes  en  chanvre;  le  système  Boy  délie  avec  sa  lourde  pio- 
cheuse,  machine  informe,  agissant  directement  sur  la  surface  du  sol 
avec  des  fourches  bêchant  la  terre  ;  et  puis  la  machine  à  drainer  de 
Fowler.  Tout  cela  était  encore  bien  primitif  et  inefficace,  au  point  que 
la  Société  royale  ne  crut  point  devoir  décerner  le  prix  qu'elle  avait  offert. 
Quelle  différence  avec  les  appareils  exposés  et  expérimentés  au  con- 
cours de  cette  année,  comme  nous  le  verrons  plus  loin  ! 

Il  y  avait  aussi  en  1855  un  concours  de  moissonneuses,  invention 
nouvelle  alors,  dont  le  public  agricole  commençait  à  se  préoccuper. 
Parmi  les  concurrents,  il  y  avait  les  frères  Crosskill  avec  leur  mois- 
sonneuse poussée  par  derrière  par  deux  chevaux  attelés  à  rebours. 
C'est  la  machine  Mac  Cormick  fabriquée  par  la  maison  Burgess  et 
Key  qui  obtint  le  premier  prix.  On  se  rappelle  cette  machine  faisant 
très  proprement  l'andain  avec  un  tablier  muni  de  trois  vis  d'Archi- 
mède,  sous  forme  de  cylindres  à  diamètres  inégaux  auxquels  la  marche 
des  roues  imprimait  un  mouvement  de  rotation  dans  le  sens  hori- 
zontal, au  moyen  duquel  1  andain  était  mollement  et  régulièrement 
disposé  sur  le  sol.  Tout  cela  est  bien  loin  de  nous  aujourd'hui,  mais 
il  n'en  est  pas  moins  vrai  que  cette  machine  fonctionnait  admira- 
blement. 

Un  grand  nombre  des  exposants  de  1855  se  retrouvaient  sur  le  même 
terrain  en  1880.  Mais  quelle  révolution  de  progrès  s'est  accomplie 
dans  ce  quart  de  siècle  !  Les  Fowler  revenaient  à  Carlisle  cette  année 
avec  leurs  engins  si  perfectionnés;  Firken  lui-même  reparaît  avec  un 
autre  système.  De  nouveaux  constructeurs  ont  surgi  :  voici  les 
frères  Hov^ard  avec  leur  charrue  et  autres  instruments  à  vapeur,  admi- 
rablement simplifiés,  et,  chose  étrange,  voici  une  nouvelle  piocheuse 


LE  CONCOURS  DE  CARLISLE.  107 

rappelant  un  peu  celle  de  1855,  mais  infiniment  supérieure  comme 
on  peut  le  deviner.  Je  reviendrai  sur  Je  nouvel  engin  qui  a  fonctionné 
avec  assez  de  perfection  et  d'efficacité  pour  mériter  de  la  part  de  la 
Société  royale  une  récompense  exceptionnelle.  D'ailleurs,  les  expé- 
riences faites  avec  tous  ces  engins  ont  donné  lieu  à  des  épreuves 
dynamométriques  des  plus  intéressantes  qu'il  importe  de  signaler  à  nos 
lecteurs. 

Au  concours  de  1 855,  il  n'y  avait  que  peu  de  machines  agricoles, 
en  comparaison  des  autres  concours  de  la  Société  royale  ;  cette  année 
le  même  phénomène  se  produit,  car  il  tient  à  la  même  cause.  En  effet 
Carlisle  se  trouve  très  éloigné  des  grands  centres  de  la  fabrication 
des  machines  et  instruments  agricoles,  et  les  frais  de  transport  sont 
assez  considérables  pour  empêcher  bon  nombre  d'exposants  d'y 
expédier  leurs  produits;  ceux  qui  exposent  n'envoient  que  le  strict 
nécessaire  pour  mettre  en  évidence  les  principaux  produits  de  leur 
industrie  spéciale.  Cette  circonstance  a  d'ailleurs  un  effet  compensa- 
teur, car  tout  le  monde  a  remarqué  le  caractère  éminemment  utile  de 
l'exposition  des  machines  au  concours  de  Carlisle  en  1855  et  surtout 
en  1880.  L'ensemble  de  l'exposition  était  strictement  agricole,  il  y 
avait  une  absence  presque  totale  de  ces  objets  divers  ne  se  rattachant 
à  l'agriculture  que  par  un  tout  petit  côté  ou  même  pas  du  tout,  que 
Ton  remarquait  dans  les  autres  concours. 

Toutefois  les  grands  fabricants  de  l'Angleterre  n'ont  point  reculé 
devant  les  frais  considérables  qu'entraînent  leurs  expositions  dans  les 
concours  de  la  Société  royale  et  surtout  lorsque  le  cycle  de  ces 
assises  annuelles  ramène  l'exposition  dans  une  localité  aussi  excen- 
trique que  le  Cumberland,  c'est-à-dire  à  la  frontière  même  de  l'Angle- 
terre, sur  le  bord  du  cours  d'eau  qui  la  sépare  de  l'Ecosse.  Ainsi,  en 
entrant  dans  l'enceinte  on  remarque  les  splendides  machines  de 
Clayton  et  Shutlleworth,  locomobiles  et  batteuses,  lesquelles  n'ont  point 
de  rivales  au  monde.  Voici  encore  les  frères  Howard,  de  Bedford,  avec 
la  multitude  d'instruments  si  simples,  si  utiles  et  si  solides  qui  ont 
fait  leur  célébrité,  —  depuis  leurs  appareils  de  culture  à  vapeur,  main- 
tenant répandus  dans  le  monde  entier,  —  jusqu'à  leurs  charrues, 
extirpateurs,  herses,  etc.,  en  passant  par  leurs  moissonneuses  et  fau- 
cheuses, râteaux  à  cheval  et  faneuses.  Voici  encore  la  maison 
Burgess,  autrefois  Burgess  et  Key,avec  leur  nouvel  appareil  à  lier 
les  gerbes  avec  corde  de  chanvre,  lequel  appareil,  étant  mobile, 
s'attache  aux  moissonneuses  ordinaires  et  s'en 'détache  à  volonté, 
ce  qui  fait  de  la  moissonneuse  Burgess  une  des  meilleures  et  des  plus 
complètes  qui  existent;  —  j'ai  déjà  remarqué  qu'au  concours  de 
1855,  c'est  cette  maison  qui  gagna  le  1"  prix  des  moissonneuses.  — 
Il  faut  la  féliciter  de  n'être  point  restée  en  arrière. 

Voici  encore  la  maison  Barford  et  Parkins,  de  Peterborough ,  àVec 
son  nouveau  système  de  culture  à  vapeur  auquel  la  Société  i-oyalte  a 
donné  une  médaille  d'argent,  bien  que  cette  année  il  n'y  eût  point  de 
prix  offerts  pour  cette  catégorie  de  machines. 

Parmi  les  grands  exposants  de  machines,  il  ne  faut  point  oublier 
les  Ransome,  Head  et  Sims,  dont  l'exposition  est  des  plus  complètes 
et  des  plus  attrayantes. 

À  la  suite  on  retrouve  avec  plaisir  les  frères  Crosskill,  avec  leur 
célèbre  rouleau  et  leurs  élégants  chariots  agricoles,  Samuelson  avec 


186  LE  CONCOURS  DE  CARLISLE.  • 

leurs  célèbres  moissonneuses  et  faucheuses,  les  Garrett,  Hunt  et  Pawell, 
Hill  et  Smilli,  et  surtout  la  grande  et  illustre  maison  Fowler  qui  se 
maintient  toujours  à  la  tête  de  la  fabrication  des  appareils  de  culture  à 
vapeur.  Tous  ces  noms  sont  familiers  à  Toreille  des  agriculteurs  du 
monde  entier,  et  ces  maisons  éminentes  ne  pouvaient  manquer,  malgré 
la  distance,  de  venir  rehausser  l'éclat  d'un  concours  organisé  par  une 
Société  qui  a  tant  contribué  par  les  encouragements  et  les  récompenses 
à  l'établissement  de  leur  célébrité. 

Si,  d'un  côté,  le  concours  de  Garlisle  était  un  peu  faible  par  le 
nombre  plutôt  que  par  la  qualité  des  machines  et  instruments 
exposés,  il  rachetait  et  bien  au  delà  cette  faiblesse  relative  par  une  des 
plus  importantes  expositions  d'animaux  qu'on  ait  encore  vues.  G  était 
absolument  la  même  chose  en  1855.  G'est  que  la  ville  de  Garlisle  est 
située  dans  un  district  où  l'élevage  est  la  principale  industrie  de 
l'agriculture.  Tout  près,  se  trouve  l'Ecosse  avec  ses  magnifiques  races 
bovines  et  ovines.  Attenant  au  comté  de  Gumberland,  dont  l'agricul- 
ture est  principalement  pastorale,  sont  les  comtés  de  Northumberland, 
de  Westmoreland,  de  Durham,  de  Yorkshire  et  de  Lancashire  dont 
l'agriculture  possède  le  même  caractère.  G'est  dans  ces  districts  à 
vastes  pâturages  que  fleurit  surtout  la  race  Durham,  cette  reine  sans 
rivale  de  l'espèce  bovine.  G'est  dans  ces  comtés  septentrionaux  de 
l'Angleterre  que  cette  race  a  pris  sa  naissance  et  son  développement. 
G'est  là  qu'elle  règne  absolument  et  exclusivement.  G'est  là  que  les 
éleveurs  les  plus  éminents  la  cultivent  avec  cet  enthousiasme  qui 
fait  le  succès  et  avec  ces  soins  intelligents  et  pratiques  qui  ont 
conservé  à  cette  race  toutes  ses  précieuses  qualités  rustiques  et  laitières, 
alliées  à  un  grand  développement,  une  merveilleuse  précocité  et  un 
tempérament  robuste  et  fécond. 

Au  concours  de  1855,  on  avait  déjà  remarqué  que  l'exposition  des 
animaux  était  la  plus  nombreuse  qu'on  eût  encore  vue,  à  l'exception 
du  concours  de  Windsor,  en  1 85 1 ,  oii  le  nombre  des  animaux  exposés 
atteignit  le  chiffre  de  988  têtes.  A  Garlisle,  en  1855,  on  compta 
808  têtes.  A  Birmingham,  en  1876,  les  animaux  étaient  au  nombre 
de  1,527;  à  Kilburn,  l'année  dernière,  il  y  avait  naturellement  plus 
d'animaux,  à  cause  du  caractère  international  de  celte  exposition. 
Mais,  on  peut  le  dire,  à  l'exception  du  concours  de  Birmingham, 
en  1876,  jamais  on  n'avait  encore  vu  une  si  nombreuse  collection 
d'animaux  que  celle  de  Garlisle  en  1880,  laquelle  ne  comptait  pas 
moins  de  1 ,526  têtes,  dont  98  durhams. 

Gette  exposition  de  race  Durham,  ainsi  que  je  le  raconterai  plus 
loin,  était,  d'après  l'opinion  unanime,  honor  et  dccns  du  concours, 
comme  du  reste  elle  l'est  de  tous  les  concours,  même  de  celui  de 
Nevers  oii,  il  ne  faut  pas  l'oublier,  les  derrières  cubiques  ont  victo- 
rieusement remporté  la  victoire  sur  les  derrières  sphériques,  si 
chers  au  professeur  fameux  qui  a  fait  la  trouvaille  merveilleuse  des 
races  d'Aquitaine  et  autres,  qui  enseigne  que  la  vache  durham,  en 
général,  a  si  peu  de  lait  qu'elle  ne  peut  nourrir  son  veau'  ! 

Dans  un  prochain  article  je  décrirai  par  le  menu  les  faits  saillants 
de  ce  magnifique  concours  de  Garlisle,  dont  les  résultats  ont  une 
portée  des  plus  intéressantes  à  étudier  et  à  constater. 

Malheureusement,  comme  à  Kilburn,  l'année  dernière,  le  temps  a 

1.  Je  publierai  prochainement  un  travail  sur  ce  sujet. 


LE  CONCOURS  DE  CARLISLE.  189 

été  des  plus  néfastes,  la  pluie  est  tombée  à  torrents,  il  a  fallu  avoir 
recours  aux  mêmes  héroïques  efforts  qu'à  Kilburn  pour  permettre  un 
accès  quelconque  aux  travées.  Il  a  fallu  opérer  des  drainages  au  moyen 
de  fossés  profonds  pour  faciliter  récoulement  des  eaux  d'une  véritable 
inondation.  Il  fallu  établir  des  tramways  en  madriers  pour  permettre 
le  passage  des  visiteurs,  et  étaler  des  centaines  de  tombereaux  de 
tannée,  d'escarbilles  de  charbon  et  de  graviers  pour  combler  les 
gouffres  et  les  abîmes.  Malgré  cela  la  foule  des  visiteurs  a  élé  énorme. 
Les  agriculteurs  de  l'Ecosse  et  des  comtés  environnants  sont  descendus 
en  masse  de  leurs  montagnes,  et  ont  témoigné  ainsi  un  empresse- 
ment et  un  zèle  dont,  en  France,  on  ne  saurait  se  faire  une  idée. 

Malgré  la  pluie  diluvienne  qui  n'a  cessé  de  tomber,  malgré  la 
fange,  la  boue  et  les  fondrières  creusées  par  le  piétinement  d'une 
pareille  masse  d'animaux  et  d'hommes  concentrés  sur  un  espace  com- 
parativement si  limité,  le  nombre  des  visiteurs  a  été  très  considé- 
rable, comme  le  constate  le  tableau  suivant  : 


visiteurs. 

Argent  perçu, 

fr. 

h. 

Lundi 

12 

juillet, 

admisbion 

6.25 

2,455 

15,3.50 

Mardi 

13 

— 

— 

3.00 

9,450 

30,000 

Mercredi 

14 

— 

— 

3.00 

13,164 

41,200 

Jeudi 

IS 

— 

— 

1.25 

42,682 

.53,. 500 

Vendredi 

16 

— 

— 

1.25 

Totaux 

23,981 
91,732 

30,000 
170,050 

A  ce  tableau  il  manque  la  statistique  du  samedi  17,  dont  je  n'ai 
pas  encore  vu  les  chiffres  officiels.  Mais,  malgré  les  recettes  considé- 
rables qui,  en  comptant  le  produit  des  ventes  de  matériaux,  les  rétri- 
butions des  exposants,  les  admissions  aux  expositions  spéciales  et 
•duiLstands  des  chevaux,  ne  se  monterait  pas  à  moins  de  2)5,000  fr., 
la  perte  qu'aura  à  subir  la  Société  royale  par  le  concours  de  Girlisle 
ne  sera  pas  moindre  de  25,000  fr.  A  Kilburn,  l'année  dernière,  la 
perte  subie  par  la  Société  n'a  pas  été  moindre  de  250,000  fr. 

Dieu  merci!  la  grande  Société  anglaise  est  assez  riche  pour  suppor 
ter  toutes  ces  pertes.  Mais  ce  qu'on  ne  saurait  trop  apprécier,  ce  qu'on 
ne  saurait  trop  estimer,  trop  louer,  c'est  cette  énergie  indomptable 
des  officiers  de  la  Société  dont  le  zèle  gratuit  s'est  encore  manifesté 
dans  cette  malheureuse  occurrence  météorologique  par  des  elforts 
surhumains.  La  lutte  que  le  vaillant  Jacob  Wilson,  le  directeur  géné- 
ral du  concours,  aidé  des  commissaires  spéciaux,  et  surtout  de  l'nono- 
rable  secrétaire  général,  M.  Jenkins,  si  bien  connu  et  si  justement 
apprécié  des  visiteurs  français,  a  eu  à  soutenir  contre  les  éléments  et 
leurs  désastres,  est  incompréhensible  pour  ceux  qui  n'en  ont  pas  eu  à 
subir  les  conséquences.  Honneur  à  ces  généreux  athlètes  si  grands  et 
si  forts  dans  leur  travail  aussi  gigantesque  qu'il  est  désintéressé. 
Quand  une  Société  est  desservie  par  des  hommes  de  ce  calibre-là,  il 
n'est  point  surprenant  qu'elle  atteigne  les  hauteurs  de  succès  et  d'in- 
fluence auxquelles  la  Société  royale  d'agriculture  d'Angleterre  est 
aujourd'hui  arrivée,  après  une  carrière  de  quarante-deux  ans,  carrière 
pleine  de  dévouement,  de  zèle,  de  travail  et  de  désintéressement. 

{La  sui le  prochainement.)    '  F.-R.  de  la  Tréhonnais. 

LE  COMMERCE  DES  RAISINS  SECS 

Monsieur  le  Directeur,  l'industrie  des  vi as  de  raisins  secs   a  pris  aujoui'd'hui 
une  telle  extension  que  nous  croyons  être  agréable  à  vos  nonobreux   lecleuis  ne 


190  LE  COMMERCE  DES  RAISINS  SECS 

faisant  passer  sous  leurs  yeux  le  relevé  de  statistique  suivant,  dont  les  résultats  se 
passent  de  tout  commentaire. 

D'après  les  chiffres  otficiels  provenant  du  ministère  des  finances,  il  a  été  importé 
en  France,  dans  le  courant  de  l'année  1879,  51,008,804  kilo^.  de  raisins  secs; 
dans  les  six  premiers  mois  seulement  de  1880,  48,085,900  kllog.,  soit  presque 
autant  que  dans  tout  le  courant  de  l'année  écoulée.  La  réunion  de  ces  deux  chiffres 
forme  pour  la  durée  de  dix-huit  mois  une  importation  en  France  de  raisins  secs  de 
99,094,704  kilog. 

Un  kilog.  de  raisins  secs  servant  à  fabriquer  en  général  3  litres  de  vin,'la  pro-  ■ 
duction  totale  a  donc  été  de  2,972,841  hectol.  12  litres.  Appoint  important  à  la 
consommation,  s'adressant  directement  aux  classes  populaires,  si  l'on  songe  à  la 
disette  des  vins  en  France. 

Au  prix  le  plus  bas,  c'est-à-dire  à  raison  de  0  fr.  50  par  100  kilog-.,  le  fret  de 
navigation  des  raisins  secs  a  rapporté  à  la  marine  marchande  495,473  fr.  52.  Il  a 
été  payé  aux  ouvriers  chargés  du  déba-rquement,  à  raison  de  0  fr.  2  5  par  100  ki- 
log., 247,736  fr.  76.  Le  prix  de  la  mise  en  sacs  ou  en  magasin,  de  charroi  des 
qyiais  aux  entrepôts  ou  des  entrepôts  au  chemin  de  fer,  peut  être  fixé,  en  restant 
bien  au-dessous  de  la  moyenne,  pour  la  classe  intéressante  des  ouvriers  camion- 
neurs, à  0  fr.  75  par  100  kilog.,  soit  743,210  fr,  28. 

Le  Trésor  a  perçu  par  la  douane  comme  droit  d'entrée  0  fr.  30  par  100  kilog., 
soit  297,284  fr.  11,  et  parles  contributions  indirectes,  à  8  fr.  par  hectolitre, 
23,782,7-28  fr.  96,  soit  un  chiffre  de  24,080,013  fr.  07. 

Enfin,  le  bénéfice  réalisé  par  le  commerce»livrant  à  l'industrie  peut  être  fixé  au 
bas  mot  à  3  fr.  par  100  kilog.,  soit  2,972,841  fr.  12. 

La  vente  des  vins  de  raisins  secs,  à  raison  du  prix  moyen  de  20  fr.  l'hectolitre, 
représente  la  somme  de  59,456,842  fr.  40. 

Voilà  ce  que  font  et  ce  qu'ont  fait  les  raisins  secs  et  l'industrie  à  laquelle  ils 
ont  donné  naissance!  Le  Trésor  a  perçu  comme  droits  d'importation  et  sur  les 
boissons,  en  chiffres  ronds,  environ  25  millions,  qui  ont  certainement  formé  en 
partie  l'excédent  du  budget.  La  marine  marchande,  dont  il  est  tant  que-tion  au- 
jourd'hui, doit  accueillir  avec  bonheur  ce  nouvel  élément  de  bénéfices  qui  lui 
accorde  des  frets  pour  une  valeur  de  500,000  fr.  Le  commerce,  l'industrie  et 
surtout  les  classes  laborieuses  ne  peuvent  que  recevoir  avec  faveur  cette  innova- 
tion qui,  à  son  berceau,  promet  de  rendre  de  si  grands  services  dans  notre  belle 
France  ravagée  par  le  phylloxéra.  Joseph  Audibert. 

CONCOURS  DE  LA  SOCIÉTÉ  AGRICOLE  DE  MANTES 

Le  concours  organisé  par  la  Société  agricole  et  horticole  de  l'arron- 
dissement de  Mantes  (Sel ne-et-Oise),  et  qui  s'est  tenu  dans  celle  ville  du 
9  au  12  juillet,  a  été  un  des  plus  réussis  que  nous  ayons  vus  depuis 
longtemps.  La  Société  date  d'hier;  l'année  dernière  nous  rendions 
compte  ici  de  sa  séance  d'inauguration.  Elle  a  cru,  avec  raison,  que 
le  meilleur  moyen  de  se  développer  était  de  s'affirmer  par  un  éclatant 
succès.  Elle  a  donc  convié  à  un  concours  général,  les  agriculteurs  et  les 
éleveurs,  les  constructeurs  et  les  entrepositaires  de  machines  agricoles, 
les  amateurs  d'horticulture  aussi  bien  que  les  jardiniers  ou  les 
maraîchers,  etc.  L'emplacement  sur  lequel  elle  recevait  ses  exposants, 
eut  pu  tenter  les  plus  difficiles;  dans  une  île  de  la  Seine,  charmante 
et  bien  ombragée,  entre  Mantes  et  Limay,  d'une  part  s'étendaient  les 
boxes  des  animaux;  d'autre  part  s'alignaient  en  rangs  pressés  les  ma- 
chines de  toutes  sortes  qui  ont  pris  part  aux  essais  organisés  par  la 
Société. 

Les  deux  parties  les  plus  importantes  du  concours  étaient  l'exposi- 
tion d'horticulture  et  celle  des  machines. 

L'arrondissement  de  Mantes  est  depuis  longtemps  célèbre  pour  ses 
cultures  florales  ou  maraîchères.  L'exposition  de  fleurs  et  de  légumes 
qui  s'étalait  sous  une  immense  tente  bien  remplie,  a  dépassé  cepen- 
dant coules  les  espérances.  Les  deux  prix  d'honneur,  d'ailleurs  bien 


CONCOURS  DE  L.\  SOCIÉTÉ  AGRICOLE  DE  MANTES.  191 

mérités,  ont  été  attribués  à  M.  Leroux:,  horticulteur-pépiniériste  à 
Mantes,  et  à  M.  Ghoppart,  jardinier-chef  à  Rosny.  ^  A  côté  de  l'expo- 
sition horticole,  on  pouvait  étudier  des  collections  d'enseignement 
exposées  par  les  instituteurs  de  l'arrondissement,  et  qui  prouvent 
combien  ils  s'attachent  à  développer  leur  enseignement  appliqué  à 
l'agriculture.  Cette  œuvre  est  une  de  celles  à  laquelle  la  Société  s'est 
appliquée  dès  son  origine,  car  elle  sent  Timmense  importance  de 
l'instruction. 

Nous  avons  vu  certains  concours  régionaux  qui  n'avaient  pas  une 
collection  de  machines  aussi  importante  que  celle  exposée  à  Mantes. 
Le  prix  d'honneur  a  été  attribué  à  M.  Gautreau,  de  Dourdan.  A  côté  de 
sa  belle  collection  de  machines,  nous  devons  citer  les  cliarrues  deBajac, 
celles  de  Fondeur,  le  semoir  Demoncy,  les  batteuses  dePécard  et  celles 
de  la  Société  française  de  matériel  agricole,  le  pressoir  Mabille,  les 
pompes  de  Beaume  et  celles  de  Moret  et  Broquet,  le  trieur  Marot,  les 
appareils  de  pesage  de  Paupier,  le  petit  chemin  de  fer  Decauville,  les 
bineuses,  herses,  etc.,  de  Peltier  jeune.  —  Deux  concours  de  faucheuses 
et  de  moissonneuses  avaient  appelé  un  très  grand  nombre  de  construc- 
teurs. En  voici  les  résultats  : 

Faucheuses,  l^""  prix,  M.  Hurtu,  à  Nangfîs.  2'"  prix,  M.  "Waite  Burnel,  à  Paris. 
2*  prix  ex-œquo,M.  Rigault  et  Cie.  3'=  prix,M.  Pécart,  à  Nevers. — Moissonneuses. 
1"  prix,  MM.  Decker  et  Mott.  2«  prix,  M  Pilter,  à  Paris.  S*^  prix,  M.  Pécard,  à 
Nevers.  —  Moissonm'Mses  à  un  cheval.  Prix  unique,  M.  Pécard,  à  Nevers.  —  Mois- 
sonneuses-lieuses. Prix  unique,  M.  Waite  Burnel. 

Du  bétail,  il  y  a  peu  de  choses  à  dire.  Les  animaux  exposés  étaient 
peu  nombreux,  mais  d'une  bonne  qualité,  surtout  dans  la  catégorie  des 
chevaux  et  juments.  M.  Michaux,  l'agriculteur  bien  connu  de  Bonnières, 
avait  exposé  une  belle  collection  de  chevaux,  de  vaches  et  de  bœufs, 
qui  formaient  un  ensemble  très  réussi.  Ajoutons  qu'une  très  impor- 
tante collection  d'animaux  de  basse-cour   y  était  annexée. 

En  résumé,  le  concours  de  Mantes  a  fait  le  plus  grand  honneur  à  la 
Société,  ainsi  qu'à  ses  organisateurs  MM.  Pottier,  Hennin  et  Yoitellier, 
auxquels  tous  les  visiteurs  (et  ils  étaient  très  nombreux)  se  sont  plu  à 
rendre  cette  justice.  Henry  Sagmer. 

EFFETS  DE  L'HIVER  SUR  LES  ARBRES  FRUITIERS 

ET  FORESTIERS. 

Boult-ïur-Suippe,  par  Bay.ancourt  (Marne). 

Voici  quelques  détails  sur  les  arbres  de  ma  contrée  atteints  de  la 
gelée  l'hiver  dernier  : 

Tous  les  poiriers  ont  été  gelés  jusqu'à  0".20  à  0™.30  du  sol;  je  dis 
tous,  car  dans  un  jardin,  ici,  sur  98  poiriers  pyramide  de  6  à  8  mètres 
de  haut,  ui  seul  a  poussé  au  printemps  comme  si  il  n'avait  pas  été 
gelé.  Cependant  il  "est  probable  qu'il  ne  vivra  pas  plus  de  trois  à  quatre 
ans,  l'écorce  du  tronc  est  uDire  et  les  bourgeons  ayant  atteint  une  lon- 
gueur d'environ  0'°.30,  sont  maintenant  dans  un  arrêt  de  sève  com- 
plet. 9  autres  de.  ces  pyramides  qui  laissaient  espérer  un  peu  de  réta- 
blissement, n'ont  pas  été  recepées,  elles  poussent  un  peu  avec 
quelques  bourgeons  ayant  môme  une  longueur  de  0™.40,  mais  les 
feuilles  se  grillent  et  jaunissent  et  il  est  à  présuoier  qu'on  sera  obligé 
de  les  receper  plus  tard  au-dessus  des  bourgeons  du  bas,  sans  quoi 
ces  arbres  langjiraient  jusqu'à  la  mort  complète.  Sur  les  88  autres 
de  ces  pyramides,  une  trentaine  ont   poussé  des  feuilles,   même  des 


192  EFFETS  DE  L  HIVER  SUR  LES  ARBRES  FRUITIERS. 

bourgeons,  puis  se  sont  desséchés.  Tous  ces  88  arbres  ont  été  sciés  à 
0'".  10  ou  0"'.30  du  sol  au  fur  ot  à  mesure  qu'il  n'y  avait  plus  d'espoir 
sur  une  reprise  de  végétation.  La  section  a  été  unie  à  la  serpette  et  re- 
couverte de  mastic  Lliomme.  Aujourd'hui  4  de. ces  arbres  ne  végètent 
pas  encore,  mais  tous  les  autres  ont  des  bourgeons  variant  de  0™.30  à 
1  mètre  et  plus  ;  si  quelques-uns  périssent  par  la  suite,  une  bonne 
partie  pourra  former  de  beaux  vases  ou  de  belles  palmettes.  Je  n'es- 
sayerai pas  d'en  reformer  des  pyramiiles,  car  il  serait  peut-être  im- 
prudent de  restreindre  la  sève  en  une  seule  tige  pour  des  troncs  ayunl 
de  15  à  20  centimètres  de  diamètie. 

Slu'  IGO  autres  poiriers  en  espalier  du  même  jardin,  tant  palmettes 
que  cordons  verticaux  et  obliques  en  U,  il  ny  en  a  que  15  que  j'ai 
laissés  intacts;  mais  pour  les  pyramides  restantes  il  y  a  peu  d'espoir. 

Tous  les  autres,  recepés  sur  les  quelques  bons  boulons  du  bas, 
ont  maintenant  des  pousses  de  1™.30  e'  plus  ;  il  y  a  même  des  fruits 
sur  ceux  qui  étaient  en  cordons  verticaux  et  obliques.  D'ici  quelques 
années  tous  ces  espaliers  seront  complètement  restaurés. 

Ceux  qui  auront  suivi  le  conseil  de  ma  note  du  17  janvier, 
n'auront  qu'à  s'en  féliciter,  car  les  arbres  recepés  sur  le  vif  reforme- 
ront seuls  de  bons  arbres,  tandis  que  ceux  auquels  on  a  laissé  du  bois 
malade  resteront  toujours  languissants.  Quant  aux  gros  arbres  de 
hautes  tiges,  ils  sont  à  peu  près  entièrement  perdus.  Il  y  a  bien  dans 
quelques.endroits  quelques  poiriers  échappés  par-ci  par-là,  mais  le 
nombre  en  est  très  minime. 

Les  pommiers  ont  été  un  peu  moins  maltraités,  mais  il  en  reste 
bien  peu  de  sains;  beaucoup  sont  morts,  principalement  les  vieux 
arbres  des  vergers.  Un  grand  nombre  d'autres  ayant  encore  signe  de 
vie  ne  survivront  pas  longtemps. 

Les  pêchers,  abricotiers,  noyers,  ont  le  même  sort  que  les  poiriers, 
et  comme  ces  derniers,  les  espaliers  recepés  repousseront  bien  pour 
la  plupart. 

Les  vignes  en  treilles  ont  été  entièrement  gelées,  mais  repoussent 
avec  force  de  la  base.  1 70  palmettes  ici  ont  des  pousses  de  3  à  4  mètres 
en  ce  moment. 

Les  pruniers  et  cerisiers  ont  été  tous  atteints,  mais  quelques-uns 
se  sont  refaits  et  portent  même  fruits;  beaucoup  d'autres  sont  bien 
malades  et  laissent  peu  d'espoir.  Un  grand  nombre  sont  morts.  Le 
merisier  des  bois,  le  bois  de  Sainte-Lucie  (prunier  Mohalebs)  sont 
dans  le  même  état  que  les  pruniers,  Saul  le  merisier  à  grappes  (Cera- 
sus  padus)  n'a  pas  souffert  le  moins  du  monde.  Les  groseilliers  et 
framboisiers  n'ont  pas  été  atteints  et  sont  chargés  de  fruits. 

Les  églantiers  dans  les  bois  et  haies,  et  les  rosiers  sont  complète- 
ment morts  jusqu'au  pied. 

Je  vois  encore  dans  laplupartdes  jardins  et  clos,  beaucoup  d'arbres 
qui  auraient  pu  être  restaurés,  que  l'on  a  conservés  parcQ  qu'ils  ont 
quelques  feuilles  et  quelques  bourgeons;  ces  arbres-là  périront  infail- 
liblement si  on  les  abandonne  à  eux-mêmes;  il  serait  peut-être  encore 
temps  de  les  receper  à  la  base,  au-dessus  de  quelques  bons  bour- 
geons que  le  refoulement  de  la  sève  a  fait  partir;  mais  il  ne  faudrait 
pas  tarder  et  bien  couper  sur  le  vif,  fut-ce  même  au-dessous  de  la 
gretïe,  pour  ne  pas  laisser  la  moindre  partie  malade  sur  1  arbre.  Sans 
doute  ce  ne  serait  pas  facile  de  scier  maintenant  des  arbres  d'une  cer- 


EFFETS   DE  L  HIVER   SUR  LES   ARBRES  FRUITIERS.  193 

taine  force  sans  endommager  des  pousses  qu'il  faut  conserver;  mais, 
avec  des  précautions,  ce  n'est  pas  impossible. 

C'est  un  véritable  désastre  que  les  30  degrés  de  froid  (thermomètre 
en  plein  champ  à  0'".50  du  solj  du  mois  de  décembre  nous  ont  causé; 
mais  le  désastre  est  encore  plus  grand  pour  les  propriétaires  qui  ont 
abattu  trop  tôt  sans  essayer  une  restauration;  car  s'il  y  a  encore  un 
peu  de  remède  pour  les  arbres  sur  pied,  il  n'y  en  a  plus  pour  ceux 
abattus. 

Les  pins  et  sapins,  les  chênes,  frênes,  ormes,  charmes,  aulnes, 
marronniers,  noisetiers,  prunelliers,  aubépines,  troènes,  ont  été  par- 
tiellement très  atteints  et  les  parties  gelées  n'ont  qu'une  végétation 
bien  mourante. 

Le  peuplier  d'Italie  est  en  bien  mauvais  état,  et  il  y  en  a  beaucoup 
de  morts. 

Beaucoup  d'arbustes  verts  d'ornement  tels  que  :  rhododendrons, 
Iroëne  vert,  buis  ordinaire,  buis  panaché,  mahonnia,  aucuba,  lierre, 
fusain  panaché,  genévrier,  etc.,  sont  morts  entièrement  jusqu'au  pied. 

Le  baguenaudier,  cytise,  tamarix,  sureau  commun  et  beaucoup 
d'arbustes  exotiques  d'ornement  sont  morts  également  jusqu'au  pied. 

Ceux  de  nos  arbres  et  arbrisseaux  indigènes  qui  paraissent  le  mieux 
avoir  résisté,  sont  :  le  bouleau,  l'érable,  le  plane,  les  peupliers  Caro- 
line, P.  tremble,  P.  noir,  le  tilleul,  le  saule  Marceau,  les  saules  com- 
muns, et  encore  on  ne  peut  pas  dire  que  ces  espèces  soient  tout  à  fait 
rebelles  à  la  gelée,  car  on  en  rencontre  quelquefois  qui  sont  atteints 
partiellement. 

Dans  les  espèces  que  j'ai  indiquées  plus  haut  comme  atteintes  par- 
tiellement, il  n'est  pas  rare  d'en  voir  des  morts  entièrement. 

11  n'y  a  que  le  saul  Marceau,  le  tilleul,  lelilas,  le  seringa,  sur  les- 
uels  je  n'ai  pas  encore  rencontré  de  parties  gelées. 

Après  la  gelée  c'est  un  autre  fléau  qui  s'abat  sur  nos  malheureux 
arbres  fruitiers  restants.  Des  pruniers,  des  cerisiers,  des  pommiers, 
des  grosseilliers  mômes,  des  poiriers,  sont  littéralement  couverts  de 
pucerons.  Encore  un  fléau  qui,  sans  être  aussi  traître  que  la  gelée,  peut 
néanmoins  causer  de  sérieux  dommages  ;  ainsi  des  pruniers  et  des 
cerisiers,  qui  paraissaient  se  refaire  de  la  gelée,  sont  sur  le  point  de 
succomber  faute  depouvoirélaborer  leur  sève.  Cène  sont  pas  seulement 
les  arbres  malades  des  suites  de  la  gelée  qiii  sont  envahis  des  puce- 
rons, mais  aussi  des  arljres  bien  portants.  Plusieurs  de  nos  plantes 
potagères  en  sont  aussi  envahies.  Les  rosiers  et  églantiers  en  sont  plus 
couverts  que  de  coutume,  et  des  seringages  à  la  nicotine  doivent  être 
souvent  réitérés  pour  en  avoir  raison. 

Tels  sont  les  détails  succincts  sur  la  végétation  arborescente,  pris 
en  pleine  campagne  au  milieu  des  jardins  et  des  bois  qui  ont  triste 
mine  en  maints  endroits. 

Agréez,  etc.  G.-D.  Huet. 

SOCIÉTÉ  NATIONALE  D'AGRICULTURE, 

Séance  du  28  juillet  1880.  —  Présidence   de  M.  ChevreuL 

M.  le  docteur  Guérin-Méneville  envoie  le  portrait  de  son  père  qui 
fut  membre  de  la  Société  dans  la  Section  d'histoire  naturelle.  Des 
remercîments  lui  seront  adressés. 


194  SOCIÉTÉ    NATIONALJE    D'AGRICULTORE   DE  FRANGE. 

M.  Edouard  Morren,  correspondant  de  la  Société,  envoie  une  notice 
relative  aux  effets  de  l'hiver  1879-80  sur  la  végétation  en  Belgique,  et 
M.  de  Hédouville,  président  de  la  Société  d'agricuLlure  de  Wassy 
(Haute-Marne),  une  note  sur  les  effets  de  Thiver  -dans  cet  arron- 
dissement. Il  résulte  de  la  note  publiée  par  M.  Edouard  Morren  que  le 
froid  a  été  tout  aussi  intense  en  Belgique  que  dans  les  parties  septen- 
trionales de  la  France.  C'est  surtout  sur  les  arbres  que  la  gelée  a 
exercé  une  action  pernicieuse;  M.  Morren  résume,  à  ce  sujet,  des 
observations  faites  avec  soin  et  avec  la  rigueur  scientifique;  mais  il 
est  impossible  d'entrer  ici  dans  des  détails. 

M.  le  docteur  Sacc  adresse  une  lettre  sur  les  résultats  des  voyages 
agricoles  qu'il  a  faits  dans  plusieurs  parties  du  Nouveau  Monde. 

M.  le  docteur  Eugène  Robert,  correspondant,  envoie  un  rapport  sur 
les  silex  taillés  préhistoriques  et  les  ossements  fossiles  de  pachy- 
dermes dans  les  riiêmes  lieux. 

M.  le  secrétaire  perpétuel  fait  hommage  de  la  brochure  renfermant 
le  compte  rendu  de  la  fête  du  cinquantenaire  de  l'Ecole  de  Grand- 
Jouan. 

Le  président  du  Comité  d'organisation  du  congrès  phylloxérique 
qui  se  tiendra  à  Sarragosse,  invite  la  Société  à  se  faire  représenter  à 
ce  congrès. 

M.  Magae  donne  lecture  d'un  mémoire  sur  la  production  chevaline 
et  les  remontes  de  l'armée.  Il  insiste  parliculiérement  sur  les  moyens 
qui  lui  paraissent  de  nature  à  faciliter  l'augmentation  du  nombre  des 
chevaux  disponibles  chaque  année  pour  l'armée.  Ce  mémoire  sera  im- 
primé pour  être  l'objet  d'une  discussion  ultérieure. 

M.  Pluchet  présente,  de  la  part  de  l'auteur,  M.  Alfred  Leroy,  un 
volume  sur  l'élevage  et  les  maladies,  du  mouton. 

M.  Barrai  fait  une  communication  sur  une  visite  qu'il  a  faite  dans 
plusieurs  fermes  du  département  de  Seine-et-Marne.  Il  fait  ressortir 
les  bons  résultats  qu'on  peut  obtenir,  même  dans  de  mauvaises  terres, 
quand  on  a  à  sa  disposition  les  ressources  su  [Usantes.  Une  discussion, 
à  laquelle  prennent  part  MM.  Chatin,  Chevreul,  Barrai  et  Pluchet, 
s'engage  ensuite  sur  les  meilleurs  moyens  de  tirer  parti  des  engrais 
suivant  les  circonstances  de  sol  et  de  culture. 

M.  Prillieux  présente  plusieurs  observations  qu'il  a  faites  relative- 
ment à  la  résine  renfermée  dans  des  pins  maritimes  gelés  qui  en  con- 
tiennent plus  que  d'autres  non  gelés  ;  mais  cette  résine  ne  paraissait 
pas  être  de  la  même  nature.  Quslques  observations  sont  ensuite  échan- 
gées entre  M.  F.-R.  Duval  et  M.  Chevreul,  sur  les  inconvénients  qu'il 
peut   y  avoir  à   laisser  sur  pied  les   arbres   gelés. 

Henry  Sagnier. 

REYUE  GOMIIERGIILE    ET   PRIX-COURÂNT  DES  DENRÉES  AGRICOLES 

(31  JUILLET  1880). 

I.   —  Situation  générale. 
Gomme  la  semaine  dernière,  le  plus  grand  nombre  des  mai'chés  agricoles  présen- 
tent le  plus  grand  calme.  Peu  d'offres,  et  par  suite  des  affaires  très  restreintes,  tel 
est  le  résumé  de  la  situation. 

II.  —  Les  grains  et  les  farines. 
Les  tableaux  suivants  résument  les  cours  des  céréales,  par  quintal   métrique, 
sur  les  principaux  marchés  de  la  France  et  de  l'étranger. 


REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX-GOUHAKT  (31   jaiLLEP    133 


1"  RÉOION.- 

-  NORD'OCEST. 

Blé. 

Seigle. 

OrR.. 

ATûine. 

fr. 

fr. 

fr. 

fr. 

Calvados.  Condé 

.  30. Î5 

•.^4.50 

20.50 

25.00 

—    Orbec 

•<0  50 

20.00 

B 

24.00 

Côtet-d.-^ord  Pontrieux  29.50 

t 

22   50 

22.00 

—    Tré^uier 

28.  V5 

25.25 

23  75 

20.50 

Finistère.   Morlaix 

27.00 

24.75 

21    30 

19.00 

—     Quimper 

30  00 

23.00 

22  25 

23.50 

[Ile-et-Vilaine.  Keniies. 

•29.75 

> 

19  50 

22.50 

St  M  lo       

30.50 
30.25 

» 

21.50 
23.00 

22.00 

Manche.  Avraaches.... 

24.25 

—     Poiilorsoa 

29.00 

23.25 

» 

» 

—    ViUertieii 

30.50 

20.00 

21.25 

25.50 

Mayenne.  Laval 

28.50 

» 

—    Château  Gontier. 

28.0) 

» 

» 

23.00 

Morbihan.  Heraiebotil. 

26.50 

19.50 

■ 

25.00 

Orne    Séez 

30.00 
2a. 25 

21.00 

22.25 
22.75 

23.00 

—    Viinou  tiers 

24.75 

Sarlhe.  Lp.  Mans 

2^.0Q 

19.50 

20  00 

21.2b 

—    Sablé- 

27  00 

• 

21.50 

24.50 

Prix  moyens 

29.10 

2i.08 

21.71 

23.2.5 

2»  RÉGION.  —  NURD 

Aisne.  Soissons. ....... 

28.70 

19.80 

» 

22.85 

—    La  Fère 

29.00 

21.00 

a 

2-4.00 

—    Villtti-s  Cotterets. 

28.00 

19.00 

» 

22.50 

Sure.  Evreux 

28  .  2i 

W.&O 

21.25 

21.25 

—    Neubourg 

30.00 

„ 

22.23 

24.00 

—    Bernay 

31.00 

19.50 

22.00 

25.00 

Sure-ei-Loir.  Chartres. 

28.25 

22.00 

21.50 

21.50 

27.50 
29.25 

19.00 

21.50 
21.00 

22.70 

—    Nogeni-le-Rotrou. 

23.50 

iVord  Cambrai.           ... 

28.25 
30.00 
29.00 

18.50 
23.00 

19   50 
20.25 
22.00 

20.00 

—    Douai   

19  .50 

—    Valenciennes 

19.25 

Oise.  Beauvais 

28.25 

18.75 

21.75 

21.50 

—    Compiègne 

27.50 

20.00 

23.50 

—     Noyjn 

2.9 .  50 

20.50 

» 

20   50 

Pas-de-Calais.  A.rras.. . 

29.00 

19.75 

20.50 

21.50 

—    Saint-oriier 

30.25 

20.»  0 

20   25 

21.00 

Saine.  P.n& 

30  00 

19    25 

20  25 

22   40 

S.-et-Marne  Meaux.... 

27. 00 

19. 00 

20.00 

21.00 

—    Dammarlin 

27.00 

19.50 

19.50 

21.50 

—     Provins 

29.. 10 
29.50 

22.50 
23.25 

20.75 
21.00 

21   00 

S.-el-Oise.   ?onloise... 

2>    50 

—    Dourdan  

30.  UO 

21.25 

18.<)0 

24  £0 

—     VersaïUds 

29.00 

20.50 

» 

24.75 

Seine-InfériKure.  Rouen 

26.40 

20.00 

23.50 

26.60 

—     Dieppe 

28.50 

» 

» 

24.00 

—     Fecamp 

29  50 

20.50 

20.00 

22.50 

Somme.    Abtjeville... . . 

27.50 

19.50 

20.50 

—    Péronne 

27.75 

16  00 

19.50 

21    00 

—    Roye 

28   50 

20  25 

20.00 

21.50 

Prix  moyens 

28   67 

20.04 

20.73 

22.60 

3°  RÉGION. 

—  SU  RU- EST. 

Ardennei.  Sedan 

30.25 

21.50 

22.00 

22.25 

Aube.  Bar -sur-Aube  .. 

29.00 

17. .50 

20.00 

21.25 

Méy-siir-Seipe. .. 

31. -^5 

10   70 

18.00 

20.50 

—    Nùgent-surSeine. 

28   .SO 

21.00 

19.00 

» 

iforne. Cnàiods 

29.50 

21.50 

21.50 

22.25i 

—    Epernay 

29.50 

19   50 

22.50 

—     Reims.  .     

28   50 

20.50 

21.00 

21. 25 

—    Sl-Ménéhoued... 

29.40 

19.75 

18.50 

21    50 

Hte-Mariie.  Bourboane 

31.00 

IS.CO 

Meurt.-et  Moselle  Nancy 

29    '.0 

19.50 

20  00 

19. OJ 

—     Lunéville 

Î0.75 

21. UO 

20.00 

20-25 

—    Toul 

29.25 

, 

20.25 

20.50 

Meuse.  Bar-le-Duc... 

29   00 

B 

21.00 

—      Verdun 

29.75 
30.r,0 

18.75 

19.50 

19.00 
18.50 

Haute-Saône.  Gray.... 

—    Vesoul 

30.85 

a 

18.35 

Vosges.  Epinal 

31.00 

22.50 

„ 

20.50 

—    Raon-l'Etape 

30.75 

22.75 

» 

20.50 

Prix  moyens 

29.60 

20.30 

19.98 

20.48 

4«  RB&iON.   —  OVEST . 

Charente.  Angoulème. 

31.00 

21.00 

23.25 

2S.00 

—     Ruffec      

31.25 

21.00 

22.50 

21.00 

Charente- Infér.  Marans 

29   00 

21.00 

Deux-Sevres.  Niort.... 

30  00 

„ 

22.50 

23.00 

Indre-el- Loire.  Tours. 

30.(10 

20.50 

21.75 

21.00 

—     Blere 

29.75 
29.30 

20.00 
2t. 00 

21.50 

23.50 
21.75 

—    Chàleau-Reaault 

Loire-Inf.  Nan  tes 

29   50 

20.50 

22.25 

2i   50 

M.-et-Lmre.Sa\i\nnr.  . 

29   00 

19.50 

22.50 

21.75 

Vendée.   L.iço.. 

.   28.75 

19.00 

22.00 

'—     Fontenay 

■..9.00 

( 

20.00 

24.00 

Viennr.  Ciiitellerault. . 

31   00 

23.25 

24.75 

21,00 

.   31.75 
>  31.00 

23.50 
22.25 

22.50 
22  05 

22.25 
22.00 

WlUte- Vienne.  Limoge 

Prix  moyens 30.09    21.25    22. tî    22  5ô 


S»  R^aiON. 


—  CENTRE. 

Blé.    Seigle. 


Allier.  Moulins 

—  Moiitluçon 

—  St-Pourçain...., 
Cher.  Bii^iftied 

—  Graçay 

—  Vier^on 

Creuse.  Aubusson 

Indre.  Châleauroux.. . 

—  Issoudun 

—  Valençay 

Loiret.  Orléans 

—  Gien 

—  Montargis 

Loir-et-Cher.  Blois. . . , 


—  Monioire 

Nièvre.   Nevers 

—  La  Charité 

Yonne.  Brie  non 

—  St-Fiorentia.... 

—  Sens 


fr. 
31.00 
30.50 
31.00 
31.00 
31.50 
31.25 
29.50 
32.00 
31  50 
32.00 
32.00 
31.00 
31.50 

31  .00 
29.25 
30.50 
31.00 

32  00 
31.60 
29.00 


fr. 

1.0.50 
22.00 
20  50 
19.50 
19.5,1 
22.00 


24.00 
18  25 
19.50 
21.50 
20.00 


ÛTge. 

fr. 


Prix  moyens 31.00    20. 08 

6»  RÉGION.   —   EST. 


Ain.  Bourg 

—  Pont-de-Vaux... 
Côled'Or   Dijon 

—  Beaune 

Doubs.   Besançon 

Isère.  Grand  Lemps. ... 

—  Vienne 

Jura.  Dole 

Loirs.  SL-Etienne 

P.-de-Dôtne  Clermont  F. 

Rhône.  Lyon 

Saône-et-Loire.  .\utun.. 

—  Cliâlon 

Savoie.  Charnbery 

Hte-Savoie.  Annecy 

Prix  moyens 


32.00 
32.50 

30  00 

31  .50 

31  00 
31.00 
29.75 
29.50 

32  00 
34.50 
30.25 
30.50 
31  50 
34.25 
32.50 


21.00 

22.50 
19.00 


IS.fiO 

18.00 

26.00 
20.50 
20.50 

25.00 

21.28 


Atojm. 

fr. 

»  21.50 

"  22.50 

21   00  23.00 

19.00  24.00 

21    00  21.00 

22.25  20.50 

»  21.75 

»  23.25 

19  25  21.25 

21.75  21.00 

»  23.50 

20.00  21.50 

20.50  22.75 

21.75  24.25 

22.75  22.00 

22.00  23.00 

22.25  21.50 

18.75  20.25 

21.00  21.70 


19.50 
21.00 
19.25 
20.25 
21.00 
22  00 
20  25 
19  dO 
18.00 


20.75 
21 .  50 


20.75 
21.25 
20. 50 
22.00 
20  50 


7"  REGION.  —  SUD-OCEST. 


Ariège.  Pamiers 

Dordogne.  Bergerac... 
Hle-Garo>ine.  Toulouse. 

—  Viiiefranche-Laur. 
Gers.  Condom 

—  Eauze 

—  N'érac 

Gironde.    Bordeaux.... 

—  Bazas 

Landes.  Dax... 

Lot-et-Garonne.  Agen.. 

—  Nerac 

B. -Pyrénées.  Bayonne. . 
Utes- Pyrénées.  Tarbes. 


Prix  moyens 32.07    23.94 


S"   RÉGION.   —  SUD. 

Aude.   Castelnaudary ..  30. 50  » 

Aveyron.   Villefranche.  31.75  18. 5o 

Cantal.   Mauriac 35.65  30.55 

Corréze.  Luberzac 32.00  23.50 

Hérault.  Montpellier...    ;9.00  » 

Lot.  Figeac 31.50  23.00 

Lozère.  Mende 32.45  28.85 

—  Marvejols 31.65  23.60 

—  Florac 31.25  2fl  80 

Pyrcnées-Or-.  Perpignan  29.25  21.05 

Tarn.  Albi 31-75  » 

rarTi-ei-Gar.Montauban  31.50  20.50 


22. CO 
22.f.0 
27.30 
22.60 
20.00 
22.50 
23.50 

24.40 
26.65 
23.50. 
24.50 


21.83     23,58 


23.00 
19.(10 
22.00 
24.75 

22.15. 
23.00 


Prix  moyens...... .  31.52  2 

»•  RÉGION.   —  SDI>-EST. 

Sasses-^ipes.  Manosque  31.00  »  ■  22.50 

Hautes-Alpes.  Briançon  31.20  20.00  20.50  21.00 

Aipes-A/oriiiirtes Cannes  31.25  22.00  20.50  21.25 

Ardeche.  Privas 31.85  22.65  20.00  21.80 

B.-du-fihnne.  Arles 30.50  »  18. HO  20.50 

Drame.    Valence 31.50  22-00  »  20.00 

Gard.  Nîmes 30.25  19.25  18.00  20.50 

//au(6-f,oi>-«.   Le  Puy...   31.00  21.75  23.50  22.00 

Kar.  Draj^'uignaji 30-75  »  »  » 

Vaucluse.  Curpentras.. .  31.00  »  .»  19.50 

Prix  moyens 31.03  21.28  20.08  21.01 

Moy.  de  toute  la  France  31.04  21.60  20.9'  22.17 

—  de  U semaine  preced.  31.01  22.33  21  17  22.38 

Surlase  naine^Haosse.      »  »  »  » 

précédente..     {Baisse.    0.47  0.73  0.20  0.21 


196  REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX-COURANT. 

Blé.  Seigle.         Orge.  Avoine. 

fr.                fr.                 fr.  fr. 

Algérie.                    Oran 26.50            -  12.75  14.00 

Angleterre.               Londres 31  AO            .  2085  21.70 

Belgique.                  Anvers 26.75  24.75  23.75  24.00 

—  Bruxelles 28.45  »  » 

—  Liège 30  00  25.25  23.00  21.75 

—  Namur 30.00  22  50  23.00  21.00 

Pays-Bas.  Amsterdam 24.85  2i;.65  • 

Luxembourg.            Liivemhourg 29  CO  23.00  23.25  22  00 

Alsace-Lorraine.  Strasbourg 32.00  21.75        22.25        20.50 

—  Mulhouse 32  25  »  .             20.75 

—  Colmar 31.75  22.00        22.50        20.25 

Allemagne.  Berlin 27.10  22  35 

—  Cologne 30  00  24  35 

—  Hambourg 25.85  20  50 

Svisxe.  Genève 31  00  a  •  li.OO 

—  Zurich 32.25  »  .  22.50 

laliv.  Milan 30.25  21. .50  .  Ti.bO 

Auirirhe.  Vienne 24.00  2140  17.00  15.25 

Ilo'iirie.  Budapesth 22.50  »  t  15,00 

Hussir.  Sainl-l'étersbourg...  25.20  18.30  »  13.75 

Elatx-Unis.  New-Vork_. 21  00  ^  •  »  _ 

Blés.  —  La  moisson  ?e  poursuit  dans  une  grande  partie  de  la  France.  Les  seigles 
sont  pr^^pque  partout  battus,  et  les  battages  de  blé,  effectués  depuis  quelques  jours 
dans  le  Midi,  se  poursuivent  dans  le  centre.  Sur  les  marchés  où  des  blés  nouveaux 
ont  été  apportés,  on  est  unanime  à  en  reconnaître  l'excellente  qualité,  à  travers 
des  iluctuations  dans  le  rendement,  cette  appréciation  sur  la  qualité  se  maintient 
d'une  manière  générale.  On  avait  craint  sur  quelques  points  que  les  fortes  chaleurs 
des  premières  semaines  de  juillet  n'échaudassent  le  grain  ;  ces  craintes  se  sont 
heureusement  trouvées  sans  fondement.  Les  nouvelles  que  nous  avons  données  la 
semaine  dernière  sur  les  principaux  pays  de  l'Europe  méridionale,  se  confirment; 
il  est  certain  notamment  que  la  Russie  méridionale  n'aura  qu'une  faible  récolte. 
Quant  à  l'Amérique,  les  évaluations  sont  contradictoires;  il  est  probable  qu'on 
n'aura  pas  plus  que  l'année  dernière.  —  A  la  halle  de  Paris,  le  mercredi  2-i  juillet, 
il  n'y  a  eu  que  très  peu  d'affaires  sur  les  blés;  malgré  des  offres  presques  nulles, 
les  prix  étaient  faibles.  On  payait  suivant  les  sortes,  de  29  à  31  fr.  par  lOU  kilog. 
Le  piix  moyen  s'est  fixé  à  30  fr.  Sur  le  marché  des  blés  à  livrer,  prix  faible  aussi. 
On  cote  :  courant  du  mois,  27  fr,  25  à  27  fr.  5  ■;  aoiàt,  26  ir.  75  à  27  fr.;  quatre 
derniers  mois,  25  fr.  75  à  26  fr.;  quatre  mois  de  novembre,  2>  fr.  50  à  25  fr.  75. 
—  Au  Havre,  il  n'y  a  toujours  que  peu  d'affaires  sur  les  blés  d'Amérique.  On  paye 
de  26  à  28  fr  50  par  100  kilog.  suivant  les  quahtés.  —  A  Marseille,  les  ventes 
sont  faciles  pour  les  blés  disponibles.  Les  prix  se  maintiennent  comparativement 
assez  bien.  On  cote  par  100  kilog.  :  Berdianska,  29  fr  50;  Marianopoli,  28  fr.  50; 
Irka,  26  à  28  fr.  2û;  Nicopoli,  26  à  27  fr.  5ii;  Michigan,  30  fr  ;  Pologne,  28  à 
29  Ir.  Les  arrivages  de  b'és  de  la  semaineont  été  de  231,000  liectolitr^is  ;  le  stock 
varie  peu  dans  les  docks;  il  était  au  2^  juillet,  de  50,000  quintaux  métriques.  — 
A  Londres,  les  arrivages  de  blés,  durant  la  semaine  dernière,  ont  été  de  156,000 
quintaux  ;  le  marché  est  assez  calme  et  les  cours  s'établissent  avec  peine.  On  cote 
de  30  fr.  à  32  fr.  85  par  100  kilog.,  suivant  les  qualités  et  les  provenances. 

Farines.  —  La  boulangerie  ne  lait  que  des  achats  très  restreints  pour  les  farines 
de  consommation,  et  les  cours  sont  cotés  en  bdisse.  On  payait  à  la  halle  de  Paris 
le  mercredi  28  juillet,  suivant  les  sortes  :  marque  D,  63  Ir.  ;  marques  de  c'ioix,  65 
à  66  fr.  ;  bonnes  marques,  63  à  64  fr.;  sortes  ordinaires  et  courantes,  62  à  63  fr,  ; 
le  tout  par  sac  de  1.'59  kilog.,  toile  à  rendre,  ou  157  kilog.  net,  ce  qui  correspond 
aux  prix  extrêmes  de  39  fr.  50  à  42  fr.  05  ou  en  moyenne  40  fr.  75  C'est  une 
baisse  de  35  centimes  sur  le  prix  moyen  du  mercredi  précédent  —  Eu  ce  qui 
concerne  les  farines  de  spéculation,  il  y  aausside  la  faiblesse  dans  les  prix.  On  cotait 
à  Paris,  le  mercredi  ia  juillet  au  soir  :  farines  huil-wjirques,  courant  du  mois 
60  fr,  75  ;  août,  r9  fr  59  fr.  -25  fr.  ;  quatre  derniers  mois,  55  fr.  à  55  fr.  25  ; 
quatre  mois  de  novembre,  54  fr.  à  54  fr.  25  ;  farines  supérieures^  courant  du  mois, 
bl  fr.  50;  août,  59  fr.  25  à  59  fr.  50  ;  quatre  derniers  mois,  35  fr.  25  à  35  fr,  75  ; 
quatre  mois  de  novembre,  34  fr.  50  à  34  fr.  75;  le  tout  sauf  pour  les  deux  der- 
nières cotes  établies  par  quintal  métrique,  par  sac  de  159  kdog.,  toile  perdue  ou 
157  kilog.  net.  —  La  cote  oHicielle,  en  disponible,  a  été  établie  comme  il  suit, 
pour  chacun  des  jours  de  la  semaine,  par  sac  de  157  kilog,  net: 

Dates   ijuillet) 22  23  2i  26  27  28 

Farines  huit-marques 61 .00 

—     supérieures 62.00 


61.25 

60.75 

61.25 

60.  a-) 

60.75 

62.75 

62. 25 

63.05 

61  50 

61-50 

DES  DENRÉES  AGRIG0LESg(31  JUILLET   1880).  197 

Pour  les  deux  sortes,  on  voit  que  les  prix  ont  fléchi  depuis  huit  jours,  mais  sans 
subir  une  dépréciation  trop  sensible  Le  prix  moyen  se  fixe  à  61  fr.  pour  les  fari- 
nes huit-marques,  et  à  62  Ir.  pour  les  farines  supérieures,  ce  qui  correspond  aux 
cours  de  38  fr.  80  et  de  39  fr.  50  par  quintal  métrique.  —  Pour  les  farines  deuxiè- 
mes, les  prix  sont  faibles;  on  les  côte  de  33  à  38  fr.  par  quintal  métrique  suivant 
les  sortes. 

Seigles.  — Les  offres  en  seigle  nouveau  sont  plus  abondantes  ■  à  la  halle  de  Pa- 
ris. Les  prix  se  fixent  avec  un  peu  de  baisse.  On  cote  de  19  à  19  fr.  50  par  100 
kilog.  suivant  les  soi  tes.  —  Les  prix  des  farines  se  maintiennent  bien,  de  30  à 
33  fr.  par  quintal  métrique  suivant  les  qualités. 

Orges.  —  On  ne  voit  plus  d'orges  vieilles  sur  le  marché  ;  quelques  offres  ont  été 
faites  en  orges  nouvelles  qui  valent  de  20  fr.  50  à  20  fr.  5j  par  100  kilog.  à  la 
halle  de  Paris.  —  Peu  d'affaires  aussi  sur  les  escourgeons  qui  sont  payés  de  19  fr. 
2S>  à  19  fr.  75.  par  quintal  métrique.  —  A  Londres,  arrivages  presque  nuls  d'or- 
ges étrangères;  le  marché  est  très  calme;  on  paye  de  19  fr.  90  à  21  fr.  80  par 
100  kilog. 

Matt.  —  Les  cours  sont  fermes  sur  toutes  les  sortes.  On  paie,  suivant  les  prove- 
nances,34  à  40  fr.  par  I  00  kilo^.  pour  malts  d'orges,  et  de  30  à  36  fr.  pour  ceux 
d'escourgeon. 

Avoines.  — Les  ventes  sont  assez  difficiles,  les  prix  sont  laibles  pour  toutes 
les  sortes  d'avoines.  On  paye  à  la  halle-de  Paris  de  21  fr.  9  5  à  23  fr.  50  par  lOU 
kilog.  suivant  poids,  couleur  et  qualité.  C'est  de  la  baisse  sur  la  semaine  préci'- 
dente.  — A  Londres,  les  arrivages  d'avoines  sont  très  abondants;  les  ventes  sont 
assez  difficiles,  il  y  a  aussi  de  la  baisse  dans  les  prix.  On  paie  de  20  fr.  25  à  23  Ir. 
par  100  kilog.  suivant  les  qualités. 

Sa)Tasin.  —  Les  affaires  sont  toujours  presque  nulles  sur  ce  grain  Un  cote  à  la 
halle  de  Paris,  de  2(1  à  24  fr.  50  par  KO  kilog-  suivant  les  qualités. 

Mais.  —  Il  y  a  un  peu  de  faiblesse  dans  les  prix  au  Havre,  sur  les  maïs  d'A- 
mérique qui  y  sont  payés  de  14  fr.  50  à  15  fr.  50  par  100  kilog.  suivant  les  qua- 
lités. 

Issues.  — Les  cours  sont  faibles  comme  ceux  des  farines.  On  paye  à  la  halle 
de  Paris  :  gros  son  seul,  15  à  15  fr.  25;  son  troiscases,  14  fr.  25àl4  fr.  50; 
sons  fins,  14  Ir.  ;  recoupettes,  14  à  15  fr.  remoulages  bis,  15  à  16  fr.;  remoula- 
ges blancs,  17  à  19  fr.  ;  le  tout  par   100  kilog. 

lir.  —  Vins,  spiritueux,  vinaigres,  cidres. 
Vins.  —  On  écrit  de  Narbonne  :  «  Il  est  désormais  démontré  que  cette  année 
avec  un  déficit  de  récolte  de  25  millions  d'hectolitres,  les  cours  ont  fléchi  au  mo- 
ment où  la  consommation  est  la  plus  active.  »  Quoi  qu'il  en  soit,  si  cette  baisse  se 
fait  sentir  sur  les  petits  vins  et  particulièrement  sur  les  vins  fabriqués  au  moyen 
de  raisins  secs,  il  faut  recoanaître  que  jusqu'à  présent  elle  a  respecté  les  bons 
vins  Ceux  ci  sont  toujours  demandés,  dans  une  limite  restreinte,  il  est  vrai,  mais 
on  a  le  ferme  espoir  d'une  prochaine  reprise.  Eu  attendant,  on  commence  dans 
les  vignobles  du  Midi,  à  se  mettre  en  mesure  en  vue  de  loger  la  récolte  prochaine. 
En  dehors  de  la  région  méridionale,  la  situation  reste  la  même,  et  nous  n'avons 
rien  à  ajouter  à  nos  derniers  bulletins,  partout  on  se  félicite  de  la  chaude  tempé- 
rature qui  fait  grossir  le  grain  et  on  espère  que  ce  grossissement  compensera  un 
peu  les  pertes  occasionnées  par  la  coulure  :  en  général,  les  vignes  marchent  aussi 
bien  que  possible.  Quant  aux  affaires  elles  sont  toujours  sans  activité.  En  dehors 
de  la  question  phylloxérique,  les  nouvelles  qui  nous  parviennent  des  vignobles 
étrangers  sont  assez  satisfaisantes;  ces  vignobles,  il  faut  bien  le  reconnaître,  ont 
pour  nous  un  grand  intérêt,  car  sans  eux  on  se  demande  comment  nous  aurions 
passé  sans  crise  la  campagne  qui  s'achève?  En  Italie,  la  vigne  promet  une  belle 
et  bonne  récolte.  En  Espagne,  la  situation  est  peut-être  moins  satisfaisante.  Nous 
donnerons  une  cote  détaillée  dans  notre  prochain  tiulletin. 

Spiritueux.  —  Le  calme  continue  à  être  la  note  dominante,  les  prix  ne^  varient 
pas,  comme  il  résulte  du  mouvement  de  la  semaine  écoulée,  qui  a  débuté  à  63  fr. 
pour  faire  62  fr.  7  5,  62  fr.  50  et  clôturer  à  63  fr  Le  livrable  en  août  est  tombé 
à  62  fr.  et  a  clôturé  à  62  fr.  50  ;  les  quatre  derniers  mois  oscillent  entre  58  fr.  50 
et  59  fr.  Le  stock  est  aujourd'hui  de  8,750  pipes  contre  9,625  l'an  dernier  à  la 
même  date.  A  Lille,  les  affaires  sont  complètement  nulles  :  l'alcool  disponible  se 
cote  62  fr.  50  et  l'alcool  de  grain  64  fr.  50  à  65  fr.  Les  marchés  du  Midi  restent 
calmes  :  Cette  fait  110  fr.,  Béziers  106  fr.,  Mmes  105  fr.,  Pézénas  102  fr.  Les 
marchés  allemands  sont  en  baisse.  —  A  Paris,  on  cote  3/6  betterave  bon  goût, 


198  REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX-COURANT 

1"  qualité  :  disponible,  61  fr.  25;  août,  61  fr.  ;  septembre  et  octobre,  59  fr.  25  à 

59  fr.  75;  quatre  dei-niers  mois,  58  fr.  25  à  58  fr.  75. 

Vinaigres.  — A  Orléans  (Loiret),  on  cote  :  vinaigre  de  vin  nouveau,  logé,  42  à 
'*'*  fr.  riiectolitre  ;  vinaigre  de  vin  vieux,  logé,  45  à  47  fr.;  vinaigre  très  vieux  de 
^in,  logé,  52  à  57  fr.  rbectolilre. 

Cidres.  —  Même  situation. 

IV.  —  Sucres.  —  Mdlafisef!.  —  Fécules.  —  Glucoses.  —Amidons. —  Houblons. 

Sucres.  —  La  tt-ndance  est  plus  calme  sur  le  marché  et  les  acheteurs  se  montrent 
assez  réservés.  Malgré  cela,  nous  constatons  encore  la  hausse  sur  les  prix  de  la 
semaine  dernière.  On  a  coté  à  Paris,  par  100  kilog.,  pour  sucres  bruts,  80  de- 
grés sacchariraétripes  :  n"'  7  à  9,  69  fr.;  n"»  10  à  13,  63  fr.;  blanc  type 
n°  3,  70  fr.  25  à  70  fr,  f:0.  A  Valenpiennes,  on  a  coté  pour  sucres  bruts  dis- 
ponibles :  moins  7,  78  fr  50;  n"  7  à  9,  68  fr.;  n"»  10  à  13,  61  fr.  50.  A  Lille, 
n»»  7  à  9,  67  fr.  50;  n"^  10  à  13,  61  fr.  25.  A  Péronne,  n°'  7  à  9,  68  fr.  25; 
blanc,  n"  3,  69  fr.  50.  A  Saint-Quentin,  affaires  presques  nulles.  Oi  y  a  coté, 
moins  7,  de  78  fr.  75  à  79  fr.  Le  stock  réel  de  l'entrepôt  de  Paris  était,  au 
26  juillet,  de  283,72fi  sacs,  avec  une  diminution  de  22,769  sacs  depuis  huitjoOTs. 
Les  raffinés  font  :  Bonnes  sortes,  152  fr.;  belles  portes,  153  fr.  Les  cours  pour 
l'exportation  varient,  selon  marques,  de  75  fr.  à  78  fr.  50.  A  Londre?;, 
l'article  est  calme  et  les  détenteurs  fermes,  ce  qui  empêche  les  affaires. 

Mélasses. —  L'article  a  baissé  cette  semaine.  On  a  coté  à  Paris  .•  mélasses  de 
fabrique,  13  fr.  5u;  de  raffinerie,  \k  fr.  50.  A  Valenciennes,  on  cote  les  mélasses 
disponibles,  13  fr.  50;  celles  à  livrer,   12  fr.  50. 

Fécules.  —  Les  affaires  en  fécules  sont  très  restreintes,  la  consommation  se 
bornant  à  acheter  au  fur  et  à  mesure  de  ses  besoins  On  paye  à  Paris  e  dispo- 
nible en  fécules  f"  de  l'Oise  et  f"  du  rayon  de  Paris,  44  fr.  les  100  kilog. 
A  Compiègne,  on  a  côté  la  fécule  !''■  type  de  la  Chancre  syndicale,  ^0   fr. 

Glucoses.  —  Il  y  a  rareté  pour  les  sirops  de  fécules  sur  le  marché  de  Paris, 
mais  les  sirops  de  maïs  sont  plus  abondants.  On  y  a  coté  par  100  kilog  :  sirop 
de  froment,  65  à  66  fr.;  massé,  54  à  56  fr.;  liquide  (33  degrés),  45  à  46  fr.; 
sirops  de  maïs  massés,   kk  à  46  fr. 

Amidons.  —  La  demande  est  toujours  lente.  On  cote  :  amidons  de  Paris  en 
paquets,   pur  froment,  78  à  80  fr.;  de  province,  64  à66fr.;   d'Alsace  en  vrague, 

60  à  62  fr.  ;  de  maïs,  50  à  52  fr.;  fleur  de  riz,  44  à  46  fr.  ;  riz  de  Louvain,  78  à 
80  fr.,  le  tout  par  100  kilog. 

Houblons.  —  Le  marché  d'Alost  est  calme,  mais  les  prix  se  maintiennent.  On 
paye  journellement,  en  Alost,  1879,  au  prix  de  150  à  152  fr.  par  100  kilog.  On  a 
traité  récemment,  en  houblons  de  la   récolte  prochaine,   plusieurs  centaines  de 
balles  aux  prix  de  132  à  140  fr.  Les  lioublonnières  ont  bel  aspect. 
V. —  Huiles  el  graines  oléagineuses. 

Huiles.  —  La  baisse  sur  les  huiles  continue  cette  semaine.  On  a  coté  à  Paris  : 
colza  tous  fûts,  74  fr.  ;  idem  en  tonnes,  76  fr.  ;  épurée  en  tonnes,  84  Ir.  ; ,  lin 
disponible,  en  fûts,  68  fr,  25  ;  en  tonnes.  70  fr.  25,  par  100  kilog.  A  Arras  : 
l'huile  d' œillette  surfine  disponible  vaut  180  fr.  les  91  kilog.  ;  l'huile  de  pavot  à 
bouche,  par  100  kilog.,  95  fr.  ;  de  colza  pays,  74  fr  ;  idem  étranger,  71  fr.  50  ; 
lin  étranger,  71  fr.  50;  de  cameline,  74  fr.  ;  de  pavot  (industrie),  88  fr.  A  Gaen, 
(par  100  kilog.),  colza  72  fr.;  sans  fût  ni  escompte.  A  Rouen,  on  cote  : 
huile  (le  colza,  74  fr.  50;  de  lin,  68  fr  25;  d'arachides  comestibles,  110 
à  120  fr.  ;  idem  (fabrique),  78  fr.  à  85  fr.  ;  d'olives  lampante,  127  fr. 

Graines  oléagineuses.  —  A  Ai  ras  on  cote  :  graine  de  colza  nouveau,  de  16  fr,  £0 
à  21  fr.  50  par  hectolitre  A  Gaen,  colza,  21  fr.  à  21  fr,  50.  A  Rouen,  graine  de 
colza,  32  fr.  30  les  100  kilog. 

VI.  —  Tourteaux, noirs,  engrais. 

Tourteaux.  —  Voici  la  cote  de  Marseille  :  tourteaux  lin  pur,  20  fr.  50.;  arachide 
décortiquée,  15  fr.  ;  idem  brun  pour  engrais,  13  Ir.  75;  idem  en  coque, 
11  fr.   50;  ricins,  10  fr.  25;  sésame  blanc  du  Levant,    15   fr.;   idem   de  l'Inde, 

13  fr.  75;  colza  du  Danube,  13  fr.  50;  coton  d'Egypte,  12  fr.;  palmiste  naturel, 
10  fr.  75;  ravisson,   12  fr.  50.  A  Arras,   les    tourteaux  de  colza   indigène  valen 

14  fr.  75;  lin  étranger,  23  fr.  50,  A  Gaen,  tourteaux  de  colza  15  fr.  A  Rouen,  colza, 
14  fr.  25  ;  navettes,  11  fr.  75  ;  arachides  en  coques,  11  fr.  ;  idem  décortiquées, 
16  fr.  ;  sésame,  15  fr,  ;  Pulghères,  10  fr.  25  ;  lin  24  fr.,  le  tout  par  100  kilog. 

^  Noirs.  —  On  cote  à  Valenciennes,  sans  changements  :  neuf  en  grains,  32  fr,; 
vieux  en  grains,  de  8ài9  fr.;  lavage,  2  à  4  fr.  " 


DES  DENRÉES  AGRICOLES    (31    JUILLET   1880).  1-9* 

VII.  —  Matières  résineuses  et  colorantes,  textiles. 

Matières  résineuses.  —  A  Dax,  l'essence  de  térébenthine  vaut  51  fr.  les 
100  kilog.  A  Mont-de -Marsan,  on  paye  la  barrique  de  gemme  ordinaire  (340 
litres)  qualité  marchande,  37  fr.;  système  Hugues,  42  Ir.  A  Benguet  :  ordinairo, 
38  fr.;  Hugues  43  ir.,  1b  tout  charroi  compris. 

Chanvres.  —  A  Ambrières  (Mayenne),  le  cours  des  chanvres  est  de  65  à  85 
centimes  le  kilog. 

Gaudes.  —  Les  gaudes  valent  25  fr.  les  100  kilog. 
VIII.  —  Suifs  et  corps  gras. 

Suifs.  —  On  cote  à  Paris  :  suif  frais,  hors  Paris,  82  fr.  bœufs  Plata,  86  fr.; 
suif  en  branches,  61  fr.  50. 

Saindoux  et  salaisons.  —  Au  Havre,  on  a  vendu  500  tierçons,  saindoux 
Wilcox,  au  prix  de  102  fr.  les  100  kilog. 

IX.  —  Beurres.    —   Œufs.  —  Fromages. 

Beurres.  —  On  a  vendu  cette  semaine  à  la  halle  de  Paris,  212,652  kilog.  de 
beurres.  Voici  les  prix  par  kilog.  :  en  demi-kilog.,  de  2  fr.  à  3  fr.  52.,  petits 
beurres,  de  1  fr.  82  à  2  fr.  54;  Gournay,  de  1  fr.  8ûà4fr.  52;  Isigny,  de  5  fr.  70 
à  2  fr.  05. 

Œufs.  —  Du  20  au  26  juillet,  on  a  vendu  4,184,825  œufs  à  la  halle  de  Paris. 
Les  prix  par  mille  sont  comme  suit  :  choix,  90  à  98  fr.;  ordinaires,  65  à  90  fr.; 
petits,  52  à  6j  fr. 

Fromages.  —  Voici  le  prix  des  fromages  vendus  cette  semaine  à  la  halle  de  Paris  : 
par  douzaine  :  Brie,  de  4  fr.  50  à  9  fr.  50;  Montlhéry,  15  fr.;  par  cent  :  Liva- 
rot, 16  à  70  fr. ;  Mont-d'Or,  '9  à  25  fr.;  Neuichâtel,  3  à  19  fr.;  le  Gruyère 
s'est  vendu  de  108  à  150  fr.  les  100  kilog. 

Volailles.  —  On  vend  à  la  halle  de  Paris  :  Agneaux  de  12  à  18  fr.  —  Canards 
barboteurs,  1  fr.  60  à  5  fr.  —  Chevreaux,  2  fr.  50  à  4  fr  7  5.  —  Crêtes  en  lots, 
0  fr.  50  à  1  fr.  —  Dindes  gras  ou  gros,  8  à  12  fr.  —  Dindes  communs,  4  fr.  50 
à  7  fr.  50.  —  Lapins  domestiques,  l  fr.  35  à  5  fr.  50.  —  Oies  grasses,  »  »»  à». 

—  Oies  communes,  3  fr.  65  à  6  fr.  50.  —  Pigeons  de  volière,  0  fr.  70  à  1  fr.  30. 

—  Pigeons  de  bizets  de  0  fr.  45  à  1  15.  —  Poules  ordinaires,  3  à  5  fr,  —  Poulets 
gras,  4  fr.  25  à  8  fr;  25.  —  Poulets  communs,  1  fr.  50  à  2  fr.  —  Pièces  non 
classées,  1  à  5  fr.   25. 

X.  —  Chevaux.  —    Bétail.  —  Viande. 
Chevaux.  —  Aux  marchés  des  21  et  24  juillet,  à  Paris,  on  comptait  1,039  che- 
vaux; sur  ce  nombre,  408  ont  été  vendus  comme  il  suit  : 


Chevaux  de  cabriolet 

Amenés. 
199 

Vendus, 
47 
86 
l31 
44 
100 

,   Prix  extrêmes. 
270  à  1,030  fr.. 

deti^ait 

3-27 

295  à  1,300 

369 

45  à  1,080 

—        à  l'enchère • . 

....          44 

60  à      320 

—        de  boucherie 

100 

32  à      120 

Anes  et  chèvres.  —  Aux  mêmes  marchés,  on  comptait  26  ânes  et  10  chèvres; 
13  ânes  ont  été  vendus  de  30  à  115  fr.;  5  chèvres  de  25  à  70  fr. 

Bétail.  —  Le  tableau  suivant  résume  le  mouvement  du  marché  aux  bestiaux  de 
la  Villette  du  jeudi  22  au  mardi  27  juillet  : 

Poids        Prix  da  kilog.  de  viande  sur  pied 
Vendus  moyen        au  marché  du  lundi 26  juillet. 

Pour  Pour  En         k  quartiers,  l'"  2«  2'  Prix 

Amenés.  Paris,  l'extérieur,  totalité.          kil.  quai.  quai.  quai.  moyen. 

Bœufs.. 6.277  3,2i7         1,741  4.968         381  l.TO  1.48  1.14.  1.42 

Vaches 1,777  725            734  1,459        236  1.56  1.26  t. 00  1.28 

Taureaux 270  188              35  223        381  1.36  1.15  1.00  1.18 

Veaux 4,544  3,595        1,286  4,881  72  1.85  1.75  1.31  162 

Moutons 45.693  26,434  15,105  41,539           18  2.02  1.74  1.34  I  62 

Porcs  gras.....  ■      5,, 372  2,194        2^,843  5,037  84  180  1-70  1.60  1.70 

—    maigres.              »  »              a  »»  »»  »» 

"TTy^a  eu,  durant  cette  semaine,  beaucoup  plus  de  fermeté  dans  les  cours  des 
gros  animaux,  principalement  des  bœufs,  et  dans  ceux  des  veaux  et  des  moutons. 
Mais  les  porcs  gras  sont  moins  bien  vendus  que  la  semaine  précédente,  quoique 
cependant  toujours  à  des  taux  trèy  élevés. 

A  Londres,  les  arrivages  d'animaux  étrangers,  durant  la  semaine  dernière,  se 
sont  composés  de  18j03o  tètes,  dont  10  bœufs,  464  veaux,  1,573  moutons  et 
11  porcs  venant  d'Amsterdam;  848  bœufs  et  230  moutons  de  Boston;  2,158  mou- 
tons de  Brème;     1,067  moutons  et  52  porcs  d'Hambourg;   4  bœufs,   67   veaux. 


200  REVQE  COMMERCIALE  ET  PRIX-GOUKANT  (31   JUILLET    1880). 

1,208  moutons  et  364  porcs  d'Harlingen;  117  bœufs  et  1,902  moutons  de  Mont- 
réal; 1  039  bœufs  et  i85  moutons  de  New-York;  6  bœufs,  427  veaux,  2,  l33mou- 
tons  et  248  porcs  de  Rotterdam;  580  bœufs  et  S.O'iS  moutons  de  Tonning.  Prix  du 
kilog  :  Bœuf  :  \",  1  ir.  93  à  2  fr  05;  2%  1  Ir.  75  à  1  fr.  93  ;  qualité  mférieure, 
1  fr  58  à  1  ir.  75.—  Veau  :  1",  1  fr.  93  à  2  ir.  16;  2'  1  fr.-75  à  1  l'r.  93.  —  Mou- 
ton :  1",  2  ir.  28  à  2  ir.  40;  2%  1  fr.  75  à  2  ir.  10;  qualité  iniérieure,  1  fr.  58 
à  1  fr.  75.  —  Agneau  :  2  fr.  45  à  2  fr.  63.  -  Porc  :  V%  1  ir.  58  à  1  fr.  75; 
2%  1  fr.  40  à  1  fr.  58. 

Viande  à  la  criée.  —  On  a  vendu,  à  la  halle  de  Paris,  du  20  au  26  juillet  : 

Prix  du  kilog.  le  26  jaillet.  


kilog. 
Bœuf  ou  vache  , ,   158,99(3 

Veau 217,281 

Mouton 56,65î 

Porc 16,999 


'  1"  quai.             "2"  quai. 
0.96àl.66      0.86àl.36 
1.58     1.80       1.02     1..Î6 
1,48     1.70      1.02     1.46 
Porc  frais 


3»  quai.  Choix.     Basse  boucherie.' 

O.ôOàO.96  0.80à2.40   O.lOà  l.OO 

0  60     1  00  0.70     2.00       .           . 

0.50     1.00  O.'M     3.00       . 
1.30a  2  00 


449,9.31      Soit  par  jour 64,275  kilog. 

Les  ventes  ont  été  inférieures  de  6,000  kilog.  environ  à  celles  de  la  semaine 
précédente.  Pour  toutes  les  sortes,  les  cours  accusent  un  peu  de  baisse  sur  ceux 
de  la  semaine  précédente. 

XI.  —  Cours  de  la  viande  à  Vahattoir  de   la  Villette  du  29  juillet  {par  50  kilog.) 
Cours  de  la  charcuterie.  —  On  vend  à  la  Villette  par    50  kilog.:  1"  qualité, 
95  à  100  fr.;  2%  90  à  95  fr.;  poids  vif,  60  à  Qii  Ir. 

Bœufs.  Veaux.  Moutons. 


■^    1»                   2« 

3» 

,r.                      2»                        i'                  'l" 

2' 

3» 

quai.            quai. 

quai. 

quai.            quai.            quai.            qua 

. 

quai. 

quai. 

fr.                fr. 

fr. 

fr.                 fr.                fr.                fr. 

fr. 

fr. 

80                13 

66 

96                88              78               88 

82 

73 

.\II. 

—  Marchii  aux   bestiaux  de  la  Villette  du  jeudi  29 

juillel. 

Coi 

rs  des  commissioanalre» 

Poids                Cours    officiels. 

en  bestiaux. 

moyen       im                ,  n      ^ 

^ 

III          -,. 

Animaux 

général.     1"        2'»        3»            Prix 

1" 

2«        3« 

Prix 

amenés.    Invendus. 

kil.       quai.  quai.  quai,     extrêmes. 

quai. 

quai.  quai. 

extrém-es: 

Bœufs 2.600 

552 

265         1.68     l.iS      1.12     1.08àl.72 

1.66 

1.4S      1.10 

1.05  à  1-70 

Vaches 627 

99 

250          1.54     1.25      1.00     0.94      1.60 

1.50 

1.25      1.00 

0.90     1.60 

41 

375         1.35     1.14     0.98     0.92     1.3S 

1.30 

1.20     0.9i 

0.90     t. 55 

Veaux 1.480 

328 

80         1.80     1.66     1.20     1.10     1.90 

»            » 

»            » 

Moutons....  22.186 

1.4)9 

18         2.00     1.70     1.34      1.24     2.04 

»            » 

»           » 

Porcs  gras..     4.076 

387 

84         1.70     1.60     1.50     1.40     1.80 

»             * 

»           * 

—  maigres.          » 

» 

>*»>»* 

»            ■ 

•           * 

Vente  assez  active  sur  toutes  les 

espaces. 

Xïll.  —  Résumé. 
C'est  surtout  sur  les  céréales  et  les  farines  que  nous  avons  à  constater  de  la  baisse 
durant  cette  semaine.  A.  Remy. 

BULLETIN  FINANCIER. 

Cours  de  la  Bourse  du  21  au  23  juillet  1880  [au  comptant). 

L'interminable  question  d'Orient  vient  de  reprendre  vie  et  les  préocupations 
politiques  dominent  sur  le  marche. 

Notre  3  0/0  esta  84,35  perdant  1,05;  l'amortissable  à  86,25  perdant  1,15,  et  le 
5  0/0  à  119  fr.  perdant  1,45. 

Baisse  proportionnelle  sur  les  autres  valeurs,  néanmoins  fermeté  relative  sur  tout 
le  marché. 


Principales  valeurs  françaiscB  : 

Plus       Plus 


Heate30/0 8..3d 

Renie  3  0/0  amortis so.oo 

Rente  4  1/2  0/0 115.50 

Rente  5  0/0 1" 


Dernier 
haut,  cours. 
8.5.25  84.35 
87.30  86.25 
116.00  115.75 
120.15      119.00 


Banque  de  France 


3i60.00  3490.00  3*70.00 


Comptoir  d'escompte 955.00 

Société  générale 557.50 

Crédit  foncier 1235.00 

Est Actions  500     751.25 

Midi d"  1010.00 

Nord d«  1580.00 

Orléans d» 

Ouest d" 

Paris-Lyon-Méditerranee  d» 
Paris  1871  obi.  400  3  O/O  .. 
Italien  5  0/0 


980.00 
561.25 
1275.00 
760.00 


955.00 
557.50 
1240.00 
751.25 


1033.75  1010. Ou 

1602.50  1595.00 

1203. UU  1220. UO  1210.00 

810.00   810.00  810.00 

1340.00  1368  75  1347.50 

393.00  398.00  393.00 

83.10   85.00  83.10 


Gérant  :  A.  BOUCHF. 


Chemins  de  fer  français  et  étraneers  : 

Plus 

Plus 

uernier 

bas. 

haut. 

cours. 

Autrichiens. 

do 

595  00 

607.. su 

595.00 

Lombards. 

d- 

177.00 

178. UO 

177.00 

Romains. 

d' 

142.50 

146.00 

145.00 

Nord  de  l'Espagne. 

d' 

325.00 

333.75 

325.09 

Saragosse  à  Madrid 

d" 

352.50 

362.50 

Portugais. 

d" 

58i).00 

COO.OO 

Est.Obl.SO/or.àSOOf.d* 

385.00 

390.00 

385.00 

Midi 

d« 

385.00 

388.00 

385.00 

Nord. 

d- 

388.00 

390.50 

389.00 

d* 

385.00 

388.00 

335.00 

Ouest. 

d- 

387.75 

384.00 

384. CO 

Paris-Lyon  Méditer 
Nord  Esp.  priorité. 

d» 

385.00 

389.0) 

386.00 

d» 

340  00 

344.50 

341.25 
261.40 

Lombards, 

d* 

261.50 

Leterrier. 

CHRONIQUE  AGRICOLE  o  août  moj. 

La  question  du  dégrèvement  des  impôts.  —  Discours  prononcé  par  M.  Léon  Say  à  la  suite  des 
expériences  d'Eprunes.  —  Aggravation  de  l'impôt  foncier  p;ir  l'accroissement  du  nombre  des 
centimes  additionnels.  —  Comment  pourrait-on  arriver  à  diaiiouer  l'impôt  foncier.  —  Vœu  de 
la  Société  nationale  d'agriculture.  —  Division  à  éliljlir  entre  la  propri  té  foncière  urbaine  et  la 
propriété  foncière  rurale. —  Abandon  d'une  portion  d.  s  impôts  indirects  par  l'Etat  en  faveur  des 
départ-menîs  et  i!es  communes.  —  Concours  ouvert  pour  la  nomination  de  deux  adjoints  à 
l'inspection  générale  de  l'agriculiure.  —  Composition  du  jury.  —  Liste  des  candidats.  —  Pro- 
chaine exposition  des  insectes  utibs  et  nuisibles.  —  Le  concours  général  agricole  de  l'Algérie  à 
Oran.  —  Analyse  du  programme  du  encours.  —  Concours  du  Comice  de  Nancy  à  Pont-à- 
Mousson.  —  Noiice  publiée  par  M.  Bnignière  sur  le  prunier  et  la  prune  d'Agen.  —  Projet  de 
loi  relatif  au  n  gim'^  de»  terres  domaniales  en  Algérie.  —  J  es  procédés  d'analyse  des  engrais.  — 
—  Lettre  de  MM.  Toché.  — Trois  lettres  de  M.  Jonlie  —  Le  phylloxéra.  —  Nécpssité  de  pour- 
suivre énergiquement  la  lutte  dans  tous  les  vignobles.  —  Les  blés  de  semence.  —  Procédés 
adoptés  par  M.  Decrombecque  pour  la  sélection  des  blés  de  semence.  —  Le  factorat  au.t  halles 
de  Paris;  ses  origines  et  ses  transformations  d'apiès  M.  Biollay.  —  La  température  et  la  végé- 
tation dps  betteraves.  —  Extension  du  procédé  de  la  diffusion  pour  l'extraction  du  sucre.  — 
Programme  des  concours  du  Comice  départemental  de  la  Marne  et  du  Comice  de  Reims. 

I.  —  L'impôt  foncier. 

On  trouvera  plus  loin  dans  cenuméro  un  compte  rendudes  expériences 
de  moissonneuses-lieuses  et  de  lieuses  indépendantes,  qui  ont  été  faites 
le  29  juillet  à  la  ferme  d'Eprunes,  près  de  Lieusaint  (Seine-et-Marne). 
A  cette  occasion,  M.  Léon  Say,  président  du  Sénat,  a  prononcé  un 
discours  qui  porte  bien  au  delà  de  l'enceinte  d'un  concours  agricole 
local.  Après  avoir  rappelé  les  dégrèvements  qui  viennent  d'être  pro- 
mulgués en  ce  qui  concerne  les  impôts  du  sucre  et  des  vins,  M.  Léon 
Say,  petit-fils  d'un  grand  économiste  et  lui-même  économistedistingué, 
a  jeté  un  coup  d'œil  d'ensemble  sur  nos  lois  fiscales  dans  leurs  rapports 
avec  l'agriculture  nationale.  Il  a  tout  d'abord  constaté  que  tout  le 
monde  était  d'accord,  agriculteurs  comme  industriels  et  commerçants, 
producteurs  comme  consommateurs,  pour  demander  une  nouvelle 
diminution  des  charges  qui  pèsent  sur  les  transports.  Il  importe,  a-t-il 
dit  en  substance,  que  les  denrées  puissent  arriver  d'un  point  à  un 
autre,  grevées  du  minimum  possible  de  frais.  Mais  ce  desideratum 
résolu,  il  en  résulte  comme  contre-coup,  que,  grâce  au  progrès  des 
moyens  de  transport,,  l'agriculture  nationale  se  trouve  avoir  à  suppor- 
ter la  concurrence  du  monde  entier,  et  notamment  des  vastes  régions 
américaines  récemment  mises  en  culture.  De  là,  selon  M.  le  président 
du  Sénat,  la  nécessité  d  égaliser  la  lutte  entre  les  terres  françaises  et 
celles  du  Far-ioest,  par  un  dégrèvement  important  de  notre  impôt  fon- 
cier qui,  dit-il,  frappe  la  terre  d'une  sorte  de  dîme  et  rehausse  le  prix 
des  fermages.  A  cet  égard,  M.  Léon  Say  s'est  rencontré  avec  ceux  des 
agriculteurs  eux-mêmes  qui  ont  étudié  la  question.  Car,  paruii  les 
réponses  de  la  Société  nationale  d'agnculture  dans  l'enquête  agricole 
qui  vient  d  être  terminée,  à  la  question  de  M.  Tirard  :  «  Par  quelles 
mesures  et  par  quels  encouragements  spéciaux  l'Etat  pourrait-il 
mettre  l'agriculture  française  à  l'abri  des  crises  qui  se  produisent 
périodiquement,  »  la  Société  a  répondu  qu'il  faudrait  dégrever  de  20 
pour  100  l'impôt  foncier  pesant  sur  les  terres  affectées  à  la  culture. 
C'était  bien  indiquer,  comme  le  fait  M,  le  président  du  Sénat,  qu'il 
serait  désirable  tout  d'abord  qu'on  distinguât  les  propriétés  bâties  et 
de  luxe  des  terres  affectées  à  la  production  des  denrées  agricoles. 

M.  Léon  Say  a  fait  remarquer  avec  raison  que  l'impôt  foncier  ne  se 
compose  pas  seulement  du  principal  entrant  dans  les  caisses  du  Trésor, 
mais  qu'il  comporte  encore  les  centimes  additionnels  alimentant  les 

N*  591.  —  Tome  III  de  1880.  —  7  août. 


202  CHRONIQUE  AGRICOLE   (7  AOUT   1880), 

budgets  départementaux  et  communaux.  L'observation  est  très  juste, 
car  si  le  principal  de  l'impôt  foncier  n'a  pas  augmenté  depuis  de  longues 
années,  il  a  été  l'ortement  aggravé  par  les  centimes  additionnels.  C'est 
cette  aggravation  qui  a  ému  les  contribuables  agriculteurs  et  qui  est 
cause  qu'aujourd'hui  une  solution  de  la  dilfrculté  est  devenue  absolu- 
ment nécessaire.  D'après  M.  Léon  Say,  il  faudrait  faire  deux  catégories 
de  l'impôt  foncier  :  l'une  composée  de  la  propriété  bâtie,  laquelle, 
très  prospère,  augmente  depuis  longtemps  de  valeur,  l'autre  de  la 
propriété  ruralenon  bâtie  quiaété,  àtort,surchargée.  On  pourrait  arriver 
à  dégrever  cette  dernière  de  120  millions  sur  le  principal.  Mais  il 
resterait  à  pourvoira  un  remplacement  en  ce  qui  concerne  les  budgets 
communaux  et  départementaux  qui  seraient  affectés  par  la  mesure, 
puisque  les  centimes  additionnels  cesseraient  d'être  payés,  dans  la 
proportion  de  la  réduction,  par  la  propriété  rurale. 

Nous  ne  voyons,  pour  nous,  de  possible,  que  l'abandon  par  l'Etat 
d'une  certaine  fraction  des  impôts  indirects  en  faveur  des  communes 
et  des  départements,  comme  l'Etat  belge  l'a  fait  pour  arriver  à  la  sup- 
pression des  octrois.  Mais  il  faudrait  bien  choisir  les  impôts  indirec'fcs 
dont  on  maintiendrait  l'importance.  Ce  devrait  être  surtout  ceux  qui 
portent  sur  des  matières  ne  répondant  à  aucun  besoin  essentiel  des  po- 
pulations. Ainsi,  on  augmenterait ds  20  pour  100  l'impôt  du  tabac  que 
l'on  n  empêcherait  pas  l'accroissemect  de  la  consommation,  et  qu'on  au- 
rait certainement  chaque  année  nn  excédent  de  50  millions  dont  on 
pourrait  faire  un  fonds  commun.  Mais  il  faut  bien  se  garder  de  consi- 
dérer la  diminution  de  l'impôt  foncier  comme  étant  le  seul  moyen  de 
venir  en  aide  à  l'agriculture.  Il  faut  surtout  que  celle-ci  puisse  dimi- 
nuer ses  frais  de  production  par  l'accroissement  de  ses  rendements. 
Les  moyens  d'exécution  sont  indiqués  par  des  exemples  que  nous 
avons  cités,  du  haut  accroissement  du  revenu  des  terres,  lorsque  ceux 
qui  les  exploitent  se  trouvent  en  état  d'y  consacrer  tous  les  engrais, 
tout  le  bétail,  tous  les  instruments  nécessaires. 

IL  —  Concours  pour  deux  emplois  cï adjoint  à  V inspection  de  f  agriculture. 

Le  concours  pour  la  nomination  de  deux  adjoints  à  l'inspection  gé- 
nérale de  l'agriculture,  a  été  ouvert  à  Paris  le  2  août.  Le  jury  de  ce 
concours  se  compose  de  MiM.  Girerd,  sous-secrétaire  d'Etat  au  minis- 
tère de  l'agriculture,  président;  de  Bagnaux,  directeur  du  personnel; 
Tisserand,  directeur  de  l'agriculture;  de  Cormettes,  directeur  des  ha- 
ras; Bouley,  inspecteur  général  des  écoles  vétérinaires;  Risler,  direc- 
teur de  l'Institut  national  agronomique;  Boitel,  Lembezat  et Malo,  ins- 
pecteurs généraux  de  l'agriculture;  Sanval,  conservateur  des  forêts; 
Grandeau,  professeur  à  la  Faculté  des  sciences  de  Nancy;  Henri  Mares, 
propriétaire  viticulteur  dans  l'Hérault;  Gayot,  anci«n  directeur  des  ha- 
ras; Lecouteux,  professeur  à  l'Institut  agronomique.  —  Treize  candi- 
dats se  sont  présentés  pour  subir  les  épreuves  du  concours.  Voici  leurs 
noms  et  leurs  qualités:  M.  Nanquette,  directeur  de  la  ferme  école  des 
Hubaudières;  M.  Philippar,  directeur  de  l'école  d'irrii;ation  du  Lézar- 
deau;  M.  Foex,  directeur  de  la  Station  agronomique  de  l'Yonne;  M.  de 
Savignon,  répétiteur  à  l'Institut  agronomique;  M.  Paul  Muller,  agri- 
culteur en  Alsace;  M.  de  Brézenaud,  agriculteur  dans  l'Ardèctie; 
M.  Léon  Vassillière,  professeur  d'agriculture  dans  la  Haute -Vienne; 
M.  H.  Vassillière,  professeur  d'agriculture  dans  les  Deux-Sèvres;  M.  Ni- 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (7  AOUT   1880).  203 

colas,  professeur  d'agriculture  du  département  d'Oran  ;  M.  Salomon, 
directeur  de  la  ferme-école  du  Cher;  M.  Randoing,  ingénieur  agricole; 
M.  Nolte,  ancien  élève  de  l'institut  national  agronomique.  Les 
épreuves  du  concours  ne  sont  pas  tertuinées  au  moment  où  nous  écri- 
vons cette  chronique. 

III.  —  Exposition  d' apiculture  et  d'inseclologîe. 
Nous  avons  annoncé  qu'une  exposition  des  insectes  utiles  et  des  in- 
sectes nuisibles  devait  avoir  lieu  en  1880,  sous  la  direction  de  la 
Société  centrale  d'apiculture  et  d'insectologie  et  sous  le  patronage  du 
ministre  do  l'agriculture.  Cette  exposition  sera  ouverte  le  22  aoiit,  dans 
l'orangerie  du  jardin  des  Tuileries.  Le  programme  se  trouve  au  secré- 
tariat de  la  Société^  rue  Monge,  G7_,  à  Paris. 

IV.  —  Le  concours  général  agricole  de  V Algérie. 
On  sait  que  le  concours  général  agricole  de  l'Algérie  se  tiendra,  cette 
année^  à  Oran  du  16  au  25  octobre.  Ce  concours  sera  dirigé  par  M.  de 
Lapi)arent,  inspecteurdel'agriculture^  en  qualité  decommissairegénéral. 
M.  Nicolas,  professeur  départemental  d'agriculture  à  Oran,  remplira 
les  fonctions  de  commissaire  général  adjoint.  Ce  concours  comprendra 
des  expositions  d'animaux  reproducteurs,  d'animaux  gras,  d'instru- 
ments et  de  produits  agricoles  de  l'Algérie.  Il  sera  accompagné  de 
l'attribution  d'une  prime  d'honneur,  pour  laquelle  seront  appelées  à 
concourir  les  exploitations  situées  dans  le  territoire  compris  entre  la 
Méditerranée  et  j.me  ligne  partant  de  l'embouchure  de  la  Tafna,  englo- 
bant la  plaine  de  la  Mlita,  passant  par  le  Tlelat  et  suivant  ensuite  la 
limite  méridionale  des  communes  mixtes  traversées  par  le  chemin  de 
fer  jusqu'à  la  limite  du  département  d'Alger.  —  Voici  l'analyse  du 
programme  des  diverses  parties  du  concours  d'Oran. 

Animaux  reproducteurs.  —  Espèce  chevaline,  3  catégories  :  1°  Races  orien- 
tales de  pur  sang  (races  syrienne  et  analogaes)  ;  2"  races  Ijarbe  et  arabe;  3" autres 
races  pures  et  croisements  divers.  —  Espèce  bovine,  k  catégories  :  1"  Race  de 
Gruelma  ;  2°  races  africaines  autres  que  la  race  de  Guelma  ;  3"  races  d'Europe; 
4°  croisements  divers  —  E>:pèce  ovine^  4  catégories  :  V  Races  mérinos  et  métis- 
mérinos  d'Europe,  nées  et  élevées,  soit  en  France,  soit  en  Algérie  ;  2»  race  barba- 
rine;  3°  races  des  hauts  plateaux  et  du  Sud,  à  face  brune  et  à  face  blanche  ; 
4°  croisements  entre  mérinos  et  races  algériennes.  —  Espèce  porcine^  animaux  de 
toutes  races,  pures  ou  croisées,  nés  avant  le  l^""  juia  1879.  -~  Animaux  de  basse^ 
cour  :  coqs  et  poules,  dindons,  oies,  canards,  pintades  et  pigeons,  lapins  et  lépo- 
rides. 

Animaux  gras,  4  sections:  1°  bœufs;  2°  vaches  engraissées;  3"  moutons  gras; 
k°  porcs  gras. 

Les  animaux  reproducteurs  des  espèces  chevaline,  bovine,  ovine  et  porcine,  et 
les  animaux  gras,  devront  être  nés  et  avoir  été  élevés  en  Algérie,  appartenir  à  des 
agriculteurs  algériens  et  être  en  leur  possession  depuis  le  15  juillet  1880. 

Pour  les  races  étrangères  prévues  dans  le  programme  ci-dessus,  les  animaux 
pourront  être  nés  et  avoir  été  élevés  hors  d'Algérie,  et  seront  admis  à  disputer  les 
prix  attribués  à  la  race  à  laquelle  ils  appartiennent. 

La  même  faculté  est  accordée  aux  exposants  français  de  mérinos  et  métis-méri 
nos,  ainsi  qu'aux  exposants  d'animaux  de  basse-cour  de  toutes  races. 

Les  établissements  subventionnés  à  un  titre  quelconque  par  l'Etat  ou  par  les 
départements  ne  pourront  être  admis  à  exposer  que  hors  concours. 

Machines  et  instruments  agricoles  —  Neuf  concours  spéciaux,  savoir  : 
1"  charrues  bisocs  ;  2»  semoirs  pour  culture  en  lignes  des  céréales  et  autres  plantes  ; 
3<>  houes  à  cheval  pour  culture  de  céréales  en  lignes  ;  4°  charrues  vigneronnes  ; 
5°  hache-paille  à  grand  travail;  6"  béliers  hydrauliques  ;  7"  moteurs  à  air  action- 
nant des  appareils  d'élévation  pour  irrigation  j  8°  filtres  à  vin,  pompes  à  vin 
et  autres   appareils  vinaires  ;  9"  pressoirs. 


204  CHRONIQUE  AGRir.OLE   (7     AOUT   1880). 

Produits  agricoles,  horticoles  et  matières  utiles 'a  [l'agriculture.  — 
Huit  médailles  d'or,  seize  d'argent  et  quarante  de  bronze  sont  mises  à  la  disposition 
du  jury  pour  être  attribuées  aux  produits  agricoles,  horticoles  et  matières  utiles  à 
l'agriculture  admis  au  concours,  et  dont  le  mérite  aura  été  constaté,  tels  que  : 
Grains,  graines,  racines  et  tubercules,  tiges,  fourrages.  —  Vins,  alcools,  eaux- 
de-vie.  —  Huiles,  essences,  parfums,  etc.  —  Tabac,  lin  et  autres  plantes  textiles, 
crin  végétal  et  autres  textiles.  —  Produits  mfiraîchers  et  horticoles,  dattes,  ca- 
roubes, fiuits  frais,  fruits  secs,  etc.  —  Produits  forestiers,  lièges,  écorces,  bois, 
plants  et  graines  d'essences  forestières.  —  Conserves  et  produits  alimentaires 
(semoule,  pâtes,  légumes  et  fruits  de  toute  espèce).  —  Laines,  toisons,  plumes, 
duvets,  beuires,  œufs  fromages,  miels,  cires,  etc.  —  Modèles  d'instruments, 
plans  de  constructions  et  de  bâtiments,  cartes  agronomiques,  études  et  projets 
d'irrigation^  dessins  et  herbiers,  etc.,  etc. 

Les  déclarations  des  exposants  doivent  être  envoyées  au  ministère 
de  l'agriculture  et  du  commerce  avant  la  fin  du  mois  d'août.  Nous 
avons  reçu,  pour  les  instruments  et  pour  les  produits,  un  certain 
nombre  de  modèles  de  déclarations  que  nous  tenons  à  la  disposition 
de  ceux  qui  désirent  prendre  part  au  concours  d'Oran. 
V.  —  Concours  du  comice  de  Nancy. 

Le  concours  annuel  du  Comice  de  Nancy  se'tiendra  à  Pont-à-Mousson, 
le  dimanche  29  août,  sur  la  ferme  de  M.  André.  Il  est  ouvert  à  tous  les 
agriculteurs,  propriétaires,  fabricants  de  tout  le  département  de 
Meurthe-et-Moselle.  Il  comprendra  les  animaux  reproducteurs  et  les 
machines  et  instruriients  agricoles.  Dans  cette  dernière  section,  nous 
devons  signaler  un  concours  de  charrues  bisocs  et  une  exposition 
générale  de  toutes  sortes  d'instruments  ;  deux  sections  y  ont  élé  ou- 
vertes, l'une  pour  les  cultivateurs,  l'autre  pour  les  constructeurs.  La 
ville  de  Pont-à-Mousson,  qui  reçoit  cette  année  le  Comice,  a  mis  à  sa 
disposition  une  somme  de  1,000  fr.,  et,  en  outre,  elle  a  pris  à  sa 
charge  les  frais  matériels  du  concours. 

VL  —  La  culture  du  prunier. 

Les  monographies  bien  faites  des  cultures  spéciales  présentent  tou- 
jours une  grande  utilité.  A  ce  titre,  nous  devons  signaler  une  notice 
très  intéressante  que  M.  Louis  Bruguière,  membre  de  la  Société  d'agri- 
culture d'Agen  et  de  la  Chambre  d'agriculture  de  Lot-et-Garonne,  vient 
de  publier  sur  le  prunier  etla  prune  d'Agen  *.  M.  Bruguière  est  très 
bien  placé  pour  faire  ce  travail;  il  a  réuni  avec  le  plus  grand  soin  les 
documents  sur  l'histoire  du  prunier  d'Agen,  "et  même  qu'il  s'est  livré 
à  des  observations  attentives  sur  ^a  culture.  Il  passe  successivement  en 
revue  les  variétés  duprunier,  le  climat  etle  terrain  qui  lui  sontpropres, 
les  méthodes  de  plantation,  de  culture  et  de  taille,  les  maladies  de 
l'arbre,  son  rendement;  puis  il  aborde  ce  qui  est  relatifà  la  préparation 
des  pruneaux,  les  éluves,  les  trieuses,  pour  terminer  son  ti*avail  par 
des  indications  sur  le  commerce  de  ce  fruit.  A  cette  époque  de  l'année 
qui  est  celle  de  la  récolte  et  du  commerce  des  prunes,  le  travail  de 
M.  Bruguière  a  un  intérêt  tout  particulier  d'actualité. 
VII.  —  Les  terres  domaiiiales  en  Algérie. 

Avant  la  prorogation  des  Chambres,  le  gouvernement  a  présenté  à 
la  Chambre  des  députés  un  projet  de  loi  relatif  au  régime  des  terres 
domaniales  en  Algérie.  Ce  projet  de  loi  a  pour  but  de  déterminer  le 
mode,  les  conditions  et  les  effets  de  leur  attribution.  L'attribution  des 

] .  Le  prunier  et  la  prune  d'Agen,  par  L.  Bruguière.  Un  petit  volume  in-18.  A  la  librairie  de 
G.  Maàson,  120,  boulevard  Saint-Germain,  à  Paris.  —  Prix  :  1  fr. 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (7  AOUT  1880).  205 

terres  pourra  être  faite  par  concessioa  gratuite  ou  par  vente;  les  condi- 
tions de  cession  des  terres  seront  également  rendues  plus  faciles. 
Nous  aurons  à  revenir  sur  ce  projet  de  loi,  dont  l'adoption  aurait 
certainement  pour  effet  de  donner  un  nouvel  essor  à  la  colonisation 
de  l'Algérie. 

VIII.  —  Sur  l'analyse  des  engrais. 

Nous  avons,  dans  deux:  chroniques  précédentes,  publié  des  lettres 
de  M.  Toclié  et  de  M.  Vivien  relatives  à  la  meilleure  méthode  h  suivre 
pour  analyser  un  phosphate.  Le  mode  d'appliquer  le  procédé  de 
M.  Joulie  au  citrate  ammoniacal  de  magnésie  était  discuté,  et  la 
difficulté  finale  consistait  à  savoir  s'il  fallait  broyer  l'engrais  dans  le 
réactif.  Nous  avons  répondu  affirmativement.  Aujourd'liui  la  question 
paraît  se  poser  sur  l'importance  et  l'efficacité  du  contrôle  de  la  compo- 
sition des  engrais  par  l'analyse  chimique.  Voici  les  lettres  dont  l'in- 
sertion nous  est  demandée  : 

Lettre  do  MM.  E.  et  J.  Toché. 

«  Nantes,  le  27  juillet  1880. 

«  Monsieur  le  Directeur,  à  la  suite  de  l'insertion  que  vous  avez  bien  voulu 
faire  de  notre  lettre  du  10  juillet,  M.  H.  Pellet  a  écrit,  de  son  côté,  une  lettre, 
dans  le  nunaéro  du  21  juillet  du  Journal  des  fabricants  de,  sucre.  M.  Pellet, 
désireux  de  faire  la  lumière  sur  cet  incident,  demandait  à  M.  Vivien  de  faire 
connaître  les  raisons  qui  lui  faisaient  critiquer  la  méthode  de  M.  Joulie,  et  aussi 
d'indiquer  la  méthode  qu'il  prétendait  lui  opposer.  En  outre  des  lettres  incluses 
que  nous  a  écrites  M.  Joulie,  il  a  airect-ment  écrit  à  M.  Vivien  la  lettre  suivante, 
que  nous  sommes  autorisés  par  l'auteur  à  faire  publier;  ce  que  nous  vous  prions 
instamment  d-)  faire.  Cette  lettre,  malgré  sa  date  du  30  juin,  était  ?ncore  sns 
réponse  le  21  juillet.  M.  Vivien  s'est  borné  à  faire  insérer  dans  votre  Journal, 
numéro  du  yA  juili^^t,  une  lettre  qui  tend,  entre  autres  choses,  à  faire  supposer 
que  nous  avons  la  prétention  de  nous  soustraire,  dans  nos  transactions  commerciales, 
au  con-rôle  analytique. 

«  Nous  croyons  ne  pas  pouvoir,  faute  de  compétence  suffisante,  prendre  part  à 
l'important  débat  scientifique  actuellement  pendant  entre  MM.  Pellet,  Joulie  et 
Vivien,  et  nous  laissons  à  ce  dernier  le  soin  de  répondre  catégoriquement  à  la 
sommation  qui  lui  a  été  faite  par  les  deux  premiers  chimistes;  mais  nous  devons 
nous  hâter  de  protester  contr-*  l'insiimation  contenue  dans  la  lettre  de  M  Vivien. 
Nul  plus  que  nous  ne  désire  le  contrôle  loyal  et  rationnel  de  la  science  sur  les 
opérations  commerciales  auxquelles  donne  lieu  notre  industrie.  Mais  nous  voulons 
ce  contrôle  sérieux  et  éclairé,  et  nous  en  avons  donné  la  preuve  la  plus  éclatante, 
en  faisant  prélever  avec  soin,  en  présence  de  l'acheteur,  dix  échantillons  sur  le 
même  lot  de  marchandises,  dont  cinq  ont  déjà  été  analysés  par  quelques-uns  des 
chimistes  les  plus  en  renom  ;  les  autres  le  seront  également,  si  cela  est  nécessaire, 
par  les  chimistes  que  voudront  bien  désigner,  soit  la  Société  des  agriculteurs  de 
France,  soit  le  président  du  tribunal  de  commerce  de  Paris. 

a  Quant  au  reproche  que  nous  adresse  M.  Vivien,  d'avoir  écarté  son  analyse 
dans  un  but  intéressé,  nous  le  repoussons  comme  non  fondé;  d'abord  parce  que 
son  analyse,  à  l'en  (  roire,  n'a  pas  été  faite  selon  la  méthode  imposée  par  le  contrat 
de  vente,  ensuite,  parce  que  l'écart  considérable  qu'elle  présente  avec  les  autres 
analyse^,  oblige  à  la  considérer  comme  erronée.  Il  va  de  soi  qu'une  moyenne  ne 
peut  être  formée  qu'avec  des  éléments  vrais  et  non  avec  des  éléments  faux. 

«  En  résumé,  nous  attendons  que  M.  Vivien  ait  bien  voulu  fournir  à  MM.  Maret, 
Roussille,  Grandeau  et  Bobierre  qui  ont  fait  les  analyses  1,  2,  3,  'j,  et  également 
à  MM.  Pellet  et  Joulie  qui  la  réclament,  la  preuve  que  sa  méthode  analytique 
est  supérieure  à  celle  très  généralement  empbyée  par  ces  Messieurs  et  par  nos 
autres  chirai-tes  les  plus  éminents.  Cette  preuve  faite,  nous  nous  inclinerons 
comme  nous  le  devons,  pour  rendre  hommage  à  la  vérité. 

«  Veuillez  agréez,  etc.  E.  et  J.  Toché  fils.  » 

Première  lettre  de  M.  Joulie  à  ifl/.  Toché. 

«  Paris,  le  17  juin  1880. 
«  Messieurs,  l'assertion  du  chimiste  dont  vous   me  parlez  et  dont  vous  ne  me 


2Û6  CHRONIQUE  AGRICOLE   (7  AOUT    1880). 

donnez  pas  le  nom,  est  absolument  fausse,  11  n'est  pas  vrai  que  les  phosphates 
fossiles  triturés  au  mortier  avec  du  citrate  d'ammoni;  que  et  uon  de  la  liqueur 
citro-magnésienne,  comme  il  le  dit  par  erreur,  se  laissent  attaquer. —  Les  expé- 
riences que  j'ai  publiées  en  187:^  [Moniteur  scienHfiqye  de  Qntsiieville,  page  578), 
ne  laissent  aucun  doute  à  cet  égard.  —  Elles  ont  été  répétées  depuis  par  M.  Millot 
qui  est  arrivé  aux  mêmes  résultats  et  qui  va  plus  lom  encore  que  moi,  car  i»l 
affirme  que  les  phosphates  fossiles  restent  inattaqués  même  par  douze  heures  de 
contact.  Nul  n'a  le  droit  de  contester  ces  résultats,  à  moins  de  produire  au  grand 
jour  des  expériences  positives  prouvant  qu'ils  sont  inexacts.  Or,  je  n'ai  encore  rien 
vu  de  pareil. 

«  La  méthode  que  j'ai  indiquée  est  aujourd'hui  adoptée  partout  comme  base 
des  transactions.  Elle  a  été  recommandée  par  la  Commission  des  engrais  de  la 
Société  des  agriculteurs  de  France,  ce  qui  n'aurait  certainement  pas  eu  lieu  si 
elle  mentait  le  reproche  que  lui  adresse  le  chimiste  anonyme  dont  vous  me*  parlez. 
Au  surplus  et  en  droit,  lorsque  vous  vendez  de  l'acide  pliosphorique  .^oluble  dans 
le  citrate  d'ammoniaque,  cela  implique  évidemment  que  le  dosage  de  cet  acide 
sera  fait  par  une  mélliode  connue  et  publiée,  ayant  la  sanction  de  la  pratique  et 
non  par  un  procédé  de  fantaisie  pratiqué  par  un  seul  chimiste  et  connu  de  lui 
seul.  Je  pense  donc  que  vous  êtes  fondés  à  repousser  cette  analyse  et  à  régler 
votre  facture  d'après  la  moyenne  des  analyses  de  MM.  Maret,  Roussille,  Gran- 
deau  et  Bobierre,  qui  sont  sensiblement  d'accord  et  dont  les  noms  offrent  cer- 
tainement à  vos  acheteurs  des  garanties  plus  que  suffisantes. 

«  Veuillez  agréer,  etc.  H.  Joulie- 

Deuxième  lettre  de  M.  Joulic  «  MM.  Toché. 

«  Avignon,  le  21  juillet  1880. 

a  Messieurs,  je  ne  vois  aucun  inconvénient,  pour  ma  part,  à  ce  que  vous  don- 
niez à  ma  première  lettre  la  publicité  dont  vous  me  parlez. 

«  Je  dois  même  ajouter  qu'aussitôt  que  vous  m'avez  fait  connnitre  le  nom  de 
M.  Yivien,  je  me  suis  empressé  de  lui  écrire  la  lettre  dont  vous  tiouvez  ci-joint 
une  copie  et  qui  est  restée  jusqu'ici  sans  rc'ponse.  —  Je  vous  autorise  également  à 
la  publier,  si  vous  le  jugez  utile,  car  il  importe  à  tous,  aussi  bien  aux  agriculteurs 
qu'aux  fabricants,  que  la  lumière  se  fasse. 

«  Veuillez  agréer,  etc.  H.  Joulie. 

Lettre  de  M.  Joulie  à  M.  Vivien. 

Paris,  30  juin  1880. 

«  Monsieur,  MM.  Toché  fils,  de  Nantes,  me  communiquent  une  lettre  écrite 
par  vous  à  M  Simon,  à  Laon,  et  dans  laquelle  vous  déclarez  que,  en  opérant  le 
dosage  de  l'acide  phosphorique  soluble  dans  le  citrate  d'ammoniaque,  suivant  la 
«  méthode  Joulie,  et  en  broyant  l'engrais  en  présence  de  Ui  iH/ueur  cilro-magné- 
«  sienne.,  on  arrive  à  des  résultats  inexacts,  car  le  phos))hate  fossile,  dans  ces  con- 
«  ditions,  donne  du  phosphate  soluble  et  rétrograde,  ce  qui  ne  peut  être.  » 

«  Je  dois  tout  d'abord  vous  faire  observer  que  je  n'ai  jamais  recommandé  de 
broyer  l'engrais  avec  la  liqueur  cilro-niod'né.sienfie,  mais  bien  avec  une  solution  de 
citrate  d  ammoniaque  alcalin  dont  j'ai  donné  la  formule.  Jh  pense  toutefois,  que 
c'est  là  un  simple  lapsus  de  votre  part,  ou  du  fait  du  copiste  de  votre  lettre.  Ce 
tjui,  pour  moi,  présente  une  importance  plus  sérieuse  et  motive  ma  lettre,  c'est 
votre  assertion  finale. 

«  Avant  de  recommander  le  mode  opératoire  que  j'ai  indiqué,  j'avai-^  eu  soin 
d'y  soumettre  tous  les  phosphates  fossiles  que  j'avais  sous  la  main.  Depuis,  j'ai 
essayé  de  la  même  façon  tous  ceux  qui  me  sont  parvenus  et  je  n'ai  jamais  obtenu 
que  des  traces  de  solubilité,  traces  absolument  négligeables. 

«  M.  Millot  a  répété  les  mêmes  expéiiences  en  prolongeant  le  contact  pendant 
12  heures  et  il  n'a  encore  obtenu  que  des  solubilités  insignifiantes;  si  bien  qu'il 
demande  que,  dans  l'analyse  des  sui'erphosj. hâtes,  on  soumette  le  produit  essayé 
à  l'action  de  la  liqueur  citro  ammoniacale  pendant  12  heures,  au  lieu  de  une 
heure  seulement,  ainsi  qu«je  fai  conseillé. 

«Je  vous  serais  donc  obligé  de  me  l'aire  connaître  les  constatations  qui  vous  auto- 
risent à  contredire  ces  résultats  que  nous  considérions  comme  acquis. 

ce  Veuillez  agréer,  etc.  H.  Joulie. 

Lorsqu'un  échantillon  d'engrais  a  été  pris  de  manière  que  toutes 
les  parties  en  soient  homogènes,  les  chimistes  dii^^nes  de  ce  nom 
arrivent  toujours,  même  en  opérant  à  l'insu  des  uns  des  autres,  à  des 


CHRONIQUE  AGRICOLE   (7   AOUT   1880).  207 

résultats  identiques  jusqu'à  la  première  décimale  comprise.  Par  con- 
séquent, nous  n'admettons  pas  qu'on  puisse  repousser  le  contrôle 
analytique.  Quant  aux  méthodes  d'analyse  à  suivre,  les  bons  chimistes 
savent  en  régler  l'application  selon  les  circonstances  ;  ils  ne  se  regardent 
d'ailleurs  comme  possesseurs  de  la  vérité  que  lorsqu'ils  ont  fait  les 
expériences  de  vérification. 

jIX.  —  Le  phylloxéra. 

Aucune  nouvelle  importante  n'est  venue  cette  semaine  s'ajouter  à 
celles  que  nous  avons  déjà  publiées  relativement  à  l'invasion  du  phyl 
loxera.  Sur  un  grand  nombre  de  points,  des  efforts  considérables  sont 
faits  pour  la  constitution  de  syndicats  formés  pour  traiter  les  vignes, 
soit  par  la  submersion,  soit  par  l'emploi  des  insecticides.  On  ne  sau- 
rait trop  encourager  ce  mouvement.  Les  vignerons  doivent  être  bien 
convaincus  que,  dans  les  tristes  circonstances  qu'ils  traversent,  ils 
doivent  tout  d'abord  s'organiser  pour  lutter.  Ceux  qui  sont  atteints 
aujourd'hui  savent  qu'ils  ont  à  leur  disposition  des  armes  dont  l'effi- 
cacité est  certaine,  tant  pour  empêcher  la  destruction  de  leurs  vignes 
que  pour  les  reconstituer.  La  lumière  a  été  longue  à  se  produire;  mais 
les  faits  sont  tels  aujourd'hui  qu'ils  ne  peuvent  plus  être  niés.  La  viti- 
culture française  est  désormais  certaine  qu'elle  sortira  victorieuse  de  la 
lutte,  si  elle  veut  poursuivre  celle-ci  énergiquement.  Les  défaillances 
n'ont  plus  désormais  aucune  excuse;  on  ne  saurait  le  répéter  trop  haut 
et,  pour  notre  part,  nous  n'hésitons  pas  aie  proclamer.  Submersion, 
sulfure  de  carbone,  greffage  des  fins  cépages  français  sur  souchei  ré- 
sistantes, ce  sont  là  autant  d'armes  qui  ont  fait  et  bien  fait  leurs  preu- 
ves. L'une  ou  l'autre  doit  être  adoptée  suivant  les  circonstances. 

La  viticulture  n'a  plus  le  droit  de  dire  qu'elle  est  désarmée  devant  le 
fléau.  Mais  il  faut  ajouter  que  c'est  partout  qu'il  faut  agir.  Les  hom- 
mes éclairés  ne  doivent  pas  hésiter  à  le  répéter  autour  d'eux  et  à  don- 
ner l'exemple.  Ce  n'est  pas  à  dire  qu'on  tuera  tous  les  phylloxéras  qui 
vivent  et  pullulent  en  France  ;  mais  on  aura  du  vin  malgré  eux,  le  SO'I 
continuera  à  payer  les  sueurs  du  vigneron.  C'est  tout  ce  qu'il  faut  de- 
mander. 

X.  —  les  blés  de  semence. 

Il  est  inutile  d'insister  sur  l'importance  que  présente  le  choix  des 
graines  employées  pour  les  semences.  De  bonnes  semences  sont  la 
première  condition  d'une  bonne  récolte.  Ace  sujet,  nous  croyons  utile 
de  reproduire  les  détails  que  M.  Decrombecque  a  donnés  récemment, 
au  Comice  agricole  deBéthune,  sur  la  méthode  qu'il  a  adoptée  pour  pré- 
parer ses  blés  de  semence.  Le  commerce  de  ces  blés  présente  des 
fraudes  assez  nombreuses  ;  voici  comment  M.  Decrombecque  les  élude  : 

<c  Je  m'adresse  à  des  commissionnaires  qni  ?e  disent  dépositaires  de  blés 
anc^lais,  ou  qai  se  donnent  comme  tels,  et  je  les  prie  de  m'envoyer  de  leurs  blés 
de  semence.  Sur  six,  je  trouve  ordinairement  un  bon  échantillon  ou  deux;  les 
bis  sont  semés  et  c'est  par  sélection  que  j'arrive  à  produire  mes  blés  de  semence 
qui  sont  recherchés.  Si,  sur  les  six  échantillons,  deux  seulement  donnent  de  bons 
résultats,  lors  de  la  récolte  les  quatre  autres  sont  vendus  à  la  meunerie  (1"  sélec- 
tion.) La  récolte  des  d 'ux  autres  champs  est  soignée  tout  particulièrement;  le 
graifli  qui  en  provient,  trié  avec  les  ingénieux  appareils  Pernollet,  peut  être 
employé  comme  blé  de  semence  (2°  sélection).  Les  grains  trop  gros  ou  trop 
miiigies  sont  éliminés  pour  être  livrés  à  la  meunerie  ;  et  il  ne  reste  qu'une  semence 
de  premier  choix  qui  donne  toute  satisfaction. 

«  Ce  n'est  que  par  une  sévère  sélection  que  l'on  peut  produire  de  bons  blés  de 


2C8  CHRONIQUE  AGRICOLE   (7   AOUT   1880). 

semence;  et  ce  n'est  que  par  ce  moyen,  que  les  cultivateurs  anglais  se  sont 
acquis  autrefois  leur  réputation.  Mais  aujourd'hui,  au  lieu  de  rechercher  la 
qualité,  ils  s'appliquent  à  obtenir  la  quantité.  » 

Cette  méthode  peut  être  appliquée  dans  toutes  les  régions,  à  toutes 
les  variétés  de  blés,  aussi  bien  qu'à  toutes  les  espèces  de  graines. 
XI.  —  Le  factorat  aux  halles  de  Paris. 

On  se  souvient  qu'un  décret,  en  date  du  28  janvier  1878,  a  réformé, 
dans  un  sens  absolument  libéral,  le  régime  du  factorat  aux  halles  de 
Paris;  les  fonctions  de  facteur  sont  devenues  tout  à  fait  libres.  Deux 
années  sont  maintenant  écoulées  depuis  l'organisation  du  nouvel 
ordre  de  choses.  On  peut  donc  chercher  l'influence  qu'il  a  exercée  sur 
l'approvisionnement  des  halles  et  sur  la  vente  des  produits.  C'est  ce 
que  M.  Léon  BioUay,  inspecteur  général  des  perceptions  municipales 
de  Paris,  vient  de  faire  dans  une  brochure  intitulée  :  Origines  et 
transformations  du  factorat  dans  les  marchés  de  Paris.  Dans  cette  bro- 
chure, il  démontre  que  les  marchés  de  la  capitale  ont  été  mieux  appro- 
visionnés, et  que  les  transactions  ont  été  rendues  plus  faciles.  En  effet, 
au  lieu  de  43  facteurs  qui  fonctionnaient  en  1877,  il  y  en  avait  184  à 
la  fin  de  1879,  coinplètement  libres  de  diriger  leurs  opérations  au 
gré  de  leur  clientèle.  Eu  outre,  des  réformes  importantes  ont  pu  être 
réalisées  dans  les  frais  de  contrôle.  L'expérience  du  nouveau  régime 
peut  donc  être  considérée  comme  décisive. 

Xll.  —  Les  5uc/'<.'s  et  les  betteraves. 

La  semaine  qui  vient  de  s'écouler  a  été  très  favorable  à  la  végétation 
des  betteraves.  Dans  la  plus  grande  partie  de  la  région  du  Nord,  des 
pluies  abondantes,  mais  intermittentes,  sont  tombées  pendant  plusieurs 
jours;  parfois  elles  ont  été  accompagnées  d'orages  de  grêle  qui  ont, 
par  place,  causé  des  dégâts  sérieux.  La  chaleur  est  aujourd'hui  revenue 
avec  une  réelle  intensité.  Dans  beaucoup  de  cantons,  les  betteraves  pré- 
sentent une  vigueur  qu'on  ne  leur  avait  pas  connue  depuis  longtemps. 
Si  le  temps  actuel  continue,  la  récolte  sera  précoce,  et  la  fabrication 
du  sucre  pourra  commencer  de  bonne  heure. 

Dans  les  fabriques,  on  est  occupé  à  préparer  les  travaux  de  la  fabri- 
cation. Beaucoup  d'usines  transforment  leur  outillage  pour  appliquer 
les  procédés  d'extraction  du  sucre  par  les  méthodes  de  diffusion.  Les 
appareils  de  ce  genre,  commandés  aux  grandes  fabriques,  sont  nom- 
breux. C'est  donc  avec  un  outillage  perfectionné  que,  sur  un  grand  nom- 
bre de  points,  va  commencer  le  travail  de  la  prochaine  campagne. 
XIIL  —  Concours  du  Comice  de  la  Marne. 

Nous  rappelons  que  le  concours  du  Comice  central  de  la  Marne, 
présidé  par  M.  Ponsard,  et  celui  du  Comice  de  Beims,  présidé  par 
M.  Lhotelain,  se  tiendront  dans  celte  dernière  ville  pendant  la  session 
de  l'Association  française  pour  l'avancement  des  sciences.  Ils  compren- 
dront d'abord  une  exposition  générale  de  machines  et  instruments 
agricoles,  du  1 2  au  16  août,  à  laquelle  tous  les  constructeurs  et  entre- 
positaires  de  machines  sont  appelés  à  prendre  part.  Un  concours  d'ani- 
maux reproducteurs  des  espèces  chevaline,  bovine,  ovine,  porcine  et 
galline,  sera  ouvert  le  14  août  pour  le  Comice  de  l'arrondissement  de 
Reims,  et  le  15  août  pour  le  Comice  départemental.  Des  primes  s'éle- 
vant  à  la  somme  de  4,000  fr.,  seront  ^décernés  aux  propriétaires  des 
meilleurs  animaux  exposés.  J.-A.  Barhal. 


NOTES  SUR  l'entretien  DU  BÉTAIL.  209 

NOTES   SUR  L'ENTRETIEN  DU  BÉTAIL 

I.  —  Alimentation  du  cheval. 

S'il  est  une  alimentation  dont  doivent  se  préoccuper  les  cultivateurs, 
c'est  assurément  celle  du  cheval,  tant  au  point  de  vue  de  l'hygiène, 
qu'à  celui  de  sa  conservation,  et  que  dans  le  but  de  lui  faire  produire 
tout  le  travail  dont  il  est  susceptible,  et  surtout  au  point  de  vue  écono- 
mique de  l'alimentation. 

Quelle  est  la  nature  des  grains,  fourrages,  qui  doivent  composer 
la  ration  du  cheval,  la  proportion  de  chacun  des  aliments  à  y  intro- 
duire, quelle  quotité  doit-on  donner  en  raison  du  service  que  le  cheval 
doit  faire?  Voilà  toutes  questions  auxquelles  je  vais  répondre. 

Il  n'est  question  ici  que  du  cheval  de  trait  auquel  on  demande 
beaucoup  de  travail,  mais  au  pas.  Il  a  besoin  de  beaucoup  de  force 
et  pendant  un  temps  très  long  (il  a  souvent  plus  de  dix  heures  de 
travail  par  jour).  On  comprend  tout  de  suite  qu'il  doit  avoir  une  ali- 
mentation différente  de  celle  du  cheval  de  course,  qui  va  franchir  plu- 
sieurs kilomètres  en  quelques  minutes. 

J  exposerai  le  système  d'alimentation  de  la  ferme  de  Lens;  il  a  pour 
base  le  foin,  la  paille  hachée  et  les  grains  passés  sous  l'aplatisseur. 

J'ai  donc  une  machine  faisant  mouvoir  un  hache-paille,  hachant 
foin  et  paille  ;  le  tout  tombe  dans  une  blutterie  qui  a  pour  mission  de 
débarrasser  ce  mélange  de  la  poussière  qu'il  contient,  elle  est  de  5  à 
10  pour  100  suivant  qualité  des  fourrages.  A  la  sortie  de  la  blutterie, 
ce  mélange  tombe  en  tas  où  l'ouvrier  chargé  de  la  préparation  des 
nourritures  le  prend,  et  on  verse  la  quantité  déterminée  pour  la  ration 
journalière  sur  un  plancher,  recouvert  pour  sa  conservation  d'une 
plate  forme  en  zinc.  Cette  nourriture  étant  étendue  sur  une  épaisseur  de 
40  centimètres,  on  ajoute  sur  toute  la  surface  de  sa  couche  les  grains 
indiqués  pour  la  ration  du  jour,  puis  avec  une  eau  légèrement  salée 
et  au  moyen  d'un  arrosoir  on  humecte  le  tout.  On  culbute  avec  une 
pelle  en  bois  p'usieurs  fois  le  mélange  afin  qu'il  soit  complet,  puis 
par  une  ouverture  au  plancher,  de  25  centimètres  carrés,  on  fait 
tomber  cette  nourriture  dans  un  bac  en  tôle  pouvant  contenir  la  provi- 
sion de  la  journée,  on  tasse  soigaeusement,  et  quelques  heures  après 
en  été,  après  environ  douze  heures  en  hiver,  on  peut  donner  cette 
nourriture  aux  chevaux  qui  en  sont  très  avides. 

La  composition  de  la  ration  est  variable,  elle  dépend  de  l'abon- 
dance et  du  prix  des  denrées.  Il  m'est  arrivé  de  nourrir  mes  chevaux 
avec  du  maïs,  du  sarrasin,  de  l'orge  pour  remplacer  en  partie  l'avoine 
qui  était  très  chère  et  nourrissait  peu  à  cause  de  son  peu  de  noyau. 

Voici  la  composition  actuelle  de  la  ration  de  mes  chevaux  avec  son 
prix  de  revient  : 

Avoine 4  kilog.  à  20  fr.  les  100  kilog 0  fr.  80 

Maïs  ou  sarrasin  ou  orge 3      —        15            —                0  45 

Foin 3      _        80  fr.  les  1,000  kilog...  0  24 

Paille 2—50            —                   ...  0  10 

Sel 0.030 

Frais  de  mai^iutention 0  05 

1  fr.  64 

J'ai  une  remarque  à  faire.  C'est  qu'il  est  important  dâ  hacher  la 
paille  et  le  foin  à  une  longueur  de  1  centimètre  1/2,  longueur  la  plus 
convenable;  plus  longs,  ils  sont  moins  appétissants;  plus  courts,   ils 


210  NOTES  SUR  L'EîdTRETIEN  DU  BÉTAIL. 

ne  laissent  pas  assez  de  travail  à  la  mastication  et  lis  passent  trop 
rapidement  dans  l'int&stin  ;  ils  ne  tiennent  pas  au  corps,  comme  on- 
dit  chez  nous. 

La  supériorité  de  la  nourriture  haichée  donnée  en  fourrière,  sur  la 
nourriture  donnée  au  râtelier,  est  celle-ci  :  le  cheval  met  beaucoup 
moins  de  temps  pour  manger  sa  ration  hachée  ;  on  lui  fait  manger  de 
c«tte  manière  des  nourritures  qu'il  refiaserait  au  râtelier  à  cause  de 
leur  médiocre  qualité.  Ensuite  on  le  met  à  l'abri  des  accidents 
qpue  provoque  souvent  sa  gourmandise  lorsqu'en  rentrant  à  l'écurie  il 
se  jette  avidement  sur  sa  ration  d'avoine  qu'il  avale  goulûment;  ou- 
bliant de  la  mâcher,  elle  ne  fait  que  passer  dans  l'intestin  sans  être 
digérée,  au  lieu  que  si  elle  était  légèrement  aplatie  et  préalablement 
mélangée  avec  les  aliments  hachés,  elle  digérerait  bien  et  profiterait. 
Le  cheval  se  conserve  plus  longtemps  par  cela  même  que  la  nourriture 
est  moins  préparée,  elle  s'assimile  mieux,  et  c'est  surtout  lorsqu'il 
vient  sur  l'âge  que  l'efficacité  de  ce  système  s'affirme. 

Inutile,  je  crois,  de  m'étendre  sur  ce  mode  d'alimentation,  il  se  géné- 
ralise assez  en  France  pour  prouver  sa  valeur.  Mais  en  Angleterre  il  y 
a  longtemps  qu'il  est  jugé;  je  lisais,  il  y  a  quelques  jours,  dans  une 
Revue  agricole  anglaise,  que  sur  240, 005  chevaux  que  possédait 
Loadres,  190,000  étaient  nourris  à  la  nourriture  hachée. 
IL  —  Alimentatio7i  du  gros  bétail. 

J'engraisse  environ  450  têtes  de  gros  bétail  par  année,  je  n'en  ai 
jamais  moins  que  180  à  l'écurie,  200  quelquefois.  Je  les  achète  on 
Franche-Comté  ou  dans  la  Mayenne,  je  les  vends  au  marché  de  Lille 
ou  de  Bruxelles.  Ils  coûtent  maigres  environ  0  fr.  86  le  kilog.  vivant, 
et  après  cent-dix  à  cent-vingt  j,oursd'établage,  ils  sont  vendiss  1  fr.  05 
le  kilog.  vivant;  ils  augmentent  d'environ  160  à  170  kilog.  par  tête, 
pendant  leur  séjour  à  l'étable.  Je  n'ai  point  de  moutons  parce  que  je 
n'ai  point  de  vaines  pâtures  et  que  leur  fumier  ne  fait  pas  de  la  bo,nne 
betterave;  il  la  fait  grosse,  mais  de  mauvaise  qualité. 

Voici  la  compositian  de  la  ration  des  bêtevs  à  cornes  : 

Pulpe  de  betteraves 40  kilog.  à  12  fr.  les  1 ,000  kilog 0  fr.  480 

Tourteaux  mélangés,  lin,  œillette.... 4      —        2(0.        les  100  kilog 0        800 

Foiu  et  paille  haciiée 3—65        lesl,OQOk.,prixmoyen.  0        195 

1        475 

La  nourriture  hachée  est  légèrement  arrosée  avec  l'eau  salée  et 
mélangée  comme  je  le  fais  pour  la  nourriture  des  chevaux.  Cette 
nourriture  est  mise  en  tas  et  n'est  donnée  que  douze'  heures  après  sa 
préparation . 

Mes  animaux  font  trois  repas  par  jour  et  mangent  conséquemiment 
leur  ration  en  trois  fois  et  par  tiers.  Je  fais  mélanger  aussi  tous  les 
aliments  dans  la  fourrière,  tourteaux  et  nourriture  hachée,  cela  oblige 
l'animal  à  chercher  ce  qu'il  préfère,  il  mange  moins  goulûment,  et 
cela  évite  les  gonflements  trop  fréquents. 

Mes  nourritures  hachées  reçoivent  une  préparation  préalable, 
c'est-à-dire  que  si  pour  le  cheval  je  recommande  de  couper  les  four- 
rages courts,  pour  le  bœuf  cela  ne  doit  pas  être  la  même  chose;  il 
faut  couper  à  une  longueur  de  0"'.02  à  0"*.03,  cela  oblige  l'animal  à 
manger  lentem-ent  et  lui  donne  le  moyen  de  ru-mi :>c'r,  ce  qui  est 
indispensable' à  toute  bonne  digestion.  Je  le  répète,  ih^  ntliments  trop 


NOTES   SUR  L'ENTRETIEN   DU  BÉTAIL.  211 

finement  hachés  ou  des  farineux  ou  tourteaux   trop  divisés  rendent 
l'animal  ballonné,  ce  qui  nuit  considérablement  à  l'engraissement. 
III.  —  Pansement  des  animaux. 

Les  animaux  soignés  dans  la  stabulalion  reçoivent  journellement, 
outre  l'alimenlation,  les  soins  pour  la  toilette.  Un  pansement  à  l'étrille 
et  à  la  brosse  a  lieu  tous  les  jours,  mais  au  moment  où  le  cheval  a  le 
poil  d'hiver,  je  le  fais  tondre  au  moyen  de  la  tondeuse  mécanique.  Je 
n'ai  qu'à  me  féliciter  de  cette  pratique.  Les  chevaux  avec  le  poil  long 
sont  souvent  sans  beaucoup  d'appéiit  ni  vigueur  et  restent  constamment 
couverts  de  transpirations,  ils  sont  sujets  aux  refroidissements  qui 
amènent  les  plus  graves  maladies. 

Aussitôt  tondus  et  après  un  lavage  copieux  à  l'eau  de  savon,  je  fais 
suivre  un  bouchonnage  vigoureux  pour  sécher  instantanément  l'animal. 
L'appétit  augmente  aussitôt,  le  cheval  redevient  gai  et  reprend  de  l'em- 
bonpoint au  milieu  des  plus  rudes  travaux.  Lorsque  je  tonds  le  cheval 
de  labour,  je  respecte  les  poils  du  paturon  pour  éviter  les  crevasses,  je 
ne  rase  pas  non  plus  aussi  près  les  parties  de  l'encolure  pour  éviter 
les  blessures  du  collier.  Le  tondage  présente  aussi  l'avantage  que  le 
pansement  du  cheval  est  possible  et  rapide. 

Je  fais  tondre  une  grande  partie  des  animaux  que  je  mets  en  graisse. 
Remplissant  souvent  mes  écuries  en  seplembre  ou  octobre  et  continuant 
jusqu'en  mars,  il  m'arrive  souvent  des  animaux  couverts  de  poils 
longs  et  frisés.  Sous  l'eifet  de  l'alimentation  qu'ils  reçoivent  et  de  la 
température  douce  de  l'écurie,  ils  sont  constamment  mouillés,  man- 
gent peu  et  ont  la  respiration  gênée.  Aussitôt  je  les  fais  tondre,  mais 
je  ne  prends  pas  aussi  près  que  pour  les  chevaux,  assez  cependant 
pour  soulager  l'animal  et  rendre  le  pansement  facile,  pas  trop  pour  le 
rendre  sensible  au  froid,  car  cette  sensibilité  nuirait  à  son  engrais.se- 
ment.  Aussitôt,  dis-je,  que  je  les  ai  fait  tondre,  ils  mangent  avec  appé- 
tit, deviennent  gais,  respirent  librement,  et  leurs  chairs  qui  étaient 
flasques  redeviennent  fermes. 

Mes  bœufs  sont  aussi  passés  à  l'étrille  et  au  gant  hygiénique  trois 
fois  la  semaine,  cela  est  très  utile. 

Il  est  à  remarquer  que  la  peau  de  l'animal,  qui  profite  bien,  se  cou- 
vre de  pellicules  et  que  la  chute  du  poil  provoquée  par  la  chaleur  de 
l'année  et  que  Ton  ne  fait  point  tomber  par  le  pansement  amène  des 
vermines  imperceptibles  qui  tourmentent  l'animal,  11  cherche  constam- 
ment à  se  frotter  où  il  agite  la  queue  comme  s'il  était  tourmenté  par 
les  mouches.  Le  mouvement  qu'il  se  donne  et  son  agitation  sont  au 
détriment  de  son  engraissement. 

J'ai  parlé  du  gant  hygiénique,  ce  n'est  autre  chose  qu'une  brosse 
très  énergique,  c'est-à-dire  un  gant  sans  doigts  dans  lequel  on  introduit 
la  main  et  dont  l'étoffe  est  de  la  vieille  carde  à  poils  métalliques  très 
fins  ayant  servi  pour  lepeignage  des  laines.  Ce  gant  qui  revient  à  30  cen- 
times, est  très  à  recommander.  G.  Decrombecque 

Agriculteur  à  Lens  (Pas-de-Calais). 

LA  PRIME  D'HONNEUR  DES  PYRENEES-ORIENTALES  ' 

Messieurs,  interprète  de  la  Commission  du  jury  qui  a  bien  vou'u  me  charo^er  de 
rendre  sa  pensée  sur  le  mérite  relatif  de  chaque  concurrent  pour  la  prime  d'hon- 
neur, je  viens,  non  pas  entrer  dans  une  description  complète  des  ferme:^,  descrip- 
tion  que  je  me  s'us  appliqué  à  é  ablir'  dans  un  rapport  à  M.  le  ministre,  mais 

1,  Extrait  du  rapport  lu  au  concours  régional  de  Perpignan. 


212  LA  PRIME  D'HONNEUR  DES  PYRÉNÉES-ORIENTALES. 

seulement  en  présenter  le  résumé  en  faisant  connaître  en  même  temps  les  régions 
où  elles  se  meuvent  afin  d'en  faire  mieux  saisir  les  conditions  économiques. 

Mais,  avant  d'entrer  en  matière,  permettez-moi,  messieurs,  au  nom  du  jury, 
de  rendre  hommage  à  M.  l'inspecteur  général  de  l'agriculture,  à  M.  du  Peyrat  qui 
a  présidé  à  nos  délibérations,  de  le  remercier  pour  cet  esprit  de  haute  équité,  cet 
amour  du  bien  qui  le  distinguent,  qualités  qui,  chez  lui,  s'allient  si  bien  à  de  très 
hautes  connaissances  en  agriculture. 

C'est  la  troisième  fois  depuis  l'institution  des  concours  que  le  jury,  chargé  de 
décerner  la  prime  d'honneur,  se  présente  devant  vous  : 

L'année  1862  a  marqué  pour  le  déparlement  des  Pyrénées-Orientales,  la  date 
de  cette  institution  si  féconde  en  résultats, 

M.  Guillier,  propriétaire  et  directeur  de  la  ferme-école  de  Germainville  dans  la 
plaine  de  Thuiret  Solers,  fut  le  premier  lauréat  de  la  prime  d'honneur. 

M.  Jules  Desprès,  propriétaire  du  domaine  des  Planes,  dans  les  montagnes  de 
Saint-Laurent-de-Gerdans,  que  nous  aurons  encore  l'occasion  de  visiter,  est  venu 
en  1870  recevoir  la  haute  récompense  méritée. 

Honneur  encore,  messieurs,  à  la  mémoire  de  M.  Guillier,  honneur  à  M.  Jules 
Desprès  ! 

Parmi  les  concurrents  qui  se  sont  présentés  cette  année  je  dois  nommer  : 
MM.  Casimir  Palmade,  Jean  Xatart,  François  Goste,  Vincent  Malègue,  Saturnin 
Alabert,  Jean  Denis  Haînaut,  propriétaires  ou  fermiers  d'élite  exploitant  des 
domaines  dans  les  arrondissements  de  Piades,  de  Geretet  de  Perpignan. 

C'est  donc  encore  dans  ces  régions,  comme  aux  deux  derniers  concours,  la 
montagne  qui  vient  le  disputer  à  la  plaine,  les  aspres  du  Tech  qui  se  mesurent  à 
la  fertile  vallée  delà  Tet  avec  des  chances  sérieuses  de  réussite  de  part  et  d'autre. 

^m  s  1". 

f^M.  Casimir  Palmade.  — M.  Casimir  Palmade  que  la  Commission  a  visité  dans 
la  commune  de  Viviers,  au  milieu  de  ces  montagnes  arides  et  désolées  du 
Fenouillet,  est  un  petit  propriétaire  qui  mène  quelques  champs  isolés,  disposés 
en  terrasses  et  qui  donne  l'exemple  du  reboisement  par  le  châtaignier  sur  des 
hauteurs  d'où  les  eaux  tombent  en  ravinant  le  fond  de  la  vallée. 

Le  jury  a  tenu  à  récompenser  de  tels  efforts  par  une  médaille  d'argent  grand 
module. 

Des  montagnes  du  Fenouillet,  le  jury  se  transporte  vers  la  région  montagneuse 
de  Prats-de-MoUo,  à  quebjues  kilomètres  de  l'Espagne,  à  l'entrée  du  Vallespir 
dont  les  deux  versants  vont  former  l'un  les  Albéres  et  l'autre  finir  au  (lanigou. 

Les  abords  de  Prats-de-Mollo  où  l'on  arrive  en  suivant  la  belle  route  que 
l'administration  a  fait  construire  et  en  remontant  le  Tech,  sont  marqués  sur  les 
versants  et  jusqu'à  une  certaine  hauteur  par  la  culture  du  châtaignier,  par  quelques 
champs  et  des  prairies  sur  les  bords  très  encaissés  du  Tech,  et  puis,  au  delà,  par 
des  montagnes  arides  au  haut  desquelles,  à  1,500,  à  2,000  et  2, 500  mètres,  pâturent 
les  troupeaux  de  la  commune  gratuitement  et  selon  les  franchises  accordées  en 
1 304  par  le  roi  d'Aragon. 

Le  mode  de  faire  valoir  le  plus  en  usage,  est  le  métayage  à  portions  de  fruits 
fixes  et  variables  de  bétail  entre  propriétaires  et  fermiers;  la  rente  fixe  est  insigni- 
fiante, les  baux  ont  lieu  verbalement;  les  pâturages  forment  les  9/10  de  l'étendue 
des  terres  cultivées  en  maïs,  seigle,  pommes  de  terre,  trèfle  incarnat  et  lupin  ;  les 
payements  se  font  ea  nature,  le  médecin  lui-même  est  payé  en  mesures  de  seigle. 

Rien  à  Prats-de-MoUo  n'annonce  ni  la  vie  active  des  champs,  ni  simplement 
l'aisance! 

Le  climat  de  ce  pays  est  rude  pour  la  culture  et  ses  habitants;  la  terre  est 
impossible  à  travailler  l'hiver!...  le  printemps,  l'été,  l'automne  doivent  suffire  aux 
travaux  des  champs....  et  la  grêle,  le  vent,  la  pluie,  détériorent  souvent  les 
récoltes. 

Pour  comble  de  douleur,  l'ouvrier  non  seulement  subit  l'intempérie  du  climat, 
mais  il  est  employé,  faute  de  chemins  d'exploitation,  à  porter  de  lourds  fardeaux, 
la  fumure  des  champs,  les  récoltes,  à  des  distances  quelquefois  considérables. 

L'ouvrier  proteste!  sa  préoccupation  est  d'abandonner  cet  état  misérable!  Il  a 
d'autres  idées  pour  ses  enfants;  il  les  lait  instruire,  il  les  détourne  de  la  carrière, 
recherche  des  emplois  p  ur  eux  et  en  atten  lant,  laissant  incultes  ses  champs,  va 
se  grouper  autour  de  la  vigne  dans  le  Roussillon. 

Que  dis-je?  le  métayer  lui-même  abandonne  à  un  moment  donné  sa  culture  pour 


LA  PRIME   d'honneur  DES  PYRÉNÉES-ORIENTALES.  2  !  :-^ 

aller  travailler  la  viune,  tandis  que  l'ouvrier  de  la  plaine  s'en   va  vers  la  ville  poui 
améliorer  sa  situation. 

Belle  et  grande  est  la  mission  du  cultivateur  qui,  donnant  l'exemple,  sait  s'asso- 
cier l'ouvrier  pour  faire  prospérer  Tagriculture  ! 

C'est  dans  cette  commune  et  au  milieu  de  ces  conditions  que  le  jury  avait  à 
visiter  les  fermes  de  M.  Xatart  et  de  M.  Coste,  les  deux  seuls  propriétaires,  peut- 
être,  menant  directement  leurs  terres. 

M-  Xatart.  —  La  ferme  de  M.  Xatart,  à  laquelle  on  arrive  par  un  sentier  des 
plus  ardus  et  accessibles  seulement  aux  piétons  et  aux  chevaux,  est  si  haut  située  en 
face  de  Prats-de-Moilo  et  de  l'autre  côté  du  Tech,  qu'à  mi-chemin,  on  aperçoit 
déjà  comme  dans  un  bas-fonds,  la  citadelle  élevée  du  fort  Lagarde. 

Nous  trouvons  là  des  plantations  de  châtaigniers  et  une  culture  extensive  basée 
sur  l'élevage  du  mouton  et  des  bêtes  bovines. 

La  culture  arable  y  est  soutenue  par  le  troupeau  qui  vit  de  l'herbe  naturelle  de 
ces  montagnes  et  de  quelques  fourrages  amassés  pour  l'hiver,  tandis  que  le  gros 
bétail  et  les  brebis  profitent  surtout  des  plantes  de  la  culture,  le  troupeau,  comme 
les  bœufs,  ayant  recours  l'été  à  la  transhumance.  Le  jury  a  rencontré  chez 
M.  Xatart  des  instruments  d'agriculture  et  des  pratiques  intelligentes  qu'on  ne 
rencontre  pas  toujours  dans  des  fermes  bien  autrement  favorisées  que  la  sienne; 
M.  Xatart  a  recours  à  la  charrue  Dombasle,  il  trie  à  la  main  et  renouvelle  ses 
semenc'js,  il  se  préoccupe  de  la  question  des  prés  dan-  ses  bas-fonds  sur  les 
bords  du  Ganadeil,  il  endigue  les  eaux  et  soutient  les  talus  à  l'aide  d'oseraies  et 
d'autres  plantations. 

Mais  sa   situation  est  bien  plus  désavantageuse  que  celle  de  M.  Coste. 

M.  Xatart  est  un  homme  intelligent  qui  aime  l'agriculture;  il  aime  le  bétail, 
mais  il  est  découragé  par  la  main-d'œuvre  rare  et  coûteuse  ;  la  lutte  pour  lui  est 
difficile  dans  ces  conditions. 

Le  jury  a  voulu  encore  récompenser  ce  concurrent  bien  digne  d'intérêt  et  lui 
attribuer  une  médaille  d'argent  grand  module. 

M.  Coste.  —  A  trois  kilomètres  de  Prats-de-Mollo,  entre  cette  commune  et  la 
station  balnéaire  de  la  Preste,  limite  du  territoire  français,  sur  le  versant  à  gauche 
du  Tech,  est  la  ferme  de  M.  François  Coste. 

Il  y  a  trente-cinq  ans  que  M.  Coste,  père  de  notre  concurrent,  et  berger  de 
profession,  venait  se  fixer  comme  fermier  aux  Escarousses. 

La  propriété  des  Escarousses,  située  sur  les  deux  versants  d'un  vallon  au  fond 
duquel  coule  la  Pardigola  qui  va  se  jeter  dans  le  Tech,  présentait  comme  bilan 
sur  ses  mille  hectares  d'étendue  :  15  hectares  de  terres  en  labour,  5  hectares  de 
mauvaises  prairies,  quelques  arbres  isolés,  et  tout  le  restant,  soit  980  hectares 
sur  1,000,  en  terres  vaines. 

La  fortune  de  M.  Coste  était  en  rapport  avec  le  milieu  où  il  amenait  sa  famille  : 
c'est  tout  au  plus  s'il  possédait  100  brebis  ou  moutons  et  2,000  ou  3,000  francs 
d'économie. 

Au  bout  de  quelques  années,  il  avait  réalisé  7,000  francs,  et  bientôt  de  simple 
fermier  devenait  propriétaire  du  domaine  et  de  deux  terres  annexes  moyennant 
50,000  francs  dont  il  payait  la  dernière  échéance  au  bout  de  vingt  ans,  peu  de 
temps  avant  sa  mort. 

Si  on  demande  aujourd'hui  comment  M.  Coste  père  a  pu,  en  si  peu  de  temps, 
acheter  les  Escarousses,  le  fils  vous  répond  qu'il  avait  une  profonde  connais- 
sance du  bétail,  que  la  culture  avait  été  le  moyen,  et  l'élève  du  i)étail,  le  but  final 
de  l'exploitation....  que  l'économie,  la  sobriété  et  un  dur  travail  avaient  fait 
le  reste!.... 

M.  François  Coste,  fidèle  aux  principes  qu'il  a  reçus,  va  redoubler  d'eflbrts 
désormais  avec  cette  obstination  de  l'homme  convaincu. 

Améliorer  encore  la  culture  de  son  père,  en  diminuer  les  frais  de  production, 
créer  des  ressources  fourragères  plus  grandes  par  de  nouveaux  gazonnements, 
une  nouvelle  création  de  prés  et,  au  fur  et  à  mesure  des  productions,  augmenter 
le  nombre  de  ses  bestiaux,  tel  est  son  programme  plus  accentué 

Il  établit  des  chemins  d'exploitation  qu'il  soutient  avec  des  pierres  extraites 
de  ses  défrichements  et  qui  ont  le  double  effet  utile  et  moral  de  supprimer  la 
hotte  et  les  transports  à  dos  d'hommes. 

Il  s'associe  des  colons  qui,  sous  le  nom  local  d'Astigaïres,  s'engagent  à  lui  four- 
des  journées  de  travail  en  échange  de  quelques  lopins  de  terre,  et  il  retieui  ain.'si 
l'ouvrier  sur  sa  ferme. 


2U  LA  PRIME  D  HONNEUR  DES  PYRENEES-ORIENTALES. 

Sa  culture  arable  prospère,  basée  sur  les  maïs,  les  courges,  les  fourrages 
d'hiver,  lupin  et  trèlle  incarnat,  les  pommes  de  terre,  le  blé  ou  le  seigle. 

Mais,  en  dehors  de  sa  culture  arable,  sur  cette  immense  étendue  de  terres 
vaines,  abruptes  et  rocailleuses,  il  fait  des  gazonnements  et  des  prairies,  il  plante 
des  châtaigniers  partout  où  c'est  possible  ! 

Quelques  mots  sur  les  gazonnements  et  les  prairies;  je  parlerai  ensuite  du 
bétail  : 

L'opération  des  gazonnements  consiste,  auxEscarousses,  dans  un  épierrement 
préalable  suivi  d'un  parcage  très  serré  et  d'un  léger  labour  auquel  on  confie  .une 
semence  de  seigle,  et  le  sol  s'enherbe  pour  longtemps;  il  ne  faut  rien  lui  deman- 
der de  plus  de  quinze  ou  vingt  ans. 

Notre  concurrent  se  glorifie  des  résultats  obtenus  par  cette  pratique.  Il  a 
200  hectares  de  gazonnements  ainsi  établis  en  partie  sur  des  lieux  presque  inac- 
cessibles et  dangereux  pour  le  bétail,  si  des  pierres  viennent  à  se  détacher  et  à 
rouler,  car  on  compte  plusieurs  moutons  précipités  ainsi  tous  les  ans,  et  en  partie 
établis  dans  le  voisinage  de  la  ferme  et  toujours  en  pente  assez  raide. 

La  création  d'une  prairie  n'est  pas  aussi  facile  aux  Escarousses,  que  dans  la 
plaine;  dans  la  plaine,  il  suuît  de  défoncer  un  sol,  de  le  fufmer,  de  le  semer,  les 
résultats  ne  tardent  pas  à  se  montrer;  aux  Escarousses  sur  les  bords  de  la  Par- 
digola  tumultueuse,  il  faut  tout  d'abord  songer  à  créer  le  soi. 

La  Pardigola  entraîne  de  gros  rochers;  il  faut,  pour  les  fixer,  planter  des  arbres 
dont  la  plupart  sont  souvent  déracinés;  en  planter  d'autres  dans  ce  cas,  et  ceux 
qui  ont  résisté  servent  d'abri  à  ces  derniers  ;  apporter  ensuite  -des  fumiers  et  des 
feuilles  pour  retenir  le  limon  dans  les  grandes  crues;  des  alluvions  se  forment 
autour  de  chaque  arbre  et  de  chaque  rocher  ;  on  sème  sur  ces  alluvions  qui  de 
proche  en  proche  se  réunissent,  s'exhaussent  et  finissent  par  former  une  prairie 
entremêlée  de  rochers,  peu  régulière  d'abord,  mais  qu'importe,  tout  finira  par  se 
niveler,  les  rochers  se  couvriront  de  végétation. 

On  fait  une  dérivation  à  la  Pardigola  ;  l'eau  arrive  abondante  et  tourmentée  par 
les  obstacles,  et  rien  n'est  beau-  à  voir,  à  certaines  époques,  comme  cette  eau 
rapide  qui  apparaît  et  disparaît  par  chutes  successives  au  milieu  Je  ces  prairies, 
comme  ces  jets  d'eau  qui  surgissent  de  partout,  tantôt  en  gerbes  étincelantes, 
tantôt  en  filets  d'eau  des  plus  modestes,  mais  nombreux  et  variés,  et  prenant  les 
formes  et  les  directions  les  plus  capricieuses.  Et  c'est  ainsi  qu'aubout  de  quatre  ou 
cinq  ans  une  telle  prairie  fournit  uu  pâturage  abondant  et  des  coupes  importantes . 

(Euvre  de  patience,  dans  un  pays  pauvre,  et  à  donner  comme  exemple  de  ce 
que  peut  le  travail!  M.  Goste  a  su  créer  de  cette  manière  dix -huit  hectares  de 
prairies. 

Sur  la  culture  arable,  sur  ces  gazonnements,  sur  ces  prés,  sur  les  terres  vaines, 
M.  Goste  entretient  en  moyenne  50  têtes  de  gros  bétail,  bœufs,  juments,  mulets, 
vaches  et  taureaux,  800  brebis  ou  moutons. 

Les  troupeaux  des  Escarousses  ne  vont  plus  en  transhumance  l'hiver  dans  le 
Roussilion,  chose  fort  coûteuse  ;  la  transhumance  d'été  est  seule  conservée  pour 
l'hygiène  des  animaux. 

Les  brebis  et  les  moutons  parquent  les  terres  ;  les  moutons  doivent  se  conten- 
ter surtout  des  gazonnements  élevés  ;  les  brebis,  les  bêtes  bovines,  les  juments, 
les  mulets,  auront  pour  eux  les  gazonnements  plus  rapprochés,  le  trèfle  incarnat, 
les  lupins  et  les  bons  pâturages  des  prairies,  et  puis,  quand  viendra  l'hiver,  tous 
auront  droit  au  râtelier  avec  une  qualité  de  fourrage  proportionnée  à  leur  état. 

Il  résulte  de  cela  une  harmonie  heureuse  dans  la  distribution  de  la  nourriture, 
une  harmonie  qui  indique  que  le  bétail  est  soumis  à  une  sorte  d'assolement  bien 
entendu. 

La  race  bovine  de  M.  Goste  n'est  pas  de  haute  taille,  elle  est  sobre  et  robuste, 
et  ce  sont  là  des  qualités  essentielles,  celles  pour  lesquelles  notre  concurrent  la 
fait  naître  et  prospérer. 

Sa  conformation  pour  le  travail  s'allie  cependant  dans  une  certaine  mesure,  à 
une  conformation  propre  à  l'engraissement  :  sa  poitrine  est  large,  ses  reins  sont 
droits  ;  cette  rectitude  des  reins  est  une  excellente  qualité  en  ce  qu'elle  facilite 
la  locomotion  chez  les  bêtes  de  travail,  comme  elle  devient  primordiale  pour  la 
bête  d'engrais  en  ce  qu'elle  accuse  presque  toujours  la  forme  cylindrique  de 
l'animal. 

Sa  peau,  malgré  le  climaL,  le  manque  pas  de  finesse,  ses  épaules  sont  d'une 
obliquité  assez  prononcée,  ses  cornes  bien  faites  pour  le  travail. 


LA    PRIME   D'HONNEUR  DES  PYRÉNÉES-ORIENTALES.  215 

Quant  aux  qualités  laitières,  il  ne  faut  pas  les  lui  demamler,  sa  réponse  se  ferait 
attendre  comme  le  lait  assez  rare  qu'elle  donne. 

M.  Goste  poursuit  l'amélioration  de  cette  sous-race  du  Roussillon  que  recher- 
chent le  Gonflaus,  le  Gapcir,  la  Gerdagne.  Il  agit  par  voie  de  sélection  et  fait  in- 
tervenir le  sang  étranger. 

Une  vache  achetée  a  la  Preste,  et  qui  sera  un  jour  légendaire  aux  Escarousses, 
a  marqué  il  y  a  trente  ans  la- première  amélioration  du  bétail. 

La  race  chevaline  est  rustique  ;  elle  est,  comme  les  bœufs,  d'une  taille  moyenne 
et  assez  développée  dans  ses  membres.  Ge  n'est  pas  cette  race  de  la  Gerdagne 
améhorée  par  le  sang  normand,  et  que  l'Espagne  enlève  en  grande  partie  à  nos  re- 
montes par  voie  de  maquignonnage  en  achetant  les  produits  dès  leur  jeunesse;  mais 
elle  est  tout  aussi  bien  qu'elle  formée  à  la  vie  sauvage  et  à  ces  privations  qui  font 
le  plus  souvent  sa  force,  et  on  voit  la  Gerdagne  venir  se  retremper  dans  cette  race 
des  montagnes  comme  à  une  source  de  Jouvence,  venir  à  côté  d'elle  pour  y 
puiser  cette  énergie  de  caractère  et  de  santé. 

Mais  l'élève  de  la  race  chevaUne  pour  la  production  du  mulet  à  Prats-de-Mollo, 
est  bien  plus  difhcile  que  celui  du  bœuf.  Il  faut  beaucoup  de  prudence  et  d'obser- 
vation pour  s'y  livrer.;,  il  a  fallu  beaucoup  de  persévérance  à  M.  Goste  ! 

Telle  est,  indiquée  à  grands  traits,  la  culture  de  notre  concurrent  dont  le  but 
final  est  l'exploitation  du  gros  bétail  amenée  par  l'améhoration  du  sol. 

Dans  les  montagnes  de  Prats-de-Mollo,  en  vain  voudrait-on  élever  les  grosses 
races  sans  le  secours  des  bêtes  ovines.  Il  faut,  pour  réussir,  y  subir  cette  chaîne 
dont  le  premier  anneau  commence  au  mouton  qui  se  contente  des  herbes  natu- 
relles ramassées  dans  le  voisinage  et  apportées  à  la  ferme  sous  forme  d'engrais, 
tout  en  payant  les  frais  de  garde  et  d'entretien  par  sa  laine  et  sa  viande.  —  Le 
mouton  séparé  des  agnelles,  n'est  vendu  qu'à  l'âge  de  3  ans,  c'est  un  usage  propre 
à  toute  la  montagne  et  qui  indique  bien  le  rôle  de  la  race  ovine  —  et  dont  le 
deuxième  anneau  est  représenté  par  l'amélioration  du  sol. 

Alors  seulement  on  peut  songer  à  l'élève  du  gros  bétail;  mais  cet  élevage  a  en- 
core des  lois  difficiles  à  franchir;  aller  au  delà  d'une  certaine  limite  dans  ces 
montagnes,  c'est  s'exposer  à  des  mécomptes. 

M.  Goste,  avec  une  sagacité  profonde,  a  depuis  longtemps  abandonné  la  voie 
dans  laquelle  s'obstinent  certains  cultivateurs  de  la  région.  Il  laisse  aux 
sols  plus  riches  le  soin  de  continuer  son  œuvre  et  d'achever  l'éducation  de  ses 
produits. 

Vendre  toujours  son  bétail  jeune,  faire  place  à  l'herbe  à  celui  qui  naît,  tels 
sont  les  principes  qu'il  observe. 

Les  marchands  viennent  le  trouver  ;  il  ne  va  plus  chez  eux  ou  sur  les  foires,  et 
entre  ses  prix  et  ceux  de  la  région,  il  y  a  aujourd'hui  toute  la  distance  de  l'offre  à 
la  demande. 

M.  Goste,  en  possession  d'une  très  belle  fortune,  nous  a  dit  et  cela  finit  de  dé- 
peindre la  région  que  nous  allons  quitter  : 

Si  nous  avions  suivi,  mon  père  et  moi,  V agriculture  du  pays  ;  si  nous  n'avions 
pas  fait  de  l'élève  du  béiail  ainsi  conduit  la  base  de  7ios  opérations,  je  serais  aujour- 
d'hui un  agriculteur  malheureux! 

LaGommission  a  accordé  à  M.  François  Goste  un  objet  d'art. 

Revenant  sur  nos  pas,  nous  rencontrons  bientôt  ces  plantations  d'arbres  que 
l'on  dirait  venir  au  devant  de  nous  pour  prendre  possession  des  terrains  au  détri- 
ment même  de  la  culture  pastorale  et  s'être  rassemblés  ici  comme  pour  témoigner 
de  la  puissance  forestière  des  sols  granitigues. 

On  y  voit  entremêlés  aux  châtaigniers,  le  pin,  le  bouleau,  le  platane,  l'orme  et 
une  foule  d'autres  essences  confondues  au  hasard  et  pas  toujours  selon  les  règles 
d'altitude  et  d'exposition  propres  à  chacune  d'elles. 

Le  poirier  et  le  pommier  sont  dans  le  fond  de  la  vallée  les  représentants  prirv- 
cipaux  des  arbres  à  fruits,  mais  le  figuier  n'y  mûrit  pas  plus  que  le  cerisier  greffé, 
moins  exigeant,  ne  donne  de  produits.  ] 

Nous  gravissons  le  versant  à  droite  du  Tech  qui  va  finir  au  cap  Gerbère,  séparant 
ainsi  la  France  de  l'Espagne. 

Lis  arbres  les  plus  variés  et  les  végétaux  les  plus  humbles  se  multipUent  sur  la 
chaîne  des  Albères  et  surtout  dans  les  environs  de  Saint-Laurent-de-Gerdans  ;  — 
l'œil  étonné  s'arrête  devant  cette  flore  resplendissante!.,.  Mais  nous  voici  chez 
M.  Desprès,  le  lauréat  de  la  prime  d'honneur  en  1870. 

[La  suite  prochainement.)  Emile  Mourbet. 


216  DROIT   KUK\L.   —  LA   PÈCHE  FLUVIALE. 

DROIT  RURAL.  -  PÊGIIE  FLUVIALE 

On  nous  demande  dans  quelles  conditions  la  pêche  ilottante  est  per- 
mise, et  ce  qu'il  faut  entendre  juridiquement  par  ligne  floltante. 
Rappelons  tout  d'abord  les  textes  relatifs  à  la  matière. 

Aux  termes  de  l'art.  5  de  la  loi  du  15  avril  4829  sur  la  pêche  flu- 
viale, tout  individu  qui  se  livrera  à  la  pêche  sur  les  fleuves  et  rivières 
navigables  ou  flottables,  canaux,  ruisseaux  ou  cours  d'eau  quelconques, 
sans  la  permission  de  celui  à  qui  le  droit  de  pêche  appartient,  sera 
condamné  à  .une  amende  de  20  francs  au  moins  et  de  100  francs  au 
plus,  indépendamment  des  dommages-intérêts. 

Ily  auralieu,en  outre,  à  la  restitution  du  prix  du  poisson  qui  aura  été 
péché  en  délit,  et  la  conliscation  des  tilets  et  engins  de  pêche  pourra 
être  prononcée. 

Néanmoins,  ajoute  l'article,  il  est  permis  à  tout  individu  de  pêcher 
à  la  ligne  flottante  tenue  à  la  main  dans  les  fleuves,  rivières  et  canaux 
désignés  dans  les  deux  premiers  paragraphes  de  l'art  1*%  le  temps  du 
frai  excepté  \ 

Ainsi,  la  pêche  à  la  ligne  est  permise  à  tout  le  monde,  sauf  le  temps 
du  frai,  dans  les  cours  d'eau  qui  dépendent  du  domaine  public;  mais 
elle  ne  l'est  pas  dans  les  autres  cours  d'eau  oii  le  droit  de  pêche  con- 
stitue une  propriété  privée. 

Il  n'est  pas  nécessaire  qu'on  stationne  sur  la  rive  elle-même  pour 
pouvoir  pêcher  à  la  ligne  flottante.  On  peut  à  cet  effet  monter  sur  un 
bateau,  attendu  que  la  loi  du  14  flor.  an  X  et  l'arrêté  interprétatif 
du  14  flor.  an  Xlll  permettent  d'une  manière  absolue  de  pêcher  dans 
les  rivières  navigables  avec  une  ligne  flottante  tenue  à  la  main,  sans 
distinguer  si  cette  espèce  de  pêche  a  lieu  en  se  tenant  sur  les  bords  des 
rivières  ou  sur  des  nacelles  (V.  Liège,  28  déc.  1835;  Dali.  V°  Pêche 
fluviale,  n"  92). 

Mais  il  faut  que  la  ligne  soit  flottante,  et  non  fixe. 

On  sait  qu'il  existe  trois  sortes  de  lignes  : 

1"  La  ligne  dormante  que  l'on  fixe  au  fond  de  l'eau  par  un  coips 
lourd  tel  qu'une  pierre,  et  qui,  posée  le  soir,  est  levée  le  matin; 

2"  La  ligne  voyante  qui,  lancée  par  le  pêcheur  sur  la  surface  de  l'eau, 
ne  fait  que  l'elfleurer  sans  jamais  s'immerger; 

3°  La  ligne  flottante  qui  est  garnie  de  grains  de  plomb  destinés  à  la 
rendre  plus  immergenle  dans  l'eau.  D'ordinaire,  ces  sortes  de  lignes 
sont  munies  d'un  flotteur,  mais  la  loi  n'exige  pas  qu'elles  en  soient 
munies. 

Le  législateur  n'a  donné  aucune  définition  de  la  ligne  flottante. 

La  Commission,  disait  M.  de  JMalleville,  dans  son  rapport  à  la  Cham- 
bre des  pairs,  n'a  pas  pensé  qu'il  convînt  de  placer  dans  la  loi,  comme 
on  le  proposait  dans  une  pétition  adressée  à  la  Chambre,  la  définition 
ou  la  description  de  la  ligne  flottante;  cette  description,  si  elle  est  né- 
cessaire, est  du  domaine  des  ordonnances. 

Or  aucune  ordonnance,  aucun  décret  réglementaire  n'est  intervenu 
depuis  la  promulgation  du  code  sur  la  pêche  fluviale  pour  déterminer 
ce  que  l'on  doit  entendre  par  ligne  flottante. 

1.  —  Art.  1".  Le  droit  de  pêche  sera  exercé  au  profit  de  l'Etat  : 

1"  Dans  tous  les  fleuves,  rivières,  canaux  et  contre-fossés  navigables  ou  flottables  avec  bateaux, 
trains  ou  radeaux,  et  dont  l'entretien  est  à  la  charge  de  lEtat  ou  de  ses  ayants  cause; 

'2° Dans  les  bras,  navig^.bles  ou  flottables,  dans  lesquels  on  peut  on  tout  temps  passer  et  pénétrer 
librement  en  bateau  de  pêcheur,  et  dont  l'entretien  est  également  à  la  charge  de  l'Etat. 


DROIT  RURAL.  •—  LA  PECHE  FLUVL\LE,  217 

Ce  qu'il  y  a  de  certain,  —  la  loi  le  dit  textuellement  —  c'est  qu'il  faut 
que  la  ligne  soit  tenue  à  la  main. 

On  a  jugé  que  le  fait  d'avoir  déposé  sa  ligne,  même  momentanément, 
sur  le  bord  de  la  rivière,  rend  le  pécheur  passible  de  l'application  de 
l'art.  5  de  la  loi  de  1829,  comme  coupable  de  la  contravention. 
(Bourses,  12oct.  -1839,  Dali.  loc.  cil.  n°  94.) 

En  l'absence  de  toute  définition  légale  delà  ligne  flottante,  les  tribu- 
naux sont  souverains  appréciateurs. 

La  régie  a  quelquefois  soutenu  que  l'art.  5  n'autorisait  que  la  pêche 
à  la  ligne  volante  et  assimilait  la  ligne  flottante  proprement  dite  à  la 
ligne  dormante.  C'était  aller  à  la  fois  contre  le  texte  de  la  loi  et  contre 
l'usage.  Aujourd'hui  elle  paraît,  au  contraire,  considérer  comme  seule 
permise  la  ligne  qui  est  munie  d'un  flotteur,  qui  est  rendue  mobile 
et  fugitive  par  le  mouvement  seul  de  l'eau. 

C'est  du  moins  ce  qu'elle  a  soutenu  dans  divers  procès,  notamment 
dans  une  affaire  Carraz.  (Besançon,  19  nov.  1856,  Dali.  57.  2.  156.) 
Il  existe,  disait  l'administration,  des  différences  capitales  entre  cette 
espèce  de  ligne  et  la  ligne  volante.  Cette  dernière,  en  effet,  n'est  pas 
munie  d'un  flotteur  ;  elle  ne  plonge  pas  dans  l'eau,  mais  elle  est  agitée 
à  la  surface  ;  elle  est  garnie  de  mouches  artificielles  ;  elle  capture  pour 
ainsi  dire  les  truites  et  les  perches  au  vol. 

On  répondait  au  nom  du  prévenu  que  le  terme  de  ligne  flottante 
dont  se  sert  l'art.  5  de  la  loi  du  15  avril  1829  doit  être  entendu  par 
opposition  à  celui  de  ligne  dormante  ou  de  fond;  que  la  ligne  dite 
volante  est  en  réalité  une  ligne  flottante,  puisque  l'appât  flotte  à  la 
surface  de  l'eau. 
La  cour  de  Besançon  a  consacré  ce  système. 

En  réalité,  il  est  vrai  de  dire  que,  dans  leur  sens  naturel,  les  mots 
ligue  flotlanie  indiquent  une  ligne  que  le  mouvement  seul  de  l'eau  rend 
mobile  et  fugitive,  et  qu'il  fout  que  le  pêcheur  ramène  sans  cesse 
à  lui. 

L'usage  constant  a  consacré  cette  interprétation.  Il  n'est  résulté  de 
l'usage  de  la  ligne  flottante,  ainsi  définie,  aucune  conséquence  de 
nature  à  faire  croire  que  l'intention  du  législateur  a  été  de  la  prohiber, 
soit  dans  un  intérêt  d'ordre  public,  soit  dans  l'intérêt  des  fermiers  de 
la  pêche,  lorsqu'elle  sera  garnie  de  quelques  grains  de  plomb  ajoutés 
au  poids  de  l'hameçon  pour  le  maintenir  perpendiculairement  au  liège 
ou  flotteur  ou  indicateur  à  une  profondeur  déterminée.  Il  suffit,  pour 
que  la  ligne  ne  cesse  pas  d'être  flottante,  qu'elle  soit  constamment 
soumise  au  mouvement  du  flot  et  du  courant  de  l'eau,  et  par  conséquent 
que  l'appât  ne  repose  pas  au  fond  et  n'y  reste  pas  immobile. 

La  loi  exige  seulement  que  le  pêcheur  tienne  à  la  main  la  canne 
destinée  à  rejeter  la  ligne  en  amont  toutes  les  fois  que  le  courant  l'a 
fait  flotter  en  aval  aune  trop  grande  distance. 

Décider  qu'une  ligne  n'est  flottante  que  lorsqu'elle  ne  flotte  qu'à  la 
superficie  de  feau  par  le  seul  poids  de  l'hameçon,  serait  donner  un 
sens  restrictifaux  expressions  de  l'art.  5,  etrendreillusoirelapermission 
de  pêcher  à  la  ligne  flottante  résultant  de  cet  article. 

Telle  est  la  jurisprudence  de  la  cour  de  Paris,  (Paris,  21  mai  1851, 
Dali.  52.  2.  54.) 

La  cour  de  Chambéry  est  allée  plus  loin  lorsqu'elle  a  jugé  que  la 
pêche  vulgairement  connue  sous  le  nom  de  pêche  à  la  cuillère  devait 


'218  DROIT  RURAL  —  LA   PÊCHE   FLUVIALE. 

être  considérée  comme  rentrant  dans  les  dispositions  de  l'art.  5  de  la 
loi  du  15  avril  1829. 

Le  tribunal  avait  dit  que  le  maniement  de  cet  engin  dépêche  se  fait 
en  bateau,  soit  en  le  tenant  à  la  main,  soit  en  l'attachant  au  bateau 
lui-même;  qu'il  est  armé  deplombs  pour  descendre  au  tond  de  l'eau; 
que  son  s('' jour  y  est  prolongé,  etqu'il  neflotte  pas  continuellement  ;  qu'il 
a,  en  outre,  pour  appendice  complémentaire  une  cuillère  en  métal  blanc, 
d'où  il  tire  son  nom^  et  dont  le  miroitement,  qui  sert  d'appât  trompeur 
au  poisson,  nepeutse  produire  que  parla  marche  incessante  uu  bateau; 
d'oi^i  suit  que  cet  engin,  qui  pour  sa  manœuvre,  exige  le  concours  d'un 
mode  particulier  de  locomotion,  ne  peut  être  assimilé  à  la  ligne  flottante 
à  la  main  de  l'homme  que  permet  exceptionnellement,  pour  la  pêche 
hors  du  frai,  l'art.  5  de  la  loi  de  1829. 

La  cour  a  réformé  cette  décision  par  les  motifs,  en  droit,  que  le  légis- 
lateur n'ayant  pas  défini  la  ligne  flottante,  il  s'en  est,  à  cet  égard,  rap- 
porté à  l'appréciation  des  tribunaux  qui,  dans  chaque  espèce,  doivent 
statuer  d'après  la  nature  et  les  caractères  des  engins  qui  leur  sont 
soumis;  que  d'après  le  langage  ordinaire,  une  ligne  est  réputée  flot- 
tante lorsqu'elle  est  tenue  à  la  main,  et,  qu'à  la  différence  de  la  ligne 
dormante  ou  cîe  fond  elle  demeure  soumise  au  mouvement  du  flot  et 
du  courant  de  l'eau;  en  fait,  par  le  motif  que  la  ligne  était  tenue  à  la 
main,  et  qu'il  ressort  de  l'examen  de  cette  ligne  que  le  morceau  de  mé- 
tal, en  forme  de  cuillère  destinée  à  servir  d'appât,  ne  peut,  sous  peine 
d'être  rendue  inefdcace,  reposer  au  fond  de  l'eau  et  y  rester  immobile; 
qu'il  peut  donc  être  considéré  comme  une  ligne  flottante. 

(Chaœbéry,  13  mai  1880,  le  Droit  du  2t  juin  1880).  —  (Cf.  dans  le  même  sens, 
Paris,  5  février  1862  Sir.  62,  1563;  Rouen,  P""  avril  1878  Journ.  criminel,  78. 
p.  331. —  Voy.  en   sens  contraire.    Trib.  Toul,   29  janvier  1879,  ibd.  79-131.) 

Tel  est  l'état  de  la  jurisprudence. 

Disons  en  terminant  qu'à  côté  et  au-dessus  de  ces  décisions,  il  peut 
y  avoir  des  arrêtés  préfectoraux  pris  en  conformité  du  décret  du 
10  août  1875  dont  l'art.  16  notamment  dispose  que  les  préfets  peuvent, 
après  avoir  pris  l'avisdes  Conseils  aiénéraux,  interdire,  par  des  arrêtés 
spéciaux,  les  engins,  procédés  ou  modes  de  pêche  de  nature  à  nuire  au 
repeuplement  des  cours  d'eau. 

Il  y  a  donc  lieu  avant  tout  de  s'y  conformer.  Ce  décret  n'a 
rien  ajouté  aux  dispositions  de  l'art.  5  de  la  loi  de  1829,  en  ce  qui 
touche  la  ligne  flottante.  Il  n'en  donne  aucune  interprétation;  il  apporte 
seulement  quelques  restrictions  relatives  aux  écluses,  barrages,  per- 
tuis,  vannages,  coursiers  d'usines  etparsages  ou  échelles  à  poissons. 
L'art.  1  5  interdit  de  pêcher  dans  ces  endroits,  ainsi  qu'à  une  distance 
moindre  de  30  mètres,  avec  tout  autre  engin  que  la  ligne  flottante, 

Eug.    PoiIILLET, 
Avocat  à  la  cour  de  Paris. 

LES  EXPERIENCES  D'ÉPRUNES 

Les  cultivateurs  se  préoccupent  de  plus  en  plus  des  avantages  que 
peuvent  présenter  dans  le  travail  de  la  moisson,  soit  les  moisson- 
neuses-lieuses, soit  les  lieuses  indépendantes..  Un  grand  nombre 
d'essais  de  ces  machines  viennent  d'avoir  lieu  :  nous  citerons  ceux 
de  Châteauroux,  de  Nogent-sur-Marne,  de  Vitry-le-François,  et  enfin 
d'Eprunes.    Nous  avons  assisté   aux   expériences  organisées   par   la. 


LES  EXPÉRIENCES   D'ÉPRUNES.  219 

Société  d'agriculture  deMelun,  sur  cette  dernière  fenue,  et  nous  allons 
en  rendre  compte  brièvement. 

Ces  expériences  ont  eu  lieu  le  jeudi  29  juillet,  sur  un  grand  champ 
de  blé  voisin  des  bâtiments  d'exploitation  de  la  ferme  d'Eprunes, 
habilement  dirigée  par  un  jeune  cultivateur,  M.  Delamarre,  digne 
successeur  d'un  homme  éminent,  M.  Dutfoy,  qui  remporta,  il  y  a 
vingt-trois  ans,  la  première  grande  prime  d'honneur  décernée  dans  le 
département  de  Seine-et-Marne.  Les  organisateurs  du  concours  avaient 
pris  les  mesures  nécessaires  pour  qu'on  pût  suivre  facilement  le  tra- 
vail de  toules  les  machines.  Celles  ci  étaient  au  nombre  de  six  :  deux 
moissonneuses-lieuses,  celles  de  Wood  et  d'Osborne;  deux  lieuses 
indépendantes,  celles  de  Decker  et  Mot  et  de  Dudouy;  deux  moisson- 
neuses ordinaires,  dont  l'une  à  deux  chevaux,  de  Osborne,  et  l'autre  à 
un  seul  cheval,  de  Johnston.  Tous  les  systèmes  de  machines  aujour- 
d'hui présentées  aux  agriculteurs,  étaient  ainsi  représentés  sur  le 
champ  du  concours. 

Celui  qui  a  vu  les  moissonneuses-lieuses  débuter  en  France,  en 
1 877  et  1 878,  ne  reconnaît  plus  aujourd'hui  ces  machines,  surtout 
quand  il  les  voit  au  travail.  Celui-ci  est  beaucoup  plus  parfait  et 
surtout  plus  régulier.  Des  deux  moissonneuses-lieuses  qui  ont  fonc- 
tionné àEprunes,  celle  de  Wood  (%.  14),  amenée  parM.  Pilter,  présente 
un  avantage  très  apprécié  des  agriculteurs  ;  elle  lie  avec  de  la  ficelle;  les 
inconvénients  de  la  présence  du  fil  de  fer  dans  les  bottes  de  paille 
sont  ainsi  évités.  Tout  le  mécanisme  du  liage  est  recouvert  par  une 
sorte  de  voûte  en  tôle  qui  met  les  gerbes  à  l'abri  du  vent.  Celles-ci, 
serrées  très  régulièrement,  sortent  par  le  côté  et  tombent  doucement  sur 
le  sol.  Deux  chevaux  conduisaient  la  machine. 

L'attelage  de  la  moissonneuse-lieuse  de  Osborne  "était  composée  de 
trois  chevaux.  Le  liage  se  fait  avec  du  fil  de  fer;  il  est  régulier.  Le 
Journal  a  déjà  publié  la  description  de  cette  machine  ;  nous  n'y  insis- 
terons donc  pas  davantage.  Nous  ferons  toutefois  une  remarque,  c'est 
que  la  gerbe  liée  se  sépare  parfois  assez  difficilement,  sur  la  table  de 
l'appareil,  au  moment  de  tomber  par  terre,  de  celle  dont  le  liage  se 
poursuit.  Il  faut  aussi  ajouter  que  le  champ  présentait  une  végétation 
régulière,  très  propre,  et  par  conséquent  propice  au  travail  des  lieuses. 

La  moissonneuse  ordinaire  à  deux  chevaux,  de  Osborne,  avec  appa- 
reil javeleur,  a  très  bien  marché;  c'est  d'ailleurs  une  des  machines 
estimées.  Nous  en  dirons  autant  de  la  moissonneuse  à  un  cheval,  de 
Johnston.  Cette  machine,  que  représente  la  fig.  15,  qui  coupe  sur  une 
largeur  de  1™.20,  a  frappé  par  la  régularité  de  son  travail  et  par  la 
bonne  exécutioji  des  javelles,  un  grand  nombre  des  agriculteurs  pré- 
sents aux  expériences. 

Le  principal  attrait  des  expériences  était  dans  le  travail  des  lieuses 
indépendantes.  Nous  avons  dit  que  deux  lieuses  étaient  en  présence  : 
celle  de  MM.  Decker  et  Mot,  et  celle  de  M.  Dudouy.  Malheureusement, 
deux  pièces  de  la  première  avaient  été  brisées  pendant  le  transport; 
on  avait  dû  les  remplacer  par  des  surmoulages  faits  à  la  hâte;  ceux-ci 
n'ont  pas  bien  tenu,  et  l'appareil  n'a  pas  pu  donner  la  mesure  de  son 
travail.  Nous  en  avons  publié  la  description  récemment  (voir  le  Journal 
du  15  mai  dernier,  t.  II  de  1880,  p.  263).  — Restait  la  lieuse  Du- 
douy. Cette  machine,  dont  nous  donnerons  prochainement  la  descrip- 
tion détaillée,  présente  une  construction    très   soignée.  Elle  consiste 


LES  EXPÉRIENCES  D'ÉPRUNES. 


essentiellement  en  un  b;\li  à  la  partie  inférieure  duquel  deux  axes 
parallèles  portent  des  dents  disposées  en  étoiles  qui  saisissent  sur 
le  sol  les  tiges  coupées  et  les  font  moiiter  entre  deux  rangées  de 
tringles  parallèles.  Lorsque  Je  conducteur  monté  sur  le  siège  juge  que 

il  fait  mouvoir  avec  une  pédale 


les  tiges  sont  en  nombre  siiiTisant 


l'appareil  lieur,  qui  les  saisit,  et  après,  avoir  fait  la  ligature,  rejette 
lagerbe  liée  sur  un  tablier  d!où  elle  tombe  sur  le  sol.  Le  mécanisme 
fonctionne  régulièreçQent;  les  bottes  sont  bien  faites.  Mais  quelques 
inconvenienlspeuvent.se  produire,  quand  la  récolte  ;  est.  très  mûre; 
en  eff  M,  les  bottes  sont  rejetees  un  peu  brusquemei^t;  par  rappareil- 
Heur,  le  tablier  incliné  qui  les  reçoit  est.  un.  peu  coiirt.  Mais  hâtons.- 
nous  dédire  que  ce  sojit  de  légères  imperfections  auxquelles  il  est 
açile  de  i^médier,  et  que   certainement,  à  la  prochaine  campagne, 


LES  EXPERIENCES   D'ÉPRUNES. 


221 


la  lieuse  se  présentera  avec  toutes  les  qualités  qu'on  peut  lui 
demander.  Elle  fait  environ  20  gerbes  par  minute.  Un  couteau  spé- 
cial force  l'ouvrier  délieur  à  couper  et  orilevçr  en  même  temps  tout  le 


fil  de  fer  constituant  le  lien.  M.  Dudouy  travaille  à  appliquer  le 
même  système  au  liage  des  bottes  de  paille,  à  l'engrenage  dans  les 
batteuses,  ainsi  qu'au  ramassage  des  fourrages. 

Les  expériences  d'Eprunes  avaient  attiré  une  très  grande  affluence 
d'agriculteurs.  Avec  eux,  et  suivant  avec  un  égal  intérêt  toutes  les  pé- 
ripéties des  expériences,  étaient  venus  des  hommes  d'Etat  et  des  admi- 


222  LES   EXPÉRIENCES  D'ÉPRUNES. 

nistratenrs  désireux  de  s'initier  aux  perfectionnements  de  la  mécanique 
rurale.  Nous  devons  citer  M.  Léon  Say,  président  du  Sénat;  M.  Cocliery, 
ministre  des  postes  et  télégraphes,  et  ministre  par  intérim  de  l'agricul- 
ture et  du  commerce  ;  M.  Oscar  deLafayette,  sénateur  ;  M.  le  comte Fou- 
clier  de  Careil,  sénateur  et  président  de  la  Société  nationale  d'encoura- 
gement à  l'agriculture;  M.  le  comte  Horace  de  Choiseul,  M.  Léon 
Renault,  députés;  M.  Tisserand,  directeur  de  l'agriculture;  M.  Challot, 
chef  de  division  au  ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce; 
M.  Pallain,  directeur  du  contentieux  au  ministère  des  finances; 
M.  Chazal,  conseiller  général  de  Seine-et-Marne  et  caissier-payeur 
central  du  Trésor;  M.  Blavot,  président  du  conseil  de  préfecture  de 
Seine-et-Marne  et  secrétaire  de  la  Société  d'agriculture;  M.  Dutertre, 
directeur  de  l'Ecole  de  Grignon,  etc. 

Il  n'y  avait  pas  de  concours,  par -conséquent  pas  de  classement  à 
établir  entre  les  machines.  Mais  des  médailles,  mises  à  la  disposition 
de  la  Société  d'agriculture  de  Melun,  par  le  ministre  de  l'agriculture, 
ont  été  remises  par  M.  Cochery  aux  conducteurs  de  ces  machines,  de 
la  manière  suivante  :  médaille  de  vermeil,  au  conducteur  de  la  lieuse 
Dudouy;  médailles  d'argent,  ex  œquo,  aux  conducteurs  des  moisson- 
neuses-lieuses Woodet  Osborne;  médailles  de  bronze  aux  conducteurs 
de  la  lieuse  Decker  et  Mot  et  de  la  petite  moissonneuse  Johnston.  En 
outre,  une  médaille  d'argent  a  été  remise  à  M.  Delamarre,  fermier 
d'Eprunes,  en  souvenir  des  expériences.  A  la  suite  de  cette  distribution 
faite  sur  une  estrade  improvisée  sous  les  arbres,  et  après  quelques 
mots  de  remercîments  de  M.  Patinot,  préfet  de  Seine-et-Marne, 
M.  Léon  Say  s'est  exprimé  d;ms  les  termes  suivants  : 

«  L'agriculture,  a-t-il  dit,  a  traversé  dis  annnées  baauvai^es;  elles  seront  sui- 
vies, nous  sommes  déjà  en  droit  de  l'espérer,  d'années  meilleures.  Toutefois  la 
crise  actuelle  ne  tient  pas  seulement  à  des  accidents  passagers  ;  elle  est  en  partie 
causée  par  les  changements  considérables  qui  se  sont  produits  dans  les  rapports 
des  diverses  parties  du  monde  les  unes  avec  les  autres.  Les  pouvoirs  publics  ont 
donc  le  devoir  de  rechercher  des  remèdes  à  ce  qu'il  y  a  de  permanent  dans  la 
situation.  Il  faut,  selon  moi,  faciliter  toujours  davantage  la  consommation  des 
produits  agricoles  en  dégrevant  les  impôts  qui  y  font  obstacle  ;  multiplier  et 
rendre  moins  onéreux  les  moyens  de  transports,  afin  de  diminuer  vos  frais  de  pro- 
duction; il  faudrait  de  plus  reviser  ce  qui  dans  l'impôt  foncier  est  incompatible 
avec  les  charges  naturelles  qui  pèsent  aujourd'hui  sur  les  propriétés. 

«  On  vous  a  déjà  donné  une  satisfaction  sensible  en  ce  qui  concerne  les  impôts 
sur  les  produits  agricoles,  par  le  magnifique  dégrèvement  de  l'impôt  du  sucre  que 
les  Chambres  viennent  de  voter  sur  la  proposition  de  M.  le  ministre  des  finances. 
On  ne  pouvait  pas,  en  effet,  espérer  le  développement  de  production  d'une  denrée 
frappée  d'un  impôt  de  100  pour  100.  Quant  aux  moyens  de  transport,  on  s'occupe 
avec  activité  de  les  re.idre  plus  faciles  et  moins  coiiteux  ;  votre  Conseil  général  va 
réaliser  bientôt  sur  ce  point  un  progrès  considérable,  et  vous  aurez  dans  un  avenir 
prochain  de  nouvelles  et  de  sérieuses  satisfactions. 

«  Mais  ces  facilités  de  transport,  que  nous  cherchons  et  que  nous  ne  ces- 
serons pas  de  chercher  à  augmenter  encore,  ont  causé  indirectement  une  partie 
du  mal  dont  vous  souffrez  ;  ils  vous  ont  mis  en  concurrence  avec  l'univers  entier. 
Les  terres  d'Amérique  sont  devenues  comme  voisines  des  vôtres;  leurs  produits 
luttent  contre  les  vôtres  sur  tous  les  marchés  au  dedans  et  au  dehors.  Les  grands 
progrès,  surtout  lorsqu'ils  se  réalisent  avec  rapidité,  ont  leurs  inconvénients  à 
côté  de  leurs  immenses  avantages;  il  faut  apprécier  ceux-ci,  mais  il  faut  se  rendre 
compte  de  ceux-là  afin  d'y  trouver,  s'il  se  peut,  un  remède  ou  un  soulagement.  Je 
le  répète,  les  moyens  de  transport  doivent  devenir  de  plus  en  plus  faciles.  Il  y  a 
donc,  dans  ces  facilités  toujours  plus  grandes  que  nous  poursuivons  et  dans  l'in- 
térêt sincère  que  nous  portons  au  développement  de  notre  agriculture  nationale, 
une  contradiction  apparente  et  un  cercle  vicieux  dont  il  faut  sortir. 


LES   EXPERIKNCES   D'ÉPKUNES.  223 

«  Peut-être  en  sortirait-on  en  s'attaquant  à  l'impôt  foncier  qui  frappe  la  terre 
d'une  sorte  de  dîne,  diminue  sa  valeur  d'une  manière  factice  tout  en  rehaussant 
d'autant  le  prix  des  fermages.  Il  y  a  là  un  problème  à  étudier,  et  je  ne  me  dissi- 
mule pas  qu'il  est  délicat  à  résoudre.  Il  ne  s'ag-it  pas  seulement  du  principal  de 
l'impôt  foncier,  qui  entre  dans  les  caisses  du  Trésor,  et  auquel  le  Trésor,  dans 
une  période  de  prospérités  et  de  dégrèvements  comme  celle  où  nous  sommes, 
pourrait  renoncer,  sinon  en  totalité  au  moins  dans  des  proportions  considérables  ; 
il  s'agit  encore  des  centimes  qui  alimentent  les  budgets  municipaux  et  départe- 
mentaux. Depuis  quarante  ans  les  centimes  n'ont  fait  que  s'accroître  ;  c'est  à  eux 
qu'on  s'adresse  pour  faire  face  à  des  dépenses  certainement  très  utiles,  indispen- 
sables même,  comdfle  l'instruction  publique;  et  il  est  à  craindre  qu'on  ne  finisse 
par  en  abuser.  Le  plus  souvent,  en  effet,  ils  dépassent  aujourd'hui  le  principal. 
De  là  vient  la  difficulté  pratique  du  problème  ;  mais  s'il  y  a  difficulté,  il  n'y  a  pas 
impossibilité.  Le  ministère  des  finances  a  commencé  depuis  déjà  plus  d'une  année 
un  travail  qui  permettrait  de  séparer  l'impôt  urbain  de  l'impôt  rural,  et  qui  ré- 
duirait à  environ  ]  -20  millions  de  francs  les  sommes  sur  lesquelles  il  y  aurait  lieu 
d'agir.  Quand  on  a  vu  en  une  seule  année  réaliser  près  de  180  millions  de  dégrè- 
vements, faut-il  traiter  d'utopie  l'étude  de  dégrèvements  qui  porteraient  sur 
120  milbons? 

«  On  ne  peut  y  réussir,  sans  compromettre  les  budgets  municipaux  et  départe- 
mentaux, qu'en  prenant  sur  les  impôts  indirects  de  l'Etat  une  partie  de  la  charge 
qui  pèse  sur  l'imjiôt  direct  communal  et  départemental. 

«  Ici  encore  on  se  heurte  contre  la  difficulté  dont  j'ai  parlé  en  commençant,  à 
savoir  le  risque  de  maintenir  à  un  taux  élevé  le  prix  des  choses  et  d'arrêter  ou 
d'entraver  le  progrès  de  la  consommation  ;  mais  on  se  heurte  aussi  à  ce  que  je 
considère  comme  un  préjugé  du  parti  libéral  et  républicain,  préjugé  qui  s'ex- 
plique par  son  histoire,  préjugé  qui  avait  autrefois  sa  raison  d'être,  mais  qui  est 
devenu  un  véritable  anachronisme.  Ce  parti  croyait  qu'il  n'y  avait  pas  à  ménager 
l'impôt  direct.  A  une  époque  où  les  moyens  manquaient  pour  contrôler  et  conte- 
nir d'une  manière  efficace  la  marche  du  gouvernement,  il  voulait  le  forcer  à  faire 
sentir  le  poids  de  l'impôt  parce  que  c'était  la  seule  manière  de  lui  imposer  un 
frein.  Les  économistes  qui  se  proposaient  surtout  la  diminution  des  dépenses 
n'avaient  d'autre  moyen  pour  l'obtenir  que  de  rendre  plus  difficile  l'accroissement 
des  recettes  ;  aussi  cet  accroissement  des  recettes,  voulaient-ils  qu'on  le  deman  !àt 
très  directement  aux  populations.  Mais  il  ne  faut  pas  confondre  un  procédé  de 
tactique  avec  un  principe  constant.  Les  temps  sont  changés.  Nous  avons  dans  la 
République  un  gouvernement  qui  est  la  nation  elle-même,  dont  les  intérêts,  dé- 
gagés de  toute  préoccupation  de  personne  et  de  dynastie,  se  confondent  avec  ceux 
du  pays.  Dans  ces  conditions  nouvelles  et  qui  doivent  être  bienfaisantes,  l'exagé- 
ration de  l'impôt  foncier  n"a  plus  aucune  raison  d'être;  elle  constitue  un  préjugé 
routinier;  elle  agit  comme  une  confiscation  de  la  terre;  il  faut  donc  y  renoncer. 
Sans  doute,  en  i871,  on  aurait  pu  s'adresser  temporairement  à  cette  ressource; 
mais  en  1880,  dans  une  période  de  dégrèvements  qui  portent  sur  des  chiffres  si 
considérables,  le  jour  est  venu  de  dégrever  l'impôt  direct.  Le  seul  but  qu'on 
doive  se  proposer  est  de  prélever  l'impôt  de  la  façon  la  moins  lourde,  la  moins 
gênante,  la  moins  onéreuse  pour  les  })opulations  ;  et,  comme  vous  avez  à  subir 
des  concurrences  nouvelles,  c'est  à  l'Etat  qu'il  appartient  de  rétablir  l'équilibre 
entre  vos  concurrents  et  vous  par  tous  les  sacrifices  qui  sont  compatibles  avec  sa 
situation  financière . 

«  Soyez  sûrs  que  les  pouvoirs  pubHcs,  que  le  gouvernement  qui  est  aujourd'hui 
représenté  par  no^  amis  politiques,  par  des  républicains  éclairés  et  soucieux  de 
vos  besoins,  auront  toujours  à  cœur  de  réaliser  les  progrès  et  les  réformes  que 
rend  nécessaires  la  situation  actuelle  de  l'agriculture,  et  que  la  prospérité  de  nos 
finances  rend  possibles.  » 

M.  Cochery  a  insisté,  de  son  côté,  sur  la  sollicitude  du  gouverne- 
ment pour  l'agriculture  et  sur  les  préoccupations  que  lui  inspire  l'in- 
térêt des  classes  rurales.  -(  Ce  que  nous  avons  fait^  ajoute-t-il,  est  la 
garantie  de  ce  que  nous  ferons- encore,  w 

Nous  n'ajouterons  qu'une  observation.  Il  y  a  encore  peu  d'années, 
dans  les  expériences  du  genre  de  celles  d'Eprunes,  quand  une  avarie 
survenait  à  une  machine  ou  qu'une  cause  quelconque  en  arrêtait  la 
marche,  on  entendait  beaucoup  des  cultivateurs  présents  se  livrer  à 


224  LES   EXPERIENCES   D  EPRUNES. 

des  plaisanteries  ou  à  des  quolibets  montrant  le  peu  de  confiance  que 
leur  inspiraient  ces  engins.  Il  n'en  est  plus  de  même  aujourd'hui; 
quand  un  accident  se  produit,  on  cherclie  à  s'en  expliquer  la  cause  et 
à  indiquer  par  ([uels  moyens  on  pourrait  l'éviter;  c'est  avec  sympa- 
thie que  môme  les  plus  humbles  suivent  la  marche  des  machines.  II 
y  a  là  un  signe  sur  lequel  il  est  bon  d'insister,  parce  qu'il  signale  un 
revirement  dans  les  idées  et  la  disparition  des  anciens  préjugés. 

Henry  Sagmek. 

SUR  L'EMPLOI  DU  PLATRE  EN  AGRICULTURE 

Pendant  plusieurs  années  nous  avons  expérimenté,  à  la  Ferme-Ecole 
et  station  des  Hubaudières,  l'emploi  du  plâtre  appliqué,  notam- 
ment aux  luzernières.  L'ensemble  de  nos  observations  nous  a  per- 
mis de  poser  en  principe  les  deux  propositions  suivantes  énoncées 
dans  un  rapport  au  Conseil  général  d'Indre-et-Loire;  savoir  : 

l**  Le  plâtre  appliqué  en  automne  après  la  coupe  du  regain  ou  durant  l'hiver, 
détermine  pour  l'année  suivante  un  rendement  en  foin  sec  supérieur  à  celui  obtenu 
par  une  application  postérieure  reculée  au  printemps,  alors  que  la  végétation  her- 
bacée de  la  plante  couvre  le  sol. 

2°  Le  plâtre  n'agit  pas  par  son  action  sur  les  feuilles  humides. 

Aussi  avons-nous  lu  avec  un  vif  intérêt,  un  article  sur  ce  même 
sujet  publié  dans  un  journal  de  Vienne  {Oesterreichisches  Landw.  Blatt.) 
du  3  juillet  dernier. 

Voici  la  traduction  littérale  de  cette  communication  : 

«  Du  plâtre-engrais  »  (Réponse  au  n"  227.)  J'ai  reconnu  d'expérience  que  le 
ce  plus  souvent  le  plâtrage  en  petite  quantité  pratiqué  en  automne,  vers  la  dernière 
«  pousse;  auprintem])s  et  vers  chaque  nouvelle  coupe,  est  plus  profitable  et  cela 
a  avec  75  hvres  l'arpent  d'Autriche  (Joch),  au  heu  de  SOOhvres  en  un  seul  plâtrage 
«  l'arpent. 

«  Dans  un  sol  où  se  trouve  déjà  le  calcaire  je  ne  crois  à  aucun  effet  particuher 
f  appréciable  du  plâtre.  En  tout  cas  les  apphcations  calcaires  agissent  favorable - 

«  ment  aussi  sur  les  récoltes  subséquentes »  Baron  Schell. 

Kalladey  (Autriche). 

Delà  communication  dont  la  traduction  précède,  il  résulte  qu'une 
observation  suivie  a  démontré  en  Autriche,  l'augmentation  des  résultats 
par  les  plâtrages  partiels  à  chaque  couj)e  des  Légutninenses  ;  que 
d'autre  part  le  plâtrage  automnal  a  été  reconnu  aussi  favorable. 

Ceci  est  conforme  à  nos  propres  observations  et  essais.  Nous  devons 
faire  toutefois  toutes  les  réserves  nécessaires  sur  l'appréciation  de 
M.  le  baron  Schell,  au  sujet  de  l'action  du  plâtre  dans  les  terrains  cal- 
caires. 

Nous  avons,  en  effet,  obtenu,  en  contradiction  de  ces  observations, 
sur  nos  plateaux  calcaires  de  la  Touraine,  les  résultats  suivants  que 
nous  résumons  sous  forme  de  tableaux. 

Ces  expériences  ont  été  faites  en  1877  et  1878,  sur  deux  pièces  do 
terre  de  nature  géologique  différente,  emblavées  en  luzernes  et  n'ayant 
jamais  reçu  déplâtre  ;  dans  chaque  pièce,  trois  parcelles  d'un  hectare 
ont  été  plâtrées  à  la  dose  de  250  kilog.  à  l'hectare,  savoir  : 

L'hectare  n"  1,  plâtré  en  mars  1<S77  (n'a  rien  reçu  en  1878).  L'hectare  n»  2, 
plâtré  en  décembre  1877  (n'a  rien  reçu  en  1878).  L'hectare  n"  3  plâfré  en  mars 
1878.  L'hectare  n°  4  formant  témoin  n'a  rien  reçu  en  J 877  ni  en  18/8. 

T""  Champ  d'expérience.  —  Pièce  des  Courlis.  Luzerne  de  3  ans.  Sol 
silico-argileux  (diluvium  des  plateaux)^  aveq  15  pour  100  environ  de 


SUR  l'emploi   du  PLATRE   EN   AGRICULTURE.  225 

calcaire,   couche  arable  de  O'"30  d'épaisseur.  Sous-sol  calcaire.   Tuf 
mélangé    de   roches   fendillées,  quelquefois  apparentes  à  la  surface. 
Tous  les  chiffres  sont  rapportés  à  l'hectare  : 

§1     _____REND3IENTS____  Total  des  deux 
desjîau^ages.       î  g    <■'''  eonpe  28  juin  4878    2'-^pe  .3iUuillçl_IS78       1_^' coiipes.  3e  coupe. 

^2     En  vci-t    hu  fu.n      En  v  ri    En  foui   K"  vuri     En  foin 

En  Mars  1877....  1  10,500  3,:00  6,000  2,650  16, .500  5,950  Livrée  au  pâturage.  Les 
EnDécemlirel877  2  13,000  3,900  10,100  3,950  23,(00  6,950  dillerences  de  rendement  en- 
En  Mars  1878. . ..  3  11,600  3,700  7.300  2,800  18,900  6,500  frêles  parce  les  saccusaient 
Rien 4  5 .600  1,850  4,U00  1,300  9,600  3,1.50  portions.''"     ''"'"''  P"""' 

d'où  résulte  un  avantage,  en  faveur  du  plâtrage  automnal,  1877-78  de 
6,950  k.  — 6,500  k.  foin  sec  par  hectare,  soit  450  k. 

2"  Chanip  d'expérience.  —  Pièce  de  la  Croix-Blanche.  Luzerne  de 
5  ans,  sol  argilo-calcaire  avec  10  pour  100  de  silice  environ,  couche 
arable  0"'30  d'épaisseur;  sous-sol  calcaire;  tuf  mélangé  de  roches  fen- 
dillées non  apparentes  à  la  surface  : 

j,       HENDEMEXTS 

Enonne  °  ' ■- ■'~- -"«— Total  des  "i  coupes. 

A^c     i-?.,o    „,  1      1"' coupe  20  julmsTS.     2"  coupe  3  auùH87S.    -■ — — — - — — 3^  couoe 

des  plâtrages.  i '_^ — 41^ _,  En  vert.     En  foin.  coupe. 

'■^-     Enve.l.  Eii  lom.     En  vert.  En    loin. 

Fn  ^;ars  1877 1  9,0:0  3,405  7,110  2,600  1G,150  6,065         Livrée  au  r  à  tu - 

En  Décembre  1877.  2  14,400  1030  11,200  4,300  25,530  10,330  rage,  même  dilfé- 

En  Mars  1877 3  12,520  5,125  9,000  3,270  21.520  8,365  rence  entre  les  zô- 

Rien 4  6,150  2,715  4,300  1,535  10,450  4,250  ne  d'expérience. 

d'où  résulte  un  avantage  en  faveur  du  plâtrage  automnal,  en  1877-78, 
de  :  10,330  —  8,395  ou  1 ,935  k.  foin  sec  par  hectare. 

Nota.  La  proportion  comparative  de  foin  sec  obtenu  dans  cette  der- 
ère  pièce  eu  égard  au  poids  en  vert,  tient  à  ce  fait  que  les  coupes 
ns  ce  champ  ont  été  faites  un  peu  tard  par  rapport  à  la  maturité  de 
luzerne. 

Nous  ajouterons  que  d'autres  essais  faits  avec  le  même  soin  en 
7  8-79,  nous  ont  donné  des  résultats  absolument  conformei  et  même 
us  accentués,  l'exercice  météorologique  agricole  1879-80  ayant  été 
us  pluvieux  que  le  précédent.  V.  Nanquette. 

Correspondant  de  la  Société  nationale  d'agriculture. 

LE  CONCOURS  DE  GARLISLE  -  II 

En  1855,  le  total  affecté  aux  prix  à  décerner  au  premier  concours  de 
Carlisle,  se  montait  à  une  somme  d'environ  50,000  fr.,  divisée  comme 
suit  :  Chevaux  8,750  fr.  Bétail  18,000  fr.  Races  ovines  1 1,150  fr.  Ra- 
ces porcines  1,800  fr.  Volailles  2,800  fr.,  et  les  machines  8,000  fr. 

Au  concours  qui  vient  d'avoir  lieu,  bien  qu'il  n'y  eût  aucun  prix 
offert  ni  pour  le  concours  des  volailles  dont  l'exposition  a  été  suppri- 
mée, ni  pour  les  instruments  pour  lesquels  il  n'y  avait  que  quelques 
médailles  offertes  pour  les  nouvelles  inventions  et  perfectionnements 
remarquables,  la  somme  totale  des  prix  offerts  se  montait  à  1  43,000fr. , 
ainsi  répartis  :  pour  les  chevaux  53,125  fr.  Bétail  54,500  fr.  Races 
ovines  26,800  fr.  Espèce  porcine  7,575  fr.;  et  le  beurre,  seul  produit 
concurrent,  1,000  fr. 

Cette  simple  comparaison  donne  une  idée  du  progrès  immense 
accompli  dans  l'importance  du  développement  et  de  l'influence  de  cette 


226  LE  CONCOURS  DE  CARLISLE. 

grande  société  dont  l'existence  et  l'action  ne  reposent  que  sur  son  ini- 
tiative privée^,  sans  que  le  gouvernement  s'en  inquiète  autrement  que 
pour  la  consulter  toutes  les  fois  qu'une  question  d'intérêt  public  ayant 
trait  à  l'agriculture  est  soulevée  dans  les  débats  parlementaires. 

Maintenant  que  les  cliitTres  ci-dessus  nous  ont  fourni  les  moyens  de 
mesurer  le  chemin  parcouru  dans  un  quart  de  siècle  d'existence  de  la 
Société  Royale  en  ce  qui  concerne  sa  puissance  d'action,  voyons  d'un 
autre  côté  quel  est  le  progrès  accompli  en  ce  qui  regarde  l'appréciation 
du  monde  agricole,  et  l'empressement  manifesté  par  la  véritable  popu- 
lation rurale  pour  venir  jouir  du  magnifique  spectacle  qui  lui  est  offert 
chaque  année  par  cette  même  Société. 

En  1855,  le  nombre  des  visiteurs  fut  de  37, 583  et  le  montant  des  re- 
cettes s'éleva  à  92,1 60  francs.  — En  1 880,  le  nombre  des  visiteurs  a  été  de 
près  décent  mille  et  les  recettes  se  sont  montées  à  21  5,000.  fr.  Pour  bien 
saisir  l'énorme  différence  que  ces  chiffres  accusent  entre  les  deux  con- 
cours, il  est  bon  de  considérer  qu'en  1880,  le  temps  a  été  des  plus 
défavorables . 

Ceux  de  mes  lecteurs  qui  ont  assisté  au  concours  de  Kilburn, 
l'année  dernière,  peuvent  seuls  se  faire  une  idée  du  courage  et  de  l'en- 
thousiasme dont  il  faut  s'armer  pour  aller  patauger  dans  un  véritable 
cloaque  de  boue  et  se  faire  tremper  jusqu'aux  os  par  des  averses  impi- 
toyables pour  aller  voir  de  malheureux  animaux  transis,  dans  l'eau  jus- 
qu'aux jarrets,  ou  des  machines  abritées  sous  des  hangars  couverts  d'une 
simple  toile,  et  sous  lesquels  il  faut  ouvrir  son  parapluie. 

On  voit  quels  progrès  i'inlluence  de  la  Société  Royale  a  faits  sur 
l'esprit  de  la  population  agricole  depuis  vingt-cinq  ans,  puisqu'elle 
réussit  à  attirer  un  si  grand  nombre  de  visiteurs,  tous  agriculteurs, 
dans  des  circonstances  aussi  peu  favorables. 

Il  n'y  avait  point  de  concours  spéciaux  d'instruments,  ainsi  que  je 
l'ai  déjà  remarque.  Cependant  la  Société  Royale  s'était  réservé  de  don- 
ner quelques  médailles  aux  machines  et  instruments  nouveaux  ou  per- 
fectionnés qui  paraîtraient  au  jury,  nommé  à  cet  effet,  mériter  des  ré- 
compenses. A  cet  effet,  un  champ  d'expérience  avait  été  réservé  aux 
exposants  désireux  de  faire  examiner  le  mérite  de  leurs  instruments. 
En  outre,  les  grands  fabricants  tels  que  Howard,  Fowler,  Barford  et 
Perkins,  etc., avaient,  surleurpropreinitiativeetsous  leur  responsabilité 
iiidividuelle,  organisé  des  expériences  de  leurs  appareils,  dans  des 
champs  voisins  du  concours. 

Voici  les  instruments  et  machines  qui  ont  été  jugés  dignes  des  mé- 
dailles offertes  par  la  Société  Royale.  Cette  liste  a  son  utilité,  car  elle 
résume  les  progrès  accomplis  dans  l'art  mécanique  agricole  depuis  le 
dernier  concours  de  Kilburn. 

Médailles  cTargent  décernées  pnr  le  jury  spécial  des  instruments. 

MM.  Gr.  W.  Murray  de  Banff-Foundry,  pour  leur  planteur  de  pommes  de 
terre  à  2  rangs. 

MM.  John  Growley,  Meadon  Hall,  Sheffield,  pour  un  nouveau  manège. 

MM  Barford  et  Perkins,  de  Peterboroùgh,  pour  leur  appareil  de  culture  à 
vapeur  se  soulevant  automatiquement  hors  de  terre  au  bout  du  parcours,  appareil 
pouvant  s'appliquer  à  tous  les  systèmes  de  culture  à  vapeur. 

MM.  Charles  Burrell,  Fhetford,  pour  leur  appareil  universel  de  labourage  et  de 
traction  à  vapeur. 

MM,  Nalder  et  Nalder,  Wautage,  [pour  leur  élévateur  de  paille  attaché  aux 
batteuses. 


LE  CONCOURS   DR  CARLISLE.  227 

Médaille  d'argent  spéciale. 

MM.  J.  et  H.  Mac  Laren,  Leeds,  pour  leur  piocheuse  à  vapeur,  inventée  par 
M.  F.  G.  Darhy,  de  Glielmsford. 

Cette  récompense  spéciale  accordée  à  la  nouvelle  piocheuse  ne 
saurait  être  considérée  que  comme  un  encouragement  pour  un  appareil 
encore  informe  et,  dont  Teflicacité  est  loin  d'être  pratiquement 
démontrée.  La  Société  Royale  avait  offert  une  médaille  d'or  pour  un 
appareil  retournant  directeiuent  le  sol  en  se  mouvant  sur  la  surface,  et 
non  par  traction  au  moyen  de  câbles.  La  machine  inventée  par 
M.  Darby,  bien  que  construite  d'après  un  principe  fort  ingénieux,  n'a  pas 
semblé  assez  parfaite  pour  mériter  cette  récompense;  mais  comme 
expression  de  l'appréciation  du  jury,  on  lui  a  donné  une  médaille 
d'argent. 

Cette  nouvelle  apparition  d'un  appareil  de  culture  directe  est  assez 
curieuse.  Jusqu'à  présent,  depuis  l'informe  et  bruyant  appareil  de 
Boydell  —  opérant  sur  le  même  terrain  il  y  a  vingt-cinq  ans,  jusqu'à 
celui  de  Darby  —  le  meilleur  qu'on  ait  encore  vu,  aucun  n'a  réussi, 
et  il  est  impossible  d'affirmer  que  celui-ci  ait  encore  atteint  le 
caractère  d'utilité  pratique  indispensable  à  un  engin  de  culture. 
Comparé  au  travail  accompli  par  la  piocheuse  à  traction  de  MM.  Fowler, 
celui  de  l'appareil  Darby  est  infiniment  inférieur,  et  je  n'en  aurais  pas 
même  parlé  si  les  expériences  faites  avec  ces  deux  appareils  n'avaient 
donné  lieu  à  des  constatations  dynamométriques  fort  curieuses  et 
présentant  en  outre  un  grand  intérêt.  M.  Rich,  ingénieur  consultant 
de  la  Société  Royale,  a  constaté  que  la  piocheuse  Darby,  en  retournant 
le  sol  à  1 5  centimètres  de  profondeur  à  raison  de  50  ares  à  l'heure, 
dépense  28  chevaux  de  force  dont  16  sont  employés  au  mouvement  de 
marche  de  l'appareil  locomoteur  et  12  pour  le  piochage  du  sol.  D'un 
autre  côté,  l'appareil  de  Fowler,  armé  de  4  tiges  défonceuses  et  tiré  au 
moyen  d'un  câble  en  acier  par  une  machine  fixe  de  MM.  Burrell, 
défonçant  à  15  centimètres  et  à  raison  de  50  ares  à  l'heure,  dépen- 
sait une  force  de  44  3/4  chevaux-vapeur,  —  dont  18  1/4 
chevaux  pour  la  simple  traction  des  câbles  et  de  l'engin  hors  de 
terre,  ce  qui  donne  une  dépense  statique  de  26  1  /2  chevaux-vapeur 
pour  ie  aétunçage  du  soi. 

Ce  résultat  des  expériences  dynamométriques  est  remarquable  en 
ce  qu'il  démontre  une  différence  énorme  entre  la  force  nécessaire 
pour  défoncer  le  sol  à  1  5  centimètres  de  profondeur  et  à  raison  d'un 
demi  hectare  à  Theure,  par  la  machine  Darby  à  action  directe,  et  l'ap- 
pareil à  traction  de  Fowder,  la  première  ne  dépensant  que  1 2  chevaux- 
vapeur  et  le  second  en  employant  26  1/2,  plus  du  double.  La  cause 
de  cette  différence  en  faveur  du  travail  direct  est  sans  doute  le  résultat 
du  mouvement  en  arrière  des  tiges  défonceuses  de  l'appareil  Darby, 
lesquelles  aident  la  force  motrice  en  poussant  avant  1  appareil  loco- 
moteur. Mais  il  reste  encore  à  Lavoir  de  cet  appareil  un  avantage  con- 
sidérable, car  ce  mouvement  de  poussée  des  tiges  ne  peut  être  utile 
qu'à  la  traction,  laquelle  n'exige  que  1 6  chevaux  d'après  les  constata- 
tions dynamométriques. 

Dans  tous  les  cas,  pour  un  travail  et  un  temps  donnés,  il  existe  une 
différence  totale  de  près  de  17  chevaux-vapeur  en  faveur  de  l'appareil 
Darby,  ce  qui  est  énorme.  Maintenant  il  résulte  aussi    de  ces  expé- 


228  LE  CONCOURS  DE  CARLISLE. 

riences  comparatives  que  le  travail  fait  avec  l'appareil  Fowler  était 
infiniment  supérieur  à  celui  de  Tengin  Darby. 

-  Le  planteur  à  deux  rau^s  de  pommes  de  terre  de  M.  M.  Murray  a 
donné  beaucoup  de  satisfaction  à  ceux,  qui  l'ont  vu  fonctionner.  Là  oii  la 
culture  de  la  pomme  de  terre  se  fait  en  "rand,  cet  instrument  est  sans 
doute  appelé  à  rendre  de  très  grands  services. 

Notons  en  dernier  lieu  le  nouveau  système  de  lieuse  à  corde  de  chan- 
vre de  MM.  Burgess  et  fils.  La  façon  dont  se  fait  le  nœud  est  des  plus 
ingénieuses,  et  a  beaucoup  attiré  l'attention  des  hommes  pratiques. 

Il  serait  peu  intéressant  aux  lecteurs  de  ce  journal  de  me  voir  soule- 
ver la  question  personnelle  des  lauréats  qui  ont  remporté  les  prix  dans 
les  diverses  catégories  d'animaux.  Je  me  contenterai  donc  d'indiquer 
les  traits  les  plus  saillants  de  cette  exposition  dont  la  splendeur  et  la 
perfection  n'ont  jamais  été  surpassées. 

A  tout  seigneur  tout  honneur,  je  dois  commencer  par  la  classe  des 
Durhams   qui  ne  comprennent  pas  moins  de  98  têtes. 

Le  prix  d'honneur  de  l'espèce  bovine  a  été  remporté  par  un  taureau 
blanc  de  race  Durham  âgé  de  6  ans,  2  mois^  3  semaines  et  2  jours, 
et  se  réjouissant  du  nom  excentrique  et  hautement  fantaisiste  de  Duke 
ofHoicl  John.  Sa  généalogie  dénote  un  mélange  de  sang  Bâtes  avec  ce- 
lui du  troupeau  deJohnBooth,  l'ancien.  Ses  premiers  ancêtres  femelles 
appartenaient  au  troupeau  de  Warlaby  et  ses  plus  récents  ancêtres 
mâles  sont  des  taureaux  de  sang  Bâtes.  Son  père  irhite  Duke,  de  pelage 
blanc  lui  aussi,  appartenait  de  M.  Barnes  de  Westland  Meath.  Le  nu- 
méro d'inscription  au  Herd  book  anglais  de  Duke  of  lierai  John  est  33,674, 
il  est  né  le  8  avril  1874  chez  son  propriétaire  actuel  M,  John  Vickers. 

Son  père,  comme  je  viens  de  le  dire,  est  JVhite  Duke  (32,849).  Le 
pelage  blanc  du  père,  se  reproduisant  dans  le  produit,  indique  dans 
cette  famille  un  atavisme  de  pelage  blanc.  La  cinquième  grand'mère 
était  Red  Rosette  par  Royal  Budck  (10,750)  du  troupeau  de  M.  Richard 
Booth,  sa  troisième  grand'mère  était  par  Hamlet  (8126),  de  M.  John 
Booth  et  la  quatrième  grand'mère  était  par  Priam  (2452),  de  VI.  Richard 
Booth.  Son  origine  est  donc  essentiellement  de  sang  Booth  et  il  en  a 
du  reste  tous  les  caractères.  C'est  un  animal  complet  comme  ensemble. 
C'est  une  masse  de  chair  cylindrique  d'une  symétrie  qui  serait  parfaite 
si  ce  n'était  la  pointe  des  épaules  un  peu  trop  saillante  et  quelque  peu 
grossière  —  défaut  qu'il  tient  évidemment  de  son  père  IFliite  Duke  et 
de  son  aïeul  Grand-Dukc  troisième.  Un  de  ses  principaux  mérites, 
c'est  son  tempérament  robuste,  qualité  qui  distinguait  ses  ancêtres. 
Il  est  rare,  en  effet,  de  voir  un  animal  de  cet  âge  conserver  tant  de 
symétrie  et  tarit  d'activité,  tant  d'élasticité  et  tant  de  fermeté  dans  les 
muscles,  et  tant  de  noble  prestance  dans  son  maintien.  Ce  taureau 
n'avait  point  encore  paru  comme  lauréit  dans  les  concours  de  la 
Société  Royale,  mais  les  victoires  qu'il  a  déjà  remportées  dans  les 
concours  locaux  du  nord  de  l'Angleterre  sont  aussi  éclatantes  que 
nombreuses.  Comme  taureau  d'un  an,  il  remporta  le  1"  prix  à 
Stanhope  et  à  Wolsingham,  et  le  2^  au  concours  du  comté  de 
Durham.  L'année  suivante  il  fut  de  nouveau  présenté  dans  plusieurs 
concours  où  il  fut  très  admiré,  et  il  remporta  tous  les  premiers  prix 
partout  oi^i  il  fut  exposé. 

En  1877  ses  succès  furent  les  mêmes.  En  1878  il  parut  au  grand 
concours  de  Bristol,  où  de  même  que  son  rival  Anchor,  le  prix  d'hon- 


LE  CONCOURS  DE  CARLtSLE.  229 

neur  du  concours  de  Kilburn,  l'année  dernière  il  ne  reçut  qu'une 
mention  très  honorable.  En  1879,  il  parut  de  nouveau  au  concours 
de  la  Société  du  comté  de  Durham  où  il  battit  le  premier  et  le  second 
prix  de  Kilburn,  les  deux  taureaux  pourtant  si  admirés  de  M.  Villes, 
vice-amiral  et  contre-amiral.  C'est  un  animal  remarquable  aussi  par 
son  aptitude  à  prendre  un  embonpoint  rapide,  qualité  qu'il  tient 
sans  doute  de  sa  grand'mère  Belle-vue,  et  surtout  de  sa  grand- 
grand'mère  Red  Rosette  cliez  qui  cette  qualité  si  précieuse  était  remar- 
quablement développée.  Son  grand  air  plein  de  noblesse  est  sans  aucun 
doute  un  héritage  qu'il  tient  de  son  père  Wliite  Duke  appartenant  du 
côté  de  la  mère  à  la  célèbre  famille  Mantalini  de  Richard  Booth  par 
un  croisement  avec  le  taureau  Bâtes  Grand  Duke  3®,  et  petit-fils  de 
Richard  Cœur  de  Lion  du  même  sang  que  le  fameux  taureau  Master 
Butterfly  du  colonel  Townely. 

Baron  Stapleton,  père  de  Belle-vue,  grand'mère  de  Duke  of  Howl 
John,  était  un  animal  de  sang  très  laitier;  toutes  les  familles  issues 
de  lui  ont  été  remarquables  pour  leur  qualité  laitière  et  Belle-vue, 
elle-même,  n'était  point  une  exception  à  cette  règle. 

Royal  Buck  (10,750),  le  père  de  Red  Rosette, éinit  un  taureau  de  la 
famille  des  Moss  Rose,  et  fils  du  fameux  taureaux  Buckingham.  Hamlet 
était  fils  de  la  fameuse  vache  Bracelet,  l'une  des  meilleures  familles  de 
Richard  Booth.  Enfin  Priam  était  le  père  des  célèbres  vaches  Bracelet 
etiVee/i/acequi  ont  été  fornement  et  l'honneur  du  troupeau  de  Warlaby. 
J'entre  dans  ces  détails  de  généalogie  pour  donner  une  nouvelle 
preuve  de  l'influence  héréditaire  préexistant  dans  le  sang  des  bonnes 
familles  de  la  race  Durham. 

L'année  dernière,  en  rendant  compte  du  grand  concours  interna- 
tional de  Kilburn,  j'exprimai  mon  admiration  de  deux  génisses 
exposées  par  lord  Fitz  Haidinge  :  Wild  Eyes  quinzième  qui  remporta 
le  V  prix,  et  Lady  Eyes.  Au  concours  de  Carlisle,  ces  deux  génisses 
remportent  tous  les  honneurs.  Toutes  deux  sont  ,filles  du  duc  de  Con- 
naught^  taureau  de  sang  Bâtes.  Du  côté  maternel  c'est  le  sans;  laitier 
de  sir  Charles  Knightley  qui  domine.  Ce  sont  deux  véritables  joyaux 
d'une  perfection  pour  ainsi  dire  absolue.  Du  reste  l'ensemble  de 
l'exposition  des  Durhams,  comme  on  devait  s'y  attendre  dans  un 
semblable  milieu,  était  aussi  parfait  que  possible,  et  n'offrait  pas  un 
seul  exemple  de  médiocrité. 

Un  autre  trait  de  remarquable  excellence  était  l'exposition  chevaline 
qui  n'avait  jamais  été  égalée,  ni  comme  nombre,  ni  comme  mérite. 
De  même  que  pour  les  Durhams,  il  ne  pouvait  en  être  autrement,  car 
c'est  surtout  dans  les  comtés  du  nord  de  l'Angleterre  que  l'élevage  du 
cheval  existe  conme  branche  importante  de  l'économie  agricole.  Le 
district  du  Cleveland  d'oi^i  viennent  les  meilleurs  carrossiers,  n'est  pas 
éloigné  de  Carlisle.  Le  comté  du  Yorkshire  est  un  des  plus  reno.nmés 
pour  la  production  du  cheval  de  selle  et  pour  les  gros  chevaux  de 
trait.  Le  Northumberland  ne  le  cède  en  rien  aux  autres  districts  de 
l'Angleterre  pour  la  production  chevaline.  La  vallée  de  la  Clyde  où 
fleurit  la  race  de  Clydesdale,  est  aux  portes  de!  Carlisle.  La  vallée  de  la 
Tyne,  si  célèbre  pour  les  chevaux  de  chasse, touche  au  Cumberland  et 
ce  comté  lui-même  est  celui  où  se  produisent  ces  fameux  chevaux  de 
brasseur  et  de  gros  trait  qu'on  vient  y  chercher  pour  alimenter  les 
marchés  de  toute  l'Angleterre. 


230  LE  CONCOURS  DE  CARLISLE. 

Pour  donner  une  idée  de  l'importance  de  cette  magnifique  exposi- 
tion chevaline,  il  suffira  de  dire  qu'elle  comprenait  prèsde  500  chevaux. 
L'exposition  de  l'espèce  ovine  était  aussi  nombreuse  que  variée,  les 
races  écossaises  de  moatagne  ayant  fourni  un  contingent  considérable. 
La  race  Leicester  était  représeutée  par  les  mêmes  exposants  bien  connus. 
Mais  M.  Turner,  de  Thorpeland,  et  M.  Gresswelt  n'ont  point  obtenu 
leurs  succès  habituels.  C'est  sir  Hutchinson  qui,  cette  année,  a  remporté 
tous  les  premiers  prix, 

La  race  southdown  tend  à  diminuer  en  Angleterre,  et  semble  can- 
tonnée chez  quelques  éleveurs  seulement.  Depuis  la  mort  du  grand 
berger  Jonas  Webb,  cette  race  semble  être  négligée  par  la  masse  des 
agriculteurs  anglais,  malgré  sa  beauté,  sa  finesse  et  sa  perfection. 
Les  éleveurs  actuels  se  comptent  sur  les  doigts,  ce  sont  toujours  les 
mêmes  qui  exposent  et  toujours  les  mêmes  qui  se  partagent  les  prix  : 
S.  A.  R.  le  prince  de  Galles,  le  duc  de  Richmond,  lord  Walsingham, 
sir  William  Throgmorton,  M.  Rigden.  Aujourd'hui  cette  race  aristocra- 
tique ne  convient  plus  aux  exigences  de  la  culture  pratique  qui  a  k 
rente  de  la  terre  à  payer.  Il  faut  à  la  fois  plus  de  laine  et  surtout  plus  de 
viande,  avec  le  même  degré  de  précocité.  On  préfère  les  robustes  races 
de  Oxford,  de  Hampshire  et  surtout  des  Shropshiredown,  races  qui 
possèdent  la  même  symétrie  de  forme  que  les  southdowns,  mais  qui 
ont  le  mérite  de  donner  à  l'éleveur  des  produits  plus  lucratifs.  Depuis 
quelques  années,  c'est  le  mouton  Sliropshire  dont  l'élevage 
se  répand  le  plus  généralement.  On  lui  donne  à  bon  droit  le 
surnom  de  Mouton  à  rente.  Aussi  parmi  les  races  ovines  de 
l'Angleterre,  c'est  cette  race  qui  offrait  la  plus  remarquable  expo- 
sition et  par  le  nombre  et  par  la  qualité.  Il  est  à  désirer  que  cette 
race  soit  adoptée  en  France  d'une  manière  plus  générale  qu'elle  ne  l'e-.t. 
Le  mouton  shropshire,  par  son  robuste  tempériment,  sa  rusticité 
extrême,  la  qualité  de  sa  viande  et  le  poids  de  sa  laine,  sa  précocité 
et  son  énorme  développement,  convient  mieux  que  tout  autre  race,  à 
mon  avis,  au  croisement  avec  la  plupart  des  races  françaises.  Il 
semble  réussir  dans  tous  les  climats.  J'en  ai  envoyé  en  Algérie  oii  ils 
sont  en  train  de  former  une  souche  féconde.  Les  produits  du  croise- 
ment des  brebis  arabes  avec  des  béliers  shropshires  ont  déjà  donné  des 
résultats  extraordinaires,  et  ces  béliers  ont  subi  sans  broncher  les 
rigueurs  d'un  été  brûlant  l'année  dernière.  En  France,  grâce  à  mes 
recommandations,  cette  race  tend  à  se  répandre  et  à  s'acclimater. 
Qu'on  ajoute  à  cela  la  fécondité  remarquable  des  mères  qui  donnent 
presque  toujours  deux  agneaux  à  chaque  portée,  on  se  fera  une  idée  du 
mérite  exceptionnel  de  cette  race,  et  on  s'expliquera  facilement  la  faveur 
de  plus  en  plus  grande  dont  elle  jouit  en  Angleterre. 

L'exposition  porcine  était  cequ'elle  est  partout,  aujourd'hui  que  les 
races  anglaises  se  sont  répandues  dans  les  porcheries  du  monde 
entier.  Il  n'y  a  donc  rien  de  particulier  à  en  dire,  sinon  qu'elle  était 
remarquable  par  le  manque  absolu  de  médiocrité,  ce  qui  du  reste 
s'applique  généralement  aux  1 ,500  têtes  d'animaux  de  diverses  espèces 
qui  ornaient  les  blanches  travées  du  concours. 

Il  n'a  manqué  à  cette  mignifique  exposition,  comme  à  Kilburn 
l'année  dernière,  qu'un  peu  de  soleil.  C'est  un  élément  assez  rare  en 
Angleterre,  semble-t-il,à  cette  époque  de  l'année,  et  ici  s'élève  la 
question  de  savoir  si  la  Société  Royale,  au  lieu  de  donner  à  ses  concours 


LE  CONCOURS  DE  CARLISLE.  23'! 

une  date  rigoureusement  fixée,  ne  ferait  pas  bien  de  consulter  la  statis- 
tique météorologique  des  localités  dont  elle  fait  choix,,  et  fixer  une  date 
plus  en  harmonie  avec  la  moyenne  comparée  de  la  pluie  et  du  beau 
temps.  F.  R.  DE  LA  Tuéhonnais. 

SUR  LES  HIRONDELLES 

Loupmont,  par  Apremont  (Meuse),  ce  28  juillet  1880. 

Voulez-vous  permettre  à  une  lectrice  du  Journal  de  V Agriculture , 
amie  des  hirondelles,  de  rapporter  ici  une  remarque  qui,  bien  que 
rétrospective,  servira  peut-être  de  point  de  départ  à  une  explication 
plausible  au  sujet  de  la  question  posée  aux  lecteurs  du  Journal^  par 
M.  Villeroy,  et  relative  à  ces  charmants  oiseaux. 

Loupmont,  localité  que  j'habite  dans  le  département  de  la  Meuse, 
est  situé  au  pied  d'une  côte  qui  le  met  complètement  à  l'abri  du  vent  du 
nord;  dans  la  plaine,  deux  étangs  assez  rapprochés  dont  les  exha- 
laisons donnent  souvent  lieu  à  des  fièvres  intermittentes  ou  palu- 
déennes, quand  ce  ne  sont  pas,  comme  en  1857  et  en  1871,  des  épi- 
démies de  fièvre  typhoïde.  Or,  au  printemps  de  1871,  quand  cette 
épidémie,  qui  enleva  vingt-deux  personnes,  vint  à  sévir,  les  hiron- 
delles avaient  repris  possession  de  leurs  nids  et  en  construisaient  de 
nouveaux.  Il  fut  constaté  que  dès  le  début  de  la  maladie,  elles  quit- 
tèrent simultanément  leurs  nids.  Grâce  aux  précautions  prises,  l'épi- 
démie fut  circonscrite  au  village  même,  et  pendant  que  la  contrée, 
dans  un  rayon  de  2  kilomètres,  était  privée  d'hirondelles,  les  villages 
voisins,  situés  au  delà  de  cette  distance,  continuaient  à  leur  donner 
asile.  Ce  fait  n'avait  pu  être  remarqué  en  1857,  la  fièvre  typhoïde  ayant 
sévi  en  hiver;  cette  année-là,  40  personnes  sur  une  population  de 
500  habitants  ont  succombé  au  fléau. 

Les  fièvres  intermittentes  n'éloignent  pas  les  hirondelles;  car  on 
constate  plusieurs  cas  chaque  année,  et  chaque  année  ces  oiseaux 
reviennent.  A  la  maison,  leurs  nids  sont  nombreux  dans  les  écuries 
et  les  granges;  les  hirondelles  se  sentant  protégées  sont  très  familières. 

Veuillez  agréer,  etc.,  Camille  Raulx, 

CHARRUE  POUR  LA  CULTURE  DE  LA  CANNE  A  SUCRE 

Nous  avons  donné  l'année  dernière  (t.  IV  de  1879,  p.  69,n''du  11  octo- 
bre) le  compte  rendu  d'expériences  faites  avec  la  charrue  construite  par 
M.  Debains  pour  la  culture  de  la  canne  à  sucre,  et  destinée  à  être  mue 
par  les  appareils  de  labourage  à  vapeur  qui  sortent  de  ses  ateliers. 
Cette  charrue  est  représentée  par  la  fig.  16.  Nous  allons  en  rappeler 
brièvement  la  description. 

Oo  sait  comment  la  terre  est  préparée  pour  la  culture  de  la  canne  à 
sucre.  De  larges  sillons  sont  creusés  aune  profondeur  de  30  à  35  centimè- 
tres et  espacés  de  0™80  à  1  mètre.  Les  morceaux  de  tiges  sont  couchés 
dans  le  fond  dn  sillon,  puis  recouverts  par  la  terre  extraite  pour  creu- 
ser celui-ci.  Dans  la  plupart  des  plantations,  ce  travail  est  fait  à  la 
main  ;  il  est  long  et  pénible.  Il  y  avait  donc  avantage  à  avoir  recours 
à  des  charrues  spéciales.  C'est  un  instrument  de  ce  genre,  approprié 
aux  besoins  de  la  culture  coloniale,  que  M.  Debains,  dont  l'esprit  in- 
génieux est  toujours  à  l'affût  des  problèmes  à  résoudre,  a  voulu 
construire. 


232  CHARRUE  POUR  LA  CULTURE  DE  LA  CANNE  A   SUCRE. 

La  nouvelle  charrue  de  M.  DebaiQs  se  compose  d'un  bâti  triangu- 
laire porté  sur  trois  roues,  dont  une  plus  petite  à  l'avant.  Sur  la  partie 
antérieure  du  bâti  sont  fixés  des  socs  de  scarificateurs  qui  coupent  la 
terre  à  une  profondeur  de  20  centimètres  environ.  En  arrière,  au  milieu 
de  l'axe  des  deux  grandes  roues,  est  fixée  une  première  butteuse  qui 
rejette  à  droite  et  à  gauche,  une  partie  de  la  terre,  et  prépare  ainsi  le 


passage  d'une  deuxième  plus  puissante  qui  fouille  jusqu'à  40  centi- 
mètres. Les  côtés  de  cette  butteuse  se  prolongent  en  deux  ailes  en  acier 
qui  s'écartent  en  arrière,  de  manière  à  rejeter  à  droite  et  à  gauche  la 
terre  remuée  par  le  soc  qui  les  précède.  L'écartement  de  ces  ailes  peut 
varier,  grâce  à  un  mouvement  de  vis,  de  O'^ÎÔ  à  1™20;,le  sillon  peut 
donc  avoir,  à  volonté,  une  largeur  comprise  entre  ces  deux  extrêmes. 
La  charrue  est  tirée  par  le  câble  de  la  machine  à  vapeur  et  marche 
avec  une  régularité  absolue.  La  quantité  de  travail  produite  varie  de 
2  à  4  hectares  par  jour,  suivant  la  profondeur  du  labour  et  la  résistance 
de  la  terre.  Henry  Sagmer. 


SOCIÉTÉ  NATIONALE  D'AGRICULTURE  DE  FRANCE.  233 

SOCIÉTÉ  NATIONALE  D'AGRICULTURE. 

Séance  du  4  août  1880.  —  Présidence  de  M.  ChevreuL 

M.  Alexandre  Adam,  correspondant,  envoie  les  réponses  faites  par 
la  Société  d'agriculture  de  Boulogne -sur-Mer,  à  l'enquête  ouverte 
devant  la  Société  sur  les  dégâts  causés  aux  produits  agricoles  par 
l'hiver. 

M.  de  Lespinatz  envoie  des  notes  sur  les  résultats  des  principales 
cultures  à  Séreilhac  (Haute- Vienne).  Les  froments  sont  médiocres;  les 
seigles  sont  bons,  ainsi  que  les  avoines  ;  quant  aux  foins,  la  récolte  est 
mauvaise. 

M.  le  président  de  la  Société  liispano -portugaise  de  Toulouse  trans- 
met le  Bulletin  de  cette  Société  formée  récemment,  en  vue  d'accroître 
les  relations  de  la  France  avec  la  péninsule  ibérique. 

M.  Carvé,  président  du  Comice  d'Orgelet  (Jura),  envoie  des  tiges 
de  froment  atteintes  d'une  maladie  caractérisée  par  des  taches  noires 
dans  la  paille,  et  le  rétrécissement  du  grain.  M.  Duchartre  estime  que 
cette  maladie  est  la  rouille,  et  qu'on  peut  la  combattre  par  le  sulfatage 
des  semences  et  par  l'alternance  des  cultures. 

M.  Léon  Biollay,  inspecteur  général  des  perceptions  municipales  de 
la  ville  de  Paris,  envoie  une  brochure  qu'il  vient  de  publier  sur  les 
origines  et  les  transformations  du  factorat  dans  les  marchés  de  Paris. 
Dans  cette  brochure,  il  fait  ressortir  les  avantages  qui  sont  résultés 
de  la  liberté  du  factorat. 

M.  Léon  Gillet  envoie  plusieurs  chenilles  blanches  que  l'on  ren- 
contre en  grande  abondance  sur  les  épis  de  blés,  dans  beaucoup  de 
champs  autour  de  Meung-sur-Loire  (Loiret).  Les  chenilles  ont  été  sou- 
mises à  l'examen  de  M.  Blanchard  qui  a  reconnu  que  c'étaient  des 
noctuelles  du  blé  (Liiperina  infesta)  ;  il  recommande  de  ne  pas  laisser 
tomber  sur  le  sol  les  noctuelles  des  épis,  de  ne  pas  garder  en  tas  les 
grains  attaqués,  et  d'avoir  recours  à  l'alternance  des  cultures.  Après 
cette  explication,  plusieurs  observations  sont  échangées  entre  M.  Ghe- 
vreul  et  M.  Blanchard  sur  les  phénomènes  singuliers  que  présentent 
souvent  les  insectes  qui  s'écartent  de  leur  habitat  ordinaire  et  des 
lieux  où  ils  sont  nés. 

M.  Dailly  fait  une  communication  sur  les  importations  et  les  ventes 
de  bœufs  américains.  Il  serait  arrivé,  depuis  le  21  juin,  1,066  bœufs 
américains  au  marché  de  la  Villette,  et  ils  se  seraient  vendus  dans  de 
bonnes  conditions.  Ces  bœufs  offrent,  en  général,  les  caractères  de 
croisements  durham.M.  Dailly  pense  qu'il  faut  signaler  ce  fait  à  l'atten- 
tion des  cultivateurs.  Ces  observations  sont  appuyées  par  M.  Pluchet 
et  M.  Bella.  Mais  M.  Barrai  fait  observer  combien  il  faut  se  défier  des 
imformations  qui  ne  reposent  pas  sur  des  données  absolument  pré- 
cises; or,  celles-ci  se  trouvent  dans  les  tableaux  sur  l'importation  du 
bétail  publiés  par  l'administration  de  l'agricuUure  qui  démontrent 
que,  pendant  les  six  premiers  mois  de  cette  année,  les  importations 
en  France  de  bœufs  américains  ont  été  presque  nulles.  Nous  ajouterons 
que  les  chiffres  donnés  par  M.  Dailly  sont  empruntés  à  un  de  nos 
confrères.  Pour  montrer  combien  ces  chiffres  sont  sujets  à  caution, 
nous  dirons  seulement  que,  d'après  ses  informations,  le  marché  de  la 
Villette  aurait  reçu  pendant  le  seul  mois  de  juin,  442  bœufs  améri- 


234  SOCIÉTÉ    NA.TIONALE    D'AGRICULTURE   I>E  FRANGE. 

cains,  c'esl-à-dire  plus  qu'il  n'en  est  entré  en  France  pendant  les  six 
premiers  mois  de  l'année;  en  effet,  le  total  des  importations  de  ces 
six  mois  s'est  élevé  à  413  bœufs,  dont  282  pendant  le  mois  de  juin. 
Quant  à  l'objection  de  l'importation  des  bœufs  d'Amérique  par  les 
frontières  de  terre,  elle  ne  peut  porter  que  sur  quelques  têtes  isolées, 
ee  qui  ne  change  pas  la  physionomie  du  commerce.  —  M.  Mangon 
ajoute  quelques  détails  sur  les  mauvais  résultats  obtenus  dans  le 
CoLentin,  de  l'importation  de  bœufs  d'Amérique  destinés  à  l'engrais- 
sement. —  M.  Muret  signale,  de  son  côté,  l'importation  croissante  du 
bétail  vivant  d'Amérique  en  Angleterre.  Mais  elle  se  maintient  sur  le 
même  pied  depuis  environ  deux  ans;  le  Journal  la  signale  chaque 
semaine;  ainsi  on  lira,  dans  la  revue  commerciale  de  ce  numéro,  apie^ 
durant  la  semaine  dernière,  il  est  arrivé  à  Londres  2,560  bœufs 
venant  de  New-York. 

M.  Laliman  fait  une  communication  sur  le  phylloxéra  et  les 
moyens  employés  pour  le  combattre.  On  sait  que  M.  Laliman  n'admet 
pas  l'origine  américaine  du  puceron.  Il  signale  l'extension  croissante 
du  fléau,  et  il  croit  qu'il  serait  urgent  de  vulgariser,  par  tous  les 
moyens  possibles,  la  connaissance,  chez  les  vignerons,  des  cépages 
qui  sont  réellement  résistants.  Sa  communication  est  renvoyée  à  la 
Section  des  cultures  spéciales. 

M.  Bouley  revient  sur  les  expériences  faites  par  M.  Toussaint,  pro- 
fesseur à  l'Ecole  vétérinaire  de  Toulouse,  relativement  à  l'inoculation 
préventive  des  moutons  contre  le  charbon.  M.  Toussaint  n'avait  pas 
fait  connaître  jusqu'ici  spn  mode  d'opérer.  Il  vient  de  le  décrire.  Le 
liquide  vaccinal  qu'il  emploie  est  le  sang  d'animaux  charbonneux, 
porté  à  la  température  de  50  degrés  pour  y  détruire  les  bactéridies 
qu'il  renferme.  Ce  liquide  est  injecté  dans  les  parties  du  corps  qui 
renferment  les  vaisseaux  ganglionnaires.  Tous  les  essais  d'inoculation 
du  charbon,  après  la  vaccination  avec  ce  liquide,  ont  complètement 
échoué.  Les  moutons  vaccinés  de  la  sorte  se  sont  tous  montrés  réfrac- 
taires  au  charbon.  Il  est  même  arrivé  qu'un  agneau  provenant  d'une 
mère  ainsi  vaccinée  s'est  montré  lui-même  réfractaire  au  charbon. 
M.  Bouley  insiste  sur  l'intérêt  que  présenteraient  des  expériences 
faites,  non  seulement  dans  le  laboratoire,  mais  sur  une  grande 
échelle.  Il  y  a  là,  dit~il,  un  fait  qui  paraît  incontestable,  mais  dont 
l'explication  échappe  encore  complètement.  Quelques  observations 
sont  ensuLte  présentées  par  M.  Chevreul  sur  l'incertitude  qui  règne 
relativement  à  la  nature  et  à  l'action  de  ce  liquide  vaccinai  ;  il  insiste, 
en  outre,  sur  la  nécessité  de  bien  constater  les  faits,  en  les  dégageant 
de  toutes  les  interprétations  provenant  d'idées  ou  de  théories  pré- 
conçues auxquelles  on  peut  chercher  à  les  rattacher. 

Henry  Sagnuir. 

REYUE  COfflERCIALE    ET   PRlX-COURÂNT  DES  DENRÉES  AGRICOLES 

•   (7  AOUT  1880). 
I.   —  Situation  générale. 
Les  transactions  sont  devenues  plus  actives  sur  un  grand  nombre  de  marchés. 
Les  cultivateurs  sont  plus  nombreux,,  et  cberchent  à  se  rendre  bien  compte  de 
l'avenir  des  cours. 

n.  —  Les  grains  et  les  farines. 
Les  tableaux  suivants,    établis,  pour  la  plupart  des  marchés,  sur  les  prix  des 
céréales  nouvelles,  résument  les  cours,  par  quintal  métrique,  sur  les  principaux 
marchés  de  la  France  et  de  l'étranger. 


REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX-COURANT  (7  AOUT   1880] 


Calvados.  Condé 

—  Lisieux 

Côtes-d.-.\nrd  Lannion. 

—  Ponlrieiix 

Finistère.   Landeriieau, 

"     Quimper 

nie-et-Vilnine.  Rennes, 

—  StMlo 

Manche.  Avranches.... 

—  Ponlorson 

—  ViUedieii 

Mayenne,  (.aval , 

—  Chàleau  Gontier. 
Morbihan.  Hetmebont., 
Orne.  Séez 

—  Vimou  tiers 

Sarthe.  Le  Mans 

—  Sablé , 

Prix  moyens 


-  NORD-OCEST. 

Blé.  Seigle.  Org«. 

fr.  fr.  fr. 

,  29.00  ï4.50  20.50 

30  50  •             » 

.  23.50  25.50  21.50 

29. 50  24.25  22  00 

27.50  V2.50  22.00 

29.50  23.00  21.75 

27.00  »  19. 00 

30. UO  »  21.00 

30.00  »  22.25 

29.25  23.00         » 

30.00  20.25  21.00 

27.25  »              » 

28.00  »  20.00 

26.50  19.50 

29   25  21.00  21.50 

29.00  »  22.25 

28.75  18.00  19  50 

2700  ■  21.50 


Avoine. 

fr. 
23.00 


19.00 
22.50 
22.00 
21.50 
24.00 

24.50 

22.50 
25.00 
23.00 
24.00 
25.25 
24.00 


.   28.69     22.15     21.13     22.98 
a«  RÉGION.  —  NORO 

Aisne.  Soissons 29.50 

—  La  Fère 29.50 

—  Villtrs  Cotterets..  -29. 00 
Ewe.  Evreux 28.20 

—  Bernay 28.00 

—  Pacy 27.75 

Bwe-et-Loir.  Chartres.  30.00 


18.80 
21.00 
IS  50 
16.r.0 
17.00 
16.50 
18.00 
18.25 
17.50 


—  Auneau 27  75 

—  NogenUle-Rotrou.  28.50 
/Vord  Camhrai 28.25 

—  Douai   30  00 

—  Valenciennes 29.75 

Oise.  BeaiivaiB 27.50 

—  Conipiègne 27.00 

—  Noyan.. 29.50 

Pas-de-Calais.  Arras...  2g. 50 

—  Saint-omer 3u.00 

Seine.  P. ris 30  60 

S.-et-Marni',  Melun 27. 00 

—  Nemuurs 31.50 

—  Meuux.    28  50 

S.-et-Oi.se.  Doiirdan....  30.00 

—  ?onloi^e 29.25 

—  Vers.-iUris 29.00 

Seine-InfAriKare.  BoueD  26.00 

—  Dieppe 2,-<.25 

—  Fecainp 30.40 

Somme.   .Abtjeville 27.00 

—  Péronne 27.50 

—  Roye 27  00 

Prix  moyens 28.66 

S«  RÉoioN.  —  i\ORI>-KST. 

Ardenne*.  Charleville  ..  29.50        »        : 

Aube.  Bar-siir-Aube  ...  28.50 

Mé'-y-siir-Seine...   28.00 

—  Nognnt-sur  Seine.  28.50 
.Vfflrne.Cliâioiis 29.00 

—  Ep  rnay 29.50 

—  Re)iiis.      23  50 

—  St-J»énélioiied... .  29.40 
Hte-Manie.  Bourboane.  30.75 
Meurt.-et  Muselle  N^ncy  29  2'. 

—  Lunéviile 29.25 

—  Toul 28   50 

Meuse.  Bar-le-Duc 29  00 

—  Verdun 29.<iO 

Haute-Saône.  Gray 29.50 

—  Vesoul 80.85         » 

Kosge*.  Epinal 3o.50     22.25 

—  Rambervillers... .  32.00        » 


17.25 
23.00 
17.00 
18.50 
IS.75 
IS.î-O 
19.21 

18  50 
18.35 
•20.00 

18.(0 
21.00 
19.50 
20.25 
17. SO 

19.00 

16   75 

19  25 
18Tti0 


18.25 

18  '25 
20.  50 
20.75 

19  00 
20.25 
19.50 

19.25 
19.00 


20.50 

17.75 


21.85 
22.75 
22.50 
22.70 
25.00 
2.J.40 
21.00 
22.00 
22.25 

20  00 
19.50 
19.70 
23.00 
23.50 
21.50 
20.50 
21.00 

21  50 
23.50 
21.75 
21  00 
24  00 
2i.ll0 
23.50 
26.60 
23.50 
25. UO 
21.00 
20  50 
21.00 


23.25 

21.00 
19.75 
19.50 
22.50 
22.50 
2  2  00 
21  25 
iS.t'O 
20.50 
20  25 
20.23 
20.75 
13.50 
18.. SO 
18.35 
20.00 
19.00 


Prix  moyens 

4'  BÉorON 
Charente.  Angoulèrae.. 

—  Ruffoc  

Charente  Infér.  Marans. 

Deux-Sèvreg.  Niort 

Indre-et- i.oire .  Tou rs . . 

—  Blere 

—  ChàleHii-Reiiault. 

Loire-Inf.  Nanres 

M.-et-Loire.  An.:eTS  .  .. 
Vendée.   Lnçui,.". 

—  Fontenay 

Vienne.  Cliàtelleranlt. . . 

—  Montinoriilon  .. .. 
Baute-yienne,  Limoges 

Prix  moyens , 


29.42     19.60     15.53     20.33 


5»  REGION.  —  CENTRE. 


235 


.  Avoine . 


Allier.  Moulias 

—  Moritluçon 

—  Gannat 

Cher.  Boiirt.'es 

—  Graçay 

—  Aubigny 

Creuse.  Auousson 

Indre.  Chàteauroux. .. . 

—  Issoiidun 

—  Valençay 

Loiret.  Orléans 


—  Montargis 

—  Patay 

Loir-et-Cher.  Blois, . . . 

—  Monloire 

Nièvre.   Nevers 

—  La  Charité 

Yonne.  Brienon 

—  Joigny 

—  Sens 


Prix  moyens 3052     19.32 

6«  aiÉGiON.  —  EST. 
Ain,  Bourg 

—  Pont-de-Vaux.   .. 
Côted'Or.  Dijon 

—  Beaune 

Doubs.   Besançon 

Isère.  Granoble 

—  Vienne 

Jura.  Dole 

Loire.  Si-Etienne 

P. -de-Dôme  Clermont  F. 

Rhône,  Lyon . 

Saône-et- Loire.  Châlon . 

—  Auturi 

Savoie.  Cliambery 

Hte-Savoie,  Annecy 

Prix  moyens 


20.50 
19.00 
20  50 
21.70 
20  50 


30.47     20.30     20. lu     20.01 


T  RÉGION.   —  SUD-OCTEST. 


Âriège,  Pamiers 31. 

Dordogne.  Bergerac...  30 

Hle-Garonne.  Toulouse.  30. 

—  Viliefranche-Laur.  31. 
Gers,  Condom 3i. 

—  Eaaze 31. 

—  Mirande 31, 

Gironde.    Bordeaux....  31. 

—  Bazas 31. 

Landes.  Dax..    3t 

Lot-et-Garonne.  Agen..  29. 

—  Nerac 32. 

B. -Py renées.  Bayonne. .  32 

Htes-Pyrénees.   Tarbes.  31. 


22.75 

00  23.00 

50  2). 00 

25  19.75 

50  » 

75  » 

00  » 

00  21.75 

00  19.50 

00  21.25 

50  20.50 

75  D 
0) 
75 


50 


17.00 
20.00 


23.25 

24.00 


23.00 
21.00 
20.50 
22.25 
26.00 

22  50 

23  00 
22.25 
23.00 

22.25 
23.50 
22.00 
21.50 


Prix  moyens.. 

8"   RÉGION. 

Aude,   Castelnaudary . .  29. 
Aveyron,   Viilefranche,   31. 

Canlal.  Mauriac 35. 

Corréze.  Luberzac. . . , .   31. 

Hérault.  BéziQTS i7 

Lot.  Figeac 31 

Lozère.  Mende.... 32 

—  Marvejols 31 

—  Florac 31 

PyréMées-Or,  Perpig,nan  2!J 

Tarn.   Albi 30 

Tarn-et-Gar.  Montauban  30 


31.18     21.58     19.58     22.52 


.75 


19.00 
30.55 
22.75 
18.00 
50  23.00 
45  28.85 
65  28.60 
25  20  90 
25  21.05 
00  » 

25     20 . 50 


23.00 

19.00 
22.00 

24.75 


22. CO 
22.26 
2?. 30 
22.25 
22.50 
22.25 
23.50 


Prix  moyens 30.94    23.17 

9»  RÉGION.   —  SPJ>-«iST. 

Basses-Alpes.  Ma.nosque  31.00         * 
Hautes-Alpes.  Briançon  31.20 
Alpes-Manilimes Cannes  31 . 00 

Arrie.ahe.  Privas 31.85 

B.-du-Hhône.  Arles.  ...  29.75 
Drôtrie.    Montélimar...    30.50 

Gard.  ti\ mes 28.50 

Haute-Loire.   Le  Puy...   30.(0 

Vir.  St-Maximin 32.50 

Vaucluae.  Carpentras.. .  3o.25 


22.15  24.40 

23.00  26.65 

»  19.00 

21.50  23.00 

21.79  23.10 


20.00 
21.25 
22.65 


18.75 
20.25 


Prix  moyens 3o  66 

Uoj,  de  toute  la  France  29.97 
de  lisemaina  precéd.  31  04 

Sur  la  8e-Tiaine\  Hausse.      ■> 
précédente..     (Baisse.    1.07 


20.58 
20.75 
21    60 


20.50 
20.25 
20.00 
17.75 
17.00 

22.50 

19.50 

19.64 
-.20.73 
20   9  7 


22.50 
2, .00 
20.75 
21.80 
20.25 
19.50 
19.75 
21.25 

19.50 
20.70 
21.60 
22.17 


0.85       0.24       0.5 


Seigle. 

Or^e. 

4»ot 

fr. 

fr. 

fr. 

« 

13.25 

14.f^Ô 

» 

20.75 

21   75 

•24.25 

23.50 

24.00 

23.75 

20.00 

» 

24.75 

22.00 

21.00 

23  00 

22.50 

21.00 

19.45 

23.00 

22.75 

21. 00 

21.00 

20.50 

20.50 

22.00 

I 

20.75 

22.00 

19. .50 

21.25 

22  00 

> 

. 

24  35 

• 

» 

20  35 

. 

. 

'  . 

21.50 

» 

» 

20.00 

21. .50 

, 

22  50 

21  00 

17.00 

15  25 

18.25 

» 

14  00 

. 

„ 

21.75 

18.65 

> 

14  05 

236  REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX-COURANT, 

Blé. 
fr. 

gl  Algérie.  Alger 26. .50 

A  ngleterre.  Londres 31.40 

Belgiime.  Anvers 2G.25 

_  Bruxelles 28. .50 

—  Liège 30  OJ 

—  Namur 29.50 

Pays-Bas,  Amsterdam 25.00 

Luxembourg.  Luxembourg 30.25 

Alsace-Lorraine.       Strasbourg 31.00 

_  Mulhouse 31.25 

—  Metz 28.25 

Allemagne.  Berlin 25.25 

—  Cologne 29.35 

—  Hambourg 24.75 

Suisse,  Genève 30  25 

_  Zurich 30.25 

Italie.  Milan 28.75 

Autriche.  Vienne 23.50 

Hongrie.  Budapesth 21.25 

Espagne.  Burgos 31.00 

Russie.  Saint-Pétersbourg...  25.20 

Etats-Unis.  New-York 2 1 .  25  >•  »  • 

Blés.  —  Les  travaux  de  la  moisson  ont  été  contrariés  par  le?  nombreux  orages 
qui  ont  sillonné  depuis  huit  jours  toutes  les  parties  de  la  France.  Mais  ils  n'ont 
pas  été  sensiblement  entravé.s.  Les  nouvelles  qui  nous  arrivent  des  diverses  parties 
de  la  France  permettent  d'aflirmer  que  cet  importaat  travail  sera  rapidement 
achevé.  On  a  commencé  à  procéder  aux  battages,  et  les  blé-5  nouveaux  ne  sont 
plus  rares  fur  un  grand  nombre  de  marchés.  Partout  on  en  constate  la  bonne 
qualité  qui  compense  le  déficit  constaté,  sur  beaucoup  de  points,  dans  le  nomb-e 
des  gerbes.  Le  danger  à  craindre  est  que  de  trop  grandes  oilVes  précipitées  sur  les 
marchés  n'amènent  immédiatement  une  baisse  notable.  —  A  la  halle  de  Paris,  le 
mercredi  4  août,  les  offres  de  blés  nouveaux  étaient  assez  abondantes  ;  les  affaires 
ont  été  actives  ;  les  prix  se  sont  bien  maintenus.  On  payait  par  lOU  kilog.  suivant 
les  qualités,  29  fr.  50  à  31  fr.  50.  Le  prix  moyen  s'est  fixé  à  30  fr.  50,  avec  une 
hausse  de  50  centimes  sur  celui  de  la  semaine  dernière.  Il  n'y  a  presque  plus 
d'affaires  sur  les  blés  vieux.  —  Sur  le  marché  des  blés  à  livrer,  les  prix  se  main- 
tiennent. On  cote  par  100  kilog.  :  courant  du  mois,  27  fr.  25  ;  septembre  26  fr.  50  ; 
quatre  derniers  mois,  26  fr.  à26fr.  2=>;  quatre  derniers  mois,  2  <  fr.  75  à  26  fr.  ; 
quatre  premiers  mois,  25  fr.  75  à  26  fr.  —  Au  Havre,  les  blés  américains  sont  cotés 
de  27  à  29  fr.  par  quintal  métrique.  —  A  Marseille,  les  arrivages  de  la  semaine 
ont  été  de  202,000  hectolitres  environ  ;  les  ventes  sont  faciles  pour  les  blés  dispo- 
nibles. Les  cours  ont  suivi  le  mouvement  des  marchés  intérieurs.  On  paie  par  100 
kilog.  :  Berdianska,  29  fr.  à  29  fr.  50;  Marianopoli,  28  fr.  50;  Irka,  26  à  28  fr.  25  ; 
Danube,  26  à  2S  fr.  50;  Richelles,  30  à  31  f r  ;  tuzelles  d'Afrique,  27  fr.  50  à 
29  fr.  50.  Le  stock  dans  les  docks  est  de  57,000  quintaux  métriques.  — 
A  Londres,  les  importations  de  blés  étrangers  ont  été,  durant  la  semaine  dernière, 
de  250,000  quintaux  métriques  ;  le  marché  assure  beaucoup  de  fermeté,  avec 
tendance  des  prix  à  la  hausse.  Au  dernier  marché,  on  payait  de  30  à  fr.  32  fr.  80 
par  100  kilog.,  suivant  les  qualités  et  les  provenances. 

Farines.  —  Les  achats  de  farines  par  la  boulangerie  sont  toujours  très  restreints. 
Pour  les  farines  de  consommation,  on  paie  les  prix  de  la  semaine  dernière.  On 
cotait  à  la  halle  de  Paris  le  mercredi  '-i  août  :  marque  D,  63  fr.  ;  marques  de  c'ioix, 
65  à  66  fr.  ;  bonnes  marques,  63  à  6'±  fr.;  sortes  ordinaires  et  courantes,  62  à  tssfr; 
le  tout  par  sac  de  159  kilog.,  toile  à  rendre,  ou  157  kilog.  net,  ce  qui  correspond 
aux  cours  de  39  fr.  50  à  k2  fr.  05  par  100  kilog.  ou  en  moyenne  40  fr.  75. 
C'est  le  même  prix  que  le  mercredi  précédent  —  Pour  les  farines  de  spéculation, 
on  cotait  le  mercredi  4  août  au  soir  à  Paris  :  farines  hait-mirques,  courant  du 
mois,  60  fr.  25  ;  septembre,  57  fr.  25  à  57  fr.  50;  quatre  derniers  mois,  56  fr.  ; 
quatre  mois  de  novembre,  55;  qnatre  premiers  mois  1881,  55  fr.  ;  farines 
supérieures^  courant  du  mois,  60  fr.  ;  septembre,  36  fr  5  ?  à  35  fr.  75;  quatre 
derniers  mois,  35  fr.  75  à  36  fr.  ;  quatre  mois  de  novembre,  :'5  à_35  fr.  2i  ; 
quatre  mois,  35  fr.  ;  le  tout,  sauf  pour  les  dernières  évaluations  établies  par  100 
kilog.,  par  sac  de  159  kilog.,  toile  perdue  ou  157  kilog.  net.  —  La  cote  officielle 
en  disponible  a  été  établie  comme  il  suit  pour  chacun  des  jours  de  la  semaine, 
par  sac  de  157  kilog.  net  : 


DES   DENRÉES    AGRICOLES  (  7     AOUT  1880).  237 

Date^  (juillet-août) 29  30  31  2  3  4 

Farines  huit-marques 60.25  60.50  60.85  61. .50  60.10        60.25 

—      supérieures 61.25  62.50  62.50  62.50  60.00        60.00 

Oq  voit  que,  après  la  liquidation  de  la  fia  du  mois  d'août,  les  prix  ont  baissé 
d'une  manière  assez  sensible  pour  toutes  les  sortes.  Les  farines  deuxièmes  se 
vendent  aux  mêmes  prix  que  la  semaine  dernière,  de  33  à  38  fr    par  100  kilog. 

Seigles.  — Les  offres  en  seigle  nouveau  sont  actives  à  la  halle  de  Paris.  On 
paye  suivant  les  quMlités,  de  18  à  1 9  fr.  par  100  kilog.  avec  baisse  depuis  huit 
jours.  Quant  aux  farines,  elles  sont  cotées  au  prix  de  27  à  29  fr.  par  quintal 
métrique. 

Orges.  —  Il  n'y  a  que  très  f)eu  d'affaires  à  la  halle  de  Paris,  On  cote  de  20  à 
21  fr.  par  quintal  métrique  suivant  les  sortes.  Les  escourgeons  sont  aussi  vendus 
en  baisse  de  19  fr.  à  19  fr.  75  par  100  kilog.  —  A  Londres,  les  importations 
d'orges  étrangères  ont  été,  depuis  huit  jours,  de  i,060  quintaux.  Les  prix  sont 
stationnaires.  On  paye   de  19  fr.  90   à   21    fr.  80   par  quintal  métrique. 

Malt.  —  Les  demandes  sont  assez  actives,  avec  des  prix  fermes.  On  paye  à  la 
halle  de  Paris  30  à  36  fr.  par  100  kilog.  pour  les  malts  d'escourgeon  et  30  à  40  fr. 
pour  ceux  d'orge. 

Avoines.  —  Les  offres  sont  plus  abondantes  que  les  demandes;  aussi  les  cours 
sont  en  baisse  à  la  halle  à'i  Paris.  On  paye  de  20  à  23  fr.  par  100  kilog  suivant 
poids,  couleur  et  qualité.  —  A  Londres,  les  arrivages  de  la  semaine  ont  été  de 
70.905  quintaux  métriques.  Les  prix  demeurent  sans  changements.  On  paye  de 
20  fr.  45  à  23  fr!  par  luO  kilog.  suivant  les  qualités. 

Sarrasin.  —  Peu  d'affaires  à  la  halle  de  Paris.  On  cote  de  24  à  24  fr.  50  par 
100  kilog. 

Maïs.  —  La  situation  est  toujours  la  même  au  Havre.  On  paye  les  maïs  d'A- 
mérique, de  14  fr.  25  à  15  fr.  50  par  100   kilog.    comme   la  semaine  précédente. 

Issues.  —  Il  y  a  peu  de  changements  dans  les  cours.  On  paye  à  la  halle  de 
Paris  par  10  J  kilog.  :  gros  son  seul,  15  fr.  ;  son  trois  cases,  14  fr.  25  à  14  fr.  50  ; 
sons  ncs,  14  fr.  ;  recoupettes,  14  à  15  fr.;  remoulages  bis,  15  à  16  fr.;  remoula- 
ges blancs,  17  à  19  fr. 

III.  —  Vins,  spiritueux,  vinaigres,  cidres. 
Vins.  —  Toujours  même  situation,  tant  au  point  de  vue  des  affaires,  que  de 
l'état  du  vignoble.  Nous  avons  cependant  à  enregistrer  une  période  de  violents 
orages  qui  ont  occasionné  de  graves  dégâts  sur  un  grand  nombre  de  points, 
notamment  en  Normandie,  en  Touraine,  dans  les  deux  Gharentes,  en  Poitou, 
dans  le  Lyonnais,  le  Forez,  le  Centre  et  le  Sud-Ouest.  Ces  sinistres,  quoique 
localisés,  n'en  apportent  par  moins  un  contingent  important  aux  déficits  occa- 
sionnés par  les  gelées  hivernales,  le  phylloxéra,  l'oïdium,  l'anthractrose,  la  pyrale 
et  la  cochylis.  On  commence  à  nous  demander  notre  opinion,  sur  ce  que  pourra 
être  la  vendange  prochaine?  Ici  toute  appréciation  est,  suivant  nous,  impossible  : 
la  végétation  est  trop  inégale,  les  accidents  climatériques  trop  multipliés,  les  dé- 
vastations occasionnées  par  les  insectes  trop  nombreuses,  les  opinions  trop  contra- 
dictoires. Les  uns  affirment  que  la  récolte  ne  dépassera  pas  celle  de  l'année  der- 
nière, soit  25  millions  d'hectolitres,  les  autres  parlent  de  35  millions.  A  notre 
avis  toutes  ces  appréciations  n'ont  aucune  valeur,  car  elles  ne  sont  basées  sur 
aucun  calcul,  sur  aucune  observation.  —  Nous  publions  ci-après  le  cours  des  vins 
tel  qu'il  se  pratique  actuellement  à  Bercy;  ces  cours  sont  officiels,  seulement  il 
convient  d'ajouter  23  fr.  875  centimes  par  hectolitre,  lorsque  le  vin  quittant 
l'Entrepôt,  pénètre  dans  Paris.  —  Vins  rouges  :  Basse-Bourgogne,  le  muid  de 
272  litres,  vieux,  15i)  à  160  fr.;  nouveau,  105  à  160  fr.  —  Bayonne,  i'hectolitre, 
vieux,  52  à  55  fr.  —  Bordeaux  ordinaire,  la  pièce,  vieux,  150  à  170  fr.;  nou- 
veau, 145  à  150  fr.  —  Gahors,  nouveau,  la  pièce,  125  à  136  fr.  —  Charente, 
la  pièce,  vieux,  l!5à  120  fr.;  nouveau,  105  à  liO  fr.  —  Cher,  la  pièce,  vieux, 
145  à  150  fr.;  nouveau,  105  à  120  fr.  —  Côtes  châlonnaises,  la  pièce,  nouveau, 
105  à  115  fr.  —  Fitou,  l'hect  ,  vieux,  55  fr. —  Gaillac,  la  pièce,  nouveau,  125  à 
136  fr. — Mâcon  et  Beaujolais,  la  pièce,  vieux,  150  à  2  30  fr.;  nouveau,  110  à 
115  fr.  —  Mont'gne,  l'hect.,  vieux,  46  à  48  fr.;  nouveau,  43  à  47  fr.  —  Nar- 
bonne,  l'hectolitre,  vieux,  50  à  52  fr.;  nouveau,  48  à  53  fr.  —  Orléans,  la  pièce, 
nouveau,  100  à  l(.i5fr.  — Roussillon,  l'hect.,  vieux,  60  à  65  fr.;  nouveau,  55  à 
à  60  fr.  —  Sancerre,  la  pièce,  vieux,  115  à  12"S  fr.;  nouveau,  110  à  120  fr.  — 
Selles-sur  Cher,  la  pièce,  nouveau,  105  à  110    fr.    —  Touraine,   la  pièce,  nou- 


23«  RE\^UE  COMMERCIALE  ET  PRIX-COURANT 

veau,  95  à  100  fr.  —  Vins  blancs  :  Basse-Bourgogne,  le  muid,  vieux,  150  à 
160  fr.;  nouveau,  105  à  130  fr.  —  Bergerac,  Sainte-Foy,  vieux,  140  à  165  fr.; 
nouveau,  115  à  120  fr.  —  Gl.ablis,  le  muid,  vieux,  160  à  200  fr.  —  Entre- 
deux-Mers, la  pièce,  vieux,  105  à  110  fr.;  nouveau,  95  à  lOû  fr.  —  Pouilly-Fuissé, 
la  pièce,  nouveau,  17U  à  210  fr. — Picpoul,  l'hectolitre,  nouveau,  50  à  52  fr. 
—  Poitou,  l'hectolitre,  nouveau  33  à  34  fr.  —  Vouvray,  la  pièce,  vieux,  150  à 
160  fr. 

Spiritueux.  —  Les  affaires  ont  peu  d'entrain,  aussi  la  baisse  a-t-elle  fait  de 
nouveaux  progrès,  ainsi  qu'il  résulte  du  mouvement  de  la  semaine  écoulée,  qui  a 
débuté  à  63  fr.  pour  faire  successivement  62  fr.  50,  61  fr.  25  et  clôturer  à  61  fr. 
Les  termes  éloignés  sont  relativement  plus  fermes.  Le  stock  est  actuelleinent  de 
8,575  pipes  contre  9,475  l'an  dernier  à  la  même  date.  —  A  Lillôs  les  affaires  sont 
presque  nulles,  les  cours  sont  nominaux  faute  de  transactions.  La  betterave  con- 
tinue à  se  développer  d'une  manière  normale.  Les  marchés  du  Midi  restent  calmes. 
On  cote  à  Cette,  110  fr.;  à  Nîme^,  105  fr.;  à  Héziers,  106  fr.;  à  Narbonue,  1 10  fr.; 
à  Montpellier,  105  fr.;  à  Pézénas,  10^  fr  — A  Paris,  on  cote  3/6  betterave 
l'«  qualité,  90  degrés  disponible  63  fr.,  septembre  61  fr.  25  à  61  fr.  50  septembre 
décembre  59  fr.  75  à  60  fr.  quatre  premiers  57  fr.  75  à  58  Ir. 

Vinaigres.  —  Cours  sans  changement. 

Cidres.  —  Rien  de  nouveau   sur  cet  article. 

IV.  —  Sucres.  —  Mélasses.  —  Fécules.  —  Glucoses.  —  Amidons.  —  Houblons. 

Sucres. —  Les  sucres  roux  sont  calmes,  peu  offerts  et  peu  demandés.  Pour  les 
raffinés,  les  prix  sont  soutenus  avec  bonne  demande  pour  tous  les- débouchés.  De- 
puis la  semaine  dernière  nous  constatons  dans  ces  derniers  une  hausse  d'un  franc 
et  sur  les  blancs  n°  3,  une  hausse  de  50  à  75  centimes.  On  a  coté  à  Paris,  pour 
sucres  bruts,  8s  degrés  saccharimétriques,  par  100  kilog.  :  n'^*  7  à  9,  69  fr.; 
n"*  10  à  13,  62  fr.  75;  blanc  type  n"  3,  7  t  fr.  A  Valenciennes,  le  marché  a  été 
sans  affaires.  A  Lille;  vendeurs  rares  et  prix  élevés  :  n"^  7  à  9,  67  fr.  75;  n"^  10 
à  13,  61  fr.  75;  moins  7,  78  fr.  25.  A  Péronne,  marché  complètement  nul.  Le 
stock  réel  de  l'entrepôt  de  Paris  était,  au  3  août,  de  265,5^*7  sacs,  avec  une 
diminution  de  i8,179  sacs  depuis  huit  jours.  Les  raffinés  font  :  Bonnes  sortes, 
153 fr.;  beUes  sortes,  154  fr.  Les  cours  pour  l'exportation  varient,  de  76  fr.  à 
78   fr.    50. 

Mélasses. —  Les  prix  ont  baissé  depuis  la  semaine  dernière  :  mélasses  de  feibri- 
que,  13  fr.  ;  de  raffinerie,  14  fr.  A  Valenciennes,  les  mélasses  disponibles,  valent 
13  fr.  50  ;  celles  à  livrer,   12  fr.  50. 

Fécules.  —  Les  affaires  sont  au  grand  calme  et  la  vente  laborieuse  sur  le  marché 
de  Paris.  On  y  cote  les  1'''^*  de  l'Oise  et  l'"  du  rayon  de  Paris  à  37  et  38  fr.  les 
100  kilog.  A  Compiègne,  type  de  la  Ghambre  syndicale,  vaut  41    fr. 

Glucoses.  — A  Paris,  la  demande  a  pris  un  assez  grand  développement;  les  cours 
restent  fermes  à  cause  du  peu  d'abondance  des  sirops  de  fécules  de  pommes  de 
terre.  Les  maïs  ont  une  demande  assez  suivie  quoique  la  marchandise  ne  soit  pas 
rare.  On  cote  :  sirop  de  froment,  65  à  66  fr.;  sirop  massé,  54  à  56  fr.;  sirop 
liquide  (33  degrés),  45  à  46  fr.;  sirops  de  maïs  massés,  44  à  46  fr.  le  tout  par 
100  kilogs. 

Amido?is.  —  Les  prix  sont  sans  variation  avec  mtïq  tendance  un  peu  lourde  : 
amidons  de  Paris  en  paquets,  pur  froment,  78  à  80  fr.;  de  province,  64  à  66  fr.; 
d'Alsace  en  vrague,  60  à  62  fr,  ;  de  mais,  50  h  52  fr.;  fleur  de  riz,  44  à  46  fr.; 
riz  de  Louvain,  78  à  80  fr. 

Houblons.   —  Le  calme  règne  partout.  On  espère  une  bonne  récolte.  On  cote  à 
Alost,  1880,  à  livrer,  130  à  140  fr.;  1879,  140  à  150  fr.,  1"^- qualité. 
Y.  —  Huiles  et  graines  oléagineuses. 

Huiles.  —  Nous  constatons,  sur  le  marché  de  Paris,  depuis  La  semaine  der- 
nière, une  baisse  de  1  fr.  50  sur  les  huiles  de  colza,  tandis  que  celles  de  lin  ont 
^agné  25  centimes.  On  y  cote  :  colza  tous  fûts,  72  fr.  50;  en  tonnes,  74  fr.  50; 
épurée  en  tonnes,  82  fr.  50;  lin  disponible,  en  fûts,  68  fr.;  en  tonnes  70  fr.,  par 
100  kilog.  A  Arras,  l'huile  d' œillette  surfiae  vaut  178  fr.  les  91  kilog.;  celle  de 
pavot  à  bouche,  95  fr.  ;  colza  indigène,  73  fr.  72;  hn  exotique,  70  fr.  50;  pavot 
industrie,  88  fr.,  le  tout  par  100  kilog.,  A  Gaen,  l'huile  de  colza  vaut  69  fr.  50  les 
100  kilog.,  au  comptant,  sans  escompte.  A  Douai,  huile  de  colza,  67  fr  ;  épurée, 
72  fr.;  œdlette  rousse,  120  fr.  ;  boa  goût,  150  fr.;  sx)utirée,  170  fr.;  surfine,  178fr.; 
celle  de  lin,  63  fr.  50.  Le  marché  des  huiles  d'olives  est  tout  à  fait  nul  à  Grasse. 


BES  DENRÉES  AGRICOLES   (7  AOUT  1880j.  289 

La  période]  de  chaleurs  y  est  essentiellemeirt  contraire  aux  transactions  sar  cet 
article. 

Graines  oléagineuses.  — On  coteàArras  :  colza  nouveau,  18  fr.  à  21  fr.  25.  A 
Gaen,  colza,  19  fr.  à  20  fr.  A  Douai:  colza,  18  à  21  fr.  2b,  le  tout  par  hectolitre. 
VI.  —  Tourteaux,  noirs,  engrais. 

Tourteaux.  —  A  Marseille,  les  tourteaux  ont  été  cotés  ;  lin  pur,  20  fr.  25;  ara- 
chide décortiquée,  15  fr.  50;  idem  brun  pour  engrais,  14  ir.;  idem  en  coque, 
il  fr.  50;  ricins,  10  fr.  50;  sésame  blanc  du  Levant,  15  fr.;  idem  de  l'Inde, 
13  fr,  50;  colza  Danube,  13  fr.  50;  coton  d'Egypte,  12  fr.;  palmiste  naturel, 
10  fr.  50;  ravison,  12  fr.  25.  A  Arras  :  tourteaux  colza  indigène,  15  fr.;  lin 
indigène,  28  fr.;  idem  exotique,  23  fr.  50  le  tout  par  100  kilog.  A  Douai  :  tour- 
teaux colza,  14  à  15  fr.  50;  lin  indigène,  25  fr.  75  à  26  fr.  50;  idem  étranger, 
23  à  23  fr.  50,  par  hectohtre. 

Noirs.  —  On  cote  à  Valenciennes,  sans  changements  :  noir  neuf  en  grains, 
32  fr.;  vieux  en  grains,  de  8  à  9  fr.;  lavage,  2  à  4  fr. 

VU.  —  Matières  résineuses  et  colorantes,  textiles. 

Matières  résineuses.  —  L'approvisionnement  des  marchés  est  entravé  par  les 
travaux  de  la  moissoTi,  c'est  ce  qui  explique  la  hausse  sur  l'essence  de  térébenthine 

3u'on  a  payée  à  Bordeaux,  59  fr.  les  100  kilog.  A  Dax,  elle  vaut  52  fr.  A  Mont- 
e-Marsan, on  paye  la  barrique  de  gemme  ordinaire  (340  litres],  38  fr.;  système 
Hugues,  43  fr. 

Gaudes.  —  On  signale  plusieurs  achats  en  gaudes,  au  prix  de  15  fr.  les  100  ki- 
log. 

Chanvres.  —  A  Saumur  le  cours  des  chanvres  est  de  80  à  90  fr.  les  100  ki 
logs,  suivant  qualités. 

VIII.  —  Suifs  et  corps  gras. 

Suifs.  —  Cours  encore  en  hausse  à  Paris  :  Frais,  hors  Paris,  82  fr.  50  ;  bœufs 
Plata,  87    fr.;  suif  en  branches,  61  fr.  85. 

Saindoux  et  salaisons.  —  Au  Havre,  cours  calmes,  mais  bien  tenus.  En  sain- 
doux,  on  a  payé  102  fr.  les  100  kilog. 

IX.  —  Beurres.   —   Œufs.  —  Promages. 

Beurres.  —  On  a  vendu  cette  semaine  à  la  halle  de  Paris,  224,734  kilog.  de 
Jbeurres.  Le  prix  par  kilog.  est  comme  suit  :  en  demi-kilog.,  2  fr.  à  3  fr.  80; 
petits  beurres,  1  fr.  50  à  2  fr.  70  ;  Oournay,  1  fr.  90  à  4  fr,  50  ;  Isigny,  1  fr.  90 
à  5  fr.  80. 

Œufs.  —  Du  27  juillet  au  2  août,  4,413,200  œufs  ont  été  vendus  à  la  halle  de 
Paris,  aux  prix  suivants  par  mille  :  choix,  92  à  101  fr.;  ordinaires,  68  à  90  fr.; 
petits,  50  à  58  fr. 

Fromages. — Voici  le  prix  des  fromages  vendus  cette  semaine  à  la  halle  de  Paris. 
Par  douzaine  :  Brie,  5  fr.  50  à  17  fr.  50;  Montlhéry,    15   fr.  ;  par  cent  :  Liva- 
rot, 19    à   79  fr.  ;    Mont-d'Or,  17  à  33  fr.;  Neufchâtel,    4  à  24  fr.;   divers,  7  à 
75  fr.  Le  Gruyère  s'est  vendu  de  80  à  140  fr.  les  100  kilog. 
X.  —  Chevaux.  —   Bétail.  —  Vicmde. 

Chevaux.  —  Aux  marchés  des  28  et  31  juillet,  à  Paris,  on  comptait  1,135  che- 
vaux; sur  ce  nombre,  458  ont  été  vendus  comme  il  suit  : 

Amenés.  Vendas.  Prix  •extrêmes. 

Chevaux  de  cabriolet 172  32      2ô0  à      930  Ir. 

—  de  trait 259  86      290  à  1,330 

—  horsd'âge 479  115        25  à  1,075 

—  à  l'enchère 171  121        70  à      580 

—  de  boucherie 104  104        50  à      180 

Bétail.  —  Le  tableau  suivant  résume  le  mouvement  du  marché  aux  bestiaux  de 
la  Yillette  du  jeudi  29  juillet  au  mardi  3  août  ; 

Poids       Prix  du  kilog.  de  viande  sar  pied 
Vendus  moyen        au  marché  du  lundi  2  août. 

Pour        Pour  En  4  quartiers,  i"  2«  3"  Prix 

Amenés.  Paris,  l'extérieur,  totalité.  kil.         quai.  quai.  quai.  moyen. 

fiœufs. 6.322  2.957         1,834  4,791  330        1.68  1.48  1.18  1.43 

■Vaches 1,817            716            764  1,480  234        1.56  1.28  1.04  1.31 

Taureaux 313            2()0             36  •  236  397        1.35  1.14  1.00  1.18 

Veaux 4,802  3,117        1,181  4,298  71        1.84  1.70  1.24  1  58 

Moutons 40,686  25,386      13,645  39,031  19        2.08  1.78  1.40  1   70 

Porcsgras 5,662  2,147        3,103  5,250  86        1.74  1.64  1.54  1.64 

—    maigres.              »                  •»  ■»»■»  » 

Les  approvisionnements  ont  été  à  peu  près  les  mêmes  que  durant  la  semaine 


240 


REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX-COURANT  (7    AOUT    1880). 


dernière.  Quoique  la  boucherie  restreigne  beaucoup  ses  achats,  la  fermeté  que  nous 
signalions  la  semaine  dernière  se  maintient  sur  toutes  les  catégories,  sauf  pour  les 
vaux:  les  prix  des  moutons  sont  spécialement  très  fermes. 

A  Londres,  les  importations  d'animaux  étrangers,  durant  la  semaine  dernière, 
se  sont  composés  de  r2jh8l  têtes,  dont  6  bœufs. 70  veaux,  2,449  moutons  et 
24  porcs  venant  d'Amsterdam;  1,819  moutons  de  Brème;  2'4l  bœufs  de  Southen- 
burg;  676  moutons  d'Hambourg;  29  bœufs,  77  veaux,  1,427  moutons  et  354 
porcs  d'Harlingen;  2,562  bœufs  et 660  moutons  de  New-York;  2  bœufs,  327  veaux, 
2,049  moutons  et  109  porcs  de  Rotterdam  :  Prix  du  kilog  :  Bœuf  :  1",  1  fr.  93  à 
2  fr.  05;  2%  I  fr.  75  a  l  fr.  93.;  qualité  inférieure,  1  fr.  58  à  1  Ir.  75.  —  Veau  : 
V%  1  fr.  93  à  2{r.05;  2"  1  fr.  75  à  1  fr.  93.  —  Mouton  :  1",  2  fr.  28  à  2  fr.  40; 
2*,  I  fr.  75  à  2  fr.  10;  qualité  inférieure,  1  fr.  58  à  I  fr.  75.  —  Agneau:  2  fr.  lu 
à  2  fr.   69.   -  Fore  :   1",  1  fr.  58  à  1  fr.  70;  2%  1  fr.  40  à  1  fr.  58. 

Viande  à  la  criée.  —  On  a  vendu,  à  la  halle  de  Paris,  du  27  juillet  au  2  août  : 

Prix  du  kilog.  le  2  août. 


kilog. 
Bœuf  ou  vactie  . .   172,957 


Mouton 49,650 

Porc 15,635 

433,222 


l"  quai. 
1.06àl.90  0.92àl.60 
1.66  1.96  1.26  1.64 
1.62  1.90  1.30  1.60 
Porc  frais 


quai. 
0.68  à  I.l6 
0  86  1  24 
0.86  1.28 
1.16à  1  94 


Gtioix.  Basse  boucherie 
1.20à3.00  O.lOà  1.06 
1.10     2.20       .  > 

1.20     3.40       . 


Soit  par  jour 61,889  kilog. 

XI.  —  Cours  de  la  viande  à  l'abattoir  de    la  Villette  du  5  aoîit  {par  50  kilog.) 
Cours  de  la  charcuterie.  —  On  vend  à  la  Villette  par    50  kilog.  :  1"  qualité, 
100  à  105  fr.;  2«,  95  à  100  fr.;  poids  vif,  64  à  70  tr. 

Bœufs.  Veaux.  Moutons. 


1"                  2»                 3« 

V 

2»                   3»                  1"                  2« 

3« 

quai.           quaU          quai. 

quai 

quai.           quai.           quai.          quai. 

quai. 

fr.               fr.               fr. 

fr. 

fr.               fr.               fr.               fr. 

fr. 

80              73              66 

94 

85             76              88             81 

74 

XII.  —  Marché  aux 

bestiaux  de  la  Yillette  du  jeudi  5  aoiU. 

Cours  des  commissionnaires 

Poids 

Cours    officiels.                                en  bestiaux. 

Animaux 

général. 

■^re        2^        3»           Prix  ""       ^1"        2«        3« 

Prix 

amenés.    Invendus. 

kil. 

quai.  quai.  quai,     extrêmes,     quai.    quai.  quai. 

extrêmes 

Bœufs 2.814             8J0 

365 

1.66     I.'i6     1.16     l.lOàl.70       1.64     1.40     1.15 

l.lOàl  68 

Vaches 695             l40 

250 

1.54      1.26      1.00     0.96      l..>8        1.50     1.25      1.00 

0.92     1.57 

Taureaux...        143              29 

370 

1.32     1.14     1.00     0.96     1.38       1.30     1.20     1.00 

0.90     1.35 

Veaux 1.317             311 

80 

1.80      1.70      1.24      1.20      1.9S          »            »            » 

>            » 

Moutons.,..  I9.4i2              807 

18 

2.08      1.76      1.40      1.26     2.10         »            »            . 

*            > 

Porcs  gras..     3.0Î5                » 

82 

1.90     1.80     1.70     t. 60     2.00         »            »            » 

»           » 

—  maigres.          » 

• 

»           » 

Vente  lente  sur  toutes  les  espèces. 

XIII.  —  Résumé. 
Les  prix  de  la  plupart  des  denrées  se  maintiennent  bien:  il  faut  toutefois  fair( 


farines,  sur  lesquels 


nous  avons  eu  a 
A.  Remy. 


exception  pour  les  cours  des  céréales  et 
enregister  un  peu  de  .baisse. 

BULLETIN  FINANCIER. 

Cours  de  la  Bourse  du  28  juillet  au  4  août  1880  {au  comptant). 
Semaine  de  reprise:  Le  3  0/0  est  à  84,85,  gagnant  0,50;  l'amortissable  à  87, 
gagnant  0,1b,  te  le  5  0/0  après  avoir  fait  119,80  reste  à    118,35  coupon  détaché. 
Lésrère  faiblesse  à  nos  chemins  de  fer:  les  autres  valeurs  restent  agitées. 


Principales  valeurs  françaises: 


Rentes  o/o 

Rente  3  0/0  amortis... 

Rente  4  1/2  0/0 115.40 

118.35 


Plus 

bas. 

84.40 

86 .  20 


Plus  Dernier 
haut,  cours. 
84.85  S4.85 
87.50  «7.00 
115.50  115.50 
119.80     118.35 


Rente  5  O/o. 

Banque  de  France 3i60.00  3495.00  SiôO.OO 

Comptoir  d'escompte. 960.00    975.0)    967.50 

Société  générale 553  75     557.50     557.50 

Crédit  foncier 1235.00  1260.00  1250.00 

Est Actions  500  7^5.00     753. 7.i      753.75 

Midi d»  1000.00   1015.00    1005.00 

Nord d'  1580.00   1595.00   1595.00 

Orléans d»  120). 00  1210.00  1205.00 

Ouest d"  805.00     810.00     805.00 

Paris-Lyon-Méditerranée  d°  1345.00  1360.00  1360.00 

Paris  1871  obi.  400  3  0/0..  394.50     398.00     396.00 

Italien  i  0/0 82.30       83.10       83.25 

Qir.^rit  :  ,\.    b  )U:  12. 


Valeurs  diverses  : 

Plus 
bas. 
518.75 
545  00 
473.00 
1040.00 
725.00 
708.75 
925.00 


Pl'is  Dernier 
haut,  cours 
520.00  520.00 
550.00  545.00 
473.75  470.00 
050  00  1050.00 
7J0.00  730.00 
708.75  708.75 
935.00  935.00 
625.00     615.00 


Créd.  fonc.  obi.  500  4  O'O 
d»  d»  d»  d'  3  0/0. 
d°  obi.  c«'  500  3  0/0 
Bque  de  Paris  act.  500... 
Crédit  ind.  et  corn.  500... 
Dépôts  et  cptes  cts.  500... 

Crelit  lyonnais d°..  . 

Créd.  mobilier 61 5. 00 

Cie  parisienne  du  gaz  250  1315.00  1322.50  1320.00 
--  --  575.00 
725.00 
1225.00 
807.50 
5  75.00 
735.00 
555.00 
400.00 


cie  génér.  transall 500     565.00     575.00 

Messag.  maritimes d°    717.50     728.75 

Canal  de  Suez d»  1150.00  1225.00 

d°     délégation d» 

d°      obli.  5  0/0. d" 

Créd.  fonc.  Autrioh 500 

Créd  mob„  Espagnol...  .d* 
Créd. fonc.    Russe 


777.50  807.50 
574.00  575.00 
732.50  735  00 
535.00  580.00 
400.00  401.25 
LETERRIER. 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (uaoutisso). 

Continuation  de  la  moisson  en  France.  —  Bonne  qualité  générale  des  grains  récoltés.  —  Temps 
favorable  à  la  maturation  des  raisins.  —  Développement  des  plantes-racines.  —  Projet  de  loi 
présenté  par  le  gouvernement  anglais  à  la  Chambre  des  communes  sur  la  situation  des  fermiers 
en  Iflandc.  —  Rejet  du  projet  de  loi  par  la  Chambre.  —  Conséquences  de  ce  fait. —  Tableaux 
publiés  par  l'administration  de  l'agriculture  sur  les  produits  des  diverses  cultures  en  France  en 
1879.  —  La  production  des  céréales.  —  Tableau  relatif  aux  plantes  industrielles,  textdes,  four- 
ragères, etc.  —  Le  mouvement  des  prix  des  céréales  pendant  les  dix  dernières  années.  — Ac- 
croissement constant  des  cours  du  bélail.  —  Concours  ouvert  pour  des  emplois  d'adjoint  à  l'in- 
spection de  l'agriculture.  —  Ordre  de  l'examen.  —  Candidats  déclarés  admissibles.  —  Le 
phylloxéra.  —  Note  communiquée  parM.Laliman  à  l'Académie  des  sciences  et  à  la  Société  natio-  ■ 
nale  d'agriculture.  —  Les  maladies  charbonneuses  du  bétail.  —  Recherches  de  M.  Toussaint 
relatives  à  l'inoculation  des  bêtes  ovines.  —  Publication  du  deuxième  fascicule  pour  1880  des 

•  Annales  agronomiques.  —  Examen  de  sortie  de  l'Institut  national  agronomique.  —  Dates  des 
examens  d'admission.  —  Prochain  concours  du  Comice  central  de  la  Loire-Inférieure.  —  Dates 
de  l'ouverture  de  la  chasse.  —  Organisation  d'une  exposition  internationale  des  laines  à  Londres. 
—  Décoration  pour  services  rendus  à  l'agriculture. 

I.  —  Les  récoltes  de  1880. 

Les  moissons  continuent  à  se  faire  dans  d'excellentes  conditions, 
malgré  quelques  pluies  qui,  généralement,  ont  fait  peu  de  mal. 
Presque  partout  les  grains  sont  de  bonne  qualité.  On  a  signalé  quel- 
ques ravages  causés  par  des  orages,  des  insectes  ou  par  des  champi- 
gnons. Mais  ce  sont  de  simples  accidents  locaux.  Il  n'en  est  pas  de 
même  en  Chine,  où,  sur  de  vastes  espaces,  les  récolles  ont  été  dévo- 
rées de  telle  sorte  que,  dans  le  grand^empire  asiatique,  on  redoute  une 
cruelle  famine.  De  ce  côté  pourront  trouver  un  écoulement  les  blés  amé- 
ricains. De  cette  manière,  l'excédent  de  la  production  des  Etats-Unis 
ne  viendra  pas  peser  sur  les  marchés  européens.  Le  temps  est  d'ailleurs 
à  souhait  pour  le  raisin,  de  telle  sorte  que  si,  cette  année,  la  quantité 
manque  un  peu,  la  qualité  ne  fera  probablement  pas  défaut  aux  ven- 
danges. Les  racines,  et  notamment  les  betteraves,  ont  pris  depuis 
quelque  temps  un  grand  développement.  La  situation  agricole,  eu 
égard  à  la  saison  dans  laquelle  nous  nous  trouvons,  est  donc  satis- 
faisante en  France. 

II.  —  Les  fermiers  irlandais. 

Un  fait  grave  vient  de  se  produire  en  Angleterre.  Le  gouvernement 
avait  présenté  à  la  Chambre  des  communes,  qui  l'avait  voté  après 
quelques  amendements,  un  projet  de  loi  ayant  pour  but  de  venir  au 
secours  des  fermiers  de  l'Irlande.  Ce  projet,  connu  sous  le  nom  de  hill 
of  compensation  for  disturbance,  vient  d'être  rejeté  par  la  Chambre  des 
lords,  de  telle  sorte  que  le  cultivateur  irlandais,  dont  les  souffrances 
ont  été  excessives  l'année  dernière,  voit  échapper  les  adoucissements 
qui  lui  avaient  été  promis.  En  Irlande,  le  propriétaire  est  armé  des 
droits  les  plus  rigoureux  contre  le  fermier  ;  quand  celui-ci  est  en  re- 
tard pour  le  payement  de  son  loyer,  le  propriétaire  peut  faire  saisir  et 
vendre,  sans  autre  forme  de  procès,  le  matériel,  le  bétail,  tout  ce  qui 
appartient  au  fermier,  sans  que  celui-ci  puisse  y  faire  la  moindre  op- 
position. Le  projet  de  loi  avait  surtout  pour  but  d'établir  les  droits 
respectifs  des  propriétaires  et  des  fermiers,  de  désigner  la  juridiction 
devant  laquelle  les  fermiers  auraient  pu  faire  appel.  Les  juges  auraient 
eu  le  droit  de  résilier  les  baux,  de  fixer  la  part  que  chacun,  proprié- 
taire ou  tenancier,  devait  supporter  dans  les  pertes  résultant  des  mau- 
vaises récoltes.  La  Chambre  des  Lords  a  refusé  de  rien  changer  aux 
droits  du  propriétaire.  Ce  refus  ne  sera  pas  une  solution  aux  diffi- 
cultés que  rencontre  l'agriculture  irlandaise.  La  bonne  récolte  de  cette 
année  pourra  peut-être  éloigner  les  dangers  de  la  situation.  L'envoi  de 
troupes  en  Irlande,  que  le  gouvernement  de  la  Grande-Bretagne  vient 

N»  592.  —  Tome  III  de  1880.  —  14  août. 


242  CHRONIQUE  AGRICOLE  (14  AOUT    1880). 

de  décider,  n'est  pas  un  remède  agricole.  L'absentéisme  du  proprié- 
taire fait  surtout  le  malheur  de  la  culture,  car  il  est  impossible  de 
lutter  contre  ce  cjrand  principe  que  la  terre  ne  peut  continuer  à  pro- 
duire que  quand  on  lui  rend.  Le  système  appliqué  à  l'agriculture 
irlandaise  est  celui  de  l'épuisement  pour  les  hommes  et  pour  la  terre. 
L'intérêt  des  propriétaires  finira  par  faire  entendre  raison  aux  Lords 
britanniques. 

III.  —  Les  récoltes  de  la  France  en  1879. 
Chaque  année,  le  ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce  publie 
le  relevé  des  récoltes  des  principales  cultures  en  France.  Le  relevé' 
relatif  à  l'année  1879  vient  d'être  imprimé.  11  renferme  des  tableaux 
donnant,  département  par  département,  les  récoltes  en  céréales,  en 
pommes  de  terre,  en  produits  divers  (betteraves,  colza,  plantes  tex- 
tiles, fourrages,  vignes,  etc.),  ainsi  que  le  poids  moyen  de  l'hecto- 
litre, constaté  pour  les  principales  céréales.  A  l'automne  dernier,  l'ad- 
ministration avait  déjà  publié  un  tableau  donnant  les  premières 
appréciations  sur  la  récolte  des  céréales  en  1879;  les  tableaux  défi- 
nitifs ont  naturellement  modifié  les  premières  constatations,  mais 
dans  des  proportions  qui  ne  sont  pas  trop  considérables.  On  en 
jugera  en  comparant  le  premier  tableau  que  nous  avons  publié  (voir  le 
numéro  du  22  novembre  dernier,  tome  IV  de  1879,  page  297),  avec 
les  résultats  consignés  dans  le  tableau  suivant,  qui  renferme  les 
chiffres  définitifs  : 

Nombres  Nombres  d'hec-  Récolte  totale  ■ 

d'hectares  en-      tolitres  récollés  par       ^-— ■■■■m  ^""  — ^ 

semences.  hectare.  en  hectolitres         en  quintaux  métriques. 

Froment G,941,67.o  11.43  79,355,866                  59,873,815 

Méleil 400,692  11.36  4,555,207                    3,344,624 

Seigle 1,770,561  10.67  18,891,088                  13,207,655 

Orge 1,026,982  15.81  16,238,507 

Sarrasin 627,531  14.61  9,169,698 

Avoine 3,444,4'.9  21.56  74,261,581 

Mhïs 612,580  12.09  7,410,196 

Millet 48,192  11.19  539,397                           » 

Pommes  de  terre.  1,256,475  75.14  94,405,426 

En  ce  qui  concerne  les  autres  cultures,  les  résultats  des  récoltes  de 
l'année  1879  peuvent  être  résumés  dans  le  tableau  suivant  : 

Nombres  d'hectares  Nombres  de  quintaux  Récoltes  totales 

ensemencés.  récoltés  par  hectare.      en  quintaux  métriques. 

Betteraves 445,378  237.36  105,716,534 

Houblon 3,003  9.60  28,858 

Colza  (graine) 150,724  11.26  1,698,088 

Chanvre  (filasse)...  88,865  5.08  451,448 

Lin  (idem) 64,408  4.63  298, .^40 

Garance 166  18.78  3,118 

Tabac 10,556  10.63  112,234 

Foin 4,447,426  37.53  166,914,765 

Trèfle 1,037,043  38.20  39,623,965 

Luzerne 905.825  44.13  39,979,680 

Sainfoin 529',400  34.19  18,102,360 

Ce  tableau  montre  que  la  culture  de  la  garance  a  presque  complète- 
ment disparu  en  France.  Quant  aux  surfaces  consacrées  aux  cultures 
fourragères,  la  comparaison  avec  les  années  précédentes  montre 
qu'elles  vont  sans  cesse  en  augmentant. 

A  la  suite  de  ces  documents,  l'administration  de  l'agriculture  a 
inséré  des  tableaux  qui  ne  sont  pas  moins  importants  à  compulser. 
Us  sont  relatifs  aux  prix  moyens  annuels  des  principales  denrées 
agricoles,  pour  Fensemble  de  la  France,  pendant  la  dernière  période 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (14  AOUT   1880).  243 

décennale.  Ces  tableaux  sont  établis  d'après  les  mercuriales  de  ton» 
les  marchés,  et  ils  forment  les  données  les  plus  positives  que  l'on 
puisse  recueillir  sur  le  mouvement  des  prix  des  denrées.  Voici  d'abord 
le  relevé  du  prix  moyen  de  l'hectolitre  et  du  quintal  métrique,  année 
par  année,  depuis  1870  jusqu'à  1879  inclusivement,  pour  les  princi- 
pales céréales  : 

Froment^ MéteiL  Seigle.  Orge.  Avoine^ 

Années,         Hectol.     Quintal.     Ileclol,    Quintal.     Hectol.     Quintal.     Hecloi.     Quintal.     Hectol.  Quintal. 

fr.  fr,  fr.             fr.             fr.             fr.              fr.              fr.  fr.           fr. 

1870 20.48  26.63  16.69  22.69  16.03  19. .'O  12.57  20.03  10.00  21.70 

1871 26.65  33.13  20.18  27. 3:^  16.12  21  .35  14.17  21  94  11.04  23.99 

1872 22.90  30.43  17. .^6  23.05  13.65  18.94  10.95  17.40  8.30  17.79 

1873 55.70  33.48  19.47  2662  15.83  22.17  13.77  22.09  9. .54  20.36 

1874 24.31  31.88  20  75  28.45  17.24  24.05  15.03  23.60  11.33  9.4.32 

1875 19.38  23.93  15.37  20.^7  13.52  18.60  12.16  19.11  20.65  22.12 

1876 20  64  26.71  16.28  22.24  13.96  19.33  12.62  19.72  10.95  23.44 

1877 23.42  30.01  18.69  24.68  15.28  21.11  13.26  20.93  10.37  21.97 

1878 23.08  29.96  17.97  24.48  14.55  20.45  13.51  21.22  9.95  21.20 

1879 21.98  28.77  18.02  24.77  15.19  21.40  12.76  20-48  9  47  20.14 

Moyennes       22.85      29.48      19.08      24.49       15.13      20.69       13.07      20.65      10.16      21.76 

On  voit  que  c'est  en  1870,  en  1875  et  en  1876,  que  les  prix  du  blé 
sont  descendus  le  plus  bas;  une  seule  année,  en  1875,  le  prix;  moyen 
de  l'hectolitre  est  tombé  au-dessous  de  20  fr.  L'année  1879  vient  en 
quatrième  ligne,  avec  une  différence  en  moins  de  87  centimes  seule- 
ment par  hectolitre  sur  la  moyenne  de  la  période  décennale.  En  ce  qui 
concerne  les  autres  céréales,  les  cours  des  deux  dernières  années  se 
rapprochent  des  moyennes  établies  pour  la  période  de  dix  ans. 

Il  n'est  pas  moins  intéressant  de  suivre  le  mouvement  des  prix  du 
bétail  sur  l'ensemble  des  marchés  français.  Les  relevés  publiés  par 
l'administration  de  lagriculture  nous  fournissent,  à  cet  égard,  les 
indications  suivantes  pour  les  années  1870  à  1879.  Les  prix  moyens, 
pour  les  diverses  sortes  de  viandes  de  boucherie,  ont  été  par  kilog.  : 

Années.  Bœufs.  Vaches.  Veaux.  Moutons.  Porcs. 

fr.         fr.         fr.  fr.         fr. 

1870 1.32  1.19  1.38  1.43  1.51 

1871 1.46  1.32  1.57  1.46  1.64 

1872 1.56  1.45  1.68  1.74  1.67 

1873 1.71  1.55  1.77  1.83  1.63 

1874 1.59  1.44  1.61  1.72  1.56 

1875 1.52  1.37  1.53  1.66  1.53 

1876 1.64  1.41  1.64  1.71  1.65 

1877 1.59  1.47  1.72  1.78  1.70 

1878 1.68  1.54  1.80  1.85  1.69 

1879 1.65  1.54  1.75  1.80  1..59 

Moyenne  des  dix  années  1.56  1.42  1.64  1.70  1.62 

Le  mouvement  ascendant  des  prix  du  bétail,  pour  toutes  les  espèces 
d'animaux  domestiques,  que  nous  avons  tant  de  fois  signalé,  est 
confirmé  de  la  manière  la  plus  éclatante  par  ces  chiffres.  Il  n'y  a  eu 
d'exception  que  pour  les  porcs  durant  l'année  1 879,  et  encore  cet 
arrêt  n'a  été  que  transitoire;  les  cours  sont  remontés,  pendant  les 
derniers  mois,  aux  taux  les  plus  élevés  qu'ils  aient  jamais  acquis. 
Le  prix  de  la  viande  ne  peut  que  se  maintenir  et  s'accroître;  car,  ainsi 
que  nous  l'avons  établi  dans  l'enquête  de  la  Société  nationale  d'a- 
griculture, malgré  les  grands  progrès  réalisés,  la  consommation 
annuelle  de  la  viande  n'est  encore  que  de  G6  kilog.  750  par  tête  dans 
les  villes  au-dessus  de  10,000  âmes,  et  de  25  kilog.  920  dans  les 
autres  communes.  Depuis   dix  ans,  la  consommation  s'est  accrue  de 


244  CHRONIQUE  AGRICOLE   (14  AOUT   1880). 

10  pour  100  dans  les  grandes  villes  et  de  20  pour  1()0  dans  les  cam- 
pagnes ;  elle  ne  peut  qu'augmenter  encore. 

IV.  —  Concours  pour  des  emplois  d'adjoint  à  ^inspection   de   VagricuUure. 

Dans  notre  dernière  chronique  (p.  202)  nous  avons  annoncé  l'ou- 
verture du  concours  ouvert  à  Paris  pour  trois  places  d'adjoint  à  l'ins- 
pection générale  de  l'agriculture.  Nous  avons  lait  connaître  la  compo- 
sition du  jury,  ainsi  que  les  noms  des  candidats.  Ce  concours  a  duré 
du  2  au  6  août.  Le  Journal  officiel  du  8  août  en  rend  compte  dans  les 
termes  suivants  : 

«  Le  jury  chargé,  par  arrêté  de  M.  le  ministre  de  l'agriculture  et  du  commerce, 
en  date  du  21  juillet  1880,  de  procéder  au  concours  pour  l'admission  à  l'emploi 
d'adjoint  à  l'inspection  générale  de  l'agriculture,  vient  de  terminer  ses  opé- 
rations. 

«  La  première  réunion  des  membres  du  jury  a  eu  lieu  le  2  août  au  ministère  de 
l'agriculture  et  du  commerce  :  13  candidais  se  sont  présentés  pour  subir  les 
épreuves  du  concours  :  celles-ci  se  sont  poursuivies  sans  interruption. 

«  Elles  comprenaient  une  partie  obligatoire  et  une  partie  facultative. 

«  La  partie  obligatoire  consistait  dans  la  rédaction  de  deux  mémoires.  Le 
premier  sur  une  question  se  rattachant  à  l'agriculture  ou  à  l'une  des  sciences 
appliquées  à  l'agriculture;  le  deuxième  sur  une  question  de  droit  administratif 
concernant  le  service  de  l'agriculture 

<'  Le  jury  a  choisi  pour  la  première  épreuve  le  sujet  suivant  : 

«  Exposer  les  bases  scientifiques  sur  lesquelles  repose  l'alimentation  rationnelle 
du  bétail  :  ce  qu'on  entend  par  équivalence  nutritive  des  fourrages;  rations  d'en- 
tretien, de  travail,  d'engraissement,  —  Rations  équivalentes.  —  Règles  à  suivre 
pour  les  établir. 

«  Relations  entre  la  composition  des  fourrages  et  celle  des  déjections  solides  et 
liquides  produites  par  les  animaux  de  ja  ferme  soumis  aux  divers  modes  de 
rationnement. 

«  Gomment  peut-on,  en  partant  des  données  expérimentales  de  l'alimentation 
rationnelle,  déterminer  pour  une  exploitation  rurale  bien  conduite  :  1"  la  quantité, 
2"  la  qualité,  et  3°  la  valeur  argent  des  fumiers  produits  et  les  pertes  éprouvées 
dans  une  ferme  mai  dirigée?  « 

Le  sujet  que  le  jury  a  donné  ensuite  pour  la  deuxième  épreuve  a  été  ainsi 
formulé  : 

«  Du  concours  de  l'État  dans  les  opérations  et  entreprises  d'intérêt  agricole  : 

ft  1»  Opérations  et  entreprises  qui  peuvent  obtenir  ce  concours  (chemins  vici- 
naux, dessèchements,  drainages,  irrigations,  redressement  et  curage  des  cours 
d'eau,  plantations,  reboisement  et  gazonnement;  création  des  fruitières,  défense 
contre  les  épizooties,  délense  des  vignobles  contre  le  phylloxéra)  • 

c^  2°  Forme  sous  laquelle  le  concours  de  l'État  est  donné  pour  chaque  nature 
d'opérations  et  entreprises  (exemption  d'impôts,  concessions,  plus-value,  subven- 
tions, prêts,  facilités  d'exécution,  syndicats,  etc., etc.). 

«  Préciser  la  nature  de  ce  concours  pour  chaque  opération  et  entreprise. 

«  g"  Conditions  dans  lesquelles  ce  concours  est  donné  (lois,  règlernents,  for- 
malités à  remplir,  instruction  préalable).  » 

«  Cinq  heures  ont  été  accordées  aux  candidats  pour  chacune  des  compositions 
écrites. 

«  A  la  suite  de  cette  double  épreuve,  ont  été  reconnus,  conformément  à  l'article 
6  de  l'arrêté  ministériel  du  2  mai  1879,  aptes  à  remplir  les  fonctions  d'adjoint 
à  l'inspection  générale,  les  candidats  dont  les  noms  suivent  dans  l'ordre  alpha- 
bétique : 

«  M.  Foëx,  professeur  départemental  d'agriculture  et  directeur  de  la  station 
agronomique  de  l'Yonne,  à  Auxerre. 

«  M.  Philippar,  directeur  de  T'école  d'irrigation  et  de  drainage  du  Lézardeau. 

«  M.  Randoing,  ingénieur  agricole. 

«  M.  Vassillière  (Frédéric),  professeur  départemental  d'agriculture  delà  Haute- 
Vienne,  à  Limoges. 

«  M. Vassillière  (Léon),  professeur  départemental  d'agriculture  de  la  Vendée,  àla 
Roche-sur-Yon. 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (14  AOUT   1880).  245 

ce  Pour  la  partie  facultative,  les  candidats  étaient  admis  à  justifier  des  connais- 
sances en  langues  étrangères. 

«  Le  jury  leur  a,  en  outre,  donné  des  notes  :  î°  sur  les  qualités  et  aptitudes  pro- 
fessionnelles; 2»  sur  leurs  titres,  publications  et  travaux  antérieurs. 

«  Le  procès-verbal  du  concours  sera  transmis  au  ministre  avec  une  liste  de 
classement  des  candidats  suivant  l'ordre  de  mérite  que  leur  assigne  le  résultat  gé- 
néral des  opérations. 

«  La  session  a  été  close  le  vendredi  6  août,  à  7  heures  du  soir.  » 

C'est  au  ministre  de  l'agriculture  qu'appartient  la  nomination  des 
adjoints  à  l'inspection  générale.  Trois  places  sont  aujourd'hui  vacantes. 

V.  —Le  phylloxéra. 

Les  communications  sur  le  phylloxéra  continuent  à  être  assez  rares. 
Toutefois  nous  devons  signaler  la  lecture  d'un  mémoire  de  M.  Laliman 
à  l'Académie  des  sciences  et  à  la  Société  nationale  d'agriculture  sur  le 
phylloxéra  des  racines  et  celui  des  galles  des  feuilles.  M.  Laliman  a 
continué  ses  observations  sur  les  cépages  français  qui  peuvent  nourrir 
le  phylloxéra  gallicole,  et  vivre  malgré  ses  atteintes.  Un  nouveau  cépage 
lui  paraît  remplir  ces  conditions,  c'est  le  malvoisie  de  la  Drôme  qui, 
chez  lui,  se  trouve  couvert  de  galles  phylloxériques,  et  qui,  depuis 
que  l'on  a  placé  dans  son  voisinage  un  pied  de  Taylor,  lui  communi- 
quant tous  les  deux  ans  cet  insecte,  ressusciterait  avec  une  étonnante 
vigueur.  M.  Laliman  conclut  qu'il  faut  encore  faire  de  nouvelles  études 
sur  les  cépages  américains  qui  sont  susceptibles  de  résister  au  fatal 
puceron.  Ces  études  se  poursuivent  sur  un  grand  nombre  de  points, 
et  il  est  probable  que  toutes  les  parties  de  cette  importante  question 
seront  bientôt  élucidées.  Dans  tous  les  cas,  il  y  a  aujourd'hui  quelques 
variétés  dont  la  résistance  est  un  fait  désormais  bien  acquis  et  qui  ont 
prouvé  leur  vitalité,  en  même  temps  que  leur  aptitude  à  servir  de 
sujets  pour  le  greffage  des  vignes  françaises. 

VL  —  Les  maladies  charbonneuses. 

Les  études  sur  les  maladies  charbonneuses  qui  attaquent  les  ani- 
maux domestiques  se  poursuivent  avec  beaucoup  d'ardeur.  Récemment 
nous  avons  publié  les  importantes  expériences  de  M.  Pasteur  sur  les 
causes  de  la  diffusion  des  germes  du  charbon  dans  les  terres  cultivées. 
Aujourd'hui,  nous  devons  signaler  une  communication  faite  à  l'Aca- 
démie des  sciences  par  M,  Toussaint,  professeur  à  l'Ecole  vétérinaire 
de  Toulouse,  sur  l'identité  de  la  septicémie  expérimentale  aiguë  et  du 
choléra  des  poules.  Ses  recherches  l'ont  amené  à  cette  conclusion  :  que 
le  choléra  des  poules  n'est  autre  chose  que  la  septicémie  ?/iguë, 
contractée  spontanément  par  ces  oiseaux  dans  les  lieux  qu'ils  habitent, 
et  qu'il  est  nécessaire,  pour  que  le  choléra  existe,  qu'il  y  ait  à  leur 
portée  des  matières  en  putréfaction.  —  En  même  temps,  M.  Toussaint 
a  demandé  à  l'Académie  l'ouverture  d'un  pli  cacheté  qu'il  avait  déposé 
dans  la  séance  du  12 juillet  dernier,  et  qui  estrelatif  à  un  procédé  pour 
la  vaccination  des  moutons  et  des  jeunes  chiens  contre  le  charbon. 
Cette  dernière  note  offre  un  intérêt  direct;  nous  la  reproduisons  en 
entier  : 

«  J'ai  tout  d'abord  employé  la  filtration  du  sang  charbonneux  provenant  du  chien, 
du  mouton  ou  du  lapin.  Pour  cela,  je  recueillais  le  sang  d'un  animal  inoculé  au 
moment  où  il  allait  mourir  ou  immédiatement  après  sa  mort.  Ce  sang  était  ensuite 
défibriné  par  le  battage,  passé  sur  un  linge  et  filtré  sur  dix  ou  douze  feuilles  de  pa- 
pier. C'est  avec  ce  procédé  qu'ont  été  vaccinés  trois  chiens  de  trois  mois  et  la  pre- 
mière brebis.  Mais  c'est  un  moyen  dangereux  et  nullement  pratique,  car  souvent 


246  CHRONIQUE  AGRICOLE   (14  AOUT  1880). 

les  filtres  laissent  passer  les  hactéridies  que  le  microscope  reconnaît  difficilement, 
parce  qu'elles  sont  très  rares,  et  l'on  tue  les  animaux  que  l'on  voudrait  préserver. 

«  En  face  de  ces  accidents,  et  ne  pouvant  me  procurer  de  filtre  donnant  la  ma- 
tière filtrée  en  quantité  suffisante,  j"ai  eu  recours  à  la  chaleur  pour  tuer  les  bac- 
téridies  et  j'ai  porté  le  sang  déûbriné  à  55"  pendant  dix  minutes.  Le  résultat  a 
été  complet.  Cinq  moutons,  inoculés  avec  3  ce.  de  ce  sang,  ont  été  inoculés  depuis 
avec  du  sang  charLonneux  très  actif  et  ne  s'en  sont  nullement  l'essenlis. 

«  Mais  cependant  il  est  nécessaire,  pour  assurer  l'innocuité  complète,  de  faire 
plusieurs  inoculations.  Ainsi,  après  la  première  inoculation  préventive,  j'ai  inséré, 
sous  la  peau  des  oreilles  de  deux  moutons,  du  sang  charbonneux  de  lapin  et  des 
spores  de  culture.  L'un  d'eux  mourut  avec  une  immense  quantité  de  bactéridies 
clans  le  sang.  J'inoculai  alors  de  nouveau  les  quatre  moutons  restants  avec  le  sang 
même  du  mouton  mort,  après  l'avoir  porté  à  bi,",  et,  depuis  cette  époque,  chaque 
mouton  a  été  inoculé  deux  fois  avec  du  sang  charbonneux  sans  en  ressentir  le 
moindre  mal. 

«  Non  seulement  les  animaux  sont  réfractaires  au  charbon,  mais  les  inoculations 
les  plus  chargées  de  bactéridies  ne  produisent  aucun  effet  local  inflnmmatoire;  les 
plaies  se  cicatrisent  comme  des  plaies  simples,  ce  qui  me  porte  à  penser  que  l'ob- 
stacle au  développement  du  charbon  n'est  pas  seulement  dans  les  ganglions,  mais 
aussi  dans  le  sang  ou  la  lymphe,  dans  les  liquides  de  l'économie,  qui  sont  devenus 
impropres  à  nourrir  les  parasites. 

«  Les  moyens  pratiques  qui  pourront  servir  à  inoculer  tous  les  animaux  d'un 
troupeau  vont  être  recherches  immédiatement.  J'espère  que  les  difficultés  seront 
faites  à  surmonter  et  que,  d'ici  à  peu  de  temps,  je  pourrai  rendre  pubfique  la  mé- 
thode renfermée  dans  cette  note.  » 

Cetto  note  renferme  des  faits  très  intéressants,  mais  dont  l'explica- 
tion n'est  pas  encore  donnée.  Dans  tous  les  cas,  il  y  aurait  lieu  à  pour- 
suivre sur  une  i^rande  échelle,  dans  un  pays  infecté  par  le  charbon,  des 
expériences  qui  permettraient  d'établir  la  valeur  de  l'inoculation  des 
moutons,  et  la  durée  de  l'efficacité  de  cette  opération. 

Yn.  —  Annales  agronomiques. 

Le  deuxième  fascicule  de  la  sixième  année  des  Aimales  agroncmiques , 
publiées  sous  la  direction  de  M.  Dehérain,  vient  de  paraître.  Parmi 
les  principaux  mémoires  qu'il  renferme,  nous  citerons  un  mémoire  de 
M.  Duclaux  sur  la  fabrication,  la  maturation  et  les  maladies  du  fromage 
de  Cantal;  un  travail  de  M.  Renouard  sur  la  statistique  comparée  de 
la  culture  du  lin  et  du  chanvre;  des  recherches  sur  les  rutabagas, 
par  M.  Philippar;  des  études  sur  la  composition  chimique  de  la  graine 
de  lin,  par  M.  Ladureau;  un  mémoire  de  M.  Guignet  sur  l'agriculture 
au  Brésil;  une  note  sur  la  composition  des  cendres  de  blé  et  une  étude 
sur  l'asparagine,  par  M.  F.  Meunier;  une  note  de  MM.  I.  Pierre  et 
Lemétayer,  sur  l'escourgeon  comme  fourrage  vert;  une  note  relative  à 
l'influence  du  froid  sur  les  pins  maritimes,  par  M.  Bréal;  les  recher- 
ches de  M.  H.  Pellet  sur  l'existence  de  l'ammoniaque  dans  les  végé- 
taux, dans  la  chair  musculaire  et  la  levure.  Ce  fascicule  se  termine 
par  l'analyse  de  plusieurs  travaux  publiés  à  l'étranger. 

VIII.  —  Examens  de  sortie  de  l'Institut  agronomique. 

A  la  suite  des  examens  de  sortie  qui  viennent  d'avoir  lieu  à  l'Insti- 
tut national  agronomique,  les  élèves  de  la  promotion  de  1878  ont  été 
classés  de  la  manière  suivante  : 

Diplômes  :  MM.  Orry  (Aube).  —  Schribaux  (Haute-Marne).  —  De  Gingins 
(Suisse)  —  Ringelmann  (Seine).  —  Blanchard  (Morbihan).  —  Henri  (Ardennes). 
—  Girona  (Espagne).  — Ractiana  (Roumanie).  — Ansian  (Nord),  —  Lemasque- 
rier  (Seine).  —  Risler  (Suisse).  —  Sarakoménos  (Grèce).  —  Auriol  (Tarn),  — 
Courtin  (Seine).  —  PéHcier  (Seine). 

Certificats  d'études  :  MM.  Déjardin  (Nord).  —  D'Hugues  (Gard). 


CHRONIQUE  AGRICOLE   (14  AOUT   1880).  247 

Aux  termes  de  la  loi  du  9  août  1 876,  MM.  Orry  et  Schribaux  ont  été 
désignés  pour  recevoir  une  mission  complémentaire  d'études  durant 
3  ans  en  France  ou  à  l'étranger. 

Les  examens  d'admission  ont  lieu  dans  la  dernière  semaine  d'octobre 
à  Paris,  rue  Saint-Martin,  292;  à  Dijon,  à  Lyon,  à  Marseille,  à  Bor- 
deaux et  à  Rennes.  Une  seconde  session  a  lieu  en  novembre  pour  les 
jeunes  gens  qui  terminent  leur  volontariat  d'un  an. 

IX.  —  Concours  du  Comice  central  de  la  Loire-Inférieure. 

Le  Comice  central  de  la  Loire-Inférieure,  présidé  par  notre  collabo- 
rateur M.  Bobierre,  procédera  le  2  septembre  à  Ancenis  à  la  distribu- 
tion des  récompenses  qu'il  accorde  chaque  année  aux  agriculteurs  les 
plus  méritants. 

X.  —  Ouverture  de  la  chasse. 

Les  préfets  viennent  de  prendre,  dans  la  plupart  des  départements, 
les  arrêtés  fixant  les  dates  de  l'ouverture  de  la  chasse  en  1880.  Voici, 
pour  les  départements  dont  les  dates  sont  jusqu'ici,  connues,  l'époque 
à  laquelle  la  chasse  sera  ouverte  : 

«  Le  8  août,  dans  le  département  de  la  Corse. 

«  Le  15  août,  dans  les  suivants  : 

ce  Basses-Alpes,  Alpes-Maritiraes,  Aude,  Bouches-du-Rhône,  Gard,  Haute- 
Garonne,  Gers,  Gironde,  Hérault,  Landes,  Lot-et-Garonne,  Hautes-Pyrenées, 
Tarn-et-Garonne,  Yar,  Vaucluse. 

«  Le  22  août,  dans  les  suivants  : 

«  Ardèche,  Ariège,  Aveyron,  Cantal,  Gorrèze,  Drôme,  Haute-Loire,  Lot,  Lo- 
zère, Puy-de-Dôme,  Tarn,  Haute- Vienne. 

«  Le  29  août  dans  les  suivants  : 

«  Ain,  Allier,  Hautes-Alpes,  Charente,  Charente-Inférieure,  Côte-d'Or,  Creuse, 
Dordogne,  Doubs,  Indre,  Indre-et-Loire,  Isère,  Jura,  Loire,  Haute-Saône,  terri- 
toire de  Belfort,  Rhône,    Savoie,  Haute-Savoie.  » 

Nous  ferons  connaître  les  dates  de  l'ouverture  de  la  chasse  dans  les 
autres  départements,  lorsqu'elles  seront  fixées. 

XL  —  Exposition  internationale  de  laines. 

Une  exposition  internationale  de  laines,  de  lainages  et  des  produits 
des  industries  qui  s'y  rattachent,  aura  lieu  à  Londres  en  1881.  Celte 
exposition  se  tiendra  au  palais  de  cristal,  du  mois  de  juin  au  mois 
d'octobre.  Des  sections  spéciales  y  seront  ouvertes  pour  les  laines  en 
toison,  les  mérinos  fins,,  les  laines  à  peigner,  à  carder,  etc.,  ainsi  que 
pour  les  déchets  de  laine,  les  peaux  de  mouton  et  d'agneau.  Cette  expo- 
sition offrira  à  ceux  qui  y  prendront  part,  des  avantages  sérieux. 
XII.  —  Décoration  pour  services  rendus  à  l'agriculture. 

Nous  apprenons  avec  plaisir  que  M.  le  docteur  Sillen,  directeur  en 
France  de  la  maison  Aveling  et  Porter,  vient  d'être  nommé,  par  l'em*- 
pereur  de  Russie,  chevalier  de  l'ordre  de  Saint-Stanislas.  Cette  haute 
distinction  lui  a  été  conférée  pour  reconnaître  les  services  qu'il  a 
rendus  à  l'empire  russe  par  l'introduction  et  la  propagation  des  loco- 
motives routières  et  des  appareils  de  labourage  à  vapeur. 

»  J.-A.  Barral. 

SOCIÉTÉ  NATIONALE  D^AGRIGULTURE, 

Séance  du  11  août  1880.  —  Présidence   de  M.  Chevreul. 
M.  le  ministre  de  l'agriculture  envoie  un  exemplaire  des  tableaux 
statistiques  indiquant  les  résultats   des  récoltes  delà  France  en  1879 


248  SOCIÉTÉ    NATIONALE    D'AGRICULTURE   DE  FRANCE. 

et  les  prix  moyens  des  principaux  produits.  Les  observations  que  pro- 
voque l'examen  de  ces  tableaux  sont  présentées  dans  la  chronique  de 
ce  numéro.  A  ce  sujet,  M.  Bouquet  de  la  Grye  et  M.  Bella  ajoutent 
quelques  réflexions  sur  la  méthode  adoptée  pour  faire  les  moyennes 
des  mercuriales  des  marchés  aux  bestiaux. 

M.  Targioni-Tozzetti,  correspondant  de  la  Société,  envoie  une  note 
sur  les  résultats  de  l'hiver  aux  environs  de  Florence  (Italie);  il  insiste 
particulièrement  sur  les  dégâts  causés  aux  forêts  de  pins  par  le  froid 
anormal. 

M.  Patou  envoie  une  note  sur  un  procédé  qu'il  a  imaginé  pour  la 
destruction  du  phylloxéra. 

M.  J.  B.  Lawes,  membre  étranger,  envoie  le  résultat  de  ses  der- 
nières expériences  sur  la  culture  de  diverses  plantes  à  Rothamsted, 
ainsi  que  plusieurs  travaux  qu'il  a  publiés  en  collaboration  avec 
M.  Gilbert,  notamment  sur  des  prairies  permanentes  maintenues  pen- 
dant plus  de  vingt  ans  sur  le  même  sol,  et  deux  mémoires  sur  le 
climat  de  l'Angleterre  et  ses  récoltes  de  blé,  et  sur  la  production,  les 
importations,  les  prix  et  la  consommation  du  blé  depuis  1 852  jus- 
qu'en 1880. 

M.  le  secrétaire  perpétuel  donne  lecture  d'une  lettre  de  M.  Jules 
Maistre  sur  les  résultats  qu'il  a  obtenus,  dans  ses  vignes  de  Ville- 
neuvette,  par  l'emploi  combiné  de  l'eau  et  du  sulfocarbonate  pour 
combattre  le  phylloxéra.  M.  Maistre  se  loue  tout  parliculièrement  de 
cette  méthode  qui  lui  a  permis  de  reconstituer  des  vignes  qu'on  pou- 
vait considérer  comme  perdues. 

M.  Demarson  envoie  une  note  sur  un  projet  de  création  d'une  ferme- 
école  d'application  à  Reims,  d'un  [dépôt  et  d'une  école  de  dressage. 
M.  Lavallée  fait  hommage  de  la  première  livraison  de  V Icônes 
seleclce  arborum  et  fructicum  m  horiis  segrezianis  collcclorum,  dont  il  a 
commencé  la  publication.  11  donne  des  détails  spéciaux  sur  les  essais 
de  culture  et  les  qualités  d'un  noyer  du  Japon,  Juglans  Sieboldiana, 
décrit  dans  cette  livraison.  M.  Chevreul  insiste  sur  l'importance  des 
cultures  expérimentales  analogues  à  celles  que  M.  Lavallée  poursuit  à 
Segrez. 

JVL  Gayot  donne  lecture  d'une  note  dans  laquelle  il  insiste  spéciale- 
ment sur  l'extension  prise  par  l'élevage  du  bétail  aux  Etats-Unis 
d'Amérique  et  sur  l'accroissement  des  exportations  d'animaux  vivants 
et  de  \iandes  abattues.  M.  Barrai  fait  remarquer  combien  il  importe 
de  se  garder  de  toute  exagération  dans  les  appréciations  de  ce  genre; 
il  insiste  sur  la  nécessité  de  n'avoir  recours  qu'à  des  documents  abso- 
lument certains;  il  signale  les  contradictions  que  renferme  une  des 
publications  citées  par  M.  Gayot.  M.Risler  ajoute  quelques  explications 
sur  l'extension  que  pourraient  prendre  les  cultures  fourragères  et  la 
production  du  bétail  dans  plusieurs  parties  de  la  France  où  l'on  cul- 
tive presque  exclusivement  les  céréales. 

M.  Bouchardat  présente  un  rapport  sur  une  brochure  de  M.  Ott, 
relative  à  la  culture  de  la  vigne  en  Algérie  ;  il  signale  l'extension  que 
la  production  du  vin  dans  notre  colonie  africaine  a  prise  depuisquel- 
ques  années.  M.  Barrai  et  M.  Chevreul  présentent  quelques  observa- 
tions sur  les  méthodes  d'analyse  des  vins  et  sur  les  résultats  que  ces 
analyses  peuvent  donner  suivant  les  méthodes  employées. 

Henry  Sagisier. 


LA  PRIME  D'HONNEUR  DES   PYRÉNÉES-ORIENTALES.  249 


LA  PRIME  D'HONNEUR  DES  PYRÉNÉES-ORIENTALES  -IF 

M.  Desprès.  —  Jetons  tout  d'abord  un  coup  d'œil  rapide  sur  les  250  hectares 
de  châtaigniers  qui  attirèrent,  ainsi  que  les  autres  cultures  du  domaine  des  Planes 
l'attention  du  jury  en  1870.  ' 

Réglés  par  coupes  de  18  hectares  et  périodes  de  14  ans,  la  plupart  de  ces 
châteigniers  étaient  exploités  autrefois  tous  les  six  ans  et  ne  rapportaient  que 
des  cercles  et  du  charbon  d'un  prix  très  avili 

M.  Desprès  a  été  des  premiers  à  substituer  les  futaies  aux  taillis,  et  là  où  il  reti- 
rait 30  et  35  francs  de  ses  plantations,  M.  Desprès  retire  aujourd'hui  le 
double. 

La  moyenne  de  1865  à  1878  ne  luia  donné,  il  est  vrai,  d'après  mes  calculs,  que 
56  francs;...  il  faut  l'attribuer  à  la  grande  dépréciation  des  dernières  années'  dé- 
préciation qui  a  pesé  également  sur  les  taiUis. 

Et  ce  produit  des  futaies  serait  certainement  bien  plus  élevé,  si  sur  ces  terrains 
en  pente,  à  sol  friable  et  difficile  il  est  vrai,  on  s'appHquait,  en  général,  à  établir 
des  chemins  d'exploitation  et  à  seconder  ainsi  l'administration  des  ponts  et  chaus- 
sées. 

Les  chemins  d'exploitation  assez  rares  dans  ce  pays  seraient  l'arme  la  plus  terri- 
ble contre  les  importations  de  châtaigniers  de  Naples  et  de  la  Sardaio-ne  ou  des 
chênes  de  Trieste  et  de  l'Amérique.  Qu'on  se  rappelle  les  transports  à  dos 
d'hommes! 

Qu'est-ce  que  l'impôt  à  côté  de  cette  dépense  journalière  des  transports  qui 
grèvent  les  bois  comme  tous  les  produits  de  la  culture? 

Il  est  impossible  d'entrer  ici  dans  les  prix  de  revient  des  deux  systèmes  d'ex- 
ploitation, le  taillis  ou  la  futaie,  chez  M.  Desprès,  ni  de  s'étendre  sur  la  destina- 
tion de  la  douelle  selon  ses  dimensions  pour  le  denii-muid,  la  bordelaise,  le  barri- 
lat  ou  la  samalisse,  je  le  fais  dans  mon  rapport;  mais  telle  est  la  tendance  des  pro- 
priétaires de  suivre  l'exemple  etde  subir  les  méthodes  de  M.  Desprès. 

Voyons  plutôt  les  progrès  réalisés  depuis  le  dernier  concours,  car  tel  est  le  but 
de  notre  visite  : 

M.  Desprès  s'est  livré  tout  particulièrement  àl'étude  des  forêts, — il  y  apuisé  la 
onnaissance  approfondie  des  ressources  que  pouvait  lui  fournir  encoi'e  son  do- 
maine. 

Mais  M.  Desprès  que  noblesse  des  concours  oblige  n'a  pas  seulement  pensé  à 
sa  ferme,  il  s'est  encore  préoccupé  du  département  qui  comporte  cent  mille  hec- 
tares de  terres  incultes  ou  boisées,  c'est-à-dire  le  quart  de  sa  superficie. 

Nous  le  voyons,  dans  cette  période,  étudier  et  résumer  en  ses  écrits  les  condi- 
tions minéralogiques  des  montagnes,  l'exposition,  l'altitude,  la  manière  dont  s'y 
comporte  la  végétation,  et  il  trouve  à  faire  jouer  un  rôle  à  chacune  des  parties  de 
ce  vaste  champ  où,  à  des  altitudes  diverses,  il  peut  assigner  telles  ou  telles  es- 
sences qui  donneraient  au  département  la  plus  riche  collection  forestière. 

Le  chêne-liège  et  le  micocouHer;  le  châtaignier  et  le  cliêne;  le  hêtre  le  bou- 
leau, le  pin  et  le  sapin  qu'il  examine  tour  à  tour,  donnent  un  effet  utile  à 
600  mètres,  à  800  mètres  et  au  delà  de  800  mètres,  toutes  conditions  d'ailleurs 
gardées  d'exposition  et  de  fond,...  voilà  ce  qu'écrit  M.  Desprès. 

Toutefois,  ce  n'est  là  qu'une  étude  qui  étabbt  sa  compétence  sur  une  base  désor- 
mais solide.  —Il  s'attache  alors  aux  essences  dont  l'expérience  a  pu  faire  consta- 
ter les  avantages. 

Le  chêne-liège  doit,  avec  le  temps,  fournir  des  ressources  importantes,  il  le 
plante  chez  lui  !  Le  châtaignier  qu'il  a  développé  sur  sa  ferme  en  grandes  planta- 
tions et  le  pin  peuvent,  dit-il,  chacun  à  sa  zone  correspondante,  remplacer  le 
hêtreet  les  autres  essences  propres  seulement  à  l'usage  des  forges,  tandis  que  le 
châtaignier  et  le  pin,  bien  que  susceptibles  du  même  emploi,  sont  destinés  à  tous 
les  services  comme  bois  de  tonnellerie,  d'œuvre  et  de  construction,  et  il  fait  de  ses 
terres  qui  restent  à  boiser  un  champ  d'expériences,  une  école  dendrologique  où  il 
réunit  :  le  pin  maritime,  le  pin  d'alep.  le  pin  pignon,  le  pin  larricio,  le  pin  noir 
d'^Autriche,  le  pin  lord  Weimouth,  le  pin  Cembro",  le  pin  sylvestre,  variétés  remar- 
quables de  cette  importante  famille  de>  Conifères  qui  croît  dans  les  régions  les 
plus  diverses  depuis  les  neiges  éternelles  et  les  climats  rigoureux  de  l'Amérique 

1.  Eïtrait  du  rapport  lu  au  concours  régional  de  Perpignan.  —  Voir  le  Journal  du  7  août, 
p.  21 1  de  ce  volume. 


250  LA.  PRIME  D'HONNEUR  DES  PYRÉNI^JES-ORIENTALES. 

septentrionale  jusqu'aux  contrées  les  plus  chaudes  de  l'Archipel  indien  et  très 
propres  aux  zones  diverses  du  départenaent*. 

C'est  ainsi  que  M.  Desprès,  l'ancien  lauréat,  oublie  de  se  reposer  sur  ses  suc- 
cès et  que  son  domaine,  aujourd'hui  comme  hier,  est  digne  de  nos  éloges  les  plus 
mérités. 

Le  domaine  des  Planes,  d'une  vajeur  triple  de  ce  qu'il  était  au  début,  aujour- 
d'hui rehaussé  par  ses  pépinières,  par  ses  prairies  nouvellement  créées,  par  la 
captation  d'une  source  importante,  est  devenu  un  exemple  de  ce  que  peut  l'homme 
qui,  tout  en  servant  ses  propres  intérêts,  vise  encore  au  bien  public  et  s'en  préoc- 
cupe. 

En  quittant  M.  Desprès  et  nous  dirigeant  sur  les  bords  de  la  Tet  oii  sont 
MM.  Malègue,  Alahcrt,  Hainaut,  nos  concurrents  de  la  plaine,  nous  descendons 
encore  dans  la  vallée  du  Tech, 

Bientôt  à  Arles  apparaît  folivier  associé  à  la  vigne,  l'olivier  dont  M.  le  ministre 
de  l'agriculture  se  préoccupe  en  présence  de  la  fraude  odieuse  dont  les  huiles 
d'olive  sont  l'objet.  La  fraude  n'est  pas  la  liberté  commerciale! 

Le  fond  de  la  vallée,  comme  un  casis  resserrée  des  aspres,  se  couvre  de  toutes 
sortes  de  cultures  depuis  Paialda  surtout  jusqu'à  Géret.  A  côté  des  prairies,  des 
maïs,  des  luzernes,  viennent  se  grouper  les  arbres  à  fruits,  cerisiers,  figuiers, 
pommiers  ! 

On  dirait  toutes  ces  plantes,  tous  ces  arbres  descendus  des  hauteurs  pour  se 
désaltérer  dans  le  Tech,  tant  ils  se  pressent  sur  ses  bords;  mais  non,  les  arbres 
fruitiers  n'ont  pas  grand  besoin  d'eau,  ils  pourraient  prospérer  et  donner  de 
grands  produits  dans  les  aspres  comme  sur  les  terres  sèches  de  la  Provence, 
et  la  rente  des  terres  monte  jusqu'à  3u0  fr.  l'hectare. 

Le  noisetier  fait  l'objet  d'un  commerce  si  important  qu'on  fonde  sur  lui  les  plus 
grandes  espérances;  le  mûrier,  dont  la  feuille  a  une  valeur  si  considérable,  eu 
égard  aux  autres  régions,  et  le  système  Pasteur,  ont  fait  prospérer  dans  ces  der- 
nières années  la  sériciculture;  mais,  dit  M.  Labau,  les  petites  éducations  ont 
adopté  partout  la  sélection  des  graines  et  diminué  d'autant  l'industrie  du  Rous- 
sillon. 

Abandonnant  le  Tech  dont  une  partie  des  eaux  se  perd  dans  des  couches 
sablonneuses  et  qui,  par  ses  dérivations,  va  fertiliser  Maureillas,  Saint-Grcnis, 
Palan  del  Yidre,  dont  les  terres  ont  doublé  de  valeur  par  le  canal  des  Albères; 
montant  sur  ces  hauteurs  auxquelles  le  Ganigou  sert  d'appui,  nous  laissons  der- 
rière nous  ces  grandes  montaones,  pays  d'élevage  au  haut  desquelles  sont  les 
lieux  de  transhumance  pour  l'été.  Pauvres  du  côté  de  Prats-de-Mollo,  plus  ou 
moins  fertiles  depuis  Prats-de-Mollo  jusqu'en  Ariège,  très  riches  du  côté  de 
Prades  et  dOlette   à  Mosset,  à  Urbanya,  comme  à  Mantet,  Evol,  où  vivent  des 

1.  La  France  du  dix-huitième  siècle  s'est  occupée  de  ces  arbres  résineux,  c'est  à  elle  que  l'on  doit 
l'introduction  de  quelques-uns  d'entre  eux  par  les  Duhamel,  les  Fenil  de  Varennes,  et  personne 
n'ignora  les  services  qu'ils  ont  rendus  avec  Brémontier  sur  les  dunes  ou  bien  dans  l'intérieur  des 
Landes  et  delà  Sologne:  les  services  qu'ils  rendent  à  la  malheureusa  population  duCapcir! 

Malheureusement  cette  question  des  reboisements  se  heurte  à  celle  des  communaux. 

Nous  n'avons  pas  besoin  de  bois,  disent  les  communes,  c'est  de  l'herbe  qu'il  nous  faut,  comme 
on  disait  dans  les  Alpes  au  rapport  de  M.  de  la  Grye,  conservateur  des  forêts,  comme  on  disait  dans 
les  Landes  où  une  brejais  pouvait  bien  valoir  de  4  à  5  francs,  il  y  a  trente  ans,  et  où  la  valeur  des 
terres  est  montée  depuis,  de  3  à  plus  de  mille  francs  l'hectare  par  la  plantation. 

Cependant  l'herbe  ne  favorise  pas  la  création  de  ces  sources  si  utiles  à  la  plaine,  de  ces  sources 
que  l'on  a  vu  disparaître  et  revenir  avec  les  déboisements  et  les  reboisements,  et  elle  n'amène  le 
plus  souvent,  par  sa  rareté  sur  la  montagne,  qu'une  privation  pour  le  bétail,  au  dire  des  plus 
experts.  Elle  n'abrite  pas  enfin  ces  cultures  arbustives  si  souvent  compromises  par  les  gelées  et 
sur  lesquelles  reposent  le  véritable  avenir  et  la  fortune  du  Midi. 

Les  Cévennes  et  les  Alpes  protcyaient  autrefois  nos  régions;  les  bois  étaient  en  tel  excès  sous 
Charles  IX  'lue,  disent  les  chroniques  de  Provence,  on  fat  obligé  de  faire  couper  une  grande 
quantité  d'arbres  sur  sa  route  pour  permettre  à  son  carrosse  de  passer. 

On  a  accusé  la  Révolution;  or,  la  première  gelée  qui  ait  tué  nos  oliviers  et  nos  mûriers  date 
de  1709;  vinrent  ensuite  les  gelées  successives  de  1746-1789  et  dans  cette  période  les  parlements 
firent  entendre  bien  souvent  leurs  doléances  contre  les  déboisements  que  notre  siècle  lui-même  a 
continués  en  181o,  1830,  1848,  18b2,  au  point  de  restreindre  de  moitié  la  réserve  forestière  de  1792 
qui  étiit  de  l,70i!,C00  hectares  au  dire  de  M.  de  Nast. 

Aujourd'hui  et  partout  s'etl'ectuent  des  reboisements  confiés  à  cette  grande  et  belle  administra- 
tion forestière  qui  ne  lutte  que  trop  souvent  contre  le  mauvais  vouloir  intéressé  des  uns  et  1  igno- 
rance des  autres.  Les  particuliers  reboisent  aussi,  mais  faudrait-il  avoir  pour  les  bois  quelque 
chose  de  ce  respect  que  j'ni  entendu  réclamer  bien  souvent  dans  ce  département,  de  ce  respect 
qui  fut  si  graad  chez  des  peuples  très  avancés  en  agriculture  qu'il  allait  jusqu'à  la  superstition, 
et  superstition  ici  veut  dire  religion  tutélaire  des  intérêts!  Faudrait-il  encore  pour  encourager  les 
plantations,  réprimer  les  dévastations,  permettra  le  pâturage  des  bois  défensables,  concilier  ainsi 
les  intérêts  de  la  plaine  et  de  la  montagne. 


LA  PRIME   d'honneur  DES  PYRÉNÉES-ORIENTALES.  251 

bœufs,  chevaux,  moutons  venus  de  tous  les  environs  et  de  l'Espagne.  Les  moutons 
du'  pays  viendront  en  général  dans  les  plaines  de  Prades,  d'IU,  de  Vinça,  de 
Thuir  ou  de  Millas,  où  la  valeur  des  terres  s'élève  de  7,00J  à  8,000  fr.  ou  à 
Sahore  et  Vernet-les-Bains;  mais  les  moutons  du  Gapcir  iront  dans  les  basses 
Aspres,  à  Canet,  pays  des  prés  salés  et  des  blés  renommés,  à  Alénya,  Elne  et 
Argelès,  et  ils  trouveront  là  une  nouri-iture  moins  forte,  mais  certainement  plus 
hygiénique. 

Ces  montagnes,  pays  d'élevage,  cachent  à  nos  yeux  le  Gapcir,  la  Gerdagne, 
Mont-Louis,  si  curieux,  si  intéressants  à  visiter,  régions  présentant  les  mêmes 
contrastes  que  le  Roussillon,  et  dont  je  voudrais  parler,  et  puis  les  fruitières  de 
Formiguièces  et  de  Llagone;  Fontpédrouse,  population  à  part  et  malheureuse, 
Olette,  enfin,  où  commencent  encore  de  ce  côté,  comme  à  Arles,  l'olivier  et  la 
vigne. 

Mais  les  hauteurs  où  nous  sommes  olfrent  le  plus  beau  panorama.  Elles  sont 
comme  le  fond  d'un  vaste  amphithéâtre,  s'inclinant  par  des  pentes  mamelonnées 
vers  la  mer,  ayant  pour  galeries  latérales  les  Gorbières  et  les  Albères,  le  Tech  et 
la  Tet,  et  pour  scène  la  mer  avec  ses  pêcheries  de  Bircarès  et  de  Banyuls  dont 
les  produits  diffèrent,  et  ses  navires  transportant  les  richesses  du  Roussillon. 

Vers  les  Albères,  à  droite,  s'accoudent  :  le  micocoulier^  ce  représentant  d'une 
petite  industrie  mais  digne  d'intérêt,  absolument  vaincu  et  perdu  dans  sa  lutte 
inégale  avec  l'Italie. 

Le  chèae-liège  qui  combat  avec  les  produits  du  Portugal  et  de  l'Algérie,  deman- 
dant à  ces  pays  les  2/3  nécessaires  à  sa  fabrication,  mais  qui  résiste. 

L'olivier  qui  succombe  et  dont  s'empare  l'Australie  riche  en  laine,  alors  que 
l'Amérique  cherche  en  perfectionnant  nos  méthodes  de  tabrication  à  l'introduire 
à  côté  de  ses  maïs,  de  ses  biés,  de  ses  bœufs 

Les  vieilles  vignes  de  Collioures  atteintes  par  un  nouvel  insecte,  le  Vesperus, 
trouvé  par  M   Oliver. 

Les  vignes  récentes  de  Banyuls,  Port-Vendres  et-Gosperons,  remarquables  comme 
les  précédentes  par  leurs  grenaches,  mais  dont  la  réputation  a  été  jadis  considé- 
rable aux  Etats-Unis  avec  le    Burgondy,  port  comparable  aux  vins  de  Constance. 

Et  enfin  de-s  essais  d'acchmatation  du  Ramié  introduit  de  Rio-Janeiro  en  1868, 
par  M.  Palms  Bohé,  un  ancien  lauréat  de  nos  concours. 

G'est  là,  vers  les  Albères  et  devant  nous,  au  Boulon,  à  Tressère,  à  Brouilla,  à 
Ortaffa,  Thuir,  Ponteilla,  Sainte-Golombe,  au  mas  Deu,  jusqu'à  la  mer,  à  Ganet, 
à  Alénya,  dans  cette  région  en  partie  faiblement  arrosée,  et  surtout  aride  et  sèche, 
dans  ces  aspres,  en  un  mot,  que  nous  allons  quitter  et  qui  méritent  au  plus  haut 
degré  nos  sympathies,  que  régnait  en  maîtresse,  il  y  a  trente  ans,  la  culture  pa- 
triarcale avec  ses  propriétaires  s'associant  à  leurs  fermiers  dans  un  égal  amour 
pour  l'agriculture;  que  régnait  la  culture  à  métayage,  jachère,  blé,  avec  ses  trans- 
humances d  hiver,  vesces  et  orge  sur  les  hauteurs,  lupin  et  trèfle  incarnat  dans 
les  bas-fonds,  avec  ses  forêts  d'oliviers  mesurant  alors  la  richesse  des  propriétés, 
avec  ses  blés  renommés,  ses  mérinos  améliorés  par  Grilbert. 

G'est  ici  qu'aujourd'hui  la  vigne  renversant  l'olivier  providentiel  pour  les  aspres, 
renversant  la  culture  et  son  bétail,  vient  demander  asile  au  Roussillon,  l'obtenir 
presque  sans  partage  et  donner  en  échange  ses  richesses. 

Puisse  la  vigne  nouvelle  se  régénérer  au  contact  des  vignobles  justement  célèbres 
de  ce  pays,  ou  puisse  plutôt  la  Providence  la  faire  triompher  de  ce  fléau  qui  a 
ruiné  la  Provence  et  une  partie  du  Languedoc,  sans  décourager  les  vrais  amis  de 
l'agriculture  I 

S  2. 

Sur  les  bords  de  la  Tet  où  nous  arrivons,  rien  n'est  beau  comme  cette  végéta- 
tion luxuriante  des  cultures  :  les  assolements  remarquables  donnent  jusqu'à  cinq 
récoltes  en  deux  ans.  G'est  ce  qui  faisait  dire  à  Arthur  Young  que  cette  vallée  était 
d'une  remarquable  fertilité.  Les  maïs  et  les  bœufs  sont  les  deux  agents  princi- 
paux de  la  fertilisation.  En  fait  d'instruments,  c'est  le  dental  qui  domine.  Les 
arbres  fruitiers  abondent  en  variétés  différentes  de  la  montagne.  Ces  variétés  sont 
dues  aux  meilleures  greffes,  chez  M.  Robin,  pépiniériste  :  tels  l'abricotier  rouge 
'hâtif,  le  cerisier  Saint-Georges,  le  pommier  Fenouillet,  le  poirier  beurré  Glergeau; 
mais  en  présence  d'une  végétation  si  riche  d'éclat,  l'esprit  reste  confondu;  au- 
cun arbre  n'est  taillé  dans  les  jardins,  c'est  l'excès  opposé  de  ce  qui  a  lieu  pour 
l'olivier  mutilé.  De  Perpignan  à  Pézilla  l'eau  coule  à  pleins  bords  des  fossés  d'ar- 


252  LA  PRIME  d'honneur  DES  PYRÉNÉES-ORIENTALES. 

rosage.  L'asperge  de  Montreuil  et  l'artichaut  renouvelé  tous  les  ans,  à  côté  des 
melons  et  des  tomates  échalassées,  attirent  notre  attention. 

M.  Malègue.  —  M.  Malèfi;iie  que  nous  rencontrons  à  Pézilla  de  la  rivière,  sur 
les  bords  de  la  Tet  ;  M.  Malègue,  que  tout  le  monde  ici  connaît  de  réputation^ 
était  bien  jeune  encore  quand  il  prit  en  mains,  vers  1853,  par  considérations  de 
famille,  l'héritage  paternel,  et  qu'il  osa  se  charger,  à  titre  de  fermier,  au  prix  de 
200  francs  l'hectare,  des  deux  parts  revenant  à  ses  deux  sœurs. 

Le  domaine  de  55  hectares  qu'il  allait  diriger,  n'avait  rien  qui  put  séduire  un 
jeune  homme  étranger  jusque-là  aux  choses  de  l'agriculture.  Les  bâtiments  de 
ferme  situés  dans  le  village  même  de  Pézilla,  loin  du  centre  de  l'exploitation, 
étaient  dans  un  état  déploi'able  et  les  terres  dispersées  y  formaient  deux  divisions 
très  éloignées  l'une  de  l'autre. 

Sur  l'une  de  ces  divisions,  dans  les  Grarrigues,  à  2  ou  3  kilomètres,  les  vignes 
se  mouraient  sous  l'atteinte  de  l'oïdium  ;  sur  l'autre,  tout  près  de  Pézilla,  les 
terres  de  valeur  et  soumises  à  l'arrosage  se  trouvaient  épuisées  par  les  fermiers 
sortants. 

Restituer  aux  terres  de  valeur  leur  ancienne  fertilité,  sauver  les  vignes  des 
coteaux  et  établir  une  étroite  solidarité  entre  ces  deux  cultures  si  éloignées  en  les 
faisant  prospérer  l'une  par  l'autre,  voilà  quel  fut  le  plan  du  jeune  agriculteur. 

Deux  voies  s'ofl'raient  à  lui  :  l'une  qui  lui  permettrait  de  réaliser  les  améliora- 
tions avec  le  temps  et  l'économie,  en  laissant  prédominer  la  force  productive  du 
sol,  l'autre  de  marcher  plus  vite  en  soumettant  cette  force  productive  à  celle  des 
capitaux.  Cette  dernière  voie  était  évidemment  la  plus  conforme  aux  conditions 
économiques  de  sa  ferme  située  près  d'un  grand  centre,  Perpignan,...  jouissant 
de  l'arrosage,  d'une  main-d'œuvre  suffisante  et  ayant  une  valeur  locative 
élevée. 

M,  Malègue  emprunta  de  l'argent,  chose  critique  en  agriculture;  il  acheta  son 
matériel  d'exploitation....  On  le  vît  dès  lors  baser  sa  culture  sur  le  labourage  et 
le  pâturage,  selon  l'expression  du  grand  Sully,  ou,  si  l'on  préfère,  sur  la  culture 
et  les  bestiaux,  principe  de  la  fécondité  des  terres. 

On  le  vît  créer  des  prairies  artificielles,  nom  que  leur  avait  donné  le  maître  en- 
seignant du  grand  ministre,  et  distiller  la  betterave,  cette  plante  précieuse  dans 
laquelle  Olivier  de  Serres  enfin,  avait  reconnu  le  premier  la  présence  du  sucre. 

Pour  mieux  utiliser  ses  fourrages,  se  livrer  à  l'élevage  des  races  précoces,  des 
Durhams,  des  Gharollais  qu'il  avait  remarqués  dans  les  concours  ; 

Et,  finalement  améliorer  ou  replanter  ses  vignes  des  coteaux,  recevant  partout 
sur  sa  ferme,  dans  les  concours  régionaux,  et  auprès  des  hommes  entendus,  les 
éloges  les  plus  mérités,  les  récompenses  les  plus  flatteuses. 

Combien  ne  sommes -nous  pas  déjà  loin  des  fermes  de  la  montagne  qui,  dans 
leurs  conditions,  tout  autant  que  la  ferme  de  M.  Malègue,  suivent  les  principes 
de  la  raison  d'être  en  conservant  la  jachère  et  le  bétail  de  parcours,  et  non  la 
routine,  mot  impropre  et  dont  on  abuse  trop  souvent? 

Eq  1868,  obligé  de  restreindre  sa  culture  par  suite  de  maladie,  M.  Malègue 
abandonne  en  partie  l'élève  de  la  race  bovine  et  se  met  dans  le  mouvementqui, 
après  les  traités  de  1860,  portait  le  Midi  vers  une  plus  grande  extension  de  la  vigne, 
vers  la  spéciaUsation  de  la  culture  arbustive. 

Le  phylloxéra  venait  d'être  découvert,  la  guerre  allait  avoir  Heu.  Sacs  la 
guerre  et  le  phylloxéra  nous  devions  tous  nous  enrichir! 

Examinons  tout  d'abord  la  culture  arable  pour  parler  ensuite  de  la  vigne  : 

Dans  cette  deuxième  période,  la  culture  arable  restreinte  sera  toujours  néan- 
moins le  pivot  de  l'exploitation.  Elle  sera  soumise  dans  ce  but  à  un  assolenient 
triennal  très  intensif  dans  lequel  figureront  sur  7  hectares  :  les  racines,  l'avoine, 
le  blé,  avec  cultures  dérobées  de  maïs-fourrage,  de  seigle  en  vert,  de  turneps,  qui 
doubleront  ainsi  la  surface  cultivée  en  plantes  épuisantes  ;  naais,  sur  4  hectares 
en  dehors  de  l'assolement,  seront  établies  des  prairies  artificielles  et  naturelles, 

La  production  sera  presqu'en  entier  fourragère,  la  culture  vivra  par  le  bétail 
d'engrais  acheté  et  renouvelé  tous  les  ans, 

M.  Malègue  obtiendra,  d'après  nos  calculs,  145,000  kilog.  de  fourrages 
ramenés  comme  appréciation  nutritive  au  foin  de  pré  ! 

L'emploi  d'un  outillage  perfectionné,  coupe-racines,  concasseur  de  tourteaux,  • 
charrues  à  versoir,  charrues  défonceuses  qui  font  un  moment  oublier  l'adage  du 
vieux  Gaton  sur  le  dental  si  répandu  dans  les  Pyrénées-Orientales  ; 

Des  bâtiments  remis  à  neuf  et  un  bétail  choisi  dans  les  foires  de  l'Aude  ou  de 


LA  PRIME  D'HONNEUR  DES  PYRÉNÉES-ORIENTALES.  253 

l'Ariège  en  connaisseur  qui  a  fait  ses  preuves  et  qui  pense  peut-être  que  le  bétail 
précoce  n'a  pas  été  sérieusement  expérimenté  ; 

Une  culture  très  serrée,  des  fumures  abondantes,  et,  notons  ce  fait  :  un 
ari'osage  bien  disposé  et  bien  dépensé  non  pas  seulement  pour  apporter  la 
fraîcheur  nécessaire,  mais  pour  préparer  la  terre  à  la  semence  ou  l'enrichir  par  le 
limon  et  concourir  dans  une  mesure  bien  établie  à  une  décomposition  propor- 
tionnée aux  besoins  des  plantes,  —  tel  est  le  caractère  essentiel  de  la  culture 
arable  de  M.  Malègue. 

Si  théoriquement  et  pratiquement,  d'après  mes  calculs,  cette  culture  ne  se 
soutient  pas  par  elle-même,  et  je  n'hésite  pas  à  le  dire  à  M.  Malègue,  il  faut 
l'attribuer  surtout  aux  exigences  de  la  culture  intensive  à  laquelle  nous  devons 
comme  compensation  le  développement  des  engrais  artificiels,  l'utilisation  des 
matières  organiques  autrefois  perdues,  l'emploi  de  substances  minérales  laissées 
inertes  dans  nos  gisements. 

Mais  la  ferme  de  M.  Malègue  est  du  moins  comme  un  laboratoire  très  remar- 
quable où,  à  l'aide  d'engrais  achetés,  de  détritus  de  maïs  ou  d'autres  substances 
manipulés  ensemble,  notre  concurrent  obtient  encore  73,000  kilog.  de  fumier, 
qui,  s'ajoutant  à  celui  produit  directement  par  les  animaux,  forment  les  300,000 
qu'il  applique  et  quiiui  sont  nécessaires. 

Si  nous  examinons  les  rendements,  nous  trouvons  que  dans  les  cinq  dernières 
années  delà  comptabilité,  le  blé  a  rapporté  27  hectolitres  à  l'hectare.  Ce  ^rende- 
ment donne  l'idée  des  autres  cultures. 

C'est  la  meilleure  preuve  que  l'exploitation  est  bien  pourvue  d'engrais  ;  que  les 
bonnes  terre^  ont  repris  leur  fertilité;  qu'elles  peuvent  sur  une  faible  étendue, 
entreteûir  un  bétail  nécessaire  aux  vignes  en  assurant  à  ces  dernières  comme  à  la 
culture  arable,  une  bonne  répartition  dans  le  travail.  Ainsi  se  trouve  atteint 
le  but  poursuivi. 

En  vain  M.  Malègue  aurait-il  cherché  à  aller  plus  loin,  à  soutenir  avec  le 
fumier  de  la  culture  arable  la  culture  de  la  vigne  qu'il  nous  reste  à  signaler  : 

Le  sol  des  vignes  dans  le  Roussillon  n'est  pas  toujours  propice  aux  gros  rende- 
ments, car  il  n'est  souvent  constitué  que  par  la  roche  fendillée  sous  une  couche  de 
terre  peu  épaisse  et  c'est  à  travers  les  fissures  des  rochers  que  les  racines  vont 
chercher  leur  subsistance  et  la  fraîcheur,  ou  par  une  couche  de  terre  plus  ou  moins 
profonde  reposant  sur  le  tuf  et  desséchée.  * 

Les  vignes,  en  raison  de  ces  faits,  sont  taillées  le  plus  souvent  sur  un  nombre 
de  portants  restreints  et  sur  un  seul  œil;  on  les  prive  des  soins  de  la  taille  d'été 
et  cette  force  ainsi  perdue  pourrait  être  utilisée  au  profit  de  la  bonne  végétation. 

Le  vin  qu'un  heureux  cKmat  favorise,  au  contraire,  estgénéreux  et  solide  en  générai 
contre  les  altérations.  Il  gagne  en  vieiUissant.  Tantôt  il  sert  aux  coupages,  tels  les 
vins  de  Brouilla  et  de  Rivesaltes  dont  quelques-uns  atteignent  17  et  18°  et  tantôt 
à  ces  vins  de  liqueur  si  connus. 

M.  Malègue  a  porté  l'étendue  de  ses  vignes  de  23  à  34  hectares.  Il  a  défoncé, 
dans  ce  but,  1 1  hectares  de  terres  profondes,  excellentes  en  qualité  ;  il  taille  à 
deux  yeux,  nettoie,  ouvre  et  charpente  bien  ses  souches,  mais  ne  tient  pas  assez 
compte  de  la  taille  d'été.  La  végétation  de  ses  vignes  de  la  plaine  est  remarquable. 

En  présence  du  phylloxéra,  M.  Malègue  s'est  rendu  adjudicataire  des  fumiers 
de  la  gendarmerie  de  Perpignan.  Il  avait  essayé  jusque-là  de  divers  engrais 
commerciaux.  Le  grenache  et  le  carignan  forment  le  fond  de  ses  plantations.  Il 
soutire  ses  vins  secs  moins  alcooliques  de  la  plaine  à  l'abri  de  l'air,  et  ses  vins  des 
garrigues  dans  les  conditions  contraires,  parce  que  ces  derniers  dont  il  fait  des 
vins  de  liqueur,  contenant  plus  d'acool,  sont  plus  résistants  à  l'altération. 

Ce  principe  chez  lui  découle  de  l'observation  que  les  vins  vieux  ayant  de  la 
valeur  alcoolique  gagnent  en  bouquet  par  l'oxydation  des  matières  organiques. 

Et  c'est  ainsi  que  M.  Malè,^ue  que  nous  avons  vu  distiller  la  iûetterave,  faire 
l'élevage  du  bétail  perfectionné,  viser  à  la  plus  haute  production  des  récoltes  par 
la  fumure,  comme  si  les  voies  ordinaires  ne  suffisaient  pas  à  son  activité,  fait 
aujourd'hui  de  l'industrie  avec  ses  vins  de  liqueur  et  obtint  pour  récompense  la, 
médaille  d'or  à  l'Exposition  universelle  de  1878. 

Mais  que  va  devenir  cette  branche  importante  de  son  exploitation  ? 

Il  a  déjà  pris  ses  mesures  :  il  se  prépare  d'un  côté  à  la  submersion,  il  sème  des 
plants  américains  qu'il  greffe,  il  fait  delà  culture  maraîchère,  s'associe  des  ouvriers 
et  ensile  ses  maïs  en  attendant  l'orage. 

Son  capital  engagé  était  de  270  fr.  par  hectare  en  1855,  il  monte  à  390  en  1858; 


25^  LA  PRIME  D'HONNEUR  DES  PYRÉNÉES-ORIENTALES. 

Au  dernier  exercice,  son  capital  s'est  élevé  de  3,500  par  hectare,  il  a  eu  un 
bénéfice,  en  chiffre  rond,  de  24,000  fr. 

M.  Malègue  a  rendu  depuis  longtemps  l'argent  qu'il  avait  emprunté  et  fait  sa 
culture  florissante.  Il  compte  désormais  parmi  les  agriculteurs  dont  le  département 
doit  être  fier. 

La  Commission,  en  donnant  une  médaille  d'or  grand  module  à  M.  Malègue, 
regrette  de  n'avoir  pu  lui  accorder  une  plus  haute  récompense  dans  la  première 
catégorie  des  prix  culturaux,  car  elle  a  envisagé  M.  Malègue  plutôt  comme  pro- 
priétaire que  comme  fermier,  la  dernière  partie  de  son  exploitation  étant  la 
moins  importante. 

{La  suite  prochainement.)  Emile  Mourret. 

LA  PRETENDUE  RAGE  DE  LOURDES 

Dans  notre  récente  excursion  du  sud-ouest,  dont  les  lecteurs  de  ce 
journal  ont  été  entretenus  à  propos  des  chevaux  de  la  plaine  de 
Tarbes,  nous  avons  eu  l'occasion  d'étudier  aussi  en  détail  la  popula- 
tion bovine  des  Hautes-Pyrénées  et  de  vérifier  certaines  affirmations 
persistantes,  relatives  à  son  origine  et  à  son  exploitation.  Comme 
celles  qui  concernent  la  caractéristique  de  cette  population  sont 
contradictoires  de  la  description  que  j'en  ai  donnée  dans  le  Traité  de 
zootechnie,  et  comme,  en  outre,  cela  touche  l'une  des  bases  fondamen- 
tales de  notre  science,  il  me  sera  permis  de  les  discuter.  En  même  temps, 
je  dirai  quelques  mots  des  tentatives  qui  sont  laites,  avec  l'encourage- 
ment de  l'administration,  pour  changer  les  habitudes  des  exploitants, 
à  l'égard  du  parti  qu'ils  tirent  depuis  longtemps  des  produits  de  leurs 
animaux. 

Après  avoir  parcouru  le  pays,  depuis  Tarbes  jusqu'à  Saint-Sauveur, 
on  se  demande  d'abord  en  vertu  de  quelle  considération  le  nom  de 
Lourdes,  devenu  si  célèbre  depuis,  a  été  choisi  officiellement  pour 
désigner  la  population  bovine  en  question.  L'auteur  qui,  le  premier, 
en  a  parlé  et  l'a  ainsi  baptisée,  ou  pour  mieux  dire  a  été  son  parrain, 
n'a  été  coupable  que  d'information  insuffisante.  Nous  n'avons  pas  à 
lui  chercher  querelle.  Il  n'avait  sans  doute  pas  poussé  ses  investiga- 
tions au  delà  de  la  bourgade  oîi  vont  maintenant  les  pèlerins.  Mais 
lorsqu'il  s'est  agi  de  cataloguer  administrativement  la  prétendue  race, 
on  aurait  dû  y  regarder  de  plus  près.  Une  désignation  si  restrictive 
soulève  dans  les  Pyrénées  des  protestations  dont  nous  avons  été  entre- 
tenus, et  ces  protestations  sont  fondées.  La  vérité  est  que  la  population 
bovine  dont  il  s'agit  s'étend,  depuis  un  temps  auquel  il  serait  difficile 
de  remonter  en  se  fondant  sur  des  documents  certains,  à  toute  la 
grande  vallée  qui  comprend  à  la  fois  Lourdes  et  Argelès.  Cette  dernière 
ville  avait  autant  de  droits,  sinon  plus,  en  raison  de  son  importance, 
à  donner  son  nom  à  la  prétendue  race;  mais  pour  mettre  tout  le 
monde  d'accord  en  ménageant  les  susceptibilités,  il  eût  mieux  valu 
choisir  celui  de  la  vallée. 

Toutes  les  terres  de  cette  remarquable  vallée,  qui  produit  surtout 
du  maïs,  sont  en  effet  cultivées  avec  des  vaches  dont  l'uniformité  de 
caractères  frappe  le  regard  dès  le  premier  aspect.  Le  nom  sous  lequel 
elles  sont  connues  évoque  dans  l'esprit  du  public  l'idée  de  ce  qu'on  appelle 
encore  communément  une  race  laitière.  Si  ces  vaches  sont  en  fait 
exploitées  pour  leur  lait,  la  production  de  celui-ci  n'est  point  leur 
fonction  principale.  Leur  rôle  économique  prédominant  est  de  fournir 
la  force  motrice  nécessaire  pour  cultiver  le  sol.  Dans  la  vallée  il  n'y  a 
point  de  bœufs.  La  population  se  compose  de  femelles  de  différents 


LA  PRÉTEiNDUE  RAGE  DE  LOURDES.  255 

âges  et  du  petit  nombre  de  taureaux  nécessaires  pour  les  féconder.  Les 
veaux  mâles  sont  presque  tous  sacrifiés.  La  laiterie  est  donc  l'acces- 
soire. Et  il  ne  faut  point  de  bien  longues  réflexions  pour  le  comprendre, 
étant  donné  le  système  de  culture,  commandé  par  la  nature  du  sol  et 
par  les  conditions  météorologiques. 

D'après  un  renseignement  qui  nous  a  été  donné  par  M.  Laborde, 
vétérinaire  distingué  à  Argelès,  et  à  l'amabilité  obligeante  duquel  nous 
nous  sommes  déjà  plu  à  rendre  hommage,  le  rendement  annuel  des 
vaches  des  environs  d'Argelès  et  de  Lourdes  n'irait  pas  au  delà  de 
douze  à  quatorze  cents  litres.  Etant  donné  leur  poids  vif,  qui  ne 
descend  guère  au-dessous  de  quatre  cents  kilogrammes,  on  voit  que 
c'est  en  somme  une  faible  aptitude.  Toutefois,  comme  la  population 
est  très  nombreuse,  il  ne  se  vend  pas  moins  chaque  mardi,  sur  le 
marché  d'Argelès.  de  2,000  à  2,500  kilogrammes  de  beurre.  Il  convient 
de  retenir  ce  fait  intéressant,  qui  nous  servira  tout  à  l'heure  de  base 
pour  apprécier  la  valeur  économique  des  efforts  qui  sont  faits  pour 
détourner  les  cultivateurs  pyrénéens  de  leur  industrie  habituelle. 
Auparavant  il  nous  faut  examiner  le  côté  zoologique  de  la  question 
que  nous  avons  voulu  traiter  aujourd'hui. 

Dans  la  classification  des  races  bovines  de  l'ancien  continent,  substi- 
tuée aux  désignations  empiriques,  si  confuses  généralement,  admises 
par  les  éleveurs  et  sanctionnées,  en  ce  qui  concerne  la  France,  par  les 
catalogues  des  concours  régionaux  et  généraux,  nous  avons  rattaché 
la  prétendue  race  lourdaise  à  sa  souche  naturelle,  qui  est  celle  de  la 
race  d'Aquitaine.  Elle  serait,  d'après  cette  classification,  l'une  des 
variétés  de  ladite  race,  avec  l'agenaise,  la  garonnaise  et  la  limousine, 
dont  elle  différerait  seulement  par  un  développement  moindre  et  par 
une  aptitude  laitière  plus  prononcée. 

Un  auteur  local,  dans  une  brochure  publiée  il  y  a  quelques  années 
et  qui  contient  d'ailleurs  des  détails  intéressants,  a  cru  pouvoir  con- 
tester l'origine  ainsi  attribuée  à  la  population  bovine  de  la  vallée 
d'Argelès.  Sans  discuter  les  bases  zoologiques  de  notre  détermination, 
il  s'est  appuyé,  pour  soutenir  sa  thèse,  sur  des  considérations  histo-- 
riques  qui  n'avaient  toutefois  point,  laissé  de  nous  impressionner. 
N'ayant  jusqu'alors  connaissance  de  la  population  lourdaise  que  par 
les  sujets  exposés  dans  les  concours  de  la  région,  sujets  d'élite  et  choi- 
sis nécessairement,  il  se  pouvait,  que  considérée  dans  son  ensemble, 
cette  population  présentât  en  effet  des  signes  attestant  les  origines 
diverses  qui  lui  étaient  attribuées  par  notre  auteur.  Cela  n'eût  pas  été 
suffisant  pour  justifier  son  opinion  relative  à  la  formation,  avec  le 
temps,  d'une  race  distincte  de  ses  voisines  du  Béarn,  de  la  Gascogne 
et  de  la  Guyenne,  mais  il  eût  fallu  ranger  la  population  au  nombre  des 
métisses  en  état  de  variation  désordonnée,  au  lieu  de  continuer  de  la 
reconnaître  comme  formant  une  simple  variété  de  la  race  d'Aqui- 
taine. Aussi  est-ce  principalement  pour  acquérir  une  notion  nette  et 
définitive  à  cet  égard,  que,  dans  la  discussion  du  programme  de  notre 
excursion  du  sud-ouest,  j'ai  insisté  pour  que  la  vallée  d'Argelès  fût 
comprise  au  nombre  des  localités  à  visiter. 

Le  nombreux  bétail  que  nous  avons  pu  voir  dans  les  étables  et 
dans  les  champs,  depuis  la  plaine  de  Tarbes  jusqu'à  l'extrémité  de  la 
vallée  qui  commence  aux  environs  de  Lourdes,  la  belle  collection 
exposée  ensuite  au  concours  d'Auch,  ne  nous  ont  laissé  aucun  doute 


256  LA  PRÉTENDUE   RACE  DE  LOURDES. 

sur  la  question  controversée.  Il  a  été  évident  pour  nous  que  la  con- 
testation de  l'auteur  auquel  je  viens  de  faire  allusion  ne  s'appuyait  sur 
absolument  rien  de  solide.  C'est  une  œuvre  de  pure  imagination, 
comme  il  s'en  écrit  tant  sur  ces  matières,  dont  les  bases  scientifiques 
sont  encore  si  peu  répandues.  L'identité  du  type  zoologique  de  la  race 
qui  peuple  les  localités  visitées  a  frappé  le  moins  attentif  de  nos  élèves. 
Partout  nous  avons  reconnu  à  première  vue  les  caractères  spécifiques 
et  les  caractères  zootechniques  généraux  de  la  race  d'Aquitaine,  sans 
aucu'ne  trace  d'un  mélange  quelconque.  La  population  bovine  des  val- 
lées de  Lourdes  et  d'Argelès  s'est  montrée  d'une  pureté  immaculée. 
Pas  un  seul  individu  qui,  avec  l'indice  céphalique,  les  formes  fron- 
tales, le  cornage  et  les  formes  faciales  du  type  aquitain,  n'eût  en  même 
temps  le  teint  blond,  le  pelage  froment  clair  appartenant  à  sa  race. 

Au  concours  d'Aucli,  où  quarante-sept  individus,  exposés  dans  la 
catégorie  ouverte  à  la  prétendue  race  de  Lourdes,  figuraient  à  côté  d'un 
nombre  à  peu  près  égal  de  Garonnais,  la  comparaison  était  facile.  Nos 
élèves  ont  pu  bien  voir,  par  la  synthèse  ainsi  que  par  l'analyse  des 
caractères,  que  les  premiers  ne  représentaient  point  autre  chose  que 
des  réductions  des  derniers,  comme  on  dit  en  statuaire.  Les  lourdais 
sont  des  petits  garonnais,  ou  ceux-ci  des  grands  lourdais,  comme  on 
voudra.  Il  est  clair  que  les  uns  et  les  autres  ont  le  squelette  construit 
sur  un  seul  et  même  type,  qu'ils  constituent  conséquemment  deux  variétés 
d'une  même  race,  étant  issus  d'un  même  couple  primitif.  11  n'y  a  donc 
rien  à  changer  à  la  détermination  d'après  laquelle  notre  classification 
a  été  établie. 

J'ajouterai  seulement,  puisque  l'occasion  m'en  est  offerte,  que  la 
variété  dite  de  Lourdes  compte  maintenant  quelques  familles  chez  les- 
quelles on  observe  une  remarquable  correction  de  formes.  Nous  en 
avons  examiné  une  notamment  à  Momères,  dans  la  plaine  deTarbes, 
chez  M.  Omer-Mailhes,  qui  est  un  éleveur  distingué  et  fort  éclairé. 
Elle  se  compose  de  sujets  d'une  finesse  très  grande,  qui  ont  valu  du 
reste  à  cet  éleveur  le  prix  d'ensemble  au  concours  d'Auch.  C'est  un 
des  nombreux  exemples  de  ce  qu'on  peut  obtenir,  avec  nos  races  fran- 
çaises quelconques,  par  l'application  intelligente  des  méthodes  zootech- 
niques. Les  faits  de  ce  genre,  maintenant  si  multipliés  partout,  devraient 
pourtant  bien  ouvrir  les  yeux  de  nos  anglomanes.  Mais  le  propre  des 
doctrines  exclusives  n'est-il  pas  d'obscurcir  la  faculté  d'observation? 

Arrivons  maintenant  à  la  question  économique  que  nous  voulons 
examiner. 

On  a  vu  que,  d'après  les  habitudes  locales,  la  population  bovine  des 
vallées  pyrénéennes  dont  il  s'agit,  se  compose  presque  exclusivement 
de  vaches  employées  aux  travaux  de  culture  et  aux  charrois,  et  produi- 
sant en  outre  du  lait  traité  pour  l'extraction  du  beurre.  C'est  le  système 
du  Limousin,  sauf  que  dans  la  Haute- Vienne  l'exploitation  de  la  force 
motrice  des  vaches  est  combinée  avec  la  production  du  jeune  bétail.  En 
Limousin,  le  lait  des  vaches  nourrit  les  veaux  au  lieu  de  produire  du 
beurre. 

Les  auteurs  empiriques,  se  qualifiant  de  praticiens  et  nous  traitant 
volontiers,  nous  autres,  de  théoriciens  absolus,  s'élèvent  contre  ces 
pratiques  et  n'ont  pas  assez  d'anathèmes  contre  la  coutume  de  faire 
travailler  les  vaches.  Ils  ont  parfaitement  tort.  C'est  qu'il  ne  leur  est 
jamais  arrivé,  vraisemblablement,  de  faire  le  compte  détaillé,  d'après 


LA  PRÉTENDUE  RACE  DE  LOURDES.  257 

la  bonne  méthode,  d'une  métairie  limousine  ou  d'une  petite  propriété 
pyrénéenne.  Sans  cela  ils  n'auraient  pu  manquer  de  constater  les  avan- 
tages du  mode  d'exploitation  que  le  bon  sens  des  populations  y  a  fait 
établir.  Ce  sont  eux  qui  sont  bien  vérilablement  absolus  et  exclusifs,  et 
non  pas  nous^  si  ce  n'est  à  l'égard  de  notre  critérium  zootechnique, 
qui  est,  dans  tous  les  cas,  le  bénéfice  ou  le  profit. 

Le  progrès,  ici,  ne  consisterait  point  à  cesser  de  faire  travailler  les  va- 
ches, sous  prétexte  d'en  obtenir  plus  de  lait  pour  le  baratter  ou  pour  nour- 
rir les  veaux.  Le  surplus  obtenu  serait  loin  de  compenser  les  frais  d'en- 
tretien des  animaux  chargés  d'accomplir  leur  besogne,  bœufs  ou  autres. 
Pour  le  réaliser,  sans  changer  de  système,  il  suffirait  d'exiger  de  cha- 
que vache  en  particulier  une  moindre  somme  de  travail,  en  augmen- 
tant le  nombre  des  bêtes  nourries,  et  de  les  renouveler  plus  souvent, 
c'est-à-dire  de  produire  annuellement  sur  la  même  surface  cultivée, 
plus  de  matière  transformée  en  arj^ent,  sans  supprimer  aucune  des 
fonctions  économiques  du  bétail  entretenu.  C'est  là  une  des  lois  de  la 
zootechnie  scientifique,  dont  la  pratique  éclairée  fournit  chaque  jour 
la  confirmation. 

Sous  l'empire  de  considérations  que  nous  n'avons  point  à  exami- 
ner, cela  sortant  de  notre  compétence  spéciale,  l'administration  fores- 
tière a  imaginé  de  pousser,  en  faisant  intervenir  le  budget  de  l'Etat,  à 
l'établissement  de  fruitières  dans  les  Pyrénées,  dont  le  but  serait  d'en 
faire  disparaître  les  moutons  et  de  les  remplacer  par  des  bêtes  bovines. 
Nous  avons  eu  sous  les  yeux,  à  cet  égard,  quelques  documents  offi- 
ciels, et  nous  avons  recueilli  des  renseignements  qui,  en  dehors  du 
point  de  vue  zootechnique,  absolument  négligé  par  les  fonctionnaires 
qui  se  sont  le  plus  occupés  du  sujet,  seraient  loin  de  nous  porter  à 
acquiescer  à  la  réforme  si  ardemment  poursuivie.  Nulle  part,  d'abord, 
l'industrie  fromagère  n'a  pu  lutter  avantageusement  contre  une  indus- 
trie beurrière  établie.  Nulle  part  non  plus  il  n'a  été  admissible  que  des 
montagnes  difficiles  à  engazonner  fussent  propres  à  nourrir  des  vaches 
laitières.  En  outre,  nous  possédons  un  compte  tiré  d'un  rapport  fait 
sur  une  fruitière  administrative  des  Pyrénées,  duquel  il  résulte  que 
51  vaches  ont  fourni,  du  2i  mai  au  28  septembre  (durée  du  temps  de 
pâturage  en  montagne),  13,070  lit.  50  c.  de  lait,  ce  qui  fait  256  litres 
pour  chacune.  On  évalue  ce  lait  à  0  fr.  13  le  litre,  ce  qui  fait  pour  une 
vache  un  produit  brut  de  33  fr.  28.  Où  la  vache  s'est  nourrie,  '15  bre- 
bis des  Pyrénées  eussent  vécu  et  eussent  donné  au  moins  800  litres  de 
lait  qui,  à  valeur  égale  par  litre,  feraient  un  produit  de  104fr.  Etnunc 
erudimini  !  A.  Sa>soiv, 

Professeur  de  zoologie   et  zootechnie  à  l'Ecole  nationale 
deGrignon  et  à  l'Institut  national  agronomique. 

DROIT  RURAL 

BÊTES  FAUVES.  —  POURSUITE.  —  TRANSPORT, 

Le  propriétaire,  possesseur  ou  fermier,  a  le  droit  de  s'embusquer  pour 
détruire  les  bêtes  fauves  qui  causent  des  dégâts  à  sa  propriété  (Leblond, 
Code  de  la  chasse,  t.  L  n"  158  et  s.  ;  ViJlequez,  du  Droit  de  destruc- 
tion, n"  69;  de  Neyremand,  Quest.  dédiasse,  p.  58). 

Un  arrêt  de  Metz  du  28  nov.  1867  (Dali.  68.  2.  123)  a  même  jugé 
que  le  propriétaire  pourrait  se  placer  sur  un  terrain  voisin  de  son 
champ  et  s'y  embusquer  à  l'avance  avec  une  arme  à  feu,  lorsque  le 


258  DROIT  RURAL.   —  BÊTES  FAUVES. 

danger  est  imminent.  En  effet,  d'après  cette  décision,  les  dispositions 
de  l'art.  9,  §  3  de  la  loi  du  3  mai  1844,  sur  la  police  de  la  chasse,  doi- 
vent être  entendues  dans  le  sens  où  elles  peuvent  être  efficaces,  plutôt 
que  dans  celui  où  la  protection  qu'elles  accordent  au  propriétaire  ou 
fermier  ne  serait  qu'illusoire.  Or  cette  protection,  qui  découle  du  prin- 
cipe de  la  légitime  défense,  serait  presque  toujours  sans  effet  si  le  pro- 
priétaire ou  fermier  n'avait  le  droit  de  s'armer  qu'au  moment  où  les 
animaux  malfaisants  seraient  dans  son  champ  et  y  exerceraient  leurs 
ravages.  Il  faut  admettre,  au  contraire,  que  la  loi  lui  donne  le  droit  de 
prendre  des  précautions  à  l'avance,  et,  par  conséquent,  de  s'armer  à 
l'avance,  lorsque  le  danger  est  imminent.  Comme  conséquence  néces- 
saire de  ce  premier  droit,  le  propriétaire  ou  fermier  doit  avoir  celui  de 
s'embusquer,  soit  dans  son  champ,  soit  dans  un  champ  voisin,  pour 
voir  arriver  la  bête  fauve  sans  en  être  vu  et  la  repousser  alors  avec  son 
arme  à  feu  ou  même  la  détruire. 

Mais  cette  jurisprudence  de  la  cour  de  Metz  n'est  pas  suivie.  Les  au- 
teurs la  critiquent  (V.  Leblond,  loc.  cit.  Jullemier,  des  procès  de  chasse 
p.  100),  et  lui  préfèrent  celle  de  la  cour  d'Orléans  qui,  dans  un  arrêt 
du  2G  octobre  1858  (Dali.  59.  2.  9),  a  décidé  que  le  droit  pour  le  pro- 
priétaire de  repousser  ou  détruire,  même  avec  armes  à  feu,  les  bêtes 
fauves  qui  portent  dommage  à  ses  propriétés,  ne  peut  être  exercé  que 
sur  ses  terres,  et,  par  suite,  ne  lui  donne  pas  la  faculté  d'envoyer 
guetter,  dans  une  propriété  d'autrui  (une  forêt  domaniale,  notamment), 
sans  se  conformer  aux  conditions  imposées  à  l'exercice  de  la  chasse, 
les  bêtes  fauves  des  incursions  desquelles  il  aurait  à  se  plaindre. 

Telle  est,  au  surplus,  la  jurisprudence  de  la  Cour  de  cassation 
(Crim.  rej.  13  avril  1865,  Dali.  65.  1.  196),  qui  va  même  plus  loin, 
et  décide,  dans  un  arrêt  de  rejet  de  la  chambre  criminelle  du  29  avril 
1858  (Dali.  58,  1,  289),  que,  même  sur  son  propre  terrain,  le  proprié- 
taire ne  peut  se  livrer,  à  l'égard  des  bêtes  fauves,  qu'à  des  actes  d'ex- 
pulsion ou  de  destruction  commandés  par  la  nécessité  de  faire  cesser 
un  dommage  à  sa  propriété,  et  qu'il  ne  peut  invoquer  ce  droit  pour 
couvrir  de  véritables  faits  de  chasse  accomplis,  sans  justification  de 
l'existence  d'un  dommage,  dans  une  propriété  ne  remplissant  pas  les 
conditions  de  clôture  ou  d'attenance  indiquées  par  l'art.  2  de  la  loi  de 
1844. 

Au  reste,  comme  le  fait  observer  Dalloz,  s'il  est  vrai  que  ce  droit  de 
simple  défense  soit  en  certains  cas  insuffisant,  le  propriétaire  peut, 
outre  le  secours  que,  dans  les  circonstances  graves,  il  obtiendrait  de 
l'exécution  des  règlements  sur  la  louveterie,  contraindre  le  propriétaire 
de  la  forêt  voisine  à  lui  laisser  détruire,  chez  lui,  le  gibier  ou  les  ani- 
maux nuisibles  qui  y  sont  fixés  et  qui  viennent  faire  des  incursions 
dommageables  dans  ses  récoltes  (Trib.  Rouen,  10  mars  1858;  Dali. 
58.3.73). 

Bien  plus,  les  auteurs  sont  d'accord  pour  reconnaître  au  propriétaire 
le  droit  de  poursuivre  chez  ses  voisins,  l'animal  qui,  repoussé  par  lui  au 
moment  où  il  ravageait  et  attaquait  sa  propriété,  a  cherché  dans  la  fuite  un 
moyen  de  salut,  et  alors  même  qu'il  n'a  pas  encore  été  blessé  (Leblond, 
loc.  cit.  n°  159). 

Plusieurs  pensent  même  que  le  consentement  de  ce  voisin  n'est  pas 
nécessaire,  puisqu'il  s'agit  d'une  poursuite  qui  doit  en  définitive,  leur 
profiter  aussi  (Duvergier,  1844,  p.  130;  Giraudeau  et  Lelièvre,  n"  587). 


DROIT  RURAL.  —  BÊTES  FAUVES.  259 

Mais  cette  dernière  opinion  ne  paraît  pas  suivie;  elle  est  combattue 
par  Leblond  et  parNeyremand  (p.  62),  qui  estiment  que,  à  cause  du 
respect  dû  à  la  propriété,  le  consentement  du  voisin  est  indispensable. 
C'est  d'ailleurs  ce  qui  ressort  d'un  arrêt  de  cassation  du  28  août 
1868  (Dali.  68.  1.  510)  qui  décide  que  le  chasseur  excède  son  droit  et 
commet  un  délit  si,  le  gibier  n'étant  que  blessé,  il  tire  sur  lui,  pour 
l'achever,  sur  une  propriété  où  il  n'a  pas  la  permission  de  chasser; 
et,  spécialement,  qu'il  y  a  délit  dans  le  fait  de  chasseurs  poursui- 
vant un  sanglier  blessé,  de  l'avoir  suivi,  en  dehors  des  terres  où  ils  ont 
le  droit  de  chasse,  dans  un  bois  où  ils  l'ont  trouvé  en  lutte  sanglante 
avec  les  chiens,  et  de  l'avoir  tué  de  plusieurs  coups  de  fusil. 

Il  est  vrai  que,  dans  l'espèce  visée  par  l'arrêt,  le  sanglier  était  chassé 
et  non  poursuivi  en  vertu  du  droit  de  légitime  défense;  mais  la  solution 
devrait,  croyons-nous,  être  la  même  dans  ce  dernier  cas,  car  le  droit 
de  légitime  défense  consacré  par  la  loi  au  profit  du  propriétaire,  est 
limité  à  la  protection  de  ses  récoltes  et  possessions  contre  un  dommage 
actuel  ou  imminent.  Il  cesse  dès  que  le  fait  accompli  prend  le  carac- 
tère d'un  fait  de  chasse;  or  lorsqu'au  mépris  de  la  défense  du  voisin 
on  poursuit  sur  ses  terres  une  bête  fauve  dont  les  incursions  ne  sont 
plus,  momentanément  du  moins,  à  redouter,  ce  n'est  plus  pour  se 
défendre,  mais  pour  tuer  l'animal  qu'on  .se  met  à  sa  poursuite  ;  on 
chasse  ;  on  est  donc  sous  le  coup  des  dispositions  du  §  2  de  l'art.  1 1 . 
Que  décider  dans  le  cas  où  la  bête,  tuée  légalement,  est  tombée  sur  le 
terrain  d'autrui  ?  Peut-on  la  transporter  en  tout  temps,  malgré  les  disposi- 
tions de  la  loi  relatives  au  transport  et  au  colportage  du  gibier?  (art.  4.) 
Quand  la  bête  tuée  n'est  pas  un  animal  mangeable  et  ne  rentre  point 
dans  la  catégorie  du  gibier,  pas  de  doute  possible,  celui  qui  l'a  détruite 
a  incontestablement  le  droit  de  la  transporter  et  de  l'envoyer  où  bon 
lui  semble. 

L'art.  4  ne  saurait  être  applicable  aux  animaux  tels  que  les  loups, 
les  renards,  etc.... 

Le  colportage  en  est  donc  permis  en  tout  lieu  et  en  tout  temps,  bien 
que  la  destruction  ait  lieu  après  la  clôture  de  la  chasse,  c'est-à-dire 
dans  un  temps  où  le  transport  du  gibier  est  prohibé.  (Leblond,  îoc. 
cit.  ;  JuUemier,  Ioc.  cit.) 

C'est  ce  qu'a  jugé  la  cour  de  Riom  dans  un  arrêt  du  19  mai  1858 
('Dali.  58.  1.  378),  où  il  est  dit  qu'il  résulte  de  l'art.  4  de  la  loi  de 
1844,  que  le  législateur  n'a  entendu  interdire  que  le  colportage  et  la 
vente  des  animaux  qui  ont  le  caractère  de  gibier,  et  qui  sont  suscep- 
tibles de  servir  de  nourriture  à  l'homme;  que  cette  interdiction 
n'atteint  donc  pas  les  animaux  malfaisants  et  nuisibles  qui  ne  peuvent 
pas  être  mangés.  Et  la  Cour  de  cassation  appelée  à  statuer  sur  le  pourvoi 
formé  contre  cet  arrêt,  l'a  rejeté  par  ce  motif  qu'il  s'agit  d'un  droit  de 
légitime  défense  écrit  dans  la  loi,  non  à  titre  de  concession,  mais 
comme  la  reconnaissance  d'un  droit  naturel  qui  n'est  soumis  à  aucune 
condition;  que  la  loi  n'a  point  autorisé  les  préfets  à  en  réglementer 
l'exercice;  que  dès  lors,  rien  ne  s'oppose  à  ce  que  le  propriétaire  qui 
a  détruit  une  bête  fauve  portant  à  sa  chose  un  préjudice  actuel,  en 
dispose  comme  bon  lui  semble,  et  par  conséquent  la  vende  ou  l'expose 
en  vente.  — Crim.  rej.  23juill.  1858,  Dali.  ibid.  —  (V.  dans  ce  sens 
une  circulaire  du  ministre  des  finances  du  25  avril  1862;  Técheney, 
Guide  du  chasseur,  p.  74.) 


260  DROIT  RURAL.  —  BÊTES  FAUVES. 

Si  la  bête  rentre  dans  la  catégorie  du  gibier,  ne  serait-il  pas  dérai- 
sonnable, ainsi  que  le  fait  très  justement  remarquer  M.  Jullemier,  que 
cet  animal,  lésjaleraent  tué,  fût  perdu  pour  l'amour  du  droit  ? 

Ce  point;  dit  M.  Leblond,  semble  d'ailleurs  avoir  été  reconnu  lors 
de  la  discussion  par  M.  Crémieux.  Un  député  lui  demandant  ce  que 
l'on  ferait  de  l'animal  tué  et  s'il  était  permis  de  le  vendre,  il  répondait 
spirituellement  :  «  Non,  vous  serez  obligé  de  le  manger  ;  vous  l'avez 
ainsi  voulu.  »  C'est  bien  dire  que  le  propriétaire  a  le  droit  de  rapporter 
cette  pièce  au  logis,  qui  ne  sera  jamais  fort  éloigné  de  l'endroit  où  a 
eu  lieu  la  destruction.  (Leblond,  loc.  cit.) 

La  cour  de  Rouen  a  décidé,  dans  ce  sens,  que  si  la  prohibition  du 
colportage,  au  temps  oi^i  la  chasse  est  fermée,  s'applique  même  au 
gibier  que  l'on  a  pu  tirer  sans  contrevenir  à  la  loi,  cette  prohibition,  sai- 
nement entendue,  n'entraîne  pour  conséquence,  ni  l'obligation  d'aban- 
donner les  animaux  à  l'endroit  même  où  ils  ont  été  tués,  ni  la  défense 
de  consommer  ceux  qui  peuvent  servir  à  l'alimentation  ;  que  ce  que  la 
loi  a  voulu  interdire,  afin  de  fermer  au  braconnage  le  débouché  de 
ses  produits,  c'est  le  trafic  et  la  circulation  du  gibier  pendant  le  temps 
où  la  chasse  n'est  pas  permise.  Mais  on  ne  saurait  considérer  comme 
constituant  le  colportage  proprement  dit,  le  fait  de  l'apport  du  gibier 
dans  la  maison  de  celui  qui  l'a  tué  licitement,  alors  que,  notamment, 
cette  maison  est  située  à  peu  de  distance  de  l'endroit  où  le  gibier  a 
été  frappé. 

L'arrêt  ajoute  que,  le  décider  ainsi,  c'est  appliquer,  avec  le  tempé- 
ramment  commandé  par  la  raison,  le  principe  que  les  animaux,  dé- 
truits dans  l'exercice  du  droit  de  défense  de  la  propriété,  doivent  être 
consommés  surplace.  (Rouen,  22  juin  1865;  Gaz.  trib.^  9  juillet.) 

La  cour  de  Rouen  pose,  on  le  voit,  à  la  fin  de  l'arrêt,  un  principe 
qui  ne  paraît  consacré  ni  par  la  doctrine,  ni  par  la  jurisprudence,  mais 
elle  en  fait,  en  somme,  au  moyen  du  «  tempérament  »  qui  a  dicté  sa 
décision,  une  saine  application. 

Depuis,  elle  semble  avoir  rayé  ce  principe  de  sa  jurisprudence,  et 
voici  comment  dans  un  arrêt  récent  (1 9  déc.  1 879,  Le  Droit  du  4  janv. 
^1880),  elle  a  jugé  d'une  façon  plus  générale  : 

«  La  Cour  : 

«c  Attendu  qu'il  résulte  de  l'instruction  et  des  débats  que  X....  s'étant  rendu 
dans  sa  cour,  le  27  octobre  1879,  vers  neuf  heures  du  soir,  muni  d'un  fusil  dont 
il  s'était  armé  pour  détruire  les  bHes  fauves  portant  dommage  à  sa  propriété,  a 
frappé  mortellement  un  sanglier  de  deux  coups  de  son  arme  ; 

«  Attendu  que  l'animal  ainsi  blessé,  franchissant  alors  les  limites  de  l'enclos  de 
X,..,  a  été  mourir  à  quelques  centaines  de  mètres  de  là  sur  un  terrain  appartenant 
à  autrui,  et  que  c'est  dans  ces  circonstances  que  le  prévenu,  qui  d'ailleurs,  avait 
déposé  auparavant  son  fusil  dans  sa  propriété,  a  été  chercher  et  enlever  dans  une 
voiture,  avec  l'assistance'  de  plusieurs  voisins,  l'animal  auquel  il  avait  donné  la 
mort; 

«  Attendu  que  l'acte  ainsi  précisé  ne  constitue  pas  un  fait  de  chasse  réprimé 
par  la  loi  ; 

ce  Que  le  Tribunal  à  tort  y  a  vu  un  délit,  et  que  son  jugement  ne  saurait  être 
maintenu  ; 

«  Réformant....  » 

Disons  avec  M.  Leblond,  en  terminant,  qu'il  ne  faut  d'ailleurs 
jamais  oublier  qu'ici  il  s'agit,  non  d'une  chasse,  ni  d'un  plaisir,  mais 
seulement  de  l'exercice  d'un  droit  de  légitime  défense;  comme  tel,  ce 
droit,  on  l'a  dit  expressément  devant  les  Chambres,  permet  de  repous- 


DROIT  RURAL.  —  BÊTES  FAUVES.  ■  261 

ser  en  se  défendant  contre  lui,  l'animal   sauvage  qui   préjudicie  à  la 
propriété,  mais,  non  de  l'attaquer.  Eug.  Pouillet, 

Avocat  à  ia  cour  de  Paris. 

NOUVELLES  MACHINES  DE  M.  ALBARET 

Dans  un  précédent  article,  nous  avons  signalé  quelques-unes  des 
nouvelles  machines  de  la  maison  Albaret  qui  ont  figuré  dans  les  der- 
niers concours  régionaux,  notamment  à  celui  de  Melun.  Nous  devons 
continuer  aujourd'hui  cette  revue. 

La  batteuse  que  représente  la  fi  g.  1 7  diffère  de  celles  actuellement 
en  usage  dans  beaucoup  de  ses  organes;  ce  qui  la  caractérise,  c'est 
qu'elle  ne  possède  pas  de  mouvement  de  va-et-vient.  Elle  bat  en  tra- 
vers. Le  contre-batteur  est  à  jour  et  derrière  se  trouve  une  tôle  per- 
forée permettant  à  la  poussière  de  s'échapper  à  l'opposé  des  lieurs. 

La  paille,  en  sortant  du  batteur,  tombe  sur  les  secoueurs  à  double 
mouvement  qui  produit  un  secouage  très  énergique,  et  l'amène  aux 
lieurs,  complètement  débarrassée  de  tout  grslin. 

Ce  secoueur  est  incliné  et  les  lames  à  persiennes  portent  en  dessous 
des  pointes  ou  griffes,  lesquelles  dans  leur  mouvement  de  rotation 
viennentpasser  tout  près  d'un  panneau  fixe  parallèle  aux  secoueurs.  Le 
grain  et  les  ôtons  qui  passent  à  travers  le  secoueur  tombent  sur  ce 
panneau  fixe  légèrement  incliné  et  leur  descente  vers  les  tarares  est 
facilitée  par  les  pointes  placées  sous  les  lames  persiennes. 

Les  tarares  ne  sont  pas  munis  de  grilles  animées  d'un  mouvement 
de  va-et-vient,  mais  ils  possèdent  à  la  place  trois  arbres  à  gorges  dans 
lesquelles  se  trouvent  des  peignes  terminant  deux  plans  inclinés  où 
descend  le  grain.  La  distance  entre  les  arbres  à  gorges  et  les  peignes 
se  règle  à  volonté.  Les  arbres  se  trouvent  animés  d'un  mouvement  de  ro- 
tation, et  les  plans  inclinés  des  peignes  reçoivent  un  léger  mouvement 
de  trépidation  dans  le  sensvertical,  afin  de  faciliter  la  descente  du  grain. 
La  disposition  est  telle  que  le  grain,  pendant  tout  son  parcours,  est 
soumis  à  l'action  de  l'air  chassé  par  les  ventilateurs.  Le  grain  qui  passe 
entre  les  peignes  et  les  arbres  à  gorges  tombe  sur  une  grille  et  se 
rend  dans  le  sac  sous  l'action  d'une  vis  sans  fin.  Le  grain  léger  et  les 
ôtons  tombent  dans  un  autre  compartiment  ;  ils  sont  amenés  dans  un 
élévateur  au  moyen  d'une  vis  et  sont  remontés  dans  le  tarare  pour  être 
soumis  à  un  nouveau  vannage.  Les  ventilateurs  possèdent  un  régula- 
teur de  vent  de  sorte  que  leur  action  est  toujours  la  même,  quelle 
que  soit  la  vitesse  de  la  machine  à  battre. 

Le  grain  sortant  des  tarares  est  monté  dans  un  trieur  extensible  et 
réductible  au  moyen  d'une  chaîne  à  godets. 

Le  trieur  le  divise  en  plusieurs  qualités  dans  la  proportion  que  l'on 
désire.  Le  petit  grain  est  reçu  à  part.  —  D'après  cette  courte  descrip- 
tion, il  est  facile  de  voir  que  les  trémies  et  augets  mobiles  que  possè- 
dent toutes  les  batteuses  sont  supprimés  et  remplacés  par  un  pan- 
neau fixe  qui  sert  en  même  temps  à  consolider  toute  la  machine.  Il  en 
résulte  une  grande  simplicité,  puisqu'il  ne  faut  plus  d'arbre  coudé 
avec  bielles  ou  excentriques,  ressorts,  etc.,  commandant  ces  trémies  ; 
d'un  autre  côté,  la  batteuse  est  plus  solide  et  sa  stabilité  en  marche  est 
complète.  Le  débit  de  cette  batteuse  qui  demande  une  force  de  7  à 
8  chevaux,  est  très  important. 
'  La  fig.  î  8  représente  le  moulin  agricole   construit  par  la  maison 


262 


NOUVELLES  MACHINES  DE   L'USINE   ALBARET. 


Albaret,  Le  moulin  proprement  dit  est  formé  d'un  bâti  en  chêne  sup- 
portant tout  le  mécanisme.  Les  meules  sont  en  pierre  delà  Ferté-sous- 
Jouarre,  d'excellente  qualité;  elles  sont  rayonnées.  La  commande  est 


transmise  à  la  meule  supérieure  par  Tintermédiaire  de  deux  engrenages 
à  45°,  lesquels  sont  taillés.  L'un  possède  des  dents  en  bois  afin  d'as- 
surer la  douceur  du  mouvement.  Un  levier  avec  vis  et  volant  permet 
de  régler  l'écartement  des  meules  comme  dans  les  grands  moulins 
industriels. 

La  boulange,  en  sortant  du  moulin,  est  montée  dans  la  bluteriepar 


NOUVELLES  MACHINES  DE  L'USINE  ALBARET.  263 

une  chaîne  à  tasseaux.  La  farine  est  reçue  dans  un  sac  comme  le  fait 


voir  la  gravure.  Le  son  sort  à  l'extrémité  de  la  bluterie.  Les  gruaux 
et  les  recoupettes  sont  aussi  reçus  à  part. 


264  NOUVELLES  MACHINES  DE  L'USINE  ALBARET. 

La  bkiterie  est  montée  sur  le  sol,  près  du  moulin;  il  n'y  a  donc 
aucun  frais  d'installation  à  faire. 

Ce  moulin  aiiricole  a  obtenu  le  1"  prix  (médaille  d'or)  au  concours 
régional  de   Melun.  Le  modèle  qui  s'y  trouvait  avait  des  meules  de 

I  mètre  et  coûtait  1,700fr.,  avec  la  bluterie.  La  farine  produite  par  ce 
moulin  était  de  première  qualité.  Le  rendement  était  de  80  litres  de 
grainréduit  en  farine  à  l'heure.  Le  rendement  de  100  litres  peut  même 
être  atteint  lorsque  les  meules  sont  rhabillées  depuis  peu  de  temps. 

M.  Albaret  construit  des  modèles  plus  forts  ayant  des  meules  de 
r.20,  r.30,  r".40,  r".50  de  diamètre.  Hoairy  Sagmer. 

ENCORE  LA  POMME  DE  TERRE  CHAMPION 

Il  y  a  quelque  temps,  la  Chambre  des  communes  de  l'Angleterre, 
frappée  des  accidents  économiques  causés  par  la  maladie  des  pommes 
de  terre,  en  Irlande  et  même  en  Angleterre,  accidents  qui  rendent  la 
culture  de  ce  tubercule  si  incertaine,  et  apportent  dans  l'alimentation 
du  peuple  un  trouble  si  profond,  institua  une  Commission  spéciale, 
sélect  Committee,  composée  de  ses  membres  les  plus  compétents,  pour 
reconnaître  d'abord  la  nature  et  les  causes  du  fléau,  et  en  même 
temps  recommander  un  remède  pour  en  pallier,  si  possible,  les  dé- 
sastreux résultats.  Le  rapport  de  cette  Commission  vient  d'être  publié. 

II  consiste  en  quarante-deux  paragraphes  que  je  vais  résumer. 

Le  rapport  commence  par  déclarer  qu'il  ressort  clairement  du  té- 
moignage des  hommes  de  science  interrogés  par  la  Commission^ 
quelle  est  la  nature  de  la  maladie  des  pommes  de  terre.  Il  est  reconnu 
aujourd'hui  que  cette  maladie  consiste  dans  la  croissance  d'un  cham- 
pignon parasite  lequel  végète  sur  la  plante  et  même  à  l'intérieur  des 
tiges  et  des  tubercules.  Pendant  l'été,  ce  cryptogame,  auquel  on  a 
donné  le  nom  technique  de  Peronospora  infestans,  se  multiplie  avec 
une  fécondité  prodigieuse  au  moyen  de  spores-graines  ;  chaque  cryp- 
togame produisant  des  millions  de  ces  spores,  ce  qui  explique  la  rapi- 
dité avec  laquelle  la  maladie  se  développe  dans  un  champ  de  pommes 
de  terre,  lequel  est  bientôt  envahi  une  fois  que  la  maladie  s'y  est  im- 
plantée. Les  autorités  scientifiques  consultées,  conseillent  de  brûler 
les  fanes  attaquées  et  la  destruction  des  tubercules  comme  un  expé- 
dient utile.  Mais  toutes  les  personnes  interrogées  par  la  Commission 
ont  été  unanimes  pour  recommander  la  production  de  nouvelles 
variétés. 

Les  cultivateurs  de  pommes  de  terre  les  plus  éminents  et  les  plus 
expérimentés  ont  tous  déclaré  que,  d'après  leur  expérience,  un  grand 
nombre  d'anciennes  variétés  de  pommes  de  terre  ont  disparu,  étant 
devenues  complètement  usées,  et  n'offrant  plus  aucune  résistance  à 
la  maladie.  Pour  établir  une  nouvelle  variété,  il  ne  faut  pas  moins  de 
quatre  à  six  ans,  et  une  fois  que  cette  nouvelle  variété  est  suffisam- 
ment établie  pour  se  distinguer  par  des  caractères  bien  tranchés,  elle 
ne  fait  que  s'améliorer  par  la  culture,  jusqu'à  ce  que,  après  un 
certain  temps  d'immunité  contre  les  atteintes  de  la  maladie,  cette 
immunité  finisse  par  disparaître.  D'après  le  témoignage  des  cultivateurs 
pratiques,  une  bonne  variété  avec  une  culture  intelligente  peut  durer 
vingt  ans. 

La  pomme  de  terre  Champion,  observe  le  rapport,  est  un  exemple 
remarquable  de  cette  immunité  contre  la  maladie  que  l'on  observe 


ENCORE  LA  POMME  DE  TERRE  CHAMPION.  265 

dans  certaines  nouvelles  variétés,  mais  il  faut  s'attendre  à  la  voir,  elle 
aussi,  dans  un  plus  ou  moins  grand  nombre  d'années,  succomber  à  son 
tour  aux  atteintes  du  fléau  et  disparaître  comme  les  autres. 

Après  avoir  relaté  tous  les  faits  recueillis  dans  l'enquête,  le  rapport 
continue  comme  suit  : 

Dans  ces  circonstances  et  d'après  les  faits  ci-dessus  exposés,  il 
résulte,  comme  conclusion  pratique,  que  la  recherche  de  nouvelles 
variétés  devra  être  entreprise  soit  par  les  cultivateurs  en  grand  de  la 
pomme  déterre  agissant  d'après  un  système  combiné  et  sous  la  direction 
de  Sociétés  d'agriculture,  telles  que  les  Sociétés  royales  de  l'Angleterre  et 
d'Irlande  et  la  Société  d'Highlands  d'Ecosse,  soit  par  le  gouvernement 
lui-même.  Comme  jusqu'à  présent,  ces  efforts  d'initiative  individuelle 
n'ont  produit  que  des  résultats  insignifiants,  c'est  au  gouvernement 
de  prêter  son  aide,  d'une  manière  officielle  et  effective,  à  la  réalisation 
de  ce  remède,  unanimement  reconnu  comme  le  seul  qui  soit  pratique 
et  efficace.  La  Commission  est  donc  d'avis  que  des  cultures  expéri- 
mentales pour  créer  et  améliorer  de  nouvelles  variétés  de  pommes  de 
terre,  soient  établies  en  Angleterre,  en  Ecosse  et  en  Irlande.  La  ques- 
tion de  déterminer  si  ces  cultures  devront  être  placées  sous  le  con- 
trôle direct  du  gouvernement,  est  un  point  qui  pourrait  être  avanta- 
geusement considéré  pour  chaque  pays.  En  ce  qui  regarde  l'Irlande, 
ce  qu'il  y  aurait  de  mieux  à  faire,  serait  sans  doute  d'agrandir  les 
fermes  existantes  placées  sous  la  direction  du  bureau  agricole  de  la 
Commission  nationale,  et  d'appeler  spécialement  l'attention  des*  di- 
recteurs,de  ces  fermes  vers  des  recherches  sur -la  maladie  de  la 
pomme  de  terre,  la  création,  la  sélection  et  l'établissement  de  nou- 
velles variétés  de  pommes  de  terre.  En  Angleterre  et  en  Ecosse,  il 
serait  bon  de  consulter  les  principales  Sociétés  d'agriculture  afin  de 
savoir,  si  à  l'aide  d'un  subside,  elles  consentiraient  à  entreprendre  le 
travail  nécessaire  sous  Finspection  et  le  contrôle  du  gouvernement. 
Dans  le  cas  oi^i  ces  Sociétés  refuseraient  de  se  charger  de  ce  soin,  la 
Commission  est  unanimement  d'avis  que  le  gouvernement  nomme 
pour  chaque  pays  un  inspecteur-directeur  dont  les  fonctions  seraient 
de  diriger  les  expériences  nécessaires,  dans  le  but  d'obtenir  de- nou- 
velles variétés  capables  de  résister  à  la  maladie.  A  cet  effet,  on  pour- 
rail,  soit  choisir  et  affermer  une  ou  plusieurs  fermes  pour  effectuer 
cette  culture  expérimentale,  ou  bien  s'arranger  avec  un  ou  plusieurs 
cultivateurs  de  manière  à  consacrer  à  ces  expériences  une  surface 
d'environ  1,200  hectares,  sur  différents  points  du  royaume;  ce  sont 
là,  du  reste,  des  points  de  détail  dont  la  détermination  pourra  être 
utilement  laissée  au  jugement  des  fonctionnaires  nommés  à  cet 
effet. 

Gomme  corollaire  à  ce  résumé  du  rapport  de  la  Commission  parle- 
mentaire de  la  Chambre  des  communes,  je  crois  utile  de  transcrire 
ici  le  sens  plutôt  que  les  termes  exacts  d'un  article  remarquable 
publié  dans  le  numéro  du  12  juillet  dernier  de  la  Gazette  d'agricul- 
ture; cet  article  est  intitulé  :  Amélioration  de  la  pomme  de  terre. 

«  Je  ne  prétends  point  dire  quelles  sont  les  variétés  de  pommes  de 
terre  qui  méritent  le  mieux  la  faveur  des  producteurs  et  des  consom- 
mateurs, mais  je  pense  qu'il  y  a  un  enseignement  qu'on  peut  appeler  : 
la  leçon  de  la  Champion.  Cette  leçon  suggère  un  principe  très  impor- 
tant qui  doit  servir  de  guide  à  ceux  qui  veulent  entreprendre  la  création 


266  ENCORE  LA  POMME  DE  TERRE  CHAMPION. 

de  nouvelles  variétés,  et  en  môme  temps  à  ceux  qui  se  contentent  de 
cultiver  les  variétés  déjà  indiquées  sur  les  catalogues  des  marchands 
de  semences..  Le  prix  élevé  auquel  la  pomme  de  terre  Champion  a  été 
cotée  sur  les  marchés^,  est  en  lui-même  un  motif  suffisant  pour  qu'on 
recherche  la  cause  d'une  faveur  si  remarquable  de  la  part  des  produc- 
teurs et  des  consommateurs.  Comment  se  fait-il  que  cette  variété  de 
pommes  de  terre  résiste  aux  atteintes  de  la  maladie  à  un  degré  si 
remarquable?  et  comment  se  fait-il  que  môme  lorsque,  dans  les  districts 
très  infestéS;,la  maladie  attaque  les  tiges,  elle  ne  descend  point  jusqu'aux 
tubercules  et  n'en  empoche  point  ni  la  croissance  ni  le  rendement 
prodigieux.  La  qualité  saine  et  savoureuse  du  tubercule  lui  assure  sur 
les  marchés  une  préférence  méritée  de  la  part  des  consommateurs, 
mais  c'est  surtout  l'abondance  de  la  production  alliée  à  sa  qualité 
comestible  qui  lui  a  fait  sa  retentissante  et  soudaine  réputation.  On 
ne  saurait  trop  le  répéter,  c'est  son  rendement  sain  et  abondant,  même 
lorsque  les  tiges  sont  attaquées  par  la  maladie,  qui,  aux  yeux  des  cul- 
tivateurs, constitue  un  de  ses  plus  grands  mérites.  Cette  propriété 
remarquable  se  trouve  pour  ainsi  dire  doublée  par  cette  immunité  des 
tubercules  contre  la  maladie,  alors  même  que  la  végétation  extérieure 
en  est  atteinte.  Il  est  parfaitement  reconnu  aujourd'hui  que  dans  les 
terrains  de  fertilité  médiocre,  et  lorsqu'on  a  parcimonieusement  fumé, 
la  maladie  arrête  le  développement  des  tubercules,  même  lorsque  ceux-ci 
ne  sont  point  corrompus.  La  cause  de  ce  phénomène  ordinaire  est 
facile  à  expliquer;  car  lorsque  le  sol  n'est  pas  assez  riche  pourproduire 
une  végétation  luxuriante  extérieure,  le  défaut  d'action  vigoureuse  de 
cette  végétation  des  tiges  et  des  feuilles,  retarde  et  même  empêche  le 
développement  des  tubercules,  et  la  destruction  prématurée  du  feuillage 
arrête  net  ce  développement.  Comment  se  fait-il  que,  dans  le  cas  de  la 
pomme  de  terre  Champion,  ce  phénomène  ne  se  produit  point,  même 
lorsque  la  végétation  extérieure  est  complètement  détruite  par  la 
maladie?  Voilà,  sans  aucun  doute,  une  question  dont  la  solution  est 
d'une  grande  importance.  Il  doit  exister  dans  cette  nouvelle  variété 
certains  traits  inhérents  à  sa  nature,  lesquels  diffèrent  dans  une 
mesure  plus  ou  moins  large  des  anciennes  variétés  sur  lesquelles  la 
maladie  a  une  prise  absolue. 

«  Quant  à  moi,  je  n'ai  éprouvé  aucune  peine  à  découvrir  en  quoi 
consiste  cette  différence,  car  elle  m'a  sauté  aux  yeux  alors  même 
que  je  ne  la  cherchais  point.  C'est,  sans  contredit,  son  immense 
puissance  de  végétation  souterraine,  c'est-à-dire  le  développement 
extraordinaire  de  ses  racines.  L'ensemble  de  cet  amas  de  fibres" res- 
semble plutôt  aux  racines  d'un  buisson  qu'à  celles  d'une  plante  de 
pomme  déterre.  Tous  les  horticulteurs  connaissent  trop  bien  la  nature 
de  Taction  des  racines  pour  qu'on  ait  besoin  de  leur  dire  que  l'existence 
d'une  si  grande  puissance  de  racines  doit  produire  un  certain  effet. 
Leur  expérience,  après  avoir  vérifié  que  ce  phénomène  de  végétation 
souterraine  extraordinaire  existe  réellement  dans  la  pomme  de  terre 
Champion,  leur  fera  facilement  admettre  qu'il  y  a  là  un  fait  des 
plus  instructifs,  lequel  peut  servir  à  expliquer  dans  une  certaine  mesure, 
sinon  complètement,  le  phénomène  que  je  viens  de  signaler,  c'est-à- 
dire  l'immunité  absolue  des  tubercules  de  la  pomme  de  terre  Cham- 
pion contre  la  maladie  même  et  surtout  lorsque  les  tiges  et  le  feuil- 
lage en  sont  atteints.  » 


ENCORE  LA  POMME  DE  TERRE  CHAMPION.  267 

Il  y  a  là,  sans  aucun  doute,  un  sujet  d'observations  et  d'expériences 
qui  pourraient  jeter  une  vive  lumière  sur  cette  question  de  l'immu- 
nité de  certaines  variétés  contre  la  maladie.  11  est  évident  que  ce  trait 
remarquable  du  développement  extraordinaire  du  chevelu  des  racines 
de  la  Champion  doit  exercer  une  certaine  influence  sur  la  végétation 
et  sur  le  rendement  de  ses  produits.  D'un  autre  côté  si  l'on  établit 
que  dans  cette  grande  luxuriance  de  la  végétation  souterraine  de  la 
Champion,  gît  la  cause  de  son  immunité  contrelesatteintes  de  la  maladie, 
il  en  résulte  que  la  direction  que  les  chercheurs  de  nouvelles  variétés 
doivent  suivre,  est  de  choisir  comme  éléments  d'amélioration  ou  de 
création,  les  semences,  les  hybridations,  ou  les  greffes,  quel  que 
soit  le  mode  de  culture  que  l'on  adopte,  provenant  d'espèces  remar- 
quables par  le  développement  de  leurs  racines.  Comme  préliminaires 
à  ces  opérations,  l'auteur  de  l'article  que  je  résume,  suggère  un  examen 
comparé  des  racines  des  variétés  les  plus  susceptibles  d'être  attaquées 
par  la  maladie  et  de  celles  des  variétés  qui  le  sont  le  moins.  De  cette 
manière  on  arriverait  à  reconnaître  si  véritablement  la  cause  de  l'immu- 
nité se  rattache  à  ce  phénomène  de  végétation  souterraine.  Si  ce  fait 
est  reconnu  comme  bien  fondé,  le  problème  de  la  création  de  nouvelles 
variétés  réunissant  la  saveur  d'anciennes  variétés  estimées,  mais  sur 
le  point  de  disparaître  sous  les  atteintesdela  maladie,  àl'immunitéque 
possèdent  d'autres  variétés,  serait  à  moitié  résolu.  En  réunissant  par 
exemple  par  la  greffe  les  racines  de  la  Champion  à  celles  desEarly  Rose, 
des  Magnum Bonum,  des  Bread  fruit,  des  Eœcelsior,  des  Flower  bail,  etc., 
ou  bien  en  hybridant  leurs  fleurs  entre  elles,  on  pourrait,  sans 
aucun  doute,  obtenir,  par  une  sélection  raisonnée,  d'après  le  principe 
ci-dessus,  un  nombre  infini  de  bonnes  variétés. 

L'auteur  de  l'article  en  question  raconte  comme  suit  la  circon- 
stance qui  lui  révéla  le  fait  de  l'immunité  singulière  des  tubercules 
de  la  Champion  contre  les  atteintes  de  la  maladie,  alors  môme  que  la 
végétation  extérieure  en  était  atteinte. 

L'année  dernière,  une  planche  de  pommes  de  terre  Champion, 
large  de  4  mètres  et  longue  de  40,  avait  été  plantée  le  long  d'un 
chemin  public.  Les  passants  remarquaient  avec  surprise  que  bien  que 
la  maladie  qui  sévissait  fortement  dans  le  pays,  en  eût  atteint  Je  feuil- 
lage dès  les  premiers  jours  de  juillet  et  alors  que  la  végétation  exté- 
rieure dans  toutes  les  autres  cultures  des  environs  était  complètement 
détruite,  cette  planche  de  pommes  de  terre  conservait  toujours  sa 
luxuriance  et  sa  fraîcheur.  Ce  fut  en  défouissant  quelques-unes  de 
ces  pommes  de  terre  pour  une  exposition  vers  la  fin  d'août,  que  l'at- 
tention du  cultivateur  et  celle  de  son  domestique  furent  attirées.  En 
remarquant  l'aspect  étrange  que  présentaient  les  racines,  réunies  en 
touffes  épaisses  et  en  filaments  ayant  la  ténacité  du  fil  de  jfer,  le  culti- 
vateur qui  était  un  horticulteur  émérite,  fut  tellement  surpris  de  cet*.e 
apparence  insolite  des  racines,  qu'il  emporta  la  plante  tout  entière  avec 
les  racines  et  les  tubercules.  Ce  phénomène  le  frappa  d'autant  plus  que 
les  tubercules  n'étant  pas  encore  tout  à  fait  mûrs,  il  fut  obligé  de 
défouir  un  grand  nombre  de  plantes  pour  recueillir  la  quantité  de 
tubercules  nécessaires  à  son  exposition,  et  toutes  les  plantes  arrachées 
manifestaient  le  même  phénomène. 

Un  mois  après  cette  occurrence,  toute  la  récolte  fut  arrachée  et  il  fut 
constaté  que  le  rendement  avait  au  moins  doublé  en  poids  depuis  le 


268  ENCORE  LA  POMME  DE  TERRE  CHAMPION. 

mois  d'août,  bien  qu'alors,  pour  recueillir  les  plus  beaux  spécimens 
de  tubercules  pour  l'exposition,  on  eût  choisi  les  plantes  les  plus 
fortes. 

Ce  cultivateur  conclut  de,  ces  observations  que  la  «  Champion  » 
semble  posséder  la  propriété  de  renouveler  le  feuillage  des  tiges 
détruites  par  la  maladie  ou  par  tout  autre  cause  et  de  prolonger  sa 
période  de  production.  Ainsi,  il  estime  que  pendant  le  dernier  mois 
qui  s'écoula  après  l'exposition,  le  rendement  s'accrut  au  moins  de 
7,500  kilog.  à  l'hectare. 

Cette  année,  grâce  à  mes  efforts  et  à  ma  propagande  on  a  cultivé 
la  pomme  de  terre  Champion  sur  un  grand  nombre  de  points  de  la 
France,  embrassant  toutes  sortes  de  sols,  de  climats  et  d'altitudes. 
Les  honorables  cultivateurs  à  qui  j'ai  envoyé  de  la  semence,  voudront 
bien,  je  l'espère,  diriger  leurs  observations  sur  le  point  indiqué  par 
l'horticulteur  anglais  que  je  viens  de  citer.  Moi-même,  dont  la  cul- 
ture de  Champion  est  très  considérable  cette  année,  je  ne  manquerai 
pas  de  vérifier  ce  développement  extraordinaire  des  racines  de  cette 
variété  en  le  comparant  avec  celui  des  autres  variétés  diverses  que 
j'ai  cultivées  comme  éléments  de  comparaison.  11  résultera,  je  l'es- 
père, de  l'ensemble  de  toutes  ces  nombreuses  observations,  des  faits 
concordants,  à  l'aide  desquels  on  pourra  déduire  des  conclusions 
certaines,  qui  jetteront  sur  cette  importante  question  de  la  culture  de 
la  pomme  de  terre  une  utile  et  féconde  lumière. 

Quant  à  ma  récolte  de  cette  année,  elle  a  une  apparence  superbe. 
Lors  de  la  plantation,  j'avais  espacé  les  lignes  de  70  à  80  centimètres  ; 
aujourd'hui  la  surface  est  absolument  couverte,  les  tiges  se  joignent 
et  la  végétation  est  d'une  luxuriance  que  je  n'avais  point  encore  remar- 
quée. Sur  une  planche  spéciale,  établie  dans  mon  jardin  potager  pour 
faire  des  expériences  sur  les  effets  de  la  grosseur  du  plant  de  semence, 
et  de  la  distance  des  plants  et  des  lignes  entre  eux,  il  y  a  des  touffes 
de  tiges  qui  ont  plus  d'un  mètre  de  hauteur  et  dont  le  développement 
embrasse  un  espace  inusité.  F.-R.  de  la  Tréhonnais. 

LA  VERMINE  DES  VOLAILLES 

Depuis  que  j'ai  publié  le  résultat  des  mes  expériences  sur  l'action 
insecticide  des  vapeurs  de  sulfure  de  carbone,  j'ai  reçu  de  nombreux 
.  témoignages  de  reconnaissance  des  personnes  qui  ont  eu  recours  à  ce 
moyen  ;  j'ai  prié  mes  correspondants  de  s'attacher  à  étudier  la  pré- 
tendue action  anti-aphrodisiaque  du  remède,  mais  aucun  d'eux  n'a  pu 
la  constater. 

Cependant,  comme  des  hommes  qui  paraissent  habituellement 
sérieux  ont  écrit  que  le  sulfure  de  carbone  porte  atteinte  à  la 
fécondité  des  animaux,  j'ai  voulu  renouveler  mes  expériences.  J'ai  eu 
beau,  dans  mon  colombier,  multiplier  les  flacons  de  sulfure,  les  pigeons 
ont  continué  à  multiplier  de  leur  côté  comme  si  de  rien  n'était.  Chose 
plus  surprenante,  le  sulfure  de  carbone  qui  est  censé  atténuer  la  fécon- 
dité des  êtres,  a  développé  celle  d'un  spirituel  correspondant  de  ce 
journal,  lequel,  dans  le  numéro  du  î5  mars  1879,  nous  a  servi  un 
article  pour  rire  qui,  en  ce  qui  me  concerne,  n'a  pas  manqué  son  but. 

Mais  voici  venir  un  insecticide  qui  pour  sûr  trouvera  grâce  devant 
les  Vestales  chargées  d'entretenir  le  feu  sacré  de  la  reproduction  et 
devant  leurs  collaborateurs  bénévoles.  Cet  insecticide,  c'estl'eau,  l'eau 


LA  VERMINE  DES  VOLAILLES,  269 

qui  n'a  été  répandue  avec  autant  de  profusion  dans  la  nature  que  pour 
répondre  aux  besoins  les  plus  variés.  Depuis  Buffon  qui  a  donné  le 
signal,  presque  tous  les  auteurs  qui  ont  écrit  sur  le  pigeon  ont  déclaré 
que  celui-ci  est  grand  amateur  de  propreté,  attendu  qu'il  recherche 
l'eau.  On  aurait  pu  en  dire  autant  du  porc,  car  pigeon  et  porc  ont 
autant  souci  l'un  que  l'autre  de  la  propreté  du  liquide  dans  lequel  ils 
se  baignent  et  qui  aurait  pu  faire  dire  à  Diogène  :  qui  hic  lavantur, 
ubi  lavantur  ?  Il  n'est  pas  nécessaire  d'accentuer  un  réquisitoire  contre 
le  cochon  à  propos  de  propreté,  puisque  son  nom  est  devenu  le  symbole 
de  la  malpropreté,  mais  il  est  temps  de  faire  justice  de  tout  le  clin- 
quant dont  on  a  paré  l'oiseau  de  Vénus. 

«  Peu  d'oiseaux,  dit  M.  J.  Pelletan,  aiment  autant  la  propreté  que  le 
pigeon.  »  Pour  moi,  je  connais  beaucoup  d'oiseaux  qui  aiment  mieux 
le  pigeon  que  la  propreté  :  tel  est  l'émérillon,  tels  sont  tous  les  rapaces 
diurnes  et  la  plupart  des  rapaces  nocturnes,  comme  la  chouette  qui  se 
paye  du  pigeon  en  plein  colombier,  alors  que  tout  le  monde  dort  dans 
la  ferme. 

Plaisanterie  à  part,  je  dis  que  le  pigeon  se  soucie  de  la  propreté 
comme  de  Colin-tampon.  Je  lui  pardonnerais  de  se  baigner  dans  l'eau 
pure  et  fraîche  qu'on  vient  de  lui  servir,  mais  pourquoi  s'empresse- 
t-il  de  s'exonérer  dans  son  breuvage  au  point  que  celui-ci,  peu  d'heures 
après  qu'on  le  lui  a  livré,  ressemble  à  de  la  purée?  Et  pourquoi  le 
biset,  dont  le  choix  est  libre,  se  baigne-t-il  dans  la  mare  à  fumier 
plutôt  que  dans  le  cristal  d'une  onde  courante? 

Pourquoi?  Parce  que  le  pigaon  n'a  qu'une  préoccupation,  celle  de 
faire  la  guerre  à  son  mortel  ennemi,  à  l'acare  sanguinaire  qui  le  tour- 
mente et  le  suce  au  point  de  le  faire  maigrir  et  même  d'occasionner  sa 
perte.  Or,  comme  le  pigeon  passe  pour  plus  capable  de  porter  dans  son 
bec  l'olivier  de  la  paix  que  de  manier  les  engins  de  guerre,  il  se  borne  à 
imiter  certain  apothicaire  qui,  provoqué  en  duel  et  mis  en  demeure  de 
faire  le  choix  des  armes,  proposa  de  renfermer  dans  une  boîte  deux 
pilules  dont  une  empoisonnée,  et  de  les  tirer  au  sort.  Le  pigeon  opère 
dans  ce  genre  :  iJ  se  livre  à  une  préparation  pharmaceutique  ayant 
pour  base  la  colombine,  avec  l'eau  pour  véhicule.  Fier  de  son  œuvre, 
il  s'y  plonge  avec  délices  et  y  barbote  comme  un  vrai  palmipède  ;  il 
se  fourre  jusqu'au  cou  dans  la  solution  acide,  il  s'en  met  jusque 
par  dessus  la  lête  et,  quand  il  ensort,  il  se  trouve  non  pasblanc  comme 
neige,  ce  qui  est  le  cadet  de  ses  soucis,  mais  rafraîchi  et  purgé  d'une 
légion  d'infimes  arachnides  qui  se  trouvaient  aussi  à  l'aise  dans  son 
plumage  que  les  voleurs  dans  la  forêt  de  Bondy. 

Et  voilà  pourquoi  le  pigeon  recherche  l'eau  :  à  cause  de  sa  vertu 
insecticide.  Oui,  l'hydrothérapie,  qui  enregistre  de  belles  cures  parmi 
les  bipèdes  sans  plumes,  a  encore  le  pouvoir  de  rendre  aux  bipèdes 
ailés  qui  peuplent  nos  colombiers  le  plus  signalé  des  services,  avec 
cette  différence  que  l'homme  reçoit  la  douche,  tandis  que  le  pigeon  la 
donne. 

Frappé  de  ce  fait  qu'une  longue  observation  m'a  révélé,  j'ai  pour- 
suivi parallèlement,  depuis  deux  ans,  une  expérience  avec  le  sulfure 
de  carbone  et  une  autre  avec  l'eau.  Mes  honorables  correspondants 
ont  pu  s'étonner  que  je  n'aie  pas  encore  divulgué  ce  dernier  moyen 
de  destruction  de  la  vermine  que  je  leur  ai  indiqué  dans  mes  lettres,  ' 
mais  j'ai  voulu  consacrer  par  de  nouveaux  faits  les  résultats  acquis 


270  LA  VERMINE  DES  VOLAILLES, 

l'année  dernière,  et  c'est  avec  l'assurance  la  mieux  fondée  que  je  viens 
dire  aujourd'hui  à  tous  les  amateurs  de  pigeons  que  le  moyen  le  plus 
simple  et  le  plus  économique  de  détruire  la  vermine  qui  cause  tant  de 
ravages  parmi  leur  population  ailée,  est  le  suivant. 

Tous  les  jours je  dis  tous  les  jours ^  depuis  les  premières  chaleurs 

jusque  vers  l'automne,  il  faut  asperger  le  colombier  de  haut  en  bas  et 
sur  les  quatre  côtés,  avec  le  liquide  à  bon  marché  qu'on  appelle  com- 
munément de  l'eau,  qui  se  préssnte  sous  l'étiquette  d^aqua  communis 
dans  les  officines  et  qui,  chimiquement,  a  nom  protoxyde  d'hydrogène. 

La  vermine  aime  le  sec,  elle  se  développe  infailliblement  à  la  tem- 
pérature de  l'incubation,  sous  la  bonne  [mère  qui  échauffe  dans  son 
sein  le  fruit  de  ses  amours,  si  bien  que  les  petits  pigeonneaux,  en  nais- 
sant et  même  avant  de  sortir  de  leur  prison  calcaire  qu'ils  sont  en  train 
de  piocher,  subissent  Taffreuse  invasion  des  acares  assassins. 

Le  meilleur  moyen  d'affranchir  vos  élèves  de  cette  vermine  consiste 
à  empêcher  celle-ci  de  naître.  A  cet  effet,  armé  d'un  baquet  plein 
d'eau,  vous  y  puisez  avec  la  main  ou  avec  une  tasse  et  vous  en  faites 
voltiger  le  contenu  dans  toutes  les  directions  et  principalement  dans  les 
nids,  sans  vous  inquiéter  des  couveuses  qui  s'habituent  rapidement  à 
être  douchées  et  ne  tardent  pas  à  ne  plus  se  déranger  pour  si  peu.  Le 
liquide  subtil  pénètre  dans  tous  les  interstices,  visite  les  plus  petites 
fentes,  tombe  sur  les  œufs  et  sur  les  jeunes,  et  répand  partout  sa  bien- 
faisante influence. 

Voilà  le  moyen.  Il  est  infaillible,  si  on  l'emplolejournellement.  Pour 
moi,  son  eflicacité  est  si  indiscutable  que  je  déclare  d'avance  que  tout 
échec  que  les  expérimentateurs  croiront  pouvoir  annoncer  ne  sera  dû 
qu  à  leur  paresse.  Ce  n'est  pas  le  moyen  qui  manquera,  mais  l'eau. 

Les  personnes  qui  emploieront  ma  recette  me  pardonneront  volontiers 
d'avoir  détruit  leurs  illusions  sur  la  pureté  immaculée  des  colombes. 
Cette  pureté,  du  reste,  est  aussi  équivoque  au  point  de  vue  moral  que 
physiquement.  En  effet,  si  «  la  douceur  des  mœurs  du  pigeon,  sa 
chasteté,  sa  fidélité  »  ont  été  pompeusement  célébrées  par  Buffon, 
vous  trouvez,  en  revanche,  à  la  page  132  de  la  Basse-cour  de  Mme  Mil- 
let-Robinet, ces  lignes  : 

ff  La  réputation  de  fidélité  des  pigeons  n'est  pas  mieux  méritée  que 
leur  réputation  de  douceur.  Je  ne  sais  si  c'est  à  leur  état  de  civilisation 
qu'ils  doivent  leur  dépravation,  mais  l'on  voit  sans  cesse  des  mâles 
caresser  des  femelles  qui  ne  sont  pas  celles  avec  lesquelles  ils  couvent, 
et  l'on  vpit  des  femelles  recevoir  de  très  bonne  grâce  ces  caresses,,  ce 
qui  est  très  vilain,  w 

C'est  très  vilain,  en  effet,  et  je  crois  que  le  grand  naturaliste  plus  haut 
désigné  s'est  moqué  de  ses  semblables  quand,  à  propos  de  pigeons, 
son  lyrisme  s'est  exalté  au  point  de  jeter  à  la  postérité  cette  exclama- 
tion :  w  Quels  modèles  pour  l'homme,  s'il  pouvait  ou  s'il  savait  les 
imiter  !  »  D'  Félix  Schneider, 

Correspondant  de  la  Société  nationale  d'agriculture  de  France. 

RESULTATS  OBTENUS  DANS  LE  TRAITEMENT  DES  VIGNES 

PAR  LE   SULFOGARBONATE  DE  POTASSIUM   ^ 

J'ai  été  souvent  sur  le  point  de  vous  écrire  pendant  les  deux  mois 
qui  viennent  de  s'écouler  et  j'ai  toujours  ajourné,  attendant  le  moment 

1.  Lettre  à  M.  Dumas,  extraite  des  Comptes  rendus,  n."  du  28  juin  1880. 


TRAITEMENT  DES  VIGNES  PAR  LE   SULFOCARBONATE  DE  POTASSIUM.     271 

OÙ  se  produiraient  sur  les  vignes  des  résultats,  soit  en  bien,  soit  en 
mal.  Ce  moment  me  paraît  être  venu. 

Je  constate  à  Launac,  sur  toutes  mes  vignes  traitées,  et  plus  parti- 
culièrement sur  celles  qui  ont  reçu  du  sulfocarbonate  dissous,  une 
reprise  des  plus  remarquables  qui  dépasse  de  beaucoup  celle  de  l'an- 
née dernière.  Nous  nous  rapprochons  de  l'état  normal,  nous  l'attei- 
gnons môme  sur  divers  points  avec  le  sulfocarbonate,  après  être  tom- 
bés, en  1878,  au  dernier  état  de  délabrement  sous  la  double  influence 
de  phylloxéra  et  de  la  sécheresse. 

Nous  en  sommes  actuellement  à  la  troisième  application  sur  la 
superficie  totale  des  vignes^  seul  mode  de  défense  efficace,  car  j'ai 
partout  reconnu  que  le  traitement  des  seuls  points  d'attaque 
d'une  vigne  envahie  n'aboutit  à  aucun  résultat  sérieux.  Dans  ce 
cas,  le  phylloxéra  change  de  place  et  s'étend  plus  rapide- 
ment aux  portions  encore  vigoureuses  de  la  vigne,  et  il  arrive 
alors  que  celles-ci  périssent  tout  aussi  vite,  tandis  que  le  point 
d'attaque,  trop  éprouvé  pour  se  remettre,  finit  ausssi  par  succomber. 
Tout  traitement  doit  donc  comprendre  la  totalité  de  la  vigne  pour  don- 
ner réellement  les  résultats  qu'on  est  en  droit  d'en  attendre.  Les  par- 
celles qu'on  laisse  sans  traitement  sont  presque  toujours  les  nids  de 
phylloxéras,  d'oi^i  l'insecte  part  pour  continuer  et  perpétuer  ses  rava- 
ges. C'est  un  point  des'  plus  importants;  j'en  fais  à  Launac  l'expérience 
dans  de  bonnes  conditions,  car  je  n'ai  plus  de  voisinage  phylloxéré  : 
toutes  les  vignes  autour  de  moi  sont  mortes  ou  arrachées  ;  les  miennes 
sont  donc  isolées,  et  je  profite  à  présent  du  bénéfice  de  cette  situation. 
Il  se  traduit  par  une  grande  efficacité  des  traitements  et  une  reconsti- 
tution plus  rapide.  11  est  facile  de  comprendre  combien  la  démonstra- 
tion dont  je  vous  entretiens  est  capitale.  Comment  préserver  utilement 
des  vignobles  dont  le  traitement  sera  isolé,  au  milieu  d'un  grand 
ensemble  de  vignes  forcément  abandonné  à  lui-même?  Je  crains  bien 
que  l'alternative  ne  soit  de  tout  défendre  et  de  tout  abandonner,  au 
moins  pour  le  moment  oi^i  nous  en  sommes. 

J'ai  fait,  Tan  dernier,  deux  applications  de  sulfocarbonate  dilué,  à 
250  kil.  de  sulfocarbonate  et  120  m.  c.  d'eau  par  hectare,  la  première 
en  avril,  la  seconde  en  juillet  et  août.  Je  m'en  suis  très  bien  trouvé  et 
je  recommence  cette  année;  mais  le  retard  qu'à  mis  M.  Mouillefert  à 
m'envoyer  les  appareils,  m'a  obligé  à  faire  un  premier  traitement  en 
mai  et  en  juin.  Je  ferai  la  ditférence  des  résultats;  peut-être  sera-t-elle 
à  l'avantage  du  traitement  retardé.  Il  y  a  à  cela  plusieurs  raisons,  mais 
c'est  à  la  pratique  à  prononcer. 

Mes  cultures  ont  beaucoup  souffert  du  retard  apporté  aux  traite- 
ments. Pendant  ces  contrariétés,  le  ver  gris,  larve  de  la  Noclua  aquilina, 
qui  se  trouve  au  pied  des  plantes  qu'elle  dévore,  faisait  un  ravage 
incessant,  dévorant  la  nuit  les  bourgeons  à  mesure  qu'ils  se  dévelop- 
paient. Cette  étrange  invasion  d'insectes  s'est  étendue  à  presque  tout 
le  Midi  et  y  a  maltraité  les  vignobles  sur  une  échelle  jusqu'alors  incon- 
nue, dans  les  deux  mois  d'avril  et  mai.  De  plus,  nous  avons  eu  des 
nuées  d'altises,  dont  les  larves  sont  en  pleine  éclosion.  Je  nen  ai  pas 
moins  persisté,  car  je  tenais  au  résultat  de  cette  année,  résultat  que  je 
constate  avec  bonheur  et  qui  confirme  vos  découvertes  et  vos  prévi- 
sions. 

J'ai  fait,  sur  la  pratique  du  sulfocarbonate  des  vignes  et  sur  le  phyl- 


272     TRAITEMENT  DES  VIGNES  PAR  LE  SULFOGARBONATE  DE  POTASSIUM. 

loxera,  une  série  d'observations  que  j'ai  besoin  de  mettre  en  ordre. 
Il  y  a  là  des  faits  très  curieux.  Un  de  ceux  qui  semblent  se  confirmer  le 
mieux  est  celui  de  la  concentration  du  bain  sulfocarbonaLe  autour  du  cep, 
sur  une  surface  qui  n'a  pas  besoin  d'être  considérable.  Ce  bain  produit 
sur  les  racines  l'effet  d'une  vraie  médication.  Des  tissus  se  refont  et  il 
en  part  une  série  de  racines  jeunes  qui  reconstituent  le  cep.  Le  phyl- 
loxéra fait  subir  à  la  vigne  une  sorte  d'intoxication  qui  se  manifeste 
par  les  lésions  toutes  spéciales  des  tissus  ;  les  bains  de  sulfocarbonale 
guérissent  ces  lésions  et  les  cicatrisent.  Concentrés  autour  du  tronc  de 
la  souche  et  des  racines  principales,  ils  les  conservent  mieux,  pénètrent 
profondément  le  sol  sur  les  points  mêmes  où  leur  action  doit  être  plus 
spécialement  énergique,  et  sont  une  des  meilleures  garanties  pour 
empêcher  l'étisie  complète  des  sujets  traités  en  temps  utile.  Il  en 
résulte  une  plus  grande  facilité  pour  l'emploi  et  l'administration  du 
sulfocarbonate  dihié,  et  plus  d'eiïicacité  dans  les  résultats. 

H.  Mares. 

SUR  LA  PRODUCTION  CHEVALINE  DANS  LA  MAYENNE 

ET  LA  SARTHE. 

D'après  les  documents  officiels,  la  population  chevaline  en  France  était  en  1840 
de  2,463,730  têtes.  Depuis  cette  époque,  nous  avons  perdu  avec  l' Alsace-Lorraine, 
déduction  faite  de  la  faible  compensation  produite  pa'-  l'annexion  de  Nice  et  de  la 
Savoie,  environ  110,000  têtes,  et  cependant  la  statistique  de  1873  porte  le  nombre 
de  notre  population  chevaline  à  2,7^12,708  têtes. 

Il  y  a  donc  eu  dans  le  nombre  des  chevaux  une  augmentation  notable.  Cette 
augmentation  a  été  surtout  importante  pour  les  départements  de  l'ancien  Maine, 
desservis  par  le  dépôt  d'étalons  d'Angers  conjointement  avec  la  Loire -Inférieure 
et  Maine-et-Loire. 

La  Mayenne  est  montée  de  40,823  au  chiffre  remarquable  de  92,530  chevaux  et 
la  Sarthe  de  44,029  à  64,021  chevaux  L'augmentation  dans  ces  deux  départements 
est  donc  de  51,707  chevaux  pour  la  Mayenne  et  de  19,992  pour  la  Sarthe,  en  tout 
de  71,699  chevaux  pour  l'ancienne  province  du  Miine  seulement  Elle  est  de 
100,698  chevaux  pour  les  quatre  départements  desservis  par   le   dépôt   d'Angers. 

Les  deux  départements  de  la  Mayenne  et  de  la  Sarthe  se  livrent  surtout  à  la 
production  des  poulains,  qui  sont  vendus  à  l'âge  de  six  mois  à  un  an  pour  la 
Normandie  et  la  Beauce  où  ils  achèvent  de  prendre  leur  entier  accroissement. 

Cette  industrie  est  surtout  remarquable  dans  le  département  de  la  Mayenoe  qui 
possède  à  lui  seul  58,600  juments  au-dessus  de  trois  ans,  soit  10,729  de  plus 
que  le  département  de  la  Manche  qui  en  possède  le  plu,  après  lui. 

La  Sarthe  est  aussi  remarquable  par  le  nombre  de  ses  juments.  Elle  en  possède 
39,893-,  toujours  d'après  la  statistique  de  1873. 

D'où  il  suit  que  l'ancienne  province  du  Maine  est  sans  contredit  le  pays  de 
France  qui  produit  le  plus  de  poulains  proportionnellement  à  l'étendue  de  son 
territoire.  C'est  aussi  celui  où  l'élève  du  cheval  a  le  plus  progressé. 

Dans  le  département  de  la  Sarthe,  le  canton  de  la  Fresnayeetune  partie  de  celui 
de  Saint-Paterne,  avoisinant  Alençon,  produisent  quelques  chevaux  de  luxe  de 
demi-sang  anglais. 

Presque  tout  le  reste  du  département  se  livre  à  la  production  du  gros  percheron. 

Dans  la  Mayenne,  à  l'exception  du  canton  de  Graon,  où  l'on  fait  assez  générale- 
ment le  cheval  à  deux  fins,  presque  tout  le  département  se  livre  à  1  élève  du 
percheron  plutôt  de  trait  léger  que  de  gros  trait. 

Le  percheron  a  partout  remplacé  le  bidet  ancien,  race  de  chevaux  de  petite  et 
moyenne  taille,  assez  énergique,  mais  sans  caractère,  et  qui  ne  servait  qu'à 
porter  le  fermier  allant  aux  foires,  et  à  tirer  la  charrette  ou  la  charrue,  attelés 
devant  les  bœufs. 

Il  résultait  de  ce  mode  si  défectueux  d'attelage  que  les  anciens  chevaux  du  pays, 
obligés  en  labourant  ou  le  long  des  routes,  de  régler  leurs  allures  sur  la  lente 
allure  des  bœufs,  et  n'étant  pour  la  plupart  employés  qu'à  cette  usage,  ne  savaient 
ni  trotter,  ni  marcher  au  pas.  Ils  étaient  par  cela  même  tout  à  fait  impropres  à  la 
voiture  et  ne  pouvaient  faire  que  de  très  médiocres  chevaux  de  selle. 


PRODUCTION  CHEVALINE   DANS   LA    MAYENNE   ET  LA   SARTHE.        273 

Les  essais  tentés  à  cette  époque,  vers  1835,  pour  régénérer  les  chevaux  de  ce 
pays  par  l'administration  des  haras,  furent  malheureux.  Croisés  avec  cette 
mauvaise  race,  les  grands  chevaux  de  sang  anglais  ne  donnaient  que  des  poulains 
décousus,  de  peu  de  valeur  et  d'une  vente  très  difficile.  Les  chevaux  du  haras 
furent  bientôt  délaissés  et  il  ne  pouvait  en. être  autrement.  Le  milieu  d'alors  ne 
comportait  pas  une  grande  et  forte  l'ace,  à  plus  forte  raison   une  race  de  luxe. 

Telle  était  en  1835  la  pauvre  situation  de  l'espèce  chevahne  dans  la  Mayenne, 
et  cependant  l'ère  d'une  transformation  complète  était  proche,  alors  même  qu'il  ne 
se  trouvait  dans  le  pays  aucun  agriculteur  pour  la  prévoir.  Ceux  même  des  agricul- 
teurs locaux  qui  y  ont  le  plus  contribué,  M.  Jamet  par  exemple,  n'y  songeaient 
guère.  Cette  illustre  agronome  a  même  préconisé  dans  ses  derniers  écrits,  l'emploi 
du  bœuf  nantais  de  travail,  pour  les  labours,  à  l'exclusion  du  cheval.  Les  chevaux, 
vers  cette  époque,  et  longtemps  après  encore,  passaient  presque  inaperçus  dans 
les  comices  agricoles,  où,  lorsqu'ils  étaient  appelés  à  y  figurer,  ils  étaient  en  si 
petitnombre  et  de  qualité  si  inférieure,  qu'on  ne  s'en  occupait  que  pour  la  forme. 

Toute  l'attention,  tout  l'intérêt  étaient  concentrés  sur  l'espèce  bovine.  On  intro- 
duisait alors  le  durham  dans  l'arrondissement  de  Château-Gontier  d'abord,  puis 
dans  celui  de  Laval.  Quelques  propriétaires  et  surtout  la  ferme-école  du  Camp,  près 
Laval,  tendaient  à  répandre  cette  précieuse  race  dans  le  pays. 

Mais  les  bœufs  durham  sont  de  mauvais  travailleurs  ;  force  a  donc  été  de  les 
remplacer  par  des  chevaux  dont  il  a  fallu  augmenter  la  masse  et  la  taille.  De  là 
l'emploi  de  l'étalon  percheron,  ce  rude  cheval  de  trait,  à  l'aide  duquel,  et  par  des- 
sus tout,  grâce  à  l'introduction  des  prairies  artificielles  et  à  la  nourriture  au  trèfle 
et  quelque  peu  à  l'avoine  des  poulains,  la  maigre  espèce  de  chevaux  d'autrefois  est 
devenue,  tout  en  doublant  de  nombre,  la  rude  et  forte  race  d'aujourd'hui. 

On  peut  prévoir  que  le  même  mouvement  hippique  va  bientôt  avoir  lieu  dans 
les  parties  du  département  de  l'IUe-et-Vilaine  et  de  la  Loire-Inférieure  voisines  de 
la  Mayenne  et  de  Maine-et-Loire,  où  commence  actuellement,  par  l'introduction 
du  durham,  la  transformation  de  la  race  bovine  de  travail  indigène  en  race  pure 
de  boucherie.  Dans  le  département  de  la  Nièvre  on  introduit  maintenant  l'étalon 
percheron  pour  subvenir  aux  mêmes  besoins,  la  race  bovine  charolaise  tendant  à 
devenir  de  plus  en  plus  impropre  au  travail  par  l'incessante  infusion  du  sang  du- 
rham. Partout  ailleurs  la  même  cause  amèoera  le  même  effet.  L'extension  du  du- 
rham qui  tend  à  supplanter  les  races  de  travail,  doit  donc  amener  une  immense 
extension  de  l'espèce  chevaline  en  France. 

Depuis  dix  ans  une  nouvelle  transformation  s'est  faite  dans  la  Mayenne.  Pres- 
que tous  les  chevaux  avaient  pris  la  couleur  grise  du  percheron  et  devenaient 
promptement  blancs.  Maintenant  les  étalons  gris  sont  partout  délaissés  et  devien- 
nent rares.  Encore  quelques  années,  et  les  chevaux  gris  deviendront  une  rare  excep- 
tion.  Déjà  la  plus  grande  partie  des  poulains  sont  bais,  rouans  ou  noirs. 

Cette  nouvelle  et  rapide  transformation  témoigne  à  nouveau  de  l'intérêt  que  tout 
le  monde  prend  à  la  production  du  cheval  dans  le  département  de  la  Mayenne.  Le 
paysan  tend  à  devenir  de  plus  en  plus  homme  de  cheval.  Des  courses  de  chevaux 
ont  été  étfibUes  d'abord  à  Craon,  piiis  à  Saint-Ouën-des-Toits,  près  Laval,  à  Mes- 
lay  et  à  Gorron,  et  les  populations  rurales  passionnées  pour  ce  spectacle,  y  accou- 
rent de  toutes  parts. 

Jusqu'à  présent  l'administration  des  haras,  rebutée  sans  doute  par  le  triste 
avortement  de  ses  premières  tentatives,  ne  s'est  guère  occupée  à  influer  sur  la  pro- 
duction chevaline  dans  ce  département.  Elle  a  toujours  maintenu  une  station  d'é- 
talons à  Craon.  Elle  a  récemment  créé  la  station  de  Château-Gontier,  Laval  et 
Mayenne  :  en  tout  une  quinzaine  d'étalons.  C'est  bien  peu  pour  une  production 
annuelle  qui  peut  être  évaluée  à  22,000  poulains,  au  moins.  Cependant  le  pays  est 
mûr  pour  le  progrès  hippique.  Les  étalons  des  quatre  stations  existantes  devien- 
nent tout  à  fait  insuffisants.  Les  juments  de  base  de  trait  léger^  propres  aux  éta- 
lons de  demi-sang  bien  étoffés  et  bien  membres,  existent  presque  partout.  La 
majeure  partie  des  producteurs  ne  tarderaient  pas  à  reconnaître  que  l'infusion  d'un 

Îieu  de  sang  donnerait  à  la  robuste  race  du  pays,  qui  trotte  passablement  déjà, 
es  qualités  qui  lui  manquent,  un  peu  plus  de  légèreté,  d'énergie  et  de  vitesse, 
sans  que  pour  cela  elle  devienne  moins  propre  au  service  de  la  charrette  et  de  la 
charrue.  Et  puis,  quelle  précieuse  ressource  pour  la  Franceque  ces  15,000  poulains 
qui  sortent  annuellement  de  la  Mayenne  (déduction  faite  de  ceux  qui  restent  pour 
le  renouvellement  de  la  race),  pour  être  élevés  dans  la  Normandie  ou  dans  la 
Beauce  et  dont  la  plupart  pourraient  faire  de  si  excellents  chevaux  d'artillerie  et 


274  PRODUCTION  CHEVALINE  DANS  LA  MAYENNE  ET  LA  SARTHE. 

de  grosse  cavalerie.  Il  y  a  là  une  grande  production  qui  peut  faire  de  très  rapides 
progrès,  et  que  l'administration  des  haras,  peut-être  encore  ignorante  du  progrès 
réalisé  et  des  ressources  actuelles,  ne  peut  négliger  plus  longtemps. 

L'intérêt  local  et  l'intérêt  national  réclament  donc  impérieusement  pour  1881,  la 
création  de  nouvelles  stations  d'étalon^  dans  le  département  de  la  Mayenne. 

Alors  surtout  que  la  loi  de  1874  a  porté,  d'environ  1,200  à  2,500,  le  nombre 
des  étalons  des  haras  et  que  300  étalons  restent  encore  à  acheter  pour  compléter 
ce  nombre,  il  est  de  la  dernière  importance  qu'on  songe  enfin  au  département  de 
Mayenne  dans  la  répartition  de  ces  nouveaux  étalons  et  qu'on  double  au  moins  le 
nombre  des  stations  dans  ce  département.  Ces  nouvelles  stations  pourraient  être 
placées  à  Cossé-le-Vivien,  Meslay  et  Evron,  pour  les  deux  arrondissements  de 
(jhâteau-Gontier  et  Laval,  et  à  Gorron  pour  l'arrondissement  de  Mayenne.  L'état 
plus  avancé  de  l'agriculture  et  la  fertilité  du  sol  ainsi  que  la  qualité  des  chevaux 
justifient  les  choix  de  Gossé-le-Vivien  et  Meslay. La  situation  d'Evron,  éloigné  de 
Laval  et  entouré  de  hautes  collines,  les  buttes  de  Go-Evron,  très  propres  à  l'élève 
du  cheval,  le  désigne  aussi  suffisamment  pour  station.  Enfin  il  est  tout  naturel  de 
placer  une  station  d'étalons  à  Gorron,  chef-lieu  d'un  canton  oii  Vélève  du  cheval 
est  prospère  et  qui  est  déjà  en  possession  d'un  hippodrome  florissant. 

1\  est  donc  bien  à  désirer  que  ces  quatre  stations,  de  trois  chevaux  chacun, 
soient  créées  en  188L  Et  certes  ce  n'est  pas  trop  faire  pour  le  département  qui 
produit  le  plus  de  poulains  de  France.  De  quinze  étalons  fournis  par  le  dépôt 
d'Angers,  le  chifî"re  serait  porté  à  vingt-sept.  Sur  les  29,000  juments  environ  qui 
sont  conduites  annuellement  à  l'étalon  dans  le  département,  à  cinquante  juments 
par  étalon,  ces  27  étalons  en  sailliraient  1,350. 

La  marge  serait  encore  bien  grande  pour  les  étalons  rouleurs.  Et  il  n'y  a  pas  à 
craindre  une  infusion  trop  rapide  du  sang  anglais. 

Gependant  la  transformation  qu'on  poursuit  pourrait  arriver  encore  rapidement, 
si  les  fils  des  étalons  du  haras,  devenus  étalons  à  leur  tour,  tendaient  à  supplanter 
les  purs  étalons  percherons.  Alors,  avec  de  si  faibles  moyens,  le  bien  produit  serait 
en  peu  d'années  très  grand.  Quoi  qu'il  en  soit,  on  peut  affirmer  que  nulle  part  les 
sommes  votées  par  le  pays,  pour  l'amélioration  des  races  de  chevaux,  ne  profite- 
raient plus  au  pays  que  dans  ce  département  où  l'espèce  chevaline  a  fait  en  si  peu 
de  temps  de  si  prodigieux  progrès.  C'est  là  surtout  qu'on  peut  dire  que  le  progrès 
passé  est  un  sur  garant  du  progrès  à  venir.  Bien  aveugles  ceux  qui  ne  voudraient 
pas  le  voir. 

Dans  la  Sarthe  la  production  annuelle  des  poulains  peut  être  évaluée  à  environ 
15,000.  Les  cantons  de  Sillé-le-Guillaume  et  de  Sablé,  voisins  de  la  Mayenne, 
ont  participé  au  même  mouvement  hippique.  Ils  ont  du  reste  avec  ce  département 
une  similitude  frappante  quant  au  sol  et  au  climat;  ainsi,  pour  les  mêmes  motifs, 
deux  stations  d'étalons  seraient  utilement  créées  à  Sillé-le-Guiliaume  et  à  Sablé. 

Espérons  donc  que  dans  la  répartition  des  300  étalons  qui  restent  encore  à 
acheter  pour  compléter  le  chiffre  de  2,500  étalons  déterminé  par  la  loi  de  1874, 
les  départements  de  la  Sarthe  et  de  la  Mayenne  ne  seront  pas  cette  fois  oubliés. 
Sans  doute  dans  ces  deux  départements  l'industrie  privée  est  suffisante  pour  assurer 
une  énorme  production  de  chevaux  dont  la  qualité  est  déjà  bonne,  mais  cette 
qualité  peut  encore  être  très  rapidement  et  grandement  améliorée  par  l'infusion 
d'un  peu  de  sang  anglais  aux  poulains. 

Jamais  pour  l'administration  des  haras,  pareille  occasion  ne  s'est  offerte  de  faire 
plus  de  bien  à  moins  de  frais  et  sur  une  plus  grande  échelle. 

Nous  faisons  des  vœux  pour  qu'elle  ne  la  laisse  pas  passer. 

RiANDiÈRE  Laroche. 

REYUE  COMERGIÂLE    ET    PRIX-COURANT  DES  DENRÉES  AGRICOLES 

(14  AOUT  1880). 
I.   —  Situation  générale. 
La  situation  a  été  plus  calme,  durant  cette  semaine,  sur  le  plus  grand  nombre 
des  marchés.  Dans  la  plupart  des  départements,  les  cultivateurs  sont  encore  rete- 
nus soit  aux  travaux  de  la  moisson,  soit  à  ceux  des  premiers  battages.  Presque 
partout,  les  transactions  présentent  peu  d'importance. 
II.  —  Les  grains  et  les  farines. 
Les  tableaux  suivants,    établis,  pour  la  plupart  des  marchés,  sur  les  prix  des 
céréales  nouvelles,  résument  les  cours,  par  quintal  métrique,  sur  les  prmcipaux 
marchés  de  la  France  et  de  l'étrancjer. 


REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX-COURANT  (14  AOUT   1880) 


275 


HKGlON.—  MORO-OUEST. 

Blé.    Seigle.   Orge. 


fr. 
30.00 
30  50 
29.50 
27.bO 
27.75 
29.25 
27.00 
30.00 
29.00 
29.50 
30.00 
29.50 
28.25 


fr. 
ï4.50 

24.25 
25.00 
22.00 
22.50 


22.25 
21 .00 


Calvados.  Condé 

—  Lisieuï 

Côtes-d.-!\nr(i  Pontrieiix 

—  Tréguier 

Finistère.  Laiiderneau. 

—  Quimper 

llle-et-Vilaiae.  Hennés. 

—  St  M   lo 

Manche.  Avranches. . .. 

—  Poiilorson 

—  Villedieu 

Mayenne.  Laval 

—  Château  Gontier.. 
Morbihan.  Herinebunl.. 
Orne.  Séez 

—  Vimouiiers, 
Sarthe.  Le  Mans, 

—  Sablé 


Prix  moyens 28.79     22.03 

a»  RÉGION.  —  WORD 
Aisne.  Soissons 28.9s     18.50 

—  St-Queutir. 28.00        » 

—  Villti-s-Cotterets..  2800 
Eure.  Bernay 28.50 

—  Conches i8.25 

—  Pacy 29.00 

Eure-et-Loir.  Chartres.  29.50 

—  Aurieau 28  75 

—  Nogenl-le-Rotrou.  28.0') 
iVord. Cambrai 28.25 

—  Douai   28.00 

—  Valenciennes 29.25 

Oise.  Beauvais...- 27.50 

—  Compiègne 28.00 

—  Senlis 28.00 

Po«-de-Caiais.  Arras.. .  28.25 

—  Sainl-Omer 28.75 

Seine.  P« ris 30  00 

3.-et-Marne  Melun 28.05 

—  Meaux 28.00 

—  Moniereau 30. oO 

S.-et-Oise.  Versailles...  28.50 

—  Dourdan 29.00 

—  Rambouillet 27.75 

Seine-Infevieure.  Houen  27.00 

—  Dieppe 29.50 

—  Fecamp 30.10 

Somme.  Abbeville 27.50 

—  Péronne 27.00 

—  Roye 28  00 

Prix  moyens 28.43 

3»  RÉGION.  —  NORD-EST. 
.ArderiMM.  Charleville  ..  29.50     18.00 
Aube.  Bar-sur-Aube  ...  27.50 
Méry-sur-Seine...   28.60 

—  Troyes 29.50 

âforne. Chàions 29.50 

—  Epernay 29.50 

—  Reims 28  oo 

—  Sézannc 27.75 

Hte-Marne.  Bourbonne.  3o.50 
Meurt.-et  Moselle  Nancy  28  00 

—  Lunéville 29.00 

—  Toul 28.50 

Afewse.  Bar-le-Duc 28  50 

—  Verdun 28. uO 

Haute-Saône.  Gray 28.50 

—  Vesoul 29.40 

Fosge*.  Epinal so.so 

—  Raon-l'Etape 30.75 

Prix  moyens 28.97 


fr. 
20.50 

20 .  00 
21.50 
21.25 
21  75 

21.  50 
19  25 
20.50 
21.00 

22.00 


AToiDe. 

fr. 

23.00 
22.25 
22.00 
18.50 
19.00 
22.50 
21.50 
21.25 
23.50 

25.75 


18  00 
17.75 

18.37 


17.25 
19  50 

n 
19.50 
19  25 
19.50 
18.25 


20.00 


18  00 
17.00 


21.25 
21.75 


4«  RÉGION 

Charente.  Angoutème.. 

—  Ruffec 

Charente- In fér.  Marans. 

Deux-Sevres.  Niort 

Indre-et-Loire.  Tours.. 

—  Blérè 

—  Château-Renault. 

Loire-Inf.  Nantes 

Af. -et-Ioire.  Saumur  .  . 
Vendée.  Lnçou 

—  Fontenay... ...... 

Vienne.  Chàtellerault. . . 

—  Loudun 

Haute-Vienne.  Limuges 


19.10 
OUEST. 


31.25 
29.50 
28.50 
29.00 
29.25 
29.50 
30.00 
27.50 
28  00 
27.00 
28.00 
28  50 
29.00 
30.00 


21.00 
20.75 


19.00 
18.50 
18.00 
19.50 
19.00 


22.75 
22.50 
13.00 
22.50 
21.25 
22.00 
21.75 
21. î^ 
22.50 
19.50 
20.50 
20.50 
23.00 
21.25 


19.50 
21.00 
19.75 

21.50 
22.25 
21.00 
21  25 
iS.t'O 
18.50 

20.00 
20.00 
19.00 
17.50 
18.55 
20.00 
19.50 

19. 83 


26.00 
21.00 
17.00 
23.00 
20.50 
19.00 
19.25 
22.50 
19  00 
17.25 
24.00 
1800 
22.50 
21.50 


Prix  moyens 28.93    19.09 


5"   RÉGION. 

—  CENTRE. 

Blé. 

Seigl8. 

Orge. 

AToine. 

fr. 

fr. 

fr. 

fr. 

Allier.  Moulins 

31.00 

> 

20.00 

19.25 

—      MoriHnçon 

30.50 

21.50 

t 

1.9.50 

—    La  Palisse 

30.00 

21.00 

22  50 

21.00 

Cher    bo.,iur6 

28.50 

19  25 

21.25 

19.75 
19.50 
19.50 

—    Vierzon 

28.75 

18.00 

19. CO 

Creuse.  Aiibusson 

29.00 

20.25 

21.25 

Indre.  Chàleauroux... . 

30.50 

20.50 

20.50 

19.00 

—    Issoiidun 

29.50 

20.50 

21. 25 

20.50 

—     Valençay 

30.50 

24.00 

23.50 

18.00 

Loiret.  Orléans 

30.00 

19   50 

18.00 

«8.50 

—    Montargis 

31.00 

19.50 

20.60 

19.00 

—    Gien 

■x9.50 

18.50 

19.50 

18.00 

Loir-ei-Cher.  Blois 

30.50 

17.75 

21.50 

23.00 

—     Mondoubleau... 

30. OU 

24.25 

21.50 

23.50 

Nièvre.   Nevers 

29.50 

18.00 

—    La  Charité 

30.00 

y, 

20.75 

21.25 

Yonne.  Brie  non 

31.50 

20.00 

20.00 

18.00 
10.50 

21.75 
21.00 

20.25 
20.00 

—    SL-Florentin 

30.50 

Prix  moyens 

29.99 

20.00 

20.78 

19.93 

6«  RÉGION.  — 

EST. 

Ain.  Bourg 

30.00 

18.75 

19.25 

—    Pont-de-Vaux. ... 

29-00 

18.00 

17.75 

Côle-d'Or  Dijon 

28  50 

19.00 

20.50 

19.00 

—    Beaune 

28.50 

n 

18.50 

19.50 

Doubs.   Be..;ançon 

29  75 

n 

» 

20.25 

Isère.  Grand-Lemps. .. 

30.50 

19.00 

■ 

21.00 

—     Voiron 

30.00 

23.00 

, 

22.00 

28.00 
29.00 

20.00 

JLoire.  St-Chamond 

20.00 

P. -de-Dôme  Clermont  F 

32.75 

2i.50 

17.00 

Rhône.  Lyon 

29.50 

19.50 

19.00 

20.25 

Saône-et-Loire.   Autun 

28.50 

19.00 

19.50 

29  50 
33.25 

18.10 
24  00 

19  50 
21.70 

Savoie.  Chambéry 

, 

Hte-Savoie.  Annecy.. . . 

31.50 

» 

» 

20.50 

Prix  moyens 

30.5» 

19.98 

18.79 

20.20 

7«  RÉGION.    - 

-  SUD- 

OUEST. 

Ariège.  Pamiers 

31.25 

22.00 

» 

22.50 

Dordogne.  Bergerac... 

30.50 

22.00 

» 

21.50 

Hle-Garonne.  Toulouse. 

30.25 

19.00 

17.00 

20.25 

—  Viiiefranche-Laur 

31.00 

19.50 

20.25 

22.00 

31.00 
32.50 
30.75 

* 

» 

25.75 

—     Eauze 

—    Mirande 

22  75 

Gironde.    Bordeaux.... 

31.00 

21.00 

» 

22.25 

—    Lesparre    ....   . 

30  50 

18.50 
21.00 

24.00 

Landes.  Das... 

31   25 

» 

Lot-et-Garonne.  Agen.. 

28.00 

19.50 

20.50 

—    Nerac 

32.75 
32.0) 

22.75 

21.50 

24.75 

B.-Pyrénées.  Bayonne. . 

22.00 

Htes-P  y  renées.  Tarbes. 

31.50 

» 

21.75 

Prix  moyens 

31.02 

20.58 

19.58 

23.15 

8"  RÉGION.   —  SUD. 

Aude.   Castelnaudary.. 

30.50 

21.00 

20.75 

20.65 

Aveyron,   Villefranche. 

29.00 

23,00 

j> 

18.00 

Cantal.   Mauriac 

30.35 

28.80 

g 

29.05 

Corrèze.  Luberzac 

31.25 

22.00 

22.50 

22.25 

Î8.75 
31.25 

22.50 

22.00 

Lot.  Figeac 

21.75 

Lozère.  Mende 

32.45 

28.85 

24.75 

23.50 

—    Marvejols 

31.65 

23.60 

» 

0 

—    Florac 

31.25 

20  80 

22.15 

24.40 

Pyrenees-Or.  Perpignan 

27.30 

21.20 

23.00 

26.10 

Tarn    Albi 

29.75 
29.75 

20.50 

20.50 

19.25 

Tarn^et-Gar.  Montauban 

21.00 

Prix  moyens 

30.27 

23.74 

22.23 

22.22 

9«  RÉGION. 

—  SCD-EST 

Basses-Alpes.  Manosqae 

31.00 

» 

22.50 

Hautes-. Mpe.%.  Briançon 

31.20 

20.00 

20.50 

21.00 

Alpes-Maritimes  Cannes 

30.75 

21.00 

20.00 

20.25 

Ardeche.  Privas 

30.05 

20.65 

19.60 

21.80 

B.-du-Rhône.  Arles.... 

29.25 

17.50 

20.50 

Drôrne.    Valence 

30.50 

21.00 

> 

16.75 

Gard.  Nimes 

28.50 

18.25 

20.00 

Haute-Loire.  Le  Puy. . . 

29.25 

23.00 

21.75 

19.25 

Var.  Oraguignan  

.   31.50 

» 

> 

Vauàluse.  Carpentras.. 

30.25 

20.00 

19.50 

Prix  moyens 

30.23 

21.13 

lfl.65 

20. IT 

Moy.  de  toute  la  France 

29.69 

20.51 

20.35 

21.16 

—  de  Usemainepreced. 

29.97 

20.75 

20  73 

21.60 

Snr  la  se  .Tiaine  k  Hausse 
précédente..     (Baisse. 

n 

a 

» 

» 

0.28 

0.24 

0.38 

0.44 

276  REVQE  GOMxMERGIALE  ET  PRIX-COURANT, 

Blé.  Seigle.  Orge.  Avoine 

fr.  ir.  fr.  ir. 

Algérie.  Alger 26.00  »  15. fO 

Angleterre.  Londres 31  50  »  20  85  21.85 

Belgique.  Anvers 26.00  24  25  23.00  24.00 

—  Bruxelles 28.75  22.25  20.75 

—  Liège 29.25  '24.25  '.'2.00  21.00 

—  Naniur  29.00  22  00  22.00  20.75 

Pays-Bas.  Air.sterdam 24.15  19.45  .»  . 

Luxembourg.  Luxembourg 28.75  23  00  22.50  2100 

Alsace-Lorraine.  Strasbourg 30.25  21.00  20.25  20.50 

—  Mulhouse 31.25  21.50  20.00  20.75 

—  Metz 28. '>5  21.25  19.50  20.60 

Aiiemagne.  Berlin 2."), 05  22  .^0  »  » 

—  Cologne 28.75  23  75 

—  Hambourg 25.60  21. CO 

Suisse.  Genève 30  '25         '>■>  .  20.50 

.—  Zurich 30.00  »  »  20.00 

Italie.  Milan 28  25        21. .50  »  19.25 

Espagne.  Burgos 30. .^0  »  «  21.50 

Aturiche.  Vienne 23.60        20  50         17.00         15  25 

Hongrie.  Budapesth 21.00        18.25  s  14  00 

Russie.  Saint-Pétersbourg...        25.(0        18.50  .  14.00 

Etats-Unis.  New-York 2 1 .  05  »  »  » 

Blés.  —  Les  dernières  nouvelles  confirment  les  appréciation*  que  nous  avons 
données  précédemment.  Dans  le  plus  grand  nombre  des  départements,  si  les  ger- 
bes ne  sont  pas  très  abondantes,  en  revanche  elles  donnent  un  grain  bien  nourri 
et  abondant.  Le  fait  absolument  acquis,  c'est  que  le  blé  de  cette  année  l'emporte 
d'une  manière  complète  sur  celui  des  deinières  années.  Si  l'on  peut  encore  discu- 
ter en  ce  qui  concerne  la  quantité,  quoique  celle-ci  s'annonce  toujours  comme 
l'équivalent  d'une  année  moyenne,  la  qualité  du  grain  est  indiscutable.  Si  les 
orages  ont  été  nombreux,  ils  ont  été  locaux,  et  ils  n'ont  pas  influé  d'une  manière 
sensible  sur  le  rendement  total.  —  A  la  halle  de  Paris,  le  mercredi  11  août,  les 
offres  de  blés  nouveaux  étaient  assez  importantes.  Les  ventes  ont  été  actives  , 
mais  avec  des  cours  plus  faibles  que  le  mercredi  précédent.  On  payait  de  29  à 
31  fr,  par  lOU  kilog.  suivant  les  qualités.  Le  prix  moyen  s'est  établi  à  30  fr.  avec 
unenouvelle  baisse  de  50  centimes  depuis  huit  jours.  —  Sur  le  marché  des  blés  à  li- 
vrer, on  cotait  par  100  kilog.  :  courant  du  mois,  27  fr.  25;  septembre  26  ir.  50  à 
26  fr.  75;  quatre  derniers  mois,  26  fr.  à  26  fr.  25  ;  quatre  mois  de  novembre  25  fr.  75 à 
26  ir.  ;  quatre  premiers  mois,  25  fr.  75  à  26  fr.  —  Au  Havre,  les  blés  d'importa- 
tion valent  de  26  à  28  fr.  par  100  kilog.  suivant  les  qualités.  —  A  Marseille,  on 
signale  une  vente  active  sur  les  qualités  disponibles.  Les  arrivages  de  la  semaine 
ont  été  de  200,000  hectohtres  environ  ;  le  stock  est  descendu  dans  les  docks,  à 
52,000  quintaux.  Au  dernier  marché,  on  payait  suivant  les  provenances  :  Ber- 
dianska,  29  fr.  50;  Irka,  26  fr.  50  à  28  fr.  50;  Nicopoli,  27  à  28  (r.  ;  Michigan, 
28  fr.  50  ;  tuzelles  d'Afrique,  27  fr.  50  à  29  fr.  50.  ;  Bombay,  27  fr.  50  à  58  fr.  50. 
— ■  A  Londres,  les  importations  de  blés  étrangers  durant  la  semaine  dernière,  se 
sont  composées  de  250,000  quintaux  métriques.  Les  cours  continuent  à  être  tenus 
avec  une  grande  fermeté,  et  le  marché  présente  beaucoup  d'activité.  Au  dernier 
marché,  on  cotait  de  30  fr.  05  à  32  fr.  95  par  quintal  métrique,  suivant  les  qualités. 
Farines.  —  La  situation  du  marché  n'a  pas  beaucoup  varié  depuis  huit  jours. 
En  ce  qui  concerne  les  farines  de  consommation,  les  cours  de  Paris  sont  ceux 
de  la  semaine  dernière.  On  payait  à  la  halle  de  Paris,  le  mercredi  1 1  août  :  marque 
D,  63  fr.  ;  marques  de  choix,  6^5  à  66  fr.  ;  bonnes  marques,  63  à  64  fr.;  sortes  ordi- 
naires 62  à63fr;  le  tout  par  sac  de  159  kilog.,  toile  à  rendre,  ou  157  kilog. 
net,  ce  qui  correspond  aux  prix  extrêmes  de  39  fr.  50  à  42  fr.  05  par  100  ki- 
log., ou  en  moyenne  40  fr.  75;  comme  le  mercredi  précédent.  —  Pour  les  farines 
de  spéculation,  on  cotait  à  Paris,  le  mercredi  11  août  au  soir  :  :  farines  huil-mar- 
ques,  courant  du  mois,  61  fr.  25  à  61  fr.  50  ;  septembre,  58  fr.  ;  quatre  derniers 
mois,  56  à  t6  fr.  25  ;  quatre  mois  de  novembre,  55  ;  cfuatre  premiers  mois,  55  fr.  ; 
farines  supérieures,  courant  du  mois,  til  fr.  ;  septembre,  36  fr.  50;  quatre  der- 
niers mois,  36  fr.  ;  quatre  mois  de  novembre,  35  fr.  ;  quatre  premiers  mois,  35  fr.  ; 
le  tout,  sauf  pour  les  quatre  dernières  cotes  établies  par  quintal  métrique,  par 
sac  de  159  kilog.,  toile  perdue  ou  157  kilog.  net.  —  La  cote  officielle  en  disponi- 
ble a  été  établie  comme  il  suit  pour  chacun  des  jours  de  la  semaine,  par  sac  de 
157  kilog.  net  : 

Dates  (août) 5  6  7  9  10     .        11 

Farines  huit-marques (50.10  60.35  60.50  60.65  61.00        61-25 

—      supérieures 60.00  60.50  60.50  60.50  61.00        61.00 


DES   DENRÉES    AGRICOLES   (  li  AOUT    1380).  277 

Ainsi  que  ces  chiffres  le  montrent,  il  y  a  plus  de  fermeté  dans  les  cours  que 
pendant  les  premiers  jours  du  mois.  —  Les  farines  de  gruaux  sont  à  des  prix 
assez  fermes;  on  les  paye  de  46  à  bk  fr.  par  quintal  métrique  suivant  les  qualités; 
quant  aux  farines  deuxièmes,  elles  valent  suivant  les  sortes,  de  33  à  30  Ir.  par 
100  kilog. 

Seigles.  —  Quoique  les  offres  continuent  toujours  à  être  actives,  les  cours  accu- 
sent de  la  fermeté.  On  paye  à  la  halle  de  Paris,  de  18  75  à  I9fr.  25  par 
100  kilog.,  suivant  les  sortes.  —  Pour  les  farines,  les  cours  s'établissent  de  27  à 
31  francs. 

Orges.  —  Les  affaires  sont  très  restreintes  sur  ce  grain  ;  les  prix  sont  ceux  de  la 
semaine  dernière,  à  la  halle  de  Paris.  On  paye  de  20  à  21  fr.  par  100  kilog., 
suivant  les  sortes.  Les  escourgeons  sont  tenus  à  des  cours  fermes,  de  19  fr.  50  à 
20  fr.  — A  Londres,  les  affaires  sont  très  calmes,  avec  des  cours  sans  change- 
ments,   de  19  fr.  90   à   21    fr.  80  par  IGO  kilog.,  comme  la  semaine  dernière. 

Mail.  —  Les  ventes  sont  actives,  et  pour  toutes  les  sortes  les  cours  accusent  de 
la  fermeté.  Les  prix  sont  à  peu  près  ceux  delà  semaine  dernière. On  paye  à  Paris, 
suivant  les  provenances,  30  à  40  fr.  par  100  kilog.  pour  les  malts  d'orges,  et  29  à 
36  fr.  pour  ceux  d  escourgeons. 

Avoines.  —  Quoique  les  demandes  sur  les  diverses  sortes  d'avoines  ne  soient 
pas  très  nombreuses,  les  cours  accusent  de  la  fermeté.  On  paye  à  la  halle  de 
Paris,  de  19  fr.  50  à  23  fr.  25  par  100  kilog  suivant  poids,  couleur  et  qualité. 
Le  prix  moyen  se  fixe  à  21  fr.  50.  —  A  Londres,  les  importations  de  la  semaine 
dernière  ont  été  de  89,000  quintaux  métriques.  La  tendance  des  cours  est  à  la 
hausse  Au  dernier  jour,  on  payait  de  20  fr.  60  à  23  fr.  10  par  100  kilog.  suivant 
les  sortes. 

Sarrasin.  —  Les  affaires  sont  toujours  peu  actives.  On  cote  à  Paris  de  24  à 
25   fr.  par  ICQ  kilog.  suivant  les  provenances. 

Maïs.  —  Peu  d'affaires,  au  Havre,  sur  les  maïs  d'Amérique,  qui  sont  cotés 
de   14  fr.    50  à    15  fr.  50  par  100    kilog.  suivant  les  qualités. 

Issues.  —  Il  y  a  plus  de  fermeté  dans  les  prix.  Ou  paye  par  100  kilog.  à  la 
halle  de  Paris  :  gros  son  seul,  15  à  15  fr.  25  ;  son  trois  cases,  14  fr.  25  à  14  fr.  75  ; 
sons  fins,  14  ir.;  recoupettes,  14 à  15  fr.;  remoulages  blancs,  17  à  19  fr.;  remou- 
lages bis,  15  à  16  fr. 

III.  —  Fourrages,  graines  fourragères,  issues. 

Fourrages.  —  La  fermeté  se  maintient  dans  les  cours.  On  paye  à  Paris'par  1,000 
kilog:  foin,  116  à  155  fr.;  luzerne,  114  à  144  fr.  ;  regain,  1  OS  à  134  fr,  ;  paille  de 
blé,  84  à  108  fr.  ;  paille  de  sigle,  80  à  100  fr.;  paille  d'avoine,  6S  à  86  fr.;  — 
à  Grenoble,  foin,  75  à  80fr.;paile,  65  à  70  fr. 

Graines  fourragères.  — ■  Les  prix  n'ont  pas  subi  de  grands  changements  depuis 
quelques    temps.   On  paye  à  Chartres,  par  100  kilog.  :  vesces,  32  à  34  fr.  ;  trèfle 
incarnat  hâtif,  130  à  135  fr.  ;  trèfle  incarnat  tardif,  180  à  18")'  fr. 
IV.  —  Vins,  spiritueux,  vinaigres,  cidres. 

Vins.  —  Jamais  les  nouvelles  vinicoles  n'ont  été  si  rares,  et  encore  celles  qui 
nous  parviennent  de  temps  en  temps,  sont-elles  complètement  dénuées  d'intérêt. 
On  nous  écrit  de  la  Dordogne  :  Nous  comptons  sur  une  demi-récolte  dans  les 
vignes  non  atteintes  par  le  phylloxéra  et  par  l'oïdium  ;  là  où  ces  maladies  sévis- 
sent, les  vendanges  seront  pour  ainsi  dire  nulles.  Quant  à  la  quaUté  elle  sera 
bonne  si  le  beau  temps  continue.  En  Lorraine,  dit  notre  correspondant,  les  vignes 
sont  peu  garnies  de  fruit,  mais  celui-ci  est  très  beau  et  promet  beaucoup;  si  nous 
n'avons  pas  la  quantité,  nous  espérons  en  revanche  avoir  la  qualité.  Du  Lot,  on 
nous  mande  :  la  couhire  et  l'oïdium  nous  ont  enlevé  la  moitié  de  nos  raisins, 
aussi  ne  comptons-nous  que  sur  une  demi-récolte.  De  l'Hérault  nous  recevons  la 
note  suivante  :  La  vigne  est  magnifique,  le  raisin  abondant  est  fort  beau,  il  com- 
mence à  vairer,  on  vendangera  vers  la  fin  d'août  ou  dans  les  premiers  jours  de 
septembre.  On  compte  sur  la  qualité.  Notr  j  correspondant  de  l'Aude  nous  écrit 
à  peu  près  dans  les  mêmes  termes.  De  la  Gironde  on  nous  affirme  que  la  végé- 
tation est  luxuriante,  les  grains  ont  bien  été  éclaircis  par  la  coulure,  mais  ils  se 
développent  rapidement.  La  modicité  de  la  récolte  en  1880,  ajoute-t-on,  sera 
compensée  par  la  qualité.  Du  Sancerrois,  département  du  Cher,  on  nous  écrit 
que,  dans  son  ensemble,  le  chiffre  de  la  récolte  ne  dépassera  pas  celui  de  l'an 
dernier,  mais  que  le  vin  sera  incomparablement  meilleur.  Telles  sont  strictement 
les  seules  communications,  qui  nous  sont  parvenues  pendant  la  semaine  écoulée. 
En  résumé,  de  nos  informations  générales,  il  résulte  que  si  la  récolte  est  faible  en 


278  REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX-COURANT 

quantité,  elle  sera  bonne  en  qualité,  et  que  la  propriété  sera  à  même,  en  1880,  de 
reconstituer,  en  excellent  vin,  son  stock  épuisé,  par  les  années  disetteuses  que 
nous  venons  de  traverser. 

Spiritueux.  — Le  marché  est  très  ferme  et  les  cours  en  hausse,  mais  en  géné- 
ral on  ne  paraît  pas  avoir  ccnfiance  dans  la  réalité  de  cette  hausse.  Le  cours 
pourra  peut-être  bien  atteindre  65  fr.  pour  redescendre  aussitôt,  car  ces  fluctua- 
tions semblent  inhérentes  aux  agissements  actuels  de  la  spéculation  et  ne  pa- 
raissent nullement  résister  des  besoins  du  commerce.  Voici  dans  tous  les  cas  le 
mouvement  du  livrable  pendant  la  semaine  écoulée.  De  61  fr  tO,  le  cours  a  fait 
62  fr.  25,  puis  63  fr.  50,  63  fr.,  62  fr.  75,  63  fr.  50,  pour  clôturer  à  63  fr.  75. 
Le  stock  est  actuellement  de  8,350  pipes  contre  9,225  en  18'' 9.  Le  marché  de 
Lille  reste  calme;  l'alcool  de  mêlasse  disponible  est  tenu  à  64  fr.,  le  courant  fin 
Nord  à  62  fr.  50.  Les  marchés  du  Midi  sont  toujours  au  calme  çt  sans  change- 
ment. —  A  Paris  on  cote  3/6  betterave  1"=  qualité,  90  degrés  disponible,  63  fr.  ; 
septembre,  61  fr.  25  à  61  fr.  50;  septembre-décembre,  5b  fr.  75  à  19  fr.  ;  quatre 
premiers,  56  fr.  75  à  57  fr. 

Vinaigres.  —  A  Dijon,  les  vinaigres  blancs  de  Bourgogne  valent  :  ceux  de 
8  degrés,  14  fr.  l'hectolitre  nu;  ceux  de  12  degrés,  20  fr.  Le  vinaigre  de  Dijon, 
P'  choix,  se  vend  18  fr.  l'hectohtre  nu,  pris  en  gare. 

Cidres.  —  Les  pommes  à  cidre  donneront,  en  général,  une  très  faible  récolte, 
dans  les  départements  du  Nord-Ouest  qui  ont  été  épargnés  par  les  gelées.  Le 
Perche,  le  Maine,  la  Beauce,  ont  perdu  la  moitié  de  leurs  pommiers.  Dans  ces 
contrées,  il  faut  dix  ans  pour  que  le  dommage  soit  reparé,  c'est-à-dire  pour  que 
les  arbres  fruitiers  redonnent  de  sérieuses  récoites. 
.  V.  —  Sucres.  —  Mélassea.  —  Fécuks    —  Glucoses.  —Amidons. —  Houblons, 

Sucres. —  Depuis  notre  dernier  bulletin  nous  constatnns  une  baisse  sur  les 
sucres  roux  et  le  blanc  n°  3.  Les  raffinés  ont  maintenu  leur  prix.  On  a  coté  à 
Paris,  par  100  kilog.  pour  sucres  bruts,  8i  degrés  saccharimétri-juea  :  n°*  7  à 
9,  68  fr.  25;  n"*  10  àl3,  61  fr.  25;  blanc  type  n"  3,  69  fr.  75.  —  A  Valenciennes, 
le  marché,  sans  affaires  est  sans  cote.  — A  Péronne,  marché  presque  nul.  On  a 
payé  les  blancs  68  fr.  ^5;  en  roux,  on  offrait  les  7  à  9  au  prix  de  66  fr.  75.  A 
Saint-Quentin,  affaires  plus  que  réduites  :  un  seul  lot,  n"  3,  payé  68  fr.  50;  les 
autres  sortes  sans  cours.  Le  stock  réel  de  l'entrepôt  de  Paris  était,  au  10  août, 
de  247,661  sacs,  avec  une  diminution  de  17,886  sacs  depuis  huit  jours.  Les 
cours  pour  l'exportation  varient,  de  76  fr.  à  78  fr.  '50,  selon  marques.  Les 
raffinés  font  :   bonnes  sortes,  153  fr.;  belles  sortes,  154  fr. 

Mélasses. —  Les  prix  sont  sans  changement,,  à  13  fr.  pour  les  mélasses  de  fabri- 
que, et  à  14  fr.  pour  celles  de  raffinerie. 

Fécules.  —  Affaires  toujours  lentes.  On  cote  à  Paris,  les  1''"  de  l'Oise  ou  du 
rayon  de  Paris  40  à  42  fr.  les  100  kilog.  —  A  Compiègne,  le  type  de  la  Chambre 
syndicale,  esta    41    fr.,  sans  affaires;  à  quatre  mois  de  septemijre,  35  fr.  50. 

Glucoses.  —  La  demande  est  un  peu  plus  lente,  mais  les  cours  se  maintiennent 
à  cause  du  peu  d'abondance  de  la  marchandise.  On  cote  à  Paris  :  sirop  ^de 
froment,  64  à  66  fr,;  sirop  massé,  54  à  56  fr.;  sirop  liquide  (33  degrés), 
44  à  46  fr.;  sirops  de  maïs  massés,  44  à  46  fr.  le  tout  par  100  kilog. 

Amido?is.  —  Tendance  à  la  baisse,  la  cHentèle  n'achetant  qu'au  jour  le  jour  ; 
les  prix  ont  un  peu  fléchi  :  amidons  de  Paris,  en  parpaels,  pur  froment,  74  à  76  fr.; 
de  province,  64  à  66  fr.  ;  d'Alsace,  en  vrague,  60  à  62  fr.  ;  de  maïs,  48  à  50  fr.; 
fleur  de  riz,  40  à  44  fr.;  riz  de  Louvain,  76  à  78  fr. 

VI.  —  Huiles  et  graines  oléagineuses. 

Huiles.  —  La  baisse  continue  cette  semaine,  mais  le  marché  prend  de  l'acti- 
vité. On  a  coté  à  Paris  :  colza  tous  fûts,  7 1  fr.  75  ;  en  tonnes,  73  fr.  75  ;  épurée  en 
tonnes,  81  fr.  75;  lin  disponible,  en  fûts,  68  fr.  25;  idem  entonnes.  70  fr.  25. 
A  Cambrai,  on  a  coté  :  huile  de  colza,  72  fr.;  de  lin,  66  fr.  les  100  kilog.;  l'huile 
d'oeillette,  187  fr.  les  91  kilog.  A  Rouen  :  huile  de  colza,  72  fr  ;  de  lin,  68  fr.  25; 
d'arachide  comestible,  110  à  120  fr.;  idem  à  fabrique,  78  à  85  fr.;  de  sésame 
comestible,  100  à  110  fr.;  idem  à  fabrique,  78  à  85  fr.;  d'olives  lampante,  126  fr. 
A  Gaen,  huile  disponible,  68  fr.  les  100  kilog. 

Graines  oléagineuses.  —   A  Cambrai,  la  graine   d'œillette    vaut   (l'hectolitre), 
20  à  21  fr.  50;  celle  de  lin,  23  à  24  fr.  A  Rouen  (par  100  kilog.),  graine  de  colza, 
31  fr.  50.  A  Gaen,  graine  de  colza,  19  à  20  fr.  l'hectolitre. 
VII.  —  Tourteaux,  noirs,  engrais. 
Tourteaux.  —  Voici  la  cote  de  Marseille  :  tourteaux  de  lin  pur,  20  fr.  25  ;  ara- 
chide décortiquée,    15  fr.  50;  idem  brun  pour  engrais,    14  Ir.;   idem   en   coque, 


DES  DENRÉES  AGRICOLES   (14  AOUT  1880;.  279 

11  fr.   50;  ricins,    11  fr.;    sésame   blanc   du   Levant,    15   fr.;    idem   de  l'Jnde 

13  fr.  50  ;  colza  du  Danube,  13  fr.  50;  coton  d'Arrier,  12  fr.;  palmiste  naturel' 
10  fr.  50;  idem  repassé,  9  fr.  50;  ravison,  12  fr.  25.  A  Cambrai:  tourteaux  de 
colza,  14  fr.;  d'œillette,  17  fr.  50  ;  de  lin,  23  fr.  50.  A  Rouen,  tourteaux  de  colza, 

14  fr,  25  à  14  fr.  50;  arachide  décortiquée,  16  fr.  50;  idem  en  coque,  11  fr.; 
sésame,  15  fr.;  Pulghères,   10  fr.  25;   lin,   23  fr.  A  Gaen,   tourteaux  de   colza, 

15  fr.  le  tout  par  100  kilog. 

Noirs.  —  On  cote  sans  changements  à  Valenciennes,  :  noir  neuf  en  grains, 
32  fr.;  vieux  en  grains,  de  8  à  9  Ir.;  lavage,  2  à  4  fr. 

VIII.  —  Matières  résineuses  et  colorantes.  —  Textiles. 

MâUisres  résineuses.  —  A  Bordeaux,  le  faible  apport  d'essence  de  térébenthine 
sur  le  marché  et  la  demande  de  la  consommation  maintiennent  le  cours  ferme  et 
ont  même  produit  un  peu  de  hausse.  Le  prix  est  de  60  fr.,  nu,  et  64  fr.,  logé. 
—  A  Mont-de-Marsan,  on  paye  la  barrique  de  gemme  ordinaire  (3'iO  litres),  qua- 
lité marchande,  38  fr.:  système  Hugues,  43  fr.  ;  et  à  Banquet,  ordinaire,  39  fr.  ; 
Hugues,  kk  fr.,  charroi  compris. 

Gaudes.  —  Les  cours  sont  de  12  à  15  fr.  les  100  kilog.  selon  mérite. 

Soufres.  —  On  les  paye  de  13  à  15  fr.  les  100  kilog.,  selon  la  qualité. 
IX.  —  Suifs  et  corps  gras. 

Suifs.  —  Cours  encore  en  hausse  à  Paris  :  frais,  hors  Paris,  83  fr.  50  ;  bœufs 
Plata,  SB    fr.;  suif  en  branches,  62  fr.  60. 

Saindoux  et  salaisons.  Les  cours  sont  en  hausse  au  Havre.  On  y  a  vendu  400 
tierçons  Wilcox  à  103  fr.  les  100  kilog.  Les  lards  salés  sont  négligés. 
X    —  Beurres.    —    Œxifs.  —  Fromages. 

Beurres.  —  On  a  vendu  cette  semaine  à  la  halle  de  Paris,  248,735  kilog.  de 
beurres.  Les  prix   par    kilog.    sont    comme   suit  :  en   demi-kiiog.,   l    fr.    78  à 

3  fr.  32;  petits  beurres,  1  fr.  40  à  2  fr.  40;  Gournay,  1  fr.  72  à  4  fr,  18; 
Isigny,  1  fr.  82  à  5  fr.  52. 

OEufs.  —  Du  3  au  9  aoù^  4,238,760  œufs  ont  ét;é  vendus  à  la  halle  de  Paris, 
a«x  prix  suivants,  par  mille  :  choix,  95  à  1U5  fr. ;  ordinaires,  66  à  95  fr.;  petits, 
50  à  58  fr. 

Fromages.  —  Le  prix  des  fromages  vendus  à  la  halle  de  Paris  a  été  cette  semaine, 
par  douzaine  :  Brie,  6fr.  50  àj5  fr.  50;  Montlhéry,  15  fr. ;  par  cent  :  Livarot, 
23  à  77  fr.  ;  Mont-d'Or,  13  à  33  fr.;  Neufehâtel,  5  fr  50  à  ii4  fr.  50;  divers, 
8  à  52  fr.  On  a   vendu  le  Gruyère  de  134  à  170  fr.  les  100  kilog. 

Volailles.  —  On  Yend  à  la  halle  de  Paris  :  Agneaux  de  14  à  18  fr.  —  Canards 
barboteiirs,  1  fr.  50  à  5  fr._  10.  —  Chevreaux,  1  fr.  70  à  2  fr.  50.  —  Crêtes  en 
lots,  1  fr.  50   à  9  fr.    —  Dindes  gras  ou  gros,  6  à  9  fr.  60.  —  Dindes  communs, 

4  fr.  80  à  5  fr.  80.  —  Lapins  domestiques,  1  fr.  50  à  4  fr.  75.  —Oies  communes, 
3  fr.  50  à  6  fr.  65.  —  Pigeons  de  voUère,  0  fr.  90  à  1  fr.  75.  —  Pigeons  bizets 
de  0  fr.  50  à  1  ir.  10.  —  Poules  ordinaires,  3  à  5  fr.  —  Poulets  gras,  4  fr.  60  à 
8  fr.   80.  —  Poulets  communs,  1   fr.   40  à  2  fr.  80. 

XI.  —  Chevaux.  —    Bétail.  —  Viande. 
Bétail.  — Le  tableau   suivant  résume  le  mouvement  du  marché  aux  bestiaux  de 
la  Villette,  du  jeudi  5  aoiit  au  mardi  10  août  : 

Poids        Prix  du  kilog.  de  viande  sar  pied 
Veadus  moyea         au  marché  du  lundi  9  août. 

Pour        Pour  En         4  quartiers.  1"  2»  3«  Prix 

Amenés.       Paris.  l'extérieur,    totalité.  kil.         quai.       quai.         quai.        moyen. 

Bœufs 6,498        3.199        I,8(l7        5,006        337         1.68       1.48         1.18  1.43 

Vaches 1,601  590  639        1,229        236        1.56       1.28        1.00  1.29 

Taureaux 342  238  36  274        375        1.34      1.16        1.00  1.17 

Veaui 4,881        2,310        1,119        3,429  72        1.76       1.60        1.20  1  50 

Moutons 37,859      23,405      12,717      36,122  19        2.12      1.80        1.46  1.74 

Porcsgras 4,653        1,856        2,787        4,653  88        1  86      1.76        1.66  1.7S 

—    maigres.  8  4  4  8  40        1.40  ^  »  1.40 

Les  marchés  de  cette  semaine  ont  présenté  à  peu  près  la  même  physionomie  que 
ceux  de  la  semaine  précédente.  Les  transactions  ont  été  assez  actives  ;  les  cours, 
pour  les  diverses  catégories,  se  sont  maintenus  aux  taux  de  la  semaine  précédente 
pour  les  gros  animaux,  mais  il  y  a  eu  un  peu  de  baisse  sur  les  cours  des  veaux, 
tandis  que  les  prix  des  moutons  et  ceux  des  porcs  gras  accusaient  une  hausse 
assez  sensible. 

A  Londres,  l'importation  des  bestiaux  étrangers,  durant  la  semaine  dernière, 
s'est  composée  de  26,553  têtes,  dont  3  bœufs,  284  veaux,  2,086  moutons  et 
8  porcs  venant  d'Amsterdam  ;  300   bœufs  de  Baltimore  ;   823   bœufs  de  Boston  ; 


280  REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX-COURANT  (  14  AOUT   1880). 

1,821  moutons  de  Brème;  741  moutons  d'Hambourg;  5  bœufs,  90  veaux,  1,1 84  mou- 
tons et  388  porcs  d'Harlingen;  154  bœufs  et  1,610  moutons  de  Montréal; 
2,877  bœufs  et  450  moutons  de  New-York;  3,474  moutons,  382  veaux,  et 
149  porcs  de  Rotterdam;  1,423  bœufs,  2  veaux  et  8,259  moutons  de  Tonning; 
40  bœufs  de  Vigo  :  Prix  du  kilog  :  Bœuf  :  1",  1  tr.  87  à  1  fr.  99;  2%  1  fr.  75 
à  1  fr.  87;  qualité  inférieure,  1  fr.58  à  1  fr.  75.—  Veau  :  V%  1  fr.  87  à  1  fr.99; 
2*  1  fr.  75  à  1  fr,  87  —  Mouton  :  1",  2  fr.  28  à  2  fr.  40;  2%  1  fr.  75  à  2  fr.  10; 
qualité  inférieure,  1  fr.  58  à  1  fr.  75. —  Agneau:  2  fr,  lo  à  2  fr.  63.  -  Porc: 
1",  1  fr.  58  à  1  fr.  75  ;  2%  1  fr.  40  à  1  fr.  58. 
Viande  à  la  criée.  —  On  a  vendu,  à  la  fialle  de  Paris,  du  3  au  9  août  : 

Prix  du  kilog.  le  9  août. 


kilog. 
Bœuf  ou  vache  . .  176,413 

Veau 202,297 

Mouton 50,176 

Porc 17,690 

446,576 


l"  quai.  2«  qu.al.  ^»  quai.                Choix.     Basse  boucherie. 

1.16àI80  1.08à1,n6  0.70àl,24  l.00à2.25  0.10  à  1 .  10 

1.62     1.86  1.30     1.60  0  86     1.28  1.00     2.10       .           « 

1.52     1.86  1.20     1.50  0.76     1.18  1.00     3.50       . 


Porc  frais l.lOà  1.96 

Soit  par  jour 63,796  kilog. 

Les  ventes  sont  supérieures  do  2,000  kilog.  environ  par  jour  à  celles  de  la  se- 
maine précédente.  Les  cours  des  diverses  catégories  accusent  un  peu  de  baisse 
depuis  huit  jours. 

XII.  —  Cours  de  la  viande  à  l'abattoir  de    la  Villette  du  12  août  {par  50  kilog.) 
Cours  de  la  charcuterie.  —  On  vend  à  la  Viilette  par    50  kilog.:  1"  qualité, 


100  à  103  fr.;  2",  90  à   95  fr 

Bœufs. 


poids  vif,  68  à  72  fr. 

Veaux. 


1"                   2'                  3« 

1'.                2.                 3«                1" 

2» 

3» 

quai.           quai.          quai. 

quai.           quai.           quai.           quai. 

quai. 

quai. 

fr,               fr.               fr. 

fr.               Vr.               fr.               fr. 

fr. 

fr 

78              72              65 

93                84              75               90 

82 

75 

XIII,  —  Marché  aux  bestiaux  de  la  Yillette  du  jeudi 

12  août. 

Cours  des  comi 

nissionnaires 

Poids                 Cours    officiels. 

en  bestiaux. 

moyen       ■         ,    ■ -^^_          

_      — ■ — .^^ 

Animaux 

gênerai,     1"        2»        3»            Prix              i" 

2«        3« 

Prix 

amenés.    Invendus. 

kil.       quai,  quai,  quai,     extrêmes,     quai. 

quai,  quai. 

extrêmes. 

Bœufs 2.435               386 

365         t. 63     l.'iS     1.18     1,^41.72       1.66 

1,46     1,20 

l,12àl.70 

Vaches 612               24 

250         1.56     1.28     1.00     0.y8     1.60       1.52 

1.28     1.00 

0.95     1.60 

Taureaux...         127               19 

375         1.36     1.(6     1.00     0.96     1.40       1.35 

I.IS     1.00 

0,95     1,38 

Veaux 1.338             102 

80         1.80     1.64     1.24     1.20     1.90         » 

>           ■ 

»         '»' 

Moutons.,,,  22.421                632 

18         2.06     1.72     1.42     1.30     2.10         » 

s             I 

'l"H^ 

Porcs  gras..     3.473                » 

84         1.84     1.74     1.64     1,58     1.S4         » 

»            ■ 

—  maigres,          »                  • 

»           » 

•■*--<1n 

Vente    assez  active  sur  toutes 

es  espèces. 

XIV,  —  Résumé. 
Les  cours  des  céréales  sont  faibles,  mais  ceux  des  farines  accusent  de  la  fer- 
meté. Il  en  est  d'ailleurs  de  même  pour  les  prix  delà  plupart  des  denrées  agricoles 
durant  cette  semaine.  A.  Remy. 

BULLETIN  FINANCIER. 

Cours  de  la  Bourse  du  4  ou  11  aoât  1880  [au  comptant]. 
Hausse  à  nos  fonds  publics:  la  rente  3  0/0  est  à  85  fr.  35,  gagnant  0,50  ;  l'amor- 
tissable à  87  fr.  30,  gagnant  0,30  ;  le  5  0/0  à  119  fr.  07,  gagnant  0,72;  très  grande 
fermeté  à  nos  chemms  de  fer  et  à  nos  sociétés  de  crédit. 


Principales  valeurs  françaises: 


Plus 


Plus 
haut. 
85.35 
87.40 
117.00 
119.07 


Rente  3  0/0 82, 20 

Rente  3  0/0  amortis 87.25 

Rente  4  1/2  0/0 llG.oa 

Rente  5  0/0 118.80 

Banque  de  France 3460.00  3495,00 

Comptoir  d'escompte 945.00    970. Oj 

Société  générale »               • 

Crédit  foncier 1262.50  1275.00 

Est Actions  500  752.50     755.00 

Midi d"  1015.00  1020.00 

Nord d"  1595.00   18)5.00 

Orléans d»  1210. 25  iî20.o0 

Ouest d*  807.50     «25.00 

Paris-Lyon-Méditerranéed"  1353.75  iS'js  00 

Paris  1871  obi.  400  3  0/0  ,,  397.00     398.00 

Italien  5  0/0 83.85       8i.22 


Dernier 
cours. 
85.35 
87.30 
117.00 
119. u7 

3i95.00 
9i5.00 
556.25 

1270.00 
755.75 

IO.'O.Oj 

lôOO.OO 

1218.75 
825.00 

1353.75 
397.00 
84,22 


Gérant  :  A,  BOUCîlÊ, 


Fonds  publics  et  Emprunts  français  et  étrangers  : 


Plus 

Plus 

Dernier» 

b.-ïs. 

haut. 

cours. 

obligations  du  Trésor 

a 

» 

> 

remb  â  500. 4  0/0. 

514,00 

520.00 

514.00 

Consolidés  angi,  3  O/O 

a 

» 

98  5/16 

50/0  autrichien 

62  1/8 

63.00 

63.00 

4  0/0  belge 

106.45 

106.75 

106.75 

6  o/o  égyptie.i 

310.00 

312.50 

312.50 

3  o/o  espagnol,  ester'. 

19  1/3 

19   1/2 

19  1/4 

d°  intérieur 

» 

» 

» 

6  O/o  Etats-Unis 

107.00 

108  1/4 

107  1/4 

Honduras,  obi.  30i)... 

» 

» 

a 

Tabacs  ital.,  obi.  500,. 

» 

» 

» 

6  o/o  péruvien 

» 

D 

a 

93.40 

94.75 

94,75 

9.50 

9.80 

9.70 

5  0/0  roumain 

Bardeaux,  lOO,  3  O/O., 

1 

t 

100,50 

Lille,  100,3  0/0 

• 

» 

101.50 

LErsRRiEa 

CHRONIQUE  AGRICOLE  (21  août  isso.. 

congrès  de  l'Association  française  pour  l'avancement  des  sciences,  à  Reims.  Travaux  de  la  Seclion 
d'agronomie.  —  Le  traitement  des  eaux  d'égout.  —  Méthodes  employées  par  la  ville  de  Reims 
pour  leur  purification.  —  L'inigalion  et  le  traitement  chimique.  —  Méthode  proposée  par 
M.  Ladureau.  —  Concours  du  Comice  de  Reims  et  du  Comice  départemental  de  la  Marne  --  Rap- 
port de  M.  Lequeux  sur  les  visites  de  fermes.  —  Note  de  M.  Ponsard  sur  l'insiitulion  d'ingénieurs 
agricoles.  — Dates  des  examens  d'admission  dans  les  Ecoles  nationales  d'agriculture.  — Bourses 
vacantes  à  l'Ecoie  de  Montpellier.  —  Etudes  sur  les  questions  qui  touchent  à  la  vigne.  —  Con- 
grès de  Clermont-Ferrand.  —  Congrès  internat  onal  de  viticulture  à  Lyon.  —  Programme  des 
conférences.  —  Programme  de  l'exposition  annexe.  —  Questions  à  traiter  au  coru'rès  de  Sira- 
gosse.  —  Travaux  du  Comité  départemental  de  Lot  et-Garonne.  —  Plantation  de  vi^Ties  améri- 
caines. —  D.ites  de  l'ouverture  de  la  chasse.  —  Concours  spéciaux  de  michines  à  battre  et 
d'appareils  à  n-?ttoyer  les  grains,  ouverts  par  la  Sociéié  d'agi-icu  ture  de  .Maau'c.  —  Concours 
international  de  charrues  et  de  herses,  en  Italie.  —  Nouvelle  encyclopédie  d'arboriculture  publiée 
par  M.  Alphonse  Lavallée.  —  Nécrologie.  —  Mon  de  M.  Benjamin  père  et  de  M.  de  .MoiUeynird. 
—  Les  ravages  des  insectes  dans  les  récoltes  en   Russie.  —  Noies  de  MM.  de   li   Morvonnais, 

•  Vincent,  de  Lentilluc,  Leyrisson,  sur  la  situation  des  récoltes  dans  les  départenieats  d'Ille-et- 
Vilaine,  de  l'Ain ,  de  la  Dordogne  et  de  Lot-et-Garonne.  —  Fin  de  la  moisson. 

l.  —  L'agriculturô  à  ta  session  de  LWssocialio  i  française  pour  l'aoïncement 
des  sciences. 

La  session  pour  1880  de  l'Association  française  pour  l'avancement 
des  sciences  s'est  ouverte  à  Reims,  le  12  août;  elle  sera  terminée  au 
moment  où  paraîtront  ces  lignes.  L'agriculture  y  a  tenu  une  place 
honorable,  quoique  moins  brillante  qu'à  la  session  dernière,  à  Mont- 
pellier. A  l'exception  de  la  question  du  traitement  des  eaux  d'égout, 
sur  laquelle  M.  Diancourt,  maire  de  lleims  et  député,  et  M.  le 
docteur  Bréban  ont  fait  une  communication  très  intéressante  pour 
répondre  à  l'exposé  d'un  procédé  employé  à  Tourcoing  et  à  Roubaix  par 
M.  Ladureau,  l'élément  local  n'a  pas  fourni  beaucoup  de  sujets  de 
discussions  à  la  Section  d'agronomie.  C'est  sans  doute  parce  que  la 
fabrication  du  vin  de  Champagne,  qui  est  la  grande  affaire  du  pays, 
est  en  pleine  prospérité;  on  se  trouve  bien  de  ce  que  l'on  fait,  les 
méthodes  employées  donnent  des  résultats  satisfaisants,  on  réalise  de 
grands  bénéfices,  et,  comme  conséquence,  on  ne  songo  nullement  à 
opérer  des  changements  ou  à  faire  des  recherches  nouvelles.  Les 
choses  étaient  bien  différentes  à  Montpellier,  où  le  congrès  se  trouvait 
en  pleine  crise  phylloxérique.  A  Reims,  ce  sont  des  eaux  indus- 
trielles, provenant  surtout  de  teintureries  et  de  lavage  de  laines,  qu'il 
s'agit  de  détourner  des  cours  d'eau  ou  de  ne  rendre  aux  rivières  qu'a- 
près la  désinfection.  A  ces  eaux  industrielles  se  joignent  les  eaux 
ménagères  et  de  lavage  des  rues.  Cela  forme  un  total  de  36,000  mètres 
cubes  par  jour.  Quant  aux  déjections  humaines,  elles  sont  recueillies 
dans  des  losses  et  enlevées  par  des  vidangeurs,  afin  de  servir  directe- 
ment à  l'agriculture  ou  être  utilisées  pour  fabriquer  de  la  poudrette  et 
bientôt  sans  doute  du  sulfate  d'ammoniaque.  Nous  avons  vu  une  de 
ces  fabriques  d'engrais,  celle  de  M.  Lecomte  qui  est  agriculteur  lui- 
même  et  dont  l'établissement  est  placé  dans  de  bonnes  condition» 
hygiéniques. 

La  ville  de  Reims,  depuis  douze  ans,  a  fait  de  grands  sacrifices 
pour  empêcher  l'infection  parles  eaux  industrielles.  Quant  à  présent, 
elle  partage  ses  eaux  entre  deux  compagnies,  l'une  qui  travaille  par 
l'irrigation,  l'autre  par  l'action  chimique.  Pour  le  premier  système, 
la  ville  paie  5  millimes  par  mètre  cube,  pour  le  second  système  7  mil- 
limes.  Les  agents  chimiques  employés  pour  l'épuratioa  sont  la  chaux 
et  les  cendres  pyriteuses.  On   verra   par   l'expérience  quel   système 

N»  593.  —  Tome  III  de  1880.  —  21  août. 


282  CHRONIQUE  AGRTCOLE  (21   AOUT    1880). 

donnera  les  meilleurs  résultats.  Quant  à  présent,  l'irrigation  d.ins  le 
sol  crayeux  aux  environs  de  Reims,  paraît  être  très  efficace;  il  y  aura 
seulement  lieu  de  savoir  si  l'étendue  qui  lui  est  consacrée  est  suffisante, 
ets'il  ne  faudra  pas  soumettre  le  sol  irrigué  à  des  alternances  de  cultures 
non  arrosées,  ce  qui  reviendrait  à  augmenter  dans  une  certaine  propor- 
tion l'étendue  des  terres  destinées  à  cette  opération.  M.  Ladureau 
propose,  pour  faire  l'épuration,  l'emploi  par  mètre  cuIjc  de  300  gram- 
mes de  chaux  et  d'un  kilog.  d'argile,  ce  qui  donnerait  lieu  à  remuer 
des  masses  énormes  de  matières  déposées.  On  a  fait  remarquer  avec 
raison  que  les  procédés  à  suivre  doivent  varier  suivant  la  nature  des 
eaux  à  traiter,  et  aussi  suivant  la  nature  des  terrains  dont  on  dispose, 
et  le  climat.  Mais  il  est  incontestable  que  la  végétation  a  sur  les  dé- 
tritus industriels  une  puissance  de  destruction  qu'il  importe  de  mettre 
en  action,  au  double  bénéfice  des  populations  qui  y  trouvent  la  salu- 
brité et  une  production  de  richesse. 

Nous  avons  rencontré,  à  la  section  d'agronomie  de  Reims,  M.  Risler 
qui  présidait,  puis  MM.  Dehérain,  Fouquet,  Gorenwinder,  Charlier,  Pé- 
sier,  Violette,  Ladureau,  Reich  et  plusieurs  agriculteurs  de  la  région. 

Le  Comice  départemental  et  le  Comice  de  Reims  avaient  décidé  de  tenir 
leurs  concours  de  manière  à  les  faire  coïncider  avec  la  session  de  l'Asso- 
ciation française.  La  mécanique  agricole  y  était  très  bien  représentée; 
les  meilleures  machines  françaises  y  figuraient,  grâce  surtout  aux  soin» 
d'un  des  frères  Mabille  qui  a  un  établissement  remarquable  à  Reims;  il 
y  avait  aussi  un  grand  nombre  de  constructeurs  locaux.  Il  est  incon- 
testable que  la  mécanique  agricole  a  fait  de  grands  progrès  en  Cham- 
pagne. Le  bétail  était  aussi  assez  bon,  principalement  en  ce  qui  con- 
cerne les  vaches  laitières  qui  ont  été  bien  améliorées  depuis  quelques 
années.  La  distribution  des  récompenses  a  été  faite  sous  la  présidence 
de  M.  Lassalle,  préfet  de  la  Marne,  qui  avait  à  sa  droite  M.  Krantz, 
président  de  l'Association  française,  les  sénateurs  et  députés  du  dé- 
partement, puis  MM.  Lhotelain,  président  du  Comice  de  Reims,  Ponsard, 
président  du  Comice  central.  M.  Lequeux,  secrétaire  général  de  ce  der- 
nier Comice,  a  présenté  un  excellent  rapport  sur  la  visite  des  fermes, 
rapport  qui  constate  que  ces  exploitations  sont  en  progrès  et  font  des  bé- 
néfices. M.  Ponsard  a  lu  un  travail  sur  le  rôle  qu'il  voudrait  voir  jouer 
à  un  nouveau  corps  constitué,  celui  des  ingénieurs  agricoles  ;  il  s'y  trouve 
d'excellentes  choses,  mais  une  certaine  teinture  politique  qui  aurait 
pu  être  évitée,  et  qui  dailleurs  n'était  pas  d'accord  avec  les  données 
fournies  par  le  rapport  de  M.  Lequeux.  Cela  a  eu  pour  conséquence 
quelques  incidents  que  le  préfet  a  étouffés  avec  beaucoup  de  tact.  — 
M.  Lhotelain  a  fait  connaître  les  récompenses  décernées  par  le  Comice 
de  Reims;  elles  ont  cela  de  remarquable  qu'elles  encouragent  un  grand 
nombre  d'ouvriers  agricoles,  bergers,  gardes  champêtres,  garçons  de 
culture,  moissonneurs,  servantes  de  fermes,  vignerons-tâcherons  ; 
elles  ont  un  caractère  démocratique  nettement  accentué,  et  elles  démon- 
trent que  les  longs  services  agricoles,  de  quarante  ans  et  plus,  ne  sont 
pas  encore  rares,  quoiqu'on  en  dise. 

La  fête  s'est  terminée  par  un  banquet  qui  n'a  pas  duré  moins  de 
quatre  heures,  et  dans  lequel  il  a  été  porté  dix-huit  toasts  ;  c'est  le 
Champagne  qui  a  pétillé.  Bref,  la  fête  a  été  très  belle.  Nous  devons 
ajouter  que  M.  Charlier,  le  vétérinaire  qui  a  à  son  compte  le  plus  d'in- 
ventions utiles  de  France,  M.  le  docteur  Thomas,  député,  et  M.  Lhote- 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (21   AOUT   1880).  283 

iain  se  sont  attachés  à  bien  faire  connaître  l'agriculture  locale  et  ont 
ainsi  été  particulièrement  utiles  à  l'Association  française  qui,  à  Eper- 
nay  et  à  Reims,  a  pu  visiter  un  grand  nombre  de  caves  et  se  rendre 
compte  de  l'immense  importance  de  la  production  du  vin  de  Cham- 
pagne. 

IL  —  Examens  d'admission  dans  les  écoles  d'ariricidture. 
En  vertu  d'une  décision  récente,  les  examens  d'admission  dans  les 
Ecoles  nationales  d'agriculture  de  Grignon,  Grand-Jouan  et  Montpellier, 
s'ouvriront  le  lundi  11  octobre  prochain.  Une  deuxième  session  extra- 
ordinaire aura  lieu  le  lundi  15<novembre.  Elle  sera  exclusivement  ré- 
servée aux  jeunes  gens  qui  se  trouvent  actuellement  sous  les  drapeaux 
et  que  le  service  militaire  aura  empêchés  de  prendre  part  aux  premières 
épreuves. 

A  la  prochaine  rentrée,  onze  bourses  départementales  seront  vacan- 
tes à  l'Ecole  nationale  d'agriculture  de  Montpellier.  Les  départements 
dont  les  bourses  sont  vacantes,  sont  :  Aude,  deux  demi-bourses  ; 
Corse,  une  bourse  et  une  demi -bourse;  Gonstantine,  deux  bourses; 
Gard,- une  demi-bourse;  Gironde,  deux  demi-bourses;  Var,  deux 
demi-bourses. 

Les  demandes  d'admission  aux  Ecoles  nationales  d'agriculture 
doivent  être  adressées  au  ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce, 
direction  de  l'agriculture,  ou  au  siège  de  ces  Ecoles. 
III.  — Le  phylloxéra. 
L'étude  des  questions  nombreuses  qui  touchent  soit  à  la  lutte  contre 
le  phylloxéra,  soit  à  la  reconstitution  des  vignobles  détruits,  continue 
à  se  poursuivre  avec  une  grande  ardeur.  D'importantes  réunions  vont 
avoir  lieu  bientôt,  qui  permettront  de  faire  connaître  les  résultats  de 
ces  travaux.  En  même  temps  que  le  concours  régional  de  Clermont- 
Ferrand  se  tiendra  le  congrès  viticole  dont  nous  avons  récemment 
publié  le  programme.  Un  peu  plus  tard,  aura  lieu  à  Lyon  le  congrès 
international  de  viticulture,  organisé  par  la  Société  régionale  de  viticul- 
ture de  Lyon.  Ce  congrès  se  tiendra  du  12  au  14  septembre  sous  la 
direction  de  M.  Bender,  président  de  la  Société.  Nous  recevons  le  pro- 
gramme des  questions  qui  y  seront  traitées  par  des  hommes  très  au- 
torisés : 

12  septembre,  1"^  séance  a  9  heures  du  matin.  —  Ouverture  du  cons^rès  par  le 
président  de  la  Société  de  viticulture.  —  Situation  phylloxéri(pe  des  vignobles  de 
la  région  lyonnaise,  M.  G.  Roche.  —  Etat  actuel  des  connaissances  scientificpies 
sur  le  phylloxéra,  M.  Planchon.  —  Description,  mœurs,  multiplication  du  phyl- 
loxéra. Démonstration  de  l'insecte  au  moyen  de  photographies  grossies  par  des 
projections  à  la  lumière  oxhydrique,  M.  Lichtenstein. 

2""^  séance  à  2  heures  du  soir.  —  Des  moyens  employés  pour  détruire  le  phyl- 
loxéra. Le  sulfure  de  carbone,  M.  le  D-'X...  —  Les  sulfocarhonates,  M.  Mar^. 
—  La  submert-ion,  M.  Reich  et  M.  le  professeur  Goste. 

Septf.mbre^V^ séance. —  Lesvignesrésistantes  au  phylloxéra  dans  les  Etats-Unis, 
M.  Meissner.  —  Gonstitutiojj  spéciale  des  racines  de  vignes  résistantes.  Photo- 
graphies de  ces  racines  grossies  par  la  lumière  oxhydrique,  M.  Foëx.  — Historique 
'et  description  des  vignes  américaines  résistantes,  M.  Planchon. 

2""=  séance.  —  De  l'adaptation  des  vignes  américaines  aux  différents  sois, 
M.  Vialla.  —  De  l'affinité  des  vignes  françaises  avec  les  vignes  d'Europe  au  point 
de  vue  de  leur  greffage,  M.  Robin.  —  La  vigne  d'Amérique  en  Savoie.  Etat  phyl- 
loxérique  du  département,  M.  Tochon. 

14  septembre,  F«  séance.  —  Les  vignes  d'Amérique  en  Italie,  M.  X...  —  Des 
divers  modes  de  multiplication  de  la  vigne,  M.  Ghampin.  —  Plantations  de  vignes 
et  greffes  dans  le  Gard,  M.  Lugol. 


iïk  CHRONIQUE  AGRICOLE   ('21    AOUT  1880). 

2""  séance.  —  Les  vignes  d'Amérique  dans  l'Is^ère.  Résultats  obtenus  par  le 
greffage,  M.  deMortillet.  —  Compte  rendu  du  concours  de  greffage  à  Odenas. — 
Résumé  des  conférences  du  congrès,  M.  Bender,  président  de  la  bociété. 

Ce  programme  laisse  en  blanc  les  noms  de  quelques  conférenciers 
dont  l'adhésion  n'est  pas  encore  parvenue^  et  il  y  a  quelques  lacunes  à 
combler;  mais  voici  la  liste,  certaine  pour  quelques-uns,  plus  que  pro- 
bable pour  la  plupart  de  ceux  qui  traiteront  les  questions  indiquées 
dans  le  programme  :  MM.  Planchon,  Liclitenstein,  Cliampin,  Meis- 
sner,  Vialla,  Mares,  Foëx,  Lugol,  Tocbon,  docteur  Crolas,  C.  Roche, 
de  Mortillet,  Reich,  Robin,  Ferdinand  Gaillard,  sans  compter  les  con- 
férences nouvelles  qui  pourront  être  demandées  aux  hommes  émi- 
nenls  que  le  Congrès  aura  attirés  et  les  communications  intéressantes 
et  inattendues  qui  surgiront  au  milieu  des  conférences  annoncées. 

Une  exposition  de  viticulture  se  tiendra  du  0  au  14  septembre,  sur 
le  Cours  Ferrache,  à  Lyon.  Elle  comprendra  les  collections  de  vignes 
vivantes,  gieffées  ou  non  greiîées  sur  vignes  résistantes,  franches 
de  pied,  et  en  pots;  les  raisins  coupés;  les  collections  de  raisins  d'Europe 
et  d'Amérique;  les  collections  de  vins  américains;  les  machines  à 
grefîer;  les  liens  pour  les  greffes,  sécateurs,  serpes,  ébranchoirs,  etc.; 
les  charrues  vigneronnes  avec  leurs  appareils  complets;  les  instru- 
ments divers  pour  la  culture  de  la  vigne;  les  insecticides  et  les  appa- 
reils pour  les  employer;  les  chaudières  pour  la  destruction  de  la  py- 
role,  l'échaudage  des  écbalas,  des  tonneaux,  des  foudres,  etc.;  les 
alambics  pour  la  distillation  des  vins  et  des  marcs  de  raisins  ;  les 
pompes  à  soutirer  les  vins;  les  filtres  pour  la  clarification  des  vins  et 
des  lies;  les  pressoirs,  cuves,  tonneaux,  foudres;  les  appareils  et  in- 
struments pour  la  vinification  et  les  soins  à  donner  aux  vins.  Qua- 
rante médailles  :  en  or,  vermeil,  argent  et  bronze,  seront  mises  à  la 
disposition  (lu  jury  pour  récompenser  ces  ditîérentes  expositions. — 
Les  personnes  qui  voudront  prendre  part  à  ce  concours,  sont  priées 
d'adresser  leurs  demandes  avant  le  -31  août,  à  M.  le  secrétaire  de  la 
Commission  du  Congrès  à  Lyon,  14,  rue  de  la  Bourse.  —  La  Société 
d'horticulture  pratique  du  Rhône  fera,  les  mêmes  jours  et  dans  la 
même  enceinte  une  grande  et  magnifique  exposition  de  tous  les 
produits. 

Un  autre  congrès  phylloxérique  international  se  tiendra  à  Saragosse, 
en  Espagne,  au  commencement  du  mois  d'octobre,  sous  la  présidence 
de  M.  Luiz  Seron,  député.  Nous  avons  annoncé  que  ce  congrès  se  tien- 
drait du  1""  au  10  octobre.  Voici  le  programme  des  questions  qui  doi- 
vent y  être  traitées  : 

l»  Etudes  faiies  sur  les  caus  s  qui  ont  intltié  sur  l'appariiion,  la  marche  et  le 
■dévelo['pement  de  la  maladie  phylloxérique,  dans  chacune  des  nations  envahies. 
Quel  est  l'état  de  la  marche  dans  ces  mêmes  nations  et  quelle  sera  la  marche 
probable  et  le  développement  qu'elle  suivra  dans  l'invasion  des  vignobles  en 
Espagne,  en  partant  de  chacune  des  provinces  déjà  attaquées? 

S^Doit-o  ,  cesser  d'attaquer  les  foyers  phylh'xériques  au  moyen  des  insecticides? 
Dans  le  cas  négatif,  quelles  substances  faudra-t-il  employer  pour  l'attaque  et 
quels  seront  les  moyens  les  plus  économiques  et  qui  donneront  les  meilleurs  résul- 
tats? 

3°  De  l'influence  qu'une  culture  soignée  et  l'emploi  d'engrais  déterminés, 
pourront  exercer  dans  la  défense  contre  l'action  de  l'insecte,  ou  bien  dans  son 
développement  plus  ou  moins  grand. 

4«  Des  effets  produits  sur  le  phylloxéra  par  la  submersion  des  vignes;  pra- 
tique de  ce  mode  de  procéder  dans  de  bonnes  conditions  économiques  et  soins 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (21   AOUT   1880).  285 

auxquels  on  devra  soumettre  les  vignes  submergées  pour  qu'elles  ne  perdent  pas 
de  leur  force  végétative. 

5"  Y  a-t-il  quelques  variétés  de  vignes  de  provenance  asiatique,  qui  puissent 
être  considérées  comme  indemmes  par  rapport  à  l'insecte? 

6°  Des  vignes  américaines.  De  leur  classificition  par  rapport  à  la  résistance 
contre  l'attaque  de  l'insecte;  exposition  des  raisons  scieutifi  {ues  et  expérimentales 
qui  justifient  l'opinion  contraire  ou  l'avorableà  l'indemnité.  Description  des  espèces 
et  variéiés  de  vignes  mdemnes  ou  résistantes;  conditions  du  climat  et  du  terrain 
dans  lesquels  elles  doivent  être  cultivées  de  préférence  dans  chaque  contrée  vini- 
cole 

7°  Quelles  variétés  de  vignes  américaines  indemnes  ou  résistantes  à  la  mala- 
die, pourront  être  cultivées  directem  nt  pour  la  production  du  raisin?  Qiantité 
et  qualité  de  celui-ci.  Qiaelles  variétés  faudra-t-il  choisir  pour  gretLr  les  vignes 
du  pays?  Théorie  du  grelfage.  Conditions  des  vins  obtenus  avec  des  vignes  gref- 
fées. 

8"  On  discutera  n'importe  quel  autre  point  du  sujet,  qui,  suivant  la  décision 
du  bureau,  ressortira  à  l'objet  du  Congrès. 

Nous  recevons  de  i\J.  Prosperde  Lafitte,  président  du  Comité  dépar- 
temental de  Lot-et  Garonne,  son  rapport  annuel  sur  les  travaux  de  ce 
Comité.  Ce  rappoit  renferme  un  grand  nombre  de  faits  intéressants. 
C'est  surtout  sur  la  propagation  des  vignes  américaines  résis.t.intes, 
afin  de  reconstituer  les  vignes  détruites,  que  les  efforts  du  Comité  ont 
été  dirigés  cette  année.  20,000  boutures  ont  été  mises  en  pépinière. 
Voici  comment  M.  de  Lafitlerend  compte  des  résultais  obtenus  :  «  Les 
Jacquez  se  présentent  assez  bien  pour  nous  permettre  de  compter  sur  un 
rendement  supérieur  à  Li  moyenne  ordinaire.  Les  Herbemonts  laissent 
à  désirer.  Les  porte-greffes  :  Riparias,  Soionis,  Viallas.  Yorks-Madeira, 
à  reprise,  il  est  vrai,  plus  facile  que  les  premiers,  se  présentent  admi- 
rablement bien,  et  sont  désormais  à  l'abri  de  tout  accident.  »  Le  même 
rapport  constate  la  marche  continue  de  l'invasion  dans  les  vignes  du 
département,  particulièrement  dans  l'arrondissement  de  Nérac. 
IV.  —  L'ouverture  de  la  chasse^ 

Dans  notre  dernière  chronique  (p.  247),  nous  avons  indiqué  la  date 
de  l'ouverture  de  la  chasse  dans  un  certain  nombre  de  départements. 
Voici  le  complément  de  cette  liste  : 

5  sepienibr^.  —  Cher,  Eure,  Eure-et-Loir,  Loir-et-Cher,  Loire-In  ér'eure, 
Loiret,  Maine-et-Loire,  Maime,  Nièvre,  Nord,  Oise,  Orne,  Sarthe,  Seine,  Seine- 
Inférieure,  S-iine-et-Mirne,  Seine-et-Oise,  Deux-Sèvres,  Somme,  Vendée,  Yonne. 

12  s  ptemhre.  —  Mayenne. 

19  septembre.  —  Gôies-du-Nord,  Finistère,  lUe-et-Vilaine,  Morbihan. 

Le  département  du  Calvados  est  le  seul  pour  lequel  la  date  de  l'ou- 
verture de  la  chasse  ne  soit  pas  encore  fixée. 

V.  —  Concours  de  la  Société  d'agriculture  de  Meaux. 

Nous  avons  annoncé  que  la  Société  d'agriculture  de  l'arrondissement 
de  JMeaux,  présidée  par  M.  de  Moustier,  continuerait  cette  annéo  les 
concours  spéciaux  qu'elle  a  organisés,  par  un  concours  de  machines  à 
battre,  d'appareils  à  nettoyer  et  à  cribler  les  grains  et  les  graines,  etc. 
La  date  de  ce  concours  vient  d'être  fixée  au  samedi  1 8  septembre  ;  <\  se 
tiendra  à  Meaux.  Les  instruments  et  machines  devront  être  rendus  à  la 
gare  de  Meaux  deux  jours  au  moins  avant  l'ouverture  du  concours. 
Quatre  médailles  d'or,  sept  médailles  d'argent,  treize  médailles  de 
bronze  pourront  être  attribuées  par  le  jury.  En  outre,  les  primes  suivan- 
tes pourront  être  décernées  entre  les  diverses  catégories  : 

1"  Catégorie.  —  Machines  à  battre  à  vapeur,  vannant  et  criblant.  Trois  prime» 
de300,  ISOetlOO  fr. 


286  CHRONIQUE  AGRICOLE  (21   AOUT   188QJ. 

2*=  Catégorie.  —  Machines  à  battre,  vannant  et  criblant,  à  manèges  de  trois  et 
quatre  chevaux.  Trois  primes  de  200,  lOJ  et  50  iV. 

â'  Caiéqorie.  —  Machiaes  à  battre,  mues  par  un  et  deux  chevaux  et  machines  à 
bras.  Trois  primes  de  200,,  100  et  50  fr. 

4"  Catégorie.  —  Machines  à  battre  les  petites  graines.  Trois  primes  de  100,  50 
et  30  fr. 

5"  Catég&rie.  —  Appareils  et  procédés  relatifs  au  battage  et  vannage  des  graîneis 
et  grains,  économisant  k;  main-d'œuvre  et  rendant  le  travail  moins  pénible.  Trois 
primes  de  50,  3^  et  -2,0  fr. 

Machines  à  nettoyer  et  à  cribler  les  grains  et  graines.  Trois  primes  de  50,  30 
et  2.Q  k. 

Les  concurrents  devront  envoyer  leurs  déclarations  au  secrétaire 
de  la  Société,  M.  Emile  de  Lignières,  à  Trilbardou,  par  Esbly  (Seine- 
et-Marne),  avant  le  8  septembre. 

VI.  —  Concours  international  do  charrues  en  Italie. 
Le  ministère  de  l'agriculture  d'Italie  vient  de  décider  l'ouverture 
d'un  concours  international  de  charrues  et  de  herses,  qui  se  tiendra 
du  15  au  20  septembre  prochain.  La  direction  de  ce  concours  sera 
confiée  au  Comice  agricole  de  Girgenti,  et  il  se  tiendra  dans  cette  ville. 
Tous  les  constructeurs  de  tous  pays  sont  admis  à  y  prendre  part.  Il 
comprendra  tous  les  types  de  charrues  monosocs,  hisocs,  polysocs, 
ainsi  que  tous  les  types  de  herses.  Dans  chaque  section,  des  médailles 
d'argent  et  de  bronze  seront  attribuées  aux  instruments  qui  auront 
fonctionné  de  la  manière  la  plus  parfaite.    En  outre,  le  ministère  de 
l'agriculture,  dans  le  double  but  de  propager  les  instruments  perfec- 
tionnés et  d'encourager  les  coustrucleurs  à  prendre  part  au  concours, 
a  décidé  qu'il  achèterait  un  certain  nombre  d'instruments,  parmi  ceux 
qui  auraient  le  mieux   fonctionné.  Ces   instruments  seront    répartis 
entre  plusieurs  cultivateurs  de  la  circonscription  de  Girgenti. 
VIL —  IVoavelle  encyclopédie  d'arboriculture. 
Notre  éminent  confrère,   M.   Alphonse   Lavallée,    président   de    la 
Société  centrale  d'horticulture,    vient   de  commeacer    la  publication 
d'un  ouvrai^e  très  important  que  nous  devons  signaler  aux.  agricul- 
teurs. Cet  ouvrage  a  pour  titre  :  Icônes  ulvetsp  arhorum  et  frnicuin  in 
h&rtis  Segrezianis  coUectorwn;  il  est  consacré  à  la  description,   avec 
fiGjures,  des  espèces  nouvelles  rares  ou   crilique'S  de'  l'Arboretura  de 
Segrez.  La  première  livraison  vient  de  paraître  :  elle  est  consacrée  à 
la  description  des  six  espèces  suivantes  :  Jaglans  SieboUinna,  O^tnjop- 
sis  Dwidiana,  ELvagnus  lon(ji[i>cH^  Cratssguscuaeala^  Jamesia  Amcri"ana. 
Pour  chacune,  M.  Lavallée  d>n ne  une  description   faite   avec   le  plus 
grand  soin,  d'après  la  culture  poursuivie  à  Segrez  depuis  de  longues 
années;  des  planches  gravées  et  coloriées  représentent  les  principaux 
organes,   les  feuilles,   les  fleurs,   les   fruits,  etc.   L'ouvrage  formera 
deux  volumes  renfermant  GO  planches  chacun;  il  sera  publié  tous  les 
trois  mois  une  livraison  composée ^de  six  planches  avec  un  texte  des- 
criptif correspondant.  II  est  édité  par  la  librairie  Baillière,  rue  Hau- 
tefeuille,  à  Paris.  Ce  grand  ouvrage  se  placera  certainement  au   pre- 
mier rang  parmi  les  travaux  sur  l'arboriculture  et  la  sylvictdture  qui 
aient  été  publiés  soit  en  France,  soit  dans  les  autres  pays.^ 
VIII.  —  Nécrologie. 
Nous   avons  le  regret  d'apprendre  la  mort  de  M.  Benjamin  père, 
médeda-vétérinaire,   qui  avait  acijuis   une  légitime  notoriété  pir  ses 
travaux  importants  sur  plusieurs  maladies  des  animaux  domestiques. 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (21  AOUT   1880).  287 

Membre,  depuis  trente  ans,  delà  Société  centrale  de  médecine  vétéri- 
naire, il  s'était  particulièrement  livré  à  des  études  sur  la  production 
animale  en  Algérie,  sur  la  pustule  maligne  des  animaux  domestiques, 
■et  sur  la  fièvre  contagieuse  des  oiseaux  de  basse-cour. 

Nous  devons  aussi  annoncer  la  mort  de  M.  le  marquis  de  Montey- 
nard,  agriculteur  dans  le  département  de  l'Isère.  Il  était  âgé  de  71  ans  ; 
il  avait  été  lauréat  de  la  prime  d'honneur  au  concours  régional  de 
Grenoble,  en  1872. 

IX.   —  Ravages  des  insectes  en  Russie. 

Nous  avons  donné  déjà  quelques  détails  sur  les  ravages  produits  en 
Russie  par  les  insectes.  A  ce  sujet,  un  correspondant  du  journal 
Le  Temps  donne  des  indications  que  nous  devons  reproduire,  en  partie 
au  moins  : 

gjcc  Un  fléau  bien  plus  redoutable  que  le  nihilisme  envahit  en  ce  moment  la  Russie 
et  y  cause  les  plus  vives  préoccupations.  UaiiasopUa  austînaca  menace  d'anéantir 
le  tiers  des  récoltes  sur  pied.  Cette  mouche  est  bien  plus  à  craindre  que  la  saute- 
relle nomade,  car  elle  se  perpétue  dans  le  pays  qu'elle  a  ravagé  et  y  devient  endé- 
mique. Ce  n'est  plus  le  Midi  et  l'Est  de  l'empire  qui  sont  la  proie  de  Y anasoplia  ; 
le  centre  lui-même  eàt  atteint.  Le  danger  est  d'autant  plus  grand  que  VanasopUa 
s'acclimate  dans  les  provinces  les  plus  fertiles.  La  Tauride,  le  territoire  du  Dom, 
les  provinces  d'Ekaterinoslaw,  de  Charkow,  de  Pultava,  toute  la  Bessarabie  ont  été 
visités  par  le  fléau. 

oc  Deux  professeurs  d'entomologie  ont  été  chargés  d'étudier  scientifi  luement  la 
question.  MM  Lindeman  et  Portehinsky  se  sont  rendus  sur  les  lieux  et  ont  pour- 
suivi leurs  investigations  dans  différentes  régions  de  l'empire.  Les  conclusions  aux- 
quelles ils  sont  arrivés  ne  sont  pas  consolantes;  les'  mesures  qu'ils  recommandent 
sont  d'une  application  difficile  et  d'une  utilité  douteuse.  Il  ne  s'agirait  de  rien  moins 
que  de  changer  de  culture,  et,  au  lieu  du  blé  et  du  seigle,  ensemencer  du  maïs,  du 
colza  et  des  graines  de  lin.  Pour  ces  deux  derniers  produits,  des  terres  épuisées 
et  sans  engrais  ne  donneront  point  de  récoltes.  » 

«  Ce  n'est  pas  tout  encore.  Dans  les  provinces  de  Voronège,  de  Charkow  et  de 
Koursk,  des  papillons  on  détruit  les  champs  de  betteraves  ;  mais,  si  grand  que 
soit  le  mal,  il  est  autrement  terrible  le  long  du  Volga.  Des  provinces  qui  passent  à  bon 
droit  comme  les  plus  fertiles,  telles  que  Saratbw,  Samara,  Simbirsk,  subissent 
cette  année  un  véritable  désastre.  On  n'y  récolte  pas  assez  de  grains  pour  les 
semailles  prochaines.  Ce  n'est  plus  l'anasoplia,  ce  sont  les  froids  exceptionnels 
joints  à  la  sécheresse  qui  ont  amené  la  famine.  Dans  ces  provinces,  il  faudra  donner 
aux  paysans  non  seulement  de  quoi  ensemencer,  mais  aussi  de  quoi  ne  pas  mourir 
de  fain  jusqu'à  la  récolte  de  1881.  » 

D'un  autre  côté,  dans  quelques  parties  de  l'Allemagne  du  nord,  on 
se  plaint  vivement  du  délicit  amené  dans  le^  récoltes  de  céréales  par 
l'excès  d'humidité. 

X.  —  Nouvelles  de  l'état  des  récoltes. 

Les  travaux  de  la  moisson  peuvent  être  considérés  comme  termi- 
nés. Les  battages  se  poursuivent  et  les  agriculteurs  se  rendent 
compte  des  rendements.  Sur  la  situation  dans  le  département  d'Ille-et- 
Vilaine,  AL  de  la  lAlorvonnais  nous  envoie  la  note  suivante,  du  manoir 
de  Bruz,  à  la  date  du  1 7  août  : 

«  Le  beau  temps  de  la  semaine  dernière  a  permis  de  travailler  activement  à  la 
récolte.  Mais,  il  a  plu  abondamment  dans  la  nuit  de  dimanclie  à  lundi,  et  le  temps 
lest  orageux,  mais  le  vent  est  toujours  au  nord-est  et  le  baromètre  assez  haut. 

«  On  est  satisfait  de  la  reçoit  j  d'orge  et  d'avoine,  les  froments  laissent  plus  à 
désirer;  il  y  en  a  de  maigres  et  de  restreints,  et  la  quantité  ne  sera  p&s  grande. 
Les  sarrasins  sont  fort  beaux  partout;  les  récoltes  fourragères,  choux,  betteraves, 
trèfles,  exceptionnellement  belles, 

«  Les  pomimes  de  terre  sont  très  belles.  Quelques  bonnes  espèces  ont  été  impor- 
tées ,  les  fusks  de  Jersey  notain-.nent,  m'ont  donné  plus  de  vingt  fois  la  semence* 


288  CHRONIQUE  AGRICOLE   (21    AOUT   1880). 

«  Les  pommes  à  cidre  sont  fort  chères  et  rares,  l'hiver  d'ailleurs  a  détruit 
beaucoup  de  pommiers.  » 

D'après  la  note  que  M.  Vincent  nous  envoie  de  Treffort,  à  la  date 
^u  1 4  août,  on  se  montre  satisfait  de  la  plupart  des  récoltes  dans 
cette  partie  du  département  de  l'Ain  : 

«  Le  5  de  ce  mois  j'allai  voir  fonctionner  la  batteuse  du  pays,  et  je  demandai  à 
plusieurs  personnes  quelle  est  la  qualité  du  grain.  Très  bonne,  me  répondit-on 
unanimement;  même  le  veste  des  récoltes  va  bien;  il  n'y  a  que  la  pauvre  vigne., 
hélas  !  Donc  il  y  a  lieu  d'être  content  de  la  récolte  dans  notie  région. 

«  Les  avoines  donnent  un  rendement  exceptionnel.  Les  fèves  sonide  toute  beauté. 
Les  betteraves  promettent  beaucoup.  Les  ]jommes  de  terre  ont  un  fanage 
exubérant  ;  les  précoces  que  l'on  a  déjà  arrachées,  piésentent  de  beaux  tubercules  : 
celui  qui  écrit  ces  lignes  en  a  trouvé  récemment,  dans  son  jardin,  comme  pro- 
duit d'une  seule  mère  de  Merveille  d'Amérique,  un  ensemble  de  très  grosses,  de 
moyennes  et  de  petites,  du  poids  total  bien  constaté  de  3  kilog.  500;  ses  voisins 
ne  pouvaient  pas  en  croire  leurs  yeux. 

«  Les  fourrages  abondants  en  montagnes,  ont  été  maigres  dans  les  terrains  bas. 

«  Quanta  la  pauvre  vigne,  on  voit  par-ci  par-là  quelques  bonnes  grappes  :  le 
grain  est  généralement  gros.  Il  se  peut  que  l'on  en  voie  davantage,  lorsqu'il  com- 
mencera à  j-e  colorer.  L'année  dernière  l'oïdium  et  l'anthracnose  avaient  fait  leur 
première  apparition  ici  dès  le  milieu  de  juin  :  cette  année,  on  ne  voit  encore,  et 
dans  de  rares  places  seulement,  qu'un  feuillage  jaune  pâle  ;  le  grain  est  resté 
intact  jusqu'ici.  » 

Sur  la  situation  dans  le  département  de  la  Dordogne,  M.  de  Lentilhac 
nous  envoie  de  Saint- Jean-d'Ataux,  à  la  date  du  14  août,  les  rensei- 
gnements qui  suivent  : 

«  La  canicule  (du  25  juillet  au  25  août) -se  fait  sentir  cette  année  dans  nos 
contrées  avec  une  persistance  de  chaleur  qui  présage  pour  tous  les  fruits,  pour  le 
raisin  en  particulier,  une  bonne  maturité.  Quant  aux  autres  produits,  ils  commen- 
cent à  souffrir  sensiblement  de  la  sécheresse;  les  regains  de  prairies  naturelles  et 
artiticielles,  sur  lesquels  on  comptait  beaucoup  pour  réparer  les  pertes  de  la  pre- 
mière coupe,  ne  poussent  plus;  les  haricots  se  flétrissent  avant  d'avoir  formé  leurs 
grains;  la  pomme  de  terre  est  frappée  d'une  maturité  anticipée;  le  maïs  et  le  blé 
s'étiolent.  —  Les  labours  des  chaumes  de  blé,  qu'on  s'était  empressé  de  com- 
mencer pour  ensecjencer  la  rave,  cette  précieuse  ressource  que  rien  ne  remplace 
en  Périgord,  ont  dû  s'interrompre,  les  quelques  pluies  survenues  après  la  moisson 
n'ayant  pas  suffisamment  humecté  le  sol  pour  la  charrae.  Si  la  deuxième  dizaine 
d'août  se  passe  sans  pluie,  voici  encore  un  produit  compromis. 

«  Le  battage  du  blé  est  commencé  ;  les  rendements  varient  beaucoup  trop  pour 
qu'on  puisse  encore  préciser  avec  quelque  exactitude  la  valeur  de  la  récolte,  j) 

Dans  la  lettre  qu'il  nous  envoie  de  Tridon,  à  la  date  du  16  août, 
M.  Leyrisson  constate  que  la  plupart  des  récoltes  donnent  d'assez 
bons  rendements  dans  le  département  de  Lot-et-Garonne  : 

«  Les  dépiquages  étant  presque  partout  terminés,  on  constate  généralemeat  une 
bonne  moyenne  :  le  grain  est  très  propre  et  la  qualité  est  excellente. 

«  La  vigne  est  envahie  par  l'oïdium,  plus  encore  que  l'année  dernière  ;  tandis  que 
le  phylloxéra  fait  chaque  jour  de  nouveaux  ravages. 

«  On  arrache  actuellement  le  chanvre  qui,  sous  le  rapport  de  la  quantité,  comme 
de  la  qualité,  ne  laisse  rien  à  désirer  :  malheureusement  ce  textile  est  délaissé  de 
plus  en  plus  vu  la  cherté  toujours  croissante  des  ouvriers  alors  que  les  prix  de 
vente  restent  stationnaires. 

«  La  sécheresse  persite  encore  dans  nos  environs,  les  tabacs  s'en  ressentent  plus 
que  tout  autre  récolte. 

«  On  n'a  pas  encore  pu,  dans  de  très  rares  cas,  faire  les  semailles  de  trèfle 
incarnat,  navets,  jarousses,  etc. 

«  Les  pommes  de  torre  scmt  vivement  attaquées  par  la  maladie,  toutefois  la  variété 
Early  Rose  l'est,  ici,  moins  que  toute  autre. 

«Les  maïs-fourrag,is  souffrent  beaucoup  de  la  sécheresse,  mais  les  porte-paines 
sont  encore  de  toute  beauté.  «  La  betterave  dont  la  croissance  est  arrêtée  faute 
de  pluies,  prendra  encore  du  développement  si  le  temps  lui  devient  favorable. 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (21  AOUT   1880)-  289 

«  Sauf  pour  ce  qui  a  trait  à  la  qualité,  la  récolte  fruitière  est  oa  ne  peut  plus 
magnifique,  et  nous  aurons  probablement  une  abondante  provision  de  miel,  car 
depuis  déjà  longtemps  les  abeilles  ont  trouvé  sous  les  fruits,  une  surabondance 
d'abricots,  pêches,  poires  sans  compter  les  pommes,  plus  abondantes  encore  et 
dont  certaines  espèces  commencent  déjà  à  mûrir. 

<i  En  somme  l'année  peut  être  considérée  jusqu'ici  comme  une  assez  bonne  année.  » 

La  deuxième  dizaine  da  mois  d'août  a  été  remarquable  par  son  ré- 
gime sec,  et  par  ia  chaleur, intense  qui  a  régné  dans  la  plus  grande 
partie  de  la  France.  Ce  temps,  favorable  à  la  vigne,  aux:  betteraves,  aux 
pommes  déterre,  ainsi  qu'aux  fruits,  a  permis  de  rentrer  les  céréales 
coupées,  dans  de  bonnes  conditions.  Si,  en  ce  qui  concerne  ces  dernières, 
les  appréciations  sur  le  rendement  présentent  des  divergences,  on  est 
unanime  à  constater  l'excellente  qualité  du  grain. 

J.-A.  Barral. 

SUR  LE  CHOLERA  DES  POULES' 

Arbois,  ce  6  août  1880, 

Vous  connaissez  l'explication  que  j'ai  proposée  de  la  non-récidive 
de  la  maladie  du  choléra  des  poules.  J'ai  envisagé  l'organisme  comme 
un  milieu  de  culture  qui,  par  une  première  atteinte  du  mal,  perdrait, 
sous  l'influence  de  la  culture  du  parasite,  des  principes  que  la  vie  n'y 
ramènerait  pas  ou  n'y  ramènerait  qu'après  un  certain  temps.  Bonne  ou 
mauvaise,  cette  explication  satisfait  l'esprit  présentement,  parce  qu'elle 
rend  compte  des  premiers  faits  acquis.  Tant  qu'on  lui  trouvera  cette 
vertu,  il  sera  sage  de  chercher  des  vérifications  expérimentales  aux  dé- 
ductions qu'elle  suggère. 

Dans  ma  première  note  du  mois  de  février  dernier,  je  disais  que  cette 
explication  devait  paraître  d'autant  plus  admissible  que,  si,  après  quel- 
ques jours  d'ensemencement  du  microbe  du  choléra  dans  un  de  ses  mi- 
lieux de  culture,  on  vient  à  filtrer  ce  milieu  et  qu'on  le  réensemence 
par  ce  même  microbe,  la  nouvelle  semence  se  montre  absolument  sté- 
rile, quoique,  ajoutais-je,  cette  stérilité  ne  soit  pas  propre  à  tous  les 
organismes  microscopiques,  notamment  à  la  bactéridie  charbonneuse. 
Ce  dernier  fait  me  portait  à  conclure  qu'on  devrait  pouvoir  donner  le 
charbon  à  des  poules  vaccinées  pour  le  choléra  des  poules. 

De  nombreuses  expériences  m'ont  démontré  que  ces  cultures  de  la 
bactéridie  dans  un  milieu  épuisé  par  le  microbe  du  choléra,  quoique 
réelles,  sont  retardées,  peu  abondantes,  fort  pénibles. 

Contrairement  aux  prévisions  que  je  viens  de  rappeler,  il  se  pour- 
rait donc  que  les  poules  vaccinées  pour  le  choléra,  fussent  réfractaires 
au  charbon.  Ce  serait  f  immunité  charbonneuse  créée  sur  un  animal  au 
moyen  et  une  m,aladie  parasitaire  de  tout  autre  nature.  Tel  est  précisé- 
ment le  résultat  inattendu  que  j'ai  obtenu  dans  quelques  expériences, 
encore  trop  peu  nombreuses  pour  que  je  puisse  donner  le  fait  comme 
établi  sûrement,  mais  assez  intéressantes  pour  mériter  d'être  commu- 
niquées à  l'Académie. 

Si  ce  résultat  se  confirme,  et  principalement  s'il  se  généralise  pour 
d'autres  maladies  virulentes,  on  pourra  en  espérer  les  conséquences 
thérapeutiques  les  plus  importantes,  en  ce  qui  concerne  même  la  pa- 
thologie des  maladies  virulentes  propres  à  l'espèce  humaine. 

L.  Pasteur, 

Membre  de  l'Académie  des  sciences  et  de 
la  Société  nationale  d'agriculture. 

\.  Lettre  de  M.  Pasteur  à  M.  Dumas  commun iquéf^  à  l'Académie  des  sciences. 


290  SUR  LA   SOURCE  DU  TRAVAIL  MUSCULAIRE. 

SUR   LA  SOURCE    DU   TRAVAIL  MUSCULAIRE 

ET  SUR  LES   PRÉTENDUES  COMBUSTIONS  RESPIRATOIRES  '. 

Des  recherches  expérimentales  qui  ne  sont  que  la  continuation  et  le 
développement  de  celles  que  l'Académie  a  bien  voulu  encourager,  et 
dont  les  résultats  détaillés  seront  exposés  très  prochainement  dans  un 
Mémoire,  avec  les  faits  déjà  acquis  à  la  science  sur  le  même  sujet, 
j'ai  cru  pouvoir  déduire  les  propositions  suivantes,  dont  l'importance 
physiologique  me  semble  évidente. 

1 .  —  L'acide  carbonique  éliminé  par  la  respiration,  recueilli  et  dosé 
à  l'aide  de  divers  appareils  construits  à  cet  effet,  notamment  à  l'aide 
de  l'appareil  Pettenkofer,  ne  donne  nullement  la  mesure  de  l'acide 
carbonique  formé,  durant  le  môme  temps,  dans  l'économie  animale. 
Il  en  est  ainsi  parce  que  son  élimination  dépend  de  circonstances 
étrangères  à  sa  formation,  telles  que  les  conditions  de  température 
extérieure,  de  pression  barométrique,  d'étendue  de  surface  déployée 
du  poumon,  et  de  nombre  des  mouvements  respiratoires  dans  l'unité 
de  temps.  Conséquemment,  les  conclusions  tirées  des  expériences  de 
respiration,  à  l'égard  de  la  théorie  des  phénomènes  de  nutrition,  sont 
dépourvues  de  valeur.  A  une  élimination  plus  forte  peut  correspondre 
une  formation  plus  faible,  et  réciproquement. 

2.  —  La  richesse  proportionnelle  du  sang  en  acide  carbonique  ne 
peut  pas  donner  la  mesure  de  la  formation  de  cet  acide,  le  rapport 
entre  la  formation  et  l'élimination  n'étant  point  constant.  A  une  for- 
mation accrue  dans  une  certaine  proportion,  peut  correspondre  une 
élimination  accrue  dans  une  proportion  plus  forte,  ou  inversement,  une 
élimination  moindre  à  une  formation  plus  faible.  Après  un  travail  muscu- 
laire qui  provoque  notoirement  une  formation  plus  grande  d'acide  car- 
bonique, la  proportion  de  celui-ci  se  montre  diminuée  dans  la  masse 
du  sang,  l'élimination  par  le  poumon  en  étant  augmentée  par  le  travail. 

3.  Jl  II  n'y  a  aucun  rapport  nécessaire  entre  la  quantité  d'acide 
carboïiique  formée  durant  un  temps  déterminé^  dans  l'économie  [ani- 
male, et  la  quantité  d'oxygène  introduite  par  la  respiration  durant  le 
même  temps.  La  formation  de  l'acide  carbonique  dépend  du  travail 
des  éléments  anatomiques,  travail  chimique  de  nutrition  ou  travail 
musculaire;  la  quantité  d'oxygène  introduit  dépend  de  la  température, 
de  la  pression  et  du  nombre  des  mouvements  respiratoires,  ou  de  la 
fréquence  de  renouvellement  du  mélange  gazeux  contenu  dans  les 
poumons. 

4.  —  Le  travail  musculaire  a  pour  conséquence  une  consommation 
des  substances  albuminoïdes,  des  hydrates  de  carbone  et  des  sub- 
stances grasses  de  l'économie  qui  dégagent  l'énergie  qu'elles  contien- 
nent, pour  subvenir  aux  besoins  de  ce  travail  et  de  la  chaleur  animale. 
Lorsque  l'équilibre  n'est  pas  maintenu,  entre  l'énergie  dépensée  sous 
les  deux  formes  et  l'énergie  introduite  sons  forme  d'aliments,  le  corps 
diminue  de  poids  et  s'amaigrit.  Les  principes  immédiats  ainsi  détruits 
s'éliminent  principalement  sous  les  deux  formes  d'acide  carbonique 
et  d  urée,  dont  les  quantités  sont  exactement  proportionnelles  à 
l'énergie  dépensée  comme  travail.  Il  ne  paraît  y  avoir  aucun  rapport 
entre  la  quantité  d'acide  carbonique  formée  et  la  chaleur  perdue 
sous  l'influence   de  l'abaissement   de   la   température  extérieure,  sa 

1.  Note  communiquée  à  l'Académie  des  sciences. 


SUR  LA  SOURCE  DU  TRAVAIL  MUgCULAiRE.  291 

proportion  dans   le  sang  s'étant  montrée  moindre  h  basse  tempérar 
ture.(^ — 3'G.)  qu'à  une  tempé^rature   moyenne  (-f-13''C.). 

5.  — '  L'hypothèse  qui  fait  attribuer  la  chaleur  animale  et  le  tra- 
vail musculaire  à  la  chaleur  dégaajée  dans  l'économie  par  la  combus- 
tion directe  du  carbone  et  de  l'hydrogène  des  aliments,  des  tissus  et 
des  humeurs,  avec  l'oxygène  de  l'hémoglobine  introduit  par  la  respi- 
ration, n'est  plus  admissible  dans  l'état  actuel  de  la  science.  D'abord 
«ette  combinaisoa  directe,  qui  serait  une  véritable  combustion,  déga- 
gerait des  quantités  de  chaleur  bien  inférieures  à  celles  qu'il  est  per- 
mis de  constater,  indépendamment  des  réactions  organiques  connues 
comme  s'accomplissant  avec  absorption  de  chaleur  et  qui  consomment 
ainsi  une  partie  de  celle  qui  se  dégage;  ensuite,  il  n'est  pas  possible 
que  la  chaleur  dégagée,  par  combustion  ou  autrement,  se.  transforme 
en  travail  musculaire,  la  condition  nécessaire  à  la  transformation  fai- 
sant défaut  dans  la  machine  animale,  qui,  delà  sorte,  n'est  point  sem- 
blable à  la  machine  à  teu. 

6.  —  L'absence  de  cette  condition  nécessaire,  d'une  différence  de 
température  entre  le  corps  qui  dégagerait  la  chaleur  et  celui  sur  lequel 
elle  se  transformerait  en  énergie  mécanique,  rend  indispensable  que 
celle-ci,  djns  la  machine  animale,  ait  une  source  autre  que  la  com- 
bustion. Il  n'est  pas  possible  d'admettre  scientifiquement  que  l'éner- 
gie actuelle  des  principes  immédiats  se  manifeste  d'abord  comme  cha- 
leur sensible,  puis  comme  énergie  potentielle  mesurée  en  travail.  Elle 
doit  nécessairement  se  dégager  de  suite  en  tant  qu'énergie  potentielle, 
pour  se  manifester  après,  en  totalité  ou  «^n  partie,  comme  chaleur  sen- 
sible, selon  qu'elle  a  été  plus  ou  moins  complètement  dépensée  en 
travail. 

T.  —  L'expérience  rend  extrêmement  probable  que  le  dégagenpient  de 
l'énergie,  dans  la  machine  animale,  est  dû,  sinon  en  totalité,  du  moins 
pour  la  plus  grande  partie,  à  des  phénomènes  de  dissociation  ana- 
logues à  ceux,  qui  se  passent  dans  les  fermentations  proprement  dites, 
attribuées  à  l'activité  des  organismes  cellulaires  dits  ferments  figurés. 
Eu  présence  des  éléments  anatomiques,  des  globules  sanguins  en  par- 
ticulier, les  principes  immédiats  du  plasma  sont  dissociés,  aban^ 
donnent  de  l'acide  carbonique  et  sans  doute  aussi  d'autres  composés, 
qui  empruntent  de  l'oxygène  à  l'hémoglobine  pour  se  constituer  et 
cèdent  leur  énergie  aux  éléments  musculaires,  qui  la  manifestent 
ensuite  sous  forme  de  travail  en  se  contractant,  ou  bien  au  sang  lui- 
même  pour  l'entretien  de  la  chaleur  animale.  Ces  dissociations, 
dédoublements  ou  mutations,  effectués  avec  le  concours  de  l'oxygène 
de  l'hémoglobine  et  qui  sont  évidemment  impossibles  sans  lui,  déga- 
gent des  quantités  d'énergie  considérablement  plus  fortes  que  celles 
qui  pourraient  résulter  des  simples  combustions,  et  rendent  ainsi 
compte  de-i  phénomènes  mécaniques  et  calorifiques  de  l'organisme. 

8.  —  Il  ne  paraît  donc  pas  y  avoir,  dans  l'économie  animale,  de 
véritables  combustions,  et,  en  tout  cas,  point  de  combinaison  entre  le 
carbone  des  principes  immédiats  et  l'oxyi^ène  respiratoire,  donnant 
de  l'acide  carbonique  et  dégageant  de  la  chaleur,  qui  serait  la  source 
du  travail  musculaire.  L'acide  carbonique  du  sang,  du  moins  pour 
mae  forte  partie,  sinon  pour  la  totalité,  se  dégage  comme  tel  de  ses 
combinaisons  organiques,  en  même  temps  que  l'énergie  constituante 
de  celles-ci,  en  tant  qu'énergie  mécanique.  Cette  dernière  a  sa  source 


292  SUR  LA  SOURCE  DU  TRAVAIL  MUSCULAIRE. 

principalement,  sinon  exclusivement,  dans  les  principes  immédiats 
albuminoïdes,  les  moins  combustibles  de  tous,  mais  aussi  les  plus 
complexes.  Ce  n'est  pas  à  tort,  pour  ce  motif,  que,  d'après  l'observa- 
tion et  l'expérience,  ils  ont  été  qualifiés  (ïaliments  de  force,  par  les 
auteurs  qui  se  sont  occupés  scientifiquement  de  l'alimentation. 

A.  Sanson. 

LE  RENDEMENT  DU  BLÉ 

DANS    LA    HAUTE-GARONNE    ET    LE    TARN 

Je  voudrais  confondre  dans  une  note  unique  quelques  renseignements  sur  la 
récolte  du  blé  dans  la  Haute-Garonne  et  le  Tarn,  départements  qui  se  touchent; 
ils  paraissent,  du  reste,  au  point  de  vue  de  l'envahissement  du  phylloxéra,  conserver 
de  bons  rapports  de  voisinage. 

Cette  contusion  est  impossible,  il  est  même  très  peu  aisé  à  l'heure  actuelle 
de  dire  que  la  moyenne  dans  la  Haute-Garonne  sera  de  16  hectolitres  à  l'hectare, 
dépassant  de  2  hectolitres  la  moyenne  que  nous  donnaient  les  grandes  statistiques. 
QueL|ues  agriculteurs  traitent  avec  un  certain  dédain  ceux  qui  au  lieu  de  dire  :  la 
récolte  est  t)onne,  excellente,  mauvaise,  veulent  traduiie  le  renseignement  par  un 
chiffre.  Ce  derrier  mode  de  procéder  est  plus  précis,  il  indique  une  réalitédilficileà 
atteindre,  je  le  veux  :  il  n'y  a  nul  péril  à  agir  ainsi.  Ce  qui  rend  l'appréciation  diffi- 
cile c'est  l'extrême  variation  que  l'on  constate  dans  un  très  faible,  rayon,  c'est  la 
donnée  meilleure  que  d'ordinaire  dans  de  mauvais  sols;  tandis  que  tel  domaine  à 
haut  rendement,  a  au  contraire  une  gerbe  ti  es  volumineuse  et  ne  laissant  échcipper 
sous  les  coups  du  batteur  que  peu  de  grains. 

Le  brouillard  est  cause,  assure-t-on,  de  ce  maigre  résultat.  Nos  blés  avaient 
été  un  peu  éprouvés  par  l'hiver,  tels  pieds  semés  et  implantés  trop  à  la  surface 
onlpéii,  les  voisins  ont  profité  de  l'air  et  de  l'espace  qui  leur  était  abandonné  ; 
ils  ont  pris  un  très  grand  développement  herbacé,  l'épi  a  été  longtemps  à  mûrir, 
des  ondées  sont  venues,  soumettant  cette  partie  fragile  et  précieuse  de  la  plante  à 
des  alternatives  d'humidité  et  d'insolation  funestes.  Je  connais  des  champs  dont 
la  moyenne  est  20  hectolitres  à  l'hectare,  l'hectolitre  pesant  76  kilogrammes, 
qui  cette  année  donnent  15  hectolitres,  du  poids  de  72  kilogr. 

Si  notre  moyenne  en  blé,  en  céréales  d'hiver,  n'est  guère  supérieure  aux  temps 
ordinaires,  nos  maïs  nous  donneront  un  très  beau  rendement,  leur  récolte  est 
assurée.  Nos  cultivateurs  pourront  commencer  à  se  remettre  des  pri\ations  de 
toute  nature  que  les  calamiteusv  s  dernières  am  ées  leur  ont  imposées. 

Nos  marchés  aux  bestiaux,  nos  foires  se  ressentent  de  ce  douloureux  passé,  il 
se  fait  peu  de  transactions.  Celles  que  l'on  peut  conclure  se  foi)t  à  bas  prix,  peu 
réniunér^trices;  notre  disette  fourragère  en  est  aussi  en  partie  la  cause.  On  nous  a 
bien  parlé  de  mais  fourrages;  certes,  si  l'on  transformait  tels  champs,  portant 
maïs,  en  ressources  alimentaires  pour  nos  bestiaux  par  les  excellents  procédés  que 
nos  agronomes  nous  ont  indiqués,  la  disette  se  changerait  en  aboodan.e.  Il  y  a  un 
obstacle  à  ce  mode  de  faire  :  on  a  semé  le  maïs  pour  la  vente  et  non  pour  autre 
chose,  parce  que  l'on  sait  que  le  chai  p  qui  a  [lorté  cette  culture,  est  grevé  pour 
longtemps  d'une  stérilité  notable,  pour  le  blé  surtout;  il  faudrait,  pour  effacer  la 
trace  de  cette  culture,  des  engrais  appropriés,  des  travaux  spéciaux  ;  on  ne  possède 
ni  engrais,  ni  outils  II  y  a  beaucoup  à  f  .ire  pour  éclairer  les  cuhivateurs  sur  l'uti- 
lité, la  possibilité  d'ace  mplir  cette  réforme. 

Dans  le  département  du  Tarn,  la  moyenne  en  blé  sera  supérieure  à  la  don- 
née ordinaire.  Les  renseignements  que  j'ai  pu  prendre  m'en  donnent  l'assurance, 
belle  îécolte  et  bonne  récolte. 

Si  je  donne  pour  les  céréales  cette   note  heureuse,  il  n'en  pourra  être  de  même 

Eour  une  autre  culture  qui  a,  dans  le  département,  une  autre  importance  :  celle  de 
i  vigne.  La  récolte  pendante  est  sans  nul  doute,  très  belle;  on  peut  apprêter, 
comme  dit  le  proverbe,  lonnfs&i  è  vrrt/v  elle  sei-a  excellente  comme  qualité.  La  pluie 
est  arrivée  à  1  heure  voulue  pour. que  l'élaboration  de  la  sève  s'accomplisse  avec  la 
lenteur  voulue,  pour  apporter  aux  raisins  les  sucs  qui  donnent  aux  vins  leurs 
qualités  précieuses.  Le  revers  de  la  médaille  estla  découverte  incessante  de  l'ia- 
secte,  du  puceron,  de  l'ophidien  :  on  en  trouve  partout.  Ce  n'est  plus  parle  traite- 
ment d'une  tache  isolée  qu'il  faudra  bientôt  procéder  ;  ce  sera  fensemble  du 
vignoble  qu'il  faudra  désinfecter,  si  ce  n'est  pour  anéantir  le  parasite,  tout  au 
moins  pour  modérer  son  ardeur  dévastatrice.  A.  de  Puy-Montbrun. 


LA  PRIME  D'HONNEQR  DES  PYRÉNÉES-ORIENTALES.  293 

LA  PRIME  D'HONNEUR  DES  PYRÉNÉES-ORIENTALES -III 

M.  Alaherl.  —  En  nous  vendant  chez  M.  Alabert,  à.  Prades,  nous  laissons  en- 
core derrière  nous  la  Salanque,  caractérisée  par  i'atiplex  alimus  et  le  tamaris, 
enrichie  par  les  débris  organiques,  granitiques  et  calcaires  descendus  des  mon- 
tagnes; nous  laissons  Pia,  visitée  le  17  juillet  1787  par  Arthur  Young,  et  Rive- 
saltes  qui  n'était  du  temps  du  célèbre  voyageur  qu'un  village  à  vin  renommé.  La 
valeur  des  terres  arrosées  était,  à  Pia,  de  1,980  francs  et  des  terres  non  arrosées 
1,180  francs;  la  rente  de  ces  dernières  de  58  francs. 

Aujourd'hui,  et  d'après  les  renseignements  que  je  dois  à  M.  le  maire  de  Pia,  la 
terre  arrosée  vaut  4,5û0  francs,  la  terre  non  arrosée  3,000  francs;  la  rente  fixe 
des  terres   arrosées  est  de  200  francs,  et  des  terres  non  arrosées  de  120  francs  ^ 

Jusiu'à  Prades,  sur  les  bords  de  la  Tet,  nous  accompagnent  les  arbres  frui- 
tiers renommés  et  entre  autres  les  pêchers  d'Ile,  les  riches  assolements,  les  lieux 
de  transhumance  pour  l'hiver,  les  arbres  fruitiers  renommés,  les  oliviers.  Prades 
enhn  apparaît'....  Capitale  du  Gonflans,  elle  est  le  pendant  de  la  vallée  de  Palalda; 
mais  plus  riche,  elle  est  le  joyau  du  département.  C'est  le  centre  de  ce  système 
d'irrigations  à  la  fois  le  plus  simple,  le  plus  curieux,  le  plus  intéressant  à  étudier. 
Il  faut  descendre  à  pied  de  Montlouis  à  Perpignan  pour  se  faire  une  idée  de  ses 
splendeurs! 

Simple  cultivateur,  travaillant  de  ses  bras,  M.  Alabert  a  pour  toute  fortune 
une  famille  composée  de  neuf  enfants,  deux  garçons  et  sept  filles,  pour  faire 
marcher  son  exploitation,  quelques  outils  et  trois  paires  de  bœufs  qui  travaillent 
à  tour  de  rôle,  pâturent  en  liberté  sur  les  regains  de  prés  ou  mangent  le  plus 
souvent  les  foins  grossiers,  devenant  à  la  fois  animaux  de  rente  et  de  travail. 

Mais  telles  sont  les  conditions  qui  entourent  l'exploitation  que  les  circon- 
stances les  plus  favorables  semblent  s'y  être  réunies.  —  L'eau  en  abondance 
comme  nulle  part  est  à  peine  mesurée  aux  cultivateurs  ;  le  sol  est  foncièrement 
fertile,  la  main-d'œuvre  sulhsante;  un  chemin  de  fer  et  des  routes  bien  entrete- 
nues assurent  la  prospérité  de  l'agriculture.  Aussi,  la  rente  y  est-elle  à  un  taux 
élevé.  — Notre  concurrent  paye  3,780  francs  pour  12  hectares  60. 

Ce  que  nous  avons  de  plus  intéressant  à  constater  dans  cette  petite  exploita- 
tion, c'est  le  mode  de  faire  valoir  :  notre  concurrent  vend  le  plus  souvent  la  plus 
grande  partie  de  ses  pailles  et  de  ses  fourrages  et  achète  l'engrais  qui  lui  est  né- 
cessaire. 

Les  circonstances,  a  dit  M.  Dombasle,  font  seules  les  bons  systèmes  de  cul- 
ture et  vouloir  réduire  la  bonne  agriculture  à  l'adoption  de  tel  ou  tel  assolement, 
de  tel  ou  tel  bétail,  de  telle  ou  telle  pratique,  c'est  ignorer  complètement  la  portée 
de  l'art. 

Nous  le  savons,  la  viticulture  s'emparant  des  terres  de  bonne  qualité  a  rehaussé 
considérablement  la  valeur  de  la  luzerne,  elle  en  a  fait  une  culture  industrielle  ;  la 
valeur  de  la  paille  a  suivi  le  même  mouvement. 

Il  y  a  donc  le  plus  souvent  dans  le  cas  de  M.  Alabert,  intérêt  à  faire  de  l'argent 
immédiatement  réalisable,  sans  passer  par  ces  aléas  qu'entraîne  le  bétail. 

D'ailleurs  M.  Alabert  connaît  son  métier,  il  a  été  et  il  est  encore  engraisseur  au 
besoin;  il  suit  sur  les  marchés  la  hausse  et  la  baisse  de  la  luzerne  comme  il  suit, 
en  même  temps,  la  hausse  et  la  baisse  du  bétail,  toujours  tout  prêt  à  subordonner 
son  exploitation  aux  circonstances. 

Quelques  détails  nous  donneront  l'idée  de  cette  culture  : 

La  petite  exploitation,  avons-nous  dit,  comporte  12  hectares  60;  la  moitié  de 
cette  étendue  est  consacrée  aux  prairies  artificielles  et  naturelles  ;  l'autre  moitié  est 
soumise  à  l'assolement  biennal  où  figurent  la  première  année  les  pommes  de  terre 
et  les  haricots  et,  la  deuxième  année  le  blé,  l'avoine  avec  cultures  intercalaires  de 
maïs-grains,  de  fourrages  d'hiver,  trèfle  incarnat,  lupin  et  vesces. 

La  luzerne-fourrage  de  choix  et  la  paille  sont  portées  à  Prades. 

Les  fourrages  d'hiver,  lupin  et  trèfle  incarnat,  très  renommés  dans  la  région  de 

1.  C'est-à-dire  que  la  valeur  a  augmente  de  plus  du  d  .uble  depuis  Arthur  Young.  Mais  c'est 
depuis  une  vingiame  d'années  qu'a  eu  lieu  surtout  l'aujmenlaiion,  et  si  le  piiylloxera  ne  nous 
envahit  pas,  dit  M.  le  maire  de  Pia,  le  fermage  et  ia  vente  augmenteront  encore  prodigieusement. 
De  son  côté,  M.  Malè^fue  m'a  dit  en  parlant  des  girrigues  de  Pé/.ilta  que  les  ter-es  non  arrosables 
s  étaient  accrues  de  plus  d'un  tiers  uans  leur  valeur  depuis  vingt-cinq  ans,  et  qu'aujourd'tiui  oa 
n'en  veut  plus  en  présence  du  phylloxéra  ;  que  les  terres  à  l'arrosage  valent  au  contraire  de 
0,000  à  6,000  fr.,  et  qu'on  les  loue  à  "ilO  fr. 


294  LA  PRIME  D'HONNEUR  DES  PYRÉNÉES-ORIENTALES. 

Prades,  sont  vendus  sur  place  à  raison  de  300  francs  l'hectare  aux   troupeaux  qui 
descendent  en  transhumance  d'hiver  et  qui  laissent  leur  iumier. 

Le  cham[)  destiné  aux  pommes  de  terre  est  alïermé  tout  préparé  ce  fumé  à  rai- 
son de  3  Irancs  l'are  à  des  particuliers, 

Le  bétail  de  la  ferme  consomme  le  foin  de  pré  et  les  pâturages  de  ce  pré,  les 
tiges  de  maïs  cultivés  pour  grains,  les  fanes  de  haricots. 

Toutes  les  autres  denrées  enfin,  sauf  la  j)rovision  du  ménage,  sont  vendues 
comme  le  seront  les  bœufs  quand  ils  auront  fourni  six  mois  ou  un  an  de  travail, 
itilisé  les  foins  non  vendables  et  se  seront  engraissés  à  ce  régime  sous  l'iniluence 
l'un  travail  très  modéré  et  très  hygiénique. 

Le  chiffre  de  la  production,  en  ramenant  les  denrées  au  foin  de  pré  sans 
compter  le  b'é  et  les  haricots,  est  de  70,000  kilog.  environ,  il  n'est  consomme 
que  35,00u  kilog.;  le  déficit  qui  résulte  de  l'expurtation  est  comblé,  d'une  part, 
par  l'achat  du  luinier,  et  de  l'autre,  par  l'araélioiation  qu'apporte  toujours  la 
luzerne  en  rentrant  dans  la  rotation.  Une  chose  l'attesterait  encore  mieux  que 
tous  les  calculs  établis  dans  mon  rapport  à  M  le  ministre,  c'est  la  vue  des  cul- 
tures luxuriantes  que  nous  avons  rencontrées  chez  M.  Alabert.  La  théorie  d'ail- 
leurs juste  des  chiffres    doit    se   taire    ici    devant    la   démonstration   pratique 

Voyons  la  comptabilité  ;  elle  est  bien  simple  !  D'un  côté  les  recettes  :  ventes  de 
denrées;  de  l'autre,  les  dépenses,  parmi  lesquelles  figurent  à  côté  des  avances  à  la 
culture  les  dépenses  d'entretien  delà  famille,  en  vêtements,  chaussures,  etc.,  etc. 
A  la  fin  de  l'année,  il  y  a,  bon  an  mal  an,  un  excédent  do  recettes  de  1,003  à 
1,200  francs  environ,  ce  sera  l'épargne  delà  famille! 

Tel  est  le  résultat  financier!  Ainsi,  chose  digne  d'intérêt,  onze  personnes  de  la 
même  famille  vivent  et  sont  entretenues  sur  une  petite  ferme  bien  chèrement 
affermée  ;  c'est  à  peine  si  elle  dépense  600  francs  pour  louer  une  machine  à  battre 
et  se  faire  aider  dans  le  courant  de  Tannée  par  la  msin-d'œuvre  étrangère! 

L'union  de  tous  est  parfaite  dans  l'affection  et  le  travail;  le  fils,  exeirpté  de  la 
conscription  comme  soutien,  vint  se  ranger  volontairement  sous  nos  drapeaux  à 
l'époque  de  nos  malheurs! 

Quand  on  rencontre  de  tels  sentiments  chez  un  des  membres  de  la  famille,  on 
ne  doit  pas  s'étonner  de  l'union  qui  existe  chez  les  autres,  ni  du  succès  de 
l'entreprise! 

M.  Alabert  passe  pour  un  bon  cultivateur  dans  la  plaine  de  Prades  ;  montrant 
l'exemple,  il  a  dit  à  sa  famille,  comme  ce  laboureur  si  cher  à  notre  enfance  : 
«  Travaillez,  prenez  de  la  peine,  c'est  le  fonds  qui  manque  le  moins.  »  Et  cette 
famille  a  répondu  à  la  voix  du  père;  elle  a  travaille,  elle  a  réussi!  M.  Alabert  appar- 
tient donc  à  cette  catégorie  de  petits  fermiers  si  nombreux  dans  la  plaine  de 
Prades  qui  luttent  dans  l'ombre,  et  que  la  Commission  a  voulu  mettre  en  relief  en 
attribuant  à  notre  concurrent  un  prix  cultural.  Il  est  le  seul  fermier  qui  se  soit 
présenté  dans  cette  catégorie. 

M.  Denis  Hainaut.  —  Le  domaine  de  l'Eûle,  qu'il  nous  reste  à  parcourir,  fut 
acheté  en  1838  par  le  père  de  M.  Denis  Hainaut,  au  prix  de  70,00iJ  francs  pour 
90  hectares.  Il  est  situé  près  de  Solers,  à  9  kilomètres  de  Perpignan, 
p.  Réduit  aujourd'hui  à  60  hectares  d'un  seul  tenant,  par  suite  d'un  partage  de 
famille,  ce  domaine  était  autrefois,  disent  les  contemporains,  une  dépendance 
très  négligée  d'un  bien  de  mainmorte,  une  sorte  de  lande  en  partie  marécageuse, 
un  rendez  vous  de  chasse  au  marais. 

Sur  les  parties  hautes  silico-argileuses,  essentiellement  perméables  et  sèches, 
où  se  trouvent  aujourd'hui  les  vignes,  on  faisait  la  culture  biennale,  blé,  jachère 
sans  arrosagcî,  bien  que  le  domaine  eiàt  droit  à  une  source  obstruée  dont  je  par- 
lerai tout  à  l'heure.  Le  blé,  dans  ces  conditions,  ne  rapportait  que  10  liectolitres 
à  l'tiectare. 

Mais  sur  les  parties  basses,  tourbeuses,  effaçant  l'empreinte  du  pied  où  est  la 
culture  arable,  poussaient  les  herbes  des  terrains  insalubres,  les  joncées,  les  re- 
nonculacées,  les  équisétacées,  et  quand  on  y  envoyait  paître  des  bœufs  ou  des 
moutons,  ceux-ci  étaient  atteints  le  plus  souvent  et  périssaient  de  la  pneumonie. 

C'est  M.  Hainaut  père  qui,  de  compte  à  demi  avec  M.  Cuillier,  propriétaire  de 
la  ferme-école  alors  dirigée  par  M.  Labau,  fit  le  grand  canal  de  dessèchement 
mitoyen  entre  i'Eûle  et  Germainville,  et  marqua  ainsi  la  première  amélioration. 

Le  fils  revendique  cet  honneur  pour  la  mémoire  de  son  père.  Cette  revendica- 
tion est  d'autant  plus  honorable  qu'il  en  dirigea  lui-même  les  travaux. 

Cependant,  l'assainissement  obtenu  par  ce^'grand  canal  qui  mesure  900  mètres 


LA  PRIME  DHCNNEUa  DES  PYRÉNÉES-ORIENTALES.  295 

de  longueur,  sur  7  de  francs  bords,  5  de  plafond  et  l"\2b  de  profondeur,  et  dont 
les  eaux  en  s'écoulant  par  une  pente  naturelle  ont  enrichi  les  communes  infé- 
rieures de  Soîers  et  de  Toulouse,  eût  été  bien  insuffisant....  si  notre  concurrent 
n'eût  fait  un  autre  canal  de  1,100  mètres;  s'il  n'eût  encore  entouré  sa  propriété 
de  larges  fossés;  s'il  n'eût,  sous  ses  terres,  établi  des  drains  en  pierres,  venant 
aboutir  à  ces  canaux,  à  ces  fossés;  car  alors  seulement  s'est  manifesté  le  triomphe 
de  la  culture  sur  la  végétation  marécageuse,  à  mesure  que  les  eaux  s'en  allaient 
plus  abondantes  et  de  plus  en  plus  enrichissaient  les  communes  inférieures. 

Mais  en  présence  d'un  résultat  déjà  si  considérable,  il  y  avait  encore  beaucoup 
à  faire!  ...  M.  Hainaut  heureux  dans  sa  pre;i3ièie  entreprise,  pouvait-il  en  eS'et  se 
contenter  de  l'assainissement?  laisser,  sous  un  ciel  brûlant,  toutes  ses  eaux  de 
drainage  aller  ainsi  à  la  dérive  sans  utilité  pour  ses  terres  ? 

Pouvait-il,  notre  concurrent,  comme  ses  prédécesseurs,    subir  la  sécheresse  et 
oublier  encore  cette  source  obs:  ruée  dont  j'ai  parlé  et  quilui  doit  les  5/7  de  son  eau  ? 
Non  !  se  servir  des  eaux  de  drainage  et  reprendre  sa  source,   c'était  là,  au  con- 
traire, son  idée  fixe  ! 

Et  il  ne  devait  pas  hésiter  à  consacrer' encore  des  fonds  au  service  de  cette  idée  ! 
Pour  retrouver  sa  source,  il  alla  jusqu'à  drainer  un    domaine    limitrophe   de  sa 
propriété  ;    l'eau    vint   doublement    abondante  par    ce   nouveau    drainage   et   la 
source  dégagée  s'ajouter  aux  premières  eaux  d'égouttement. 

11  fit  refluer  ces  eaux  à  l'aide  d'une  écluse  vers  un  grand  canal  collecteur 
creusé  sur  la  partie  basse  delà  propriété,  partageant  celle-ci  en  deux  dans  le  sens 
de  la  longueur,  et  là,  à  l'origine  du  collecteur,  des  vannes  de  captation  élevèrent 
les  eaux  jusqu'aux  parties  les  plus  hautes  de  souterrain,  laissant  les  quantités  d'eau 
nécessaires  aux  parties  basses  du  domaine  suivre  le  fond  du  grand  collecteur  et 
aller  dans  un  lac  d'un  demi-hectare,  tout  près  des  bâtiments,  se  reposer,  s'amé- 
liorer pour  l'arrosage. 

Tel  a  été  le  passé  de  cette  exploitation  avec  Tœuwe  doublement  remarquable 
de  l'assainissement  et  de  l'arrosage  combinés  à  une  époque  où  la  découverte  de 
John  Read  produisait  un  tel  engouement  que  le  mot  drainage  remplaçait  le  mot 
français  assainissement,  que  le  gouvernement  édictait  des  lois  d'encouragement, 
que  les  meilleurs  écrivains,  à  la  tête  desquels  était  M.  Barrai,  mettaient  leur 
plume  au  service  du  drainage,  que  ]\L  Hervé  Mangon  estimait  à  7  millions 
l'étendue  des  terres  auxquelles  on  pourrait  appliquer  le  drainage,  et  que  celui-là 
passait  pour  un  agriculteur  émérite  qui  drainait  quelques  arpents  ou  savait  simple- 
ment aux  autres  expliquer  cette  opération. 

Aujourd'hui,  messieurs,  toutes  'les  terres  de  l'Eûle  sont  nivelées,  assainies, 
toutes  les  cultures,  blé,  maïs,  pommes  de  terre,  etc.,  etc.,  sont  arrosées  avec  cette 
méthode  et  ce  savoir  que  possèdent  par  excellence  les  Roussillonnais. 

Les  conduites  d'eau  sont  en  briques,  tantôt  en  relief  sur  le  sol,  tantôt  dispa- 
raissant sous  terre  pour  porter  les  eaux  plus  loin,  et  toujours  munies  de  petites 
vannes  excessivement  simples  et  faciles  à  manier.  Le  débit  en  est  considérable, 
250  litres  à  la  seconde.  Il  y  a  ici  enfin  un  luxe  véritable  dans  lequel  on  est  tout 
surpris  de  constater  l'économie.  Le  blé  donne  de  20  à  25  hectolitres  à  l'hectare. 
Le  sol  est  enfin  désormais  conquis  à  la  culture  progressive  ! 

Les  bâtiments  de  ferme  remisa  neuf  et  agrandis,  la  bergerie,  les  hangars,  les 
greniers,  les  caves  à  côté  de  l'habitation  personnelle  de  M.  Hainaut,  présentent 
cet  espiit  d'ordre  et  de  libéralité  qu'on  rencontre  bien  rarement,  presque  jamais 
dans  les  fermes  du  Midi  :  M.  Hainaut  peut  y  logera  l'aise  400  bêtes  ovines,  20  à 
25  bœufs  ou  mulets,  2,000  hectolitres  de  vin,  tous  se"  instruments,  tous  ses 
grains,  et  manipuler  aisément  ses  engrais  dans  une  vaste  cour. 

Il  n'est  pas^  enfin  jusqu'aux  chemins  rrexploitation,  biea  établis  et  bordés 
d'arbres,  jusqu'aux  pièces  d'eau  rendues  utiles  et  jusqu'aux  ombrages  qui  ne  vien- 
nent s'harmouiser  et  faire"de  la  propriété  de  l'Eûle  un  séjour  aimable. 

Mais  si  l'on  recherche  aujourd'hui  sur  ce  domaine  quelques  traces  du  passé, 
les  prairies  assainies  n'en  ont  gardé  aucun  souvenir  !  Les  terres  en  jachère  plan- 
tées en  vignes  ne  regrettent  pas  pour  le  maître  le  blé  misérable  qu'elles  appor- 
taient! et  dans  ce  tableau  amoindri  que  je  viens  de  vous  présenter,  la  distance  du 
passé  au  présent  est  si  grande  qu'elle  mesure  déjà  le  mérite  du  candidat. 

Il  faut  aller  plus  loin  et  indiquer  encore  en  quelques  mots  les  progrès  de 
la  culture  amenés  par  cette  transformation  du  domaine  de  l'Eûle  : 

Nous  avons  vu  M.  Alabert  se  livrer  à  l'exportation  des  fourrages  et  contre-ba- 
lancer  cette  exportation  par  l'importation  d'engrais; 


296  LA  PRIME  D'HONNEUR  DES  PYRÉNÉES-ORIENTALES. 

M.  Goste  faire  de  l'élevage  et  souteoir  cette  spéculation  par  le  bétail  de 
parcours  ;  ^ 

M.  Malègue  s'appliquer  à  produire  le  plus  de  fumier  possible  par  l'engraisse- 
ment des  bœufs  et  obtenir  les  plus  beaux  rendements  ; 

Les  cultures  de  M.  Malègue  et  de  M.  Hainaut  ont  eu  toutes  deux  le  même  but... 
la  vigne  !  Cependant  toutes  deux  n'ont  pas  suivi  la  même  voie  dans  la  production, 
des  fumiers  par  exemple  ;  l'assolement  de  l'Eûle  n'a  pas  été  en  particulier  aussi 
intensif  que  celui  de  Pézilla.  A  Pézilla,  la  terre  avait  plus  de  valeur,  et  quoique 
ruinée  par  les  fermiers  sortants  cette  terre  avait  une  réserve  dont  M.  Malègue  a 
su  tirer  un  grand  parti. 

Il  faut  direbien  liaut,  en  considérant  les  succès  des  quatre  exploitations,  que  rien 
n'est  absolu  en  agriculture  et  que  la  raison  d'être  doit  partout  et  toujours  s'imposer 
aux  opérations  culturales,  caractérisée  ici  par  le  climat,  par  le  terrain  ;  ailleurs 
par  des  condiiions  économiques  particulières  ;  ailleurs  enfin  par  les  capitaux. 

C'est  la  science  de  l'économie  rurale  avant  la  science  des  plantes  qui  fait  le 
véritable  agriculteur;  c'est  le  jugement  qui  fait  sa  force. 

Nos  concurrents  sont  des  hommes  d'élite  en  agriculture  ! 

Chez  M.  Hainaut  :  17  hectares,  sont  consacrés  à  la  culture  arable,  14  aux 
prairies  naturelles,  29  à  la  vigne. 

La  culture  arable,  après  avoir  abandonné  le  système  très  extensif  du  début, 
présente  aujourd'hui  un  système  d'assolement  où  le  blé,  l'avoine  et  l'orge  se  rem- 
placent périodiquement  sur  la  même  sole  :  l'avome  prenant  la  place  du  blé,  la 
betterave  celle  du  maïs,  atténuant  ainsi  les  exigences  de  la  rotation,  avec  cultures 
intercalaires  de  trèfle  incarnat,  de  lupin,  et  rendement  de  20  à  25  hectolitres  de 
blé  au  lieu  de  10. 

Les  prairies  naturelles'et  artificielles  fournissent,  à  côté  des  dépaissances  écono- 
miques de  la  vigne,  de  bonnes  coupes  et  un  bon  pâturage  pour  le  gros  et  le  menu 
bétail. 

Le  menu  bétail,  lui  aussi,  comme  la  culture,  s'est  amélioré,  car  si  on  suit  la 
marche  ascendante  de  la  culture,  on  voit  au  fur  et  à  mesure  de  l'abandon  de  la 
jachère,  les  bêtes  ovines  ayant  moins  de  parcours  viser  à  la  viande  par  ces  essais 
de  croisements  toujours  difficiles  et  dont  il  est  question  dans  mon  rapport,  montant 
ainsi  cet  échelon  gui  devient  la  condamnation  acceptée  du  système  pastoral  ancien. 

On  voit  les  200  brebis  améliorées  aller  en  transhumance  d'été,  et  il  y  aurait  à 
dire,  car  transhumarceetperfectionnement  souvent  jurentensemble.  Les  southdowns 
des  dunes  anglaises  vivent  sur  des  pâturages  arides,  mais  trouvent  au  besoin  dans 
les  plaines  voisines  des  fourrages  abondants.  Les  montagnes  des  Pyrénées-Orien- 
tales sont  souvent  brûlées  par  le  soleil. 

On  voit  les  bœufs  enfin  achetés  et  remplacés  tous  les  ans,  après  une  période  de 
travail  suivi  d'une  période  d'engraissement,  s'accroître  en  nombre  et  progressive- 
ment avec  l'améhoration  du  sol,  mais  jouer  ici  etxlans  le  département,  au  milieu 
des  plus  belles  cultures,  le  rôle  de  bêles  déjà  usées  par  l'âge  et  le  travail, 

29  hectares  sont  plantés  en  carignans,  grenaches  et  mataros,  vignes  très  belles 
et  chargées  de  fruits. 

Le  carignan  est  le  vrai  plant  de  la  plaine  du  Roussillon  ;  le  grenache  ou  alicante, 
facile  à  couler,  est  plus  spécial  à  la  montagne';  le  mataro  est  enfin  au  Roussillon 
ce  qu'est  au  Languedoc  le  petit  Bouchet. 

M.  Hainaut  a  eu  recours  au  carignan  et  au  grenache  parce  que  leur  mélange  est 
sollicité  par  leurs  qualités. 

Si  le  carignan  est  plus  abondant  en  vin,  s'il  donne  plus  de  couleur,  les  qualités 
prime-sautières  du  grenache  sont  la  finesse  et  la  douceur  qui  corrigent  agréablement 
l'âpreté  du  carignan. 

Je  n'insisterai  pas  sur  cette  culture  primordiale  de  la  vigne  chez  M.  Hainaut, 
je  ne  vous  parlerai  pas  non  plus  du  phylloxéra,  si  ce  n'est  pour  vous  dire  que  notre 
concurrent  a  déjà  commencé  la  lutte... 

Mais  si,  opposant  encore  le  présent  au  passé  comme  je  l'ai  déjà  fait,  je  vous 
montrais  d'un  côtelés  fermiers  de  1848  s'adressant  à  M.  Hainaut  père,  lui  deman- 
dant la  résihation  d'un  bail  de  2,600  fr.  pour  les  terres  du  domaine  de  l'Eûle  et 
l'obtenant; 

Si  je  vous  montrais  de  l'autre  côté  M.  Hainaut  récoltant  70,000  fr.  de  vin  en 
1879,  sur  cette  même  propriété  dont  la  valeur  a  quintuplé  par  le  drainage  et  l'irri- 
gation, je  porterais  encore  plus  dans  vos  esprits  la  conviction  que  c'est  au  domaine 
de  l'Eûle  que  revenait  la  prime  d'honneur. 


LA  PRIME  D'HONNEUR  DES  PYRÉNÉES-ORIENTALES.  297 

Toutefoisla  lutte  a  été  vaillamment  soutenue,je  le  dis  bien  haut,  par  MM.  Malègue 
et  Goste  qui  se  sont  montrés  vraiment  supérieurs  dans  leurs  cultures. 

Je  n'ai  donc  pas  eu  tort,  messieurs,  de  vous  faire  pressentir  dès  le  début  que 
les  aspres  et  la  vallée  de  la  Tet  avaient  bien  mérité  dans  ce  concours. 

Emile  Mourret. 

SUR  LES  HIRONDELLES 

Bien  des  faits,  qui  passent  inaperçus,  amèneraient  d'intéressants 
résultais  s'ils  étaient  observés.  Ainsi  la  lettre  de  Mme  Camille  Raulx 
[Journal  du  7  août)  me  rappelle  qu'à  l'époque  oi^i  sont  parties  nos 
hirondelles,  26  ou  27  juin,  les  enfants  de  deux  de  nos  domestiquas 
ont  été  atteints,  les  uns  de  la  fièvre  scarlatine,  les  autres  d'angine, 
deux  maladies  contagieuses  qui  ont  enlevé  un  grand  nombre  d'entants 
dans  des  villages  aux  environs  de  Rittershof. 

Lorsque  les  hirondelles  sont  parties,  il  en  est  resté  deux  ou  trois 
paires  qui,  probablement,  avaient  des  œufs  et  qui  ont  amené  des  petits. 
Tous  les  soirs,  leurs  évolutions  au-dessus  de  la  cour  animaient  la 
ferme  ;  avant  hier  j'ai  remarqué  qu'elles  manquaient,  et  il  n'y  en  a 
plus  une  seule. 

Sont-ce  l'angine  et  la  fièvre  scarlatine  qui  ont  amené  ici  le  départ 
des  hirondelles,  comme  la  fièvre  typhoïde  à  Loup  mont?  — ■  Il  y  a 
dans  la  nature  bien  des  mystères  que  nous  ne  saurons  jamais  pénétrer. 

Je  crois  ces  faits  assez  intéressants  pour  être  livrés  à  la  publicité 
du  Journal  de  f  Agriculture,  et  j'aime  à  croire  que  d'autres  que  moi 
s'en  occuperont. 

On  m'écrit  d'Alger  que  les  hirondelles  en  sont  également  parties. 

F.    ViLLEROY. 

OBSERVATIONS  SUR  LE  COMPTE  RENDU  DU  GON(}RÈS 

DE  NIMES. 

Le  Journal  de  l'Agriculture  a  publié,  en  trois  fragments*,  une  étude  oià  j'ai 
essayé  de  répondre  aux  objections  que  l'honorable  M.  Planchon  avait  faites,  au 
congrès  de  Nîmes,  à  mon  exposé  de  la  question  de  l'œuf  d'hiver,  ce  «  tout  petit 
point  d'histoire  naturelle,  »  fort  délaissé  sans  doute,  mais  que  je  regarde  encore, 
avec  une  conviction  profonde,  comme  le  point  culminant  de  la  question  tout 
entière  du  phylloxéra  et  de  la  vigne. 

Le  compte  rendu  analytique  du  congrès  de  Nîmes  vient  de  paraître.  La  réponse 
de  M.  Planchon  y  est  analysée,  mais  les  objections  fondamentales,  celles  qui 
portent  sur  la  dégénérescence,  sur  la  nécessité  de  Yœuf  d'hiver  pour  maintenir  la 
fécondité  de  l'espèce,  ont  disparu  sans  laisser  de  traces.  Il  semble  alors  que  j'aie 
imaginé  à  plaisir  et  prêté  gratuitement  ces  objections  au  savant  professeur  pour 
me  donner  le  plaisir  facile  de  les  réfuter,  d'enfoncer  une  porte  ouverte.  Je  n'ai 
point  commis  une  supercherie  semblable  !  Tout  ce  que  j'ai  attribué  à  M.  Planchon, 
a  été  dit  par  lui  au  congrès  et  lui  appartient,  y  compris  les  élevages  de  phylloxéras 
en  tubes,  et  les  conséquences  qu'il  en  a  déduites.  M.  Planchon  avait  certainement 
le  droit  d'abandonner  ses  opinions  de  Nîmes;  il  n'avait  plus  celui  de  les  passer 
sous  silence. 

Cette  réclamation  ne  vise  nullement  MM.  les  secrétaires  du  congrès  :  saisir  au 
vol  y  analyse  d'un  discours  et  l'écrire  en  même  temps  offre  de  telles  difficultés,  que 
des  omissions,  des  inexactitudes  même,  seraient  inévitables,  si  on  ne  prenait  le 
soin  de  soumettre  la  rédaction  définitive  à  chaque  intéressé,  quand  il  ne  la  fournit 
pas  lui-même.  Or,  je  trouve  ici  la  marque  de  M.  Planchon  :  je  trouve  cité  le 
Bulletin  de  la  Société  des  agriculteurs  de  France,  dont  il  n'a  pas  été  question  à 
Nîmes,  Je  n'ai  pas  perdu  un  mot  des  explications  de  l'orateur,  et  je  n'ai  connu  ce 
bulletin  que  quelques  jours  après,  lorsque  mon  obligeant  contradicteur  l'a  mis 
spontanément  sous  mes  yeux.  On  couperait  court  à  des  difficultés  de  ce  genre,  — 

1.  20  décembre  1879,  p.  469  ;  3  janvier  1880,  p.  27;  10  janvier  1880,  p.  68. 


298     OBSERVATIONS  SUR  LE  COMPTE  RENDU  DU  CONGRÈS  DE  NIMES- 

à  d'autres  plus  graves  encore,  —  si  dans  les  congrès  à  venir  (deux,  au  moins,  sont 
prochains)  on  organisait  un  bon  service  sténographique. 

Verba  volant,  scri.pla  manent.  Les  discussions  orales,  bien  que  fort  utiles  en 
elles-mèraes,  n'auront  jamais,  je  le  crains,  l'autorité  des  discussions  écrites.  Pour 
les  questions  de  ce  genre,  la  tribune  par  excellence,  c'est  le  journal  agricole  ! 
L'auteur  étudie,  se  possède,  se  sent  responsable;  le  lecteur  compare,  réfléchit,  se 
sent  à  l'abri  des  surprises. 

Mais  j'entends  un  journal  où  toutes  les  opinions  sincères  sont  reçues  :  en  dehors 
de  cette  condition,  on  n'a  plus  les  bienfaits  d'une  publication  sérieuse  et  féconde; 
on  n'a  plus  que  les  vices  d'un  instrument  de  propagande  et  de  réclame. 

Prosper  de  Lafitte. 

LE  BROYAGE  DES  AJONCS 

Tout  le  monde  sait  que  l'ajonc  épineux  est  une  des  plantes  le 
plus  généralement  cultivées  dans  les  terres  granitiques  d'une  partie 
de  la  Bretagne  pour  donner  un  excellent  fourrage,  soit  aux  chevaux, 


Fig.  IP.  —  Broyeuse  d'ajoncs  système  Bodin. 


soit  aux  bêtes  bovines.  Pour  être  distribué  aux  animaux,  l'ajonc  doit  être 
pilé,  pour  deux  motifs  :  1°  pour  enlever  aux  tiges  leur  dureté;  2"  afin  de 
détruire  les  épines  qui  les  couvrent  et  blesseraient  les  muqueuses  de 
la  bouche.  Le  plus  généralement,  le  pilage  des  ajoncs  est  fait  dans  de 
grandes  auges  en  pierre,  à  l'aide  d'un  lourd  pilon.  Voici  trente  ans 
que  la  fabrique  des  Trois -Croix,  établie  près  de  Rennes  par  M.  Bodin 
père,  vend  des  instruments  destinés  à  remplacer  ce  travail  pri- 
mitif. Ces  appareils  ont  été  successivement  perfectionnés;  aujourd'hui 
ils  présentent  la  forme  que  montre  la  figure  19. 

Cette  broyeuse  d'ajoncs  est  formée  par  des  cylindres  dont  l'un 
porte  quatre  couteaux.  Les  ajoncs  passent  d'abord  entre  deux  cylin- 
dres-broyeurs très  rapprochés  l'un  de  l'autre,  qui  aplatissent  com- 
plètement les  tiges   en  les  désagrégeant.  Ils  se  présentent  ensuite  de- 


LE   BROYAGE  DES  AJONCS.  299 

vant  Je  cylindre  portant  les  couteaux  qui  les  hachent  à  des  longueur» 
très  réduites.  Les  épines  ont  été  tellement  écrasées,  que  la  main  qui 
presse  ces  ajoncs  broyés  ne  les  sent  plus  du  tout.  Les  ajoncs  ainsi 
broyés  n'ont  pas  besoin  de  subir  une  nouvelle  préparation  pour  être 
acceptés  par  les  botes  à  cornes,  et  d'un  autre  côté,  ils  ne  sont  pas 
trop  écrasés  pour  les  chevaux. 

Le  poids  de  cette  broyeuse  qui,  comme  le  montre  la  fii^ure,  est  mue 
à  bras,  est  de  240  kilog.  Son  prix  est  de  250  francs. 

L.  DE  Sarohiac. 

DOMAINE  ET  FROMAGERIE  DU  CHALET 

DANS   LE   DÉPARTEMENT  D'ILLE-ET-VILALNE. 

Depuis  quelques  années  l'industrie  fromagère  fait  des  progrès  en 
Bretagne  et  notamment  en  Ille-et- Vilaine.  Us  ont  été  lents  à  se  pro- 
«luire;  longtemps  la  Société  départementale  et  les  comices  ont  inscrit 
en  vain,  parmi  leurs  récompenses,  des  prix  à  la  fabrication  agricole 
du  fromage.  ^L  Bodin  père  établit,  il  y  a  trente  ans,  une  fromagerie  à 
l'école  des  Trois-Croix  ;  son  exemple  fut  suivi  par  un  de  ses  voisins, 
M.  Le  Hagre  aîné,  à  l'importante  ferme  de  Coëtlogon,  près  Rennes, 
Aujourd'hui  la  fabrication  du  fromage  demi-dur  a  pris  une  réelle 
importance  en  llle-et-Vilaine,  et  seconde  avantageusement  la  produc- 
tion laitière  qui  s'impose  dans  certaines  conditions  données  de  l'agri- 
culture du  pays.  En  dehors  même  des  débouchés  qu'offrent  toujours 
les  grandes  villes  aux  produits  bien  fabriqués,  les  populations  rurales 
prennent  peu  à  peu  goût  au  fromage  qui  remplacerait  avantageusement 
selon  nous,  le  beurre  défectueux  qu'on  rencontre  dans  les  fermes,  par 
suite  d'un  excès  de  sel  et. d'un  défaut  de  soins  dans  la  fabrication. 

On  a  justement  regretté,  lors  du  concours  de  Rennas,  qu'un  prix 
spécial  pour  les  fromages  n'ait  pas  fait  partie  des  récompenses,  et 
M.  Le  Chartier,  professeur  à  la  Faculté  des  sciences  de  Rennes,  s'est 
fait  l'interprète  des  exposants,  en  demandant  qu'à  l'avenir,  cette 
lacune  soit  réparée.  —  Il  n'est  pas  toutefois  probable  que  les  fruitières, 
pu  associations  fromagères  s'établissent  en  Bretagne.  On  ne  pourrait 
aisément  amener  les  fermiers  à  conduire  leurs  vaches  à  une  maison 
commune  afm  de  faire  transformer  leur  lait  en  beurre  ou  fromage 
par  l'intermédiaire  d'un  homme  habile,  aux  gages  delaSjciété.  Ces 
fruitières  ont  pu  être  une  heureuse  application  du  principe  de  l'asso- 
ciation pour  les  montagnards  du  Jura  qui  ont  été,  par  là,  conduits  à 
accroître  leurs  cultures  fourragères.  Les  exploitations  agricoles  ont, 
en  général  en  Bretagne,  trop  d'importance  pour  pouvoir  être  trans- 
formées en  ces  chalets  qu'on  aperçoit  aux  flancs  des  montagnes  de  la 
Suisse  et  du  Jura,  que  le  paysagiste  n'oublie  pas  dans  ses  tableaux,  et 
qui  servent  à  transformer  en  fromage  le  lait  des  vaches  de  la  contrée. 
Mais  une  ou  plusieurs  fermes  peuvent  s'entendre  pour  créer  une 
fromagerie;  ou  bien  encore  un  propriétaire,  comme  M.  Champion  à 
Feins  fllle-et-Vilaine),  exploitant  plusieurs  fermes,  peut  créer  une  . 
fromagerie  centrale,  et  y  convertir  en  fromage  le  lait  de  ses  vaches  ou 
de  celles  de  ses  voisins  lorsqu'une  bonne  fabrication  lui  donne  l'assu- 
rance du  débouché.  C'est  une  opération  analogue  à  celle  des  sucreries 
ou  des  distilleries  auxquelles  les  cultivateurs  apportent  leurs  betteraves 
et  remportent  leurs  pulpes,  et  l'on  ne  peut  dire  que  la  distillation  des 
betteraves  provenant  de  son  domaine  ou  de  celui  de  ses  voisins  ne 


300  DOMAIN K  ET   FROMAGERIE  DU  CHALET. 

soit  une  opération  agricole,  contrairement  à  ce  qui  a  été  objecté  pour 
la  fromagerie  centrale  de  M.  Champion.  Il  nous  semble,  au  contraire, 
qu'un  semblable  exemple  aurait  mérité  d'entrer  en  ligne  de  compte 
pour  la  grande  récompense  qui  n'a  pas  été  décernée  en  Ille  et- Vilaine; 
car  si  dans  le  Nord  les  sucreries  et  distilleries  agricoles,  par  la  culture 
de  la  betterave,  ont  conduit  à  des  rendements  maxima  de  céréales,  la 
fabrication  du  fromage  conduit  à  son  tour  à  une  production  fourragère 
d'aliments  moins  épuisante  que  celle  des  céréales,  dont  les  prix  sont 
du  reste  si  peu  rémunérateurs  aujourd'hui. 

La  spéculation  laitière  s'impose  même  dans  certains  pays  grani- 
tiques qui  ne  peuvent  produire  avec  avantage  ni  céréales,  ni  betteraves, 
sans  une  transformation  nécessaire  par  le  calcaire,  le  drainage,  et  les 
labours  profonds.  D'uilleurs,  il  ne  se  rencontre  que  trop  en  Bretagne  de 
sous-sols  imperméables  en  dehors  même  du  granit  que  couvre  trop  sou- 
vent un  sol  trop  maigre  pour  le  revêtir.  On  disait  il  est  vrai,  il  y  a  quel- 
ques années,  que  la  France  est  un  pays  essentiellement  producteur  de 
blé.  Mais  les  circonstances  climatériques  et  autres,  que  nous  subissons 
depuis  quatre  ans,  sont  bien  de  nature  à  faire  réfléchir  sur  le  point  de 
savoir  si  on  ne  devra  pas  retrancher  beaucoup  sur  l'assolement  de 
froment,  dont  la  production  n'est  plus  rémunératrice  et  dont  la  qualité 
s'est  trouvée,  ces  années-ci,  inférieure  à  celle  des  blés  exotiques. 

Il  semble,  à  ce  propos,  que  les  membres  de  certains  jurys,  ayant 
toujours  en  tête  la  culture  intensive  des  céréales,  l'assolement  de 
Norfolk,  et  la  production  d'une  tête  de  bétail  par  hectare,  ne  se  rendent 
pas  assez  compte  de  ce  que  l'agriculture  est  loin  d'être  soumise  à  des 
conditions  uniformes,  qu'elle  doit  être  appropriée  aux  conditions  du 
s'ol  et  du  climat,  que  pour  être  durable  elle  doit  être  avant  tout  profi- 
table, que  les  domaines  étendus  et  bien  constitués  de  la  Beauce  et  de 
la  Bi'ie,  exploités  par  des  fermiers  intelligents,  possédant  ou  trouvant 
le  capital  nécessaire  à  leurs  exploitations,  ne  se  retrouvent  pas  })ar- 
tout;  que  le  sol  du  bassin  calcaire  de  la  Mayenne  et  de  l'i^njou,  si 
favorable  à  la  production  d'animaux  qui  lui  empruntent  les  éléments 
de  leur  constitution  plastique,  ne  se  rencontre  pas  en  Bretagne, dont  le 
terrain  est  en  général  granitique. 

On  a  été  surpris  que  dans  un  département  comme  l'Ille-et- Vilaine 
où  l'initiative  agricole  a  été  grande  depuis  quelques  années,  la 
prime  d'honneur  n'ait  pas  été  donnée,  et  que  la  catégorie  des  exploitants 
directement  par  eux-mêmes,  n'ait  rien  obtenu.  Ce  fait  s'est  à  la  vérité 
reproduit  dans  les  concours  régionaux  de  l'année,  sauf  cinq,  et  ce 
résultat  ne  peut  provenir  d'un  mot  d'ordre,  mais  bien  d'idées  pré- 
conçues. I]  paraîtra  regrettable  que  dans  les  tristes  circonstances  oii 
se  débat  l'agriculture  les  récompenses  aient  été  ménagées  à  ceux  qui 
soutiennent  vaillamment  la  lutte. 

Le  domaine  du  Chalet  appartenant  à  M.  Champion  se  compose  de 
226  hectares  dont  120  sous  taillis,  landes,  bruyères  et  marais;  il 
reste  donc  106  hectares  consacrés  à  l'agriculture  sur  lesquels  12  hec- 
tares de  marais  ont  été  transformés  en  oseraies  cultivées  suivant  les 
essences  et  d'après  les  assolements  suivis  dans  la  Somme  pour  cette 
culture  qui  y  entre  toujours  en  ligne  de  compte  pour  les  produits  de  la 
terre,  avec  la  pisciculture  elle-même  pratiquée  dans  les  étangs  créés 
par  l'extraction  de  la  tourbe. 

En  dehors  des  bois,  pâtis  et  marais  qui  tiennent  eiicore  une  large 


DOMAINE  ET  FROMAGERIE  DU  CHALET.  301 

place  dans  cet  important  domaine,  le  terrain  est  granitique  et  schis- 
teux; mais,  pour  témoigner  combien  a  été  tourmentée  en  Bretagne 
l'époque  de  la  formation,  un  bassin  calcaire  s'est  rencontré  à  une 
grande  altitude  auprès  du  granit,  et  a  contribué,  par  l'exploitation 
qu'en  a  faite  M.  Champion  sur  une  large  échelle,  à  l'amélioration 
agricole  du  pays.  Depuis  quelques  années,  il  en  a  cessé  l'exploitation 
à  regret;  car  elle  avait  procuré  à  l'agriculture  des  45  communes  envi- 
ronnantes plus  de  100,000  mètres  de  carbonate  de  champ  agissant 
comme  diviseur  dans  les  terres  fortes,  et  leur  donnant  un  élément  qui 
leur  manquait.  La  guerre,  des  difficultés  plus  grandes  d'extraction, 
l'élévation  du  prix  de  la  main-d'œuvre,  l'y  ont  fait  renoncer.  On  sait 
quelle  a  été  l'influence  de  la  découverte  du  sablon  calcaire,  s'il  est 
vrai  que  l'abus  peut  en  faire  condamner  l'usage.  M.  Champion,  parvenu 
aux  fumures  d'élables,  rend  au  sol  le  phosphate  qui  lui  manque 'en 
stratifiant  de  phosphate  fossile  ses  fumiers  qu'il  arrose  de  purin  avec 
la  pompe  Noël.  Il  emploie  en  outre  le  guano  en  couverture  sur  ses 
blés  d'hiver  avant  le  roulage  et  le  hersage.  C'est  donc  un  propriétaire 
éclairé  pénétré  de  la  loi  de  la  restitution  au  sol  des  éléments  enlevés 
par  les  récoltes,  comme  de  ceux  qui  lui  manquaient  originairement. 
Par  ailleurs,  tout  en  bornant  ses  cultures  de  fourrages  et  de  céréales  à 
90  hectares  sur  226  lui  appartenant,  M  Champion  entretient  4  bœufs 
de  travail,  7  chevaux,  65  vaches  laitières,  2  taureaux  Durham 
purs  ou  croisés.  Ses  vaches  ont  été  ou  sont  achetées  chaque 
année,  aux  mois  d'août  et  de  septembre,  dans  les  foires  du  pays, 
ayant  lait  ou  prêtes  à  faire  le  veau  en  même  temps  que  celles  saillies 
de  novembre  à  janvier,  dans  les  étables  des  fermes  du  domaine,  de 
manière  à  ce  que  la  grande  production  du  lait  coïncide  avec  l'époque 
favorable  à  la  fabrication  du  fromage.  Il  engraisse  seulement,  et  vend 
à  la  fin  de  la  campagne  10  à  12  des  vaches  qu'il  ne  considère  pas 
comme  bonnes  laitières  ou  qui  sont  trop  âgées.  On  voit  que  la  spécula- 
tion laitière  est  le  pivot  de  l'entreprise  de  M.  Champion. 

Pendant  six  mois  d'hiver  la  stabulation  est  à  peu  près  complète,  et 
la  ration  de  chaque  vache  se  compose  de  5  kilog.  de  foin  et  de  paille 
mélangés  avec  25  kilog.  de  carottes,  de  betteraves  et  de  topinambours 
que  M.  Champion  cultive  sur  une  large  échelle  et  qui  ont  procuré  à 
ses  bestiaux  dans  le  rude  hiver  que  nous  avons  subi  une  nourriture 
fraîche,  les  choux  branchus  et  moelliers  cultivés  au  Chalet  ayant  été 
gelés.  L'ensilage  du  maïs  permet  également  à  M.  Champion  d'en 
ajouter  à  la  ration  journalière  à  laquelle  on  mêle  un  htre  de  farine 
d'orge  et  un  litre  de  son.  Une  briquette  de  sel  est  placée  dans  la 
crèche,  devant  chaque  vache.  Les  fourrages  verts  forment  le  reste  de 
Tannée  la  majeure  partie  de  la  nourriture. 

Propriétaire  d'un  domaine  important  de  226  hectares,  composé 
est  vrai  pour  une  grande  partie  de  taillis,  pâtis  et  marais,  M.  Cham- 
pion a  fait  élever,  il  y  a  dix  ans,  un  élégant  chalet  qu'il  destinait 
d'abord  à  un  terrain  qu'il  possède  à  Dinard  (cette  station  balnéaire 
qui  est  le  ïrouville  de  la  Bretagne),  non  loin  de  la  route  de  Feins  et 
entre  ses  deux  fermes  de  la  Bouessière  et  du  Mafay,  dont  il  n'a  eu  la 
jouissance  qu'au  1*' octobre  1874,  ses  efforts  d'amélioration  n'ayant 
porté  jusque-là  que  sur  la  ferme  de  la  Bouessière.  Jl  s'est  livré  sur  la 
ferme  de  Mafay  à  une  série  de  défriahements,  de  réunions  de  champs 
par  la  suppression  d'un  grand  nombre  de  fossés  et  de  drainages  cou- 


3.2  DOMAINE  ET  FROMAGER/E    DU  CHALET. 

verts  et  à  ciel  ouvert  qui  ne  se  sont  pas  élevés  jusqu'ici,   pour  ces 
deux  terres,  à  moins  de  25,000  mètres  pour  les  deux  fermes. 

Quoi  qu'il  en  soit,  il  pensa  que  la  spéculation  laitière  et  la  fabrica- 
tion du  fromage  étaient  le  véritable  but  à  donner  à  son  entreprise  agri- 
cole, et  en  septembre  1875,  il  fît  avec  Mme  Champion,  qui  a  pris  un 
vif  intérêt  aux  choses  rurales,  un  voyage  en  Normandie  pour  étudier 
la  question  des  beurres  et  des  fromages.  Du  riche  pays  du  Bessin,  où 
se  trouvent  les  fermes  les  plus  renommées  pour  la  qualité  du  beurre, 
il  se  rendit  dans  la  vallée  d'Auge  où  sont  établies  les  fromageries  qui 
fabriquent  le  Camembert,  fromage  excellent  et  qui  gagne  de  plus  en 
plus  dans  la  consommation.  A  son  retour,  il  établit  entre  ses  deux 
fermes  un  vaste  bâtiment  où  se  fabriquent  aujourd'hui  plus  de 
200,000  fromages  de  deux  qualités,  l'un  dit  fromage  du  Chalet, 
l'autre  fromage  de  Lucie,  nom  de  Mme  Champion,  qui  a  pris  la  direc- 
tion de  cette  intéressante  entreprise. 

Le  débouché  de  cette  fabrication  se  trouve  pour  moitié  en  Bretagne, 
et  pour  l'autre  à  Paris,  où  est  dirigée,  en  même  temps  que  les  fro- 
mages, une  fois  par  semaine,  une  petite  quantité  de  beurre  sans  sel 
qui  obtient  des  prix  de  3  fr.  50  et  4  fr.  le  kilog. 

Une  comptabilité  régulière  est  établie  pour  les  résultats  de  l'exploi- 
tation agricole  proprement  dite  du  Domaine,  et  un  autre  pour  la  fro- 
magerie à  laquelle  le  lait  est  livré  au  prix  de  0  fr.  15.  Ces  résultats 
ont  été  très  satisfaisants  puisque  les  deux  terres  de  la  Bouessière 
et  du  Malay  louées  en  1868  2,()50  fr.  produisaient  en  1877,  sous  la 
direction  de  M.  Champion,  10,(J98  fr.  95.  Il  est  vrai  que  les  années 
1878  et  1879  ont  donné  beaucoup  moins;  mais  nul  n'ignore  les  con- 
ditions climatéi'iques  qui  ont  pesé  sur  notre  agriculture  et  ont  dimi- 
nué les  rendements  et  la  qualité  des  céréales. 

La  fromagerie  a  donné  net,  en  1878,  4,520  fr.  43. 

La  valeur  vénale  du  sol  s'est  élevée  de  1,500  à  2,000  fr.  l'hectare 
pour  la  ferme  de  la  Bouessière  et  également  de  1,500  à  2,0'JO  fr.  pour 
la  ferme  du  Mafay. 

Nous  n'insisterons  pas  sur  la  mission  philanthropique  que  s'est 
donnée  M.  Champion  en  associant  un  ouvrier  comme  contre-maître 
à  ses  opérations  agricoles  et  lui  donnant  une  part  dans  les  bénéfices. 
C'est  toujours  un  stimulant  pour  les  collaborateurs.  Par  ailleurs, 
i>L  Champion,  en  dehors  même  des  logements  de  ses  deux  fermes,  et 
en  dehors  même  de  l'élégant  chalet  qu  il  habite,  a  construit  divers 
cottages  pour  ses  ouvriers. 

M.  Champion  a  été  longtemps  soutenu  dans  sa  mission  .agricole 
par  les  conseils  de  M.  Jamet,  nom  cher  au  Journal  de  l'Agriculture, 
agronome  auquel  les  pays  de  la  Mayenne,  de  rA.njou,  doivent  de  ne  pas 
l'oublier  et  dont  le  buste  domine  les  cultures  du  Chalet. 

A.     HE    Lu    MoflVONNAIS. 

TRIAGE  DES  GRAINS  DWPRÈS  LES  PROCÉDÉS  MAROT 

Tous  les  agriculteurs  connaissent  depuis  de  longues  années,  le  trieur 
de  M.  J.  Marot,  constructeur  à  Niort  (Deux-Sèvres).  Cet  instrument  a 
rendu  de  très  grands  services,  tant  pour  le  nettoyage  des  grains  des- 
tinés au  commerce  que  pour  la  préparation  des  semences.  D'ailleurs 
M.  Marot  a  toujours  travaillé  au  perfectionnement  de  son  instrument 
qui  jouit  d'une  si  grande  faveur  tant  auprès  des  cultivateurs  que  chez 


LE   TRIAGE   DES   GRAINS   D'APRÈS  LES  PROCÉDÉS  MAROT. 


303 


les  meuniers  et  les  brasseurs.  Nous  devons  signaler  aujourd'hui  une 
nouvelle  modification  dans  les  plaques  métalliques  qui  constituent  son 
trieur,  modification  destinée  à  assurer  la  séparation  complète  de  toutes 
les  natures  de  graines. 

La  plaque  métallique  est  percée  de  trous  ou  alvéoles  qui  servent 
au  passage  des  grains.  Pour  séparer  les  mélanges  de  graines  de  blé  et 
de  seï^le,  celles  d'orge  et  d'avoine,  M.  Marot  a  imaginé  de  perforer  ces 
alvéoles  hors  de  leur  axe.  Ce  nouveau  mode  de  criblage  oblige  les 
airains  longs  àpasser  par  un  trou  égal  à  leur  diamètre;  on  conçoit  par- 


Fig.  20.  —  Nouveau  trie;;'-  Mnrot. 

faitementce  résultat,  quand  on  examine  Japlaque  munie  de  ses  alvéoles 
qui  affectent  la  forme  d'un  véritable  entonnoir,  dont  l'entrée  est  trois 
fois  plus  grande  que  la  perforation.  En  outre,  afin  de  maintenir  les 
grains  pendant  la  rotation  de  la  plaque,  l'alvéole  est  élimée  sur  un  côté, 
dans  l'épaisseur  de  la  plaque,  de  manière  à  former  une  petite  cavité, 
dans  le  rebord  supérieur  affecte  l'apparence  d'une  sorte  de  crochet  ou 
de  dent. 

Il  n'est  pas  inutile  de  donner  quelques  détails  sur  l'agencement  des 
diverses  parties  du  trieur  Marot,  que  représente  la  fig.  20, 

Le  trieur  se  compose  d'un  cylindre  à  alvéoles  renfermé  dans  un  bâti 
en  bois.  Celui-ci  estsurmonté  d'une  trémie,  en  prolongement  de  laquelle 
se  meut,  au  moyen  d'une  roue  à  rochets,  un  petit  appareil  composé  de 
deux  cribles  inclinés.  Le  crible  supérieur  retient  à  sa  surface  toutes 
les  impuretés  et  les  grosses  graines  rondes;  le  crible  inférieur  laisse 
passer  les  ivraies,  les  menues  graines  ;  tout  ce  déchet  ce  réunit  dans  un 
tiroir,  placé  sur  les  traverses  du  bâti. 

Le  froment  suit  la  pente  des  cribles,  pénètre  au  moyen  d'un  enton- 
noir dans  le  cylindre;  au  centre  est  fixé  un  chenal  ou  dalle  dans  lequel 


304  LE   TRIAGE  DES  GRAINS  D'APRES  LES  PROCÉDÉS  MAROT 

roule  une  hélice  mise  en  mouvement  par  un  petit  engrenage.  La  pre- 
mière partie  du  cylindre  est  composée  d'alvéoles  d'un  diamètre  tel  que 
le  froment  et  les  graines  rondes  peuvent  s'y  loger  ;  dans  le  mouvement 
de  rotation,  le  contenu  de  ces  alvéoles  est  monté  dans  le  chenal,  tan- 
dis que  les  orges  et  les  avoines  que  leur  longueur  a  empêchées  d'y 
prendre  place,  suivent  la  pente  du  cylindre  et  viennent  s'écouler  par 
une  ouverture  ménagée  à  une  distance  calculée.  Le  froment  et  les 
graines  rondes  montées  dans  le  chenal,  sont  entraînés  par  l'hélice 
jusqu'à  une  section  correspondant  perpendiculairement  à  la  seconde 
partie  du  cylindre  ;  les  alvéoles  réduits  de  cette  seconde  partie  emma- 
gasinent les  seules  graines  rondes;  le  mouvement  de  rotation  les 
monte  dans  le  chenal  dont  l'hélice  les  expulse  à  l'extrémité  du  bâti, 
tandis  que  le  froment  exempt  d'avoines,  d'orges  et  de  graines  rondes, 
suit  la  pente  jusqu'au  trou  de  sortie. 

A  ce  mécanisme  vient  s'ajouter  le  nouvel  élément  d'un  crible  à 
alvéoles  perforés.  Le  froment  mêlé  au  seigle,  ou  l'avoine  à  l'orge,  après 
s'être  purgés  des  graines  rondes^  arrivent  en  sortant' du  premier  cylin- 
dre sur  une  enveloppe  en  métal  uni,  séparée  de  ce  cylindre  par  une 
lame  roulée  en  spirale  et  qui,  produisant  un  effet  analogue  à  celui  de  la 
vis  d'Archiuiède,  ramène  le  mélange  vers  une  ouverture  ménagée  à  sa 
partie  supérieure,  d'oii  il  tombe  sur  le  cylindre  à  alvéoles  perforés  qui 
recouvre  tout  l'appareil.  Le  seigle  ou  l'avoine  passent  au  travers  de  la 
perforation,  le  froment  ou  les  orges  s'écoulent  à  l'extrémité  du 
cylindre. 

Aux  grandes  récompenses  déjà  attribuées  au  trieur  Marot,  sont  venus 
se  joindre  en  1880,  les  premiers  prix  de  deux  concours  spéciaux,  aux 
concours  régionaux  de  Bar-le-Duc  et  du  Mans.  Le  premier  prix  lui  a 
été  aussi  accordé  au  concours  de  la  Société  agricole  de  Mantes,  dont 
nous  avons  rendu  compte.  Ce  résultat  se  comprend  facilement,  car  la 
nouvelle  combinaison  de  M.  Marot  augmente  dans  des  proportions 
très  considérables  la  rapidité  du  travail  en  évitant  les  reprises;  c'est 
un  perfectionnement  qui,  par  conséquent,  accroît  beaucoup,  au  point 
de  vue  pratique,  la  valeur  du  trieur  Marot.  Le  prix  des  trieurs  destinés 
à  l'agriculture  varie  de  200  à  320  fr,,  suivant  les  dimensions  et  le 
travail  exécuté.  M.  Marot  construit  aussi  des  trieurs  de  cuscute, 
dont  le  prix  varie  de  200  à  300  fr.  Quant  aux  trieurs  destinés  à  la 
meunerie  et  à  la  brasserie,  leurs  prix  varient  de  320  à  1,000  fr. 
suivant  le  travail  qu'ils  peuvent  faire.  Henry  Sagnier. 

CONSIDÉRATIONS  SUR  L'ËTIOLOdlE 

DE    LA    DISTOMATOSE    OU  CACHEXIE    AQUEQSE    DES   MOUTONS 

Il  n'est  pas  possible  de  chiffrer,  même  approximativement,  les  pertes  que  la 
cachexie  aqueuse  a  durant  les  deux  ou  trois  derniers  hivers  fait  subir  à  l'agriculture 
européenne.  Celte  maladie  particulière  aux  ruminants  cesse  d'être  commune  chez  les 
bêtes  bovines,  pour  lesquelles  la  stabulation  remplace  de  plus  en  plus  le  pâturage, 
mais  elle  est  encore  tnujours  d'une  fréquence  extraordinaire  chez  les  moutons ,  où 
elle  fait  périr  une  très  grande  partie,  presque  la  totalilé  des  troupeaux  qu'elle 
infecte.  C'est  à  son  influence  qu'il  faut  surtout  attribuer  la  diminution  qu'a  éprou- 
vée en  ces  dernières  années,  la  population  ovine  de  la  France  et  de  presque  toute 
l'Europe. 

Au  moment  où  nous  écrivons  ces  lignes,  on  constate  même  une  mortalité  tout 
extraordinaire  des  moutons  à  la  suite  de  la  cachexie  aqueuse,  que  pour  notre 
compte  nous  préférons  appeler  la  distomatose.  Le  Galkjnanis  a  récemment  parlé 
des  grandes  pertes  qu'occasionne  la  rot  dropsy  en  Angleterre,  et  surtout  dans  les 


SUR  L'ÉTIOLOGIE   DE  LA  CACHEXIE  AQUEUSE.  305 

contrées  occidentales  de  ce  pays,  où  la  population  ovine  est  horriblement  décimée. 
En  Allemagne  les  ydaintes  relatives  à  l'7i'_gc////u/e  ne  sont  pas  moindres,  et,  pour  ne 
parler  que  de  l'Alsace-Lorraine,  nous  pouvons  déclarer  que  90  pour  JOO  environ 
des  moutons  livrés  dans  ces  derniers  temps  aux  abattoirs  de  Metz,  Forbaoh,  Sarre- 
hourg,  Haguenau,  Strasbourg,  Schlestadt,  Goliuar  et  Mulhouse,  étaient  atteints 
de  la  cachexie;  que  dans  maintes  communes  où  il  y  avait  un  troupeau  de  250  à 
400  moutons,  l'on  ne  trouve  plus  à  l'heure  qu'il  est  que  quelques  individus.  Durant 
tout  l'hiver,  les  propriétaires  ont  vendu  à  vil  prix  ce  qu'il  y  avait  de  plus  fortement 
atteint  ;  ce  qu'ils  espéraient  sauver,  leur  échappe  en  ce  moment.  La  Société  nationale 
est  certainement  mieux  ri-nseignée  que  nous  sur  les  désastres  que  l'on  constate 
en  France,  et  qu'on  nous  dit  ne  le  céder  en  rien  à  ce  qui  arrive  en  Angleterre  ou 
en  Allemagne.  Les  pertes  sont  grandes  aussi  dans  la  Haute-Italie,  dans  certaines 
parties  de  l'Autriche,  en  Pplogne,  etc. 

Nous  voulons,  parla  présente  note,  appeler  sérieusement  l'attention  des  agricul- 
teurs et  surtout  des  éleveurs  sur  l'étiologie  réelle  de  cette  maladie,  telle  qu'elle  est 
établie  par  la  science,  et  nous  insisterons  sur  le  remède  qui  se  trouve  ainsi  naturel- 
lement indiqué.  Ce  que  nous  dirons  n'est  pas  nouveau  et  surtout  nous  ne  préten- 
dons pas  l'avoir  trouvé,  quoique  nous  en  ayons  déjà  parlé  dans  notre  dictionnaire 
de  médecine  vélérinaire  de  Hurlrel  d'Arboval^  et  cela,  il  y  a  déjà  quelques  années. 
Les  iaiis  scientifiques  que  nous  allons  rappeler,  et  que  nous-empruntons  à  divers 
zoologistes,  sont  trop  peu  connus  des  propriétaires,  trop  peu  connus  de  la  plupart 
des  vétérinaires  et  surtout  nullement  appliqués.  Nous  espérons  que  si  la  Société 
nationale  d'agriculture  de  France  approuve  nos  idées  et  les  conseils  excessive- 
ment simples  qui  en  résultent,  que  si  -à  son  tour,  elle  fait  connaître  le  système 
aussi  simple  que  naturel  de  combattre  la  distomatose  du  mouton  pour  ainsi  dire  à 
sa  racine,  nous  espérons  qu'alors  les  propriétaires  adopteront  nos  manières  de 
voir,  appliqueront  nos  idées  et  trouveront  l'heureux  résultat  qui  ne  peut  manquer. 

Si  nous  préférons  le  nom  de  distomatose,  à  celui  de  cacliexie  aqueuse,  ou  de 
"pourriture,  c'est  que  l'observation  rigoureuse  des  faits  prouve  que  la  maladie  est 
due  à  la  présence  dans  l'économie  de  divers  helminthes  du  genre  distome  :  ceux-ci 
se  logent  dans  les  canaux  biliaires  du  foie,  quelquefois  dans  le  vésicule  biliaire. 
C'est  de  là  que  vient  le  nom  de  douve  que  les  anciens  donnaient  avec  raison  à  la 
maladie,  celui  de  phtisie  vermineuse  du  foie  que  lui  donnait  Fromago  de  Feugré; 
M.  Wehenkel,  d'accord  avec  M.  Roell,  l'a  appelée  la  cachexie  iclèro -ver mineuse. 

Malheureusement  la  cachexie  n'a  pas  toujours  été  considérée  comme  une  maladie 
vermineuse  et  on  y  a  vu  trop  longtemps,  et  même  aujourd'hui  encore,  un  état  hy- 
dropique, une  simple  hydrohémie  avpc  anémie,  où  les  parasites  du  foie  seraient  un 
simple  accessoire,  un  accident.  Cette  opinion  admise  par  Paulet  et  Rozier,  a  été 
celle  de  Huzard,  Girard,  Hamont,  Fischer,  Delalond,  ainsi  que  de  M.  Reynal. 
L'opinion  de  Dupuy  et  de  Gasparin  qui  en  faisaient  une  maladie  miasmatique, 
n'ayant  pas  été  acceptée,  nous  ne  la  donnons  que  pour  mémoire.  L'opinion  que 
nous  soutenons  aujourd  hui  a  cependant  toujours  eu  des  adhérents  comme  Mortier, 
Guillaume,  Schaetier,  Waldinger  et  plus  récemment  MM.  Davaine,  Florance,  Ger- 
lach,  Leuckart,  Zûrn,  Lydtin,  etc. 

Nous  estimons  qu'aujourd'hui  cette  nature  intiine  du  mal  qui  nous  occupe  ne 
peut  plus  être  révoquée  en  doute  ;  on  ne  peut  plus  se  demander  si  les  distomes  sont 
causes  ou  effets.  Les  travaux  des  zoologistes  modernes  ne  laissent  plus  de  doute  à 
cet  égard.  Quand  on  voit  la  gale,  la  bronchite  vermineuse,  une  maladie  pai-a^i- 
taire  quelconque  des  ruminants,  s'accompagner  de  malaise  général,  de  cachexie,  à 
plus  forte  raison  l'infection  parasitaire  du  foie,  de  cet  organe  essentiel  pour  les 
fonctions  nutritives,  doit-elle  produire  des  désordres  plus  graves  et  amener 
une  altération  profonde  de  l'économie  et  de  toute  la  constitution. 

La  maladie  est  donc  due   essentiellement  à  l'invasion  des  canaux   hépatiques 

?iar  le  distome  hépatique,  plus  rarement  par  le  distome  lancéolé,  tous  deux  de  la 
amille  des  iremaforfe^.  Parfois  les  deux  espèces  de  distomes  existentensemble;  alors 
le  dernier,  à  cause  de  sa  petitesse,  pénètre  plus  avant  que  le  premier  dans  les 
canaux  biliaires  Leur  couleur  est  d'un  gris  verdâtre  ;  leur  forme  oblongue,  ovale 
ou  lancéolée;  la  longueur  du  distome  hépatique  varie  entre  30  et  40  millimètres; 
la  largeur  de  6  à  13:  le  distome  lancéolé  n'a  que  le  quart  de  cette  longueur  et  le 
tiers  environ  de  largeur.  Us  portent  deux  ventouses,  l'une  antérieure  ovale,  l'autre 
triangulaire,  située  sur  le  côté  près  de  la  première.  Le  tégument  du  distome  hépa- 
tique est  couvert  d'épines  plus  ou  moins  aplaties;  le  distome  lancéolé  a  le  tégu- 
ment lisse;  c'est  ce  qui  explique  pourquoi  le  distome  hépatique,  grâce  à  ces  armes, 


206  SUR  L'É'nOWGlE  ÛË  LA  CACHEXIE  AQUEUSE. 

produit  des  lésions  et  des  désordres  plus  forts  que  le  lancéolé.  Ces  distomes  sont 
ordinairement  en  nombre  considérable,  ec  souvent  les  conduits  hépatiques  en  sont 
comme  bourrés;  Delafond  en  a  compté  plus  de  cinq  cents  et  Dupuy  en  a  trouvé 
plus  d'un  millier  chez  un  seul  individu;  le  chiffre  ordinaire  est  de  cent  à  trois  cents. 
Ils  sont  enroulés  sur  eux-mêmes  en  cornet  dans  les  conduits  d'un  petit  calibre, 
aplatis  et  fortement  serrés.  Les  conduits  hépatiques  et  même  la  substance  du 
foie  éprouvent  des  chan<^ements  remarquables  par  l'accumulation  des  distomes. 
Ces  lésions  évidemment  varient  avec  le  degré  de  l'infection  et  la  période  de  la 
maladie;  il  semble  cependant  inutile  de  les  indiquer  ici. 

Il  serait  également  superflu  de  faire  ici  une  description  des  symp;ômes  de  la 
maladie;  celle-ci  n'est  que  trop  bien  connue  des  agriculteurs.  Par  contre,  nous 
croyons  devoir  insister  sur  la  marche  de  la  distomatose,  laquelle  n'est  pas  suffi- 
samment connue.  Cette  marche  est  généralement  lenteet  dépend  de  l'intensité  du 
mal,  des  conditions  dans  lesquelles  celui-ci  fait  son  évolution.  On  peut,  avec  Grer- 
lach,  lui  reconnaître  quatre  périodes,  qui  coïncident  exactement  avec  les  périodes 
de  l'infection  parasitaire,  avec  les  altérations  que  les  distoraes  occasionnent  au 
sein  du  foie.  La  première  période,  coïncidant  avec  la  phiogosc  du  foie,  avec  sa 
tuméfaction  inflammatoire,  se  constate  dans  les  mois  d'août,  septembre  et  octobre, 
époque  où  les  helminthes,  déglutis  avec  les  fourrages  et  reçus  dans  les  voies 
gastro-intestinales,  entrent  dans  les  voies  biliaires.  Le  parasite  est  encore  très 
petit  alors,  et  ne  fait  qu'irriter  par  sa  présence;  la  bile  est  alors  un  peu  mêlée 
de  sang  :  c'est  la  période  à  peu  près  latente  de  la  première  intection  et  elle 
passe  généralement  inaperçue  —  La  seconde  périoJe  qui  coïncide  avec  un  certaia 
resseri-ement  du  foie  sur  lui-même  et  avec  l'épaississement  des  canaux  cholédo- 
ques, appartient  à  la  fin  de  septembre  et  va  jusqu'en  novembre,  durant  ainsi  de 
six  à  douze  semaines;  les  vers  réunis  en  peloton  sont  dans  une  masse  gluante  et 
verdâtre  mêlée  de  mucus  ;  cette  période  se  dénote  par  l'anémie  et  la  cachexie 
commençante,  où  l'animal  est  faible  et  abattu.  —  La  troisième  période,  qui  coïn- 
cide avec  l'atrophie  du  foie,  n'arrive  qu'au  bout  de  trois  mois  au  moins  et  est  à  son 
sommum  en  janvier,  février  et  mars  ;  durant  cette  époque,  il  y  a  chlorose  avec 
ictère  et  la  cachexie  est  au  plus  haut  degré,  entraînant  souvent  la  mort  du  sujet; 
alors  aussi  les  distomes  ont  pris  tout  leur  développement  se  sont  mutuellement 
fécondés,  puisqu'ils  sont  hermaphrodites,  et  le  l'oie,  là  où  il  n'est  pas  atrophié,  est 
turgescent;  les  canaux  hépatiques  ont  leurs  parois  fortement  épaissies,  très  sail- 
lantes, souvent  comme  cartilagineuses  et  incrustées  de  phospliate  de  chaux.  C'est 
en  avril  et  jusque  vers  le  mois  de  juin,  un  peu  plus  tard  dans  les  pays  du  Noi'd, 
que  les  distomes  quittent  leur  séjour  d'hiver  pour  passer  dans  les  intestins 
où  ils  sont  digérés,  mais  non  sans  avoir  soigné  pour  la  conservation  de  respè::e. 
Dès  le  commencement  de  mars  et  durant  les  trois  mois  suivants,  un  grand 
nombre  d'œufs,  entraînés  par  la  bile,  sont  expulsés  avec  les  excréments;  avec  le 
microscope,  à  un  grossissement  de  70  diamètres  environ,  on  reconnaît  facilement 
les  œufs  de  distomes  ovales  et  munis  d'un  opercule;  les  œufs  du  distome  hépatique 
ont  environ  un  dixième  de  millimètre  de  long  et  leur  contenu  est  granuleux  ;  ceux 
du  distome  lancéolé  sont  plus  arrondis,  foncés  et  environ  quatre  fois  plus  petits. 
M,  Bunck  en  a  compté  de  2  à  6,000  dans  un  kilogr.,  d'excréments;  dans  une 
goutte  de  bile  d'un  mouton  atteint  de  distomatose  assez  modérée  nous  avons 
compté  de  50  à  60  œufs  de  distom>i  hépaùque  et  une  vingtaine  seulement  d'œufs 
du  distome  lancéolé;  le  nombie  de  ces  œufs,  pour  une  goutte  de  bile,  dépassé 

Sarfo's  le  chiffre  de  200.  Lors  de  cette  dernière  période,  il  y  a  de  l'amélioration 
ans  l'état  général  de  l'animal,  s'il  n'a  pas  déjà  trop  souffert  dans  les  périodes 
antérieures  et  n'est  pas  arrivé  au  dépérissement  complet;  souvent  l'animal  reste 
malingre,  ce  que  l'olilitération  des  principaux  canaux  bihaires  expliqu.;  fort  bien; 
dans  les  culs-de-sac  qui  se  sont  formés,  on  trouve  alors  des  restes  vie  distomes 
plus  ou  moins  crétifiés. 

L'infection  ne  se  faisant  pas  au  même  jour,  en  la  môme  proportion  et  pour 
tous  les  animaux  d'un  troupeau,  il  est  évident  que  tous  les  individus  qui  constituent 
ce  dernier  ne  peuvent  pas  se  trouver  ensemble  dans  la  môme  périoJe  et  que  la 
durée  de  chacune  doit  être  variable. 

Par  cela  même  qu'un  trop  grand  nombre  d'auteurs  n'ont  vu  dans  la  cachexie 
aqueuse  qu'une  hydro-anémie,  ils  ont  surtout  attaché  de  l'importan  e  aux  causes 

Par  lesquelles  l'économie  est  pour  ainsi   dire  sursaturée  d'humidité,  où,  suivant 
expression  de  M.  H.  Bouley,  les  animaux  se  pénètrent  d'eau  comme  le  fait  uriô 
éponge  plongée  dans  ce  liquide.  Ces  causes,  en  effet,  ne  manquent  pas  de  se  pré- 


SUR    L'ÉTIOLOGIE  DK  L.\  CACHEXIE   AQUEUSE.  307 

senter  dans  les  localités  où  règne  la  distomatose  ;  l'historique  des  principales 
épizooties  de  la  cachexie  aqueuse  nous  montre  que  la  maladie  est  surtout  fréquente 
après  les  années  humides  ;  elle  est  en  outre  propre  aux  pays  à  prairies  maréca- 
geuses, à  sol  tourbeux  ou  argileux,  aux  vallées  facilement  submergées  ;  on  l'ob- 
serve aux  environs  de  la  mer,  dans  les  pays  d'étangs  et  d'eaux  stagnantes,  aux 
embouchures  des  Ileuves,  après  les  inondations,  etc.  L'influence  de  ces  causes  de 
la  cachexie  ne  saurait  être  contestés  et  ce  n'est  en  effet  que  dans  l'humidité  que 
les  moutons  peuvent  trouver  les  larves  des  distomes,  les  embryons  sortis  des 
œufs  qu'ils  ont  avec  leurs  excréments  laissés  dans  les  pàtuiages  du  printemps. 
En  outre,  ces  causes  concourent  à  augmenter  le  lymphatisme  des  animaux  et  con- 
tribuent à  la  cachexie  en  diminuant  les  forces  de  résistance  de  l'économie. 

Une  autre  cause  de  la  distomatose  se  ti'ouve  dans  l'habitude  où  l'on  est  de  faire 
pâturer  les  animaux.  Autrefois,  quand  les  bêtes  bovines  étaient  moins  condam- 
nées à  la  siabulation,  la  cachexie  aqueuse  était  plus  fréquente  sur  cette  espèce 
animale;  aujourd'imi  elle  est  surtout  fréquente  chez  le  mouton,  qu'on  ne  saurait 
toujours  gardera  l'étable.  La  distomatose,  ou  cachexie  aqueuse  proprement  dite, 
ne  s'obseive  pas  sur  le  bétail  stabulant  ;  tout  au  plus  peut-on  y  rencontrer  ["hydro- 
hémie,  la  chlorose,  mais  alors  sans  distomes  daus  le  loie  et  sans  les  graves 
désordres  de  la  constitution  animale. 

Une  mauvaise  alimentation,  qu'elle  soit  insuffisante  ou  de  mauvaise  qualité, 
trop  aqueuse,  ne  saurait  influer  qu'en  engageant  les  animaux  à  être  plus  gloutons 
dans  les  pâturages,  en  leur  faisant  avaler  même  les  mauvaises  herbes  et  celles 
salies  par  des  mollusques;  elle  peut  encore  influer  en  facilitant  l'état  cachectique 
consécutif. 

La  cause  réelle  de  la  cachexie  est  donc  la  migration  du  distome,  non  pas  que 
les  moutons  trouvent  ces  parasites  tous  formés  dans  les  eaux  des  marais,  comme 
l'admettaient  Linné,  Schaeffer  et  d'autres,  mais  ils  les  trouvent  à  l'état  d'êtres 
agames,  à  l'état  de  larves  qui  ne  deviennent  distomes  qu'après  métamorphose;  ce 
sont  alors  des  êtres  qui  ne  sont  susceptibles  de  se  reproduire  qu'après  un  séjour  de 
C[Ufclques  mois  dans  les  canaux  biliaires  du  ruminant. 

L'on  n'a  pas  encore  tous  les  renseignements  exacts  sur  les  migrations  parlés- 
quelles  passe  le  distorae  hépatique  (ou  le  lancéolé)  du  mouton;  l'on  sait,  par  les 
expériences  de  M.  Eaillet,  que  l'enibryon  ne  sort  de  l'œuf  que  vers  le  60",  parfois 
même  plus  tard,  qu'il  se  transforme  en  un  petit  animal  aquatique  très  mobile, 
assez  analogues  à  des  infusoires,  notamment  aux  rotifères,  ressemblant  aussi  aux 
cercaires.  En  se  fondant  sur  les  observations  et  les  expériences  de  V.  Siebold, 
Pagenstecher,  A'an  Beneden  et  Luckart,  qui  établissent  crue  l'état  agam.e  de  plus 
de  douze  espèces  de  distomes  ne  sont  que  des  cercaires  !|ui  vivent  généralement 
sar  ou  dans  des  mollusques,  des  limaces  surtout,  quel([uefois  des  insecLes  aqua- 
tiques, mais  qu'on  rencontre  aussi  tout  à  fait  libres  dans  l'eau,  en  se  fondant  sur 
le  fait  que  ces  zoologistes  ont  réussi  à  développer  des  distomes  sur  des  animaux 
nourris  avec  des  cercaires  et  que  ce  n'est  qu'à  l'état  parfait  que  les  distomes  se 
rencontrent  chez  les  animaux  appartenant  aux  quatre  classes  de  vertébrés;  on  peut 
admettre  que  la  larve  du  distome  hépatique  (ou  du  lancéolé)  est. aussi  un  cercaire 
habitant  les  mares  et  flaques  d'eau  des  pâturages  humides,  étant  peut-être  para- 
site de  limaces,  des  lymnées,  ou  d'autres  petits  animaux  aquatiques,  lequel  naît 
par  progéniture  gemmipare,  et  à  plus  de  cent  exemplaires,  du  pseudo-inf'usoire  de 
M.  Baillet,  après  que  celui-ci  est  devenu  sporocyste. 

•  Il  est  donc  probable  que  dans  les  pâturages  fangeux,  submergés  ou  humides 
seulement  par  place,  dans  l'herbe  ou  le  foin  récollé  daus  ces  lieux,  dans  les  eaux 
stagnantes,  on  doit  rencontrer  des  cercaires  des  helminthes  hépatiques,  ainsi  que 
les  limaçons,  les  lymnées,  et  peut-être  aussi  les  insectes  qui  en  sont  infectés.  Il 
est  en  eti'et  très  vraisemblable  de  supposer  que  les  mollusques,  si  abondants  dans 
les  prés  humides,  les  lymnées  et  autres  petits  animaux  aquatiques,  sont  les  prin- 
cipaux hôtes  des  cercaires,  qui,  introduits  dans  les  réservoirs  gastriques  des  bêtes 
ovines  et  bovines,  donnent  lieu  à  la  foimation  des  distomes.  Si  on  observe  les 
distomes  plus  particulièrement  sur  les  troupeaux  qu'on  fait  pâturer  trop  matin  ou 
immédiatement  après  la  pluie,  ce'a  ne  provient-il  pas  de  l'habitude  qu'ont  les  mol- 
lusques de  grimper  le  long  des  tiges  d'herbe  après  la  pluie  et  lors  de  la  rosée,  et 
d'être  ainsi  plus  facilement  déglutés  par  les  animaux? 

Quoi  qu'il  en  soit,  il  est  certain  que  l'embryon  du  d'istome  passe  de  quatre  à  six 
mois  au  dehors  de  son  hôte,  en  dehors  du  mouton,  deux  mois  dans  l'œuf  et  un 
temj»  encore  indéterminé  à  l'état  de  larve  ou  de  cercaire.  L'infection  des  moutons 


308  SUR  L'i^TlULOGIE  DE  LA    CACHEXIE  AQUEUSE. 

par  les  distomes  ne  peut  donc  avoir  lieu  qu'on  automne,  à  partir  du  mois  d'août 
jusque  vers  novembre.  Les  œufs  du  distorae  ne  peuvent  se  développer  dans  l'hôte 
(le  mouton),-  où  ils  ont  été  produits  par  la  fécondation;  il  faut  qu'ils  sortent  de 
cet  hôte  pour  éclore  dans  un  endroit  humide.  C'est  ce  que  démontrent  péremp- 
toirement les  expériences  de  Gerlach,  qui  n'a  jamais  vu  naître  de  nouveaux  dis- 
tomes sur  des  moutons  et  des  veaux  auquels  il  faisait  avaler  des  distomes  féconds 
ou  des  œufs  en  grande  quantité.  Gela  devait  être;  car  si  les  descendants  d'un 
seule  distome,  lequel  a  des  milliers  d'œufs,  venaient  à  se  développer,  il  y  aurait 
de  quoi  tuer  infailliblement  l'hôte  qui  les  nourrit.  D'un  autre  côté,  pendant  l'été, 
-après  le  mois  de  juin,  on  ne  trouve  plus  de  distoraes  dans  les  voies  bilvaires  du 
mouton,  à  moins  qu'ils  n'y  aient  été  retenus  par  quelque  abstraction  de  ces  voies. 
On  peut  en  retrouver  déjà  en  septembre;  mais  alors  ils  sont  encore  petits  et  les 
œufs  ne  sont  pas  encore  développés  dans  l'oviducte  du  ver. 

Lorsque  les  distomes  agames  sont  en  automne  introduits  avec  les  aliments  dans 
l'estomac,  le  mollusque-hôte  et  la  capsule  du  cercaire,  s'il  y  en  a,  sont  digérés  et 
dissous,  et  les  parasites  ainsi  délivrés  arrivent  de  là  dans  l'intestin  grêle,  pénètrent 
dans  le  canal  cholédoque,  d'où  ils  s'avancent  vers  les  ramifications  périphériques 
de  celui-ci.  Le  distome  élargit  au  moyen  de  sa  tête  les  conduits  hépatiques  trop 
étroits,  tandis  que  les  écailles  spiniformes  qui  revêtent  la  partie  antérieure  du  corps, 
l'empêchent  de  glisser  en  arrière;  c'est  en  appliquant  alternativement  la  ventouse 
buccale  et  la  ventouse  ventrale,  en  raccourcissant  et  en  allongeant  le  corps,  que 
*le  distome  s'avance  en   entraînant  la  partie  postérieure. 

Dans  les  années  de  sécheresse,  même  dans  les  années  qui  ne  sont  pas  plu- 
vieuses, le  plus  ^rand  nombre  des  larves  de  distome  périssent,  malgré  leur  grande 
force  de  résistance  et  quoiqu'ils  jouissent  des  avantages  des  animaux  dits  ressus- 
citants, c'est-à-dire  qu'ils  ne  perdent  pas  la  vie  quand  ils  se  dessèchent  pour 
quelque  temps.  Dans  ces  années-là,  les  moutons  ou  les  bêtes  bovines  ne  trou- 
vent pas  les  larves  de  distomes  dans  les  pâturages,  l'immigralion  d'automne  n'a 
pas  lieu  et  l'on  constate  que  dans  l'hiver  suivant,  il  n'y  a  que  peu  ou  point  de  cas 
de  cachexie  aqueuse. 

Un  pâturage,  quelque  humide  et  fangeux  qu'il  soit,  qui  n'a  jamais  été  fréquenté 
par  un  animal  atteint  de  distomatose,  qui  surtout  n'a  pas  été  pâturé  par  de  ces 
animaux  au  printemps,  ne  saurait  provoquera  cachexie  aqueuse.  C'est  là  un  fait 
qu'on  peut  facilement  constater  en  ce  moment;  il  y  a  bien  des  localités  qui  n'ayant 
pas  importé  de  moutons  et  n'ayant  pas  eu  la  cachexie  depuis  quelques  années; 
n'ont  pas  été  visitées  par  cette  infection,  malgré  les  trois  dernières  années  hti'-i-''' 
mides  et  malgré  le  mauvais  état  de  leur  pâturage.  L'on  ne  constate  pas  non  plus' 
de  distomatose  partout  où  les  troupeaux  pâturent  beaucoup  le  long  des  chemins, 
partout  où  le  pâturage  en  pente  ou  à  sol  perméable  ne  laisse  pas  séjourner  l'eau 
et  ne  conserve  pas  les  parasites  en  vie. 

Les  distomes,  ou  plutôt  leurs  larves,  ne  peuvent  pas  vivre  d'une  année  à  l'autre 
et  s'il  n'ont  pas  trouvé  un  hôte  en  automne,  s'ils  n'ont  pas  été  déglutis,  ils  péris- 
sent sûrement  pendant  l'hiver. 

Un  traitement  thérapeutique  de  la  distomatose  est  généralement  inefficace;  il 
ne  réussit  plus  dès  qu'il  y  a  altération  organique  des  viscères.  Il  faudrait  pouvoir 
la  traiter  dès  le  début  et  l'on  sait  combien  cette  période  est  difficile  à  saisir.  L'on 
a  conseillé  l'usage  des  analeptiques,  des  toniques  amers,  des  ferrugineux  surtout; 
les  grains  grillés,  la  gentiane,  l'écorce  de  chêne,  les  baies  de  genièvre,  surtout 
combinés  au  sel  de  cuisine,  peuvent  en  effet  reconforter  l'économie,  empêcher  un 
peu  la  cachexie,  mais  non  pas  guérir  la  distomatose.  11  faudrait  ajouter  des  vei-mi- 
cides,  mais  il  est  difficile  de  faire  parvenir  ceux-ci  dans  le  foie;  les  bourgeons  de 
sapin,  la  suie,  si  souvent  recommandés,  n'agissent  pas  assez  en  ce  sens;  tout  au 
plus  a-t-on  obtenu  quelques  succès  de  l'emploi  de  l'huile  empyreumatique,  du 
pétrole  et  surtout  de  la  benzine. 

Le  traitement  de  la  cachexie  aqueuse  doit  être  prophylactique  ;  pour  éviter  l'in- 
fection il  suffit  d'éviter  les  pâturages  trop  humides,  ceux  où  se  trouvent  les  em- 
bryons des  distomes;  il  faut  surtout  les  éviter  en  automne;  les  pâturages  où  la 
cachexie  se  produit  à  peu  près  sûrement  sont  généralement  connus  des  bergers. 
Le  traitement  de  la  distomatose  est  donc  bien  plutôt  du  domaine  de  l'hygiène, 
voir  même  de  la  police  sanitaire,  que  de  celui  de  la  thérapeutique,  et  c'est  par  la 
première  qu'on  peut  surtout  prévenir  le  développement  de  la  maladie,  pour  peu 
qu'on  y  mette  de  la  bonne  volonté  et  de  l'intelligence.  La  cause  première  du  mal 
résidant  dans  l'humidité  du    sol,   dans  les  terrains  fangeux  et  marécageux,  où  les 


SUR  L'ÉTIOLOGIE  DE  LA  CACHEXIE   AQUEUSE.  309 

ruminants  trouvent  les  larves  des  distomes,  soit  libres,  soit  eiles-raèmes  logées 
dans  des  mollusques  ou  des  insectes,  il  convient  de  dessécher  ces  terrains,  en 
donnant  écoulement  à  l'eau  stagnante  ou  en  les  drainant;  en  général,  en  soignant 
mieux  les  pâturages,  en  leur  donnant  les  amendements  nécessaires,  oq  empêche- 
rait souvent  la  maladie  (jui  nous  occupe. 

Si  les  animaux  recevaient  à  l'étable  le  supplément  nécessaire  de  nourriture,  on 
pourait  les  laisser  à  Tétab'e  pendant  lesjournées  de  pluie  ou  de  brouillard,  on  n'au- 
rait pas  besoin  de  les  sortir  de  trop  gr^nd  matin. 

On  a  quelquefois  recommandé  l'émigration  des  troupeaux;  celle-ci  ne  peut  cepen- 
dant guérir  un  troupeau  déjà  infecté,  et  si  elle  a  eu  du  succès,  c'est  quand  on 
faisait  quitter  à  un  troupeau  infecté  le  pâturage  où  il  avait  déposé  ses  œufs  et  où 
alors  il  ne  s'infectait  plus  en  automne,  ainsi  que  nous  allons  le  dire. 

L'observation  scientifique  ayant  démonfré  que  les  excréments  des  animaux 
aSfectés  de  distomatose  renferment  des  œufs  de  distomes  au  printemps,  depuis  le 
mois  de  mars  jusque  vers  la  fia  de  juin,  que  ces  œufs,  élément^^  de  la  conservation 
de  l'espèce,  constituent  aussi  le  mode  de  propagation  essentiel  et  unique  de  la 
cachexie  aqueuse,  il  importe  d'empêcher  que  ces  excrém-nts  ne  soient  portés 
sur  des  terres  propres  à  un  développement  des  embryons,  et,  si  cela  n'est  pas 
possible,  il  faut  au  moins  ne  pas  employer  le  fumier  suspect  sur  des  terres  où  plus 
tard  des  moutons  où  des  bêtes  bovines  iront  pâturer.  Un  éleveur  intelligent  ou  un 
berger  digne  de  ce  nom,  notera  exactement  les  pâturages  que  des  moutons  ma- 
lades auront  fréquentés  au  printemps  et  auront  inf-cté  de  germes  de  dis- 
tomes, et  il  aura  bien  soin  de  ne  pas  y  conduire  ses  moulons  vers  la  fin  de  l'été 
ou  en  automne;  il  divisera  donc  son  pâturage  dès  le  printemps.  Le  fourrage  qu'on 
récoltera  sur  les  prés  infectés  au  printemps  par  des  moulons  atteints  de  disto- 
matose sera  autant  que  possible  donné  exclusivement,  aux  chevaux;  s'il  faut  en 
donner  aux  ruminants,  ce  ne  sera  pas  en  tout  casa  létat  veit  et  non  sans  avoir 
bien  secoué  le  foin  qu'on  en  a  fait.  L'on  veillera  à  ce  que  les  moutons  et  les  bêles 
bovines  soient  toujours  abreuvées  avec  de  la  bonne  eau  et  n'aient  pas  à  boire  aux 
étangs,  dans  des  mares,  dans  les  fossés  des  champs,  où  les  germes  de  distomes 
peuvent  vivre  en  liberté  ;  M.  Lydtin  admet  que  l'eau  de  puits  ou  de  pluie  rece- 
vant du  purin  d'étables.  peut  r  niermer  des  germes  de  distomes,  si  dans  ces 
étables  il  y  avait  au  printemps  des  bêtes  atteintes  de  la  cachexie  aqueuse. 

Nous  avons  la  conviction  f|ue  ces  simples  précautions,  où,  encoie  une  fois,  il 
faut  surtout  de  la  bonne  volonté  et  de  l'intelligence,  préviendront  sûrement  cette 
redoutable  maladie  et  éviterontdes  pertes  considérables,  incommensurables  même, 
à  lagriculturé.  Aug.  Zundel. 

Strasbourg,  mars  1880. 

RAPPORT  A  LA  SOCIÉTÉ  NATIONALE  D'AGRICULTURE 

SUR    LE    MÉMOIRE    DE   M.   ZUNDEL 

Le  nom  nouveau,  sous  lequel  M.  Zundel  propose  de  désigner  la 
maladie  épizoolique  redoutable  que  l'oa  appelle  cachexie  aqueuse,  ou 
plus  vulgairement  pourriture,  procède  des  notions  plus  positives  que 
l'on  a  acquises,  dans  ces  derniers  temps,  sur  la  nature  de  cette 
maladie.  L'idée  qu'on  s'était  laite  de  la  pourrilure  des  moutons  est 
exprimée  par  le  nom  scientifique  qu'on  lui  a  donné.  Ou  la  considérait 
comme  une  cachexie^  c'est-à-dire  comme  une  maladie  daas  laquelle 
les  humeurs  du  corps  étaient  altérées;  et  par  le  qualificatif  associe 
au  nom  générique,  on  spécifiait  que  cette  altération  procédait  de  la 
prédominance  dans  le  sang  de  son  élétneut  aqueux. 

Cette  prédominance  de  l'eiu  dans  l'organisme  du  mouton  atteint  de 
pourriture  était  expliquée  par  l'influence  des  milieux.  La  maladie  se 
déclarant  à  la  suite  des  saisons  très  pluvieuses  et  régnant  en  perma- 
nence dans  les  localités  marécageuses,  on  en  avait  inféré  que  l'eau 
pénétrait  dans  l'organisme  par  l'air  sursaturé  de  sa  vapeur  et  par  les 
plantes  très  aqueuses  dont  les  animaux  étaient  condamnés  à  se  nourrir, 
et  rien  ne  paraissait  plus  justifié  que  le  rapport  établi  entre  l'état 
cachectique  des  moutons  et  le  milieu  où  leur  maladie  s'était  dévelopée. 


310  RAPPORT  SUR  LE  MÉMOIRE   DE   M.   BUNUEL. 

L'infiJtration  aqueuse  du  tissu  cellulaire,  l'état  lavé  des  chairs,  la  tlui- 
dite  du  sang  décoloré,  tout  venait  à  l'appui  de  l'étiologie  admise. 

On  n'avait  pas  méconnu,  cependant,  l'existence  de  vers  particuliers 
dans  le  foie  du  mouton  cachectique;  mais  ces  vers,  auxquels  leur 
forme  avait  fait  donner  le  nom  de  douves,  étaient  considérés  comme  un 
fait  accessoire.  Leur  présence  était  expliquée  par  1  épuisement  de  ror- 
ganisme.  Si  la  douve  s'y  développait,  c  est  que,  dans  ses  conditions 
maladives  actuelles,  l'organisme  lui  était  devenu  un  milieu  favorable. 

Les  études  zoologiques  ont  conduit  à  une  conception  tout  autre  que 
le  Mémoire  de  M.  Zuudel  a  pour  but  de  faire  connaître. 

D'après  la  nouvelle  manière  de  voir,  qui  est  établie  sur  des  notions 
scientifiques  certaines,  les  rôles  sont  renversés.  Si  le  mouton  devient 
cachectique,  c'est  parce  que,  dans  le  milieu  où  il  vit  et  se  nourrit,  se 
rencontrent  les  conditions  pour  qii'il  soit  infesté  par  des  vers.  Sa 
cachexie  ne  dérive  donc  pas  directement  de  l'influence  de  l'air  et  de  la 
nourriture,  par  Tintermédiaire  desquels  l'eau  pénétrerait  en  lui  et  le 
sursaturerait  par  une  sorte  d'imbibition  mécanique.  Le  fait  n'est  pas  si 
simple.  L'ensemble  des  phénomènes  procède  de  l'altération  d'un  organe 
essentiel,  le  foie,  qui  devient  l'habitat  du  ver,  et  se  trouve  empêché 
dans  son  fonctionnement  par  des  modifications  fondamentales  que  lui 
fait  éprouver  la  présence  d^^  parasite. 

Ainsi  la  cachexie  aqueuse  doit  être  considérée  comme  la  maladiç  de 
la  douve  ou  du  distome,  de  la  môme  manièi-e  que  la  gale  est  celle  de 
l'acare.  Identité  des  phénomènes  dans  les  deux  cas,  au  point  de  vue 
etiologique;  différence  des  manifestations,  dépendance  delà  différence 
des  organes  envahis  et  de  l'impùPtance  des  lésions  produites. 

Il  y  a  deux  espèces  de  distoines,  tous  deux  de  la  Êamille  des  tréma- 
todes  :  l'un  appelé  hépatiifie,  l'autre  lancéolé.  Tous  deux  peuvent  exis- 
ter simultanément.  Le  plus  petit,  le  lancéolé^  pénètre  plus  avant  dans 
les  canaux  hépatiques  et  produit  des  altérations  plus  profondes. 

La  marche  de  la  distomatose  est  généralement  lente.  On  peut  lui  re- 
connaître trois  périodes,  qui  coïncident  avec  les  périodes  de  l'infesta- 
tion  parasitaire  et  les  altérations  que  le  foie  subit  successivement  sous 
leur  influence. 

Première  période.  —  Elle  coïncide  avec  les  mois  d'août,  septembre 
et  octobre,  époque  où  les  helminthes,  déglutis  à  l'état  rudimentaire 
avec  les  fourrages  et  reçus  dans  l'appareil  mtestinal,  pénètrent  dans 
les  voies  biliaires.  Le  parasite,  très  petit  alors,  donne  lieu  à  une  irrita- 
tion du  foie,  qui  se  traduit  par  un  flux  biliaire  plus  abondant. 

Deuxihnb  périole.  —  Les  vers,  groupés  en  pelotons,  obstruent  en 
partie  les  canaux  cholédoques  dont  la  muqueuse  irritée  est  plus  épaisse 
et  réduit  leur  calibre  intérieur.  C'est  de  septembre  en  novembre  que 
cette  altération  se  constitue;  avec  elle  coïncide  l'anémie,  à  son  début, 
se  caractérisant  par  la  décoloration  des  tissus  et  la  faiblesse  géné- 
rale. 

Troisième  période.  —  Le  foie  s'atrophie.  Cette  altération  fondamen- 
tale s'elîectue  graduellement  dans  les  mois  de  janvier,  février  et  mars. 
Elle  se  caractérise  par  l'état  cachectique  qui  est  symptomatiquement 
bien  connu,  et  entraîne  fréquemment  la  mort  des  sujets.  Lesdislomes, 
arrivés  à  leur  complet  développement,  distendent  les  canaux  hépati- 
ques. C'est  depuis  avril  jusqu'à  juin,  un  peu  plus  tard  même  dans  les 
pays  du  nord,  qu'ils  quittent  leur  habitat  hépatique  pour  passer  dans 


RAPPORT  SUR  LE  MÉMOIRE  DE  M.  ZUNDEL.  31 1 

les  intestins  où  ils  sont  digérés.  Mais  auparavant  ils  ont  pourvu  à  la  con- 
servation de  l'espèce.  Dès  Je  mois  de  mars  et  pendant  trois  mois  sui- 
vants, un  grand  nombre  d'œufs,  entraînés  par  la  bile,  ont  été  expulsés 
avec  les  aliments  dans  lesquels  on  peut  les  reconnaître  par  l'inspection 
microscopique  avec  un  grossissement  de  70  diamètres  seulement. 

On  en  a  compté  de  2,000  à  6,000  dans  un  kilogramme  d'excréments, 
et  jusqu'à  50  ou  60  dans  une  seule  goutte  de  bile. 

Ces  œufs,  qui  sortent  du  corps  del'animal  dislomatosique,  deviennent 
les  instruments  de  la  propagation  de  la  maladie. 

Les  moutons  ne  trouvent  pas  les  distomes  tout  formés  dans  les  eaux 
des  marais.  Ils  les  rencontrent  à  l'état  agame,  c'est-à-dire  à  l'état  de 
larves  qui  ne  deviennent  distomes  qu'après  métamorphoses,  et  ne  sont 
aptes  à  la  reproduction  qu'après  un  séjour  de  quelques  mois  dans  les 
canaux  biliaires  des  ruminants. 

Les  migrations  par  lesquelles  passent  le  distome  hépatique  et  le  lan- 
céolé du  mouton  ne  sont  pas  encore  parfaitement  connues.  Les  expé- 
riences de  M.  Baillet  ont  démontré  que  l'embryon  ne  sort  de  l'œuf  que 
vers  le  soixantième  jour  et  parfois  même  le  cent-vingtième,  et  qu'il  se 
transforme  en  un  petit  animal  aquatique  très  mobile,  assez  analogue 
aux  rotifères.  C'est  à  cet  état  de  cercaire  ou  de  svolex  que  les  distomes 
rudimentaires  pénètrent  dans  l'appareil  intestinal  des  moutons  soitavec 
les  eaux  des  boissons,  soitavec  les  limaçons,  les  insectes,  les  lymnées 
et  autres  mollusques  dont  les  scolex  des  distomes  peuvent  être  les  pa- 
rasites * . 

1.  Il  n'est  pas  inutile  de  rappeler  les  notions  acquises  à  la  science  sur  la  vie  et  le  développement 
des  tîématories,  en  f>articulier  de  la  douve  du  foie,  l'auteur  du  mémoire  qui  vient  d'être  analysé 
s'en  étant  trop  faiblement  préoccupé.  11  y  a  trenle-deux  ans,  M.  E;n[le  Blanchird  qui  avait  déjà 
publié  une  étude  anatoraique  très  détaillée  de  la  douve  du  foie  {.innales  des  scimces  naturelles) . 
.3°  série,  t.  VJI,  page  2"Î8;  1847)  poursuivant  des  re'cherches  en  vue  de  l'iiygiène  des  animaux 
domestiques,  affirmait  pour  la  première  fois  que  les  douves  se  développent  dans  des  conditions 
particulières.  Ayant  reacontré  les  œufs  par  myriades  dins  1er,  canaux  biliaires,  il  les  avait  suivis  à 
travers  le  canal  cholédoque  et  dans  toute  la  longueur  de  Tintestin,  constatant  le  développement 
embryonnaii^  toujoui"s  d'autant  plus  avancé  que  les  œufs  sont  plus  piès  d'être  expulsé-^. 

«  Il  est  mis  hors  dexlout".  disait  alors  M.  Blanchard,  que  les  œufs  de  distomes  sont  entraînés 
avec  les  résidus  de  la  digestion.  Plusieurs  phases  du  développement  de  ces  vers  doivent  par  con- 
séquent s'effectuer  dans  des  conditions  bien  différentes  de  cehe  oii  vivent  les  adultes.  Selon  toute 
probabilité,  parvenus  à  une  certaine  période,  ils  reviennent  dans  k  corps  des  ruminants  introduits 
avec  les  aliments.  » 

S'attachant  à  l'idée  de  suivre  les  douves,  dans  toutes  leurs  conditions  d'existence,  il  ajoutait  : 
«  C'est  vers  ce  but  que  tendent  actuellement  mes  efforts,  mais  l'impossibilité  où  je  me  suis  trouvé 
d'observer  pendant  longtemps  dans  les  localités  où  l'on  tient  habituellement  les  bestiaux,  ne  m'a 
pas  permis  jusqu'ici  de  compléter  mes  reclierches  sur  le  sujet.  Ce  sont  surtout  les  moutons  des 
iords  du  Rhin  qui  paraissent  élre  le  plus  orlinairement  infestés. 

<t  Quand  nous  connaîtrons  mieux  les  circonstances  qui  favorisent  l'introduction  des  vers  chez 
l'homme  et  les  animaux,  il  est  presque  certain  qu'on  pourra  les  diminuer  sensiblement. — 'Ces  vers 
subissent  évidemment  des  métamorphoses.  Leurs  formes  dans  le  premier  âge  sont  sans  doute 
très  différentes  de  celles  de  l'adulie,  et  quand  les  observations  auront  été  poussées  plus  loin,  on 
sera  peut-être  filus  d'une  fois  surpris  de  rencontrer  dans  l'animal  rangé  dans  quelque  autre  classe 
le  jeune  d'un  iremattde.  >•  De  la  propagation  des  vers  qui  habitent  le  cori  s  de  l'homme  et  des  ani- 
maux.—  Comptes  rendus  de  l'Académie  des  sciences.  T.  XXVI,  p.  3.55,  20  mars  1848. 

Depuis  trente  ans,  la  que^tinn  relative  au  développeme.a  et  aux  migrations  de  la  douve  du  foie 
{Fasciola  liepalica  ou  Distoma  hepaticum)  a  peu  changé.  Si  l'on  a  vu  l'embryon  à  la  sortie  de 
l'œuf,  on  n'a  observé  delà  vie  de  re>pèce  aucune  des  phases  qui  précédent  l'état  adulte. 

Il  en  a  été  autrement  pour  différentes  petites  espèces  de  trématodes.  MM.  ne  Siebold  et  Steenstrup 
ont  indiqué  les  formes  larvaires  de  certains  distoraes  ou  monostomes,  et  M  Van  Benedcn  ayant 
repris  la  question  (Hémoire  sur  les  vers  infeslinaux.  Paris,  1858)  et  porté  l'étude  sur  plusieurs 
espèces  voisines,  il  est  devenu  possible  de  concevoir  une  idée  à  peu  près  com[ilète  de  la  série  des 
métamorphoses  des  trématodrs  qualifii^s  de  digonèses.  De  l'œuf  sort  une  Lave  couverte  de  cils  qui 
nage  d-ins  l'eau.  A  l'intérieur  se  développe  une  nouvelle  forme  :  Scolex  et  la  larve  ciliée  rencontrant 
SUT  son  passage  un  mollusque  ou  un  insecte  le  scolex  y  est  déprsé.  Fixé,  le  scolex  grandit  et  sur 
son  corps,  plusieurs  ré.:ions  se  dessinent  ;  il  engendre  des  cercaires  caractérisées  par  la  présence 
d'un  appendice  caudal.  Les  cercaires  que  J'en  a  souvent  comparées  aux  têtards  des  grenouilles, 
étant  mises  en  liberté,  nagent  d'une  allureirès  rapide.  S'arrètant  sur  un  animal  :  insei;t€,  mollusque, 
poisson  ou  batracien,  eltes  s'attachent  à  la  siurface  ou  à  l'intérieur  du  corps  à  l'aidr!  de  leur  ven- 
tOiOse.  Une  cauche  visqueuse  ne  tardent  pas  à  couvrir  le  corps  ;  c'e  t  une  enveloppe  qui  se  forme  ; 
lever  est  enkysté,  ea  queue  désormais  inutile  se  flétrit  et  disparait.  Des  cercaires  enkystées  chez 
les  lymnées  lorsqu'elles   sont  ingurgitées   par  des  oiseaux  aqaatiques  deviennent  des  dislomes 


312  RAPPORT  SUR  LE  MÉMOIRE  DE  M.  ZQNDEL. 

Une  lois  que  ces  distomes  agames  sont  introduits  dans  l'estomac 
du  mouton,  soit  avec  le  mollusque  qui  leur  sert  d'hôte,  soit  en  liberté 
dans  l'eau  des  boissons,  ils  sont  délivrés  de  l'hôte  qui  les  a  reçus  ou 
de  leur  enveloppe  propre  par  l'action  digestive,  et  lorsqu'ils  ont  passé 
dans  l'intestin,  ils  se  rendent  dans  leur  habitat  prédestiné,  le  foie.  Là 
ils  demeurent  le  temps  nécessaire  pour  leur  achèvement. 

Ces  notions  acquises,  qu'y  a-t-il  à  faire  pour  prévenir  l'expansion 
de  la  dislomatose  et  sa  perpétuation  d'une  année  à  l'autre? 

La  cachexie  aqueuse  ou  la  distomatose,  comme  l'appelle  M.  Zundel, 
est  une  maladie  qu'on  peut  considérer  jusqu'à  un  certain  point 
comme  contagieuse,  car  elle  peul  procéder  d'elle-même. 

Son  virus,  ce  seraient  ses  cercaircs.  ses  scole.r,  qui  vivent  soit  dans 
les  eaux  où  les  œufs  sont  tombés  avec  les  excréments  des  moutons 
infestés,  soit  à  l'état  de  parasites  sur  ou  dans  les  mollusques  des  eaux 
douces. 

Par  eux-mêmes,  des  pâturages,  si  humides,  si  marécageux  qu'ils 
soient,  ne  peuvent  donner  là  pourriture  si  le  distome  ne  s'y  trouve  pas 
sous  son  état  agame. 

Or,  ce  n'est  qu'en  automne  que  l'infestation  distomasique  peut  avoir 
lieu,  car  c'est  pendant  cette  saison  seulement  que  les  œufs,  sortis  des 
moutons  infestés,  font  leur  éclosion. 

Donc,  ce  qu'il  y  aurait  à  faire,  ce  serait  d'éviter  de  conduire  les 
moutons  au  pâturage  pendant  celte  saison,  ou  si  cela  n'est  pas  pos- 
sible, de  s'abstenir  de  les  conduire  dans  les  parties  les  plus  maré- 
cageuses. 

Si  l'on  pouvait  rien  que  pendant  une  seule  année  s'abstenir  de  faire 
pâturer  les  moutons  dans  les  lieux  infestés,  Tannée  précédente,  par  la 
dépaissarice  de  troupeaux  cachectiques,  il  y  aurait  des  chances  pour 
que  ces  lieux  cessassent  d'être  dangereux,  car  les  larves  des  dis- 
tomes ne  pauvent  pas  vivre  d'une  année  à  l'autre,  et  si  elles  n'ont  pas 
trouvé  un  hôte  en  automne,  c'est-à-dire  si  elles  n'ont  pas  été" dégluties 
par  un  ruminant,  elles  périront  sûrement  pendant  i 'hiver. 

Si  donc  on  pouvait  ne  pas  leur  donner  l'occasion  de  rencontrer  cet  hôte 
qui  leur  est  indispensable  pour  leur  évolution,  le  pâturage  infesté  se 
désinfesterait  de  lui-même  par  l'influence  seule  des  agents  extérieurs. 

Le  drainage,  l'amendement  du  sol  seraient  aussi  des  moyens 
excellents  de  la  prophylaxie  de  la  distomatose  en  modifiant  les  milieux 
où  les  larves  des  distomes  trouvent  des  conditions  trop  favorables  à 
leur  existence. 

Les  excréments  des  moutons  distomatosiques  renferment  des  œufs 
depuis  la  fin  de  mars  jusqu'en  juin;  il  importe  pour  empêcher  la  per- 
pétuation de  la  pourriture  par  l'intermédiaire  de  ces  œufs,  que  les 
fumiers  provenant  de  ces  moutons  ne  soient  pas  portés  sur  des  ter- 
rains propres  a  i  développement  des  embryons.  Autant  que  possible, 
ces  fumiers  ne  devraient  être  employés  que  pour  la  fumure  des  terres 
sur  lesquelles  ni  les  bœufs  ni  les  moutons  ne  devront  aller   paître.  Le 

{Discoma  militare}.  Chaque  espèce  de  distome  ne  se  développe  que  chez  l'animal  où  la  nature  1'* 
destiné  à  vivre  et  à  parvenir  au  terme  de  son  évolution. 

Tout  concourt  à  donner  l'assurance  que  les  phénomènes  sont  tout  à  fait  analogues  à  l'égard  de  la 
douve  du  foie,  mais  les  observations  et  les  expériences  directes  font  encore  défaut.  Pour  se  mettre 
complètement  ea  mesure  de  soustraire  les  moutons  au  danger  d'être  envahis  par  les  douves  dans 
les  localités  où  ils  y  sont  la  plus  exposés,  il  importerait  de  suivre  le  ver  dans  toute  sa  vie  évolu- 
tive et  ses  migrations,  de  constater  en  un  mot,  dan;  quelle  condition  les  cercaircs  du  Distotna 
hepaticum  sont  avalées  par  les  ruminants. 


RAPPORT  Sun  LK  MÉMOIRE  DE  M.  ZUNDEL.  313 

mieux  serait  de  différer  de  les  répandre  pendant  une  année,  afin  de 
laisser  aux:  œufs  et  à  leurs  larves  surtout  le  temps  de  s'éteindre  avant 
que  celles-ci  aient  rencontré  leurs  hôtes  nécessaires. 

Enfin  il  faudrait  s'abstenir  de  faire  manger  aux  ruminants,  grands 
et  petits,  les  fourrages  verts  récoltés  sur  les  pâturages  infestés.  Ces 
fourrages  doivent  être  réservés  pour  les  chevaux,  et  quand  on  est 
obligé  de  les  donner  secs  aux  ruminants,  il  faut  bien  les  secouer  avant 
de  les  distribuer.  Il  faudrait  s'abstenir  aussi,  à  la  saison  automnale, 
de  laisser  boire  les  moutons  dans  les  mares  infestées.  En  les  abreuvant 
avec  de  l'eau  pure,  on  diminuerait  d'autant  les  chances  de  leur  infes- 
tation  par  les  cercaires  auxquels  ces  mares  servent  d'habitat  jusqu'au 
jour  où  viendra  s'y  abreuver  le  ruminant  destiné  à  devenir  leur  hôte. 

Les  considérations  qui  viennent  d'être  exposées  montrent,  une 
nouvelle  fois,  combien  peut  être  féconde  l'intervention  de  la  science 
expérimentale  pour  l'éclaircissement  des  faits  delà  pathologie.  L'obser- 
vation seule  des  manifestations  symptomatiques  est  impuissante, 
dans  la  plupart  des  cas,  à  donner  une  idée  exacte  de  la  nature  réelle 
des  choses.  Il  faut  aller  plus  profondément  pour  que  cette  nature  se 
dévoile.  L'histoire  du  charbon,  du  choléra  des  poules,  de  la  septicé- 
mie, en  porte  témoignage.  Celle  de  la  cachexie  aqueuse  en  fournit  une 
nouvelle  preuve.  Dans  un  milieu  humide,  les  moutons  s'infiltrent 
d'eau  et  meurent  dans  un  état  d'extrême  anémie,  oîi  le  sang  est  bien 
moins  du  sang  qu'une  sorte  de  lavasse  de  ce  liquide.  Naturellement, 
en  ne  s'en  tenant  qu'aux  apparences,  on  a  établi  le  rapport  entre  les 
influences  du  milieu  où  l'humidité  prédomine  et  la  maladie  dont  la 
caractéristique  essentielle  apparente  est  la  prédominance  de  l'élément 
aqueux  dans  le  corps  des  malades,  et  ce  rapport  de  causalité  est  si 
vraisemblable  qu'on  l'a  accepté  comme  vrai. 

Mais  la  science  expérimentale  intervient;  elle  étudie  le  ver  de  la 
cachexie  et  elle  montre  que,  loin  d'en  être  un  simple  accident,  il  en 
est  la  cause  efficiente,  car  sans  lui  il  n'y  a  pas  de  cachexie  aqueuse 
véritable,  quelles  que  soient  les  conditions  d'humidité  auxquelles  les 
moutons  sont  exposés.  Rien  de  plus  intéressant  que  de  tels  résultats; 
rien  de  plus  rassurant  pour  l'avenir  de  la  médecine,  destinée  à  devenir 
de  plus  en  plus  positive  et  puissante,  grâce  au  concours  que  lui  donne 
cience  expérimentale. 

Nous  devons  des  remercîments  à  M.  Zandel  pour  Y  Instruction  si 
pleine  d'intérêt  à  l'usage  des  agriculteurs  que  représente  son  Mémoire. 
Ces  notions  si  nettes  sur  l'étiologie  d'une  des  plus  graves  maladies 
épizootiques  qui  sévit  sur  notre  bétail  ne  peuvent  manquer  d'être 
profitables  à  ceux  qu'elles  intéressent,  et  tous  s'en  inspireront,  dans 
les  limites  du  possible,  pour  se  mettre  à  l'abri  d'un  fléau  dont  la  cause 
aujourd'hui  connue  doit  être  visée  par  les  mesures  prophylactiques 
en  rapport  avec  ce  que  la  science  a  appris. 

Votre  quatrième  Section  a  l'honneur  de  vous  proposer  d'accorder  à 
M.  Zundel  une  médaille  d'or  à  l'effigie  d'Olivier  de  Serres. 

H.    BOULEY. 

SOCIETE  NATIONALE  D'AGRICULTURE. 

Séance  du  18  août  1880.  —  Présidence   de  M.  Chevreul. 
A  l'occasion  du  procès-verbal  de  la  séance  précédente,  M.  Chevreul 
présente   quelques  observations    sur   la  fermentation   alcoolique.   Il 


314  SOCIÉTÉ    NATIONALE    D'AGRICULTURE   DE  FRANCE. 

rappelle  que,  en  1 829,  il  a  montré  pourquoi  la  fermentation  dure 
souvent  pendant  plus  longtemps  qu'on  ne  voudrait  dans  les  masses 
considérables;  c'est  que  la  présence  de  l'alcool  déjà  formé  intluesurles 
matières  sucrées  non  encore  décomposées,  et  tend  à  limiter  la  fermen- 
tation, car  l'alcool  a  une  action  toute  différente  de  celle  de  l'eau  sur 
un  grand  nombre  de  principes  immédiats. 

M.  Magnin,  ministre  des  finances,  et  M.  de  Gapèle,  secrétaire  de 
la  Société  d'agriculture  de  la  Haute-Garonne,  remercient  la  Société  de 
l'envoi  qui  leur  a  été  fait  des  volumes  renfermant  les  documents  de 
l'enquête  agricole  qu'elle  a  faite. 

M.  H.  Nadault  de  Buffon,  président  de  Chambre  honoraire,  écrit 
à  la  Société  pour  lui  offrir  les  manuscrits  laissés  par  son  père,  ancien 
membre  de  la  Société,  principalement  sur  l'hydraulique  agricole. 

M.  Deschêrles,  régisseur  du  domaine  d'Harcourt  appartenant  à  ki 
Société,  envoie  des  épis  charbonneux  récoltés  dans  une  propriété  voi- 
sine, où  ils  atteignent  la  proportion  du  tiers  environ  de  la  récolte. 

M.  Barrai  présente  un  tableau  qu'il  a  dressé  du  classement,  par 
nationalités,  des  bœufs  amenés  sur  le  marché  de  la  Villette,  à 
Paris,  depuis  le  1''  janvier  dernier.  De  ce  tableau,  il  résulte  que 
175,709  bœufs  ont  été  présentés  sur  le  marché,  dont  165,594  d'ori- 
gine française  et  10,115  d'origine  étrangère.  Mais  il  n'a  été  vendu 
que  138,950  têtes  de  sorte  que  36,759  animaux  ont  figuré  au  moins 
deux  fois  sur  le  tableau  des  arrivages.  Ce  fait  explique  les  contra- 
dictions qui  existent  entre  les  indications  de  la  douane  relativement  à 
l'importation  des  bœufs  américains  et  celles  publiées  d'après  les  ren- 
seignements recueillis  à  la  Villette;  il  montre  qu"on  ne  doit  admettre 
ces  derniers  renseignements  qu'avec  de  prudentes  restrictions.  Il  en  ré- 
sulte aussi  la  preuve  que  le  bétail  étranger  ne  fournit  pas,  en  bœufs.  Je 
dixième  de  la  consommation  parisienne.  Après  quelques  observations 
de  M.  Bella,  M.  Gayot  insiste  sur  l'augmentation  du  prix  de  la  viande 
de  porc  à  la  Villette,  qu  il  attribue  à  la  diminution  de  l'élevage  en 
France.  M.  Barrai  montre  que,  en  tous  cas,  cette  augmentation  est  la 
réfutation,  par  les  ûats,  de  l'assertion  'qui  avait  été  émise  l'année 
dernière,  que  jamais  le  prix  de  la  viande  de  porc  ne  remonterait  sur  nos 
marchés;  dans  l'état  actuel  des  choses,  le  prix  de  la  viande  a  subi, 
depuis  longtemps,  avec  quelques  oscillations,  une  hausse  croissante 
k  laquelle  il  ne  paraît  pas  que  la  baisse  doive  succéder  désormais.  A 
cette  occasion,  M.  Risler  rappelle  que,  a,u  neuvième  siècle,  sous  (Ihar- 
lemagne,  le  prix  d'une  livre  de  viande  était  le  même  que  celui  d'une 
lÏTre  de  b\é;  tandis  que  le  prix  du  blé  oû'a  pas  sensiblement  changé 
depuis  cette  époque,  eu  égard  aux  variations  de  la  valeur  de  l'argent, 
le  prix  de  la  viande  s'est  constamment  accru  pour  atteindre  les  ta-ux 
actuels.  —  M.  Magne  ajoute  que  la  consommation  de  la  viande  élaot 
encore  loin  d'être  ce  qu'elle  pourrait  être,  cette  différence  lui  paraît 
devoir  au  moins  se  maintenir  dans  l'avenir.  Henry  Sagmer. 

REYUE  GOMMERGIiLE    ET    PRlX-COURÂNT  DES  DENRÉES  AGRICOLES 

(21  AOUT  1880). 
I.  —  Situation  générale. 
Ley  marchés  agricoles  scrat  plus  suivis  que  durant  les  semaines  précédentes,  et 
les  transactions  présentent  plus  d'activité. 

Il    —  Les  grains  et  les  farines. 
Les  tableaux  suivants  résument  les  cours  des  céréales,  par  quintal  métriQDE, 
sur  les  principaux  marchés  de  la  France  et  de  l'étranger. 


REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX-COURANT  (21   AOUT   1880) 


315 


NORD-ODBST. 

Blé.    Seigle.   Org«. 


Calvados.  Condé 

—  Lisieux 

Gôtes-ri.-  \nt'd  PontrieiiK 

—  TrégJÏei- 

FinisterK.   Uorlaix 

Quimper 

fiie-ei-Citdt/itj.  Kennes. 

—  St  M  lo 

Hanche.  Avranches. . .. 

—  Poiilorsoa 

—  Ville.lieu 

Mayenne.  Laval 

—  Château  Gontier.. 
Morbihan.  Heniiebont.. 
Orne.  Seez 

—  Viinouiiere 

Sarthe.   Le  Adaus 

—  Sablé 


fr. 
30. ÎS 
3»  50 
29. -Jd 

28.  UO 
2S.O0 

29 .  00 
27.00 
29.00 
29.00 
28.75 
30.00 
28.  bO 
27.7b 
26.70 
29  00 
2y.00 
28 .  50 
37.50 


fr. 
ï4.50 


2J.00 
22.25 


fr, 
20.50 
20.25 
21.50 
21.25 

21.50 

20.75 
20.50 


AtoIm. 

fr. 

2ti.00 
22.25 
22.00 
19.00 
18.50 
22.00 
20.00 
20.75 
23.00 


19.50 
20.50 


13.50 


20.00 

21.25 
21.00 
18  50 
20.75 


19.50 
22.50 
22.00 
25.00 
2j.b0 
2J.00 


Prix  moyens 28.54  21.93  20.73     21.83 

3<>  RÉGION.  —  NURU. 

Aisne.  Soissons 27.60  18.80        »        21.45 

—  St-Qiie..liri 28.00  IS.OO         »         20.50 

—  Villtrs  Cotterels..  27-50  17.50        '>  » 
Sura.  Kvreuï 28. 25  is.oo  2o.5C 

—  Berndy 48.00  18.25  21.75 


—  Couches. 
Ewe-ei-Luir.  Cliartres. 

—  La  Loape 

—  Noi^enuie-Hotroa. 
Nord  Cfiuiur;ù 

—  Douai   

—  Valeiicieaaes . 


28.60 
28.1-0 
30  00 
3'J.20 
28.25 
28. 50 
27.75 


1  i .  OC 
19.00 
2J.00 

18.00 
18.25 
18..>i> 
17.50 
1$.75 
H.  50 
18.50 
19. uO 


19.00 
19.50 
17.90 

19.75 
20.50 
21.75 


Oise.  Beauvrais 28.75 

—  Cornpiègiie 27.50 

—  Senlis 27.30 

PtM-da-Oaiaw.  Arras.,.  28.2S  18.50  20.25 

—  Sainl-Ouier 28.75  19. uO  2u.25 

Seina.  Ptcis 29   OO  19   25  20.50 

$.-6tr-i\tarit,''  Melun 28-70  18.1»  21.50 

—  NeTJOurs 28. 5u  1^.25  1.9.75 

—  DiiiiauLin 28.00  is.50  la. 50 

S.-et-OMtf.    Dourjaa 28.2»  17.00  » 

—  Rambouillet 27.00  i7.25  » 

—  Po..l.0l=e 28.25  18.75  20.00 

Seine-M/"flci(îitr<5.  Koueu  2«.0o  17.90  20. OU 

—  Dippe 28. Ou  17.25  » 

—  YVtJtOt 28.00  16.50  » 

So>nra.«.    Ab^)-iviLle 27.50  17. 00  » 

—  Péroiiae 27.00  18  00  19.75 

—  Ruye 2725  18   "0  » 

Prix  moyens 28.43  18. JT  20.22 

î"  RBOION.  —  .VUKO-KST. 

.Ar(ie»ne«.  Ch  t. lie viUd  ..  29.25  19.00  il.ûO 

Aube.  BaF'Sur-Aube  ...  2^.50  17.75  18.50 

Méi-y-iiir-îwJiae...   27.60  19  00  17.75 

—  Troyeà 29  25  is.bo  18.00 

Marne. ChÂions 29  50  18.25  18.50 

—  Ep-raay 29.51J  19  00  • 

—  R«l  us 28  Oi)  19.50  20. iO 

—  SéziQtic 27.75  18.50  18.25 

Hie-Mufim.  Bourbj.ine.  29.00        »  » 

iieuirl.-ei  i\h>s--UK  >t4.uay  28  25  i9.25  19. 00 

—  Pont  <à-.Vlous3on..   28.50  20.00  21.00 

—  Toul 28   00          »  2». 00 

Meuse.  Bar-le-Duc 28  75  19   'i  19.2'. 

—  Verdun 28   5u  17.50  19.00 

Haute-Saône    Gr.iy 29,50  18.50  » 

—  Vesoul 29.40  21.25  » 

f'osges.  Epi  .al 30.25  21.75  » 

—  Raan  l'tLtape 30. «0        »  » 

Prix  «noyeasu 28.9 

4»  HBGION.   —  Ot'IiST. 

30.50  21.00 


21.25 
18.00 
22.00 
1S.75 
21.2» 
23.65 
20.2; 
19.25 
19.25 
22.00 
22 .  00 
2Z.50 
19.50 
20.50 
21,50 
20.. SO 
19.75 
21  50 
19  50 
19  23 
22.50 
26.25 
23.50 
23. UO 
19.00 
21   00 


22.50 
20.50 
18.50 
19.00 
20.50 
21.75 
21  00 
21  25 
17. 5< 
19.0} 
18.. SO 
19.  i5 
20.75 
19.25 
18. SO 
18.55 
19. 75 
19.50 


9.17      19.23      19.12 


Charente.  Angoulème. 

—  Ruffec     j,.oo 

Charente  hifér  Marans.  28  50 
Deu^c-àf^ofus .  Niort....  29  00 
Indre-ei- Luire.  Tciurs. .  49. 00 

—  Blere 28.00 

—  Gnaieau-Reiiault.  29.00 

Loire-Zn/'.  Ma  ites 27  75 

A/.-et-/,oi.-«.  sauinur  .  .  27  »o 
Vendée.   L>iç.i •»6.50 

—  Font-nay 27.50 

Kidrmr.  Ci.ueileriiult...   3i,oo 

—  MJUlmoniloa 30.75 

Haute-Viettna.  Limoges  30.00 


2i.00 


18.75 
17.110 
18  00 


19. 50 
21.00 
21.50 


23.25 

21.25 
13.00 
22.50 
21.00 
20.25 
21  .00 
21.75 
20.00 

20.  UO 
2 '-25 
2J.50 
21    25 


25.00 
20 .  50 
17.00 
23 .  OD 
2ij  00" 
19.00 
18.50 
22  50 
18  25 
17.00 
25.00 
2!.  50 
20.50 
20.50 


Prix  moyer\8k. 


2S.9Î     19. 6J     21. OS     20.45 


Allier.  Moulias 

—  Montluçon... . 
,—    Sf-Pourçain... 

Cher.  Bourga* 

—  Giaç.iy 

—  Vier20ii 

Creuse.  Aubusson..,, 
Indre.  Chàteauroux., 

—  Issoudun 

—  Vatan 

Loiret.  Mootargis... 

—  viien 

—  Pithiviers  

Loir-et-Cher.  Blois... 

—  Montoire 

Nièvre.    Ne  vers 

—  La  Charité.,.. 
Yonne.   Brieiion 

—  6t-Florentin... 

—  Seas 


—  CBrVTRB. 

Blé.    Seigit. 
fr.        fr. 

29.50  . 

30.25 

28.50 

28.00 

29.50 

28.75 

29.110 

30.00 

29  00 

28.00 

30.00 

28.25 

■i7.70 


29.00 
28. OJ 
30.00 
29.  50 
27.50 
29.75 
29.25 


21.00 
18.00 
17.00 
18.75 
18.25 

a*.  5» 

20.25 
18.25 
17.00 
2iJ  50 
18.50 
20.85 
17.00 
18.75 


19.00 
18.00 
18.50 


Org«. 

fr. 
20.00 

20  00 
19.30 
20.00 
30.  GO 

20.50 

21  00 
20.50 
21.00 
20.50 
20.00 
20. 50 
22.50 

20  25 
18.75 
19.90 
20.40 


Prix  moyens 28  97    18.83    20. 81 

e«  RÉaiON.  —  EST. 


ATOiiie. 

fr. 

19.50 
t.).  25 

18.00 
19.50 
19.25 
21.00 
18.25 
17.50 
18.00 
18.50 
18.00 
22  10 
20. 2i 
18.00 
17.50 
21.00 
19.50 
18.50 
21.25 

19. 2o 


4tM.  Bourg 23.00 

—  Ponl-de-Vaui 39.00 

Côle-d'Or  Dijon — ....  28.00 

—  Beaane 28.50 

Doubs.   Be^aaçoa 29  50 

Isère.  Graud-Letnps. .. .  29. 00 

—  Bourgoin 29.50 

Jura.  Dole 27.25 

Loire.  3l-GaaraonJ 2)  00 

f.-d6-Od»i«Clermont  F.   32.50 

Rhône.  Lyon 29.00 

Saôtie-et- Loire.   Ghalon.  28. 5« 

—  AU  LU  ri 28  00 

Savoie.  Giiaïubery ii.Oiy 

Hle-àavoie.  Anaeay..,..  32.25 


18.50 
18.25 


17.25 
16. Oj 


21.50 
18.50 


18.75 
21,00 


19.50 
17..  7» 
21.00 
18.5,0 


17.75 
18. QO 


17.50 
17.75 


Prix  moyens 29.27     18.78     18.47 

T  RÉaiON.   —  SCU-OCEST. 


Ariège.  Pamiers 

Dordogne.  Bergerac 

Hie-Garoiine.  Toulouse. 

—  Viiiet'ranche-Laur. 
Gers.  Condora, 

—  Eiuze 

—  Mirande 

Gironde.   Bordeaux.... 


Lot-el-Garonne.  Agen.. 

—     Nérac 

B. -Pyrénées.  Bayonoe. . 
Hles- Pyrénées.  Tarbes. 


30.50 
30  00 
28.75 
30.50 
28.50 
28.75 

30.r.0 

23.25 
30.00 
27  50 
28.00 
30.50 
Sl.O) 
30.75 


21. 2d 

21.50 
19. UO 
19.25 


20  50 
18.50 
19.00 
19.25 

22.25 


Prix  moyens 29.54    20.06 


17.50 
20.25 


21.00 

19.58 
20.50 

22.00 

21.75 
25.00 
24.60 
23.00 


8»   REGION.   —  Sro. 

.Aude.    Castelriaudary  . .  29.50  20.50 

Aveyron.    Villefrancha.  28.25  21. 50 

Caatal.   Mauriac 30.35  28.80 

Correze.   Luberzac 31.00  21.75 

Hérault.  Béiiers 28.50  » 

Lot.   Figeac ÎI.OO  22.25 

Lozère.  Vlende 3.'. 15  27.50 

—  Marvejols 31.80  27.60 

Pyrénées-Or.  Perpignan  27.30  21.20 

Tarn.  Albi 30. Oo  »            » 

rorn-et-(jar.Montauban  29.00  19.50    20.50 

Prix  moyens 29.90  23.40     22.43 

9«  RÉGIOM.  —  siiu-esT. 

Basses-Alpes.  M.iaos[iia  il. 00  »            b 

Hautes-.ilpes.  Briançoa  30.20  20.00     20.25 

Alpes-.\faritimes Ciiuuà=  30.50  20  50     20.00 

Ardeche.   Privas So.05  20.65     19. dO 

8. -d(*-«/ioïie.  Arles.  ...  30.00  »        17.00 

Drôine.    Rjmans 29.50  21.50         » 

G'ird.  A.t!i\i 29.00  »             » 

//»liK«-^<)ir«.  Le  Puy....  29.50  22.25  21.50 

l^ar.  St-.Mdxirain. 30. 00  •     » 

V'*«tci«s«.  Garpentraa...  3o.25  »    20.00 

—  Avignon 30.00  »        20.25 

Prix  moyens 30.00  20.98     I9  80 

Moy.  de  toute  la  France  29.13  20.10    20.19 

—  de  li semaine  preced.  29  69  20  51     20  35 

Sur  la  se  niaine  \  Hausse.      »  »           » 

précédente.,     j Baisse.    0.6«  0.4i      0.16 


21.50 
18.50 

19.50 
20.50 
18. op 
16.5'0 
16.25 
19.7» 


17.50 
16.00 
19  2f 
20.50 
19  »0 

18.70 


22.50 
21.50 
19.25 
21.75 
19.5» 

19  00 

20  25 
21.00 
22.75 

19.50 
24.35 
10. 75 
21.25 
20.02 


29.05 
22.50 

21.50 
22.65 
23.20 
26.10 
20.50 
20.50 

22  23 


22.50 
21.00 
20.25 
21.80 
21.00 
17.25 
20.50 
19.50 


20.45 
20.52 
21.16 


316  REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX-COURANT. 

Blé.  Seigle.          Or{<e.  A/oino 

fr.  ti.                fr                fr. 

Algérie.                   Alger 26.00  »  l\.lh 

Angleterre.              Lon'ires 31. 2i)  »  20. 8l»  71  50 

Belgique.                  Anvers 26.0;)  '24  00  23.00  24  00 

_                          Bruxelles 28.0)  21  ..=.()  20.25  19.75 

—  Liège 28  7.')  22.25  22.00  20  00 

—  Natnar 29. (lO  22  00  21.00  21.00 

Payx-Bas.                Amsterdam 24.00  19  00 

Luxembourg.  Lii.xeinhoiirg 30  00  20  00  22.25        22  00 

Alsace-Lorraine.  Slrasbour:,' 3L00  20.75  20  25        20.50 

—  Mulhouse 30  25  21.50  20  50        20.25 

—  Coimar 30.50  21.25  21.00        19.00 

Ahemagne.  Berlin 26  50  23  00  . 

—  Cologne 28  10  19  00  >  > 

—  Hambourg 25.35  21.25 

Suisse.  Genève 28  00            •>  .  16.50 

—  Zurich 28. .-0            »  »  20.00 

Ualie.  Milan 28.75  21.50  .  19  25 

Espagne.  Vienne 23.50  29.00  17.00  15.00 

Autriche.  Budapesth 21.00  17  50  «  14  00 

Hongrie.  Burgo> 30.00             -  s  21   25 

Buisie.  Saint-Pétersbourg...  245)  17.00  .  14.00 

Etats-Unis.  New-Vorii 20  80            »  «  » 

Blés.  —  La  situation  des  marchés  s'est  sensiblement  modifiéee  depuis  huit 
jours.  Dans  le  plus  <^rand  nombre  des  départements,  les  oHVes  en  blés  nouveaux 
sont  abondantes,  et  partout  on  constate  que  la  qualité  de  ces  b'és  l'emporte 
d'une  manière  très  heureuse  sur  celle  des  blés  vieu.x.  Lys  appréciations  que  nous 
avons  précédemment  données  sur  le  rendement  sont  celles  que  l'on  entend 
encore  se  produire  des  divers  côtés  Le  commerce  et  la  meunerie  Cunt  des  achats 
assez  considérables  et  l'enonvellent  leurs  approvisionnements  qui  étaient  à  peu 
près  nuls.  —  A  la  halle  de  Paris^  le  mercredi  18  août,  les  transactions  ont  été 
assez  actives  ;  les  offres  étaient  d'ailleurs  abondantes.  Les  cours  ont  subi  encore 
de  la  baisse,  ce  qui  était  inévilable.  On  payait  de  2S  à  30  fr.  par  lOi)  kilog.  sui- 
vant les  qualités;  le  prix  moyen  s'est  fixé  à  29  i'r.,  avec  une  baisse  de  1  Ir.  depuis 
huit  jours.  —  Sur  le  marché  des  blés  à  livrer,  on  cote  par  quintal  métrique  :  cou- 
rant du  mois,  27  fr.;  septembre  26  ir.  25  à  26rr.  50;  quati'e  derniers  mois,  26  fr.; 
quatre  mois  denovembe,  2  -  fr.  50;  quatre  premiers  mois,  25  fr.  25  à  25  fr.  50. — 
Au  Havre,  les  atfaii-es  sont  calmes  sur  les  blés  d'importation;  les  pri.x  s;)nt  fai- 
blement tenus.  On  cote  de  26  à  ^27  fr  par  100  kilog.  suivant  les  sortes  — A  Mar- 
seille, les  affaires  sont  assez  dilficilps,  mais  les  cours  offrent  de  la  fermeté,  à  cause 
delà  faiblesse  des  stocks.  Au  dernier  marrhé,  on  payait  par  100  kilog  suivant  les  pro- 
venances :  Berdianska,  '^8  à  29  ir.  ;  Irka,  26  fr.  à  27  fr.  .tO;  Nicopoli,  27  fr.  à 
27  fr.  50;  Michigan,  28  fr.;  Bombay,  27  à  28  fr.  —  A  Londres,  les  importations 
de  blés  durant  la  semaine  dernière  se  sont  composées  de  156,300  quintaux  mé- 
triques; les  premiers  échantillons  de  blés  de  la  nouvelle  lécolte  ont  été  offerts 
sur  le  marché.  Les  cours  sont  faibles.  On  cote  de  30  fr.  à  32  ir.  45  par  100  kilog. 
suivant  les  qualités  et  les  provenances. 

Farines.  —  Les  coui  s  continuent  à  se  maintenir,  pour  les  diverses  sortes,  à  peu 
près  sans  changements.  En  ce  qui  concerne  les  farines  de  consommation,  on 
cotait  à  Paris,  comme  la  semaine  j)récédente,  le  mercredi  iSaoïàt:  marque  D,  63  fr.* 
marques  de  ci  oix,  65  à  66  fr,  ;  bonnes  marques,  63  à  64  fr.;  sortes  ordinaires  et 
courantes,  62  à  rt3  fr.;  le  tout  par  sac  de  159  kilog.,  toile  à  rendre,  ou  157  kilo^. 
net,  ce  qui  correspond  aux  cours  extiêraes  de  39  Ir.  50  à  42  fr.  05  par  100  ki- 
log., ou  en  moyenne  40  fr  75,  comme  le  mercredi  précédent  — Quant  aux  larines 
de  spéculatmn,  elles  étaient  cotées  comme  il  suit  le  mercredi  18  aoiÀt  au  soir, 
h.  Vâris  :  farines  huit-mirq  II  es,  courant  du  mois,  60  fr.  75;  septembre,  57  fr  50; 
quatre  derniers  mois,  56  fr.;  quatre  mois  de  novembre,  55  îr.;  quatre  premiers 
mois,  55  fr.  à  55  fr.  2ô  ;'  farines  supérieures^  courant  du  mois,  ol  fr.;  septembre, 
36  fr.  50  à  36  fr.  75;  ({uatre  derniers  mois,  35  ir.  75;  quatre  mois  de  novembre, 
35  fr.;  quatre  premiers  mois,  35  Ir.  ;  le  tout  par  sac  de  159  kilog.,  toile  perdue  ou 
157  kilog.  net,  sauf  pour  les  quatre  dernières  cotes  établies  par  quintal  métrique. 
—  La  cote  otficielle  en  disponible  s'est  établie,  comme  il  suit,  pour  chacun  des 
jours  de  la  semaine,  par  sac  de  157  kilog.  net  : 

Dates  (août) 12  13  14  16  17  18 

Ff-iines  huit-marques 6125  61.35  61.00  61.00  61.00        60.75 

—      supérieures 61.25  61.50  60.25  61.25  61.25        61.00     1 

Le  prix  moyen  a  été  pour  les  farines  huit-marques  de  61  fr.,  et  pour  les  supé- 


DES    DENRÉES    AGRICOLES  (  21    AOUT    1880).  317 

rieures  de  61.25,  ce  qui  correspond  aux  coufs  de  35.90  et  de  39.20  par  100  kilog. 
—  Les  cours  des  gruaux  se  maintiennent  à  peu  près  aux  mêmes  taux  que  précé- 
demment de  45  à  5'4  fr.  par  lOOkiiog.  ;  quant  aux  farines  deuxièmes,  elles  sont 
cotées  de  33  à  36  fr.  suivant  les  qualités. 

Seig'es  —  Les  ventes  sont  assez  nombreuses,  avec  des  prix  fermes.  On  paye 
à  la  halle  de  Paris,  de  19  à  i  9  fr.  50  par  100  kilog.,  suivant  les  quilités.  — 
Quant  aux  farines,  elles  sont  cotées,  comme  la  semaine  précédsii'e,  de  27  à  31  fr. 
Orge^.  —  Mêmes  cours  que  la  semaine  précédente,  à  la  halle  de  Paris  pour  les 
orges  qui  sont  cotées  de  20  à  21  fr.  par  quintal  métrique  Quant  aux  escour- 
geons, ils  V lient  de  19  fr.  50  à  20  fr.  A  Londres,  il  y  a  très  peu  d'arrivages 
d'orges  étrangères  On  vend  suivant  les  qualités  de  19  fr.  90  à  21  fr.  80  par  quin- 
tal métrique. 

Malt.  —  Les  demandes  sont  actives,  et  les  cours  varient  peu.  On  paye  à  la 
halle  de  Paris,  de  29  à  40  fr.  par  100  kilog.  pour  les  malts  d'orge,  et  de  29  à 
36  fr.  pour  ceux  d  escourgeons. 

Avoines.  —  Il  y  a  peu  d'achats,  et  les  prix  sont  faibles.  On  paye  à  la  halle  d:i 
Paris,  de  20  fr.  50  à  22  fr.  50  par  100  kilog  suivant  [joid'^,  couleur-  et  qualité. 
Le  prix  moyen  se  fix-^  à  21  fr.  50.  —  A  Londres,  les  i  nportations  d'avoines 
étrangères  ont  été  de  179,0)0  quintaux  métriques  depuis  huit  jours.  Les  prix 
sont  en  baisse  et  se  fixent  de  20  fr.  05  à  23  fr.  par  quintal  métrique  suivant  les 
qualités. 

Sarrasin.  —  11  n'y  a  que  très  peu  d'affaires  à  la  halle  de  Paris  Les  cours 
accusent  beaucoup  de  fermeté;  on  paie  de  24  fr.  50  à  25  fr.  par  100  kilog.  sui- 
vant, les  qualités. 

Maïs.  —  Les  ventes  sont  peu  actives  au  Havre  sur  les  maïs  étrangers  qui 
valent  de  14  fr.    25  à    16  fr.  par  lOu    kilog.  suivant  les  sortes. 

Issues.  —  Les  cours  sont  plus  faibles  que  la  semaine  précédente.  On  paye  par 
quintal  métrique  à  la  hall-  de  Paris  ;  gros  son  seul,  14  fr.  75  à  15  fr.  ;  son  trois 
cases,  14  fr.  25  àl4  fr.  ;0  ;  sons  fins,  13  fr.  7.:.  à  14  fr.  ;  recoupettes,  14à  14  fr.  50; 
remoulages  bis,  15  à  16  fr.  ;  remoulages  blancs,  17  à  19  fr. 
IH.  Fins,  spiritueux,  vinaigres,  cidres. 
Vins. — Nous  sommes  aujourd'hui  en  présence  d'une  situation  complètement 
nulle.  Les  nouvelles  nous  font  défaut  d'abord,  et  celles  aui  nous  parviennent 
n'ajoutent  rien  à  ceiles  qui  faisaient  l'objet  de  nos  préceaentes  chroniques.  Le 
temps  continue  cependant  à  nous  être  favorable,  et  par  suite  la  vigne  végète  par- 
tout dans  de  normales  conditions.  Nos  correspondances,  à  ce  sujet,  sont  à  peu 
près  unanimes,  et  depuis  quelques  jours  nous  avons  la  satisfaction  de  n'avoir  à 
enregii-trer  aucun  cas  de  grêle  On  nous  affiime  presque  un  peu  partout,  que 
l'année  sera  jalouse,  c'est-à-dire  qu'elle  sera  irrégulière,  non  seulement  de  con- 
trée à  contrée,  mais  encore  dans  une  même  région,  un  même  vignoble,  un  même 
cru.  Ces  irrégularités  résultent,  croyons-nous,  de  la  nature  du  sol  et  des  cépages, 
des  courants  atmosfihériques,  des  expositions  et  des  altitudes.  On  est  d'accord 
en  général  pour  dire  que  le  Centre  et  le  Nord  ne  donneront  pas  la  moitié  d'une 
récolte  moyenne,  que  le  Midi  seul  est  plein  de  promesses,  et  dans  l'ensemble  on 
est  unanime  pour  conclure  que  le  rendement  des  vignobles,  en  1880,  présentera 
un  très  notable  déficit  sur  les  récoltes  dites  moyennes.  Malgré  cet  état  de  choses, 
les  affaires  sont  pour  ainsi  dire  arrêtées,  il  n'y  a  d'entrain  nulle  part,  pas  plus  au 
vignoble  que  dans  les  grands  centres  Partout  on  n'achète  qu'au  jour  le  jour  et  en 
raison  stricte  des  besoins  de  la  consommation.  Il  en  résulte  une  baisse  générale 
sur  tous  les  vins  de  consommation  courante;  les  vins  fins  et  les  vins  d'opéra- 
tion, riches  en  couleur,  échnppent  seuls  au  fléchissement  des  cours.  Par  suite, 
ce  fléchissement  sur  les  vrais  vins,  réagit  sur  les  cours  des  vins  fabriqués; 
les  vins  de  raisins  secs  sont  actuellement  complètement  délaissés,  les  vins  étran- 
gers d'importation  sont  également  peu  d^manaés.  Chacun  vit  au  jour  le  jour,  sur 
son  stock,  et  nous  croyons  bien  que  les  choses  resteront  en  cet  état  jusqu'à  la 
vendange,  qui  dans  l'Aude,  l'Héiault,  le  Yar,  les  Bouches-du-Rhône,  les  Pyré- 
nées-Oiientales,  commencera  du.  1*"^  au  15  septembre  prochain.  Ailleurs,  comme 
dans  le  Midi,  la  récolte  semble  depuis  quelque  temps  avoir  perdu  son  avance  et 
paraît  en  retard  de  quinze  jours,  sur  les  prévisions  de  la  première  heure. 

Spiritueux.  —  Si  nous  n'avons  rien  ou  peu  de  chose  àdire  sur  les  vins,  nous 
avons  encore  moins  à  dire  sur  les  articles  3/6  et  eau-de  vie.  Les  prix  des  3/6, 
comme  nous  le  disions  dans  un  de  nos  derniers  bulletins,  oscillent  et  conti- 
nueront à  osciller  entre  62  et  63  fr.   50,   ou  jilutôt   entre  60  et   65  francs,  car 


318  REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX-COURANT 

l'opinion  en  général  est  plutôt  à  la  haisse  qu'à  la  hausse,  en  ce  sens  que  Ift 
hausse  n'a  pour  raison  d'être  que  les  intérêts  de  la  spéculation.  Paris,  Lille  et 
les  marchés  du  Midi,  sont  toujours  dans  la  même  situation;  les  cours  ne  varient 
pas  et  ont  plutôt  des  tendances  vers  la  haïsse  fjue  vers  la  hausse.  —  A  Pùris, 
on  cote  3/6  Letterave  1"  qualité,,  90  degrés  disponible  61  IV.  7  5  ;  septembre 
60  fr.50  ;  septembre-décembre  58  fr.  60;  quatre   premiers,  56  ii\  25   à  56  fr.  ^0. 

ViiiaÏQres.  ■ —  A  Oiiéans  (Loiret),  on  cote  :  vinaigre  de  vin  nouveau,  logé,  42  à 
44  fr,  l'hect.;  vinaigre  de  vin  vieux,  logé,  45  à  47  Ir.;  vinaigre  vieux,  l'hect.,  logé, 
52  à  57  fr.,  selon  qualité. 

Cidres.  —  Point  de  nouvelles  sur  cet  article,  sinon  que  les  cours  se  main- 
tiennent avec  une  grande  fermeté. 

IV.  —  Sucres.  —  Mélasses.  —  Fécules.  —  Glucoses.  —  Amidons.  —  Houblons. 

Sucres.  —  Cette  semaine,  la  Laisse,  que  nous  constations  déjà  il  y  a  huit  jours, 
s'est  davantage  accentuée.  On  a  coté  à  Paris,  par  100  kilog.  pour  sucres  bruts, 
88  degrés  saccharimétriques  :  n"  7  à  9,  66  fr.;  n"^  10  à  13,  r)9  fr.  25:  blanc  type 
n"  3,  69  fr.  75.  —  A  Valenciennes,  le  marché,  est  sans  affaires.  — A  Péronne,  les 
sucres  manquent  tout  à  fait.  —  A  Lille,  affaires  très  calmes.  Quelques  affaires  ont 
été  traitées  à  64  fr.  50  pour  n»^  7  à  ,9  ;  à  58  et  58  fr.  25  pour  les  n^MO  à  13  ;  les 
sous-7  ont  fait  75  fr.  25.  ■ —  A  Saint-Quentin,  marché  très  peu  animé.  On  a  coté 
les  n"*  7  à  9,  6^1  fr.  75  ;  moins- 7,  75  fr.  25.  —  Le  stock  réel  de  l'entrepôt  de 
Paris  était,  au  17  août,  de  236,918  sacs,,  avec  une  diminution  de  '0.,"4".^  sacs 
depuis  huit  jours.  Les  cours  pour  l'exportation  varient,  entre  7^  fr.  et  78  fr.  50 
selon  marques.  Les  raffinés  font  :  bonnes  sortes,  149  à  150  fr.;  belles  sortes, 
151  fr.  —  A  Londres,  le  marché  est  excessivement  calme. 

Mélassps. —  Le  prix  des  mélasses  n'a  pas  changé  depuis  notre  dernier  bulletin; 
mélasses  de  fabrique,  13  fr.  ;  de  raffinerie,  14  fr. 

Fécules.  —  Le  disponible  est  rare  et  les  affaires  ont  peu  d'activité.  On  cote  à 
Paris  la  fécule  V  de  l'Oise  etdu  rayon  de  Paris  à  42  fr.  les  100  kilog.  —  A  Gom- 
piègnc,  le  type  de  la  Chambre  syndicale,  vaut  40  fr.  ;  le  livrable,  3  mois  d'octobre, 
35   fr.   50. 

Glucoses.  —  Les  sirops  de  fécule  de  pomme  de  terre  peu  abondants  maintien- 
nent la  fermeté  des  prix.  On  cote  à  Paris  par  100  kilog.  :  sirop  de  froment,  64 
i  66  fr.;  massé,  54  à  56  fr,;  liquide  (33  degrés),  -44  à  46  fr.;  sirops. ide  maïs 
massés,  44  à  46  fr. 
•  Amidons.  —  Le  prix  de  amidons  n'a  pas  varié  depuis  la  semaine  dernière. 
On  cote  à  Paris  :  amidons  de  Paris,  en  paquets,  pur  froment,  74  à  76  fr.;  de  pro- 
vince, 64  à  66  fr.  ;  d'Alsace,  en  vrague,  60  à  62  fr,  ;  ajnidons  de  maïs,  48  à  50  fr.; 
fleur  de  riz,  40  à  44  fr.;  riz  de  Louvain,  76  à  78  fr. 

Houbbns.  —  L'apparence  de  la  récolte,  magaiû  ^ue  il  y  a  quelques  semaines, 
laisse  maintenant  plus  ou  moins  à  désirer.  A  Poperinghe,  les  nuits  froides  avec 
brouillard  ont  été  défavorables;  la  moisissure  a  fait  des  dégâts.  Même  chose  à 
signaler  pour  Saaz. 

V.~- Huiles  et  graines  oléagineuses. 

Huiles.  —  Nous  constatons  depuis  notre  dernier  bulletin  une  hausse  de  0,  fr.  5^0 
sur  les  huiles  de  colza,  tandis  qu'une  baisse  de  0  fr,  25  a  atteint  celles  de  lin. 
On  a  coté  à  Paris  :  huile  d^  colza  tous  fûts,  72  fr,  25  ;  en  tonnes,  74  fr,  25  ;  épurée 
en  tonnes,  82  fr.  25  ;  lin,  en  fûts,  68  fr  ;  idem,  en  tonnes  70  fr.  —A  Rouen,  huile 
de  colza,  72  fr.  25;  d'arachide  comestible,  ilO  à  j20  fr.;  idem,  à  fabrique,  7'8 
à  85  fr,;  de  sésame  comestible,  100  à  1  !0  fr,;  idem,  à  fabrique,  78  à  85fr  ;  d'olives 
lampante,  127  fr.  le  tout  par  ]  00  kilog.  — A  Lille  (l'hectol.),  huile  de  col-.a,  de  66  à 
66  fr.  50;  de  lin  étranger,  62  fr  :  de  lin  épurée,  72  à  72  fr.  50.  —  A  Caen,  huile 
disponible,  et  courant  mois,  68  fr.  50  les  100  kilog. —  A  Arras,  huile  de  pavot  ù 
bouche,  96  fr,;  de  lin  étranger,  69  fr,  ;  decarneline70fr.,  les  100  kilog. —  A  Cambrai, 
colza,  71  fr,  ;  lin  67  fr,  -r-  A  Grasse,  les  affaires  en  huiles  d'olives  fines  sont  à  peu 
près  nulles. 

Graines  oléagineuses.  —  A  Rouen,  la  graine  de  colza  vaut  31  fr.  50  les  100  ki- 
log. —  A  Caen,  graine  de  colza,  19  à  20  "fr.  l'hectolitre.  —  A  Arras,  colza  nouveau 
19  à  21  fr.  75;  lin,  21  à  24  fr.   25  l'hectolitre.  —  A  Douai,  colza  nouveau;  18  à 
21  fr.  ;  lin,  22  à  23  fr.  ;  cameline,'  17  à  19  fr.  ;  œillette,  42  à  48  fr.  l'hectolitre. 
VI.  —  Tourteaux.  —  Noirs.  —  Engrais. 

Tourleaux.  —  On  a  coté  à  Marseille,  par  100  kilog.  :  tourteaux  lin  pur,  20  fr.; 
arachide  décortiquée,  15  fr.  50;  idem  brun  pour  engrais,  14  ir..;  idem   en  coque, 


DES  DENRÉES  AGRICOLES  (21   AOUT  1880).  319 

11  tr.  50;  ricins,  10  fr.  58;  sésame  blanc  du  Levant,  15  fr.;  idem  de  Tlnde, 
13  fr.   50;  colza  du  Danube,   13  fr.  50;  palmiste  naturel,    10  fr.    50;  ravison, 

12  fr.  50.  — A  Rouen,  oncote:  colza  indigène,  14  fr.  25  ;  arachide  en  coque,  H  fr.; 
idem  décortiquée,  16  fr.  50;  sésame,  15  fr.;  lin,  23  fr.  —  A  Gaen,  tourteaux 
colza,  15  fr.  —  A  Arras,  tourteaux  colza,  15  fr.  50  les  104  kilog.  ;  pavot,  14  fr.  ; 
lin,  23  fr.  50. 

Noirs.  —  On  continue  à  coter    sans   changement  à  Valenciennes  :  noir  neuf 
en  grains,  32  fr.;  vieux  en  grains^  8à  9  fr.;  lavage,  2  à  4  fr. 
VII.  —  Suifs  et  corps  gras. 

Suifs.  —  On  cote  à  Paris  en  nouvelle  hausse  depuis  huit  jours  :  frais,  hors 
Paris,  84  fr.  cO  ;  bœuis  Plata,  89  fr.;  suif  en  branches,  63  fr.  35.  —  Au  lîavre, 
on  a  vendu  200  pipes, Plata  mouton  à  livrer,  87  fr.  50,  et  bœuf  Plata,  9U  fr.  les 
100  kilog. 

Saindoux.  —  Une  vente  de  100  tierçons  Wilcox  à  livrer  pour  septembre,  s'est 
faite  à  106  fr.  les  100  kilog. 

Lards  salés.  —  On  .a  fait  600  caisses  longues  bandes  à  112  fr.  les  100  kilog. 
VIII.  —  Fruits  secs. 

Pruneaux.  —  Dans  le  Lot-et-Garonne  et  les  départements  voisins,  on  s'occupe  de 
la  récolte  de  la  prune  d'ente  qui,  paraît-il,  sera  considérable.  Les  offres  faites  par 
la  Bosnie,  la  Serbie  et  la  Turquie  maintiendront  les  prix  dans  certaines  limites. 
Voici  les  ])rix  de  début  sur  le  marché  de  Buda-Pastn  :  prunes  de  Bosnie,  42  à 
45  fr.;  prunes  de  Serbie,  37  à  40  fr.,  selon  qualité,  par  100  kilog.  en  gare  de 
Buda-Pesth.  —  Les  prunes  de  Turquie  valent  70  à  72  fr.  50  les  100  kilog,  ren- 
dus franco  dans  l'intérieur  de  l'Allemagne.  Le  commerce  pense  que  les  prix 
ci-après  ne  seront  pas  dépassés  pour  la  campagne  prochaine  :  15  à  17  fr.  pour  les 
fretins:  25  à  30  fr.  pour  les  petites  rames;  30  à  35  fr.  pour  rames  ordinaires; 
35  à  40  fr.  pour  rames  supérieures;  45  à  50  fr.  pour  demi-choix;  55  à  60  fr.  pour 
choix  ;  65  à  70  pour  impériales  ;  80  à  85  fr.  impériales  extra;  le  tout  par  50  hilog. 
en  demi-caisses,  franco  Bordeaux. 

IX.  —Beurres.   —  Œufî. —  Fromages. 

Bevrres. —  219,375  kilog.  de  beurres,  on  été  vendus  cette  semaine  à  la  halle 
de  Paris.  Les  prix  ont  été  comme  suit  :  en  demi-kilog.,  1  fr.  70  à  3  fr.  40; 
petits  beurres,  1  fr,  60  à  2  fr.  50;  Gournay,  1  fr.  76  à  4  fr.  08;  Isigny,  1  fr.  92 
à  5  fr.  66. 

Œufs,  —  Du  10  au  16  août,  4,150,445  œufs  ont  été  vendus  à  halle  de  Paris, 
aux  prix  suivants,  par  mille  :  choix,  95  à  104  fr.;  ordinaires,  66  à  95  fr.;  petits, 
50  à  60  fr. 

Ffomoges.  —  Le  prix  des  fromages  a  été  cette  semaine,  à  la  halle  de  Paris,  par 
douzaine  :  Brie,  6fr.  à  12  fr.  ;  Montlhéry,  15  fr.  ;  par  cent  :  Livarot,  23  à  77  fr.  ; 
Mont-d'Or,  12  à  28  fr.;  Neufchâtel,  3  f r  50  à  17  fr.  50;  divers,  6  à  70  fr.  Les 
100  kilog.  de  Gruyère  se  sont  vendus  de  124  à  152  fr. 

X.  —  Chevaux.  —   Bétail.  —  Viande. 

Chevaux.  —  Aux  marchés  des  11  et  14  août,  à  Paris,  on  comptait  937  che- 
vaux; sur  ce  nombre,  352  ont  été  vendus  comme  il  suit  : 

Amenés.  Vendus.  Prix  extrêmes. 

Chevaux  de  cabriolet 201  32      270àl,0I0fr. 

—  detrait 313  75      295  à  1,275 

—  horsd'âge 297  119        40  11,015 

—  à  l'enchère 37  37        55  à      390 

—  de  boucherie 89  89        28  à        95 

Bétail,  —  Le  tableau  suivant  résume  le  mouvement  du  marché  aux  bestiaux  de 
la  Yillette,  du  jeudi  12  août  au  mardi  17  août  : 

Poids       Prix  du  kilog.  de  viande  sar  pied 
Vendus 

Eh 

totalité.. 

4,646 

1,511 

190 

4,043 

42,717 

4,885 

6 

Les  apports  ont  été  très  nombreux  sur  le  marché,  principalement  en  ce  qui 
concerne  les  moutons.  Les  achats  continuent  à  être  plus  restreints.  Les  prix  des 
diverses  catégories  sont  cotés  en  baisse  ;  c'est  surtout  sur  les  moutons  que  ce 
mouvement  est  accentué. 


Pour 

Pour 

Amenés. 

Paris,  l'extérieur. 

Bœufs 

6,318 

2,853 

1,793 

Vacbes 

1,778 

747 

764 

Taureaux 

235 

160 

30 

Veaux  

4,666 

2,888 

1,155 

Moutons 

49,109 

19,422 

23,295 

Porcs  gras 

4,885 

2,003 

2,882 

—    maifîres. 

6 

2 

4 

moyea 

au  m 

arche  du 

lundi  16 

août. 

^ — ~~ 

•"-- —      '" 

" 

k  quartiers.  1" 

2. 

3» 

Pris 

kil. 

quai. 

quai. 

quai. 

moyen. 

335 

1.64 

1.44 

1.14 

1.39 

230 

1.52 

1.24 

0.98 

1.24 

370 

1.32 

1.12 

0.96 

1.15 

74 

1.74 

1.60 

1.20 

1  4i 

19 

2.00 

1.68 

1.38 

1.6ê 

86 

1  80 

1.70 

1.60 

1.70 

28 

1.40 

> 

» 

1.40 

3-20 


REVUE    COMMERCIALE  ET  PRIX-COURANT  (21  AOUT   \i 


A  Londres,  les  arrivages  d'animaux  étrangers,  durant  la  semaine  dernière,  se 
sont  composés  de  12,538  têtes,  dont  4  bœufs.  272  veaux,  1,871  moutons 
venant  d'Amsterdam;  1,116  bœufs  et  3 ,462  moutons  de  Boston;  2'*8  moutons 
d'Hambourg;  24  bœufs,  37  veaux.  I,0t2  moutons  et  138  porcs  d'Harlingen; 
268  bœufs  et  1,693  moutons  de  Montréal;  797  bœufs  et  240  moutons  de 
New-York;  5  bœufs,  344  veaux,  2,757  moutons  et  123  porcs  de  Rotterdam; 
50  bœufs  de  Yigo  :  Prix  du  kilog  :  Bœuf  :  \'%  1  Ir.  93  à  1  fr.  99;  2%  1  fr.  58 
à  1  fr.  75  ;  qualité  inférieure,  1  Ir.  46  à  1  fr.  58. —  Veau  :  1'%  1  fr.  87  à  l  fr.  99; 
2»  1  fr.  75  à  1  fr.  87  —  Mouton  :  1",  2  fr.  28  à  2  fr.  45;  à",  1  fr.  75  à  2  fr.  10; 
qualité  inférieure,  1  fr.  58  à  1  fr.  75. —  Agneau:  2  fr.  45  à  2  fr.  75.  -  Porc: 
1",  1  fr.  58  à  1  fr.  70  ;  2%  I  fr.  40  à  1  fr.  58. 

Viande  à  ta  criée.  —  On  a  vendu,  à  la  halle  de  Paris,  du  10  au  16  août  : 

Prix  du  kilog.  le  10  aoùL. 


kilog. 

l"  quai. 

Bœuf  ou  vache . 

.    181,488 

0.6-2  à  I   60 

Veau 

.  190, i;j:? 

1.20     1.80 

Mouton 

.     57,90:, 

1.-26     1.70 

Porc 

.     l;i,506 

P 

quai. 
0.«àl.'20 
0.G2     1.18 
0.66     1.24 


qu-ll. 

O.lOàO.60 
0.26  0.60 
0.20  0.64 
0.90à  1.80 


Cliosx.     Basse  boucherie. 
0.:iOà2.26   0.04  à  0.50 
U.iJ     2.00       .  » 

0.06     3.50       . 


443,032      Soit  par  jour 63,290  kilog. 

Les  quantités  vendues  sont  à  peu   près  les   mêmes   que  la  semaine  précédente. 
Sous  l'influence  du  temps  orageux,  les  cours  sont  en  baisse  sensible. 

XII.  —  Cours  de  la  viande  à  Vabattoir  de    la  Villette  du  19  août  {par  50  kilog.) 
Cours  de  la  charcuterie.  —  On  vend  à  la  Villette  par    50  kilog.  :  1"  qualité, 
90  à  95  fr.;  2%  85  à   90  fr.;   poids  vif,  65  à  69  tr. 

Bœufs.  Veaux.  Moutons. 


—  Marché  aux  bestiaux  de  la  Villette  du  jeudi  \9  août. 

Cours  des  commissionnaires 
Cours    officiels. 


Animaux 
amenés.    Invi 

Bœafs 2.6U! 

Vaches sus 

Taureaux...        ai* 

Veaux 1.202 

Moutons....  21.974  4 

Porcs  gras..     3.728 
—  maigres.  » 

Vente  lente  sur  toutes 


Poids 

moyen 

général. 

kil. 

365 
250 
370 

80 

18 

83 


1" 
quai. 
1.60 
1.48 
1.28 
1.74 
2.00 
1.70 


quai, 

:.!i4 

1.2i 
1.10 
1.60 
1.68 
1.60 


3» 
quai. 
1.12 
0.94 
0.9* 
1.20 
1.38 


Prix 

extrêmes. 

1.04  ài.er. 

o.yo    i.Di 


quai. 
•    60 


0.90 
1.10 
1.26 
1.40 


1.32 

1.80 
2.04 
1.80 


en  bestiaux. 

3«  Prix 

quai.      extrêmes 

1.22  1.04  à  1  6;-. 
0.95  0.90  !.5o 
1.00        0.90      1.30 


XIH. 


Pour  la  plupart  de.-i  denrées  agricoles,  les  prix  sont  plus  faibles 
principalement  pour  les  céréales  et  la  plupart  des  produits  animaux. 


Résumé. 

prix  sont  ph 


cette  semaine, 
A.  Remy. 


BULLETIX  FIXANGIEI^. 


Cours'  de  la  Bourse  du  11  au  18  o-U  1880  {au  com-itiit]. 
Très  peu  d'affaires  avec  une  tendance  à  la  réaction  :  notre  3  0/0  est  à  85  fr.  30; 
l'amortissable  à  87  fr.  50,  el  le  5  0/0,  après  avoir  fait  119  fr.  20,  est  revenu  à  1 19  fr. 
Faiblesse  à  nos  chemins  de  fer  fermeté  aux  sociétés  de  crédit. 


bas. 

haut. 

8S.20 

35.35 

37.40 

87.55 

116.85 

113.00 

119.00 

119.20 

Principales  valeurs  françaises  : 

Plus        Plus 

Rentes  O/O 

Rente  3  o/O  amortis.. 

Rente  4  1/2  o/o 

Rente  5  0/0 

Banque  de  France 3190.00  3.>0'i.oo 

Comptoir  d'escompte 950.00    96o.O) 

Société  généiale 5i5.00    557.50 

Crédit  foncier 127J.50  1285.00 

Est Actions  500    75-1.00    760. on 

Midi d»  1012.50  1020.00 

Nord d°  I59j.fl0  I605.00 

Orléans d°  1218.75  1220. oo 

Ouest d°      810.00      825.00 

Paris-Lyon-Méditerranée  d"  1350. 90  1360.00 
Paris  1871  obi.  400  3  0/0..  398.00  399.00 
Italien  i  0/0 84.30      8465 

Gérant  :  A.  BOUCHÉ 


Dernier    | 

cou 

s. 

85 

30 

H7 

50 

117 

55 

119 

00 

3'i90 

00 

9.0 

00 

555 

00 

1285 

00 

700.00     1 

1015 

00 

1595 

00 

t2>0 

00 

825 

00 

1350 

00 

398 

50 

84 

S. 

.45 

Cheznioâ  de  fer  français  et  étransers  : 

flus 

Plus 

Dernier 

bas. 

haïu. 

cours. 

Autrichiens.                d'^ 

59Ô  25 

601.25 

600.00 

Lombards.                    d' 

178.00 

180.00 

180.00 

Romains.                       d* 

145.00 

Nord  de  l'Espagne.     d° 

331.25 

335.00 

335.00 

Saragosse  à  Madrid,   d" 

355.00 

36i.75 

363. 7i 

Portugais.                      d' 

583.75. 

S^S.OO 

595.00 

Est.Obl.  3  0/or.  àSOOf.d» 

390.50 

39t. =0 

391.50 

Midi                                ri- 

388.50 

390.00 

390.00 

Nord,                              d" 

390.25 

390.50 

390.50 

Orléans.                         ri- 

388.50 

391.00 

389.00 

Ouest.                           d° 

388.00 

339.00 

389.00 

Paris-Lyon-Méditer.    ri' 

392.50 

393.75 

392.50 

Nord  Esp.  priorité.     ri- 

340.00 

344. UO 

340.00 

Lombards,                    d- 

264.2» 

265.00 

265.00 

CHRONIQUE  AGRICOLE  (28  août  isso,. 

Dernières  nouvelle?  de  la  récolte  des  céréales.  —  Renseignements  réunis  sur  les  principaux  dis- 
tricts  de  l'Angleterre  et  du  pays  de  Galles.  —  La  bourse  commerciale  de  Vienne.  —  Documents 
sur  la  récolte  du  blé,  du  seigle,  de  l'orge  et  de  l'avoine  dans  les  princii>ales  parties  de  l'Europe 
centrale.  —  EHimation  de  la  récolle  du  b!é  aux  Eiats-Uuis  d'Amérique.  —  Le  ()làtrage  des 
vins.  —  Circulaire  du  ministre  de  la  justice  aux  procureurs  généraux.  —  Proportion  de  sulfate 
de  potasse  tolérée  dans  les  vins  par  l'administration.  —  L  importation  du  bélad  étranger  en 
France.  —  Relevé  des  importations  du  1"  janvier  au  31  juillet.  —  Animaux  reconnus  atteints 
de  maladies  conligieuses  durant  la  môme  période.  —  L'importation  alcooli  jue  rapide.  —  Re- 
cherches de  M.  Chevreiil  sur  les  causes  qui  s'opposent  à  la  continuité  de   Ix  fermentation.  — 

—  Méthode  trouvée  pir  M   Joseph  Boussingault  pour  l'analyse  rapide  des  vins    —  Le  phylloxéra, 

—  Nouvelles  taches  dans  les  départements  des  Land;s,  de  Loir-el-Cher  et  de  l'Ain.  —  Décret 
relatif  à  l'i  nport  .tion  des  végétaux  de  Suisse.  —  La  situation  des  vignes  dm-;  l'Hérault.  — 
Géographie  du  phylloxéra  dans  la  Gironde,  par  M.  Froidefond  —  Rapport  de  M.  le  docteur 
Micé.  —  Réductions  de  tarifs  en  faveur  du  concours  agricole  d'Or.in  —  Prochain  concours  dé- 
partemental dans  la  Sarthe.  —  Concours  des  Comices  de  la  Double  et  de  Lu  léville.  —  Nouvelle 
association  agricole  dans  Seine-et-Oise.  —  Répon-e  aux  attaques  d'un  inconscient.  —  La  vérité 
surrenquête  de  la  Société  nationale  d'agriculture.  —  Erratum.  —  Situation  de  1  industrie  sén- 
cicole.  —  Nécessité  du  conditionnement  des  soies. —  Augmentation  du  rendement  des  éduca- 
tions. —  Les  chemins  de  fer  portatifs  Decauviile  en  Russie.  —  Nécrologie  —  Mort  de  M.  Pierre 
Bourrel.  —  N'oies  de  MM.  Bove,  Dubosq,  d'Ounous,  sur  la  sitiation  des  récoltes  dans  les  dé- 
partements de  la  Somme,  de  l'Aisne  et  de  l'Ariège.  —  Le  complément  de  la  moisson. 

I.  —  La  moisson. 
La  récolte  est  maintenant  presque  terminée  dans  toute  l'Europe,  et 
l'on  sait  à  quoi  s'en  tenir  sur  ses  résultats,  quoique  cependant  il  soit 
encore  impossible  de  fixer  pir  des  chiffres  l'importance  exacte  de 
chaque  moisson.  Déjà  nos  lecteurs  savent  que,  en  France,  on  est  satis- 
fait en  général,  et  que,  en  ce  qui  concerne  le  froment  et  l'avoine,  la 
moisson  est  celle  d'une  année  moyenne  pour  la  quantité  et  a  fourni 
une  très  bonne  qualité.  Pour  l'Angleterre  et  le  pays  de  Galles,  nou» 
avons  reçu,  par  le  Mark  Lcine  Express,  des  détails  très  complets  sur 
les  principales  récoltes  dans  la  plupart  des  céréales,  et  nous  avons  pu 
en  extraire  le  tableau  résumé  suivant  : 


Nature 
des  récoltes. 

Blé 

Nombre  des  districts 

sur  lesquels  on  a 

des  avis. 

3T3 
338 
319 
223 
237 
327 
294 
341 
330 

au 
la 

Récoltes 
i-dessus  de 
moyenne. 

36 

97 

87 

53 

51 
111 

18 

20 
224 

Récoltes 
moyennes. 

172 
212 
191 
143 
113 
171 
113 
146 
93 

Récoltes 

au-dessous  de  la 

moyenne. 

105 

Orge 

Avoine     . .       

29 

41 

Fèves 

27 

Pois 

73 

45 

163 

Foin 

Pommes  de  terre... 

175 
13 

On  se  plaint,  dans  un  très  grand  nombre  de  districts,  de  la  qua- 
lité; ce  déficit  provient  surtout  de  verse  ou  de  rouille. 

De  Vienne  (Autriche),  il  nous  vient  un  autre  renseignement  qui  ne 
parle  malheureusement  ni  de  la  France  ni  de  l'Angleterre,  mais  qui 
présente  néanmoins  un  véritable  intérêt.  Il  émane  du  Comité  organi- 
sateur du  marché  international  des  céréales  qui,  dans  une  réunion 
avec  les  délégués  de  divers  pays,  discute  et  résume  les  avis  apportés 
sur  les  principales  récoltes.  De  cette  discussion  sort  un  tableau  fai- 
sant connaître  l'état  approximatif  de  la  récolte  dans  les  divers  pays. 
Le  tableau  pour  1880  vient  d'être  dressé.  On  y  a  représenté  par  100 
une  récolte  moyenne,  c'est-à-dire  suffisante  pour  la  consommation 
intérieure  et  laissant  même  une  certaine  marge  pour  l'exportation  j 
les  différences  en  plus  ou  en  moins  sont  indiquées  par  des  propor- 
tions centésimales.  Les  appréciations  pour  chaque  pays  et  chaqii.e 
céréale  sont  les  suivantes  : 

Froment.  Seigle.  Orge.  Avoine. 

Prusse 100  60  95  100 

Saxe  Royale 90  75  100  100 

Bavière 154  101  113  118 

N«  .e.94.   —  Tom«  III  Hp.  l««r> 9«  ami  t. 


322  CHRONIQUE  AGRICOLE   ('28  AOUT  1880). 

Froment.         Seigle.  Orge.  Avoine. 

Bide 300  1(10  100  ICO 

Wurleml)"rg 115  105  115  J15 

Met  klembourg 95  80  90  l'iO 

Suisse JOO  »  90  IdO 

Danemaik  100  9T  MO  85 

Suecie  Noiwèye 100  95  95  90 

AiUrictie 1(;6  98  106  105 

Hongrie 97  1/2  9blf2        114  114 

Italie 115  »  PO  80 

Bel«iiiu3 105  105  105  125 

Hollande 10  85  95  100 

Russie 97  80  106  107 

Kouinanie 125  115  140  125 

Serbie 108  KO  105  ÎOO 

Egypte 100  »  100 

Ce  tablrau  indique  une  moisson  généralement  bonne  pour  le  fro- 
ment, au-des«ous  de  la  moyenne,  à  six  exceptions  près,  pour  le  seigle, 
bonne  pour  l'orge  et  l'avoine.  La  récolte  des  Etals-Unis  d'Amérique 
est  évaluée  à  150  millions  d'hectolitres;  mais  la  qualité  laisserait 
beaucoup  à  désirer.  Au  point  de  vue  de  l'agriculture  française,  il  n'y 
a  qu'à  se  louer  de  l'année  1880^  en  ce  qui  concerne  les  céréales. 

IL  —  Le  pldtrorje  des  vins. 

M.  Cazot^  ministre  de  la  justice,  vient  d'adresser  la  circulaire  sui- 
vante aux  procureurs  généraux,  relativement  à  la  vente  des  vina 
plâtrés  : 

«  Monsieur  le  procureur  général,  à  la  suite  de  diverses  décisions  judiciaires, 
relatives  à  la  vente  des  vins  plâtrés,  un  de  mes  prédécesseurs  avait  exprimé  à 
M.  le  ministre  de  l'agriculture  et  du  commerce  le  désir  que  de  nouvelles  expé- 
riences fussent  faites,  à  FelTet  d'établir  si.  dans  l'état  actuel  de  la  science,  l'inQ- 
muni  té  accordée  aux  vins  plâtrés,  parla  circulaire  du  21  juillet  1858,  pouvait  être 
maintenue. 

«  Saisi  e  l'examen  de  la  question,  le  Comité  consultatif  d'hygiène  publique  en 
France  a  émis  l'avis  : 

«  l**  Que  l'immunité  absolue  dont  jouissent  les  vins  plâtrés,  en  vei^tu  de  la  cir- 
culaire du  ministre  delà  justice,  en  date  du  2i  juillet  1858,  ne  doit  plus  être 
olfîciellement  admise. 

«  Que  k  présence  du  sulfate  de  potasse  dans  les  vins  de  commarce,  qu'elle  ré- 
sulte du  plâtrage  du  moiàf,  du  mélange  de  plâtre  ou  de  l'acide  sulfurique  au  vin, 
ou  qu'elle  résulte  du  coupage  des  vins  plâirés,  ne  doit  être  tolérée  que  dans  1% 
limite  maxiruade  deux  grammes  par  litre. 

«  En  portant  cet  avis  à  ma  connaissance,  mon  collègue  de  l'agriculture  et  du 
commerce   m'inlorme  qu'il  y  adhère  complètement. 

«c  L'immunité  résultant  des  disposilious  précitées  devra  être  restreinte  en  con- 
séquence, c'est  à  dire  C[u'il  y  aura  lieu  désormais,  pour  les  parquets,  de  pour- 
suivre, en  vertu  des  lois  sur  la  falsification,  le  commerce  des  vins  contenant  une 
quantité  de  sulfate  de  potasse  supérieure  à  celle  de  deux  grammes  par  litre,  la- 
quelle peut  seule  être  tolérée  sans  danger  pour  k  santé  des   consommateurs. 

a  Je  vous  p'ie  de  vouloir  bien  adresser  à  vos  substituts  des  iustructians  en  C» 
sens  et  m'accuser  réception  de  ia  présente  circulaire. 

«  Recevez,  etc.  «  Le  garda  des  saaur,  mînislre  de  la  justice^ 

a   Jules   CaZ')T.    » 

Nous  nous  sommes  toujours  élevé  contre  le  plâtrage  des  vins,  que 
nous  considérons  comme  une  pratique  qu'on  doit  éviter  autant  que 
possible.  Quant"  à  la  quantité  de  2  grammes  de  sulfate  de  potasse  par 
litre  de  vin  que  la  circulaire  du  ministre  de  la  justice  indique  comme 
maximum  que  l'on  peut  admettre,  elle  peut  ne  pas  être  nuisible  immé- 
diatement à  la  santé  des  consommateurs;  mais  que  se  produirait-t-il 
à  la  longue,  nul  ne  le  sait;  dans  tous  les  cas  c'est  une  limite  au-dessous 
de  laquelle  nous  voudrions  qu'on  restât  dans  une  forte  proportion. 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (28  AOUT   1880).  3f3 

III.  —  Vim-portalion  du  bétail  eu  France. 
Le  Journal  officiel  du  20  août  publie  le  tableau  dressé  parle  service 
deTinspecLion  sanitaire  du  bétail  étranger,  l'^latif  aux  importations 
•d'animaux  vivants  durant  les  sept  premiers  mois  de  l'arinée  1880. 
Nous  reproduisons  ce  tableau  qui  fait  suite  à  ceux  que  nous  avons 
déjà  insérés  dans  nos  chroniques  du  2G  juia  et  du  31  juillet  : 

Relevé  des  importations  da  1"  janvier  au  31  juillet  1880.     

Gelll^ses 
Rqrs  de  pro/eninoe.        «œaf*.    Taureaux.  Vaches.  et  Veaux.      Moutons.      Chèvres.    Porci, 

Taurillons. 

Algérie    12.119  ...  8  268.121  2  129 

Allerns^ne 2,963  337  4,753  8i2  1,776  4:-.7.8'<5  101  54,256 

AiilTiche-Hoi.gne »  »  «  •  »  99,716  .  2W 

Belgi.jue 2,410  2,190  17,940  991  14,438  3.'., 876  1?8  68,2«I 

Ep'iKne 1,.S92  3d  316  24  68J  94,8,0  2,016  1,734 

EiHts-Unis  d'Amérique  1  .?36  6  5  »  2  1  ,BbS  .  BîS 

Iialie 29,097  25  11,296  550  8,769  126,517  2,851  17,749 

Pays-Bas 8  8  1,973  f3  365  2.. 549  .  1,445 

Siii-^e 439  301  5,009  326  3,688  2,619  59  1:,174 

Angleterre 122  6  12  3  »  19  7  32 

Bussi- T.  .  »  >  »  »  ï  «7 

îpaysdivers 1,955  22  418  53  hKl  7,T78  156  2,655 

5l,9'4l  2.9^1  41, 772  2,852  30,313 

Totauï """"""^  Ï2V'^9  '""^  1,097,778  5,330  148,422 

RÉCAPITULATION 

rfloncWie 42,î)89      1 ,7R4       16,895  47î      22,995      990,572      1,508      79,535 

ttstinjaion  Uirrif.Hivpred.  42  113      12.9X9      1,497  470  l  ,0i:»      2,:i,.8  5S6 

tDgraisemeal . .       9,310       1,03't       11,8i7  881        6,848       IQS.  rv3       1,5  4      68.3Q1 

Totaux 51,941       2,931     "41,722       2,852      30,313     1,097,778    5,330     148,4Î2 

Animaux  reconnus  atteints  de  maladies  contagieiisss  pendant  la  m§3i3  période. 

Pays  de  fc-peoe    Mou-    Ch»-  Mesores 

provenaace.  Nature  de  la  maladie.  i)oviJie.    tons.    vres.  Porcs.        prise». 

„  ,   .  ^.,           ,.              ^    .           SMilmles...  16  2        •        1  Repoussés. 

Belgique..  Fièvre  aphleuse.- Dartres..,  ].cj,„.,^,jjinés  1  3        -        -  Meai, 

,.  PéripneuTU  f.yanose  gangrf^n.  i  Malniles . ..  4  3*1  liena. 

raem....  Mal.  de  poitr.  Phtis.  palud. .)  Oant  «minés  3  ...  Ideau 

Ideaï....     Gale.  Variole j  Conta  nitiés        44  •         .11  Idem. 

__                    ^.  .  {Malades...  3  «         .        »  Ilem.. 

Espagne...     Peripneumome Cnntaminés         4  ...  Idem. 

Algéa«....     Gile.  Clavelée j  (^o;. t. rainas  .      1558        .         »        Seiuestr^. 

,.  ^                „,     ~,      ,•  iMilales...  l  3        »        •        Repousses. 

K^^ie Gale.  Clavelee  JCuniamiûés         ».  .        -        .  Idem. 

Les  différences  que  le  tableau  dressé  par  les  soins  de  la  Direction 
de  l'agriculture  présente  avec  celui  que  publie  l'administration  des 
douanes,  continuent  à  être  considérables.  Les  chiffres  relatifs  aux 
aniraauK  des  races  bovines  commencent  à  se  rapprocher.  Mais  il  y  a 
toujours  une  énorme  différence  en  oe  qui  concerne  les  porcs;  la  Direc- 
tion de  l'agriculturv^  accuse  une  importation  de  148,422  têtes,  tandis 
que  la  direction  des  douanes  n'eu  fait  figurer  dans  ses  états  que 
87/284.  Il  est  urgent  de  faire  disparaître  ces  anomalies.  Quoi  qu'il  en 
soit,  l'importation  d'animaux  étrangers  reste  dans  les  limites  ordinaires. 

La  partie  du  tableau  qui  est  relative  aux  animaux  atleinls  de  maladies 
contagieuses  montre  que  le  plus  grand  nombre  d'animaux  malades, 
amenés  sur  nos  frontières,  proviennent  de  l'Algérie,  et  que  ce  sont 
surtout  des  moutons  attiqués  par  la  clavelee.  La  persistance  de  ce 
fait  justifie  les  mesures  de  précaution  qui  ont  été  prises  à  l'égard  de 
ces  animaux. 


3i4  CHRONIQUE  AGRICOLE   (28  AOUT   1880). 

IV.  —  Sur  la  fermentation  rapide. 
M.  Joseph  Boussingault  vient  de  présenter  à  l'Académie  des  science, 
une  note  très  importante  sur  ]a  fermentation  rapide  du  vin.  Déjà,  à 
plusieurs  reprises,  nous  en  avons  signalé  la  substance.  Dès  1828, 
M.  Chevreul  a  fait  remarquer  que  lorsque  la  fermentation  alcoolique 
du  sucre  avait  commencé,  elle  se  continuait  dans  un  milieu  différent 
du  milieu  primitif  puisqu'il  y  avait  de  l'alcool  à  la  place  du  sucre  déjà 
décomposé.  De  là,  la  très  grande  lenteur  de  certaines  fermentations. 
Voici  en  quels  termes  M.  Chevreul  a  indiqué,  dans  la  28^  leçon  de  son 
cours  de  chimie  appliqué  à  la  teinture,  ce  phénomène  d'une  haute 
importance  : 

«  Le  sucre  qui  est  en  contact  avec  la  levure  de  bière  et  l'eau,  dans  des  circon- 
tances  convenables,  manifeste  des  phénomènes  curieux,  et  d'autant  plus  intéres- 
sants qu'on  les  observe  encore  lorsque  les  sucs  sucrés  des  végétaux  sont  aban- 
donnés à  l'action  réciproque  de  leurs  principes  immédiats  dans  les  mêmes 
circonstances. 

«  Prenez  un  flacon,  mettez-y  ]7  parties  d'eau  et  5  parties  de  sucre;  versez  dans 
cette  solution  une  partie  de  levure  délayée  dans  trois  fois  son  poids  d  eau,  puis 
adaptez  au  flacon  un  lube  à  gaz,  dont  l'ouverture  communique  sous  une  cloche 
remplie  d'eau.  Voici  les  phénomènes  que  vous  observerez,  si  la  température  est 
de  15  à  25°.  Au  bout  de  quelques  heures,  le  iKjuide  présentera  des  bulles  extrê- 
mement iines,  qui  augmenteront  progressivement  de  volume,  et  finiront  par  sur- 
monter la  ré-istance  que  la  viscosité  du  liquide  oppose  à  leur  dégagement  ;  alors 
elles  viendront  crever  à  la  surface. 

«  En  s'ajoutant  à  l'air  du  flacon  elles  en  augmenteront  assez  la  tension  pour  que 
ie  gaz  passe  du  flacon  dans  la  cloche.  On  recueillera  ainsi  une  assez  grande  quan- 
tité de  gaz  acide  carbonique.  Le  dégagement  est  rapide  pendant  12  ou  2^4  heures. 
Cela  dépend  au  reste  de  Ja  masse  des  matières  et  de  la  température  du  milieu 
ambiant,  car  la  fermentation  a  plus  d'activité  à  25°  qu'à  15°. 

«  On  se  tromperait  beaucoup  si  l'on  croyait  qu'au  bout  de  24  heures,  lorsqu'on 
opère  sur  une  masse  un  peu  considérable,  la  fermentation  lût  achevée.  Elle  dure 
encore  plusieurs  jours  d'une  manière  sensible,  et  se  prolonge  même  des  années;  de 
sorte  qu'il  n'est  pasrarede  retrouver  une  quantité  notable  de  sucre  dans  des  liqueurs 
qu'on  a  abandon  nées  à  la  fermentât  ion  spiri  tueuse  depuis  un  mois.  Ce  résultat  n'a  rien 
qui  doive  surprendre,  puisquela  nature  du  liquide  change  en  même  tempsqu'il  se  pro- 
duit de  l'alcool.  Ou  avait  d'abord  du  sucre,  de  l'eau,  et  une  certaine  quantité  de  ferment; 
à  mesure  que  la  fermentation  s'opère,  la  quantité  du  sucre  diminue,  et  il  se  déve- 
loppe de  l'alcool,  qui  reste  pour  ainsi  dire  en  totalité  dans  la  liqueur.  Or,  l'alcool 
a  une  action  toute  diflerente  que  celle  de  l'eau  sur  un  grand  nombre  de  principes 
immédiats  ;  il  sulfit,  pour  être  convaincu,  de  rappeler  ici  1  usage  du  premier  de 
ces  liquides  pour  conserveries  matières  organiques  qu'on  y  plonge  ;par  conséquent, 
à  mesure  qu'il  s'en  produit,  la  nature  chimique  de  la  liqueur  change  ;  et  quand,  par 
exemple,  les  8/iO  de  sucre  sont  convertis  en  alcool,  les  2/ lu  qui  restent  étant  dans 
un  liquide  différent  de  celui  dans  lequel  étaient  les  8/10  (|ui  ontiermenté,  on  trouve 
dans  la  nature  même  de  l'opération  une  cause  qui  tend  à  la  limiter.  » 

C'est  en  partant  de  ces  principes  que  M.  Joseph  Boussingault,  par 
«ne  heureuse  conception  et  un  coup  de  maître,  est  arrivé  à  assurer 
la  rapidité  de  la  fermentation.  Il  opère  de  la  manière  suivante  :  le 
vase  à  fermentation  est  établi  dans  un  bain-marie  chauffé  à  40°  et 
mis  en  communication  avec  une  machine  pneumatique.  La  fermenta- 
tion commencée,  l'air  est  raréfié  jusqu'à  l'ébullition  du  liquide,  la 
vapeur  alcoolique  étant  condensée  dans  un  récipient  plongé  dans  la 
glace.  Six  heures  après,  il  n'y  a  plus  trace  de  matières  sucrées  dans 
le  vase,  tandis  que,  dans  les  conditions  ordinaires,  la  disparition  de 
ces  matières  n'a  lieu  qu'au  bout  de  quelques  jours,  et  souvent  même 
plus  longtemps. 

V.  —  Le  phylloxéra. 
Sur  un  grand  nombre  de  points,  la  marche  envahissante  du  pliyllo- 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (28  AOUT    1880).  325 

xera  a  été  constatée  depuis  quelque  temps.  Aiasi,  les  taches  décou- 
vertes au  printemps  dans  le  département  des  Landes,  se  sont  multi- 
pliées; de  même,  M.  Tanviray,  professeur  d'agriculture  de  Loir-et- 
Cher,  a  signalé  la  présence  de  l'insecte  sur  plusieurs  points  du  dépar- 
tement qui  jusqu'ici  étaient  considérés  comme  indemnes  du  fléau. 
Dans  le  déparlement  de  l'Ain,  on  constate  aussi  une  extension  du  mal. 
Le  Journal  officiel  vient  de  publier  un  décret  qui  règle  les  bureaux, 
de  douane  par  lesquels  pourra  être  faite,  conformément  aux  stipula- 
tions de  la  convention  de  Berne,  l'importation  des  plants  de  vignes  et 
autres  produits  végétaux  venant  de  Suisse.  Ce  décret  est  ainsi  conçu  : 

Le  Président  de  la  République  française, 

Sur  le  rapport  du  ministre  de  l'agriculture  et  du  commerce, 

Yu  la  convention  internationale  de  Berne  du  17  septembre  1878,  conclue  entre 
la  Frarce,  l'Allemagne,  l'Autriche-Hongrie,  l'Italie,  le  Portugal  et  la  Suisse, 
relative  aux  mesures  à  prendre  contre  le  {)hyllo.\era  ; 

Vu  le  décret  du  12  janvier  1880  qui  a  rendu  cette  convention  exécutoire  ea 
France; 

Vu  l'article  4  de  la  loi  du  5  juillet  1836; 
Décrète  : 

Art.  1".  —  L'importation  en  France  des  plants  de  vigne,  boutures  et  sarments, 
des  plants  et  arbustes,  de  produits  divers  des  pépinières,  jardins,  serres,  orange- 
ries, provenant  de  Suisse,  ne  pourra  s'effectuer  que  par  les  bureaux  de  la  douane 
ci-a[)rès  dénommés  : 

Délie,  sur  la  ligne  de  Montbéliard  à  Porrentruy. 

Le  Villiers  (a|)rès  l'ouverture  de  la  ligne  de  Morteau). 

Pontarlier  elles  Verri^res-de-Joux,  sur  la  ligne  de  Pontarlier  à  Neuchâtel. 

Les  Hôpitaux-Neufs,  Jougne.  sur  la  ligne  de  Pontarlier  à  Lausanne. 

Bell  garde,  sur  la  ligne  de  Genève. 

Art.  V.  —  Le  ministre  de  l'agriculture  et  du  commerce  et  le  ministre  des  finan- 
ces sont  chargés,  chacun  en  ce  qui  le  concerne,  de  l'exécution  du  présent 
décret.  Jules  Ghêvy. 

Fait  à  Pari.«,  le  U  aoiit  1880. 

Par  le  Président  de  la  République  :  Leministre  des  financfs,  J.  Magnin. 
Le  rninislre  de  l'agriculture  et  du  commerce^  P.  Tirard. 

La  réunion  des  Conseils  généraux  a  offert,  dans  un  grand  nombre 
de  déparlements,  l'occasion  de  constater  les  progrès  de  l'invasion  du 
phylloxora.  En  ce  qui  concerne  l'Hérault,  le  rapport  du  préfet  au 
Conseil  général  renferme  des  faits  dont  l'exposé  est  malheureusement 
trop  éloquent  : 

«  Le  grand  vignoble  de  l'Hérault  peut  être  divisé  en  deux  parties  :  celle  qui  est 
envahie  et  dont  les  vignes  sont  déjà  détruites;  celle  dont  les  vignes  encore  indem- 
nes "u  dans  la  première  période  d'invasion,  sont  encore  productives. 

«  D'après  la  dernière  enquête  préfectorale,  l'arrondissement  de  Montpellier,  qui 
au  début  de  l'invasion  phylloxérique  possédait  70,608  hectares  de  vignes,  n'en  a 
plus  que  2,050  hectares  auxquels  il  faut  ajouter  805  hectares  de  vignes  améri- 
caines. 

«  L'arrondissement  de  Lodève  se  trouve  dans  uneposition  analogue.  De  28,805 
hectares  de  vignes  qu'il  possédait  avant  l'apparition  du  phylloxéra,  il  ne  lui  reste 
plus  que  2,364  hectares  et  125  hectares  de  vignes  américaines. 

«  Dans  l'arrohdissement  de  Bézie:s  sur  101,33.3   hectares    que  couvraient  les  ' 
vignes   avant   le   phylloxéra,    il  restait  au  mois  d'aoiit    dernier   45,523  hectares 
considérés  comme  indemnes,  et    J9,231  attaqués;  le  reste  36,579  hectares  avait 
péri. 

«  Dans  l'arrondissement  de  Saint-Pons,  sur  27,039  hectares  de  vignobles,  1,024 
hectares  avaient  péri,  7,282  étaient  attaqués,  et  1«, 919  étaient  encore  indemnes. 

«  D'après  ce  qui  précède,  les  deux  arrondissements  de  Montpellier  et  de  Lodève, 
ainsi  que  toute  la  j  artie  orientalede  celui  de  Béziers,  ont  perdu  leurs  vignobles; 
il  ne  Idur  en  reste  (jue  des  débris.  Sur  2-27,783  hectares  qui  constituaient  le  vignoi- 
ble  de  1  Hérault,  129,446  sont  morts,  30,927  sont  attaqués,  64,442   sont  encore 


326  CHRONIQUE  AGRICOLE  (28  AOUT    188Q). 

considérés  comme  indemnes.  Cette  surface  est  elle-même  cruellement  attaquée 
cette  année.  » 

Au  cours  de  la  session,  le  Conseil  général,  après  avoir  entendu  un 
rapport  de  M.  Allen,  «  et  en  raison  du  plein  succès  obtenu  par  lapiaa- 
talion  de  vignes  américaines  dans  les  vignobles  infestés,  a  émis  le 
vœu  que  le  gouvernement  favorisât,  soit  par  des  subventions,  soit  par 
tous  autres  moyens  à  sa  disposition,  les  plantations  appelées  à 
régénérer  complèiemeat  l'agriculture  dans  le  département  de  l'Hé- 
rault. » 

Le  dernier  fascicule  des  annales  de  la  Société  d'agriculture  de  la 
Gironde  renferme  plusieurs  documents  importants,  que  nous  devons 
analyser.  C'est  d'abord  une  étude  due  à  M.  Froidefond,  «ur  la  géogra- 
phie du  phylloxéra  dans  ce  département.  Cette  étude  faite,  avec  le 
plus  grand  soin,  établit  la  triste  situation  de  tout  le  territoire.  Il  en 
résulte  que  :  dans  l'arrondissement  de  Libourne,  toutes  les  communes 
sont  phylloxérées;  dans  l'arrondissement  de  la  Réole,  qui  comprend 
102  communes  à  territoire  rural,  95  sont  phylloxérées;  dans  l'arron- 
dissement de  Blaye,  45  sur  56  communes  viticoles,  sont  atteintes;  les 
six  îles  importantes  de  la  Gironde  sont  phylloxérées;  dans  l'arrondis- 
sement de  Lesparre,  on  compte  22  communes  phylloxérées,  sur 
27  communes  viticoles;  dans  l'arrondissement  de  Bordeaux,  sur  la 
rive  droite  toutes  les  communes  sont  atteintes,  et  sur  la  rive  gauche, 
5  seulement  sont  encore  indemnes,  de  sorte  que  sur  r27  communes, 
1 22  sont  phylloxérées  ;  enfin,  dans  l'arrondissement  de  Bazas,  le  moins 
attaqué  jusqu'ici,  sur  46  communes  viticoles,  14  sont  notoirement 
atteintes.  A  côté  de  ce  triste  tableau,  nous  devons  signaler  un  rapport 
de  M.  le  docteur  Micé,  ancien  président  de  la  Société,  sur  les  travaux 
reçus  ou  effectués  en  1879.  Ce  rapport,  très  détaillé  et  très  conscien- 
cieux, passe  en  revue  la  plupart  des  études  ou  des  constatations  faites 
l'année  dernière  sur  les  différents  points  de  la  France;  nous  n'y  insis- 
terons pas,  la  plupart  des  choses  utiles  ayant  passé  sous  les  yeux  de 
nos  lecteurs.  Mais  deux  faits  particuliers  à  la  Gironde  sont  mis  en 
lumière  par  M.  Micé.  C'est  d'abord  le  succès  de  l'emploi  du  sulfure 
de  carbone  dans  la  plupart  des  circonstances,  et  l'explication  des 
insuccès  soit  parce  qu'on  avait  mal  appliqué  le  remède,  soit  parce 
qu'on  avait  affaire  à  des  vignes  trop  malades.  En  deuxième  lieu,  c'est 
l'exteni-ion  de  la  submersion  automnale  des  vignes  suivant  la  méthode 
de  M.  Faucon;  d'après  les  demandes  de  concession  d'eau  adressées  à 
la  préfecture  de  la  Gironde,  262  propriétaires  ont  appliqué  la  submer- 
sion avec  les  eaux  de  la  Garonne,  de  la  Dord  )gne  ou  de  la  Gironde; 
M.  Micé  estime  que  le  nombre  de  ces  propriétaires  doit  être  aujour- 
d'hui de  300.  La  Société  d'agriculture  de  la  Gironde  a  puissamment 
contribué  à  ces  résultats  ;  on  doit  lui  en  être  reconnaissant. 
VI.  —  Le  Concours  général  de  ï" Algérie. 

Nous  avons  analysé  le  programme  du  concours  général  agricole  de 
l'Algérie  qui  doit  se  tenir  à  Oran,  du  16  au  25  octobre  prochain.  Ce 
concours  sera  certainement  très  important.  Nous  apprenons  que  pour 
alléger  les  charges  des  exposants,  les  Compagnies  des  chemins  algé- 
riens, ainsi  que  la  Compagnie  de  navigation  mixte  et  la  Compagnie 
transatlantique,  ont  consenti  un  rabais  de  50  pour  100  sur  les  prix 
de  leurs  tarifs  ordinaires  pour  le  transport  des  produits  destinés  à 
figurer  à  ce  concours. 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (28  AOUT   1880).  327 

VIL  —  Concours  d'partemental  de  la  Sarlke, 

Le  sixième  concours  départemental  aanuel  d'animaax  reproducteurs 
des  races  bovines,  ovines  et  porcines,  pour  le  département  de  la 
Sarthe,  aura  lieu  au  Mans  les  18  et  19  septembre  procliain.  Il  y  est 
adjoint  un  concours  d'animaux  de  basse-cour,  ainsi  qu'une  exposition 
de  machines  et  instruments  agricole:^,  ouverte  à  tous  les  constructeurs 
français  et  étranpjers.  Cette  solennité  est  orij;anisée,  comme  les  années 
précédentes,  par  la  Société  des  aLjriculteurs  de  la  Sarthe,  sous  la  pré- 
sidence de  M.  Courtillier.  Pour  les  races  bovines,  trois  catégories  seront 
ouvertes  :  pour  les  races  mancelleet  diverses  du  pays,  avec  2,205  fr.  de 
primes;  pour  la  race  durham,  avec  1,975  fr.  déprimes;  pour  les 
croisements  durham,  avec  2,140  l'r.  de  primes.  Les  cultivateurs,  fer- 
miers ou  métayers,  auront  seuls  le  droit  de  concourir  dans  ces  trois 
catégories;  les  propriétaires  ne  pourront  concourir  que  dans  la  caté- 
gorie des  durhams  purs.  Pour  les  races  ovines,  le  montant  des  primes 
s'élève  à  3G0  fr.;  pour  les  races  porcines,  à  G()0  fr.;  pour  les  animaux 
de  basse-cour,  à  405  fr.  En  ce  qui  concerne  l'exposition  d.'s  machines, 
leur  réception  et  leur  installation  commenceront  le  16  septembre.  Les 
déclarations  des  exposants  doivent  être  envoyées  avant  le  3  septembre 
àjyi.  Launay,  professeur  départemental  d'agriculture,  au  Mans. 
YIII.  —  Concours  du  Comice  central  de  la  Double. 

Le  seizième  concours  du  Comice  central  agricole  de  la  Double  se 
tiendra  à  Echourgnac  (Dordogne),  le  2G  septembre,  sous  la  direction 
de  M.  Piotay,  vice-président  du  Comice,  et  de  M.  d'Arlotde  Saint-Saud, 
secrétaire  général.  Ce  concours  comprendra  les  machines  agricoles, 
les  animaux  reproducteurs  des  races  chevalines,  bovines,  ovines,  et 
porcines.  Des  primes  seront,  en  outre,  attribuées  aux  colons  et  aux 
vieux  serviteurs  les  plus  méritants. 

IX.  —  Concours  du  Comice  agricole  de  Lunéville. 

Le  concours  annuel  du  Comice  de  Lunéville,  présidé  par  M.  P.  Noël, 
un  des  doyens  de  l'agriculture  française,  se  tiendra  à  Bayon,  le  5  sep- 
tembre prochain.  Il  comprendra  un  concours  d'arrondissement,  dans 
lequel  seront  distribuées  des  primes  pour  l'abornement  et  la  création 
des  chemins  d'exploitation,  pour  les  animaux  reproducteurs,  pour  le 
labourage  et  pour  les  produits  agricoles;  des  concours  cantonaux, 
comprenant  des  primes  culturales,  des  récompenses  pour  les  institu- 
teurs qui  auront  le  plus  fait  pour  propager  dans  leurs  communes  les 
notions  agricoles,  et  des  récompenses  aux  anciens  serviteurs;  enfin  un 
concours  général  pour  les  instruments  et  les  machines  agricoles, 
exposés  soit  par  les  agriculteurs,  soit  par  les  cultivateurs. 
X. —  Nouvelle  association  agricole  dans  Scine-el-Oise. 

Le  Journal  officiel  annonce  que  le  mercredi  iS  août,  a  eu  lieu,  au 
siège  de  la  Société  nationale  d'encouragement  à  l'agriculture,  une  réu- 
nion nombreuse  qui  a  eu  pour  but  la  constitution  du  comice  d'encou- 
ragement à  1  agriculture  de  Seine-et-Oise.  Dans  l'assistance,  on  remar- 
quait, outre  un  grand  nombre  de  cultivateurs,  MM.  Gilbert- Boucher, 
sénateur;  Lebaudy,  Langlois,  Ferdinand  Dreyfus,  Maze,  députés  ;  la 
presque  totalité  des  conseillers  géubraux  et  des  conseillers  d'arrondis- 
sement, M.  de  Lagorsse,  secrétaire  général  de  la  Société  d'encouraoje- 
ment,  etc.  — L'assemblée  après  avoir  adopté  à  l'unanimité  les  statuts 
provisoires,  a  constitué  son  bureau  de  la  manière  suivante  :  Président, 


328  CHRONIQUE  AGRICOLE   (28  AOUT   1880). 

M.  Gilbert  Boucher  ;  vice-présidents,  MM.  A.  Lavallée  et  Paul  Decau- 
ville  ;  secrétaire  général,  M.  Jules  Godefroy;  secrétaires,  MM.  Lefèvre 
et  Ledru;  trésoriers,  MM.  Lebon  et  Joseph  Reinach.  Au  moment  de  sa 
constitution,  la  nouvelle  association  agricole  de  Seine-et-Oise  compte 
déjà  plus  de  deux  cents  adhérents. 

XI.  —  Vailaque  d'un  inconscient. 

Probablement  très  humilié,  mais  sans  s'en  rendre  bien  compte,  du 
rôle  peu  brillant  qu'il  a  joué  pendant  Ja  discussion  de  l'enquête  ouverte 
par  la  Société  nationale  d'agriculture  sur  la  demande  de  M.  le  ministre 
de  l'agriculture  et  du  commerce,  M.  Lecouteux  vient  d'éprouver  le 
besoin  de  faire  croire  à  ses  lecteurs  que  c'est  à  lui  que  la  Société  a 
donné  raison.  Il  est  vrai  qu'elle  a  rejeté  à  une  grande  majorité  la 
seule  proposition  qu'il  ait  faite  ;  il  est  vrai  encore  qu'il  s'est  rangé 
du  côté  de  la  minorité  contre  toutes  les  conclusions  qui  ont  triomphé. 
Mais  c'est  un  inconscient.  Il  a  tant  dit  de  fois  sur  toutes  choses  le 
pour  et  le  contre,  tour  à  tour,  qu'il  a  cessé  de  savoiroù  il  en  est. 

Et  vraiment  nous  le  plaignons  sincèrement.  La  compassion  est  le 
seul  sentiment  que  peuvent  nous  inspirer  les  huit  longues  colonnes 
d'attaques  personnelles  qu'il  dirige  contre  le  secrétaire  perpétuel  de  la 
Société  d'agriculture,  dans  le  vain  espoir  de  se  réhabiliter.  Nous  avons 
pris  le  parti  de  ne  jamais  nous  occuper  de  lui,  excepté  quand  il  vient 
nous  provoquer.  Oh,  pour  ses  provocations,  nous  serons  toujours  prêt 
à  lui  répondre.  Nos  observations  seront  brèves  :  elles  porteront  uni- 
quement sur  trois  points,  et  ensuite  nous  citerons  un  passage  écrit 
par  M.  Lecouteux,  et  dans  lequel  il  dit  exactement  le  contraire  de  ce 
qu'il  est  venu  soutenir  à  la  Société. 

Premièrement,  pour  donner  une  idée  de  la  manière  dont  raisonne 
M.  Lecouteux,  nous  citerons  ce  fait.  Il  extrait  quatre  mots  d'un  dis- 
cours que  j'ai  prononce,  en  supprimant  ce  qui  précède  et  ce  qui  suit. 
Ces  quatre  mots  sont  :  u  Nous  sommes  aux  antipodes.  »  Et  alors  il 
conclut,  en  disant  :  comme  M.  Barrai  et  moi  sommes  aux  antipodes, 
quand  je  suis  dans  le  vrai,  il  est  dans  le  faux.  Donc,  comme  moi,  Le- 
couteux, je  veux  favoriser  l'agriculture,  nécessairement  M.  Barrai  ne  le 
Teut  pas,  etc.,  etc.  Et  ainsi  pour  toutes  les  opinions  auxquelles  il 
pourra  lui  plaire  de  se  rallier. 

Deuxièmement,  il  soutient  que  la  Société,  en  admettant  la  demande 
de  M.  Chatin  relative  à  un  droit  de  5  pour  1 00  ad  valorem  sur  le  bétail, 
a  complètement  repoussé  mes  propres  idées  et  que  j'ai  combattu  les 
idées  qui  étaient  celles  deM.  deLavergne.  Or,  voici  l'exacte  vérité.  J'ai  pro- 
posé, au  nom  de  la  Commission  :  «  Il  n'y  a  pas  de  motif  légitime  pour 
qu'on  n'établisse  pas  sur  la  viande  d'origine  étrangère  un  droit  liscal 
comme  sur  le  blé  à  son  entrée  en  France.  »  Je  croyais  sage  de  ne  pas 
fixer  ce  droit;  M.  Chatin  a  demandé  qu'on  indiquât  5  pour  100,  et  il 
a  obtenu  cette  satisfaction.  Mais  la  Société  a  maintenu  qu'elle  ne  vou- 
lait qu'un  droit  fiscal,  et  non  pas  un  droit  protecteur.  Or,  M.  Lecou- 
teux avait  proposé  de  voter  ceci  :  «  Dans  un  régime  économique  oii  il 
y  a  des  produits  industriels  protégés  à  30  ou  40  pour  100,  il  n'y  a 
pas  de  motif  légitime  pour  refuser  à  l'agriculture  le  droit  de  1 0  pour  1 00 
-qu'elle  réclame  contre  les  bestiaux  étrangers,  alors  surtout  qu'elle  re- 
nonce à  toute  majoration  sur  les  droits  d'entrée  du  blé.  »  C'était  évi- 
demment demander  l'adoption  d'un  système  économique  protection- 
niste, c'est-à-dire  absolument  le  contraire  de  ce  que  Léonce  de  Lavergne 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (28  AOUT   1880).  329 

cherchait  à  établir,  comme  le  prouve  surabondamment  sa  lettre  que 
nous  avons  reproduite,  et  à  laquelle  M.  Lecouteux  cherche  en  vain  à 
opposer  des  phrases  éparses  extraites  des  œuvres  de  notre  illustre  con- 
frère. En  résumé,  notre  inconscient  a  proposé  des  droits  élevés  contre 
les  produits  agricoles  étrangers,  et  il  n'a  pas  songé  à  demander  la 
diminution  des  droits  qui  frappent  les  produits  industriels;  or  nous 
avons  soutenu  et  voté  cette  dernière  mesure  contre  laquelle  il  a  levé 
la  main.  ^^ 

Troisièmement,  M.  Lecouteux  prétend  que  «j'ai  conseillé  à  la  Société 
de  se  renfermer  dans  un  rôle  terre  à  terre  où  la  pusillanimité  s'incline- 
rait devanttoutes  les  audaces...,  mais  que,  heureusement,  la  Société  n'a 
pas  suivi  son  secrétaire  perpétuel  dans  cette  voie.  »  Pour  le  coup,  c'est 
vraiment  trop  altérer  la  vérité;  car  la  Société  a  absolument  voté  toutes 
les  conclusions  que  je  lui  ai  soumises,  soit  seul,  soit  avec  quelques-uns 
de  nos  confrères  et  notamment  avec  M.  Clavé  contre  lequel  M.  Lecou- 
teux a  voté.  A  la  fin  de  ses  délibérations,  la  Société  a  bien  voulu  adopter 
la  proposition  suivante  que  j'ai  le  droit  de  rappeler  contre  l'inqualifia- 
ble assertion  de  M.  Lecouteux  :  «  La  Commission  de  l'enquête  sur  la 
situation  de  l'agriculture  propose  à  la  Société  de  voter  des  remercî- 
ments  à  M.  le  secrétaire  perpétuel  pour  le  zèle  qu'il  a  montré  et  le  tra- 
vail auquel  il  a  du  se  livrer  afin  démettre  la  Société  à  môme  de  répon- 
dre au  questionnaire  de  M.  le  ministre  de  l'agriculture.  »  Cette  propo- 
sition a  été  votée  à  l'unanimité;  il  est  vrai  que  M.  Lecouteux  s'éLait 
absenté. 

Et  maintenant,  Fhomme  qui  demandait  avec  instance,  il  y  a  quel- 
ques mois,  des  droits  considérables  contre  le  bétail  étranger,  s'était 
fait  inscrire,  il  y  a  deux  ans,  dans  une  association  présidée  par  M.  d'Ei- 
chtal,  pour  la  défense  de  la  liberté  commerciale  et  pour  le  maintien  et 
le  développement  des  traités  de  commerce.  A  cette  occasion,  avant  de 
retourner  son  habit,  et  de  tirer,  comme  on  le  lui  a  si  bien  dit,  dans 
le  dos  de  tous'ceux  avec  qui  il  s'est  successivement  ran^é,  il  a  imprimé 
et  signé  ce  qui  suit  : 

«  Une  vaste  association  s'est  constituée  à  Paris,  à  l'effet  de  lutter  pied  à  pied 
contre  le  protectionnisme,  de  mettre  en  relief  les  intérêts,  trop  méconnus,  des 
consommateurs,  de  parler,  elle  aussi,  au  nom  du  travail  national,  au  nom  des  pro- 
ducteurs qui  repoussent  toute  idée  de  protection  trop  durable,  au  nom  du  pays 
qui  ne  croit  pas  que  l'époque  des  chemins  de  fer  puisse  être  organisée  à  l'instar 
des  époques  où  les  voies  de  communication  et  les  moyens  d'échanges  étaient  dans 
l'enfince  de  l'art 

«  L'agriculture  a  grandi  par  la  liberté  comnaerciale,  ou  du  moins  par  l'établis- 
sement d'un  régime  douanier  visant  la  réduction  des  tarifs.  Et  si,  en  ce  mo  nent, 
elle  laite  con're  1'$  excès  de  salaires,  du  fermages  et  d'impôts,  c'est  surtout  parce 
que  l'Etat  a  favorisé  certaines  industries  aux  dépens  des  autres,  dépeuplé  les  cam- 
pagnes au  profit  des  villes,  criblé  certains  pays  de  travaux  publics,  alors  cfue  d'au- 
tres étaient  déshérités  à  cet  égard.  C'est  aussi,  ne  l'oublions  pas,  parce  que  le 
régime  de  la  paix  armée,  après  nous  avoiriilusionnés  sur  nos  forC3S  militaires,  nous 
condamne,  comme  toute  l'Europe  actuelle,  à  persévérer  dans  un  système  défensif 
quiest  l'un  des  maux  nécessaires  de  l'époifue,  en  attendant  que  la  sagesse  devienne 
une  vertu  générale  chez  tous  les  peuples.  Voilà  les  causes  de  nos  crises  agricoles. 
Les  inipu'er  à  la  liberté  commerciale,  c'est  faire  le  jeu  des  coalitions  qui  ne  recher- 
chent notre  alliance  que  pour  conquérir  la  puissance  sans  nous  la  donner  en  partage 
après  la  victoire.  » 

Celui  qui  a  écrit  les  lignes  précédentes,  parle  deux  ou  trois  fois, 
dans  l'article  auquel  il  nous  a  forcé  de  répondre,  de  la  Société  natio- 
nale d'agriculture  en  lui  appliquant  une  épithète;  dont  il  a  naguère 


330  CHRONIQUE  AGRICOLE   (28  AOUT  1880). 

abusé  :  celle  de  Sociélé  officidle,  comme  il  dis:iit  aqricuUure  officielle, 
avec  un  certain  air  de  mépris.  Il  est  inconscient  de  ses  paroles,  car 
il  est  lui-même  un  professeur  offliel,  et  il  sollicite  sans  cesse  de 
remplir  un  rôle  officiel  lorsque  le  gouvernement  veut  bien  y  consentir. 
Encore  une  fois,  il  mérite  vraiment  la  compassion. 
XII.  —  Erratum. 
Nous  devons  rectifier  une  erreur  typograpliique  qui  s'est  glissée 
dans  notre  numéro  du  7  août.  A  la  page  2i>5,  ligne  10,  au  lieu  de: 
«  citrate  ammoniacal  de  magnésie  »,  il  l'aut  lire  simplement  :  «  citrate 
ammoniacal  ». 

XIII.  —  La  siluntwn  de  l'industrie  sêricicole  en  1880. 
Nous  avons  maintes  fois  constaté  les  tendances  de  la  fabrique 
lyonnaise  à  faire  entrer  dans  les  étoffes  dites  .soier/ es,  le  moins  possible 
de  soie  grège  de  belle  qualité;  d'où  résulte  la  dépréciation  des  grèges 
des  Cévennes,  le  bas  prix  des  cocons,  et  finalement  l'abstention  des 
éleveurs  de  vers  à  soie.  D'après  une  note  publiée  par  M.  Jeanjean,  de 
Saiat-Hippolytedu  Fort,  la  récolte  de  la  France  n'a  été  cette  année  que 
de  quatre  mi  lions  de  kilogrammes  de  cocons,  tandis  qu'il  y  aurait  des 
mûriers  pour  en  produire  le  triple.  Cette  situation  ne  peut  s'améliorer, 
d'après  le  même  auteur,  que  par  une  réduction  de  prix  des  objets  de 
consommation  résultant  d'un  dégrèvement  d'impôt  sur  la  contribution 
foncière.  A  côté  de  ce  moyen,  qui  mérite  assurément  attention,  nous 
croyons  qu'on  peut  en  signaler  deux  autres  :  1"  exiger  que  les  élofl'es 
vendues  pour  soie  méritent  ce  titre;  2"  augmenter  le  rendement  des 
éducations  de  vers  à  soie  par  de  plus  grands  soins  apportés  à  la  confec- 
tion des  graines  et  à  leur  élevage.  Ce  dernier  moyen  surtout  nous 
semble  le  plus  facile  h  réaliser,  parce  qu'il  ne  dépe.id  que  de  l'initia- 
tive et  de  lintelligence  des  agriculteurs  directement  intéressés,  et  que 
les  progrès  de  la  science  leur  seront  d'un  puissant  secours  pour  les 
guider  sûrement  dans  cette  voie. 

XLV.  —  Les  chemins  de  fer  portatifs  en  Rusn",. 
iNous  avons  déjà  dit  que  le  gouvernement  russe,  voulant  employer 
des  chemins  de  fer  portatifs  pour  la  guerre  de  Turkestan,  a  envoyé 
une  Commission  militaire  visiter  les  ateliers  qui  construisent  des 
petits  chemins  de  fer  en  Allemagne,  en  Angleterre  et  en  Fi-ance,  et  à 
la  suite  du  rapport  de  la  Commission,  la  j)rélerence  a  été  donnée  au 
système  Decauville.  L'essai  va  se  faire  avec  cent  verstes  (IdG  kilo- 
mètres), de  voie  de  0.50,  500  wagons  à  vivres,  à  liquides  et  à  voya- 
geurs et  deux  locomotives  de  2  tonnes  1/2.  C'est  le  rail  de  7  kilog.  à 
large  patin  en  acier  qui  a  été  adopté  pour  ce  service.  Les  ateliers  de 
Petit-Bourg  ont  maintenant  un  outillage  suffisant  pour  qu'une  com- 
mande de  cette  importance  puisse  être  exécutée  en  deux  mois. 
XV.  —  Nécrologie. 
Nous  avons  le  regret  d'annoncer  la  mort  de  M.  Pierre  Bourrel, 
médecin-vétérinaire  à  Paris.  Il  est  mort,  victime  d'une  morsui-e 
rabique  qui  lui  a  été  faite  par  un  chien  de  chasse  qu'il  avait  été  appelé 
à  soigner. 

XVI.  —  Nouvelles  de  l'état  des  récoltes. 
Ce  sont  des  appréciations  analogues  à  celles  que  nous  avons  déjà 
publiées  que  nous  trouvons  dans  les  notes  que  nos  correspondants 
nous  envoient. 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (28  AOUT    1880).  331 

M.  Bove  nous  envoie  de  Parvillers,  près  Roye  (Somme),  à  la  date 
du  24  août,  les  renseignements  suivants  : 

«  La  récolte  de  cette  année  est  moyenne,  elle  est  moins  mauvaise  qu'on  aurait  . 
pu  le  croire  de  prime  abord. 

«  Les  céréales  s'engrangpnt  en  bon  état,  les  betteraves  végètent  vigoureusement  ; 
les  fourrages  sont  abondants;  les  bestiiux  se  vendent  sans  entrain.  Au  total,  les 
plaies  se  cicatrisent  quelque  peu  cette  année.  » 

D'autre  part,  voici  la  note  que  iM.  Dubosq  nous  envoie  de  Château- 
Thierry  (Aisne),  à  la  date  du  22  août  : 

«  Le  fauchage,  la  rentrée  des  blés  et  des  avoines,  leur  mise  en  meules,  le  tout 
s'est  opéré  par  un  temps  très  beau.  Il  est  fâcheux,  que  dans  certaines  contrées  la 
grêle  ai^  causé  de  grands  dégâts,  les  cultivateurs  assurés  ont  du  faire  constater  leurs 
pertes.  Le  nombre  des  gerbes  est  peu  satisfaisant,  cela  se  trouve  compensé  par  la 
qualité  et  le  rendement  du  grain. 

«  Cette  année  sera  peu  favorable  à  la  culture,  pour  la  récolte  du  fourrage,  la 
première  coupe  était  mauvaise,  la  deuxième  n'est  pas  meilleure;  comme  le  nombre  des 
gerbes  de  blé  et  d'avoine  est  très  restreint,  il  faudra  apporter  un  grand  soin,  pour 
ne  pas  se  trouver  en  défaut,  pour  la  nourriture  des  animaux;  il  taudra  augmenter 
la  ration  d'avoine, 

«  M  uvaise  récolte  de  betteraves  surtout  pour  celles  destinées  pour  les  sucreries. 
Quelque  favorable  que  soit  la  température  de  fin  aoiit  et  de  septembre,  la  betterave 
ne  prendra  plus  actuellement  de  développement  et  le  producteur  n'aura  pas  un 
prix  rémunérateur.  Les  pommes  de  terre  hâtives  ont  eu  un  rendement  satisfaisant. 
Il  n'est  pas  possible  de  se  rendre  compte  de  celles  tardives,  on  a  pas  encore  procé- 
dé à  leur  arrachage  » 

M.  d'()unous  nous  envoie  de  Saverdun  (Ariège),  la  note  suivante  à 
la  date  du  23  août  : 

ce  Je  viens  de  prendre  des  renseignements  assez  complets  sur  les  récolles  et 
leur  rendement.  On  peut  compter  sur  une  bonne  année,  si  nous  y  joignons  toutes 
les  plantes  sarclées  dont  on  peut  déjà  juger  les  produits.  Les  pommes  de  terre 
sont  magnifiques  et  excellentes  ainsi  que  les  maïs  de  grain  et  fourrageux.  Celle 
des  haricots  laisse  à  désirer;  des  vents  du  sud  et  des  hâles  ont  beaucoup  nuit  à  la 
garniture  des  siliques.  L'orage  du  15  juin  dernier  a  fait  perdre,  au  trois  communes 
environs  de  Pamiers,  plusieurs  centaines  de  milliers  de  francs,  et  la  rareté  des 
fourrages  nuira  sans  doute  aux  transactions  si  profitables  ailleurs  sur  nos  bêtes 
bovines,  ovines  et  porcines. 

«  La  vigne  se  présente  dans  les  Plaines  de  la  Basse-Ariège  dans  de  belles  et  fa- 
vorables conditions.  Il  n'en  est  pas  de  même  pour  nos  terres  fortes  et  sur  les  co- 
teaux et  plateaux  où  la  vigne  tient  du  reste  assez  peu  de  place.  Rien  de  plus  riche 
et  frais  que  nos  taillis,  nos  vergers  et  nos  jardins  maraîchers  et  fruitiers  qui 
vont  nous  dédommager  des  trois  ou  quatre  dernières  années  ». 

Nous  avons  donné,  en  commençant  cette  chronique,  des  renseigne- 
ments qui  nous  dispensent  d'insister  davantage  ici  en  ce  qui  concerne 
les  céréales.  D'aatre  part,  les  circonstances  météorologiques  continuent 
à  être  très  fiivorables  aux  récoltes  d'automne.  J.-A.  Barral. 

DU  DÉGRÈVEMENT  DE  L'IMPOT  FONCIER 

La  réduction  de  120  millions  dont  a  parlé  M.  Say  n'est  encore 
qu'une  promesse;  si  elle  est  accordée,  ce  que  je  désire  plus  que  je 
n'ose  l'affirmer,  faut-il  croire,  avec  M.  Estancelin,  que  la  réduction  ne 
sera  que  d'un  cinquième  sur  les  charges  imposées  à  l'agriculture. 
Elles  sont  d'après  lui  de  637  millions.  Est-ce  que,  pour  arriver  à  ce 
gros  chiffre,  on  n'aurait  pas,  par  méprise,  confondu  l'ensemble  des 
impôts  directs  avec  le  foncier?  J'ai  sous  les  yeux  le  budget  de  1877; 
le  principal  du  foncier  est  de  172  raillions,  augmenté  de  168  millions 
par  les  centimes  additionnels;  340  millions  en  tout.  Les  120  naillions 
dépasseraient  donc  le  tiers  du  foncier  :  la  réduction  serait  même  plus 


332  DU  DÉGRÈVEMENT  DE  L  IMPOT  FONCIER. 

forte  puisque,  dans  Ifs  idées  émises  par  M.  Say,  la  propriété  bâtie, 
fraction  imporlante  du  revenu  foncier,  ne  serait  pas  comprise  dans  le 
dégrèvement.  La  surcliarge  au  moyen  de  centimes  additionnels  est 
un  procédé  financier  qui  se  renouvelle  si  fréquemment  qu'il  est  inutile 
d'en  citer  des  exemples.  On  ne  réclame  même  plus.  Lorsqu'après  1870 
tous  les  droits  d'enreiijistrement  ont  été  augmentés,  la  propriété  fon- 
cière, outre  sa  part  dans  la  charge  commune,  a  subi  un  cmquième 
spécial  :  en  etïet,  pour  obtenir  le  capital  sujet  à  la  taxe,  on  a  multiplié 
par  25  le  revenu  qui  depuis  l'an  Vil  était  multiplié  par  20. 

La  surcharge  est  la  règle  et  le  dégrèvement  l'exception,  exception 
si  rare  que  depuis  plus  d'un  demi-siècle  il  n'en  existe  que  deux  à  ma 
connaissance,  l'un  sous  la  Restauration,  l'autre  sous  le  dernier  Em- 
pire, et  aucun  n'arrivait-il  pas  à  une  proportion  aussi  forte.  Aussi 
je  suis  loin  de  partager  l'opinion  de  M.  Eslancelin  qui,  dans  une 
lettre  adressée  à  M.  Say,  déclare  la  mesure  proposée  absolument  insuf- 
fisQiite  et  presque  illusoire.  Je  la  crois,  au  contraire,  efficace  et  sérieuse: 
elle  soulage  d'une  manière  immédiate,  déterminée,  les  deux  classes 
agricoles  qui  souffrent  le  plus  de  la  crise  actuelle,  le  propriétaire  et  le 
fermier;  l'ouvrier  des  campagnes  est  dans  une  meilleure  condition 
puisque  la  hausse  du  salaire  est  un  fait  admis  par  tout  le  monde. 
Dans  un  pays  où  la  propriété  est  divisée  comme  en  France,  la  grande 
majorité  profilerait  de  la  réduction,  même  les  propriétaires  des  2  mil- 
lions et  demi  d'hectares  en  vignes;  ils  n'auraient  pas  sur  ce  point, 
comme  pour  l'abaissement  du  droit  sur  les  vins,  à  attendre  l'effet 
produit  par  une  consommation  croissante,  ni  à  faire  la  part  des  inter- 
médiaires. Ce  serait  pour  les  populations  l'inverse  de  l'impôt  des 
45  centimes  décrété  en  1848  que  la  mémoire  tenace  des  ruraux  n'a 
pas  encore  oubliés,  et  qui  n'ont  pas  été  étrangers  à  la  chute  du  gou- 
vernement d'alors. 

Je  n'examinerai  pas  si  le  loyer  de  la  terre  et  la  portion  fixe  du  revenu 
que  l'Etat  s'attribue  sous  le  nom  d'impôt,  ont  une  conséquence  sur  le 
prix  du  blé;  cette  question  a  été  traitée  bien  des  fois  et  serait  le  sujet 
d'un  livre.  Mais  enfin  si  la  proposition  de  M.  Say  est  illmoire,  a-t-on 
quelque  chose  d'efficace  et  de  pratique  à  mettre  à  la  place  de  ce  qu'on 
dédaigne.  Il  faut  sortir  des  termes  vagues,  la  protection  due  à  l'agriculture, 
la  garantie  contre  les  produits  étrangers,  et  avoir  le  courage  de  son 
opinion.  Pour  que  le  producteur  gagne  plus  ou  si  vous  aimez  mieux 
perde  moins,  il  faut  de  deux  choses  l'une,  ou  qu'il  produise  en  plus 
grande  quantité,  ou  qu'il  vende  plus  cher. 

Dans  les  deux  derniers  mois,  l'importation  du  blé  en  France  a 
été  de  21,762,000  quintaux,  plus  du  quart  de  notre  récolte  moyenne. 
A  30  fr.  le  quintal  c'est  à  peu  près  750  millions  à  payer  à  l'étranger. 
Quelque  lourde  que  soit  la  dette,  il  est  un  mal  plus  grand  que  de 
payer  le  pain  cher,  c'est  d'en  manquer.  Si  en  présence  de  tels  besoins, 
les  droits  protecteurs  dont  on  a  parlé  il  y  a  deux  ans  eussent  été 
établis,  ils  auraient  été  immédiatement  suspendus  comme  ils  l'ont 
toujours  été  dans  des  circonstances  analogues. 

Compter  sur  un  soulagement  obtenu  par  des  mesures  de  cette 
nature  est  une  illusion.  L'agriculture,  au  lieu  de  demander  ce  qu'aucun 
gouvernement  ne  voudra  ou  ne  pourra  accorder,  fera  sagement  de  s'en 
tenir  à  la  promesse  qui  lui  a  été  faite  et  d'en  presser  l'exécution. 

P.  DE  Thou. 


LA  LAINE  ET  LE  MAIS-FOURRAGE  EN  POLOGNE  333 

LA  LAINE  ET  LE  MAIS-FOURRAGE  EN  POLOGNE 

Monsieur  le  Directeur,  le  gracieux  accueil  que  vous  avez  accordé 
dans  votre  excellent  Journal  aux  communications  de  M.  Brown,  relati- 
vement à  l'ensilage  des  maïs  en  Amérique,  me  porte  à  croire  que  vous 
vous  montrerez  non  moins  hospitalier  envers  cette  modeste  relation 
concernant  les  progrès  agricoles  d'un  pays,  qui  depuis  des  siècles  ne 
s'est  jamais  démenti  dans  ses  profondes  sympathies  pour  la  France. 
Je  compte  d'autant  plus  sur  votre  bienveillance,  que  ces  lignes 
feront  peut  être  plaisir  à  plusieurs  de  vos  lecteurs,  qui  ont  direc- 
tement participé  au  développement  de  ces  progrès,  et  auxquels  je  tiens 
à  honneur  de  rendre  par  là  un  hommage  bien  mérité  de  notre  sincère 
reconnaissance.  C'est  à  vous,  M.  le  Directeur,  que  j'exprime  en  pre- 
mier lieu  notre  sincère  gratitude  pour  les  indications  précieuses  que 
nous  devons  tout  autant  à  votre  excellent  Journal  qu'à  votre  bienveil- 
lance personnelle,  toujours  prête  à  nous  indiquer  les  meilleures  sour- 
ces de  l'enseignement  et  du  bon  exemple. 

Vous  n'ignorez  point  que  les  exploitations  rurales  de  la  Pologne, 
formées  par  de  grandes  étendues  de  terre,  sont  encore  pour  la  plupart 
soumises  au  régime  extensif,  et  que  leurs  produits  principaux  sont  le 
froment  et  la  laine,  réputés  tous  deux  pour  leurs  bonnes  qualités.  Nos 
laines  fines  surtout  ont  donné  de  bons  revenus  aussi  longtemps  que  le 
quintal  de  50  kilog.  se  vendait  à  uq  prix  moyen  de  300  fr.;  depuis 
cependant  que  les  laines  transocéaniennes  sont  entrées  en  lice  pour 
faire  baisser  ces  prix  de  près  de  moitié,  il  y  a  eu  une  nécessité  urgente 
de  réi^énérer  nos  troupeaux  en  vue  de  relever  quantitativement  la  pro- 
duction de  la  laine  et  en  même  temps  celle  de  la  viande,  vu  que  nos 
petits  mérinos  ne  donnent  guère  plus  de  1  kil.  50  de  laine  lavée  et 
n'ont  que  fort  peu  de  valeur  pour  la  boucherie. 

Préoccupés  fortement  par  ces  faits,  nos  agriculteurs  se  mirent 
activement  à  la  recherche  de  reproducteurs  plus  lourds,  visant  toujours 
—  pour  ne  pas  perdre  la  finesse  de  la  laine  —  la  variété  dite  de  Ram- 
bouillet, dénomination  sous  laquelle  les  Allemands  surtout  désignent 
invariablement  tout  mérinos  de  provenance  quelconque,  pourvu  qu'il 
soit  plus  corpulent  que  le  nôtre  dit  Negretti  ou  Electoral.  C'est  aussi 
aux  Allemands  nos  voisins  qu'on  emprunta  maints  reproducteurs  de 
leurs  soi-disant  Rambouillet  à  poil  de  caniche,  et  la  morale  de  la  fable 
fut,  que  l'ampleur  du  corps  fut  rarement  rehaussée,  par  contre  la  qua- 
lité de  la  laine  toujours  détériorée. 

C'est  au  milieu  de  ces  tristes  préoccupations,  et  après  bien  des  décep- 
tions et  des  pertes,  qu'une  lumière  soudaine  nous  jaillit  d'un  article 
publié  dans  le  Journal  en  1 878  par  un  de  vos  savants  les  plus  distingués, 
M.André  Sanson,  qui  indiquait  aux  éleveurs  de  la  Saxe  le  chemina  suivre 
pour  arriver  au  but  désiré.  Je  ne  sais,  en  effet,  si  la  Saxe  à  laquelle  cet 
article  était  destiné  en  a  su  profiter  ;  mais,  pour  la  Pologne,  il  est  certain 
qu'elle  y  a  puisé  l'essor  pour  la  régénération  de  ses  troupeaux  qui 
s'organise  avec  grande  activité  ;  il  est  même  probable  que  l'auteur,  en 
écrivant  ces  quelques  lignes,  était  loin  de  supposer  la  portée  considé- 
rable qu'elles  pourraient  avoir  pour  le  salut  agricole  de  tout  un  pays. 
C'est  en  effet  après  avoir  mûrement  pesé  les  sages  conseils  de  cet  arti- 
cle, que  nous  fûmes  convaincus  sur  le  coup  d'avoir  trouvé  dans  les 


334  LA  LAINE  ET  LE  MAIS-FOURRAGE  EN  POLOGNE. 

mérinos  précoces  la.  pierre  philosopliale  de  notre  élevage;  aussi,  après 
nous  êlre  mis  préalablement  à  l'étude  de  l'incomparable  Traité  de 
zootechnie  de  M.Sanson,  nous  allâmes  visiter  plusieurs  troupeaux  du 
Soissonnais  pour  nous  arrêter  àcelui  de  M.  Duclert,  àEdrolles,  où  nous 
fîmes,  pour  cause  d'essai_,  l'acquisition  d'un  fort  beau  bélier.  Or  les  ma- 
gnifiques produits  de  ce  dernier  firent  une  telle  impression  sur  nos 
éleveurs,  que  plusieurs  d'entre  eux  nous  prièrent  incontinent  de  les 
adresser  à  M.  Duciert,  lequel  comme  de  raison  ne  manqua  pas  de  les  satis- 
faire sous  tous  les  rapports.  Laréputation  du  troupeau  d'Edrolles  allant 
toujours  en  croissant  chez  nous,  nous  avons  fait  venir  récemment,  sur 
la  demande  de  plusieurs  de  nos  éleveurs  les  plus  distingués,  un  lot  de 
vingt  béliers,  dont  la  qualité  tout  à  fait  supérieure  a  fait  sensation  dans 
la  contrée.  Si  l'enthousiasme  continue  dans  la  même  progression,  il  est 
à  prévoir  que  M.  Duciert  sera  bientôt  dans  l'impossibilité  de  suffire  à  la 
demande. 

Nous  voilà  donc  en  voie  d'un  immense  progrès  qui  sera  réalisé  en 
fort  peu  de  temps,  vu  que  les  mérinos  du  Soissonnais  s'adaptent  par- 
faitement à  notre  variété  ovine.  Or  nous  en  sommes  exclusivement 
redevables  à  l'érudition  et  à  la  complaisance  de  M.  Sanson,  qui  non 
seulement  par  ses  écrits,  mais  encore  par  la  plus  gracieuse  interven- 
tion personnelle,  a  bien  voulu  nous  mener  sur  le  chemin  d'une  aussi 
salutaire  réforme. 

Un  autre  progrès  récemment  acquis,  consiste  dans  l'introduction 
de  l'ensilage  des  fourrages  verts.  La  Pologne,  non  moins  que  l'Amérique, 
a  su  apprécier  la  grande  portée  de  ce  procédé  salutaire  inauguré  en 
France  par  un  de  vos  agriculteurs  les  plus  distingués,  M.  Auguste 
Goffart,  dont  le  nom  aujourd'hui  est  devenu  populaire  parmi  nos  agri- 
culteurs, qui  ont  tous  en  main  son  manuel  traduit  en  langue  polo- 
naise. 

Dans  nos  contrées,  où  la  saison  rigoureuse  est  de  deux  mois  au 
moins  plus  longue  qu'en  France,  il  est  d'une  nécessité  absolue  de  se 
procurer  d'abondantes  provisions  pour  l'hivernage.  Aussi  l'ensilage 
du  maïs  a-t-il  pour  nous  une  importance  capitale,  de  beaucoup  plus 
considérable  que  pour  les  agriculteurs  français. 

Les  résultats  obtenus  par  M.  Goffart  nous  paraissaient  tellement 
extraordinaires^  que  je  résolus  de  me  rendre  sur  les  lieux  pour  vérifier 
le  fait  de  visu,  et  prendre  tous  les  renseignements  nécessaires  pour 
imiter  la  chose  avec  le  même  succès.  Ma  visite  au  château  de  Burtin, 
l'an  passé,  confirma  en  tous  points  mon  attente  et  me  laissa  en  outre 
le  plus  agréable  souvenir  de  l'hospitalité  française,  pratiquée  on  ne 
peut  plus  gracieusement  par  M.  Goffart  et  sa  famille. 

Les  silos  copiés  sur  l'original  de  Burtin  et  installés  dans  ma  propriété, 
donnèrent  des  résultats  propres  à  convaincre  les  plus  incrédules.  Aussi 
bon  nombre  d'agriculteurs  de  près  et  de  loin  s'apprêtèrent  à  intro- 
duire chez  eux  cette  salutaire  pratique,  plusieurs  mêmes  ont  déjà 
achevé  leurs  constructions  et  espèrent  bien  profiter  de  cette  année  très 
propice  pour  la  croissance  des  grands  maïs. 

Possédant  désormais  un  moyen  si  facile  pour  pourvoir  à  l'entretien 
de  notre  bétail,  nous  pourrons  sans  doute  songer  bientôt  à  la  réalisa- 
tion d'un  dernier  progrès,  qui  depuis  longtemps  erat  in  votis,  c'est-à- 
dire  l'amélioration  de  nos  races  bovines.  Espérons  que  nous  pourrons 
bientôt  visiter  la  fameuse  Nièvre,  où  les  éleveurs  distingués  du  Cha- 


LA  LAIXE  ET  LE  MAIS-FÛCRRAGE  EX  POLOGNE.  33  5 

rolais  témoigneront  certainement  la  même  bienveillance  à  leuis 
frères  cadets,  les  agriculteurs  polonais,  qu3  leurs  collègues  de  la 
Sologne  et  du  Soissonnais. 

Agréez,  etc.  D*"  Ladislas  Laszczynski, 

Membre  de  la  direction  de  la  Société  centrale  des  agricallears  du  graai-ductié  de  Posea. 

LA  GMilPAaXE  ET  LES  MOUTONS 

En  visitant,  il  y  a  quelques  années,  la  Champaune  avec  les  élèves  de 
Grignon,  notre  attention  s'était  particulièrement  dirigée  vers  les  parties 
011  domine  le  système  de  culture  qui  a  pour  base  l'exploitation  des 
pins.  Mon  collègue,  M.  Dubost,  a  rendu  compte  en  son  temps,  avec 
l'esprit  d'analyse  économique  qu'on  connaît,  des  résultats  de  cette 
excursion.  Tout  récemment,  nous  venons  d'y  retourner,  comme  on  sait, 
avec  les  élèves  de  l'Institut  agronomique  ;  mais  cette  fois  l'exploration 
a  porté  sur  d'autres  localités  et  elle  était  faite  à  un  tout  autre  point 
de  vue.  Conduits  avec  une  aimable  obligeance  à  laquelle  je  me  plais, 
pour  mon  compte,  àrendre  un  hommage  public,  par  M. Yimont,  vice-pré- 
sident du  comice  d'Epernay,  nous  avons  surtout  vu  de  la  culture 
arable,  à  côté  du  vignoble.  L'autre  fois,  on  nous  avait  fait  assister  à 
l'édification  de  fortunes  plus  ou  moins  grandes,  dues  à  la  mise  en 
valeur  des  terres  les  plus  ingrates  du  pays,  et  nous  n'avions  recueilli 
que  des  témoignages  de  satisfaction.  Cette  fois-ci,  nous  n'avons  guère 
entendu  que  les  plaintes  les  plus  vives  sur  l'état  déplorable  de  l'agri- 
culture, attribué  à  peu  près  exclusivement  à  l'abandon  dans  lequel 
le  gouvernement  laisse,  paraît-il,  lindustrie  agricole,  plaintes  formu- 
lées parles  hommes  les  plus  distingués  de  l'arrondissement  d'Epernay, 
réunis  pour  nous  faire  accueil.  On  se  serait  cru  au  Grand-Hôtel,  un 
jour  de  réunion  convoquée  et  présidée  par  M.  Estancelin. 

Là  pourtant  florit,  dans  les  idées  du  moins,  le  système  de  la  culture 
la  plus  avancée,  de  la  culture  intensive,  à  gros  capitaux,  à  fortes 
fumures,  à  grosses  récoltes.  Nous  avons  vu  des  instruments  perfection- 
nés, dubétail  perfectionné,  des  animaux  anglais,  des  engrais  ciiimiques, 
des  prairies  Gœtz  et  le  reste.  Les  agriculteurs  sont  convaincus  qu'ils 
font  ce  qu'il  y  a  de  mieux  à  faire  dans  le  sens  du  progrès,  qu'ils  sui- 
vent les  meilleures  pratiques  et  les  meilleurs  guides  ;  qu'aucun  eiiort 
ne  leur  coûte  pour  se  mettre  à  la  hauteur  des  pays  les  pi  us  avancés. 
Nous  avons  vu  des  moutons  shropshires,  des  taureaux  de  Durham  et 
jusqu'à  des  Angus.  «  Mais  le  manque  de  bras,  la  dépopulation  des 
campagnes,  la  rareté  et  la  cherté  de  la  main-d'œuvre  et  surtout 
l'absence  de  protection  douanière  stérilisent  tout  cela.  Le  revenu  baissCj 
la  situation  devient  impossible,  on  sera  bientôt  obligé  de  laisser  la  terre 
en  friche.  Il  n'y  a  plus  moyen  de  lutter  contre  la  concurrence  améri- 
caine, qui  menace  de  nous  envahir,  non  seulement  avec  ses  blés,  mais 
encore  avec  ses  bestiaux,  dont  il  arrive  chaque  semaine  des  masses 
énormes  sur  le.  marché  de  Paris.  La  baisse  du  prix  des  laines  avait 
déjà  fait  réduire  de  beaucoup  les  troupeaux  de  la  Champagne.  Il  a 
fallu  y  renoncer  presque  tout  à  fait  pour  adopter  un  système  de  culture 
plus  conforme  aux  idées  de  progrès.  » 

Je  n'ai  nullement  l'intention  de  discuter  l'exactitude  des  divers  traits 
de  ce  tableau.  L'appréciation  de  plusieurs  d'entre  eux  n'est  point  de 
ma  compétence  spéciale.  J  ai  là-dessus,  comme  tout  le  monde,  mes 
idées  propres.  On  ne  vit  pas  habituellement,  par  métier,  dans  le  monde 


336  LA  CHAMPAGNE  ET  LES  MOUTONS. 

agricole,  sans  se  mettre  un  peu  au  courant  de  ce  qui  le  concerne.  Mais 
je  veux  m'en  tenir  aux  affaires  zootecliniques,  sur  lesquelles  je  suis 
bien  obligé  d'avoir  quelque  peu  réiléclii,  et  que  je  me  suis  liabitué  à 
considérer  dans  un  esprit  de  conservation  progressiste.  C'est  ce  qui, 
sans  doute,  conformément  à  la  linguistique  adoptée  par  un  certain 
nombre  de  nos  contemporains,  me  fait  traiter  par  eux  de  révolution- 
naire et  d'esprit  subversif,  voire  de  songe-creux.  Je  crois  qu'il  est  sage, 
dans  la  plupart  des  cas,  de  conserver  les  races  animales  que  nous 
avons  depuis  longtemps,  en  améliorant  leur  exploitation  à  l'aide  des 
métbodes  perfectionnées,  plutôt  que  de  les  remplacer  par  des  animaux 
anglais,  dont  je  montre  qu'on  obtient  moins  de  profit.  Les  vrais  prati- 
ciens de  notre  pays,  ceux  qui  font  de  l'argent  avec  l'agriculture  et  non 
point  de  l'agriculture  avec  l'argent,  ceux  qui  font  de  l'industrie  et  non 
point  du  sport  agricole,  sont  de  mon  avis  et  le  montrent  par  leur  pra- 
tique journalière.  Dans  nos  excursions  annuelles  nous  en  constatons  à 
tout  instant  de  nombreuses  preuves,  dont  ma  correspondance  et,  j'ose 
le  dire,  celle  de  mon  éditeur,  sont  remplies.  Il  "n'importe,  tout  cela  est 
de  la  pure  théorie,  tout  au  plus  de  la  science,  non  de  la  pratique,  pour 
nos  gentlmen  farmers  et  leurs  imitateurs. 

Mais  arrivons  au  fait,  qui  est  le  système  de  culture  suivi  dans  la 
Champagne  que  nous  avons  en  vue,  pour  le  comparer  à  celui  qu'il  a 
remplacé.  Le  sujet  est  essentiellement  zootechnique,  ainsi  qu'on  va  le 
voir.  C'est  pourquoi  je  me  permets  de  m'en  occuper.  On  voudra  bien 
remarquer  que  le  terme  de  système  de  culture  est  ici  pris  dans  le  sens 
où  l'entend  la  saine  économie  rurale,  c'est-à-dire  caractérisé  par  les 
])roduits  obtenus.  Ces  produits  sont  des  végétaux  ou  des  animaux,  les 
uns  et  les  autres  transformés  en  argent  ou  en  monnaie  par  la  vente  sur 
le  marché. 

De  temps  immémorial  la  Champagne  a  été  ce  qu'on  appelle  un  pays 
à  moutons,  comme  toutes  les  plaines  maigres,  à  terres  légères  et 
sèches,  comme  tous  les  pays  de  pâtures.  A  la  fin  du  dernier  siècle  et 
au  commencement  de  celui-ci,  ses  troupeaux,  appartenant  alors  au 
type  qui  subsiste  dans  les  plaines  duBerri,  et  dont  on  trouve  encore 
des  restes  dans  les  parties  les  plus  maigres  des  Ardennes,  sous 
le  nom  de  moutons  ardennais,  ont  été  transformés  par  le  croisement 
continu  avec  les  béliers  mérinos  venant  de  la  Bourgogne,  où  ils 
avaient  été  introduits  par  Daubenton.  La  Champagne  devint  ainsi 
l'une  des  principales  parties  de  l'aire  géographique  de  la  race  des. 
mérinos.  Les  troupeaux  y  étaient  très  nombreux,  il  y  a  là-dessus  un 
proverbe  bien  connu.  A  peu  près  seuls  ils  mettaient  en  valeur  la  plus 
grande  partie  du  sol  champenois,  d'une  pauvreté  également  prover- 
biale. Ce  n'en  était  pas  moins  une  industrie  florissante,  à  cause  du 
haut  prix  des  laines  et  du  développement  pris  par  les  fabriques  de 
Reims  et  de  Sedan. 

Les  nouvelles  conjonctures  amenées,  vers  1840,  par  l'importation 
en  grandes  masses  des  laines  coloniales,  portèrent  un  rude  coup  à 
l'industrie  champenoise.  Celle-ci,  faute  de  sang-froid,  et  peut-être 
aussi  d'mformations  spéciales,  n'en  sut  pas  mesurer  exactement  la 
portée,  mais  elle  n'en  persista  pas  moins,  en  très  grande  majorité, 
dans  la  voie  suivie  jusqu'alors.  Ce  fut  seulement  à  partir  de  1860, 
à  la  suite  de  l'agitation  de  plus  en  plus  excitée  par  le  groupe  des 
manufacturiers  intéressés,  contre  le  nouveau  régime  économique  inau- 


LA  CHAMPAGNE  ET  LES  MOUTONS.  337 

guré  par  les  traités  de  commerce,  agitation  qui  prit  un  corps  surtout 
par  la  fondation  de  la  Société  des  agriculteurs  de  France^  que  l'ancien 
système  de  culture  de  la  Champagne  fit  place  dans  les  exploitations 
conduites  par  les  membres  de  cette  Société,  formant  la  partie  diri- 
geante des  comices,  à  celai  qu'on  y  voit  aujourd'hui  et  que  nous 
avons  essayé  de  caractériser  en  commentant.  Les  troupeaux  y  dispa- 
rurent en  grande  partie,  et  avec  eux  les  profits,  la  valeur  des  produits 
obtenus  compensant  à  peine  les  frais  de  culture  augmentés.  Et  c'est  là 
ce  que,  dans  le  groupe,  on  appelle  la  culture  améliorante  ou  pro- 
gressive. 

Pour  justifier  le  changement,  on  invoque  surtout  la  prétendue 
impossibilité  de  tirer  profit  de  l'exploitation  des  bêtes  à  laine  fine, 
depuis  la  baisse  du  prix  des  toisons,  ce  qu'on  nomme  dans  le  lan- 
gage courant  l'avilissement  du  prix  des  laines,  mais  aussi  la  néces- 
sité d'améliorer  le  sol  par  une  culture  plus  perfectionnée.  Le  principal 
motif  est  articulé  avec  assurance,  même  par  ceux  qui  ne  se  laissent 
point  entraîner  par  la  passion,  qui  sont  d'une  bonne  foi  incontes- 
table. Ils  n'ont  jamais  songé  à  en  examiner  la  valeur.  Ils  ne  se  sont 
point  demandé  si,  même  en  admettant  la  baisse  des  prix,  les  laines 
fines  et  les  bêtes  qui  les  portent  ne  seraient  point  encore  les 
produits  les  plus  lucratifs  du  sol  champenois  mis  en  culture.  La  con- 
duite de  leurs  voisins  de  la  Bourgogne,  du  Tonnerrois  et  du  Châtillon- 
nais,  qui  ont  conservé  les  troupeaux  de  mérinos  en  les  étendant 
même  et  surtout  en  les  améliorant  par  une  culture  plus  appropriée 
aux  nouvelles  conjonctures,  n'a  exercé  aucune  influence  sur  eux.  Ils 
n'ont  été  accessibles  qu'à  la  propagande  qu'il  serait  permis  de  qua- 
lifier justement  de  révolutionnaire;  car  elle  devait  avoir  pour  consé- 
quence la  destruction,  au  lieu  de  l'amélioration. 

Aussi  quelle  différence  d'aspect,  entre  les  exploitations  bourgui- 
gnonnes que  nous  avons  visitées  également  en  quittant  la  Cham- 
pagne, et  celles  de  l'arrondissement  d'Epernay  !  Quelle  différence  de 
langage  aussi  dans  la  bouche  des  agriculteurs!  En  Bourgogne,  les 
beaux  troupeaux  des  Achille  Maître,  des  Japiot,  des  Lemoine,  des 
Rigollot,  des  Terrillon,  des  Gaulet  de  Rully,  des  Montenot,  des  Tex- 
toris  et  autres,  attestent  tous,  par  leur  amélioration  dans  le  sens  des 
exigences  actuelles  du  marché,  une  culture  véritablement  avancée, 
parce  qu'elle  est  conduite  en  vue  d'assurer  au  troupeau  l'alimentation 
copieuse  et  régulière  qui  le  met  en  mesure  de  produire  à  la  fois  beau- 
coup de  viande  et  beaucoup  de  laine;  en  Champagne,  au  contraire, 
j'entends  chez  les  agriculteurs  réputés  hommes  de  progrès,  quelques 
rares  animaux  anglais  purs  ou  métis,  misérables  machines  à  grand 
travail  luttant  péniblement  pour  l'existence,  sans  profit,  cela  va  de 
soi,  pour  leur  exploitant. 

Je  veux  dire  en  passant,  parce  que  c'est  un  acte  de  justice,  et  aussi 
un  peu  une  confession,  combien  j'ai  été  agréablement  surpris  par  létat 
dans  lequel  j'ai  trouvé  le  troupeau  de  M.  Achille  Maître.  Ce  troupeau  ne 
le  cède  plus  aujourd'hui  à  aucun  autre  de  France,  sous  les  divers  rap- 
ports de  la  correction  des  formes,  de  la  qualité  des  toisons  et  de  la 
précocité.  On  peut  ajouter  même  que  nulle  part  il  n'existe  des  mérinos 
dont  le  col  soit  plus  court  et  les  gigots  plus  généralement  épais.  Et  il 
ne  s'agit  point  là  d'un  élevage  d'amateur,  car  l'effectif  va  jusqu'à  dix- 
huit  cents  individus,  répartis  entre  trois  fermes  voisines.  Et  voilà  com- 


338  LA    CHAMPAGNE  ET  LES  MOUTONS, 

mont,  soit  dit  une  fois  déplus,  les  mérinos  disparaissent  de  notre  pays, 
écrasés  par  la  concurrence  étrangère  ! 

Ils  ont,  àla  vérité,  disparu  en  partie  de  la  Champagne,  comme  jeviens 
de  le  dire,  et  là  est  le  tort  des  agriculteurs  champenois.  Il  devrait  être 
superflu  de  répétera  cette  occasion  que  jamais  nous  n'avons  prétendu, 
ni  même  seulement  laissé  entendre,  à  l'exemple  de  nos  anglomanes, 
que  le  mérinos  est  à  nos  yeux  le  mouton  par  excellence,  à  exploiter 
partout  en  vertu  d'une  supériorité  absolue.  Nous  avons  exactement, 
croyons-nous,  tracé  l'aire  géographique  de  sa  race,  telle  que  les  cir- 
constances agricoles  et  météorologiques  l'ont  fait  établir,  lorsqu'il  était 
chez  nous  l'objet  de  l'engouement  universel,  pour  des  raisons  qu'il 
n'est  pas  nécessaire  de  développer.  La  Champagne  fait  partie  de  cette 
aire  géographique,  avec  les  portions  de  la  Basse-Bourgogne  qui  l'avoisi- 
nent.  Ceux  qui,  dans  ces  deux  régions  de  notre  pays,  ont  renoncé  à 
son  exploitation,  pour  lui  substituer  des  moutons  anglais  ou  des  bêtes  bo- 
vines, ont  fait  une  faute  grave,  qui  ne  pouvait  que  diminuer  le  produit 
net  de  leurs  terres  et  rendre  leur  industrie  moins  lucrative. 

Le  système  d'exploitation  qui  convient  à  de  pareilles  terres  quand 
elles  ne  sont  point  plantées  en  pins,  doit  avoir  pour  base  la  produc- 
tion simultanée  de  la  laine  et  de  la  viande,  pour  la  raison,  dite  en 
commençant,  qu'en  saine  économie  rurale  ou  en  agriculture  comparée, 
comme  on  voudra,  les  régions  en  question  se  rangent  dans  la  caté- 
gorie des  pays  à  moutons,  comme  le  Châtillonnais,  la  Brie,  la  Beauce, 
le  Soissonnais,  etc.  La  culture  doit  y  être  conduite  principalement  en 
vue  de  la  nourriture  du  troupeau,  le  reste  étant  l'accessoire.  Le  profit 
est  à  ce  prix,  parce  que  les  terres,  en  raison  de  leur  puissance  et  de 
leur  valeur,  ne  peuvent  supporter  de  grands  frais,  ni  de  main-d'œuvre, 
ni  d'engrais. 

En  Champagne,  comme  partout  sur  l'étendue  de  leur  aire  géogra- 
phique, les  mérinos  perfectionnés  peuvent  lutter  avantageusement, 
comme  producteurs  de  viande,  avec  n'importe  quel  autre  mouton. 
M.  Japiot  fils  a  expédié,  il  y  a  quelques  mois,  au  marché  de  la  Yil- 
lette,  un  lot  d'agneaux  mérinos  de  six  mois,  qui  ont  été  vendus  trente- 
six  francs  par  tête.  Cela  indique  que  leur  poids  vif  moyen  devait  être 
aux  environs  de  36  kilog.  Les  agneaux  southdowns  du  troupeau  de 
Grignon  ne  pèsent  guère  plus  au  même  âge.  Il  n'y  a  pas  lieu  de  pen- 
ser qu'aucun  agriculteur  champenois  obtienne  à  cet  égard  de  meilleurs 
résultats  par  d'autres  moyens.  On  peut  donc  se  contenter  de  prétendre 
à  l'égalité,  qui  est  ainsi  [trouvée  par  les  faits.  Pour  mon  compte,  je 
ne  prétends  pas  à  davantage;  mais  il  me  paraît  que  cette  égalité  ne 
peut  pas  être  contestée  justement. 

Je  ne  sache  pas,  d'un  autre  côté,  que  jamais  personne  ait  entrepris 
de  soutenir  que,  poids  pour  poids,  aucune  race  ovine,  fût-elle  d'Angle- 
terre, soit  capable  de  produire  autant  de  laine  et  de  même  valeur  au 
kilogramme  que  celle  des  mérinos  perfectionnés,  si  avili  qu'on  sup- 
pose le  prix  de  celle-ci.  Partout  où  ces  mérinos  perfectionnés  peuvent 
vivre  et  être  nourris  aussi  bien  que  les  moutons  qu'on  nomme  bêtes  à 
viande,  parce  qu'ils  ne  sont  que  de  fort  médiocres  bêtes  à  laine,  la 
supériorité  leur  est  donc  acquise,  au  point  de  vue  financier. 

Nourrir  dans  une  ferme  champenoise  un  troupeau  de  trois  cents 
mérinos  environ,  exploité  conformément  aux  indications  de  la  science, 
c'est  donc  s'assurer  la  vente  annuelle  d'une  centaine  de  moutons  au  prix 


LA  CHAMPAGNE  ET    LES  MOUTONS.  339 

du  cours  et  celle  de  trois  cents  toisons,  soit  un  produit  brut  d'environ 
huit  mille  francs.  C'est  aussi  diminuer  ses  frais  de  culture  dans  une 
forte  proportion  et  se  débarrasser  de  bien  des  soucis,  la  ^généralisation 
d'une  telle  pratique  aurait  aussi  l'avantage  de  contribuer  à  l'approvi- 
sionnement du  marché  de  Paris,  pour  lequel  notre  commerce  est 
obligé  d'avoir  recours  à  l'Allemagne,  à  la  Hongrie  et  jusqu'à  la  Russie, 
contre  lesquelles,  par  une  singulière  aberration,  nos  agriculteurs 
peu  réfléchis  croient  qu'il  n'y  a  pas  pour  eux  moyen  de  lutter. 

A.  Sansox, 

Professeur  de  zoologie  ot.  zootechnie 
à  l'Ecole  nationale  de  Grigiion  et  à  l'Institut  nalional  agronomique. 

LA  GREFFE  CHAMPIN 

S[IR   PLANT  OU  MÉRITHALLE    RACINES  ET   ARRACHAS   ' 

Greffons  d'abord  un  plant  ou  un  mérithalle  racine.  Avec  le  séca- 
teur, ou  mieux  avec  la  serpette,  faisons  sauter  la  tête  du  plant  aussi 
près  que  possible,  au-dessous  du  nœud  qui  la  porte,  de  manière  à  ce 
que  le  mérflballe  qui  existe  entre  ce  nœud  et  le  suivant  soit  aussi 
long  que  possible.  Une  fois  cette  tête  enlevée,  il  n'y  a  plus  de  diffé- 
rence sensible  entre  un  plant  et  un  rnérithalle  racine. 

Il  y  a  encore  une  opération  préliminaire  qui  n'est  point  indispen- 
sable, mais  que  fait  tout  greifeur  soigneux  :  c'est  d'essuyer  l'extré- 
mité du  mérithalle  à  greffer  avec  le  coin  de  son  tablier^,  faute  de 
mieux;  mais  le  mieux,  c'est  d'avoir  sous   la  main  un  torchon  iiTOS- 


Fig.  21.  —  Grenoir. 

sier  et  rugueux,  pour  cet  usage.  Cette  opération  très  rapide  n'est 
pas  du  temps  perdu,  mais  du  temps  gagné.  Un  buis  bien  propre 
ménage  le  tranchant  des  outils,  et  permet  de  voir  bien  mieux  ce  que 
l'on  fait. 

Avec  le  couteau  à  greffer,  simple,  fort,  à  lame  très  mince,  très 
large  et  pas  trop  longue,  à  gros  manche  remplissant  bien  la  main 
(fig.  21),  faisons  d'abord,  de  haut  en  bas,  au  tiers  ou  au  quart  du 
diamètre,  une  fente  bien  droite  et  bien  régulière  de  3  à  6  centimètres 
de  long  suivant  la  gmsseur  du  sujet  (û^.  22). 

Il  faut  ensuite  fermer  la  main  gauche,  la  paume  en  dessus  et,  entre 
le  pouce  bien  allongé  et  l'index  bien  fermé,  insérer  le  sujet  de  ma- 
nière à  ce  que  les  racines  soient  là-bas,  plus  loin  que  le  pouce;  que  la 
partie  fendue  vise  bien  le  bout  de  votre  nez%  et  que  la  fente  trans- 
versale, qu'il  faut  placer  en  bas,  soit  parallèle  à  la  ligne  qui  passe 
par  vos  deux  yeux  (fig.  23). 

Avec  le  couteau,  saisi  et  serré  par  les  quatre  doigts  de  la  main 
droite  tellement  près  de  la  lame  que  celle-ci  entre  dans  la  main,  et  en 

L  Fxtrait  du  Traité  théorique  et  pratique  du  greffage  de  la  vigne,  par  Aimé  Champin.  —  1  voL 
iii-8».  A  la  librairie  de  G.  Masson,  120,  boulevard  Saint-Germain, 

2.  Un  bon  greffe ur  a  toujours  son  tablier  de  greffeur,  en  bonne  ?erge  verte  ou  bleue,  attaché 
autour  (iu  cou  et  autour  du  corps,  avec  une  grande  poche  à  la  ceinture. 

3.  Si  l'on  n'a  pas  une  distance  suffisante  entre  les  yeux  et  le  bout  du  nez,  le  mal  n'est  pas 
grand  ;  on  vise  la  bouche  et  le  menton,  et  l'on  voit  très  bien  ce  qui  se  passe  sous  le  couteau  à  la 
partie  supérieure  du  bois  qu'on  travaille. 


340 


LA    GREFFE    CHAMPIN. 


se  servant  comme  d'un  levier  da  pouce  droit  dont  l'extrémité  s'arc- 
boute  contre  la  naissance  du  pouce  gauche,  on  enlève  toute  la  partie 
du  bois  qui  est  au-dessus  de  la  fente,  en  commençant  un  peu  plus 
loin  que  son  extrémité  inférieure,  en  se  maintenant  partout  parallè- 
lement à  elle  en  travers,  et  en  amincissant  la  languette  de  manière  à 
ce  qu'elle  finisse  à  zéro,  à  l'endroit  où  elle  vient  rejoindre  la  fente 
transversale  qu'on  n'a  jamais  perdue  de  vue*. 

Cette  opération  est  excessivement  facile,  mais  pour  la  faciliter  encore, 
il  faut  que  la  lame  du  couteau  à  greffer  soit  parfaitement  dressée,  en 


Fig.  22.  Incision  du 
porte-greffe. 


m 


p  j 


Fig.  23.  —  Manière  de  former 
la  languette. 


Fig.  24.  —  Porte-greffe  et         Fig.  25.  —  Greffe  Ghampin 
greffon  préparés.  sur  bouture. 


dessous,  et  pour  cela,   il  faut  avoir  soin  de  ne  jamais  toucher  ce 
dessous  avec  la  meule  et  de  n'aiguiser  que  la  partie  supérieure. 

Il  est  rare  qu'on  arrive,  à  la  main,  à  enlever  d'un  seul  coup  toute 
la  partie  à  supprimer,  —  c'est  réservé  aux  machines,  —  mais  peu  im- 
porte qu'on  le  fasse  en  une  ou  plusieurs  fois;  la  seule  chose  impor- 
tante est  que  la  surface  ainsi  préparée  soit  bien  dressée,  bien  unie, 
bien  régulière  et  bien  semblable  à  la  fente  voisine,  car  c'est  dans  une 

1.  J'indique  cette  manière  de  tenir  les  mains,  le  bois  et  le  couteau,  pour  bien  faire  comprendre 
l'opération  aux  débutants,  mais  chacun  adopte  ensuite  la  tenue  qui  lui  paraît  la  plus  commode. 


341 
LA  GREFFE  CHAMPIN. 

1  uu<.  h  celle-ci  qu'elle  doit  s'emboîter  (fig.  24). 
tente  parfaitement  semblable  a  ce  le  cqu  ^^^^         nous  avons 

Après  le  sujet,  le  S^ f  f  °/„^f  ,  ""'' ?ocho  autant  que  possible  du 
devant  nous,  d'en  '™»^«;""  ^^^^^^'e  Ti  le  ^"J«'  ^«'  "°  ?'"  '"I"^']  "1 
^"^;VoTSrd"JlefgXns  une  courU  correspondante  a 

"^1  ibossenr  est  égale,  tant  mieux,  mais  si  elle  est  plus  petite,  d 


Fig.  26.  -  Greffe  Champiu  sur  plant  racine. 


œil,  de  ma- 


n'importe  guère;  il  faut  seulemenUviter  r,:%?r ^ f  ^"îe 

Le  greffon,  hab 

suiet  mais  en  si 

niire  à  ce  que  le  mérithalle  qm  ;«^l«^Y;"ÔnV;atique  eAsuite  sur  ce 

soit  aussi  long  et  auss>  ^^f  q"e  P  ^^'^^'e^^^^  pLfaitement  semblables 


"^rgSunSn-ent  -P^f^tXssr 'd'un  „..  .         ., 
-iiTruet^SSe^VS: au-dessous  de  ce  prem.er  œd. 


S2t.ferenruria';:gVettc-biseau  parfaitement  semt 
à  celles  du  sujet  S  (fig.  24). 


342  LA  GREFFE   GHAMPIN. 

Il  n'y  a  rien  de  plus  facile  ensuite  que  de  mettre  le  greffon  au- 
dessus  du  sujet,  de  telle  sorte  que  la  ])artie  enlevée  de  l'un  étant  à 
droite,  et  celle  de  l'autre  à  gauche,  l'ex-trémité  amincie  de  chaque 
languette  se  trouve  vis-à-vis  de  la  fente  qui  doit  la  recevoir  (fig.  2'»). 
On  fait  entrer  alors  très  facilement  chaque  languette  dans  cluique 
fente,  on  pousse  les  deux  morceaux  l'un  contre  l'autre,  en  les  mainte- 
nant avec  les  deux  pouces  et  les  deux  index  de  manière  à  ce  que  les 
écorces  s'affleurent  sur  toute  leur  longueur,  au  moins  d'un  côté,  et 
l'on  ne  s'arrête  que  lorsque  l'extrémité  de  chaque  languette  est  bien 
au  fond  de  la  fente  (fig.  25). 

Il  reste  à  régulariser  l'extrémité  des  deux  languettes  extérieures  BB. 
Elles  sont  terminées,  ou  carrément  ou  en  léger  biseau,  suivant  la 
coupe  qui  a  été  donnée  au  bois  avant  l'opération^;  elles  ne  vont  pas 
tout  à  fait  jusqu'à  la  naissance  de  la  languette.  Au  lieu  de  leur  laisser 
un  angle  droit  ou  un  talon,  —  qu'on  m'a  reproché  souvent,  quoique 
j'aie  expliqué  bien  des  fois  qu'il  ne  fallait  pas  le  faire,  —  on  taille 
chacune  d'elles,  à  un  angle  de  50  ou  GO  degrés,  en  un  biseau  qui 
reste  découvert  et  fait  pendant  à  une  surface  à  peu  près  semblable 
qui,  elle  aussi,  reste  découverte  à  la  naissance  de  la  languette  inté- 
rieure (fig.  25  et  26). 

On  me  reproche  parfois  cette  double  plaie  béante  et  non  recouverte. 
Pour  échapper  à  ce  reproche,  je  m'empresse  de  la  couvrir  de  mastic 
et  bientôt  la  sève,  imitant  mon  exemple  et  venant  à  mon  aide,  recou- 
vrira ces  deux  petites  lacunes  d'une  écorce  toute  neuve,  bien  plus 
régulière  et  bien  plus  certaine  que  si  j'avais,  comme  la  plupart  du 
temps  dans  la  greffe  anglaise,  un  excédent  de  bois  appliqué  sur  une 
écorce  brute. 

On  se  figure  assez  souvent  que  les  plaies  de  la  vigne  ne  se  recou- 
vrent pas  plus  en  terre  qu'exposées  à  l'air.  C'est  une  erreur.  Les  cou- 
pures aériennes  bien  franches  et  bien  mastiquées  se  recouvrent  très 
bien,  et  les  plaies  souterraines  se  recouvrent  encore  mieux,  parce  que 
la  terre  leur  sert  de  mastic,  et  si  à  ce  mastic  général  on  en  a  ajouté  un 
autre,  appliqué  bien  soigneusement  au  moment  où  la  coupure  est  en- 
core fraîche,  il  ne  reste  bientôt  plus  trace  de  celle-ci.  C'est  tellement 
vrai  que  souvent  il  est  impossible,  au  bout  d'un  an,  de  retrouver  la 
place  de  la  greffe  et  qu'il  faut  laver  le  plant  pour  trouver  la  soudure 
qui  ne  se  reconnaît  parfois  qu'à  la  différence  de  couleur  des  deux  bois*. 

vVimé  CiiAMPiN, 

Membre  du  Conseil  général  de  la  Drome. 

LE  FOIN  NOUVEAU 

Je  lis  dans  le  Messager  agricole  du  Midi  du  25  juillet  1880,  les 
lignes  suivantes  d'un  article  non  signé  :  «  Le  foin  nouveau  n'est  pas 
a  un  bon  aliment,  il  est  échauffant,  il  irrite  les  organes   digestifs,  il 

1.  Quand  on  coupe  les  morceaux  destinés  à  servir  de  greffons,  il  n'y  a  rien  de  plus  facile  que 
de  les  tailler  en  bec-de-cane  ;  on  fend  alors  du  côté  le  plus  court,  et  le  biseau  B  de  la 
langu-'tte  cxlôrieure  se  trouve  fait  d'avance. 

2.  Pour  faciliter  et  accélérer  le  grefiage  à  l'atelier,  on  a  inventé  et  on  invente  chaque  Jour  des 
machines  fort  ingénieuses  et  dont  plusieurs  fonctionnent  très  bien.  Je  ne  les  connais  certaine- 
ment pas  toutes,  et  je  me  bornerai  à  citer  celles  de  MM.  Trabue,  Berdagiier,  Auguste  Petit,  qui 
font  à  la  fois  la  greffe  anglaise  et  lagreffe-Champin  ;  celle  de  M.  Leydier,  de  Lencieux  (Vaucluse), 
qui  fait  spécialement  la  gieffe-Champin  et  qui  a  l'avantage  de  faire  mouvoir  la  lame  tranchante 
avec  le  pied,  pendant  que  les  deux  mains  du  greffeur  restent  libres  pour  tenir  le  bois  ;  et  enfin  un 
tout  petit  guide-grefTe-Champin  qui,  ainsi  que  son  nom  l'indique,  sert  à  faire  la  fente  et  à  guider 
le  couteau  ordinaire  des  greffeurs,  de  manière  à  obtenir  des  languettes  et  des  biseau.t  bien  unis, 
bien  dressés,  bien  égaux  et  bien  parallèles. 


LE  FOIN  NOUVEAU.  343 

«  détermine  des  gastriques,  des  vertiges,  des  éruptions   cutanées.  » 

Cette  déposition  d'un  homme,  qui,  peut-être,  est  compétent  dans  les 
matières  agricoles,  me  paraît  bien  grave. 

Nous  sommes  dans  un  siècle  où,  en  général,  les  affirmations  ne  suf- 
fisent plus,  il  nous  faut  des  preuves.  Or,  il  n'en  existe  pas.  Des  expé- 
riences sérieuses  n'ont  jamais  été  faites,  constatant  que  la  consom- 
mation du  foin  nouveau  fût  susceptible  d'entraîner  de  semblables 
affections. 

Ce  que  l'on  a  pris  pour  une  vérité,  est  tout  simplement  un  préjugé, 
et  ce  préjugé  est  né  d'une  fausse  observation. 

Chacun  connaît  l'odear  agréable,  rappelée  assez  bien  par  celle  de  la 
flouve  odorante,  qui  s'exhale  d'un  foin,  lorsqu'on  a  été  assez  habile  pour 
bien  saisir  la  meilleure  époque  de  coupe  et  assez  heureux  pour  le  ren- 
trer sans  pluie  ;  c'est  l'état  où  le  foin  est  le  plus  apprécié  par  les  ani- 
maux. Aussi  qu'arrive-t-il? 

Lorsqu'on  rentre  les  foins,  quoique  bien  nourris' à  l'étable,  les  ani- 
maux qu'on  emploie  à  cette  opération ,  alléchés  par  cette  excellente  odeur 
de  foin  fleuri,  dès  qu'ils  sont  un  moment  arrêtés,  s'impatientent  pour 
en  saisir  quelques  bribes.  Pour  les  maintenir  en  repos,  on  a  l'habitude 
de  leur  en  mettre  constamment  une  fourchette  devant  eux;  à  la  meule 
où  ils  restent  tout  le  temps  qu'on  décharge  les  véhicules,  c'est  la  même 
chose;  puisque,  dit-on,  les  animaux  rentrent  le  foin,  il  faut  leur  en  faire 
manger  à  satiété. 

Cette  pratique  dangereuse,  qui  provient  de  l'ignorance  des  principes 
les  plus  élémentaires  de  l'histologie,  amène  en  effet  ce  résultat  que  des 
animaux  consommant  une  grande  quantité  de  fourrages  fibreux  et  secs, 
sans  boire  une  goutte  d'eau,  sont  atteints  d'indigestions  qui  peuvent 
causer  des  gastrites,  des  vertiges  et  même  la  mort. 

Et  alors  un  observateur  superficiel  s'écrie  avec  une  apparence  de  vé- 
rité pour  les  auditeurs  :  «Mais  c'est  la  consommation  du  foin  nouveau 
qui  a  produit  ces  désordres.  » 

Evidemment  on  ne  saurait  en  douter;  le  foin  est  devenu  dangereux 
au  même  titre  que  le  lièvre  quand  on  en  mange  trop.  A  qui  la  faute? 

F.  Larvaron, 

stagiaire  agricole  à  Graad-Jouan. 

A  PROPOS  DE  LA  VERMINE  DES  POULAILLERS 

On  s'intéresse  de  plus  en  plus  aux  oiseaux  de  basse-cour;  on  com- 
mence à  reconnaître  que  l'on  a  eu  tort  de  les  abandonner,  et  qu'en 
observant  l'hygiène,  on  peut  en  tirer  un  grand  profit.  Pour  y  arriver, 
il  faut  arrêter  le  plus  promptement  possible  les  maladies  épidémiques, 
et  surtout  par  des  soins  constants,   éviter  leur  retour. 

Chacun  s'en  occupant,  la  publicité  aidant,  et  je  dois  constater  ici 
que  la  presse  agricole  est  à  ce  sujet  très  libérale,  et,  pour  ma  part, 
je  lui  en  témoigne  toute  ma  reconnaissance,  avec  l'aide  de  la  presse, 
dis-je,  on  propagera  les  bons  avis,  les  bons  conseils,  et  on  arrêtera  la 
multiplication  de  la  vermine. 

A  ce  sujet,  je  demande  la  permission  de  compléter  et  de  rectifier 
très  brièvement  le  très  spirituel  article  du  docteur  Félix  Schneider 
(^Journal  de   f  agriculture  du  14  août),  dans  lequel  il  dit  : 

«  Le  meilleur  moyen  d'affranchir  vos  élè ves  de  cette  vermine,  consiste  à  empêcher 
celle-ci  de  naître. 


344  SUR  LA  VERMINE  DES  VOLAILLES. 

Gela  est  parfait,  on  ne  peut  pas  mieux  dire,  et  voilà  un  bon  conseil 
qui  mérite  certainement  d'être  largement  répandu.  Mais  quand  il  ajoute  : 

«  Le  moyen  le  plus  simple  et  le  plus  économique  de  détruire  la  vermine  qui 
cause  tant  de  ravages  parmi  la  population  ailée,  est  le  suivant  : 

«  Tous  les  jours...  je  dis  tous  les  jours,  depuis  les  premières  chaleurs  jusque 
vers  l'automne,  il  faut  asperger  le  colombier  de  haut  en  bas  et  sur  les  quatre 
côtés,  avec  le  liquide  à  bon  marché  qu'on  appelle  communément  de  l'eau... 

«  A  cet  effet,  armé  d'un  baquet  plein  d'eau,  vous  y  puisez  avec  la  main  ou  avec 
une  tasse  et  vous  en  faites  voltiger  le  contenu  dans  toutes  les  directions  et  princi- 
palement dans  les  nids,  sans  vous  inquiéter  des  couveuses  qui  s'habituent  à  être 
douchées  et  ne  tardent  pas  à  ne  plus  se  déranger  pour  si  peu.  Le  liquide  subtil 
pénètre  dans  tous  les  interstices,  visite  les  plus  petites  fentes,  tombe  sur  les  œufs 
et  sur  les  jeunes,  et  répand  partout  sa  bienfaisante  influence.  » 

Oh!  je  ne  partage  plus  du  tout  cette  manière  de  voir,  et  je  crois  que 
tous  les  praticiens  seront  de  mon  avis. 

D'abord,  pour  qu'un  liquide  pénètre  soit  dans  les  fentes,  soit  dans 
les  cavités  (que  l'on  a  tort  de  ne  pas  boucher),  il  faut  une  certaine 
force  pour  l'y  introduire;  la  main  est  donc  insuffisante,  il  faut  au  moins 
une  pompe  à  main  d'une  forte  projection  pour  que  chaque  fissure  soit 
atteinte  profondément. 

Ensuite,  ces  aspersions  quotidiennes  doivent  amener  une  humidité 
nuisible  aux  habitants  d'un  colombier. 

M.  le  docteur  Félix  Schneider  dit  avec  raison  :  «  La  vermine  aime 
le  sec.  3)  Mais  si  les  oiseaux  vont  avec  plaisir  près  de  l'eau,  c'est 
pour  faire  leur  toilette;  lorsqu'ils  l'ont  terminée,  ils  prennent  leurs 
ébats,  ils  voltigent,  ils  se  sèchent,  ce  que  la  pauvre  couveuse  ne  pour- 
rait faire,  étant  tout  entière  à  son  rôle  de  mère. 

Ainsi  l'humidité  qui  serait  nuisible  à  la  vermine,  serait  aussi  nui- 
sible aux  oiseaux. 

Il  est  préférable  de  faire  de  rares  aspersions  et  de  les  faire  avec  de 
l'eau  additionnée  soit  de  pétrole,  soit  d'essence  minérale,  soit  d'acide 
phénique.  Ces  aspersions  seront  faites  le  matin,  de  manière  à  ne  pas 
incommoder  les  oiseaux  et  cependant  de  manière  à  agir  efficacement, 
énergiquement  sur  la  vermine. 

Il  est  essentiel  que  tous  les  endroits  soient  consciencieusement 
fouillés,  un  seul  point  oublié  servirait  de  nid  et  le  travail  serait  in- 
complet. 
Mais  ce  qu'il  faut  surtout  éviter,  c'est  de  doucher  une  couveuse. 
D'une  part,  la  crainte  de  l'eau  peut  compromettre  une  couvée  ou 
faire  écraser  des  œufs  ;  d'autre  part,  l'eau  qui  arriverait  tous  les  jours 
dans  le  nid  pourrirait  le  fond  de  celui-ci,  et  cette  fois  ce  serait  l'incuba- 
tion qui  serait  totalement  compromise.  Les  conséquences  de  ces  ablu- 
tions de  chaque  jour  seraient  déplorables  pour  les  nids  qui  devien- 
draient des  fosses  à  purin. 

Il  est  certain  que  les  nids  doivent  attirer  toute  l'attention  du  colom- 
bophile. Mais  pour  les  tenir  proprement,  pour  éviter  la  vermine,  il 
suffit  de  laisser  la  plus  grande  tranquillité  au  couple  pendant  l'incu- 
bation. C'est  seulement  huit  jours  après  Téclosion  que  l'on  retire 
soigneusement  les  jeunes  et  que  l'on  nettoyé  le  nid  avec  une  brosse  à 
chiendent  et  de  l'eau  sulfatée  ;  quand  il  est  bien  séché  avec  l'éponge, 
on  replace  doucement  les  jeunes  sur  la  litière  fraîche.  On  continue  ces 
nettoyages  tous  les  quatre  jours  jusqu'à  l'époque  de  la  sortie  du  nid. 
Je  dois  faire  remarquer  que  tout  cela  concerne  le  colombier;  mais 


SUR  LA  VERMINE  DES  VOLAILLES.  345 

pour  un  poulailler^  voici  ce  qui  est  pratique  :  l'asperger  d'une  manière 
vigoureuse  et  insecticide  et  ne  pas  y  mettre  de  couveuses. 

Je  puis  affirmer  que  les  couveuses  ne  s'habituent  pas  aux  mouve- 
ments bruyants.  Pour  elles,  j'ai  dû  choisir  un  endroit  spécial  et  isolé, 
et  très  aéré. 

Avec  les  aspersions  générales  et  quotidiennes,  ce  qui  est  encore  à 
redouter,  c'est  l'eau  froide  arrivant  sur  un  œuf  en  incubation  et  sur 
les  jeunes,  M.  Schneider  reconnaîtra  que  l'eau  froide,  jetée  sur  un 
œuf,  annulerait  l'incubation.  L'hiver,  nous  ne  touchons  pas  les  œufs 
des  couvées,  directement  avec  les  mains  froides,  dans  la  crainte  de 
nuire  à  l'incubation.  Un  refroidissement  partiel  pourrait  produire  un 
sujet  maladif  ou  incomplet. 

Quant  aux  jeunes,  l'humidité  produite  par  les  aspersions  les  ren- 
drait malades. 

Je  reconnais  toute  l'efficacité  de  l'eau,  mais  je  me  permets  de  discu- 
ter le  mode  d'application. 

J'apprécie  tellement  la  valeur  de  l'eau  que  je  fais  laver  dans  l'eau 
courante  tout  le  matériel  :  mangeoires,  seaux,  perchoirs  et  même 
pondoirs. 

Les  temps  orageux  presque  continuels  que  nous  subissons,  ont 
malheureusement  favorisé  le  développement  de  la  vermine,  et  dans 
bien  des  propriétés  les  oiseaux  en  sont  fortement  incommodés.  On  m'a 
montré  des  poulets  qui  ne  mangeaient  plus  et  qui  cependant  n'étaient 
pas  malades  ;  en  les  examinant,  je  les  voyais  dévorés  par  la  vermine. 

Regardez  les  oiseaux,  ils  cherchent  les  moindres  creux  pleins  de 
poussière  pour  se  poudrer.  Il  est  donc  essentiel  de  leur  procurer,  sur- 
tout aux  poules,  une  cavité  (dans  un  endroit  couvert),  de  la  remplir 
d'un  mélange  de  terre,  de  cendre  et  d'une  petite  quantité  de  fleur  de 
soufre.  Elles  sauront  bien  la  trouver  et  l'apprécier,  elles  viendront  s'y 
rouler  avec  bonheur  et  même  se  disputer  la  place  dans  cette  baignoire 
d'un  genre  spécial. 

Mais  les  poules  étant  parvenues  à  se  débarrasser  de  ces  insectes 
gênants,  il  ne  faut  pas  qu'elles  viennent  en  reprendre  dans  le  poulailler 
et  dans  le  pondoir.  C'est  alors  qu'il  faut  faire  des  ablutions  énergiques 
avec  de  l'eau  et  de  l'essence  de  térébenthine  ou  du  pétrole,  puis  ba- 
digeonner à  la  chaux. 

Un  excellent  agent  qui  empêche  la  vermine,  c'est  la  cendre 
quelle  qu'elle  soit.  Je  remploie  dans  le  fond  des  pondoirs,  sur  le  sol  des 
poulaillers  et  j'en  tire  un  engrais  précieux.  A  défaut  de  cendre  je 
me  sers  du  plâtre. 

Je  laisse  à  d'autres  plus  coir-pétents  en  cette  matière  d'indiquer 
l'emploi  et  la  valeur  de  ces  engrais.  J'ai  plus  de  100  poulaillers, 
aucun  n'a  de  vermine,  et  par  conséquent  mes  sujets  n'en  sont  point 
incommodés. 

La  question  d'hygiène  est  extrêmement  importante,  elle  est  le  point 
de  départ  de  l'élevage.  Avec  la  propreté  on  évite  les  maladies  et  la  ver- 
mine. Il  est  reconnu  aujourd'hui  que  la  propreté  favorise  le  dévelop- 
pement des  sujets.  Les  agriculteurs  soigneux  y  veillent  dans  les  écu- 
ries, dans  les  étables,  dans  les  bergeries,  dans  les  porcheries  ;  cette 
sollicitude,  et  en  ceci  je  suis  absolument  d'accord  avec  M.  Schneider, 
doit  s'étendre  au  colombier  et  au  poulailler.  E.  Lemoine, 

Propriétaire  éleveur  à  Crosne  (Seine-et-Oise). 


346  MODE  D'EMPLOI  DES  ENGRAIS   CHIMIQUES. 

MÉMOIRE  SUR  UN  MODE  PARTICULIER  D'EMPLOI 

DES  ENGRAIS  CHIMIQUES. 

On  se  rappelle  les  difficultés  et  les  contradictions  que  rencontrèrent 
chez  la  plupart  des  agriculteurs  les  premiers  savants  qui  préconisè- 
rent, avec  tant  d'ardeur,  l'idée  de  restituer  au  sol  les  éléments  que  lui 
ealèvent  les  récolles,  et  affirmèrent  que  les  engrais  produits  par  ce 
môme  sol  ne  peuvent  suffire  à  le  reconstituer  intégralement. 

Cependant  la  logique  la  plus  élémentaire  démontre  que  la  terre  vé- 
gétale dont  la  composition  est  connue,  ne  peut  fournir  indéfiniment 
aux  plantes  les  divers  aliments  qu'elle  ne  contient  qu'en  quantité  limitée. 
Si  donc  l'on  veut  entretenir  sa  fertilité,  il  est  indispensable  de  lui 
rendre,  à  mesure  qu'ils  lui  sont  soustraits,  ceux  de  ces  aliments  qui  ne 
peuvent  lui  faire  retour  par  l'atmosphère. 

Il  en  est  ainsi  pour  la  chaux,  la  potasse  et  le  phosphate,  et  c'est  à 
cette  dernière  substance  que  Liebig  s'est  particulièrement  attaché 
dans  la  mémorable  campagne  qu'il  a  entreprise  et  dont  il  est  sorti, 
on  peut  le  dire,  vainqueur  sur  toute  la  ligne. 

L'Angleterre,  qui  lui  fit  la  plus  vive  opposition,  est  aujourd'hui  la 
région  qui  consomme  le  plus  de  phosphate;  elle  nous  enlève  nos 
meilleurs  gisements,  tandis  que  nous  en  sommes  encore  aux  tâton- 
nements pour  l'emploi  de  cette  précieuse  matière,  dont  notre  sol 
français  est  heureusement  assez  bien  pourvu. 

Frappé,  comme  beaucoup  d'autres,  du  caractère  positif  de  la  doc- 
trine de  restitution,  je  commençai,  à  l'époque  où  elle  fut  émise, 
l'application  des  engrais  chimiques  à  diverses  cultures. 

Plusieurs  années  s'écoulèrent  sans  que  les  résultats  répondissent  à 
mon  attente,  malgré  le  prix  de  ces  engrais  moins  coûteux  que  ceux 
fournis  par  le  bétail  (les  proportions  d'azote,  de  potasse  et  de  phos- 
phate étant  prises  pour  bases  de  la  comparaison).  Je  dépensais  beau- 
coup plus  qu'en  employant  le  fumier  de  ferme. 

J'en  étais  là  lorsqu'une  circonstance  fortuite  me  révéla  une  cause 
de  déperdition  considérable  des  substances  solubles  constituant  les 
engrais  chimiques.  Les  observations  que  je  fus  à  même  de  faire  alors 
et  qui  m'ont  amené  à  vérifier  les  données  théoriques  par  une  expé- 
rience prolongée,  sont  résumées  dans  la  note  suivante,  communiquée 
en  1 869  à  la  Société  d'encouragement  : 

<(  On  sait  que  le  sol  arable  possède  la  faculté  de  retenir  les  substances 
les  plus  solubles  et  d'emmagasiner  dans  ses  pores  au  profit  des 
plantes,  les  aliments  qui,  sans  cette  propriété,  seraient  entraînés  dans 
les  profondeurs  des  terrains. 

«  On  est  loin  d'être  fixé  sur  la  limite  de  cette  puissance  de  conserva- 
tion; quelques-uns  prétendent  qu'elle  est  suffisante  pour  retenir  les 
engrais  solubles  dans  les  proportions  les  plus  larges  pour  les  besoins 
de  la  végétation,  d'autres  la  considèrent  comme  incertaine  et  très 
variable  suivant  la  constitution  de  la  terre,  la  nature  des  eaux  et 
même  en  raison  de  l'état  atmosphérique. 

«  Sans  chercher  à  résoudre  cette  question,  je  veux  montrer  que  la 
déperdition  de  l'engrais  soluble  peut  avoir  lieu  par  une  voie  tout 
autre  que  celle  de  l'entraînement  dans  le  sous-sol. 

«  Ayant  répandu  dans  une  prairie  une  certaine  quantité  de  nitrate  de 
soude,  qui  représentait  une  fumure  de  plusieurs  années,  j'obtins  une 


MODE  D  EMPLOI  DES  ENGRAIS  CHIMIQUES.  347 

végétation  magnifique,  et  au  printemps  ce  fourrage  fut  donné  en  vert 
à  des  chevaux. 

«  Aussitôt  se  manifestèrent  chez  ces  animaux  les  symptômes  ordi- 
naires résultant  de  l'emploi  des  nitrates  comme  remèdes  diurétiques, 
soif  ardente,  urines  abondantes.  Il  fallut  cesser  sous  peine  d'accidents 
graves. 

«  Ce  fait  montre  que  la  plante  avait  absorbé  l'engrais  soluble  sans 
l'assimiler  entièrement,  ce  qui  fut  confirmé  l'année  suivante  par  la 
disparition  complète  des  nitrates  dans  la  prairie,  laquelle  ne  ressentit 
•  plus  aucun  effet  de  cette  fumure. 

«  Le  phénomène  de  physiologie  végétale  sur  lequel  j'appelle  l'atten- 
tion des  expérimentateurs  ne présenterien  d'anormal.  La  plante  ne  peut- 
elle  en  effet  posséder,  comme  les  animaux,  la  faculté  d'absorber  une 
somme  de  matières  nutritives  sans  rapport  direct  avec  celle  qui  sera 
assimilée?  Dépourvus  de  cette  faculté,  les  êtres  vivants  ne  seraient-ils 
pas  exposés  à  périr  chaque  fois  que  l'alimentation  ne  suivrait  pas  la 
vitesse  de  l'assimilation. 

«  Si  l'on  veut  adopter  cette  analogie,  on  comprendra  que  la  plante 
peut,  selon  la  richesse  du  milieu  nutritif  où  elle  se  trouve  placée,  rece- 
voir en  simple  dissolution  dans  le  torrent  de  la  sève  faisant  fonction  de 
panse  stomacale,  une  quantité  très  grande  d'aliments  solubles,  et  on 
sera  effrayé  en  pensant  que  chaque  hectare  d'herbages  verts  contenant 
vingt-mille  litres  de  sève,  peut  entraîner  avec  cette  énorme  masse 
liquide  une  somme  de  substances  alimentaires  bien  supérieures  à  celles 
absorbées  par  la  plante. 

«  S'il  était  ainsi  démontré  que  les  plantes  peuvent  absorber  plus 
qu'elles  n'assimilent,  il  en  résulterait  des  conséquences  très  importantes 
intéressant  les  bases  même  de  la  science  agricole  : 

«  1°  Il  serait  nécessaire  de  vérifier  les  analyses  chimiques  des  végé- 
taux, point  de  départ  de  toute  agriculture  rationnelle,  en  tenant  compte 
des  conditions  variables  dans  lesquelles  les  plantes  ont  vécu  et  terminé 
leur  existence. 

«  2"  La  composition  des  engrais  chimiques  devrait  être  étudiée  en  vue 
d'une  lente  solubilisation,  cette  qualité  particulière  aux  fumiers  natu- 
rels étant  tout  à  fait  en  rapport  avec  la  lente  assimilation  des  végé- 
taux. 

«  En  un  mot,  il  conviendrait  d'établir  dans  les  règlesde  la  nutrition 
des  plantes,  outre  la  notion  de  quantité  d'éléments  assimilés,  celle  de 
proportionnalité  entre  la  vitesse  de  solubilisation  de  ces  éléments  et  la 
vitesse  cV assimilation  des  plantes,  m 

A  partir  de  1869  j'ai  affecté  à  la  vérification  des  idées  exposées  dans 
la  note  qui  précède,  une  surface  de  16  hectares  située  à  Tullins,  vallée  ' 
de  Graisivaudan,  dans  l'Isère,  et  comportant  la  culture  de  la  vigne  en 
alignements  espacés  de  huit  mètres.  Entre  ces  lignes  j'ai  adopté  un 
assolement  biennal  (blé  alternant  avec  maïs  ou  pomme  déterre),  puis, 
j'ai  taché  d'obtenir  que  la  vitesse  de  solubilisation  des  engrais  fût 
proportionnelle  à  la  vitesse  d'assimilation  des  plantes  en  employant 
un  compost  formé  de  la  manière  suivante  : 

A  la  petite  quantité  du  fumier  produite  par  quatre  bêtes  de  travail 
(nécessaires  pour  l'ensemble  du  domaine,  dont  la  contenance  est  de 
trente  hectares)  j'ajoute  tout  ce  que  je  puis  trouver  en  paille,  tiges  de 
maïs,  sarments  coupés,  menus  bois,  sciure  de  bois,  tannée,  etc.  Le  tout 


348  MODE  D'emploi  des  engrais  chimiques. 

est  saupoudré  journellement  avec  l'engrais  chimique  soluble,  super- 
phosphate, sels  potassiques,  azotiques  ou  ammoniacaux. 

Le  compost  abrité  sous  une  toiture,  est  arrosé  dans  la  mesure  conve- 
nable pour  que  tous  les  éléments  solubles  pénètrent  en  se  dissolvant 
dans  les  cellules  des  matières  ligneuses  pour  n'en  sortir  qu'au  fur  et  à 
mesure  de  la  destruction  lente  de  ces  cellules  dans  le  sol. 

La  masse  d'engrais  ainsi  obtenue  est  de  12,000  kilog.  par  hectare  et 
par  an,  c'est  une  fumure  ordinaire  dont  voici  la  composition  et  le  coût  : 

Débris  ligneux , 400  kilog.  X  0.60  =  2  fr.  40 

Fumier  d'écurie 90      —  X  1.25  =  1  12 

Superphosphate  ordinaire 50      —  X  9.00  =  4  50 

Sel  potassique 5      —  x7. 00  =  0  35 

Azote  sous  différentes  formes 1       —  X  1.90  =  1  90 

Main-d'œuvre 2  00 

Total  pour  une  tonne  de  compost.  12  fr.  27 

Les  résultats  obtenus  avec  cette  fumure  ont  été  constants;  le  pro- 
duit moyen  a  été  de  20  hectolitres  de  blé  et  de  40  hectolitres  de  maïs 
à  l'hectare,  la  vigne  étant  d'ailleurs  entretenue  en  bon  état  et  les 
profits  constatés  par  une  comptabilité  régulière. 

Cette  production  n'est  point  toutefois  celle  d'une  culture  intensive, 
car  j'ai  rencontré  des  difficultés  spéciales  dans  cette  contrée  semi- 
méridionale  du  Graisivaudan,  où  la  terre  fertile  est  infectée  d'une 
quantité  considérable  de  mauvaises  herbes;  à  tel  point  que  l'assole- 
ment biennal  qui  ramène  une  culture  sarclée  tous  les  deux  ans,  n'est 
pas  suffisant  pour  nettoyer  le  sol.  Le  blé  verse  si  l'on  pousse  à  l'en- 
grais, et  les  rendements  moyens  du  pays  sont  inférieurs  à  20  hecto- 
litres à  l'hectare. 

Ayant  toujours  en  vue  les  beaux  résultats  obtenus  dans  le  nord  de 
la  France  où  la  moyenne  atteint  30  hectolitres  à  l'hectare,  j'ai  étudié 
certains  inslr.uments  pour  sarcler  le  blé.  Cette  année,  l'ayant  fait  semer 
en  lioçnes  écartées  de  0'".30,  j'ai  fait  passer  trois  ou  quatre  fois  dans 
ces  sillons  une  bineuse  légère  traînée  par  un  petit  cheval  et  agissant 
sur  trois  lignes  à  la  fois.  C'est  là  an  travail  peu  coûteux  et  dont  j'ai 
eu  satisfaction  :  le  blé  se  tient,  et  son  apparence  plus  vigoureuse  dé- 
montre bien  l'importance  qui  s'attache  à  l'enlèvement  des  mauvaises 
herbes  et  probablement  aussi  à  la  division  répétée  du  sol. 

Dans  ces  conditions,  j'espère  employer  des  fumures  plus  abondantes, 
20,000  kilog.  à  l'hectare,  sans  inconvénients  et  sans  grande  augmen- 
tation de  dépense,  en  raison  de  la  diminution  du  prix  des  phos- 
phates, l'élément  le  plus  considérable  et  le  plus  coûteux  de  mon 
compost. 

Pour  conclure,  je  résumerai  comme  suit  Tensembledemes  idées  re- 
lativement à  l'emploi  des  engrais  chimiques. 

Je  considère  comme  essentiel  de  ne  distribuer  les  aliments  aux 
plantes  qu'à  mesure  et  en  proportion  de  leur  consommation  normale, 
en  évitant  qu'elles  n'ingèrent  forcément  et  inutilement  un  excès  de 
nourriture  dissous  par  la  quantité  d'eau  nécessaire  à  leur  existence 
et  non  assimilé. 

A  cet  effet,  j'enferme  les  engrais  solubles  dans  des  matières  li- 
gneuses qui  se  décomposent  lentement  dans  le  sol,  ne  les  abandon- 
nant que  dans  un  laps  de  temps  variable  suivant  la  quantité  et  la 
qualité  des  matières  employées  et  proportionnellement  à  la  faculté 
d'assimilation  plus  ou  moins  rapide  des  végétaux. 


MODE   D  EMPLOI  DES  ENGRAIS   CHIMIQUES.  349 

Enfin  j'introduis  dans  la  terre  des  quantités  importantes  de  sub- 
stances hydro-carbonées,  dont  le  rôle  exagéré  par  les  premiers  obser- 
vateurs (de  Saussure)  commence  à  être  mieux  défini,  grâce  aux  mé- 
thodes analytiques  plus  rigoureuses  qu'ont  fait  adopter  les  bons  ré- 
sultats pratiques  dus  ù  ces  utiles  ao;ents.  Michel  Perret, 

Président  de  la  Sociéié  d'agriculture  de  l'arrondissement 
de  Siiinl-Marcellin  (Uère). 

LES  PLANTES  ALL\IENTAIRES  ET  LE  D^  TANNER 

Si,  de  la  solution  d'une  question  que  pose  un  homme  instruit, 
éclairé  et  surtout  compétent,  peut  naître  une  amélioration  souvent 
cherchée  et  attendue  par  tous,  combien  offriront  leur  reconnaissance 
a  son  auteur;  mais,  si  au  contraire,  cette  solution  ne  définit  rien  et 
excite  un  doute  général  sur  le  bien  ou  le  mal  qui  doit  en  résulter,  le 
j  ugement  qui  ne  devra,  ni  encourager,  ni  blâmer  l'auteur,  sera  le 
résultat  d'une  charitable  indifférence  et  d'un  sentiment  de  bienveillante 
compassion.  Tel  est,  à  mon  avis,  le  cas  du  docteur  Tanner. 

Je  me  demande  à  quoi  servira  la  démonstration  de  ce  docteur?  Il 
faut  espérer  que  personne  ne  sera  assez  insensé  pour  essayer  d'imiter 
son  exemple.  J'aime  à  croire  que  les  nombreux  lecteurs  du  Journal  de 
/'/l/7rî'M//«re  penseront  comme  moi;  qu'il  vaut  beaucoup  mieux,  dans 
l'intérêt  del  humanité,  introduire  et  propager  des  plantes  alinip.ntaires, 
soit  pour  l'homme,  soit  pour  les  animaux,  que  de  chercher  à  prouver 
que  riiomme  peut  vivre  tant  de  jours,  sans  prendre  aucune  nourri- 
ture. 

Je  suis  du  nombre  de  ceux  qui  comprennent  que  le  verbe  vouloir 
doit  être  le  mobile  de  toutes  nos  actions,  dans  maintes  circonstances  et 
avoir  une  grande  influence  sur  notre  esprit.  Le  progrès  ne  doit  pas 
s'arrêter.  Nous  devons  toujours  nous  appliquer  à  chercher  à  perfec- 
tionner nos  produits.  Aussi,  suis-je  heureux,  quand  arrive  le  ;^I  dé- 
cembre, d'avoir  pu  étudier  ou  fait  connaître  quelques  produits  alimen- 
taires. 

Soja  hispida.  —  A  ce  propos,  je  crois  devoir  signaler  de  nouveau 
le  soja  hnpida,  appelé  o  marne  au  Japon.  Ce  pois  oléagineux  sera, 
dans  un  temps  plus  ou  moins  rapproché,  une  conquête  importante 
pour  les  cultivateurs;  car  c'est,  sans  contredit,  la  plante  alimentaire 
qui  contient  le  plus  de  matières  azotées  et  de  ma'.ières  grasses,  environ 
31  pour  100  d'après  les  analyses  chimiques.  Il  est  bien  regrettable  que 
cet  excellent  légume  ne  soit  pas  plus  cultivé,  car  il  rendrait  un  grand 
service,  non  seulement,  comme  plante  alimentaire,  mais  comme  four- 
rage, pour  les  moulons,  les  lapins,  etc. 

Les  Japonais  préparent,  avec  le  soja,  une  espèce  de  fromage  et  ils  en 
font  aussi  du  beurre.  M.  Pailleux  en  a  présenté  à  une  séance  du  Comité 
des  cultures  potagères;  les  membres  présents  l'ont  trouvé  bon;  il  avait 
été  préparé  avec  des  graines  récoltées  par  notre  collègue  aux  environs 
de  Paris.  Ce  pois  se  sème  sous  le  climat  de  Pans,  la  première  quin- 
zaine de  mai,  en  ligne  de  O'^.lô  à  0'°-20  de  distance,  en  laissant 
entre  chaque  rang  environ  O'^.SO.  Il  faut  choisir  un  sol  ni  trop 
humide,  ni  trop  sec.  Lorsque  la  température  descend  à  3"  au- 
dessous  déglace,  les  feuilles  sont  endommagées;  mais  les  graines 
résistent  parfaitement;  tandis  que  les  haricots  qui  sont  à  côté,  sont, 
dans  ce  cas,  complètement  détruits. 

Le  soja  a  encore  le  grand  avantage  d'être  indemne  à  la  bruche,  qui 


350  LES  PLANTES  ALIMENTAIRES  ET  LE  DOCTEUR  TANNER. 

fait  tant  de  tort  aux  pois,  haricots,  lentilles,  etc.  Ce  légume  vient 
très  bien  aux  environs  de  Paris,  surtout  les  années  où  la  température 
est  un  peu  humide;  on  ne  le  mange  guère  en  vert  à  cause  de  la  diffi- 
culté de  l'écosser,  et  il  est  bien  meilleur  lorsqu'il  est  sec;  il  se  bat 
alors  au  fléau.  Les  moutons,  les  lapins  mangent  avec  avidité  les 
tiges. 

Cerfeuil  bulbeux.  —  Je  crois  que  le  jardinier  en  chef  du  château  de 
Neuiliy  fut  le  premier  qui  essaya,  en  18'iG,  la  culture  du  cerfeuil  bul- 
beux, qu'il  abandonna  bientôt,  découragé  sans  doute  par  le  peu  de 
produits  qu'il  obtenait;  car  les  tubercules  n'atteignaient  guère  que  la 
grosseur  d'une  forte  noisette. 

Après  bien  des  essais,  j'ai  reconnu  que,  à  partir  du  15  septembre 
au  commencement  d'octobre,  c'était  l'époque  la  plus  convenable  pour 
faire  le  semis  ;  il  faut,  autant  que  possible,  choisir  un  terrain  bien  fumé 
de  longue  date  et  éviter  surtout  d'occuper  celui  où  l'on  a  obtenu  des 
carottes.  11  faut  recouvrir  de  quelques  centimètres  de  terreau  le  semis 
qui  doit  être  fait  très  clair,  car  le  plant  ne  supporte  pas  la  transplan- 
tation. 

La  végétation  ne  s'aperçoit  qu'au  printemps  suivant.  Pour  obtenir 
de  beaux  tubercules,  il  est  indispensable  que  la  tige  conserve  le  plus 
longtemps  possible  ses  feuilles;  c'estau  jardinier  à  tenir  le  terrain  tou- 
jours frais;  la  maturité  a  lieu  vers  le  15  juillet.  Cet  excellent  et  délicat 
légume  n'acquiert  ses  qualités  que  deux  mois  après  l'arrachage;  alors, 
il  a  le  goût  de  la  châtaigne. 

Les  cuisinières  voudraient  n'en  avoir  que  des  gros  à  cause  de  la 
difficulté  qu'elles  éprouvent  à  les  éplucher.  A  celte  objection,  il  n'y  a 
qu'un  mot  à  répondre,  c'est  que  jamais  on  ne  doit  enlever  la  pelure. 
On  les  laisse  tremper  quelques  heures  dans  l'eau  froide,  après  avoir 
ôté  les  germes,  la  queue,  et  on  les  fait  cuire  comme  des  pommes  de 
terre.  Ceux  qui  sont  gros,  si  on  les  fait  frire,  répandent  une  odeur  de 
vanille,  ce  dont  ne  se  plaignent  pas  les  convives. 

Da'icon  ou  radis  du  Japon.  —  Le  daïcon  ou  radis  du  Japon  devrait 
tenir  dans  la  grande  culture  une  place  importante  dans  notre  belle  France; 
nos  agriculteurs  savent  à  leurs  dépens  que  si  le  printemps  est  sec, 
les  betteraves,  les  carottes  ne  lèvent  pas  ;  il  est  trop  tard  quand  ils 
s'aperçoivent  du  mal,  pour  recommencer  de  nouveaux  semis.  Si  vers 
la  tin  juillet,  on  sème  du  daïcon  que  l'on  récoltera  dans  le  courant  du 
mois  d'octobre,  on  obtiendra  un  excellent  fourrage  que  le  bétail  mange 
avec  avidité.  Les  Japonais  ont  tellement  su  apprécier  les  avantages 
de  ce  gros  radis  blanc,  qu'ils  ont  presque  partout  supprimé  les  biés, 
les  pois,  là  où  il  n'existe  pas  de  rizières.  Ce  qui  doit  surtout  attirer 
l'attention  des  agriculteurs  sur  ce  radis  ou  navet,  c'est  qu'il  occupe  très 
peu  de  temps  la  terre. 

Le  roi  Léopold  I"  avait  raison  lorsqu'il  disait  :  «  Qu'on  ferait  bien 
de  rechercher  les  végétau7>  nouveaux  pour  l'alimentation  de  l'homme, 
dont  il  faut  poursuivre  la  découverte,  en  trouvant  de  nouveaux  four- 
rages. »En  effet,  n'est  ce  pas  nourrir  l'homme  que  de  produire  du  bé- 
tail? Ces  paroles  ne  justifient-elles  pas  son  esprit  judicieux,  profond, 
sagace  et  la  réputation  si  bien  méritée  de  savant  botaniste,  que  tous 
les  hommes  compétents  lui  reconnaissent. 

Pomme  de  terre  Champion.  —  CetLe  variété  que  le  Journal  de  rayri- 
cw/fwre m'a  fait  connaître  l'année  dernière,  est  sans  contredit  une  des 


LES  PLANTES  ALIMENTAIRES  ET  LE   DOCTEUR  TANNER  351 

meilleures,  comme  qualité  nutritive  et  renflement;  elle  a  encore  le  grand 
avantage  de  résister,  jusqu'à  présent,  à  la  maladie;  et  une  fois  hors 
terre,  elle  reste  jusqu'au  printemps  sans  pousser  de  germes. 

Haricot  Vavin.  —  Parmi  les  haricots  nains,  je  dois  mettre  de  coté 
tout  amour-propre  et  signalep  le  haricot  chocolat,  qui  porte  mon  nom 
dans  le  midi  de  la  France.  Le  grain  est  petit,  allongé,  variant  du  violet 
au  brun  ai'doisé;  il  est  de  toute  première  qualité  m;ingé  en  vert,  il  est 
nain,  et  il  est  recDunu  comme  le  plus  hâtif.  Si  on  le  sème  dans  le 
courant  du  mois  de  mai  en  pleine  terre,  oh  peut  en  cueillir  sur  la 
m.ême  planche,  pendant  deux,  ou  trois  mois,  si  on  ne  le  laisse  pas  venir 
en  grains. 

Chou  Pé-lzaï  ou  chou  chinois.  —  Je  ne  puis,  en  parlant  de  cet  excel- 
lent chou,  que  citer  textuellement  ce  que  m'écrivait  notre  bien  re- 
gretté prés'dent,  le  maréchal  Vaillant  : 

«  Je  suis,  toutes  les  fois  que  je  déguste  cet  excellent  légume, 
étonné  qu'il  ne  soit  pas  plus  cultivé,  car  il  est  délicieux  en  salade, 
et  cuit  accommodé  avec  de  la  viande.  » 

J'ajoute  que  ce  n'est  pas  à  cause  des  soins  qu'il  exige,  puisque 
semé  en  place  fin  juillet  ou  les  premiers  jours  du  mois  d'août,  six 
semaines  après,  on  peut  déjà  commencer  à  récolter  les  plus  avancés. 

Il  faut  laisser  entre  chaque  pied,  un  intervalle  de  O^.^O  environ. 
Celégimie,  qui  n'a  nullement  le  goût  du  chou,  se  rapproche  beaucoup 
de  la  chicorée,  mais  a  beaucoup  moins  d'âcreté.  Le  point  important, 
est  d'enlever  les  grosses  côtes  avant  la  cuisson,  il  résiste  assez  bien  à 
la  gelée. 

Ce  qui  fait  que  ce  chou  n'est  pas  plus  cultivé  en  France,  surtout 
par  les  maraîchers  des  environs  de  Paris,  c'est  que  pour  l'avoir  bien 
franc,  il  faut  absolument  faire  venir  les  graines  de  Chine,  car  celles  que 
l'on  recolle  en  France  dégénèrent  promptement. 

Fenouil  de  Florence.  —  Dans  les  villes  ou  villages  des  Etats  romains,  il 
figure  sur  toutes  les  tables  depuis  janvier  jusqu'en  juin.  La  saveur, 
la  finesse  et  l'odeur  charment  tout  à  la  fois  le  goût  et  l'odorat;  il  est 
plus  tendre  que  le  céleri  et  il  a,  «ur  ce  dernier,  l'avantage  de  pouvoir 
êlre  cultivé,  pendant  près  de  sept  mois.  En  médecine  on  lui  reconnaît 
certaines  qualités  pour  guérir  ou  soulager  quelques  maladies  ;  aussi 
suis-je  étonné  qu'il  ne  soit  pas  plus  cultivé. 

Nous  chercherions  inutilement  les  améliorations  que  peut  apporter 
ce  que  vient  d'entreprendre  le  docteur  Tanner. 

Nous  a-t-il  prouvé,  par  cet  appauvrissement  de  tout  son  être,  par 
cette  inaction  à  laquelle  il  s'est  condamné,  que  notre  nature  matérielle 
pouvait  s'accommoder  d'un  p;ireil  régime  et  que  notre  nature  physique, 
tellement amoindrieetanéantie  même,  permettrait  à  ceux  qui  l'auraient 
accepté,  d'augmenter  les  connaissances  de  la  science,  ainsi  que  le  prou- 
vent les  recherches  des  travailleurs.  Peut-on  admettre  que  ne  pas 
s'alimenter,  soit  un  moyen  de  vivre  ? 

Que  serait  devenu  noire  pauvre  Robinson  dans  son  île  déserte,  si, 
comme  le  docteur  Tanner,  il  avait  voulu  faire  un  pareil  essai.  L'auteur 
ne  l'a  pas  pensé  et  il  a  bien  fait.  Il  nous  l'a  présenté  comme  un  être 
courageux,  obligé  toujours  de  s'occuper  pour  vivre  ;  mais  non  point 
absorbé  seulement  parce  motif;  car  aurait  il  pu  construire,  cabanes,  etc., 
et  essayer  des  cultures,  s'il  s'était  trouvé  dans  l'état  de  prostration  du 
pauvre  docteur  ?  Eue.  Vavin. 


352  SUR  LE  DÉGRÈVEMENT    DES  VINS. 

SUR  LÉ  DÉGRÈVEMENT  DES  VINS 

A  entendre  les  louanj^es  que  la  presse  entière  vient  d'entonner  en 
l'honneur  de  la  loi  sur  le  dégrèvement  de  l'impôt  des  boissons,  l'on 
serait  tenté  de  croire  que  satisfaction  a  été  donnée  à  l'opinion  publique 
et  que  tout  est  pour  le  mieux  dans  le  meilleur  des  mondes.  Cet  en- 
thousiasme ne  m'électrise  pas,  je  dirai  même  que  je  ne  le  partage  pas. 
Aussi,  après  examen  de  cette  loi,  suis-je  porté  à  croire  que  M.  le  mi- 
nistre des  finances,  tout  entier  à  l'étude  d'une  réforme  radicale  de 
l'impôt  des  boissons,  ne  l'a  présentée  qu'à  titre  de  ballon  d'essai. 

Il  découle  logiquement  de  ce  qui  précède,  que  je  suis  amené  à  dé- 
velopper la  thèse  suivante  :  démontrer  que  l'application  de  la  loi  du 
19  juillet  1880  sur  le  dégrèvement  de  l'impôt  des  boissons  aura  pour 
effet  de  constituer  le  Trésor  en  pure  perte,  sans  bénéfice  réel  pour 
les  classes  laborieuses  et  la  propriété  vinicole. 

La  perte  annuelle  que  le  Trésor  subira  par  l'application  de  la  loi  ne 
saurait  être  mise  en  doute;  elle  s'élèvera,  conformément  aux  déclara- 
tions de  M.  le  ministre  des  finances,  à  la  somme  de  70,000,000  fr. 
Sur  ce  point  il  ne  saurait  y  avoir  de  discussion,  c'est  un  fait  acquis. 

Mais  ce  qui  paraîtra  extraordinaire  à  beaucoup,  c'est  que  je  vienne 
prétendre  que  l'abandon  énorme  que  fait  le  Trésor  ne  puisse  être 
considéré  comme  un  dégrèvement  égalitaire  et  tangible  des  charges 
qui  pèsent  sur  les  contribuables.  Ce  raisonnement,  tout  excessif  qu'il 
paraisse  au  premier  abord,  est  cependant  juste  et  fondé. 

A  qui  fera- 1  on  entendre  que  la  classe  laborieuse  profitera  des 
3  fr.  25  par  hectolitre  que  l'Etat  abandonne,  en  tenant  compte  des 
bonnes  intentions  des  conseillers  municipaux  de  Paris  qui  paraissent 
disposés  à  faire  de  leur  propn'o  molu  une  concession  de  1  fr.  22  sur 
les  droits  d'entrie?  Est-ce  qu'il  n'est  pas  incontestable,  en  présence 
du  prix  élevé,  auquel  le  débitant  paie  les  soutirages,  et  conséquem- 
ment  du  peu  de  bénéfice  qu'il  fait,  que  ce  dégrèvement  de  5  fr.  par 
hectolitre  n'affectera  nullement  le  prix  de  vente? 

Donc,  le  bénéfice  de  la  mesure  prise  par  le  ministre  des  finances 
passera  de  ce  chef  en  grande  partie  dans  les  mains  de  l'intermédiaire, 
dans  celles  de  la  classe  aisée  qui  s'alimente  directement  à  la  produc- 
tion, et  un  temps  soit  peu  dans  celles  des  négociants  en  gros,  en  raison 
de  la  diflerence  très  minime  en  moins  des  droits  d'entrée  et  d'octroi. 
Je  dis  au  point  de  vue  de  la  mise  de  fonds,  car  il  serait  par  trop  naïf 
de  croire  que  le  marchand  de  vins  en  détail  oublierait,  au  moment 
de  conclure  un  achat,  de  faire  entrer  en  ligne  de  compte  le  dégrève- 
ment des  5  fr.  par  hectolitre. 

Le  raisonnement  que  j'ai  tenu  pour  les  intermédiaires  de  la  capitale, 
pouvant  en  tous  points  s'appliquer  aux  débitants  des  campagnes,  le 
résultat  sera  donc  le  même  partout. 

Et  maintenant,  si  l'augmentation  de  la  consommation  tant  souhaitée 
et  pronostiquée  par  suite  de  ce  dégrèvement,  qui  n'aura  eu  d'autre 
résultat  que  d'être  un  trompe-lœil,  ne  se  produit  pas,  ce  qui  est 
absolument  vraisemblable,  n'est-il  pas  indiscutable  que  la  propriété 
n'aura  point  à  se  réjouir  de  la  mesure  que  le  gouvernement  a  prise  à 
son  égard.  Non  seulement  je  reste  persuadé  que  la  propriété  vinicole 
n'en  connaîtra  point  les  avantages,  mais  je  crains  même  qu'elle  n'en 
reçoive  un  contre-coup  fâcheux.  Voici  pourquoi    :   le   ministre   des 


SUR  LE  DÉGRÈVEMENT  DES  VINS.  353 

finances  et  le  parlement,  tiraillés  en  tous  sens,  forcés  de  satisfaire  le 
plus  de  monde  à  la  fois,  ont  répandu  leurs  largesses  à  droite  et  à 
gauche.  Et  dans  le  cas  présent  on  n'aurait  pu,  m'a-t-on  dit,  résister 
aux  sollicitations  malencontreuses,  selon  moi,  de  certains  viticulteurs 
des  départements  du  centre,  qui,  aidés  du  concours  intéressé  des  pro- 
ducteurs du  Nord,  réclamaient  à  grands  cris  le  sucrage  des  vins  à  la 
cuve.  Leur  demande  ayant  été  agréée,  ils  vont  dès  lors  ressusciter  une 
ancienne  pratique,  dite  la  science  de  vinificalion,  que  je  ne  critiquerai 
pas,  voulant  rester  fidèle  au  principe  de  la  liberté  commerciale,  tout 
en  respectant  les  droits  de  chacun. 

Si  certains  viticulteurs  se  montrent  satisfaits  de  faire  avec  la  même 
vendange  deux,  trois,  quatre  cuvées,  qu'ils  baptiseront  de  première, 
deuxième,  troisième,  quatrième  cuvées,  suivant  les  quantités  de  glucose 
ou  de  sucre  et  d'eau  qui  y  auront  été  introduites,  je  suis  à  me  demander 
s'il  n'en  est  pas  d'autres  qui  ne  le  seront  guère.  Et  puis,  sans  vouloir 
m'appesantir  trop  brusquement  sur  les  perturbations  probables  que 
cet  état  de  choses  devra  apporter  dans  la  position  commerciale  de  nos 
collègues,  les  négociants  en  vins,  ne  suis-je  pas  en  droit  de  me 
demander  quelle  sera,  dans  cette  circonstance,  la  conduite  de  M.  le 
ministre  de  la  justice  vis-à-vis  de  nos  débitants  ou  marchands  de  vins 
en  détail  de  la  capitale  qui,  pourchassés  comme  des  bêtes  fauves, 
sont  condamnés  journellement  à  une  amende  plus  ou  moins  forte, 
voire  môme  aux  affiches  et  à  la  prison,  pour  mixtion  supposée  d'eau 
dans  le  vin  qu'ils  livrent  aux  consommateurs. 

Mais  si  jamais  je  devenais  ministre  de  la  justice  et  que  la  législation 
qui  nous  régit  existât  encore,  je  commencerais  par  appliquer  la  loi  à 
mon  collègue,  M.  le  ministre  des  finances,  comme  étant  l'auteur  in- 
discutable du  délit,  si  la  reconnaissance  de  l'eau  dans  le  vin  pût 
jamais  en  constituer  un.  Soit  dit  en  passant,  oe  serait  peut-être  le 
moyen  le  plus  efficace  pour  faire  rentrer  les  marchands  de  vins  en  dé- 
tail de  la  capitale  dans  le  droit  commun  :  la  liberté  commerciale. 

Je  croirais  cependant,  après  cette  critique,  manquer  aux  sentiments 
de  la  plus  simple  reconnaissance,  si  je  ne  tenais  à  faire  entrer  en  ligne 
de  compte  les  heureuses  modifications  que  la  présente  loi  a  introduites 
dans  la  taxe  des  vins  et  eaux-de-vie  en  bouteilles,  des  liqueurs  et  de 
l'absinthe  et  des  manquants  passibles,  etc.,  etc. 

Mais  qu'est-ce  que  ce  petit  bagage  de  concessions  failes  à  l'opinion 
pubhque  en  présence  de  ses  multiples  revendications  ?  Est-ce  qu'il 
n'est  pas  honteux,  sous  un  régime  démocratique,  de  voir  la  France  di- 
visée en  deux  camps  ;  d'un  côté  les  hommes  libres,  de  l'autre  les  assu- 
jettis? Est-ce  qu'il  n'est  pas  douloureux  d'assister  journellement  à  ces 
inventaires  qui  portent  les  stigmates  de  l'inquisition  la  plus  éhontée 
et  delà  violation  flagrante  du  domicile? 

Est-il  en  outre  admissible  que  les  contribuables  puissent  être  tenus 
de  verser  annuellement  trente  millions  pour  payer  des  employés  dont 
la  seule  occupation  consiste  à  entraver  nos  relations  commerciales. 
Exemple  :  cette  grave  question  de  creux  de  roule  qui  intéresse  à  un  si 
haut  point  les  négociants  en  spiritueux  de  Bercy  et  dont  la  solution, 
tant  de  fois  promise,  a  toujours  été  écartée,  malgré  la  parole  donnée. 
Cependant,  je  dois  vous  avouer  que  j'ai  bon  espoir  qu'elle  reçoive  une 
prochaine  solution  ;  dans  le  cas  contraire,  vous  me  permettrez  de  vous 
en  entretenir.  Ch.  Carré. 


354  SOCTI-TI<:    NATIONALE    D'AGRICnf-TURE    DE   FRANCE. 

SOCIETE  NATIONALK  DVVGRIGULTUIIE, 

Séance    du   25    aoiU    1880.   —  Présidence     de  M.    Chevreul. 

M.  le  secrétaire  perpétuel,  en  signalant  l'envoi  de  plusieurs  vo- 
lumes des  comptes  rendus  sténoj^ra()liiques  des  Congrès  de  1878, 
insiste  sur  le  Congrès  de  botanique  et  d'horticulture  et  donne  des  dé- 
tails sur  quelques-uns  di-s  principaux  travaux  qui  ont  été  préseatés- 

M.  Bailly,  corres[)ondant  de  la  Société  dans  le  Loiret,  envoie  sur 
les  principales  3iiitiires  des  renseignenients  qui  peuvent  se  résumer 
ainsi  :  bonne  récolte  de  blé  et  d'avoine,  mais-  r^^colte  médiocre  de 
foin  ;  très  belle  apparence  pour  les  cultures  de  racines. 

M-  Alfred  Basin  envoie  plusieurs  notices  qu'il  a  publiées  sur  di- 
verses questions  agricoles. 

]M.  le  seci'étaire  perpétuel  rend  compte  de  la  vente  annuelle  de  pins 
.qui  a  eu  lieu  sur  le  domaine  d'Harcourt  appartenant  à  la  Société  j 
celte  vente  a  donné  d'excellents  résultats. 

]M.  Gayot  fait  une  communication  relative  à  l'importation  de  che- 
vaux d'origine  française  dans  la  plaine  de  Mitidja,  en  AIgé  ie,  pour 
remplacer  les  chevaux  barbes  qui,  paraît  il,  ne  donneraient  plus  de 
bons  produits;  il  insiste  sur  le  rôle  que  le  trotteur  du  Norfolk,  prove- 
nant de  Bretagne  où  il  est  déjà  acclimaté,  pourrait  jouer  dans  cette 
circonstance.  IM.  Bt'lla  rappelle  les  dit'Ccultés  que  présente  l'acclimata- 
tion de  races  transportées  sous  un  climat  très  différent  du  leur,  et  il 
ajoute  que,  à  ses  yeux,  il  est  plus  prudent  et  plus  sage  de  chercher  à 
améliorer  les  races  existantes  que  de  faire  venir  des  reproducteurs  de 
pays  très  ditTéients.  —  A  cette  occasion,  M.  Chevreul  fait  remarquer 
que,  dans  les  questions  de  ce  genre,  le  temps  seul  peut  donner  une 
solution  et  indiquer  la  meilleure  méthode  à  suivre;  il  rappelle  que  ce 
que  l'on  appelle  l'atavisme  est  généralement  mal  défini,  et  il  montre 
combien  il  est  important,  dans  l'enseignement,  de  bien  préciser  les 
termes  que  l'en  em[)loie' et  de  donner  des  notions  exactes  sur  l'his- 
toire du  développement  des  sciences. 

Bl.  Delesse  pi'ésenle  le  volume  intitulé  :  Extraits  de  géologie  pour  les 
années  1877  et  1878,  qu'il  vient  de  publier  en  collaboration  avec 
M.  do  Lapparent.  11  donne  quelques  détails  sur  les  principaux  tra- 
vaux de  géologie  agronomique  qui  sont  analysés  dans  ce  volume;  il 
insiste,  en  particulier,  sur  la  valeur  des  caries  géulogiques  agrono- 
ïiii(jues  de  Prusse,  exécutées  par  M.  G.  Berendt.  A  ce  sujet,  M.  Chevreul 
présente  quelques  observations  sur  les  méthodes  à  suivre  pour  déter- 
miner l'imperméabilité  des  sols  à  l'eau,  ainsi  que  sur  les  classifica- 
tions adoptées  par  les  géologues. 

ÛI.  Clievreul  revient  sur  les  travaux  de  M.  Joseph  Boussingault 
relatifs  à  la  fermentation  alcoolique  rapide,  et  il  en  montre  l'impor- 
tance. M.  Barrai  ajoute  quelques  détails,  qui  sont  donnés  dans  la 
chronique  de  ce  numéro.  Henry  Sagnier. 

REVUE  COMMERCIALE    ET   PRIX-COURANT  DES  DENRÉES  AGRICOLES 

(i8  AOUT   18^0). 
I.   —  Situation  générale. 
Lei?  marchés  présentent  cet'e  semaine  une  assez  grande  activité.  Les  offres  sont 
sont  nombreuses,  et  les  transactions  muiiiples,  sur  Id  plupart  des  denrées  agricoles. 

11.  —  Les  yr'tins  et  lex  farines. 

Les  tableaux  suivants  résument  hs  cours  des  céréales,  par  quintal  métrique, 
sur  les  prmcipaux  marchés  de  la  France  et  de  l'étranger. 


REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX-COURANT  (28  AOUT   1880) 


355 


HBOION.—  MORD-OCBST, 


Calvados.  Cnndà 

—  Liseux 

Côtes  fi  -  \<i'vi  ponliieux 

—  Trég.iier 

Finisterr. .    Morlaix 

—  Qiimper 

[lle-et-^iliiiuit.  Kermès. 

—  St  M   lo 

Manche.  Avranohes.... 

—  Poiilorioii 

—  Ville.lieii 

Mayenne.  Laval. .    

—  Château  Gontier.. 
iforbihiin.  Kerinebunl.. 
Orne.  -Seez 

—  Vimoiiliers 

Sarlhe.   Lu  Vlaas 

—  Sablé 


Blé. 

fr. 

59.75 
27  75 
2i).50 
27.75 
J8.00 
21.50 
Î6 .  50 
a7.i« 
28.50 
28.00 
29.00 
2'. 75 
28 .  00 
26.00 
2i  2i 
29.00 
26.75 
27- 50 


Seigle.   Or|«. 


fr, 
20.50 


ATOine. 

fr. 

26.00 


B 

17  00 

21.00 

25.00 

16   50 

18.50 

21.00 

li  00 

19.00 

22.25 

20   50 

20.25 

f 

17.50 

17.50 

« 

J0.2D 

20. iO 

» 

20.00 

22.25 

21.50 

» 

a 

20.  bO 

31  ..SO 

25.00 

« 

17.00 

» 

21.00 
20.25 


Prix  moyens Î7.89     2i.àS 

2»  RÉOION.  —  NORD 


25. «0 
27.0) 
27. 00 
2it  00 
Î7   90 


19. Î5 
13. 00 
•21  00 
18. 2j 
19.(0 
IS.Of 
19. 2i 
18   75 

18  00 
18.25 
13. 00 
17  00 
19.2» 
19.25 
19.25 
19.00 
211  65 
17  00 
20.  bO 
20.75 
19.50 
19.2» 

19.00 
18. 59 
18.75 
17.50 


17  75 
27.78  18. 7~ 
-  .\(>RII-RST 

28   75      19.00 


Aisne.  Soissons 

—  St-Q:iei.tm 

—  Vilkrs  Colterels 
Eure.  Berridy 

—  Evreu.x 

—  Pacy 28  00 

Eurt-ei-Loir.  Chartres.  28.<K> 

—  .\iineau 28  25 

—  Nogeni-le-Rotrou.   3»  0) 
Nord  Cambrai 27. /S 

—  Douai    23   50 

—  Valenciennes  . . . .  28  25 
Oise.  Beauvalâ 28.25 

—  Compiègne 27.00 

•—    NoyoH 27. sO 

Po«-de-C'ai/n.«.  Arras.. .   28. 5o 

—  SitiQl-Oiiiar 28  7  5 

Seine.  Puis 27  75 

S.-at-Mat^f  Rielun 27  bo 

—  Nenaours 23.00 

—  Provms 27    50 

S.-«t-Oixe.   Anjerville..  28.50 

—  PanLoi^e 29  ou 

—  Versailles 23.25 

Seine-lnréri»iire.  Kuuen  20. 7o 

—  Fécimp 27.50 

—  Yvetoi 27  40 

Somme.   Abheville 27.50 

—  Péronne 27.00 

—  Roye 25   75 

Prix  moyens 

3"  RÉaio 

Ardenne*.  Sedan 

Aube.  Bar -sur  Aube 
Mé  y-iur-Seine 

—  Nog^!nt-^ur-Seine.  2T  75 
âfarne.  Cûàiuiis 28.25 

—  Ep^rnay 27. iu 

—  Bel  us 27  01) 

—  Sézaonc 27.7V 

Hte-Marue.  Bourboane.  2*. 00 
Ueurt.-el  /»/.,.<«He  Nancy  Î8  00 

—  Lunéville 

—  Toui , 

Meuse.  Bar-le-Duc. 

—  Verduu 

Haute-Saône    G.'".iy 28  50 

—  Vesoul 29.60 

Vosges.  Neufchiteau 

—  Epiua. 

Prix  moyeas, 

4«  RÉoroN 
Charente.  Angoalème.. 

—  RufftiC   29.50 

Charente  Infér.  Mararjs.  28  00 

Deu.v-SfiorKs.  Niort 29  00 

Indre-ei- Loire.  Tours..  29-25 

—  Blere 27.00 

—  Cliâleau-Renault.   23.10 

Loire-lnf.SAnls-, 27  00 

A/.-et-(,oirB.  Saainur  .  .  27  iO 
Vendée.   Lnçu.. 27-00         » 

—  Font^nav 27.50         » 

Ktenn*.  Ci'uellerault...   3000    ao.25 

—  Louduu 27.80        » 

Haute-yieune.  Liiu>jges  29.50     20.75 

Prix  moyens 28.35     ig.vT 


13  25 
17.50 


22  00 
21. 5C 
2i.25 
22  UO 
19  00 
18  50 
l7.9o 
19.75 

20.00 
18.50 
20.00 


20  2» 

19  75 
16.00 
19.25 
20.110 
19. «10 
200J 

20- 00 
19.5»> 


t9  25 

18.00 

19.69 


27.75 

27.10 


28.7» 
23  00 
28  75 
28  50 


28 , 7  5 
30.00 


19  75 

20  50 
19.75 
1»  75 
20.50 
18.25 

20.00 
19.50 

19  '5 
17.50 

18.30 
18  75 
19.00 


18.50 
17.50 
19.50 

19  75 
20.50 

20  bO 
18.50 

20  00 
20.50 
211.25 
19.2'. 
18.75 

1S.70 
19.00 


19.50 

n.oo 

21.75 
22.25 
22. dO 
20.50 


30.80 
20.50 
22.50 
24.  00 

22  50 

23  ou 
19.50 
l!*.00 
22.50 

21  00 

19.  =  0 
19. 2j 
20.75 
19  00 

18  50 

19  00 
18.50 

19  90 
ls.50 
19. ■25 

20  00 

19  50 

22  50 
20.50 
211:  50 
23.00 
17.50 
19.00 

20  50 

20.  "0 

20.50 


21.25 
1  J .  00 
18.50 
19.50 
13.25 
20.25 
20  00 
20  75 
17  01 
17.50 
18.00 
19.25 
20 .  25 
19.00 
16.75 
15.80 
18.50 
18.50 


....   28.21      19.17      19.23     13. 8i 


—  OCEST. 

29.75  » 

21.00 


18.50 
17.00 
18  00 
20.00 
19.75 


21.00 
18.00 
21.00 
20.75 
19.50 
21.00 


20  00 
20.00 
20.2» 
21.00 

21  25 


25.00 
20.50 
17.00 
13  5u 
2o   00 

17.75 
18  35 
18  00 
17.50 

18  25 
20   50 

19  50 

20  50 


—  CB.XTRB. 

Blé.    Seigle. 


Allier.  Moulins 

—  Monlluçon 

_—     OannaU 

Cher.  Su.ruei 

—  Graç.iy  .......... 

—  Vierzon 

Creuse.  Aubuison 

hidre.  CiiàCaaurou».. . . 

—  IssoiiUua.    ...»•• 

—  Vatan 

Loiret.  Montargis 

—  Oien 

—  PitHiviers  

Loir-ei-Ctier.  Hlois 

—  Montoire 

Nièvre.    Nevers 

—  La  Ctiarilé 

Vanne.    Rrieiion 

—  St-FloreuUa 

—  Sens 


fr. 
29.01) 
26.00 
23.00 
27.50 
23.00 
23.75 
28.7.1 
27.00 

27  50 
28.00 
28.25 
23.00 
i9  00 
29.50 

28  Oi 

29  50 
29. 25 
27.25 
28   75 

28.00 


fr. 

20.00 
18.0« 


1 8 .  25 
21I.O1 
20  25 
18.00 
17.2-, 
2o  50 
19.25 
19.50 
17.00 
16.50 


20.00 
1  7  ..:,0 
18.00 


Orje. 


AToine. 

fr. 

•  19   50 

30.25  18.50 

W  tiO  17.00 

20.  ,0  18   00 

19   25  17.50 

2j.«0  19   00 

»  21   00 

18.50  17.50 

19  50  17.75 
20.25  18  00 
21.50  17.50 
19.75  !8.23 
19.50  19  75 
2U.00  20.2s 

I  13.00 

p  17.75 

20  .SO  21.00 
n  75  13.60 
19. su  17.75 
20. 00  18. J5 


Prix  moyens. 28  20     18.56     19.80     18.5^ 

6«  RBOION.  —   EST. 


Ain.  Bourg 

—  Pont-Je-Vaux. ... 
Côle  d'Or   aijon 

—  Baaiiue 

Doubs.    Ue^au^on 

/M/'a.  Grinab^e 

—  Virtune , 

Jura.  Dôle. . .  .i 

Loti-e.  Sl-GîimoriJ 

l'.-de-Oàinf,  ciermont  F. 
Rhône.  Lyun 

—  Auturi 

Saône-al- Luire.    Chalon, 

ànuDÏe.  CUambery 

Hle-àaooie.  Annecy 


Prix  moyens. 


2J.00 
28  00 

28  50 
28.00 

29  00 
29.50 
28  50 
28  00 
2'  00 
32.50 
28,50 

.  27  75 
28 .  25 
3'. 00 
32.00 

29.10 


19.00 
17.75 
20.50 


19.50 
17.25 
17.50 
19.50 
16.50 

18  e« 

17  50 
17.00 

19  &9 

17   50 
00         .  18  2Î 

7»         »     i,  17. 0« 
00  •         20.20 

_         »         19  7S 
16      19.22     18.21 


19  00 
2j.O0 


21.50 

17.50 


T  REGION.  —  SCO-OITBST. 

Ariége.  Pamiers 30.0)  2). 7»  » 

Dordiigyig.  Bergerac...   30  00  2l.00  » 

//td-G'icj, me.  loulouse.  29.00  19. uo  17.10 

—  Viiiefranche-Laur.  29.25  19. 5o  19.00 
Gers.  Conéoia 2». 50  »  » 

—  Eiuze 28.50  ■  » 

—  Mirandi 29.00  »  ■ 

Gironde.    Bordeaux....  27.50  19  50  » 

—  Lesparre 3o  00  18.75  • 

Landes.  Uax 27  50  19.25  » 

Lot-et-Garonne.  Agen..   28.00  19.50  » 

—  Ner.ic 2i.20  o  » 

S.-Pi/ré-iees.  Rayonne..   30  Oi  22.00  21.25 

Hles- Pyrénées.  Tarnes.   30.25         »  s 

Prix  moyens 23.98  19.92  19.12 

8»   RBOIOM.   —  SCO. 


22.25 
21.50 
20  7  5 
20.50 
20.25 
19  25 
19  80 
2U.00 
21.50 

19.50 
25.00 
20.50 
20. 7S 


Aude.   Carcassonne 

23.00 

,> 

19.00 

20.00 

Avei/ron.    viilefraache. 

28   2-, 

21.50 

17.25 

Caat'il.    Maunao 

33.35 

27.7» 

» 

23.50 

Correxe.   LuberZHC 

31    00 

21. JO 

22.00 

22.50 

Hérault.  Montpellier... 

i8.50 

17.00 

20.2» 

Lot.   Figeac 

30.25 

21.75 

21.50 

21.50 

Lozère,  viande 

3i.l5 

27. 5« 

25   00 

22.65 

—     Marvejols 

31.80 

2i.60 

24.60 

23.20 

Pi/reneen-Or.  Perpignan 

26   65 

2  ! .  20 

23.00 

23.30 

30. OU 
28.50 

20.7» 
19.50 

20.50 

20.50 

Tarn-el-Oar.  Montauban 

20.76 

Prix  moyens 

29.86 

23.25 

21.53 

21.85 

9«  REOio:^. 

—  SITU-KST 

Basses- Alpes  Manos'|ue 

2<).20 

V 

■ 

24.20 

Hautes- Alfjes.  Bnançon 

20.00 

20.2» 

20.50 

Alijes-.Mariiiines  Cannes 

30.00 

20   75 

20.00 

20.2» 

Ardeohe.   Privas 

30.05 

20  65 

19.rt0 

21   80 

B.-du.-Hhnne.  Arles 

30.00 

s 

16. 7S 

ai.âo 

Drame.    U>mins 

29.50 

21.00 

» 

17.50 

Gard.  Aiais 

29. 7> 

» 

a 

21.50 

Haute- Loire.  Le  Puy. .. 

30.00 

22.7» 

21.50 

18.50 

Var.  St-Maximin   

29  7» 

* 

» 

• 

Vaiicluse.  Cirpentras... 

29.7» 

■ 

20.00 

20.50 

—    Avignon 

30.00 

» 

« 

» 

Prix  moyens 29  80     21. o3     19  68 

Prance  28  69     2o  o9     19.7» 
;oed.  29    13      20    10     20    19 


Moy.  de  toote 

—  de  1  j. semaine  pre 


Sur  Use  naine  ^  Hausse.       » 
précédente..     | Baisse.    0.44 


0.01      0.44      0.55 


353 


REVUE    COMMERCIALE  ET    PRIX-COURANT. 


Algérie. 
A  nqieterre. 
Beigt'iue. 


Pot/.?  Box. 
Lurem^nurçi, 
Alsace-Lorraine. 


Ademagne. 


Suisse. 

Italie. 

Esp'igne. 

Au'nrhe. 

Iloxirie. 

lia^S'p. 

Etati-Unis. 


Blé. 

fr. 

Philippeville 25.75 

Lon.lres :{0  25 

Anvers 2i>  00 

Br.ixelles 28  G) 

Liège 28  75 

Namiir   2!)  dO 

Amslpniam 2'». 05 

Luxeinhoiirg 30  00 

Strasbourg 3). 75 

Mulhouse 29  25 

Colmar.    30.50 

Berlin 26  25 

Cologne 26  85 

Hambourg 25.50 

Genève 30  75 

Zurich 28  .-0 

Milan 28  15 

Vienne 2:<.50 

BuJapestli 22.25 

Durgo^ 29.75 

Saini-l'étersbourg ...  25.1) 

New-Vork 21   00 


Seigle. 

Orge. 

Avoine 

fr. 

fr 

» 

15.. 50 

16  25 

» 

20  75 

20  50 

Î3  00 

23. 00 

» 

20.50 

n 

„ 

22  25 

22  00 

20  00 

22  (JO 

21.25 

21  00 

20  .^5 

lu  50 

22  00 

22  no 

2;{.25 

22  25 

19.25 

22.^5 

20  50 

20.25 

21   25 

21.00 

19  50 

2/1  35 

a 

» 

2J  75 

a 

, 

21  75 

. 

, 

,) 

> 

19.23 

» 

20.00 

1 7 .  50 

22.75 

19  25 

20.00 

17  25 

15.00 

19  40 

17.00 

13  75 

» 

» 

21   00 

19.90 

» 

13  80 

Blé'!.  —  Nou^  avons  peu  de  choses  à  ajouter  aux  appréciations  que  nous  avons 
précédf^mment  données  relativeraent  à  la  récolte  du  blé  dans  les  ptincipaux  pays. 
On  trouvera  dans  la  chronique  de  ce  numéro  le  ré>umé  des  renseij^nein^m  les  plus 
dignes  de  Foi  qu'il  est  pos.'Sible  de  réuiiir  aujourd'hui.  Il  est  toutefois  un  l'ait  contre 
lequel  nous  devons  prémunir  nos  lecteur-^,  cesont  lesexagération^  au.\((i)eUes  on  se 
laisse  trop  volontiers  aller  relativement  àla  produclioades  Etats-Unis  D'apièsles 
renseignements  les  plus  sérieux,  elle  est  estimée  à  150  millions  d'iiei-lolilres  f 
d'autres  la  portent  à  1H5  millions,  d'au  très  même  à  près  de  200  million  s  d'hectolitres.  Le 
seul  fait  bien  certain,  c'est  que  le  rendement  est  moins  bon  que  l'année  dernière, 
et  que  si  le  rendemt-nt  est  le  même,  ce  sera  dia  aux  accroissements  des  emblavures. 
—  A  la  halle  de  Paris,  le  mercredi,  25  août,  il  y  a  eu  une  assez  grande  ollre 
de  blés  nouveaux,  les  prix  étaimt  laibles  pour  les  diverses  sortes.   Ou   payait  de 

26  fr.  50  à  29  fr.  par  lOii    kilog.  suivant  les  qualités;  le  prix  moyen  s'est   fixé  à 

27  fr.  75,  avec  une  nouvelle  baisse  de  1  Ir.  25  depuis  huit  jours.  —  Sur  l<^.  marché 
des  blés  à  livrer,  on  paye  par  100  kilog.  :  courant  du  mois,  27  fr.  7.^  à  28  fr,  ; 
septembre  26  <r.  50  à  26  fr.  75;  quatie  derniers  mois,  26  fr.  à  26  fr.  25  .  quatre 
mois  de  novembre,  2  fr.  75à-.^6  fr,  ;  quatre  preraiersmois,  25  fr.  75. —  AuH;ivre,les 
affaires  ont  été  peu  actives  durant  cette  semaine  :  on  cotait  de  26  à  2S  fr  par 
100  kilog.  suivant  les  qualités  pour  les  blés  d'Amérique  —  A  Marseille,  les  ventes 
se  font  facilement.  Les  arrivages  de  la  semaine  onl  été  de  -265,000  he''.to litres  ;  le 
stock  est  monté,  dans  les  docks,  à  67,0u0  quintaux.  Au  dernier  marché,  on  payait 
par  100  kilog.  :  Berdianska.  30  à  :^0  fr.  50;  Marianopoli,  29  fr.  75;  Daonbe, 
24  fr,  50  à  25  fr.  5(i  ;  Michigan,  2i  fr.  25  à  28  fr.  50  ;  Irka,  27  fr,  à  2.-)  fr,  ; 
turzUes  d'Afrique,  28  à  ■^8  fr,  50.  —  A  Londres,  les  importations  dn  blés 
échangées  durant  la  semaine  dernière  ont  été  de  2ij8,9(i0  quintaux  ;  les  affaires 
sont  peu  actives,  avec  des  piix  en  baisse.  On  cote  de  2i  fr,  à  31  ir.  50  par  100 
kilog.  suivant   les  provenances  et  les  qualités. 

Farinas.  —  Peu  de  changements  dans  les  cours  depuis  huit  jours,  avec  des 
affaires  assez  calmes.  En  ce  qui  concerne  les  farines  de  consommation,  les  rn'ix 
sont  sans  changements.  (  )n  payait  à  la  halle  de  Paiis,  le  mercredi  25  août  :  marque  D, 
63  Ir.;  marques  de  c  oix,  65  à  66  fr  ;  bonnes  marques,  63  à  64  tr.;  soi'ies  ordi- 
naires et  courantes,  62  à  -3  fr  ;  le  tout  par  sac  de  l,'9  kilog.,  toile  à  rendre,  ou 
157  kilog  net,  ce  qui  correspond  aux  prix  extrêmes  de  39  fr.  50  à  42  fr,  05 
par  100  kilog  ,  ou  en  moyenne  40  fr  75,  comme  le  mercredi  précédent  — Quant 
aux  latines  de  spéculatio  i,  on  cotait  à  Paris  le  mercredi  25  août  au  soir  :  hiri.nes 
hui  l-m'irqu  es,  coyna.ni  dnmo'\s  61  fr.  75à  62  ;  septembre,  58  ir  50;  [uatre  der- 
niers mois,  57  fr  ;  quatre  mois  de  novembre,  55  tr,  75  à  55  fr.;  quatre  pre  iiiers 
mois,  55  fr.  75  à  ■  6  fr.  ;  farines  super i.e.wes,  cjurant  du  mois,  o2  fr.  75;  sep- 
tembre. 37  fr  à  37  Ir.  25^  quatre  derniers  mois,  36  fr.  à  36  fr.  25;  quatre  mois 
de  novembre,  :>5  fr.  25  à  35  tr.  60;  quatre  premiers  mois,  35  Ir.  ;  le  tout,  sauf 
pour  les  (juatre  deriûièr^îs  cotes,  par  sac  de  1 ->9  ktlog.,  toile  perd'ie  ou  157  kilog. 
cet.  —  La  cote  otdcielle  en  disponible  a  été  établie,  comme  il  suit,  pour  chacun 
des  jours  de  la  semaine,  par  sac  de  157  kilog.  net  : 


DES    DENRÉES    AGRICOLES   (  28  AOUT    1880).  357 

Dates  (août) 19  20  21  23  24  25 

Farines  hnit-marjues (iO  75  6103  61.25  61.75  62.00        6?.0,) 

—      supéneares 61. 2ï  61.25  61.50  62.00  61.50        62.75 

Le  prix  moyen  a  été,  pour  les  farines  huit-marques,  de  61.50,  et  pour  les 
supérieures  cfe  62  fr.,  ce  qui  correspond  aux  coiiis  de  3J.10  et  de  3.:». 50  par 
lOu  kilog   C'est  une  hausse  (Je  20  ceniimes  pour  les  premières  et  de  '-3  )  centimes 

{)0ur  les  secondes  depuis    huit  jours.  —  Les   cours  sont   plus  faibles  pour  les 
arines  deuxièmes  qui  sont  cotées  de  31  à  36  fr.  par  quintal  métrique. 

Stii/'es  —  li  y  a  des  demandes  actives  sur  ce  grain,  avec  des  prix  en  hausse. 
On  paye  à  la  halle  de  Paris,  de  -20  fr.  tO  à  20  fr.  75  par  quintal  métrique.  Quant  aux 
farines,  les  cours  s'établissent  de  28  à  32  fr. 

Or()e<.  —  Les  ollVes  sont  un  peu  plus  actives.  On  cote  à  la  halle  de  Paris,  de 
20  à  20  fr.  5  par  quintal  métrique  Quant  aux  escourgeons,  ils  sont  payés  de  19.50 
à  20  fr.  — A  Londres, les  importations  d'or^-es  ont  été  presques  nulles  depuis  huit 
jours.  Les  cours  sont  à  peu  près  nominmx,  de  19  fr.  75  à  21  Ir.  7  5  par  100  kilog. 

MaU.  —  Li  situation  est  à  peu  près  la  mèiue  que  la  semaine  dernière.  On  cote 
à  Paris,  de  39  à  kO  fr.  par  100  kilog.  pour  les  malts  d'orge,  et  de  30  à  33  fr. 
pour  ceux  d'escourgeon. 

Avoines.  —  Peu  d'atlaires  à  la  halle  de  Paris,  avec  des  prix  fai'des.  On  cote  de 
19  à  20  fr.  75  par  100  kilo.'.,  suivant  p  )ids,  couleur  et  qualité.  —  A  Londres,  les 
airivages  delà  semaine  dernière  ont  été  de  i87,0  0  quintaux  métriques.  Au  der- 
nier marché,  on  payiiit  de  19  à  21  fr.  90  par  100  kilog.,  suivant  les  sortes. 

Sirrasi'!.  —  Les  transactions  sont  à  peu  piès  nulles.  On  paye  à  la  halle  de 
Paiis  25  fr.  à  25  fr.  50  par  hO  kilog.  suivant,  les  sortes. 

Maïs.  —  Il  y  a  peu  d  offres  au  Havre  sur  les  maïs  d'Amérique.  Les  cours  se 
fixent  de   14  fr.    25  à    15    fr.  50  par  100    kilog.  suivant  les  qualités. 

hsitea.  —  Les  cours  varient  peu  à  la  hallo  de  Paris.  On  paye  par  100  kilog; 
gros  son  seul,  14  fr.  75  à  15  fr.  ;  son  trois  cases,  14  fr.  25  à  14  tr.  50;  sons  fins, 
13  fr.  7.J  à  14  ir.  ;  recoupettes,  14 à  14  fr.  50;  remoulages  bis,  15  à  16  fr.;  remou- 
lages blancs,  17  à  19  fr. 

Iir.        Vins,  spiritueux,  vinaigres,  cidres. 

Vins.  —  Belle  et  bonne  température  pour  la  vigne.  Ce  temps  idéal,  nous  écrit- 
on,  donnera  le  qualité  et  relativement  la  quantité.  Calme  plat  à  peu  près  partout, 
—  nous  voulons  ici  parler  des  aflaites,  —  chacun  restant  sur  la  défensive.  Telle 
est  exactement  la  bituation.  —  Ajoutons  qu'on  commence  à  se  préoccuper  des 
prix  de  début  :  seront-ils  supérieurs  ou  intérieurs  à  ceux  pratii|ués  à  la  suite 
des  vendanges  de  1879?  ou  bien  resteront-ils  ce  qu'ils  sont  actuellement?  On  ne 
saurait  encore  répondre  à  une  semblable  question  On  nous  signale  bien  de  Bé- 
ziers  une  vente  sur  souche,  à  prendre  tête  et  queue,  au  prix  de  25  francs  l'hecto- 
litre, mais  on  ne  nous  dit  pas  quel  est  ce  vin,  de  quel  vignoble  il  provient,  s'il  est 
de  côte  ou  de  plaine  Suivant  nous,  les  prix  de  début,  seront  en  raison  du  temps 
qui  présidera  aux  vendanges,  en  raison  de  la  qualité  qu'aura  le  vin  et  de  la  quan- 
tité qu'on  en  récoltera  'Voilà  trois  inconnus  qui  garderont  l'auonyme  encore  pen- 
dant quelque  temps.  Si  la  température  se  continue  dans  de  bonnes  conduions,  et 
tout  nous  le  fait  supposer,  il  est  certain  que  nous  aurons  la  qualité,  tout  le  monde 
est  d'accord  à  cet  égard.  Or  Ja  qualité  quelle  que  soit  la  quantité^  sera  recherchée 
cette  année,  car  il  y  a  longtemps,  trop  longtemps,  qu'à  ce  point  de  vue,  nos  vins 
laissent  à  désirer.  La  recherche  de  la  qualité  déterminera  suivant  nous  le  main- 
tient des  cours  actuels  et  bien  heureux  encore  si  ceux-ci  ne  prennent  pas  de  la 
fermeté.  Cette  qualité,  à  laquelle  on  s'attend;  excitera  le  commerce  aux  achats,  et 
cela  d'autant  plus  que  les  stocks  en  bons  vins  sjnt  aujourd'hui  épuisés;  aussi  crai- 
gnons-nous, que  dès  le  début,  il  n'y  ait  une  poussée,  par  suite  une  hausse  et  c'est 
ce  qu'il  y  a  déplus  probable.  Il  faudrait,  pour  qu'il  en  fût  autrement  :  la  quan- 
tité. Celle-ci  sera,  paraît- il,  très  satisfaisante  dans  le  Midi.  On  nous  annonce  déjà 
de  l'Hérault  et  de  l'Aude  des  excédents,  mais,  d'ailleurs,  on  ne  parle  que  de  ré- 
coltes très  réduites.  Que  conclure?  En  présence  de  ces  irrégularités,  il  nous  pa- 
raît prudent  de  s'abstenir,  d'attendre  les  événements  et  de  ne  pas  s'exposer  à 
donner  des  chiffres  fantaisistes,  qui  n'ont  pour  base  que  l'imagination  des  chro- 
niqueurs aux  abois. 

Spii'Uueax.  —  Les  affaires  en  3/6  continuent  à  être  au  calme  et  pendant  la 
semaine  écoulée,  la  baisse  a  fait  de  nouveaux  progrès,  ce  qui  n'étonne  personne, 
car  on  s'attend  à  voir   sous  peu  les  cours   des   3/6  descendre   au-dessous  de 


558  RE\^OË  COMMERCIALE  ET  PRIX-COURANT 

60  francs.  Voici  du  reste  le  mouvemsnt  de  la  senaine  sur  le  livrable  :  clôture  de 
la  sernaiue  précédente  b2fr.  50,  puis  successiveineat  «2  tV.  25,  •- 1  fr.  75,  61  fr.  50 
et  61  fr.  2:-)  Ea  outre,  le  livrab'e  en  septcabre  a  fait  59  fr  50  et  le  septembre  et 
octobre  59  francs.  Le  stock  continua  à  diminuer,  il  est  actuellement  de  8, 0  25  pipes 
contre  8,950,  l'an  d:;rnier  à  la  mèint  époque.  Le  mirché  de  Lille  est  aussi  calme 
<^ue  celui  de  Paris  :  on  cote  l'alcool  fin  de  livraison  62  fr.  50  en  dis-ionible,  et 
1  alcool  de  grain^^  64  francs.  Les  marchés  du  Midi  restent  toujours  dtns  la  mènae 
situation  :  C<He  fait  110  fr  ,  Agîmes  lOJ  (r.,  Bôziers  106  fr.,  lUontpelUer  100  fr.., 
Pezénns  lOt)  fr.,  Nnrbonne  110  fr.— A  Auw,  on  cote  3/o  bstterave,  1"  qualité, 
90  degîés  disponible,  62  fi',  2j;  septembre,  rtl  fr.  50  à  61  fr.  75;  septembre-dé- 
cembie,  59  fr.  5(';  quatre  premiers,  57  fr.  50  à  57  fr.  75. 

Vinaigres.  —  Prix  toujours  fermes  mais  stationnaiies. 

Cidrei;.  — Rien  de  nouveau  sur  cet  article. 

IV.  —  butrex.  —  Mfl.txyea.  —  Fécules    —  GlM-oses,  — Amidons. —  Honhlons. 

Svcres. —  La  baisse  continue  sur  les  sucres  bruts,  taudis  que  le  blanc  n'  3  a 
gagné  4  fr.  25  depuis  notre  dernier  bulletin.  Ou  a  coté  à  Paris,  pir  100  kilog. 
pour  sucres  bruts,  88  degrt^  saccharimétri]ues  :  a"'  7  k  9,  65  fr.  50  à  65  fr.  75  ; 
n°»  10  à  13,  b8  fr.  50  à  58  fr.  75;  blanc  type  n»  3,   74  fr.  25.-—  A  Lille  :  sous  7, 

74  fr  75  à  75  fr.  ;  n»^  7  à  9  6i  fr.  25  à  64  fr.  50;  n°  10  à  13,  57  fr.  75  à  58  fr.  ; 
blanc  n"  3,  68  fr.  25  à  6^  fr.  50.  —  A  Saint-Quentin,  marché  nul,  les  fabricants 
n'ayant  plus  de  marchandise.  —  A  Valenciennes,  marché  sans  allai res.  —  Le 
stock  réel  de  l'entiepôt  de  Paris  était,  au  24  aoiîL,  de  227,,0  24  sacs,  avec  une 
diminution  de  9,894  sacs  depuis  huit  jours.  Les  cours  pour  l'exportation,  poar 
pains  l*'' choix,  varient  de  70  fr.  50  à  7ii  fr.  25,  suivant  marques.  Les  raflinés 
font  :   bonnes  sortes,    147  fr.;   belles  sortes,  US  à  150  fr. 

Méliiiis/'S. —  Le  prix  des  mélasses  contivue à  être  sans  changement  :  celles  de 
fabrique,  13  fr.  ;  celles  de  raffinerie,  14  fr  les  100  kilo;?, 

F'icuiAiit.  —  Oa  cote  à  G)mpiègae.,  fécule  l^"  type  de  laChanabresyndloale;  dispo- 
nible, ^0  fr.  ;  3  mois  d'octobre,  36  fr. —  A  Paris,  les  fécules  en  disponible  sont  peu 
abondantes.  On  cote  la  1'"''  de  l'Oise  etdu  rayon  de  Paris  de  40  à  41  fr.  les  lOJ  kilog. 

Glncosex.  —  On  cote  à  Paris,  sans  variation  depuis  la  semaine  dernière  : 
sirop  de  froment,  64  à  66  fr.;  sirop  massé,  54  à  56  Ir.;  sirop  liquide,  (33  de- 
grés),  kk   à   46   fr.;  sirops  de  maïs  massés,  44  à  46  fr. 

ATïiidnm.  —  Vente  courante  en  raison  des  légères  concessions  faites  par  les 
fabricants.  On  cote  à  Paris  :  a.midons  de  Paris,   en  paquets,  pur  froment,    74  à 

75  fr.;  amidons  de  province,  63  à65  fr.  ;  idem  d'Alsace,  en  vrague,  60  à  62  fr.  ; 
amidons  de  maïs,  46  à  48  fr.;  fleurs  de  riz,  40  à  42  fr.;  riz  de  Louvain,  76  à 
78  fr. 

Houblons.  —  A  Alost,  les  affaires  traitées  cette  semaine  ont  été  limitées  axrx 
besoins  immédiats  de  la  brasseiie.  La  récolte  s'annonce  belle.  — A  Poperinghe,  la 
moisissure  et  la  noircissure  se  sont  déclarées  dans  le  plus  grand  nombre  des 
plantations  —  En  Al  emagne,  la  plante  a  un  peu'  souffert,  toutefois  on  espère 
■une  récolte  moyenne.  — hn  Angleterre,  la  situation  des  houblonnières  s'est 
notablement  améliorée. 

V. —  Huiles  ei  qrninrs  oVa.QTTiCTj.ses. 

Huiles.  —  La  hausse  que  nous  constaions  dans  notre  dernier  bulletin  continue 
encore  cette  semaine.  On  a  coté  à  Paris,  par  100  kilog.  :  colza,  tous  lùts, 
73  fr.  50;  idem  en  tonnes,  75  fr.  50;  épurée  en  tonnes,  83  fr.  50;  lia  disfwjnibie, 
eri  fûts,  68  fr  25;  idem,  en  tonnes  70  fr.  25.  — A  R')uen,  l'huile  de  co'za  disj>0- 
nible  vaut  72  Ir  25;  celle  de  lin,  e8  îr.  ;  d'arachide  comestible,  110  à  j2»  fr.; 
idem,  à  fabrique.  78  à  85  fr.;  de  sésame  C-mestible,  100  à  1  ;0  fr.;  idem,  à  fabri- 
que, 78  à  85  fr  ;  d'olives  lampante,  126  fr.  —  A  Caen,  huile  disponible,  6'^  fr.  50, 
le  tout  par  100  kilog. — A  Lille,  huile  '^e  colza  (l'hectol.),  66  fr.  5  •;  de  lin  pay«, 
64  fr  ;  idem  étranger,  ^'l  fr  50  :  idem  épurée,  72  Ir.  50.  —  A  Arras,  par  100  kilog., 
huile  de  pavot  à  bouche, 95  fr.;  idem  industrie  91  fr.;  colza  pays,  72  fr.  50  à 
73  fr.;  lin  étranger,  68  (r.  ;  cameline,  70fr.  —  A  Cambrai,  surfine,  160  fr.;  colza, 
71  fr  ;  lin  67  fr. 

Grniiies  oléufiinenses.  —  A  Rouen,  la  graine  de  colza  vaut  31  fr.  50  à  32  fr.  les 
100  kdog.  —  À  Caen,  graine  de  colza,  19  à  2')  fr.  l'hectol.  —  A  Arras,  graines  de 
colza,  19  fr.  à  21  fr.  50  l'hectol  ;  hn,  22  à  2'*  fr  ;  œillette,  32  à  35  fr.  —A  Cam- 
brai, œillette,  31  fr.  à  32  IV.  75  ;  colza,  20  à  21  fr  ;  hn,  -23  Ir. 

VI.  —  TmirWnux.  —  Nuirs.  — :   Engrais. 

TouTtea^tx.  —  On  cote  à  Marseille,  par  JOO  kilog.  :  tourteaux  lin  pur,  20  fr.; 
aracliide  décortiquée,  15  fr.  50;  idem  tea  coque,  li  tr.  25;  idjem  brun  pouf  cfl- 


DES  DENRÉES  AGRICOLES   (28  AOUT  1880j.  35» 

grais,  U  fr.;  ricins,  10  fr.  50;  sésame  blanc  du  Levant,  15  fr.;  idem  de  llnde, 
13  Ir.  LO;  colza  du  Danube,  13  fr.  50;  cot  n  d  Egypte,  12  ir.;  palmiste  n-ilu- 
rel,  10  Ir.  50;  ra\ison,  1  iJ  ir  50-.  —A  Rouen  :  cuka  indigène,,  Ik  ir  2.:);ara- 
chide  en  coque,  11  ir.;  idem  décorliquee,  15  Ir,  50;  sés^ame,  U  fr.;  Pulghères, 
15  ir.  ;  lin,  lO  fr.  25  ;  ravison,  23  fr.  —  A  Capn,  tourteaux  colza,,  diSjiuuibles, 
15  Ir.  les  KO  kilog.  —  A  Aira.*;,  tourteaux  de  graines,  indigènes,  colza^  15  lr.50; 
œiiietle,  16  fr.,  les  lO'»  Ivilog  ;  graines étiangèies^ pavot,  \k  Ir.;  iim,  iâ  l».  5.0.  —  A 
Cambrai  :  tour  eaux  d'œillelte,  i,9  fr.;  de  colza,,  ir.  tV.  5  j  à  L7  fr.  5t  ;  liii25à  26  fr. 

Noirs.  —  Prix  sans  changement  à  Valcuciennes  :  neui  on  grains,  32  ir.;  vieux 
en  grains,  8à9  ir.;  lavage,  -z  à.  k  ïw 

VU.  —  Suifs  et  corps  gras. 

Suifs.  —  On  cote  à  Paris  :  frais,  hors  Paii3,8'i  fr.  10  ;  bœufs  Plata,  89  fr.; 
suif  en  branches,  63  fr.  37. 

Saindoux  et  snhmons.  —  La  hausse  continue.  On  a  vendu  au  Havre,  l,0f0  tier- 

çons  disponibles  et  à  livrer  en  septembre,  à  1:0  fr,  les    l'iO  kilo^   En  lards  salés 

on  a  traité  quelques  affaires,  entre  autres  :  25  caisses  longues  banJe.s,  disponible 

à  117  fr.  ;  25  caisses  t^andes,  à  l^O  fr.  ;  et  400  caisses  épaules  de  78  à  78  fr.  50. 

VIII.  —  Matières  réainemes,  colorâmes  et  Innnantes. 

Malièrpx  résineuses.  — A  Bordeaux,  l'essence  de  térébenilnne  s'est  vendue  63fr. 
les  100  kilog.  —  A  Dax,  elle  vaut  56  fr,  —  A  Mont-de -Marsan,  la  barrique  de 
gemme  ordinaire  (3i0  litres),  vaut  :  qualité  marchande,  39  ir.:  système  Hugues, 
44  Ir.  —  A  Banquet  :  ordinaire,  'iU  fr.  ;  système  Hugues,  45  fr.,  le  tout  charroi 
compris. 

Ciè>»es  de  tartre  et  tarife  brut. —  On  paye  :  crème  de  tartre,  280  fr.  ;  cristaux 
1"  choix,  2-15  Ir.;  tablettes,  180  fr  ;  le  tout  par  RO  kdog, 

IX.   —  Heurres.    —  Œufs.  —  trornayps. 

Beurres.  —  213,^73  kilog.  de  beurres  ont  été  vendus  c<;tte  semaine  à  la  halle 
de  Paris,  aux  prix  suivants  par  kilog.:  en  derai-l»ilog.,  l  fr.  88  à  3  fr.  70; 
petits  beurres,  1  fr.  50  à  2  fr.  64;  Gournay,  1  fr.  80  à  4  fr,  20;  Isigny,  2  fr.  02 
à  5  fr.  60. 

Œufs  —  Du  17  au  23  aoiît,  3,9  "3,990  œufs  ont  été  vendus  à  halle  de  Paris, 
aux  prix  suivants,  par  mille  :  choix,  99  à  h. 4  Ir. ;  ordinaires,  66  à  96  fr.;  petis, 
48  à  6U  fr. 

Froniofjes.  —  Le  prix  des  fromages  a  été,  par  douzaine  :  Brie,  2  fr.  50  à  9  fr.  50; 
Montlhéry,  15  Ir.;  par  cent  :  Livarot,  21  à  7i  fr.  ;  Mont-d'Or,  6  à  24:fr.;  Neul- 
châtel,  I  fr  50  à  17  fr.  50;  divers,  5  à  37  fr.  Le  Gruyère  s'est  vendu  de  liO  à 
170  Ir.  les  luO  kilog. 

X.  —  Chevaux.  —  Bétail.  —  Viande. 

Chevaux.  —  Aux  marchés  des  18  et.  21  août,  à  Pans,  on  comptait  961  che- 
vaux; sur  ce  nombre,  350  ont  été  vendus  comme  il  suit  : 

Amenés.  Ve.ti'iiis  Prix  exlrproes. 

Chevaux  de  cabriolet isO  29  200  a       910  fr. 

—  détail 2"0  ft:i  :i0ôâl,2(j0 

—  hors  d'âge 377  ]24  4U  à       8.!5 

—  à  l'encliere «8  4»  4S  à      Slft 

—  de  boucherie 86  86  32  à       110 

Anes  et  chèvres.  —  Aux  mènes  marchés,  on  comptait  1  :  ânes  et  1 1  chèvres; 
7  ânes  ont  été  vendus  de  25  à  7!)  ir.;  4  c'.ièvres  de  20  à  t5  fr. 

Bftnil.  —  Le  tableau  suivant  résume  le  mouvement  du  marché  aux  bestiaux  de 
la  "V'iilette,  du  jeudi  19  août  au  mardi  24  août 


Bœ«rs 

Vacnes 

Taureauï 

Veaux  

Boutons 

Porcs  gras 

—     maigres. 

A  l'exceptioi  des  moutons  amenés  en  nombre  plus  considérable,  les  approvision- 
nements,du  mirché  out  été  à  pau  près  les  mèm.is  que  la  senaiine  précéiente.  Les 
cours  d-s  gros  animaux  se  sont  maintenus,  ainsi  que  ceux  dos  moutons,  mais  il  y 
a  eu  reprise  sur  les  cours  des  veaux,  tandis  que  les  porcs  gras  accusent  de  la  baisse 
depuis  huit  jours. 

A  Londres,  les  importations  d'animaux  étrangers,  durant  la  semaine  dernière. 


Poids 

Prix  du  kilo?.  « 

le  viande  snr  pied 

Vendus 

^ ^ 

moyea 
des 

au  marcbe  du 

Luadi'2:i 

août. 

Pour 

Pour 

En 

4  quartiers,  t"            2» 

2" 

Prix 

Amené». 

Paris.  1 

'extérieur. 

totalité. 

kil. 

quai,       quai. 

quai. 

moyen. 

5.43'* 

2.628 

I,h67 

4.195 

» 

l.M      l  48 

1.14 

1.39 

1,7(>8 

9!l 

705 

l,6-}6 

230 

1  5  »       1 .2'i 

1  00 

1  21 

2TI 

212 

22 

2.-^'* 

375 

1.32       1.14 

1  (.0 

1.V6 

4,^87 

3.000 

l,'t(»4 

4  0)4 

72 

t.  96       1.80 

1.36 

1  65 

50  485 

19.7il 

22.13!) 

4l.8.i0 

18 

2.(0       1.^.6 

1  39 

1  6i 

5.4-22 

l,96:i 

3, (lis 

4.981 

81 

1    /()      1.60 

l.oO 

t.bO 

10 

3 

7 

10 

3a 

140 

» 

1   40 

360  REVQE  COMMERCIALE  ET  PRIX-GOURA.NT  (28  AOUT    1880). 

se  sont  composées  de  21,995  têtes,  dont  3  bœufs,  218  veaux,  2,295  moutons 
et  8  porcs  venant  d'Amsterdam;  137  moutons  d'Anvers;  360  bœufs,  2  veaux  et 
39^  moutons  de  Boston;  ],7ii6  moutons  de  Brème;  103  bœufs  et  2  moutons  de 
Goth«rabourg;  837  moutons  d'Hambourg;  14  bœufs,  33  veaux,  895  moulons  et 
127  porcs  dHarlingen;  J78  bœufs  et  3,612  moutons  de  Montréal;  l,\t)b  bœufs 
et  355  moutons  de  New-York;  7  bœufs,  405  veaux,  3,773  moutons  et  68  porcs  de 
Rotterdam;  839  bœufs  de  Tonning;  'à9  bœufs  de  Vigo  :  Prix  du  kilog  :  Bœuf, 
1  fr.  46  à  2  fr.  05;  Veau,  1  fr.  75  à  1  fr.  99;  Mouton,  1  fr.  64  à  2  Ir.  45;  Fore, 
1  Ir.  40  à  1  fr.  70. 
Viande  à  la  criée.  —  On  a  vendu,  à  la  halle  de  Paris,  du  1 7  au  23  août  : 

Prix  du  kilog.  le  23  août. 

kilog.  !■■•  quai.             "2»  quai.  i'  quai. 

I5i,037  l.lôàl83       1.06àl.nO  0.70àl.l6 

143,791  1.S3     1.86       1.26     l.b6  0  80     1  24 

50.528  1.52     1.76       1.18     l.ôO  0.76     1.16 

_l5^8b^                      Porc  frais l.lOàl.90 

362,241       Soit  par  jour 51.749  kilog. 

Les  ventes  ont  été  inférieures  de  12.000  kilog.  par  jour  à  celles  de  la  semaine 
précédente.  Les  cours  accusent  de  la  fermeté  sur  toutes  les  sortes. 

XI.  —  Cours  de  la  viande  à  l'abattoir  de    la  Villette  du  26  août  {par  50  kilog.) 
Cours  de  la  charcuterie.  —  On  vend  à  la  Villette  par    50  kilog.  :  l"  qualité, 
90  à  95  fr.;  2%  85  à  90  fr.;  poids  vif,  64  à  68  tr. 

Bœufs.  Veaux.  Moutons. 


Bœuf  OU  vache 
Veau.. ....... 

Mouton 

Porc 


Gtioix.     Basse  boucheria.' 
1.00à2.70  O.lOà  1.06 
1.00     2.10       .  » 

l.UO     3.50       . 


2"  3" 

quai.  quai.  quai, 

fr.  fr.  fr. 

75  68  62 


jr. 

quai, 
fr. 

90 


2« 

3« 

1" 

2» 

quai. 

quai. 

quai. 

quai. 

fr. 

fr. 

fr. 

fr. 

80 

72 

90 

83 

3« 

quai. 

fr.3 

75 


XII.  —  Marché  aux  bestiaux  de  la  Villette  du  jeudi  26  août. 


Animaux 

amenés. 

..     2.316 

615 

78 

,.     l.Sbi 

,.  21.7b7 

3.767 


Invendus. 
145 
33 
12 
156 
1.878 
125 


Poids 
moyen 
général. 


Cours    officiels. 


Cours  des  commissionnaires 
en  bestiaux. 


Bœafs 

Vaches.... 
Taureaux.. 

Veaux 

Moutons... 
Porcs  gras. 

—  maigres.  »  •  • 

Vente  assez  active  sur  toutes  les  espèces. 


kil. 
360 
255 
370 
80 
18 
84 


quai.  quai.  quai. 


1.65 
1.54 
1.34 
1.90 
2.00 
1.70 


!.50 
;.32 
1.16 

1.76 
1.66 
l.6i> 


1.18 
1.06 
l.t'2 
1.30 
1.36 
1.50 


Prix 

extrêmes. 

1 . 1 2  à  1 . 70 


2»        3- 
quai.    quai.  quai. 


l.no 
1.00 

1.26 


1.60 
1.36 
1.96 
2.04 
1.80 


.62 
1.52 
1.30 


50 
1,30 
1.20 


15 
1.10 
1.05 


Prix 
extrêmes, 
l.ioàl.es 
1.00     1.60 
Ci-S     1.35 


XIIl.  —Résumé. 
Pendant  que  les  cours  de  la  plupart  des  céréales  sont  faiblement  te  nus,  il  y  a 
continuité  de  la  fermeté  sur  les  vins  et  sur  la  plupart  des  produits  animaux. 

A.  Remy. 

BULLETIN  FINANCIER. 

Cours  de  la  Bourse  du  18  au  25  août  1880  {au  comptant). 

Le  marché  a  repris  un  peu  d'animation  :  hausse  à  nos  fonds  publics,  la  rente  3  0/0 
est  à  85  fr.  75,  gagnant  U  fr.  45  ;  l'amortissable  à  87  fr.  70,  gagnant  0  fr.  20,  et 
le  5  0/0  à  li9  ir.  mO,  gagnant  u  fr.  'jO.  Très  bonne  tenue  des  Sociétés  de  crédit 
et  des  Sociétés  industrielles  et  commerciales.  Reprise  aux  valeurs  du  groupe  du 
mobi.ier  espagnol. 


Principales  valears  flrançaises: 


Plus 
bas. 


Plus    Dernier 

haut. 

35.75 


cou 


Rente  3  0/0 8i.40  35.75  85.75 

Rente  3  0/0  amortis 87.4a  87.75  87.70 

Rente  4  l/>  0/0 117.30  117.75  117.75 

Rente  5  0/0 119. 'iO  li9.4o  119. 4i 

Banque  de  bVance  .... 3450  00  349). 00  3'45o.oo 

Comptoir  d'escompte. 950.00  955.0)  9j0.oo 

Société  t'èné  aie 5">5.00  S57.50  555.00 


Crédit  foncier 1310 

Est Actions  500    75> 

Midi d' 

Nord d' 

Orléans d' 

Ouest d 

Pans-Lyon-Méditerranee  d' 
Paris  1871  obi.  400  3  0/0  . 
Italien  i  o/o 


13*0.00  1380. UO 

755.00     760.00  755.00 

015.00   1018.75  1017.50 

6"0.00   1615.00  1602.50 

il8.75    1-227.50  12.'7.50 

^35.00  815.00 

3niO  00  1 330. 00 

39^.00  398  00 

85.75  85.75 


82i.50 
351.25 
3^6  00 
84.75 


Gérant  :  A.  BOUCHÉ. 


Valeurs  diverses  : 

Plus 


CréJ.  fonc.    obi.  500  4  O'O     52>.oo 
d"         d»        d»       d'  3  0/0.      550  00 

d°        obi.      C«»       500   3  0/0  4  75.00 

Bque  de  Paris  act.  5oO...  Io70.(i0 

Crédit  ind.  et  cou.  500...     728.75     7i5.00 

Dépôts  et  cplea  cts.  boO...         •  » 

Cre  lit  lyonnais d'...  937.50    950.00 

Créd.  mobilier 655.00     6u>.oo 

Cie    parisienne  du  gaz  250  13.35. 00  l37o  oo 

Cie  sénér.  transatl 500    J>97.50    GiO  oo 

Messag.  maritimes d°  »  » 

Canal  de  Suez d"  n85.00  1300, CO 

d°     délégation d»    815.00     82.-. 00 

d"       obli.   5  0/0. d»     579.00      58S.OO 

Créd.  fonc.  Autrich 500  7!i0.00     757  50 

Cred  mob.   Ëspaguol...  .d*  587.50     eoi.uo 

Créd.fonc.    Russe 390. oO    39i.oo 

Leïsrhiër. 


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1370.00 
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815.00 
5?5.00 
757.50 
610.00 
390.00 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (4  septembre  isso,. 

Le  concours  régional  de  Clermont-Ferrand  et  les  fêtes  de  Pascal. —  Nouvelle  évaluation  de  la 
recolle  des  céréales. —  Publication  annuelle  de  la  maison  Estienne,  de  Marseille.  —  Tableau 
des  déparlements  classés  d'après  le  rendement  des  récoltes  en  blé,  en  seigle,  en  orge,  en  avoine, 
en  maï^.  — Les  lécolles  en  Algérie  el  en  Alsace-Lorriiine.  —  La  production  du  blé  en  18X0  dans 
les  principaux  pays  étrangers.  —  Comptraison  des  résultats  de  1880  avec  ceux  des  années  pré- 
cédentes. —  l.e  phylloxéra.  —  Note  de  M.  V.  Fatio  sur  les  réinvisions  dans  le  cinton  de  Neu- 
châtel  (Suisse).  — instructions  piatiqies  sur  le  phylloxéra  à  l'usage  des  vignerons  de  la  Côte- 
d'Or,  publiées  par  M.  Magnien.  —  Nécrolo.iie.  —  M.  de  l'ompéry,  M  Godron,  M.  Lagarde.  — 
Enguêie  sur  le  métayage  dans  laHdute-Vienr  e.  —  La  fièvre  aphteuse.  — Lettre  de   M.  Viitu. 

—  Vieu  émis  par  le  Conseil  général  du  Nord.  —  La  de^i^fec1ion  des  wagons.  —  Instruc  ion  par 
M.  Tanguy  sur  les  maladies  charbonneuses  des  Lètes  bovines.  —  Elèves  diplômés  en  1880  des 
écoles  naliMnales  vétérinaires d'Alfort,  de  Lyon,  de  Toulouse.  —  Les  vétérinaires  et  les  empi- 
riques. —  Nécessité  de   donner  aux  médecins-vétérinaires  la  sitnaiiou  à  laquelle  ils  ont  droit. 

—  Concours  ouvert  par  la  Société  d'agriculture  de  rarrondissement  de  Compiègne.  —  Inaugu- 
ration du  buste  de  M.  Léonce  d-i  Limbertyp,  par  la  Société  d'horticulture  d'E^jernay.  —  Rapport 
de  M.  Faudrin  sur  l'arboricultuie  dans  le"départempnt  des  Bonches-du-Rhône.  —  La  végétation 
des  betteraves.  —  Récolte  des  houblons  dans  les  principaux  pays  producteurs.  —  Projet  d'e.xten- 
sion  du  territoire  civil  en  Algérie. 

Clermont-Ferrand,  le  "i  septembre  1880. 

I.  —  L'agriculture  et  la  science. 

Le  concours  régional  de  Clermont-Ferrand,  d'où  nous  écrivons  ces 
lignes,  est  accompagné  des  f'ôLes  les  plus  belles  elles  plus  enthousiastes 
organisées  à  l'occasion  de  l'inauguration  de  la  statue  de  Biaise  Pascal. 
La  vieille  capitale  de  l'Auvergne  s'est  souvenue  que,  sur  son  territoire, 
eurent  lieu  les  premières  expériences  qui  démontrèrent  la  pesanteur 
de  l'air;  elle  a  voulu  rendre  un  éclatant  hommage  au  savant  ingénieux, 
au  profond  génie  dont  l'influence  a  été  et  est  demeurée  si  grande. 
L'agriculture  a  tant  à  gagner  avec  les  découvertes  de  la  science  qu'il 
étaitjuste  qu'elle  fût  représentée  à  cette  belle  solennité.  C'est  pourquoi 
le  concours  régional  de  Clermont-Ferrand  a  été  renvoyé  à  cette  date. 
Il  fait  honneur  à  ceux  qui  y  prennent  part  aussi  bien  qu'à  ceux  qui 
l'ont  organisé.  L'agriculture  tient  dignement  sa  place  au  milieu  de 
ces  fêtes,  ainsi  que  le  prouveront  les  détails  que  nous  donnerons  la 
semaine  prochaine. 

II.  —  La  récolte  des   céréales. 

Dans  plusieurs  numéros  précédents,  et  notamment  dans  notre  der- 
nière chronique,  nous  avons  fait  connaître  les  principales  appréciations 
que  nous  avons  reçues  sur  les  résultats  de  la  moisson  des  céréales, 
soit  en  France,  soit  dans  les  autres  pays.  Voici  un  nouveau  document, 
qui  a  une  grande  importance.  C'est  le  volume  que  la  maison  Bmy 
Estienne,  de  Marseille,  publie  chaque  année,  à  la  fin  du  mois  d"août, 
sous  le  titre  :  Avis  sur  la  récolte  des  céréales  en  France  et  â  l'étranger. 
Le  succès  qui  a  acueilli  depuis  une  dizaine  d'années,  le  volume 
de  M.  Estienne,  est  complètement  justifié  par  le  soin  avec  lequel  les 
renseignements  y  sont  recueillis,  mis  en  ordre  et  enfin  condensé» 
dans  un  résumé  concis  et  substantiel.  C'est  ce  résumé  que  noua 
allons  mettre  sous  les  yeux  de  noslecturs,  en  faisant  toutefois  observer 
que  la  plupart  des  renseignements  datent  delà  deuxième  quinzaine  de 
juillet,  c'est-à-dire  qu'ils  ont  précédé  la  coupe  des  céréales,  et  que  le 
résultat  final  a  pu  être  un  peu  modifié  par  les  dernières  circonstances 
météorologiques  qui  ont  agi  sur  les  récoltes  encore  sur  pied. 

Voici  le  tableau  complet  des  départements,  classés  d'après  l'estimation 
du  produit,  en  1880,  pour  chacune  des  principales  céréales  : 

Blé. 

Récolte  très  bonne.  —  Alpes-Maritimes,  Aude,  Finistère,  Tarn,  Vdt. 

Bonne.  —  Aisne,  Allier,  Ardennes,  Ariège,  Calvados,  Gorrèze,  Corse,  Côtes-du- 

N»  595.  —  Tome  m  de  1880.  —  4  Septembre. 


362  CHRONIQUE  AGRICOLE   (4   SEPTEMBRE   1880). 

Nord,  Dordogne,  Doubs,  Eure,  Haute-Garonne,  Gers  Gironde,  Ille-et  Vilaine, 
Loir-et-Glier,  Loire-Inl'érieure,  ALmche,  iïaute-Mirne,  Mayenne,  Meurthe-et-Mo- 
selle, Morbihan,  Nord,  Pas-de-Calais,  Basse?-Py rénées,  Hautes-Pyrénées,  Haute- 
Saône,  Saùne-et-Loire,  Savoie,  Haute-Savoie,  Seine-et-Marne,  Taru-et-Garoune, 
Haute-Vienne,  Vosges. 

Assez  bonne.  — Ain,  Basses-Alpes,  Hautes-Alpes,  Aube,  Cher,  Gôte-d*Or,  Creuse, 
Eure-et-Loir,  Hérault,  Landes,  Loiret,  Lot,  Lot-et-Garonne,  Maine-et-Loire, 
Marne,  Meuse,  Nièvre,  Oise,  Sartlie,  Seine,  Seine-et-Oise,  Seine-Int'érieure,  Deux- 
Sèvres,  Somme,  Vendée,  Yonne. 

Médiocre.  —  Ardèche,  Aveyron,  Bouches-du-Rhône,  Cantal,  Charente,  Charente- 
Inférieure,  Gard,  Indre,  In Ire-et-Loire,  Jura,  Haute-Loire,  Orne,  Puy-de-Dôme, 
Pyrénées-Oiientales,  Vienne. 

Mauvaises.  —  Drôme,  Isère,  Loire,  Lozère,  Vaucluse. 

Seigle. 

Récolte  très  bonne.  —  Ain,  Allier,  Haules-Alpes,  Aube,  Aveyron,  Cantal,  Gorrèze, 
Eure,  Indre-et-Loire,  Hante-Saône,  Savoie. 

Bonne.  —  Aisne,  Ardèche,  Ariège,  Aude,  Calvados,  Charente,  Cher,  Côte-d'Or, 
Côtes-du-Nord,  Creuse,  Dordogne,  Drôme,  Eure-et-Loir,  Finiftère,  Gard,  Haute- 
Garonne,  Gers,  Gironde,  Hérault,  Indre,  Landes,  Loire,  Haute-Loire,  Loire- 
Inférieure,  Loiret,  Lot,  Lot-et-Garonne,  Lozère,  Maine-et-Loire,  Meuse,  Morbihan, 
Nord,  Oise,  Puy-de-Dôme,  Basses-Pyrénées,  Hautes-Pyrénées,  Pyrénées-Orientales, 
Rhône,  Saôae-et-LoIre,  Sarthe,  Haute-Savoie,  Seine,  Seine-et-Mirne,  Seine-et-Oise, 
Seine-Inférieure,  ïarn,  Tarn-et-Garonne,  Vaucluse,  Vienne,  Haute- Vienne,  Vosges, 
Yonne. 

Assez  bonne.  —  Ardennes,  Isère,  Jura,  Marne,  Pas-de-Calais,  Somme. 

Médiocre.  —  Doubs,  Orne,  Deux-Sèvres. 

Orge. 

Très  bonne.  —  Aube,  Calvados,  Cantal,  Charente,  Corrèze,  Eure,  Gers,  Gi- 
ronde, Indre,  Indre-et-Loire,  Haute-Loire,  Loire-Inférieure,  Loiret,  Lozère,  Manche, 
Nièvre,  Orne,  Rhône,  Haute-Saône,  Sarthe,  Deux-Sèvres,  Vendée,  Vienne,  Vosges. 

Bonne.  —  Ain,  Aisne,  Allier,  Hautes-Alpes,  Ardèche,  Ardennes.  Ariège,  Aude, 
Charente-Inférieure,  Cher,  Corse,  Côte-d'Or,  Côtes-du-Nord,  Doubs,  Drôme, 
Eure-et-Loir,  Finistère,  Haute-Garonne,  Hérault,  Ille-et- Vilaine,  Isère,  Jura, 
Loire,  Lot,  Maine-et-Loire,  Marne,  Meurthe-et-Moselle,  Meuse,  Oise,  Puy-de- 
Dôme,  Saône-et-Loire,  Haute-Savoie,  Seine-et-Marne,  Seine-et-Oise,  Seine-Infé- 
rieure, Tarn,  Tarn-et-Garonne,  Yonne. 

As.'^ez  bonne.  —  Gard,  Nord,  Pas-de-Calais,  Pyrénées-Orientales. 

Médiocre.  —  Aveyron,  Vaucluse. 

Tiès  médiocre.  — Bouches-du-Rhône. 

Avoine. 

Récolte  très  bonne.  —  Ain,  Allier,  Hautes-Alpes,  Aube,  Cantal,  Cher,  Creuse, 
Drôme,  Indre,  Indre-et-Loire,  Isère,  Jura,  Loiret,  Lozère, Maine-et-Loire,  Nièvre, 
Nord,  Orne,  Rhône,  Haute-Saône,  Saône-et-Loire,  Sarlhe,  Seine-Inférieure, 
Vienne,  Vosges,  Yonne. 

Bonne.  —  Aisne,  Alpes- Maritimes,  Ardèche,  Ardennes,  Charente-Inférieure, 
Corrèze,  Côte-d'Or,  Côles-du-Nord,  Dordogne,  Doubs,  Eure,  Eure-et-Loir,  lUe- 
et-Vilaine,  Loire,  Haute- Loire,  Loire-Inférieure,  Lot,  Lot-et-Garonne,  Manche, 
Marne,  Haute-Marne,  Meui  the-et-Moselle,  Meuse,  Morbihan,  Oise,  Pas-de-Ca- 
lais, Hautes-Pyrénées,  Pyrénées-Orientales,  Savoie,  Haute  Savoie,  Seine,  Seine- 
et-Marne,  Seine-et-Oise,  Deux-Sèvres,  Somme,  Tarn,  Var,  Vendée,  Haute- 
Vienne. 

Assez  bonne.  —  Basses-Alpes,  Charente,  Finistère,  Gers,  Hérault,  Puy-de- 
Dôme. 

Médiocre.  —  Ariège,  Aude,  Aveyron,  Haute-Garonne,  Gironde',  Tarn-et- 
Garonne. 

Très  médiocre.  —  Bouches-du-Rhône. 

Mauvaise.  —  Gard,  Vaucluse. 

Maïs. 

Récolte  très  bonne. —  Gironde,  Haute-Saône,  Savoie. 

Bonne.  — Ain,  Ariège,  Aude,  Aveyron,  Charente-Inférieure,  Corrèze,  Doi'dogne, 
Doubs,  Haute-Garonne,  Gers,  Haute-Loire,  Lot,  Lot-et-Garonne,  Lozère,  Saône- 
et-Loire,  Haute-Saône,  Tarn-et-Garonne. 


(CHRONIQUE  AGRICOLE  4   SEPTEMBRE   1880).  363 

Asf^ez  bonne.  —  Gôte-d'Or,  Basses -Pyrénées,  Pyrénées -Orientales,  Tarn, 
Vaucluse. 

Mèdhcre.  —  G'.iarente,  Drôme,  Jura,  Deux-Sàvres. 
MauVi.ise.  —  Alpes-Maritimes. 

Les  départements  manquants,  en  co  qui  concerne  le  seigle,  l'orge, 
l'avoine  et  le  maïs,  ne  produisent  que  peu  ou  point  de  chacune  de  ces 
céréales. 

Pour  les  diverses  parties  de  l'Algérie,  le  classement  est  le  suivant  : 

Province  d'Alger  :  blé,  récolte  bonne;  avoine  et  orge,  très  bonne;  maïs,  mé- 
diocre. 

Province  de  Conslantine  :  blé  et  avoine,  récolte  bonne;  orge,  assez  bonne. 

Province  cVOran  :  blé,  récolte  médiocre;  avoine,  assez  bonne;  orge  et  maïs, 
bonne. 

L'Alsace-Lorrainc  aurait  une  récolte  très  bonne  pour  l'avoine  et 
pour  l'orge;  bonne  pour  le  blé,  le  seigle  et  le  maïs. 

Enfin,  les  principaux  pays  peuvent  être  classés  de  la  manière  sui- 
vante, d'après  les  renseignements  fournis  par  M.  Estienne,  pour  la 
récolle  du  blé  : 

Récolte  bonne.  —  Allemagne,  Pays-Bas,  Autriche-Hongrie,  Suisse,  Italie,  Es- 
pagne. 

Récolte  assez  bonne.  —  Angleterre,  Ecosse,  Irlande,  Provinces  danubiennes, 
Etats-Unis  d'Amérique. 

Récolle  médiocre.  —  Russie,  Turquie. 

Il  est  intéressant  de  comparer  les  résultats  réunis  dans  le  tableau 
précédent,  avec  ceux  donnés  par  M.  B.  Estienne,  pour  les  années  an- 
térieures. Voici  le  relevé  des  appréciations  qu'il  a  publiés  depuis 
huit  ans,  en  ce  qui  concerne  la  récolte  du  blé  : 

Nombre  de  rlènnrtcments  dans  lesquels  la  récolte  He  Mé  a  été  : 
Très  bonne,  boaae.    Aaaez  ftoiiue.  Passable.     Médiocre.  Mauvaise. 

1873 »  8  13  51  12 

1874 45  36  4  »  11 

1875 »  13  26  15  24  8 

1876 2  20  19  »  29  6 

1«77 2  16  29  »  31  8 

]8;8 2  11  21  »  44  8 

18-9 4  7  22  »  38  15 

1880 5  34  26  »  15  6 

L'inspection  de  ce  tableau  montre  immédiatement  combien  la 
récolte  de  celte  année  diffère,  d'après  M.  B.  Estienne,  de  celles  des 
trois  années  précédentes.  Il  y  a  lieu  d'ajouter  que  la  plupart  des  dépar- 
tements grands  producteurs  de  blé  sont  classés  dans  les  trois  pre- 
mières catégories,  quoiqu'aucun  d'eux  n'ait  une  récolte  estimée  très 
bonne.  La  déduction  à  tirer  des  renseignements  fournis  dans  le  volume 
que  nous  venons  d'analyser,  est  que  la  récolte  du  blé  en  France  peut  être 
considérée  comme  une  récolte  moyenne.  Cette  conclusion  concorde 
avec  les  appréciations  que  nous  avons  déjà  données. 
III.  —  Le  phylloxéra. 

On  sait  que  plusieurs  taches  phylloxériques  ont  été  découvertes  en 
Suisse,  dans  les  environs  des  anciens  centres  d'infection  de  Co- 
lombier, dans  le  canton  de  Neuchâtel,  en  même  temps  que  des 
foyers  nouveaux  à  la  Coudre  et  à  Saint-Blaise,  dans  le  même  canton. 
Dans  une  lettre  qu'il  a  récemment  adressée  au  Journal  de  Genève .^ 
M.  Victor  Fatio  a  expliqué  la  présence  de  ces  nouvelles  taches  d'une 
manière  qui  paraît  absolument  péremptoire;  il  n'est  pas  impossible,  en 


364  CHRONIQUE   AGRICOLE   (4   SEPTEMBRE   1880). 

effet,  que  quelques  ceps  récemment  attaqués  aient  échappé  à  l'examen 
le  plus  rigoureux;  il  suffit  de  quelques  pucerons  éparjj^nés  pour  que  le 
mal  se  manifeste  de  nouveau  l'année  suivante.  M.  Fatio  constate  un 
autre  fait  sur  lequel  il  est  plus  particulièrement  intéressant  d'appeler 
l'atlention.  C'est  que  la  plupart  des  points  d'attaque  nouveaux  ont  été 
découverts  chez  des  propriétaires  possédant  ailleurs   des  vignes  déjà 
atteintes,    ou   dans   des   parcelles   travaillées  par  des  vignerons   qui 
avaient  été  occupés  aussi  dans  des  parties  de  vignes  précédemment 
reconnues  infectées.  Il  y  a  donc  lieu,  comme  on  l'a  d'ailleurs  souvent 
fait  observer,  de  multiplier  les  précautions  relativement  à  ce  danger 
de  transport  des  pucerons  ou  de  leurs  œufs.  En  prenant  des  précau- 
tions continuelles,  surtout  quand  il  s'agit  des  points  d'attaques  isolés 
par  lesquels  le  mal  commence  toujours,  on  peut  espérer  réduire  d'une 
manière  sensible  la  diffusion  du  fléau  autour  des  foyers  d'infection. 
M.  Magnien,  professeur  départemental  d'agriculture  de  la  Côte-d'Or, 
vient  de  publier,  sous  le  titre  :  Instruclions  pratiques  sur  le  phylloxéra, 
une  excellente  notice  sur  l'insecte,  la   manière   dont  il  attaque  les 
vignes  et  les  traitements  soit  pour  la  destruction  des  pucerons,  soit 
pour  celle  des  œufs  d  hiver.  Cette  notice  a  été  rédigée  à  l'usage  des  vigne- 
rons du  département  de  la  Côte-d'Or.  M.  Magnien  a  adopté  la  forme  des 
questions  et  des  réponses,  de  manière  à  rendre  ses  explications  à  la 
fois  claires  et  concises.  C'est  un  excellent  guide  qui  pourra  servir  de 
modèle  dans  un  grand  nombre  d'autres  départements,  car  il  est  dune 
haute  importance  que  les   vignerons  soient  partout  instruits  sur  les 
mœurs  du  phylloxéra.  Dans  le  département   de  la  Côte-d'Or,    cette 
instruction  tend  à  se  propager  rapidement.  M.  Magnien  a  fait  à  ce  sujet 
de  nombreuses  conférences  accompagnées  de  projections  lumineuses 
montrant  aux  yeux  ce  que  le  professeur  expliquait.  C'est  là  une  excel- 
lente méthode,  la  meilleure  certainement  pour  intéresser  son  auditoire 
en  même  temps  qu'on  l'instruit   et  pour  lui  faire  saisir   toutes  les 
explications  qu'on  lui  donne. 

IV.  —  Nécrologie. 
Nous  avons  le  regret  d'annoncer  la  mort  de  M.  de  Pompéry,  député 
du  Finistère,  âgé  seulement  de  soixante-six  ans.  Il  était  agriculteur 
dans  le  canton  de  Faon,  et  depuis  de  nombreuses  années,  il  avait 
travaillé  à  tiransformer  l'agriculture  de  ce  canton,  à  la  fois  par 
l'exemple  et  par  les  conseils;  il  s'occupait  d'une  manière  toute  spéciale 
de  la  production  chevaline.  On  lui  doit  un  livre  intitulé  :  Nouveau 
guide  du  cultivateur  breton,  écrit  en  langue  française  et  en  langue 
bretonne. 

M.  Godron,  professeur  à  la  Faculté  des  sciences  de  Nancy,  corres- 
pondant de  l'Institut,  vient  aussi  de  mourir.  C'était  un  botaniste  très 
distingué.  On  lui  doit  plusieurs  travaux  importants  sur  la  vie  des 
plantes;  il  était  auteur  d'une  flore  très  estimée. 

Nous  devons  enfin  annoncer  la  mort  de  M.  Alphonse  Lagarde,  ingé- 
nieur des  arts  et  manufactures,  décédé  à  l'âge  de  vingt-huit  ans  seu- 
lement. Il  dirigeait  avec  talent  une  publication  technologique,  la 
Revue  des  industries  chimiques  et  agricoles,  qu'il  avait  créée  il  y  a  quel- 
ques années. 

V.  —  Enquête  svr  le  métayage. 
La  Société  d'agriculture  de  la  Haute- Vienne  vient  de  prendre  l'ini- 
tiative d'une  nouvelle  enquête  sur  la  situation  actuelle  du  métayage 


GHRONIOUE  AGRICOLE  (4  SEPTEMBRE    1880).  365 

dans  le  Limousin.  Le  but  principal  de  cette  enquête  est  de  se  rendre 
compte  des  conditions  dans  lesquelles  se  trouve,  dans  le  département 
de  la  Haute -Vienne,  le  propriétaire  vis-à-vis  du  colon,  et  des  charges 
respectives  qui  pèsent  sur  l'un  et  sur  l'autre.  A  cet  effet,  la  Société  a 
rédigé  un  questionnaire  qu'elle  a  envoyé  dans  toutes  les  communes  du 
département.  Elle  demande  surtout  des  faits  bien  précis,  se  rappor- 
tant à  des  exploitations  désignées.  Ces  renseignements  devraient  s'ap- 
pliquer, autant  que  possible,  à  une  série  d'années  permettant  de 
juger  toutes  les  modifications  qui  se  sont  produites  soit  dans  les 
cultures,  soit  dans  la  situation  respective  du  propriétaire  et  du  colon. 
Cette  enquête,  menée  à  bonne  fin,  présentera  certainement  un  en- 
semble de  renseignements  d'un  grand  intérêt. 

VL  —  Les  maladies  contagieuses  du  bétail. 
On  signale  sur  plusieurs  points  du  territoire,  notamment  en  Nor- 
mandie, dans  le  centre  et  dans  le  Nord,  une  véritable  épidémie  de 
fièvre  aphteuse.  A  ce  sujet,  on  nous  communique  une  lettre  adressée 
par  M.  F.  Vittu,  médecin-vétérinaire  et  inspecteur  de  la  salubrité  à 
Lille,  à  M.  Bernard,  également  médecin-vétérinaire  et  membre  du 
Conseil  général  du  Nord.  Cette  lettre  est  ainsi  conçue  : 

«  Mon  cher  confrère,  comme  vous  le  savez,  la  fièvre  aphteuse,  dite  cocotte, 
règne  avec  intensité  dans  notre  département,  surtout  dans  les  environs  de  Lille. 
Ainsi  que  le  constatent  les  raj)ports  officiels  du  vétérinaire  départemental  du 
Nord,  et  du  vétérinaire  inspecteur  de  la  salubrité  de  la  ville  de  Lille,  la  maladie 
nous  est  venue  de  Paris,  il  y  a  environ  six  semaines,  avec  des  bestiaux  transportés 
par  le  chemin  de  fer. 

«  En  ce  qui  concerne  Lille,  les  plus  grandes  mesures  sanitaires  possibles  ont 
été  prises  pour  éviter  la  contagion;  telles,  la  désinfection  rigoureuse  et  journa- 
lière de  l'abattoir,  du  marché  et  des  camions  servant  aux  transports  de  animaux, 
et  l'interdiction  absolue  d'exposition  en  vente  sur  le  marché  d'animaux  malades. 
Plusieurs  procès-verbeaux  ont  même  été  dressés  contre  des  marchands  délin- 
quants qui  se  sont  vus  de  ce  fait  condamnés  en  police  correctionnelle. 

«  Mais  une  mesure  générale  sanitaire  indispensable,  déjà  réclamée,  reste  à 
prendre;  c'est  d'ordonner  immédiatement  et  sous  la  surveillance  sévère  d'hommes 
compétents,  la  désinfection  de  tout  wagon  ayant  servi  au  transport  de  tout  bétail. 
C'est  pourquoi  j'estime  que  dans  l'intérêt  de  l'agriculture,  de  la  fortune  publique, 
il  y  aurait  urgence  de  soumettre  la  question  au  Conseil  général  et  de  lui  proposer 
d'émettre  le  vœu  :  Que,  vu  l'existence  d'une  épizoolie  aphteuse  et  étant  re- 
connu sans  conteste  que  les  wagons  de  chemins  de  fer  sont  de  véritables  foyers 
propagateurs  de  maladies  contagieuses,  les  wagons  ayant  servi  à  transporter  du 
bétail  soient,  après  chaque  voyage,  lavés  intérieurement  et  soigneusement  désin- 
fectés par  le  chlorure  de  chaux. 

«  J'ai  la  conviction,  mon  cher  confrère,  que  ce  vœu  présenté  par  vous  sera  voté 
à  l'unanimité  par  le  Conseil  qui  en  reconnaîtra  ainsi  officiellement  l'utilité  et 
l'importance. 

«  Veuillez  agréer,  etc.  «  F.  Vittu.  » 

Le  Conseil  général  da  Nord  a  adopté  le  vœu  suivant  présenté  par 
M.  Bernard  dans  la  séance  du  23  aoiit  : 

«  En  présence  des  nombreux  cas  de  fièvre  aphteuse  signalés  de  divers  points 
du  département  du  Nord,  les  soussignés  prient  le  Conseil  général  d'émettre  le 
vœu  : 

«  1"  Que  tous  les  wagons  ayant  servi  au  transport  du  bétail  soient,  après  cha- 
que voyage,  lavés  à  l'eau  chaude  et  soigneusement  désinfectés  avec  du  chlorure 
de  chaux  ; 

«  2"  Que  les  vétérinaires  chargés  de  la  visite  du  bétail  à  la  frontière  continuent 
à  s'opposer  non  seulement  à  l'entrée  en  France  des  animaux  malades,  mais  encore 
de  tous  ceux  qui  auront  été  en  contact  avec  eux.  » 

C'est  une  demande  que  nous  avons  faite  maintes  fois,  que  les  wa- 


366  CHRONIQUE  AGRICOLE  (4  SEPTEMBRE    1880). 

«TOUS  ayant  servi  au  transport  du  bétail  soient  toujours  désinfectés  avec 
rigueur.  Cliaque  année,  nous  entendons  et  nous  enregistrons  de  nou- 
velles plaintes  que  les  agriculteurs  émettent  sur  les  pertes  que 
leur  font  subir  les  animaux  contaminés  aciietés  sur  les  foires  et  qui 
ont  dû  faire  des  trajets  en  chemin  de  fer.  La  loi  sur  la  police  sanitaire 
du  bétail  donnera  satisfaction  à  ces  désirs  des  agriculteurs.  C'est  une 
occasion  d'insister,  à  nouveau,  pour  ([u'cllo  soit  bientôt  discutée  et 
votée  par  la  Chambre  des  dépulés. 

M.  Tanguy,  inspecteur  du  service  des  épizooties  dans  le  Finistère, 
vient  de  publier  la  seconde  édition  d'une  Instruction  populaire  sur  les 
maladies  charbonneuses  des  bêtes  bovines.  Dans  cette  notice,  après 
avoir  donné  des  indications  sur  les  caractères  généraux  des  maladies 
charbonneuses,  il  traite  successivement  du  traitement  curatif  et  du 
traitement  préservatif;  les  indications  qu'il  donne  seront  lues  avec 
profit  par  les  agriculteurs.  Dans  un  appendice  à  cette  brochure.  JM.  Tan- 
guy a  ajouté  une  étude  sur  les  caractères  microscopiques  du  sang 
dans  les  maladies  charbonneuses  et  infectieuses  des  animaux  domes- 
tiques. 

VIL  —  Sortie  des  écoles  vétérinaires. 

Le  Journal  officiel  du  17  aoi^it  publie  la  liste  des  élèves  des  écoles 
nationales  vétérinaires  qui  ont  obtenu  le  diplôme  de  médecin-vétéri- 
naire en  1880.  Voici  cette  liste  : 

École  d' Al  fort.  —  MM.  Thary  (Seine).  —  Gillot  (Yonne).  —  Letard  (Orne).  — 
Rolland  (Fmistère).  —  Decarme  (Marne).  —  Le  Hello  (Côtes-du-Nord).  —  Mo- 
reau  (Lidre  et-Loire). —  Lenoir,  Virgile  (Aisne).  —  Deglaire  (Ardennes)  —  Le 
Morvan  (Finistère).  —  Jobelot  iHaute-Saône).  —  Saint-Denis  ((Jalvados). —  Au- 
ger  (Seine).  — Devaux  (Calvados).  —  Bezard  (Sarthe).  —  Gornic  (Finislère).  — 
Ruchon  (Nord). —  Guillot  (Oise).  —  Lefèvre  (SomTe). —  Bossu  (^ Pas-de-Calais). 

—  Meusire  (Seine-Inférieure).  —  Léger  (Seine-et-Marne).  —  Audry  (Aube).  — 
Mouquet(Nord).  —  Cotly  (Yonne).  — -  Larroque  (Algérie).  —  Champagne  (Marne). 

—  Robert  (Somme).  —  Esquerré  (tndre-et-Loire).  —  Marchai  (Meurthe-et-Mo- 
selle'i.  —  Durand   (Ardennes).  —  Le  Mouroux  (Morbihan).  —  Lambert   (Seinei. 

—  Berton  (Seine).  — Le  Cuiastrennec  (Côtes-du-Nord).  — Rougemaille  (Marne). 

—  Gauvin  (Manche). — Demis  (Pas-de-Calais). —  Lavigne  (Eure-et-Loir).  —  Vervel 
(Oise). —  Robin  (Aube).  —  Delattre,  Aimable  \Nord.  —  Cô.ue  (Sarthe).  —  Le- 
noir, Louis  (Marne).  —  Duchenne  (Seine).  —  Naraux  (Seine-et-Oise).  —  Decoly 
(Dordogne) —  Marange  (Alsace -Lorraine).  —  Pelatan  (Lozère).  —  Gaussé  (Seine- 
et-Oise). —  Airiau  (Vendée).  —  Duvaitier  (Eure).  —  Aublin  (Ardennes),  —  Mas- 
senat  (Seine-Inférieure).  — Delattre,  Lucien  (Ardennes).  — Levazeux  (Mayenne). 

—  Gruelltic  (Morbihan).  —  Bouscatel  (Seine).  —  Lucet  (Loiret).  —  Gro-jean 
(Meurt  e-et-Moselle).    —    Le    Luyer  (Côtes-du-Nord)  —  Milleraut  (Côte-d'Or). 

—  Lacroix  (Meuse).  —  Pinel  (Seine), 

École  de  Lyon. — MM.  Descampaux  (Oise). — Fouque  (Bouches-du-Rhône).  — 
Nallet  (Isère).  —  Moisset  (Tarn-et-Garonne).  —  Bonnefoy  (Cher).  —  Barret 
(Haute-Marne).  —  Vigne  (Hérault).  —  Trn)llot  (lUe-et-Vilaine).  —  Mousson  (Côte- 
d'Or). —  Camaret(Vaucluse).  — Bertreux  (Loire-Inférieure).  — Verne  (Côte-d"Or). 

—  Dabet  (Puy-de-Dôme).  —  Manin  (Constantine.) —  Bernard  (Alsace-Lorraine). 

—  Moulin  (Savoie) —  Vourvay  (Vosges).  —  Simon  (Mame-et-Loire).  —  Stivalet 
(Haute-Saône).  —  Happe  (Nord).  —  Castex  (lAhône).  —  Breton  (Sarthe).  — 
Duceaud  (Allier).  —  (jaillard  (Suisse).  —  Gevrey  (Haute- Saône).  —  Marmois 
(Meurthe-et-Moselle).  —  Leriche(Y''onne).  — Sider (Constantine).  —  Leclerc  (Cal- 
vados). —  Roland  (Loire).  —  Boureille  (Haute-Loire) . 

École  de  Toulouse.  —  MM.  Masquilier(Loire-Inlérieure).  —  Cadéac(Hautes-Pyré- 
nées)  —  Pendriez  (Aude).  —  Baron  (Deux-Sèvres).  —  Martin  (Gironde).  —  La- 
garde  (Charente),  —  Cau  (Haute-Garonne).  —  Tc-xido  (Espagne).  —  Guilleraain 
(Vienne). —  Prim  (Gers). —  Aubin  (Loire-Inférieure).  — Aristoy  (Basses-Pyré- 
nées). — Araat (Landes)  — Petit  i  Gironde) .  —  Salze  (Hérault) ,  —  Bayon (Morbihan), 
Boutïard  (Deux-Sèvres).  —  Dutauziet  (Landes).  —  Gouve  (Gard).  —  Suberbie  — 


CHRONIQUE  AGRICOLE  {k   SEPTEMBRE  188Ù).  367 

(Basses-Pyrénées).  —  Pradère  (Haute-Graronne).  —  Durand,  Etienne  (Haute-Ga- 
ronne). —  Valat  (Hérault).  —  Bidet  (Charente).  —  Affilé  (Haufe-Graronne).  — 
Cancel  (Hérault).  —  Castes  (Haute-Garonne)  —  Rabat  (Gironde).  —  Lagleize 
(Hautes-Pyrénées).  —  Fouies  (Haute-Garonne).  — Durant,  Pierre  (Hautes-Ga- 
ronne). —  Bouchon  (Creuse). 

Cette  liste  comprend    128  noms,  dont  G4  pour  l'école  vétérinaire 
d'Alfort,  31  pour  celle  de  Lyon  et  3)  pour  celle  de  Toulouse. 
VIII,  —  Les  e^vpiriques  et  la  médecine  vétérinaire. 

Les  vétérinaires  ont  entrepris  une  lutte  vive  contre  les  empiriques 
qui,  sans  aucun  diplôme  et  sans  connaissances  scientifiques  réelles, 
se  livrent,  sans  scrupule,  à  la  pratique  Je  la  médecine  des  animaux 
domestiques.  C'est  une  voie  dans  laquelle  nous  ne  pouvons  que  les 
encourager  et  les  suivre  avec  sympathie.  Il  est  vrai  que,  récemment, 
quelques  tribunaux  de  première  instance,  notamment  ceux  de  Mayenne 
et  de  Tarbes,  paraissant  ne  pas  vouloir  adopter  Tesprit  de  l'arrêt  de  la 
Cour  de  cassation  de  1851,  qui  a  réservé  le  titre  de  vétérinaire  aux 
seuls  élèves  diplômés  des  Ecoles  vétérinaires,  ont  acquitté  des  empi- 
riques poursuivis  pour  avoir  usurpé  ce  titre.  Heureusement  ces  juge- 
ments sont  susceptibles  d'appel;  nous  espérons  bien  que  les  cours 
auxquelles  ils  sont  déférés,  se  prononceront  autrement.  Des  sous- 
criptions ont  été  ouvertes  parmi  les  vrais  vétérinaires  pour  couvrir 
les  frais  d'appel  de  ces  jugements.  L'élève  des  écoles  de  l'Etat,  qui 
présente  toutes  les  garanties  de  science  et  d'habileté  réclamé  par 
un  art  difficile,  et  qui  est  sou\ent  dans  les  campagnes  un  propagateur 
du  progrès,  a  droit  à  toutes  les  sympathies  des  agriculteurs,  à  l'en- 
contre  des  empiriques  qui  ne  connaissent  que  la  routine  el  sont  sou- 
vent la  cause  de  pertes  sérieuses  pour  ceux  qui  ont  le  malheur  d'avoir 
confiance  en  eux, 

IX.  —  Concours  de  la  Société  cfagricullure  de  Compiègne. 

La  Société  d'agriculture  de  Compiègne  tiendra  son  concours  annuel 
dans  cette  ville,  du  18  au  20  septembre.  A  côté  dès  primes  cantonales 
de  culture  et  d  élevage,  et  des  primes  pour  les  produits,  il  y  aura  un 
concours  d'instruments  agricoles,  avec  essais  sur  le  terrain.  Pour  les 
instruments  d'extérieur,  il  comprendra  :  les  charrues  arrache-bette- 
raves, charrues  arrache-pommes  de  terre,  coupe-collets,  fourches  des- 
tinées à  l'arrachage  des  racines,  les  scarificateurs,  les  extirpateurs, 
les  herses,  les  rouleaux  de  toutes  sortes.  Les  expériences  se  feront  le 
samedi,  à  partir  de  midi.  En  ce  qiii  concerne  les  instruments  d'inté- 
rieur, le  concours  comprendra  les  hache-paille,  hache-maïs,  coupe- 
racines,  concasseurs  de  grains  et  tourteaux. — Les  instruments  seront 
classés  par  des  jurys  spéciaux.  Il  ne  sera  pas  donné  de  primes  ni 
médailles;  mais  la  Société  achètera  une  partie  des  instruments  primés 
qu'elle  revendra  à  la  criée  aux  cultivateurs  de  l'arrondissement. 
X.  —  La  Société  d'horticulture  cVEpernay. 

La  Société  d'horticulture  d'Epernay  vient  de  rendre  à  son  fondateur 
un  hommage  que  nous  devons  signaler.  Le  30 août,  jour  de  la  Saint- 
Fiacre,  patron  des  jardiniers,  et  jour  anniversaire  de  la  mort  du 
comte  (le  Lambertye,  elle  a  inauguré  le  buste  de  cet  homnie  de  science 
et  de  dévouement  qui  a  rendu  de  signalés  services  à  Thorliculture. 
Tout  le  monde  connaît  les  excellents  petits  livres  qu'il  a  laissés  sur  la 
culture  maraîchère  et  la  culture  florale;  autour  de  lui,  on  se  souvient 
aussi  des  exemples  et  des  conseils  qu'il  n'a  cessé  de  prodiguer. 


368  CHRONIQUE  AGRICOLE  (4  SEPTEMBRE  1880). 

XI.  —  V arboriculture  en  Provence. 
M.  Faudrin,  professeur  d'horticulture  des  Bouehes-du-Rhône,  vient 
de  faire  imprimer  le  rapport  annuel  qu'il  adresse  au  Conseil  général 
sur  l'arboriculture  et  la  viticulture  dans  le  département.  Ce  rapport 
constate  d'abord  le  zèle  et  le  dévouement  du  professeur  qui  ne  cesse 
pas  de  prodiguer  autour  de  lui^  dans  toutes  les  communes  qu'il  visite, 
les  enseignements  de  sa  longue  expérience.  Ses  leçons  ont  porté  des 
fruits,  ainsi  qu'il  résulte  des  indications  que  renferme  son  rapport,  sur 
la  tenue  des  jardins  et  la  conduite  des  arbres  dans  chaque  commune 
du  département.  Dans  un  grand  nombre  d'écoles,  des  jardins-modèles 
ont  été  créés,  et  sont  tenus  avec  beaucoup  de  soin  par  les  instituteurs 
et  leurs  élèves. 

XII.  —  Les  sucres  et  les  betteraves. 

Le  temps  continue  à  être  très  favoi'able  au  développement  des  bette- 
raves. Sur  quelques  points,  notamment  dans  plusieurs  parties  de  l'ar- 
rondissement de  Valenciennes,  on  en  trouve  une  certaine  proportion 
qui  sont  racineuses  et  qui  se  développent  très  lentement.  Mais  presque 
partout  on  se  montre  très  satisfait  des  apparences  actuelles  de  la  récolte 
qui  se  développe  d'une  manière  très  heureuse,  à  la  fois  sous  le  rapport 
du  rendement  et  en  ce  qui  concerne  la  richesse  des  racines.  Toutefois, 
l'arrachage  sera  probablement  un  peu  retardé,  parce  que,  dans  les 
champs  semés  les  derniers,  la  végétation  présente  toujours  un  retard 
assez  accentué. 

XIII.  —  Les  houblminières. 

La  récolte  des  houblons  va  commencer;  les  plants  précoces  sont 
même  déjà  en  pleine  cueillette.  Les  nouvelles  qui  nous  parviennent  du 
nord  de  la  France  et  de  la  Belgique  constatent  des  désappointements 
chez  les  cultivateurs  qui  ne  trouvent  pas  le  rendement  auquel  ils 
s'attendaient;  on  estime  celui-ci  à  une  demi-récolte.  En  Lorraine,  on 
compte  aussi  sur  une  demi-récolte  pour  les  variétés  tardives,  mais  le 
houblon  précoce  paraît  devoir  donner  mieux.  En  Alsace,  si  la  quantité 
n'est  pas  considérable,  on  a  une  excellente  qualité  dont  les  cultivateurs 
se  montrent  très  satisfaits.  Dans  la  plupart  des  districts  houblonniers 
de  FAllemagne,  on  compte  sur  une  récolte  moyenne.  Il  en  est  de 
même  en  Angleterre,  ainsi  qu'aux  Etats-Unis  d'Amérique  où  l'exporta- 
tion des  houblons  commence  à  prendre  une  certaine  importance. 
XIV.  —  Extension  du  territoire  civil  en  Algérie. 

Le  Mohachcr^  journal  officiel  de  l'Algérie,  publie  une  circulaire  de 
M.  Albert  Grévy,  gouverneur  général,  aux  préfets  de  notre  colonieafri- 
caine,  relative  à  l'extension  du  territoire  civil.  Cette  mesure  donne 
satisfaction  à  quelques-uns  des  vœux  formulés  depuis  longtemps  par 
les  colons.  Dans  la  situation  actuelle,  le  territoire  civil  comprend  une 
superficie  de  5,^49,645  hectares  et  une  population  de  1,417,879  habi- 
tants. L'extension  projetée  comprend  5,834,609  hectares,  avec  une 
population  de  920,329  habitants.  Le  territoire  civil  sera  ainsi  plus  que 
doublé  en  étendue.  Cet  agrandissement  comporte  la  création  de  42 
communes  mixtes  nouvelles  et  l'augmentation  de  11  communes  exis- 
tantes. 11  s'agit  d'y  créer  des  centres  européens,  d'y  ouvrir  des  chemins, 
des  routes,  des  voies  ferrées,  enfin  d'y  exécuter  tous  les  travaux  qui 
assurent  la  richesse  d'un  pays  civilisé,  (rest  là  un  très  beau  programme, 
dont  la  première  moitié  va  être  immédiatement  constituée.  On  ne  peut 
qu'y  applaudir.  J.  A.  Barral. 


SUR  L  ANTHRACNOSE  DE  LA  VIGNE.  369 

SUR  l;anthraGxNOse  ou  maladie  charbonneuse 

DE  LA    VIGNE- 

La  Vigne  n'est  pas  exposée  seulement  aux  attaques  terribles  du  pliyl- 
loxera  dont  il  est,  hélas  !  si  difficile  d'entraver  les  progrès  envahissants  ; 
elle  a  à  souffrir  en  outre  plus  ou  moins  de  divers  parasites  végétaux 
qui,  sans  être  aussi  redoutables  que  les  petits  insectes  qui  ont  dévaste 
tant  de  vignobles,  causent  encore  des  dégâts  parfois  fort  graves. 

Je  ne  parlerai  pas  de  ce  qu'on  nommait  exclusivement,  il  y  a  trente 
ans,  la  maladie  de  la  vigne.  On  sait  aujourd'hui  comment,  grâce  au 
soufrage,  on  peut  se  mettre  à  peu  près  àl'abri  des  dommages  de  l'oïdium; 
mais  il  est  une  autre  maladie,  à  peu  près  inconnue  aux  environs  de 
Paris,  sur  laquelle  je  désire  attirer  spécialement  l'attention  de  la  Société 
d'horticulture  parce  que  j'en  ai  constaté  la  présence  à  Avon,  près  de 
Fontainebleau,  et  qu'il  me  paraît  prudent  de  se  préoccuper  dès  à  pré- 
sent des  ravages  que  l'on  aurait  à  redouter  si  elle  envahissait  quelque 
jour  les  cultures  de  Chasselas  de  Thomery.  Pour  combattre  avec  chance 
de  succès  une  épidémie,  le  mieux  est  certainement  de  chercher  à  en 
arrêter  la  propagation  aussitôt  qu'elle  apparaît  et  que  l'on  n'en  voit 
encore  que  quelques  cas  isolés  çà  et  là,  sans  attendre  qu'elle  soit  assez 
répandue  pour  causer  déjà  à  la  culture  de  grands  dommages.  C'est  quand 
le  mal  est  encore  peu  apparent  et  qu'il  semble  sans  importance  et 
négligeable,  c'est  alors  surtout  qu'il  est  utile  de  le  signaler,  parce  que 
c'est  alors  qu'on  peut  y  remédier  le  plus  efficacement. 

La  maladie  des  vignes,  dont  j'ai  reconnu  l'existence  à  Avon  et  aui 
paraît  nouvelle  pour  les  environs  de  Paris,  s'est  montrée  dep:«'n  i'^-? 
temps  sur  divers  points  de  l'Europe  et  a  été  observée  dans  tous  les 
climats  où  l'on  cultive  le  raisin.  On  l'a  décrite  pour  la  première  fois, 
à  ma  connaissance,  en  Prusse,  sous  le  nom  de  petite  vérole  de  la  vigne 
iSchwindpockenkrankheit,  voy.  ^eyen,  Pflanzenpalhologie,  1841,  p.  204 
et  suiv.).Elle  avait  pris,  de  1835  à  1840,  un  développement  considé- 
rable aux  environs  de  Berlin,  où  elle  dévastait  les  treilles  dans  les  jardins  ; 
elle  ravagea  tout  particulièrement  les  espaliers  des  terrasses  du  château 
royal  de  Sans-Souci,  à  Potsdam.  Dans  le  midi  delà  France,  où  elle  est 
depuis  longtemps  répandue,  on  la  désigne  souvent  sous  le  nom  de 
charbon.  Dunal,  de  Montpellier,  et  Esprit  Fabre,  d'Agde,  l'ont  nommée 
anlhracnose,  c'est-à-dire  la  maladie  charbonneuse.  Le  terme  anlhracnosc 
est  formé  de  deux  mots  grecs  :  anthrax,  charbon,  et  nosos,  maladie. 
Cette  dénomination  a  été  généralement  adoptée  dans  notre  pays.  En 
Allemagne,  la  maladieest  désignée  sous  le  nom  de  brûleur  noir  (ifre/i/zr'rj  ; 
en  Italie,  sous  celui  de  variole  [Vajolo)  ;  onl'areconnue  aussi  en  Suisse, 
où  elle  est  fort  répandue,  et  dans  le  midi  de  l'Europe,  depuis  le  Por- 
tugal jusqu'à  la  Grèce,  où  elle  dévaste  de  la  façon  la  plus  inquiétante 
les  vignes  de  Corinthe. 

Les  caractères  généraux  de  l'anthracnose  sont  très  frappants,  très 
nettement  marqués,  et  chacun  peut  reconnaître  aisément  et  avec  certi- 
tude s'il  a  des  vignes  attaquées  par  cette  maladie.  Sur  les  vignes 
frappées  par  l'anthracnose,  toutes  les  parties  de  la  plante,  jeunes  sar- 
ments, feuilles,  vrilles  et  grappes,  portent  des  taches  d'un  brun  noi- 
râtre, de  forme  arrondie  ou  ovale,  très  nettement  limitées  et  noires 
surtout  au  pourtour;  souvent  elles  sont  fort  rapprochées  les  unes  des 
autres,  et  elles  s'unissent  de  bonne  heure  par  les  côtés  en  grandissant 


370  SUR  L  ANTHRACNOSE  DE  LA  VIGNE. 

et  se  confondent  en  une  tache  large  à  contours  sinueux  ;  cela  se  voit 
très  fréquemment  sur  les  grains  de  raisin.  11  est  toujours  extrême- 
ment aisé  de  distinguer  à  la  netteté  des  contours  les  taches  d'anlhrac- 
nosedes  marques  brunes  à  limites  vagues  que  l'oïdium  laisse  sur  les 
parties  qu'il  a  couvertes. 

Les  taches  d'anthracnose  sont  d'abord,  quand  elles  apparaissent, 
d'un  brun  pâle;  puis  elles  prennent  une  couleur  plus  foncée  et  ellee 
se  dépriment  vers  le  milieu.  Là,  le  tissu  frappé  de  mort  commencs 
à  se  désorganiser;  puis  la  nécrose  atteint  peu  à  peu  les  couches  plus 
profondes,  et  la  tache  se  transforme  en  une  plaie  pénétrante  qui  s'en- 
fonce de  plus  en  plus  et  dont  le  fond  est  toujours  tapissé  de  cellules 
mortes  et  d'un  brun  noirâtre. 

Si  c'est  un  sarment  qui  est  attaqué,  la  nécrose  détruit  d'abord  les 
parties  extérieures  de  l'écorce,  sur  les  points  correspondants  aux 
taches  ;  elle  ronge  tout  le  parenchyme  et  ne  respecte  que  les  libres 
corticales  qui  se  montrent  souvent  comme  des  fils  blanchâtres,  tendus 
à  travers  les  grandes  plaies  noires  qui  pénètrent  jusqu'au  bois.  Quand 
les  taches  charbonneuses  sont  nombreuses  et  qu'elles  désorganisent 
profondément  une  grande  partie  de  l'écorce  en  atteignant  jusqu'au 
bois  et  même  jusqu'à  la  moelle,  elles  entraînent  souvent  la  mort  des 
sarments.  Sur  les  pieds  fortement  atteints,  la  nécrose  des  rameaux 
peut  se  propager  jusqu'aux  ceps  et  les  faire  périr.  Un  vigneron  expé- 
rimenté des  environs  de  Vendôme  m'a  assuré  qu'un  pied  de  vigne 
fortement  attaqué  est  d'ordinaire  perdu  sans  retour  au  bout  de  trois 
ans. 

Les  taches  charbonneuses  se  produisent  en  grand  nombre  aussi 
sur  les  feuilles  et  elles  y  causent  des  dégâts  qui  sont  essentiellement 
les  mêmes  que  sur  le  bois.  Seulement  comme  le  tissu  des  feuilles  est 
fort  mince,  chaque  tache  rongeante  l'a  vite  percé  à  jour;  à  chaque 
tache  brune  correspond  un  trou.  Sur  les  pétioles,  sur  les  nervures, 
les  suites  de  la  désorganisation  sont  les  mêmes  que  sur  les  tiges  ;  les 
plaies  qui  s'y  forment  se  creusent  et  s'entourent  de  bourrelets  tumé- 
fiés. Quand  les  feuilles  sont  attaquées  jeunes,  elles  se  développent 
d'une  façon  très  inégale;  leur  croissance  est  plus  ou  moins  entravée 
par  place  et,  quand  elles  ont  grandi,  elles  se  montrent  non  seulement 
criblées  de  trous  qui  s'unissent  souvent  les  uns  aux  autres  en  longues 
déchirures  irrégulières,  mais  elles  sont  contournées,  gaufrées  et  défor- 
mées de  la  façon  la  plus  bizarre. 

La  corrosioa  des  raisins  est  tout  à  fait  comparable  à  celle  des 
rameaux.  Les  dommages  causés  sont  plus  ou  moins  grands  selon  le 
moment  où  les  taches  apparaissent.  Quand  elles  se  produisent  sur  le 
pistil  à  peine  gonflé,  peu  après  la  floraison,  elles  empêchent  complè- 
tement le  développement  du  grain.  Si  elles  ne  se  montrent  que  quand 
les  grains  ont  atteint  déjà  la  grosseur  d'une  graine  de  chènevis,  alors, 
si  elles  ne  sont  pas  trop  nomb;euses  ni  trop  étendues,  le  raisin  peut 
grossir  et  mûrir.  Il  se  produit  dans  ce  cas,  au-dessous  de  la  tache, 
une  mince  couche  cicatricielle  qui  forme  séquestre  et  protège  la  partie 
saine  du  grain  :  mais  comme  alors  la  croissance  est  inégalement 
entravée,  il  arrive  souvent  que  le  grain  craque  et  se  fend.  Néanmoins, 
en  général,  les  grains  qui  n'ont  qu'une  seule  tache  charbonneuse 
mûrissent  le  plus  souvent  après  que  celle-ci  s'est  cicatrisée,  et  ne  dif- 
fèrent des  graius  intacts  que  par  leur  taille  un  peu  plus  petite. 


SUR  L'ANTHRACNOSE   DE  LA  VIGNE.  371 

On  peut,  d'après  celte  description  des  caractères  de  la  maladie, 
juger  combien  elle  est  facilement  reconnaiss  ible  et  aussi  combien 
elle  peut  causer  de  ravages  sur  les  vignes  où  elle  se  développe  avec 
intensité. 

Les  taches  noires  et  rongeantes  dà  Tantliracnose  sont  dues  à  la 
pénétration  dans  les  tissus  d'un  très  petit  Champignon  qui  a  reçu  de 
M.  de  Bary  le  nom  de  Sphiceloma  ampelinum.  Ce  dangereux  para- 
site est  d'une  telle  ténuité  et  si  caché,  qu'on  ne  peut  le  distinguer 
même  à  la  loupe  et  qu'il  faut  recourir,  pour  l'étudier,  aux  plus  puis- 
sants grossissements  du  microscope.  Il  pénètre  dans  les  tissus,  mais 
couvre  en  été  de  corps  reproducteurs  la  surface  des  plaies  charbon- 
neuses. Si  on  dépose  une  goutte  d'eau  sur  une  de  ces  plaies,  elle 
devient  bientôt  un  peu  trouble,  et  le  microscope  montre  alors  qu'elle 
tient  en  suspension  des  milliers  de  très  petits  corpuscules  reproduc- 
teurs. Une  de  ces  gouttes  déposée  sur  une  feuille  ou  sur  un  jeune  rameau 
d'une  vigne  saine  y  produit,  quand  les  conditions  sont  favorables, 
une  tache  noire  danthracnose. 

A  l'automne  ou  au  commencement  de  l'hiver,  il  se  forme  des 
myriades  de  ces  corpuscules  reproducteurs  à  l'intérieur  même  de 
l'écorce.  Je  viens  de  le  constater  sur  des  sarments  de  Chasselas 
anthracnosés  qui  m'ont  été  envoyés  d'Avon. 

La  situation  du  parasite  de  i'anthracnose  à  l'intérieur  des  tissus  ne 
permet  pas  d'espérer  que  le  soufrage  puisse  être  un  remède  efficace 
contre  la  maladie.  Il  faut  trouver  une  substance  capable  de  détruire 
les  germes  du  Champignon  non  seulement  à  la  surface  des  plaies,  mais 
jusque  dans  l'écorce.  L'acide  sulfurique  étendu,  le  sulfate  de  fer 
paraissent  pouvoir  produire  de  bons  effets.  Ce  dernier  remède  est 
particulièrement  préconisé  par  un  grand  propriétaire  de  la  Suisse, 
M.  Schnorf,  qui  l'emploie  avec  succès  depuis  vingt  ans. 

Une  note  sur  ce  sujet,  publiée  dans  la  Scwheizer  Monatsschrift  fur 
Obsl-und  Weinbau  (1878,  IX,  155),  a  été  traduite  en  français  par 
M.  Reich  et  imprimée  dans  le  journal  la  Vigne  américaine,  i^uhïié  sous 
la  direction  de  M.  Planchon  (3^  année,  187'J,  p.  lOt)). 

Il  peut  être  utile  d'indiquer  ici  la  façon  dont  il  opère.  Au  printemps, 
avant  que  la  vigne  entre  en  végétation,  il  fait  dissoudre  du  sulfate  de 
fer  dans  l'eau  bouillante,  dans  la  proportion  d'un  demi-kilogramme 
de  sulfate  par  litre  d'eau.  Après  le  refroidissement  du  liquide,  on  le 
verse  dans  des  pots  de  terre  dans  lesquels  les  ouvriers  chargés  de  l'o- 
pération trempent  des  chiffons  avec  lesquels  ils  frottent  les  sarments. 
L'opération  ne  se  fait  qu'une  fois  par  an  et  à  l'époque  indiquée. 
M.  Schnorf  préfère  le  lavage  des  sarments  avec  un  chiffon  à  l'applica- 
tion du  liquide  avec  un  pinceau  ou  une  brosse  ;  il  a  reconnu  que  l'opé- 
ration se  fait  ainsi  plus  rapidement  et  réussit  plus  complètement. 
Un  ouvrier  peut,  dit-il,  traiter  400  ceps  par  jour  dans  un  pays  où, 
comme  en  Suisse,  ils  sont  très  courts  et  ne  portent  qu'un  ou  deux 
sarments. 

Je  pense  qu'il  sera  bon  d'essayer  ce  remède,  qui  paraît  fort  prati- 
cable, là  on  reconnaîtra  sur  les  vignes  les  caractères  de  l'anthrac- 
nose;  mais  il  n'en  faudra  pas  moins  pour  cela  recommander  avant 
tout  d'enlever  aussi  complètement  que  possible  et  de  brûler  toutes 
les  parties  attaquées  et  tout  particulièrement,  dans  le  courant  de  l'été, 
les    sarments  à  mesure   qu'il  s'y  montre  des  taches,  car  ces  taches 


372  SUR  L'ANTHRACNOSE  DE  LA  VIGNE. 

sont  couvertes  de  myriades  de  corps  reproducteurs  qui  peuvent  se 
répandre  dans  les  gouttes  d'eau  de  pluie  et  être  entraînées  ainsi  sur 
d'autres  parties  de  la  vigne  ou  sur  des  vignes  voisines,  oii  elles  vont 
germer  et  propager  le  mal.  Les  sarments,  l'hiver,  peuvent  contenir 
des  corps  reproducteurs  dans  l'intérieur  de  l'écorce  ;  on  devra  soi- 
gneusement enlever  à  la  taille  tout  le  bois  infecté  et  le  brûler.  Ce  n'est 
qu'après  celte  opération  préliminaire  qu'on  lavera  le  bois  avec  la 
solution  de  sulfate  de  fer  pour  détruire  les  germes  du  parasite  qui 
peuvent  rester  encore  soit  à  la  surface,  soit  dans  la  profondeur  de 
l'écorce.  PiULi.n-ux, 

membre  de  la  Société  nationale  d'agriculture. 

TRAVAUX  DE  COLMATAGE  DANS  LES  ALPES 

Monsieur  le  Directeur,  je  me  proposais  depuis  longtemps  de  vous 
envoyer  quelques  renseignements  sur  mes  travaux  dans  les  graviers 
de  la  Durance  et  sur  les  opérations  du  colmatage  en  général. 

Quand  j'ai  acheté  les  graviers  qui  sont  situés  en  aval  du  pont  des 
Mées  (Basses-Alpes),  ce  n'était  point  pour  faire  une  entreprise  agri- 
cole, c'était  pour  donner  du  travail  aux  paysans  dans  les  mortes-sai- 
sons, me  proposant  ainsi  de  pousser  activement  mes  travaux,  quand 
ceux  du  pays  chômeraient,  et  de  les  ralentir  ou  de  les  cesser  quand  ces 
derniers  reprendraient. 

Ayant  commencé  sur  une  faible  échelle,  j'ai  du,  faute  d'entente 
avec  mes  associés  du  Syndicat  d'aval  du  pont  des  Mées,  en  arriver  à 
acquérir  les  trois  cinquièmes  de  l'entreprise,  pour  ne  plus  subir  les 
lois  d'une  majorité  syndicale  avec  laquelle  je  différais  d'opinion 
sur  la  façon  de  procéder  dajis  nos  travaux. 

Dès  ce  moment,  pour  ne  pas  laisser  improductif  un  capital  pour 
moi  assez  considérable,  j'ai  dû  étudier  à  fond  la  question  et  songer  à 
en  retirer  un  résultat  pécuniaire. 

Une  fois  cette  résolution  prise,  je  me  suis  mis  en  mesure  de  par- 
courir mes  alluvions  dans  toute  leur  étendue;  aussitôt  que  les  crues 
s'annonçaient,  je  me  portais  sur  les  lieux,  quelque  temps  qu'il  fît, 
pour  voir  ce  qui  se  passait. 

Je  ne  tardai  pas  à  reconnaître  une  grande  loi  concernant  les  col- 
matages en  général;  c'est  que  les  matières  étrangères,  qui  se  trouvent 
dans  l'eau  bourbeuse,  peuvent  se  ranger  sous  trois  chefs  principaux  : 
celles  qui  se  dissolvent  (de  nature  argileuse),  celles  qui  sont  exclu- 
sivement en  suspension  (sables  plus  ou  moins  calcaires)  et  celles  qui 
tiennent  des  deux  à  la  fois  (terrains  ayant  déjà  appartenu  à  la  culture, 
matières  organiques,  etc.). 

Par  suite  de  celte  combinaison,  je  constatai  que  lorsque  l'eau  est  con- 
tenue dans  un  canal  et  qu'elle  est  animée  d'un  mouvement  rapide, 
toutes  les  parties  sont  maintenues  en  mélange;  mais  dès  que  la  nappe 
d'eau  s'étend  et  que  le  mouvement  se  ralentit,  les  dépôts  commencent 
à  se  faire  dans  l'ordre  suivant  :  gros  sables,  sables  fins,  terreaux, 
fumiers  de  ferme,  feuillages,  etc.,  et  enfin  argiles  graduées  suivant 
l'ordre  où  elles  se  dissolvent. 

11  en  résulte  que  si  on  laisse  les  eaux  à  leur  cours  naturel,  sans  les 
diriger,  on  forme  trois  qualités  de  terrain,  les  sablonneux,  les  terrains 
moyennement  compacts  et  les  argileux;  de  sorte  que  dans  l'ensemble 
une  faible  partie  forme  de  bons  terrains  bien  propres  à  la  culture  ; 
parmi  les  autres,  les  sables  consomment  une  quantité  considérable  de 


TRAVAUX  DE  COLMATAGE  DANS  LES  ALPES.  373 

fumier  et  n'arrivent  à  ùlre  engraissés  qu'au  prix  de  sacrifices  d'argent 
peu  en  rapport  avec  les  modestes  revenus  que  donnent  les  produits 
agricoles^  tandis  que  les  argiles  forment  des  terres  tellement  com- 
pactes que  la  main-d'œuvre  ruine  le  propriétaire. 

Pour  remédier  à  cet  état  de  choses,  j'obtins  de  mes  associés  que, 
dans  le  canal  syndical,  chacun  prendrait  l'eau  trouble  qui  lui  reve- 
nait à  proportion  de  sa  surface  et  l'utiliserait  à  sa  fantaisie  dans  la 
partie  qui  lui  appartenait  (car  je  dois  vous  dire  que  le  lotissement 
avait  été  fait  au  début  de  l'association). 

Ce  résultat  obtenu,  je  fis  construire  au  pied  des  parties  qui  m'ap- 
partenaient de  grandes  chaussées,  sufTisamment  hautes  pour  ne  pas 
être  submergées,  suffisamment  épaisses  pour  ne  pas  céder  sous  la 
pression  de  l'eau.  Une  observation  attentive  me  fit  encore  découvrir 
ceci  :  ccst  que  dans  la  cunstruction  de  ces  chaussées  il  ne  faut  employer 
que  dos  terrains  qui  ne  soient  ni  sablonneux  ni  argileux.  Les  premiers 
n'ont  pas  assez  de  cohésion,  et  les  chaussées  qui  en  sont  faites  aécrou- 
lent  facilement.  Les  autres  se  fendillent  sous  l'action  du  vent  et  de  la 
chaleur  aussitôt  qu'elles  cessent  d'être  immergées;  une  fissure  se 
produit,  imperceptible  d'abord,  qui  augmente  graduellement,  et  bien- 
tôt une  large  brèche  donnant  passage  à  un  courant  intense  propor- 
tionné à  la  hauteur  de  l'eau  contenue  dans  le  bassin  ;  il  en  résulte  des 
dégâts  énormes  dont  la  réparation  demande  de  nouveaux  sacrifices  et 
occasionne  de  grandes  pertes  de  temps  pour  pouvoir  opérer  dans  les 
parties  qui  étaient  immergées  et  y  prendre  les  matériaux  nécessaires. 

D'un  autre  côté,  en  tête  de  la  propriété,  je  fis  un  travail  de  distribu- 
tion au  moyen  d'un  canal  qui  me  permettait,  suivant  le  point  où 
j'établissais  ma  brèche,  de  faire  entrer  mes  eaux  sur  les  parties  où 
je  le  jugeais  convenable,  me  basant  pour  cela  sur  l'état  plus  ou  moins 
argileux  des  dépôts  antérieurs. 

Je  dois  également  vous  faire  remarquer  que  pour  obtenir  le  maximum 
de  production  de  dépôt,  ma  sortie  des  eaux  avait  lieu  à  côté  de  l'entrée 
et  que,  dans  le  bassin  de  colmatage,  au  fur  et  à  mesure  des  exhaussements, 
je  pratiquais  de  petites  chaussées  peu  élevées,  qui,  n'ayant  pas  d'effort 
à  supporter,  étaient  parfaitement  suffisantes  pour  distribuer  les  eaux  de 
la  façon  que  je  jugeais  convenable,  et  leur  donner  le  parcours  qui  me 
paraissait  le  plus  conforme  au  résultat  à  obtenir.  Cette  disposition  avait 
un  second  avantage,  c'est  de  me  permettre  une  surveillance  très  facile 
en  mettant  simultanément  sous  mes  yeux,  l'entrée  des  eaux  troubles 
et  la  sortie  des  eaux  claires;  j'étais  en  même  temps  prévenu  aussitôt 
qu'il  se  produisait  une  rupture  quelconque  sur  un  point  de  mes 
chaussées.  Quand  toute  la  partie  centrale  se  trouvait  au  niveau  de 
colmatage  voulu  (trente-cinq  centimètres  au  moins  sur  les  plus  hauts 
graviers),  j'abattais  mes  rives,  et  mes  canaux  se  trouvant  ainsi  comblés, 
j'obtenais  des  terrains  entièrement  plans  ayant  une  faible  pente  dans 
le  sens  de  la  rivière  et  dans  la  partie  aval  une  certaine  hauteur  de 
terrain  au-dessus  du  propriétaire  inférieur,  ce  qui  empêchait  que  mes 
terrains  fussent  aquatiques.  J'ai  obtenu,  en  suivant  cette  méthode,  des 
sols  de  premier  ordre,  et  sur  le  défrichement  que  j'ai  replanté  cet 
hiver,  j'ai  eu  une  très  belle  récolte  de  pommes  de  terre.  J'ai  planté 
également  deux  cent  cinquante  poiriers  sur  2  hectares  40  environ,  en 
coordonnant  cette  nouvelle  plantation  avec  celle  qui  existait  déjà. 

Mais  ici  une.  nouvelle  difficulté  se  présentait;  l'administration  des 


374  TRAVAUX  DE  COLMATAGE  DANS  LES  ALPES. 

ponts  et  chaussées  n'avait  pu  nous  accorder  qu'une  vanne  d'un  mètre 
de  large  à  travers  la  chaussée  du  pont  des  Mées,  ce  qui  ne  nous 
permettait  de  dériver  de  la  Durance  qu'un  volume  d'eau  insuffisant 
pour  mener  rondement  notre  entreprise.  Pour  vaincre  cette  difficulté, 
j'employai  la  méthode  suivante.  Je  divisai  la  totalité  de  mes  terrains 
à  colmater  en  deux  portions  :  l'une  du  côté  des  berges^  contenant  en- 
viron un  tiers  de  la  surface  totale,  l'autre  du  côté  de  la  Durance  re- 
présentant les  deux  tiers. 

La  première  partie  destinée  à  la  culture  des  arbres  fruitiers  était 
conduite  par  le  procédé  indiqué  ci-dessus  et  recevait  les  eaux  en  per- 
manence jusqu'à  complet  achèvement. 

La  deuxième  a  été  plantée  en  vignes  par  allées  de  trois  mètres  dans  le 
sens  de  la  Durance.  Au  pied  de  chaque  parcelle  de  cent  mètres  de 
long,  j'établis  une  chaussée,  suffisante  pour  ne  pas  inonder  mon  voisin 
d'aval,  en  tête  un  canal  pour  la  conduite  et  la  distribution  des  eaux 
troubles. 

La  culture  du  pied  des  vignes  une  fois  faite,  je  rejetai  au  moyen  de 
la  charrue  les  graviers  et  les  terres  des  allées  sur  la  partie  cultivée  à 
bras  et  quand  les  eaux  venaient  troubles,  elles  étaient  versées  dans 
l'espèce  de  canal  qui  restait  au  milieu  et  l'exhaussaient  graduellement. 
La  même  opération  se  répète  ainsi  chaque  année. 

Il  se  tait  de  cette  façon  un  exhaussement  peu  sensible,  mais  très  réel, 
qui  ne  nuit  en  rien  à  la  production  des  vignes  et  qui,  au  bout  d'un 
certain  temps,  permettra  d'avoir  de  bonnes  terres  à  la  place  des 
graviers  et  de  substituer  telle  culture  que  l'on  jugera  convenable,  si 
le  phylloxéra  attaque  la  vigne  et  qu'on  ne  puisse  la  sauver  par  le 
moyen  de  la  submersion. 

Comme  exécution  de  détail,  cela  m'a  donné  un  peu  de  peine,  car 
il  m'a  fallu  d'abord  traverser  un  bas-fonds  de  plus  de  deux  cent  cin- 
quante mètres  de  long  et  ayant,  sur  certains  points,  jusqu'à  P. 50  de 
profondeur.  Ne  voulant  pas  déchausser  mes  vignes,  j'ai  dû  faire 
prendre  le  terrain  nécessaire  en  amont  de  la  chaussée  du  pont  des 
Mées  et  le  faire  transporter  au  moyen  de  tombereaux  sur  l'emplace- 
ment que  devait  occuper  le  canal  (je  clioisissais  dans  ce  but  des  terres 
ni  sablonneuses,  ni  argileuses,  mais  à  demi  compactes,  et  cela  à  cause 
des  raisons  que  j'ai  exposées  ci-dessus  pour  mes  rives). 

Le  terrain  ainsi  transporté  me  revenait  de  quarante  à  quarante-cinq 
centimes  le  mètre  cube. 

Ce  canal,  servant  de  chaussée  de  colmatage,  était  dirigé  dans  le  sens 
de  la  berge  à  la  Durance,  c'est-à-dire  en  travers  de  la  direction  des 
allées  de  vigne.  Au  moyen  de  chaussées  longitudinales,  je  gagnais 
ensuite  les  points  culminants  de  mes  graviers  et  de  là  je  les  répandais 
sur  tous  les  points,  en  suivant  l'ordre  de  pente  insensible. 

J'en  suis  arrivé  par  ce  moyen  à  arroser  la  totalité  absolue  de  mes 
graviers  et,  pendant  tout  le  cours  de  l'été  passé,  j'ai  acquis  la  certitude 
que  des  arrosages  très  fréquents  pendant  toute  la  saison  chaude  donnent 
de  très  bons  résultats. 

J'ai  fumé  avec  du  tourteau  de  sésame  certaines  parties  et  j'ai  pu 
me  convaincre  qu'à  l'avenir  en  fumant  à  haute  dose,  ces  graviers,  purs 
de  tout  dépôt  de  terre,  donneront  encore  de  très  jolis  rendements,  vu  le 
prix  élevé  des  vins.  Ayant  des  eaux  à  peu  près  à  discrétion,  grâce  aux 
canaux  au  moyen    desquels  j'ai   ramassé  collectivement  toutes  les 


TRAVAUX  DE  COLMATAGE  DANS  LES  ALPES.  375 

eaux,  qui,  s'échappant  par  les  fossés  d'arrosage  si  nombreux  en 
dessus  de  mes  alluvions,  allaient  auparavant  se  perdre  dans  la  Durance, 
il  me  sera  possible  de  fumer  à  aussi  haute  dose  que  je  jugerai  conve- 
nable, sans  craindre  les  sécheresses  de  l'été  et  obtenir  ainsi  (je 
l'espère,  du  moins)  des  rendements  considérables. 

Mes  canaux  transversaux,  étant  d'assez  grande  dimension,  forment 
une  sorte  de  réservoir  qui  régularise  ce  que  pourrait  avoir  d'intermi- 
tent  la  cliute  des  eaux  dans  mon  canal  collecteur. 

Quand, au  contraire,  ces  eaux  deviennent  momentanément  trop  abon- 
dantes, des  déversoirs  en  pierre  de  taille  échelonnés  permettent  au 
surplus  des  eaux  de  s'écouler  dans  la  Durance,  sans  que  le  niveau 
puisse,  dans  les  canaux,  s'élever  au-dessus  d'une  hauteur  déterminée. 

J'ai  remarqué,  en  outre,  que  la  présence  permanente  de  l'eau  dans 
les  canaux  permettait,  par  suite  de  la  nature  du  sol,  à  l'humidité  de 
s'étendre  à  droite  et  à  gauche  sur  une  certaine  largeur  et  que,  sur  ces 
portions  rendues  humides,  la  végétation  est  beaucoup  plus  belle 
qu'ailleurs. 

Voilà  à  peu  près  l'ensemble  de  mon  travail.  Je  me  propose  de  conti- 
nuer mes  observations  et  mes  expériences,  si  les  rhumatismes  et  les 
fièvres  paludéennes  que  j'ai  gagnés  par  ma  présense  dans  les  alluvions 
ne  me  clouent  pas  trop  souvent  dans  un  lit  ;  mais  je  ne  manque  pas  de 
bonne  volonté,  comme  le  savent  tous  les  habitants  des  Mées,  et  avec 
cela  on  surmonte  bien  des  petites  misères. 

Dans  un  voyage  à  travers  la  Haute-Savoie,  j'ai  pu  remarquer  que 
les  bords  de  l'Arve  pourraient  être  le  sujet  d'opérations  de  colmatage 
très  importantes,  substituant  ainsi  des  terres  de  premier  ordre  aux 
graviers  incultes  qui  sont  abrités  par  les  digues  qui  bordent  cette  rivière. 

11  est  question,  en  outre,  dans  les  Basses-Alpes,  d'un  grand  travail 
d'endiguement  sur  la  Durance.  Une  opération  bien  dirigée  peut  être  très 
lucrative.  J'ai  fait  sur  cette  question  quelques  études  et  je  crois  qu'en 
suivant  certaines  idées  entièrement  nouvelles  qui  mont  été  suggérées  par 
ce  travail,  on  pourrait  avoir  de  magnifiques  résultats,  tant  au  point  de 
vue  pécuniaire  qu'au  point  de  vue  agricole.  Gabriel  ÂRrsoux, 

Propriétaire  à  les  Mées  (Basses-Alpes). 

LE  JARDIN  DE  LA  FERME  DANS  LE  MIDI 

Dans  le  courant  du  mois  d'août,  le  jardin  de  la  ferme  doit  avoir  été 
préparé  pour  recevoir,  dans  la  deuxième  quinzaine,  les  semences  de 
légumes  qui  doivent  être  récoltés,  soit  à  la  fin  de  l'automne,  pendant 
l'hiver  ou  au  printemps  suivant.  A  cet  effet,  on  aura  dû  choisir  un 
coin  de  terre,  bien  labourée  à  deux  ou  trois  façons,  sur  laquelle  on 
répandra  une  bonne  fumure  qu'on  aura  recueillie  au  fond  de  la- fosse  à 
fumier.  Ce  sera  une  espèce  de  terreau  un  peu  grossier,  mais  qui  pourra 
suffire.  On  répandra  sur  ce  terreau  et  sans  autre  façon,  d'abord,  des 
épinards  parmi  lesquels  on  jettera  quelques  graines  de  radis  ronds, 
de  la  poirée  ou  bette  blanche,  des  navets  oi^i  on  mêlerait  quelques 
graines  de  chou  femelle  qui  pourrait  être  replanté  en  octobre. 

La  laitue  blonde,  la  Batavia,  la  romaine  verte,  les  diverses  salades  se 
replanteront  en  septembre,  octobre  ou  novembre  et  se  récolteront  à  peu 
près  successivement,  d'abord  la  laitue,  puis  la  romaine  et  enfin  la 
Batavia  qui  sera  un  peu  plus  tardive.  On  mettra  aussi  un  peu  d'o- 
gnon  plat,  le  chou  d'York,  le  chou  Baccalan  et  le  chou  Quintal  qui  se 


376  LE  JARDIN  DE  LA  FERME  DANS  LE  MIDL 

succéderont  l'un  l'autre  ;  on  les  replantera   en  octobre,  novembre  et 
décembre. 

Comme  dans  la  ferme  on  n'a  pas  toujours  tout  le  temps  qu  exigerait 
la  culture  potagère  bien  soignée,  on  pourrait  semer  tous  ces  divers 
légumes  en  rayons.  On  n'aurait  ensuite  qu'à  éoîaircir  le  plant,  lui  don- 
ner un  sarclage  à  la  serfouette  et,  suivant  le  pays  que  l'on  habite,  le 
garantir  des  fortes  gelées.  J.-B.  Cap.bou. 

APPAREIL  POUR  PESER  ET  LIER  LA  PAILLE 

On  se  souvient  que,  à  l'exposition  universelle  de  1878,  M.  Albaret  a 
envoyé  une  machine  destinée  au  liage  des  bottes  après  le  battage.  Cet 
appareil  a  été  modifié  dans  ses  ateliers;  la  figure  27  le  montre  dans 
sa  nouvelle  disposition.  Il  sert  à  la  fois  pour  peser  la  paille  et  la  lier 
automatiquement  à  la  sortie  de  la  machine  à  battre. 

Cet  appareil,  placé  horizontalement  en  travers  du  secoueur  de  la 
batteuse,  se  compose  d'un  préparateur  pour  redresser  la  paille  et  la 
disposer  à  tomber  d'une  manière  régulière  sur  le  pèse-paille.  Il  est 
formé  d'un  arbre  en  bois,  garni  de  quatre  rangées  de  fil  de  fer  courbé 
en  S  et  ayant  un  mouvement  de  rotation  assez  lent  afin  que  la  paille 
ne  puisse  être  reprise  par  ces  tiges  en  fer.  La  paille,  de  cette  façon,  se 
trouve  placée  dans  une  position  régulière  sur  le  pèse-paille. 

Le  pèse-paille  est  composé  d'un  arbre  carré  horizontal  en  bois,  dont 
chaque  extrémité  est  terminée  par  un  tourillon  en  fer  aciéré.  Chaque 
bout  a  un  centre  creusé  pour  recevoir  un  axe  angulaire  afin  de  tour- 
ner sur  pointe.  Sur  l'un  des  tourillons  de  l'arbre  est  fixé  un  croisillon 
à  quatre  branches  parfaitement  divisées  et  de  la  même  longueur  :  le 
bout  de  chaque  branche  est  arrondi  et  trempé  afin  d'empêcher  l'usure. 
L'une  de  ces  branches  repose  sur  une  romaine  dont  on  peut  varier  le 
poids  à  volonté,  et  qui  règle  le  volume  et  le  poids  qu'on  veut  donner 
à  la  botte  de  paille. 

L'arbre  est  garni  de  quatre  rangées  de  tringles  en  bois  qui  forment 
deux  cloisons  à  jour,  invariablement  fixées  avec  des  vis,  bien  échan- 
tillonnées et  de  la  même  longueur,  de  façon  que  l'équilibre  soit 
parfaitement  établi. 

C'est  sur  ces  cloisons  que  tombe  la  paille  à  la  sortie  du  préparateur, 
et  elle  s'y  emmagasine  pour  former  la  botte.  Le  poids  étant  obtenu, 
l'appareil  fait  un  qaart  de  tour  et  Tune  des  branches  du  croisillon 
décroche,  en  passant,  un  verrou  qui  arrête  l'élan  dupèse  paille  et  main- 
tient la  cloison  horizontale  pour  recevoir  la  nouvelle  botte;  la  même 
branche,  en  faisant  son  quart  de  tour,  agit  sur  l'embrayage  du  lieur 
qu'il  met  aussitôt  en  marche. 

La  paille  tombant  du  pèse-paille  est  reçue  sur  un  plancher  incliné, 
vers  le  milieu  duquel  se  trouve  le  fil  de  fer  qui  doit  lier  la  botte.  Ce  fil 
provient  de  deux  bobines  placées,  l'une  en  dessous  du  plancher  incliné, 
et  l'autre  sur  le  plancher  au-dessus  du  pèse-paille. 

Il  passe  dans  un  cintre  en  fer  qui  doit  former  la  botte  et  vient  passer 
de  la  partie  supérieure  à  la  base  d'un  levier  muni  d'un  ressort  qui 
maintient  constante  sa  tension. 

Les  bobines  sont  munies  chacune  d'un  contrepoids  pour  les  ramener 
à  leur  position  de  tension. 

Elles  sont  disposées  de  façon  à  pouvoir  être  serrées  ou  desserrées  à 
volonté  selon  le  serrage  que  l'on  veut  donner  à  la  botte. 


APPAREIL  POUR  PESER  ET  LIER  LA  PAILLE.  377 

Aussitôt  que  l'appareil-lieur  se  met  en  marche,  deux  griffes  en  fer 
compriment  la  paille  pour  la  préparer  au  bottelage.  En  même  temps  le 
fil  entoure  la  botte,  le  cintre  conduit  et  pousse  le  fil  à  la  rencontre  de 


l'autre  fil  provenant  de  la  bobine  inférieure  ;  à  cet  instant  un  méca- 
nisme tord  le  fil  et  le  coupe  en  réservant  une  ligature  qui  conserve  sa 
continuité.  —  Le  cintre  se  relève  pour  reprendre  sa  position  verticale 
et  le  fil  se  trouve  tendu  prêt  à  recevoir  une  nouvelle  botte.  —  Pendant 
que  le  cintre  se  relève,  la  botte  qui  vient  d'être  liée  est  saisie  par  deux 


378  APPAREIL  POUR  PESER  ET  LIER  LA  PAILLE. 

bras  en  fer  qui  la  poussent  sur  un  plan  incliné  et  la  forcent  à  rouler 
sur  le  sol. 

Avant  d'arriver  au  bout  de  sa  course,  le  mouvement  des  bielles  remet 
le  verrou  en  place  et  le  pèse-paille  redevient  libre  et  peut  fonctionner 
de  nouveau.  Alors  le  déclanchement  du  mouvement  s'opère  en  atten- 
dant la  nouvelle  botte.  L.  de  Sardriac. 

L'ALGERIE  ET  LES  COLONIES  FRANÇAISES 

Le  développement  de  toutes  les  branches  de  la  production  en  Algé- 
rie, est  une  des  questions  qui  préoccupent  vivement  aujourd'hui  l'opi- 
nion publique.  L'agriculture  algérienne  attire  tout  particulièrement 
l'attention  ;  chacun  sait  que  c'est  là  la  principale  source  de  ri- 
chesse de  notre  colonie  africaine,  et  pour  peu  que  l'on  soit  passé 
par  le  collège,  on  se  demande  ce  qu'est  devenue  cette  fertilité  prover- 
biale qui  avait  fait  de  ses  plaines  le  plus  important  grenier  de  la  • 
Rome  antique.  Pour  l'observateur  attentif,  l'Algérie  se  développe  avec 
une  rapidité  qui  est  surtout  accentuée  depuis  dix  ans  ;  peut-être,  et 
même  certainement  ce  mouvement  pourrait  être  moins  lent.  Mais 
que  de  circonstances  atténuantes  pour  les  colons  dans  cette  organisa- 
tion administrative  coloniale  que  l'on  n'a  pu  encore  parvenir  à  fixer 
et  dans  les  difficultés  sans  nombre  résultant  de  la  législation  qui  régit 
le  droit  de  propriété?  Ces  réflexions  nous  sont  suggérées  par  la  lecture 
d'un  travail  que  M.  Edm.  Ott,  qui  a  longtemps  habité  notre  colonie, 
vient  de  publiei>sous  ce  titre  :  Etude  sur  la  colonisation  de  lAlgérie\ 

«  L'Algérie,  nous  dit-il,  a  cela  de  particulier  que  tous  ceux  qui 
l'ont  connue  l'aiment,  et  que  tous  ceux  qui  l'ont  longtemps  habitée 
la  regrettent  toujours.  »  Laissant  de  côté  la  tournure  un  peu  exagérée 
de  cette  assertion,  on  y  trouve  néanmoins  la  trace  de  cette  attraction 
que  le  sol  africain  exerce  sur  ceux  qui  l'ont  vu.  Malheureusement 
cette  attraction  n'a  pas  encore  été  suffisante  pour  déterminer  un  cou- 
rant puissant  de  colonisation  qui  y  assure,  d^une  manière  définitive, 
la  prédominance  du  sang  français.  Le  gouvernement  impérial  aVait 
rêvé  la  création  d'un  royaume  arabe  en  Algérie;  aussi  toutes  les 
mesures  administratives  et  législatives  avaient  été  prises  en  faveur  des 
indigènes,  en  même  temps  que  tout  était  combiné  pour  arrêter  la 
colonisation  européenne.  Dans  les  six  années  1863  à  1869,  trois  ou 
quatre  villages  seulement  ont  été  créés,  et,  à  cette  date,  l'administra- 
tion affirmait  qu'elle  n'avait  plus  un  hectare  de  terre  à  concéder. 
C'était  vrai,  car  le  sol  avait  été  presque  tout  entier  laissé  ou  plutôt 
mis  entre  les  mains  des  Arabes.  L'insurrection  de  1871  a  eu  cet  heu- 
reux résultat  qu'elle  a  permis  de  mettre  le  séquestre  sur  de  vastes 
étendues  de  terre  et  de  reprendre  le  travail  de  colonisation,  si  bien 
que,  de  1871  à  1877,  il  a  été  créé  50  lots  de  fermes  et  150  nouveaux 
villages.  Ce  mouvement  progressif  continue,  mais  tous  les  colons 
demandent  que  d^s  dispositions  efficaces  soient  enfin  prises  pour  faire 
cesser  les  privilèges  dont  jouit  la  propriété  arabe,  et  en  permettre 
enfin  la  mobilisation.  C'est  par  suite  de  ces  entraves  que,  sur. les 
13  millions  d'hectares  qui  constituent  le  Tell,  5  millions  à  peine  sont 
en  terres  cultivées,  et  encore  les  huit  dixièmes  sont  toujours  entre 
les  mains  des  indigènes,  qui  les  cultivent  misérablement. 

Parmi  les  obstacles  qui  s'opposent  au  développement  rapide  de  la 

1.  Un  petit  volume  in-8°,  à  la  librairie  Ghio,  à  Paris. 


L'ALGÉRIE  ET  LES  COLONIES  FRANÇAISES.  379 

production,  le  manque  de  capitaux  doit  être  placé  au  premier  rang. 
L'argent  est  rare  et  l'on  n'en  peut  avoir  qu'à  des  taux  usuraires.  Les 
colons  qui  ont  besoin  d'argent  ne  peuvent  s'en  procurer  qu'à  des 
taux  qui  varient,  suivant  les  circonstances,  de  10  à  30  pour  100  par 
an  ;  quelquefois  même  l'intérêt  de  l'argent  atteint  3  pour  100  par  mois. 
Quant  aux  indigènes,  ils  ne  peuvent  pas  emprunter  à  moins  de  50  à 
60  pour  100  par  an.  Une  des  causes  de  cette  cherté  excessive  de  l'ar- 
gent est  dans  la  manière  dont  est  faite  la  concession  des  terres.  Le 
gouvernement  donne  des  terres  aux  colons,  mais  ceux-ci  ne  reçoivent 
leurs  titres  de  propriété  qu'au  bout  d'un  minimum  de  trois  ans.  C'est 
précisément  pendant  ces  premières  années  qu'ils  ont  à  faire  les 
dépenses  les  plus  élevées,  pour  l'organisation  de  leur  domaine;  mais 
sans  titre  de  propriété,  ils  ne  peuvent  contracter  d'emprunts  hypo- 
thécaires, et  il  leur  est  impossible  de  trouver  d'argent  à  un  taux  raison- 
nable. Il  serait  facile  de  remédier  à  cet  état  de  choses,  et  cela  est  d'au- 
tant fplus  urgent  qu'une  nouvelle  branche  de  production  prend,  en 
Algérie,  une  grande  extension,  et  promet  d'accroître  dans  des  propor- 
tions inespérées,  la  richesse  de  la  colonie. 

C'est  de  la  culture  de  la  vigne  qu'il  s'agit.  Cette  culture  prend  une 
importance  chaque  année  croissante.  Et  cela  se  conçoit  facilement,  La 
vigne,  en  effet,  pousse  très  bien  presque  partout  en  Algérie;  elle  donne 
de  belles  vendanges  jusque  dans  les  terrains  les  plus  secs,  les  plus  cail- 
louteux, qui  paraissaient  voués  à  une  stérilité  absolue.  Il  y  a  longtemps 
que  les  premiers  essais  de  culture  de  la  vigne  ont  été  tentés  ;  les  pro- 
duits étaient  excellents,  mais  l'immense  majorité  des  vins  qu'ils  ser- 
vaient à  fabriquer  était  de  qualité  médiocre,  pour  ne  pas  dire  détesta- 
ble. La  cause  en  était  dans  les  vices  des  procédés  de  vinification 
adoptés  par  les  premiers  colons  qui  n'avaient  qu'une  médiocre  con- 
naissance des  lois  de  la  fermentation  des  moûts  et  des  soins  qu'exigent 
les  vins.  Leur  éducation  est  faite  désormais,  et  les  vins  de  l'Algérie 
sont  bien  supérieurs  à  ce  qu'ils  étaient  il  y  a  quelques  années  seule- 
ment. Aussi  les  plantations  de  vignes  ont-elles  été  faites  sur  une  grande 
échelle,  et  ces  nouvelles  plantations  commencent  à  donner  des  pro- 
duits sérieux.  Il  est  impossible  de  prévoir  dans  quelle  proportion  exacte 
la  vigne  s'étendra  en  Algérie,  mais  ce  n'est  pas  s'aventurer  que  de  lui 
prédire  le  plus  brillant  avenir. 

Il  y  a  encore  peu  de  temps,  on  ne  buvait  dans  la  colonie  presque 
que  des  vins  d'importation,  soit  de  France,  soit  d'Espagne  ou  d'Italie. 
Ces  importations  ont  diminué  dans  des  proportions  très  considéra- 
bles. Pour  n'en  citer  qu'un  exemple,  l'importation  des  vins,  par  le  seul 
port  de  Bône,  s'était  élevée,  enà1870, 38,800  hectolitres;  elle  est  des- 
cendue, en  187^,  à  493  hectolitres.  La  population  n'a  pas  diminué 
dans  l'intervalle  ;  elle  a,  au  contraire,  augmenté.  On  ne  peut  attribuer 
la  diminution  des  importations  qu'à  l'accroissement  de  la  production 
locale.  De  même,  en  cinq  ans,  l'importation  des  vins,  à  Philippeville, 
est  descendue  de  90,656  à  868  hectolitres.  L'exportation  des  vins  algé- 
riens est  encore  relativement  assez  faible  ;  mais  elle  va  rapidement 
prendre  un  essor  comparable  à  la  rapidité  avec  laquelle  le  développe- 
ment de  la  production  a  arrêté  le  mouvement  des  importations. 

Jusqu'ici  les  indigènes  se  sont  montrés  assez  rebelles  aux  exemples 
donnés  par  les  colons  dans  l'extension  de  la  viticulture.  On  estimait  à 
1 8,000  hectares  environ  la  surface  plantée  en  vignes  dans  toute  l'Algérie 


380  L'ALGÉRIE  ET  LES  COLONIES  FRANÇAISES. 

à  la  fin  de  18TS  ;  sur  ce  tolal,  les  indigènes  n'entraient  que  pour  un 
neuvième.  Faut-il  y  voir  rintluenee  de  la  loi  de  i\Iahomet  ?  Il  est  plus 
rationnel,  croyons-nous,  de  l'attribuer  àleurmanque  général  de  capi- 
taux, qui  ne  leur  permettrait  pas  d'attendre  pendant  trois  ou  quatre 
ans  les  premiers  produits  de  leurs  vignes. 

Si  la  production  agricole  de  l'Algérie  va  toujours  en  augmentant,  il 
n'en  est  pas  de  môme  de  la  plupart  des  autres  colonies.  Ce  fait  ressort 
des  Tableaux  de  population^  de  culture,  de  commerce  et  de  navigalion 
que  le  ministère  de  la  marine  publiecliaque  année  Le  volume  relatifà 
Tannée  1878  vient  de  paraître.  On  y  conslate  que,  dans  les  colonies  adon- 
nées aux  cultures  spéciales  de  denrées  dites  coloniales,  canne  à  sucre, 
café,vanille,  coton,  cacao,  tabac,  girolle, etc.,  la  situation  n'a  pas  sensi- 
blement varié  depuis  longtemps.  Il  y  a  même  quelques  cultures  qui 
perdent  du  terrain.  Ainsi,  la  canne  à  sucre  qui,  à  la  Réunion,  couvrait 
46,000  hectares,  il  y  quelques  années,  n'en  occupait  plus  que  39,000 
en  1878.  A  la  Guadeloupe,  au  contraire,  il  y  a  tendance  à  accroître  la 
culture  de  la  canne.  La  principale  cause  de  la  diminution  de  la  culture, 
à  la  Réunion,  est  dans  les  ravages  causés  par  le  borer,  insecte  dévas- 
tateur qui  s'est  propagé  avec  une  grande  rapidité,  et  dont  on  n'a  pas 
encore  trouvé  le  moyen  de  se  débarrasser. 

En  Cocbinchine,  malgré  les  ditticultés  multiples  que  rencontre  la 
colonisation,  de  grands  etîorts  sont  faits  pour  développer  la  produc- 
tion agricole.  Pendant  l'année  1878,  on  estimait  à  17,000  hectares 
l'étendue  des  terres  défrichées  dans  la  colonie,  et  les  concessions  de 
terres  domaniales  faites  durant  la  même  année  s'élevaient  à  2,732 
hectares.  Le  jardin  botanique  de  Saigon  et  la  ferme  des  Mares  contri- 
buent à  répandre  les  cultures  les  plus  utiles  à  la  colonie. 

Le  jardin  botanique  de  Saigon  a  été  fonde  en  18G4.  Il  a  une  éten- 
due de  12  hectares  couverts  par  douze  à  treize  cents  variétés  d'espèces 
diverses.  Son  développement  progressif  lui  a  permis  de  livrer  d'abord 
à  des  prix  très  restreints,  et  peu  après  gratuitement,  une  grande  quan- 
tité de  graines  et  de  plantes  utiles  dont  une  des  principales  fut  le 
caféier.  Depuis  1875,  il  lui  est  impossible  de  satisfaire  à  toutes  les 
demandes  qui  lui  sont  faites.  Cependant,  durant  l'année  1878,  il  a 
délivré  20,000  plantes  ornementales,  14,000  plants  d'essences  di- 
verses, 17,000  arbres  fruitiers,  500  palmiers,  1,500  plantes  textiles, 
1,700  vanilles,  etc.  Le  jardin  botani([ue  reçoit  tous  les  ans  de  nou- 
velles espèces  de  graines  qu'il  tente  d'acclimater;  ses  efforts  se  portent 
surtout  sur  les  arbres  fruitiers,  ainsi  que  sur  les  plantes  alimentaires. 

La  ferme  des  Mares  a  été  établie,  en  1 875,  sur  l'emplacement  du  haras 
colonial  qui  venait  d'être  supprimé.  Le  but  de  cette  création  est  l'intro- 
duction de  nouvelles  cultures  en  Cochinchine.  Les  expériences  sont  pour- 
suivies tous  les  ans  sur  la  canne  à  sucre,  l'indigo,  le  coton,  le  cacaoyer, 
le  manioc,  le  poivre,  l'ortie  de  Chine,  le  jute,  etc.  En  quatre  ans,  la 
ferme  a  distribué  aux  agriculteurs  de  la  colonie  1,300,000  plants  de 
canne  à  sucre,  210,880  caféiers,  3,000  manguiers,  1,400  kilog.  de 
graines  diverses,  etc.  Des  essais  de  culture  de  la  canne  à  sucre  ont  été 
faits  sur  un  grand  nombre  de  points,  et  ont  jusqu'ici  donné  de  bons 
résultats. 

Le  commerce  de  la  Cochinchine  tend  d'ailleurs  à  se  développer  rapi- 
dement. En  1878,  il  s'est  élevé  à  104,5/i5,000  fr.,  dont  58,349,000  fr 
à  l'exportation  et  44,190,000  à  l'importation.  Le  riz  forme  la  plus 


L'ALGÉRIE  ET  LES    COLONIES  FRANÇAISES.  3S1 

grande  partie  des  exportations  ;  le  montant   des   exportations  de  riz 
entre  pour  44,786,000  fr.  dans  le  total  général  qui  vient  d'être  indiqué. 

Henry  Sagmer. 

LES  QUALITES  LAITIERES  DE  LA  RAGE  DURHAII-  -  I 

Il  existe  en  agriculture  des  préjugés  bien  tenaces.  Quelques-uns  ont 
une  raison  d'être,  et  il  importe  de  les  combattre  avec  douceur  et 
ménagement.  iMais  il  y  en  a  d'autres,  et  c'est  le  plus  grand  nombre,  qui 
sont  d'autant  plus  difficiles  à  détruire  qu'ils  sont  plus  faux  et  plus 
absurdes.  Ceux-ci  ont  la  vie  dure.  C'est  l'hydre  de  la  fable,  dont  les 
têtes  multiples  renaissent  à  mesure  qu'on  les  abat. 

Parmi  ces  préjugés,  il  n'y  en  a  pas  de  moins  fondé  que  celui  qui 
prétend  que  la  race  Durham  n'est  point  laitière.  Ce  préjugé  fait  même 
partie  de  l'enseignement  de  certains  professeurs  dans  les  écoles  d'agri- 
culture, et  il  m'arrive  souvent  de  rencontrer  de  jeunes  agriculteurs 
fort  intelligents  et  fort  sérieux,  m'objecter,  lorsque  je  recommande  la 
race  Durham,  qu'on  leur  a  enseigné,  et  cela  d'une  manière  absolue, 
que  les  vaches  de  cette  race  n'ont  pas  assez  de  lait  pour  nourrir  leurs 
veaux;  qu'on  est  obligé  d'avoir  des  nourrices  pour  ceux-ci,  et  que, 
môme  dans  les  cas  les  plus  favorables,  il  faut  deux  vaches  Durham 
pour  élever  un  veau.  J'ai  entendu  tant  de  fois,  dans  ces  derniers  temps, 
les  mêmes  assertions  que  je  crois  de  mon  devoir  de  publiciste  et  de 
zootechnicien  pratique,  de  combattre  une  fois  de  plus  par  des  faits, 
une  maxime  aussi  erronée  et  aussi  funeste  au  point  de  vue  du  progrès  . 
que  celle  que  je  viens  de  citer. 

Je  n'ai  point  la  prétention  d'établir  que  toutes  les  vaches  de  race 
Durham  sont  bonnes  laitières.  Il  en  est  de  cette  race  comme  de  toutes 
les  autres.  Il  y  a  des  familles  extraordinairement  laitières,  comme  il 
y  en  a  qui  le  sont  médiocrement;  mais  je  maintiens  que  la  moyenne 
des  vaches  Durham  donne  un  rendement  en  lait,  en  beurre  et  en  fro- 
mage, supérieur  à  celui  de  n'importe  quelle  autre  race.  La  race  Dur- 
ham possède  en  outre  un  autre  avantage  incommensurable,  c'est 
l'hérédité  des  qualités  laitières  que  l'on  peut  maintenir  en  conservant 
soigneusement  la  pureté  des  familles,  ce  que  les  généalogies  permet- 
tent de  faire,  tandis  qu'avec  les  autres  races  on  agit  dans  les  ténèbres 
du  hasard.  D'ailleurs,  nulle  autre  race  n'a  été  cultivée  avec  autant  de 
soins  raisonnes.  Chez  nulle  autre  les  éleveurs  n'ont  conibiné  les  ac- 
couplements avec  autant  de  considération  jalouse  et  raisonnée.  C'est 
en  procédant  de  cette  manière,  qu'on  a  consp-  '  ans  certaines  fa- 
milles, d'une  manière  intacte,  le  précieux  hér  ai  leur  appartient 
et  qui  fait  leur  mérite  et  leur  valeur,  et  c'est  sun^at  pour  cette  raison 
que  je  recommande  aux  éleveurs  de  ne  puiser  les  éléments  de  leurs 
troupeaux  que  dans  les  familles  dont  la  lignée  est  pure  de  tout  mélange 
et  dont  la  généalogie  ne  présente  aucun  alliage. 

Je  vais  maintenant  indiquer  les  familles  les  plus  laitières  en  citant 
les  vaches  dont  les  qualités  laitières  sont  le  plus  renommées.  Les 
faits  que  je  vais  citer  sont  d'ailleurs  appuyés  sur  les  témoignages  les 
plus  irrécusables,  et  sont  de  notoriété  publique  et  admis  par  tous 
les  éleveurs  anglais.  Plusieurs  ressortent  de  ma  propre  expérience,  et 
j'ai  connu  un  grand  nombre  de  vaches  dont  je  vais  citer  les  rende- 
ments, et  par  conséquent,  j'ai  pu  constater  moi-même  la  réalité  des 
chifîres  de  ces  rendements. 


382  LES  QUALITÉS  LAITIÈRES  DE  LA   RACE  DURHAM. 

A  l'origine  même  de  l'amélioration  de  la  race  Durham,  c'est-à-dire 
au  point  de  départ  de  sa  renommée^  on  trouve  deux  vaches  célèbres 
auxquelles  il  faut  attribuer  tout  ce  qui  fait  l'excellence  et  le  mérite  de 
la  race.  Ce  sont  Princess  et  lady  Maynard.  Tout  ce  qui  remonte  direc- 
tement  à  ces  deux  souches  est  frappé  au  coin  de  la  supériorité.  Les 
femelles  de  toutes  les  branches  de  ces  deux  familles  sont  extraordinai- 
rement  laitières;  ces  qualités  sont  essentiellement  héréditaires  et  se 
transmettent  infailliblement  dans  les  produits  par  les  taureaux.  Une 
vache  produite  par  un  taureau  pur  de  ces  familles,  avec  une  vache  or- 
dinaire, est  sûrement  plus  laitière  qu«  la  mère;  mais  cette  qualité, 
chez  elle,  n'est  qu'individuelle  et  ne  se  transmet  point  à  ses  produits,  à 
moins  qu'on  n'ait  de  nouveau  recours  à  unautre  taureau  appartenant  à 
ces  familles  exceptionnelles.  Voilà  un  avantage  qu'aucune  autre  fa- 
mille Durham  de  sang  mélangé,  qu'aucune  autre  race  ne  possède. 

Dernièrement  je  me  suis  mis  à  collectionner  les  vaches  les  plus  lai- 
tières appartenant  aux  familles  de  lignée  laitière  bien  reconnue,  pour 
en  former  mon  troupeau  de  Saron.  J'ai  déjà  cédé  un  certain  nombre  de 
génisses  à  plusieurs  éleveurs  français  dont  je  puis  donner  les  noms, 
qui  tous  m'ont  certifié  leur  entière  satisfaction  du  rendement  laitier  de 
ces  génisses  dès  leur  premier  veau.  Ce  rendement  a  toujours  été  de 
25  à  28  litres  de  lait  par  jour;  que  sera-ce  donc  au  deuxième  ou  au 
troisième  veau?  Chez  moi  le  résultat  a  été  le  même.  Je  me  rappelle,  il 
y  a  de  cela  vingt-cinq  ans,  lorsque  j'élevais  des  Durhams  au  château 
Saint- Jacques,  en  pleine  vallée  d'Auge,  aux  environs  de  Lisieux,  j'ai  plu^ 
sieurs  fois  comparé  le  rendement  en  lait  des  vaches  réputées  dans  le 
pays  comme  laitières  extraordinaires,  et  j'ai  toujours  constaté  une 
grande  supériorité  chez  la  plupart  des  vaches  du  troupeau  Durham 
que  j'avais  formé  de  concert  avec  M.  Gernigou,  l'éminent  éleveur  de 
la  Mayenne. 

En  Angleterre,  je  l'ai  souvent  répété  et  c'est  un  fait  bien  connu, 
tous  les  troupeaux  des  comtés  laitiers  oi^i  l'industrie  est  exclusivement 
la  fabrication  du  beurre  ou  du  fromage,  ou  bien  comme  dans  les 
grandes  laiteries  des  environs  de  Londres  qui  fournissent  le  lait  à  cette 
immense  métropole,  toutes  les  vaches  laitières  sont  exclusivement 
de  race  Durham  ;  la  moyenne  de  rendement  étant  non  seulement 
supérieure  en  quantité  et  surtout  en  qualité  à  celui  de  n'importe 
quelle  autre  race.  Ce  rendement  est  aussi  beaucoup  plus  économique, 
car,  en  prenant  par  exemple  pour  point  de  comparaison  la  race  hol- 
landaise, l'une  des  plus  laitières  que  l'on  connaisse,  on  trouve  dans 
la  pratique  que,  de  même  que  les  vaches  normandes,  elles  consom- 
ment beaucoup  plus  que  les  vaches  Durham.  Hier  encore  je  lisais, 
dans  une  lettre  que  m'écrit  l'un  des  plus  grands  éleveurs  de  i'Alsace- 
Lorraine,  dont  le  troupeau  se  compose  de  soixante  têtes,  comprenant 
des  vaches  hollandaises  et  durhams  :  les  vaches  Durham  sont  de  sang 
mêlé,  pas  une  n'appartient  à  une  famille  distincte,  et  il  y  a  même 
quelques  addenda  venant  de  chez  M.  le  comte  de  Massol.  Dans  tous 
les  cas,  bien  que  mon  éminent  correspondant  me  dise  que  les  familles 
de  Durham  qu'il  possède  sont  de  sang  Bâtes,  et  quelques-unes  de 
sang  Booth,  ces  familles  n'ont  toutes  qu'un  sang  mélangé,  car  les  purs 
Bâtes  et  Booth  n'existent  qu'en  Angleterre  et  en  Amérique.  Il  s< 
peut  que  ces  familles  aient  une  infusion  de  sang  Bâtes  et  de  sang 
Booth,  mais  cette  infusion  ne  saurait  exercer  sur  les  produits  immé- 


LES  QUALITÉS  LAITIÈRES  DE  LA  RACE  DURHAM.  383 

diats  qu'une  influence  individuelle  et  pas  un  atome  d'hérédité.  Je  le 
repète,  pour  que  cette  hérédité  se  transmette,  il  faut  que  l'individu 
qui  la  possède  appartienne  à  la  famille  pure  et  sans  alliage.  C'est  ce 
qui  n'existe  point  en  France,  oii  pas  un  éleveur,  y  compris  le  gouver- 
nement, ne  semble  môme  se  douter  de  ce  phénomène  physiologique, 
si  bien  reconnu  des  éleveurs  anglais  et  américains,  et  qui  seul  explique 
les  prix  exceptionnellement  élevés  qu'obtiennent  dans  les  ventes  les 
animaux  de  certaines  familles  ayant  des  généalogies  nettes  de  tout 
alliage. 

Mon  correspondant  alsacien  m'observe,  dans  son  intéressante  lettre, 
que  les  vaches  Durham  qu'il  «  possède  et  dont  je  viens  de  définir  l'ori- 
gine (je  cite  textuellement),  d'après  son  expérience,  ces  Durhams  ne 
sont  pas  mauvaises  laitières,  beaucoup  tiennent  admirablement  leur 
lait,  et  que,  si  beaucoup  ne  sont  pas  grandes  laitières,  le  lait  pro- 
duit est  alors  de  qualité  supérieure.  »  «  Enfin,  continue-t-il,  j'ai  con- 
staté que  les  Hollandaises,  à  poids  égal,  consomment  environ  un 
quart  de  nourriture  en  plus.  Les  bœufs  sont  bons  et  énergiques  tra- 
vailleurs, du  moins  chez  moi.  Ma  meilleure  laitière  est  une  3/4  de 
sang  durham-hollandais.  Cette  vache  a  douze  ans  aujourd'hui  et  a 
une  santé  de  fer,  rareté  chez  les  grandes  laitières,  proie  ordinaire  de 
la  phtisie.  » 

Voilà  un  exemple  bien  remarquable  de  l'influence  laitière  du  croi- 
sement avec  un  taureau  Durham!  J'en  trouve  un  autre  exemple  frap- 
pant dans  le  compte  rendu  pour  la  campagne  1 879-1880  de  l'exploita- 
tion de  l'Ecole  pratique  d'agriculture  de  Saint-Remi  (Haute-Saône), 
que  l'excellent  directeur,  M.  F.-M.-J.  Cordier,  vient  de  m'envoyer.  Sous 
le  chapitre  Bétail,  je  lis  ce  qui  suit  :  «  Nous  avons  actuellement  cinq 
vaches  demi-sang  durham  dont  trois  ont  fait  un  veau  et  les  autres 
deux.  Toutes,  sans  exception,  sont  bonnes  laitières;  les  premières 
donnent  deux  fois  plus  de  lait  que  leurs  mères  ;  les  secondes  trois  fois 
plus Les  résultats  obtenus  par  un  certain  nombre  de  cultiva- 
teurs qui  avaient  exposé  leurs  magnifiques  animaux  croisés  Durham 
au  dernier  concours  du  Comice  de  l'arrondissement  de  Gray,  si  bien 
organisé  par  M.  Perron,  et  présidé  par  M.  Jobard,  sénateur,  entière- 
ment dévoué  à  tout  ce  qui  concerne  l'agriculture,  confirment  pleine- 
ment les  résultats  que  nous  avons  constatés  à  l'Ecole.  Aux  questions 
qui  étaient  adressées  aux  exposants  au  sujet  de  la  production  du  lait 
de  leurs  vaches  croisées,  ils  répondaient  tous  invariablement  qu'elles 
étaient  très  bonnes  laitières;  du  reste,  il  suffisait  de  voir  les  pis  de 
ces  belles  bêtes  pour  être  convaincu  qu'ils  disaient  la  vérité.  D  un 
autre  côté,  il  était  facile  de  constater  leur  belle  conformation  en  les 
comparant  aux  animaux  fémelins  exposés,  » 

C'est  là  le  langage  de  la  pratique  éclairée  et  intelligente.  Les  éleveurs 
qui  me  font  l'honneur  de  lire  mes  publications  conviendront  que  ces 
témoignages,  qui  sont  des  faits,  ne  peuvent  être  réfutés. 

Les  témoignages  que  je  viens  de  citer  seraient  encore  plus  complets, 
si  la  question  de  l'engrais  final  avait  été  considérée.  L'aptitude  extraor- 
dinaire à  l'engraissement  final,  manifestée  par  la  race  Durham,  et  à 
laquelle  mon  éminent  correspondant  de  TAlsace-Lorraine  a  fait  une 
allusion  indirecte,  en  observant  que  les  vaches  Durham,  à  poids  égal, 
consomment  25  pour  100  moins  de  nourriture  que  les  vaches  hollan- 
daises, est  un  mérite  dont  on  ne  saurait  exagérer  l'importance.  L'issue 


384  LES  QUALITÉS  LAITIKRES  DE    LA  RACE  DURHAM. 

fatale  de  l'existence  des  animaux:  d'espèce  bovine,  c'est  l'abattoir,  et 
cette  considération  entre  nécessairement  pour  une  large  part  dans  le 
rendement  des  bovidés.  Une  vache  laitière,  vieille,  à  bout  de  lait  et  ne 
produisant  plus,  donne  un  bénéfice  final,  réel  et  important  à  l'engrais- 
seur,  après  avoir,  comme  laitière  et  vache-mère,  réalisé  pour  son  pro- 
priétaire, un  large  rendement  en  lait  et  en  veaux.  Il  n'y  a  que  la  race 
Durham  qui  possède  cette  qualité  d'aptitude  à  l'engraissement  facile 
et  économique,  et  l'éleveur,  avec  cette  race  seule,  peut  espérer  recueil- 
lir ce  dernier  bénéfice,  qui,  avec  les  autres  races,  se  change  presque 
toujours  en  perte  sèche  et  absolue. 

Je  vais  maintenant  puiser  dans  mes  propres  souvenirs,  et  encore 
plus  dans  les  traditions  authentiques  de  la  race  Durham.  et  raconter 
les  exemples  de  fécondité  laitière  que  nous  offrent  les  annales  histori- 
quee  de  la  fameuse  race.  On  verra  par  les  faits  bien  établis  que  je  vais 
citer,  que  cette  race  a  été  et  est  encore  la  plus  laitière  qui  ait  jamais 
existé. 

Je  me  rappelle  une  vente  à  laquelle  j'assistais  en  1848.  M.  Strafford 
officiait  comme  commissaire-priseur.  C'était  celle  de  M.  Lakin,  l'un 
des  éleveurs  de  la  race  Durham  qui  a  le  plus  cultivé  les  qualités  lai- 
tières ;  car,  disait-il  avec  raison,  une  vache  qui  n'est  pas  bonne  laitière 
est  incomplète  et  n'a  aucune  valeur.  Le  lot  4  du  catalogue  était  une 
vache  nommée  OUI  Strawberri/,  laquelle,  appartenant  à  la  souche  Tylplœ 
comme  les  «  Charniers  ^),  a  formé  une  souche  distincte  qui,  depuis  cette 
époque,  est  devenue  très  célèbre.  Dans  le  catalogue,  se  trouve  attachée  à 
cette  vache,  une  note  affirmant  que  cette  vache  était  la  meilleure  lai- 
tière que  M.  Lakin  eût  jamais  possédée. 

Old  Strawberry  était  âgée  de  plus  de  seize  ans,  et  la  moyenne  de  son 
rendement  en  lait  pendant  les  quinze  années  de  sa  vie  productive  avait 
été  de  1 ,050  gallons  par  an,  soit  environ  4,725  litres.  Cette  vache  re- 
marquable a  vécu  jusqu'à  l'âge  de  27  ans,  époque  oîi  elle  cessa  de  pro- 
duire. Sa  santé,  comme  celle  de  la  vieille  vache  de  mon  correspondant 
alsacien  cité  plus  haut,  était  de  fer.  Bien  que  placée  au  beau  milieu 
d'un  centre  d'épizootie  funeste,  dans  maintes  périodes  de  son  existence, 
entre  autres  de  fièvre  aphteuse  et  pleuro-pneumonie,  qui  décimaient 
le  troupeau  dont  elle  faisait  partie,  elle  resta  parfaitement  saine  jusqu'à 
l'âge  de  27  ans  où  elle  fut  livrée  au  boucher.  Cette  aptitude  laitière  et 
ce  robuste  tempérament  qui  distinguaient  cette  descendante  extraor- 
dinaire de  la  non  moins  remarquable  et  illustre  Sylphe  n'étaient  point 
des  mérites  individuels,  mais  essentiellement  héréditaires.  Ainsi  une 
de  ses  filles  nommée  Star  donna  une  moyenne  annuelle  de  3,600  litres 
de  lait  pendant  8  ans,  et  Stella  fille  de  Star  et  par  conséquent  petite-fille 
de  Old  Strawberry,  possède  à  son  avoir  un  rendement  moyen  annuel  de 
4,41 0  litres  de  lait  pendant  cinq  ans. 

Le  môme  M.  Lakin  a  publié  dans  les  notes  de  son  élevage  le  rende- 
ment moyen  annuel  dune  autre  de  ses  vaches,  lequel  fut  enre- 
gistré pendant  trois  années  consécutives  et  qui  se  montait  à  3,915 
litres.  La  mère  de  cette  vache,  appelée  Novice  et  dont  le  rendement 
fut  enregistré  pendant  cinq  années  consécutives,  donna  une  moyenne 
annuelle  de  4,680  litres. 

M.  Lakin  était  un  éleveur  systématique  et  il  avait  la  coutume  d'en- 
registrer dans  son  journal  et  par  conséquent  jour  par  jour,  le  rende- 
ment en  lait  des  vaches  de  son  troupeau.  Malheureusement  c'est  le 


LES  QUALITÉS  LAITIÈRES  DE  LA   RACE  DURHAM.  385 

seul  éleveur  dont  les  notes  publiées  dans  le  catalon;ue  de  sa  vente  de 
1848,  donnent  une  idée  delà  valeur  laitière  des  Durhams,  à  l'exception 
de  celles  de  M.  Bâtes,  lo  grand  éleveur,  qui,  dans  ses  notes  autobiogra- 
phiques que  j'ai  l'intention  de  publier  prochainement,  donne  des 
rendements  dont  il  garantit  l'authenticité,  lesquels  établissent  le  mérite 
laitier  de  la  race  Durham  de  la  façon  la  plus  éclatante. 

[La  suite  prochaincinont).  F.-R.  de  la  Tréhojnnais. 

LUTTE  CONTRE  LE  PHYLLOXERA  DANS  LA  GIRONDE  * 

Bordeaux,  22  août. 

Monsieur  le  préfet,  j'ai  commencé,  le  samedi  14  août,  la  visite  des  points 
phylloxérés  où  des  traitements  au  sulfure  de  carbone  et  au  sulfocarbonate  ont  été 
appliqués  dans  le  département.  Le  temps  restreint  qui  m'était  donné  ne  m'a  pas 
permis  de  voir  une  portion  du  Libournais,  la  plus  grande  partie  de  l'Entre-deux- 
M^rs,  les  environs  de  la  lli'ole,  Langon  el  Bazas. 

Je  puis  dire  d'ores  et  déjà  que  les  tiaitements  ont  donné  d'excellents  résultats 
partout  où  ils  ont  été  appliqués  d'une  façon  convenable,  à  des  doses  non  exagé- 
rées et  en  dehors  de  la  période  de  grands  froids.  Partout  la  vigne  a  parfaite- 
ment reverdi  à  la  suite  des  traitements  au  sulfure  et  au  sulfocarbonate.  Sur  quel- 
ques points  où  les  traite:::jeiits  ont  été  appliqués  dans  le  fort  de  l'hiver  ou  à  des 
doses  trop  fortes,  au  printemps  dernier,  la  végétation  a  été  arrêtée  d'une  manière 
sensible.  Ce  n'est  qu'à  partir  du  milieu  du  mois  de  juin  ou  de  juillet  que  les  vignes 
traitées  dans  ces  conditions  ont  commencé  à  pousser  d'une  façon  à  peu  près  con- 
venable. Les  pousses  sont  petites,  mais  la  feuille,  parfaitement  verte,  indique  que 
la  vigne,  après  avoir  beaucoup  souftért,  tant  du  froid  de  l'hiver  que  de  celui  occa- 
sionné dans  le  sol  par  l'évaporation  du  sulfure,  est  en  pleine  voie  de  régénération. 

Dans  les  communes  de  Pauillac,  Saint-Julien  par  exemple,  où,  immédiatement 
après  les  traitements  au  sulfure  de  carbone,  faits  en  décembre,  on  a  appliqué  des 
traitements  au  sulfocarbonate,  il  y  a  eu  de  nombreux  cas  de  mortalité.  Cependant, 
sur  quelques  points  de  ces  communes,  les  traitements  au  sulfure  ont  donné  des 
résultats  très  satisfaisants. 

Les  parties  du  vignoble  de  M.  Lnlande,  à  Saint-Seurin-de-Cadourne,  qui  ont 
été  traitées,  sont  en  voie  de  régénération  ;  il  en  est  de  même  pour  l'une  des  quatre 
taches  traitées  chez  M.  Clouzel,  dans  la  commune  de  Vertheuil.  Les  trois  autres 
taches  appartenant  à  ce  propriétaire  sont  dans  un  état  magnifique  de  végétation. 
C'est  à  peine  si,  dans  chaque  tache,  les  7  ou  8  pieds  primitivement  attaqués  sont 
moins  beaux  que  les  autres.  Du  reste,  dans  tout  le  département,  le  centre  même 
des  taches  est  plus  faible  que  les  parties  périphériques,  surtout  lorsque  les  taches 
datent  de  deux  ou  trois  ans. 

MM.  La^vto□,  Dupuy,  Grazilhon  et  Lefort,  à  Euteilhan,  qui  ont  fait  appliquer 
chez  eux  des  traitements  au  sulfure  de  carbone,  ont  obtenu  de  tiès  beaux  résultats. 

Chez  MM  Lawton,  à  la  salle  de  Pez,  et  M.  Lefort,  à  Euteilhan,  les  vignes 
traitées  ont  une  végétation  magnifique  et  il  est  impossible  d'établir  une  différence 
avec  les  parties  indemnes  qui  n'ont  pas  été  traitées. 

A  Moulis,  les  vignes  traitées  chez  M.  Fouquier  ont  reverdi.  Ce  propriétaire  fera 
reprendre  après  les  vendanges  les  traitements  au  sulfure  de  carbone. 

Dans  la  commune  de  Margaux,  les  vignes  traitées  au  sulfure  de  carbone  et  au 
sulfocarbonate  sont  dans  un  état  des  plus  satisfaisants.  Il  en  est  de  même  des 
vignes  traitées  au  sulfocarbonate  chez  M.  Roy,  au  château  d'Issan  (commune  de 
Gantenac),  et  au  sulfure  de  carbone  chez  M.  Barbier,  à  Ciran  (commune  de  La- 
barde). 

Dans  la  commune  de  Ludon,  les  vignes  traitées  au  sulfocarbonate  par  M.  La- 
brunie,  sont  très  belles.  M.  Lafonta  a  fait  traiter  au  sulfure  de  carbone  5  taches 
phylloxériques.  Ces  vignes  sont  en  très  bon  état  de  végétation. 

Dans  la  commune  de  Parempuyre,  chez  M.  Perrié,  propriétaire  du  domaine 
du  Morain,  huit  ou  dix  taches  ont  été  traitées  au  sulfocarbonate;  les  vignes  sont 
en  très  bon  état,  mais  on  a  constaté  des  réinvasions. 

M.  Poly,  propriétaire  à  Florimont,  a  obtenu  de  très  bons  résultats  par  le  sulfure 
de  carbone  dans  des  taches  relativement  récentes.  Ces  vignes  sont  à  l'état  normal. 

Dans  la  commune   de   Berson,  MM.  David,  maire,  Bergeron,   Regardy,  Poi- 

1.  Rapport  adressé  à  M.  H.  Doniol,  préfet  de  la  Gironde. 


386  LA  LUTTE  CONTRE  LE  PHYLLOXERA  DANS  LA  GIRONDE. 

rier,  de  PeyredouUe,  membre  du  syndicat  de  cette  commune,  ont  fait  traiter  leurs 
vignes  au  sulfure  de  carbone  dans  le  mois  de  février  dernier  et  ont  obtenu  d'ex- 
cellents résultats  ;  sur  plusieurs  points,  les  vignes  traitées  sont  à  l'état  normal. 
Le  vignoble  de  M.  PeyredouUe  mérite  une  mention  toute  spéciale.  Depuis  deux 
ans,  en  effet,  ce  propriétaire  emploie  le  sulfure  de  carbone  et  a  obtenu  des  effets 
très  remarquables.  Les  vignes  qui  ont  subi  deux  ou  trois  traitements  sont  rame- 
nées à  l'état  normal,  et  celles  qui  n'ont  été  traitées  qu'une  fois  sont  en  pleine  voie 
de  régénération.  C'est  grâce  aux  bons  résultats  obtenus  par  M.  de  PeyredouUe 
qu'un  syndicat  s'est  formé  dans  cette  commune. 

Ce  que  je  viens  de  dire  pour  Berson,  je  puis  le  dire  aussi  pour  la  commune  de 
Bayon,  où  MM.  Dussaud  frères,  Faure,  maire,  Brard  et  Roy,  membres  du  syn- 
dicat, ont  obtenu  de  bons  résultats  par  le  sulfure  de  carbone.  M.  Roy,  comme 
M.  de  PeyredouUe,  en  a  eu  de  magnifiques  et  a  ramené  à  l'état  normal  des  vi- 
gnes perdues  quand  il  fit  les  premières  applications  de  sulfure,  il  y  a  deux  ans. 

A  Bourg,  les  résultats  se  passent  de  commentaires.  MM.  deMarsiUac,  de  Bory, 
de  Subercazeaux,  Mme  de  Labadie  et  M.  Malard  ont  eu  de  véritables  succès.  Par- 
tout la  pousse  est  vigoureuse,  la  feuille  abondante  est  verte  et  le  fruit  en  même 
quantité  que  sur  les  vignes  indemnes  non  traitées. 

Le  Syndicat  de  Samt-André-de-Gubzac,  présidé  par  M.  Mortier,  a  obtenu  éga- 
lement de  très  beaux  résultats  par  l'emploi  du  sulfure  de  carbone.  Toutes  les  vi- 
gnes traitées  sont  en  pleine  voie  de  régénération,  quelques-unes  ont  été  ramenées 
à  l'état  normal.  Les  vignes  de  M.  Mortier  méritent  une  mention  toute  spéciale. 

Il  en  est  de  même  dans  les  communes  de  Gubzac,  Aubiès  et  Espessas,  où  le 
syndicat  dont  M.  Danilous  est  président  a  fait  traiter  au  sulfure  de  carbone  l'hi- 
ver dernier.  Les  traitements  ayant  été  suspendus  pendant  les  périodes  des  grands 
froids,  les  vignes  n'ont  pas  souffert  comme  dans  le  Médoc.  Je  citerai,  entre  autres 
propriétaires  dont  les  vignes  sont  en  bon  état,  MM.  Morange,  Charon,  etc.;  les 
vignes  de  M.  Danflous,  qui  sont  très  remarquables  ;  elles  ont  été  ramenées  à  peu 
de  chose  près  à  leur  état  normal. 

Dans  les  communes  de  Montussan,  Ivrac,  les  résultats  sont  très  satisfaisants, 
bien  qu'il  n'ait  été  fait  encore  qu'une  application  de  sulfure  de  carbone. 

En  présence  des  résultats  obtenus  par  M,  Arnaud,  au  moyen  du  sulfate  de  cui- 
vre appliqué  pendant  deux  ans,  un  syndicat  s'est  constitué  dans  cette  commune 
sous  la  présidence  de  M.  Braulio-Poc. 

Dans  la  commune  de  Neac,  les  traitements  au  sulfocarbonate  ont  pleinement 
réussi  chez  M.  Brisson  et  le  colonel  Fombert  de  Villers. 

Dans  la  commune  de  Pomerol,  les  résultats  sont  très  remarquables,  surtout 
chez  M,  Giraud,  qui  a  totalement  rétabli  son  vignoble  en  employant  surtout  le  sul- 
fure de  carbone. 

J'ai  vu  également  de  très  beaux  résultats  chez  MM.  Greloud,  Dubourg,  Bertin, 
Galland,  Dussaud,  etc. 

MM.  Génon,  de  Galvinhac,  Bussier,  Viaud,  Garlat  ont  aussi  des  résultats  très 
heureux  dans  leur  syndicat  de  la  commune  de  Fronsac. 

Je  ne  parlerai  pas  de  ceux  obtenus  à  ViUegouge,  par  MM.  Boiteau,  serru- 
rier, et  Dumay.  Ges  résultats  sont  trop  connus  de  tous  pour  qu'il  y  ait  lieu  d'en 
parler  ici.  Je  me  contenterai  de  dire  que  ces  vignes  soni  absolument  fougueuses, 
alors  qu'il  y  a  quatre  ans  elles  agonisaient.  MM.  Godinot,  Gauthier  et  autres  ont 
fait  appliquer  des  traitements  culturaux  (10  grammes  par  coup  de  pal)  ;  leurs  vi- 
gnes sont  en  pleine  voie  de  régénération.  J'ai  vu  également  une  vigne  en  très  bon 
état,  appartenant  à  M.  Boiteau,  vétérinaire. 

A  Sainte-Foy,  les  traitements  au  sulfocarbonate  ont  donné  aussi  de  très  bons 
résultats  ;  c'est  ce  qui  ressort  de  ma  visite  dans  les  vignes  de  MM.  Matignon, 
Damanion,  Mme  veuve  Lareynière,  Bacalan,  Vergnols.  Fineteau,  Ouvrard,  etc. 

Les  vignes  traitées  dans  la  commune  de  Pessac  sont  en  excellent  état  ;  elles 
étaient,  il  est  vrai,  peu  atteintes,  mais  les  résultats  sont  beaux.  A  Montferrand  et 
Bassens,  mêmes  résultats  qu'à  Pessac. 

Je  me  suis  rendu  sur  votre  invitation,  Monsieur  le  Préfet,  chez  M.  le  baron  d'As- 
tres de  Landsberg,  à  Saint-Sulpice-d'Izon.  On  m'a  fait  voir  des  vignes  dans  un 
état  très  satisfaisant  de  régénération  qui  ont  été  traitées  au  moyen  d'un  liquide 
Cafre,  dont  M.  le  baron  d'Astres  est  l'inventeur.  Je  n'ai  pas  vu  dans  quel  état 
étaient  ces  vignes  avant  qu'elles  fussent  soumises  à  ce  traitement. 

Cependant  les  bois  de  taille  de  l'année  dernière  indiquent  assez,  par  leur  peu 
de  grosseur,  combien  ces  vignes  étaient  atteintes  par  le  fléau.  Il  suffit,  du  reste, 


LA  LUTTE  CONTRE  LE  PHYLLOXERA  DANS  LA  GIRONDE.  387 

de  voir  l'état  lamentable  des  vignes  voisines,  non  traitées,  pour  se  faire  une  idée 
bien  nette  de  l'état  dans  lequel  devaient  se  trouver  les  vignes  du  baron  d'Astres  il 
y  a  un  an.  Il  y  a  là  des  résultats  très  remarquables  qui  méritent  la  peine  d'être 
pris  en  sérieuse  considération. 

Veuillez  agréer,  etc.  F.  Artigue, 

Délégué  départemental  au  service  phylloxériqne. 

LE  DOMAINE  DES  ÉTANGS,  ET  LE  MÉTAYAGE 

EN  ILLE-ET-VILAINE 

Malgré  les  progrès  du  bail  à  ferme,  l'organisation  traditionnelle  du 
métayage  se  retrouve  encore  aujourd'hui  sur  beaucoup  de  points,  et 
M.  de  Gasparin,  dans  son  Guide  des  propriétaires  de  biens  soumis  au 
métayage,  publié  en  1832,  pensait  même  que  plus  de  la  moitié  des 
terres  de  la  France  reste  régie  par  ce  mode  d'amodiation.  Une  statis- 
tique de  quelque  valeur  sous  ce  rapport  est  chose  difficile. 

On  s'est  demandé  à  un  autre  point  de  vue  que  celui  de  la  culture 
proprement  dite,  si  ce  contrat  ne  faisait  pas  taire  la  jalousie  et  la  cupi- 
dité qui  ne  se  manifestent  que  trop  dans  les  pays  de  fermage  direct, 
où  un  socialisme  pratique  a  souvent  revendiqué  dans  les  moments  de 
crise,  la  propriété  du  sol  pour  ceux  qui  l'exploitent?  Nous  le  croyons, 
et  nous  croyons  de  plus  que  dans  les  conditions  trop  fréquentes 
encore  où  le  bail  à  ferme  ne  trouve  pas  des  preneurs  ni  assez  riches, 
ni  assez  pénétrés  de  l'importance  du  capital  d'exploitation,  comme  en 
Angleterre  où  l'exploitation  du  sol  est  considérée  comme  une  véritable 
industrie,  le  métayage  reste  un  instrument  de  progrès. 

Un  écrivain  agricole  des  plus  distingués,  M.  Victor  Borie,  mort  der- 
nièrement, et  qu'on  ne  pouvait  suspecter  d'idées  rétrogrades,  considérait 
le  métayage  amélioré  comme  une  des  meilleures  sources  de  l'émanci- 
pation du  travail.  Au  lieu  de  salariés,  l'agriculture,  par  le  métayage, 
mettrait  en  œuvre,  disait-il,  des  associés,  et  propriétaires  et  métayers 
partageraient  la  bonne  comme  la  mauvaise  fortune,  ce  qui  ne  s'est  que 
trop  réalisé  depuis  quatre  ans  d'une  situation  générale  précaire  où  les 
revenus  des  propriétaires  et  métayers  sont  fortement  réduits,  à  part 
peut-être  dans  quelques  contrées  herbagères. 

Le  métayage  pour  le  preneur  a,  suivant  nous,  l'incontestable  avan- 
tage de  remédier  à  l'inconvénient,  malheureusement  si  répandu,  des 
baux  à  court  terme  si  contraires  aux  intérêts  de  l'agriculture  bien 
comprise,  et  à  ceux  des  propriétaires  et  fermiers.  Des  baux  de  3,  6  ou 
9  ans  au  choix  des  bailleurs,  suivant  une  clause  trop  usitée  dans  l'ouest 
notamment,  ne  permettent  à  vrai  dire,  aucun  assolement  régulier,  ni 
aucune  amélioration  foncière,  et  maintiennent  les  preneurs  dans  la  dépen- 
dance des  propriétaires  souvent  tentés  de  profiter,  pour  une  élévation 
de  bail,  des  avantages  ou  des  améliorations  faites  par  les  fermiers.  Par 
le  métayage,  le  système  des  baux  de  courte  durée,  ceux  d'un  an 
même,  sont  favorables  aux  métayers  qui  sont  certains  de  rester,  lors- 
qu'ils remplissent  toutes  leurs  obligations,  et  aux  propriétaires  qui  se 
garderont  bien  de    se    séparer  de   bons  métayers. 

Au  reste  la  question  du  métayage  a  fait  l'objet  d'une  discussion 
approfondie  dans  la  presse  agricole,  et  devant  le  Sénat  où  le  bail  à 
colonage  partiaire  a  été  l'objet  de  dispositions  législatives  résumées  en 
douze  articles  soumis  aujourd'hui  à  la  Chambre  des  députés. 

Dans  l'intéressante  discussion  qui  a  eu  lieu  au  Sénat,  les  divers  ora- 
teurs se  sont  plu  à  reconnaître  au  métayage  le  caractère  d'un  contrat 


388  SUR  LE  MÉTAYAGE  EN  BRETAGNE. 

d'association  entre  le  capital  et  le  travail  qui  y  est  apporté  au  minimum 
de  son  prix,  par  le  métayer  et  sa  famille  dont  l'accroissement  est  un 
bienfait  pour  lui.  En  effet,  la  condition  des  métayers  qui  emploient 
des  ouvriers  n'est  guère  plus  favorable  que  celles  des  fermiers.  Aussi 
dans  les  pays  de  métayage,  oi^i  on  ne  lit  pas  Malthus,  la  sage  lenteur 
dont  M.  de  Lavergne  félicite  les  Normands,  n'est  pas  imitée,  au 
grand  profit  de  l'accroissement  de  la  population. 

Le  métayage  jouit  aujourd'hui  d'une  faveur  qu'il  n'avait  pas  autre- 
fois. Les  primes  d'honneur,  dans  le  Limousin  et  le  Maine,  se  sont  ren- 
contrées l'an  passé  parmi  les  concurrents  de  la  troisième  catégorie,  à 
savoir  les  propriétaires  exploitant  plusieurs  domaines  par  métayers^  et 
nous  rendions  compte  à  cette  place  même  de  Timportant  domaine  de 
Bréon,  arrondissement  de  Chateau-Gontier  qui  avait  mérité  la  prime 
d'honneur  de  la  Mayenne.  Cette  année,  M.  le  comte  de  Bréon  se  pré- 
sentait pom' la  même  récompense  en  Ille-et>-Vilaine  et  pour  le  domaine 
des  Etangs,  nom  qui  a  remplacera  cause  d'une  série  d'étangs  dominés 
de  coteaux  boisés,  celui  de  l'ancien  manoir  de  Lampatre. 

Parmi  les  14  métairies  qui  composent  l'important  domaine  des 
Etangs,  9  seulement  étaient  présentées  pour  la  prime  d'honneur,  les 
G  autres  ayant  été  améliorées  par  la  culture  à  moitié  pendant  un  laps 
de  temps  variant  de  12  à  20  ans  et  mises  àferme,  et  les  soins  de  M.  de 
Bréon  se  portant  désormais  sur  les  9  fermes  à  moitié,  à  peu  près 
groupées  autour  du  nouveau  château  des  Etangs,  d'une  construction 
moderne  et  d'oi^i  Ton  peut  jouir  du  plus  agréable  aspect. 

La  contenance  des  9  fermes  à  moitié,  formant  noyau  au  milieu  d'une 
propriété  beaucoup  plus  étendue,  est  de  203  hect.  1/2.  Elles  étaient 
affermées 3,200 fr.  au  début  des  opérations  de  M.  le  comte  de  Bréon  et 
produisent  aujourd'hui  au  delà  de  10,000  fr.  Les  anciens  bâtiments  de 
ferme  ont  été  utilisés  autant  que  possible;  mais  par  ailleurs  M.  de 
Bréon  a  été  contraint  de  faire  des  augmentations  s'élevant  à  cette  heure 
à  54,000  fr. 

Des  travaux  considérables  de  drainage  et  d'irrigation  ont  été  faits 
dans  ces  fermes  sur  lesquelles  31  hectares  ont  été  drainés  avec  de  gros 
tuyaux  placés  ai'". 50  de  profondeur,  recouverts  d'une  certaine  épais- 
seur de  pierres  concassées  ;  de  plus  3,400  mètres  de  canaux  à  ciel  ou- 
vert, ont  été  faits  dans  les  endroits  oii  les  racines  des  arbres  auraient 
pu  obstruer  les  tuyaux. 

Lorsqu'en  1845,  M.  le  comte  de  Bréon  devint  propriétaire,  par  héri- 
tage, de  M.  legénéral  marquis  de  Labourdonnais,  son  beau  père,  delà 
terre  de  Lampatre,  il  fut  frappé  de  son  peu  de  revenu  relativement  à 
son  étendue,  et  de  la  misère  des  fermiers.  Les  meilleures  terres  ne  se 
louaient  pas  20  fr.  l'hectare,  les  ordinaires  10  ou  12  fr.  et  les  landes 
5  fr.  Les  bois  étaient  partout  envahis  par  les  bruyères  et  les  mauvai- 
ses essences;  le  vieux  manoir  des  Etangs,  dit  Lampatre,  n'était  entouré 
que  de  bois,  de  landes,  d'étangs  marécageux,  et  de  quelques  mauvaises 
prairies  ressemblant  plutôt  à  des  landes  et  à  des  marais.  Les  parties 
marécageuses  étaient  en  très  grand  nombre,  l'eau  se  rencontrait  à 
chaque  pas,  stagnante  ou  s'écoulant  par  petits  filets  naissants  au  milieu 
des  landes  et  couverts  de  pellicules  irisées  indiquant  la  présence  de 
matières  ferrugineuses  dans  le  sol.  L'étude  faite  par  un  géologue  dis- 
tingué montra  que  ces  terres  pouvaient  devenir  fertiles  de  presque  sté- 
riles qu'elles  étaient,  et  n'avaient  besoin  que  de  drainage  et  de  calcaire, 


SUR  LE  MÉTAYAGE  EN  BRETAGNE.  389 

deux  éléments  de  succès  alors  inconnus  dans  cette  partie  de  la  Bre- 
tagne. 

Propriétaire  dans  l'arrondissement  de  Château-Gontier  où  l'agricul- 
ture est  en  grand  progrès  par  le  métayage  qui  y  est  traditionnel,  M.  de 
Bréon  crut  devoir  appliquer  ce  mode  de  culture  à  ses  terres  de  Bre- 
tagne. On  conçoit  aisément  qu'il  dut  rencontrer  de  nombreuses  diffi- 
cultés dans  un  pays  où  le  métayage  n'était  pas  en  usage,  et  s'appliquer 
dès  le  début  à  vaincre  les  résistances  de  ses  colons,  en  les  stimulant 
par  ses  exemples  et  en  les  aidant  par  ses  conseils  et  ses  capitaux. 
Aujourd'hui  leur  confiance  est  entière,  et  les  récompenses  qui  leur  ont 
été  distribuées  au  concours  régional  de  Rennes,  sans  que  le  jury  ait 
cru  devoir  ajouter  la  prime  d'honneur  au  prix  cultural,  par  la  raison 
sans  doute  que  M.  le  comte  de  Bréon  l'avait  reçue  l'an  passé  dans  la 
Mayenne,  sont  encore  venues  accroître  leur  confiance  dans  les  agisse- 
ments d'un  propriétaire  éclairé. 

Le  but  de  M.  le  comte  de  Bréon,  en  agissant  ainsi,  tout  en  contribuant 
au  bien-être  matériel  et  moral  des  agriculteurs  de  la  contrée,  était 
de  leur  faire  adopter  la  cultu  re  et  les  instruments  perfectionnés,  et  l'usage 
de  la  chaux,  surtout  d'améliorer  leur  bétail  par  le  croisement  avec  le 
Durham,  de  manière  à  retirer  un  plus  grand  profit  de  leur  cheptel,  sans 
diminuer  la  production  de  grains.  Pour  cela  les  métayers  qui  ne  con- 
servent généralement  pas  de  taureaux,  amènent  leurs  vaches  au  domaine 
des  Etangs,  régi  également  à  moitié  par  M.  V.  Graland  qui  a  secondé 
M.  de  Bréon  dans  son  plan  agricole  adopté,  et  mérité  une  récompense 
spéciale  du  jury  qui  a  inspecté  l'intéressant  domaine  des  Etangs.  Là 
ils  trouvent  des  taureaux  pur  sang  dont  les  croisements  se  vendent, 
à  3  ans,  700  à  800  fr.  la  paire, c'est-à-dire  un  prix  beaucoup  plus  élevé 
que  celui  qu'ils  obtenaient  de  leurs  animaux  de  5  à  G  ans. 

M.  de  Bréon  entretient  habituellement  aux  Etangs,  tant  pour  les 
juments  de  ses  fermes  que  pour  celles  de  la  contrée,  un  étalon  approuvé, 
dans  le  but  de  Tamélioration  des  chevaux  du  pays. 

La  production  fourragère  a  dû  être  le  constant  objectif  de  l'exploi- 
tation des  Etangs.  On  sait  hélas  !  combien  elle  a  été  éprouvée  par  l'hi- 
ver rigoureux  que  nous  avons  traversé,  et  qui  s'est  manifesté  dès 
l'automne,  détruisant  cette  précieuse  ressource  des  choux  du  Poitou, 
importés  depuis  trente  ans  en  Bretagne,  où  ils  sont  aujourd'hui  culti- 
vés sur  la  plus  large  échelle. 

Depuis  cinq  ans  on  a  fait  aux  Etangs,  les  essais  d'ensilage  des  four- 
rages verts  et,  en  1875,  300,000  kilog.  de  maïs  furent  mis  en  silos.  Il 
était  d'abord  ensilé  en  entier,  mais  dès  la  deuxième  année,  le  régis- 
seur Graland  en  essaya  le  hachage  au  moyen  d'une  machine  à  vapeur 
et  de  deux  grands  hache-maïs  sortant  des  ateliers  de  M.  Bodin,  mar- 
chant simultanément  et  débitant  aisément  50,000  kilog.  par  jour. 

L'assolement  est  alterne  aux  Etangs,  avec  la  culture  à  plat,  l'usage 
du  semoir,  de  la  charrue  Brabant,  des  faucheuses  et  des  moisson- 
neuses. 

Le  domaine  des  Etangs  offre  pour  nous  l'exemple  de  l'intervention 
en  agriculture  d'un  propriétaire,  par  le  métayage  suivi  avec  tous  les 
progrès  de  la  culture  directe. 

M.  de  Bréon,  pénétré  de  cette  juste  idée  d'économie  rurale,  que  le 
progrès  en  agriculture  est  en  raison  directe  des  facilités  de  communi- 
cation, a  percé  sa  propriété  de  chemins  de  service,  en  même  temps 


390  LE  MÉTAYAGE  EN  BRETAGNE. 

qu'il  abandonnait  son  terrain  pour  tous  les  chemins  communaux,  et 
souscrivait  à  toutes  les  dépenses  communales  à  cet  égard. 

Les  Etangs  ne  ressemblent  guère  aujourd'hui  au  vieux  manoir  de 
Lampàtre  entouré  de  bois,  de  haies  qui  menaçaient  d'envahir  les 
champs.  La  constitution  géologique  s'est  du  reste  prêtée,  avec  les  plan- 
tations bien  aménagées  laites  par  le  propriétaire,  à  un  ensemble  qui  a  une 
altitude  assez  grande  relativement  au  reste  de  la  contrée,  et  rappelle 
les  bords  de  la  Clyde,  et  les  habitations  d'Ecosse. 

A.     DE    LA    MORVONNAIS. 

BEURRE  ET  MARGARINE' 

M.  Mège-Mouriès,  connu  par  divers  travaux  sur  les  céréales  et  sur 
la  fabrication  du  pain,  a  signalé,  il  y  a  quelques  années,  l'existence 
d'un  nouveau  produit  industriel  alimentaire  qu'il  a  proposé  comme 
succédané  du  beurre,  et  désigné  sous  les  noms  de  margarine,  d'o/éo- 
margarinc,  et  de  beurre  de  margarine,  lorsqu'il  a  été  battu  avec  du  lait. 

Dans  l'esprit  de  l'inventeur,  cette  matière  possède  les  propriétés 
alimentaires  du  beurre.  Elle  a  sur  celui  ci  le  précieux  avantage  de  ne 
pas  exhaler,  sous  Tinfluence  du  tenrips,  Voà&xw  sui  generis  {\\\i  impres- 
sionne si  désagréablement  l'odorat,  et  elle  serait  destinée  à  rendre  les 
plus  grands  services  à  la  partie  peu  aisée  de  la  population,  parce 
qu'elle  est  à  meilleur  marché  que  le  beurre,  et  aussi  parce  qu'il  en 
faut  une  moins  grande  quantité  pour  l'apprêt  des  mets. 

Qu'il  nous  soit  permis  de  dire  qu  il  résulte  des  ranseignements  pris 
à  des  sources  autorisées,  qu3  la  margarine  fabriquée  en  France  est  peu 
employée  directement,  qu'elle  ne  sert  guère  que  dans  les  restaurants  à 
bas  prix,  non  pas  pour  être  mise  sur  le  pain,  mais  pour  préparer  les 
ragoûts  et  les  mets  épicés,  et  que  la  quantité  ainsi  consommée  ne 
représente  qu'un  très  minime  appoint  de  la  masse  fabriquée.  La  mar- 
garine française  a  deux  destinations  principales  :  une  très  grande  pro- 
portion est  expédiée  en  Hollande,  d'oii  elle  se  répand  ensuite  dans  les 
colonies  et  en  Angleterre;  une  quantité  très  importante,  hélas!  quitte 
Paris  pour  la  Normandie  et  la  Bretagne,  d'où  elle  revient  baptisée  du 
nom  de  beurre  par  son  mélange  au  beurre  de  ces  pays.  Quant  à  faire 
baisser  le  prix  du  beurre,  comme  le  faisait  prévoir  l'inventeur,  il  n'en 
a  rien  été,  et  le  proverbe  populaire  «  au  prix  ou  est  le  beurre,  »  n'a 
pas  cessé  d'être  une  expression  d'une  incontestable  vérité. 

En  France,  on  ne  fabrique  cette  margarine  qu'à  Paris  et  dans  ses 
environs,  et  la  production  dépasse  15,000  kilog.  par  jour. 

Voici  comment  M.  Mège  indiquait  d'opérer  : 

On  enlève  des  abattoirs  la  graisse  de  bœuf  dès  que  l'animal  est 
abattu,  et  au  plus  tard  le  lendemain  on  la  trie  et  on  en  déchire  les 
membranes  par  l'action  de  deux  cylindres  armés  de  dents  coniques. 
La  graisse  ainsi  préparée  est  introduite  dans  une  cuve  chauffée  à  la 
vapeur,  avec  un  peu  de  carbonate  de  potasse  et  deux  estomacs  de  porcs 
ou  de  veaux  par  lOO  kil.  La  température  du  bain  est  portée  à  45  degrés, 
et  on  la  maintient  en  agitant  pendant  deux  heures  vers  ce  point. 
L'estomac  de  veau  ou  de  porc  aidant,  suivant  M.  JVIège,  la  majeure 
partie  de  la  graisse  s'est  extravasée  des  membranes  et  flotte  en  une 
couche  trouble  à  la  surface.  On  la  siphonne  dans  un  bac  chauffé  au 
bain-marie,  oi^i  elle  est  additionnée  de  2  pour  100  de  sel,  pour  hâter 

1.  Extrait  d'un  rapport  présenté  à  l'Académie  de  médecine. 


BEURRE  JiT  MARGARINE.  391 

la  clariûcation;  à  ce  moment,  elle  est  soutirée  dans  des  vases  où  elle 
se  solidifie  peu  à  peu,  et  ce  produit  constitue  ce  qu'on  appelle  le  pre- 
mier jus,  qui  fond  à  35  à  3G  degrés,  et  dont  les  acides  gras  fondent 
vers  44  degrés. 

Cette  graisse  est  soumise  le  plus  tôt  possible  à  une  expression  entre 
des  plaques  de  ferétaraé  portées  à  25  ou  28  degrés,  et  on  actionne  la 
presse  hydraulique  de  façon  à  obtenir  un  gâteau  solide,  résidu  formé 
surtout  de  stéarine,  qui  représente  environ  comme  poids  la  moitié  du 
poids  de  la  graisse.  Le  produit  qui  s  écoule  est  un  mélange  d'un  reste 
de  stéarine,  de  margarine  et  d'oléine;  il  constitue  la  margarine  ou 
oléo-margarine. 

Le  beurre  de  margarine  s'obtient  en  barattant  cette  graisse  avec  la 
moitié  de  son  poids  de  lait,  de  l'eau  dans  laquelle  on  a  mis  à  macérer 
des  mamelles  de  vache,  et  enlin  une  matière  colorante,  le  rocou. 

Aujourd'hui,  tout  est  bien  changé.  Il  se  sépare  si  peu  de  graisse  à 
45  degrés,  qu'on  a  chauffé  à  65  degrés;  le  produit  est  plus  abondant, 
mais  il  est  déjà  odorant,  assurément  moins  fin.  Au  lieu  d  exprimer 
de  façon  à  n'avoir  que  50  pour  100  de  margarine,  on  fait  marcher  la 
presse  jusqu'à  ce  qu'il  s'en  soit  écoulé  60  ou  62  pour  100;  mais  alors 
le  produit  a  l'inconvénient  de  se  solidifier  dans  les  assiettes,  sur  les 
fourchettes,  au  bord  des  lèvres. 

Devant  cet  écueil  qui  mettait  la  fabrication  eu  danger,  n'allez  pas 
croire  qu'on  soit  revenu  à  l'indication  première  de  M.  Mège,  c'est-à- 
dire  à  une  expression  plus  modérée. 

Et  le  rendement,  et  la  concurrence  !  On  a  évité  l'écueil  par  un  pro- 
cédé qui  augmente  le  rendement,  toujours,  bien  entendu,  aux  dépens 
de  la  qualité,  ou  tout  au  moins  en  dénaturant  le  produit;  on  ajoute  à 
la  graisse  une  huile  qui,  par  son  état  liquide,  corrige  la  solidification 
trop  facile  de  la  margarine  et  la  ramène  à  n'avoir  que  le  point  de 
fusion  du  beurre,  ou  même  un  point  de  fusion  inférieur.  On  avait  d'a- 
bord fait  usage  d'une  huile  qui  s'écoule  des  saindoux  pressés  et  qui  est 
importée  d'Amérique  par  les  voies  anglaises,  par  suite  de  nos  conven- 
tions douanières  avec  la  Grande-Bretagne;  mais  l'odeur  du  saindoux 
dévoilait  sa  présence,  et  maintenant  on  lui  substitue  l'huile  d'arachi- 
des, qui  a  pour  le  fraudeur  les  précieuses  qualités  du  bon  marché,  de 
la  blancheur  et  de  l'absence  d'odeur  et  dégoût.  On  en  introduit  10, 
20,  30  pour  cent  et  plus;  une  seule  maison,  m'a  dit  une  personne 
très  au  courant,  en  emploierait  5  à  6,000  kilog.  par  mois.  Inutile  d'a- 
jouter que  l'estomac  du  porc  et  du  veau,  que  les  mamelles  de  la 
vache  dont  Taclion  était  d'ailleurs  fort  problématique,  ne  passent  plus 
le  seuil  de  l'usine. 

La  concurrence,  aiguillonnant  les  divers  fabricants, a  produit  un  autre 
résultat  non  moins  fâcheux  :  le  suif  des  abattoirs  de  Paris  s'est  bien- 
lôt  trouvé  insuffisant;  aujourd'hui  on  va  chercher  le  suif  dans  les 
abattoirs  des  départements,  et  on  en  extrait  le  premier  jus  dans  le 
pays.  On  y  emploie  souvent  des  graisses  déjî  anciennes,  parce  qu'on 
n'a  pas  chaque  jour  la  quantité  de  matière  suffisante  pour  une  fonte, 
et  on  envoie  le  résultat  de  cette  fusion  à  Paris,  oi^i  il  est  transformé  en 
margarine. 

Tel  est  le  produit  industriel,  variable  dans  ses  éléments,  oii  de  la 
graisse  de  porc,  de  l'huile  végétale,  sont  mélangées  à  la  graisse  du 
bœuf,  produit  que  nous  ne  sommes  pas  surs  de  ne  pas  manger  à  pe- 


392  BEURRE  ET  MARGARINE. 

tite  dose  dans  le  beurre  de  Bretagne  et  de  Normandie,  et  que  l'on  vou- 
drait faire  consommer,  sans  mélange  de  beurre,  aux  malades  des 
asiles  de  la  Seine.  Iîiche, 

Membre  de  TAcadémie  de  médecine. 

DEUX  NOUVELLES  LOIS  ALLEMANDES 

Monsieur  le  directeur,  il  y  a  quelques  mois,  j'ai  fait  connaître  aux 
lecteurs  du  Journal  de  f  Agriculture  la  nouvelle  loi  de  chasse  de  lAl- 
sace-Lorraine.  Aujourd'hui,  si  vous  le  voulez  bien,  je  leur  exposerai 
deux  lois  récemment  promulguées  dans  l'empire  allemand,  l'une 
relative  à  l'usure,  l'autre  aux  épizooties. 

Voici  les  principaux  articles  de  la  loi  sur  l'usure  : 

Quiconque  exploitant  la  gêne,  l'imprudence  ou  l'inexpérience  d'une 
personne,  fait,  à  propos  d'un  prêt  ou  d'une  prolongation  de  créance, 
promettre  ou  accorder  soit  à  lui-même,  soit  à  un  tiers,  des  avantages 
pécuniaires  dépassant  le  taux  habituel  des  intérêts  à  un  point  tel  que 
ces  avantages  sont  en  disproportion  évidente  avec  le  service  rendu, 
est  puni  d'un  emprisonnement  de  six  mois  et  d'une  amende  maximum 
de  3,000  marcs.  Le  coupable  pourra  aussi  être  privé  de  l'exercice  des 
droits  civiques. 

Quiconque  fait  promettre  soit  à  lui-même,  soit  à  un  tiers,  les 
avantages  pécuniaires  usuraires  d'une  manière  détournée,  par  traite, 
sur  engagement  d'honneur,  sur  parole  d'honneur,  sous  la  foi  du  ser- 
ment ou  d'affirmations  analogues,  est  puni  d'un  emprisonnement  d'un 
an  et  d'une  amende  de  600  marcs  au  maximum.  Le  coupable  pourra 
aussi  être  privé  de  l'exercice  des  droits  civiques. 

Les  mêmes  peines  seront  prononcées  contre  celui  qui,  sachant  com- 
ment les  choses  se  sont  passées,  acquiert  une  créance  de  cette  nature, 
la  revend  ou  en  fait  réclamer  les  avantages  pécuniaires. 

Quiconque  fait  de  Tusure  un  métier  ou  une  habitude  est  puni  d'un 
emprisonnement  de  trois  mois  au  minimum  et  d'une  amende  variant 
de  150  à  15,000  marcs.  Le  coupable  pourra  aussi  être  privé  de  l'exer- 
cice de  ses  droits  civiques. 

Toute  convention  frappée  par  une  loi  est  nulle  et  non  avenue.  Tous 
les  avantages  pécuniaires  fournis  par  le  débiteur  devront  lui  être  resti- 
tués avec  intérêt  à  dater  du  jour  où  ils  ont  été  reçus. 

Au  risque  d'être  en  désaccord  avec  plus  d'un  de  vos  lecteurs,  je 
vous  déclarerai  que  j'approuve  complètement  cette  loi  et  que  je  la  con- 
dère  comme  très  favorable  à  l'agriculture.  On  peut  être  partisan  de  la 
liberté  de  l'intérêt  et  cependant  combattre  l'usure.  Qu'on  reconnaisse 
à  la  Banque  de  France  le  droit  de  faire  l'escompte  au  taux  que  le  con- 
seil des  régents  juge  approprié  aux  circonstances,  rien  de  mieux; 
mais  qu'un  maquignon  vende  à  un  paysan  une  tête  de  bétail  400  francs, 
et  qu'il  lui  fasse  signer  un  billet  de  500  francs  à  six  mois,  voilà  ce 
que  le  législateur  doit  frapper.  Pour  bien  juger  la  nouvelle  loi  alle- 
mande, il  faut  connaître  les  mœurs  allemandes.  En  Allemagne,  ainsi 
que  dans  les  trois  anciens  départements  français,  qui  depuis  1871  con- 
stituent l'Alsace  Lorraine,  le  métier  d'usurier  est  une  profession  régu- 
lière qui  est  exercée  par  un  monde  particulier,  les  Juifs.  Le  Juden- 
/îampl\  la  guerre  aux  Juifs  dont  les  journaux  allemands  sont  remplis 
depuis  quelques  années,  n'est]  nullement  une  question  de  fanatisme, 
c'est  une  simple  question  d'usure.  Les  gens  d'affaires  Israélites  onl  en- 


DEUX  NOUVELLES  LOIS  ALLEMANDES  393 

lacé  le  marché  allemand  dans  un  immense  réseau,  et  les  industriels 
commerçants  et  agriculteurs  veulent  se  débarrasser  de  cette  étreinte.  En 
Alsace-Lorraine  on  compte  40,000  Israélites  sur  1 ,500,000  habitants, 
et  de  ces  40,000  il  y  en  a  au  moins  35,000  qui,  sous  prétexte  de  com- 
mercede  biens  ou  de  bestiaux,  pratiquent  journellement  l'usure.  M.  Tis- 
serand, dans  le  remarquable  rapport  sur  le  Haut  et  le  Bas-Rhin  qu'il 
avait  rédigé  peu  de  temps  avant  1870,  comme  président  de  l'enquête 
agricole,  n'a  pas  négligé  de  décrire  celte  situation.  Jusqu'ici,  le  mépris 
public  et  le  Code  pénal  avaient  été  impuissants.  Espérons  que  cette 
nouvelle  loi  très  sévère  qui  frappe,  outre  les  faits  déterminés,  l'habi- 
tude de  l'usure,  amènera  de  bons  résultats. 

La  loi  sur  les  épizooties  sera  mise  en  vigueur  le  1"  avril  1881  ;  elle 
renferme  69  articles  que  je  vais  rapidement  résumer.  Elle  ne  parle 
pas  de  la  peste  bovine  qui  est  réglementée  par  une  législation  spéciale. 
Elle  est  appliquée  par  les  autorités  provinciales  qui  peuvent  déléguer 
des  commissaires  spéciaux,  mais  opèrent  en  général  avec  le  concours 
des  vétérinaires  de  l'administration. 

L'importation  des  animaux  malades  estprohibée.  Quand  une  maladie 
contagieuse  règne  dans  un  pays  étranger,  on  peut  interdire  l'entrée  des 
animaux  morts  ou  vivants;  en  même  temps  on  peut  soumettre  le 
bétail  de  la  région  menacée  à  des  visites. 

Tout  propriétaire  est  tenu  de  déclarer  ses  animaux  malades;  les 
contraventions  sont  sévèrement  punies.  Le  vétérinaire  est  soumis  à  la 
même  obligation.  Les  maladies  visées  par  la  loi  sont  le  sang  de  rate, 
la  rage,  la  morve,  la  cocotte,  le  piétin,  le  péripneumonie,  la  clavelés, 
le  mal  de  coït,  la  gale. 

Dès  que  les  autorités  de  police  sont  averties,  elles  préviennent  le 
vétérinaire  qui  examine  le  cas  et  voit  si  la  contagion  est  à  craindre. 
S'il  y  a  urgence,  il  peut  ordonner  immédiatement  l'isolement  et  la 
surveillance  du  bétail,  en  en  référant  aux  autorités.  La  police  peut  sur- 
le-champ  prendre  les  mesures  nécessaires  pour  protéger  le  bétail  de 
la  commune.  Les  réclamations  du  propriétaire  n'arrêtent  pas  l'action 
de  l'autorité. 

Quand  l'isolement  d'un  animal  ou  d'une  étable  est  décidé,  le  pro- 
priétaire est  tenu  de  prendre  de  suite  les  mesures  nécessaires.  L'admi- 
nistration a  le  droit  de  fermer  les  marchés  et  les  villages  ;  dans  des 
cas  spécifiés,  elle  peut  soumettre  à  l'inoculation  les  animaux  exposés  à 
la  maladie;  elle  peut  aussi  abattre  les  animaux  malades  ou  suspects. 
Elle  désinfecte  les  étables  et  même  les  hommes  et  leurs  vêtements. 

Pour  chaque  cas  il  y  a  en  outre  des  mesures  spéciales.  Ainsi  lorsqu'il 
s'agit  du  sang  de  rate  et  de  la  m.orve,  on  défend  de  dépouiller  la  peau; 
dans  la  péripneumonie,  on  peut  ordonner  Fabatage  immédiat  des  ani- 
maux suspects.  Quand  la  clavelée  se  déclare  dans  un 'troupeau,  tous  les 
animaux  non  malades  doivent  être  soumis  à  l'inoculation. 

La  plupart  des  questions  relatives  aux  indemnités  sont  abandonnées 
à  la  législation  particulière  des  différents  États  ;  le  chiffre  de  l'indem- 
nité est  seul  fixé  par  la  loi  d'empire.  Il  monte  à  la  totalité  de  la  valeur 
de  l'animal  sain,  sauf  pour  la  morve  où  il  est  des  trois  quarts  et  pour 
la  péripneumonie  des  quatre  cinquièmes.  On  tient  compte  en  outre  de 
la  viande  et  des  restes  utilisables. 

Les  contraventions  à  la  loi  sont  punies  d'amendes  et  d'emprisonne- 
ment. Paul  MULLER. 


394  CRÉATION  DES  PARCS  ET  DES  PELOUSES. 

CRÉATION  DES  PARCS  ET  DES  PELOUSES 

Dans  rétablissement  des  parcs  et  autres  promenades  de  luxe,  il  faut  s'efforcer 
de  cbasser  la  monotonie  en  couvrant,  avec  goût  et  art,  la  surface  du  sol.  Pour  cela, 
les  moyens  employés,  depuis  un  temps  imioémo'ial,  par  nos  habiles  horticulteurs 
modernes,  consistent  à  le  garnir,  sur  différents  points,  de  riches  plantations, 
de  brillants  massifs  d'arbustes  variés,  d'éblouissantes  corbeilles  de  fleurs  multico- 
lores et  de  fin  gazon  anglais,  qui  constitue  de  beaux  et   luxuriants  tapis   verts. 

Quant  à  la  disposition  des  allées  et  du  terrain,  c'est  une  question  de  goût  et  de 
dessin  paysagiste  ;  mais  dans  tous  les  cas,  les  allées  doivent  toujours  être  un  peu 
profondes,  sablée-^,  cintrées  et  contournées  de  manière  que  les  parties  qu'elles 
encadrent  ne  se  ressemblent  pas;  la  surf;ices  de  ces  dernières  doit  être  vallonnée 
au  centre,  soulevée  sur  différents  points,  afin  qu'elles  aient  un  aspect  accidenté. 

Dans  l'établissement  des  pelouses,  avant  d'ensemencer  la  terre  en  ray-grass 
vivace  [loliam  perenne),  on  doit  la  défoncer  à  0"'.40  de  profondeur,  l'épierrer 
soigneusement,  la  nettoyer,  la  fumer  au  moyen  d'engrais  pulvérulent,  qui  n'a  pas, 
comme  le  fumier  d'écurie,  le  défaut  d'infe'ter  la  terre  de  semences  de  plantes 
parasites  ;  puis  on  l'ensemence  de  la  manière  suivante  : 

Par  un  temps  favorable,  ni  sec,  ni  pluvieux,  et,  après  avoir  raffermi  le  sol  parun  rou- 
lage afin  qu'il  résiste  sous  lepas  des  travailleurs,  on  répand  régulièrement  à  la  surface 
dans  les  proportions  de  120  kilog.  à  l'hectare,  du  ray-grass  anglais  auquel  on  peut 
ajouter  10  pour  UO  de  poa  des  prés,  et  I5  pour  100  de  cynosurus  cristatus  ;  on 
les  recouvre  d'une  légère  couche  de  terreau  criblé  sur  laquelle  on  passe  le  rouleau, 
et  l'on  termine  par  un  arrosage  sous  forme  de  pluie  autant  que  possible. 

Quand  les  plantes  ont  10  à  12  centimètres  de  hauteur,  on  les  roule  légè- 
rement pour  briser  les  premières  feuilles,  et  favoriser,  au  collet  des  sujets,  la 
naissance  de  nouveaux  bourgeons,  et,  au  pied,  le  développement  de  nombreux  et 
délicats  chevelus;  lorsque  ces  graminées  sont  assez  élevées  pour  être  fauchées,  on 
leur  fait  subir  cette  opération  qu'on  renouvelle  autant  de  fois  qu'il  est  possible. 

Pour  entretenir  les  pelouses  dans  un  parfait  état  de  végétation,  il  faut,  en 
temps  de  sécheresse  et  de  chaleur,  lorsque  le  ciel  est  clair,  ne  les  arroser  qu'au 
déclin  du  jour;  si  l'on  emploie  des  eaux  froides  de  source  ou  de  concession,  ces 
eaux,  dans  la  journée,  seraient  pernicieuses  jetées  sur  des  plantes  chauffées  par 
l'ardeur  du  soleil,  tandis  que  le  soir  les  plantes  refroidies  sont  moins  accessibles 
à  l'action  réfrigérante  des  eaux  de  sources. 

L'excès  d'eau,  en  refroidissant  la  terre  qu'elle  durcit,  la  sature  au  point  qu'elle 
favorise  la  décomposition  de  la  racine  des  plnntes  peu  enfoncées  parla  contraction 
du  sol.  L'eau,  en  séjournant  à  la  surface,  produit  une  humidité  qui  engendre  des 
mousses  et  autres  parasites  envahissant  et  étouffant  les  graminées. 

C'est  souvent  par  des  arrosements  mal  compris  et  trop  multipliés  qu'on  voit  de 
belles  et  verdoyantes  pelouses  jaunir  et  disparaître  au  bout  de  quelques  années 

Maintenant  si,  comme  on  l'a  constaté,  les  mousses  sont  les  ennemis  des  pelouses 
et  autres  pâturages,  on  peut  fort  heureusement  s'en  débarrasser  en  semant,  au 
printemps,  à  leur  surface,  une  certaine  quantité  de  plâtre  en  poudre.  Cette  appli- 
cation constitue  en  mêma  temps  un  amendement  fertilisant. 

Dans  le  cas  où  l'on  voudrait  au  printemps  faire  pâturer  par  des  moutons  des 
pelouses  et  autres  herbages  récemment  établis,  on  s'exposerait  à  les  détruire,  car 
ces  animaux  ont  les  mâchoires  tellement  pointues  qu'elles  coupent  les  plantes  dans 
leur  coliet;  les  vaches  ne  présentent  pas  le  même  danger. 

C'est  à  l'application  des  moyens  que  nous  indiquons  ici,  qu'on  doit  la  possession 
des  belles  et  riches  j)elouses  qui  font  l'admiration  de  toutes  les  personnes  qui 
les  voient  dans  les  propriétés  bien  entretenues.  Dumont-Carment. 

REYIJE  GOiDlERCIALE    ET    PHIX-COURÂNT  DES  DENRÉES  AGRICOLES 

(4  SEPTEMBRE  1880). 
I.   —  Situation  générale. 
L'activité  que  nous  signalions  la  se:naine  dernière  sur  le  plus  grand  nombre  des 
marchés,  continue  à  se  maintenir.  Pour  la  plupart  des  denrées  agricoles,  les  offres 
sont  asssez  nombreuses,  tt  les  transactions  importantes. 
II.  —  Les  grains  et  les  farines. 
Presque  partout,  les  grains  nouveaux  sont  à  peu  près  exclusivement  offerts  à  la 
vente.  Le.-  lableauxsuivantsrésumnt  les  cours  des  céréales,  parQUJNTAL  métrique, 
sur  les  principaux  marchés  de  la  France  et  de  l'étranger. 


REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX-COURANT  (4  SEPTEMBRE    1880)        3^5 


Calvados.  Condé 

—  Lisieux 

Côtesd.-  \(>rd  Lannion. 

—  Pontrieiix 

Finisiert:.   Morlaix 

<—    Qiiimper 

[lle-et-l-'iLaine.  Kennes, 

—  StM.lo 

Manche.  Avranches.... 

—  Poiilorson 

—  ViUedieu 

Mayenne.  Mayen.ie  .... 

—  Chàteau-Gontier., 
Morbihan.  Hennebonl.. 
Orne.  Beilème 

—  Viinouiiers 

Sarthe.   Le  Mans 

—  Sablé 

Prix  moyens 

2°  RÉGION 

Aisne.  Soissons ' 

—  La  Fère..' 

—  VilltrsCollerels.. 
Eure.  Evreux 

—  Conciles 

—  Pacy 

Eure-et-Loir.  Chartres. 

—  Anneau 

—  Nogeni-le-Rotrou.  : 
Nord  Cambrai ' 

—  Douai   

—  Valenciennes  . . . . 
Oise.  Beauvais 

—  Noyon 

—  Sei.lis 

Fas-de-Calais.  Arras.. . 

—  Saint-Omer 

Seine.  Piris 

S.-el-Afarne  Meaux 

—  Daramartir. 

—  Provins 

S.-et-Oise.  AngerviUe  .. 

—  Ponloise 

—  Versailles 

Seine- Inférieure.  Rouen 

—  Fécamp 

—  '  Yvetol 

Somme.  Abbeville 

—  Péronne 

—  Roye 

Prix  moyens 

3»  RÉOION.  • 

Ardennes:.  Charleville. . 

Aube.  Bar-sur-Aube  ... 

Méry-sur-Seine.. . 

—  NogeiU-sur-Seine. 
Warne. Chàions 

—  Epernay 

—  Reims. , 

—  Sézannc 

Hte-Marne.  Bourbonne. 
Meurt.-et  Moselle  Nancy 

—  Lunéville 

—  Toul 

Meuse.  Bar-le-Duc 

—  Verdun 

Haute-Saône .  Gray 

—  Vesoul 

Vosges,  Neufchateau... 

—  Epinai 

Prix  moyens 

4«  RÉGION, 

Charente.  Angoulême.. 

—  Ruffec 

Charente- Infér.  Marans. 
Deux-Sèvres.  Niort.... 
Indre-et-Loire.  Tours.. 

—  Bière 

—  Château-Renault. 

Loire-Inf.  Nantes 

M.-et-Loire.  Ssiùmar..  . 
Vendée.   Luçon 

—  Fontenay 

Vienne.  Chàtelleranlt. . . 

—  Loudun  

Haute-Vienne.  Limoges 

Prix  moyens 


■  NORD-OITEST. 

Blé.  Seigle.  Ofg«. 

fr.  fr.  Ir. 

30.00  ïî.SO  20.75 

27   50  22.00  » 

29.50  i"  18   00 

29. Î5  22.50  17   50 

26.00  21. (jO  l^.ià 

28.25  22.00  20   25 

26.50  »  17.75 

27.25  •  20.00 

28. UO  »  19.75 

28.25  21.50  » 

28.50  20.00  21.00 

26.00  »  18. bO 

27.25  »  18   75 

26.00  19.50  » 

29.25  »  20.25 

29.00  »  20.00 

26.50  17.75  18  00 

27.25  .  17.75 


AToine. 

fr. 

26.00 
2'j  25 
17.50 
21.00 
19.00 
20.00 
17.50 
20. 2  i 
22.00 

23.25 
21.00 
19.25 
17.00 
17.50 
21.75 
2».b0 
20.25 

20.59 


27.23     18.83     19.87     19.91 


-  NORD-EST. 

27.25      19.75  21.50 

27.00  n.;,0  18.50 

27.50  20  25  17.50 

27.25  20.50  19.50 

27.00  21.00  20.75 

27.50  18   50  20.50 

26   75  20.50  20   75 

27.50  18.00  18.75 

27.50          »  D 

28   00  20.25  20.00 

28.25  19.00  20.25 

28.00          »  20.00 

27.75  20   25  19.2'. 

28.60  17.50  18.50 

27.50          .  » 

29.60  18.30  16.70 

28.60  18.75  19.00 

29.50  19.00  D 


18.00 
17.25 
19.00 
19.50 
20.25 
19.75 
20.25 
16.511 
17.00 
18.00 
19.50 
19. -5 
19.00 
16.25 
15.80 
18.50 
18.25 
18.53 


27.83  19.27  19.44 
—  OUEST. 

29.50  »              » 

29.00  21.00  19.25 

27.50  »  13.00 

28.00  I)  19.00 

28.50  IS.OO  20.50 

27.00  17.75  19.(10 

27.75  18.00  20.00 

26.50  20.00  21    00 

27   JO  19.50          » 

27.00  »  19.25 

•27.50  »  20.00 

SO.Off  20.00  21.25 

27.75  »  20.50 

29.00  20.25  21.00 

28.04  19^44  19.90     19.02 


24.25 
18.00 
17.00 
18.50 
20  00 
17.50 
17.00 
18.00 

18  CO 
17.50 
20.50 
20.50 

19  00 
20.50 


5»  RÉGION.  —  CEi\TRB. 


Allier.  Moulins., 

—  Moiiiliiçon. 

—  Gannat.... 
Cher,  tio  .rues. . . 

—  Auhig„y... 


Creuse.  Aubusson... 
Indre.  Cliàleauroux. 

—  IssoudiiD 

—  Valençay 

Loiret.  Orléans 


—  Patay 

Loir-ei-Cii.er.  Bluis... 

—  Monioire 

Nièvre.   Nevers 

—  Cosne 

Vanne.  Brieiion 

—  Joigny 

—  SL-Fiorentin... 


Prix  moyens 27 

6»   RÉGION. 

Ain.  Bourg 

—  Pont-de-Vaux. . . , 
Côte-d'Ur.  Uijon...    .... 

—  Beaune 

Doubs.    Uenan^UQ 

Isère.  Grenoble 

—  Bouigoin 

Jura.  Dole 

Loire.  bl-CharaoriiI 

f.-de-Uôme  Clermont  F. 
Hhone.  Lyuu 

—  AulUIi 

Saône-ei- Luire.   Chalon. 

bavuie.  Chanibery 

Hle-tiavoie.  Annecy 

Prix  moyens 


T  RÉGION.   —  SDD-ODGST. 


Ariège.  Pamiers 

Dordogne.  Bergerac... 
Hte-Oaronne.  ioulouse. 

—  Viiiefrancbe-Laur. 
Gers.  Condum 

—  Eauze 

—  Mirande 

Gironde .    Bordeaux .... 

—  Lesparre 

Landes.  Uax... 

Lot-et-Garonne.  Agen.. 

—  Neruc 

B.-Pyré.nees.  Bayonne.. 
Hles- Pyrénées.  Tarbes. 


29.20 
29.75 
28.00 
28.50 
27.50 
28.45 
27.00 
27.00 
29.00 
27  75 
27.50 
31.00 
29.50 
30.00 


19.7a 
20.50 
19. UO 
19.50 


19  95 
19.00 


19.25 
19.75 


Prix  moyens 28.58     19.50 

8"   RÉGION.    —  Sri>. 

Au^de.    Castelnaudiry..  28.50  20.25 

Aveyron.   Villefranche.  27.75  2i.oo 

Cantal.   Mauriac 33.35  27.75 

Correze.   Liiberzac 30.00  19.50 

//erautf.  Montpellier...   i8.50        » 

Lo<.  Figeac 30.00  20.50 

Lozère.  M ende 32.15  27.50 

—  Marvejols 31.80  27.60 

Pi/rcn«<is-Or.  Perpignan  26.65  21.20 

Tarn.  Albi 27.75         » 

rarn-«Kiar. Montauban  27.50        » 

Prix  moyens 29.45    23.16 

9"  RÉGION.   —  SUD-EST. 
Basses-.4ipes.  Manosque  29.20 
Hautes- Alpes.  Briançon  29.75 
Alpes-MaritiinesQd.aaQSi  29.50 

ArdecUe.  Privas 

B.-du-Hhône.  Arles.  ... 

Drôme.    Romans 

Gard.  Nîmes 

Haate-Lutre.  Le  Puy. ... 

Var.  St-Maximin 

Vauclu.ie.  Carpentras... 

—  Avignon 


21.25 
17.50 
•il.  25 
25.00 
24.60 
23.00 
19.25 
19.50 


30.05 
29.50 
29.25 
29.  0 
29.75 
29.50 
29.75 
29.50 


20   50 
20.65 


20.25 
20.00 
19.60 
19.00 

19.00 
21.00 


21.50 
21.25 
20.25 
20.00 
20.50 
19  75 
19  50 
20.25 
20.00 

20.00 
22.25 
20.25 
19.85 
20.41 


21.25 
17.00 
23.50 
22.00 
20.25 
21.50 
22.65 
23.20 
23.30 
18.00 
22.50 


24.20 
20.50 
20.2: 
21.80 
21.50 
17.75 
21.50 
18. àO 


19.50     20.25 


Prix  moyens 29.57     20.38     19.76     20.69 

Moy.  de  touie  la  France  28.35     l9.!6     19  63     19.66 
—  de  liseiuainepreced.  28.69     20  09     19  75     19.97 


Sarlase  naine' 
précédente.,     i 


Hausse.      D 
Baisse.    0.34 


396  REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX-COURANT 

Blé.  Seigle.  Orge.  Avoine 

fr.                fr.  fr.  fr. 

Algérie.                   Alger 26.00            »  1.5.0(1  16. &0 

Angleterre.              Londres '29  riO            .  20  75  20.40 

Belgique.                 Anvers '2600  '20  7.5  23.00 

_                           Bruxelles 26. 'Jô  21.50  21.25  18.75 

—  Liège 28  25  21.75  22.00  19.50 

—  Namur  27  50  19  00  20.00  20.00 

Pays-Bas.  Amsterdanj 23.80  21.25 

LuTemhnurg.  Luxemhoiirg 29.50  23  00  24.25  17. ,50 

Alsace-Lorraine.  Strasbourg? 30.75  23.75  21.75  18. .50 

_                   ■  Mulhouse 29  50  22.00  20  50  20.25 

—  Colmar 30.00  21.25  21.00  19.50 

Àdemagne.  Berlin 24  85  24  50 

—  Cologne 25  60  2,}  75 

^  Hambourg 24.75  21.75  •  • 

Smsse.  Genève 29  50  «  •  17.50 

—  Zurich 28.25  •  20.00  18.25 

llalie.  Milan 28.50  22.75  »  19  25 

Espagne.  Vienne 23.50  19. .50  17.25  15.00 

Autriche.  Budapesth ,.  22.50  19  00  17.00  13  50 

Uussie.  Saint-l'étersbourg...  25  00  19.50  »  13.80 

Etats-Unis.  New-iork 20  85  »  »  » 

Blés.  —  Le  plus  grand  nombre  des  marchés  sont  bien  approvisionnés  en  blés  nou- 
veaax.  Ce  sont  d'ailleurs  à  peu  près  les  seuls  qui  soient  offerts  soit  par  la  culture, 
soit  par  le  commerce.  Caries  restes  de  l'ancienne  récolte  sont  à  peu  près  nuls,  de 
même  cfue  la  nouvelle  campagne  a  été  ouverte  avec  une  réduction  dans  les  docks  et 
entrepôts  telle  qu'on  n'en  avait  pas  vu  depuis  longtemps.  L'abondance  des  offres 
est  justifiée  par  la  crainte  que  beaucoup  de  cultivateurs  éprouvent  de  voir  les 
cours  s'effondrer  rapidement  sous  l'influence  des  importations  américaines.  Il  est 
impossible  à  qui  que  ce  soit  de  prévoir  anjourd  hui  ce  que  sera  le  commerce  pen- 
dant les  derniers  mois  de  cetle  année;  mais  il  est  permis  de  rappeler  que  la  Russie 
est  fortement  éprouvée  et  n'exportera  que  peu,  et  que  l'Allemagne  a  une  récolte 
très  médiocre  qui  la  iorcjra  à  importer  beaucoup.  Ce  sont  des  faits  graves  qui 
militent  en  faveur  du  maintien  des  cours.  —  A  la  halle  de  Paris,  le  mercredi 
\"  septembre,  les  offres  étaient  actives;  la  meunerie  ne  fait  que  peu  d'achats,  et 
les  prix  sont  faiblement  tenus.  On  payait,  par  100  kilog.,  de  26  fr.  à  28  fr.  50, 
suivant  les  qualités.  Le  prix  moyen  s'est  fixé  à  27  fr.  25,  avec  une  nouvelle  baisse 
de  0  fr.  50  depuis  huit  jours.  —  Prix  faibles  sur  le  marché  des  blés  à  livrer,  où 
l'on  cote  :  courant  du  mois,  26  fr.  25  à  26  fr.  50 ';  octobre,  26  fr.;  novembre  et 
décembre,  25  fr.  75  ,  quatre  mois  de  novembre,  2b  fr.  50  à  -25  fr.  75  ;  quatre  pre- 
miers mois,  25  fr.25  à  25  fr.  50.  — Au  fîavre,  les  affaires  continuent  à  être  assez 
difficiles  sur  les  blés  d'importation;  on  les  paye  de  25  à  27  fr.  par  quintal  mé- 
trique suivant  les  sortes.  — A  Marseille,  la  situation  est  à  peu  près  la  même  que 
la  semaine  dernière;  les  prix  sont  fermes.  On  paye  par  100  kilog.  :  Berdianska, 
30  fr.  25  à  30  fr.  50;  Marianopoli,  30  fr.;  Irka,  27  fr.  50  à  29  fr.;  Danube, 
24  fr.  50  à  25  fr.  50;  tuzelles  d'Afrique,  28  fr.  à  20  fr.  50.  Pendant  la  semaine 
dernière,  les  importations  de  blé  ont  été  de  160,000  hectolitres  environ;  au 
SB  août,  le  stock  était,  dans  les  docks,  de  73,000  quintaux.  —  A  Londres,  les, 
arrivages  de  blé,  durant  la  semaine  dernière,  se  sont  élevés  à  185,8^0  quintaux. 
Le  marché  accuse  beaucoup  de  calme;  les  prix  sont  en  baisse.  Au  dernier  jour, 
on  payait  de  28  fr.  25  à  30  fr.  70  par  100  kilog.  suivant  les  provenances  et  les 
qualités. 

Farines.  —  Le  mouvement  des  cours  des  farines  suit  celui  des  blés.  Sur  toutes 
les  sortes,  les  prix  sont  en  baisse.  On  cotait  à  la  halle  de  Paris,  le  mercredi  l*''  sep- 
tembre, pour  les  farines  de  consommation:  marque  D,  61  fr,;  marques  de  clioix, 
63  à  64  fr.  ;  bonnes  marques,  61  à  62  fr.;  sortes  ordinaires,  5y  à  dO  fr.;  le  tout 
par  sac  de  159  kilog.,  toile  à  rendre,  ou  157  kilog.  net,  ce  qui  correspond  aux 
prix  extrêmes  de  37  fr.  60  à  40  fr.  75  par  100  kilog.,  ou  en  moyenne  69  fr.  20. 
C'est  une  baisse  de  1  fr.  55  sur  le  prix  moyen  du  mercredi  précédent  —  En  ce 
qui  concerne  les  farines  de  spéculation,  on  cotait  à  Paris,  le  mercredi  1"  sep- 
tembre au  soir  :  farines  hua-marques,  courant  du  mois,  56  fr.  75  à  57  fr.;  oc- 
tobre, 55  fr  ;  novembre  et  décembre,  55  fr.;  quatre  mois  de  novembre,  54  fr.  50; 
quatre  premiers  mois,  54  fr.  25  à  54  fr.  50;  par  sac  de  159  kilog.  toile  perdue 
ou  157  kilog.  net;  farines  supérieures^  courant  du  mois,  36  fr.  25;  octobre,  36  fr,; 
novembre  et  décembre,  35  fr.  75;  quatre  mois  de  novembre,  34  fr.  75  à  35  fr.; 
quatre  premiers  mois,  34  fr,  75;  le  tout  par  100  kilog.  —  La  cote  officielle  en 
disponible  a  été  établie,  comme  il  suit,  pour  chacun  des  jours  de  la  semaine,  par 
sac  de  157  kilog.  net  : 


DES   DENRÉES    AGRICOLES   (4  SEPTEMBRE   1880).  397 

Dates  (août) 26  27  28  30  31  1" 


Farines  huit-marques. 
—       supérieures 


61  00 

60.75 

60.75 

59.75 

59.15 

58.25 

62  03 

61.50 

61.75 

60.00 

.59.. 50 

59.00 

Le  prix  moyen  a  été,  pour  les  farines  huit  marques,  de  59.50,  et  pour  les 
supérieures  de  60.75;  ce  qui  correspond  aux  cours  de  37,80  et  de  38.60  par 
100  kilog  C'est  une  baisse  de  1,30  pour  les  premières  et  de  30  centimes  pour  les 
secondes  depuis  huit  jours.  —  H  y  a  aussi  baisse  sur  les  cours  des  faiines  deu- 
xièmes, qui  sont  payées  de  30  à  35  i'r.  par  quintal  métrique. 

Seigles.  —  Les  affaires  sont  calmes  et  les  prix  sont  en  baisse.  On  paye  à  la  halle 
de  19  fr,  75  à  20  fr.  25  par  lOo  kilog.  Quant  aux  farines,  elles  se  maintiennent 
aux  prix  de  28  à  32  fr.  par  1 00  k.log. 

Orges.  —  Les  ventes  sont  toujours  peu  importantes.  Les  prix  se  maintiennent 
de  20  à20fr.  5J  par  100  kilog.  suivant  les  qualités.  Quant  aux  escourgeons,  les 
offres  sont  restreintes,  et  les  prix  restent  fixés  de  19.75  à  20  fr,  par  quintal  métri- 
que.—  A  Londres, les  arrivages  d'orges  étrangères  sont  presque  nuls;  les  cours 
ne  varientpas  ;  on  cote  de  de  Ivi  75  à  21,75  par  quintal  métri  |ue. 

Malt.  —  Mêmes  prix  que  précédemment.  On  cote  de  29  à  40  fr,  par  100  kilog. 
suivant  les  provenances  pour  les  malts  d'orge,  et  de  30  à  36  tr,  pour  ceux  d'escour- 
geon, 

AvoiJies.  —  Il  y  a  des  offres  plus  abondantes  en  avoines  de  toutes  sortes  à  la 
halle  de  Paris,  et  les  prix  sont  plus  fai  les.  On  cote  actuellement  de  18.25  à  20  fr. 
par  100  kilo:^,,  suivant  poids,  couleur  et  qualité.  —  A  Londres,  les  affaires  sont 
assez  actives  avec  des  airivages  abondants,  et  les  cours  se  maintiennent  aux  taux 
delà  semaine  dernière.  On  cote  de  19  à  21,90  par  lOu kilog.  suivant  les  sortes. 

Sarrasin.  — Les  prix  se  main  iennent  pour  les  quantités  disponibles,  à  25  fr, 
par  KG  kilog.  Mais  pour  les  sarrasins  à  livrer  à  l'automne,  ils  varient  de  18.50  à 
19.25. 

Mais.  —  Les  cours  sont  très  fermes  au  Havre  sur  les  maïs  d'importation  qui 
se  vendent  de    14  fr.    25  à    16  fr,  50  par  lOu    kilog.  suivant  les  sortes. 

Issues.  —  Les  cours  sont  à  peu  près  cfiux  de  la  semame  dernière.  On  paye  à  la 
halle  de  Paris  par  100  kilog.  :  gros  son  seul,  14  fr.  75  à  15  fr.  ;  son  trois 
cases,  14  fr,  25  à  14  Ir.  ^0;  sons  fins,  13  fr,  75  à  14  ir.;  recoupettes,14  à  14  fr,  50; 
remoulages  bis,  15  à  16  fr.  ;  remoulages  blancs,  17  à  19  fr. 

III,  —  Vins,   spiritueux,  vinaigres,  cidres. 
Vins. — Encore  aujourd'hui,   nous  n'avons  rien   à  ajouter  à  nos    précédentes 
appréciations,  notre  chronique  de  ce  jour  serait  bien  insignifiante,  si  nous  n'avions 
recules  cours  officiels  des  vins,  tels  qu'ils  se  pratiquent  aujourd'hui  à  Bercy  et  à 
l'Entrepôt.  —  Vins  rouges  :  Basse-Bourgogne,  vieux,  le  muid  de  272  litres,  1 50  à 
160  fr.;  nouveau,  110  ir.  —  Bayonne,  nouveau,  l'hectolitre,  48   à  50  fr.  —  Bor- 
deaux, vieux,  la  pièce,  150  à   170  fr.;    nouveau,    145  à  170  fr,  —  Cahors,   nou- 
veau, la   pièce,  125  à   130  fr.  — Charente,  vieux,  la  pièce,    115  à    120  fr.;  nou- 
veau, 105  à   l;0   fr,  —  Cher,  vieux,  la  pièce,    150  fr,;  nouveau,  95  à  120  fr.  — 
Ghinon,  vieux,  la  pièce,   160  à  165  fr.  —  Côtes  châlonnaises,  vieux,  la  pièce,  105 
à  115  fr.  —  Fitou,  vieux,   l'hect  ,  60  fr  ;  nouveau,  5t  fr,  —  Gaillac,   vieux,   la 
pièce,  125  à  130  fr,  —  Mâcon-Beaujolais,  vieux,  la  pièce,  150  à  200  fr.;  nouveau, 
110  à   115  fr,  —Montagne,  vieux,  Ihect.,  46  à  48  fr,;   nouveau,  42  à  46  fr.  — 
Narbonne,  vieux,  l'hectolitre,  52  à  58  fr  ;  nouveau,  50  à  55  fr.  —  Orléans,  vieux, 
la  pièce,  150  fr.;  nouveau,  100  à  K  5  fr.  —  Roussillon,  vieux,  Thect,,  60  à65  fr.; 
nouveau,  55  à  à  60   fr,  —  Sancerre,  vieux,  la  pièce,  125   fr  ;   nouveau,    110  à 
120  Ir.  —  Selles-sur  Cher,  nouveau,  la  pièce,  90  à  95  fr.  —   Touraine,  nouveau, 
la  pièce,  90  à  95  fr,  —  Espagne,  l'hectohtre,  50  à  58  fr.  —  Italie,  l'hectolitre,  44 
à  56  fr.  —  Portugal,  l'hectolitre,  47  à  55  fr.  —  Sicile,  l'hectolitre,  48  à  58  fr.  •- 
Vins  blancs  .-Anjou,  vieux,  la  pièce,    115  à    120  fr,  —  Basse-Bourgogue,    vieux, 
le  muid,  155  à  160  fr,;  nouveau,  105  à  130  fr.  —  Bergerac  et  Sainte-Foy,  vieux, 
la  pièce,  140   à    165  fr.;    nouveau,    115  à    120  fr.    —    Chabhs,  vieux,  le    muid, 
160  à  20u   fr,  —  Entre-deux-Mers,  vieux,  la  pièce,  105  à  110  fr,;  nouveau,  95à 
100  fr,  —  Pouilly-Fuissé,  vieux,  la  pièce,  20i  à  210  fr.;   nouveau,    15U  à   200  fr. 
—  Picpoul,  vieux,  l'hectohtre,   50  à  52  fr.  —  Poitou,  nouveau,  l'hectobtre,  33  à 
34  fr,  ■—  Vnuvray,  vieux,  la  pièce,    150  à   160  fr.  —  Hongrie,  l'hectolitre,  40  à 
50  fr.  —  Droits  d'octroi  en  sus  de  23  fr.,  87  5  par  hectoUtre jusqu'à  15  degrés. 

A  propos  des  prix  de  début,  dont  il  était  question   dans  notre  dernier  bulletin, 
on  nous  adresse  de  Pézenas  (Hérault)  la  cote  présumée  des  vins  de  la  vendange 


398  REVUE    COMMERCIALE  ET    PRIX-COURANT, 

prochaine  :  Aramon,  l'hectolitre  nu,  20  à  22  fr,  — Montagne,  ordinaire,  23  à 
24  fr.  —Montagne,  2*  choix,  2b  à  26  fr.  —  Montagne,  1"  choix,  28  à  30  fr.  — 
Bourret,  20  à  22  Ir.  —  Picpoul,  25  à  26  francs- 

Spirilvevx.  —  Les  prix  des  3/6  ont  subi,  pendant  les  huit  jours  écoulés,  de 
brusques  variations,  qui  n'ont  apporté  aucun  changement  dans  la  situation, 
comme  on  peut  en  juger,  du  reste,  par  le  mouvement  delà  semaine,  qui  a  débuté 
par  le  cours  de  61  fr.  50,  62  fr.  25,  62  fr.  50,  puis  61  75  pour  revenir  au  cours 
de  dépait  :  61  fr.  25.  Le  stock  est  actuellement  de  6,260  pipes,  contre  8,775  l'an 
dernier  à  la  même  époque.  Les  affaires  sont  également  très  calmes  sur  la  place 
de  Lille  et  sans  variations  de  prix.  L'alcool  disponible,  dit  de  livraison,  vaut  tou- 
jours 62  fr.  50,  et  l'alcool  de  grains  oscille  entre  64  et  63  fr.  50.  Les  marchés  du 
Midi  sontauHsi  sans  changements  :à  Béziers  seulement  le  cours  est  descendu  à 
105  francs.  —  A  Paris,  on  cote  3/6  betteraves  1'''=  qualité,  90  d«grés  disponible 
61  fr.  25  à  61  fr.  50,  septembre  61  fr.  50,  octobre  à  décembre  59  fr.,  quatre  pre- 
miers 5  8  fr.  50. 

Vinaigres.  —  A  Orléans^  les  cours  sont  toujours  sans  variations.  D'après  les 
chiffres  fournis  par  l'administration,  il  est  entré  dans  Paris,  pendant  le  mois  de 
juillet,  3,367  hectolitres  37  litres  de  vinaigre  comestible  à  tous  degrés  d'acidité. 

Cidres.  —  Les  cours  accusent  toujours  une  grande  fermeté.  Pendant  le  mois  de 
juillet,  il  est  entré  dans  Paris  3,090  hectolitres  50  litres  de  cidre. 

ly.  —  Sucres.  —  Mélasses.  —  Fécules.  —  Glucoses.  —  Amidons. —  Houblons. 

Sucres.  —  Les  affaires  en  sucres  sont  peu  importantes,  et  les  prix,  principale- 
ment à  Paris,  se  ressentent  de  la  spéculation  sur  une  vaste  échelle  à  laquelle  on 
s'est  livré  depuis  quelque  temps.  On  paye  à  Paris,  par  100  kilog.  pour  les  sucres 
bruts,  8-<  degrés  saccharimétriques  :  n°*  7  à  9,  66  fr.  75;  n"»  10  à  13,  60  fr. 
sucres  blancs  n"  3,  76  fr.  25  à  76  fr.  50;  les  99  degrés,  73  fr.  Le  stock  de  l'en- 
trepôt réel  des  sucres  était  au  2  septembre,  de  236,00  ■  sacs  pour  les  sucres  indi- 
gènes. Sur  les  marchés  des  départements,  on  jiaye  :  A  Lille,  n"^  7  à  9,  6'^  fr.  75. 
n"  10  à  13,  58  fr.  —  A  Saint-Quentin,  n"'  72  à  9,  65  fr.  5  à  65  fr.  50.—  Péronne, 
sans  cote.  —A  Valenciennes,  n°'  10  à  13,  58  fr.;  n"  7  à  9,  64  fr.  50.  — Eace  qui 
concerne  les  sucres  raffinés,  les  demandes  se  bornent  aux  besoins  stricts;  on  paye 
à  Paris  par  100  kilog.  à  la  consommation,  145  fr.;  et  par  l'exportation,  6S  fr.  50  à 
71  fr.  50.  —  Dans  la  plupart  des  colonies,  on  annonce  une  excellente  récolte  pour 
les  cannes. 

Mélasses. —  Les  cours  sont  fermes.  On  paye  à  Paris,  13  fr.  par  100  kilog.  pour 
les  mélaspes  de  fabrique,  14  fr.  pour  celles  de  raffinerie.  Dans  le  Nord,  les  affaires 
sont  nulles. 

Fécules.  —  Très  peu  d'affaires;  on  attend  la  récolte.  —  A  Paris,  on  cote  40  à 
41  fr.  par  100  kilog.  pour  les  fécules  premières  du  rayon;  à  Gompiègne,  40  fr.  pour 
celles  de  l'Oise.  Les  fécules  vertes  valent  de  21  à  22  fr. 

Glucoses.  —  Les  ventes  sont  assez  actives  aux  mêmes  cours  que  précédemment. 
On  paye  à  Paris  par  100  kilog.  :  sirop  premier  blanc  de  cristal,  64  à  66  fr.; 
sirop  massé,  54  h  56  fr.;  sirop  liquide,  44  à  46  fr.;  sirops  de  maïs, 44  à  46  fr. 

Amidons.  —  11  n'y  a,  pour  toutes  les  sortes,  que  des  affaires  restreintes.  On 
paye  par  100  kilog.  suivant  les  qualités  :  amidons  de  pur  froment,  en  paquets, 
74  à  75  fr.;  amidons  de  province,  63  à  65  fr.  ;  amidons  d'Alsace,  60  à  62  fr.; 
amidons  de  maïs,  46  à  48  fr. 

Houblons.  —  La  récolte  des  houblons  est  commencée.  Dans  une  grande  partie 
des  pays  producteurs,  si  le  rendement  n'est  pas  très  élevé,  on  se  loue  beaucoup  de 
la  qualité.  Pour  le  moment,  les  affaires  sont  presque  nulles. 
V.  —  huiles  et  graines  oléagineuses. 

Huiles.  —  C'est  encore  de  la  hausse  que  nous  devons  enregistrer  cette  semaine 
On  paye  à  Paris,  par  100  kilog,  suivant  les  sortes  :  huile  de  colza,  en  tous  fiits, 
74  fr.  25  ;  en  tonnes,  76  fr.  25  ;  épurée  en  tonnes,  84  fr.  -2b  ;  huile  de  lin  en  tous 
fûts,  70  fr  ;  en  tonnes,  72  fr.  Sur  les  marchés  des  départements,  on  cote  les  huiles 
de  colzi  :  Gaen,  70  fr.  25  ;  Rouen,  74  fr,  75  ;  Arras,  75  à  76  fr  ;  Cambrai,  7  3  fr.  ; 
et  pour  les  autres  sortes  :  œillette,  116  a  1 18  fr.  ;  pavot,  95  fr.  ;  hn,  75  fr.  ;  à  Rouen, 
les  huiles  d'arachide  sont  cotées  110  à  120;  celles  d'olives  lampantes,  \iO  à  125fr. 
—  A  Marseille,  les  huiles  d'olives  sont  payées  comme  il  suit  :  lampantes,  de  la 
pile,  94  à  95  fr.;  Aix  surfine,  175  à  180  fr.  ;  fines,  150  fr.  ;  Yar  surfine,  125àl30fr. 
Les  affaires  sont  peu  importantes. 

Graines  oléagineuses.  —  Prix  maintenus.  On  paye  par  hectolitre  :  à  Cambrai, 


DES  DENRÉES  AGRICOLES   [k  SEPTEMBRE  1880;.  399 

le  colza,  20  à  21  fr.  50;  œillette,  30  à  32fr.  75;  lin,  21  fr.  50  à  23  fr.  50;  —  A 
Arras,  colza,  20  à  22fr.  25;  lin,  21  à  23 fr.  50;  œillette,  30  fr.  50  à  32  fr.  ;  came- 
line,  18fr.  50  à  19  fr. 

VI.  —  Tourteaux.  —  \nirs.  —  Engrais. 

Tourteaux.  —  Les  affaires  sont  assez  calmes.  On  paye  dans  le  Nord  ;  œillette, 
14  fr.  tO;  colza,  14fr.  50  à  15  fr.  50;  lin,  i3  à  24  fr.  ;  œillette,  16fr.  ;  —à Rouen, 
colza,  14  fr.  25  à  14  fr.  50;  arachides  en  coques,  1 1  fr.  50;  arachides  décortiquées, 
16  fr.  f  0;  sésame,  15  fr.;  lin  23  fr.  ;  —  à  Marseille,  lin,  20  fr.  arachide  en  coque, 
11  fr.  75;  arachide  décortiqué,  15  fr.;  sésame,  15  fr.;  colza  du  Danube,  14  Ir.  ; 
coton,  12  fr.;  palmiste  naturel,  lOfr.  50;r  passe,  9  fr. 

Noirs.  —  A  Valenciennes,  on  cote  :  noir  animal  neuf  en  grains,  32  fr.  par 
100  kilog  ;  noirs  d'engrais  vieux  en  grains,  8  à  9  ir.;  lavage,  2  à  4  fr.  par  hectolitre. 

Engrais.  —  A  Liverpool,  en  Angleterre,  on  cofe  •  nitrate  de  soude,  47  fr.  50; 
sulfate  d'ammoniaque,  52  fr.   50  à  55  fr.  par  100  kilog. 

VII.  —  Matières  résineuses,   colorantes  et  tannantes.  —  Textiles. 

Matières  résineuses.  —  La  demande  est  active  et  les  cours  sont  très  fermes  par 
manque  d'approvisionnements.  On  paye  à  Bordeaux,  67  fr.  par  100  kilog.  pour 
l'essence  pure  de  térébenlhine;  à  Dax,  61  fr. 

Lins.  —  Voici  les  cours  actuellement  pratiqués  sur  les  marchés  du  Nord  pour 
les  lins  de  pays  par  quintal  métrique  :  à  Bergues,  110  à  120  fr.;  à  Merville,  125 
à  140  fr.  suivant  les  qualités. 

VIII.  —  Suifs  et  peaux. 

Suifs.  —  Les  prix  continuent  à  accuser  beaucoup  de  fermeté.  On  paye  à  Paris  : 

84  fr.  50  par  10 J  kilog.  pour  les  suifs  purs  de  l'abat  de  la  boucherie;  63  fr.  25 
pour  les  suifs  en  branches. 

Cuirs  et  peaux.  —  Aux  ventes  mensuelles  de  la  boucherie,  au  31  août,  à  Paris, 
on  payait  par  100  kilog.    :   bœufs,  88  à    113  fr.;  vaches,  95  à  96  fr.;  taureaux, 

85  fr.  25;  veaux,  125  fr.  25  à  162  fr.  60.  Tous  ces  prix  accusent  une  hausse  sen- 
sible sur  le  mois  précédent. 

IX,  —  Beurres.    —  Œufs.  —  Fromages.  —  IVaiVes. 

Beurres.  —  On  a  vendu  pendant  la  semaine  à  la  halle  de  Paris,  219,104  kilog. 
de  heures.  Au  dernier  jour,  on  payait  par  kilog.  :  en  demi-kilug.,  2  fr.  18  à 
4  fr.  02;  petits-beurres,  1  fr.  98  à  2  fr.  76;  (journay,  2  fr.  12  à  5  fr!  22;  Isi- 
gny,  2  fr.  32  à  5  fr.  80. 

Œufs.  —  Du  24  au  30  aoijt,  on  a  vendu  à  halle  de  Paris,  4,129,005  œufs. 
Au  dernier  jour,  on  payait  par  mille  :  choix,  98  à  iu4  fr.  ;  ordinaires,  64  à  96  fr.; 
petiis,  48  à  56  fr. 

Fromages.  —  Dernier  cours  de  la  halle  de  Paris  :  par  douzaine,  Brie,  3  à  13  fr.; 
Montlhéry,  15  fr.  ;  par  cent  :  Livarot,  15  à  9j  fr.  ;  Mont-d'Or,   18  à  28  fr.;  Neuf- 
châtel,  3  à  23  fr.;   divers,  4  à  52  fr.  —  par  100  kilog.  Gruyère  126  à  164  fr. 
X.  —  Chevaux.  —  Bétail.  —  Vifvide. 

Chevaux.  —  Aux  marchés  des  25  et  28  août,  à  Paris,  on  comptait  828  che- 
taux.  Sur  ce  nombre,  346  ont  été  vendus  comme  il  suit  ; 

amenés.  Vendus.   Prix  extrêmes. 

Chevaux  de  cabriolet 179  39      ^60  à      890  fr. 

—  de  trait 215  61       ;iOO  à  1.270 

—  hors  d'âge 251  123        41   à  1,000 

—  à  l'enchère 29  29         60  à      3.50 

—  de  boucherie 94  94        35  à      110 

Bétail.  —  Le  tableau  suivant  résume  1«,  mouvement  du  marché  aux  bestiaux  de 
la  "Villette,  du  jeudi  26  août  au  mardi  31  août  : 

Poids        Prix  du  kilog.  de  viande  snr  pied 
Vendus  moyen        au  marché  du  lundi  30  août. 

Pour  Pour  En         K  quartiers,  l"  î"  3«  Prix 

Amenés.  Paris,  l'extérieur,  totalité.  kil.  qoal.  quai.  quai.  moyen. 

Bœufs 5,659  3.100  1,832  4.932  3^6  1.66  1.50  1.16          1.41 

Vaches. 1,603  541  806  1,407  235  1.52  1.32  104          1.29 

Taureaux 276  188  31  219  375  1.34  1.16  104          1.19 

Veaux 4,708  3,128  1,132  4.260  73  1.80  1.70  1.24         153 

Moutons 46.619  23,501  17.397  40,900  19  2.00  l.€6  1.36          1.64 

Porcs  gras 5,024  1,819  3,(i80  4,899  9'*  1  78  1.72  1.62          1.64 

—    maigres.                7  2  3  5  40  1.45  »  *            1.45 

Sauf  en  ce  qui  concerne  les  moutons,  les  approvisionnements  ont  été  à  peu  près 
les  mêmes  que  la  semaine  précédente.  Ilya  une  plus  grande  activité  dans  les  trans- 
actions, et  les  cours,  pour  les  diverses  catégories,  sauf  en  ce  qui  concerne  les 
veaux,  accusent  plus  de  fermeté.  Il  y  a  un  peu  de  reprise  sur  les  prix  des  moutons. 


400       REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX-COURANT  (4  SEPTEMBRE  1880). 

A  Londres,  les  importations  d'animaux  étrangers,  durant  la  semaine  dernière, 
se  sont  corat)Osées  de  19,6S!5  têtes,  dont  l  bœuf,  250  veaux,  4,i71  moutons 
et  6  porcs  venant  d'Amsterdam;  l,ul0  moutons  de  Brème;  2  7  veaux  deGothem- 
bourg;  577  moutons  d'Hambourg;  116  bœufs,  102  veaux.  2,026  moutons  et  124 
porcs  d'Harlingen;  294  bœufs  et  1,382  moutons  de  Montréal;  371  bœufs  et 
615  moutons  de  New-York;  13  bœufs,  1  9  veaux,  3,67  3  moutons  et  40  porcs  de 
Rotterdam;  846  bœufs  et  3,6*3  moutons  de  Tonning.  Prix  du  kilog  :  Bœaf^  l'" 
1  fr.  87  à  2  fr.  05;  2"  1  fr.  75  à  1  fr.  87;  qualité  inférieure  I  fr.  46  à  1  Ir.  70; 
Veau,  V  1  fr.  90  à  2  fr.  05;  2«  1  fr.  75  à  l  fr.  90;  Mouton,  V  2  tr.  28  à  2  fr. 
40;  2«  1  fr.  93  à  2  fr.  10;  qualité  inférieure  I  fr.  75  à  I  fr.  93;  Agneau,  2  fr.  34 
à  2  fr.  80;  Porc,  V  1  fr.  58  à  1   fr.  70  ;  2M  fr.  40  à  1  fr.  58. 

Viande  à  la  criée.  —  On  a  vendu,  à  la  halle  de  Paris,  du  24  au  30  août  : 

Prix  du  kilog.  le  30  août.  


Bœuf  ou  vache  . , 

Veau 

Mouton 

Porc 


kilos. 

165,483 

159.841 

58,666 

19,162 


1"  quai. 
l.liàl  80 
1.48     1.86 
1.56     1.76 


2»  quai. 
0  98àl.46 
1.86     1.22 
1.76     1.18 


{«quai.  Choix.     Basse  boucherie. 

0.6'U1.16  1.00à2.70  0.20à  1.10 

0  80     1.20  0.90    2.00      » 

0.70     1.16  0.90     3.60       » 
l.OOà  1.76 


403,157      Soit  par  jour 57,594  kilog. 

Il  y  a  eu  augmentation  de  6.000  kilog.  environ  sur  les  ventes  de  la  semaine 
précédente.  Les  prix  sont  sans  changements,  sant  pour  la  viande  de  bœuf  qui 
accuse  une  légère  baisse. 

XI.  —  Cours  de  la  viande  à  l'abattoir  de    la  Villette  du  2  septembre  (par  50  kilog.) 
Cours  de  la  charcuterie.  —  On  vend  à  la  Villette  par    50  kilog.  :  1"  qualité, 


90  à  93  fr.;  2«,  85  à 

Bœufs. 


90  fr.; 


poids  vif,  64  à  68  tr. 

Veaux. 


1"                   2" 

3" 

1"                  2«                    3« 

jre 

2" 

3« 

quai.           quai. 

quai. 

quai.           quai.            quai.           quai. 

quai. 

quai. 

fr.               fr. 

fr. 

fr.                fr.                fr. 

fr. 

fr. 

fr.j 

74              67 

60 

88                80              72 

90 

84 

77 

XII 

—  Marché  aux  bestiaux  de  la  Villette  du  jeudi  2  septembre . 

Cours  des  com 

missionnaires 

Poids                 Cours    officiels. 

en  bestiaux. 

moyen    _,_ m         -         m ... 

^^^ — 

— "i^»^  .^^ 

1 -., 

Animaux 

gênerai.     1"        2«        3«            Prix 

1" 

2«         3» 

Prix 

amenés.    Invendus. 

kil.       quai.  quai.  quai,      extrêmes. 

quai. 

quai.  quai. 

extrêmes. 

Bœufs Î.447 

216 

360         1.6d      L-SO     1.18     l.l5àl.68 

1.64 

1.50     1.18 

l.ioài.66 

Vaches 6i5 

28 

255          1.50     1.32     1.10     1.06      1.55 

1.50 

1.30     1.1» 

1.00      1.55 

Taureaux...          89 

29 

370         1.35     1.16     I.V6     1.02     1.40 

1.30 

1.55     1.00 

0.95     1.38 

Veaux i.î:î4 

157 

80         1.80     1.70     1.30     1.25     1.86 

Moutons 24.968 

4,029 

18          1.98      1.65      1.35      1.24     2.02 

y 

»           > 

,           , 

Porcs  gras..     3.491 

i> 

82         1.80     1.74     1.64     1.46     1.86 

( 

,           , 

»           » 

—  maigres. 

I 

1            »            »            »           »           » 

a 

„           , 

,           » 

Vente  assez  active  sur  toutes  les 

espèces. 

XIII.  —  Bésamé. 
Les  cours    des   céréales  sont  faibles  cette  semaine;   mais  pour  la  plupart  des 
autres  denrées  agricoles,   il  y  a  une  grande  fermeté  dans  Ls  prix.  A.  Remy. 

BULLETIN  FL\ANGIER. 

Cours  de  la  Bourse  du  25  août  au  l"  septembre  1880  [au  comptant]. 
Nouvelle  hausse  à  nos  fonds  publics  :  la  rente  3  0/0  est  à  86  fr.  30  gagnant 
0  fr.  55  la  rente  5  0/0  à  1 19  fr.  .85  gagnant  0  fr.  45  ;  l'amortissable  gagne  0  fr.  25 
à  118  fr.  Vive  reprise  également  à  nos  chemins  de  fer. 


Principales  valeurs  françaises: 

Plus 

bas. 

Rentes  O/o 85.70 

Rente  3  0/0  amortis 87.65 

Rente  4  1/2  0/0 in.^o 

Rente  5  o/o it9.40 

Banque  de  France 3440.00 

Comptoir  d'escompte 950.00 

Société  générale ouo.oo 

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Midi d»  tO12.50 

Nord d"  16110 .00 

Orléans d»  lijo.oo 

Ouest d°     835.00 

Paris-Lyon-Méditerranée  d"  i355.oo 
Paris  1871  obi.  4oo  3  O/O..  396.00 
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119.85 

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3'475.00 

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1387.50 

1387.50 

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1615.00 

1615.00 

1250. 00 

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l4l0.00 

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5  0/0  autricliien 

63  1/8 

63  l/l 

63  1/4 

4  0/0  belge 

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6  0  0  égypiiea 

3H.65 

316.25 

31.625 

3  0  0  espagnol,  extér'. 
d"  intérieur 

191/8 

19   1/4 

19  1/4 

» 

» 

5  0/0  Etats-Unis 

1071/8 

107  1/2 

107  1/8 

Honduras,  obi.  300... 

» 

Tabacs  ital.,  obi.  500.. 

» 

n 

» 

6  o/o  péruvien 

» 

B 

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9.45 

95.30 
9.60 

95.30 

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Bordeaux,  lOO,  3  O/O.. 

■ 

> 

100.50 

Lille,  100,3  0/0 

■ 

s 

101.50 

Letbrrier 

CHRONIQUE  AGRICOLE  ai  septembre 


Deux  grandes  solennités  en  l'honneur  de  savants  français.— Rôle  qu'ils  ont  exercé  au  point  de  vue 
des  intérêts  agricoles. — Travaux  et  découvertes  dus  à  Denis  Papin.  — Injustice  de  ses  con- 
temporains. —  Inauguration  de  ia  statue  de  Biaise  Pascal.  —  Ses  principales  découvertes.  — 
Coup  d'œil  général  sur  le  concours  régional  de  i.lermunt-Ferrand.  —  L'agriculture  et  les  fêtes 
pul)Iiques.  —  Inconvénients  que  présente  l'accuraulaiion  de  fêies  trop  nouibreuses.  —  La  dislri- 
Dution  des  encouragements  à  l'agriculture.  —  Détermination  prise  par  le  Conseil  général  du 
Cher.  —  Programme  proposé  par  M.  Joigneaux.  —  Le  rôle  des  associations  agiicoles.  —  Con- 
grès des  vigties  françaises  à  Clermonl-Ferrand.  —  Excursion  à  Mezei.  —  Principnles  questions 
traitées  au  Congrès,  —  Observations  de  M.  Calta.  —  Le  phylloxéra  d^ns  la  Cote-il'Or.  —  Lettre 
de  M.  Ladrey  —  Conférences  de  M.  Menudier  sur  les  faits  qu'il  a  constiiés.  —  Le  gretTage  des 
vignes  françaises.  —  Invasion  îles  guêpes  dans  le  vignoble  de  la  Champagne.  —  Procèdes  de 
destructior .' —  Congrès  de  la  Société  des  agriculteurs  italiens  à  Crémone.  —  Concours  de=;  pro- 
duits de  la  laiterie  à  Neiichâtcl-en-Bray.  —  Programme  du  concours  départemental  de  la  Haute- 
Loire.  —  Concours  du  Comice  agricole  d'Ambazac.  —  Discours  de  M.  Teisserenc  de  Bort.  — 
Nécessité  des  dégrèvements.  —  Concours  du  Comice  agricole  de  Bourg.  —  Discours  de  M.  Gel- 
lion-Danglar  et  de  M.  Clievrier.  —  Le  rôle  des  associations  agricoles.  —  Développement  d^  l'In- 
stitut agricole  de  1  Etat,  à  Gembloux.  —  La  bière  et  le  houblon.  —  Consommation  de  la  bière  à 
Munich.  —  Cu-ille  te  du  houblon  dms  le  comté  de  Kent. —  La  Société  d'encouragement  à  l'agri- 
culture au  concours  régional  de  Clermont-Ferrand.  —  Subventions  votées  par  les  Conseils  gé- 
néraux de  Seine-et-Marne  et  de  la  Savoie. 

I.  —  Les  statues  de  Papin  et  de  Pascal, 

Deux  grandes  solennités  viennent  d'avoir  lieu  :  l'une  à  Blois  pour 
l'érection  de  la  statue  de  Denis  Papin,  l'autre  àClermont-Ferrand  pour 
l'inauguration  de  la  statue  de  Biaise  Pascal.  L'agriculture  ne  doit  pas 
laisser  passer  ces  manifestations  de  reconnaissance  envers  la  mémoire 
de  deux  grands  hommes,  sans  y  joindre  un  témoignage  de  gratitude 
particulière.  Déjcà,  dans  la  séance  publique  annuelle  de  la  Société  na- 
tionale d'agriculture,  le  1^^  juin  dernier,  M.  Ghevreul  avait  exprimé 
cette  pensée  que  l'agriculture  doit  regarder  Papin  comme  un  de  ses 
bienfaiteurs  :  «  C'est  parce  que,  a  dit  l'illustre  doyen  des  savants  du 
dix-neuvième  siècle,  la  machine  à  vapeur  a  pris  rang  aujourd'hui 
parmi  les  machines  appliquées  à  l'agriculture,  que  le  nom  de  Papin, 
illustre  à  tant  d'égards,  est  inséparable  désormais  de  ceux  qui  ont 
contribué  aux  progrès  de  la  culture  de  la  terre.  » 

Denis  Papin  était  né  à  Blois  en  16'+T.  Après  s'être  adonné  à  l'étude 
de  la  médecine,  il  se  consacra  entièrement  à  des  recherches  de  phy- 
sique; il  ne  tarda  pas  à  faire  de  nombreuses  inventions.  D^s  11590, 
dit  Arago,  il  avait  publié  un  mémoire  dans  lequel  se  trouve  la  descrip- 
tion la  plus  méthodique  et  la  plus  claire  de  la  machine  à  feu,  connue 
aujourd'hui  sous  le  nom  de  machine  atmosphérique,  et  même  celle 
des  bateaux  à  vapeur.  Il  inventa  aussi  le  digesteur,  c'est-à-dire  le 
moyen  d'amollir  les  os  et  de  faire  cuire  toutes  les  viandes  en  même 
temps  au  moyen  de  la  vapeur.  Par  une  autre  invention  encore,  par 
celle  d'une  pompe,  le  nom  de  Papin  se  rattache  aux  choses  directe- 
ment utiles  à  l'agriculture.  Mais,  ajoute  Arago,  l'homme  de  génie  est 
toujours  méconnu  quand  il  devance  trop  son  siècle,  dans  quelque 
genre  que  ce  soit.  Il  est,  de  plus,  arrivé  que  les  divisions  politiques  et 
religieuses  chassèrent  Papin  de  son  pays.  C'est  en  Allemagne,  sur  le 
Weser,  que  l'illustre  inventeur  dut  essayer  son  bateau  à  vapeur;  le? 
barbares  bateliers  du  fleuve  allemand  mirent  en  pièce  la  machine 
nouvelle.  C'est  l'éternelle  histoire  des  grandes  découvertes.  Papin, 
pauvre  et  abandonné,  fut  réduit  à  faire  des  copies  pour  se  procurer  un 
morceau  de  pain,  et  l'on  ne  peut  même  pas  fixer  exactement  la  date 
de  sa  mort.  Tout  ce  que  l'on  sait,  c'est  qu'elle  arriva  au  delà  de  1714, 
et  que  le  pauvre  vieillard,  chargé  de  famille,  était  accablé  de  misère. 
La  statue  élevée  à  Blois  est  une    sorte  de  résurrection,  mais  elle 

N»  596.  —  Tome  III  de  1880.  —  11  Septembre. 


402  CHRONIQUE  AGRICOLE   (11    SEPTEMBRE   1880) 

atteste  une  fois  de  plus  l'odieuse  indifférence  des  contemporains  pour 
les  hommes  de  génie. 

Pascal  aussi  fut  malheureux;  mais  ce  sont  surtout  les  tar.tur.es  iâe 
l'âme  qu'il  endura.  L'agriculture  lui  doit  d'être  aujourd'hui  en  pos- 
Bession  d'un  moyen  cerlain  de  prévoir  les  prochains  changements  de 
tem,ps.  Pascal  a  inventé  des  machines  puissantes,  et  particulièrement 
la  presse  hydraulique.  Il  doit  doncéùre  mis  au  rang  des  bienfaiteurs  de 
l'agriculture.  11  était  né  à  Clermont-Ferrand  en  102:3.  11  mourut  à 
Tâge  de  trente-neuf  ans,  accablé  par  la  maladie,  tourmenté  par  les 
doutes  religieux.  L'inauguration  de  la  statme  qui  s'élève  itnaijn tenant 
sur  une  des  principales  places  de  sa  ville  nntale,  a  été  faite  à  i'occa- 
eion  du  concours  régional  agricole.  La  solennité  a  été  grandiose,  lues 
magnifiques  discours  de  MM.  Mézières,  Cornu,  lanet  et  JUardotra,,  pro- 
noncés au  nom  de  l'Académie  française,  de  l'Académie  des  sciences, 
de  l'Académie  des  sciences  morales  et  {)ol)tiques,  et  enfin  au  nom  de 
l'Auvergne,  ont  été  un  brillant  hommage  VAndii  à  l'auteur  des  Pro- 
vinciales et  des  Pensées,  en  même  temps  qu'au  grand  physicien  et  au 
graTïd  géomètre.  C'est  un  des  plusibeaux  génies  que  la  'France  ait  pro- 
duits. L'agriculture  doit  être  heureuse  d'-avoir  été  associée,  qnuMqtQe 
occasionnellement  seulement,  à  l'hommage  rendu  à  sa  mémoire  après 
deux  siècles.  Sa  statue  est  aussi  'une  résurr«?ct^ion  au  sein  de  l'Auvepgne. 

II.  —  Les  concours  régionaux. 

J?^ous  rendrons  un  compte  détaillé,  dans  un  prochain  numéro,  du 
concours  régional  agricole  de  Clermont-Ferrand.  Aujourd'hui  nous 
voulons  seulement  présenter  quelques  observations  qui  nous  ont  été 
suggérées  par  l'expérience  qui  vient  d'iêtre  faite  de  la  tenue  d^un  con- 
cours régional  à  la  fim  de  l'ètéiet  au  commencement  de  l'automne,  par 
comparaison  avec  les  cooicours  tenus  emi  mai  et  juin.  Nous  voulonfe 
aussi  appeler  l'attention  sur  l'inoonvénàent  qu'il  nous  paraît  y  avoir 
d'accumuleir  trop  de  lètes  avec  un  concours  agricole. 

Le  concours  de  Clermonl  a  éité,  feons-le  tout  de  suite,  très  beaii 
pour  îles  produits  agricoles^  ett  même  il  l'a  emporté  à  cet  égard 
sur  les  concours  ^de  mai  et  de  juin.  iMais  c'est  en  cela  seulement 
qu'a  consisté  sa  sfupôrioirîté.  Sans  .auomn  idoute^  les  animaux  exposés 
étaient  remarquables  sous  bien  des  rapports,  ©t  les  machiiaes  ne  le 
cédaient  à  aucune  de  cdlles  présentées  dains  les  araires  concours,  Nas 
constructeurs  avaient  amené  des  instiuiments  si  voisins  les  uns  des 
autres  et  d'une  si  grande  perfedjiom.,  iqu'on  peut  les  regarder  comm-e 
des  équivalents.  Mais  ce  qni  a  manqué  à  Clermont,  ic'est  le  nnoiavie- 
ment  des  affaires  qui  se  prodniit  idairas  les  -conoonrs  eu  printemps.  Ao 
mois  de  septembre,  l'agriculteur  est  pourvu  (Be  tous  ses  instrumemjts 
de  culture  et  de  tous  les  appareils  nécessabes  soit  pour  faire  la  récoilile, 
soit  pour  la  préparer  en  vue  du  raarclié;  il  n'acliète  plus  de  maobines-. 
De  même  l'époque  est  passée  ipour  l'acquisition  des  lanimaux  reppo- 
ducteurs,  ou  bien  elle  n'est  pastencore  venue;  «e  n'est  pas  le  mom-ertt. 
De  là  un  manque  d'intérêt  du  comcours,  un  détachement,  si  l'on  peut 
s'exprimer  ainsi,  de  la  part  des  visiteurs.  Or,  les  concours  régFonrauK 
sont  surtout  intéressante  quand  ils  sont,  porar  les  aigipicultenirs,  cLeB 
occasionB  de  ee  voir  etde 'conclure  des  laffadres. 

En  même  temps  que  se  tenaîït  à  Clermont  le  «onoours  agriicoile,  il  y 
aieu  non -seulement  la  splendide  inauguration  du  monument  de  iBlaise 


CHRQNIOUE  AGRICOLE  (11    SEPTEMBRE  1880).  4i03 

Pascal,,  raais  oo  y  a  joint  une.  foule  de  fêles  :  cctvalcade  historLqimj 
concoLiFs  d'opphéons,  concours  de  gymnastique,  exposition  indns- 
trielle,  exposition  des  beanx-arts,  sans  co;npler  lies  fôlfîs  de  charité, 
des  illuminations,  des  fenx  d'artifice,  des  banquets,  etc  Au  milieu 
de  tant  de  fêtes,  le  concours  régional  était  un  pea  délaissé.  Au  moment 
mirjafi  où  &e  faisait  la  distribution  des  recompenses  aux  agriculLears, 
aiî  milieu  du  silence  et  sans  musique,  en  présence  de  bien  peu  de 
monde,  il  y  avait  sur  la  grande  place  pubnq;ue  urr  immense  cirque  où  les 
Sociétis  de  gymnastique  se  livraient  à  leurs  exercices  et  recevaient  leurs 
prix,  au  son  de  nombreu-t  orchestres  et  en  présence  des-  fl  jts  d'uine 
population  pressée  ebTivement  intéressée.  Le  but  des  concours  régio- 
naux agricoles,  dans  de  pareilles  circonstances,  nest  pas  atteint. 
L'agriculture  a  été  trop  effacée;  elle  n'est  venue  partout  à  peu  près 
qu'au  dixième  rang.  Or  si,  une  fois,  elle  doit  tenir  la  première  place^. 
c'est  bien  lorsque  se  fait  un  concours  régional  qui  ne  revient  que  to'us 
tes  sept  ans  dans  le  même  département. 

Ili.  —  Les  ertc.ouragemeni's  à  V agriculture. 

Ify  a  une  tendance,  en  ce  moment,  que  nous  ne  pouvons  pas  approu- 
ver :  c'est  celle  d  enlever  aux  associations  agricoles  les  subventions 
qui  les  font  vivre.  On  sait  que  nous  sommes  de  ceux  qui  ont  toujours 
blâmé  l'intervention  de  la  politique  dans  les-  choses  de  l'agriculture. 
Il'  n'était  pas  difficile  de  pi*évoir  quelle  n'aurait  que  des  résul't'at^^ 
fâcheux.  Mais  de  ce  que  quel'ques  memhres  d'associations  agricoles  se 
sont  laissé  aller  à  profiter  ou  à  prendre  prétexte  de  l'agriculture' pour 
faire  des  manifestations  politiques  ou  électorales,  ilnî  nous  paraît  pas 
qu'ondoiveen  ••onclurequele  maniement  des  fonds  de  l'Etat  ou  des  dépar- 
tements, destinés  à  encourager  la  production  des  champs,  seront  exclu^ 
sivement  remis  entre  les  mains  d'un  fonctionnxirepoliti  |ue,et  cela  pour 
Ise  biem  de  l'agriculture  eîle  même.  Or,  il  paraît,  d'après  un  article  que 
M.  JoigTieaux  a  publié  dans  le  Sïède  du  7  septembre,  que  c'est  aiosi 
que  les  choses  vont  se  passer  dans  le  département  du  Giier.  JVL  lai- 
gaeauxi  a  exprime  amsi  :  f    .,  ,    . .  r     ,     , 

«  lia  été  décidé  qu'on  ne  subventionnerait  pas  les  associations  agricoles  de  ce- 
départe  ûjentetque  iessomines  attribuées  aux  encouragements  agricoles  resteraieat 
entre  1-s^  mains  du  préfet  et.de  la  com  nission  d 'partem-^ntale.  A  la  bonne  heure!. 
C'est  ainsi  que  les  cho.ses  devraient  se  passer  pajtoat.  Que  le  préfet  du  Cher  et  la 
commission  départementale  prennent  l'avis  d'hommes  au'orisés  en  économie 
rurale,  s'informent  des  pratiques  agricoles  défectue  ises  dius  chaque  canton  et 
signalent  par  la  voie  des  circulaires  et  des  journaux  les  a  néhorations  importaiutes' 
qu'il'  serait  utile  d'introduire  chez  eux.  Qu'ils  ouvrent  ensuite  des  concours,  et 
offrent  de  fortes  primes  à  ceux  qui  auront  le  mieux  réalisé  les  améliorations 
signalées,  et  en  quelques  années,  grâce  à  ce  mode  d'encouragement  sensé  et 
sérieux,  ils  auront  renau  plus  de  services  à  leurs  populations  que  n'en  rendraient 
en  un  siècle  les  sociétés  fermé<'S.  Il  se  rencontrera  certainemtînt  dans  li  Cher  de.5 
cultivateurs  intelligents  n'appartenant  à  aucune  société  officielle,,  qui  se  feront,  uui 
devoir  de  seconder  le  Conseil  général,  d'entrer  FésoLument  avec  lui  dans  la  voie,  du. 
progrès  rural  et  de  prendre  part  aux  concours.  L'esse  itiel  est  que  le  préfet  et  'a 
commission  départementale  ne  comptent  pas  sur  l'initiative  privée  ;  eux  seuls 
doivent  la  prendre  après  avoir  consulté  le  professeur  d'agriculture,  où,  à  défaut 
dfi'cehii-  i,  des  hommes  d'une  compétence  incontestée,  conniissant  biea  le  pays 
et  sachant  par  quelles  améliorations  il  faut  commencer  pour  réussir  du  premier 
coup. 

«  Le  département  du  Cher  a  voté  des  fonds  ;  il  n'entend  pas  qu'on  en  dispose  à 
tort  et  à  travers,  selon  la  routine  traditionnelle;  il  s'en  réserve  absolument  Tem- 
plod,  :  c'est  bien.  Il  ne  reste  plus  qu'à  faire  de  ces  fonds  d'encouragement  un  ban 
emploi.   Qu'on  laisse  de  côté  les  médailles  et  les  mentions  honorab'es:  pour  nei 


404  CHRONIQUE  AGRICOLE  (11    SEPTEMBRE  IS'^O). 

g'attacher  qu'aux  fortes  primes  en  argent  et  aux  diplômes.  Il  importe  qu'on  n'épar- 
pille pas  ses  eO'orts  et  ses  ressources  sur  de  trop  grandes  surfaces;  autrement;on 
les  affaiblirait  et  on  risquerait  d'échouer. 

«  Pui.-que  c'est  le  Cher  qui  commence,  parlons  du  Cher.  Il  comprend  trois 
arrondissements;  il  conviendrait  donc  de  poiter  toutes  ses  forces  chaque  année  sur 
un  seul  arrondissement  et  de  s'en  rajiporter  au  tirage  au  sort  pour  ne  point  faire 
de  jaloux.  I  a  première  année,  par  exemple,  ce  serait  1  arrondissement  de  Saint- 
Amand  qui  débuterait;  la  second^  année  viendrait  celui  de  Bourges,  la  troisième 
année  c  lui  de  Sancerre.  Dans  le  Cher,  les  fumiers  sont  mal  soignés,  les  iiriga- 
tions  sont  négligées,  la  sélection  des  céréales  est  inconnue,  la  tenue  des  maisous 
de  ferme  laisse  beaucoup  à  désirer.  C'esi  donc  à  encouiager  l'aménagement  conve- 
nable des  fumiers,  la  construction  des  ciiernes  à  purin,  la  création  des  prairies 
naturelles,  la  production  des  bi  nnes  (ér'ales  de  semence,  la  propreté  rigoureuse 
dans  les  habitations  ruiales  que  devraient  servir  d'abord  n  suitout  les  sommes 
mises  à  la  disposition  du  préfet  et  de  la  commission  départementale.  l'^ti'iM 

«  La  période  d'essais  est  ouverte;   nous  en  attendons  d'heureux  résultats  et  lël''' 
souhaitons  d'autant  plus  vivement  qu'ils  serviraient  d'exemple  à  tous  les  départe- 
ments qui  ont  la  faiblesse  d'entretenir  des  sociétés  et  comices  inutiles,  où  se  can- 
tonnent plus  souvent  les  ennemis  de  la  République  que  les  amis  de  l'agriculture.  » 

Nous  avons  reproduit  inlégraloment  le  programme  de  i\l.  Joigueaux, 
parce  qu'il  est  utile  que  les  Sociétés  d'agriculture  le  connaissent.  11  fut 
un  moment  où  l'on  voulait  leur  remettre  intégralement  et  absolument 
la  direction  des  encouragements  à  l'agriculture;  voici  le  programme 
contraire,  on  veut  tout  leur  eulever.  Les  deux  extrêmes  nous  paraissent 
également  mauvais.  Ces  mouvements  d'action  et  de  réaction  ne  peu- 
vent pas  servir  le  progrès.  Nous  le  répétons,  le  bien,  c'est  que  l'agri- 
culture soit  un  terrain  neutre  où,  en  dehors  deconsidérationspûliti({ue8 
ou  religieuses,  on  encourage  toutes  les  amélioi^ations,  de  quelque  papt^ 
qu'elles  viennent,  et  où  l'on  s'unisse  dans  l'amour  de  la  patrie  et  /dq/i 
l^Hberté.  ;   .M..uiill 

."'^„'^"ïl^  IV.  —  Congrès  des  vignes  françaises  à  Clermont-Ferrandi^,,-i-o  no  noii 
■  te  Congrès  des  vignes  françaises  à  Clermont-Ferrand  a  terminé  ses  ' 
travaux.  Il  a  siégé  le  30  et  31  août  et  le  ]"  et  2  septembre.  La  jour- 
née du  31  août  a  élé  consacrée  à  une  excursion  à  Mezel. 

Signalons  parmi  les  personnes  qui  ont  pris  part  aux  délibérations 
du  Congrès,  M.Dumas,  de  l'Académia  des  sciences,  président  de  la- 
Commission  supérieure  du  phylloxéra;  M.  Miraglia,  directeur  de  ragpi«> 
culture  au  ministère  de  l'agriculture  de  l'Italie;  M.  Demole,  membre^  i 
du  Comité  phylloxérique  de  Genève;  un  grand  nombre  de  présideniiS;.; 
des  Commissions  d'études  et  de  vigilance  des  départements  viticoleSj;j-; 
M.  de  la  Rochetlerie,  pour  le  Loiret;  M.  Prillieux,  professeur  à  l'In- 
stitut agronomique,  pour  Loir-et-Cher;  M.  Ferrer,  pour  les  Pyrénéesjl, 
Orientales;  M.  Régnier  et  M.  Ladrey,  pour  la  Côte-d'Or;  M.  le  doctevuhii 
Langlois,  pour  la  Haute-Loire,  etc.  -jjuj 

Les  discussions  ont  été  conduites  avec  beaucoup  de  tact,  d'inteli^lo 
gence  et  de  dévouement  par  le  sympathique  président  de  la  Comrai%t)q 
sion  de  vigilance  du  Ptiy-de-Dôme,  M.  Guyot-Lavaline,  sénateur,  i^^'il 
sident  du   Congrès.    Les   membres    du   Congrès  qui    ont  pris   à  ç^ 
discussions  la  part  la  plus  active,  sont  :  M.  Boiteau,  qui  a  exposé  aveÇ: 
détailles  mœurs  de  l'insecte  ainsi  que  les  principes  qu'il  croit  devoir 
suivre  dans  l'application  des  traitements  au  sulfure  de  carbone  ;  M.  de 
Laffitte-lvaloannenque  qui  a  fait  connaître  un  procédé  spécial  de  dis- 
tribution de  trous  d'injection  et  qui  a  attiré  l'attention  sur  la  néces- 
sité de  poursuivre  la  destruction  de  l'œuf  d'hiver  ;  M.   IMouillefert  qui 
a  donné  les  renseignements  circonstanciés  sur  les  traitements  par  le 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (11    SEPTEMBRE    1880).  405 

sulfocarbonate  de  potasse  ;  M.  Catta,  délégué  régional  pour  la  régioa 
du  Centre,  qui  a  signalé  certains  faits  nouveaux  relativementà  l'éclo- 
sion  anticipée  de  l'œuf  d'hiver  et  àlactioT  nuisible  de  l'humidité  dans 
les  traitements  au  sulfure  de  carbone,  et  quia  exposé  l'organisation  du 
service  administratif  et  les  principes  qu'il  a  établis  pour  la  recherche 
méthodique  du  phylloxéra  dans  les  vignobles  menacés;  M.  le  docteur 
Ilenneguy,  représentant  M.  Balbiani,  qui  a  discuté  certaines  apprécia- 
tions relatives  à  l'œuf  d'hiver;  M.  de  la  Loyère  qui  a  insisté  sur  la  mé- 
thode préservatrice  par  les  insecticides  et  les  engrais  permanents. 
La  séance  la  plus  importante  a  été,  sans  contredit,  celle  du  r' sep- 
tembre pendant  laquelle  a  été  fait  le  compte  rendu  de  l'excursion  à 
Mezel.  L'exposé  de  la  course  a  été  donné  par  M.  de  Laffitle  et  apprécié 
par  M.  Dumas  et  M.  Catta.  M.  Dumas  a  montré  l'intérêt  majeur  qui 
s'attachait  à  poursuivre  la  lutte  sur  ce  foyer,  quelque  extension  qu'il 
ait  prise,  et  dans  le  langage  élevé  dont  il  a  le  secret,  il  a  su  faire  com- 
prendre les  remords  qu'on  se  préparait,  si  n'ayant  pas  usé  des  moyens 
dont  la  science  dispose  aujourd'hui  pour  disputer  pendant  quelques 
années  le  vignoble  à  l'insecte, on  se  trouvait  demain  en  présence  d'une 
découverte  qui  résoudrait  la  question  du  phylloxéra  alors  que  la  vigne 
serait  déjà  détruite.  M.  Catta  a  démontré  que  les  traitements  ne  sont 
pas  responsables  de  l'extension  des  foyers  autour  des  parties  traitées 
lorsque  des  recherches  méthodiques  n'ont  pas  été  faites  sur  une  très 
large  échelle  autour  de  ces  foyers.  C'est  le  cas  de  Mezel  où  l'on  croyait 
à  une  invasion  de  4  ou  5  hectares,  alors  que  les  recherches  que 
M.  Catta  a  fait  pratiquer  ont  révélé  le  fléau  sur  plus  de  30  hectares. 
Il  n'hésite  pas  à  croire  qu'avec  des  recherches  soigneuses  et  l'applica- 
tion en  grand  des  moyens  dont  on  dispose  aujourd'hui,  on  arrêterait 
le  fléau.  Il  donne  comme  exemple  le  département  de  l'Aude  où  il  a 
réussi  à  établir  ce  service  sur  de  très  larges  bases  et  cil  la  marche  di 
l'invasion  est  matériellement  ralentie. 

Le  Congrès  a  émis  plusieurs  vœux,  notamment  celui  par  lequel  il 
attire  l'attention  de  la  Commission  supérieure  sur  le  sulfocarbonate  de 
calcium.  Il  est  regrettable  que  la  discussion  de  ce  procédé  n'ait  pas 
été  suffisamment  complète  et  surtout  que  ses  partisans  n'aient  pas 
demandé  la  parole  en  présence  de  l'illustre  président  de  la  Commission 
supérieure. 

Le  vœu  le  plus  important  qui  est  comme  la  justification  et  la  con- 
clusion du  congrès  est  à  peu  près  conçu  en  ces  termes  :  Le  Congrès, 
après  avoir  pris  connaissance  des  résultats  obtenus  jusqu'ici  dans  la 
lutte  contre  le  phylloxéra,  est  convaincu  que  la  vigne  française  peut 
efficacement  être  défendue  et  demande  à  tous  les  pouvoirs  publics  de 
poursuivre  la  lutte  en  lui  donnant  une  importance  en  rapport  aveô 
l'immensité  des  intérêts  à  défendre. 

Le  Congrès  s'est  déclaré  périodique-annuel  et  a  désigné  une  Com- 
mission d'initiative  chargée  d'organiser  la  réunion  de  Tannée  pro- 
chaine qui,  selon  toute  probabilité,  aura  lieu  à  Toulouse. 

-aib  6b  Ijii;;048  ob;,.<nq  ^^rrMP^ylloxera. 

Sâ?'1fti  j*rahd  rionibfe  dé  jiôînts  on  signale  la  constatation  de  nou- 
velles taches  phylloxériques  plus  ou  moins  développées.  En  ce  qui  con- 
cerne le  département  de  la  Côte-d'Or,  nous  recevons  de  M.  Ladrey, 
professeur  à  la  Faculté  des  sciences  de  Dijon,  la  lettre  suivante  i 


^6-  CHKONIQUE  AGRICOLE   (11    SEPTEMBRE   1880). 

«îMon  cher  directeur,  une  nouvelle  tache  pliylloxérique  vient  d'être  constatée 
dans  la  G  te- d'Or  sur  le  territoire  de  la  commune  de  Chambolle»  Gomme  des 
indications  erronées  ont  été  publiées  à  te  sujet,  je  tiens,  avant  xle  quitter 
Glerraont,à  vous  donner  sur  ce  fuit  des  rensei,t,^nenineiits  exacts. 

«  La  tache  uni(iue  reconnue  présente  en  surface  environ  5  raètre=;  carrés,  elle 
est  située  dans  un  climat  de|)laut  fin  au  nord  du  village;  ce  climat  esi  un  premier 
cru  nommé  les  'Crus. 

«  Aucune  constatation  analogue  n'a  été  faite  jusqu'ici  dans  les  communes 
voisines  de  GhamboUe, 

«  On  a  commencé  à  traiter  cette  tache,  le  lundi  30  août,  au  moyen  du  sulfure 
de  carbone  à  haute  dose.  Deux  zones  environnant  la  tache  ont  été  traitées  à  dose 
plus  faible. 

a  Ge  quia  (ait  dire  que  le  phylloxéra  avait  été  reconnu  dans  le  Musigny,  nom 
d'un  des  plus  grands  crus  de  la  Gôte-d'Or,  c'est  que  par  suite  de  l'existence  de  ce 
climat  sur  a.  commune  de  GhamboUe,  celle-ci  est  désignée  depuis  quelque  temps 
sous  le  nom  de  CliamboUe-Mvdgny. 

«  A  mon  retour  à  Dijon,  jerae  propose  d'ailler  visiter  GhamboUe;  si  j'apprends 
dans  cette  visite  quelque  chose  de  nouveau  et  d'intéressant,  je  vous  en   lerai  part. 

a  Agréez,  etc.  G  Ladr^y- 

Depuis  plusieurs  années,  M.  le  D""  Menudier,  membre  delaCoramis- 
sion  supérieure  du  phylloxéra,  se  livre  sur  son  domaine  du  P'iaiid- 
Chermii^nac,  près  Saintes  (Cliarente- Inférieure),  à  des  essais  sur  rem- 
ploi des  insecticides  et  sur  celui  des  cépages  résistants.  Le  (limauche 
19  septembre,  il  y  développera,  dans  une  conférence  publicpie,  les  trois 
points  suivants  qu'il  considère  commeabsolument  acipiis  :  Vles^ignes 
françaises  situées  en  terrains  profonds,  peuvent  être  conservées  |=mr 
l'emploi  du  sulfure  de  carbone  et  des  engrais;  2"  les  vignes  françaises, 
situées  en  terrains  légers,  calcaires  et  peu  profonds,  ne  peuvent  pas 
être  défen(kies  par  le  sulfure  de  carbone  et  les  engrais  ;  3°  isi  re-ons'ti- 
tution  des  vignobles  est  possible  par  les  cépages  américains  résistants, 
em  les  employant  soit  comme  producteurs  directs,  soit  comme  porte- 
greffes.  Cette  conférence  sera  suivie  d'une  visite  dans  les  vignes  du 
Plaud. 

Dans  le  Midi,  des  études  nombreuses  se  poursuivent  sur  la  cultitre 
des  vignes  américaines  et  le  greffage  des  vignes  françaises  sur  souches 
résistantes.  Le  Comité  de  vigilance  de  l'arrondissement  de  Toulon,  pré- 
sidé par  M.  Fisquet,  fait  connaître,  dans  les  termes  suivants,  les  résul- 
tats qu'il  a  constatés  cette  année  : 

«  Les  indications  sommaires  que  nous  sommes  en  mesure  de  fournir  à  ce  sujet, 
sont  loin  d'être  définilives  et  complètes;  cependant  comme  ellfs  peuvent  prévenir 
des  échecs  et  des  mécomptes,  c'est  un  devoir  pour  rous  de  les  porlerà  la  connais- 
sance du  pu'bhc.  La  soudui-e  entre  le  sujet  américain  et  le  greffon  européen  ne  se 
fait  pas  avec  la  même  s(didité  pour  toutBS  les  espèces 

a  Le  mcmivèdre  sur  Jacquez  semble  s'adapter  parfaitement  bien,  et  réciproque- 
ment les  Jacquez  se  greffent  avec  un  su  ces  remarquable  sur  mour\èdre. 

«■  Le  MoUrvèdre  au  contraire  réussit  mal  sur  cunningham 

«  Le  Garignan  se  soude  parlaitement  sur  Taylor;  lesgreffes  de  l'année  ont  supporté 
sans  se  si'ytarer  un  poids  de  :>0  ikiiog'raninîies. 

'«Le  P.rimavis  muscat ;pous>e  très  bien  sur  Taylor. 

«  La  Clairette  donne  sur  Ripai ia  des  jets  de  4  mettes  dès  la  première 
année. 

«  Le  Garignan  sur  "Vialli  a  donné  89°/o  de  repris.es. 

«  Il  convient  du  reste  d'observer  ique  pour  cette  dernière  greffe  la  soudure  n'est 
pas  très  soLlde  dès  la  premiàre  année.  Ge  qui  ne  l'empêoheipa»  de  :ae  consûiider 
d'une  manièie.complète  l'année  qui  suit. 

«  L'Aramon  (ait  tiès  liien  ménage  avec  LeRiparia,  le  Vitis  Solonis  e^t  l'Oporto. 

v  "Voila  en  résumé  les  renseignements  que  nous  pouvons  fournir  celte  année  sur 
les  grelfages  'pratiquéB  par  ttoub  -et  nos  'collègues. 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (11  SEPTEMBRE    1880).  407 

ce  Nous  continuerons  nos  études  sur  l'adaptation  des  divers  cépages  européens 
aux  porte-grefles  américains,  et  nous  aurons  soin  d'en  dresser  un  tableau  qui  sera 
consulté  avec  fruit.» 

Le  comité  de  Toulon  ex.pri.rrie,  en  outre,  le  vœu  que  l'admistration 
prenne  l'initiative  de  la  création  de  pépinières  qui  permettraient  aux 
vignerons  de  régénérer  leurs  vignobles  à  des  conditions   moins  oné- 
reuses que  celles  présentées  actuellement  par  le  commerce. 
VI.  —  Les  guêpes. 

On  rapporte  que  lies  guêpes  font,  cette  année,  dans  les  vignes  de 
Champagne,  de  grands  ravages.  Les  municipalités  d'Ay,  de  IMTareuil, 
de  Dizy,  ont  fait  annoncer  à  son  de  tambour  qu'elles  offraient  une 
prime  de  1  fr.  50  par  nid  de  guêpes  détruit.  Le  Vicjmron  Champenois 
donne,  sur  les  moyens  à  adopter  pour  atteindre  ce  but,  des  rensei- 
gnements qu'on  lira  avec  intérêt  : 

«  Après  avoir  envisagé  le  désastre  à  redouter,  arrivons  bien  vite  à  un  nouveau 
remède  qui  me  paraît  plus  radical  et  plus  facile  que  l'ingénieux  procédé  trouvé 
par  2  jeuneg  g.Hrs  de  Champillon  dont  nous  n'oublierons  pas  le  bon  vouloir. 

«  C'est  M.  Anthoine,  apiculteur  à  Mareuil,  qui  vient  à  l'instant,  de  la  part  de 
M.  le  comte  de  Montebello,  de  me  communiquer  sa  recette.  D  ins  le  jour,  M.  An- 
llioiue  s'enquiert  sur  les  nids;  il  remarque  les  allées  et  venues  des  frelons;  il 
suit  de  l'œil  ceux  qui  sont  chargés  de  butin,  car  ce  sont  ceux-là  qui  retournent 
au  logis;  il  les  voit  entrer  par  un  trou  généralementsitué  au  midi,  sur  lés  talus 
des  routes,  ou  sur  les  berges  du  canal,  ou  pratiqué  le  plus  souvent  sur  les  bords 
de  la  Marne. 

ce  11  plante  un  jalon  portant  un  voyant  en  papier;  à  la  nuit  tombée,  il  revient  avec 
une  sorte  de  fleuret  sonder  la  situation  du  guêpier  qui  forme  un  milieu  de  terre 
très  ameublie,  facile  à  sentir;  il  verse  dans  l'ouverture  pratiquée  parla  sonde, 
environ  1/4  de  litre  de  pétrole;  puis  à  l'aide  d'une  bêche  il  remue  tout  le  nid 
endormi,  et  sufloqué  par  le  pétrole;  il  vers-e  prestement  encore  l/^  de  litre  de 
pétrole  auquel  il  met  le  feu,  et  pendant  la  flambé'',  il  recommence  à  remuer, 
si  bien  que  les  guêpes  et  le  couvin  sont  brûlés  du  mêms  coup. 

ce  Nos  jeunes  amis  de  Ghampillon,  avec  leur  boîte-souricière,  ne  peuvent  attein- 
dre le  couvin  dont  Tincubatioi  de  21  jours  peut  durer  encore  une  quinzaine'; 
nos  braves  vignerons  d'Ay,  en  enfumant  les  repaires  à  guêpesj,  ne  peuvent  l'aire 
mieux.  » 

La  destruction  des  guêpes  est  d'autant  plus  urgente  que  les  colonies 
de  c«s  redoutables  insectes  se  multiplient  avec  une  grande  rapidité. 
VIL  —  Congrèi  des  agriculteurs  italiens.' 

Le  sixième  congrès  de  la  Société  générale  des  agriculteurs-  italiens 
se  tiendra  à  Crémone,  du  14  au  2)  septembre  courant,  pendant  le  con- 
cours régional  agricole  qui  doit  se  tenir  dans  cette  ville.  Le  programme 
des  discussions  qui  seront  dirigées  par  M.  G.  Chizzolini,  président  de 
la  Société,  comporte  un  grand  nombre  de  questions  très  intéressantes, 
non  seulement  au  point  dé  vue  italien,  mais  aussi  au  point  de  vue 
général.  Nous  citerons  particulièrement  ce  qui  se  rapporte  au  crédit 
agricole,,  aux.  moyens  de  prévenir  les  inondations,  aux  moyens  de  con- 
cilier la  cultar«  diA  riz  aivec  les  préceptes  de  i'kygièae  publique,  etc. 
VriL.  —  Concours-  de  produifs  de  la  laiterie. 

Nous  avons-  déjà  annoncé  que  la  Sociéié  française  de:  l'industrie 
laitière  organisait  un  concours  Aj  beurres,  fromages  et  instruments 
de  laiterie.  Ce  eoncoars  se  tiendra  a,  Neufcbâtel-en-Bray  (Seine-Infé- 
rieure),, du,  21  ail.  2/»  oxitûbre..  Y  s.eront  admis  les  beuri^s  dits  de 
Gt>Uii^naiy,,dla  Vexin  et  de  Li.varot;  les  fromages  de  Neufchâtel  (frais  et 
affinés),  Boudons,   Petit-Carrés,  Malakoffs,  fromages  de  Gournay>  ks 


4t8  CHRONIQUE  AGRIfiOLE  j(^ll  ÇJiPTEMBRE  1880). 

fromages  de  Camembert  et  de  Mignot;  de  Livarot,  de  Pont-1  Evêque 
et  de  Mont-d'Or;  les  fromages  de  l'Oise  et  de  la  Somme,  de  Rollot,  de 
Compiègne,  de  Macquelines,  etc.  Les  instruments  de  laiterie,  les  pré- 
sures et  colorants,  et  en  général  tous  les  produits  se  rattachant  à  la 
fabrication  du  beurre  et  du  fromage  ou  au  régime  des  vaches  laitières, 
seront  admis  au  concours,  de  même  que  les  plans,  devis  et  ouvrages 
se  rapportant  à  l'industrie  laitière.  Le  concours  comprendra  trois 
divisions,  savoir  :  r  beurres  frais  et  salés;  2°  fromages  frais  et  affi- 
nés; 3°  instruments  de  laiterie  et  divers.  Le  Comité  d'organisation  de 
ce  concours  est  dirigé  par  M.  Basset  fils,  président  du  Comice  .agri- 
cole de  l'arrondissement  de  Neufchâtel.  i  > 

IX.  —  Concours  dèparlcmental  de  la  Haute-Loire.  :^"'  '''•' 

Le  concours  départemental  d'animaux  reproducteurs  des  races 
bovines,  ovines  et  porcines,  et  d'améliorations  agricoles  diverses  dans 
le  département  de  la  Haute-Loire,  se  tiendra  à  Yssingeaux,  le  19  sep- 
tembre courant.  Les  concours  d'amélioration  comprendront  les  cul- 
tures générales,  les  cultures  fourragères^  l'aménagement  des  eaux,  la 
viticulture,  l'apiculture,  les  cultures  maraîchères,  les  arbres  fruitiers, 
la  création  des  chemins  ruraux.  Des  primes  seront  distribuées  aux 
instituteurs  pour  l'enseignement  agricole.  Ce  concours  est  organisé 
à  la  fois  par  la  Société  des  amis  des  sciences  de  la  Haute-Loire,  par  le 
Comice  du  Puy  et  par  le  Comice  d'Yssingeaux.  Un  concours  de  l'es- 
pèce chevaline  aura  lieu  à  la  même  date. 

X.  —  Le  concours  du  Comice  d'Ambazac. 

Parmi  les  associations  agricoles  qui  contribuent  le  plus  au  dévelop- 
pement du  progrès  agricole  dans  le  Limousin,  le  Comice  d'Ambazac 
tient  un  des  premiers  rangs.  Le  concours  tenu  par  ce  Comice  le 
5  septembre  était  très  remarquable;  il  a  donné  une  nouvelle  preuve 
des  services  qu'il  rend.  M.  Teisserenc  de  Bort,  président  du  Comice, 
ancien  ministre  de  l'agriculture,  a  constaté  ces  services  et  ces  progrès 
dans  un  discours  dont  le  Courrier  du  Centre  donne  une  analyse  qu'on 
lira  certainement  avec  intérêt  : 

«  Dans  une  lumineuse  et  substantielle  improvisation  dont  nous  ne  pouvons  que 
donner  l'analyse,  M.  Teisserenc  de  Bort  a  dit  qu'il  était  émerveillé,  après  être 
resté  quatre  années  sans  assister  au  comice,  de  contempler  toutes  les  magnifi- 
cences exposées.  Il  a  ressenti  un  véritable  bonheur  en  voyant  grandir  et  prospérer 
cette  utile  institution  des  comices,  si  profitable  à  nos  populations  rurales. 

«  Après  avoir  remercié  les  instituteurs  intelligents  et  dévoués  qui  enseignent  à  la 
jeunesse  les  principes  fondamentaux  de  l'agriculture,  il  a  abordé  cette  question  de 
la  crise  agricole  qui  préoccupe  si  justement,  aujourd'hui,  le  monde  des  savants  et 
des  économistes  L'agriculture,  dit-on,  est  frappée  dans  ses  forces  vives  ;  on  se 
plaint  de  l'insuffisance  des  récoltes  et  de  l'amoindrissement  des  prix;  d'un  autre 
côté,  les  vignerons  souffrent  cruellement  des  ravages  du  phylloxéra;  enfin,  dans 
l'élevage  des  bestiaux,  chose  capitale  pour  un  département  comme  le  nôtre,  on  se 
plaint  aussi  de  l'insuffisance  des  fourrages  et  de  l'abaissement  des  prix. 

cf  Quel  peut  être  le  remède  à  ces  maux?  On  a  parlé  de  réformer  les  traités  de 
commerce,  de  frapper  d'un  droit  le  bétail  étranger;  la  mesure  serait  inefficace, 
les  droits  devront  être  très  modérés  pour  ne  pas  entraver  la  consommation  géné- 
rale, ce  dont  nous  serions  les  premières  victimes.  L'Allemagne  a  voulu  essayer 
d'un  maximum  de  24  fr.  sur  les  hêtes  à  cornes,  quel  profit  en  a-t-elle  tiré?  Quel 
profit  en  tirerions-nous  nous-mêmes,  si  nous  songeons  que  ces  droits,  dans  notre 
pays  de  métayage,  seraient  réduits  de  moitié  pour  le  colon?  Ils  n'auraient  qu'une 
valeur  insignifiante  parce  qu'ils  s'adresseraient  surtout  au  gros  bétail,  et  que  la 
spéculation  dans  notre  Limousin  est  la  production  des  jeunes  bêtes  de  moins 
d'un  an.  Ce  n'est  donc  pas  dans  une  augmentation  de  droits  qu'il  faut  chercher  la  solu- 
tion. 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (Il   SEPTEMBRE   1880).  409 

«  On  a  parlé,  (l'autre  part,  du  Crédit  agricole,  chez  lequel  nos  agriculteurs  trou- 
veraient, fsur  garanties,  le  roulement  d'argent  nécessaire  à  leurs  opérations;  ce 
'  moyen  a  une  importance  réelle,  mais  pour  nos  grands  fermiers  seulement;  avec 
le  système  de  colonage  tel  qu'il  existe  dans  bt-aucoup  de  départements,  notam- 
ment dans  la  Haute-Vienne,  il  est  inapplicable  ;  un  colon  ne  peut  offrir  son  cheptel 
comme  garantie  et  il  ne  peut,  par  conséquent,  trouver  d'argent  à  emprunter. 

«  Enfin  il  y  a  une  troisième  façon  d'envisager  la  question,  et  c'est,  a  dit  l'ora- 
teur, le  nœud  du  problème.  La  terre  est  chargée  d'impôts  considérables  dont  le 
taux  dépasse  les  proportions  raisonnables.  Ou  est  anivé  à  supputer  que  l'en- 
semble de  la  propriété  rurale  ou  bâtie  rend  quatre  milliards  cinq  à  liait  cents 
millions;  or  en  ouvrant  le  budget  on  peut  voir  que  la  somme  payée  par  la  terre 
pour  la  série  d'impôts  qu'elle  supporte  paye  six  cent  quatre-vingts  millions  environ. 
Sur  un  revenu  de  quatre  milliaras  cinq  à  huit  cents  millions,  c'est  25  pour  100! 

«  11  y  aurait  donc  à  réduire  l'ensemble  des  impositions,  l'impôt  foncier  et  le  droit 
de  transmission;  les  résultats  en  seraient  certainement  avantageux. 

«  Mais  les  réformes  ne  viennent  pas  toutes  seules.  Il  faut  demander  souvent, 
demander  toujours.  Déjà  on  a  réduit  pour  les  départements  du  Nord  les  droits 
sur  les  sucres,  et  pour  nos  départements  viticoles  les  droits  sur  les  vins  ;  notre 
tour  est  venu.  Il  serait  utile  que  les  comices  agricoles  se  réunissent  dans  une 
même  pensée  et  demandent  une  réduction  sur  l'impôt  foncier  et  sur  l'impôt  de 
transmission. 

«  Le  gouvernement  de  la  RépubHque  aime  les  campagnes  ;  il  accueillera  certai- 
nement ce  vœu  formulé  avec  ensemble.  Les  agriculteurs  que  la  République  a 
affranchis  des  anciennes  servitudes  et  auxquels  elle  a  donné  le  suffrage  universel 
sont  aujourd'hui  le  plus  grand  nombre  ;  s'ils  veulent  s'unir  et  marcher  d'accord, 
leur  voix  sera  certainement  entendue, 

«  M.  Teisserenc  de  Bort  a  terminé  en  appelant  sur  ce  point  les  méditations  de 
ses  auditeurs.  Vos  destinées,  a-t-il  dit,  sont  entre  vos  mains  ;  la  population  rurale 
est  maîtresse  de  la  situation  ;  qu'elle  ne  reste  pas  indifférente  à  tous  les  actes  qui 
peuvent  affermir  le  régime  actuel;  vous  grandirez  le  pays,  vous  le  ferez  riche  et 
prospère  et  vous  rendrez  un  véritable  service  à  l'humanité  ». 

Les  primes  décernées  par  le  Comice  ont  été  ensuite  distribuées. 
Selon  une  coutume  établie  par  M.  Edmond  Teisserenc  de  Bort,  chaque 
lauréat  recevait,  en  même  temps  que  sa  médaille,  un  billet  de  loterie. 
Quatre  charrues  et  un  bélier  southdown  sorti  des  bergeries  du  châ- 
teau de  Bort  formaient  les  lots  de  cette  loterie,  qui  a  eu  le  grand  succès 
auprès  de  tous  les  lauréats  du  Comice. 

XL  —  Concours  du  Comice  de  l' arrondissement  de  Bourg. 

Le  Comice  agricole  de  l'arrondissement  de  Bourg  (Ain)  est  de  créa- 
tion récente;  il  a  pris  une  rapide  extension.  Les  effets  de  son  influence 
se  sont  manifestés  au  concours  qu'il  a  tenu  le  29  août;  depuis  dix  ans, 
Tagriculture  locale  n'avait  pas  eu  de  réunion  de  ce  genre.  Aussi  ce 
concours  a-t-il  offert  un  intérêt  particulier.  En  même  temps  que  des 
primes  nombreuses  étaient  décernées  aux  cultivateurs,  d'excellents 
conseils  leur  ont  été  donnés  à  la  distribution  des  récompenses,  par 
plusieurs  orateurs.  M.  Gellion-Danglar  a  insisté,  dans  les  termes  sui- 
vants, sur  les  conditions  du  progrès  agricole  : 

«  Il  faut  bien  se  le  persuader,  c'est  en  elle-même  que  l'agriculture  trouvera  le 

S  lus  de  ressources  pour  se  protéger  et  s'accroître,  pour  réahser  ce  progrès,  ce 
éveloppement  et  cette  prospérité  indispensables  au  bien  être  et  à  l'existence 
même  de  la  nation.  C'est  en  s'éloignant  chaque  jour  davantage  de  la  routine,  de 
l'odieuse  routine,  c'est  en  perfectionnant  les  méthodes,  c'est  en  s'appropriant  les 
découvertes  de  la  chimie  agricole,  de  la  météorologie,  en  mêlant  à  la  pratique  de 
la   nature  les  apphcations  de  la  science,  que  les  agriculteurs,  avec  un  succès  de 

Elus  en  plus  certain,  coTibattront  les  caprices  et  les  colères  du  ciel,  dompteront 
îs  résistances  et  les  rébellions  de  la  terre  et  se  rendront  maîtres  de  résultats 
qu'ils  poursuivent  eucore  avec  tant  de  peine,  avec  tant  d'incertitude,  avec  tant  de 
risques.  Multiplions  donc  les  écoles,  les  conférences,  les  prédications  laïques  et 
scientifiques,  pour  apprendre  aux  cultivateurs  la  culture  raisonnée  qui,  peu  à  peu, 


410  CHRONIQUE  AGRICOLE   (M    SEPTEMBRE    1880). 

se  substituera  à  la  culture  instinctive,  sans  que  les  hardiesses  de  la  théorie  puis- 
sent compromettre  les  conquêtes  définitives  de  1  expérience.  Joignons  ^  ces  con- 
naissances les  données  de  l'économie,  et  faisons  comprendre  à  tous  quels  peuvent 
être  les  Lnenlaits  de  l'association  .... 

«Tout  citoyen  est  capable  aujourd'hui  d'acquérir  sa  part  de  propriété  par  le  tra- 
vail, delà  conserver  et  de  l'augmenter  par  l'épargne.  L  association  seule  peut  et 
doit  faire  retrouver  le  petit  nombre  d'avantages  que  la  grande  propriétéprésentait 
parmi  tant  d'inconvénients.  Elle  produira  en  outre  beaucoup  d'autres  effets  heu- 
reux, Pour  n'en  citer  qu'un  exemple,  l'emploi  des  machines,  difficile  et  coûteux 
sur  des  espaces  restreints  et  pour  des  propriétaires  peu  aisés,  devient  facile  et  peu 
onéreux  pour  une  association.  Les  cultivateurs  associés  peuvent  acheter  des  machi- 
nes qui  seront  leur  bien  commun;  d'autres  peuvent  louer  à  bon  compte  des  ma- 
chines ambulantes  appartenant  à  des  entrepreneurs.  Si,  à  la  fin  du  siècle  dernier, 
le  pacte  de  lamine,  cet  établissement  dont  on  a  dit  que  les  comptoirs  reposaient 
sur  des  ossements  humains,  a  fait  tant  de  mal,  que  de  bien  pourront  faire  des 
associations  qui  seront  autant  de  pact-s  d'abondance! 

«Le  progrès,  en  toute  chose,  consiste  à  laisser  la  moindre  part  possible  au  hasard 
et  à  l'inconnu.  Gela  est  surtout  vrai  delà  science  agricole.  Tout  ce  que  vous  aurez 
conquis  sur  le  hasard  et  sur  l'inconnu,  vous  le  palperez  en  belles  récolles,  en  profits 
nets,  en  bons  loj  ins  de  terre  dont  vous  arrondirez  votre  patrimoine.  Instruisez- 
vous  donc  pour  travailler  à  coup  sîir  et  pour  enlever  tout  ce  que  vous  pourrez  au 
hasard,  à  l'inconnu,  à  l'ennemi.  » 

M.  Edmond  Cbevrier,  président  du  Comice,  a  particulièrement 
insisté  sur  le  rôle  que  doivent  jouer  les  associations  agricoles  : 

«  Peiinaettezrinoi,  dans  l'intérêt  de  l'extension  de  ce  Gonaice,  surtout  parmi  les 
cultivateurs,  de  vous  présenter  quelques  considérations  sur  l'utilité  des  sociétés 
agricoles  C'est  chose  assez  fréquente  que  les  plaisanteries  sur  les  messieurs  de  la 
ville  qui  s'occupent  d'agricultuie;  je  ne  répondrai  à  ces  plaisanteries  que  par  des 
faits  :  ainsi,  en  rappelant  aux  cultivateurs  que  jusqu'à  la  fin  du  siècle  dernier, 
leurs  pères  n'ont  point  connu  l'usage  des  pommes  de  terre,  du  trèfle,  l'emploi  de 
la  chaux.  Ce  sont  des  sociétés  d'agriculture  qui  ont  introduit  en  France  ces  cul- 
tures. 

«  J'ai  commencé  àm'occuper  de  concours  agricoles  sous  la  direction  d'un  hoiinnae 
dont  j'aime  à  rappeler  le  nom  illustre  dans  l'une  de  ces  solennités  agric.des  qu'il 
aimait  tant.  M.  Puvis,  que  son  biographe,  M.  Barrai,  a  appelé  l'un  des  pères 
de  l'agriculture  française,  avait  entrepris  de  répandre  en  Bresse  l'usage  de  la 
cHarrue  Dombasle.  A  cette  époque,  il  y  a  quarante-neuf  ans  environ,  les  culti-va- 
teurs  bressans  se  servaient  encore  de  l'antique  araire  des  Gallo-Romains,  charrue 
en  bois. 

«  La  Société  d'Emulation,  à  l'instigation  de  M.  Puvis,  avait  acheté  un  certain 
nombre  de  charrues  en  fer,  elle  ne  les  vendait  pas,  elle  les  donnait;  eh  bien,  per- 
sonne n'en  voulait,  les  cultivateurs  accueillaient  avec  un  sourire  i'ofi're  de  cette- 
lourde  machine  que  leurs  bœufs,  disaient-ils,  ne  pourraient  jamais  mettre  en  mou- 
vement; quelqiUes-uns  cependant  se  décidèrent  à  essayer  et  il  a  sulfi  de  quelques 
années)  pour  répandre  partout  l'instrument  nouveau. 

«  Le  nombre  sans  cesse  croissant  des  Comices,  la  popularité  dont  jouissent  les. 
sociétés  agricoles,  prouvent  leur  utilité.  En  Suisse  on  attribue  la  supériorité  de  la 
culture  de  la  vigne  dans  la  région  qui  produit  les  vins  fameux  d'Yvorne  à  l'in- 
fluence séculaire  de  l'abbaye  ou  société  des  vignerons  de  Vevay,  qui  ordonne  tous 
les  quinze  ans,  avec  un  art  merveilleux,  cette  célèbre  fête  des  vignerons  que  les 
voyageurs  et  les  journaux  illustrés  ont  fkit  connaître  dans  les  cinq  parties  de 
la  terre. 

«  L'organisation  de  l'abbaye  des  vignerons  présente  plusieurs  particularités  qui 
pourraient  être  imitées  pour  df autres  cultures.  Sur  la  demande  de  chaque  pro- 
priétaire, la  société  désigne  deux  experts-jurés  et  un  membre  de  son  conseil  pour 
visiter  les  vignes  de  ce  propriétaire;  les  experts  donnent,  s'il  y  a  lieu,  au  vigne- 
ron, un  certain  nombre  de  bons  points  qu'on  appelle  des  succès,  et  les  vigneron'» 
qui  pendant  trois  ans  ont  obtenu  le  plus  grand  nombre  de  succès,  reçoivent  uns' 
pilme  en  argent  assez  considérable.  Les  vignerons  dans  le  principe  ne  se  sont 
prêtes  à  ces  visites  qu*avec  difficulté,  on  comprend  pourquoi;  c'est  grâce  à  cette' 
sïirveilliance,  à  l'émulation  produite  entre  eux^  qu'on  a  pu  empêcher  la  destruction 
des  bons  cépages  qui  est  si  rapide  dans  les  vignobles  de  France  où  l'on  préfère  de 


CHRONIQUE  AGRICOLE   (11   SEPTEMBRE   1880).  411 

plus  en  plus  la  quantité  à  la  qualité,  et  par  suite  maintenir  la  réputation  des  vins 
de  l'endroit,  réputation  qui  détermine  en  partie  leur  prix. 

«Les  concours  (les  sociétés  agricoles  ont  surtout  pourbut  d'honorer  la  profession 
des  cuit  valeurs  par  des  récompenses  qui  leur  sont  décernées  solennellement,  et 
qui  ont  moins  d'importance  par  leur  valeur  en  argent  qae  par  l'honneur  et  le  re- 
nom qu'elles  procurent  à  ceux  qui  les  reçoivent.  Nous  regrettons  que  la  modicité 
de  nos  ressources  ne  nous  permette  pas  de  donner  des  prix  d'un  chiffre  plus  élevé, 
mais  il  vaut  mieux  que  les  récompenses  soient  au-dessous  des  mérites  de  ceux 
qui  les  reçoivent  que  si  les  mérites  étaient  au-dessous  de  la  récompense.  » 

Le  comice  de  Bourg  a  décerné  plusieurs  primes  aux  instituteurs 
pour  le  développement  de  l'enseignement  agricole  dans  leurs  écoles. 
Sous  l'impulsion  de  M.  Degrully,  professeur  départemental  d'agricul- 
ture, l'extension  de  cet  enseignement  suit  une  marche  rapide. 

Xll.  — L'Institut  agricole  de  Gembloux. 

A  diverses  reprises,  nous  avons  insisté  sur  l'organisation  de  l'In- 
stitut agricole  de  Gembloux,  et  nous  avons  fait  ressortir  les  services 
que  rend  ce  grand  établissement  au  point  de  vue  de  la  diffusion  des 
progrès  agricoles.  L'influence  de  l'Institut  de  Gembloux  est  encore 
démontrée  par  le  rapport  triennal  sur  la  situation  de  l'établissement, 
que  son  directeur,  M.  Lejeune,  vient  de  publier.  Vingt  promotions 
d'élèves  ont  été  admises  à  l'Institut  depuis  sa  création;  elle  com- 
prennent 540  noms.  Pendant  la  dernière  année  scolaire,  l'Institut 
comptait  77  élèves  dont  55  Belges  et  22  étrangers.  Cette  proportion 
considérable  d'élèves  étrangers  prouve  l'estime  dont  l'établissement 
jouit  partout.  La  ferme,  annexée  à  l'Institut,  et  dont  l'étendue  est  de 
64  hectares,  est  aussi  dans  une  situation  prospère.  C'est  ce  qui  ressort 
du  tableau  des  cultures,  des  recettes  et  des  dépenses,  annexé  au  rapport 
deM.  Lejeune.  Plus  il  y  aura,  dans  tous  les  pays,  d'écoles  d'agriculture 
bien  dirigées,  et  plus  l'art  de  cultiver  les  champs  deviendra  prospère 
et  lucratif. 

XIII.  —  Le  houblon  et  la  bière. 

Dans  notre  dernière  chronique,  nous  avons  donaé  quelques  rensei- 
gnements sommaires  sur  la  cueillette  qui  se  poursuit  en  ce  moment. 
Nous  avions  public  antérieurement  une  notice,  due  à  M.  Paul  Muiler, 
sur  la  production  de  la  bière  en  Allemagne.  Au  sujet  de  cette  notice, 
un  Français  qui  habite  la  Bavière  nous  envoie  quelques  détails  com- 
plémentaires en  ce  qui  concerne  la  consommation  de  la  bière  : 

«  Combien  de  millions  de  marks  dépensent  les  habitants  de  Munich  pour  la 
bière?  Dans  la  ville  même,  on  en  boit  1,031,92')  hectolitres  ce  qui,  pour  une 
population  de  23  2,5u0  âmes,  donne  pour  Tannée  1879,  par  tête,  'i4o  iitre>,  ou 
environ  I  litre  \\  <  par  jour,  c'est  pour  l'année,  par  tête,  une  dépense  de  4570  marks. 
Pendant  une  année,  la  dépense  de  Munich  pour  la  bière  est  de  26,'i30,076  marks. 

«  Un  bon  Bavarois  peut  vider  dans  une  séance  de  deux  heures,  20  verres  de 
bière.  Le  verre  contient  1|2  Irtre,  total  10  litres, 

a  On  sert  la  bière  dans  de  grands  verres  avec  anse  et  couvercle  en  cristal.  Dans 
les  brasseries  chaque  habitué  a  son  verre. 

a  L'Angleterre  et  rAlleroagne  méridionale  consacrent  chaque  année  à  la  culture 
de  l'orge  de  grandes  étendues  de  leurs  medleures  terres;  la  France  produit  le  vin, 
dans  des  terres  qui,  pour  la  plus  grande  pirtie,  ne  pourraient  pas  être  cultivées 
avec  la  charrue.  Dans  le  nord  de  l'Allemagne,  on  boit  de  l'eau-de-vie  de  seigle  et 
de  pommes  de  terre.» 

En  Angleterre,  c'est  le  comté  de  K^nt  qui  renferme  les  houblonniè- 
res  les  plus  nombreuses  et  les  plus  renommées.  Chaque  année,  la  ré- 
colta  de   ces    houblonnières    est   l'occasion  d3  l'arrivée  de   milliers 


412  CHRONIQUE  AGRICOLE  (11    SEPTEMBRE  1880). 

de  cueilleurs  et  de  cueilleiises,  qui  se  recrutent  surtoiU  dans  la 
population  des  grandes  villes.  Les  Compagnies  de  chemins  de  fer 
organisent  un  grand  nombre  de  trains  spéciaux  qui  amènent  dans  les 
houblonnières  ces  ouvriers  temporaires  qui  trouvent  dans  ce  travail, 
une  bource  d'amélioration  de  leur  bien-être, 

XIV.  —  Société  d' encouragement  à  l'agriculture. 
Au  concours  régional  de  Glermont-Ferrand,  la  Société  nationale 
d'encouragement  à  l'agriculture  a  voulu  donner,  comme  dans  les 
autres  solennités,  une  preuve  de  sa  sollicitude  pour  les  intérêts  qu'elle 
est  appelée  à  défendre.  Nous  trouvons,  dans  le  iVonilcur  du  Puy-de- 
Dôme  du  4  septembre,  les  détails  suivants  sur  les  deux  récompenses  à 
décerner  en  son  nom  : 

«  La  Société  nationale  d'encouragement  à  l'agriculture,  cette  nouvelle  Société 
dont  nous  avons  récement  parlé,  a  désigné  M.  Salneuve,  sénateur,  pour  présider 
la  délégation  d'assistance  au  concours  régional  agricole  de  Ciermont. 

«  Notre  sénateur  a  reçu  mission  de  se  concerter  avec  les  membres  de  la  nou- 
velle Société  se  trouvant  à  Glermont  ou  dans  le  voisinage  et  de  leur  remettre  les 
insignes  de  la  Société. 

«  M.  Lami,  agent  général  de  la  Société,  a  été  envoyé  à  Glermont  par  M.  Fou- 
cher  de  Gareil,  .sénateur,  président  de  la  Société,  pour  jiarticiper  au  choix  et  à  la 
désignation  d'un  lauréat  de  la  moyenne  ou  petite  culture,  auquel  la  Société 
destine  une  médaille  d'or. 

«A  cet  effet,  MM.  Salneuve  et  Lami,  de  concert  avec  M  Gostes,  député,  membre 
de  la  Société,  ont  conféré  avec  l'honorable  M.  Heuzé,  le  commissaire  général  de 
l'agriculture,  et  avec  ses  assistants  officiels.  Un  examen  attentif  des  produits 
agricoles  figurant  à  l'exposition  a  fixé  le  choix  du  lauréat,  auffuel  sera  conféré, 
dimanche,  la  médaille  d'or,  au  nom  de  la  Société  nationale  d'encouragement  à 
l'agriculture. 

«  En  outre,  pour  la  médaille  d'argent  destinée  à  un  instituteur  du  Puy-de-Dôme 
pour  enseignement  de  l'agriculture,  MM.  les  inspecteurs  primaires  de  nos  cinq 
arrondissements  ont  délibéré,  hier  soir,  sur  le  choix  de  l'institutear  ayant  mérité 
cette  récompense.  La  désignation  a  été  transmise  à  M.  Saln-'uve,  président  de  la 
délégation  de  la  Société.  » 

La  médaille  d'or  de  la  Société  a  été  attribuée  à  M.  Glialard-Cbam- 
bige,  cultivateur  à  Vassel,  canton  de  Vertaizon;  et  la  méilaille  d'ar- 
gent, à  M.  Antonin  Sauvât,  instituteur  à  Brenat,  canton  de  Sauxil- 
langes. 

La  session  des  Conseils  généraux  a  été,  pour  plusieurs  assemblées 
départementales,  l'occasion  de  manifester  leur  sympathie  envers  la 
Société  d'encouragement  à  l'agriculture.  Ainsi  nous  apprenons  que 
le  Conseil  général  de  Seine-et-Marne  lui  a  voté  une  subvention  de 
200  francs,  et  celui  de  la  Savoie  une  subvention  de  100  francs. 

J.-A.  Barral. 

RAPPORT  SUR  LES  OPÉRATIONS  DU  LABORATOIRE 

AGRONOMIQUE  DE  LA  LOIRE-INFÉRIEURE  PENDANT  L'EXERGICE  1879-1880 
Monsieur  le  préfet,  les  travaux  exécutés  dans  le  Laboratoire  agronomique,  pen- 
dant l'exercice  1879-1880,  sont  caractérisés  par  des  chiffres  qui  diffèrent  très  peu 
de  ceux  que  j'avais  l'honneur  de  vous  soumettre  l'an  dernier.  Aujaurd  hui  comme 
alors,  la  vente  des  phosphates  fossiles  l'emporte  sur  celle  des  autres  engrais  : 
cela  tient,  d'une  part,  à  la  faculté  dissolvante  très  énergique  de  nos  sols  pour  les 
phosphates  minéraux,  et  de  l'autre,  à  l'état  de  gêne  des  cultivateurs,  dont  la  préfé- 
rence pour  des  matières  fertilisantes  à  bas  prix  a  dû  naturellement  se  manifester. 
Les  incursions  de  commis-voyageurs  en  engrais  qui,  dans  ces  dernières  années, 
avaient  pris  le  caractère  d'un  véritable  désastre,  n'ont  pas  été  constatées,  cette 
année,  dans  la  Loire-Inférieure;  du  moins,  n'ont-elles  eu  lieu  que  sur  une 
échelle  très  restreinte  et,  en  tout  cas,  les  manœuvres  employées  n'imt  pas  eu, 


RAPPORT  SUR  LES  OPÉRATIONS  DU  LABORATOIRE  DE  NANTES.      413 

comme  antéfieurement,  la  nature  délictueuse  qui  avait  justement  ému  l'opinion 

f)ublique.  Cette  amélioration  est  due  aux  sévères  répressions  intervenues  et  à  la 
égitime  méfiance  des  cultivateurs  désormais  éclairés  sur  leurs  intérêts. 
Les  opérations  exécutées  au  Laboratoire  ont  porté  sur  les  matières  suivantes  : 

Nombre  Nombre 

Nature  des  substances.  d'échan-  Nature  des  substances.  d'échan- 

tillons, tillons. 

Phosphates  fossiles 150                     Report 405 

Noirs  de  raffinerie = . .  104  Calcaire 1 

Guanos  naturels 66  Résidus  de  tannerie 2 

Engrais  mixtes 38  Débris  de  feutre 2 

Superphosphates 25  Tourteaux  d'arachide 7 

Phosphate  de  Navassa  carbonisé.  U  Tourteaux  de  lin 2 

Phosphates  naturels 3  Tourteaux  de  sésame 1 

Phosphorite  d'Espagne 1  Poussières  d'arachide 12 

Phosphate  précipité 1  Poudrettes 3 

Poudre  d'os 3  Sulfate  d'ammoniaque 3 

Charbon  de  goëmon 1  Farines  alimentaires 2 

Résidu  de  potasse 1  Terres 3 

Poudre  de  cornes 1  Eau 1 

Boues  de  raffinerie 1 


A  reporter 405  Total 445 

Sur  ces  445  échantillons,  142  provenaient  de  cultivateurs  sollicitant  l'analyse 
gratuite.  Le  tableau  ci-annexé  contient  l'indication  des  communes  qui  ont  donné 
ce  bon  exemple  et  de  la  nature  des  engrais  soumis  au  contrôle  : 

Analyses  exécutées  gratuitement  sur  la  demande  des  cultivateurs,  1879-1880. 


Communes.  —^      c       ^■^       g       g^m       »       ci.-s.g-^ 


Missillac 1  »        1        »>,,,,.,«..»  2 

Saint-Gildas-des-Bois 2»j)»11»».1»'>5 

Nantes 8  .        l        4        2        l        5        »         1  »  «  »  22 

Oudon >■  ..]..»        »        »        >,        »  »  »  .,  1 

Chantenay 3  »         »        »        »        »        1         »         »  »  »  »  4 

Notre-Dame-des-Landes    . .  2  »        3        »        »        »        1         »        »  »  »  »  6 

Conquereuil 4  »        1         »         ..        »        2        »        »  »  »  »  7 

VieiUevigne 2  ..:»»..>.        3        »        »  »  >  »  5 

LeClion »  ,        »        1         1         ,,        j,        „         »  „  .  »  2 

Port-Saint-Père »  »        »        »        1         »        »         »         »  »  «  »  1 

Saint-Julien-de-Vouvantes.  ».»»..»»         1         .  »  ».  1 

Les  Moutie'-s »  »        »        1        »        »        »         »        »  »  »  »  1 

Saint-Sulpice-des-Landes  .  »  «         »        1        »■».>»,,  »  »  »  î 

Manmusson »  »        »        »         »         »        »        »        »  »  2  »  2 

Orvault »  ■>        '         »         »         »        »        »        »  »  »  1  1 

Châteaubriant 5  „        »        1         >,         ..         »         »         ..  >.  ..  ..  6 

Nozay 2  »»'•»>'        1         »        »  »  »  »  3 

Savenay 1  »        »        »        »        »        «         »        »  »  »  »  1 

Plessé 1  »        "        »        »        >.        1        »        »  »  »  »  2 

Saint-Lumine-de-Clisson..  »  >,        1         »        b        »        »        »        »  »  »  »  1 

Saint-Sébastien »  »        »        »        «        »        1        »        >,  »  »  »  1 

Saint-Aubin-des-Châteaux.  ]  »»>>»»>'»         >.>.»»  1 

Guémené-Penfao 14  »        4        »        »        »        8        »        »  »  »  »  26 

Nort ^  ,.        3        »        »        ..        1        »        »  »  »  -  4 

Ruffigné 2  .        »        »        »        »        »        »         ..  »  »  »  2 

Legé »  ,,        3        »        1        «        1         ».  "  »  »  5 

Batz »  1        »        »        »        •■        »        »        »  »  "  "  1 

Fay 5  »»«..»        1         »        »  ■■  »  »  6 

Prinquiau 1  »»»»»»»■.  n  »  »  1 

Vigneux 1  »        »        »        »        »        1         »        »  »  »  »  2 

Saint-Etienne-de-Mont-Luc        .  »        »        »        i        »"»-.»»»  1 

Pontchâteau 1  »        »        s        »        «        »        »        »  »  «  »  1 

Héric ..  »        2        »        »        «        »        »        »  «  »  »  2 

Blain 1        ,        2        »        »        »        »        »        »  »  "  »  3 

Quilly 1  »»»»».».  s  «  »  1 

Grandchamp »  »        2        »        »        »        »        ''        »  »  »  »  2 

Soulvache 1  »        »        »        »        »        »        »        "  »  »  »  1 

Riaillé >,        »        »        2        »         »        »        »        »  »  »        »  2 

Campbon 2        »        »        »        »        »        »         »        »  »  »        >»  2 

Séverac 2  »        »        »        »        »        »        »        ne  »  "         «  2 

Saint-Mars-de-Coutais ,.        »»i»»li>»»j=^j|^  4 

41  communes êF  T    24^    ÎT     T    "T     28      T     "F  1  2        1  144 


414      B APPORT  SUR  LES  OPÉRATIONS  DU  LABORATOIRE  DE  NANTES. 

On  voit,  dans  ce  tableau,  que  41  communes  ont  eu  recours  aux  opéraiions  du 
Laboratoire.  Parmi  ces  deniières,  celle  de  Guémené-Penfao  continue  à  occuper  le 
premier  rang  :  elle  a  demandé,  en  effet,  26  analyses  d'engrais,  chiffre  double  de 
celui  constaté  en  1878-1879. 

Voici  les  chiffres  comparatifs  des  deux  exercices  1879  et  1880  : 

Total  des  analyses.  Analyses  gratuites. 

1879 446 136 

1880 445        142 

Si,  en  examinant  ces  chiffres,  on  tient  compte  du  ralentissement  de  transac- 
tions causé  par  la  diminution  des  dernières  récoltes,  on  arrive  à  reconnaître  qu'il 
y  a  un  progrès  relatif  très  marqué  dans  le  mode  d'achat  des  engrais  nécessaires 
aux  cultures  de  la  Loire-Inférieure. 

Phosphates  fossiles.  —  Je  ne  pourrais  que  reproduire  les  considérations  déve- 
loppées dans  mon  dernier  rapport  sur  l'emploi,  chaque  jour  plus  important,  de 
ces  précieux  engrais  et  sur  les  fraudes  dont  ils  sont  l'objet.  Ces  fraudes  sont  scan- 
daleuses; elles  s'opèrent  à  Nantes  au  grand  jour,  et  les  mélanges  qui  en  sont  le 
résultat  sont  particulièrement  expédiés  dans  les  départements  du  Morbihan,  du 
Finistère  et  des  Gôtes-du-Nord. 

Dans  les  1 50  échantillons  de  phosphate  fossile  analysés  au  Laboratoire  agrono- 
mique,ya.[  établi  que  la  dose  moyenne  d'acide  phosphorique  était  de  17.414,  cor- 
respondant à  38  pour  100  de  phosphate  tribasique  de  chaux  pur. 

Dans  le  phosphate  naturel  de  Navassa,  le  phosphate  tribasique  de  chaux  cor- 
respondant à  l'acide  phosphorique  dosé  s'est  élevé  à  61.3  pour  100. 

Une  phosphorite  de  Gacères  a  fourni  un  titre  de  71.82  pour  100. 

Noir  animal. — L'analyse  de  104  échantillons  a  donné  63.66  comme  richesse 
moyenne  en  phosphate  tribasique  de  chaux.  La  vente  de  cet  engrais  est  en  décrois- 
sance depuis  quelques  années  ;  la  diminution  remarquée  tient  au  développement 
que  prend  l'emploi  du  phosphate  fossile. 

L'azote  organique  et  ammoniacal  des  résidus  de  raffinerie  proprement  dits  a 
varié  de  1.60  à  2.'-20  pour  100  de  matière  sèche. 

Guanos  péruviens.  —  66  échantillons  de  guanos  examinés  ont  fourni  : 

Dose  moyenne  d'azote 6 .28  pour  100 

—    d'acide   phosphorique 1.5.12        — 

Phosphate  tribasique  correspondant 33  — 

Le  prix  des  guanos  est  calculé  chez  les  détenteurs  des  deux  Compagnies  (Peru- 
vian  limiled  Company  et  Dreyfus  frères  et  Cie),  d'après  la  richesse  déterminée 
par  l'analyse  ;  il  en  résulte  que  le  cultivateur  est  assuré  de  trouver  dans  les  dépôts 
de  Nantes  des  engrais  ayant  des  compositions  variables  et  des  prix  proportionnels. 
S'il  achète,  au  contraire,  dans  les  magasins  des  petites  localités,  il  est  grande- 
ment exposé  à  payer  de  30  à  36  francs  des  guanos  qui  ont  été  vendus  16  francs 
aux  marchands  de  seconde  main. 

Ce  danger  existera  tant  que  le  gouvernement  du  Pérou  vendra  sous  un  plomb 
uniforme  des  guanos  très  différents  les  uns  des  autres. 

Superphosphates  azotés.  —  Ces  engrais,  dont  le  prix  est  élevé,  ne  sont  pas  dans 
la  Loire-Inférieure  l'objet  d'un  très  grand  emploi,  alors  surtout  que  les  fermiers 
disposent  d'un  faible  capital  de  fumure.  Les  cultivateurs  éclairés  en  font  toutefois 
l'essai  dans  des  proportions  sensiblement  croissantes. 

Dans  les  25  échantillons  qui  m'ont  été  soumis,  j'ai  trouvé  : 

Acide  phosphorique  soluble  dans  le  citrate  d'ammoniaque 10.88 

correspondant  à  23.75  de  phosphate  tribasique  de  chaux. 

Acide  phosphorique  insoluble 1.48 

Azote 3.56 

Plusieurs  de  ces  engrais  avaient  pour  base  les  poudres  d'os  et  les  guanos 
naturels. 

Sauf  de  très  rares  exceptions,  l'azote  faisait  partie  de  sulfate  d'ammoniaque  et 
de  matières  organiques. 

Engrais  mixtes.  —  Du  noir  d'os  additionné  de  tourbes  animahsées,  du  phos- 
phate fossile  mêlé  à  des  substances  organiques  diverses,  du  phosphate  de  Navassa 
carbonisé,  puis  arfimalisé  à  l'aide  du  sang  ou  des  matières  de  vidanges,  consti- 
tuent ces  engrais  mixtes  trop  souvent  livrés  comme  noirs  de  raffinerie  et  vendus, 
par  conséquent,  à  des  prix  excessifs.  J'ai  eu   souvent  l'occasion  de  prévenir  les 


RAPPORT  SUR  LES  OPÉRATIONS  DU  LABORATOIRE  DE  NANTES.      415 

cultivateurs  que  ce  qu'on  leur  vendait  sous  cette  dénomination  de  noirs  était  un 
mélange  de  valeur  commerciale  relativement  inlérieure. 

Tourteaux.  —  Ces  engrais  destinés  à  l'exportation  ou  expédiés  dans  le  Nord  d 
la  France,  ont  fourni  : 

Azote. 

Tourteaux  d'arachide 6.78  pour  100 

—  de  sésame 6..o0        — 

—  de  lin 4.G5         — 

Poussières  d'arachide 2 .  93        — 

Les  poussières  sont  destinées,  après  absorption  de  matières  animales,  à  entrer 
dans  la  confection  d'engrais  mixtes. 

Sulfate  d'ammoiiia'jue.  —  La  distillation  des  os  et  la  vidange  fournissent  au- 
jourd'hui à  l'agriculture  des  sulfates  d'ammoniaque  que  les  usines  à  gaz  produi- 
saient exclusivement  autrefois. 

Dans  les  sulfates  provenant  de  ces  sources  diverses,  j'ai  trouvé  une  richesse 
moyenne  de  20.2  d'azote  pour  100. 

Matières  diverses.  —  Voici  les  richesses  déterminées  dans  quelques  substances 
soumises  au  contrôle  du  Laboratoire  : 

Azote. 

Poudrettes 1.26  pour  100 

Débiis  de  feutre 10.83         — 

Idem 13.93         — 

Poudres  de  cornes 11.66        — 

Idem  13.80         — 

Résidus  de  tanneries 4.22         — 

Il  résulte  des  faits  mentionnés  dans  ce  rapport,  que  les  cultivateurs  de  la  Loire- 
Inférieure  comprennent  d'une  manière,  chaque  année,  plus  marquée,  la  nécessité 
de  s'éclairer  sur  la  qualité  des  engrais. 

La  crise  agricole  motivée  par  la  nature  des  dernières  récoltes  a  diminué  dans 
une  assez  grande  proportion  la  quantité  d'engrais  achetés,  et  cependant,  le  nombre 
d'analyse  gratuites  demandées  au  Laboratoire  s'est  élevé  de  136  à  142;  on  pou- 
vait et  l'on  devait  craindre  un  résultat  inverse.  Le  progrès  relatif  est  donc  incon- 
testable. 

J'ai  l'honneur  d'être,  etc.  Le  directeur  du  Laboratoire, 

A.  BOBIERRE. 

UNE  NOUVELLE  ESPÈCE  DE  VIGNE  AMERICAINE 

Quelque  idée  que  l'on  se  fasse,  au  point  de  vue  théorique,  delà 
valeur  de  Tespèce,  il  faut  bien  en  venir  pratiquement  à  rechercher 
dans  un  genre  les  types  centraux  autour  desquels  se  groupent  des 
races,  des  variétés  ou  de  simples  variations.  En  ce  qui  concerne  le 
genre  FiYù  proprement  dit,  c'est-à  dire  les  vignes  à  pétales  soudés  en 
calotte,  ce  travail  de  délimitation  d'espèces  présente  des  difficultés 
inextricables  ;  je  le  poursuis  néanmoins  avec  patience  pour  les  vignes 
américaines,  en  cherchant,  avant  tout,  à  définir  le  mieux  que  je  peux 
les  types  sauvages  dont  les  variétés  cultivées  ne  sont  que  des  dérivés 
simples  ou  croisés.  Pour  le  moment,  dans  cette  note  sommaire,  je  me 
bornerai  à  tracer  les  caractères  et  à  fixer  la  synonymie  d'une  vigne 
du  Nouveau-Mexique  et  du  Texas,  le  Vitis  Berlandieri,  dont  la  décou- 
verte botanique  remonte  à  l'année  1834,  mais  dont  la  culture  en 
Europe,  relativement  récente,  m'a  révélé  Tautonomie,  en  me  permet- 
tant de  la  distinguer  du  Vitis  monticola  de  Buckley,  avec  lequel  tous  les 
auteurs,  moi  compris,  à  la  suite  du  savant  botaniste  Engelmann, 
l'avaient  jusqu'à  ce  jour  confondue. 

Le  nom  de  Berlandier  que  je  propose  d'attacher  à  cette  espèce  est 
celui  du  botaniste  voyageur  suisse  qui,  le  premier,  la  recueillit  au 
Nouveau-Mexique  ou  au  Texas  en  1834.  Elle  porte  dans  sa  collection 

•  Communication  faite  à  l'Académie  des  sciences. 


416  UNE  NOUVELLE  ESPÈCE  DE  VIGNE  AMÉRICAINE- 

vénale  len"  2412  ^  Une  forme  un  peu  toraenteusede  l'espèce,  recueillie 
sur  le  Gillo  de  la  Silla,  dans  le  Nouveau-Léon,  porte  dans  la  môme  col- 
lection le  n°  31 16.  C'est  celle  que  le  D'  Engelmann  avait  nommée  dans 
mon  herbier  Vîlis  xstivalis,  var.  monticola^  en  la  regardant  à  la  fois  comme 
le  Vitis  moiiiicola  de  Buckley  et  comme  pouvant  être  une  simple  forme 
de  son  Vitis  canescens,  lequel  est  devenu  depuis  le  Vitis  cinerea  de  nos 
cultures  [Vitis  œstivalis   var.  cinerea,  Engelm.) 

Pour  moi,  le  prototype  du  Vitis  Berlandieri,  à  feuilles  plus  ou  moins 
glabres centes,  sauf  sur  les  nervures,  est  une  curieuse  vigne  encore 
rare  dans  les  cultures  du  midi  de  la  France,  où  elle  est  surtout  connue 
sous  le  nom  de  Surett  mountain^  nom  fonde  sur  une  grossière  erreur  de 
lecture,  le  mot  anglais  sweet  (doux)  ayant  été  pris  pour  surett,  qui  ne 
signifie  absolument  rien. 

Les  graines  de  cette  plante,  reçues  d'un  pépiniériste  très  habile  du 
Texas,  M.  Onderdonk,  furent  distribuées  comme  objet  d'étude  à  plu- 
sieurs de  ses  clients  par  M.  Douysset,  de  Montpellier.  Semées  en  1 876 
à  l'Ecole  nationale  d'agriculture  de  la  Gaillarde,  sous  la  direction  de 
M.  Foëx,  à  l'école  de  Pharmacie  par  mes  propres  soins,  ces  graines 
ont  donné  des  plans  vigoureux  sur  lesquels  j'ai  pu  retrouver  les  carac- 
tères des  prétendus  monticola  de  la  collection  Berlandier,  et  qui,  pres- 
que tous  semblables  entre  eux,  sauf  un  pied  de  la  forme  tomenteuse, 
se  distinguent  aussi  nettement  que  possible  du  véritable  monticola, 
tel  que  feu  Elias  Durand  Fa  décrit  d'après  Buckley. 

Et  d'abord,  ce  vrai  monticola  est  une  vigne  à  raisins  blancs,  dont 
les  grains,  rappelant  par  la  grosseur  le  chasselas  de  Fontainebleau, 
ont  un  arôme  un  peu  spécial,  s'approchant  de  l'odeur  foxée  ou  de 
framboise.  La  pulpe  en  est  légèrement  tenace,  comme  celle  des  Labrus- 
ca,  groupe  que  la  plante  rappelle  d'ailleurs  un  peu  par  le  duvet  ara- 
néeux  de  la  face  inférieure  des  feuilles.  C'est  l'espèce  dont  feu  Durieu 
de  Maisonneuve  avait  reçu  les  graines  d'Elias  Durand,  qu'il  avait  vue 
fleurir  et  fructifier  à  Bordeaux,  dans  le  jardin  botanique,  et  dont  mon 
ami,  M.  Maxime  Cornu,  a  parlé  dans  ses  études  sur  le  Phylloxéra  vas- 
tatrix,  publiées  en  1 878  dans  le  Recueil  des  savants  étrangers  de  r Aca- 
démie (t.  XXVI  p.  22-23  du  tirage).  Plusieurs  traits  de  cette  plante  la 
rapprochent  des  Lahrusca  plus  que  des  jEstivalis,  dont  les  grains,  en 
général  plus  petits,  ont  une  pulpe  fondante  et  non  foxée.  Peut-être  se 
rapprochera-telle  davantage  d'un  groupe  que  j'appelle  Semi-Labrusca^ 
et  dans  lequel  rentrent  les  York's  Madeira,  Gaston  Bazille,  Franklin, 
Vialla  et  autres  formes  cultivées. 

Quant  au  Vitis  Berlandieri  (que  le  public  pourra  nommer  Vigne  Ber- 
landier) ,  elle  est  remarquable  par  ses  rameaux  très  nettement  anguleux 
(pentagonaux  sur  l'axe  primaire),  caractère  qu'on  retrouve  chez  le 
Mustang  [Vitis  candicam),  le  Post-Oak  [Vitis  Lincecumii),  le  Vitis  cine- 
rea, mais  qui  manque  chez  les  vrais  /Estivalis.  Le  duvet  qui  en  occupe 
les  feuilles  adulles,  les  pétioles,  les  tiges,  tantôt  serré  en  couche 
grisâtre,  tantôt  clair  semé  sur  les  nervures,  se  résout  en  petits  flocons 
ramassés  et  non  étirés  en  fils  aranéeux  comme  ceux  des  Lahrusca.  Les 
vrilles  sont  discontinues;  les  feuilles  des  extrémités  des  jeunes  pous- 
ses, au  lieu  d'être  longtemps  pliées  en  gouttière  au-dessus  des  feuilles 
suivantes,  comme  chez  lesRiparia^  sont  étalées  de  bonne  heure  en  lame 

1  Le  voyageur  américain  Wright  a  récolté  la  même  plante  au  Nouveau-Mexique,  en  1850-1851, 
sous  le  nom'd'jEstiTalis  (collect.  Wright,  in  heib.  Mus.  Paris). 


UNE  NOUVELLE  ESPÈCE  DE  VIGNE  AMERICAINE.  417 

plate  et  souvent  teintée  de  rose.  Par  là,  notre  espèce  rappelle  les  jEsH- 
valis,  dont  elle  diffère  nettement  par  des  rameaux  anguleux.  Les  grap- 
pes de  ses  pieds  fertiles  sont  pédoncalées;  les  grains  (baies),  petits 
(comme  un  grain  de  poivre),  noir  violacé  avec  une  légère  fleur  prui- 
neuse;  pulpe  fondante,  peu  abondante,  acidulé  et  un  peu  âpre,  peut- 
être  par  défaut  de  maturité  (ils  ne  sont  pas  môme  en  véraison  en  ce 
moment,  24  août  1880,  à  lEcole  d'agriculture);  graines  (d'après  l'é- 
chantillon de  Wirght),  au  nombre  de  deux,  très  largement  ovoïdes, 
aplaties  à  leur  face,  très  convexes  sur  le  dos,  à  bec  très  court  et  très 
obtus,  échancrées  à  l'extrémité;  raphé  peu  saillant  en  avant,  très  en- 
foncé dans  le  sillon  qui  aboutit  à  la  fossette  chalazique  (dans  l'éclian- 
tillon  n°  2412  de  Berlandier),  une  graine  unique  par  avortement  a  sa 
face  renflée,  non  aplatie,  l'ensemble  des  caractères  restant  le  même. 

Cultivé  à  souche  basse,  sans  support,  le  Vitis  Beiiandieri  étend  en 
tous  sens  sur  le  sol  un  fouillis  de  rameaux  grêles,  garnis  de  feuilles 
de  2:randeur  moyenne  ou  petites,  orbiculaires  ou  cordiformes,  entières 
ou  trilobées,  avec  les  lobes  latéraux  souvent  peu  marqués  ;  sinus  pétio- 
laire  très  ouvert;  dents  du  pourtour  largement  triangulaires,  courtes, 
mucronées;  consistance  épaisse,  rigide;  couleur  vert  intense  en  des- 
sus, plus  pâle  en  dessous,  mais  avec  un  luisant  particulier,  presque 
de  vernis,  chez  les  formes  glabrescentes  ;  duvet  grisâtre  chez  les 
formes  tomenteuses. 

Insignifiante  ou  nulle  pour  la  production  directe,  cette  vigne  sera 
probablement  un  porte-greffe  de  premier  ordre  en  tant  que  résistance 
au  phylloxéra.  On  a  dit  qu'elle  ne  portait  jamais  cet  insecte.  Je  ne 
l'ai  pas  trouvé  sur  ses  racines,  ce  qui  ne  prouve  pas  qu'il  ne  puisse 
y  être.  Les  radicelles  sont  dures,  à  surface  lisse,  à  rayons  médul- 
laires nombreux  et  étroits,  bref  avec  tous  les  caractères  que  M.  Foëx 
a  assignés  aux  racines  des  espèces  très  résistantes.  Reste  à  savoir  les 
qualités  que  la  plante  présentera  comme  porte-greffe  et  comme  adap- 
tation aux  divers  sols. 

Pour  compléter  la  synonymie  de  cette  espèce,  j'ajouterai  que 
M.  Guiraud,  de  Nîmes,  l'a  reçue  de  M.  Onderdonk  sous  le  nom  de 
Vitis  monticola  seedling^  et  que  M.  le  docteur  Davin,  de  Pignans  (Var), 
l'a  envoyée  à  l'Ecole  d'agriculture  de  la  Gaillarde  sous  le  nom  de  Vitis 
cordifolia  coriacea^  en  la  considérant  à  tort  comme  identique  avec  la 
plante  que  j'ai  décrite  dans  le  journal  la  Vigne  américaine  (octobre 
'1878)  sous  le  nom  de  cordifolia  crassifolia.  Cette  dernière  est  bien  un 
vrai  Cordifolia  et,  par  ses  rameaux  non  anguleux  comme  par  l'en- 
semble de  ses  caractères,  est  tout  à  fait  distincte  du  V.  Berlandieri. 

C'est  avec  les  Vitis  Californica  Benth.  et  arizonica  Engelm.  qu'il 
faudra  comparer  la  nouvelle  espèce  ;  mais  les  éléments  de  cette  com- 
paraison manquent  encore,  et  mieux  vaudrait  provisoirement  trop 
distinguer  que  de  créer  la  confusion  en  unissant  des  choses  distinctes. 

J.-L.  Planchon. 

ARRACHEUR  DE  BETTERAVES,  DE  CARTIER 

M.  E.  Cartier,  à  Nassandres  (Eure),  vient  de  livrer  au  commerce  un 
arracheur  de  betteraves,  récemment  perfectionné.  Ce  qui  distingue 
surtout  cet  outil,  c'est  que  par  les  temps  de  plus  grande  sécheresse 
ou  même  de  petite  gelée,  alors  que  tous  les  autres  moyens  et  particu- 
lièrement l'arrachage  à  la  main  restent  complètement  impuissants,  il 


418 


ARRACHEUR  DE  BETTERAVES. 


fournit  toujours  d'excellents  résultats.  Cette  arracheur  est  représenté 
dans  son  ensemble  par  la  fii^jure  28.  Il  agit  à  la  fois  sur  deux  rangs 
de  betteraves  ;  son  action  s'exerce  dans  le  sous-sol  et  cela  assez  pro- 
fondément pour  que  les  betteraves,  môme  les  plus  lonnjues,  se  trou- 
vent soulevées  tout  entières.  Après  le  passage  de  l'arracheur,  les  bette 
raves  ont  perdu  tuute  adhérence  au  sol  et  elles  sont  alors  prises  à  la 
main  par  des  femmes  et  des  enfants  qui  en  coupent  les  collets.  De  plus, 
la  terre  ne  se  trouvant  nullement  retournée,  reste  accessible  aux 
voitures  de  toute  sorte  qui  viennent  sur  place  prendre  leur  chaarge- 
ment.  Les  racines  peuvent  sans  inconvénient  être  soulevées  ainsi 
plusieurs  jours  d'avance;  car,  restant  dans  leurs  alvéoles,  elles  sont  à 
l'abri  de  la  gelée  et  du  soleil. 

L'arrachage  pratiqué  par  ce  système  est  complet.  Il  ne  reste  en  terre 
ni  betteraves  entières  ni  fragments  de  betteraves,  même  lorsqu'elles 
sont  racineuses,  et  les  betteraves  étant  exemptes  de  toute  lésion,  se 


Fig.  28.  —  Arracheur  de  betteraves,  système  Cartier. 

maintiennent  parfaitement  saines.  Ce  sont  là  deux  avantages  qui  nous 
semblent  incontestables,  car  dans  l'arrachage  à  la  main,  si  habile  que 
soit  l'ouvrier,  il  arrive  toujours  qu'un  grand  nombre  de  betteraves  se 
trouvent  percées  ou  meurtries  par  l'outil  quel  qu'il  soit,  et  il  est  en 
outre  un  fait  reconnu,  c'est  que  dans  ce  dernier  mode  d'arrachage,  la 
proportion  de  betteraves  perdues  s'élève  à  environ  5  pour  100  du 
poids  de  la  récolte. 

Le  moment  de  l'arrachage  est  proche,  et  nous  croyons  rendre  ser- 
vice à  nos  cultivateurs  en  leur  signalant  cet  appareil  qui,  rien  que 
par  l'augmentation  de  5  pour  100  qu'il  procure  sur  la  récolte  de 
betteraves,  doit  procurer  à  la  fin  de  la  campagne  un  bénéfice  réel  à 
quiconque  en  fait  usage. 

Le  prix  de  l'arracheur  de  betteraves  est  de  320  francs.  Son  poids 
est  de  255  kilog.  environ.  Il  doit  être  traîné  par  trois  ou  quatre  che- 
vaux, suivant  leur  force.  L.  de  Sardriac. 

PISCICULTURE-  ^  LES  OUBLIÉS- 

Ce  sera  par  les  humbles,  les  oubliés  de  la  mer,  que  nous  rentrerons 
en  communication  avec  nos  lecteurs.  Mais  auparavant,  nous  devons 
envoyer  nos  félicitations  à  l'administration  de  la  marine.  En  1854 


PISCICULTURE.  —  LES  OUBLIÉS.  419 

nous  adressions  à  l'administration  centrale  une  demande  d'établisse- 
ment de  charpente  pour  l'élude  du  naissain  d'huître  à  la  rade  de  Doux; 
il  fallut  des  années  attendre  une  réponse^  que  seule  la  grande  expé- 
rience de  Saint-Brieux  amena  forcément. 

A  notre  invite  du  12  juin  dernier  (n"  583  du  Journal)  sur  la  sardine, 
demandant  que  la  marine  officielle  se  souvienne  de  la  pisciculture  et 
lui  donne  la  main,  l'aviso  le  Travailleur  sous  la  direction  de  xM  M.  Milne- 
Edwards  et  Marion  répondait,  en  partant  le  10  juillet  pour  faire  des 
dragages  dans  le  golfe  de  Biscaye. 

Nous  n'aurions  donc  pu  commencer  nos  entretiens  sur  la  pisciculture 
marine  sous  de  meilleurs  auspices  et,  avec  plus  dejusliceet  d'à-propos, 
nous  exprimer  ainsi.  Si  notre  mémoire  est  fidèle,  Coste  ne  dit-il  pas 
dans  une  de  ses  communications  à  l'Académie,  qui  sont  aujourd'hui 
les  grands  titres  d'origine  de  la  pisciculture  française  et  européenne, 
ces  mémorables  paroles  : 

La  pisciculture  marine  est  avant  tout  une  question  d'histoire  natu- 
relle ! 

Ce  sera  donc  par  elles  et  sous  les  auspices  de  cet  ami  toujours 
vénéré  que  nous  aborderons  cette  partie  des  entreliens  que  nous  avons 
promis  sous  le  titre  de  Calendrier  Marin. 

Sourdons,  jambes, pétoncles,  couteaux,  etc.,  tout  ce  prolétariat  de  nos 
grèves  et  de  nos  côtes,  cette  mine  non  encore  exploitée  et  à  peine  étu- 
diée sera  notre  rentrée. 

Huîtres,  homards,  limandes  et  turbots,  ces  grands  seigneurs  de  la 
haute  mer  et  de  nos  brisants,  auront  aussi  leur  tour;  mais  pour  cette 
fois,  faisons  que  les  petits,  les  derniers  soient  les  premiers. 

Cette  partie  de  nos  richesses  ichthyologiques  la  plus  négligée  et 
abandonnée  aux  pauvres  glaneurs  de  la  mer,  n'en  est  pas  moins, 
pour  ce  que  l'on  appelle  la  pêche  à  pied,  n'en  est  pas  moins  une  des 
importantes  ressources  de  la  famille  de  Tinscrit. 

Femmes,  fillettes  et  enfants  non  en  état  de  prendre  la  mer  y  trouvent 
un  adoucissement  aux  exigences  du  ménage  pendant  l'absence  du  père 
et  des  garçons  péchant  en  haute  mer.  Il  serait  à  désirer  que  la  marinenous 
fournisse  là-dessus  quelques  chiffres,  cette  partie  ayant  été,  selon  nous, 
toujours  beaucoup  trop  négligée. 

M.  Belenfant,  commissaire  à  la  Rochelle,  nous  donnait  en  1854  le 
chiffre  de  200,000  fr.  pour  sa  circonscription.  Comment  il  nous 
donnait  ce  chiffre,  c'est  ce  que  nous  ignorons. 

La  multiplication  de  ces  abandonnés  offrira,  quand  on  le  voudra, 
grâce  à  quelques  lignes  de  règlements,  des  ressources  que  nous  n'hési- 
tons pas  à  prédire  sérieuses. 

Là  tout  sera  prompt,  facile  et  sans  frais  :  surveillance  des  cantonne- 
ments, exécution  des  ordres  donnés;  et,  pour  nous,  tout  serait  dit. 

L'immensité  du  sujet,  3,700kilomètres  de  côtes  émergeant  à  quelques 
kilomètres  en  moyenne,  ne  doit  pas  nous  faire  hésiter  à  l'aborder, 
même  par  les  petits  côtés  de  sa  petite  population. 

On  sait  que  le  droit  sur  la  domanialité  maritime  s'étend  toujours  à 
3  kilomètres  des  points  de  marée. 

Le  fretin,  dans  certains  de  ces  cantonnements  de  reproduction  ou 
de  refuge  pour  le  muge  spécialement,  est  tel,  qu'un  coup  de  traîne  en 
remplit  un  tombereau  dont,  dans  certaines  parties  de  la  Bretagne,  on 
fume  les  champs. 


420  PISCICULTURE.  —  LES  OUBLIÉS. 

Ecrire  que  nous  avons  dû  assister  impuissant,  ou  ce  qui  était  pis 
encore  d'avance  discrédité,  à  pareille  hécatombe  de  la  richesse  publi- 
que, nous  heurtant  partout  aux  grandes  difficultés  des  choses  de  ce 
monde,  l'ignorance  en  bas,  et,  en  haut,  Y  immobilisme  inhérent  à  toute 
bureaucratie  ! 

La  république  naissante  a  dû  mettre  dix  ans  pour  la  briser  ;  qu'étions- 
nous  alors  dans  ces  temps  d'empire  omnipotent?  Rendons-leur  cepen- 
dant cette  justice  qu'à  18  ans  de  date,  les  rieurs  changèrent  de 
côté. 

Il  ne  nous  appartient  pas  d'aborder  même  par  réimpression,  nous 
respectons  trop  nos  lecteurs  pour  cela,  le  terrain  de  la  science  pure. 
Répéter  Lacépède,  Cuvier,  Coste,  Gervais,  n'est  pas  le  but  que  nous 
poursuivons  ici. 

Emettre  sur  les  petits  mollusques  comestibles  ce  que  nous  croyons 
être  pratique,  est  le  cadre  unique  dans  lequel  nous  tenons  à  nous  ren- 
fermer. —  La  bucarde  ou  sourdon  sera  notre  entrée. 

En  voilà,  quand  on  le  voudra,  un  martyr  de  nos  plages,  sur  lequel 
tout  s'acharne  ;  qui  n'a  pour  se  défendre,  le  pauvre  déshérité,  que  son 
trou  de  0™.10  où  O'^.lô  dans  le  sable,  dont  la  culture,  c'est-à-dire  le 
protection  donnera  les  plus  étonnants  résultats. 

C'est  par  10,000  et  12,000  francs  que  se  com*pte  le  produit  de  sa 
vente,  ressortant  uniquement  de  la  pêche  à  pied  pour  certains  districts 
de  nos  côtes  Arcachon,  Royan,  notamment. 

Un  de  nos  rêves  d'il  y  a  25  ans  et  plus,  était  de  l'élever  en  compa- 
gnie des  Haliotides,  le  fameux  cofisch  de  nos  Bretons,  dans  nos  marais 
salants  transformés. 

Si  M.  de  Larue  vit  encore,  nous  prenons  la  liberté  de  faire  appel 
aux  souvenirs  de  cet  ancien  chef  de  division  au  ministère  de  la  marine 
en  lui  rappelant  ce  qu'il  y  a  25  ans,  nous  lui  adressions  avec  Coste 
sur  ce  sujet  de  la  transformation  en  claires  et  viviers  de  nos  salines 
de  l'ouest,  celles  de  Brouage  notamment,  qui  déjà  étaient  atteintes  du 
mal  dont  elle  devaient  ou  dont  elle  devront  périr. 

Ce  fut  devant  l'abandon  immérité,  le  délaissement  du  pauvre  sourdon, 
dont  depuis  notre  enfance  nous  fûmes  toujours  si  friand,  que  nous  vint 
cette  pensée- 

Soardons,  Donaces  (jambes  en  Vendée),  Clovisse  ;  que  tous  ces  mo- 
destes produits  de  nos  côtes  de  l'ouest  nous  réjouissaient  1 

Là  tout  est  à  faire  sans  un  rouge  liard  à  dépenser  :  les  étudier  danë 
leurs  cantonnements,  le  peu  qu'il  en  reste  ;  et  les  protéger  !! 

Des  peignes  (coquilles  de  pèlerins)  pecten,  ces  plus  proches  parentes 
de  l'huître,  des  pétoncles  à  la  Vénus  mercenaria  sur  laquelle  M.  de 
Broca  a  fait  à  la  Hougue  et  à  Saint- Vaast  de  si  curieux  essais  d'accli- 
matation, nous  ne  dirons  rien  de  spécial.  On  s'en  occupe,  sachons 
attendre. 

Ainsi  des  expériences  de  la  mye  des  sables  dont  les  côtes  du  Massa- 
chussets  sont  si  peuplées  et  où  elle  est  si  recherchée  pour  la  pêche  de  la 
morue.  Un  hasard  l'a  fait  trouver  près  de  Dunkerque,  qu'on  ne  l'oublie 
pas. 

Sans  répéter  ce  que  nous  avons  dit  tant  de  fois  à  propos  de  nos 
importations  pour  la  piciculture  fluviatile,  nous  l'observerons  mieux, 
là  où  elle  est  tout  acclimatée,  avant  d'aller  la  chercher  à  Boston  dans 
des  parties  abritées  de  la  côte  qu'elle  affectionne. 


PISCICULTURE.  —  LES  OUBLIÉS.  421 

Nous  verrons  alors  si^  sur  nos  côtes  de  la  Manche  trop  agitées  peut- 
être,  mais  dans  les  anses  si  nombreuses  de  notre  Bretagne,  nous  ne 
trouverions  pas  enfin  les  milieux  qui  lui  conviendraient. 

Les  spondiles,  les  solen  (manche  de  coateau),  cet  appât  favori  du 
merlan,  quelques  oursins  et  ascidies  devraient  être  encore  mentionnés. 
Quelle  mine  à  exploiter! 

Après  M.  de  la  Blanchère^  ce  pisciculteur  si  zélé  et  si  instruit, 
qu'une  mort  subite  vient  de  nous  enlever,  nous  redirons  :  Qui  sait  le 
dernier  mot  de  l'industrie  des  plages  !! 

L'idée  de  la  transformation  de  nos  salines  en  claires,  par  le  recueille- 
ment du  naissain,  doit  être  attribuée  à  M.  Ackermann,  commissaire  de 
la  marine  à  Marennes.  Une  lettre  de  lui  que  nous  avons  là  sous  les 
yeux  nous  dit  que  c'est  par  le  garde  Rabeau,,dont  jeprie  nos  lecteurs 
de  ne  pas  oublier  le  nom,  qu'il  fit  faire  les  premiers  essais 
en  1852. 

Les  archives  de  l'amirauté  de  Rochefort  doivent  rendre  du  reste  bien 
facile  la  vérification  de  notre  assertion  que  nous  opposons  de  la  ma- 
nière la  plus  formelle,  à  tout  ce  qui  s'avance  dans  les  publications,  ou 
mieux,  les  compilations  de  la  pisciculture  actuelle. 

C'est  la  troisième  fois  que  sur  cette  question  nous  sommes  obligé 
de  rappeler  nos  jeunes  confrères  à  la  vérité,  et,  une  fois  encore,  nous  les 
avertissons  que,  de  notre  vivant,  nous  ne  cesserons  de  rogner  les  ailes 
à  ce  caneton. 

La  stabulation  de  ces  petits  mollusques  dans  nos  salines  transformées, 
les  claires  buvant  seulement  aux  grandes  matines,  ou  dans  les  grands 
viviers,  comme  Ostende  ou  Concarneau,  nous  semble  risquée. 

Outre  qu'on  ne  doit  comparer  que  des  choses  comparables,  et  ne 
pas  mettre  sur  la  même  ligne  une  industrie  à  créer,  avec  elle  d'Ostende 
en  plein  et  ancien  succès,  il  n'y  aurait  là  pour  nous  qu'un  seul  moyen 
de  jeter  \  0  beaux  écus  pour  en  rattraper  un. 

Ce  n'est  pas  sans  raison  que  tous  ils  s'ensablent,  les  pauvres, 
par  une  mer  battue,  les  chocs,  les  ennemis.,  «  les  soldats,  la  corvée,  » 
et  qui  nous  dit  que  le  calme  de  la  claire  suffirait  à  leurs  besoins  ;  le 
flot,  la  mer  forte,  ne  seraient-ils  pas  leurs  premiers  nourriciers  ?  Que 
de  doutes,  que  d'inconnus  encore!  Un  essai  coiàterait  peu  cepen- 
dant. 

Surveiller  les  cantonnements  d'habitat  et  de  reproduction,  les  pro- 
téger en  les  étudiant;  faire  pour  eux  ce  qui  se  fait  maintenant  avec 
tant  d'intelligence  et  d'exactitude  pour  l'huître,  imiter  le  forestier 
dans  l'aménagement  de  ses  coupes  ou  l'agriculteur  dans  l'assolement 
de  ses  champs,  là  sera  le  simple,  le  pratique,  en  dehors  duquel  nous 
ne  voyons  qu'illusions  et  n'enregistrerions  encore  que  déceptions  ! 

Que  la  célèbre  expérience  de  Saint-Brieux  ne  nous  soit  pas  lettre 
morte.  On  passa  sur  nos  avertissements,  donnés  cependant  sous  la 
forme  la  plus  amicale  et  désintéressée  ;  mais  où  aboutit-on? 

Rien  pourtant  ne  manquait  cette  fois  à  la  pompeuse  et  officielle  mise 
en  scène  de  cette  vaste  entreprise  sur  laquelle  le  monde  piscicole  de 
l'Europe  avait  les  yeux. 

Faire  plus  grand  serait  difficile  ;  mais  faire  mieux,  plus  doucement  et 
plus  simplement,  est  notre  espérance. 

Chabot-Karlen, 

Correspondant  de  la  Société  nationale  d'agriculture  de  France. 


422  LA  VERMINE  DES  VOLAILLES. 


ENCORE  LA  VERMINE  DES  VOLAILLES 

On  a  toujours  dit  qu'il  est  difficile  de  se  débarrasser  de  la  vermine. 
Le  lecteur  ne  trouvera  donc  pas  surprenant  de  la  voir  reparaître  une 
fois  de  plus  dans  les  colonnes  du  journal.  Ce  n'est  pas  trop  que, 
contre  un  ennemi  aussi  puissant,  tous  les  hommes  de  bonne  volonté 
unissent  leurs  forces,  et  je  me  fais  un  devoir  de  venir  à  la  rescousse 
en  fournissant  quelques  explications  complémentaires. 

Il  est  évident  que  je  n'ai  pas  très  clairement  décrit  mon  manuel 
opératoire,  puisque  M.  Lemoine  a  pu  croireque  je  soumets  mon  colom- 
bier à  des  inondations  désastreuses,  capables  de  faire  pourrir  les  nids 
et  de  les  convertir  en  fosses  à  purin.  Ce  serait  un  inconvénient  plus 
grave  que  le  mal  que  je  -veux  éviter  et,  en  exposant  mes  volatiles  à  ses 
suites  fâcheuses,  je  ressemblerais  à  Gribouille,  qui  se  jetait  dans  la 
rivière  pour  éviter  la  pluie. 

Pour  dissiper  tout  malentendu,  je  vais  dire  exactement  comment  j'ai 
procédé  pour  arriver  à  un  succès  complet,  définitif.  Tous  les  matins, 
j'ai  arrosé  mon  colombier  sur  toutes  ses  faces  et  toutes  ses  coutures,  à 
la  main,  avec  l'eau  qui  restait  dans  un  baquet  destiné  aux  bains,  soit 
avec  5  ou  6  litres  d'eau.  Avec  cette  aspersion  si  modérée,  si  éloignée  des 
idées  de  submersion  dangereuse  qui  ont  germé  dans  l'esprit  de 
l'habile  éleveur  de  Crosne,  j'ai  atteint  le  but  proposé  *  empêcher  la 
la  naissance  des  acares. 

Voilà  le  fait,  le  fait  vrai,  supérieur  à  tous  les  raisonnements.  Ces 
aspersions  quotidiennes  ont  surtout  pour  effet  utile  de  faire  couler  le 
liquide  entre  chaque  nid  et  la  muraille  qui  le  retient,  c'est-à-dire  dans 
le  plus  favorable  réceptacle  de  la  vermine.  La  pluie  artificielle  que  j'ai 
fait  tomber  sur  les  couveuses  ne  leur  a  pas  été  plus  nuisible  que  la 
pluie  du  ciel  tombant  sur  les  perdrix  et  les  caiilestjui  couvent  à  terre, 
ou  sur  une  foule  d'oiseaux  nichant  sur  les  végétaux. 

Si  c'est  le  mot  imagé  de  douche  qui  a  effrayé  mon  honorable  colla- 
borateur, je  retire  volontiers  l'expression,  pourvu  que  la  chose  reste. 
C'est  une  erreur  de  croire,  du  reste,  que  la  main  soit  insuffisante  pour 
asperger  et  qu'une  pompe  soit  nécessaire.  L'opération  se  fait  très  sim- 
plement et  sans  pompe,  c'est  le  cas  de  le  dire.  Elle  réussit  très  bien, 
que  veut-on  de  plus? 

M.  Lemoine  recommande  de  simples  aspersions  avec  de  l'eau  addi- 
tionnée d'acide  phénique.  J'ai  moi-même  employé  l'acide  phénique,  et 
si  j'y  ai  renoncé,  c'est  parce  que  l'eau  naturelle  suffit.  Plus -un  moyen 
est  simple  et  économique,  plus  il  a  de  chance  d'être  adopté. 

En  somme,  la  crainte  de  paraître  trop  long  a  peut-être  un  peu 
obscurci  ma  pensée.  De  là  sont  nées  les  alarmes  très  respectables  de 
M.  Lemoine  à  l'endroit  du  traitement  hydrothérapique  des  colombiers, 
lequel,  répété  journellempnt,  doit  amener,  selon  lui  «  tine  liumidité 
nuisible  aux  pigeons.»  Loin  d'être  nuisibles  aux  habitants  du  pigeon- 
nier, il  leur  procure  du  bien-être  en  mitigeant  les  ardeurs  de  la  tempé- 
rature par  la  volatilisation  du  liquide. 

Il  y  a  ici  un  moyen  terme  à  chercher,  et  chacun  le  trouvera  sans 
peine  :  il  s'agit  de  diminuer  la  sécheresse  qui  favorise  la  naissance  des 
insectes  et  d'éviter  la  pourriture  qui  engendre  les  vers. 

D""  Félix  Schneider, 

Correspondant  de  la  Société  nationale  d'agriculture  de  France. 


LE  MÉTAYAGE.  ^23 


SUR  LE  MÉTAYAGE 

Le  métayage  peut  rendre  de  grands  services;  il  permet  au  proprié- 
taire de  prendre  une  part  sérieuse  à  l'exploitation  de  son  domaine, 
tout  en  conservant  la  possibilité  de  se  livrer  en  même  temps  à  d'autres 
occupations  ;  —  il  fait  participer  le  propriétaire  et  le  cultivateur  aux 
chances  variables  des  bonnes  et  des  mauvaises  années,  ce  qui  est  par- 
faitement équitable. 

Le  métayage  est  une  véritable  association  :  le  propriétaire  doit  y 
apporter  son  intelligence,  son  savoir  et  même  sa  bourse,  le  métayer, 
son  travail  et  ses  soins. 

L'un  des  points  les  plus  difficiles  à  bien  régler,  c'est  la  part  à 
prendre  pour  chacun  des  associés  dans  les  produits  et  dans  les  frais; 
le  partage  par  exacte  moitié  ne  convient  réellement  que  dans  quelques 
situations  particulières  et  c'est  probablement  l'une  des  causes  qui 
contribuent  le  plus  à  restreindre  la  pratique  du  métayage.  Le  métayer 
fournit  principalement  la  main-d'œuvre,  or  le  rapport  de  la  main- 
d'œuvre  au  produit  brut  varie  dans  des  limites  très  étendues. 

Toutes  choses  égales  d'ailleurs,  le  métayer  a  droit  à  une  part 
d'autant  plus  forte  que  la  terre  est  moins  fertile.  A  fertilité  égale,  le 
métayer  qui  cultive  une  terre  compacte  doit  avoir  une  part  plus  forte 
que  celui  qui  cultive  une  terre  légère  dont  la  culture  exige  moins  de 
travail. 

Le  système  de  culture  doit  être  pris  en  très  grande  considération 
pour  fixer  la  base  d'une  juste  répartition.  Lorsque  le  domaine  est 
principalement  composé  de  prairies  dont  la  terre  labourable  n'est 
qu'un  accessoire,  la  main-d'œuvre  est  peu  de  chose  et  la  moitié  du 
produit  brut  ne  serait  pas  une  rémunération  suffisante  à  beaucoup 
près  pour  le  propriétaire. 

Si  la  culture  a  pour  objets  principaux  la  production  des  céréales  et 
l'élevage  du  bétail,  la  main-d'œuvre  n'étant  pas  très  considérable,  le 
métayer  sera  en  moyenne  suffisamment  rémunéré  par  la  moitié  du  pro- 
duit brut.  Mais  si  l'on  veut  cultiver  dans  une  proportion  un  peu  im- 
portante les  récoltes  sarclées  et  les  plantes  industrielles,  si  l'on  veut 
substituer  à  l'élevage  l'entretien  des  vaches  laitières  pour  la  produc- 
tion du  beurre  et  du  fromage,  etc.,  la  moitié  du  produit  brut  sera 
complètement  insuffisante  pour  rémunérer  le  métayer. 

Pour  arriver  à  un  résultat  équitable  tout  en  conservant  le  principe 
du  partage  par  moitié,  on  emploie  divers  moyens  très  variables 
suivant  les  usages  locaux  et  selon  les  circonstances.  Dans  les  terres 
fertiles  ou  lorsque  le  système  de  culture  exige  peu  de  main-d'œuvre, 
le  métayer  paie  au  propriétaire  une  redevance  annuelle  en  argent 
désignée  sous  le  nom  d'impôt  dans  certaines  localités.  Il  arrive  aussi 
souvent  que  l'on  abandonne  au  métayer  tout  le  beurre,  sauf  à  fournir 
au  propriétaire  une  quantité  fixe  chaque  année.  Le  bénéfice  de  la 
basse-cour  est  généralement  laissé  au  métayer.  Dans  certains  cas,  le 
propriétaire  paie  tout  l'impôt  foncier  et  fournit  tout  le  bétail.  Ailleurs 
on  est  obligé  de  prendre  pour  base  une  fraction  autre  que  la  moitié  et 
d'attribuer  au  métayer  les  trois  quarts,  par  exemple,  du  produit. 

L'établissement  d'une  juste  proportion  dans  le  partage  exige  néces- 
sairement une  assez  longue  expérience  quand  on  n'est  pas  guidé  par 
des  usages  locaux;  c'est  une  des  principales  raisons  qui  rendent  très 


424  LE  MÉTAYAGE. 

difficile  l'introduction  du  métayage  dans  les  contrées  oi^i  il  n'est  pas 
pratiqué. 

Tout  changement  important  dans  le  système  de  culture  nécessite 
un  changement  correspondant  dans  les  proportions  du  partage  ;  il  y  a 
là  une  difficulté  très  sérieuse  qu'il  ne  faut  pas  méconnaître. 

Le  métayage  convient  aux  fermes  de  moyenne  étendue,  soit  de  20  à 
60  hectares  parce  que  le  travail  du  fermier  et  de  sa  famille  suffit  à  la 
main-d'œuvre  ou  du  moins  il  ne  faut  pas  beaucoup  d'auxiliaires.  La 
petite  culture  se  prête  difficilement  au  métayage  parce  qu'elle  ne  peut 
prospérer  qu'en  adoptant  des  spéculations  qui  nécessitent  une  main- 
d'œuvre  considérable  comme  le  chanvre,  l'élevage  des  porcs,  les  fruits 
et  les  légumes  dans  le  voisinage  des  villes.  La  production  des  céréales 
est  alors  à  peine  suffisante  dans  les  années  moyennes  pour  nourrir  le 
fermier  et  sa  famille;  on  ne  peut  pas  songer  à  les  partager  et  le  par- 
tage de  la  plupart  des  autres  produits  est  peu  pratique.  Quant  aux 
grandes  exploitations  on  y  voit  rarement  des  métayers  parce  que  le 
cultivateur  qui  dispose  d'un  capital  d'une  certaine  importance  aime 
généralement  mieux  louer  une  ferme  à  prix  d'argent  que  de  prendre  à 
moitié  une  exploitation  plus  étendue. 

A.   DE  ViLLIERS  DE  l'IsLE-AdAM. 

LES  QUALITÉS  LAITIERES  DE  LA  RAGE  DURHAM.  -  II 

Avant  de  reproduire  les  notes  de  M.  Bâtes,  sur  les  rendements 
extraordinaires  de  certaines  vaches  Durham  de  son  temps,  qu'on  me 
permette  de  citer  un  autre  exemple  de  fécondité  laitière  puisé  dans  mes 
propres  souvenirs. 

Je  me  rappelle,  c'était  en  1849,  à  une  vente  où  présidait  encore  mon 
vieil  ami  M.  Strafîord,  chez  l'honorable  W.  S.  Hayter,  on  vendit  une 
génisse,  lot  46  du  catalogue,  dont  la  mère,  Red  Duchess,  apparte- 
nant à  la  célèbre  famille  connue  sous  le  nom  de  Curry  s  Duchess^ 
donnait  régulièrement  38  litres  de  lait  par  jour.  Ce  fait  fut  confirmé 
par  un  voisin,  M.  Fagen,  qui  déclara  publiquement  sur  son  honneur, 
qu'il  avait  contrôlé  ce  chiffre  huit  jours  avant  la  vente,  laquelle  eut 
lieu  le  9  mai  1849,  et  que  lorsque  cette  vache  était  nourrie  au  pâtu- 
rage, son  rendement  était  encore  supérieur. 

J'ai  souvent  dit  dans  ce  journal  qu'un  des  plus  grands  mérites  des 
familles  de  Bâtes,  c'est  leur  qualité  laitière.  Cette  qualité  à  laquelle 
l'éminent  éleveur  attachait  le  plus  grand  prix,  était  à  ses  yeux  l'at- 
tribut le  plus  précieux  de  la  race  Durham. 

«  Un  jour,  raconte-t-il  dans  ses  mémoires  publiés  par  M.  Bell,  je  reçus  la  visite 
de  Mason,  au  cours  de  la  conversation,  je  lui  fis  la  remarque  en  parlant  des  éle- 
veurs de  Durham,  que  je  désespérais  presque  de  les  voir  apprendre  jamais  ce  que 
c'était  qu'un  bon  Durham.  Les  éleveurs  des  races  Hereford  et  Devon  savent 
beaucoup  mieux  reconnaître  et  apprécier  les  bons  Durhams  que  les  éleveurs  de 
Durhams  enx-mêmes  en  général.  Mason  me  répondit  :  avec  les  familles  de  votre  trou- 
peau, vous  pouvez  continuer  à  élever  des  Durhams,  parce  que  vous  en  tirez  uu  profit 
direct  en  lait,  en  beurre  et  en  viande.  Mais  nous  autres  nous  ne  pouvons  nous  en 
tirer  qu'en  vendant  nos  produits  aux  éleveurs  à  des  prix  supérieurs  à  ceux  de  la  bou- 
cherie. Cet  aveu  spontané  eut  lieu  un  matin  qu'il  était  venu  déjeuner  avec  moi.  C'était 
au  moment  où  ma  femme  de  ménage  venait  d'arranger  le  beurre  de  la  semaine  pour 
l'envoyer  au  marché  de  Newcastle,  un  samedi.  Je  lui  répondis  que  quelque  fût  son 
impatience  de  se  mettre  à  table,  je  ne  le  lui  permettrais  qu'après  avoir  constaté  la 
quantité  de  beurre  produit  par  mes  vaches  pendant  la  semaine.  Nous  comptâmes 
trois  cents  pains,  d'une  demi-livre  chacun,  façonnés  pour  le  marché,  sans  compter 
ce  qui  s'était  vendu  surplace  et  consommé  dans  la  maison.  J'avais  alors  trente  vaches 


LES  QUALITÉS  LAITIÈRES  DE    LA   RACE  DURHAM.  425 

en  lait  et  le  beurre  valant  1  fr.25  le  pain  d'une  demi  livre,  le  produit  en  beurre 
de  chaque  vache  se  montait  au  de  là  de  12  fr.50  par  vache  et  par  semaine  sans 
compter  la  valeur  du  petit  lait  vendu  aux  ouvriers,  et  sans  compter  aussi  la 
nourriture  des  veaux,  tous  allaités  au  baquet,  car  je  ne  laisse  jamais  les  veaux 
teter  à  la  mamelle.  Si  tout  le  lait  produit  par  mes  trente  vaches  avait  été  converti 
en  beurre,  le  produit  à  envoyer  au  marché  eût  été  le  double.  Votre  système  à  vous, 
lui  dis-je,  est  d'avoir  trois  lots  de  vaches,  les  unes  pour  avoir  des  veaux  seulement, 
dans  quel  but  vous  les  tarissez  le  plus  vite  possible  pour  qu'elles  ne  tardent  pas 
à  prendre  le  taureau,  et  pour  conserver  leur  embompoint  et  attirer  ainsi  les 
acheteurs;  les  secondes  comme  nourices  pour  allaiter  les  veaux  des  premières,  et 
les  troisièmes  pour  fournir  au  ménage  le  lait  et  le  beurre  de  la  consommation  de 
la  maison.  Voilà  un  système  suffisant  pour  ruiner  n'importe  quel  éleveur  même 
dans  le  cas  où  il  aurait  la  terre  pour  rien  et  n'aurait  à  payer  aucune  dépense  pour 
nourriture  auxiliaire,  et  cependant  un  grand  nombre  poursuivent  aujourd'hui  ce 
système  extravagant  dans  le  but  de  gagner  des  prix  dans  les  concours  et  donner 
satisfaction  à  leur  vanité  aux  dépens  de  leur  poche.  » 

Je  cite  ce  passage  in  extenso,  pour  bien  établir  sur  le  témoignage 
d'un  homme  d'une  autorité  si  grande,  l'explication  que  j'ai  souvent 
donnée,  delà  pauvreté  laitière  de  certaines  vaches  Durham,  ce  qui  est 
sans  aucun  doute  le  résultat  de  ce  système  absurde,  de  couper  le  lait 
aux  mères  pour  conserver  leur  bonne  mine,  dans  le  but  de  les  préparer 
pour  les  concours  et  de  les  vendre  à  des  prix  élevés  aux  badauds  qui 
s'y  laissent  prendre  \ 

Ceux  qui  me  font  l'honneur  de  lire  mes  articles,  doivent  se  rappeler 
combien  de  fois  je  me  suis  élevé  contre  cette  manie  d'acheter  des  ani- 
maux reproducteurs  dans  les  concours,  simplement  parce  qu'ils  sont 
beaux  à  voir.  Combien  de  fois  n'ai-je  pas  conseillé  à  tous  de  se.  bien 
garder  d'acheter  des  animaux  fardés,  préparés  pour  obtenir  des  prix 
et  rendus  pimpants  souvent  pour  attraper  les  simples.  Qu'on  le  sache 
bien,  les  animaux  destinés  aux  concours  sont  presque  toujours  des  ani- 
maux de  réclame,  sacrifiés  à  la  spéculation.  Aussi  voit-on  les  animaux 
après  avoir  figuré  une  ou  deux  fois  dans  les  expositions  de  reproduc- 
teurs, figurer  ensuite  un  peu  plus  tôt,  un  peu  plus  tard,  dans  les  expo- 
sitions d'animaux  de  boucherie,  même  comme  génisses. 

De  cette  lumineuse  conversation  de  Thomas  Bâtes,  avec  son  digne 
compère  Mason,  il  ressort  une  autre  vérité,  c'est  que  la  race  Durham 
est  naturellement  très  laitière,  ce  n'est  que  par  le  traitement  que  je 
viens  de  décrire  qu'on  réussit  à  atrophier  cette  précieuse  sécrétion  du 
lait  par  un  procédé  aussi  mal  calculé  au  point  de  vue  du  profit,  qu'il 
est  antinaturel. 

La  race  Durham  élevée  et  nourrie  comme  race  essentiellement  laitière 
telle  quelle  l'est  dans  les  pays  où  elle  n'existe  que  pour  les  besoins  de 
Vindustrie  laitière,  donne  plus  de  lait,  et  un  lait  plus  riche,  consomme 
moins  de  nourriture,  et  finalement  donne  plus  de  viande  et  à  meilleur 
marché  qu  aucune  autre  race  du  monde.  Voilà  la  vérité! 

Continuons  à  citer  les  exemples  les  plus  frappants  de  la  richesse 
laitière  des  vaches  Durham,  en  observant  non-seulement  le  maximum 
mais  la  moyenne. 

M.  Bâtes,  dans  ses  mémoires,  raconte  un  grand  nombre  d'exemples 
de  vaches  Durham  remarquablement  laitières.  Je  prends  dans  ces 
exemples  deux  des  vaches  renommées  qui  sont  devenues  les  souches 
de  familles  distinctes  et  conservées  intactes  justement  à  cause  de  cette 

1.  C'est  qu'indubitablement^  pour  éviter  ces  accidents  d'atrophie  de  sécrétion  laitière  produits 
par  l'engraissement  anormal  des  vaches  destinées  aux  concours,  qu'on  y  voit  si  rarement  figurer 
les  animaux  des  grandes  familles  de  sang  Bâtes  et  de  sang  Booth. 


426  LES  QUALITÉS  LAITIÈRES  DE    LA  RACE  DURHAM. 

qualité  qui,  dans  ces  familles,  est  devenue  héréditaire  et  s'est  conser- 
vée sans  détérioration  jusqu'à  nos  jours. 

Ce  que  Bâtes  considérait  comme  le  caractère  distinctif  des  bons 
Durham  c'est  d'être  à  la  ibis  très  laitier,  très  apte  à  prendre  de  la 
chair  soit  à  l'étable,  soit  au  pâturage,  et  d'arriver  finalement  et  promp- 
tement  à  un  poids  considérable.  Comme  exemple  de  ces  qualités  com- 
binées, il  aimait  à  citer  une  vache  qu'il  avait  connue  dans  le  troupeau 
héréditaire  de  iM.  Dixon,  laquelle  donnait  des  quantités  de  lait  consi- 
dérables, ses  veaux  croissaient  tous  avec  une  grande  rapidité.  A  l'âge 
de  17  ans  elle  fut  engraissée  et  donna  à  l'étal  une  quantité  prodigieuse 
d'excellente  viande.  Cette  vache  et  tous  ses  descendants  consommaient 
très  peu  de  nourriture  en  général,  et  presque  pas  de  foin.  M.  Baies, 
dans  une  visite  qu'il  fit  à  Barmpton,  en  1804,  avant  d'avoir  fait 
l'acquisition  de  la  première  Duchesse,  rappela  à  Charles  CoUing  cet 
exemple  de  la  vache  de  M.  Dixon.  Charles  CoUing  lui  répondit  que 
lorsqu'il  vint  s'établir  à  Barmpton,  après  la  mort  de  M.  Harrisson,  il 
n'avait  aucune  idée  de  se  faire  éleveur  de  Durham  reproducteurs.  Son 
troupeau  ne  fut  d'abord  qu'un  troupeau  laitier.  Ma  sœur,  dit-il,  qui 
demeurait  alors  avec  moi,  me  rapporta  que  la  fille  de  laiterie  avait 
souvent  appelé  son  attention  sur  la  quantité  extraordinaire  de  lait 
donnée  par  une  des  vaches  du  troupeau.  C'était  un  dimanche  soir, 
avant  que  les  vaches  ne  fussent  traites,  allons  voir,  lui  dis-je,  ce  que 
cette  vache  donne  de  lait,  nous  le  mesurerons  exactement.  Après  avoir 
assisté  nous-mêmes  à  la  mulsion,  nous  mesurâmes  26  quarts  et  1/4 
(égal  à  trente  litres  mesure  française)  \ 

Un  autre  jour  M.  Bâtes  était  allé  voir  une  vache  Durham  dont  on 
lui  avait  vanté  les  qualités  laitières.  Le  propriétaire  lui  dit  qu'à  chaque 
mulsion,  cette  vache  remplissait  non  seulement  le  seau  de  la  fille  de 
laiterie,  mais  que  celle-ci  était  obligée  d'apporter  un  autre  vase  un 
peu  plus  petit.  Ces  deux  vases,  remplis  deux  fois  par  jour,  furent 
mesurés  par  Bâtes  et  contenaient  ensemble  19  quarts  et  demi\  ce 
qui  deux  fois  par  jour  donne  un  rendement  quotidien  de  39  quarts  — 
et  cela  alors  que  la  vache  était  nourrie  au  pâturage  seulement  — . 

M.  Bâtes  se  rappelait  aussi  d'une  vache  appartenant  à  M.  Alexandre 
Hall  fille  du  taureau  deMasterman,  et  dont  il  vendit  plus  tard  les 
descendants  à  MM.  Robert  et  Charles  Colling.  Cette  vache  donnait 
18  quarts  à  chaque  mulsion,  matin  et  soir.  C'est  à  cette  vache  que 
remonte  la  branche  des  Bryht  Eyes,  qui  plus  tard  reçut  le  nom  de 
Princess  de  M.  Robert  Colling.  La  vache  achetée  par  Charles  Colling, 
fille  de  cette  vache  extraordinaire  de  M.  Alexandre  Hall,  se  nommait 
«  Eoughton  »  et  devint  la  mère  du  fameux  taureau  Foljamb  (263). 

M.  Wastel,  le  célèbre  éleveur,  dont  j'aurai  beaucoup  à  dire  dans  un 
prochain  article,  avait  dans  son  troupeau  cette  vache  célèbre  a  Bas- 
forth  »  dont  j'ai  déjà  parlé  dans  mon  travail  sur  les  familles  de  Bâtes, 
laquelle  donnait  18  quarts  à  chaque  mulsion  et  produisait  vingt  une 
livres  de  beurre  par  semaine. 

Le  troupeau  de  M.  Rates  ne  contenait  pas  une  seule  vache  qui  ne 
donnât  au  moins  14  quarts  de  lait  à  chaque  mulison.  La  première  Du- 
chesse fille  du  taureau  «  Daisy  »  donnait  cette  quantité  et  le  lait  était 
si  riche  que  le  produit  de  chaque  mulsion,  soit  16  litres,  produisait 
600  grammes  de  beurre,  soit  une  livre  de  beurre  par  13  litres  de  lait. 

1.  Une  quart,  mesure  anglaise,      uivaut  à  :  1  litre  135.864. 


LES  QUALITÉS  LAITIÈRES  DE  LA  RACE  DURHAM.  427 

Le  produit  laitier  de  cette  première  duchesse,  aux  prix  où  se  ven- 
daient alors  le  lait^  le  pelit-lait  et  le  beurre,  n'était  pas  moindre  de 
55  francs  par  semaine,  pendant  une  partie  de  l'été,  la  date  de  son 
vêlage,  l'année  où  cette  constatation  fut  faite,  étant  le  7  juin  1807, 
cette  vache  n'avait  aucun  soin  extraordinaire  ni  aucune  alimentation 
exceptionnelle;  elle  vivait  au  pâturage  avec  dix-neuf  autres  vaches, 
et  recevait  absolument  le  même  traitement  que  ses  compagnes. 
M.  Bâtes  tenait  beaucoup  à  faire  valoir  cette  observation,  car,  disait-il, 
dans  de  nombreuses  expériences  faites  dans  le  but  de  préciser  le 
rendement  lailier  des  vaches  Durham,  on  s'abstient  souvent  de  faire 
mention  des  rations  auxiliaires  de  tourteaux  et  de  farine  de  maïs  que 
l'on  donne  aux  vaches  laitières,  dans  le  bat  d'augmenter  la  sécré- 
tion de  leurs  mamelles. 

La  vache  Bright-Eyes,  fille  de  cette  remarquable  laitière  de 
M.  Alexandre  Hall  et  achetée  par  Robert  CoUings,  donnait  15  quarts 
à  chaque  mulsion. 

M.  Hustler  d'Aclam,  qui  avait  acheté  la  vache  Daisy,  souche  de  la 
famille  de  ce  nom,  fille  de  Favorite  (252)  et  sœur  du  taureau  Daisy, 
pour  lequel  M.  Bâtes  avait  une  préférence  si  marquée,  fit  un  pari  avec 
un  de  ses  fermiers,  M.  Appleton,  que  cette  vache  Daisy  donnait  plus 
de  lait  qu'aucune  des  vaches  du  troupeau  de  ce  fermier.  Au  mesurage, 
il  fut  constaté  que  la  meilleure  laitière  du  troupeau  de  M.  Appleton 
donnait  15  quarts  1/2  à  chaque  mulsion  et  que  la  vache  Daisy  en 
donnait  16.  La  vache  y)7a/cAem,  souche  delà  famille  des  Ocf/br^/,  nedon- 
nait  jamais  moins  de  12  quarts  à  chaque  mulsion,  nourrie  au  pâturage 
seulement  après  le  vêlage. 

La  mère  de  Bright  Eyes  dont  j'ai  déjà  eu  l'occasion  de  parler,  vendue  à 
M.  Robert  GoUing  par  M.  Alexendre  Hall,  donna  naissance  à  deux 
jumelles  dont  l'une  était  Bright  Eyes,  fille  de  Suowdon,  père  de 
Hubbâck;  l'autre  jumelle,  M.  Robert  Colling  l'acheta  plus  tard.  Cette 
vache  était  fille  du  taureau  de  M.  James  Masterman,  grand-père  de 
Hubback,  et  issue  d'une  vache  élevée  par  M.  Thomas  Hall,  puis  vendue 
plus  tard  à  la  duchesse  d'Athol  qui  l'avait  en  grande  admiration. 
Cette  vache  était  fille  du  taureau  de  M.  Harrison,  élevé  par  M.  W^astell, 
et  issue  d'une  vache,  fille  du  célèbre  taureau  de  Robson,  et  que 
M.  Wastell  avait  dotée  du  nom  peu  euphémique  de  Tripes.  La  mère 
des  deux  jumelles  vendues  à  M.  Robert  Colling,  donnait  régulière- 
ment, et  au  pâturage  seulement,  1 8  quarts  de  lait  à  chaque  mulsion, 
pendant  plus  de  six  semaines  après  le  vêlage.  M.  Alexandre  Hall  certifie 
ce  rendement  par  le  fait  que  le  lait  était  vendu  à  la  ville  de  Darlington 
deux  fois  par  jour  et  à  cette  occasion  on  le  mesurait  régulièrement. 

Si  j'entre  dans  ces  détails  généalogiques,  c'est  pour  démontrer  l'héré- 
dité de  ces  grandes  qualités  laitières,  transmises  de  génération  en 
génération,  dans  les  familles  dont  ces  célèbres  vaches  laitières 
sont  les  souches,  et  dont  le  précieux  héritage  s'est  perpétué  jusqu'à 
nos  jours. 

Il  est  utile  d'observer  ici  que  ces  qualités  laitières  observées 
avec  une  appréciation  si  pratique  par  les  anciens  éleveurs,  ont 
absolument  là  même  valeur  aujourd'hui.  Dans  les  ventes,  tous  les 
animaux  dont  la  famille  remonte  à  Barford,  Princess,  Lady  Maynard, 
Duchess,  Maichem,  Bright  Eyes^  telle  que  les  familles,  Charmer, 
Gv^ynne,  Daisy,  Old  Strawberry,  Walnut,  Quickly,  Sossie,  Waterloo, 


428  LES  QUALITÉS  LAITIÈRES  DE  LA   RACE  DURHAM. 

Foggathorpe,  Red  Rose,  Wild  Eyes,  etc,  etc,  c'est-à-dire  les  véritables 
familles  réellement  pm^es  de  la  race  Durliam,  se  disputent  toujours  les 
enchères  les  plus  élevées,  parce  que  tous  les  éleveurs  savent  que  les 
animaux  appartenant  à  ces  familles  possèdent  à  titre  d'héritage  et 
transmettent  infailliblement  à  leurs  produits  la  grande  sélection  laitière, 
la  précocité,  et  l'aptitude  à  l'engraissement,  le  tout  uni  à  la  symétrie 
des  formes,  et  à  l'entretien  économique.  Tout  le  reste,  c'est-à-dire 
toutes  les  familles  de  la  race  Durham  telle  qu'elle  existe  à  Corbon  et 
dans  presque  toutes  les  étables  françaises,  n'est  qu'un  mélange 
informe, inconsidéré,  sans  suite, sans  calcul;  ne  tirant  ses  origines  que 
de  croisements  fortuits,  sur  lesquels  plane  l'ignorance  la  plus  absolue 
de  l'histoire  des  généalogies  de  la  race  et  des  aptitudes  et  des  qualités 
distinctives  des  familles  suitées,  en  dehors  desquelles  la  pureté  de  sang 
est  un  mythe  et  une  illusion,  bien  qu'elle  puisse  être  consacrée  par 
l'inscription  au  Herd  book. 

J'admets  que  dans  ces  conditions  désastreuses  oii  se  trouve  l'élevage 
du  Durham  en  France,  il  soit  possible  de  dire  que  la  race  n'est  point 
laitière,  mais  je  constate  que  la  véritable  race  telle  que  nous  l'ont  trans- 
mise les  Wastell,  les  CoUing,  les  Masoin,  les  Bâtes,  et  tant  d'autres  que 
je  pourrais  nommer,  n'a  que  de  très  rares  représentants  en  France.  Il 
n'y  en  a  certainement  point  à  Corbon,  et  il  n'y  en  a  jamais  eu  de  vérita- 
blementpurs;  etcomme  c'est  dans  cet  établissement  que  les  éleveurs  fran- 
çais vont  généralement  recruter  leurs  reproducteurs,  il  s'en  suit  que 
l'élevage  des  Durham,  en  France,  est  livré  à  un  gâchis  impénétrable 
011  il  est  impossible  de  reconnaître  une  descendance  suivie,  ni  la  pré- 
pondérance d'une  famille  quelconque.  Et  cependant  nous  entendons 
parler  de  sang  Bâtes  et  de  sangBooth  comme  s'ils  existaient  autrement 
que  dans  des  mélanges  de  hazard  aussi  impotents  qu'ils  sont  incongrus. 

De  la  Trehon!\ais. 

SUR  LA  MALADIE  VERMIGULAIRE  DES  SEIGLES 

ET  DES  LUZERNES  \ 

En  parcourant,  il  y  a  quelques  jours,  les  coteaux  qui  s'étendent  sur 
la  rive  droite  de  la  Seine,  entre  Triel  et  Poissy,  près  du  village  de 
Vernouillet,  j'ai  été  frappé  de  l'apparence  particulière  et  maladive  que 
présentait  un  champ  de  seigle.  Les  plantes  y  étaient  d'assez  faible  taille,  ^ 
ne  dépassant  pas  un  mètre  de  haut;  les  épis,  de  longueur  ordinaire, 
mais  pâles  et  à  demi  desséchés,  contenaient  le  plus  souvent  des  pistils 
dont  les  stigmates  chargés  de  grains  de  pollen  n'avaient  pris  aucun  ■ 
développement.  Les  chaumes,  déjà  jaunes  ouà  peineunpeuverdâtres, 
portaient  des  feuilles  presque  toutes  desséchées  et  d'un  jaune  pâle; 
quelques-unes  étaient  encore  vertes  par  place,  mais  d'un  vert  pâle, 
avec  de  grandes  taches  décolorées.  Du  reste,  la  surface  des  feuilles  et 
des  pailles  ne  montrait  pas  trace  de  rouille  ni  d'autres  parasites  végétaux. 
En  deux  mots,  ces  seigles  avaient  séché  sur  pied  vers  le  moment  de 
la  floraison,  sans  cause  apparente.  "^r 

Ne  reconnaissant  pas  à  première  vue  la  nature  de  la  maladie  quï''* 
avait  atteint  ces  seigles,  j'en  arrachai  quelques  pieds  pour  les  étudier  * 
déplus  près.  Les  racines  ne  présentaient  rien  de  remarquable;  mais  la 
base  de  la  tige  montrait  souvent  par  place  une  coloration  brune.  C'était 
surtout  aux  deux  nœuds  inférieurs  que  le  brunissement  s'était  produit, 

1.  Communicatioa  à  la  Socité  nationale  d'agriculture. 


SUR  LA  MALADIE    VEHMICULAIRE   DU   SEIGLE.  429 

mais  la  coloration  s'étendait  maintes  fois  à  une  certaine  distance,  en 
forme  de  tache  ou  de  ligne  se  prolongeant  dans  la  longueur  de  Litige. 
Dans  ces  places,  le  tissu  était  profondément  altéré  et  carié.  L'examen 
microscopique  des  tiges,  dans  les  points  correspondant  aux  tachas 
isolées,  montrait  une  altération  encore  peu  profonde  et  n'atteignant  que 
le  parenchyme  cortical,  dont  les  cellules  étaient  brunes  et  mortes,  et 
parfois  déchirées,  sans  doute  pour  le  passage  de  quelque  petit  être  qui 
s'y  était  creu::é  une  galerie  fort  étroite.  Bientôt  je  pus  trouver  le  para- 
site, cause  de  tout  le  dégât.  Dans  des  lambeaux  de  feuille  naissant  des 
nœuds  inférieurs,  je  reconnus  sous  l'épiderme  des  petits  verts  nénia- 
toïdes  enroulés  de  diverses  façons,  et  vivant  dans  l'intérieur  même  du 
tissu  delà  feuille.  Ces  petits  vers  sont  incolores,  en  formes  de  cylindre 
très  long,  terminés  en  pointe  aiguë  par  l'extrémité  caudale  ;  ils  ser- 
pentent en  se  courbant  alternativement  dans  des  sens  différents.  Us 
ne  semblent  pas  exécuter  de  bien  vifs  mouvements  à  l'intérieur  des 
tissus  où  ils  sont  le  plus  souvent  repliés  sur  eux-mêmes  et  courbés  à 
peu  près  en  demi-cercle;  dans  l'eau,  sur  une  plaque  de  verre,  on  en 
voit  quelques-uns  s'agiter  en  faisant  des  mouvements  très  vifs,  tandis 
que  d'autres  ne  se  meuvent  que  faiblement.  A  cette  époque  de  l'année 
(2  juin),  on  en  trouve  de  taille  et  d'âges  forts  divers.  On  voit  à  la  fois 
des  œufs,  des  larves  sortant  de  l'œuf  et  H  es  grands  vers  contenant  des 
œufs.  Les  plus  grands  ont  moins  d'un  millimètre  fde  8  à  9  dixièmes 
de  millimètre),  et  de  2  à  3  centièmes  de  millimètre  de  large  ;  ils  sont 
donc  tout  à  fait  imperceptibles  à  l'œil  nu  dans  les  tissus  ;  même  quand 
ils  sont  isolés,  flottant  dans  une  goutte  d'eau  sur  un  verre,  on  a  grand 
peine  à  les  apercevoir. 

Il  n'y  a  plus  de  doute  pour  moi  sur  la  cause  de  la  langueur  et  du 
dessèchement  des  seigles  dont  l'apparence  maladive  m'avait  frappé. 
Ces  seigles  étaient  atteints  d'une  maladie  vermiculaire  assez  analogue 
à  la  trichine  des  animaux;  la  mort  prématurée  des  feuilles  et  de  la 
plante  entière  était  due  à  la  pénétration  dans  les  tissus  d'une  anguil- 
lule  qui  est  V Anguillula  devastatrix  (Kuhn). 

Cette  maladie  des  seigles  est  déjà  connue,  elle  a  été  signalée  par 
Schweriz,  des  1 825  ^  Elle  a  été  observée  et  décrite  en  Allemagne  à 
plusieurs  reprises,  et  a  été  spécialement  et  très  bien  étudiée  par 
Jul.  Kiihn  dans  un  intéressant  mémoire  publié  en  1869*.  M.  Kuhn 
avait  déjà  reconnu,  dans  une  étude  antérieure  sur  une  maladie  des 
chardons  à  foulon  dont  les  capitules  se  décolorent,  se  dessèchent  et 
meurent  prématurément,  que  le  mal  qui  jusqu'alors  avait  été  attribué 
aux  intempéries,  était  causé  par  la  pénétration  dans  la  plante  d'une 
auguillule  qu'il  avait  nommée  ÀngwUida  dipsaci^,  L'anguillule  qu'il 
observa  dix  ans  plus  tard  sur  le  seigle  lui  parut  identique  à  celle  du 
cardère  ;  mais  comme  les  caractères  de  la  maladie  des  chardons  dif- 
fèrent en  plus  d'un  point  de  celle  des  seigles,  puisque  les  anguillulea 
de  la  première  plante  gagnent  les  capitules  et  s'y  réunissent,  tandis 
que  dans  le  seigle  ils  altèrent  principalement  les  entre-nœuds  infé- 
rieurs et  les  feuilles,  il  devait  garder  des  doutes  sur  l'identité  des  deux 
maladies.   La  question    fut  positivement    tranchée  par   l'expérience. 

1.  Anleitung  zum  prakiischen  Ackerbau,  t.  II,  p.  414.  —  D'après  Kûhn  :  «  Uber  die  Wurm- 
krankheit  des  Roggens.  Halle,  '869. 

2.  Jul.  Kuhn.  Uber  die  Wurmkrankheit  des  Roggens.  —  Besonder.  A.bdruclc  aus  den  Sitzung- 
berichte,  f.  1868,  der  Natiirforschendeti  gesellschaft. 

3.  Die  Krankliellen  der  Kultur  gewichse,  1858,  p.  178  et  ss. 


430  SUR  LA  MALADIE  VERMIGULAIRE  DU  SEIGLE. 

M.  Kiihn  enterra  en  automne  des  fragments  de  capitules  de  cardère 
remplis  d'anguillules  dans  la  terre  d'une  planche  oi^i  il  sema  diverses 
espèces  de  froment  (froment  ordinaire,  poulard,  épeautre  ainidonnier 
et  engrain),  du  seigle  et  de  l'orge  d'hiver.  Pourcontrôle_,  une  deuxième 
planche  semhlable,  mais  non  infectée  par  des  fragments  de  tête  de 
cardère  malade,  fut  ensemencée  des  mêmes  grains.  Au  printemps 
suivant,  dans  la  planche  infectée,  des  altérations  commencèrent  à  se 
manifester  sur  les  seigles.  Des  pieds  se  décolorèrent,  jaunirent  et  mou- 
rurent prématurément  sans  arriver  à  produire  des  épis  ;  d'autres  pro- 
duisirent des  chaumes  plus  ou  moins  courts  et  montrèrent  des  épis; 
fort  peu  eurent  des  grains  qui  parvinrent  à  maturité.  Ni  les  froments, 
ni  l'orge  cultivés  auprès  du  seigle,  sur  la  planche  infectée,  ni  aucune 
des  plantes  de  la  planche  non  intectée  ne  furent  atteints. 

Il  est  donc  démontré  que  c'est  la  même  espèce  d'anguillule  qui 
attaque  et  le  cardère  et  le  seigle,  et  qu'en  outre  ni  l'orge,  ni  le  froment 
ne  lui  servent  de  plante  nourricière'.  D'après  M.  Kuhn,  languillule 
ducardDnet  du  seigle  peul  attaquer  aussi  le  sarrasin,  le  trèfle  et  le  bluet. 

Il  n'y  avait  donc  plus  de  raison  pour  le  désigner  sous  le  nom 
exclusif  d'anguillule  du  cardère,  Anguillula  dipsaci,  que  lui  avait 
donné  M.  Kiihn,  et  cet  auteur  proposa  de  l'appeler  désormais  Anguil- 
lula ilevaslairix  (Kuhn). 

Désirant  présenter  à  la  Société  d'agriculture  des  échantillons  de 
seigle  atteints  de  la  maladie  vermiculaire  (qui,  à  ma  connaissance, 
n'avait  jamais  été  signalée  en  France),  j'ai  été  en  récolter  quelques-uns 
à  la  place  où  je  les  avais  observés  d'abord.  J'ai  été  alors  très  frappé 
de  l'aspect  des  champs  voisins  cultivés  en  luzerne  et  en  sainfoin. 
Dans  de  très  nombreuses  places,  les  pieds  de  luzerne  surtout  avaient 
les  feuilles  et  une  grande  partie  de  la  tige  jaune  et  desséchée.  Le  bas 
de  la  tige  portait  des  taches  noires  ;  les  plantes  paraissaient  mourantes 
ou  mortes.  Je  n'exagérerai  certainement  pas  en  disant  qu'en  certains 
endroits  plus  d'un  dixième  des  tiges  de  luzerne  était  amsi  desséché 
avant  d'avoir  fleuri.  J'ai  l  honneur  de  soumettre  à  la  Société  quelques- 
uns  de  ces  pieds  de  luzerne  malades.  J'ai  pu  m'assurer  qu'ils  sont  en- 
vahis comme  les  seigles  par  les  anguillules  que  j'ai  nettement  obser- 
vées dans  l'intérieur  des  ièuilles.  Comme  dans  le  seigle  on  en  trouve 
de  tout  âge  et  à  tous  les  degrés  de  développement.  Je  dépose  sur  le 
bureau  des  dessins  montrant  ces  sortes  de  trichines  vues  dans  la 
feuille  à  travers  l'épiderme.  On  reconnaît  à  la  forme  des  cellules  épi- 
dermiques  la  feuille  de  la  luzerne  de  celle  du  seigle,  mais  les  petits 
vers  qu'elles  recouvrent  sont  identiques. 

La  maladie  vermiculaire  me  paraît  pouvoir  causer  aux  fourrages 
artificiels  d'assez  graves  dommages.  Il  sera  assez  prudent,  à  mon  avis, 
partout  où  on  verra  des  tiges  se  détacher  çà  et  là  sans  cause  appa- 
rente, de  faire  fawcher  le  champ  sans  retard  et  de  brûler  les  plantes 
«oupées  sans  chercher  à  en  tirer  profit.  Car  on  devra  songer  à  la  pos- 
si'bilité  de  l'infection  d'autres  plantes,  et  en  particulier  du  seigle,  par 
les  fumiers  dans  lesquels  se  trouvaient  soit  des  pailles,  soit  des  débris 
de  fourrage  contenant  des  anguillules.  Prilukux, 

M«mbre  de   la  Société  nationale  d'^gt icultur*. 

1.  On  sait  que  le  froment  nourrit  par  fois  une  autre  -espèce  d'anguillule,  l'AnguHlu'atfiiid, 
qui  produit  dati?  la  fl  ur,  des^alles  à  peu  prè-  glol>'jleuses  qji  tiennent  la  place  du  grain  el  sont 
connues  sous  le  nom  de  blé  niellé.  La  nielle  du  Idé  a  étj  signalée  depuis  bien  tongiemp-,  «11*  a 
été  l'objet  de  très  bjnnes  études  faites  par  M.  Davaine.  V.  Campt.  rend.  Acad.  des  se,  185a,  1856, 


SOJA  HISPIDA  OU  POIS  OLÉAGINEUX.  431 

SOJA  HISPIDA  OU  POIS  OLÉAGINEUX 

Plus  on  produit,  plus  on  consomme,  l'humanité  tout  entière  en 
profite  ainsi  que  l'a  écrit  un  penseur.  «  Partout  oii  il  pousse  un  grain 
de  blé,  il  naît  un  homme.  »  Ce  motif  bien  louable  m'a  engagé  à  vous 
parler  du  soja  hespkla  qui  n'est  ni  assez  connu,  ni  assez  '  apprécié, 
malgré  ses  excellentes  qualités  culinaires  et  fourragères.  Je  ne 
doute  pas  que  ce  sera  une  acquisition  précieuse  pour  l'agriculture, 
dans  un  laps  de  temps  peu  éloigné.  Nous  savons  que  les  légumes  secs 
consommés  en  certaine  quantité,  peuvent  être  considérés  comme  la 
véritable  viande  du  pauvre;  ils  contiennent  en  moyenne  15  pour  cent 
d'eau  seulement,  plus  de  matière  sèche  par  conséquent,  que  la  meil- 
leure viande. 

Si  la  classe  ouvrière  consommait  moins  de  pain  ou  de  pommes  de 
terre  et  plus  de  légumes  secs,  elle  serait  mieux  nourrie.  Je  veux  avant 
de  m'étendre  sur  les  qualités  reconnues  au  sq/"a,  comme  plante  fourra- 
gère, et  sur  lesquelles,  je  veux  appeler  toute  votre  attention,  causer  un 
peu  avec  vous  sur  l'emploi  que  font  les  japonais  de  ce  pois  oléagineux, 
et,  sur  les  ressources  culinaires  qu'il  nous  offre,  Kœmpfer-Amœn  dans 
son  remarquable  ouvrage,  fait  connaître  en  1712  les  usages  culinaires, 
du  Daidsii  que  les  Japonais  nomment  aussi  Marne.  On  en  préjDare  : 
1°  le  Miso,  bouillie  alimentaire  qui  s'ajoute  à  divers  mets  en  guise  dé 
beurre,  dit-il.  2"  Le  soojuy  sorte  de  sauce  qui  se  mélange  au  jus  des 
viandes. 

Pour  faire  le  Niso,  on  prend  une  mesure  de  mamff,  qu'on  fait  bouillir 
dans  Feau,  pour  en  obtenir  une  bouillie  molle;  on  la  sale  (plus  en  été, 
qu'en  hiver)  elle  se  conserve  ainsi  plus  ou  moins  longtemps.  On  y 
ajoute  alors  du  Koof^  c'est-à-dire  du  riz  cuit  à  la  vapeur  d'eau,  cette 
mixture  se  place  dans  un  vase  qui  a  contenu  du  sachi,  espèce  de  bière, 
et  on  laisse  le  tout  fermenter  de  façon  à  produire  une  sorte  de  fromage 
mou. 

Le  sooju  se  prépare  avec  du  soja,  du  blé  et  du  sel,  à  parties  égales. 
Le  mélange  est  placé  dans  un  endroit  chaud,  pour  en  obtenir  la  fer- 
mentation. On  ajoute  de  l'eau;  on  agite;  l'opération  se  renouvelle  plu- 
sieurs fois,  pendant  deux  ou  trois  mois.  Puis,  on  filtre  et  l'on  conserve 
dans  des  vases  de  bois  la  partie  liquide,  d'autant  plus  estimée,  qu'elle 
est  plus  vieille. 

Le  soja  hispida,  croît  au  Japon,  dans  l'Inde,  aux  Moluques. 

Depuis  le  commencement  du  siècle,  il  figure  dans  tous  les  jardins 
botaniques,  où  il  graine  très  bien. 

Les  noms  qui  suivent  des  diverses  espèces  de  soja,  ont  été  copiés 
dans  un  livre  écrit  en  lan^^ue  japonaise.  So-Mokou-Zoussels,  (^nd^hiQH 
voulu  me  confier  le  D""  Bâillon  et  dont  j'ai  dû  faire  faire  la  traduction. 
Voici  les  23  variétés  qui  y  sont  dénommés. 

li,  Yjiki  marne,  haricot  du  cinquième  m;ois, 

2.  Use  marne,  naricot  précoce. 

3.  Nakate  raame,  haricot  de  demi-saison. 
»  Okute  marne,  haricot  tardif. 

4.  Maru  marne,  haricot  rond, 

5.  Si'm  Teppo  mame,  haricot,  blanc,  en:baUe,d9,pi&to.let. 

6.  Huro  marne,  haricot  noir. 

7.  Huro  Teppo  mame,  haricot  noir,  en  halle  de  pistolet. 

8.  Ro  isi  mame,  haricot  petite  pierre  (ko  ou  go). 


432  SOJA  HISPIDA  OU  POIS  OLEAGINEUX. 

ii,,  9.  Awo  marne,  haricot  vert,,     i^awatil  èbiiiiiJio  .iJOH  sldjeàlB 

10.  Kage  marne    haricot  à  pomte.^^^j            f^^,.  .^,       ^^^ 

11.  Aka  mame,  haricot  rouge. ^        P  ^.^  '          '     |. 

12.  Aka  marne,  même  espècev**\  î®''^^'^\^'~*^  '     ^"^ 

13.  Aka  marne,  autre  espècèiisè'i  6II9  ,io-.  .   Uicn  uh 

14.  Aka  mame,      »       .«luoi'lBil  &qI  in  ,^,i  an  9up 

16.  Tsya  marne,  haricot  tTie  (tcli^^  .jgdif,,,  -^ggauo^ 

17.  Tsya  mame,  même  espèce.    ':»A  1^""'  '  ,    jî^  § 

18.  Tsya  mame,  «utre  espèce.       .  -i»' •:     '^  sli  .ifl 

19.  Kuro-kura,  Kuko  mame,  haricot  à  selle  noire.  I  Jiinxîq  aup 

20.  Aka-Kuia,  kake  mame,  haricot  à  selle  rouge*  ,;,  ga'jgqgg  g 

21.  Fu-iri  mame,  haricot  panaché  (u  dura  mame).  ^nnfi'm  11 

»  haricot  de  caille.  , 

22.  Fu-iri  mame,  »  .  .       7y\^Z  oh  mon 

23.  Fu-iri  mame,  même  espèce.  i'ogCTiuot  Jn9ra97J8ijloz9'ijp  Jnoa 

La  tige  du  soja  est  droite,  haute  de  50  centimètres,  striée  ou  cannelée 
dans  sa  partie  supérieure  et  abondamment  chargée  de  poils  roussâtres. 
Ses  feuilles  sont  composées  de  3  folioles  ovales,  obtuses,  velues, 
molles,  soutenues  sur  des  pétioles  communs,  velus  et  striés.  Les  fleurs 
sont  petites,  purpurines,  disposées  dans  les  aisselles  des  feuilles  sur 
des  grappes  droites  velues  et  fort  courtes.  Les  gousses  sont  longues  de 
4  centimètres  et  demi,  pendantes,  un  peu  comprimées,  pointues, 
dispermes  c'est-à-dire  gousse  à  2  graines. 

Les  nouvelles  espèces  que  nous  cultivons  renferment  généralement 
.3  grains, 

I  Culture.  —  On  sème  le  soja,  du  1 5  avril  au  1 5  mai,  en  ligne  à 
1 5  centimètres  de  distance,  chaque  ligne  espacée  de  50  centimètres 
dans  un  sol,  ni  trop  sec,  ni  trop  humide,  mais  plutôt  sec.  La  culture 
est  la  même  que  celle  du  haricot,  on  met  0  grains  en  plus  par  trou; 
la  plantation  se  fait  en  quinconce. 

Dans  les  années  ordinaires,  on  peut  commencer  à  manger  les  grains 
,en  vert,  depuis  la  fin  d'août  jusqu'au  î5  octobre,  avant  qu'ils  ne 
soient  entièrement  mûrs.  Une  fois  secs,  on  les  bat  au  fléau. 

Lorsque  la  température  descend  à  3  ou  4  degrés  au-dessous  de 
zéro,  les  feuilles  seules  sont  endommagées;  mais  les  graines  renfermées 
dans  leurs  siliques  à  l'époque  de  ces  froids,  résistent  parfaitement,  les 
haricots  qui  se  trouvent  placés  à  côté,  sont,  dans  ce  cas,  complètement 
détruits.  Si  la  gelée  vient  avant  que  les  grains  ne  soient  parfaitement 
mûrs,  il  ne  faut  pas  les  arracher,  car,  s'il  fait  beau  dix  ou  douzejours, 
ils  sont  alors  entièrement  secs;  si  au  contraire,  on  les  arrache,  ils 
pourrissent,  malgré  tous  les  soins  que  l'on  })renne. 

En  1877  on  en  sema  5,870  kilog.  dans  différents  endroits,  où  le 
professeur  Haberlant,  de  l'Institut  agronomique  de  Vienne  (Autriche), 
faisait  exécuter  des  recherches  sur  celte  précieuse  plante.  On  récolta 
cette  même  année,  plus  de  400,000  kilog.  de  grains;  on  peut  donc 
regarder  l'acclimatation  de  ce  légume,  comme  un  fait  accompli. 

On  n'est  pas  bien  certain  sur  l'origine  de  ce  légume,  qui  fut  intro- 
duit en  Europe  vers  1790. 

Le  grain  est  presque  rond  à  l'état  sec  et  du  volume  d'un  petit  pois  ; 
mais,  dès  qu'on  l'a  fait  tremper  dans  l'eau,  quelques  heures,  ainsi 
qu'on  le  fait,  pour  les  légumes  secs,  avant  la  cuisson,  le  volume  aug- 
mente du  double  et  plus,  et  la  forme  devient  celle  d'un  petit  haricot 
très  bien  fait.  Par  cette  extention  considérable,  la  pellicule  si  désa- 


SOJA  HISPIDA  OU  POIS  OLÉAGINEUX.  ^33 

gréable  souvent  dans  certaines  légumineuses,  est  ici,  pour  ainsi  dire 
nulle;  ce  qui  est  un  grand  avantage. 

La  variété  jaune  mûrit  ses  fruits,  même  au  delà  de  la  limite  nord 
du  maïs,  et,  mieux  que  celui-ci,  elle  résiste  à  des  températures  basses 
que  ne  supportent  ni  le  maïs,  ni  les  haricots. 

Les  fleurs  de  cette  variété  sont  nombreuses,  nouent  très  bien  et  les 
gousses  ne   laissent  point  tomber  les  graines  sur  le  sol. 

M.  Blavet,  président  de  la  société  d'horticulture  d'Etampes  a  reconnu 
que  parmi  les  nombreuses  variétés  de  cette  légumineuse,  il  y  en  avait 
3  espèces  supérieures,  comme  qualité,  aux  autres. 

Il  m'annonce  qu'il  vient  de  remettre  à  la  maison  Vilmorin,  sous  le 
nom  de  soja  comestible  d'Etampes,  pour  le  distinguer  de  ceux  qui  ne' 
sont  qu'exclusivement  fourragers,  9  litres  de  ce  pois  oléagineux,  et 
qu'il  en  a  envoyé  dans  plusieurs  départements  et  à  l'étranger.  Il  ajoute 
que  les  premières  graines  lui  ont  été  offertes  par  la  Société  d'acclima- 
tation de  Paris  en  1 871 ,  et  qu'il  serait  heureux  que  cet  excellent  légume 
fût  apprécié,  comme  il  le  mérite.  "   '^'^^^^^• 

Certes,  la  viande  offre  un  mets  savoureux,  mais  le'çifï't^en  est  élevé 
et  je  puis  ajouter  que  la  viande  n'est  indispensable  ni  à  l'existence,  ni 
à  la  force  musculaire. 

En  Alsace,  la  population  est  certainement  vigoureuse,  et  cependant 
les  bûcherons  ne  mangent  de  viande  que  quatre  fois  par  an.  Je  suis 
du  nombre  de  ceux  qui  croient  qu'une  nourriture  végétale  laisse  l'esprit 
plus  libre.  Un  savant  chimiste,  qui  fait  sans  aucun  doute,  autorité 
dans  une  pareille  question,  Payen,  a  démontré  qu  a  poids  égal,  les 
fèves,  les  pois  et  les  légumes  analogues  contiennent  plus  de  proteïne 
que  la  viande  sans  os. 

Maintenant,  que  nous  nous  sommes  éclairés  sur  l'emploi  que  font 
les  Japonais  du  soja,  et  sur  ses  qualités  nutritives,  comme  produit  ali- 
mentaire, je  dois  vous  faire  connaître,  en  m'appuyant  sur  des  chiffres, 
fournis  par  des  personnes  compétentes,  ce  que  nous  sommes  assurés 
d'obtenir,  en  utilisant  les  fanes  et  les  cosses  de  ce  dolique,  comme 
plante  fourragère. 

Une  étude  sur  l'alimentation  des  animaux  avec  le  soja  hispida  a 
été  faite  à  la  Station  agronomique  de  Proskau,  par  M.VÎ.  Wdiske,  Dal- 
mel  et  Schulze  ;  en  voici  le  résumé  : 

Deux  moutons  ont  reçu  dans  une  première  période  du  8  ou  1  5  jan- 
vier, puis  du  16  au  23  janvier  1879,  1000  grammes  de  cosses  de  soja, 
séchées  à  l'air,  pour  chacun  d'eux.  D'après  de  nombreuses  analyses, 
il  résulte  que  les  deux  moutons  ont  digéré  en  moyenne  : 

61.83  pour  100  de  matières  sèches. 

62.63  »  .  .  >  organiques. 

44.37  •  »  »  »  azotées. 

57.19  »  »  •  »  grasses. 

50.74  •  »  »  »  de  cellulose. 

73.06  »  »  »  »  non  azotées. 

54  02  »  «  «  »  minérales. 

■    Ces  nomores  démontrent  que  ce  fourrage  est  digestible  à  un  très  haut 
degré  pour  les  moutons. 

Dans  la  2^  période  du  2 'i  janvier  au  15  février,  chaque  mouton  reçut 
journellement  1000  grammes  de  fanes  de  soja,  séchées  à  l'air.  Les  fanes 
furent  consommées  avec  plus  d'avidité  que  les  cosses,  bien  qu'ils  firent 
aucun  déchet  avec  ces  dernières.  Les  fanes  furent  hachées;  les  moutons 


434  SO.IA  IITSPIDA  OU  POTS  OLÉAGINEUX. 

mangèrent  tout,  sauf  quelques  extrémités  de  tiges  par  trop  ligneuses; 
de  nouvelles  analyses,  ont  permis  de  constater  que  dans  cette  cxpé-^ 
rience,  les  moutons  diû;éraient  : 

54.9;{  pour  100  de  malicres  saches.                                                    .i-,»«i^ 

57.95  Ti       ,,       .  »  orp;-iniquos.                                                  '«. 

60.81  »       »       »  »  azotées.                                                         •.  -AA 

6>.21  »       «       »  »  grasses. 

33.60  ...  j>  de  cellulose. 

69.02  »       »       »  »  extractifs  non  azotés. 

36.32  »       »       »  »  minérales. 

Il  résulte  de  ces  chiffres  que  la  paille  de  soja  est  beaucoup  digérée^^-' 
que  les  cosses  de  cette  plante,  parce  que  les  matières  azotées  et  les 
.matières  grasses  sont  surtout  celles  qu'il  est  onéreux  de  produire, 
et  qui,  par  conséquent,  doivent  être  utilisées  au  maximum  dans  les  four- 
rages. Si  l'on  compare  ces  derniers  nombres  à  ceux  obtenus  par  la 
consommation  d'autres  fourrages,  on  remarque  que  la  fane  de  soja  se 
rapproche  beaucoup  comme  valeur  alimentaire,  du  foin,  du  trèfle  et  du 
foin  de  prairie. 

Celte  question  est  assez  intéressante  pour  engager  nos  agriculteurs 
d'essayer  la  culture  de  cette  légumineuse,  puisqu'ils  auront  double 
profit  :  la  graine  qui  donne  un  mels  excellent,  et  en  même  temps  un 
bon  fourrage  pour  les  moutons  principalement. 

Haberland  a  comparé  la  composition  de  ce  lia-ricot  à  celles  de 
plusieurs  autres  graines  renommées  pour  les  matières  nutritives 
qu'elles  renferment.  Voici  ce  petit  tableau  : 

Soja.  Haricot.  Poi&.         Lentililc.        Fève.      Lupin  jaune. 

Eau 6.91  15.0'  13.92  13.4  !6.16  12.61 

Matières  azotées 38.29  26.9  22.72  24.0  2^.88  35.32 

Matières  grasses 18-71  3.0  2.01  2.6  1.67  4.97 

Extractifs  non  azotés..  26.20  48.8  54.27  49.4  47.16  20  17 

Cellulose 5.33  2.8  4.51  6.9  6.85  14.15 

Cenrires 4.5G  3.5  2.57  3.7  3.28  3  78 

La  graine  du  soja  serait  donc.  la,  plus,  nutritive,  puisqu'elle  renferme 
le  plus  de  matières  azotées,  et  de  matières  graases.  Sa  richesse  en 
matières  azotées  atteint  rarement  38,29  pour  100;  dans  leS' semenxîes 
originaires  de  Chine,  on  a  trouvé  3t,26  et  33,26  pour  100  de  matières 
azotées  ;  les  semences  de  la  seconde  récolte  faite  en  Autriche  contenaient 
32,47  et  34  97  de  matières  azotées. 

J'ai  été  aidé  et  encouragé  dans  mes  recherches,,  par  M.  le  doetfeur 
Bâillon,  professeur  de  botanique  à  la  Faculté  de  médecine  de  Paris-; 
par  M.  Verlot,  chef  de  l'école  de  botanique  au  Muséum;  par  M.  Blavet; 
président  de  la  Société  d'horticulture  d'Etampes  et  par  M.  Edouard 
Saint-André,  chef  des  laboratoires  de  la  station  agronomique  de 
Montpellier,  qui  partagent  aves  moi,  j'espère,  l'espoir  que  ce  dolique 
est  enfin  adopté.  Eugène  Vavjn. 

REYUE  COMMERCIALE    ET  PRIX-COURANT  DES^  DENRÉES  AGRICOLES 

(11  SEPTEMBRE  1880). 

I,  —Situation  générale^ 

Le  plus  grand  nombre  des  marchés  agricoles  présentent  beaucoup  d'activité. 
Les  ventes  sont  nombreuses  pour  k  plupart  des  denrées,  etleaprix  aocuseafdela 
fermeté. 

1I<.  —  Le»  grains  et  les  farines. 

Lès  tableaux  suivantsrésument  les  cours  descéréales,  par  quintal  métrique,,  sur 
Igp^pTlMipaux  marchés'  de  la  Fmnce  et  de  l'étranger. 


REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX-COURANT  (11    SEPTEMBRE    1880).      ^-SS 


VvaéQioti.- 

-  'NORD'OOEST. 

&'é. 

SeJcIe. 

Orge. 

Awine. 

fr. 

fr. 

fr. 

fr. 

Calvados.  Condé 

.  2P.Î5 

—    Liseux 

27   75 

21   75 

, 

2'!  00 

Côte»d.-\orA  Ponliieux  28.. su 

16  75 

16.50 

—    Trégiiier. ..    

29.50 

21.50 

17.00 

15.50 

FinisierK.   Murlaix 

26 .  ib 

20.7.5 

1»   00 

19. « 

=-    Quimper 

M.UO 

22.00 

20.25 

20.00 

llle-et-ViLaiue.  Keniie» 

■J6 .  ?5 

• 

17.50 

17.25 

_     St  M  lo 

•.i7.00 
28.25 

„ 

19.25 
19.50 

20   00 

Hanche.  Avrunches.... 

22.70 

—     Ponlorsoii 

3«.50 

» 

19.75 

23.00 

—     Vllle..iieM 

Î8.00 

20.00 

20.50 

23.25 

Uaytnne.  Laval 

26.00 

16.90 

—    Chàîeau-Goiiiier. 

26.00 

» 

18  75 

19.00 

Ilorbihan.  Heniieboiil.. 

•24  00 

19.00 

17.00 

Orne.  Fiers 

28.  bO 

18.25 

20.00 

17.50 

—    Viiiioutiers 

28.75 

» 

19.50 

21.00 

Sarthe.  Le  m  ans 

26.50 

u 

17.75 

18.25 

—    Sablé 

Î6  liO 

1 

17.00 

Prix  moyens 

27.27 

20.^6 

18.62 

19. 6j 

2«  RÉGION.  —  N«»RD. 

Aisne.  Soissons 

25.25 

19.75 

s 

18.65 

—    St  Queniin 

?Ç.i.O 

18.00 

« 

20.00 

—    Vilkrs  Cotlerels. 

2(i.00 

13    50 

1) 

17.50 

Bure.  Evreux. 

26  00 

17.50 

20.25 

20   00 

^    Conciles 

Ï7.00 

18.25 

» 

20.25 

—    Neuijuurg 

2»  S« 

18.50 

.20  00 

21.50 

Bure-a-Unr.  Chaiires 

2b.  5.» 

19.2; 

9 

18.50 

—     .\i.nean 

27.  iO 

19  00 

20. :o 

18.25 

—    iW«g«Qi-leHotrou 

26.25 

18.50 

17.25 

NJord  C;iiiil>r.ii 

2ti.C0 

17.50 

» 

17  25 

—    Doua)    

26  .  50 

18.75 

19   5? 

17   00 

—    Valencieniies  .... 

y6.(5 

18.50 

19.5,0 

18.25 

Oise.  Beniivais 

26.25 

18.00 

21.25 

18.00 

—    Corapiegne 

25.00 

19.25 

( 

18  00 

25.75 
2/. 75 

19.00 
19. -0 

20.75 

Pas-de-Ciiiai».  Arras... 

18  00 

—     Saiiii-oiner 

28.00 

18.75 

20   00 

18.50 

Seine.  P  .is.    

36.60 

19   50 

19.75 

18.90 

Qt-et-Marne  M  eaux 

25   50 

19.00 

19.00 

18   00 

—    Da-nmarlip. 

25.75 

18.50 

18.75 

1-8.  5'1 

PrOVlll^ 

Kl  .50 

21.75 

18  .75 

19   75 

S.-el-Ci>ie    Angeiville  . 

■.•e.r.o 

20.00 

18.50 

18   75 

—      P0^:l01^e 

26   75 

19.25 

19   50 

21    00 

—     Ve^^allles 

26.00 

l&.OO 

» 

20.25 

S«ine-/»:/'>'ifure.  Houes 

20.15 

20.00 

21.65 

24.50 

—    Dieppe 

28.00 

18.50 

» 

22.00 

Yvetol 

27. i5 

27.50 

19.50 
17.25 

17.50 
18    50 

3omme.    Ahheville. .. . 

21.00 

—     Péronne 

26.  (10 

18    50 

19.10 

20.  75 

—    aoye 

27^0 

17   50 

18.25 

19.50 

.Prix  moyens.  

26-48 

18.45 

18. 9i 

19.16 

i"  RRGION. 

—  NUKIV-BSX. 

Anêennes    charlt^vilLe. 

27.00 

49.25 

21.00 

20.50 

Avibe.  Bar-sur-Aiibe  .. 

25. 50 

17..',0 

18.50 

17.00 

Méiy-siir-beinp... 

■iS^OV 

19.70 

18.50 

17.20 

—  ^og^•a!t-^u^-Seine 

27.00 

19.75 

19..S0 

19.00 

tforne. Cbâioiis 

26    25 

19.75 

19.75 

18.25 

—    Ep--rnay 

27.00 

t»  25 

20.00 

20.50 

—     Bel.MS 

25   50 

20.50 

20   5j0 

19.25 

—    Sézannc 

25.50 

t8.25 

18.25 

17   50 

Bte^Marttis.  Bourbonne 

27.50- 

B 

0 

16.75 

Mtmn.-ei-M""»-!!''  Niincy 

27   50 

20.(10 

19-50 

17.(0 

—    Poiit-à-Moussjii.. 

27    50 

20.00 

20.00 

17.25 

27    00 
27   25 

19  25 

20  25 

18.00 
I9.T-. 

16.00 

afeM»e.iB«r-le-Duc.... 

Verdun        ..    , 

28   5u 
2S  7-. 

17.25 

18.50 

18.25 

Ha-ute-Saotie    Gray 

17.1'0 

—     Ve*.,ul 

29  60 

18   30 

16-70 

15.80 

Fosges.  Raon  l'Etape... 

30.00 

19.25 

1 

17.50 

—    "Eoiiiai 

28.50 

19.50 

18.70 

Prix  moyens 

27.32 

19.17 

19.17 

17. 84 

4«.HROI0N.    —  ««TKSkir. 

ChwenU.  Angouléme.. 

29.75 

. 

» 

24.50 

—    Buffec 

2950 

21.00 

18.50 

18. 25 

Charenie.-lufér.  Marans. 

27    00 

> 

13. =.0 

17.f,0 

Ceuac-Set.r«».    Niort.... 

28.00 

n 

H. 25 

19. OU 

Indrt-tt.i.oire.  Tours.. 

28-^5 

18.75 

20.25 

20    00 

—     Blerê 

26.50 
27.00 

17.00 

19.50 

• 

17.75 

—    Gbàleaii-E)eu<4uU. 

16.90 

Loire.>Inf.  Santés 

26   50 

20.25 

30  75 

20  70 

Ar.-et-/.otr«.  Saumur  .  . 

26  75 

19.00 

19  50 

18. CO 

Vendée.  Lnço.i 

27.00 

» 

19.00 

1.8.^ 

r  —     Fonlffiav 

26.85 
3r   50 

20.25 

18.50 
2.'.e0 

17.50 

Ftenn.'.'ChàtelleraBit. . 

20   75 

—    Lend  un... 

27.25 
28.5«> 

20.00 

îi.eo 
20  75 

19  00 

Haute'Vieune.  Limuge 

19  80 

Prix  moyens 

27.81 

ta.ke 

19.*2 

19.13 

&•  RéoiON 

.  —  CENTRE. 

Blé. 

Seifrb). 

%. 

ATOiM. 

fr. 

fr. 

6r. 

fr. 

Allier.   Moulins 

28   50 

19.50 

18.50 

17.50 

—     MoiiHuçon 

26.00 

18.25 

20.00 

18.50 

—     St-Pour(iain 

.   28.50 

18.00 

20   00 

18.00 

C/ier.Bo.irt.e»: 

27    00 

18   25 

2(1.00 

17.50 

—    Graça" 

26.75 

18.50 

19   tO 

15.00 

—     v'ierzoïi... 

27.75 

18.25 

20.00 

18.00 

Creuse.  Aubusson 

.    27.25 

19.00 

20.50 

Indre.  Cliàteaurouoc.. . 

.    26.00 

.19.75 

18.50 

17.25 

—     Itsoiidiin 

.    27   '.^5 

18.(10 

19   25 

17.00 

-     Valençay 

27.00 

17.75 

19.50 

17.25 

Loiret.  Orléans 

.   27.25 

18   75 

18.00 

19  25 

—     Montargis 

27.50 

19.50 

19.00 

18.00 

—    Patay..   

.   '-8.00 

18.75 

)8.50 

18.75 

Loir-et-Cher.  lilois 

28   50 

17.25 

19.00 

20.25 

—     Montoire 

.    27   00 

17.<.0 

19.25 

17.00 

Nièvre.   Nevers 

23.00 

s 

19   50 

17.50 

.    28.25 
27.00 

18.00 

20.50 

18.50 
17.50 

Yonne,  brienon 

19.00 

—    Joigoy 

.   28.25 

17.S0 

18.50 

17.00 

.    27.75 

19.25 

19.75 

Prix  moyens 

.   27  47 

18.51 

19.09 

18   20 

6<>  RÉOI 

ON,    — 

EST. 

Ain.  Bourg 

2V. 00 

16.00 

» 

17.00 

—    Ponl-de-Vaux.   . 

27. ;o 

18.50 

(8.00 

16.50 

CôledUr   Dijon 

27    50 

20.50 

19.50 

17.00 

—     Beaune 

28.(0 

XI 

18  .50 

16.50 

Doubê.    Besançon 

28   50 

■a 

» 

17.00 

Isère    Grenoble 

29.00 
28  75 
27.50 

19.50 
18.25 
18.75 

19.50 

18  00 

—     Vienne 

16   50 

Jura,  ûôle 

17.00 

Loire.  Sl-ChamonJ 

28  25 

1 

18  50 

P.-de-Dômt  Clerinonl  F 

32.00 

21.50 

1T.75 

.« 

■  Hhône.  Lyon 

28.00 

18.50 

18.50 

17^0 

—    Aulun , 

.  27    75 

19.  25 

■ 

17   20 

Snône-el- Luire.    Chalon 

28.25 

25.00 

19.00 

16  60 

bavoie.  Chain béry 

29.2- 

22  50 

> 

« 

//te-SoDoie.  Annecy.... 

30.00 

» 

n 

19  SO 

Prix  moyens 

28.75 

19.65 

18.67 

17.20 

7"  RÉGION.   - 

-  SITIV 

OUEST. 

Ariège.  Pamiers 

29.(0 

19.05 

»     . 

21.00 

Dordogne.  Bergerac 

29   50 

20.00 

» 

20.75 

Hle-Garonne.  loulouse. 

27.25 

18.75 

17.10 

20  25 

—  Viiiefranche-Laur 

28.  OU 

19.00 

18.00 

19.75 

Gers.  Condum 

27.50 
27.70 
27.00 

» 

20.00 

—    Miratide 

18  25 

Gironde.    Bordeaux.... 

26.50 

19  25 

» 

20.25 

—    Lesparre 

28    75 

19.00 

» 

«u  .00 

'^8   UO 

27.60 

19.25 

19. tO 

Lot-et-Garonne.  Agen.. 

19.75 

■:y.oo 

29  .25 

19.60 

20.00 

21.25 

B.-Pyrénees.  Bayonne. 

20.25 

Htes- Pyrénées.  Tarbe? 

2&   75 

n 

B 

19.80 

Prix  moyens 

28.18 

19.30 

18,36 

20.  ..S 

8«   RÉGION.  ^  SUW. 

Aude.    Castelnaudiry. 

28.25 

20.00 

20.50 

21.50 

Aveyron,    Villefranche. 

27.75 

20.50 

* 

17.35 

Canlal.    Mauriac 

28.00 

24   30 

B 

24.40 

Correze.   Luberzac 

29.75 

19.50 

21.00 

21.60 

Hérault .  Beziers 

i7.20 

» 

1-8.20 

20.00 

Lot    FJL'eHC  . 

•>4   75 

20.50 
30.50 
29.75 

21. lO 
23. 60 

21.60 

31.55 
;31.fi5 

25.90 

—    Marvejols 

—    Florac 

•31.35 

24.50 

24.35 

21.60 

Pyrénees-Or.  Perpignan 

26  ..65 

2 1 .  20 

23.00 

23  30 

Tarn.  Albi. 

37   6fl 

» 

19.00 

18.50 

Tarnret-Uar.  Moùinuh^D 

27.75 

19-50 

18   50 

19.50 

Prix  moyens. 

28.97 

21.62 

21.01 

21   36 

8»   RÉGION. 

—  SPI>-KST. 

Basses-Alpes  Manosque 

29.20 

> 

» 

24.20 

Hautes- Alpes.  Briançon 

•.^9.75 

19.25 

20.00 

20.50 

Alpes- Maritimes  Cannes 

29.25 

20   00 

.20.00 

20.25 

Ardeche.  Privas 

3O.05 

20  65 

19.60 

21.80 

B.-du~Hhône.  Arles 

30.00 

B 

19.0» 

20.50 

Drô},^.    Valence 

27.50 

I8.:j0 

> 

17.25 

Gard.  Nîmes 

29.00 

» 

19.50 

21.25 

-Haute-Linre.  Le  Puy... 

29.25 

21.00 

20. 7S 

19.00 

Kor.  Sl-Maxlinin 

JO.oO 

» 

J» 

» 

Vaucluse.  Carpentras... 

29.75 

» 

19.50 

20J)0 

29  37 

19.86 

19   76 

20  51 

,Moy.  de  toute  la  France  ï7.jS!6 

19  61 

19   25 

19. 2Î 

—  de  lisemainepreced. 

23.35 

19  96 

SoTlaseanalBek  Hausse 

» 

» 

• 

D.43 

précédente..     (Baissa. 

0.39 

0.35       0.3l< 

436  BEVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX-COURANT 

Blé,  Seigle.         Orge.  Avoine 

fr.  fr.  fr.  Ir. 

Algérie.  Alger 26.00  »  15.25  15  00 

Ani/ieterre.  Londres 27  90  »  20.75  20  40 

BeUjtqxie.  Anvers 26.00  ÎO  75  20.50 

—  Bruxelles 26.50  20.25  »  19.60 

—  Liège 26  75  21.75  25.00  19  00 

—  Namur  26  50  20  00  20.00  20  00 

Pays-Bas.  Rotterdam 23.00  20.15  17,^5  20.00 

Luremhnurg.  Luxemtioiirg. .  ; 29.:j0  2:5  00  23,50  17  50 

Alsace-Lorraine,  Metz 28.00  22  75        19  50        20  00 

—  Strasbourg 79  75  24.00        22  25         18.25 

—  Mulhouse 28.75  22.75         22.25        20.25 

Aîlemagne.  Berlin 25.10  23  35 

—  Cologne 25  65  23  75 

—  Hambourg 23.85  21. 50 

Suisse.  Genève 29  25            «                .  17.50 

—  Zurich 28. rO            •  19.50  18.25  ,ac 

Italie.  Milan 27.80  22.75            »  19  25  •      " 

Autriche.  Vienne 24.00  21   75  18.25  15  65 

Hongrie.  Budapesth 22. ,50  19.25  17.00  13.50 

Russie.  Saint-Pétersbourg...  24.25  19.25            i  13.75 

Espagne.  Valadolid  25.30            »                .  20  60 

Etats-Unis.  New-York 20.90            >.                »  » 

Blés, —  Sur  le  plus  grand  nombre  des  marchés,  les  apports  de  la  culture  sont 
très  considérables.  Les  battages  ont  été  poussés  activement,  et  une  partie  notable 
des  blés  nouveaux  a  déjà  été  affectée  à  la  vente.  Cette  abondance  amène  fatalement 
une  certaine  dépréciation  dans  les  cours;  mais,  ainsi  que  nous  le  disions  la  semaine 
dernière,  la  baisse  ne  peut  p-s  prendre  de  proportions  considérables,  d'abord  en 
raison  des  besoins  réels  à  satisfaire,  ensuite  à  cause  de  la  bonne  qualité  moyenne 
des  grains  nouveaux.  —  A  la  halle  de  Paris,  le  mercredi  8  septembre,  les  affai- 
res ont  été  assez  calmes;  les  offres  étaient  abondantes,  avec  des  prix  faible- 
ment tenus.  On  cotait  de  25  fr.  à  28  fr.  par  lOU  kilog  suivant  les  qualités,  ou 
en  moyenne  26  fr,  50,  avec  une  baisse  de  75  centimes  depuis  huit  jours.  —  Sur  le 
marché  des  blés  à  livrer,  on  cote  par  100  kilog.  :  courant  du  mois,  25  fr.  75  à 
26  fr.  octobre,  25  fr.  75  ;  quatre  derniers  mois,  25  fr.  50  à  25  fr.  75  ;  novembre  et 
décembre,  25  fr.  50  à  25  fr.  75  ;  quatre  mois  de  novembre,  2")  fr.  50  quatre  pre- 
miers mois,  25  fr.  50. — Au  Havre,  il  n'y  a  que  des  affaires  peu  iinportaotes  sur 
les  blés  d'importation;  avec  des  prix  faiblement  tenus.  Les  blésd'Amérijue  valent 
de  25  fr.  50.  à  -2  7  fr.  par  100  kilog.  suivant  les  provenances.  — A  Marseille,  les 
arrivages  ont  été  assez  réguliers  cette  semaine;  ils  ont  été  de  130  OOU  hectolitres; 
le  stock  est  remonté,  dans  les  docks,  à  85,(00  quintaux.  Les  ventes  sont  difficiles 
mais  néanmoins  les  cours  varient  peu.  On  payait  au  dernier  jour  par  100  kilog.  : 
Berdianska,  30  fr.  50  ;  Pologne,  27  fr.  50  ;  à  27  fr.  75;  Ozof'fdun,  27  fr.  50  à  28  Ir. 
tuzelles  d'Afrique,  28  fr.  50  à  29  fr.  75;  Bombay,  27  fr.  à  28  fr.  ;  Italie,  28  fr. 
à29fr.  —  A  Londres, lesimportations  de  blés  étrangersdurantlasemainedernière, ont 
été  de  291,000  quintaux  métriques.  Les  transactions  sont  assez  difficiles,  et  les  , 
prix  sont  en  baisse.  Au  dernier  jour,  on  payait  de  26  fr.  50  à  29  ir.  10,  par 
100  kilog.  suivant  les  qualités  et  les  provenances. 

Farines.  —  Le  mouvement  de  baisse  que  nous  signalions  la  semaine  dernière 
s'est  encore  accentué.  Pour  les  farines  de  consommations  on  payait,  le  mercredi 
8  septetnbre,  à  la  halle  de  Paris:  marque  D,  60  Ir.;  marques  de  choix,  62  à 
63  fr.  ;  bonnes  marques,  60  à  61  fr.;  sortes  ordinaires,  58  à  59  fr.;  le  tout  par 
sac  de  159  kilog.,  toile  à  rendre,  ou  157  kilog.  net.  Ce  qui  correspond  aux 
prix  extrêmes  de  36  fr.  95  à  40  fr.  10  par  100  kilog.,  ou  en  moyenne  38  fr.  50. 
C'est  une  baisse  de  70  centimes  sur  le  prix  moyen  du  mercredi  précédent.  —  En  ce 
qui  concerne  les  farines  de  spéculation,  on  cotait  à  Paris,  le  mercredi  8  sep- 
tembre au  soir  :  farines  huit-marques^  courant  du  mois,  56  fr.  75  ;  octobre, 
54fr.  75;  quatre  derniers  mois,  54  fr.  75  à  55  fr.;  novembre  et  décembre, 
53.75  à  54  fr.;  quatre  mois  de  novembre,  54  fr.;  quatre  premiers  mois,  54  fr.,le  , 
tout  par  sac  de  157  kilog.  net;  farines  supérieures,  courant  du  mois,  3o  fr.  50; 
octobre,  35  fr.  25  à  35  fr.  50;  quatre  derniers  mois,  35  fr.  25  ;  novembre  et  dé-  . 
cerabre,  34  fr.  25  à  34  fr.  50;  quatre  mois  de  novembre,  34  fr.  25;  quatre  premiers 
mois,  34  fr.  50;  le  tout  par  100  kilog.  —  La  cote  officielle  en  disponible  a  été 
établie,  comme  il  suit,  pour  chacun  (i.esjour^ 4e  k  semaine  :  ,-.    ,  .^^i^i^^ut 

Dates  (septembre).         2         19    ^noOTr/i-i!**  ^         1;)  g3  .il  f  9  «  àWèb 

Farines  huit-marques 56.65^    ^çTsO ''     'sSibO         56.75         5^.6^'  "^S^îi  *"^'  ~ 

—      supérieures 36.25  36.00  35.50  35.50  36.25        36.25 


DES  DENRÉES  AGRICOLES   (11  SEPTEMBRE  1880j.  437 

•;  : .'1  tJi'y. "-'        -  -'  • 

Pour  les  unes  elles  autres,  les  cotes  n'ont  subi  que  des  variations  peu  impor- 
tantes depuis  huit  jours.  —  Les  farines  deuxièmes  se  vendent  au  même  taux  que 
la  semaine  dernière,  de  30  à  35  francs  par  jOO  kilog.  suivant  les  qualités, 

Scifj'cs.  — Les  cours  sont  un  peu  plus  faillies  que  la  semaine  précédente.  On 
paye  à  la  halle  de  Paris  19.25  à  19_75  par  100  kilog.  suivant  les  sortes.  — H  y  a, 
au  contraire,  fermeté  dans  les  prix  des  farines  qui  sont  vendues  de  28  à  32  fr. 
par  quintal  métrique. 

Orges.  —  C  est  ei  core  delà  baisse  que. nous  devons  signaler  dans  les  cours.  On 
paye  à  Paris  19.^0  à  2^'  fr.  par  1(0  kilog  suivant  les  sortes.  Les  (scourgeons 
sont  vendus  avec  as^ez  de  ]  eine,  de  19. '0  à  19.75  par  quintal  métrique.  — A 
Londres,  les  impoitati.  ns  de  la  semaine  ont  éttj  de  9A,5'J0  quii  taiix  n  étriqués; 
les  aff  ires  pjésentent  assez  de  calme,  et  les  cours  se  fixent  de  19.75  à  21.75  par 
100  kilog.  suivant  les  sortes 

■Mail.  —  Les  cours  ne  varient  pas  sensiblement.  On  paye  à  Paris  29  à  40  fr, 
par  100  kilog.  pour  les  malts  d'orge,  et  30  à  36  fr,  pour  ceux  d'escourgeon. 

Avoines.  —  Les  cours  des  avoines  nouvelles  sont  en  baisse  très  sensible  à  la 
halle  de  Paris.  On  paye  de  18.25  à  19.50  par  100  kilog  ,  suivant  poid<i,  couleur 
et  qualité  Le  prix  moyen  se  fixe  à  18.90.  —  A  Londres,  on  a  importé  durant  la 
semaine  157,500  quintaux  d'avoine;  les  cours  accusent  plus  de  ferraetc  que  la 
semaine  précédente  :  on  cote  de  19  à  21  90  par  100  kilog.  suivant  les  qualités. 

Sarrasin.  —  Les  vieux  grains  sont  cotés  n^  minalement  à  la  halle  de  Paris  de 
24  à  24  i'r.  50.  Quant  au  nouveau,  il  est  vendu   à  livrer,  aux  pïix  de   18  à  19  fr. 
Mais-  —  Il  y  a  peu  de  changements  dans  le  cours  des   maïs   d'importation.  On 
paye  au  Havre,  14  ir.  25  à  16  fr.  25  par  100  ki  og.,  suivant  les  sortes. 

Issues.  —  Prix  sans  cliangements  à  la  halle  de  Paris.  On  [  aye  par  ino  kilog.  : 
gros  son  seul,  I4fr,  75  à  lôfr.,  son  trois  cases,  I4  fr.  20  à  14  fr,  50;  sons  fins, 
13  fr.  75  à  14  fr.  ;  recoupette,  1^  a  14  fr.  50;  remoulages  bis,  15  à  16  fr.;  remou- 
lages blancs,  17  à  19  fr. 

III.  —  Fourrages  et  graines  fourragères. 
Fourmgrs.  —  Les  cours  accusent  toujours  une  grande  fermeté.  On  paye  dans 
Paris  par  1,000  kilog.  foin,  112  à  156  ir.  ;  luzerne,  116   à   144  fr.;  regain,   106  à 
132  fr.  ;  paille  de  blé,  74   à  90  fr.  ;  paille  de  sigle,  76   à  96  fr.;   paille  d'avoine, 
70  à  84  fr.  —  Sur  les  marchés  des  départements  h  s  prix  sont  très  fermes.         ';- 
Graines  fowraf/éres.  —  Quelques  ventes,  dans  le  Midi,  sur  les  luzernes  de  Prd-^: 
veuce  que  l'on  cote  de  U5  à  l30  fr.  par  100  kilog.  Sur  les  autres  sortes  de  grainesj  ■ 
il  n'y  a  que  des  affaires  très  limitées.  ' 

IV,  —  Fins,  spiritueux,  vinaigres,  cidres. 
Vins.  — La  vendange  a  commencé,  dans  le  Midi,  le  vendredi  3  septembre,  par 
des  raisins  de  petit  Bouschet.  Lundi  6,  on  s'est  mis  au  travail  sur  plusieurs  points, 
et  du  13  au  14  les  vendanges  seront  générales.  Le  Languedoc,  le  Roussillon,  la 
Gascogne,  le  Bordelais,  vont  suivre;  on  nous  annonce  même  que  la  récolte  du 
raisin  blar.c  dans  la  Dordogne  commencera  vers  le  13  septembre  et  qu'avant  le 
20,  nous  verrous  à  Paris  des  vins  blancs  nouveaux,  qui  plus  ou  moins  couronnés 
de  laurier-s,  seront  vendus  sou^  le  nom  de  vin  de  Bergerac.  A  propos  du  Borde- 
lais, il  se  passe  en  ce  moment,  dans  ce  vignoble,  un  fait  étrange,  c'est  la  vente 
sur  souche  qui  se  pratique  sur  une  très  vaste  échelle  et  à  des  ]n\  relativement 
très  élevés.  Nous  pourrions  enregistrer  plus  de  60  ventes  qui  se  sont  traitées  pen- 
dant le  courant  de  la  semaine  écoulée.  Ces  sortes  de  ventes  au  ptncloir,  sont 
moins  fréquentes  cette  année  dans  le  Midi  que  les  années  précédentes  :  la  pro- 

{)riété  hésite  et  craint  des  déceptions.  Mais  où  les  ventes  sur  souches  se  sont 
aites  avec  le  plus  d'entrain  et  à  des  prix  fabuleux  d'exagération,  c'est  en  Cham- 
f)agne  Gomme  tous  les  ans  à  cette  époque  les  affaires  sont  partout  presque  nulles, 
es  transactions  en  dehors  de  la  vente  courante  sont  arrêtées,  on  vert,  quand 
même,  voir  venir,  aussi  chaque  semaine  qui  va  s'écouler  nous  fournira  des  ren- 
seignements utiles,  car  ces  renseignements  nous  fixerons  sur  les  cours  de  début, 
cours  sur  lesquels  on  n'est  "pas  encore  d'accord,  mais  qui,  nous  le  répétons,  de- 
vront avoir  de  la  fermeté  et  présenter  peu  de  différence  avec  ceux  actuellement 
pratiqués. 

Spiritueux.  —  Malgré  de  fréquents, écarts,  la  tendance  est  généralement  lourde. 
11  n'y  a  sur  le  marché  ni  loi  ni  règle,  on  vit  au  jour  le  jour,  en  subissant  les  fluc- 
tuations déterminées  par  les  agissements  de  la  spéculation.  Aussi  le  marché  a 
débuté  à  61  fr.  25  et  il  a  fait  successivement  61  fr.  50.  60  fr  75,  61  fr.  50, 
62  fr.  25,  62  fr.  75,  pour  clôturer  a  61    fr.   75.  Le  livrable  sur  les  deux  derniers 


438  REVUE    COMMERCIALE  ET   PRIX-COURANT, 

moiâ,  qu'on  obtenait  la  semaine  dernière  à  59  fr.,  s'est  relevé  jusqu'à.  60  fr.  75, 
pour  clôturer  au  prix  de   59  fr.    75,   et  les  quatre   premiers   mois  qu'on  offrait  à 

58  ir.  25,  ont  été  payés  50  fr  59  et  sont  offerts  à  6s  fr.  75  Le  stock  est  actuelr- 
Leraent  de  8,000  pipes  contre  86:-0  en  1879.  Le  marché  de  Lille  est  toujoars.au 
calme  avec  des  tendances  à  la  baisse,,  on  cote  62  fr  50  pour  le  disponible  et  6aà 
63  fr.  5'3  pour  l'alcool  de  grain.  Les  marchés  du  M'.di  sont  sans  changieraent. 
Béziers  seul  est  tombé  à  103  francs.  —  A  l^aris.  on  cote  .-/G  betterave,,  f®  quar 
lité  90  degrés  disponible,  62  fr.    75  ;  octobre,  61   fr.    50;.   octobre   et    décembre 

59  fr.  75  à  60  fr.  2^  ;  quatre  premiers,  58  fr.  50  à  59  fr. 

Vinaigres.  —  A  Orléans  (Loiret),  on  cote  toujours  :  vinaigre  de  via  nouveau.^ 
logé,  42  à  kk  fr  l'hectolitre;  vinaigre  nouveau  devin  vieux,  45  à 47  fri;  vinaigra 
vieux,  52  à  57  fr.  l'hectolitre,  logé. 

Cidres.  —  Article  sans  changement. 

¥.  —  Sucres.  —  Mélasaea.   —  Fécules.  —  Glucoses.  — Amidons.  —  Houblons. 

Sucres.  —  Il  y  a  toujours  assez  de  calme  dans  les  transactions,  aussi  bien  sut 
l'es  suicres  bruts  que  sur  les  raffinés,  mais  les  cours  accusent  tieaucoup  de  fermeté. 
On  paye  à  Plaris,  par  100  kilog.  pour  les  sucres  bruts,  8i  degrés  saccharimétri- 
ques  :  n-^'  10  ii  13,  59  fr.  50  à  HO  fr.  ;  n"  7  à  9,  6*5  Ir.  50;  sucres  blâmes 
n"  3,  70  fr.  les  99  degrés,  69  fr.  Au  8  septembre,  le  stock  de  l' entre, lôt  réel  des 
sucres  était  de  2'37,00o  sacs  pour  les  sucres  indigènes,  avec  une  augmentation  d'à 
1,000  sacs  environ  depuis  huit  jour-;.  On  cote  sur  les  marchés  des  défiartements  : 
A  Lille,  n"  10  à  13,  58  fr.  50;  "n"^  7  à  9,  65  fr.  —  A  Saint-Quentin,  n»*  7  à  9-, 
65  fr.  50  à  66  fr.  —  A  Péronne,  n"  7  à  9,  65  fr,  75.  —  A  Valenciennes,  il  n'y  a 
pas  d'affaires.  —  Pour  les  sucres  raffinés,  il  y  a,  cette  semaine,  une  très  grand'©' 
fermeté  dans  les  prix;  à  Paris,  fes  cours  se  fixent  de  145  à  US  fr.  par  1 00  kilog. 
à  la  consommation,  pour  l'exportation,  on  cote  suivant  les  sortes,  69^  fr;  &G  ai 
73  fr.  50.  — A  Londre's,  il  s'est  traité  un  assez  grand  nombre  d'affaires  sur  les 
sucres  autrichiens  et  allemands,  livrables  durant  les  derniers  mois  de  l'année. 

Mélasses.  —  Les  cours  sont  les  mêmes  que  la  semaine  dernièie.  On  paye  à 
Paris,  13  fr.  par  100  kilog.  pour  les  mélaspes  de  fabrique;  I^fr.  ponr  eeiks  de 
raffinerie.  —  A  Valenciennes,  13  fr.  pour  les  mélasses  de  fabrique. 

Fécules.  —  Les  affaires  sont  toujours  calmes.  On  paye  à  Paris^  40  fr.  par  WSl 
kilog.  pour  les  fécules  premières  disponibles  ;  .S5  i  37  fr;  pour  celles  livrable».  Lea 
fécules,  vertes  à  livrer  au  commencement  de  la  faJsrication,  valent  de  23  à  2;<-  fr:  58. 

Glucoses.  —  Quoiqu^e  les  ventes  soient  assez  actives,  les  prix;  sonit  faibles.  Oiv 
paye  dans  Paris  par  100  kilog.  :  sirop  premier  blanc  de  cristal,  61  à  62.fr.;  siirop. 
massé,  51  à  52  fr.;  sirop  Hquide,  41  a  4i  fr. 

Amid&ns.  —  Les  transactions^  sont  assez  faciles  à  Pari^,  aux  cours  suivants  : 
amidons,  de  pur  froment,  en.  paquets,  70  à  72  fr  ;  amidons  de  province,,  60  à, 
62  fr  ;,  amidons  d'Alsace,  58  à  60  fr  _;  amidons  de  maïs,  44  à  45  fr. 

Houblons.  —  La  récolte  se  poui'suit,  elle  donne,  presque  partout  de  meilleurs^ 
résultats  que  ceux  sur  lesquels  on  comptait  Les  nouveaux  koublons  valent  actueL- 
lement  à  Alost,  150  à  1.80  fr.  par  100  kilog.  En  Alsace,  notamment,  on  a.  une 
assez  bonne  récolte  ;  on  se  loue  surtout  de  la  qualité  exceptionnelle  des  cônes. 

VI. —  Bvriles'ei  graines  oléagin&uses.  ,,  ïo 

Huiles.  — La  hausse  a  continué  à  se  manifester  sur  les  prix  dé  l'a.,  pl'apartrd'fflr 
huiles  de  graines.  On  paye  à  Paris,  par  100  kilog.  :  huile  de  colza,  en  tous  fûts, 
76  fr.;  entonnes,  78  fr.  ;  épurée  entonnes,  86  fr.;  huile  de  lin  en  tous  fûts, 
70  fr.  ;  en  tonnes,  72  fr.  —  Sur  les  marchés  des  départements,  les  huiles  d'e  calza 
valent  :  Gaen,  71  fr.  ;  Rouen,  75  fr.  25  ;  Cambrai,  72  fi".;  les  autres  sortes- 
valent  sur  ce  marché  :  lin,  67  fr.  ."îO  ;  pavot,  95  fr.  —  A  Rouen, les  huiles  d"arachidé 
comestibles  valent  de  l.lO  à  120;  celles  de  sésame,  100  à  110  fr.  —  A  MarseilTe, . 
il  y  a  très  peu  d'affaires  sur  lés  huiles  de  graines  :  celles  d'olive  sont  vendues  aux 
cours  de  la  semaine  dernière.  —  A  Aix,  on  cote  les  huiles  d'olives  surfine,  190;  a 
200  fr.;  celles  communes,  110  à  120  fr. 

Graines  oléagineuses.  —  Les  affaires  sont  assez  calmes  dans  le  Nord.  On  paye  à 
Cambrai,  par  hectolitre  :  œillette,  30  à  31  fr.  10;  colza,  21  à  21  fr.  75;  lin,  22" 
à  23  fr.;  cameline,  16  fr.  ...•,  . 

VU.  —  Tourteaux.  —  Noirs.—  Engrais.  m    .n'".   t,r, 

Tourteaux.  — Prix  bien  maintenus..  0 a  cote  à  Arras  par  100  kilog;.  touEteaHiXi 
de  colza,  I5fr.  50  à  17  fr.  50;  d'  œillette,  16  fr.  de  lin,  25  à  26  fr.  ;  de  camelino; 
17  fr.  —  A  Rouen,  de  colza,  de  1  i  ir.  à  14  fr.  50  ;  d'aracliides  en  coquesj,  1 L  fr.  10; 


DES  .DENREES    AGRICOLES  (11   SEPTEMBRE  1880).  4iâ9 

d'arachides  décortiquée?,. 16  fr.  50,  de  sésame,  15  fr.;  de  lin  23  fr.  —  A  Marpxsiile» 
les, prix  sont  sans  changements,  sauf  pour  Lés  tourteaux  de  lin,  cotés  20  fr.  25, -et 
ceux  da  coka,  lo  i'r.  50. 

Jlûirs.  —  Les  cours  sont  les  mêmes  à  Yaleacioûnes  ,pour  le  noir  animui  neuf 
et  pour  Les  noiriS  d'engrais. 

VIII.  —  U^ières  résineuses  él  colorantes.  —  Texlilts. 

.Matières  résbieuses.  —  Prix  en  hausse  sur  tous  les  marclaés  du  Sud-Oue'gt.  On 
payve  à  Dax  63  fr   par  100  kilog.  pour  Tessence  pure  de  térébenthine. 

Gandrs.  — Prix  ferm€s  dansle  Midi,  à  20  fr.  par  100  kilog. 

■Chanvre&.  —  H  y  a  peu  d'aifaires  sur  les  chanvres  nauveaux.  On  payeàSauraur 
80  fr.  à  90  fr.  par  IO.Û  kilog.  suivant  les  qualités. 

JX.  —  Suifs  eLcorps  gras. 

Suifs.  —  La  fermeté  de  cours  s'accuse  toujorrs.  On  paye  à  Paris  85  fr,  par  100 
kilog.  pour  suifs  purs  de  l'abat  delà  boucherie;  63  fr.  75  pour  les  suifs  en  branches. 

Lards  et  saindoux.  —  Au  Havre,  on  cote,  à  prix  fermes,  108  fr.  par  JOO  kilog. 
pour  les  saindoux  d'Amérique;  117  fr.à  117fr.  50  pour  les  lards  salés  d'importation. 
X.  —  Beurres,    —  Œufs.  —  Fromages.  —  Volailles. 

Beurres.  —  On  a  vendu,  pendant  la  semaine,  i,  la  halle  de  Paris,  230,957  kilog. 
de  beurres  de  toutes  sortes.  Au  dernier  jour,  on  payait  par  kiloi^:  en  demi-kilioig,, 
ordinaires  et  courants,  1.60  à  4.20;  petits  beurres,  1.68  à  2.84,  Grournay  1.98  à 
4.62;  Isigny,  2.58  à  5.78. 

Œufs.  —  Du  31  août  au  6  3eprtiembiie,.on  a  vendu  à  la  halle  de  Paris  4,141,670 
œufs.  Au  dernier  marché,  on  payait  par  milk-:  choix  97  à  105  fr.  le  mille.;  ordi- 
naires, 64  à  97  fr.  ;  petits,  52  à  58  fr. 

Fromages.  —  Derniers  cours  de  la  halle  de  Paris  :  par  douzaine,  Brie  3.50  à 
8.50  ;  Montléry,  15  fr.;  par  cent,  Livarot,  16  à  80  fr.  ;  Mont-d'Or,  9  à  23  fr.  ; 
Neufchâtel,  3  à  25  fr.;  divers,  5  à  43  fr.  :  par  100  kilog..  Gruyère,  114  à  162  fr. 
YolaiUes.  —  On  vend  à  la  halle  de  Paris  :  Canards  barcoteurs,  1  fr.  60  à 
5  fr.  50. —  Chevreaux,  »  »»  à  o  »».  —  Crêtes  en  lots,  1  fr.  50  à  5  fr.  75.  — 
Dindes  gras  ou  gros,  »  »»  à  »  nn.  —  Dindes  communs,  4  fr.  »»  à  3  fr.  25.  — 
Lapins  domestiques,  l  fr.  25  à  5  ir.  75.  —  Lapins  de  garenne,  ^)  »»  à  »  «jj.  — 
Oies  grasses,  »  »»  à  »  »».  —  Oies  communes,  3  fr.  50  à  6  fr.  50.  —  Pigeons  de 
JwlièFe,  »  «53  à-»  B».  ' —  Pigeons  bizets,  de  »  fr.  50  à  1  fr.  30.  —  Poules  ordi- 
naires, de  2  fr.  BO  à  4fr.  — Poulets  gras,  4  fr.  50  à  7  fr.  50..  —  Poulets  communs, 
1  Sr.  50  à  2  Xr.  20. 

XI.  —  Chevaux.  —  Bétail.  —  Viande. 

Chevaux.  — Aux  marchés  des  l"et  4  septembre,  à  Paris,  on  comptait  891  .eh&- 
vaux.  Sur  ce  nombre,  347  ont  été  vendus  comme  il  suit  : 


Chevaux  de  cabriolet 

A.  menés. 
199 

Vendus 
60 
74 
1^1 
34 
58 

1.  Prix  extrémei 
275  à  J  ,120 

•—       (iet-ait 

'293 

300  à  1  300 

—  hors  d'âge 

—  à  l'enclière 

307 

34 

45  à  1,010 
65  à      425 

—        de  boucherie 

.....          58 

40  à      115 

Anes  et  chèvres.  —  Aux  mêmes  marchés,  on  comptait  31  ânes  et  10  chèvres; 
17  laines  ont  été  vendus  de  20  à  85  fr.  ;  5  chèvres,  de  15  à  eu  fr, 

^Bétail.  —  Le  tableau  suivant  résume  le  mouvement  du  marché  aux  bestiaux  m 
U'YiUette,  du  jeudi  2  au  mardi  7  septembre  : 

Poids        Prix  du  kilog.  de  -viande  sar  pied 
Vendus  moyen      uu  mardié  "du  lundis  srepfembre. 

Pour        Pour  En         ^  quartiers,  i"  2«  3»  Prix 

Amenés.       Paris,  l'extérieur,    totalité.  kil.         quai.       quai.        quai.       moyen. 

Boeufe. 6.577        3,467         1,764        5,231         334        1.60       1.46         1.16  ,1.39 

Vaches 2,026  675  893        1,568        230        .1.48       1.30        1.04         -1..2!6 

TaMBeani — ...  805  162  30  19^        377        Ï.30       1.12        li02         ll..'JB 

Veaaï :3,983        3,T«0  961        4,061  77        i.To      1.85        1.45         1  m 

Moattms 46,T80      17,860      21,160      39.020  19        1.98      1.65        1.35  1 'S3 

Potcs^as 4„.T54        1,757        "2,923        4,680  89        174      1.68        1.58  IM 

—    .maigres..  6  ^2  4  6  35        i.,&0  »  »  1.50 

Pour  ks  gros  animaux,  les  approvisionnements  ont  été  'notablement  plus  ébvés 
quefla  semaine  précédente;  ainsi  les  cours  accusent,  pour  ces  catégories,  une  grande 
faiblesse  et  même  encore  de  la  baisse.  Mais  les  prix  des  veaux  sont  sensible- 
ment plus  élevés  que  la  semaine  précédente.  Il  y  a  maintien  des  prix  en  oe  qui 
concerne  les  moutons  et  les  porcs. 

A  Londres,  les  importations  d'animaux  étrangers,  durant  la  semaine  dernière, 
se   sont  composées   de    19,847    têtes,   dont  23  bœuf,  199  veaux,  4,249  moutons 


kkO       REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX-COURANT  (11  SEPTEMBRE  1880). 

et  4  porcs  venant  d'Amsterdam;  3,829  moutons  de  Brème;  672  moutons  d'Ham- 
bourg; 166  bœufs,  80  veaux,  1,929  moutons  et  116  porcs  d'Harlingen  ;  164  bœufs 
et  51(1  moutons  du  Havre;  94  bœufs  de  Montréal;  633  bœufs  et  236  moutons  de 
New- York;  52  bœufs,  325  veaux,  1,801  moutons  et  65  porcs  de  Rotterdam; 
1,555  bœufs  et  3,096  moutons  de  Tonning;  50  bœufs  de  Vigo.  Prix  du  kilog.  : 
Bœuf,  1"  1  fr.  87  à  2  fr.  05;  2*  1  fr.  58  à  1  fr.  75;   qualité  inférieure    1  fr.  40  à 

1  fr.  58;  Veau,  V  1  fr.  93  à  2  fr.  05;  2«  1  fr.  75  à  l  fr.  h?  ;  Mouton,  l'«2  fr.  28 
à  2  fr.  45;  2*  1  fr.  93  à  2  fr.  10;  qualité  inférieure  1  fr.  75  à   1  fr.  93;  Agneau, 

2  fr.  45  à  2  fr.  80;  Porc,  l"  1  tr.  93  à  2  fr.  10  ;  2'  1  fr.  58  à  1  fr.  75. 

Viande  à  la  criée.  —  On  a  vendu,  à  la  halle  de  Paris,  du  31  août  au  6  septembre  : 

Prix  du  kilog.  le  6  septembre. 


Cboix.     Basse  boacheria. 
1.00à2.70  O.lOà  1.16 
0.8u     2.00       .  > 

0.86     3.50       .  • 


383,128      Soit  par  jour 57, .594  kilog. 

Les  ventes  ont  été  inférieures  de  3.000  kilog.  environ  par  jour  à  celles  de  la 
semaine  précédente.  Sans  changements,  pour  la  viande  de  bœuf,  les  prix  sont 
faibles  pour  les  autres  sortes. 

XII,  —  Cours  de  la  viande  à  Vabattoir  de    la  Tillette  du  9  septembre  {par  50  kilog.) 
Cours  de  la  charcuterie.  —  On  vend  à  la  Villette  par    50  kilog.  :  1"  qualité, 
88  à    90  fr.;  2%  80  à   85  fr.;  poids  vif,  58  à  65  tr. 

Bœufs.  Veaux.  Moutons. 


Bœuf  ou  vache . 
Veau 

kilog. 
.    1.59,159 
.   145,52-2 
.     58,400 

.     20.C47 

1"  quôl.             2«  qaal 
1.04  à  1  80      0.98a] 
1.58     1.80       1.20     1 
1.48     1.70     .1.12     1 
Porc  frais.. 

.50 
.56 
.46 

3"  quai. 
0.60à  1.10 
0  70     1   18 
0.60     1.10 

Porc 

0.90àl.70 

1" 

quai, 
fr. 

74 


quai, 
fr. 


—  Marché  aux  bestiaux  de  la  Tillette  du  jeudi  9  septembre. 

Cours  des  commisslonnalret 

Cours    officiels.  en  bestiaux. 


Animaux 

amenés. 

..    2.483 

603 


Invendus. 

12S 


Banfs. . 

Vache» 603  37 

Taareaaz...  159  19 

Yeanz 1.3oO  38 

Moutons 34.260  834 

Porcs  gras..  3.712  158 

—  maigres.  »  »                   • 
Vente  assez  active  sur  toutes  les  espèces. 


Poids 

moyen 

général. 

kil. 

36i 

3S0 

205 

80 

18 

Sb 


1" 
quai. 
1.64 
l.&O 
1.28 
2.00 
2.00 
1.72 


quai.  quai. 
J.48  1.20 
1.34  1.08 
1.14  l.lO 
1.90 
1.66 
1.66 


Prix 

extrêmes. 

1.16  àl.66 

1.00     1.56 

0.93     1.32 

2.10 

2.o4 

1.80 


qiial. 


2*  3« 

quai.  quai. 

1.46  1.20 

1.30  i.eo 

1.15  1.00 


Prix 
extrêmes. 
l.ioài.64 
0.95     1.54 
0.90     1.30 


1.50  1.40 
1.36  1.30 
:.56     1.40 


XIV.  —  Résumé. 
Faibles  sur  les  céréales  et  les  farines,  les  cours  accusent,  au  contraire  de  la  fer- 
meté pour  la  plupart  des  autres  denrées  agricoles.  A.  Rem  Y. 

BULLETIN  FINANCIER. 

Cours  de  la  Bourse  du  i"  au  8  septembre  1880  (au  comptant). 
Nouvelle  hausse  à  nos  fonds  publics  le  3  0/0  est  à  87  fr.  20;  l'amortissable  a 
89  fr.  10,  et  le  5  0/0  a  conquis  et  dépassé  le  cours  de  i20   fr.  à  1  !0  fr.  30-  Nos 
chemins  de  fer  ont  continué  leur  marche  ascendante  :  nos  sociétés  de  crédit  restent 
peu  demandées  mais  sans  faiblesse. 


Principales  valeurs  françaiset: 

Plus       Plus    Dernier 
bas.        haut,      cou:  s. 

Rente30/0 86.70       87. •ÎO       87.20 

Rente  3  0/0  amortis 88.60      89.10      89.10 

Rente  4  1/2  0/0 11880     115.50     115.50 

Rente  5  0/0 120. oO    12C.40     120.30 

Banque  de  France 3425.00  3450.00  3*50.00 

Comptoir  d'escompte 955.00    965. uo    96». 00 

Société  générale 557.50     570.1.0     567.50 

Crédit  foncier 141000  I43>.oo  u:55.00 

Est Actions  500     772.50     790. tO     790.00 

Midi d»  1045.00  lOSS.OO  1085. <0 

Nord d*    1610.00    1650.00    1655.00 

Orléans d»  n72.50  1290.00  1282.50 

Ouest d*     8.=.0.00     *57.50     857.50 

Paris-Lyon-Méditerranée  d»  i4io.oo  1 440  00  i440.00 
Paris  1871  obi.  400  3  0/0  ..  398.00  400.00  400.00 
Italien  i  0/0 86.20      86.90      86  SO 

Gérant  :  A..  BOUCHÉ. 


Chemins  de  fer  français  et  étrangers  : 


d» 


Autrichiens. 
Lombards.  d* 

Romains.  d* 

Nord  de  l'Espagne,  d* 
Saragosse  à  Madrid,  d* 
Portugais.  d* 

Est.Obl.  3  0/or.  àSOOf.d* 
Midi  d* 

Nord.  d* 

Orléans.  d* 

Ouest.  d' 

Paris-Lyon-Méditer.  d*  391.00 
Nord  Esp.  priorité,  d*  344  25 
Lombards. 


Plus 
bas. 
ôio  00 

185.00 
146.00 
361.25 
375.00 
610.00 
390.50 
38:J.OO 
393.00 
391.00 
389.75 


Plus  Dernier 


d'  267.25 


haUl. 

617.50 
190.00 
147.00 
365.00 
388.75 
625.00 
391.00 
392.00 
395.00 
394.00 
393.00 
393.00 
351.25 
270.50 


cours. 
617.50 
187.50 
147.00 
362.50 
338.75 
625.00 
391.50 
392.00 
395.00 
394.00 
393.00 
393.00 
351.25 
270.50 


^"  CHRONIQUE  AGRICOLE  ns  septembre  isso;. 

Les  récotes  d'automne. —Congrès  inlenialional  de  viticulture  à  Lyon.  —  Nécessité  de  perfec- 
tionner les  systèmes  de  culture.  —  Modifications  variables  dïosla  production.  —  Vœux  émis  par 
le  Congrès  des  vignes  françaises  à  Ciermont-Ferrand.  —  Fornialion  d'une  commission  spéciale 
en  vue  de  préparer  le  prochain  congiès.  —  Le  phylloxéra.  —  Rapport  publié  pir  le  bureau  de 
l'Association  syndicale  de  l'arrondissement.  —  Résultats  obtenus  par  la  submersion  et  le  sulfure 
de  carbone.  — Rapport  de  M.  Alleii  au  Conseil  général  de  l'Hérault  sur  les  plantations  de  vignes 
américaines  —  Recherches  de  M.  Coste  sur  les  parasites  du  phylloxéra.  —  Enquête  sur  la 
reconstitution,  des  vignes  dans  le  départe. neui  du  Gard  —  Rapport  d"e  M.  Dejardin.  —  La  situa- 
tion actuelle.  —  Adaptation  d^s  cépages  améicains  aux  sols  et  au  climat  —  Nouvelles  recher- 
ches de  M.  Pasteur  sur  la  propagation  des  maladies  charbonneuses.  —  L'E'-ole  pratique  d'agri- 
calture  de  Saiat-Hemy. — Le  mouvement  agricole  en  Angleterre.  —  Prochain  concours  de  la 
Société  royale  d'agriculture  d  Augletar:e,,— ftèpons-;  k  M.  Le.;outeux.  —  Coucoars  pour  la 
chaire  de  génie  rural  à  l'Institut  agronomique.  -  Vente  d'animaux  reproducteurs  de  race  Durham 
à  Laval.  — '  Les  recherches  sur  les  pora;nes  à  cidre.  —  Lettre  de  M.  Truelle.  — L'arboriculture 
fruitière.  —  Les  pépinières  de  MM.  Baltet  frères.  —  Les  expériences  de  machines  à  battre  orga- 
nisées par  la  Société  des  agriculteurs  de  France.  —  Ouverture  de  la  campagne  sucrière.  —  Les 
vendanges  et  les  ventes  sur  souches, 

Lyon,  le  16  septembre  1880. 
I.  —  Les  vendanges  et  les  récoltes  d'automne. 

Les  vendanges  sont  commencées  dans  le  Midi^  et  bientôt  on  fera  les 
dernières  récoltes  de   l'automne.  Partout  les  choses  se  passent  mieux 
qu'on  ne  l'avait  espéré,  et  jles  ^cultivateurs  travaillent  en  reconnaissant 
que  la  terre  a  bien  rendu ;,  vu  Tes  circonstances  au  milieu  desquelles  la 
végétation  a  accompli  ses  diverses  phases  durant  l'année  18S0.  En  ce 
qui  concerne  la  vigne,  après  le  terrible  hiver  que  l'on  a  traversé,  et 
malgré  les  désastres  causés  par  le  phylloxéra,  ou  aura  sans  doute  un 
assez  bon  vin,  si  la  quantité  fait  défaut.  Quant  au  fléau,  on  le  combat 
avec  énergie,  et  non  pas  sans  succès,  comme  en  témoignent  les  nombreux 
membres  du  Congrès  internationnal  de  viticulture  qui,  avant-hier,  termi- 
nait une  laborieuse  et  brillante  session  à  Lyon.  Les  viticulteurs  ne  se  sont 
pas  abandonnés  à  l'inertie;  ils  n'ont  pas  poussé  éternellement  d'impuis- 
sants gémissements  sur  les  malheurs  qui  les  accablaient;  ils  ont  cherché 
des  moyens  de  résistance  contre  le  mal  et  de  reconstitution  de  leur  prospé- 
rité. Ils  ont  trouvé.  Le  fait  est  certain,  quoique  les  ruines  faites  n'en 
soient  pas  moins  déplorables.  Il  en  sera  de  même,  et  cela  d'autant  plus 
sûrement  qu'il  n'y  a  pas  de  cause  permanente,  pour  les  souffrances 
des  pays  à  céréales.  C'est  dans  le  perfectionnement  des  systèmes  de 
culture  que  gît  la  solution  du  problème,  et  non  pas  dans  des  modifi- 
cations de  la  législation  douanière,  modifications  sans  cesse  variables 
en  tous  sens  à  travers  les  siècles  et  qui  n'ont  jamais  fait  de  bien  que 
lorsqu'on  est  revenu  à  la  liberté.  En  toutes  choses,  la  liberté  (non  pas 
la  licence)  est  notre  drapeau;  nous  demandons  aux  agriculteurs  d'y 
être  toujours  fidèles,  ce   à  quoi  les  invite  la   nature    au    milieu    de 
laquelle  ils  vivent.  Pour  cette  année,   n'est-il  pas  évident  que  leurs 
affaires  vont   mieux    et  qu'elles    iront  mieux  encore    parce  que  les 
entraves    diminuent,    parce     que    les  impôts  décroissent,   quoique 
trop    lentement.    Voyez    l'industrie  sucrière,    voyez    les    cultivateurs 
de  betteraves!  Est-ce  qu'ils  ne  bénissent  pas  l'arrivée  du  \"  octobre, 
date  à  laquelle  l'impôt  du  sucre  va  être  considérablement  abaissé.  Et 
tous  ceux  qui  produisent  du  vin  ne  salueront-ils  pas  aussi  avec  bon- 
heur l'échéance  de  1881,  où  les  boissons  seront  allégées  d'une  partie 
des  impôts  qui  les  grèvent.  Que  le  gouvernement  de  la  République 
persévère  dans  cette  voie,  c'est' la  b.mne. 

IL  —  Le  congrès  viticole  de  Ciermont-Ferrand. 

Dans  notre  précédente  chronique  (p.   404),  nous  avons  donné  un 

N°  597.  —  Tome  III  de  1880.  —  18  Septembre. 


442  CHRONIQUE  AGRICOLE  (18  SEPTEMBRE  1880). 

compte  rendu  du  Congrès  des  vignes   françaises  à  Clermont-Ferrand. 
Voici  le  texte  exact  des  vœux  émis  par  cette  importante  réunion  : 

«  1.  Le  Congrès  émet  le  vœu  que  la  Commission  supérieure  du  phylloxéra  et 
le  gouvernement  français  veuillent  bien  continuer  leurs  efforts  en  vue  (l'apportera 
la  convention  de  Berne  les  modifications  nécessaires  pour  sauvegarder  les  intérêts 
de  l'horticulture,  sans  compromettre  ceux  de  la  viticulture. 

«  2.  Le  Congrès,  considérant  qu'il  résuite  des  renseignements  -produits  au 
cours  des  discussions,  et  dont  l'origine  semble  commander  toute  confiance,  que  des 
résultats  utiles  ont  été  obtenus  sur  divers  points  par  l'emploi  soit  du  sullure  de 
carbone,  soit  des  suKocarbonates  de  potassium  et  de  calcium,  émet  le  vœu  que 
le  gouvernement  et  la  Commission  supérieure  prennent  toutes  mesures  pour  rendre 
aux  propriétaires  ou  syndicats  intéressés  l'emploi  également  facile  de  tel  ou  tel 
agent  insecticide  ci-dessus  mentionné. 

«  3.  Considérant  que  l'œuf  d'hiver  du  phylloxéra  paraît  jouer  un  rôle  prépon- 
dérant dans  la  régénération  de  l'insecte  et  son  invasion  dans  les  vignobles,  le 
Congrès  émette  vau  que  le  gouvernement  et  la  Commission  supérieure  accordent 
aux  traitements  dirigés  contre  l'œuf  d'hiver  les  mêmes  faveurs  qu'aux  traitements 
dirigés  contre  l'insecte  vivant,  et  encouragent  par  tous  les  moyens  en  leur  pouvoir 
les  essais  tentés  dans  cette  voie. 

«  4.  Le  congrès,  considérant  qu'il  résulte  de  la  discussion  et  des  divers  rapports 
dont  il  a  entendu  la  lecture,  que  les  vignes  françaises  peuvent  être  efficacement 
défendues  contre  le  phylloxéra,  émet  le  vœu  que  les  pouvoirs  publics  s'imposent 
les  sacrifices  les  plus  larges  pour  assurer  la  conservation  des  vignobles  français. 

«  5.  Le  congrès  émet  le  vœu  que,  dans  l'intérêt  de  l'application  des  traitements 
administratifs  prévus  i)ar  les  lois  de  :  878  et  i  879,  les  agents  inférieurs  qui  forment 
les  écfuipes  et  les  moniteurs  soient  pris  autant  que  possible  parmi  les  gens  éclai- 
rés et  sérieux  du  pays  dans  lequel  les  traitements  seront  exécutés,  ou  les  recherches 
pFatiquées.  » 

Avant  de  se  séparer,  le  congrès  des  vignes  françaises  a  décidé  de  se 
réunir  l'année  prochaine,  à  une  époque  et  dans  une  ville  qui  seront 
ultérieurement  fixées,  et  il  a  nommé  une  commission  de  permanence 
pour  faire  cette  désignation  et  préparer  les  travaux  du  futur  congrès. 
Cette  commission,  prise  parmi  les  membres  résidant  habituellement 
à  Paris,  a  été  composée  de  MM.  GuyotLavaline,  sénateur  du  Puy-de- 
Dôme;  Massot,  sénateur  des  Pyrénées-Orientales;  Mathey,  sénateur  de 
Saône  et-Loire  et  membre  de  la  Commission  supérieure  du  phylloxéra; 
Calvet-Besson,  membre  de  la  chambre  de  commerce  de  Toulouse;  de 
la  Rochetterie,  président  de  la  Société  d'horticulture  du  Loiret;  de  la 
Roque,  délégué  du  comité  de  rédaction  de  la  Vigne  française;  Masson, 
éditeur  à  Paris;  Teissonnière,  vice-président  de  la  chambre  de  com- 
merce de  Paris;  Vimont,  vice-président  du  comice  agricole  d'Epernay. 
Dans  notre  prochain  numéro,  nous  rendrons  compte  du  Congrès  inter- 
national de  viticulture  de  Lyon,  qui  a  eu  un  très  grand  succès. 
IIL  —  Le  phylloxéra. 

Les  constatations  relatives  aux  résultats  obtenus  cette  année  dans  la 
lutte  engagée  contre  le  phylloxéra,  deviennent  de  plus  en  plus  nom- 
breuses; elles  sont  de  nature  à  augmenter  de  plus  en  plus  la  confiance 
des  viticulteurs  dans  les  moyens  de  se  défendre  contre  le  fléau,  dont  ils 
peuvent  désormais  disposer.  Au  fur  et  à  mesure  que  s'étend  le  péri- 
mètre sur  lequel  les  vignes  sont  traitées,  la  pratique  des  traitements  se 
fait  avec  une  plus  grande  habileté,  les  résultats  deviennent  plus  positifs, 
et  on  ne  se  laisse  plus  déconcerter  par  des  insuccès  partiels  dont  on 
arrive  facilement  à  dégager  la  cause.  Sans  avoir  la  prétention  d'enrayer 
de  nouvelles  recherches,  nous  pouvons  dire  avec  une  réelle  conviction 
que  les  viticulteurs  ont  entre  les  mains  des  procédés  applicables  aux 
circonstances  variables  dans  lesquelles  ils  peuvent  se  trouver,  et  que  ces 


GKRONIOUE  AGRICOLE  (18  SEPTEMBRE    1880)-  443 

f)rocédés  ont  désormais  donné  la  mesure  de  ce  qu'on  est  en  droit  de 
eur  demander.  —  Nous  en  trouvons  une  nouvelle  preuve  dans  le  rap- 
port que  vient  de  publier  le  bureau  de  l'Association  syndicale  de  l'ar- 
rondissement de  Béziers. 

Les  traitements  effectués  par  cette  association  syndicale  ont  été 
pratiqués  d'après  les  procédés  recommandés  par  la  Commission  supé- 
rieure du  pliylloxiira  :  submersion,  sulfocarbonate  de  polassium  et 
sulfure  de  carbone.  Relativement  à  la  submersion,  nous  n'avons  rien 
à  ajouter  aux  nombreuses  constatations  que  nous  avons  déjà  publiées  ; 
le  succès  du  procédé  dû  à  M.  Faucon  est  désormais  indiscutable  et  indis- 
cuté, sauf  de  très  rares  exceptions.  —  Pour  le  sulfocarbonate,  le  traite- 
ment a  été  appliqué  sur  220  hectares  environ  par  21  propriétaires.  La 
plupart  ont  fait  un  forfait  pour  ce  traitement,  à  raison  de  250  fr.  par 
hectare,  avec  la  Compagnie  qui  exploite  les  appareils  de  MM.  Hembert 
et  Mouillefert;  on  a  mis  par  cep,  à  raison  de  4,000  pieds  en  moyenne 
par  hectare,  60  grammes  de  sulfocarboaate  dilué  dans  25  livres  d'eau. 
«  Les  résultats,  dit  le  rapport,  sont  satisfaisants;  on  constate  la  circon- 
scription des  taches  apparentes,  la  couleur  verte  du  feuillage,  la  supé- 
riorité des  vignes  qui  ont  été  traitées  sur  celles  qui  ne  l'ont  pas  été.  » 
—  Quant  au  sulfure  de  carbone,  il  a  été  appliqué  sur  1,^5J  hectares 
par  i  09  propriétaires  appartenant  à  l'association  syndicale,  et  en  dehors 
de  celle-ci  500  hectares  environ  ont  été  traités  par  le  même  procédé. 
On  a  employé  des  doses  de  25  à  30  grammes  par  mètre  carré,  soit  250 
à  300  kilog.  par  hectare  en  une  seule  opération.  Le  rapport  s'exprime 
ainsi  à  ce  sujet  :  «  L'emploi  du  sulfure  de  carbone  paraît  être  entré  dans 
les  habitudes  de  nos  cultivateurs,  même  les  plus  modestes.  Les  craintes 
qu'iJ  inspirait  dès  le  début  se  sont  évanouies ,  et  nos  vignerons  sont 
déjà  très  au  courant  des  règles  et  des  principes  qui  doivent  les  diriger. 
A  côté  du  grand  propriétaire  traitant  50,  80,  1 00  et  1 1 0  hectares,  nous 
avons  des  souscriptions  de  24,  50,  75  ares.  Bien  d'autres  se  seraient 
joints  à  ceux-là,  s'ils  n'avaient  craint,  bien  à  tort,  que  de  si  minimes 
souscriptions  ne  fussent  pas  admises.  Ces  appréhensions  n'existent  plus; 
de  très  nombreuses  demandes  sont  formulées  de  tous  côtés^  pour  le  cas 
où  une  nouvelle  Association  se  formerait  pour  la  campagne  1880  81... 
Les  résultats  obtenus  par  l'emploi  du  sulfure  de  carbone  peuvent  se 
résumer  de  la  manière  suivante:  première  année,  passables  ;  deuxième 
année,  bons  ;  troisième  année,  excellents,  reconstitution  de  la  souche 
épuisée,  souvent  avec  fruits.  Les  causes  d'insuccès  de  la  première  année 
de  traitement  proviennent  sans  exception  de  dosages  insuffisants,  de 
traitements  tardifs  ou  appliqués  en  saison  inopportune;  souvent  plu- 
sieurs de  ces  motifs  essentiels  sont  réunis.  Partout  où  les  traitements 
ont  été  exécutés  en  suivant  rigoureusement  les  prescriptions  de  la  com- 
pagnie P.-L.-M.,  le  succès  a  été  au  gré  du  viticulteur,  et  lui  a  donné  la 
conviction  qu'il  pourra  conserver  ses  vignes  un  temps  plus  ou  moins 
long,  peut-être  toujours;  si,  dans  quelques  cas,  l'amélioration  a  été  plus 
lente  que  dans  d'autres,  elle  s'est  néanmoins  produite  et  le  motif  en  a 
été  vite  trouvé  par  le  propriétaire  lui-même;  il  reconnaît  qu'il  a  traité 
une  année  trop  tard.  » 

Dans  un  précédent  numéro,  nous  avons  enregistré  le  vœu  émis  par 
le  Conseil  général  de  l'Hérault  relativement  aux  encouragements  à  don- 
ner à  la  reconstitution  des  vignobles  par  les  cépages  américains  résistant 
au  phylloxéra.  Nous  trouvons,  dans  le  rapport  fait  par  M.  Allein,  à 


4(à4  CHRONIQUE  AGRICOLE  (18   SEPTEMBRE  1880). 

cette  occasion,  d'intéressants  détails  sur  les  résultats  des  plantations  de 
cépages  américains  dans  la  commune  de  Saint-Georges  : 

«  Votre  rapporteur  est  très  heureux  de  proclamer  hautement  que  les  proprié- 
taires de  la  commune  de  Saint-G-eorges  ont,  à  hi  suite  d'une  impulsion  très  active, 
commencé  déjà  à  reconstituer  à  force  de  zèle  et  de  sacrifices,  avec  les  cépages  amé- 
ricains, leurs  vignobles  d'autrefois. 

«  Il  y  a  déjà,  dans  cette  commune,  enviion  soi>ante-quinze  hectares  de  planta- 
tions de  diverses  variétés  américaines  dont  quelques-unes  remontent  à  huit  années. 
D'autres,  plus  étendues,  datent  de  six  ans. 

«  Le  Clinton  et  le  Cohcord  seuls  furent  adoptés  à  cette  époque.  Ils  ont,  depuis, 
été  greffés  avec  diverses  variétés  françaises. 

«  Ces  grefl'ages  donnent  depuis  deux  ans  de  belles  récoltes,  pouvant  s'élever  à 
environ  cent  trente  hectolitres. 

«  Les  Clivions  greffés  conservent  toujours  une  vigueur  remarquable  et  nourrissent 
de  très  beaux  fruits.  Les  Concords^  au  contraire,  après  avoir  donné  de  la  récolte, 
succombent  actuellement  sous  l'action  de  l'insecte.  On  peut  voir  telle  vigne  fran- 
çaise qui,  mourante  il  y  a  six  ans,  a  été  régénérée  par  le  greffage  fait  sur  elle  avec 
des  Clintons,  qui,  vivant  ensuite  parleurs  propres  racines,  ont  pu,  après  la  dispa- 
rition de  la  souci  e  française,  servir  de  porte- greffes  à  des  plants  français  de  toutes 
qualités.  Cette  vigne  est  aussi  belle  aujourd'hui  qu'avant  la  maladie.  La  double 
opération  du  greffage  a  seulement  laissé  quelques  vides,  que  l'on  garnira  aisément 
cet  hiver. 

«  Depuis  cinq  ans  le  Taylor  a  été  beaucoup  planté  à  Saint-Georges.  Ce  cépage 
s'y  est  même  développé  plus  vite  et  plus  vigoureusement  que  le  Clintoni. 

L'étendue  des  Taylors  plantés  dans  cette  commune  s'élève  à  environ  vingt  hec- 
tares. 

«  Une  plantation  de  Taylors  d'un  hectare,  faite  il  y  a  cinq  ans,  a  été  greffée  il  y  a 
trois  ans  avec  toutes  sortes  de  variétés  françaises.  La  partie  greffée  a  donné  l'an 
passé  une  belle  récolte  et  est  encore  cette  année  chargée  de  fruits. 

«Le  Jacquez  de  pied  franc  s'e^t  aussi  admirablement  développé  dans  cette  com- 
mune où  on  l'a  planté  depuis  trois  ans.  Il  commence  à  porter  des  fruits. 

«  Toutes  les  autres  variétés  de  cépages  américains  :  Cunvigham,  Herbemont,  Ru- 
landers,  Solonis,  Riparia,  Viala,  Gas'on  BaziUe,  Yoi^k  Madeir,  Oporto,  Rupestris. 
Cyntlnano,  Black-July,  Elvira,  ont  été  ])lantées  à  Saint-Georges  et  se  sont  toutes 
très  bien  développées  dans  ce  terrain  silico-ferrugineux,  à  l'exception  du  Rulander 
qui  meurt. 

«En  résumé,  l'état  des  plantations  de  Saint-Georges  est  on  ne  peut  plus  satisfai- 
sant, et  vu  le  grand  développement  qu'elles  prennent,  il  est  à  présumer  que  cette 
commune  récoltera  sous  peu  les  quantités  et  surtout  la  qualité  supérieure  que  lui 
donnaient  autrefois  les  anciennes  vignes.   » 

M.  Coste  vient  de  communiquer  à  l'Académie  des  sciences  les 
résultats  de  ses  recherches  sur  plusieurs  insectes  qui  s'attaquent  au 
phylloxéra  gallicole.  Ces  insectes  appartiennent  à  la  grande  famille 
des  Acariens.  M.  Coste  a  ainsi  constaté  que  le  Trombidium  fuliginosum ^ 
le  Gamasus  viridis^  plusieurs  Thrips,  et  enfin  et  surtout  une  larve  du 
genre  Scijmnus  font  au  phylloxéra  des  galles  une  chasse  acharnée. 
Malheureusement,  les  moyens  de  multiplication  de  ces  insectes  sont 
beaucoup  trop  limités  pour  lutter  contre  la  fécondité  du  phylloxéra, 
et  ils  n'ont  d'ailleurs  aucune  action  contre  le  puceron  des  racines. 
C'est  surtout  sur  les  galles  des  trois  cépages  américains,  le  Clinton, 
le  Viala  et  l'Oporto,  que  M.  Coste  a  constaté  la  présence  et  l'action  de 
ces  parasites  du  terrible  puceron.  Des  études  nouvelles  élargiront 
probablement  le  cadre  des  constatations  faites  déjà  sur  cet  intéressant 
sujet. 

IV.  —  Le  Phylloxéra  dans    le  département  du  Gard. 

Parmi  les  nombreux  travaux  sur  le  phylloxéra  que  nous  avons  eu 
tant  de  fois  à  signaler,  il  en  est  peu  qui  présentent  une  importance 
égale  à  celle  d'une  étude   que  vient  de  publier  M.  Dejardin,  secrétaire 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (18  SEPTEMBRE    1880).  445 

de  la  Commission  centrale  du  phylloxéra  dans  le  Gard.  Faite  naturel- 
lement au  point  de  vue  spécial  des  moyens  pratiques  de  conservation 
et  de  reconstitution  des  vignobles  dans  ce  département,  elle  peut  être 
d'une  grande  utilité  dans  beaucoup  d'autres  départements. 

M.  Dejardin  passe  en  revue  toutes  les  expériences  tentées  et  les  ré- 
sultats obtenus  par  la  submersion,  les  plantations  dans  le  sable,  les 
sulfocarbonates,  le  sulfure  de  carbone  et  les  vignes  américaines.  De 
l'enquête  à  laquelle  s'est  livrée  la  Commission  du  phylloxéra,  il  résulte 
que  ce  département  comptait,  avant  l'invasion,  104,411  hectares  de 
vignes;  97,794  hectares  ont  été  complètement  détruits.  Aujourd'hui 
65  hectares  seulement  ont  été  traités  par  des  insecticides,  presque  tous 
par  le  sulfure  de  carbone;  en  outre,  535  hectares  ont  été  récemment 
plantés  dans  des  terrains  submersibles,  3,903  dans  le  sable,  et  1 ,323 
en  cépages  américains.  1  50  propriétaires  ont  répondu  à  l'enquête  et 
ont  indiqué  les  résultats  qu'ils  ont  obtenus. 

Pour  la  submersion,  ici  comme  partout,  le  succès  a  été  complet; 
d'année  en  année,  les  superficies  submergées  prendrontune  importance 
plus  grande.  Les  populations  attendent,  avec  une  vive  impatience, 
l'exécution  du  canal  dérivé  du  Rhône. 

Les  plantations  dans  le  sable  ont  pris  une  grande  extension  dans  la 
commune  désormais  célèbre  d'Aigues-Mortes,  et  dans  une  partie  de 
la  Camargue.  Pour  l'application  pratique  du  procédé,  M.  Dejardin 
donne  les  indications  suivantes  : 

1»  Ne  faire  la  plantation  qu'après  s'être  assuré  que  le  sol  contient  60  pour  100 
au  moins  de  sable  pur,  tenu  et  mobile,  sur  une  épaisseur  minimum  de  60  centi- 
mètres. 

2"  Procéder  à  la  plantation  ainsi  qu'on  le  faisait  avant  l'invasion  du  phylloxéra 
(défoncement  et  nivellement). 

3"  Se  bien  garder  de  modifier  la  nature  du  sol  par  l'apport  de  terres  et  n'em- 
ployer d'autres  engrais  que  celui  de  ferme,  bien  consommé,  ou  des  engrais  pulvé- 
rulents. 

En  ce  qui  concerne  les  insecticides,  les  applications  du  sulfocarbo- 
nate  ont  été  très  restreintes.  Mais  le  sulfure  de  carbone  a  donné  d'ex- 
cellents résultats  dans  un  certain  nombre  de  circonstances.  «  C'est,  dit 
M.  Dejardin,  de  tous  les  insecticides,  celui  qui  donne  les  résultats  les 
plus  affirmatifs;  mais  il  n'est  utilement  applicable  dans  le  départe- 
ment du  Gard  qu'aux  terrains  facilement  perméables  au  pal,  où  la  dif- 
fusion des  vapeurs  sulfocarboniques  ne  risque  pas  d'être  entravée  par 
la  nature  argileuse  ou  sablonneuse  du  sol,  et  dont  le  grand  rendement 
peut  permettre  une  avance  de  fonds  considérable.  » 

Aux  yeux  de  l'honorable  rapporteur,  l'ensemble  des  procédés  qui 
viennent  d'être  indiqués  ne  peut  pas  être  appliqué  sur  plus  de 
30,000  hectares  environ;  il  y  aurait  donc  60,000  hectares  de  vignes 
qui  ne  pourraient  pas  être  reconstitués  autrement  que  par  l'emploi  des 
cépages  américains.  Il  faut  ajouter  que,  dans  l'état  actuel  des  choses, 
les  autres  cultures  sont  ou  impossibles  ou  si  peu  rémunératrices 
qu'elles  ont  du  être  abandonnées  sur  la  plus  grande  partie  de  cette 
surface.  C'est  pourquoi  M.  Dejardin  a  fait  sur  les  vignes  américaines, 
une  étude  minutieuse  qui  permettra  aux  viticulteurs  de  se  rendre 
compte  exactement  de  la  valeur  de  chaque  cépage.  La  triple  question 
de  l'adaptation  des  cépages  au  sol,  au  climat  et  à  la  greffe,  est,  en 
effet,  capitale.  L'enquête  de  M.  Dejardin  embrasse  698  observations; 
chaque  point  est  indiqué  avec  le  plus  grand   soin,  afin  de  rendre  la 


446  CHRONIQUE  AGRICOLE   (18  SEPTEMBRE   1880). 

vérificalion  facile.  A  i'caide  de  ces  observations,  il  a  tracé  un  tableau 
graphique  très  iiif^énieux  et  tout  à  fait  nouveau,  reaiermant  les 
courbes  de  végétation  des  douze  variétés  de  cépages  américains  qui 
sont  les  plus  répandues  dans  le  département  du  Gard.  Ce  tableau  met 
en  pleine  lumière  la  valeur  de  chaque  cépa2;epour  des  sols  déterminés, 
lien  ressort  les  conclusions  suivantes  qi*eM,  Dejardin  résume   ainsi  : 

Clinton.  —  Ge  cépage  peut  être  utilement  planté  dans  tous  les  terrains  où  la 
silice  domine,  daus  les  terrains  schisteux,  graniticfues,  dans  la  dolomie  du  lias, 
dans  les  lerrains  argilo-calcaires  et  d'alluvion  frais,  ainsi  que  dans  les  terrains 
sablonneux  et  humides. 

(  0)1  cor d.  —  II  ne  doit  être  planté,  dans  le  Gard,  que  dans  des  terrains  dans 
lesquels  la  silice  est  dominante  ainsi  que  dans  les  sols  sablonneux  et  d'alluvion 
frais , 

Cuniniiham.  —  Nous  estimons  que  le  Gunningham  peut  être  planté  dans  tous 
les  terrains  du  Gard. 

Herbemont.  —  L'Herbemont  peut  être  planté  dans  tous  les  terrains  du  dépar- 
tement, en  en  exceptant  toutefois  les  terrains  à  sous-sols  imperméables. 

Jacqnez.  —  Le  Jacquez  peut  être  planté  dans  tous  les  teiTains,  en  dehors  de- 
ceux  qui  sont  sujets  aux  brouillards  et  à  l'humidité. 

Norton  s  Virginia  et  Cynlhiana.  —  Ne  doivent  être  plantés  que  dans  les  ter 
rains  siliceux,  granitiques,  schisteux  et  frais, 

Riparia  et  Solonis.  —  Peuvent,  dès  aujourd'hui,  être  plantés  dans  tous  les  ters 
rains  où  prospère  le  Clinton,  et  ils  auront  sur  lui  l'avantage  d'être  moins  sensible- 
aux  piqûres  du  phylloxéra. 

Taylor.  —  Demande  les  mêmes  terrains  que  le  Clinton,  mais  peut  être  utilisé 
avec  plus  d'avantages  que  lui  dans  les  terrains  calcaires,  argilo-calcaires,  et  dans 
les  terrains  un  peu  secs, 

Viala,  Franklin ,  Blae  clyrr.  —  Peuvent  être  fructueusement  plantés  dans  la 
généralité  des  sols  du  département,  en  exceptant  toutefois  les  terrains  argileux  et 
secs. 

Nous  avons  analysé  brièvement  le  travail  de  M.  Dejardin;  mais  ce 
que  nous  en  avons  dit  suffit  pour  en  montrer  l'importance.  Il  faut 
ajouter  que  toutes  ses  afiirmations  s'appuient  sur  des  documents  et 
des  observations  qu'il  cite,  absolument  dignes  de  foi. 

V.  —  Les  maladies   charbonneuses. 

A  plusieurs  reprises,  nous  avons  appelé  l'attention  des  agricul- 
teurs sur  l'importance  des  recherches  sur  les  maladies  charbonneuses, 
entreprises  d'une  paît  par  M.  Pasteur,  et  d'autre  part  par  M.  Tous- 
saint, professeur  à  l'Ecole  vétérinaire  de  Toulouse.  Dans  la  dernière 
séance  de  l'Académie  des  sciences,  M.  Dumas  a  donné  lecture  d'une 
lettre  de  M.  Pasteur,  dans-laquelle  l'illustre  savant  rapporte  des  expé- 
riences directes  qu'il  a  faites  sur  la  dissémination  des  germes  du 
charbon,  expériences  qui  démontrent  la  réalité  de  ses  inductions  pré- 
cédentes. Nous"  reproduisons  plus  loin  cette  lettre,  en  la  fais;int  suivre 
d'observations  présentées  par  M.  Bouley,  relativement  au  procédé  de 
M.  Toussaint  pour  l'inoculation  préventive  du  charbon.  Ces  observa- 
tions seront  lues  également  avec  intérêt,  car  elles  montrent  le  point 
oii  en  est  actuellement  cette  dernière  question. 

VI.  —  Ecole  praiique  d'agriculture  de  Saint-Remy. 

Le  compte-rendu  annuel  fait  par  M.  Gordier,  sur  la  situation  de 
l'Ecole  pratique  d'agriculture  qu'il  dirige  à  Saint-Remy,  dans  le  can- 
ton d'Amance  (Haute- Saône),  a  été  publié  il  y  a  quelque  temps.  Nous 
devons  le  signaler,  comme  nous  le  faisons  chaque  année,  parce  qu'il 
renferme  un  grand  nombre  de  faits  intéressants.  Ce  compte  rendu 
s'applique  à  l'exercice  1879-1880  (l^""  mars  1879  au*29  février  1880), 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (18  SEPTEMBRE   1880).  kk7 

tant  pour   l'école  elle-même  que  pour  le  domaine  qui  y  est  annexé. 

Tout  d'abord,  en  ce  qui  concerne  l'école,  elle  est  dans  un  état  de 
prospérité  absolue,  puisqu'elle  est  au  complet,  c'est-à-dire  qu'elle  ren- 
ferme le  nombre  d'élèves  qu'elle  peut  contenir.  Les  examens  de  sortie, 
qui  ont  eu  lieu  au  mois  d'avril  dernier,  ont  donné  un  très  bon  résul- 
tat; 20  élèves  ont  obtenu  leur  certificat  d'instruction.  Aux  examens 
d'admission,  sur  34  candidats,  30  ont  été  reconnus  admissibles. 

Quant  au  domaine,  il  est  dans  une  situation  qui  n'est  pas  moins 
prospère.  En  effet,  il  résulte  des  comptes  publiés  par  M.  Gordier  que, 
pour  le  dernier  exercice,  l'excédent  des  recettes  sur  les  dépenses  a  été 
de  1 9,608  fr.  89,  dont  15,416  fr.  95  pour  les  cultures  et  4, 191  fr.  94 
pour  le  bétail.  Le  total  des  terres  productives  est  de  78  hectares  44 
ares  ;  c'est  donc  un  bénéfice  de  249  fr.  98  par  hectare.  Ce  résultat 
mérite  d'appeler  l'attention,  d'autant  plus  qu'il  n'est  pas  du  à  des 
cultures  industrielles.  Sur  ces  78  hectares,  24  sont  en  prés,  9  en 
luzerne,  20  en  cultures  de  céréales  i^dont  13  en  blé),  4  en  pommes  de 
terres,  7  en  vignes,  2  en  jardins,  et  le  reste  en  cultures  fourragères. 
Les  étables  renfermaient,  au  1'"'  mars  dernier,  10  chevaux,  8  bœufs 
de  trait,  6  bœufs  de  rente,  43  vaches,  103  moutons  et  61  porcs.  Les 
rendements  par  hectare  ont  été  de  19  hectol.  46  pour  les  blés,  de  26 
hectol.  pour  l'avoine,  de  125  hectol.  pour  les  pommes  de  terre,  de 
20,000  kilog.  pour  les  carottes,  de  36,500  kilog.  pour  les  betteraves, 
de  5,654  kilog.  pour  les  prés,  de  7,686  kilog.  pour  les  luzernes,  de 
25,652  kilog.  pour  les  vesces  en  vert,  et  de  59,438  kilog.  pour  le 
maïs  fourrage  en  vert,  enfin  de  14  hectol.  de  vin  seulement  pour  les 
vignes.  Si  nous  citons  ces  chiffres,  c'est  afin  de  montrer  ce  qu'une 
bonne  culture  permet  d'obtenir,  même  dans  une  année  aussi  médiocre 
que  l'année  1879.  —  En  même  temps  que  les  tableaux  des  résultats 
de  ses  cultures,  M.  Gordier  donne  des  détails  sur  les  phases  de  la 
végétation,  ainsi  que  sur  les  expériences  auxquelles  il  s'est  livré. 
Quelques-unes  de  ces  expériences  offrent  un  grand  intérêt,  notam- 
ment celles  sur  les  céréales  ;  nous  en  reproduirons  les  résultats  dans 
un  prochain  numéro. 

VIL  —  Le  mouvement  agricole  en  Angleterre. 

La  crise  agricole  a  sévi  en  Angleterre  comme  en  France;  les  Soeiétés 
agricoles  se  sont  occupées  des  moyens  d'y  trouver  des  remèdes.  Plusieurs 
d'entre  elles  ont  mis  au  concours  la  question  des  moyens  à  employer. 
Un  de  ces  concours  vient  de  se  terminer  par  l'attribution  d'un  premier 
prix  accordé  à  M.  Robert  Bruce  pour  son  essai,  intitulé  :  Comment 
V agriculture  peut-elle  être  rémunératrice  en  Angleterre,  11  est  inté- 
.ressant  de  rechercher  quelles  en  sont  les  conclusions,  car  elles 
ont  été  évidemment  approuvées  par  la  Société  qui  l'a  couronné.  Tout 
en  affirmant  que,  devant  les  grandes  ressources  de  l'Amérique  et  l'acti- 
vité progressive  de  ses  fermiers,  il  n'a  pas  grande  confiance  dans 
l'avenir  du  fermier  anglais,  il  se  garde  bien  de  demander  une  protec- 
tion douanière;  mais  il  ajoute  qu'il  est  convaincu  que  l'agriculteur 
peut  lutter  en  adoptant  de  plus  en  plus  les  progrès  de  la  science,  en 
augmentant  son  instruction,  en  obtenant  de  plus  grandes  libertés,  en 
travaillant  plus  et  en  économisant  davantage.  Il  récapitule  dans  les 
termes  suivants,  les  différents  moyens  par  lesquels  le  fermier  anglais 
peut  rendre  sa  profession  lucrative  :  1  °  en  attachant  une  plus  grande 
attention  à  ses  méthodes  de  culture,  en  travaillant  la  terre  plus  qu'il 


448  CHRONIQUE  AGRICOLE  (18  SEPTEMBRE    i880). 

ne  le  fait,  imitant  en  cela  ce  que  fait  le  jardinier;  2"  en  prenant  plus 
de  soin  dans  le  choix  de  la  qualité  de  ses  semences,  et  en  observant 
attentivement  les  effets  du  sol  et  du  climat  sur  les  sortes  qu'il  emploie; 
3"  en  faisant  tous  ses  efforts  pour  ne  garder  que  des  bestiaux  de  ijonne 
qualité,  en  élevant  un  plus  grand  nombre  de  bons  reproducteurs;  en  les 
tenant  avec  plus  de  soins,  et  les  préparant  jeu  nés  pour  l'abattoir;  4°  en 
donnant  plus  d'attention  aux  produits  de  la  laiterie  et  delà  fromagerie, 
en  tirant  le  plus  possible,  et  en  n'obtenant  que  des  produits  delà  meil- 
leure qualité;  5"  en  portant  ses  soins  sur  les  plus  petites  choses, 
telles  que  les  fruits,  les  volailles  et  les  abeilles  ;  6°  en  faisant  abroger 
les  lois  qui  entravent  sa  profession;  7°  en  obtenant  la  liberté  de 
la  moisson  ;  8"  en  obtenant  la  liberté  de  disposer  au  mieux  de  son 
avantage  du  produit  de  ses  récoltes.  Sauf  sur  ces  deux  derniers  points, 
oi^i  la  liberté  règne  chez  nous,  ne  dirait-on  pas  qu'il  s'agit  de  répondre 
à  une  enquête  sur  l'avenir  de  l'agriculture  française? 

VIII.  —  Concours  de  la  Société  royale  d'agriculture  d'Angleterre. 
Le  concours  annuel  de  la  Société  royale  d'Angleterre  se  tiendra,  en 
1881 ,  à  Derby.  Comme  les  années  précédentes,  il  aura  lieu  au  mois  de 

juillet. 

IX.  —  Encore  l'inconscient. 
M.  Lecouteux  se  plaint  delà  réponse  que  j'ai  faite  dans  ma  chronique 
du  28  août  à  ses  attaques,  qui  sont  venues  sanis  rime  ni  raison  quatre 
mois  après  les  faits  qu'il  a  rappelés;  il  vient  de  répliquer  dans  six 
colonnes  remplies  d'équivoques  et  de  personnalités.  Je  ne  crois  pas  utile 
de  continuer  une  telle  discussion,  d'autant  plus  que  les  agriculteurs, 
j'en  suis  convaincu,  aiment  mieux  me  voir  employer  mon  temps  à  des 
recherches  nouvelles  ou  à  la  propagation  du  progrès.  Si  j'ai  parlé  une 
première  fois,  c'est  que  mon  adversaire  avait  cherché  à  dénaturer 
le  sens  des  votes  de  la  Société  nationale  d'agriculture.  Or  comme  a  dit 
Chenier  : 

La  défense  est  un  droit;   c'est  souvent  un  devoir. 

J'ai  rempli  ce  devoir.  J'ai  rétabli  la  vérité.  Je  n'irai  pas  plus  loin. 
Je  n'ajouterai  qu'un  mot,  c'est  que  M.  Lecouteux,  en  terminant  son 
article,  reste  fidèle  à  ses  habitudes  d'ingratitude  et  de  (les  agriculteurs 
mettront  le  mot  qu'ils  choisiront),  en  donnant  le  coup  de  pied  de 
râneà  des  gens  tombés  dont  il  a  naguère  sollicité  et  obtenu  les  faveurs. 

ce  qu'il  nie  maintenant.  Il  parle  de  la-  confiance  qu'a  en  lui  l'ad- 
ministration actuelle  de  l'agriculture,  sans  se  douter  qu'ill'a  déjà  trahie. 

S'il  est  excusable,  c'est  parce  qu'il  est  inconscient  de  ses  actes.  Quant 
à  nous,  dans  le  présent  comme  dans  le  passé  nous  donnons  notre 
concours  à  tout  ce  que  l'administration  de  l'agriculture  tente  de  bien, 
sans  songer  à  des  satisfactions  personnelles. 

X.  — Concours  pour  la  chaire  de  génie  rural  à  l'Institut  national  agronomique, 
A  la  suite  de  sa  nomination  comme  directeur  du  Conservatoire  des 
arts  et  métiers,  M.  Hervé  Mangon  a  donné  sa  démission  de  profes- 
seur de  génie  rural  à  l'Institut  national  agronomique.  En  conséquence, 
M.  le  ministre  de  l'agriculture  et  du  commerce  a  décidé  qu'un  con- 
cours pour  cette  chaire  serait  ouvert  le  lundi  6  décembre  prochain. 
Les  épreuves  de  ce  concours  seront  les  suivantes  : 

r*  Epreuve.  —  Exposition  verbale  d'un  projet  de  programme  de  cours,  en 
tenant  compte  de  la  nature  spéciale  de  l'enseignement  de  l'Institut  national  agro- 
nomiquee  (Le  cours  compreud  5Q  leçons  distribuées  en  deux  années.) 


CHRONIQUE  AGRICOLE   (18  SEPTEMBRE   1880),  449 

2"  Epreuve. — Leçon  sur  une  question  de  construction  ou  d'hydraulique  agricole 
après  quatre  heures  au  plus  de  préparation. 

3«  Epreuve.  —  Leçon  sur  une  question  de  travaux  et  de  machines  agricoles, 
après  vingt-quatre  heures  de  préparation. 

4*  Epreuve.  —  Manipulations  comprenant  l'emploi  des  instruments  de  pré- 
cision employés  dans  les  recherches  de  mécanique  ou  d'hydraulique  agricole.  — 
Ces  manipulations  et  expériences  de  précision  seront  faites  dans  un  des  labora- 
toires du  Conservatoire  des  arts  et  métiers  ou  à  la  ferme  de  Joinville-le-Pont, 
sous  la  surveillance  d'un  membre  du  jury.  Les  résultats  en  seront  ensuite  expo- 
sés par  chaque  concurrent  devant  le  jury  assemblé,  qui  pourra  se  faire  donner  à 
ce  sujet  toutes  les  explications  qu'il  croira  convenable  de  demander  au  candidat. 
—  Le  jury  déterminera  le  temps  qu'il  jugera  nécessaire  d'accorder  pour  les  exer- 
cices pratiques  de  la  quatrième  épreuve. 

Les  candidats  devront  :  r  se  faire  inscrire,  au  moins  10  jours  avant  la  date  de 
l'ouverture  du  concours,  au  ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce.  (Direction 
de  l'agriculture.  —  Bureau  de  l'enseignement  agricole).  — 2.°  Justifier  cju'Us  sont 
Français  ou  naturalisés  Français,  qu'ils  auront  vingt-cinq  ans  au  moins  à  l'époque 
du  concours,  et,  s'ils  appartiennent  à  l'armée,  qu'il  ont  obtenu  un  congé  pour  se 
présenter  au  concours.  —  Faire  connaître  leurs  titres  et  travaux  scientifiques. 

Ces  titres  et  travaux  scientifiques  compteront,  comme  éléments 
d'appréciation,  pour  une  valeur  que  le  jury  aura  à  déterminer. 

XL  —  Vente^'de  reproducteurs  de  race  Durham. 

Nous  recevons  de  M.  Le  Breton,  président  de  l'Association  des  agri- 
culteurs de  la  Mayenne,  l'avis  qu'une  nouvelle  veate  d'animaux  re- 
producteurs de  race  Durham,  organisée  par  cette  Association,  aura 
lieu  à  Laval,  le  samedi  2  octobre^prochain.  Sept  jeunes  taureaux  et 
six  vaches  ou  génisses  sont  déjà  inscrits  pour  cette  vente. 

XII.  —  La  production  des  pommes  à  cidre. 

Nous  recevons  de  M.  Truelle,  pharmacien  à  Trouville-sur-Mer,  la 
note  suivante  que  nous  nous  empressons  de  publier  : 

«  Je  m'occupe  depuis  six  ans  de  recherches  scientifiques  sur  les  pommes  à  cidre 
dans  le  but  d'mdiquer  aux  cultivateurs  les  meilleures  espèces  à  planter  et  j'ai 
besoin  présentement  d'établir  un  parallèle  entre  les  espèces  les  plus  estimées 
provenant  de  pays  différents 

«  Mais  pour  atteindre  ce  but,  j'ai  besoin  du  concours  de  différentes  personnes, 
pépiniéristes  et  fermiers,  que  de  pareilles  études  doivent  intéresser. 

«  A  ces  fins,  je  me  propose  de  faire  gratuitement  l'analyse  quantitative  des 
différentes  espèces  qui  me  seront  envoyées,  à  condition  toutefois  : 

«  l°Que  l'envoi  soit  franco  et  comprenne  vingt-quatre  fruits  pour  chaque  espèce. 

«  3°  Que  l'expéditeur  me  fasse  connaître  aussi  exactement  que  possible  le  nom 
de  l'espèce  (nom  donné  dans  le  pays)  et  les  synonymes  s'il  en  connaît- 

«  3"  L'âge  approximatif  des  arbres  producteurs. 

«  4°  La  nature  approximative  du  terrain  et  son  exposition. 

«  A  ces  conditions  je  ferai  les  analyses  qui  porteront  sur  le  sucre,  la  gomme, 
le  tannin  et  l'acidité. 

«  Je  crois  inutile  de  recommander  aux  personnes  de  ne  m'envoyer  que  des 
espèces  d'éUte  et  deux  au  plus  par  personne,  de  constituer  en  outre  un  échan- 
tillon moyen  comme  grosseur. 

«  De  cette  façon  je  pourrai  comparer  les  fruits  d'élite  entre  eux,  et  nul  doute 
qu'il  n'en  résulte  les  plus  sérieux  avantages  pour  tous  ceux  que  la  culture  du 
pommier  intéresse  au  plus  haut  point.  «  A.  Truelle, 

^  *■  «  Pharmacien  à  Trouviile-sur-Mer.  » 

Oq  doit  déjà  à  M.  Truelle  plusieurs  travaux  importants  sur  la  com- 
position des  pommes  et  d'autres  fruits,  que  nous  avons  eu  l'occasion 
de  signaler  à  nos  lecteurs.  La  nouvelle  série  de  recherches  qu'il  entre- 
prend donnera  certainement  des  résultats  utiles.  Nous  espérons  qu'un 
grand  nombre  d'agriculteurs  répondront  à  l'appel  qu  il  leur  fait. 


450  CHRONIQUE  AGRICOLE   (18  SEPTEMBRE   1880). 

XIII.  —  V arboriculture  fruitière. 

Pendant  l'hiver  qui  va  venir,  il  y  aura  beaucoup  à  faire  dans  les 
plantations  d'arbres;  il  faudra,  en  effet,  effectuer  un  grand  nombre  de 
plantations,  afin  de  réparer  les  pertes  considérables  que  le  rigoureux  hiver 
de  1879-80  a  occasionnées  dans  presque  toutes  les  parties  de  la  France. 
11  y  a  beaucoup  de  manques  dans  les  arbres  fruitiers,  aussi  bien  que  dans 
ceux  d'ornement.  Nous  venons  de  recevoir  le  catalogue  de  la  grande 
pépinière  de  Gromcels,  de  MM.  Baltet  frères,  à  Troyes  (Aube). Il  renferme 
la  liste  des  arbres  fruitiers,  des  arbres  forestiers,  des  arbres  d'ornement, 
des  plantes  vivaces  de  pleine  terre,  d'orangerie  ou  de  serre,  cultivés  dans 
cet  important  établissement,  un  des  plus  remarquables  de  l'Europe  par 
la  variété  et  la  richesse  de  ses  produits.  A  l'exposition  universelle  de 
Sidney  quia  eu  lieu  récemment,  M.  Charles  Baltet  a  remporté  une  des 
plus  hautes  récompenses  pour  les  services  qu'il  a  rendus  à  l'arboricul- 
ture et  à  l'horticulture. 

XIV.  —  Expériences  sur  les  machines  à  battre. 

La  Société  des  agriculteurs  de  France  va  commencer  une  série  d'ex- 
périences qui  pourront  rendre  de  réels  services  à  l'agriculture.  La  Société 
vient  de  faire  construire,  sur  le  modèle  de  l'appareil  employé  par  la 
Société  royale  d'agriculture  d'Angleterre,  un  dynamomètre  qui  per- 
met de  se  rendre  compte,  avec  précision,  de  la  puissance  des  instru- 
ments. Cette  année,  les  expériences  se  feront  sur  les  machines  à 
battre  à  grand  travail.  Elles  auront  lieu  à  la  ferme  de  la  Faisan- 
derie, près  Joinville-le-Pont,  dépendante  de  l'Institut  national  agrono- 
mique, dont  le  Directeur  a  bien  voulu  donner  toutes  facilités  à  la 
Société.  Le  23  septembre,  la  Commission  procédera  à  l'examen  des 
machines  en  mouvement,  à  vide  et  en  charge  ;  le  24  septembre, 
examen  des  machines  au  repos.  Les  essais  dynamométriques  commen- 
ceront le  lundi  27  septembre.  Les  membres  de  la  Société,  propriétaires 
agriculteurs  et  constructeurs,  qui  désireraient  suivre  ces  expériences  peu- 
vent s' adresser  à  la  Société  des  agriculteurs  de  France,  1,  rue  Le  Peletiei'. 
XV.  —  Les  sucres  et  les  betteraves. 

Les  premiers  arrachages  de  betteraves  se  poursuivent  avec  activité 
dans  les  départements  du  Nord;  les  râperies  de  racines  commencent  à 
fonctionner.  Dans  une  dizaine  de  jours,  la  fabrication  du  sucre  sera  en 
pleine  activité.  Les  premiers  résultats  constatés  sont  favorables  tant 
au  rendement  en  poids  qu'à  la  richesse  des  racines;  il  est  vrai  qu'ils 
se  rapportent  à  des  betteraves  semées  de  bonne  heure  -et  dont  la  vie 
végétative  a  eu  une  évolution  normale.  —  Le  Journaî  officiel  a  publié 
récemment  le  tableau  définitif  de  la  production  du  sucre  pendant  la 
campagne  1879-1880.  Le  total  des  prises  en  charges  exprimées  en 
sucre,  au-dessous  du  n"  13,  a  été  seulement  de  307  millions  et  demi 
de  kilog. 

XVI.  —  Les  Vendanges. 

Les  vendanges  sont  commencées  dans  la  région  méridionale  de  la 
France;  dans  le  Languedoc  et  en  Provence,  la  cueillette  a  commencé 
du  10  au  15  septembre.  Favorisé  par  un  temps  chaud,  ce  travail  se 
poursuit  dans  de  bonnes  conditions,  mais  les  viticulteurs  redoutent 
l'humidité  qui  se  produit  dans  quelques  zones.  Le  Midi  fait  de  bonnes 
vendanges;  elles  paraissent  même  supérieures  à  ce  que  l'on  pouvait 
attendre;  mais  dans  toutes  les  autres  régions  viticoles,  la  récolte  sera 
faible.  Les  ventes  sur  souches  ont  été  nombreuses,  cette  année,  aussi 
bien  dans  le  Bordelais  que  dans  le  Languedoc.  J.-A.  Barral. 


SUR  L'ÉTIOLOGIE  des  maladies  CHARB0?TNEUSES.  451 

SUR  L'ÉTIOLOaiE  DES  AFFECTIONS  GFIARBOXXEUSES^ 

Arbois,  ce  27  août  1880. 

Dans  la  lecture  que  j'ai  faite  récemment  à  l'Académie,  en  mon  nom 
et  au  nom  de  MM.  Chamberland  et  Roui,  j'ai  fait  connaître  un  ensem- 
ble de  résultats  qui  donnent  la  clef  de  l'éliologie  de  l'affection  charbon- 
neuse dans  les  pays  où  cette  maladie  est  enzootique.  Je  la  résume  en 
quelques  mots  :  Un  animal  charbonneux  est  enfoui;  le  parasite^  cause 
de  la  maladie,  et  dont  le  san^,^  est  rempli,  se  cultive  dans  la  terre  qui 
entoure  le  cadavre;  il  s'y  réduit  à  l'état  de  germes.  Ceux-ci  seraient 
inoffensifs,  s'ils  restaient  à  l'intérieur  de  la  terre,  mais  les  vers  de  terre 
les  ramènent  des  profondeurs  à  la  surface.  Alors  les  pluies  et  les  tra- 
vaux de  la  culture  les  répandent  sur  les  plantes  ou  les  eaux  les  entraî- 
nent dans  les  ruisseaux  quand  les  circonstances  s'y  prêtent.  Ensuite 
ces  germes  du  mal  pénètrent  dans  le  corps  des  animaux  et  y  dévelop- 
pent le  parasite  infectieux. 

Je  veux  m'efforcer  d'entourer  ces  principes  de  toutes  les  preuves 
qu'ils  comportent,  afin  que  les  esprits,  môme  les  plus  prévenus  en 
faveur  de  la  spontanéité  des  maladies  transmissibles,  soient  obligés  de 
se  rendre  à  l'évidence. 

Il  y  a  deux  ans,  une  épizootie  charbonneuse  se  déclara  sur  les  vaches 
d'un  petit  village  du  département  du  Jura,  que  la  maladie  n'avait  pas 
visité  depuis  un  grand  nombre  d'années.  Elle  fut  provoquée  très  pro- 
bablement par  une  vache  qui  venait  du  haut  Jura  et  qui  était 
charbonneuse  à  Tinsu  du  boucher  qui  lavait  amenée. 

Dans  une  prairie  de  plusieurs  hectares,  un  peu  inclinée,  on  a  enfoui, 
à  2  mètres  de  profondeur  et  à  des  places  distinctes,  trois  des  vaches 
mortes  charbonneuses  au  mois  de  juin  1 878.  L'emplacement  des  fosses  est 
aujourd'hui  encore  parfaitement  reconnaissableà  deux  signes  physiques  : 
une  petite  crevasse,  formée  tout  autour  de  la  terre  qui  recouvre  les 
fosses,  délimite  celles-ci  comme  par  un  cercle;  en  outre  l'herbe  a  poussé 
plus  dru  sur  les  fosses  que  dans  le  reste  de  la  prairie.  Notez  enfin  que 
depuis  deux  ans,  à  intervalles  variables  de  quelques  mois,  nous  avons 
recueilli  soit  de  la  terre  meuble,  soit  des  déjections  de  vers  de  terre  à 
la  surface  des  fosses,  et  que  dans  tous  les  cas  nous  y  avons  constaté 
la  présence  des  germes  du  charbon,  tandis  qu'à  quelques  mètres  seu- 
lement de  ces  fosses  on  n'en  découvrait  pas. 

Comment  douter  que  des  vaches,  en  allant  paître  dans  cette  prairie, 
ne  puissent  y  trouver  l'occasion  d'y  devenir  charbonneuses?  Mais, 
comme  rien  ne  vaut  une  preuve  directe,  nous  avons  fait  établir  sur  une 
de  ces  fosses  un  très  petit  enclos  à  l'aide  d'une  barrière- à  claire-voie  et 
nous  y  avons  placé  quatre  moutons;  dans  un  autre  enclos  pareil  sur  le 
même  champ  et  à  3  ou  4  mètres  en  amont  du  premier,  là  où  l'on  n'avait 
pas  enfoui  de  vaches  charbonneuses  en  1878,  nous  avons  installé  quatre 
autres  moutons  témoins.  La  double  expérience  commença  le  18  août. 
Dès  le  25  août,  un  mouton  est  mort  charbonneux,  le  sang  rempli  du 
parasite  de  l'affection,  dans  l'enclos  sur  la  fosse.  Les  moutons  témoins 
se  portent  très  bien.  Quelle  saisissante  démonstration  de  la  théorie  que 
j'ai  rappelée  tout  à  l'heure,  et  combien  est  évidente  la  prophylaxie  de 
l'affection  charbonneuse  ! 

Permettez-moi,  avant  de  terminer,  de  vous  faire  uneautre  confidence. 

*  Communication  à  l'Académie  des  aciences.  -  Voir  le  Journal  du  31  juillet,  p.  173  de  ce  volume. 


452  SUR  L'ÉTIOLOGIE  DES  MALADIES  CHARBONNEUSES. 

Je  me  suis  empressé,  également  avec  le  concours  de  MM.  Chamber- 
land  et  Roux,  de  vérifier  les  faits  si  extraordinaires  que  M.  Toussaint, 
professeur  à  l'Ecole  vétérinaire  de  Toulouse,  a  annoncés  récemment  à 
l'Académie.  Sur  la  foi  d'expériences  nombreuses  et  qui  ne  laissent  pas 
place  au  doute,  je  puis  vous  assurer  que  les  interprétations  de  M.  Tous- 
saint sont  à  reprendre.  Je  nesuispas  davantage  d'accord  avec  M.  Tous- 
saint sur  l'identité  qu'il  affirme  exister  entre  la  septicémie  aiguë  et  le 
choléra  des  poules.  Ces  deux  maladies  diffèrent  du  tout  au  tout. 

L.  Pasteur, 

membre  de  l'Institut  et  de  la  Société  nationale  d'agriculture. 

Je  crois  devoir  profiter  de  l'occasion  qui  m'est  offerte  parla  commu- 
nication de  M.  Pasteur,  pour  donner  à  l'Académie  quelques  renseigne- 
ments sur  les  expériences  de  M.  Toussaint,  en  cours  d'exécution. 
L'Académie  se  rappellera  peut-être  qu'après  l'ouverture  du  paquet 
cacheté,  où  M.  Toussaint  avait  exposé  son  procédé  d'inoculation  préven- 
tive contre  le  charbon,  M .  Marey  m'ayant  demandé  comment  M.  Toussaint 
interprétait  le  mode  d'action  du  liquide  avec  lequel  il  vaccinait  les 
moutons,  je  lui  répondis  qu'il  y  avait  dans  la  communication  de 
M.  Toussaint  deux  questions  qu'il  fallait  disjoindre,  celle  de  fait  et 
celle  d'interprétation,  que  sur  celle-ci  il  pourrait  y  avoir  des  diver- 
gences d'opinion,  mais  que,  si  l'autre  était  établie  et  démontrée  rigou- 
reusement vraie  par  l'expérimentation,  ce  serait  là  la  chose  principale 
au  point  de  vue  pratique;  qu'après  tout,  ce  n'était  pas  une  question 
absolument  éclaircie  que  celle  du  mode  d'action  de  la  vaccine  comme 
préservatif  de  la  variole,  mais  qu'on  n'en  bénéficiait  pas  moins  de  son 
action  préservatrice. 

Les  premiers  faits  recueillis  par  M.  Toussaint,  dans  son  laboratoire, 
me  paraissant  démontrer  qu'il  avait  réussi  à  vacciner  des  moutons 
contre  le  charbon,  j'ai  demandé  à  M.  le  ministre  de  l'agriculture,  qui 
a  bien  voulu  l'accorder,  d'autoriser  M.  Toussaint  à  faire  l'essai  de  son 
vaccin  sur  une  vingtaine  de  sujets  du  troupeau  d'Alfort.  Sur  les  vingt 
animaux  soumis  à  cette  épreuve,  quatre  périrent  dans  les  quatre  pre- 
miers jours,  et  leur  autopsie  démontra  qu'ils  étaient  morts  par  le 
charbon.  C'était  là  la  preuve  que  le  liquide  inoculé  n'était  pas  destitué 
de  bactéridies.  M.  Toussaint,  en  présence  de  ce  fait,  qu'il  apprit  à  son 
retour  de  Cambridge,  fit  ses  réserves  à  Reims  devant  les  membres  de 
l'Association  pour  l'avancement  des  sciences,  à  l'endroit  de  l'interpré- 
tation que  pouvait  comporter  l'action  de  son  liquide  vaccinal. 

De  son  côté,  M.  Pasteur,  une  fois  connu  le  procédé  de  M.  Toussaint, 
fit  faire  des  expériences  de  vérification  à  l'Ecole  Normale  par  ses  colla- 
borateurs; il  en  fit  lui-même  dans  le  Jura,  et  il  a  eu  la  délicatesse  de 
s'abstenir  de  toute  critique  détaillée  pour  laisser  à  M.  Toussaint  le  soin 
de  se  contrôler  lui-même. 

Quoi  qu'il  en  soit  de  la  nature  du  liquide  dont  M.  Toussaint  s'est 
servi  pour  pratiquer  l'inoculation  préventive  du  charbon,  je  crois  que 
les  faits  déjà  constatés  autorisent  à  admettre  que  cette  inoculation  est 
réellement  préventive  ou,  autrement  dit,  qu'elle  investit  de  l'immu- 
nité les  moutons  qui  ont  résisté  à  son  action.  Ainsi  M.  Toussaint  a 
actuellement  à  Toulouse  dix  moutons  et  un  lapin  qui  sont  invulnéra- 
bles par  le  charbon.  A  Alfort,  sur  les  seize  moutons  survivants  à  l'ino- 
culation vaccinale,  deux  ont  été  inoculés  avec  un  charbon  très  actif 
sans  en  rien  ressentir.  Un  lapin,  témoin,  inoculé  avec  le  même  virus. 


SUR  L'ÉTIÙLOGIE  DES  MALADIES  CHARBONNEUSES.  453 

y  a  succombé.  Voilà  donc  treize  sujets  qui  témoignent  actuellement 
des  propriétés  préventives  de  l'inoculation  faite  d'après  le  mode  con- 
seillé par  M.  Toussaint.  Ces  expériences  vont  être  continuées  avec  les 
autres  moutons  vaccinés,  et  la  présomption  est  bien  grande  qu'elles 
réussiront  comme  sur  les  deux  premiers,  car  ils  ont  été  malades 
comme  eux,  à  la  suite  de  l'insertion  du  viras  réputé  vaccinal.  Si  tous 
ces  animaux  résistent  à  l'épreuve  de  l'inoculation  charbonneuse,  à 
laquelle  ils  vont  être  soumis,  la  question  expérimentale  sera  définiti- 
vement jugée  dans  le  sens  affirmé  par  M.  Toussaint,  c'est-à-dire  de 
l'immunité  sûrement  donnée  par  une  inoculation  préventive. 

Restera  la  question  pratique,  celle  de  l'application  de  la  vaccination 
aux  troupeaux  pour  les  rendre  inattaquables  par  le  charbon  dans  les 
pays  où  sévit  cette  maladie.  Pour  faire  entrer  cette  vaccination  dans 
la  pratique,  une  condition  est  indispensable  :  c'est  que  l'activité  du 
virus  préventif  soit  maintenue,  par  son  mode  de  préparation,  dans 
une  telle  mesure  qu'il  ne  produise  toujours  que  des  effets  bénins,  ou, 
autrement  dit,  que  la  maladie  qu'il  donne  soit  supportable  pour  l'or- 
ganisme et  qu'il  puisse  la  surmonter.  C'est  là  le  problème  à  résoudre, 
et  il  sera  résolu,  j'en  suis  convaincu,  par  l'expérimentation.  Une  fois 
la  pratique  en  possession  de  cette  ressource  conservatrice,  bien  des 
pertes  seront  épargnées  à  l'agriculture,  qui  sera  redevable  à  la  science 
d  un  grand  service  de  plus. 

J'imagine  que,  une  fois  que  l'inoculation  préventive  contre  le 
charbon  sera  devenue  pratique,  on  pourra  réussir  à  faire,  non  pas  des 
races,  mais  des  générations  réfractaires  au  charbon,  en  s'inspirant  du 
fait  si  intéressant,  que  M.  Chauveau  a  signalé,  de  la  complète  immu- 
nité contre  le  charbon  des  agneaux  qui  naissent  de  mères  inoculées 
dans  les  derniers  mois  de  la  gestation.  On  sait,  d'après  les  expériences 
de  M.  Chauveau,  que,  si  les  races  algériennes  sont  réfractaires  au 
charbon  en  ce  sens  qu'elles  lui  résistent,  elles  ne  laissent  pas  d'en 
ressentir  les  effets,  se  traduisant,  après  l'inoculation,  par  l'élévation 
de  la  température  du  corps,  les  engorgements  ganglionnaires  et  même, 
chez  quelques  sujets,  par  la  tristesse,  l'inappétence,  etc.  Ce  sont  là  les 
signes  de  l'infection  bactéridienne,  dans  un  milieu  qui  n'est  pas  favo- 
rable au  développement  de  la  bactéridie.  Or,  de  ces  signes,  aucun 
n'apparaît  sur  l'agneau  né  d'une  mère  inoculée  à  la  dernière  période 
de  la  gestation.  Sur  lui,  l'inoculation  reste  absolument  stérile.  Son 
organisme  a  acquis  l'immunité  en  même  temps  que  celui  de  sa  mère, 
car  il  est  remarquable  que,  si  les  moutons  réfractaires  de  l'Algérie 
sont  sensibles  à  une  première  inoculation  charbonneuse,  ils  deviennent 
insensibles  à  toutes  les  autres.  C'est  encore  ce  que  démontrent  les 
expériences  de  M.  Chauveau.  Gela  étant,  supposons  que  nous  soyons 
en  possession  d'un  liquide  d'inoculation  si  bien  mesuré  dans  son 
intensité,  qu'il  fasse  l'office  d'un  véritable  vaccin  :  rien  ne  serait 
simple  comme  de  pratiquer  l'inoculation  préventive  sur  les  mères  à  la 
dernière  période  de  la  gestation.  On  ferait  d'une  pierre  deux  coups; 
l'inoculation  pratiquée  aux  mères  serait  préventive  pour  elles-mêmes 
et  pour  leurs  fœtus,  et,  quand  ceux-ci  viendraient  au  monde,  ils  se 
trouveraient  comme  naturellement  blindés  contre  le  charbon.  Toutes 
ces  espérances  sont  autorisées,  et  j'ai,  pour  ma  part,  une  grande  foi 
dans  leur  réalisation.  H.  Bouley, 

Membre  de  l'Institut  et  de  la  Société  nationale  d'agriculture. 


454  SUR  LE  GREFFAGE  AÉRIEN  DE  LA  VIGNE. 

SUR  LE  GREFFAGE  AÉRIEN  DE  LA  VIGNE 

PAR  ÉGLJSSON  PLEIN  *. 

La  greffe  de  la  vigne  à  l'air  libre,  si  elle  devenait  pratique,  aurait 
des  avantages  qu'il  est  inutile  d'énumérer.  Mon  ambition  aujourd'hui 
serait  que  mes  essais  dans  ce  but,  très  incomplets  encore,  fussent  repro- 
duits et  par  conséquent  jugés  dès  cette  année,  que  le  résultat  en  soit 
des  yeux  poussants,  des  yeux  dormants,  ou  un  insuccès  final. 

Il  s'agit  d'une  greffe  à  écusson  plein,  celui-ci  pouvant  être  introduit 
sur  jeune  bois  de  bas  en  haut  ou  de  haut  en  bas:  j'en  ai  même  inséré 
de  renversés  qui  ne  paraissent  pas  s'en  porter  plus  mal. 

La  constitution  des  bourgeons  de  la  vigne  ne  permettant  pas  de 
cerner  et  de  détacher,  au  moyen  d'une  pression  oblique,  des  écussons 
pouvant  être  ramenés  à  une  surface  plane,  voici  comment  je  me  les 
procure,  en  utilisant  des  précédents  sur  d'autres  bois,  même  durs. 

Ayant  choisi  sur  une  jeune  branche  un  nœud  qui  me  convienne 
à  raison  de  la  direction  du  bois  adjacent,  je  l'isole  par  deux  coups  de 
sécateur,  en  lui  laissant  un  centimètre  de  tige  environ  au-dessus  et  au- 
dessous  du  nœud;  je  divise  le  tronçon  dans  le  sens  de  sa  longueur;  je 
diminue  particulièrement  à  ses  extrémités  la  partie  à  conserver,  en  ne 
laissant  d'un  bout  à  l'autre  que  très  peu  de  mœlle,  et  en  observant  le 
plus  possible  que  l'envers  du  greffon  représente  une  surface  plane  ou 
légèrement  creuse,  non  déviée  dans  le  sens  de  sa  longueur;  et  j'insère 
par  glissement  forcé  après  avoir  soulevé  l'écorce  du  sujet  autant  qu'il 
est  nécessaire.  —  Il  va  sans  dire  qu'on  laisse  une  partie  du  pétiole. 
J'attache  avec  des  rubans  de  caoutchouc  d'un  demi-centimètre  de 
large  et  d'une  douzaine  de  centimètres  de  long,  dont  le  milieu  est  d'abord 
posé  sur  l'incision  transversale,  et  qui  se  croise  avec  soin  sur  les  deux 
parties  inférieure  et  supérieure  de  l'œil,  de  façon  à  ce  que  celui-ci  soit 
particulièrement  appuyé  sur  le  bois  du  sujet  (la  coaptation  des  parties 
plus  minces  du  greffon  est  obtenue  dans  tous  les  cas),  et  je  fais  un 
double  nœud. 

Je  ne  crains  pas  de  tirer  assez  fort  les  rubans  de  caoutchouc,  qui 
prennent  d'abord  vigoureut^ement,  mais  qui  ne  tardent  pas  à  se  détendre 
par  la  diminution  de  leur  élasticité,  résultat  dû  sans  doute  en  partie  à 
l'action  du  soleil.  Il  est  certain  que  si,  au  bout  de  deux  ou  trois  jours, 
on  dénoue  le  lien,  il  se  rompt  à  la  moindre  traction  et  n'est  plus  utili- 
sable. Un  peu  plus  tard,  à  moins  que  la  greffe  ne  soit  à  l'ombre,  il  peut 
se  rompre  de  lui-même,  inconvénient  auquel  il  faut  parer. 

Je  note  que  le  plus  grand  nombre  des  sarments  présentent  sur  un 
point  de  leur  pourtour  un  plat  plus  ou  moins  marqué  :  c'est  le  lieu 
d'élection  pour  la  greffe,  quand  il  existe. 

Toutes  les  espèces  de  vigne  ne  se  prêtent  paségalement  à  se  laisser 
façonner  en  greffon  au  moyen  de  l'instrument  tranchant.  lien  est  dont 
l'œil  proéminent  est  trop  large  pour  être  contenu  entre  les  deux  listes 
de  la  fente  longitudinale.  J'ai  essayé  détourner  la  difficulté  en  prenant 
sur  les  vignes  le  bois  des  bourgeons  anticipés  ou  des  rameaux  secon- 
daires qui  ont  poussé  à  l'aisselle  des  feuilles.  Ce  bois,  quoique  menu, 
est  plus  formé,  plus  maniable  que  celui  des  branches  maîtresses  vers  leur 
extrémité,  où  ce  dernier,  làoii  Userait  utilisable,  présente  déjà  la  même 
forme  incommode  signalée  ci-dessus.  — Je  saurai  plus  tard  ce  qu'on 

1.  Communication  à  la  Société  d'agriculture  ie  A^aucluse. 


SUR  LE  GREFFAGE  AÉRIEN  DE  LA  VIGNE.  455 

peut  attendre  du  bois  des  bourgeons  anticipés,  lesquels  d'ailleurs  sont 
remplacés,  à  leur  base,  par  d'autres  bourgeons  d'attente,  ce  qui  est 
nécessaire,  mais  peut  compliquer  la  question. 

Il  ne  s'agit  nullement  ici  d'un  résultat  obtenu,  d'un  desideratum 
comblé,  mais  d'une  tentative  pour  laquelle  je  sollicite,  en  temps  utile 
encore,  le  concours  de  ceux  de  mes  collègues  qui  voudront  bien  prê- 
ter leur  attention  à  ce  qui  n'est  et  ne  peut  être,  pour  le  moment,  qu'une 
simple  note.  D""  Saurel. 

DEUX  GRANDES  CHARRUES 

A  plusieurs  reprises,  nous  avons  appelé  l'attention  sur  les  excellentes 
charrues,  de  toutes  forces,  construites  par  M.  Bajac,  constructeur-mé- 
canicien à  Liancourt(Oise),  dont  la  maison  a  été  fondée  par  M.  Delahaye. 
Aujourd'hui,  voici  deux  charrues  dont  l'emploi  se  recommande  pour 
les  grands  travaux. 

La  charrue  double,  dite  charrue  défonceuse  (fig.  29),  est  construite 


Fig.  29.  —  Charrue  double,  dite  défonceusej  de  Bajac-Delahaye. 

toute  en  fer  et  acier  de  première  qualité.  La  tête  et  les  autres  pièces, 
qui  généralement  sont  en  fonte,  sont  également  en  fer  forgé.  Le  ver- 
soir  est  d'une  seule  pièce  et  les  socs,  pris  par  trois  boulons  aux  ceps, 
sont  aussi  reliés  à  l'âge  par  deux  lames  en  acier  ou  couteaux, 
de  telle  façon  que  quand  la  charrue  rencontre  un  obstacle,  il  n'y  a 
rien  qui  puisse  forcer  le  corps  principal.  Les  trois  autres  contres 
entrent  progressivement  dans  la  terre  de  manière  qu'une  seule  paire 
ne  supporte  pas  toute  la  force  de  traction.  Ils  sont  aussi  maintenus 
sur  Tâge  par  une  pièce  à  crans  en  fer  forgé  glissant  en  avant  ou 
en  arrière  de  la  charrue.  Le  système  de  tirage  à  tête  refoulante  per- 
met à  cet  instrument,  même  à  son  maximum  de  profondeur,  de  ne 
jamais  marcher  de  bec,  suivant  l'expression  consacrée,  c'est-à-dire 
que  le  talon  porte  toujours  dans  le  creux  du  sillon. 


456 


DEUX  GRANDES  CHARRUES. 


Cette  charrue  de  dimensions  extraordinaires,  puisqu'elle  a  1'°.92 
de  hauteur,  peut  labourer  à  70  et  75  centimètres  de  profondeur  en 
prenant  une  largeur  de  bande  de  80  à  90  centimètres.  Dans  les  terres 
caillouteuses,  elle  atteint  facilement  GO  à  65  centimètres  de  profon- 
deur et  la  bande  est  parfaitement  bien  retournée. 

Elle  est  spécialement  employée  dans  le  Midi  pour  la  plantation  de 
la  vigne.  On  peut  la  voir  fonctionner  chez  M.  Henri  Aguillon,  proprié- 
taire du  domaine  de  Cliibron,  près  Signes  (Var). 

Elle  peut  être  traînée,  soit  par  des  bœufs,  soit  par  des  chevaux  ou 
des  mulets,  soit  môme  mue  par  un  manège  ou  à  la  vapeur. 

La  charrue  à  vapeur  (fig.   30)  diffère  de    toutes  celles   fabriquées 


Fig.  30.  —  Charrue  à  vapeur  toute  en  fer  et  acier,  construite  par  M.  Bajac-Delahaye. 

jusqu'à  ce  jour  par  son  genre  de  construction.  Le  bâti  est  en  fer  très 
fort  dans  l'âme  principale,  et  au  lieu  que  les  parties  qui  le  composent 
soient  seulement  rivées  l'une  sur  l'autre,  elles  sont  d'abord  encastrées 
et  fortement  rivées  ensuite.  De  cette  façon,  on  lui  enlève  la  flexibilité,  et 
lorsque  l'un  des  socs  rencontre  un  obstacle,  rien  ne  se  force  dans  le 
bâti.  A  l'endroit  du  support  des  roues,  les  organes  se  trouvent  égale- 
ment reliés  par  une  double  rangée  de  T  rivés  sur  le  bâti. 

Les  étançons  sont  en  fer  forgé  et  sont  maintenus  sur  le  bâti  par 
deux  forts  boulons  et  un  étrier  à  double  vis,  afin  de  pouvoir  régler  cha- 
cun des  socs  indifféremment  même  dans  la  marche  ;  le  boulon  du 
derrière  de  l'étançon  passe  dans  un  trou  à  coulisse.  Les  contres  sont 
fixés  sur  le  bâti  au  moyen  d'un  fer  à  U  encastré  dans  la  rainure  des 
parties  du  bâti  supportant  les  étançons.  Les  chapes,  boulons  et  sup- 
ports des  leviers  de  changement  de  direction  des  roues  de  la  charrue, 
sont  également  forgés  en  acier. 

Le  modèle  ci-dessus  est  à  six  socs  ;  mais,  suivant  la  commande,  on 


DEUX  GRANDES  CHARRUES.  457 

en  fabrique  à  2,  4,  6,  8  et  10  socs.  Toutes  les  charrues  livrées  jusqu'à 
ce  jour  ont  été  fabriquées  pour  M.  Debains,  pour  son  système  de  labou- 
raoe  à  vapeur  avec  une  seule  machine.  Au  concours  régional  de  Melun 
oii  elles  ontobtenu  le  premier  prix,  médaille  d'or,  elles  étaient  présentées 
par  M.  Debains. 

L'importante  usine  de  Liancourt,  pendant  la  campagne  de  1880,  a 
été  en  concurrence  avec  toutes  les  maisons  françaises  et  étrangères. 
Pour  ses  brabants  doubles  et  simples,  ses  bisocs,  ses  trisocs,  ses 
bineuses,  sesextirpateurs,  etc.,  elle  compte  comme  récompenses  aux 
concours  régionaux  et  de  comices,  savoir  ;  1"  grand  prix,  diplôme 
d'honneur  à  l'exposition  de  Melun,  15  premier  prix  médailles  d'or  et 
3  d'argent,  4  médailles  d'argent,  2  médailles  de  bronze,  2  mentions 
honorables  pour  joug  articulé,  et  plusieurs  primes. 

Henry  Sagjmer^ 

ETUDES  VITICOLES 

LE   DÉVELOPPEMENT  DES   RACINES.—  LA    FORMATION    DU    SUCRE 
DANS  LE  RAISIN. 

Le  développement  des  racines  de  la  vigne  est  une  question  impor- 
tante en  viticulture.  Gomme  les  jeunes  racines  contribuent  puissam- 
ment à  la  nutrition,  le  vigneron  doit  s'efforcer  de  favoriser  leur  for- 
mation. 11  est  donc  utile  de  connaître  les  éléments  qui  concourent  au 
développement  des  racines.  Un  de  mes  homonymes  allemands,  le 
docteur  MuUer-Thurgau  vient  de  publier  sur  ce  sujet  dans  les  Annalen 
der  OEnologie  des  études  intéressantes  que  je  vais  résumer  pour  les 
lecteurs  du  Journal  de  l'agriculture. 

La  racine,  ainsi  que  les  autres  organes,  est  formée  de  cellules  qui 
ont  une  enveloppe  et  un  protoplasma.  L'enveloppe  est  de  la  cellulose, 
et  le  protoplasma  de  la  matière  protéique.  On  sait  que,  sous  l'inQuence 
de  la  lumière  et  de  la  chaleur,  la  fécule  se  forme  dans  les  feuilles  aux 
dépens  de  l'acide  carbonique  de  l'air  et  de  l'eau.  Cette  matière  amy- 
lacée se  convertit  ensuite  en  sucre,  et  se  rend  des  feuilles  dans  les 
différents  organes,  jusque  dans  les  racines.  Arrivé  dans  les  racines, 
le  sucre  se  transforme  en  cellulose.  Mais  le  protoplasma  exige  des 
matières  azotées.  Jusqu'ici  on  ne  savait  pas  si  la  protéine  se  forme 
seulement  dans  les  feuilles  ou  si  elle  peut  encore  se  produire  ailleurs, 
par  exemple  dans  les  racines,  par  la  combinaison  des  hydrates  de 
carbone  et  de  sels  renfermant  de  l'azote.  Le  savant  professeur  de 
Geisenheim  fit  germer  dans  de  l'eau  distillée  du  maïs,  du  blé,  des 
haricots  et  des  grains  de  raisin;  il  enleva  les  radicelles  produites  par 
la  germination,  sauf  les  deux  plus  fortes;  il  disposa  ensuite  un  appa- 
reil de  manière  à  plonger  chacune  des  deux  racines  dans  un  autre 
verre  ;  il  mit  dans  l'un  des  verres  de  l'eau  distillée  et  les  substances 
nécessaires  à  la  nutrition,  dans  l'autre  aussi  de  l'eau,  mais  sans  sel 
renfermant  de  l'azote.  Si  la  protéine  ne  se  forme  que  dans  les  feuilles 
par  l'union  des  hydrates  de  carbone  et  d'un  sel  nitré  ou  ammoniacal, 
les  matières  protéiques  descendent  des  feuilles  dans  les  racines  et  les 
deux  racines  doivent  se  développer  également;  si  au  contraire  la  pro- 
téine peut  se  produire  dans  la  racine,  la  radicelle  plongée  dans  la;dis- 
solution  ammoniacale  ou  nitrée,  doit  prendre  un  développement  plus 
rapide,  être  plus  riche  en  protoplasma,  et  l'autre  radicelle  doit  rester 
beaucoup  plus  faible.  Le  docteur  Muller-Thurgau  prétend  être  arrivé 


458  ÉTUDES  VITICOLES. 

à  des  résultats  concluants  ;  il  a  fait  de  nombreuses  expériences  et  les 
a  renouvelées  dans  le  sable  et  la  terre.  Les  cellules  des  racines  forment 
leur  protoplasma;  elles  tirent  les  hydrates  de  carbone  des  feuilles, 
les  sels  ammoniacaux  ou  nitrés  des  milieux  où  elles  sont  plongées. 
Au  point  de  vue  de  la  culture,  nous  favorisons  donc  le  développement 
des  racines  en  nous  servant  d'engrais  artificiels,  nitrates  et  sels  am- 
moniacaux. Le  docteur  MuUer-Thurgau  continue  aujourd'hui  ses 
expériences  dans   un  vignoble. 

Dans  le  même  numéro  des  Annalen  der  OEnologie,  le  docteur  Thur- 
gau  publie  un  autre  mémoire  où  il  étudie  la  formation  du  sucre  dans 
le  grain  de  raisin.  C'est  avec  la  fécule  que  les  plantes  produisent  le 
sucre.  La  fécule  se  forme  dans  les  parties  vertes;  étant  insoluble,  elle 
ne  peut  pas  se  déplacer;  elle  se  transforme  en  sucre  et  c'est  sous  ce 
nouvel  état  qu'elle  exécute  sa  migration  vers  les  divers  organes,  et  va 
concourir  au  développement  des  racines  et  de  la  tige.  Comment  le 
sucre  se  produit-il  dans  les  raisins?  Naît-il  dans  les  grains  verts  ou 
vient-il  des  feuilles?  La  production  a  lieu  dans  les  feuilles,  elle  est 
presque  insignifiante  dans  les  grains  de  raisin.  L'auteur  disposa  des 
appareils  autour  de  ceps  de  manière  à  laisser  après  la  floraison  des 
raisins  dans  l'obscurité.  Les  grains,  soustraits  à  l'influence  de  la  lu- 
mière, ne  pouvaient  pas  produire  de  matière  amylacée;  le  sucre  pro- 
venait donc  des  feuilles  éclairées.  Ces  raisins  arrivèrent  aussi  vite  à 
la  maturité  que  ceux  du  même  cep  qui  étaient  restés  exposés  à  la 
lumière,  ils  renfermèrent  autant  de  sucre.  La  production  directe  dans 
le  grain  est  presque  nulle. 

Sous  l'influence  de  la  lumière  et  de  la  chaleur  la  fécule  se  forme 
dans  les  parties  vertes,  aux  dépens  de  l'eau  et  de  l'acide  carbonique. 
Dans  l'obscurité  cette  matière  amylacée  disparaît  rapidement;  en 
partie  elle  donne  du  sucre,  et  en  partie  elle  sert  à  la  respiration.  Isolez 
une  feuille,  plongez  le  pétiole  dans  l'eau,  et  mettez  alors  cette  feuille 
dans  un  lieu  obscur;  bientôt  la  fécule  a  disparu.  Replacée  à  la  lumière, 
au  bout  de  45  minutes,  elle  renferme  de  nouveau  des  quantités  sen- 
sibles de  fécule. 

La  présence  de  la  fécule  se  reconnaît  parfaitement  au  microscope; 
elle  se  constate  aussi  macroscopiquement.  Il  faut  dissoudre  la  chlo- 
rophylle dans  l'alcool,  plonger  ensuite  la  feuille  dans  une  lessive  de 
potasse.  La  feuille  ainsi  préparée  est  traitée  par  la  teinture  d'iode  qui 
donne  la  réaction  caractéristique. 

La  fécule  se  transforme  dans  les  feuilles  en  sucre  qui  se  rend  dans 
les  nervures  et  le  pétiole,  de  là  dans  les  différentes  parties  de  la  plante, 
dans  la  grappe.  Le  sucre  peut  se  retransformer  en  fécule,  notamment 
dans  les  pétioles;  mais  une  fois  arrivé  dans  le  grain,  il  reste  à  l'état 
de  sucre.  L'auteur  admet  que  la  transformation  de  la  fécule  en  sucre 
a  lieu  sous  l'influence  des  acides  végétaux,  mais  il  ne  cite  pas  d'expé- 
rience à  l'appui  de  son  opinion. 

Le  docteur  Muller-Thurgau  termine  son  travail  en  donnant  quelques 
conseils  pratiques.  Le  vigneron  doit  chercher  à  favoriser  la  produc- 
tion de  la  fécule,  source  du  sucre.  Suivant  notre  docteur,  comme  l'éla- 
boration se  fait  dans  les  feuilles,  la  surface  foliacée  doit  être  la  plus 
grande  possible.  Dans  ma  pratique  viticole,  j'ai  depuis  longtemps  con- 
damné l'effeuillage  et  je  m'en  suis  toujours  bien  trouvé.  Les  feuilles 
doivent  être  exposées  à  la  lumière.  A  l'obscurité  les  feuilles  non  seu- 


ÉTUDES  VITIGOLES.  .  459 

lement  ne  produisent  pas  de  fécule,  mais  encore  elles  consomment 
celle  qu'elles  possèdent.  Les  raisins  ne  doivent  pas  être  soumis  directe- 
ment à  l'action  du  soleil;  exposés  à  la  lumière  directe,  ils  renferment 
moins  de  sucre.  C'est  une  raison  de  plus  pour  abandonner  l'effeuillage. 

Paul   MULLER, 

Correspondant  de  la  Société  nationale  d'agriculture. 

LES  PARCS  ET  LES  JARDINS 

C'est  à  la  fin  de  l'automne  et  durant  l'hiver  que  se  font,  dans  les 
jardins  ou  dans  les  parcs,  les  travaux  de  transformation,  d'appropria- 
tion, etc.  Ces  opérations  permettent  de  donner  du  travail  à  un  certain 
nombre  d'ouvriers  ruraux  que  la  saison  prive  de  labeur  dans  les  champs. 
La  sollicitude  avec  laquelle  ils  prennent  leurs  mesures  pour  utiliser, 
en  tout  temps,  la  main-d'œuvre  autour  d'eux,  est  une  des  vertus  les 
plus  recommandables  de  quelques  grands  propriétaires  dans  plusieurs 
parties  de  la  France.  Mais,  pour  faire  avec  goût  les  travaux  dont  nous 
parlons,  il  faut  avoir  un  guide;  l'art  des  jardins  a  ses  règles  qui  varient 
naturellement  suivant  les  circonstances,  et  qu'il  faut  savoir  observer. 
On  ne  peut  pas  toujours  avoir  recours  aux  lumières  d'un  architecte  ou 
d'un  ingénieur  spécial,  surtout  lorsqu'il  s'agit  de  jardins  d'une  petite 
étendue.  Dans  ce  cas,  il  faut  consulter  les  ouvrages  spéciaux  dus  à 
des  hommes  habiles,  connaissant  bien  les  difficultés  de  l'art,  l'ayant 
pratiqué  avec  succès,  par  conséquent  absolument  en  état  de  montrer 
ce  que  l'on  peut  exécuter  dans  telle  ou  telle  circonstance. 

A  cet  égard,  le  Traité  général  de  la  composition  des  parcs  et  jardins 
dû  à  M.  Edouard  André,  est  certainement  l'ouvrage  à  la  fois  le  plus 
récent  et  le  plus  complet  que  le  propriétaire  puisse  consulter  *.  Déjà, 
l'année  dernière,  le  Journal  de  r agriculture  l'a  présenté  à  ses  lecteurs  ; 
nous  n'avons  donc  pas  à  répéter  ici  ce  qu'il  renferme.  Mais  nous  avons 
pensé  utile  de  rappeler  à  nos  lecteurs  qu'ils  peuvent  y  trouver  une  foule 
de  documents,  de  modèlespropres  àinspirer  ou  au  moins  à  exciter  le  goût 
de  ceux  qui  veulent  faire  transformer  un  parc  ou  un  jardin.  Le  goût  est 
certainementune  qualité  innée;  mais  c'est  une  qualité  qui  profite  beau- 
coup de  l'éducation  qu'elle  reçoit,  comme  d'ailleurs  toutes  les  qualités. 
L'imagination  qui  aurait  tendance  à  se  laisser  emporter  à  des  conceptions 
plutôt  bizarres  que  réellement  belles,  sera  redressé  par  la  vue  des  bons 
modèles,  et  elle  y  trouvera  la  source  d'inspirations  meilleures.  Et  ce  qui 
est  vrai  pour  les  grands  espaces,  l'est  aussi  bien  pour  les  jardins  de  faible 
étendue.  Il  faut  autant  de  goût,  peut-être  plus,  pour  bien  tracer  un  jardin 
de  quelques  ares  ou  dizaines  d'ares  au  plus,  que  pour  coordonner 
un  parc  de  plusieurs  dizaines  d'hectares;  sur  un  petit  espace,  les  défauts 
apparaissent  bien  plus  rapidement,  et,  d'un  autre  côté,  ils  sont  plus  dif- 
ficiles à  réparer. 

Afin  de  montrer  que  le  goût  peut  servir  de  guide  dans  toutes  les 
circonstances,  nous  empruntons  à  l'ouvrage  de  M.  André  les  dessins 
et  la  description  de  trois  modèles  répondant,  en  quelque  sorte,  aux 
trois  types  du  grand  jardin,  du  moyen  et  du  petit  jardin. 

Voici  d'abord  (fig  31)  le  plan  d'un  parc  dont  lui-même  a  été  l'archi- 
tecte dans  l'île  de  Guernesey.  Cette  propriété  est  située  sur  le  sommet 
d'un  coteau.  Des  vues  admirables  parlent  de  la  terrasse  M  et  de  l'un 

1.  Un  volume  grand  in-8  de  886  pages,  avec  U  planches  en  chromolithograhie  et  520  figures 
dans  le  texte.  A  la  libraire  de  G.  Masson  120,  boulevard  Saint-Germain,  à  Paris. 


460 


LES  PARCS  ET  LES  JARDINS. 


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Fig.  31.  —  Parc  dessiné  dans  l'île  de  Guernesey  par  M.  Edouard  André. 


LES  PARCS    ET  LES  JARDINS. 


461 


des  bancs  placés  autour  du  château  A.  A  l'entrée  I,  des  massifs  de 
chênes  verts  et  d'arbustes  à  feuilles  persistantes  encadrent  le  petit 
jardin  qui  donne  sur  la  rue.  Les  écuries,  les  remises,  la  maison  du 
jardinier  sont  hors  de  la  vue,  à  l'extrémité  du  jardin  fleuriste;  sur  le 
côté  gauche  de  ce  parterre,  un  rosarium  demi-circulaire  est  dessiné 
devant  les  serres  E.  A  partir  de  1 1  terrasse  M,  entourée  de  massifs  d'ar- 


bustes, la  seconde  partie  du  parc  offre  un  caractère  tout  différent.  Une 
allée  courbe,  passant  auprès  du  kiosque  F,  reste  d'abord  engagée  entre 
des  massifs  toujours  verts  où  un  ravin  parsemé  de  roches  a  permis  de 
i;rouper  un  grand  nombre  de  jolies  plantes  de  rocailles  croissant  à  l'ombre . 
La  ferme,  située  près  de  ce  chemin,  est  cachée  par  les  arbres.  Un  sentier 
étroit  conduit,  en  G,  à  un  rocher  ombragé  par  des  hêtres  séculaires,  et 
d'oii  sort  une  source  naturelle  qui  forme  un  ruisseau  allant  alimenter 


462 


LES  PARCS    ET  LES  JARDINS. 


un  bassin  assez  étendu  H.  On  voit,  par  cette  description  que  nous  em- 
pruntons presque  textuellement  à  M.  Edouard  André,  par  quelle  sim- 
plicité un  homme  habile  peut  atteindre  de  très  beaux  résultats. 

Le  deuxième  modèle  (fig.  32)  n'a  pas  plus  d'un  hectare  de  super- 
ficie. Voici  la  légende  du  plan  :  A,  maison  d'habitation;  B,  dépen- 
dances; C,  lapinerie;  D,  poulailler;  E,  écuries  et  remises;  F,  cour 
des  communs;  G,  H,  entrées  principales  ;   I,  entrée  secondaire;  J,  L, 


Fig.  33.  —  Plan  d'un  petit  jardm  d'agrément. 

salles  vertes;  K,  pont;  M,  rocher  et  cascade;  N,  pêcherie;  P,  corbeilles 
de  fleurs.  L'habitation  est  entourée  de  quatre  massifs  de  fleurs;  une 
pelouse  la  sépare  des  communs.  Les  espèces  d'arbres  et  d'arbustes 
y  sont  multipliées,  et  produisent  une  grande  diversité  par  le  con- 
traste des  feuillages,  l'abondance  et  l'éclat  des  fleurs. 

La  plantation  de  petits  jardins,  et  surtout  de  ceux  de  ville,  tels  que 
celui  représenté  par  la  fig.  33,  demande  des  soins  particuliers.  Ce  jar- 
din n'a  pas  plus  de  14  ares;  on  voit,  en  A,  l'habitation;  en  B,  une 
serre;  en  C,  une  volière;  en  D,  une  butte  avec  un  kiosque;  en  E,  un 
gymnase;  en  F,  un  banc.  L'entrée  est  en  G,  et  la  sortie  en  H.  La  plu- 
part des  massifs  sont  formés  par  des  arbres  à  feuilles  persistantes,  et 
les  espèces  ont  été  choisies  parmi  les  plus  rustiques. 


LES  PARCS  ET  LES  JARDINS  463 

Ces  trois  exemples  suffisent  pour  montrer  combien  le  goût  bien 
dirigé  permet  de  tirer  parti  des  circonstances  les  plus  variées,  et  d'y 
obtenir  de  très  bons  résultats.  J.  de  Pradel. 

UNE  EDUCATION  DE  VERS  A  SOIE  EN  1880 

On  dit  que  l'élevage  des  vers  à  soie  n'est  plus  avantageux,  même 
quand  la  réussite  est  complète,  c'est-à-dire  quand  on  arrive  à  obtenir 
50  kilog.  à  l'once  de  25  grammes  :  c'est  là  une  erreur.  Il  convient,  au 
contraire,  de  conserver  et  de  propager  l'élève  des  vers  à  soie.  Nous 
nous  proposons  d'indiquer,  dans  cette  note,  les  moyens  qui  paraissent 
les  meilleurs  pour  obtenir  un  bon  résultat. 

I.  —  Inutile  de  dire  qu'avant  tout,  il  faut  se  procurer  d'excellente 
graine,  examinée  au  procédé  indiqué  par  M.  Pasteur.  Trop  souvent 
les  paysans  opèrent  de  la  manière  suivante  :  si  une  éducation  a  obtenu 
un  bon  résultat,  ils  gardent  et  mettent  à  l'éclosion  de  la  graine  de 
cette  éducation  sans  se  préoccuper  si  elle  est  exempte  de  pébrine. 

II.  —  La  graine  ayant  été  bien  examinée,  il  ne  faudra  faire  que  de 
trh  petites  éducations.  Mais  il  convient  de  s'entendre  sur  les  mots 
faire  une  petite  éducation.  Le  plus  souvent  le  paysan  fait  une  once 
de  graine  ou  25  grammes  dans  une  cuisine  ou  dans  une  chambre  qui 
ne  devrait  pas  contenir  plus  de  12  grammes.  Les  Italiens  n'admettent 
pas  une  surface  moindre  de  45  mètres  carrés  par  once,  et  le  plus  sou- 
vent nos  paysans  n'ont  pas  une  surface  de  30  mètres  par  once.  Cette 
année,  dans  une  grande  salle  ayant  30  mètres  de  longueur  sur  1 1  mè- 
tres de  largeur  et  environ  4  mètres  de  hauteur,  nous  avons  élevé 
4  onces,  soit  1 00  grammes  de  graine,  et  nous  avons  affecté  par  once 
une  surface  de  90  mètres.  Le  résultat  a  été,  pour  les  100  grammes, 
220  kilog.  de  cocons,  soit  55  kilog.  par  once.  Il  ne  suffit  pas  de  don- 
ner de  l'air  et  de  l'espace  aux  vers,  il  faut  de  plus  les  placer  sur  des 
étagères  très  étroites,  afin  de  pouvoir  les  soigner  plus  facilement.  En 
général,  les  étagères  ont  de  l'^.ôO  à  l'^.ôO  de  largeur;  elles  ne  de- 
vraient avoir  que  0™.90  de  largeur,  1  mètre  au  plus;  avec  ces  dimen- 
sions, les  ouvrières  peuvent  plus  facilement  circuler  autour,  surveiller 
les  vers  et  leur  donner  tous  les  soins  nécessaires. 

III.  —  Donner  aux  vers  à  soie  de  la  feuille  qui  ne  soit  pas^  trop 
grasse.  Les  Italiens  obtiennent  ce  résultat  en  ne  taillant  les  mûriers 
que  tous  les  trois  ou  quatre  ans. 

Et  puisque  nous  avons  parlé  des  Italiens,  nous  ajouterons  que  si 
les  journaux  ou  les  ouvrages  italiens  qui  traitent  la  question  des  vers 
à  soie  étaient  plus  répandus  et  mis  à  la  portée  de  tous,  par  des  traduc- 
tions qui  en  faciliteraient  la  lecture,  nos  éducateurs  obtiendraient  de 
bien  meilleurs  résultats.  Dans  nos  pays  du  Midi,  on  s'est  trop  préoc- 
cupé de  l'agriculture  anglaise  et  de  ses  méthodes,  laissant  beaucoup 
trop  dans  l'ombre  l'agriculture  italienne  qui,  en  somme,  se  rapproche 
beaucoup  plus  de  celle  qui  doit  être  suivie  chez  nous. 

IV.  —  En  général,  les  éducations  sont  faites  beaucoup  trop  à  l'abri 
de  l'air;  il  faut  de  l'air,  beaucoup  d'air,  mais  il  faut  soigneusement 
éviter  de  le  renouveler  en  établissant  des  courants  d'air  directs;  cette 
fâcheuse  habitude  fait  souvent  échouer  les  éducations  après  la  qua- 
trième mue. 

V.  —  Changer  très  souvent  les  litières,  éviter  les  fermentations 
même  légères,  ne  jamais  donner  de  la  feuille  trop  humide  ou  même 


464  UNE   EDUCATION   DF  VERS  A  SOIE  EN   1880. 

fraîche,  c'est-à-dire  au  moment  même  où  elle  ^ient  d'être  cueillie; 
mieux  vaut  faire  marcher  l'éducation  avec  une  lenteur  relative  que 
de  l'accélérer,  en  chauffant  avec  excès  la  salle  où  on  élève  les  vers. 

VI.  —  Sans  abandonner  ce  que  depuis  plusieurs  années  nous  ne 
cessons  de  faire  et  de  recommander,  c'est-à-dire  les  petites  éducations, 
nous  avons  tenu  cette  année  à  élever  h  onces  dans  le  même  local  et  la 
réussite  a  été  complète.  Voici  comment  nous  avons  opéré  :  le  local  qui 
a  servi  cette  année  à  l'éducation  était  primitivement  et  à  l'ordinaire 
destiné  à  un  atelier  de  tissage;  il  a  30  mètres  de  long  sur  11  mètres 
de  large.  Les  fenêtres  qui  éclairent  ce  local  ont  environ  2"\40  de  lar- 
geur sur  3  mètres  de  hauteur,  elles  sont  orientées  de  l'est  à  l'ouest; 
de  grands  rideaux  en  simple  toile  empêchaient  les  rayons  du  soleil  de 
frapper  les  vers.  Les  portes  d'entrée  sont  très  grandes,  ce  qui  amène  à 
introduire  beaucoup  d'air  à  la  fois  quand  on  les  ouvre.  On  s'est  servi 
de  planches  posées  à  plat  sur  des  montants  en  bois  de  pin.  Chaque 
montant  soutenait  cinq  étagères.  La  distance  entre  chaque  étagère 
était  de  0™.60  environ.  La  largeur  de  chaque  étagère  n'était  que  de 
O^.OO,  afin  de  pouvoir  bien  surveiller  les  vers  de  chaque  côté.  On  a 
changé  très  souvent  la  litière.  La  feuille  qu'on  a  donnée  aux  vers  est 
arrivée  presque  constamment  par  charrette;  elle  mettait  quatre  heures 
en  route.  Lorsqu'elle  arrivait,  on  avait  soin  de  l'étendre  pendant  quel- 
ques heures,  afin  de  l'aérer  complètement.  Nous  avons  soin  de  faire 
remarquer  que  la  feuille  avait  voyagé,  afin  de  faire  voir  que  les  vers 
n'en  ont  pas  éprouvé  de  désagréments; nous  démontrons  ainsi,  ce  que 
nous  disions  plus  haut,  qu'une  feuille  donnée  aux  vers  immédiate- 
ment après  avoir  été  cueillie,  est  souvent  trop  humide  et  par  suite 
peut  leur  faire  mal.  Les  vers  sont  nés  le  12  avril,  et  l'éducation  a 
été  termméele  1*''juin.  Elle  a  été  visitée  par  les  élèves  de  l'Ecole  d'agri- 
culture de  Montpellier,  accompagnés  de  plusieurs  de  leurs  professeurs, 
qui  ont  pu  constater  la  beauté  des  vers  et  l'absence  de  toute  maladie. 

La  surface  occupée  par  les  vers,  au  moment  où  l'on  a  mis  à  la  bruyère, 
a  été  de  plus  de  90  mètres  carrés  par  once  de  25  grammes.  La  quan- 
tité de  feuilles  consommée  par  les  quatre  onces  depuis  la  quatrième 
maladie  jusqu'à  la  fin  de  l'éducation  a  été  de  3,600  kilog.,  soit 
900  kilog.  par  once.  Cette  quantité  paraît  très  considérable,  et,  en 
réalité,  elle  est  nécessaire,  si  on  considère  le  résultat  obtenu  qui  est  de 
220  kilog.  pour  100  grammes,  soit  55  kilog.  de  cocons  par  once  de 
25  grammes.  Grâce  à  l'heureuse  disposition  du  local,  muni  d'un 
grand  nombre  d'ouvertures  et  situé  en  pleine  campagne,  dans  la  com- 
mune d'Aspiran,  on  a  pu  aérer  la  pièce  sans  établir  un  courant  d'air 
trop  sensible.  Quelques-uns  des  mêmes  vers,  qui  étaient  élevés  dans 
un  long  couloir  de  30  mètres  de  longueur  et  de  2  mètres  de  largeur, 
ont  donné  quelques  vers  gras;  nous  attribuons  ce  résultat,  si  restreint 
qu'il  ait  été,  au  courant  d'air  qui  existait  dans  ce  couloir.  Chaque 
kilog.  de  cocons  contenait  4  84  cocons;  ce  petit  nombre  de  cocons  au 
kilog.  affirme  l'excellence  du  résultat.  La  graine  mise  à  l'incubation 
avait  été  fournie  par  M.  Journet,  du  Vigan.  Elle  provenait  d'un  éle- 
vage fait  dans  le  Roussillon.  Les  cocons  étaient  jaunes,  très  fins  de 
qualité  et  très  fermes.  Etudiés  au  microscope,  peu  de  temps  avant  la 
sortie  des  papillons,  ils  ont  été  trouvés  parfaitement  exempts  de  cor- 
puscules. Un  certain  nombre  ont  donc  été  livrés  au  grainage.  La 
même  graine  mise  en  éducation  dans  deux  fermes  au  domaine  de  Vil- 


UNE  ÉDUCATION  DE  VERS  A  SOIE  EN    1880.  465 

leneuvelte  a  été  loin  de  donner  un  aussi  bon  résultat.  Après  la  qua- 
trième mue,  il  Y  a  eu  maladie  de  la  flacherie  et  des  vers  gras.  La  con- 
clusion de  ce  qui  précède  est  que,  avec  la  même  graine,  c'est-à-dire 
avec  une  graine  qui  a  été  reconnue  bonne  par  le  procédé  de  M.  Pas- 
teur, on  peut  avoir  des  insuccès  si  on  ne  prend  pas  toutes  les  précau- 
tions voulues.  Du  reste,  il  est  reconnu  que  le  procédé  de  M.  Pasteur, 
excellent  pour  la  constatation  des  corpuscules,  ne  garantit  ni  de  la 
flacherie  ni  des  vers  gras,  accidents  que  nous  ne  pouvons  attribuer 
qu'à  l'insuffisance  de  soins  et  à  une  aération  insuffisante  ou  mal 
entendue. 

Le  beau  résultat  obtenu  dans  l'usine  de  Garrigues  vient  de  ce  que  le 
local  était  non  seulement  neuf,  maishygiéniquement  aéré;  que  tout  le 
matériel  employé  pour  les  étagères  était  également  neuf,  qu'on  a  pris 
les  plus  grandes  précautions  en  ce  qui  concerne  la  nourriture  et  la 
propreté;  que  déplus  on  a  eu  soin  d'avoir  un  personnel  assez  nom- 
breux afin  de  ne  pas  négliger  les  vers  un  seul  instant. 

L'écueil  des  grandes  éducations  provient  surtout  de  ce  qu'on  est 
trop  porté  à  économiser  soit  la  place,  soit  le  personnel.  C'est  parce 
qu'on  a  opéré  avec  soin  et  avec  un  personnel  suffisant  qu'on  a  pu  obte- 
nir d'une  éducation  relativement  assez  grande,  un  meilleur  résultat 
qu'avec  des  éducations  qui  ne  contenaient  qu'une  once. 

Parmi  les  14  ou  15  éducations  que  j'ai  fait  faire  cette  année  dans 
nos  parages,  nous  pouvons  en  citer  une  faite  à  Nébian. 

Cette  éducation,  d'une  once  seulement,  a  été  soignée  dans  deux 
pièces  communiquant  l'une  avec  l'autre;  l'une  était  au  nord,  l'autre  au 
midi.  Cette  éducation,  parfaite  jusqu'à  la  montée,  occupait  une  surface 
de  plus  de  45  mètres  carrés  ;  elle  était  de  plus  tenue  très  proprement; 
elle  n'a  cependant  donné  qu'environ  40  kilog.  par  once  au  lieu  de 
55  kilog.,  et  tout  cela  parce  que,  en  croyant  très  bien  faire,  on  a  éta- 
bli trop  souvent  un  courant  d'air. 

Le  courant  d'air  a  suffi  pour  amener  des  vers  gras  et  réduire  le  ré- 
sultat à  40  kilogrammes.  Par  contre,  nous  citerons  une  autre  éduca- 
tion d'une  demi-once  qui  s'annonçait  très  mal  au  commencement  de 
la  quatrième  mue,  parce  qu'on  ne  donnait  pas  assez  d'air  dans  le  prin- 
cipe; elle  a  cependant  repris  et  a  donné  26  kilog.  pour  une  demi-once 
dès  qu'on  a  su  lui  fournir  l'air  intelligemment  distribué. 

En  résumé,  nous  ne  saurions  trop  recommander  les  petites  éduca- 
tions, surtout  celles  de  12  à  15  grammes;  trop  souvent  les  paysans 
font  dans  leur  cuisine  ou  dans  des  chambres  une  once  de  graine  :  cette 
quantité  est  presque  toujours  trop  considérable  pour  l'espace  occupé 
par  les  vers.  Une  éducation  faite  dans  des  conditions  aussi  fâcheuses 
ne  peut  que  donner  de  tristes  résultats  ;  je  suis  presque  certain  que  dans 
ces  conditions  d'espace  restreint  et  les  soins  indiqués  plus  haut,  12  ou 
15  grammes  donneraient  autant,  sinon  plus  que  l'once  entière.  Quelle 
économie  dans  l'achat  de  la  semence  et  de  la  feuille,  sans  compter  le 
temps  perdu. 

Si  notre  note  n'était  déjà  trop  longue,  nous  aurions  à  traiter  la  ques- 
tion des  miàriers. 

Nous  pouvons  avoir  dans  peu  de  temps  de  la  très  bonne  feuille  en 
plantant  les  mûriers  à  2  mètres  59  ou  à  3  mètres  de  distance,  ainsi 
que  cela  a  lieu  en  Portugal. 

La  culture  des  vers  à  soie  est  possible  ;  elle  sera  rémunératrice  et 


466  UNE  ÉDUCATION  DE  VERS  A  SOIE  EN   1880. 

avantageuse  dès  qu'on  voudra  s'en  occuper  sérieusement,  c'est-à-dire 
intelligemment  et  en  mettant  à  profit  non  seulement  les  découvertes 
précieuses  de  la  science,  mais  les  non  moins  nécessaires  précautions 
que  l'hygiène  recommande  et  fait  prévoir.  Jules  Maistrk, 

à  Villeneuvelte  (Hérault). 

L'ÉLÈVE  DU  BÉTAIL  ET  LE  COMMERCE  DU  BEURRE 

ET  DU  FROMAGE  EN   FINLANDE  *. 

L'élève  du  Létail  a  été  de  tout  temps  une  des  principales  branches  de  la  richesse 
nationale  en  Finlande.  Dès  le  treizième  siècle,  la  population,  qui  venait  d'embrasser 
le  christianisme,  payait  ses  redevances  au  clergé  en  produits   agricoles.   Dans   les 

firovinces  méridionales,  les  habitants  étaient  tenusdefabriquer  annuellement,  pour 
e  curé  de  leur  paroisse,  une  livre  de  beurre  et  une  livre  de  tromage  par  membre  de 
famille  âgé  de  sept  ans  au  plus.  Cette  ancienne  coutume  démontre  combien  l'in- 
dustrie laitière  était  déjà  développée  à  cette  époque. 

La  proximité  de  la  Suède,  la  fondation  de  Saint-Pétersbourg  et  la  facilité  des 
communications  maritimes  avec  ces  deux  centres  de  consommation  n'ont  pas 
moins  contribué  au  développement  constant  de  cette  branche  de  l'exploitation  agri- 
cole que  le  climat  et  la  nature  du  pays,  sa  richesse  en  prairies  naturelles  et  l'abon- 
dance d'eau  douce  qu'on  y  trouve  pour  abreuver  le  bétail.  Un  autre  fait  qui  a 
également  contribué  à  ce  résultat,  c'est  la  méthode  de  défrichement  par  l'incendie 
des  forêts.  Les  champs  ainsi  défrichés  sont  laissés  sans  culture,  après  avoir  été 
ensemencés,  pendant  deux  ou  trois  ans;  ils  se  couvrent  alors  d'une  herbe  épaisse, 
qui  ne  peut  être  fauchée  en  raison  de  la  nature  du  terrain,  presque  partout  inégal, 
parsemé  de  souches  et  de  pierres,  mais  qui  offre  au  bétail  des  pâturages  abon- 
dants. 

Le  grand  nombre  de  mauvaises  récoltes  qui  se  succèdent  en  Finlande  depuis  une 
quinzaine  d'années  a  fait  chercher  dans  famélioration  des  procédés  d'élevage  du 
bétail  une  compensation  aux  pertes  éprouvées  par  l'agriculture.  Les  progrès  réalisés 
sous  ce  rapport  pendant  cette  période  ont  eu  principalement  pour  objet  le  choix  et 
la  qualité  du  bétail,  les  soins  prodigués  aux  animaux,  fassainissement  des  écuries, 
basses-cours,  etc.  Les  améliorations  ainsi  obtenues  ne  sont  d'ailleurs  constatées 
dans  aucun  des  comptes  rendus  statistiques  publiés  par  le  département  de  l'agri- 
culture, qui  ne  font  mention  que  du  nombre  et  non  de   la  qualité  des  animaux. 

Les  premiers  essais  d'acclimatation  des  races  étrangères  remontent  à  l'année  1 860, 
A  cette  époque,  le  gouvernement  fit  acheter  en  Angleterre  et  en  Suisse  100  bêtes  à 
cornes  de  races  destinées  à  la  reproduction.  Cet  essai  ayant  réussi,  on  acheta  suc- 
cessivement 150  taureaux  et  130  génisses  de  la  race  d'Ayi'shire  et  un  nombre  égal 
de  têtes  des  races  de  Pembroke  et  d'Algan  pour  être  envoyés  comme  animaux  de 
reproduction  dans  les  divers  gouvernements  ou  vendus  aux  enchères  publiques. 

Des  encouragements  ont  été  donnés  sous  diverses  formes  à  l'élève  du  bétail,  par 
le  gouvernement  d'abord,  puis  par  les  sociétés  agricoles  :  expositions  agricoles 
périodiques,  primes  importantes  distribuées  aux  éleveurs,  prêts  d'argent,  etc.  Le 
sénat  nomma,  dans  chaque  gouvernement  du  grand-duché,  un  certain  nombre  de 
fermières  payées  par  l'Etat  pour  enseigner  aux  paysans  les  meilleurs  procédés  de 
fabrication  du  beurre  et  du  fromage.  Dix-sept  fermes-écoles,  subventionnées  par 
le  gouvernement  et  dans  lesquelles  les  notions  théoriques  et  les  connaissances 
pratiques  nécessaires  pour  diriger  l'exploitation  d'une  ferme  sont  enseignées  dans 
un  cours  de  deux  ans,  ont  été  successivement  fondées.  En  outre,  des  avances  en 
argent  ont  été  faites,  sous  certaines  conditions,  aux  petits  agriculteurs  des  provinces 
septentrionales,  moins  favorisées  que  celles  du  midi  sous  le  rapport  des  voies  de 
communication  et  dans  lesquelles,  la  propriété  étant  plus  divisée,  les  grands  domaines 
sont  peu  nombreux. 

Ces  prêts,  qui  peuvent  s'élever  jusqu'à  concurrence  de  1,000  marcs  (francs), 
ne  donnent  lieu  à  aucun  intérêt  pendant  les  cinq  premières  années  et  sont  amortis 
dans  le  courant  des  cinq  années  suivantes,  à  raison  d'un  cinquième  par  an.  Toute 
ferme  produisant  annuellement  830  vidros  (environ  10,000  litres)  de  lait  peut 
également  obtenir  un  prêt  à  courte  échéance  de  700  à  1,100  marcs.  Ces  avances 
sont  faites  sous  la  condition  de  se  conformer  au  mode  de  comptabilité  et  aux  pro- 
cédés de  fabrication  imposés  par  l'Etat,  tels  que  l'adoption  de  la  méthode  réfri- 
gérante,  remploi  des  vases  en  fer-blanc  et  du  sel  de  Lunebourg  pour  les  salaisons, 

1.  Extrait  d'un  rapport  publié  par  le  Bulletin  consulaire  français. 


L'ÉLÈVE  DU  BÉTAIL  EN  FINLANDE.  467 

et  de  se  soumettre  au  contrôle  de  l'agronome  du  gouvernement  à  qui  il  doit  être 
rendu  compte  des  fonds  prêtés.  Actuellement,  23  fermes  profitent  de  cette  subven- 
tion et  15  autres  sont  complètement  affranchies  du  remboursement  des  prêts. 

Depuis  1877,  des  avances  plus  importantes  de  4,000  à  6,000  marcs  peuvent 
être  faites  aux  propriétaires  ou  aux  fermiers  des  grands  domaines  aux  conditions 
suivantes  :  pendant  cinq  ans,  le  prêt  ne  donne  lieu  à  aucun  intérêt;  après  ce  délai, 
l'emprunteur  doit  payer  annuellement  un  intérêt  de  5  pour  100  et  rembourser 
une  partie  du  capital,  calculée  de  manière  que  sa  dette  soit  intégralement  amortie 
dans  un  délai  de  dix  ans.  Deux  ans  aprèsj  les  payements  de  cette  prime,  la  ferme 
doit  être  en  pleine  activité,  et  produire  annuellement  au  moins  3,400  vedros 
(40,000  litres)  de  lait. 

Les  résultats  obtenus  par  ces  diverses  mesures  d'encouragement  ont  été  très 
satisfaisants,  et  l'on  pourrait  citer  telle  commune  rurale  où,  depuis  l'établisse- 
ment d'une  laiterie  modèle  de  district,  il  s'est  successivement  monté  40  fermes 
d'après  la  méthode  prescrite,  et  telle  autre  dans  laquelle  une  seule  ferme  fabrique 
annuellement  plus  de  beurre  que  toute  la  commune  n'en  produisait  auparavant. 

Malgré  l'introduction  des  races  étrangères,  les  races  du  pays  constituent  la 
plus  grande  partie  du  bétail  finlandais,  qui  est  en  général  de  petite  taille,  d'un 
poids  inférieur,  et,  par  suite,  rarement  destiné  à  la  boucherie  ;  mais  une  nourriture 
peu  abondante  et  de  mauvaise  qualité  lui  suffit.  Cet  avantage  a  une  grande 
importance  dans  un  pays  où  la  nourriture  du  bétail,  pendant  un  long  hiver,  ne 
consiste  qu'en  paille  et  en  feuilles  sèches.  A  cette  époque,  le  lait  suffit  à  peine 
aux  besoins  de  chaque  ménage-,  mais  au  commencement  de  l'été  les  prairies  se 
couvrent  rapidement  d'une  herbe  épaisse  et  le  lait  devient  abondant  et  crémeux. 
Chaque  vache  donne  en  moyenne  de  1,400  à  1,600  litres  de  lait  par  an. 

D'après  les  relevés  statistiques  publiés  en  1879,  le  nombre  des  bestiaux  dans 
le  grand-duché  s'élevait  aux  chiffres  suivants  : 

Proportion  par 
Tètes.  1,000  habitants. 

Chevaux  et  poulains 285,062  149 

Gros  bétail 1,120,432  585 

Brebis , 1,010,914  529 

Chèvres , 27,096                         14 

Porcs 201,647  105 

Rennes  employés  à  Tagriculture 79,715                       » 

Le  tableau  suivant  fait  ressortir  l'augmentation  qu'il  a  subie  pendant  les  quinze 
dernières  années  : 

1864  1870  1878 

Bœufs  et  taureaux 64,960  68,160  67,823 

Vaches 670,897  692,896  770,677 

Petit  bétail 218,464  236,904  261,716 

Les  produits  de  la  vacherie  et  le  beurre  en  particulier  constituent  le  principal 
élément  de  l'exportation  de  la  Finlande.  L'économie  laitière  y  est  beaucoup  plus 
développée  qu'en  Russie,  et,  bien  que  ses  produits  ne  suffisent  pas  encore  aux 
exigences  des  marchés  étrangers  habitués  aux  qualités  supérieures  des  beurres 
français,  anglais  et.  danois,  de  grands  progrès  ont  été  réalisés  dans  le  cours  des 
dernières  années  pour  soutenir  la  concurrence  des  produit  similaires  sur  les  mar- 
chés allemands  et  anglais. 

Jusqu'en  1860,  on  n'employait  pour  la.  fabrication  du  beurre  que  les  procédés  les 
plus  primitifs. 

Le  lait  était  versé  dans  de  grands  récipients  en  bois,  de  forme  cylindrique,  dans 
lesquels  il  restait  pour  s'aigrir.  On  enlevait  ensuite  la  crème  aigre  et  l'on  prépa- 
rait le  beurre.  Dans  le^  grands  domaines  où  se  trouvaient  un  grand  nombre  de 
vaches,  on  pouvait  battre  le  beurre  chaque  jour  ou  au  moins  deux  fois  par  semaine  ; 
mais,  dans  la  plupart  des  petites  métairies,  il  fallait  attendre  plusieurs  jours,  et 
souvent  plusieurs  semaines,  qu'on  eût  obtenu  une  quantité  suffisante  de  crème.  Il 
en  résultait  que  la  crème  aigre  se  gâtait,  surtout  à  l'époque  des  grandes  chaleurs, 
et  ne  pouvait  produire  qu'un  beurre  de  mauvaise  qualité. 

Les  propriétaires  ou  fermiers  peu  éloignés  des  villes  pouvaient  écouler  assez  ré- 
gulièrement les  produits  de  leurs  basses-cours  et  vendre  du  beurre  à  peu  près 
frais;  mais,  pour  les  autres,  ce  commerce  présentait  d'insurmontables  difficultés, 
par  suite  des  grandes  distances  et  de  l'absence  des  moyens  rapides  de  commu- 
nication. Il  en  résultait  que  la  plus  grande  partie  qui  n'avait  pas  été  employée 
aux  besoins  du  ménage  était  salée  et  vendue  au  poids  et  non  d'après    la  qualité 


468  L'ÉLÉVfi  DU  BÉTAIL  EN  FINLANDE. 

aux  marchands  qui  Taisaient  chaque  année  plusieurs  voyages  dans  les  villages  et 
emportaient  dans  do  grands  tonneaux  de  sapin  tout  le  beurre  d'une  région,  qu'ils 
expédiaient  par  mer  en  Suède,  en  Norwège  et  en  Russie,  seuls  débouchés  ouverts 
à  ces  produits  de  qualité  inférieure.  Les  prix  étaient  peu  rémunérateurs,  et  ce  genre 
de  transactions  n'était  pas  de  nature  à  encourager  l'industrie  laitière. 

L'amélioration  des  voies  intérieures  de  communication,  la  construction  du  che- 
min de  fer  de  Saint-Pétersbourg  à  Helsingfors  et  l'installation  de  bateaux  à  va- 
peur qui  établirent  des  communications  directes  et  régulières  entre  les  lacs  inté- 
rieurs et  les  ports  de  Russie  et  d'Allemagne,  Lubeck  et  Hambourg  notamment, 
ont  successivement  ouvert  des  débouchés  importants  à  la  production  nationale  et 
contribué  au  perfectionnement  des  procédés  de  fabrication.  Le  paysan,  qui  ne 
pouvait  écouler  que  difticilement  ses  produits  insuffisamment  préparés,  trouve, 
depuis  que  la  qualité  s'est  améliorée,  des  prix  plus  élevés  et  des  débouchés  plus 
nombreux. 

La  méthode  léfrigérante  de  Schwartz  est  actuellement  employée  pour  la  fabri- 
cation du  beurre  dans  800  à  900  grandes  fermes,  ainsi  que  par  tous  les  paysans 
qui  jouissent  d'une  certaine  aisance.  Le  lait  est  versé  dans  de  grandes  cuves  de 
fèr-blanc  étamé  et  soumis,  à  l'aide  de  la  glace,  à  une  fempératurede  4  degrés  au- 
dessous  de  zéro.  Il  est  écrémé  ou  bout  de  douze  à  trente-six  heures,  suivant  la 
saison,  et  travaillé  ensuite  sur  de  petites  tables  de  bois  spécialement  affectées  à 
cet  usage.  Le  beurre  frais  est  envoyé  une  ou  deux  fois  par  semaine  au  marché  le 
plus  voisin,  et  celui  que  l'on  destine  à  l'exportation  est  renfermé  dans  des  barils 
de  sapin  ou  de  chêne  d'une  contenance  de  30  à  40  pouds  (480  à  640  kilog.). 

Le  goût  et  la  couleur  du  produit  diffèrent  sensiblement  suivant  le  lieu  de  pro- 
duction et  le  travail  auquel  il  est  soumis.  Dans  le  commerce,  on  en  distingue  trois 
sortes  :  le  beuvre  finnois,  le  beurre  de  crème  et  Je  beurre  dit  de  Paris. 

Le  beurre  finnois  (tchouklioiisky)  est  le  plus  ordinaire  et  ne  se  fabrique  que 
chez  les  paysans  ou  dans  les  petites  fermes.  Il  est  principalement  destiné  à  l'ex- 
portation et  expédié  à  Lubeck  et  à  Hambourg,  où  il  est  employé  pour  améliorer  les 
beurres  communs  de  Bohême  et  de  Silésie  et  livré  aux  consommateurs  sous  d'au- 
tres désignations.  Les  principaux  centres  de  fabrication  de  cette  qualité  sont 
Idensalmi  et  Kuopio,  dans  le  gouvernement  de  ce  nom. 

Le  beurre  de  crème,  fabriqué  d'après  la  méthode  Schwartz,  dans  les  grandes 
métairies,  est  livré  au  commerce  frais  ou  demi-salé.  Il  est,  depuis  quelques  an- 
nées, l'objet  d'un  commerce  d'exportation  qui  se  développe  rapidement. 

Le  beurre  de  Paris,  ou  de  i)remière  qualité,  est  fabriqué  avec  de  la  crème 
chauffée,  et  exclusivement  réservé  à  la  consommation  de  Saint-Pétersbourg.  On  ne 
le  sale  jamais,  et  il  est  difficile  de  se  le  procurer  dans  les  districts  éloignés  de  la 
frontière  ou  du  chemin  de  fer,  qui  les  transporte  chaque  jour  sur  les  marchés  de 
la  capitale.  Une  dizaine  de  sociétés  par  actions  se  sont  fondées  dans  cette  région 
à  Borgo,  Lovisa,  Tavastehus  et  Abo,  pour  l'exploitation  des  grandes  métairies  et 
le  transport  du  lait,  des  œufs  et  du  beurre  à  Saint-Pétersbourg. 

Bien  que  répandue  dans  tous  les  districts  du  grand-duché,  la  fabrication  du 
fromage  est  encore  loin  d'avoir  acquis  la  même  importance  que  celle  du  beurre. 
Elle  est  principalement  concentrée  dans  les  localités  éloignées  des  grandes  voies 
de  communication,  dont  les  habitants  n'ont  pas  les  mêmes  facilités  pour  écouler 
avantageusement  le  lait  écrémé  que  l'on  einploie  exclusivement  pour  la  fabrica- 
tion de  ce  produit.  Les  fromages  les  plus  communs  sont  ceux  de  chèvre  et  de 
brebis;  ils  sont  toujours  mélangés  d'épices  qui  leur  donnent  un  goût  acre  et 
presque  exclusivement  consommés  dans  le  pays. 

Les  espèces  les  plus  appréciées  sont  le  tcheddar,  le  fromage  suisse,  et  le  chester, 
qui  se  vend  dans  toute  la  Russie  pour  du  fromage  anglais.  Le  prix  moyen  des 
fromages  est  de  10  roubles  le  poud  (27  fr.  les  16  kilogrammes). 

A  l'exception  des  années  1854  et  1855,  époque  de  la  guerre  de  Grimée,  le 
commerce  et  l'exportation  des  produits  de  la  laiterie  ont  toujours  suivi  une  marche 
ascensionnelle,  surtout  depuis  1873,  date  de  l'inauguration  du  chemin  de  fer 
d'Helsingfors  à  Saint-Pétersbourg,  qui  a  enlevé  une  partie  du  trafic  aux  transports 
maritimes. 

Les  conditions  économiques  du  grand-duché  et  les  progrès  réalisés  au  point  de 
vue  de  la  fabrication  pendant  la  dernière  période  décennale  assurent  à  ses  produits 
une  supériorité  marquée  sur  ceux  de  la  Russie.  L'exposition  de  laiterie  qui  a  eu 
lieu  à  Saint-Pétersbourg  pendant  l'automne  dernier  a  démoutré,  en  effet,  que 
l'industrie  russe  est  encore  très  arriérée  et  ne  peut  soutenir  la  concurrence  avec 


l'élève  du  bétail  en  FINLANDE.  469 

celle  de  la  Finlande  et  des  provinces  baltiques.  Il  en  résulte  que,  depuis  plusieurs 
années,  la  Russie  a  payé  en  moyenne  à  la  Finlande  un  tribut  annuel  de 
1,200,000  roubles  en  produits  de  laiterie. 

L'agriculture  ne  suffisant  pas,  en  raison  du  climat  et  de  la  nature  du  sol,  aux 
besoins  de  la  consommation  dans  le  grand-duché,  le  pays  a  cherché  dans  l'expor- 
tation de  ces  produits  les  moyens  de  rétablir  à  son  profit  l'équilibre  commercial. 
Il  demande  en  échange  à  la  Russie  la  farine,  qui  constitue  le  principal  article  de 
l'exportation  russe  en  Finlande,  les  suifs,  les  peaux  bru'es  et  la  viande  salée.  Le 
marché  de  Saint-Pétersbourg  est  le  principal  entrepôt  et  le  débouché  le  plus  im- 

f)ortant  des  produits  du  grand-duché.  Le  commerce  et  la  consommation  du 
aitage  y  ont  acquis,  au  point  de  vue  de  l'économie  domestique  de  la  population 
de  la  capitale,  un  développement  considérable. 

Boyard, 

Consul  de   France  à  Saint-Pétersbourg. 

ÉLEVAGE  ET  ENGRAISSEMENT  DU  BÉTAIL 

AUX  ÉTATS-UNIS 

Les  agriculteurs  de, toute  l'Europe  sont  préoccupés  par  Textension 
que  prend  l'agriculture  des  Etats-Unis.  Des  documents  nombreux, 
souvent  assez  contradictoires^  ont  été  publiés  sur  ce  sujet;  le  Jo.urnal 
en  a  déjà  analysé  un  grand  nombre.  En  voici  un  nouveau  qui  se 
produit.  C'est  le  rapport  de  deux  voyageurs  anglais^  MM.  Read  et  Pell, 
qui  ont  été  chargés  d'aller  étudier  sur  place  la  production  agricole 
américaine.  Ce  rapport  est  très  étendu;  il  touche  à  toutes  les  branches 
de  l'agriculture.  Une  des  questions  qui  paraissent  avoir  été  le  plus 
étudiées  par  les  voyageurs^  est  celle  du  bétail;  c'est  aussi  une  des 
plus  actuelles.  Nous  allons  résumer  aussi  fidèlement  que  possible  les 
indications  que  fournit  ce  rapport.  Nous  nous  bornons  au  rôle  de  tra- 
ducteur, et  nous  ne  faisons  que  mettre  sous  les  yeux  des  agriculteurs 
français,  un  document  qu'ils  ont  intérêt  à  connaître. 

Quiconque,  disent  MM,  Read  et  Pell,  a  vu  les  bœufs  américains  qui 
sont  importés  en  Europe,  tous  ceux  qui  ont  goûté  ces  viandes  qui  ont 
été  transportées  à  travers  l'Atlantique,  seraient  fort  surpris  et  désap- 
pointés de  trouver  aux  Etats-Unis  comparativement  peu  de  beau 
bétail.  Sans  doute,  il  existe  dans  le  Kentucky  et  dans  les  états  voisins 
des  milliers  de  roljustes  et  purs  Durham;  mais  dans  les  Etats  de  l'Est 
on  rencontre  une  race  laitière  commune,  de  temps  à  autre  seulement 
on  aperçoit  un  troupeau  formé  de  bons  bestiaux.  Dans  les  Etats  du 
Sud  et  de  l'Ouest,  c'est  la  race  Texienne  qui  prédom.ine;  tous  ses 
caractères  dénoncent  son  origine  espagnole.  Mais  dans  tous  les  cas^ 
seuls  les  animaux  de'choix  sont  exportés,  morts  ou  vifs,  en  Europe, 
principalement  en  Angleterre.  Du  reste  les  marchés  européens  ne 
peuvent  recevoir  que  des  bœufs  de  première  qualité,  en  raison  des 
dépenses  de  transit  qui  sont  aussi  élevées  pour  un  bœuf  inférieur 
que  pour  une  bête  de  qualité. 

Dans  les  Etats  du  Nord  et  de  l'Est,  on  rentre  les  bestiaux  dans  les 
étables  pendant  les  mois  d'hiver;  la  nourriture  se  compose  presque 
entièrement  de  foin.  Au  moment  de  l'engraissement  on  donne  du  maïs; 
le  son  surtout  est  très  apprécié.  Au  Canada,  un  très  grand  nombre  de 
bœufs  sont  engraissés  pour  le  marché  anglais  ;  bien  que  ces  animaux 
paraissent  laids  et  grossiers,  ils  donnent  une  viande  excellente.  Dans 
toutes  les  distilleries  des  Etats-Unis,  on  engraisse  des  bœufs  avec  les 
résidus. 

Dans  les  États  du  Centre,  même  dans  ceux  où  les  hivers  sont  très 
sévères,  des  milliers  de  bestiaux  ne  sont  jamais  rentrés  dans  des  éta- 


470  ÉLEVAGE  ET  ENGRAISSEMENT  DU"  BÉTAIL    AUX  ETATS-UNIS. 

bles,  rarement  on  leur  élève  un  abri  primitif;  ils  ont  toujours  accès  ^ 
Teau,  ont  peu  de  foin;  leur  nourriture  se  compose  de  maïs.  lien  résulta 
que  de  Ténorme  quantité  de  maïs  récolté  dans  les  États  du  Centre, 
l'exportation  n'a  jamais  dépassé  7  pour  1(10  de  la  récolte.  Un  fait  par- 
ticulier ù  ces  Etats  du  Centre  mérite  d'attirer  l'attention,  le  maïs  est 
donné  en  épis;  c'est  seulement  lorsque  les  animaux  deviennent  graa^ 
qu'on  leur  donne  les  grains  ou  encore  de  la  farine.  Cette  méthode 
serait  extravagante,  si  les  Américains  n'élevaient  en  môme  temps  des 
porcs;  ils  comptent  deux  porcs  par  bœuf;  non  seulement  une  cer- 
taine quantité  de  maïs  est  laissée  parles  bœufs  dans  un  état  qui  leur 
déplaît  à  manger,  mais  encore  une  grande  portion  de  leurs  aliments 
passe  à  travers  leur  appareil  digestif  sans  avoir  été  transformée;  les 
porcs  font  leur  nourriture  de  ces  déjections;  les  fermiers  tirent  un  grand 
profit  de  ces  vidangeurs  économiques. 

En  transformant  son  maïs  en  viande  de  bœuf  et  de  porc,  le  fermier 
américain  compte  retirer  un  bénéfice  double  de  cequ'il  pourrait  obtenir 
en  vendant  son  maïs  à  l'état  de  grains.  L'engrais  provenant  des  troupeaux 
est  considéré  comme  de  nulle  valeur,  et  généralement  il  est  regardé 
comme  un  mal  inévitable. 

Peu  d'animaux  sont  élevés  dans  la  zone  de  culture  du  maïs;  ce  sont 
les  États  de  l'Ouest  qui  font  l'élevage,  les  fermiers  qui  cultivent  le 
maïs  les  engraissent.  Voici  comment  les  choses  se  passent.  Des  spécu- 
lateurs riches  s'entendent  avec  des  fermiers  ;  ils  passent  un  marché  à 
tant  l'hectolitre  de  maïs  et  fournissent  un  certain  nombre  d'animaux 
qu'ils  reprennent  lorsqu'ils  sont  engraissés;  dans  d'autres  cas,  ces  spécu- 
lateurs conviennentde  remettre  aux  fermiers  des  animaux  qui  sont  pesés 
et  pour  lesquels  ils  payent  0  fr.  60  par  kilog.  d'augmentation  de  poids 
lorsqu'ils  ont  été  engraissés. 

Dans  les  riches  pâturages  de  l'Illinois,  du  Kentucky,  de  l'Ohio,  du 
Missouri  et  des  États  voisins,  les  meilleurs  bestiaux  reçoivent  toujours 
du  maïs,surtout  à  l'automne,   lorsque  les  herbes  perdent  leur  qualité. 

En  1870,  on  comptait  aux  États-Unis  21  millions  et  demi  de  bœufs, 
28  millions  de  moutons  et  25  millions  de  porcs  ;  au  commencement  de 
1879  il  y  avait  28  millions  de  bœufs,  38  millions  de  moutons  et  34  mil- 
lions et  demi  de  porcs. 

Cette  énorme  augmentation  de  bétail  durant  les  dernières  années 
s'est  produite  surtout  sur  les  plaines  du  Texas  et  du  Far  West;  depuis 
longtemps  le  Texas  est  réputé  pour  son  grand  nombre  d'animaux. 
C'est  avant  tout  un  pays  d'élevage.  Les  jeunes  animaux  sont  dirigés 
vers  d'autres  États;  ceux  qui  restent  dans  cette  contrée  ne  prennent  pas 
de  taille,  mais  tous  ceux  qu'on  expédie  dans  les  autres  États  y  gran- 
dissent et  engraissent  considérablement. 

Les  vastes  plaines  du  Texas,  à  l'automne,  paraissent  pour  l'étranger 
étonnamment  stériles.  Pendant  des  kilomètres  il  est  impossible  d'y  dé- 
couvrir un  brin  d'herbe  verte;  tout  paraît  brûlé  et  à  l'état  de  cendres. 
Mais  au  printemps,  tout  pousse  miraculeusement.  Quelquefois  au 
commencement  de  l'automne,  arrivent  des  oraçres  de  neise,  qui  durent 
un  jour  ou  deux,  puis  aussitôt  règne  une  température  douce  et  une 
saison  charmante  jusqu'à  Noël. 

Les  animaux  mâles  et  femelles  vivent  ensemble  dans  les  troupeaux; 
les  vaches  vêlent  à  n'importe  quel  moment  de  l'année;  on  laisse  un 
taureau  pour  vingt-cinq  vaches.  Les  propriétaires  de  troupeaux  ont 


ÉLEVAGE  ET  ENGRAISSEMENT  DU     BÉTAIL  AUX  ÉTATS-UXIS.         471 

une  marque  particulière  qui  est  enregistrée  à  VOffice  de  VEtal.  Les 
premiers  lots  de  bestiaux  destinés  à  la  consommation  sont  expédiés  au 
commencement  de  Télé,  les  derniers  envois  se  font  dans  la  première 
semaine  de  novembre.  Ces  animaux  ont  quelquefois  à  parcourir  oOO  ki- 
lomètres pour  arriver  à  la  plus  procbe  station  de  chemin  de  fer;  là  ils 
sont  embarqués  en  consignation  à  un  individu  qui  les  dirige  surk 
premier  grand  marché,  où  il  les  vend  à  la  commission. 

Il  est  curieux  de  voir  comment  ces  bestiaux  sont  réunis  pour  la  nuit. 
Au  déclin  du  jour,  de  jeunes  garçons,  montés  sur  des  poneys,  parcou- 
rent les  prairies  en  décrivant  des  cercles  autour  des  animaux  disséminés, 
et  en  faisant  claquer  leur  long  fouet;  en  diminuant  les  cerclesà  chaque 
tour,  ils  arrivent  ainsi  très  rapidement  à  réunir  tout  le  troupeau  qui  se 
groupe  et  se  couche,  sans  plus  bouger,  jusqu'au  iBudemain  matin. 

Les  petits  troupeaux  ne  donnent  pas  proportionnellement  les  mêmes 
bénéfices  qu'un  fort  troupeau.  On  compte  par  exemple  que  les  dépen- 
ses sont  les  mêmes  pour  les  soins  à  donner  à  5000  bêtes  qu  a  1000 
seulement.  Il  faut  100  chevaux  pour  un  troupeau  de  5000  bêtes,  il 
n'en  faut  que  1  50  pour  un  troupeau  de  1 0  000  bêtes  ;  ces  chevaux 
viennent  presque  tous  du  Texas  et  coûtent  environ  125  francs. 

On  estime  aux  Etats-Unis,  la  mortalité  dubétail  à  2  1/2  pour  100  et 
par  an;  au  Texas  et  dans  quelques  autres  districts,  la  mortalité  s'élève 
à  5  pour  100;  les  causes  proviennent  quelquefois  du  manque  d'eau 
et  aussi  de  plantes  printanières  qui  les  empoisonnent.  La  fièvre 
texienne,  qui  est  encore  peu  connue  des  vétérinaires,  existe  à  l'état 
latent;  les  animaux  adultes  importés  au  Texas  en  sont  invariablement 
atteints  et  en  meurent;  les  veaux  âgés  de  moins  de  six  mois  échap- 
pent à  la  maladie  et  s'acclimatent  facilement  au  pays.  Depuis  quelque 
temps  on  introduit  au  Texas  de  grandes  quantités  de  Durham  et  de 
Hereford  qui  ont  amélioré  les  races  du  pays. 

Quoique  le  gouvernement  des  Etats-Unis  ait  attaché  une  grande 
importance  au  transport  des  bestiaux  par  voie  ferrée  ou  par  mer,  bien 
qu'il  ait  diminué  les  souffrances  qu'ils  ont  à  endurer  pendant  leur 
vo}^e,  la  mort  ou  le  dépérissement  sont  encore  considérables. 

Il  n'en  est  point  de  même  du  transport  des  viandes  qui,  dès  aujour- 
d'hui, est  arrivé  à  un  degré  relatif  de  perfection;  mais  les  rnarchés  eu- 
ropéens n'accepteront  ces  viandes  avec  faveur,  que  lorsqu'on  aura  la 
certitude  que  le  gouvernement  américain  ne  laisse  expédier  que  des 
viandes  saines.  Il  est  vrai  que  les  animaux  malades  n'existent  que 
peu  aux  Etats-Unis,  si  ce  n'^st  dans  les  Etats  de  l'Est.  Dans  ceux  du 
Centre  et  de  l'Ouest,  il  n'y  a  point  de  pleuro-pneumonie,  ni  de  fièvre 
aphteuse,  ni  de  maladies  contagieuses. 

Les  principaux  marchés  aux  bestiaux  et  à  la  "viande,  sont  Chicago, 
Kansas  City  et  Saint-Louis.  Le  coijt  du  fret  d'un  bœuf  de  Fort  Dodge 
au  Texas  jusquà  Kansas  €ity  est  de  10  fr.40',  po^ur  i'envojer  jusqu'à 
Cliicago la  dépense  est  de  1  5  fr.  60,  plus  6  fr.25  pour  nourriture,  eau  et 
frais  de  route;  de  Chicago  à  New-York,  leprix  est  de  20  fr.  plus  7  fr.  50 
pour  les  soins  et  nourriture;  ensuite  viennent  les  frais  de  transport  de 
New-York  en  Europe,  avec  les  risques  du  voyage  en  mer ,  qu'il  faut 
évaluera  1 26  francs,  plus  37  fr.  50  pour  l'assurance;  enfinily  a  encojBô 
les  frais  de  déchargement,  de  docks,  d'entrées,  etc,  àajouteravant  que 
l'animalpuisse  pénétrer  dans  l'abattoir  d'un  port  anglais  quelconque.  Si 
l'on  en  croit  quelques  exportateurs  de  viandes  et  de  bestiaux,  en  1878, 


472  ÉLEVAGE  ET  ENGRAISSEMENT   DU  BÉTAIL  AUX   ÉTATS-UNIS. 

ils  auraient  fait  de  grands  bénéfices.  Mais  si  Ton  se  rapporte  seule - 
ment  à  l'été  et  à  l'automne  de  l'année  dernière,  1879,  les  pertes  ontété 
considérables.  Les  Américains  prétendent  que  si  les  soins  donnés  à 
leurs  bestiaux  età  leurs  viandes  étaient  les  mômes  en  Angleterre  qu'aux 
Etats-Unis,  ils  pourraient  expédier  avec  bénéfice  des  viandes  de 
première  qualité;  que  ces  viandes  seraient  vendues  à  Liverpool  ou  à 
Londres,  à  raison  de  1  fr.  10  le  kilog. 

Presque  partout  en  Amérique,  dans  les  fermes,  dans  les  villes, 
il  existe  des  bascules  pour  peser  les  bestiaux;  partout  il  existe  des 
wagons  réfrigérants  pour  le  transport  des  viandes;  dans  toutes  les 
villes,  les  marchés  sont  aménagés  avec  des  chambres  à  glace,  les  bou- 
chers aussi  ont  des  appareils  réfrigérants  pour  leurs  viandes.  On  fait 
grand  bruit  d'un  système  à  air  comprimé  qui  conserverait  les  viandes 
d'une  manière  bien  supérieure  à  tout  ce  qui  existe. 

J.  Phîllips. 

SITUATION  AGRICOLE  DANS  LA  DORDOGNE 

Le  mois  d'août  nous  a  donné  6  jours  de  beau  ciel  et  25  de  temps  plus  ou  moins 
couvert,  ayant  fourni  :  9  jours  de  pluie  (1,  5,  8,  7,  21,  22,  23,  '25,  29);  3  de 
brouillard  (24,  26,  30,);  "  12  de  rosée  (  3,  4,  10,  11,  12,  13,  14,  17,  20,  27,  28, 
31);  9  d'orage  (6,  15,  16,   18,  -21,  22,  23,  ^5,  29). 

Dans  cette  période, il  est  tombé  64,75  millimètres  d'eau;  l'averse  la  plus  consi- 
dérable, celle  du  l^"",  n'adonné  que  0'".  01650. 

La  température  la  dus  élevée,  4-  ^4°  centigrades,  a  été  observés  le  20;  la  plus 
basse,  -)-  5,  le  30  ;  la  moyenne  générale  a  été  de  -{-  16",  70. 

La  pression  barométrique  la  plusforte,  755.70,  s'est  produite  le  12,  la  plus  faible, 
742.17,  le  6  ;  la  pression  moyenne  a  été  de  748  35. 

Le  vent  a  soutflé  3  jours  du  nord;  3  du  nord-est;  2  de  Test;  2  du  sud-est,  2 
2,  du  sud;  4  <lu  sud-ouest;  10  de  fouest  et  5  du  nord-ouest 

Une  chaleur  persistante  avec  un  maximum  de  34",  quelques  ondées  mais  don- 
nant une.  si  faible  quantité  d'eau  que  la  terre  en  a  été  à  peine  imprégnée,  ont  encore 
accentué  les  effets  désastreux  de  la  sécheresse  du  mois  d'août.  Il  ne  faut  plus 
compter  :  sur  les  regains  de  prairies  naturelles,  qui  sont  nuls  presque  partout  ; 
sur  les  semis  de  gârouch  qui  sont  pour  la  plupart  grillés;  sur  la  rave  qu'il  n'a  pas 
encore  été  possible  de  semer,  les  chaumes  n'ayant  pu  être  défaits  ;  de  telle  sorte 
que  la  perspective  est  peu  rassurante  pour  nos  étables  déjà  fort  mal  garnies  de 
foin , 

La  plante  sarclée  laissera  aussi  beaucoup  à  désirer  ;  la  pomme  de  terre  tardive 
frappé'-!  d'une  maturité  forcée  est  petite  et  peu  abondante  ;  la  feuille  des  betteraves 
jaunit  et  se  grille;  le  tabac  s'étiole;  le  maïs  souffre  véritablement  dans  les  sols 
sablonneux.  Quant  à  la  vigne  les  grains  préservés  mûrissent  sous  les  conditions  les 
plus  favoral)les  à  une  bonne  vinihcation,  mais  l'oïdium  a  fait  de  tels  progrès  depuis 
un  mois  qu'il  faudra  beaucoup  rabattre  des  espérances  qu'on  avait  eues  dans  le 
principe.  E.  de  Lentilhac. 

Saint-Jean-d"Artaux,  lo  septembre  1880. 

EXPOSITION  AGRICOLE  A  LUXEMBOURG 

A  différentes  reprises,  le  Journal  a  insisté  sur  les  efforts  qui  sont 
faits  pour  développer  le  progrès  agricole  dans  le  grand-duché  de 
Luxembourg.  L'exposition  générale  organisée  par  le  Cercle  agricole  et 
horticole,  dans  la  capitale,  du  29  août  au  6  septembre,  a  donné  une 
nouvelle  preuve  des  succès  qui  sont  obtenus  dans  cette  voie.  Cette 
exposition  comprenait  les  machines  et  instruments,  les  produits  de 
l'agriculture,  de  l'horticulture,  de  la  sylviculture,  ainsi  que  les 
animaux  reproducteurs.  Tous  les  produits  témoignaient,  par  leur 
qualité  aussi  bien  que  par  leur  nombre,  des  efforts  poursuivis  pour 
une  production  prospère.  En  ce  qui  concerne  les  animaux  reproduc- 


EXPOSITION  AGRICOLE  A  LUXEMBOURG.  473 

teurs,    le    Bulletin   du    Cercle   agricole    s'exprime   dans    les    termes 
suivants  : 

«  Un  nombre  très  considéraljlB  de  cultivateurs  ont  rivalisé  d'ardeur  pour 
amener  les  plus  beaux  animaux  à  l'exposition.  Si  le  succès  d'un  concours  dépend 
du  nombri  et  de  la  valeur  des  sujets'  exposés,  nous  pouvons  affirmer  que  le 
concours  du  6  septembre  a  pleinement  réussi.  La  tâche  des  membres  des  diffé- 
rents jurys  a  été  bien  difficile,  tant  les  sujets  méritants  étaient  nombreux. 

«  L'espèce  chevaline  était  re  irésentée  par  18  étalons,  54  juments,  48  poulains 
entiers  d'un  à  trois  ans,  35  pouliches  et  22  poulains  ;iu-dessous  d'un  an.  Les 
étalons  brillaient  par  leur  Jjelles  formes;  les  juments  faisaient  bonne  figure,  car 
rarement  on  a  vu  un  ensemble  de  lots  ayant  autant  de  qualités.  Si  la  catégorie  des 
pouliches  offrait  un  ensemble  très  .satisfaisant,  la  catégorie  des  poulains  d'un  à 
trois  ans,  laissait  toutefois  quelque  peu  à  désirer. 

ce  Le  concours  de  l'espèce  bovine  était  d'une  importance  extr;iordinaire  ;  c'était 
un  tableau  vivant  assez  complet  des  différents  types  du  bétail  qui  peuplent  le 
pays.  Il  y  avait  55  taureaux,  28  taurillons,  40  vaches  et  30  génisses.  La  race 
Durham  avait  de  magnifiques  spécimens,  la  race  hollandaise  était  dignement 
représentée  et  la  race  croisée  renfermait  des  sujets  distingués.  C'était  une  belle 
collection  d'animaux  de  mérite,  indice  des  progrès  sérieux  réalisés  dans  l'élève  du 
bétail. 

«  L'espèce  porcine  était  très  bien  représentée.  Il  y  avait  trente  sujets  des  races 
anglaises  pures  ou  croisées  avec  la  race  indigène.  L'espèce  ovine,  quoique  peu 
exposée,  était  cependant  remarquable,  tant  sous  le  rapport  des  formes  que  sous 
celui  de  la  laine. 

ce  Quant  aux  animaux  de  basse-cour,  il  y  avait  de  beaux  exemplaires  de  diverses 
races  devant  lesquels  le  public  s'arrêtait  avec  intérêt.  Les  abeilles  étaient  égale- 
ment remarquables.  » 

Plusieurs  ateliers  de  fabrication  de  machines  agricoles  prospèrent 
dans  le  grand-duché  de  Luxembourg,  ce  qui  est  un  indice  certain  de 
l'estime  dont  les  instruments  perfectionnés  jouissent  auprès  des 
cultivateurs.  D'ailleurs  le  gouvernement  du  grand-duché  a  pris,  depuis 
de  nombreuses  années,  l'initiative  de  plusieurs  mesures  importantes 
pour  l'agriculture.  En  vue  de  l'amélioration  du  bétail  du  pays,  il  a  fait 
acheter  à  l'étranger  des  reproducteurs  de  races  perfectionnées  qu'il  a 
fait  revendre  aux  enchères  ;  il  a  fait  importer  de  nouvelles  variétés  de 
céréales  et  de  pommes  de  terre;  enfin  il  a  donné  une  vive  impulsion 
à  la  réalisation  des  travaux  d'assainissement,  d'irrigationet  de  drainage. 

C'est  surtout  en  ce  qui  concerne  l'amélioration  des  races  d'animaux 
domestiques  que  l'action  du  gouvernement  luxembourgeois  s'est  mon- 
trée avec  une  réelle  efficacité.  Les  encouragements  donnés  aux  éleveurs 
dans  les  concours  spéciaux,  les  achats  d'animaux  reproducteurs  à 
l'étranger,  ont  produit  les  plus  lieureux  résultats. 

Voici,  d'ailleurs,  un  tableau  qui  permet  de  suivre  le  mouvement  de 
la  population  animale  pendant  les  quinze  dernières  années  : 

1861  1863  186.3  1872  1874 

tètes.  tètes.  tètes.  tètes.  têtes. 

Espèce  chevaline 21,594  22,196  31,909  17,873  17,944 

—  asine 61                     45  63  28                     27 

—  mulassi^re 3                       4  6  74                     64 

—  bovine 90,48.0  95,257  94,772  79,999  91,864 

—  ovine 73.569  70,376  68,074  45,023  47,899 

—  caprine 14,435  13,833  12,302  14,023  16,928 

—  porcine 48,249  67,850  58,219  53,443  73,120 

On  remarquera  tout  d'abord,  la  diminution  considérable  accusée  par 
le  recensement  de  1872,  principalement  pour  l'espèce  bovine.  La 
guerre  de  1870-1871  a  eu  son  contre  coup  dans  le  grand-duché, 
malgré  sa  neutralité.  De  grands  achats  ont  été  faits  pour  le  compte 
des  belligérants,  et  la  peste  bovine,  que  traînaient   après  elles  les  ar- 


474  ■  EXPOSITION  AGRICOLE    A  LUXEMBOURG. 

mées  allemandes,  y  a  sévi  avec  une  cruelle  intensité.  Mais  on  voit  par 
la  comparaison  des  recensements  de  1872  et  de  1874,  avec  quelle 
rapidité  les  vides  ont  été  effacés. 

Les  chevaux  élevés  dans  le  Luxembourg  sont  surtout  des  chevaux 
de  gros  trait;  ce  sont  ceux  qui  sont  principalement  recherchés  par  les 
acheteurs  allemands. 

L'ancienne  race  bovine  ardennaise  diminue  d'importance  chaque 
année.  Elle  est  absorbée  ou  remplacée  par  la  race  hollandaise,  pour  une 
grande  partie  du  pays,  et  par  laraceDurham,  dans  les  autres  districts. 
Le  gouvernement  luxembourgeois  fait  acheter,  tous  les  ans,  chez  les 
éleveurs  les  plus  distingués,  soit  du  continent,  soit  d'Angleterre,  par 
une  Commission  spéciale,  des  reproducteurs  appartenant  aux  races  les 
plus  estimées,  et  il  les  fait  vendre  ensuite  aux  enchères  publiques. 
La  perte  est  peu  élevée,  et  largement  compensée  par  les  bénéfices 
qui  en  résultent  pour  l'intérêt  général  du  pays. 

C'est  surtout  la  race  bovine  hollandaise  que  recherchent  les  agricul- 
teurs luxembourgeois.  Les  éleveurs,  d'après  M.  Fischer,  préfèrent  de 
beaucoup  le  bétail  de  cette  race  II  paraît  appelé  à  régénérer  les 
races  locales,  sinon  à  se  substituer  entièrement  à  elles  dans  un 
avenir  plus  ou  moins  rapproché.  Le  but  le  plus  général  dans  l'élève 
des  bêtes  à  cornes  dans  tous  le  pays,  c'est  la  production  du  lait.  La 
production  de  la  viande  ne  vient  qu'en  seconde  ligne.  La  variété  à  la- 
quelle on  a  donné  la  préférence,  est  la  race  hollandaise  de  moyenne 
taille  venant  de  la  Zélande;  elle  donne  une  quantité  assez  considé- 
rable de  viande,  en  même  temps  que  son  lait  est  abondant  et  de  très 
bonne  qualité. 

Les  moutons  ardennais  forment  l'immense  majorité  de  la  population 
ovine  du  grand-duché  de  Luxembourg.  Ils  sont  célèbres  par  la  bonne 
qualité  de  leur  viande.  Depuis  quelque  temps,  on  a  introduit  des 
moutons  anglais  de  la  race  southdov^^n  qui  forme,  avec  la  race  arden- 
naise, d'excellents  croisements. 

L'importation  des  races  porcines  anglaises  a  complètement  réussi; 
le  même  fait  se  produit  en  France.  Les  grandes  races  de  Berkshire  et 
d'Yorkshire  ont  particulièrement  donné  de  bons  résultats.  Leurs  croi- 
sements avec  la  race  indigène  ont  tellement  modifié  celle-ci  qu'on  peut 
dire  sans  exagération  qu'elle  tend  à  disparaître  rapidement.  Les 
concours  communaux  et  cantonaux  ont  exercé,  dans  cette  direction,  la 
plus  heureuse  influence. 

Le  commerce  du  bétail  est  des  plus  actifs  dans  le  igrand-duehé  ;  les 
ventes  pour  l'exportation  sont  nombreuses.  Les  moutons  et  les  porcs 
Bont  vendus  en  plus  grand  nombre  pour  l'extérieur  que  pour  l'intérieur. 
Les  principaux  débouchés  du  bétail  sont  la  Belgique  et  la  France  ;  le 
commerce  avec  l'Allemagne  est  moins  considérable.      Henry  Sagnier. 

REVUE  COMMERCIALE    ET   PRIX-COURANT  DES  DENRÉES  AGRICOLES 

(18  SEPTEMBRE  1880). 
I.  —  Situation  générale^ 
Dans  le  plus  grand  inombre  des  départements,  les  marchés  agricoles  continuent 
à  présenter  beaucoup  d'activité.  Les  offres  faites  par  les  cultivateurs  sont  abondantes, 
et  les  transactions  nombreuses. 

II.  —  Les  grains  et  les  farines. 
Les  tableaux  suivants  résument  les  cours  des  céréales,  par  quintal  métrique,  sur 
les  principaux  marchés  de  la  France  et  de  l'étranger. 


REVUE  COMMERCIALE   ET  PRIX-COURANT  (11    SEPTEMBRE   1880).     475 


NORD-OUBST. 


Blé. 

fr. 

28.00 
27  75 
28.50 
29.00 
26.50 
28.00 
25.00 
26.25 
28.50 
2C.75 
29.25 
25.75 
26.00 
24.00 
26.25 
28.75 
25.50 
25. 75 


Seigle. 

fr. 

23 .  50 

21    50 

21.25 
20.25 
21.50 


19.00 
18.00 


Calvados.  Condé 

—  Lisieux 

Côtesd.-'^ord  Pontrienx 

—  Trégiiier 

Finistère.   Morlai.x 

-     Qu  imper 

Hle-et-V'ilaine.  Rennes. 

—  Redon 

Manche.  Avranches. . . . 

—  Pontorson 

—  Villedieu 

Slayenne.  Mayenne 

—  Chàteau-Gontier.. 
Morbihan.  Hennebont.. 
Orne.  Fiers -. 

—  Vimouliers 

Sarthe.  Le  Mans 

—  Sablé 

Prix  moyens 2G.97     20.17 

a»  RÉGION.  —  NORD. 
Aisne.  Soissons 24.60     19.85 

—  La  Fère 75.00     19.25 

—  Villtrs-Cotterels..  25. 00     18.50 
filtre.  Evreux 26.25     lâ.CO 

—  Berna? 25.00     18.25 

—  Pacy 26. ou     18.75 

Eure-et-Loir.  Chartres.  25.50    19. co 

—  Auneau 25.25     t9.o& 

—  Nogent-le-Rotrou.  26.00        » 
/Vord. Cambrai 25.75    17.50 

—  Douai    27.00     18.75 

—  Valenciennes ....  25.75    19.50 
Oise.  Beauvais 26.50     17. oo 

—  Compiègne 24.50    18.75 

—  Senlis 26.00    18.50 

Pas-de-Calais.  XTra.s...  27.50    19.75 

—  Saint-Omer 28.00     18.75 

Srina.  Paris 26.75    20.00 

S.-e<-A/arne  Meaux 25.00     19.00 

—  Mbntereau 27.00    20.75 

—  Provins 2r.t5     19.20 

S.-et-Oise.  Angerville  ..  27.00    20.00 

—  Pontoise 27.25    20.00 

—  Versailles 27.00       » 

Seine-Inférieure. Rouen    24.45    19.5» 

—  Fécamp 26.00     18.50 

—  Dieppe 27.25    19.25 

Somme.  Abbeville 27.75     17.50 

—  Péronne 26.00     18  25 

—  Roye 25.00        » 

Prix  moyens. 


Orge. 

fr. 
18.75 

17  00 
17.25 
19.00 
20.25 

1S.75 
19.00 
19.50 
20.00 
17.50 
18. 30 

18.50 

19.25 
16.75 
16.00 
18  hO 


ATÛlfle. 
fr. 

25.0) 
24  00 
16.50 
16.00 
19.25 
20.00 

20.50 
21.00 
25.00 
24.00 
19.00 
17.00 
17.00 
19.50 
21.00 
21.50 


21.00 
20.00 
19.75 

;9.oo 

18.00 
19.75 
18.50 
21.00 

21.00 
19.00 


18.90     19-70     18.94 


3"  REGION.  —  NORD- EST. 

Ardennes.  Charleville. .  27.00  19.00 

Aube.  Bar-sur-Aube  ...  25.50  17.50 

Méry-sur-Seine...   27.25  20  00 

—    Nogent-sur-Seine.  27.00  20.00 

âfarne. Chàlons 26.50  20.50 


20.50 
18.50 


—  Ste-Menehoued...  ':6 
Hte-Marne.  St-Dizier  ...  26 
Meurt.-et-Moielle  Nancy  26 

—  Pont-à-Mousson..   27 

—  Tout 27 

Meuse.  Bar-le-Duc 26 

—  Verdun 27 

Haute-Saône    Gray 26 

—  Vesoul 26 

Ko«ge«.  Raon  l'Etape...  28 

—  Neufchàteau 27 

Prix  moyens 26 

4»  RÉGION.    - 

Charente.  Angoulême..  27 

—  Ruffec 28 

C/iaren«e-/n/'e>.  Marans.  27, 

Deux-Sèvres.    Niort 28 

Indre-et-Loire.  Tours..  28 

—  Bléré 26 

—  Château-Renault.  25 

Z,oir6-/n/.  Nantes 25 

i/.-ei-iotre.  Angers.  .  .  25 
Vendée.   Luçon 26 

—  Fontenay 26 

Vienne.  Chàtellerault. . .  3o 

—  Poitiers 26 

Haute-Vienne.  Limoges  26 

Prix  moyens 26. 


18.25 
17.00 
17.00 

18.00 


.50    »  18.50  17.25 

00  19.75  20.00  17.25 

50  17.00  19.00  17.50 

50  19.00    »  18  00 

96  18.38  19.26  18  23 


5»    RÉGION 

—  CE.NTRB. 

Blé. 

Seigle. 

Orge. 

Avoine. 

fr. 

fr. 

fr. 

fr. 

Allier.  Moulins 

27.50 

18.75 

20.00 

17.25 

—     Montluçon 

26.00 

20.25 

19.00 

17.00 

—    St-Pour^ain 

28.00 

1.8.00 

20  00 

17.50 

Cher.BouT"es 

26  00 

18.50 
18.25 

18.00 
15.50 

—    Graçay 

26.75 

19.25 

27.50 

18.00 

19.50 

18.00 

Creuse.  Anbnsson 

27.25 

IS.OO 

20.25 

Indre.  Châteauroux.. . 

26.00 

19.50 

18.25 

17.75 

—     Issoudun 

27   00 

18.00 

19. 00 

17.00 

—     Valençay 

27.00 

17.75 

19.50 

17.25 

Loiret.  Orléans 

27.50 

20  00 

17.75 

17.75 

27.00 
.   27.20 

18.50 
18.00 

19.50 
18.00 

17.20 
18.50 

—    Patay 

Loir-et-Cher.  Blois 

25.00 

18.25 

19.50 

20.25 

—     Montoire 

26.75 

17.00 

19.00 

17.25 

Nièvre.   Nevers 

27.00 

» 

17.00 

—    La  Charité 

.   28  00 

19.50 

18. 00 

18. 2S 

Yonne.  Brienon 

2G   SO 

20.25 

17.50 

18.50 

—    Joigny 

.   27.80 

17.75 

18.00 

17.00 

—    Sens 

.    27.00 

19.00 

18.75 

18.25 

Prix  moyens...... 

26   87 

18.64 

18.84 

17.77 

6«   RÉGI 

DN.  — 

EST. 

Ain.  Bourg 

29.00 

19.00 

„ 

17.00 

—    Pont-de-Vaux... 

28  00 

18.75 

20.00 

16.50 

Côte-d'Or.  Dijon 

27   50 

19.25 

21.00 

16.75 

—    Beaune 

28.00 

» 

18.50 

17.25 

Doubs.  Besançon 

27.00 

s 

17.00 

Isère.  Bourgoin 

28.00 

17.75 

17.75 

17.00 

—     Vienne 

28.50 

» 

21.00 

16  50 

Jura.  Dole 

26.75 
27  00 

18.50 

24  25 

18.50 

16.00 

Loire.  St- Etienne 

P.-de-Dôme  Clermont  F 

31.50 

23.50 

U.75 

, 

Rhône.  Lyon 

28.75 

18.50 

19.00 

16.75 

—    Antun 

.  27  25 

19.00 

» 

16.75 

Saône-et-Loire.    Chalon 

28.00 

18.25 

> 

16.50 

Savoie.  Chambery 

29.2, 

22.50 

. 

Hte-Savoie.  Annecy ... . 

30.00 

( 

» 

19  50 

Prix  moyens 

28.50 

20.02 

19. te 

16.95 

T   RÉGION.   - 

-  SUD- 

OPEST. 

Ariège.  Pamiers 

28.50 

19.25 

> 

21.00 

Dordogne.  Bergerac... 

29.50 

20.00 

s 

20.75 

Hte-Garonne.  Toulouse, 

27.50 

19.00 

17.20 

20.00 

—  Viiiefranche-Laur 

28.00 

19.00 

18.25 

19.50 

Gers.  Condom 

27.00 
27.25 
25.00 

7> 

» 

20.00 

—    Eauze 

19  25 

—    Mirande 

19  00 

Gironde.   Bordeaux.... 

27.20 

19  50 

j 

19.50 

—    La  Réole 

27.60 

19.00 

, 

19.75 

38  00 
27.00 

19.25 
19.00 

: 

Lot-et-Garonne.  Agen.. 

20.00 

28.50 

9 

23.50 

B.-Pyrénées.  Bayonne.. 

27.00 

19.50 

20.00 

20.50 

Htes-Pyrenees.  Tarbes 

29.25 

19.00 

» 

19.75 

Prix  moyens 

27.58 

19.25 

18.48 

20.19 

S"  RÉGION.  —  SUD. 

Aude.    Carcassonne... 

27.50 

„ 

18.50 

» 

Aveyron.  Villefranche. 

27.75 

20.25 

17.50 

Cantal.  Mauriac 

28.00 

24.30 

» 

24.40 

Corrèze.  Luberzac 

29.50 

19.00 

20.50 

21.50 

i8.75 
29.25 

20.50 

20.75 

18.50 

Lot.  Figeac 

21.25 

31.55 
31.65 

30.50 
29.75 

23.60 

35.90 

—    Marvejols 

—    Florac 

31.85 
26.65 

24.50 

2  ; .  20 

24.35 
23.00 

21.60 

Pyrénées-Or.  Perpignan 

23.20 

Tarn.  Albi 

27.25 

19.00 

19.25 

20.50 

rar»vet-Gar. Montauban  27.75 

19.50 

19.00 

19.25 

Prix  moyens 

28.95 

22.85 

21.11 

21.42 

9'  RÉGION. 

—  SCD-BST. 

Basses-Alpes. H.a.nosqne  29.20 

» 

■ 

24.20 

Hautes-Alpes.  Briançon 

29.75 

19.25 

20.00 

20.50 

Alpes-Maritimes  Cannes 

29.00 

19   50 

19.75 

20.25 

Ardèche.  Privas 

30.05 

20.65 

19.60 

21.80 

B.-du-Rhône.  Aix 

29.50 

19.25 

20.00 

Drôme.    Valence 

28.00 

18. iO 

18.75 

17.50 

29.00 
29.25 

20.50 

19.50 
20.75 

21.00 

Haute-Loire.  Le  Puy... 

19.25 

Var.  St-Maximin 

29.75 

» 

» 

20.00 

Vaucluse.  Carpentras... 

29.00 

' 

18.00 

19.50 

Prix  moyens 

29.25 

19.98 

19.45 

20.40 

Moy.  de  toute  la  France 
—  de  Idsemaineprécéd. 

27.54 

19.72 

19.27 

27.96 

19  61 

19  25 

19.23 

Surla  semaine  5  Hausse. 

s 

).ll 

0.02 

• 

précédente..     {Baisse. 

0.42 

» 

0.14 

476  REVaE  COMMERCIALE  ET  PRIX-COURANT 

Blé.  Seigle.  Orge.  Avoiae. 

fr.               <r.  fr.               fr. 

Algérie.                   Alger..- 26.00            »  15.50  18  00 

Angleterre.               Londres   27.50            »  20.60  20.25 

Belqiaue.                  Anvers 25.00  ÎO  50  20.50  18  50 

—  Bruxelles 25.75  20.25  »  18.00 

_                          Liège 26.75  21.75  22.00  19.00 

_                          Namur 2550  20.00  19.00  18.00 

Pays-Bas.  Amsterdam .24.05  22.25 

Luxembourg.  Luxembourg 29. .50  21.00  »  18  50 

Alsace-Lorraine.  Metz 28.00  23.25        19.50        17  50 

_  Strasbourg...   28.75  23.75        22  25         18.50 

_  Colmar 28.50  21.75         21.25        18.25 

Allemagne.  Berlin 25  00  23  35 

—  Cologne 25.60  24.35 

—  Hambourg 26.50  21.10 

Suisse.  Genève 28.50  »  •  17.50 

—  Lausanne 29.75  ■  »  17.75 

Italie.  Milan 28.50  22.75  .  19  25 

Autriche.  Vienne 24.00  2125  18.00  15  25 

Hongrie.  Biïdapesth 22.50  19.70  13.00  12  25 

Russie.  Saint-Pétersbourg...  24.80  21.15  s  13.25 

Espagne.  Valadolid 25.30  »  .  20  60 

Etats-Unis.  New-Vork 20.65  »  »  • 

Blés.  —  Depuis  quelques  jours,  on  voit  éclore  beaucoup  de  nouvelles  apprécia- 
tions sur  le  résultat  de  la  récolte  des  blés.  En  ce  qai  concerne  la  France,  l'im- 
pression générale  est  toujours  la  même;  la  récolte  se  présente  comme  moyenne  au 
point  de  vue  de  la  quantité,  et  comme  bonne  au  point  de  vue  de  la  qualité.  Mais 
c'est  en  ce  qui  concerne  les  pays  étrangers  que  les  récentes  appréciations  dif- 
fèrent, surtout  en  ce  qui  concerne  l'Angleterre.  Nous  craignons  bien  qu'il  n'y  ait 
là-dessous  quelque  jeu  de  spéculation  contre  lequel  les  agriculteurs  doivent  se 
prémunir.  A  nos  yeux,  les  prix  doivent  au  moins  se  maintenir  aux  taux  actuels. 
—  A  la  halle  de  Paris,  le  mercredi  15  septembre,  les  affaires  ont  été  aussi 
actives  que  la  semaine  précédente;  mais  les  cultivateurs  ont  maintenu  les  prix  avec 
plus  de  fermeté.  On  cotait  de  25  fr.  50  à  28  fr.  par  lOû  kilog.  suivant  les 
qualités,  ou  en  moyenne  26  fr.  75,  en  hausse  de  25  centimes  depuis  huit  jours.  — 
Sur  le  marché  des  blés  à  livrer,  on  cote  avec  des  prix  fermes  :  courant  du  mois, 
26  fr.;  octobre,  25  fr.  75  à  26  fr.;  quatre  derniers  mois,  25  fr.  75  à  26 fr.;  novembre 
et  décembre,  25  fr.  75  à  26  fr.;  quatre  mois  de  novembre,  25  fr.  50  à  25  fr.  75; 
quatre  premiers  mois  1881,  25  fr.  75  à  26  fr.  —  Les  cours  varient  peu  au  Havre, 
sur  les  blés  d'Amérique,  qui  sont  vendus  de  25  fr.  à  27  fr.  —  A  Marseille,  il  y  a 
peu  de  changements  dans  la  situation.  Les  arrivages  de  la  semaine  ont  été  de 
110,000  hectolitres.  Le  stock  est,  dans  les  docks,  de  96,i00  quintaux,  avec  une 
augmentation  de  11,000  quintaux  depuis  huit  jours.  On  cote  par  100  kilog.  : 
Berdianska,  30  fr.;  Irka,  27  fr.  50  à  28  fr.  25;  Pologne,  27  fr.  50  à  27  fr.  75; 
Azoffdun,  27  fr.  50  à28fr.;  Italie,  rouges,  27  fr.  50  à  28  fr.  50;Michigin,  25  fr.  50 
à  26  fr.  —  A  Londres,  les  importations  de  blés  ont  été,  durant  la  semaine  der- 
nière, de  209,000  quintaux  environ;  il  y  a  beaucoup  d'activité  dans  les  transac- 
tions; les  prix  sont  faibles.  On  cote  de  26  fr.  93  à  28  ir.  70,  par  100  kilog. 
suivant  les  sortes. 

Farines.  —  Il  y  a  plus  de  fermeté  dans  les  cours  pour  les  diverses  sortes.  En 
ce  qui  concerne  les  farines  de  consommation,  on  cotait  à  la  halle  de  Paris,  le 
mercredi  15  septembre  :  marque  D,  60  ir.;  marques  de  choix,  62  à  63  fr.  ;  bonnes 
marques,  60  à  61  fr.;  sortes  ordinaires,  58  à  59  fr.;  le  tout  par  sac  de  159  kilog., 
toile  à  rendre,  ou  157  kilog.  net,  ce  qui  correspond  aux  prix  extrêmes  de 
36  fr.  95  à  40  fr.  10  par  100  kilog.,  ou  en  moyenne  38  fr.  55,  avec  une  légère 
hausse  sur  le  prix  moyen  du  mercredi  précédent.  —  Pour  les  farines  de  spéculation, 
on  cotait  à  Paris,  le  mercredi  1 5  septembre  au  soir  :  farines  huil-mnrques.,  courant 
du  mois,  56  fr.  50  à  56  fr.  75  ;  octobre,  55  fr  25;  quatre  derniers  mois,  55  fr.  à  55fr  25; 
novembre  et  décembre,  55  fr.;  quatre  mois  de  novembre,  55  fr.;  janvier,  55  fr.; 
le  tout  par  sac  de  159  kilog.  toile  perdue  ou  157  kilog.  net  :  farines  supérieures.! 
courant  du  mois,  36  fr.  50  à  36  fr.  75;  octobre,  35  fr.  50;  quatre  derniers  mois, 
35  fr.  25  à  35  fr.  50;  ;  novembre  et  décembre,  35  fr.;  quatre  mois  de  novembre, 
35  fr.;  janvier,  35  Ir.  ;  le  tout  par  100  kilog.  —  La  cote  officielle  en  disponible 
a  été  établie,  comme  il  suit,  pour  chacun  des  jours  de  la  semaine  : 

Dates  (septembre).         9  10  11  13  14  15 

Farines  huit-marques 56.35  53.35  57.50  57.00  57.0)        56.75 

—      supérieures 35.50  36.25      .,       ,  »  .  » 


DES  DENRÉES  AGRICOLES   (18  SEPTEMBRE  1880;.  477 

Le  prix  moyen  des  farines  liuit-marques  est  en  hausse  sur  celui  de  la  semaine 
précédente.  —  Les  gruaux  sont  vendus  de  44  à  52  fr.  par  100  kilog.  ;  quant  aux 
farines  deuxièmes,  leurs  cours  varient  peu,  et  demeurent  fixés  de  28  à  33  fr.  par 
quintal  métrique. 

Seigles.  —  II  y  a  plus  de  fermeté  sur  les  conrs  des  seigles,  qui  sont  vendus  à  la 
halle  de  Paris,  de  19  fr.  75  à  20  fr.  75  par  lOu  kilog.  suivant  les  sortes.  Les  prix 
des  farines  demeurent  fixés  aux  cours  de  28  à  32  fr. 

Oi-ges.  —  Mêmes  prix  que  la  semaine  dernière,  avec  des  affaires  assez  calmes,  à 
la  halle  de  Paris,  de  19  fr.  50  à  20  fr.  par  KO  kilog..  Très  peu  d'affaires  sur  les 
escourgeons  qui  se  vendent  également  aux  cours  de  1 9  fr.  50  à  20  fr.  —  A  Lon- 
dres, très  peu  d'importations  d'orges  étrangères,  et  marché  peu  important.  On 
paye  de  19  fr.  50  à  21  fr.  50  par  quintal  métrique  suivant  les  sortes. 

Malt.  —  Mêmes  cours  que  précédemment.  On  cote  à  Paris  par  100  kilog.  : 
malt  d'orge,  29  à  40  fr.  ;  malt  d'escourgeon,  30  à  36  fr. 

Avoines  —  Les  cours  accusent  une  plus  grande  fermeté  que  la  semaine  précé- 
dente. On  paye  à  la  halle  de  Paris  18  fr.  50  à  20  fr.  par  100  kilog.,  suivant  poids, 
couleur  et  quahté.  Les  offres  sont  assez  restreintes.  —  A  Londres,  les  importa- 
tions ont  été,  durant  la  semaine,  de  1]7,(  00  quintaux  métriques;  le  marché  pré- 
sente beaucoup  de  calme,  avec  des  cours  qui  ont  peu  varié  et  qui  s'établissent  de 

18  fr.  90  à  21  fr.  60  par  100  kilog.,  suivant  les  sortes. 

Sarrasin.  —  Très  peu  d'affaires  à  la  halle  de  Paris.  —  Les  sarrasins  nouveaux 
sont  offerts,  à  livrer  après  la  récolte,  aux  cours  de  18  à  .9  fr    par  100  kilog. 

Maïs.  —  Vente  très  calme  au  Havre  sur  les  maïs  d'Amérique,  qui  valent  de 
14  fr.  25  à  16  fr.  50  par  100  kilog.  suivant  les  qualités. 

Issues.  —  Il  y  a  baisse  dans  les  cours.  On  vend  à  la  halle  de  Paris  par  100  ki- 
log. :  gros  son  seul,  14  fr.  à  14  fr.  25  ;  son  trois  cases,  13  fr.  25  à  13  fr.  50  ; 
sons  fins,  12  fr.  50  à  15  fr.  ;  recoupettes,  12  à  13  fr.  ;  remoulages  bis,  14  à  15  fr.; 
remoulages  blancs,  16  à  18  fr. 

III.  —  Vins,  spiritueux,  vinaigres^  cidres. 
Vins.  —  Le  Midi  est  en  pleine  vendange.  Les  vignes  sont  chargées  de  grappes 
aux  grains  bien  développés  et  très  sains,  qui  font  concevoir  l'es-pérance  d'un  ren- 
dement supérieur  à  la  moyenne  et  à  un  vin  de  bonne  qualité.  En  présence  d'une 
semblable  situation,  on  se  presse  de  préparer  de  la  futaille  pour  recevoir  les 
excédents,  car  ceux-ci  sont  appelés  avec  les  vins  de  l'étranger  et  les  seconds  vins 
à  combler  les  déficits  du  Centre,  si  cruellement  éprouvé.  L'entrée  en  campagne 
pour  l'achat  des  vins  nouveaux  paraît  vouloir  débuter  par  2  à  3  francs  de  plus  par 
hectolitre  que    l'année  dernière:  aiusi  les  vins  de  plaine  qui  se  vendaient  en  1879, 

19  à  20  francs,  se  vendent  cette  année  21  à  22  francs;  les  Montagnes  qui  se  sont 
vendus  en  1879,  24  francs,  sont  tenus  à  27  et  il  fr.  50.  Bien  heureux  s-i  ce  début 
en  hausse  n'influe  pas  sur  les  prétentions  de  la  propriété  et  ne  détermine  pas  des 
prix  plus  élevés.  Dans  le  Bordeltiis,  h  s  vendanges  commenceront  vers  le  25  cou- 
rant; en  attendant,  les  ventes  sur  souches  continuent  avec  une  fiévreuse  activité. 
En  Bourgogne,  la  vendange  est  bien  réduite,  particulièrement  dans  les  vins  fins, 
comme  compensation,  les  vignobles  d'arrière-côtes,  sont  privilégiés  et  feront  une 
moyenne  récolte  ;  on  compte  sur  une  bonne  qualité,  on  croit  même  qu'elle  sera 
supérieure  à  celle  de  1878.  En  Beaujolais,  le  vignoble  est  des  plus  tristes,  on  ré- 
coltera à  peine  pour  la  consommation  locale,  et  la  qualité  sera  médiocre.  En  Au- 
vergne, le  raisin  mûrit  à  vue  d'oeil,  la  quantité  sera  faible,  on  espère  une  bonne 
qualité.  En  Basse-Bourgogne,  la  vigne  est  belle,  mais  la  récolte  sera  maigre.  En 
Lorraine,  la  vigne  a  une  belle  végétation,  les  vendanges  se  feront  dans  les  pre- 
miersjours  d'octobre,  mais  on  fera  peu  de  vin.  Dans  le  Sancerrois,  la  vigne  est 
splendide,  les  vendanges  commenceront  vers  le  20  septembre,  on  ne  compte  que 
sur  le  tiers  d'une  bonne  récolte,  mais  on  s'accorde  à  dire  que  la  qualité  sera  excel- 
lente. En  Poitou,  les  vignes  rouges  ne  donneront  presque  rien,  tandis  que  les  vignes 
blanches  donneront  une  demi-vinée,  on  compte  sur  une  qualité  supérieure  et  sur 
un  vm  très  alcoohque,  on  vendangera,  assure-t-on,  dans  les  premiers  jours  d'oc- 
tobre Telles  sont  les  nouvelles  qui  jusqu'à  ce  jour,  nous  sont  parvenues  des  prin- 
cipaux vignobles. 

Spiritueux.  —  Les  prix  varient  peu,  le  marché  est  indécis,  il  défait  le  jour,  ce 
qu'il  a  fait  la  veille,  et  malgré  les  efforts  des  haussiers,  l'article  est  pour  ainsi  dire 
stationnaire,  comme  il  résulte,  du  reste,  du  mouvement  de  la  semaine  écoulée  qui 
nous  donne  les  chiffres  suivants  :  Début,  61  fr.  75,  puis,  61  fr.  50,  62  fr.,  et  en 
clôture,  62  fr.  75.  Le  stock  a  diminué,  il  est  actuellement  de  7,800  pipes,  contre 


478  REVUE    COMMERCIALE  ET  PRIX-COURANT. 

8,325,  l'an  dernier  à  la  même  époque.  Le  calme  règne  à  Lille  comme  à  Paris;  le 
prix  de  62  fr.  50,  pour  le  disponible,  semble  invariable  et  l'alcool  de  grains  vaut 
toujours  63  à  63  tr,  50.  Il  en  est  de  même  des  marchés  du  Midi,  qui  sont  sans 
changements  :  A  Celte,  on  cote  110  fr,,  et  le  marc,  107  fr.;  A  Nîmes,  103  fr.,  et 
le  marc,  100  Ir.;  à  Pézénas,  98  fr.,  et  le  marc,  98  fr.;  à  Narbonne,  llO  fr  ,  et  le 
marc  102  fr.;  à  Béziers^  103  fr.;  à  Monipellier,  106  ir.  —  A  Paris^  on  cote  3/6 
betterave,  l''<=  qualité,  90  degrés  disponible  63,75,  octobre  162,50,  octobre  et  dé- 
cembre 60,75  à  61,00,  quatre  premiers  55,90.  —  Cognac,  les  eaux-de-vie  1878 
valent  :  bons  bois  ordinaires,  210 à  215  fr.;  très  bons  bois,  215  à  220  fr.;  fins  bois, 
borderies,  225  à  2c,0  fr.;  petite  Champagne,  330  à  235  fr.;  fine  Champagne,  255 
à  260  fr.,  le  tout  à  l'hectolitre.  —  A  Bordeaux,  on  paye,  Bas-Armagnac, 
170  fr.;  Tenarèze,  16  <  fr,;  Haut-Armagnac,  160  fr,  —  A  La  Rochelle,  on  cote, 
eau  de-vie,  1879,  iiOO  fr,  l'hectolitre. 

Vinaigres.  —  A  Dijon,  (,Gôte-d'Or),  le  vinaigre  blanc,  à  8  degrés,  vaut  14  francs 
l'hectolitre;  nu,  à  12  degrés,  20  francs.  Le  vinaigre  dit  de  Dijon,  !«''  choix,  se 
paye  20  francs  Thectobtre  nu. 

Cidres.  —  A  iXuntes,  le  mille  de  pommes  (5,500  kilog.)  depuis  le  Mans  à  Rennes, 
vaut  60  à  65  francs.  De  Gruingamp  à  Saint-Brieuc,  la  récolte  est  pour  ainsi  dire 
nulle. 

lY.  — Sucres. —  Mélasses.  —  Fécules., —  Glucoses.  .—  Amidons. —  Houblons. 
Sucres.  —  Les  marchés  des  sucres  hmts  indigènes  continuent  à  présenter  un 
grand  calme.  Les  offres  sont  d'ailleurs  tout  à  fait  restreintes  pour  toutes  les  caté- 
gories. On  cote  à  Paris,  par  100  kilog.  pour  les  sucres  bruts,  88  degrés  saccha- 
rimétriques  :  n«»  10  à  13,  59  fr,  à  59  fr.  50  ;  n"^  7  à  9,  66  fr,  à  66  fr.  50; 
sucres  blancs  en  poudre  n"  3,  66  fr.  50  à  67  fr.;  les  99  degrés,  66  fr  50  à  o7  fr. 
Ces  cours  accusent  un  peu  de  baisse  depuis  huit  jours.  A  l'entrepôt  réel  des  sucres 
à  Paris  le  stock  accusait  le  15  septembre,  2-22,00.)  sacs  pour  les  sucres  indigènes, 
avec  une  diminution  de  15,000  sacs  depuis  huit  jours.  Sur  les  marchés  des 
départements,  on  paye  les  sucres  bruts  à  Saint-Quentin,  n"«  7  à  9,  66  fr,  50,  A 
Lille,  et  à  Valenciennes,  les  transactions  sont  à  peu  près  nulles,  et  les  cotes  ne 
peuvent  pas  s'étabhr.  Pour  les  sucres  raffinés,  les  prix  accusent  de  la  fermeté  à 
Paris,  où  on  les  paye  147  fr.  à  149  fr.  par  100  kilog.  à  la  consommation;  pour 
l'exportation,  les  prix  varient  de  71  fr.  50  à  74  fr.  5u  suivant  les  qualités,  avec  de 
la  hausse.  — Dans  les  porta,  transactions  peu  importantes  en  ce  qui  concerne  les 
sucres  coloniaux. 

Mélasses.  —  Les  cours  sont  sans  changements.  On  paye  à  Paris,  13  fr.  par  100  kilog. 
pour  les  mélasses  de  fabrique  ;  14  fr.  pour  celles  de  raffinerie.  —  A  Valenciennes, 
13  fr.  pour  celles  de  fabrique. 

Fécules.  — Les  ventes  sont  peu  importantes.  On  cote  à  Paris,  39  fr.  à  40  fr.par 
100  kilog.  pour  les  fécules  premières  ;  —  à  Compiègne,  38  fr.  ;  et  à  livrer  35  fr. 
Les  fécules  vertes  sont  cotées  de  20  fr.  50  à  23  fr.  par  quintal  métrique  suivant 
l'époque  de  la  livraison. 

Glucoses.  —  Peu  d'affaires  sur  les  sirops,  mais  les  prix  sont  faiblement  tenus. 
On  paye  à  Paris  par  quintal  métrique  :  sirop  premier  blanc  de  cristal,  60  fr.  à  62 fr.; 
sirop  massé,  50  fr.  à  52  fr.  ;  sirop  liquide,  40  à  42  fr. 

Ami  ions.  —  Les  cours  sont  faibles;  la  baisse  des  blés  en  est  la  cause.  On  cote 
par  100  kilog.  amidons  de  pur  froment,  en  paquets,  70  à  72  fr.;  amidons  de 
province,   58  à  62  fr  ;  amidons  d'Alsace,  56  à  60  f r  ;  amidons  de  maïs,  42  à  44 îr. 

Houblons.  —  Les  premiers  houblons  sont  offerts  sur  les  marchés.  Les  qualités 
sont  assez  variables,  mais  les  bonnes  sortes  sont,  en  général,  assez  r,bondantes. 
Les  prix  sont  encore  loin  d'être  bien  fixés.  On  paye  à  Alost  120  à  UO  fr.  par 
100  kilog.  pour  les  houblons  nouveaux;  à  Poperinghe,  160  à  200  fr.  D'Alsace,  on 
ne  signale  pas  encore  de  cours. 

V.  —  Huiles  et  graines  oléagineuses. 

Huiles.  —  Les  affaires  sont  restreintes  en  ce  qui  concerne  les  huiles  de  graines. 
Les  cours  sont,  à  Paris,  ceux  de  la  semaine  dernière.  On  paye  par  100  kilog., 
suivant  les  sortes  :  huile  de  colza,  en  tous  fûts,  76  fr.;  en  tonnes,  78  fr.;  épurée 
en  tonnes,  86  fr.;  huile  de  lin,  en  tous  fûts,  70  fr.  25;  en  tonnes,  72  fr.  25.  — 
Sur  les  marchés  des  départements,  on  paye  les  huiles  de  colza  :  Arras,  76  fr.; 
Cambrai,  75  fr.;  Caen,  71  fr.  50;  Rouen,  76  fr.  25  ;  et  pour  les  autres  sortes, 
dans  cette  ville  :  arachides  à  fabrique,  85  fr.;  comestibles,  1 10  à  120  fr  ;  sésame  à 
fabrique,  84  fr.;  comestibles,  100  à  1 10  fr. —  Sur  quelques  marchés  du  Midi,  les 
affaires  en  huiles  d'olive  sont  assez  abondantes.  Les  prix  accusent  de  la  fermeté 


DES  DENRÉES    AGRICOLES  (18  SEPTEMBRE   1880).  47  9 

pour  les  huiles  de  première  qualité,  mais  les  sortes  inférieures  sont  dt^Iaissées.  — 
A  Marseille,  les  huiles  d'Aix  surfines  valent  175  à  180  fr.  par  100  kilog.  à  la  con- 
sommation; celles  du  Var,  125  à  130  fr. 

Graines  oléagineuses.  — Les  affaires  sont  toujours  peu  importantes.  On  cote  à 
Cambrai,  par  hectolitre  :  colza  nouveau,  22  à  22  fr.  2-5;    œillette,   32  à   33  fr.; 
lin,  22  fr.  50  à  23  fr.  50;  cameline,  16  îr.;  à  Rouen,  par  100  kilog.  :  graine  de 
colza,  31  fr.  à  32  fr.  50^  —  à  Caen^  par  hectolitre  :  colza,  19  à  21  fr. 
VI.  —  Tourteaux.  —   Noirs.  —  Engrais. 

Tourteaux.  —  Les  prix  se  maintiennent  bien.  On  paye  dans  le  Nord  :  tourteaux 
de  colza,  I4fr.  50  à  15  fr.  50;  de  lin,  îi3  à  24  fr.;  d'œillette,  15  fr.; —  à  Marseille, 
lin,  20  fr.;  arachides  en  coque,  13  fr.;  arachides  décortiquées,  15  fr.;  sésame, 
14  fr.  50  à  15  fr.;  œillette,  14  fr.;  colza  du  Danube,  14  fr.;  coton,  12  fr.;  palmiste 
naturel,  10  fr.  50;  palmiste  repassé,  9  Ir.  50;  ravison,  12  fr.  75. 

Noirs.  —  Prix  à  Valenciennes  :  32  fr,  par  100  kilog.  pour  le  noir  animal  neuf 
en  grains  ;  8  à  &  ir.  par  hectolitre  pour  le   noir  vieux   grains. 

Engrais.  —  On  paye  par  lOû  kilog.  :  guano  du  Pérou,  32  à  36  fr.;  phospho- 
guano,  29  fr.;  superphosphate  de  guano,  19  fr.;  superphosphate  de  guano  com- 
plet, 23  fr.;  engrais  Goignet,  30  fr.;  engrais  agenais  de  Jaille,  12  à  28  fr.;  kopros- 
guano,  30  fr.,  etc.  A  Liverpool,  les  nitrates  de  soude  valent  36  fr.  80  à  37  fr,  50; 
les  cendres  d'os,  12  fr.  85  à  13  fr.  20. 

VII.  —  Matières  résineuses  et  colorantes. 

Matières  résineuses.  —  Les  prix  sont  en  baisse  dans  le  sud-ouest.  On  paye 
l'essence  pure  de  térébenthine  à  Bordeaux,  60  fr.  par  100  kilog.;  à  Dax,  53  fr, 

Gauclis.  — Prix  fermes  dans  le  Languedoc,  de  20  à  22  fr.  par  100  kilog. 

Raisins  secs.  — Les  cours   actuels  sont  à  Cette  par  100  kilog.  :  Gorinthe,  42  à 
43  fr,;  Thyra,  32  à  33  Ir.;  Vourlas,  29  à  35  fr,;  Samos,  33  à  34  fr. 
VIII.  —  Suifs  et  corps  gra^;,  cuirs  et  peaux. 

Suifs.  —  Toujours  grande  fermeté  dans  les  prix,  à  Paris,  où  l'on  paye,  85  fr. 
par  100  kilog.  pour  les  suifs  purs  de  l'abat  de  la  boucherie. 

Saindoux.  —  Maintien  des  cours  à  1 10  fr.  par  quintal  métrique  pour  les  sain- 
doux d'Amérique,  et  119  à  120  fr.  pour  les  lards  salés. 

IX.  —  Beurres,   —  Œufs.  —  Fromages.  —  Volailles  et  gibier. 

Beurres.  —  On  a  vendu,  pendant  la  semaine,  à  la  halle  de  Paris,  208,043  kilog. 
de  beurres.  Au  dernier  jour,  on  payait  par  kilog.:  en  demi-kilog,,  ordinaires  et 
courants,  2  fr,  28  à  3  fr.  82;  petits  beurres,  1  fr.  90  à  2  fr.  86;  Gournay, 
1  fr.  80  à  4  fr.  50  ;  Isigny,  2  fr,  à  6  fr.   36. 

OEufs.  —  Du  7  au  13  septembre,  il  a  été  vendu  à  la  halle  de  Paris  3,953,3'i& 
œufs.  Au  dernier  marché,  on  payait  par  mille  :  choix,  103  à.  112  fr.;  ordinaires, 
69  à  101  fr.  ;  petits,  52  à  61  fr, 

X,  —  Chevaux.  —    Bétail.  —  Viande. 

Chevaux.  — Aux  marchés  des  Set  11  septembre,  à  Paris,  on  comptait  844  cbe- 
suax.  Sur  ce  nombre,  314  ont  été  vendus  comme  il  suit  : 

Amenés,  Vendus.  Prix  extrêmes. 

Chevaux  de  cabriolet 188  àb      210  à  1  ,0-30  fr. 

—  liet'^ait 250  60      300  à  1.310 

—  hors  d'âge 297  Î09        40kî,0TO 

—  à  l'enchère- ...          26  Î6        6S  à      31.5 

—  de  boucherie 8i  84        40  à      120 

Bétail.  —  Le  tableau  suivant  résume  le  mourenaent  du  marché  aux  bestiaux  de 
la  Yillette,  du  jeudi  9  au  mardi  14  septembre  : 

Poids       Prix  du  Isilog.  de  viande  sur  pied 
Vendus  moyea     au  marché  du  lundi  n'septembre. 

Pour  Pour  En         k  quartiers.  1"            2»  3»  Pris 

Amené».  Paris,  l'extérieur,  totalité.          kil.         qaai.  quai.  quai.  moyen. 

Bœufs 6.362  3  519  1,819  5,338        335        1.62  1,48  1.18  1.41 

Vaches 1887  765  761  1,5.'6        230        1.48  1.32  1.06  1.26 

Taureaux 350  251  40  291        370        1.28  1.14  1.00  1,14 

Veaux  ...,.,..        3,373  3,021  1,167  4,188          75        1.96  1.86  1.50  173 

Moutons 40,0.56  25,519  12,690  38,2€9          19        2.05  1.72  1.42  1  73 

Porcs  gras 5,399  2,112  3,08S  5,197          89        l  68  1.6Z  1.52  1.51 

—    maigres.                »  »  »  »»»»•»  » 

Un  peu  moins  abondants  que  la  semaine  précédente  les  approvisionnements  du 
marché  sont  néanmoins  toujours  considérables  Toutefois,  les  cours  accusent,  pour 
toutes  les  catégories,  principalement  pour  les  moutons,  une  plus  grande  fermeté 
que  la  semaine  précédente. 

A  Londres,  les  importations  d'animaux  étrangers,  durant  la  semaine  dernière, 


480        REVUE   COMMERCIALE  ET  PRIX-COURANT  (18  SEPTEMBRE  1880). 

se  sont  composées  de  14,736  têtes,  dont  401  bœufs,  14  veaux,  3,772  moutons 
et  85  porcs  venant  d'Amsterdam;  51  moutons  d'Anvers;  500  bœufs  de  Boston; 
658  moutons  de  Biême;  40  bœufs  de  Dunkerque;  197  veaux  de  Gothembourg  ; 
263  moutons  d'Hambourg;  69  bœufs,  43  veaux,  1,790  moutons  et  124  porcs  d'Har- 
lingen  ;  39  bœufs  du  Havre;  318  bœufs  et  4^9  moutons  de  Montréal;  956  bœufs 
et  524  moutons  de  New-York;  120  bœufs,  d'Oporto  ;  6  veaux,  822  moutons  et  13 
porcs  de  Rotterdam;  1,677  bœufs  et  2,70  l  moutons  de  Tonning.  Prix  du  kilog. 
Bœuf,  V  1  fr.  40  à  2  fr.  05;  Veau,  1  fr.  75  à  2  fr.  10;  Mouton,  1  fr.  75  à  2  fr.  45; 
Porc  :    1  tr.  8s  à  2  fr.  05. 

Viande  à  la  criée.  —  On  a  vendu, 


la  halle  de  Paris,  du  7  au  13  septembre  : 

Prix  du  kilog.  le  13  septembre. 


Beuf  ou  vache 

Veau 

Mouton 

Porc 


qua 
1.02  à  I 
1.5>     1.90 
1.42     1.70 


Choix.     Busse  boucherie. 
I.00à2.50  O.lOà  0  90 
I.UO    2.10      . 
1.00    3.50      » 


kilog. 
17  2,632 
]oH,818 
56,280 
17^154 
404.884 
Les  ventes  sont  à   ^        ^ 
deiiieurent  sans   changements,   saul  pour  la  viande  dv:i  veau  qui  accuse  un  peu  de 
hausse. 

XI.  —  Cours  de  la  viande  à  l'abattoir 
Cours  de  la  charcuterie.  —  On 
80  à  85  fr.;  2%  75  à  80  fr.;  poids  vif,  bï  à  58  tr 

Bœufs.  Veaux.  Moutons. 


Fore  frais. 

Soit  par  jour 57,841  kilog. 

peu  près  les  mêmes  que  la  semaine  précédente.  Les  cours 


(a  ViUette  du  16  septembre  {par  50  kilog.) 
vend  à  la  Villette  par    50  kilog.  :  1"  qualité, 


(ra 

2" 

3" 

1" 

2« 

3" 

1" 

2« 

3« 

quai. 

quai. 

quai. 

quai. 

quai. 

quai. 

quai. 

quai. 

quai 

fr. 

fr. 

fr. 

fr. 

fr. 

fr. 

fr. 

fr. 

fr. 

74 

67 

60 

97 

88 

78 

89 

83 

75 

XII.  —  Marché  aux  bestiaux  de  la  Villette  du  16  jeudi  septembre. 


Cours    officiels. 


Cours  des  commissionnaires 
en  bestiaux. 


Prix 
extrêmes. 


Poids 

moyen 
Animaux  général, 

amenés.     Invendus.  kil. 

Bœufs 3.  lis  609  36i 

Vaches 852  230  25:> 

Taureaux...        137  26  370 

Veaux 1.434  173  80 

Moutons 21.463  1.914  18 

Porcs  gras..    4.165  70  84 

—  maigres.  »  >  i»»»»»»»>»» 

Vente  assez  active  sur  toutes  les  espèces. 

XIII.  —  Bésamé. 
Les  changements  dans  les  cours  ont  été  peu  importants,  durant  cette  semaine, 
pour  le  plus  grand  nombre  des  denrées  agricoles.  A.  Remy. 

BULLETIN  FINANCIER. 

Cours  de  la  Bourse  du  8  au   \h  septembre  1880  [au  comptant). 
Le  marché,  après  avoir  conservé  quelques  jours  les  cours  acquis,  se  termine  en 
réaction:  la  rente  3  0/0  est  à  86  fr.  60,   perdant  87  fr.  20;  l'amortissable  à  88  fr, 
20,  perdant  0  fr.  90,  et  le  5  0/0  à  120  fr.  perdant  0  fr.  30  Même,  faiblesse  aux 
Sociétés  de  crédit  et  aux  chemins  de  fer. 


Plus 

Plus 

bas. 

haut. 

86.60 

87.25 

88.20 

89.1b 

11b. 2.Î 

116.25 

120.U0 

120.40 

Principales  valeurs  françaises  : 


Rentes  o/O 

Rente  3  0/0  amortis. 

Rente  4  1/2  o/O 

Rente  5  O/o 120. uo 

Banque  de  France 3450.00  3475.00 

Comptoir  d'escompte 962.50    975.00 

Société  générale 565.00     570.00 

Crédit  foncier 1375.00  1415.00 

Est Actions  500     777.50     780.00 

Midi d' 

Nord d' 

Orléans d' 

Ouest d' 

Paris-Lyon-Méditerranée  d' 
Paris  1871  obi.  400  3  0/0  . . 
Italien  &  o/o 


1057.50  lOe.H.OO 

1640.00  1652.50 

1266.25  1280.00 

852.50  860.00 

1435.00  1450  00 

399.00  400.00 

86.15  86.80 


Dernier 

cours. 

86  60 

88.20 

115.50 

120.00 

3^70.00 

962.50 

5C7.50 

1375.00 

780.00 

1061.25 

164i).00 

1266.25 

855.00 

1435.00 

399.00 

86.20 


Gérant  :  A.  BOUCHÉ. 


Valeurs  diverses  : 

Plus 
b.is. 

525.00 
560  00 
475.00 
1110.00 


Plus 
haut. 

540.00 

570.00 
480.00 
130  00 


710.00 
962.50 


795.00 
58  2.50 
757.  50 
612.50 


712.50 
970.00 
650.00 


Créd.  fonc.    obi.  50o  4  0''0 

11»         d"        d"       à'  3  0/0. 

d°  obi.  C  500  3  0/0 
Bque  de  Paris  acl.  500. .. 
Crédit  ind.  et  corn.  500... 
Dépôts  et  cptes  cts.  500... 

Crédit  lyonnais d°... 

Créd.  mobilier 640.00 

Cie    parisienne  du  gaz  250  1372.50  1395. 00 

Cie  génér.  transatl 500    600. oO    607  50 

Messag.  maritimes d°    732.50     7i.£.50 

Canal  de  Suez d"  1272.50  1301.25 

d°      délégation d» 

d°      obli.  5  0/0 d» 

Créd.  fonc.  Autrich 500 

Créd  mob.   Espagnol...  .d' 


Créd. fonc.    Russe 390.00 


805.00 
591.25 
795  00 
625.00 
397.00 


Dernier 
cours. 
525.00 
570.00 
476.25 

1110.00 
740.00 
712.50 
962.50 
645.00 

1380.00 
605.00 
7^2.50 

1275.00 
795.00 
587.50 
760.00 
612.50 
393.25 


Letkrrier. 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (25  septembre  isso;. 

Distribution  des  récompenses  pour  le  concours  des  irrigations  dans  les  Hajtes  et  les  Basses- 
Alpes  en  1880.  — Nature  des  encouragements  à  distribuer  aux  agriculteurs  des  contrées  pauvres. 

—  Effets  de  ces  récompenses.  —  Extension  de  la  péripneumonie  dans  l'est  de  la  France.  — 
Faux  bruits  relatifs  à  la  peste  bovine  —  L'exercice  de  la  médecine  vétérinaire.  —  Circulaire  de 
M.  'lirard  sur  le  traitement  des  maladies  contagieuses  par  les  empiriques.  —  Vœux  des  Con- 
seils généraux  sur  ce  sujet.  —  Le  greffage  de  la  vigne.  —  Lettre  de  M.  Charles  Raltet.  —  Note 
de  M.  Lécart  sur  une  vigne  sauvage  du  Soudan.  —  Le  piàirage  des  vins.  —Vœux  de  la  Société 
centrale  d'agriculture  de  l'Aude.  —  Programme  d'un  concours  international  de  semoirs  en 
Italie.  —  La  ferme-école  ilu  Lot.  —  Examens  d'admission  et  de  sortie.  —  Nomination  de 
M.  Pierre  Dufour  en  qualité  de  directeur  de  la  ferme-école.  —  Concours  du  Comice  de  Morlaas. 

—  Concours  dans  l'Aude.  —  Vente  d'animaux  reproducteurs  par  la  Société  d'agriculture  de 
l'Aude.  —  Vente  de  reproducteurs  de  race  Durhaiu  à  Laval.  —  Projet  de  création  d'une  station 
agronomique  à  Rouen  et  d'ue  école  pratique  d'agriculture  dans  le  département  de  la  Seine- 
Inférieure.  —  Extrait   du  rapport  de   M.  Chouillou  au  Con-eil  général   de  ce  département. 

Concours  du  Comice  agricole  de  Saint-Amand.  —  Discours  de  M.  Girerd,  sous-secrétaire  d'Etat 
au  ministère  de  l'agriculture.  —  L'agriculture  à  l'Association  britannique  pour  l'avancement  des 
sciences.  —  L'enseignement  agricole  en  Angleterre.  —  Les  pluies  sous  le  climat  de  Londres.  — 
Ouverture  de  la  campagne  sucrière.  —  Décrets  relatifs  aux  droits  sur  les  glucoses  entrant  dans 
la  fabrication  des  bières  et  sur  les  sucres  des  confiseries.  —  Objet  d'art  offert  à  M.  Mariage.  — 

—  Congrès  pomologique  de  France. 

Gap,  le  22  septembre  1880. 
I.  —  Les  encouragements  à  l^ agriculture. 

La  cause  de  la  propagation  des  irrigations  m'a  encore  appelé  dans 
les  Alpes.  Parmi  les  encouragements  que  l'tn  peut  donner  aux  agri- 
culteurs, il  en  est  peu  qui  produisent  plus  de  bien  que  ceux  que  le 
gouvernement  peut  faire  porter  jusque  dans  les  villages  des  montagnes, 
car  le  paysan  des  hameaux  éloignés  ne  connaît  guère  l'Etat  que  par  le 
percepteur,  et  il  est  bon  que,  au  lieu  de  lui  prendre  toujours,  l'Etat  lui 
fasse  porter  des  prix  ou  des  médailles,  en  entrant  en  communications 
avec  la  famille  rurale  dans  sa  modeste  chaumière.  Les  prix  du  concours 
d'irrigation  des  Hautes  et  Basses-Alpes  ont  été  distribués  solennelle- 
ment avant-hier  sous  la  présidence  de  M.  Vernet,  préfet  des  Hautes- 
Alpes,  assisté  de  M.  du  Peyrat,  inspecteur  général  de  l'agriculture  de 
la  région.  Nous  y  avons  été  lire  un  rapport  sommaire  que  nous 
publierons  prochainement.  Ce  que  nous  tenons  à  constater,  c'est  que 
nous  avons  vu  des  cultivateurs  ayant  fait  à  pied  plusieurs  dizaines  de 
lieues,  qui  étaient  descendus  de  leurs  hautes  montagnes  que  la  neige 
commence  à  recouvrir  à  des  altitudes  de  1,800  à  2,200  mètres,  pour 
recevoir  des  médailles  d'argent  ou  de  bronze,  souvenirs  précieux  pour 
eux.  qu'ils  remportent  au  milieu  des  leurs,  et  qui  deviennent  des 
objets  d'émulation  pour  ceux  qui  veulent  réaliser  des  progrès. 

Les  récompenses  qui  prennent  ainsi  un  cachet  gouvernemental  acquiè- 
rent, aux  yeux  des  agriculteurs  éloignés  des  grandes  villes  une  valeur 
particulièrement  précieuse.  Dans  nos  visites  agricoles,  au  sein  des 
populations  rurales  des  pays  les  plus  délaissés,  nous  avons  rencontré 
quelquefois  de  vieux  laboureurs  très  fiers  d'avoir  obtenu,  il  y  a  trente 
ou  quarante  ans,  une  médaille  constatant  leurs  efforts  ou  bien  même 
une  simple  lettre  ministérielle  contenant  quelques  paroles  d'encoura- 
gement. Ces  objets  sont  conservés  comme  des  reliques,  avec  des  senti- 
ments de  reconnaissance  qui  nous  ont  touchés.  On  ne  sait  pas  assez 
le  bien  qui  peut  être  fait  par  des  récompenses  ainsi  données.  L'éclat 
que  répandent  les  villes  appelle  les  hommes  jeunes  et  fait  que  naturel- 
lement les  campagnes  sont  souvent  abandonnées.  L'émigration  se 
produit.  On  s'en  étonne  et  même  on  en  fait  un  grief  aux  paysans  qui 
ne  consentent  pas  à  rester  malheureux.  Nous  avons  toujours  trouvé 
très  injustes  les  reproches  adressés  aux  populations  d'émigrer  des 
lieux  oîi  elles  vivent  misérables,  pour  aller  tenter  fortune  ailleurs. 

N»  598.  —  Tome  III  de  1880.  —  25  Septembre. 


482  CHRONIQUE  AGRICOLE   (25  SEPTEMBRE    1880). 

Le  perfectionnement  des  voies  de  communication  devait  amener  ce 
résultat.  JMais  laites  que  l'agriculture  devienne  prospère  dans  les 
contrées  déshéritées,  et  le  paysan  qui  aime  singulièrement  la  terre 
retournera  toujours  la  cultiver.  Dans  les  habitudes  actuelles,  on  donne 
dans  les  grandes  villes  du  travail  à  certaines  populations  rurales 
durant  l'été  et  on  les  renvoie  dans  leurs  chaumières  oii  la  vie  est  si 
rude,  précisément  pendant  la  saison  d'hiver.  C'est  le  contraire  qui 
devrait  être  fait.  En  outre,  que  ce  soit  un  honneur  souvent  constaté 
que  de  bien  cultiver  les  pays  les  plus  pauvres,  que  les  encouragements 
ne  leur  soient  pas  distribués  avec  parcimonie,  c'est  le  vœu  que  nous 
formons  dans  l'intérêt  public.  Nous  avons  donné  la  preuve  de  notre 
profonde  conviction  à  cet  égard,  car  nous  avons  fait  325  lieues  et  passé 
quarante  heures  en  chemin  de  fer,  pour  pouvoir  serrer  la  main  des 
cultivateurs  de  Vasr,  Ristolas,  Arvieux,  villages  qui  se  transforment 
par  le  bon  aménagement  de  leurs  eaux,  par  l'emploi  des  engrais  et 
même  des  instruments  perfectionnés.  Il  est  bien  de  prodiguer  les 
encouragements  aux  riches  cultures,  mais  il  est  bien  aussi  de  ne  pas 
négliger  ceux  que  la  nature  a  traités  en  marâtre. 

II.  —  Les  maladies  contagieuses  du  bétail. 

Nous  avons  insisté,  dans  un  précédent  numéro,  sur  l'extension 
prise  par  la  fièvre  aphteuse  dans  un  certain  nombre  de  départements;- 
on  signale  aussi,  principalement  dans  la  région  de  l'Est,  une  recru- 
descence considérable  de  péripneumonie  contagieuse  des  bêtes  à 
cornes.  Les  ravages  de  cette  maladie  sont  assez  sérieux,  en  ce  mo- 
ment, pour  inquiéter  vivement  les  agriculteurs  de  la  Franche-Comté. 
Il  en  est  de  môme  dans  une  partie  de  la  Suisse.  Le  bruit  a  même 
couru,  sur  la  frontière,  que  la  peste  bovine  avait  fait  son  apparition 
dans  le  district  de  Porentruy,  canton  de  Berne;  mais  les  observations 
faites  avec  soin  ont  permis  de  reconnaître  que  l'on  avait  affaire  seule- 
ment à  la  péripneumonie. 

IIL —  L'exercice  de  la  médecine  vétérinaire. 

A  l'occasion  du  projet  de  loi  sur  la  police  sanitaire  soumis  à  l'examen 
de  la  Chambre  des  députés,  M.  le  ministre  de  l'agriculture  a  adressé 
aux  préfets,  au  moment  de  la  session  des  Conseils  généraux,  la  cir- 
culaire suivante  : 

«  Paris,  le  14  août  T880.  '" 

«  Monsieui'  le  préfet,  la  Commission  de  la  Chambre  des  députés  à  laquelle  a 
été  renvoyé  l'examen  du  projet  de  loi  sur  la  police  sanitaire  des  animaux,  a 
décidé  d'introduire,  dans  ce  projet,  une  disposition  interdisant  à  quiconque  n'est 
pas  pourvu  du  diplôme  de  vétérinaire,  de  traiter  les  animaux  atteints  de  maladies 
contagieuses. 

«  Toutefois,  en  adoptant  ce  principe,  il  lui  a  paru  nécessaire  de  prévoir  que 
l'application  pourrait  en  être  différée  dans  les  départements  où  cet  ajournement 
serait  demandé  par  les  Conseils  généraux,  en  raison  du  nombre  insuffisant  des 
vétérinaires  et  dea  difficultés  de  communication. 

«  J'ai  l'bonneor  de  vous  prier,  monsieur  le  préfet,  de  vouloir  bien  consulter  le 
Conseil  général  de  votre  département,  sur  cette  question,  au  cours  de  la  session 
qui  va  s'ouvrir,  et  de  me  faire  parvenir,  le  plus  tôt  possible,  la  délibération  qu'il 
aura  prise  à  ce  sujet. 

«  Recevez,  etc.  «  Le  ministre  de  l'agriculture  et  du  commerce^ 

«  P.  TiRARD.   » 

Un  grand  nombre  de  Conseils  généraux,  en  réponse  à  cette  circulaire, 
ont  émis  le  vœu  que  le  traitement  des  maladies  contagieuses  soit 
interdit  à  toute  personne  non  pourvue  du  diplôme  de  vétérinaire.  Il  y 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (25   SEPTEMBRE  1880).  483 

a  lieu  d'espérer  que  cette  disposilion,  que  l'agriculture  accueillerait 
avec  une  vive  satisfaction,  sera  inscrite  dans  la  nouvelle  loi.  Les 
empiriques,  sont,  en  effet,  souvent  les  meilleurs  agents  de  propagation 
des  maladies  contagieuses;  impuissants  à  en  reconnaître  les  caractères, 
ils  les  laissent  souvent  prendre  des  proportions  considérables,  avant  de 
songer  aux  moyens  de  les  combattre.  Nous  souhaitons  vivement  qu'on 
arrive  un  jour  à  interdire  d'une  manière  absolue  la  pratin^ue  de  la 
médecine  vétérinaire  à  quiconque  n'est  pas  muni  du  diplôme  des  écoles 
nationales  vétérinaires. 

IV.  —  Sur  le  greffage  de  la  vigne. 
A  l'occasion  dsla  note  de  M.  le  docteur  Saurel  sur  le  greffage  de  la 
vigne  par  écusson  plein,  publiée  dans  notre  dernier  numéro   (p.  45  j), 
nous  avons  reçu  de  M.  Charles  Baltetla  lettre  suivante  : 

Troyes,  20  septembre  1880. 

«  M.  le  rédacteur,  M.  Saurel  a  raison,  dans  votre  dernier  numéro,  d'exciter  les 
chercheurs  à  greffer  la  vigne  par  l'écussonnage  Ilindique  l' écusson  boisé  que  nous 
avons  signalé,  dans  ÏArt  de  greffer,  à  l'occasion  des  cameUias,  azalées,  rhododen- 
drons et  lilas.  D'après  André  Thouin,  celte  greffe  aurait  été  inventée  par  le  comte 
d'Ourche,  «  auteur  de  plusitiurs  ouvrages  sur  les  irrigations  et  sur  des  cultures 
agrestes.  » 

«  Mais  l'écussonnage  simple  a  été  appliqué  à  la  vigne,  il  y  a  une  quinzaine 
d'années,  par  un  vigneron  fort  intelligent  de  Beaune,  M.  Jo.seph  Gaguerot.  Il 
opère  fin  juillet  et  couvre  la  gretîe  avec  un  peu  de  terre  pendant  quinze  jours. 
Au  Champ  de  mars,  en  1867,  M.  Gagnerot  exposa  de  magnifiques  pieds  de  vigne 
écussonnés  ainsi  et  transformés  dans  leur  espèce.  Je  l'ai  également  constaté  chez 
lui.  Il  est  un  des  premiers  qui  aient  réussi.  Charles  Baltet 

horticulteor  à  Troyes. 

On  ne  peut  qu'encourager  les  essais  demandés  par  M.   Saurel.  Les 
succès    signalés  par    M.    Charles  Baltet   sont  d'ailleurs  tout  à  t'ait  de 
nature  à  donner  confiance  à  ceux  qui  les  poursuivront, 
V.  —  Une  nouvelle  vigne. 

Les  Comptes  rendus  de  l'Académie  des  sciences  publient  un  extrait 
d'une  lettre  adressée  par  M.  Lécard  au  ministre  de  l'instruction  pu- 
blique, et  relative  à  l'existence,  au  Soudan,  de  vignes  sauvages,  à  tige 
herbacée,  à  racines  vivaces  et  à  fruits  comestibles.  D'après  cette 
lettre,  la  beauté  et  l'abondance  des  fruits,  la  vigoureuse  rusticité  de  la 
plante,  la  facilité  de  culture,  par  suite  de  la  simple  plantation  annuelle 
de  ses  racines  tuberculeuses,  lui  donneront  une  place  importante 
en  France.  M.  Lécard  suppose  même  que  ces  espèces  nouvelles 
sont  susceptibles  de  changer  complètement  les  conditions  de  la  cul- 
ture de  la  vigne  en  France  et  d'en  augmenter  la  production  dans 
des  proportions  inconnues;  on  pourrait,  dit-il,  les  cultiver  comme  on 
le  fait  pour  les  dahlias.  M.  Lécard  annonce  enfin  qu'il  a  une  grande 
quantité  de  graines  de  ces  vignes  à  distribuer  à  tous  les  établisse- 
ments agricoles  ou  scientifiques  de  France,  d'Algérie  et  même  d'Eu- 
rope. Les  essais  de  culture  permettront  de  constater  la  valeur  des 
services  que  ces  nouvelles  vignes  pourront  rendre  en  France. 
YL  —  Sur  le  pldlrage  des  vins. 

Dans  notre  numéro  du  28  août  (p.  322),  nous  avons  publié  la  cir- 
culaire adressée  parle  ministre  de  la  justice  relativement  au  plâtrage 
des  vins.  Cette  circulaire  a  soulevé  une  grande  émotion  parmi  les 
négociants  en  vins  et  dans  quelques  régions  viticoles.  Nous  en  trouvons 
une  trace  dans  la  délibération  suivante  qui  a  été  prise  par  la  Société  cen- 


484  CHRONIQUE  AGRICOLE  (25   SEPTEMBRE  1880). 

traie    d'agriculture   de     l'Aude,    dans  sa  séance    du  4    septembre 
courant  : 

«  La  Société  centrale  d'agriculture  de  l'Aude  considérant  que  le  plâtrage  de 
la  vendange  s'exerce  depuis  un  temps  immémorial  dans  nos  départements  du  Midi, 
que  cette  opération  est  indispensable  pour  assurer  la  fermentation  régulière  de  la 
vendange  et  la  bonne  conservation  de  nos  vins; 

«  Que  depuis  plusieurs  siècles  nos  populations  de  l'Aude  s'abreuvent  de  vins 
plâtrés  et  que  jamais  nos  médecins  n'ont  constaté  de  maladies  ou  accidents  dus  à 
l'usage  journalier  de  cette  boisson; 

«  Que  nos  vins  de  liqueur,  lorsqu'ils  sont  récoltés  sur  des  terrains  très  calcai- 
res, renferment  naturellement  plus  de  deux  grammes  de  sulfate  de  potasse  par  litre; 
que  dès  lors  il  faudrait,  sous  peine  de  délit,  renoncer  à  ces  sortes  de  vins  et  arra- 
cher les  vignes  qui  les  produisent  au  moment  oij  les  ravages  du  phylloxéra  nous 
menacent  d'une  ruine  complète; 

«  Que  nos  traités  de  commerce  permettent  l'introduction  sur  notre  territoire 
des  vins  d'Italie  et  d'Espagne,  qui  sont  toujours  très  fortement  plâtrés  et  sans  que 
leur  teneur  en  sulfate  de  potasse  ait  été  fixée  ; 

«  Qu'on  ne  saurait  tolérer  chez  les  vins  exotiques  un  dosage  différent  de  celui 
de  nos  vins  français  et  qu'imposer  à  tous  la  limite  indiquée  par  la  récente  circu- 
laire ministérielle,  serait  peut-être  porter  atteinte  à  nos  traités  internationaux  ; 

«  Supplie  M.  le  garde  des  sceaux,  ministre  de  la  justice,  eu  égard  aux 
considérations  qui  précèdent,  de  vouloir  bien  revenir  sur  les  ordres  par  lui  donnés 
le  23  août  1&80  et  laisser  les  vins  plâtrés  sous  l'empire  de  la  circulaire  ministérielle 
du  21  juillet  1858.  » 

Nous  estimons  toujours  que,  quelle  que  soit  l'innocuité  supposée  de 
l'addition  du  plâtre  soit  aux  moûts,  soit  au  vin,  les  vins  traités  de  cette 
manière  doivent  être  vendus  comme  vins  plâtrés,  car  il  est  de  toute 
justice  que  l'acheteur  soit  prévenu  des  manipulations  qu'a  subies  le  vin 
qu'on  lui  vend. 

VIL  —  Concours  international  de  semoirs  en  Italie. 

Nous  avons  eu,  à  diverses  reprises,  à  annoncer  des  concours  inter- 
nationaux de  machines  agricoles,  organisés  en  Italie.  La  direction  de 
ces  concours  est  confiée,  par  le  ministère  de  l'agriculture,  à  des  comices 
agricoles.  Le  programme  d'un  concours  international  de  semoirs  vient 
de  nous  parvenir  ;  ce  concours  sera  dirigé  par  le  Comice  de  Pise,  et  il 
aura  lieu  dans  cette  ville,  au  mois  d'octobre.  Les  opérations  du  con- 
cours commenceront  le  20  octobre;  les  essais  de  semoirs  se  feront  du 
25  octobre  au  1 0  novembre.  Les  constructeurs  de  semoirs,  dans  tous  les 
pays,  seront  appelés  à  y  prendre  part.  Les  récompenses  décernées  par 
le  ministère  de  l'agriculture  d'Italie  sont  les  suivantes  :  1  °  une  médaille 
d'or  et  achat  par  le  ministère,  de  deux  modèles  du  semoir  qui  aura 
remporté  le  premier  prix;  2"  médaille  d'argent  et  acquisition  d'un 
modèle  du  semoir  qui  aura  remporté  le  deuxième  prix. 
VIII.  —  La  ferme-école  du  Lot. 

Nous  recevons  communication  des  résultats  des  examens  de  sortie 
et  d'admission  qui  viennent  d'avoir  lieu  à  la  ferme-école  du  Montât 
(Lot).  La  commission  qui  a  présidé  à  ces  examens,  se  composait  de 
MM.  Gustave  Heuzé,  inspecteur  général  de  l'agriculture,  président; 
Bragalières,  membre  du  Conseil  général  ;  Andurand-Rolland  et  Va- 
lette, propriétaires -agriculteurs,  et  Théodore  Périer,  professeur  de 
physique  au  lycée  de  Cahors,  secrétaire,  —  Voici  d'abord,  par  ordre 
de  mérite,  la  liste  des  quatorze  élèves  qui  ont  obtenu  le  certificat  d'in- 
struction et  qui  doivent  sortir  au  1*'  octobre  prochain  : 

MM.  1.  Frayssenge.  —  2.  Descamps.  —  3.  Carrières.  —  4.  Miquel.  — 
5.  Roux.  —  6.  Blanc.  —  7.  Tocaben.  —  8.  Laques.  —  9.  Ourcival.  —  10.  Al- 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (25  SEPTEMBRE    1880).  485 

barel.  —  11.  Viers.  —  12.  Gournille  (Raymond). —  13.  Maiury. —  14.  Laplace. 

Tous  ces  jeunes  gens  sont  âgés  de  dix-huit  à  vingt  ans.  — Au  con- 
cours d'admission,  48  candidats  se  sont  présentés;  sur  ce  nombre, 
18  ont  été  admis  dans  l'ordre  suivant,  et  devront  entrer  le  1"  octobre, 
à  la  ferme-école  : 

Titulaires.  —  MM.  1.  Amadieu,  19    ans.  —  2.  Gibily,  17  ans.  —  3.  Guitard, 

16  ans.  —  4.  Rouveix,   17  ans.  —  5,  Escrouzailles,  17  ans.  —  6.  Brugalières, 

17  ans.  —  7.  Labarrière,  17  ans.  —  8.  Gauiac,  16  ans  —  9.  Barreau,  19  ans.  — 
10.  Frézals,  18  ans.  —  11.  Lestrade,  17  ans.  —  12.  Boussaroque,  18  ans.  — 
13.  Lacam,  16  ans.  —  14.  Maurel,  17  ans,  —  15.  Nigou,  18  ans.  —  16.  Gour- 
nille (Biaise),  19  ans. 

Supplémentaires.  —  MM.  Girma,  16  ans.  —  Bru,  17  ans. 

Par  un  arrêté  du  ministre  de  l'agriculture,  en  date  du  8  septembre, 
et  sur  la  demande  du  directeur  de  la  ferme-école,  M.  Pierre  Dufour, 
sous- directeur,  a  été  nommé  directeur  en  remplacement  de  son  beau- 
père,  M.  Célarié,  qui  était  à  la  tête  de  cet  établissement  depuis  trente 
et  un  ans,  et  qui  y  a  rendu  de  signalés  services  à  la  cause  de  l'ensei- 
gnement agricole.  Depuis1849  jusqu'à  ce  jour,  366  élèves  sont  sortis 
de  la  ferme-école  du  Montât,  avec  leur  certificat  d'instruction. 
IX.  —  Concours  de  comice  deMorlaas. 

Le  concours  du  comice  agricole  du  canton  de  Morlaas  (Basses- 
Pyrénées)  se  tiendra,  dans  cette  ville,  le  10  octobre  prochain.  Ce  con- 
cours est  spécial  aux  animaux  reproducteurs  de  l'espèce  bovine;  tous 
les  propriétaires  de  taureaux,  de  vaches  et  de  génisses,  dans  le  canton, 
sont  admis  à  y  prendre  part.  En  outre,  un  concours  sans  conditions 
spéciales  est  ouvert  pour  les  instruments  d'agriculture  les  plus  perfec- 
tionnés et  les  plus  pratiques  à  introduire  dans  le  canton  de  Morlaas. 

X.  —  Concours  spéciaux  dans  VAuie. 
Deux  concours  d'animaux  reproducteurs  sont  organisés  par  la 
Société  d'agriculture  de  l'Aude  sous  la  direction  de  M.  Larobertie- 
Sarlande,  son  président.  Ces  deux  concours  sont  spéciaux  à  l'espèce 
bovine.  Le  premier  aura  lieu  à  Saint-Denis,  le  26  septembre,  pour  les 
cantons  d'Alzonne,  de  Saissac  et  de  Mas-Cabardès  ;  le  second  se 
tiendra  le  1 1  octobre  à  Gastelnaudary,  pour  tous  les  cantons  de  cet 
arrondissement.  Dans  chaque  concours,  une  somme  de  500  francs 
sera  répartie  en  primes,  tant  pour  les  taureaux  que  pour  les  génisses 
et  les  vaches.  Les  animaux  exposés  devront  présenter  les  caractères 
distinctifs  des  races  locales. 

XL  —  Vente  d'animaux  reproducteurs  dans  L'Aude. 
La  Société  centrale  d'agriculture  de  l'Aude,  dans  le  but  d'encoura- 
ger l'élevage  de  l'espèce  bovine,  offre  aux  propriétaires  de  leur  céder, 
à  moitié  prix,  c'est-à-dire  pour  150  à  300  francs,  de  très  beaux  tau- 
reaux reproducteurs  de  la  race  gasconne   ou  de  ses   dérivées.    Cette 
année,  cette  opération  est  limitée  à  six  cantons  :  ceux  d'Alzonne,  Mas- 
Cabardès,  et  Saissac  dans  l'arrondissement  de  Carcassonne;   ceux  de 
Ip  Gastelnaudary  et  de  Salles-sur-l'Hers  dans  l'arrondissement  de  Cas- 
/  telnaudary;  et  celui   d'Axat  dans  l'arrondissement  de  Limours.  Les 
acheteurs  profiteront  de  la  monte  sans  pouvoir  cependant  toucher, 
par  saillie,  une  rétribution  supérieure  à  celle  des  habitudes  locales; 
ils  devront  prendre,  envers  la  Société  d'agriculture,  l'engagement  de 
mettre  pendant  trois  ans  ces  taureaux  à  la  disposition  du  public  pour 
la  reproduction. 


486  CHRONIQUE  AGRICOLE   (25   SEPTEMBRE   1880). 

XII.  —  Vt7U&  d'animaux  reproducteurs  à  Laval. 

Nous  avons  annoncé  que  la  neuvième  vente  publique  d'animaux  de 
pur  sang  Durliam,  organisée  par  l'association  des  agriculteurs  de  la 
Mayenne,  aurait  lieu  a  Laval  le  samedi  2  octobre.  Le  catalogue  de  cette 
vente  comprend  25  animaux  mâles  et  femelles,  sortant  des  étables  de 
M.  Anqnetil,  à  Cossc-le-Vivien;  de  M.  lîoisgontier,  à  Cossé-le-Vivien; 
de  M.  Léon  de  Clialais,  à  Saint-Jean-sur-Mayenne;  de  M.  Daudier,  à  la 
Lande;  de  M.  Adhémar  Dubois,  à  Cossé  le-Vivien;  de  M.  Foucault^  à 
Changé;  de  M.  Cl.  Girard,  au  Mans;  de  M.  Houtin,  à  Gossé-le- Vivien; 
de  IM.  Uaymond  de  Moulins,  à  Ahuillé;  de  M.  Martin,  à  Cossé-Ie- 
Yivien;  de  MM.  Louis  Rabeau  et  J.  Bodin,  àCraon.Le  plus  grand 
nombre  de  ces  animaux  sont  encore  dans  leur  jeune  âge. 
XIII.  —  Projet  de  création  d'une  station  agronomique,  et  d'une  école  d'agriculture. 

Dans  sa  dernière  session,  le  Conseil  général  de  la  Seine-Inférieure  a 
adopté  les  conclusions  de  deux  rapports,  présentés  par  M.  Chouillou, 
sur  un  projet  de  création  d'une  station  agronomique  à  Rouen  et 
d'une  école  pratique  dans  le  département  de  la  Seine-Inférieure.  Le 
Conseil  général  a  chargé  sa  première  commission  d'étudier,  d'accord 
avec  le  préfet,  les  moyens  de  réaliser  ces  deux  projets.  On  ne  peut  que 
souhaiter  qu'ils  reçoivent  une  prompte  réalisation.  Le  rapport  de 
M.  Chouillou  renferme  sur  le  rôle,  le  fonctionnement  et  l'histoire  des 
stations  agronomiques,  des  considérations  que  les  agriculteurs  liront 
certainement  avec  intérêt  : 

ce  Qu'est-ce  qu'une  station  agronomique  ?  —  C'est  le  siège  de  toutes  recherches 
scientifiques  sur  la  nature  et  la  composition  des  sols  et  des  sous-sols  que  présente 
la  région,  sur  les  terres  et  minéraux  qui  peuvent  y  servir  d'amendements,  sur  les 
fumiers  et  tous  autres  engrais  qui  y  sont  employés,  sur  les  résidus  des  diverses 
industries  voisines,  résidus  souvent  précieux  pour  la  culture,  sur  les  semences  en 
usage  ou  à  recommander,  sur  les  conditions  physiques  et  chimiques  nécessaires  au 
rendement  maximum  de  chacune  de  ces  semences,  sur  les  compositions  de  leurs 
récoltes,  au  point  de  vue  de  leur  valeur  industrielle,  commerciale  ou  alimentaire, 
sur  les  meilleurs  rations  à  donner  au  bétail  pour  développer  en  lui  telle  ou  telle 
qualité,  tel  ou  tel  produit.  Voilà  une  série  déjà  longue  de  fécondes  recherches  à 
faire,  et  pourtant  avec  cet  ordre  logique  d'énumération,  nous  en  sommes  encore 
à  vous  parler  de  celles  qu'a  inaugurées  et  par  lesquelles  s'est  illustré  le  savant 
M.  Pdsteur  :  des  recherches  sur  les  causes,  disons-mieux,  sur  les  êtres  infiniment 
petits  qui  produisent  certaines  maladies  ruineuses  ou  terribles  des  végétaux  ou 
des  animaux,  sur  les  conséquences  à  en  redouter  et  sur  les  moyens  de  les  combattre. 

«  Vous  avez  bien  justement  compris,  lorsque  vous  avez  adopté  le  principe  d'une 
station  agronomique,  que  c'était  par  de  telles  recherches  que  vous  pouviez  le 
mieux  aider  la  culture  dans  sa  détresse.  De  ces  recherches,  en  effet,  découleront, 
grâce  à  des  règles  savantes  et  sages,  des  moyens  de  produire  à  meilleur  )narché 
tme  plus  grantle  quanliié  de  produits  meilleurs  et  de  sauver  ainsi  maints  honora- 
bles travailleurs  de  la  terre,  leurs  familles  et  l'agriculture  de  la  région  normande, 
la  plus  concurrencée  de  toutes  par  les  importations  étrangères. 

«  L'enseignement  agricole  par  !a  station  agronomique  est  le  seul  qui  puisse, 
aussitôt  sa  création,  aider  ceux  qui  y  ont  recours;  l'enseignement  agricole  par 
l'école  d'agriculture  pratique,  par  les  écoles  primaires  ne  pouvant  commencer  à 
aider  ceux-là  que  cinq  ans,  quinze  ans  après  créations. 

«  L'enseignement  agricole  par  la  station  agronomique  est  donc  la  plus  urgente 
de  toutes  les  aides  scientifiques  à  l'agriculture. 

«  Tout  ce  que  vous  avez  compris  est,  tout  au  long,  confirmé  dans  le  volumine«x 
et  précieux  dossier  que  M  le  préfet  nous  a  composé  avec  les  réponses  de  vingt 
départements.  A  un  près,  tous  se  félicitent  des  heureux  résultats  promptement 
produits  par  la  création  de  chaque  station.  Le  seul  ])réfet  qui  nous  ait  marqué 
attendre  encore  la  plénitude  de  ces  résultats,  est  le  préfet  d'un  déjmrtement  dont 
la  station  agronomique,  confiée  au  concours  à  un  jeune  savant  du  plus  grand  mé- 
rite, se  l'est  vu  subitement  enlevé  par  l'impitoyahle  mort. 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (25  SEPTEMBRE    1880).  kSI 

«  Cet  honorable  fonctionnaire  constate  avec  une  franchise  dont  nous  lui  sommes 
reconnaissants,  —  car  elle  guidera  nos  décisions  ultérieures,  —  que  le  choix  du 
chimiste  provisoire  qu'il  a  dû  nommer,  en  remplacement  du  seul  candidat  queùr, 
après  concours,  mis  à  sa  disposition  le  Conseil  général,  est  la  seule  cause  de  l'in- 
succès du  début  de  la  st-ition. 

<c  Enfin,  messieurs,  tous  ces  résultats  estimables,  prévus  par  vous,  prouvés  par 
le  dossier  de  M.  le  préfet,  la  société  centrale  d'agriculture  de  la  Seine-Inférieure 
les  a  vus  parles  yeux  de  ses  trois  délégués,  explorant  clans  un  laborieux  voyage 
les  meilleures  écoles  d'agriculture  et  les  plus  célèbres  stations  agronomiques  de 
France,  de  Belgique  et  d'Allemagne.  Les  1,500  fr.  de  tournées  que  vous  leur  avez 
généreusement  votés  à  cet  effet,  lors  de  votre  dernière  session  d'avril,  ont  été, 
entre  leurs  mains,  bien  placés.  Le  compte  rendu  de  ce  voyage  et  les  conclusions 
auxquelles  il  a  conduit  la  société  centrale  d'agriculture,  sont  exposés  dans  le  rap- 

Fort  que  chacun  de  vous  a  reçu.  Son  auteur,  M.  l'ingénieur  Gruillain,  s'y  est  fait 
inteiprèle  fidèle  de  la  société  d'agriculture  et  de  ses  deux  comjjagnons  de  voyage. 
M  Rasset,  l'actif  et  expérimenté  f)résident  du  comice  agricole  de  Neufchâtel,  et 
M.  Gustave  Robert,  le  jeune  chimiste  dont  la  consciencieuse  étude  d'école  d'agri- 
culture pratique  a  été  si  honorablement  qualifiée,  lors  de  ia  session  d'avril,  par 
M.  Aubry,  notre  ancien  collègue...  » 

M.  Chouillou  a  raison  de  rappeler,  dans  une  autre  page  de  son 
rapport,  que  c'esl  la  France  qui  peut  revendiquer  pour  elle  la  création 
des  stations  agronomiques.  C'est  à  notre  illustre  maître,  iM.  Boussin- 
gault,  que  revient  l'honneur  d'avoir  établi  la  première  sur  son  domaine 
de  Beclielbronn.  C'est  là  le  modèle  qui  a  été  suivi  presque  partout.  On 
cherche  aujourd'hui,  dans  beaucoup  de  départements,  à  créer  des  éta- 
blissements de  ce  genre;  les  services  rendus  par  ceux  qui  existent 
doivent  être,  pour  les  Conseils  généraux,  un  puissant  stimulant, 
comme  on  voit  qu'ils  l'ont  été  dans  ia  Seine-Inférieure. 

XIV.  —  Concours  du  Comice  de  Saint-Amand. 
Le  concours  du  Comice  agricole  de  Saint-Amand  (Nièvre)  s'est  tenu 
le  dimanche  12  septembre,  sous  la  direction  de  M.  Mariage,  vice-pré- 
sident. Ce  concours  a  eu  un  complet  succès,  surtout  en  ce  qui  con- 
cerne l'exposition  du  bétail.  Les  étables  et  les  bergeries  font,  dans  ce 
pays,  la  richesse  du  cultivateur.  Pour  dissiper  les  craintes  que  l'on  a 
essayé  de  répandre  dans  les  campagnes,  relativement  à  l'avenir  de 
l'élevage,  M.  Girerd,  sous-secrétaire  d'Etat  au  ministère  de  l'agricul- 
ture, a  prononcé,  à  la  distribution  des  récompenses,  un  discours  dont 
nous  extrayons  les  passages  suivants  : 

«  Après  avoir  constaté  la  crise  agricole,  faut-il  imputer  cette  crise  au  libre- 
échange?  Oui,  les  souffrances  de  l'agriculture  sont  malheureusement  réelles,  trop 
réelles  Mais  quelle  en  est  la  cause'/  L'introduction  en  Fiance  des  bestiaux  et 
des  blés  étrangers,  qui  motive  tant  de  réclamations  et  de  critiques,  se  fait  depuis 
au  moins  vingt  ars.  Et  pourtant,  l'agriculture  ne  souffrait  pas  il  y  a  quelques 
années.  Cette  prospérité  antérieure  ne  suffit-elle  pas  pour  montrer  qu'il  n'y  a 
aucune  connexité  entre  le  libre-échange  et  les  souffrances  actuelles? 

«  D'oià  viennent  ces  souffrances?  Depuis  trois  années,  nous  avons  été  affligés 
d'intempéries  sans  nombre,  qui  ont  occasionné  des  récoltes  détestables.  Là  est  la 
cause  véritable,  la  cause  unique  du  mal  dont  on  se  plaint.  Pourquoi  vouloir  à  tout 
prix  trouver  un  remède  dans  ce  procédé  factice  qui  consiste  à  frapper  de  droits 
les  produits  les  plus  nécessaires  à  la  vie? 

«  Nous  avons  besoin  de  blé,  de  viande;  pourquoi?  Parce  que,  depuis  quelque 
temps  surtout,  il  y  a  dans  la  société  plus  d'aisance;  on  consomme  davantage; 
une  amélioration  considérable,  et  dont  on  doit  se  féliciter,  s'est  introduite  dans 
les  classes  ouvrières.  Eh  bien!  il  faut  le  dire;  la  France  ne  produit  pas  assez 
d'ordmaire  pour  faire  face  à  toute  cette  consommation.' Ah!  si  notre  production 
était  suffisante,  si  nous  étions  sûrs  de  trouver  chez  nous  tout  ce  qui  est  néces- 
saire, nous  pourrions  peut-être  nous  isoler  comme  dans  une  île  fermée!  Mais  il 
n'en  est  pas  ainsi  ;  notre  production  est  souvent  insuffisante,  et  force  nous  est 


488  CHRONIQUE  AGRICOLE  (25   SEPTEMBRE  1880). 

d'emprunter  au  dehors  ce  qui  nous  manque.  M.  le  président  du  Comice  lui-même 
le  comprend  à  merveille,  lui  qui  refuse  de  frapper  le  blé.  Mais  pourquoi  demande- 
t-il  des  taxes  sur  le  bétail?  La  viande  n'est- elle  pas  devenue  aujourd'hui,  surtout 
pour  le  travailleur,  un  aliment  aussi  indispensable  que  le  pain?  On  ne  saurait 
diviser  la  question;  ce  qui  est  vrai  pour  le  blé  est  également  vrai  pour  le  bétail, 
et  la  solution  doit  être  la  même  dans  les  deux  cas,  sous  peine  de  tomber  dans 
une  flagrante  injustice,  car  plus  l'ouvrier  travaille,  plus  il  a  besoin  d'une  nourri- 
ture solide  et  confortable. 

«  Il  est  à  remarquer,  d'ailleurs,  que  si  l'on  constate  des  mouvements,  des 
variations  dans  la  quantité  des  bestiaux  importés,  on  n'en  remarque  presque  pas 
sur  leur  prix  de  vente  Gela  prouve  que  leur  nombre  n'est  pas  assez  considérame 
pour  faire  sérieusement  échec  à  la  production  nationale. 

«  Ce  n'est  pas  dans  les  idées  protectionnistes  que  l'agriculture  doit  chercher  le 
salut;  ce  n'est  pas  dans  cette  voie  qu'elle  doit  invoquer  l'aide  du  gouvernement; 
ce  n'est  point  un  pareil  secours  que  le  gouvernement  peut  lui  donner.  Le  remède 
consiste  dans  un  développement  de  plus  en  plus  complet  des  voies  de  communi- 
cation et  de  transport;  dans  la  création  de  chemins  de  fer  comme  celui  qui 
passera  prochainement  à  proximité  de  Saint-Amand;  dans  la  propagation  de 
finstruction  nationale,  qui  perfectionnera  de  plus  en  plus  les  procédés  et  les 
méthodes  de  travail;  dans  l'application  de  plus  en  plus  répandue  de  cette  loi 
économique  qui  ordonne  de  dépenser  moins  et  de  produire  davantage 

«  C'est  pourquoi  le  gouvernement  de  la  République  apporte  tant  de  sollicitude 
au  progrès  de  1  instruction,  à  l'amélioration  des  écoles  qui  la  mettent  à  la  portée 
de  tous,  de  telle  sorte  que  bientôt  on  ne  puisse  plus  rencontrer  nulle  part  un 
citoyen  qui  ne  sache  ni  lire  ni  écrire.  » 

Les  principes  présentés  par  M.  Girerd  ont  été  trop  souvent  déve- 
loppés dans  ce  Journal  pour  que  nous  ne  leur  donnions  pas  notre  adhé- 
sion une  fois  de  plus.  C'est  en  elle-même  que  l'agriculture  française 
trouvera  la  force  et  les  moyens  de  sortir  de  la  pénible  situation  dans 
laquelle  une  série  de  mauvaises  années  l'a  placée;  les  jours  meilleurs 
suivent  toujours  les  jours  néfastes. 

XV. Vagricullure   à  l'Association  britannique  pour  l'avancement  des  sciences. 

L'Association  britannique  pour  l'avancement  des  sciences,  sœur 
aînée  de  l'Association  française,  a  tenu,  à  la  fin  du  mois  d'août,  sa 
cinquantième  session  à  Swansea.  Ici,  cotume  en  France,  l'agriculture 
tient  sa  place.  Parmi  les  principales  questions  agitées,  nous  devons 
d'abord  citer  un  mémoire  de  M.  J.-M.  Cameron,  sur  l'enseignement 
agricole.  D'après  lui,  l'éducation  technique  des  agriculteurs  est  loin 
d  être  ce  qu'on  est  en  droit  d'espérer;  un  bien  petit  nombre  d'asso- 
ciations agricoles  s'en  sont  préoccupées;  presque  seules,  la  Société 
royale  d'agriculture  d'Angleterre,  et  la  Société  royale  des  Highlands, 
en  Ecosse,  ont  fait  des  efforts  pour  le  développement  de  l'instruction 
et  pour  l'organisation  de  fermes  expérimentales.  M.  Cameron  conclut 
en  demandant  que  l'agriculture  compte  parmi  les  matières  de  l'ensei- 
gnement dans  toutes  les  écoles  de  village,  que  chaque  paroisse  possède 
une  école  d'agriculture  qui  soit  en  rapport  avec  une  ferme  expérimen- 
tale, et  enfin  que,  pendant  l'hiver,  les  fermiers  organisent  des  lectures 
et  des  conférences  sur  les  diverses  brandies  de  leur  art. 

Il  faut  aussi  signaler  une  élude  sur  le  rapport  entre  le  régime  des 
pluies  et  la  température  sous  le  climat  de  Londres,  présentée  par 
M.  Courtenay  Fox.  D'après  les  observations  qu'il  a  réunies,  il  croit 
pouvoir  conclure  qu'un  printemps  froid  a  beaucoup  de  chance  d'être 
suivi  d'un  été  froid,  et  que  celui-ci  a  tendance  à  être  suivi  par  un 
automne  froid,  tandis  que  la  même  corrélation  ne  se  présente  plus 
pour  l'hiver.  D'autre  part,  les  mois  de  juin  et  de  juillet  ont  beaucoup 
de  chance  d'être  secs,  quand  les  mois  précédents  l'ont  été;  mais  si 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (25   SEPTEMBRE    1880).  489 

août  est  sec,  septembre  sera  probablement  humide;  enfin  si  décembre 
est  humide,  janvier  le  sera  probablement.  II  est  bien  entendu  que  ces 
lois  sont  susceptibles  d'un  grand  nombre  d'exceptions. 

Enfin,  M.  Botley  s'est  occupé  surtout  des  lois  générales  de  la  pro- 
duction agricole.  Après  avoir  présenté  des  tableaux  détaillés  des  di- 
verses cultures  en  Angleterre,  il  a  insisté  d'une  manière  spéciale  sur 
la  nécessité  de  modifier,  dans  un  sens  plus  libéral,  les  lois  qui  régis- 
sent la  propriété  et  l'exploitation  du  sol.  C'est  la  réclamation  que, 
dans  toutes  les  parties  des  Iles-Britanniques,  les  fermiers  font  en- 
tendre, et  qui  finira  certainement,  dans  un  avenir  plus  ou  moins  pro- 
chain, par  l'emporter. 

XVI.  —  Les  sucres. 

La  nouvelle  campagne  sucrière  est  aujourd'hui  ouverte.  Dans  quel- 
ques jours  commencera  l'application  de  la  loi  qui  a  réduit  à  40  fr. 
par  lUOkilog.  les  droits  sur  les  sucres.  Cette  grande  réforme,  à  laquelle 
ont  applaudi  tous  les  agriculteurs,  va  donner  une  impulsion  nouvelle 
à  notre  grande  industrie  du  sucre. 

Le  Journal  officiel  du  22  septembre  publie  un  décret  relatif  à  la 
franchise  des  droits  sur  les  glucoses  destinées  à  la  fabrication  des 
bières.  Les  brasseurs  ne  seront  admis  à  jouir  de  cette  franchise  qu'au- 
tant que,  quinze  jours  au  moins  avant  l'introduction  de  glucoses  dans 
leurs  usines,  ils  auront  souscrit  l'engagement  de  représenter  des 
acquits-à-caution  pour  toutes  les  quantités  qu'ils  auront  reçues  et  de 
payer  les  doubles  droits,  tant  sur  les  excédents  que  sur  les  manquants 
que  ferait  apparaître  la  balance  du  compte  des  glucoses.  —  Un  autre 
décret  règle  les  conditions  de  la  décharge  des  obligations  d'admission 
temporaire  en  ce  qui  concerne  le  sucre  cristallisable  existant  en  cet 
état  dans  les  fruits  confits,  les  confitures  et  les  bonbons  exportés  à 
l'étranger  et  aux  colonies  et  possessions  françaises. 

Dans  une  réunion  tenue  le  20  septembre,  les  fabricants  de  sucre  de 
l'arrondissement  de  Cambrai  (Nord)  ont  offert  à  M.  Mariage,  leur 
confrère,  secrétaire  du  Comité  contrai  des  fabricants  de  sucre,  un 
objet  d'art  comme  témoignage  de  reconnaissance  pour  les  services 
qu'il  a  rendus  à  la  sucrerie  depuis  plusieurs  années.  M.  Mariage  est, 
en  effet,  constamment  préoccupé  de  la  défense  des  intérêts  de  la  sucre- 
rie française,  et  il  a,  par  ses  efforts,  bien  mérité  d'elle. 

XVir.  —  Congrès  pomologique. 

Nous  croyons  utile  de  rappeler  que  la  session  du  Congrès  pomolo- 
gique de  France  s'ouvrira  le  29  septembre,  à  Moulins,  sous  la  direc- 
tion de  M.  Doumet,  président  de  la  Société  d'horticulture  de  l'Allier, 
Cette  réunion  coïncidera  avec  l'exposition  organisée  par  cette  dernière 
-  Société.  J.-A.  Barral. 

89b  omis  PISCICULTURE.  -  LES  APLATIS 

.!  S'il  est  une  famille  de  poissons  de  laquelle  on  a  pu  dire,  qu'un 
jour  devait  venir  où  la  mer  serait  le  grenier  d'abondance  de  la  France 
pour  sa  population  pressée  et  nécessiteuse,  ce  fut  assurément  celle-là. 
Quelles  ressources  immenses  dans  la  prévoyante  éducation  de  tous  les 
pleuronectes,  soles,  limandes,  barbues  des  sables,  à  la  chair  si  délicate; 
carrelets,  plies  et  turbots. 
-A  dessein  nous  n'avons  pas  parlé    de  sa  multiplication;  elle  est 


490  PISCIGULTURE.  —  LES  APLATIS. 

naturellement  tellement  considérable  qu'il  n'y  aurait,  selon  nous, 
nullement  à  s'en  préoccuper. 

Abordons-la  donc,  d'abord  à  cause  de  l'excellence  et  de  la  délicatesse 
de  leur  chair.  Mais  d  abord  constatons  que,  dans  la  Société  anglaise, 
le  turbot  ne  s'y  montre  sur  la  table  qu'environ  depuis  150  ans  ;  aupa- 
avant  il  n'était  que  le  piscis  ignobilis.  Pourquoi?  si  nous  citons  ce 
fait,  c'est  pour  montrer  encore  une  fois  comment  peuvent  naître  et 
disparaître  des  préjugés. 

Pour  revenir  à  nos  poissons  plats,  il  y  aura  là  une  source  inépui- 
sable de  matières  alimentaires  à  bon  marché,  les  mœurs  de  cette  si 
curieuse  famille  s'y  prêtant  pour  le  moins  autant  que  la  facilité  de  sa 
propagation. 

L'administration  de  la  marine  publiait  que,  en  18T6,  il  avait  été 
péché 43  millions  de  kilogrammes  de  soles,  raies  et  turbots;  quelle 
surprise  ne  nous  ménagerait  pas  un  pareil  présent! 

Deux  faits,  dus  au  hasard,  appelèrent  sur  cette  famille  l'attention 
des  pisciculteurs. 

Coste,  en  inspectant  certains  cantonnements  de  la  Manche  en  1862 
ou  1863,  St-Vaast,  croyons-nous,  s'aperçut  que  d'avril  à  septembre, 
les  pêcheurs  de  crevettes  détruisaient  pour  un  bien  maigre  profit  dans 
un  rayon  d'à  peu  près  10  lieues,  plus  de  200  millions  de  petites  soles, 
barbues  et  turbots. 

Cela  fut  constaté  en  poursuivant  un  tout  autre  but.  La  grande  ex- 
périence de  Saint-Brieux  commençait  à  lui  donner  les  plus  grands 
soucis,  après  de  si  splendides  espérances;  il  ne  pouvait  et  ne  voulait 
pas  croire  à  un  insuccès,  mais  en  silence,  préparait  cependant  sa 
revanche.  Il  étudiait  les  plages,  fouillait  les  anses,  visitait  chaque 
cantonnement;  il  cherchait  l'huître  et  tomba  sur  un  des  faits  les  plus 
curieux  des  mœurs  de  cette  grande  famille  de  pleuronectes. 

Ce  fut  un  trait  de  lumière  qu'une  intelligence  aussi  vive  et  aussi 
ouverte  que  la  sienne,  ne  devait  pas  laisser  dans  l'ombre. 

De  la  source  de  leur  infinie  production  à  leur  éducation,  c'est-à-dire 
de  Saint-Vaast  à  Concarneauiln'y  eut  qu'un  pas  Là,  entre  les  mains  de 
Guillou,  du  lamaneur  breton  si  connu,  qui  devait  être  aux  viviers 
marins,  ce  qu'était  au  laboratoire  du  Collège  de  France  le  Suisse 
Samuel  aussi  soigneux  qu'assidu  dans  l'exécution  des  délicates  expé- 
riences de  pisciculture  qui  s'y  poursuivaient,  les  résultats  ne  se  firent 
pas  attendre. 

Laquestion  «éducation  »  ne  tarda  pas  à  se  transformer  en  celle  de  leur 
domestication. 

La  stabulation  du  gourami  en  Chine  avait  son  pendant  dans  celle 
des  turbots  et  barbues  de  nos  côtes  :  il  ne  restait  plus  qu'à  l'appliquer. 

La  parole  doit  être  laissée  à  M.  de  la  Blanchère,  un  de  ces  jeunes 
naturalistes  que  Coste  avait  placés  à  Concarneaupour  y  suivre  ces  essais 
alors  si  nouveaux. 

Dire  mieux  étant  difficile,  nous  prierons  nos  lecteurs  de  se  reporter 
à  son  Dictionnaire  des  vêches,  splendide  et  aussi  un  des  plus  sérieux 
rejetons  de  la  Pisciculture  officielle  de  ces  temps  lointains. 

Un  de  nos  compatriotes  M.  Charles  Demetz  avait  bien  t'ait  en  Belgique 
dans  les  parcs  de  Seykens-les-Ostende,  l'élève  du  turbot  et  de  la  bar- 
bue dont  ii  avait  même  fourni  la  table  royale  quelques  années  aupara- 
vant; mais  ces  faits,  connus  seulement  de  quelques  privilégiés,  n'avaient 


PISCICULTURE.  —  LES  APLATIS.  491 

pas  reçu  la  publicité  que  Coste  réservait  de  la  haute  tribune  de  l'Institut  à 
ce  qui  se  fit  sur  les  côtes  de  Bretagne. 

Que  de  fois  déjà  ne  fut-ce  pas  le  cas  pour  ces  découvertes  delà  science 
pure?  On  cherche  une  chose,  et  on  trouve  l'autre? 

Faire  ici  la  description  de  ces  genres,  recopier  ce  que  tant  d'ouvrages 
d'histoire  naturelle  ont  tant  de  fois  donné  sous  tant  de  formes,  n'est 
ni  le  but  de  ces  entretiens,  ni  le  pourquoi  de  la  place  qu'on  nous  fait 
l'honneur  de  nous  accorder  ici.  Nous  insisterons  cependant  sur  ce 
point  que  toute  cette  famille  peut  vivre  en  eau  douce,  et  remonter 
nos  fleuves. 

Qui  ne  sait  l'histoire  des  soles  pêchées  en  1818  par  de  Humboldt  à 
4  00  lieues  des  embouchures  du  Rhin,  et  des  plies  et  carrelets  pris  dans 
notre  Dordogne  et  l'Allier. 

On  voit  de  suite  l'immense  parti  que  les  pisciculteurs  peuvent  tirer 
de  si  curieuses  mœurs  et  quelle  marge  surtout  de  telles  habitudes 
laissent  à  leur  double  éducation. 

On  sait  que  c'est  au  solstice  d'hiver  avec  le  grand  flot  de  mars  que 
commencent  les  grandes  migrations  des  poissons,  que  tous  quittent  les 
profondes  vallées  sous-marines  pour  se  rapprocher  des  côtes  oi^i  les 
pousse  le  temps  de  leurs  amours. 

C'est  sur  les  plages  sablonneuses  à  petits  fonds,  dans  les  eaux  abritées 
des  vents  de  nord-est  ouvertes  à  la  lame  du  sud-ouest  [de  la  Soulère) 
que  se  porte  de  préférence  toute  cette  nombreuse  et  délicate  famille  des 
pleuronectes,  aux  ennemis  si  nombreux  et  aux  moyens  de  défense  si 
incomplets. 

Son  trou  dans  le  sable  et  encore  bien  superficiellement,  le  trouble 
de  l'eau  dont  il  s'environne  par  un  petit  coup  brusque  et  perpendicu- 
laire de  ses  nageoires  dans  la  vase  sur  laquelle  il  paît  ou  se  réchauffe, 
voilà  tout  ce  que  le  pauvre  met  en  œuvre  pour  échapper  même  au 
crabe,  son  lent  si  prudent  et  implacable  ennemi. 

Seule  l'immensité  de  sa  propagation  l'a  jusqu'ici  sauvé  de  la 
destruction  et  l'appelle  à  de  hautes  destinées  dans  la  grande  question, 
pour  nous  la  plus  grande  de  l'avenir,  celle  de  l'alimentation  des 
peuples.  Londres  seule  consomme  en  soles  et  limandes,  135  millions 
de  pièces  par  an,  et  Paris  de  1842  à  1867  voyait  sa  consommation 
passer  de  8  millions  dekilog.  à  19  millions,  avec  une  augmentation  de 
22  pour  100  jusqu'en  1878. 

De  tout  le  reste,  comme  des  maladies  de  l'enfance  il  ne  doit  rien 
demeurer,  pour  que  l'humanité  suive  sa  marche  vers  les  destinées 
heureuses  et  paisibles  que  lui  réservent  le  travail  attrayant,  la  science, 
l'harmonie  en  un  mot  I 

Le  turbot  à  la  bouche  protractile  et  dilatable  est  très  vorace,  ce  qui 
fait  que  ce  faisan  de  la  mer,  pour  la  délicatesse  de  sa  chair,  a  reçu  h 
surnom  de  chevalier  du  guet  de  l'embouchure  de  nos  fleuves  et  de 
nos  étangs  marins  oii  il  donne  lâchasse  au  jeune  fretin. 

La  marche  ondulatoire  de  toute  cette  famille,  en  se  laissant  retomber 
selon  un  plan  incliné  pour  happer  sa  proie,  est  un  des  faits  des  plus 
curieux  de  la  physiologie. 

Nous  eûmes  le  triste  honneur,  il  y  a  bien  une  quinzaine  d'années, 
d'avertir  les  Parisiens  de  se  soigneusement  garer  de  ce  que,  à  cette 
époque,  on  leur  servait  pour  du  turbot,  dans  certains  restaurants. 
Cette  énorme  consommation  de  turbots  correspondant  précisément  à 


492  PISCICULTURE.  —  LES  APLATIS. 

l'entrée  dans    la    capitale,    de   grandes    quantités    de....     requins. 

Hâtons-nous  d'ajouter  que,  aussitôt  le  fait  signalé,  l'inspecteur  du 
carreau  de  la  halle  et  surtout  l'octroi  y  mirent  vite  bel  ordre.  Le  fait 
se  passa  en  18G6. 

Dans  les  gros  temps  les  turbots  se  réfugient  par  bande  dans  les  ro- 
chers où  on  les  pèchent  alors  avec  des  lignes  de  fond  amorcées  de 
vivant.  A  Granville  en  1 853,  nous  vîmes  rentrer  un  canot  qui,  en 
quelques  heures,  avait  pris  64  turbots  dont  le  moindre  pesait  5  kilog.  ; 
malheureusement  cette  extraordinaire  pêche  ne  se  composait  que  de 
femelles.  Pourquoi?  aucun  pêcheur  ne  put  nous  le  dire.  En  saurions-nous 
bien  davantage  aujourd'hui? 

Les  yeux  des  pleuronectes  sur  le  même  plan  offrent,  dans  les  trente 
OLi  trente-deux  genres  qui  composent  cette  famille,  des  différences 
anatomiques  des  plus  singulières,  de  même  des  couleurs  qu'ils 
revêtent  selon  les  fonds  et  les  parties  différentes  de  leurs  corps,  lequel 
après  avoir  été  aplati  par  la  nature,  semble  encore,  dit  Lacépède,  avoir 
été  tordu  par  la  tête. 

Dans  cet  immense  monde  des  eaux,  quoi  ne  nous  semble  pas  singu- 
lier; mais  là  est  toute  la  question.  A  nous  à  le  trouver  ce  pourquoi, 
car  il  y  en  a  un  bien  certainement.  La  plie  de  quinze  livres  .de  l'Oder 
et  les  soles  de  trois  pieds  du  cap  de  Bonne- Espérance  sont,  à  notre 
avis,  encore  de  vieux  clichés  de  la  pisciculture  d'autrefois.  De  la 
pisciceptologie,  comme  l'appelaient  ces  messieurs  du  quai  de  la 
Mégisserie,  jadis  grand  quartier  des  amis  des  poissons. 

Nous  les  avons  vues  par  milliers,  ces  fameuses  plies  de  l'Oder  et, 
franchement,  nous  ne  saurions  dire  en  quof  elles  diffèrent  de  celles 
que  nous  vîmes  chez  nous,  d'Arcachon  à  Dunkerque.  Mieux  nous 
accepterions  le  substantif  qualificatif  de  «perdrix  de  la  mer  »  qui,  dans 
ces  temps,  leur  fut  donné;  car  toute  cette  famille  est  vraiment  exquise 
et  un  des  plus  sains  et  fortifiants  aliments  de  nos  tables.  Le  frai  a-t-il 
lieu  sur  le  sable,  les  végétaux  marins  ou  les  roches  ;  pour  un  ou  les 
trois,  une  affirmation  serait  téméraire.  Quelques  observations  nous 
renseigneront  bientôt,  le  fait  n'ayant,  selon  nous,  qu'un  pur  intérêt 
scientifique. 

Ce  qui  est  hors  de  doute,  ce  sont  les  vives  rougeurs  des  pointillés  de 
la  plie  et  la  blancheur  de  celles  de  la  barbue,  au  moment  de  leurs 
amours  «n  avril  et  mai.  De  même  la  finesse  de  l'odorat  des  raies, 
remontant  des  profondeurs  à  une  amorce  odoriférante. 

Accourent-ils  tous  vers  ceux  qui  les  nourrissent?  Distinguent-ils 
même  la  voix  de  celui  dans  les  mains  duquel,  les  turbots  surtout,  ils 
viendraient  chercher  leur  proie?  Sont-ils  grimpeurs  et  percheurs? 
Ce  sont  des  points  que  nous  ne  discuterons  pas.  Les  deux  grands  faits 
de  l'immensité  de  leur  reproduction  dans  certains  de  leurs  cantonne- 
ments et  les  succès  de  leur  stabulation  étant  acquis,  nous  resterons  là. 

Les  expériences  de  M.  Demetz  et  celles  de  Concarneau  étant  connues 
de  tous,  appliquons-les  donc,  en  surveillant  et  étudiant  toujours 
davantage  leurs  frayères  préférées. 

Dans  notre  prochaine  causerie,  nous  ferons  une  visite  aux  boucho- 
leurs  d'Esnandes  et  de  Marsilly,  q-ue  nous  n'avons  plus  revus  depuis 
1853.  Là  aussi  nous  espérons  prouver  à  ces  anciennes  connais- 
sances que  silence  n'était  pas  oubli.  Chabot-Karlen, 

Correspondant  de  la  Société  nationale  d'agriculture,  à  Tbun  (Suisse]. 


CULTURE  DES  CEREALES  A  L  ECOLE  D  AGRICULTURE  DE  ST-REMY-  493 

CULTURE  DES  CÉRÉALES 

A  L'ÉCOLE  PRATIQUE  D'AGRICULTURE  DE  SAINT-REMY. 

Blés.  —  Le  moyen  le  plus  efficace  pour  lutter  contre  l'importation 
des  blés  étrangers,  c'est  d'employer  toutes  les  ressources  à  notre  dispo- 
sition pour  élever  notre  production  ;  pour  cela,  il  faut  de  bonne  semence, 
une  terre  bien  préparée  et  convenablement  fumée.  La  semence  surtout 
a  une  grande  influence  sur  le  rendement  :  une  semence  médiocre,  jetée 
en  terre  dans  de  bonnes  conditions,  donnera  sans  doute  une  récolte 
plus  abondante  qui  si  elle  avait  été  employée  dans  des  conditions  peu 
favorables,  mais  elle  sera  moins  élevéequesi  lasemenceavaitéiéde  bonne 
qualité.  On  ne  récolte  que  ce  qu'on  a  semé;  si  on  sème  de  l'ivraie, 
on  ne  peut  récolter  du  blé.  C'est  pour  cette  raison  que  l'Ecole  cherche 
constamment  à  améliorer  ses  semences  de  céréales  par  une  bonne  cul- 
ture et  une  bonne  sélection.  Da  plus,  toutes  les  années  elle  expéri- 
mente un  certain  nombre  de  variétés  de  céréales  recommandées,  afin 
d'arriver  à  remplacer  les  variétés  qu'elle  possède  par  d'autres  plus 
avantageuses. 

Pour  faire  disparaître  toutes  les  causes  qui  pourraient  tant  soit  peu 
diminuer  le  rendement  des  céréales  cultivées,  on  fait  passer  au  trieur 
toutes  les  graines  qui  doivent  être  semées  ;  on  évite  ainsi  de  jeter  en 
terre  des  semences  qui  ne  germeraient  pas  ou  qui  nuiraient  à  la  récolte. 
C'est  encore  pour  la  même  raison  que  les  semences  nettoyées  sont  tou- 
jours vitriolées;  dans  les  cas  ordinaires,  on  emploie  pour  cela  de  150 
à  160  grammes  de  sulfate  de  cuivre  par  hectolitre  pour  détruire  les 
germes  de  maladies.  Nol?s  avons  constaté  que  500  grammes  de  sulfate 
par  hectolitre  suffisaient  pour  faire  perdre  au  grain  la  faculté  germi- 
native. 

On  vitriole  dix  à  douze  heures  avant  de  l'employer.  Si  la  graine  pro- 
vient d'une  récolte  fortement  attaquée  par  la  carie  ou  le  charbon,  on  la 
laisse  plus  longtemps  en  contact  avec  le  vitriol  avant  de  la  semer.  La 
même  précaution  est  prise  quand  la  semaille  se  fait  tardivement  par 
un  temps  humide,  condition  qui  favorise  les  maladies  des  plantes. 

Après  un  hiver  précoce  et  humide,  les  céréales  d'automne,  détruites 
en  partie  par  les  limaces  et  les  souris,  étaient  claires  et  chétives  au 
printemps,  surtout  dans  les  terres  mouillées.  C'est  le  mois  de  mai, 
dit-on,  qui  fait  ou  défait  les  blés.  En  1879,  sa  température  a  été 
peu  favorable  aux  emblavures  d'automne;  on  a  vu  le  thermomètre 
monter  un  jour  jusqu'à  25  degrés,  et  le  surlendemain  descendre  à  zéro  : 
13  jours  de  beau  temps,  10  jours  de  pluie,  deux  orages  avec  tonnerre, 
7  jours  brumeux,  une  fois  de  la  neige  et  quatre  gelées,  forment  le  bilan 
du  mois  dont  dépend  en  grande  partie  la  récolte  en  blé. 

Pendant  les  mois  de  juin  et  de  juillet,  époque  de  l'épiage,  de  la  flo- 
raison et  de  la  maturité,  la  température  n'a  guère  été  plus  favorable 
aux  blés  que  le  mois  précédent.  Beaucoup  d'épi'lets  vides,  la  verse  des 
blés  semés  à  la  volée,  la  rouille  des  emblavures  faites  tardivement, 
tels  sont  les  principaux  effets  produits  par  les  froids  humides  des  mois 
de  mai  et  de  juin,  les  pluies  et  les  brouillards  du  mois  de  juillet. 

La  moisson,  commencée  à  l'Ecole  le  1"  août  1879,  a  été  terminée  le 
21  du  même  mois;  elle  a  été  contrariée  par  des  pluies  peu  abondâmes, 
mais  fréquentes.  Grâce  à  la  bonne  habitude  que  nous  avons  de  couper 


49  i      CULTURE  DES  GÉEiÉALES   A  L  ÉCOLE  D'AGRICULTURE  DE  ST-REMY. 

les  blés  avant  complète  maturité  et  de  les  mettre  en  moyettes,  ils  ont 
pu  être  rentrés  dans  de  bonnes  conditions. 

La  récolte  de  1  Ecole^  quoique  moins  élevée  que  celle  des  années 
précédentes,  est  cependant  relativement  bonne  :  nous  avons  eu  des 
rendements  de  16,  18,  20,  25,  28  et  même  30  hectolitres  à  l'hectarCj 
tandis  que,  dans  les  localités  qui  nous  avoisinent,  on  a  récolté  6,  8, 
10  hectolitres  à  l'hectare;  les  meilleures  récoltes  ont  à  peine  atteint 
notre  minimum.  Les  bons  résultats  que  nous  avons  obtenus  ont  sûre- 
ment leur  raison  d'être.  Ils  sont  dus  principalement  à  l'assainissement 
de  nos  terres  par  le  drainage,  aux  défoncements,  aux  labours  profonds, 
au  chaulage,  aux  fumures  abondantes,  au  bon  choix  des  semences  et  des 
variétés  cultivées,  au  mode  de  semailles  faites  habituellement  en  lignes, 
à  la  manière  de  faire  la  récolte,  à  sa  mise  en  moyettes,  etc.  Quand  les 
cultivateurs  du  pays  voudront  employer  les  mêmes  moyens  que  nous, 
leurs  récoltes  en  blé  seront  supérieures  à  celles  de  l'Ecole  après  un  cer- 
tain nombre  d'années.  Les  rendements  élevés  permettent  seuls  de  cul- 
tiver le  blé  avec  bénéfice  dans  les  terres  qui  ont  une  certaine  valeur 
foncière  et  locative. 

A  l'aide  de  nos  procédés  d'exploitation,  nous  obtenons  des  produits 
abondants  et  de  bonne  qualité  ;  iU  sont  de  plus  en  plus  demandés. 
Cette  année,  comme  les  années  précédentes,  toutes  nos  céréales  se  sont 
vendues,  comme  semence,  à  des  prix  très  avantageux. 

Voici  le  tableau  comparatif  des  rendements  des  variétés  de  blé  de 
grande  culture  : 

Cultures  Rendement  Poids  de 

Variétés.  Nature  du  sol.  précédentes.  à  l'hectare.  rhectolitre. 

Blé  b'.eu Argilo-calcaire  Vesces  16  hectolitres     78  kilogrammes 

(seraenco-) 

Blé  HuQler Argilo-siliceux         Betteraves,  18        —  78  — 

pommes  de  terre 

Blé  Hallct id.  Maïs  18        —  78  — 

(fourrage  vett) 
Mélange  de  blé  bleu  et  de  blé  id.  Betteraves,  irWle    21        —  78  — 

commua pommes  de  len  e 

Blé  bleu Argilo-calcaire  Trèfle  21        —  73  — 

Id id.  Vesces  29        —  80  — 

(fouriages)-ers 
Blé  rouge  de  Hongrie id.  Jaciière  31        —  7  S  — 

En  1879,  le  blé  Hunter  a  encore  souffert  des  alternatives  des  gels  et 
des  dégels;  nous  avons  dû  en  labourer  deux  planches  ;  les  autres  sont 
restées  claires,  mais  belles.  Il  n'y  a  jamais  avantage  à  conserver  des 
récoltes  mal  réussies,  car  on  n'obtient  que  de  faibles  rendements,  et 
les  terres  sont  souvent  salies  pour  plusieurs  années. 

Le  blé  Hallet,  après  maïs -fourrage,  était  clair  par  places;  l'ensemble 
du  champ  était  beau;  la  partie  semée  après  vesces  -fourrage  était  fort  vigou- 
reuse, après  comme  avant  l'hiver;  nous  pensions  qu'elle  nous  donne- 
rait un  rendement  élevé  ;  mais  le  jeune  trèfle  semé  dans  cette  récolte  a 
pris  un  grand  développement,  et  a  pu  gêner  le  blé. 

Ls  blé  mélange,  quoique  semé  un  des  derniers,  a  été  le  plus  beau  de 
nos  blés  en  terre  argilo-siliceuse.  La  partie  après  betteraves  surtout 
était  très  belle  et  très  propre;  les  betteraves  avaient  reçu  une  fumure 
abondante,  tant  en  fumier  qu'en  engrais  liquide.  Le  blé  après  trèfle 
venait  en  seconde  ligne;  le  blé  semé  sur  deux  planches  de  trèfle,  labou- 
rées deux  fois  avant  la  semaille,  tranchait  sur  tout  le  reste;  sa  végé- 
tation était  d'une  vigueur  exceptionnelle.  Nous  profiterons  de  la  leçon: 
à  l'avenir,  nous  labourerons  deux  fois  les  trèfles  pour  blé,  chaque  fois 


CULTURE  DES  CÉRÉALES  A  L'ÉCOLE  D'AGRICULTURE  DE  ST-REMY.  495 

que  cela  sera  possible.  Après  pommes  de  terre,  le  blé  était  baau,  mais 
enberbé  dans  la  partie  qui  n'a  pu  recevoir  de  binage,  à  cause  du  jeune 
trèfle  qu'on  y  avait  semé. 

Le  blé  rouge  de  Hongrie,  après  jacbère,  fortement  fumé,  a  été  semé 
à  la  volée;  il  semblait,  par  sa  végétation,  devoir  donner  une  récolte 
d'au  moins  40  hectolitres  à  Tliectare;  mais  la  verse,  suivie  d'une  matu- 
rité trop  précipitée,  a  un  peu  amoindri  le  rendement.  Ce  n'est  qu'excep- 
tionnellement que  nous  semons  nos  blés  sur  jachère,  lorsque  nous  ne 
pouvons  détruire  autrement  les  plantes  adventices  vivaces.  La  récolte 
que  nous  avons  faite  est  excellente,  mais  il  a  fallu  deux  ans  pour  l'ob- 
tenir; l'hectolitre  de  ce  blé  aura  sûrement  coûté  plus  cher  à  produire 
que  l'hectolitre  de  celui  qui,  semé  après  une  plante  fourragère,  n'a  rendu 
que  18  hectolitres  à  l'hectare.  Si  nous  avions  pu  semer  sur  jachère  en 
lignes,  et  si  la  fumure  n'avait  pas  été  appliquée  directement  pour  le 
blé,  il  est  plus  que  probable  que  nous  eussions  évité  la  verse,  et  que 
nous  aurions  obtenu  un  rendement  plus  élevé. 

Le  blé  bleu  n'a  pas  donné  partout  les  mêmes  résultats  ;  après  vesces 
cultivées  pour  leurs  graines,  il  était  enherbé  ;  après  betteraves,  la  terre 
était  motteuse  au  moment  de  la  semaille,  et  il  est  resté  clair;  après 
trèfle,  semé  très  tard  dans  une  terre  trop  humide,  une  partie  de  la 
raine  n'a  pas  été  assez  enfouie,  elle  n'a  pas  levé  ;  le  reste  a  germé  sous 
a  neige,  et  il  est  resté  clair;  la  rouille,  suivie  d'une  maturité  anormale, 
a  encore  diminué  la  quantité,  mais  surtout  la  qualité  du  grain;  après 
les  ers  pour  graines,  il  était  beau,  mais  enherbé;  ce  n'est  qu'après 
vesces- fourrage  qu'il  a  donné  une  récolte  exceptionnelle  pour  l'année. 

En  général,  nos  blés  étaient  clairs.  Nous  avons  employé  pour  les 
emblavures  de  cette  année  une  plus  grande  quantité  de  semence;  nous 
rendons  compte  des  résultats  que  nous  aurons  obtenus. 

Pour  les  blés  d'expérience,  on  a  obtenu  les  rendements  qui  suivent, 
calculés  à  l'hectare  ; 


fa 


lis     15  S  Commencement 

Variétés.                          -rr  H      °^                   Menues- — —      -^-  Fin  Date 

Paille,    pailles.         de          delà  delà  delà 

l'épiage.  floraisoa.  floraison,  récolte. 


':—      0.- 


1  Blé  Goldendropp 2'2''  74''  6,340^  600*  lôjuin    23juia      .S juillet  13  août 

2  Blé  Poular^l 22  75  5,400  4.bO  15     »  2ô  »         1       »  13       » 

3  Blé  d'Australie 21  75  3,550  540  18     »  27  »  Il       »  13       • 

4  Blé  rouge  dfi  Hongrie 20  71  5.700  480  6     »  18  »         1       »  7       •> 

5  Blé  rouge  d'Ecosse 19  75  3,"T0  300  5     »  15  »         3       »           8       » 

6  Blé  Prince-Albert 17  78  3.550  480  3    »  23  "        7      •          8      ■- 

7  Blé  blanc  lie  Flandre 16  80  3,7.ôO  560  12    >»  23  »         5      »           7       " 

8  Blé  Hick'ing Iti  81  3,i00  370  13     »  22  »        3       .          6      " 

9BlédeSaumur 15  76  3,ctli0  280  3    »  15  »  27  juin         3       ■> 

10  Blé  b  eu..... 15  78  3,300  370  3     »  15  »  27     »             3       » 

11  Blé  roseau 14  75  3, .=^90  300  5    »  20  »        3juillet      7 

12  Blé  Victoria 14  75  3,803  410'  12     »  T3  »  10       ->           5       • 

13  Blé  de  Miracle 13  76  2, '208  690  8     •  26  »         7       »  13.      « 

14  Blé  b'anc  de  Hongrie 12  75  5,770  500  12     •  23  »         5       »           8       ' 

15  Blé  duvet    ..    12  80  3,400  450  14     »  24  .  10       •>           5       • 

16  Blé  Richelle  blinohe 12  78  3,120  340  7     »  23  .        4      •          6      » 

17  Blé  ro)ge  de  la  Ha-teSiône  11  73  3.200  5^0  13     »  23  »         5       •           5       » 

18  Blé  Childam  d'automne  ... .  Il  75  3,0S0  280  9     .  22  »        5       -          8      » 

19  BléSpalding 12  84  3,120  290  10     >  22  »         1       »          8       . 

20  Blé  blinc  l'Ecosse 9  75  2,K60  290  12     »  23  .         3       .           7       » 

21  Blé  blanc  de  Sui  se 7  78  1,650  203  10     »  22  »         5       »          7       • 

22  Blé  dAhk.irel\ 7  82  1,483  290  8     »  17  »  30  juin  30  juillet 

23  Blé  ro  ige  de  Saint-Laud 6  75  1,170  230  6    »  19  »        3  juillet      7  août 

Ces  blés  ont  été  semés  dans  un  sol  argilo-calcaire,  à  sous-sol  mar- 
neux, après  vesces-fourrage.  Us  ont  souffert  des  froids  humides  de 
l'hiver;  presque  toutes  les  variétés  sont  restées  claires,   mais  surtout 


496      CULTURE  DES  CÉRÉALES  A  L'ÉCOLE  D'aGRIGULTURE  DE  ST-REMY. 

les  suivantes  :  blé  d'Australie,  blé  de  Miracle,  blé  duvet,  blé  Foulard, 
Richelle  blanche,  blé  blanc  de  Suisse. 

La  plupart  ont  été  plus  ou  moins  attaqués  par  la  larve  de  la  céci- 
domyie,  petit  ver  jaune  qui  détruit  les  étamines  et  les  pistils  des  épillets, 
et  par  suite  empêche  le  grain  de  se  former,  et  diminue  ainsi  le  rende- 
ment du  blé. 

Les  variétés  suivantes  ont  surtout  eu  à  subir  les  ravages  de  cet  insecte  : 
blé  duvet,  Richelle  blanche,  blé  de  la  Haute-Saône,  Chiddam  d'automne, 
rouo^e  de  Hongrie;  les  blés  barbus  ont  eu  moins  à  souffrir  que  les 
autres;  ils  ont  aussi  moins  souffert  delà  verse.  Les  blés  rouges  de 
Saint-Laud,  Spalding  et  de  Saumur,  ont  été  atteints  de  la  rouille. 

Par  suite  de  circonstances  exceptionnelles,  le  classement  des  variétés 
par  ordre  de  rendement  n'est  pas  rigoureux,  surtout  pour  les  der- 
nières. 

Les  variétés  les  plus  précoces  sont  :  le  blé  bleu,  le  blé  de  Saumui^, 
le  blé  d'Allkirch,  le  blé  Victoria,  le  blé  duvet,  le  blé  rouge  de  la  Haute- 
Saône,  le  blé  Richelle  blanche  et  le  blé  Hickling.  Les  plus  tardives  sont: 
le  blé  Goldendropp,  le  blé  Foulard,  le  blé  d'Australie  et  le  blé  de 
Miracle. 

Celles  qui  ont  rendu  le  plus  de  paille  sont  :  le  blé  Goldendropp,  le 
blé  blanc  de  Hongrie,  le  rouge  de  Hongrie,  et  le  blé  Foulard. 

Celles  qui  ont  donné  le  grain  le  plus  lourd  sont  :  le  blé  Spalding, 
le  blé  d'Altkirch,  le  blé  Hickling,  le  blé  blanc  de  Flandre,  le  blé  duvet, 
le  blé  bleu,  le  blé  Prince-Albert  et  la  Richelle  blanche.  Le  moins  lourd 
est  le  blé  de  Miracle.  Tous  ces  blés  ont  été  coupés  avant  complète 
maturité,  et  sont  restés  en  moyettes  jusqu'au  moment  du  b  itlage. 

Avoines.  —  Les  avoines  ont  pu  être  semées  dans  des  terres  bien 
préparées  par  des  labours  d'hiver;  elles  ont  généralement  donné  des 
récoltes  assez  abondantes,  et  ont  été  vendues  pour  semence  à  des  prix 
assez  élevés. 

Nos  avoines  sont  presque  toujours  semées  après  défrichement  de 
luzerne,  de  pâturage,  et  quelquefois  après  betteraves  ou  maïs-fourrage, 
quand  le  temps  ne  permet  pas  de  semer  les  blés  dans  des  conditions 
de  réussite  :  mieux  vaut  une  bonne  récolte  d'avoine  qu'une  mauvaise 
en  blé. 

Voici  le  tableau  comparatif  des  rendements  de  la  grande  culture  : 

Cultures  Rendement  Poids  de 

Variétés.  Kature  du  sol.  précédentes.  à  l'hectare.  l'hectolitre. 

Avoine  noire  fie  Brie Argilo-calcaire  Blé  S'î  hectolitres  47  kilogrammes 

Avoine  de  l^logne Argilo-siliceux        Maïs-Tourrage  30        —  54  — 

Avoine  blanche  de  Hongrie . .     Argilo-calcaire       Defrich.-ment  26        —  54  — 

pâture  2"=  récolte 

Avoine  noire  de  Hongrie ... .  id.  id.  40       —  44         — 

L'avoine  de  Brie,  semée  en  terre  très  ameublie  par  un  labour  d'hiver, 
à  été  envahie  par  la  moutarde  des  champs.  Cette  plante,  arrachée  ou 
fauchée,  a  permis  à  l'avoine  de  se  développer  convenablement  ;  la 
récolte  a  été  bonne,  grâce  aussi  à  la  fumure  donnée  à  la  précédente. 

L'avoine  de  Pologne  aurait  donné  un  rendement  exceptionnel  si, 
sur  une  partie  trop  humide  du  champ,  la  récolte  n'avait  pas  été  à  peu 
près  manquée.  Un  certain  nombre  d'épis  ont  été  charbonnés.  '''* 

L'avoine  blanche  de  Hongrie,  cultivée  en  deuxième  récolte  sur  un 
défrichement  de  luzerne  laissée  en  pâturage,  a  fourni  un  rendement 
assez  bon.   La   rentrée    de  cette    avoine  a  été  grandement  contrariée 


GUI.TURE   DES  CÉRÉALES  A  L'ÉCOLE  D'AGRIGULTQRE  DE  ST-REMY.       497 

par  le  mauvais  temps  ;  une  partie  de  larécolte  s'est  égrenée  sur  le  sol. 

L'avoine  noire  de  Hongrie  s'est  trouvée  à  peu  près  dans  les  mêmes 
conditions  que  la  variété  précédente.  Son  rendement,  un  peu  moins 
élevé,  est  dû  surtout  à  la  nature  de  la  terre,  qui  était  de  moins  bonne 
qualité  que  pour  Tautre. 

En  général,  nos  rendements  en  avoine  ont  été  inférieurs  à  ceux  de 
l'année  dernière;  cela  tient  moins  aux  intempéries  des  saisons  et  aux 
variétés  cultivées  qu'au  peu  de  fertilité  des  terres  dans  lesquelles  elles 
ont  été  semées,  ce  qui  confirme  ce  que  je  disais  dans  le  compte  rendu 
de  l'exercice  précédent,  à  savoir  :  qu'il  y  a  des  variétés  plus  produc- 
tives que  d'autres,  mais  qu'elles  dégénèrent  bien  vite  si  elles  ne  sont 
pas  cultivées  dans  de  bonnes  conditions. 

Pour  les  avoines  d'expériences,  voici  le  tableau  des  variétés  expéri- 
mentées et  des  rendements  : 

^    £  O  »!  ^ 

Ê-j  -a  g  SiJo        Commencement 

Variétés.                            -o  "  5xi  pailUe  g^^  - — —       -       ■— — <•        Fin  Date 

SS  ^'Z  à  S»-"-          de             delà           delà  delà 

cc.ns  •»  l'hectare         "^     l'epiage.     floraison,  floraison,  récolte. 

l  Avoine  blinche  de  Hongrie.  50''  44''  3,800''  600''  14  juillet  24  juillet  31  juillet  27  août 

•2  Avoineg'isede  Houdan....  40  45  3,333  320  1       »  ]0  »  26      »  20  • 

3  Avoine  noire  de  Brie 40  44  4,509  500  "  9      »  16  »  31  »  27  » 

4  Avoine  de  Beauce 37  46  5,000  500  .*î       •  15  •  29  »  21  • 

5  Avaiee  de  Portugal 37  46  4,660  330  3       ■  10  »  30  »  21  » 

6  Avoine  nnre  de  Hongrie 36  40  4,600  250  10      »  19  »  30  »  21  » 

7  Avoine  bhnche  de  Sibérie...  30  38  2,800  28û  2      »  13  »  26  »  20  » 

8  Avoine  Joannelle 30  38  3,000  300  27  juin  8  >-  24  »  13  » 

9  Avoine  hâtive  de  Sibérie 30  50  3,700  300  28     .  10  »  22  »  13  » 

10  Avoine  Pedigree 25  41  3,000  200  3  juillet  25  •  31       »       14  » 

11  Avone  noire  d'Irlande 18  46  3,460  120  3      »       14  >-  30      ■       27  » 

12  Avoine  roi; sse  commune 15  48  1,335  160  10      »      27  »  6  août    28  > 

13  Avoine  de  Pologne 15  50  2,750  175  5      »       17  »  25  juillet  14  » 

14  Avoine  nue 12  58  3,000  325  5      »       16  »  31       »      20  «H 

Les  avoines  nue,  de  Pologne,  rousse  commune,  noire  d'Irlande,, 
Joannette,  blanche  de  Sibérie,  ont  peu  tallé;  elles  sont  restées  claires; 
elles  ont  aussi  beaucoup  souffert  de  l'humidité. 

Sous  le  rapport  delà  précocité,  les  variétés  suivantes  sont  au  premier 
rang  :  Joannette,  hâtive  de  Sibérie,  de  Pologne,  Pedigree;  les  avoines 
rousse  commune,  noire  d'Irlande,  noire  de  Brie,  blanche  de  Hongrie, 
sont  au  dernier  rang. 

Une  nouvelle  preuve  que  les  rendements  dépendent  beaucoup  des 
conditions  dans  lesquelles  les  plantes  se  trouvent,  c'est  que  l'avoine 
de  Pologne  cultivée  dans  le  champ  d'expériences  est  au  dernier  rang 
pour  le  rendement,  au  lieu  que,  en  grande  culture,  elle  a  donné  un  pro- 
duit satisfaisant    pour  l'année. 

Orge.  —  Nous  sommes  déplus  en  plus  satisfaits  des  bons  résultats 
que  nous  obtenons  de  la  culture  de  l'orge  de  Saint-Remy.  Son  rende- 
ment, cette  année,  a  été  de  ^1  hectolitres  à  l'hectare,  du  poids  de  70 
kilogrammes  l'hectolitre.  Elle  avait  été  semée  en  lignes  après  une 
deuxième  récolte  d'avoine,  après  défrichement  de  luzerne;  la  terre  avait 
reçu  une  fumure  ordinaire;  malgré  cela,  il  n'y  a  presque  pas  eu  de 
verse.  Une  particularité,  qui  n'avait  guère  été  remarquée  les  années 
précédentes,  s'est  produite  sur  un  assez  grand  nombre  d'épis;  ils  ont 
perdu  leurs  barbes  à  l'époque  de  la  maturité.  Cette  nouvelle  modi- 
fication de  la  variété  se  reproduira-t-elle  d'une  manière  constante,  ou 
bien  sera-t-elle  passagère  comme  les  causes  qui  l'ont  déterminée?  C'est 
ce  que  l'avenir  se  chargera  de  nous  apprendre. 


498       CULTURE  DES  CÉRÉALES  A  L'ÉCOLE  D'AGRICULTURE  DE  ST-REMY. 

Les  rendements  des  variétés  d'orges  cultivées  comme  essai  ont  été 
par  hectare  : 

U  4 

^o  2  a»  Commencement 

Variétés.                      ■S_g  '5^       Paille                 ■ ^^. .^^ Fin  Date 

ë—  <u  à        Menues        de             delà          delà  delà 

K-rf  •«  l'hectare,  pailles,  l'épiaison.  floraison,  floraison.  récolte. 

1  Orge  de  Saint-Remy 3P  70^  S.'/SO*  ^64"  27juia      jjuillet  12juillet  4  août 

'2  Orge  disiique 23  69  3,050  270  23  »  27juin  3  »  4    » 

3  Orge  d'Italie 21  69  2,4U0  200  23  »  2juillet  10  .  4     • 

4  Orge  éventail 17  55  1,8U0  115  29  »         2      ■■  8  ^  4     . 

5  Orge  carrée  de  printemps.  15  65  1,920  2^0  23  »  30  juin  4  »  31  juillat 

6  Orge  grosse  nue 11  68  1,660  190  17  »  28    •  5  »  4  août 

7  Orge  céleste 8  69  1,400  120  27  .  29    »  15  d  4    » 

Ces  variétés  d'expérience  ont  donné  des  rendements  plus  faibles  que 
l'orge  de  grande  culture;  mais  elles  ont  été  semées  dans  des  conditions 
moins  avantageuses  sous  le  rapport  du  sol  et  de  l'époque  des  semailles. 

F.-M.-J=   CORDIER, 

12  r  directeur  de  l'Ecole  pratique  d'agriculture 

de  Saint-Remy. 

CONCOURS  RÉGIONAL  DE  PÉRIGUEUX 

Le  correspondant  du  Journal  de  VAgricullure  qui  s'était  chargé  de  rendre 
compte  à  ses  lecteurs  du  concours  régional  de  Périgueux,  n'ayant  pu  s'acquitter 
jusqu'ici  de  celte  mission,  il  nous  revient  la  tâche  de  présenter  ici  un  aperçu  de 
cette  importante  solennité. 

Le  concours  de  Périgueux,  ouvert  pour  la  région  comprenant  les  départeoQents 
de  la  Charente,  de  la  Charente-Inférieure,  de  la  Dordogne,  de  la  Gironde,  des 
Deux-Sèvres,  de  la  Vendée,  de  la  Vienne  et  de  la  Haute-Vienne,  a  été  un  des  plus 
importants  de  l'année.  Les  déclarations  ne  comptaient  pas  moins  de  420  têtes  des 
races  bovines,  97  béliers,  170  brebis,  91  têtes  porcines,  343  lots  d'animaux  de 
basse-cour,  1 , 1 1 2  instruments  et  machines,  578  lots  de  produits  agricoles  de 
toute  sorte.  Le  commissaire  général  était  M.  Malo,  inspecteur  de  l'agriculture,  qui 
l'avait  organisé  avec  beaucoup  d'habileté  et  de  goût. 

Dans  les  races  bovines,  le  premier  rang  appartenait,  par  le  nombre  et  par  la 
qualité,  à  la  race  limousine.  Depuis  quelques  années,  dans  le  concours  de  la  ré- 
gion aussi  bien  qu'à  l'Exposition  universelle,  les  éleveurs  de  cette  race  précieuse 
->nt  prouvé  par  les  laits  les  heureux  résultats  qu'ils  ont  obtenus  par  une  habile 
sélection.  La  race  est  restée  absolument  pure,  mais  elle  a  acquis  des  qualités  de 
précocité  et  de  finesse  qui  la  mettent  au  premier  rang  des  meilleures  races.  Citer 
M.  Gérard  de  Faye  à  qui  a  été  attribé  le  prix  d'ensemble,  MM.  Duvert,  de  Léo- 
bardy,  Gaillaud,  Dadat,  Noualhier,  Mme  de  Leffe,  c'est  rendre  justice  à  autant 
d'éleveurs  du  Limousin  qui  tiennent  la  tête  dans  cette  œuvre  de  progrès,  avec 
quelques  autres,  d'ailleurs,  qui  n'ont  pas  pris  au  concours  de  Périgueux.  —  Beau- 
coup de  Durhams  venant  pour  la  plupart  de  l'Ouest  et  du  Centre  ;  à  côté,  de  bons 
bazadais  et  d'excellents  garonnais.  Malheureusement,  les  catégories  réservées  aux 
races  laitières  laissaient  un  peu  à  désirer,  quoique  tous  les  prix  qui  leur  étaient 
réservts  aient  été  décernés. 

Les  béliers  et  brebis  formaient  un  bel  ensemble,  principalement  dans  les  caté- 
gories réservées  aux  races  étrangères  et  à  leurs  croisements.  La  race  southdown 
avait  de  nombreux  et  brillants  représentants.  C'est  à  M.  Teisserenc  de  Bort  que 
le  prix  d'ensemble  a  été  attribué.  —  Dans  les  catégories  des  races  porcines,  les 
races  anglaises  dominaient  aussi  ;  cependant  la  race  périgourdine,  qui  depuis 
longtemps  est  renommée,  avait  quelques  beaux  sujets. 

Quant  aux  oiseaux  et  autres  habitants  de  la  basse-cour,  nombreuse  et  brillante 
était  l'exposition  pour  toutes  les  catégories  ;  aussi  a-t-elle  eu  beaucoup  de  succès 
parmi  les  visiteurs  du  concours. 

L'exposition  des  instruments  et  machines  élait  des  plus  complètes  qu'il  soit 
possible  de  voir,  aussi  bien  pour  les  grandes  machines  que  pour  les  petits  instru- 
ments ;  plus  de  cinquante  machines  à  vapeur  ont  sifflé  et  craché  pendant  toute  la 
durée  du  concours,  actionnant  soit  des  batteuses,  soit  toutes  sortes  d'autres  engins. 
Le  plus  grand  nombre  des   grands  constructeurs  de  France  avaient  envoyé  des 


CONCOURS  REGIONAL  DE  PERIGUEUX.  499 

spécimens  de  leur  fabrication  à  Périgueux;  les  constructeurs  de  la  région  faisaient 
aussi  très  bonne  figure.  Les  concours  spéciaux  ont  été  suivis  avec  beaucoup  d'intérêt. 

Le  concours  de  la  prime  d'honneur  s'est  terminé  par  l'attribution  de  deux  prix 
culturaux,  seulement.  La  prime  d'honneur  n'a  pas  été  décernée.  Quelcpie  temps- 
après  le  concours,  M.  Wallon,  lauréat  du  prix  cultural  de  la  première  catégorie,  a 
reçu  la  croix  de  la  Légion  d'honneur. 

Voici  la  liste  complète  des  récompenses  : 

Prix   culturaux. 

1"  Catégorie.  —  Propriétaires  exploitant  leurs  domaines  directement.  Un  objet  d'art:  M.  Julas 
Wallon,  à  laDurantie,  commune  et  3  mton  deLanouaiile  (arrondis-iement  de  Nontron). 

2'  Catégorie.  —  Fermiers  à  prix  d'argent,  cultivaleurs-propriélaires  tenant  à  ferme  une  partie 
de  leurs  terres  eu  culture;  métayers  isolés  cuUi>'ant  des  domaines  au-dessus  de  20  hectares  (Un 
objet  d'art)  :  M.  Français  Maj^niaud,  fermier,  à  Malroussie,  commune  de  Cause-ds-Clérans,  canton 
de  Lalinde  (arrondissement  de  Bergerac). 

3"  Catr'f/orie.  —  Propriétaires  exploitant  leurs  domaines  par  métayers.  —  Non  décerné. 

4'  Catégorip..  —  M-tajers  isolés  ou  |ietits  cultivateurs,  propriétaires  ou  fermiers  de  domaines  au- 
dessous  de  20  hectares.  —  Non  décerné. 

Objet  d'art  et  médailles  de  spécialité.  —  Objet  d'art  (consistant  en  une  coupe  artistique).  — 
M.  Camille  Gouzot,  proprièt^i-e-agriculteur,  à  Planques,  communes  de  Bergerac,  Colomliier,  Saint- 
Nexans  et  Monlnzillac  (arrondisse^uent  de  Bergerac).  —  Médaille  d'or  (giand  moîule),  M.  de  Lom- 
barès,  propriéiaire  à  Saint-Germain,  commune  de  Gaujac,  canton  de  Monpa/.ier  (arrondissement  de 
Bergerac.  —  Médailles  d'or,  M.  Eyssalet.  pmpriétaii-e  à  la  FouiUarge,  communes  d'Agoiac  et  de 
Chàieau  l'Evêque  (arrondissement  de  Périgueux)  ;  M.  Gasson  Bugeaud  d'Isly,  propriétaire  à  Plai- 
sance, commune  et  canton  d-^  Lanouadle  (arrondissement  de  Nontron).  —  Médnil'e  d  argent  (grand 
module).  —  M.  Sicavie  Delage,  propriétaire,  à  Palieix,  commune  d'Atur  (arrondissement  de 
Pé'-igueux). 

Récomppnses  accordées  aux  agents  de  l'exploitât  on  qui  a  obtenu  le  prix  cnltural  de  la  1"  caté- 
gorie. —  ife'daiiîesd'ar^^ftt,  MM.  Fentinand  Pellisson;  Bernard  Château;  Julien  GoUier.  — Médailles 
de  bronze,  MM.  Jean  Lacoste  ;  Aubin  Lasfargeas;  Auljin  Gauthier;  Louis  Rebière;  Julien  Paradol; 
Louis  Minou'ef. 

Récompensos  accordées  aux  serviteurs  de  l'exploitation  qui  a  obtenu  le  prix  cultural  pe  la  2°  caté- 
gorie. —  Médailles  d'argent,  M.  Antoine  Ghassaigne  ;  Mme  Marie  Chassaigne. 

Animaux  reproducteurs.  —  Espèce  bovine. 

Les  premiers  prix  sont  accompagnés  d'une  médtille  d''or,  les  seconds  d'une  médaille  d'argent,  et  les 

autres  d'une  médaille  de  bronze. 

l"Co«e3one.  —  Bace  limousine.—  Mâles.  —1'°  Section.  —Animaux  de  6  mois  à  1  an.  —  l'^-'prix, 
M.  de  Léohdrdy,  à  la  Jonchëre  (Haute-»ienne)  ;  2%  M.  Caillaud,  au  Châtenet  (Haute-Vienne);  prix 
supplémentaire,  M.  Duvert,  à  Verneuil-sur-Vienne  (Haute-Vienne).  —  2*  Section.  —  Animaux  de 
1  à  2  ans.  —  l"'  prix,  Mme  de  LeflTe,  à  Limoges  (Haute-Vienn  )  ;  2%  M.  Francez,  à  Limoges  (Haute- 
Vienne)  ;  3',  M.  Lamy,  à  Limoges  (Haute-Vienne)  ;  4°,  M.  E.  Gérald  de  Faye,  à  Limoges  (Hiute- 
Vienne)  ;  prix  supplémentaires,  Mme  Vve  de  Homanet,  à  Condat  (Hauie-Vienne);  M.  Labesse, 
Feytiai  (Haute-Vienne).  —  3'  Section.  —  Animaux  de  2  à  3  ans.  —  l*"  prix,  M.  Lezaiid,  à  Verneuil 
(Haute-Vienne);  2%  M.  E.  Gérald  de  Faye;  prix  supplémentaires,  M.  Lamy  de  Lachapelle,  à  Limoges 
(Haute-Vienne);  Jl.  Caillaud.  —  Femelles.  —  1"  Section.  —  Génisses  de  1  à  2  ans.  —  I"  prix, 
M.  de  Léobardy  ;  2^,  M.  Dadat,  à  Limoges  (Haute-Vienne)  ;  3*,  M.  Rouard  de  Card  ;  4°,  M.  Duvert  ; 
prix  supplémen  aires,  M.  Gérald  de  Faye;  M.  Gustave  Chamiot,  à  Beaune  (Haute-Vienne)  ;  mention 
ti"ès  honorable  à  toute  la  section.  —  3°  Section.  —  GénissFs  de  2  à  3  ans,  pleines  ou  à  iHit.  —  1"  prix, 
M.  Duvert;  2",  M.  de  Léobardy;  3',  M.  Noualhier,  à  Limoge.s  (Haute-Vienne);  4',  Mme  de  Leflfe  ; 
prix  supplémentaires.  M.  Lezaud,  à  Verneuil  (Haule-Vienne);  M.  Caillaud;  meaiion  honorable. 
M.  de  Léobardy.  —  4*  Section.  —  Vaches  de  plus  de  3  ans,  pleines  ou  à  lair.  —  Rappel  de  l"prix, 
M.  Lamv;  l"  prix,  M.  de  Léboardy;  2%  M.  de  Leffe;  3',  M.  Pétiniand  de  Champagnac,  à  Limoges 
(Haute-Vienne);  3%  M.  Duvert;  5",  M.  Guibert,  à  Panazol  (Haute-Vienne);  prix  supplémentaire, 
M.  Pasquet,  à  Limoges  (Haute-Vienne). 

Prix  d'ensemble..  —  Ce  prix  a  été  décerné  à  M.  E.  Gérard  de  Faye. 

2"  Catégorie-  —  Race  parthenaise  et  ses  dérivés  (vendéenne,  nantaise). —  Mâles.  — l"  Section. —  • 
Animaux  de  1  à  2  ans  —  1"  prix,  M.  Paul  Germain,  à  St-Aubin  (Deux-Sèvres)  :  2',  M.  Delisle,  au 
Boupère  (Vendée);  3%  M.  Babarie,  au  Boupère  (Vendée);  4%  non  décerné;  ô"^  M.  Druhet,  à  Bre- 
loux  (Deux-Sèvres).  —  Femelles.  —  1"  Section.  —  Génisses  de  1  à2  ans.  —  l^prix,  M.  de  la  Mas- 
sardiè.e.  à  Antraii  (Vienne)  ;  2',  M.  Proux,  à  St-Germain  (Charente-Inférieure);  3",  M.  de  Ponsay,  à 
Nesmy  (Vendée).  —  2'  Section.  —  Géni-ses  de  2  à  3  ans.  —  1"  prix,  M.  Victor  Germ  lin,  à  la  Pay- 
ratte  (Deux-Sèvres)  :  2%  M.  Frère,  à  Fenioux  (Deux-Sèvres)  ;  3%  M.  Delisle.  —  i"  Section.  —  Vaches- 
déplus  de  Sans,  pleines  ou  à  lait.  —  1"  prix.  M.  Ferdinand  Séguinot,  à  Nalliers  (Vendée); 
2*,  M.  de  la  Massardière;  3%  M.  Frère;  4»,  M.  de  Pons^iy. 

3°  Catégorie.  —  Race  g^ronnaise.  —  Mâles.  —  1"  Section.  — Animaux  de  1  à  2  ans.  —  1"  prix' 
Mme  de  Leffe;  2%  M.  Tujas,  à  Saint-Sève  (Gironde);  3%  M.  Duthii,  à  Massugas  (Gironde); 
4%  M.  négimon,  à  St-André-en-Garn  (Gironde).—  Femelles.  — V  Section.  — Génisses  de  1  à2aas. 
—  1"  prix,  M.  Duthil;  2°,  M.  Régimon;  3%  M.  Jean-Robert,  à  Lamothe-Montravel  (Dordogne).  — 
2' Section.  —Génisses  de  2  à  3  ans,  pleines  ou  à  lait.  —  1"  prix,  M.  Cassin,  au  Palais  (Haute- 
Vienne)  ;2%  M.  Rougier,  à  La  Réole  (Gironde);  3',  M.  Tujas.  —  3^  Sectirn.  —  Vaches  de  plus  de 
3  ans,  pleines  ou  à  lait.  —  l'^''  prix,  M.  Régimon;  2",  M.  Rougier;  3',  M.  Duthil;  4*,  M.  Tujas. 

4*  Catégorie.  —  Race  bazadaise.  —  Mâles.  —  Animaux  de  1  à  2  ans.  —  !■"•  prix,  M.  Henri  Dar- 
roman,  à  Bazas  (Gironde);  2',  M.  Soubiran,  à  Bazas  (Gironde)  ;  3*=,  M.  Auguste  Courrégelongue,  à 
Bazas  (Gironde).  —  Femelles.  —  1"  Section.  —  Génisses  de  1  à  2  ans.  —  !«■  prix,  M.  Mothes,  à 
Bernos  (Gironde);  2%  M.  Matha,  à  Bazas  (Gironde).  —  2'^  Section.  —  Génissesde  2  à  3  ans  pleines 
ou  à  lait.  —  1"  prix,  M.  Courrégelongue  ;  2°  et  3*  prix,  non  décernés.  —  3'  Section.  —  Vacnes  de 
plus  de  3  ans,  pleines  ou  à  lait.  —  Rappel  de  1"  prix,' M.  Henri  Danoman  ;  1"  prix,  M.  Mothes; 
2%  M.  Marcel  Courrégelongue,  à  Bazas  (Giroade)  ;  3',  non  décerné. 


500  CONCOURS  RÉGIONAL  DE  PÉRIGUEUX. 

b'Catéfiorie  —  Race  maraîchine.  —  MAles.  —  Animaux  de  1  à  2ans.  —  l"'  prix,  M.  Victor  Ger- 
main; 'i",  M.  Moinier,  à  Loire  (Charente-Inférieure). —  Fetiellcs.  —  1"  Section.  —  Génisses  de  1  à 

2  ans.  —  Prix  unique,  non  décerné.  —  2' Section.  —  Génisses  de  2  à  3  ans.  plemes  ou  >  lail.  

Prix  unique,   M.  Ambert,  à  Tonnay-Charente  [Cliarenle-Inféiieure).  — ^^  Seclion.  —  Vaches  de 

S  lus  de  3  ans,  pleines  ou  à  lait.  —  1*^'  prix,  M.  Delisle;  rappel  de  2%  M.  Ambert;  2"  el  3%  non 
écernés. 

6'  Catégorie.  —  Race  de  Salers.  —  Mâles.  —  Animaux  de  1  à  2  ans.  —  Prix  unique,  M.  le 
comte  de  Briey,  à  Magné  (Vienne);  mention  honorable,  M.  de  Bousquet,  à  Montrera  (Doidogne). 

—  Femelles.  —  1"  Section.  —  Génisses  de  1  à  2  ans.  —  Prix  unique,  ncm  décerné.  —  2=  Section. 

—  Génisses  de  2  à  3  ans,  pleines  ou  à  lait.  —  Prix  unique,  M.  le  comte  de  Briey;  mention  hono- 
rable, M.  de  Bousquet.  —  3'  Section.  —  Vaches  de  plus  de  3  ans,  pleines  ou  à  lait.  —  1"  prix. 
M.  Pasquet-Labrone,  à  Charroux  (Vienne);  2",  M.  le  comte  de  Briey;  3"  M,  de  Bousquet;  mention 
honorable,  M.  Pasquet-Labroue. 

7"  Catégorie.  —  Race  Durnara.  —  Mâles.  —  V°  Section.  —  Animaux  de  six  mois  à  1  an.  — 
1"  prix,  M.  le  marquis  de  Surineau,  à  Saint-Vincent-sur- Graon  (Ven'iée);  2%  M.  Duquénel,  à 
Saint-?orIin-de-Conac  (Charenle-lniérieure).  —  2"  Section.  —  Animaux  de  1  à  2  ans.  —  \"  pri.x, 
M.  le  marquis  de  Surineau;  2'",  M.  le  marquis  de  Momlaur,  à  Cognat-Lyonne  (Allier);  mentions 
honoraides,  MM.  Broux  ;  Daubin,  à  Magnac-Laval  (Haule-Vienne^.  —  3°  Section.  —  Animaux  de 
2à  4  ans.  —  Prix  unique,  M.  le  vicomte  de  Vassal,  à  Monbadon  (Gironde);  mention  très  hono- 
rable, M.  le  n  arquis  de  Montlaur.  —  Femelles.  — -  1"  Section.  —  Génis-es  de  6  mois  à  1  an.  —  1' 
pri.v,  M.  le  marquis  de  Montlaur;  2°,  M  le  marquis  de  Surineau  ;  meniions  honorables,  MM.  Proux; 
le  vicomte  de  Vassal. —  2°  Section.—  Génissesde  1  à2ans.— !"•  prix,  M.  le  marquis  de  Montlaur;  2" 
M.  Duquénel.  —  3*  Section.  —  Génisses  de  2  à  3  ans,  pleines  ou  à  lait.  —  1"  prix,  M.  le  vicomte 
de  Vassal;  2°,  M.  Duquénel.  —  4'  Section.  —  Vaches  de  plus  de  3  ans,  pleines  ou  à  lait.  —  1"  prix, 
M.  le  marquis  de  Montlaur;  rappel  de  2%  M.  Proux;  2°,  M.  Monnerie,  à  Muron  (Cliarente-lnfé- 
rieiire);  3',  non  décerné. 

8°  Catégorie.  —  Croisements  Durham.  —  MiWes.  — Animaux  de  I  à  2  ans.  —  1"  prix,  M.  Proux; 
2*,  M.  le  omte  de  Villedon,  à  Aytré  (Charente-Inférieure);  3'',  M.  Gouzot,  à  Colombier  (Dor- 
do;ine).  —  Femtlles.  —  1'°  Seca'on..  —  Génisses  de  l  à  2  ans.  —  !«' prix,  M.  Duquénel;*?.",  M.  Pioux. 

—  2^ Section.  —  Génisses  de  2  à  3  ans,  pleines  ou  à  lait.  —  1"  prix,  M.  Proux  ;  2%  M.  Duquénel-. 
prix  supp  émentaire,  M.  de  Saint-Exupéry,  à  Aytré  (Charente-Inférieure).  —  2°S'Ction.  —  Vaches 
de  plus  de  3  ans,  pleines  ou  à  lait.  —  1"  prix,  M.  le  comte  de  VilUdon;  2«,  M.  Gouzot;  prix  supplé- 
men'a're,  M.  Proux. 

9*  Catéfiorie.  —  Ra;e  d'Ayr.  —  Màle«.  —  Animaux  de  1  à  2  ar.s.  —  Prix  unique,  M.  le  marquis 
de  Dampierre,  à  Plassac  (tiharente-lnférieure)  ;  meniions  honorables,  M  le  marquis  de  I^am- 
pierre;  M"'  de  Gauban  du  Mont,  à  Lézat  (Ariège).  —  Femelles.  —  1"  Sec  ion.  —  Génisse-  de  1  à 
2  ans.  —  Prix  unique,  M""' de  Gauban  du  Mont;  mention  honoiable,  M.  le  marquis  de  Dampierre. 

—  2°  Section.  —  Génisses  de  2  à  3  ans,  pleines  ou  à  lait.  —  Prix  unique,  M.  le  marquis  de  Dam- 
pierre; mention  honorable,  M°°  de  Gauban  du  Mont.  —  3"  Secion.  —  Vaches  de  plus  de  3  ans. 
pleines  ou  à  lait.  —  Prix  unique,  M.  le  marqnis  de  Dampierre;  mentions  honorables,  M.  le  marquis 
de  Dampierre;  M""  de  Gauban  du  Mont. 

10"  Catégorie.  — Races  laitières  frinçaises  ou  étrangères  pures,  à  l'exclusion  des  races  ayant  une 
catégorie  spéciale.  —  Mâles.  —  Animaux  de  1  à  2  ans.  — Pas  d'animaux  présentes.  —  Femelles.  — 
1"  Section.  —  Génisses  de  1  à  3  ans.  —  1''  prix,  Sœur  Mar  e-Auguste,  à  PéDgueux  (Dordogne); 
2°,  M.  Cuminal,  à  Coulounieix  (Dordo'.ïne).  —  2°  Section.  —  Vaches  de  plus  de  3  ;ins,  pleines  ou  à 
lait.  —  ["  prix,  M.  de  Beaupoil  de  Saiiit-Aulaire,  à  Coulounieix  (Dordogne)  ;  2°.  M.  Mazeau,  à 
Noire-Dame  de  Sanilhac  (Dordogne);  3%  M.  de  Langlade,  à  Eyliac  (Dordogoej;  mention  honorable, 
M.  de  Mnllel,  à  Périgueux  (Dordojine) 

Prix  d'ensemble.  —  Ce  prix  a  été  décerné  à  M.  Régimon. 

Espèce  ovine. 

l'«  Catégorie.  —  Races  françaises  diverses.  —  Mâles.  —  1"  prix,  M.  Blanchard,  à  Saint-Ouen 
(Haute-Vienne);  2",  M.  Naudin,  à  Saint-Liguaire  (Deux-Sèvre^)  ;  3°,  M.  de  Chatouville,  à  Coly 
(Dordogne);  mention  honorable,  M.  Pradier,  à  Saint-Paul-de-Serre  (Dordogne).  —  Femelles. — 
l''  prix,  M.  Blanchard;  2",  M.  Faurè;  à  A'-'onac  (Dordo^'ne)  ;  montions  honorables,  MM.  Ivan  de 
de  Valbrune,  à  Saint-Aslier  (Dordogne);  Wallon,  à  Lanouaille    ÇDordogne);  le  vicomte  de   Vassal. 

2°  Catégorie  —  Races  étrangères  diverses.  —  Mâles.  —  1"  Section.  —  Animaux  de  1  an  à  18 
mois.  —  1"  prix,  M.  le  comte  de  Bnuillé,  à  Villars  (.Nièvre)  ;  2',  M.  Teiss  renc  de  Bort,  à  Saint- 
Pi  iest-Taurion  (Haute-Vienne);  3%  M.  Despéroux-Soiichet,  à  Angoulème  (Charente);  4',  M.  Du- 
quénel, à  S<3int-Sorlinde  Conao  (Charente-Inférieure).  —  Fetnelles.  —  l"  prix,  M.  le  comte  de 
Bouille;  2%*M.  Teisserenc  de  Dort;  3%  M.  Despéroux-Souchel;  mentions  honorables,  MM.  Duqué- 
nel; le  vicomte  de  Vassal.  —  2°  Section.  —  animaux  de  plus  de  18  mois.  —  Mâles.  —  P'  prix, 
M.  le  comte  de  Bouille;  2%  M  Tesisserenc  de  Bort;  3^,  M.  le  vicomte  de  Vassal;  4'.  M.  Duquénel; 
mention  honorable,  M.  du  Chatelard,  à  Téàjat  (Dordogne).  —  Femelles.  —  1"  prix,  M.  le  com'e  de 
Bouille;  2',  M.  Teisserenc  de  Bort;  3%  M.  Duquénel;  memion  hcmorable,  M.  Despéioux-Souchet. 

3*  Catégorie.  —  Croisements  divers.  —  Mâles.  —  1"  prix,  M.  Teisserenc  de  Bort,  2%  M.  Emile 
Vergniaud,  à  Razac  (Dordogne)  ;  3'  M.  deLéobardy  à  lalonchère  (Haute-Vienne)  ;  mentions  hono- 
rables, MM.  de  Laroque-Latour,  à  Salles  (Charente-Inférieure)  ;  Dujaric,  à  Périgueux  (Eordogne). 
—  Femelles.  —  1"  prix,  M.  le  vicomte  de  Vassal;  2°,  M.  Edmond  Latour,  à  Hazac  (Dordogne); 
3°,  M.  Monmarson,  à  Périgueux  (Doidogne);  mention  honorable,  M.  de  Léobardy,  à  !a  Jonchère 
(Haute-Vienne). 

Prix  d'ensemble.  —  Ce  prix  a  été  décerné  à  M.  Teisserenc  de  Bort. 
Espèce  porcine. 

1"  Catégorie.  —  Races  indigènes  pures  ou  croisées  entre  elles.  —  Mâles.  —  1"  prix,  M.  Ivan  de 
■Valb-une,  à  Saint-Astier  (Dordogne);  2%  MM.  Baury  et  Villeneuve,  à  Saint-Yrieix  (Haule-Vienne); 
3'.  non  décerné.  —  Femelles.  —  1"  prix,  M.  Simon,  à  Périgueux  (Dordogne);  2%  M.  de  Méredine, 
à  Notre-Dame-de-Sanilhac  (Dordo(?ne)  ;  3%  M.  Naudin,  à  Saint-Liguaire  (L)eu.x-Sevres)  ;  mention 
honorable,  M.  Mazy,  à  Boulazac  (Dordogne). 

2=  Caiégorie.  —  Races  étiang-^ies  piirns  ou  croisées  entre  elles,  -r  Mâles.  —  Rappel  de  1"  prix, 
M.  Teisserenc  de  Bort,  à  Saint-I'iiesf  Taurion  ^H;iute-Vienne)  ;  1"  prix,  M.  de  la  Massardière,  à 
Antran  (Vienne);  3',  M.  Fayout,  à  Champcevinel  (Dordogne);  3',  M.  Duquénel,  à  Sainl-Soilm-àa 


CONCOURS  RÉGIONAL   DE  PÉRIGUEUX.  501 

Conac  (Charenfe-lnférienre)  ;  prix  suppiémenlaire,  M.  Dumas,  à  l'Èglise-Neuve-de-Vergt  (Dor- 
dogne);  mention  honorable.  M.  Mazeau.  —  Pappel  de  )•'■  firix,- M.  de  Lcohardy;  P''  prix,  M.  de  la 
Massardière,  2",  M.  Duquénel,  3'-,  M.  Nitdaiid,  à  Chazellos  (Charente);  4%  M.  Teisserenc  de  Bort; 
mentons  honorables,  MM.  Gabaiily,  à  Bonnes  (Haute-Vienne);  M.  de  Léobardy, 

3"  Catéf/nri".  —  Croisements  divers  entre  race»  étrangères  et  races  françaises.  —  Mâles.  —  Prix 
unique,  M  Francez,  à  Limoges  (HHute-Vienne).  —  Femelles.  —  1«'  prix,  M.  Laroche,  à  Saint- 
Paul-le-Serre  (Dordo.ne);  2%  M.  Petit,  à  Champcevinel  (Dordotine)  ;  3%  M.  Eyssalet,  à  Château- 
l'Evèque  (Dordogne)  ;  mentions  honorables,  M.  Ladelaire,  à.  Cubjac  (Dordogne)  ;'M.  Mapataud  aîné, 
à  Limoges  (Hatite-Viem  e). 

Prix  d'ensemble —  Ce  pri.x  a  été  déc^rné  à  M.  Teisserenc  de  Bort. 

Animaux  de  basse-cour. 

Les  premiers  prix  sont  accompagnés  d'une  médaille  d'argent,  les  autres  d'une  médaille  de  bronze. 

1"  Catégorie.  — Coqs  et  poules.  —  l"-'  Section.  —  Race  de  Barbezieux.  — ]'"'  prix,  M.  Macheny 

aîné,  à  i'criguenx  (Dordogne)  ;  2°  et  3',   non  décernés.  —  2°  Section.  —  Races  limousine  et  du 

Poitou.  —  )"   prix,  M.  Beynal,  à  Coulounieix  (D  rdoj^'ne);  1'  et  3°,  non  décernés.  — 3' Section. 

—  Kaces  françni.'-es  diverses. —  !'■•  prix,  M.  Brunet,  à  Périgueux  (Dordogne);  2%  M  Aujay,  il 
Brantôme  (Uuniogtic);  3",  Mme  Marty,  à  Caniillac  (Dordogne);  4%  M.  le  comie  de  Lastic,  à  Saint- 
ViDceni-sur-l'lsIf-  (D  ^rdigne).  —  ileniinns  honorab  es.  M.  Kyssalet,  à  ChàtePU-l'Evèiiue  (Dordogne); 
M.  Ivan  de  Vdlbiune,  à  Saint-Astier  (Doidogne);  M.  Voitellier,  à  Mantes  (Seineet  Oi-e);  M.  Reynal'. 

—  3'  Section.  —  Haces  étrHngères  diverses.  —  'l*"prix,  M.  Keynal  ;  2%  M.  Reverdy,  à  Razac-sur- 
risle  (Dordogne).  Mention  honoiable,  M.  Voitellier.  — 5°  Section.  —  Croisements  divers,  —  Prix 
unique,  M.  Vo  lellier.  Mention  honoiable,  M.  Reynal. 

2°  Catégorie.  —  Dindons.  —  Prix  unique,  M.  Vergnaud,  à  Segonzac  (Dordogne).  Mention  hono- 
rable, M.  Ivan  de  Val  brune. 

3^  Catégorie.  —  Oies.  —  1"  prix,  M.  Beauvais,  à  Périgueux  (Dordogne);  2' ,  M.  Ivan  de  Valbrune  ; 
3",  M.   Macheny  aîné. 

4°  Catégorie.  —  Cmards.  —  \"  prix,  M.  Voitellier;  2',  M.  Reverdy;  3°,  M.  Reynal. 

5'  Catégorie.  —  Pintades  et  pigeons.  —  l"prix,  M.  Vergnaud;  2",  M.  Reynai.  —  Mentions  ho- 
norables, M.  Mouchet,  à  BergerHC  (Uordcgne)  ;  M.  Voitellier;  M.  Fourgeaud  aine,  à  Limoges 
(Haute-Vienne);  M   Albagnac,  à  Périgueux  (l'ordogne)  :  M.  Begoul,  à  Chancelale  (Dordogne). 

6*  Catégorie.  —  Lapiis  et  léporides.  —  !"■  prix,  M.  Château,  à  kazac-.--ur-Lisle  (Uordngne);  2", 
Mme  Mazeau,  i  Notie-Dame  (Do  d.  gne).  —  Mentions  honorables,  M.  Vergnaud;  M.  Voiteller; 
M.  le  comte  de  Paysac.  à  Saint- P.iu!-de-Serre  (Dor-logne);  M.  Reynal. 

Prix  d'ensemble.  —  Ce  prix  a  été  décerné  à  M.  Voitellier. 

Serviteurs  primés.  —  Employés  chez  les  lauréats  et  récompensés  pour  les  bons  soins  donnés  aux 
animaux  i  rimes.  —  ile'daiUes  d'argent,  M.M.  Gouidun,  berger  chez  M.  le  cumte  de  Bouille; 
pierre  Rover,  vacher  chez  M.  de  Léobardy;  Amable  Martin,  vacher  chez  M.  1-^  marquis  de 
Montlaur  ;"  M;iillaril,  vaclier  chez  M.  de  Dampierre.  —  Médailhs  de  bronze,  M.M.  Massonnet, 
vacher  chez  M.  le  comte  oe  Briey;  Mêle,  vacher  chez  M.  Proux  ;  Chanonnier,  vacher  chez 
M.  Ouvert;  Chapeleau,  vacher  chez  M.  le  marquis  de  Saririeau:  Jean  Mouillerat,  vacher  chez  M.  le 
vicomte  de  Vassal;  Louis  Ozaune,  vacher  chez  M.  Duquénel.  —  25  fr.  à  M.  .Mazard,  berg-r  chez 
M.  Tei-seienc  de  Hort;  Mme  Vardy,  porchère  chez  M.  Teisserenc  de  Bort;  M.Louis  Target,  vacher 
chez  M.  le  comte  de  ViLedon;  M.  Hiaublanc,  vacher  chez  M.  Cassin. 
Machines  et  instruments  agricoles. 

Concours  spéciaux  d'instruments.  —  1"  Stclion.  —  Essa  s  d'instruments  d'extérieur  de  ferme. 

1°  Exlirpateurs  et  Scnrificateurs.  —  1"  ()rix,  médaille  d'or,  M.  Pilier,  à  P.iiis  :  2%  médaille 
d'argent,  M.  Breloux,  à  Kevers  (Nièvre);  3°,  médaille  de  bronze,  MM.  Noir  frères,  à  Huimps 
(Charente- Inférieure). 

2°  Houes  à  cheval  pour  plantes  sarclées.  —  1"  prix,  médailles  d'cr,  M.M.  Noir  frères;  2% 
médaille  d'argent,  M.  Barre,  à  Limoges  (Haute-Vienne);  3°,  médaille  de  bronze,  M.  Tritschler  fils 
aîné,  à  Limo>;es  (Haute-Vienne). 

3"  BoulT-aux  Brise- Mottes.  —  1"  prix,  mé  iaille  d'or,  M.  Hidien,  à  Châteauroux  (Indre);  2% 
médaille  d'argent,  M.  Barre  ;  3",  médaille  de  bronze,  M.  Breloux. 

4°  Faneuses.  —  1"  prix,  médaille  d'or,  M.  Piller  ;  2%  médaille  d'argent,  M.  Peltier,  à  Paris  ; 
3','  médaille  de  b'onze,  MW.  Decker  et  Mot,  à  Pans. 

2"  Section.  —  Essais  d'instruments  d'intérieur  de  ferme.  —  1°  Pressoirs  à  vin  et  à  cidre.  —  V'^ 
prix,  médaille  d'or,  MM.  Mabille  frères,  à  Amboise  (Indre-  et-Loire]  ;  2=,  médailles  d'argent, 
MM.  Ginet  et  Lesiazes,  à  Villeneuve  (Lot-et-Garonne;;  3%  médaille  de  bronze,  M.  Roudier,  à 
Bergerac  (Dordogne) . 

2°  Egrenoirs  à  maïs.  —  1"  prix,  médaille  d'or,  M.  Renaud,  à  Nantes  (Loire-Inférieure);  2", 
médaille  d'argent,  M.  Trit^chler  fils  aîné  ;  3%  médaille  de  bronze,  M.  Peltier.  Mention  honorable, 
M.  Mailhe,  à  Orlliez  (B  sses-Pyrénées). 

3°  Tarares  et  ventilateurs.  —  \"  prix,  médaille  d'or,  M.  Garnier,  à  Redon  (lUe-et-Vilaine);  2=, 
médaille  d'argent,  M.  Pressons,  à  B  urges  (Cher);  3%  mé  'aille  de  bronze,  Mme  veuve  Ménard,  à 
Botz  (Maine-et-Loire).  Mentions  honorabh s,  M.  Tritschler  fils  aîné;  M.  Andreaud,  à  Lavalette 
(Charente). 

4°  Appareils  de  tonnellerie.  —  l"  prix,  non  décerné  ;  2",  médaille  d'argent,  M.  Rétif,  à  Lyon 
(Rhône);  3^,  non  décerné 

Concours  d'instr<-ments  non  prévus  au  j rogramme.  —  Mention  honorable  décernée  en  vertu 
de  l'article  15  de  l'arrête  ministériel  par  les  deux  sections  du  j'.-ry  réunies,  M.  Guilhou,  à  Ardon- 
nac  (Gironde). 

Récompenses  décernées  en  vertu  de  l'artitle  13  de  l'arrêté.  —  Médailles  d'argent,  M.  Félix  But- 
taud,  employé  chez  M.  Pilter;  M  Leclerc,  employé  chei:  M.  Garnier.  —  31édailles  de  bronze, 
M.  Limoiidin,  emi-loyé  chez  M.  Hidien-,  M.  Luiier,  employé  chez  M.  Breloux;  M.  Victor  Grégoire, 
employé  chez  M.  Decombe,  à   Bleré  (Indre-et-Loire). 

Produits  agricoles  et  matières  utiles  à  i'egriculture. 

Concours  spéciaux  —  1°  Vins  de  la  Gironde.  —  Médaille  d'or,  non  décernée.  —  Médailles  d'ar- 
gent, M.  Gueidier,  à  Périgueux  (Dordogne).  —  MéduiUes  de  bron;:e,  M.  Dorgueilh  père,  à  R'ons 
(Gironde);  M.  Cardez,  à  Rions  (Gironde). 


502  CONCOURS  RÉGIONAL    DE  PÉRIGUEUX. 

2°  Vins  de  liqueur  de  Bergerac.  —  Médaille  d'or ,  M.  Gouzot,  à  Colombier  (Dordopne).  — Mé- 
daille d  argent,  M.  Simonnet,  à  Mandacou   (Dordogne).  —  M  ni  aille  de  bronze^  non  décernée. 

3°  Vins  oïdiniires  de  la  Dordogne.  —  1"  Section.  —  Crus  de  Brantôme,  etc.  —  Médaille  d'or, 
M.  Georges  Bussi'  re,  à  Eyviial  (Dordogne).  —  Médaille  d'argent,  Mme  veuve  Gaillard,  à  Brantôme 
(Dordogne).  —Médailles  de  bronze,  MM.  Marc,  à  Branlôniè  (Dordogne)  ;  Darvaud,  à  Brantôme 
(Dordogi-e);  De  Meynard,  à  Villart  (Dordogne);  Rehière,  à  Brantôme  (Di.rdogne).  —  2°  Section.  — 
Crûs  de  Ho>signol,  Sorges  et  autres.  —  Médaille  d'or,  M.  le  comte  de  Galaid  de  Béarn,  à  Cercles- 
Montabourlet  (Dordogi  c) .  —  Médailles  d  argent,  MM.  du  Pavillon,  à  Saint-Martin  des-Combes 
(Dordogne);  Souillac,  à  Sorges  (Dordogne).  — Médailles  de  bronze,  MM.  Biche,  à  Moiisec  (Dor- 
dogne); le  comte  de  Chantérac,  à  Mcneslérol  (Dordogne)  ;  le  docteur  Claverie,  à  Porl-SHinte-Foy 
(Doriogne);  Emile  Deauria.',  à  Saint-Vivien  (Doidogue)  ;  Dervaux,  à  Soiges  (Dordogne);  Mazeau, 
à  Notre-Dame-de  Sanilhac  (Dordogne). 

4''  Eaux-de-vie.  —  Médaille  d'or,  M.  Ferrand,  à  Ségonzac  (Dordogne).  —  Médailles  d'argent, 
MM.  Arbouin,  à  Lignières-Sonneville  (Charente);  M.  Duquénel,  à  Saint-Sorlin-de-Conac  (Charente- 
InleiieureV,  Giraud,  à  Lignières-Sonneville  (Charente).  —  Médaillede  bronze,  M.  le  comte  de  Les- 
trange,  à  Bois-Brcteau  (Charente). 

6*  Prunes  et  Pruneaux.  — Médaille  d'or,  non  décernée.  —  Médaille  d'argent,  M.  Laronde,  à 
Bassillac  (Dordogne).  —  Médailles  de  bronze,  non  décernées. 

6°  Produits  maraîchers.  —  Médaille  d'or,  M.  Laronde.  — Médaiiles  d'argent,  M}H.  Bouvyer,  à 
Châtellerault(V  ienne);  Duquénel.  —  Médaillede  bronze,  M.  Bosse,  à  Chavagnac  (Dordogne). 

7°  Produits  forestiers.  —  Médaille  d'or,  non  décernée.  —  Médaille  d'argent,  M.  de  Presle,  à  Cher- 
veix  (Dordogne).  —  Médailles  de  bronze,  non  décernées. 

Produits  agricoles  divers.  —  Médailles  dor,  MM.  le  comte  de  Beauroyre,  à  Vilietoureix  (Dor- 
dogne) ;  Abel  Deauriac,  à  Saint-Astier  (Dordogne);  Ec  de  norma'e  primaire  de  Périgueux  (Dor- 
dogne); Vallaiid,  à  Saint-Bonnet  la-Rivière  (Haute-Vienne).  —  Médailles  d'argent,  M.  le  comte  de 
Fontenay,  à  Cliampaau  (Dordogne);  Lalbat  père  et  fi's,  à  Salignac  (Dordogne)  ;  Monntrie,  à  Muron 
(Charei.te-lnférieure)  ;  Ivan  de  Vaibrune,  à  Sainl-Astier  (Dordogne).  —  Médaides  de  bronze, 
MM.  Mazeau;  Petit,  à  Périgueux  (Dordogne);  Michelin  fi:s  aîné,  à  E.\oudun  (Deux-Sèvres).  — Men- 
tions très  honorables.  —  Ecole  normale  de  Périgueux;  M.  Petit. 

Parmi  les  nombreuses  fêtes  qui  ont  accompagné  le  concours  régional,  il  faut 
citer  en  première  ligne  l'expo.^ition  d'horticulture,  très  bien  organisée  aux  Arènes, 
qui  a  eu  le  plus  complet  succès. 

Nous  ne  voulons  pas  quitter  Périgueux,  sans  signaler  un  ouvrage  très  intéres- 
sant que  vient  de  publier  M.  L.  de  Lamothe,  secrétaire  général  honoraire  de  la 
Société  départementale  d'agriculture  de  la  JDordogne.  Cet  ouvrage  a  pour  titre  : 
Voyages  auricoles  dans  le  Périgord  et  dans  les  pays  voisins.  Il  est  écrit  avec  beau- 
coup de  verve,  et  renferme  do  très  nombreux  détails  sur  l'économie  rurale  et  la 
production  agricole  aussi  bien  dans  le  Périgord  que  dans  le  Bordelais,  la  Charente, 
le  Limousin.  L'histoire  y  occupe  aussi  sa  place.  On  apprend  beaucoup  en  le  lisant. 

G.  Gaudot. 


PLANTES  DE  JARDIN 

Le  moment  approche,  pour  un  grand  nombre  de  plantes  florales, 
défaire  les  plantations  ou  les  semis.  A  cette  occasion,  nous  croyons 
utile  de  signaler  le  catalogue  que  viennent  de  publier  MM.  Vilmorin- 
Andrieux,  des  jacinthes,  glaïeuls  et  ognons  à  fleurs,  ainsi  que  des 
fraisiers.  Ce  catalogue  renferme  un  très  grand  nombre  de  variétés,  et 
naturellement  plusieurs  variétés  nouvelles,  car  chaque  année  on  s'in- 
génie à  en  créer,  afin  d'augmenter  la  richesse  des  jardins. 

Dans  cette  longue  liste,  voici  quelques  plantes  qui  se  recomman- 
dent particulièrement  à  l'attention.  C'est  d'abord  le  Bégonia  Frœheli, 
que  représente  la  fig.  34.  Celte  variété  produit,  en  massifs,  un  très 
bel  effet;  mais  ses  bulbes  étant  toujours  en  végétation,  il  est  bon  de 
de  ne  pas  essayer  de  les  garder  hors  de  terre,  et  de  les  replanter  dès 
qu'on  les  reçoit.  Les  bégonias  tuberculeux  comptent  aujourd'hui  de 
très  nombreuses  variétés;  la  fig.  35  représente  le  bégonia  tuberculeux 
hydride,  dit  erecla  superba,  dont  les  fleurs  très  grandes  sortent  très 
bien  du  feuillage  et  font  un  très  bon  effet  dans  les  plantations  en 
massifs  ;  ses  fleurs  sont  d'un  beau  rouge  dont  la  nuance  varie  très 
peu. 

Les  espèces  d'anémones  forment  aussi  une  très  longue  série.  A  côté, 
et  tout  à  fait  distinctes  de  anémones  doubles  ordinaires,  se  présentent 
les  anémones  doubles  à  fleur  de  chrysanthème,  telles  que  celle  repré- 
sentée par  la  fig.  36.  Leurs  variétés  présentent  des  colorations   assez 


PLANTES  ET  JARDINS. 


503 


diverses   :  bleu  violet,    lilas,    mauve,    rose   tendre,  rouge   ponceau. 
L'année  dernière,  nous  parlions  ici  de  l'anémone  éclatante,   une  des 


Fig.  34.  —  Bégonia  Frœbeli 


Bégonia  tubéreux  liybride. 


plus  grandes  variétés  de   cette  plante  remarquable,  qui  soient  sorties 
des  mains  des  jardiniers. 

Les   renoncules    doubles,  pivoines,   etc.,  sont  des   fleurs  toujours 


36.  —  Anémone  double  à  fleur 
de  Chrysantlième. 


Fig.  37.  Renoncule  double. 


recherchées,  et  d'une  culture  d'ailleurs  assez  facile.  A  côté  de  la 
renoncule  double  des  fleuristes  (fig.  37),  il  convient  de  citer  la  renon- 
cule semi-double,  race  remarquable  par  sa  grande  vigueur  aussi  bien 
que  par  l'abondance  et  l'ampleur  de  ses  fleurs,  généralement  doubles 
et  même  pleines,  de  coloris  excessivement  jolis  et  variés. 


£04  PLANTES  ET  JARDINS. 

Ces  quelques  détails  suffisent  pour  montrer  que  les  amateurs  peu- 
vent toujours  être  satisfaits.  La  variété  des  trésors  de  la  nature,  aidée 
par  les  soins  habiles  des  jardiniers  modernes,  se  montre  en  réalité 
inépuisable.  J.  de  Pradel. 

LA  RAGE  ANGUS 

VENTE  DU  TROUPEAU  DE  M.  WILLIAM  MAC  COMBIE. 

On  se  rappelle,  sans  doute,  cette  belle  troupe  d'animaux  sans  cornes, 
de  race  Angus,  que  M.  William  Mac  Comble,  de  Tillyfour,  près  d'Aber- 
deen,  en  Ecosse,  exposa  à  notre  grand  concours  international,  en 
1878,  sur  l'esplanade  des  Invalides  à  Paris.  Cette  belle  troupe,  si  ho- 
mogène dans  ses  fermes  trapues  et  compactes,  et  dans  son  pelage  noir, 
fourré  comme  celui  d'un  ours,  si  béate  et  si  placide  dans  la  physiono- 
mie de  sa  tête  chauve  de  cornes,  qu'on  eût  dit  qu'elle  avait  conscience 
de  la  fatalité  de  sa  destinée,  ou  plutôt  du  but  exclusif  de  son  existence, 
c'est-à-dire  l'étal  du  boucher;  cette  belle  troupe,  dis-je,  valut  à  son 
exposant,  le  prix  d'honneur  de  l'espèce  bovine.  On  se  rappelle  aussi 
le  revers  de  cette  grande  médaille  d'honneur,  lorsqu'il  fallut  subir  les 
ennuis  du  retour  en  Angleterre.  J'ai  raconté  dans  les  pages  de  ce 
Journal  les  conséquences  sérieuses  de  la  quarantaine  que  les  animaux 
anglais  eurent  à  subir  à  leur  retour  en  Angleterre.  On  s'en  souvient,,! 
plusieurs  des  plus  précieux  lauréats  périrent  sous  ces  affreux  han-  ■ 
gars  des  docks  de  Londres,  et  les  animaux  qu'on  put  sauver  ne  ren- 
trèrent dans  la  possession  de  leurs  propriétaires  qu'après  avoir  payé 
une  rançon  des  plus  formidables.  L'histoire  qu'en  raconta  M.  Mac 
Comble,  sous  forme  de  requête  au  gouvernement  de  Sa  Majesté  la 
reine,  était  lamentable  et  navrante  au  plus  haut  degré;  mais  la  loi 
de  cette  quarantaine  était  formelle,  il  avait  fallu  s'y  soumettre  avec 
d'autant  plus  de  résignation  que  c'était  la  gent  agricole  elle-même  qui 
l'avait  le  plus  ardemment  imposée  au  Parlement. 

C'est  le  26  août  dernier  que  le  célèbre  troupeau  du  grand,  éleveur 
écossais  a  été  finalement  dispersé.  Hélas!  celui-là  aussi  vient  de  dis- 
paraître, et  cette  vieille  phalange  d'éleveurs  éminents  dont  un  grand 
nombre  de  mes  lecteurs  ont  connu  la  renommée,  sinon  les  personnes, 
par  mes  chroniques  agricoles  de  l'Angleterre,  tels  que  Bâtes,  Whe- 
therell,  Jonas  Webb,  Stratton,  Fisher  Hobbs,  lord  Spencer,  lord 
Ducie,  Mac  Comble,  le  colonel  Townely,  Eastwood,  les  Booth,  et  tant 
d'autres,  dont  hélas  !  le  souvenir  m'échappe,  semble  s'être  finalement 
séparée  des  générations  actuelles  par  la  rupture  du  dernier  anneau 
qui  la  rattachait  encore  à  notre  temps,  en  la  personne  de  Mac  Comble. 
De  tous  ces  grands  éleveurs  qui  avaient  marqué  leur  existence  dans 
le  monde  par  un  genre  spécial  et  particulier,  et  dont  les  noms  retenrj 


)n 


tissaient  dans  l'agriculture  comme  dans  une  armée  ceux  de  grands,-' 
généraux,  comme  dans  le  monde  politique  ceux  de  grands  hommes 
d'Etat,  il  ne  reste  plus  que  leur  impérissable  mémoire  et  l'influence 
de  leur  exemple.  Leur  présence  parmi  nous  a  pris  fin,  mais  leurs 
œuvres  restent  après  leur  mort.  Leurs  troupeaux  dans  lesquels  ils 
avaient  accumulé  tant  de  qualités  héréditaires,  ont  été  dispersés 
sous  le  marteau  du  commissaire-priseur,  et  comme  des  semences 
précieuses  que  le  vent  emporte  et  dissémine  au  loin,  ces  types 
reproducteurs  ont  emporté  avec  eux  et  implanté  là  où  se  sont  fixées 
leur  existence  et  leur  culture,   les  germes  améliorateurs   qui  régénè- 


LA  RAGE  D  ANGUS.  505 

rent  les  races  et  accroissent  dans  une  large  mesure  les  sources  de  la 
richesse  et  du  succès. 

Déjà,  peu  de  temps  après  sa  rentrée  du  concours  de  Paris,  M.  Mac 
Gombie  avait  fait  la  vente  d'une  grande  partie  de  ses  animaux. 
Il  n'avait  réservé  que  le  groupe  exposé  à  Paris,  et  depuis  il  avait  re- 
constitué son  troupeau  par  une  sélection  sévère  dans  les  ventes  pu- 
bliques, et  par  des  achats  particuliers,  en  choisissant  de  préférence  chez 
les  principaux  éleveurs  de  son  pays,  les  descendants  d'animaux 
achetés  chez  lui.  J'ai  raconté  les  résultats  de  cette  vente  partielle, 
dont  la  moyenne  atteignit  environ  1 ,200  francs  par  tête.  Cette  fois-ci, 
c'est  le  troupeau  tout  entier,  sans  réserves  aucunes,  qu'on  a  vendu, 
et  les  résultats  de  cette  vente  sont  assez  remarquables  pour  être 
signalés  aux  agriculteurs. 

11  est  vrai  que  la  race  Angus,  malgré  ses  qualités  transcendantes 
comme  race  de  boucherie,  est  peu  connue  en  France  et  encore  moins 
cultivée.  Quant  à  moi,  je  ne  connais  qu'un  seul  éleveur  qui  ait  poussé 
l'excentricité  jusqu'à-  chercher  à  constituer  et  établir  un  troupeau 
d'Angus  chez  nous,  et  cela  dans  les  conditions  de  sol  et  de  climat  les 
plus  adverses  au  tempérament  et  aux  exigences  d'alimentation  de 
cette  race,  qu'on  puisse  imaginer.  La  race  Angus  n'est  point  cosmo- 
polite comme  la  grande  race  Durham,  elle  a  des  attaches  climatériques, 
hygiéniques  et  alimentaires  qui  lui  sont  propres;  c'est  à  tel  point  que 
bien  que  cette  race  soit  considérée  en  Angleterre  comme  celle  qui  donne 
la  meilleure  viande  de  boucherie,  aucun  éleveur  n'en  poursuit  l'élevage 
en  dehors  de  l'Ecosse,  et  en  Ecosse  même,  il  n'y  a  guère  que  dans  le 
comté  d'Aberdeen  que  les  Angus  existent.  On  trouve  peu  de  races 
bovines  plus  exclusivement  localisées  que  celle-là.  Mais  dans  le  centre 
de  l'Ecosse,  elle  partage  avec  la  race  Durham  la  faveur  des  éleveurs; 
je  dis  avec  la  race  Durham,  car  l'élément  améliorateur  Durham  a 
exercé  et  exerce  encore  l'influence  la  plus  heureuse  sur  ce  qui  fait  le 
mérite  de  la  race  Angus.  C'est  le  croisement  Durham  qui  a  donné 
aux  Angus  la  précocité  et  l'aptitude  à  l'engraissement,  ainsi  que  cette 
cubicité  de  formes,  cette  profondeur  de  masse,  cette  large  poitrine, 
cette  arrière- main  charnue  qui  caractérisent  les  Angus  à  un  si  haut 
degré.  Ce  que  le  croisement  Durham  n'a  pu  faire,  c'est  d'orner  le  chef 
des  Angus  d'une  paire  de  cornes,  même  à  l'état  rudimentaire.  Cet  ap- 
pareil est  tellement  amoindri  chez  les  Durham,  d'où  leur  nom  deShort- 
horns  (courtes  cornes),  qui  leur  est  exclusivement  donné  en  Angle- 
terre, qu'il  est  probable  que  la  for.3e  reproductrice  de  cette  partie  de 
l'animal  n'est  pas  assez  puissante  chez  les  Durham  pour  vaincre  cette 
particularité  du  sang  des  Angus.  Il  en  est  de  même  de  la  couleur,  que 
le  croisement  Durham  n'a  jamais  pu  modifier  et  qui  reste  toujours 
noire.  Ceci  est  facile  à  expliquer  :  c'est  que,  chez  les  Durham,  c'est 
la  couleur  du  pelage  qui  a  le  moins  de  fixité.  Le  rouge  et  le  blanc, 
voilà  les  deux  couleurs  typiques  de  la  race  Durham,  et  ces  deux  cou- 
leurs sont  le  plus  souvent  mélangées,  tandis  que  chez  la  race  Angus, 
le  noir,  c'est  la  couleur  absolue  du  ]ielage. 

Il  n'existe  dans  ce  noir  aucunes  nuances,  aucune  tache  claire,  aucun 
mélange,c'estruniformitéabsolue.Oncomprenddonc  facilement  qu'une 
fixité  comme  celle-là  ne  peut  être  même  entamée  par  la  couleur  du 
Durham,  laquelle  n'en  a  aucune,  et  dont  la  diversité  est  au  contraire  un 
trait  distinclif.  Celte  fixité  dans  la  couleur  noire  des  Angus  est  un  trait 


506  LA  RACE  D'ANGUS. 

qui  lui  est  exclusif.  Aucune  autre  race  ne  le  possède  à  un  degré  aussi 
absolu.  La  couleur  de  la  race  Devon  est  bien  rouge,  mais  ce  rouge 
présente  des  nuances  et  les  produits  du  croisement  Durham-Devon,  pré- 
sentent souvent  une  nuance  modifiée  par  ce  croisement.  Il  en  est  de 
même  pour  les  Hereford,  dont  le  corps  est  rouge  avec  la  tête  blanche, 
une  raie  dorsale  blanche  et  le  ventre  blanc;  on  dirait  un  animal  blanc 
recouvert  d'un  manteau  rouge  ouvert  sur  le  dos  ne  .se  joignant  point 
sous  le  ventre,  et  laissant  passer  la  tête  blanche.  Là  encore,  les 
nuances  sont  diverses,  et  facilement  attaquées  par  le  croisement.  Il 
en  est  de  même  des  races  de  la  Hollande,  du  Holstein,  et  de  toutes 
nos  races  françaises  dont  la  couleur  est  facilement  modifiée  par  le 
croisement  des  Durham.  En  France,  la  couleur  la  plus  tenace,  c'est 
celle  des  Charolais,  mais  comme  la  couleur  blanche  est  aussi  celle  de 
la  race  Durham,  conjointement  avec  la  couleur  rouge,  il  s'en  suit 
que  les  croisements  Durham-Charolais  sont  presque  toujours  blancs. 
Mais  avec  le  noir  des  Angus,  il  n'existe  aucune  compromission.  Cette 
couleur  est  tellement  fixe,  tellement  rebelle  à  toute  intrusion,  atout 
mélange  que,  quel  que  soit  le  type  reproducteur  avec  lequel  on  croise 
ceLte  vieille  race,  le  produit  reste  noir.  C'est  du  reste  cette  persistance 
d'aspect  dans  la  couleur  et  dans  l'absence  de  cornes,  dans  les  croise- 
ments, qui  a  fîivorisé  l'accouplement  des  vaches  Angus  avec  des  tau- 
reaux Durham,  croisement  dont  les  éleveurs  écossais  ont  depuis  long- 
temps reconnu  les  grands  avantages,  car  le  produit  reste  Angus  dans 
son  aspect  extérieur,  et  acquiert  ces  qualités  de  précocité  et  d'aptitude 
à  l'engraissement  qui  sont  essentielles  chez  une  race  de  boucherie. 

Il  existe  une  autre  qualité  précieuse  au  point  de  vue  général,  que  le 
croisement  Durham  n'a  pu  réussira  donner  entièrement  à  la  race  Angus  : 
c'est  la  qualité  laitière.  Néanmoins,  on  remarque  que  les  produits  croisés 
Durham  donnent  plus  de  lait  que  les  vaches  de  sang  pur.  Mais  malgré 
cette  heureuse  modification  d'un  défaut  inhérent  à  la  race,  les  Angus 
ne  sont  pas  laitiers.  C'est  une  race  essentiellement  à  viande  ;  cela  ne 
veut  pas  dire  qu'elle  ne  donne  point  de  lait.  J'ai  vu  des  vaches  provenant 
d'un  croisement  Durham  donner  de  bonnes  quantités  moyennes  delaitj 
mais,  en  général,  la  race  Angus  n'est  point  laitière. 

Sur  les  grands  marchés,  les  bouchers  donnent  aux  bœufs  Angus  une 
préférence  marquée  qui  se  traduit  par  des  prix  plus  élevés,  et  cette  pré- 
férence est  pleinement  justifiée  par  la  qualité  supérieure  delà  viande  et 
par  le  rendement.  Voilà  le  grand  mérite  de  cette  race.  En  Angleterre 
dans  les  comtés  du  Nord,  on  engraisse  des  Angus  ;  mais  on  n'en  élève 
que  dans  le  comté  d'Aberdeen,  et  les  éleveurs  ont  raison;  car  l'élevage 
de  cette  race  ne  peut  réussir  que  dans  un  pays  oii  l'engraissement  se  fait 
en  stabuialion  quasi  permanente,  à  cause  du  climat,  et  là  aussi  où 
la  culture  du  turneps,  par  des  causes  également  locales  et  climatériques, 
est  la  base  de  l'agriculture  et  la  source  presque  exclusive  où  l'on  puise 
l'alimentation  des  troupeaux.  Il  est  d'ailleurs  reconnu  que  l'élevage 
de  la  race  Angus  même  croisée  avec  le  Durham,  ce  qui  est  devenu  une 
pratique  générale,  même  dans  le  comté  d'Aberdeen,  ne  peut  être  pro- 
fitable que  là  où  se  rencontrent  ces  conditions  de  climat,  de  sol  et  de  cul- 
ture. C'était  donc  à  bon  droit  que  le  professeur  de  zootechnie  de  l'Ecole 
de  Grignon,  s'étonnait  d'avoir  vu  des  Angus  en  Champagne.  Sa  sur- 
prise sur  ce  point  était  légitime,  mais  je  n'en  dirai  pas  autant  de  son 
appréciation  de  la  race  ovine  Shropshire,  qui,  elle,  a  sa  raison  d'être 


LA  RACE  d'an  G  US.  507 

en  Champagne  comme  ailleurs,  où,  il  faut  s'en  réjouir,  cette  admirable 
race  tend  à  se  répandre  avec  rapidité. 

Ce  préambule  est  bien  long,  sans  doute,  mais  j'ai  pensé  qu'avant  de 
donner  les  résultats  extraordinaires  de  la  vente  du  troupeau  de  Tillyfour, 
mes  lecteurs  seraient  bien  aises  de  connaître  un  peu  cette  race  Angus 
dont  il  s'agit,  et  de  comprendre  à  quels  titres  elle  jouit  d'une  faveur 
si  marquée  dans  le  pays  oii  elle  fleurit. 

Le  troupeau  de  feu  William  Mac  Comble,  au  moment  de  la  vente, 
comprenait  en  tout  70  têtes  dont  28  vaches,  13  génisses,  15  veaux 
femelles  et  14  mâles  de  tout  âi^e  dont  deux  veaux  nés  en  1880.  Ainsi 
que  je  l'ai  remarqué  en  commençantM.  Mac  Comble  avait  déjà  vendu  la 
plus  grande  partie  de  son  troupeau  en  1 878  peu  de  temps  après  le  con- 
cours de  Paris.  Il  ne  conserva  alors  que  quelques  vaches  âgées,  mais 
donnant  encoredes produits,  et  le  groupe  lauréat  toutentier  du  concours 
de  Paris. 

Le  troupeau  qui  vient  d'être  vendu  se  composait  de  cette  première 
réserve  autour  de  laquelle,  avant  de  mourir,  l'éminent  éleveur  avait 
réuni,  de-ci  de-là,  les  meilleurs  animaux  qu'il  avait  pu  rencontrer, 
et,  autantque  possible,  descendant  de  la  race  qu  il  avait  lui-même  créée 
à  Tillyfour.  Il  en  résultait  dans  l'ensemble  de  ce  troupeau  une  certaine 
absence  d'homogénéité,  mais  néanmoins,  on  avait  rarement  vu  un  pareil 
assemblage  de  bons  animaux  dont  quelques-uns  étaient  véritablement 
hors  ligne.  Aussi  l'assemblée  des  acheteurs  venus  de  tous  les  points  de 
l'Ecosse  et  même  d'Angleterre,  était-elle  très  nombreuse  et  surtout 
très  distinguée;  comprenant  au  nombre  de  près  de  quinze  cents,  tous 
les  agriculteurs,  propriétaires  et  fermiers  les  plus  éminents  du  pays. 

Comme  c'est  la  coutume  universelle,  la  vente  a  été  précédée  d'un 
lunch  plantureux  devant  lequel  les  quinze  cents  convives  se  sont  assis, 
sous  la  présidence  du  marquis  de  Huntley,  et  lorsque  ces  quinze  cents 
appétits  lurent  rassasiés,  ce  qui  comporte  une  consommation  pantagru-é- 
lique  de  victuailles  substantielles,  d'ale  forte  et  de  wisky,  dont  la  dépense 
a  du  absorber  la  valeur  de  pas  mal  des  animaux  vendus,  on  s'est  dirigé 
vers  l'enceinte  circulaire  autour  de  laquelle,  en  guise  d'amphithéâtre,  on 
avait  aligné  des  chariots  de  toute  espèce  et  de  tout  calibre,  lesquels 
munis  de  planches  en  guise  de  sièges,  permettaient  à  tous  de  voir 
et  d'apprécier  chaque  animal,  au  fur  et  à  mesure  qu'on  le  faisait  entrer 
dans  l'enceinte. 

La  moyenne  réalisée  par  les  70  têtes  a  atteint  le  chiffre  de  48  livres 
sterling  un  sheUing  et  4  pences,  ce  qui,  au  taux  actuel  du  change, 
représente  1,218  fr.55. 

Ces  chiffres,  ainsi  généralisés,  ne  donneraient  aucune  idée  de  la  va- 
leur relative  des  Angus  de  31.  Mac  Comble,  s'ils  n'étaient  soumis  à 
une  analyse.  Ainsi,  dans  la  section  des  vaches,  c'est-à-dire  des  fe- 
melles âgées  de  quatre  à  huit  ans,  il  y  en  a  eu  cinq  dont  la 
moyenne  a  atteint  le  chiffre  énorme  de  4,309  fr.  50.  L'une  de  ces 
cinq  vaches  {Pride  of  Aberdeen  9")  a  été  adjugée  au  prix  de 
7,28G  fr.  70.  Il  faut  remarquer  que  ces  cinq  vaches  d'élite  appar- 
tiennent presque  toutes  au  groupe  lauréat  de  l'exposition  de  Paris. 

En  dehors  de  ces  cinq  vaches,  la  moyenne  des  autres  n'a  pas 
dépassé  800  fr.  Ce  contraste  frappant  demande  une  explication;  car 
en  rendant  compte  d'une  vente  oii  des  chiffres  si  disparates  se  pro- 
duisent, il  importe  que  la  galerie  comprenne  pourquoi  une  belle  vache 


508  LA.  RAGE  D'ANGUS. 

s'adjuge  à  7,280  fr.,  et  une  autre,  elle  aussi  de  très  belle  apparence, 
ne  trouve  acheteur  qu'à  tout  au  plus  801)  fr.,  et  quelques-unes  à 
400  fr.  N'en  déplaise  aux  éleveurs  fanatiques  de  la  race  Angus,  cette 
différence  de  prix  ne  repose  point  sur  une  différence  adéi[uate  de 
mérite.  Le  motif  qui  excite  les  surenchères,  c'est  surtout  le  prestige 
qui  s'attache  à  un  animal  renommé,  autour  duquel  s'illumine  une 
auréole  de  gloire  admise  par  l'opinion  publique,  puissance  qui  peut 
se  fourvoyer  tout  aussi  facilement  que  n'importe  quelle  autre  impul- 
sion de  la  nature  humaine  en  élevage  comme  en  politique,  et  qui  est 
bien  le  guide  le  moins  sûr  et  le  moins  infaillible  auquel  on  puisse  se 
fier.  Ce  prestige,  c'est  ce  qui  fait  souvent  gagner  les  prix  dans  les 
concours,  et  ielle  toujours  un  éclat  séducteur  dans  les  ventes  des  trou- 
peaux qui  en  reçoivent  les  reflets.  Généralement,  on  se  souvient  du 
nom  de  celui  qui,  dans  une  vente  célèbre,  a  poussé  jusqu'à  un  chiffre 
des  plus  extravagants  le  prix  d'un  animal  déjà  connu  par  ses  succès 
et  parla  réputation  de  son  mérite  individuel,  ou  de  celui  de  la  famille 
à  laquelle  il  appartient.  Il  n'en  faut  pas  davantage  pour  attirer  le  bon 
public,  et  le  tour  est  joué.  Le  troupeau  qui  comporte  un  tel  phéno- 
mène, devient  renommé.  La  vente  est  annoncée  avec  un  boniment  dont 
la  ritournelle  est  l'existence  de  ce  phénomène,  et  on  se  précipiteaux 
enchères.  Souvent  un  nouveau  spéculateur  achète  à  un  prix  encore  plus 
élevé  le  susdit  phénomène,  pour  jeter,  à  son  tour  un  grand  éclat  sur 
sa  marchandise,  et  tant  que  dure  l'animal  en  question,  il  remplit  les 
mêmes  fonctions,  et  sert  la  même  spéculation. 

Il  faut  tirer  de  ces  faits  incontestables  une  autre  morale;  c'est  que 
ce  sont  les  concours  qui,  malgréleur  incontestable  utilité  théorique,  ser- 
vent le  mieux  et  le  plus  directement  ces  calculs  pernicieux.  C'est 
surtout  chez  nous  que  cet  abus  est  devenu  intolérable.  Dans  mon  opi- 
nion, aucune  institution  sociale,  en  France,  ne  réclame  une  réforme 
plus  radicale  que  celle  de  nos  concours  régionaux  et  surtout  de  ceux 
de  nos  comices  locaux.  D'un  côté  l'influence  politique  des  préfets,  de 
l'autre,  celle  des  magnats  locaux  qui  cherchent  à  faire  triompher  leurs 
pentes  routinières,  font  parfois  de  ces  assises  qui  devraient  être 
de  si  précieuses  écoles  de  progrès,  une  véritable  intrigue  dont  le  nœud 
et  le  stimulant  sont  le  triomphe  d'un  intérêt  politique  ou  personnel,  ou 
bien  la  satisfaction  d'un  préjugé  ignorant.  F.-R.  de  la  Trehon.nais. 

LES  FORÊTS  DE  L'AUTRICHE 

En  décrivant  les  forêts  de  la  Prusse  et  de  la  Russie,  j'ai  eu  1*00- 
casion  de  faire  remarquer  que  la  plupart  des  Etats  européens  sont 
d'importants  propriétaires  forestiers.  L'un  des  pays  les  moins  favo- 
risés est  l'Autriche.  Les  embarras  financiers  dans  lesquels  s'est  long- 
temps débatftue  la  monarchie  des  Habsbourg  ont  amené  de  nombreuses 
aliénations  domaniales.  Je  ne  parlisrai  ici  que  de  l'Autriche  propre- 
ment dite,  de  la  Cisleithanie.  Les  chiffres  que  je  cite  sont  tirés  d'un 
excellent  annuaire  publié  par  l'inspecteur  général  Wessley. 

La  superficie  totale  de  l'Autriche  est  de  30,019,100  hectares,  la 
population  de  21 ,766,000  âmes.  La  superficie  boisée  est  de  9,180,468 
hectares;  elle  est  donc  30  pour  100  de  la  superficie  totale.  Par  100  ha- 
bitants on  compte  42  hectares  de  forêts. 

On  compte  en  essences  feuillues.     15  pour  100 
—        en  essences  résineuses    71      — 
—        taillis 14      — 


LES  FORÊTS  DE  L"AUTR1CHE.  509 

L'accroissement    moyen   est    de    3   mètres    cubes    par   hectare. 
Voici  comment  se  répartissent  les  forêts  : 

Etat 658,633  hectares    7,2  pour  100 

Communautés  catholiques  32,970      —  0,3      — 

Communautés  grecques..        234,777      —  2,5      — 

Communes 1,273,799      —  14  — 

Propriétés  seigneuriales.  1,193,625      —  13  — 

Propriétés    particulières.  5,788,816      —  63  — 

En  France,  l'Etat  possède  plus  de  10  pour  100  de  la  superficie 
boisée;  en  Autriche,  à  peine  7  pour  100.  Ainsi  que  je  l'ai  dit  au 
début  de  cette  notice,  cette  infériorité  est  due  à  la  mauvaise  gestion 
des  finances  autrichiennes.  Déjà  sous  l'empereur  François  l"",  on 
opéra  d'importantes  aliénations  au  détriment  de  la  nation.  D'après  un 
dicton  de  cette  époque,  il  fallait,  pour  s'enrichir  rapidement,  acquérir 
des  domaines  de  l'Etat. 

De  1 81 8  à  1 848  on  vendit  en  Autriche  pour  1 4,2  millions  de  florins, 
et  en  Hongrie  pour  12  millions  de  florins.  En  185.5  l'Etat  possédait 
encore  près  de  3  millions  d'hectares;  les  ventes  continuèrent  jusqu'en 
1872,  époque  à  laquelle  l'administration  des  forêts  passa  du  ministère 
des  finances  à  celui  de  l'agriculture.  Cette  réorganisation  amena  d'ex- 
cellents résultats  ;  elle  arrêta  les  aliénations  et  améliora  la  gestion.  En 
peu  d'années  l'administration  forestière  s'est  relevée. 

Le  trafic  des  forêts  aliénées  a  été  l'objet  de  la  création  de  nom- 
breuses Sociétés  par  actions.  Ces  Sociétés  ont  donné  lieu  à  une  spé- 
culation eff'rénée  ;  à  l'excepùon  d'une  seule,  elles  ont  toutes  sombré 
dans  la  grande  catastrophe  financière  de  1873,  le  Krach. 

Les  propriétés  seigneuriales  sont  très  importantes;  elles  ont  tou- 
jours été  bien  administrées.  L'empereur  possède  personnellement 
125,952  hectares;  l'archiduc  Albert,  1 12,570;  le  prince  de  Lichtenstein, 
136,103;  l'archevêque  d'Olmiitz,  39,967. 

Dans  les  forêts  de  l'Etat,  les  recettes  s'élèvent  annuellement  à 
4,354,479  florins  ou  6  fl.  6  par  hectare,  et  les  dépenses  à  3,625,232 
ou  5.5  par  hectare.  Le  revenu  net  est  de  729,247  ou  1 .1  par  hectare; 
le  revenu  net  est  17  pour  100  du  revenu  brut.  11  faut  y  ajouter  le 
revenu  de  la  chasse  qui  est  d'environ  2  millions  de  florins  pour  toute 
l'Autriche.  Les  forêts  sont  très  giboyeuses.  On  abat,  année  moyenne, 
31,000  chevreuils,  800,000  lièvres,  70,000  faisans,  700,000  per- 
dreaux, 1 ,700  sangliers  dans  la  Cisleithanie. 

Le  commerce  de  bois  est  considérable.  Pour  toute  F  Autriche- Hongrie, 
l'exportation  atteint  52,859,000  florins,  et  l'importation  10,951,000. 
L'excédent  d'importation  est  donc  de  41,908,000  florins.  On  exporte 
surtout  du  bois  de  construction.  Cette  exportation  s'est  élevée,  de  1  mil- 
lion et  demi  de  florins  en  1832,  à  11  millions  en  1852  et  a  dépassé 
40  millions  en  1877.  La  Suède  et  la  Russie  seuls  possèdent  un  com- 
merce d'exportation  plus  considérable.  Paul  Muller, 

Correspondant  de  la  Société  nationale  d'agriculture. 

REVUE  COMMERCIALE    ET   PRIX-COURANT  DES  DENRÉES  AGRICOLES 

(25  SEPTEMBRE  1880). 
I.  —  Situation  générale. 
Les  marchés  agricoles  présentent  toujours  une  assez  grande  activité  pour  la 
plupart  des  denrées. 

II.  —  Les  grains  et  les  farines. 
Les  tableaux  suivants  résument  les  cours  des  céréales,  par  quintal  métrique,  sur 
les  principaux  marchés  de  la  France  et  de  l'étranger. 


510 


REVUR    COMMERCIALE     ET   PRIX-COLIRANT 


N«>Ri>-OrRST. 


Calvados.  Coudé 

—  Lisieux 

Côtesd.-\or(i  Pontrieux 

—  Trégnier 

Finistère.   Morlaix 

-     Quimper 

llle-et-Vilai7ie.  Rennes. 

—  St-Malo 

Manche.  Avranches. .. . 

—  Pontorson 

—  Villedieu 

Mayenne.  Laval 

—  Mayenne 

Morbihan.  HennebonU. 
Orne.  Séez 

—  Vimouiiers 

Sarthe.  Le  Maos 

—  Sablé 


Blé. 

fr. 
28.00 
27  50 
28.  SO 
26.  UO 
26.25 
28.00 
25. bO 
26. 2S 
28.00 
20.75 
29.00 
26.00 
25.75 
2i.0O 
2i  25 
28.^5 


Seigif. 

fr. 
23.50 
21    50 


Or«e. 

fr. 
19.00 

16   50 
15    50 

Ui  00 


Aroine. 

fr. 

2;i.0i 

2't  00 
16.50 
15.75 
15.50 


21.25     20.25     20.00 


18.50 
19.50 

Zu.uo 


IS  50 
10.50 
19.00 
19.75 
17.50 
17.25 

19.75 
19.50 


15.75 


Prix  moyens. 

2"    RKGION. 


20.63     20. 67 


19-90      18.00 


Ais'iie.  Soissons 24.90 

—  Chàteau-Thieriy..  15.00        »  » 

—  Villtis  Colterele..  25.00  18  50        » 
B«re.  Evreux 25  75  !».80     18.7; 

—  NeubOiirg ïq.OO  is.OO    2û  00 

_     Pacy 26   75      19.10     19   50 

Bwe-et-Loir.  Chartres.  27.20  îo.oo  18.00 

—  Auneau 27.25  19  0<.  2o.:o 

—  NogenUle-Rotrou.  26.25  18.26  18.OO 
iVorrf. Cambrai 25.25  18  00  19.50 

_     Douai    2S.50  18.75  19.75 

—  Valenciennes 27.00  1:<.25  2û.oo 

Oise.  Beauvais 26.25  17.50  19.50 

—  Corapiègne 25.00  19.50        » 

—  Senlis 25.00  1850 

Pa»-de-Caiais.  Arras.. .  28. 00  20.00  20.75 

—  Saint-Omer 28.00  18.50  2o  00 

Seine,  p. .ri s 27.50  2u  6i  19.85 

S. -e«-A/arne  Dammartin.  25  50  18  50  58.50 

—  Nemours 27.50  20. CD  17.75 

—  Meaux 25.50  19.25        » 

8.-«t-0tse.  Angerville  ..  27.00  20.00  U.J5 

—  Pontoise 25  50  20.00  19.50 

—  Versailles 26.75  »            » 

Seine-Inférieure.  Rouen    2i.i)0  19.45  19.90 

—  Kécamp 25.35  18.00         » 

—  Yvelot 25.50  19.00  16.75 

Somme.  Abbeville 27.50  17.50  20  25 

—  Péronne 26.00  18  00  19.00 

—  Roye 25  00        »        19. "^J 

Prix  moyens 26.45    18.85     19.18 

3«  RÉOION.  —  NORD- EST. 
Ardennes.  Charleville..  25.00 
Aube.  Bar-sur-Aube  ...  26.50 
Méry-sur-Seine. ..   26.25 

—  Nogent-sur-Seine.  26.75 
l/orn«.Chàlons 25.75 

—  Epernay 27.00 

—  Reims 25  00 

—  Sézanne ':5.75 

Hte-Marne.   Ghaumont .  26.00 
Meurt.-etMoseUe  nàQcy  26  50 

—  Lunéville 28 

—  Toul 27.00 

Weu«e.  Bar-le-Duc 26  25 

—  Verdun 25.00 

Haute-Saône.  Gray.....  26.50 

—  Vesoul Î6.30 

ro«pe«.  epinal 26.50 

—  Ràtnbervilliers. ..  26.75 

Prix  moyens 26 . 

4*  HÉGION.    — 

Charente.  Angoulême..  28. 

—  Ruffec 28. 

C/iorente-/»i/"ér.Marans.  26 
Deux-Sbvreê.  Niort....  29. 
/ndre-e/-f.otre.  Tours. .  28. 

—  Bléré 26, 

—  Château-Renault.  27. 
toire-M/. Nantes.......  26. 

/l/.-ef-Loif6.  Angers.. .  .  26 

Vendée.   Liiçon 26 

—  Fontenay 27 

Vienne.  Chittellerault. . .   30 

—  Loudun 26 

Haute-Vienne.  Limoges  26 

Prix  moyens 27. 


20.25 

21.25 
22.75 
24 .  00 
19.25 
19.00 
17.00 
17.25 


17.25 
17.25 
18.110 
17.50 
19   UC 

18.50 
19.50 
17.25 
15  25 
19  50 
H.  00 
18.00 
18  00 
18.50 
17.25 
18.25 
19.50 
17.50 
18.50 
18  25 
18.50 
18.75 
19.50 
21.00 
18.00 
16.25 
19.00 
20  25 


i*   HéOION.  —  CRNTRB. 

Seigle. 

fr. 


Orge.  Atojm. 


fr.  fr.  fr.  fr. 

Allier.  Moulins 27.50  »  17.75  17.50 

—  Gaiinat s...  28.00  •  20.00  17.00 

—  St-Pourçain 28.00  18.00  20  00  17.00 

Cher.&ouTiiCé 26. ^jO  18   50  »  19.00 

—  Graçay 27.25  18. 5o  19.20  16.50 

—  Vierzôn 27.25  18.00  19.50  18. OO 

Creuse.  Au  bu  sson 27.00  18.75  »  20.25 

/ndre.  Cliâleauroux 26.75  17.50  19.00  17.50 

—  Issniidun 27   5o  18.00  20   50  16.00 

—  Valençay 27. 00  17.50  19.50  17.25 

Loiret.  Orléans 27.50  20  Ou  18.25  18.00 

—  Gien 27.00  18.50  ••  17.50 

—  Patay... '^7.75  18.50  18.50  18.50 

Loir-ei-Chp.r.?i\o'\i 25.00  18  00  19.50  20.25 

—  Mondoubleau 26.75  i7.i;0  18.00  17.50 

Nièvre.   Nevers 27. 00  i>  »  17.00 

—  Cosne 26.60  17.50  18  OO  18.75 

Yonne.  Joigny 2G  75  18  00  19  50  17-00 

—  St-Florentin 27.50  19.50  18.50  16.00 

—  Sens 27.75  18  25  19-80  17.25 


Prix  moyens 27  H     18.41     19. 

«•  RÉGION.  —  EST. 


Avn.  Bourg 

—  Pont-de-Vaux. ... 
Côte-d'Or.  Dijon 

—  Beaiine 

Doubs.  Besançon 

Isère.  Vienne 

—  Grand-Lemps 

Jura.  Dôle 

Loire.  St-Et:enne 

P. -de- Dôme  Clermont  F. 

Rhône.  Lyon 

Saône-et-Loire.   Ctialon. 

—  Aulun 

Savoie.  Cliambery 

Hle-Savoie.  Annecy 

Prix  moyens 

7"  RÉGION.   - 


29.00 
28  00 
27  50 
28.00 

27  00 
28.50 

28  0) 
27.00 

27  00 
32  00 
27.75 

28  25 
27.50 
29.40 
30.00         »  » 
28.36     19.62      18.82 

-  sno-oiTEST. 


19. 2S 
18.75 
19.00 


18.50 
18.25 
19.50 
24  00 
19.50 
18. 50 
19.25 
19.00 
22  00 


21.50 
20.50 
18.50 


16.75 
18.00 
19.00 


Arikge.  Painiers 28.25  19.00 

Dordogne.  Bergerac —  29  00  19.7a 

Hte-Garonne.  Toulouse.   28.25  19.50 

—  ViUefranche-Laur.  27.75  18.50 
Gers.  Condora 27.50  » 

—  Eauze 27.00  • 

—  Mirande 26.00  » 

Gironde.   Bordeaux....  27.50  19  75 

—  Lesparre 26.50  20.00 

Landes.  Dax 28  00  19.25 

Lot-et-Garonne.  Agen..   27.25  19.00 

—  Marmande 26.75  19. iS 

B.-Pî/r«uces.  Bayoone..   27.00  19.25 

Htes-Pyrénéee.  Tarbes.  28.50  19.50 

Prix  moyens 27.51  19.33 

8"   RBOION.    —  SUD. 

Aude,   Carcassonne. ...  27.50  » 

Aveyron.  Villefranche.  27.50  20.25 

Cantal.  Mauriac 28.00  24.30 

Corrèze.  Luberzac 29.25  19.00 

Hérouit.  Cette 27.80  » 

Lo«.  Figeac 29.00  20.00 

Lozère.  Mende 31. 55  30.50 

—  Marvejols 31.65  29.75 

—  Florac 31.85  24.50 

Pyrénées-Or.  Perpignan  25.75  » 

Tarn.  Albi 27.25  19.00 

Tarn-et-Gar. Montauban  28.00  19-50 


17.05 

18.25 


17.50 
16.50 
16.50 
16.50 
17.25 
17.50 
16  CO 
16.50 


17.25 
16  00 
16.75 

19  25 
16.95 


20.50 
20.75 
20.00 
19.00 
20.25 
20  0(1 
19  25 
22.25 
22.00 

20.00 
19.50 
20.25 
19.50 

20.25 


19.00 
17.50 
24.40 
20.75 
19.00 
21.00 
25.90 


20.25 
23.60 


24.35  21.60 

23.00  25.55 

19.50  20.00 

18.50  20.25 


Prix  moyens 

9»  RBGION. 

Basses-Alpes. Ma.nosqa9 
Hautes-Alpes.  Briançon 
Alpes-Maritiines  Cannes 

Ardèche.  Privas 

B.-du-Rhône.  Arles 

Drôme.    Romans 

Gord.  Niraes 

Haute-Loire.  Le  Puy. ... 

Var.  St-Maximin 

Vaucluse.  Carpentras... 

Prix  moyens 

Moy.  de  toute  la  France 
—  de  la  semaine  précéd. 
Sur  la  seaialnet  Hausse, 
précédente. .     j  Baisse . 


28.75     22.97     20-99     21.35 


29.20 
29.75 
29.00 
30.30 
28.25 
28.00 
28.50 
29.00 
29.50 
29.00 

29.05 
27.48 
27.54 


19.25 
19.25 
20.25 

19.50 
20.50 
20.25 


19. Sî 
19.75 
19.72 

0.03 


20.00 
19.50 
18.60 
18.00 

18.25 
20.50 


24.20 
20.50 
20.00 
21.00 
21.25 
16.50 
20.50 
19.00 
»  20.50 
18.25     19.00 

19.02  20.14 
19.08  18.92 
19.27     19.09 

0.19      0.17 


DES  DENRÉES    AGRICOLES  (25  SEPTEMBRE   1880).  511 

aie.  Seigle,  Orge.  Avoins 

fr.               fr.  fr.               fr. 

Algérie.                   Alger 25.80            »  15.50  17.50 

A  ngieterre.               »                •>  »                , 

Belgique.                  Anvers... "24. 25  21  CO  21.25            » 

—  Bruxelles 25.00  20.35  »  18.45 

—  Liège 24  50  21.75  22.00  17.25 

—  Nainur  24.00  20  00  20.00  18.00 

Pays-Bas.                Amsterdam 24.00  22.25  »                » 

Luxembourg.            Luxembourg 29.00  20-^0  »  18  25 

Alsace-Lorraine.        Slrasbuurg 28.50        23.75        22  25         18  25 

—  Colmar 28.25         21.75        21  50         18  50 

—  Mulhouse 28. ,50  22. kt         22. ?5        20  75 

Ademagne.             Berlin 25.85  24.75 

—  Cologne 25.60  25.00 

—  Hambourg 26.50  21. .50 

Suisse.  Genève 29  25  ■>  »  17. 50 

—  Lausanne 29.. nO  •  »  17.25 

Kalie.  Milan 28.50  22. .50  »  19.00 

Autriche.  Vienne 24.00  21   00  18.00  15  50 

Hongrie.  Budapesth 22  50  19.25  13.00  12. 50 

Russie.  Saint-l'étersbourg . .  .  2470  22.00  b  13.50 

Espagne.  Valadolid.  .• 25.30  »  »  20  50 

Etats-Unis.  New- >  ork 20  85  »  »  » 

—  St-Francisco 24.00  »  .      j,  . 

Blés.  —  Les  offres  en  blés  nouveaux  sont  beaucoup  moins  abondantes  sur  le 
plus  grand  nombre  des  marchés.  Il  en  rf^sulte  que,  dans  quelques  régions,  la  re- 
prise a  succédé  à  la  baisse  que  nous  avions  à  signaler  depuis  ([uelque  temps,  et 
que,  dans  les  autres,  les  cours  accusent  au  moins  une  grande  fermeté.  C'est  ce 
que  nous  avions  prévu,  depuis  quelque  temps,  en  faisant  ressortir  combien  la 
baisse  des  cours  avait  peu  de  chances  de  se  produire  indéfiniment.  Il  est  même 
probable  que  la  hausse,  non  seulement  se  maintiendra,  mais  qu'elle  reprendra  une 
grande  partie  du  terram  perdu  depuis  six  semaines.  —  A  la  halle  de  Paris,  le 
mercredi  -22  se|itembre,  les  offres  étaient  sensiblement  moins  importantes  que  la 
semaine  précédente  et  les  prix  ont  été  facilement  cotés  en  hausse.  On  payait  de 
26  fr.  f  0  à  28  fr.  50  par  lOû  kilog.  suivant  les  qualités.  Le  prix  moyen  s'est 
fixé  à  27  fr.  50,  en  hausse  de  75  centimes  depuis  huit  jours.  — Sur  le  marché  des 
blés  à  livrer,  on  paye  par  100  kilog.  pour  le  disponible  et  le  livrable  aux  diverses 
épo  [ues,  26  fr.  25  à  26  fr.  50.  —  Au  flavre,  on  paye  pour  les  blés  américains, 
25  fr,  50  à  ?7  fr.  75  par  quintal  métrique,  suivant  les  sortes.  —  A  Marseille,  il 
y  a  peu  d'affaires,  mais  une  grande  fermeté  dans  les  prix;  les  arrivages  de  la 
semaine  ont  été  de  116,000  hectolitres.  Au  dernier  jour  on  cotait  :  Berdianska, 
30  fr.  75;  Irka,  27  à  28  fr.  50;  Pologne,  27  à  27  fr.  75;  Italie,  27  fr.  50  à 
28  fr.  75;  Azoff  durs,  27  fr.  50  à  27  fr.  75.  —A  Londres,  on  a  importé,  durant  la 
semaine  dernière,  300,000  quintaux  métriques  de  blés  étrangers;  malgré  des 
arrivages  si  considérables,  les  prix  sont  tenus  avec  fermeté  aux  mêmes  taux  que 
précédemment,  de  26  fr.  50  à  28  Ir.  75,  par  100  kilog.  suivant  les  provenances 
et  les  quaUtés. 

Farines.  —  Il  n'y  a  pas  d'affaires  importantes  sur  les  farines,  mais  les  prix  sont 
bien  tenus.  En  ce  qui  concerne  les  farines  de  consommation,  on  paye  à  Paris  par 
100  kilog.  :  marque  û,  60  fr.;  marques  de  choix,  62  à  63  fr.  ;  bonnes  marques, 
60  à  61  fr.;  sortes  ordinaires  et  courantes  58  à  59  fr.;  le  tout  par  sac  de  159  kilog., 
toile  à  rendre,  ou  157  kilog.  net,  ce  qui  correspond  aux  prix  extrêmes  de 
36  fr.  95  à  40  fr.  10  par  100  kilog.,  ou  en  moyenne  38  fr.  55,  exactement 
comme  le  mercredi  précédent.  —  Pour  les  larines  de  spéculation,  on  cotait  à  Paris, 
le  mercredi  22  septembre  au  soir  :  farines  huit-marques,  courant  du  mois,  57  fr.  à 
57  fr  25;  octobre,  56  fr.  à  56  fr.  25;  quatre  derniers  mois,  56  fr.  à  56fr25;  novembre 
et  décembre,  55  fr.  50  à  55  fr.  75  ;  quatre  mois  de  novembre,  55  fr.  50  à  55  fr.  75  ; 
quatre  premiers  mois,  55  fr.  50;  le  tout  par  sac  de  159  kilog  toile  perdue  ou 
157  kilog.  net  :  farines  supérieures,  courant  du  mois,  3o  fr.  75;  octobre,  35  fr.  75 
à  36  fr  ;  quatre  derniers  mois  36  fr.  à  36  fr.  2  3;  novembre  et  décembi-e,  35  fr.  75 
à  36  fr. ;  quatre  mois  de  novembre,  .35  fr.  75;  quatre  premiers  mois,  35  fr.  75  ;  le 
tout  par  100  kilog.  —  La  cote  officielle  en  disponible  a  été  établie,  comme  il 
suit,  pour  chacun  des  jours  de  la  semaine  : 

Dates  (septembre).       16  17  18  20  21  '22 

Farines  huit-marques 56.75  53.50  56.25  56.65  56.50        57.00 

—      supérieures. »  »  »  a  »  » 

On  voit  que,  pendant  les  derniers  jours,  il  y  a  eu  une  grande  fermeté  dans  les 


512  REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX-COURANT 

prix.  —  Les  farines  deuxièmes  restent  cotées  aux  anciens  prix,  de  28  à  33  ir.  par 

quintal  métrique.  »  i     i    n     j    t^    •      i 

Seigles.  Les  cours  sont  toujours  en  hausse.  On  paye  a  la  halle  de  Pans,  de 

20  fr.  50  à  20  fr.  75  par  100  kilog.  Les  farines  sont  cotées  de  28  à  32  fr. 

Orges. Il  y  a  aussi  de  la  fermeté  dans  les  cours  de  ce  grain.   On   cote   à  la 

halle  de'  Paris,  de  19  fr.  50  à  20  fr.  25  par  100  kilog.  suivant  les  sortes.  Les 
escourgeons  valent  de  19  fr.  75  à  20  fr.  25.  —  A  Londres,  les  cours  sont  en  baisse, 
de  19  fr.  60  à  21  fr.  25  par  quintal  métrique. 

Avoines,  —  Les  affaires  sont  restreintes,  mais  les  belles  qualités  sont  recher- 
chées avec  des  prix  plus  fermes.  On  paye  par  iOO  kilog.  à  la  halle  de  Paris,  de 
18  fr.  50  à  20  fr.  50  par  quintal  métrique  suivant  poids,  couleur  et  qualité.  —  A 
Londres  il  y  a  une  très  grande  fermeté  dans  les  prix.  On  cote  suivant  les 
sortes  dé  18  fr.  90  à  21  fr.  60  par  100  kilog. 

m.  —  Vins,  spiritueux,  vinaigres,  cidres. 
Vins.  —  Les  ventes  sur  souches  qui  jusqu'à  présent  paraissaient  être  le  mono- 
pole du  vignoble  champenois    et   bordelais,   tendent  à    se    généraliser.  On  nous 
signale  des  transactions  dans  le  Lot  et  le  Tarn-et-Graronne.    Mais  où  l'achat  sur 
souches  a  depuis  huit  jours  passé  à  l'état  de  fièvre  chaude,  c'est  dans  le  Midi, 
où,  paraît-il,  ce  genre  de  transactions,  est  devenu  une  véritable  course  au  clocher. 
Les  ventes  sur  souches  se  comptent  par  30,  40,  50  et  60,000  hectolitres  par  com- 
mune et  à  des  prix  qui   nous    paraissent  fabuleux.    Nous   disions,  il  y  a  quinze 
jours,   «  à  nos   avis,    les    prix   de  début  en  1880,  ne  dépasseront    pas  ceux  de 
i879.'  »  Nous  sommes  aujourd'hui  bien  loin  de  ces  chiffres.  A  Béziers  les  excé- 
dents de  7  à  8  degrés  alcooliques,  en    Aramon  se  vendent   25  fr.    l'he :toiitre ;  les 
Montagnes,  26  à  28  fr.  Il  y  a  des  ventes  sur  souches,  dans  la  commune  de  Lezi- 
gnan  (Aude)  faites  au  prix  de  36  fr.  l'hectolitre.  A  Pézenas,    les  cours  sont  plus 
modérés,  on  parle  de  21  à  22  fr.  pour  les  Aramons;  de  23  à  24  fr.  pour  les  Mon- 
tagnes ordinaires;  de  26  à  27  fr.  pour  les  montagnes  2'  choix;  de  28  à  30  fr. 
pour  les  Montagnes  1"  choix,  et  de  32  à  33  fr.  pour  les  Montagnes  supérieurs. 
Qu'adviendra-t-il  de  cet  état  de  chose  !   Selon   nous,  c'est  qu'en  présence  de  ces 
hauts  prix,  il   est  à  craindre  que  nos  marchés  ne  soient  prochainement  inondés 
de  vins  de  raisins  secs  et  de  vins  étrangers,  qui  feront,  à  un  moment  donné,  une 
redoutable  concurrence  à  nos  vins  français,  et  par  suite,  il  pourrait  en  résulter  de 
terribles  déboires  pour  ceux  qui  se  sont  trop  avancés  daus  des  acquisitions  préma- 
turées. Chose  étrange,  cette  hèvre  des  achats  sur  souches  semble  coïncider  avec 
les  nouvelles  lâcheuses  de  pourriture  du  raisin,  qui   serait  occasionnée   par   les 
temps  humides  de  ces  derniers  jours.  Si  la  pourriture  se   manifestait  réellement, 
le  vin  perdrait  en  qualité,  et  alors,  dans  cette  situation  se  trouveraient  les  acqué- 
reurs trop  pressés?  —  En  dehors  du  Midi,  nous   n'avons   trop   rien   à  dire    des 
antres  vignobles,  sinon,  que  dans  le  Bordelais,  les  achats  sur  souches  semblent 
se  calmer  un  tant  soit  peu   Ailleurs  on  continue  à  se  plaindre  de  la  pénurie  du 
raisin  et  de  la  faiblesse  présumée  delà  récolte  prochaine  Dans  quelques  vignobles 
on  craint  même  la  pourriture,  si  à  la  pluie  de  ces   derniers  jours,  ne  succède  un 
temps  moins  humiae. 

Spiritueux.  —  Cette  semaine  la  hausse  a  fait  de  nouveaux  progrès.  La  spécu- 
lation a  craint,  dit-on,  l'influence  du  temps  humide  sur  la  betterave.  Il  n'y  avait 
pas  lieu,  suivant  nous,  de  s'alarmer  prématurément.  Quoi  qu'il  en  soit,  les  ven- 
deurs ont  profité  de  la  situation  et  ont  poussé  à  la  hausse,  comme  il  résulte,  du 
reste,  du  mouvement  de  la  semaine  écoulée.  Début  :  62  fr.  75  et  successivement 
63  fr.  63  fr.  50,  63  fr.  75  et  64  fr.  Le  livrable  en  octobre  a  été  payé  au  plus 
haut,  62  fr.  75,  novembre  et  décembre,  61  Ir.  50,  et  les  quatre  premiers  60  fr., 
c'est  une  hausse  de  75  centimes  à  1  fr.  sur  les  cours  de  la  semaine  précédente. 
A  Lille,  le  marché  est  toujours  calme.  On  cote  le  3/6  betterave  disponible  63  à 
63  fr.  50.  Les  marchés  du  Midi  sont  sans  aucune  variation.  —  A  Paris,  on 
cote  :  3/6  betterave,  1"  qualité,  90  degrés,  disponible  62  fr.  2o,  octobre  62  fr., 
octobre  à  décembre  61  fr  ,  quatre  premiers  59  fr    50  à  59  ir.  75. 

IV.  —  Sucres.  —  Mélasses.  —  Fécules,  —  Ulucoses.  —Amidons.  —  Houblons. 
Sucres.  —  Toujours  peu  d'affaires  sur  le  plus  grand  nombre  des  marchés,  en 
ce  qui  concerne  les  sucres  bruts.  A  Paris,  les  prix  sont  ceux  de  la  semaine  der- 
nière pour  la  plupart  des  sucres.  On  paye  par  quintal  métrique  pour  les  sucres 
bruts,  88  degrés  sacchairmétriques  :  n"'  10  à  13,  58  fr.  60;  n*"  7  à  9,  65  fr.  50; 
sucres  blancs  n»  3,  66  fr.  50  ;  les  99  degrés,  66  fr.  50.  Au  22  septembre,  le  stock 
de  l'entrepôt  réel  des  sucres  était  de  202,000  sacs,  avec  une  diminution  de  20,000 


DES  DENRÉES  AGRICOLES   (25  SEPTEMBRE   1880;.  513 

sacs  depuis  huit  jours.  —  Sur  les  marchés  des  départements,  on  paye  par  quintal 
métrique  :  Lille,  n°»  10  à  13,  57  fr.  25;  n»»  7  à  9,  ô't  fr.  75;  Péronne,  n»'  7  à  9, 
64  fr.  25;  Valenciennes,  n»»  10  à  13,57  fr.  25;n<'^  7  à  9,  64  fr.;  n"  5  à  7,  74  25. 

—  Les  sucres  raffinés  sont  payés  à  des  prix  assez  fermes;  ils  valent  de  147  àl49fr. 
par  quintal  métrique,  et  71  fr.  50  à  7*  5  )  pour  l'export  ition.  —  Dans  les  ports,  il 
n'y  a  toujours  que  peu  d'affaires,  pour  les  sucres  coloniaux. 

Mélasses.  —  Maintien  des  anciens  cours  à  Paris  :  13  fr.  par  100  kilog.  pour  les 
mélasses  de  fabrique,  14  fr.  pour  celles  de  raffinerie. 

Fécules.  —  Toujours  peu  d'affaires,  avec  des  cours  en  baisse.  On  cote,  à  Paris, 
35  à  38  fr.  par  lOo  kilog.  pour  les  fécules  premières  du  layon  ;  —  à  Compiègne, 
35  fr.  pour  les  fécules  premières  de  l'Oise  disponible,  33  fr.  pour  celles  à  livrer. 

Houblons.  —  Les  offres  deviennent  plus  abondantes;  on  paye  les  prix  de  la 
semaine  dernière  :  dans  le  Nord,  110  à  150  fr.  par  100  kilog.,  suivant  les  sortes; 
en  Lorraine,  160  à  180  fr. 

V.  —  Huiles  el  graines  oléagineuses. 

Huiles.  —  Transactions  calmes  pour  toutes  les  sortes  d'huiles  de  graines.  Les 
cours  s  étabHssent  en  baisse  pour  celles  de  colza.  On  paye  à  Paris,  par  100  kilog.: 
huile  de  colza,  en  tous  fûts,  74  fr.  75;  en  tonnes,  76  fr.  75;  épurée  en  tonnes, 
84  fr.  75;  huile  de  lin,  en  tous  fûts,  71  fr.  25;  en  tonnes.  73  fr.  25.  —  Sur  les 
marchés  des  départements,  on  paye  par  quintal  métrique  pour  les  huiles  de  colza  : 
Rouen,  75  fr.;  Gaen,  70  fr.  50;  Arras,  75  fr.  50  à  76  fr.;  dans  cette  dernière 
ville,  on  paye  pour  les  autres  sortes  :  œillette,  125  à  128  fr.;  pavot,  100  fr.;  lin, 
71  fr.  50  à  74  fr.;  à  Rouen,  huile  de  lin,  71  fr.;  d'arachides  comestibles,  110  à 
120  fr  ;  de  sésame  comestible,  100  à  1  iO  fr.;  d'olive  lampante,  1  25  fr. 

Graines  oléagineuses.  —  En  Normandie,  les  graines  de  colza  valent  32  à  33  fr. 
par  100  kilog. —  A  Nantes,  on  cote  par  hectohtre  :  graine  de  colza,  21  fr.  50  à 
22  fr.;  de  Un,  2i  à  25  fr. 

VI.  —  Tourteaux.  —  Noirs.  —  Engrais. 

Tourteaux.  —  Les  cours  varient  peu.  On  paye  par  100  kilog.  :  à  Cambrai,  tour- 
teaux de  colza,  15  fr.  50  à  17  fr.  50;  d'oeillette,  18  fr.;  de  lin,  25  à  26  fr.;  —  à 
Rouen,  tourteaux  de  colza,  14  fr.  25  à  14  fr.  50;  d'arachides  en  coque,  11  fr.  50; 
de  sésame,  15  fr.;  de  lin,  23  fr.; —  à  Gaen,  de  Colza,  15  fr. 

Noirs.  —  On  paye  à  Valenciennes  :  noir  animal  neuf  en  grains,  32  fr.  par 
100  kilog  ;  noir  d'engrais  vieux  grains,  8  à  9  fr.  par  hectolitre;  noirs  de  lavage, 

2  à  4  fr. 

VIL  —  Matières   résineuses,  colorantes   et  tannantes. 

Malières  résineuses.  —  L^s  cours  accusent  «n  peu  plus  de  fermeté.  On  paye  à 
Bordeaux,  61  fr.  par  100  kilog.  pour  l'essence  pure  de  térébenthine;  à  Dax,  53  fr. 

Gaudes.  — Les  prix  sont  faibles  à  20  fr.  par  10)  kilog.  dans  le  Languedoc. 

Suifs.  —  Les  suifs  purs  de  l'abat  de  la  boucherie  sont  payés  à  Paris  86  fr.  par 
100  kilog.;  les  suifs  en  branches,  64  fr.  50. 

VIH.  —  Beurres.   —  Œufs.  —  Fromages.  —  Volailles  et  gibier. 

Beurres.  —  On  a  vendu,  pendant  la  semaine,  à  la  halle  de  Paris,  237,667  kilog. 
de  beurres.  Au  dernier  jour,  on  payait  par  kilog.:  en  demi-kilog.,  2  fr.  22  à 
3fr.  98;  petits  beurres,  2  fr.  à  2  fr.  84  ;  Gournay,  2  fr.  10  à  4  fr.  60;  Isigny, 
1  fr.  90  à  6  fr.  28. 

Œufs.  —  Du  14  au  20  septembre,  on  a  vendu  à  la  halle  de  Paris  3,858,840 
œufs.  Au  dernier  jour  on  payait  par  mille  :  choix,  102  à  110  fr.;  ordinaires,  70fr. 
à  104  fr.  ;  petits,  52  à  62  fr.  , 

Fromages.  —  Derniers  cours  de  la  halle  de  Paris  :  par  douzaine,  Brie,  6  fr.  50 
à  20  fr.  50;  Monthléry,  15  fr.;  par  cent.  Livarot,  2^  à  92  fr.;  Mont-d'Or,  16  à 
30  fr.  ;  Neufchâtel,  3  à  25  fr.  par  100  kilog.,  Gruyère,  130  à  170  fr. 

Vo'ailles  el  gibier.  —  On  vend  à  la  halle  de  Paris  :  Cailles,  0  fr.  50  à  1  fr.  25. 

—  Canards  barboteurs,  1  fr.  65  à  5  fr.  —  Cerfs,  chevreuils  et  daims,  40  à  60  fr. 

—  Chevreaux,  2  fr.  50  à  2  fr.  75.  —  Crêtes  en  lots,  1  fr.  50  à  5  fr.  —  Dindes 
gras  ou  gros,  8  à  1 1  fr.  —  Dindes  communs,  3  fr.  50  à  7  fr.  80.  —  Faisans  et 
coqs  de  bruyère,  3  fr.  25  à  8  fr.  —  Lapins  domestiques,  l  fr.  35  à  5  ir.  — Lapins 
de  garenne,  1  fr.  15  à  3  fr.  —  Lièvres,  3  fr.  50  à  8  tr. —  Oies  communes,  4  fr.  50 
à  4  fr.  50.  —  Perdrix  grises,   1  fr.  70   à  3  fr.  50.  —  Perdrix  rouges,  1  fr.  90  à 

3  fr.  95.  —  Pigeons  de  voUère,  0  fr.  70  à  1  fr.  95. 

IX.  —  Chevaux.  —   Bétail.  —  Viande. 
Chevaux.  — Aux  marchés  des  15  et  18  septembre,  à  Paris,  on  comptait  891  che- 
vaux. Sur  ce  nombre,  384  ont  été  vendus  comme  il  suit  : 


514 


REVUE  COMMERCIALE    ET   PRIX-COURANT 


Chevaux  de  cabriolet 

(le  t'ait 

Amenés 

183 

...    .         247 

—  hors  d'âge 

—  à  l'enchère 

—  de   boucherie 

310 

.    . . .           45 

lOG 

Vendus.  Prix  extrêmes. 

35       300  à   1  .0*0  fr. 

66  305  à  1,200 
132    52  il  1,030 

45  bO  à  410 
106    45  à   125 


Bétail.  —  Le  tableau   suivant  résume  le  mouvement  du  marché  aux  bestiaux  de 
la  Villette,  du  jeudi  16  au  mardi  2'  septembre  : 

Poids        Prix  du  kilog.  de  viande  sur  pied 
Vendus  moyen     au  marché  du  lundi  20  septembre. 


Pour        Pour 

Paris,  l'extérieur 


En  - 
totalité. 
5.705 
1,6  0 
21(5 
4,019 
38,350 
5,371 


4  quartiers.  1'" 
quai. 


340 
234 

386 
77 
19 
87 


.58 
1.46 
1.25 

1.80 
2.06 
1  66 


quai. 
1.46 
1.28 
1.12 
1.70 
1.74 
1.60 


3« 
quai. 
1.14 
1.02 
0  98 
1.30 
1.42 
1.50 


Prix 
moyen. 
1.37 
i.25 
1.13 
1  53 
1  73 
1.55 


Bœufs 7,639  3,852  1,853 

Vaches . .  2 ,367  788  832 

Taureaux 300  180  35 

Veaux 4,781  2,8Ù5  1,214 

Moutons 41,984  23,462  14,888 

Porcsgras 5,441  2,089  3,282 

—    maiures.  »  »  »                »»»»»» 

Les  arrivages  ont  été  très  considérables  durant  cette  semaine.  Il  en  est  résulté 
que,  sauf  pour  les  moutons,  les  cours  de  toutes  les  catégories  accusent  delà  baisse, 

A  Londres,  les  arrivages  d'animaux  étrangers,  durant  la  semaine  dernière, 
se  sont  composés  de  20,035  têtes,  dont  300  bœufs  de  Boston;  806  bœufs  et  336 
moutons  de  New- York.  Prix  du  kilog.  :  Bœuf,  V^  1  fr.  87  à  1  fr.  99;  2%  l  fr.  58 
à  1  fr.  75  ;  qualité  inférieure,  l  fr.  40  à  1  fr.  58  ;  Veau,  1%  I  fr.  93  à  2  fr.  10;  2«, 
1  fr.  75  à  1  fr.  93  ;  Mouton,  \%  2  fr.  28  à  2  fr.  45;  2%  1  fr.  d^  à  2  fr.  10  ;  qualité 
inférieure,  1  fr.  75  à  1  fr.  93;  Porc  :  1%  1  tr.  5s  à  1  fr.  81  ;  2",  l  fr.  40  à  1  fr.  58. 

Viande  à  la  criée.  —  On  a  vendu,  à  la  halle  de  Paris,  du  14  au  20  septembre  : 

Prix  du  kiloR.  le  20  septembre. 


kilog« 
Bœuf  ou  vache  .  .    191,297 

Veau 173,920 

Mouton 77,763 

Porc 18,605 


1"  quai.             i^  quai. 
0.88  à  1   74      0.64  à  1.46 
1.66     1.82       1.40     1.64 
1,44     1.66      1.24     1.42 
Porc  frais 


3»  qu^i 

0..50à  1.22 
0  8  1 , 38 
0.84  1.22 
1.22a  1.72 


Choi.'c      Basse  boucherie. 
0.90à2.30  O.lOàO.62 
1.04     2.00       » 
0.96     2.16      - 


461,585       Soit  par  jour 66,798  kilog. 

Les  ventes  ont  été  supérieures  de  11.000  kilog.  par  jour  à  celles  de  la  semaine 
précédente.  Les  prix  sont  plus  faibles  pour  toutes  les  catégories. 

X.  —  Cours  de  la  viande  à  l'abattoir  de    la  Villette  du  23  septembre  {par  50  kilog.) 
Cours  de  la  charcuterie.  —  On  vend  à  la  Villette  par    50  kilog.  :  1"  qualité, 
90  à  95  fr.;  2%  85  à  90  fr.;  poids  vif,  5S  à  62  tr. 

Bœufs.  Veaux.  Moutons. 


1"                   2« 

3« 

{t< 

2'                   3«                  1" 

2» 

3» 

quai.           quai. 

quai. 

quai. 

quai.           quai.           quai. 

quai. 

quai. 

fr.               fr. 

fr. 

fr. 

fr.               fr.               fr. 

fr. 

fr. 

72             65 

58 

83 

75              68               83 

74 

66 

XI. 

—  Marché 

aux  bestiaux  de  la  Villette  du  jeudi  23  se 

ptembre. 

Cov 

irs  des  commissionnaires 

Poids 

Cours    officiels. 

en  bestiaux. 

moyen         — 

— ■""-».    -  -  _.  ■    — ^-              - — 

— ^o«««^--"-~— 

"*^ ~~-^ 

Animaux 

générai.     1" 

2«        3»            Prix              1" 

2=         3- 

Prix 

amenés.    Invendus. 

kiL       quai. 

quai.  quai,     extrêmes,     quai. 

quai.  quai. 

extrêmes. 

Bœufs 2.667 

519 

365         1.56 

1.44     1.12     1.08  àl. 62       1.55 

1.40     1.10 

1.05  à  1.60 

Vaches 792 

194 

250         1.44 

1.26      1.00     0.92      1.50        1.42 

l.-ib      1.00 

0.90     1.48 

Taureaux...         132 

22 

370         1.24 

1.10     0.90     0.86     1.28        1.20 

1.10     0.05 

0.86     t. 26 

Veaux 1.258 

314 

80          1.80 

1.70     1.30      1.20     1.90          » 

>            » 

»           » 

Moutons....   (9.631 

2.?»02 

18          2.02 

1.70     1.38     1.32     2.06         » 

»            > 

»           » 

Porcs  gras..     3.256 

> 

8~          1.70 

1.75      1.60      1.50      1.74          » 

»            < 

»           » 

—  maigres.          » 

» 

•             » 

>         » 

»           » 

Vente  lente  sur  toutes  les  espèces. 

XII.  —  Résumé. 
Pour  la, plupart   des  denrées  agricoles,  les  cours  sont 
semaine  précédente. 


peu  près  ceux  de  la 
A.  Remy. 


BULLETIN  FINANCIER. 


La  crise  politique  que  ni3us  traversons  a  d'abord  été  marquée  par  un  mouvement 
de  baisse,  puis  est  venue  une  réaction  de  hausse,  la  rente  3  0/0  est  à  85  fr.  50, 
soit,  en  tenant  compte  du  coupon  détaché,  en  perte  de  0  fr.  35;  l'amortissable 
esta  88  fr.  30,  gagoant  0  fr.  10,  et  le  5  0/0  a  repris  le  cours  de  120  fr.  Les  So- 
ciétés de  crédit  ont  été  peu  atteintes  :  les  chemius  de  fer  l'on  été  davantage. 


DES  DENRÉES  AGRICOLES  (25   SEPTEMBRE   1880). 
Cours  de  la  Bourse  du  15  au  22  septembre  1880  (au  comptant). 


515 


Plus 

Plus 

bas. 

haut. 

85.40 

86.75 

88. SO 

88.25 

)ii.r> 

lis  95 

119.70 

liO.25 

i70.00 

3300.00 

119 


Principales  valeurs  françaises  : 


Rentes  O/o 

Renie  3  0/0  amortis. 

Rente  4  1/2  o/O 

Rente  5  0/0 

Banque  lie  France  ... 

Comptoir  d'escompte 955.00    961.50 

SDciele  généiale 567.50     570.00 

Crédit  foncier »560.oo  I4oo.oo 

Est Actions  500  776.25     78î.7b 

Midi d"  1047.50  1070.00 

Nord d*  16ii0.C0  1650.00 

Orléans d"  1266.00  1270.00 

Ouest d°  840.00    t50.ou 

Paris-Lyon-Méditerranée  d»  i4lo.oo  1442  50 

Paris  1871  obi.  400  3  0/0  . .  3*9  00     400  oo 

Italien  5  0/0 85.50      86.30 


Dernier 

cours. 
85.50 

as. 30 

115.25 

120.00 
3*75.00 

955.00 

570.00 
1385.00 

770.25 
1060.00 
1642.50 
1270.00 

8^0.00 
1438.75 

399.00 
86.00 


Fonds  publics  et  Emprunts  français  et  étrangers  : 


Gérant  :  A.  BOUCHÉ 


Plus 

Plus 

Derniers 

bas. 

baut. 

cours. 

Oblig^ilions  du  Trésor 

518.00 

remb   h  500.4  O'O. 

B 

s 

Consolidés  angl 

3  0/0 

a 

, 

97  7/8 

5  0/0  autrichien 

62.00 

63  1/! 

62.00 

4  o/o  l)elge 

106. 95 

107.00 

107.00 

6  0/0  égyptie.1.. 

319.00 

322.50 

322.50 

3  o/o  espagnol, 
a°  intérieur . . 

xtér'. 

10  1/4 

19   7/8 

19  3/4 

107.00 

107  1/2 

5  O/o  Etals-Unis 

107  1/4 

Honduras,  obi. 

300... 

» 

» 

» 

Tabacs  ital.,  obi 

500.. 

» 

D 

B 

6  O/O  péruvien.. 

n 

B 

> 

5  o/o  russe 

94.50 

95.50 

95.00 

5  o/o  roumain. , 

1 

Bordeaux,  lOO, 

3  0/0.. 

100.50 

Lille,  100,3  0/0 

• 

» 

101.50 

TABLE  ALPHABÉTIQUE  DES   AUTEURS 

DU  TROISIÈME  VOLUME  DE    1880. 


AU.EZM.  —  Les    plantations  de  vignes  améri- 
caines à  Saint-Georges  (Hérault),  444. 
AHNOTTX.  —  Travaux   de    colmatage   dans    les 
Alpes,  372. 

ARTiGTTE.  —  Lutte  contre  le  phylloxéra  dans  la 
Gironde,  385. 

audibskt.  —  Le  commercedes  raisins  secs,  1 89. 
BAiTET    (Charles).  —  Sur  le  greffage   de  la 
vigne  par  écusson,  483. 

BACQUET.  —  Sur  le  fumier  en  balles,  128. 

BARRAL(J.-A.).— Chronique  agricole  du  3  juil- 
let, 5;  —  du  10  juil'et,  41  ;  —  du  17  juillet, 
81;  —  du  24  juillet,  121  ;  —  du  3]  juillet, 
161  ;  ~  du  7  août,  201  ;  —  du  14  août,  241  ; 
—  du  21  août,  281;  —du  28  août,  321-  — 
du  4  septembre,  361;  —  du  11  septembre, 
401;  —  du  18  septembre,  441  ;  —  du  25  sep- 
tembre, 481-  —  Fabrication  des  tuiles  dans  le 
Midi,  32.  —  Discours  prononcé  aux  obsèques 
de  M.  Victor  Borie,  92.  —  Conceurs  régional 
de  Tul'e,  105.  —  Les  exploitations  rurales  de 
la  Compagnie  de  fertilisation,  167. 

BEAtTCAMP.  —  Lettre  relative  au  choléra  des 
poules,  85. 

BEI.OT.  —  Discours  à  Toccasion  du  cinquante- 
naire de  Grand-Jouan,  64. 

BOBXERBE.  —  Rapport  sur  les  opérations  du 
Laboratoire  agronomique  de  la  Loire-Infé- 
rieure en  1879-1880,412. 

BOULET.  —  Rapport  à  la  Société  nationale 
d'agriculture  sur  le  Mémoire  de  M.  Zundel, 
309.  —  Sur  l'étiologie  des  alTections  charbon- 
neuses, 452. 

BOVE.  —  Nouvelles  de  l'état  des  récoltes  dans 
la  Somme,  331. 

BOVET  (de).  —  La  culture  aux  environs  d'Ouro- 
Preto  (Brésil),  149. 

BOTARD.  —  L'élève  du  bétail  et  le  commerce 
du  beurre  et  du  fromage  en  Finlande,  466. 

CARBOir.  —  Le  jardin  de  !a  ferme  dans  le  Midi, 
375. 

CARRÉ  (Charles).  —  Sur  le  dégrèvement  des 
vins,  352. 

CASSA6NES.  — Le  prix  de  la  main  d'oeuvre"  en 
Savoie,  179. 

CABCT.  —  Circulaire  relative  au  plâtrage  des 
vins,  322. 

CHABOT-KARLEN.  —  Pisciculture  en  Russie, 
71.  —  Pisciculture:  les  oubliés,  418.  —  Pisci- 
culture ;  les  aplatis,  489. 

chamfin'  (Aimé).  —  La  Société  de  viticul- 
ture de  Lyon,  29;  —  La  greffe  Champin  sur 
plant  ou  mérithalle  racines  et  arrachés,  339. 

CHEVHEUL.  —  Sur  les  conditions  de  la  fermen- 
tation des  liqueurs  sucrées,  324. 


CBEVRiER.  —  Discours  au  concours  du  Comice 
de  Bourg,  410. 

CHOTTtLi.ov.  —  Sur  un  projet  de  créntion  de  sta- 
tion agronomique dansla  Seine-inférieure,  486. 

CORDIBR.  — Culture  des  céréales  à  l'école  pra- 
tique d'agriculture  de  St-Remy,  493. 

DAMPIERRE  (de).  —  L'agricuiture  et  la  poli- 
tique, 44. 

DECROMBECQUE.  — -  Suf  la  sélection  des  blés 
de  semence,  207.  —  Notes  sur  l'entretien  du 
bétail  à  la  ferme  de  Lens,  209, 

DVBOSCQ.  —  Nouvelles  de  l'état  des  récoltes 
dans  l'Aisne,  88,  331. 

DUMONT-CARMENT.  —  Création  des  parcs  et 
des  pelouses,  394. 

FRANC.  —  Le  bétail  au  concours  régional  de 
Nevers,  24, 

6ATTDOT.  —  Machines  à  vapeur  et  batteuses  de 
M.  Kiloque,  28.  —  Machine  de  Filoque  pour 
battre  les  petites  graines,  69.  —  Bibliogra- 
phie agricole,  114.  —  Concours  régional  de 
Péiigueux ,  498. 

CAtTTiER-DEScoTTES.  —  La  submersion  des 
vignes  en  Camargue,  123. 

GELrioN-DANGLAR.  —  Discours  au  concours 
du  Comice  de  Bourg,  409. 

GIRARD.  —  Situation  agricole  dans  le  Puy-de- 
Dôme,  33. 

GODEFROT.  —  L'incident  d'Angerville,  70. 

GiRBRD.  —  Discours  au  concours  du  comice  de 
St-Amand,  487. 

BEczÉ.  —  Discours  prononcé  au  concours 
régional  de  Tulle,  106. 

HUET  —  Effets  de  l'hiver  sur  les  arbres  frui- 
tiers et  forestiers,  191. 

JACQUOT.  —  La  situation  agricole  dans  les 
Vosges,  113. 

jorFBE.  —  Sur  le  phosphate  de  fer  dit  phos- 
phate rétrogradé,  102. 

JOIGNEATTX.  —  Sur  le  mode  de  répartitioa  des 
encouragements  à  l'agriculture,  403. 

JOULiE.  —  Lettres  relatives  aux  méthodes  d'a- 
nalyse des  phosphates,  205. 

XERSAMTÉ.  —  Sur  l'organisation  et  les  effets 
du  métayage,  10. 

KIENER.  —  Considérations  sur  l'alimentation 
des  animaux,  59. 

LACzczTNSKi.  —  La  laine  et  le  maïs-fourrage 
en  Pologne,  333. 

lAFiTTE  (P.  de).  —  Sur  l'œuf  d'hiver  du  phyl- 
loxéra, 162.  —  Observations  sur  le  compte 
rendu  du  congrès  de  Nîmes,  297. 


516 


TABLE  ALPHABÉTIQUE  DES  AUTEURS. 


LAmoavoNNAXS  (de).  —  La  betterave  à  sucre 
dans  l'Ouest,  111.  —Nouvelles  de  l'état  des 
récoltes  dans  Ille-et-Vilaine,  130,  287.  —  Do- 
maine et  fromagerie  du  Chalet  dans  le  dépar- 
tement d'Ille-el-Vilaine,  299.  —  Le  domaine 
des  Etangs  et  le  métayage  en  lUe-et-Vilaine, 
387. 

I.AHVARON.  —  Le  foin  nouveau,  342. 

tA  TRÉHOMHAis  (de).  —  Histoire  des  grandes 
familles  de  la  race  Durham,  19,  135.  —  Le 
concours  de  Carlisle,  185,  2ib.  —  Encore  la 
pomme  de  terre  Champion,  264.  —  Les  qua- 
lités laitières  de  la  race  Durham,  381,  424. 

—  La  race  d'Angus,  504. 

LEMBEZAT.  —  Discours  prononcé  au  concours 
régional  de  Melun,  )4. 

X.EMOINB.  —  A  propos  de  la  vermine  des  pou- 
laillers, 343. 

I.BMTII.HAC  (de).  —  Nouvelles  de  l'état  des 
récoltes  dans  la  Dordogne,  130,  288.  —  Si- 
tuation agricole  dans  la  Dordogne,  472. 

LETERRiER.  —  Bulletin  financier  du  3  juillet, 
40 ;  —  du  10  juillet,  80  ;  —  du  17  juillet,  120 ; 

—  du  24  juillet,  160;  —  du  31   juillet,  200; 

—  du  7  août,  2^)0;  —  du  14  août,  280;  —  du 
21  août.,  320  ;  —  du  28  août,  360  ;  —  du  4  sep- 
tembre, 400;  —  du  11  septembre,  440;  — du 
18  septembre,  480;  —  du  25  septembre,  514. 

XXTRISSON.  —  Nouvelles  de  l'état  des  récoltes 
dans  le  département  de  Lot-et-Garonne,  1G7, 
288. 

LiCHTENSTEiN.  —  Sur  l'œuf  d'hiver  du  phyl- 
loxéra, 143. 

IBAISTRE.  —  Une  éducation  de  vers  à  soie  en 
1880,  463. 

BiANGON  (Hervé).—  Discours  prononcé  aux  ob- 
sèques de  M.  Nadault  de  Buffon,  133. 

MAHÈs  (Henri).  —  Résultats  obtenus  dans  le 
traitement  des  vignes  par  le  sulfocarbonate 
de  potassium,  270. 

MENAULT.  —  Concours  régional  agricole  du 
Mans,  51. 

MOURRET .  —  La  prime  d'honneur  desPyrénées- 
Orientales,  211,  549,  293. 

MVXXER  (Paul).  —  La  production  de  la  bière 
en  Allemagne,  101.  —  Deux  nouvelles  lois 
allemandes,  392.  —  Etudes  viticoles  :  le  dé- 
veloppement des  racines,  la  formation  du 
sucre  dans  le  raisin,  457.  —  Les  forêts  en 
Autriche,  508. 

MASAKiNE  (de). — L'élevage  des  moutons  en 
Russie,  143. 

MEBOUT.  —  Nouvelles  de  l'état  des  récoltes 
dans  l'Allier,  167. 

OUNOOS  (Léo  d').  — Nouvelles  de  l'état  des 
récolles  dans  l'Ariège,  130,  331. 

Partie  officielle.  —  Décret  relatif  aux  mesures 
contre  le  phylloxéra  en  Algérie,  123.  —  Loi 
portant  dégrèvement  des  droits  sur  les  sucres 
et  sur  les  vins,  151.  — Décret  relatif  à  l'im- 
portation des  produits  horticoles  et  viticoles 
de  Sui.sse,  325. 

PASTEUR.  —  Sur  Fétiologie  du  charbon,  173. 

—  Le  choléra  des  poules,  269.  —  Sur  l'élio- 
logie  des  affections  charbonneuses,  451. 

FAUMALiE  (de).  —  Le  métayage  dans  le  dé- 
partement de  l'Indre,  150. 

PERRET  (Michel).  —  Mémoire  sur  un  mode 
particulier  d'emploi  des  engrais  chimiques, 
346. 

PHII.IPPS.  —  Elevage  et  engraissement  du  bé- 
tail aux  Etats-Unis,  469. 

PLANCHON.  —  Une  nouvelle  espèce  de  vigne 
américaine,  415. 

POniLLET.  —  Droit  rural  :  le  droit  d'abatage 
perçu  par  les  villes,  98.  —  La  pêche  fluviale, 
216.  —  Poursuite  des  bêtes  fauves,  trans- 
port, 2.57. 

PILADEL  (J.  de).— Les  parcs  et  les  jardins,  459. 

—  Plantes  à  cultiver,  502. 

PRiLiiEux.  —  Sur  l'anthracnose  ou  maladie 
charbonneuse   de  la  vigne,   369.  —  Sur   la 


maladie  vermiculaire   des  seigles  et  des  lu- 
zernes, 428. 
POT-MONTBRnN  (de).  —  Le  rendement  du  blé 

dans  la  Haute-Garonne  et  le  Tarn,  292. 
RAULX  (Mme").  —  Sur  les  hirondelles,  231. 
RAVoux.  — •  Les  vers  à  soie  dans  la  Drôme, 

en  1880,  33. 
REMT.  —  Revue  commerciale  et  prix-couraut 
des  denrées  agricoles  du  3  juillet,  34;  —  du 
10  juillet,  74;  — du  17  juillet,  114;  —  du 
24  juillet,  154;  —  du  31  juillet,  194;  —  du 
7  août,  234;— du  14  août,  274;  — du  21  août, 
314  ;  —  du  28  août,  354  ;  —  du  4  septembre , 
394;  — du  11  septembre,  434;  du  18  sep- 
tembre, 474  ;  —  du  25  septembre,  509. 
RiAiTDiÈRE-LAROCRE.  —  Sur  la  productlon 
chevaline  dans  la  Mayenne  et  dans  la  Sarthe, 
272. 
RICHE.  —  Beurre  et  margarine,  390. 
RiEFFEL.  —  Discours  prononcé  au  cinquante- 
naire de  l'Ecole  nationale  d'agriculture  de 
Grand-Jouan,  65. 
SAONiER  (Henry).  —  Séances  hebdomadaires  de 
la  Société  nationale  d'agriculture,  34,  50,  131, 
193,  233,  247,  313,  354.  —  Concours  régional 
de  Melun,  13.  —  Le  cinquantenaire  de  Grand- 
Jouan,  63.  —  Machines  à  vapeur  et  à  battre 
d'Albaret,  140  —  Concours  de  la  Société 
agricole  de  Mantes,  190.  —  Les  expériences 
d'Eprunes,  218.  —  Charrue  pour  la  culture 
de  la  canne  à  sucre,  231.  —  Batteuse  et  mou- 
lin de  M.  Albaret,  261.  —  Triage  des  grains 
d'après  les  procédés  Marot,  302.  —  L'Algérie 
et  les  colonies  françaises,  378.  —  Deux 
grandes  charrues,  455.  —  Exposition  agricole 
à  Luxembourg,  472. 
SAINT-PIERRE.  —  Traité  du  greffage   de   la 

vigne,  par  Aimé  Champin,  23. 

SANSOM  (A.).  —  La  prétendue  race  de  Lourdes, 

254.  —  Sur  la   source  du  travail  musculaire 

et  les  prétendues  combustions  respiratoires, 

290.  —  La  Champagne  et  les  moutons,  335. 

SARDaiAC  (L    de). — Appareil  pour  battre  les 

faux,  24. —  Bondes  d'irrigation  de  M.  Bruei, 

m.  —  Machines  à  vapeur  et  batteuses   de 

Aultmann,    |80.  —  Le  broyage   des  ajoncs, 

298.  —  Appareil  pour  peser  et  lier  la  paille, 

376.  —  Arracheur  de  betteraves  de  Cartier, 

417. 

SAUREL.  —  Sur  le  greffage  aérien  de  la  vigne 

par  écusson  plein,  454. 
SAT  (Léon).  —  Discours  sur  un  projet  de  ré- 
duction de  l'impôt  foncier,  prononcé  à  Epru- 
nes,  222. 
SCHNEIDER.  —  Les  effets  de  l'hiver  en  Lor- 
raine, 89.  —  Nouvelles  de  l'état  des  récoltes 
en  Lorraine,  167. —  La  vermine  des  volailles, 
268,  422. 
SBRRET.  — Courrier  du  Sud-Ouest,  185. 
THOir  (P.  de).  — Du  dégrèvement  de   l'impôt 

foncier,  331. 
TiRARD  —  Circulaire  aux  préfets  sur  l'exercice 

de  la  médecine  vétérinaire,  482. 
TOCHÉ.  —  Sur  les  méthodes  d'analyse  des  en- 
grais et  le  contrôle  de  leur  composition,  49, 
205. 
TOiTSSAiHT.  —  Sur  l'inoculation  du  charbon, 

245. 
TRUELLE.  —  Sur  les  analyses  de  pommes  à 

cidre,  449. 
VAVIN.  —  Conservation  des  tomates  pour  l'hi- 
ver, 139.  —  Les  plantes  alimentaires  et  le 
docteur  Tanner,  349.  —  Soja  hispida  ou  pois 
oléagineux,  431. 
viLLAiN.  —  Lettre   relative   au    dégrèvement 

des  sucres,  42. 
viLtEROT.  —  Les  hirondelles,  91,  297. 
viLLiERS  DE  L'ZSLE-ADAM  (de).  —  Sur  le  mé- 
tayage, 423. 


TABLE  ALPHABÉTIQUE  DES  AUTEURS. 


VIKCENT.  —  Nouvelles  de  l'état  des  récoltes 
dans  l'Ain,  288. 

▼XMCENT  (Jacques).  —  La  question  du  libre- 
échange  en  Touraine,  94. 

VXTTtr.  —  Sur  les  mesures  à  prendre  contre  la 
fièvre  aphteuse,  365. 


517 

de 


VIVIEN.  —  Sur  les  méthodes  d' 
phosphates,  49,  126. 

zuMDEL.  —  Considérations  sur  l'étiologie  de 
la  dislomatose  ou  cachexie  aqueuse  des  mou- 
tons, 304. 


TABLE  ALPHABÉTIQUE  DES  GRAVURES  NOIRES. 


Anémone  double  à  fleur  de  chrysanthème,  503. 

Appareil  de  M.  Leblanc-Winckler  pour  battre 
les  faux,  24. 

Appareil  de  M.  Albaret  pour  peser  et  lier  auto- 
matiquement la  paille,  377. 

Arracheur  de  betteraves  système  Cartier,  418. 

Batteuse  à  grand  travail,  montée  sur  roues,  de 
M.  Filoque,  29.  —Batteuse  pour  les  petites 
graines,  de  M.  Filoque,  70.  —  Batteuse  à 
grand  travail  système  Albaret,  142.  —  Batteuse 
système  Aultmanu,  183.  —  Batteuse  portative 
sans  mouvement  de  va-et-vient  d'Albaret, 
262. 

Bégonia  Fraebeli,  503.  —  Bégonia  tubéreux 
hybride,  503. 

Bondes  de  M.  Bruel  pour  les  irrigations,  111. 

Broyeuse  d'ajoncs  de  Bodin,  298. 

Charrue  double,  dite  défonceuse,  de  Bejac-Dela- 
haye,  455. — Charrue  à  vapeur,  toute  en  fer  et 
en  acier,  construite  par  Baiac-Delahaye,456. 

Charrue  de  M.  Debains  pour  la  culture  de  la 
canne  à  sucre,  232. 


Chaudière  de  la  machine  à  vapeur  de  Aultmann, 

182. 
Cylindre  batteur  de  la  machine  construite  par 

Aultmann.  184. 
Greffe  Champin  pour  la  vigne  sur  bouture  et  sur 

plant  racine,  340,  341. 
Greffoir,  339. 
Machine   à  vapeur   locomobile  construite   par 

M.  Filoque,  28  ;  —  construite  par  M.  Albaret, 

141  ;  —  construite  par  Aultmann,  181. 
Moissonneuse  à   un  cheval   de  Johnston.  221. 
Moissonneuse-lieuse  de  W.  A.  Wood,  220. 
Moulin  agricole  de  M.  Albaret,  avec  bluterie, 

263. 
Pian  de  parc  tracé  dans  l'île  de  Guernesey,  460, 

—  de  jardin  paysager  dans  le  département  du 

Char,  461  ;  —  d'un  petit  jardin  d'agrément, 

46-2. 
Porte-greffe  et  greffon  de  vigne  préparés,  340. 
Renoncule  double  des  fleuristes,  503. 
Tieur  système  Marot,  303. 


TABLE  ANALYTIQUE  DES  MATIERES. 


Agriculture  générale.  —  Situation  agricole  dans 
le  Puy-de-Dôme,  33.  —  L'agriculture  et  la 
politi  .ue,  44.  —  Situation  agricole  dans  les 
Vosges,  113. —  L'agriculture  et  la  science,  361. 
—  Situation  agricole  dans  la  Dordogne,  472. 

Ajoncs. — Appareil  Bodin  pour  lour  broyage,  298. 

Algérie.  —  Application  de  la  législation  sur  le 
phylloxéra,  ]23.  —  Programme  du  concours 
général  agricole  dOran,203,  326.  —  Projet 
de  loi  sur  le  régime  des  terres  domaniales 
en  Algérie,  204.  —  Extension  du  territoire 
civil,  368.  — La  colonisation  en  Algérie,  378. 

Alimentation.  —  Notes  sur  les  méthodes  d'ali- 
mentation, 59.  —  Alimentation  des  chevaux 
et  du  gros  bétail,  209.  —  Les  plantes  alimen- 
mentaires  nouvelles,  349. 

Allemagne.  —  Production  de  la  bière  dans  ce 
pays,  101,  411.  —  Lois  sur  l'usure  et  sur  le 
service  des  épizooties,  392. 

Amérique.  —  Sur  les  importations  de ,  bœufs 
américains  en  Europe,  233,  214.  —  Élevage 
et  engraissement  du  bétail  aux  Etats-Unis 
d'Amérique,  469. 

Anasoplia.  —  Ses  ravages  en  Russie,  287. 

Angleterre.  —  Histoire  des  grandes  familles  de 
la  race  Durham,  19,  135,  381,  424.  —  Con- 
cours de  la  Société  royale  d'agriculture  à 
Carlisle,  185,  225.  —  Appréciation  sur  les 
résultais  de  la  récolte  des  céréales,  321.  — 
Moyens  d'améliorer  l'agriculture  anglaise, 
447.  —  La  race  bovine  Angus,  504.  —  L'agri- 
culture à  l'assoc  ation  britanique  pour  l'a- 
vancement des  sciences,  488. 

Anguillule.  —  La    maladie  vermiculaire    des 

seigles  et  des  luzernes,  428. 
Animaux    reproducteurs.   —   Résultats    de   la 
vente  annuelle  à  la  bergerie  de  Grignon,  8. 
— Vente  de  reproducteurs  Durham  à  Laval,  449. 

Anthracnose.  —  Recherches  sur  la  nature  de 

cette  maladie,  369. 
Apiculture.  —  Exposition  à  Paris,  203. 
Arboriculture.    —  Résultats    des   examens   à 
l'école  d'arboriculture   de  la  Seine,  46.   — 
Congrès  pomologique  de  France,  87.,  489.  — 


Effets  de  l'hiver  sur  les  arbres  fruitiers,  192. — 
Nouvelle  encyclopédie  publiée  par  M.Lavallée, 
286.  —  L'arboriculture  en  Provence,  368.  — 
Catalogue  de  Baltet  frères,  450. 

Arracheur  de  betteraves  système  Cartiet,  417. 

Association  française  pour  l'avancement  des 
sciences.  —  Travaux  de  la  section  d'agronomie 
à  la  session  de  Reims,  124,  281. 

Associations  agricoles.  —  Formation  d'un  nou- 
veau Comice  dans  Seine-et-Oise,  327.  —  Voir 
Concours  divers. 

Autriche.  —  Situalion  des  forêts,  508. 

Battage  des  grains.  —  Batteuse  à  vapeur  de 
M.  Filoque,  28.  —  Batteuse  de  Filoque  pour 
les  petites  graines,  69;  —  Batteuse  système 
Albaret,  141,  261.  —  Expériences  organisées 
par  la  Société    des  agriculteurs,    165,    450. 

—  Batteuses  Aultmann,  182.  —  Concours 
spécial  de  batteuses  à  Meaux,  285. 

Belgique.  —  Concours  ouverts  par  le  gouverne- 
ment belge,  165. 

Bétail.  —  La  race  bovine  de  Lourdes,  8.  — 
Histoire  des  grandes  familles  de  la  race 
Durham,  19,  135.  —  Le  bétail  au  concours 
régional  de  Nevers,  24.  — Notes  sur  l'ali- 
mentation du  bétail,  59.  —  Tableaux  men- 
suels de  l'importatiou  du  bétail  en  France, 
163,  323. —Les  anivages  de  bœufs  américains 
à  la  Villette,  233,  314.  —  Prix  de  la  viande 
en  France  depuis  1870,  243.  —  Propagation 
de  la  fièvre  aphteuse;  vœux  du  Conseil  géné- 
ral du  Nord,  365.  —  Les  qualités  laitières  de 
la  race  Durham,  382,  424.  —  Loi  sur  les  épi- 
zooties en  Allemagne,  393.  —  Elevage  du 
bétail  en  Finlande,  466  ;  —  en  Amérique,  469; 

—  dans  le  Luxembourg,  473.  —  Propagation 
de  la  péripneumonie,  482.  —  La  race  bovine 
Angus,  504. 

Betteraves.  —  Sur  l'extension  de  la  culture  de 
la  betterave  à  sucre  dans  l'Ouest.  111.  — 
Végétation  et  récolte  des  betteraves,  126, 166, 
208,  368,  450.  —  Arracheur  de  betteraves 
système  Cartier, 417. 

Beurre.  —  Son  adultération  par  la  margarine, 


518 


TABLE  ANALYTIQUE  DES  MATIÈRES. 


390.  —  Production  et  commerce  du  beurre 
en  Finlande,  'iGT. 
Bibliographie.  —  Traité  théorique  et  pratique 
du  grejj'age  de  la  vigne,  par  Aimé  Champin, 
2i5.  —  L'écrcvissi-,  par  Th.  Huxley,  114.  — 
Les  Laines  de  couchage  au  point  de  vuehgçjid- 
7)iqi(e,  par  M.  Leiranc,  166.  —  Le  prunier  et 
la  prune  d'Agen,  pir  M.  Bruguière,  '204.  — 
Origine  et  transformation  du  factorat  dans 
les  halles  de  l'aris,  par  M.  Biollay,  '208.  — 
Annales  agronomiques^  par  W.  Déhérain,  '24G. 

—  Encyclopédie  d'arboriculture  publiée  par 
M.  Lavaliée,  286.  —  Voyages  agricoles  dans 
le  Périgord,  par  M.  L.  de  l.amothe,  602. 

Bière.—  Sa  prudurtion  en  Allemagne,  101,  411. 

—  Décret  relatif  à  l'exemplion  des  glucoses 
employées  à  la  fabrication  des  bières,  489. 

Biographies.  —  M.  Vicier  Borie,  92.  — 
M.  Nadault  de  Buffon,  131.  —Denis  Papin 
et  Blai>e  Pascal,  401. 

Blés.  —  Qualités  de  blés  pour  semences,  88,  — 
Sélection  des  blés  de  semence.  207.  —  Ren- 
dement du  blé  en  1880  dans  la  Haute- 
Garonne  et  le  Tarn,  289. 

Brésil.  —  Culture  aux  environs  d'Ouro-Preto, 
149. 

Bretagne.  —  Projet  de  loi  relatif  au  partage 
des  terres  vagues,  81. 

Bu'.letin  financier  du  3  juilht,  40;-  du  10 
juillet,  80;  —du  17  juillet,  120;  -  du  24 
juillet,  160,'— du  31  iuillet,  200,  —du  7  août, 
240;  —  du  14  août,  280;  —  du  Vl  août;  320; 

—  du  28  août,  3G();  —  du  4  ^eptem^)^e,  400; 
du  11  septembre,  4^0; — du  18  septembre, 
480:  —  du  25  septembre,  -14. 

Cachexie.  —  Rectierctie  de  M.  Zundel  sur  la 
cachexie  aqueuse  des  moutons,  304. 

Cadastre.  —  Nouveau  projet  de  loi  relatif  à  la 
revision  du  cadastre,  6. 

Céréales.  —  Appréciation  sur  les  résultats  de  la 
mois^ou  eu"  France  et  à  l'élran^'er,  161,  241, 
321,  361.  —  Tableaux  officiels  de  la  produc- 
tion des  céréales  en  France  en  1S79,  242.  — 
Documents  publiés  par  M.  Estieime  sur  la 
récolle  des  céréales  en  France  età  l'étranger, 
361.  —  Expériences  de  culiure  à  l'école  pra- 
tique d'agriculture  de  Saint-Remy,  493. 

Cerfeuil  bulbeux.  —  Culture  et  emploi,  350. 

Charbon.  —  RHoherches  de  M.  Chauveau  sur 
la  résistance  des  moutons  algériens,  84.  — 
Recherches  de  M.  Pasteur  sur  les  causes  de 
la  propgation  du  charbon,  121,173,446, 
451.  —  Recherches  de  M.  Toussaint  sur  l'ino- 
culation du  charbon,  222,  234.  245,  452.  — 
Instruction  sur  les  miladies  charbonneuses 
publiée  par  M.  Tanguy,  366. 

Charrue,.  —  Charrue  de  M.  Debains  pour  la 
culture  de  la  canne  à  sucre,  231.  —Concours 
international  de  charrues  en  Italie,  285  — 
Grandes  charrues  construites  par  M.  Bajac, 
455. 

Chasse.—  Dates  de  l'ouverture  en  1880.  247, 
285. 

Chemins  de  fer.  —  Les  chemins  de  fe.-  portatifs 
en  Russie,  330. 

Chevaux.  —  Concours  de  juments  poulinières 
dans  la  Seine-Inférieure,  166.  —  Sur  la  p  o- 
duction  chevaline  dans  la  Mayenne  et  dans 
la  Sarthe,  272. 

Choléra  des  poules.  —  Note  sur  un  mode  de 
préservation,  85.  —  Observations  faites  par 
M.  Pasteur,  289. 

Choux.  — Culture,  mode  d'emploi  du  choux 
chinois,  351. 

Chronique  agricole  du  3  juillet,  5  ;  —  du  10 
juillet,  41;  —  du  17  juillet,  81  ;  — du  24  juil- 
let, 121  ;  —  du  31  juillet,  161  ;  —  du  7  août 
201;  —  du  14  août,  241;  —  du  21  août,  281; 

—  du  28  août,  321  ;  —  du  4  septembre,  361  ; 

—  de  II  septembre,  401  ;  —  du  18  septem- 
bre, 441;  —  du  25  septembre,  481. 


Clavelée.  —  Mesures  prises  relativement  à 
rex|)ortation  de  moulons  algériens  atteints 
de  clavelée,  8. 

Cochincliine.  —Développement  du  jardin  bota- 
nique de  Saïgon  et  de  la  ferme  des  Mares, 
380. 

Colmatage.  —  Travaux  de  colmotage  exécutés 
sur  les  rives  de  la  Durance,  372. 

Color.ies  françaises.  —  Situation  au  point  de 
vue  agricole,  380. 

Commerce  agricole.  —  Revue  commerciale  du 
3  juillet,  34;  —  du  10  juillet,  74;  —  du  17 
juillet,  114;  —  du  24  juillet,  154;  —  du  21 
juillet,  194;  —  du  7  août,  234;— du  14 
août,  274  ;  —  du  21  août ,  314  ;  —  du  28 
août,  354  ;  —  du  7  septemt)re,  394;  —  du 
11  septembre,  434  ;  du  18  septembre,    474  ; 

—  du  25  septembre,  509.  —  Tableaux  de 
l'importation  du  bétail   en   France,  163,  323. 

Concours  général  agricole  de  Paris  en  1881. — 

Date  et  analyse  du  programme,  45. 
Concours  régionaux    d'animaux  reproducteurs. 

—  Compte  rendu  du  concours  général  de 
Melun,  13;  —  du  Mans,  51; — de  Tulle,  105; 
de  Périgueux  498.  —  Comparaison  entre  les 
concouis  régionaux  du  printemps  et  ceux 
d'automne,  402. 

Concours  divers.  —  Concours  du  comice  de 
Seine-et-Marne,  7  ;  — du  cimice  de  Seine- 
et-Oise,  7,  70  ;  —  de  la  Société  d'agriculture 
de  Vaucluse,  7  ;  —  du  comice  de  Tarbes,  7. — 
Concours  ouverts  par  l'Académie  de  Metz,  46; 

—  de  la  Société  d'agriculture  de    Joigny.  87; 

—  de  la  Société  d'agriculture  de  la  Gironde, 
165  ;  —  de  la  Société  agricole  de  Mantes, 
190  ;  — du  comice  de  Nancy,  204;  —  du  co- 
mice de  la  Marne,  208  ;  —  du  comice  de  la 
Loire-Inférieure,  247  ;  —  du  comice  de  la 
Double,  327  .  —  Concouis  départemental' 
de  la  Sarthe,  327  ;  —  du  comice  de  Luné- 
ville,  327  ;  delà  Société  d'agriculfuie  de 
Compiègne,  367  .  —  de  la  Société  d  horticul- 
ture d'E[)ernay,  367;  —  Concours  dépt  rte- 
mental  de  la  Haute- Loiie,  408.  —  Concours 
du  comice  d'Ambazac,  40'S  ;  —  du  comice  de 
Bourg,  409;  —  de  la  Société  agricole  de 
Luxembourg,  472  ;  —  du  comice  de  Morlaas, 
485;  — de  la  Société  d'agriculture  de  l'Aude, 
485  ;  —  du  comice  de  Saint-Amand,  487- 

Congrès.  —  Congrès  organisé  parla  Société  de 
viticulture  de  Lyon,  29,  283.  — Congrès 
des  vignes  françaises  à  Clermont-Ferrand, 
123,  404,  442.  -^  Congrès  phylloxérique  à 
Saragosse,  284.  —  Congiès  des  agriculteurs 
italiens  à  Crémone,  407. 

Conscription  des  chevaux.  —  Essais  de  réqui- 
sition de  chevaux  et  de  voitures  en  1880,  6. 

Conserves  alimentaires.  —  Action  du  cuivre, 
164. 

Courriers  agricoles.  —  Courrier  du  Sud-Ouest, 
185. 

Douanes.  —  Droits  de  douane  sur  les  mat  ères 
agricoles  proposés  par  la  Commission  du  Sé- 
nat, 43.  —  La  question  du  libre-échange  en 
Touraiiie,  94.  —  Discussion  à  propos  des 
votes  de  la  Société  nationale  d'agriculture, 
328,  448. 

Droit  rural.  —  Sur  le  droit  d'abatage  dans  les 
camoagnes  et  dans  les  villes,  98.  —  La  pêche 
fluviale,  216.  —  Poursuite  et  transport  des 
bêtes  fauves,  257. 

Durham.  —  Histoire  des  grandes  familles  de 
cette  race,  19,  135.  —  La  race  Durham  dans 
le  Nivernais,  26.  —Qualités  laitières  decette 
race,  381,  424.  —  Vente  de  reproducteurs 
Durham  à  Laval,  449. 

Eaux  d'égout.  —  Sur  les  moyens  à  adopter  pour 
les  purifier  et  les  utiliser,  281. 

Ecoles  nationales  d'agriculture.  —  Concours 
pour  une  chaire  de  physique  et  de  chimie,  9. 

—  Influence  de  l'Ecole  de  Grand-Jouan  sur 
le  progrès  agricole  en  Bretagne,  41.  —Fête 


TABLE  ANALYTIQUE  DES  MATIERES. 


519 


du  cinnuantenaire  de  Grand-Jouan,  63.  — 
Excursion  à  Grignon  «les  auditeurs  du  cours 
de  physicilogie  vé:^ét^ile  du  Muséum,  125.  — 
Daies  d'admission  dans  les  écoles,  283.  — 
Bourses  à  l'école  de  Montpellier,  283. 

Ecoles  nationales  vétérinaires.  —  Elèves  diplô- 
més en  1880,  366. 

Encouragements.  —  Sur  le  mode  de  répartition 
des  encouragements  à  l'agriculture,  ^03.  — 
K('ces-iié  de  donner  des  encouiagements 
nombreux  aux  cultivateurs  des  contrées 
pauvies,  481. 

Engrais.  —  Sur  les  méthodes  d'analyse  des 
phos[)hates,  48,  126,  20a.  —  Li^'ue  contre  les 
falsificateurs  d'engrais  foiroée  par  la  Société 
d'agriculture  de  Meaux,  50.  —  Procédé  pro- 
posé par  M.  BacqueL  pour-  mettre  le  fumier 
ent)alles,  128.  —  Exiiériences  sur  l'emploi  du 
plâtre,  224.  —  Sur  l'utilisation  des  eaux  d'é- 
gout,  281.  —  Sur  un  mode  particulier  d'em- 
ploi des  engrais  chimiques,  346.  —  Rapport 
sur  les  opérations  du  laboratoire  de  la  Loire- 
Inférieure  en  1879-80,  412. 

Enseignement  agrcole.  —  Ouverture  de  con- 
couis  pour  des  ch;iires  départementales  d'a- 
griculture, 9.  —  Situation  de  l'institut  agri- 
cole de  Gembloux,  411.  —  L'ecde  pratique 
d'agriculture  de  Saint-Remy  eu  1880,  4^6.— 
Examens  à  la  ferme-école  du  Lot,  484.  — 
Projet  d'une  école  pratique  dans  la  Seine-In- 
férieure, 486. 

Exploitations  agricoles.  —  Les  fermes  de  la 
Compagnie  di  fertilisation  dans  Seine-et- 
Marne,  167.  —  Fermes  des  Pyrénées- Or. en- 
tales  concourant  pour  la  prime  d  honneur, 
218,  24y,  293.  —  Domaine  du  Chalet  (lile-et- 
'Vilaine),  2i;9. —  Le  dom  dne  des  Etangs, 
387. 

Faux.  —  Appareil  de  M.  Leblanc-Winckler 
pour  battre  les  faux,  24. 

Fenouil.  —  Cu.ture  et  mode  d'em[iloi  du 
fenouil  de  Provence,  351. 

Fermentation.  —  Observations  de  M.  Chevreul 
sur  les  conditions  de  la  fermentation  des  li- 
queurs sucrées;  recherches  de  M.  Joseph 
Boussingault  sur  la  fermentation  rapide,  324. 

Fièvres  aphteuse.  —  Sa  propagation  ;  vœux 
du  Conseil  général  du  Nord,  365. 

Finlinde.  —  Elevé  du  bétail  et  commerce  du 
beurre  et  du  fromage,  466. 

Foin.  —  L'influence  du  fom  nouveau  sur  le 
bétail,  342. 

Fromagerie.  —  Fromagerie  du  Chalet  (Ille-et- 
Vilaine),  299. 

Fumier.  —  Procédé  pour  mettre  le  fumier  en 
balles,  128. 

Greffes.  —  La  greffe  Ch^rnpin  sur  plant  ou  mé- 
rithalle  racines  et  arrachés  pour  la  vigne, 
339.  —  Greffe  de  la  vigne  sur  écusson  plein, 
454,  483. 

Guêpes.  —  Moyen  de  destruction  dans  les  vi- 
gnes, 407. 

Haras.  —  Projet  de  loi  relatif  à  l'augmentation 
du  nomtire  des  étalons  de  l'Etat,  81.  —  sur 
la  jiroduction  chevaline  dans  la  Mayenne  et 
dans  la  Sirthe,  272. 

Haricots.  —  Culture  du  haricot  Vavin,  351. 

Hirondelles.  —  Sur  les  causes  du  départ  anti- 
cipé des  hirondelles,  91,  231,  -97. 

Hive.  —  Effets  de  l'hiverr  de  1879-80  en  Lor- 
raine, 89. 

Horticulture.  —  Travaux  horticoles  d'août  et 
de  septembre,  375.  —  Quelques  plantes  à 
cultiver,  502. 

Houblons.  —  Récolte  en  1880,  368.  —  Cueil- 
lette du  houblon  en  Angleterre,  411. 

Impôts.  — Sur  le  dégrèvement  de  l'impôt  fon- 
cier et  les moyensde  l'atteindre, 2i»l, 222,  331. 

Insectes.  —  Exposition  à  Paris,  203.  —  Rava- 
ges causés  par  les  insectes  en  Russie,  287. 

Inspection  de  l'agriculture.  —  Concours  pour 
des  emplois  d'adjoint  à  l'inspection  de  l'agri- 


culture, 202,244. 

Institut  national  agronomique.  —  Excursion 
des  élèves  en  Champagne  et  en  Bourgogne, 
46.  —  Examens  de  sortie  en  1880,  246.  — 
Ouverture  d'un  concours  pour  la  chaire  de 
génie  rural,  448. 

Irlande.  —  La  crise  agricole  et  les  fermiers 
il  landais,  241. 

Irrigations.  —  Bondes  de  M.  Bruel  pour  les 
irrigations,  111.  —  Travaux  de  colmatage  et 
d'irrigation  dans  les  Alpes  avec  le?  eaux  de  la 
Durance,372.  —  Concours  d'urigation  dans 
les  Alpes:  distribution  des  récompenses,  481 . 

Laines.  —  Traitement  des  laines  de  couchage, 
166.  —  Exposition  internationale  à  Londres 
en  188!,  247. 

Laiterie.  —  Concours  des  produits  de  la  laite- 
rie à  Neufchàtel-en-Bray,  407. 

Légion  d'honneur.  —  Promotions  et  nomina- 
tion pour  services  rendus  à  l'agriculture,  82, 
122. 

Liage.  —  Appareil  pour  peser  et  lier  automati- 
quement la  pallie,  construit  par  Albaret,  376. 

Luxembourg.  —  Concours  de  1880,  472.  — 
Elevage  du  bétail,  473. 

Ma'is.  —  Sa  culture  au  Brésil,  149.  —  Propaga- 
tion de  l'ensilage  du  mais-fourrage  en  Polo- 
gne, 333. 

Margarine.  —   Fabrication    et  commerce,  390. 

Mécanique  agricole.  —  Machine  à  vapeur  et 
batteuses  de  M  Filoque,  28,  69.  —  Applica- 
tions du  labourage  à  vapeur  en  Ang'eterre, 
89.  —  Machine  à  vaieur  et  batteuse;  d' Alba- 
ret, 140.  261". —  Concours  de  moissonneuses- 
lieuses  et  de  lieuses  à  Eprunes,  219.  — 
Charrue  de  M.  Debains  pour  la  eu  ture  de  la 
canne  à  sucre,  231  —  Moulin  agricole  d'Al- 
barei,  261.  —  Hache-ajoncs  de  Bodin,298. — 
Trieur  Marot,  302  —  Appareil  d'A.baret  pour 
peser  et  lier  autjmati|Uf  ment  la  paille,  376. 
—  Arracheur  de  betteraves,  système  Cartier, 
417.  —  Glande  charrue  défonceuse  et  à  va- 
peur de  Bajac,  4tô. 

Métayage.  —  Sur  l'organisation  et  les  avan- 
tages du  mé'ayage,  10,  423.  —  Enquête  faite 
par  la  Société  d'agriculture  de  la  Haute- 
Vienne,  364.  —  Le  métayage  dans  lile-et- 
Vilaine,387. 

Météorologie  agricole.  —  Nouvelles  de  l'état 
des  récoltes,  88,  130  à  131,  167,  287  à  289, 
331.  —  Efiets  de  l'hiver  1879-80  en  Lorraine, 
89.  —  Série  d'orages  en  France;  leurs  effets, 
161.  —  Effets  de  l'hiver  sur  les  arbres  frui- 
tiers et  forestiers,  191. 

Moissonneuses.  —  Eijsais  de  moissonneuses- 
lieuses  et  de  lieuses  à  Eprunes,   126,  219. 

Moulin  agricole  du  >ystème  Albaret,  261. 

Moutons.  —  Recherches  de  M.  Chauveau  sur  la 
résistance  des  moutons  algériens  au  char- 
bon, 84,  234,  245,  452.  —  Elevage  des  mou- 
tons en  Russie,  143.  —  Recherches  de 
M.  Zundel  sur  la  cachexie  aqueuse,  304.  — 
Propagation  des  mérinos  précoces  en  Polo- 
gne, 333.  —  L'élevage  des  moutons  en 
Champagne,  335. 

Nécrologie.  —  M.  Victor  Borie,  42,  92.  — 
M.  Isaac  Pereire,  83.  —  M  Broca,  84.  — 
M.  Uroche,  129.  —  Discours  prononcé  aux 
obsèques  de  M.  Nadault  de  Buffon,  !33.  — 
M.  Slievenart,  \6h.  —  M.  Benjamin,  286.  — 
M.  de  Monteynacd,  287.  —  M.  Pierre  Bour- 
rel,  330.  —  M.  de  Pompéry,  JI.  Godron, 
M.  Lagaide,  364. 

Ouvriers  agricoles.  —  Le  prix  de  la  main- 
d'œuvre  en  Savoie,  179. 

Pansement  des  animaux,  211. 

Parcs.  —  Procèdes  pour  la  création  des  parcs  et 
des  pelouses,  39i.  —  Modèle  de  plans  rie 
parcs  et  de  jardins  paysagers  de  diverse 
gra'  deur,  459. 

Pèche.  —  Différents  modes  de  pêche;  droit  de 
pêche  en  rivière,  216. 


520 


TABLE  ANALYTIQUE   DES    MATIERES. 


Phosphates.  —  Discussion  relative  aux  méthodes 
d'analyse  des  phosphates,  49,  126,  205,  330. 

—  Sur  le  phosphate  dit  phosphate  rétrogradé, 
10-2. 

Phylloxéra  vasiatrix.  —  Le  phylloxéra  en  Istrie, 
12.  —  Résultats  obtenus  par  le  trailemenl 
par  le  sulfure  de  carbone,  47,  48,  326,  385, 
406,  443,  445.  —  Rapport  de  M.  Marion  sur 
les  opérations  du  Comité  de  la  Compagnie 
Paris-Lyon-Médilerranée,  47.  —  Résultats 
obtenus  avec  le  sulfocarbonate,  48,  270.  — 
Nomination  de  membres  de  la  Commission 
supérieure,  84. —  Traitements  administratifs, 
84,  162.  —  Imposition  extraordinaire  d^ns  le 
département  de  l'Aude,  84.  —  Applicilion  de 
la  législation  française  en  Algérie,  123.  — 
Nouveaux  exemples  d'efficacité  de  la  submer- 
sion 123,  326,  443.—  L'œuf  d'hiver  du  phyl- 
loxéra, 143,  162,  297.  —  Extension  en  Au- 
triche, 162.  —  Congrès  phylloxérique  à  Sara- 
gosse,  284.  —  Constatation  de  nouvelles 
taclies  dans  Loir-et-Cher,  325.  —  Décret  sur 
l'importation  des  produits  végétaux  venant 
de  Suisse,  325.  —  Situation  dans  l'Hérault, 
325;  —  dans  la  Gironde,  325,  385.  —  Les 
taches  phylloxériques  en  Suisse,  363.  —  In- 
structions sur  le  phylloxéra  publiées  dans  la 
Côte-d'Or,  364.  —  Situation  dans  la  Côte- 
d'Ûr,  405.  —Les  parasites  du  phylloxéra,  444. 

—  Plantation  des  vignes  dans  le  sable,  445. 

—  Voir  Vignes. 

Physiologie  animale.  —  Recherches  de  M.  San- 
son  sur  la  source  du  travail  musculaire,  29U. 

Pisciculture.  —  Travaux  exécutés  en  Russie, 
70.  —  Les  oubliés,  418.  —  Les  Aplatis,  489. 

Plâtrage  des  vins.  —  Circulaire  du  ministre  de 
la  justice  sur  ce  sujet,  322.  —  Vœux  de  la 
Société  d'agriculture  de  l'Aude,  484. 

Plâtre.  —  Evpéiiences  relatives  à  son  emploi 
sur  des  prairies,  224. 

Pommes  à  cidre.  -  Recherches  sur  leur  com- 
position et  leurs  qualités,  449. 

Pommes  de  terre.  —  La  pomme  de  terre  Cham- 
pion, 264,  350. 

Porc.  —  Danger  présente  par  les  viandes  de 
porc  américaines,  164. 

Primes  dhonneur.  —  Primes  d'honneur  et  prix 
cullurdux  décernés  dans  Seine-et-Marne,  16; 

—  dans  la  Sarttie,  56;  —dans  la  Corrèze, 
108  ;  —  Dans  la  Dordogne,  499  — Rapport  sur 
le  concours  dans  les  Pyrénées-Orientales, 
211,  249,293. 

Prunier.  —  Etude  sur  le  prunier  et  la  prune 
d'Agen,  204. 

Radis  du  Japon.  —  Culture,  produits  et  mole 
d'emploi,  3.50. 

Raisins.  —  Le  commerce  des  raisins  secs  et  la 
fabrication  des  vins,  189. 

Récoltes  en  terre.  —  Nouvelles  de  l'état  des 
récoltes,  33,88, 130 à  131,  167,287  à  289,331. 

Russie.  — Travaux  de  pisciculture  faits  dans  ce 
pays,  70.  —  Elevage  des  moulons,  143.  — 
Ravages  des  insectes,  287. 

Semoirs.  —  Concoursinternational  en  Italie,  484. 

Sériciculture.  —  Renseignements  sur  les  prix 
des  cocons,  12.  —  Récolte  des  vers  à  soie 
dans  la  Drôme,  33.  —  Evaluation  de  la  récolte 
dans  les  Cévennes,  126.  —  Situation  de  l'in- 
dustrie séricicole  en  1881),  330.  —  Une  édu- 
cation de  vers  à  soie  en  1880,  463. 

Société  nationale  d'agriculture.  —Comptes  ren- 
dus des  séances  hebdomadaires,  34,  50,  131, 
193,  233,  247,  313,  354.  —  Election  d'un 
membre  dans  la  Section  de  mécanique  agri- 
cole, 9,  48.  —  A  propos  des  votes  sur  le  lé- 
gime  douanier,  328,  448. 

Société  nationale  d'encouragement  à  l'agricul- 
ture. —  Liste  d'adhérents,  9.  —  Prix  décer- 
nés par  la  Société  au  concours  régional  de 
Clermont-Ferrand,  412.  —  Subventions  don- 
nées par  des  Conseils  généraux,  412. 


Société  des  agriculteure  de  France.  —  Organi- 
sation d'expériences  de  rhachines  à  battre, 
165,  450. 

Société  royale  d'agriculture  d'Angleterre.  — 
Concours  de  Carlisle,  185,  225. 

Société  d'encouragement  pour  l'industrie  natio- 
nale. —  Récompenses  décernées  pour  ser- 
vices agricoles,  86. 

Soja.  —Avantages,  culture,  mode  d'emploi  des 
produits,  349,  431. 

Stations  agronomiques,  —  Projet  de  création 
dans  la  Seine-Inférieure,  486. 

Slalisiique.  —  La  production  des  céréales  en 
France  en  1879,  242.  —  Prix  des  céréales  et 
du  bétail,  243. 

Sucres.  —  Sur  le  projet  de  loi  relatif  au  dégrè- 
vement des  sucres,  5,  42,  81,  86. — Tableaux 
de  la  production  et  du  mouvement  des  sucres 
indigènes,  86.  —  Loi  portant  dégrèvement 
des  droits  sur  les  sucres,  151.  —  Objet  d'art 
offert  à  M.  Mariage,  489. 

Sylviculture.  —  Discussion  au  Sénat  sur  le  pro- 
jet de  lui  relatif  à  la  conservation  et  à  la  res- 
tauration des  terrainns  en  montagnes,  44.  — 
Effets  de  l'hiver  1879-1880  sur  les  arbres  fo- 
restiers, 191.  —  Plantations  forestières  dans 
les  Pyrénées,  249.  —  Les  forêts  en  Autriche, 


Procédé  de  conservation  pour  l'hi- 
Ma.rot, 


Tomates, 
ver,  139. 

Triage  des  grains  avec  l'appareil  de 
302. 

Tuiles.  —  Fabrication  mécanique  des  tuiles 
dansée  Midi,  32. 

Usure.  —  Loi  sur  l'usure  promulguée  en  Alle- 
magne, 392. 

Vapeur.  —  Machine  à  vapeur  de  M.  Filoque, 
28.  —  Applications  du  labourage  à  vapeur 
en  Angleterre,  87.  —  Machine  à  vapeur 
d'Aultmann,  181. —  Piocheuse  à  vapeur,  227. 

Ventes  d'animaux  reproducteurs.  —  Résultats 
de  la  vente  de  béliers  à  la  bergerie  île  Gri- 
gnon,  8.  —  Vente  de  reproducteurs  Durham 
à  Laval ,  449,  486.  —  Vente  dans  l'Aude,  485. 

Vétérinaires.  —  Lutte  enire  les  vétérinaires  et 
les  empiriques,  367.  — Vœux  des  Conseils  gé- 
néraux sur  le  traiie  lient  des  maladies  conta- 
gieuses, 482. 

Viande.  —  Prix  moyen  de  la  viande  en  France 
depuis  1870,  243. 

Vignes  —  Traité  théorique  et  pratique  du 
greffage  de  la  vigne  par  M.  Champin,  23.  — 
Congrès  viticole  organ-sè  à  Lyon,  29,  283.  — 
Congrès  des  vignes  françases  à  GUrmont- 
Ferrand,  123,  404,  442.  —  Résistance  de  la 
Malvoisie  de  la  Drôme  au  phylloxéra,  245. — 
Exposition  de  viticulture  à  Lyon,  284.  — 
Notes  relatives  à  la  résistance  et  à  la  propa- 
gation des  vignes  américaines,  285,  406,  444, 
446  —  Vœux  du  Conseil  général  de  l'Hé- 
rault sur  les  vignes  américaines,  326.  —  La 
greffe  Champin,  339.  —  Recherches  sur 
l'anthracnose  de  la  vigne,  369.  —  Développe- 
ment de  la  culture  de  la  vi^ne  en  Algérie, 
379.  —  La  vigne  de  Beriaudier,  4i5.  —  Ap- 
préciations sur  les  vendange-;,  441,  450.  — 
Développement  des  racines  de  la  vigne  et 
formation  du  sucre  dans  le  raisin,  457.  — 
Une  vigne  sauvage  du  Soudan.  481. 

Vins.  —  Sur  le  projet  de  loi  relatif  au  dégrève- 
ment des  vins,  5,  42,  81.  —  Loi  portant  dé- 
grèvement des  droits  sur  les  vins,  151.  — 
Circulaire  du  ministre  de  li  justice  sur  le 
plâtrage  des  vins,  322,  —  Sur  les  consé- 
quences du  dégrèvement  des  vins,  352. 

Vohiilles.  —  Sur  les  moyens  de  détruire  la  ver- 
mine des  volailles,  268,  343,  422. 

Zootechnie.  —  Notes  sur  l'alimentation  des 
chevaux,  et  du  gros  bétail,  209.  —  La  pré- 
tendue race  de  Lourdes,  254.  —  L'élevage 
des  moutons  en  Champagne,  335. 


FIN   DE  LA  TABLE  DU  TROISIÈME  VOLUME  DE   1880. 


JOURNAL 


L'AGRICULTURE 


ANNÉE  1880,  TOME  QUATRIÈME 


(octobre   a    DÉCEMBfte) 


Le  JOURNAL  DE  L'AGRICULTURE,  fondé  le  20  juillet  1866,  a 
successivement  fusionné  avec  le  Journal  de  la  Ferme  et  des  Maisons 
njE  CAMPAGNE  et  avec  la  Revue  de  l'Horticulture.  En  conséquence  il 
s'occupe  de  toutes  les  questions  de  pratique  et  de  science  agricoles,  de 
législation  rurale,  d'économie  politique  ou  sociale  dans  ses  rapports 
avec  la  vie  rurale;  enfin  il  donne  tous  les  développements  nécessaires 
aux  progrès  de  la  viticulture,  de  l'horticulture,  de  l'arboriculture  et 
de  la  culture  maraîchère;  il  traite  aussi  bien  de  la  production  des 
jardins  que  de  celle  des  champs. 

11  appartient  à  une  Société  composée  de  840  agriculteurs  ou  agro- 
nomes groupés  autour  de  M.  J.-A.  Barrai. 


< 


JOURNAL 


DE 


L'AGRICULTURE 

DE    LA    FERME    ET   DES    MAISONS    DE    CAMPAGNE 
DE    LA    VITICULTURE,    DE    L'HORTICULTURE 

DE    L'ÉCONOMIE    RURALE    ET    DES    INTÉRÊTS    DE    LA    PROPRIÉTÉ 

rONDÉ    ET    DIRIGÉ    FAR 

J.-A.     BAKKAL 

Secrétaire  perpétuel  de  la  Société  nationale  d'agriculture  de  France; 

Membre  du  Conseil  général  de  la  Moselle  jusqu'en  1871  ; 

Ancien  élève  et  ancien  répétiteur  de  cliiinie  de  l'Ecole  polytechnique  ; 

Membre  du  Conseil  d'administration   de   la  Société  des   agriculteurs    de   France 

Lauréat  de  l'Académie  des  sciences  en  1863,  pour  le  prix  de  Horogues,  décerné  à  l'ouvrage  ayant  fait  (aire 

le  plus  grand  progrès  à  l'agriculture  en  France  ; 

ComÈnandeur  de  la  Légion  d'Iionneur;  de  I  Ordre  ottoman  du  iledjidié,  de  celui  des  Saints  Maurice  et  Lazare  d'Italie; 

de  celui  d'Isabelle  la  Catholique  d'Espagne;  Chevalier  des  Ordres  de  Léopold  de  Belgique, 

de  Notre-Dame  de  la  Conception  de  Portugal; 

Membre  de  la  Société  philomatique  et  du  Conseil  de  la  Société  d'encouragement  pour  l'industrie  nationale  ; 

Membre  honoraire  de  la  Société  royale  d'agritullure  d'Angleterre  ; 

Membre  honoraire  de  l'Académie  de  Metz,  de  la  Société  centrale  d'agricul  ure  de  Belgique,  de  la  Société  royale  d'agricultnre  de 

l'ortugal,  de  la  Société  des  at;riculleurs  italiens, 

des  Sociétés  d'Agriculture  du  grand-duché  de  Luxembourg,  de  Moscou,  de  Varsovie,  de  Spolato, 

des  Géorgoliles  de  Florence,  de  Grosseto,  de  Turin,  de  Saint-Pétersbourg,  de  Pesaro,  du  Chili,  de  Hongrie,  de  l'Uruguay  ; 

Correspondant  de  l'Institut  genevois,  de  l'Institut  égyptien,  de  la  Société  des  sciences  naturelles  de  Milan; 

des  Sociétés  d'Agriculture,  de  Viticulture  ou  d'Horticulture  de  Pans,  d'Arras,  de   l'Aube,  de  Bayeux,  des  Bouches-du-Rhône, 

de  Coiiipiègne,  de  Caen,  de  Clermont,  du  Nord,  de  la  Seine-Intérieure,  de  Mayenne,  de  la  Haute-Garonne,  de  la  Côte-d'Or; 
de  Joigny,  de  Libounie,  de  Lyon,  de  Mirecourt,  de  Nancy,  du  Pas-de-Calais,  de  Poitiers,  de   Poligny,  de    Sentis,  de   Vaucluse, 

des  Comices   agricoles  d'Agen,  de  Lille,  de  Meaux,  de  Metz,  de  Krantôme,  de  la  Société  des  Amis  de  la  paix, 

de  Valence  (Espagne),  des  Sociétés  d'Agriculture  de  Gand,de  New- York,  devienne  (Autriche),  de  la  Gueidre  (Hollande),  de  Hongrie; 

du  Cercle  agricole  et  horticole    du   grmd-duché  du  Luxembourg; 

Associé  étranger  de  l'Académie  royale  de  Suède,    etc  ,  etc. 


MM.    J. 


Conseil  de  direction  Scientifique,  Politique  et  Agricole  : 
■A.    BARRAL^      GASTON    BAZILLE,     DE    BÉHAGUE,     BELLA, 
GAREAU,      P.     DE    GASPARIN,      A.     VANDERCOLME 


ANNÉE   1880,  TOME  QUATRIÈME 


(CCrOBRE     A    décembre) 


^£:x 


PARIS 


AUX  BUREAUX  DU  JOUUXAL  DE  L'AGRICULTURE 

Chez  M.  G.  MASSON,  libraire-éJiteur,    r20,  boulevard  Saiat.Germain 

ET 

Bruxelles,  chez  M.  Henri  MANGEAUX,  libraire-éditeur,  8,  rue  des  Frois-Têtes 


1880 


Le  Journal  de  TAgricnlture  paraît  tous  les  samedis  en  une  livraison  de  52  à 
68  pages,  avec  de  nombreuses  gravures  noires  intercalées  dans  le  texte  et  des 
planches  noires  ou  coloriées  hors  texte.  —  Il  forme  par  an  quatre  volumes  de 
500  à  600  pages  chacun. 


PRIX   DE   L'ABONNEMENT  : 

FRANCE  :  un  an,  20  fr.  ;  —  six  mois,  11  fr.  ;  —  trois  mois,  6  fr.  —  Un  numéro,  50  centimes. 

Pour  tous  les  pays  de  l'Union  postale  :   un   an,   22  fr. 
Pour  tous  les  autres  pays,  le  port  en  sus. 


LES   PAYS   FAISANT   PARTIE    DE    L'UnION    POSTALE    SONT  : 

Allemagne  —  Autriche  —  Belgique  —  Danemark  —  Espagne  —  Etats-Unis  —  Grande-Bretagne   — 

Hongrie  —  Italie  —  Luxembourg  —  Monténégro  —  Norvège  —  Pays-Bas  —  Portugal 

Roumanie  —  Russie  —  Serbie  —  Suède  —  Suisse  —  Turquie  —  Egypte  —  Tanger  et  Tunis 

Perse  —  Brésil  —  République  argentine —  Pérou — Colonies  françaises 

La  plupart  des  colonies  étrangères. 


JOURNAL 


DE 


L'AGRICULTURE 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (2  octobre  issoj. 

Les  dernières  appréciations  sur  la  moisson  de  1880  en  France.  —  Nécessité  de  se  mettre  en 
grarde  contre  les  exagérations.  —  Le  commerce  du  bétail.  —  Conséquences  de  la  pénurie  des 
luurrages.  —Premier  aperçu  sur  les  vendanges.  — Circonstances  au  milieu  desquelles  elles 
s'exécutent.  — Encore  la  question  du  plâtrage  des  vins.  —  Lettre  de  M.  Cazot,  ministre  de  la 
justice,  à  M.  Lisbonne,  députe  de  l'Hérault.  —  Distinction  à  faire  entre  la  tolérance  et  le  délit. 
—  La  meilleure  marche  à  suivre.  —  La  question  des  odeurs  de  Paris.  —  Ses  causes.  —  Encom- 
brement des  égouts  et  multiplication  des  dépotoirs.  — Déversement  des  vidanges  à  l'égout.  — 
Projet  de  transport  au  loin  des  matière-^  des  vidanges  et  des  eaux  des  égouts.  —  Urgence  d'une 
solution  radicale.  —  Expériences  sur  les  machines  à  battre  faites  par  la  Société  des  agriculteurs 
de  France.  —  Premiers  essais.  —  Examens  d'admission  de  l'Ecole  Mathieu  de  Dombasle.  — 
L'Ecole  nati  onale  de  bergers  de  Bambouillet  —  Création  d'une  école  de  bergers  en  Algérie.  — 
Son  programme.  —  Pommes  de  terre  et  blés  pour  semences.  —  Lettres  de  M.  Louis  Léouzon 
de  M.  Decrombecque.  —  Le  ph\lloxera.  —  Mo  lifications  consenties  à  la  Convention  internatio- 
nale de  Berne.  —  Lettre  de  M.  Tirard.  —  Annonce  d'une  nouvelle  panacée.  —  Le  phylloxéra  en 
Corse.  — Concours  départemeiital  dans  la  Haute-Loire.  —  Attribution  de  primes  culturales.  — 
Programme  de  concours  spéciaux  en  Sologne. 

I.  —  La  dernière  récolle. 

Diverses  réunions  commerciales  viennent  d'avoir  lieu,  ainsi  qu'il 
advient  tous  les  ans  à  l'automne.  Il  s'en  est  tenu  notamment  une  le 
27  septembre,  à  Lyon  :  c'était  l'Est  de  la  France  qui  s'y  trouvait  sur- 
tout représenté.  On  y  est  arrivé  sous  le  coup  de  l'impression  de 
déception  causée  par  les  battages.  Il  est  incontestable  que,  dans  la 
plupart  des  départements  de  l'Est,  le  rendement  en  grains  des  gerbes 
est  assez  faible  et  que  quelques-uns  des  départements  qui  avaient  été 
signalés  comme  ayant  une  récolte  bonne  ou  assez  bonne,  n'en  ont,  en 
fait,  qu'une  médiocre.  iMais  faut-il  en  conclure,  comme  quelques 
journaux  commerciaux  le  font,  que  la  récolte  de  1 880  est  inférieure 
à  celle  de  1 879  ?  C'est  aller  beaucoup  trop  loin,  c'est  généraliser  trop 
vite  un  fait  particulier  à  une  région.  Il  faut  se  méfier  de  toute  spécu- 
lation commerciale  qui  pourrait  avoir  en  vue  de  provoquer  une 
importation  considérable,  sous  le  coup  d'une  hausse  qui  ne;  se  main- 
tiendrait pas,  une  fois  que  le  tour  aurait  été  joué.  Ce  qui  est  certain, 
c'est  que  la  situation,  dans  les  départements  de  l'Est,  n'est  pas  boane 
à  cause  de  la  dépréciation  que  le  bétail  a  subie  en  présence  de  la 
mauvaise  récolle  fourragère.  On  a  vendu  et  on  vend  encore  son  bétail 
à  de  mauvais  cours,  parce  qu'on  n'a  pas  pu  emmagasiner  de  nourriture 
en  quantité  suffisante  pour  passer  l'hiver.  Il  y  aura  plus  tard  une 
réaction;  les  agriculteurs  seront  forcés  de  racheter  à  des  prix  élevés 
pour  remonter  leurs  étables.  Ceux-là  seuls  qui  ont  eu  de  la  prévision, 
qui  ont  pris  soin,  en  voyant  l'herbe  manquer,  de  préparer  d'autres 
récoltes  fourragères,  du  maïs  en  vert  par  exemple  ou  des  racines,  se 
trouveront  dans  une  bonne  situation.  Désormais  il  en  sera  toujours 
ainsi.  L'agriculture  ne  peut  plus  se  faire  avec  des  assolements  fixes  et 
réguliers;   il  faut  varier   incessamment    suivant    les    circonstances. 

N"  599.  —  Tome  IV  de  1880.  —  2  Octobre. 


6  CHRONIQUE  AGRICOLE   (2  OCTOBRE    1880). 

L'esprit  de  l'agriculteur  doit  désormais  être  toujours  en  éveil  ;  c'est  à 
cette  condition  seule  que  la  prospérité  peut  être  maintenue,  alors  que 
les  voies  de  communications  rapides  ont  changé  les  anciennes  condi- 
tions des  marchés, 

IL  —  Les  vendanges. 

Les  vendanges  sont  en  pleine  activité  dans  le  Midi,  et  on  commence 
à  les  faire  dans  le  Centre.  On  peut  dire  dès  maintenant  que,  si  l'on  a 
plus  de  vin  que  l'an  dernier,  ce  ne  sera  pas  cependant  une  bonne 
année  que  1880,  surtout  en  ce  qui  concerne  la  quantité.  La  gelée  et  la 
coulure  ont  fait  beaucoup  de  mal  dans  un  grand  nombre  de  localités, 
sans  compler  que  le  phylloxéra  a  continué  ses  ravages.  En  général, 
dans  tous  les  vignobles  situés  au  dessus  d'une  ligne  passant  par  Lyon, 
Clerraont-Ferrand,  Agen  et  Mont-de-Marsan,  on  a  peu  de  vin;  au-des- 
sous, au  contraire,  surtout  dans  certaines  parties,  notamment  dans  le 
Languedoc,  on  aura  une  assez  grande  abondance. 

La  qualité  sera  certainement  bonne  si  le  temps  de  la  cueillette  est 
favorable.  Aussi  le  sucrage  à  la  cuve  ne  paraît  pas  devoir  être  employé, 
si  ce  n'est  pour  les  piquettes,  dont  on  cherchera  certainement  à  aug- 
menter la  richesse  alcoolique.  Comme  l'an  dernier,  on  fabriquera 
beaucoup  de  vin  ;  l'importation  des  raisins  secs  continue  à  se  faire 
sur  une  grande  échelle,  ce  qui  ne  peut  s'expliquer  que  par  l'emploi 
considérable  qu'on  en  fait  dans  la  préparation  des  vins  commerciaux. 

IIL  —  Le  'plâtrage  des  vins. 

L'émotion  produite  par  la  circulaire  aux  procureurs  généraux,  rela- 
tive au  plâtrage  des  vins,  circulaire  que  nous  avons  publiée  dans  notre 
numéro  du  28  août,  persiste  toujours  dans  le  commerce  et  dans  quel- 
ques contrées  viticoles,  ainsi  que  nous  le  disions  dans  notre  dernier 
numéro.  Ace  sujet,  M.  Cazot,  ministre  de  la  justice,  vient  d'adresser 
à  M.  Lisbonne,  député  de  l'Hérault,  la  lettre  suivante  qui  indique  que 
de  nouvelles  instructions  ont  été  transmises  aux  parquets  : 

Paris,  21  septembre. 

«  Monsieur  le  député,  vous  avez  bien  voulu,  par  votre  lettre  du  16  septembre, 
appeler  mon  attention  sur  la  situation  des  viticulteurs  de  votre  département  en  ce 
qui  concerne  l'exécution  de  ma  dernière  circulaire  sur  les  vins  plâtrés. 

«  M.  le  piéfet  de  l'Hérault  me  transmet  un  vœu  du  conseil  général  de  ce  dépar- 
tement, tendant  à  ce  que  l'administration  indique  aux  cultivateurs,  pour  la  prépa- 
ration de  la  prochaine  vendange,  la  quantité  de  plâtre  qui  pourrait  être  jetée  sur 
le  raisin  sans  que  la  proporli  n  de  2  grammes  de  sulfate  de  potasse  par  litre  de 
vin,  fixée  par  le  comité  d'hygiène,  puisse  être  dépassée,  et  il  demande  si  les  culti- 
vateurs qui  suivraient,  à  défaut  de  cette  indication,  les  anciens  errements  pour  la 
préparation  de  leur  vin,  peuvent  être  exposés  à  des  poursuites  exercées  en  vertu 
de  ma  circulaire  du  27  juillet  1880. 

ce  J  ignore  si  la  question  que  pose  le  conseil  général  de  l'Hérault  peut  être 
résolue  théoriquement  d'une  manière  satisfaisante.  Je  ne  méconnais  pas  toutefois 
l'intérêt  légitime  que  les  cultivateurs,  désireux  de  se  conformer  aux  prescriptions 
du  comité  d'hygiène,  y  attachent,  et  je  m'empresse  de  la  soumettre  à  M.  le  ministre 
de  l'agriculture  et  du  commerce,  de  qui  elle  relève. 

«  Mais,  en  ce  qui  me  concerne  j'ai  déjà  adressé  aux  procureurs  généraux  des 
instructions  tendant  à  la  suppression  provisoire  de  toute  exécution  de  ma  circulaire, 
et  les  ai  renouvelées  pour  prévenir  toute  équivoque  à  la  suite  de  la  communica- 
tion de  M.  le  préfet  de  l'Hérault. 

«  J'invite  de  nouveau  le  ministère  pubhc  à  suspendre  entièrement,  quant  à 
présent,  l'exécution  de  la  circulaire  précitée,  conformément  à  mes  dernières 
instructions,  et  les  cultivateurs  n'auront  point  à  redouter  son  intervention  quant  à 


CHRONIQUE  AGRIGOuE  ^2  OGTOBKE    i8a0).  7 

la  préparation  de  la  nouvelle  vendange,  to  ites  choses  devant,  dans  ma  pensée, 
demeurer  en  l'état  jusqu'à  la  solution  définitive  des  questions  nouvelles  que 
soulevé  la  situation  créée  à  la  production  et  au  commerce  par  la  tolérance  qui  leur 
avait  été  accordée  par  la  première  circulaire  du  21  juillet  1858. 

«  Agréez,  etc.,  J.  Gazot. 

L'ajournemont  de  toute  mesura  coercitive  contre  le  plâtrage  des 
vins  nous  paraît  tout  à  fait  sage.  En  ettet,  il  est  absolument  impos- 
sible à  un  propriétaire  qui  ajoute  du  plâtre  dans  sa  vendange  au  mo- 
ment de  faire  son  vin,  de  prévoir  la  quantité  de  sulfate  de  potasse  qui 
sera  introduite  par  l'opération,  dans  le  vin  sortant  de  la  cuve  ou  du 
pressoir.  On  ne  peut  donc  pas  fonder  la  répression  d'un  délit  sur  un 
résultat  de  quantité  lorsque  l'opérateur  est  dans  l'impossibilité  absolue 
de  le  prévoir.  Dès  que  le  plâtrage  est  autorisé  en  principe,  il  ne  peut 
pas  être  poursuivi  en  raison  du  dosage  du  sulfate  de  potasse  dont  il 
détermine  la  présence  dans  le  vin.  Que  les  administrations  publiques, 
l'administration  delà  guerre,  celles  des  hôpitaux,  etc.,  mtroduisent 
dans  leurs  cahiers  des  charges,  lorsqu'elles  mettent  en  adjudication 
les  achats  des  vins  dont  elles  ont  besoin,  que  les  vendeurs  ne  devront 
pas  fournir  des  vins  ayant  plus  de  2  pour  100  de  sulfate  de  potasse, 
cela  est  parfj.iitement  légitime,  parce  que  le  vin  est  alors  tout  fabriqué 
et  peut  être  analysé.  Gela  est  aussi  juste  que  de  prescrire  une  certaine 
richesse  en  alcool.  Mais  on  ne  peut  pas  aller  plus  loin  et  ériger  en  délit 
un  fait  qui  ne  dépend  pas  du  délinquant.  Dès  que  le  plâtrage  est  per- 
mis, il  faut  le  laisser  se  faire  avec  toutes  les  conséquences  qu  il  com- 
porte. Il  y  a  de  bien  longues  années  que  nous  avons  émis  cette  opinion 
dans  des  rapports  officiels  et  dans  divers  articles.  Comme  il  nous  paraît 
impossible  de  défendre  le  plâtrage  parce  que  ce  serait  porter  un  coup 
funeste  à  une  partie  de  notre  viticulture  et  de  notre  commerce  des  vins, 
comme  d'ailleurs  ce  n'est  pas  une  opération  qui,  à  coup  sûr,  soit  tou- 
jours dangereuse  pour  la  santé  publiijue,  nous  n'allons  pas  jusqu'à 
en  demander  la  proscription.  Mais  nous  estimons  que  l'étiquette  de 
vin  plâtré  devrait  être  imposée  à  tout  vin  qui  aurait  subi  l'opération 
du  plâtrage,  de  manière  à  introduire  un  dosage  de  sulfate  de  potasse 
déterminé  et  que  l'analyse  pourrait  toujours  constater.  Le  délit  ne  naî- 
■  trait  que  du  moment  où  le  vendeur  livrerait  le  vin,  en  cachant  à  la- 
cheteur  la  véritable  nature  du  liquide. 

IV.  —  Les  égouls  et  les  'matières  fécales. 

Les  agriculteurs  savent  que  des  plaintes  très  vives  contre  les  mau- 
vaises odeurs  qui  sortent  des  égouts  ec  des  usines  oi^i  sont  traitées  les 
matières  fécales  autour  de  Paris,  sont  chaque  jour  émises  par  les  ha- 
bitants de  plusieurs  quartiers  de  la  capitale.  L'émotion  publique  est 
devenue  générale  depuis  que,  le  25  septembre,  quatre  ouvriers  ont  été 
retirés  morts  d'un  égout  du  boulevard  Rochechouart  qu'ils  étaieat  char- 
gés de  curer.  Il  y  a  là  des  faits  d'une  hautj  importance  pour  la  santé 
publique  et  pour  l'agriculture.  Il  nous  paraît  nécessaire  d'en  faire  la 
distinction. 

Les  égouts,  dans  l'origine,  ont  été  destinés  à  enlever  les  immondices 
liquides  et  les  eaux  pluviales  des  voies  publiqLies.  Depuis  quelques 
années,  on  a  voulu  étendre  leur  destination  et  les  charger  d'enlever 
aussi  d'abord  les  matières  liquides,  puis  môme  les  matières  solides  des 
fosses  d'aisance.  Enfm,  il  est  même  arrivé,  cet  hiver,  qu'on  y  a  jeté 
au  moment  des  neiges  qui  ont  encombré  les  rues,  toutes  les   immon- 


8  CHRONIQUE  AGRICOLE  (2  OCTOBRE  1880]. 

dices  imaginables.  On  avait  pensé  que  des  lavages  avec  des  quantités 
suffisantes  d'eau  enlèveraient  tout  inconvénient  à  ces  opérations.  Si  les 
quantités  de  liquides  sortant  des  égouls  selrouvaientchaque  jour  plus 
considérables,  et  étaient,  en  outre,  tellement  nauséabondes  qu'il  était 
impossible  de  continuer  à  les  dévei-ser  dans  la  Seine,  on  avait  le  pro- 
jet de  les  répandre  en  irrigation,  non  seulement  dans  la  plaine  de 
Gennevilliers,  mais  encore  sur  de  vastes  terrains  de  Saint-Germain  et  des 
communes  voisines.  D'un  autre  côté,  la  fabrication  du  sulfate  d'am- 
moniaque avec  les  urines  et  en  général  les  matières  des  vidanges  des 
fosses,  est  devenue  une  industrie  très  florissante  depuis  que  l'agricul- 
ture se  sert  avec  profit  de  ce  sel  et  l'achète  à  des  cours  qui  atteignent 
et  dépassent  même  50  fr.  par  100  kilog.  U  n'y  a  pas  d'autre  source 
de  sulfate  d'ammoniaque  que  les  eaux  ammoniacales  des  usines  à  gaz 
et  les  liquides  des  fosses  d'aisance.  Par  conséquent,  l'usage  de  plus  en 
plus  habituel  que  l'agriculture  en  fait,  en  rendant  la  demande  du 
produit  plus  fréquente,  multiplie  l'établissement  des  usines  qui  peuvent 
se  procurer  la  matière  première.  De  là,  les  dépotoirs  et  les  fabriques 
de  sulfate  d'ammoniaque  qui  se  sont  établis  à  Billancourt,  à  Nan- 
terre,  à  Choisy-le-Roy,  dans  la  plaine  de  Saint  Denis,  à  Maisons- 
Alfort,  etc.  Ces  usines  ont  été  autorisées  comme  n'étant  pas  suffisam- 
ment insalubres.  Il  faut  convenir  que,  pour  la  plupart,  elles  sont  d'un 
voisinage  peu  agréable,  si  ce  n'est  t'angereux.  Naturellement  leurs 
directeurs  soutiennent  qu'elles  sont  absolument  inoffensives. 

Une  autre  cause  avait  été  encore  attribuée  aux  mauvaises  odeurs 
dont  se  plaint  Paris.  On  sait  que  le  sous- sol  de  la  capitale  est  noi- 
râtre dans  les  rues,  et  particulièrement  autour  des  tuyaux  qui  con- 
duisent ie  gaz.  M.  Chevreul,  il  y  a  de  longues  années,  a  expliqué 
comment  une  terre  contenant  du  sulfate  de  chaux,  produit,  en  pré- 
sence des  matières  organiques,  du  sulfure  de  calcium.  M.  Henri 
Sainte-Claire  Deville  vient,  devant  l'Académie  des  sciences,  de  re- 
prendre la  question,  et  il  conclut  de  ses  recherches  et  de  ses  obser 
vations,  à  l'innocuité  des  odeurs  provenant  de  la  terre  noire  placée 
au-dessous  des  pavés,  à  cause  des  produits  empyreumatiques  et  anti- 
septiques qu'y  apporte  constamment  le  gaz  d'éclairage. 

Il  est  évident  que  les  égouts  et  les  conduites  de  gaz  sont  indispen- 
sables à  la  vie  d'une  grande  ville.  lis  ne  peuvent  pas  avoir  été  plus 
nuisibles  en  1880  que  les  années  précédentes,  à  moins  qu'il  n'y  ait 
eu  des  abus.  Rien  n'a  été  changé  au  sous-sol  des  rues  de  Paris  ;  il 
faut  laisser  cette  question  de  côté.  Pour  ce  qui  concerne  les  égouts, 
nous  croyons  qu'on  a  commis  une  grande  faute  le  jour  où  l'on  a  auto- 
risé d'y  déverser  des  matières  fécales  directement  des  maisons,  à  la 
condition,  il  est  vrai,  d'un  grand  épandage  d'eau.  En  effet,  dans  les 
matières  fécales,  à  certaines  époques  d'invasion  de  maladies  conta- 
gieuses, il  peut  se  trouver  les  germes  mêmes  de  ces  maladies,  ainsi 
que  cela  paraît  bien  constaté  en  ce  qui  concerne  le  choléra.  Nous 
avons  toujours  été  partisan  de  la  conservation  des  fosses  d'aisance 
dans  les  habitations,  et  dans  la  prescription  de  leur  étanchéité  ab- 
solue, comme  l'a  demandé  M.  Chevreul.  Les  égouts  doivent  être  ré- 
servés exclusivement  pour  l'écoulement  des  eaux  pluviales  ménagères 
et  le  lavage  des  rues.  Même  dans  ces  conditions,  elles  ne  doivent  pas 
être  déversées  dans  les  cours  d'eau  publics.  Dès  1857,  nous  avons 
écrit  sur  ce  sujet  une  lettre  à  M.  deMonny  de  Mornay,  alors  directeur 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (2   OCTOBRE   1880).  9 

de  l'agriculture  et  qui  était  notre  confrère  à  la  Société  d'agriculture. 
Nous  appelions  son  attention  sur  la  convenance  qu'il  y  aurait  à  pro- 
longer 1  egout  collecteur  jusque  tout  auprès  de  l'Océan  dans  les  vastes 
espaces  à  peu  près  incultes  que  laisse  la  Seine  dans  un  de  ses  der- 
niers détours,  avant  d'arriver  à  Quiliebœuf.  11  y  a  là  des  milliers 
d'hectares  qui  pourraient  être  transformés  en  terres  riches  par  les 
irrigations  avec  les  eaux  d'égout;  lorsqut;  ces  dernières  seraient  en 
trop  grande  quantité,  la  mer  recevrait  l'excès.  D'un  autre  côté,  ce 
serait  aussi  vers  ce  rivage  que  l'on  pourrait  diriger  toutes  les  vidanges 
des  fosses  d'aisance,  et  en  établissant  dans  cette  contrée  isolée  des 
fabriques  de  sulfate  d'ammoniaque  et  autres  engrais  provenant  des 
urines  et  des  matières  fécales.  La  distance  à  Paris  est  de  50  lieues, 
il  est  vrai,  et  la  ditîerence  de  niveau  n'est  que  de  2G  mètres,  soit, 
13  cent-millièmes  par  mètre,  ce  qui  est  faible.  Il  faudrait  doncfaire  des 
chasses  par  machines,  ou  établir  à  bon  marché  une  voie  lerrée  pour 
les  fosses  des  vidanges. 

Il  m'a  été  objecté  alors  que  l'exécution  de  ce  projet  coûterait  trop 
cher,  il  a  été  enfoui  et  rejeté  au  fond  des  cartons.  Je  reste  néan- 
moins convaicu  qu'on  y  arrivera,  parce  que,  après  tout,  la  dépense 
ne  dépasserait  pas  une  cinquantaine  de  millions  et  que  certainement 
on  proiiiguera  chaque  année  plusieurs  millions  pour  des  solutions 
qui  ne  donneront  satisfaction  à  personne.  En  Angleterre,  la  question 
des  égouts  de  Londres  a  cessé  d'agiter  l'opinion  publique,  depuis  que 
l'égout  collecteur  a  été  prolongé  vers  la  mer.  Quoiqu'on  fasse,  il  en 
sera  de  même  en  France  pour  les  égouts  de  Paris.  Si  l'on  veut  une 
véritable  salubrité,  il  faut  prendre  les  moyens  de  l'obtenir.  Jusqu'à 
présent  on  n'a  eu  recours  qu'à  des  palliatifs.  Lorsque  la  population  de 
Paris  passera  de  2  millions  à  3  et  4  millions,  comme  c'est  arrivé 
pour  Londres,  le  danger  des  émanations  pestilentielles  sera  tellement 
considérable  qu'il  fauiira  bien  chercher  une  solution  radicale,  à  moins 
que  la  grande  ville  n'ait  été  auparavant  dépeuplée  par  quelque  peste 
qu'elle  aura  engendrée  elle-même,  par  suite  du  manque  d'énergie  de 
la  part  des  pouvoirs  publics. 

Y.  —  Expériences  de  batteuses  à  Joinvilk-k-Pont, 

D'intéressants  essais  de  machines  à  battre  se  font  actuellement  par 
les  soins  d'une  commission  de  la  Société  des  agriculteurs,  à  la  ferme 
de  la  Faisanderie,  près  de Joinville-le-Pont.  Pour  la  première  fois,  on 
essaie  ces  sortes  de  machines  au  moyen  du  dynamomètre,  afin  de  se 
rendre  bien  compte  de  la  dépense  de  force  nécessaire  pour  les  opéra- 
tions de  battage  et  de  nettoyage  du  grain. 

Les  machines  qui  concourent  pour  ces  essais  sont  seulement  au 
nombre  de  six,  savoir  :  deux  machines  anglaises  de  Garrett,  amenées 
par  iM.  Pilter;  deux  machines  Marshall,  envoyées  par  M.  Waite  Bur 
nell;  une  machine  américaine,  amenée  par  M.  Aultmann,  et  enfin 
une  mac'iine  française  de  M.  Pécard,  de  Nevers.  —  Les  expériences 
ont  commencé  le  23  septembre;  elles  vont  durer  jusqu'au  V  octobre. 
Elles  présentent  un  véritable  intérêt.  Nous  engaoeons  les  agriculteurs 
a  aller  les  voir  entre  une  heure  et  quatre  heures  de  l'après-miili. 

Les  machines  qui  fonctionnent  sont  à  grand  travail,  et  présentent 
des  dispositions  remarquables.  Ces  essais  sont  instructifs,  et  pour  les 
constructeurs,  et  pour  les  agriculteurs. 


10  CHRONIQUE  AGRICOLE   (2   OCTOBRE   1880), 

VI.  —  École  cVagricullure  Mathieu  de  Dombasle. 

Les  examens  d'admission  et  le  concours  pour  les  bourses  pour 
l'Ecole  d'ngriciilture  Malliieu  de  Dombasle  ont  eu  lieu  le  ^2  septembre 
au  sièiie  de  l'Ecole,  sous  la  ])rési(lence  de  M.  Boitel,  inspecteur  général 
de  l'agriculture.  Huit  candidats  étaient  inscrits  :  l'un  d'eux,  pourvu 
d'un  des  diplômes  qui  dispensent  d'examen,  n'a  eu  à  subir  aucune 
épreuve.  Des  sept  autres  candidats,  six  ont  été  admis.  L'Ecole  Mathieu 
de  Dombasle  est  autorisée  par  M.  le  ministre  de  l'agriculture  à  admettre 
jus(ju'au  1"  novembi^e  les  candidats  qui  se  prése  itéraient  et  satisfe- 
raient au  programme  d'admission.  Trois  demi-bourses  pouiTaient  être 
accordées  à  ces  candidats.  La  rentrée  de  l'Ecole  est  fixée  au  3  octobre; 
les  cours  commenceront  le  4  octobre. 

VIL  —  Ecole  de  bergers  de  R  iml oïdllet. 

La  sixième  promotion  d'élèves-bergers  doit  quitter  l'Ecole  natio- 
nale de  Rambouillet  à  la  fin  du  mois.  Les  jeunes  gens  qui  en  sortent 
sont  tous  les  ans  de  plus  en  plus  demandés.  Les  agriculteurs  qui 
pourraient  avoir  besoin  d'un  berger  feront  donc  bien  d'adresser  le 
plus  tôt  possible  leur  demande  à  M.  J.  Letevre,  directeur  de  l'Ecole, 
à  Rambouillet. 

VIII.  —  Création  d\me  école  de  bergers  en  Algérie. 

A  diverses  reprises,  il  a  été  question  du  projet  de  création,  par 
Tadministration  de  l'agriculture,  d'une  école  de  bergers  en  Algérie. 
Le  Jo  mal  officiel  publie  un  arrêté  du  ministre  de  l'agriculture,  en 
date  du  *24  septembre,  relatif  au  règlement  d'une  école  de  bergers 
créée  à  la  bergerie  nationale  de  Moudjebeur.  Cette  école  a  pour  but  de 
former  des  bergers  expérimentés  pour  l'Algérie.  L'enseignement  y  est 
gratuit  et  la  durée  de  l'apprentissage  est  de  trois  ans.  Les  élèves- 
apprentis  y  apprennent  toutes  les  opérations  relatives  à  la  conduite  et 
à  la  reproduction  des  troupeaux  de  bêtes  à  laine,  ainsi  qu'à  la  créa- 
tion et  à  Tentretien.  des  cultures  en  vue  d'assurer  leur  alimentation 
en  toute  saison  ;  ils  prennent  part  en  même  temps  à  tous  les  travaux 
de  la  grande  culture  dans  la  région.  Le  nombre  des  élèves  à  admettre 
chaque  année  est  fixé  à  vingt-cinq  Les  apprentis  peuvent  être  Euro- 
péens ou  indigènes;  pour  être  admis,  ils  doivent  être  âgés  de  quatorze 
ans  au  moins,  et  se  présenter,  avant  le  15  octobre,  à  la  direction  de 
l'établissement,  ou  se  faire  inscrire,  avant  cette  date,  aux  préfectures, 
sous-préfectures,  mairies,  bureaux  de  cercles  ou  d'annexés  de  l'Algé- 
rie. L'année  scolaire  commencera  le  1^''  novembre;  les  élèves-appren- 
tis qui  ne  seront  pas  arrivés  à  cette  date  à  l'école  seront  considérés 
comme  ayant  renoncé  au  bénéfice  de  leur  admission,  sauf  le  cas  d'ex- 
cuses légitimes. 

IX.  —  Pommes  de  terre  pour  semences. 

Un  de  nos  collaborateurs,  M.  Louis  Léouzon,  nous  adresse  la  lettre 
suivante,  en  nous  priant  de  la  publier  : 

«  Mon  cher  directeur,  voulez-vous  avoir  la  bonté  d'annoncer  dans  votre  pro- 
chaine chroni  me  agricole  du  Journal,  de  l' Aqri.caUa  x  ({ue  je  dispose  d'une  quan- 
tité assez  importante  des  deux  variétés  de  pommes  de  terre  :  Van  der  Vi^er, 
d  Hit  la  production  est  énorme  et  que  le  catalogue  Vilmorin  considère  même 
comme  la  plus  productive. 

ce  Reine-Blanche,  dont  j'ai  parlé  jadis  dans  ce  Journal^  l^^^  je  cultive  toujours 
avec  satisfaction,  car  c'est  une  excellente  et  délicieuse  variété. 


■  CHRONIQUE  AGRICOLE  (2  OCTOBRE    1880]-  11 

«  Les    prix  sont,  rendues  en  gare  de   Loriol,  sacs   perdus,   les  100  kilog.  : 

«  Van  der  Veer.     ...     20  fr. 
c<  Reine-Blanche.     .     .     .     15  — 

«  La  différence  de  prix  est  due  à  ce  que  la  Van  der  Veer  est  une  haute  et  pré- 
cieuse nouveauté. 

«  Prière  de  faire  les  commandes  dans  le  plus  bref  de'lai,  afin  de  pouvoir  expé- 
dier avant  les  froids. 

«  Agréez,  etc.  «  Louis  Léouzon, 

t  Propriétaire-agriculteur  à  La  Poule,  près  Loriol  (Drôme\  •> 

D'un  autre  côté,  nous  recevons  de  .M.  G.  Decronibecque,  la  lettre 
suivante  : 

Len^,  le  27  septembre,  I88^î 
«  Les  nombreuses  demandes  de  semences  de  blés  anglais  qui  me  sont  adre^sf'e^ 

me  prouvent    que    les  personnes  à  qui  j'en  ai  envoyé   l'an  dernier  ont  été   satis- 

l'aites. 

«  Je  vou<  prie  de  dire  aux  lecteurs  de  votre  Journal  que  je  puis  encore  mettre  à 

leur  disposition  des  semences  de  : 

Blé  Prince  Albert  I  -r.,        •.        ii    i  i 

-r,    1    1  •  >  Blanc  a  paille  blanc. 

—  Berkshire         )  ^ 

—  Victoria  Roux  à  paille  blanche. 

«  Recevez,  etc.  «  Gr.  Decrombecque, 

«  à  Lens  (Pas-4e-Gaiais.)  » 

Nous  sommes  toujours  heureux  de  faire  connaître  les  nouvelles 
variétés  de  plantes  qu'il  peut  être  utile  de  propager;  nous  répondrons 
toujours  à  toutes  les  demandes  qui  nous  seront  faites  a  cet  égard. 

X.  —  Le  phylloxéra. 

A  diverses  reprises,  nous  avons  fait  connaître  les  réclamations 
faites  par  les  horticulteurs  relativement  à  la  convention  internationale 
de  Berne.  On  lira  certainement  avec  intérêt  la  lettre  que  M,  le  ministre 
de  l'agriculture  vient  d'adresser  sur  ce  sujet  à  M.  de  Maillé,  député  : 

«  Le  25  septembre  1880. 

«  Monsieur  le  député  et  cher  collègue,  vous  m'avez  exprimé  le  désir  de  connaître, 
dès  qu'elles  auraient  été  prises,  les  mesures  adoptées  par  les  Etats  contractants  à 
la  convention  internationale  de  Berne,  relativement  aux  réclamations  des  horticul- 
teurs pépiniéristes  pour  les  expoi talions  de  plants  et  arbustes. 

«  Je  m'empresse  de  vous  fau-e  savoir  que  le  C.onseil  fédéral  de  Berne  a  admis 
que  les  plants  et  arbustes  des  pépinières  seraient  autorisés  à  pénétrer  en  Suisse  à 
cocditi' m  que  les  envois  soient  accompagnés  d'un  certificat  de  l'autorité  du  pays 
d'origine  attestant  : 

«  l"  Qu'ils  proviennent  d'un  territoire  réputé  préservé  de  l'invasion  phylloxérique 
et  figurant  comme  tel  sur  la  carte  spéciale  étabhe  et  tenue  à  jour  par  les  Etats 
respectifs; 

«  2°  Qu'ils  n'y  ont  pas  été  récemment  importés; 

«  3»  Que  l'établissement  d'où  ils  provieunent  ne  possède  pas  de  vignes,  n'en  fait 
pas  le  commerce  et  ne  se  trouve  pas  dans  le  voisinage  immédiat  d'une  plantation 
de  vigne  quelconque. 

«  Le  gouvernement  portugais  et  le  Luxembourg  ont  adhéré  à  la  proposition  de 
la  Suisse. 

a  Quant  aux  autres  Etats  contractants,  l'un  deux,  le  gouvernement  allemani,  a 
proposé  de  laisser  à  chaque  puissance  la  liberté  d'accorder  telles  facilités  ([ui  seraient 
à  sa  convenance;  l'autre,  l'Autriche-Honçîrie,   n'a   pas  lait   connaître  les  mesures 

'•1  •        1'       1  O  '  l 

qu  il  se  proposait  d  adopter. 

«  Je  retijrette,  monsieur  le  député  et  cher  collègue,  que  les  mesures  plus  libérales 
que  le  gouvernement  français  avait  proposées  n'aient  pas  été  accueiUies  dans  leur 
ensemble.  J'espère,  toutefois,  que  nos  pépiniéristes  trouveront  d»^à  que  les  conces- 
sions consenties  par  la  Suisse,  le  Portugal  et  le  LuxemJ)ourg,  offrent  plus  de  faci- 
lités pour  leurs  expéditions.  Je  ne  perdrai  d'ailleurs  pas  de  vue  les  intérêts 
engagés  et  je  saisirais  avec  empressement  toutes  les  occasions  d'obtenir  pour  nos 


12  CHRONIQUE  AGRICOLE  (2   OCTOBRE  1880). 

horticulteurs  de  nouvelles  facilités  à  l'exercice  de  leurs  importantes  transactions. 
«  Recevez,  etc.  «  Le  mmistre  de  l'agriculture  et  du  commerce^ 

«    P.    TlRARD.    » 

On  fait  beaucoup  de  bruit  depuis  quelques  jours,  sur  des  résultats 
obtenus  par  un  nouveau  procède  de  lutte  contre  le  phylloxéra.  Ce  pro- 
cédé, dû  àJM.  Prouvère,  consisterait  à  arroser  les  vignes  françaises  il  vec 
une  solution  de  résine,  en  vue  de  donner  à  leurs  racines  la  force  de 
résistance  au  pbylloxera  que  possèdent  les  vignes  américaines.  On 
aflirnie  que  des  expériences  faites  à  Mancey  (Saône-et-Loire)  auraient 
prouvé  la  valeur  de  ce  procédé.  Nous  attendrons  des  explications  plus 
complètes  et  plus  précises,  et  nous  les  ferons  connaître  à  nos  lecteurs. 
Les  viticulteurs  ont  été  tant  de  fois  trompés  par  l'annonce  de  panacées 
infaillibles,  qu'ils  doivent  aujourd'hui  se  montrer  défiants. 

Dans  une  conférence  qu'il  vient  de  faire  à  Ajaccio,  M.  Catta,  délégué 
régional  a  insisié  sur  les  avantages  qu'il  y  aurait  pour  la  Corse  à  détruire 
complèlement  les  foyers  phylloxériques  que  renferme  cette  île.  Il  est 
certain  que,  ces  foyers  une  fois  détruits,  on  pourrait,  en  toute  sécurité, 
étendre  la  culture  de  la  vigne  sur  une  grande  quantitéde  terres  qui  sont 
éminemment  favorables  à  celte  production. 

XL  —  Concours  départemental  de  la  Haute-Loire. 

Le  concours  départemental  agricole  de  la  Haute-Loire  a  eu  lieu  à 
Yssingeaux  le  19  septembre.  11  comprenait  des  expositions  d'animaux 
reproducteurs  des  espèces  chevaline,  bovine,  ovine  et  porcine,  et  de 
produits  agricoles  de  tous  genres.  C'est  la  section  consacrée  aux  che- 
vaux qui  comprenait,  soit  pour  les  étalons,  soit  pour  les  juments,  les 
individus  les  plus  remarquables.  L'exposition  horticole  était  égale- 
ment remarquable.  Quant  à  l'exposition  des  races  bovines  et  porcines, 
elle  a  donné  la  preuve  que  la  plupart  des  ai^riculteurs  du  pays  ont 
encore  beaucoup  à  faire  pour  améliorer  leur  bétail.  Parmi  les  concur- 
rents en  présence  pour  les  prix  d'honneur  attribués  aux  meilleures 
exploitations  de  l'arrondissement  d  Yssingeaux,  M.VL  Liogier  Bruno, 
(]' Yssingeaux,  et  Boudarel,  de  Saint-Komain-Lachalm,  ont  obtenu  les 
doux  premières  primes. 

XIL  —  Concours  spéciaux  en  Sologne. 

Le  Comice  de  Lamotte-Beuvron  (Loir-et-Cher),  tiendra  le  10  octobre 
un  concours  spécial  pour  la  race  bovine.  «  Les  gelées  de  décembre, 
nous  écrit  M.  Gaugiran,  ont  enlevé  à  notre  contrée  de  nombreux  mil- 
lions dans  ses  forêts.  Ceux  qui  l'aiinent  et  ont,  comme  l'ancien  vice- 
président  du  Comité  central  agricole,  et  comme  nous,  pour  devise  : 
R'  g'iiération  et  prospérité  de  la  Solonne,  voudront  nous  aider  à  les  re- 
conquérir en  donnant  plus  que  jamais  de  l'importance  à  nos  comices,  a 
Seront  décernés  à  ce  concours  :  au  nom  du  Comité  c  ntral  agricole  de 
la  Sologne,  pour  le  meilleur  taureau,  une  médaille  offerte  aux  éleveurs 
de  toute  la  Sologne;  au  nom  du  ministre,  un  grand  prix  pour  bonne 
tenue  de  vacheries;  au  nom  de  la  commune  de  Lamotte-Beauvron, 
un  prix  pourviande  abattue;  au  nom  du  Comice,  des  prix  pour  chau- 
lage;  taureaux,  vaches  et  élèves;  construction  de  vacheries;  bonne 
fabrication  de  beurre  ;  bons  services  de  vachers  et  vachères  ;  exposition 
de  produits  de  cultures  fourragères,  de  machines,  outils  et  instru- 
ments spéciaux  aux  vacheries  et  laiteries.  J.-A.  Buiral. 


LES   VRAIS  ET  LES  FAUX   DORHAMS.  13 

LES  VRAIS  ET  LES  FAUX  DURHAMS 

LEUR  VALEUR  RESPECTIVE 

Lorsque,  dans  i'un  de  mes  derniers  articles  sur  la  race  Durhain, 
j'ai  affirmé  qu'il  n'existe  point  en  France  un  seul  vrai  durham,  ni  à 
Gorbon,  ni  dans  aucune  étable  particulière,  j'appréhende  que  bon 
nombre  d'éleveurs  se  sont  dit  que  je  voulais  trop  prouver,  et  que  mon 
argument  reposait  sur  des  propositions  exagérées.  Je  viens  aujour- 
d'hui répéter,  avec  preuves  à  l'appui,  qu'en  dehors  des  familles  dont 
la  filiation  est  bien  authentiquement  établie  par  des  pedigrees  remon- 
tant sans  mélange  de  sang  aux  souches  que  j'ai  fait  connaître,  il  n'y  a 
pas  de  durhams  véritablement  purs,  quelle  que  soit  d'ailleurs  la  lon- 
gueur de  leurs  généalogies.  Ces  généalogies,  qu'on  trouve  dans  le 
Herd-book,  ne  prouvent  qu'une  chose,  c'est  qu'une  vache  est  fille  de 
sa  mère.  jMais  si  cette  inscription  suffisait  pour  établir  la  pureté  de 
sang  d'un  animal,  il  n'y  a  point  de  variété  de  l'espèce  bovine,  dans 
tous  les  pays  du  monde,  qui  ne  soit  capable  d'aligner  de  nombreuses 
générations  remontant  à  des  souches  aussi  antiques  que  celles  de  la 
race  Durham.  C'est  tout  bonnement  une  affaire  de  temps.  La  généa- 
logie d'un  animal  n'est  point  une  preuve  de  la  pureté  du  sang  qui 
coule  dans  ses  veines,  ni  de  l'existence  de  la  seule  chose  qui  consti- 
tue sa  valeur  :  l'hérédité.  Or,  l'expérience  a  prouvé  que  les  anciens 
éleveurs  avaient  bien  raison  lorsqu'ils  ftiisaient  un  choix  si  rigou- 
reux des  taureaux  auxquels  ils  accouplaient  les  femelles  des  familles 
remarquables  dont  les  produits  manifestaient  cette  précieuse  préroga- 
tive de  l'hérédité,  laquelle  n'existe  que  dans  ces  familles.  Je  vais  en 
citer  une  nouvelle  preuve  fournie  par  les  résultats  des  ventes  qui 
viennent  d'avoir  lieu  en  Angleterre. 

La  première  de  la  série  a  eu  lieu  le  24  août  dernier  à  Blebo,  en 
Ecosse.  Les  animaux  exposés  en  vente  comprenaient  le  troupeau  tout 
entier  de  M.  Bethune,  plus  quelques  sujets  d'élite  provenant  des 
étables  de  deux  éminents  éleveurs,  MM.  Michel  et  Cruickshank.  11  y 
avait  à  cette  vente  45  femelles  et  4  taureaux.  La  moyenne  des  femelles 
a  été  de  640  fr.,  celle  des  taureaux  de  500  fr. 

Le  8  septembre  suivant,  le  môme  commissaire-priseur,  ?tL  John 
Thornton,  assemblait  autour  d'une  arène  improvisée,  sur  une  des 
fermes  du  château  d'Underley,  une  assemblée  d'élite,  comprenant 
tous  les  grands  éleveurs  de  l'Angleterre  venus  pour  se  disputer  les  ani- 
maux du  troupeau  appartenant  au  comte  de  Bective,  l'un  des  princi- 
paux éleveurs  de  durhams  en  Angleterre.  Cette  vente  comprenait 
56  femelles  de  tout  âge,  depuis  onze  ans  jusqu'à  deux  mois,  et  16  tau- 
reaux. La  moyenne  des  56  femelles,  jeunes  vêles  comprises,  s'est 
élevée  à  4,500  fr.;  celle  des  taureaux  à  2,300  fr. 

La  veille,  dans  le  môme  district,  à  quelques  kilomètres  seulement 
d'Underley,  M.  Thornton  vendait  le  troupeau  appartenant  au  capitaine 
Chambley,  au  parc  de  Skirsgill.  En  voici  le  résultat  :  47  femelles  ont 
réalisé  une  moyenne  de  730  fr.,  et  7  taureaux  une  moyenne  de 
330  fr.  seulement. 

Deux  jours  après,  le  même  M.  Thornton  faisait  une  autre  vente, 
près  de  la  cité  d'York.  A  cette  vente,  33  femelles  ont  réalisé  une 
moyenne  de  930  fr.,  et  9  taureaux  une  moyenne  de  608  fr. 

Pour  que  le  lecteur  se  rende  mieux  compte  de  ces  résultats,  et  pour 


14  LES  VRAIS  ET  LES  FAUX  DUliHAMS. 

en  rendre  la  comparaison  plus  facile,  j'arrange  le  tableau  suivant 

TABLEAU   DES   MOYENNES. 

Ventes.  Femelles.  Taureaux.      Moyenne  totale. 

Blebo,  le  24  août  18S0 640  fr.  500  fr,  630  fr. 

Skirsgill,  le  7  septembre  1880 730—  330—  650  — 

IJiiderley,  le  8  seplembie  1880 4,500—  2,3C0  ->  4,000  — 

ThicketPriory,  près  York,  le  10  septembre  930—  •  608  —  860  — 

Un  contraste  si  frappant  dans  la  valeur  respective  d'animaux  de  la 
môme  race,  vendus,  à  l'exception  de  la  première  vente,  dans  la  même 
région,  demande  une  explication,  et  c'est  dans  cette  explication  que 
je  puiserai  la  preuve  de  ma  proposition  :  qu'il  y  a  de  vrais  et  de  faux 
durliams,  et  que  ce  sont  les  vrais  seulement  qui  ont  une  valeur  trans- 
cendante, et  que  les  feux,  quelque  soit  leur  mérite  personnel  et  la 
longueur  de  leur  pedigree,  n'ont  abolument  qu'une  valeur  de  foire 
déterminée  par  leur  aptitude  à  la  sécrétion  laitière  et  à  l'engraisse- 
ment, ce  qu'on  peut  voir  par  la  moyenne  obtenue  dans  les  deux  pre- 
mières ventes  indiquées  au  tableau  ci-dessus.  Dans  ces  ventes,  les  prix 
qui  varient  de  350  à  800  fr.,  ne  dépassent  pas  ceux  de  nos  vaches  de 
races  françaises.  Il  y  a  des  vaches  normandes  qui  se  vendent  plus 
cher,  et  la  moyenne  des  vaches  hollandaises  que  l'on  importe  en 
France  est  au  moins  de  600  fr. 

On  remarquera  que  la  dernière  vente  indiquée  au  tableau  ci-dessus 
présente  une  moyenne  plus  élevée  que  celle  des  deux  premières; 
l'explication  de  celte  différence  en  plus  dans  la  vente  d'Underley  et 
dans  celle  de  Thicket  Priory  est  aussi  très  facile  à  expliquer.  C'est  que 
dans  la  vente  d'Underley,  la  majorité,  pour  ne  pas  dire  la  totalité  des 
animaux,  appartient  à  des  familles  de  sang  pur  et  non  mélangé. 
Chez  ces  animaux,  comme  nous  allons  le  voir  dans  l'analyse  de  ces 
ventes,  la  filiation  est  immaculée,  ce  sont  de  vrais  Durham,  dont  le  sang 
est  absolument  pur  ;  les  deux  lignées,  mâle  et  femelle,  remontent  et^des- 
cendent,  sans  rupture  aucunQ,  une  échelle  généalogique,  dans  laquelle 
il  ne  manque  aucun  échelon;  tandis  que  les  autres  troupeaux,  à  l'ex- 
ception du  dernier,  oi^i  il  y  avait  quelques  Waterloo  qui  ont  relevé  la 
moyenne,  ne  comprenaient  que  de  bonnes  vaches  laitières,  ayant  des 
deux  côtés  du  sang  Durham  bien  constaté  par  de  très  longues  généa- 
logies, mais  resté  sans  hérédité,  et  soumis  à  l'incertitude  d'une  filia- 
tion rompue,  d'accouplements  hétérogènes,  et  offrant  le  chaos  d'un 
écheveau  embrouillé.  Ces  vaches  n'ont  donc  qu'une  valeur  purement 
individuelle,  et  n'atteignent  que  le  prix  de  marché,  car  leur  mérite 
s'arrête  à  leur  individualité.  Ce  sont  de  bonnes  et  belles  vaches,  que 
l'on  paye  à  leur  valeur  intrinsèque,  au  point  de  vue  de  leurs  qualités 
particulières  et  des  avantages  immédiats  qui  peuvent  en  résulter  pour 
l'agriculture;  en  un  mot,  ce  sont  des  animaux  de  rente  et  pas  autre 
chose. 

Pour  les  animaux  du  troupeau  d'Underley,  c'est  autre  chose.  La 
première  vache  qui  se  présente  dans  l'arène,  est  une  pure  Gwynne. 
Cette  vache  est  âgée  de  onze  ans,  cependant  elle  trouve  un  acquéreur  au 
prix  de  1,750  fr.,  parce  que  la  famille  des  Gwynne,  remonte  en 
ligne  directe  à  Princess  par  Favourite  (252),  cette  vache  célèbre  qui,  a 
elle  seule,  a  fait  la  renommée  de  Robert  Colling,  et  dont,  plus  tard,  je 
raconterai  l'histoire. 
La  seconde  vache  est  une  pure  Waterloo,  famille  dont  j'ai  raconté 


LES   VRAIS  ET   FAUX   DURHAMS.  15 

rhistoire,  et  qui  compte  parmi  les  meilleures  du  troupeau  de  Kirkle- 
vington.  La  troisième  est  une  Gazelle^  remontant  à  la  vache  Uillicenl 
par  V rince  of  Waterloo,  et  l'une  des  bonnes  familles  laitières  et  par- 
faitement pures  de  la  véritable  race  Durham.  Puis  viennent  en  succes- 
sion, une  Wild  Eyes,  autre  grande  famille  de  Bâtes,  qui  réalise 
2,800  fr.,  puis  une  autre  Gazelle  achetée  par  Son  Altesse  Royale  le 
prince  do  Galles,  au  prix  de  4,250  fr.  Puis  vient  une  autre  Wild  Ei/es, 
vendue  2,0U0  fr.;  une  Winaoïne  Duchess  de  la  môme  famille  que  les  Wild 
Eyes  qui  trouve  acheteur  à  10,650  fr.  Vient  ensuite  une  Princess 
remontant  directement  à  la  Princess  par  Favourite  (252),  de  Robert 
Colling,  que  M.  Loyd  ne  craintpas  de  payer  10,800  fr.;  une  quatrième 
Wild  Eyes  réalise  une  couple  de  mille  francs.  Une  Acomb,  autre  famille 
très  laitière  et  remontant  à  une  vache  de  Bâtes,  dont  la  fille  Acomb 
par  le  fameux  Belvédère  (1,706),  a  donné  son  nom  à  cette  tribu  des 
purs  Durham,  réalise,  sur  l'enchère  du  colonel  Kingscote,  la  somme 
de  1 ,300  fr.  seulement,  somme  qui  représente  à  peine  la  moitié  de  sa 
valeur.  Une  autre  Wild  Eyes  échoit  à  la  convoitise  de  M.  Lovatt  qui 
reconstitue  son  troupeau  dispersé  l'autre  jour,  au  prix  de  1,600  fr. 
Puis  vient  une  Inrklevington  Princess^  branche  de  la  famille  Gicynne, 
qui  réalise  4,500  francs.  Voici  une  Barringlon  qui,  sous  le  nom  de 
Lady  Edith  Bâtes,  est  adjugée  à  M.  Fox,  au  prix  de  8,000  fr.  A  ce 
point  de  la  vente,  on  introduit  dans  l'enceinte  une  génisse  de  deux 
ans,  qui  semble  singulièrement  surexciter  les  esprits.  En  effet,  c'est 
une  véritable  Duchesse.  Après  un  moment  d'hésitation  et  de  recueille- 
ment, la  lutte  s'engage,  lutte  vive,  fiévreuse,  où  les  coups  de  guinées 
s'échangent  par  cinquante  et  cent.  Le  vainqueur  est  lord  Faversham, 
mais  il  laisse  étalés  sur  le  champ  de  bataille,  comme  prix  de  sa  vic- 
toire, la  somme  de  53,255  fr. 

Voici  un  autre  spécimen  du  sang  Bâtes  ;  c'est  une  Red  Rose  qui 
réalise  le  prix  très  respectable  de  8,000  francs.  Puis  se  présente  un 
autre  spécimen  de  la  famille  des  Gwynne^  qui  trouve  acheteur  au  même 
prix  de  8,000  francs.  Un  spécimen  de  la  famille  de  C/terr^,  famille  bien 
tracée  et  très  laitière,  remontant  à  la  vache  célèbre  Old  Cherry,  atteint 
le  prix  de  1,900  francs.  Ici,  survient  une  autre  Wild  Eyes  qui  soutient 
la  réputation  de  la  noble  famille  en  réalisant  un  prix  de  3,750  francs. 
Une  génisse  de  deux  ans,  fort  belle,  fille  du  taureau  pur  Duchesse,  Duke 
of  Underley  (33,  745)  et  pleine  d'un  autre  taureau  pur  Duchesse,  Grand 
Duke,  36'' (43,306',  mais  n'appartenant  à  aucune  famille  de  sang  pur, 
bien  qu'ayant  une  bonne  généalogie,  subit  les  conséquences  de  son  sang 
mélangé  et  ne  réalise  que  750  francs.  Après  cette  génisse  à  bon  marché, 
voici  un  spécimen  de  la  famille  Oxford,  qui  relève  les  enchères  et  les 
enlève  jusqu'à  25,800  francs.  Un  autre  spécimen  de  la  famille  des 
/u>/l;/6'um^/o« réalise  10,700  francs;  puis  viennent  trois  magnifiques 
génisses  sang  mélangé,  qui  ne  réalisent  qu'une  moyenne  de  600  francs, 
leur  prix  de  marché  malgré,  leurs  longs  pedigrees  dûment  inscrits  au 
Herd  book,  et  malgré  leur  mérite  incontestable,  mais  malheureusement 
individuel. 

Une  génisse  de  dix-huit  mois,  appartenant  à  la.  îamille  Cherry  déjà 
nommée,  réalise  2,800  francs,  et  un  nouveau  spécimen  des  Wild 
Eyes  est  adjugé  pour  2,700  francs.  Ici  intervient  une  génisse  de 
sang  mêlé  qui,  malgré  son  mérite  exceptionnel,  ne  trouve  acquéreur 
qu'à  850  francs  ;  une  autre  gazelle  réalise  1,300  francs.  Puis  vient  une 


16  LES  VRAIS  ET  FAUX  DURHAMS. 

Acomb,  à  1 ,600  francs,  une  Butterfly  h  1 ,250  francs,  une  Kirklemngtonk 
9,500  francs,  une  Princess  1 1 ,500  francs,  une  WUd  Eyes  0,000  francs, 
une  fValerloo  3/250  francs,  uneOxfonl  13,000  francs,  encore  une  Will 
Eyes  2,500  francs,  une  Gwynne  4,500  francs,  une  autre  Gwynne  2,250 
francs,  et  enfin  G  génisses  de  sang  mélangé  dont  la  moyenne  n'a  pas 
dépassé  500  francs. 

Comme  résumé,  je  donne  le  tableau  suivant  qui  indique  la  moyenne 
de  chaque  famille  distincte  et  celle  des  Durliam  à  sang  mélangé   : 

Femelles,  vaches  et  vèles^ Taureaux  et  veaux  mâles. 

Numbieaaiii-      Moyenne  Nombre 

Familles.  maux  vendus,     en  francs.  Familles.  des  télés.  Moyenne. 

Oxford l  53,255  Duchesse 2  12,000 

Wildeyes 11  3,558  Red  Rose i-i  2,880 

Cherry 4  1,880  Kiiklevington  .  2  2,8:55 

Gwyiiiie..    .    .  4  1,880  Gwvnne t  7,800 

Princess ,  2  10,850  Daisy 1  2,750 

Barrington...  1  8,050  WildEyes....  2  815 

Gazelle 4  1,530  Flora 1  2,650 

Waterloo 3  2,000  Cherry 1  925 

Kirklevingion  .  4  8,000  Gazelle 1  530 

Oxford 2  19,650  Sang  mêlé 3  775 

Red  Rose 1  9,000 

Acomb ...  4  1,450 

Sang  mêlé 15  1,000 

Cette  statistique  démontre,  avec  une  évidence  incontestable,  que  ce 
qui  existe  aujourdhui  sous  le  nom  de  race  Durham,  se  divise  en 
deux  classes  bien  distinctes.  L'une  comprend  toutes  les  familles 
bien  tracées,  remontant  à  des  souches  connues  et  appréciées,  et  cela 
sans  mélange  aucun,  sans  mésalliance,  et  qu'on  peut  ranger  dans  la 
catégorie  des  Durhams  véritablement  purs.  L'autre  comprend  tous  les 
Durhams  issus  d'animaux  purs  et  inscrits,  mais  ne  remontant  point 
en  ligne  directe  aux  souches  de  la  race  pure,  ayant  été  mélangés  sans 
système,  sans  sélection,  sans  ordre,  produits  de  taureaux  de  hasard, 
eux-mêmes  produits  de  la  même  façon,  et  par  conséquent  n'ayant 
d'autre  valeur  que  celle  du  marché,  c'est-à-dire  celle  qui  ressort  de 
leur  valeur  individuelle. 

De  ces  faits  indiscutables,  il  faut  naturellement  conclure  que  tous 
les  Durhams  qui  n'appartiennent  pas  aux  familles  privilégiées  de  la 
race  pure,  et  c'est  le  cas  des  Durhams  français  sans  exception,  inclus 
ceux  de  Corbon,  sont  de  faux  Durhams.  Ce  sont  tout  au  plus  de 
bonnes  vaches  à  lait  et  à  viande,  incontestablement  supérieures  aux 
vaches  de  races  françaises,  mais  sans  aucune  valeur  exceptionnelle 
pour  la  reproduction.  Les  prix  obtenus  par  les  animaux  de  cette 
catégorie  ne  dépassent  pas,  à  mérite  individuel  égal,  ceux  des  vaches 
communes  sans  pedigree.  Il  faut  encore  conclure  que  les  éleveurs  fran- 
çais, depuis  l'introduction  delà  race  Durham  en  France,  ont  absolu- 
ment fait  fausse  route,  et  que  ce  qu'ils  croient  être  de  purs  Durhams, 
n'est  que  du  bétail  ordinaire,  n'ayant  aucune  valeur  de  reproduction. 

Les  ventes  que  j'ai  citées  en  commençant  ne  sont  que  des  exemples 
queje  n'ai  point  choisis  pour  les  besoins  de  ma  cause.  Ces  quatre  ventes 
étaient  successives,  et  toutes,  à  l'exception  d'une  seule,  ont  eu  lieu 
dans  la  même  semaine  et  dans  le  même  district.  Le  même  commis- 
saire-priseur  y  a  présidé,  et  toutes  mettent  en  évidence  les  mêmes 
résultats,  lesquels  d'ailleurs  sont  toujours  les  mêmes,  depuis  long- 
temps déjà.  On  a  vu  par  le  tableau  des  moyennes  de  ces  ventes,  que 
celle  de  Thicket  Priory  a  réalisé  une  moyenne   plus   élevée  que   les 


LES  VRAIS  ET  FAUX  DURHAMS.  17 

autres  à  l'exception  de  celle  d'Underley;  le  résultat  est  du  à  la  pré- 
sence de  quatre  Waterloo ,  dont  la  moyenne  a  atteint  près  de 
2,000  fr.  Ce  résultat  prouve  que,  dans  toutes  les  ventes,  les  repré- 
sentants des  familles  pures  sont  seuls  recherchés  des  acheteurs  et  que 
tous  les  autres  se  vendent  au  prix:  de  marché,  comme  les  vaches  ordi- 
naires non  inscrites  au  Herd  book,  et  pas  plus  cher,  à  mérite  égal. 

Comme  conclusion  pratique  de  ma  proposition,  et  comme  preuve 
que  mon  appréciation  est  juste,  je  n'hésiterais  point  à  m'engager  à 
livrer  tous  frais  payés,  à  Dieppe,  n'importe  quel  nombre  de  vache?  et 
génisses  Durliam,  en  aucun  point  "inférieures  aux  plus  belles  qui 
existent  en  France,  bonnes  laitières,  avec  des  mètres  de  généalogies 
inscrites  au  Herd  book,  mais  de  sang  mêlé,  au  prix  de  800  à  1 ,000  fr. 
par  tête,  comme  prix  maximum,  tandis  que  quand  il  s'agit  d'animaux 
appartenant  aux  familles  de  sang  pur,  ces  prix  doublés  et  triplés 
sont  des  minima  au-dessous  desquels  on  ne  peut  rien  acheter. 

F.    R.    DE   LA    TUÉHONNAIS. 

CONCOURS  DÉPARTEMENTAL  DU  MANS 

Le  sixième  concours  départemental  d'animaux  reproducteurs  organisé 
par  la  Société  des  agriculteurs  de  la  Sarthe  a  eu  lieu  au  Mans  le  1 8  et 
le  19  septembre.  Quoique  suivant  de  près  notre  très  brillant  concours 
régional  et  malgré  le  mauvais  temps,  il  y  a  eu  un  grand  succès. 

Le  nombre  d'animaux  exposés  était  à  peu  près  le  mêma  que  l'année 
dernière. 

La  race  Durham  était  admirablement  représentée.  Des  agriculteurs 
de  plusieurs  parties  de  la  France  sont  venus  à  ce  concours  pour  acheter 
de  jeunes  taureaux  Durham  et  ils  n'ont  eu  que  l'embarras  du  choix. 
Les  principaux  succès  ont  été  pour  les  étables  de  M.  Lépine,  de  M.  de 
Villepin  et  de  Mademoiselle  de  Rougé. 

La  catégorie  des  croisements  Durham  était  très  remarquable  sous 
tous  les  rapports. 

Quant  à  la  catégorie  des  races  du  pays,  toujours  la  plus  nombreuse, 
elle  présentait  un  ensemble  des  plus  satisfaisants  ;  il  y  figurait  des 
sujets  hors  ligne  et  on  n'y  rencontrait  pas  un  animal  défectueux, 

Les  espèces  ovine  et  porcine  étaient  plus  largement  représentées  que 
les  années  précédentes.  La  plupart  des  animaux  exposés  dans  ces  deux 
classes  étaient  très  bons  ;  mais  c'est  surtout  dans  l'espèce  porcine  que 
se  trouvaient  les  sujets  les  plus  remarquables. 

Quant  à  l'exposition  des  animaux  de  basse-cour,  elle  était,  comme 
toujours,  très  brillante,  tant  par  le  nombre  des  lots  exposés  que  par  la 
qualité  des  animaux  qui  composaient  ces  lots.  Les  plus  beaux  sujets 
du  département  dans  les  races  fléchoise,  de  Houdan,  Crèvecœur  et  oies 
de  la  Sarthe,  se  trouvaient  là  réunis. 

Il  est  de  toute  évidence  que  le  progrès,  en  ce  qui  concerne  l'élevage 
des  bêtes  bovines  notamment,  s'accentue  de  plus  en  plus  dans  notre 
département,  et  certes  le  concours  départemental  de  chaque  année  sous 
l'habile  direction  de  M.  Courtillier,  a  sa  large  part  dans  les  amélio- 
rations rapides  que  les  agriculteurs  sont  unanimes  à  constater. 

Après  la  belle  réussite  du  concours  de  cette  année,  malgré  les  con- 
ditions défavorables  dans  lesquelles  il  se  trouvait,  il  y  a  tout  lieu  d'en 
espérer  un  très  brillant  pour  l'année  prochaine.  D'ailleurs  un  nouvel 
élément  de  succès  viendra  s'ajouter  à  ceux  déjà  réunis. 


18  CONCOURS  DÉPARTEMENTAL  DE  LA  SARTHE. 

L'honorable  président  de  la  Société  des  agriculteurs  de  la  Sarthe, 
M.  Courlillier,  à  qui  les  cultivateurs  de  la  Sarthe  doivent  la  création 
du  concours  départemental  d'animaux  reproducteurs  pour  les  espèces 
bovine,  ovine  et  porcine,  et  pour  les  animaux  de  basse-cour,  a  tenu  à 
honneur  de  compléter  son  œuvre  en  y  adjoignant  un  concours  hippique. 
A  cet  effet  il  a  obtenu  du  Conseil  général^  dont  il  fait  partie^  un  crédit 
de  G, 000  fr.  qui  sera  spécialement  affecté  à  l'exposition  chevaline. 

Dans  le  concours  des  exploitations  rurales,  le  1"'  prix  de  culture  a 
été  décerné  à  M.  Hubert,  cultivateur  à  Lignières-la-Carelle. 

E.  Launay, 

professeur  départemeiUal  d'agriculture  de  la  Sarthe. 

NATURE  DE  LIMMUNITE  DES  MOUTONS  ALGÉRIENS 

CONTRE  LE   SANG  DE  RATE 

Ce  qui  est  vrai,  c'est  qu'il  y  a  un  antagonisme 
bien  net  entre  les  affections  cachectiques  et  le 
charbon,  et  que  les  animaux  vigoureusement 
constitués  sont  ceux  qui  subissent  le  plus  facile- 
ment ses  atteintes.  H.  Bouley.    -■ 

I.  —  «  On  devine,  dit  M.  Chauveau  dans  une  note  adressée  à 
l'Académie  des  sciences,  toute  l'importance  qui  s'attache  à  la  question 
spéciale  de  Timmunité  charbonneuse  dans  l'espèce  ovine.  Si  c'est  un 
caractère  de  race,  il  sera  très  précieux  de  l'établir  nettement,  tant  au 
point  de  vue  des  applications  spéciales  que  l'on  peut  faire  de  la  connais- 
sance de  cette  particularité,  qu'au  point  de  vue  des  conséquences 
scientifiques  générales  qu'il  sera  possible  d'en  tirer.  Si  cette  immunité 
est  acquise,  il  sera  encore  plus  important  de  le  savoir,  pour  arriver  à 
la  détermination  des  conditions  qui  s'opposent  à  la  prolifération  des 
bactéridies  charbonneuses  chez  le  mouton.  La  découverte  de  ces  condi- 
tions serait  un  très  grand  bienfait.  Elle  permettrait  sans  doute  de 
créer  l'immunité  à  volonté,  car  il  y  a  tout  lieu  de  penser  que  ces 
conditions  seraient  de  nature  à  être  réalisées  expérimentalement.   » 

Malgré  mon  vif  désir  de  contrôler  par  des  expériences  de  laboratoire 
les  observations  fournies  par  les  faits,  il  ne  m'a  pas  été  permis  de  le 
faire.  Mon  opinion  repose  donc  entièrement  sur  les  données  pratiques 
puisées  dans  le  milieu  exceptionnel  où  je  me  trouve  placé.  Ces  données 
portent  annuellement  sur  trois  groupes  bien  distincts  d'animaux; 
ce  sont  : 

1°  Les  bêtes  ovines  algériennes  (au  nombre  de  dix  à  douze  mille  par 
an)  sacrifiées  à  l'abattoir  de  la  ville  de  Montpellier  peu  de  jours  après 
leur  arrivée  en  France. 

2°  Les  moutons  algériens  achetés  au  mois  d'août  par  nos  éleveurs, 
à  Marseille  ou  à  Cette.  Ce  bétail,  avant  d'être  livré  à  la  consommation 
publique,  est  soumis  à  un  engraissement  dont  la  durée  varie  entre 
quatre  et  six  mois. 

3"  Les  barbarins  purs  ou  croisés  nés  en  France,  composant  les 
nombreux  troupeaux  élevés  dans  nos  plaines  depuis  un  temps  immé- 
morial. 

Ces  animaux  arrivant  tous  à  l'abattoir,  c'est  donc  de  quinze  à 
vingt  mille  autopsies  que  je  fais  tous  les  ans  sur  les  moutons  algériens. 

Tels  sont  les  éléments  sur  lesquels  mon  attention  a  été  fixée,  depuis 
le  jour  surtout  où  M.  Chauveau  a  soulevé  cette  question  si  importante 
de  l'immunité  charbonneuse. 


niMUiNITÉ  DES  MOUTONS  ALGERIENS  CONTRE  LE  CHARBON  19 

Dans  la  première  note  adressée  au  mois  de  septembre  1879,  à 
l'Académie  des  sciences,  M.  Chauveau  se  demande  si  l'immunité  des 
moutons  algériens  à  l'inoculation  bactéridienne  doit  être  considérée 
comme  un  caractère  accidentel  propre  à  quelques  individus  ou  comme 
un  caractère  général  appartenant  à  l'ensemble  des  moutons  d'Algérie 
amenés  en  France,  et  il  pense  que  les  faits,  par  leur  unanimité, 
plaident  en  faveur  de  cette  dernière  opinion. 

Les  expériences  faites  en  Algérie  par  ce  savant  sont  venues  démon- 
trer que  cette  immunité  était  loin  d'appartenir  à  l'ensemble  des 
moutons  élevés  dans  cette  colonie. 

Bien  avant  que  le  résultat  de  ces  recherches  ait  été  connu  du  public, 
j'avais  formulé  dans  une  lettre  adressée,  au  commencement  du  mois 
d'avril  1880^,  à  M.  Delamotte,  vétérinaire  distingué  de  l'armée 
d'Afrique,  les  résultats  probables  que  devaient  donner  les  expériences 
d'inoculation  charbonneuse  faites  sur  les  moutons  algériens.  Ma  pré- 
diction était  ainsi  formulée  : 

r  Les  mérinos  algériens  succomberont  à  l'inoculation; 

2"  Les  moutons  à  queue  étroite  offriront  une  immunité  m.oindre  que 
les  moutons  à  queue  large. 

Dans  un  Mémoire  de  M.  Delamotte,  publié  récemment  par  le  Bulle- 
tin de  l'Association  scientifique  algérienne  (année  1880,  T  fascicule, 
page  98-99),  nous  lisons  :  «  Les  moutons  de  Gonstantine,  appelés 
barbarins,  et  reconnaissables  à  leur  grosse  queue,  ont  une  immunité 
plus  grande  que  ceux  de  la  province  d'Alger,  que  ceux  à  queue  étroite.  » 

Et  plus  loin  :  «  La  race  des  mérinos,  importée  en  Algérie  en  1868 
et  conservée  à  peu  près  pure,  ne  paraît  pas  jouir  de  la  plus  petite  im- 
munité; absolument  comme  les  moutons  de  France,  les  mérinos  de 
l'Algérie  meurent  très  vite  des  suites  de  l'inoculation  bactéridienne  : 
le  deuxième  ou  le  troisième  jour  ils  sont  enlevés.  » 

Mes  prévisions  du  mois  d'avril  se  sont  donc  entièrement  réalisées, 
et  si  je  me  décide,  aujourd'hui  seulement,  à  faire  connaître  ce  que  je 
crois  être  la  principale  cause  de  l'immunité  charbonneuse,  c'est  parce 
que  j'avais  la  conviction  que  les  belles  recherches  entreprises  par  un 
savant  tel  que  M.  Chauveau  aboutiraient  à  cette  découverte. 

IL  —  L'immunité  qu'offrent  un  grand  nombre  de  bêtes  ovines  algé- 
riennes à  l'inoculation  bactéridienne  est  intimement  liée  à  l'anémie 
particulière  dont  elles  sont  atteintes.  Tous  les  praticiens  savent  qu'il 
y  a  un  antagonisme  bien  net  entre  les  affections  cachectiques  et  le 
charbon,  et  que  les  animaux  vigoureusement  constitués  sont  ceux  qui 
subissent  le  plus  facilement  ses  atteintes.  Un  animal  cachectique  placé 
dans  une  prairie  oii  d'autres  succombent  à  la  fièvre  charbonneuse, 
n'est  point  atteint  par  cette  affection. 

Un  troupeau  de  bêtes  ovines  est-ii  décimé  par  le  sang  de  rate,  le 
seul  moyen  efficace  de  voir  disparaître  la  maladie  est  de  placer  ces 
animaux  dans  les  conditions  favorables  au  développement  de  la  ca- 
chexie aqueuse.  Cette  dernière  vient-elle  à  se  montrer  avec  une  cer- 
taine gravité,  on  peut  sans  crainte  placer  les  moutons  sur  les  terrains 
à  charbon,  le  sang  de  rate  ne  se  montrera  pas.  Ces  faits  sont  d'obser- 
vation vulgaire,  leur  application  est  depuis  longtemps  rentrée  dans  la 
pratique  des  bergers  et  des  éleveurs  habiles. 

1.  J'ai  su  depuis  que  M.  Delamoite  avait  été  l'aide  de  M.  Chauveau,  et  qu'il  avait  été  chargé  par 
ce  dernier  de  continuer  ses  expériences  en  Algérie. 


'20  IMMUNITÉ  DES  MOUTONS  ALGÉRIENS  CONTRE  LE  CHARBON. 

ce  L'iniluence  des  lieux  frais  et  humides  est  tellement  certaine,  dit 
M.  Bouley,  que  les  fermiers  n'hésitent  pas  à  acheter  des  troupeaux 
sous  le  coup  ou  déjà  atteints  du  sang  de  rate,  persuadés  qu'en  les  fai- 
sant pâturer  sur  des  terrains  saturés  d'eau  ils  arrêteront  les  progrès 
de  cette  dernière  maladie;  en  effet,  quelques  jours  de  ce  régime  suf- 
fisent pour  modifier  l'économie,  diminuer  l'état  pléthorique  et  redon- 
ner au  sang  la  quantité  d'eau  qu'il  a  perdue  par  une  alimentation 
saine,  abondante  et  substantielle.  » 

L'anémie  des  moutons  algériens  diffère  essentiellement  de  l'anémie 
hydrohémique,  si  connue  en  France,  désignée  sous  les  noms  de  ca- 
chexie aqueuse,  gamadure,  pourriture,  etc.  Tandis  que  cette  dernière 
se  caractérise  surtout  par  l'existence  de  distomes  dans  les  canaux  bi- 
liaires, par  des  infiltrations  dans  le  tissu  cellulaire,  etc.,  etc.,  on  con- 
state chez  les  sujets  algériens  anémiques  que  le  foie  ne  présente  aucun 
distome  et  qu'il  n'existe  pas  la  moindre  infiltration  séreuse;  les 
muscles,  au  lieu  d'avoir  une  belle  teinte  rouge,  sont  de  couleur  rose. 
Cette  décoloration  musculaire  est  surtout  manifeste  à  la  surface  du 
large  muscle  sous-cutané  qui  recouvre  l'abdomen  et  le  thorax;  d'un 
jaune  vineux  très  pâle  chez  les  algériens,  ce  muscle  est  d'une  belle 
teinte  carmin  vif  sur  les  moutons  français  pléthoriques.  La  chair  des 
moutons  algériens  anémiques  est  peu  nutritive;  elle  donne  au  pot-au- 
feu  un  bouillon  clairet  blanchâtre;  rôtie,  le  jus  en  est  pâle,  décoloré 
et  riche  en  eau. 

L'anémie  algérienne  ne  constitue  pas  un  fait  rare,  exceptionnel; 
elle  est  au  contr.iire  très  commune.  Les  moutons  à  queue  large  (bar- 
barins,  barbarins-syriens),  au  nombre  de  huit  à  dix  mille,  sacrifiés 
à  Montpellier  peu  de  jours  après  leur  débarquement,  pendant  les  étés 
1879-1880,  étaient  tous  anémiques  à  des  degrés  divers.  L'anémie  est 
aussi  très  fréquente  sur  les  moutons  à  queue  étroite,  mais  on  ren- 
contre dans  cette  variété  bon  nombre  de  sujets  dont  la  coloration 
musculaire  est  égale  à  celle  de  nos  beaux  moutons  français. 

L'anémie  paraît  être  le  terrain  favorable  à  la  prolilération  de  la  bac- 
téridie  charbonneuse;  c'est  elle  qui  donnerait  l'immunité.  Les  faits 
suivants  observés  dans  la  pratique  ne  le  prouvent-ils  pas? 

Tous  les  ans,  bons  nombre  d'éleveurs  de  l'Hérault  achètent,  dans  le 
courant  du  mois  d'août,  des  africains  destinés  à  subir  un  engraisse- 
ment généralement  terminé  six  mois  après  leur  arrivée  en  France. 

Lorsque  ces  moutons  sont  anémiques  dès  leur  arrivée  (ce  qui  est  la 
règle  générale  à  cette  époque),  on  ne  constate  pas  le  moindre  cas  de 
sang  de  rate  ;  plus  tard  il  se  manifeste  si  une  nourriture  riche  et  abon- 
dante a  modifié  la  constitution  des  animaux. 

Il  m'a  toujours  semblé  que  chez  les  africains  à  queue  étroite  l'état 
pléthorique  se  développait  plus  rapidement  que  sur  les  moutons  à 
queue  large.  La  coloration  musculaire  chez  ces  derniers  est  plus  lente 
à  se  produire  ;  mais  quand  elle  se  produit,  ainsi  qu'il  arrive  chez  les 
barbarins  nés  et  élevés  en  France,  l'affection  charbonneuse  ne  tarde 
pas  à  se  montrer  alors  que  les  animaux  sont  placés  dans  les  condi- 
tions ûivorables  au  développement  du  charbon.         Pourquier, 

Médecin-vétéi inaire  à  Montpellier. 

MANÈGE  MOBILE  D'ALBARET 

La  fig.  1  représente  un  nouveau  manège-locomobile  qui  est  construit 
dans  les  ateliers  de  M.  Albaret,  à  Liancourt  (Oise).  Le  manège  est 


MANÈGE  PORTATIF  D  ALBARET. 


21 


porté  sur  un  solide  bâti  monté  sur  quatre  roues.  Le  mécanisme  est 
d'une  grande  simplicité,  ainsi  que  le  dessin  le  fait  voir.  Une  très  grande 
roue  dentée  commande  un  pignon  conique  sur  l'axe  duquel  est  articulé 


l'arbre  de  commande.  Une  petite  roue  appuie  sur  la  grande  roue,  au- 
dessus  du  pignon,  afin  que  les  dents  engrènent  toujours  réguliè- 
rement. Les  organes  sont  donc  disposés  de  manière  à  économiser  la 
force  motrice  dans  les  plus  grandes  proportions. 

M.  Albaret  construit  aussi^  comme  on  sait,  des  manèges  locomobiles 
dans  lesquels  la  transmission  du  mouvement  est  opérée  par  une  poulie 
sur  laquelle  s'enroule  une  courroie  sans  fin.  L.  de  Sardriag. 


22  DES  POULES    PONDEUSES. 


DES  POULES   PONDEUSES 

Il  n'y  a  pas  de  ménage  champêtre  saas  poules,  et  leurs  œufs  sont 
pour  euxune  précieuse  ressource  alimentaire.  Obtient-ondes  poules 
par  les  œufs  tout  le  produit  qu'on  peut  en  obtenir?  Pas  toujours,  sur- 
tout dans  les  basses -cours  oi^i  le  nombre  des  poules  est  assez  grand 
pour  qu'on  ne  sache  pas  combien  d'œufs  chacune  pond. 

Uq  journal  d'agriculture  allemand  donne  sur  cette  question  des 
chiffres  qui  pourront  être  utiles  à  des  ménagères  françaises.  Voici  ce 
qu'il  dit  :  Quel  est  le  nombre  d'œufs  que  peut  pondre  une  poule  ?  — 
Une  poule  n'a  dans  son  ovaire,  en  chiffres  ronds,  pas  plus  de  600  pe- 
tits œufs,  qui  forment  ce  qu'on  nomme  une  grappe,  ils  se  développent 
et  elle  les  pond  successivement. 

De  ces  GOO  œufs,  elle  peut,  quand  cela  va  bien,  pondre  dans  la  pre- 
mière année  de  sa  vie  environ  '20,  dans  la  seconde  année  135,  dans  la 
troisième  114.  Dans  chacune  des  quatre  années  suivantes,  le  nombre 
des  œufs  diminue  de  20,  et  enfin  dans  la  neuvième  année,  la  poule 
pond  au  plus  10  oîufs. 

Celui  qui  veut  obtenir  des  poules  un  produit  payant  leur  nourriture 
ne  doit  pas  les  laisser  passer  l'âge  de  quatre  ans. 

Les  ménagères  croient  que  les  poules  pondent  en  proportion  de  leur 
nourriture,  est-ce  une  erreur?  —  Elles  disent  :  les  poules  pondent  par 
le  bec.  -  Ne  serait-il  pas  possible  qu'uneabondante  nourriture  amenant 
la  ponte  d'un  plus  grand  nombre  d'œufs,  la  provision  d'œufs  contenus 
dans  l'ovaire  fut  plus  tôt  épuisée?  Ritter. 

CONGRÈS  INTERNATIONAL  DE  VITICULTURE  A  LYON 

Le  Congrès  international  de  viticulture  organisé  à  Lyon,  sous  la 
présidence  de  M.  Bender,  par  la  Société  de  viticulture  du  Rhône,  a  été 
certainement  la  réunion  la  plus  importante  de  viticulteurs  qui  ait  eu 
lieu  depuis  longtemps.  C'est  par  centaine  qu'ils  étaient  accourus  de 
toutes  les  régions  atteintes  ou  menacées  par  le  phylloxéra,  et  l'on  peut 
dire  aujourd'hui  que  c'est  la  France  viticole  presque  tout  entière.  En 
outre,  le  Congrès  avait  un  caractère  réellement  international;  des 
délégués  de  la  Suisse,  de  l'Italie,  de  la  Hongrie,  de  l'Espagne,  du 
Portugal  et  des  Etats-Unis  d'Amérique,  ont  assisté  aux  séances  et  ont 
pris  part  aux  discussions.  Les  travaux  ont  été  dirigés  par  M.  Bender, 
président,  et  par  M.  Victor  Pulliat,  secrétaire,  avec  une  habileté  et  un 
tact  auxquels  tout  le  monde  rendait  hommage. 

Ceux  qui  étaient  venus  à  Lyon  avec  la  pensée  d'assister  à  une  lutte 
acharnée  entre  les  partisans  des  insecticides  et  les  partisans  des 
vignes  américaines,  ont  été  cruellement  désillusionnés.  Ces  jours-là 
sont  heureusement  passés;  les  grosses  épithètes  qu'on  n'hésitait  pas 
jadis  à  se  jeter  à  la  tête  sont  aujourd'hui  remplacées  par  des  égards 
mutuels  et  une  réelle  cordialité.  Car  chacun  comprend  qu'il  y  a  mieux 
à  faire  qu'à  courir  sus  au  voisin,  et  qu'il  faut  savoir  apprécier  tous 
les  efforts  poursuivis  pour  détruire  l'ennemi  commun  ou  restaurer 
malgré  lui  le  vignoble  perdu.  Des  concessions  mutuelles  ont  permis 
de  s'entendre  et  de  marcher  d'accord. 

La  première  séance  du  Congrès  a  eu  lieu  le  dimanche  12  septembre. 
M,  Bender  a  prononcé;  tout  d'abord,  avec  une  éloquence  émue,  l'éloge 


CONGRÈS  INTERNATIONAL  DE  VITICULTURE  A  LYON.  23 

de  M.  Droche,  son  prédécesseur,  dont  tous  les  agriculteurs  connaissent 
le  nom.  Après  ce  discours,  accueilli  avec  une  grande  faveur,  les  tra- 
vaux du  Congrès  ont  immédiatement  commencé  par  un  exposé,  dû  à 
M.  Roche,  de  la  situation  de  la  viticulture  dans  la  région,  et  qui  peut 
être  résumé  ainsi  :  la  viticulture  est  aux  abois  et  sur  la  pente  d'une 
ruine  fatale,  si  des  mesures  promptes  ne  viennent  pas  arrêter  cette 
ruine.  Ensuite  M.  Planclion  fait  une  véritable  conférence  sur  l'état 
actuel  des  connaissances  scientifiques  relatives  au  phylloxéra,  en 
appelant  principalement  l'attention  sur  ses  moyens  de  diffusion  : 
essaimage  et  œuf  d'hiver,  transport  des  plants  racines,  etc.;  il  s'élève 
contre  les  mesures  trop  draconiennes  de  la  convention  de  Berne 
relativement  aux  produits  de  l'horliculture.  iM.  Lichtenstein  insiste,  à 
son  tour,  sur  les  métamorphoses  et  les  transformations  du  phylloxéra, 
qu'il  montre  au  tableau  à  l'aide  de  projections  lumineuses.  Après  lui, 
M.  Reich  donne  lecture  d'une  importante  notice  sur  les  moyens  pra- 
tiques de  faire  la  submersion  automnale  avec  avantage  et  profit.  — 
Ensuite,  M.  Oliver,  M.  Jaussan  et  M.  Crolas  ont  successivement 
traité  de  l'emploi  du  sulfure  de  carbone;  puis  M.  Henri  Mares  et 
M.  Mouillefert  ont  exposé  les  résultats  obtenus  avec  le  sulfocarbonate 
de  potassium.  De  la  conférence  de  M.  Jaussan,  il  faut  surtout  retenir 
la  nécessité,  dans  une  vigne,  d'étendre  le  traitement  à  toute  la  surface 
sans  se  borner  aux  taches  apparentes;  en  ne  traitant  que  ces  dernières, 
on  déplace  seulement  une  grande  partie  des  pucerons.  M.  Mares  insiste 
sur  Turgente  nécessité  de  doter  enfin  la  région  méridionale  des  canaux 
d'irrigation  qui  sont  absolument  indispensables  à  la  reconstitution  de 
sa  richesse  agricole. 

Dans  les  deux  séances  du  lundi  13,  des  communications  très  inté- 
ressantes ont  été  entendues.  M.  Victor  Fatio  a  fait  l'exposé  des  pro- 
cédés par  lesquels,  en  Suisse,  on  est  arrivé  jusqu'ici  à  se  débarrasser 
des  taches  phylloxériques  signalées  sur  plusieurs  points.  M.  Bréhéret 
a  donné  lecture  d'une  notice  de  M.  Meissner  sur  la  situation  des 
vignes  aux  Etats-Unis.  Après  avoir  constaté  que  la  viticulture  y  est 
encore  dans  l'enfance,  M.  Meissner  affirme  que  l'on  s'y  inquiète  peu  du 
phylloxéra,  attendu  que,  dans  leurs  pays  d'origine,  tous  les  cépages 
américains  lui  résistent;  mais  on  s'inquiète  davantage  du  faux  oïdium 
ou  mildew  et  de  la  rouille  de  la  vigne,  deux  fléaux  qu'il  ne  craint  pas 
beaucoup  pour  l'Europe.  — Après  lui,  M.  Planchon  et  M.  Foèx  par- 
lent tour  à  tour,  des  études  faites  en  France  sur  les  vignes  améri- 
caines. M.  Planchon  s'attache  surtout  à  la  classification  des  nom- 
breuses variétés  de  ces  vignes  ;  M.  Foëx  insiste  sur  la  texture  des 
racines,  absolument  différente  de  celle  des  vignes  françaises,  et  qui 
explique  leur  résistance  à  l'insecte;  aucune  circonstance  ne  paraît  de 
nature  à  modifier  ces  caractères.  —  M.  Prichard  et  M.  Gaston  Bazillo, 
ce  dernier  surtout,  insistent  sur  les  grands  avantages  que  présentent 
le  greffage  des  vignes  françaises  sur  les  souches  américaines.  —  Après 
eux,  M.  de  Rosavenda  fait  connaître  les  mesures  prises  en  Italie  pour 
combattre  les  invasions  récentes  du  phylloxéra,  et  il  montre  l'impor- 
tance des  leçons  puisées  par  les  autres  pays  dans  la  triste  expérience 
faite  depuis  quinze  ans  par  la  France.  —  Dans  une  communication 
qu'il  fait  à  la  fin  de  la  séance,  M.  Prosper  de  Lafitte,  sans  nier  la  valeur 
des  cépages  américains,  insiste  sur  la  prudence  qui  doit  guider  dans 
leur  choix. 


24  CONGRÈS  INTERNATIONAL  DE  VITICULTURE  A  LYON. 

Le  troisième  et  dernier  jour  du  Congrès  a  été  très  bien  rempli. 
Citons  d'abord  une  communication  de  T\L  Tochon  sur  la  situation  viti- 
cole  dans  le  département  de  la  Savoie;  on  y  lutte  avec  ardeur  contre 
le  phylloxéra,  surtout  par  les  traitements  administratifs.  —  M.  Ro- 
bin traite  ensuite  des  meilleures  conditions  d'établissement  et  d'entre- 
tien d'une  vigne  française  greffée  sur  vigne  résistante.  Puis  M.  Aimé 
Champin  expose,  avec  son  esprit  et  sa  verdeur  bien  connus,  les  divers 
modes  de  greffage;  rien  n'est  plus  simple  que  de  greffer,  le  tout  est 
de  bien  faire.  A  son  tour,  M.  Dejardin  présente  des  détails  sur  l'en- 
quête viticole  qu'il  a  faite  dans  le  Gard  ;  les  résultais  de  cette  enquête 
ont  été  publiés  récemment  dans  le  Journal.  Sur  la  demande  de  M.  Hor- 
tolès,  M.  Despetis  donne  des  renseignements  sur  la  valeur  des  divers 
cépages  américains,  suivant  qu'ils  sont  réfractaires  aux  atteintes  du 
phylloxéra  ou  qu'ils  vivent  malgré  ces  atteintes  ;  il  insiste  principa- 
lement sur  les  bons  résultats  obtenus,  ainsi  que  MM.  Planchon  et  Cham- 
pin l'ont  constaté,  avec  les  Riparia,  les  Solonis,  les  Rapestris  et  les 
Vialla.  Après  une  discussion  entre  M.  Laliman  et  M.  Planchon,  sur  la 
valeur  du  Clinton,  M.  Douysset  fait  connaître  les  résultats  qu'il  a  ob- 
tenus dans  la  culture  des  vignes  américaines,  et  M.  Comy  donne  des 
renseignements  sur  la  greffe"  herbacée  de  la  vigne. 

A  la  suite  de  toutes  ces  communications  qui  ont  toujours  été  suivies 
par  un  très  nombreux  auditoire^  le  congrès  adopte  les  vœux  dont 
voici  le  texte  : 

«  1"  Le  Congrès,  considérant  que  l'impossibilité  de  trouver  des  phylloxéras 
pendant  l'arrêt  de  la  végétation  sur  les  boutures  de  vignes  est  un  fait  incontes- 
tal)le  pour  tous  ceux  qui  connaissent  les  mœurs  du  phylloxéra,  émet  le  vœu  que 
le  gouvernement  supprime  -dans  le  plus  bref  délai  les  entraves  qui  s'opposent  à  la 
circulation  des  boutures  américaines  et  à  la  reconstitution  des  vignes  françaises. 

«  2"  Considérant  qu'il  résulte  des  expériences  scientifiques  pratiquées  par  le  doc- 
teur Fatio,  représentant  de  la  Confédération  suisse,  que  rien  n'est  plus  facile  que 
de  désinfecter_  complètement  les  végétaux,  enracinés  ou  non,  par  des  procédés 
connus,  expérimentés  depuis  quelque  temps,  le  Congrès  émet  le  vœu,  que  la  con- 
veiition  de  Berne  soit  revisée,  de  manière  à  faciliter  la  circulation  de  tous  les  pro- 
duits végétaux. 

«  3°  Le  Congrès  émet  le  vœu  que  le  prochain  dégrèvement  qui  pourra  être  réa- 
lisé, grâce  aux  excédents  de  revenus  sur  les  évaluations  budgétaires,  porte  sur 
l'impôt  foncier  des  propriétés  rurales  non  bâties  et  spécialement  sur  les  terrains 
plantés  de  vignes  détruites  ou  attaquées  par  le  pliylloxera. 

«  4°  Le  Congrès  appuie  chaudement,  auprès  de  M.  le  ministre  de  l'agriculture 
et  du  commerce,  le  vœu  émis  par  plus  de  20,000  chefs  de  famille  représentant 
plus  de  100,000  personnes,  d'obtenir  du  gouvernement,  un  secours  sans  lequel 
rien  n'empêchera  l'émigration  des  vignerons  de  la  région  lyonnaise,  ruinés  par  les 
ravages  du  phylloxéra  rendus  plus  désastreux  encore  par  les  gelées  du  dernier 
hiver. 

«  5"  Le  Congrès  émet  le  vœu  que  le  gouvernement  accorde  aux  vignes  améri- 
caines qui  s'imposent  dans  les  pays  où  la  vigne  française  est  détruite  par  le  phyl- 
loxéra, les  faveurs  accordées  aux  insecticides  dans  les  régions  récemment 
envahies.  » 

Le  Congrès  a  été  clôturé  par  un  banquet.  Des  toasts  nombreux  ont 
été  successivement  portés  par  MiAL  Bender,  Barrai,  Guyot,  Champin, 
Fatio,  Peyret,  de  Rosavenda,  Gaillard,  Despetis,  tous  accueillis  avec 
chaleur.  La  pensée  du  Congrès  a  été  condensée  dans  le  toast  porté  par 
M.  Barrai  à  la  renaissance  de  la  viticulture  française  qui  ne  veut  pas  se 
laisser  tuer  par  le  phylloxéra. 

Une  exposition  viticole  montrait,  à  coté  du  Congrès,  les  engins  et 
les  résultats  de  tous  les  travaux  entrepris  contre  le  phylloxéra;  elle 


CONGRES  INTERNATIONAL  DE  VITICULTURE  A  LYON.  25 

était  accompat];née  d'une  très  belle  exposition  d'horticulture.  Enfin,  le 
lendemain  de  la  clôture  des  séances,  une  visite  faite  aux  vignes  de 
M.  Gaillard,  à  Briguais,  a  permis  de  constater,  au  milieu  de  ceps  tués 
par  le  puceron,  la  magnifique  végétation  de  nombreux  cépages  améri- 
cains. G.  Gaudot. 

EXPOSITION  AGRICOLE  ET  HORTICOLE 

A  FONTENAY-LE-COMTE 

I.  —  La  Société  d'horticulture  de  Fontenay  (Vendée),  revenue  triomphante  de 
l'Exposition  universelle  de  1878,  avait  retrouvé  ses  ricliesses  pour  son  exhibition 
de  septembre  18S0.  Jamais,  en  effet,  nous  n'avions  eu,  dans  notre  ville,  un  con- 
cours aussi  brillant  et  aussi  riche  en  produits  de  toute  sorte  que  celui  des  18  et 
19  septembre.  L'ne  des  allées  du  champ  de  foire  était  le  lieu  choisi  pour  cette  lutte 
toute  pacifique.  Ce  local,  un  peu  ingrat  peut-être,  et  assurément  trop  restreint, 
avait  cependant  un  aspect  d'ordre  et  de  propreté  qui  r.'posait  agréablement  les  re- 
gards du  visiteur-  Un  gracieux  pavillon,  construit'  pour  abriter  les  diplômes  de 
médailles  d'or  et  d'argent  décernés  à  la  Société  dans  les  classes  87  et  88,  faisait 
face  à  l'entrée.  Les  légumes  et  les  fruits  groupés  devant  ces  diplômes  justifiaient, 
par  leur  grosseur  et  leur  beauté  vraiment  exceptionnelles,  l'obtention  de  ces  hautes 
récompenses.  —  Sous  des  hangars  élégamment  ornés  et  pavoises  aux  couleurs  na- 
tionales, on  avait  d'un  côté  les  plantes  et  arbustes  d'ornement,  et  de  l'autre  les 
produits  maraîchers;  aux  deux  extrémités,  les  fruits  de  la  saison  et  de  ravissants 
iDOuquets  attestaut  une  amélioration  sensible  dans  cette  branche  importante  de  la 
floriculture.  Mais  on  remarquait  surtout  un  incontestable  progrès  dans  le  nombre 
et  la  valeur  des  lots  de  plantes  fleuries  et  de  végétaux  à  feuillage  ornemental.  Men- 
tionnons, tout  d'abord,  les  palmiers  et  les  fougères  de  MAL  Henri  Pierre  et  Picherit, 
leurs  coleus  si  nombreux  et  si  variés,  ainsi  que  la  magnifique  collection  de  bégo- 
nias rex  de  M.  Picherit,  Citons  ensuite  les  lots  très  remarquables  de  MM.  Micou 
jeune  et  Jamard,  puis  les  apports  plus  modestes,  mais  encore  fort  intéressants,  de 
MM.  Eugène  Duteau  et  Jean  Hucteau. 

Les  fruits  de  la  saison  étaient  superbes.  M.  Benêt,  jardinier  à  Sainte-Hermine, 
et  M.  Rousseau,  directeur  de  l'école  communale  de  Fontenay,  présentaient  des 
collections  vraiment  remarquables  Le  jury  a  récompensé,  après  eux,  des  exposants 
dont  les  lots  moins  importants  étaient  composés  cependant  de  spécimens  très  beaux 
et  très  bien  choisis. 

La  culture  maraîchère  fixait  l'attention  des  visiteurs  par  ses  magnifiques  pro- 
duits :  carottes,  pomimes  de  terre,  betteraves,  choux-tleurs,  céleris,  etc.  Les  prin- 
cipaux lauréats  sont,  dans  cette  catégorie  :  MM.  Micou  jeune,  Micou  aîné,  Main- 
got,  Baudoin,  Audebrand  et  Brillouet. 

Un  jardinier  d'amateur,  M.  B.  Savaricou  exposait  un  joli  lot  de  patates  douces 
d'Amérique  (Dloscorea  Batatas).  Elles  appartenaient  à  deux  variétés,  la  blanche  et 
la  rose  dite  de  Malaga. 

En  résumé,  notre  belle  exposition  a  conquis  tous  les  suffrages,  et  les  personnes 
compétentes  affirment  qu'elle  a  surpassé  de  beaucoup  celles  qui  l'ont  précédée. 

La  Société  d  horticulture  de  Fontenay-le-G3mte,  fondée  en  1862,  poursuit  avec 
zèle  et  persévérance  l'accomplissement  de  sa  tâche.  Ennemie  du  bruit  et  de  la 
réclame,  mais  extrêmement  dévouée  à  son  œuvre,  elle  trouve  dans  les  progrès 
qu'elle  suscite  et  les  améhorations  qu'elle  introduit,  la  juste  récompense  de  ses 
efforts  et  de  ses  sacrifices. 

II.  —  Dans  une  enceinte  voisine  de  l'exposition  d'horticulture,  le  Comice  agri- 
cole de  l'arrondissement  de  Fontenay  tenait  aussi  son  concours.  La  race  cheva- 
line mulassière  y  était  représentée  par  49  sujets  presque  tous  très  remarquables. 
Les  taureaux  de  race  vendéenne  offraient  un  ensemble  moins  satisfaisant,  mais 
les  vaches  et  les  génisses  formaient  un  excellent  groupe,  et  le  jury  a  facilement 
placé  les  récompenses  dont  il  disposait".  L'espèce  porcine  n'était  représentée  que 
par  deux  animaux  de  race  craonnaise.  Parmi  les  moutons,  peu  nombreux,  nous 
ne  trouvons  à  signaler  qu'un  bélier  de  30  mois  et  un  lot  de  5  brebis  southdow- 
mérinos  d'une  conformation  irréprochable. 

Dans  la  catégorie  des  animaux  de  basse-cour  tout  était  médiocre,  à  part  une 
jolie  paire  de  canards  de  Rouen  et  un  beau  croisement  Rouen-Labrador. 

Les  machines  agricoles  sont  l'objet  d'une  faveur  croissante.  La  culture  ne  se 
contente  plus  des  ressources  que  lui  offre  la  capitale  ;  elle  veut   s'approvisionner 


26  EXPOSITION  AGRICOLE  ET  HORTIOOLE  DE  FONTENAY. 

surplace.  Aussi  les  dépôts  de  province  aui^menteat-ils  en  nombre  et  en  importance. 
Deux  commerçants  de  Fontenay,  MM.  Bouillard  et  Ribotteau,  avaient  envoyé  au 
concours  un  ensemble  d'instruments  dont  la  variété  et  le  choix  ont  été  remar- 
qués comme  ils  méritaient  de  l'être. 

Dimanche  soir,  à  sept  heures,  un  banquet  a  réuni  les  membres  du  Comice  et 
les  autorités  du  département.  Plusieurs  discours  ont  été  prononcés  ;  mais  comme 
nous  ne  voulons  pas  mêler  la  politique  à  l'agriculture,  nous  nous  abstiendrons 
d'en  parler.  E.  Boncenne,  lils. 

CONCOURS  DE  LA  SOCIÉTÉ  D\\CRICULTURE  DE  MEAUX 

Chaque  année,  la  Société  d'agriculture  de  Meaux  organise  des 
concours  spéciaux  d'instruments  et  de  machines  agricoles.  Voilà  neuf 
à  dix  ans  qu'elle  est  entrée  dans  cette  voie;  les^ résultats  qu'elle  a 
obtenus  sont  de  nature  à  l'encourager  à  y  persévérer.  Ces  concours 
portent,  chaque  année,  sur  des  machines  différentes,  de  faron  à  avoir 
embrassé,  au  bout  d'un  certain  tetnps,  tout  le  cycle  des  engins  de 
l'agriculture.  D'ailleurs  le  bureau  de  la  Société,  présidé  par  M.  le  comte 
de  Moustier,  ne  refuse  jamais  l'accès  aux  machines  qui  peuvent  être 
présentées  en  dehors  des  catégories  appelées  à  concourir. 

C'est  le  18  septembre  qu'ont  eu  lieu  les  essais  de  cette  année,  réservés 
aux  machines  à  battre  et  aux  trieurs.  Ces  essais  étaient  très  bien  orga- 
nisés, et  des  gerbes  en  quantité  suffisante  avaient  été  mises  à  la  dispo- 
sition des  concurrents.  Les  principaux  étaient  MM.  Curaming,  Gautreau, 
la  Société  française  de  matériel  agricole,  31aréchaux,  Fortin,  Berlin,  pour 
les  machines  à  battre;  MM.  Léon  Mabille,  Fortin,  Symon,  successeur  de 
Vilcocq,  pour  les  tarares  ou  les  trieurs.  A  côté  étaient  exposés  un  assez 
grand  nombre  d'autres  instruments,  notamment  les  semoirs  Smyth, 
ceux  de  Ben.  Reid,  les  pompes  de  Noël,  des  scarificateurs,  quelques 
charrues  exposées  par  des  constructeurs  du  pays,  etc. 

Les  essais  ont  donné,  pour  les  diverses  séries  de  machines,  les  résul- 
tats suivants  : 

Dans  la  r°  catégorie,  celle  des  machines  à  grand  travail,  vannant  et 
criblant,  mues  par  la  vapeur,  le  1''  prix,  consistant  en  une  médaille 
d'or  et  300  fr.  a  été  décerné  à  la  Société  française  de  maiériel  agricole  de 
Vierzon  (ancienne  maison  Gérard);  —  le  2"^  prix,  médaille  d'argent  et 
180  fr.,  donné  par  la  Société  des  agriculteurs  de  France,  à  M.  Cumming 
d'Orléans;  —  le  3°  prix,  médaille  d'argent  et  1 00  fr.,à  M.  Gautreau,  de 
Dourdan. 

La  2"  catégorie  comprenait  les  machines,  à  manège  de  3  ou  4  che- 
vaux, vannant  et  criblant.  Le  r'prix,  médaille  d'argent  donnée  par  la 
Société  des  agriculteurs  de  France  et  200  fr.,  a  été  remporté  par  M.  Gau- 
treau, de  Dourdan.  —  Le  2'  prix  n'a  pas  été  décerné.  —  Quant  au  3% 
médaille  de  bronze  et  50  fr.,  il  est  échu  à  M.  Girardin,  d'Étampes. 
f  Dans  la  3"  catégorie,  réservée  aux  machines  à  battre  à  manège  pour 
petite  culture  à  1  ou  2  chevaux,  le  ]''  prix,  médaille  d'or  et  200  fr., 
a   encore   été   attribué   à   M.    Gautreau,  de  Dourdan;  —  le  2"  pr' 


IX. 


médaille  d'argent  et  100  fr.,  à  M.  Bertin,  de  Montereau;  —  le  3'  prix, 
médaille  de  bronze  et  50  fr.,  à  M.  Fortin,  de  Montereau. 

La  W  catégorie  comprenait  les  machines  à  battre  les  petites  graines. 
Le  r'prix,  médaille  d'or  et  100  fr.,  a  été  remporté  par  M.  Cumming, 
d'Orléans;  —  le  2'  prix,  médaille  d'argent  et  50  fr.,  par  M.  Bertin,  de 
Montereau,  pour  la  batteuse  Chenel. 

Dans  la  5^  catégorie,  on  avait  réservé  les  perfectionnements  appli- 


CONCOURS  SPÉCIAUX  DE  LA  SOCIÉTÉ  D'AGRICULTURE  DE  ME  AUX.       27 

cables  aux  machines  à  battre.  Deux  prix  ont  été  décernés  :  le  1'', 
médaille  d'argent  et  100  fr.,  à  M.  Maréchaux,  de  Montmorillon,  pour 
l'application  de  son  tarare  à  sa  machine  à  battre  ;  le  2%  médaille 
d'argent,  à  M.  Girardin,  d'Etampes,  pour  le  même  motif. 

Quant  aux  tarares  et  trieurs,  le  concours  a  donné  les  résultais  sui- 
vants :  l^'prix,  médaille  d'argent  et  50  fr.,  à  M.  Léon  Mahille,  de 
Reims,  pour  son  tarare;  —  'i""  prix,  médaille  de  bronze  et  130  fr.,  à 
M.  Fortin,  de  Montereau,  pour  son  tarare.  En  outre,  une  médaille 
d'argent  a  été  attribuée  à  M.  Symon,  de  Meaux,  pour  son  trieur  système 
Vilcocq.  Henry  Sagisieii. 

DESTRUCTION  DE  LA  CUSCUTE 

i  En  1 880,  les  prairies  artificielles  ont  été  envahies  d'une  manière 
exceptionnelle  par  la  cuscute;  l'on  devait  s'y  attendre,  en  présence  de 
la  mauvaise  qualité  des  graines  de  trèfles  et  de  luzerne,  provenant  de 
la  misérable  récolte  de  ces  graines  en  1879,  et  de  la  confiance  trop 


---__  /^.  — - 


Fig.  2. 


Appareil  pour  séparer  ]a  cuscute  des  graines  fourragères. 


aveugle  du  cultivateur,  pour  les  graines  du  commerce,  dont  l'état  de 
pureté  laisse  trop  souvent  à  désirer.  Le  meilleur  moyen  de  ne  pas 
avoir  de  cuscute,  est  de  n'en  pas  semer. 

Au  moyen  du  cuscuteur  américain,  dont  nous  donnons  le  dessin 
(ûg.  2),  on  peut  épurer  les  graines  fourragères.  Cette  opération  doit 
être  faite  dans  la  ferme  ;  il  est  préférable  d'en  confier  l'exécution  à 
une  ouvrière  intelligente,  et  il  ne  faut  pas  exiger  un  rendement  plus 
élevé  que  ne  peut  donner  l'appareil  ;  le  modèle  de  cuscuteur,  en  usage 
dans  la  culture,  épure  50  litres  de  graine  par  heure,  soit  5  hectolitres 
par  jour.  Son  emploi  n'offre  aucune  difficulté,  puisqu'il  suffit  de  tour- 
ner lentement  une  manivelle,  pour  chasser  la  cuscute  et  les  graines 
avortées;  ce  travail  n'est  point  fatigant,  et  Ton  est  certain  d'une 
complète  épuration,  lorsqu'il  ne  tombe  plus  rien  du  tambour  de  cet 
appareil.  Ce  trieur  est  vendu  par  M.  Gaud,  à  Juvisy-sur-Orge  (Seine- 
et-Oise). 

Il  est  à  remarquer  que  la  cuscute,  vivant  du  suc  de  la  tige  sur 
laquelle  elle  s'est  fixée,  elle  continue  sa  maturation  après  la  fauchai- 
son,  et  que  sa  graine  arrive  à  maturité  parfaite  après  la  rentrée  en 


28  DESTRUCTION  DE  LA  CUSCUTE. 

grange  des  fourrages;  c'est  au  battage  qu'elle  se  mêle  aux   semences 
de  trèfle  et  de  luzerne. 

Une  des  meilleures  méthodes  pour  assainir  la  place  accaparée  par  la 
cuscute,  est  l'incinération,  faite  après  la  premwre  coupe,  si  l'on  a  la 
précaution  de  comprendre  dans  la  partie  à  briller  au  moins  un  mètre 
de  largeur  en  plus  de  fourrage  vert  au  pourtour,  ce  fourrage  ayant 
bien  certainement  des  fibres  de  cuscute  après  ses  tiges.  Ces  réserves 
ne  seront  fauchées  et  brûlées  sur  place  qu'après  l'enlèvement  de  la 
première  coupe.  L.  de  Sardriac. 

CONCOURS  HIPPIQUES  DE  L'ASSOCIATION  BRETONNE 

Les  concours  que  défraye  l'État  ne  donnent  pas  toujours  les  mêmes 
résultats  que  ceux  qui  émanent  de  Tinitiative;  telle  était  du  moins  l'opi- 
nion qu'émettait  M.  de  Lavergne  dans  son  livre  de  l'Economie  rurale 
de  la  France.  11  fut  même  un  moment  depuis  cette  époque,  où  quel- 
ques-uns pensaient  que  le  temps  de  s'adresser  au  gouvernement  pour 
les  récompenses  à  donner  à  l'agriculture  était  désormais  passé.  Mais 
les  choses  nous  paraissent  changées  et  telle  société  départementale 
d'agriculture  prendrait  volontiers  le  titre  de  société  officielle,  tel  comice 
n'hésite  pas  à  prendre  le  titre  de  comice  subventionné. 

Il  existe  cependant  encore  quelques  associations  provinciales,  telles 
que  l'association  normande  et  l'association  bretonne.  Cette  dernière 
créée  en  1845,  transporte  ses  concours  dans  l'un  des  cinq  déparlements 
de  l'ancienne  Bretagne,  et  a  servi  de  point  de  départ  à  l'institution  des 
concours  régionaux.  Association  libre  de  propriétaires,  elle  comprend 
deux  sections,  l'une  d'agriculture,  et  l'autre  d'archéologie  qui  redouble 
l'attachement  au  sol  par  l'étude  des  souvenirs  du  pays  et  de  ses  monu- 
ments. Il  est  vrai  qu'elle  subit,  sous  l'empire,  une  éclipse  forcée;  mais 
elle  s'est  reconstituée  en  1873  et  elle  tenait  cette  année  à  Quintin  son 
7^  concours  depuis  cette  époque.  Elle  a  cru  devoir  ajouter  aux  sections 
d'agriculture  et  d'archéologie  une  section  hippique,  et  a  tenu  successi- 
vement des  concours  pour  l'espèce  chevaline,  à  Savenay,  Guingamp, 
Landerneau  et  enfin  à  Quintin. 

Il  n'est  aucune  province,  sans  excepter  la  Normandie,  où  la  production 
et  l'élevage  du  cheval  jouent  un  rôle  aussi  important  qu'en  Bretagne, 
et  particulièrement  dans  les  départements  du  Finistère  et  desCôtes-du- 
Nord,  d'où  près  de  40,000  chevaux  sont  annuellement  exportés.  Dès 
1760  le  duc  de  Chaulnes,  alors  gouverneur  de  la  Bretagne,  pensait  que 
cette  province  pourrait  à  elle  seule  pourvoir  un  jour  aux  besoins  de  la 
cavalerie  française,  et  les  états  de  Bretagne  donnèrent  à  diverses  reprises 
d'importants  encouragements  à  la  production  du  cheval.  Malheureuse- 
menton  ne  savait  pas  alors  que  les  animaux  sont,  dans  l'ensemble  de  leurs 
qualités,  l'expression  des  conditions  climatériques  des  contrées  où  ils 
naissent  et  sont  élevés:  que  c'est  à  un  sol  mieux  amendé  et  mieux  cul- 
tivé qu'il  faut  demander  l'agrandissement  des  races,  et  ne  pas  l'attendre 
des  reproducteurs  de  grande  taille,  si  par  ailleurs  on  ne  peut  con- 
tester l'influence  du  sang  qui  peut  seule  rendre  capables  d'actions  éner- 
giques, le  cheval  de  guerre  et  de  selle.  L'époque  n'était  pas  venue  où 
les  progrès  de  l'agriculture  pourraient  permettre,  dans  le  Léon  et  dans 
le  Finistère,  de  produire  le  similaire  du  solide  trotteur  de  Norfolk,  sur 
le  littoral  des  Côtes-du-Nord  le  percheron-breton,  et  en  Cornouaille, 
dans  la  montagne,  le  cheval  de  selle. 


CONCOURS  HIPPIQUE   DE    L'ASSOCIATION  BRETONNE.  29 

La  ville  de  Quinîin  où  s'est  tenu  cette  année  le  concours  hippique  de 
l'association  bretonne  est  située  à  la  limite  qui  sépare  l'élevage  du 
cheval  de  selle  del'élevafçe  du  cheval  de  trait,  et  ce  sont  piincipalement 
cps  deux  classes  qui  ont  le  plus  contribué  à  l'exposition  hippique 
ijailleurs  fort  remarquable,  bien  que  peu  favorisée  par  le  temps. 

Le  Finistère  qui  produit  en  jjrand  nombre  le  postier  et  le  cheval 
d'attelage,  n'a\ ait  envoyé  que  fort  peu  de  spfcimens;  ce  qui  s'explique 
par  la  distance  qui  sépare  Quintin  du  Nord- Finistère. 

La  classe  des  chevaux  de  selle  était  la  plus  nombreuse  et  comptait 
plus  de  cent  sujets,  et  parmi  eux  de  très  remarquables  comme  élégance 
et  comme  conformation.  Presque  tous  venaient  du  pays  de  Corlay  qui 
depuis  longtemps  n  avait  pas  produit  d'aussi  bons  types.  On  le  doit  au 
soin  judicieux  apporté  dans  le  choix  des  reproducteurs.  En  général,  le 
cheval  de  pur  sang  anglais  n'y  donne  jamais  de  mauvais  produits,  lors- 
qu'on ne  saurait  en  dire  autant  du  cheval  anglo-normand.  De  l'aveu  des 
gens  compétents,  la  transformation  qui  s'est  opérée  dans  la  race  dite  de 
Corlay,  tient  à  une  modification  orgunique  résultant  d'une  alimentation 
plus  substantielle.  Grâce  au  calcaire  qui  pénètre  aujourd'hui  dans  le 
centre  de  la  Bretagne,  le  cultivateur  obtient  de  très  beaux  trèfles  et  de 
très  belles  racines,  et,  par  suite,  peut  nourrir  plus  abondamment  ses 
animaux.  11  faut  espérer  que  l'Administration  des  haras  saura  trouver 
dans  la  génération  actuelle,  des  reproducteurs  qui  nés  et  élevés  dans 
leur  pays,  contribueront  mieux  que  la  plupart  de  ceux  qui  sont  envoyés 
du  dehors,  à  perfectionner  l'ancienne  race  de  Corlay  remarquable  à 
tous  égards. 

La  catégorie  des  juments  de  trait  était  très  nombreuse,  et  on  remar- 
quait surtout  parmi  les  juments  de  3  à  8  huit  ans,  des  sujets  très 
beaux,  venus  des  pays  de  Lamballe,  Guingamp  oii  s'est  formé  le 
type  du  Percheron-breton.  Les  reproducteurs  du  Perche  ont  été  presque 
constamment  introduits  dans  les  Côtes-du-Nord  par  les  encouragements 
qui  leur  ont  été  donnés  par  le  département  et  l'Kiat  Aujourd  hui,  l'Ad- 
mi-nislration  des  haras  croit  devoir  recourir  directement  au  sangoriental. 
En  général,  à  part  quelques  exceptions,  les  poulains  issus  de  ce  croi- 
sement laissent  à  déirer  comme  dessous,  et  on  pense  que  la  race 
pourrait  aujourd'hui  être  améliorée  par  clle-méiDe. 

Encore  quelques  concours  comme  celui  de  Quintin,  et  l'on  verra 
avant  peu  l'industrie  chevaline  des  Cô'.es  du-Nord  et  surtout  celle  de 
la  Cornouaille,  rivaliser  ;ivec  celles  de  la  iNormandie  et  du  Finistère, 
et  ces  concours  répétés  chaque  année  dans  les  divers  départements  de 
l'ancienne  Bret.igne,  seront  dans  l'avenir  un  des  plus  beaux  titres  de 
l'Association  bretonne  à  la  reconnaissance  du  pays. 

A.     DE    LA  JM0RV0.NNAIS. 

UNE  CONFÉRENCE  VITICOLE  AU  PLAUD-CHERMIGNAC 

En  nous  rendant  le  li)  de  ce  mois,  à  la  coniérence  faite  au  domaine 
du  Plaud-Chermignac  ((Jharente-Iuferieure;,  nous  avons  été  frappé  de 
ne  plus  rencontrer  ces  nombreuses  pièces  de  vignes  qui  bordaient  la 
roule  de  Saintes  à  Cherinignac  et  que  le  phylloxéra  a  détruites. 

A  la  conférence,  assistaient  MM  MoaUon,  président  du  tribunal  de 
commerce  de  dognac^  Paul  Rouvier,  conseiller  général,  Calvet,  membre 
du  comité  central  de  Grissac,  et  divers  viticulteurs  venant  de  loin. 

M.  Menudier  a  exposé,  que  traitant,  depuis  trois  ans,  les  deux  tiers 


30  UNE  CONFÉRENHE  VITICOLE  AU    PLAUD-CHERMIGNAC. 

de  son  vignoble  (c'est-à-dire  vingt  hectares)  par  le  sulfure  de  carbone 
et  les  engrais,  il  en  était  tellement  satisfait  qu'il  avait  cru  devoir  mon- 
trer aux  propriétaires  les  résultats  obtenus  en  sols  profonds  ;  et  il  n'a 
pas  manqué  de  taire  ressortir  rmsnffisance  de  ces  mêmes  moyens  sur 
les  sols  légers  calcaires  et  superficiels  :  le  prix  du  traitement  est  de 
1  50  à  160  fr.  par  hectare  mais  qu'on  peut  réduire  à  moitié  en  ne  l'ap- 
pliquant que  tous  les  deux  ans. 

M.  Moullon  a  déclaré  qu'il  traitait  huit  hectares  de  vignes  en  sols 
profonds,  à  l'aide  du  sulfocarbonate  de  polassium  et  avec  le  plus  grand 
succès. 

M.  le  D*"  Menudier  a  dit  ensuite  que  pour  les  propriétaires  dont  les 
vignobles  étaient  ou  non  défendables  ou  détruits,  il  leur  restait  la 
ressource  des  cépages  américains  à  racines  résistantes  et  dont  on  peut 
employer  les  uns  comme  producteurs  directs  tels  le  Jacques,  V Herbe- 
mont,  ['Elvira,  et  les  autres  en  greffant  nos  cépages  du  pays  sur  le 
riparia,  le  cordifoHa  sauvage,  le  solonù,  le  york-niadeira,  le  viaVa^  etc. 

A  l'appui  de  la  possibilité  du  gretîage,  môme  avec  des  boutures 
simples,  M.  xMenudier  en  a  présenté  plusieurs  greffées  par  M.  Boutin, 
cette  année  même,  et  qui  étaient  parfaitement  soudées. 

M.  llouvier,  à  peine  revenu  d'un  voyage  dans  les  départements  du 
Midi,  a  pris  la  parole,  et  a  exprimé  toute  la  satisfaction  qu'il  avait 
éprouvée  en  visitant  les  nouveaux  vignobles  créés  avec  des  cépages 
américains  résistants,  et  il  ne  doute  pas  de  leur  avenir  dans  les  Cha- 
rentes. 

Après  la  conférence,  les  assistants  ont  parcouru  les  deux  vignobles 
de  M.  le  D""  Menudier,  l'un  au  Plaud,  l'autre  au  domaine  du 
Chalet. 

Il  était  impossible  de  ne  pas  être  saisi  d'admiration,  devant  ces 
magnifiques  vignes,  chargées  de  raisins,  alors  que  celles  des  voisins 
sont  arrachées,  ou  mourantes;  10  hectares,  sur  30  hectares  50  ares  de 
vignes  françaises,  n'étant  pas  défendables  en  raison  de  la  nature  du 
sol  —  et  avec  les  moyens  actuels  -—  M.  Menudier  les  remj)lacepar  des 
cépages  américains  résistants,  plantés  maintenant  sur  trois  hectares, 
et  qui  vont  être  beaucoup  multipliés  l'an  prochain. 

Nous  avons  remarqué  une  pièce  de  /"o/Ze  jaune,  greffée  en  1877  avec 
du  jacqiipz,  en  vue  de  faire  du  plant,  et  qui  est  d'une  végétation  tout 
à  fait  luxuriante;  la  racine  étant  française,  cette  vigne  est  maintenue 
par  le  sulfure  de  carbone  et  les  engrais. 

Devant  cette  pièce,  se  trouve  une  plantation  de  2  hectares,  faite  cette 
année  avec  des  boutures  simples  de  Jacquez,  et  qui  donnera  bien  00  à 
70  pour  100  de  reprises. 

Plus  loin,  dans  une  antre  pièce  de  vigne  d'études,  on  rencontre  mêlés 
les  uns  aux  autres,  différents  cépages  américains,  afin  de  voir  quels 
sont  ceux  qui  s'adapteront  le  mieux  au  sol  calcaire,  et  offriront  le  plus 
de  résistance  au  phylloxéra. 

Quelques-uns  de  ces  cépages  remontant  à  trois  ans,  présentent  un 
fouillis  impénétrable  de  branches  et  de  feuilles  et  d'un  aspect  admirable. 
Là  se  trouvent  aussi  nos  cépages  français,  greffés  sur  américains,  et  des 
mieux  réussis  ;  dans  une  vigne  où  on  a  arraché  des  ceps  morts  par  le 
phylloxéra,  on  a  planté,  comme  essai,  il  y  a  trois  ans,  dans  les 
mêmes  trous  des  Jacquez  et  Herbemonts  qui  végètent  très  bien  et  luttent 
avec  succès. 


UNE  CONFERENCE  VITICOLE  AU  PLAUD-GHERMIGNAC.  31 

Nous  avons  ensuite  visité  les  cépages  américains  du  jardin  parmi 
lesquels,  un  Jacquez  de  six  ans  (le  doyen  du  département)  et  d'une 
végétation  phénoménale. 

Nous  avons  exammé,  avec  le  plus  grand  soin,  les  deux  pépinières, 
l'une  en  jardin  et  l'autre  en  plein  champ,  parfaitement  tenues  et  conte- 
nant environ  50,000  chevelus. 

Nojs  nous  sommes  retiré,  avec  la  conviction  profonde  que  certains 
vignobles  de  notre  département  peuvent  être  défendus  avec  profit  et  que 
dans  ceux  oii  le  sulfure  de  carbone  n'est  pas  applicable,  la  reconstitu- 
tion des  vignes  est  des  plus  praticables  à  l'aide  des  cépages  américains 
résistants. 

Nous  n'avons  pu  quitter  M.  le  D'"  Menudier  sans  le  remercier,  de 
nous  avoir  montré,  à  côté  des  préceptes^  d'excellents  exemples  et  nous 
engageons  fortement  les  viticulteurs  à  se  rendre  au  Plaud  où  ils  sont 
toujours  sûrs,  du  reste,  de  rencontrer  le  meilleur  accueil. 

A.  D. 

LE  CRÉDIT  AGRICOLE 

I.  —  Un  négociant  rusé  proclamait,  il  y  a  quelque  vingt  ans,  sur 
la  façade  de  ses  docks,  que  la  concurrence  est  l'âme  du  commerce;  c'est  là 
un  axiome  que  M.  Prudhomme  ne  ferait  aucune  difficulté  d'admettre, 
puisqu'il  a  écrit  en  une  page  de  ses  mémoires  que  le  crédit  est  l'âme 
de  l  industrie. 

Tous  ceux  des  besoins  sociaux  dont  la  satisfaction  peut  être  la  source 
d'un  bénéticc  quelconque  (honnête,  ou  uîême,  il  faut  bien  le  dire, 
simplement  légal)  sont  devinés  par  quelques  initiateurs  toujours  à 
l'atTùt,  qui  proposent  une  solution  bonne  ou  mauvaise,  réussissent  ou 
échouent,  font  fortune  ou  faillite;  mais,  ils  ont  posé  la  question, 
préparé  les  esprits,  laissé  entrevoir  les  moyens,  ouvert  la  voie  en  un 
mot;  s'ils  tombent,  tôt  ou  tard  l'idée  sera  reprise,  améliorée,  perfec- 
tionnée peut-être. 

Nous  possédons  des  institutions  de  crédit  commercial  et  industriel 
dont  la  multiplicité  croissante  répond  à  une  nécessité  dès  longtemps 
évidente.  L'agriculture  qui,  elle  aussi,  est  bien  une  industrie,  et  qui 
réclame  Torganisation  d'un  crédit  spécial,  n'a  reçu  qu'une  minime 
satisfaction  par  la  fondation  des  crédits  foncier  et  agricole.  Quant  au 
crédit  mobilier,  personne  n'a  osé  l'aborder  encore,  prétendant  qu'il 
fallait,  avant  tout,  modifier  le  Code  civil  relativement  aux  privilèges 
du  propriétaire,  arguant  que  l'agriculture  ne  peut  utiliser  que  des 
prêts  à  longs  termes  et  conséquemment  à  un  taux  onéreux.  Cependant, 
il  s'est  fondé,  depuis  quelques  années,  des  Sociétés  de  matériel  agricole, 
des  agences  centrales  et  départementales,  opérant  à  leurs  risques  et  pé- 
rils, sorte  d'ébauche  de  crédit  mobilier.  C'est  là  un  commencement  de 
progrès,  mais  insuffisant  en  la  crise  que  nous  traversons  actuellement 
dufaitdes  circonstances  climatériques. 

Etant  donné  que  l'industrie  agricole  ne  peut  être  fructueusement 
pratiquée  qu'à  l'aide  de  deux  systèmes  appliqués  l'un  ou  l'autre  avec 
dicernement  et  suivant  les  circonstances,  il  faut  bien  reconnaître 
que  pour  établir  cette  division  du  travail,  il  nous  manquera  les  capitaux 
ou  le  crédit. 

Suivant  qu'il  s'agira  de  culture  à  hauts  rendements  ou  de  culture 
pastorale,  il  nous  faudra:  des  améliorations  foncières  (drainage,  création 


32  LE  CRKDIT    AGRICOLE. 

de  prairies  ou  d'herbages,  irrigation,  defoiiceinent),  des  engrais,  des 
instruments,  du  bétail  de  reproduction  et  de  service,  des  semences 
de  bonnes  variétés,  etc.,  etc. 

Actuellement,  l'agriculteur  solvable  trouve,  avec  crédit  à  assez  long 
terme,  des  instruments,  des  engrais  commerciaux,  des  fonds  môme 
pour  ses  améliorations  foncières.  Mais  combien  souvent  reçoit-il  des 
instruments  de  pacotille,  des  engrais  frelalés?  Que  de  fois  il  dépense 
l'argent  emprunté  en  drainages  ou  irrigations  mal  établies,  en  con- 
structions aussi  onéreuses  que  grandioses  ?  De  quel  prix  d'ailleurs  paie- 
t-il  ce  crédit  accordé  ? 

Ne  serait-il  pas  possible  d'organiser  une  inslitulion  agricole  qui, 
prélevant  pour  ses  capitaux  un  intérêt  suffisant,  put  offrir  à  la  culiuie 
un  crédit  à  long  terme  avec  amorLissement  progressif,  se  chargeant  de 
lui  fournir  en  nature  les  instruments,  les  engrais,  les  setnences  dont 
elle  a  besoin,  et  tout  cela  de  qualité  et  d  origine  garanties,  de  faire 
exécuter  à  ses  frais,  par  des  gens  compétents,  les  améliorations  qu'elle 
réclame? 

II  —  Trois  personnes,  en  1869,  avaient  eu  l'idée  d'organiser  ce 
système  de  crédit  mobilier  agricole  en  nature,  et,  ce  projet,  soumis'  à 
un  honorable  député,  propriétaire  eta.ijjriculteur,  l'avait  si  complètement 
séduit  qu'il  en  avait  acceplé  le  patronage  et  commençait  à  en  pour- 
suivre la  réalisation,  quand  la  funeste  guerre  vint  suspendre  toute  entre- 
prise de  cette  nature.  Peu  après,  la  mort  enlevait  le  député  patriote,  le 
propriétaire  intelligent,  le  patron  du  projet;  et  tout  en  resta  là. 

Le  crédit  mobilier  agricole  doit-il  être  une  institution  charitable, 
fondée  avec  les  capitaux  de  l'Etat?  L'agriculture,  à  coup  sur,  le  repous- 
serait s'il  se  présentait  sous  cette  forme  Aurirollura  [ara  da  se;  il  faut 
que  les  cultivateurs  français  fassent  leurs  affaires  eux-mêmes.  LecréJit 
mobilier  constitue-t-il  une  opération  onéreuse  pour  celui  qui  l'entre- 
prendra? Nous  ne  le  pensons  pas,  et,  nous  appuyant  sur  l'observation 
constatée,  nous  rappellerons  encore  l'opinion  exprimée,  à  cet  égard, 
le  29  août  1864,  parM.  le  gouverneur  du  Crédit  foncier.  Si  l'agriculttiur 
ne  peut  accepter  que  des  échéances  à  long  terme,  c'est  que  les  transfor- 
mations qui  s'opèrent  dans  le  sol,  de  matières  premières  en  matières 
vendables,  de  l'engrais  par  exemple  en  froment  ou  en  betteraves,  exigent 
un  certain  laps  de  temps  impossible  à  abréger;  c'est  que  le  drainage, 
le  chaulage,  le  marnage,  le  dél'oncement,  ne  rentrent  que  par  fractions 
annuelles  et  ne  peuvent  s'amortir  que  dans  un  temps  variable.  Mais, 
s'il  ne  peut  pratiquer  toujours  l'exactitude  de  l'échéance,  soumis  qu'il 
est  aux  influences  climateriques  et  aux  fléaux  de  tout  genre,  le  culti- 
vateur n'est,  pas  moins  que  le  négociant  ou  l'industriel,  soucieux  de 
remplir  ses  engagements;  protégé  contre  la  faillite,  il  n'a  pas  moins  le 
culte  de  l'honneur,  et  le  gouverneur  du  Crédit  foncier  se  plaisait  à  lui 
rendre  cet  hommage. 

La  solution  du  problème  semble  consister  à  établir  l'emploi  de  l'em- 
prunt en  dépenses  reproductives,  à  proscrire  sa  consommation  impro- 
ductive. S'agirait-il  de  mettre  le  cultivateur  en  tutelle,  de  le  placer  sous 
la  direction  de  quelques  savants  ou  praticiens  d'une  compétence  même 
indiscutable,  de  lui  enlever  toute  mitiative  ou  toute  liberté  ?  Nullement. 
Un  parfait  agriculteur  devrait  réunir  toutes  les  connaissances,  être  à 
la  fois  chimiste,  mécanicien,  mgénieur,  économiste,  praticien.  C'est 
l'idéal,  et  la  réalité  n'en  approche  que  de  bien  loin  ;  d'ailleurs,  à  défaut 


LE  CRÉDIT  AGRICOLE.  33 

de  connaissances,  c'est  le  temps  qui  manquerait  à  notre  homme  pour 
ces  études  quotidiennes  et  complexes.  Aussi,  que  d'industriels  chontés 
vivent  de  ses  sueurs,  trompant  effrontément  sa  bonne  foi,  spéculant 
sur  son  incompétence  ou  sur  ses  besoins  ! 

Supposons  qu'au  lieu  de  cela,  l'agriculteur  puisse  s'adresser  à  une 
institution  intermédiaire,  possédant  un  personnel  spécial;  celle-ci  pourra, 
sur  sa  demande,  lui  fournir  tels  eni^i-ais  désirés  et  dont  elle  aura  fait 
l'analyse  corrélativement  avec  celle  du  sol  auquel  on  les  destine;  tels 
instruments  choisis  chez  tel  fabricant;  s'agit-il  de  drainage  ou  d'irri- 
gation, elle  examinera  les  plans  proposés,  fera  analyser  le  sol  et  les 
eaux,  jauger  les  ruisseaux  et  pourra  procurer  des  chefs  de  travaux 
exercés;  est-il  question  de  constructions,  elle  fera  établir  des  plans  et 
devis  conformes  aux  lois  de  l'hygiène  et  de  l'économie,  compoi'tant  les 
dispositions  les  mieux  ordonnées;  l'agriculteur  désire-t-il  vendre  ou 
ach»  ter  des  semences,  des  fourrages,  des  animaux  reproducteurs,  la 
Société  sera  en  mesure  d'acquérir  d'un  côté  et  de  fournir  de  l'autre. 

Certes,  l'institution  subira  des  pertes,  tout  comme  les  Sociétés  de 
crédit  et  les  banquiers;  mais  d'abord,  intermédiaire  le  plus  souvent 
entre  les  fabricants  et  les  cultivateurs,  elle  aura,  pour  s'en  couvrir,  les 
remises  et  l'escompte  des  premiers  dont  elle  prendra  le  lieu  et  la  place; 
puis,  achetant  au  comptant  et  vendant  à  terme,  il  lui  restera  d'autres 
ressources,  et,  c'est  ici  que  se  révèle  l'idée  non  moins  juste  que 
nouvelle. 

III.  —  Elle  est  due,  cet  idée,  à  un  homme  doué  d'aptitudes  spéciales 
et  multiples,  à  un  ancien  commerçant  doublé  d'un  ingénieur  mécani- 
cien. Celui-là,  le  premier,  arésolu  un  problème  agri3ole  des  plus  impor- 
tants, et,  grâce  à  son  incroyable  persévérance,  cette  solution  pénètre 
chaque  jour  à  grands  pas  dans  la  pratique. 

Dès  1848,  il  so  demandait  pourquoi  les  mercuriales  des  marchés  à 
fourrages  situés  à  de  faibles  dislances  les  uns  des  autres,  reliés  même 
entre  eux  par  des  lignes  ferrées,  présentaient  simultanément  des  diffé- 
rences de  20,  30  et  parfois  plus  de  50  pour  100;  il  constatait  que,  dans 
certaines  années  et  en  diverses  contrées,  les  fourrages  récoltés  en  abon- 
dance étaientgaspillés  sans  prévoyance,  tandis  qu'ailleurs  ou  en  d'autres 
années,  les  éleveurs  pressés  par  la  famine  étaient  contraints  de  vendre 
leur  bétail  à  tout  prix  et  d'interrompre  la  production  du  fumier,  au 
grand  diHriment  des  récoltes  prochaines  et  futures;  il  chercha  pourquoi 
la  multiplication  des  voies  de  communication  ayant  nivelé  le  prix  des 
céréales  et  aboli  les  disettes  pour  l'homme,  avait  si  peu  influé  sur  le 
prix  des  fourrages  et  laissé  subsister  les  famines  pour  le  bétail. 

Son  jugement  droit  lui  fit  bientôt  voir  que,  sous  b  volume  d'un 
mètre  cube  et  sous  le  poids  de  750  à  800  kilog.,  le  blé  représentait 
une  valeur  de  200  à  225  fr.  ;  que  sous  le  môme  cube  et  sous  un  poids 
de  75  à  85  kilog.  seulement,  le  foin  bottelé  ou  en  vrac,  ne  représentait 
qu'une  valeur  de  5  fr.  50  à  8  fr.  ;  qu'on  pouvait  par  conséquent,  trans- 
porter le  blé  trente  cinq  fois  au  moins  plus  loin  que  le  fourrage.  Puis, 
pénétrant  dans  les  détails,  il  reconnut  que,  eu  égard  à  sa  densité,  on 
peut  charger  tout  attelage  suivant  sa  force,  tout  véhicule  suivant  sa 
résistance,  avec  du  blé  ;  tandis  qu'avec  du  foin,  il  faut  transporter  un 
poids  mort  considérable  du  véhicule,  et  une  faible  charge  utile;  qu'un 
wagon  à  5,000  kilog.  de  limite  de  charge  ne  pouvait  recevoir  que 
2,500  kilog.  de  foin  payant  comme  5,000  kilog. 


34  LE  CREDIT  AGRICOLE. 

L'idée  d'augmenter  la  densité  du  foin  pour  réduire  son  cube  surgit 
des  faits;  il  fallait  comprimer  les  fourrages  pour  les  rendre  commerça- 
bles,  c'est- à  dire  transportables  à  l'égal  du  blé,  si  possible  était.  Le 
foin  est  une  matière  élastique,  compressible  par  conséquent;  il  n'y 
avait  qu'à  le  soumettre  à  une  presse.  Au  premier  abord,  cela  paraît 
tout  simple;  le  problème  pourtant  est  très  complexe  et  notre  inventeur 
s'en  aperçut  bientôt.  Il  fallut  faire  essais  sur  essais,  construire  modèles 
sur  modèles,  résoudre  des  problèmes  multiples,  pourvoir  à  tous  les 
détails  comme  à  tous  les  besoins,  lutter  contre  la  déloyauté  de  ceux-ci, 
contre  l'exploitation  de  ceux-là,  bref,  passer  par  la  série  des  déboires 
fatalement  suspendus  sur  la  tête  de  tout  inventeur. 

La  solution  était  juste,  bien  qu'elle  ne  dût  être  comprise  et  acceptée 
qu'à  la  longue.  Aujourd'hui  les  nombreux  systèmes  de  presses  à  four- 
rages que  nous  voyons  apparaîtie  dans  toutes  les  expositions  et  con- 
cours, prouvent  que  le  besoin  était  réel  et  que  l'idée  entre  enfin  dans 
la  phase  pratique;  quant  à  ses  conséquences,  elles  sont  immenses 
pour  Fagriculture. 

[La  suite  prochaineinent).  A.  Gobin. 

SITUATION  AGRICOLE  DANS  LOT-ET-GARONNE 

Tridon,  27  septeoibre. 

L'année  agricole  1880,  qui,  sous  bien  des  rapports,  nous  promet- 
tait d'être  satistaisante,  nous  réservait  toutefois  de  bien  funestes  dé- 
ceptions, la  grêle  s'est  abattue  sur  une  foule  de  communes  dans  la 
journée  du  9  septembre.  Les  tabacs  sur  pied  ont  été  littéralement 
détruits,  et  la  vendange,  aux  deux  tiers  emportée,  est  aujourd'hui 
dans  l'état  le  plus  déplorable,  la  partie  du  raisin  préservée  pourrit  à 
vue  d'œil,  et  nous  sommes  obligés  de  vendanger,  tandis  que  la  plu- 
part des  grappes  sont  encore  beaucoup  trop  vertes.  En  somme,  nous 
aurons  un  vin  aussi  peu  abondant  que  fort  détestable. 

Pour  ce  qui  a  rapport  aux  labours  préparatoires  pour  les  semailles 
d'automne,  nous  jouissons  d'un  temps  magniiique,  et  tous  les  travaux 
delà  saison  se  font  dans  de  très  bonnes  conditions. 

A. -P.  Leyrisson. 

REYUE  COMMERCIALE    ET   PRlX-COURÂNT  DES  DENRÉES  AGRICOLES 

(2  OCTOBRE  1880). 

I.   —  Situation  générale. 

Sur  le  plus  grand  nombre  des  marchés,  il  y  a  peu  d'affaires.  Les  cours  de  la 
plupart  des  denrées  ne  subissent  que  des  variations  peu  importantes.  Les  culti- 
vateurs sont  moins  nombreux  sur  les  marchés.  Les  semaines  se  pressent,  en  effet, 
et  il  faut,  dans  la  plupart  clés  dépaitements,  se  hâter  d'exécuter  les  travaux  des 
champs,  les  labours  préparatoires  des  semailles,  aussi  bien  que  les  vendanges, 
les  arrachages  de  betteraves  et  de  pommes  de  terre,  etc.  Les  bittages  qu*^  l'on 
avait  fait  en  grande  quantité  pendant  le  mois  d'août  et  les  premières  semaines 
de  septembre  sont  moins  actils  aujourdhui;  beaucoup  de  récoltes  ont  été  mises 
en  meules  pour  être  battues  à  l'aise  pendant  les  mois  d'hiver.  Cette  réserve  d'un 
grand  nombre  d'agriculteurs,  après  les  premiers  besoins  d'argent  satisfaits,  devait 
être  signalée. 

II.  —  Les  grains  et  les  farines. 

Les  tableaux  suivants  résum'^nt  les  cours  des  céréales,  par  quintal  métrique,  sur 
les  principaux  marcliés  de  la  France  et  de  l'étranger. 


REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX-COURANT  (2  OCTOBRE  1880). 


35 


I"  RÉOION.—  NORO-OUEST. 


Blé.    Seigle.   Orge. 


Galvados.  Condé 

—  Lisieux 

Gôtes-d.-  \ord  Pontrieiix 

—  Trégnier 

Finistév'-     Morlaix 

Quimper 

llle-et-Vilnine.  Rennes. 

—  St-Malo 

Manche.  Avranches. . . . 

—  Poiitorson 

—  Villedi*-.! 

iiayenne:.   Lava' 

—  Chàleau-Gontier. . 
Morbihan.  Heimel^ont.. 
Orne.  Seez , 

—  Viluouiiers 

Sarihe.  l,p  Mans 

—  Sablé 

Prix  moyens., 


î«    REGION.  - 

Aisne.  Soissons 25. 

—  St-Quentin ?d. 

—  Vilitis  Cotterets.  .  i:,. 
Eure.  Evreux 27 

—  Bern.iy là 

—  Damvillî 25 

Eure-et-l.iirr.  Chartres.  27. 

—  Anneau 27 

—  Notjeni-le-Botrou.  2'. 
/Vord, Cambrai 25 

—  Douai    27 

—  Valencieniies  .. . .  26 
Oise.  Beau  vais 2b. 

—  Com|)iègne 26. 

Nojon 26. 


fr 
28.00 

27  75 
28.25 
26 .  «0 
2tf.50 

28  50 
25.50 
26.50 
28.00 


.00 


29.00 
26.00 
26.25 
26  00 
25.50 
28.00 
25.75 
26   00 


fr. 

23.50 

21.00 


21.00 
2i.50 


19.50 
20.00 


Pas-de-Calais.  Arras  .. .  28 

—  Saint-umer 28 

Seine.  P  ris 27, 

S.-et-Mar7ie  Meaus 25 

—  ?ilotitereau . .  27 

—  Nemours.     .......  2S 

S.-et-Oist.  Angerville  ..  27 

—  Potitoi.se 26 

—  Versailles 27 

Seine-Inr'f'-ifure.  Rouen  24 

—  Di''|ipe 28 

—  Kécaiiip 26 

Somme.    Ahlieville 27 

—  Péronne 26 

—  Roye 25 

Prix  moyens 26. 

3°  RÉOION.   —  S 

Ardennes.   charlevill 


19.00 
1S.50 


19.70 
18.50 
1 7  00 
18.75 
20 .  50 
17. 00 
20.  PO 
19.50 
lif.50 
18.75 
21  00 
19.00 
21.25 
20.50 
20.00 


20.00 
19.50 
18.50 
17.50 
18  25 
18.30 


fr. 
19.00 

17  00 
15.75 
16.00 
15. 50 

19.00 
19.75 
19.. '5 
19..-.0 
IC  40 
13.00 

19.50 
19. :5 
1G.75 
17  00 


17.00 
1 8  .  Vt 
20 .  00 
2 1  UO 
18.50 
21.00 
18.25 
19.50 
19.75 
20.25 
19.50 


21.00 
20  00 
19.50 


18.00 
18. Î5 
19.  ^0 


19.00 
20  UO 
19. CO 


Ayoioe. 

fr. 

23.00 
23    50 

16.50 
16.00 
16.75 
16.00 

20.25 
21.00 
22.25 
23.75 

19.00 
17.00 
17.50 
20.75 
31.50 


18.50 
17  50 
20  50 


17  5" 
17.25 
17.00 

18  00 

17  50 
17.25 
18.50 
19.25 
18.00 
19.  0 

18  75 

18  50 
17.25 
20.25 
20.75 
21.00 
20. If. 
19.00 

19  50 
18.50 


52      19.08     19.27     18.54 


Aube.  Bar-surAube 

Mé'y-Mir-Seine... 

—  Troyes 

ifarne.  Chain  rii 

—  Epernay 

—  BelM  s.  .   

—  Sé^anne 

Hte-Mar7ie.    Chaumont. 
Meurt.-f.t  Moxrlie  Nancy 

—  Lunévilla 

—  Todi 

Meuse.  Bar-le-Duc 

—  Verdun 

Haute-Saône    Grav 

—  Vesoul '. 

Vosges.  Eiiin;il 

^    Raoii-1  "étape 

Prix  irioyeas 

4"  RÉOION. 

Charente.  Angouiême. . 

—  Ruffec     

Charente  In fér .  Marans. 

Deux-Se.vve».    Niort 

Indre-ef-i.oire.  Tours.. 

—  Blere 

^    Châieaii-Henaalt. 

Loire-Inf.  Nantes 

M.-et-l.oire,.  Saumur   .  . 
Vendée.   Lnçou 

—  Fontnnav   

Vienne.  Chàiellerault. . . 

—  MontmoriUon.  .  .. 
Haute-Vienne.  Unaoges 

Prix  moyens 


25  00 
26. 00 
V7.Ù0 
27.25 

27.00 

25  75 
26.00 
26.00 

27  25 
2.S.00 
27.75 

26  50 

25  00 

26  50 
26.30 

28  50 
28.75 


26.73  19.76   19  07 
—  «rEST. 


18.50 
18.50 
20  00 
20.75 
21.00 
19  50 
20.75 
19.25 
19.00 
2^.25 
20.00 
19  00 

19.50 

18. A5 
19.00 


19.00 
17.75 
18.25 
19.50 
20.75 
20.00 
20.25 
18.50 

19.50 
19.00 
18.25 
19.^0 
18.25 

18.50 


17.00 
17.50 
17.70 
16. 'lO 
18.15 
19.25 
19  lO 
16  50 
16  00 
16.25 
17.25 
16  75 
17.50 
16.10 
16  00 
15.40 
17.50 


27.25 
28.00 

25  75 
28  00 
28.25 
26. CO 
27.25 

26  2S 
26  .=^^0 


19.90 
17.00 
17.20 
20.00 
19.50 


•26.00 

26   00 

27.00 

27^0      19.00  » 

26. 8S     18.55     19.24 


20.00 
19.50 
19.00 
18.00 
18.50 
19.50 
20  00 
20.25 
20.00 
19.50 
13.110 
19.75 
13.25 


21.50 
18.00 

17.f,0 
19. CO 

17  50 
17.50 
17.00 

18  25 

18.00 

17  00 
16.75 

16  00 

18  00 

17  84 


5»   REGION.  —  CBiNTRB. 


Blé. 

Seigle. 

Orge. 

AToine. 

fr. 

fr. 

fr. 

fr. 

Allier.  Moulins 

27.75 

18.00 

20.00 

18. 00 

—     i\.ontluço'i 

.  27.00 

20   00 

19.00 

17.25 

—     St-Pourgain 

C/ier.8n.r...P.: 

28   00 

19  00 

19  00 

17.00 

27   00 

18   00 

21.50 

17.25 

—    Oraçay 

27.25 

18.50 

19   00 

18.25 

—     Vierzoïl 

27.75 

18.50 

20.00 

17.75 

Creuse.  Aiibusson 

27.20 

18.75 

20  00 

Indre.  Ctiâteauroux... 

25.50 

20.00 

20.00 

16.75 

—     Iss.Hidun 

27.70 

18.50 

20   25 

16.50 

—     Valençay 

26.00 

20.00 

19.75 

16.00 

Loiret.  Orléans 

2,S.00 

21    00 

18.00 

18.00 

—     Oien 

27.00 

18.50 

19   50 

17.50 

—    Pitlviers 

.   25.75 

19.75 

18.00 

16   50 

Loir-ei-Cher.  Blois 

25.50 

18   00 

19.25 

18.75 

—     Montoire 

27   00 

16.5* 

18.00 

Nièvre.    Nevers 

26.00 

16.50 

-     Cnsne   

26.50 

18.00 

18  00 

16.50 

.   27   00 

26. 00 

20  00 

18. SO 

18   50 
19.80 

17.75 
18.00 

—     Joi^uy 

—    St-Florentiti 

.   28  25 

19   50 

18. 2r. 

16. 00 

Prix  moyens 

26  90 

18.88 

19.21 

17.36 

6«  RÉGION.   — 

EST. 

Ain.   Bourg 

2*   00 

19   75 

17.00 
16.50 

—     Pont-de-Vaux. .. 

28  00 

18.75 

21.25 

Côte  d'Or   Dijon 

27   25 

19.75 

21.00 

16.50 

—     Beaune 

28  .00 

o 

18.50 

16.50 

Doubs     Besançon 

27   00 

n 

17.00 

fsere.  Grenoble 

.   29.00 

19.50 

, 

1  8   00 

—      Vienne 

28  75 

16.75 

17.50 

16   50 

Jura.  Lons-ie-Saulnier. 

28  00 

16.75 

Loire,   ^"harlieu 

29  00 

18   00 

19.00 

18.75 

P  -de-fJômeClermoatF 

29  00 

2".?,0 

21.00 

Hhone.  Lyon 

28.50 

18   75 

18.50 

17.75 

Snône-et- Loire.   Chalon 

28   25 

20.00 

22.00 

17   50 

—     Aijtun 

27.25 

19.00 

s 

16   75 

Savoie   Chanibéry 

28.75 

1 

1 

17   50 

Hte-Savoie.  Annecy.. . . 

30.00 

a 

i> 

19  25 

Prix  moyens 

28.38 

19.02 

19.84 

17.30 

T  RÉGION.   - 

-  SCI»- 

OUKST. 

Ariège.  Paraiers 

2S.25 

17.25 

» 

20.00 

Dordogne.  Bergerac 

29. 00 

19.30 

» 

20.75 

Hte-Garonne.  'loulouse. 

28.25 

19.75 

17.00 

20.  CO 

—  Viiiefranche-Laur 

27.75 

18. eo 

18.00 

19.00 

Gers.  Condom 

27.80 
27.. 50 

» 

» 

20   00 

—     Eaaze 

19   50 

—    Mirande 

26.75 

g 

» 

19   25 

Gironde.    Bordeaux.... 

27-25 

19  75 

» 

19.50 

—    Lesparre 

26   75 

20.00 

» 

21.25 

Landes.  Dax 

28   00 

19.25 

a 

» 

Lot-et-Garonne.  Agen.. 

27 .  00 

19.011 

» 

20.5;) 

27.25 
27   00 

19.25 

19. bM 

» 
IS.f.O 

B.-Pyrenees.  Bayonne. . 

20.00 

Htes- Pyrénées.  Tarbes 

27   25 

19.00 

0 

19.25 

Prix  moyens 

27.76 

19.15 

13.83 

19.83 

8«    RÉGION.    —  Sn». 

Aude.    CarcTssonne.    . 

27.75 

„ 

18.75 

20.50 

Aveyron.   villefranche. 

27.00 

19.50 

17.00 

Canlal.    Mauriac 

29.35 

23  60 

s 

23.25 

Covreze.  Luherzac 

29  00 

19.25 

20.00 

20.75 

Hérault.  Cette 

28.75 

» 

18.75 

18.50 

Lot    Ficeac 

28.50 
31.55 
31.65 

20.00 
30.50 
29.75 

20.25 
23.60 

20.75 

Lozère.  Mende 

25.90 

-    Marvejols 

31.85 
25.75 

24.50 

24.85 
23   00 

21.60 

Pyrenêes-Or.  Perpignan 

25.55 

Tarn.  Albi 

27.25 

19.25 

19.25 

20.00 

ra»->i-e<-Gar.  Monta  uban 

27. 75 

19-50 

18    60 

20.25 

Prix  moyens 

28.01 

22.88 

20.71 

21   37 

9«   KÉGION. 

—  sri»-ttST. 

Basses-Alpes  Mauosque 

29.20 

n 

» 

24.20 

Haute."!- Alpes.  Briançon 

29.75 

19.00 

20.00 

20.25 

4  LpKs- Maritimes  Cannes 

28- 75 

)9   25 

18.60 

20. 50 

29.90 

20.05 

18-25 

20.80 

8.  du-Hhône.  Arles 

28.00 

B 

18.00 

21.00 

Urô,ne.    Monlélimar ... 

28.  SO 

21.00 

17.25 

17.50 

28.25 
30.50 

2.1.25 
20.00 

18.50 
21.50 

20.50 

Haule-Lotre.  Le  Puy.  .. 

17.00 

Var.  St-Maximin   

29.25 

» 

» 

20.50 

Vauclune.  Carpentras... 

30. -'5 

» 

18.75 

20.00 

Prix  moyens 

29  23 

19.92 

18   88 

20.22 

Moy.  de  toute  la  France 

27.03 

19   77 

14.09 

—  de  lisemainepréced. 

27   43 

19   75 

19   08 

18.92 

Sar  la  se  naine  \  Hausse, 
précédente.,     (Baisse. 


36  REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX-COURANT 

3le.  Seigle.  Orge.  Avoine. 

fr                 fr,  fr 

Algérie.                   Alger 26.00            »  15.f.0  16  50 

Angteurre.              Lomlres 27.65            »  20.40  20.70 

Belgiiiue.                  Anvers 24  75  n   75  18. 25  15  50 

—  Bruxelles 25  45  19. .50  »  18.65 

—  Liège 25  85  21.75  22.00  17  75 

—  Nhitiup   24  00  20  00  20  00  17  00 

Pays-Bas.  AmstHrdHm 24  00  23.45 

Lutembourq.  Luxemi'Ourg 2!)  00        24  00        26  00         17  00 

Alsace-Lorravte.        Strashourg 28. V5        24  25        22  75         17  75 

—  Colmar '?8  50        22. TO        2175         18  50 

—  MiiliMuse 28.50  23  00  22.00  20  25 

Allemagne.  Berlin 26  :iO  25  50  »                • 

—  Cologne 26  S5  25  60  »                » 

—  Hanahourg 24  60  23  50  •                • 

Suisse.  Genf^ve 29  00  »  »  17.50 

—  Lausanne 29.0  •  »  17.00 

Italie.  .Miian 28  00  21.25  »  19  25. 

Autriche.  Vienne 24.00  21   50  18  00  15  25 

Hongrie.  Budapesth 22.75  20  00  13  00  12.50 

Russf.  Saini-t'élersbourg.. .  24.50  22.00  »  13  25 

Espagne.  Valadoliil   25.30  »  »  18  00 

Etats-Unis.  New-york 24  50  »  » 

Blés.  —  La  physionomie  des  marchés  n'a  pas  considérablement  changé  celte 
semaine.  Suivant  que  les  agriculteurs  ont  plus  ou  moins  avancé  leurs  battages 
d'après  leurs  besoins  immédiats,  suivant  aussi  qu  ils  sont  plus  ou  moins  occupés 
aux  travaux  des  champs,  ce  qui  varie  suivant  les  régions,  ils  font  des  offres  plus 
ou  moins  abondantes.  MhIs  en  géné-al  ces  offres  sont  moins  considérables  que 
durant  les  semaines  précédentes;  dans  le  rayon  de  Paris,  il  en  est  résulté  un  peu 
de  hiiusse,  ailleurs  les  prix  se  maintiennent  avec  fermeté.  Il  y  a  donc  peu  de 
chose.--  à  changer  à  notre  appréciation  de  la  semaine  précédente;  à  moins  de  cir- 
constance exceptionnelle,  les  cours  paraissent  devoir  désormais  se  maintenir.  — 
A  la  halle  de  Paris,  le  mercredi  <^9  se,  tembre,  il  n'y  a  eu  que  très  peu  d  affaires, 
à  la  suite  d  offres  très  restreintes.  Les  prix  ont  été  maintenus  avec  une  grande 
fermeté;  on  cotait  de  27  à  '28  fr.  50  par  lOû  kilog.  suivant  les  qualités, 
ou  en  moyenne  27  fr.  2.'S.  —  Au  marché  des  blés  à  livrer,  on  cotait  :  oturant  du 
mois,  i9  fr.;  octobre,  27  fr.:  quatre  derniers  mois,  27  fr.  '25  à  27  fr.  bO;  novembre 
et  décembre,  26  fr  50  à  -26  fr.  75;  quatre  mois  de  novembre,  26  fr.  50  à  2-'  fr.  75; 
quatre  premiers  mois,  2^  fr.  50  à  26  fr  75.  —  Au  Havre,  il  y  a  eu,  durant  cette 
semaine,  des  affaires  assez  actives  en  blé  rouges  d'Amérique,  au  prix  de  25  fr.  50 
à  26  fr.  par  lOif  kilog.,  suivant  les  sortes.  —  A  Marseille,  les  airivages  de  la 
semaine  ont  été  de  130, Oud  hectolitres  ;  le  stock  est  descendu  à  94,OijO  quintaux 
métriques.  Au  dernier  marché,  on  payait  par  00  kilog.:  Berdianska.  30  fr.  75; 
Azoff,  durs,  27  fr.  25  ;  Pologne,  27  fr.  75  à  -26  fr.  75;  Italie,  27  tr,  75  à  28  fr.  75  : 
ïuzelles  d'Algérie,  29  à  30  Ir.  25.  —  A  Londres,  durant  la  semaine  dernière,  les 
arrivages  de  blés  étrangers  ont  été  de  110,8^0  quintaux  métripies.  Il  y  a  une 
grande  activi  é  dans  les  affaires,  et  les  cous  accusent  une  grande  fermeté.  Au 
dernier  marché,  on  payait  par  10  »   kilog.,  2  ■  fr    50  à  28  fr.  75. 

Farines.  —  Les  aft'aiies  sont  calmes  en  ce  qui  concerne  les  farines,  et  les  cours 
varient  peu.  —  A  la  hall-'  de  Paris  les  farines  de  consommation  étaient  payées 
le  ï9  septembre  aux  mêmes  jtrix  que  la  semaine  précédente  :  marque  D,  60  fr.; 
marques  de  choix,  62  à  63  Ir  ;  bonnes  marques,  60  à  61  fr.;  sortes  ordinaires, 
58à59fr.;  le  tout  par  sac  de  i  59  kilog.,  toile  à  rendre,  ou  157  kilog  net,  ce  qui 
correspond  aux  prix  extrêmes  de  36  l'r.  95  à  kO  fr.  10  par  mo  kiiog  ,  ou 
en  moyenne  38  fr  55.  comme  le  mercredi  f»récédent  — En  ce  qui  concerne  les 
farines  de  spéculation,  on  cotait  à  P^ris  le  mercredi  29  septembre  au  soir  :  j urines 
huit-m'irques,  courant  du  mois  57  fr.  à  57  fr  25;  octobre,  56  fr  5J  ;  quatre  der- 
niers mois,  56  fr.  50;  novembie  et  décembre,  5^  fr.  50  à  55  fr.  75;  quatre  mois  de 
novenjbre,  55  fr.  0  à  55  fr.  75,  quatre  premiers  mois,  55  fr.  50  à  d5  fr  75;  le 
tout  par  sac  de  159  kilog  :  f'irines  siipéneu'  es,  ouvdnt  dn  mois,  35  fr.  à  37  fr.  2o; 
octobre,  3t  fr.  25;  quatre  derniers  mois,  3^^  fr.  2  b;  novembre  et  décembre,  36  fr.  à 
36  fr.  25;  quatre  mois  de  novembre,  6  fr.  ;  (juatre  premiers  mois,  3o  fr.  50  à 
35  fr.  75;  le  tout  par  100  kilog  —  La  cote  otticielle  en  disponible  a  été  éta- 
blie, comme  il  suit,  pour  chacun  des  jouis  de  la  semaine  : 

Datey   (septembre),       23  24  25  27  28  29 

P.irines  huit-marques 57.50  57.25  57.50  57.75  .5800         57.15 

—      supérieures «  »  .  37.25  37.25        37.25 


DES  DENRÉES    AGRICOLES  (2  OCTOBRE   1880).  37 

Le  prix  moyen  a  été  de  57  fr.  50  par  157  kilog.  pour  les  farines  huit-marques, 
et  de  37  fr.  5!5  par  100  kilog.  jiour  les  farines  supérieures.  —  Les  farines 
deuxièiues.  sur  lesquelles  il  n'y  a  que  peu  de  demandes,  sont  cotées  de  28  à  33  Ir, 
par    100  kilo^.  comme  la  seiuaine  précédente. 

Sei(il.t-s.  —  La  hausse  continue  à  se  produire  sur  le  seigle;  les  offres  de  ce  grain 
sont  toujours  faibles.  On  paye  de  20  fr.  76  à  21  fr.  25  par  lou  kilog.  à  la  halle 
de  Palis.  —  Quant  aux  farines,  on  les  paye  de  29  à  31  fr.  par  quinial  métrique. 

Oryes.  —  Les  belles  qualités  sont  recherchées,  mais  les  cours  varient  peu.  On 
paye  à  la  halle  de  Paris,  de  18  fr.  50  à  20  fr.  50  par  hO  kilog.  suivant  les 
qualités  Les  escourgeons  valent,  comme  précédera 'nent,  de  19  fr.  50  à  20  fr. — 
A  Londres,  il  y  a  toujours  peu  d'arrivages  d'orges  étrangères,  avec  des  demandes 
peu  importantes;  on  cote  de  19  fr.  50  à  21  fr.  20  par  100  kdog.  avec  des  prix 
faibles. 

Mait.  — Les  cours  sont  les  mêmes  que  précédemment,  avec  peu  d'affaires,  aussi 
bien  pour  les  malts  d'orge  que  pour  ceux  d'escourgeon. 

A>oi)ies  —  Les  prix  sont  un  peu  plus  faibles,  avec  des  offres  abondantes.  On 
paye  à  la  halle  de  Paris,  de  18  fr.  2f>  à  20  fr.  25  par  lOO  kilog.  suivant  poids, 
couleur  et  qualité.  —  A  Londres,  le  marché  yirésente  une  assez  grande  activité,  et 
les  cours  accusent  de  la  tendance  à  la  hausse.  On  cote  de  18  fr.  90  à  21  fr.  60 
par  100  kilug.  suivant  les  sortes. 

Sarrasin.  —  Les  affaires  sont  calmes.  Les  sarrasins  nouveaux  sont  cotés  aux 
cours  de  17  (r.  50  à  )10  fr.  par  quintal  métrique 

MaU.  —  Les  cours  demeurent  à  peu  près  sans  changements  dans  les  ports  pour 
les  maïs  d'importation.  On  vend,  au  Havre,  14  fr.  25  à  16  fr.  25  par  100  kilog. 
pour  les  maïs  d'Amérique. 

hsves.  —  Les  pi-ix  sont  faiblement  tenus  à  la  halle  de  Paris  On  paye  par 
10  kilog  :  gros  son  seul,  13  fr.  75à  !4  fr.;  son  trois  cases,  13  fr  25  à  13  fr.  50; 
sons  fins,  12  fr.  50  à  13  fr  ;  recoupettes,  12  à  13  fr.;  remoulages  bis,  14  à  15  fr.; 
remoulages  blancs,  16  à  18  fr. 

III.  —  Vins,   spiritueux,  vinaigres,  cidres. 

Vins.  —  Tous  les  vignobles,  nous  en  exceptons  cependant  le  Centre  nord,  sont 
en  pleine  vendange.  Les  Gharentes  ont  commencé,  le  Nantais  commencera  le 
5  octobre,  la  Champagne  a  débuté  par  le  canton  d'Aï,  la  Franche-Comté  se  pro- 
pose de  procéder  à  la  cueillette  du  l<""  au  5  octobre,  la  Brisse  et  la  Haute-Bour- 
gogne, le  Beaujolais,  le  Dauphiné,  la  Dordogne,  le  Bordelais,  la  Grascogne,  l'Ar- 
magnac, le  Languedoc,  le  Roussillon,  vendangent  et,  en  général,  le  Midi  a  rentré 
ses  vin-  rouges,  seuls  les  vins  blancs  sont  encore  sur  pied  Le  temps  est  du  reste 
magnifique  On  ne  saurait  avoir  une  plus  douce  température  :  chaude  et  humide. 
—  Aujourd'hui,  la  question  qui  domine  ;  ce  sont  les  cours.  Nous  allons  donner, 
à  ce  point  de  vue,  les  divers  renseignements  qui  nous  sont  parvenus  depuis  notre 
dernier  bulletin.  — A  Beziers   Hérault),  les  petits  vins  de  plaine  se  vendent  21  à 

22  fr  50;  les  petits  Aramons  de  Soubergue,  24  à  26  fr  ;  les  Soubergues,  divers 
choix,  26  à  3ii  fr.;  les  Montagnes,  P'  choix,  30  à  34  fr.  l'hectoUtre  par  récolte 
entière —  A  Mines  (Gard),  voici  les  prix  de  début  :  Aramons,  l'hect.,  21  fr.  50  à 

23  fr.;  Montagnes,  25  à  2b  fr  ;  Narb'>nne,  32  à  35  fr.  —  Uzignan  (Aude),  il  s'est 
vendu  :  la  cave  de  Montrabech  l'hect.,  36  fr.;  la  cave  de  G-aujac,  33  fr.  la  cave 
du  Grand  Caumont,  32  fr  ;  la  cave  Cathory,  3  ^  fr.;  il  s'est  traité  à  Luc,  5,000 
hecto  itres  à  3.3  fr  ;  à  Talairan  5,0iiO  hectolitres  à  35  fr.  —  A  Bordeaux  (Gironde), 
toujours  on  en  récolte  de  1880,  on  nous  communique  les  ventes  suivanies  : 
Châieau  du  Taillan,  le  tonneau  de  i*  barriques,  825  ;  Château-la-Blaye,  850  fr.; 
Château-Bois-Grammont,  700  fr.;  Ile  de  Cazcux-Pierlot,  75  fr.;  cr..  ''^rouilhet, 
Moutleri and,  650  fr.;  Château -de-  Nord-Baurech.  (500  f r  ;  Palus  St-Loubès, 
600  fr  ;  Ravez-Arabès,  525  fr.  Branden-bourg-Ambès,  600  fr..  —  Si  l'on  compare 
ces  dirtérents  prix  avec  ceux  de  l'an  dernier,  on  constate  que  les  vins  de  la  région 
du  Midi  valent  cett-)  année  2à  4  fr.  de  plus  par  hectolitre  et  les  vins  du  Bordelais, 
20  à  kO  ir.  de  plus  par  tonneau  de  90u  litres.  On  ne  croit  pas  sur  les  marchés 
du  Midi  à  la  persistance  de  ces  prix  et  en  général  on  estime  que  les  premières 
affaires  traitées  à  des  cours  aussi  élevés,  ne  seront  pas  avantageuses  pour  ceux 
qui  les  (mt  faites.  Quant  à  la  propriété,  elle  est  satisfaite  et  elle  a.  suivant  nous, 
raison  de  l'être. 

Sjjiri'uenx.  —  Le  mouvement  de  hausse  de  la  semaine  dernière,  n'a  pas  eu  de 
suite  Dès  mardi,  les  cours  ont  rétrogradé  et  la  baisse  s'est  continuée  jusqu'au 
samedi,  comme  il  résuite  des  chiffres  ci-après  :  début  :  63  fr.  75,  puis  63  fr., 


33  REVDE  COMMERCIALE  ET  PRIX-COURANT 

62  fr.  25,  62  l'r.,  61  fr.  50,  et  en  clôture,  61  fr.  25.  La  stock  est  actuellement, 
de  7,750  pipes,  contre  8,2  lû,  l'an  dernier  à  la  même  date.  La  production  f^éné- 
rale,  d'après  le  tableau  officiel  de  la  production  et  de  la  consommation  des  alcools 
est  en  déficit  de  144,000  huctolitres  sur  celle  de  la  campagne  précédene,  cette 
diminution  est  heureusement  compensée  par  115  000  hectolitres  d'importation. 
Le  Marché  de  Lille  reste  stationnaire  entre  62  et  62  fr.  50.  Les  mar  hés  du  Midi 
sont  sans  variations.  —  A  Paris,  on  cote  :  3/6  betteraves,  1"  ({ualit(%  90  degrés 
disponible  62  fr.  75,  novembre-décembre  60  fr.  75,  quatre  premiers  59  fr.  25  à 

59  fr.  50. 

Vinaigres.  —  Rien  de  nouveau  sur  cet  article. 
Cidres.  —  Cours  sans  changement. 

IV.  — Sucres. —  Méltissex.  —  Fécules.  —  Glucoses.  — Amidons.  —  Houblons. 
Sucres.  —  Les  offres  sur  les  sucres  bruts  de  toutes  sortes  sont  nombreuses  à  la 
halle  de  Paris,  et  les  prix  accusent  de  la  baisse  pour  toutes  les  sortes.  Un  paye 
par  100  kilog.  pour  les  sucres  bruts,  «8  degrés  saccharimétriques  :  n"^  10  à  13, 
54  fr.  50;  n"^  7  à  9,  6!  fr.  ;  sucres  blancs  n°  3,  61  fr.  à  61  fr.  5  ».  -  Sur  les 
marchés  des  départements,    on   paye    à  Lille    :    n°*    10  à  13,  54  fr.  50  à  55  fr. 

—  A  Saint-Quentin,  n"'  7  à  9,  62  fr.  7  5.  —  A  Valenciennes,  n""  10  à  13,  54  fr.  — 
A  Paris,  le  stock  de  l'entrepôt  réel  des  sucres  est  descendu  à  175.000  sacs,  avec 
une  nouvelle  diminution  de  27,('0osacs  de|)uis  huit  jours.  —  Les  transactions  sont 
assez  calmes  pour  les  sucres  raffinés;  les  cours  sont  ceux  de  la  semaine  dernière  à 
Paris,  où  l'on  paye  de  145  à  1^9  fr.  par  100  kilog.  à  la  consommation,  et  de 
71  fr.  50  à  74  fr,  5')  pour  l'export  tion.  —  A  Londres,  les  affaires  sont  assez 
actives,  tant  sur  les  sucres  bruts  de  betteraves  que  sur  les  sucres  raffinés,  avec  une 
grande  fermeté  dans  les  cours. 

Mélasses.  — Cours  sans  changements.  Ou  paye  à  Paris  13  fr.  par  100  kilog. 
pour  les  mélasses  de  fabrique,  14  fr.  pour  celles  de  raffinerie.  —  A  Valenciennes, 
les  mélasses  de  fabriijue  valent  13  fr.  par  iOO  kilog. 

Fécules.  —  Les  demandes  sont  faibles,  et  les  prix  s'établissent  en  baisse.  On 
paye  suivant  les  sortes,  à  Pans,  34  à  35  fr.  pour  les  fécules  premières  du  rayon. 

—  A  Gompiègne,  33  fr.  pour  les  técules  premières  de  l'Oise.  Les  lécules  vertes 
sont  vendues  assez  facilement,  de  20  fr.  à  20  fr.  50;  aux  mêmes  cours  que  précé- 
demment. 

Glucoses.  —  Les  sirops  sont  cotés  dans  Paris  :  sirop  premier  blanc  de  cristal, 

60  ir.  à  62  fr.;  sirop  massé,  50  tr.  à  52  fr.;  sirop  liquide,  40  fr.  à  42  fr.,  le  tout 
par  quin' al  métrique.  Ces  prix  sont  faibles. 

Arnido  is.  —  Les  offres  sont  actives,  et  les  prix  faiblement  tenus.  On  cote  à 
Paris,  par  100  kilog.  :  amidon  de  pur  froment,  en  paquets,  7o  à  72  fr.;  amidon  de 
province,  5«  à  62  fr  ;  amidon  d'Alsace,  56  à  60  fr.;  amidon  de  maïs,  42  à  44  fr. 

Houblon^.  —  La  cueillette  n'est  pas  partout  achevée.  Les  oiix  commencent  à 
s'établir  dans  les  principaux  centres  de  production.  On  paye  à  Alost,  SOfr.à  l20fr. 
par  luuhilog.  suivant  les  sortes;  à  Busigny,  140  fr.  à  loOfr.;  en  Bourgogne,  100  fr. 
à  120  fr.,  pour  les  sortes  ordinaires,  180  fr.  à  200  fr.,  pour  les  qualités  supérieures. 
En  Angleterre,  les  cours  d' établissent  depuis  100  jusqu'à  300  fr.  suivant  les  qua- 
lités. 

V. —  Huiles  et  graines  oléagineuses. 

Huiles.  —  Les  cours  accusent  un  peu  plus  de  fermeté  que  la  samaine  précé- 
dente pour  les  huiles  de  colza.  Ce  les-cisont  payées  à  Paris  :  en  tous  fus,  75fr.; 
en  tonnes,  77  fr.;  épurée  en  tonnes,  85  fr.;  celles  de  lin  valent  :  en  tous  fûts, 
70  fr  25;  en  tonnes,  72  fr.  25.  —  Sur  les  marchés  des  départements,  on  paye  les 
huiles  de  colza  :  Caen,  70  fr.  50;  Arras,  76  fr.  à  76  fr.  50;  Rouen,  7-»  fr.  75; 
et  les  autres  sortes  :  lin,  70  fr.;  arachides  comestibles,  110  à  liOfr.;  sésame 
comestible,  100  à  1  0  fr.;  olives  lam[)antes,  145  fr.  —  Dans  le  Midi,  les  transac- 
tions sont  très  restreintes  sur  les  huiles  d'olives. 

Granie.^  olMr/ineiises.  —  On  cote  dans  le  Nord  par  hectolitre  :  œillette  nouvelle, 
33  fr.  ^0à36fr.;  colza  nouveau,  20  fr.  50à22fr  50;  lin  nouveau,  21  fr.50  à  23  Ir.  75; 
cameline,  15fr.  50  à  19fr.;  •—  à  Caen,  colza,  19  à  21  fr. 
VI.  —  TourteauT.  —  Noirs.  —  Engrais. 

Tourteaux.  —  Les  prix  sont  fermes.  On  paye  dans  le  Nord  par  100  kilog.  : 
œillette,  18  fr.;  coiza,  15  fr.  50  à  17  fr.  50;  lin,  25  à  26  fr.;  canèline,  17  fr.;  — 
à  Marseille,  Un  pur,  2  ifr.;  araohid^isen  coques,  12  fr.  75;  décortiquées,  I5fr.50; 
sésame  blanc,  15  à  15  fr.   50  ;  colza  du  Danube,  J4fr.;  coton  d'Egypte,  12fr.; 


DES  DENRÉES  AGRICOLES   (2  OCTOBRE  1880).  39 

palmistenaturel,  10 fr.  50  ;  palmiste  repassé,  9  fr.;  ravison  !  3fr.;  coprats,  16  fr.  75. 

Noirs.  —  Mèines  cours  que  la  semainH  précédente  à  Valenciennes. 

Elirais.  —  On  cote  par  rjuintal  métrique  :  guano  du  Pérou,  32  fr.  à  38  fr.; 
pbospho-guano,  29  fr.;  superphosphate  de  guano,  19  fr.;  superphosphate  de 
guano  complet,  23  fr.;  engrais  Goignet,  30  fr.;  engrais  agenais  de  Jaille,  12  fr.  à 
28  fr.;  copros-guano,  30  fr,  —  A  Turin,  ou  olfre  du  sulfate  d'ammoniaque  à  45  fr. 
les  100  kilog. 

Vit.  —  Matières    résineuses,  colorantes   et  tannantes. 

Matièrm  résineuses.  ~  Hausse  très  accentuée  sur  les  marchés  du  sud-ouest. 
On  paye  à  Bordeaux,  par  100  kilog.  pour  l'essence  pure  de  térébenthine;  7^  fr.  à 
75  fr.;  à  Dax,  65  fr. 

Gaudf's.  — On  paye  comme  la  semaine  dernière,  20  fr.  par  100  kilog.  dans  le 
Languedoc. 

V]II.  —  Suifs  et  corps  gras,  cuirs  et  peaux. 

Suifs.  —  On  paye,  comme  la  semaine  précédente,  à  Paris,  86  fr.  par  100  kilog. 
pour  les  suifs  purs  de  l'abat  de  la  boucherie. 

Salaisons.  —  On  vend  au  Havre,  1  12  fr.  par  100  kilog.  pour  les  saindoux  d'A- 
mérique; 117  fr.  à  119  fr.  pour  les  lards  salés. 

H.  — Beurres.    —Œufs.   —  Fron  âges.  —  Volailles  et  gilier. 

Beurres.  —  On  a  vendu,  pendant  la  semaine,  à  la  halle  de  Paris,  233,683  kilog. 
de  beurres.  Au  dernier  jour,  on  payait  par  mille:  en  demi-kilog.,  2  fr.  à  3  fr.  86; 
petits  beurres,  1  fr.  96  à  2  fr.  80  ;  Gournay,  1  fr.  80  à  4  fr.  80  ;  Isigny,  l  fr.  50 
à  5  fr    58. 

OEufs.  —  Il  a  été  vendu  du  21  au  27  septembre,  à  la  halle  de  Paris  3,550,175 
œufs.  Au  dernier  jour  on  payait  par  mille  :  choix,  100  à  115  fr.;  ordinaires,  70  fr. 
à  104  fr  ;  petits,  54  fr.  à  64  fr. 

Fromages.  —  On  cote  à  la  halle  de  Paris  :  par  douzaine,  Brie,  5  fr.  50  à 
70  fr.  50;  Monthléry,  15  fr.;  par  cent,  Livarot,  29  fr  à  87  fr.;  Mont-d'Or,  16  fr. 
à  35  fr.  ;  Neufchàtel,  5  fr.  à  26  fr.;  divers,  7  fr.  à  75  fr.;  par  100  kilog.,  Gruyère, 
1 26  fr.  à  1 70  fr. 

X.    —  Chevmix.  —    Bétail.  —  Viande. 

Chevaux.  — Aux  marchés  des  22  et  25  septembre,  à  Paris,  on  comptait  965  che- 
vaux. Sur  ce  nombre,  352  ont  été  vendus  comme  il  suit  : 


Chevaux  de  cabriolet 

Amenés. 

204 

Vendus 

40 

60 
123 

28 
101 

.  Prix  extrêmes. 
300  à       980  fr. 

—        de  trait 

30ti 

310  à  1,350 

326 

25  k  1,075 

—        à  l'enchère 

28 

60  à       435 

—        de  boucherie 

101 

25  à      125 

Anes  et  chèvres.  —  Aux  mêmes  marchés,  on  comptait  24  ânes  et  7  chèvres; 
15  ânes  ont  été  vendus  de  25  à  90  fr,  ;  4  chèvres,  de  20  à  55  fr. 

Bétad  —  Le  tableau  suivant  résume  le  mouvement  du  marché  aux  bestiaux  de 
la  Yillette,  du  jeudi  23  au  mardi  28  septembre  : 

Poids        Prix  du  kilog.  de  viande  sur  pied 
Vendus  moyea     au  marché  du  lundi  27  septembre. 

Pour  Pour  En         4  quartiers.  1"  2»             3«  Prix 

Amenés.  Paris,  l'extérieur,  totalité.  kil.  quai.  quai.  quai.  moyen. 

Bœufs 6.820  3,117  1,675  4,792  »  1.54  1.40  1.06  1.31 

Vaches 2  170  699  876  1,575  225  1.44  1.25  0  96  1   l9 

Taureaux 315  175  37  212  370  1.24  1.10  0.90  1.67 

Veaux 4,057  2,457  1,000  3,477  77  1.90  1.75  1.34  1  67 

Moutons 44.381  18,249  18,6z7  36,876  19  1.94  1.62  1.32  1  6^ 

Porcsgras 11460  1,832  3,454  5,286  90  155  1.50  1.46  1.48 

—    maigres.              16  6  10  16  40  1.50  •              »  1.5^ 

Pour  toutes  les  sortes  d'animaux,  les  arrivages  ont  été  considérables  ;  mais  la 
demande  n'est  pas  sensiblement  plus  élevée,  et  un  grand  nombre  de  bêtes  sont 
restées  sans  trouver  d'acheteurs.  Il  en  est  résulté  que  les  prix  continuent  à  être  très 
faibles  pour  toutes  les  cntégories,  sauf  toute  fois  en  ce  qui  concerne  les  veaux  qui 
sont  vendus  à  des  cours  plus  élevés  que  la  semaine  précédente 

_A  Londres,  les  importations  d'animaux  étrangers,  durant  la  semaine  der- 
nière, se  sont  composées  de  17,343  têtes,  dont  22  bœufs,  1-9  veaux,  4,943  mou- 
tons et  69  porcs  venant  d'Amsterdam;  251  bœufs  de  Boston;  543  moutons  de 
Brème;   202  bœufs  de  Gothembourg;    501    moutons  et   40  porcs  d'Hambourg 


40  REVUE  COMMERCIALE   ET  PRIX-COURANT    (2  OCTOBRE   1880). 

104  bœufs,  48  veaux,  2,d8:->  moutons  et  9)  porcs  d'Harlingen  ;  37  bœufs  du 
Havre;  19o' bœufs  et  552  moutons  de  Montréal;  25  bœufs,  253  veaux,  3, Mb  mou- 
tons et  96  porcs  de  Rotterdam;  1,601  bœufs  et  '^,6  17  moutons  de  Tonning; 
70  bœufs  de  Vigo.  Prix  du  kilog.  :  Bœuf,  V"  1  fr.  87  à  1  Ir.  i*9;  2«,  1  fr,  58  à 
1  fr.  75;  quabté  inférieure,  l  fr.  40  à  1  Ir.  58.  —  Vmu,  l'%  1  fr.  93  à  2  fr.  10; 
2%  1  fr.  75  à  l  fr.  93.  —  Mouton,  ï'%  2  fr.  28  à  2  fr  45;  2%  1  fr.  9^  à  2  fr.  10; 
qualité  inférieure,  1  fr.  75  à  1  fr.  93.  —  l\>rc,  1"',  1  Ir.  70  à  1  fr.  8?  ;  z%  l  fr.  40 
à  1  fr.  58. 

Via^ide  à  la  criée.  —  On  a  vendu,  à  la  halle  de  Paris,  du  21  au  27  septembre  : 

Prix  du  kilog.  le  27  septembre. 


B  euf  ou  vache 


Mouten. 
Porc... 


kilog 
188,651 
143,684 
7-2.916 
'27,291 


1"  quai. 
0.84  à  1    70 
1.44     1.84 
1.28     '2.00 


"2«  '(liai. 
0.66  à  1.46 
1.'20     1.56 
0.80     1.76 


7  11  al. 
0.48  à  1.2G 
0  75  1  32 
0.62  1.42 
1  20 1  1  88 


l'.hirx       Basse  Toiiclierie. 
0.92à2.30   O.lOà  1.00 
U.('4     2.06       »  » 

0.88     3.20       . 


[-•orc  frais . . 

432,542       Soit  par  jour 01 .792  kilo,^' 

Les  ventes  ont  été  inférieures  de  S-CO  kilog.  environ  par  jour  à  celles  de  la 
semaine  précédente.  Les  prix  sont  en  hausse  pour  la  viande  de  veau  et  celle  de 
mouton. 

XI.  —  Cours  de  la  viande  à  Vabatioir  de   la  Villette  du  30  septembre  {par  50  kilog.) 
Cours  de  la  charcuterie.  —  On  vend  à  la  Villette  par    50  kilog.  :  l'«  qualité, 


Bœufs.  

Veaux.                                             Moutons. 

r«              2»              3« 

,r. 

2.                 3=              '  1"                2« 

3" 

quai.           quai.          quai. 

quai 

quai.           quai.           quai.          quai. 

quai. 

fr.               fr.               fr. 

fr. 

fr.               fr.               fr.               fr. 

fr. 

72              66              58 

96 

88              78              83              76 

68 

XII.  —  UarcM 

aux  bestiaux  de  la  Villette  du  jeudi  20  septembre. 

Cours  des  com 

uissionaalres 

Poids 

Cours    officiels.                                  en  bestiaux. 

moyen 

_- —     „                      ^,^        ^ — -  iiii         

lin             —-.^ 

Animaux 

général. 

1"        2«        3»            Prix              1"        2"        3» 

Prix 

amenés.     Invendus. 

kil. 

quai.  quai.  quai,     extrêmes,     quai.    quai.  quai. 

extrêmes. 

Bœufs 2.183               90 

36  ï 

1.62     1.46     1.12     1.08àl.66       1.60     1.45     1.12 

1.05àl.64 

Vaches b82                6 

2E.0 

1.48     1.32      1.00     0.95      1.52        1.45      1.30      1.10 

0."5     1.50 

Taureaux...        124                s 

375 

1.28      1.15     0  95     0.90     1.32        1.30     1.15      0   95 

0.90     1.32 

Veaux 1.135                30 

80 

2.00     1.88     1.40     1.36     2.10         »            »            » 

»            » 

Moutons....  2>.1'0             6Î6 

18 

1.94     1.62     1.32      1.25     2.00          »             »            . 

»            » 

Porcs  gras..     4.27i)             • 

84 

1.60     1.44     1.3S     1.30     1.60         »            .            . 

»            » 

—  maigres.          »               » 

• 

»           * 

Vente  très  active  sur  toutes  les  espèces. 


Xllf.  —Résumé. 


Pour  la  plupart  des  denrées  agricoles,  les  cours  demeurent  fixés  presque 
sans  changements  aux  taux  de  là  semaine  dernière.  A.  Remy. 

BULLETIN  FENlNfGIER. 

Le  marché  continue  à  être  peu  animé  :1a  biisse  a  fait  de  nouveaux  progrès  :  peu 
sensible  aux  Sociétés  de  crédit  elle  l'a  été  davantage  à  nos  cheJiins  de  fer.  La  rente 
3  0/0  à  85  fr,  05  a  perdu  0  fr.  h5  ;  l'amortissable  à  88  fr.  a  perdu  0  fr.  30;  la 
rente  5  U/0  à  119  fr.  80  n'a  perdu  que  0  fr.  20. 


Cours  de  la  Bo-ir^e  du  22  aa  2) septembre  1830  [au  comptant). 


Principales  valeurs  frangaises  : 

Plus       Plus 


Rentes  o/o 

Rente  i  o/O  amortis 

Rente  4  1/2  0/0 

Rente  5  0/0 

Banque  le  bVance 

Comptoir  d'essonple 

SDciele  gêné  -ait; 

Crédit  foncier 

Est Actions  500 

Midi d" 

Nord d» 

Orléans d" 

Ouest    d" 

Pans-Lyon-Méditerranée  d" 
Paris  IS71  obi.  4oo  3  o/O  . . 
Italien  5  o/O 


bas. 

85.05 

8*. 00 
114  80 

119.80 


116  00 
120.03 


3i7'.  .00  3iS')  00 
95i).00  961.00 
570.01)  573.75 
in^  00  U97.50 
765.00  781.00 
104  t. 00  (Ofij.OO 
1610.00  1670.00 
IJ^D.OO  l '75.00 
SiO.OO  b5(».00 
142». 75  1437  50 
3^7  0)  39J.Oi) 
85.40        86.15 


Gérant  :  X.  BOUGHS 


Dernier    | 

cou 

s. 

8  5 

05 

88 

uo 

114 

80     1 

119 

80 

3481) 

00 

95  2 

5,1 

570 

00 

1Î45 

00 

76  ■> 

ilO 

lOiO 

00 

1630 

00 

1255 

no 

8jO 

00    1 

14  28 

75     1 

398 

00    1 

85 

5. 

1 

Chemins  de  fer  français  et 

Plus 
bis. 
d»    592  50 

d'       180.00 


étrangers  : 

^•lil»     Je-': 


A'ilrichiens.  d» 

L.omliirds.  d' 

R  )'naini.  d" 

Nord  de  l'Espagne,  d' 
Sai'agosse  à  .Madrid,  d' 
Portu^iis.  d' 


35i.75 

372.50 
615.00 


Est.Obl.  3  0/or.  à  SOOf.d"    383.  su 


Midi 

Noi-d. 

Orléans. 

Ouest. 

Paris-Lyon-Méditer. 

Nord  esp.  priorité. 

Loinuar  ils. 


3*7.50 
31)2  00 
387  50 
380.00 
39!.  50 
3 il  00 
267.00 


GOi.75 
18{.75 
Ii6."0 
357  50 
380.50 
6!».  00 
391.110 
389. f.0 
39i.OO 
391.00 
390.00 
39.. 00 
348  00 
268.00 


59J.50 
131.00 
145.50 
3i3.75 
372  50 
615.00 
SS'i.OO 
388.00 
3-<2.00 
39a. 00 
387.00 
3^3.00 
346.00 
267.75 


CHRONIQUE  AGRICOLE  o  octobre 


1880). 


Félicitations  adressées  à  M.  Chevreul  pour  le  94*  anniversaire  de  sa  naissance.  —  Le  crédit  agri- 
cole. —  Volume  publié  par  les  soins  de  l'adminihlration  de  l'agriculture.  —  Historique  des 
enquêtes  et  des  travaux  entrepris  sur  le  crédit  agricole.  —  Travaux  dont  est  saisie  la  Commis- 
sion actuelle.  —  Emiuête  sur  l'état  sanitaire  du  bétail.  —  Circulaire  du  ministre  de  l'agriculture 
aux  préfets.  —  Sur  remploi  des  engrais  complémentaires  du  fumier  de  ferme.  —  Conférences 
faites  dans  la  Seine-Inférieure,  par  M.  Eugène  Marchand.  —  Arrêté  du  ministre  de  l'agriculture 
déterminant  les  départements  dans  lesquels  des  concours  d'irrigation  auront  lieu  en  1881,  et 
les  conditions  de  ces  concours.  —  Le  phylloxéra.  —  .\ote  de  M.  Mares  sur  l'emploi  du  sulfocar- 
bonate.  —  Extension  du  phylloxéra  dans  l'Aude.  —  Traitement  des  vignes  attaquées.  —  Les 
effets  du  dégrèvement  des  sucres.  —  Les  rapports  entre  les  agriculteurs  et  les  fal>ricants  de 
sucre.  —  Rapport  de  M.  Boucard  sur  les  désastres  causés  par  le  froid  dans  les  forêts  de  la 
Sjlogne.  —  Evaluation  de  ce  désastre.  —  Publication  du  troisième  volnn-,c  des  Annales  de  l'In- 
stitue agronomique.  —  Principaux  travaux  qu'il  renferme.  —  Examens  d'admission  à  l'Institut 
agronomique.  —  Liste  des  élèves  admis  à  l'Ecole  nationale  d'horticuliurp  de  Versailles.  —  Exa- 
mens de  sortie  et  d'admission  à  la  ferme-école  de  la  Corrèze.  —  Sériciculture.  —  Nouveau  tour 
pour  tirer  la  soie  des  cocons.  —  Concours  spécial  de  la  race  bovine  du  Mézenc.  — Achat  déta- 
lons de  gros  trait  par  la  Société  d'agriculture  de  la  Nièvre.  —  Nécrologie  :  M.  Jules  Aubin.  — 
Une  nouvelle  vigne.  —  Situation  des  récoltes  dans  les  Pays-Bas  et  dans  les  Indes  néerlandaises. 

I.  —  Le  94*  anniversaire  de  la  naissance  de  M.  Chevreul. 
Le  31  août  dernier,  à  l'occasion  du  9V  anniversaire  de  la  naissance 
de  M.  Chevreul,  l'illustre  président  de  la  Société  nationale  d'agriculture, 
l'Association  américaine  pour  l'avancement  des  sciences,  réunie  dans  sa 
29"  session  à  Boston,  a  envoyé  à  l'illustre  doyen  de  la  science  dans  le 
monde  entier  un  télégramme  pour  lui  présenter  ses  vives  félicitations, 
avec  l'espérance  que  sa  vie  et  ses  travaux  pourront  être  prolongés 
au  moins  jusqu'à  la  fin  du  siècle.  Ce  sont  des  vœux  auxquels  s'asso- 
cient tous  les  amis  de  la  science  dans  tous  les  pays.  M.  Chevreul 
vient  d'achever,  pour  la  cinquantième  fois,  au  Muséum,  son  cours  de 
40  leçons  de  chimie  appliquée  à  l'étude  des  êtres  organisés. 

II.  —  Le  Crédit  agricole. 

Il  vient  d'être  publié,  par  ordre  de  M.  le  ministre  de  l'agriculture 
et  du  commerce,  un  volume  intéressant  sous  le  titre  :  JSote  sur  le 
Crédit  agricole  mobilier.  C'est  à  la  demande  de  la  Commission  chargée 
de  1  étude  de  la  question  du  crédit  agricole  que  cette  note  a  été  rédi- 
gée. Elle  commence  par  rappeler  les  anciennes  études  faites  sur  la 
question,  études  qui  ont  pour  origine  un  vœu  émis  par  le  Conseil  gé- 
néral de  l'agriculture,  des  manufactures  et  du  commerce  dans  sa  ses- 
sion de  1840-41.  Ce  vœu  a  eu  pour  résultat  pratique  la  mission  don- 
née à  Royer  de  se  rendre  en  Allemagne  pour  faire  connaître  dans  tous 
leurs  détails  le  mécanisme  des  Sociétés  et  banques  de  crédit  foncier, 
ainsi  que  des  caisses  de  crédit  et  de  prévoyance  aboutissant  à  un  cré- 
dit mobilier  qui  existait  chez  nos  voisins  d'outre-Rhin.  Le  rapport  de 
Royer  a  été  publié.  Peu  de  temps  après,  une  enquête  fut  faite  sur  la 
situation  de  la  propriété  immobilière  au  point  de  vue  des  hypothèques; 
elle  venait  d'être  publiée  parle  ministre  de  la  justice  lorsqu'éclata  la 
Révolution  de  1 8-^18.  Dès  que  M.  Tourette  eut  pris  possession  du  mi- 
nistère de  l'agriculture,  il  s'empressa  d'étudier  la  question,  et  il  pré- 
senta à  l'Assemblée  nationale,  le  18  décembre  1848,  un  projet  de  loi 
sur  les  avances  ta  l'agriculture  par  l'Etat.  Les  événements  politiques 
empêchèrent  ce  projet  d'aboutir.  Le  décret  du  25  février  1852,  en 
instituant  des  Sociétés  de  crédit  foncier,  n'avait  résolu  qu'une  partie 
du  problème;  il  restait  à  s'occuper  du  crédit  agricole  mobilier.  L'ad- 
ministration de  l'agriculture  décida  de  faire  faire  une  enquête  sur  le 
mécanisme  des  institutions  étrangères  et  de  créer  une  Commission 
qui  étudierait  tous  les  systèmes.  L'enquête  faite  à  l'étranger  a  donné 
lieu  à  un  rapport  de  M.  Léonce  de  Lavergne,  qui   était  resté  jusqu'à 

N»  600.  —  Tome  IV  de  1880.  —  9  Octobre. 


42  CHRONIQUE  AGRICOLE   (9  OCTOBRE   1880). 

présent  inédit,  et  à  un  volume  de  M.  Josseau,  qui  est  classique  et  qui 
est  intitulé  :  TraiLé  du  crédit  foncier.  Le  rapport  de  M.  de  Lavergne 
s'occupe  surtout  des  banques  d'Angleterre  et  d'Ecosse,  et  de  deux 
caisses  de  crédit  aj^ricole existant  en  Westphalie  et  en  Hanovre;  il  con- 
clut à  la  création  de  comptoirs  d'escompte  ouverts  aux  propriétaires  et 
même  aux  simples  cultivateurs  dans  chaque  chef-lieu  d'arrondisse- 
ment. Depuis  lors,  l'étude  de  la  question  a  été  soumise  à  des  commis- 
sions successives  :  en  185G,  à  une  Commission  composée  de  MM.  Suin, 
Josseau,  Cornudet,  de  Germiny,  Grellet  el  Leroy;  en  18G6,  à  une  autre 
commission  composée  de  MM.  Suin,  de  Germiny,  Cornudet,  Lepelle- 
tier  dAulnay,  Guillaumin,  de  Raynal,  Josseau,  de  Monny  de  Mornay, 
Alauzet  et  Leroy.  Enfin,  en  1  S8i>,  une  nouvelle  commission  a  été  nom- 
mée. Depuis  la  mort  de  M.  Victor  Borie  et  la  démission  de  M.  Joi- 
gneaux,  elle  est  ainsi  composée  :  MM.  Bozérian,  Denormandie,  Gar- 
nier,  Labiche,  Bethmont,  Christophle,  Drumel,  Proust,  Tisserand, 
Dufrayer,  d'Esterno,  Mauguin,  secrétaire. 

La  nouvelle  Commission  se  trouve  saisie  de  mémoires,  projets  ou 
systèmes  présentés  par  MM.  Tremoulet,  Granié,  Félix  Charnay, 
Grandidier,  Huart,  Davin,  Le  Boutteux,  d'Artigues,  Couture,  Cattin, 
Léon  Camel,  Leveau,  Méresse,  Billette,  Dauphin,  Romain  Bonnet, 
Lempreur,  D.imourette,  Paillard,  Desprès,  Dubost,  Jacques  Valserres, 
le  comte  d'Esterno,  Leduc-Vie,  un  anonyme,  un  économiste  qui  a 
pris  le  pseudonyme  d'unrt??u"  de  V agriculture,  et  par  le  projet  du  rapport 
de  M.  de  Lavergne.  La  Commission  a,  en  outre,  reçu  plusieurs  com- 
munications, écrites  ou  orales,  de  MM.  Riverain-PoUet,  Daudin, 
Giraud,  Lucet,  Lepelletier  de  Sainl-Rémy,  Copin,  Josseau. 

Le  volume  qui  vient  d'être  publié  donne,  soit  intégralement,  soit 
par  analyse,  tous  les  projets,  toutes  les  communications  orales  ou 
écrites,  que  la  Commission  a  reçus.  En  outre,  il  renferme  les  réponses 
faites  par  66  Conseils  généraux  aux  questions  que  M.  le  ministre  de 
l'agriculture  leur  a  adressées  par  sa  circulaire  du  30  juillet  1879  que 
nous  avons  insérée  l'an  dernier,  ainsi  que  les  rapports  de  45  agents 
consulaires  à  l'étranger. 

D'après  cet  exposé,  on  voit  que  le  volume  nouveau  sur  la  question 
du  crédit  agricole  contient  un  grand  nombre  de  documents,  mais  ne 
fournit  aucune  donnée  sur  ce  que  pense  la  Commission  ni  sur  les 
projets  qui  peuvent  sortir  de  ses  délibérations. 

IIL  —  Enquête  sur  l'état  sanitaire  du  bétail. 

Ainsi  que  nous  le  disions  dans  nos  dernières  chroniques,  la  fièvre 
aphteuse  a  pris,  depuis  quelque  temps,  une  grande  extension  dans 
beaucoup  de  départements.  A  ce  sujet,  M.  Tirard,  ministre  de  l'agri- 
culture et  du  commerce,  a  adressé  aux  préfets  la  circulaire  suivante  : 

«  Paris,  le  20  septembre  1880. 
«  Monsieur  le  préfet,  je  suis  informé  que  la  fièvre  aphteuse  ou  cocotte  s'est 
déclarée  dans  plusieurs  départements  et  a  même  acquis,  sur  certains  points,  une 
intensité  inquiétante.  Sauf  quelques  exceptions,  mon  administration  n'a  pas  été 
officiellement  informée  de  l'apparition  de  cette  affection  coQtasjieuse  ;  non  seule- 
ment je  ne  sais  quelle  est  la  gravité  du  mal,  mais  encore  j'ignore  si  quelque  chose 
a  été  tenté  pour  arrêter  sa  mirche.  J'ai  malheureusement  lieu  de  crainlre  que  les 
règlements  sanitaires  ne  soient  trop  oubliés,  ou  tout  au  moins  appliqués  trop 
mollement;  il  m'est  revenu  en  effet  de  divers  côtés  que  les  autorités  1  cales  font 
preuve  à  cet  égard  d'un  laisser-aller  des  plus  regrettables;  l'article  459  du  Gode 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (9  OCTOBRE   1880).  43 

pénal  qui  prescrit  la  déclaration  des  cas  de  maladie  contagieuse  n'est  pas  partout 
observé,  et  il  serait  nécessaire  de  réagir  contre  la  tendance  à  s'alifranchir  de  cette 
obligaiion  qui  est  comme  la  pierre  angilairede  la  police  sanitaire. 

«  Le  service  des  é[)izooties  est  con>titué  d  ^n^^  un  grand  nombre  de  départements 
et,  dans  ceux  où  cette  organisation  exisie,  MM  les  préfets  doivent  être  tenus  au 
courant  de  la  situation  et  posséder  des  renseignements  précis  sur  l'état  sanitaire 
du  bétail;  dans  les  départements  où  le  service  des  épizooties  n'a  pas  encore  été 
créé,  je  suis  persuadé  qu'il  ne  serait  pas  l'ait  en  vain  appel  au  concours  des  vété- 
rinaires 

a  Je  viens  donc  vous  prier,  monsieur  le  préfet,  de  vouloir  bien  procéder  à  une 
enquête  générale  sur  l'état  sanitaire  actuel  du  bétail  dans  votre  département,  et 
m'en  transmettre  les  résultats  dans  le  plus  bref  délai  Je  vous  serai  obligé  de  me 
faire  connaître  en  même  temps,  et  s'il  y  a  lieu,  les  mesures  sanitaires  que  vous 
auriez  prescrites  et  celles  qui  seraient  en  projet.  A  ce  sujet,  j'exprimerai  le  désir 
d'être  tou|Ours  consulté  en  pareille  circonstance;  par  ce  moyen,  il  serait  possible 
d'établir  une  uniformité,  d'ailleurs  nécessaire,  entée  les  mesures  à  preu'lre,  pour 
la  même  maladie,  sur  les  différents  points  du  territoire  et,  en  outre,  de  donner  à 
ces  mesures  le  degré  de  rigueur  que  comporte  la  nature  du  mal.  » 

«  Recevez,  etc.  Le  minùtre  de  i'agricuUure  et  du  commerce^ 

«    P.  TlRARD.    » 

Nous  ne  cesserons  de  demander  que  la  loi  sur  la  police  sanitaire 
des  animaux  domestiques  arrive  enfin  en  discussion  et  soit  volée. 
C'est  seulement  par  des  mesures  d'ensemble  que  l'on  arrivera  à  faire 
disparaître  les  maladies  contagieuses  qui  prennent  trop  facilement  de 
l'extension  en  France,  grâce  à  la  manière  insuflisante  dont  le  service 
sanitaire  est  aujourd'hui  organisé  et  pratiqué. 

W.  —  Les  engrais. 

Pour  accroître  les  rendements  des  récoltes  et  assurer  la  prospérité 
d'une  exploitation  agricole  quelconque,  il  n'est  pas  de  procédé  plus 
suret  plus  efficace  que  l'emploi  des  engrais  appropries;  nous  ajoute- 
rons :  des  engrais  employés  surtout  à  l'automne,  au  moment  des 
grands  et  forts  labours,  avant  les  seu'ailles  bien  plutôt  qu'en  couver- 
ture, les  cultivateurs  qui  peuvent  ajouter  à  leur  fumier  300  à 
400  kilog.  par  hectare  de  bons  engrais,  tels  que  le  guano  du  Pérou, 
le  phospho-guano,  le  guano  dissous,  les  tourteaux  de  graines  oléagi- 
neuses, le  sulfate  d'ammoniaque,  le  sang  desséché,  les  débris  de  laine, 
les  phosphates  et  superphosphates,  les  matières  fécales,  les  nitrates 
de  soude  et  de  potasse,  etc.,  suivant  les  terrains  et  les  circonstances 
économiques,  ne  doivent  pas  hésiter  un  seul  instant  à  le  faire.  Us 
trouveront  là  le  meilleur  placement  qu'ils  puissent  faire  de  leur  argent 
ou  de  celui  que  peuvent  leur  procurer,  dans  le  présent  ou  dans  l'ave- 
nir, les  institutions  de  crédit.  Pour  s'éclairer  sur  la  valeur  des 
engrais,  au  double  point  de  vue  de  ceux  qui  conviennent  le  mieux  à 
un  sol  ou  à  une  récolte  déterminée,  il  n'y  a  rien  de  mieux  que  d'avoir 
recours  à  des  expériences,  pourvu  que  celles-ci  soient  bien  faites. 

Comme  ce  n'est  pas  un  art  toujours  facile  de  bien  expérimenter, 
il  est  bon  que  des  indications  à  cet  égard  soient  données  aux  agricul- 
teurs. M.  Eugène  Marchand,  dont  nous  avons  plusieurs  fois  analysé 
les  travaux,  a  fait  sur  ce  sujet,  cette  année,  dans  douze  cantons  des 
arrondissements  du  Havre  et  d'Yvetot,  une  conférence  que  nous  nous 
plaisons  à  signaler.  Nous  n'aimons  pas  beaucoup  le  nom  d'engrais 
chimiques  dont  M.  Marchand  se  sert,  à  l'imitation  de  beaucoup  d'au- 
tres personnes,  car  il  ne  donne  qu'une  idée  fausse  ou  inexacte.  Le 
nitrate  de  soude  et  le  phosphate  de  chaux,  par  exemple,  diffèrent-ils 


44  CHRONIQUE  AGRICOLE  (9  OCTOBRE    1880). 

lorsqu'on  les  prend  dans  la  nature  ou  bien  lorsqu'on  les  fait  sortir 
d'une  fabrique  de  produits  chimiques?  Evidemment  non.  Pour  appré- 
cier tous  les  engrais,  quels  qu'ils  soient,  il  faut  des  connaissances 
chimiques.  De  même  nous  repoussons  l'appellation  d'engrais  chi- 
mique complet,  parce  qu'il  n'y  a  que  des  engrais  complémentaires. 
Mais,  à  part  ces  réserves  et  quelques  autres,  il  faut  approuver  l'en- 
semble des  leçons  données  par  M.  xMarchand  et  applaudir  à  l'esprit  de 
progrès  qui  anime  son  enseignement. 

V.  —  Concours  d'irrigation  en  1881. 

Les  départements  dans  lesquels  auront  lieu,  en  1881,  les  concours 
d'irrigation,  viennent  d'être  déterminés  par  l'arrêté  suivant  de  M.  le 
liiaistre  de  l'agriculture  et  du  commerce  : 

Le  ministre  de  l'agriculture  et  du  commerce, 

Vu  l'ulilité  d'un  lion  aménagement  des  eaux  courantes  et  des  eaux  pluviales, 
ainsi  que  de  celles  qui  sont  emmagasinées  dans  des  réservoirs  naturels  ou  arti- 
ficiels ; 

Considérant  que  le  meilleur  emploi  de  ces  eaux  consiste  dans  l'arrosage  des 
terres  ; 

Vu  l'avis  des  inspecteurs  généraux  de  l'agriculture  ; 

Sur  la  proposition  du  directeur  de  l'agriculture, 

Arrête  : 

Art.  1".  —  Un  concours  sera  ouvert,  en  1881,  dans  les  départements  des 
Hautes-Pyrénées,  du  Var,  de  la  Gorrèze,  de  l'Ardèche,  des  Deux-Sèvres  et  du 
Gard,  entre  les  agriculteurs,  propriétaires,  fermiers  ou  métayers  qui  auront  utilisé 
de  la  façon  la  plus  profitable  les  eaux  susceptibles  d'être  employées  en  irrigations. 

Art.  2.  —  Les  récompenses  seront  réparties  de  la  manière  suivante  dans 
chacun  des  départements  mentionnés  ci-dessus  : 

1"  Catégorie.  —  Propriétés  contenant  plus  de  6  hectares  de  terres  aiTOsées  : 
V  prix,  médaille  d'or  et  1,000  fr.  —  S"*  prix,  médaille  d'argent  grand  module  et 
700  fr.  —  3"  prix,  médaille  d'argent  et  400  fr. 

2°  Catégorie.  —  Propriétés  ayant  6  hectares  et  au-dessous  soumis  à  l'irrigation  : 
1"  prix,  médaille  d'or  et  500  tr.  —  i'^  prix,  médaille  d'argent  et  400  fr.  —  3"  prix, 
médaille  de  bronze  et  300  fr.  —  4«  prix,  médaille  de  bronze  et  200  fr. 

Art.  3.  —  Un  objet  d'art  pourra  être  décerné  dans  chaque  département  au 
lauréat  du  premier  prix  de  l'une  des  catégories  ci-dessus,  reconnu  relativement 
supérieur  ou  jugé  digne  d'être  plus  spécialement  signalé  pour  l'aménagement 
économique  des  eaux  dans  la  pratique  des  irrigations. 

Dans  le  cas  de  l'attribution  de  l'objet  d'art,  la  médaille  d'or  affecté  au  premier 
prix  ne  sera  pas  décernée. 

Art.  4.  —  Trois  médailles  d'argent  et  trois  médailles  de  bronze  pourront  être 
décernées  par  le  jury  de  chaque  concours  aux  agents  employés  spécialement  aux 
travaux  d'iriigation  des  exploitations  primées,  ou  à  ceux  qui  les  auront  exécutés. 

Art.  5.  —  Les  prix  attribués  seront  décernés,  en  188  2,  à  la  séance  de  distribu- 
tion solennelle  des  récompenses  du  concours  régio-^al  agricole  de  la  circonscription 
à  laquelle  appartient  le  département.  Ils  figureront  dans  la  liste  des  prix  du 
concouis  régional. 

Art.  6.  —  Les  déclarations  des  concurrents  contenant  une  note  explicative  et 
l'indication  exacte  des  contenances  arrosées,  certifiées  parle  maire  de  la  commune, 
devront  être  adressées  à  la  prélecture  du  domicile  du  concurrent,  le  l*''  mars  1881, 
au  plus  tard,  pour  dernier  délai. 

Art.  7.  —  Le  directeur  de  l'agriculture  est  chargé  de  l'exécution  du  présent 
arrêté. 

Fait  à  Paris,  le  29  septembre  1880.  P.  Tirard. 

C'est  donc  dans  six  nouveaux  départements,  pour  lesquels  il  n'y  en 
a  pas  encore  eu,  qu'auront  lieu,  l'an  prochain,  les  concours  d'irriga- 
tion. On  ne  peut  qu'approuver  ce  roulement  qui  transporte  successi- 
vement, dans  tous  les  lieux  intéressés,  l'utile  institution  de  ces  con- 
cours, à  laquelle  nous  sommes  heureux  d'avoir  contribué. 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (9  OCTOBRE    1880).  45 

VI.  —  Le  phylloxéra. 

Au  sujet  des  résultats  qu'il  a  obtenu  par  les  traitements  de  ses 
vignes  au  moyen  du  sulfocarbonate  de  potassium,  dans  son  vignoble 
de  Launac,  notre  éminent  confrère  et  ami,  M.  Henri  Mares,  nous 
envoie  la  note  suivante  : 

«  J'ai  obtenu  cette  année,  un  succès  complet  par  le  traitement  de  mes  vignes 
au  moyen  des  sulfocarbonates  de  potasse.  D'après  ce  qui  se  passe  à  Launac,  je 
ne  doute  pas  qu'à  l'avenir  tous  les  vignobles  en  vins  fins  ou  à  grands  produits 
ne  soient  traités  par  cette  méthode.  Je  vois  se  restaurer  complètement  des  pieds 
de  vigne  vieilles,  attaquées  depuis  1874,  et  dans  lesquelles  le  quart  des  ceps  a  suc- 
combé. Ces  vignes  se  sont  couvertes  de  racines  nouvelles  qui  ont  poUssé  sur  les 
anciennes,  et  qui  reprennent  possession  de  la  terre,  mais  elles  sont  de  nouveau 
envahies  par  le  phylloxéra,  comme  cela  passe  dans  les  vignes  submergées,  sul- 
furées, etc  ,  et  comme  je  l'avais  vu  d'ailleurs  l'an  dernier,  à  pareille  époque.  Il  y 
a  actuellement,  grâce  au  beau  temps  dont  nous  jouissons,  une  effrayante  pullu- 
lation  d'insectes  et  un  grand  essaimage  de  phylloxéras  ailés. 

«  Les  vendanges  ont  été  belles,  bonnes  et  abondantes  dans  les  localités  oià  il  y 
a  des  vignes,  mais  celles-ci  diminuent  tous  les  jours;  c'est  la  richesse  pour  les 
uns,  et  la  disette  pour  les  autres.  En  somme,  on  n'aura  guère  que  le  quart  des 
anciennes  récoltes  de  1870  à  1875.  » 

Les  documents  communiqués  aux  Conseils  généraux  permettent  de 
constater  les  progrès  de  l'invasion  phylloxérique  dans  un  certain  nom- 
bre de  départements.  Pour  quelques-uns  de  la  région  méridionale, 
cette  invasion  est  rapide.  Le  département  de  l'Aude  compte  parmi  ces 
derniers;  deux  arrondissements,  ceux  de  Carcassonneet  deNarbonne, 
sont  aujourd'hui  très  attaqués;  on  y  compte  actuellement 41 9  foyers 
constatés.  Ils  occupent  une  surface  de  92  hectares,  dont  2  hectares 
75  ares  seulement  dans  l'arrondissement  de  Carcassonne.  Ces  92  hec- 
tares ont  été  traités  par  le  sulfure  de  carbone,  ainsi  que  55  hectares 
autour  des  taches,  comme  zone  de  protection.  La  dépense  s'est  élevée 
à  39,517  fr.,  soit,  en  moyenne,  269  fr.  par  hectare.  D'après  le  rap- 
port de  M.  Henrion,  délégué  départemental,  le  traitement  a  donnédes 
résultats  excellents;  quelques  exceptions,  signalées  à  Ouveillan  et  à 
Peyriac-de-Mer,  seraient  dues  à  ce  que  les  vignes  traitées  étaient  en- 
vahies depuis  quatre  ans  et  avaient  perdu  presque  entièrement  leur 
système  radiculaire. 

VIL  —  Sur  le  dégrèvement  des  sucres. 

Depuis  le  1"  octobre,  le  dégrèvement  des  sucres  est  un  fait  accompli; 
il  a  été  accueilli  avec  la  plus  grande  faveur  par  toutes  les  populations. 
A  ce  sujet,  des  agriculteurs  nous  demandent  pourquoi  le  prix  de 
vente  des  betteraves  n'augmente  pas  immédiatement  et  si  les  fabri- 
cants de  sucre  seront  les  seuls  à  profiter  du  dégrèvement,  et  à  voir 
leurs  bénéfices  augmenter  dans  la  proportion  de  celui-ci.  Nous 
croyons  donc  utile  de  rappeler  que,  pour  le  moment,  le  consommateur 
est  le  seul  qui  profite  directement  du  dégrèvement,  car  il  paie,  ainsi 
que  cela  se  pratique  dans  toutes  les  épiceries  de  Paris,  le  kilog.  de 
sucre  0  fr.  30  de  moins  que  pendant  le  mois  de  septembre.  C'est  par 
l'augmentation  de  la  consommation,  résultat  fatal  de  la  baisse  des 
prix,  que  les  fabricants  de  sucre  d'une  part  et  les  agriculteurs  de 
l'autre,  profiteront  de  ce  dégrèvement.  Les  fabricants  ne  seront  donc 
plus  admis  à  faire  valoir  les  conditions  mauvaises  de  leur  industrie 
pour  obtenir  des  agriculteurs  le  maintien  de  la  réduction  des  prix  des 
betteraves  que  ceux-ci  ont  dû  consentir  depuis  quelques  années.  C'est 


46  CHRONIQUE  AGRICOLE  (9  OCTOBRE  1880). 

seulement  en  offrant  à  la  culture  un  prix  plus  rémunérateur  et  en 
renouvelant  les  abonnements  dans  des  conditions  plus  avantageuses 
■que  les  fabricants  pourront  s'assurer  un  approvisionnement  certain 
pour  l'avenir  et  le  concours  des  agriculteurs  pour  poursuivre,  dans 
«n  temps  plus  ou  moins  proche,  une  nouvelle  exonération  de  l'impôt. 

VIII.  —  Les  pineraies  de  la  Sologne. 

A  maintes  reprises,  depuis  le  printemps  dernier,  nous  avons  insisté 
sur  les  dommages  causés  en  Sologne  par  le  dernier  hiver,  surtout 
dans  la  partie  boisée  qui  faisait  la  fortune  de  cette  vaste  région  jadis 
déshéritée.  L'évaluation  des  dommages  commence  à  être  faite.  Dans 
sa  dernière  session,  le  Conseil  général  du  Loiret  a  reçu  commu- 
nication d'un  rapport  sur  cet  important  sujet,  fait  par 
M.  Boucard,  conservateur  des  forêts  à  Tours,  et  il  en  a  ordonné  la 
publication  aux  frais  du  département.  Ce  rapport  signale  d'abord 
les  dégâts  causés  dans  les  bois,  puis  il  indique  les  moyens  de  venir 
en  aide  à  la  Sologne  et,  enfin,  il  se  termine  par  des  conseils  et  des 
encouragements  pour  le  reboisement.  Il  sera  l'objet  d'une  étude 
spéciale  dans  le  Journal;  aujourd'hui  nous  devons  nous  borner  à  en 
résumer  la  première  partie. 

Sur  une  étendue  totale  de  500,000  hectares,  la  Sologne  compte 
120,000  hectares  en  bois  tant  feuillus  que  résineux;  le  pin  maritime 
■est  l'essence  dominante  et  il  occupe  une  surface  d'environ  8i),000  hec- 
tares. Déboisée  à  l'excès  pendant  les  deux  derniers  siècles,  la  Sologne 
a  commencé  à  être  reboisée  il  y  a  cinquante  ans  environ.  L'exploita- 
tion des  pineraies  donnait  surtout  des  résultats  remarquables; 
M.  Coudard  estime  que  les  80,000  hectares  de  pins  maritimes  pro- 
duisaient à  leurs  propriétaires  une  somme  annuelle  de  trois  millions 
et  demi  de  francs  en  nombre  rond.  Celte  situation  si  prospère  a  reçu 
une  première  atteinte  pendant  l'hiver  1<S78-79  par  l'action  d'un  verglas 
d'une  intensité  et  d'une  durée  tout  à  fait  extraordinaires;  la  proportion 
des  pins  maritimes  brisés  par  ce  phénomène  a  dépassé  20  pour  100. 
Mais  le  grand  désastre  a  été  amené  par  les  rigueurs  exceptionnelles  du 
dernier  hiver.  «  Aujourd'hui,  en  Sologne,  dit  M.  Coudard,  il  ne  reste 
plus  de  pins  maritimes  vivants,  à  l'exception  des  semis  de  un  à  deux 
ans,  qui  ont  été  protégés  par  la  neige.  »  Il  estime  que,  en  fin  de 
compte,  la  perte  subie  par  les  habitants  de  la  Sologne  peut  être  évaluée 
à  42  millions  de  francs.  C'est,  pour  beaucoup,  une  véritable  ruine,  et 
pour  tous  une  énorme  perte.  Les  résultats  de  plus  d'un  demi- siècle  de 
travail  et  de  lutte  ont  été  tout  d'un  coup  à  peu  près  absolument 
détruits,  mais  l'énergie  des  agriculteurs  est  assez  grande  pour  résister 
.à  cet  assaut;  ceux  qui  le  peuvent  recommencent  dès  maintenant  la 
reconstitution  de  leur  domaine  forestier. 

IX.  —  Annales  de  l'Institut  national  agronomique. 
Le  troisième  volume  des  Annaks  de  Vlnstitul  national  agronomique 
vient  d'être  publié.  Ce  volume  renferme  un  grand  nombre  de  travaux. 
Mais  nous  devons  d'abord  signaler  le  rapport  de  M.  Risler,  direeteur, 
sur  la  situation  de  ce  grand  établissement;  ce  rapport  démontre  que 
cette  situation  est  absolument  prospère,  en  même  temps  que  le  recru- 
tement se  faitdans  de  bonnes  conditions.  A  la  suite  de  ce  rapport, 
sont  insérés  quelques-uns  des  travaux  de  recherches  exécutés  par  les 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (9  OCTOBRE   1880).  47 

professeurs,  les  chefs  de  travaux  et  les  élèves  de  notre  École  supérieure 
d'agriculture.  Tout  d'abord,  M.  MLintz,  chef  des  travaux  chimiques,  a 
continué  son  étude  sur  l'alimeutalion  des  chevaux  si  intéressante  pour 
les  Sociétés  de  transport  et  pour  les  armées.  On  sait  que  ce*s  recherches 
qui  sont  faites  sur  la  cavalerie  de  la  Compagnie  des  omnibus  ont  per- 
mis déjà  à  cette  Société  de  réaliser  des  économies  considérables. 
M.  MiiQtz  donne  également  un  travail  sur  la  constitution  de  la  graisse 
des  animaux  primes  au  concours  du  Palais  de  l'Industrie.  M.  Prillieux, 
professeur  de  botanique^  publie  un  mémoire  sur  les  ravages  occasion- 
nés par  l'hiver  de  1879-80  dans  les  plantations  de  pins.  M.  Regnard, 
professeur  de  physiologie,  donne  deux  études  :  une  d'elles  est  relative 
à  l'influence  des  radiations  rouges  sur  la  végétation;  l'autre  à  la 
respiration.  M.  du  Breuil,  professeur  d'arboriculture,  fournit  la 
nomenclature  des  principaux  cépages  français  avec  leurs  particula- 
rités distinctives;  ce  travail  a  été  publié  dans  le  Journal.  M.  Brocchi, 
répétiteur  de  zoologie,  est  allé  étudier  1  installation  des  pêcheries  de 
l'Adriatique  à  l'embouchure  du  Pô  et  en  fait  l'objet  d'un  intéressant 
rapport.  M.  Cliesnel,  secrétaire  de  l'Ecole,  a  été  chargé  par  le  ministre 
de  l'agriculture  d'étudier  l'enseignement  agricole,  l'instruction  laitière 
et  la  fabrication  des  produits  du  lait  dans  le  Danemark  et  la  Suède; 
la  première  partie  de  son  rapport  se  trouve  dans  ce  volume.  Parmi 
les  élèves  diplômés,  M.  Nivet  publie  un  travail  sur  la  décomposition 
des  sels  ammoniacaux  et  M.  Lami  une  étude  sur  le  lait.  Les  Annales 
de  r Institut  agronomique  sont  éditées  par  M.  Tremblay,  5,  rue  de 
l'Eperon,  à  Paris. 

Les  examens  d'admission  pour  l'Institut  agronomique  commence- 
ront le  lundi  25  octobre,  à  huit  heures  et  demi  du  matin,  au  siège  de 
l'Ecole,  292,  rue  Saint- Martin.  Les  bacheliers  es  sciences  sont  dispensés 
de  l'examen  et  sont  admis  de  plein  droit.  Les  demandes  doivent  être 
adressées  avant  le  1 5  octobre,  au  directeur  de  l'Ecole.  —  L'ouverture 
des  cours  aura  lieu  le  mercredi  3  novembre. 

X.  —  Ecole  nationale  d'horticullure  de  Versailles. 

La  rentrée  des  élèves  à  l'Ecole  nationale  d'horticulture  de  Versailles, 
a  eu  lieu  le  1"  octobre.  Les  élèves  admis  en  première  année  ont  subi, 
à  leur  arrivée,  un  examen  de  classement,  dont  voici  le  résultat  : 

1.  MM.  Deville  (Ariège).  —  2.  Layé  (Eure-etLoir). —  3.  Mayrat  (Charente). — 
4.  Rossignol  (Haute-Vienne).  —  5.  Siruguet  Doubs).  —  6.  Augey  (Seine-et- 
Marne).  —  7.  Legendre  (Seine-et-Oise).  —  8.  Diibut  i Seine).  — 9.  Nivet  (Haute- 
Vienne).  —  10.  Rivoiron  (Rhône).  —  11.  Parnot  (Aisne).  —  12.  Fleury  (Orne). 
—  13.  Pescher  (Haute-Viennej.  —  14.  Renard  (S -ine-et-Marne) .  —  15.  Zugetta 
(Seine).  —  16.  Camagny  (Seine).  —  17.  Duraont  (Oise).  —  18.  Lemonnier  (Avey- 
ron).  —  l^.  Mary  (Seine-et-Oise).  —  20.  Barbeau  (Seine).  —  21.  Racine  (Seine- 
Intérieure).  —  2i.  Pasdeloup  (Seine-et-Oise).  —  23.  Cavelan  (Seine-et-Oise).  — 
24.  Le  Saout  (Finistère).  —  25.  Joly  (Loiret). 

Sous  l'habile  direction  de  M.  Hardy,  l'école  de  Versailles  est  en 
pleine  prospérité,  et  répond  complètement  au  but  que  sa  création  pour- 
suivait. 

XL  —  La  ferme-école  de  la  Corrèze. 

Les  examens  d'admission  et  de  sortie  à  la  ferme-école  des  Plaines 
(Corrèze),  dirigée  par  M.  le  comte  d'Ussel,  ont  eu  lieu  le  2Ï  septembre. 
Le  jury  était  présidé  par  M.  Gustave  Heuzé,  inspecteur  général  de  l'a- 
griculture. 


48  CHRONIQUE  AGRICOLE  (9  OCTOBRE  1880). 

Ont  été  admis  comme  élèves,  les  candidats  suivants  : 

«  1°  MM.  Minard,  17  ans;  2"  Besse,  16  ans;  3"  Lascaud,  16  ans;  4°  Ghèze, 
16  ans  ;  b"  Lanby,  18  ans;  6°  Ghautnerliac,  17  ans;  7"  Escurat,  16  ans  ;  8°  Four- 
najoux,  16  ans;  9°  Delair,  16  ans;  10°  Bacheleiie,  17  ans;  IPCussac,  16  ans; 
12°  Destève,  17  ans;  13"  Rastois,  17  ans;  14°  Turdif,  16  ans;  15"  Bassaud, 
18  ans;  16°  Moustarde,  19  ans.    » 

Le  jury  a  admis,  en  outre,  comme  élèves  surnuméraires  : 

1°MM.  Bessé  (François)  16  ans;  2°  Griroud,  18  ans;  3"  Morel,  17  ans;  4"  Es- 
curat (Baptiste),  16  ans. 

'-  Comme  à  la  ferme-école  du  Montât  (Lot),  les  candidats,  au  nombre 
de  39,  appartenaient  à  des  familles  de  [)ropriétaires,  cultivateurs  ou 
de  fermiers. 

Les  élèves  de  deuxième  année  qui  ont  obtenu  leur  certificat  d'apti- 
tude et  une  somme  de  300  fr.  sont  au  nombre  de  douze,  savoir  : 

1°  MM.  Thomas;  2"  Gouquot;  3°  Rou^^erie;  4"  Besse;  5"  Mirande;  6°  Dumaure; 
7»  Sourzac;  8°  Yeux;  9»  Ghassain;  10°  Boueix;  11°  Ballet;  12°  Gliataignié. 

Après  la  proclamation  des  noms  des  élèves  ayant  reçu  lejr  certi- 
ficat de  fin  d'études,  M.  d'Ussel  a  distribué  une  somme  de  500  fr. 
entre  les  élèves  qui  ont  obtenu,  pendant  leur  séjour  à  l'école,  le  plus 
grand  nombre  de  bons  points. 

XIL  —  Sériciculture. 

La  fabrication  d'étoffes  de  soie  à  bon  marché  est  un  problème  qui 
semble  insoluble  dans  nos  pays  oii  la  main-d'œuvre  est  à  prix  si 
élevé,  comparativement  aux  contrées  de  l'extrême  Orient.  Et  cepen- 
dant, il  est  prouvé,  dès  à  présent,  que  les  cocons  peuvent  être  obtenus 
très  économiquement  par  le  système  des  petites  éducations,  faites  par 
les  femmes  et  les  enfants,  en  observant  les  précautions  que  la  science 
a  fait  connaître.  Maintenant,  on  nous  annonce  que  MM.  Philip  et 
Faisat,  du  Vigan,  viennent  d'inventer  un  tour  à  tirer  la  soie  des  cocons, 
grâce  auquel  une  fileuse  produit  350  grammes  de  soie,  au  lieu  de  200, 
par  journée  de  travail,  sans  préjudicier  en  rien  à  la  belle  qualité 
du  fil  obtenu;  cette  invention  est  déjà  exploitée  par  un  habile  fila- 
teur  d'Alais,  M.  Frauczon.  Voilà  donc  un  nouveau  progrès,  qui  per- 
mettra à  la  fabrique  d'employer,  pour  le  même  prix,  une  soie  meil- 
leure. Peut-être  reverrons-nous  bientôt  la  soie  pure  obtenir  les  faveurs 
de  la  mode  ;  ce  jour-là,  la  sériciculture  française  sera  sauvée  une  fois 
de  plus. 

XIIL  —  Concours  spécial  à  la  race  bovine  du  Mézenc. 

Depuis  quelques  années,  le  Comice  agricole  du  Puy  (Haute-Loire)  a 
organisé  des  concours  spéciaux  de  la  race  bovine  du  Mézenc,  qui  jouit, 
dans  cette  partie  du  centre  de  la  France,  d'une  si  légitime  réputation. 
Le  concours  de  cette  année  a  eu  lieu  le  26  septembre  à  Fay-le-Froid. 
D'après  les  appréciations  de  M.  Jacotin,  secrétaire  du  Comice,  ce  con- 
cours a  été  très  remarquable.  Voici,  en  effet,  en  quels  termes  il  en  rend 
compte  : 

«  Rien  n'y  manquait,  et  malgré  la  fièvre  aphteuse  qui  a  fait,  comme  on  le  sait, 
de  cruels  ravages  dans  cette  belle  et  riche  contrée  du  Mézenc,  les  agriculteurs 
avaient  amené  en  grand  nombre  des  bêtes  de  premier  choix.  Cette  affluence  inac- 
coutumée d'exposants  prouve  que  l'élève  du  bétail  est  en  voie  de  progrès  dans  ces 
régions  dont  les  luxuriants  et  gras  pâturages  résistent,  sans  peine,  aux  longs  et 
durs  hivers. 


CHRONIQUE   AGRICOLE  (9    OCTOBRE   1880),  49 

«  A  neuf  heures  du  matin,  le  jury,  précédé  de  la  fanfare  de  Tence,  s'est  rendu 
sur  remplacement  du  concours.  Les  opérations  ont  commencé  par  l'examen  des 
taureaux  au-dessous  de  deux  ans.  Bien  c{ue  quelques  sujets  laissassent  à  désirer 
au  point  de  vue  de  la  conformation  extérieure,  il  y  avait,  néanmoins,  quelques 
beaux  spécimens.  Les  éleveurs  savent,  du  reste,  qu'à  cet  âge  on  ne  peut  espérer 
de  trouver  des  animaux  complètement  sans  reproches. 

«  Les  taureaux  de  deux  à  trois  ans  offraient  un  ensemble  remarquable  par  la 
perfection  et  l'harmonie  générale  des  formes.  La  plupart  des  sujets,  au  nombre  de 
17,  avaient  le  dos  horizontal,  la  culotte  bien  descendue  et  bien  fournie.  Quelques- 
uns  même  avaient  une  grande  analogie  avec  des  types  de  races  beaucoup  plus 
fines  et  plus  précoces. 

«  La  commission  n'a  eu  que  l'embarras  du  choix  parmi  les  57  génisses  sou- 
mises à  son  appréciation.  Ce  qui  frappait  surtout  dans  cette  catégorie,  était  la 
grande  pureté  originelle  delà  race  du  Mézenc,  qui,  quoique  moins  résistante  à  la 
fatigue  que  la  race  d'Aubrac,  et  moins  lactifère  que  la  race  tarentaise,  est  digne 
d'une  grande  sollicitude  à  cause  de  sa  parfaite  adaptation  à  la  culture  de  notre 
département,  et  de  ses  qualités  précoces  pour  la  boucherie. 

a  Les  kb  vaches  de  tout  âge  présentaient  des  produits  remarquables  de  forme 
et  de  finesse.  Avec  de  pareils  animaux,  les  éleveurs  de  la  montagne  ne  peuvent 
qu'obtenir  d'excellents  résultats.  Cependant,  on  ne  saurait  trop  leur  recommander 
de  veiller  sur  le  choix  des  taureaux  et  de  soigner  davantage  l'alimentation  pendant 
le  jeune  âge.  En  outre,  ce  n'est  que  par  une  sélection  bien  entendue  qu'ils  arri- 
veront à  faire  des  animaux  d'un  engraissement  plus  précoce  et  produisant  une  plus 
grande  quantité  de  lait. 

a  Quoique  l'éleveur  du  Mezenc  s'adonne  surtout  à  la  production  des  animaux 
dont  il  peut  tirer  profit,  on  remarquait  parmi  les  bœufs  des  sujets  dignes  de  la 
plus  grande  attention.  Dans  un  pays  où  la  culture  n'est  que  secondaire,  on  ne 
saurait  demander  à  l'agriculteur  des  bêtes  de  travail  irréprocliables,  et  il  est  bon  de 
lui  tenir  compte  des  efforts  qu'il  a  faits  pour  exposer  des  sujets  dont  les  apparie- 
ments  ne  sont  pas  trop  défectueux.  » 

Les  principaux  lauréats  de  ce  concours  ont  été  M.  Alexandre  Des- 
cours, aux  Éstables;  M.  Pierre  Pessernesse,  à  Freycenet-La  cuclie; 
M.  Pierre  Michel,  aux  Estables,  tant  pour  les  taureaux  que  pour  les 
génisses  et  les  vaches. 

XI\'.  —  Achat  d'étalons  de  gros  trait. 

M.  le  comte  de  Bouille,  président  de  la  Société  départementale  d'a- 
griculture de  la  Nièvre,  prie  les  éleveurs  qui  auraient  à  vendre  de 
très  beaux  étalons  de  gros  trait,  à  robe  noire,  de  l'en  prévenir,  en  liti 
indiquant  l'âge,  la  taille  et  le  prix  de  chaque  cheval.  La  Société  d'a- 
griculture de  la  Nièvre  continue,  en  etîet,  dans  ce  département,  la  for- 
mation d'une  famille  de  chevaux  de  gros  trait  commencée  depuis  quel- 
ques années. 

XV.  —  Nécrologie. 

Nous  avons  le  regret  d'annoncer  la  mort  de  M.  Jules  Aubin,  l'un 
des  principaux  minotiers  du  rayon  de  Paris,  il  était  âgj  de  62  ans 
seulement.  On  lui  doit  l'invention  d'une  meule  spéciale,  dite  meule 
blutante,  que  nous  avons  décrite  il  y  a  quelques  années.  M.  Aubin 
était  maire  de  Bouray  (Seine -et-Oise),  et  chevalier  de  la  Légion  d'hon- 
neur. 

XVL  —  Une  nouvelle  vigne. 

Dans  notre  chronique  du  25  septembre,  nous  avons  signalé  une 
lettre  écrite  du  Soudan  par  M.  Lécard,  à  M.  le  ministre  de  l'instruction 
publique,  sur  de  nouvelles  vignes  sauvages  qu'i^  a  trouvées  dans  ce 
pays.  De  différents  côtés,  on  nous  demande  comment  on  pourra  s'en 
procurer  des  graines  ou  des  plants.  M.  Lécard  est  dans  un  pays  avec 
lequel  les  communications  sont  rares  et  difficiles;  il  est  donc  probable 


50  CHRONIQUE  AGRICOLE  (9  OCTOBRE  1880). 

qu'il  faudra  attendre  son  retour.  Toutefois,  nous  pensons  que  ces  de- 
mandes doivent  être  adressées  au  ministère  de  l'instruction  publique 
qui  a  chargé  M.  Lécard  de  la  mission  qu'il  accomplit.  D'un  autre  côté, 
on  pourra  aussi  s'adresser  à  M.  de  Lunaret,  à  Montpellier,  qui  s'oc- 
cupe avec  une  si  grande  ardeur  de  la  propagation  des  végétaux  utiles, 
et  qui  est  en  correspondance  avec  le  voyageur  africain. 

XVII.  —  Les  récolles  dans  les  Pays-Bas. 
C'est  un  lieu  commun  de  répéter,  aujourd'hui,  que  tous  les  pays 
sont  solidaires  les  uns  des  autres  au  point  de  vue  des  conditions  géné- 
rales de  leurs  approvisionnements  et  des  moyens  de  satisfaire  à  leurs 
besoins.  Les  ressources  et  les  exigences,  même  des  plus  petits  pays, 
doivent  entrer  en  ligne  de  compte.  A  ce  titre,  nous  devons  signaler 
les  renseignements  que  renferme  le  discours  du  trône  prononcé  le 
22  septembre  à  l'ouverture  des  états  généraux  des  Pays-Bas,  L'agri- 
culture et  l'élevage  du  bétail  y  sont  dans  une  situation  florissante;  les 
nouvelles  concernant  la  récolte  sont  en  général  très  favorables,  la  péri- 
pneumonie  a  presque  disparu.  La  situation  des  Indes  néerlandaises 
pourrait  être  appelée  satisfaisante  si,  dans  quelques  contrées,  des 
maladies  dévastatrices  ne  sévissaient  tant  sur  la  population  que  sur 
le  bétail;  néanmoins,  l'intérêt  plus  marqué  qui  se  porte  sur  l'agricul- 
ture et  sur  l'industrie  exerce  une  heureuse  influence  sur  la  situation 
financière  de  la  colonie  de  Surinam.  J.-A.  Barral. 

SUR  LA  NON-RËGIDIVE  DE  L'AFFECTION 

CHARBONNEUSE  * 

J'ai  été  chargé  par  M.  le  ministre  de  l'agriculture  et  par  le  Comité 
des  épizooties  de  porter  un  jugement  sur  la  valeur  d'un  procédé  de  gué- 
rison  du  charbon  des  vaches,  imaginé,  par  un  habile  vétérinaire  du 
Jura,  M.  Louvrier.  M.  Chamberland  a  bien  voulu  s'adjoindre  à  moi 
pour  ces  recherches  et  c'est  en  mon  nom  et  au  sein  que  j'en  communique 
à  l'Académie  les  résultats.  Le  procédé  de  M.  Louvrier  a  été  décrit  dans 
le  Recueil  de  Médecine  vétérinaire  de  notre  confrère  M.  Bouley. 

L'auteur  s'efîorce  de  maintenir  l'animal  à  une  température  élevée 
par  des  frictions,  par  des  incisions  à  la  peau  dans  lesquelles  il  introduit 
un  Uniment  à  la  térébenthine,  entin  en  recouvrant  l'animal,  la  tête 
exceptée,  d'une  couche  épaisse  de  0'".20  de  regain,  préalablement 
humecté  de  vinaigre  chaud,  qu'on  retient  par  un  drap  qui  enveloppe 
tout  le  corps, 

Le  14  juillet  1879,  nous  avons  inoculé  à  deux  vaches  cinq  gouttes 
d'une  culture  du  parasite  charbonneux  derrière  l'épaule  droite.  Nous 
désignerons  ces  vaches  par  les  lettres  M  et  0.  Dès  le  lendemain  un 
œdème  sensible  se  manifeste  sur  les  deux  vaches,  moins  étendu  sur 
la  vache  M  que  sur  sa  voisine.  Le  16  juillet,  l'œdème  de  M  paraît  déjà 
diminué;  celui  de  0  n'a  fait  que  s'accroître  et  il  descend  même  sous 
le  ventre  -.   La  vache  et  très  malade,   très  faible  sur  les  jambes  de 

1.  Communication  faite  à  l'Académie  des  sciences. 

2.  Notons,  en  passant,  le  fait  dds  tumeurs,  des  œdèmes  chez  les  vaches  inoculées.  Dans  les  cas  de 
charbon  spontané  chez  les  vaches,  rien  n'e  t  pla<  rare  |ue  !a  présence  des  tumeurs  symptomati- 
qiies.  C'est  que,  suivant  les  conclusiims  de  mon  Rapport  du  17  septembre  1878,  au  ministre  de 
l'agriculture,  1-.  claaib)n  spontané  s'inocu'e  par  les  voies  liigestives.  Dan-i  les  cas  rares  de  tumeurs 
charbonneuses,  il  doit  y  avoir  eu  mjculation  dir-^cte.  par  exemple  par  d^s  mouche?  piquantes  dont 
le  (lard  vient  de  puiser  le  charbon  sur  un  cadavre  charbonne  ix,  par  la  morsure  d'un  chien  de 
berger  qui  a  divoié  des  chairs  chaibonn-use^,  etc.  M.  Boatetm'a  dit  un  jour  :  «  Sur  cent  vaches 
charbonneuses,  il  n'y  en  a  pas  une  avec  tumeur.  » 


SUR  LA  NON-RÉCIDIVE  DE  l' AFFECTION  CHARBONNEUSE.  51 

derrière,  qu'elle  écarte  pour  ne  pas  tomber.  La  température  de  cette 
vache,  qui  était  au  débat  de  38°. 8,  est  montée  à  41°. 5.  C'est  alors  que 
M.  Louvrier  commence  à  lui  appliquer  sa  méthode  de  traitement  le  16, 
à  9  heures  du  soir. 

Le  17  juillet,  la  vache  M  va  bien.  Sa  température  qui  ne  s'est  pas 
élevée,  est  toujours  la  température  du  début.  La  vache  0  est  très 
malade;  les  ganglions  près  de  la  cuisse  sont  durs,  très  engorgés. 

Le  18  juillet,  la  vache  M  n'a  plus  d'oedème.  Elle  est  guérie  et  n'a 
jamais  été  sensiblement  atteinte.  C'est  évidemment  une  vache  qui  était 
naturellement  rél'raclaire  au  charbon.  La  vache  0,  au  contraire,  est 
toujours  malade,  avec  un  énorme  œdèma  sous  le  ventre  et  les  ganglions 
de  la  cuisse  droite  durs  et  douloureux.  Sa  température  est  cependant 
descendue  à  39°. 7.  Le  19  et  le  20  juillet,  la  vache  0  paraît  aller  mieux. 
Le  21  juillet  sa  température  est  à  39°,  quoique  l'œdème  sous  le  ventre, 
devenu  fluctuant,  soit  toujours  considérable. 

A  partir  du  22  juillet,  la  température  de  cette  vache  est  normale; 
Tœdème  diminue  et  se  résorbe.  Laguérison  devient  peu  à  peu  complète. 

La  vache  M  s'étant  montrée  réfractaire  et  témoin  infidèle,  on  essaye 
de  suppléer  à  ce  terme  de  comparaison,  qui  fait  défaut,  en  réinoeu- 
lant  cette  vache  M  à  la  place  précédemment  indiquée  et  une  nouvelle 
vache  P  qui  n'a  pas  encore  servi.  On  emploie  cette  fois  dix  gouttes  de 
culture  du  parasite  charbonneux  au  lieu  de  cinq.  C'était  le  4  août.  Les 
jours  suivants  la  vache  M  n'a  pas  changé  de  température  et  n'a  pas 
offert  d'œdème.  La  nouvelle  vache  inoculée  P  présente  un  œdème  dès 
le  lendemain,  et  sa  température  a  passé  de  38°. 8  à  39°. 3.  Le  8  août, 
elle  înarque  4l°.2;  l'œdème  s'est  étendu,  et  les  ganglions  de  la  cuisse 
droite,  du  côté  inoculé,  sont  enflammés. 

Le  9  août,  on  note  4 T. 5.  L'œdème  est  descendu  sous  le  ventre;  il 
est  de  plus  en  plus  volumineux.  La  vache  est  fort  triste  et  très 
malade. 

A  partir  du  10  août,  la  température  commence  abaisser.  Le  13, 
elle  est  de  39\5.  Le  14,  elle  est  de  38°. 3.  La  vache  est  guérie. 

Je  répète  que  cette  vache  n'a  pas  été  traitée,  parce  qu'elle  était  des- 
tinée à  servir  de  témoin  pour  la  vache  0  qui  avait  subi  les  remèdes 
Louvrier. 

En  résumé,  une  vache  traitée  par  M.  Louvrier  a  guéri,  et  une 
vache  non  traitée  a  guéri  également.  Une  troisième  vache  s'est  mon- 
trée naturellement  réfractaire  au  charbon. 

Ces  expériences  ne  permettent  donc  pas  de  porter  un  jugement  sur 
l'efficacité  du  remède  dont  nous  avions  à  juger  la  valeur  pratique. 
Nous  résolûmes  de  les  recommencer;  mais  nos  travaux  nous  rappe- 
lant à  Paris,  nous  donnâmes  rendez-vous  à  M.  Louvrier,  dans  le  Jura, 
pour  l'époque  des  vacances  de  1880.  Je  vais  faire  connaître  les  résul- 
tats de  ces  nouvelles  expériences;  mais,  auparavant,  que  l'Académie 
me  permette  de  l'entretenir  du  sujet  principal  de  cette  note,  de  la  ques- 
tion de  la  récidive  ou  de  la  non-récidive  du  charbon,  dont  la  solution 
s'offrait  naturellement  à  nous. 

Nous  venons  de  constater  que  des  vaches  auxquelles  on  a  donné 
le  charbon  par  inoculation  et  qui  en  ont  subi  les  effets  de  la  manière 
la  plus  grave  peuvent  se  guérir  spontanément.  Telles  sont  les  vaches 
0  et  P,  qui  ont  eu  des  tumeurs  douloureuses  énormes,  des  élévations 
de  température  considérables^  et  qui  ont  été,  à  un  moment,  si  ma- 


52  SUR  LA   NON-RÉGIDIVE  DE  L'AFFEGTION    CHARBONNEUSE. 

lades,  qu'elles  pouvaient  à  peine  se  tenir  sur  leurs  jambes.  Nous 
avons  voulu  savoir  si  ces  vaches  pouvaient  reprendre  la  maladie.  Dans 
l'espoir  que  du  sang  charbonneux,  frais  serait  plus  actif  peut-être  que 
les  cultures  de  bacléridies,  pr'';cédemment  employées,  nous  avons,  le 
15  août  1879/réinoculé  la  vache  0,  très  bien  guérie,  avec  du-  sang 
charbonneux  pris  à  un  cochon  d'Inde  qui  venait  de  mourir,  le  sang 
rempli  de  bactéridies.  On  essaye  rgalement  l'effet  de  ce  sang  sur  la 
vache  M,  qui  jusque-là  avait  résisté  à  deux  inoculations  de  culture 
très  chargées  du  parasite. 

Le  1G,  rien  d'apparent  dans  la  région  des  inoculations. 
.   Le  1 8,  léger  œdème  aux  deux  vaches,  sans  élévation  de  température. 

Le  19,  pas  d'aggravation. 

Le  20,  les  œdèmes,  toujours  très  faibles,  diminuent;  la  tempéra- 
ture est  normale. 

Ce  jour,  nouvelle  inoculation  à  chacune  des  deux  vaches  par  dix 
gouttes  d'un  liquide  du  culture  de  bactéridies.  Les  jours  suivants, 
rien  de  visible  aux  points  inoculés  et  pas  d'élévation  de  température. 

Ces  faits,  et  particulièrement  ceux  qui  concernent  la  vache  0,  qui 
avait  été  une  première  fois  malade,  avec  un  œdème  considérable  et 
une  température  élevée  de  3  degrés,  démontrent  qu'une  première 
atteinte  de  la  maladie  préserve  l'animal  d'atteintes  ultérieures.  Le 
charbon  ne  récidiverait  pas.  On  peut  présumer  en  outre  qu'une  réci- 
dive, si  elle  a  lieu,  est  de  moins  en  moins  accusée. 

Je  passe  aux  résultats  de  notre  étude  récente  en  1880. 

Le  (3  août  18S0,  à  onze  heures  du  matin,  on  inocule  quatre  vaches, 
A,  B,  G,  I),  par  cinq  gouttes  de  culture  du  parasite  charbonneux. 
Leurs  températures  sont  comprises  entre  08", 5  et  39  degrés  au  moment 
de  1  inoculation.  On  décide  que  les  vaches  A  et  B  seront  livrées  à 
M.  Louvrier,  qui  leur  appliquera  sa  méthode  de  traitement  dans  Técu- 
rie  môme  où  se  trouvent  les  quatre  vaches.  Les  vaches  G  et  D  seront 
conservées  comme  témoins. 

Le  10  août,  à  2  heures  du  matin,  c'est-à-dire  quatre  jours  après 
l'inoculation,  les  vaches  B  et  D  meurent  charbonneuses,  après  avoir 
eu  de  fortes  tumeurs  et  une  grande  élévation  de  température. 

B  est  une  des  deux  vaches  auxquelles  M.  Louvrier  a  appliqué  sa 
méthode  de  traitement;  D  est  une  des  vaches  non  traitées.  Quant  aux 
deux  autres,  la  vache  A,  traitée  par  M.  Louvrier,  s'est  guérie,  mais 
également  la  vache  C,  non  traitée,  et  toutes  deux  ont  manifesté  des 
symptômes  morbides  fort  accusés  jusqu'au  12  août,  jour  à  partir 
duquel  la  température  a  commencé  à  diminuer,  les  ganglions  à  être 
moins  douloureux  et  les  œdèmes  à  se  résorber,  après  avoir  été  énormes, 
pendants  sous  le  ventre,  conteiant  certainement,  disait  M.  Louvrier, 
plusieurs  litres  de  sérosité'. 

[La  suite  prochainement.)  L.  Pasteur, 

Membre  de  l'Institut  et  de  la  Société  nationale  d'agriculture . 

1.  Détail  des  observations  de  la  malalie  des  .leux  «achos  A  et  C  : 

7  août.  Vache  A,  léger  œdème,  39°.  —  Va^he  C,  pts  d'œdème,  38°.7. 

8  —        —     A,  œiè  ne,  41".!  —  Vache  C,  pas  d'œdème,  SS^-ô. 

9  —        —     A,  œdème  des;enil  sjus  le  ventre,  4i**, b.  Le  traitement  pour  ôette  vache  commence 

à  9  heures  du  soir.  —  Vache  C,  Ipgtr  œdème,  38**. 6. 

10  —        —     A,  œdème  consiiérable,  ganglionsgros  et  sensibles,  41°. 

—  —     C,  gros  œdème  sous  le  ventre,  ginglions  engorgés,  39°. 

11  —        —     A,  température  41°. 

—  —     C,  —  41°. 5. 

12  —        —     A,  —  /)0°.5.  —  Vache  C,  température  41°,5. 

Fuis,  les  jours  suivants,  les  températures  vont  en  décroissant  assez  rapidement. 


CONSERVATION  DES   ŒUFS   ET   DE   L'OSEILLE   POUR  L'HIVER.  53 


GOfNSERVATION  DES  ŒUFS  ET  DE  L'OSEILLE 

POUR  l'hiver. 

En  1875,  j'indiquais  la  manière  bien  simple  d'avoir  des  œofs  frais 
pendant  Thiver,  époque  oi^i  les. poules  pondent  très  peu.  Comme  l'ex- 
périence m'a  prouvé  que  le  résultat  était  des  plus  satisfaisants,  je 
crois  devoir  en  parler  de  nouveau  pour  ceux  qui  ne  la  connaissent  pas. 
Ayant  observé  que  le  jaune  a  toujours  une  tendance  à  descendre, 
j'ai  pensé  que  pour  remédier  à  cet  inconvénient,  il  fallait  tous  les 
jours  retourner  les  œufs,  travail  qui  serait  long  et  peu  amusant  s'il 
fallait  les  remuer  les  uns  après  les  autres.  Je  place  mes  œufs,  aussitôt 
retirés  du  poulailler,  dans  des  boîtes  remplies  de  son,  en  les  mettant 
les  uns  à  côté  des  autres,  afin  de  ne  pas  laisser  de  vide.  Une  fois  la 
boîte  pleine,  je  n'ai  plus  qu'à  la  retourner  tous  les  jours. 

Au  bout  de  3  à  4  mois,  je  trouve  mes  œufs  très  frais.  Pour  rendre 
la  coquille  plus  dure,  je  donne  tous  les  matins  à  mes  poules  des 
plâtras  écrasés,  ce  qui  leur  est  salutaire  et  rend  la  coquille  plus  dure, 
avantage  indiscutable  pour  ceux  qui  expédient  des  œufs;  ils  évitent 
par  ce  moyen  beaucoup  de  casse.  J'utilise  les  coquilles  en  m'en  ser- 
vant pour  mes  semis  de  primeurs  sous  châssis.  Au  lieu  de  briser  les 
œufs,  je  casse  avec  précaution  la  coquille  du  côté  du  gros  bout,  comme 
si  je  voulais  les  manger  à  la  coque,  et  après  avoir  vidé  l'œuf,  je  perce 
le  petit  bout.  Au  moment  de  faire  mes  semis  sous  châssis,  je  m'en 
sers  comme  de  petits  pots,  et  lorsque  mes  semis  sont  assez  forts  pour 
être  mis  en  place,  au  lieu  de  les  dépoter,  comme  c'e^^t  l'habitude,  ce 
qui  expose  à  défaire  la  motte  et  à  briser  les  racines,  on  se  contente  de 
briser  légèrement  la  coquille,  de  manière  à  permettre  aux  racines  de 
s'étendre. 

Je  suis  toujours  surpris  que  tous  les  cultivateurs  n'aient  pas  de 
poules;  il  n'existe  point  d'animaux  domestiques  qui  soient  moins  à 
charge  que  la  poule.  Si  elle  est  en  liberté,  elle  pourvoie  presque  seule 
à  sa  nourriture,  elle  mange  les  limaces,  les  escargots  ;  comme  elle  est 
omnivore,  elle  se  nourrit  de  tous  les  insectes. 

Ayant  voulu  me  rendre  compte  de  la  dépense  de  chaque  poule,  j'ai 
eu  la  patience  d'inscrire  pendant  un  an,  jour  par  jour,  le  nombre 
d'œufs  que  je  retirais  du  poulailler,  et  en  additionnant  l'avoine,  1j 
petit  blé,  sarrasin,  etc.,  j'ai  trouvé  que  chaque  œuf  pouvait  revenir  à 
10  centimes;  si  je  déduis  la  valeur  des  poules,  certes  c'est  un  prix 
raisonnable  pour  avoir  des  œufs  frais.  Si  on  habite  un  endroit  un  peu 
isolé,  le  chant  matinal  du  coq  vous  égaie. 

Un  point  très  important,  c'est  que  l'intérieur  du  poulailler  soit  tou- 
jours propre;  pour  cela,  il  faut  le  faire  blanchir  à  la  chaux  deux  ou 
trois  fois  par  an.  C'est  une  dépe  ise  bien  minime,  pour  avoir  des  poules 
bien  portantes.  Si  l'espace  le  permet,  il  y  a  un  grand  avantage  d'avoir 
un  hangar  couvert  où  elles  peuvent  se  mettre  à  l'abri  s'il  pleut  ou  s'il 
fait  froid.  Cet  endroit  ne  doit  pas  être  pavé  et  l'on  y  met  de  la  cendre 
afin  qu'elles  puissent  s'y  rouler. 

Minière  de  conseroer  f  oseille  pour  lliiver.  —  A  l'automne,  éplucher 
et  laver  à  grande  eau  l'oseille  que  vous  destinez  à  la  conserve  pour 
l'hiver,  l'égouter  et  la  placer  dans  un  chaudron  sur  un  feu  modéré; 
l'eau  qui  reste  sur  les  feuilles  suffit  pour  aider  à  la  cuisson.  Au  fur 


54  CONSERVATION  DES  ŒUFS  ET  DE  L'OSEILLE   POUR    L'HIVER. 

et  à  mesure  que  l'oseille  fond,  on  remplit  la  chaudière  à  nouveau,  en 
remuant  sans  cesser.  Lorsque  l'oseille  est  toute  fondue,  cela  suffit  ;  on 
la  renverse  dans  une  terrine  et  on  la  laisse  refroidir  ;  le  lendemain  on 
place  cette  oseille,  en  mélangeant  ce  qui  est  épais  avec  ce  qui  est 
humide,  dans  des  bocaux  ou  des  bouteilles  que  l'on  ferme  avec  de  bons 
bouchons.  Cette  conserve  n'a  pas  besoin  d'être  placée  à  la  cave;  il 
faut  éviter  l'impression  du  froid  et  celle  du  chaud.  Les  feuilles  d'oseille 
contiennent  une  grande  quantité  d'acide  de  potasse;  de  là  leur  saveur 
aigrelette,  leurs  propriétés  rafraîchissantes  et  antiscorbutiques. 

Elles  sont  le  contre-poison  des  substances  acres  dont  elles  neutrali- 
sent promptement  les  effets.  Mais  les  goutteux  et  surtout  les  personnes 
affectées  de  gravelle,  ne  doivent  jamais  manger  d'oseille. 

EuG.  Vavin. 

CONCOURS  RÉGIONAL  DE  GLERMONT-FERRAND 

Le  concours  régional  de  Clehnont-Ferrand  pour  la  région  compre- 
nant les  départements  de  l'Ardèche,  de  la  Loire,  de  la  Haute-Loire, 
de  la  Lozère,  du  Puy-de-Dôme  et  du  Rhône,  s'est  tenu  tardivement 
cette  année,  parce  que  l'on  a  désiré  se  rendre  au  désir  du  Conseil  géné- 
ral du  Puy-de-Dôme  et  du  Conseil  municipal  de  la  ville  pour  faire 
coïncider  la  solennité  agricole  avec  la  fête  d'inauguration  du  monu- 
ment élevé  à  la  mémoire  de  Pascal.  L'ensemble  des  fêtes  de  Clermont 
y  a  gagné,  mais  la  solennité  agricole  y  a  certainement  perdu.  L'atten- 
tion publique  dispersée  sur  trop  d'objets  à  la  fois,  a  une  grande  ten- 
dance à  négHger  le  solide  pour  se  porter  sur  le  brillant.  L'exposition 
agricole  a  donc  été  un  peu  délaissée;  elle  méritait  d'être  davantage 
suivie. 

Si  l'on  comptait  les  bandes  d'animaux,  il  y  avait  plus  de  400  têtes 
de  l'espèce  bovine.  L'élite  était  constituée  par  la  race  de  Salers,  puis  la 
race  d'Aubrac.  Venaient  ensuite  de  beaux  animaux  de  la  race  charo- 
laise  et  de  la  race  durham.  Les  principaux  lauréats  ont  été,  pour  les 
uns  et  les  autres,  MM.  Amilhon-Billon,  Palluat  de  Besset,  Couderchet, 
Tiersonnier,  de  Montlaur. 

Dans  l'espèce  ovine,  on  ne  pouvait  guère  signaler  comme  tout  à  fait 
remarquable,  que  les  lots  de  race  southdown-berrichonne  exposés  par 
M.  Couderchet;  et  dans  l'espèce  porcine,  que  les  animaux  yorkshire 
de  M.  Caubet.  Ajoutons  aussi  que  Mme  Caubet  se  distingue  par  son 
bon  élevage  d'animaux  de  basse-cour. 

L'exposition  des  machines  était  très  nombreuse.  Il  y  avait  81 2  instru- 
ments différents.  Parmi  les  constructeurs,  il  y  en  avait  plusieurs  des 
plus  célèbres  de  France  :  ainsi  MM.  Bajac,  Meugniot,  Plissonnier,  Fon- 
deur, Pécard,  Del,  Gumming,  la  Société  française  de  matériel  agricole, 
Gautreau,  Pilter,  etc.  Le  perfectionnement  de  la  construction  est  tel 
aujourd'hui  que  tous  les  constructeurs,  à  raison  de  la  concurrence 
même  qu'ils  se  font,  sont  arrivés  à  fabriquer  des  machines  réellement 
satisfaisantes.  Aussi  les  essais,  surtout  quand  on  y  procède  rapide- 
ment, ainsi  que  c'est  l'habitude,  n'aboutissent  qu'à  faire  donner  les 
prix,  le  plus  souvent,  aux  instruments  qui  ont  la  chance  d'avoir  les 
meilleurs  conducteurs.  Les  prix  deviennent  des  prix  d'habileté,  et  le 
hasard  y  joue  son  rôle. 

A  Clermont,  les  expériences  ont  surtout  porté  sur  les  machines  à 
battre  les  céréales  et  celles  à  égrener  le  trèfle  ou  la  luzerne.  Le  pro- 


GONHOURS  REGIONAL  DE  GLERMONT-FERRAND. 


55 


gramme  avait  désigné,  pour  concourir,  les  machines  à  l)attre  pour 
moyennes  exploitations,  ce  qui  est  déjà  une  spécification  assez  vague; 
il  avait  fait  une  subdivision  en  machines  à  battre  en  bout  et  machmes 
à  battre  en  travers.  Pour  ces  dernières,  il  ne  voulait  que  des  machines 
à  manège,  ce  qui  éloignait  les  machines  mues  par  les  locomobiles  à 
vapeur.  Mais  pour  les  premières,  il  ne  s'expliquait  pas,  et  par  consé- 
quent, quel  que  fut  le  moteur,  les  machines  étaient  admises,  sans 
qu'on  dût  distinguer  celles  qui  vanneraient  et  celles  qui  ne  vanne- 
raient pas.  C'est  forcera  juger  ensemble  des  instruments  qui  ne  sont 
pas  comparables.  Les  difiicultés  ont  été  encore  accrues  par  ce  fait  que 
le  blé  sur  lequel  les  expériences  ont  dû  être  faites,  était  loin  d'être 
homogène.  Chaque  constructeur  avait  reçu  100  kilog.  de  gerbes.  Quoi 
qu'il  en  soit,  voici  le  tableau  résumant  les  expériences  qui  ont  été 
faites,  tel  qu'il  a  été  rédigé  par  le  secrétaire  du  jury  : 


Di-finition 

de  la 
batteuse. 

npnilcmpnl 
lirain. 

^      £ 

=  .;. 

J 

Exposant. 

emiil,,;,. 

nattnosp. 

Manvge. 

Tarare, 

.  Locoiiiùbile. 

Paille 
batlue. 

Grain 
cassé. 

Grain 
tanné. 

ii 

1   Observations. 

— 

— 

— 

— 

— 



















Pétillât 

en  boal 

IGl-OGO 

4-1.5' 

17uf 

200  f 

50  r 

j, 

9 

8 

9 

0 

Maréchaux.... 

en  bout 

19   liUO 

4  20 

200 

300 

130 

,) 

15 

10 

, 

13 

15 

— 

en  boutperfec- 

Lionné  vannant 

19   100 

4 

9C0 

700 

„ 

, 

16 

l '^ 

15 

.  - 

17 

VI.  Fortin  frères 

en  travers 

19  000 

6   15 

9.-.0 

500 

, 

, 

10 

19 

17 

17 

15 

3  chevaux,  2"°. 60 

c.    française  de 

1/2  bout 

itériel  agricole  . 

nettoyant 

18   900 

3  30 

1,150 

1, 

t 

2,700f 

17 

15 

17 

16 

17 

,  Breloux 

1/-'  bout 
nettoyant 

2-'   80 

3   10 

1,500 

' 

' 

2,500 

17 

15 

17 

IG 

17 

2  essais,  rende- 
ment supérieur. 

3  chevaux. 

-  Pécard 

1/2  bout 

21   000 

2  35 

2,500 

), 

, 

5,000 

17 

16 

18 

16 

15 

M.  Texieretfils. 

en  bout 

25  OOO 

6  35 

200 

150 

» 

15 

15 

15 

Secoueur  de 
paille. 

.  Gautreau 

en  travers 

27  000 

7   10 

850 

4S5 

)) 

D 

.7 

18 

16 

16.5 

15 

2  chevaux. 

.  Plissonnier  fils. 

en  bout 

27  OOO 

3  30 

800 

i, 

» 

2,400 

13 

18 

17 

18 

3  chevaux. 

— 

en  bout 

25  000 

3  45 

210 

240 

> 

,) 

17 

16 

» 

14 

2  chevaux. 

.  Lanz  (Henri}... 

en  bout 

,1 

315 

23u 

» 

„ 

16 

8 

, 

13 

15 

2  chevaux. 

— 

— 

23  2 

3   10 

a 

» 

» 

» 

16 

10 

y, 

15 



— 



26  000 

2  50 

l,nOO 

» 

i) 

2,250 

15 

14 

17 

„ 

16 

M.  Sauzay  frères. 

en  bout 

26''000 

4   15 

190^ 

,) 

. 

2,01(jf 

16 

15 

0 

15 

15 

2  chev.  vapeur. 

2'i   6 

4   15 

950 

,. 

" 

2,500 

16 

14 

16 

25 

l7 

engorgement  du 
secours. 

— 

— 

19  bCO 

• 

323 

288 

" 

16 

13 

» 

14 

15 

2  chevaux  et  se- 
coueur. 

.  Del  (Ferdinand) 

en  bout 

20  300 

2   40 

2,2l0 

1 

» 

4,000 

16 

17 

18 

17 

18 

4  chevaux. 

— 

— 

21    300 

3    20 

1,000 

» 

» 

2,000 

17 

18 

17 

18 

On  verra,  par  la  liste  des  prix,  que  le  jury  a  au  moins  voulu  dis- 
tinguer les  machines  vannant  de  celles  ne  vannant  pas,  en  créant  deux 
catégories  spéciales. 

Les  machines  à  égrener  le  trèfle  et  la  luzerne  ont  fait  beaucoup  de 
progrès  depuis  quelques  années;  elles  sont  arrivées  aujourd'hui  à 
donner  des  résultats  tout  à  fait  satisfaisants. 

A  Ciermont,  un  premier  essai  a  été  fait  entre  quatre  machines,  en 
donnant  à  chacune  la  même  quantité  d'une  graine  de  trèfle  en  bourre, 
et  en  rebattant  toutes  les  bourres  à  une  même  machine.  Voici  les  résul- 
tats constatés  : 


Nom  de  l'Exposant. 

Société  française  de  matériel 

agricole.  .* 

MM.  Merlin  et  Cie 

M.  Maréchaux  > 

M.  Cumming 

M.  De! 


Prix 

de 

l'égreneuse. 


2,200^ 
2,000 
200 
1,900 
2,200 


Temps 
emp'oye. 


1  40 

1  25 

2  2.5  (battage) 

3  30 

1  40 


Rendement 

après  un 

l"  ballotage. 


6''341 
6  6v)l 
3  891 
6  016 
6  016 


Rebattage 

des 
bourres. 


P2âl 

3.51 

1  026 

1  031 

376 


Le  jury  avait  conclu,  en  tenant  compte  à  la  fois  du  temps  du  battage 

1.  Prix  du  manège  :  300  fr.  —  Cette  machine  ne  ne'toyait  pas. 


56  CONCOURS   REGIONAL  DE  CLERMONT-FERRANO. 

et  du  moindre  rendement  du  rebattage  de  la  bourre,  que  l'ordre  pour 
les  récompenses  devait  être:  1"1M.  ^lerlin;  T  M.  Del;  3"  iM.  Cumming; 
4°  M.  Maréchaux;  5°  la  Société  française  de  matériel  agricole.  —  Une 
difficulté  s'étant  élevée  sur  les  réelles  quantités  données  par  le  rebattage 
des  bourres  de  MM.  Del  et  Merlin,  il  a  été  décidé  qu'une  seconde  expé- 
rience serait  faite  pour  ces  deux  machines.  Voici  les  résultats  obtenus 
dans  celte  deuxième  expérience  : 

^^^^  Temn       Po'ds  de  la  Qualité  Poids         Rebattage 

Nom  de  l'exposant.  de  emolové    grain"  «"     Rendement.      delà  delà  delà 

l'égreneuse.  ^    ^   "    bourre.  graine.        bourre.  bouire. 

M.  Del  (Ferdinand)  .. .       2, '200'         l'Ù  IC^DOO  4'<367  18  9^500        OkOQe 

MM.  Merlin  et  Oie....       2.000  135  16  900  4  885  14  9  100      0  232 

A  cause  de  la  grande  diiïérence  des  deux  graines  obtenues,  on  les 
a  fait  repasser  toutes  les  deux  à  un  tarare  Vermorel,  qui  a  donné  les 
résultats  suivants  : 

Machine  Del       Machine  Merlin 

kilog.  kilog. 

1"=  qualité 3.799  3  653 

2'=      —     0.531  0.784 

Totaux 4.3,0  4.437 

Les  produits  agricoles  étaient  plus  beaux  et  plus  variés  que  dans  les 
autres  concours  régionaux,  par  la  raison  bien  simple  que  la  récolte 
venait  d'être  faite. 

Le  rapport  sur  le  concours  de  la  prime  d'honneur  a  été  fait  par 
M.  Duchesne,  sous-inspecteur  des  forêts  à  Roanne,  professeur  àl'institut 
agricole  dEcully.  Le  Journal  en  publiera  des  extraits,  afin  de  faire  res- 
sortir les  progrès  faits  par  l'agricullure  de  l'Auvergne.  On  remarquait 
surtout  les  produits  sortant  des  usines  de  M.  Borie  Chanal,  à  Toulouse. 
La  distribution  des  prix  a  été  présidée  par  le  préfet  du  département, 
M.  Glaise.  Dans  son  discours,  il  a  insisté  sur  la  situation  agricole. 
M.  Heuzé,  inspecteur  général  de  l'agriculture  qui  a  dirigé  le  concours, 
s'est  ensuite  exprimé  en  ces  termes  : 

«  Messieurs,  j'avais  eu  l'intention  de  signaler  à  votre  attention  les  améliora- 
lions  agri  oies  qu'on  est  heureux  de  constater  quand  on  parcourt  votre  beau 
déparlement;  je  me  proposais  aussi  d'esquisser  à  grands  traits  les  progiès  faits 
par  la  mécanique  agricole  depuis  la  tenue  du  précédent  concours  régional,  dans  le 
but  de  constater  une  fois  encore  que  l'activité  intellectuelle  de  nos  constructeurs 
est  incessante. 

«  Si  je  ne  puis,  à  mon  grand  regret,  pour  ne  pas  prolonger  la  distribution  des 
prix  si  vivement  attendue,  vous  enlreteoir  dus  progrès  de  l'agriculture  dans  l'an- 
cienne Auvergne,  vous  parler  des  reboisements  opérés  avec  tant  de  succès  sur  les 
montagnes  volcaniques  et  granitiques  de  ces  départements,  signaler  l'intéressante 
exposiiion  due  au  zèle  et  à  l'activité  de  MM.  les  agents  des  forêts,  vous  décrire  la 
magnifique  exposition  envoyée  par  M.  Vilmorin,  dont  la  maison  qui  porte  son 
nom  date  de  cent  ans,  vous  me  permettrez,  j'ose  l'espérer,  de  vous  dire  un  mot 
de  M.  Droche,  si  connu  des  agriculteurs  par  ses  nombreuses  libéralités  en  faveur 
des  serviteurs  agricoles. 

«  M.  Auguste  Droche,  originaire  du  département  de  l'Aube,  est  mort  au  mois 
de  juillet  dernier,  à  l'âge  de  soi.\ante-dix-huit  ans.  Il  quitta  Chessy,  à  l'âge  de 
quinze  ans,  emportant  lui-même  son  modeste  bagage.  Il  avait  alors  1  fr.  pour 
tout  capital. 

«  Appartenant  à  la  classe  qui  comprend  les  personnes  laborieuses  et  économes, 
il  tut  le  bonheur  de  se  trouver  un  jour  à  la  tête  d'une  des  principales  maisons 
financières  de  la  ville  de  Lyon.  Cette  situation  ne  diminua  pas  son  amour  pour 
le  travail,  mais  elle  le  mit  en  évidence.  Sa  rappelant  avec  fierté  son  origine 
modeste,  il  s'imposa  la  douce  et  noble  mission  d'être  le  bienfaiteur  des  vieux  et 
fidèles  serviteurs  ruraux.   C'est  dans  le  but  de  les  signaler  à  l'attention  publique 


CONCOURS  RÉGIONAL  DE  GLERMONT-FERRAND.  57 

qu'il  distribua  depuis  1873,  dans  les  grandes  assises  annuelles  de  l'agriculture, 
plus  de  tiU,000  fr.  aux  habitants  des  campagnes  dont  l'existence  est  si  modeste  et 
si  laborieuse. 

«  M.  Droche,  messieurs,  s'est  acquis  par  ses  largesses,  ses  actes  de  bienfaisance, 
des  droits  à  la  reconnaissance  publii^un  ;  sa  mort  est  une  grande  perte  pour 
l'agriculture.  M.  le  ministre  de  l'agriculture  et  du  commerce  admirait  l'inépui- 
sable générosité  de  ce  bienfaiteur;  aussi  a-t-il  toujours  prescrit  de  donner  le  plus 
de  solennité  possible  à  la  distribution  des  prix  qu'il  fondait  annuellement,  con- 
vaincu que  M.  Droche,  par  ses  vertus  touchantes  et  sublimes,  semait  chaque 
année  le  bonheur  sous  ses  pas  en  encourageant  l'amour  du  travail  et  l'amour  de 
la  patrie  ! 

«  La  mort  si  regrettable  de  M.  Droche  n'est  pas  la  seule  perte  que  déplore  en 
ce  moment  la  région  des  montagnes  du  Centre.  Au  mois  de  juillet  dernier,  elle 
jetait  aussi  des  pleurs  sur  la  tombe  de  Victor  Borie,  qui  était  né,  en  1818,àTulle 
(Gorrèze)  et  dont  la  famille  occupait  alors  une  position  très  modeste. 

«Par  ses  études,  son  espiit  judicieux,  ses  idées  libérales,  sa  nature  généreuse  et 
ardente  et  son  amour  pour  l'agronomie,  Victor  Borie  avait  su  con  luérir  une 
excellente  position  parmi  les  économistes.  Ses  écrits  d'un  style  simple  et  d'une 
lecture  attrayante  rappeleront  aux  agriculteurs  qu'ils  ont  perdu  un  défenseur 
intelligent  et  dévoué  des  libertés  pubU  }ues  et  économiques. 

«  M.  Léonce  de  Lavergne,  que  la  petite  bourgade  de  Chatelus-le-Marchais, 
près  de  Bourganeuf,  était  heureuse  et  fière  de  compter  au  nombre  de  ses  habi- 
tants, est  mort  au  commencement  de  l'année  actuelle.  Ce  grand  économiste  avait 
conquis  en  France  et  à  l'étranger  une  importante  renommée.  Gha'^un  aimait  à 
écouter  sa  parole  claire  et  persuasive  lorsqu'il  prenait  la  défense  des  intérêts  agri- 
coles. Ses  écrits,  dans  lesquels  apparaît  à  chaque  page  cette  sublime  devise  : 
Dieu  et  l'homme,  le  pouvoir  et  la  Liberté  !  ont  été  et  seront  toujours  lus  avec  fruit. 
Sa  mort  est  une  perte  irréparable  pour  l'agriculture  et  la  république! 

«  Les  quelques  fleurs  que  je  me  suis  permis  de  jeter  sur  des  tombes  fermées 
il  y  a  quelques  mois  seulement,  ne  peuvent  me  faire  oublier  l'exposition  spéciale 
organisée  dans  le  jardin  Lecoq.  Les  récompenses  décernées  aux  jardiniers  par  la 
ville  de  Glennont-Ferrand  et  le  département  du  Puy-de-Dôme,  seront  certaine- 
ment applaudies  par  tous  les  amis  de  l'horticulture,  car  nulle  classe  parmi  les 
travailleurs  ne  mérite  autant  d'appui  que  celle  des  laborieux  horticulteurs.  En 
effet,  le  jardinier,  par  ses  mœurs  douces  et  paisibles,  ne  connaît  ni  l'ambition  qui 
trouble  l'âme,  ni  la  jalousie  qui  dessèche  le  cœur.  Habitué  à  vivre  au  milieu  de 
la  nature  et  à  l'épier,  il  est  heureux  et  continue  ses  travaux  sans  se  préoccuper  des 
choses  de  ce  monde.  Aussi  Dioclétien,  solUcité  par  Maximin  de  reprendre  sa 
pourpre  impériale  et  de  ceindre  de  nouveau  son  diadème,  eut-il  raison  de  dire  : 
ce  Ah  !  mon  ami,  si  vous  voyiez  la  beauté  des  légumes  que  je  cultive  et  le  plaisir 
«  qu'ils  me  donnent,  vous  ne  me  parleriez  jamais  de  les  quitter  pour  le  gouverne- 
«  ment  du  monde  !  » 

«  Toutefois,  si  la  culture  des  légumes  assure  mille  jouissances,  celle  des  fleurs 
fait  les  délices  de  la  vie,  parce  que  c'est  dans  leur  culture  qu'on  trouve  le  plus  de 
félicités  et  de  consolations.  C'est  qu'elles  parlent  au  cœur,  éveillent  l'imagination 
et  produisent  en  nous  une  exaltation  intime  et  mystérieuse.  Et  ces  impressions 
sont  d'autant  plus  grandes  qu'on  les  admire  lorsque  des  gouttes  de  rosée,  sus- 
pendues à  leurs  brihantes  corolles,  apparaissent  comme  de  véritables  diamants 
que  la  brise  agite  et  que  le  soleil  fait  scintiller. 

«  Continuez,  mesdames,  continuez  d'aimer  les  fleurs;  veuillez  les  prendre  sous 
votre  protection,  d'abord  pour  vous-mêmes,  parce  qu'elles  charment  la  vertu  et 
empruntent  vos  grâces;  pour  elles-aêmes,  parce  qu'elles  consolent  les  affligés  et 
qu'elles  sont  parfois  arrosées  des  larmes  de  la  veuve  et  de  l'orphelin;  ensuite, 
pour  ceux  qui  les  aiment,  parce  qu'elles  font  le  bonheur  du  pauvre  et  sont  le  prin- 
cipal ornement  de  la  chaumière. 

«  Protégez-les,  pour  qu'elles  concourent  toujours  à  l'ornement  de  nos  jardins. 
Si,  sous  François  I^"",  une  cour  sans  femmes  était  un  printemps  sans  roses,  de  nos 
jours,  un  parterre  sans  fleurs  est  un  ciel  sans  étoiles  1  » 

Après  la  lecture  du  rapport  sur  la  prime  d'honneur,  les  récompenses 
pour  les  diverses  sections  du  concours  régional  ont  été  décernées  dans 
l'ordre  suivant: 

Prime  d'honneur  consistant  ea  une  coupe  d'argent  de  la  valeur  de  3,500  fr.,  et  une  somme 
de  2,000  fr.,  pour   l'exploitation  du  département  du  Puy-de-Dôme  ayant  réalisé  les  améliorations 


58  CONCOURS  REGIONAL    DE  CLERMONT-FERRAND. 

les  plus  utiles  et  les  plus  propres  à  être  offertes  comme  exemple.  Décernée  à  M.  Blot,  propriétaire 
à  Collanges,  canton  de  Saint-Germain-Lembion,  lauréat  du  prix  cultural  de  la  1"  catégorie. 

Prix  cultural  de  la  2"=  catégorie,  consistant  en  nn  objet  d'art  de  500  fr.,  et  une  somme  de 
2,000  fr.,  à  M.  Domas,  fermier  à  Saint-Chamant,  commune  de  Coppel. 

Prix  cnlluraJ  da  la  4"  catégorie,  consistant  en  un  objet  d'art  de  200  fr,  et  une  somme  de  600  fr. 
à  M.  Broquin,  à  Bonencontre,  commune  de  Courpière. 

Blédailles  de  spécialité. 

Médailles  d'or  (grand  module).  —  A  MM.  Féligonde,  à  Saint-Genés-l'Enfant,  près  Riom  ; 
Roussel,  à  Viilevialle,  commune  de  Laqueuille.  —  Médailles  d'or,  à  l'Ecole  de  pisciculture  de 
Clermont-Ferrand  ;  Guérin,  propriétaire  à  I-'icherande;  Fradei,  propriétaire  à  Saint-Vincent; 
Fougerouse,  propriétaire  à  Chaniposlelle,  commune  de  Saint-Anthème.  —  Médaille  d'argent, 
M.  Mollet,  au  Biezet,  commune  de  Clermont-Ferrand. 

Récompenses  aux  agents  des  exploitations  qui  ont  obtenu  des  prix  culturaux. 

l'-''  Catégorie.  —  Primes  d'honneur.  —  Agents  de  M.  Blot.  —  Médailles  d'argent,  MM.  Brossel 
(Henry),  régisseur  depuis  14  ans;  Brossel  (Pierre),  maître  valet  depuis  13  ans.—  Médailles  de 
bronze,  M.  Courtil  aîné,  bouvier  depuis  8  ans  ;  Mme  Martin  (Antoinette),  ménagère  depuis  5  ans  ; 
M.  Courtil  jeune,  petit  bouvier  depuis  6  ans.  —  Médaille  d'argent,  Bugette-Sembel,  jardinier, 
13  ans  de  service. 

2''  Catégorie.  —  Agents  de  M.  Domas.  —  Médailles  d'argent,  MM.  Domas  (André)  fils, 
Sappe-Domas,  gendre.  —  Médailles  de  bronsc,  MM.  Ducros  (Etienne);  Mouilloux  (Jean);  Mandon 
(Joseph);  50  fr.  à  M.  Dutheil  (François). 

4^  Catégorie.  —  Agents  de  M.  Broquin.  —  Médailles  d'argent,  MM.  Poux  (Pierre),  chef  de 
culture;  Kenaud  (Guillaume),  bouvier.  —  Médailles  de  bronze,  MM.  Chigrois  (Jean),  vacher  ; 
Mme  l'Hortet,  ménagère. 

Animaux  reproducteurs.  —  Espèce  bovine. 

Les  premiers  prix  sont  accompagnés  d'une  médaille  d'or;  les  seconds  prix,  d'une  médaille  d'ar- 
gent ;  et  les  prix  suivants  d'une  médaille  de  bronze. 

l"*^  Catégorie.  —  Bace  de  Salers.  —  Mâles.  —  1"  Section.  —  Animaux  de  1  à  2  ans.  —  1"  prix, 
M.  Lenègie,  à  Besse  (Puy-de-Dôme);  2%  M.  Amilhon-Billon  (Jacques),  à  Chazerat  (Puy-de-Dôme). 
3%  M.  Amilhon-Billon,  à  Félines  (Puy-de-Dôme);  4%  M.  Verdier  (Jean),  à  Chamhon  (Puy-de-Dôme). 

—  2"=  Section.  —  Animaux  de  2  à  4  ans.  —  V  prix,  M.  Prade  (Félix),  à  Saint-Vincent  (Puy-de- 
Dôme);  2%  M.  Farmond-Paty,à  la  Roche-Blanche  (Puy-de-Dôme);  3%  M.  Amilhon  Billon  (Jacques); 
4",  M.  Bellonte,  à  Besse  (Puy-de-Dôme).  —  Femelles.  —  ]"■=  Section.  —  Génisses  de  1  à  2  ans.  — 
l"p:ix,  M.  Amilhon-Billon  (Jacques);  2°,  M.  Formond-Paty  ;  3",  M.  Domas,  à  St-Julien-de-Coppel 
(Puy-de-Dôme).  —  2"  Section.  —  Génisses  de  2  à  3  ans  pleines  ou  à  lait.  —  l^'  prix,  M.  Amilhon- 
Billon  aîné  ;  2°,  M.  Amilhon-Billon  (Jacques);  3»,  non  décerné.  —  3°  Section  —  Vaches  de  plus 
de  3  ans  pleines  ou  à  lait.  —  1"  prix,  M.  Amilhon-Billon  (Jacques);  2%  M.  Amilhon-Billon  aîné; 
3°,  M.  Fanuond-Paty;  4%  M.  Cohendy,  à  Romagnat  (Puy-de-Dôme);  5",  M.  Chabril'at,  à  Gerzat 
(Puy-de-Dôme). 

Frir  d'ensemble  à  la  race  de  Salers.  —  Un  objet  d'art.  M.  Amilhon-Billon  (Jacques). 
2=  Catégorie.  —  Race  Ferrandaise.  —  Mâles.  —  l"-"  Section.  —  Animaux  de  1  à  2  ans.  —  1"  prix, 
M.  Ba.ssin-Tixier,  à  Gerzat  (Puy-de-Dôme);  2%  M.  Garmy  (Jeani,  à  Saint-Btauzire  (Puy-de-Dôme). 

—  2'  Section.  —  Animaux  de  2  à  4  ans.  —  ]"prix,  M.  Chabrillat  (François);  2",  M.  Delsuc, 
(François-Gabriel),  à  Latour-d'Auvergne  (Puy-de-Dôme).  Mention  très  honorable,  le  comte  de 
Bonnemie  de  Pogniat,  à  Aubiat  (Puy-de-Dôme).  —  Femelles.  —  1'"  Section.  —  Génisses  de  1  à 
2  ans.  —  1"  prix,  M.  Courtet  (Annet),  à  Chamalières  (Puy-de-Pôme);  2%  M.  Commandoire,  à 
Cebazat  (Puy-de  Dôme)  ;  4%  M.  Collange,  à  Malintrat  (Puy-de-Dôme).  —  4"  Section.  —  Génisses 
de  2  ou  3  ans,  pleines  ou  à  lait.  —  l"  prix,  M.  Espirat  (Antoine),  à  Gerzat  (Puy-de-Dôme);  2% 
non  décerné.  —  3°  Seclion.  —  Vaches  de  plus  de  3  ans  pleines  ou  à  lait.  —  1"  prix,  M.  Mignot 
(Gabriel),  deSaint-Myon  (Puy-de-Dôme);  2%  M,  Conrtet  (Annet);  3%  M.  Collange. 

3"  Catégorie.  —  Race  d'Aubrac.  —  Mâles.  —  V"  Section.  —  Animaux  de  1  à  2  ans.  —  l""  prix, 
non  décerné;  2°,  M.  Grousset,  à  Barjac  (Lozère).  —  2°  Section.  —  Animaux  de  2  à  4  ans.  — 
1"  prix,  M.  Couderchet,  au  Puy  (Haute-Leire);  2",  M.  Grousset.—  Femelles.  —  V^  Section.  — 
Génisses  de  1  à  2  ans.  —  l"  prix,  M.  Grousset;  2',  M.  Couderchet.  —  2'=  Section.  —  Génisses 
de  2  à  3  ans.  —  1"  prix,  M.  Grousset  ;  2°,  M.  Couderchet.  —  3'=  Section.  —  Vaches  de  plus  de  3  ans, 
pleines  ou  à  lait.  —  l"'  prix,  M.  Grousset:  2",  M.  Couderchet. 

4"  Catégorie.  —  Race  du  Mezenc.  —  Mâles.  —  1''=  Section.  —  Animaux  de  1  à  2  ans.  —  Prix 
unique,  M.  Descours,  aux  Estables  (Haute-Loire).  —  2^  Section.  —  Animaux  de  2  à  4  ans.  — 
1"  prix,  M  Rochette,  aux  Estables  (Hailte-Loire).  Mention  honorable,  M.  Descours.  — Femelles.  — 
V  Seclion.  —  Génisses  de  1  à  2  ans.  —  l"-pnx,  non  décerné;  2%  M.  Chanal  (Pierre),  à  Bouchon 
(Haute-Loire). —  2=  5ec</o)i.  —  Génissesde  2  àSans,  pleinesouàlait.—  1"  prix,  M.  Chànal  (Régis),  a 
Chaudeyrolles  (Haute-Loire);  2^  M.  Eyraud,  aux  Estables  (Haute-Loire).  —  3'=  Section.  — 
Génisses  de  plus  de  3  ans,  pleines  ou  à  lait.  —  1"  prix,  M.  Descours;  2%  M.  Pesse-Messe,  au  petit 
Freycenet-la-Cuche  (Haute-Loire);  2,",  M.  Eyraud. 

5^  Catégorie.  —  Race  charolaise.  —  Mâles.  —  1"  Seclion.  —  Animaux  de  1  à  2  ans.  —  I"  prix, 
M.  Palluat  de  Besset,  à  Nervieux  (Loire);  2°,  M.  Jaquelin  (Pierre),  à  Nervieux  (Loire);  3=, 
M.  Dardouillet,  à  Crevant  (Puy-de-Dôme).  —  2°  Section.  —  Animaux  de  2  à  4  ans.  —  1"  prix, 
M.  Chauvassaignes  (Loui^),  à  Lavaure  (Puy-de-Dôme);  2"=,  M.  Auclair,  à  Roanne  (Loire).  Mention 
honorable,  M.  Côte  (Josepli),  à  Riom  (Puy-de-Dôme).  —  Femelles.  —  l'<=  Section  —  Génisses  de  1 
à  2  ans.  —  1"  prix,  M.  Dardouillet;  2»,  M.  Blettery,  à  Saint-Vincent-de-Reins  (Rhône).  Mention 
honorable,  M.  Côte.  —  T  Section.  —  Génisses  de  2  à  3  ans,  pleines  ou  à  lait.  —  l"  prix, 
M.  Palluat  de  Besset;  2%  M.  Jacquelin,  à  Nervieux  (Loire).  — 3'=  Section.  —  Vaches  de  plus  de  3  ans, 
pleines  ou  à  lait.  —  P'  prix,  M.  Blettery  ;  2%  M.  Palluat  de  Basset;  3%  M.  Chauvas-aignes  (Louis). 

6"  Catégorie.  —  Race  tarentaise.  —  Mâles.  —  1"=  Section.  —  Animaux  de  1  à  2  ans.  —  Prix 
unique,  M.  de  Verdeihun  de  Molles,  à  Langogne  (Lozère).  —  2*^  Section.  —  Animaux  de  2  à  4  ans. 
—  !"•  prix,  M.  Courderchet.  Mention  très  honorable,  M.  Grousset.  —  remelles.  —  1"  Section.  — 
G  énisses  de  1  à  2  ans.  —  Prix  unique,  M.  Couderchet.  —  2''  Section.  —  Génisses  de  2  à  3  ans, 
pleines  ou  à  lait.  —  Prix  unique,  M.  de  Verdeihun.  —  3'=  Section.  —  Vaches  de  plus  de  3  ans, 
pleines  ou  à  lait.  —  Prix  unique,  M.  de  Verdeihun  de  Molles. 


CONCOURS  REGIONAL  DE  CLERMONT-FERRAND.  59 

'i'  Catégorie.  —  Races  françaises  pures  ou  croisées.  —  Mâles.  —  1"  Section.  —  Animaux  de  1  à 
2  ans.  —  l"  prix,  non  décerné  ;  2",  (race  durham-cliarolaise),  M.  de  Teyras  de  Grandval,  à  Orcines 
(Puy-de-Dôme)  ;  3%  (race  tarentaise-aubrac),  M.  Grousset.  —  2<=  Section.  —  Animaux  de  2  à  4  ans. 
l"prix,  (race  bretonne),  M.  Caubet  ;  2%  (race  tarontaise-aubrac),  M.  Grousset  ;  3",  (race  durham 
croisée),  M.  Thoral,  àBrieanon  (Loire).  —  Femelles  —  !'■'=  Section.  —  Génisses  de  1  à  2  ans.  — 
1"  prix,  non  décerné;  1",  (race  tarentaise-a-ubrac),  M.  Vitet,  à  Arguilhe  (Haute-Loire):  3%  (race 
fémelme),  M.  Caubet.  —  2"  Section.  —  Génisses  de  2  à  3  ans,  pleines  ou  à  lait.  —  1"  prix,  (race 
ferrandaise-salers),  M.  Place,  à  Malintrat  (Puy-de-Dôme)  ;  2'=,  M.  Couderchet  ;  3%  Sucrerie  de 
Bourdon  (Puy-de-Dôme).  —  3°  Section.  —  Vaches  de  plus  de  3  ans,  pleines  ou  à  lait.  —  1"  prix, 
(race  durham-charolaise),  M  Palluat  de  Besset;  2%  (race  otentine) ,  M.  Cbauvassaignes  ;  3°,  (race 
limousine  croisée),  M.  Bégon,  Montferraod  (Puy-de-Dôme);  4'-',  (race tarentaise-aubrac),  M.  Grousset, 
à  Barjac  (Lozère). 
8'  Cat''(iorie.  —  Races  étrangères  diverses.  —  Mâles.  —  V'' Section.  —  Animaux  de  6  mois  à  1  an. 

—  Prix  unique  (race  durham),  M.  Tiersonnier,  à  Gimouille  (Nièvre).  —  2°  Section.  —  Animaux 
de  1  à  2  ans.  —  l""  prix,  (race  durham) ,  M.  le  marquis  Be  Montlaur,  à  Cognat-Lyonne  (Allier); 
2%  (race  schwitz),  M.  Balfié  (Ferdinand),  à  Saint-Christophe-d'Aliier  (Haute-Loire).  —  3'=  Section. 

—  Animaux  de  2  à  4  ans.  —  l"''  prix,  (race  durham),  M.  le  marquis  de  Montlaur  ;  2^,  (race  hollan- 
daise), M.  Blot.  Mention  honorable,  (race  durham),  JL  Girodon  (Ferdinand),  à  Mably  (Loire).  — 
Femelles.  —  l"  Section.  — Génisses  de  6  mois  à  1  an.  —  1"  prix,  (race  durham),  M.  Meaude  de 
Sugny,  à  Xervieux  (Loire)  ;  2*,  (race  schwitz),  .M.  Caubet.  — 2"  Section.  —  Génis-;es  de  1  à  2  ans. 

—  1"  prix,  (race  durham),  M.  Tiersonnier;  2'',  (race  hollandaise),  M.  Caubet.  —  3'  Section.  — 
Génisses  de  2  à  3  ans,  pleines  ou  à  lait.  —  P"  prix,  (race  durham),  M.  le  marquis  de  Montlaur; 
2%  .M.  Girodon.  —  4°  Section.  —  Vaches  de  plus  de  3  ans,  pleines  ou  à  lait.  —  1"  prix,  (race  hol- 
landaise). Administration  des  hospices  de  Clermont-Ferrand  ;  2^,  (race  schwitz],  M.  Caubet;  3', 
(race  durham).  M.  le  marquis  de  Montliur. 

Prix  d'ensemble.  —  Un  objet  d'art  décerné  à  M.  Palluat  de  Besset  (Joseph),  à  Nervieux  (Loire). 

—  Bandes  de  vaches  laitières  (en  lait).  —  P"  prix,  (race  schwitz),  M.  Caubet;  2%  (race  larentaise), 
M.  Couderchet;  3%  (race  hollandaise),  M.  Blot';  4",  M.  Farmond-Paty. 

Espèce  ovine. 

V  Catégorie.  —  Race.s  françaises  diverses.  —  Mâles.  —  1"  prix,  M.  Couderchet,  au  Piiy  (Haute- 
Loire);  2%  M.  Caubet,  à  Villeurbanne  (Rliône);  3",  .M.  Cussat-Legras,  à  Monton  (Puy-de-Dôme);  4', 
M.  Chanal  (Pierre),  à  Bouchon  (Haute-Loire).  Mention  honorable,  M.  Baffié  (Ferdinand),  à  Saint- 
Christophe-d'Allier  (Haute-Loire).  —  Femelles.  (Lot  de  5  brebis)  —  l'""  prix,  M.  Caubet;  2% 
M.  Chanal  (Pierre);  3%  M.  Baffié  (Ferdinand);  4%  M.  Farmond-Paly,  à  la  Roche-Blanche  (Puy-de- 
Dôme). 

2'^  Catégorie.  —  Race  étrangères  diverses.  —  Mâles.  —  \"  prix,  M.  Céran-Maillard,  à  Sainte- 
Marie-du-Mont  (Mande);  2°,  M.  Couderchet;  3",  M.  Verdelhun  de  Molles,  à  Langogne  (Lozère). 
Mention  himorable,  liécerné  à  la  sucrerie  de  Bourdon  (Puy-de-Dôme). —  Femelles.  (Lot  de  3  brebis. 

—  1"  prix, M.   Couderchet;   2=,  M.  Signoret  (Henri),  à  Sermoise  (Nièvre)-  3%  M.  Céran-Miillard. 
3°    Catégorie.   —  Croisements  divers.  —  Mâles.    —  \"  prix,  M.  Couderchet;  2%    M.  Caubet; 

3%  M.  Grassion-Lamy,  à  Lempdes  (Puy-de-Dôme).  Mention  honorable,  Société  de  la  Sucrerie   de 
Bourdon.  —Femelles.  (Lots  de  3  brebis).  —  l""' prix,  M.  Couderchet;  2%  Société  de  la  Sucrerie 
de  Bourdon;  3°,  M.  Chanal. 
Prix  d'ensemble.  —  Un  objet  d'art,  M.  Couderchet. 

Espèce  porcine. 

1"  Catégorie.  —  Races  indigènes  pures  ou  croisées  entre  elles.  —  Mâle?.  —  Pas  d'animaux  pré- 
sentés. —  Femelles.  — Pas  d'animaux  présentés. 

2°  Catégorie.  —  Races  étrangères  pures  eu  croisées  entre  elles.  —  Mâles.  —  V  prix,  M.  Cau- 
bet; T,  M.  Cote,  Joseph,  à  Riom  (Puy-de-Dôme):  3%  M.  Gaudet,  Jean,  à  Saint-Laurent-b-Couche, 
parieurs  (Loire);  4^  non  décerné.  —  Femelles.  —  1"  prix,  M.  Cote,  Joseph;  2',  M.  Caubet; 
3°,  M.  Gaudet,  Jean;  4",  non  décerné. 

3"  Catégorie.  —  Croisements  divers  entre  races  étrangères  et  races  françaises.  —  Mâles.  —  Pas 
d'animaux  présentés. —Femelles.  —1"  prix,  M.  Gaudet  (Jean);  2%  M".  Rousselet  (Gilbert),  à 
Gerzat  (Puy-de-Dôme):  3^,  non  décerné. 

Prix  d'ensemble.  —  Un  objet  d'art,  M.  Caubet. 

Animaux  de  basse-cour. 

Les  premiers  prix  sont  accompagnés  d'une  médaille  d'argent,  les  autres  d'une  médaille  de 
bronze. 

1"  Catégorie.  —  Coqs  et  poules  —  ]"•=  Section.  —  Races  françaises  diverses.  —  1"  prix, 
M.Voitellier,  à  Mantes  (Seine-et- Oise)  ;  2",  M"'  Caubet,  à  Villeurbanne  (Rhône);  3%  M.  de  Douhet 
de  Villosanges,  àAuthezat  (Puy-de-Dôme);  4%  M.  de  Sémallé  (René),  à  St-Jean-d'Heurs  (Puy-de- 
Dôme);  5%  M.  Egal  (Pierre),  à  Issoire  (Puy-de-Dôme).  Mention  honorable,  M.  Voitellier.  —  2<'  Sec- 
'ion.  —  Races  étrangères  diverses.  —  1"  prix,  M""*  Caubet;  2%  M.  Blot,  à  Collanges  (Fuy-de-Dôme); 
3%  M.  Voitellier;  4'^  M.  Sémallé  (René).  2  mentions  honorables,  M"<=  Caubet.  —  3"  Section.  —  CtoI- 
sements  divers.  —  1"  prix,  M.  de  Sémallé  ;  2%  M"""  Caubet. 

2'  Catégorie.  —  Dindons.  —  1"  prix,  M"=  Caubet  :  2%  M.  de  Sémallé. 

3^  Catégorie.  —  Oies  —  1"  prix,  M"*  Caubet;  2%  M"'=  veuve  Domas,  à  Pérignat-ès-Allier  (Puy- 
de-Dôme);  3%  M"' Bertrandon;  à  Beaumont  (Puy-de-Dôme). 

4"^  Catégorie.  —  Canards.  —  P'prix.  M.  V.  itellier;  2%  M.  de  Sémallé;  3"  M.  Blot;  4%  M.  Gau- 
det (Jean),  à  Saint-Laurei,t-la-Couche  (Loire).  Mentions  honorables,  M"'  Caubet,  M.  Vidaillet  fils, 
à  Clermont-Ferrand  (Puy-de-Dôme). 

5=  Catégorie.  —  Pintades  et  pigeons.  —  1"  prix,  M.  Voitellier;  2%  M""  Caubet;  3%  M.  Gobert 
(Francisque),  à  Montferi  and  (Puy-de-Dôme).  Mentions  honorables,  M.  Blot,  M.  Gobert  (Francisque), 
M.  de  Sémallé. 

6°  Catégorie.  —  Lapins  et  Léporides. —  1"  prix,  M"°  Caubet;  2°,  M.  de  Sémallé.  Mentions 
honorables,  M.  Blot,  M.  Voitellier. 

Prix  d^ensemble.  —  Un  objet  d'art,  M"«  Caubet. 


60  CONCOURS  RÉGIONAL  DE    CLEKMONT-FERRAND. 

Récompenses  avx  serviteurs   qui  ont  soigné  les    animaux  primés. Médailles  d'argent, 

MM.  Cliaber  (Joseph),  chez  M.  Caubet;  Vitel  (Jean;,  chez  M.  Couderchet;  Alix  (Louiv),  chez 
M.  Chanal  (Pierre);  Gd  (Elienne),  chez  M.  Amilhon-Billoii  (iacques).  —  Médailles  de  bronze, 
Noaly,  chez  M.  Palluat  de  Besset  ;  Julien,  cliez  M.  (jr>iissel;  Breuil,  chez  M.  Amilhon-BiUon 
aîné;  Chatelard  (Pierre),  chez  M.Gaudet,  Martin  (Po  liniqae),  chez  M.  le  marquis  de  Montlaur; 
Laporte  (Jean),  chez  AI,  de  Verdelhun  de  Molle;  Chanal  (Louis),  chez  M.  Evraud;  M"»»  Goudin 
(Catherine),  chez  M""=  Caubet;  MM.JSoyer  (Antoine),  chez  M.  Descours;  Vassoile,  chez  M.  Ja- 
quelin. 

Machines  et  instruments  agricoles. 

Instruments  d'extérieur  de  ferme.  —  1°  Charrues  di'chaunrieuses.  —  1"  prix,  méiaille  d'or, 
M.  Bajac-Delahaye,  à  Liancourt  (Oise);  2%  méda  lied  argent,  M.  Chambonnière,  à  Cussel  (Allier); 
3%  médaille  de  bronze,  M.  Meugniot,  à  Dijon  (Côte-d'Or).  Mention  honorable,  M.  Pétillai,  à  Vichy 
(Allier^.  —  '2"  Charrues  vigneronnes.  —  1"  prix,  médiiillp  d'or,  M.  Plissonnier,  à  Lyon  (Rhône)  ; 
2',  me  laille  d'argent,  M.  Renault-Gouin,  à  Sainte-Maure  (Indre-et-Loire)  ;  3^  mé  laiÙe  de  bronze, 
MM.  Moreau-Chaumieret  Dumont-Moreau,  à  Tours  (Inlre-et-Loire).  —  3"  Charrues  pour  labours 
très  profonds  avec  retournement  de  la  bande  (au-de-su-;  de  O-^îô).  —  1"  prix,  médaille  d'or,  M. 
Fondeur,  à  Viry-Noureuil  (Aisne)  :  2°,  médaille  d'argent,  M.  Chambonnière:  3°,  médaille  de  bronze, 
M.  Meugniot.  Mention  honorable  à  M.  Rouault. —  4'  Herses  diverses. —  l"  pri*,  médaille  d'or, 
M.  Puzenat  aîné,  à  Bourbon-Lancy  (Saône-et-Loire);  2%  médaille  d'argen',  M.  Puzenat  (Emile), 
à  Bourbon-Lancy  (.Saône- et-Loire)  ;  3%  médaille  de  bronze,  M.  Chambonnière.  Par  application  de 
l'art.  \b  de  l'arrêté  du  18  novembre  1879.  Mention  honorable  à  M.  Decauville  aîné,  à  Petit-Bourg 
(Seme-et-(Ji~e). 

Instruments  d'intérieur  de  ferme.  —  1°  Machines  à  battre  en  bout,  pour  moyennes  exploitations. 

—  1"-'  Sous-Sectinn.  —  Machines  vannant.  —  1''  pii<',  médaille  d'or,  M.  Pécard  à  Nevers 
(Nièvre);  2%  médaille  d'argent,  Sosiélé  française  du  matériel  agricole,  à  Vierzon  (Cher)  ;  3%  mé- 
daille de  bronze,  M.  Breloux,à  Nevers  (Nièvre),  —  2' Sous-Section.—  Machines  ne  vannant  pas. 

—  1°'' prix,  médaille  d'or,  M.  Plissonnier  fils,  à  Lyon  (Rhône):  2%  médaille  d'argent,  M.  Sauzay,  à 
Autun  (Saône-et-Loire)  ;  3%  non  décerné.  Mention  hono-able,  M.  Lanz  (Henri),  à  Paris  (Seine).  — 
2"  Machines  à  baitre  en  travers  pour  moyennes  exploilatiuns.  —  l"'  prix,  médaille  d'or,  M.  Gau- 
treau,  à  Dourdan  (Seine-et-Oise);  2",  médaille  d'argent,  M.  Kortin,  à  Montereau  ,Seine-et-Oise);  3% 
non  décerné.  —  3°  Egrenoirs  de  trèfle  et  Luzerne.  —  I"  prix,  médaille  d'or,  M.  Del  (Fcdinaiid),  à 
Vierzon  (Cher)  :  2°,  médaille  d'argent,  M.  Merlin  et  C%  à  Vierzon  (Cher)-  3%  médaille  de  bronze, 
M.  Cumming,  à  Orlf ans  (Loiret.  —  4°  Menus  outils  à  main  (fourches,  p'ioches,  rà  eaux,  haches, 
etc.  —  I"prix,  Médaille  d'or,  M.  Pilter,  à  Paris  (Seine)  ;  -^^  médaille  d'argent,  M.  Borel,  à  Paris 
(Seine);  3%  médaille  de  bronze,  M.  Pétillât,  à  Vichy  (Allier). 

Mentions  honorables  décernées  par  application  de  l'article  15  de  l'arrêté  du  ISnovembre  1879. 

—  Mentions  honorables  à  M,  Borie-Chanal,  à  Toulouse  ;  à  M.  Ladeuil  et  C%  à  la  Ferté-sous-Jouarre 
(Seme-et-Marne);  à  M.Brisgault,  àCinq-Mars  (Indre-et-Loire);  à  M.  Pinot-Maniglier,  à  Vesjul 
(Haue-Saône)  ;  àBlM.  Mulier  et  Roux,  à  Paris  (Seine);  à  M.  Beaume  à  Boulogne-sur-Seine  ;  à 
M.  Gy,  à  Lyon.  ' 

Récompenses  aux  conducteurs  de  machines,  aux  contre-maîtres  et  ouvriers  des  constructeurs.  — 
MM.  Demonne,  père  et  fils,  à  Aulnat  (Puy-de-Dôme):  Carly,  chez  M.  Del  Ferdinand;  Bondifard, 
chez  M.  Maréchau  ;  Lavesand,  à  la  Société  du  matériel  agricole  à  Vierzon;  Renard,  chez  M.  Cum- 
ming; Chaput  (Jacques),  chez  M.  Pécard;  M.  Lavallette,  chez  M.  Brouhot;  André,  chez  M.  Sau- 
zay; Maître,  chez  M.  Plissonnier;  Pouper,  chez  M.  Louet. 

Exposition  d'instruments  organisée  par  la  Société  centrale  d'Agriculture  du  Puy-de-Dôme.  — 
Médaille  d'argent,  M.  Girard-Col,  à  Clermont-Ferrand. 

Médailles  de  bronze,  MM.  Louis  frères,  à  Issoudun  (.Vièvre). 

Produits  agricoles  et  matières  utiles  à  l'agriculture. 

Concours  spéciaux.  —  1°  Produits  des  fruitières,  cives  et  burons.  —  !'■<=  Section.  —  Fromages. 
-■  Médaille  d  or ,  M.  Itier,  à  Saint-Chamousset  (Rhône).  —  Médailles  d'argent,  M.  Tournadre,  à 
Besse  (Puy-de-Dome);  M.  Monier,  à  La  Godivelle  (Puy-de-Dôme).  —  Médailles  de  bronze,  M.  Le- 
nègre,  a  Besse  (Puy-de-Dôme);  M.  Léotoing-d'Anjnny,  à  Tournemine  (Cantal).  —  2'  Section.  - 
Beurres.  —  Médaille  d  or,  non  décernée.  —  Médailles  d'argent,  M.  De  la  Motte-Dreuzy,  au  Breuil 
(PUY-de-Dome):  non  décernée.  —  Médailles  de  bronze,  M.  Blet,  à  Codanges  (Puy-de-Dôme); 
M,  Fc'j^erousse,  a  Saint-Anthême  (Puy-de-Dôme);  M.  Serve-Coste,  à  Annonay  (Ardèche);  non 
décernée. 

2°  Produits  horticoles  (collection  d'arbustes,  fleurs,  plantes  industrielles  et  tinctoriales).  — 
Médaille  d'or,  M.  Monin,  à  Vichy  (Allier).  —Médailles  d'argent,  M.  Faure  jeune,  à  Clermont-Fer- 
rand; M.  Guillot,  à  Clermont-Ferrand;  M.  Aguillon-Rohert,  à  Issoire  (Puy-de-Dôme);  M.  Veysset, 
à  Montferrand;  M.  Baquelin-Bellet,  à  Montferrand.  —  Médailles  de  bronze,  M.  Martign-t,  à  Cler- 
mont-Ferrand ;  M.  Montorcier,  à  Clermont-Ferrand  ;  M.  Dauparis  (Pierre)  à  Clermont  Ferrand  ; 
Mm.  veuve  Denis,  à  Lyon  (Rhône):  M.  Colin-Goyon,  à  Clermont-Ferrand;  M.  Chassagne  (Pierre),  à 
Mirabel  (Puy-de-Dôme);  M.  Jaffeux  (Louis),  à  Vassel  (Puy-de-Dôme). 

Produits  divers  non  compris  dans  les  concours  spéciaux.  —  Médailles  d'or,  MM.  Vilmorin,  An- 
drieux  et  Cie;  MM.  Vilmorin,  And  ieux  et  Gie;  M.  Gerzat,  à  St-Ignat  (Puy-de-Dôme)  ;  M.  Talion, 
à  Varenne-sur- Allier  (AlUer);  M.  Héribaud,  à  Clermont-Ferrand;  M.  Serve-Coste,  à  Annonay  (Ar- 
dèche). —  l/edaî7?es  d'ar^e/U,  M.  Borie-Chanal,  à  Toulouse  (Haute-Garonne);  M.  Cote,  à  Riom 
(Puy-de-Dôme);  MM.  Durand  et  Locatelli,  à  Dijon  (Côte  d'Or);  M.  Moynier,  à  Montpellier; 
M.  Blot;  M.  Domas,  St-Julien-de-Coppel;  MM.  Viallis  frères,  à  Châteauroux;  M.  Arbouin,  à 
Lignères-Sommeville  (Charente);  M.  Gau,  à  Brives  (Corrèze);  MM.  Bosdure-Batisse  et  Brossard 
frères,  à  Dore-l'Eglise.  —  Médailles  de  bronze,  .Société  de  la  sucrerie  de  Bourdon  (Puy-de- 
Dôme);  M  Hortigier-Raymond,  à  Sauxillanges  (Puy-de-Dôme);  M.  Bassin  (Reray),  à  Entraigues 
(Puy-de-Dôme);  M,  Couderchet,  au  Puy  (Haute- Loire)  ;  M.  le  comte  de  Lestranges,  à  Bois- 
Bretau;  M.  Marchie;  (Pierre)  et  Cie,  à  Privas  (Ardèche);  M.  le  comte  de  Lestranges;  M.  Escande, 
a  foulouse  (Haute-Garonne);  M.  d'André  (Frédéric),  à  la  :  ferme-école  de  Recoulettes  (Lozère); 
M.  Escande;  M.  Thibaudier.'à  Lvon  (Rhône);  M.  Vasseur  père  et  fils,  à  Sauxillanges.  —  Mentions 
honorables.  —  M.  Ménard  fils,  à  Paris,  rue  des  Ecoles,  33:  M.  Héribaud;  M.  Sève,  à  Clermont- 
Ferrand.  ' 


CONCOURS  RÉGIONAL    DE  CLERMONT-FERRAND  61 

3»  Produits  maraîchers.  —  Médaille  d'or,  non  décernée.  —  MédaiRps  d'argent,  M.  Domergue,  à 
Billora;  M.  Rivoire,  à  Lyon.  —  Médaillesde  bronze,  M.  B;itjetas,  à  Clermorit-Ferrand  ;  M.  Jou- 
venceau (Genès).  à  Issoire  ;  M.  Robin,  à  Bessat;  M.  Domas,  à  Clermont-Ferrand  ;  M.  Lachal-Thoma- 
zet,  à  riermoiit-Ferrand;  M.  Amhert,  à  Gerzat;  M.  Bargeon  (Edouard)  à  Clerrnont. 

4°  Produits  forestiers.  —  Méd'iille  d'or,  M.  Urbain-F^aurie,  à  Bour^'-A' gentil  (Loire).  — 
Médailles  d'argent,  M.  AguillonRobert,  à  Issy  (Puy-de-Dôme);  MVL  Vass=!ur  père  et  fils,  à  Saxil- 
langes  (Puy-de-Dôme);  M.  GuUlot,  à  Clerrnont  (Puy-de-Dôme);  M.  Bayle-Courton,  à  Lsoire  (Puy- 
de-Dôme);  M.  Henry  (François),  à  Thiers  (Puy-de-bôme). 

Récompenses  aux  agents  de  l'administration  forestière  qui  ont  coopéré  à  l'organisation  de  l'expo- 
sition forestière.  —  M.  Gra^,  brigadier  de  reboisement  ;  M.  Teillot,  brigadier  de  reboisement. 

Exposition  horticole  organisée  par  la  Société  d'agriculture  du  Puy-de-Dôme. 

Fleurs  coupées  et  bouquets.  —  M'°*  P'aure  jeune,  à  Clermont-Ferrand;  M.  Martiguat,  à  Clermont- 
Ferrand. 

Fruits  et  conserves.  —  Médailles  d'argent,  M.  Herrier,  à  Issoire  (Puy-de-Dôme);  M.  Thomas 
(Charles),  à  Cournon  ;  M.  Juilhard  (Joseph),  à  Saint-Sandoux.  —  Médailles  de  bronze,  M.  Serve- 
Coste,  à  Annonay  (Ardèche);  M.  Bayle-Courton,  à  Issoire;  M.  Jouvenceiu  (Genès),  à  Issoire; 
M.  Guiliot,  àClermont;  M.  Veysset,  àMontferrand;  M.  Celv  (Charles),  à  Clerrnont;  M.  Levadoux 
(Jean),  à  Clerrnont. 

5"  l'roduits  séricicoles.  —  Médailles  de  bronze,  M.  Domenach  (Joseph),  à  Ille-sur-Tet  (Pyrénées- 
Oriemales). 

6°  Vins  rouges.  —  MdaiVZe  d"or,  M.  Serindas  (Pierre) ,  à  Dallet  (Puy-de-Dôme).  —  Médailles 
d'argent,  M.  Toures-Gavaix,  à  Mezel  (Puy-de-Dôme)  ;  M.  Ferrand,  à  Segonzac  (Charente).  — 
Médailles  de  bronze,  M.  Blot,  à  Collang-s  (Puy-de-Dôme);  M.  Girard-Gamet,  à  Moriat  (Puy-de- 
Dôme);  M.  de  la  Foulhouse,  à  Clermont-Ferrand  (Puy-de-Dôme)  ;  M.  Butin,  à  Louchy  (Allier). 

7°  Vins  blaucs.  —  Médaille  d'or,  M. .Soulier,  à  CoUioure  (Pyrénées-Orientales).  —  Médailles 
d'argent,  .M™"  veuve  Pénissit,  à  Blanzat  (Puy-de-Dô:rje);  M.  Serve-Coste.  à  Annouay  (Ardèche). — 
Médailles  de  bronze,  M.  Chassa<^ne,  à  Mirabel,  (Puy-de-Dôme);  M.  Chalar.i-Ciiambige,  à  Vertaizon 
(Puy-de-Dôme);  M.  Escande,  à  Toulouse  (Haute-Garonne);  M.  Montagne,  à  Maury  (Pyrénées- 
Orientales). 

8°  Produits  de  distilleries.  —  Médailles  d'argent,  MM.  Durand  et  Locitelli,  à  Dijon  (Côte-d'Or); 
M.  Arbouin,  à  Lignières-Sonneville  (Charente).  —  Médailles  de  bronze.  —  M.  le  comte  de  Les- 
tranges,  à  Bois-Breteau  (Charente);  M.  Escande. 

L'horticulture  a  eu  ensuite  sa  distribution  solennelle  ;  puis  ont  été 
décernées  des  médailles  tant  au  nom  de  la  Société  nationale  d'encou- 
ragement à  l'agriculture  que  de  la  Société  des  agriculteurs  de  France  ; 
enfin,  les  prix  Droche  ont  été  distribués  aux  vieux  serviteurs  de  l'agri- 
culture. G.  Gaudot. 

CHRONIQUE  HORTICOLE 

C'est  par  un  Congrès  pomologique  que  se  sont  achevées  les  fêtes  du 
Cinquantenaire  de  l'indépendance  belge.  Le  congrès  a  été  nombreux, 
car  toutes  les  branches  de  l'arboriculture  et  de  l'horticulture  ont  de 
nombreux  adeptes  en  Belgique.  Il  a  d'abord  été  convenu  que  la  cul- 
ture du  pêcher  en  plein  vent  est  devenue  bien  difficile,  pour  ne  pas 
dire  impossible,  dans  ce  pays,  à  raison  des  légions  innombrables  de 
pucerons  qui  attaquent  les  fruits  à  peine  formés,  aussi  bien  qu'en 
raison  de  l'inclémence  des  saisons  qui  compromet  presque  toujours 
soit  la  floraison,  soit  la  formation  et  le  développement  de  la  pêche.  Pour 
les  fruits  de  grande  consommation,  la  discussion  a  porté  principale- 
ment sur  les  espèces  les  plus  recommandables,  et  l'accord  s'est  pro- 
duit pour  signaler  spécialement  les  espèces  suivantes  : 

Poires.  —  Durondeau,  double  Philippine,  Marie-Louise,  fondante  des  bois, 
beurré  d'Amanlis. 

Pommes.  —  Court-pendu,  bellefleur  de  Brabant,  bellefleur  de  France,  gra- 
venstein,  reinette  grise,  brandebourg  barbu. 

Prunes.  —  Prune  Monsieur,  reine-claude  verte,  bleue  de  Belgique,  queen 
Victoria,  prune  Englebert.  —  Double  altesse  et  Sainte-Catherine  pour  faire  sécher. 

Cerises.  —  Anglaise  hâtive,  Lemercier,  Bigarro  Esperen ,  Montmorency 
courte-queue. 

D'autres  variétés  ont  aussi  été  proposées  ;  mais  pour  quelques-unes 
l'expérience  n'est  pas  suffisamment  concluante,  tandis  que,  pour 
d'autres,  on  ignore  encore  si  elles  s'adapteront  à  la  diversité  des 
terrains  en  Belgique.  —  Une  proposition  relative  à  l'établissement  de 


62  CHRONIQUE  HORTICOLE. 

la  carte  pomologique  du  pays  a  été  accueillie  avec  beaucoup  de  faveur, 
eL  des  mesures  ont  été  prises  pour  son  exécution. 

—  Le  monde  végétal  est  encore  loin  de  nous  avoir  livré  tous  ses 
secrets  ;  mais  peu  à  peu  la  science  les  lui  arrache.  Voici  encore  une 
nouvelle  conquête  que  nous   devons  enregistrer,   c'est  celle  du  suc 


Fig.  3.  —  Papayer  commun  portant  ses  fruits. 


digestif  extrait  par  MM.  Wurtz  et  Boucliut  d'un  arbre  très  curieux, 
le  papayer  commun.  Cet  arbre,  qui  paraît  originaire  des  îles  Molu- 
ques,  est  acclimaté  dans  l'Inde,  à  la  Réunion,  aux  Antilles,  dans  une 
partie  de  l'Amérique  méridionale.  Il  appartient  à  la  famille  des  cucur- 
bitacées.  Son  tronc  droit  (fig.  3)  s'élève  de  3  à  5  mètres;  il  est  ter- 
miné  par  un  bouquet  de  larges  feuilles  qui  lui  donnent  le  port  d'un 
palmier.  La  figure  4  montre  la  fleur  femelle;  on  voit  en  o  l'ovaire 
formé  de  cinq  carpelles  et  en  s  les  stigmates  ;  la  fleur  est  dessinée  de 


CHRONIQUE  HORTICOLE. 


63 


grandeur  naturelle.  La  fig.  5  donne  la  forme  du  fruit  et  montre  les 
trophospermes  et  l'appendice  charnu  suspendu  dans  quelques-uns. 
Ces  fruits  sont  groupés  sous  les  feuilles  qui  les  abritent,  et  quand  ils 
sont  mûrs,  ils  sont  très  appréciés.  Depuis  longtemps,  on  les  con- 
somme à  l'état  frais,  et  quelquefois  on  les  confit  avant  leur  maturité 
complète.  On  savait  que  l'eau  mélangée  du  liquide  laiteux  qu'on  peut 
retirer  de  la  tige  par  incision,  jouissait  de  la  propriété  d'attendrir  en 
peu  de  temps  les  viandes  qu'on  y  plongeait.  Les  recherches  de 
^j.  Wurtz  ont  démontré  que  ce  suc  laiteux  renferme  un  principe  diges- 
tif qu'on  peut  en  extraire,  et  qui,   sous  le  nom  de  papaïne,  peut  avoir 


des  applications  très  nombreuses,  et  notamment  faire  dii 


pei 


Fig.  4.  —  Fleur  femelle  du  papayer. 


Fig.  5.  —  Fruit  du  papayer 


sonnes  dont  l'estomac  fonctionne  mal.  La  solubilité  et  la  stabilité  de 
ce  corps,  bien  préparé,  permettent  d'en  assurer  la  conservation  pen- 
dant très  longtemps. 

—  Nous  devons  signaler  le  catalogue  de  MM.  Jacquemel-Bonne- 
fond,  pépiniéristes  à  Annonay  (Ardèche),  qui  vient  de  paraître  pour 
l'hiver  1880-1881.  A  côté  des  arbres  forestiers  et  d'ornement,  ainsi 
que  des  arbres  fruitiers,  ce  catalogue  renferme  de  nombreuses  indica- 
tions sur  une  belle  collection  de  mûriers  cultivés  pour  la  nourriture 
des  vers  à  soie.  Il  se  recommande  particulièrement,  à  ce  titre,  aux 
agriculteurs  de  la  région  méridionale.  J.   de  Pradel. 

PISCICULTURE.  —  ENCORE  LES  ÉCREVISSES 

Un  de  nos  lecteurs,  au  nom  de  quelques  amis  des  poissons  d'Eure- 
et-Loir,  demande  notre  avis  sur  la  mortalité  des  écrevisses,  qui 
semble  vouloir  devenir  une  calamité  publique. 

Nous  accéderons  avec  d'autant  plus  d'empressement  à  la  question 
de  notre  honorable  correspondant,  que  nous  aurons  ainsi  la  bonne 
fortune  de  pouvoir,  avec  notre  réponse,  remercier  la  Société  de  pisci- 
culture de  ce   pays  vaillant  entre  tous   (Châteaudun-1870  ne  devant 


64  PISCICULTURE.   —  LES   ÉCREVISSES 

pas  être  oublié  par  la  génération  présente)  de  l'honneur  qu'elle  nous 
fit  clans  sa  séanre  du  21  novembre  1856,  en  nous  associant  à  ses 
travaux.  Notre  si  honoré  M.  le  docteur  Lamy,  son  si  digne  président, 
a  bien  pu  lire  dix  et  vingt  fois  dans  nos  nombreuses  publications  pis- 
cicoles, que  nous  n'avions  cessé  d'en  témoigner  notre  profonde  gra- 
titude. 

Vidé  cet  incident,  qu'un  hasard  sans  nul  doute  vient  de  provoquer, 
quittons  momentanément  l'Océan  et  arrivons  aux  écrevisses. 

Le  mal  est,  en  effet,  profond  et  semble  toujours  prendre  de  nou- 
velles proportions. 

Dans  notre  causerie  du  M  octobre  1879,  n°  548  du  Journal,  nous 
disions  ici  même  :  la  mortalité  de  la  présente  année  ne  doit  être  attri- 
buée, selon  nous,  qu'aux  arrière-neiges  du  froid  printemps  que  nous 
avons  eu;  ayant  en  juillet  1867  traité  déjà  dans  cette  Hevue  la  ques- 
tion «  mortalité  des  poissons  »,  nous  ne  nous  y  arrêterons  donc  pas, 
priant  nos  lecteurs  de  s'y  reporter. 

Il  est  vrai  de  dire,  ajoutions-nous,  que  cette  mortalité  prend,  dans 
nos  départements  de  l'Est  surtout,  de  malheureuses  proportions;  mais 
nous  persistons  à  ne  la  croire  qu'un  de  ces  accidents  passagers  dus  à 
cette  époque  de  perturbations  météorologiques  que  nous  venons  de 
traverser,  et  que,  espérons-le,  nous  ne  reverrons  plus  de  longtemps. 

Environ  un  an  s'est  écoulé  depuis  que  nous  écrivions  les  lignes 
ci-dessus,  et  le  mal,  loin  de  disparaître,  va  sans  cesse  en  s'aggravant. 

Les  Conseils  généraux  de  ces  départements  viennent  de  spécialement 
s'en  préoccuper  dans  leurs  sessions  de  1880,  et  le  gouvernement,  par 
le  service  des  ponts  et  chaussées,  y  met  également  la  main.  Quelques 
milliers  d'écrevisses  dans  les  ruisseaux  dépeuplés  feraient  probablement 
beaucoup  mieux  leur  affaire;  mais  enfin  rendons  la  justice  due,  et 
examinons  si  cela  suffit.  Constatons  d'entrée  que  dans  lEst  la  ma- 
ladie était  antérieure  aux  rigoureux  froids  de  1879-1880.  Ce  qui  nous 
doit  faire  avouer  que  la  cause  n'était  pas  où  nous  la  cherchions.  Nous 
en  étions  là  de  nos  hésitations,  quand  notre  honoré  collègue,  à  la  So- 
ciété nationale  d'agriculture,  M.  Gallicher,  publia  dans  le  n"  555, 
t.  IV,  29  novembre  1879,  un  article  intitulé,  Anguilles  et  Ecrevisses, 
qui  fut  une  révélation. 

N'a-t-onpas  dépassé  la  mesure  avec  la  montée  d'anguilles  distribuée 
si  généreusement  par  l'administration  des  ponts  et  chaussées,  actuel- 
lement chargée  du  service  de  la  pisciculture?  demandait  notre  colla- 
borateur. 

Les  faits  observés  et  cités  par  lui,  près  de  Fourges,  depuis  1856, 
ne  laisseraient  aucun  doute  à  cet  égard. 

Nous  ne  saurions  mieux  dire,  et  nous  prierions  notre  honorable  cor- 
respondant chartrain  de  lire  et  méditer  ledit  article  facile  à  retrouver 
dans  la  collection  du  Journal  de  M.  Barrai.  Resterait  la  question,  si 
dans  l'Est  avaient  aussi  eu  lieu  ces  distributions  de  montée  par  le  gou- 
vernement, et,  depuis  quand? 

En  1852,  nous  avions  déjà  imprimé  dans  notre  travail  sur  la  montée, 
que  l'écrevisse,  au  moment  de  ses  mues,  n'avait  pas  d'ennemis  plus 
acharnés  que  l'anguille,  l'été  surtout,  peu  avant  le  temps  de  sa  descente 
à  la  mer.  Chaque  trou  est  fouillé,  spécialement  par  le  Long-Bec,  et 
malheur  à  l'écrevisse  qui  s'y  est  blottie.  Ceci  se  passait  donc  en 
France  en  1879. 


PISCICULTURE.    —  LES    ÉCREVISSES.  65 

Voici  maintenant  ce  que  nous  lisions  dans  la  Gazctted Aagsbourg  du 
30  juillet  1880  : 

a  La  maladie  des  écrevisses  sévit  en  Bavière.  \]n.  pêcheur,  qui  avait 
loué  la  rivière  Altemnhal,  remarqua  au  commencement  du  mois 
qu'il  ne  s'y  trouvait  plus  une  seule  écrevisse  vivante,  tandis  que  quel- 
ques jours  auparavant  il  en  avait  pris  une  grande  quantité  sans  dé- 
couvrir la  moindre  trace  de  maladie;  les  eaux  de  la  rivière  furent 
examinées,  et  l'on  vit  que  son  sol  était  jonché  d'éerevisses  mortes 
réunies  par  six,  dix;  et  fait  curieux,  toutes  couchées  sur  le  dos;  on 
voit  même  des  membres  épars  de  ces  pauvres  bêtes. 

«  On  constata  sur  diverses  écrevisses  mortes  la  présence  de  petits 
vers  en  forme  de  spirale,  mais  nécessairement  ces  vers  ne  sont  pas 
la  cause  de  la  maladie,  puisqu'ils  se  retrouvent  aussi  sur  des  crustacés 
parfaitement  bien  portants. 

«  On  serait  porté  à  conclure  que  cette  cause  serait  dans  les  petits  points 
blancs  que  l'on  remarque  sur  toutes  les  écrevisses  mortes  et  qui  se  n- 
blent  provenir  d'une  sorte  de  champignon. 

((  L'inquiétant  est  que  les  mêmes  phénomènes  se  reproduisent  dans 
d'autres  rivières  de  l'Oberland  bavarois,  lesquelles  vont  être  bientôt 
radicalement  dépeuplées  d'éerevisses.    » 

Cette  nouvelle  nous  parvint  dans  les  premiers  jours  d'août,  alors 
que  nous  hésitions  entre  les  froids  de  1879  et  l'anguille  du  savant 
agriculteur  du  Cher. 

L'idée  nous  vint  alors  de  demander  à  un  pêcheur  de  notre  connais- 
sance pourquoi,  cet  été,  il  ne  nous  apportait  plus  d'éerevisses  comme 
il  le  faisait  ordinairement  depuis  des  années  en  cette  saison. 

Oli  les  prendre,  nous  répondit-il  ?  Nos  ruisseaux  de  la  plaine  de 
l'Aar  en  sont  absolument  vidés,  il  n'y  en  a  plus  qu'en  haut,  c'est-à- 
dire  à  une  altitude  de  1700  ou  1900  pieds,  qu'en  Suisse,  l'écrevisse,  à 
notre  connaissance,  dépasse  rarement,  à  moins  des  rares  exceptions 
ci-dessous  :  température  plus  élevée  de  certaines  sources  ou  faune 
spéciale  à  certains  terrains  calcaires. 

Les  deux  ou  trois  principaux  ruisseaux  affluents  d3  l'Aar,  continua 
notre  fine  loutre,  oii  elle  abondait  et  dont,  pour  le  plus  important,  la 
pêche  est  une  propriété  privée,  ont  été  ravagés  par  ceux  mêmes  qui 
les  auraient  dû  ménager. 

Sous  prétexte  d'en  fournir  quelques  douzaines  au  propriétaire  du- 
dit  droit,  on  en  prit  par  100  douzaines.  Justement  au  printemps  on 
les  mettait  en  boutiques,  oi^i  on  les  pourrissait,  et,  l'été,  elles  étaient 
alors  livrées  aux  hôteliers  de  Thun  pendant  leur  saison.  Plus  de  pères, 
plus  d'enfants,  m'ajoutait-il,  dans  son  langage  aussi  concis  que  pit- 
toresque. 

Et  des  anguilles,  en  avez-vous  péché? 

Jamais  autant  que  cet  été,  me  répondit-il. 

M.  Gallicher  et  notre  pauvre  pêcheur  des  bords  de  l'Aar  suisse  ne 
seraient  donc  pas  loin  de  s'entendre,  et  une  bien  intéressante  enquête 
serait  maintenant  de  savoir  si,  dans  les  affluents  de  l'Isaar  et  du 
haut  Danube,  les  mêmes  causes  n'auraient  pas  produit  les  mêmes 
effets  ! 

En  1879,  n°  548  delà  collection,  nous  parlions  d'un  de  nos  parents, 
ancien  élève  de  notre  Ecole  des  beaux-arts,  architecte  à  Berne  et,  en 
ses  loisirs,  pisciculteur  aussi  zélé  qu'éclairé. 


66  PISCICULTURE.  —  LES    ÉGREVISSES. 

Possesseur  d'un  ruisseau  dans  lequel  les  écrevisses  abondent  et 
dans  lequel,  à  ce  jour,  il  n'y  a  pas  trace  de  maladie,  nous  prîmes  le 
parti  de  l'aire  appel  à  sa  compétence. 

M.  Eggiraann-Karlen  pose  en  fait  que  d'abord  les  taches  rouges  et 
blanches  doivent  être  mihcs  hors  de  question,  car,  dans  son  ruisseau 
de  plusieurs  kilomètres  de  long,  il  en  a  fait  cet  été  pêcher  des  milliers, 
qui,  bien  que  tachées  de  rouge,  ne  s'en  portaient  pas  moins  bien. 

L'unique  cause  de  cette  mortalité  est,  pour  lui,  dans  les  gelées  tar- 
dives du  rude  hiver  de  1880,  lequel,  après  un  mouient  de  relâche  en 
janvier,  pendant  lequel  les  abondantes  neiges  de  novembre  avaient 
commencé  à  fondre,  avait  repris  en  février  avec  une  telle  violence 
que  la  terre  en  fut  gelée  à  presque  4  pieds. 

Surprises  dans  leurs  retraites,  les  pauvres  bûtes  y  périrent  toutes, 
leurs  carapaces  éclatées.  Ce  fait  est  si  vrai,  et  cela  semblerait  être,  en 
effet,  le  haut  point  de  la  question,  que,  dans  des  ruisseaux  comme  le 
sien,  à  bords  à  pics,  non  pentueux,  à  excavations  profondes,  elles  ne 
furent  nullement  touchées. 

Et  de  l'anguille,  que  pensez- vous? 

Pour  nos  ruisseaux  du  second  étage,  c'est-à-dire  ceux  qui  ne  sont 
pas  en  communication  directe  avec  TAar  ou  nos  lacs,  cette  question 
n'est  pas  à  poser  dans  notre  canton  de  Berne. 

Sans  nous  mettre  en  opposition  avec  ce  praticien  si  éclairé,  nous 
formulerions  ainsi  nos  conclusions  :  L'anguille  a  commencé  en  France  ce 
que  le  terrible  hiver  de  1880  a  achevé  dans  certaines  parties  de  l'Europe. 

Le  succès  de  quelques  réem.poissonnements  dans  l'Est  doit  éloigner 
ridée  d'une  épidémie  sur  l'espèce,  bien  que  ce  ne  serait  pas  la  pre- 
mière fois  qu'en  zoologie  une  espèce  disparût,  soit  pour  faire  place  à 
une  supérieure  dans  l'échelle  des  êtres,  soit  pour  être  à  jamais  anéantie. 

Pourquoi  la  pisciculture  ferait-elle  exception? 

Dans  les  volatiles,  par  exemple,  combien  d'espèces  ne  sont  pas  sur 
leur  fm.  Demandez  à  cette  si  spirituelle  autorité  qui  s'appelle  notre 
cher  Toussenel,  ce  qu'il  pense  de  l'outarde,  du  Gauga,  de  la  canepe- 
tière,  du  guignard,  etc.,  sans  parler  du  bison  et  de  l'élan  disparus,  ni 
du  lièvre  des  Bouches-du-Rhone  qui  procure  à  l'heureux  Marseillais 

qui  le  rapporte,  un  triompiie  à  la  Canebière,   et l'honneur  d'être 

mis  en  vers  latins. 

Espérons  que  pour  nous,  pisciculteurs,  nous  n'en  sommes  pas 
encore  là  avec  notre  écrevisse;  mais  veillons,  car  le  mal  est  grand,  et, 
sans  retard,  agissons! 

—  On  nous  écrit  de  Pontarlier  que  M.  le  préfet  du  Doubs  vient  d'inter- 
dire la  pêche  des  écrevisses  pour  au  moins  un  an  dans  ce  même 
Doubs,  oi\  il  y  a  25  ans,  nous  les  vîmes  prendre  à  boisseaux  pleins^ 
et  d'où  elles  sont  menacées  de  disparaître  aussi. 

Que  le  préfet  que  nous  n'avons  pas  l'honneur  de  connaître  nous 
permette  de  lui  répéter  ce  que  nous  disions  à  son  collègue  du  dépar- 
tement de  la  Somme  à  propos  d'un  de  ces  arrêts  si  rares  dans  les 
annales  administratives,  car  : 

Rien  ne  sert  de  courir, 
11  faut  partir  à  point. 

Honneur  à  vous,  monsieur  le  préfet  du  Doubs  !  Ce  que  vous  venez 
de  l'aire  là  est  utile  et  d'un  grand  à  propos.  Chabot-KahleiN, 

Tliun  (Suiise).  Correspondant  de  la  Société  nationale  d'agriculture  de  France. 


LE    FOIN   NOUVEAU  67 


LE  FOIN  NOUVEAU 

Je  lis  clans  le  numéro  du  26  août  du  Journal  de  l'agriculture  un  ar- 
ticle sur  le  foin  nouveau,  de  M.  Larvaron,  stagiaire  agricole  à  Grand- 
Jouan,  oi^i  l'auteur  trouve  que  les  lignes  qu'il  reproduit  du  Messager 
agricole  du  Midi  concernant  les  effets  du  foin  nouveau  sont  bien  graves. 
Si,  avant  de  tirer  des  conclusions  a  priori^  M.  Larvaron  avait  donné 
seulement  pendant  quatre  jours  du  foin  nouveau  à  un  cheval,  il  aurait 
été  convaincu  immédiatement  que  l'auteur  de  l'article  du  Messager 
agricole  du  Midi  HYait  raison,  en  disant  que  le  foin  nouveau  n'est  pas 
un  bon  aliment. 

Il  y  a  à  peine  8  jours,  je  fus  appelé  par  un  client  qui  donnait  depuis 
5  ou  6  jours  du  foin  nouveau  à  ses  chevaux.  La  ration  de  4  kilog.  1/2 
par  jour  n'était  pas  bien  forte-,  elle  suffit  pour  provoquer  chez  ses  deux 
chevaux  une  échauboulure  comme  on  en  voit  peu.  De  gros  boutons 
apparurent  sur  diverses  parties  du  corps,  l'épiderme  se  souleva  et  laissa 
à  nu  des  taches  rondes  de  la  grandeur  d'une  pièce  de  20  fr.,  rouge  vif, 
saignantes  même,  ce  qui  effraya  beaucoup  le  propriétaire.  Ces  accidents 
disparurent  en  deux  jours  à  l'aide  de  boissons  rafraîchissantes  et  légè- 
rement laxalives.  Si  M.  Larvaron  prend  de  nouveau  ce  fait  pour  une 

fausse  observation,  c'est qu'il  est,  ma  foi,  bien  sceptique. 

Je  puis  lui  en  citer  une  autre  qui  date  de  deux  ans.  Un  propriétaire, 
était  venu  à  la  fêle  du  pays  avec  un  petit  cheval,  de  ces  doubles  po- 
neys comme  on  en  voit  tant.  Le  lendemain,  au  moment  de  partir,  la 
bête  était  couverte  de  boutons  d'un  bout  à  l'autre  du  corps.  Je  suis  appelé. 
L'œil  est  rouge,  injecté,  sort  de  l'orbite,  est  larmoyant,  l'animal 
éprouve  une  gêne  générale.  —  Je  demande  s'il  a  mangé  du  foin  nou- 
veau. —  Non.  —  Me  voilà  dérouté.  —  Il  n'a  mangé  que  de  la  paille.  — 
Mais  patience?  La  paille  était,  comme  on  dit  dans  le  pays,  très  four- 
rageuse;  c'était  de  la  paille  nouvelle  contenant  la  moitié  de  graminées 
et  de  labiées  de  toutes  espèces  et  toutes  très  odorantes.  Deux  ou  trois 
bottes  de  cette  paille  avaient  suffi.  Une  saignée  légère  et  un  léger  pur- 
gatif firent  tout  disparaître.  L'animal  reprit  son  service  le  lendemain  et  le 
propriétaire  festoya  un  jour  déplus.  Sans  aller  plus  loin,  on  n'a,  du 
reste,  qu'à  consulter  les  divers  auteurs  qui  se  fcont  occupés  delà  ques- 
tion soulevée  par  M.  Larvaron.  Tous  étaient  d'accord  que  le  foin  nou- 
veau pouvait  faire  naître  des  désordres  plus  ou  moins  graves  dans 
Téconomie. 

C'est  à  la  suite  de  ces  assertions  nombreuses  et  unanimes  que 
la  Commission  d'hygiène  hippique  s'occupa  de  la  question.  -Après 
expériences  faites  sur  les  chevaux  de  l'armée,  elle  vint  donner  un  dé- 
menti formel  à  l'ancienne  théorie.  Le  foin  nouveau  donné  aux  chevaux 
d'expériences  n'avait  amené  aucun  accident.  Bien  au  contraire,  il  était 
préférable  à  tout  autre.  Mais  ce  foin  avait  été  bottelé,  secoué,  aéré  en 
quelque  sorte  et  avait  perdu  pendant  cette  opération  une  partie  de  ses 
principes  volatils,  excitants.  En  outre,  la  ration  est  si  faible  (elle  varie 
entre  3  et  4  kilog.  selon  les  corps)  qu'il  n'est  point  étonnant  que  rien 
ne  soit  survenu.  Mais,  pour  se  placer  dans  les  conditions  ordinaires, 
il  aurait  fallu  mettre  ces  animaux  au  régime  des  chevaux  de  ferme  où 
le  foirfi  est  donné à  discrétion  presque,  et  c'est  alors  que  l'on  au- 
rait eu  à  constater  des  échauboulures,  dans  le  genre  de  celles  relatées 
plus  haut,  et  qui  sont  les  moindres  des  accidents  déterminés  par  le 


68  LE  FOIN  NOUVEAU. 

foin  nouveau.  C'est  souvent  des  gastrites,  des  gastro-entérites,  des  indi- 
gestions vertigineuses  qu'il  détermine.  Tous  ces  accidents  ne  sont  du 
reste  constatés  qu'au  moment  de  la  récolte  du  foin  et  ils  sont  surtout 
fréquents  après  les  années  de  disette,  alors  que  les  fenils  sont  vides 
depuis  longtemps  et  que  les  fermiers  sont  obligés  d'alimenter  leurs 
animaux  avec  de  nouveaux  foins. 

Le  foin  nouveau  contient  plus  de  matières  grasses,  plus  de  principes 
aromatiques,  plus  de  matières  sucrées,  de  dextrine,  d'amidon,  etc.,  que 
le  foin  vieux,  c'est  du  moins  ce  que  décèle  l'analyse,  il  est  plus  nour- 
rissant et  plus  excitant.  On  conçoit  facilement  les  effets  d'une  telle  ali- 
mentation à  une  époque  de  l'année  oij  l'homme  lui-même  recherche 
une  alimentation  aqueuse,  a  une  tendance  naturelle  à  se  nourrir 
presque  exclusivement  de  végétaux,  afin  de  supporter  plus  facilement 
l'excitation  produite  par  Télévation  de  la  température. 

Comme  conclusion,  je  crois  bon  de  rappeler  aux  lecteurs  ce  que 
nous  professait,  à  Alfort,  le  vénérable  M.  Baillet,  actuellement  directeur 
de  l'Ecole  vétérinaire  de  Toulouse  :  «  En  aérant  le  loin  nouveau,  en 
rationnant  les  animaux,  on  peut  faire  usage  du  foin,  mais  si  on  prend 
le  foin  en  meule  avant  qu'il  ait  ressué,  il  y  aura  de  graves  accidents  à 
redouter,  surtout  chez  le  cheval.  »  Aug.  Elouîe, 

I^auréal  de  la  Société  véténn.-iire  de  l'Aisne 
et  du  Conseil  général  en  1879. 

COMICE  AGRICOLE 

DE  l'arrondissement    DE   SAINT-JULIEN 

Une  petite  place  pour  vous  signaler  la  résurrection  des  concours  du 
comice  agricole  de  l'arrondissement  de  Saint-Julien  (Haute-Savoie). 

Le  concours  a  eu  lieu,  le  jeudi  16  septembre,  à  Annemasse.  Cette 
réunion  agricole,  quoique  des  plus  modestes  a  cependant  fourni  l'occa- 
sion de  constater  des  progrès  suivis,  faits  dans  l'élevage  du  bétail  bovin 
de  la  contrét^,  ainsi  que  des  améliorations  réelles  apportées  dans  la 
fabrication  des  fromages  et  autres  produits  laitiers. 

Nous  avons  eu,  en  outre,  la  satisfaction  d'entendre  applaudir  les 
idées  libres-échangistes  franchement  arborées  par  le  Président. 

M.  Chautemps,  dans  le  discours  de  distribution  des  prix,  nous  a  parlé 
de  la  marée  montante  des  produits  étrangers  qui  menacent  d  inonder 
nos  marchés. 

A  sa  manière  de  voir,  la  meilleure  digue  que  nous  ce  paissions  lui 
«  opposer,  ce  n'est  pas  l'augmentation  du  nombre  des  douanes,  ni 
((  l'élévation  des  droits  prolecteurs,  mais  bien  un  surcroît  d'activité, 
«  d'intelligence  et  d'initiative:  c'est  avant  tout  l'abaissement  du  prix 
«  de  revient  de  nos  denrées  par  tous  les  moyens  que  la  science  et 
<'  l'expérience  peuvent  mettre  en  notre  pouvoir,  spécialement  :  par 
«  l'extension  des  cultures  fourragères,  par  l'amélioration  du  bétail, 
«  par  l'emploi  des  meilleures  machines  et  des  engrais  commerciaux; 
«  en  un  mot  par  la  mise  en  pratique  d'une  agriculture  aussi  rationnelle 
«  et  aussi  intensive  que  possible,  w 

On  ne  saurait  trop  appuver  des  paroles  aussi  justes  et  aussi  sensées. 

F.  D. 

NOTE  SUR  LE  CONGRÈS  VITIGOLE  DE  LYON 

Le  Journal  de  VagricuUure  a  publié,  dans  le  numéro  du  2  octobre, 
un  article  de  M.  G.  Gaudot  sur  le  Congrès  intertmtiomd  de   viiicuUure 


NOTE  SUR  LE  CONGRÈS  VITIGOLE  DE  LYON.  69 

de  Lyon.  Ce  travail  me  semble  conçu  dans  un  excellent  esprit,  très 
bien  fait.  Les  très  courtes  observations  que  je  vais  présenter  portent 
seulement  sur  le  titre. 

Le  congrès  de  Lyon  n'a  pas  été  un  congrès.  «  Congres^  se  dit  aussi 
d'une  assemblée  de  plusieurs  personnes  qui  se  réunissent  pour  se 
communiquer  les  résultats  de  leurs  études  et  échanger  leurs  idées  sur 
des  points  de  science,  etc.  »  (Académie).  A  Lyon,  on  n'a  pas  échangé 
des  idées,  on  a  fait  des  conférences  sur  des  points  de  science  viticole 
relatifs  au  phylloxéra. 

Que  les  hommes  animés  du  désir  de  se  rendre  utiles,  s'entendent 
pour  faire  des  conférences,  rien  de  plus  louable;  mais  il  serait  bien  de 
dire  clairement  ce  dont  il  s'agit,  afin  d'éviter  toute  surprise,  soit  avant 
soit  après. 

Ainsi,  un  mouvement  d'humeur  semble  permis,  lorsqu'on  a  fait 
deux  cents  lieues  avec  beaucoup  de  fatigue  et  de  dépense  pour  prendre 
part  à  un  congrès  et  en  tirer  quelque  profit,  et  qu'on  se  voit  réduit  à 
entendre,  sans  discussion,  une  série  de  conférences  sommaires, 
déjà  entendues  pour  la  plupart  dans  les  congrès  précédents  ou  qu'on 
a  pu  lire  dans  les  écrits  de  leurs  auteurs.  S'il  est,  en  effet,  intéressant 
et  instructif  de  voir  les  opinions  contraires  aux  prises  dans  une  lutte 
courtoise  et  bienveillante,  le  temps  consacré  à  un  simple  défilé  d'opi- 
nions particulières,  mitigées  par  des  concessions  mutuelles  (les  mots 
soulignés  sont  de  M.  Gaudot),  peut  paraître  du  temps  perdu. 

La  confusion  entre  les  mots  congrès  et  conférence  a  un  inconvénient 
d'un  autre  ordre  :  une  conférence  n'engage  que  celui  qui  la  fait;  dans 
un  congrès  chacun  est  moralement  responsable  de  l'usage  qu'il  fait  de 
la  liberté  qu'il  a  de  parler  ou  de  se  taire,  le  mot  congrès  exprimant 
implicitement  que  cette  liberté  existe;  or,  à  Lyon,  elle  n'existait  pas. 

Lorsque,  après  de  simples  conférences,  des  formules  de  vœux  sont 
présentées  aux  auditeurs  et  acceptées  par  eux,  de  tels  vœux  ne  sauraient 
avoir  l'autorité  que  donne  à  une  opinion  collective  la  discussion 
approfondie  où  elle  s'est  formée.  Une  surprise  n'est  pas  facile  dans  un 
congrès;  elle  est  par  trop  aisée  après  une  suite  de  conférences. 

Croit-on,  par  exemple,  que  le  dernier  vœu  accepté  par  l'assemblée 
de  Lyon  aurait  tenu  devant  une  critique,  même  sommaire? 

Je  ne  veux  pas  ici  discuter  le  fond,  mais  poser  de  simples  réserves 
pour  l'avenir.  Prosper  de  Lafitte. 

BIBLIOGRAPHIE  AGRICOLE 

Élevage  et  maladies  du  mouton,  par  M.  Alfred  Leroy.     Un  vol.  ia-l8  de  216  pages,  chez  Auguste 
Goin,  éditeur,  rue  des  Écoles,  62,  à  Paris.  —  Prix  :  2  fr. 

Voici  un  livre  de  polémique  passionnée  autant  que  de  didactique  habi- 
lement exposée  qui  se  recommande  par  des  vues  judicieuses  et  une 
grande  expérience  pratique,  malgré  la  forme  belliqueuse  dont  il  est 
revêtu.  Son  auteur  M.  Alfred  Leroy,  ancien  élève  de  l'illustre  Malingié,  est 
un  éleveur  distingué.  Après  avoir  fait  le  commerce  et  l'engraissement 
des  moutons  de  diverses  races,  sur  une  vaste  échelle,  dans  la  région 
du  nord-est,  il  a  observé  que  le  mérinos  ne  lui  donnait  que  des  résultats 
médiocres  etmêmele  laissait  en  perte.  Alors  il  a  fait  campagne  contre 
la  pauvre  bête  à  laine  de  Daubenton  dont  la  naturalisation  en  France 
nous  a  valu  pourtant  pas  mal  de  millions.  Comme  il  arrive  souvent 
chez  nous,  "on  entreprend  tout  d'une  façon  trop  absolue.  Il  est  certain 


70  BIBLIOGRAPHIE  AGRICOLE. 

que  les  conditions  économiques  de  l'élevage  et  del'entreliea  de  l'espèce 
ovine  ont  changé  depuis  un  demi-siècle.  Il  y  a  quatre-vingts  ans,  la 
laine  se  vendait  très  cher  et  la  viande  hon  marché.  Quarante  années 
plus  lard  les  proportions  ont  commencé  à  se  renverser;  la  consomma- 
tion de  la  viande  a  pris  un  accroissemeat  qui  n'a  pas  cessé  de  se  déve- 
lopper. Il  fallait  donc  chercher  ce  que  les  Anglais,  nos  maîtres  en 
beaucoup  de  choses  agricoles,  ont  réussi  avec  tant  d'art,  c'est-à-dire 
faire  des  races  spécialement  pour  les  pays,  et  ne  point  importera  l'aveu- 
glette des  troupeaux  du  nord  au  midi  et  réciproquement,  comme  cela 
s'est  passé  en  France  la  plupart  du  temps,  sans  qu'on  se  préoccupât 
des  plus  rudimenlaires  règles  de  la  physiologie.  Il  est  certain  qu'il 
serait  plus  commode  d'avoir  une  race  unique,  produisant  abondam- 
ment partout,  à  tous  les  points  cardinaux,  de  la  laine  et  de  la  viande. 
Mais  c'est  là  un  phénix  zootechnique  qu'on  ne  trouvera  pas,  les  lois 
naturelles  s'y  opposant.  Au  reste,  c'est  bien  Ci3  que  tous  nos  maîtres  ont 
compris  depuis  Malint<ié,  Elisée  Lefèvre,  Godin  aîné,  Graux  de  Mau- 
champ,  de  13ouillé,  Nouelte-Delorme.  Les  uns  ont  fait  exprès  des  races 
pour  leur  région;  les  autres  ont  introduit  des  races  exotiques,  mais 
tous  ont  appliqué  avec  autant  d'art  que  de  persévérance  les  trois 
moyens  les  plus  féconds  :  le  croisement,  la  sélection,  une  abondante 
nourriture.  Et  que  l'animal  fût  croisé  ou  importé,  après  l'avoir  bien 
approprié  aux  exigences  climatériques,  ils  ont  continué  à  faire  de  la 
sélection  intelligente,  c'est-à-dire  qu'ils  ont  compris  qu'il  ne  fallait 
pas  tomber  dans  la  consanguinité  et  qu'ils  ont  su  sans  cesse  aller 
retremper  leur  troupeau  à  des  sources  nouvelles.  Il  est  certain  que  le 
croisement  transforme  une  race,  tandis  que  la  sélection  la  modifie 
seulement.  C'est  par  le  premier  moyen  que  Malingié,  qui  était  un 
agriculteur  très  habile  et  surtout  un  zooteclmicien  pratiijuant  éminent, 
a  fabriqué  la  race  de  la  Charmoise  qui  ne  périra  pas,  car  elle  est  fixée, 
et  si,  par  le  fait  des  événements,  elle  venait  à  disparaître,  il  serait 
facile  de  la  reconstituer,  parce  que  la  recette  a  élé  transmise  par  le 
créateur.  Malingié  a  eu  un  trait  de  génie  et  a  laissé  un  exemple  qu'on 
n'imite  pas  assez. 

La  race  de  la  Charmoise  est  composée  de  50  pour  100  de  New- 
Kent  et  de  50  pour  100  de  Berrichon,  Solognot,  Tourangeau,  Mérinos. 
Par  son  ossature  fine,  sa  petite  tête,  son  aptitude  à  prendre  de  la 
chair  musculaire  et  peu  de  suif,  sa  laine  abondante,  l'animal  créé  par 
Malingié  est  un  type  parfait,  et  c'est  un  véritable  titre  de  gloire  pour 
son  auteur.  Nous  comprenons  et  nous  partageons  l'admiration  de  M.Al- 
fred Leroy  pour  son  maître  ;  mais  nous  trouvons  qu'il  va  trop  loin  quand 
il  accuse  M.  Sanson  de  vouloir  faire  du  mérinos  primiiif  le  mouton 
universel,  le  seul  pouvant  donner  de  la  viande  et  de  la  laine  fine  pour 
suffire  aux  besoins  de  la  boucherie  et  des  manufactures.  Non,  M.  San- 
son est  un  savant  trop  éclairé  pour  soutenir  des  thèses  abso- 
lues ;  il  est  trop  initié  aux  lois  naturelles,  aux  exigences  variables  des 
contrées,  aux  nécessités  des  climats,  pour  recommander  à  ses  nom- 
breux disciples  d'élever  parbmt,  à  l'exclusion  d'autres,  la  race  mé- 
rinos. Oui,  M.  Sanson  a  entrepris  la  réhabilitation  de  cet  animal 
qu'on  cherche  à  déprécier  aujourd'hui,  car  il  lui  est  arrivé  ce  qui  sur- 
vient aux  meilleures  choses  chez  nous;  on  a  exagéré  l'application  du 
mérinos.  Il  a  d'abord  réussi  à  peu  près  partout,  mais  artiliciellement; 
avec  les  années  les  déboires  sont  venus,  et  quand  l'étranger  a  diminué 


BIBLIOGRAPHIE  AGRICOLE.  71 

la  demande  des  béliers  qui  se  sont  vendus  à  des  prix  exorbitants 
pendant  un  certain  temps,  l'éleveur  s'est  aperçu  que  son  troupeau 
fait  exprès  pour  la  production  du  mâle,  le  laissait  en  perte,  et  il  s'est 
dit  que  le  jour  où  l'Allemagne  et  l'Australie  se  sufliraient,  la  ruine 
arriverait  rapidement.  De  plus,  voyant  son  troupeau  dégénérer,  ne  pas 
s'acclimater  malgré  l'achaL  de  bêtes  dites  de  régénération  coûteuse- 
ment  acquises  dans  des  établissements  de  l'Etat,  dirigés  sur  les  mêmes 
errements  que  les  bergeries  particulières,  il  s'est  pris  d'un  grand 
découragement.  De  là  les  plaintes,  les  désespoirs  ;  de  là  Tanatlième 
lancé  contre  M.  Sanson  ;  de  là  le  livre  de  M.  Alfred  Leroy.  Au  lieu  de 
tout  cela,  il  aurait  fallu  se  persuader  qu'il  est  absolument  indispen- 
sable d'approprier  ou  de  créer  pour  son  pays  des  animaux  qui  peuvent 
y  vivre  sans  dégénérer,  se  développer  sans  s'épuiser  dans  un  dange- 
reux in  and  in,  comme  on  fait  pour  les  plantes.  La  nature  est  le  meil- 
leur guide.  H  faut  toujours  l'observer,  et  qui  va  contre  ses  lois  ne 
commet  que  des  sottises  et  n'aboutit  qu'à  d'amères  déceptions.  Il  est 
évident  que  le  mérinos  antique  n'est  point  une  bête  de  boucherie  par- 
faite; son  ossature  est  trop  forte,  sa  tête  est  énorme,  elle  pèse  avec  les 
cornes  de  7  à  8  kilogrammes  et  se  vend  un  franc!  Avec  ce  qu'il  a 
fallu  d'azote  et  de  phosphate  pour  la  former,  on  aurait  produit  un 
bon  petit  mouton  berrichon  valant  au  moins  15  francs.  C'est  ce  qu'a 
fait  remarquer,  avec  beaucoup  de  justesse,  M.  Alfred  Leroy;  mais  il 
oublie  qu'on  est  parvenu  à  diminuer  un  peu  cette  tête  gigantesque,  et 
il  omet  volontiers  les  beaux  spécimens  des  mérinos  précoces  dont  les 
qualités  sont  si  remarquables. 

Enfin,  des  déceptions  supportées,  aux  plaintes  formulées  trop  vive- 
ment, pour  proposer  de  supprimer  le  mérinos  il  n'y  a  qu'un  pas,  et 
c'est  ce  que  ses  adversaires  demandent.  Ils  sont  dans  l'exagération, 
c'est-à-dire  dans  l'erreur,  comme  sont  ceux  qui  prônent  à  l'excès 
cette  illustre  race.  Elle  rend  de  grands  services  dans  les  régions  oii 
elle  s'est  acclimatée,  quelle  a  enrichies  et  dont  elle  fait  encore  la 
fortune  à  l'heure  actuelle.  Demandez  aux  Sapiot,  aux  Achille  Maître,  du 
Ghâlillonnais,  s'ils  pensent  à  anéantir  la  race  mérinos  qu'ils  ont  su 
si  bien  adapter  à  leur  contrée,  grâce  à  leur  sûreté  de  coup  d'œil,  aux 
lois  spéciales  du  croisement  et  de  la  sélection  si  habilement  établies 
chez  eux  par  les  longs  travaux  d'Elisée  Lefevre,  l'éminent  directeur  de 
la  bergerie  de  Gevrulles,  et  de  Godin  aîné,  le  véritable  créateur  des  ma- 
gnifiques troupeaux  de  la  Côte-d'Or,  —  tous  deux  morts  aujourd'hui, 
mais  ayant  laissé  un  nom  qui  ne  périra  pas  dans  le  cœur  de  leurs 
compatriotes  et  dans  l'enseignement  des  maîtres  futurs,  et  qu'il  faut 
placer  à  côté  de  celui  deMalingié. 

Demandez  aussi  aux  Hutin,  aux  Gilbert,  et  autres  grands  éleveurs 
du  Soissonnais  et  de  la  Beauce,  s'ils  n'ont  pas  su  faire  un  mérinos 
sélectif  donnante!  de  la  laine  et  de  la  viande. 

Le  traité  de  iM.  Alfred  Leroy  se  divise  en  trois  parties.  La  première 
est  consacréeà  des  considérations  générales  sur  la  sélection,  le  croise- 
ment, la  nourriture,  la  bergerie.  Dans  la  seconde,  il  s'occupe  de  l'éle- 
vage du  mouton  et  il  donne  sur  l'accouplement,  la  gestation,  l'agne- 
lage, la  castration,  les  méthodes  les  mieux  expérimentées,  véritable 
fruit  d'un  praticien  consommé.  La  troisième  partie  est  un  véritable 
traité  d'art  vétérinaire  appliqué  aux  maladies  diverses.  Elles  y  sont 
toutes  passées  en  revue,  depuis  la  cache\ie  aqueuse,  le  sang  de  rate, 


72  BIBLIOGRAPHIE  AGRICOLE. 

le  tournis,  jusqu'aux  affections  de  l'appareil  digestif,  dont  le  mouton 
est  atteint  comme  le  plus  humble  des  Parisiens.  M.  Alfred  Leroy  a 
décrit  de  main  de  maître  les  caractères  de  chaque  maladie  et  indiqué 
avec  clarté  le  traitement  à  suivre.  11  n'a  pas  oublié  de  rappeler  les 
règles  de  l'hygiène  si  méconnue  dans  nos  campagnes.  C'est  avec  de  la 
propreté,  de  l'air,  une  bonne  alimentation,  qu'on  fait  des  animaux, 
sains,  présentables,  coûtant  moins  et  rendant  mieux.  On  ne  devrait 
jamais  oublier  les  moyens  préventifs,  et  suivant  les  indications  four- 
nies par  les  maîtres  de  la  science,  de  ceux  auxquels  il  faut  toujours 
remonter,  il  recommande  l'emploi  du  phénol  de  thym,  un  des  anti- 
septiques les  mieux  appropriés  aux  usages  ruraux,  car  il  est  huit  fois 
plus  puissant  que  le  phénol  de  goudron  et  il  n'a  point  l'odeur  désa- 
gréable de  ce  dernier.  Il  ne  répugne  pas  aux  animaux,  et  si  les 
agriculteurs  prenaient  l'habitude  d'en  ajouter  àl'eau  employée  dans  la 
boisson  ou  dans  les  soins  de  nettoyage,  ils  éviteraient  un  grand  nom- 
bre de  maladies  qui  n'ont  point  d'autres  origines  que  les  innombrables 
ferments  qui  encombrent  la  nature.  Nous  avons  entendu  soutenir  par 
des  éleveurs,  même  très  instruits,  que  l'eau  pure  suffisait  pour  lessi- 
ver les  étables  ou  asperger  les  plaies.  C'est  une  grave  erreur.  L'eau 
avec  l'air  constitue  le  véhicule  constant  des  organites  inférieurs  dont 
beaucoup  sont  si  ténus  qu'ils  se  dérobent  encore  aux  microscopes 
actuels  les  plus  puissants  et  leur  amas  forme  les  virus  contagieux. 
L'eau  qui  paraît  la  plus  claire  en  contient  toujours.  Avant  d'en  faire 
usage,  il  faut  donc  les  anéantir  ou  les  rendre  inofïensifs.  La  prudence 
la  moins  exagérée  exige  une  semblable  précaution  et  recommande 
qu'on  ne  se  serve  pas  d'un  litre  d'eau,  n'importe  comment,  sans  y  avoir 
ajouté  dix  grammes  de  phénol  de  thym.  Nous  nous  étendons  sur  ce 
sujet  parce  qu'il  est  d'une  réelle  importance. 

Nous  avons  entendu  Claude  Bernard  qui  se  consacrait  dans  les  der- 
niers mois  de  sa  noble  carrière,  si  inopinément  abrégée,  à  des  recher- 
ches sur  les  ferments,  nous  dire  :  «  La  vie  est  une  fermentation  — 
même  une  putréfaction,  et  c'est  dans  l'étude  des  ferments  qu'il  faut 
aller  chercher  son  secret.  Ce  sont  eux  qui  causent  tout  le  bien  et  tout 
le  mal  et  l'homme  ne  sera  le  maître  de  sa  santé,  c'est-à-dire  de  son 
existence,  que  du  jour  oii  il  aura  pénétré  dans  le  mystère  de  leur 
production.»  M.  Alfred  Leroy  n'a  pas  omis  de  mettre  son  traité  au 
niveau  des  découvertes  contemporaines  et  il  va  sans  dire  qu'il  a  décrit 
les  beaux  travaux  de  M.  Pasteur  dont  l'avenir  saura  tirer  uu  mer- 
veilleux profit.  En  résumé,  malgré  la  campagne  menée  grand  train 
contre  le  mérinos,  le  livre  de  M.  Alfred  Leroy  est  un  excellent  guide 
pour  l'éleveur  de  moutons.  Georges  ïoian. 

SUR  LES  CÉPAGES  RESISTANT  AU  PHYLLOXERA 

Monsieur  le  rédacteur,  je  lis  non  sans  surprise,  au  sujet  du  congrès 
de  Lyon,  que  l'on  me  fait  dire  que  j'ai  eu  une  discussion  avec 
l'éminent  M.  Planchon,  au  sujet  de  la  résistance  au  phylloxéra  du 
cépage  le  Clinton,  tandis  que  j'ai  protesté  contre  les  affirmations  de 
M.  Meissner,  pépiniériste  américain,  qui  soutenait  que  tous  les 
cépages  résistaient  en  Amérique  aux  piqûres  du  phylloxéra  ! 

J'ai  dû  rappeler  que  le  célèbre  viticulteur  avait  en  1875  été  admo- 
nesté dans  les  journaux  du  Midi  par  M.  Lischtenstein,   qui  s'était 


SUR  LES  CÉPAGES  RÉSISTANT  AU  PHYLLOXERA.  73 

plaint  d'avoir  été  induit  en  erreur  au  sujet  des  millions  de  Concords, 
qui  avaient  été  recommandés  et  importés  en  France,  et  dont  la  courte 
existence  avait  fait  reculer  de  dix  ans  la  question  des  vignes  résis- 
tantes, .l'ai  même  reçu  plusieurs  lettres  de  félicitations,  depuis  le 
congrès,  au  sujet  de  ma  sincérité,  sans  laquelle  plusieurs  viticulteurs 
allaient  planter  des  Clinton  et  des  Concords. 

Enfin  dans  les  quelques  minutes  qui  m'ont  été  accordées,  j'ai  pu 
protester  contre  cette  mode,  qui  s'infiltre  jusque  dans  les  vignes  et 
qui  fait  que  l'on  s'engoue  tous  les  ans  d'un  cépage  exotique,  qui 
n'a  que  la  durée  des  roses,  ainsi  qu'on  le  verra  pour  certains  Riparia 
avant  peu. 

Bref,  j'ai  dit  :  que  les  cépages  américains  que  Ton  nous  signalait 
naguère  comme  des  piliers  de  résistance,  mouraient  depuis  G  et  8  ans 
en  Amérique  au  fur  et  à  mesure  que  le  vastatrix  envahit, comme  en 
Europe,  certaines  contrées.  Il  y  avait  même  dans  l'assemblée,  un 
viticulteur  de  l'Illinois  qui,  depuis  G  ans,  a  dû  renoncer  à  la  culture 
des  cépages  américains,  en  Amérique.  J'ai  en  ma  possession  assez  de 
documents  pour  prouver  que,  seuls,  les  Herbemont  et  les  Scuppernong 
résistent  aux  Etats-Unis  aux  piqûres  du  vastatrix,  les  Américains  ne 
cultivant  pas,  ou  ne  possédant  plus  les  Solonis,  les  York,  les  Gaston 
Bazile,  le  Vialla  et  même  le  véritable  Jacquez. 

Si  ces  faits,  sur  lesquels  je  demande  une  enquête,  se  vérifient,  vous 
comprendrez,  monsieur  le  Directeur,  que  la  discussion  dépassera  de 
beaucoup,  entre  moi  et  l'honorable  M.  Planchon,  les  limites  du  Clin- 
ton ;  c'est  peut-être  ce  que  l'on  a  redouté  en  me  prêtant  le  rôle  de  figu- 
rant, que  j'aurais  tenu  au  congrès;  mais  ce  rôle  est  emprunté  au 
code  du  bon  plaisir.  Je  vous  l'affirme. 

Veuillez  agréer,  etc.  L.  Laliman. 

LA  FIÈVRE  APHTEUSE  DU  BÉTAIL  OU  COCOTTE^ 

M.  Blanchi,  vétérinaire  à  Bourg,  a  publié  dans  le  Courrier  de  l'Ain 
un  article  d'actualité  sur  cette    maladie    qui    commence   à    envahir 
quelques  étables  dans  notre  région.  Nous  en  extrayons  des  renseigne- 
ments utiles  sur  les  précautions  à  prendre  pour  l'éviter  et  sur  le  traite 
ment  à  faire  suivre  aux  animaux  atteints. 

Tout  d'abord  il  faut  bien  se  persuader  que  cette  maladie,  appelée 
vulgairement  Cocotte,  esl  essentiellement  contagieuse  et  se  transmet 
avec  la  plus  grande  facilité,  soit  par  le  contact  immédiat  entre  les 
animaux,  soit  par  la  fréquentation  des  mêmes  pâturages,  des  chemins 
ou  des  abreuvoirs,  soit  par  l'intermédiaire  des  objets  et  des  personnes 
qui  passent  d'une  étable  contaminée  dans  une  autre  encore  indemne. 

Prenez  donc  garde  à  la  Cocotte^  dit  M.  Blanchi,  ne  la  laissez  pas 
entrer  chez  vous,  car  c'est  une  affreuse  mégère  qui  fera  avorter  et  tarir 
vos  vaches,  périr  les  veaux  et  les  porcs,  et  maigrir  toutes  vos  grosses 
bêtes  au  point  que,  si  vous  avez  actuellement  un  poids  vif  de  1 0,000  ki- 
log.  de  viande,  vous  n'en  aurez  plus  dans  un  mois  que  7,000,  soit 
3,000  kilog.  de  perdus  sans  compter  la  dépréciation  de  ce  qui  reste  et 
la  perte  du  travail  des  bœufs  de  labour  ! 

Dans  la  marche  de  la  maladie  il  faut  distinguer  deux  états  à  com- 
battre :  un  état  général  qui  est  la  fièvre,  et  un  état  local  qui  siège  à 
la  bouche  et  aux  pieds. 

1.  Extrait  du  Bulletin  du.  Comice  agricole  de  Trévoux. 


74  LA  FIÈVRE  APHTEUSE  DU  BETAIL  OU  COCOTTE. 

La  fièvre  exige  radministration  des  sels  alcalins  à  petite  dose,  des 
boissons  et  lavements  tempérants,  d'une  nourriture  rafraîchissante  et 
de  soins  de  propreté  et  d'aération,  à  l'exclusion  absolue  de  la  saignée 
et  des  sétons,  fort  nuisibles  dans  ce  cas. 

On  déterge  la  bouche  deux  fois  par  jour  en  faisant  des  injections  ou 
des  gargarismes,  à  Taiiie  d'un  léchet,  avec  une  solution  composée  de  : 

Acide  phénique,  5  grammes;  Vinaigre,  1  litre;  Miel,  quantité  suf- 
fisante. Quant  aux  pieds,  il  faut  : 

1''Les  maintenir  très  propres  et,  pour  cela,  faire  coucher  les  ani- 
maux sur  une  litière  fraîche  sans  laisser  le  fumier  s'amonceler;  les 
laver  en  faisant  passer  et  séjourner  le  bétail  dans  un  cours  d'eau, 
ou,  à  défaut  de  cours  d'eau,  dans  l'herbe  couverte  de  rosée;  T  les 
lotionner  avec  la  solution  suivante  : 

Sulfate  de  cuivre  . ., 500  grammes. 

—      de  zinc 300        — 

Alun 300        — 

V  naigre  fort 2  litres. 

Eau 5    — 

S'il  existe  des  plaies,  les  cautériser  avec  la  liqueur  de  Knops  et 
même  y  appliquer  des  pansements  imprégnés  de  cette  liqueur. 

LES  PRAIRIES  ARTIFICIELLES  EN  PICARDIE 

En  1 785,  l'Académie  d'Amiens  mettait  au  concours  la  question  de 
la  culture  des  prairies  artificielles  dans  la  généralité  d'Amiens.  Le 
concours  était  clos  en  1787,  et  le  prix  était  décerné  à  Gilbert,  profes- 
seur à  l'école  vétérinaire  d'Alfort,  dont  le  nom  est  resté  célèbre  dans 
l'histoire  de  l'agriculture  et  de  la  science  vétérinaire. 

Le  manuscrit  couronné  n'avait  jamais  été  publié;  il  a  été  retrouvé 
récemment  par  M.  Gh.  Dufour,  ancien  conseiller  général  de  la  Somme, 
qui  a  jugé  qu'il  était  utile,  au  point  de  vue  de  l'histoire  de  l'agricul- 
ture en  Picardie,  de  le  mettre  au  jour.  Gette  publication  a  été  faite  par 
l'imprimerie  Douillet,  à  Amiens;  elle  est  précédée  d'une  notice,  due 
à  M.  Dufour,  sur  les  travaux  de  Gilbert  et  sur  Thistoire  de  ce  manus- 
crit. Ce  dernier,  écrit  ayant  le  Traité  des  prairies  artificielles  que  Gilbert 
publia  en  1  790,  ne  peut  pas  ajouter  beaucoup  à  sa  gloire  agronomique, 
mais  il  était  d'un  véritable  intérêt  de  produire  à  la  lumière  un  Mé- 
moire écrit  spécialement  en  vue  d'une  des  principales  provinces  de 
l'ancienne  France.  M.  Ch.  Dufour  a  d'ailleurs  eu  l'heureuse  pensée 
d'ajouter  à  cette  publication  un  index  des  diverses  publications  agri- 
coles intéressant  la  Picardie,  qui  ont  paru  dans  la  deuxième  moitié  du 
dix-huitième  siècle.  Henry  Sagnier. 

REVUE  COMMERCIALE    ET   PRIX-COURANT  DES  DENRÉES  AGRICOLES 

(9  OCTOBRE  1880). 
I.  —  Situation  générale. 
Les  travaux  des  semailles  et  de  préparatioa  des  terres,  en  même  temps  que 
ceux  d'arrachage  des  betteraves  et  des  pommes  de  terre,  se  poursuivent  presque 
partout.  Dans  quelques  départements,  des  pluies  assez  abondantes  les  entravent 
dans  de^  proportions  plus  ou  moins  grandes.  Les  marchés  agricoles  sont  peu 
fréquentés,  et  les  affaires  sont  calmes  pour  le  plus  grand  nombre  des  denrées, 
principalement  en  ce  qui  concerne  les  céréales. 

II.  —  Les  grains  et  les  farines. 
Les  tableaux  suivants  résumant  les  cours  des  céréales,  par  quintal  métrique,  sur 
les  principaux  marchés  de  la  France  et  de  l'étranger. 


REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX-COURANT  (9  OCTOBRE  1880). 


I'*  HBOION.—  NORD-OUEST. 

Blé.  Seigle.  Orge.   AToioe. 

fr.  fr.  fr.         fr. 

Calvados.  Cnndé 71.7b  21.50  19.50  21.0) 

—  Lis  eux.   27  75  20  50        »  23. uo 

Côtes -du- Nord  Pontrieiix  26.50  »  i5  50  lo.7S 

—  Tie^.iier 2m.oo  »  1500  16  25 

Finistère     Morlaix 26.75  21.00  17  oo  16. Ih 

-      Qiiiailier 28.25  2i.oO  16  00  16   00 

Ille  et-Vilaine  .  Kenties.  25.75  »            »            » 

—  Sl-Malo 26.50  »  19.00  20.00 

Manche.  wrHDches  ....  28.00  20.25  19.50  21. ou 

—  Porilorson 27.00  »  18. dO  21.00 

—  ViUedi^ii 28.75  20.00  19.75  23  oO 

Mayenne.   Lava'... 2o.oo  »  IT  oo        » 

—  Chàleau-Gonlier..  26. 5i  i  is.OO  19.00 
Morbihan.  Heimelmiil..  26  00  19.00  •  17.00 
Orne.   Seez 26  25  20.00  19.50  17. i5 

—  Vimouiiers 27.80  »  19.50  20. t5 

Sarthe.    I.e  Mans 26.25  18.50  17.25  21.75 

— ■    Sablé 26  oO  »  17  00        • 

Prix  moyens 27.01  20.30  17.83  19. 3J 

3*  RBOION.  —  NORD. 

Aisne    Soissons 26.30  20.50 

—  Si-Quentin 27. oo 

—  Villtrs  Cotterets. .  7600 
Eure.  Evreux 26  00 

—  P.icy 10.50  20.2»  20  30 

—  Beiriay 26  50  ltt.75  2o.uo 

Eure-et-Loir .  Chartres.   27.25  2(i.50  18.50 

—  AiiUeaii 28  00 

—  Nogeiii-le  Rotrou-   2". 25 


A^ord, Cambrai 27.00 

—  Douai    27   2b 

—  Valenciennes  ....  26.00 
Oise.  Beanvais  ....... .    7b. 2b 

—  Corapiegne 26. co 

—  Novon 26.25 

Pas  de-Calais.  Arras  .. .   29. oO 

—  Sani-oiiier 27.00 

Seine    P  ris  . 27.75 

S.-et-Marne  Meaiis 2»  50 

—  Daiiiin.irun 26.75 

—  Provins    27  50 

S.-et-Oise    Dourdan  ....  28.00 

—  PoMioise 27  25 

—  Rambouillet 26.00 

Seine-Inférieure  Koiien    2.S.45 

—  Dijppe 27.25 

—  Yvelot 26  00 

Somme.    Abheville 27.00 

—  Péronoe 26. oo 

—  Roye 2500     

Prix  moyeas 26.66     19.68 

Z'  RBdloN.  —  NORD- EST 


IS.OO 
19  75 
20.00 
20. 2i 
la. 75 
2(1.50 
19  65 
18.00 
19.50 
18.50 
21.50 
18  00 
20.25 
20.25 
lir.50 
19.75 
21  25 
19.50 
19.50 
21.75 
21.00 
21.00 
18.25 
20.65 
19.75 
20.00 


18.00 
18  75 
19.00 


18.60 
19.50 
19.75 
19.50 

19.75 


18.53 
18.75 
18.50 
19.^0 
19.50 
19. JO 
17.50 
17.00 
20  UO 
19.50 
18.25 


15.20 
20  00 
18.5» 

18  00 
20  00 

19  LO 
19.00 
(9  25 
17  25 
15  50 
17  00 
17.25 
17. KO 
18.00 
17  50 

17  00 
17.25 
19.25 

18  75 
18.  0 

19  00 

19  50 

20  uo 
17.75 
2J.50 
2U.00 
16.75 
19.00 
17  50 
17.00 


19.20     20.34 


5*   RÉOION.  —  CENTRB. 


Ardennes    Charleville. .  25  50 

Aube.  Bar-snr  Aube  ...  26.50 

«-      Méry-siir-SHine...    -^7.70 

—  Nogent-surSelne.  28.25 
Morne. Cbàiorib 26  75 

—  Epernay 25  50 

—  Reins 26. 00 

—  Séîanne 26  25 

Hte-Marne    Bourbonne  .   26.00 
Meurihe-vt-Mo>!etle  >iHncy  27.50 

—  Poni-à-iMoa?son..    27.25 

—  Toul  27.50 

Meuse.  Bar-le-Duc 26  50 

—  Verdun 26.00 

Haute-Saône    Gray 27 .  00 

—  Vh>.,ui 26.70 

y^osges.  Neufchàteau...  26  50 

—  Rdon-léiape 26.70 

Prix  moyens 26.67 

4*  RÉaiON.   —  Ol 
Charente.  Angoulème..  27.50 


17.00 

17.50 

17.  VI 

19. 2S 

19.(10 

18.50 

19  lO 

17   00 

15  25 

16.50 

16.00 

17   00 

»  18.00      17.2b' 

20.00      18.50      le.i'O 

t  »  16  00 

»  14.80     15.70 

19.60         »  15.20 

»  .  15.50 

19.87      18.78      16.98 


18.25 
18.50 
21  25 
21.00 
21.75 

18  50 
20.25 
19.25 

21.00 
20.00 

19  00 


19.00 
17.75 
18.50 
19.50 
20.75 
19.50 
20  00 
18.50 

20.00 
20.00 
18.25 


—  R.iffpn 
Charente  Infér  Varans. 
Deux  Sèvres .  Niort.... 
ndre-ei.i.oire.  Tonrs.. 


29  00 
25  75 
28  00 
28.00 


—  Blere.   26.00 

—  Châiean-Renault.   27.00 

Loir><j-M/.  Sautes 26.50 

M.-«<-'oir«.  saumur    .  .  26  40 
Vendée.   Lnçou 26  oo 

—  Font-nay 2S.80 

Fienne  Poitiers 29  25 

—  Monimurillon.  .  ..  27  00        » 
Haute-Vienne.    Limoges  27.00     19.50 

Prix  moyens .,  27.01     19.07 


18.00 
19.50 


18.50 
18.00 
17.00 
20.25 
19.75 
19.75 

20.50 


19.00 
18.25 
18.50 
19.25 
20  00 
20.74 
20.00 
19.75 
18.50 
20.00 


18.0" 
11   uil 

17  75 
18.00 
17.01) 
20.70 

s 
18. 00 
17.25 

18  00 
17  00 
18.00 


Blé.  Seigle. 

fr.  fr. 

Allier.  Moulins 27  80  18.50 

—  Montliii^oa 26.75  2o  00 

—  Gannat 28.50  » 

C/ier. Bourse 4 27  00  18  00 

—  Graçay 28.25  •/'.25 

—  Vierzôn 27-75  18.50 

Creuse.  Anbnsson 27.20  18.75 

Indre.  Châteauroux.. . .   25.00  19  00 

—  Issoiidtin 27   50  18.40 

—  Valençay 26.00  20.00 

Loiret.   Orléans 27.50  20  2b 

—  Oien 26.75  16.50 

—  Pitîviers 27.50  22.25 

Loir-et-Cher.  Hlois 27. 25  18  50 

—  Montoire 26  00  17.75 

Nièvre.    Nevers 26.50  » 

—  Cosne    26.50  18.25 

Vanne.  Brienon 27  50  20  25 

—  Joigny.   27.00  18.4s 

—  Sens 28  00  19   75 

Prix  moyens 27.il  19, 07 

6"  RÉGION.   —    EST. 


Orge. 

fr. 
20.00 

20.25 


20.00 

18  50 
20.00 

18.00 
20  25 
19.50 
18.75 

19  00 
19.00 
19.50 
20.00 

18  00 
18  75 
18.75 
20.00 


Ain.   Bourg 2'3.oo 

—  Pont-de-Vaui.   ..  28  00 
Côte  d'Or    Dijon 27  5o 

—  Beaune 27.75 

Doubs     Besançon 27  25 

Isère.  Grand-Lemps 28  00 

—  Bonrgoin. 28  00 

Jura.  Dole 27  00 

Loire.  Charlieu 29  00 

P  -rfe  Oômiî  Clermonl  F.'  32  00 

Rhône.  Lyon 29.00 

S'iône-et-Lnire.    Chalon.   28  25 

—  Maçon 28.50 

Savoie.  Chambery 28  50 

//te-Sauote.  Annecy 28.75 

,.  28.43 


19.50 
18.73 
20.00 


18.01 
17.25 
19.50 
1»  25 
18. bO 
19. 50 
19.25 
19.50 


17.50 
16  50 
19.00 
17.00 
18.50 
21.50 


75 


AToine. 

fr. 

18  00 
18.75 
17.50 
16  50 
17.00 
17.55 
20.00 
16.75 
17.25 
16.50 
19.75 
17.25 
18  80 
18.00 
16  80 
17.00 
16.50 
18.00 
17.00 
17.50 


17.00 
16.50 
16.75 
16.50 
17.20 
17.00 

16  3S 
17.00 
18.75 

■ 
17. 00 

17  00 
16.50 


Prix  moyens.. 

7 


18.90     1 
Sro-OITGST. 


Ari/'-g*.  Pamiers 28 

Dordogne    Bergerac...   29 
Hle-Garonne.  Touiouse.   28 

—  vyiefranche-Laur.  28 
Gers.  Condom 28 

—  Eauze 27 

—  Mirande 26. 

Gironde.    Bordeaux....  27. 

—  Laréole 28 

Landes.  Dax 28 

Lot-et-Gnronne.  Agen..  28. 

—  Marmaude 27. 

B.-Pj/r«néB«.  Bayonne. .  27 
Htes-Pyrénees.  Tarbes.  27 

Prix  moyens 27 

8'   RÉaiON. 

Aude.    Castelmadary..   29. 
.Aveyron.    villefranche.  27. 

Cantal.   .Mauriac 28. 

Cnrreze,  Loberzac 28 

Hérault.  C-itte 28 

Lot.  Pigeac 28 

Lozère,  \lende 28 

—  Marvejols 27. 

—  Florac 31. 

Pyrénées-Or.  Perpignan  26 

Tarn.  Albi 27. 

Tarn-et-Gar.  Montauban  28 


00  18.00 
00  19. 2ï 
00  19.75 
25  19.50 
00  • 
80  » 

50         -a 
25     20   50 
00     18.50 
9.75 
9.5» 
9.00 
25      19.25 
50      19.00 

80     19.28 


00     20.50 


25 


50 


Prix  moyens. 


Basses-Alpes.  Manosque 
Hautes- Alpes.  Bnançon 
Alpes-Maritimes  Cannes 

Ardeche.  Privas 

B.du-Rhône.  Aix 

Drô-)ne.    Valence 

Gard.  Nimes 

Haule-Lotre..  Le  Puy.... 

Kar.  Draguignan   

Vaucluxe.  Carpe ntras... 

Prix  moyens 

Moy.  de  toute  la  France 
—  de  1  isemaine  precéd. 


précédente. 


50  19  50 

35  24  30 

75  19.25 
25    » 

50  20.00 

55  2?. 55 

10  23.65 

20  22.90 

30  2(1.00 

50  19.25 

00  20.00 

28.25   21.08 
—  SPD-K8T, 

29.00    » 

29.50 

29.25 

29.60 

30.25 

29. 2i 

28.50 

30.25 

29.50 

30.00 

29.54 
27.60 
27.03 


19.00 

19  25 

20  05 

20  75 
2(1.25 
20.00 


19.88 
19  90 
19  77 


17.00 
18.00 


18. 2-. 
17T75 
19.50 


20.00 
19.50 
20.25 
20.30 

22.15 
23.00 
19.25 
18  50 

20.27 


19.75 
18.75 
18.25 
20.50 
18.00 
18.50 
21. 00 

19.00 
19   21 

18  98 
19.09 


20.00 
20,50 
30.35 
19.25 
20.25 
30  00 
19  25 
19.75 


20.00 
19.50 
19.75 
19.50 

19.83 


19.50 
17.00 
23.25 
20.75 
18.40 
20.75 
23.35 

21.40 
24.45 
20.00 
20.00 

20.80 


25.15 
20.25 
20  00 
20.80 
20.00 
17.50 
20.50 
17.75 
20.25 
20.00 
20.22 
18.94 
18.80 


76  REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX-COURANT 

Blé.  Seigle.  Orge.  Avoine, 

fr.  il.  fr.               ir. 

Algérie.                  Alger 2G.00  »  lo.50  16  00 

Angleterre.              Londres 27.40  »  20.00  20.50 

Belgique.                 Anvers 24. 25  21  75  21.75  18.00 

—  Bruxelles 26.00  22. .50  »  18.65 

—  Liège 25  50  21.75  22.00  17.25 

—  Namur 24.00  20  50  20.00  17.00 

Pays-Bas.                Amsterdam 24.50  24.00 

Luxembourg.  Luxembourg 28  50        24  00        23.00        18  00 

Alsace- Lorraine.        Strasbourg 28.50        24.50        22.50        17  50 

—  Colmar 28  00        22.75        21  .lO        18.25 

—  Mulhouse 28.25  23.00  22.25        20.00 

Atlemagne.  Berlin... 26  35  25.00  »                « 

—  Cologne 26  85  26  25 

—  Hambourg 24.75  23  50  • 

Sutsse.  Genève 29  00  »  •  17.50 

—  Lausanne 28.75  •  »  17.25 

Italie.  Milan 28  00  21. .50  »  19  00 

Autriche.  Vienne 24.00  2175  18.00  15  25 

Hongrie.  Budapesth... 23  00  20.50  14.25  12  50 

Russie.  Saint-Pétersbourg...  24.50  22.00  »  13.00 

Espagne.  Valladolid 26.00  »  .  14  50 

Etals-Unis.  New-Vork 21. 20  »  »  ■ 

Blés.  —  Dans  notre  dernière  revue,  nous  avons  dit  que  la  baisse  qui  s'était 
manifestée  pendant  quelques  semaines  sur  la  plupart  des  marchés  en  France, 
était  enrayée,  et  que  les  cours  accusaient  une  grande  fermeté.  Cette  situation  s'est 
maintenue  cette  semaine,  ainsi  que  le  constatent  les  cours  que  nous  enregistrons 
pour  la  plupart  des  marchés.  Ce  n'est  pas  seulement  en  France  que  les  choses  se 
passent  ainsi;  dans  le  plus  grand  nombre  des  autres  pays,  il  eu  est  de  même, 
jusqu'en  Amérique  dont  les  marchés  accusent  une  grande  fermeté.  Ajoutons  que 
les  nouvelles  de  la  pénurie  de  la  récolte  dans  une  partie  de  l'Allemagne  et  dans 
beaucoup  de  provinces  russes  se  confirment  de  plus  en  plus.  —  A  la  halle  de 
Paris,  le  mercredi  6  octobre,  les  offres  u'étaient  pas  plus  abondantes  que  la 
semaine  précédente  ;  les  affaires  ont  été  restreintes,  et  les  prix  bien  tenus.  On 
cotait  de  27  à  28  fr.  50  par  100  kilog.  suivant  les  qualités.  Le  prix  moyen  s'est 
fixé  à  27  fr.  75,  comme  mercredi  dernier.  —  Sur  le  marché  des  blés  à  livrer,  on 
payait  par  100  kilog.  :  courant  du  mois,  27  fr.  75;  novembre,  27  fr.  25; 
novembre  et  décembre,  27  à  27  fr.  25;  quatre  mois  de  novembre,  26  fr.;  quatre 
mois  de  novembre,  27  fr.  —  Au  Havre,  les  affaires  sont  assez  calmes  pour  les 
blés  d'Amérique,  mais  les  cours  sont  bien  tenus  aux  taux  de  la  semaine  dernière. 
—  A  Marseille,  les  arrivages  de  la  semaine  ont  été  considérables;  ils  ont  dépassé 
300,000  hectolitres.  Le  stock  reste,  dans  les  docks,  sans  changements,  à  94,500 
quintaux.  Au  dernier  marché,  on  payait  par  100  kilog.  :  Berdianska,  31  fr.  25; 
Pologne,  26  fr.  50  à  27  fr.  50;  Irka,  26  fr.  50  à  -^8  fr.;  Richelles,  blanches, 
29  fr.  25;  Azoff,  durs,  26  fr.  50  à  27  fr.;  Tuzelles  d'Oran,  29  à  3û  fr.  50.  —  A 
Londres,  le  marché  accuse  aussi  une  grande  fermeté;  pendant  la  semaine,  les 
arrivages  de  blés  étrangers  ont  été  de  1 16,000  quintaux  ;  au  dernier  jour,  on  cotait 
de  26  fr.  65  à  29  fr.  par  100  kilog.  suivant  les  provenances  et  les  qualités. 

Farines.  —  Les  cours  des  farines  ont  peu  varié  depuis  huit  jours,  avec  des 
affaires  assez  calmes.  En  ce  qui  concerne  les  farines  de  consommation,  elles 
étaient  payées  à  la  halle  de  Paris,  le  mercredi  6  octobre  :  marque  D,  60  fr.; 
marques  de  choix,  62  à  63  fr.  ;  bonnes  marques,  60  à  61  fr.;  sortes  ordinaires, 
58à59fr.;  le  tout  par  sac  de  159  kilog.,  toile  à  rendre,  ou  157  kilog.  net,  ce  qui 
correspond  aux  prix  extrêmes  de  36  l'r.  95  à  40  fr.  10  par  100  kilog.,  ou 
en  moyenne  38  fr.  55,  comme  mercredi  dernier.  —  Pour  les  farines  de  spécu- 
lation, les  cours  accusent  une  grande  fermeté.  On  cotait  à  Paris,  le  mercredi 
6  octobre,  au  soir,  à  Paris  :  farines  huil-marques,  courant  du  mois,  58  fr.  25  à 
58  fr.  5U;  novembre,  57  fr.  25  à  57  fr.  50;  novembre  et  décembre,  57  fr.  25; 
quatre  mois  de  novembre,  57  fr.;  quatre  premiers  mois,  56  fr.  75  à  57  fr.;  le  tout 
par  sac  de  159  kilog.  net  :  farines  supérieures,  couLrânt  du  mois,  37  fr.  à  37  fr.  25 
novembre,  3.i  fr.  50  à  36  fr.  75;  novembre  et  décembre,  36  fr.  25  à  36  fr.  50 
quatre  mois  de  novembre,  36  fr.  25;  quatre  premiers  mois,  36  fr.  25  à  36  fr.  50 
le  tout  par  sac  de  100  kilog.  —  La  cote  officielle,  en  disponible,  a  été  établie  comme 
il  suit,  pour  chacun  des  jours  de  la  semaine  : 

Dates  (octobre).  30  1"  2  4  5  6 

Farines  huit-mariTues (157  kilog).   .57.60        57.75  57.50  57.85  58.25        58.50 

—      supérieures  (100  kilog).     37.50        37.25  36  75  36.75  37.00        37.15 


DES   DENRÉES    AGRICOLES  (9  OCTOBRE   1880).  7  7 

Le  prix  moyen  a  été  de  58  fr.  par  157  kilo;^.  pour  les  farines  huit-marques,  et 
de  37  fr.  par  quintal  métrique  pour  les  farines  supérieures.  Il  y  a  peu  d'af- 
faires sur  les  farines  deuxièines;  elles  sont  cotées  de  28  à  33  fr.  comme  mercredi 
dernier. 

Seigles.  —  C'est  encore  de  la  hausse  que  nous  devons  enregistrer  sur  les  sei- 
gles qui  sont  payés  à  la  halle  de  Pans,  de  21  à  21  fr.  50  par  100  kilog.  — 
Quant  aux  farines,  les  cours  demeurent  fixés  de  29  à  31  fr.  par  ([uintal  métrique. 

Orge:;.  —  Il  y  a  toujours  des  transactions  assez  actives  sur  les  orges  ;  les  prix 
sont  ceux  de  la  semaine  dernière.  On  cote  de  18  fr.  50  à  20  fr.  50  par  100  ki- 
log. suivant  les  sortes  à  la  halle  de  Paris.  Les  escourgeons  valent  de  19  fr.  50 
à  20  fr. —  A  Londres,  les  transactions  sont  assez  actives;  les  cours  se  fixent  de 
19'  fr.  80  à  21  fr.  55  par  quintal  métrique,  suivant  les  sortes. 

Avoines  —  Mêmes  cours  que  la  semaine  précédente  à  la  halle  de  Paris,  mais 
avec  une  grande  fermeté  dans  les  prix,  caries  demcndes  sont  actives.  On  cote  de 
18  fr.  2.^  à  20  fr.  25  par  quintal  métrique,  suivant  poids,  couleur  et  ({uaiité.  — 
A  Londres,  les  arrivages  en  avoines  étrangères  sont  assez  abondante;  les  cours 
accusent  beaucoup  de  fermeté;  on  cote  de  18  à  21  fr.  85  par  100  kilog.  suivant 
les  sortes. 

Sarrasin.  —  Les  cours  varient  peu.  On  paye  à  la  halle  de  Paris,  de  18  fr.  50 
à  20  fr.  par  100  kilog.,  suivant  lessortes  pour  les  sarrasins  nouveaux. 

Maïs.  —  Peu  d'affaires  sur  les  maïs  d'Amérique  qui  sont  cotés  à  la  halle  de 
Paris,  de   14   fr.   25  à  14  fr.  50  par  100  kilog. 

Issues.  —  Mêmes  prix  que  précédemment.  On  paye  à  la  halle  de  Paris  par 
10 J  kilog.  :  gros  son  seul,  l.-i  fr.  75 à  14  fr.;  son  trois  cases,  13  fr,  25  à  13  fr.  50; 
sons  fins,  12  fr.  50  à  13  fr.;  recoupettes,  12  à  12  fr.  50;  remoulages  bis,  14  à 
15  fr.;  remoulages  blancs,  16  à  18  fr. 

III.  —  Vins,   spiritueux,  vinaigres,  cidres. 

Vins.  —  Les  vendanges  continuent  avec  un  remarquable  entrain.  Quand  ces 
lignes  paraîtront,  le  Midi  aura  terminé  sa  récolte  et  les  vignobles  du  Centre  et  du 
Centre-Nord  seront  en  pleine  cueillette.  Dans  l'Hérault,  l'Aude,  le  Gard,  les  Py- 
rénées-Orientales, des  achats  importants  se  concluent  à  des  prix  relativement  très 
élevés.  De  Béziers  on  nous  écrit  :  «  L'empressement  que  l'on  a  apporté  aux  ventes 
faites,  ces  jours-ci,  semble  indiquer  que  cette  effervescence  est  loin  de  vouloir  se 
calmer  et  qu'elle  se  maintiendra  quelques  semaines  encore,  mais  nous  n'oserons 
le  garantir.  Nous  croyons  même,  qu  il  serait  prudent,  de  la  part  des  propriétaires, 
de  profiter  de  cet  élan  pour  vendre  avantageusement  leur  récolte;  un  moment 
d'arrêt  pourrait  bien  suffire  pour  paralyser  cette  fiévreuse  activité  dans  les  achats. 
L'ensemble  de  toutes  les  ventes  de  la  semaine,  qu'il  serait  trop  long  d'énumérer, 
ne  s'élève  pas  à  moins  de  150, lOO  hectolitres  environ,  et  nous  ne  comptons  pas  dans 
ce  chiffre  les  ventes  d'excédants,  faites  en  assez  grandes  quantités.  »  A  Pézenas, 
•  les  petits  vins  se  payent  22  à  25  fr.  l'hectolitre,  au  lieu  de  18  à  21  fr.  qu'on  les 
payait  l'an  dernier;  les  vins  moyens,  26  à  30  fr.,  et  les  vins  dé  1"  choix,  suivant 
mérite,  de  30  à  35  fr.  Dans  le  JBeaujolais  et  le  Maçonnais,  on  a  traité  quelques 
vins  nouveaux  aux  cours  de  100  à  lio  fr.  la  pièce  de  216  litres,  vin  nu,  pris  au 
pressoir.  Dans  le  Bordelais,  les  vins  blancs  se  traitent,  assure-t-on,  au  prix  de 
300  à  350  fr.  le  tonneau  de  quatre  barriques,  suivant  qualité.  A  Nérac,  dans  le 
Lot-et-Garonne,  on  nous  signale  une  vente  au  prix  de  480  fr.,  le  tonneau  logé. 
Dans  les  côtes  châlonnaises,  à  Givry,  les  propriétaires  demandent  100  et  105  fr. 
les  228  litres  nus ,  de  leurs  vins  nouveaux;  cependant,  on  a  vendu  en  premier  choix 
plusieurs  lots  au  prix  de  94  à  96  fr.,  et  en  deuxième  choix,  80  à  85  fr.  Dans 
l'Orléanais,  la  récolte  est  pour  ainsi  dire  nulle,  aussi  demande-t-on  aujourd'hui 
100  à  120  fr.  de  la  pièce  de  230  litres,  vin  logé.  En  Poitou,  il  n'y  a  pour  ainsi 
dire  pas  de  vin  rouge,  mais  on  aura  du  vin  blanc;  celui-ci  vaut  60  a  65  fr.  les 
270  litres  nus.  En  Provence,  dans  le  Var,  les  vendanges  sont  terminées,  il  n'y  a 
pas  encore  de  prix  arrêtés  :  on  parle  de  40  fr.  l'hectoUtre  pris  chez  le  propriétaire, 
ce  qui  nous  semble  considérable.  Ej  Sologne,  le  vin  blanc  bourra,  1880,  vaut 
68  à  72  fr..  les  2.8  htres  nu.  Telle  est  aujourd'hui,  à  vol  d'oiseau,  la  situation  de 
nos  vignobles. 

Spiritueux.  —  Les  cours  se  sont  relevés,  au  début  delà  semaine  :  de  61  fr.  25, 
ils  ont  fait  successivement  :  61  fr.  7ô,  62  fr.  75  et  sont  redescendus  à  62  fr.  50. 
Voici  ce  que  nous  lisons,  dans  un  journal  ordinairement  bien  informé,  à  propos 
des  incertitudes  qui  régissent  actuellement   le  marché  :  «  Nous  continuons  à  re- 


78  REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX-COURANT 

marquer  beaucoup  de  calme  dans  les  transactions  sur  la  prochaine  campagne;  on 
connaît  à  peu  près  le  résultat  de  ce  qui  vient  de  se  terminer;  les  ressourcées  ont 
un  peu  d(''passé  les  prévisions  et  les  hauts  |)iix  n'ont  pu  se  maintenir  loiiii^temps, 
malgré  les  ellorts  tentés,  en  avril  dernier,  par  les  détenteurs  du  stock.  Nous  ne 
croyons  pas  àde  bit-n  grandes  variations  jiendant  la  nouvelle  campagne,  et  la 
spéculatinn  paraît  as^ez  de  cet  avis  pour  l'instant,  puisqu'un  écart  de  5  centimes, 
entre  l'offie  et  la  demande  empêche,  la  plupart  du  temps,  les  tiansactions  d'abou- 
tir. »  Le  stock  aujourd'hui  est  de7,^50  pipes  contre  7,800  en  18"9.  A  L'Ile,  les 
cours  sont  sans  variations,  ils  restent  stationnaiies  entre  62  et  62  Ir.  50  II  en 
est  de  même  des  marchés  du  Midi,  qui  sont  sans  changements.  Le  marché  alle- 
mand accuse  delà  baisse.  A  Paris,  on  cote  3/6  betterave,  1"  qualité,  oO  degrés 
disponible  63  fr.  75,  novembre  et  décembre  b-z  f'r.  50  à  62  fr,  75,  quatre  premiers 
60  fr. 

Vinniqres.  —  On  nous  écrit  d'Orléans  :  «  On  cote  les  vinaigres  l*'  choix,  de 
28  à  35  fr.;  2«  choix,  de  23  à  27  fr.  l'hectolitre  nu,  pris  à  Orléans,  payable  à 
30  jours,  2  pour  100  d'escompte. 

Cidres.  — Rien  de  nouveau,  quant  à  présent,  nous,  espérons,  sous  peu,  avoir 
quelques  renseignements  sur  les  cidres  nouveaux,  dont  la  récolte,  quoiqu'il  arrive, 
sera  des  plus  réduites. 

IV.  —  Sucres.  —  Mélassex.   —  Fécules.  —  Glucoses.  — Amidons. —  Houblons. 

Sucres.  —  Après  un  peu  de  baisse  sur  les  sucres  bruts  pendant  les  premiers 
jours  de  la  seraame,  les  cours  ont  repris  faveur  et  sont  maintenant  très  fermes  pour 
toutes  les  sortes.  Depuis  le  1^"'  octobre,  les  anciens  types  sont  supprimés,  et  les 
cours  des  sucres  bruts  s'établissent  pour  les  sucres  88  degrés  et  les  sucres  blancs. 
On  paye  à  Paris  par  100  kilog.  :  sucres  bruts  8^i  degrés  saccharimétriques.  53  fr.; 
sucres  blancs  n»  3,  60  fr.  7o  à  61  fr  ;  à  Péronne,  59  fr.;  à  Lille,  o8  fr.  50  à 
60  fr.;  à  Saint-Quentin,  59  fr.  25  à  62  fr.  Le  stock  de  l'entrepôt  réel  des  sucres  à 
Paris  était,  au  6  octobre,  de  16S.000  sacs  pour  les  sucres  inligènes,  avec  une 
diminution  de  7,tOO  sacs  depuis  huit  jours  —  Pour  les  sucres  ralfîués,  il  y  a  une 
demande  active  pour  la  consommation  intérieure,  les  prix  sont  bien  tenus  de  112 
115  fr.  par  100  kilog.  pour  l'intérieur,  et  de  70  fr.  25  à  73  fr  5  -  pour  l'exporta- 
tion.  —  A  Londres,  les  prix  accusent,  pour  toutes  les  sortes,  moins  de  fermeté 
que  la  semaine  précédente. 

Mélasses.  —  Il  y  a  un  peu  de  faihlesse  dans  les  cours  On  paye  à  Paris  12  fr.  50 
par  100  kilog.  pour  les  mélasses  de  fabrique,  13  fr.  50  pour  celles  de  raffinerie. 

Fécales  —  Les  prix  continuent  à  accuser  de  la  baisse.  On  paye  à  Pans  32  fr. 
à  32  fr.  50  par  00  kilog.  pour  les  fécules  premières  du  rayon  ;  à  (^ompiègne,  32  fr. 
pour  celles  de  l'Oise.  Les  fécules  vertes  disponibles  valent  de  21  fr.  .0  à  22  fr. 
—  Les  pommes  de  terre  pour  féculerie  sont  payées  3  fr.  50  à  4  fr.  par  100  kilog. 

Glucoses.  —  Les  demandes  sont  peu  actives  et  les  prix  sont  en  baisse.  Ou  paye 
à  Paris  par  lOO  kilog  :  sirop  premier  blanc  de  cristal,  59  à  60  fr.  ;  sirop  massé, 
48  à  50  tr.;  sirop  liquide,  38  à  40  fr. 

Amido  is.  —  Les  ventes  sont  peu  importantes,  mais  les  prix  se  maintiennent. 
On  cote  par  lOo  kilog.  :  amidon  de  pur  froment,  en  paquets,  7u  à  72  fr.;  ami- 
don de  province,  ••  0  à  62  fr.;  amidon  de  maïs,   40  à  42  fr. 

Houblon^.  —  Les  nouvelles  de  la  ré;^olte  accusent  généralement  une  bonne  qua- 
lité ;  les  affaires  sur  le  plus  grand  nombre  des  marchés  sont  encore  peu  impor- 
tantes cette  senaine.  On  cote,  suivant  les  régions,  par  quintal  métri  |ue.  Alost, 
90fr.  à  100  fr.;  Poperinghe,  140  fr.;  Bousier,  130  fr.  à  140  fr.;  Busigny,  140  à 
160  fr.;  Dijon,  160  fr.  pour  les  belles  qualités. 

V. —  Huiles  et  graines  oléagineuses. 

Huiles.  — Les  affaires  sont  peu  importantes,  et  les  prix  sont  sans  cliRngements 
pour  les  huiles  de  colza.  On  cote  à  Paris  par  100  kil.  :  huile  de  colza  en  tous 
fiàts,  75fr.;  ea  tonnes,  77  fr.;  épurée  en  tonnes^  85  fr.  ;  huile  de  lin  en  tous  fiits, 
71  fr.  25;  en  tonnes,  73  fr.  25.  —  Sur  les  marchés  des  départements,  on  paye  les 
huiles  de  coIzh  :  Gaen,  70  fr.  50;  Rouen,  74  fr.  50;  Arras,  7d  fr.  à  76  fr.  50; 
Cambrai,  71  fr.;  et  pour  les  autres  sortes  :  œillette,  136  fr,  ;  lin,  6->  fr.  —  A 
Marseille  les  affaires  sont  calmes  sur  les  tiuiles  de  graines;  quant  à  celles  d'olive, 
les  qualités  comestibles  sont  cotées  de  135  à  190  fr.  par  quintal  métri.^ue  à  la 
consommation. 

Graines  oléagineuses.  —  Il  y  a  un  peu  de  baisse  dans  les  prix.  On  paie  dansle 
Nord  par  hectolitre  :  œillette  nouvelle,  34  fr.  à  35  fr.  50;  colza,  21  fr.  à22fr.;  lia, 


DES  DENRÉES  AGRICOLES   (9  OCTOBRE  1880;.  79 

22fr.à23fr.;  cameline,  12  fr.  à  17fr.;    —   à  Rouen  par  100  kil.   :  colza,  32  fr.  à 
33  fr. 

VI.  —  Tourteaux.  —  Noirs.  —  Engrais. 

Tourteaux.  — Les  prix  se  raaintieanent  biea  sur  les  divers  marchés.  On  paye 
à  Garabiai  par  100  kilog.  :  tourteaux  d'oeillette,  17  fr.  50  à  H  fr.;  de  colza,  16  tr. 
à  18  fr.  ;  de  lin,  zb  fr.  60  à  26  fr.  50;  de  cameline,  17  fr.  50;  —  à  Rouen,  tour- 
teaux de  colza,  15  fr.  25  ;  d'arachides,  en  coques,  12  fr.;  de  sésame,  16  fr.;  de  lin, 
24  fr.  — A  Marseille,  hausse  sur  les  arachides  décortiquées  cotées  16  fr.;  les  sé- 
sames, 16  fr.  2o;  les  œillettes,  14  fr.  50. 

Noirx.  —  On  cote  à  Valenciennes  :  noir  animal  neuf  en  grains,  32  fr.  par 
100   kilog.;    noirs  d'engrais  vieux   grains,  8   à   9  fr.  par  hectolitre.;    de  lavage, 

2  à  4  fr. 

VII.  —  Matières    rf^sineuses,  colorantes    et  tannantes. 
Matières  résineuses.  —  Les  cours  accusent  toujours  une  grande    fermeté.  On 
paye  à  Bordeaux,  73  fr.  par  100  kilog.  pour  l'essence  pure  de  térébenthine;  à  Dax, 
69  fr. 

VIII.  —  Suifs  et  corps  gras,  cuirs  et  peaux. 
Suifs.  —  Les  cours  accusent  un  peu  de  faiblesse.    On  paye  à  Paris,  85  fr.  par 
100  kilog.  pour  les  suifs  purs  de  l'abat  de  la  boucherie. 

Cuirs  et  peaux.  —  Aux  ventes  mensuelles  de  la  boucherie,  le  30  septembre,  on 
payait  par  100  kilog.  :  bœufs,  90  fr.  20  à  116  fr.  80;  vaches,  96  fr.  oO  à  89  fr.  50; 
taureaux,  86  fr.  90  ;  veaux,  120  fr.  60  à  165  fr.  25. 

IX.  —  Beurres.    ■—  Œufs.  —  Promages.  —  Volailles  et  gibier. 
Beurres,  —  On  a  vendu,  pendant  la  semaine,  à  la  halle  de  Paris,  229,755  kilog. 
de  beurres.  Au  dernier  jour,   on    payait    par  kilog.:   en   demi  kilog.,   2  fr.  20  à 

3  fr.  98;  petits  beurres,    1   fr.  62  à  2   fr.  94  ;  Gournay,  2   fr.  20   à   4   fr.    30; 
Isigny,2  fr.  20  à  5  fr.  70. 

Œufs.  —  Du  28  septembre  au  3  octobre,  il  a  été  vendu  à  la  halle  de  Paris 
3,478,105  œufs.  Au  dernier  marché,  on  payait  par  mille  :  choix,  106  à  130  fr.; 
ordinaires,  72  à  118  fr  ;  petits,  59  fr.  à  7  0  fr. 

Fromages.  —  Dernier  cours  de  la  halle  de  Paris  :  par  douzaine,  Brie,  6  à 
81  fr.;  Monthléry,  15  fr.;  par  cent.  Livarot,  25  à  93  fr.;  Mont-d'Or,  8  à  32  fr.; 
Neufchâtel,  4  à  27  fr,;  divers,  6  à  62  fr.;  par  100  kilog.,   Gruyère,  134  à  170  fr. 

X.   —  Chevaux.  —   Bétail.  —  Viande. 
Chevaux.  —  Aux  marchés  des  29  septembre  et  2  octobre,  à  Paris,  on  comptait  963 
chevaux.  Sur  ce  nombre,  411  ont  été  vendus  comme  il  suit  : 


Cbevsiux  de  cabriolet   ...  . . 

Amenés. 
. ..    .           204 

Vendus 
43 
93 
137 
28 
110 

.   Prix  extrêmes. 
300  à   1,015  fr. 

—        (le  trait 

3:i3 

300  â   1,315 

—        hors  d'âge 

288 

30   i   1,080 

—        à  l'enctière 

28 

45  à       3t0 

—        de  boucherie 

110 

25  à       115 

Anes  et  chèvres.  —  Aux  mêmes  marchés,  on  comptait  16  ânes  dont  8  ont  été 
vendus  de  35  à  95  fr. 

Bétail.  —  Le  tableau  suivant  résume  le  mouvement  du  marché  aux  bestiaux  de 
la  Yillette,  du  jeudi  30  septembre  au  mardi  5  octobre  : 

Poids        Prix  dn  kilog.  de  viande  sur  pied 
Veadus  moyea     au  marché  du  luadi  4octobre, 

Pour        Pour  En         k  quartiers,  l"  2«  3«  Prix 

Amenés.       Paris.  l'extérieur     totalité.  M.         quai.       quai.         quai.        moyen. 

Bœufs 5.176        3,455         L,h3û        4.985        346        1.66       l  50         1.16  1.42 

Vaches 1,501  704  709        1,413        235        1.52       1.36        1-10  l.Sj 

Taureaux 364  209  36  2.55        375        1.32       1.18        1.00  l.l6 

Veaux 3,765        2,743  911        3,654  76        2.00       1.90         1.50  I.75 

Moutons 43.815      31.240       il, 305      42..Ô45  19         1.98       1.66         1.38  1  67 

Porcs  gris 5,928        2,3jO        3,598        5,928  87        1  bû      1.54        1.48  I.55 

—    maitfres,  5  »  2  2  25         1.40  »  »  1.4o 

Les  approvisionnements  dumarchéont  été  moins  considérables,  principalement 
pour  les  gros  animaux  ;  d'un  autre  côté,  la  consommation  augmentant  dans  des 
proportions  sensibles  ;  les  ventes  ont  été  actives  pour  toutes  les  catégories,  et  les 
prix  sont  sensiblement  supérieurs  à  ceux  de  la  semaine  précédente.  Les  bœufs, 
les  vaches  et  les  veaux  ont  principalement  profité  di  ce  mouvement  de  reprise, 

A  Londres,  les  importations  d'animiux  étrangers,  durant  la  semaine  dernière, 
se  sont  composées  de  12,885  têces,  dont  22  bjeufs,  109  veaux,  2,548   moulons  et 


80  REVUE  COMMERCIALE    ET  PRIX-COURANT   (9  OCTOBRE  1880). 

10  porcs  venant  d'Arastcrdara  ;  1,014  Lœul's  et  279  moutons  de  Boston  ;  220  mou- 
tons de  Brème;  692  moutons  et  134  porcs  d'Hambourg;  k\  bœufs,  12  veaux, 
1,344  moutons  et  21  porcs  d'Harlingen  ;  14  bœufs  du  Havre;  437  bœufs  et 
895  moutons  de  Montréal;  326  bœufs  de  New-York;  122  bœufs  d'Oporto; 
27  bœufs,  208  veaux,  1,748  moutons  et  116  porcs  de  Rotterdam;  863  bœufs  et 
1,507    moutons    de    Tonning;    106    bœufs  de  Yigo.  Prix  du  kilog.  :  Bœuf,  \", 

1  fr.  93  à  2  fr.  05;  2%  1  fr.  58  à  1  fr.  75  ;  qualité  inférieure,  1  fr.  kO  à  1  fr.  58. 
Veau,  V%  1  fr.  93  à  2  fr.  10;  2%  1  fr.  75  à  1   fr.  93.  —  Mouton,  1",  2  fr.   28  à 

2  fr.  45;  z%  1  fr.  93  à  2  fr.  10;  qualité  inférieure,  l  fr.  75  à  1  fr.  93.  —  Porc, 
1",  1  fr.  58  à  1  fr.  75  ;  2%  1  fr.  40  à  1  fr.  58. 

Viande  à^acriee.  — On  a  vendu,  à  la  halle  de  Paris,  du  28  septembre  au  4  octobre  : 

Prix  du  kilog.  le  4  octobre. 


vache 


Veau..  . 
Mouton. 
Porc... 


1"  quai. 
0.9Gàl   80 
1.60    2.20 
1.42    2.00 


2»  quai. 
0.82àl..^'t 
1.18     1.90 
1.12     1.70 


quai.  Choix.     Basse  boucherie. 

0.60à  1.34       l.00à2.70   O.lOà  1.] 
0  90     1  44       1.00     2.20       •  > 

0.70     1.37       1.00    3.20       - 
1.16  à  1.90:  Porc  salé,  0.92  à  1.48 


kilog. 
I.ôl,263 
141,172 
71,296 
_29,491  Porc  frais. 

393,22-r     Soit  par  jour 56,175  kilog. 

Les  ventes  ont  été  inférieures  de  5.000  kilog.    environ  à  celles  de  la  semaine 
précédente.  Pour  toutes  les  sortes,  les  prix  sont  fermes  ou  accusent  de  la  hausse. 
XI.  —  Cours  de  la  viande  à  l'abatioir  de    la  Villette  du  7  octobre  (par  50  kilog.) 
Cours  de  la  charcuterie.  —  On  vend  à  la  Villette  par    50  kilog.  :  1"  qualité, 
83  à  85  fr.;  2%  77  à  80  fr.;  poids  vif,  56  à  60  tr. 


Bœufs. 

Veaux. 

Moutons. 

.- — 

1                 

-, 

1"                  2«                 3» 

1" 

2»                 3"                1" 

2« 

3» 

quai.           quai.           quai. 

qua 

quai.           quai.           quai. 

quai. 

quai. 

fr.               fr.               fr. 

fr. 

fr.               fr.               fr. 

77               68               62 

89 

80              75               87 

80 

72 

XII.  —  Marché  aux  bestiaux  de  la  Villette  du  jeudi  7  octobre. 

Cours  des  commissionnaire» 

Poids 

Cours    officiels. 

en  bestiaux. 

moyen 

— IIM                                 Mil ■ --^_                 ^ 

Il       ^ 

Animaux 

général. 

"l"        2-»        3«            Prix              la- 

2«        3" 

Prix 

amenés.    Invendus. 

kil. 

quai,  quai.  quai,      extrêmes,     quai. 

quai.  quai. 

extrêmes. 

Bœufs 3.16B              809 

360 

1.60      1.46      1.12     1.08àl.68        1.58 

1.45     1.10 

1.05àl.65 

Vaches 892             186 

2àO 

l.oO     1.34      1.06   ' 1.02      l.b6        1.50 

1.30      1.05 

1.00      1.55 

Taureaux...        154               î9 

365 

1.28     1.14     0.98     0.94     1.32       1.25 

1.10     0.95 

0.90     1.30 

Veaux 1.458             3.19 

80 

1.96     1.86     1.46     1.40     2.06         » 

»            » 

>            » 

Moutons....  23.817           4.101 

18 

1.94     1.64     1.34     1.28     2.U0         » 

»             I 

»           > 

Porcs  gras..     4.231              . 

83 

1.68     1.52     1.4«     1.38     1.70         » 

»            » 

»           > 

—  maigres.          »                » 

• 

»            » 

»           » 

Vente  lenle  sur  les  bœufs,  les  ve 

lux  et  les 

moulons,  assez  active  sur  les  porcs. 
XIII.  —Résumé. 

Fermeté  dans  les  cours  des  céréales,  des  vins,  des  alcools,  des  sucres,  des 
produits  animaux,  tel  est  le  bilan  de  la  semaine  pour  les  principaux  produits 
agricoles.  A.  Remy. 

BULLETIN  FL^[ANGIER. 

Semaine  de  reprise  :  la  rente  3  0/0  est  à  85  fr.I5,  gagnant  0  fr.  15  ;  et  la  rente  5  0/0 
à  120  fr.  10,  gagnant  0  fr.  30.  L'amortissable  coupon  détaché  reste  à  87  fr.  Vive 
reprise  également  à  nos  chemins  de  1er:    boane  tenue  des  Sociétés  de  crédit. 
Co%rs  de  La  Bourse  du  21  septembre  au  6  octobre  1880  (ait  comptant]. 

Principales  valeurs  françaises: 

Plus       Plus  Dernier 

bas.        haut,  cours. 

Rente30/o 85.15      80.65  8.S.15 

Rente  3  0/0  amortis 87.00      88. 3J  87.00 

Rente  4  1/2  0/0 114.60     115.00  114.70 

Rente  5  o/o 119.97     120.20  120.10 

lianque  de  France  ........  3475.00  3490.00  3'i75.oo 

Comptoir  d'escompte 950.00    960.00  960.00 

Société  générale 570.00     575. oo  573.75 

Crédit  foncier 1352.50  1360.00  1352.50 

Kst Actions  500     7'0.00     780.00  780.00 

Midi do   1050.00    1060.00  10)7.50 

Nord d'  1633.75   1648.75  1645.00 

Orléans , d»  1250.00  12G3.75  1258.75 

Ouest d"     8.57.50     *i»5.00  837.50 

faris-Lyon-Méditerranée  d»  1423.75   1437  50  1436.25 

Paris  1871  obi.  400  3  0/0  ..      396.50     399.00  397.00 

Italien  5  0/0 , 85.15       86.50  8615 


Gérant  ;  A.  BOUCHÉ. 


Valeurs  diverses  : 

Plus 

Plus 

Dernier 

bas. 

haut. 

cours. 

Créd.  fonc.    obi.  50o  4  ù'o 

52.1.00 

535.00 

525.00 

d»         d»        d"       d»  3  0/0. 

560.00 

560.00 

560.00 

d°       obi.     c<"      500  3  0/0 

470.00 

474.00 

474.00 

Bque  de  Paris   ad.  500... 

llOi.OO 

1 1 25 . 00 

1125.00 

Crédit  ind.  et   coin.  500... 

735.00 

740.00 

740.00 

Dépôts  et  cples  cts.  500... 

711.25 

712.50 

712.50 

Crédit  lyonnais d°... 

9.52.50 

960.00 

957.50 

62^.00 
1370.00 

630.00 
1375.00 

Cie    parisienne  du  gaz  250 

1370.00 

Cie  genér.  transatl 500 

oQ.i.ûO 

COO.OO 

598.65 

Messag.  maritimes d" 

7  40  00 

7iO.U0 

7<*0.00 

Canal  de  Suez       .       ...d" 

1240.00 
775.00 

120  2.50 
781.25 

1262.50 

d"      délégation d» 

775.00 

d"      obll.  5  0/0 d» 

565.00 

582.00 

565.00 

Créd.  fonc.  Autrioh 500 

755.00 

765.00 

762.50 

Créd  mob.  Espagnol.... d* 

607.50 

Créd. fonc.    Russe 

390.00 

391.50 

391.50 

LST8BHl!!i4 

CHRONIQUE  AGRICOLE  (lo  octobre  isso;. 

Organisation  du  service  des  égoûts  de  la  ville  de  Paris.  —  Volume  d'eau  employé  parla  ville  — 
Mesures  à  prendre  pour  le  déversement  des  eaux  impures.  —  Nécessité  d  un  canal  pour  enlever 
i'exc&s  des  eaux.  —  Procédé  de  M.  Aubry-Vitet  pour  l'épuration  des  eaux  vannes  des  usines.  — 
La  vidange  à  l'egout  et  l.i  fabrication  du  sulfate  d'ammoniaque.  —  Intérêt  de  l'agriculture  engagé 
dans  la  question. — Congrès  phylloxérique  de  Saragosse.  —  Délé^'ués  du  gouveinemerit  fran- 
çais. —  Vœu  du  Conseil  général"  des  Bouches-du-Rhône  relatif  à  la  clias.^e  des  hirondelles.  — 
Lettre  de  M.  ïirard,  ministre  de  l'agriculture,  à  M.  Diancourt.  —  Décoration  pour  servicss  ren- 
dus à  l'ai^riculture.  —  Nécrologie  :  Mort  de  M.  Guy.  —  Concours  ouvert  par  la  Société  nationale 
d'encouragement  à  ra;,'riculture.  —  Concours  international  des  races  ovines  ouvert  par  le  gou- 
vernement mecklemhour^'eois.  —  Concours  de  l'industrie  laitière  à  Neufchàtel-en-Bray.  —  Nom- 
bre des  exposants  dans  chaque  catégorie  du  Concours.  —  Publication  du  Journal  des  s'ations 
agronomiques.  —  Concours  agricole  à  Niort.  —  Discours  de  M.  Girerd,  sous-secrétaire  d'État  au 
ministère  de  l'agricu'ture.  —  Les  encouragements  à  donner  à  l'agriculture.  —  Les  souscriptions 
pour  le  canal  d'irrigation  dérivé  du  Rhône.  —  Examens  d'admission  et  de  sortie  à  la  ferme- 
école  des  Trois-Croix. —  Les  cultures  de  la  ferme-école.  —  Rapport  de  .M.  Aymard  au  Conseil 
général  de  la  Haute-Loire  sur  les  travaux  de  la  Société  di-s  amis  des  sciences  de  Puy.  —  Résul- 
tats des  Concours  d'animaux  gras.  — Enquête  sur  les  dégâts  causes  par  l'hiver.  —  Distribution 
de  graines  de  plantés  nouvelles.  i 

I.  —  Les  engrais  des  Villes. 

La  discussion  de  la  question  qu'on  a  appelée  les  odeurs  de  Paris,  a 
pris  une  grande  arapleur  devant  le  conseil  munÀcipal.  M.  Aîphand, 
directeur  des  travaux  de  la  ville  et  ingénieur  très  distingué,  a  fait  un 
tableau  magistral  de  l'ensemble  des  travaux  souterrains  que  Belgrand  a 
commencés,  et  qu'il  continue  maintenant  afin  d'assurer  la  salubrité  pu- 
blique. Amener  beaucoup  d'eau  dans  le  but  de  bien  laver  les  rues  et  les 
maisons  et  d'enlever  tout  ce  qui  peut  se  diluer,  tel  est  le  projet  primi- 
tivement conçu  par  Belgrand  qui  l'a  mis  en  partie  en  exécution  avant 
de  mourir,  et  dont  l'achèvement  en  est  aujourd'hui  poursuivi.  Seule- 
ment, on  avait  d'abord  pensé  que  le  volume  total  que  les  égouts  en- 
traîneraient chaque  jour  moyen,  serait  de  100,000  mètres  cubes.  On 
est  passé  à  200,000,  puis  à  300,000,  et  dans  sa  dernière  haranirue  au 
conseil  municipal,  M.  Belgrand  avance  le  chiffre  de  400,000.  C'est  un 
véritable  fleuve.  Or,  si  nous  voyons  que  les  ingénieurs  se  sont  occupés 
des  moyens  de  faire  arriver  beaucoup  d'eau  dans  Paris,  nous  n'aper- 
cevons nullement  qu'ils  aient  conçu  des  moyens  suffisants  pour  faire 
une  colalure  salubre  et  eflicace  de  tout  le  liquide  nauséabond  ramassé. 
On  a  renoncé  pour  l'avenir,  avec  raison,  au  déversement  pur  et  simple 
dans  la  Seine  qu'on  n'a  pas  le  droit  de  rendre  indéfiniment  infecte.  On 
fait  des  travaux  d'irrigation  à  Gennevilliers  et  on  se  propose  de  les 
étendre  à  Saint-Germain  ou  dans  quelques  autres  communes  des  envi- 
rons. Mais  il  ne  nous  paraît  pas  qu'on  se  rende  compte  suffisamment 
de  l'étendue  que  devraient  occuper  les  cliaiTips  arrosés,  pour  pouvoir 
utiliser  la  totalité  de  l'eau.  En  effet,  400,000  mètres  par  jour  corres- 
pondent à  4,600  litres  par  seconde;  c'est,  dans  le  Midi,  de  quoi  arro* 
ser  4,600  hectares,  et  on  n'y  pratique  les  irrigations  que  du  1"  avril 
au  30  septembre.  Si  l'on  a  de  l'eau  à  déverser  sur  les  champs  toute 
l'année,  il  faut  au  moins  le  double,  peut-être  le  triple  ou  le  quadruple, 
pour  que  la  terre  ne  soit  pas  saturée  et  dans  l'impossibilité  de  produire 
des  récoltes.  D'ailleurs  à  l'époque  des  grandes  pluies,  des  neiges,  des 
gelées  intenses,  etc.,  les  égouts  ne  cesseront  pas  de  fonctionner;  au 
contraire,  et  alors  que  fera-t-on  du  cours  d'eau  fétide  qui  n'aura  pas 
d'embouchure?  Pour  nous,  dès  qu'on  admet  le  système  des  égouts 
lavés  par  une  eau  abondante,  il  faut  absolument  songer  à  un  collecteur 
qui  aille  jusqu'à  la  mer,  mais  qui,  sur  son  parcours,  pourra  fournir 
de  l'eau  fécondante  à  tous  les  agriculteurs  qui  en  demanderont.  On 
rencontrera  de  vastes   surfaces  qui,   dans   des   saisons  convenables, 

N"  601.  —  Tome  IV  de  18«0.  -     16  Octobre. 


82  CHRONIQUE  AGRICOLE   (16  OCTOBRE   188J). 

pourront  utiliser  une  plus  ou  moins  grande  quantité  tlu  cours  d'eau 
artificiel.  Celte  idée  a  été  reprise  devant  le  conseil  municipal.  Les  évé- 
nements amèneront,  un  jour  ou  l'autre,  son  exécution. 

La  Revue  des  Deux-Mondes,  dans  son  numéro  du  l"'"  octobre,  a 
publié  un  article  de  M.  Aubry-Vitet,  qui  propose  d'appliquer  un  sys- 
tème d'épuration  employé  avec  succès  à  la  papeterie  d'Essonnes^  siar 
1 0,000  mètres  cubes  d'eaux  insalubres  que  l'usine  émet  chaque  jour. 
Le  système  d'épuration  consiste  à  traiter  les  eaux  par  de  la  chaux,  à 
raison  de  250  grammes  par  mètre  cube.  C'est  un  des  moyens  dont  on 
fait  usage  à  Reims,  également  pour  des  eaux  d'usines.  Mais  il  n'est 
pas  du  tout  démontré  que  la  chaux  produirait  un  effet  également 
efficace  sur  des  eaux  d'égout  contenant  les  matières  des  fosses  d'ai- 
sance. Déjà  aujourd'hui,  15,000  fosses  d'aisance,  à  Paris,  envoient 
leurs  liquides  directement  aux  égouts.  Si  Je  projet  soutenu  par 
M.  Alphand  est  exécuté,  ce  seront  plus  de  100,000  fosses  qui  s'y  vide- 
ront. L'action  de  la  chaux  aura  bien  pour  résultat  de  clarifier  les  eaux 
d'égout,  mais  elle  ne  leur  enlèvera  pas  les  parties  solubles  qui,  au 
bout  de  quelque  temps,  reproduiront  l'infectioin.  Il  y  aura  toujours 
un  fleuve  nauséabond  dont  il  faudra  se  débarrasser.  Le  problème  ne 
sera  pas  résolu,  il  sera  seulement  compliqué  par  la  construction 
d'immenses  bassins  d'épuration  dans  lesquels  il  faudra,  chaque  jour, 
amener  100  tonnes  de  chaux,  et  d'où  il  faudrarelirer  400  à  500  tonnes 
de  produits.  Enorme  manipulaition,  montagne  de  produits  à  enlever 
et  milliers  d'hectares  nécessaires  pour  les  'répandre  ! 

Les  travaux  souterrains  des  égouts  de  Paris  sont  une  œuvre  admi- 
rable qui  était  indispensable  et  qui  fait  le  plus  grand  honneur  aux 
ingénieurs,  mais  il  faudra  prendre  bravement  le  parti  de  la  compléter 
par  un  grand  canal  collecteur  qui  ira  jusqu'à  la  mer.  Quant  à  la 
vidange  directe  des  fosses  d'aisance  dans  les  égouts,  même  lorsqu'on 
la  limite  aux  parties  liquides,  cela  ne  nous  paraît  pas  une  idée  aussi 
heureuse.  Nous  lui  préférons  de  beaucoup  la  désinfection  permanente 
des  fosses  et  l'envoi  des  matières  des  vidanges  vers  des  plaines  loin- 
taines et  isolées,  où  l'on  permettrait  rétablissement  de  fabriques  de 
sulfate  d'ammoniaque  et  de  poudrette.  Dans  le  système  de  la  vidange 
directe,  à  l'égout,  de  tous  les  liquides  des  fosses,  on  supprime  absolu- 
ment la  fabrication  du  sulfate  d'ammoniaque  par  les  urines,  et  il  ne 
reste  comme  source  de  ce  produit  si  utile  à  l'agricLilture  que  les  eaux 
ammoniacales  du  gaz.  Il  peut  être  très  avantageux  pour  les  compa- 
gnies de  gaz  d'éclairage  qu'on  supprime  la  concurrence  que  leur  font 
les  fabriques  de  sulfate  d'ammoniaque  traitant  les  eaux  vannes  des 
fosses  d'aisance.  Elles  vendront,  en  efîet,  leur  sulfate  beaucoup  plus 
cher;  elles  le  vendaient  naguère  de  25  à  30  fr.,  elles  le  vendent  aujour- 
d'hui 50  fr.  et  plus  par  100  kilog.,  parce  que  l'agriculture  reconnaît 
déplus  en  plus  l'efficacité  de  cet  engrais.  Que,  dans  les  grandes  villes, 
on  ne  puisse  plus  ramasser  les  urines,  les  compagnies  du  gaz  y  trou- 
veront un  grand  avantage,  mais  l'agriculture  y  perdra.  Il  faut  ajouter 
encore  que  les  matières  vertes  des  fosses,  employées  directement  dans 
les  terres,  sont  un  excellent  engrais,  dont,  dans  l'intérêt  de  l'agricul- 
ture, il  ne  faut  pas  diminuer  la  quantité  et  la  qualité  par  des  lavages. 
Ce  sont  là  des  considérations  dont  nous  croyons  qu'on  devra  tenir 
compte,  car  elles  sont  d'accord  avec  la  pensée  de  protéger  efficace- 
ment la  salubrité  publique.  Et  d'ailleurs  quand  on  parle  de  l'intérêt  de 


CHRONIQUE   AGRICOLE   (16  OCTOBRE    1880).  83 

l'agriculture,  on  a  dirôclement  en  vue  la  production  des  subsistances, 
et  par  conséquent  l'intérêt  général  des  populations. 

IL  —  Congrès  phylloxérique  de  Saragosse. 

Le  Congrès  international  ouvert  en  Espagne,  à  Saragosse,  pour 
l'étude  des  moyens  de  combattre  le  phylloxéra,  a  clos  ses  discussions. 
Il  a  été  présidé  par  don  Fermin  Lasala,  ministi-e  de  fomento,  assisté 
de  M.  Cardenas^  directeur  général  de  l'agriculture  à  ce  ministère. 
Une  nombreuse  affluence  de  viticulteurs  est  venue  assister  ou  prendre 
part  à  ses  discussions.  La  France  était  officiellement  représentée  par 
M.  Camille  Saint-Pierrej  directeur,  et  M.  Gustave  Foëx,  professeur  à 
l'Ecole  nationale  d'agriculture  de  Montpellier.  Ainsi  que  cela  se  pro- 
duit toujours  dans  les  réunions  de  ce  genre,  quelques  théories  ont 
été  émises  pour  soutenir  que  le  phylloxéra  n'était  pas  la  véritable 
cause  de  la  mort  de  la  vigne.  Mais  les  principales  discussions  ont 
porté  sur  les  moyens  de  lutter  contre  les  ravages  de  l'insecte;  la  plus 
grande  place  a  été  occupée  par  les  travaux  et  les  essais  exécutés  en 
France,  et  sur  les  résultats  qui  ont  été  obtenus.  Nous  publierons  pro- 
chainement un  compte  rendu  des  discussions  du  Congrès  et.  des  con- 
clusions qui  ont  été  adoptées. 

in.  —  La  chasse  d  s  hirondelles. 

Le  gibier  est  rare  en  Provence,  et  surtout  dans  une  partie  du 
département  des  Bouches-du-Rliône.  Préoccupé  de  cette  situation,  le 
Conseil  général  des  Bouclies-du-Rliône  a  exprimé  le  vœu  que  la  chasse 
des  hirondelles  fut  autorisée  pendant  leur  passage.  Faisant  droit  à 
cette  demande,  le  préfet  a  pris  un  arrêté  autorisant  la  chassedes  hiron- 
delles pendant  un  mois.  Cette  mesure  a  vivement  frappé  l'attention 
publique,  et  nous  devons  ajouter  qu'elle  a  produit  une  véritable  stu- 
péfaction, qui  s'est  manifestée  par  de  vives  réclamations.  Nous  en 
trouvons  la  preuve  dans  la  lettre  suivante  que  M.  le  ministre  do 
l'agriculture  vient  d'adresser  à  M.  Diancourt,  député  de  la  Marne  : 

«  Monsieur  le  député  et  cher  collègue,  vous  avez  appelé  mon  attention  sur  une 
nouvelle  publiée  par  plusieurs  journaux  et  relative  à  un  arrêté  du  préfet  des 
Bouclies-du-Rhône  qui  auloriserait  la  chasse  aux  hirondelles.  Vous  faites  remar- 
quer que  cette  mesure  est  contraire  aux  intérêts  de  l'agriculture. 

«  J'ai  l'honneur  de  vous  annoncer  que  mon  attention  avait  été  appelée,  il  y  a 
plusieurs  jours,  sur  cette  afïaire,  et  que  je  me  suis  hâté  d'écrire  à  M.  le  préfet 
pour  savoir  si  la  nouvelle  était  exacte. 

«  J'invitais,  en  même  temps,  ce  fonctionnaire,  pour  le  cas  où  il  aurait  pris  une 
semblable  mesure,  à  retirer  immédiatement  son  arrêté  qui  était  contraire  aux 
instructions  émanées,  à  plusieurs  reprises,  de  mon  ministère  et  de  celui  de  l'in- 
térieur. 

ce  Je  ne  perdrai  pas  de  vue,  du  reste,  cette  affaire  à  laquelle  je  me  propose  de 
donner  une  solution  conforme  aux  intérêts  de  l'agriculture. 

«  Je  vous  remercie,  néanmoins,  de  la  sollicitude  que  vous  avez  témoignée,  en 
cette  occasion,  pour  notre  industrie  agricole. 

«  Recevez,  etc.  Le  ministre  de  CagricvUure  et  du  commerce^ 

«    P.  TiRARD.    « 

La  loi  doit  être  respectée,  surtout  quand  elle  est  édictée  'pour  dé- 
fendre des  êtres  aussi  utiles  que  les  hirondelles.  Les  instincts  cyné- 
gétiques de  quelques  Marseillais  pourront  être  froissés,  mais  ce  n'est 
pas  une  considération  suffisante  pour  permettre  d'éluder  les  disposi- 
tions édictées. 


84  CHRONIQUE  AGRICOLE   (16  OCTOBRE  1880). 

IV.  —  Décoration  pour  services  rendus  à  l'agriculture. 

Nous  sommes  heureux  d'annoncer  que  M.  Bobierre,  directeur  de 
l'école  supérieure  des  sciences  de  Nantes  et  du  laboratoire  an;ronomique 
delà  Loire-Inférieure,  vient  d'être  nommé  commandeur  de  l'ordre  d'I- 
sabelle la-Catholique  d'Espagne,  pour  ses  Iravaux  de  chimie  agricole. 
Nous  applaudissons  de  tout  cœur  à  la  haute  distinction  conférée  à  l'un 
des  savants  qui  ont  le  plus  contribué  à  répandre  parmi  les  agriculteurs, 
les  saines  notions  de  la  science  agricole  et  des  applications  de  la  chi- 
mie à  la  production  végétale. 

V.  —  Nécrologie. 

Nous  avons  le  vif  regret  d'annoncer  la  mort  de  M.  Guy,  ancien 
directeur  de  l'Ecole  nationale  d'arts  et  métiers  de  Cbâlons-sur-Marne, 
qui  n'était  âgé  que  de  soixante-deux  ans.  JM.  Guy  a  été,  pendant  dix- 
sept  ans,  directeur  de  l'Ecole  de  Chidons.  Sa  vie  tout  entière  a  été 
consacrée  aux  travaux  de  la  mécanique  appliquée;  parmi  les  construc- 
iSÊurs  de  machines  agricoles,  on  compte  un  grand  nombre  des  élèves 
qu'il  a  formés  et  dont  il  a  toujours  suivi  les  travaux  avec  le  plus  vif 
intérêt,  n'épargnant  jamais  ses  conseils  quand  il  s'agissait  des  progrès 
de  la  mécanique.  Souvent  nous  l'avons  eu  pour  collègue  dans  les  jurys 
des  concours  régionaux,  et  nous  avons  pu  apprécier  sa  science  et  son 
dévouement. 

VI.  —  Sociélé  d'encouragement  à  V agriculture. 

La  Société  nationale  d'encouragement  à  l'agriculture  met  au  con- 
cours la  question  suivante  :  «  Quels  sont,  dans  la  région  des  céréales, 
les  moyens  qui,  dépendant  des  cultivateurs  et  de  leur  initiative,  peu- 
vent améliorer  la  situation  de  l'agriculture  française.  »  Une  médaille 
de  1,000  francs  sera  décernée  à  l'auteur  du  meilleur  mémoire.  Les 
manuscrits  devront  être  adressés,  sous  pli  cacheté,  à  JM.  Foucher  de 
Careil,  sénateur,  président  de  la  Société,  avant  le  15  avril  1881.  Une 
commission  sera  nommée  par  le  conseil  pour  faire  fonction  de  jury. 
Tous  les  renseignements  complémentaires  seront  donnés  au  siège  de 
la  Société,  rue  Basse-du-Rempart,  5G,  boulevard  des  Capucines. 

VII.  —  Concours  international  des  races  ovines. 

Le  gouvernement  mecklembourgeois  va  ouvrir,  les  24  et  25  mai 
1881,  avec  l'assistance  de  la  Société  d'agriculture  du  IVlecklembourg- 
Strelilz,  à  Neubrandenburg,  un  concours  international  d'animaux  de 
l'espèce  ovine,  béliers,  brebis  et  moutons  de  toute  race  et  de  tout  âge. 
La  date  choisie  est  celle  de  la  tenue  du  grand  marché  annuel  des  che- 
vaux de  luxe  qui  a  lieu  dans  la  même  ville.  Il  ne  sera  point  distribué 
de  primes;  mais  les  ventes  d'animaux  exposés  seront  autorisées.  Les 
éleveurs  et  cultivateurs  français  qui  désireraient  prendre  part  à  ce 
concours  devront  s'adresser,  pour  les  demandes  d'admission,  comme 
pourles  renseignements  dont  ils  pourraient  avoir  besoin,  à  M.  Praefcke, 
avocat,  à  Neubrandenburg  (Mecklembourg-Strelitz). 

VIII.  —  Concours  de  Neufchdtel-en-Iiray. 

Nous  avons  annoncé  que  la  Société  française  de  l'industrie  laitière 
organisait  un  concours  spécial  de  beurres,  fromages  et  autres  produits 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (16  OCTOBRE    1880).  85 

OU  objets  (le  laiterie,  qui  aura  lieu  à  Neufchàtel-en-Bray,  du  21  au 
24  octobre.  Ce  concours  promet  d'être  très  brillant.  Les  déclarations 
faites  jusqu'ici  comprennent,  en  effet,  185  exposants  de  beurres  frais 
et  salés,  1  73 de  fromages  de  Neufchâtel,  Bondons,  JMalakoffs,  etc.,  32  de 
fromages  divers,  7  d'instruments  de  laiterie,  15  de  produits  divers 
pour  la  laiterie  et  5  de  plans,  travaux  et  ouvrages  relatifs  à  cette 
industrie.  En  outre,  sept  cultivateurs  se  sont  fait  inscrire  afin  de 
concourir  pour  les  primes  offertes  par  la  Société;  leurs  fermes  ont  été 
visitées  par  une  Commission  spéciale  qui  présentera  son  rapport  au 
concours  de  Neufchâtel. 

IX.  —  Le  Journal  des  stations  agronomiques. 

Nous  recevons  le  premier  numéro  d'un  nouveau  recueil  périodique 
mensuel  intitulé  :  Journal  des  stations  agronomiques  et  du  professorat 
agricole.  Il  est  publié  sous  les  auspices  du  ministère  de  l'agriculture 
et  du  commerce,  par  iM.  Gassend,  directeur  de  la  station  agronomique 
de  Meîun,  professeur  départemental  d'agriculture.  Ce  recueil  est 
destiné  princij)alement  à  établir  un  lien  entre  les  directeurs  des  sta- 
tions agronomiques  et  les  professeurs  d'agriculture.  Nous  lui  souhai- 
tons vivement  un  succès  complet;  plus  il  y  aura  en  France  d'écrits 
agricoles  bien  faits,  et  plus  l'œuvre  du  progrès  agricole  se  développera 
avec  rapidité. 

X.  —  Les  fêtes  de  Niort. 

Le  dimanche  3  octobre,  des  fêtes  nombreuses  ont  réuni  à  Niort  les 
populations  du  département  des  Deux-Sèvres.  Parmi  ces  fêtes,  figurait 
un  concours  agricole.  M.  Girerd,  sous-secrétaire  d'Etat  au  ministère 
de  l'agriculture  et  du  commerce,  chargé  de  représenter  le  gouverne- 
ment, y  a  présidé  la  distribution  des  récompenses.  A  cette  occasion, 
il  a  prononcé  le  discours  suivant  que  nous  croyons  utile  de  repro- 
duire : 

«  Par  la  variété  d^i  ses  produits,  par  leur  importance  au  point  de  vue  de  l'ali- 
mentation et  de  la  richesse  publique,  par  les  débouchés  qu'elle  assure  aux  autres 
industries,  par  le  nombre  des  ouvriers  qu'elle  emploie,  en  un  mot  par  la  somme 
du  travail  et  des  produits  qu'elle  donne,  l'agriculture  est  véritablement  notre 
industrie  nationale.  Aussi,  rien  de  ce  qui  l'intéresse  n'est  de  médiocre  importance  : 
un  gouvernement  soucieux  des  intérêts  du  pays  ne  saurait  apporter  trop  de  solli- 
citude à  l'observation  des  faits  qui  la  concernent. 

«  Mais  il  ne  faut  pas  oublier  qu'ils  doivent  être  envisagés  en  même  temps  au 
point  de  vue  des  producteurs  et  d-s  consommateurs. 

«  C'est  pourquoi,  quel  que  5oit  son  désir,  sa  volonté  d'aider  et  de  protéger 
l'agriculture,, le  gouvernement  ne  saurait  accéder  à  tous  les  vœux  qui  sont  parfois 
formulés  en  son  nom.  Il  lui  est  facile  de  reconnaître  que  leur  accomplissement 
serait  souvent  funeste  à  ceux-là  mêmes  pour  lesquels  ds  sont  émis  et  compro- 
mettrait, l'intérêt  général. 

«  La  France  ne  produit  ni  assez  de  blé,  ni  assez  de  bétail  pour  fournir  le  pain 
et  la  viande  nécessaires  à  l'a  iraentation  de  ses  habitants.  Il  lui  faut  en  emprun- 
ter aux  nations  qui  produisent  au  delà  de  leurs  besoins. 

«  Or,  frapper,  comme  on  le  demande  quelquefois,  à  leur  entrée  en  France,  les 
blés  et  les  bestiaux  étrangers,  c'est,  ou  les  empêcher  d"y  venir,  ou  en  surélever 
les  prix  ;  c'est  piiver  la  plupart  des  consommateurs  de  ce  dont  ils  ont  besoin  pour 
vivre;  c'est  nuire  à   l'alimentation  et  au  bien-être  des  populations. 

a  Pour  aider  et  protéger  l'agriculture,  il  y  a  mieux  à  faire. 

«  Les  résultats  déjà  obtenus  sont  à  la  fois  la  récompense  des  efforts  qui  ont  été 
faits  et  un  encouragement  à  persévérer  dans  la  voie  déjà  tracée. 

«  Regardez  autour  de  vous  :  comparez  le  tableau  qui  est  sous  vos  yeux  à  celui 
que  traçait,  il  y  a  auarante  ans  environ,  un  des  vôtres,  un  de  ces  hommes  qui, 


86  GliRONIQUE    AGRICOLE  (16   OCTOBRE  1880). 

éclairés  par  le  bon  sens  et  inspirés  par  l'amour  du  l^ien  public,  sont  des  guides 
si  précieux. 

«t  Quelque  temps  avant  1848,  Jacques  Bujault  voyait  dans  ce  déparleincat  «  une 
«  plaine  effritée,  un  sol  peu  ou  point  fumé  »,  «  des  produits  faibles  5>,  «  une  po- 
«  pulation  pauvre  et  sans  énergie,  tourmentée  par  le  besoin  »,  «  des  bestiaux 
«  mourant  de  faim  »,  «  une  population  rare  parce  qu'il  y  a  peu  de  travail    » 

«  A  quelles  causes  attribuait-il  cette  situation?  Il  ne  les  dissimulait  pas  à  ses 
contemporains  ;  il  avait  le  courage  de  leur  reprocher  leur  «  ignorance  et  leur 
paresse.  » 

a  Aujourd'hui  tout  est  changé.  Les  enseignements  de  Jacques  Bujault  ont  porté 
leurs  fruits  ;  sans  remonter  jusqu'au  lemips  où  il  écrivait,  vous  po'uvez  constater 
les  progrès  accomplis  depuis  moins  de  vingt  ans. 

«  La  charrue  à  conquis  des  milliers  d'hectares  sur  les  landes  ;  la  jachère  a  été 
considérablement  réduite;  en  1879,  l'étendue  des  terres  cultivées  dépasse  de 
33  000  hectares  ce  qu'elle  était  en  1862.  —  Les  terres  sont  copieusement  fumées 
et  amendées  ;  aussi  donnent-elles  moins  de  méteil  et  de  seigle,  mais  plus,  beau- 
coup plus  de  froment,  d'avoine,  de  maïs,  de  pommes  de  terre,  de  betteraves;  on 
récolte  125  milhoiLs  de  kilogrammes  de  betteraves;  le  chanvre  et  le  hn  ont  plia-s 
que  doublé. 

«  L'amélioration  est  de  même  nature  dans  les  prairies,  et  partant  dans  l'état 
du  bétail  :  moins  de  moutons,  plus  de  bœufs  et  de  vaches. 

«  La  somme  de  viande  produite  a  notablement  augmenté  ;  aussi  l'alimentation 
générale  a-t-elle  suivi  une  progression  constante  :  en  1862,  dans  les  villes  du  dé- 
partement, la  consommation  en  viande  était  en  moyenne,  pour  chaque  habitant, 
de  39  kilog.  ;  elle  était  de  40  kilog  en  1872,  et,  en  1877,  nous  la  voyons  portée  à 
50  kilog.  S'il  est  impossible  de  faire  une  semblable  constatation  pour  les  popu- 
lations des  campagnes,  il  n'en  est  pas  moins  vrai,  et  nul  ne  saurait  le  contester, 
que  la  progression  est  analogue, 

«  Les  prix  s'élèvent  avec  la  même  persistance  et  la  même  régularité. 

«  €e  sont  là  des  signes  certains  de  l'accroissement  de  la  richesse  publique  et  du 
bien-êitre  de  tous. 

a  Ces  progrès,  c'est  l'amélioration  des  méthodes  de  culture,  c'est  l'intelligence^ 
c'est  le  travail  qui  les  ont  réalisés. 

«  Ils  montrent  que  vous  êtes  dans  la  bonne  voie  et  doivent  vous  exciter  à  con- 
tinuer. Le  gouvernement  de  la  République  vous  y  suivra,  vous  y  secondera  de 
toutes  ses  forces. 

«  Par  l'enseignement  agricole,  qu'une  loi  récente  a  décrété,  le  travail,  plus 
raisonné,  deviendra  en  même  temps  plus  attrayant  et  plus  productif;  il  retiendra 
aux  champs  les  populations  qui  seraient  tentées  de  les  quitter. 

«  Par  ses  subventions  à  vos  comices  et  à  votre  société  d'agriculture,  le  gouver- 
nemeirt  continuera  à  favoriser  la  propagation  des  bonnes  méthodes,  des  machines 
et  des  instruments  perfectionnés. 

«  Par  ses  encouragements,  il  vulgarisera  la  pratique  des  irrigations,  dont  les 
effets  sont  si  bienfaisants  ;  déjà,  vous  le  savez,  le  ministre  de  l'agriculture  et  du 
commerce  vient  d'ouvrir,  dans  votre  département,  à  côté  du  concours  pour  la 
prime  d'honneur,  un  concours  spécial  pour  un  prix  d'irrigation. 

a  Par  l'améUoration  des  vcies  et  des  moyens  de  .transport,  par  le  dégrèvement 
des  i.rupôts  qui  pèsent  sur  l'agriculture,  —  et  déjà  le  dégrèvement  opéré  sur  l'im- 
pôt des  boissons  et  sur  celui  du  sucre  est  un  pas  considérable  fait  dans  cette  voie, 
—  le  gouvernement  améliorera  de  plus  en  plus  les  conditions  économiques  de  la 
production  agricole. 

«  C'est  ainsi  qu'il  vous  rendra  plus  facile  la  solution  de  ce  problème  qui  s'im- 
pose à  toute  industrie  :  produire  davantage  et  à  meilleur  marché.  C'est  ainsi  qu'il 
conciliera,  autant  qu'il  est  possible,  les  différents  devoirs  qui  lui  incombent. 

a  Quant  à  vous,  messieurs,  par  la  persévérance  de  vos  efforts,  vous  contribue- 
rez de  plus  en  plus  à  développer  le  travail  national  et  la  richesse  publique.  » 

Les  pensées  développées  dans  ce  discours  ont  trouvé  un  vif  écho 
auprès  des  agriculbeurs  présents  à  la  réunion.  Elles  renferment  des 
promesses  dont  les  faits  déjà  acquis  permettent  de  regarder  la  réalisa- 
tion comme  certaine.  En  outre,  en  rendant  justice  à  Jacques  Bujault  et 
à  i'intluence  que  ses  conseils  ont  exercée  sur  l'agriculture  de  cette  région, 
a  fait  ressortir  avec  vérité  l'importance  des  progrès  méthodiques. 


CHRONIQUE  AGRICOLE    (16   OCTOBRE'  1880),  g? 

XI.  —  Le  canal  cVirrigation  du  Rhône. 

On  sait  que  la  loi  qui  a  déclaré  d'utilité  publique  les  travaux  de 
construclion  du  caual  d'irrigation  dérivé  du  Rhône  a  subordonné 
l'exécution  de  ces  travaux  à  la  souscription  d'une  somme  de  3  miU 
lions  de  francs  pour  les  redevances  annuelles,  tant  pour  arrosage  que 
pour  submersion  de  vignes  ou  pour  usage  d'eau  continu.  Le  comité 
des  fondateurs  du  canal,  qui  avait  déjà  recueilli  de  très  nombreuses 
souscriptions,  s'est  mis  iiijimédiatement  à  l'œuvre  pour  faire  réaliser 
le  chiffre  demandé  par  la  loi.  Il  résulte  d'un  rapport  qu'il  vient 
d'adresser  à  M.  le  ministre  des  travaux  publics  que,  au  15  sep- 
tembre dernier,  le  montant  des  souscriptions  atteignait  la  somme  de 
2,328/288  fr.  4 G.  Le  nombre  des  hectares  souscrits  s'élevait,  à  cette 
date,  à  21,343.  Les  souscriptions  continuent  d'ailleurs  avec  rapidité, 
et  il  est  permis  d'espérer  que,  d'ici  à  la  lin  de  l'année  courante,  elles 
auront  atteint  le  chiffre  demandé  par  la  loi.  Les  populations  des 
départements  que  traversera  le  canal  comprennent  de  plus  en  plus 
l'immense  avantage  qu'elles  retireront  de  son  exécution,  et  le  nom  de 
M.  Aristide  Dumont  est  réellement  devenu  populaire  parmi  elles. 

Xir.  —  Il  ferme-école  des  Trois-Cr^oix. 

Les  e>:amens  de  fin  d'année  viennent  d'avoir  lieu  à  la  ferme-école 
des  Ïrois-Croix.  Quinze  élèves  ayant  achevé  leur  temps  réglementaire, 
ont  subi  avec  succès  les  épreuves  qui  leur  donnent  droit  au  certificat 
d'apprentissage  et  à  la  prime  de  300  francs  qui  l'accompagne.  Ils  ont 
été  reçus  dans  l'ordre  suivant  : 

l.M.  Charles-Marie  Lorgeré,  de  Squiffiec  (Côtes- du-Nord),  —  2.  M.  Joseph- 
Marie  Adam,  de  Pomraer-et-Jaudy  (Côtes-du-Nord).  —  3.  M.  Alexandre-Henri- 
Marie  Guingant,  de  Douarnenez  (Finistère).  —  4,  M.  Frédéric  Grimault,  de 
Dourdain  (Ille-et-Yilaine).  —  5.  M.  Aimé- Alexandre  Richard,  de  St-Lormel 
(Gôtes-du-Nord).  —  6.  M.  Pierre  Liron,  de  Solligny  (Manche).  —  7.  M.  Pierre- 
Marie  Paillardon,  de  Carho  (Côtes-du-Nord).  —  8.  AI.  Jules  Liron,  de  Solligny 
(Manche).  —  9.  M.  François  Denis,  de  Pizé  itlIe-et-Villaine).  —  10.  M.  Pierre- 
Marie  Villeneuve,  de  Gesson  (Ille-et-Vilaine).  —  11.  M.  Jean-Louis  Guigouresse, 
de  Melaque  (Finistère).  —  12.  M.  Félix-Gabriel  Blondel,  de  Reffuveille  (Manche). 
—  13.  M.  Jean-Marie  Durand,  de  Gorseuil  (Gôtes-du-Nord).  —  14  M.  Pierre 
Trinquart,  de  Bédée  (Ille-et-Vilaine).  —  15.  M.  Alain-Marc-Marie  Fravallo,  de 
Melgven  (Finistère). 

Douze  élèves  de  première  année  ont  été  déclarés  capables  de  suivre 
les  cours  de  deuxième  année.  Enfin,  douze  nouvelles  admissions  ont 
été  prononcées  pour  compléter  l'effectif  réglementaire  de  l'Ecole.  Voici 
dans  quel  ordre  les  admissions  ont  eu  lieu  : 

1.  M.  Pierre-Marie  Duclohier,  de  Renac  (Ille-et-Vilaine).  —  2.  M.  Yves- 
Marie  Esvan,  de  Guidel  (Morbihan). —  3.  M.  Joseph-Marie  Le  Bris,  de  Kgrist 
(Morbihan).  —  4  M  Auguste-Pierre  Plaintossé,  de  Roz-sur-Gouesnon  (Ille-et- 
Vilaine).  —  5.  M.  Jean-Marie  Mahé.  de  Plouagat  (Gôtes-du-Nord).  —  6.  M.  Emile- 
Marie  Saulnier,  de  Cintré  (Ille-et- Vilaine).  —  7.  M.  Amand- Henri  Rou'leau,  de 
Pleumeleuc  (Ille-et-Vilaine).  —  8.  M  Edouard-Gabriel  Verdon,  de  St-Thurial 
(Ille-et-Vilaine).  —  9.  M.  Jules-Ferdinand  Vaudevire,  de  St-Lô  (Manche).  — 
10.  M.  Victor-Etienne  Bource,  de  Guignen  (Ille-et-Vilaine).  —  11.  M.  Louis- 
Baptiste  Guy,  de  Lassay  (Mayenne)  12.  M,  Ale.xandre-Mai'ie  Philippeaux,  de 
Rennes  (Ille-et-Vilaine). 

La  ferme-école  des  Trois-Croix  continue  à  maintenir  sa  vieille  répu- 
tation. Fondée  en  1832,  elle  s'est  toujours  facilement  recrutée  dans  la 
Bretagne.  L'enseignement  y  est  appuyé  par  une  culture  faite  avec  le 


88  CHRONIQUE  AGRICOLE  (16    OCTOBRE  1880). 

plus  grand  soin,  et  dont  les  rendements  sont  très  élevés  dans  les 
années  ordinaires.  Mal^^ré  des  circonstancQS  météorolof^iques  con- 
traires, les  rendements  de  l'année  1880  méritent  d'appeler  l'atten- 
tion; ils  ont  été,  pour  les  principales  récoltes,  par  hectare  :  blé, 
25  hectolitres  sur  14  hectares;  avoine,  50  hectolitres  sur  6  hectares; 
orge,  4  5  hectolitres  sur  G  hectares  et  demi.  L'année  dernière,  la  sole 
de  betteraves  avait  donné  75,000  kilog.,  et  celle  de  maïs-fourrage 
80,000  kilog.  par  hectare.  Nous  ne  saurions  trop  répéter  que  les  fermes- 
écoles  dans  lesquelles  l'enseignement  théorique  et  pratique  est  donné 
avec  autant  de  soin  qu'à  celle  des  Trois-Croix,  mérilent  tous  les  encou- 
ragements des  amis  de  l'agriculture.  M.  Bodin  fils  soutient  avec  hon- 
neur les  traditions  de  son  père  qui  fut  un  des  premiers  pionniers  de  la 
Bretagne,: 

XIII,  —  L'agriculture  dans  le  département  de  la  Haute-Loire. 

A  diverses  reprises,  nous  avons  eu  l'occasion  de  signaler  les  efforts 
faits  par  les  associations  agricoles  de  la  Haute-Loire  pour  y  développer 
le  progrès,  et  de  constater  le  succès  qui  les  concerne.  Nous  trouvons 
une  nouvelle  preuve  de  ce  succès  dans  un  intéressant  rapport  que 
M.  Aymard,  président  de  la  Société  des  amis  des  sciences,  de  l'in- 
dustrie et  des  arts,  vient  d'adresser  au  Conseil  général  du  département, 
sur  les  travaux:  de  cette  active  Société  pendant  l'année  1879-80.  En 
voici  quelques  extraits  : 

«  La  Sociélé,  secondée  par  son  Comice  agricole,  s'est  montrée  encore,  cette 
année  attentive' à  étendre  son  action  sur  toutes  les  branches  de  l'économie  rurale 
dont  l'heureuse  diversité,  dans  notre  région  accidentée,  l'a  préservée,  à  bien  des 
égards,  des  crises  agricoles. 

ce  Les  trois  concours  de  bestiaux,  pour  lesquels  nous  recevons  les  généreuses 
subventions  de  l'Etat,  du  département  et  de  la  ville  du  Puy,  contribuent  au 
perfectionnement  de  l'élevage  du  bétail,  source  principale  de  la  richesse  de  nos 
campagnes,  tandis  que  la  Société  manifeste  également  sa  sollicitude  à  bien  d'autres 
points  de  vue,  par  ies  distributions  de  graines,  par  les  encouragements  à  l'outil- 
lage rural,  par  des  expositions  annuelles  des  produits  de  tous  genres,  non  moins 
qu'au  moyen  d'intéressantes  communications  et  des  rapports  laits  dans  nos  réu- 
nions mensuelles.  . 

«  Concours  a  animaux  gras  au  Puy.  —  Le  concours  était  nombreux  et  brillant 
et,  entre  autres  progrès  qu'il  nous  a  révélés,  le  compte  rendu  en  a  signalé  trois 
essentiels  :  V  L'état  remarquable  d'engraissement  des  bœufs  de  la  deuxième  caté- 
gorie dans  laquelle  dominaient  les  sujets  de  la  race  du  Mezenc;  %"  le  nombre  de 
plus  en  plus  accentué  et  les  qualités  fort  méritantes  des  sujets  de  l'espèce  ovine  en 
ce  qui  concernait  notre  précieuse  race  de  montagne,  dite  des  bizels;  3»  la  présence 
de  porcs  du  pays  à  chair  succulente,  dont  l'engraissement  n'était  pas  dû,  comme 
dans  certains  concours  précédents,  à  l'usage  de  la  farine.  Conservons  donc  nos 
locales  exemptes;  autant  que  possible,  de  croisement  ;  améUorons-les  par  1 


races 


sélection  et  nous  n'aurons  rien  à  redouter  de  ces  prétendues  importations  ds  viandes 
américaines  dont  on  a  fait  trop  de  bruit  dans  le  cours  de  cette  année. 

«  Témoin  des  succès  éclatants  qui  ont  recommandé  notre  race  bovine  du  Mezenc 
(ainsi  <|ue  la  race  tarentaise,  introduite  chez  nous  par  un  agriculteur  distingué) 
dans  les  concours  régionaux,  notamment  à  ceux  de  Mende,  de  Lyon,  de  Guéret, 
aussi  bien  qu'à  l'Exposition  universelle  de  Paris,  j'ai  cru  devoir,  au  nom  de  la 
Société,  convocjuer  nos  éleveurs  pour  celui  qui  aura  lieu  cette  année  à  Glerraont, 
Notre  appel  a  été  entendu  et  j'ai  l'assurance  qu'encore  une  lois  ils  feront  honneur 
au  département  Malheureusement  le  programme  nous  a  fait  regretter  une  réduc- 
tion de  prix,  au  sujet  de  laquelle,  aussitôt  que  nous  en  avons  eu  connaissance, 
nous  avons  Dansrnis  nos  réclamations  au  ministère  II  était  sans  doute  trop  tard 
pour  qu'il  pût  y  être  fait  droit;  mais  nous  sommes  certains  que  h  su[)ériorité  de 
notre  exhiLilioù  decidei'a  le  jury,  comme  précédemment,  à  lui  attribuer  des  prix 
supplémentaires.  11  serait  bien  désirable  qu'un  vœu  du  Conseil  général  consacrât,  la 
légitimité  de  notre  demande,  afin  qu'à  laveiair  le  programme  du  concours  régional 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (16  OCTOBRE    1880).  89 

maintînt  le  nombre  des  prix  qui,  depuis  plusieurs  années,  était  fixé  pour  la  race 
bovine  du  Mezenc. 

«  Distribution  de  graines.  —  Parmi  les  graines  fourragères,  nous  persistons  à 
introduire  celles  des  deux  espèces  de  maïs;  quarantains  et  caragua,  qui  convien- 
nent le  mieux  à  notre  sol.  Nous  avons  distribué  également  une  certaine  quantité 
d'avoine  prunier;  après  avoir  reconnu  les  qualités  de  cette  céréale  par  l'expérience 
heureuse  qu'en  a  faite  l'un  des  vice-présidents  du  Comice,  M.  Couderchet. 

«  Dégâts  causés  par  les  froids  de  cet  hiver.  —  Désireux  d'avoir  des  indications 
précises,  nous  les  avons  recueillies  à  différentes  reprises,  à  de  convenables  inter- 
valles de  temps,  afin  de  les  obtenir  en  toute  sûreté  à  mesure  que  la  végétation 
progressait.  Il  en  est  résulté  que  les  inquiétudes  qui,  tout  d'abord,  s'étaient  trop 
vivement  manifestées,  se  sont  beaucoup  amoindries.  Bien  des  arbres  et  arbustes 
indigènes  ou  même  exotiques,  qu'on  supposait  perdus,  ont  résisté  aux  rigueurs  de 
l'hiver  et,  si  certaines  cultures  ont  éprouvé  quelques  souffrances,  elles  ont  été  at- 
ténuées par  le  retour  bienfaisant  de  la  belle  saison. 

«  Etudes  diverses  d'agriculture.  —  Celles  de  ces  études  que  nous  avons  jugées 
applicables  au  département  sont,  entre  autres,  les  suivantes  :  résultats  de  l'exploi- 
tation d'un  domaine  depuis  plusieurs  années;  culture  de  plantes  aromatiques  au 
Puy  ;  les  tourteaux  de  graines  de  coton  d'Egypte;  essais  de  culture  de  la  betterave 
géante,  de  carottes,  de  panais,  de  pommes  de  terre  diverses,  de  cerfeuil  bulbeux, 
de  rave  géante,  de  la  chicorée  à  grosse  racine  de  Bruxelles,  de  l'avoine  du  Mexi- 
que, etc.;  une  larve  d'insectes  dévastatrice  des  raves;  l'origine  et  les  quantités 
supérieures  de  l'orge  Chevalier;  les  céréales  à  végétation  rapide;  emploi  de  l'es- 
courgeon comme  fourrage  vert  ;  nouveau  procédé  de  culture  des  artichauts  ;  emploi 
du  paroire  pour  l'extirpation  du  chiendent;  application  du  chaulage  aux  ensemen- 
cements des  raves,  dans  les  pays  de  montagnes  ;  avortement  des  vaches  ;  utilisation 
agricole  des  eaux  d'égout;  le  chiffre  d'hectares  cultivés  en  vignes  dans  la  Haute- 
Loire;  préservation  delà  vigne  contre  les  gelées  printanières;  ensilage  des  feuilles 
de  vigne  ;  bouturage  du  thymélée  des  Alpes  ;  syndicat  obligatoire  applicable  aux 
chemins  ruraux,  etc.  » 

Cet  exposé  montre  que  les  questions  qui  intéressent  le  plus  le  dé- 
veloppement de  la  richesse  agricole  sont  étudiées  avec  soin  par  la 
Société;  les  sacrifices  qu'elle  s'impose,  notamment  pour  la  distribu- 
tion de  graines,  sont  un  des  meilleurs  moyens  de  diffusion  des  bonnes 
plantes.  J.-A.  Bahral. 

CULTURE  DE  LA  POMME  DE  TERRE 

PLANTATION  D'AUTOMNE. 

La  question  de  la  plantation  de  la  pomme  de  terre  au  mois  de 
novembre  n'est  point  nouvelle  en  France.  Cette  question  a  été  déjà 
plusieurs  fois  traitée  dans  ce  Journal,  mais  il  manquait  à  cette  pra- 
tique la  sanction  de  l'expérience  et  c'est  là  le  sujet  du  présent  travail. 

La  semaine  dernière,  le  Times  a  publié  une  lettre  écrite  par  un  des 
agronomes  les  plus  distingués  de  l'Angleterre,  M.  James  Howard,  le 
représentant  des  agriculteurs  du  comté  de  Bedford  à  la  Chambre  des 
Communes,  dont  la  parole  est  une  des  plus  autorisées  sur  toutes  les 
questions  que  la  discussion  des  intérêts  agricoles  soulève  dans  cette 
enceinte  parlementaire. 

Cette  lettre  est  on  ne  peut  plus  opportune,  à  une  époque  où  la 
culture  de  la  pomme  de  terre,  reconnue  comme  un  des  produits  les 
plus  importants  de  Tagricnlture  moderne,  excite  tant  d'intérêts  et 
donne  lieu  à  des  recherches  si  sérieuses.  En  effet,  chez  nos  voisins, 
encore  plus  que  chez  nous,  la  récolte  de  ce  tubercule  ne  le  cède  en 
importance  qu'à  celle  du  blé,  et  son  abondance  ou  sa  disette  exerce 
sur  l'économie  sociale  de  l'Angleterre,  au  point  de  vue  de  la  grande 
question   de  l'alimentation,  des  effets  d'une  puissance  dont  les  éco- 


90  CULTURE  DE  LA  POMME  DK  TERRE. 

nomistes,  même  les  plus  savants,  ont  peine  à  se  rendre  compte,  et 
doat  il  est  difficile  d'exagéreu  l'énorme  inikience.  Le  trouble  que  l'in- 
certitude de  celte  récolte  a  plusieurs  fois  apporté  dans  l'économie 
alimentaire  de  la  Grande-Bretagne  et  surtout  en  Irlande,  a,  dans  ces 
derniers  temps,  si  fortement  préoccupé  les  hommes  politiques,  que  le 
parlement  a  dû  s'en  occuper  sérieusement  et  a  institué  une  Commis- 
sion, dont  j'ai  déjà  parié,  pour  étudier  les-  causas  de  ces  fluctua- 
tions'de  rendement  dans  la  récolte  du  précieux  tubercule  et  y  trou- 
ver un  remède.  Certes,  la  chose  en  vaut  la  peine,  quand  on  vient  à 
considérer  que  la  valeur  moyenne  de  la  récoite  des  pommes  de  teirre 
dans  le  Royaiune-Uni  n'est  pas  moins  de  750.  millions  de  francs 
par  an. 

Auj  mois  d'août  de  l'année  dernière,  le  Times  publia  une  lettre 
signée  :  Un  curé  de  campagne,  dans  laquelle  on  préconisait  la  plan- 
tation, des  pommes  de  terre  dans  le  courant  du  mois  d'octobre  et  au 
commencement  de, novembre.  Les  raisons  données  à  l'appui  de  cette 
pratique  étaient  tellement  plausibles  que  M.  James  Howard,  esprit 
novateur  s'il  en  fut,  résolut  d'expérimenter  lui-môme  cette  pratique 
afin  d'en  constater  les  résultats. 

Avant  de  reproduire  ses  expériences  et  leurs  suites,  je  vais  d'abord 
résumer  les  arguments  du  curé  de  campagne,  en  faveur  de  la  nouvelle 
méthode. 

Si  l'on  emmagasine  les  pommes  de  terre  dans  les  caves  jusqu'au 
printemps,  observe  le  curé^  il  se  produit  à  la  longue  une  végétation 
énergique,  on  voit  de  longs  filaments  pâles  sortir  des  yeux  do  chaque 
tul)ercule.  Cette  végétation  intempestive  doit  nécessairement  épuiser 
la  force  végétative  du  tubercule,  et,  ainsi  affaiblies,  les  pommes  de 
terre,  lorsqu'elles  sont  plantées  au  printemps,  ne  peuvent  opposer 
aucune  vigueur,  aucune  résistance  à  la  maladie  qui  s'en  empare  sans 
difficulté.  D'ailleurs  les  germes  étant  déjà  épuisés  par  cette  végétation 
prématurée,  ne  donnent  presque  aucun  produit.  Si,  au  lieu  d'em- 
magasiner les  pommes  de  terre  dans  une  cave,  on  les  met  dans  un 
grenier,  le  résultat  est  encore  pire,  car  si  la  température  n'est  point 
assez  froide  pour  les  faire  geler,  elles  se  dessèchent  et  se  flétrissent, 
et  les  germes  ne  tardent  pas  à  mourir,  tandis  que  si  on  les  met  en 
terre  à  Tautomne,  on  les  conserve  contre  les  atteintes  de  la  gelée,, 
contre  lé  dessèchement  produit  par  Pair,  et  contre  la  végétation  pré- 
maturée des  caves.  Au  printemps  suivant  elles  sortent  de  terre  avec 
toute  leur  vigueur  et  toute  leur  puissance  de  végétation,  et  donnent 
des  produits  bien  meilleurs  et  bien  plus  abondants. 

Voilà  d'excellents  arguments,  et  le  curé  de  campagne,  s'il  avait 
connu  le  mode  de  conservation  usité  dans  bien  des  pays  en  France, 
il  aurait  pu  ajouter  que  l'ensilage  sous  terre  étant  un  des  meilleurs 
moyens  de  conserver  la  pomme  de  terre,  il  est  raisonnable  et  logique 
de  conclure  que  la  plantation  d'automne  est  équivalente  à  l'ensilage, 
avec  cet  avantage  que  l'opération  de  la  plantation  se  trouve  toute  faite, 
avantage  immense  en  ce  qu'il  économise  un  temps  précieux  au  prin- 
temps, sans  compter  celui  non  moins  important  d'un  produit  meilleur 
et  plus  abondant,  et  moins  susceptible  de  la  maladie. 

Influencé  par  ces  considérations,  M.  James  Howard,  dans  les 
premiers  jours  de  novembre  dernier,  fit  planter  sur  un  sol  très  argileux 
une  certaine  quantité  de  pommes  de  terre  hâtives,  connues  sous  le 


CULTURE  DE  LA  [POMME   DE   TERRE  91 

nom  de  Early  Royal  Àshleaf  de  Rivers,  à  une  profondeur  d'environ 
20  centimètres.  Du  15  au  UO  mars  suivant,  il  lit  planter  sur  deux 
bandes  du  même  terrain,  côte  à  côte  avec  celui  ensemencé  au  mois  de 
novembre  précédent,  la  même  variété  de  pommes  de  terre.  Ces  plants 
semés  en  mars,  sortirent  de  terre  à  l'époque  ordinaire,  mais  ceux 
plantés  en  novembre  ne  donnaient  encore  aucun  signe  de  vie,  et 
M.  Howard  commenta  à  craindre  que  les  froids  intenses  de  l'hiver 
dernier  n'eussent,  comme  l'avait  prédit  son  jardinier,  détruit  les 
plants  eux-mêmes.  Cependant  trois  semaines  plus  tard,  les  plants  de 
novembre  commencèrent  à  pousser  de  fortes  tiges  à  la  surface.  Ces 
tiges  se- développèrent  rapidement  et  ne  tardèrent  pas  à  surpasser 
leurs  voisines  en  vigueur  et  en  luxuriance  de  feuillage.  Les  tubercules 
arrivèrent  à  maturité  et  furent  récoltés  au  moins  trois  semaines  avant 
que  la  maladie  ne  se  manifestât.  Les  plantes  semées  au  printemps 
furent  attaquées  par  la  maladie  avant  la  maturité  des  tubercules, 
ainsi  qu'une  petite  portion  de  celles  plantées  en  novembre  qu'on  avait 
laissées  en  terre  exprès  pour  constater  sur  elles  l'effet  de  la  nraladie. 
M.  Howard  remarque  que  la  maladie  ne  s'étendit  point  à  d'autres 
bandes  d'un  terrain  voisin  et  contigu,  planté  de  pommes  de  terre 
Champion,  lesquelles  récoltées  la  semaine  dernière  ont  donné  dix-neuf 
vingtièmes  de  tubercules  parfaitement  sains.  Voici  donc  une  nou- 
velle preuve  de  l'immunité  de  la  Champion  contre  les  atteintes  de 
la  maladie.  Je  prépare  mon  rapport  sur  mes  expériences  de  cette 
année,  par  lequel  on  verra  que  je  n'ai  point  eu  à  constater  le  moindre 
symptôme  de  maladie  dans  toute  ma  récolte,  tandis  que  les  autres 
espèces  que  j'ai  cultivées  ont  plus  ou  moins  souffert. 

La  récolte  des  pommes  de  terres  plantées  en  novembre  par 
M.  Howard,  fut  enlevée  pendant  qu'il  était  à  Londres,  vaquant  à  ses 
devoirs  de  membre  du  parlement,  et  malheureusement  cette  récolte  ne 
fut  point  pesée.  Son  jardinier,  à  qui  il  reprochait  celte  négligence,  lui 
fit  observer  qu'il  n'y  avait  aucune  nécessité  de  faire  ce  pesage,  car  tout 
le  monde  était  d'accord,  en  les  voyant,  que  la  récolte  était  presque  le 
double  de  celle  des  pommes  de  terre  semées  en  mars. 

Plusieurs  autres  cultivateurs  ayant  suivi  les  conseils  du  curé  de 
campagne,  ont,  paraît-il,  obtenu  les  mêmes  résultats  favorables  que 
M.  James  Howard.  Le  curé  de  campagne  lui-môme  avait  remarqué 
dans  la  lettre  de  l'année  dernière,  qu'il  pratiquait  cette  méthode  depuis 
vingt-cinq  ans  et  toujours  avec  le  même  succès. 

Cette  expérience  faite  dans  son  jardin  a  paru  si  satisfaisante  à 
M.  James  Howard,  qu'il  déclare  son  intention  de  la  répéter  cette 
année  sur  une  plus  grande  échelle,  dans  la  culture  de  son  exploi- 
tation agricole.  —  Je  vais  moi-même  faire  cet  essai  sur  ma 
ferme,  avec  plusieurs  espèces  comprenant  la  Early  Rose,  la  Magnum 
Bonum  et  la  Champion,  car  celte  méthode  me  semble  rationnellement 
justifiée  par  des  arguments  logiques  et  sérieux;  d'ailleurs  les  faits 
constatés  par  un  agriculteur  aussi  sérieux  et  aussi  pratique  que 
M.  James  Howard,  suffisent  pour  démontrer  le  caractère  recommafl- 
dable  de  cette  méthode  et  mettre  son  adoption  au  delà  des  aléas 
d'une  simple  expérimentation.  Quant  à  moi,  je  n'y  vois  que  deux 
inconvénients,  c'est  la  fumure  du  terrain  qu'il  n'est  guère  facile 
d'effectUeû  bien  longtemps  avant  la  plantation,  ce  que  je  condamne 
absolument,  car  le  fumier  d'étâble  appliqué  immédiatement  avant  la 


92  CUf/rUKE  DE  LA  POiMME  DE  TERRE, 

plantation  engendre  des  vers  destracteurs,  qui  quelquefois  suffisent 
pour  anéantir  la  recolle  tout  entière.  iM.  Howard  |le  constate  lui- 
même  dans  sa  lettre  au  Times.  Il  remarque  qu'une  partie  du  lot 
de  terrain  où  la  plantation  de  novembre  a  été  faite  n'a  point  donné 
d'aussi  bons  résultats  que  les  aulres  parties,  ce  qu'il  attribue  à  ce  que 
cette  portion  avait  été  copieusement  fumée  avec  du  fumier  d'étable 
immédiatement  avant  l'ensemencement.  Dans  ce  cas,  il  recommande 
de  saupoudrer  la  semence  avec  de  la  suie  au  moment  de  la  planter. 
D'un  autre  côté,  en  général,  il  vaut  toujours  mieux  que  le  fumier  ait 
séjourné  quelque  temps  dans  la  terre  avant  l'en-emencement  de 
n'importe  quelle  récolte.  Ma  pratique  constante  est  de  fumer  et  de 
labourer  profondément  avant  l'iiiver  les  terres  que  je  destine  à  la 
pomme  de  terre  comme  aux  betteraves  et  autres  racines  de  printemps. 

L'autre  inconvénient  de  cette  plantation  d'automne,  c'est  qu'elle 
tombe  juste  au  milieu  des  semailles  de  blé,  à  une  époque  oii  les  atte- 
lages sont  fortement;  occupés  et  l'attention  des  cultivateurs  accaparée 
par  des  travaux  plus  urgents.  Mais,  comme  l'observe  justement 
M.  James  Howard,  si  cette  nouvelle  méthode  de  culture  est  satisfai- 
sante et  donne  plus  de  produit  que  Tancienne,  on  trouvera  bien  les 
moyens  d'obvier  à  cet  inconvénient. 

Il  reste  encore  une  autre  objection  qu'il  convient  d'examiner.  C'est 
le  danger  de  la  gelée  dans  les  hivers  rigoureux  comme  celui  que  nous 
venons  de  traverser.  L'expérience  de  M.  James  Howard  et  celle  des 
autres  cultivateurs  qu'il  cite  dans  sa  lettre  au  Times^  est  faite  pour 
dissiper  toute  appréhension  à  cet  égard,  par  le  fait  de  cette  végétation 
tardive  manifestée  par  les  plants  mis  en  terre  à  l'automne.  Dans  le 
jardin  de  M.  Howard,  ces  plants,  mis  en  terre  au  commencement  de 
novembre  1879,  n'ont  manifesté  leur  végétation  à  la  surface  du  sol 
que  trois  semaines  après  ceux  mis  en  terre  vers  le  20  mars  1880.  Il 
est  vrai  que  la  nature  compacte  du  sol  oii  ils  avaient  été  plantés  a  pu 
exercer  une  certaine  influence  de  résistance  plus  grande  que  celle  d'un 
sol  plus  léger.  C'est  un  problème  que  je  vais  me  charger  de  résoudre, 
car  je  compte  planter  vers  la  fin  d'octobre  diverses  variétés  de  pommes 
de  terre  dans  une  terre  très  légère,  et  je  pourrai  constater  l'effet  qui 
se  produira.  F.-R.  de  la  Tréhonnais. 

LE    CONCOURS  D'IRRIGATION 

DES   HAUTES  ET   BASSES-ALPES 

Le  lundi  20  septembre  a  eu  lieu,  à  Gap,  ainsi  que  le  Journal  l'a  déjà  fait  con- 
naître, la  distribution  des  récompenses  aux  lauréats  du  concours  d'irrigation 
ouvert,  en  1879,  dans  les  Hautes  et  Basses-Alpes.  Cette  solennité  a  présenté  un 
très  grand  intérêt;  elle  était  présidée  par  M.  Vernet,  préfet  des  Hautes- Alpes  Nous 

Sublions  ci-dessous  les   discours  prononcés,  ainsi  que  la  liste  des    récompenses 
écernées. 

L  —  Discours  de  M.  Vernet,  préfet  des  Hautes-Âlpes. 

Messieurs,  je  suis  fier  et  surtout  heureux  de  l'honneur  qu'a  bien 
voulu  me  faire  M.  le  ministre  en  me  confiant  la  présidence  de  cette 
fête  de  l'agriculture,  qui  intéresse  deux  départements  frères. 

La  meilleure  partie  de  ma  vie  s'est  écoulée  parmi  les  populations 
agricoles.  Je  les  connais  et  je  les  aime;  aussi,  c'est  une  vive  satisfac- 
tion pour  moi  d'avoir  à  récompenser  leurs  efforts,  si  souvent  ignorés. 

La  terre,  messieurs,  ce  principal  générateur  de  la  richesse  publi- 


CONCOURS  D  IRRiaATION  DES  HAUTES  ET  BASSES-ALPES.  93 

que,  a  subi,  vous  le  savez,  des  fortunes  diverses  suivant  les  milieux 
sociaux  qui  se  sont  succédé.  Avant  1789,  maîtresse  stérile  de  la 
noblesse  et  du  clergé,  elle  fut  arrachée  de  leurs  bras  impuissants  par 
la  grande  Révolution  et  donnée  en  légitimes  noces  à  celui  qu'on  a  si 
excellemment  nommé  le  paysan,  l'homme  du  pays.  Sous  sa  robuste 
étreinte,  elle  est  devenue  merveilleusement  féconde  et  la  richesse 
qu'elle  a  créée  a  permis  aux  autres  générateurs  de  la  production  natio- 
nale d'atteindre  à  ce  développement  et  à  cette  puissance  qui  font  l'éton- 
nement  du  monde  entier. 

Mais  les  conditions  économiques  se  modifient  sans  cesse  comme  les 
sociétés,  et  les  autres  éléments  producteurs,  soumis  à  des  charges 
moins  lourdes,  ont  pu,  en  offrant  au  capital  et  au  travail  une  plus 
large  rémunération,  éloigner  peu  à  peu  de  la  terre  ces  agents  néces- 
saires à  toute  production. 

.Telle  est,  messieurs,  je  le  crois,  non  point  l'unique  cause,  mais  la 
cause  principale  du  malaise  qui  pèse  sur  l'agriculture. 

Il  appartenait  au  gouvernement  réparateur  de  la  République  de  se 
préoccuper  de  cette  situation.  Cette  fête,  messieurs,  témoigne  de  sa 
sollicitude;  mais  ces  solennités  demeureraient  impuissantes  si  elles 
n'étaient  pas  le  couronnement  de  mesures  plus  efficaces. 

Pour  rétablir  l'équilibre  dans  la  répartition  des  moteurs,  le  capital 
et  le  travail,  dont  je  parlais  tout  à  l'heure,  et  les  ramener  à  elle,  la 
terre  se  trouve  dans  la  nécessité  absolue  de  leur  offrir  un  loyer  plus 
élevé.  Il  faut  donc  ou  alléger  les  charges  qui  la  grèvent  sous  des 
formes  si  multiples,  ou  bien  diminuer  le  'prix  de  revient  de  ses  pro- 
duits en  les  augmentant. 

Le  premier  de  ces  moyens  préoccupe,  en  ce  moment,  d'éminents 
esprits  et  la  prospérité  sans  précédent  de  nos  finances  permet  d'espérer 
qu'il  pourra  être  appliqué  dans  un  avenir  prochain.  Le  second, 
messieurs,  nous  en  voyons  chaque  jour  l'emploi  fécond.  Les  ressources 
de  nos  budgets  ne  vont  plus,  comme  sous  l'Empire,  s'engloutir  dans 
des  aventures  lointaines  et  funestes.  C'est  à  ouvrir  des  voies  de  commu- 
nication, c'est-à-dire  à  réduire  le  prix  des  transports  ;  à  creuser  des 
canaux,  c'est-à-dire  à  augmenter  les  produits  du  sol,  que  sont 
employés  les  excédents  de  la  richesse  publique.  Et  ces  subventions, 
vous  l'avez  remarqué,  messieurs,  ne  sont  point,  ainsi  que  l'ont  pra- 
tiqué tous  les  régimes  précédents,  réparties  en  raison  des  sacrifices, 
mais  en  raison  des  besoins  :  en  d'autres  termes,  c'est  aux  plus  pauvres 
que  le  gouvernement  républicain  donne  davantage. 

..Les  populations  reconnaissantes  de  ces  montagnes  ne  l'oublieront 
pas;  elles  se  souviendront  que,  si  la  grande  Réforme  de  89  a  créé 
l'égalité  des  droits,  la  République  de  70,  sa  fille  légitime,  a  pratiqué 
la  solidarité  des  intérêts.  La  première,  elle  s'e?,t  efforcée  sérieusement, 
et  ce  sera  son  éternel  honneur,  de  fixer  nos  populations  robustes  sur 
le  sol  natal  qu'elles  fécondent  et  dont  la  possession  les  moralise.  En 
se  dévouant  à  cette  noble  entreprise,  la  République  n'a  fait,  d'ailleurs, 
qu'obéir  aux  lois  de  sa  nature.  Elle  est  le  gouvernement  des  races 
fortes  et  saines;  elle  a  besoin  de  vertu,  a  dit  Montesquieu,  non  point 
de  cette  vertu  anémique  qui  vit  de  macérations  et  d'extases,  mais  de 
cette  vertu  virile  qui  se  complaît  dans  les  luttes  pour  la  grandeur  de 
la  patrie  et  l'avancement  de  l'humanité. 

Je  termine  laces  considérations  générales;  des  voix  plus  autorisées 


94  CONCOURS    D'IRRIGATION  DES  HAUTES   ET  BASSES-ALPES. 

que  la  mienne  vont  vous  dire,  messieurs,  comment  doivent  être  secon- 
dées les  intentions  bienveillantes  du  gouvernement. 

o 

IL  "  Discours  de  M.  du  Peyrat,  inspecteur  général  de  l'agriculture. 

Messieurs,  l'année  dernière,  le  i^ouvcrnement  avait  ouvert  dans  les 
deux  départements  réunis  des  Hautes  et  des  Basses- Alpes  un  concours 
d'irrigation  auquel  soixante-douze  concurrents  ont  pris  part.  La  procla- 
mation des  noms  des  lauréats  devait  avoir  lieu  en  môme  temps  que  la 
distribution  des  récompenses  du  concours  régional  de  Grenoble,  au  mois 
de  juin  dernier.  Mais  M;  le  ministre  de  l'agriculture  a  pensé  qu'il  était 
préférable  que  le  concours  des  prix  d'irrigation  fit  l'objet  d'une  solen- 
nité spéciale  dans  le  chef-lieu  du  département  des  Hautes- Alpes,  au 
milieu  des  populations  laborieuses  dont  nous  venons  aujourd'hui 
récompenser  les  efforts  et  signaler  les  travaux.  Vous  verrez  tous, 
messieurs,  dans  cette  pensée  du  gouvernement,  un  nouveau  témoi- 
gnage de  sa  haute  sollicitude  pour  les  intérêts  agricoles  et  de  son 
désir  d'honorer  les  cultivateurs. 

Parmi  les  moyens  qui  permettent  de  mettre  en  valeur  vos  montagnes 
et  d'en  retirer  les  produits  les  plus  rémunérateurs,  il  n'en  est  pas  de 
plus  puissant  que  l'emploi  des  eaux  d'arrosage.  Des  travaux  considé- 
rables ont  déjà  été  faits  dans  vos  déparlements  pour  l'irrigation  des 
terres,  d'autres  se  poursuivent  en  ce  moment  et  des  études  en  voie  de 
préparation  permettront  de  compléter  une  œuvre  qui  est  intimement 
liée  à  la  prospérité  de  ce  pays. 

En  organisant  des  concours  pour  récompenser  les  cultivateurs  qui 
utilisent  les  eaux  de  la  manière  la  plus  intelligente,  l'administration 
de  l'agriculture  a  voulu,  dans  le  Midi  surtout,  attirer  l'attention  des 
propriétaires  sur  l'utilité  des  irrigations  et  provoquer  le  progrès  par 
des  encouragements  qui  vont  rechercher,  jusque  dans  vos  vallées  les 
plus  reculées,  des  mérites  ignorés,  des  efforts  utiles,  des  résultats  qui 
servent  à  l'enseignement  de  tous. 

A  l'avenir,  ces  encouragements  spéciaux  aux  irrigations  prendront 
même  une  plus  large  extension  en  se  généralisant,  et  trouveront  place 
dans  le  programme  des  prix  culturaux  qui  s'applique  successivement 
à  chacun  des  sept  départements  formant  la  région  agricole. 

Par  l'application  de  cette  mesure,  tous  les  sept  ans  un  concours 
d'irrigation  aura  lieu  dans  chacun  des  départements  qui  composent  la 
région,  en  même  temps  que  le  concours  ouvert  pour  la  prime  d'honneur 
et  les  divers  prix  culturaux. 

Ce  concours  se  tiendra  en  1883  dans  le  département  des  Basses- 
Alpes,  et  en  1884  dans  celui  des  Hautes-Alpes.  J'espère,  messieurs, 
qu'à  cette  époque  les  agriculteurs  des  Alpes  répondront  à  Fappel  du 
gouvernement,  comme  ils  l'ont  déjà  fait  l'année  dernière,  et  qu'ils 
nous  procureront  l'occasion  de  constater  de  nouveaux  progrès  en  leur 
décernant  de  nouvelles  récompenses. 

Je  laisse  à  l'honorable  M.  Barrai,  rapporteur  du  jury,  le  soin  de 
vous  parler  des  lauréats  de  ce  concours  et  de  vous  entretenir  des 
questions  générales  qui  se  rattachent  à  l'économie  rurale  de  ce  pays. 
Les  travaux  remarquables  publiés  sur  les  irrigations  du  Midi  de  la 
France  par  ce  savant  si  sympathique  aux  agriculteurs,  seront  complétés 
par  un  nouveau  rapport  spécial  aux  irrigations  des  deux  départements 
des  Hautes  et  Basses- Alpes. 


CONCOURS  D  IRRIGATION  DES    HAUTES  ET  BASSES-ALPES.  95 

Je  me  félicite,  messieurs,  des  circonstances  qui  nous  ont  réunis  au 
milieu  des  fêtes  de  celte  ville,  oi^i  les  plaisirs  eux-mêmes  ont  pris  une 
forme  utile  et  où  une  ingénieuse  charité  a  su  récolter  la  part  des  mal- 
heureux. Une  meilleure  occasion  ne  pouvait  nous  être  offerte  pour 
couronner  publiquement  les  lauréats  du  concours  d'irrigation,  et  je 
prie  les  organisateurs  de  cette  réunion,  M.  le  préfet  et  M.  le  maire  de 
Gap,  de  vouloir  bien  recevoir  l'expression  de  mes  sympathiques 
remercîments,  au  nom  de  l'administration  que  j'ai  l'honneur  de  repré- 
senter. 

III.  —  Discours  de  M.  J.-A   Barrai,  rapporteur  du  Jury. 

Monsieur  le  préfet,  mesdames,  messieurs,  par  l'institution  des 
concours  d'irrigation  qui  ont  pour  but  de  récompenser  et  de  signaler 
à  l'attention  publi([ue  les  agriculteurs  dont  les  travaux  de  bon  amé- 
nagement des  eaux  amènent  une  abondante  production  végétale,  le 
gouvernement  de  la  République  a  voulu  donner  une  plus  vive  im- 
pulsion au  développement  de  la  richesse  agricole  de  la  France.  L'eau 
étant  un  des  moyens  d'action  les  plus  puissants  que  l'homme  puisse 
employer  pour  accroître  le  rendement  de  ses  récoltes  dans  tous  les 
pays  qui  souffrent  de  la  sécheresse,  et  par  conséquent  dans  le  Midi, 
il  est  d'un  intérêt  patriotique  de  premier  ordre  qu'aucune  source, 
qu'aucun  cours  d'eau  ne  se  perde  inutile,  car  l'eau  qui  s'écoule  inutile 
pour  aller  se  mêler  aux  flots  de  l'Océan,  c'est  du  pain,  c'est  de  la 
viande,  c'est  du  bien-être  pour  les  populations  qui  se  trouvent  déplo- 
rablement  gaspillés,  sans  compter  que  l'eau  non  absorbée  par  la 
végétation  devient  parfois  un  danger  immense  pour  la  sécurité  des 
nations.  Féconde,  si  elle  est  utilisée  et  bien  aménagée,  terrible  et  dé- 
vastatrice si  elle  est  abandonnée  à  elle-même  par  l'homme  insouciant, 
telle  est  cette  substance  liquide  qui  constitue  une  grande  partie  du 
globe  terrestre.  Trop  souvent,  dans  le  passé  de  l'humanité,  on  a  délaissé 
cet  élément  de  la  nature  sans  songer  à  le  dominer  par  des  efforts 
sufhsants,  quoique  des  travaux  nombreux  aient  été  faits  dès  la  plus 
haute  antiquité  pour  irriguer  les  terres.  C'est  partout  qu'il  faut  agir, 
c'est  un  ensemble  complet  de  mesures  qu'il  faut  prendre  pour  ré- 
soudre définitivement  le  grave  problème  de  l'utilisation  de  toutes  les 
sources  et  de  tous  les  cours  d'eau.  Le  gouvernement  de  la  Répu- 
blique l'a  compris.  Il  fait  appel  à  tous  les  efforts  individuels,  et  il 
propose  des  lois  qui  les  coordonneront,  des  mesures  qui  solidariseront 
la  puissance  publique  et  les  travaux  particuliers.  Les  concours  d'irri- 
gation sont  un  des  moyens  par  lesquels  il  montre  sa  sollicitude  en 
cette  matière  et  excite  les  intéressés  à  l'aider  de  leur  activité  intelli- 
gente, car  c'est  avec  tous,  par  tous  et  pour  tous  que  le  bien  peut  seul 
s'accomplir  dans  sa  plénitude. 

Le  Midi,  surtout,  a  besoin  des  irrigations.  Vous  savez  les  nom- 
breux canaux  qui  sont  établis  et  que  l'on  construit  chaque  jour  dans 
les  plaines  de  la  Provence,  du  Dauphiné,  du  Languedoc,  oii  des  con- 
cours d'irrigation  ont,  durant  ces  cinq  dernières  années,  dévoilé  les 
merveilleuses  récoltes  obtenues  grâce  à  de  bonnes  pratiques  d'arro- 
sages, et  répandu  une  émulation  féconde  parmi  les  propriélaires,  les 
fermiers  et  les  métayers.  Les  laborieuses  populations  des  montagnes 
devaient  d'autant  moins  demeurer  étrangères  à  ces  encouragements, 
qu'elles  sont  plus  courageuses,  plus   patientes,   et  qu'elles  montrent 


96  CONCOURS  D'IRRIGATION  DES  HAUTES  ET  BASSES-ALPES. 

toujours  un  dévouement  absolu  à  la  patrie;  d'ailleurs  la  lutte  pour 
vivre  malgré  les  fléaux  naturels  y  est  plus  énergique  que  dans  les 
plaines,  et  elle  y  donne  aussi  des  résultats  plus  considérables  qui  revê- 
tent un  caractère  d'utilité  plus  générale,  parce  que  c'est  à  leur  origine 
qu'il  faut  éteindre  les  sources  qui  vont  peut-être  se  transformer 
tout  à  l'heure  en  torrents  indomptables.  Un  grand  concours  d'irriga- 
tions a  donc  été  créé  en  1 879  pour  les  deux  départements  des  Basses 
et  Hautes-Alpes.  Je  dois  vous  en  rendre  un  compte  sommaire  dans  ce 
résumé.  Un  rapport  développé  formant  un  gros  volume,  pourra  seul 
faire  connaître  la  grandeur  de  l'œuvre  déjà  accomplie,  qui  remonte 
pour  ses  commencements  aux  temps  les  plus  anciens,  mais  qui  reçoit 
de  nos  jours  un  développement  pour  lequel  le  gouvernement  de  la 
République  ne  ménage  ni  les  subsides,  ni  les  grands  travaux  que 
l'Etat  seul  peut  mener  à  bonne  fin,  parce  que  leur  exécution  dépasse 
la  puissance  des  individus  isolés. 

A  l'appel  du  gouvernement,  72  concurrents  ont  répondu;  16  se 
sont  fait  inscrire  dans  le  département  des  Basses-Alpes,  56  dans 
celui  des  Hautes-Alpes.  H  était  naturel  que  ce  dernier  nombre  sur- 
passât le  premier,  car  aujourd'hui  le  département  des  Hautes-Alpes 
compte  plus  de  20,000  hectares  irrigués,  tandis  qu'il  n'y  en  a  que 
8,000  à  9,000  hectares  dans  celui  des  Basses-Alpes.  La  Commission 
chargée  de  décerner  les  prix  promis  par  le  programme,  s'est  trans- 
portée dans  tous  les  lieux  oi^i  les  concurrents  avaient  fait  des  travaux, 
parfois  môme  des  projets  de  travaux.  Les  cultivateurs  des  hautes 
montagnes  ont  vu  pour  la  première  fois  la  sollicitude  des  grands 
pouvoirs  publics  se  manifester  par  l'attention  avec  laquelle  leurs 
efforts  étaient  étudiés  et  appréciés.  C'était  un  événement  heureux  pour 
ces  populations  qui  ont  montré  avec  orgueil  les  soins  qu'elles  mettent 
à  féconder  la  terre.  Des  villages  entiers  venaient  assister  aux  visites, 
et  bien  des  cultivateurs  qui  avaient  négligé  de  se  faire  inscrire  pour 
Fépoque  fixée  comme  clôture  du  concours,  regrettèrent  de  n'avoir 
pas  été  plus  diligents.  Notons  que  d'admirables  travaux  d'irrigation, 
admirables  surtout  par  la  patience  et  le  courage  persévérant  qu'ils 
révèlent,  sont  faits  à  des  altitudes  de  1,800  à  2,200  mètres  et  plus, 
à  Ristolas,  à  Vars,  par  exemple.  Et  quels  durs  labeurs  s'imposent  ces 
populations  habituées  aux  frimats,  aux  privations  de  tous  genres, 
aux  pratiques  de  la  vie  la  plus  sévère,  où  parfois  le  pain  (de  ce  pain 
dont  nous  avons  mangé)  est  cuit  une  fois  en  septembre  pour  servir  toute 
l'année.  Aussi  quels  hommes  vigoureux,  quels  défenseurs  solides  ces 
populations  donnent-elles  à  la  patrie. 

Le  programme  avait  proposé  huit  prix  pour  tant  de  concurrents. 
La  Commission  se  trouvait  ainsi  dans  la  pénible  nécessité  de  laisser 
sans  récompenses  des  efforts  de  grand  mérite.  M.  le  ministre  de 
l'agriculture  a  bien  voulu  consentir  à  accorder  des  médailles  supplé- 
mentaires, afin  de  montrer  combien  le  gouvernement  prend  en  consi- 
dération les  travaux  de  l'agriculture.  C'est  ainsi  qu'aujourd'hui  vont 
être  proclamées  38  récompenses,  consistant  en  8  prix  en  argent  d'une 
valeur  totale  de  4,400  fr.  accompagnés  d'un  objet  d'art  et  d'une 
médaille  d'or,  de  4  médailles  d'argent  et  de  2  médailles  de  bronze, 
plus  4  médailles  pour  les  agents  irrigateurs  des  exploitations  primées, 
et  en  dehors  du  concours,  9  médailles  d'argent ,  grand  module, 
1 1  médailles  d'argent  ordinaires,  8  médailles  de  bronze. 


CONCOURS    D  IRRIGATION  DES  HxVUTES   ET   BASSES-ALPES.  97 

Malgré  tant  de  récompenses,  tous  les  mérites  ne  sont  pas  encore 
reconnus,  mais  d'autres  concours  viendront  qui  permettront  à  ceux 
qui  ne  sont  pas  élus  aujourd'hui  de  triomphera  leur  tour;  de  nouveaux 
travaux  auront  été  accomplis,  les  anciens  auront  été  perfectionnés  ou 
améliorés;  nul  ne  doit  se  décourager,  car  les  efforts  agricoles  ont  cela 
de  particulier,  c'est  qu'ils  ont  des  résultats  permanents;  ceux-ci 
s'imposent  aux  applaudissements  par  la  fécondité  imprimée  au  sol  et 
qu'une  végétation  luxuriante  dénonce  toujours. 

Les  prix  proposés  par  le  programme  sont  divisés  en  deux  catégories  : 
V  Les  propriétés  ayant  plus  de  6  hectares  à  l'arrosage;  2'  les  exploi- 
tations, celles  des  petits  cultivateurs,  ayant  au  maximum  G  hectares 
en  terres  arrosées. 

Le  premier  prix  de  la  première  catégorie  a  été  attribué  à  M.  Gabriel 
Arnoux,  ancien  officier  de  marine,  qui  exploite  directement  un 
domaine  de  24  hectares,  sur  la  rive  gauche  de  la  Durance,  près  du 
pont  des  Mées.  A  l'aide  du  colmatage,  M.  Arnoux  a  réussi  à  consti- 
tuer une  couche  de  terre  végétale  d'une  épaisseur  variant  de  0'".35  à 
1™.20,  selon  la  sinuosité  de  la  surface,  sur  des  graviers  incultes  où  de 
distance  en  distance  apparaissaient  quelques  maquis  d'osiers.  Déjà 
plus  de  1  I  hectares  sont  en  pleine  production  et  sont  recouverts  de 
vignes,  de  mûriers,  de  poiriers,  de  jardins  ou  de  champs  cultivés.  Le 
reste  de  l'étendue  est  en  préparation;  des  bourrelets  de  terre  établis 
en  vue  du  colmatage  enserrent  une  surface  de  plusieurs  hectares  à  des 
degrés  différents  de  transformation,  montrant  ainsi  toutes  les  phases 
de  l'opération.  Pour  les  planîations  de  vignes  nouvelles,  M.  Arnoux 
emploie  un  procédé  qui  mérite  d'être  cité  et  qui  consiste  à  planter 
dans  le  gravier  même  et  à  amener  sur  le  sol  déjà  garni,  à  l'automne 
ou  en  hiver,  les  meilleurs  dépôts  de  la  Durance.  Le  développement  de 
la  jeune  vigne  se  fait  simultanément  avec  l'exhaussement  progressif 
du  sol;  on  gagne  ainsi  2  ou  3  ans  dans  la  formation  du  vignoble. 
D'ailleurs,  M.  Arnoux  a  établi  ses  vignes  pour  lutter  victorieusement 
contre  le  phylloxéra  par  la  submersion  automnale  ])Our  laquelle  tout 
est  préparé.  En  ce  qui  concerne  l'irrigation,  M.  Arnoux  est  arrivé  à 
acquérir  le  droit  aux  trois  quarts  des  voix  dans  le  syndicat  d'aval 
des  Mées,  et  il  a  acheté  toutes  les  sources  de  la  ville  ainsi  que  les 
sources  voisines  de  sa  propriété.  Il  peut  ainsi  joindre  à  l'efficacité  du 
colmatage  la  qualité  des  eaux  d'arrosage  et  une  fumure  indirecte. 
Aussi  les  récoltes  qu'il  obtient  sont  abondantes,  et  il  a  constitué  un 
exemple  qui  mérite  d'être  suivi  et  que  le  jury  du  concours  a  voulu 
signaler  à  Fattention  de  ceux  qui  aiment  et  veulent  suivre  le 
progrès. 

Les  trois  autres  prix  de  la  première  catégorie  ont  été  décernés  à  des 
agriculteurs  des  Hautes-Alpes  qui  emploient  principalement  les  irriga- 
tions à  la  production  des  fourrages  pour  arriver  à  l'entretien  d'un 
bétail  nombreux  et  bien  nourri.  Ce  sont  MM.  i\ïazan,  Aurouze  et 
Martin. 

Sur  sa  propriété  de  Laraque,  M.  Mazan  a  mis  près  de  1 2  hectares 
à  l'arrosage,  dont  7''50  en  prés,  et  le  reste  en  cultures  diverses.  Le 
rendement  moyen  de  ses  prés  est  de  9,000  à  10,000  kilog.  de  foin 
qui  est  entièrement  consommé  dans  la  ferme  où  nous  avons  trouvé 
20  têtes  bovines,  60  têtes  ovines,  40  porcs  et  2  mules.  M.  Mazan  fait 
d'abondantes  fumures  ;  il  accroît  la  fertilité  de  son  domaine  par  des 


98  CONCOURS  D'IRRIGATION  DES  HAUTES  ET  BASSES-ALPES. 

achats  de  paille  et  de  tourteaux,  de  manière  à  restituer  et  au  delà  les 
principes  qu'il  exporte. 

M.  Aurouzc  exploite  comme  fermier  le  domaine  de  Pascal,  sur  le 
territoire  de  Charance  près  de  Gap.  Cette  ferme  présente  une  étendue 
de  31  hectares  sur  lesquels  21  hectares  sont  à  l'arrosage;  il  y  a 
10  hectares  de  prés  naturels  et  8  hectares  de  prairies  artificielles. 
Depuis  son  entrée  en  jouissance,  M.  Aurouze  a  doublé  l'étendue 
arrosable  des  terres  et,  il  n'a  pas  cessé  d'introduire  de  constantes 
améliorations;  il  a  appliqué  les  vidanges  de  la  ville  à  des  irrigations 
très  bien  réussies^  en  les  délayant  dans  de  l'eau.  Les  rendements  qu'il 
obtient  en  foin,  en  pommes  de  terre,  en  choux,  en  d'autres  légumes, 
sont  très  satisfaisants;  il  a  présenté  des  cultures  sarclées  très  remar- 
quables. Il  a  introduit  la  faucheuse,  la  moissonneuse,  la  faneuse,  tous 
les  instruments  perfectionnés,  et  c'est  à  noter  comme  bon  exemple 
donné  par  un  fermier.  Il  entretient  un  bon  bétail;  dans  les  concours 
régionaux,  ses  animaux  ont  plusieurs  fois  remporté  des  prix.  Il  vend 
du  lait  à  la  ville  avec  profit  et  son  lait  est  excellent;  les  agneaux  de 
son  troupeau  sont  aussi  recherchés  par  la  boucherie.  Un  tel  agriculteur 
a  droit  aux  applaudissements  des  amis  du  progrès. 

Le  domaine  exploité  par  M.  Martin  occupe  la  croupe  et  les  versants 
d'un  mamelon  dominant  le  village  de  Laye,  dans  le  canton  de  Saint- 
Bonnet.  Pour  y  amener  l'eau,  il  a  dû  capter  une  source  au  flanc  de  la 
montagne  voisine,  faire  un  canal  d'une  longueur  de  3  kilomètres, 
traverser  un  ravin  à  l'aide  d'un  siphon,  puis  creuser  et  maçonner  un 
bassin-réservoir  sur  le  point  culminant  de  la  propriété  afin  d'emmaga- 
siner l'eau  et  la  reprendre  ensuite  par  des  rigoles  à  faible  pente  sur 
une  surface  de  27  hectares.  Autre  détail  à  noter,  il  a  construit  un 
second  bassin  })our  recevoir  les  eaux  de  colature,  n'en  rien  perdre 
et  cependant  maintenir  toujours  les  terres  parfaitement  saines.  Les 
résultats  obtenus  sont  remarquables,  quoiqu'on  puisse  regretter  que 
les  prés  ne  reçoivent  pas  de  plus  abondantes  fumures  que  celles  qu'il 
leur  accorde  avec  un  peu  de  parcimonie.  Mais  deux  troupeaux  des 
espèces  bovine  et  ovine  sont  dans  un  très  bon  état.  Le  lait  des 
vaches  est  converti  en  beurre  et  en  fromage  qui  trouvent  facilement 
preneurs  sur  le  marché  de  Gap.  L'irrigation  aboutit  ici  à  une 
fructueuse  spéculation  en  produits  animaux. 

Nous  arrivons  aux  prix  de  la  T  catégorie,  ceux  destinés  à  la  petite 
culture.  En  tête,  le  jury  a  placé  M.  Deblieux,  qui  exploite  un  peu  plus 
de  3  hectares  arrosés  à  Mezel,  pour  lesquels  il  paye  un  gros  fermage  de 
500  fr.  par  hectare.  Malgré  cette  charge  considérable,  par  le  bon  amé- 
nagement des  eaux  qu'il  emploie,  par  les  hautes  fumures  qu'il  pro- 
digue à  ses  champs,  il  a  réussi  à  faire  des  bénéfices  remarquables. 
Sur  ses  prés  (il en  a  1  hectare  87 ares),  il  parvient  à  récolter  1 0,000 ki- 
log,  de  foin  par  hectare,  parce  qu'il  emploie  beaucoup  de  fumier  et 
en  outre  du  guano  du  Pérou.  Il  fait  en  outre,  pour  les  pays  environ- 
nants, des  plants  de  choux,  de  betteraves,  de  choux-raves,  d'oignons, 
d'ail,  de  poireaux,  etc.,  et  la  vente  ne  produit  pas  moins  de  3,000  fr. 
sur  moins  d'un  hectare.  C'est  de  la  petite  culture  intensive  à  un  haut 
degré,  et  dont  le  succès,  il  faut  le  reconnaître,  est  dû  en  partie  à  l'ad- 
mirable situation  de  Mezel.  Mais  l'habileté  du  cultivateur  doit  surtout 
consister  à  profiter  des  circonstances  heureuses  du  sol  et  du  climat, 
et  des  conditions  économiques  où  il  se  trouve. 


CONCOURS  D'iRRIGATIOx^  DES  HAUTES  ET  BASSES-ALPES.  99 

Les  trois  autres  lauréats  de  la  même  catégorie  appartiennent  aux 
Hautes- Alpes. 

M.  Rambaud,  dans  le  canton  de  Tallard,  a  créé  un  canal  de  2  kilo- 
mètres, afin  de  pouvoir  arroser  une  portion  de  sa  petite  propriété,  qui 
n'a  pas  13  hectares  en  totalité;  il  a  mis  30  ans  et  dépensé  10,000  fr. 
pour  accomplir  son  œuvre,  mais  il  est  parvenu  à  doubler  le  rende- 
ment de  ses  récoltes. 

M.  Galland,  à  Clémence-d'Ambel,  arrose  un  peu  plus  de  5  hectares 
sur  les  7  hectares  qu'il  possède  ;  il  est  dans  un  pays  où  l'irrigation  est 
en  usage  depuis  des  siècles;  on  ne  compte  pas  moins  de  six  canaux 
dans  la  commune;  il  a  participé  à  l'acceptation  du  règlement  des 
eaux  entre  les  membres  des  syndicats.  Il  récolte  assez  de  fourrage 
pour  nourrir  5  vaches  laitières,  3  génisses,  10  chèvres,  40  moutons, 
3  porcs  et  1  mulet,  c'est-à-dire  plus  d'une  tête  et  demie  par  hectare. 
De*  là  les  fumures  abondantes  qu'il  peut  faire,  et  qu'il  accroît  encore 
avec  raison  par  des  achats  de  paille  et  de  feuilles  et  herbes  sèches  pro- 
venant des  montagnes,  et  dont  il  se  sert  pour  faire  de  la  litière.  Il  y  a 
dans  tous  ses  actes  d'administration  des  preuves  d'urte  intelligence 
remarquable. 

M.  Meissimilly  exploite  sur  la  commune  d'Arvieux,  dans  le  canton 
d'Aiguilles,  une  surface  de  4  hectares  en  prairies  particulièrement  bien 
traitées,  au  double  point  de  vue  des  fumures,  de  l'arrosage,  de  l'em- 
ploi économique  des  eaux;  M.  Meissimilly  a,  pour  l'étendue,  su 
mettre  un  nombreux  bétail  dans  un  parfait  état.  Il  est  le  premier  dans 
une  commune  remarquable  où  il  rencontre  beaucoup  de  rivaux  pour 
bien  cultiver,  beaucoup  produire  et,  j'ajouterai,  pour  peu  dépenser. 
Le  cultivateur  des  Alpes  n'aime  pas,  on  le  sait,  à  sortir  de  l'argent 
de  sa  bourse,  s'il  est  soucieux  de  chercher  à  la  remplir. 

Il  serait  bien  long  de  développer,  même  succinctement,  tous  les 
mérites  des  26  lauréats  des  médailles  accordées  hors  concours  par 
M.  le  ministre  de  l'agriculture  sur  la  demande  du  jury;  vous  en  enten- 
drez la  nomenclature  succincte. 

Il  faut  citer,  toutefois,  les  médailles  accordées  pour  concordance 
entre  des  travaux  d'irrigation  et  des  créations  de  fruitières.  Il  ne 
suffit  pas  d'encourager  la  création  de  prairies  et  de  dire  aux  paysans 
des  Alpes:  faites  beaucoup  c!e  foin;  il  faut  encore  leur  faciliter  les 
moyens  de  faire  avantageusement  consommer  ce  foin.  La  création  des 
fruitières  a  été,  à  cet  égard,  un  grand  bienfait,  et  les  agriculteurs  qui, 
comme  MM.  Blanc,  à  Arvieux;  Bresson  et  Jullien,  àOrcières;  Joseph, 
Jean  et  Christophe  Laurens,  à  Ristolas;  Boursier,  à  Abriès;  Esca- 
lier, à  Meleret,  ont  contribué  à  la  création  des  fromageries  par  associa- 
tion, où  la  production  du  lait  trouve  un  placement  certain  et  avanta- 
geux., ont  rendu  de  grands  services  à  la  cause  du  développement  der 
irrigations.  D'ailleurs,  il  faut  bien,  alors  que  l'on  met  des  terres  en 
défens  afin  de  les  reboiser  et  apporter  ainsi  une  diminution  forcée 
dans  l'élevage  de  l'espèce  ovine,  il  faut  bien,  disons-nous,  donner  aux 
populations  des  montagnes  le  moyen  d'accroître  fructueusement  l'éle- 
vage de  l'espèce  bovine.  Reboisez,  c'est  bien;  mais  en  même  temps, 
multipliez  et  réglementez  les  pâturages,  arrosez  ceux-ci,  rendez-les 
stables  et  productifs;  c'est  là,  avec  l'extinction  des  torrents,  l'œuvre 
qu'il  faut  accomplir  pour  restaurer  les  montagnes  et  sauver  les  plaines. 
Combien  le  rapporteur  de  la  commission  voudrait  pouvoir  faire  valoir 


100  CONCOURS  d'irrigation  DES    HAUTES  ET  BASSES-ALPES. 

tant  d'efforts  modestes,  qui  se  produisent  loin  du  bruit  des  villes, 
dans  le  silence  des  campagnes  solitaires,  souvent  délaissées,  et  où  il 
importe  de  ramener  ou  de  maintenir  la  prospérité.  Elles  sont  bien 
placées,  les  médailles  qui  rappellent  les  mérites  d'hommes  tels  que 
MM.  Gueyraud,  Cocordan,  Turcan,  Bertrand,  Escallier,  Grignon,  Jou- 
glard,  Reynaud,  Roux,  Rozan,  Bellon,  Chevally,  David,  Gérard,  Girau- 
deau,  Laurens,  Risoul,  créateurs  decanaux  plus  ou  moins  considérables, 
propagateurs  de  tous  les  progrès  relatifs  à  l'emploi  intelligent  des 
eaux  d'arrosages,  pionniers  des  améliorations  à  toutes  les  altitudes, 
jusque  près  des  neiges  perpétuelles. 

Entre  tant  de  mérites  divers,  il  fallait  choisir  pour  l'objet  d'art, 
prime  d'honneur  du  concours  d'irrigation.  Le  jury  a  désigné  M.  Ar- 
noux,dont  les  travaux  ont  un  caractère  vraiment  exceptionnel  de  bonne 
exécution  et  qui  constituent  une  véritable  conquête-ç  puis  il  a  désigné 
quatre  employés  des  exploitations  pour  recevoir  deux  médailles  d'ar- 
gent et  deux  médailles  de  bronze  qui  figuraient  dans  les  récompenses 
des  collaborateurs  aux  chefs  d'exploitation.  C'est  de  la  démocratie  bien 
entendue;  le  partage  de  l'honneur  après  le  partage  du  travail. 

Et  maintenant,  me  sera-t-il  permis  de  tirer  de  ce  concours  quel- 
ques conséquences  d'intérêt  général,  peut-être  même  de  donner  timide- 
ment quelques  conseils? 

Un  auteur  qui  a  laissé  dans  ce  pays  un  souvenir  d'estime,  M.  Fer- 
naud,  ancien  secrétaire  général  delà  préfecture  des  Hautes-Alpes,  a  été, 
en  1 820,  récompensé  par  la  Société  nationale  d'agriculture  de  France, 
pour  un  travail  sur  les  irrigations  du  département.  Dans  ce  mémoire, 
il  a  dit  à  plusieurs  reprises  :  c'est  avec  delà  chaleur  et  de  l'eau  qu'on 
produit  toutes  les  plantes;  le  ciel  donne  la  chaleur  au  cultivateur, 
donnons  lui  de  l'eau,  et  la  prospérité  de  l'agriculteur  sera  complète. 

Oui,  avec  de  l'eau  et  de  la  chaleur,  les  plantes  deviennent  vigou- 
reuses, mais  il  faut  encore  remplir  une  condition  :  donner  abondam- 
ment la  fumure,  donner  l'engrais.  On  doit  restituer  au  sol  l'équiva- 
lent de  ce  que  l'on  y  prend;  il  n'est  pas  de  terre  qui  ne  s'épuise  si 
on  n'y  remet  rien.  La  science  a  appris  et  la  pratique  a  vérihé  qu'il  faut 
à  toutes  les  récoltes,  à  celle  du  foin  non  moins  qu'aux  autres,  beau- 
coup de  fumier,  et  non  pas  seulement  celui  produit  sur  le  terrain 
même,  mais  encore  des  engrais  extérieurs,  si  Ton  veut  obtenir  de 
grands  rendements,  les  seuls  qui  enrichissent;  la  science  a  aussi 
montré  qu'il  ne  suffit  pas  de  donner  de  l'eau  à  une  terre,  mais  qu'il 
faut  encore,  après  avoir  arrosé,  assainir,  c'est-à-dire  qu'il  importe  de 
combiner  les  canaux  de  colature  avec  les  canaux  d'arrosage.  A  ce 
double  point  de  vue,  les  cultivateurs  des  Alpes  déjà  entrés  dans  la 
voie  du  progrès,  comme  le  prouve  le  concours  de  1879,  ont  encore 
beaucoup  à  faire. 

Le  gouvernement  de  la  République  a  contribué  pour  une  forte  part 
à  l'œuvre  qui  grandit  aujourd'hui.  J'ai  pu  vous  dire  que  les  irriga- 
tions, dans  le  seul  département  des  Hautes-Alpes,  s'étaient  augmentées 
depuis  1820  dans  la  proportion  de  13  à  20.  C'est  surtout  depuis  1870 
que  ce  progrès  s'est  accompli,  et  sa  marche  en  avant  est  accentuée  par 
les  mesures  prises  récemment  par  le  gouvernement  de  la  République 
qui  prend  à  sa  charge  les  travaux  de  canalisation  ou  en  avance  une 
forte  partie,  sauf  à  rentrer  dans  ses  avances  par  des  annuités  lorsque 
les  bénéfices  seront  venus  récompenser  les  labeurs  des  cultivateurs. 


CONCOURS  d'irrigation  DES  HAUTES  ET  BASSES-ALPES.  101 

C'est  ainsi  que  le  canal  de  Prunières,  le  canal  de  Ventavon,  le  canal 
de  Ristolas,  celui  de  Gap,  celui  de  Saint-Firmin  et  plusieurs  autres, 
vont  être  terminés  prochainement  et  féconderont  tant  de  terres  oii  le 
cultivateur,  dès  qu'il  aura  de  1  eau,  multipliera  ses  efforts  pour  avoir 
une  production  abondante,  richesse  pour  lui,  richesse  pour  le  pays 
tout  entier.  Bientôt  plus  de  5.000  hectares  nouveaux  recevront  aussi 
le  bienfait  de  l'arrosage.  Les  associations  syndicales,  désormais  dé- 
barrassées de  la  gêne  qui  trop  souvent  empêche  leur  action,  fonc- 
tionneront avec  succès  ;  le  cultivateur  ne  trouvera  plus  l'eau  trop  chère, 
lorsqu'il  en  profitera  avec  sécurité.  Les  subventions  de  l'Etat  qui 
s'élèvent  à  plusieurs  millions  de  francs  pour  les  Alpes,  ne  seront  ni 
regrettées  ni  marchandées  par  les  pouvoirs  publics,  alors  que  leur 
fécondité  sera  manifeste.  L'eau  qui  est  une  nécessité  absolue  pour 
l'agriculture  méridionale,  lui  sera  abondamment  fournie;  et  au  lieu 
delà  désertion  des  campagnes,  on  pourra  alors  voir  de  nombreuses 
familles  repeupler  des  contrées  où  une  brillante  et  vigoureuse  végé- 
tation appellera  de  beaux  troupeaux  et  retiendra  des  habitants  recon- 
naissants. C'est  à  cette  œuvre  que  vous  vous  êtes  associés,  messieurs, 
en  m'écoutant  !  Puissent  tous  nos  vœux,  pour  la  prospérité  de  vos 
montagnes,  être  complètement  et  prochainement  exaucés  ! 

IV.  —  Récompenses  décernées  par  le  Jury. 

1"  Catégorie.  —  Propriétés  contenant  plus  de  6  hectares  de  terre  arrosées.  —  1"  prix,  objet 
d'art  1,  M.  Gabriel  Arnoux,  propriétaire  aux  Mées  (Basses-Alpes);  2°,  M.  Lucien-Yves  Mazan, 
propriétaire,  àLarage  (Hautes-Alpes);  8°  et4%  méJailles  d'argent,  M.M.Aurouze,  fermier,  à  Charance, 
commune  rie  Gap  (Hautes-Alpes)*;  Jean  Martin,  propriétaire,  à  Laye  (Hautes-Alpes). 

2»  Catégorie.  —  Propriétés  arrosées  d'une  étendue  de  6  hectares  et  au-dessous.  —  1"  prix,  mé- 
daille d'or,  M.  Joseph  Dpblieux,  f-^rmier,  à  M-zel  (Basses-Alpes):  2%  médaille  d'argent,  M.  Paul- 
Germain  Ram'-aud,  propriétaire,  à  Sigover  (Hautes-Alpes)  ;  3=  et  4%  médailles  de  bronze,  MM.  Jac- 
ques-Michel Galland,  propriéiaire,  à  Clémence-d  Ambel  (Hautes-Alpes)  ;  Charles  Meissimilly,  pro- 
priéiaire,  à  Arvieux  (Hautes-Alpe~). 

Récompenses  aux  agents  des  exploitations  primées.  —  ■Médailles  d'argent,  MM.  Hippolyte  More- 
nas,  employé  chez  M.  Arnoux;  Louis  Deblieux,  employé  chez  M.  Joseph  Deblieux.  —  Médailles  de 
bronze,  MM.  Pierre  Reynaud,  employé  chez  M.  Mazan  ;  Louis-Adriea-Michel  Galland,  employé  chez 
M.  Jacques-Michel  Galland. 

Récompenses  supplémentaires.  —Médailles  d'argent  grand  module,  M.  Jean-Dcsiré  Blanc,  pro- 
priétaire à  Arvieux  (Hautes-Alpes);  M.  Jules  Bresson,  fermier  à  Orcières  (Hautes-Alpes);  .M.  Jac- 
ques Bues,  propriétaire  à  Ristolas  (Hautes-Alpe^)  :  M.  Jacques-Etienne  Cocordan,  propriétaire  à 
Vars  (Hautes-Alpes);  M.  Gueyraud  fils,  fermier  à  Pontoise,  commune  de  Gréoulx  [Basses-Alpes): 
M.  Marius  Jullien,  propriétaire  à  Orcières  (Hautes-Alpes);  M.  Joseph  Laurens,  propriétaire  à  Risto- 
las (Hautes-Alpes);  M.  Pierre  Reynaud,  pr.>priétaire  à  Montmaur  (Hautes-Alpes);  M.  Joseph  Tur- 
can,  propriétaire  au  château  de  Bévans,  à  Bévans  (Basses-Alpes). 

Médailles  d'argent,  M.  Valentin  Bertrand,  propriétaire  et  fermier  à  Aiguilles  (Hautes-Alpes)  ; 
M.  Boursier,  propriétaire  à  Abriès  (Hautes-Alpes)  ;  M.  Jacques  Cornand,  propriétaire  à  Montmaur 
(Hautes-Alpes);  M.  Jean  Escallier,  propriétaire  au  Méiezet,  commune  des  Orres  (Hiutes-Alpes); 
M.  Charles  Eymar,  propriétaire  à  Arvieux  (Hautes-Alpes);  M.  Jean-Baptiste  Grignon,  propriétaire 
à  Embrun  (Hautes-Alpes);  M.  Jnuglard,  propriétaire  du  domaine  des  Sanières,  commune  de  Gap 
(Hautes-Alpes);  \IM.  Jean  et  Christophe  Laurens,  propriétaires  à  Ris'olas  (Hautes-Alpes);  M.  Jo- 
seph Reynaud,  propriétaire  à  Sallerans  (Hautes-Alpes)  ;  M.Jean  Roux,  fermier  à  Montmaur  (Hautes- 
Alpes);  M.  Joseph  Rozan,  propriétaire  à  Guillestre  (Hautes-Alpes). 

Médailles  de  bronze.  —  M.  Pierre  Bellon,  propriétaire  à  Guillaume-Peyrouse  (Hautes-Alpes)  ,• 
M.  Victor  Chevally,  propriétaire  à  Varsie,  com'iiune  de  Gap  (Hautes-Alpes);  M.  Adolphe  David,  pro- 
priétaire à  Vars  (Hautes-Alpes);  M.  Auguste  Escallier,  propriétaire  aux  Fauvins,  commune  de  Gap 
(Hautes-Alpes);  M.  Joseph  Gérard,  proi  riétaire  à  Histolas  (Hautes-Alpes);  M.  Salomon  Givaudar, 
propriétaire  à  Bersac  (Hautes-Alpes);  M.  Pierre  Laurent,  (fils  de  feu  François),  propriétaire  a 
Ristolas  (Hautes -Alpes);  M.  Barthélémy  Risoul,  propriétaire  à  Vars  (Hautes- Alpes) . 

A  L'ŒUVRE^ 

Pendant  que  j'écris  ces  pages,  il  se  greffe  chaque  jour  des  milliers 
de  vignes,  d'après  mon  système  ou  d'après  l'un  de  ceux  que  je  viens 

1.  L'objet  d'art  est  décerné  en  remplacement  de  la  médaille  d'or  au  lauréat  du  premier  prix  de 
Tune  des  deux  catégories,  reconnu  relativement  supérieur  ou  jugé  digne  d'être  plus  spécialement 
signalé  pour  l'aménagement  économique  des  eaux  (Art.  3  de  l'arrêté  ministériel). 

2.  Extrait  du  Traité  théorique  et  pratique  du  greffage  de  la  vigne.  —  Un  volume  in-8°,  à  la 
librairie  de  G. 


102  A  l'œuvre. 

de  décrire.  C'est,  un  travail  fécond  dont  ceux  qui  le  font  seront  bien 
vite  récompensés.  Mais  combien  de  viticulteurs  perdent  un  temps 
précieux  et  restent  les  bras  croisés,  atLcndant  que  le  phylloxéra  s'en 
aille  on  que  la  pluie  le  noie  ou  que  le  froid  le  gèle,  ou  que  les  savants 
l'empoisonnent  ou  que  le  gouvernement  le  détruise! 

Or,  le  phylloxéra  ne  s'en  ira  pas  tant  qu'il  trouvera  une  vigne  à 
dévorer;  la  pluie  ne  le  noie  jamais;  quand  il  a  été  gelé  par  le  froid, 
il  se  dégèle  par  la  chaleur  et  repousse  comme  le  chiendent  ;  les  savants 
en  empoisonnent  des  milliers  et  des  milliards^  mais  les  survivants 
ne  s'en  portent  que  mieux,  et  ils  ont  vite  fait  de  remplacer  les  défunts; 
quant  au  gouvernement,  il  commence  à  se  dégoûter  du  métier  qu'on 
lui  fait  faire  et  qui  n'est  pas  plus  le  sien  que  celui  de  destructeur  des 
punaises,  de  preneur  de  taupes  ou  même  de  pépiniériste  en  vignes.  Il 
n'a  d'ailleurs  qu'à  compter  ce  que  lui  coûte  ce  beau  métier  et  ce  qu'il 
lui  rapporte  :  d'un  côté,  les  millions  dépensés  en  pure  perte;  de 
l'autre  100,000  hectares  de  vignes  envahis  chaque  année,  et  les 
plaintes  fondées  des  contribuables  qui  trouvent  mauvais  que  l'argent 
des  pays  ruinés  soit  dépensé,  dans  les  régions  qui  ne  le  sont  pas 
encore,  en  expériences  coûteuses  et  en  essais  hasardés. 

Ce  n'est  ni  du  gouvernement,  ni  du  ciel,  ni  même  de  1  Académie, 
que  le  salut  nous  tombera  comme  une  caille  toute  rôtie.  Que  Dieu 
nous  garde  des  sauveurs,  quels  qu'ils  soient,  et  surtout  de  ceux  qui 
veulent  nous  sauver  malgré  nous  et  par  force.  En  viticulture,  comme 
pour  tout  le  reste,  n'ayons  d'autres  sauveurs  que  nous-mêmes. 

Ce  qu'il  nous  faut  d'abord,  c'est  la  liberté.  On  a  inventé  des  milliers 
de  remèdes  contre  le  phylloxéra;  il  ne  nous  en  manque  plus  qu'un 
qui  vaut  plus  à  lui  seul  que  tous  les  autres  ensemble,  qui  seul  permet 
de  les  choisir  et  de  les  employer  utilement,  qui  les  renferme  et  les 
dépasse  tous,  et  sans  lequel  tous  les  autres  sont  impuissants  :  c'est  la 
liberté. 

Nous  l'avions  autrefois;  mais  au  moment  où  nous  commencions  à 
savoir  nous  en  servir,  la  viticulture  a  subi,  elle  aussi,  ses  journées 
de  décembre.  Et  maintenant  qu'autour  d'elle  tout  s'affranchit  et  tout 
respire  librement,  elle  est  encore  soumise  à  un  régime  exceptionnel 
et  césarien.  Je  ne  veux  accuser  personne,  je  me  borne  à  constater  un 
fait,  une  sorte  d'anachronisme  étrange,  injusticiable,  un  malheureux 
coin  oublié  et  laissé,  par  mégarde,  en  dehors  des  réformes  et  des  pro- 
grès que  nous  voyons  s'accomplir  de  tous  côtés. 

La  viticulture  souffre,  la  viticulture  se  meurt  :  elle  va  périr  sous  les 
étreintes  de  son  terrible  adversaire.  Qu'a-t-on  imaginé  jadis  pour  lui 
donner  des  forces?  On  l'a  couverte  de  chaînes;  on  l'a  entourée  d'en- 
traves; elle  ne  peut  faire  un  pas  sans  violer  quelqu'une  de  ces  mesures 
protectrices  qui  ne  sont  elles-mêmes  que  des  violations  de  son  droit 
primordial  de  légitime  défense,  et  l'on  s'étonne  qu'ainsi  garrottée, 
entravée,  réduite  à  n'employer  que  des  armes  dont  elle  ne  sait,  ne 
peut  ou  ne  veut  se  servir,  elle  ne  puisse  se  défendre  contre  les  légions 
d'ennemis  qui  la  rongent  ou  qui  la  protègent! 

Le  vigneron  des  régions  envahies  par  le  phylloxéra  est  exactement 
dans  la  môme  situation  que  s'il  était  attaqué  par  une  bande  de 
brigands.  Supposons  qu'on  lui  défende,  pour  repousser  les  assaillants, 
de  se  servir  de  son  bras  droit  ou  d'employer  d'autres  armes  que  des 
sabres  de  bois  et  des  pistolets  de  paille,  et  qu'on  interdise,  en  outre, 


A    L'ŒUVRE.  103 

à  ses  voisins  de  venir  à  son  secours?....  Qu'on  essaye  donc  de  faire 
pour  la  viticulture  ce  qu'on  fait  pour  tout  le  reste.  Qu'on  lui  ôte  ses 
chaînes,  qu'on  la  débarrasse  de  ses  entraves,  qu'on  lui  donne  de  l'air, 
de  la  lumière,  de  la  liberté  et,  l'on  verra  si,  remise  enfin  en  pleine 
possession  de  tous  ses  droits  de  légitime  défense,  maîtresse  de  ses 
mouvements,  libre  de  choisir  ses  armes,  elle  ne  saura  pas  tenir  tête 
au  phylloxéra  et  retrouver  bientôt  son  ancienne  splendeur. 

A  l'œuvre  donc  !  Au  lieu  de  demander  sans  cesse  au  gouvernement 
des  subventions,  des  secours,  des  aumônes  qui  ne  peuvent  être  que 
temporaires  et  limités,  car  ils  sont  nécessairement  pris  dans  la  bourse 
d'autres  contribuables  plus  infortunés  peut-être  que  nous;  au  lieu  de 
lui  demander  des  mesures  restrictives,  et  soi-disant  protectrices,  qui 
sont  impuissantes  à  arrêter  le  fléau  et  qui  n'arrêtent  que  le  progrès, 
demandons-kii  d'abord  la  liberté,  qu'il  sera  heureux  de  nous  accorder^, 
demandons-lui  des  chaires  d'agriculture,  des  laboratoires  d'analyse, 
des  stations  agronomiques,  des  conférences,  des  concours,  des  exposi- 
tions-, tous  les  moyens  de  nous  instruire  qui  sont  les  vrais  moyens  de 
nous  défendre.  Demandons-lui  des  canaux  pour  submerger  nos  vignes, 
des  chemins  et  des  diminutions  de  frais  de  transport  pour  nos  engrais, 
des  dégrèvements  d'impôts  sur  les  produits  de  la  vigne;  des  lois  sur 
le  crédit  agricole,  sur  les  syndicats,  les  associations  qui  augmenteront 
nos  forces  en  nous  permettant  de  les  unir  pour  nous  défendre; 
demandons-lui  tout  ce  qu'il  peut,  tout  ce  qu'il  doit  nous  donner,  et 
soyons  assurés  que  nous  l'obtiendrons. 

Demandons  à  la  science  le  secours  de  ses  lumières.  Mais  déclarons- 
lui  nettement  que,  tout  en  lui  étant  profondément  reconnaissante  de 
ses  bienfaits,  la  viticulture  veut  rester  maîtresse  chez  elle. 

La  viticulture  est  heureuse  d'avoir  la  chimie  agricole  pour  alliée 
dans  sa  lutte  contre  le  fléau  et  dans  la  recherche  des  engrais  fertilisa- 
teurs.  Elle  est  prête  à  accepter  et  à  payer  généreusement  les  services  de 
la  collaboratrice,  mais  non  à  subir  son  joug  et  à  lui  laisser  prendre 
chez  elle  la  position  dominatrice  de  servante-maîtresse.  La  viticulture 
pratique,  agricole  et  productive  des  vignerons,  ne  se  laissera  jamais 
anéantir  et  supplanter  par  la  viticulture  chimique,  empirique  et 
abstractive  des  laboratoires.  Tous  les  viticulteurs  sont  disposés  à 
être  toujours  les  amis  des  chimistes,  mais  jamais  leurs  esclaves. 

Avec  la  liberté  —  que  nous  avons  déjà  ou  que  nous  aurons  dès  que 
nous  le  voudrons,  —  avec  la  science  —  qui  consentira  volontiers  à 
n'être  que  notre  auxiliaire,  notre  alliée,  notre  amie  et  non  notre 
tyran,  —  avec  notre  propre  courage,  avec  notre  ferme  volonté  de 
triompher,  qui  sont  toujours  les  premières  et  les  plus  indispensables 
de  nos  armes,  mettons-nous  tous  résolument  à  l'ouvrage  ! 

Que  ceux  qui  ont  de  l'eau  submergent  leurs  vignes  ;  que  ceux  qui 
ont  des  sables  plantent  dans  les  sables,  ceux-là  sont  les  privilégiés, 
mais  ils  sont  bien  rares. 

Que  ceux  qui  ont  des  vignes  à  grands  rendements  ou  à  vins  chers  — 
et  des  bourses  bien  garnies  —  essayent  de  lutter  au  moyen  d'insecticides 
quelconques,  accompagnés  d'abondantes  et  énergiques  fumures  ;  ce 
sont  encore  des  heureux,  mais  ils  feront  bien  de  songer  à  l'avenir. 

Quant  à  nous  qui  n'avons  ni  sables  ni  vignes  submersibles,  à  nous 

1.  Tous  les  arrondissements  qui  l'ont  demandée  sérieusement  l'ont  obtenue. 

2.  Pas  de  pépinières  !  c'est  l'affaire  des  Ecoles  d'agriculture  ou  des  Sociétés  viticoles  de  chaque 
région. 


104  A    l'œuvre. 

qui  formons  riinmense  majoritédes  viticulteurs,  il  ne  nous  reste  qu'un 
moyen,  mais  un  moyen  facile  et  sûr  de  résister  au  fléau  :  c'est  de  planter, 
des  vignes  qui  lui  résistent.  Greffons-les  si  nous  voulons  conserver 
nos  vieilles  variétés  françaises;  gretfons,  si  nos  vignes  sont  détruites, 
pour  les  remplacer  ;  greffons,  si  elles  sont  atteintes,  pour  les  maintenir; 
greffons,  si  elles  ne  sont  que  menacées,  pour  être  prêts  à  la  défense. 

Ce  qui  nous  manque  le  plus  souvent,  ce  sont  les  sujets.  Si  nous 
voulons  les  avoir  abondamment  et  à  bon  marché',  il  faut  les  produire 
nous-mêmes  et,  avant  d'être  greffeurs,  il  faut  être  nos  propres  pépinié- 
ristes. Je  cherche  à  comprendre  par  quel  raisonnement  un  écrivain 
distingué  d'un  journal  sérieux'  en  est  venu  à  se  dégoûter  des  vignes 
américaines  qu'il  croit  bonnes,  à  en  dégoûter  les  autres,  parce  qu'elles 
sont  chères. 

Les  asperges  aussi  sont  chères  et  aussi  les  beaux  fruits,  les  belles 
fleurs  et  les  beaux  légumes,  et  ce  n'est  pas  une  raison  pour  n'en  pas 
planter.  Il  y  a  bien  d'autres  choses  qui  sont  chères  :  les  truffes,  les 
huîtres,  le  Champagne,  les  bons  dîners,  les  bons  articles,  les  beaux 
chevaux,  les  belles...  peintures,  et  pour  celles-là  je  comprendrais 
qu'on  eût  quelque  bénéfice  à  en  dégoûter  les  autres;  mais  je  doute 
qu'on  y  réussisse...  et  pas  davantage  pour  les  vignes  américaines. 

Quant  aux  porte-greffes,  si  vous  les  trouvez  trop  chers,  plantez-en. 
C'est  pour  eux  qu'on  a  inventé  la  maxime  :  Times  is  money^  et  si  vous 
ne  voulez  pas  les  acheter  avec  de  l'argent,  achetez-les  avec  du  temps. 
Il  vous  en  faut  mille,  plantez -en  dix;  et  avec  le  temps,  vous  aurez  à 
bon  marché,  non  seulement  votre  mille,  mais  des  dizaines  de  milliers. 
Ce  qui  les  rend  chers,  c'est  que  ceux  qui  en  veulent  sont  plus  nom- 
breux que  ceux  qui  en  ont.  Que  chaque  viticulteur  augmente  le 
nombre  de  ceux-ci,  et  l'on  verra. 

Un  autre  obstacle  à  la  propagation  des  porte-greffes  est  l'ostracisme 
inexplicable  dont  sont  frappées  les  boutures  américaines.  11  serait 
difficile  d'imaginer  une  mesure  plus  impossible  à  justifier  et  plus 
profondément  nuisible  à  la  viticulture.  Mais  il  faut  avoir  bon  espoir. 

La  théorie  de  la  génération  spontanée  du  phylloxéra  dans  les  pépins 
américains  a  été  repoussée,  dit-on,  par  l'Académie,  et  les  pépins  amé- 
ricains circulent  librement. 

On  laisse  circuler  librement  aussi  les  trains  de  chemins  de  fer  qui 
peuvent,  en'^été,  entraîner  des  nuées  de  phylloxéras,  et  qui  ont  certai- 
nement contribué  pour  une  large  part  à  Tinvasion  du  Beaujolais,  de 
la  Bourgogne,  etc.  Le  phylloxéra  lui-même  peut  circuler  librement 
d'un  pays  à  un  autre,  non  seulement  sur  l'aile  du  vent,  mais  sur  les 
bagages  d'un  voyageur,  sur  le  chapeau  d'un  inspecteur,  sous  les 
semelles  de  bottes  d'un  touriste  et  jusque  dans  la  barbe  d'un  insecti- 
cideur.  On  finira  bien  —  et  bientôt  —  par  laisser  circuler  librement 
les  boutures  américaines,  sur  lesquelles  tout  le  monde  sait,  ou 
devrait  savoir,  qu'il  est  impossible  de  trouver  un  phylloxéra  pendant 

1.  1]  ne  faut  pas  s'en  rapporter,  sur  cette  question,  à  certains  renseignements  dont  on  pourra 
apprécier  l'exactitude  par  l'exemple  suivant  : 

Dans  un  rapport  sur  le  traitement  des  vignes  de  l'Hermitage,  contresigné  par  un  honorable 
viticulteur  habitant  Lyon,  et  reproduit  par  tous  les  journaux,  je  trouve  à  la  page  19  :  «  Achat  de 
12,000  boutures  de  Clinton  à  35  fr.  le  cent;  4.200  fr.  ;  intérêts  à  5  pour  100  d'une  avance  de 
4,200  fr.  pendant  trois  ans,  67ô  fr.  Total,  4,875  fr.  » 

Or  on  peut  fdcilement  se  procurer  12,000  boutures  de  Clinton  pour  200  fr.  Ce  n'est  qu'une  petite 
erreur  de  4,665  fr.  sur  4,875  —  plus  de  95  pour  100  —  et  l'on  eu  rencontre  chaque  jour  de  pareilles 
dans  les  notices  de  ce  genre. 

2.  Le  ïemps. 


A    L  ŒUVRE.  105 

l'hiver,  à  moins  de  l'y  avoir  mis,  et  qui  ne  possèdent^  pas  plus  que 
les  pépins,  le  privilège  de  la  génération  spontanée  du  phylloxéra. 

L'impossibilité  de  se  procurer  des  porte-greffes^  en  boutures  par- 
faitement inoffensives',  n'est  d'ailleurs  qu'un  obstacle  tellement, 
beaucoup  disent  absurde,  mettons  inqualifiable,  tellement  atten- 
tatoire aux  droits  de  la  législation,  qu'il  ne  peut  être  qu'essentielle- 
ment transitoire  et  qu'il  est  inutile  d'en  tenir  compte. 

Nous  savons  maintenant  que  pour  obtenir  des  porte-greffes  résis- 
tants, il  nous  suffit  de  le  vouloir. 

Nous  savons  que  le  greffage  des  vignes  n'est  pas  une  hypothèse  en 
l'air,  une  théorie  creuse,  une  expérience  hasardeuse,  un  essai  aven- 
turé; c'est  une  certitude  acquise,  un  système  complet  qui  est  large- 
ment entré  dans  la  pratique  viticole  et  qui  donne  des  résultats  ra- 
pides, féconds  et  évidents.  Sur  ces  résultats,  nous  ne  pouvons  plus 
avoir  ni  doutes  ni  inquiétude;  les  opérations  pour  les  obtenir  ne  nous 
offrent  plus  aucune  difficulté. 

A  l'œuvre  donc  !  mes  chers  collègues.  Entrez  résolument  dans  la 
voie  du  greffage  et  surtout  dans  la  voie  nouvelle,  facile,  économique 
et  prompte  de  la  greffe-bouture.  Elevez  pendant  quelques  mois  en 
pépinières  vos  greffes-boutures,  qui  ne  vous  coûtent  que  quelques 
centimes.  Vous  les  mettrez  bientôt  en  place.  Au  bout  d'un  an,  elles 
vous  donneront  une  demi-récolte;  à  la  seconde  année,  récolte  pleine. 

Vous  aimez  les  belles  vendanges;  à  bientôt  vos  belles  vendanges! 

Aimé  Champin, 


"5 

Membre  du  Conseil  général  de  la  Drôme. 


MACHINE  A  DÉCORTIQUER  LES  PETITS  BOIS 

La  figure  6  représente  un  appareil  imaginé  par  M.  Monget,  sous- 
inspecteur  des  forêts  à  Dijon,  et  qui  est  destiné  à  enlever  l'écorce  de 
l'osier,  et  en  général  de  tous  les  bois  employés  après  écorcement,  tels 
que  ceux  de  fusain  et  de  bourdaine,  qui  sont  affectés  à  la  fabrication 
des  poudres  de  guerre.  Cet  appareil  a  été  décrit  par  M.  Bouquet  de  la 
Grye  dans  la  Revue  des  eaux  et  forêts,  et  il  a  été  employé  par  M.  Per- 
renet,  propriétaire  d'oseraies  aux  environs  de  Dijon,  qui  en  a  obtenu 
les  meilleurs  résultats. 

Les  brins  d'osier,  de  bourdaine,  etc.,  sont  écorcés  à  la  main;  ce 
travail  est  long  et  coûte  cher,  tandis  que  celui  de  la  machine  est  beau- 
coup plus  rapide.  Convenablement  élagués,  les  brins  sont  placés  sur 
une  table  horizontale  qu'on  voit  en  avant  de  l'appareil,  et  poussés 
en  r  entre  cette  table  et  une  planchette  rapprochée  par  un  ressort  m. 
Ainsi  guidé,  le  brin  arrive  entre  deux  disques  B  et  B,  dont  la  circon- 
férence est  munie  intérieurement  d'un  léger  chanfrein  qui  doit  faciliter 
l'introduction  du  brin;  ces  disques  tournent  sur  un  cylindre  métal- 
lique D.  Ils  sont  munis  de  deux  viroles  en  caoutchouc  dont  l'élasti- 
cité assure  une  compression  énergique  du  brin  entre  les  disques  et  le 
cylindre,  en  même  temps  qu'il  est  entraîné  par  le  mouvement  de 
l'appareil.  Le  brin  trouve  de  l'autre  côté  de  l'appareil  un  deuxième 
système  de  deux  disques  et  d'un  cylindre  tournant  dans  un  plan  ver- 
tical, entre  lesquels  il  est  de  nouveau  entraîné.  Lorsque  le  brin  sort 

\.  S'il  restait  l'ombre  d'un  danger,  ce  que  je  ne  crois  pas,  il  serait  bien  facile  de  le  faire  dispa- 
raître avec  l'un  des  innombrables  moyens  de  destruction  du  phylloxéra  que  la  science  a  inventés 
et  qui  sont,  dit-on,  inoffensifs  pour  la  vigne  :  un  bain  de  sulfocarbonate,  une  fumigation  de  sul- 
fure de  carbone,  une  solution  de  savon  noir  ou  vert,  etc. 


i06  MACHINE  A  DÉCORTIQUER  LES  PETITS  ROIS. 

de  ces  cylindres,  l'écorce  en  est  complètement  détachée,  et  il  suffit 
d'une  léc'ère  pression  de  la  main  pour  enlever  les  fragments  qui  peu- 
vent rester  encore  adhérents. 

On  voit,  à  la  partie  supérieure  de  l'appareil,  le  volant  qui  reçoit  le 
mouvement,  soit  d'une  manivelle  à  bras  d'homme,  soit  d'un  autre 
moteur,  par  exemple  d'un  petit  manège;  la  force  dépensée  est  peu 
considérable.  On  voit  aussi  les  engrenages  qui  transmettent  le  mouve- 
ment aux  diverses  parties.  L'ensemble  repose  sur  un  bâti  en  bois,  et 
porte  sur  des  galets  qui  permettent  de  le  transporter.  Son  poids  est  de 
150  kilog.  environ. 

D'après  les  calculs  faits  par  M.  B.  de  la  Grye,  l'économie  réalisée 


Fig.  6,  —  Machine  de  M.  Monget  pour  écorcer  les  petits  bois. 

par  l'emploi  de  cette  machine  dans  Técorçage  des  bourdaines,  serait 
énorme.  L'écorçage  de  la  botte  réglementaire  qui  coûte,  dans  les  con- 
ditions ordinaires,  0  fr.  60,  ne  reviendrait  pas  à  plus  de  0  fi*.  10. 

L.  DE  Sardriac. 


LES  NOYERS  DU  SUD-OUEST 

Déjà  décrits  dans  de  précédentes  notices,  je  ne  veux  que  traiter  brièvement  de 
leur  culture,  qui  tend  plutôt  à  diminuer  de  jour  en  jour.  Des  cas  de  force  majeure 
m'obligent  de  faire  ce  que  je  reproche  aux  agriculteurs  des  départements  do  ia 
Haute-Garonne  et  de  l'Ariège.  Par  suile  des  désastreuses  inondations  de  1875, 
je  dois  faire  exploiter  ou  vendre  de  seize  à  vingt  vieux  noyers  âgés  de  quarante  à 
cent-trente  ans,  leurs  racines  recouvertes  de  plus  d'un  mètre  de  gros  sable,  ou  de 
cailloux  roulés  sont  ou  pourries  ou  sèches,  les  branches  et  le  feuillage  ont  dû  en 
subir  de  funestes  conséquences,  et  depuis  cette  époque  je  n'ai  pu  récolter  un  seul 
fruit.  Mon  fermier  n'a  pu  me  fournir  les  hectolitres  que  je  m'étais  réservé.  Le 
25  juin  dernier,  une  forte  trombe,  pendant  un  orage  mêlé  de  grêle,    a  arraché, 


LES  NOYERS  DANS  L'ARIEGE.  107 

déraciné,  cassé  et  brisé  un  groupe  de  quatre  épicéas,  âgés  de  plus  de  soixante  ans 
et  un  pareil  nombre  de  noyers  noirs  d'Amérique  du  même  âge.  Tout  à  côté  un 
beau  noyer  cendré  a  été  beureusement  conservé.  Il  reste  isolé  et  l'etfet  ornemental 
y  gagnera  puisqu'on  pourra  plus  facilement  admirer  son  beau  port,  son  écorce 
lisse  et  blancbàtre,  son  vert  feuillage  composé  de  six  folioles  avec  une  impaire. 
Il  est  à  regretter  que  ce  superbe  végétal  ne  donne  que  de  faibles  récoltes  et  que  ses 
fruits  n'aient  pas  les  qualités  du  fameux  noyer  Jiujlans  Pacan^  si  estimé  des 
Américains. 

Mais  il  est  temps  de  m'arrôter,  l'intérêt  que  m'inspire  la  culture  des  noyers  en 
général  et  des  noyers  américains  dont  je  possède  en  manuscrits  des  figures  et  de 
nombreux  extraits  du  grand  et  bel  ouvrage  d'André  Michaux,  me  fera  pardonner, 
je  l'espère,  ce  trop  long  préambule. 

Je  ne  voulais  parler  ici  f[ue  de  l'abondante  récolte  des  noyers  communs,  des 
noyers  originaires  du  Sud-Ouest,  des  noyers  à  bouquets,  noyers  hâtifs,  noyers  de 
Borthère,  noyers  monophylles,  noyers  à  feuilles  laciniées,  noyers  américains  dont 
je  cultive  avec  fruit  (sans  calembour),  de  10  à  12  espèces,  enfin  d'une  très  belle 
variété  de  noyers  noirs  américains  (Juglans  americana  CUrlfurmis,  Nobis),  obtenu 
il  y  a  12  à  15  ans  dans  nos  cultures  du  vigne.  Je  n'ajouterai  rien  à  sa  description 
déjà  donnée  dans  votre  si  utile  Journal.  Sa  végétation  dépasse  de  beaucoup  celle 
des  sujets  dont  elle  est  sortie,  sa  floraison  et  sa  fructification  sont  vraiment  remar- 
quables; les  fruits,  très  gros,  viennent  par  bouquets  de  trois  à  quatre  et  sont 
portés  par  un  court  et  gros  pédoncule.  Je  ne  saurais  trop  en  conseiller  la  culture, 
et  je  serais  heureux  de  pouvoir  en  envoyer  un  assez  grand  nombre  à  mes  hono- 
rables collègues  et  correspondants. 

P. -S.  —  On  sert  journellement  sur  notre  table  des  melons  presque  tous  excel- 
lents, de  grandes  assiettes  de  framboises  Bifère  ou  à  gros  fruits,  aussi  parfumées 
qu'au  printemps;  enfin,  dans  cette  année  grasse^  ou  tout  abonde,  nos  fruiteries  et 
bientôt  nos  caves  et  nos  greniers  seront  remplis  par  nos  récoltes  d'amandes,  de 
noix,  de  châtaignes.  La  vigne  seule  ne  donnera  que  de  faibles  ou  médiocres  pro- 
duits oïdés.  Il  ne  reste  presque  plus  de  feuilles  jaunies  et  desséchées. 

L-.  d'OuNOUS, 

secrétaire  de  l'Orphelinat  protestant  de  Saverdun  (Ariège), 

LES  RÉCOLTES  EN  VENDÉE 

Maintenant  que  les  battages  sont  terminés,  on  peut  apprécier  les  ré- 
sultats de  la  récolte  dans  notre  arrondissement  de  Fontenay-le-Comte. 

Les  blés  sont  partout  beaux  et  lourds,  mais,  dans  nos  plaines  cal- 
caires, les  gelées  ont  éclairci  le  plant  et  les  rendements  ont  été  très 
médiocres.  Les  orges  de  printemps  ou  baillarges  ont  mieux  réussi  et 
les  avoines  semées  en  lévrier  et'mars  pour  remplacer  celles  que  l'hiver 
avait  détruites,  ont  parfaitement  graine.  Elles  rendent  beaucoup  au  bat- 
tage, mais  elles  ont  généralement  peu  de  poids. 

La  température  de  la  première  quinzaine  de  septembre  a  été  très  fa- 
"vorable  à  la  végétation  des  racines  et  des  fourrages  verts.  Les  pommes 
de  terre  sont  mûres  et  le  temps  de  l'arrachage  est  arrivé.  La  maladie 
dont  on  redoutait  les  graves  atteintes  n'a  pas  fait  de  grands  ravages 
et  la  récolte  sera  satisfaisante  dans  notre  pays.  J'ai  essayé,  cette  année, 
la  Champion,  la  Magnum  Bonum  et  la  Séguin.  Les  tubercules  de  ces 
trois  variétés  n'ont  atteint  qu'une  grosseur  moyenne.  La  Cliam-pion 
dont  les  tiges  s'élèvent  à  70  et  80  centimètres  n'était  pas  assez  espacée 
et  n'a  pu  prendre  un  développement  complet.  J'aurai  soin,  l'année 
prochaine,  de  remédier  à  cet  inconvénient.  Je  mets  toujours  .aux  pre- 
miers rangs  les  pommes  de  terre  ruban  rouge,  farineuse  rouge,  flocon 
déneige,  elvander-vcer.  Cette  dernière  convient  spécialement  à  la  grande 
culture  et  devient  une  sérieuse  rivale  pour  la  Reine-Blanche  et  la 
Chardon. 

J'ai  planté  le  25  février  dans  un  terrain  d'alluvion,  sur  le  bord  de 


108 


LES   RECOLTES  EN   VENDEE. 


la  Vendée,  quelques  lurions  de  consoude  ru  joueuse  du  Caucase, 
(symphytum  asperrimum).  Cette  plante  très  vigoureuse  m'a  donné 
trois  coupes  abondantes.  Nos  vaches  l'ont  d'abord  refusée,  mais  elles 
s'y  sont  habituées  et  la  mangent  actuellement  avec  avidité  lorsqu'elle 
9St  tendre. 

Bien  que  les  céréales  cultivées  dans  mon  champ  d'expériences 
aient  été  moins  productives  que  les  années  précédentes,  leur  rende- 
ment a  dépassé  de  beaucoup  celui  des  blés  récoltés  en  plaine. 

Le  tableau  ci-joint  fera  connaître  les  résultats  obtenus.  J'y  ajoute 
quelques  observations  sur  les  variétés  expérimentées  : 

Date  de  la 
Varicti's.  semaille. 

Blé  perle  (de  Biscoii) 25  octobre 

Blé  inversable  on  du  Roussillon  6  novembre 

Blé  Keissingland 7        — 

Blé  de  Ncrac 7         — 

Blé  de  Bergues  ou  de  Flandre. .  27  octobre 

Blé  de  Pologne 30  novembre 

Blé  bybride  Galland 5        — 

Blé  de  Roumélie 5        — 

Blé  Chiddam  d'automne 8        — 

Blé  Hélène  d'Orléans 6        — 

Blé  Victoria  d'automne 27  octobre 

Blé  Hunter 29      — 

Blé  roseau... 28      — 

Blé  rousselin 20      — 

Blé  hérisson  sans  barbes 28      — 

Blé  red  Chaff  Dantzick 28      — 

Blé  Danicourt .   6  novembre 

Blé  bleu  ou  de  Noë 4        — 

Blé  de  la  Tréhonnais 3        — 

Blé  hickling  de  mars 11  février 

Blé  Chiddam  de  mars 12      — 

Escourgeon  de  Poméranie 25  octobre 

Orge  Que,  grosse   25  février 

Orge  noire 25      — 

Avoine  d'hiver • 25  octobre 

Avoine  de  Pologne 7  février 

Avoine  de  Sibérie 14      — 

Avoine  noire  de  Tartarie  ......  14      — 

Le  blé  perle  m'a  été  envoyé,  il  y  a  quelques  années,  par  un  agricul- 
teur belge,  M.  de  Biscou.  Le  grain  est  blanc  et  ressemble  à  celui  du 
blé  de  Flandre. 

Ce  dernier  réussit  toujours  bien  ici.  Son  rendement,  cette  année  en- 
core, est  assez  élevé  (36  hectol.  à  l'hectare). 

Le  blé  hybride  Galland  a  dégénéré  malgré  mes  soins.  Sa  production 
d'abord  très  abondante  est  devenue  fort  médiocre. 

Le  Chiddam  d'automne  et  le  blé  Hélène  d'Orléans  sont  deux  variétés 
à  grains  blancs,  très  recommandables,  qui  m'ont  toujours  donné 
d'excellents  résultats. 

Le  blé  Hunter  est  beau,  mais  peu  délicat. 

Le  blé  Hérisson  sans  barbes,  qu'on  avait  semé  par  erreur  en  blé 
d'hiver,  a  énormément  souffert  delà  gelée.  Aussi  n'a-t-ilpu  donner  que 
9  hectol.  à  l'hectare. 

J'ai  cultivé,  pour  la  première  fois  en  1880,  le  blé  Roseau  et  le  blé 
Rousselin.  Ils  n'ont  pas  paru  souffrir  du  froid,  mais  le  premier  s'est 
montré  plus  productif  que  le  second. 

Le  blé  de  Roumélie  et  le  blé  de  Nérac,  que  je  dois  à  un  de  mes  bons 


Date  de  la 

Rendei 

ment 

à 

récolte. 

l'hectare. 

Observations. 

26  juillet 

26  hect. 

24    - 

33 

— 

26    — 

33 

— 

26     — 

30 

— 

26    — 

36 

— 

27     — 

28 

— 

27     — 

11 

— 

Epi  court  peu  graine. 

26     — 

30 

— 

1'=  année  de  culture 
en  Vendée. 

27     — 

30 



26    — 

39 

— 

Variété  très  productive 

26    — 

19 

— 

26     — 

34 

— 

26    — 

34 



26    — 

19 

— 

Variété  nouvelle  â 
grains  blancs. 

24    — 

9 

— 

En  partie  détruit  par 
la  gelée. 

24    — 

26 

— 

24     — 

29 

— 

24     — 

30 



26    — 

32 

_ 

Grain  rouge,  très  lourd . 

27     — 

11 

— 

27    — 

13 



16     - 

50 

— 

Variété  belge  très  pro- 
ductive. 

6    — 

22 



6     — 

27 

— 

16     — 

Complètement  gelée. 

16    — 

22 

— 

23    — 

18 



20    - 

34 

— 

LES  RÉCOLTES  EN  VENDÉE.  109 

correspondants  du  Midi  M-  Léo  d'Ounous,  ont  donné  le  morne  produit 
(30  heet.  à  l'hectare;. 

Le  rendement  des  blés  de  printemps  a  été  faible  parce  qu'on  les 
avait  semés  sur  une  luzerne  mal  rompue  pendant  l'hiver.  Malgré  deux 
ou  trois  sarclages-  les  herbes  adventices  les  ont  envahis.  Jamais  peut- 
être  je  n'avais  eu  une  aussi  faible  récolte. 

L'orge  noire  et  l'orge  nue  grosse  sont  des  variétés  de  collection  qui 
offrent  peu  d'intérêt  pour  la  grande  culture. 

Le  blé  de  Pologne  n'est  aussi  cultivé  chez  nous  qu'à  titre  de 
curiosité. 

L'avoine  noire  de  Tartarie  ou  de  Hongrie  a  été,  cette  année,  bien  su- 
périeure à  l'avoine  blanche  de  Sibérie.  Celle-ci  sera  désormais  rem- 
placée dans  mes  cultures  par  l'avoine  de  Pologne,  dite  canadienne  ou 
Merveilleuse,  dont  le  rendement  est  meilleur  et  le  poids  ordinairement 
plus  élevé, 

On  s'étonnera  peut-être  de  ne  pas  voir  figurer  sur  cette  liste  l'orge 
Chevalier.  Elle  est  depuis  longtemps  sortie  du  champ  d'expériences 
pour  entrer  dans  la  grande  culture;  mais  semée  en  février  der- 
nier, dans  une  terre  ingrate,  elle  n'a  pas  répondu  à  mes  espérances. 
Le  grain  était  léger,  mélangé  de  folle  avoine,  et  a  dû  être  livré  aux 
hôtes  de  la  basse  cour. 

Tous  les  blés  d'automne,  faits  sur  betteraves  et  sur  pommes  de  terre, 
ont  été  semés  en  lignes  espacées  de  20  à  2'2  centimètres.  Je  ne  sème 
à  la  volée  que  les  blés  de  mars  et  les  avoines.  Les  racines  et  les  choux 
sont  cultivés  sur  billons.  Le  fumier  de  ferme  est  le  seul  engrais  em- 
ployé* Le  sol  est  calcaire,  sec  et  peu  profond. 

J'ai  adopté  depuis  plusieurs  années  l'assolement  biennal  alterne 
avec  cultures  dérobées  de  vesces,  navets  et  maïs-fourrage.  Pour  suivre 
un  pareil  assolement,  il  faut  avoir  en  dehors  de  la  rotation  des  prairies 
naturelles,  des  luzernes  ou  des  sainfoins  dans  la  proportion  du  quart 
au  tiers  de  l'étendue  du  domaine. 

Les  fumures  toujours  appliquées  aux  plantes  sarclées  doivent  être 
renouvelées  tous  les  deux  ans.  ■  E.  Boncenne  fils. 

L'ANNÉE  AGRICOLE  DANS  LE  SUD-OUEST 

Notre  année  ai^ricole,  dans  le  sud-ouest,  se  clôt  dans  des  conditions 
favorables.  Les  départements  du  Tarn,  de  la  Haute-Garonne  notam- 
ment, pourront  reprendre  la  série  des  améliorations  agricoles  inter- 
rompues par  la  gêne,  la  pénurie,  que  ces  dernières  années  nous 
avaient  apportées. 

n  est  évident,  pour  celui  qui  suit  le  mouvement  de  notre  industrie 
rurale,  qu'il  se  produit  une  tendance  manifeste  vers  le  mieux.  Sous 
la  pression  de  cii'constances,  de  données  diverses,  nos  cultivateurs 
ont  compris  qu'il  fallait  modifier  leur  faire.  Ce  n'est  plus  par  distrac- 
tion et  sans  but  qu'on  lit  l'annonce  d'un  engrais,  d'une  machine 
nouvelle:  On  se  hâte  d'aller  voir  le  résultat  de  la  matière  fertilisante, 
l'essor  qu'elle  a  donné  à  telle  culture.  La  machine  nouvelle  est  égale- 
ment discutée,  étudiée.  Si  le  voisin  n'a  pas  l'engin  dont  on  parle, 
on  ne  craint  pas  d'aller  au  loin  prendre  les  renseignements,  les  leçons 
de  l'expérience. 

Depuis  peu  de  temps,  des  avis,  des  prospectus  ont  couru  la  contrée 


110  L'ANNÉE   AGRICOLE  DANS   LE   SUD-OUEST. 

indiquant  le  mode  de  faire  potiF  obtenir  des  marcs  de  vin  soit  avant, 
soit  après  pressurage,  un  liquide  précieux  pour  augmenter  la  quan- 
tité de  vin  à  livrer  au  commerce  :  vin  hygiénique,  naturel.  Les  sucres 
de  maïs,  les  glucoses,  nécessaires  à  ces  manipulations,  ont  été  enle- 
vés dans  les  divers  dépôts  qui  les  offraient  aux  cultivateurs.  Le  prix 
était  assez  élevé.  H  y  a  quelques  années,  l'hésitation  eut  été  grande  ; 
bien  peu  eussent  tenté  Tessai.  On  eût  traité  de  cultivateur  fantaisiste, 
le  téméraire  qui  eût  acheté  1,000  kilogrammes  de  massé  de  maïs  potir 
les  mêler  à  un  résidu  de  nos  cuvaisons,  dont  on  faisait  à  peine  un  en- 
grais. Aujourd'hui  tout  le  monde  est  lantaisiste  ;  ce  n'est  plus  comme 
essai,  ne  disant  presque  rien,  c'est  en  grand  que  l'on  procède. 

Si  je  parle  de  vin,  vendange  et  revenus  de  nos  vignobles,  il  faut 
dire  un  mot  de  ce  phénomène  bizarre  qui  s'est  manitésté  sur  notre 
précieux  arbuste.  Vers  les  derniers  jours  de  juillet,  à  notre  grand 
étonnement  dans  le  ïarn,  dans  la  Haute-Garonne  et  je  crois  aussi, 
dans  une  partie  du  Gers,  de  l'Aude,  de  Tarn-et-Garonne,  les  feuilles 
de  nos  vigiles  prirent  l'aspect  qu'elles  ont  d'ordinaire  après  une  assez 
forte  gelée,  gelée  qui  se  serait  produite  à  l'insu  de  notre  thermomètre. 
Le  seul  phénomène  météréologique  qu'il  y  eût  eu  à  noter,  c'est  de 
forts  orages  exceptionnels  survenus,  après  un  mois  d'une  tempéra- 
ture assez  élevée.  Si  je  dis  que  nos  vignes  présentaient,  quant  à  leurs 
feuilles,  l'aspect  qu'elles  ont  après  une  première  gelée,  je  ne  suis  pas 
exact;  la  feuille  de  la  vigne  a  commen*)é  de  se  dessécher  par  les  bords, 
elle  se  repliait  sur  elle-même,  comme  si  une  chaleur  intense  eût  pré- 
cipité sa  dessiccation;  elle  se  détachait  au  moindre  choc.  Du  reste,  que 
puis-je  faire  de  mieux  que  de  tracer  tout  au  long  ce  qu'un  de  nos  plus 
habiles  viticulteurs  en  a  dit,  dans  le  journal  de  sa  localité. 

M.  le  docteur  Ph.  Thomas,  viticulteur  à  Gaillac,  a  écrit,  au  Mémo- 
rial de  Gaillac,  la  note  suivante  : 

Encore  un  nouveau  fléau  de  la  vigne.  —  Apparition  dans  le  dé- 
partement du  Tarn,  du  Peronospin-a  viticola  (Berkeley).  Depuis  une 
quinzaine  de  jours,  les  viticulteLirs  de  l'arrondissement  de  Gaillac 
sont  frappés  de  l'aspect  insolite  d'une  grande  partie  du  vignoble  dont 
le  feuillage  rappelle  en  ce  moment  celui  de  nos  vignes  après  les  gelées 
blanches  du  mois  de  novembre. 

Le  mal  fait  de  rapides  progrès,  et  menace  tous  les  vignobles.  On  le 
reconnaît  aux  caractères  suivants  :  les  feuilles  jaunissent,  brunissent 
par  plaques,  puis  se  crispent,  se  recoquillent,  se  dessècht^nt,  sont 
comme  grillées  par  le  soleil,  ou  brunies  par  la  gelée  blanche.  Elles 
tombent  bientôt  après,  laissant  les  raisins  à  découvert.  Ceux-ci  con- 
servent d'ailleurs  leur  aspect  ordinaire.  Dans  ces  conditions,  le  grain 
cesse  de  grossir,  lavéraison  et  la  miaturation  s'opèrent  mal,  au  grand 
préjudice  de  la  récolte. 

Toutes  ces  altérations  sont  dues  à  une  infime  moisissure  qpi  a  reçu 
le  nom  de  Peronospora  vilicola,  proche  parent  du  Peronospora  infestans, 
(Montagne),  qui  produit  la  maladie  des  pommes  de  terre. 

Les  feuilles  malades  présentent  à  leur  face  inférieure  un  aspect 
blanc,  farineux,  différent  de  celui  de  l'oïdium  et  qu'il  ne  faut  pas  con- 
fondre, non  plus,  avec  le  duvet  cotonneux  de  novembre,  plus  ou  moins 
abondant,  qui  existe  sur  cette  partie  de  la  feuille  de  beaucoup  de  nos 
cépages. 

Vue  à  la  loupe,  cette  sovte  de  poussière  farineuse  paraît  formée  par 


L  ANNEE   AGRICOLE   DANS  LE   SUD-OUEST.  111 

une  multitude  de  petits  filaments  dressés,  branclius,  terminés  par  une 
petite  troupe  de  corpuscules  brillants,  vraie  forêt  en  miniature. 

Vus  au  microscope,  à  des  grossissements  de  200  à  500  diamètres, 
ces  filaments  dressés  se  montrent  composés  de  tubes  transparents,  à 
bords  nets  et  à  cavité  continue,  c'est-à-dire  non  cloisonnée.  Une  cloi- 
son se  montre  souvent  un  peu  au-dessous  du  point  où  chacun  d'euK 
émet  des  branches  latérales.  Ces  tube&,  en  effet,  émettent  latérale- 
ment dans  leur  quart  supérieur  3  à  5  petites  branches  alternes  des- 
quelles se  détachent  des  rameaux  secondaires  plus  courts,  portant 
chacun  trois  pédicules  minuscules,  terminés  par  un  organe  reproduc- 
teur appelé  Sporange. 

Le  sporange  est  ovalaire,  simple,  non  cloisonné  et  pourvu  à  une  de 
ses  extrémités  d'une  petite  saillie  papillaire  à  peine  visible.  Ses 
contours  nettement  accusés  dénotent  une  enveloppe  épaisse  sous 
laquelle  existe  un  contenu  granuleux,  d'abord  incolore,  puis  jaune 
brunâtre  dont  l'issue  laisse  le  sporange  vide,  transparent  et  plissé. 

La  marche  du  fléau  est  des  plus  rapides,  tant  au.  point  de  vue  de 
son  extension  que  de  ses  effets  sur  les  vignes  attaquées.  Notre  plaine 
et  nos  coteaux  sont  en  ce  moment  envahis  sur  de  grandes  et  nombreuses 
surfaces,  et  tout  nous  fait  craindre  que  l'entier  vignoble  de  Gaillac  ne 
soit  infesté  avant  l'époque  des  vendanges,  tant  les  conditions  atmosphé- 
riques d'humidité,  de  chaleur,  d'électricité,  si  exceptionnelles  de  la 
fin  de  cet  été,  sont  favorables  au  développement  de  toutes  les  moisis- 
sures. 

Gomme  le  prévoyait  l'habile  viticulteur  de  Gaillac,  le  mal  s'est 
généralisé.  Un  journal  agricole  italien  m'apprenait  ces  jours-ci  que 
dans  les  environs  de  Padoue  le  vignoble  entier  est  atteint,  là,  comme 
ici,  on  cherche  un  remède.  Le  gouvernement  italien  doit  publier  une 
instruction.  Sous  cette  funeste  influence,  nos  raisins  ont  peu  mûri, 
ils  résistent  à  la  pression  du  doigt,  ils  sont  acides.  Il  est  à  crain  ire 
que  nos  vins  ne  s'en  ressentent,  comme  quantité  et  comme  qualité. 

Il  nous  paraissait  qu'avec  la  lutte  contre  l'oïdium,  le  phylloxéra,  la 
pyrale,  le  gribouri,  la  gelée,  la  coulure,  l'anthracnose,  il  y  en  avait 
assez.  Le  courage  ne  manque  jamais  aux  agriculteurs;  qu'on  leur 
indique  vers  quels  points  ils  doivent  diriger  leurs  essais,  et  demain, 
ils  seront  à  l'œuvre,  pleins  d'énergie  et  d'espérance. 

De  Puy-Mombrun. 

SUR  LA  NOX-REGIDIYE  DE  L'AFFECTION 

CHARBONNEUSE.  —  II  ^ 

En  résumé,  nouvelle  impossibilité  de  rien  conclure  touchant  l'efïï- 
caciié  du  remède  Louvrier,  puisque  des  deux  vaches  qu'il  a  traitées 
une  est  morte,  que  l'autre  a  guéri,  et  que  des  deux  témoins  une  est 
également  morte,  et  que  la  seconde  également  a  guéri. 

Il  n'est  pas  inutile  de  faire  la  remarque  que,  si  les  vaches  A,  B, 
C,  D  avaient  été  distribuées  différemment,  que  les  vaches  A  et  C 
eussent  été  confiées  à  M.  Louvrier,  et  que  B  et  D  eussent  servi  de 
témoins,  on  aurait  eu  l'illusion  de  croire  que  le  remède  avait  été  sou- 
verain, puisqu'il  aurait  guéri  deux  fois  sur  quatre  et  que  les  deux 
vaches  témoins  seraient  mortes.  Il  ne  faut  jamais  oublier  que,  dans 

1.  Voir  le  Journal  du  9  octobre,  page  50  de  ce  volume 


112  SUR  LA   NÛN-RKGIDIVE  DE   L'AFFECTION   CHARBONNEUSE. 

certaines  questions,  la  méthode  expérimentale  peut  être   sujette  à  ces 
dangereux  hasards. 

Laissons  donc  sans  jugement  la  valeur  du  remède  Louvrier,  et 
essayons  de  soumettre  de  nouveau  à  une  épreuve  expérimentale  le 
problème  théoriquement  si  important  de  la  récidive  du  charbon. 

Le  15  septembre  1880,  les  deux  vaches  guéries  A  et  C,  qui  ont  été 
fort  malades,  comme  on  vient  de  le  voir,  à  la  suite  des  premières 
inoculations  charbonneuses  du  6  août,  sont  réinoculées  du  côté 
gauche,  c'est-à-dire  du  coté  opposé  aux  premières  inoculations.  On  se 
sert  de  cinq  gouttes  d'une  culture  de  bactéridies  du  charbon,  bactéri- 
dies  provenant  d'une  vache  charbonneuse  et  non  d'un  mouton,  car 
nous  avons  reconnu  qu'entre  ces  deux  sortes  de  bactéridies  il  existe 
une  différence  sur  laquelle  nous  reviendrons. 

Les  jours  suivants,  pas  d'œdème  sensible  ni  sur  l'une  ni  sur  l'autre 
vache,  et  pas  d'élévation  de  température.  La  question  est  donc 
éclaircie  :  le  charbon  ne  récidive  pas,  et  si  l'on  se  rappelle  que,  dans 
une  note  récente  (12  juillet  1880),  nous  avons  signalé  que,  en  i878, 
dans  nos  expériences  de  Saint-Germain,  près  de  Chartres,  sur  un  des 
champs  de  la  ferme  de  M.  Maunoury,  sept  moutons  sur  huit  qui 
avaient  été  malades  à  la  suite  de  repas  souillés  de  cultures  charbçn- 
neuses  ont  résisté  à  des  inoculations  directes  de  sang  charbonneux, 
même  à  haute  dose,  on  peut  dire  que  le  fait  de  la  non-récidive  s'ap- 
plique aux  moutons  de  races  françaises  comme  aux  vaches'. 

Par  mes  communications  sur  le  choléra  des  poules  (9  février  et 
26  avril  1 880),  nous  connaissions  une  maladie  virulente  parasitaire 
qui  est  susceptible  de  ne  pas  récidiver.  Nous  en  avons  maintenant  un 
second  exemple  dans  l'affection  charbonneuse.  Nous  savons  également 
que,  dans  le  charbon  comme  dans  le  choléra,  des  inoculations  qui 
ne  tuent  pas  sont  préventives,  et  qu'enfin,  de  même  que  dans  le  cho- 
léra, on  peut  sans  doute  prévenir  à  tous  les  degrés. 

L'importance  de  ces  résultats  ne  saurait  échapper  à  personne,  car 
la  pathologie  humaine  nous  en  offre  d'analogues,  et  ils  tendent  une 
fois  de  plus  à  rapprocher  les  maladies  virulentes  à  parasites  micros- 
copiques des  maladies  virulentes  dont  la  cause  étiologique  est  encore 
inconnue.  Rappelons  que  la  non-récidive  est,  au  moins  pour  un  temps 
plus  ou  moins  long,  un  caractère  habituel  des  maladies  virulentes 
proprement  dites,  et  j'ai  eu  soin  de  faire  remarquer  antérieurement 
que  les  faits  de  vaccine  humaine  permettaient  de  conclure  qu'on  pou- 
vait être  vacciné  à  divers  degrés  et  que  peut-être  on  l'était  rarement 
au  maximum. 

Et  maintenant,  rapprochons    des  observations  précédentes    le   fait 

1.  Sur  7  /aches  auxquelles  nous  avons  communiqué  le  charDon  par  inoculation  direcie,  deux 
seulement  ont  péri.  N'en  soyons  pas  '■urpris.  Dans  les  expériences  faites  de  1850  à  1852  par  l'As- 
sociation  médicale  de  Chartres,  dans  le  but  de  résoudre  la  question  de  l'inoculation  possible  du 
charbon  aux  divers  animaux,  sur  20  vaches  inoculées,  une  seule  a  péri.  La  vache  est  bien  plus  ré- 
fractaire  au  chai  bon  que  le  mouton.  Elle  en  est  malade  le  plus  souvent,  mais  elle  guérit  facilement. 
Sur  47  moutons  inoculés  directement  par  l'Association  médicale  de  Chartres,  35  sont  morts,  12 
ont  survécu  (Vou-  le  Rapport  de  M.  Boutet,  de  1852).  Par  les  motifs  indiquées  dans  la  Note  du 
12  juillet,  que  je  vien-i  de  rappeler,  on  doit  pouvoir  rencontrer  des  moutons  réfractaires  au  charbon 
dans  les  pays  où  l'affection  est  enzoclique,  mais  il  est  sensible  que  les  vaches  jouissent  d'une  im- 
munité constitutionnelle  relative.  Il  peut  également  s'en  trouver  qui  soient  réiractaires  à  la  suite 
d'inoculations  spontanées. 

Je  dois  faire  ici  un  erratum  à  ma  Note  du  12Juillet  1880.  Il  est  dit  dans  cette  Note,  p.  87,  ligne 
36,  du  compte  rendu  :  Les  spores,  dans  ce  cas,  se  retrouvent  dans  les  excréments  des  cobayes  et 
également  dans  les  excréments  des  moutons.  Cela  va  au  delà  des  faits  que  nous  avons  constatés. 
Nous  avons  reconnu  seulement  que  les  excréments  des  cobayes  et  des  moutons  peuvent  donner  le 
charl  on  :  mais  les  spores  charbonneuses  ingérées  y  sont-elles  intactes  ou  s'y  sont-elles  développées 
en  partie  ?  C'est  ce  que  nous  ignorons.  Nous  le  rechercherons. 


SUR  LA  NON-RÉCIDIVE  DE  L' AFFECTION  CHARBONNEUSE.  113 

que  M.  Chauveau  vient  de  constater  sur  des  moutons  algériens  dans 
une  suite  de  notes  très  intéressantes.  Après  avoir  démontré  que  la  race 
des  moutons  algériens  est  moins  apte  à  prendre  le  charbon  que  les 
moutons  de  races  françaises  (8  septembre  1 879  et  14  et  28  juin  1880), 
l'éminent  directeur  de  l'école  vétérinaire  de  Lyon  a  fait  voir  que  cette 
immunité  devient  plus  marquée  à  la  suite  d'une  première  inoculation, 
quand  celle-ci  n'a  pas  entraîné  la  mort  (19  juillet  1880).  M.  Chauveau 
est  porté  à  croire  que  l'immunité  relative  des  moutons  algériens  et  son 
renforcement  par  inoculation  préalable  «  sont  dus  à  des  matières  nui- 
sibles à  la  prolifération  de  la  bactéridie  »,  et,  fort  de  cette  opinion  qui 
n'est  pourtant  qu'une  vue  préconçue  sans  appui  dans  l'expérience, 
M.  Chauveau  croit  trouver  dans  les  faits  qu'il  a  observés  une  objection 
à  l'explication  que  j'ai  proposée  de  la  non-récidive  du  choléra  des 
poules  et  des  maladies  virulentes.  Je  ne  puis  me  ranger  à  sa  manière 
de  voir,  qui  a  déjà  mis  en  défaut  la  sagacité  de  notre  savant  confrère 
M.  Bouley.  L'immunité  relative  des  moutons  algériens  me  paraît  être, 
comme  tous  les  faits  du  même  ordre,  un  effet  de  constitution,  de  résis- 
tance vitale.  Celle-ci  s'oppose  à  la  prolifération  de  la  bactéridie,  comme 
celle  de  la  poule  non  refroidie  s'y  oppose,  comme  chez  la  poule  encore 
cette  même  résistance  vitale  s'oppose  à  la  prolifération  mortelle  des 
virus  atténués  du  choléra  des  poules...  Pas  n'est  besoin,  comme  le 
pense  M.  Chauveau,  d'invoquer  l'existence  de  matières  nuisibles  à  la 
vie  de  la  bactéridie.  Certes,  pour  la  poule,  ce  n'est  pas  vraisemblable- 
ment une  matière  nuisible  à  la  vie  de  la  bactéridie  qui  empêche  celle-ci 
de  proliférer,  puisqu'il  suffit  de  refroidir  la  poule  pour  qu'elle  devienne 
charbonneuse.  Et  quant  au  fait  du  renforcement  de  l'immunité  par  de 
premières  inoculations,  ne  se  confond-il  pas  avec  le  fait  de  la  non- 
récidive  de  l'affection  charbonneuse  et  ne  s'explique-t-il  pas  par  la 
stérilité  qu'amènent  plus  ou  moins  à  leur  suite  dans  un  même  milieu 
une  ou  plusieurs  cultures  successives  d'un  organisme  microscopique. 

Loin  de  voir  avec  M.  Chauveau,  dans  les  faits  relatifs  aux  moutons  de 
l'Algérie,  une  objection  à  la  théorie  de  la  non-récidive  des  maladies 
virulentes,  telle  que  je  l'ai  exposée  dans  mes  communications  sur  le 
choléra  des  poules,  ils  me  paraissent  en  être  une  confirmation,  car 
ces  faits  sont  exactement  du  même  ordre  que  ceux  qui,  à  la  suite  de 
mes  études  sur  le  choléra  des  poules,  ont  provoqué  ma  manière  de 
voir.  Je  n'abandonnerai  pas  facilement  cette  théorie  de  la  non-récidive 
des  maladies  virulentes;  elle  repose  sur  des  observations  qui  lui  sont 
pour  ainsi  dire  adéquates,  et  elle  satisfait  l'esprit  dans  une  ques- 
tion qui  défiait  jusqu'à  l'hypothèse.  Quel  mystère,  en  effet,  que  celui 
de  la  non-récidive  d'une  maladie  virulente!  Et  combien  plus  ce  mys- 
tère s'est  accru  lorsqu'il  fut  démontré  que  la  non  récidive  s'appliquait 
également  à  un^  maladie  virulente  parasitaire,  le  choléra  des  poules! 

Tant  que  la  théorie  que  j'ai  proposée  de  la  non-récidive  rendra  compte 
des  faits  acquis,  et,  suivant  moi,  elle  a  toujours  cette  vertu,  notam- 
ment de  par  les  observations  mêmes  de  M.  Chauveau,  qu'elle  eût  pu 
prévoir  et  qu'elle  a  peut-être  provoquées  à  l'insu  de  leur  auteur,  il 
sera  sage,  ainsi  que  je  le  disais  récemment  dans  une  lettre  à  M.  Dumas 
[Comptes  rendus,  séance  du  9  août),  de  conserver  et  de  tenter  de  fortifier 
cette  théorie.  Dans  tous  les  cas,  ces  tentatives  seules  pourront  devenir 
le  critérium  de  son  triomphe  ou  de  sa  faiblesse.  L.  Pasteur, 

Membre  de  l'Institut  et  de  la  Société 
nationale  d'agriculture. 


114  NOUVELLES   DE  L'ÉTAT  DES  RÉCOLTES. 


NOUVELLES  DE  LtTAT  DES  RÉCOLTES 

Situation  dans  les  Vosges. 

Chèvreroche,  le  4  octoljre  1880. 
L'ensemble  des  récoltes  est  satisfaisant-  mais  ce  qui  l'emporte  comme  rende- 
ment exceptionnel,  ce  sont  les  seigles  et  les  Iburrages  sur  les  prairies  sèches  des  co- 
teaux. Dans  les  prairies  basses,  marécageuses,  le  déficit  est  considérable  pour  les 
i'oins  surtout.  La  pluie  est  survenue  hier,  au  moment  où  les  retardataires  n'ont 
pas  fini  partout  la  rentrée  des  regains.  Pour  les  pommes  de  terre,  le  rendement 
est  très  bon  où  la  maladie  n'a  pas  fait  de  dommages  sérieux.  Bien  des  localités 
seraient  fort  maltraitées  par  le  fléau.  On  se  plaint  partout  de  la  multitude  des 
guêpes.  Ici,  dans  le  voisinage  des  sapins,  les  essaims  sont  très  nombreux.  J'en  ai 
détruit  autour  de  mon  habitation  une  douzaine  en  quelques  instants,  écrasant  les 
nids  après  avoir  bouché  l'entrée.  On  opère  pendant  la  nuit.        J.-B.  Jacquot. 

Situation  dans  le  département  de  l'Ain, 

Pont-de-Vaux,  le  6  octobre  1880. 

L"été  qui  vient  de  s'écouler  a  été,  dans  notre  contrée,  l'un  des  plus  favorables 
aux  récoltes  de  la  terre,  L'un  des  plus  beaux  que  nous  ayons  observés  depuis  de 
longues  années.  La  somme  des  pluies  tombées  depuis  le  l''' juillet  jusqu'au  l""  oc- 
tobre a  été  seulement  de  0'".28  répartis  en  24  jours,  c'est-à-du'c  d'une  quantité 
moyenne  de  0"'.094  par  mois,  ce  qui  est  tout  à  fait  dans  les  meilleures  conditions 
possibles,  et  la  température  moyenne  a  été  de  20°  centigrades. 

Les  pluies  et  la  chaleur  ont  été  si  heureusement  et  si  providentiellement  amé- 
nagées que  toutes  les  récoltes  en  ont  profité  dans  la  plus  large  mesure.  —  En 
somme,  abondance  de  foin  dans  les  prés  clos  et  dans  la  prairie.  Abondance  de 
froment  et  de  bonne  quahté,  beaucoup  de  paille  et  des  grains  à  l'avenant.  Les 
avoines  ont  bien  réussi.  Le  maïs  et  le  sarrasin  sont  de  toute  beauté.  J'ai  mesuré 
une  tige  de  maïs  dont  la  hauteur  était  de  2"\60.  Les  chanvres  étaient  dans  la  même 
proportion.  La  récolte  des  pommes  de  terre  n'a  rien  laissé  à  désirer. 

La  vigne  seule  a  souffert  des  gelées  de  l'hiVer  et  des  pluies  du  mois  de  juin,  à 
ce  point  que,  dans  32  ares  de  vignes  basses  et  de  hautins,  je  n'ai  fait  à  ma  part  que 
30  litres  de  vin  au  lieu  de  H  hectolitres  que  je  fais  en  moyenne.  En  compensation, 
la  treille  qui  entoure  ma  maison  de  campagne  était  chargée  de  chasselas  roses  et 
blancs  de  Fontainebleau. 

Dans  celte  partie  du  département  de  l'Ain  que  nous  habitons,  c'est-à-dire  dans 
le  canton  de  Pont-de-Vaux,  l'année  peut  être  classée  dans  les  années  très  bonnes. 
Malheureusement,  il  n'en  est  pas  ainsi  dans  toutes  les  parties  du  département. 
—  L(j  sarrasin  ou  blé  noir,  qui  a  été  semé  après  le  blé,  n  est  pas  encore  récolté. 
Il  lui  faudrait  encore  un  mois  de  chaleur.  Aurons-nous  la  chance  d'échapper  aux 
gelées  précoces?  Jusqu'ici  rien  ne  nous  les  fait  pressentir.  Garin. 

Situation  dans  le  département  de  l'Aisne. 

Cliâleau-Thierry,  le  11  octobre  1880. 

Pendant  quelque  temps,  l'agriculture  a  été  dans  une  grande  perplexité,  l'ab- 
sence d'eau  rendait  impossible  les  ensemencements.  Les  terres  étaient  trop  sèches  : 
Éofin  la  pluie  est  venue,  les  travaux  ont  pu  s'exécuter  dans  d'excellentes  conditions  : 
seigle,  dravières,  et  blé  n'ont  pas  été  interrompus  un  seul  jour. 

On  s'occupe  en  ce  moment  d'arracher  les  betteraves,  les  dernières  pluies  leur 
ont  été  très  profitables.  Il  y  a  une  belle  et  abondante  récolte  de  pommes  de  terre^ 
dans  aucun  champ  on  n'en  trouve  de  gâtées.  Dubosq. 

REYUE  COMMERCIALE  ET  PRÎI-COIRINT  DES  DENRÉES  AGRICOLES 

(16  OCTOBRE,  1880)., 
I.   —  Situation  générale. 
La  situation  est  la  même  que  la  semaine  précédente.  Le  plus  grand  nombre  des 
marchés  sont  peu  fréquentés.  Les  affaires  sont  calmes  sur  la  plupart  des  denréeS' 
agricoles,  et  les  cours  accusent  peu  de  variations  importantes. 
IL  —  Les  grains  et  Les  farines. 
Les  tableaux  suivants  résument  les  cours  des  céréales,  par  quintal  métrique,  sur 
les  principaux  marchés  de  la  France  et  de  l'étranger. 


REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX-COURANT  (16   OCTOBRE  1880). 


115 


1"  RÉGION.—  NORD-OUEST. 

Blé.    Seigle.   Org«. 


Ca'vadps.  Condé 

—    Lisieux 

€ôles  du-Nord  Lannion. 

—  Tiégiiier 

Finistère.   Morlaix 

Quimper 

lUe  et-Vilaine  .  Rennes. 

—  St-Malo 

Manclie.  Avranches  . . . . 

—  Pontorson. 

—  Villedieii 

Mayenne.   Laval 

—  Châleau-Gonlier.. 
Morbihan.  Hennebont. . 
Orne.  Seez 

—  Vimoutiers 

Sarihc .  Le  Mans 

—  Sablé 


fr. 
27.00 
■27  50 
28. '25 
29.00 
27.00 
28.25 
26.00 
26.50 
27. 7i 

as. 00 

'.'8.50 


fr. 

2t. 50 

20  00 


26.5'J 
25.00 
26. £0 
20.00 
26.50 
16. 00 


19.00 
20.00 


fr, 
19.50 

15  75 
15.  50 
17.00 
16. 00 
18.50 
19.00 
19.75 
18.25 
19.50 
1T.50 
13.50 

17.50 
19.25 
17.50 
17.25 


AToioe. 

fr. 

21.00 
23.00 

10.50 

16.75 
16.25 

20.00 
20.75 
21.00 
21.50 

19.50 


20.  ?5 
18.75 


Prix  moyens ' 

2»  RÉGION. 

Aisne.  Soissons 

—  La  Fère 

—  Villfcis-Cotterets. . 
Eure,  Evreux 

—  Bernay 

—  Damviîle ' 

Eure-et-Loir.  Chartres. 

—  Anneau 

—  Nogent-le-Rotrou. 
A^ord.  Cambrai 

—  Douai   ' 

—  Valenciennes  .....  ' 
Oise.  Beauvais 

—  Compiègne ' 

—  Novon 

Pas-de-Calais .  Arras  .. . 

—  Saint-Oiner ' 

Seine .  P.iris 

S.-el-Marne  Melun 

—  Nemours 

—  Uammarlin 

S.-el-Oise.  Dourdan  .... 

—  Pontoise 

—  Versailles 

Seine  In fcrieure.  Rouen 

—  Fécarap 

—  Dii'ppe 

Somme.  Abbeville 

—  Amiens 

—  Roye 

Prix  moyens. ■. 

3«  RÉOilON.  - 

Ardennes.  Charleville. . 

Aube.  Bar-sur-Aube  ... 

Méry-sur-Seine... 

—  Nogent-sur-Selne . 
jl/arne.Cbàions 

—  Epernay 

—  Reims . . 

—  Sézanne 

Ille  Marne.   Rourbonne  . 
MeuHhe-eU Mo^ielle  Nancy 

—  LuncviKe 

—  Toul 

Meuse.  Bar-le-Doc. . . ... 

—  Verdun 

lia lUe-Saône    Gray 

—  Vesoul 

Vosges.  Epinal  

-*■  Ratiibervlllers. . .. 

'iHrt*  mctf^fas, 

4*'R'iSioN. 
Charente.  Angoulème. . 

—  Ruffec...... 

Charente  Infêr.  ^ïarans. 

Deuic-Sèvres.    Niort 

Indre-et-Loire.  Tours.. 

—  Bléré 

—  Château-Renault. 

Lotre-/n/.  Nantes 

M.-e<-i,oitre.  saumur   .  . 
Vendée.   Liiçou 

—  Fontenav 

Vienne.  Chatellerault.. .. 

—  Loudun 

Haute-Vienne.    Limoges 

Prix  moyens ., 


2     20.28      18  07     20. 6i 
NORI>. 


19.50 
20.00 
20.25 


20.00  18.7  5 

18.75  18  50 
20  50    » 

19.75  18.50  

19.89  19.39     18.82 


26.  ri     20.01 
—  OUEST, 

27.75      18.25 
28.00     20.00 


26. 8«     19.02     19.63     18.29 


Blé. 

fr. 


Allier.  Gannat 28.50 

—  Montlii(;ori 27.25 

—  Varennes 27.00 

C/ier.  Boiirues 27.00 

—  Oraçay 27.75 

—  Yierzon 27.50 

Creuse.  Aiilnisson. 27.25 

/ndre.  ChàleauPoux....   26.00 

—  Issoiidiin 27  25 

—  Valençay 26.25 

Loiret.  Montargis 26. OO 

—  Gien ■ 27.25 

—  Piliviersv 26.20 

Loir-et-Cher.  Blois. 27  .50 

—  Montoire 26.20 

Nièvre.    Nevers 2d.25 

—  Cosne 26.50 

i'onne.  Brlenon 27.50 

—  Joigny 27.25     18. '0 

—  Sens 28.75     19  20 

Prix  moyens 26.90     19.21 

6«  RÉGION.   ~   EST. 
Ain.   HoiH-g. S2.00     20.00 

—  Pont-iie-Vaux 27. fO     19-75 

Câled'Or.  Dijon 28  25    20.25 

^    Beanne 2800        » 

Doubs.   Besançon...*...    27  25         » 
Isère.  Grenoble 29.00 

—  Buirgoin 28.00 

Jura.  D'Jle 27  .  00 

Loire.  Charlieu 29  00 


Seigle. 

fr. 

20  00 
18.40 
l!J  25 
19.50 
18.50 
18.25 
20 .  25 
18.00 
19.50 

21  50 
19.50 
19.75 
18.70 
18.00 

18.25 
20.75 


Orge. 

fr. 
20.50 

20  iO 
19.75 
20.50 
20.00 


Avoine. 

fr. 

17.  bO 
18.00 
17.25 
18.50 
16.25 
17.50 
20.00 
17.25 
17.00 
16.75 
17.50 

19.85 
19.50 
I0.75 

17.00 
19.00 
17.25 
_•  *^  °° 
i9.til      17.93 


19.00 
20  00 
19.25 
19.50 

19.75 
19.70 
18.50 
21.75 
18. 00 
18  40 
18.70 


P  -de-Ûdme  Clermont^F. 

Rhône.   Lyon 

S'iône-et- Loire.    Chalon. 

—     Autun , 

Savoie.  Chambéry 

Hte-Savoie.  Annecy 

Prix  moyens 

7*  RÉGION.   - 


19.50 
17.25 
20.00 

18  50 
IS.5O 

19  25 

19.20 


31.00 

2«.00 

28   50 

27.25 

28   50  • 

29.25  » 

28.96      18.31      i 

. SUD-OBEST. 


19.50 
2(.(i0 


17.50 
18.  (.'0 
19.00 
17.00 
18  UO 
19.50 


Ariège.  Pamiers 28.00 

Dordogne.  Bergerac...,   28  50 
Hte-Garonne.  Toulouse.   27.50 

—  Viiiefranche-Laur.  28.00 
Gers.  Condom 28.00 

.—     Eauze 27.50 

—  Mirande 2ii.00 

Gironde.    Bordeaux....  27. 80 

—  La  Réole 28  00 

Landes.  Dax 28.25 

Lot-el-Garnnne.  Agen..   27.50 

—  Marmande 27.75 

B.-Pj/rén«Bs.  Bayonne. .   27.50 
Htes'Pyrénees.  Tarbes.  27.75 


19.25 
19.00 
19.75 
19.50 


20  5t) 
19.00 
19.50 
19.50 
19.25 
19.50 
1S.25 


Prix  moyens 27.71     19.45 


8»  RÉGION 
Aude.    Castfelniudary 
Aveijra',%.   Ridez 


2S 

28 

Cantal.   M 

Correze.  Lnherzac 28 

Hérault.  C^îtte 28 

Lot.  Figeac 28 

Lozère.  Mende 23 

—  Marvejols 27. 

—  Florac 31. 

P!/rcnêC5.-<!/r.  Perpignan  26 

Tarn.   Mb\ .. 27. 

rat-n-et-Gur.Montauban  28 


20.50 
20.25 
24  30 
l'9.00 

19.50 
27.55 
23.65 
22.90 
20.00 
19.50 
20.00 


Prix  moyens 

9"  RÉGION. 

Basses-Alpes.  Manosque 
Hautes- Alpes.  Briançon 
AlpeS-Maritimifs  Cannes 

Ardeche.  Privas 

B.-du-Hhône.  Aix 

Drame.    Montélimar 

Gard.  Nimes 

Haiit^-Lmve.  Le  PUy.... 
Var.  Draguiunati.. .  .^  .  ..> 
VaucluKv.  Carpentras.. . 

Prix  moyens 

Moy.  do  loijte  la  France 
—  de  lAsemaine  preced. 
Sur  la  semaine^  Hàosse. 
precedeûtie.,     |  Baisse. 


28.26     21.10 

—  srn-EST. 

29.00 
•29.50 
29.00 
29.90 
30.00 
28. -tO 
28.75 
30.00 
29.50 
28.50 


19.00 
1«  25 
20.05 


17.75 
18.25 


18.25 
18.08 

19.75 

20.00 

20.25 
20.30 

22.15 
23.00 
19. 2S 
13.50 


19.75 
19.00 
18.25 
20.25 
17.00 
18.25 
2Î0.50 


29.26  19.75 
27-63  19  89 
27.60     19  90 


19.00 
19,09 
18  98 


17.50 
17. <N) 

16.75 
16.50 
17.50 
18.50 

16  2'S 
lfr.50 
18.50 

17.  SO 

17  25 
1Ô.75 

17  75 
17.25 


20.00 
20.25 
19.75 
19.25 
20.00 
19  2» 
19  00 
19.75 


20.  »b 
1«.60. 
19.75 
I9.!ft 

19.6* 


19. 2« 
19.25 
23.25 
20 .  50 
19.00 
20.50 
3'3.» 

21.40' 
24-.  45 
20.25 
20.00 


25.15 
20.35 
19.50 
20.80 

aio.oo 

17.50' 
20.00 
l«'.Off 
20 .00 
20 .00 

20.12 
18.96 
18^4 
0^«(2 


116  REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX-COURANT 

aie.  Seigle  Orge.  Avoine 

fr.                t'.  fr.                Ir. 

Algérie.                   Alger 2(i.'2.j            »  15.50  16  00 

Angleterre.               Lomlrps 27.!)()             »  20.2'»  20.80 

Belgique.                  Anvers 24.-'.')  îl   75  22-00  18.00 

—  Bruxelles •     26. oO  21. dO  »  18.85 

—  Liège 2(i.liO  '-•2. 75  '>2.0n  18.00 

—  Nainur, 25.00  2+50  20.50  17.50 

Pays-Bas.  Amsterdam 25.20  24.  H5 

Luxembourg.  Luxembourg 29.00        24  00  ->  17.25 

Alsace- Lorraine         Strasbourg 28.75        24.50        23  00         17.50 

—  Colmar 29  00        23.10        21  55         18.50 

—  Mulhouse 27.75  23.00  23.25        20.25 

Aueinagne.  Berlin... 27.75  2(5  85  »                » 

—  Cologne 28  10  27  50 

—  Hambourg ,..  26.35  25.75  • 

Suuse.  Genève 29  00  ■>                 •  17.50 

—  Lausanne 28. ,'0  »                »  17.25 

Italie.  Milan 27.75  22.75  19.00  19.25 

Autriche.  Vienne 24.00  22  25  18.50  14  50 

Hongrie.  Budapesth 24.75  21.50            »  13  25 

Busste.  Saint-l'étersbourg...  27.10  22.10            s  14.00 

Etats-Unis.  New-iork 22.25  >•                »                » 

Blés.  —  Les  semaines  se  suivent,  et  les  faits  qui  se  produisent  sur  le  plus 
grand  nonab're  confirment  les  prévisions  que  nous  avons  émises.  Les  prix  des  blés 
se  maintiennent  avec  beaucoup  de  fermeté  dans  la  plupart  des  départements,  sans 
hausse  notable,  mais  aussi  sans  baisse.  Les  cultivateurs  restreignent  leurs  offres, 
parce  qu'i's  sont  occupés  soit  aux  travaux  des  semailles,  soit  à  ceux  d  arrachage 
des  betteraves  ou  des  pommes  de  terre;  d'un  autre  côté,  les  arrivages  de  blés  d'A- 
mérique sont  moins  considérables,  et  il  est  désormais  certain  que  la  Russie  et 
l'Orient  ne  pourront  donner  qu'un  faible  appoint  à  l'importation  —  A  la  halle  de 
Paris,  le  mercredi  l.i  octobre,  les  transactions  ont  été  aussi  restreintes  que  les 
semaines  précédentes;  les  prix  ont  été  tenus  avec  une  grande  termeté.  On  payait 
de  27  fr.  50  à  29  fr.  par  quintal  métrique  pour  les  blés  de  pays,  ou  en  moyenne 
28  fr.  25,  avec  50  centimes  de  hausse  sur  le  prix  du  marché  précédent.  —  Sur  le 
marché  des  blés  à  livrer,  on  cote  par  100  kilog.  :  courant  du  mois,  28  fr.  25 
à  28  fr.  50  ;  novembre,  27  fr.  75  à  28  fr  ;  novembre  et  décembre,  27  fr.  75;  quatre 
mois  de  novembre,  27  fr.  50;  quatre  premiers  mois,  27  fr.  25.  —  Au  Havre,  la 
situation  est  la  même  que  la  semaine  précédente;  les  cours  des  blés  d'importation 
se  maintiennent  avec  beaucoup  de  fermeté.  —  A  Marseille,  les  affaires  sont  assez 
actives  sur  les  blés  disponibles;  les  cours  ont  été  maintenus  avec  une  grande  fer- 
meté pour  les  divei  ses  sortes.  Les  arrivages  de  la  semaine  ont  été  de  210,000  hecto- 
litres environ;  le  stock  s'est  élevé,  dans  les  docks,  h  102,^00  quintaux.  Au 
dernier  jour,  on  payait  par  100  kilog  :  Berdianska,  3J  fr.  75  à  31  fr.  ; 
Marianopoli,  30  fr.  ;  Irka,  26  fr.  50  à  iS  fr.  ;  Danube,  25  fr.  à  25  fr.  50;  Ri- 
chelles  rouges,  29  fr.  ;  Michigan,  27  fr.  50;  Azofi"  durs,  27  fr.  à  27  fr.  50;  Tu- 
zelles  d'Oran,  29  Fr.à  29  fr.  75.  —  A  Londres,  durant  la  semaine  dernière,  on  a 
importé  100,770  quintaux  de  blés  étrangers;  les  cours  se  maintiennent  avec  beau- 
coup de  l'erme'é.  Au  dernier  marché,  on  payait  de  26  fr.  7U  à  29  fr,  par  100  ki- 
logrammes suivant  les  provenances  et  les  qualités. 

Farines.  —  Les  cours  des  diverses  sortes  de  farines  accusent  une  plus  grande 
fermeté.  Pour  les  farines  de  consommation,  on  les  payait  à  la  halle  de  Paris, 
le  mercredi  13  octobre  :  marque  D,  61  fr.;  marques  de  choix,  62  à  64  fr.  ;  bonnes 
marques,  61  à  62  tr.;  sortes  ordinaires,  59  à  60  fr.;  le  tout  par  sac  de  159  kilog., 
toile  à  rendre,  ou  157  kilog.  net,  ce  qui  correspond  aux  cours  de  37  fr.  60 
à  40  fr.  70  par  100  kilog.,  ou  en  moyenne  38  fr.  9J,  avec  une  hausse  de 
0  fr.  40  sur  le  prix  moyen  du  mercredi  précédent.  —  Pour  les  farines  de  spécu- 
lation, on  cotait  à  Pciris,  le  mercredi  13  octobre,  au  soir  :  farines  huit-marques, 
courant  du  mois,  59  fr.  25  à  59  fr.  50;  novembre,  57  fr  75  à  58  fr.;  novembre 
et  décembre,  57  fr.  50  à  57  fr.  75;  quatre  mois  de  novembre,  57  fr.  25  à 
57  fr.  50;  quatre  premiers  mois,  57  fr.  à  57  fr.  25;  le  tout  par  sac  de  159  kilog. 
toile  perdue,  ou  157  kilog.  net;  /"ariaes  supérieure.?,  courant  du  mois,  38  fr.  25; 
novembre,  3S  fr.;  novembre  et  décembre,  37  fr  75;  quatre  mois  de  novembre, 
37  fr.  à  67  fr.  2b;  quatre  premiers  mois,  36  fr.  75  à  37  fr.;  le  tout  par  sac  de 
100  kilog.  —  La  cote  officielle,  en  disponible,  a  été  établie  comme  il  suit  : 

Dates  (octobre).  7  8  9  11  12  13 

Pannes  huit-marjue.' (157  kilog).   58.75        58.85  59.50  59.80  59.50        59.25 

—      supérieures  (100  kilog).     37.50        37.75  38.25  38. bO  38.25        38.35 


DES  DENRÉES  AGRICOLES   (16  OCTOBRE   i880j.  117 

Le  prix  moyen  général  a  été  de  59  fr.  25  pour  les  farines  huit-marques,  et  de 
38  fr.  pour  les  farines  supérieures.  C'est  une  liausse  de  1  fr.  sur  les  prix 
moyens  da  la  semaine  précédente.  Les  farines  deuxièmes  sont  vendues  à  des  prix 
fermes,  de  29  à  33  fr.    par   100  kilog;.les  gruaux,  de  44  à  52- fr. 

Seigles.  —  La  hausse  continue  à  se  reproduire  sur  les  cours  des  seigles.  On  les 
paye  à  la  halle  de  Paiis,  de  22  à  22  fr.  50  par  100  kilog.  —  Quant  aux 
farines,  elles  sont  cotées  de  31  à  34  fr,  avec  des  demandes  nombreuses 

Orges. —  Les  belles  qualités  sont  recherchées,  et  leurs  cours  accusent  un  peu  de 
hausse.  On  paye  à  la  halle  de  Paris,  de  18  fr.  50  à  21  fr.  par  100  kilog.,  sui- 
vant les  qualités.  Quant  aux  escourgeons,  leurs  cours  s'étal^lissent  de  19  fr.  75 
à  20  fr.  25.  —  A  Londres,  les  importations  sont  restreintes;  les  cours  accusent 
beaucoup  de  fermeté;  on  paye  de  19  fr.  80  à  21  fr.  55  par  100  kilog.,  suivant 
les  sortes, 

Mail.  —  Les  cours  varient  de  27  à  33  fr.  par  100  kilog.,  suivant  les  sortes. 

Avoines.  —  Peu  d'offres,  avec  des  affaires  restreintes.  On  paye  à  la  halle  de 
Paris,  de  18  fr.  25  à  20  fr.  25  par  100  kilog.;  suivant  poids,  coideur  et  rfualité. 
—  A  Londres,  les  arrivages  de  la  semaine  dernière  ont  été  de  84,OuO  quintaux; 
les  cours  accusent  de  la  hausse  Au  dernier  marché,  on  payait  de  19  fr.  25  à 
22  fr.   10  par  100. kilog.  suivant  les  sortes. 

Sarrasi)i.  —  Les  prix  sont  faiblement  tenus.  On  cote  de  17  à  18  fr.  par  100  ki- 
log. à  Paris. 

Maïs.  —  Les  prix  sont  plus  fermes.  On  paye  de  14  fr.  75  à  16  fr.  75  par 
100  kilog.  au  Havre,  pour  les  maïs  d'importation  américaine. 

Issues.  —  Les  cours  sont  en  baisse,  à  la  halle  de  Paiis,  où  l'on  cote  :  gros 
son  seul,  13  fr.  50  à  14  fr.;  son  trois  cases,  13  fr.  à  13  fr.  25;  sons  fins,  12  fr.  à 
12  fr.  50;  recoupettes,  12  à  12  fr.  50;  remoulages  bis,  14  à  15  fr.;  remoulages 
blancs,  16  à  17  fr.;  le  tout  par  100  kilog. 

m.  —  Vins,  spiritueux,  vinaigres,  cidres. 

Vins.  —  Les  vendanges  sont  terminées  à  peu  près  partout  Si  nous  en  excep- 
tons le  Midi,  on  se  plaint  ici  du  défaut  de  quantité.  Il  du  manque  de  qualité. 
Combien  le  vignoble  français  donnera-t-il  cette  année  d'hectolitres  de  vin?  C'est 
toujours  la  question  qui  domine,  nul  ne  le  sait  !  et  en  présence  de  la  diversité  des 
appréciations,  bien  haidi  celui  qui  oserait  avancer  un  chiffre.  —  A  l'empresse- 
ment aux  achats  du  Bordelais  a  succédé  un  calme  relatif.  Il  en  est  de  même  du 
Midi,  et  cependant,  dans  les  localités  où  le  phylloxéra  n'a  pas  laissé  de  trop  pro- 
fondes traces  de  son  passage,  on  compte  des  excédents.  Ce  calme  relatif  a 
croyons-nous  pour  cause  les  prétentions  de  plus  en  plus  exagérées  des  déten- 
teurs. A  ce  sujet,  on  nous  écrit  du  département  de  l'Aude  :  «  Celui-là  sera  sage 
qui  profitera  pour  vendre  de  l'empressement  des  acheteurs,  sans  attendre  une 
hausse  plus  grande,  car  on  peut  bien  se  contenter  à  moins.  Peut-il  arriver  quel- 
que chose  de  plus  heureux,  en  effet,  à  des  gens  qui  ont  [dus  que  leur  pleine 
récolte  que  de  vendre  leurs  excédants  de  23  à  38  francs,  suivant  la  qualité,  car 
c'est  là  où  nous  en  sommes.  Réaliser  à  ces  hauts  prix,  faire  des  réseives  en  vue 
de  l'avenir,  ce  devrait  être  la  pensée  de  gens  sages.  »  Les  vins  nouveaux,  à  Bé- 
ziers,  dans  l'Hérault,  se  traitent  également  à  de  hauts  prix  :  Aramons  de  6°. 5  h 
7°. 5,  23  à  25  fr.;  Montagne  ordinaire,  8°,  27  à  28  fr.;  joli  Montagne,  9%  29  à 
31  fr.;  Montagne,  i"  choix,  10  à  li",  32  à  35  fr.;  type  Narbonne  et  Montagne 
supérieur,  11». 5  à  12%  37  à  41  fr.;  Bourret,  8  à  9",  28  à  30  fr.;  Picpoul,  11  à_12'', 
32à35fr.,  le  tout  à  l'hectolitre  nu.  En  présence  de  ces  hauts  prix,  on  émet 
l'avis  de  voir  bientôt  les  vins  de  raisins  secs  faire  une  redoutable  concurrence 
aux  vins  ordinaires,  surtout  après  la  circulaire  293  de  M.  Audibert,  qui  assimile 
les  vins  de  raisins  secs  aux  vins  de  raisins  frais.  Dans  les  Charentes,  les  vinr 
sont  bien  tenus.  A  Ars  (île  de  Ré),  la  vendange  est  supérieure  à  celle  de  l'an 
dernier,  mais  il  n'est  pas  encore  question  de  prix.  A  Jonzac,  on  cote  le  vin  nou- 
veau, 60  fr.  la  barrique  de  225  litres.  A  Saintes,  il  ne  s'est  encore  traité  aucune 
affaire  en  vin  nouveau,  cependant  on  trouverait  preneur  à  27  fr.  l'hectolitre,  mais 

f)ersonne  ne  se  décide  encore  à  vendre.  A  Nantes,  le  gros-plant  se  traite  à  60  fr. 
a  pièce  nue  prise  au  pressoir;  quant  au  muscadet,  il  est  si  rare,  qu'il  n'en  faut 
pas  parler.  A  Orléans,  on  parle  de  100  à  120  fr.  la  pièce  de  230  htres  logé,  La 
Sologne  fait  ses  vins  blancs  nouveaux  bourrus,  68  à  72  fr,  la  pièce  de  220  litres. 
Enfin  on  côte  dans  le  Roussillon  les  vins  de  1880,  l'hectolitre  nu  :  supérieur, 
42  à  45  fr.;  1"  choix,  38  à  40  fr.;  2-^  choix,  34  à  36  fr.;  petits  vins  de  8%  27  à 
30  fr.  Dans  notre  prochain  bulletin  nous  donnerons  une  cote  détaillée. 


118  REVUE  GOxMMERGIALE  ET  PRIX-COURANT 

Spiritueux.  —  Les  alTaires  ont  toujours  très  peu  d'activité,  la  spéculation  même 
est  calme  dms  ses  alluies  et  paraît  craiadre  de  s'engager  soit  sur  la  voie  de  k 
hausse,  soit  sur  celle  de  la  bai.sse,  elle  se  borne  à  profiter  des  Légères  fluctuations 
de  l'aTticle.  Voici,  du  reste,  le  mouvement  de  la  semaine  en  cei^ui  concerne  le 
livrable  :  62  !r.  50,  63  ir.,  63  fr.  50,  63  fr.  75,  63  Ir.  25  et  63  i'r.  5U  en  clôture. 
Le  stock  est  aujourd'hui  de  7,2-25  pipes  contre  7,275  en  1-79.  On  remarquera 
que  le  stock  ne  présente  qu'une  différence  de  50  pij>es  sur  celui  de  1879.  La  place 
de  Lille  est  sans  changement,  l'alcool  de  betterave  reste  iixé  au  prix  de  62  fr. 
Les  cours  sur  les  marchés  du  ?vlidi  sont  également  sans  variations.  Les  marchés 
allemands  accusent  cette  semaine  un  peu  plus  de  fermeté.  —  Paris,  on  cote, 
3/6  betterave,  1"  qualité,  9  J  degrés  disponible  63  fr.  75,  novembre-décembre 
62  fr.   75,  quatre  premiers  (1  fr.   75. 

Vinaigres.  —  A  Dijon  (Gùte-d'Or),  voici  les  prix  établis  par  le  commerce  de 
gros  :  vinaigre  blanc,  l'hectolilre  nu,  8°,  14  fr.;  IS",  20  (r. 

Cidres.  —  Encore  rien  de  nouveau  sur  cet  article.  Au  mois  d'août  dernier,  il 
est  rentré  dans  Paris,  2,666  hectolitres  de  cidre,  ayant  acquitté  les  droits  d'octroi. 

lY.  —Sucres,  —  Mélasses,   -r-  Fécules,  -^  Glucoses.  -—Amidons. —  Houblons, 

Sucres.  —  Les  affaires  sont  plus  importantes  que  la  semaine  dernière,  et  les 
cours  des  sucres  bruts  accusent  une  grande  fermeté,  sur  les  principaux  marchés. 
On  cote  à  Paris  :  les  sucres  bruts  88  degrés  saccharimétriques,  ô^*  fr.  25;  les 
sucres  jjlancs  en  poudre,  60  fr.  2o;  à  Lille,  les  88  degrés,  52  fr.  2:-';  à  Yalenciennes, 
53  ir.;  à  Saint-Quentin,  60  à  62  fr.  pour  les  sucres  jjlancs.  Le  stock  de  l'entrepôt 
réel,  à  Paris,  était  au  13  octobre  de  140,000  sacs,  avec  une  nouvelle  diminution  de 
28,000  sacs  depuis  huit  jours.  —  Les  cours  des  sucres  raffinés  sont  un  peu  plus 
faibles;  on  les  paye  à  Paris  de  ill  à  113  fr.  par  quintal  métrique  à  la  consom- 
mation, et  69  fr.  25  à  74  fr  pour  l'export  ition.  —  A  Londres,  les  sucres  de 
betteraves  sont  cotés  avec  une  grande  fermeté,  principalement  ceux  de  provenar.ce 
française. 

Mélasses.  — '  Les  prix  sont  sans  changemenis.  On  paye  par  ICO  kilog.  à  Paris  : 
mélasses  de  fabrique,  13  fr,;  de  raffinerie,  14  fr. 

Fécules.  —  Les  féculeries  travaillent  avec  une  grande  activité.  Les  offres  sont 
nombreuses.  On  paye  à  Paris  à  32  fr.  50  à  33  fr.  par  lOO  kilog.  pour  les  fécules 
premières  du  rayon;  à  Compiègne,  32  fr.  50  pour  celles  de  l'Oise.  Les  fécules 
vertes  valent  actuellement  de  20  fr.  à  20  fr.  î:0. 

Glucoses. — -  Les  demandes  sont  nombreuses;  les  prix  sont  ceux  de  la  semaine 
dernière.  On  paye  à  Paris  par  100  kilog.  :  sirop  premier  blanc  de  cristal,  59  à 
60  fr.;  sirop  mansé,  4-<  à  50  ir.;  sirop  liquide,  38  à  40  fr.- 

Amidons.  —  Quoi(jue  les  transactions  soient  assez  restreintes,  les  prix  se  main- 
tiennent bien.  On  paye  à  Paris  par  100  kilog.  :  amidon  de  |)ur  froment,  en  paquets, 
70  à  72  fr.;  amidon  de  province.  lO  à  62  f r  ;  amidon  d'Alsace,  56  à  58  fr.;  ami- 
don de  maïs,  40  à  42  fr. 

Houblons.  —  Les  affaires  sur  les  houblons  nouveaux  sont  calmes  dans  la  plupart 
des  départements.  On  paye  par  100  kilog.  dans  le  Nord  :  Poperinghe,  120  à  150  fr.; 
en  Lorraine,  80  fr.  à  150  fr.,  suivant  les  qualités;  à  Eischwiller,  80  à  60  fr.;  à 
Dijon,  100  à  200  fr.  En  Allemagne,  les  marchés  sont  très  abondamment  fournis 
pour  les  qualités  ordinaires. 

V. —  Huiles  et  graines  oléagineuses. 

Huiles.  —  Par  suite  des  offres  abondantes,  les  cours  des  diverses  sortes 
d'huiles  de  graines  accusent  de  la  faiblesse,  On  paye  à  Paris  par  100  kil.  :  huile 
de  colza  en  tous  fûts,  74  fr.;  en  tonnes,  76  fr.;  épurée  en  tonnes^  84  fr.  ;  huile  de 
lin  eu  tous  fûts,  69  fr.  50;  en  tonnes,  71  fr.  50.  —  Sur  les  marchés  des  départe- 
ments, on  cote  par  100  kilog  pour  les  huiles  de  colza  :  Gaen,  73  fr.  75;  Rouen, 
69  fr,  75;  Cambrai,  73  fr.  ;  Arras,  75  fr.  à  76  fr.,  et  pour  les  autres  sortes: 
pavot,  105  fr.;  lin,  71  à  7^  fr.;  cameline,  71  à  72  fr.;  œillette,  136  fr.  —  A  Mar- 
seille,  les  cours  des  huiles  de  d'oHve,  sont  les  mêmes  que  la  semaine  précédente. 
Dans  les  A'pes -maritimes  et  le  Var,  les  affaires  sont  assez  restreintes,  et  les 
cours  sont  faibles,  sauf  pour  les  belles  qualités. 

Graines  oUaçjinevses.  —  Les  affaires  sont  assez  actives,  et  les  cours  accusent 
une  grande  fermeté  sur  les  marchés  du  Nord.  On  paye  ]iar  hectolitre  à  Arras  : 
œillette  nouvelle,  33  fr.  à  37  fr.;  colza  nouveau,  21  à  23  fr.  25;  lin  nouveau, 
22  fr.  50  à  24  ir.  75;  cameline,  18  à  19  fr.  50;  —  à  Gaen,  colza,  19  à  21  fr. 


DES  DENRÉES  AGRICOLES  (16  OCTOBRE   1880).  1Î9 

VI.  —  Tourteaux.  —  Noirs  j  —  Engrais. 
Tourteaux.  < — Prix  bien  tenus.  On  cote  à  Marseille,  par  100  kilog.  :  tourteaux 
de  lin,  20  fr.;  arachides  en  coques,  12  fr.  75;  décoi'tiquées,  16  fr.;  sésame  blanc, 
15  fr.  50  à  16  fr.*  œillette,  14  fr.  50;  colza  du  Danube,  14  Ir.  50;  coton  d'Egypte, 
12  fr.;  palmiste  naturel,  10  fr.  50;  palmiste  repassé,  y  fr.;  ravison,  13  fr. ;  —  à 
Rouen,  tourteaux  de  colza,  15  fr.  25  à  15  fr.  50;  arachides  en  coques,  12  fr.; 
sésame,  16  fr.;  lin,  24  (r. 

VIL  —  Matières  résineuses,  colorantes.  —  Textiles. 
Matières  résineuses.  —  Les  offres  sont  restreintes,  et  les  prix  très  fermes.  On 
paye  à  Bordeaux  78  fr.  par  100  kilog.  pour  l'essence  pure  de  térébenthine;  à  Dax. 

69  fr. 

Gaudes.  — Maintien  du  prix  de  20  fr.  par  100  kilog.  dans  le  Languedoc. 

Crè'ne  de  tartre.  — On  paye  dans  le  Midi  270  fr.  par  100  kilog.  pour  le  piemier 
blanc  de  cristal. 

Chanvres.  —  Les  chanvres  nouveaux  sont  abondants  dans  l'Anjou,  où  Ton  paye 
80  fr.  par  100  kilog. 

VIII.  —  Fruits. 

Amandes.  —  Dans  le  Languedoc,  les  amandes  à  la  dame  sont  cotées  83  fr.  par 
quintal  métrique. 

Prunes.  —  Dans  l'Agenais,  les    cours  accusent  une   grande  fermet-é.  Oa  paye 
par  100  kilog.  :  40  à  45  fruits  à   la  livre,   220  fr.;    50  à  55  fruits,  150  fr.;  60  à 
65  fruits,  120  fr.;  70  à  75  fruits,  100  fr.;  80  à  85  fruits,  94  fr.,  etc. 
IS.  —  Beurres,    —  Œufs.  —  Fromages. 

Beurres.  —  On  a  vendu,  pendant  la  semaine,  à  la  halle  de  Paris,  249,348  kilog. 
de  beurres.  Au  dernier  marché,  on  payait  par  kilog.  :  en  demi-kilog.,  2  fr.  10  à 
3  fr.  82;  petits  beurres,  2  fr.  04  à  2  fr.  92  ;  Gournay,  1  fr.  96  à  4  fr.  04; 
Isigny,2  fr.  04  à  6  fr.   34. 

Œufs.  —  Du  5  au  12  octobre,  il  a  été  vendu  à  la  halle  de  Paris  3,650,235  œufs. 
On  payait  par  mille  :  choix,   114  à  128  fr.;  ordinaires,  75  à  US  fr.;  petits,  65  à 

70  fr. 

Fromages.  —  Derniers  cours  de  la  halle  de    Paris   :   par  douzaine,  Brie,  3  à 
41  fr.;  Monthléry,    15  fr.;  par  cent,  Livarot,  5  à  90  fr.;  Mont-d'Of,    17  à  32  fr.; 
Neufchâtel,  5  à  28  fr.;  divers,  4  à  51  fr.;  par  100  kilog.,   Gruyère,  126  à  170  fr. 
X.  —  Suifs  et  corps  gras,  cuirs  et  peiux. 

Suifs.  —  On  paye  à  Paris,  le  13  octobre,  83  fr.  50  par  100  kilog.  pour  les 
suifs  purs  de  l'abat  de  la  boucherie  ;  suifs  en  branches,  62  fr.  60. 

Saindoux.  — Prix  très  fermes  au  Havre  de  118  à  119  fr.  par  100  kilog.  pour 
les  saindoux  d'Amérique. 

XI.   —  Chevaux.  —  Bétail.  —  Viande. 

Chevaux.  —  Aux  marchés  des  6  et  9  octobre,  à  Paris,  ou  comptait  991  chevaux. 
Sur  ce  nombre,  432  ont  été  vendus  comme  il  suit  : 

Arnsnéa.  Vendus.  Prix  extrêmes. 

Chevaux  de  cabriolet 178'  G3      2:i0  à  1,020  fr. 

—  detrait 319  !04      2:o0à.l.280 

—  horsd'àge 359  13)        4.3  à  1,05.5 

—  à  l'e;iclière 41  41         75  à      370 

—  de  boucherie 94  94        35  à      110 

Bétail.  -^  Le  tableau  suivant  résume  le  mouvement  du  marché  de  la  Villette, 
du  jeudi  7  au  mardi  12  octobre  : 

Poids        Pris  du  kilog.  de  viande  sur  pied 
Veadus  moyea     au  marché  du  lundi  u  octobre. 

Pour  Pour  En         4  quartiers.  1"  2»  3=  Prix 

Amenés.  Paris,  l'extérieur,  totalité.  kil.  quai.  quai.  quai.  moyen. 

Bœufs 7,409  3,85i  1,906  5,760  345  1.60  1.46  1.12  1.38 

Varhes 2  027  744  706  1,450  235  1.48  l.3i  1.04  1.26 

Taureaux 331  216  37  253  369  1.30  1.16  1.00  l.li 

Veaur 4,603  2,773  1,178  3,851  76  1.90  1.84  1.44  1  72 

Moutons 48,037  22,833  18, .504  41,337  19  1.93  1.66  1.38  1  66 

Porcs  gras 5,903  2,347  3,5.56  5,903  86  1  60  1.54  1.48  1.50 

—    maigres.              11  3  8  11  35        1.60  .  »  1.65 

Beaucoup  plus  d'arrivages  que  la  semaine  précédente,  et  par  suite  dépréciation 
des  cours,  et  perte  de  la  reprise  que  nous  signalions  la  semaine  dernière  sur  la 
plupart  des  catégories. 

A  Londres,  les  importations  d'animaux  étrangers,  durant  la  semaine  dernière, 
se  sont  composées  de  12,885  têtes,  dont  4  bœufs,  174  veaux,   5,677  moutons   et 


120 


REVUE  COMMERCIALE   ET  PRIX-COURANT   (16  OCTOBRE   1880). 


46  porcs  venant  d'Amsterdam  ;  585  bœufs  de  Boston;  327  moutons  de  Brème; 
70  bœufs  de  Dunkerque;  59  moutons  d'Hambourg;  92  bœufs,  54  veaux, 
2,684  moutons  et  57  porcs  d'Harlingen;  39  bœufs,  117  veaux,  3,294  moutons 
et  154  porcs  de  Rotterdam;  1,101  bœufs  et  980  moutons  de  Tonning;  99  bœufs 
de  Vigo.  Prix  du  kilog.  :  Bœuf,  1",  1  fr.  93  à  2  ir.  05;  2%  l  fr.  58  à  1  fr.  75; 
qualité  inférieure,  1  fr.  40  à  1  fr.  58.  Veau,  V,  1  fr.  93  à  2  fr.  05;  2%  1  fr.  75 
à  1  fr.  93.  —  Mouton^  V,  2  fr.  28  à  2  fr.  45;  i.%  1  fr.  93  à  2  fr.  10;  qualité 
inférieure,  1  fr.  75  à  1  fr.  93.  —  Porc,V%  l  fr.  81  à  1  fr.  99;  2%  1  fr.  58  à 
1  fr.  75. 
Viai^de  à  la  criée.  —  On  a  vendu,  à  la  halle  de  Paris,  du  5  au  11  octobre  : 

Prix  du  kilog.  le  u  octobre. 


kilog. 
Buôuf  ou  vache  .  .   184,273 

Veau 156,880 

Mouton 88,794 

Porc -28,475 


quai.             2«  quai.  3'  quai 

l.Oôàl  70      0.92àl.46  0.60àl.l6 

l.fiS     1.90      1.18     1.66  0  80     1   16 

1.36     1.58       1.12     1.34  0.84     1.10 

Porc  frais. 
Soit 


Choix.     Basse  boucherie. 
1.00à2.70  O.lOà  1.16 
1.00     2.20       .  » 

1.00     3.20       . 


1.20à  1.70:  Porc  Ealé,  0.00  à  0.00 

458,422       Soit  par  jour 65,489  kilog. 

Pour  toutes  les  sortes,  principalement  pour  la  viande  de   mouton,  les  cours 
accusent  de  la  faiblesse  depuis  huit  jours. 

XII.  —  Cours  de  la  viande  à  rabatwir  de    la  Villette  du  14  octobre  {par  50  kilog.) 
Cours  de  la  charcuterie.  —  On  vend  à  la  Villette  par  50  kilog.  :    1"  qualité, 
85  à  87  fr.;  2%  77  à  80  fr.;  poids  vif,  58  à  64  tr. 

Bœufs.  Veaux. 


f* 

2» 

3» 

quai. 

quai. 

quai. 

fr. 

fr. 

fr. 

74 

66 

60 

1"  2' 

quai.  quai. 

fr.  fr. 

92  82 


3« 

quai, 
fr. 
75 


quai, 
fr. 


Moutons. 

2"  3* 

quai.  quai. 

fr.  fr. 

80  72 


Marché  aux  bestiaux  de  la  Villette  du  jeudi  14  octobre. 


Animaux 
amenés. 

Bœufs 2.8V2 

Vaches 648 

Taureaux... 

Veaux 

Moutons.,.. 

Poros  gras.. 

—  maigres. 


142 
1.052 
2Ï..835 
3.9.)3 


Invendus. 
173 
130 
16 
80 
2.23f) 
14 


Poids 
moyen 
général. 

kil. 
360 
250 
365 

80 

18 

84 


Cours    officiels. 


Cours  des  commissionnaires 
en  bestiaux. 


ir.            2»  3. 

quai.  quai.  quai. 

1.6>     !.48  1.18 

1.48      1.3'J  1.04 

1.16  1.1-4 

1.92 

1.65 


1.30 
2.06 


.6Q 


1.52 

1.36 

1  .43 


Prix 
extrêmes, 
1.14àl.6S 
1.00  1.54 
1.00  1.34 
1.44  2.16 
1.30  1.98 
1.40     1.70 


,r. 

quai. 
1.60 
1.45 
1.30 


2« 
quai. 
1.45 
1.30 
1.15 


3« 

quai. 
1.18 
1.05 
1.00 


Prix 
extrêmes. 
I.l5àl.64 
0.95     I.3O 
0.95     1.32 


Vente  assez  active  sur  toutes  les  espèces. 


XIV.  —  Résamé. 
Les  prix  des  céréales,  des  alcools  et  des  vins,  des  sucres,  se  maintiennent  avec 
fermeté  ou  sont  en  hausse;  pour  les  autres  produits,  il  y  a  faiblesse  dans  lescaurs. 

A.  REMy>. 

BULLETIN  FINANCIER. 

Après  un  moment  de  baisse  le  marché  a  reconquis  à  peu  de  chose  près  les  cours 
de  la  semaine  précédente:  la  rento  3  0/0  est  à  85  fr.  20,  perdant  0  fr.  05;  la  rente 
b  0/0  reste  à  120  fr.,  perdant  0  fr.  10;  et  l'amortissable  à  86  fr.  80,  perdant  0  fr.  20. 
R^rise  aux  Sociétés  de  crédit  faiblesse  à  nos  chemins  de  fer. 

Cours  de  la  Bourse  du  6  01*  13  octobre  1880  {au  comptant). 


Principales  valeurs  françaises: 

Plus       Plus     Dernier 
bas.        haut,     cours. 

Hente30/0 84.20       85.10       85.10 

Rente  3  0/0  amoriis 86.40      86.99      86.80 

Rente  4  1/2  0/0 114.00     114.70     114.50 

Rente  5  0/0 119.50    i2u.oo    120. 00 

Banque  de  France 3475.00  3500.00  3500.00 

Comptoir  d'escoiDiiie 925.00    955.00    932.50 

Société  générale 565.00     572.50     572.50 

Crédit  foncier tîoo.oo  iî90.oo  1340.00 

Est Actions  500     767.50     775.00     77.i.00 

Midi d» 

Nord d* 

Orléans d» 

Ouest d' 

Paris-Lyon-Méditerriinée  d» 
Paris  1871  obi.  4ou  <  o/O  ., 
Italien  &  o/o 


1035.00  1055.00  10.5.00 
1625.00  1640.00  1640.00 
12  5.00  1230.00  1227.50 

810.00  6i2.b0  822.50 
1412.50  1425.00  1425.00 

393.00  397.00  395.00 
35.20   36.05   86  05 


Giran.t  :  A.  BOUCHÉ. 


Fonds  publics  et  emprunts  français  et  étrangers: 


obligations  du  Trésor 

remb  a  500.4  o'o. 
Consolidés  angl.  3  o/O 

5  0/0  autrichieu 

4  o/O  belge 

6  0/0  égyptie.i 

3  o/o  espagnol,  extéf. 

d*  intérieur 

5  o/O  Etats-Unis 

Honduras,  obi.  30i>... 
Tabacs  ital.,  obi.  500.. 

6  o/O  péruvien 

5  O/o  russe 

5  0/0  turc 

5  0/0  roumain 

Bordeaux,  lOo,  3  o/o.. 
Lille,  100,3  0/0 


Plus 
b.is. 
517.50 


62  1/8 
107.00 
320.00 

21  1/8 


62  1/4 
107.00 
323.00 
21   3/4 


Dernier* 
cours. 
517.50 

98  3/6 
62  1/4 
107.00 
323.00 

213/4 


106  7/3       107  1/2       106  7/8 


93.75 
9.70 


94.75 
10.20 


94. 7S 
10.20 


BTBBaïKï 


CHRONIQUE  AGRGOLE  (iîoctoeriousso;. 

Ce  qu'il  faut  pour  èlre  un  boa  agriculteur.  —  Exposé  de^  connaissances  et  des  qualités  qu'implique 
l'exploitation  d'une  ferma.  —  Les  mœurs  que  doit  avoir  un  agriculteur.  —  Gonilit  entre  l'admi- 
nistration préfectorale  de  Maine-et-Loire  et  le  Comice  agricole  de  Segré,  —  Exposé  des  faits.  — 
Lettre  du  ministre  de  l'agriculture.  —  Le  rôle  des  associations  agricoles  défini  par  M.  de  Fal- 
loux.  —  Les  concours  et  les  allocations  de  l'Etat.  —  Publication  des  rapports  sur  l'Evposition 
universelle  de  1878.  —  Analyse  du  rapport  de  M.  Alfred  Darand-Claye  sur  le  matériel  et  les 
procédés  des  e.xploitations  rurales  et  l'oreUicres.  —  Extensioi  de  l'exportation  d  i  bétail  vivant 
d'Amérique.  —  Comparaison  des  exportations  de  viandes  abattues  et  d'animaux  vivants  de 
1875  à  1880.  —  Conférences  séricicoles  de  M.  Maillot  dans  le  Midi.  —  Le  phylloxéra.  —  Bro- 
chure de  M.  Odvier  sur  l'emploi  du  sulfure  de  carbone  et  les  effets  obtenus.  —  Les  vignes  sau- 
vages du  Soudan. — Lettres  de  M.  Léon  de  Lunaret.—  Distribution  de  graines  par  l'Académie  des 
sciences.  —  Circulaire  du  directeur  des  contributions  indirectes  relative  aux  vins  de  raisins 
secs.  —  Pisciculture.  —  Brochure  de  M.  Chabot-Karlen  sur  les  étangs.  —  Le  concours  de  la 
prime  d'honneur  dans  l'Imlre-el-Loire  en  1881.  —  Concours  du  Comice  de  Vienne.  —  Discours 
de  M.  Trénel  —  Primes  de  viticulture.  —  Réunion  du  Comice  de  Trf  voux.  —  Achat  en  commun 
de  graines  fourragères.  —  Notes  de  MM.  Villeroy  et  de  Lentilhac  sur  la  situation  agricole  dans  la 
Bavière  rhénane  et  dans  la  Dordogne. 

I.  —  Les  conditions  à  remplir  pour  être  agriculteur. 

On  a  prétendu  longtemps  que,  poui'  exercer  la  profession  d'agri- 
culteur, la  première  condition  à  remplir  était  d'être  né  dans  le  métier, 
d'être  enfant  de  parents  agriculteurs  eux-mêmes.  Gela  peut  faciliter 
l'accès  de  la  carrière;  mais,  ce  qui  vaut  beaucoup  mieux,  c'est  une 
éducation  et  une  instruction  spéciales  préalables,  combinées  avec  des 
aptitudes  particulières.  Il  faut  posséder  le  goût,  prendre  les  mœurs  et 
avoir  reçu  une  instruction  appropriée  très  développée.  Si  vous  ne 
vous  plaisez  pas  dans  les  champs,  si  vous  préférez  le  séjour,  les  plai- 
sirs et  les  distractions  de  la  ville  à  l'habitation  de  la  campagne  et  à 
ses  exercices  consistant  principalement  en  longues  courses  à  pied,  à 
cheval,  en  voiture,  si  vous  n'aimez  pas  les  animaux,  si  la  vie  intime 
de  la  famille  n'a  pas  pour  vous  plus  de  charme  que  les  relations  mon- 
daines, vous  ferez  difiicilement  un  bon  agriculteur.  Quant  à  l'instruc- 
tion à  la  fois  théorique  et  pratique  qu'il  faut  posséder,  elle  doit  être 
très  développée  :  ce  n'est  pas  qu'il  soit  nécessaire  d'être  très  fort  sur  le 
maniement  de  la  charrue,  comme  on  l'a  répété  si  souvent;  non,  mais 
il  faut  le  bien  connaître,  alin  de  juger  les  aptitudes  des  agents  et  des 
ouvriers  qu'on  emploie.  Ce  qu'il  importe  de  savoir,  ce  sont  les  sciences 
dont  les  applicaiions  ont  fait  dans  le  passé  et  continueront  à  assurer 
dans  l'avenir  tous  les  progrès  de  l'agriculture  :  chimie,  physique, 
mécanique,  histoire  naturelle,  sans  compter  les  connaissances  gé- 
nérales qui  constituent  désormais,  dans  nos  sociétés  modernes,  le  fonds 
commun  de  l'instruction  de  tout  homme  bien  élevé. 

Durant  longtemps,  on  a  admis  que  celui  qui,  dans  une  famille,  ne 
pouvait  pas  arriver  à  embrasser  uu'^  profession  dite  libérale  avec 
quelque  chance  de  succès,  en  savait  toujours  assez  pour  être  agricul- 
teur.Si  l'on  avait  dit  un  mauvais  agriculteur,  on  eût  eu  raison;  mais, 
pour  être  un  bon  agriculteur,  il  faut  posséder  une  instruction  plus 
variée  et  plus  approfondie  que  pour  bien  parcourir  tout  autre  carrière, 
et  il  faut,  en  outre,  acquérir  un  coup  d'œil,  un  tact,  un  esprit  de  déci- 
sion tout  particuliers.  On  doit  pouvoir  appliquer  à  la  découverte  des 
propriétés  des  sols,  de  grandes  connaissances  en  chimie,  en  géologie, 
en  physique,  en  physiologie  végétale.  Il  faut  être  ingénieur  et  hydrau- 
licien  pour  diriger  ou  au  moins  surveiller  des  constructions  et  des 
travaux  de  drainage  et  d'irrigation.  Des  connaissances  complètes  doivent 
avoir  été  acquises  en  mécanique  agricole  pour  permettre  de  juger  les 
instruments  et  de  faire  procéder  à  leur  réparation  en  cas  de  besoin.  H 

K«  6U2.  —  Tome  IV  de  1880.  —  23  Octobre. 


122  CHRONIQUE  AGRICOLE    (23  OCTOBRE  1880). 

importe  de  bien  connaître  le  bétail  et  de  savoir  le  soigner  dans  l'état 
de  santé,  et  môme  dans  l'état  de  maladie,  car,  quoiqu'on  ne  soit  pas 
forcé  d'être  vétérinaire,  et  quoiqu'il  soit  toujours  nécessaire  d'avoir 
recours  à  un  homme  de  l'art  pour  appliquer  des  traitements  médicaux 
ou  faire  des  opérations  chirurgicales,  il  est  indispensable  de  posséder 
des  notions  qui  permettent  d'exercer  au  moins  avec  utilité  un  traite- 
ment expeclatil.  Un  coup  d'œil  qui  ne  s'acquiert  que  par  l'expérience, 
par  l'observation,  permet  de  juger  et  l'état  du  bétail  et  la  convenance 
de  fciire,  selon  les  circonstances  météorologiques,  telles  ou  telles  cul- 
tures. Il  faut  être  homme  du  dehors  et  liomme  d'intérieur,  veiller  tou- 
jours à  tout,  à  l'étable,  à  l'écirrie,  à  la  bergerie,  à  la  basse-cour,  à 
l'atelier  des  machines,  à  tous  les  travaux  des  champs,  aux  cours  d'eau, 
aux  chemins  et  aux  routes,  donner  aux  diverses  cultures  annuelles  ou 
pérennes  en  temps  opportun  les  travaux  nécessaires,  bien  soigner  les 
engrais,  tant  de  la  ferme  que  du  conunerce,  et  les  appliquer  au 
moment  convenable,  selon  les  sols  et  selon  les  récoltes  à  obtenir,  pré- 
voir tous  les  besoins,  savoir  bien  vendre  et  bien  acheter,  être  toujours 
au  courant  des  variations  des  marchés,  profiter  de  la  lecture  des  jour- 
naux spéciaux  pour  pouvoir  essayer  les  semences  nouvelles  et  les  pro- 
cédés récemment  préconisés,  afin  de  ne  se  laisser  dominer  par  aucune 
circonstance  que  de  plus  prévoyants  sauraient  exploiter,  tenir  chaque 
jour,  pour  toutes  les  dépenses  et  toutes  les  recettes,  une  comptabilité 
simple,  mais  sévère  et  rigoureuse;  ce  sont  autant  de  devoirs  absolus 
que  l'agriculteur  doit  s'efforcer  de  remplir.  On  voit  que  la  tâche  est 
rude  et  que  la  somme  des  connaissances  strictement  nécessaires  est 
considérable,  sans  compter  qu'il  faut  encore  la  science  et  l'habileté  de 
l'administrateur  accompli.  Ne  faut-il  pas  commander  à  un  personnel 
souvent  peu  éclairé,  le  faire  obéir  et  lui  imposer  chaque  jour  une 
besogne  ardue  et  souvent  pénible,  pendant  laquelle  il  y  a  à  lutter 
contre  les  intempéries,  contre  de  longues  pluies,  contre  l'ardeur  du 
soleil,  depuis  avant  l'aurore  jusqu'au  delà  du  crépuscule?  Ne  faut-il 
pas  aussi  être  en  relation  constante,  sur  les  foires  et  les  marchés,  avec 
des  gens  méfiants,  qui  supposent  toujours  qu'on  veut  les  tromper,  et 
que,  par  conséquent,  s'ils  trompent  à  leur  tour,  ils  ne  font  que  se 
montrer  plus  avisés  que  leurs  adversaires?  On  ne  peut  vaincre,  dans 
cette  lutte  quotidienne,  qu'en  se  montrant  très  au-dessus  des  compé- 
titions vulgaires,  mais  aussi  très  capable  de  les  déjouer  et  de  les 
dominer.  La  connaissance  complète  des  lois  et  des  usages,  aussi  bien 
que  des  ressources  infinies  de  la  chicane,  est  indispensable.  On  le 
voit,  c'est  un  travail  de  tous  les  instants  qu'il  faut  développer,  en  même 
temps  qu'on  aura  la  possession  constante  de  soi-même  et  de  toutes  les 
facultés  de  l'esprit,  de  l'intelligence  et  du  cœur. 

Mais  de  quelles  mœurs  aussi  est-il  nécessaire  qu'on  ait  l'habitude? 
La  journée  de  travail  des  employés  d'une  exploitation  commence  avant 
la  venue  du  jour,  car  les  attelages  sortent  dès  le  lever  du  soleil,  pour 
aller  labourer  ou  pour  aller  conduire  au  marché  voisin  les  denrées  que 
l'on  veut  vendre.  Or,  il  importe  que  les  subalternes  sachent  que  le 
chef  est  sur  pied  pour  veiller  à  l'accomplissement  de  toutes  les  be- 
sognes, pour  s'assurer  que  les  animaux  ont  reçu  leur  provende  et  que 
tout  le  monde  est  à  son  poste.  L'agriculteur  doit  se  montrer  à  l'im- 
proviste  pour  que  sa  présence  soit  en  quelque  sorte  virtuelle  à  toute 
heure,  en  tout  lieu.  Son  esprit  de  justice  et  de  ferme  bienveillance  est 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (23  OCTOBRE    1880).  123 

ensuite  sa  plus  grande  force.  Bon  avec  tous,  simple  mais  réservé, 
n'ayant  pas  l'air  de  chercher  la  confiance  et  sachant  cependant  la 
capter,  il  sera  au  courant  des  affaires  de  tout  sans  jamais  avoir  Tair 
inquisiteur.  Il  montrera  l'exemple  du  strict  accomplissement  du  de- 
voir et  rendra  service  en  toute  occasion  en  ne  montrant  de  sévérité 
que  pour  le  mal.  De  même  que  levé  le  premier,  il  se  couchera  aussi 
le  dernier,  et  il  n'hésitera  pas  à  faire  de  temps  à  autre  des  rondes 
nocturnes  pour  s'assurer  que  l'ordre  règne  ;  il  cherchera,  non  pas  à 
surprendre,  mais  à  faire  régner  la  crainte  qu'il  pourrait  surprendre  ; 
il  gouvernera  plutôt  par  les  récompenses  que  par  les  punitions.  Il 
sera  sobre  en  toutes  choses,  en  actions  comme  en  paroles,  mais  il 
arrivera  le  premier  si  quelque  danger,  quelque  malheur  survenaient  pour 
un  des  agents  de  son  exploitation  ou  un  membre  quelconque  de  la 
famille  de  l'un  d'eux.  Il  aura  d'ailleurs  le  respect  des  usages  locaux  et 
la  simplicité  rurale  dans  son  costume  et  dans  ses  gestes,  dans  son 
langage,  dans  toute  sa  vie  extérieure.  Il  sera  à  la  disposition  des 
paysans,  mais  sans  excès  d'empressement,  et  il  ne  songera  jamais, 
dans  les  affaires  électorales,  à  imposer  sa  manière  de  voir;  il  sera 
d'autant  plus  écouté  qu'on  recherchera  d'avantage  son  opinion  et  qu'il 
n'essayera  pas  de  la  faire  prédominer.  Il  ne  devra  jamais  se  laisser 
tromper,  mais  aussi  il  sera  de  la  loyauté  la  plus  scrupuleuse,  sans 
aucune  tergiversation.  Tel  doit  être  le  bon  agriculteur,  chef  d'une 
exploitation  rurale,  quelle  que  soit  d'ailleurs  sa  qualité  de  propriétaire, 
de  fermier,  de  régisseur  ou  de  métayer. 

II.  —  Les  Comices  agricoles  et,  le  gouvernement. 
Des  difficultés  se  sont  élevées  entre  l'administration  préfectorale  du 
département  de  Maine-et-Loire  et  le  Comice  agricole  de  Segré.  Nous 
venons  de  recevoir  sur  ce  sujet  une  brochure  de  M.  de  Falloux, 
président  de  ce  Comice;  nous  devons  en  dire  quelques  mots.  Nous  ad- 
mettons parfaitement  que  la  dignité  des  associations  agricoles  doit  être 
l'objet  de  la  sollicitude  de  leurs  présidents  ;  à  cet  égard,  nous  ne  sau 
rions  qu'approuver  M.  de  Falloux  d'avoir  montré  beaucoup  de  suscep- 
tibilité. Mais  cela  dit,  nous  croyons  qu'il  devait  chercher  à  concilier 
cette  dignité  avec  des  exigences,  parfaitement  légitimes,  de  la  part  de 
l'autorité  départementale.  Le  fait  quia  été  l'origine  de  toute  une  grosse 
affaire  est  bien  simple.  L'autorité  préfectorale  demandait  à  M.  de  Fal- 
loux de  mettre  dans  ses  affiches  pour  le  concours  du  Comice  de  Segré, 
que  ce  Comice  était  subventionné  par  l'Etat  et  le  département,  et  de 
faire  connaître  les  chiffres  des  deux  subventions.  M.  de  Falloux  s'y  est 
refusé.  Alors  le  sous-préfet  de  l'arrondissement  a  refusé,  à  son  tour, 
d'approuver  les  affiches.  La  question  a  été  portée  devnnt  le  (.'onseil 
général,  et  l'esprit  de  parti  aidant,  la  discussion  n'a  fait  qu'envenimer 
le  débat.  Le  concours  de  Segré  a  été  ajourné,  et  M.  de  Falloux,  sur  la 
demande  de  son  Comice,  a  adressé  une  protestation  au  ministre  de 
l'agriculture,  qui  a  répondu  par  la  lettre  suivante  : 

ce  Monsieur,  j'ai  demandé  à  M.  le  préfet  de  Maine-et-Loire,  des  éclaircisse- 
ments sur  la  difficulté  survenue  entre  vous  et  lui  à  propos  des  affiches  du  Comice 
agricole  de  Segré,  et  qui  a  motivé  la  lettre  que  vous  m'avez  fait  l'honneur  de 
m' adresser. 

a  II  résulte  des  explications  de  M.  le  préfet,  que  la  mention  prescrite  par  lui 
et  que  vous  trouvez  excessive  avait  simplement  pour  but  déporter  très  visiblement 
à  la  connaissance  des  populations  agricoles,  les  subventions  accordées  par  l'Etat 
et  par  le  département. 


124  CHRONIQUE  AGRICOLE   (23  OCTOBRE   1880). 

«  Cette  mesure  est  excellente,  et  je  puis  d'autant  moins  la  blâmer,  qu'à  plu- 
sieurs reprises,  je  l'ai  moi-même  recommandée  à  MM.  les  préfets. 

«  J'estime,  en  effet,  qu'il  est  indispensable  de  faire  connaître  aux  intéressés,  le 
montant  des  allocations  que  le  gouvernement  distribue  chaque  année  aux  associa- 
tions agricoles,  industrielles  et  hippiques,  au  moyen  des  crédits  votés  par  les 
Chambres  et  par  les  Conseils  généraux. 

«  Sur  ce  point  d'ailleurs,  il  n'y  a  pas  désaccord  entre  nous,  puisque  vous  avez 
déclaré  ne  faire  aucune  difficulté  à  l'inscription  en  tête  de  vosalfiches,  en  caractères 
aussi  apparents  que  possible,  du  chiffre  des  subventions  de  l'Etat  et  du  dépar- 
lement. Vous  refusez  seulement  d'employer  la  formule  de  M.  le  préfet  :  «  Go- 
«  mice  subventionné.  » 

cf  Je  vous  avoue  que  j'ai  peine  à  concevoir  la  réprobation  soulevée  par  cette  fore 
mule,  qui  aurait  pu  être  aisément  modiiiée,  je  le  reconnais,  mais  qui,  telle  qu'ell- 
est,  ne  me  paraît  ni  blessante  ni  dictée  par  un  sentiment  de  méfiance;  je  ne  vois 
donc  là  qu'une  futile  querelle  de  mots,  dans  laquelle  il  m'est  d'autant  plus  difficile 
d'intervenir  utilement,  que  l'affaire  a  eu  un  grand  retentissement  et  qu'elle  a 
fait  l'objet  d'une  délibération  du  Conseil  général,  dont  M.  le  préfet  conteste  la  lé- 
galité. 

«  Je  suis  convaincu  qu'une  simple  explication  adressée  immédiatement  à 
M.  le  sous-préfet  ou  à  M.  le  préfet,  aurait  suffi  pour  lever  vos  scrupules  ou 
amener  l'entente  d'une  rédaction  satisfaisante  pour  tout  le  monde. 

«  Malheureusement,  la  correspondance  a  pris  dès  le  début  une  allure  de  protes- 
tation, dont  la  vivacité  n'a  pas  permis  à  l'autorité  administrative  de  modifier  sa 
décision;  je  le  regrette  profondément,  car  j'attache  le  plus  grand  prix  au  maintien 
delà  bonne  harmonie  dans  toutes  les  questions  qui  touchent  aux  intérêts  agricoles. 
Je  voudiais  avoir  notamment  la  possibilité  de  faire  cesser  le  différend  que  vous 
m'avez  soumis;  mais  il  a  pris  un  tel  caractère,  qu'il  m'est  impossible  de  vous 
donner  satisfaction,  sans  infliger  à  l'administration  préfectorale  un  blâme  im- 
mérité. 

«  Agréez,  etc.  «  P.  Tirard.  » 

Nous  croyons  que  tous  les  gens  impartiaux  diront,  avec  M.  le 
ministre  de  l'agriculture,  que  vraiment,  à  l'origine,  il  eût  été 
facile  de  modifier  la  formule  contre  laquelle  M.  de  Falloux  s'est 
élevé,  et  de  mettre,  par  exemple,  au  lieu  de  subventionné  :  «  recevant 
des  allocations  de  l'Etat  et  du  département.  »  C'eût  été  une  affaire  à 
traiter  amiablement,  avant  de  la  laisser  s'envenimer.  Tout  doit  se  pas- 
ser au  grand  jour  dans  les  Comices  agricoles,  et  par  conséquent  rien 
n'est  plus  simple  ni  plus  juste  que  de  dire  à  tous  sur  des  affiches  : 
«  Allocations  de  l'Etat,  tant;  —  allocations  du  département,  tant;  — 
montant  des  cotisations  des  membres  du  Comice,  tant.  >>  La  vérité  ne 
peut  blesser  personne.  Nous  admettons  que  le  mot  subventionné  est 
quelquefois  pris  en  mauvaise  part;  mais  recevoir  de  l'Etat  une  alloca- 
tion pour  faire  le  bien,  nous  paraît  être  un  fait  honorable  ;  il  ne  per- 
drait ce  caractère  que  si  l'on  se  mettait  à  faire  la  guerre  au  gouverne- 
ment. Or,  les  Comices  doivent  rester  absolument  dans  leur  rôle  agricole, 
que  M.  de  Falloux  définit  luimême  en  ces  termes  : 

«  Un  Comice  agricole  est  une  congrég.Uion  autorisée,  c'est  même  par  excellenc» 
une  institution  démocratique;  tout  y  est  populaire,  le  but  et  le  moyen;  tout  tend 
au  bien  commun;  tout  s'y  fait  à  l'élection;  tous  les  intérêts,  toutes  les  opinions, 
toutes  les  classes  s'y  rencontrent  et  s'y  confondent  dans  un  unique  sentiment  :  le 
dévouement  à  la  plus  féconde  de  nos  industries,  industrie  sans  rivale  qui  nous 
donne  la  richesse  indéfinie  du  sol  par  une  amélioration  continue,  en  même  temps 
que  fabondanc?  et  la  salubrité  dans  l'alimentation  publique.  Chacun  de  nos  pro- 
grès est  un  élément  considérable  de  la  prospérité  nationale  et  l'énuilation  locale 
s'inspirti  ici  du  patriotisme  le  plus  éclairé.  Nous  avons  donc  le  droit  de  défendre, 
soit  contre  le  préfet,  soit  contrôle  ministre,  les  franchises  qu'aucun  gouvernement 
n'avait  méconnues.  Nous  garantissons  l'égalité  et  la  fraternité  parmi  nous,  qu'on 
nous  laisse  la  liberté.  » 

Tout  cela  est  excellent,  sauf  deux  lignes.  Ce  n'est  pas  perdre  ses 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (23  OCTOBRE   1880).  125 

franchises ,  pour  im  Comice,  que  d'avouer  hautement  qu'il  reçoit 
1000  francs  tant  de  l'Etat  que  du  département,  comme  c'est  le  cas  pour 
le  Comice  de  Segré.  Ce  n'est  pas  perdre  sa  liberté.  Au  contraire,  il  nous 
semble  que  refuser  de  faire  connaître  publiquement  un  fait  aussi  simple, 
c'est  se  couvrir  d'une  ombre  ou  d'un  voile  qui  ne  convient  pas  à  la 
vraie  liberté,  ni  davantage  au  patriotisme;  car,  dans  les  fêtes  des 
Comices  qui  sont  un  terrain  neutre,  le  patriotisme  doit  consister  à 
marcher  d'accord  avec  le  gouvernement  dont  on  distribue  les  encoura- 
gements donnés  pour  le  progrès  agricole. 

m.  —  Les  rapports  sur  l'Exposition  universelle  de  1878. 

La  publication  des  rapports  sur  l'Exposition  universelle  de  1878, 
vient  de  commencer;  on  sait  que,  dans  chaque  classe,  ces  rapports 
ont  été  confiés  aux  membres  du  jury,  secrétaires  de  la  classe.  25  rap- 
ports sont  aujourd'hui  en  vente  à  l'Imprimerie  nationale.  Dans  ce 
nombre,  trois  intéressent  d'une  manière  spéciale  les  agriculteurs  : 
celui  de  M.  Alfred  Durand-Claye,  sur  la  classe  51  (matériel  et  pro- 
cédés des  industries  agricoles  et  forestières;  celui  de  M.  Charles  Joly, 
sur  la  classe  85  (serres  et  matériel  de  l'horticulture)  ;  celui  de  M.  Lai- 
zier,  sur  la  classe  87  (plantes  potagères).  Nous  avons  déjà  signalé  le 
rapport  de  M.  Joly;  nous  venons  de  recevoir  celui  deM.  AlfredDurand- 
Claye.  La  classe  51  comprenait  des  catégories  multiples;  les  princi- 
pales se  rapportaient  aux  plans  et  modèles  de  culture  et  aux  aména- 
gements agricoles,  aux  travaux  de  dessèchements,  de  drainage  et  d'ir- 
rigation, au  matériel  des  fermes,  aux  matières  fertilisantes  d'origine 
organique  ou  minérale,  aux  plans  d'aménagement  des  forêts  et  au  ma- 
tériel des  exploitations  forestières,  aux  instruments  et  machines  de  la 
préparation  des  tabacs.  Sur  chacune  de  ces  sectians,  M.  Durand-Claye 
donne  des  détails  très  intéressants.  Un  atlas  important  accompagne  ce 
rapport,  que  les  agriculteurs  étudieront  avec  beaucoup  d'intérêt  et  de 
profit;  cet  atlas  renferme,  à  côté  de  plans  d'aménagement  et  de  travaux 
d'irrigation  ou  d'assainissement,  les  dessins  du  plus  grand  nombre  des 
machines  nouvelles  ou  perfectionnées  qui  figuraient  dans  la  classe  51 
à  l'Exposition  universelle.  La  large  place  que  ce  travail  occupera  dans 
l'ensemble  des  rapports  est  d'ailleurs  complètement  justifiée  par  l'im- 
portance prise  à  cette  grande  solennité  par  les  industries  des  engrais 
et  du  matériel  des  champs. 

IV.  —  Exportation  du  bétail  américain. 
Une  enquête  faite  récemment  aux  Etats-Unis  a  démontré  que  l'ex- 
portation des  animaux  vivants  provenant  de  ce  pays  surpasse  désor- 
mais celle  de  la  viande.  Les  chargements  durant  l'année  dernière  ont 
atteint  105,314  tètes;  cette  aunée,  jusqu'au  commencement  d'août, 
ils  ont  été  de  118,000,  sans  compter  les  expéditions  faites  par  le 
Canada,  voie  de  Montréal.  C'est  par  le  port  de  New- York  que  Fexpor- 
tation  a  été  la  plus  considérable;  Boston  vient  ensuite  et  a  expédié  à 
peu  près  les  deux  tiers  de  la  quantité  chargée  à  New- York;  Philadel- 
phie, Baltimore,  puis  enfin  Portland  occupent  le  dernier  rang  pour 
l'importance  de  leurs  exportations.  La  valeur  de  la  viande  et  des  ani- 
maux vivants,  bœufs  ou  moutons,  exposés  en  1879  approche,  de  178  mil- 
lions de  francs.  Le  bas  prix  du  fret  pour  le  bétail  vivant  donne  à  ce  der- 
nier commerce  un  avantage  considérable.  Un  grand  nombre  d'ani- 


126  CHRONIQUE  AGRICOLE  (23  OCTOBRE  1880). 

maux  américains  embarqués  à  Montréal  sont  expédiés  dans  le  nord 
de  l'Angleterre^  et  de  là  envoyés  dans  les  districts  du  sud  comme  bes- 
tiaux écossais,  et  y  trouvent  des  prix  de  vente  très  élevés.  Les  mêmes 
bestiaux  expédiés  par  New-York  ou  Boston  ne  sont  pas  autorisés  à 
sortir  des  dépôts  aux  porls  d'arrivée  en  Angleterre,  mais  doivent  y 
être  abattus  dans  les  sept  jours  qui  suivent  leur  débarquement.  Les 
animaux  exportés  proviennent  principalement  de  l'Obio,  du  Ken- 
tucky,  de  1  Illinois,  de  l'ïowa,  du  Missouri,  du  Kansas,  du  Nebraska 
et  du  Colorado.  Quelques  bêtes  arrivent  du  Texas,  mais  généralement 
ne  sont  pas  aussi  fortes  ni  aussi  belles  que  les  autres;  elles  sont 
toutes  abattues  et  envoyées  ensuite  en  Europe;  les  animaux  les  plus 
gros  et  les  meilleurs  sont  expédiés  vivants. 

Ce  commerce  d'exportation  n'est  entré  en  activité  qu'en  1875; 
en  1876,  il  comprenait  2"2,5()(>  bêtes,  presque  toutes  expédiées  abat- 
tues. En  1877,  le  nombre  d'animaux  vivants  exportés  a  atteint  1  5,000, 
pendant  qu'on  exportait  la  viande  provenant  de  45,000  autres  bêtes. 
En  1878,  l'exportation  comprenait  30,000  animaux  vivants  et  la 
viande  provenant  de  (35,000  têtes.  En  1879,  elle  a  été  de  33,295  ani- 
maux vivants,  et  elle  comprenait  la  viande  provenant  de  7  2,029  ani- 
maux abattus.  Pour  l'année  1880,  de  janvier  au  15  août,  les  embar- 
quements ont  enlevé  64,853  animaux  vivants  et  les  quartiers  de 
51,529  bêtes  mortes.  Ces  animaux  sont  expédiés  principalement  sur 
Anvers,  Glasgow  et  Deptford.  Le  cbargement  moyen  d'un  navire 
est  estimé  à  200  bêtes.  Les  chargements  les  plus  considérables  qui 
aient  été  faits  sur  les  plus  grands  bateaux  à  vapeur  affectés  à  ce  ser- 
vice, ont  été,  à.  Boston,  de  841  têtes,  et  à  New- York  de  650  têtes. 
L'enquête  que  nous  signalons  est  muette  sur  la  proportion  des  animaux 
qui  sont  débarqués  sains  et  en  bon  état. 

V.  —  Conférences  séricicoles. 

M.  Maillot,  directeur  de  la  station  séricicole  de  Montpellier,  va  en- 
treprendre, pendant  les  deux  derniers  mois  de  cette  année,  la  septième 
série  de  ses  conférences  séricicoles  dans  le  midi  de  la  France.  Voici 
l'itinéraire  qu'il  suivra  : 

Novembre  1880.  —  Jeudi  4,  Grenoble.  —  Samedi  6,  Valence.  — Mardi  9, 
Crest.  —  Jeudi  11,  Montélimar.  —  Samedi   13,  Privas.  — '■  Mardi  16,  Aubenas. 

—  Jeudi  18,  Largentière.    —  Samedi   20,   Les  Vans.    —  Mardi  23,   Nîmes.  — 
Mercredi  2^*,  Le  Vigan.  —  Samedi  27,  Avignon.  —  Mardi  30,  Apt. 

Drc  mbre  1880.  —  Jeudi  2,  Garpentras,  —  Samedi  4,  Bagnols-s.-Gèze.  — 
Mardi  7,  Marseille.  —  Jeudi  9,  Aix.  —  Vendredi  10,  Manosque.  —  Mardi  14, 
Nice,  —  Jeudi  16,  Draguignan.  —  Samedi  18,  Brignoles,  —  Lundi  20,  Toulon. 

—  Jeudi  ,3,  Montpellier.  —  Lundi  27,  Perpignan.  — Mercredi  29,  Géret. 

Dans  chaque  ville,  la  conférence  aura  lieu  à  deux  heures  du  soir. 
M.  Maillot  a  adopté,  pour  programme  de  ces  conférences,  la  confec- 
tion et  la  conservation  des  graines  de  vers  à  soie. 

VI.  —  Le  phylloxéra. 

Nous  n'avons  pas  appris  que  le  phylloxéra  ait  fait  de  nouvelles  inva- 
sions; l'essaimage  est  maintenant  pyssé,  et  les  effets  nuisibles  qu'il 
produira  ne  seront  reconnus  qu'un  peu  plus  tard.  Quant  à  présent, 
on  ne  peut  discuter  que  sur  les  mêmes  questions  qui  ont  été  tant  de 
fois  discutées  dans  le  Journal.  Une  vérité  nous  paraît  seulement  de  plus 
en  plus  évidente,  c'est  qu'il  est  possible  de  combattre  ce  funeste  ennemi 


CHRONIQUE  AGRICOLE    (23  OCTOBRE   1880).  1^7 

de  nos  vignobles.  C'est  ce  que  démontre  encore  une  brochure  récente 
publiée  sur  ce  sujet  par  M.  Paul  Oliver,  vice-président  du  Comité  cen- 
tral d'études  contre  le  phylloxéra  dans  les  Pyrénées-Orientales.  Cette 
brochure  renferme  le  rapport  que  M.  Oliver  a  présenté  au  congrès 
international  de  viticulture  de  Lyon  sur  les  résultats  obtenus  par  l'em- 
ploi du  sulfure  de  carbone;  elle  constate  les  succès  obtenus  soit  dans 
le  Midi,  soit  dans  le  Libournais,  succès  qui  permettent  désormais 
d'avoir  confiance  dans  l'avenir. 

Vil.  —  Les  vignes  sauvages  du  Soudan. 
A  l'occasion  de  la  note  que  nous  avons  publiée,  dans  un  précédent 
numéro,  sur  les  vignes  sauvages  du  Soudan  découvertes  par  M.  Lécart, 
nous  recevons  de  M.  Léon  de  Lunaret,  la  lettre  suivante  ; 

Montpellier,  15  octobre  1880. 
«  Mon  cher  directeur,  j'ai  publié,  il  y  a  quelques  jours,  dans  nos  journaux  de 
Montpellier,  une  note  sur  la  vigne  africaine,  découverte  dans  le  Soudan,  par 
M.  Lécart.  Les  personnes  qui  ont  lu  cette  note,  n'ont  pas  songé  à  me  demander 
des  graines  et  des  tubercules,  car  rien  n'indiquait  que  j'en  eusse  à  ma  disposition. 
La  vérité  est  que  je  n'en  ai  malheureusement  pas. 

«  Mais  voilà  que  depuis  cinq  ou  six  jours,  j'ai  reçu  plus  de  cent  lettres  dans  les- 
qu elles  on  me  demande  des  graines,  et  un  de  mes  correspondants  s'appuie  sur 
une  annonce  de  votre  Journal  qui  l'autorise  à  penser  que  je  dois  en  avoir. 

ce  Outre  le  travail  matériel  que  me  procure  la  grande  publicité  de  votre  excellent 
Journal,  il  m'est  fort  désagréable  de  répondre  par  un  refus  forcé  à  d'honnêtes 
gens  qui  m'accablent  de  compliments. 

«  Je  viens  donc  vous  prier  de  faire  cesser  au  plutôt  cette  avalanche  de  de- 
mandes, en  annonçant ,  que  je  n'ai  jamais  vu  ni  une  graine  ni  un  tubercule  de  la 
vigne  de  Soudan,  que  si  j'en  avais,  je  serais  très  heureux  de  leur  en  oflrir;  que 
je  désirerais  en  avoir  et  surtout  voir  se  réaliser  tout  ce  que  nous  annonce  M.  Lé- 
cart, mais  que  malheureusement  je  n'en  ai  pas. 

«  Je  ne  cherche  pas  à  me  soustraire  à  une  peine  qui  serait  bien  compensée  par 
la  grande  satisfaction  que  j'éprouve  à  être  utile,  et  je  vous  prierai  d'user  de  votre 
grande  influence  pour  obtejiir  des  graines  et  des  tubercules  dès  que  M.  Lécart 
aura  pu  en  faire  parvenir;  je  m'engage  à  les  cultiver  et  à  les  propager  gratui- 
tement, ainsi  que  je  l'ai  fait  pour  bien  d'autres  plantes  que  j'ai  eu  la  bonne  for- 
tune d'introduire  dans  mon  pays.  «  Léon  de  Lunaret.  » 

Dans  la  dernière  séance  de  TAcadémie  des  sciences,  M.  Dumas, 
secrétaire  perpétuel,  a  annoncé  qu'il  avait  reçu,  soit  directement, 
soit  par  l'intermédiaire  du  ministère  de  l'agriculture  ou  du  ministère 
de  l'instruction  publique,  un  certain  nombre  de  lettres  dans  lesquelles 
des  viticulteurs  demandent  à  être  compris  dans  la  distribution  qui 
pourra  être  faite  des  plants  ou  graines  envoyés  par  M.  Lécart.  Il  a 
ajouté  que  ces  demandes,  ainsi  que  celles  qui  pourraient  être  faites 
ultérieurement,  seront  réunies  par  la  Commission  du  phylloxéra,  et 
qu'il  y  sera  fait  droit  dès  que  l'envoi  annoncé  par  M.  Lécart  sera  par- 
venu à  l'Académie.  C'est  donc  à  celle-ci  que  les  demandes  des  viti- 
culteurs devront  être  adressées. 

IX.  —  Les  vins  de  raisins  secs. 
On  se  souvient  qu'une  circulaire  du  ministre  de  la  justice  avait, 
l'année  dernière,  ordonné  que  les  vins  de  raisins  secs  ne  pourraient 
circuler  et  être  mis  en  vente  qu'avec  la  désignation  de  leur  origine. 
Cette  mesure  avait  suscité  de  vives  réclamations  de  la  part  de  nombreux 
commerçants.  Une  circulaire  récente  du  directeur  général  des  contribu- 
tions indirectes  a  fait  connaître  que  cette  disposition  est  abandonnée. 
Désormais  les  déclarations  de  mélano^e  de  vins  de  raisins  secs  ne  seront 


128  CHRONIQUE  AGRICOLE   (23  OCTOBRE  1880), 

plus  exigées,  et  il  ne  sera  plus  tenu  de  compte  distinct  pour  ces  vins 
par  les  agents  de  la  régie. 

IX.  —  Pisciculture. 

Notre  excellent  collaborateur,  M.  Chabot-Karlen,  dont  tous  nos  lec- 
teurs apprécient  les  études  de  pisciculture,  à  la  fois  précises  et  écrites 
avec  une  verve  infatigable,  vient  de  publier,  sous  le  titre  Les  FAangs  ', 
une  brochure  qui  se  recommande  particulièrement  à  l'attention. 
M.  Chabot-Karlen  a  pensé,  avec  raison,  qu'il  était  temps  d'appeler 
d'une  manière  active  les  réflexions  sur  les  richesses  que  les  eaux  peu- 
vent fournir,  et  de  mettre  à  la  portée  de  tous,  dans  des  écrits  que  tous 
pourront  lire,  les  faits  les  plus  saillants  à  faire  ressortir.  C'est  par  des 
publications  et  un  enseignement  populaires  que  l'on  peut  faire  péné- 
trer la  vérité  jusque  dans  le  fond  des  masses  :  M.  Chabot-Karlen  nous 
en  donne  aujourd'hui  l'exemple.  Les  220  000  hectares  d'étangs  que 
renferme  la  France  rapportent  actuellement,  dit-il,  4  millions  de  re- 
venu net;  par  un  aménagement  intelligent,  ils  devraient  produire  an- 
nuellement 40  à  45  millions  de  kilog.  de  poissons.  M.  Chabot-Karlen 
donne,  dans  cette  brochure  substantielle,  des  indications  précises  sur 
le  repeuplement  des  étangs  ;  il  y  ajoute  des  détails  sur  les  poissons  qui 
y  conviennent  le  mieux,  notamment  sur  la  tanche  et  sur  la  carpe. 
C'est  un  travail  mûr  et  pratique  qui  n'a  pas  eu  de  précédent. 

X.  —  Concours  régional  de  Tours  en  1881. 

Par  décision  du  ministre  de  l'agriculture  et  du  commerce,  la  visite 
des  domaines  concourant  à  la  prime  d'honneur  et  aux  prix  culturaux 
dans  le  département  d'Indre-et  Loire,  aura  lieu,  exceptionnellement, 
au  commencement  de  1881 . 

Les  mémoires  à  fournir  par  les  concurrents,  ainsi  que  les  plans, 
notes  et  autres  documents  à  l'appui,  devront  être  adressés  à  la  pré- 
fecture d'Indre  et-Loire,  au  plus  tard,  le  31  décembre  1880,  dernier 
délai. 

XI.  —  Concours  du  comice  de  Vienne. 

Le  concours  annuel  du  comice  agricole  de  Vienne-Roussillon  (Isère) 
s'est  tenu  le  dimanche  26  septembre,  sous  la  présidence  de  notre 
excellent  collaborateur  M.  Trénel.  A  la  distribution  des  récompenses, 
dans  le  discours  suivant,  il  s'est  principalement  attaché  à  montrer  la 
nécessité  de  la  reconstitution  du  vignoble  détruit  par  le  phylloxéra  : 

Notre  agriculture  dans  nos  trois  cantons  a  subi,  cette  année,  une  dure  épreuve; 
un  hiver  sans  neige  d'une  rigueur  sans  précédent,  en  détruisant  les  ensemence-r 
ments  en  céréales,  colza  et  fourrages,  a  obligé  nos  agriculteurs  à  déployer  une 
énergie  que  nous  nous  faisons  un  devoir  de  signaler. 

«  Presque  tous  ont  été  largen^ent  rémunérés  de  leurs  peines  et  de  leurs  dépenses, 
par  les  produits  en  blé  de  printemps,  orge,  avoine  et  pommes  de  terre,  les  four- 
rages faisant  défaut,  il  a  été  fait  de  nombreux  semis  de  maïs,  vesces,  gesses,  etc., 
qui  atténueront,  dans  une  certaine  mesure,  le  déficit,  nonobstant,  les  animaux  au- 
ront à  souffrir  de  ce  désastre  exceptionnel.  Le  reste  de  nos  vignes,  bien  traitées 
par  de  copieux  engrais,  nous  faisait  espérer  un  rendement  moyen,  la  coulure 
a  fait  disparaître  cet  espoir,  la  récolte  sera  presque  nulle. 

«  En  résumé,  on  peut  h  proclamer  hautement,  la  situation  agricole  est  généra- 
lement déplorable.  Espérons  cependant  que  la  série  des  années  mauvaises  cessera, 
et  que  nous  pourrons  voir  enfin  renaître  une  ère  de  prospérité, 

«  Mais  la  cessation  des  accidents  atmosphériques  ne  suftira  pas  pour  voir  le 
produit  de  nos  récoltes  augmenté  et  nos  vignes  reconstituées. 

1.  Une  brochure  de  74  pages,  à  la  librairie  de  G.  Masson,  120,  boulevard  Saint-Germain.  — 
Prix  :  60  centimes 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (23  OCTOBRE  1880).  129 

«  Les  fumiers  de  ferme  devront  être  enrichis  par  les  engrais  chimiques,  ou  ces 
derniers  employés  seuls  au  besoin.  Les  vignes  détruites  pourront  être  replantées 
en  les  plaçant  sur   racines  résistantes, 

«  La  demande  formulée  par  notre  société  agricole  auprès  du  Conseil  général, 
pour  la  création  à  Vienne,  d'un  laboratoire  de  chimie,  de-tiné  à  l'analyse  de  nos 
terrains,  a  reçu  l'accueil  le  plus  favorable;  tout  nous  fait  prévoir  qu'en  1881,  nous 
aurons  obtenu  cet  établissement  indispensable  aujourd'hui  à  toute  culture  intel- 
ligente et  lucrative. 

«  Quant  à  la  question  de  la  résistance  de  certains  cépages  exotiques  vis-à-vis 
des  attaques  du  puceron,  les  renseignements  recueillis  au  Congrès  viticole  de  Lyoa, 
ont  prouvé  que  cette  résistance  était  certaine,  et  que  nous  pouvions,  sans  souci  de 
l'avenir,  nous  mettre  hardiment  à  l'œuvre  pour  cette  opération  si  importante. 

ce  Votre  commission  spéciale  chargée  de  vérifier  dans  nos  trois  cantons,  chez  de 
nombreux  propriétaires,  l'état  de  végétation  des  cépages  résistants  en  surface 
phylloxérée,  a  pu  constater  que  chez  tous  (quelle  que  fut  la  constitution  des  terrains), 
elle  était  splendide  ;  que  chez  plusieurs,  des  greffons  français,  placés  sur  plants 
résistants,  étaient  à  leur  2'""  feuille  chargés  de  raisins.  Dans  certaines  expositions, 
la  production  directe  de  certains  œstivalis  à  maturité  précoce  sera  même  possib'e. 

«  Que  chaque  viticulteur  se  hâte  donc  de  se  procurer  quelques-uns  de  cas  plants, 
dont  les  prix,  grâce  à  leur  multiphcation  facile,  sont  aujourd'hui  très  modérés,  et 
il  lui  sera  permis,  à  l'aide  de  leur  prodigieuse  végétation,  d'obtenir  les  boutures 
nécessaires  pour  la  reconstitution  de  ses  vignes. 

c<  Les  insecticides  peuvent  également  être  utilisés  pour  la  conservation  des  vi- 
gnobles dès  le  début  de  l'invasion  ;  mais  avant  d'entrer  dans  cette  voie,  le  viticul- 
teur aura  à  dresser  le  bilan  du  coût  de  l'opération  et  du  produit  de  la  vigne.  Car 
tout,  en  agricuhure  comme  en  industrie,  se  résoud  en  une  question  de  doit  et  avoir. 

«  Les  vignes  infestées  peuvent  encore  être  soutenues  plusieurs  années  sans  in- 
secticide par  l'emploi  seul  des  engrais  chimiques,  appropriés  au  sol,  on  obtient; 
végétation  et  fructification;  le  coût  peut  s'élever,  au  maximum,  à  150  francs 
l'hectare. 

«  Votre  président,  pour  toutes  ces  questions  de  vignes  résistantes,  d'insecti- 
cides, d'engrais  chimiques,  sera  toujours  à  votre  disposition  ;  en  outre,  dans  nos 
cantons,  il  vous  sera  facile  de  consulter  des  praticiens  émérites,  qui  pourront  vous 
montrer  des  plantations  splendides  remontant  à  plusieurs  années.  Dans  un  instant, 
ils  vous  seront  signalés  et  leur  œuvre  mérite  toutes  nos  sympathies,  car  c'est  grâce 
à  leur  initiative  que  l'aisance  pourra  renaître  dans  vos  ménages.  « 

Le  Comice  de  Tienne  avait  ouvert  un  concours  pour  la  reconstitu- 
tion des  vignes.  Le  premier  prix,  consistant  en  une  médaille  de  ver- 
meil, pour  le  viticulteur  qui  aurait  le  plus  propagé  les  cépages 
américains  résistants,  leur  bouturage,  leur  greffage,  pour  la  reconsti- 
tution des  vignobles  détruits  parle  phylloxéra,  a  été  attribué  à  M.  Eu- 
gène Jourdan,  propriétaire,  demeurant  à  Agnin,  pour  ses  belles  et 
grandes  pépinières  de  plants  résistants,  et  surtout  pour  ses  deux  hec- 
tares de  vignes  françaises  greffées  sur  cépages  résistants,  dont  une 
partie,  à  la  seconde  feuille,  est  chargée  de  raisins;  le  deuxième  prix, 
consistant  en  une  médaille  d'argent,  à  M.  Baborier,  propriétaireàCha- 
nas,  pour  ses  pépinières  de  cépages  résistants  bien  tenues,  ses  plan- 
tations importantes  de  cépages  exotiques  en  surface  phylloxérée, 
destinées  à  la  production  directe,  et  spécialement  pour  l'excellente 
réussite  de  son  système  de  greffage. 

XII.  —  Réunion  du  Comice  de  Trévoux. 
L'Assemblée  générale  du  Comice  de  Trévoux  (Ain),  présidée  par 
M.  de  Monicault,  aura  lieu  à  Villars,  le  26  octobre.  Ce  Comice  donne 
l'excellent  exemple  d'achat  de  graines  fourragères  en  commun.  Qualité 
et  réduction  de  prix,  tels  sont  les  avantages  que  cette  combinaison 
donnera  aux  cultivateurs. 

Xin.  —  Nouvelles  de  l'état  des  récoltes. 
Les  nouvelles  des  dernières  récoltes  sont  généralement  bonnes.  — 


laO  CHRONIQUE  AGRICOLE   (23  OCTOBRE  1880) 

D'après  la  note  que  M.  Yilleroy  nous  envoie  du  Rittershof,  à  la  date 
du  1G  octobre,  la  production  des  pommes  de  terre  dans  la  Bavière 
rhénane  a  été  abondante  : 

.  »  La  récolte  des  pommes  de  terre  est  terminée.  II  y  en  a  beaucoup  et  elles  sont 
très  bonnes.  La  pomme  de  terre  primitivement  plante  fourragère  est  devenue 
plante  commerciale  :  est-ce  un  bien?  On  la  vend,  elle  apporte  de  l'argent  au 
cultivateur  qui  en  a  tant  besoin,  mais  elle  est  une  plante  épuisante;  elle  prend 
beaucoup  à  la  terre  et  elle  ne  lui  rend  rien.  D'ici,  Bavière  rhénane,  on  en  a  les 
années  précédentes  exporté  de  grandes  quantités  pour  la  Hollande  et  pour  l'An- 
gleterre. Cette  année,  les  prix  offerts  sont  si  bas  qu'il  faut  renoncer  à  l'exportalion. 
Elles  seront  consommées  par  le  bétail  et  fourniront  du  fumier. 

«  Les  grains  sont  à  des  prix  qui,  pour  le  producteur,  ne  sont  pas  assez  élevés  : 
les  frais,  les  charges  qui  pèsent  sur  le  cultivateur  augmentent  tous  les  jours,  il 
a  à  soutenir  la  concurrence  du  monde  entier,  même  pour  le  bétail.  Cet  état  de 
choses  ne  peut  pas  durer.  On  se  demande  comment  cela  finira.  » 

C'est  surtout  sur  le  résultat  des  vendanges  dans  la  Dordogne,  en 
même  temps  que  sur  la  marche  envahissante  du  phylloxéra,  que 
M.  de  Lentilhac  insiste  dans  la  note  qu'il  nous  adresse  de  Saint-Jean- 
d'Ataux,  à  la  date  du  13  octobre  : 

«  En  septembre,  nous  avons  eu  10  jours  de  beau  ciel  et  20  de  temps  plus  ou 
moins,  ayant  fourni  :  8  jours  de  pluie,  4  de  brouillard,  13  de  rosée,  4  d'orage.  — 
Dans  cette  période,  il  est  tombé  97""". 75  d'eau;  l'averse  la  plus  considérable, 
celle  du  16,  adonné  18'""". 75.  —  La  température  la  plus  élevée,  -)-  29°;  la  plus 
basse,  -}- 5",  et  la  moyenne  générale,  -\-  15». 3.  —  La  plus  forte  pression  baro- 
métrique a  été  de  757'"'". 96;  la  plus  faible  de  744""". 42  et  la  moyenne  de 
751""". 64.  —  Le  venta  soufflé  5  jours  du  nord,  4  du  nord-est,  2  de  l'est,  2  du 
sud-est,  3  du  sud,  2  du  sud-ouest,  9  de  l'ouest  et  3  du  nord-ouest. 

«  Les  vendanges  s'achèvent  par  une  température  des  plus  favorables.  La  qualité 
du  vin  sera  supérieure  à  celle  de  l'an  dernier,  la  quantité  aussi,  bien  que  nous 
soyons  encore  en  présence  d'une  fort  médiocre  récolte,  sans  parler  du  phylloxéra, 
dont  la  marche  envahissante  s'accentue  chaque  jour,  de  la  coulure  dont  l'effet  a 
été  désastreux,  nous  avons  constaté  que  l'oïdium  a  fait  disparaître  dans  nos  con- 
trées les  deux  tiers  du  fruit  que  portaient  les  ceps  de  vigne  il  y  a  deux  mois 
encore.  Depuis  j  862,  où  l'oïdium  prit  de  telles  proportions  que  les  vins  doublè- 
rent de  prix,  ce  fléau  n'avait  eu  une  telle  int-ensité.  Ses  effets  ont  été  si  capricieux 
qu'il  serait  fort  difficile  d'en  expliquer  la  cause.  Dans  les  mêmes  conditions  de 
sol  et  de  cépage,  tel  pied  de  vigne  est  resté  parfaitement  indemne  au  milieu  de 
ceps  détruits.  Ailleurs,  un  côté  seulement  est  frappé;  le  plus  souvent,  c'est  sur 
la  même  grappe  que  ses  effets  sont  disséminés.  Toutefois,  il  faut  reconnaître  que 
les  vignes  très  vigoureuses,  et  ce  que  nous  appelons  les  cépages  fins,  sont  les  plus 
maltraités.  Le  triage  des  grains  malades  épars  dans  une  grappe  est  impraticable, 
et  comme  ce  qu'il  en  reste  est  en  verjus  ou  altéré,  il  ne  peut  qu'en  résulter  un  vin 
médiocre  et  difficile  à  clarifier. 

«  En  rapprochant  les  phases  météorologiques  de  1862  et  1880,  nous  trouvons 
une  certaine  concordance;  le  mois  de  juin  fournit  à  peu  près  le  même  nombre  de 
jours  de  pluie  (12  et  14);  le  mois  de  juillet  le  même  maximum  de  température 
(-|-34*);  mais  ce  qui  est  surtout  à  remarquer,  c'est  qu'avec  une  température  rela- 
tivement élevée  pendant  le  jour,  se  présentent  dans  ces  deux  périodes  des  abaisse- 
ments nocturnes  assez  sensibles  qui,  en  apportant  momentanément  le  trouble  dans 
la  circulation  de  la  sève,  ont  du  sans  doute  en  affaibhr  la  vitalité  et  par  suite 
favoriser  les  conditions  que  recherche  l'oïdium,  comme  toutes  les  végétations 
cryptogamiques,  l'appauvrissement  végétal.  » 

Le  mois  d'octobre  se  montre  propice  aux  travaux  d'arrachage  des 
pommes  de  terre  et  des  betteraves,  ainsi  qu'à  la  récolte  du  maïs  dans 
le  Midi,  aux  coupes  des  derniers  regains,  etc.  Les  travaux  de  prépara- 
tions des  terres,  et  de  semailles  se  poursuivent  également,  dans  la 
plupart  des  départements  au  milieu  de  circonstances  favorables.  • 

J.-A.  Barral. 


SUR  LE  BOIS  DE  PIN  MARITIME  GELÉ.  131 


SUR  LE  BOIS  DE  PIN  MARITIME  GELE' 

Les  froids  extraordinairement  violents  du  dernier  hiver  ont  tué 
presque  tous  les  pins  maritimes  du  nord  et  du  centre  de  la  France  et 
causé,  notamment  en  Sologne,  des  pertes  énormes. 

La  quanlilé  d'arbres  gelés  que  l'on  a  dû  abattre  et  dont  on  cherche 
à  tirer  parti  est  extrêmement  considérable  :  leur  bois  se  vend  à  vil  prix 
et  leur  déj)réciation  est  d'autant  plus  grande  qu'ils  sont  considérés 
comme  ayant  perdu,  sous  l'action  du  froid,  beaucoup  de  leur 
qualité. 

Les  pins  maritimes  en  Sologne  ne  sont  pas  gemmés  comme  dans  les 
Landes,  mais  ils  sont  exploités  surtout  comme  bois  de  feu,  et  la  quan- 
tité considérable  de  résine  qu'ils  contiennent  les  fait  particulièrement 
rechercher  pour  chauffer  les  fours  des  boulangers. 

La  croyance  que  les  pins  gelés  ont  perdu  une  grande  partie  de  leur 
résine,  que  la  gelée  détruit  la  résine,  s'est  répandue  fort  généralement 
et  a  été  admise  à  peu  près  sans  conteste  en  Sologne,  au  grand  détri- 
ment des  propriétaires. 

Bien  qu'une  pareille  opinion  dût  paraître  peu  vraisemblable,  elle  a 
pris  trop  d'importance  pour  qu'il  n'y  ait  pas  un  véritable  intérêt  à 
rechercher  sur  quoi  elle  s'est  fondée  et  quelle  part  de  vérité  il  peut  y 
avoir  en  elle. 

J'ai  reçu,  grâce  à  l'obligeant  intermédiaire  de  nos  confrères  MM.  H. 
Mangon  et  Tassy,  de  nombreux  échantillons  de  bois  de  pin  maritime 
gelés  d'âge  et  de  provenances  diverses.  Différents  propriétaires  de 
Sologne,  parmi  lesquels  je  dois  remercier  ici  tout  particulièrement 
M.  de  Laboulaye,  qui  m'a  fourni  de  nombreux  et  intéressants  rensei- 
nements,  et  M.  Huau,  de  qui  j'ai  reçu  des  bois  bien  comparables 
'âge  et  de  provenance,  les  uns  tués  par  la  gelée,  les  autres  survivant 
aux  froids,  ont  bien  voulu  m'aider  dans  mes  recherches  et  m'ont  mis 
à  même  d'élucider  complètement  cette  question. 

Un  premier  point  peut  être  d'abord  très  positivement  établi,  c'est 
que  le  bois  gelé  ne  laisse  pas  suinter  de  résine  quand  on  le  travaille, 
comme  cela  a  lieu  pour  le  bois  vivant  :  les  ouvriers  qui  débitent  les 
bois  gelés  ont  les  mains  nettes  et  non  poissées  comme  d  ordinaire.  J'ai 
pu  constater  le  fait  moi-même  et  m'assurer  qu'une  plaie  faite  d'un 
coup  de  serpe  sur  le  pin  vivant  se  couvre  aussitôt  de  gouttelettes  de 
résine,  tandis  que  sur  le  pin  gelé  la  plaie  sèche  et  ne  poisse  pas  le 
doigt. 

L'apparence  semblait  donc,  à  première  vue,  justifier  l'opinion  qui 
attribue  à  la  gelée  la  propriété  de  détruire  la  résine  dans  le  tronc  des 
pins;  mais,  de  ce  que  la  résine  n'apparaît  pas  à  la  surface  des  bois,  est- 
on  autorisé  à  conclure  qu'elle  est  détruite?  Sans  discuter  la  vraisem- 
blance d'une  pareille  hypothèse,  le  mieux  était  de  doser  directement 
la  quantité  de  résine  contenue  dans  des  échantillons  comparables  de 
bois  gelé  et  non  gelé. 

M.  Miintz,  chef  des  travaux  chimiques  de  l'Institut  agronomique,  a 
bien  voulu  se  charger  de  ce  travail,  et  c'est  le  résultat  de  ses 
recherciies  que  contient  le  tableau  suivant  : 

1.  Communication  à  la  Société  Dationale  d'agriculture. 


132  SUR  LE  BOIS  DE  PIN  MARITIME  GELÉ. 

Bois  d'arbres  non  tués  par  la  gelée.     Bois  d'arbres  tués  par  la  gelée. 

PMOOdeboisnaturel.      Régine  p.  l(i(»    P' lOûde  boisnaturel.    Hésinep.io<i 

Bésine.      Jlumidilf.    bois  sec.      Résine.    Humidité,      bois  sec. 

Bois  de  deux  troncs  comparables 

entrecux l.o  35.5  1.9  3.3  3^. G  5.0 

Arbres  de  28  ans C.3  32.3  7.5  2.5  52.3  5.1 

Bûche  prise  avant  la  gelée U.'J  ll.O  10  —             —  — 

Bois  de  la  cime  de  deux  arbres.  l.'>  -35.5  1.8  1.7  57.0  3.9 

Arbresde  leans 1.2  11.6  1.3  1.4  13.2  1.6 

Arbres  de  20  ans 1-3  11.4  1.4  2.8  11.3  3.1 

Arbres  de  40  ans j_£  11.1  1-3  1.6  14  9  1.8 

Moyennes 1.9      '    21.2  2.3  2.2  31.3  3.4 

On  voit  qu'en  général  le  bois  gelé  contient,  pour  1 00  de  bois  natu- 
rel, un  peu  plus  d'eau  et  de  résine,  et  que  pour  100  de  bois  sec  la 
quantité  de  résine  est  assez  notablement  supérieure  à  celle  que  contient 
le  bois  non  gelé. 

C'est  donc  à  tort  et  trompé  par  une  fausse  apparence  que  l'on  a 
affirmé  que  les  bois  gelés  sont  dépourvus  de  résine.  Il  semblerait 
même  que  le  contraire  a  lieu.  Ce  résultat  qui  paraît  paradoxal  est  peut- 
être  dû  à  ce  que,  sur  les  bois  vivants,  une  certaine  partie  de  la  résine 
a  été  détruite  pendant  la  végétation  printanière  ou  qu'elle  s'est  écoulée, 
soit  à  la  surface  des  coupes,  soit  à  l'intérieur  même  des  tiges  par  suite 
de  lésions  mécaniques  produites  par  le  gel.  Il  me  paraît  probable  que 
c'est  à  une  telle  cause  que  l'on  peut  attribuer  la  richesse  exception- 
nellement grande  en  résine  de  Téchantillon  n'  3. 

En  somme,  le  bois  gelé  n'est  pas  moins  riche  en  résine  que  le  bois 
non  gelé,  mais  la  résine  ne  s'en  écoule  plus.  A  quoi  est  dû  ce  phéno- 
mène? Doit-on  admettre  que  la  résine  a  subi  sous  l'action  du  froid 
quelque  modification?  Je  ne  le  pense  pas.  Ce  que  produit  la  gelée  dans 
les  tissus  de  l'arbre,  ce  n'est  pas  l'altération  de  la  résine,  mais  une 
certaine  désorganisation  des  membranes  cellulaires  qui  en  change 
complètement  les  propriétés  osmotiques  et  physiologiques.  On  sait 
que  la  mort,  qu'elle  soit  due  au  froid,  ou  à  un  excès  de  chaleur,  ou  à 
tout  autre  cause,  modifie  les  propriétés  des  parois  des  cellules  qui 
laissent  filtrer  les  substances  dissoutes  que,  vivantes,  elles  contenaient 
à  leur  intérieur  et  que,  mortes,  elles  ne  peuvent  plus  retenir.  On  sait 
aussi  que,  sous  l'action  du  froid,  le  liquide  abandonne  l'intérieur  des 
cellules  pour  aller  former  des  glaçons  hors  d'elles  dans  les  espaces 
intercellulaires  que  l'air  occupe  d'ordinaire.  On  connaît  bien  l'aspect 
llasque  et  transparent  que  présentent  les  feuilles  gelées  au  moment  du 
dégel.  Cette  eau  extravasée  et  accumulée  entre  les  cellules  s'évapore 
rapidement,  et  les  cellules,  elles-mêmes,  tuées  et  privées  de  leur  eau 
de  végétation  par  le  gel,  forment  bientôt  un  tissu  noir,  sec  et  friable 
qui  semble  avoir  été  brûlé. 

On  doit  admettre  que,  dans  les  troncs  de  pin  maritime  tués  par  la 
gelée,  il  a  dû  se  passer  des  phénomènes  analogues.  Cela  ressort,  du 
reste,  des  réponses  que  j'ai  reçues  de  plusieurs  propriétaires  de  Sologne 
aux  questions  que  je  leur  ai  adressées  à  ce  sujet  :  les  arbres  tués  par 
la  gelée  étaient  imbibés  d'eau  au  dégel  d'une  façon  extraordinaire  : 
«  Le  bois  fondait  littéralement  en  eau,  au  dire  des  ouvriers,  fait  com- 
«  plètement  inconnu  jusqu'alors,  j>  m'écrivait  M.  de  Laboulaye  en 
revenant  d'une  réunion  de  propriétaires  de  Sologne  qu'il  avait  bien 
voulu  interroger  à  ma  demande  sur  ce  point  intéressant. 


SUR  LE  BOIS  DE  PIN  MARITIME  GELÉ.  133 

Dos  troncs  d'arbres  gelés  que  j'ai  vas  au  bois  de  Boulogne  m'ont 
paru  de  môme  gorgés  d'une  quantité  d'eau  tout  à  fait  extraordinaire, 
et  les  premiers  échantillons  de  bois  gelés  qui  m'ont  été  envoyés  étaient 
encore  imbibés  d'une  telle  quantité  de  liquide  au'ils  laissaient  sumter 
l'eau  sur  le  côté  de  l'instrument  que  'on:  aisait  entrer  dans  une  ron 
délie  pour  la  fendre,  comme  eut  fait  une  éponge  humide  très  fortement 
pressée. 

Les  tissus  laissant  ainsi  échapper  leur  eau  de  végétation  sont  évi- 
demment dans  un  état  autre  d'équilibre  intérieur  que  ceux  qui,  pleins  de 
vie,  ne  laissent  pas  filtrer  leur  contenu.  La  turgescence  des  cellules  est 
la  cause  de  tensions  intérieures  souvent  considérables,  et  c'est  certai- 
nement à  la  pression  que  les  cellules  entourant  les  canaux  résini- 
fères  exercent  sur  eux  qu'est  due  l'expulsion  de  la  résine  aussitôt  qu'on 
les  ouvre,  comme  on  le  fait,  par  exemple,  quand  on  entaille  d'un  coup 
de  serpe  un  tronc  de  pin  vivant.  Au  contraire,  dans  un  pin  gelé  les 
cellules  ont  perdu  leur  contenu  liquide,  elles  sont  vides  et  réduites  de 
volume,  elles  ne  compriment  plus  les  canaux  résinifères  et  c'est  pour 
cela  qu'ils  ne  se  vident  plus. 

En  résumé,  le  bois  gelé  contient,  au  moins,  autant  de  résine  que  le 
bois  sain;  c'est  à  l'altération  des  parois  cellulaires  seule  qu'est  due  la 
non-apparition  de  gouttes  de  résine  à  la  surface  des  entailles  que  l'on 
fait  sur  le  bois  gelé. 

La  modification  produite  par  le  gel  sur  les  organes  élémentaires  des 
tissus  des  bois  en  doit-elle  entraîner  la  plus  rapide  décomposition  ?  Je 
n'ai  pas  encore  répondu  d'une  façon  positive  à  cette  question  qui  in- 
téresse bien  vivement  les  propriétaires  de  Sologne;  je  donnerai  seu- 
lement ici,  à  litre  de  document,  le  résultat  d'expériences  sur  les  pro- 
priétés hygrométriques  des  bois  gelés  et  non  gelés.  Des  échantillons 
comparables,  du  reste,  d'âge,  de  provenance  et  dans  un  même  état  de 
siccité,  ont  été  placés,  durant  douzejours,  dans  une  atmosphère  limi- 
tée et  saturée  d'humidité.  On  voit  dans  le  tableau  suivant  que  les  bois 
gelés  ont  absorbé  un  peu  plus  d'eau  que  les  bois  non  gelés. 


Poids 

du 

bois  sec. 

Poids 

du 

bois  humide. 

Quantité 

d'eau 
absorbée 

Quantité 

d'eau  absorbée 

par  100  grammes 

de  bois  sec. 

Bois  d'un  arbre 
de  3  ans 

non  gelé, 
gelé 

grammes. 
.303. '2 
237.6 

grammes. 
319.6 
254.0 

grammes. 
16  4 
16.4 

grammes. 
5.4 
6.9 

Bois  d'un  arbre 
de  16  ans 

non  gelé. 
i  gelé..   .. 

130.5 
103.9 

141.4 
115.3 

10.9 
9.4 

8.3 
9.0 

D'après  cette  expérience,  il  y  a,  ce  semble,  lieu  de  craindre  que  les 
bois  gelés,  se  chargeant  plus  facilement  d'humidité,  se  conservent 
moins  bien  que  les  bois  non  gelés,  car  on  sait  que  l'humidité  est 
éminemment  favorable  au  développement  des  champignons  qui  pro- 
duisent la  rapide  destruction  du  bois-  Prillieux, 

M'ambre  de  la  Société  nationale  d'agriculture. 

SUPPRESSION  DE  LA  RAGE 

Enveloppé  de  causes  de  destruction  de  toute  nature,  si  multipliées 
qu'on  s'étonne  de  l'y  voir  résister  pendant  trois  quarts  de  siècle  et 
plus,  l'homme  emploie  tous  les  moyens  possibles,  durant  sa  vie,  pour 
conjurer  les  dangers  qui  la  menacent.  L'hygiène,   quand   il  est  assez 


134  DESTRUCTION  DE  LA  RAGE. 

sage  pour  en  observer  les  règles,  lui  donne  des  garanties  de  santé;  la 
vaccine,  renouvelée  à  propos,  l'affranchit  du  fléau  hideux  et  délétère 
de  la  variole.  De  plus,  les  savants  aspirent  à  découvrir  le  germe  des 
fièvres  exanthématiques  comme  la  fièvre  typhoïde  et  la  scarlatine,  et 
ils  préludent  peut-être  à  cette  immense  découverte  par  les  travaux  re- 
tentissants dont  la  maladie  du  charbon  et  celle  du  choléra  des  poules 
sont  actuellement  l'objet.  Connaître  la  cause  du  mal,  découvrir  l'en- 
nemi pour  pouvoir  l'attaquer  en  face,  tel  est  l'objet  de  la  noble  ambi- 
tion dhoinmes  qui  vouent  leur  existence  aux  progrès  de  l'humanité. 

Il  y  a  longtemps  que  le  père  de  la  médecine  a  dit  :  sublala  causa, 
tollitur  effeclus.  En  effet,  supprimer  la  cause  du  mal,  quand  onlepeut, 
est  beaucoup  plus  simple  et  plus  expéditif  que  de  guérir  le  mal  quand 
il  s'est  déclaré.  Entre  parenthèse,  je  dois  dire  que  je  blâme  les  per- 
sonnes qui  ne  se  font  pas  revacciner,  car,  si  l'opération  ne  réussit  pas, 
elle  n'a  aucune  suite  désagréable  et  donne  de  fortes  présomptions  en 
faveur  de  l'immunité  permanente  du  sujet  ;  et  si  elle  réussit,  bonté  di- 
vine, combien  ne  faut-il  pas  se  réjouir  d'avoir  prévenu  un  grand  dan- 
ger au  prix  d'un  bien  mince  inconvénient,  celui  de  porter  pendant 
quelques  jours  un  ou  plusieurs  boutons  qui  ne  sont  que  de  la  Saint- 
Jean  à  côté  d'un  vulgaire  furoncle. 

En  général,  la  cause  est  facile  à  supprimer;  ce  qui  est  difficile,  c'est 
de  parvenir  à  la  connaître,  et  il  est  certain  qu'il  sera  bien  venu  parmi 
ses  semblables,  tout  homme  qui  leur  fournira  le  moyen  de  couper 
court  à  une  affection  qui  prélève  annuellement  un  cruel  tribut  sur 
l'espèce  humaine.  Il  en  est  une  dont  le  nom  seul  épouvante  et  qui 
frappe,  avant  d'arriver  à  nous,  nos  auxiliaires  les  plus  dévoués.  J'ai 
nommé  la  rage. 

On  a  proposé  contre  elle  le  curare  et  une  fouie  de  substances  médi- 
cinales qui  ne  jouissent  d'aucune  efficacité  réelle.  Mais  pourquoi  s'at- 
tarder à  frapper  à  la  porte  de  la  pharmacopée,  quand  on  a  beaucoup 
mieux  à  faire?  Ne  vaut-il  pas  mieux  détruire  l'instrument  de  propaga- 
tion de  rage? 

—  Quoi!  vous  voulez  qu'on  détruise  tous  les  chiens? 

—  Au  contraire,  je  propose  de  mettre  un  terme  au  massacre  de 
chiens  qui  s'opère  annuellement  et  qui,  sous  prétexte  de  rage,  atteint 
même  les  chiens  non  hydrophobes, 

—  A  la  bonne  heure  !  mais  comment  procéderez-vous? 

—  Je  demande  qu'on  mette  tous  les  chiens  —  je  dis  tous  —  dans 
l'impossibilité  de  communiquer  la  rage,  même  quand  elle  s'est  déve- 
loppée spontanément  chez  eux.  Faites-moi  le  plaisir  de  me  dire  à  quoi 
servent  les  dents  canines  du  chien,  du  chien  civilisé,  du  vigilant  gar- 
dien de  nos  propriétés,  du  fidèle  compagnon  de  nos  vovages  et  de  nos 
plaisirs.  Tous  les  naturalistes,  je  lésais,  placent  le  chien  dans  la  tribu 
des  animaux  carnivores,  et  je  n'ignore  pas  qu'il  se  repaît  volontiers  de 
chair,  quand  on  lui  en  donne.  Mais  vous  reconnaîtrez  de  bonne  foi 
qu'ils  sont  rares,  les  propriétaires  qui  attachent  leurs  chiens  avec  des 
saucisses.  Il  y  a  bel  âge  que  le  chien,  au  service  de  l'homme,  est  de- 
venu un  simple  granivore  comme  le  moineau,  avec  cette  seule  diffé- 
rence qu'au  lieu  de  manger  le  grain  en  nature,  il  absorbe  les  produits 
de  la  meunerie  pétris  par  le  boulanger  et  légalement  arrosés  de  sa  sueur. 
Entre  nos  mains  le  chien  est  devenu  un  soupivore.  On  n'a  pas  consulté 
son  goût  pour  savoir  si  la  mixture  qu'on  lui  sert  sous  le  nom  de  soupe 


DESTRUCTION  DE  LA  RAGE.  135 

lui  agrée  autant  que  le  pain  sec  qui,  avec  l'eau,  en  forme  la  composi- 
tion presque  exclusive,  dans  la  généralité  des  cas.  Le  Spartiate  velu  au- 
quel on  distribue  quotidiennement  ce  brouet  clair  n'a  évidemment  pas 
besoin  de  dents  pour  l'avaler.  Je  veux  bien  qu'on  lui  conserve  ses 
molaires  qui,  avec  le  secours  de  puissants  masséters,  lui  permettront 
de  broyer  les  os  qu'il  rencontre  sur  les  tas  ou  que  la  générosité  du 
maître  lui  abandon ae,  parce  qu'elle  ne  leur  trouve  pas  cl'emploi  plus 
économique.  Mais,  en  ce  qui  concerne  les  canines,  je  ne  leur  vois 
plus  d'emploi  possible,  dans  l'état  de  domesticité  de  la  race  qui  leur 
doit  son  nom,  je  ne  leur  vois  plus  d'emploi  pratique,  attendu  que, 
encore  un  coup,  le  chien  civilisé  n'a  plus  de  chair  à  déchirer  pour  sa 
nourriture  et  que,  si  on  lui  permet  de  temps  à  autre  d'enfoncer  ses 
crocs  éburnés  dans  la  chair  des  passants,  c'est  par  le  fait  d'un  abus 
intolérable  contre  lequel  j'ai  personnellement  le  droit  d'élever  la  voix. 
En  effet,  depuis  deux  ans  j'ai  été  mordu  sept  fois  et,  au  moment  oi^i  j'écris 
ces  lignes,  je  porte  au  mollet  gauche  l'empreinte  des  œuvres  d'un  petit 
basset  allemand.  Il  y  a  une  semaine  que  je  tire  la  jambe,  avec  cela; 
mais  je  m'attends  à  garder  le  lit  pendant  un  bon  mois,  le  jour  inévi- 
table où  je  serai  appréhendé  par  un  de  ces  énormes  chiens  danois  que 
les  immigrants  sont  en  train  de  mettre  à  la  mode  en  Alsace-Lorraine. 

Comme  1  impôt  sur  les  chiens,  originairement  destiné  à  diminuer  le 
nombre  de  ces  animaux,  semble  avoir  pour  effet  de  l'accroître  sans 
cesse,  on  ne  peut  plus  guère  entrer  dans  une  maison  sans  avoir  un 
compte  à  démêler  avec  la  garde  armée  qui  veille  à  la  porte  et  dans  les 
couloirs.  On  y  rencontre  des  canines  qui  se  hérissent  comme  des  baïon- 
neLtes  naturelles  dontl'action  est  subordonnée  à  la  fantaisie  des  porteurs. 
L'antipathie  de  ces  derniers  s'exerce  également  contre  le  beau  sexe 
et  contre  les  hommes,  avec  une  nuance  dans  les  effets,  car  les  femmes 
sont  protégées  par  leurs  jupons,  tandis  que  chez  nous  il  est  vraiment 
trop  facile  de  saisir  le  morceau,  ce  qui  fait  que  mes  jambes  ont  été 
mamtes  fois  accrochées  par  les  chiens  de  mes  amis.  Ces  animaux 
(les  chiens)  n'ont  trouvé  que  cette  manière  de  s'attacher  à  moi. 

Si  vous  n'avez  jamais  été  mordu,  en  entrant  dans  une  maison,  je 
vais,  pour  votre  instruction,  vous  dire  comment  les  choses  se  passe- 
ront lorsque  votre  tour  arrivera,  ce  qui  est  inévitable. 

Vi'us.  — Sapristi!  votre  chien  m'a  mordu. 

L'?  propriétaire.  —  Tiens  !  c'est  étonnant;  il  n'est  pourtant  pas  mé- 
chant. 

Vous.  —  Méchante  ou  non,  la  maudite  bête  m'a  mordu.  Voyez  :  mon 
pantalon  est  déchiré...,  et  voici  du  sang. 

Le  propriétaire.  —  C'est  extraordinaire,  car  Médor  est  très  doux. 
Nous  en  faisons  tout  ce  que  nous  voulons. 

Vous,  sévèrement.  —  Quand  on  a  des  animaux  féroces,  on  devrait 
les  tenir  à  l'attache. 

Le  propriétaire^  caressant  le  délinquant:  — Ah  î  polisson,  vilain 
chien,  que  cela  vous  arrive  encore! 

La  faiblesse  aveugle  des  propriétaires  est  plus  incorrigible  que  la 
colère  de  leurs  toutous.  Cet  amour  déraisonnable  pour  leurs  animaux 
les  rend  bêtes  et  leur  fera  pousser  de  hauts  cris  le  jour  —  puisse-t-il 
luire  bientôt  —  oij.  la  loi  leur  prescrira  de  faire  couper  les  quatre  ca- 
nines de  leurs  favoris  à  poils.  Les  maîtres  enrageront  quand  leurs  ser- 
viteurs ne  pourront  plus  communiquer  la  rage.  Du  moins,  cette  rage 


136  DESTRUCTION   DE   LA  RAGE. 

mue,    celle   hydropliobie    non   rabique   ne   sera   pas    transmissihle. 

Ma  proposition  n'esl-clle  pas  archi  raisonnable?  Je  demande  pure- 
menl  et  simplement  qu'on  supprime  les  canines  des  cbiens,  devenus 
impropres  à  aucun  but  utile  et  uniquement  capables  de  satisfaire 
rbumeur  atrabilaire  de  ces  animaux,  quand  le  ciel  est  lerne  et  gris, 
ou  de  propager  l'afi'reuse  maladie  de  la  rage,  de  cbien  à  chien,  ou  du 
cliien  àl'liomme.  Quand  je  dis  supprimer,  je  ne  vise  pas  l'exlraclion 
complète  des  canines,  mesure  radicale  qui  me  vaudrait  certainement  la 
reconnaissance  des  dentistes,  je  me  borne  à  demander  qu'on  excise  les 
canines  au  niveau  des  dents  voisines,  ce  qui  rendra  impossible  les  mor- 
sures profondes,  les  plaies.  La  morsure  du  chien  ressemblera  à  celle 
du  cheval,  avec  la  violence  en  moins,  et  elle  ne  pourra  plus  déterminer 
généralement  que  des  contusions  sans  gravité,  sans  parvenir  à  enta- 
mer les  vêtements. 

Mais  pour  arriver  à  ce  résultat  d'où  découlera  certainement  l'extinc- 
tion de  l'hydrophobie,  laquelle  restera  limitée  au  cas  d'invasion  spon- 
tanée, il  faudra  une  loi.  L'assemblée  constituante  qui  la  votera  mon- 
trera un  véritable  souci  des  intérêts  de  l'humanité  et  s'attirera  la 
reconnaissance  des  habitants  dans  le  pays  qui  bénéficiera  de  la 
nouvelle  loi. 

Je  ne  suis  pas  assez  jeune  pour  croire  qu'on  ne  rira  pas  d'une  idée 
neuve.  Qu'on  en  rie  tant  qu'on  voudra,  pourvu  qu'on  la  mette  en  pra- 
tique. Laissez-les  rire,  disait  Mazarin,  ils  paieront. 

Je  la  publie  donc,  cette  idée,  en  bravant  les  rancunes  des  vieilles 
douairières,  dont  plus  d'une  me  gardera  une  dent,  ce  qui  lui  sera  tacile 
puisqu'elle  en  recueillera  quatre  par  tête  d'animal.  Je  la  sème  dans  le 
domaine  de  la  presse,  cette  idée,  avec  la  conviction  qu'elle  trouvera  un 
parrain  puissant  pour  la  tenir  sur  les  fonts  de  baptême.  Son  adop- 
tion nous  garantira  contre  la  morsure  des  chiens  enragés  et  contre  la 
mort  sûre  qu'entraîne  l'inoculation  du  virus  rabique. 

D*"    Félix  ScilNESDER, 

Correspondant  de  la  Société  nationale  d'agriculture. 

CONCOURS  SPÉCIAL  DE  BATTEUSES  A  MEAUX 

RAPPORT   SUR   LES   TRAVAUX  DU   JUHY. 

11  y  a  aujourd'hui  quinze  jours,  le  samedi  I  8  sepLembre,  avaiL  lieu  un 
des  concours  spéciaux  qu'organise  avec  tant  de  succès  notre  Société, 
depuis  plusieurs  années  déjà.  Ainsi  qu'on  l'avait  publié  :  les  machines 
à  neiloyer  et  à  cribler  les  grains  et  graines,  les  appareils  économisant  la 
main-d'œuvre  et  rendant  le  travail  moins  pénible,  formaient  cette  fois, 
vous  le  savez,  l'objet  du  concours. 

Le  jury  s'est  réuni,  cours  Lafayette,  lieu  du  concours,  dès  neuf 
heures  du  matin,  et  après  avoir  choisi  à  l'unanimité  pour  président 
M.  Lavaux,  un  de  ses  membres  les  plus  autorisés,  il  a  immédiatement 
procédé  à  l'examen  des  machines  exposées. 

S'il  ne  fut  pas  très  nombreux,  le  concours  n'en  fut  pas  moins  inté- 
ressant. Grâce  en  effet  à  l'obligeance  et  au  dévouement  de  M.  A.  Petit, 
qui  fournit  un  nombre  suffisant  de  gerbes  de  même  nature,  et  de 
M.  Lucy,  qui  les  fit  apporter  et  prit  soin  de  leur  distribution,  le  jury 
put  l'airti  foQctionner  devant  lui  chacun  des  instruments  clans  des  con- 
ditions absolument  comparables,  et  les  juger  en  travail  normal.  Der- 
rière chaque  machine  était  placée   une  charrette  chargée  de  gerbes 


CONCOURS   SPECIAL  DE  BATTEUSES  A  MEAUX.  137 

magnifiques,  trop  belles  peut-être,  à  ne  consulter  que  les  intéressés, 
car  la  longueur  de  la  paille  fut  pour  toutes  un  obstacle^  pas  une  ne  sut 
la  conserver  intacte.  A  chacune  était  attribué  pour  le  battage  un  même 
nombre  de  gerbes;  la  paille  liée  immédiatement,  le  blé  ensaché  étaient 
de  suite  enlevés.  Sous  tous  les  rapports,  le  jury  doit  donc  de  vifs 
retnercîments  à  la  Commission  d'organisation  qui  a  ainsi  grande- 
ment facilité  sa  tâche  en  le  délivrant  complètement  de  la  responsabilité 
d(;s  détails  accessoires. 

Le  programme  du  concours  comportait  six  catégories  de  machines, 
qui  furent  passées  en  revue  successivement. 

Dans  la  première  catégorie,  celle  des  machines  à  ballre  à  vapeur^ 
vannant  et  criblant,  cinq  concurrents  s'étaient  fait  inscrire. 

M.  Gautreau,  de  Dourdan,  présentait  une  machine  à  battre  de  6  che- 
vaux; 

M.  Girardin,  d'Étampes,  une  de  h  chevaux; 

M.  Gérard,  ou  la  Société  française  de  matériel  agricole,  de  Viei^zon, 
une  de  6  chevaux  ; 

M.  Cumming,  d'Orléans,  une  de  6  chevaux; 
Enfin,  M.  Bertin,  de  Montereau,  une  de  3  chevaux. 
Chacune  était  accompagnée  d'une  locomobile  de  force   correspon- 
dante, servant  de  moteur  et  complétant  l'installation. 

Les  prix  de  ces  diverses  maclimes,  si  on  tient  compte  de  leur  force 
respective,  sont  comparables.  Aussi  le  jury  s'attacha  spécialement, 
non  seulement  à  mesurer  la  quantité  de  travail  produit  dans  un  temps 
donné,  mais  encore  à  étudier  les  conditions  plus  ou  moins  favorables 
du  service,  et  à  apprécier  l'état  dans  lequel  le  blé  et  la  paille  étaient 
rendus  par  l'appareil.  A  ce  sujet,  il  n'est  pas  inutile  d'insister  et  de 
vous  faire  remarquer,  messieurs,  que  c'est  surtout  en  se  plaçant  à  ce 
point  de  vue  spécial  de  la  qualité  du  travail  produit,  que  le  jury  résolut 
de  se' former  une  opinion...  Les  conditions,  dans  lesquelles  se  faisaient 
les  expériences,  étant,  comme  nous  l'avons  vu,  les  mêmes  pour  tous, 
il  le  pouvait  sans  craindre  d'être  induit  en  erreur  par  quelque  inégalité 
fortuite. 

On  fit  faire  deux  battages  à  la  machine  de  M.  Gautreau;  car,  dans 
la  première  expérience,  croyant  à  une  lutte  de  vitesse  exclusivement, 
le  constructeur  avait  battu  cent  gerbes  en  treize  minutes  ;  mais  cela 
correspond  à  un  travail  tout  à  fait  anormal  pour  les  hommes  de  ser- 
vice, et  absolument  impossible  à  soutenir  pendant  une  journée...  Dans 
la  deuxième  expérience  cinquante  gerbes  furent  battues  en  dix  minutes 
et  demie.  C'est  la  quantité  qui  fut  dès  lors  donnée  à  toutes  les  machines 
de  cette  classe  pour  concourir. 

La  durée  du  battage  de  ces  cinquante  gerbes  permit  au  jury  d'éli- 
miner dès  d'abord  deux  concurrents,  iMM.  Girardin  et  Bertin,  dont 
les  machines,  plus  faibles  d'ailleurs  que  les  autres,  produisaient,  à 
cause  de  cela  même,  et  comme  on  devait  s'y  attendre,  un  travail  insuf- 
iisant  pour  cette  catégorie  de  machines  à  vapeur  dites  à  grand  travail. 
Si  Ton  examine  les  trois  autres,  on  reconnaît  bientôt  qu'elles  ont  des 
défauts  et  des  qualités  communs,  les  différences  sont  assez  faibles;  ce 
type  de  machine  semble  station naire  depuis  quelque  temps,  et  néces- 
sairement tous  les  constructeurs  tendent  à  se  rapprocher  plus  ou  moins 
les  uns  des  autres.  Il  n'y  a  plus  guère  que  des  modifications  d'une 
importance  secondaire.  La  paille  bien  secouée  est  en  général  froissée. 


138  CONCOURS   SPECIAL    DE  BATTEUSES  A  MEAUX. 

mêlée,  cassée  et  mal  rcjeUc  au  dehors;  le  blé  assez  propre  et  bien 
battu. 

C'est  dans  les  détails  qu'il  faut  entrer  pour  faire  quelques  dis- 
tinctions. 

Dans  la  machine  Gautreau,  il  y  a  deux  cases  à  blé;  dans  Tune  il 
est  très  propre  et  marchand,  dans  l'autre  encore  sale.  Cette  machine 
est  munie  d'un  aspirateur  particulier  appelant  les  otons,  et  les  reje- 
tant sur  les  secoueurs;  c'est  un  perfectionnement  particulier  à  cette 
machine.  Le  réglage  du  contre-batteur  peut  s'effectuer  en  marche. 
Nous  avons  aussi  remarqué  une  grille  destinée  à  cribler  le  blé,  d'une 
forme  ingénieuse.  Les  trous  de  cette  grille  ont  la  forme  d'un  cylindre 
dont  l'axe  a  la  même  direction  que  l'air  lancé  par  le  ventilateur  à  peu 
près  parallèlement  à  la  grille  elle-même;  de  cette  façon,  le  grain  se 
dégage  de  la  paille  et  passe  facilement.  Cette  tôle  perforée  est 
appliquée  à  tous  les  ventilateurs  des  machines  de  cette  maison.  Les 
tourillons  des  arbres  sont  en  acier;  les  lames  du  batteur  à  angles 
arrondis  pour  le  blé  sont  mobiles  et  peuvent  être  facilement  remplacées 
par  des  lames  à  angles  vifs  ;  alors  la  machine  sert  à  battre  l'avoine. 

La  machine  Gérard  a  un  nettoyage  parfait;  à  notre  avis,  c'est  sa 
supériorité.  La  paille  y  est  assez  bien  traitée;  et  le  blé,  s'il  est  un  peu 
cassé,  en  soi-t  très  propre  et  même  bien  lisse.  Ce  dernier  résultat  est 
obtenu  à  l'aide  d'une  sorte  de  ventilateur  placé  sur  le  côté  de  la 
machine,  qui  aspire  le  blé  battu  et  le  remonte  dans  un  ensachoir  placé 
en  contre-haut;  c'est  dans  ce  mouvement  forcé  que  le  blé  passe  le 
long  d'une  surface  cannelée  sur  laquelle  il  est  projeté,  et  en  sort  lisse 
et  exempt  de  poussière.  C'est  en  petit  l'effet  d'une  colonne  de  net- 
toyage. La  construction  de  l'appareil  nous  a  paru  très  soignée. 

Dans  la  machine  Cumming,  les  orifices  de  l'ensachoir  sont  placés 
un  peu  bas.  Elle  se  distingue  par  la  disposition  de  son  secoueur  de 
paille.  Au  lieu  de  recevoir  le  mouvement  à  l'une  de  leurs  extrémités, 
les  lames  du  secoueur  le  reçoivent  en  leur  milieu;  il  en  résulte  que 
les  deux  bouts  ont  exactement  le  même  mouvement,  ce  qui  n'a  pas 
lieu  dans  les  autres  machines.  Cela  nous  semble  d'ailleurs  avoir  peu 
d'importance,  car,  en  général,  la  paille  est  bien  secouée  dans  toutes 
les  machines  de  cette  classe. 

Nous  avons  cru  devoir  nous  arrêter  un  peu  longuement  sur  ces 
appareils;  car  ils  nous  ont  paru,  comme  à  vous  sans  doute,  messieurs, 
être  par  leur  importance  même,  les  plus  intéressants  du  concours. 

Dans  la  deuxième  catégorie,  celle  des  macJnnes  à  battre,  vannant 
et  criblant,  à  manèges  de  3  et  4  chevaux,  se  présentaient  trois  construc- 
teurs : 

M,  Gautreau  avec  une  machine  à  manège  à  3  chevaux; 

M.  Girardin  avec  une  machine  de  même  force; 

M.  Maréchaux,  de  Montmorillon  (Vienne),  avec  une  machine  à 
manège  à  4  chevaux. 

Le  jury,  tout  en  appréciant,  comme  il  convenait,  les  sacrifices  faits 
par  ce  dernier  constructeur,  pour  venir  d'aussi  loin  concourir  dans 
notre  ville,  et  porté  à  lui  en  savoir  gré,  eut  le  regret  de  ne  pouvoir  mettre 
sa  machine  en  ligne  avec  les  autres.  Cette  batteuse  est  une  batteuse 
en  long  ;  toutes  celles,  autres  que  celle  de  M.  Maréchaux,  que  nous 
avons  eu  à  examiner,  sont  des  batteuses  en  travers,  seul  type,  du  reste, 
adopté  dans  nos  campagnes.  Les  batteuses  en  long  peuvent  être  estimées 


CONCOURS  SPÉCIAL  DE  BATTEUSES  A  MEAUX.  139 

dans  les  contrées  où  on  recherche  la  paille,  brisée,  hachée  ;  mais  elles 
ont  pour  la  nôtre,  un  défaut  primordial,  contre  lequel  ne  peut  pré- 
valoir la  modicité  du  prix  de  l'appareil  :  elles  rendent  la  paille  inven- 
dable. Cependant  quoique  seule  de  son  type,  quoique  les  nécessités  du 
commerce  en  interdisent  l'usage  chez  nous,  le  jury  étudia  cette 
machine  avec  soin  et  l'eût  récompensée,  s'il  avait  cru  y  reconnaître 
un  perfectionnement  notable  introduit  dans  ce  genre  de  batteuses  qui 
peuvent  évidemment  rendre  des  services,  et  de  grands  services  quand, 
comme  dans  le  Midi,  on  recherche  la  paille  hachée  pour  la  vente.  Un 
des  principaux  reproches  à  lui  faire,  est  la  force  qu'elle  emploie  :  un 
manège  à  4  chevaux  suffit  à  peine  pour  effectuer  le  travail  dont  les 
autres  viennent  à  bout  avec  3  chevaux  seulement. 

Il  ne  restait  dès  lors,  pour  cette  classe,  que  deux  concurrents  véri- 
tables. On  leur  donna  à  chacun  vingt-cinq  gerbes  à  battre.  Les 
machines  ici  ne  présentaient  rien  de  bien  saillant  à  signaler.  Nous  nous 
contenterons  de  dire  que  les  résultats  de  la  machine  Gautreau  nous 
ont  paru  très  supérieurs.  Avec  le  même  nombre  d'hommes,  dans  le 
même  temps,  douze  minutes,  on  a  obtenu  un  blé  mieux  battu,  une 
paille  mieux  secouée,  encore  qu'un  peu  mêlée,  mais  sans  menue  paille 
à  repasser.  Ici  pourtant,  trouve  encore  sa  place  le  reproche  que  nous 
faisions  à  la  grande  machine  :  le  blé  est  reçu  dans  deux  cases,  et  dans 
l'une  d'elles  il  est  trop  sale  et  a  besoin  d'un  nouveau  nettoyage  pour 
être  propre  à  la  vente. 

Dans  la  machine  Girardin,  le  battage,  le  secouage,  le  nettoyage  étaient 
insuffisants,  et  la  disposition,  ainsi  que  la  construction  du  mécanisme, 
ont  été  iufifées  inférieures. 

Dans  la  troisième  catégorie  ou  venaient  se  ranger  les  machines  a 
battre,  mues  par  un  et  deux  chevaux  et  les  machines  à  bras,  nous  avons 
eu  à  comparer  les  machines  de  : 

M.  Gautreau,  machine  à  2  chevaux;  M.  Fortin,  de  Montereau, 
machine  à  2  chevaux;  M.  Bertin,  machine  à  plan  incliné,  1  cheval; 
M.  Maréchaux,  machine  à  battre  en  long,  2  chevaux. 

Nous  retrouvons  ici  une  machine  à  battre  en  long  du  même  con- 
structeur que  dans  la  classe  précédente  et  ici  encore,  les  mêmes  dé- 
fauts ont  frappé  l'attention  du  jury,  et  naturellement  ont  amené  une 
décision  analogue. 

Nous  nous  arrêterons  seulement  maintenant  un  instant  au  sujet  de 
la  machine  à  plan  incliné  de  M.  Bertin.  Cette  machine,  avec  un  seul 
cheval,  a  fait  en  une  heure  et  quart  ce  que  les  autres  avec  deux  che- 
vaux ont  fait  en  une  heure  et  cinq  minutes;  que  si  le  travail  est  un 
peu  moins  bon,  il  est  du  moins  suffisant  et  l'appareil  se  recommande 
par  la  commodité  de  son  installation,  et  la  facilité  de  la  mise  en  place 
et  de  la  mise  en  route.  Le  jury  cependant,  devant  une  transmission  de 
mouvement  un  peu  compliquée,  ou  du  moins  de  construction  forcé- 
ment un  peu  grossière,  n'étant  pas  édifié  sur  le  degré  de  fatigue  que 
supporte  le  cheval  moteur,  ne  pouvant  se  rendre  compte  de  la  durée 
du  travail  qu'il* peut  fournir  dans  ces  conditions,  a  hésité  à  placer 
cette  machine  au  premier  rang. 

Celle  de  M.  Gautreau  d'ailleurs  se  recommande  par  un  excellent 
travail. 

Signalons  encore  la  machine  de  M.  Fortin,  qui  manœuvre  sans  être 
calée;  avantage  médiocre,  il  nous  semble,  car  on  a  toujours  le  temps 


140  CONCOURS  SPPXIAL  DK  BATTEUSES  A  ME  AUX. 

de  procéder  à  cette  opération^  môme  au  moment  de  battre^  quand  elle 
est  nécessaire.  Quoi  qu'il  en  soit,  cette  propriété  de  la  machine  résulte 
d'une  disposition  ing;énieuse  du  tarare  et  du  secoueur,  dont  les  mou- 
vements sont  opposés  et  équilibrés  de  façon  à  rendre  le  calage  inutile. 
Les  trois  dernières  catégories  ne  nous  occuperont  pas  longtemps;  il 
y  avait  peu  de  machines  intéressant  par  quelque  nouveauté. 

Il  nous  est  impossible,  cependant,  de  passer  sous  silence  dans  la 
quatrième  catégorie,  celle  des  machines  à  battre  les  petites  graines, 
L'excellent  appareil  de  M.  Gumming,  analogue  aux  machines  à  battre 
le  blé  et  donnant  un  très  bon  travail,  par  la  simple  combinaison  des 
grilles  alternées  à  travers  lesquelles  passe  la  graine  à  battre.  Le  jury 
l'a  expérimenté  avec  du  trèfle.  — Dans  ce  même  genre  de  machines, 
nous  ferons  aussi  remarquer  la  batteuse  de  M.  Chenel,  présentée  par 
M.  Bertin,  de  Montereau,  où  la  séparation  de  la  graine  est  obtenue  par 
'a  projection  du  trèfle  sur  une  toile  métallique  résistante.  Mais  con- 
trairement à  ce  qui  se  produit  dans  la  précédente  batteuse,  la  graine 
(btenue  est  très  mal  nettoyée  et  très  mal  triée  :  elle  n'est  pas  encore 
véritablement  marchande. 

Le  jury  a  placé  et  récompensé  dans  la  cinquième  catégorie  des 
appareils  et  procédés  relatifs  au  battage  et  au  vannage  des  graines  et 
grains,  économisant  la  main-d'œuvre  et  rendant  le  travail  moins  pénible  y 
deux  tarares  très  bien  appropriés  aux  machines  à  battre  qu'ils  servent; 
ce  sont  :  le  tarare  américain  de  M.  Girardin  et  le  tarare  déboureur  et 
cribleur  de  M,  Maréchaux,  appareil  sans  lequel  le  travail  de  la  bat- 
teuse en  long  serait  absolument  incomplet  :  le  blé  qu'elle  jette  de  tout 
côté  mêlé  à  la  paille  et  à  la  poussière  serait  invendable  sans  l'opéra- 
tion de  nettoyage  très  bien  effectué  par  ce  tarare. 

Enfin  dans  la  sixième  catégorie  celle  des  machines  à  nettoyer  les 
grelins  et  graines^  le  jury  a  cru  devoir  faire  deux  classes. 

Dans  la  première  il  a  placé  les  tarares  de  ferme  parmi  lesquels  il 
convient  de  distinguer  les  tarares  légers  et  très  économiques  de  M.  E. 
Mabille,  de  Reims. 

Dans  la  seconde,  les  cylindres  trieurs.  Ceux  de  5f.  Symon,  de  Meaux, 
ont  été  remarqués  et  l'objet  d'une  récompense. 

Telle  a  été  la  manière  de  procéder  du  jury;  la  qualité  du  travail 
produit  a  été  son  critérium  pour  toutes  les  classes  de  machines; 
et  nous  vous  avons  exposé  aussi  fidèlement  que  possible  les  princi- 
p  des  raisons  qui,  dans  chaque  cas,  ont  déterminé  sa  décision  et  motivé 
son  jugement.  ATant  de  vous  donner  lecture  de?  récompenses  qu'il 
a  décernées,  qu'il  nous  soit  permis  de  constater  que  ce  nouveau  con- 
cours spécial  a  parfaitement  réussi  et  de  nous  en  féliciter.  Si  ces  sortes 
de  concours  offrent  plus  de  monotonie  au  regard  indifférent  du  siijiple 
curieux,  ils  ont  pour  les  intéressés  l'avantage  précieux  de  mettre  côte 
à  côte,  pour  ainsi  dire,  des  machines  entre  lesquelles  un  jour  ils  se- 
ront peut-être  appelés  à  se  prononcer;  ils  leur  permettent  un  examen 
comparatif  dans  des  conditions  absolument  identiques,  avantage  indé- 
inable  pour  un  juge.  L'esprit  n'est  pas  distrait  par  la  vue"  de  ma- 
chines étrangères  et  les  différences  se  saisissent  plus  facilement; 
l'impression  en  est  plus  durable.  Ce  sont  ces  circonstances  mêmes,  on 
peut  le  dire,  qui  nous  ont  permis  cette  année  de  classer  d'une  façon, 
que  vous  approuverez,  nous  l'espérons,  des  machines  à  peu 
près  aussi  perfectionnées  les  unes  que  les  autres;  et  entre  lesquelles 


CONCOURS  SPÉCIAL  DE  BATTEUSES  A  ME  AUX.  141 

en  l'absence  de  transformation  saillante,  d'inventions  nouvelles,  il  eût 
pu  paraître  dilTicile  de  se  prononcera  P.  Cormier, 

Rapporteur  du  Jury. 

BIBLIOGRAPHIE  AGRICOLE 

Les  parasites  et  les  animaux  parasitaires  chez  l'homme,  les  animaux  domestiques  et  les  animaux 
sauvages  avec  lesquels  ils  peuvent  être  en  contact,  par  P.  Mégnin,  lauréat  de  l'Institut.  —  Un 
volume  in-8,  avec  63  Apures  dans  le  texte  et  un  atlas  de  26  planches.  —  A  la  librairie  de 
(t.  Masson,  12'1,  boulevard  Saint-Germain,  à  Paris.  —  Prix,  avec  l'atlas,  20  francs. 

Les  animaux  parasitaires  sont  ceux  qui  vivent  aux  dépens  des 
autres  êtres  vivants;  leur  nombre  est  presque  infini,  et  si  un  problème 
est  réellement  surprenant,  c'est  qu'ils  n'aient  pas  fait  disparaître  une 
grande  quantité  d'espèces.  11  en  est  de  tout  genre  et  de  toute  famille; 
quelques-uns,  mais  c'est  le  plus  petit  nombre,  sont  inoffensifs;  la  plu- 
part sont  de  véritables  et  redoutables  fléaux  pour  les  êtres  auxquels  ils 
s'attachent.  C'est  à  eux,  par  exemple,  que  les  animaux  domestiques 
sont  redevables  de  beaucoup  des  maladies  qui  les  attaquent;  l'homme 
n'échappe  pas  à  leur  action,  et  quelques-uns  peuvent  être,  pour  lui, 
des  agents  de  mort.  Il  est  donc  important  à  la  science  vétérinaire, 
aussi  bien  qu'à  l'agriculture,  de  connaître  ces  animaux,  leurs  mœurs, 
les  effets  de  leur  action  sur  l'économie  animale,  aussi  bien  que  les 
moyens  de  les  combattre.  3Iais  cette  élude  est  délicate.  En  effet,  le 
plus  grand  nombre  des  animaux  parasitaires  appartiennent  aux  der- 
nières classes  du  règne  animal;  ce  sont  des  êtres  souvent  microsco- 
piques dont  une  observation  longue  et  p;itiente  peut  seule  permettre 
de  préciser  les  caractères  et  de  dévoiler  les  mœurs.  Il  n'est  donc  pas 
étonnant  que  leur  étude  ait  été  pendant  longtemps  négligée,  tandis  que 
la  plupart  des  autres  branches  de  l'histoire  naturelle  se  développaient 
rapidement,  et  que  l'on  se  soit  contenté  de  généralités  peu  précises. 
On  aura  une  idée  des  difficultés  que  présente  cette  étude  quand  on 
saura  que  l'on  connaît  aujourd'hui  58  espèces  d'épizoiques  ou  hexapodes 
aptères  (vulgairement  les  poux)  qui  vivent  en  parasites  sur  l'homme 
ou  sur  les  seuls  animaux  domestiques.  Il  ne  suffit  pas  d'ailleurs  de 
distinguer  les  espèces;  il  faut  encore  mettre  leur  rôle  en  relief,  et  ne 
pas,  par  exemple,  anathématiser  un  être  inoffensif  qu'on  aura  confondu 
avec  un  voisin  beaucoup  moins  pacifique. 

Parmi  les  savants  qui  ont,  depuis  vingt  ans,  pris  à  cœur  l'étude 
des  parasites,  M.  P.  Mégnin  figure  au  premier  rang.  Il  est  parti  de  ce 
principe  qu'il  est  nécessaire  d'étudier  à  fond  Fhistoire  naturelle  et  les 
mœurs  de  tous  les  parasites,  quels  qu'ils  soient,  leur  organisation  et 
leurs  moyens  d'action.  11  a  jusqu'ici  consacré  vingt-cinq  années  à  ces 
études  minutieuses.  Déjà,  dans  plusieurs  monographies,  il  a  fait 
connaître  les  résultats  de  queljuesunes  de  ses  recherches.  Dans  le 
volume  qui  vient  de  paraître,  il  présente  ïe  fruit  de  l'ensemble  de  ses 
études.  Et  encore,  ce  volume  n'est-il  qu'une  première  partie;  car  il 
est  consacré  seulement  à  l'examen  des  parasites  appartenant  aux  ordres 
des  insectes,  des  arachnides  et  des  crustacés.  Dans  un  second  ouvrage, 
actuellement  en  préparation,  le  laborieux  savant  s'occupera  des 
Helminthes,  des  Infusoires  et  des  Cryptogames  parasites.  On  voit  com- 
bien ce  travail  est  immense,  et  on  conçoit  la  sagacité  et  la  persévé- 
rance qu'il  exige  chez  celui  qui  l'a  entrepris.  Il  serait  inutile  d'insister 
ici  sur  les  résultats  qui  en  sortiront  au  point  de  vue  pratique. 

1.  Le  Journal  du  2  ociobr^  a  publié  (p.  26';  la  liste  des  récompenses  décernées. 


142  BIBLIOGRAPHIE  AGRICOLE. 

Après  cette  aperçu  général,  il  nous  reste  à  donner  quelques  détails 
sur  les  éludes  que  renferme  le  volume  que  M.  Mégnin  vient  de  publier. 
Nous  ne  pouvons  guère  fournir  qu'une  nomenclature  aride,  car  les 
descriptions  d'espèces  qu'il  renferme  échappent  à  l'analyse  qui  ne 
pourrait  qu'en  donner  une  idée  tout  à  fait  incomplète  et  souvent 
même  inexacte. 

Nous  avons  dit  que  M.  Mégnin  s'occupe  successivement  des  para- 
sites appartenant  aux  ordres  des  insectes,  des  arachnides  et  des  crus- 
tacés. Chacun  des  ordres  de  ces  classes,  renfermant  des  animaux 
parasitau-es,  est  l'objet  d'un  chapitre  spécial  composé  de  deux  par- 
ties :  la  première  est  consacrée  à  l'histoire  naturelle;  la  seconde  à  la 


Fig.  7.  —  Hypoderme  du  bœuf. 


Fig.  8.  —  Grand  pou  du  cheval. 


pathologie,  c'est-à-dire  aux  maladies  déterminées  par  ces  animaux. 

Dans  la  classe  des  Insectes,  l'auteur  passe  successivement  en  revue 
les  Diptères,  les  Hémiptères,  les  Coléoptères  et  Aphaniptères,  les  Epi- 
zoïques.  A  la  première  de  ces  classes,  appartiennent  les  cousins,  les 
taons,  les  œstrides,  etc.;  c'est  dans  cette  famille  que  se  trouve  l'hy- 
poderme  du  bœuf  que  représente  la  fig.  7,  qui  montre  en  a  la 
femelle,  en  b  la  larve,  en  d  une  nymphe.  Dans  la  seconde  classe,  nous 
rencontrons  les  punaises;  dans  la  troisième,  les  puces  ;  dans  la  qua- 
trième, l'innombrable  légion  des  poux  et  de  leurs  congénères.  On  voit 
(fig.  8)  le  grand  pou  du  cheval,  parasite  de  cet  animal  et  de  l'âne. 

Les  animalcules  microscopiques  qui  sont  la  cause  des  différentes  varié- 
tés de  gale,  et  chez  l'homme  et  chez  les  animaux,  appartiennent  à  un 
groupe  qui,  pour  Linné,  au  siècle  dernier,  ne  formait  qu'un  petit 
genre,  le  genre  Âcarus,  dont  le  type  était  le  ciron  du  fromage.  Ce  genre 
constitue  aujourd'hui,  dans  la  classe  des  Arachnides,  un  ordre  très  nom- 
breux en  espèces,  dont  le  nombre  augmente  encore  tous  les  jours. 
C'est  à  l'histoire  et  à  la  description  de  ces  espèces  qu'est  consacrée 
la  plus  grande  partie  de  l'ouvrage  de  M.  Mégnin  ;  il  s'est  fait,  en 
quelque  sorte,  une  spécialité  de  l'étude  des  Acariens  et  il  y  a  acquis 


BIBLIOGRAPHIE  AGRICOLE. 


143 


une  autorité  universellement  proclamée.  On  ne  peut  pas  attendre  de 
nous  la  nomenclature  des  onze  familles  d'Acariens  ;  notre  rôle  est 
simplement  celui  d'un  bibliographe.  Voici,  toutefois,  quelques  types, 
pour  donner  une  idée  du  soin  avec  lequel  les  dessins  de  tous  les  ani- 


FJg.  9.  —  Gamase  ptéroptoïde,  ('es  rongeurs. 


Fig.  10.  —  Sarcopte  scabiel,  de  riiomme. 


maux  décrits  sont  exécutés,  soit  dans  le  volume,  soit  dans  l'impor- 
tant atlas  qui  l'accompagne.  La  plupart  de  ces  dessins  sont  d'ailleurs 
dus  àÏM.  Mégnin  lui-même.  Les  fig.  11  et  12  montrent  l'Argas  réfléchi, 


Fig.  11.  —  Argas  réfléchi  vu  par-dessus.  Fig.  12.  —  Argas  réfléchi  vu  pai-dessous. 

VU  par-dessus  et  par-dessous;  cet  acarien  est  surtout  parasite  des 
colombiers,  d'où  il  se  répand  sur  les  pigeons,  principalement  sur  les 
jeunes;  mais  il  est  très  rare  aujourd'hui  en  France.  La  fig.  9  montre 
le  gamase  ptéroptoïde,  parasite  des  petits  rongeurs.  La  fig.  10  repré- 
sente le  sarcopte  de  l'homme,  un  des  acariens  qui  déterminent  la  gale 
chez  les  races  humaines.  On  lira  avec  beaucoup  de  profit  l'étude  sur 
les  gales,  qui  suit  l'histoire  naturelle  des  Acariens. 

La  dernière  classe  d'animaux  que  M.  Mégnin  étudie  dans  ce  volume, 
est  celle  des  Crustacés,  dont  un  seul  ordre,  celui  des  Acanthotèques, 
renferme  quelques  animaux  parasitaires. 


144  BIBLIOGRAPHIE   AGRICOLE. 

Cette  esquisse  rapide  suffira,  nous  l'espérons,  pour  montrer  l'im- 
portance de  l'œuvre  de  iVL  Mégnin.  Cette  œuvre  s'impose  à  tous  ceux 
qui  étudient  les  causes  et  les  remèdes  des  maladies  des  animaux 
domestiques,  par  conséquent  aux  agriculteurs  éclairés. 

Henry  Sagmep,. 

PISCICULTURE.  —  LE  WITHEBAÎT 

La  pisciculture  anglaise  nous  devant  aussi  au  moins  quelque  chose, 
nous  allons  donc  une  lois  pêcher  en  ses  eaux. 

D'autant  mieux  que  cette  pêche  nous  mènera  à  cette  grande  question 
toujours  pendante  de  la  migration  de  certaines  espèces  :  sardines, 
harengs,  morues,  dont,  dans  un  calendrier  marin,  il  faudra  pourtant 
parler  tôt  ou  tard  et  peu  ou  prou. 

Ce  n'est  pas  vous,  très  honorés  frères  Ashwortli,  vous  les  ouvriers 
de  la  première  heure  que  nous  avons  eu  l'honneur  de  connaître,  vous, 
qui  avez  donné  à  cette  branche  de  voire  richesse  publique  une  si  rude 
poussée,  qui  nous  refuserez  cette  incursion  internationale! 

Notre  but  n'est  pas  tant  d'aborder  l'historique  withebait  par  son 
côté  gastronomico  politique,  que  par  le  vaste  champ  des  hypothèses 
que  cette  petite  bête,  à  la  mode  depuis  si  longtemps,  laisse  à  nos  mé- 
ditations. 

Le  Daily  News  imprimait,  à  propos  du  célèbre  withebait-diner,  ou 
dhier  d'adieux  des  ministres,  une  de  ces  savantes  dissertations  sur  ce 
favori  des  Anglais  de  haute  souche,  que  nous  croirions  digne  de  la 
plume  de  l'inspecteur  général  des  pêches  si  connu,  ex-médecin  en  chef 
des  gardes  du  corps  delà  reine,  M.  Buckiand. 

Nous  ne  saurions  donc  mieux  faire  que  d'en  donnera  nos  lecteurs  la 
partie  pittoresque  et  scientifique  par  laquelle  ce  petit  seigneur,  fai- 
sant toujours  si  grand  bruit  en  x4.ng1eterre,  nous  est  servi,  à  nous  les 
mortels,  appelés  M.  tout-le-monde.  Le  Withebait  ou  bianche  amorce,  a 
été  mis  à  la  mode  en  1 780  par  un  pêcheur  de  Black  Wall,  nommé 
Richard  Cannon. 

Qui  fit  qu'à  cette  époque  oi^i  l'xlnglais  ne  goûtait  qu'avec  répu- 
gnance au  savoureux  turboi,  mais  se  délectait  en  revanche  des  salades 
de  certains  varechs;  qui  fit  que  le  withebait  conquit  la  première 
place  dans  ses  délices  gastronomiques,  ce  nous  serait  assez  difficile  à 
dire. 

La  mode  s'en  empara  à  ce  point  que,  plus  que  jamais,  sa  pêche 
est  uevenue  une  branche  de  cette  si  imponante  industrie.  Il  s'en  fallut 
de  peu  que,  celte  année,  le  célèbre  wilhèbait-diner  réunit  bien  Fillustris- 
sime  diplomatie  anglaise  à  Grennwich  comme  cela  se  fait  depuis 
juste  100  ans;  mais,  sans  withebait!  Il  y  avait  environ  15  jours 
qu'il  n'en  était  plus  apparu  un  seul  sur  le  carreau  du  grand  marché 
de  Billingsgate:  Une  tlotte  de  bateaux  dut  être  envoyée  au  large  pour 
le  ])êcher,  car  comment  passer  sans  withebait  ce  jour  si  célèbre  dans 
les  annalesde  la  gastronomie  anglaise! 

Un  proverbe  des  pêcheurs  anghiis  dit  qu'il  ne  peut  être  péché  que 
pendant  la  session  du  parlement,   c'est-a-dire  de    février  à  mi-août. 

Le  parlement  ayant  siégé  cette  année  jusqu'en  septembre,  le  Withe- 
bait avait  gagné  le  large  pour  ne  revenir  comme  Spralt,  qu'en  no- 
vembre à  l'embouchure  de  la  Tamise,  payer  sa  dette  à  Mansion-Housc 
le  9  dudit  mois.  Toujours  d'après  le  dicton  anglais. 


PISCICULTURE.   —  LE   WITHEBAIT.  145 

La  partie  si  curieusement  originale  des  mœurs  de  nos  voisins 
énoncées  ci-dessus,  étant  vidée,  comme  tout  bon  Anglais  le  doit  à  son 
loyalisme  conservaiif\  l'auteur  arrive  aux  questions  sérieuses  que 
soulève  et  soulèvera  encore  longtemps  celle  curieuse  petite  bête. 
Comme  Lavaret,  Anguille;  que  d'inconnus  dans  ce  monde  sans  cesse 
sous  nos  yeux  !  vrai  porte-défi  à  notre  grand  dix-neuvième  siècle  ! 

Le  poisson  appelé  Bail,  change  d'aspect  et  de  qualité  selon  son  âge 
et  les  saisons.  En  février  et  mars  c'est  le  yaivlings,  vraisemblablement 
le  hareng  cCun  an.  En  juin  et  juillet  les  Bail  sont  si  petits  que  les 
pêcheurs  ne  les  nomment  que  (têtes  et  yeux)  espèce  de  gélatineuse 
créature,  dont  le  grand  œil  argenté  semble  faire  et  composer  la  plus 
grande  partie.  Les  Bait  du  dîner  de  ce  jour,  examinés  spécialement 
par  l'auteur,  ne  sont  pour  lui  quç  des  spratts,  charmant  poisson 
argenté  et  d'un  goût  aussi  fin  que  délicat. 

Dans  ces  derniers  temps,  les  Anglais  ont  commencé  à  protester 
contre  leur  destruction  et  avec  toute  raison;  pourquoi  ne  pas  les  laisser 
au  moins  atteindre  à  l'adolescence? 

Mais  il  y  en  a  tant!  l'embouchure  de  la  Tamise  n'y  suffirait!  le 
marché  de  Billingsgate  n'en  regorge  t-il  pas  l'hiver!  Ynverness  et  les 
autres  marchés  de  l'Ecosse  de  même,  à  ce  point  qu'on  en  fume  des 
champs  de  navets  et  des  houblonnières,  etc. 

Une  seule  maison  de  Londres  paye  1,000  livres  sterling  par  semaine 
pour  la  pêche  du  vsithebait  durant  la  saison.  Oserait-on  espérer  qu'un 
parlement  anglais  aura  le  courage  d'enrayer  ces  massacres,  tant  que 
le  withebait-dinersera  dans  ses  habitudes  politiques?  Ici  notre  auteur, 
afin  de  ne  pas  se  compromettre,  met  un  grand  point  d'interrogation. 

Charbonnier  étant  maître  chez  lui,  la  parole  ne  nous  appartient 
pas  dans  ce  débat;  mais,  cependant,  nous  demanderons  à  poser  nos 
conclusions  sur  cet  incident  de  pisciculture,  le  seul,  croyons-nous,  oii 
se  trouve  si  curieusement  mêlée  une  coutume  diplomatique.  Il  y  a  plus 
de  vingt-cinq  ans,  à  propos  du  lavaret,  nous  imprimions  :  sera-t-il 
Dieu,  marbre  ou  cuvette  ? 

Nos  lecteurs  peuvent  voir,  par  ce  qui  précède,  que  le  chemin  par- 
couru n'est  pas  grand.  Le  si  charmant  lavaret,  de  notre  temps, 
n'avait  pas  moins  de  sept  noms  sur  les  bords  du  lac  de  Constance  : 
Seelen,  Sluhen,  Ganglifisch,  Reuen,  Halbfelch,  Dreyen  et  Felchen; 
question  d'âge  et  de  tons.  Il  n'a  donc  rien  à  envier  au  withebait  des 
Anglais.  Car  enfin,  sera-t-il  :  Spratts^  Yaiclings,  Folicigs,  Roohans^ 
Buntings,  Morue  ou  Hareng  ? 

Si  nous  insistons  sur  ces  noms,  ce  n'est  que  pour  rappeler  cette 
belle  parole  de  Coste  toujours  à  notre  pensée,  que  la  pisciculture 
marine  n'est,  avant  tout,  qu'une  question  d'histoire  naturelle;  que  la 
science  cherche  et  formule,  mais  d'abord  qu'imî  pratique  prudente  et 
éveillée,  sinon  encore  renseignée,  guidée,  dirigée,  sache  tirer  parti  des 
faits  dont  se  tisse  la  vie  des  hommes  de  la  mer. 

Notre  Spratt,  de  la  baie  de  Douarnenez,  dont  on  fume  aussi  les 
champs  par  certaine  saison,  alors  que  l'année  suivante,  deux  ans  même, 
on  n'en  voit  plus  un  seul  sur  toute  la  côte  sud  de  notre  Bretagne, 
serait-il  le  même  que  celui  de  la  mer  du  Nord?  Le  lavaret  du  lat;  de 
Constance  et  le  Conegone  Fera  d'Hartman  dévorant  le  frai  des  harengs 
sur  les  côtes  de  Suède,  seraient-ils  vraiment  de  si  proches  parents  que 
la  science  n'aurait  encore  pu  distinguer  ces  deux  êtres  à  mœurs  et  à 


146  PISCICULTURE.  —    LE  WITHEBAIT. 

ha1)itat  si  différents?  Le  lavaret  et  l'Agoni  des  lacs  italiens  ne  seraient- 
ils  que  les  jalons  prodigués  par  la  nature  à  nos  eaux  douces,  nous 
mettant  sur  la  trace  des  mœurs  de  leurs  frères  de  Ij  mer,  harengs^ 
sardines,  ces  éléments  de  si  grandes  richesses  pour  les  côtes  qu'ils 
fréquentent  ? 

Arriverions-nous  par  là  à  la  connaissance  de  cette  si  grave  question 
de  la  migration  de  ces  espèces,  sur  lesquelles  on  possède,  le  hareng 
excepté,  des  données  si  confuses  et  si  vagues  ? 

La  rencontre,  dans  ce  grand  entonnoir  des  mers  de  nos  côtes  qui 
s'appelle  le  golfe  de  Biscaye,  et  dont  les  profondeurs  sembleraient  être 
les  lieux  de  prédilection  d'habitat  de  la  sardine;  la  rencontre  de  deux 
courants  de  température  différente,  celui  du  sud  pour  la  branche 
extrême  droite,  rabattue,  d'après  Maury,  par  le  promontoire  de  la  Bre- 
tagne (îles  de  Sein)  et  celui  du  pôle,  arrivant  en  dessous  par  la  Man- 
che, ne  devrait-elle  pas  donner  lieu  à  certaines  études  !  La  rencontre  de  ces 
deux  courants  dans  ces  profondeurs  où  il  semble  désormais  acquis  que 
ces  immenses  et  prolifiques  familles  des  dupées  et  des  gades  passent 
leur  vie,  ne  montant  aux  eaux  éclairées  que  pour  y  aimer,  jouir  et  mou- 
rir !  Cette  rencontre  ne  serait-elle  pas  la  cause  de  ces  irrégularités  si 
fatales  à  nos  populations  marititnes  et  aux  industries  dont  elles  sont  la 
base! 

Nos  lecteurs  se  rappelleront  que  dans  le  numéro  583  du  Journal 
nous  avons,  à  propos  d'une  de  ces  irrégularités,  relative  à  la  dernière 
saison  de  pêche  de  la  sardine,  déjà  a[ipelé  l'attention  du  ministre  de 
la  marine  sur  ce  fait.  En  attendant  réj)onse  aux  questions  ci-dessus, 
nous  prions  qu'on  nous  pardonne  cette  petite  excursion  dans  ce  champ 
si  vaste  des  hypothèses  de  la  mer,  sur  lequel  nous  sommes  arrivé  en 
quittant  le  withebait-diner  des  ministres  de  la  reine. 

Chabot -Kaîlen, 

Tliun  (Sui;se).  Correspondant  de  la  Société  nationale  d'agiiculturo  de  France. 

SUR  LE  CREDIT  AGRICOLE-  —  II 

IV.  —  On  reproche  aux  cultivateurs  français  de  ne  point  entretenir  un 
bétail  suffisant,  ce  qui  revient  à  leur  reprocher  de  ne  pas  produire 
assez  de  fourrages.  En  Angleterre,  en  effet,  la  proportion  des  superfi- 
cies emblavées  en  fourrages  naturels  et  artificiels  est  à  la  superficie 
cultivée  comme  65  est  à  100;  en  Ecosse,  comme  40  est  à  100;  en 
France,  elle  n'est  que  comme  22  est  à  100.  Ce  n'est  pas  tout  :  notre 
climat,  comprenant  des  zones  plus  étendues,  est,  en  somme,  beaucoup 
moins  favorable  à  la  production  fourragère  que  celui  des  Iles  Britanni- 
ques. 

Si,  partageant  la  France  en  trois  zones,  nous  cherchons  comment  s'y 
répartissent  les  produits  fourragers,  voici  ce  que  nous  constatons, 
comme  moyenne  de  dix  ans  : 

Il  en  résulte  un  déficit  moyen  annuel  de  1 .63  ;  soit,  en  calculant  sur 
le  chiffre  d'une  année  moyenne  fd'après  la  statistique  officielle  de 
1862),  56,431,971  quintaux  métriques,  un  déficit  moyen  annuel  de 
i^il 9,841  quintaux  représentant  au  rationnement  de  A  pour  100,  sur 
500  kilog.  vif,  la  nourritureaunuelle  deplusde  l2,6U0bœLifs  ou  s-aches 
ou  l'équivalent  en  d'autre  bétail.  Mais,  en  fait,  le  déficit  est  plus  grand 
encore,  parce  que  1 1  majeure  partie  de  l'excédent  est  gaspillée  dans 


LE  CREDIT  AGRICOLE.  1 47 

l'année,  ou  avariée  pendant  le  cours  de  la  suivante.  Il  y  a  ainsi,  tous 
les  ans,  12,600  têtes  de  gros  bétail  vendues  pour  cause  de  fomine  et 
un  déficit  dans  la  production  du  fumier  de  211,502,200  kilog.,  soit 
la  fumure  triennale  de  21,156  hectares. 

Nous  avons  banni  famines  et  disettes  pour  l'homme,  en  multipliant 
les  voies  de  transport,  réformant  la  législation  et  organisant  le  com- 
merce; il  est  temps  de  poursuivre  un  résultat  identique  pour  le  bétail, 
instrument  de  production,  source  de  fécondité,  ressource  alimentaire  ; 
le  moyen,  c'est  la  compression. 

Non  seulement  elle  fait  des  fourrages  une  denrée  économiquement 
Iransportable,  mais  elle  régularise  leur  emploi  tout  en  assurant  l'en- 
tretien du  bétail.  Ce  qui  se  passe  en  France  se  produit  en  Europe  et 
dans  le  monde  entier,  pour  le  fourrage  comme  pour  le  blé  :  récoltes 
excédantes  ici,  insuffisantes  là.  La  compression  à  bras  peut  amener  le 
foin  à  la  densité  de  150  à  200  kilog.  au  mètre  cube;  avec  une  force 
motrice,  300  à  350  kilog.;  puis  avec  des  presses  hydrauliques  spécia- 
lement construites,  600  à  700  kilog.,  suivant  la  nature  des  fourrages 
et  les  régions  qui  les  auront  produits.  L'importation  devient  alors 
aisée  et  lucrative,  comme  le  démontre  l'exemple  de  la  Compagnie  géné- 
rale des  omnibus  de  Paris  qui,  en  1873-74,  a  pu,  avec  une  dépense  de 
matériel  de  14,000  fr.,  réaliser  une  économie  de  600,000  fr.  sur  les 
deux  tiers  de  son  approvisionnement  de  l'année,  et  ceci  comme  début 
dans  ce  procédé  d'essai  sous  leur  surveillance  administrative. 

Cette  économie  de  600,000  fr.  sur  la  nourriture  annuelle  de 
8,000  chevaux  (deux  tiers  de  12,000,  son  effectif;,  ou  de  75  fr.  par 
cheval,  aurait  représenté  pour  cette  même  année  et  pour  les  1 00,000  che- 
vaux de  notre  cavalerie  parisienne,  le  chiffre  fort  respectable  de  sept 
millions  et  demi  de  francs. 

Ce  n'est  pas  tout  !  Que  faisons-nous  de  nos  excédents  lorsqu'il  y  en  a? 
Logés  dans  les  greniers  superposés  aux  écuries,  ces  foins  sont  ava- 
riés par  les  émanations  du  bétail;  disposés  en  meules,  ils  sont  gâtés 
par  la  pluie  et  exposés  à  l'incendie;  dans  un  cas  comme  dans  l'autre, 
ils  perdent,  d'une  année  à  la  suivante,  leur  couleur,  leur  arôme  et  la 
moitié  au  moins  de  leur  valeur  nutritive.  En  balles  pressées,  à  la  den- 
sité de  250  à  300  kilog.,  ils  occuperont  trois  à  quatre  fois  moins  de 
place,  laisseront  libres  des  greniers  où.  l'aération  s'organisera  sponta- 
nément; ils  pourront  être  logés  sous  un  hangar,  dans  un  silo  même, 
car  la  balle,  bien  faite,  peut  rester  exposée  un  an  à  l'air,  sans  perdre 
de  ses  qualités,  deux  heures  dans  un  brasier  sans  y  brûler,  six  heures 
dans  l'eau  sans  s'y  mouiller. 

On  objectera,  à  coup  sûr,  les  frais  de  compression,  et  c'est  parfaite- 
ment juste;  au  lieu  de  botteler,  on  comprime.  Le  bottelage  de  1 ,000  ki- 
log. à  trois  liens  coûte  3  fr.,  à  un  lien  1  fr.  25  ;  la  compression  coû- 
tera 5  fr.  pour  le  même  poids.  Mais  aussi  tenez  compte,  outre  les 
avantages  précités,  que,  par  le  pressage,  vous  évitez  à  chaque  charge- 
ment ou  déchargement  un  déchet  de  5  pour  100  sur  le  foin  en  vrac, 
de  3  pour  10  J  sur  le  foin  bottelé,  sans  compter  un  semblable  déchet 
moyen  de  route,  ou  en  tout  1  5  pour  100  pour  le  premier  et  9  pour  100 
pour  le  second  ;  que  vous  ne  payez  le  transport  que  poids  pour  poids 
et  qu'ainsi  vous  pouvez  faire  venir  avec  profit  des  foins  des  contrées 
où  la  récolte  en  a  été  le  plus  abondante  Tosges,  Creuse,  Nièvre,  Seine- 
Inférieure,  Ecosse,  Suisse,  Lombardie,  Hongrie,  Hollande,  Etats-Unis), 


148  CRÉDIT   AGRICOLE. 

pour  combler  le  déficit  de  celles  où  la  famine  se  montre  menaçante  ^ 

Soupçonnez-vous  maintenant  quels  profits  peut  procurer  ce  com- 
merce qui  ouvre  un  débouché  aux  uns  et  comble  les  besoins  des  autres, 
utile  à  tous  conséquemment? 

Des  foins  achetés  à  Paris  en  1873-74,  revendus  à  Paris  en  1875-7G, 
eussent  donné  un  bénéfice  net  de  75  fr.  par  I^OUO  kilog.  En  1877-78, 
les  foins  achetés  en  France  à  60  fr.  et  transportés  à  Londres  où  ils 
valaient  140  fr.,  eussent  donné  un  bénéfice  net  de  25  fr.  par  1 ,000  ki- 
log. En  1877-78,  des  foins  de  France  transportés  à  Naples  eussent 
laissé  un  profit  net  de  29  fr.  toujours  par  1 ,000  kilog.  Nous  pouvons 
bien  conclure  à  un  bénéfice  net  moyen  de  20  fr.  par  \  ,000  kilog.  mani- 
pulés, importés  ou  exportés;  mettons  10  fr.  seulement,  pour  un  prix 
d'achat  moyen  de  80  fr.  Ce  sera  un  intérêt  net  de  12  fr.  50  pour  100. 

V.  —  Une  Société  consacrant  un  capital  de  12  millions  de  francs  dont 
2  en  installation  et  matériel  et  10  en  fonds  de  roulement,  commercerait 
chaque  année,  le  foin  étant  supposé  au  prix  de  80  fr.,  sur 
125  millions  de  kilog.  ;  le  bénéfice  net  étant  de  10  fr.  par  1.000 kilog., 
le  profit  serait  de  1.250.000  fr.,  soit  plus  de  10  pour  100  du  capital 
social,  en  admettant  qu'on  ne  fasse  qu'une  seule  opération  par  an, 
tandis  que,  dans  le  fait,  le  capital  se  reproduira  deux  ou  même  trois 
fois  par  an.  Le  commerce  des  fourrages,  tel  qu'il  se  pratique  actuelle- 
ment, même  à  Paris,  à  plus  forte  raison  dans  nos  grandes  cités  et  dans 
nos  villes  de  garnison,  est  tout  à  fait  primitif;  c'est  l'enfance  du 
commerce. 

J'ajouterai  que  les  pailles  pour  nourriture,  litière,  emballage,  pape- 
terie, peuvent  donner  lieu  à  un  commerce  et  à  des  profits  iden- 
tiques; qu'enfin,  le  commerce  des  fourrages  et  des  pailles  est  intime- 
ment lié  au  commerce,  à  la  conservation,  à  la  spéculation  des 
avoines. 

Voilà  ce  que,  depuis  douze  ans,  m'a  révélé  mon  découvreur  que  j'ai, 
soigneusement  et  avec  un  vif  intérêt,  suivi  dans  toutes  les  transforma- 
tions de  ses  idées  et  de  ses  machines,  mon  inventeur  que  le  ministre 
de  la  guerre  eût  dû,  dès  l'abord,  accueillir  à  bras  ouverts  et  qu'il  a 
longtemps  fait  attendre  à  la  porte  ;  mon  inventeur  qui  met  fin  à  tant 
d'abus,  qui  encourage  en  même  temps  la  production  fourragère  mieux 
que  toutes  les  Sociétés  d'agriculture  et  les  Comices,  qui  prêche  la  pro- 
duction du  bétail  bien  mieux  que  les  primes  et  médailles  de  nos  con- 
cours, qui  travaille  à  la  fertilisation  du  territoire  bien  mieux  que  tous 
nos  fabricants  d'engrais;  qui  présente  enfin,  aux  capitalistes,  un  rare 
placement  de  leur  fortune  et  aux  agriculteurs  un  crédit  que  l'Etat  lui- 
même  ne  saurait  organiser. 

VI.  —  C'est,  en  effet,  à  Faide  des  bénéfices  réalisés  par  la  Société 
dans  le  commerce  des  fourrages  comprimés,  qu'il  entend  organiser  le 
crédit  mobilier  agricole  en  nature. 

Pour  cela,  il  divise  la  Société  des  Comptoirs  réunis  de  l'agriculture 
en  quatre  branches  :  1°  Bétail  et  substances  alimentaires  du  bétail; 
2°  Engrais  ei  semences;  3"  Matériel  agricole;  4°  Améliorations 
foncièi'es. 

1"  Bétail  et  substances  alimentaires.  —  Nous  avons  parlé  des  four- 

\,  Nous  espérons  d'ailleurs  qu'il  sera  prochainement  possible  d'obtenir  des  Compagnies  de  che- 
uiins  de  1er,  des  tarils  réduits'pour  les  foins  coui primés  qui  ne  courent  aucun  risque  d'incendie  et 
n'ont  nul  besoin  d'être  bâchés. 


LE  CREDIT  AGRICOLE.  149 

rages  et  pailles  ;  nous  n'y  reviendrons  pas.  Mais  un  autre  point  se  rat- 
tache assez  direetemejit  à  celui-ci.  Avec  les  proo;rèsde  la  culture,  sont 
venus  les  progrès  du  bétail;  on  a  introduit  en  France  des  races  nou- 
velles des  espèces  bovine,  ovine  et  porcine;  on  les  a  multipliées  à 
l'état  de  pureté  ou  de  croisement  et,  cliaque  jour,  elles  gagnent  du 
terrain.  Pour  se  procurer  des  reproducteurs  de  ces  races,  pour  les  clioisir 
sans  même  pouvoir  les  juger  comparativement,  il  faut  parcourir,  sinon 
Ja  France  entière,  du  moins  toute  une  ou  deux  contrées.  D'un  autre 
coté,  le  producteur,  l'éleveur  sont  à  la  recherche  ou  dans  l'attente  de 
l'acheteur,  et  tous  deux  n'ont  chance  de  se  rencontrer  qu'une  fois  par 
an,  dans  l'un  ou  l'autre  de  nos  douze  concours  régionaux.  Pourquoi 
ne  point  faire  pour  notre  bétail  agricole  ce  qu'on  a  fait  pour  les  chevaux 
de  service  ou  de  luxe?  pourquoi  ne  pas  ouvrir  une  salle  de  vente,  un 
Tattersall  dans  lequel  le  producteur  exposerait  ses  élèves  et  où  l'acheteur 
pourrait  choisir  et  comparer  toute  Tannée?  Ouvert  à  tous,  nationaux 
et  étrangers,  pour  toutes  les  espèces  etpour  toutes  les  races,  cet  établis- 
sement aiderait  notablement  à  l'étude  comparative  et  à  la  multiplication 
des  meilleurs  types. 

2°  Engrais  et  semences.  La  fabrication  et  le  commerce  des  engrais 
ont  donné  et  donnent  malheureusement  lieu  à  des  fraudes  ruineuses 
pour  l'agriculture.  On  nous  dit  :  achetez  sur  analyse  !  mais  les  chimistes 
ne  les  font  pas  gratuitement  ces  analyses,  et  il  ne  les  font  pas  en  une 
heure  ;  dépense  d'argent  et  de  temps  qui  se  renouvelle  à  chaque  livraison. 
Bon  encore  pour  la  grande  culture,  mais  pour  la  moyenne  et  la  petite 
propriété?  Le  grand  propriétaire,  le  gros  fermier,  achètent  des 
quantités  notables  qu'ils  payent  moins  cher  et  qu'ils  peuvent  faire 
vérifier;  le  petit  fermier,  le  petit  propriétaire,  le  métayer  qui  achètent 
par  petits  lots,  payent  plus  cher  et  prennent  ce  qu'on  leur  donne.  Une 
Société,  achetant  en  gros,  au  prix  du  gros,  sur  analyse,  pourra  livrer 
ces  engrais  garantis,  à  un  prix  unique  pour  toutes  fractions. 

Le  commerce  des  semences  culturales  donne  lieu  à  un  grand  mou- 
vement d'affaires  dans  lesquelles  la  falsification  joue  son  rôle  aussi  : 
on  vend  de  vieilles  graines  pour  des  jeunes,  des  semences  dégénérées 
ou  croisées  pour  des  variétés  pures,  des  luzernes  et  des  trèfles  infestés 
de  cuscute,  des  mélanges  oi^i  l'on  a  fait  entrer  ce  qu'on  a  voulu,  etc. 
La  Société,  elle,  achetant  et  vendant  à  ses  clients,  pourrait  toujours 
leur  fournir  des  semences  garanties  de  variétés  pures,  prises  au  pays 
d'origine,  étudiées  et  expérimentées. 

3°  Matériel  agricole.  La  fabrication  des  instruments  agricoles  a  pris 
un  tel  développement,  en  France  et  à  l'étranger,  les  perfectionnements  se 
succèdent  si  nombreux,  les  concours  ont  successivement  décerné  tant 
de  médailles,  que  l'agriculteur  est  fort  embarrassé  de  choisir  le  meil- 
leur système  et  le  meilleur  constructeur;  aussi  va-t-il  souvent  au  plus 
près,  sur  renseignements  plus  ou  moins  éclairés.  De  là,  ce  nombre 
d'outils  perfectionnés  que  nous  voyons  dormir  sous  les  hangars  de 
tant  de  nos  fermes,  capital  dépensé  en  pure  perte  et  qui  eût  pu  être  si 
fructueux  !  On  pourrait  dire  que  tous  ces  instruments  sont  bons  (lors- 
qu'ils sont  bien  construits)  ;  mais  le  plus  grand  nombre  répond  à  des 
circonstances  un  peu  particulières  dans  lesquelles  il  l'emportera  sur 
un  autre.  Une  Société  dirigée  par  des  hommes  compétents  sera  tou- 
jours apte  à  conseiller,  à  choisir  l'instrument  et  le  constructeur,  et  l'ache- 
teur y  épargnera  temps  et  argent. 


150  LE  CREDIT  AGRICOLE. 

4°  Amélioralions  foncières.  On  n'a  certes  pas  tiré^  en  France,  du  drai- 
nage, tout  le  parti  qu'il  pouvait  donner;  il  coûte  trop  cher  et  ne  s'est 
pas  toujours  montré  eflicace.  Il  coûte  trop  cher,  parce  qu'on  a  presque 
toujours  servilement  imité  l'Angleterre,  et  n'a  pas  toujours  été  efficace 
parce  qu'on  a  trop  multiplié  les  drains  ou  qu'on  ne,  les  a  pas  placés  à 
une  suffisante  profondeur.  Mais  ce  drainage,  les  conducteurs  des 
pont  et  chaussées  sont  ou  doivent  être  aujourd'hui  compétents  pour 
l'établir.  11  en  n'est  pas  de  même  pour  Tinstallation  des  irrigations, 
pour  les  constructions  rurales,  etc.,  travaux  qiii  sortent  de  leur  compé- 
tence. La  Société  munie  d'ingénieurs  et  de  contre-maîtres  spéciaux 
pourrait  faire  exécuter  ces  travaux  avec  toute  la  perfection  économique 
et  rendre  à  la  culture  de  grands  et  précieux  services. 

Or,  la  Société  des  Comptoirs  réunis  pourrait  faire  tout  cela  dans  les 
meilleures  conditions,  se  contentant  d'une  rémunération  fixée  au  taux  le 
plus  faible,  avançant  les  capitaux  dont  elle  se  couvrirait  par  une  prime 
d'amortissement  annuel.  Payant  comptant,  profitant  de  l'escompte  et 
d'une  remise,  tirant  d'abondantes  ressources  du  commerce  des  four- 
rages et  pailles,  elle  pourrait,  tout  en  payant  à  ses  capitalistes  un 
intérêt  convenable,  prêter  à  longs  termes  et  supporter  les  pertes  inévi- 
tables. Ce  qui  me  touche,  c'est  qu'elle  pourrait  et  devrait  devenir,  étant 
bien  administrée,  un  puissant  levier  pour  le  progrès.  Une  semblable 
affaire  ne  saurait  être  œuvre  de  spéculation,  mais  bien  une  œuvre  d'u- 
tilité publique.  Elle  se  fera  tôt  ou  tard  par  l'agriculture  et  ses  amis  : 
agricoUura  fara  da  se!  A  elle  de  voir  si  le  moment  est  venu. 

A.   GOBIN. 

tCOMIGE  AGRICOLE  CENTRAL  DE  LA  MARNE 

RAPPORT  SUR  LES  PRIX  DE  CULTURE 

Au  nom  du  Comice  départemental,  je  viens,  comme  chaque  année,  vous 
exposer  les  mérites  des  lauréats  de  nos  concours  et  vous  faire  connaître  les  ré- 
compenses dues  à  leurs  efforts  et  à  leurs  travaux. 

Permettez-moi,  en  raison  de  l'extrême  aridité  du  sujet,  de  réclamer  votre  in- 
dulgence, car  parmi  les  auditeurs  qui  veulent  bien  nous  prêter  en  ce  jour  quelque 
attention,  certains  sont  plus  accoutumés  au  langage  scientifique  et  commercial, 
qu'au  langage  agricole.  Nous  essaierons  cependant  de  vous  intéresser  aux  incon- 
testables mérites  de  ces  infatigables  travailleurs  auxquels  vous  allez,  dans  un 
moment,  remettre  des  récompenses  vaillamment  conquises. 

Le  programme  décerne  un  objet  d'art  à  l'agriculteur  de  la  circonscription  du 
Comice  de  Reims,  cultivant  plus  de  50  hectares,  dont  l'exploitation  sera  la  mieux 
dirigée  et  qui  aura  réalisé  les  améliorations  les  plus  utiles. 

Sept  concurrents  se  sont  d'abord  présentés,  un  seul  s'est  désisté  au  dernier  mo- 
ment. Le  jury,  composé  de  MM.  Ballot,  Herment-Bidault,  Vigy-Brémont,  Mous- 
seaux,  Villiers-Herluison,  Carinet,  Bourel,  Raymond  Poasard  que  ses  collègues 
ont  nommé  rapporteur,  a  visité  les  six  exploitations  qui  restaient  sur  les  rangs. 

M.  Lollier-Candon,  fermier  à  Champigny,  exploite,  moyennant  une  redevance 
annuelle  de  b,2k0  tr.,  une  ferme  contenant  169  hectares  de  prés  et  terres  silico- 
calcaires  d'une  culture  facile  et  rapprochée. 

Le  froment  donne  à  l'hectare  une  moyenne  de  1,000  gerbes  et  Favoine  de 
8 Ou  gerbes. 

Le  mobilier  agricole  est  aussi  complet  que  possible  au  point  de  vue  des  instru- 
ments nouveaux  qui  sont  bien  entretenus. 

Les  chevaux,  au  nombre  de  12,  sont  bons  et  tous  nés  et  élevés  à  la  ferme.  Les 
vaches,  les  porcs  et  le  troupeau,  représentant  environ  une  1/2  tète  à  l'hectare. 
sont  dans  un  état  satisfaisant. 

La  Commission  a  constaté  avec  plaisir  l'ensemble  des  récoltes  et  surtout  du 
troupeau. 


COMICE  AGRICOLE    CENTRAL  DE  LA  MARNE.  151 

M.  Leconte  fit  l'acquisition  de  la  ferme  de  l'Espérance  en  1866:  elle  était  à  cette 
époque  pour  ainsi  dire  abandonnée  ;  mais  M.  Leconte,  grâce  à  son  énergie  et  à 
sa  science  en  agriculture,  ne  s'est  point  effrayé.  Il  a  triomphé  de  cette  terre  in- 
grate et  a  prouvé  à  tous  que  le  nom  de  sa  ferme  n'était  point  un  vain  titre. 

En  pénétrant  dans  la  cour  on  aperçoit  des  bâtiments  bien  aménagés,  symé- 
triquement rangés,  un  fumier  parfaitement  tenu  et  facilement  arrosable  à  l'aide 
d'une  pompe  à  purin  bien  établie. 

Une  pompe  puissante,  fonctionnant  à  l'aide  du  manège  delà  batterie,  distribue 
l'eau  partout  et  économise  très  sensiblement  la  main-d'œuvre.  Une  forte  bascule 
permet  de  peser  les  fumiers,  le  bétail  et  les  récoltes. 

Sept  chevaux  participent  aux  travaux  de  la  ferme.  La  vacherie,  presque  unique- 
ment composée  de  hollandaises,  renferme  16  laitières  et  8  génisses  très  remar- 
quables par  leur  état  d'entretien  toujours  excessivement  difficile  à  conserver  dans 
nos  terres  calcaires  où  les  prairies  permanentes  font  complètement  défaut  compa- 
rativement à  ces  immenses  pâturages  hollandais,  dont  le  bétail  ne  sort  que  chassé 
par  les  neiges.  La  porcherie  est  fort  bien  tenue  et  garnie  de  25  têtes  environ  à 
divers  degrés  d'engraissement. 

La  proxunité  de  la  ville  explique  parfaitement  l'absence  d'un  troupeau.  M  Le- 
conte tirant  un  excellent  profit  de  son  lait,  y  pousse  avec  raison;  pour  le  même 
motif,  la  volaille  est  fort  nombreuse  et  très  variée.  Indépendamment  des  fumiers 
de  ferme,  M.  Leconte  fait  recueillir  en  ville  des  engrais  liquides  avec  lesquels  il 
exécute  des  arrosages  iréquents,  lui  permettant  d'augmenter  ses  récoltes  dans  des 
proportions  considérables  ;  la  végétation  active  qu'on  rencontre  dans  certaines 
pièces  de  terres,  notamment  sur  les  betteraves,  rend  manifeste  l'influence  réelle 
des  engrais  chimiques. 

Une  comptabilité  bien  en  règle  permet  à  M,  Leconte  de  contrôler  toutes  les 
opérations  de  la  ferme. 

M.  Viville-Prévoteau,  de  Vitry-lez-Reims,  est  un  bon  propriétaire-cultivateur 
qui  a  amélioré  sensiblement  sa  position  à  force  de  travail,  de  soins  et  d'économie 
bien  raisonnée. 

La  culture  de  son  domaine  n'a  rien  de  bien  tranchant  sur  celle  du  voisinage,  ses 
terres  sont  fort  bien  soignées. 

Son  assolement  a  ceci  de  particulier  :  c'est  que  la  jachère  ne  revient  que  tous 
les  huit  ans.  Achetant  fréquemment,  dans  Reims,  des  fumiers  de  cheval  à  un 
prix  modéré,  il  arrive  ainsi,  en  les  mélangeant  k  ceux  de  sa  ferme,  à  produire 
une  culture  très  intensive  et  ol)tient  des  récoltes  réellement  surprenantes  et 
qui  étonnent  ses  voisins.  Son  troupeau,  en  parfait  état,  est  nombreux  et  cette 
abondance  de  récolte  lui  permet  d'entretenir  plus  d'une  tête  de  bétail  par  hectare, 
ce  qui  est  considérable  pour  la  nature  des  terres  qu'il  exploite. 

Sans  être  un  novateur,  M.  Viville  est  un  de  ces  bons  administrateurs  qu'on 
aime  à  rencontrer,  perfectionnant  le  plus  possible  ce  qu'il  remarque  de  bon  au- 
tour de  lui,  qu'on  doit  citer  avec  éloges  et  signaler  comme  exemple  à  suivre. 

M.  Viville  ayant  débuté  avec  peu,  est  aujourd'hui,  grâce  à  son  travail,  à  la  tête 
d'une  belle  position  de  fortune,  arrachée  du  sein  de  la  terre.  _  . 

M.  Floquet  Philippot,  de  Puisieulx,  exploite  la  ferme  de  Mme  Senart-Colombier, 
moyennant  une  redevance  annuelle  de  7,315  fr.  Cette  ferme,  composée  de  terres 
argilo-calcaires,  est  d'une  contenance  de  196  hectares. 

Les  récoltes  sont  fort  belles,  les  seigles  et  les  blés  donneront  1,100  gerbes  à 
rhectare.  Les  luzernes  sont  bien  fourmes  et  formeront  de  forts  aaidains. 

Les  chevaux,  au  nombre  de  9,  et  les  vaches,  au  nombre  de  14,  sont  en  très 
bon  état. 

Le  troupeau  métis-mérinos  est  remarquable  et  compte  près  de  800  têtes.  C'est 
incontestablement  un  des  meilleurs  troupeaux  de  la  contrée,  des  plus  suivis  et 
présentant  l'ensemble  le  plus  régulier.  Aussi,  M.  Floquet  en  retire-t-il  chaque 
année  un  produit  justifié  dépassant  11,ÛC0  fr. 

Les  bâtiments  d'exploitation,  les  fumiers,  la  fosse  à  purin  sont  en  excellent 
état,  et  les  dispositions  générales  très  bien  comprises  sous  tous  les  rapports. 

M.  Floquet,  cultivateur  intelligent  et  travailleur,  a  depuis  longtemps  compris 
l'importance  des  instruments  agricoles,  aussi  la  ferme  de  Puisieulx  renferme- 
t-elle  ceux  les  plus  perfectionnés. 

Chef  d'une  nombreuse  famille  habituée  de  bonne  heure  au  travail,  M.  Floquet, 
par  sa  persévérance,  à  l'aide  d'ordre  et  d'économie,  est  arrivé  à  se  créer  une  belle 
position  que  l'avenir  ne  peut  que  rendre  de  plus  en  plus  prospère. 


152  COMICE   AGRICOLE   CENTRAL  DE    LA  MARNE. 

Nous  arrivons,  messieurs,  à  M.  Bailliot-Deligny.  Peu  de  concurrents  éveillent 
autant  de  syaipathie  que  M.  Bailliot.  Il  a  su  continuer  et  faire  prospérer  depuis 
mars  IS*??,  la  culture  de   la  ferme  du  château  de  Muizon. 

M.  Bailliot  paye  un  fermag  !  de  13,000  fr.  et  exploite  216  hectares  de  terres 
prés  et  bois. 

Les  rendements  en  céréales  sont  très  élevés.  Les  betteraves,  destinées  à  la 
sucrerie  de  Fismes,  dépasseront  cette  année  40,000  kilog.  à  l'hectare.  M.  Bailliot 
est  sur  le  point  d'arriver  au  desiderata  que  nous  cherchons  tous  en  agriculture,  et 
qui  seul  peut,  sinon  nous  sauver,  tout  au  moins  nous  prolonger,  c'est  de  faire  peu 
ou  point  de  jachères.  Des  navettes,  des  rainettes,  du  jarros,  des  trèfles  incarnats, 
tous  fourrages  verts  et  précoces  avec  lesquels  il  entretient  en  excellent  état  de 
santé  et  de  produit  son  très  nombreux  bétail. 

M.  Bailliot  est  un  véritable  pionnier  agricole  :  il  a  compris  que  le  fumier  de 
ferme  seul  ne  peut,  en  raison  de  son  prix  élevé  et  des  différences  de  récoltes  que 
présentent  certaines  années,  lui  permettre  d'arriver  à  une  culture  très  intensive. 
11  emploie  comme  adjuvants  et  à  de  très  hautes  doses  les  engrais  liquides  et  chi- 
miques ;  le  suKate  d'ammoniaque,  le  nitrate  de  soude  et  le  superphosphate  d'os 
ont  obtenu  ses  préférences. 

Le  troupeau,  composé  de  630  bêtes  blancbes  métis-mérinos,  a  été  créé,  amé- 
lioré et  amené  à  la  dernière  perfection  possible  par  M.  I^ailliot;  72  béliers  desti- 
nés à  la  reproduction  sont  loués  chaque  année  par  les  cultivateurs  du  voisinage  et 
aussi  appréciés  que  recherchés. 

Les  lames  de  M.  Bailliot  sont  à  tel  point  estimées  qu'elles  lui  ont  été  payées 
cette  année  14  fr.  50  la  toison. 

Personne  n'a  atteint  un  aussi  haut  prix. 

M.  Bailliot  a  présenté  à  la  Commission  une  comptabilité  parfaitement  régulière, 
établissant  que  les  recettes  dépassaient  de  beaucoup  les  dépenses. 

La  bonne  tenue  de  la  ferme,  tant  à  l'intérieur  qu'à  l'extérieur,  ne  laisse  abso- 
lument rien  à  désirer;  les  écuries,  bergeries,  étables,  fumiers,  tout  est  correct. 

On  sent  qu'une  volonté  ferme'  et  énergique  est  à  la  tête  de  ce  remarquable  train 
de  culture.  Enfin,  messieurs,  le  jury  n'a  eu  que  des  éloges  à  adresser  à  M  Bailliot 
et  à  sa  famille.  Alfred  Lequeux, 

(L«  suite  prochainement.)  Secrétaire  général  du  Comice  de  la  Marne. 

CONGRÈS  VITIGOLE  DE  SARAGOSSE 

Le  Congrès  de  Saragosse  s'est  tenu  avec  un  éclat  auquel  nous 
sommes  peu  habitués  en  France  pour  des  assemblées  de  ce  genre. 
M.  Fermin  de  Lasala,  ministre  de  Fomento,  est  venu  en  personne 
ouvrir  la  session,  et  M.  J.  de  Cardenas,  directeur  de  l'agriculture,  en 
a  présidé  toutes  les  séances  avec  une  habileté  et  uue  compétence  des 
plus  remarquables. 

Diverses  nations  s'étaient  fait  représenter  officiellement  à  cette  réu- 
nion, sur  la  demande  du  gouvernement  espagnol.  L'Autriche  avait 
envoyé  M.  le  baron  de  Prato,  le  Portugal  M.  Batalha  Reis  et  la  France 
MM.  Saint-Pierre  et  Foëx.  De  plus,  MM.  Planchon,  Lichtenstein, 
J.  Leenhardt,  Hortolès  et  Bouscaren  représentaient  la  Société  d'agricul- 
ture de  l'Hérault,  et  M.  Meissner,  de  Bushberg  (Missouri),  la  viticulture 
des  Etats-Unis,  dans  ces  grandes  assises.  L'accueil  fait  aux  délégués 
étrangers  a  été  des  plus  cordiaux  et  des  plus  gracieux,  digne  en  tous 
points  de  la  courtoisie  espagnole,  si  renommée  déjà  de  longue  date. 
Banquets  offerts  par  la  municipalité,  par  le  syndicat  du  canal  d' Ara- 
ion,  excursions,  rien  n'a  manqué  pour  rendre  aux  hôtes  de  la  ville 
e  Saragosse,  leur  séjour  agréable  et  instructif  tout  à  la  fois. 

La  journée  du  1"  octobre  a  été  consacrée  à  des  séances  préparatoires, 
pour  la  discussion  du  règlement  et  la  nomination  du  bureau.  Le  2, 
après-midi,  séance  officielle  d'ouverture  à  laquelle  assistent  toutes  les 
autorités  en  tenue  officielle;  la  municipalité  arrive  précédée  par  ses  algua- 
zils  à  cheval  et  ses  massiers  à  perruque,  MM.  de  la  Paz  Graëlls,  Plan- 


I 


COMICE  AGRICOLE  CENTRAL    DE   LA    MARNE.  153 

chon,  Batalha  Reis  et  de  Prato  viennent  successivement  indiquer  l'état 
de  l'invasion  en  Espagne,  en  France,  en  Suisse,  en  Allemagne,  en  Autri- 
che-Hongrie, en  Portugal  et  en  Italie.  Partout  le  mal  est  en  progrès, 
malgré  les  efforts  faits  parles  divers  gouvernements. 

Le  lundi  3,  lecture  des  rapports  de  M.  Bragat,  ingénieur  en  chef 
forestier,  et  de  MM.  Berbegal  et  Robles,  ingénieurs  agronomes,  qui 
venaient  d'être  envoyés  en  mission  dans  l'Ampourdanpour  y  juger  les 
effets  des  traitements  administratifs;  ils  ont  constaté  à  peu  près 
partout  des  résultats  insuffisants,  surtout  dans  les  parties  traitées  par 
l'anhydride  sulfureux  de  M.  Monnier.  La  nature  sèclie  et  rocailleuse 
du  sol,  qui  rend  difficiles  la  recherche  des  points  d'attaque  et  Texécu- 
tion  des  traitements,  non  moins  que  la  résistance  obstinée  des  popu- 
lations, ont  fait  échouer  les  généreux  et  énergiques  efforts  de  iM.  Miret 
qui  s'était  consacré  avec  un  zèle  et  un  dévouement  au-dessus  de  tout 
éloge  à  la  désinfection  de  cette  contrée. 

Les  séances  suivantes  ont  été  consacrées  à  des  luttes  oratoires  un 
peu  longues  et  a  priori  entre  les  partisans  exclusifs  des  insecticides 
ou  des  viunes  américaines.  Les  délégués  étrangers,  instruits  par  une 
plus  longue  expérience,  ont  cherché  à  ramener  l'accord  entre  ces  opi- 
nions trop  absolues,  en  montrant  comment  chaque  système  a  son 
heure  et  sa  place,  et  que  ce  n'est  pas  trop  du  concours  de  tous  les 
moyens  proposés  pour  sauver  la  situation.  Les  questions  pratiques  rela- 
tives à  l'emploi  des  vignes  américaines,  de  la  submersion,  de  la  plan- 
tation dans  les  sables  et  des  divers  moyens  culturaux  ont  été  successi- 
vement traitées. 

Enfin,  il  restait  à  formuler  des  conclusions  qui  pussent  servir  de 
base  aux  nouvelles  mesures  que  le  gouvernement  espagnol  compte 
prendre  à  la  suite  de  l'échec  des  traitements  administratifs  dans  l'Am- 
pourdan  et  de  l'extension  du  mal  à  Malaga.  Le  Congrès  a  adopté  les 
résolutions  suivantes  : 

«  1°  Des  mesures  préventives  et  de  défense  seront  prises  contre  le  phylloxéra. 

«  2°  Des  insecticides  seront  employés  pour  sa  destruction. 

a  3"  Si  ces  insecticides  sont  inefficaces,  l'emploi  des  cépages  américains  sera 
recommandé. 

«  4°  Des  pépinières  de  ces  cépages  seront  créées. 

«  5°  Les  cépages  américains  seront  importés  sans  racines  et  avec  la  plus  grande 
précaution, 

«  6°  Le  Congrès  demande  la  revision  de  la  législation  actuelle. 

C'est  en  somme  la  méthode  que  l'expérience  a  consacrée  dans  les 
pays  anciennement  phylloxérés:  les  insecticides  en  premier  lieu  et  tant 
que  l'on  peut  conserver  l'espoir  de  sauver  les  vignes  existantes,  les 
vignes  américaines  ensuite  pour  remplacer  celles  qui  ont  succombé. 

En  vue  de  préparercette  dernière  solution,  le  gouvernement  espagnol 
a  l'intention  de  créer  à  Centa,  sur  la  côte  du  Maroc,  une  pépinière  ana- 
logue à  celle  que  va  établir  l'Italie  dans  l'île  de  Pianosa.  Les  plants 
importés  sous  forme  de  bouture  (c'est-à-dire  probablement  sans  phyl- 
loxéra), seront  cultivés  et  soumis  à  une  véritable  quarantaine  pendant 
deux  ou  trois  ans,  et  ensuite  importés  sans  crainte  dans  la  péninsule, 
si  le  phylloxéra  n'apparaît  pas  sur  leurs  racines. 

A  la  suite  du  Congrès,  une  excursion  a  eu  lieu  à  la  prise  du  Canal 
impérial  d'Aragon;  le  ministre  de  Fomento  y  a  associé  les  membres 
étrangers  du  Congrès.  Parti  à  8  h.  30  du  matin  de  Saragosse  (ligne  de 
Saragosse  à  Pampelune),  le  train  spécial  qui  emportait  le  ministre  et 


S'4  CONGRÈS  VITICOLE    DE    SARAGOSSE. 

ses  invités,  après  avoir  traversé  les  belles  plaines  couvertes  de  mais, 
de  rizières  et  de  vignes  qu'arrose  le  canal,  pénétrait  bientôt  eu  Na- 
varre et  déposait  ses  voyageurs  au  delà  de  la  station  de  Rivaforada, 
près  de  la  prise.  Après  un  excellent  déjeuner  dont  M.  le  baron  de  la 
Linde,  président  du  syndical  du  canal,  fit  gracieusement  les  honneurs, 
on  se  rendit  au  barrage,  qui  est  actuellement  en  voie  de  reconstruc- 
tion et  d'exhaussement  sous  l'habile  direction  de  M.  MarianoRoyo,  1  in- 
génieur en  chef  du  canal.  Ce  dernier,  après  avoir  fait  parcourir  aux 
visiteurs  ses  beaux  chantiers  où  toutes  les  ressources  de  la  science  ej 
de  l'industrie  moderne  ont  été  mises  aux  prises  avec  les  difficultés 
d'une  ajrande  œuvre,  voulut  bien  donner  aux  étrangers  les  renseigne- 
ments suivants:  le  Canal  Impérial  d'Aragon,  qui  est  une  dérivation  de 
l'Ebre,  a  été  commencé  sous  Charles-Quint,  en  1529;  il  était  tout  à 
la  fois  destiné  à  la  navigation  et  à  l'irrigation.  Il  débite  à  Tétiage 
17,000  litres  par  seconde  et  la  moyenne  de  printemps  et  d'autonme 
est  de  30,000  litres.  Il  domine  une  zone  irrigable  de  33,000  hectares. 
La  création  du  chemin  de  fer  de  Saragosse  à  Pampelune  a  ruiné  com- 
plètement la  navigation  sur  ce  canal  et  l'administration  a  sagement 
formé  le  projet  d'utiliser  pour  l'agriculture  les  eaux  restées  disponi- 
bles ;  elle  fait  donc  relever  ses  prises  de  manière  à  ajouter  20  000  hec- 
tares à  la  surface  actuellement  irrigable.  Après  ces  intéressantes  expli- 
cations, les  invités  prirent  place  sur  un  bateau  traîné  au  trot  par  des 
mules  sur  le  canal  lui-même,  et  furent  ainsi  ramenés  à  la  station  de 
Rivaforada  où-  les  attendait  le  train  de  retour.  Tous  sont  revenus  en- 
chantés de  cette  intéressante  excursion  et  des  aimables  attentions  dont 
ils  ont  été  environnés,  les  Français  méridionaux  rêvant  eau  du  Rhône 
et  irrigations,  les  Espagnols  justement  fiers  de  ce  qu'ils  avaient  pu 
leur  montrer. 

Le  lendemain  matin  à  7  heures  avait  lieu  l'inauguration,  par  le  mi- 
nistre, de  la  station  viticole  organisée  sous  les  auspices  de  la  députation 
provinciale  de  Saragosse  et  de  l'administration  de  l'agriculture,  par 
M.  A.  Berbegal,  ingénieur  agronome  de  la  province.  Les  invités  ont 
visité  avec  le  plus  vif  intérêt  la  large  installation  et  le  magnifique  ou- 
tillage scientifique  dont  a  été  doté  cet  établissement,  et  ils  ont  parcouru 
le  beau  champ  d'expériences  de30  hectares  qui  en  dépend,  dans  lequel 
vont  être  transportés  les  plants  des  pépinières  américaines  de  semis  de 
la  province.  Un  lunch  où  figurait  une  remarquable  collection  de  vins 
espagnols  est  venu  clore  la  fête. 

Pendant  cette  excursion,  en  voyant  la  sollicitude  dont  était  l'objet  cet 
établissement,  qui  est  le  troisième  fondé  depuis  quelques  années  en 
Espagne,  en  admirant  l'ampleur  et  la  richesse  de  cette  installation,  nos 
compatriotes  ne  pouvaient  s'empêcher  de  faire  un  retour  sur  notre 
pénurie  à  ce  point  de  vue  et  de  faire  des  vœux  pour  que  l'administration 
de  l'agriculture  française  donnât  une  impulsion  nouvelle  à  cette  bran- 
ches des  études  agricoles.  G.  Gaudot. 

REYUE  COMMERCIALE  ET  PRIX-COURANT  DES  DENRÉES  AGRICOLES 

(23     OCTOBRE     IBeO). 
I.   —  Situation  générale. 
Les  affaires  sont  peu  importantes  sur  le  plus  grand  nombre  des  marchés  pour 
la  plupart  des  denrées  agricoles. 

]I.  —  Les  grains  et  les  farines. 
Les  tableaux  suivants  résument  les  cours  des  céréales,  par  quintal  métrique,  sur 
les  principaux  marchés  de  la  France  et  de  l'étranger. 


REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX-COURANT  (23  OCTOBRE  1880).  155 


RÉGION.—  NORD-OUEST. 


Ca'va  '-(,s.  Condé 

—  Lisieux 

Côtes  du-Nord  Lannion. 

—  Tiégiiier 

Fuus^ci'e.  Landernaeu  .. 

Qiiiinper 

nie  et-V Haine  .  Rennes. 

—  Si-Malo 

Manche.  Avranches  .... 

—  Pontorson 

—  Villedieu 

Mayenne.   Laval 

—  Chàleaii-Gonlier. . 
Morbilian.  Hennebont.. 
Orne.  Seez 

—  Vimouiiers 

Sarthr.  Le  Mans 

—  Sablé 


Prix  moyens. 


29.00  17.50 

26.00  18.50 

28.25  21.00 
26.75         . 


25.20  19.00  »  17.50 

27.00  20.00  18.00  iO.bO 

28.00         »  19.25  20.25 

27.00  20.50  17.50  20.60 

26-75  1  17  40  IS.ÎS 

27.26  19.92  17  89  19.44 


8»  HEGION.  —  NORD. 

.lisne.  Soissons 27.50  22.25 

—  Si-Quentin 28.00  2i  .00 

—  ViUers-Cutterets.  .  27.00  20.25 
ii«re.  Evreux 26.00  20.50 

—  Bernay 23. 20  19.50 

—  Damville 25.75  19.00 

Eure-et-Loir.  Chartres.  27.00  2o.75 

—  .4.uneau 27.25  19  50 

—  Nogenl-le-Botrou.  26.25  18.75 
A^orrf. Cambrai 27.00  19.50 

—  Douai   27.25  19.75 

—  Valenciennes 28.00  19.00 

Oise.  Beau  vais 26.50  18.50 

—  Compiegne 27.50  21.00 

—  Noyon 27.00  20.50 

Pas-de-Calais .  Kms  .. .  29.00  20.25 

—  Saiiil-Omer 28.00  19.75 

eine .  P  ris 28 .  50  22 .  50 

.-et-Marne  Melun 29-50  » 

—  Uamniarlin. ...,.,  27.25  20.50 

—  Meaux 2S.75  21.00 

S,-et-Oise.  Dourdaa  ..  ,.  28.25  22.75 

—  Ponloise 27.00  22.75 

—  Versaillds 27.00  » 

Seine-Inférieure. Rouen   26.35  22.00 

—  Dieppe 29.00  21.00 

—  Yvetot. 27.85  21.75 

Somme.  Montdidier,  ...  27.00  i> 

—  Péronne 26.50  19.25 

—  Roye 27.50  20.25 

Prix  moyens 27.35 

3«  RÉOION 


19.75 
20.00 


19. .',0 
19.50 
20-20 


20.42     19.58     18.65 
NORD-EST. 


.irdennes.  Sedan 26.50    22. on 

Aube.  Bar-sur-Aube  ..  .  27-00     19.25 
Méry-sur-Seine.  ,.27.25     21.00 

—  Troyes 28.00    22.75 

Jl/arne.Chàlons 28  00    22,75 

—  Epernay 26.50     20  oO 

—  Reims 27.00     22.25 

—  Sézanne 26  50    19.25 

Hte-Marne.   Bourbonne  .  26.25        » 
Meurthe-et-Mosselle  tiSincy  28. 00    21-50 

—  Pont-à-Mousson..    26.50    21.00 

—  Toul 27.75 

.Meuse.  Bar-le-Duc 27.75 

—  Verdun 27-00 

Haute-Saône .  Gray 26.75 

—  Vesoui 27-20 

Vosges  Epinal  29.75 

—  Raon-l'Etape 29-50         » 

Prix  moyens 27.40     20.85 

4«  RÉGION.   —  OCEST. 
C/va)'en<e.  Angoulême..  28.00     18.00 

—  Hiiffec 28.25 

C/iaren/e /rt/'ér.  Marans.  26.25 
Deux  Sèvres.  Niort....  29.00 
Indre-et-Loire.  Tours,.  28.25 

—  Bleré.   27.00 

—  Cliâteaii-Renault,  27-25 

Loire-/n/. Nantes 27.00 

M.-et-Loire.  Saumur  .  .  27  00 
Vendée.   Lnçon 26.75        » 

—  La-Roche-sur-Yon   27.00        » 
Tienne.  Chalellerault....  26  50    19.00 

—  Loudun 27.00        » 

Haute-Vienne.    Limoges  28.00    20.25 

Prix  moyens 27.30    19 .33 


19  50 
20.75 
20.50 


.50 


20.00 


20.50 
21-25 


16-85  15.65 

»  16-50 

•  17.00 

19  32  17.40 


21.00 
18.50 
18.00 


20.00 
20.75 


19.79     18-40 


Orge.  AToine. 


Blé. 

fr. 
.4nter.  Moulins 28.50 

—  iVontlii(^on 27-25 

—  Gannat 28.75 

Cher.bo.r^es 28.00 

—  Graçay 27.75 

—  Vieizon 27.50 

Creuse.  Aiibusson 27.25 

Md)'e,  Cliâleauroux....   27.75 

—  Issoudun 28.50 

—  Valençay 26-50 

Loiret.  Orléans 27.50 

—  Oieri. 27.75 

—  ^/ontargii 26.75 

Loir-et-ther.  ..lois 28.00 

—  Montoire 26  25 

Ni'evrt.    Nevers 27.50 

—  Cosne   27.00 

Yonne.  Brienon 20  80 

—  St-Floreniin ..27.75 

—  Sens 27.50 


Prix  moyens 27.47     19,84     19.34     18.12 


6«  RÉGION. 

Ain.  Bourg 29 

—  Pont-de-Vaux-    ..  28 
Côte-d'Or.  Dijon 28 

—  Beaune 28 

Doubs.   Be.sançon 27 

Isère.  Grenoble 29 

—  Bourgoin 28. 

Jura.  Dole 27 

Loire,  rharlieu 28 

f .-de-OÔ7»eClermont-F.  3*, 

Rhône.  Lyon 29, 

Saône-et-Lnire.   Cbalon,  28 

—  Maçon 27, 

■S'aDoie.  Chambéry 29. 

//te-Sot'ote.  Annecy 29. 

Prix  moyens 28. 


EST. 


20.25 
22.00 


19.50 
17.75 
20.50 
18.50 
18.50 
19.50 
20.00 
19.20 
29-50 


20.00 
21. bO 
20. UO 
18.50 

18.25 
17.75 
17.50 
19.00 
16-75 
18.50 

20.50 


17.25 

17. 5O 
17.50 

17.50 
18.50 
16  75 
17.00 
18.75 

18  00 
17.75 
16.50 


"    17  50 
18.93  17.46 


7»  REGION,  —  SPD-OCEST. 


Ariège.  Pamiers 

Dordogne.  Bergerac 

Hte-Garonne.  Toulouse, 

—  Viiiefranche-Laur. 
Gers,  Condora 

—  Eauze 

—  Mirande 

Gironde.    Bordeaux..,, 

—  LaRéole 

Landes.  Dax..    

Lot-et-Garonne.  Agen.. 

—  Néiac.   

B.-Pyrériées.  Bayonne., 
Htes- Pyrénées.  Tarbes. 


28.25 
28.50 
29-00 
28-25 
28.00 
27.80 
27.00 
28.50 
28  00 
28.25 
28.50 
27.75 
28.00 
28.25 


19-60 
19. 25 
19.50 
19.75 


20  50 
19.50 
20.00 
19.75 
19.03 
19.25 
19.50 


17.00 
17.50 


20.00 
20.25 
19.75 
19.00 
19.75 
20  2à 
19  25 
20.75 


20.50 
19.50 
20,00 
19,75 


Prix  moyens 28. i4     19.59     17, 

8«  RÉGION.  —  SUD. 

Aude.   Castelnaudary. .  28.50 


,89 


Aveyron,  Rodez 28. 

Cantal.  Mauriac 28.35 

Corréze.  Luherzac 28.25 

Hérault.  Cette 28-75 

Lot.  Figeac 28.75 

Lozère.  Mende 28-55 

—  Marvejols 27.10 

—  Florac 31.20 

Pj/rmee»-0>-.  Perpignan  26.30 

Tarn.  Albi 28.00 

ra»*n-c«-Gor.Montauban  28.50 


20.50 
24.30 
19.25 

19-50 
22,55 
23.65 
22.90 
20.00 
19.50 
ly.7S 


Prix  moyens 

9»  RÉGION, 

Basses-Alpes .  Manosque 
Hautes- Alpes.  Briançon 
Alpes-Maritimes  C-Ann&s 

Ardèche.  Privas 

B.-du-Hkône.  Arles , 

Drame.    Romans 

Gard.  Mais 

Haute-Loire.  Le  Puy. ,,. 

Var.  Dragui^nan 

Vaucluse.  Carpentras.. . 

Prix  moyens 

Moy.  de  toute  la  France 
—  de  lj.!?emaine  preced. 

Sur  la  semaines  Hausse.    0.34 
précédente.,     j  Baisse.        a 


28.37     22.17 

—  sro-BST. 


20.50 
19.25 
23.25 
20.50 
18.50 
20.50 
23,35 

21.40 

24.45 

20.50 

20.25 

19.99     21.13 


20,00 
17.00 
20.00 
20.30 

22.15 
23.00 
19.00 
18-50 


356  REVUE  COMMERCIALE  ET   PRIX-COURANT 

Blé.  Seigle.         Orge.          Avoine 

fr.  fr.                fr.               fr. 

Algérie.                   Alger 26.50  »  15.50  16  00 

Angleterre.              Londres 27.15  •  20.90  20.50 

Belgique.                 Anvers 24  25  22  00  22.00  18.00 

—  Bruxelles 26.75  23.75            »  18.50 

—  Liège 26  75  23.25  22.00  18  00 

—  Niiinur  -      25.50  22  00  20.50  18.20 

Pays-lias.                 Amsterdam 25.85  24.55            »                » 

Lmembourg.            Lu,\ein!iourg 30.50  24  00  23.50  17  25 

Alsace-Lorraine,        vStrasbourg 29.50        26.25        23.25        18  25 

—  Colmar 29  00        24.00        22.25         18.50 

—  .Mulhouse 2!). 20  24.75         23.25        20.75 

Ailemagne.  Berlin... 26.10  26  10  »  » 

—  Cologne 28  10  27  50 

—  Hambourg 26.25  24  85 

Suisse.  Genève 28  1 5  «  •  18.50 

—  Lausanne 28. £0  »  >•  18.00 

Huiu:  Milan 28  00  22.75  »  19  25 

AiUriche.]  Vienne 24.25  22  00  18.50  15  00 

Hongrie.  Budapesth 25  00  2!. 75  »  13  50 

Ihissic.  Saint-Pétersbourg...  27.50  23.80  »  14.00 

Etats-Unis.  New-Vork 23.00  »  »  » 

Blés.  —  La  situation  du  plus  grand  nombre  des  marchés  au  blé  ne  s'est  pas 
modifiée  d'une  manière  sensible  depuis  huit  jours.  Les  cours  continuent  à  pré- 
senter une  grande  fermeté;  les  offres  ne  sont  pas  plus  abondantes  que  la  semaine 
dernière.  Le  bruit  avait  couru  que  l'exportation  des  céréales  avait  été  prohibée  ou 
soumise  à  des  droits  en  Russie  et  dans  une  partie  de  l'Allemagne;  ces  nouvelles  ont 
été  démenties,  mais  elles  ne  prouvent  pas  que  la  situation  de  ces  pays  soit  meil- 
leure qu'on  l'avait  annoncé.  —  A  la  halle  de  Paris,  le  mercredi  20  octobre,  les 
affaires  ont  été  peu  importantes  en  blés  indigènes;  les  belles  qualités  étaient 
principalement  recherchées.  On  cotait,  suivant  les  qualités,  de  27  fr.  50  à  29  fr.  50; 
le  prix  moyen  s'est  établi  à  28  fr.  50  avec  une  nouvelle  hausse  de  25  centimes. 
Au  marché  des  blés  à  livrer,  on  cotait  :  courant  du  mois,  i8  fr.  50  à  28  fr.  75; 
novembre,  28  fr.  25;  novembre  et  décembre,  28  fr.  ;  quatre  mois  de  novem- 
bre, 27  fr.  75  à  28  fr.  ;  quatre  premiers  mois,  27  fr.  75.  —  Au  Havre,  les  blés 
d'Amérique  sont  cotés  actuellement  sur  wagon  de  26  fr.  50  à  28  fr.  par  100  kilog. 
—  A  Marseille,  les  arrivages  de  la  semaine  ont  été  de  1H0,000  hectolitres  environ; 
les  affaires  sont  assez  actives,  avec  des  prix  fermes;  le  stock  est  descendu,  dans  les 
docks,  à  ^3,000  quintaux.  Au  dernier  jour,  on  payait  par  100  kilog  :  Berdianska, 
30  fr-  50  ;  Marianopoli,  30  fr.  ;  Pologne,  27  fr.  50  à  28  fr.  25  ;  Michigan,  28  fr.  50  ; 
Azoff  durs,  27  fr.  25  à  28  fr.  ;  Tuzeiles  d'Afrique,  28  fr.  75.  à  30  fr.  —  A  Lon- 
dres, les  importations  de  la  semaine  dernière  ont  été  de  108,000  quintaux  envi- 
ron. Les  affaires  sont  assez  difficiles;  après  quelques  fluctuations  les  prix  sont  re- 
venus aux  taux  de  la  semaine  précédente.  On  paye  de  26  fr.  70  à  29  fr.  par 
100  kilog.  suivant  les   provenances  et  les  qualités. 

Farines.  —  Les  prix  des  farines  se  maintiennent  avec  fermeté  ;  il  y  a  même 
tendance  à  la  hausse.  —  Pour  les  farines  de  consommation,  les  prix  sont  ceux 
de  la  semaine  précédente;  on  payait  le  mercredi  20  octobre  à  la  halle  de  Paris  : 
marque  D,  60  fr.;  marques  de  choix,  63  à  64  ir.  ;  bonnes  marques,  61  à  62  fr.; 
sortes  ordinaires,  59  à  60  fr.;  le  tout  par  sac  de  159  kilog.,  toile  à  rendre,  ou 
157  kilog.  net,  ce  qui  correspond  aux  cours  extrêmes  de  37  ir.  60  à  40  fr.  75 
ou  en  moyenne  39  fr.  20  par  100  kilog.;  c'est  une  hausse  de  30  centimes  sur 
le  prix  moyen  du  mercredi  précédent.  —  Pour  les  farines  de  spéculation,  on 
payait  le  mercredi  20  octobre,  au  soir,  à  Paris  :  farines  huit-marques,  courant  du 
mois,  60  fr.;  novembre,  58  fr.  75  à  59  fr.;  novembre  et  décembre,  58  fr.  50  à 
58  fr.  75;  quatre  mois  de  novembre,  58  fr.;  quatre  premiers  mois,  57  fr.  75; 
le  tout  par  sac  de  159  kilog  toile  perdue,  ou  157  kilog.  net;  farines  supérieures, 
courant  du  mois,  38  fr.  75  ;  novembre,  38  fr.  25  ;  novembre  et  décembre,  37  fr.  75  ; 
quatre  mois  de  novembre,  37  à  37  fr.  25  quatre  premiers  mois,  37  à  37  fr.  25; 
le  tout  par  sac  de  100  kilog.  —  La  cote  officielle,  en  disponible,  a  été  établie 
comme  il  suit  pour  chacun  des  jours  de  la  semaine  : 

Dates  (octobre).  14  15  16  18  19  20 

Patines  huit-marque.s(157  kilog.).  59.50        60.25  60.50  60.00  60.00        60.00 

—      supérieures  (100  kilog.),    38  25        38.50  38.75  38.50  38,75        38.75 

Le  prix  moyen  a  été  pour  les  farines  huit-marques  de  60  fr.,  et  pour  les  su- 
périeures, de  38  fr.  50.  C'est  une   hausse^  de  50  à  75  centimes   sur  ceux   de    la 


DES  DENREES  AGRICOLES   (23  OCTOBRE   1880;.  157 

semaine  précédenle.  Les  farines  deuxièmes  sont  vendues  aux  cours  de  29  à  34  f'r.: 
les  gruaux,  de  44  à  52  fr.  . 

Seifilfs.  —  Les  cours  sont  très  fermes  à  la  halle  de  Paris,  à  22  fr.  50  par 
100  kilog.  Les  farines  sont  vendues  de  31  à  34  fr. 

Orges.  —  Les  belles  qualités  sont  recherchées  à  la  halle  de  Paris  Les  cours  sont 
fermes  de  18  à  21  fr.  50  par  Ji  0  kilog.,  suivant  les  provenances  et  les  sortes. 
Quant  aux  escourgeons,  ils  sont  vendus  aux  cours  de  19  fr.  50  à  20  fr.  75.  —  A 
Londres,  les  importations  sont  toujours  restreintes;  les  cours  accusent  beaucou|) 
de  fermeté.  Un  paye  de  19  fr.  95  à  21  fr.  60   par  100   kilog  ,  suivant  les  sortes. 

Malt.  —  Les  prix  pour  les  malts  nouveaux  s'établissent  de  30  à  35  fr. 
par  KO  kilog.,  suivant  les  sortes. 

Arowes.  —  H  y  a  beaucoup  de  fermeté  dans  les  prix  des  avoines  à  la  halle  de 
Paris.  On  les  paye  de  19  à  21  fr.  par  100  kilog.;  suivant  poids,  couleur  et  qualité. 
- —  A  Londres,  les  importations  sont  assez  actives;  les  cours  sont  faibles, 
de    19  fr.    10  à  22  fr.  par  quintal  métrique. 

Sarrasin.  —  On  paye  à  la  halle  de  Paris,  de  18  à  19  fr.  par  quintal  métrique, 
pour  les  sarrasins  nouveaux. 

Maïs.  —  Les  cours  des  maïs  nouveaux  varient,  sur  la  plupart  des  marchés  du 
Midi,  de  18  à  21  fr,  par  lOo  kilog.  —  Au  Havre,  on  cote  les  maïs  d'Amérique 
aux  prix  de  15  fr,  à  15  fr.  50 

Is.^ues  —  On  paye  à  la  halle  de  Paris  par  lOù  kilog.  :  gros  son  seul,  13  fr.  75 
à  14  fr.;  son  trois  cases,  13  fr.  à  ^3  fr.  50;  son  fin,  12  fr.  à  12  fr  50;  recoupettes, 
12  fr.  à  12  fr.  50;  remoulages  bis,  14  à  15  fr.;  remoulages  blancs,  16  à  17  fr. 

III,  —  Fourrages.  —  Légumes  secs. 

Fourrages.  —  Toujours  grande  fermeté  dans  les  prix.  On  paye  dans  Paris  par 
100  kilog.  :  foin,  116  à  156  fr  ;  luzerne,  114  à  148  fr,;  regain,  112  à  136  fr.; 
paille  de  blé,  84  à  96  fr.;  paille  de  seigle,  96  à  110  fr.;  paille  d'avoine,  80  à  94  fr. 
Les  oifres  sont  peu  abondantes. 

Légumes  secs.  —  On  cote  par  hectolitre  et  demi  à  la  halle  de  Paris  :  flageolets, 
90  à  1-25  fr.;  haricots  de  Soissons,  70  à  75  fr  ;  Liancourt,  60  à  70  fr  ,  par  100  kilog.  : 
lentilles,  50  à  70  fr.;  pois  ronds,  30  à  32  fr. 

IV.  —  Vi7is,  spiritueux,  vinaigres,  cidres. 
Vms.  —  Nous  voici  en  plaine  décuvaison,  encore  quelques  jours  et  les  vins  de 
1880  pourront  être  appréciés  à  leur  juste  valeur.  En  général,  on  est  d'accord  pour 
les  comparer  aux  1878,  qui,  personne  ne  l'ignore,  n'appartiennent  pas  à  une 
grande  année,  mais  qui  n'en  sont  pas  moins  d'une  qualité  très  acceptable  par  le 
commerce  et  la  consommation.  Au  point  de  vue  de  la  valeur  des  vins  de  1880, 
voici  seulement  ce  qu'on  peut  en  dire;  rien  de  plus,  rien  de  moins.  —  Quanta 
la  quantité,  la  question  est  beaucoup  plus  complexe  et  en  outre,  les  renseignements 
.nous  font  encore  défaut.  Voici  cependant  quelques  chifl"res,  intéressant  certains 
points  vinicoles  de  la  Fiance  et  qui  nous  paraissent  approcher  de  la  vérité.  Le 
Midi,  et  par  Midi  nous  entendons  les  départements  de  l'Hérault,  de  l'Aude,  du 
Gard  et  des  Pyrénées-Orientales,  qui  ont  récolté  l'an  dernier  9,810,623  hectolitres 
de  vin,  récolteront  cette  année,  assure-t-on,  16  millions  d'hectolitres.  Les  Gha- 
rentes  qui  n'ont  eu  l'an  dernier  qu'une  récolte  de  1  million  900,000  hectolitres, 
arriveront,  croyons-nous,  à  3  millions  La  Gironde  ne  dépassera  pas  sa  récolte  de 
l'année  dernière,  si  elle  y  atteint,  soft  1,600,000  hectohtres.  Quant  aux  autres 
départements,  nous  ne  possédons  aucun  chiffre,  capable  de  pouvoir  nous  guider 
dans  une  question  aussi  difticile  à  élucider.  Au  sujet  des  vins  nouveaux,  voici  les 
derniers  renseignements  qui  nous  sont  parvenus  :  —  A  Pézenas  (Hérault),  on 
cote  actuellement  les  petits  vins,  2i  à  26  fr.  l'hectolitre  nu;  les  vins  moyens, 
27  à  30  fr.;  les  Montagnes,  2'"  choix,  31  à  32  fr.;  les  Montagnes  supérieurs  34  à 
40  fr,  —  A  Narbonne  (Aude),  la  faveur  s'attache  surtout  aux  vins  de  choix  et  sur 
ces  sortes,  nous  constatons  une  hausse  de  1  à  2  irancs  :  les  petits  vins  valent  29  à 
30  fr.  l'hectolitre  nu;  les  vins  moyens,  31  à  32  fr.;  les  premiers  choix,  36  à  40  fr.; 
les  Narbonne,  41  à  42  fr.;  les  Gorbières  et  Fitou.  42  à  44  fr.  —  Dans  les  Pyré- 
nées-Orientales, on  paye  les  Roussillons  supérieurs,  48  à  55  fr.  la  charge  de 
120  litres;  les  premiers  choix,  35  à  40  f r  ;  les  deuxièmes  choix,  30  à  35  tr.  — 
Dans  le  Bordelais,  la  vente  est  assez  active,  les  1879,  surtout,  s'enlèvent  avec  un 
remarquable  entrain,  particulièrement  les  2%  3%  4«  et  5'^  cru,  aux  prix  de  1,400  à 
825  fr.  le  tonneau  de  quatre  barriques.  Les  1880  sont  encore  peu  demandés,  de- 
puis les  achats  sur  souche  de  la  première  heure.  —  Dans  les  Gharentes,  on  parle 


158  REVUE  COMMERCIALE  ET   PRIX-COURANT 

de  quelques  atlaires  eu  vins  nouveaux  ;  à  la  Rochelle  ils  sont  en  hausse  :  de  200  fr. 
le  tonneau  de  4  barriques,  ils  se  traitent  actuellement  à  250  fr.;  à  Oleron  on  parle 
de  3iO  francs.  —  A  Nantes  (Loire-Inférieure)  les  gros  plants  nouveaux  sont  de- 
mandés à  55  fr.  et  offerts  à  60  fr.;  le  peu  de  muscade  que  l'on  a  récolté  se  traite 
au  prix  de  115  à  i20  fr.  la  pièce  nue.  —  Dans  l'Armagnac,  h  Condom,  le  vin, 
dit-on,  est  de  médiocre  qualité  et  peu  alcoolique,  on  parle  de  35  à  40  fr.  la  bar- 
rique. —  En  Lorraine,  à  Bar-le-Duc,  le  vin  nouveau  ordinaire  se  vend  50  fr. 
l'hectolitre  nu.  ^ —  Nous  n'avons  encore  aucun  renseignement  positif  sur  les  autres 
vignobles,  les  vins  sont  à  peine  décuvés  et  peu  appréciables,  par  suite  il  n'y  a  pas 
de  cours  établis. 

Spiritueux.  —  Les  cours  du  3/6  disponible  sont  bien  tenus  aux  prix  de  63  fr.  50 
à  Qk  fr.  La  semaine  a  clôturé  à  ce  dernier  chiffre.  C'est  une  amélioration  de  1  fr. 
sur  la  semaine  précédente.  A  Lille,  les  affaires  sont  toujours  très  restreintes,  et 
le  3/6  betterave  paraît  s'être  inamoviblement  fixé  à  6-2  fr.  Le  Midi  est  également 
sans  changement  :  Cette,  cole  toujours  110  fr.;  Béziers,  103  fr.;  Nîmes,  100  fr.; 
MontpeUier,  105  fr.:  Narbonne,  "l  10  Ir.;  Pézenas,  98  francs.  —  A  Paris,  on 
cote,  3/-i  betterave,  1'^  qualité,  90  degrés  disponible,  64  fr.  ;  novembre-décembre 
62  fr.  25  à  62  fr.  50;  quatre  premiers,  61  fr.  25. 

Vinaigres.  —  A  Orléans  (Loiret],  on  cote  le  vinaigre  nouveau  de  vin  nouveau, 
logé,  l'hectolitre,  42  à  44  fr.;  vinaigre  nouveau  de  vin  vieux,  45  à  47  fr.;  vinaigre 
vieux,  52  à  57  tr. 

V.  —  Sucres.  —  Mélasses.   —  Fécules.  —  Glucoses.  —  Amidons.  —  Houblons. 

Sucres.  —  Il  y  a  toujours  des  affaires  assez  actives  sur  le  marché  de  Paris  aussi 
bien  que  sur  ceux  des  départements  du  Nord.  Les  cours  sont  un  peu  plus  faibles 
que  la  semaine  précédente  On  cote  à  Paris  par  100  kilog. :  sucres  bruts  88  de- 
grés. 53  fr.  75  à  54  fr.;  sucres  blancs,  n"  3,  59  fr.  50  ;  à  Lille,  sucres  bruts,  52  fr.; 
à  Péronne,  sucres  blancs.  59  fr.  25;  à  Valenciennes,  f'2  fr.  25  à  52  fr.  50;  à 
Saint-Quentin,  sucres  bruts,  52  fr.  75.  —  A  Paris,  le  stock  de  l'entrepôt  réel  des 
sucres  était  au  20  octobre  de  141.000  sacs,  avec  une  augmentation  de  1,000  sacs 
environ  depuis  huit  jours.  —  Quant  aux  sucres  raffinés,  les  cours  sont  les  mêmes 
que  la  semaine  dernière;  on  paye  à  Paris,  à  la  consommation,  111  à  113  fr.  par 
10(1  kilog.,  et  pour  l'exportation,  69  fr.  25  à  74  fr  ,  suivant  les  qualités.  — Les 
nouvelles  d'Autriche  signalent  une  grande  abondance  dans  la  récoltedes  bette- 
raves et  beaucoup  d'activilé  dans  la  fabrication. 

Mélasses.  —  Mêmes  prix  encore  que  la  semaine  précédente.  On  cote  à  Paris, 
par  100  kilog,:  mélasses  de  fabrique,  13  fr.;  de  raffinerie,  14  fr. 

Fécules.  —  Il  y  a  une  reprise  dans  les  cours  qui  sont  cotés  avec  hausse.  On 
paye  à  Paris  par  100  kilog.  pour  les  fécules  premières  33  fr.  50  à  34  fr  ;  à  Com- 
piègne,  pour  celles  de  l'Oise,  3^4  fr.  Les   fécules  vertes  sont  cotées  21  fr.   50. 

Glucoses.  —  Mêmes  prix  que  la  semaine  dernière.  On  cote  à  Paris  par  100  ki- 
log :  sirop  premier  blanc  de  cristal,  59  à  60  fr.;  sirop  massé,  k^  â  50  fr.;  sirop 
liquide,  38  à  40  fr. 

Amidons.  —  La  fermeté  que  nous  signalions  la  semaine  dernière  se  maintient, 
mais  sans  hausse.  On  paye  par  100  kilog.  :  amidon  de  pur  froment,  en  paquets, 
70  à  72  fr.;  amidon  de  province.  tO  à  62  fr  ;  amidon  d'Alsace,  56  à  58  fr.;  ami- 
don de  riz,   34  à  38  fr. 

Houblons.  — Dans  le  Nord,  les  affaires  sont  calmes;  mais  dans  les  autres  régions 
il  y  a  assez  d'activité,  notamment  en  Bourgogne.  On  paye  par  100  kilog.:  à  Dijon, 
120  à  160  fr.;  en  Alsace,  UOà  170  fr.  pour  les  belles  qualités  ,  mais  seulement 
80  fr.  pour  les  sortes  inférieures. 

VI.  —  Huiles  et  graines  oléagineuses. 

Huiles.  —  Les  affaires  sont  assez  calmes  sur  les  liuiles  de  colza,  et  les  cours 
accusent  de  la  faiblesse  à  Paris  ;  mais,  au  contraire,  il  y  a  fermeté  sur  celles  de 
lin.  On  paye  par  100  kil.  :  huiles  de  colza  en  tous  fûts,  73  fr.  50;  en  tonnes, 
75  fr.  50;  épurée  en  tonnes^  83  fr.  50;  huile  de  lin  en  tous  fûts,  70  fr  50;  en 
tonnes,  72  fr.  50.  —  .Sur  les  marchés  des  départements,  les  huiles  de  colza  sont 
payées  :  Rouen,  72  fr.  50  ;  Caen,  68  fr.  75  ;  Arras,  75  fr.  à  76  fr.;  Cambrai,  73  fr.; 
et  pour  les  autres  sortes  :  pavot,  105  fr.;  lin,  72  à  7'+  fr.;  cameline,  72  fr.;  pavot 
industriel,  99  fr.;  œillette,  135  à  136  fr.  — Dans  le  Midi,  notamment  dans  le  Var, 
on  commence  à  exprimer  des  craintes  sérieuses  relativement  au  rendement  des 
prochaines  récoltes  d'olives. 

Graines  oléagineuses.  —  Maintien  des  cours,  et  grande  fermeté  dans  le  Nord, 


DES  DENRÉES  AGRICOLES  (23  OCTOBRE   1880).  159 

OÙ  l'on  paye  par  hectolitre  :  œillette,  34  à  36  fr.  75;  colza  nouveau,  20  fr.  50  à 

22  fr.  75;  lin  nouveau,  22  fr.  5J  à  24  Ir.  50;  caineline,  14  à  19  fr.  50;  —  à  Gaen, 
colza,  19  à  21  fr. 

VU.  —  Tourteaux.  —  Noirs.  —  Engrais. 

Tourteaux.  —  Grande  fermeté  partout,  dans  les  prix.  0;i  paye  à  Arras,  par 
100  kilog.  :  tourteaux  d'œillette,  17  fr.  25;  de  colza,  17  fr.  50;  de  lin,  28  fr.  — 
A  Cambrai,  tourteaux  d'œillette,  18  fr.  50;  de  colza,  16  à  18  fr.;  de  lin,  26  fr.  à 

27  fr.  50;  de  caraeline,  17  fr.  50.  A  Marseille,  les  prix  sont  au-^si  bien  tenus. 
Noirs.  —  On  cote  à  Yalenciennes   :  noir  animal   neuf  en  grains,   32  fr.    par 

100  kilog.;  noirs  d'engrais  vieux  grains,  8  fr.  par  hec^tolitre. 

Engrais.  —  On  cote  par  100  kilog.  :  guano  du  Pérou,  32  à  36  f r  ;  pliospho- 
guano,  29  Ir.;  superphosphate  de  guano,  19  ir.;  superphosphate  de  guano  complet, 

23  fr.;  engrais  Goignet,   30  fr.;    engrais  agenais  de  Jaille,    12  à  '28  fr. 

VIII.  —  Matières  résineuses,  colorantes.  —  Textiles. 
Matières  résineuses.  —  Les  prix  accusent  encore  de  la  hausse  celte  semaine.  On 
paye  à  Bordeaux  83  fr   par  100  kilog.  pour  l'essence  pure  de  térébenthine;  à  Dax, 
78  fr.  Les  autres  produits  sont  aussi  en  hausse. 

Crè'iie  de  tartre.  — Le  cours  reste  fixé  à  270  fr.  par  100  kilog.  pour  le  premier 
blanc  de  cristal. 

IX.  —  Fruits. 

Amandes.  —  Prix  fermes  dans  le  Midi,  à  84  fr.  pour  les  amandes  à  la  dame. 

Prunes.  —  Les  cours  sont  toujours  très  fermes.    On  paye  par  100  kilog.  :  60  à 
65  fruits  à  la  livre,    110  à  120  fr.;    70  à   75  fruits  à  la  livre,  100  à  110  fr.;  et 
ainsi  de  suite,  par  catégories;  les  prunes  communes  valent  40  à  45  fr. 
X.  —  Beurres.   —  Œufs.  —  Fromages. 

Beurres.  —  On  a  vendu,  pendant  la  semaine,  à  la  halle  de  Paris,  234,160  kilog. 
de  beurres.  Au  dernier  marché,  on  cotait  par  kilog.:  en  demi-kilog.,  2  fr.  70  à 
3  fr.  72;  petits  beurres,  2  fr.  02  à  3  fr.  14  ;  Gournay,  1  fr.  96  à  4  fr.  30; 
Isigny,2  fr.  à  6  fr.   64. 

Œufs.  —  Du  12  au  18  octobre,  on  a  vendu  à  la  halle  de  Paris  3,692,640  œufs. 
Au  dernier  jour,  on  payait  par  mille:  choix,  121  à  130  fr.;  ordinaires,  75  à 
116  fr.;  petits,  60  à  68  fr. 

Fromages.  —  Derniers  cours  de  la  halle  de  Paris  :  par  dizaine.  Brie,  5  fr.  50 
i    21  fr.  50;  Montlhéry,    15  fr.;  par  cent,   Livarot,  24  à  62  fr.;  Mont-d'Or,   16  à 

28  fr.;  Neufchâtel,  5  fr.  50  à  23  fr.  50;  divers,  5  à  55  fr.;  par  100  kilog.,  Gruyère, 
104  à  170  fr. 

XI.  —  Suifs  et  corps  gras,  cuirs  et  peaux. 

Suifs.  —  On  cote  à  Paris,  le  20  octobre,  82  fr.  50  par  100  kilog.  pour  les 
suifs  purs  de  l'abat  de  la  boucherie,  et  61  fr.  85  pour  les  suifs  en  branches.  Les 
prix  sont  en  baisse. 

Lards  et  saindoux.  —  Les  affaires  sont  calmes  au  Havre.  Les  prix  sont  faibles. 
On  paye  les  saindoux  d'Amérique  1 15  fr.  50  à  116  fr.  par  100  kilog.  suivant  les 
sortes. 

XII.    —  Chevaux.  —  Bétail.  —  Viande. 

Chevaux.  —  Aux  marchés  des  13  et  16  octobre,  àParis,  on  comptait  1,123  che- 
vaux. Sur  ce  nombre,  495  ont  été  vendus  comme  il  suit  : 

Amenés.  Vendus.  Prix  extrêmes. 

Chevaux  de  cabriolet 204  37      23.S  à   1,060  fr. 

—  detrait 32>  85      310  à  1,31.5 

—  horsd'àge 375  151        40  à  1,10!) 

—  à  l'enchère 108  108        65  à      600 

—  de  boucherie 114  114        42  à       105 

Bétail.  —  Le  tableau  suivant  résume  le  mouvement  du  marché  aux  bestiaux  de  la 
Villette,  du  jeudi  14  au  mardi  19  octobre  : 

Poids       Prix  du  kilog.  de  viande  s'ir  pied 
Veadus  moyen     au  marché  du  lundi  isoctobre. 

Pour  Pour  En         4  quartiers.  1"  2»  3»  Prix 

Amenés.  Paris,  l'extérieur,  totalité.  kil.  (}ual.  quai.  quai.  moyen. 

Bœufs 7.467  4.074  1,725  5,799  355  1.56  1.42  1.06  1.30 

Vaches 2,2-'2  812  589  1,401  248  1.44  1.28  0.96  1   19 

Taureaux 362  203  37  240  360  1.24  1.12  1.00  1.11 

Veaux 3,910  2,608  948  3,556  81  2.00  1.90"  1.50  175 

Moutons 49,529  24,165  18,2.50  42,415  19  1.90  1.62  1.32  1  61 

Porcsgras 5,801  2,161  3,442  5,603  87  1  60  1.50  1.46  1.50 

—    maigres.              16  »  2  2  30  1.40  »  »  1.40 


160  REVUE  COMMERCIALE    ET  PRIX-COURANT   (23  OCTOBRE   1880). 

Les  approvisionnements  du  marché  ont  continué  à  être  aussi  abondants  que  la 
semaine  précédente.  Les  alïaires  sont  calmes,  et  les  prix  sont  faiJiles;  il  y  a  même 
eu  une  baisse  assez  accusée  en  ce  qui  concerne  les  cours  des  gros  animaux  Quant 
aux  veaux  et  aux  moutons,  ils  se  maintiennent  aux  taux  de  la  semaine  précédente. 

A  Londres,  les  importations  d'animaux  étrangers,  durant  la  semaine  dernière, 
se  sont  composées  de  18,525  tètes,  dont  372  bœufs  et  629  moutons  de  Montréal; 
1,149  bœufs  et  100  moutons  de  New-York;  9  bœufs  et  205  moutons  de  Québec. 
Prix  du  kilog.  :  Bœuf,  1  l'r.  à  1  l'r.  99  Veau,  1  fr.  40  à  2  fr.  10.  —  MoiUon, 
1  fr.  75  à  2  tr.  40.  —  Porc,  l  fr.  58   à  1  fr.  93. 

Viande  à  la  criée.  —  On  a  vendu,  à  la  halle  de  Paris,  du   12  au  18  octobre  : 

Prix  du  kilog.  le  i*  octobre. 


kilog.  l"  quai.  '2»  quai.  3»  quai. 

Bœuf  OU  \ache.  .  214,743  I.l2àl70      0.8Gàl.46  O.o6àl.ù4 

Veau 15.5,967  l.Wi     1.90      1.J6     1.G4  0  90     134 

Mouton 108,544  1.48     1.58       1.02     1.40  0.60     l.ûO 

Porc 28,592  Forcirais 1.0Oàl.7O 

507.846 


Choix.     Rasse  boucherie. 
1.00à2.36  O.lOà  1.16 
0.95    2.04       . 
0.70     2.90       • 


Fore  Irais., 

Soit  par  jour 72,549  kilog. 

Les  ventes  ont  été  supérieures  de  7,000  kilog.   environ  par  jour  à  celles  de  h 
semaine  précédente.  Les  prix  demeurent  sans  changements. 

Xll.  —  Cours  de  la  viande  à  l'abatioir  de    La  Villette  du  2l  octobre  {par  50  kilog.) 
Cours  de  la  charcuterie.  —  On  vend  à  la  Villette  par  50  kilog.  :    l"^  qualit' 
80  à  82  fr.;  2%  75  à  80  fr.;  poids  vif,  55  à  60  ir. 

Bœufs.  Veaux.  Moutons. 


1" 

2» 

3" 

1" 

2.                          3»                        ir. 

2' 

3« 

quai. 

quai. 

quai. 

quai 

quai.            quai.            quai. 

quai. 

quai. 

fr. 

fr. 

fr. 

fr. 

fr.               fr.               fr. 

fr. 

fr. 

72 

64 

56 

98 

90              82               85 

77 

68 

XIII. 

—  Marché  aux  bestiaux  de  la  Villette  du  jeudi  21 

octobre. 

Col 

rs  des  commissionoalrej 

Poids 

Cours    officiels. 

en  bestiaux. 

moyen 

_ Il         •         III   - — — ^.         ,- — 

— - 1^1         ^ 

_ Il   ~ — •--- 

\^nimaux 

gênerai. 

1"        2°        3"            Prix             1" 

2»         3» 

Prix 

amenés'      Invendus. 

kil. 

quai.  quai.  quai,     extrêmes,  quai. 

quai.  quai. 

extrêmes 

Bjeufs 

•i.923 

170 

361) 

[.36     Î.42      1.06      1.02  ai. 62        1.56 

1.40      1.05 

1.00  à  1.60 

Vaches 

805 

318 

245 

1.44     1.28     0.96     o.9i)      1.48        1.40 

1.25      0.95 

0.90     1.45 

Taureaux.. 

175 

66 

365 

1.24      1.12      I.OO     0.94      1.28        1.20 

l.li»      1.00 

0.90     1.28 

Veaux 

1.109 

139 

80 

2.00      1.90     1.50     1.40     2.10          » 

*            » 

»            » 

Moutons... 

22.966           2 

.896 

18 

1.84      1.56      1.28      1.24      1.88          » 

„           , 

(            » 

Porcs  gras. 

4.397 

1S5 

Si 

1.54     1.44     1.38     1.30     1.60         » 

»         • 

»            * 

—  maigres 

» 

» 

» 

»           > 

»            » 

Vente  lente  sur  toutes  les  espèces. 

XV.  —  Résumé. 
Grande  fermeté  sur  les  prix  des  céréales,  des  vins,  des  sucres,  des  houblons  ; 
mais  beaucoup  de  faiblesse  sur  ceux  des  produits  animaux,  tel  est  le  bilan  de  la 


semaine. 


A.  Remy. 


BULLETIN  FLXANGIER. 


Nous  avons  une  seitiaine  de  hausse:  la  rente  3  0/0  est  à  85  (r.  50  gagnant 
0  fr.  40  ;  la  rente  5  0/0  est  à  12)  fr.  35  gagnant  0  fr.  35  et  l'amortissable  à 
87  fr.  15  gagnant  0  fr.  35.  Les  sociétés  de  crédit  sont  demandées  :  reprise  à  nos 
chemins  de  fer. 

Cours  de  la  Bourse  du  13  au  20  oc(oZ)/'e  1880  {au  comptant). 
Principales  valeurs  françaises:  Chemins  de  fer  français  et  ét.angers  : 

Plus        Plus     Dernier 
bas.        haut,      cours. 

ftente  3  O/0 85.20       85.6.S        85.50 

Rente  3  0/0  amortis 87.00      87.70      87.15 

Rente  4  1/2  0/0 114.90     115.50     115.00 

Rente  5  O/0 120.20     120.55      120.35 

Banque  de  France 3520.00  4560.00  3590.00 

Comptoir  d'escompte 950.00    960.00    96o.oo 

Société  générale 572.20     602.50    595.00 


Crédit  foncier. 


Est Actions  500 

Midi d» 

Nord d- 

Orléans d° 

Ouest d' 

Paris-Lyon-Méditerranée  d" 
Paris  1871  obi.  4oo  3  o/O  .. 
Italien  i  o/O 


355.00  1373.75  13d5.00 

771.50  780.00  777.50 

1055.00  1062.25  1060.00 

1635.00  1650.00  1650.00 

,250.00  1238.75 

«■<8.75  827.50 

1436  25  1432.50 

396.50  396.25 

86.75  86.60 


1238.75 
818.75 

1430.00 
395.00 
36.20 


Gérant  :  A.  BOUCHÉ, 


Autrichiens.  d" 

Lombards.  d° 

Romains.  d° 

Nord  de  l'Espagne,  d" 
Saragosse  à  Madrid,  d" 
Portugais.  ■       d" 

Est. Obi.  3  0/or.  àôOOf.d" 


Midi 

Nord. 

Orléans. 

Ouest. 

Paris-Lyon-Méditer. 

Nord  Esp.  priorité. 

Lombards. 


145.00 
345.00 
375.00 
6n.50 
389.25 
389.00 
395.50 
391.25 
389.00 
386.00 
336,50 
267.50 


Plus 
haut. 
600.00 
188.00 
147.00 
36  .25 
387.50 
6  20.00 
39.*.  00 
391'.  00 
397.50 
39  2.75 
390.00 
387.50 
342.00 
269.00 


Oernief 
cours. 
595.00 
US. -.'5 
146.25 
345.  o;i 
375. OU 
6(8.75 
389.25 

S'JT.OO 
392.00 
390.00 
387.50 
340.00 
268.25 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (30  octobre  isso). 

Dates  et  sièges  des  concours  régionaux  en  1881.  —  Coïncidence  du  concours  d'Alger  avec  la  ses- 
sion de  l'Association  française  pour  l'avancement  des  sciences.  —  Les  chevaux  dans  les  concours 
régionaux. —  Utilité  d'urîe  semblable  mesure.  —  Projet  d'un  congrès  et  d'une  exposition  inter- 
nationale d'électricité  à  Paris.  — Sur  les  subventions  du  gouvernement  aux  associations  agri- 
coles. —  Lettre  de  M.  de  Falloux.  —  Transaction  facile  à  trouver.  —  Les  Comices  doivent  être 
la  réunion  de  tous  les  amis  du  progrès  agricole.  —  Recrudescence  de  la  fièvre  aphteuse.  —  Cir- 
culaire du  ministre  de  l'agriculture  relative  à  la  désinfection  des  wagons  employés  au  transport 
du  bétail.  —  La  désmfection  rendue  obligatoire.  —  Nécessité  de  diminuer  le  prix  de  cette  opé- 
ration.—  Vœu  du  Comice  de  Lille.  —  Nécrologie  :  Mme  Villeroy.  M.  Donzel.  —  Examens  de 
sortie  de  la  ferme-école  de  la  Nièvre.  — La  récolte  du  blé  en  France'.  —  Nouvelle  évaluation  don- 
née par  M.  Bivort.  —  Le  phylloxéra.  —  Nouvelle  de  son  apparition  dans  le  département  de  l'Allier. 
—  Réunion  de  la  section  permanente  de  la  Commission  supérieure.  —  Allocation  de  subventions 
à  des  syndicats  pour  le  traitement  des  vignes  par  les  insecticides  et  la  submersion.  —  Le  congrès 
viticole  de  Saragosse.  —  Brochure  de  M.  de  Mortillet  sur  le  bouturage  et  le  greffage  des  vigues 
américaines.  —  Expériences  de  M.  Chabriersur  l'emploi  du  guano  dissous  en  Bretagne.  —  Les 
nouvelles  de  l'arrachage  des  betteraves  et  de  la  fabrication  du  sucre.  —  Nouvel  Annuaire  des 
fabriques  de  sucre,  par  M.  Bureau.  —  Mesures  prises  pour  te  transport  des  marchandises 
d'Algérie.  —  Réunion  du  Comité  central  agricole  de  la  Sologne.  —  Recherches  sur  la  bruche  des 
lentilles.  —  Note  de  M.  Lamothe  sur  la  situation  des  récoltes  dans  la  Dordogne. 

I.  —  Les  concours  régionaux  de  1881  et  V espèce  chevaline. 

M.  le  ministre  de  l'agriculture  vient  d'arrêter,  ainsi  qu'il  suit,  les 
dates  et  les  sièges  des  concours  régionaux  en  1881.  C'est  une  bonne 
mesure  que  d'avoir  pris  de  bonne  heure  une  décision  à  cet  égard.  Voici 
la  liste  donnée  par  le  Journal  officiel: 

2  au  11  avrils  Alger  (concours  de  l'Algérie). 

7  au  16  mai^  Pau. 

14  au  23  mai,  Nîmes. 

21  aw30  mai^  Gahors  et  Ghâlon-sur-Saône. 

28  mai  au  7  juin,  Alençon,  La  Roche-sur- Yon,  Tours. 

11  au  20  juin,  Annecy,  Epinal. 

18  au  27  juin,  Saint-Brieuc,  Montbrison,  Versailles. 

Les  déclarations  pour  être  admis  à  prendre  part  à  ces  concours  doi- 
vent être  envoyées  au  ministère  de  l'agriculture  avant  les  dates  sui- 
vantes : 

Alger,  le  15  janvier.  —  Pau,  25  mars.  —  Nîmes,  1"  avril.  —  Gahors,  Chalon- 
sur-Saône,  7  avril.  —  Alençon,  La  Roche-sur- Yon  et  Tours,  15  avril.  —  Annecy 
et  Epinal,  25  avril.  —  Saint-Brieuc,  Montbrison  et  Versailles,  l*''  mai. 

Le  concours  d'Algérie  a  été  fixé  à  Alger  au  mois  d'avril;  c'est  une 
heureuse  coïncidence,  l'Association  française  pour  l'avancement  des 
sciences  devant  tenir  à  Alger  sa  session  de  1881  à  cette  date.  L'occa- 
sion sera  bonne,  pour  un  homme  distingué,  ami  des  sciences  et  de 
tous  les  progrès,  de  visiter  l'Algérie  et  d'apprendre  à  connaître  notre 
colonie  africaine  entrée  désormais  dans  la  voie  de  la  prospérité,  surtout 
au  point  de  vue  agricole. 

Nous  avons  appris  avec  une  vive  satisfaction  qu'il  était  question  de 
remplir  un  vœu  émis  bien  souvent  parles  agriculteurs,  c'est  d'admettre 
l'espèce  chevaline  dans  les  concours  régionaux.  Incontestablement  les 
concours  de  juments  poulinières  faits  par  l'administration  des  haras 
rendent  des  services,  mais  ils  ne  tiennent  nullement  lieu  des  concours 
régionaux.  Ce  sont  deux  institutions  différentes  qui  doivent  vivre  côte 
à  côte.  Les  animaux  reproducteurs  de  l'espèce  chevaline  doivent  être 
visités  dans  les  concours  au  même  titre  que  les  animaux  reproducteurs 
des  espèces  bovine,  ovine  et  porcine  ou  que  les  animaux  de  basse- 
cour.  Tous  ils  sont  des  produits  de  la  ferme,  et  les  agriculteurs  qui 
élèvent  les  uns  doivent  recevoir  des  encouragements  aussi  bien  que 
ceux  qui  élèvent  les  autres,  dans  ces  grandes  assises  où  s'agitent  tous 
les  ans,  pour  les  diverses  régions  de  la  France,  les  questions  d'amélio- 
ration. Incontestablement  l'élevage  des  chevaux  eût  fait  des  progrès 

N°  603.  —  Tome  IV  de  1880.  —  30  Octobre. 


162  CHRONIQUE   AGRICOLE   (30  OCTOBRE    1880j. 

beaucoup  plus  grands  en  France  depuis  trente  ans,  si  dans  tous  les 
concours  régionaux,  les  reproducteurs  mâles  et  femelles,  avec  les  jeu- 
nes produits,  avaient  été  régulièrement  appelés  à  figurer.  Les  élevages 
se  seraient  multipliés  bien  davantage,  et  la  population  chevaline  de 
la  France  se  serait  accrue  d'une  manière  profitable  pour  l'armée  aussi 
bien  que  pour  l'agriculture,  le  commerce  et  l'industrie.  L'administra- 
tion (fos  haras  aura  sa  place  toute  marquée  dans  les  jurys  appelés  à 
décerner  des  récompenses  aux  meilleurs  chevaux  et  juments,  et  ses 
représentants,  dans  leur  contact  avec  tous  ]cs  agriculteurs,  trouveront 
d'exctîUentes  occasions  pour  exposer  et  faire  admettre  les  principes 
qu'ils  regardent  comme  nécessaire  d'appliquer  pour  la  production  des 
chevaux  de  valeur  et  convenant  le  plus  au  pays.  Dans  tous  les  con- 
cours agricoles  étrangers,  notamment  en  Angleterre,  Tespece  cheva- 
line figure  au  premier  rang;  il  était  étrange  qu'il  n'en  fût  pas  de 
même  en  France.  Bien  des  fois,  lorsque  nous  avons  rencontré  sur  les 
champs  de  nos  concours,  des  agriculteurs  étrangers  venus  pour  les 
visiter,  nous  les  avons  entendus  poser  cette  question  :«  Est-ce  que,  pour 
vous  autres  Français,  les  chevaux  ne  sont  pas  des  animaux  faits  par 
ragriculture?»Nous  ne  saurions  donc  que  remercier  M.  le  ministre  de 
l'agriculture  de  vouloir  faire  cesser  une  anomalie  vraiment  étrange  et 
que  ne  peut  expliquer  aucune  bonne  raison. 

IL  —  Congrès  international  des  électriciens. 

Sur  le  rapport  de  M.  Cocliery,  ministre  des  postes  et  des  télégraphes, 
un  décret  vient  de  décider  qu'un  congrès  international  des  électriciens 
serait  ouveit  à  Paris'  le  15  septembre  1881,  et  que  le  palais  des 
Champs-Elysées  serait  mis  gratuitement  à  la  disposition  de  la  Com- 
mission privée  autorisée  par  le  gouvernement  à  organiser,  à  ses  ris- 
ques et  périls,  une  exposition  internationale  d'électricité  du  1"août 
au  15  novembre  1881.  Nous  annonçons  cette  nouvelle,  parce  que 
l'électricité  est  certainement  appelée  à  rendre  des  services  à  l'agricul- 
ture. Déjà  des  essais  ont  été  faits  ;il  faut  encourager  leur  continuation, 
car  l'électricité  doit  intervenir  et  dans  l'intérieur  de  la  ferme  et  au 
milieu  des  champs  pour  rendre  plus  faciles  un  grand  nombre  de  tra- 
vaux et  mettre  à  la  disposition  des  cultivateurs  des  forces  encore  au- 
jourd'hui non  employées.  L'appel  fait  par  le  gouvernement  français 
"sera  certainement  entendu  et  deviendra  le  signal  de  nouveaux  progrès. 

in.  —  Les  subventions  du  Gouvernement  aux  associations  agricoles. 

En  réponse  aux  observations  que  nous  avons  cru  devoir  présenter 
sur  le  désaccord  existant  entre  le  président  du  Comice  agricole  de 
Segré  et  le  préfet  de  Maine-et-Loire,  nous  avons  reçu  de  M.  de  Falloux 
la  lettre  suivante  : 

ce  Monsieur,  je  suis  très  reconnaissant  de  la  place  que  vous  avez  bien  voulu 
faire  au  Comice  agricole  de  Segré  dans  votre  très  important  Journal,  et  j'y  recon- 
nais une  bienveillance  qui,  depuis  bien  des  années,  ne  m'a  pas  fait  difaut.  Cepen- 
dant, vous  avez  laissé  échapper  une  erreur  sur  laquelle  il  m'est  impossible  de  ne 
pas  vous  demander  une  rectification. 

«  Selon  vous,  je  refuse  de  constater  publiquement  les  allocations  que  je  ne 
refuse  pas  de  recevoir,  et  vous  ajoutez  :  «  C'est  se  couvrir  d'une  ombre  ou  d'un 
voile  qui  ne  convient  pas  à  la  vraie  bberté  ni  davantage  au  patriotisme.  » 

«  Vous  avez  parfaitement  raison,  monsieur,  et  je  suis  si  complètement  de  votre 
avis  que  j'ai  offert  trois  fois  la  constatation  sur  nos  affiches,  en  caractères  appa- 
rents, des  deux  allocations  officielles  :  T  dans  ma  première  lettre  à  M.  le  sous- 


GHROiNIQUE  AGRICOLE  (30  OCTOBRE   1880).  163 

préfet  de  Segré;  i"  dans  le  projet  d'affiches  manuscrit  envoyé  à   la  sous-préfec- 
ture; '■  "  dans  ma  lettre  à  M.  Tirard. 

«  J'int^iste  à  cet  égard  près  de  vous,  monsieur,  non  pour  ma  justification  per- 
sonnelle seulement,  mais  aussi  dans  un  intérêt  plus  général  et  plus  élevé.  La 
question  des  Comices  s'est  ouverte  à  Segré,  mais  elle  se  poursuit  sur  beaucoup 
d'autres  points  et  ne  se  fermera  que  par  une  solution  équitable.  Veuillez  réclamer 
cette  solution  avec  nous,  monsieur,  et  nous  l'obtiendrons. 

«  D'accord  avec  M.  le  ministre  de  l'agriculture,  vous  reconnaissez  que  la 
formule  trop  impérieusement  exigée  par  M.  le  pré'et  de  Maine-et-Loire  est  facile 
à  modifier;  mais,  comme  M  le  ministre  aussi,  vous  regrettez  que  l'intervention 
du  Conseil  général  ait  rendu  l'accommodement  dilficile. 

ce  Vous  oubliez,  monsieur,  que  c'est  M.  le  préfet  de  Maine-et-Loire  lui-même 
qui  a  mis  le  Conseil  général  dans  l'obligation  d'intervenir,  puisque  la  lettre  de 
M.  le  sous-préfet  de  Segré  stipulait  au  nom  du  département  comme  au  nom  du 
gouvernement.  Jusqu'à  ce  jour,  le  Conseil  général  avait  fixé  l'allocation  départe- 
mentale sans  y  mettre  aucune  condition  et  sans  songer  à  se  plaindre  de  l'ingrati- 
tude des  comices;  il  était  donc  très  naturel,  il  était  inévitable  que  le  Conseil 
général,  ainsi  mis  en  scène  à  son  insu,  tint  à  expliquer  lui-même  sa  propre  pen- 
sée. Voir  là  une  usurpation,  comme  Ta  fait  M.  le  préfet  de  Maine-et-Loire,  un 
indice  de  l'esprit  de  parti,  comme  l'indique  un  peu  M.  le  ministre  et  comme  vous 
le  dites  en  propres  termes,  monsieur,  n'est-ce  pas  apporter  soi-même  plus  d'es- 
prit de  parti  que  n'en  ont  montré  le  Comice  agricole  de  Segré,  et  le  Conseil 
général  de  Maine-et-Loire  ? 

«  En  tout  cas,  monsieur,  est-ce  l'agriculture  qui  doit  payer  les  frais  d'un  si 
mince  débat  ?  Ne  convient-il  pas  à  un  journal,  tel  que  le  vôtre,  de  sortir  d'une  si 
étroite  querelle  et  de  réclamer  tout  simplement  la  transaction  sur  laquelle  tout  le 
monde  serait  d'accord  :  les  afficiiCS  porteront,  en  gros  caractères,  les  allocations 
officielles  ;  les  prélets  se  contenteront  d'une  constatation  ostensible  que  personne 
ne  leur  conteste  et  renonceront  à  l'adjectif  subventionné  qui,  vous  l'admettez 
vous-même,  monsieur,  est  quelquefois  pris  en  mauvaise  part.  Dans  cette  transac- 
tion,  personne  ne  pourra  se  plaindre,  personne  ne  se  plaindra  et  les  comices  con- 
tinueront à  rendre  patriotiquement,  sans  aucune  jactance,  sans  aucun  esprit  de 
parti,  des  services  dont  l'agriculture  est  moins  que  jamais  en  situation  de  se 
passer, 

«  Je    ne   doute  pas,   monsieur,    que    votre  loyauté  ne    me  fasse  l'honneur  de 
publier  cette  réponse  dans  votre    plus   prochain  numéro  et  je  joins  d'avance  mes 
remercîments  à  l'expression  très  sincère    des  sentiments  de  la  plus  haute  consi- 
dération. A.  DE  Falloux. 
Bourg  d'Iré,  25  octobre  1880. 

iMalgré  les  explications  de  notre  honorable  correspondant,  nous  per- 
sistons à  penser  qu'il  eût  été  bon  d'arranger  à  l'amiable  et  parla  voie 
de  la  conciliation,  le  différend  né  de  la  demande  faite  par  l'au- 
torité préfectorale,  de  faire  connaître  publiquement  l'allocation  reçue 
par  les  Comices,  tant  de  la  part  de  l'Etat  que  de  la  part  du  gouverne- 
ment. Puisque  M.  de  Falloux  a  fini  par  en  appeler  au  ministre^  il  eût 
été  plus  simple  de  commencer  par  là,  au  lieu  de  laisser  le  débat  s'en- 
venimer par  des  discussions  publiques.  D'ailleurs,  M.  de  Falloux  paraît 
aujourd'hui  admettre  parfaitement  la  convenance  de  reconnaître  hau- 
tement les  encouragements  de  l'Etat.  On  est  donc  complètement  d'ac- 
cord sur  le  fond  de  la  question.  Dès  lors,  la  forme  nous  paraît  facile  à 
trouver,  et  Ton  pourra  donner  satisfaction  à  tout  le  monde.  Les  Comices 
et  les  Sociétés  d'agriculture  devant  être,  de  l'assentiment  unanime, 
des  occasions  de  réunion  où  les  hommes  de  tous  les  partis  peuvent 
se  rencontrer  pour  faire  ensemble  le  bien  du  pays,  il  ne  saurait  être 
admissible  qu'on  en  fît  disparaître  toute  attache  gouvernementale, 
alors  qu'on  a  sollicité  le  concours  du  gouvernement.  Les  difficultés 
ne  sont  venues  que  du  jour  où,  soit  les  uns,  soit  les  autres,  ont  cherché 
à  tirer  parti  des  réunions  comitielles  dans  un  intérêt  électoral  ou  dans 
un  intérêt  politique.  Depuis  tantôt  quarante  ans,  dans  les  journaux 


164  CHRONIQUE  AGRICOLE  (30  OCTOBRE  1880).    ■ 

agricoles  dont  la  direction  nous  a  été  confiée,  nous  n'avons  cessé  de 
tenir  ce  lant-age.  C'est  un  devoir  que  nous  devons  remplir,  de  même 
que  nous  honorons  de  toutes  nos  forces  tous  ceux  qui  rendent  des  ser- 
vices à  l'agriculture,  sans  nous  occuper  de  leurs  opinions,  et  lors 
même  que  nous  nous  trouvons,  sous  ce  dernier  rapport,  dans  des 
camps  absolument  opposés.  C'est  ainsi  que  nous  avons  toujours  fait  à 
l'égard  de  M.  de  Falloux;  nous  continuerons.  S'il  y  a  eu,  dans  ces  der- 
niers temps,  des  discordes  dans  le  monde  agricole,  elles  ne  sont  venues 
que  de  la  part  de  ceux  qui  se  sont  laissé  emporter  par  des  passions  po- 
litiques, de  manière  à  oublier  et  même  à  compromettre  l'agriculture. 
Mais  cela  ne  nous  fera  pas  changer,  et  nous  tâcherons  toujours  que 
des  transactions  loyales,  honnêtement  exécutées  de  part  et  d'autre, 
permettent  à  tous  les  amis  de  l'agriculture,  de  donner  ensemble  une 
énergique  impulsion  aux  progrès  qui  peuvent  agrandir  la  prospérité  de 
la  patrie, 

IV.  —  Sur  la  désinfection  du  matériel  employé  au  transport  des  animaux. 
La  fièvre  aphteuse  continue  à  exercer  de  véritables  ravages  dans  un 
grand  nombre  de  départements.  Sur  plusieurs  points,  on  a  jugé  utile 
de  suspendre  les  foires  et  les  marchés,  afin  d'arrêter  l'extension  de  la 
maladie  qui  se  propage  si  facilement  par  le  contact  des  animaux  con- 
taminés ou  même  seulement  des  objets  qui  ont  été  en  contact  avec 
eux.  Depuis  longtemps,  les  agriculteurs  demandent  que  le  matériel 
de  transport,  employé  pour  le  bétail,  soit  soumis,  après  chaque  voyage, 
à  une  désinfection  rigoureuse;  la  prescription  de  la  désinfection  entre 
dans  le  projet  de  loi  sur  la  police  sanitaire  actuellement  soumis  aux 
Chambres.  Mais  M.  le  ministre  de  l'agriculture  a  pensé  qu'il  était 
urgent  de  mettre  en  vigueur  et  de  rendre  obligatoires  les  mesures  sur 
la  désinfection  des  wagons  prises  en  1 877  par  le  ministère  des  tra- 
vaux publics.  En  conséquence,  par  une  circulaire  qu'il  vient  d'adres- 
ser aux  préfets,  il  les  engage  à  prendre,  chacun  dans  leur  département, 
des  arrêtés  prescrivant  désormais  d'une  manière  générale  la  désinfec- 
tion des  wagons,  après  chaque  expédition  d'animaux  vivants,  ainsi 
que  le  nettoiement  des  voies  et  des  quais  que  les  animaux  auront  par- 
courus. Cette  circulaire  est  ainsi  conçue  : 

«  Monsieur  le  préfet,  une  épizootie  de  fièvre  aphteuse  sévit  actuellement  dans  un 
gTand  nombre  de  départements,  et  Tune  des  causes  principales  auxquelles  on  doit 
attribuer  son  extension  est  l'absence  de  désinfection  des  wagons  employés  aux 
transports  des  bestiaux. 

«  Il  est  inévitable,  en  effet,  quelle  que  soit  la  surveillance  exercée  sur  le  bétail 
dans  les  localités  oiî  l'affection  est  signalée,  que  des  bêtes  contaminées  et  même 
quelquefois  des  bêtes  malades  échappent  à  la  surveillance  de  l'autorité,  alors  sur- 
tout que  l'épizootie  commence  à  se  manifester.  Si  ces  animaux  sont  transpor- 
tés par  chemin  de  fer,  le  wagon  qui  les  aura  contenus  sera  infecté,  et  les  autres 
animaux  qui  passeront  successivement  dans  ce  wagon  seront  exposés  à  contrac- 
ter la  maladie. 

«  Le  projet  de  loi  sur  la  police  sanitaire,  qui  a  été  adopté  déjà  par  le  Sénat  et 
qui  est  en  ce  moment  soumis  à  l'examen  de  la  Chambre  des  députés,  porte, 
comme  vous  le  savez,  que  les  wagons  à  bestiaux  doivent  être  désinfectés  après 
chaque  transport,  en  tout  temps  et  quel  que  soit  l'état  sanitaire.  Je  ne  doute  pas 
de  l'adoption  de  cette  disposition  dans  un  délai  très  prochain  ;  mais  je  pense  qu'en 
raison  de  la  situation  sanitaire  actuelle  il  est  d'absolue  nécessité  de  ne  pas  attendre 
le  vote  de  la  loi.  La  plupart  des  autres  pays  d'Europe  nous  ont  d'ailleurs  précédé 
dans  l'application  de  cette  mesure  qui  intéresse  à  un  si  haut  degré  l'agriculture; 
le  matériel  de  chemin  de  fer  est  désinfecté  d'une  manière  générale  et  permanente 
chez  presque  toutes  les  nations  voisines.  La  désinfection  sera  utile  contre  l'exten- 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (30  OCTOBRE    1880^.  165 

sion  non  seulement  de  la  fièvre  aphteuse,  mais  aussi  de  la  péripneumonie  conta- 
gieuse du  gros  bétail  qu'on  signale  sur  plusieurs  points. 

c<  Un  arrêté  de  M.  le  ministre  des  travaux  publics,  en  date  du  27  octobre  1877, 
donne  aux  préfets  le  droit  de  requérir  la  désinfection  du  matériel  de  chemin  de 
fer  affecté  au  transport  du  bétail.  Toutefois  cette  opération  ne  peut  avoir  d'effi- 
cacité réelle  qu'à  la  condition  d'être  effectuée  dans  tous  les  départements  et  pour 
toutes  les  espèces  d'animaux.  Il  est  donc  absolument  indispensable  de  la  généra- 
liser, et  j'ai  l'honneur  de  vous  prier,  monsieur  le  préfet,  de  vouloir  bien  prendre 
un  arrêté  à  cet  effet. 

ce  J'ajouterai  que  la  fièvre  aphteuse  laisse  des  germes  de  contagion  dans  tous  les 
lieux  que  l'animal  malade  a  traversés  et,  pour  ainsi  dire,  dans  les  empreintes  de 
chacun  de  ses  pas,  car  un  liquide  virulent  s'écoule  des  vésicules  qui  se  dévelop- 
pent entre  les  onglons,  et  la  bave  qui  tombe  de  la  bouche  en  est  également  in- 
fectée. Il  est  par  suite  nécessaire  que  les  Compagnies  soient  astreintes  aussi  à 
faire  nettoyer,  après  chaque  expédition  ou  chaque  débarquement,  les  voies  et  quais 
que  les  animaux  auront  parcourus,  ainsi  c[ue  les  locaux  dans  lesquels  ils  auront 
séjourné  et  le  matériel  spécial  qui  a  pu  servir  à  leur  embarquement. 

«  L'arrêté  que  je  vous  prie  de  bien  vouloir  prendre  peut  être  ainsi  conçu  : 

Vu  l'arrêté  de  M.  le  ministre  des  travaux  publics,  en  date  du  27  octobre  187  7, 
qui  a  prescrit  aux  Compagnies  de  chemins  de  fer  de  faire  désinfecter,  à  la  réqui- 
sition des  préfets,  les  wagons  ayant  servi  au  transport  du  bétail,  et  qui  a  autorisé 
ces  Compagnies  à  percevoir  pour  frais  de  désinfection  une  taxe  de  3  fr.  par  wagon  ; 

Vu  la  loi  du  16-24  août  17S0; 

Vu  les  instructions  de  M.  le  ministre  de  l'agriculture  et  du  commerce,  en  date 
du  22  octobre  1880,  ~  Arrête  : 

Article  premier.  — Il  est  prescrit  à  la  Compagnie  du  chemin  de   fer  d de 

faire  nettoyer  et  désinfecter,  dans  les  vingt-quatre  heures  qui  suivront  le  déchar- 
gement, tous  les  wagons  qui  auront  servi  au  transport  des  animaux  de  quelque 
espèce  que  ce  soit. 

Immédiatement  après  l'embarquement  des  animaux,  il   sera  collé  sur  chaque 

wagon  une  étiquette  imprimée  portant  la  mention  suivante  :   Gare  de (Nom  de 

la  gare  expéditrice  ou  de  transit.)  —  A  désinfecter  à  Varriuée. 

Après  la  désinfection,  cette  étiquette  sera  remplacée  par  une  autre  portant  : 
Gare  de (Nom  de  la  gare  destinataire.)  —  Désinfecté. 

Il  est  interdit  de  mettre  en  chargement  aucun  wagon  à  bestiaux  qui  ne  porte 
cette  seconde  étiquette. 

Art.  2.  —  Les  hangars  et  cours  servant  à  recevoir  les  bestiaux  dans  les  gares 
de  chemins  de  fer;  les  rampes  et  quais  d'embarquement  et  de  débarquement;  le 
matériel  spécial  employé  pour  l'introduction  des  animaux  dans  les  wagons,  devront 
être  nettoyés  par  le  balayage  et  le  lavage  à  grande  eau  après  chaque  expédition 
ou  chaque  arrivée  d'animaux. 

Art.  3.  —  Le  présent  arrêté  sera  notifié  à  la  Compagnie  du  chemin  de  fer  de 

—  Il  sera  pub'ié  et  alfiché. 

Sont  chargés  d'en  surveiller  l'exécution  :  MM.  les  sous-préfets,  MM.  les  maires 
et  adjoints;  M.  le  commandant  de  gendarmerie  et  tous  les  fonctionnaires  et  agents 
du  service  de  la  poHce  ;  MM.  les  fonctionnaii'es  et  agents  de  contrôle  ;  MM.  les 
vétérinaires  du  service  des  épizooties. 

«  Vous  voudrez  bien  me  transmettre  deux  exemplaires  de  cet  arrêté. 

«  Recevez,  etc.  «  Le  ministre  de  V agriculture  et  du  commerce^ 

«  P.   TiRARD.  » 

Ces  mesures  seront  accueillies  avec  reconnaissance  par  les  agricul- 
teurs. Toutefois,  nous  devons  faire  remarquer  que  la  taxe  de  3  fr.  que 
les  Compagnies  sont  autorisées  à  percevoir  pour  frais  de  désinfection 
de  chaque  wagon,  deviendra  beaucoup  trop  élevée  lorsque  l'opération 
sera  appliquée  à  tout  le  matériel  de  transport.  Il  y  a  donc  lieu  d'ap- 
peler, sur  ce  fait,  l'attention  du  ministre  des  travaux  publics  et  celle 
des  Compagnies  de  chemins  de  fer.  La  désinfection  du  matériel  est  un 
service  d'intérêt  général  qui  doit  être  payé  à  sa  juste  valeur  et  sur  le- 
quel il  ne  peut  être  admis  que  les  Compagnies  de  transport  fassent  des 
bénéfices. 


166  CHRONIQUE  AGRICOLE   (30  OCTOBRE   1880). 

A  diverses  reprises,  nous  avons  appelé  l'attention  sur  les  travaux 
auxquels  se  livre  le  Comice  de  Lille,  relativement  aux  maladies  conta- 
gieuses. Récemment  sur  la  proposition  de  M.  Yittu,  il  a  adopté  la  déli- 
bération suivante  : 

«  Le  Comice  agricole  de  Lille,  vu  l'existence  d'une  épizootie  aphteuse,  et  consi- 
dérant que  la  connaissance  pour  tous  des  lieux  où  règne  une  maladie  contagieuse, 
quelle  qu'elle  soit  constitue  l'une  des  principales  mesures  propres  à  empêcher  et  à 
prévenir  la  contagion,  émet  à  l'unanimité  le  vœu  suivant  pour  être  communiqué  à 
M    le  préfet,  avec  prière,  dans  Tintérêr  de  l'agriculture,  de  le  mettre  à  exécution  : 

«  Que  dans  chaque  commune  soient  publiés  et  affichés  à  la  mairie  les  noms  des 
étahles,  écuries  et  prairies  renfermant  des  animaux  atteints  de  maladie  contagieuse  ; 
les  noms    seront  enlevés  à  mesure   que   la  maladie  disparaîtra, 

«  Que  la  même  publicité  soit  faite  dans  chaque  chef-lieu  de  sous-préfecture  ou 
préfecture.  » 

La  réalisation  de  ce  vœu  contribuerait  certainement  à  arrêter  l'exten- 
sion des  maladies  contagieuses  notamment  de  la  fièvre  aphteuse. 
V.    —  Nécrologie. 

Un  de  nos  plus  vénérés  et  plus  aimés  collaborateurs  et  confrères, 
M.  Félix  Villeroy,  qui  est  aussi  un  des  doyens  de  l'agriculture  euro- 
péenne, vient  d'éprouver  une  grande  douleur;  il  vient  de  perdre  sa 
femme  qui  était  sa  compagne  depuis  tantôt  soixante  années.  Elle  était 
arrivée  à  l'âge  de  quatre-vingt-six  ans.  Tous  les  agriculteurs  prendront 
part  à  la  douleur  d'un  de  ceux  qu'ils  regardent  comme  leurs  chefs  et 
dont  ils  aiment  à  écouter  les  conseils. 

On  annonce  aussi  la  mort  de  M.  Donzel,  fabricant  de  sucre  et  culti- 
vateur dans  le  département  du  Nord.  11  a  été  l'un  de  ceux  qui  ont  le 
plus  contribué,  par  leurs  exemples  et  leurs  travaux,  à  l'extension  et  aux 
progrès  de  l'industrie  sucrière  en  France. 

VL  —  La  ferme-école  de  la  Nièvre. 
A  la  suite  des  examens  de  sortie  de  la  ferme-école  de  Saint-Michel 
(Nièvre)   dirigée  par  M.  Salomon,  six  élèves  ont   obtenu  leur  brevet 
d'instruction  agricole  dans  l'ordre  suivant  : 

I  Magdelènat,  Louis,  de  Pouques;  —  2  Giordani,  Rigobert,  de  Muro  (Corse); 
—  3  Clievrier,  Joseph,  de  Ghampvert; —  4  Barthélémy,  Amable-Yon,  de  Cuéri- 
gny;  —  5  Regnault,  Victor,  de  La  Fermeté;  — 6  Deschamps.  Jean-Marie,  deChâ- 
teau-Chinon. 

De  ces  six  élèves,  deux  sont  rappelés  par  leurs  parents,  pour 
cultiver  avec  eux;  un  entre  comme  boursier  à  l'école  d'agriculture  de 
Saint-Remy,  deux  ont  obtenu  cliacun  une  bourse  de  600  fr.  à  l'école 
d'irrigation  du  Lézardeau;  enfin  un  autre,  ayant  concouru  pour  entrer  à 
l'école  nationale  de  Grignon,  y  a  été  admis  le  deuxième  des  candidats 
des  fermes-écoles  avec  une  bourse  de  1,200  fr.  Sur  les  nombreux 
candidats  présentés  aux  écoles  nationales  par  la  ferme-école  de  la 
Nièvre  depuis  son  origine,  pas  un  seul  n'a  échoué.  Ces  résultats 
démontrent  qu'elle  se  maintient  à  un  rang  excellent  parmi  les  établis- 
sements d'enseignement  agricole  de  France. 

VIL  —  La  récolte  du  blé  en  France. 

II  est  désormais  certain  que,  dans  son  ensemble,  la  récolte  du  blé 
en  France  a  été  égale,  cette  année,  à  la  production  d'une  année  moyenne. 
C'est  ce  que  confirment  les  appréciations  qui,  de  divers  côtés,  sont 
réunies  et  viennent  s'ajouter  à  celles  que  nous  avons  déjà  données. 
Nous  devons  signaler  aujourd'hui  l'évaluation  qui  vient  d'être  publiée 


CHRONIQUE   AGRICOLE   (30  OCTOBRE    1880).  167 

par  notre  confrère,  M.  Bivort,  directeur  du  Bulletin  des  halles.  Il  estime 
à  96,500,000  hectolitres,  le  produit  de  la  récolte  de  1880,  en  France. 
La  moisson,  d'après  les  renseignements  qu'il  a  réunis,  a  été  très  bonne 
dans  5  départements,  bonne  dans  30  départements,  assez  bonne  dans 
32  départements,  médiocre  dans  15  départements,  mauvaise  dans  5 
départements.  La  récolte  moyenne,  en  France,  est  estimée  à  100  mil- 
lions d'hectolitres;  il  n'y  aurait  donc,  d'après  M.  Bivort,  qu'un  faible 
écart  avec  une  récolte  moyenne.  11  est  juste  d'ajouter  que,  dans  la  li- 
mite d'une  différence  de  4  à  5  millions  d'hectolitres,  importante  en 
elle-même,  il  est  vrai,  il  est  impossible  d'obtenir  une  approximation 
plus  exacte,  étant  données  les  difficultés  que  présente  la  réunion  de 
documents  de  ce  genre. 

VIII.  —  Le  Phylloxéra. 

Des  journaux  du  centre  nous  apprennent  que  le  bruit  a  couru  que 
le  phylloxéra  avait  été  trouvé  à  Chantelle,  dans  l'arrondissement  de 
Gannat  (Allier).  Nous  ne  savons  pas  si  la  nouvelle  est  exacte;  la  chose 
est  possible.  Dans  tous  les  cas,  nous  avons  la  certitude  que  le  traite- 
ment administratif  de  la  tache  signalée  ne  lardera  pas,  si  le  fait  est 
vérifié.  L'administration  de  l'agriculture  et  la  section  permanente  de 
la  Commission  supérieure  du  phylloxéra  n'hésitent  jamais  dans  des 
cas  semblables.  La  Commission  vient  d'approuver  le  traitement  admi- 
nistratif, par  le  sulfure  de  carbone,  de  deux  taches  de  l'Aveyron  et 
de  deux  petites  taches  de  Tarn-et-Garonne,  puis  la  continuation  des 
traitements  administratifs  dans  le  Gers.  La  tache  de  Mézel,  dans  le 
Puy-de-Dôme,  qui  se  trouve  dans  un  terrain  caillouteux,  va  être  traitée, 
par  l'intermédiaire  de  syndicats,  au  moyen  du  sulfocarbonate  de  potas- 
sium. Des  syndicats  devront  être  organisés  dans  les  Pyrénées-Orien- 
tales pour  que  le  traitement  du  phylloxéra,  dont  l'invasion  est  générale, 
puisse  être  encouragé  par  l'État.  Un  syndicat  de  recherches  établi  à 
Mercurey,  dans  Saône-et-Loire,  va  recevoir  également  des  encourage- 
ments. Un  syndicat  dans  le  Gard  et  trois  syndicats,  dans  le  Rhône, 
recevront  des  subventions  pour  le  traitement  des  vignes  par  le  sulfure 
de  carbone;  il  en  sera  de  même  d'un  syndicat  de  la  Gironde,  récemment 
formé  pour  l'application  du  procédé  de  la  submersion.  Nous  dirons  à 
cette  occasion  que  les  syndicats  pour  la  submer^sion,  dans  la  Gironde, 
ont  admirablement  réussi.  Les  travaux  ont  été  exécutés  depuis  deux 
ou  trois  ans,  antérieurement  à  la  loi  sur  les  syndicats  viticoles;  les 
bénéfices  obtenus  sont  tels  que  vraiment  il  n'est  pas  nécessaire  de 
demander  des  subventions  à  l'Etat  ;  des  récompenses  peuvent  seulement 
être  données  pour  reconnaître  le  zèle  des  promoteurs  de  l'application 
du  procédé  de  M.  Faucon  dont  les  services  deviennent  tous  les  jours  de 
plus  en  plus  éclatants. 

Nous  avons  publié  dans  notre  dernier  numéro,  un  compte  rendu 
du  congrès  viticole  de  Saragosse.  Nous  devons  dire  ici  que  ce  congrès 
a  été  plus  particulièrement  consacré  à  l'éloge  des  services  que  peuvent 
prendre  les  cépages  américains.  Aux  noms  des  Français  qui  y  ont  assis- 
tés, dont  le  Journal  a  donné  la  liste,  il  convient  d'ajouter  M.  Jules 
Maistre,  propriétaire  à  Villeneuvette;  M.  Sylvestre,  propriétaire  a 
Clermont-l'Hérault ;  M.  Dejardin,  secrétaire  de  la  Société  d'agriculture 
du  Gard.  On  trouvera  dans  ce  numéro  un  nouvel  article  sur  cette 
importante  réunion. 


168  CHRONIQUE  AGRICOLE   (30  OCTOBRE  1880). 

IX.  —  Sur  le  greffage  des  vignes. 
Les  études  sur  le  greffage  de  la  vigne,  tant  au  point  de  vue  des  mé- 
thodes à  adopter  que  des  cépages  qui  conviennent  le  mieux  pour  cette 
opération,  se  poursuivent  avec  une  grande  activité.  Beaucoup  de  tra- 
vaux sur  ce  sujet  ont  été  déjà  publiés.  Nous  devons  signaler  aujour- 
d'hui une  étude  que  M.  H.  de  Mortillet  vient  de  faire  paraître  sous  le 
titre  :  Bouturage  et  greffage  des  vignes  américaines,  pour  le  midi  et  le 
centre  de  la  France.  Sans  chercher  à  augmenter  ou  à  diminuer  la 
faveur  dont  jouissent  les  vignes  américaines,  M.  de  Mortillet  s'est 
principalement  préoccupé  de  rendre  faciles  aux  personnes  peu  initiées 
aux  procédés  de  multiplication,  les  essais  qu'elles  tenteraient  de  faire 
sur  les  cépages  du  nouveau  monde.  C'est  ainsi  qu'il  passe  successi- 
vement en  revue  les  soins  que  réclament  la  préparation  et  la  planta- 
tion des  boutures,  et  les  diverses  méthodes  de  greffage.  C'est  un  tra- 
vail fait  surtout  au  point  de  vue  des  opérations  pratiques  et  qui,  à  ce 
titre,  se  recommande  tout  spécialement  à  l'attention  des  viticul- 
teurs. 

X.  —  Le  guano  dissous  du  Pérou. 
M.  Chabrier,  directeur  de  la  station  agronomique  de  Morlaix,  a  fait 
cette  année  des  essais  sur  l'emploi  du  guano  dissous  du  Pérou  et  du 
superphosphate  de  guano  fabriqué  par  la  maison  Ohlendorff.  Par  le 
guano  dissous,  il  a  obtenu  à  l'hectare  34  hectolitres  de  grain  (pesant 
2,605  kilog.)  et  5,200  kilog.  de  paille;  par  le  superphosphate  de 
guano,  26  hectolitres  de  grain  (pesant  1,950  kilog.)  et  4,300  kilog.  de 
paille.  Les  deux  résultats  sont  très  beaux,  mais  particulièrement  celui 
fourni  par  le  guano  dissous.  M.  Chabrier  ajoute  que,  avec  les  autres 
engrais  qu'il  a  employés  sur  des  parcelles  de  même  surface  pour  faire  des 
essais  comparatifs,  il  n'a  rien  obtenu  d'aussi  considérable.  Ainsi 
se  trouvent  vérifiées  par  l'expérience  nos  prévisions  relativement  à  la 
convenance  d'employer  tous  les  guanos  et,  notamment  le  guano  dis- 
sous, dans  les  terres  argilo-siliceuses  de  la  Bretagne. 

XL  —  Les  sucres  et  les  betteraves. 

L'arrachage  des  betteraves  se  poursuit  avec  beaucoup  d'activité. 
Malheureusement  l'extrême  humidité  des  derniers  jours,  non  seulement 
a  entrave  cette  miportante  opération,  mais  encore,  a  provoque  la  pour- 
riture des  racines  arrachées  et  laissées  sur  le  champ.  Quant  au  travail 
de  la  fabrication,  il  est  en  pleine  ardeur.  Les  différences  que  l'on 
constate  dans  la  richesse  des  racines  sont  très  considérables,  non  seu- 
lement d'un  canton  ou  d'un  arrondissement  à  un  autre,  mais  sur  des 
points  très  rapprochés  les  uns  des  autres. 

Notre  confrère,  M.  Bureau,  vient  de  publier  son  Annuaire  des  fa- 
briques de  sucre  pour  la  campagne  1880-81.  Cet  annuaire  renferme, 
comme  les  années  précédentes,  la  liste  générale  des  fabriques  de  sucre, 
des  raffineries  et  des  distilleries  de  France,  de  Belgique,  de  Hollande 
et  d'Angleterre.  Cette  liste  est  suivie  de  l'exposé  de  la  législation  des 
sucres,  en  France  et  en  Europe,  d'un  traité  d'analyse  à  l'usage  des  fa- 
bricants de  sucre,  ainsi  que  d'un  tableau  de  droits  d'entrée  des  sucres 
dans  divers  pays.  On  voit  que  cette  publication,  faite  d'ailleurs  avec 
beaucoup  de  soin,  est  remplie  de  renseignements  qui  offrent  un  grand 
intérêt. 


CHRONIQUE  AGRICOLE    (30  OCTOBRE   1880).  169 

XII.  —  Les  transports  des  produits  agricoles. 

La  Compagnie  des  chemins  de  fer  de  Paris  à  Lyon  et  à  la  Méditer- 
ranée nous  fait  savoir  qu'elle  accepte  maintenant,  dans  toutes  les 
gares  de  son  réseau,  tant  en  grande  qu'en  petite  vitesse,  des  expédi- 
tions à  destination  directe  du  littoral  et  de  l'intérieur  de  l'Algérie  (via 
Marseille.)  De  même,  en  sens  inverse,  il  pourra  être  fait  des  envois 
directs  de  l'Algérie  sur  la  France.  Sont  exceptés,  toutefois,  du  bénéfice 
de  cette  mesure,  en  raison  des  conditions  particulières  de  la  traversée, 
les  marchandises  inflammables  de  quelque  nature  qu'elles  soient,  les  os 
et  les  chiffons,  ainsi  que  les  céréales  en  vrac  (blés,  orges,  avoines,  maïs, 
seigles,  etc.).  Jusqu'à  nouvel  ordre,  les  expéditions  à  destination  di- 
recte de  l'Algérie  ne  seront  acceptées  qu'en  port  dû  et  sans  garantie 
de  délais  en  ce  qui  concerne  les  parcours  étrangers  au  réseau  de  la 
Compagnie. 

XIII. — Le  Comité  central  agricole  de  la  Sologne. 

Le  Comité  central  agricole  de  la  Sologne  est  convoqué  pour  sa 
session  d'automne,  sous  la  présidence  de  M.  E.  Boinvilliers,  le 
31  octobre,  à  l'hôtel  de  ville  de  Lamotte-Beuvron.  Parmi  les  questions 
portées  à  l'ordre  du  jour,  nous  devons  citer  :  concours  de  médaille 
d'or  pour  les  instituteurs  primaires  de  la  Sologne,  rapporteur  : 
M.  E.  Gaugiran.  —  Prix  d'honneur,  et  prix  sur  l'utihsation  des  eaux, 
rapporteur  :  M.  d'Arlon.  —  Culture  de  la  vigne,  rapporteur  :  M.  le 
D'  Burdel.  —  Travaux  de  la  Commission  spéciale  des  indemnités  et 
secours  pour  les  dommages  occasionnés  dans  les  pinières,  rapporteur  : 
M.  Boinvilliers,  —  Observations  sur  un  insecte  qui  s'attaque  aux  pins 
sylvestres,  rapporteur  :  M.  David  Cannon.  —  Projet  de  fondation  d'une 
société  forestière  en  Sologne  présenté  par  M.  D.  Cannon,  et  Mémoire 
sur  la  sylviculture,  par  M.  E.  Girard,  rapporteur  :  M.  Baguenault 
de  Viéville,  président  de  la  Société  d'agriculture,  sciences  et  arts 
d'Orléans.  —  Dépôts  d'étalons  en  Sologne,  rapporteur  :  M.  A.  de  la 
Selle.  —  Etudes  sur  l'élève  et  la  reproduction  de  la  vache  laitière  en 
Sologne,  rapporteur  :  M.  A.  Julien,  président  du  Comice  d'arrondis- 
sement de  Bomorantin.  —  Plantes,  insectes,  animaux  nuisibles  en 
Sologne,  rapporteur  :  M.  Martin,  président  du  tribunal  civil  de  Romo- 
rantin  et  M.  J.  Duchalais,  inspeeteur  des  eaux  et  forêts. 

XIV.  —  La  bruche  des  lentilles. 

Dans  une  précédente  chronique,  nous  avons  signalé  le  rapport 
adressé  par  M.  Aymard  au  Conseil  général  de  la  Haute-Loire  sur  les 
travaux  de  la  Société  des  amis  des  sciences,  de  l'industrie  et  des  arts 
dans  ce  département.  Depuis  quelques  années,  la  bruche  qui  attaque 
les  lentilles,  a  pris  un  assez  grand  développement  dans  les  cultures  du 
centre.  M.  Aymard  nous  apprend  que  cet  insecte  est  aujourd'hui  l'objet 
d'études  spéciales  qui,  en  révélant  mieux  peut-être  qu'on  ne  Ta  fait 
jusqu'ici,  les  phases  de  la  vie  et  les  habitudes  de  ce  coléoptère,  amène- 
ront probablement  à  connaître  le  moyen  de  le  détruire.  Les  observa- 
tion de  ce  genre,  poursuivies  par  les  associations,  peuvent  toujours 
rendre  de  réels  services. 

XV. — Nouvelles  de  Vèlat  des  récoltes. 

Les  notes  que  nous  recevons  de  nos  correspondants  n'apportent 
que  peu  de  changements  aux  appréciations  que  nous  avons  déjà  pu- 


170  CHRONIQUE  AGRICOLE   (30  OCTOBRE  1880), 

bliées.  —  Sur'la  situation  agricole  dans  le  département  de  la  Dordogne^ 
M.  de  Lamothe  nous  envoie  de  Mareuil-sur-Belle,  à  la  date  du  22  oc- 
tobre, la  lettre  suivante  : 

c<  Décidément  les  hirondelles  ont  eu  tort  de  nous  quitter  à  la  fin  du  mois  der- 
nier. Les  moucherons  n'ont  point  disparu,  et  les  chaleurs  persévèrent  ;  il  y  a  eu 
quelques  jours  de  fraîcheur,   mais  qui  n'ont   pas    duré. 

«  Pour  en  revenir  à  la  température,  elle  est  fort  douce,  plus  même  que  tiède 
depuis  mercredi  surtout  Aujourd'hui,  vers  deux  heures  de  l'après-midi,  le  ther- 
momètre marquait  21  degrés  au-dessus  de  zéro  et  à  sept  heures  du  soir,  encore 
19.  Quelques  petites  pluies  ayant  humecté  la  terre  hier,  on  profite  de  cet  état 
de  chose  pour  activer  les  semailles  de  froment  qui  s'effectuent  dans  de  honnes 
conditions.  Nos  regains  sont  rentrés.  Ici,  comme  aux  environs  de  Périgueux,  ils 
ont  réuni  l'abondance  à  la  qualité.  Leur  quantité  a  notablement  dépassé  celle  du  foin, 
assez  rare,  il  est  vrai,  cette  année.  On  a  récolté  les  maïs  du  rendement  desquels 
on  est  satisfait  ;  il  y  a  beaucoup  de  pommes  de  terre  et  de  topinambours  On 
peut  en  dire  autant  des  raves  semées  après  la  pluie,  celles  qu'on  s'est  hâté  d'en- 
semencer de  suite  après  le  déchaumage,  confiées  à  un  sol  sec,  presque  en  poussière, 
ont,  par  contre,  à  peu  près  manqué.  Il  y  a  des  châtaignes  et  des  noix,  ces  der- 
nières un  peu  froissées  par  la  grêle,  qui,  dans  plusieurs  communes  du  canton 
de  Mareuil  et  de  la  partie  de  la  Charente  qui  les  joint,  ont  nui  grandement  au 
froment  et  aux  fruits  d'été,  non  moins  qu'au  vm.  Celui-ci  n'abonde  pas,  par 
suite  de  ce  fléau,  de  l'oïdium  et  du  phylloxéra.  La  conséquence  naturelle  de  ce 
déficit  est  qu'il  est  fort  cher.  Plusieurs  propriétaires  n'auront  pas  même  leurs 
provisions.  Je  ne  vous  parle  pas  du  tabac.  L'administration,  en  cela  fort  mal  ins- 
pirée, vient  de  retirer  la  permission  de  le  cultiver  à  la  seule  commune  du  can- 
ton qui  est  parvenue  à  lui  donner  une  place  dans  ses  assolements  et  qu'il  aurait 
fallu  encourager  à  continuer.  Par  malheur,  cette  administration  est  loin  d'agir 
toujours  avec  à  propos  en  ce  qui  concerne  la  culture  et  les  livraisons  de  la 
plante  qu'elle  a  mission  de  protéger,  tandis  qu'elle  nuit  souvent  à  sa  propaga- 
tion et  à  son  amélioration  par  ses  chicanes  et  ses  exigences  sans  motifs. 

«  En  somme,  notre  contrée  a  été  moins  heureuse  que  plusieurs  autres  de  la 
Dordogne  en  1880.  Voici  plusieurs  années  de  suite  que  nos  propriétaires  sont  en 
pertes,  aussi  beaucoup  d'entre  eux  commencent-ils  à  être  découragés,  » 

Des  pluies  abondantes  sont  tombées  depuis  quelques  jours  sur  la 
plus  grande  partie  de  la  France  ;  elles  ont,  sur  quelques  points,  pro- 
voqué le  débordement  des  rivières  et  occasionné  de  véritables  dé- 
sastres, soit  dans  les  champs,  soit  dans  les  villages.  Partout  elles  ont 
entravé  les  travaux  d'arrachage  des  betteraves  ou  des  pommes  de  terre, 
ainsi  que  ceux  de  semailles  ou  de  labours  d'automne.  Tel  est  le  fait 
caractéristique  de  la  situation  présente.  J.-A.  Barr.\l. 

SUR  LES  MATIÈRES  SUCRÉES 

CONTENUES  DANS  LE  FRUIT   DU  CAFÉIER* 

La  baie  ou  cerise  du  caféier  a  la  grosseur  d'une  merise;  à  l'état  de 
maturité  elle  est  rouge;  sa  pulpe  jaunâtre  possède  une  saveur  légère- 
ment sucrée.  Chaque  fruit  renferme  deux  coques  ellipsoïdes,  presque 
rondes,  planes  d'un  côté,  accolées  par  leurs  faces  aplaties  et  enveloppées 
de  deux  minces  tuniques.  L'épaisseur  de  la  pulpe  comprise  entre  l'é- 
pidermeet  la  graine  est  très  faible;  on  en  jugera  par  les  dimensions 
prises  sur  une  cerise  de  forme  à  peu  près  ovoïde  :  grand  axe  0'\015  à 
O^.Oie,  petit  axe  O^.OiS.  L'épaisseur  de  la  couche  charnue  a  varié 
de  0«'.002  à  O-^-OOS. 

Dans  les  plantations  du  Venezuela,  lorsque  je  les  visitai,  on  déga- 
geait les  graines  de  café  du  fruit  en  désagrégeant  la  pulpe.  A  cet  effet, 
les  fruits  étaient  étendus  sur  une  aire  légèrement  inclinée.  La  fermen- 
tation avait  lieu  presque  immédiatement  en  répandant  une  odeur 
TÎneuse.  Le  suc  fermenté  s'écoulait  où  se  desséchait.  Après   quelques 

1.  ComJaunication  faite  à  l'Académie  des  Sciences. 


SUR  LES  MATIÈRES  SUCRÉES  DU  FRUIT  DU  CAFÉIER.  171 

jours  d'insolation,  les  fruits  secs  étaient  soumis  à  deux  triturations, 
la  première,  pour  obtenir  le  grain,  la  seconde,  à  l'effet  d'en  briser  l'en- 
veloppe coriace  pour  le  décortiquer. 

Dans  mes  notes,  je  lis  que  I  hetolitre  de  cerises  rend  de  35  kilo- 
grammes à  40  kilogrammes  de  cafémarcliand. 

Durant  mon  séjour  dans  les  vallées  d'Aragua,  à  Maraca.y,  j'avais 
reconnu  dans  le  fruit  du  caféier  plusieurs  sucres  dont  il  restait  à  spé- 
cifier la  nature;  mais  les  moyens  dont  je  disposais  et  aussi  l'état  de 
nos  connaissances  ne  me  permirent  pas  alors  de  continuer  des  re- 
cherches qui  seraient  restées  inachevées,  si,  à  ma  prière,  l'empereur 
du  Brésil,  auquel  on  ne  s'adresse  jamais  en  vain  lorsqu'il  s'agit  de 
l'intérêt  des  sciences,  ne  m'eût  fait  parvenir  par  l'intermédiaire  de 
notre  éminent  et  regretté  confrère  le  général  Morin,  des  cerises  de 
caféier  mises  dans  l'alcool  immédiatement  après  la  cueillette.  Ces  fruits 
parvinrent  au  Conservatoire  des  arts  et  métiers  en  septembre  1 879. 

De  Tune  des  dames-j cannes  on  retira  : 

A.  L'alcool  dans  lequel  les  fruits  avaient  séjourné 6  kilog.  400 

B.  Fruits  imbibés  d'alcool 9  kilog.  030 

A.  L'alcool,  d'une  teinte  ambrée,  d'une  saveur  légèrement  sucrée, 
laissant  un  arrière  goût  amer,  ayant  une  réduction  acide,  a  été  distillé 
dans  le  vide  jusqu'à  réduction  au  volume  de  I  litre.  C'est  dans  ce  résidu 
de  la  distillation  qu'on  a  dosé  des  matières  sucrées  que  l'alcool  avait 
dissoutes  après  un  traitement  préalable  par  le  sous-acétate  de  plomb. 

Le  liquide,  débarrassé  du  plomb  introduit  en  excès,  fut  amené  à 
consistance  sirupeuse;  le  sirop,  placé  dans  le  vide  sec,  se  prit  en  vingt- 
quatre  heures  en  une  masse  cristalline.  Les  cristaux  obtenus  par  expres- 
sion,, puis  purifiés  par  cristallisation  dans  l'alcool,  présentaient  un 
assemblage  d'aiguilles  déliées,  incolores,  d'une  saveur  fraîche  et  peu 
sucrée.  Ces  cristaux,  ne  possédant  pas  de  pouvoir  rotatoire,  entraient 
en  fusion  à  la  température  de  1  66".  Ce  sont  là  des  caractères  de  la 
mannite  qui  existerait  dans  les  cerises  du  caféier  mêlée  à  du  sucre  in- 
terverti et  à  du  saccharose,  dont  on  a  déterminé  les  quantités. 

B.Les  cerises  imbibées  d'alcool  pesant  9kil.  030,  misesàl'étuve,  ont 
été  réduites  au  poids  de  3  kil.800;  on  y  a  dosé  les  sucres  et  la  mannite. 


Voici  les  résultats  des  dosages  : 

A.  Dans        B.  Dans  les  3  kilog.  800 
l'alcool.  de  cerises  sèches. 


Total. 


gr-                             gr-  gr. 

Mannite 72.0  20.0  92.0 

Sucre  interverti 233.3  131.1  364.4 

Sucre  de  canne 65.9                         32.7  98.6 

En  restituant  aux  cerises  sorties  del'étuve,  pesant  3,800  grammes, 
les  matières  sucrées  que  l'alcool  avait  enlevées,  371  gr.  2,  on  a,  pour 
le  poids  des  cerises  sèches,  environ  4,171  gr.  2. 

Pour  100  grammes  de  cerises  séchées  à  l'étuve,  dans  l'état  où  elles 
sont  parvenues  à  Paris,  on  aurait  : 

Mannite 2.21 

Sucre   interverti 8.73 

Sucre  de  canne 2.37 

Substances  indéterminées 86.69 

100.00 

Dans  les  matières  indéterminées  se  trouvaient  la  pulpe  privée  de 
substances  solubes  et  des  graines  avec  leur  tuniques  cartilagineuses 


172       SUR  LES  MATIÈRES  SUCRÉES  DU  FRUIT  DU  CAFÉIER. 

(endocarpe).  On   a  constaté,  en  outre,  dans  les  solutions  alcooliques 
de  l'acide  malique  et  de  la  caféine. 

Les  cerises  desséchées  à  l'étuve  ont  donné  pour  100  :  graines,  netles.   .   .     47.93 
Des  cerises  retirées  d'une  autre  dame-jeanne 47.81 

Une  dessiccation  que  je  fis  sur  des  cerises  fraîches  cueillies  sur  un 
caféier  de  Venezuela,  a  produit  pour  100  : 

Graines   non  décortiquées 33.4 

,  .  Pulpe  sèche .5.6  l  „  i      u      -j  /.^  <? 

■    ■      Eau  par  difTcrence _61U0  (  Pulpe  humide.   .   .     66.6 

100.0 

De  Humboldf,  considérant  la  promptitude  avec  laquelle  la  cerise  du 
caféier  fermente,  et  la  masse  énorme  de  substances  organiques  fournies 
par  des  plantations  de  cent  mille  arbustes,  était  étonné  qu'on  n'eût 
jamais  pensé  à  en  retirer  de  l'alcool.  Je  ne  saurais  partager  l'étonne- 
ment  du  célèbre  voyageur,  et  je  doute  que  la  distillation  des  baies  du 
caféier  soit  lucrative;  je  la  crois  môme  difficilement  praticable.  D'abord 
cette  cerise,  l'analyse  l'indique,  est  relativement  pauvre  en  pulpe 
sucrée,  si  on  la  compare  à  la  cerise  ordinaire,  à  la  merise  et  aux 
autres  fruits  à  noyaux  avec  lesquels,  en  Europe,  on  prépare  des  liquides 
alcooliques. 

Ainsi,  tandis  que  la  cerise  du  caféier  ne  renferme  pas  au  delà  de 
66  pour  100  de  pulpe, 

La  cerise  ordinaire  en  contient , SO 

La  prune  à  quekhenicasser 95 

J'ajouterai  que,  pour  faire  fermenter  le  fruit  du  caféier,  il  faudrait 
recourir  aux  procédés  suivis  dans  la  préparation  du  kirschenwasser, 
du  quetchenwasser,  opérer  en  vases  clos  et  soumettre  à  la  distillation, 
dans  un  espace  de  temps  fort  limité,  la  totalité  de  la  masse  fermentée, 
graines  comprises.  Or,  il  est  douteux  qu'après  une  coction  dans 
l'alambic,  lea  graines  de  café  ne  perdent  pas  de  leur  qualité.  Il  con- 
vient d'ailleurs  de  remarquer  qu'en  présence  de  la  culture  de  la  canne, 
ce  grand  producteur  de  sucre  et  par  conséquent  d'alcool,  il  n'y  a  réel- 
lement aucune  raison  pour  distiller  le  fruit  du  caféier,  ne  donnant, 
ainsi  que  je  m'en  suis  assuré,  qu'une  eau-de-vie  sans  ces  parfums 
qui  font  coter  si  haut  au-dessus  du  prix  de  l'alcool  ordinaire  les 
alcools  de  merises,  de  mirabelles,  de  quetchen.  Au  reste,  il  n'est 
pas  exact  d'affirmer  qu'on  n'ait  pas  tenté  d'obtenir  un  liquide  alcoo- 
lique du  fruit  du  caféier.  On  lit,  en  ellet,  dans  les  mémoires  de  l'aca- 
démie des  Inscriptions,  «  que  les  habitants  de  l'Arabie  prennent  la 
peau  qui  enveloppe  la  graine  et  la  préparent  comme  le  raisin;  ils  en 
font  une  boisson  pour  se  rafraîchir  pendant  l'été.  Cette  liqueur  vineuse 
semble  posséder  toutes  les  propriétés  excitantes  que  l'on  apprécie 
dans  le  café.  » 

Dans  cette  préparation,  on  fait  fermenter  la  pulpe  après  en  avoir 
extrait  la  graine,  qui  ne  saurait,  par  conséquent,  subir  aucune  altéra- 
tion; quant  au  vin  de  café,  il  est  naturel  qu'il  ait,  à  un  certain  degré, 
la  faculté  excitante  de  l'infusion,  puisque  la  cerise  cède,  comme  on 
l'a  vu,  de  la  caféine  à  l'alcool,  et  que  des  principes  fixes  de  la  pulpe 
restent  dans  le  liquide  après  la  fermentation,  qui  ne  détruit  que  les 
matières  sucrées.  Boussingault, 

Membre  de  l'Académie  des  sciences  et  de  la  Société  nationale  d'agriculture. 


SUR  LES    POULES   PONDEUSES.  173 

SUR  LES  POULES  PONDEUSES 

La  question  des  poules  pondeuses  est  intéressante  et  me  semble 
mériter  d'être  étudiée. 

La  poule  peut-elle  avoir  dans  son  ovaire  plus  ou  moins  de 
600  œufs?  —  Y  a-t-il  des  races  de  poules  pondeuses  qui  produisent 
plus  d'œafs  que  d'autres  races,  ou  bien  a-t-on  cru  que  les  poules  pon- 
daient plus  parce  qu'elles  pondaient  dans  un  court  espace  de  temps 
tous  les  œufs  quelles  devaient  pondre  dans  l'année? 

Dans  la  nature,  la  poule,  comme  tous  les  oiseaux,  ne  devrait  pondre 
que  les  œufs  qu'elle  doit  couver.  Tous  les  animaux  domestiques  ne 
sont  pas  tels  qu'ils  étaient  dans  l'état  de  nature.  Comme  il  y  a  des  va- 
ches d'une  race  qui  prend  facilement  la  graisse  et  des  vaches  d'une 
race  qui  donne  beaucoup  de  lait,  il  y  a  des  poules  renommées  pour  la 
délicatesse  de  leur  char,  —  les  poulardes  du  Mans.  Il  y  a  aussi 
des  races  de  poules  pondeuses.  Il  serait  intéressant  de  les  connaître. 
Ce  sont  les  fermières,  les  ménagères  de  la  campagne  qui  doivent  don- 
ner la  solution  de  cette  question,  d'abord  en  comptant,  avant  de 
mettre  la  poule  au  pot,  les  petits  œufs  qui  forment  la  grappe  qu'elle  a 
dans  son  ovaire,  pour  qu'on  sache  si  ce  nombre  est  toujours  le  même 
ou  s'il  varie  selon  les  races. 

Les  observations  transmises  au /oio'/m/  de  l'Agriculture  seront  accueil- 
lies avec  reconnaissance  par  tous  ses  lecteurs  ou  lectrices,  et  feront 
voir,  une  fois  de  plus,  que  les  femmes  ont  un  rôle  à  remplir  dans  le 
ménage  rustique,  où  il  y  a  tant  de  détails  qu'elles  seules  peuvent  et 
doivent  surveiller.  F.  Villeroy. 

SUR  LE  REBOISEMENT  DE  LA  SOLOGNE  ' 

Après  avoir  recherché  les  moyens  d'exploiter  et  d'utiliser  les  bois 
endommagés,  il  y  a  lieu  d'étudier  quels  sont  les  procédés  à  employer 
pour  refaire  les  forêts  de  la  Sologne  et  les  reconstituer  .cette  fois  de 
façon  à  les  préserver  dans  l'avenir  des  causes  de  ruine  qui  viennent 
de  les  atteindre.  11  y  a  urgence,  car  le  désastre  occasionné  par  les  gelées 
a  produit  une  grande  émotion,  et  il  importe  que  ce  sentiment  ne  dé- 
génère pas  en  découragement.  Tous  les  propriétaires  sont  disposés  à 
refaire  les  plantations  détruites;  mais  leurs  eiïbrts  pourraient  ne  pas 
aboutir,  si  l'Etat  ne  mettait  ses  conseils  à  leur  disposition. 

Nous  allons  successivement  exposer  avec  quelles  essences  les  forêts 
de  la  région  doivent  être  reconstituées  et  indiquer  quels  sont  les 
meilleurs  procédés  d'exécution. 

Essences  à  préférer.  —  Pour  reboiser  la  Sologne,  on  ne  peut  songer 
qu'au  chêne  et  aux  résineux  : 

Or,  les  peuplements  de  chêne  sont  dispendieux  et  difficiles  à  créer 
dans  les  terrains  dénudés  et  sans  abri;  il  est  même  presque  impos- 
sible de  les  élever  d'une  manière  satisfaisante  lorsque  le  sol  est  en- 
vahi par  certaines  plantes  parasites  telles  que  l'augère  (fétuque  azurée), 
la  bruyère  et  Tajonc;  il  faudrait,  préalablement  et  à  grands  frais,  dé- 
truire ces  plantes  par  des  cultures  répétées. 

D'autre  part,  le  chêne  ne  commence  à  donner  des  produits  qu'à  un 
âge  relativement  avancé  et  eon  accroissement  n'est  pas  considérable. 

1.  Evtrait  du  rapport  adresse  au  Conseil  général  du  Loiret.  —  Yo:r  le  Journal  du  9  octobre, 
page  46  de  ce  volume. 


174  LE  REBOISEMENT  EN    SOLOGNE. 

Dans  la  forêt  d'Orléans  comparable  à  la  zone  qui  lui  fait  face,  sur  la 
rive  gauche  de  la  Loire^  on  ne  constate  qu'exceptionnellement  pour 
cette  essence  une  production  annuelle  de  4  mètres  cubes  à  4  mètres  1/2 
par  hectare,  tandis  que  les  sols  de  la  môme  forêt,  qui  sont  peuplés  en 
résineux,  produisent  un  volume  presque  double.  Et  il  convient  d'autant 
plus  de  tenir  compte  de  cette  circonstance  que,  depuis  quelques  années, 
l'écait  entre  le  prix  des  produits  feuillus  et  des  produits  résineux  a 
singulièrement  diminué.  On  trouve,  en  effet,  dans  la  mercuriale  du 
marché  parisien  vers  lequel  s'écoulent  tant  de  bois  de  Sologne,  les  chiffres 
suivantsrbois  neufs  durs, le  décastère175  à1S5fr.;  bois  pelard-chêne, 
160  à  165  fr.;  bois  durs  de  flot,   150  à  160  fr.  ;  pin,   140  à  150  fr. 

Sauf  dans  quelques  cas  particuliers,  il  n'y  a  donc  pas  lieu  de  pré- 
coniser les  semis  ou  les  plantations  de  chêne.  Il  reste  à  examiner  les 
résineux.  Parmi  eux,  nous  ne  voyons  que  trois  espèces  de  pins  que 
l'on  puisse  penser  à  recommander  pour  les  travaux  de  quelque  im- 
portance; ce  sont  les  laricio  d'Autriche,  dit  pin  noir,  le  pin  maritime 
et  le  sylvestre.  11  y  a  lieu  de  reconnaître  qu'il  existe  en  Sologne 
des  bouquets  et  même  quelques  petits  massifs  de  pins  noir,  les- 
quels ont  dépassé  vingt  ans  et  sont  assez  vigoureux  ;  mais  il 
n'en  est  pas  moins  vrai  que  cette  essence  n'a  pas  encore  fait  ses 
preuves  d'une  façon  suffisante  et  qu'on  n'est  positivement  fixé  ni  sur  ses 
exigences  au  point  de  vue  du  sol,  ni  sur  la  rapidité  de  son  accrois- 
sement, ni  sur  sa  longévité  ni  sur  la  qualité  de  son  bois,  notamment 
pour  la  boulangerie.  En  fait,  on  s'accorde  généralement  à  considérer 
le  pin  noir  comme  une  essence  des  terrains  calcaires,  et  l'un  des  ca- 
ractères de  la  Sologne  est  l'absence  ou  l'extrême  rareté  du  carbonate  de 
chaux.  Employer  cette  essence  sur  une  grande  échelle  serait  donc  une 
réelle  imprudence  qui  pourrait  conduire  à  des  mécomptes. 

Le  pin  maritime,  qui  domine  en  Sologne,  présente  des  inconvénients 
sérieux.  11  est  sujet  à  la  maladie  du  rond  qui  a  déjà  causé  de  grands 
dommages; lorsque  par  une  révolution  de  résineux,  on  se  propose  de 
préparer  le  sol  à  la  culture  des  essences  feuillues  ou  des  céréales,  il  ne 
lemplit  pas  le  but,  car  son  couvert  léger  laisse  vivre  en  sous-étage, 
les  plantes  parasites.  Il  ne  supporte  pas  les  sols  argileux,  c'est  un 
grave  danger  pour  son  élevage  dans  les  terrains  de  Sologne,  oii  l'épais- 
seur et  la  nature  des  couches  sont  sujettes  à  des  variations  subites  (bien 
souvent  des  peuplements  de  pin  maritime,  semés  sur  un  terrain  suf- 
fisamment sableux  à  la  surface,  sont  morts  avant  d'avoir  atteint  les  di- 
mensions utilisables,  parce  que  leurs  racines  avaient  rencontré  un 
banc  d'argile  dont  l'existence  n'avait  pas  été  soupçonnée).  Enfin,  même 
en  admettant  que  les  retoiu's  des  grands  froids  ne  se  présentent  qu'à 
de  longs  intervalles,  il  est  impossible  de  méconnaître  la  portée  delà  dure 
leçon  de  l'hiver  1879:  l'impossibilité  où  se  trouve  le  pin  maritime 
de  résister  aux  abaissements  de  température  de  plus  de  25  degrés 
centigrades,  sera  une  menace  permanente  pour  les  propriétaires  qui 
continueront  à  cultiver  cette  essence.  Le  pin  sylvestre  est,  d'après  la 
théorie  et  l'expérience,  le  résineux  le  mieux  approprié  à  la  localité. 
Il  prospère  dans  tous  les  terrains  de  la  Sologne;  il  s'accommode  des 
sels  peu  profonds,  très  argileux  et  mouillés;  grâce  à  son  couvert,  il 
débarrasse  ces  terrains  des  bru}'ères  et  des  ajoncs;  il  leur  procure  un 
riche  amendement;  enfin,  il  a  parfaitement  supporté  les  fortes  gelées 
qui  viennent  de  détruire  son  congénère. 


LE  REBOISEMENT  EN   SOLOGNE.  175 

Malo;ré  les  considérations  qui  précèdent,  la  plupart  des  proprié- 
taires de  Sologne  ont  pour  le  pin  maritime  une  préférence  marquée, 
et  il  est  par  suite  nécessaire  d'examiner  ici,  avec  détails,  si  les  motifs 
de  cette  préférence  sont  bien  fondés. 

Tout  d'abord,  les  partisans  du  pin  maritime  déclarent  que  c'est 
celui  qui  permet  de  reboiser  un  terrain  le  plus  économiquement. 
Emise  d'une  façon  aussi  générale,  cette  assertion  ne  saurait  être  accep- 
tée; la  nature  et  Tétat  du  sol,  le  prix  de  la  graine  ou  celui  des  plants, 
le  salaire  des  ouvriers,  les  instruments  que  l'on  peut  y  employer,  la 
situation  du  propriétaire,  sont  autant  de  données  essentiellement 
variables  dont  dépend  le  prix  d'un  reboisement,  ensuite  que  le  pro- 
blème du  prix  de  revient  n'est  pas  susceptible  d'une  solution  unique 
et  absolue.  Ce  qu'il  est  seulement  vrai  de  dire,  c'est  qu'en  Sologne, 
dans  certains  cas,  le  repeuplement  par  le  pin  maritime  entraîne  à  une 
dépense  moindre  que  tout  autre  système  de  boisement.  Lorsque,  en 
effet,  dans  les  terres  depuis  plus  ou  moins  longtemps  en  culture,  on 
peut  semer  le  maritime  avec  une  dernière  céréale,  la  combinaison  pré- 
sente les  avantages  suivants  : 

1°  Les  frais  de  labour  et  de  hersage  sont  mis  au  compte  de  l'exploi- 
tation agricole  et  ils  sont  réellement  plus  que  payés  par  la  récolte; 
T  l'entreprise  forestière  ne  se  trouve  grevée  que  du  prix  d'achat  de 
la  graine,  et  cette  charge  est  minime;  3"  l'opération  est  facile  à  faire, 
car  la  graine  de  maritime  étant  relativement  grosse  supporte  d'être 
recouverte  assez  largement,  c'est-à  dire  peu  minutieusement,  comme 
le  permet  l'instrument  ordinaire  qu'on  appelle  la  herse;  4°  de  plus, 
la  semence  étant  généralement  bonne,  le  succès  du  semis  se  trouve 
presque  toujours  assuré;  5"  enfin,  quant  aux  jeunes  plants,  abrités 
par  le  seigle  (ordinairement  employé],  et  placés  dans  un  tiTrain  bien 
ameubli,  ils  ne  peuvent  que  prospérer  et  se  développer  rapidement. 
Mais,  on  le  voit,  il  ne  s'agit  là  que  d'un  cas  tout  particulier  et  non 
d'un  système  applicable  en  général;  très  peu  de  pineraies  détruites 
en  1879  pourront  maintenant  être  défrichées  et  cultivées  préalable- 
ment en  céréales  ;  la  plus  grande  quantité  d'entre  elles  devra  être 
reboisée  directement,  non  seulement  sans  cultures  transitoires,  mais 
peut-être  même  sans  qu'il  ait  été  possible  d'y  arracher  les  souches 
mortes. 

Il  est  vrai  qu'il  existe  pour  le  pin  maritime  un  autre  mode  de  semis, 
qui,  lui  aussi,  ne  revient  guère  qu'au  prix  de  la  graine  :  c'est  celui 
qu'on  désigne  habituellement  sous  le  nom  de  semis  sur  bruyères.  Il 
est  fait  à  la  volée  sur  le  sol,  sans  que  celui-ci  ait  subi  de  préparation, 
et  l'on  compte,  pour  enterrer  les  graines,  sur  le  piétinement  des 
ouvriers,  la  marche  des  chevaux  ou  même  le  passage  de  troupeaux 
introduits  spécialement  à  cet  effet.  Sans  doute,  on  a  assez  souvent 
obtenu  aussi  des  résultats  satisfaisants  que  l'on  montre  complaisam- 
ment;  mais  à  côté  de  ces  réussites,  il  y  a  eu  bien  des  insuccès  dont 
on  a  pas  parlé.  La  vérité  est  que,  en  opérant  de  la  sorte,  on  se  met, 
bien  plus  qu'en  semant  de  tout  autre  façon,  à  la  merci  des  saisons,  de 
l'humidité  et  de  la  sécheresse.  Le  procédé  du  semis  sur  bruyères  donne 
des  résultats  essentiellement  variables,  irréguliers  et  incertains  ;  il 
est  absolument  aléatoire;  enfin  il  ne  peut  être  employé  avec  quelques 
chances  de  succès  que  dans  les  terrains  envahis  seulement  par  la 
bruyère,  car  partout  où  il  existe  des  ajoncs,  cette  plante  si  répandue 


176  LE  REBOISEMENT  EN    SOLOGNE. 

en  Sologne,  la  graine  ne  pourrait  pas  arriver  jusqu'au  sol.  La  seconde 
raison  que  donnent  les  propriétaires  de  leur  préférence  pour  le  pin  ma- 
ritime, c'est  que,  disent- ils,  sa  croissance  est  plus  rapide  que  celle 
du  sylvestre.  Pendant  les  premières  années,  le  pin  maritime  végète,  en 
effet,  plus  vigoureusement  que  son  congénère,  mais  cet  avantage  ne 
se  mai  rtient  pas  jusqu'à  l'âge  de  l'exploitabilité.  En  outre,  si  les  pins 
maritimes  sont,  à  âge  égal,  généralement  plus  gros  que  les  sylvestres, 
ils  demandent  un  espacement  plus  considérable  et  sont  par  suite 
moins  nombreux  sur  une  même  surface.  D'ailleurs,  considération 
importante,  leur  écorce  est  beaucoup  plus  épaisse  et  l'opération  de 
l'écorcement  (réclamée  impérieusement  par  le  grand  consommateur 
de  ces  bois  :  la  boulangerie)  donne  un  déchet  notablement  plus  consi- 
dérable. Il  n'est  donc  nullement  démontré  que  le  volume  utile 
d'un  massif  maritime  soit  plus  fort  à  l'hectare  que  celui  d'un  massif 
de  sylvestre.  On  fait  remarquer  en  dernier  lieu  que,  sur  le  marché 
de  Paris,  les  bois  de  maritime  se  vendent  plus  cher  que  ceux  de 
sylvestre.  Le  fait  est  exact;  mais  la  différence  de  prix  n'est  que  d'en- 
viron 2  fr.  25  par  100  cotrets,  soit  moins  de  40  centimes  par  stère; 
elle  ne  présente  donc  guère,  en  temps  normal,  qu'une  plus-value  de 
1/20  pour  le  propriétaire,  ce  qui  évidemment  ne  suffirait  pas  pour 
compenser  les  graves  inconvénients  signalés. 

En  résumé,  nous  pensons  qu'il  y  a  lieu  de  ne  pas  déconseiller 
l'emploi  du  maritime  aux  petits  propriétaires  lorsqu'ils  sont  placés  à 
proximité  des  centres  de  population,  lorsqu'ils  peuvent  faire  par  eux- 
mêmes  une  culture  agricole  préparatoire  au  reboisement,  lorsqu'ils 
sont  en  possession  de  tirer  parti  des  plantes  inférieures  que  cette 
essence  laisse  vivre  sous  son  léger  couvert  et  lorsqu'ils  ont  besoin  pour 
tuteurs  ou  charniers  des  petits  pins  à  supprimer  dans  les  premières 
éclaircies  ;  encore  faut-il  toujours  qu'il  s'agisse  de  terrains  franche- 
ment et  profondément  sableux. 

Dans  toutes  les  autres  circonstances,  de  beaucoup  les  plus  nom- 
breuses, le  pin  sylvestre  présente  une  supériorité  incontestable. 

Tout  l'effort  de  l'Etat  doit  donc  avoir  pour  but  de  réagir  contre 
l'esprit  de  routine  qui  pousse  certains  propriétaires  à  semer  du  pin 
maritime  pur,  afin  d'obtenir  au  moins  que,  par  prudence  et  à  titre 
d'assurance  contre  les  gelées,  on  lui  associe  le  pin  sylvestre  en  notable 
proportion.  Seulement  partout  où  cette  combinaison  serait  adoptée,  il  ne 
faudraitpasperdrede  vue  les  repeuplements  ainsi  mélangés,  car  le  pin 
maritime  dans  les  premières  années  dominant  son  congénère,  pourrait 
l'étouffer.  Pendant  cette  phase  il  sera  nécessaire  de  venir  en  aide 
aux  pins  sylvestres  pour  les  dégager  des  plants  voisins  de  maritime. 
On  diminuerait  ces  travaux  délicats  et  minutieux  ou  du  moins  on 
en  simplifierait  l'exécution  si,  au  lieu  de  mélanger  les  deux  semences, 
on  les  séparait  entièrement  sur  le  terrain,  ce  qui  peut  se  faire  soit  en 
semant  par  bandes  alternes  chacune  des  graines  isolément,  soit  en 
plantant  en  ligne  les  pins  sylvestres  sur  les  terrains  préalablement 
ensemencés  en  maritime.  Bolcard, 

Conservateur  des  forêts  à  Tours. 

CONCOURS  RÉGIONAL  D'ORAN 

I.—  CONSIDÉRATIONS  GÉNÉRALES 

De  tout  temps  les  peuples  ont  eu  le  goût  des  exhibitions  publiques 
qui  ont  puissamment  aidé  à  la  prospérité  de  leur  commerce  et  de  leur 


CONCOURS  RÉGIONAL  D'ORAN.  177 

industrie,  et  aussi,  disons-le,  aux  progrès  divers  dont  le  résultat  est 
de  servir  avec  succès  la  cause  de  la  civilisation.  Ces  expériences  du 
passé,  reproduites  au  moyen  âge,  sont  encore  pratiquées  de  nos  jours, 
mais  avec  toute  la  splendeur  et  la  perfection  que  permet  l'état  pros- 
père de  l'agriculture  et  du  commerce  des  différents  pays  qui  les 
apprécient. 

Or  le  but  poursuivi  dans  ces  circonstances  est  atteint  non  seule- 
ment par  les  grandes  assises  internationales,  dont  les  Expositions  de 
Londres,  en  1851  et  1862,  celle  de  Vienne,  en  1873,  ainsi  que  celles 
de  Paris,  en  1855,  1867  et  1878,  sont  les  plus  beaux  exemples  qui 
puissent  être  offerts  aux  nations  soucieuses  de  suivre  la  même  voie, 
mais  aussi. par  les  expositions  locales  et  les  concours  régionaux  qui, 
pour  avoir  un  champ  d'action  plus  restreint,  n'en  portent  pas  moins 
des  fruits  sérieux  et  multiples 

Quels  services  n'a  pas  rendus  à  la  métropole,  depuis  1857,  l'insti- 
tution de  la  prime  d'honneur,  créée  d'abord  pour  la  grande  propriété, 
puis  en  1869  mise  à  la  portée  d'un  plus  grand  nombre  de  cultivateurs 
par  la  formation  de  plusieurs  prix  culturaux?  Quels  avantages  les 
agriculteurs  n'en  ont-ils  pas  retirés,  ainsi  que  de  la  tenue  des  concours 
régionaux  où  chacun  d'eux  vient  examiner  les  instruments  nouveaux, 
apprécier  les  formes  des  meilleurs  reproducteurs,  s'assurer  des  bonnes 
espèces  de  semences  qu'ils  peuvent  avoir  intérêt  à  utiliser? 

Le  zèle  de  chaque  individu  se  trouve  ainsi  stimulé,  et  les  améliora- 
tions dans  les  procédés  agricoles  et  industriels  d'un  pays  ne  tardent 
pas  à  se  produire,  surtout  lorsque,  par  de  sages  réformes,  nos  gou- 
vernants s'appliquent  à  maintenir  les  programmes  de  ces  luîtes  paci- 
fiques à  la  hauteur  des  différents  progrès. 

C'est  pour  ces  motifs  que  l'Algérie  a  été,  presque  de  tout  temps, 
favorisée  de  semblables  institutions  qui  ont  ici,  plus  que  partout  ail- 
leurs, leur  véritable  raison  d'être,  puisque  leur  but,  comme  nous 
l'avons  déjà  dit,  est  avant  tout  d'enseigner,  pour  chercher  à  mettre 
en  mouvement  les  forces,  encore  inutilisées,  qui  ne  demandent  qu'à 
produire. 

Ajoutons  qu'elles  ont  donné  d'excellents  résultats,  la  population  de 
la  colonie  se  déplaçant  facilement  dans  le  but  d'assister  à  une  expé- 
rience, de  voir  fonctionner  un  instrument  nouveau,  ou  de  suivre  les 
détails  d'une  culture  perfectionnée. 

La  statistique  des  chemins  de  fer  algériens  confirme  celte  remarque, 
la  proportion  des  voyageurs,  dans  des  conditions  semblables,  étant 
beaucoup  plus  grande  que  celle  des  marchandises. 

Au  moment  où  nous  entrons  dans  une  ère  nouvelle,  il  ne  sera  peut- 
être  pas  inutile  de  regarder  en  arrière,  et  de  résumer,  sans  autre  dé- 
tail, les  expositions  qui  ont  eu  lieu  dans  la  partie  Nord  de  l'Afrique  où 
la  France  entreprend  une  véritable  mission  de  civilisation  en  même 
temps  qu'une  œuvre  importante  au  point  de  vue  de  la  prospérité  éco- 
nomique du  pays. 

La  première  de  toutes  eut  lieu  dans  la  cour  du  collège  d'Alger  au 
mois  de  septembre  1848,  conformément  à  l'arrêté  du  gouverneur  gé- 
néral du  8  juillet  de  la  même  année.  Les  producteurs  européens  des 
trois  provinces,  sans  distinction  de  territoire,  y  furent  conviés,  et  des 
primes  d'encouragement  furent  décernées  avec  les  prix  accordés  aux 
produits  exposés. 


178  CONCOURS  RÉGIONAL  D'ORAN. 

En  1849,  le  minisire  de  la  guerre  décida  que  les  dispositions  de 
l'arrêté  du  Président  de  la  République,  en  date  du  18  janvier,  sur 
l'exposition  des  produits  agricoles  et  industriels  de  France,  seraient 
étendues  aux  départements  algériens,  tandis  que  Constantine  bénéfi- 
ciait des  avantages  qui  avaient  été,  l'année  précédente,  le  partage  de 
la  ville  d'Alger. 

Pendant  les  années  1850,  1851,  1852,  1853  et  1854,  les  exposi- 
tions eurent  lieu  simultanément  dans  les  trois  provinces,  suivant  un 
programme  uniforme,  et  dès  cette  période  les  commissions  d'examen 
mirent  en  relief  le  bétail,  quelques  végétaux  industriels  et  les  fruits 
des  vergers  de  l'Est,  les  améliorations  de  toutes  natures  introduites 
dans  les  procédés  de  culture  du  Centre,  les  efforis  considérables  des 
colons  de  l'Ouest  et  les  importants  domaines  qui  couvraient  déjtà  cette 
partie  du  territoire. 

L'expérience  de  ces  dernières  années  permit  à  la  colonie  de  tenir 
une  place  sérieuse  à  l'Exposition  universelle  de  1855,  et  en  1856  un 
arrêté  du  gouverneur  général  du  15  septembre  décida  qu'il  y  aurait 
tous  les  ans  une  exposition  générale  des  produits  de  Tagriculture  et 
des  différentes  industries  agricoles,  et  que  ces  expositions  seraient 
ouvertes  successivement  au  chef-lieu  de  chacune  des  trois  provinces, 
où  tous  les  indigènes  et  les  Européens  de  la  colonie  seraient  indis- 
tinctement admis,  les  cultivateurs  de  la  province  dans  laquelle  l'ex- 
position aurait  lieu,  pouvant  seuls  concourir  pour  les  objets  dont 
l'examen  devait  se  faire  sur  place  :  plantations  d'arbres,  irrigations, 
exploitations  agricoles.  Par  suite  le  concours  pour  les  bestiaux  fut 
seul  maintenu,  cette  année-là,  dans  les  trois  divisions  administratives. 
C'est  dans  ces  nouvelles  conditions  que  ces  solennités  eurent  lieu  à 
Aliier  en  1857,  à  Oran,  en  1858,  pour  être  réorganisées  ensuite  par 
l'arrêté  du  30  août  1861 . 

Le  31  mars  suivant,  un  nouvel  arrêté,  portant  que  l'exposition  gé- 
nérale se  tiendrait  cette  année  à  Alger,  annonçait  en  même  temps 
qu'une  prime  d'honneur  serait  décernée  à  l'agriculteur  dont  l'exploi- 
tation la  mieux  dirigée  aurait  réalisé  les  améliorations  les  plus  propres 
à  être  offertes  comme  exemple.  Mais  aucune  des  fermes  présentées  ne 
réunit,  d'après  le  rapport  du  jury,  les  conditions  exigées  par  le 
programme. 

En  1863,  cette  haute  récompense  fut  accordée  à  la  ferme  de  Medez- 
Aman,  près  Guelma  dans  le  département  de  Constantine,  et  en  1864 
à  celle  de  Saint-Charles,  appartenant  à  M.  Daudrieu,  agriculteur  du 
département  d'Oran. 

Ces  solennités  furent  alors  interrompues  durant  une  longue  série 
d'années,  pendant  "laquelle  l'Algérie  affirma  cependant  ses  nombreux 
progrès  à  l'Exposition  internationale  de  Paris,  en  1867,  où  1,05() 
exposants  obtinrent  276  récompenses,  à  Vienne  en  1873,  et  enfin  à 
l'Exposition  universelle  de  Paris,  en  1878,  où  plus  de  3  millions  de 
personnes  visitèrent  le  pavillon  spécial  de  la  colonie,  admirant  les 
riches  et  variés  produits  présentés  par  1,990  exposants  auxquels  furent 
attribuées  470  récompenses,  dont  32  médailles  d'or. 

A  ce  moment  se  produisit  un  fait  particulier  d'une  haute   impor- 
tance, puisque  c'est  à  lui,  en  partie,  que  nous  devons  notre  organisa- 
tion actuelle,  et  que  nous  ne  saurions,  par  suite,  passer  sous  silence. 
Depuis  1870,  le  pays,  meurtri  des  blessures  résultant  d'une  cam- 


CONCOURS  REGIONAL  D  ORAN,  179 

pagne  malheureuse  et  néfaste,  n'avait  cherché  qu'à  panser  ses  plaies, 
en  concentrant  tous  ses  efforts  sur  les  travaux  de  nature  à  réparer 
tant  de  désastres,  lorsque  bientôt,  par  l'application  de  sages  lois  éco- 
nomiques, par  l'ardeur,  l'énergie  et  l'activité  déployées  dans  toutes 
les  branches  des  productions  nationales,  mettant  en  œuvre  les  forces 
vives  du  peuple  français,  l'arriéré  fut  enlin  liquidé,  et  les  regards  de 
chacun  se  portèrent  sur  un  avenir  meilleur. 

C'est  alors  qu'en  Algérie,  oii,  pendant  ces  longues  heures  de  muette 
et  de  fiévreuse  réparation,  les  peines,  les  sacrifices,  puis  les  espé- 
rances de  la  mère-patrie,  ont  été  successivement  et  intimement  par- 
tagés, s'ouvrit  une  ère  nouvelle  au  déi)ut  de  laquelle  se  créèrent  de 
nombreuses  associations  dans  le  but  de  donner  une  impulsion  nou- 
velle à  l'agriculture  locale. 

La  Société  d'agriculture  d'Alger,  dont  le  dévouement  soutenu  re- 
monte bien  avant  dans  le  passé,  organisa  alors,  en  187G,  une  bril- 
lante exposition,  à  l'occasion  de  laquelle  la  prime  d'honneur  fut  vail- 
lamment disputée  par  de  dignes  émules,  puis  finalement  décernée  à 
M.  Gros,  propriétaire  àBoufarik. 

Cet  exemple,  tiré  de  ce  qui  se  pratique  en  France  où,  à  côté  de  la 
grande  prime  d'honneur  du  gouvernement,  il  existe  aussi  des  récom- 
penses semblables  accordées  par  des  associations  opérant  grâce  à  des 
crédits  mis  à  leur  disposition  par  des  corps  élus  et  qui  forment  un 
excellent  stimulant,  fut  suivi  par  le  Comice  agricole  d'Oran  dont  les 
efforts  furent  couronnés  d'un  plein  succès  en  1 877,  et  qui  remit  la 
prime  d'honneur  à  M.  Sommer,  pour  sa  ferme  de  Moussa-Thuill. 

Dans  l'Est  de  la  colonie  une  série  de  concours  commença  avec  la 
création  de  la  Société  d'agriculture  de  Constantine;  le  premier  se  tint 
au  chef-lieu,  en  octobre  1874,  le  second  eut  lieu  à  Bône  en  septembre 
1875,  et  le  troisième  à  Philippeville  en  octobre  1876,  époque  où  la 
prime  d'honneur  fut  attribuée  à  M.  Ceccaldi,  pour  la  ferme  des 
Zerdezas. 

En  !  877,  les  préparatifs  de  l'Exposition  universelle  de  Paris  arrê- 
tèrent la  Société  de  Constantine  qui  s'adonna  tout  entière  à  la  grande 
œuvre,  tandis  que  le  Comice  de  Bône  faisait  des  démarches  auprès  du 
député  du  département  en  vue  d'obtenir  une  subvention  de  nature  à 
rehausser  l'éclat  du  concours  qui  devait  se  tenir  dans  cet  arron- 
dissement. 

M.  Gaston  Thomson  sollicita  le  ministre  de  l'agriculture  qui  fut 
frappé  des  immenses  avantages  qui  résulteraient  pour  la  colonie  de 
l'introduction  des  pratiques  suivies  dans  la  métropole,  et  l'application 
des  concours  régionaux  fut  ainsi  décidée. 

La  première  expérience  se  fit  à  Bône  à  la  fin  du  mois  de  septembre 
1879,  et  les  lecteurs  du  Journal  de  V Agriculture  ont  pu  apprécier  les 
heureux  résultats  obtenus  en  cette  circonstance. 

Nous  assistons  en  ce  moment  au  second  essai  qui,  nous  le  verrons 
bientôt,  sera  non  moins  intéressant  que  celui  qui  Fa  précédé,  et  auquel 
tout  présage  un  réel  succès. 

C'est  parce  que  ces  réunions   doivent  se   compléter  mutuellement, 
servir  d'enseignement  aux  uns,  de  termes  de  comparaison  aux  autres 
et  fournir  l'occasion  de  parler  de  chaque  région  agricole  que  la  direc- 
tion de  cette  publication  nous  a  prié  de  rendre  compte  de  celte  solennité. 
Nous  nous  sommes  d'autant  plus   empressé  daccepter  cette  invi- 


[80 


CONCOURS  RÉGIONAL  D'ORAN. 


tation  que  nous  avons  la  conviction  que  l'Algérie  sera  réellement  ap- 
préciée le  jour  où  on  la  connaîtra  telle  qu'elle  est.  Aussi  allons-nous 
résumer  les  efforts  tentés  par  tous  les  intéressés  pour  assurer  la 
réussite  d'une  œuvre  essentiellement  agricole,  entreprise  au  moment 
oii  se  produit  l'extension  du  territoire  civil,  événement  dont  l'impor- 
tance n'échappera  à  personne. 

A  ceux  que  nos  modestes  arguments  n'auront  pas  convaincus,  nous 
nous  bornerons  à  répéter  :  venez  voir  par  vous-mêmes,  ne  craignez 
pas  quelques  heures  de  traversée,  quelques  jours  d'absence  pour  vous 
renseigner. 

Vous  aurez,  pour  vous  recevoir,  une  population  laborieuse,  active, 
intelligente,  et  qui  a  le  sentiment  de  l'hospitalité  et  de  la  sociabilité 
poussée  au  dernier  point.  Les  distractions  ne  vous  feront  pas  défaut, 
et  vous  trouverez  sur  place  tout  ce  que  la  vie  intellectuelle  peut  dési- 
rer, en  même  temps  qu'un  ciel  toujours  beau,  des  situations  natu- 
relles originales,  des  mœurs  hétérogènes  très  curieuses  à  étudier. 

Mais  vous  admirerez  surtout  nos  riches  produits  agricoles,  notre 
industrie  qui  s'affermit,  nos  travaux  de  tous  les  jours,  les  immenses 
résultats  qu'ils  produisent,  et  vous  repartirez  amis  sincères  et  défen- 
seurs dévoués  de  cette  colonie  trop  peu  connue  jusqu'à  ce  jour. 

Le  prochain  concours  régional  qui  se  tiendra  à  Alger  au  mois 
d'avril  1881  fournira,  nous  l'espérons,  une  belle  occasion  de  venir 
contrôler  notre  manière  de  voir.  L.  Bastide, 

Président  du  Comice  de  Bel-Abbès. 

HAIES  ET  CLOTURES 

C'est  pendant  l'hiver  que  se  font  les  opérations  de  plantation  ou 
d'entretien  des  haies  et  des  clôtures.  Nous  croyons  donc  utile  d'em- 
prunter au  Traité  général  des  parcs  el  jardins,  de  M.  Edouard  André, 


Fig.  13.  —  Haie  plantée  sur  le 
bord  d'un  fossé. 


Fig.  14. 


Haie  plantée  au  fond 
d'un  fossé. 


quelques  indications  sur  l'organisation  des   haies,   qu'on    lira  avec 
intérêt. 

Tout  d'abord,  dit-il,  il  faut  proscrire  les  haies  à  double  rangée  qui 
laissent  passer  les  animaux  et  se  dérangent  facilement.  La  plantation 
se  fait  ou  sur  le  bord  ou  sur  le  fond  d'un  fossé.  Le  plus  souvent,  dans 
le  premier  système,  on  plante  (fig.  13)  un  rang  de  jeunes  arbres  à 
50  centimètres  du  bord  du  fossé  ou  de  la  limite  de  la  propriété.  Si 


HAIES  ET  CLOTURÏS. 


l'on  plante  au  fond  du  fossé,  on  peut  également  ne  faire  qu'une  ra 
(iig.  14);  on  n'aperçoit  à  distance  que  la  partie  supérieure,  et 


181 

ngée 
elle 


Fig.  15.  Haie  multiple  au  fond  d'un  fossé. 


A  //4^'a\a. 


Fig.  16.  —  Haie  d'ajoncs,  en  Bretagne, 


forme  une  clôture  très  défensive.  Mais  M.  André  préfère  le  modèle  de 
plantation  en  lignes   multiples  au  fond  et   sur  les  talus,  comme  le 


jÉ.rA 


,    H 


r 


Fig.  17.  —  Haie  sur  un  mur,  à  Guernesey.  Fig.  18.  —  Haie  sur  un  mur,  en  Angleterre. 

montre  la  fig.  15.  Cette  haie,  qui  paraît  à  l'œil  peu  importante,  forme 
toutefois  un  obstacle  infranchissable. 

Dans  quelques  parties  de  la  Normandie  et  de  la  Bretagne,  ainsi  que 


Saut  de  loup  fleuri,  à  Milan. 


dans  les  îles  de  la  Manche,  on  plante  des  haies  d'ajoncs,  comme  on  le 
voit  dans  la  fig.  16,  qui  en  indique  une  coupe.  Les  ajoncs  sont  plantés 
au  sommet  de  cordons  de  terre  élevés  au-dessus  du  niveau  des  champs; 
sur  les  côtés,  on  plaque  xles  mottes  d'herbe  A  A  pour  retenir  les  terres; 
les  ajoncs  B  sont  coupés  chaque  année. 


182  HAIES   ET  CLOTURES. 

Les  haies  peuvent  servir  d'ornement,  en  même  temps  que  de 
clôture.  M.  André  cite  notamment  le  modèle  que  représente  la  fîg.  17, 
et  qui  est  répandu  à  Guernesey.  Un  mur,  sur  le  bord  du  chemin  C, 
soutient  les  terres  relevées  en  dedans  de  la  propriété;  la  haie  est 
plantée  en  A,  de  lauriers-amande,  de  fusains  du  Japon,  ou  de  lauriers- 
tins;  une  bordure  de  fougères  B  en  orne  le  pied.  —  Voici  (fig.  18)  un 
autre  modèle  adopté  en  Angleterre  :  le  mur  est  haut  d'un  mètre;  les 
terres,  relevées  à  l'intérieur,  ont  reçu  une  plantation  de  lauriers- 
amande  A  assez  éloignés  du  bord  pour  pouvoir  se  développer  en  liberté  ; 
sur  le  devant,  des  lierres  B  retombent  et  cachent  entièrement  la 
muraille  jusqu'au  sol  G. 

L'effet  défensif  et  ornemental  des  haies  peut  être  combiné  avec  des 
sauts  de  loup.  Le  parc  public  de  Milan  présente,  dit  M.  Edouard 
André,  une  plantation  de  ce  genre  (fig.  19)  qui  fait  l'admiration  des 
visiteurs.  Le  talus  du  saut  de  loup  est  planté  depuis  le  fond  B 
jusqu'en  C,  sur  toute  sa  hauteur,  de  massifs  homogènes  de  lilas,  de 
ketmies  de  Syrie,  de  spirées,  qui  produisent  un  effet  charmant  lorsqu'on 
les  voit  de  l'avenue  intérieure  A. 

La  plantation  des  clôtures  simples  se  fait  en  défonçant  une  bande 
de  terrain,  de  50  centimètres  à  1  mètre  de  largeur,  sur  une  profondeur 
de  60  à  75  centimètres,  plusieurs  mois  avant  la  plantation.  On  espace 
les  jeunes  plants  de  10  centimètres.  La  première  année,  on  les  rabat 
près  du  sol,  et  les  années  suivantes  on  les  taille  de  plus  en  plus  long, 
suivant  les  dimensions  que  la  haie  doit  prendre.  J.  de  Pradel. 

PISCICULTURE-  -  REVEIL  DE  LA  QUESTION 

La  pisciculture  reconnaissant  que  décidément  elle  fit  fausse  route 
en  France,  sous  le  second  empire,  qui  ne  réussit  qu'à  la  compromettre  ' 
comme  tant  d'autres  choses,  la  pisciculture  est  de  nouveau  chez  nous 
remise  à  l'ordre  du  jour.  Non  seulement  le  Sénat  vient  de  reprendre 
cette  question,  dont  l'importance  ne  peut  échapper  qu'aux  esprits 
légers;  mais  voici  que  les  grands  recueils  scientifiques  recommencent 
à  s'en  préoccuper  :  revues,  journaux  se  remettent  à  traiter  de  l'in- 
dustrie du  poisson.  Les  brochures  reprennent  leur  cours  comme  il  y 
a  trente  ans.  M.  Ghabot-Karlen,  l'ex-régisseur  de  l'établissement 
d'Huningue,  vient,  lui  aussi,  de  se  remettre  à  l'œuvre  et  de  publier,  à 
la  librairie  G.  Masson,  une  plaquette  de  72  pages,  intitulée  ;  Les  Etangs, 
Nous  n'en  détachons  que  ces  lignes  relatives  aux  fleuves  et  aux  petits 
cours  d'eau  : 

«  Dans  l'état  actuel  de  la  propriété  en  France,  la  mise  en  culture 
d'un  cours  d'eau  non  navigable  et  flottable  serait  une  telle  rareté  que 
nous  ne  nous  y  arrêterons  pas.  Quel  duc  de  Richemond  y  possède  une 
rivière  de  son  embouchure  à  sa  source  sur  un  parcours  de  plus  de 
12  lieues,  comme  c'est  ici  le  cas  pour  la  Spey?  5lais  dans  les  autres 
cours  d'eau  l'Etat  étant  nous,  à  l'Etat  donc  ce  devoir  de  haute  pré- 
voyance ! 

«  En  Suisse,  M.  le  colonel  de  Loës,  près  Aigle,  canton  de  Vaud, 
vient  de  parfaitement  poser  et  résoudre  ce  problème,  ce  qui,  du  reste, 
lui  a  mérité  à  l'exposition  internationale  de  pêches  à  Berlin,  mai  1880, 
une  éclatante  distinction. 

«  Nos  très  sincères  vœux  à  ce  continuateur  de  la  grande  tradition 
scientifique  suisse  des  Nicolet,  Agassiz  et  Chavannes.  » 


PISCICULTURE.    —  REVEIL  DE  LA.  QUESTION.  183 

Bien  qu'aucune  petite  rivière  n'appartienne  chez  nous  tout  entière 
à  aucun  marquis  de  Garabas,  ce  dont  nous  nous  félicitons  grande- 
ment, la  question  du  repeuplement  de  ces  petites  rivières  se  résoudra 
quand  on  le  voudra  sérieusement,  comme  elle  l'a  été  en  Angleterre  et 
ailleurs,  quoique,  ni  en  Angleterre  ni  ailleurs,  le  fait  du  duc  .de 
Richemond  ne  se  renouvelle  en  beaucoup  de  localités.  Il  ne  faut  qu^; 
s'arraeher  au  dieu  Routine,  qui,  malheureusement,  «  est  un  puissant 
dieu  ».  Eugène  Noël. 

COMICE  AGRICOLE  CENTRAL  DE  LA  MARNE 

RAPPORT  SUR  LES  PRIX  DE  CULTURE.  —  II' 

La  dernière  exploitation  qu'a  eue  à  visiter  la  Commission  est  celle  de  M.  Renard - 
Matras. 

M.  Renard,  jeune  homme  laborieux,  intelligent  et  doué  d'une  indomptable 
activité,  est  entré  à  Luthernay  en  1863,  prenant  la  suite  d'un  bail  ayant  enco!o 
huit  années  à  courir  et  renouvelé  depuis. 

Le  sol  !e  Luthernay,  de  nature  argilo-calcaire  et  argilo-siliceuse,  est  compac', 
imperméable,  exige  une  forte  et  fréquente  culture  et  surtout  une  somme  de  travau 
pénible  et  considérable. 

Indépendamment  de  ce  sol  extrêmement  difficile,  M.  Renard,  à  son  entrée,  a 
trouvé  la  ferme  en  mauvais  état  de  culture.  N'écoutant  que  son  courage,  il  se  mit 
bravement  à  la  besogne.  M.  Renard  est  d'ailleurs,  pour  Je  Comice  dépariemental, 
une  vieille  connaissance. 

Il  me  semble  encore  entendre  les  applaudissements  dont  il  fut  à  juste  titre 
l'objet  en  1877,  au  concours  de  Vitry-!e-François,  pour  un  drainage,  considéré 
comme  impossible  avant  lui,  de  15  hectares  sur  cette  même  terre  de  Luthernay 
et  qui  lui  valut  la  médaille  d'or.  Je  vous  disais  à  cette  époque  :  M.  Renard-Matras 
est  un  de  ces  hommes  d'une  intelligence  supérieure  qui  savent  mettre  en  pratique 
cette  devise  qui,  quoique  ancienne,  est  toujours  vraie  :  Aide  toi  et  le  ciel  t'aidera. 
Eh  bien!  messieurs,  n'avions-nous  pas  raison  et  ne  voyez-vous  pas  aujourd'hui 
que  M.  Renard  a  triomphé  de  tous  les  obstacles? 

La  ferme  de  Luthernay,  d'une  contenance  de  près  de  2tO  hectares,  est  trans- 
formée, les  labours  profonds  et  les  défoncements  en  ont  rendu  les  terres  plus  meu- 
bles et  plus  friables  ;  les  fumiers  et  les  engrais  sont  devenus  assimilables;  mais 
au  prix  de  quelles  fatigues  et  de  quels  sacrifices  ! 

Comme  à  Muizon,  on  ne  voit  déjà  plus  de  jachères.  Les  blés  rendent  aussi  en 
moyenne  -28  à  30  hectolitres,  l'avoine  36  et  les  betteraves  40,000  kilog. 

Sur  toute  l'étendue  du  domaine  les  récoltes  sont  admirables.  Les  bâtiments  de 
Luthernay  sont  vastes  et  bien  distribués.  La  force  motrice  est  représentée  par 
douze  magnifiques  percherons  et  ardennais  et  par  14  puissants  charolais  d'attelage. 

La  vacherie,  quoique  peu  impoi  tante,  est  tenue  avec  le  plus  grand  soin.  Le 
troupeau  de  race  mérinos  est  très  beau,  les  instruments  nombreux  et  bien  appro- 
priés au  sol.  Des  brabants  doubles  donnent  à  ces  terres  tories  une  excel- 
lente préparation,  ameublissent  le  sous-sol  et  lui  rendent  l'aptitude  nécessaire 
aux  récoltes  à  grands  rendements  qui  peuvent  seuls  rémunérer  d'aussi  durs  travaux. 

En  présence  de  deux  concurrents  aussi  méritants  à  des  titres  divers  que 
MM.  Railliot  et  Renard,  le  jury  a  éprouvé  une  hésitation  telle  qu'il  a  été  tenté  de 
mettre  les  deux  concurreLts  sur  une  même  ligne  et  de  partager  le  prix. 

Mais  les  termes  du  programme  s'opposaient  à  ce  partage.  La  prime  d'honneur 
est  un  objet  d'art  indivisible.  Le  scrutin  secret  ayant  été  réclamé,  4  voix  furent 
données  à  M.  Renard  et  3  à  M.  RaiUiot. 

Après  avoir  apprécié  en  toute  conscience  la  situation  et  les  titres  des  divers  can- 
didats, la  Commission  a  pris  les  résolutions  suivantes  et  a  ainsi  décerné  les  ré- 
compenses (jue  le  programme  mettait  à  sa  disposition  : 

Prime  d'honneur,  objet  d'art,  à  M.  Renard-Matras,  fermier  à  Luthernay. 

Vu  les  mérites  exceptionnels  de  M.  Railliot,  une  médaille  d'or,  transformée  en 
un  objet  d'art  de  valeur  supérieure,  est  attribuée  k  M.  Railliot-Deiigny,  de  Muizon. 

Une  médaille  d'or  à  M.  Floquet-Phihppot,  de  Puisieulx;  une  médaille  de  ver- 
meille à  M   Leconte,  de  la  ferme  l'Espérance  ;  une  médaille  d'argent  à  M.  Viville- 

1.  Voir  le  Journal  du  23  octobre,  p.  150  de  ce  volume 


184     RAPPORT  SUR  LES  PRIX  DE  CULTURE  DANS  LA  MARNE. 

Prévoteau,  de  Vitry-lez-Reims;  une  médaille  de  bronze  à  M.  Loillier,  de 
Ghampigny. 

Le  paragraphe  2  de  l'article  I"  réserve  une  médaille  d'or  à  la  petite  culture. 

La  Commission,  sous  la  présidence  de  M.  de  Beffroi  (M.  Guérault-Godard, 
rapporteur),  était  composée  en  outre  de  MM.  Flamain,  Eugène  Debin  et  Piot- 
Delaire. 

M.  Jules  Bouton,  propriétaire  à  la  Maison-Blanche,  exploite  à  quelques  kilo- 
mètres de  Reims  avec  une  grande  ardeur,  28  hectares  d'un  sol  de  mauvaise  na- 
ture, mais  dont  il  a  su  tirer  bon  parti.  Les  bâtiments  nombreux  sont  bien  tenus 
et  installés  d'une  façon  commode.  La  tenue  des  fumiers  et  l'introduction  des 
engrais  liquides  ont  attiré  particulièrement  l'attention  de  la  Commission,  qui  a 
constaté  aussi  la  présence  d'un  excellent  troupeau  de  225  têtes.  M.  Bouton,  dont 
les  ressources  sont  relativement  modestes,  s'est  imposé  de  sérieux  sacrifices  pour 
l'acquisition  d'instruments  agricoles. 

Le  plus  précieux  concours  est  apporté  par  Mme  Bouton  à  la  prospérité  de  la 
maison.  Aussi  la  Commission  a-t-elle  pensé  qu'elle  devait  associer  Mme  Bouton 
à  la  récompense  due  à  son  mari,  et  a  sollicité  pour  les  époux  Bouton  une  médaille 
de  vermeil. 

M.  Houriez,  cultivateur  à  Bazancourt,  exploite  17  hectares  de  terres  dont 
l'excellent  état  a  impressionné  la  Commission. 

Dans  ce  petit  ménage,  Talimentation  du  bétail  est  l'objet  d'un  soin  minutieux, 
tous  les  instruments  auxiliaires  d'intérieur  sont  agencés  d'une  façon  fort  intelli- 
gente, et  le  petit  troupeau,  ainsi  que  les  chevaux  et  les  vaches,  ont  fort  bon  air. 

Là  encore,  messieurs,  le  dévoué  et  intelligent  concours  de  Mme  Houriez  se 
fait  sentir;  sa  basse-cour  suffit  et  au  delà  à  l'entretien  des  dépenses  de  chaque  jour. 

Une  mention  très  honorable  est  accordée  à  M.  Houriez,  le  programme  ne  per- 
mettant point  à  la  Commission,  qui  eu  a  éprouvé  un  vif  regret,  de  ne  pouvoir  dis- 
poser d'aucune  autre  récompense. 

L'exploitation  de  M.  Ribaille,  de  Ludes,  est  organisée  d'une  façon  intelligente,  la 
tenue  de  ses  étables  et  l'excellent  état  de  son  troupeau  méritent  d'être  cités.  Il  y 
a  là  de  l'avenir,  encore  quelques  efforts  et  le  Comice  central  sera  heureux  de  pou- 
voir compter  M.  Ribaille  parmi  ses  lauréats  La  Commission,  toutefois,  ne 
voulant  point  r^-ster  indifférente  à  ses  mérites,  lui  a  décerné  une  mention  ho- 
norable. 

En  terminant,  messieurs,  j'ai  le  devoir  de  vous  faire  connaître  que  vos  com- 
missions ont  éprouvé  partout  la  plus  heureuse  impression;  elles  ont  rencontré 
d'infatigables  travailleurs  qui,  par  leurs  efforts  incessants,  ont  transformé  toutes 
ces  fermes  concurrentes  en  plaines  fertiles  et  couvertes  de  belles  moissons.  Nous 
devons  donc  proclamer  bien  haut,  que  si  l'arrondissement  de  Reims,  par  son  in- 
dustrie, occupe  en  France,  l'un  des  premiers  rangs,  son  agriculture,  sous  l'inspi- 
ration de  son  vaillant  et  sympathique  président  M.  Charles  Lhotelain,  n'est  rebelle 
à  aucune  idée  de  progrès,  et  rivalise  avec  celle  des  contrées  de  notre  sol  les  mieux 
favorisées. 

L'art.  2  attribue  un  objet  d'art  au  propriétaire-vigneron  de  l'arrondissement  de 
Reims  qui,  dans  l'exploitation  de  ses  vignes,  aura  réalisé  les  progrès  les  plus  re- 
marquables et  les  plus  dignes  d'être  offerts  en  exemple. 

La  Commission,  composée  de  MM.  Juglar,  Callet,  Ivernel,  Giret,  Testulat- 
Gaspard,  Coutorbe,  et  Vimont,  désigné  comme  rapporteur,  s'est  transportée  dans 
les  divers  vignobles  concurrents. 

Quatre  propriétaires  se  trouvaient  en  présence  :  MM.  de  Sapicourt,  à  Sapicourt  ; 
René  Ghandon  de  Briailles,  à  Romont  ;  Amédé  Fortel,  à  Sillery;  Ernest  Irroy,  à 
Ambonnay,  Bouzy  et  Avenay. 

Le  domaine  de  Sapicourt  comprend  3  hectares  1/2.  La  culture  est  celle  de  la 
contrée. 

La  mise  en  lignes  régulières  permettant  le  travail  des  charrues,  l'emploi  d'engrais 
chimiques  complémentaires,  la  substitution  du  cordon  à  l'arçon,  ont  déjà  valu  à 
M.  de  Sapicourt,  de  la  part  du  Comice  de  Reims,  des  récompenses  spéciales. 

Ces  vignes,  entièrement  gelées  l'hiver,  reconstituent  cette  année  leur  charpente; 
la  Commission  ne  pouvait  donc  juger  sur  le  travail  spécial,  sur  les  fructifica- 
tions. 

Nous  devons  dire  que  successivement  les  propriétaires  cités  plus  haut  ont  tous 
été  à  diverses  époques  lauréats  du  Comice  de  Reims. 'et  comme  tels  proposés  au 
concours.  Tous  ont  présenté  à   l'examen  de  la  Commission,  des  vignes  fort  belles 


RAPPORT  SUR  LES  PRIX   Dïï  GULTQRE  DANS  LA   MARNE.  185 

et  parfaitement  tenues,  tous  suivaient  sans  variations  ou  améliorations  importantes 
la  culture  traditionnelle  de  Champagne. 

M.  René  Ghandon  fait  travailler  à  la  tâche. 

M.  Forte!  emploie  une  tâche  mitigée  qui  lui  laisse  plus  d'action  sur  le  travail 
des. ouvriers.  Ces  vignes  ont  de  fib  à  82  ans  et  n'ont  pas  encore  subi  de  replan- 
tations; elles  se  renouvellent  par  le  simple  provignage  et  sont,  par  conséquent, 
exclusivement  constituées  d'anciens  plants  champenois. 

M.  Ernest  Irroy  fait  tout  cultiver  à  la  journée.  Tous  oes  messieurs  logent 
leurs  ouvriers  ou  donnent  une  indemnité  de  logement  et  cultivent  une  étendue 
de  16  à  18  hectares, 

M.  Ernest  Irroy  se  distingue  par  ses  plantations  qui,  pour  les  vignobles  de 
Bouzy  etAmbonnay,  s'élèvent  à  14  hectares  45  ares. 

Ces  plantations  très  réussies,  chargées  aujourd'hui  de  raisins,  ont  donné  à  des 
terrains  naguère  incultes,  une  valeur  très  élevée. 

La  Commission  a  cru  trouver  un  de  ces  faits  dignes  d'être  offerts  en  exemple 
et  pour  lesquels  l'art    2  a  réservé  son  prix. 

Lecomice  départemental,  heureux  de  ratifier  le  vœu  de  la  Commission,  a  dé- 
cerné à  M.  Ernest  Irroy,  pour  ses  vignobles  d'Ambonnay  et  de  Bouzy,  la  prime 
d'honneur. 

Alfred  Lequfux, 

(La  suite  prochainement.)  Secrélaire  général  du  Comice  de  la  .Marne. 

LA  RÉCOLTE  DU  BLÉ  EN  ANGLETERRE  EN  1880 

Les  prédictions  qui  avaient  été  faites  l'automne  dernier  relativement 
à  la  mauvaise  récolte  de  1879,  ont  été  pleinement  justifiées.  Il  est  très 
probable  que  pas  même  le  quart  de  la  quantité  de  blé  consommé  parla 
population  anglaise,  pendant  Tannée  qui  s'est  terminée  en  août  der- 
nier, avait  été  récolté  sur  notre  sol. 

Depuis  un  certain  nombre  d'années,  la  culture  du  blé  a  été  aban- 
donnée sur  une  très  grande  superficie  du  pays,  où  le  sol  et  le  climat 
ont  été  trouvés  peu  favorables  à  sa  végétation.  On  doit  espérer  cepen- 
dant que  le  rendement  moyen  sera  à  l'avenir  plus  élevé;  mais  l'année 
1879  a  donné  un  rendement  moyen  de  14  hectolitres  et  demi  par 
hectare  de  blé  d'une  misérable  qualité,  c'est  la  plus  mauvaise  récolte 
du  siècle  présent. 

Il  n'est  pas  douteux  que  le  grain  à  peine  mûri,  qui  nécessaire- 
ment a  été  employé  pour  faire  les  semailles  de  la  récolte  [)résente,  n'a 
pas  dû  développer  une  plante  très  vigoureuse;  de  plus,  le  blé  semé  à 
l'automne  1879  a  poussé  au  milieu  d'un  temps  très  dur  qui  lui  a 
causé  des  injures.  L'hiver,  le  printemps  et  le  commencement  de  l'été 
ont  été  d'une  sécheresse  inaccoutumée,  et  si  ce  n'avait  été  l'excessive 
quantité  de  pluie  tombée  pendant  le  mois  de  juillet,  on  aurait  pu 
moissonner  une  abondante  récolte.  A  Rothamsted,  pendant  le  mois  de 
juillet,  on  a  enregistré  133""°  d'eau  de  pluie,  il  a  plu  tous  les 
jours  moins  deux.  Cette  humidité  excessive,  cependant,  n'a  élé  que 
partielle,  et  dans  les  districts  où  elle  n'a  pas  existé,  la  récolte  est  bonne. 

Le  tableau  suivant  donne  le  rendement  de  1880  sur  certains  lots, 
dont  l'un  n  a  point  reçu  d'engrais;  les  autres  lots  ont  reçu  des  engrais 
divers  et  ont  produit  du  blé  pour  la  37'  année  sans  interruption.  Le 
rendement  de  ces  lots  est  considéré  comme  celui  de  l'Angleterre. 
Ce  tableau  donne  aussi  la  comparaison  du  produit  moyen  de  ces  lots 
pendant  les  dix  dernières  années  1870-79;  de  celui  des  "dix-huit  années 
précédentes,  1852-69;  et  de  celui  d'une  période  totale  de  vingt-huit 
années  1852-79,  pendant  laquelle  les  mêmes  engrais  ont  été  employés 
annuellement  sur  les  mêmes  lots. 


18o  RÉCOLTE  DU  BLÉ   EN  ANGLETERRE  EN    1880. 

Pas  d'engrais.  Fumier.  Engrais  artificiels.  Moyenne  des  lots. 

Hectolitres  de  blé  par  hectare.  Lots.       Lot  2.       Lot  7.        Lots.        Lot  9.       7,8,9.      »  l'^'o'o 

bectol.  hectol.  hectol.  hectol.  heciol.  bectol.  hectol 

Année  1880 10  45  34  86  31:^5  32  03  3101  3147  2â  56  (a) 

Moyenne  de  10  années,  1870-79..         9  20  26  81  24  ()4  28  97  32  49  28  85  21  58(6) 

—  de  18  années,  1852-69..       13.52  32  49  32  49  34  99  33  28  33  51  26  47  (c) 

—  de  28  années,  1852-79..       1193  30  44  29  65  32  94  32  94  3180  24  76(d) 

Poids  de  l'hectolitre  de  blé.  kilog.  kilog.  kilos.  kilog.  kilog.  kilog.  kilog. 

Année  1880 70  580  75  026  74  321  73  '42  71750  73  075  72  919 

Moyenne  de  10  années,  1870-79..  72  374  75  026  74  087  74  087  73  853  74  012  73  853 

—  de  18  années,  1852-69..  72  374  74  3H  73  775  72  997  72  529  72  919  73  073 

—  de  28  années,  1852-79..  72  374  74  870  73  851  73  642  72  841  73  622  73  075 

Poids  de  la  paille  par  hectare.  kilog.  kilog.  kilog.  kilog.        kilog.  kilog  kilog. 

Année  1880 13017  4429  1  4540  2  5080  0  4984  7  4873  7  3540  2 

Moyenne  de  10  année?,  1870-79..  1053  6  3667  6  3603  6  4683  2  5270  5  4.508  5  3079  7 

—  de  18  années,  1852-69..  1698  6  4333  8  5.505  3  3349  7  5302  2  508o  0  3699  0 

—  de  28  années,  1852-75)..  1476  3  409o  7  4238  7  5111  7  5286  5  4873  7  3476  7 

On  voit  que,  tandis  que  le  lot  sans  engrais  a  donné  un  rendement 
plus  élevé  que  la  moyenne  des  10  dernières  années,  ce  rendement  est 
au-dessous  de  la  moyenne  des  18  années  et  de  la  moyenne  de  la 
période  de  28  années.  Ce  lot  n'a  reçu  aucune  sorte  d'engrais  depuis 
quarante  ans  et  soufYre  évidemment  d'épuisement. 

Le  lot  qui  reçoit  chaque  année  35  francs  de  fumier  à  l'hectare  donne 
un  rendement  presque  de  35  hectolitres,  ce  qui  est  supérieur  au  pro- 
duit moyen  des  trois  périodes  de  1 0,  1  8  et  28  années. 

Les  trois  lots  recevant  des  engrais  artificiels  donnent  un  produit 
moyen  qui  varie  peu  avec  celui  de  la  période  de  28  ans. 

En  1874,  où  la  récolte  fut  la  seule  bonne  qu'on  ait  eu  en  blés  pen- 
dant 10  ans,  le  produit  des  lots  sans  engrais  et  avec  fumier  fut  presque 
exactement  le  même  que  celui  de  celte  année;  mais  le  rendement 
moyen  des  trois  lots  recevant  des  engrais  artificiels  fut  en  1874  de 
35  hectol.  90,  tandis  qu'en  1880  il  n'est  que  de  31  hectol.  47.  Le 
rendement  moyen  de  tous  les  lots  en  1880  est  égal  à  25  hectol.  56, 
équivalant  à  24  hectol.  53  par  hectare,  en  calculant  le  poids  de  l'hec- 
tolitre à  76  kilog.  106. 

Quelques  districts,  où  se  fait  la  culture  du  blé,  n'ont  pas  souffert 
au  même  point  que  ma  contrée,  ou  celles  du  Midland,  du  mauvais 
temps  de  juillet;  c'est  pour  celte  raison  que  je  suis  disposé  à  pen- 
ser que  la  récolte  du  blé  en  Angleterre  donnera  un  rendement  qui 
dépassera  à  peine  un  rendement  moyen,  et  j'incline  à  estimer  ce  ren- 
dement à  27  hectol.  26. 

En  comptant  que  la  population  à  nourrir,  pendant  l'année  qui 
finira  au  31  août  1881,  soit  de  3^,750,000  âmes,  nous  aurons  besoin, 
pour  notre  consommation,  de  71  millions  1/4  d'hectolitres  de  blés. 

Les  statistiques  agricoles  donnent  peu  de  variation  dans  la  superficie 
semée  en  blés  pour  les  deux  dernières  saisons.  Il  y  a  eu  1 ,223, 1  1 3  hec- 
tares de  blés  qui  ont  été  moissonnés,  ce  qui,  à  raison  de  27  hecto- 
litres 26  par  hectare,  donne  33,342,000  hectolitres  ;  il  faut  en  déduire 
228  litres  par'  ^ctare  pour  semence,  ce  qui  laisse  pour  la  consommation 
seulement  *"  '^'ons  et  demi  d'hectolitres  de  blés;  tandis  qu'il  en 

faut  plus  (u  ^ns.  Il  est  donc  nécessaire  que  nous  nous  procu- 

rions 41  mil.  tolitres  de  blés  étrangers.    C'est-à-dire  qu'avec 

(a)  Correspondant  .  int  76'' 104  par  hectùlitre. 

(0  _  .,  _  ._ 

(d)  —  23 


LA  RÉCOLTE  DU  BLÉ  EN   ANGLETERRE  EN   1880.  187 

une  récolle  donnant  un  rendement  de  27  hectolitres  26  par  hectare, 
57  pour  100  de  la  population  anglaise  sera  nourrie  de  blés  étrangers, 
et  avec  des  probabilités  de  prix  plus  bas,  plutôt  que  plus  élevés.  La 
population  croissante  de  l'Angleterre  dépendra  de  plus  en  plus  de  la 
récolte  générale  du  monde  pour  trouver  le  pain  qui  lui  est  nécessaire. 

J.-B.  Lawes. 

ÉTUDES  VITICOLES 

LE  FUMIER  ET  LES  MATIÈRES   MINÉRALES  DE  LA  VIGNE 

Ce  n'est  pas  chose  facile  que  de  déterminer  les  matières  minérales 
qui  sont  enlevées  par  une  récolte  dans  un  vignoble.  Les  éléments  sont 
complexes.  Il  faut  tenir  compte,  non  seulement  des  raisins,  mais 
encore  des  bourgeons  rognés  ou  pinces  et  du  bois  enlevé  par  la  taille. 
Deux  savants  allemands,  les  docteurs  Wagner  et  Prinz,  ont  étudié 
cette  question  sous  toutes  ses  faces,  et  ont  publié  les  résultats  de  leurs 
expériences.  Je  vais  résumer  leur  mémoire  pour  les  lecteurs  du  Jour- 
nal de  V Agriculture.  Les  essais  ont  été  faits  dans  différents  vignobles 
sur  les  cépages  les  plus  répandus  dans  la  vallée  du  Rhin,  Y  autrichien 
et  le  riesling  ;  ils  ont  toujours  porté  sur  8  à  12  ceps. 

Les  bourgeons  rognés  et  les  sommités  pincées  sont  d'abord  dessé- 
chés à  l'air  ;  ils  sont  mis  pendant  huit  semaines  entre  deux  feuilles  de 
papier,  pesés  dans  cet  état,  ils  donnent  107  kilog.  par  1,000  ceps 
pour  le  cépage  autrichien  et  102  kilog.  pour  le  rieslmg.  Desséchés  à 
MO  degrés,  ils  pèsent  95\5  et  9lM4.  Les  autrichiens  renferment 
par  1,000  ceps,  0\502  d'acide  phosphorique,  1^847  de  potasse,  et 
les  rieslings,  0\55  et  1^.957.  Le  rapport  de  l'acide  phosphorique  à  la 
potasse  est  ^ff}  pour  l'autrichien  et  ^^^^5^  pour  le  riesling. 

Quant  aux  raisins,  Wagner  et  Prinz  opérèrent  sur  2  à  3  kilog. 
100  ceps  autrichiens  portaient  en  moyenne  72". 3  de  raisins,  et 
100  rieslings  56''. 6.  Sur  1 ,000  ceps  autrichiens,  les  raisins  renferment 
u''.602  d'acide  phosphorique  et  2\790  de  potasse,  et  sur  1,000  ries- 
lings, 0''.474  et  2*. 064.  Le  rapport  de  l'acide  phosphorique  à  la  po- 
tasse est  '^\qI^  pour  les  autrichiens,  et  ^ ^^  ^ g -"^  pour  les  rieslings. 

Wagner  et  Prinz  desséchèrent  à  l'air  le  bois  coupé  à  la  taille  ;  ils 
déterminèrent  l'eau  sur  30  grammes  et  les  cendres  sur  1 00  grammes. 
Ils  trouvèrent  que  pour  1,000  ceps  autrichiens  le  bois  desséché  à  l'air 
pèse  164". 1  et  146". 8  desséché  à  110  degrés,  et  184". 0  et  165". 1  pour 
les  rieslings.  Le  bois  coupé  de  1,000  ceps  autrichiens  renferme 
0".386  d'acide  phosphorique  et  1".322  de  potasse,  celui  des  rieslings 
0".  4'.^1  et  1".449.  Le  rapport  de  l'acide  phosphorique  à  la  potasse 
est  ^^  pour  les  autrichiens  et  ^j^  pour  les  rieslings. 

Toute  la  récolte  (bourgeons,  raisins,  bois)  enlève  sur  1,000  ceps 
autrichiens  1".49  d'acide  phosphorique  et  5". 96  de  potasse,  et  1".47  et 
5". 47  sur  les  rieslings.  Le  rapport  de  l'acide  phosphorique  à  la  po- 
tasse pour  toute  la  récolte  est,  dans  le  premier  cas,  j^ ,  et  dans  le 
second,  ^j^j^  Les  chiffres  cités  plus  haut  ont  montré  que  ce  rapport 
est  le  même  dans  les  bourgeons  et  le  bois. 

Pour  100  kilog.  d'acide  phosphorique,  la  vigne  enlève  au  sol 
400  kilog.  de  potasse.  D'après  les  analyses  de  Wolff,  le  fumier  de 
ferme  contient  sur  100  d'acide  phosphorique,  250  de  potasse.  Le 
fumier  est  par  conséquent  pour  la  vigne  un  engrais  trop  pauvre  en 


188  ETUDES  LITIGOLES. 

potasse.  Quand  on  opère  dans  un  vignoble  peu  riche  en  potasse,  on 
peut  donc  se  servir  de  fumier  pour  donner  la  quantité  voulue  d'acide 
phospLorique  et  recourir,  en  outre,  aux  sels  de  potasse. 

Les  cliifl'res  que  j'ai  cités  sont  relatifs  à  1 ,000  ceps;  pour  une  vigne 
de  i  0,000  ceps  à  l'hectare,  ils  montrent  qu'une  récolte  de  6,445  kilog. 
enlève  58  kilog.  de  potasse  et  14^7  d'acide  phosphorique.  Dans  les 
vignobles  rhénans,  la  récolte  peut  parfaitement  s'élever  à  8,000  kilog. 
de  raisins.  Elle  enlève  alors  (bourgeons,  raisins  et  bois)  18  kilog. 
d'acide  phosphorique  et  71  kilog.  de  potasse.  Cette  quantité  d'acide 
phosphorique  et  de  potasse  est  faible  comparativement  à  celle  qui 
est  enlevée  par  les  autres  récoltes.  2,300  kilog.  de  blé  renferment, 
y  compris  la  paille,  29  kilog.  d'acide  phosphorique  et  34  kilog. 
de  potasse;  2,200  kilog.  de  seigle,  28  kilog.  d'acide  phosphorique  et 
48  kilog.  dépotasse;  16,000 kilog.  de  pommes  de  terre,  30  kilog.  d'acide 
phosphorique  et  92  kilog.  de  potasse;  36,000  kilog.  de  betteraves, 
43  kilog.  d'acide  phosphorique  et  233  kilog.  dépotasse;  36,000  kilog. 
de  luzerne  verte,  54  kilog.  d'acide  phosphorique  et  163  kilog.  dépo- 
tasse. 

En  général,  les  vignobles  sont  fortement  fumés.  Amsi,  dans  les  pays 
rhénans,  on  mettons  les  trois  ans 60,000 kilog.  de  fumier  par  hectare, 
ou  20,000  kilog.  par  an.  A  Éguisheim  (Haute-Alsace),  nous  n'em- 
ployons que  10,000  kilog.  par  an  et  nous  obtenons  des  récoltes  su- 
périeures à  celles  des  pays  rhénans.  Ces  20,000  kilog.  renferment, 
d'après  Wolff,  42  kilog.  d'acide  phosphorique  et  1 04  kilog.  de  potasse; 
comme  la  récolte  ne  prélève  que  18  kilog.  d'acide  phosphorique  et 
71  kilog.  de  potasse,  le  fumier  enrichit  annuellement  le  sol  en  sels  mi- 
néraux. Wagner  et  Prinz  ont  malheureusement  négligé  de  doser  l'azote, 
de  sorte  que  leur  étude  est  inachevée.  Ce  travail  devrait  donc  être 
complété.  Il  pourrait  de  même  être  repris  par  nos  directeurs  de  sta- 
tions agronomiques,  qui  auraient  à  déterminer  le  rôle  du  climat,  de  la 
taille,  etc.  Les  expériences  de  Wagner  et  Prinz  montrent  que  l'influence 
des  cépages  est  nulle.  Paul  Muller. 

Correspondant  de  la  Société  nationale  d'agricullure. 

CONCOURS  DE  NEUFCHxVTEL-EN-BRAY 

La  Société  française  de  l'industrie  laitière  vient  de  tenir,  du  21  au 
24  octobre,  à  Neufchâtel-en-Bray,  son  deuxième  grand  concours. 
L'année  dernière,  à  peu  près  à  la  même  époque,  s'ouvrait  le  concours 
de  Meaux.  Les  sièges  de  ces  deux  concours  ont  été  très  bien  choisis, 
car  ce  sont  deux  grands  centres  de  production  laitière  :  dans  la  Brie, 
la  fromagerie  domine  exclusivement;  dans  le  pays  de  Bray,  elle  est 
harmonieusement  unie  à  la  production  du  beurre.  Ici  tout  le  monde 
vit  et  s'enrichit  par  les  herbages  et  le  lait  que  les  belles  vaches,  le 
plus  souvent  admirablement  traitées,  savent  en  tirer.  C'est,  pour  le 
pays,  une  grande  industrie  profitable  à  tous,  n'exigeant  pas  de  grandes 
avances  de  capitaux,  mais  demandant  à  toutes  les  fermières  des  qua- 
lités spéciales  qui  en  font  souvent  les  véritables  directrices  de  la  fortune 
de  la  ferme. 

Disons  tout  de  suite  que  le  concours  de  Neufchâtel  a  parfaitement 
réussi.  Le  président  delà  Société,  M.  deToustain,  etM.  Delalonde,  son 
secrétaire  général,  n'avaient  pas  ménagé  leurs  peines,  non  plus  que  le 
Comice  agricole  de  Neufchâtel,  qui  possède  à  sa  tête  un  des  agricul- 


CONCOURS  DE   NEUFCHATEL-EN-BRAY.  189 

leurs  les  plus  constamment  dévoués  an  bien  public  qu'il  nous  ait  encore 
été  donné  de  rencontrer,  M.  Rasset.  500  lots  de  beurres  et  de  fromages 
ont  été  apportés  au  .concours,  et  sous  ce  rapport  celui-ci  était  sensi- 
blement supérieur  à  celai  de  Meaux  ;  mais  ici  les  appareils  de  laiterie 
étaient  peu  nombreux,  tandis  qu'à  Meaux  ils  formaient  une  très  belle 
collection.  Ce  sont  là  les  caractères  différentiels  de  ces  deux  concours, 
sans  tenir  compte,  bien  entendu,  de  la  diversité  des  produits  exposés. 
Tandis  qu'à  Meaux  les  fromages  de  Brie  avaient  envahi  toutes  les 
tables,  à  Neufchâtel  ce  sont  les  produits  locaux  qui  dominent,  sous  la 
forme  de  fromages  à  la  crème,  Boudons,  Malakoffs,  fromages  de  Gour- 
nay,  etc.,  ce  qui  n'empêche  pas  que  les  autres  sortes,  notamment  les 
Camemberts,  les  Livarots,  les  Pont-l'Evêque,  les  Mont-d'Or,  etc.,  y 
tenaient  aussi  une  bonne  place. 

La  première  section  comprenait  les  beurres.  Les  provenances  dites 
de  Gournay  y  occupaient  le  premier  rang;  la  réputation  de  cet 
excellent  beurre  n'est  [plus  à  faire,  il  soutient  très  honorablement  la 
lutte  avec  les  produits  les  plus  réputés  du  Calvados.  Le  premier 
prix  a  été  attribué  à  M.  Elle  Banse,  cultivateur  au  Thil-Riberpré, 
près  de  Forges.  Deux  médailles  d'or  ont,  en  outre,  été  accordées  à 
M.  Victor  Philippart,  à  Ménerval,  et  à  M.  Arthur  Arson,  à  Haussez. — 
Parmi  les  beurres  exposés  par  des  producteurs  étrangers  à  l'arrondis- 
sement de  Neuclfâtel,  deux  surtout  ont  attiré  l'attention:  un  excellent 
lot  exposé  par  M.  Pouyer,  président  de  la  Société  d'agriculture  de  la 
Seine- Inférieui^e,  agriculteur  à  Amfreville-sur-lton,  non  loin  de  Lou- 
viers,  et  un  beurre  de  Livarot,  exposé  par  M.  Poussin,  à  Orbec  (Cal- 
vados). L'un  et  l'autre  ont  reçu  une  médaille  d'or.  — Quant  aux  beurres 
d'exportation,  on  en  fait  peu  ici,  et  les  quelques  exposants  de  beurres 
salés  venaient  de  Calvados  et  d'IUe-et-Yilaine. 

Le  jury  des  fromages,  présidé  par  notre  excellent  collaborateur 
M.  Pouriau,  a  eu  une  rude  besogne  à  accomplir;  car  il  lui  a  fallu 
arriver  à  classer  sans  erreur  les  multiples  produits  qu'il  devait  préa- 
lablement déguster.  Les  exposants  étaient  très  nombreux,  et  c'était 
pour  eux  une  affaire  importante  qu'une  plaque  de  prix,  car  les  mar- 
chands de  Paris  étaient  là,  tous  prêts  à  se  les  disputer  à  bons  deniers 
comptants.  En  première  ligne,  pour  suivre  l'ordre  du  programme,  se 
plaçaient  les  fromages  double  crème;  leur  consommation  a  augmenté 
dans  des  proportions  énormes  ;  aussi  à  Gournay,  les  grands  établisse- 
ments qui  se  livrent  à  cette  fabrication,  notamment  ceux  de 
M.  Etienne  Pommel,  et  de  M.  Carrier  fils,  sont-ils  en  grande  voie  de 
progrès.  Pour  les  boudons,  les  petits  carrés,  les  malakoffs,  soit  à  tout 
bien,  c'est-à-dire  faits  avec  le  lait  auquel  on  n'ajoute  pas  de  crème, 
soit  affinés,  les  principaux  lauréats  sont  M.  Alphonse  Duclos,  à  Mes- 
nil-Mauger;  M.  À'idecoq,  à  Gravai; M.  Journoy,  à  Neufchâtel;  M.  Fou- 
quet,  à  Mauquenchy.  —  Pour  les  fromages  produits  en  dehors  du  pays 
de  Bray,  il  faut  citer  les  médailles  d'or  décernées  à  M.  Clémence,  à 
Sainte-Marie-aux-Angiais,  pour  ses  Camemberts;  à  M.  Chevalier,  à 
Lessard  (Calvados),  pour  des  Livarots;  à  M.  Léon  Ernie,  à  Saint-Cloud 
Beaumont  (Calvados),  pour  des  fromages  de  Mont-d'Or.  Enfin,  une  der- 
nière médaille  d'or  a  été  attribuée  à  M.  Morin,  marchand  à  Paris,  pour 
une  collection  très  variée  de  fromages  de  provenances  diverses. 

Dans  les  sections  des  appareils  de  laiterie  et  des  produits  servant  à 
la  fabrication  du  beurre  et  du  fromage,  nous  ne  voyons  guère  à  citer 


190  CONCOURS  DE  NEUFCHATEL-EN-BRAY. 

que  récrémeuse  centrifuge  de  Laval  exposée  par  M.  Pilter,  les  barattes 
Fouju,  une  machine  de  M.  Fournier  pour  préparer  la  pâte  de  fromage, 
une  machine  de  M.  Morellepour  mouler  les  fromages,  les  extraits  de 
présure  exposés  d'une  part  par  M.  Bollet,  d'autre  part, par  M.  Fabre,des 
engrais  spéciaux  aux  pâtures  préparés  par  M.  Chouillou,  à  Rouen. 

Un  concours  de  fermes  laitières  avait  été  ouvert,  dans  l'arrondisse- 
ment de  Neufchâtel.  La  Commission  de  visite  était  composée  de 
MM.  J.-A.  Barrai,  secrétaire  perpétuel  de  la  Société  nationale  d'agri- 
culture; Bénard,  agriculteur  à  Coupvray  (Seine-et-Marne);  Hardon, 
agriculteur  à  Courquetaine  (Seine-et-Marne).  A  la  distribution  des 
récompenses,  il  a  été  donné  lecture  d'un  extrait  du  rapport  de  M.  Bar- 
rai, que  nous  devons  reproduire  parce  qu'il  présente  un  tableau  de 
la  situation  agricole  dans  cet  arrondissement  : 

«  La  Commission  de  visite  des  fermes  laitières  a  été  frappée,  d'abord,  de  la 
propreté  exquise  qui  préside  partout  à  la  laiterie,  à  la  fabrication  du  beurre  et  à 
celle  du  fromage,  et  de  l'intelligence  parfaite  qui  dirige  toutes  les  opérations.  Par- 
tout le  bétail  est  extrêmement  bien  soigné,  et  il  dépasse  souvent  une  tête  et  demie 
par  hectare.  Mulle  part,  il  n'y  a  moins  d'une  grosse  tête  L'espèce  porcine  est 
élevée  ou  engraissée  de  manière  à  ne  perdre  absolument  aucun  des  résidus  de 
l'industrie  laitière.  Les  pâturages  et  les  prairies  sont  admirablement  entretenus; 
nulle  part  on  ne  perd  une  goutte  de  purin,  et  je  ne  crois  pas  qu'il  y  ait  d'autre 
pays  en  France  comptant  autant  de  tas  de  fumier  et  de  fosses  à  purin  bien  soignés. 
Les  prairies  naturelles  ou  artificielles  et  les  herbages  reçoivent  beaucoup  d'engrais. 
Il  y  a,  dans  toutes  les  fermes  visitées,  des  importations  directes  d'engrais  ou  bien 
de  nourritures  achetées  pour  le  bétail,  de  telle  sorte  que  partout  on  obéit  à  la  loi 
de  restitution  qui  domine  toute  agriculture  prospère.  Les  cultures  de  céréales  se 
restreignent  de  plus  en  plus  pour  laisser  une  plus  grande  place  à  la  production 
fourragère  et  surtout  des  fourrages  qui  donnent  de  la  quaUté  au  lait,  par  suite  au 
beurre  et  au  fromage. 

a  Dans  toutes  les  fermes  qu'elle  a  visitées,  la  Commission  a  constaté  des  progrès 
considérables  effectués  peu  à  peu  avec  une  rare  persévérance,  tous  dignes  d'être 
donnés  en  exemple,  et  qu'il  serait  injuste  de  ne  pas  récompenser.  Aussi  la 
Commission  remercie  la  direction  de  la  Société  française  de  l'industrie  laitière, 
de  lui  avoir  accordé  les  sept  récompenses  qu'elle  a  demandées  et  qu'elle  décerne 
dans  l'ordre  suivant  : 

«  Objet  cVart,  à  M.  Augustin  Fouquet,  à  Mauquenchy,  pour  la  création  d'une 
ferme  entièrement  basée  sur  l'industrie  laitière,  appliquée  à  la  production  des  fro- 
mages Malakoff,  terme  qu'il  a  drainée  et  dont  il  a  établi  tous  les  herbages,  à  ses 
frais,  alors  qu'il  en  était  fermier,  avant  d'avoir  fait  assez  de  bénéfices  pour  pouvoir 
l'acheter  après  la  mort  du  propriétaire. 

«  Médaille  cVor  grand  module,  à  M.  Menard-Guian,  à  Ménerval,  pour  son  très 
remarquable  choix  de  vaches  laitières  employées  à  la  production  du  beurre. 

«  Médaille  d'or,  à  M.  Edgard  Godouet  fils,  à  Sarràngs-Bully,  pour  une  ferme 
remarquablement  drainée  par  son  père,  oi^i  la  production  des  fromages  de 
Neufchâtel .  est  très  bien  combinée  avec  l'élevage  des  porcs,  la  production  des 
pommes  et  l'emploi  complémentaire  d'engrais  extérieurs. 

«  Médaille  de  vermeil,  à  M.  Armand  Joly,  à  Massy,  qui  a  combiné  le  marnage 
avec  le  drainage  pour  créer  des  herbages  sur  lesquels  les  vaches  laitières  trouvent 
une  excellente  nourriture  pour  fournir  à  une  remarquable  production  de  bondons 
de  Neufchâtel. 

a  Médaille  de  vermeil,  à  M.  Numa  Ménage,  à  Beaubec-la-Rosière,'pour  une  bonne 
production  laitière  sur  une  ferme  dans  laquelle  se  trouvent  alliés  à  la  production 
du  beurre  et  des  fromages  de  Gournay,  l'élevage  des  porcs,  l'engraissement  des 
vaches  et  un  élevage  distingué  de  l'espèce  chevaline, 

«  Médaille  d'argent,  à  M.  Féhx  Joly,  à  Sommery,  pour  une  ferme  laitière  apphquée 
spécialement  à  la  production  des  bondons  de  Neufchâtel,  et  à  l'élevage  des  porcs, 
en  même  temps  que  sur  la  ferme  sont  engraissés  des  moutons. 

«  Médaille  d'argent,  à  M.  Gilbert-Féret,  à  Nesle-Hadeng,  pour  une  très  bonne 
petite  ferme  consacrée  à  la  production  du  beurre  par  les  vaches  laitières,  et  un 
bon  aménagement  des  eaux. 


CONCOURS  DE  NEUFGHATEL-EN-BRAY.  191 

«  La  Commission  a  regretté  de  ne  pas  avoir  eu  à  visiter  officiellement  pour  les 
signaler,  les  établissements  qui  s'adonnent  à  la  production  des  fromages  à  la 
crème.  Il  faut  mentionner  cette  production,  afin  que  le  tableau  de  toute  l'industrie 
laitière  de  l'arrondissement  de  Neufchâtel  soit  complet    » 

La  ville  de  Neufchâtel  s'était  mise  en  fête  pour  le  concours.  Banquet, 
fanfares,  illuminations,  feu  d'artifice,  etc.,  rien  des  réjouissances  qui 
caractérisent  les  fêtes  publiques,  n'avait  été  omis.  L'affluence  des 
visiteurs  du  concours  a  été  très  nombreuse;  les  organisateurs  ont  été 
largement  récompensés  de  leur  peine.  Ilenry  Sagnier. 

SUR  LE  CONGRES  VITIGOLE  DE  SARAGOSSE 

Monsieur  le  directeur,  je  vous  demande  la  permission  de  compléter 
en  quelques  mots  le  compte  rendu  du  congrès  de  Saragosse  que  vous 
avez  publié.  Mais  d'abord  quil  me  soit  permis  de  remercier 
M.  Lichtenstein.  C'est  grâce  à  lui,  grâce  à  son  esprit  d'initiative  que 
ce  premier  congrès  a  eu  lieu  en  Espagne.  Ce  congrès  sera  certainement 
le  point  de  départ  de  plusieurs  autres  congrès  et  il  aura  eu  surtout  pour 
résultat  de  faire  mieux  connaître  l'Espagne  aux  Français. 

Nous  avons  le  tort  en  France  de  ne  pas  apprendre  assez  l'espagnol 
et  l'italien  et  cependant,  en  ce  qui  concerne  l'agriculture,  ces  deux 
langues  ont  plus  d'intérêt  pour  nous  que  la  langue  anglaise.  Il  est  bien 
sûr  que  si,  au  lieu  de  connaître  seulement  l'Espagne  par  l'intermé- 
diaire de  quelques  romanciers,  nous  eussions  vu  les  Espagnols  de  près, 
nous  aurions  appris  bien  vite  que  ce  peuple  a  des  qualités  qui  nous 
manquent  bien  souvent.  Mais  revenons  plus  directement  à  l'agriculture. 
Il  est  bien  sûr  qu'une  visite  en  Espagne  nous  aurait  prouvé  une  fois 
de  plus  que  pour  faire  de  la  bonne  viticulture,  il  faut,  avant  toute 
chose,  faire  de  la  bonne  agriculture. 

Mais  en  France,  nous  avons  le  défaut  de  nous  passionner  beaucoup 
trop  pour  toutes  les  questions  et  de  nous  mettre  trop  facilement  à  la 
remorque  de  la  mode.  Or,  dans  ce  moment,  la  mode  en  agriculture  ou 
mieux  en  viticulture,  c'est  de  ne  voir  de  salut  que  dans  les  vignes 
américaines. 

Ce  que  nous  venons  de  dire  est-il  de  l'exagération  ?  Nous  ne  le 
pensons  pas.  En  effet,  trois  congrès  ont  eu  lieu  pendant  ces  derniers 
mois. 

Le  premier,  celui  de  Clermont-Ferrand,  avait  pour  but  de  prouver 
que  Ton  pouvait  sauver  la  vigne  française  par  les  insecticides.  Je  ne 
sais  s'il  a  eu  un  résultat  très  pratique. 

Le  deuxième,  celui  de  Lyon,  était  fait  en  grande  partie  par  les  parti- 
sans des  vignes  américaines. 

A-t-il  été  plus  pratique  que  celui  de  Clermont?  Je  ne  le  pense  pas. 
Tout  ce  que  je  sais,  c'est  qu'ànotreretour  de  Saragosse  nous  avons  fait 
unevisiteà  M.  Laliman,  à  Bordeaux,  et  cela  en  compagnie  de  M.  Jules 
Léenhardt  et  de  M.  Meisner  des  Etats-Unis.  M.  Laliman  nous  a 
déclaré  qu'il  n'a  pas  pu  prendre  la  parole  à  Lyon  et  que  ce  n'est  que 
le  dernier  jour  du  congrès  qu'il  a  pu  répondre  à  M.  Meisner. 
M.  Laliman  nous  a  dit  qu'il  cultivait  des  vignes  américaines  depuis 
vingt  ans  et  qu'au  bout  de  douze  ans  des  vignes  américaines  mouraient 
du  phylloxéra.  Enfin  il  ajoute  qu'il  avait  reçu  des  lettres,  constatant 
qu'à  mesure  que  le  phylloxéra  faisait  des  progrès  en  Amérique,  les 
vignes  américaines  mouraient  aux  Etats-Unis,  Tout  cela  prouve  qu'il 


192  SUR  LE  CONGRÈS  VITICOLE  DE  SARAGOSSE. 

faut  être  prudent  lorsqu'on  engage  à  remplacer  nos  cépages  par  des 
cépages  américains. 

Le  troisième  congrès  a  été  celui  de  Saragosse.  A  Saragosse,  dans 
une  région  oi^i  le  phylloxéra  est  encore  heureusement  inconnu,  les 
agriculteurs  ne  pouvaient  répondre  aux  délégués  étrangers  qui  disaient 
que  les  insecticides  sont  trop  chers  et  que  surtout  ils  sont  insuffisants 
pour  arrêter  le  mal;  que  la  submersion  est,  avec  le  sable,  le  seul  moyen 
de  combattre  la  maladie;  mais  la  submersion  n'est  praticable  que  dans 
des  cas  très  rares;  elle  demande  beaucoup  d'eau,  des  sols  en  plaine  et 
il  faut  de  plus  que  le  sol  sur  lequel  agit  l'eau  ne  soit  ni  trop  perméable 
ni  trop  imperméable.  Alors  il  ne  reste  plus  que  les  vignes  américaines 
pour  combattre  la  maladie  de  la  vigne. 

Voilà  ce  qu'on  a  été  dire  en  Espagne  et  ce  que  répète  le  Journal  de 
r agriculture  d'après  une  correspondance  envoyée  de  Saragosse.  Dans 
cette  correspondance  il  n'est  pas  dit  un  seul  mot  de  ce  que  j'ai  exposé 
dans  trois  séances  différentes  au  congrès  de  Saragosse. 

J'ai  dit  qu'on  pouvait  sauver  la  vigne  française' et  la  vigne  espagnole 
avec'les  insecticides  si,  aux  insecticides,  on  avait  le  soin  d'ajouter  de 
l'eau.  J'ai  dit  surtout  que  quand  on  s'adressait  à  un  pays  sec  comme 
l'Espagne  où  la  sécheresse  est  un  ennemi  autrement  puissant  et  autre- 
ment difficile  à  combattre  que  le  phylloxéra,  la  première  condition 
pour  avoir  de  la  vigne  c'était  de  faire  de  la  bonne  agriculture. 

Et  pour  faire  de  la  bonne  agriculture,  il  convient  de  boiser  les  mon- 
tagnes les  plus  élevées.  Au  lieu  de  dépenser  des  sommes  plus  ou 
moins  fortes  à  créer  des  pépinières  américaines,  il  faut  créer,  sans 
retard,  des  bassins  pour  conserver  les  eaux  de  l'hiver. 

Tout  cela  a  été  dit  parce  que  je  crois  que  cela  est  de  la  première  uti- 
lité pour  un  pays  tel  que  l'Espagne;  mais  cela  n'a  pas  été  répété  dans 
le  compte  rendu  du  congrès  de  Saragosse.  La  mode  est  à  la  vigne 
américaine.  Presque  tous  les  viticulteurs  se  laissent  entraîner  sur  une 
pente  si  facile  qu'il  peut  paraître  téméraire  de  chercher  à  s'y  opposer. 
Mais,  malgré  les  tendances  de  nos  viticulteurs,  tendances  beaucoup 
trop  exagérées,  je  persiste  à  dire  que  nous  ne  faisons  rien  pour  rendre 
notre  climat  plus  favorable,  et  que  par  suite,  nous  ne  cherchons  pas 
le  moyen  le  meilleur  et  le  plus  sûr  pour  venir  en  aide  à  nos  agriculteurs 
et  à  nos  populations. 

En  résumé,  la  vigne  américaine  pourra  bien  donner  quelque  bons 
résultats  dans  les  bons  fonds,  mais  c'est  une  folie  de  croire  qu'un  ar- 
buste qui  vient  dans  un  pays  plus  frais  que  le  nôtre  nous  donnera 
des  produits  sur  l'emplacement  de  nos  anciennes  vignes. 

Dans  le  nord  de  la  France,  pays  des  herbages  et  où  les  pluies  sont 
plus  régulières  que  dans  le  midi,  au  moyen  des  arbres  et  des  haies, 
on  fait  tout  pour  conserver  cette  fraîcheur  qui  est  peut-être  exagérée 
dans  certaines  années,  mais  qui,  dans  l'ensemble,  permet  d'obtenir  de 
belles  récoltes. 

Dans  le  Midi,  au  contraire,  nous  détruisons  les  arbres  et  les  haies 
et  cela  dans  une  région  où  il  conviendrait  de  les  multiplier.  Nous  de- 
vrions, de  plus,  varier  nos  cultures  et  rien  de  cela  n'a  lieu.  La  vigne 
avait  tout  envahi,  et  au  lieu  de  demander  à  grands  cris  et  la  création 
du  canal  du  Rhône  et  celle  de  tous  les  canaux  ou  bassins  qui  peuvent 
fournir  un  plus  grand  volume  d'eau,  nous  voyons  un  délégué  de  la 
Société  d'agriculture  du  Gard  se  rendre  à  Saragosse,  et  là,  dans  un 


SUR  LE  CONGRES  VITICOLE  DE  SARAGOSSE.  193 

pays  où  l'on  a  déjà  créé  de  magnifiques  canaux,  mais  où  les  travaux 
de  ce  genre  sont  encore  insuffisants  pour  permettre  à  l'Espagne  de  re- 
trouver son  ancienne  richesse^  on  va  dire  que  bientôt  le  Gard  pourra 
avoir  trente  mille  hectares  en  vignes  américaines.  S'exprimer  ainsi  à 
Saragosse,  c'est  dire  aux  Espagnols  qu'ils  pourront,  eux  aussi,  entrer 
dans  la  même  voie,  le  jour  où  la  vigne  indigène  n'existera  plus. 

Je  soutiens,  au  contraire,  que  c'est  là  une  solution  fausse  et  qui 
serait  funeste  à  l'Espagne. 

Du  reste,  M.  Meisner,  avec  qui  j'ai  eu  le  plaisir  de  voyager  depuis 
Montpellier  jusqu'à  Saragosse,  et  plus  tard  depuis  Saragosse  jusqu'à 
Bordeaux,  n'a  pu  s'empêcher  de  reconnaître  qu'il  serait  difficile  de 
faire  vivre  la  vigne  américaine  sur  les  montagnes  de  l'Espagne,  là  où 
déjà,  sans  la  présence  du  phylloxéra,  la  vigne  indigène  a  de  la  peine 
à  vivre,  à  cause  de  l'extrême  sécherese  du  sol. 

A  Saragosse,  je  n'ait  pas  dit  nettement  :  On  vous  induit  en  erreur 
lorsqu'on  vous  dit  que  le  salut  est  seulement  dans  la  vigne  améri- 
caine, mais  j'avais  cependant  dit  assez  clairement  que  le  meilleur 
moyen  de  venir  en  aide  à  l'agriculture  espagnole  et,  par  suite,  d'avoir 
du  vin  en  Espagne,  c'était  de  favoriser  l'irrigation.  Et  puisque  au- 
jourd'hui cette  importante  question  n'est  pas  même  rappelée  dans  le 
compte  rendu  du  congrès  de  Saragosse,  je  me  suis  décidé  à  écrire 
cette  note,  afin  de  protester  contre  une  tendance  qui  me  paraît  exa- 
gérée et  pour  mon  pays  et  pour  les  pays  qui  entourent  les  bords  de 
la  xMéditerranée  et  qui,  avant  toute  chose,  ne  trouveront  de  salut  que 
par  l'eau.  Jules  Maistre. 

A  PROPOS  DU  CONCOURS  REGIONAL  DE  PÊRIGUEUX 

Château  d'Auvers,  près  Mareuil-sur-Belle  (Dordogne),  22  octobre  1880. 

Monsieur  le  directeur,  j'ai  trouvé  ces  jours  derniers,  dans  une  des  livraisons 
de  votre  Revue  que  je  n'avais  pu  lire  plus  tôt,  la  relation  du  concours  régional 
agricole  de  Périgueux,  par  un  de  vos  correspondants  dont  le  nom  m'échappe  en 
ce  moment,  n'ayant  pas  ici  la  brochure  sous  les  yeux,  et  qui,  je  crois,  m'est 
inconnu.  C'est  avec  plaisir  que  j'ai  vu  que,  dans  ce  compte  rendu,  plusieurs  des 
erreurs  de  la  liste  officielle  en  ce  qui  concerne  les  noms  et  demeures  des  expo- 
sants ont  été  rectifiées;  mais  l'auteur  a  pourtant,  à  son  tour,  commis  une  petite 
faute  en  indiquant  Segonzac,  domicile  du  concurrent  qui  a  mérité  le  premier  prix 
pour  ses  eaux-de-vîe,  comme  appartenant  à  la  Dordogne.  Il  y  a  deux  Segonzac 
parmi  ceux  qu'habitent  les  personnes  qui  ont  pris  part  à  la  lutte  sur  nos  boule- 
vards. L'un  est  en  Périgord  et  non  dans  l'Angoumois,  comme  le  croit  à  tort  le 
rédacteur  du  catalogue  ministériel;  c'est  celui  auquel  appartient  Vergnaud,  primé 
pour  ses  volailles,  et  ses  vins  aussi  si  j'ai  bonne  mémoire,  l'autre  est  dans  la 
Charente  ;  c'est  celui-là  qui  est  le  vainqueur  pour  les  eaux-de-vie. 

Il  me  semble,  en  outre,  que  l'auteur  de  l'article  a  été  bien  sévère  pour  la  caté- 
gorie des  races  bovines  laitières,  qui  était  remarquable  et  par  le  nombre  et  par 
le  choix  des  animaux.  Seulement,  je  conviens  qu'elle  présentait  un  singulier  amal- 
game de  races,  mais  c'est  la  faute  du  programme  gouvernemental  qui  a  tout 
mêlé,  grandes  et  petites,  françaises  et  étrangères,  chose  à  soigneusement  éviter 
une  autre  fois.  Enfin  je  regrette  qu'il  ait  oublié  de  mentionner  nos  beaux  pro- 
duits agricoles,  nombreux  et  remarquables,  comme  n'en  a  présentés  aucun  autre 
concours  cette  année.  Il  est  vrai  qu'on  leur  avait  fait  une  si  petite  place  qu'ils 
étaient  absolument  les  uns  sur  les  autres.  De  plus  on  a  été,  en  ce  qui  concerne 
leur  admission,  d'une  sévérité  plus  qu'outrt?e,  tout  à  fait  déraisonnable,  et  c'est 
ainsi  que  deux  des  plus  beaux  lots  n'ont  pu  figurer  au  concours,  parce  qu'ils 
étaient,  soi-disant,  arrivés  quelques  minutes  trop  tard.  Une  autre  fois,  sans 
doute,  l'administration  voudra  bien  se  souvenir  qu'il  est  possible  que,  parfois,  un 
convoi  de  chemin  de  fer  arrive  un  quart  d'heure  après  le  moment  fixé  par  ses 
règlements,  et  faire  disposer  pour  les  objets  déclarés  un  espace  suffisant  au  lieu 


194        A  PROPOS  DU  CONCOURS  RÉGIONAL  DE  PÉRIGUEUX. 

d'un  endroit  absurde  par  son  exiguïté.  Sauf  cette  petite  critique,  dont  je  demande 
pardon  à  la  personne  (jui  a  bien  voulu  exposer  dans  votre  recueil  le  résultat  de 
notre  grande  fête  du  mois  dernier,  je  ne  puis  que  me  féliciter  d'avoir  vu  celle-ci 
si  bien  jugée  et  si  courtoisement  appréciée. 

Mais  ce  qui  m'a  le  plus  surpris,  c  est  de  lire,  après  la  narration  intéressante  de 
notre  remarquable  concours,  les  quelques  lignes,  fort  inattendues  de  moi,  que  votre 
collaborateur  a  eu  l'obligeance  de  consacrer  à  ce  qu'il  appelle  mon  ouvrage.  Je  suis 
resté  confondu  de  cette  appréciation  dont  la  bienveillance  dépasse  toutes  les  bornes, 
et  contre  les  éloges,  peu  mérités  de  ma  part,  qu'elle  me  vaut.  Je  dois  à  la  vérité  de 
tenir  vos  lecteurs  en  garde.  Hélas!  non,  monsieur,  je  n'ai  pas  publié  réellement 
mes  Voyages  ogricoles  en  volume.  Je  ne  me  fais  pas  assez  illusion  à  leur  égard 
pour  cela.  Je  me  suis  simplement  borné  à  réunir,  pourdes  amis  et  quelques  biblio- 
thèques des  corporations  auxquelles  j'ai  l'honneur  d'appartenir,  ce  que  j'ai  fait 
paraître  dans  les  livraisons  des  Annales  de  notre  Société  départementale  de  la 
Dordogne.  Cette  brochure  n'a  été  tirée  en  tout  qu'à  trente  et  quelques  exemplaires 
que  j'ai  distribués  moi-même  aux  personnes  et  aux  associations  pour  lesquelles 
ils  étaient  destinés.  Cette  publication  n'embrasse  même  pas  la  première  partie  de 
mes  récits  tout  entière.  Elle  ne  forme  que  sa  première  section,  comme  il  est  facile 
de  s'en  apercevoir  en  constatant  que  la  brochure  en  question  ne  renferme  pas 
encore  la  table  des  matières,  le  second  volume,  suite  et  partie  intégrante  de  celui 
quia  paru,  avec  lequel  il  doit  faire  corps  et  être  relié  devant  suivre  bientôt-  Puis 
viendra  la  seconde  partie.  Le  tout  ne  formera  pas  un  livre  hors  ligne,  il  s'en  faut, 
mais  simplement  un  amoncellement  brut  de  matériaux.  J'ai  fait  le  convoyeur  dans 
la  mesure  de  mes  forces,  sans  me  méprendre  sur  l'importance  de  mon  rôle  et  de 
mes  recherches.  Mon  seul  but  et  mon  seul  désir  est  de  pouvoir,  en  colligeant  de 
divers  côtés,  avec  l'aide  d'hommes  instruits,  capables  et  dévoués,  parvenir  à 
ramasser  quelques  aperçus  et  documents  utiles,  perdus  au  milieu  de  bien  des  fa- 
tras, je  l'avoue,  et  si  dans  cet  assemblage  informe,  un  jour,  un  habile  artiste 
trouve  des  paillettes  qu'il  puisse  convertir  en  pièces  d'or  pour  l'honneur  de  mon 
pays  qui  m'-est  cher,  j'en  serai  trop  heureux.  Le  bien  qui  peut  exister  dans  mon 
travail  revieut  à  ceux  qui  sont  assez  bons  pour  ra'aider.  Je  ne  réclame  comme 
m'appartenant  que  la  bonne  volonté. 

Veuillez  agréer,  etc.  L.  de  Lamothe. 

REYUE  COBEERCIALE  ET  PRIX-COURANT  DES  DENRÉES  AGRICOLES 

(30     OCTOBRE     1880). 
I.   —  Situation  générale. 

Dans  la  plupart  des  départements,  les  marchés  agricoles  présentent  beaucoup 
de  calme;  les  offres  delà  culture  sont  peu  importantes,  les  transactions  sur  presque 
toutes  les  denrées  sont  assez  restreintes. 

II,  —  Les  grains  et  les  farines. 

Les  prix  des  céréales  paraissent  désormais  arrivés  aux  taux  qu'ils  doivent  garder 
pendant  une  grande  partie  de  la  campagne.  La  situation  respective  des  divers  pays 
paraît  désormais  à  peu  près  fixée  d'une  manière  définitive.  Les  Etats-Unis  d'Amé- 
rique ont,  comme  l'année  dernière,  de  grandes  quantités  de  grains  à  exporter; 
mais  la  France  n'est  plus  le  principal  pays  qui  ait  besoin  de  demander  des  res- 
sources à  l'importation.  Dans  le  nord  de  l'Europe  et  dans  le  Centre,  de  grands 
vides  se  sont  produits,  et  c'est  vers  ces  pays,  de  même  que  vers  l'Angleterre,  que 
se  portera  le  principal  courant  des  blés  d'Amérique.  En  fait,  les  importations,  en 
France,  sont  beaucoup  moins  considérables  que  l'année  dernière  —  Depuis  huit 
jours,  les  cours  des  blés  ont  accusé,  dans  notre  pays,  une  grande  fermeté,  dans 
les  quatre  régions  du  Nord-Est,  de  l'Ouest  et  du  Centre;  dans  les  autres  régions, 
il  y  a  peu  de  faiblesse.  Pour  le  seigle,  toutes  les  régions,  à  l'exception  de  celle  du 
Sud,  accusent  de  la  hausse  —  Il  en  est  de  même  en  ce  qui  concerne  l.orge; 
dans  toutes  les  régions,  sauf  celles  de  l'Est  et  du  Sud-Ouest,  les  prix  sont  en 
hausse  —  Pour  l'avoine,  au  contraire,  il  y  a  la  de  baisse,  excepté  dans  les  deux 
régions  de  l'Ouest  et  du  Sud-Est.  —  Sur  la  plupart  des  marchés  étrangers,  no- 
tamment en  Allemagne,  en  Autriche  et  en  Russie,  les  prix  des  blés,  et  surtout 
ceux  des  seigles  sont  en  hausse  accentuée. 

Les  tableaux  suivants  résument  les  cours  des  céréales,  par  quintal  métrique,  sur 
les  principaux  marchés  de  la  France  et  de  l'étranger. 


REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX-COURANT  (23  OCTOBRE  1880).  195 


RÉGION.—  NORD-OUEST, 

Blé.    Seigle.   Orge. 


Calvaios.  Coudé 

—  Lisieux 

Côlesdu-Nord  Pontrieux 

—  Trégiiier 

Finistère. Lindernenii  .. 

~     Qnimper 

lUe  el-Vilaine.  Rennes, 

—  St-Malo 

Manche.  Avraaclies  .... 

—  Ponlorson 

—  ViUedieu 

Mayenne.  Laval 

—  Chàleau-Gonlier.. 
Morbihan.  Henneboat.. 
Orne.  Seez 


.■me. 


SarUie.  Le  Mans. 
—    Sablé 


fr. 
27.25 
27  50 
24.00 
25.00 
27.00 
28.25 
26.00 
26.50 
27.50 
29.00 
29.25 
26.50 
27.00 
26.00 
27.00 
27.25 
27.00 
27.00 


fr. 

21.50 

20  25 


17.00 
21.00 


20.50 
20.00 


fr. 
19.50 

15.50 
•5.50 
19.00 
17.00 
16.50 
18.25 
19.25 
18.00 
19.50 
18  25 
19.00 

18.25 
21.00 


Ayoioe. 
fr. 

21.00 
22  00 
16.50 
16.75 
16.00 
16.50 
17.50 
19.00 
20.25 
21.00 
22.50 

19.25 
17.50 
20.25 
18.00 
18.75 
18.25 


Prix  moyens 26.94    20.00     18.12     18.88 

a»  RÉGION.  —  NURD. 


Aisne.  Soissons 27.00 

—  ViUfcis-Cotterets. ..  27.75 
—    LaFère 28.25 

Eure.  Evreux 26.00 

—  Berriay 27.00 

—  DamviUe 26. 25 

Eure-et-Loir.  Chartres.  26.75 

—  Aaneau 27.25 

—  Nogenl-Ie-Rotrou.  27.25 
iVorci. Cambrai 27.00 

—  Douai  27.25 

—  Valenciennes  ....  28.00 
Oise.  Beauvais 26.00 

—  Corapiègne 27.00 

—  Senlis 27.50 

Pas-de-Calais.  Arras.. .  29.00 

—  Saml-Omer 28.00 

Seine.  Pnris 28.00 

S.-el-Marne  Nemours...  28.00 

—  Uammanin 27.75 

—  Provins 27.25 

S.-et-Oise.  Dourdan  ....  27.50 

—  Angerville 27.75 

—  Versailles 27.50 

Seine-hifèrieure.  Rouen    27. 2o 

—  Dieppe 29.25 

—  Yvetot 27.25 

Somme.  Abbsville 27.00 

—  Péronne 26.50 

—  Roye 27  25 

Prix  moyens 27.36    20.67 

3»  RÉGION.  —  NORD-EST. 


17.93 


Ardennes.  Charleville..  27.00 


22.75 
19.25 
22.50 
22.25 
23.25 
20.25 
22.50 
20.75 


21.50 
21.50 


20.75 


Aube.  Bar-sur-Aube  ..  .  27.50 
•-    Méry-sur-Seine.  ..  28.00 

—  Troyes 28.00 

3/arne.  Chàlons 27.25 

—  Epernay 26.75 

—  Reims 27.00 

—  Sézanne 27  00 

Hte-Marne.   Bourbonne  .  26.25 
Meurthe-et-Moselle  Nancy  27 .75 

—  Lunéville 27.75 

—  Toul 27.25 

il/euse.  Bar-le-Duc 27.25 

—  Verdun 27.50         » 

Haute-Saône.  Gray 27.50    20.00 

—  Vesoal.. ..,..,.. .  27.20         » 
yosges.  Epi r, al. 28.50    21. bO 

—  Raon-l'Etape 29.75     20.00 

Prix  moyens 27.51    21.33 

4»  RÉGION.   —  OUEST. 
Charente.  .\ngouIéme..  28.75     19.50 

—  Ruffec   28.50     21.00 

Charente  Infér.U!iTa.as.  26.25        » 

Deux  Sevrés.    Niort 29.00        » 

Indre-et-Loire.  Tours..  28.25 

—  Bieré 26.75 

—  Ciiàteau-Renault.  27.25 

Lotre-M/'. Nantes 27.50 

M.-«t-Loire.  Saumur   .  .  27.50 
Vendée.  Luçon 26.75 

—  La-Roclie-sur-Yon   27.25 
Fienne.  Chatellerault...  30.00 

—  Poitiers 27.00 

Haute-Vienne.  Limoges  28.00    20.50 

Prix  moyen». 27.83    19.45 


21.25 
18.50 
19.25 
19.50 
21.75 
20.00 
20.75 
19.50 

19.50 

19.50 
18.75 


18.00 
17.50 
18.00 
18.00 
18.50 
19.00 
18.75 
18. 50 
15.00 
15.50 
16.50 
16.75 
17.75 

16.00 
15.65 
16.50 
17.20 
17.30 


19.50 
20.25 


5»  RÉGION.  —  CENTRE. 


Blé. 

Seigle. 

Orge. 

AToine 

fr. 

fr. 

fr. 

fr. 

Allier.  Moulins 

28.50 

19.50 

20.00 

18  00 

—     Gannat 

28  75 

20.50 
21.00 

17.75 
17.50 

—       Si-Pourçain 

28.00 

20  00 

C/»er.  Bourses 

27.25 

—    Graçay 

25.75 

20.50 

19.50 

17.25 

—     Vierzon 

27.25 

18.50 

20.00 

Creuse.  Aubusson 

27.00 

18.25 

20. 00 

Indre.  Chàteauroux.. . . 

27.75 

20.00 

18.75 

18.00 

—     Issondun 

27.75 

18.50 

20  2o 

17.75 

—    Valençay 

26.50 

19.25 

19.59 

17.00 

Loiret.  Orléar.s 

27.50 

21.25 

19.25 

19.00 

—       Gien. 

27.25 

1 

20.00 

17.50 

—     Montargii 

27.00 

23.50 

19.50 

17.50 

Loir-et-Cher,  olois 

27. 50 

21.25 

19.50 

20.00 

—     Montoire . 

26  00 

18.75 

19.00 
22   50 

17.50 
19.50 

Nièvre.   Nevers 

27.00 

—    Cosne 

27.00 

13.00 

18.25 

17.50 

ro7we.  Brienon 

27.25 

21.75 

19   50 

18.50 
17.50 

—    St-Florentin 

28.50 

19.25 

20.00 

28.25 

20  75 

19.50 

17.75 

Prix  moyens 

27.47 

19.84 

19.34 

18.12 

6«  RÉGION.   —   EST. 

Ain.  Bourg 

30  00 

20.00 
20.25 

17.75 
17.50 

—    Pont-de-Vauï. ... 

28  50 

21,25 

Côte-d'Or.  Dijon 

28   25 

21.00 

21.00 

16.50 

—     Semur 

27.50 

20.50 

Doubs.  Besançon 

27  75 

» 

17.25 

Isère.  Grenoble 

29.50 

19.25 

18.50 

13.00 

—     Bourgoin 

28.50 

18.25 

18.00 

16  75 

28.50 
28  75 

20.50 
18.75 

17.50 
18.28 

16.75 
18.50 

Loire.  Charlieu 

P. -de-Dôme  Clermont-F 

31.75 

19.50 

17.25 

28.75 
28.50 

20.00 
20.75 

18.50 

18.25 
18  00 

Saôn&-el-Loire.   Chalon 

—    Maçon 

27.50 

19.50 

j) 

16.75 

Savoie.  Chambéry 

29.25 

20.50 

t 

Hte-Savoie.  Annecy.. . . 

29.50 

» 

y) 

17  7S 

Prix  moyens 

28.83 

19.92 

18.78 

17.40 

7"  RÉGION.   - 

-  SUD- 

OUEST. 

Ariège.  Pamiers 

28.25 

20.00 

• 

20.25 

Dordogne.  Bergerac... 

28.50 

19.50 

« 

20.00 

Hle-Garonne.  Toulouse. 

28.00 

19.00 

16.25 

19.50 

—  Viliefranche-Laur 

27.75 

19.25 

18.00 

19.00 

28.25 
28.50 

» 

19.25 
19  50 

—    Condom 

—    Mirande 

27.00 

» 

, 

20.00 

Gironde .  Bordeaux ... . 

28.75 

y 

28  00 
28.25 

18.75 
19.75 

» 

21   00 

Lot-et-Garonne.  Agen. 

28.50 

20.00 

» 

21.00 

—    Nérac- 

28.00 

19.50 

» 

19.50 

B.-Pyrénées.  Bayonne. 

28.00 

19.25 

18.25 

20.00 

Htes-Pyrénées.  Tarbes 

28.25 

19.00 

19.50 

Prix  moyens 

.  28.13 

16.60 

17.50 

18.87 

8»  RÉGION.  —SUD. 

Aude.   Casteinandary. 

28.50 

» 

20.25 

Aveyron.  Rodez 

27.00 

18.50 

» 

18.70 

Cantal.  Mauriac 

30.00 

24.30 

x> 

24.40 

Corrèze.  Luberzac 

28.50 

19.25 

19.50 

20.25 

Hérault.  Cette 

28.75 
28.50 

19.25 

20.00 
20.25 

18.75 

Lot.  Figeac 

20.50 

Lozère.  Mende 

28.55 
27.10 

19.90 
21.75 

20.30 

22.35 

—    Marvejols 

—    Florac, 

29.40 

20.30 

21.50 

17.70 

Pj/«»«né«s-Or.  Perpignan  26.30 

20.00 

23.00 

24.45 

Tarn.  Albi 

27.75 
1  28.50 

19.75 

18.50 

19.50 

Tarn-et-Gar.  Montauba 

20.50 

Prix  moyens 

.  28.24 

20.33 

20.43 

20.66 

9»  RÉGION 

—  SUD-EST 

Sasses-^ipes.  Manosque 

29.00 

, 

» 

25.15 

Hautes-Alpes.  Briançon 

29.25 

19.00 

19.50 

20.25 

Alpes-Maritimes  Cannes 

29.25 

20.00 

19.00 

19.50 

Ardéche.  Privas 

30.50 

20.55 

18.50 

21.00 

B.-du-Rhône.  Arles.... 

28.50 

B 

18.00 

21.25 

Drame.    Romans 

29.00 

20.50 

» 

17.50 

Gard.  Alais  

29.75 
30.00 

20.00 

18.00 
20.25 

22.50 

Haute-Loire.  Le  Puy... 

18.00 

Var.  Draguignan 

29.25 

» 

» 

20.50 

VaucLuse.  Carpentras.. 

28.75 

» 

19.00 

Prix  moyens 

29.27 

20.00 

19.25 

20.59 

Moy.  de  toute  la  France  27.94 

20.18 

18.93 

19.00 

—  de  lisemaineprécéd 

27.60 

19  89 

19.09 

18.96 

Sarlaseoiaine^  Hausse 
préoôdente..     \  Baisse 

.     0.34 

0.29 

» 

O.04 

» 

» 

0.39 

•96  REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX-COURANT 

Blé.  Seigle.  Orge.  Avoine 

fr.  Jr.  ff.  fr. 

Algérie.  Alger 26.25  »  lo.50  16  00 

Angleterre.  Londres 27.7.^  »  20.95  20.40 

Belgique.  Anvers 25.25  22,75  22.75  18.00 

—  Bruxelles 26.. SO  23.75  »  19.10 

—  Liège , 27.:)0  24.75  23.00  18.50 

—  Namur 25. .50  23.00  20.50  18.00 

Paya-Bas.  Amsterdam 25.85  25.00  »  » 

Luxembourg.  Luxembourg 2'.).  75  24.00  21.50  17,00 

Alsace-Lorraine.        Strasbourg 30.50        26.25        23.25        18.50 

—  Colmar 29.00         24.50        22  25         19.00 

—  Mulhouse 29.25  25.25  23.50  20.25 

Ademagne.  Berlin 26,50  26  85            »  » 

—  Cologne 28.10  27  50            •  » 

—  Hambourg 26.10  25  10  » 

Smsse.  Genève 28  75  •>  »  18.50 

—  Lausanne 28.00  »  »  18.25 

Italie.  Milan 27.75  22.75  20.25  19.25 

Autriche.]  Vienne 25.75  22  00  18.00  15  00 

"Hongrie.  Budapesth 26.75  2i.75  16.00  13  50 

Russie.  Saint-Pétersbourg...  27.75  25.40            s  13.95 

Etats-Unis.  New-York 22.90  »  »  » 

Blés.  —  La  plupart  des  marchés  continuent  à  être  assez  mal  approvisionnés  ;  la 
culture  ne  fait  que  des  offres  restreintes,  et  dans  un  grand  nombre  de  départe- 
ments, les  transactions  sont  surtout  importantes  en  ce  qui  concerne  les  blés  de 
semence.  Les  cultivateurs  s'occupent  avec  ardeur  des  travayx  de  semailles,  mais 
presque  partout  ces  travaux  sont  entravés  par  les  pluies  abondantes  qui  sont 
tombées  durant  ces  derniers  jours,  et  qui,  sur  plusieurs  points,  ont  iait  déborder 
les  rivières,  de  manière  même  à  amener  des  sinistres.  Les  cours  continuent  à  se 
maintenir  sur  les  marchés  avec  beaucoup  de  fermeté.  —  A  la  halle  de  Paris,  le 
mercredis?  octobre,  les  affaires  ont  été  peu  actives,  quoique  les  offres  de  la  culture 
aient  été  plus  abondantes  que  la  semaine  dernière;  les  prix  étaient  faiblement 
tenus  On  payait,  suivant  les  qualités,  de  27  à  29  fr.  par  100  kilog.  Le  prix  moyen 
s'est  fixé  à  28  fr.  avec  50  centimes  de  baisse.  —  Au  marché  des  blés  à  livrer,  on 
payait  par  100  kilog.  :  courant  du  mois,  28  fr.  25;  novembre,  27  fr.  75  à  28  fr.; 
novembre  et  décembre,  27  fr.  50  à  27  fr.  75  ;  quatre  mois  de  novembre,  27  fr.  50 
à  27  fr.  75  ;  quatre  premiers  mois,  27  fr.  50.  — Au  Havre,  les  offres  sont  modérées 
en  blés  exotiques,  qui  sont  payés  de  26  fr.  50  à  28  fr.  par  100  kilog.  —  A  Marseille, 
les  arrivages  de  la  semaine  ont  été  de  250,000  hectolitres;  le  stock  s'est  relevé, 
dans  les  docks,  de  5,000  kilog.;  il  est  actuellement  de  &8,000  quintaux.  Les 
affaires  présentent  peu  d'activité,  mais  les  cours  accusent  une  grande  iermeté.  On 
paye  par  100  kilog.  :  Irka,  27  à  28  fr.;  Pologne,  27  fr.  25  à  28  fr.  25;  Richelles 
blanches,  29  fr.  à  29  fr.  50;  Danube,  25  fr.  25  à  26  fr.  50;  Michigan,  28  fr.  25; 
tuzelles  d'Afrique,  28  fr.  50  à  30  fr. —  A  Londres,  les  importations  de  blés 
étrangers  durant  la  semaine  dernière,  se  sont  composées  de  88,000  quintaux  mé- 
triques; les  transactions  sont  assez  lentes  ;  les  cours  accusent  de  la  fermeté  pour 
les  bonnes  quahtés,  mais  il  y  a  de  la  baisse  sur  les  sortes  ordinaires.  Au  dernier 
marché,  on  payait  de  26  fr.  50  à  29  fr.  par  100  kilog.  suivant  les  provenances  et 
les  qualités. 

Farines.  —  Il  y  a  eu,  depuis  huit  jours,  peu  de  changements  sur  les  cours  des 
farines.  En  ce  qui  concerne  les  farines  de  consommation,  les  prix  sont  les  mêmes 
que  la  semaine  dernière.  On  cotait  à  la  halle  de  Paris,  le  mercredi  27  octobre  : 
marque  D,  60  fr.;  marques  de  choix,  63  à  64  fr.  ;  bonnes  marques,  31  à  62  fr.  ; 
sortes  ordinaires,  59  à  60  fr.;  le  tout  par  sac  de  159  kilog.,  toile  à  rendre,  ou 
157  kilog.  net,  ce  qui  correspond  aux  prix  extrêmes  de  37  fr.  60  à  40  fr.  75 
ou  en  moyenne  39  fr.  20,  comme  le  mercredi  précédent. —  Pour  les  larines  de 
spéculation,  on  payait,  à  Paris,  le  mercredi  27  octobre,  au  soir  :  farines  huit- 
marques,  courant  du  mois,  59  fr.  50;  novembre,  58  fr.  75;  novembre  et  dé- 
cembre, 58  fr.  50  ;  quatre  mois  de  novembre,  58  fr.;  quatre  premiers  mois,  57  fr.; 
le  tout  par  sac  de  159  kilog.  toile  perdue,  ou  157  kilog.  net;  farines  supérieures^ 
courant  du  mois,  38  fr,  75  ;  novembre,  38  fr.  25  ;  novembre  et  décembre,  37  fr.  50  ; 
quatre  mois  de  novembre,  37  fr.  25;  quatre  premiers  mois,  37  fr.;  le  tout  par 
100  kilog.  —  La  cote  officielle,  en  disponible,  a  été  arrêtée  comme  il  suit  pour 
chacun  des  jours  de  la  semaine  : 

Dates  (octobre).  21  22  23  25  26  27 

Farines  huit-marques (157  kilog.).  60  00        63.03  60.00  59.75  59.85        59.50 

—     |3upérieuros  (100  kilog.).    38.75        38  75  38  76  38.75  39.00        39.00 


DES  DENRÉES  AGRICOLES  (30  OCTOBRE    1880).  197 

Le  prix  moyen  de  la  semaine  a  été  de  38  fr,  75  pour  les  -farines  supérieures  e* 
de  60  fr.  pour  les  farines  huit-marques.  C'est  une  hausse  de  25  centimes  pou^ 
les  premières.  — Les  cours  des  gruaux  demeurent  fixés  de  44  à  52  fr.  par  lOOkilog.", 
ceux  des  farines  deuxièmes,  de  29  à  o4  fr. 

Seigles.  —  Il  y  a  toujours  une  grande  fermeté  sur  les  prix  de  ce  grain  à  la  halle 
de  Paris.  On  paye  de*  22  fr.  50  par  100  kilog.  Les  farines  sont  cotées  de  31 
à  34  fr.  par  ICO  kilog. 

Orges.  —  Les  offres  sont  peu  abondantes  à  la  halle  de  Paris,  et  les  cours  accu- 
sent beaucoup  de  fermeté.  On  paye  de  18  fr.  50  à  22  fr.  par  100  kilog.,  suivant 
les  sortes.  Quant  aux  escourgeons,  ils  valent  de  20  fr.  cO  à  21  fr. —  A  Londres, 
les  apports  d'orges  étrangères  sont  toujours  peu  importants,  les  affaires  sont 
calmes,  et  les  prix  demeurent  stationnaires,  de  19  fr.  95  à  22  fr.  par  quintal 
métrique. 

Malt.  —  La  situation  reste  la  même.  Les  malts  nouveaux  sont  payés  de  34  à 
35    fr.  par  100  kilog.  à  la  halle  de  Paris. 

Avoines.  —  Il  n'y  a  pas  de  changements  dans  les  cours  depuis  huit  jours. 
On  paye  de  19  à  21  fr.  50  par  100  kilog.,  suivant  poids,  couleur  et  qualité.  —  A 
Londres,  on  a  importé  78,000  quintaux  durant  la  semaine  dernière.  Les  de- 
mandes sont  limitées,  et  les  cours  sont  faiblement  tenus  de  19  à  21  fr.  75  par 
100   kilog. 

Sarrasin.  —  Prix  fermes,  à  la  halle  de  Paris,  pour  les  sarrasins  de  Bretagne, 
qui  sont  payés  de  18  à  19  fr.  par  100  kilog. 

Maïs.  —  Dans  le  Midi,  les  prix  se  maintiennent  de  18  à  22  fr.  par  100  kilog. 
—  Au  Havre,  on  cote  les  maïs  d'Amérique  de  15  fr.  à  15  fr.  50  par  quintal 
métrique . 

Issues.  — Les  prix  sont  ceux  de  la  semaine  dernière.  On  paye  par  100  kilog. 
à  la  halle  de  Paris  :  gros  son  seul,  13  fr.  75  à  14  fr.;  son  trois  cases,  13  à  !2fr.  50; 
sons  fins,  12  à  12  fr  50;  recoupettes,12  à  12  fr.  50;  remoulages  bis,  14  à  15  fr.; 
remoulages  blancs,  16  à  17  fr. 

III.  —  Vins,   spiritueux,  vinaigres,  cidres. 

Vins.  —  L'activité,  qui  présidait  aux  transactions  de  la  spéculation,  s'est  spon- 
tanément calmé.  Le  commerce  régulier  commence  à  entrer  en  scène  et  procède 
avec  plus  de  méthode;  il  sait  aujourd'hui  ce  qu'il  achète  et  il  n'achète  qu'à  bon 
escient.  Il  résulte  de  cette  situation  nouvelle  un  calme  relatif  et  en  même  temps 
sinon  une  baisse,  au  moins  des  cours  moins  bien  tenus.  La  propriété  cède  après 
force  débats,  mais  à  des  prix  plus  doux,  elle  sent  qu'il  ne  faut  pas  compromettre 
l'avenir.  «  Une  seule  chose,  nous  écrit-on  de  Narbonne,  peut  s'opposer,  quelque 
temps  du  moins,  à  la  dépréciation  des  cours,  c'est  la  qualité  de  nos  vins,  qui  est 
généralement  bonne,  ainsi  que  le  manque  de  vins  similaires  en  Espagne,  ou  tout 
au  moins  leurs  prix  élevés.  De  tout  ceci,  il  résulte  qu'on  ignore  encore  aujour- 
d'hui la  véritable  situation  et  qu'il  faut  attendre  quelques  semaines  avant 
de  voir  les  prix  prendre  leur  niveau  normal  et  les  affaires  se  traiter  sur  des  bases 
plus  solides.  En  dehors  du  Midi,  la  situation  est  encore  bien  incertaine  :  en  géné- 
ral les  vins  sont  tenus  à  des  prix  très  élevés  et  cependant  on  se  plaint  :  les  uns, 
du  peu  de  couleur;  les  autres,  d'un  manque  d'alcoolicité.  Nous  ne  parlerons 
point  des  vins  étrangers,  ni  des  vins  de  raisins  secs,  car  ceux-ci  n'exerceront  d'in- 
fluence sur  nos  cours  qu'autant  que  les  prix  des  vins  courants  seront  exagérés, 
nous  redoutons  plutôt  les  vins  dits  à  l'eau  sucrée,  qui  sont,  croyons-nous,  suscep- 
tibles de  jouer  un  grand  rôle  cette  année,  comme  auxiliaire  des  vins  de  coupage. 
A  Paris,  le  commerce  de  gros  sollicité  par  la  demande  du  détail,  qui  est  toujours 
très  active,  achète  de  fortes  parties  de  vins  vieux,  malgré  une  hausse  de  2  à  3  fr. 
et  cela  afin  de  fournir  aux  besoins  toujours  croissants  de  la  consommation  et  ce- 
pendant, le  commerce  de  détail  limite,  autant  que  possible,  ses  achats,  de  ma- 
nière à  ne  pas  se  trouver  encombré  en  fin  d'année;  on  doit,  en  effet  se  rappeler 
que  les  droits  d'entrée  seront  diminués  d'une  dizaine  de  francs  le  l"  janvier  1881, 
et  c'est  ce  qui  explique  la  réserve  du  commerce  de  détail  qui  ne  veut  pas  se  con- 
situer  de  stock.  Il  est  certain  que  les  entrées  des  vins  dans  Paris,  en  décembre, 
seront  pour  ainsi  dire  nulles,  tandis  que  les  entrées,  en  janvier  1881,  seront 
considérables . 

Spiritueux.  —  Les  affaires  sont  nulles  et  cependant  la  tendance  reste  ferme. 
En  résumé,  la  situation  est  ce  qu'elle  était  il  y  a  huit  jours.  Voici,  du  reste,  le 
mouvement  de  la  semaine  écoulée  :  début,  64  fr.,  63  ïr.  50,  64  fr.,  64  fr.  25, 
clôture,  64fr.  Le  stock  est  actuellement  de  7,100  pipes  contre  6,775  en  1879, 


198  REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX-COURANT 

soit  une  différence  de '325  pipes  en  plus  pour  1880.  Généralement  on  ne  croit  pas 
à  la  baisse.  A  Lille,  c'est  toujours  le  même  calme  :  l'alcool  de  betterave  reste  coté 
de  61  fr.  f)0  à  61  75  ;  le  livrable  pour  les  deux  derniers  mois  est  fixé  à  6i  fr.  Sur 
les  marchés  du  Midi,  les  cours  sont  faiblement  tenus  :  Celle  cote  toujours  110  à 
105  fr.;  Nîmes,  100  Ir.;  Béziers,  103  fr  ;  Narbonne,  110  fr.;  Pézenas.  98  fr.  Les 
marchés  allemands  accusent  de  la  baisse.  —  A  Paris,  on  cote  3/6  betterave, 
l"- qualité,  90"  disponible  63  fr.  65,  novembre  et  décembre  62  fr.  50à62  fr.  75, 
quatre  premiers  60  fr.  50  à  61  fr. 

Vinaigres.  —  L'article  vinaigre  est  toujours  dans  la  même  situation,  sans  chan- 
gement de  prix  et  sans  tendances  appréciables. 

Cidres.  —  De  Vimoutiers  (Orne),  on  écrit  :  que  depuis  1847,  les  pommes  à 
cidre  n'ont  jamais  été  aussi  chères  dans  la  vallée  d'x\uge.  On  les  cote  li)  fr.  l'hec- 
tolitre comble  et  l'on  n'en  trouve  pas. 

IV.  —  Sucres.  —  Mélassea.  —  Fécules.  —  Glucoses.  —  Amidons .  —  Houblons . 
Sucres.  —  Les  affaires  présentent  beaucoup  de  calme  sur  la  plupart  des  marchés, 
en  ce  qui  concerne  les  sucres  bruts;  les  cours  sont  faiblement  tenus  pour  les 
diverses  sortes.  On  paye  par  100  kilog.  pour  les  sucres  bruts  88  degrés  sacchari- 
métriqiies  :  à  Paris,  53  fr.;  sucres  blancs,  n"  3,  59  fr.;  à  Valenciennes,  sucres 
bruts,  51  fr.  50;  à  Lille,  sucres  bruts,  51  fr.  50;  à  Saint-Quentin,  poudres 
blanches,  58  fr.  50  à  59  fr.  50.  Le  stock  de  l'entrepôt  réel  des  sucres  était  à  Paris, 
de  149,000  sacs,  le  27  octobre,  avec  une  augmentation  de  8,000  sacs  depuis  huit 
jours.  —  Quant  aux  sucres  raffinés,  ils  sont  vendus  aux  mêmes  prix  que  la  semaine 
dernière,  de  11 1  à  113  fr.  par  100  kilog.,  à  la  consommation,  et  de  69  fr.  25  à 
74  l'r   pour  l'exportîition,  suivant  les  qualités. 

Mélasses.  —  Les  cours  accusent  de  la  hausse  depuis  huit  jours.  On  paye  à 
Paris,  13  fr.  50  par  100  kilog,  pour  les  mélasses  de  fabrique,  et  15  fr.  50  pour 
celles  de  raffinerie  ;  à  Valenciennes,  13  fr.  pour  celles  de  fabrique. 

Fécules.  —  Les  affaires  sont  assez  restreintes,  et  les  prix  sont  ceux  de  la 
semaine  dernière.  On  paye  à  Paris,  34  fr.  à  34  fr.  50  par  100  kilog.  pour  les 
fécules  premières  du  rayon;  à  Compiègne,  34  fr.  pour  celles  de  l'Oise.  Les  fécules 
vertes  sont  cotées  de  20  fr.  50  à  21  fr.  50. 

Glucoses.  —  Transactions  peu  importantes,  avec  les  mêmes  prix  que  la  semaine 
dernière. 

Amidons.  —  H  y  a  peu  d'affaires,  mais  les  prix  se  maintiennent  bien.  On  paye 
à  Paris  par  100  kilog.  :  amidon  de  pur  froment,  en  paquets,  70  à  72  fr.;  amidons 
de  province,  60  à  62  f r  ;  amidon  d'Al?ace,  56  à  58  fr.;  amidon  de  riz,  34  à  38  fr. 
Houblons.  — Les  marchés  des  centres  de  production  continuent  à  accuser  beau- 
coup de  calme;  les  prix,  pour  les  diverses  sortes,  se  maintiennent  sans  change- 
ments. On  paye  dans  le  Nord  et  Belgique,  90  à  160  fr.  par  100  kilog.  suivant  les 
provenances  et  les  qualités;  en  Bourgogne,  de  110  à  140  fr.;  en  Lorraine,  de  90  à 
120  fr.;  en  Alsace,  de  100  à  160  fr. 

V.  —  Huiles  et  graines  oléagineuses. 
Huiles- —  Peu  de  variation  sur  les  prix  des  diverses  sortes  d'huiles  de  graines, 
avec  des  transactions  assez  restreintes.  On  cote  à  Paris,  par  100  kil..  :  huiles  de 
colza  en  tous  lûts,  73  fr,  50;  en  tonnes,  75  fr.  50;  épurée  en  tonnes^  83  fr.  50; 
huile  de  lin  en  tous  fûts,  70  fr.  en  tonnes,  72  fr.  —  Sur  les  marchés  des  dépar- 
tements, on  paye  les  huiles  de  colza  :  Gaen,  69  fr,;  Rouen,  72  fr.  50;  Cambrai, 
73  fr.;  Arras,  76  fr.;  et  pour  les  autres  sortes  :  lin,  71  50  à  74  fr.;  caraeline,  7  2  fr.; 
pavot  industriel,  97  fr.;  pavot  à  bouche,  105  fr.;  œillette  surfine,  135  Ir.  —  Il  n'y_a 
que  peu  de  transactions,  sur  les  marchés  du  Midi,  pour  les  huiles  d'olive,  les  prix 
demeurent  à  peu  près  sans  changements. 

Graines  oléagineuses.  —  La  vente  est  facile  avec  maintien  des  cours  dans  le 
Nord.  On  paye,  à  Arras,  par  hectolitre  :  œillette  nouvelle,  33  50  à  36  fr.  50; 
colza  20  à  23  fr.;  lin,  22  à  24  fr.;  cameline,  14  à  19  fr.  50;  —  à  Gaen,  graine  de 
colza,  19  à  21  fr.,  comme  la  semaine  précédente. 

VI.  —  Tourteaux.  —  Noirs,  —  Engrais. 
Tourteaux.  —  La  situation  est  à  peu  prés  la  même  que  la  semaine  dernière. 
On  paye  à  Marseille,  par  100  kilog.  :  tourteaux  de  bn  pur,  20  fr.;  arachides  en 
coques,  12  ir.  75;  arachides  décortiquées,  15fr.  75;  ricins,  12  fr.  75;  sésame, 
15  50  à  16  fr.  50;  œillette,  14  fr.  50;  colza,  14  fr.;  coton,  12  fr.;  palmiste  na- 
turel, 10  fr.  50;  palmiste  repassé,  9  fr.;  ravison,  13  fr.  50. 

Noirs.  —  On  paye  à  Valenciennes,  par  lûO  kilog.  :  noir  animal  neuf  en  grain, 


DES  DENRÉES  AGRICOLES   (30  OCTOBRE  1880;.  199 

32  fr.;  par  hectolitre,  noirs  d'engrais  vieux  grains,  8  à  9  fr.;  de  lavage,  2  à  4  fr. 
VIL  —  Matières  résineuses,  colorantes.  —  Textiles. 
Maiières  résineuses.  —  Les  transactions  continuent  à  accuser  beaucoup  de  fer- 
meté et  les  prix  sont  très  fermes.  On  paye  à  Bordeaux  83  fr.  par  100  kilog.  pour 
l'essence  pure   de  térébenlliine;  à  Dax.  tO  fr. 

Gaudes. — Prix  très  fermes  dans  le  Languedoc,  où  l'on  paye  12  fr,  par  100  kilog, 
Crèfiie  de  tartre.  —  On  paye  dans  le  Midi,  270  fr,  à  275  fr.  par  100  kilog.  pour 
le  premier  blanc  de  cristal. 

VIII.  —  Beurres.   —  Œufs.  —  Fromages.—  Volailles  et  gibier. 
Beurres.  —  On  a  vendu,  pendant  la  semaine,  à  la  halle  de  Paris,  239,508  kilog. 
de  beurres.  Au  dernier  jour,  on  payait  par  kilog.:  en   demi-kilog.,  ordinaires  et 
courants,  2  fr.  64  à  3  fr.  72;  petits  beurres,  2  fr.  30  à  2  fr.  84  ;  Gournay,  1  fr.  98 
à   4    fr.    80  ;    Isigny,2  fr.  06  à  6  fr,   kk. 

OEufs.  —  Du  19  au  25  octobre,  il  a  été  vendu  à  la  halle  de  Paris  3,752,907  œufs. 
On  cote  par  mille  :  choix,  119  à  133  fr.;  ordinaires,  75  cà  121  fr.;  petits,  62 
à  68  fr. 

Fromages.  —  Derniers  cours  de  la  halle  de  Paris  :  par  douzaine,  Brie,  7  à 
29  fr.;  Montlhéry,  i5  fr.;  par  cent,  Livarot,  23  à  91  fr,;  Mont-d'Or,  15  à  3i  fr,; 
Neufchâtel,  5  à  27  fr.;  divers,  6  à  88  fr.;  par  100  kilog.,  Gruyère,  112  à  165  fr. 

Volailles  et  gibier.  —On  vend  à  la  halle  de  Paris  :  Canards,  2  50  à  4  fr.  50. — 
Chapons,  5  à  6  fr.  5  0.  —  Crêtes  en  lots,  le  kilog,,  6  à  8  fr.  —  Dindes  gras  ou 
gros,  10  à  12  fr.  ;  commun,  7  à  9  fr.  — Lapins  domestiques,  1  fr.  50  à  4  fr.; 
garenne,  2  à  3  fr.  —  Levrauts,  2  50  à  4  fr,  —  Lièvres  de  pays,  6  à  7  fr.  —  Per- 
drix, 2  à  3  fr.  75,  —  Oies  grasses,  à  9  fr.;  communes  3  50  à  4  fr.  50.  —  Per- 
dreaux de  pays,  3  50  à  5  fr.  —  Poules  ordinaires,  1  75  à  3  fr.  —  Poulets  gras, 
5  à  7  fr.;  communs,  2  à  3  fr.  50. 

IX.  —  Suifs  et  corps  gras,  cuirs  et  peaux. 
Suifs.    Les  prix   sont  toujours  faibles.    —  Ou  paie   à   Paris,    le    27   octobre, 
82  fr.  par  100  kilog.  pour  les  suifs  purs  de  l'abat  de  la  boucherie,  61  fr.  50  pour 
les  suifs  en  branches. 

Lards  et  saindoux.  —  Les  cours  se  maintiennent  difficilement  au  Havre,  où  l'on 
cote  114  fr,  par  100  kilog,  pour  les  saindoux  d'Amérique. 

XI.    —  Chevaux.  —  Bétail.  —  Via7ide. 
Chevaux.  —  Aux  marchés  des  20  et  2  3   octobre,  à  Paris,  on  comptait  876  che- 
vaux. Sur  ce  nombre,  375  ont  été  vendus  comme  il  suit  : 


Chevaux  de  cabriolet , , 

—  de  trait 

—  hors  d'âge 

—  à  l'enchère.,.. 

—  de  boucherie. 


Amenés. 

Venrlus 

.  Prix  extrêmes. 

138 

20 

270  à  1,075  fr. 

249 

60 

300  à  l,(i80 

314 

113 

45  à      935 

69 

69 

75  à      700 

106 

l(j6 

32  à      100 

Anes  et  chèvres.  —  Aux  mêmes  marchés,  on  comptait  12  ânes  et  8  chèvres.  5  âne^ 
ont  été  vendus  de  35  à  90  fr.  ;  6  chèvres,  de  20  à  75  fr. 

Bétail.  —  Le  tableau  suivant  résume  le  mouvement  du  marché  aux  Lestiaux  de  la 
Villette,  du  jeudi  21  au  mardi  26  octobre  : 

Poids        Prix  du  kilog.  de  viande  sur  pied 
Vendus  moyen     au  marclié  du  lundi  25  octobre. 

Pour  Pour  En         k  quartiers,  i"  2«  3»  Prix 

Amenés.  Paris,  l'extérieur,  totalité.  kil.  quai.  quai.  quai.  moyen. 

Bœufs 6.835  4,272  1,452  5,72i  350  1.62  1.46  l.lO  1.35 

Vaches 2,220  706  716  1,422  240  1.48  1.30  0.98  1.22 

Taureaui 393  211  50  261  382  1.24  1.10  0.96  1.24 

Veaux 3,624  2,610  805  3,415  75  2.10  2.00  1.60  185 

Moutons 48,172  27,392  15,201  42,593  19  1.84  1.56  1.28  1.57 

Porcsgras 6.297  2,434  3,708  6,142  85  1   58  1.50  1.46  1.51 

--    maigres.              16  »  11  11  40  1.25  »  »  1.25 

Les  approvisionnements  du  marché  ont  continué  à  être  très  abondants,  mais 
les  affaires  ont  été  plus  actives  que  la  semaine  précédente.  Pour  le  plus  grand 
nombre  des  espèces  d'animaux  amenés,  les  prix  accusent  une  plus  grande  fermeté; 
c'est  surtout  sur  les  gros  animaux,  ainsi  que  sur  les  veaux,  que  ce  mouvement 
se  produit. 

A  Londres,  les  importations  d'animaux  étrangers,  durant  la  semaine  dernière, 
se  sont  composées  de  18,525  têtes,  dont  3  bœufs,  104  veaux,  5,251  moutons  et 
24  porcs  venant  d'Amsterdam;  750  moutons  de  Brème;  55  moutons  et  212  porcs 


200  REVUE  COMMERCIALE   ET  PRIX-COURANT  (30  OCTOBRE  1880). 

d'Hambourg;  33  bœufs,  61  veaux,  830  moutons  et  41  porcs  d'Harlingen  ; 
434  bœufs  et  75  moutons  de  New-York;  60  bœufs  d'Oporto;  304  veaux, 
2,763  moutons  et  200  porcs  de  Rotterdam;  1,576  bœufs  et  1,938  moutons 
de  Tonning.  Prix  du  kilog.  :  Bœuf^  V  1  fr.  87  à  1  fr.  99  ;  2"  1  fr.  75  à  1  fr.  87; 
qualité  inférieure,  1  fr.  58  à  1  fr.  75.  Yeau,  1"  1  fr.  9i-i  à  2  fr.  10;  2M  fr.  75  à 
1  fr.  93.  —  Mouton,  1'"  2  fr.  28  à  2  fr.  34;  2«  1  fr.  93  à  2  fr.  10;  qualité  infé- 
rieure, 1  fr.  75  à  1  fr.  93.  —  Porc,  1"  1  fr.  75  à  2  fr.  02;  2«  1  fr.  58  à  1  fr.  75. 
Viande  à  la  criée.  —  On  a  vendu,  à  la  halle  de  Paris,  du  19  au  25  octobre: 

Prix  du  kilog.  le  25  octobre. 


Bœuf  ou  vache 

Veau 

Mouton , 

Porc 


kilog.  1"  quai.  2«  quai.  3^  quai. 

197,561  0.96àl.64      0.78àl.44  0.50àl.lO 

135,020  1.78    2.20       1.26     1.76  0.80     1  24 

84,728  1.36     1.54       1.1,2     1.34  0.60     1.10 

33,670  Porc  frais 1.30àl.80 


Glioix.     Basse  boucherie. 
0.90à2.50  O.lOà  1.16 
0.96    2,30      . 
0.80    2.50      » 


450,979      Soit  par  jour.....  64,425  kilog. 

Les  ventes  ont  été  inférieures  de  8,000  kilog.  environ  parjour  à  celles  de  la 
semaine  précédente.  Il  y  a  eu  hausse  sur  la  viande  de  veau,  mais  un  peu  de 
baisse  sur  les  autres  catégories. 

X.  —  Cours  de  la  viande  à  l'abattoir  de   la  Villette  du  28  octobre  {par  50  kilog,) 

Cours  de  la  charcuterie.  —  On  vend  à  la  Villette  par  50  kilog.  :  1"  qualité^ 
85  à  87  fr.;  2%  80  à  85  fr.;  poids  vif,  56  à  60  tr. 

Bœufs.  Veaux.  Moutons. 


XI.  —  Marché  aux  bestiaux  de  la  Villette  du  jeudi  28  octobre. 


Bœufs.... 
Vaches... 
Taureaux. . 
Veaux..... 
Moutons... 
Porcs  gras. 
—  maigres 


Animaux 
amenés* 
.     -2.882 

905 

115 

.     1.350 

.  21.3i7 

.     3.757 


Invendus. 
558 
276 
31 
186 
2.307 


Poids 
moyen 
général, 
kil. 
365 
250 
370 

80 

18 

84 


Cours    officiels. 


Cours  des  commissionnaires 
en  bestiaux. 


1"       2»       3«          Prix            1"  2»  3»  Prix 

quai.  quai.  quai,     extrêmes,  quai.  quai.  quai.  extrêmes. 

02àl.64       1.60  1.40  1.05  l.OOàl.64 

60  1.25  0.90  0.85     1.50 

20  1.10  0.95  0.85     1.35 


.60 
1.46 
1.20 
2.10 
1.82 
1.62 


i5 
1.28 
1.08 
2.00 
1.54 
1.54 


1.06 
0.94 
0.90 
1.60 
1.28 
1.50 


0.90 
0.8b 
1.45 
1.25 
1.40 


1.50 
1.22 
2.20 
1.85 
1.70 


Vente  lente  sur  toutes  les  espèces. 


XII. 


Résumé. 


Les  prix  n'ont  pas  subi  de  changements  importants  pour  la  plupart  des  denrées 
agricoles  depuis  huit  jours.  A.  Remy. 

BULLETIN  FINANCIER. 

Bien  que  le  marché  se  ferme  en  réaction,  les  derniers  cours  donnent  une 
hausse  prononcée  sur  ceux  de  la  semaine  précédente  :  la  rente  3  0/0  est  à 
85  fr.  75  gagnant  0  fr.  25  ;  l'amortissable  à  87  fr.  70  gagnant  0  fr.  55,  et  la 
rente  5  0/0  à  120  fr.  65  gagnant  0  fr.  30.  Faiblesse  à  nos  chemins  de  fer,  très 
bonne  tenue  des  sociétés  de  crédit. 

Cours  de  la  Bourse  du  20  au  27  octobre  1880  [au  comptant). 


Principales  valeurs  française*  : 

Plus  Plus    Dernier 

bas.  haut,     cours. 

Rente30/0 85.40  86.00       85.75 

Rente  3  0/0  amortis 87.50  87.95      87.70 

Rente  4  1/2  0/0 114.25  115.65     115.65 

Rente  5  O/0 120.47  120.85     120.65 

Banque  de  France 3530.00  3600.00  3530.00 

Comptoir  d'escompte 957.50  975.00    975.00 

Société  générale 590.00  597.50    597.50 

Crédit  foncier 1350.00  1373.75  1355.00 

Est Actions  500     775.00  777.50     775.00 

Midi d"  1055.00  1060.00  1058.75 

Nord d*  1650.00  1670.00   1670.00 

Orléans d"  1237.50  1250.00   1240.00 

Ouest d*     820.00  8ï7.50     820.00 

Paris-Lyon-Méditerranée  d»  14Î5.00  1462.50  1462.50 

Paris  1871  obi.  400  3  0/0  ..     394.00  396.00     396.00 

Italien  5  0/0 86.75  88.00      87, JO 

Gérant  :  A.  BOUCHÉ. 


Valeurs  diverses  : 

Plus 
bas. 
500  4  0/0  530.00 
d°  3  0/0.  550.00 
500  3  0/0     472.50 


Plus 
haut. 
535.00 
560.00 
476.25 


Créd.  fonc.   obi 

do        d»       d» 

d»       obi.     c<" 
Bque  de  Paris   act.  500...   1138.75  1166.25 
Crédit  ind.  et  com.  500...     740.00    750.00 
Dépôts  et  cptes  cts.  500...     711.25    715.00 

Crédit  lyonnais d'...     965.00    977.50 

Créd.  mobilier 642.50     650.00 

Cie    paris'enne  du  gaz  250  1362.50  1375.00 

Cie  génér.  transatl 500    592.50    600.OO 

Messag.  maritimes d'    735.00    750.00 

Canal  de  Suez d»  1277.50  1292.50 

d'     délégation d»    780.00     790.00 

d'      obli.  5  0/0 d"     567.00     570.00 

Créd.  fonc.  Autrich 500    750.00    778.75 

Créd  mob.  Espagnol.... d*  »  » 

Créd. fonc.   Russe 390.50    395.00 


Dernier 
cours. 
530.00 
555.00 
476.25 

1155.00 
745.00 
715.00 
977.50 
650.00 

1365.00 
595.00 
750.00 

1277.50 
780.00 
570.00 
778.75 
605.00 
395.00 


CHRONIQUE  AGRICOLE 


(6  NOVEMBRE  1880). 


Nouvelles  recherches  de  M.  Pasteur  sur  le  choléra  de?  pou'es.  —  Moyen;  à  adopter  pour  trans- 
former le  virus  de  la  onlalie  "O  vaccin.  —  Appli;atioi  ait  autres  maladies  virulentes.  —  Ke- 
Frise  d'S  séances  de  la  Société  nauoniie  d'ag  iaultare.  —  .No  ainaiion  dî  irois  adjoints  à 
in  pec  io'i  générale  de  l'agriculture.  —  Les  vms  de  raisins  secs.  —  Lettre  d;  M  Gréa.  ^ 
L'intervention  du  législateur- dans  les  procé  lés  de  tainciti  m.  —   Exposiiion  viiicole  de  Beiu  13. 

J^ —  Le  phylloxéra.  — .Nécessité  de  fiir^  cesser  l'inertie  des  c  iltivateurs.  —  Les  vignes  a  néri- 
caines  résistantes.  —  Lettre  de  .M  Lilimin.  —  Pab!i;ation  de  la  deuxième  pirtie  il  1  Joirnal 
de  la  Sociéié  roijale  d'agriculture  d'Anjleierre,  p  )ur  ls80.  —  Dammbr.^ment  'lu  bétail  en  An- 
gleterre.—  Les  recensements  fiits  à  des  dues  préc  ses  —  Concours  des  exploitatiois  rurales 
dans  le  comté  de  Derby.  —  Les  entrep  ises  a^^ricoles  à  l'étranger  et  en  France.  —  Nécrologie  : 
Mort  de  M.  Gruber  —  Décoi-ation  pjur  services  rendis  à  l'ignculture.  —  Cours  de  l'Institut 
agronotniqie  pour  l'année  I88018-<1.  —  Les  cours  a^'-iioles  ilu  Co  iservatoire  des  ai-ts  et  mé- 
tiers. —  Sériciculture.  —  Les  procélés  d'hveination  des  griines.  —  Les  procél''S  d'-^mousse- 
ment  des  dents  des  chiens  contre  la  propigUion  de  lirage.  — Lettre  de  M.  Bourrd.  —  Son 
Traité  de  la  r-ige.  —  Nouvel  exemple.  —  Lettre  de  M.  Destremx.  — Les  réformes  i  alopterdaas 
les  tarifs  des  transports.  —  Analyse  du  rapport  fait  par  M.  Dacos  à  la  Société  d'agriculture  de 
Vaucluse. 

I.  —  Sur  C allénuxlion  des  virus  pour  en  faire  des  vaccins. 

M.  Pasteur  avait  annoncé  avoir  trouvé  le  moyen  de  rendre  inoffensif 
pour  1  individu  auquel  il  serait  inoculé,  le  virus  qui,  d'après  lui,  cons- 
titue la  iniladie  dite  le  choléra  das  poules  ;  il  n'avait  pas  voulu  faire 
connaître  son  procédé  avant  de  l'avoir  soumis  préalablement  à  un 
nombre  suffisant  d'épreuves  pour  en  démontrer  à  lui-même  l'efticacité. 
C'était  incontestablement  son  droit  comme  savant,  et  nous  ajouterons 
qu'on  ne  saurait  le  blâmer  d'avoir  voulu  entourer  de  toutes  les  preuves 
de  la  certitude  l'exposition  de  sa  découverte.  Il  a  fait  cette  exposition 
dans  la  séance  de  l'Académie  des  sciences  du  26  octobre  dernier  ;  le 
Journal  reproduira  le  beau  travail  de  M.  Pasteur  dans  son  prochain 
numéro.  Tout  ce  que  nous  voulons  en  dire  aujourd'hui  c'est  qu'il  y  a 
dans  la  méthode  de  notre  savant  confrère  quelque  chose  de  général 
qui  s'élève  bien  au-dessus  du  cas  particulier  qui  lui  a  donné  naissance. 
D'un  autre  côté,  l'application  à  nos  animaux  de  basse-cour  deviendra 
désormais  facile;  on  pourra  remettre  aux  ménagères  des  exploitations 
rurales  le  virus  vaccin  pour  leurs  poules,  de  manière  à  empêcher  une 
maladie  qui  trop  souvent  dévastait  les  basses-cours  d'une  manière  en 
quelque  sorte  foudroyante. 

IL  —  Reprise  des  travaux  de  la  Société  nationale  d'agriculture. 

La  Société  nationale  d'agriculture  a  repris,  le  mercredi  3  novembre, 
le  cours  de  ses  séances,  qui  se  tiendront  désormais  chaque  mercredi 
à  3  heures,  sous  la  présidence  de  M.  Ghevreul,  dans  son  hôtel,  rue  de 
Bellechasse,  18.  Le  Journal  reprend,  en  même  temps,  le  compte  rendu 
de  ces  séances  qu'il  continuera   sans   interruption,  chaque  semaine. 

IIL  —  Nomination  d'adjoints  à  l'inspection  générale  de  V agriculture. 
Dans  notre  chronique  du  14  août  (page2H  du  tome  III  de  1880), 
nous  avons  donné  les  résultats  du  concours  ouvert  pour  trois  places 
d'adjoint  à  l'inspection  générale  de  l'agriculture.  Par  un  arrêté  récent, 
M.  le  ministre  de  l'agriculture  a  noiimé  les  titulaires  de  ces  trois 
places,  qui  sont  M.  Philippir,  directeur  de  l'école  d'irrigation  et  de 
drainage  du  Lézardeau;  M.  Randoing,  ingénieur  agricole;  M.  Léon 
Vassillière,  professeur  départemental  d'agriculture  de  la  Vendée.  Les 
trois  nouveaux  adjoints  sont  entrés  en  fonctions  depuis  le  1""  no- 
vembre. 

IV.  —  Les  vins  de  raisins  secs. 

A  propos  de  la  circulaire  de  M.  Audibert,   directeur  général  les 

N*  604.  —  Tome  IV  de  1880.  —  6  Novembre. 


202  CHRONIQUE  AGRICOLE  (6   NOVEMBRE   1880). 

douanes,  que  nous  avons  signalée  dans  notre  ouméro  du  23  octobre, 
nous  avons  reçu  de  M.  Gréa  la  lettre  suivante  : 

«  RoUlier  (Jura),,  2(»  octoJjre  1880. 

«  JSfonsieur  et  honoré  collègue,  je  lis  dans  le  dernier  numéro  du  Journal  de 
V Aiiru'/uhia  e  <]ue,  par  une  récente  décisioc  de  M.  le  directeur  général  das  con- 
tribution?  indiieftes,  les  vin«  de  raisins  secs  ne  seront  plus  nsstijetlis  à  la  tîécla- 
ration  de  leur  origine  pour  la  circulation  et  la  vente.  An  nom  des  vignerons  de 
ma  contrée,  qui  sont  unanimes  a  ce  sujet,  je  tiens  à  protester  contre  cette  me^'ure 
qui  me  paraît  aussi  tiuneste  pour  le!  consommateur  que  pour  le  producteur.  Nous 
n'admi-ttronh"  jamais  que  les  boisions  fabriquées  soient  assimilées  au  vin  et  en  re- 
çoivent pour  ainsi  dire  oflicielleraent  le  nom.  Nous  n'empêchons  personne  d'en 
faiie  et  d'en  vendre,  mais  à  la  cnnditian  de  ne  pas  tromper  l'acheteur  sur  la  qua- 
lité de  la  marcliandise  vendue.  En  cela,  nous  sommes  con>plètement  d'accord  avec 
le  Co''e  pénal  et  avec  les  circulaires  de  M.  le  ministre  de  la  justice.  Nous  espé- 
rons que  nos  récoltes  ne  seront  pas  toujours  aussi  mauvaises  et,  quand  nous 
pourrons  de  noyveau  avoir  du  vin  à  vencLre  aux  Français  et  aux  étrangers,  il  ne 
îaut  pas  que  nos  produits  viennent  se  confondre  avec  les  tristes  boissons  que  la 
nécessit(é  iopce  d'accepter  aujouixl'hui. 

«  Je  vous  serais  obligé,  monsieur  et  bonoré  collègue,, de  faire  paj-t  de  csea  ob- 
servations à  vos  lecteurs. 

«  Veuillez  agréer,  etc.  «  E.  Gréa, 

Correspondant  de  la  Société  nationale,  ppésident  du  Comice  de  Lons-le-Saulnier. 

Il  nous  paraît  difficile  de  déclarer  que  du  vin  fait  avec  du  raisin  sec 
n'est  pas  du  vin  au  même  titre  que  celui  fait  avec  du  raisin  frais,  car 
ce  serait  amener  la  loi  à  s'occuper  des  procédés  de  fabrication.  Par 
quels  motifs  reposant  sur  une  vérité  quelconque  pourrait-on  empêcher 
un  propriétaire  de  dessécher  tout  ou  partie  de  sa  vendange  avant  de 
faire  du\in.  s'il  y  trouvait  un  avantage?  Mais  ce  qui  nous  paraît 
juste^  c'est  d'imposer  le  raisin  sec  arrivant  de  l'étranger  d'un  droit 
équivalant  à  celui  que  paie  le  vin  même  introduit  en  France.  Par 
exemple,  s'il  est  bien  démontré  qu'avec  lOO  kilog.  de  raisins  secs  on 
fait  trois  hectolitres  de  vin,  il  faut  faire  payer  aux  raisins  trois  fois  le 
droit  fixé  sur  le  vin. 

V.  —  Exposition  viticok  de   Beaune. 

Comme  les  années  précédentes,  le  Comité  de  viticulture  et  d'agri- 
culture de  Beaune  organise  une  exposition  des  vins  nouveaux  de  Bour- 
gogne. Cette  exposition  aura  lieu  le  dimanche  7  novembre,  jour  de  la 
Tente  des  vins  des  hospices.  Les  vins  fins  ou  ordinaires  de  l'ancienne 
Bourgogne  sont  seuls  admis  à  cette  exposition.  Un  concours  d'instru- 
menls  de  viticulture  aura  lieu  le  même  jour.  Trois  catégories  d'ins- 
truments pourront  seules  recevoir  des  récompenses  :  les  charrues  vi- 
gneronnes de  tous  modèles;  les  chaudières  pour  échauder  la  vigne  et 
les  autres  instruments  pour  détruire  la  pyrale;  les  appareils  pour  le 
soufrage  de  la  vigne.  Les  récompenses  consisteront  en  médailles  de 
\ermeil,  d'argent  et  de  bronze. 

VI.  —  Le  phtjUoxera. 

Il  est  désormais  indiscutable  que  les  vignerons  ontmaintenant  entre 
les  mains  des  moyens  efficaces  pour  lutter  contre  la  destruction  de 
leurs  vignes,  mais  que  le  plus  grand  obtocle  à  l'efficacité  de  la  lutte 
■est  dans  l'inertie  ou  l'indifférence  d'un  trop  grand  nombre  de  proprié- 
taires. C'est  celte  même  pensée  qu'exprimait,  au  Congrès  viticole  de 
Clermont-Ferrand,  en  termes  excellents,  M.  Langlois,  président  du 
Comité  central  de  la  Haute-Loire;  c'est  pou.rquoi  nous  croyons  utile 
de  reproduire  cette  partie  de  sa  communication  : 


GHRCKNrQUE  AGRICOLE    (6  NOVEMBRE  1880).  ^03 

«  Tâchons  d'obtenir,  dans  notre  région  du  Châtre,  une  mutuilité  bien  orga- 
nisée, une  surveillance  incessante  de  la  propriété  viticole,  un  signalement  instan- 
tané, si  la  chose  est  possible,  des  premiers  sy.nptô.nes  de  l'envahissement,  G3 
n'est  plus  alors  un  hectare  que  vous  ave/,  à  soignif,  c'est  un  espice  bMacoup 
moins  étendu,  et  avec  une  dépanse  minime,  souvent  insigniliante,  vous  arriverez 
à  préserver,  non  plus  un  hectare  de  vignes,  miis  an  vignoble  tout  entier. 

«  Ceci  nous  ramène  directement  à  une  phrase  du  début  de  cette  trop  longue 
communication  :  le  pire  des  maux,  c'est  la  résistance  par  inertie  dis  populations. 
Oui,  messieurs,  dans  nos  contrées,  là  est  le  véritable  ennemi  à  combattre  ;  sur  ce 
terrain  surtout,  nous  devons  nous  grouper  et  lutter  avec  toute  l'énergie  rfue  nous 
pourrons  déployer.  Faire  comprendre  aux  propriétaires  qu'il  y  a  un  danger  immi- 
nent, sérieux;  que  leurs  vignes  tout  entières,  par  conséi{uent  la  fortune  d'un 
grand  nombre  d  entre  eux,  sont  menacées  de  mort;  leur  persuader  que  d'eux  seuls, 
de  leur  surveillance  incessante,  de  leur  réunion  en  syndicats  dépeni  la  |X)ssibilité 
d'enrayer  l'invasion  du  fléau;  leur  bien  expliquer  que  la  lutte  est  possible,  pos- 
sible même  à  peu  de  frais  s'ils  veulent  y  prêter  la  main;  mais  que  plus  ils  tar- 
dent, plus  les  résultats  deviennent  douteux  et  ne  peuvent  bientôt  plus  s'obtenir, 
s'il  en  est  encore  temps,  qu'au  moyen  d'une  énorraeaugmeatation  dans  la  dépense; 
leur  bien  inculquer  l'idée  qu'en  présence  de  l'ennemi  implacable  qui  les  poursuit, 
ils  sont  aujourd'hui  les  seuls  conservateurs  de  leurs  vignies  et  que,  s'ils  lei  aban- 
donnent, elles  sont  condamnées  à  une  mort  procJiaine. 

«  Quand  nous  serons  arrivés  à  ce  résultat,  nous  pourrons  appliquer  avec  succès 
les  moyens  que  nous  fournit  la  science.  » 

La  lutte,  qui  paraissait  assoupie  entre  les  partisans  des  insecticides 
et  ceux  des  vignes  américaines,  menace  de  reprendre  avec  une  nou- 
velle vigueur.  A  l'occasion  de  la  note  de  M.  Jules  Maistre,  insérée  dans 
notre  dernier  numéro,  M.  Laliman  nous  adresse  la  nouvelle  lettre  sui- 
vante : 

«  Monsieur  le  rédacteur,  je  ne  puis  laisser  passer  la  narration  de  M.  Maistre 
au  sujet  de  la  visite  dont  il  m'a  honoré  en  compagnie  de  MM.  Lenhardt  et  Meisaer, 
ce  serait  enterrer  les  vignes  américaines  résistantes,  dont  je  suis  l'ardent  défen- 
seur; et  je  dis  plus,  ce  serait  exalter  les  vignes  américaines  non  résistintes,  dont 
je  suis  l'en/zemi  déclaré.  «  M.  Laliman  nous  a  dit  qu'il  cultivait  des  vignes  amé- 
ricaines depuis  vingt  ans,  et  qu'au  bout  de  douze  ans,  les  vignes  américaines  mou- 
raient du  phylloxéra;  enfin  queies  vignes  américaines  mouraient  aux  Etats-Unis.  » 
Tels  sont  les  paroles  que  me  prête  M.  Maistre. 

«  Tandis  ((ue  j'ai  dit  :  il  y  a  plus  de  trente-cinq  ans  que  je  cultive  les  vignes 
américaines,  et  je  n'ai  aperçu  la  maladie  qu'il  y  a  quinze  ans;,  si  j'avais  importé 
le  puceron  a^ec  elles,  comment  mes  vignes  françaises  auraient -elles  résisté  au 
fléau  pendant  vingt-cinq  ans?  Elles  seraient  donc  plus  résistantes  que  les  vignes 
américaines?  et  mes  Labrusca  non  résistants  auraient  réd'itè  vi'Kji-clnq  ans! 
tandis  que  je  déclare  que  certains  cépages  tels  que  le  Vialla,  le  York,  le  Solonis, 
le  Jacquez,  le  Gaston-Bazille,  etc.,  n'ont  en  Europe  que  quinze  années  de  résis- 
tance au  phylloxéra,  au  maximum  ! 

«  J'ai  bien  dit  :  qu'en  Amérique,  les  cépages  que  l'on  nous  vantait  comme  ré- 
sistant, tels  que  les  Goncords,  les  Clinton,  les  Hortefort-Prolific,  et  même  certains 
autres,  y  mouraient  aujourd'hui;  mais  depuis  six  ou  sept  ans  seulement!  qu'en 
Californie,  les  cépages  européens  et  les  Catawa,  cultivés  depuis  deux  siècles  dans 
ces  para^ies,  partageaient  ce  même  sort,  vo;ilant  par  là  prouver  l'invasion  récente 
phjlloxérique  dans  les  deux  mondes,  et  combattre  l'origine  américaine  de  i'Aphys. 

«  Mais  aussi,  j'ai  ajouté  :  les  vignes  meurent  en  Amérique,  parce  que  les  Amé- 
ricains ne  possèdent  pas  les  véritables  vignes  américaines  résistantes  ;  et  que  depuis 
bientôt  dix  ans,  M.  Riley  et  nos  écrits  universitaires  les  lanç.iieut  dans  'a  cul- 
ture des  Concords,  Clinton,  etc.,  alors  que  ces  cépages,  ainsi  que  je  l'écrivais  depuis 
1869,  étaient  déjà  morts  chez  moi,  tués  par  le  phylloxéra. 

a  Quanta  soutenir,  comme  M.  Maistre,  qu'un  arbuste  qui  vient  dans  un  pays 

f)lus  frais  que  le  noire,  ne  pourra  pas  venir  en  Europe,  c'est  méconnaître  non  seu- 
ement  l'expérience,  puisqu'aux  Açores  l'on  récolte,  depuis  longtemps,  des  vins 
améiicains;  puisqu'en  Espagne  et  en  Portugal,  ces  vignes  y  végètent,  deouis 
longtemps,  à  merveille  ;  mais  c'est  encore  oublier  qu'il  fait  plus  chaud,  même  à 
New-I'ork,  pendant  l'été,  qu'à  Madrid  et  à  Lisbonne,  sans  oublier  queies  Florides, 


204  CHRONIQUE  AGRICOLE  (6    NOVEMBRE   1880). 

le  Texas,  etc.,  sont  encore  plus  chauds;  ce  que  je  prouve  suffisamment  dans  mes 
dernières  études  phylloxériqueo,  pour  me  dispenser  de  revenir  sur  la  rudesse  du 
climat  de  la  Nord-Amérique,  qui  de  25  degrés  de  froid,  passe  sans  printemps,  à 
25  degrés  de  chaleur! 

«  J'espère  que  ces  explications  prouveront  que  je  ne  suis  pas  un  renégat  des 
vignes  américaines,  comme  le  ferait  supposer  l'article  de  M.  Maistre  ;  mais,  au 
contraire,  un  défenseur  d'autant  plus  sincère  que  je  ne  m'appuie  que  sur  certains 
cépages  que  l'étude,  et  surtout  noire  grand  maîl<-e,  l'expérience,  m'ont  appris  être 
résistants  dans  tous  les  sols,  comme  dans  tous  les  climats,  et  cela  depuis  quinze 
ans,  aux  piqiàres  du  vastatrix. 

«  Veuillez  agréer,  etc.  «  L.  Laliman. 

«  Château  Latourate,  1"  novembre  1880.  » 

D'un  autre  côté,  nous  avons  reçu,  à  propos  de  quelques-unes  des 
observations  antérieures  de  M.  Laliman,  deux  lettres  de  M.  Morlot  et 
de  M.  Meissner  sur  les  conditions  de  la  culture  de  la  vigne  en  Amé- 
rique; nous  les  publierons  dans  notre  prochain  numéro. 

VII.  —  Journal  de  la  Société  royale  d'agriculture  d'Angleterre. 

La  seconde  partie  du  seizième  volume  (année  1880)  du  Journal  de  la 
société  royale  d'agriculture  d'Angleterre  vient  de  paraître  ;  il  contient 
les  articles  suivants  :  1°  sur  la  production,  les  importations,  la  con- 
sommation et  le  prix  du  blé  pendant  vingl-hiiit  années,  1852-53  à 
1879-80,  par  J.-B.  LawesetJ.-H.  Gilbert;  2"  un  mémoire  sur  l'utili- 
sation des  substances  perdues  et  l'emploi  économique  des  machines  et 
du  matériel  de  la  ferme,  par  Robert  Scott-Burn  ;  3"  des  notes  sur  l'en- 
tretien d'un  troupeau  de  Durham,  par  W.  Housman;  4°  une  notice  sur 
la  création  des  prairies,  par  James  Howard;  5°  un  rapport  sur  les  haras 
et  l'espèce  chevaline  en  Hongrie,  par  J.  Collins  ;  G"  un  rapport  sur  les 
maladies  du  bétail  dans  l'île  de  Chypre,  par  Charles  Heidenstam  ; 
T  une  étude  sur  les  sources  d'approvisionnements  du  marché  aux 
fruits  et  aux  légumes  de  Manchester,  par  John  Page;  8°  le  rapport  sur 
le  concours  de  1880  pour  les  fermes  du  Cumberland  et  du  Westmore- 
land,  par  Herbert  J.  Little  ;  9"  une  note  sur  une  nouvelle  méthode 
d'essai  du  lait,  par  le  docteur  Vœlcker,  et  deux  notes  du  même  au- 
teur sur  la  composition  du  lait  de  brebis  et  sur  celle  du  lait  de  chèvre; 
10"  des  rapports  sur  le  bétail  à  l'exposition  de  Carlisle,  en  1880,  par 
le  lieutenant-colonel  Picton-Tubervill  et  par  M.  Finlay  Dun;  11°  un 
rapport  sur  les  machines  agricoles,  par  M.  Frankish;  12°  un  rapport 
sur  l'exposition  et  les  essais  des  machines  agricoles  à  Carlisle,  par 
M.  Robert  Ne  ville. 

VIII.  —  Dénombrement  du  bétail  en  Angleterre. 

Nos  lecteurs  savent  que,  chaque  année,  au  mois  de  juin,  un  dénom- 
brement des  animaux  domestiques  est  fait  en  Angleterre.  Les  résultats 
du  dernier  dénombrement  viennent  d'être  publiés;  nous  les  résumons 
dans  le  tableau  suivant,  en  les  rapprochant  de  ceux  constatés  en  1879  : 

Grande-Bretagne.  Pays  de  Galles.  Ecosse.  Irlande.  Bojaome-Bnl  tout  entltr. 

S  187!>  1880  1879  1880  1879  1880  1879  1880  1879  1880 

Espèce  chevaline 1,100,707  1,092,272  136,391  134,895  1P5,747  194,013  513,036  499,284  1,955,394     1,929,68( 

—  bovine 4,(28,940  4,158,046  643,815  Ob'), 714  1,083,601  1.C9   ,'286  4,C67,o94  3,9vl,026  9,961,526     9,871,153 

—  ovine 18,445,522  16.828,646  2,873,460  2,7183(6  6,838, .iS8  7,l'72,(i83  4,017,h89  3,561,361  32,237,958  30,239,92o 

•—       porcine 1,771,081  1,697, 9l4  192,757  182,«C3  127,721  120,925  1,071,990  849,046  3,178,106     2,663.428 

Pour  toutes  les  races  d'animaux  domestiques,  le  recensement  de 
1880  accuse  une  diminution  sur  le  Royaume-Uni  tout  entier;  mais 
c'est  principalement  sur  le  bétail  de  l'Irlande   que   cette  diminution 


CHRONIQUE  AGRICOLE   (6  NOVEMBRE  1880)  205 

prend  des  proportions  considérables.  Tandis,  par  exemple,  que  l'es- 
pèce bovine  est  en  augmentation  dans  l'Angleterre,  le  pays  de  Galles 
et  l'Ecosse,  elle  est  en  diminution  en  Irlande  dans  des  proportions  as- 
sez grandes  pour  annuler,  sur  le  total  général,  l'accroissement  des  au- 
tres parties.  C'est  aussi  principalement  en  Irlande  que  sont  accusées 
des  diminutions  dans  l'élevage  des  moutons  et  des  porcs. 

A  celte  occasion,  nous  croyons  devoir  insister  sur  l'utilité  des  dé- 
nombrements du  bétail  faits  chaque  année  à  des  époques  fixes.  En 
Angleterre,  on  a  adopté  la  date  du  4  juin,  et  l'on  s'y  tient  d'une  ma- 
nière permanente;  en  France,  les  dénombrements  des  animaux  do- 
mestiques sont  faits  tantôt  à  une  date  de  l'année,  tantôt  à  une  autre; 
il  en  résulte  des  variations  qui  ne  peuvent  s'expliquer.  Ainsi,  pour 
l'espèce  ovine,  pendant  l'été,  des  mdliers  de  troupeaux  transhumants 
n'appartiennent  à  aucun  département.  De  même,  pour  l'espèce  bo- 
vine, un  dénombrement  fait  dans  le  nord  delà  France,  pendant  l'été, 
trouvera  les  etables  dégarnies,  tandis  que,  s'il  est  opéré  en  hiver,  il 
accusera  dans  toutes  les  fermes  un  nonbre  considérable  de  boeufs  et 
de  vaches  soumis  à  l'engraissement  avec  les  pulpes  de  sucrerie  et  de 
distillerie. 

IX.    —    Concours  des  exploitations  rurales  en  Angleterre. 

A  l'occasion  du  prochain  concours  de  la  Société  royale  d'agriculture 
d'Angleterre  qui  aura  lieu  en  juillet  1S8I,  à  Derby,  le  Comité  local 
de  cette  ville  a  offert  des  prix,  pour  les  fermes  les  mieux  aménagées 
dans  le  comté  de  D3rbyou  situées  dans  un  rayon  de  32  kilomètres 
autour  de  la  ville.  Ces  prix  seront  distribués  par  les  membres  du 
jury  de  la  Société,  comme  il  sait  :  fermes  laitières,  au-dessus  de 
60  hectares,  l"  prix,  2,625  fr.;  2'  prix,  1,312  fr,;  —  fermes  laitières, 
de  60  hectares  ou  au-dessous,  1"  prix,  1,312  fr.;  2^  prix,  656  fr.; 
—  fermes  à  terres  arables  ou  mixtes,  au-dessus  de  60  hectares, 
r^  prix,  1,312  fr.;  2"  prix,  650  fr. 

X.  —  Les  entreprises  agricoles  à  l'étranger. 

Un  prétendu  journal  agricole  qui,  par  la  nature  de  sa  polémique, 
cherche  à  mériter  le  titre  de  Gazette  de  la  mi'ivaise  foi,  profite  de  ce 
que  nous  avons  émis  l'opinion  qu'une  entreprise  d'agriculture  au 
Texas  pouvait  être  avantageuse,  pour  en  conclure  que  nous  donnons 
le  conseil  d  acheter  des  terres  en  Amérique  et  de  renoncer  à  toute 
propriété  en  France.  C'est  tout  simplement  monstrueux.  Nous  approu- 
vons tous  les  efforts  qui  ont  pour  tendance  une  entreprise  agricole 
bien  constituée.  S'il  y  en  a  de  ce  genre  en  Amérique,  il  y  en  a  aussi 
en  France;  nous  n'avons  jamais  cessé  un  instant  de  le  démontrer. 
L'homme  de  bonne  foi,  dont  il  s'agit,  peut  aller  le  dire  au  Sénat.  Mais 
ce  que  nous  lui  défendons,  c'est  de  donner  notre  adresse  pour  avoir 
des  renseignements  sur  une  entreprise  au  Texas;  il  sait  bien  que  nous 
n'y  sommes  absolument  pour  rien. 

XL  —  Nécrologie.\ 

C'est  avec  un  vif  regret  que  nous  apprenons  la  mort  de  M.  Gruber, 
chef  de  l'importante  usine  de  bière  de  Strasbourg  connue  sous  le  nom 
de  Gruber  et  Reeb.  En  même  temps  qu'industriel  actif,  M.  Gruber  était 
an  agriculteur  distingué;  il  a  fait  une  active  propagande,    d'ailleurs 


206  CHRONIQUE  AGRICOLE  (6  NOVEMBRE  1880). 

couronnée  de  succès,  pour  l'extension  en  Alsace  de  la  culture  dea 
meilleures  variétés  d'orbe,  notamment  de  l'orge  Chevalier.  Il  était  âgé 
dû  55  ans  seulement. 

XII.  —  Décoration  pour  services  rendus  à  r agriculture. 

Par  un  décret  en  date  du  30  octobre,  M.  Raillard,  inspecteur  général 
dea  ponts  et  chaussées,  a  été  promu  au  grade  d'officier  de  la  Légion 
d'honneur.  M.  Raillard  s'est  occupé,,  avec  une  grande  distinction 
de  drainage,  d'irrigation,  et  d'aménagement  des  eaux;  on  lui  doit  l'exé- 
cu.tion  de  plusieurs  ti^avaux  importants  qui  ont  rendu  des  services  à 
l'agriculture.  Il  compte  quarante  années  de  services. 

XIII.  —  Cours  de  V Instilul  national  agronomique. 
Toi'ci  Tordre  des  cours  de  l'Institut  national  agronomique,   pour 
l'année  scolaire  1880-81,  qui  commence  : 

Stemestre  d'hiver  (novemhre,  décembre,  janvier  et  février). 

Première  année  d'études. —  3Iécam'que. — M.  Tiesca,  membre  de  l'Académie 
des  sciences,  professeur,  —  Les  lundis  et  les  jeudis,  à  huit  heures  et  demie  du 
matin  jusqu'au  15  janvier  1881. 

Chimie  générale.  —  M.  Grimaux,  agrégé  de  la  faculté  de  médecine,  professeur. 
—  Les  mardis  et  les  vendredis,  à  huit  heures  et  demi  du  matin. 

Minéralogie.  —  M.  Garnot,  professeur  à  l'école  des  mines,  professeur.  —  Les 
vendredis,  à  onze  heures  et  demie  du  matin. 

Zoologie.  — M.  E.  Blanchard,  membrede  l'Académie  des  sciences, professeur, — 
Les  mardis  et  les  samedis,  à  onze  heures  et  demie  du  matin. 

Physiologie  générale.  —  M.  le  docteur  Regnard,  directeur-adjoint  du  laboratoire 
de  physiologie  à  la  Sorbonne,  professeur,  —  Les  lundis  et  les  mercredis,  à  onze 
heures  et  demie  du  matin. 

Botanique  [or gano graphie  et  histologie  végétale).  —  M.  Prillieux,  membre  de  la 
Société  nationale  d'agriculture  de  France,  professeur.  —  Les  mercredis  et  les 
samedis,  à  8  heures  et  demie  du  matin. 

Physique  et  météorologie.  —  M.  Duclaux,  professeur.  —  Les  jeudis,  à  onze 
heures  et  demie  du  matin,  jusqu'au  1"  février;  et  à  partir  du  1"  février,  les 
jeudis  et  les  samedis,  à  huit  heures  et  demie  du  matin. 

Agriculture  générale  et  assolements.  —  M.  MoU,  membre  de  la  Société  natio- 
nale d'agriculture  de  France,  professeur.  ■—  Les  lundis,  à  huit  heures  et  demie 
du  matin,  à  partir  du  15  janvier. 

Deuxième  année  d'études.—  Technologie  agricole. —  M.  Aijné  Girard,  profes- 
sur  au  Copservatoir  des  arts  et  métiers,  professeur.  —  Les  lundis  et  les  jeudis,  à 
huit  heures  et  dfmie  du  matin. 

Economie  rurale.  —  M.  Lecouteux,  membre  de  la  Société  nationale  d'agricul- 
ture de  France,  professeur.  —  Les  mardis  et  vendredis,  à  onze  heures  et  demie 
du  matin,  jusqu'au  1"  janvier;  et,  à  partir  du  1"  janvier,  les  mardis  et  l-es  samedis, 
à  onze  heures  et  demie  du  matin. 

Génie  rural.  —  M.  N....,  professeur.  —  Les  lundis,  jeudis  et  vendredis,  à 
onze  heures  et  demie  du  matin,  à  pp,rtir  du  1"'' janvier. 

Chimie  agricole.  —  M  Schlœsing,  directeur  de  l'Ecole  d'application  des  manu- 
factures de  l'Etat,  professeur.  —  Les  mardis  et  les  vendredis,  à  huit  heures  et 
demie  du  matin. 

Droii  administratif  et  législation  rurale.  —  M,  Victor  Lefranc,  ancien  ministre 
de  l'agriculture  et  du  commerce,  professeur.  —  Les  mardis  et  les  vendredis,  à 
huit  heures  et  demie  du  matin,  à  partir  du  20  février. 

Agricultvre  umirale.  —  M.  MoU,  membre  de  la  Société  générale  d'agriculture 
de  France,  professeur.  —  Les  lundis  et  les  samedis,  à  onze  heures  et  demie  du 
matin,  jus-qu'au  1"  janvier. 

Zootfchnie.  —  M*.  Sanson,  professeur.  —  Les  mercredis  et  les  samedis,  à  huit 
heures  et  demie  du  matin. 

Horticulture.  —  M.  du  Breuil,  professeur.  —  Les  mercredis,  à  onze  heures  et 
demie  du  matin. 


GHRO^fI(?MÊ  Jl&RTC&LE  (6  NOVEMBRE  IMOf.  2bf 

Semestre  d'été  (mars,  avril,  mai  et  juin)., 

^Première  annêed'étuoes.— ^j^o/fP^ie.^-  M.  Delesse^  menibre  de  l'Aaadénaiflde» 
gcieîices,  inspecteur  général  des  mines,  professeur.  —  Les  mercredis  à  oûze  heures 
et  demie  du  m'atin. 

Chimie  g-'itéralie.  —  M.  Grimaux,  agrégé  de  la  Faeulté  de  médecine,  profasaeur. 

—  Les  maixlis  et  les  vendredis,  à  huit  heures  et  demie  du  matin». 

2-ootecliiiie.  —  M.  SanSon,  professeuN-.  —  Les  mercredi*  et  Jes  «amedis,  à  hmi 
heures  et  demie  du  matin;  et,  à  partirdu  15  juin,  les  mercredis, à  huit  heures  et 
demie,  et  les  samedis,  à  onze  heures  et  demire  du  matin 

Chimie  ni^ricol".  -—  M.  Schlœsing.,  directeur  de  l'Ecole  d'aptplication  des  m  mu- 
factures  de  l'Etat,  professeiir.  —  A  partir  da  i  5  juin»  des  mardis  et  les  samedis,  à 
huit  heures  et  demie  du  matin. 

Agriculture  générale  (cultures  spéciales  et  assahi^untsy^  —  M.  MoU,  professeitr» 

—  Les  lundis  et  les  vendredis,  à  onze  heures  et  demie  du  matin,  jusqu'a^A  iSavrilj 
et^  à  partir  du  15  avril,  les  lundis,  à  onze  heures  et  demie  du  matin; 

Génie  rural.  — -  Ms  N.......  professeur.  —  Les  lundis  et  les  vendrédia^  à  huit 

heures  et  demie  du  matin,  à  partir  du  11  marsi 

Chimie  awilyiique.  — M.  Peligot^  membre  de  l'Acadéniie  des  seieaces,  profes- 
seur. Les  mardis  et  les  vendredis,  à  deux  heures  et  demie  d«  Tétprès  midij  à 
partir  du  20  mars. 

Physique  et  météorologie.  —  M.  Duchux,  professeur.  —  Les  lundis  et  les- 
jeudis,  à  huit  heures  et  demie  du  matin,  jusi[u'au  i^""  avril;  et  à  partir  du  1"  avril, 
les  mardis,  à.  huit  heures  et  demie  du  nlatiid-. 

Zoologi",  (insectes  utiles  et  nuisibk^,  [iiscinulture).  — ■  M.  E.  Blanckitd,  menlBrè 
de  l'Académie  des  sciences,  professeur.  —  Les  mardis  et  les  samedis,  à  onze  heures 
et  demie  du  matin  jusqu'au  1*'  avril;  at,  à  partir  du  i"  a^rily  leg  samedis,  à  onze 
heures  et  demie  du  matin. 

DEPJXiëMÊ  ANvÉE  d'étuoeS.  ^^  AqHtûUufeàohfïïpàtèè.^^  M\  ïliélef,  ttembrè  de 
la  Société  nationale  d'a;gricuUure  de  France,  profésseUr-dit-eCteiir.  -^  Lès  luâdis  t^ 
les  vendredis,  à  deux  heures  et  demie  de  l'aprèsi' raidie  à  partir  dû  lu  mar^j 

Droit  administratif  et  législniion  rurale.  -^  M.  Vietor  Lefrancy  anoiei»  ministre 
de  l'agriculture  et  du  commerce,  professeur.  -^  Les  mardis  et  les  veùdredis,  à 
huit  heures  et  demie  du  matin. 

Botanique,  —  M.  Prillieux,  professeur.  —  Les  taercTredig  et  lè^  sâùiedi's,  â 
huit  heures  et  demie  du  matin. 

>'yl])ixalture.  — M.  Tassy,  ancien  conservtlteur  des  forêts,  pi'ofesseùr.  «»-  Le* 
mardis  et  les  samedis  à  onze  heures  et  demie  du  matiui, 

Géjv<i  rural.  —  M.  N....,  professeur.  —  Les  lundis  et  les  jeudis  â  orize  heures 
et  demie  du  matin,  jusqu'au  I7  mars. 

Arboriculture.  —  M.  du  Breuil,  professeur.  —  Les  rbêrctedis,  à  ortze  heures' et 
demie  du  matin,  jas:{u'au  27  mats;  et,  à  partir  du  il  mars,  les  lundis,  hait 
heure-!  et  demie,  et  les  mercredis,  à  onze  heures  et  demie  du  matin. 

Hygiène  —  M-,  le  docteur  George,  maîlre  de  contérences.  —  Les  mercredis,  à 
onze  heures  et  demie  du  matin  En  juin,  les  mercredis,  àonie  heufeè  et  demie,  et 
les  samedis,  à  huit  heures  et  demie  du  mutin. 

Exercices  pratiques,  travaux  cU  laboratoire.,  conférenfB^  et  ext*,ii/rsiontf.' ^^  Biitii 
fois  par  semaine,  il  y  aura  cours  de  levés  et  de  des-^ins  topoj:râphiques.  d'arelùtec- 
ture  rurale  et  de  machines  agricoles,  sous  la  direction  du  prolesseur  de  géuie 
rural,  par  M,  Vuaillet,  chef  de  travaux. 

Des  (n;inij)ulations  de  chimie  auront  ôgaleraent  heu  deux  fois  par  semaine,  sous 
la  conduite  de  M.  Mûntz,  chef  des  travaux  chimiijues,  dans  les  laboratoires  phci^S 
sous  la  haute  direelion  de  M.  Boussingault,  membre  de  l'Académie  des  science!^, 
professeur. 

Des  conférences  de' comptabilité,  des  démonstrations  et  des  exercices  pratiijues 
de  micrographie,  de  physiologie,  de  zooltgie,  de  pliysi({ue,  de  génie  ruial  ma- 
chines), d'agriculture,  dé  comptabilité,  de  zootechnie  et  sylviculture,  auront  heu 
toutes  les  sem  lines,  pendant  les  deux  semestres. 

Enfin,  des  excursions  agricoles,  botaniques,  géologirfues,  etc.,  se  fero.it  t  ms  les 
jeudis.  Une  excursion  générale  aura  lieu  au  mois  de  juin. 

En  dehors  des  élèves,  des  auditeurs  libres  peuvent  s'inscrire  pour 
suivre  les  cours  de  l'Institut  agronomique  en  totalité  ou  en  partie. 


208  CHRONIQUE  AGRICOLE  (6  NOVEMBRE   1880). 

XIV.  —  Cours  du  Conservatoire  des  arts  et  métiers. 
Les  cours  du  Conservatoire  des  arts  et  luéliers  ont  repris  le  mercredi 
3  no\'embre.  Nous  croyons  utile  de  placer  ici  le  programme  des  trois 
cours  qui  intéressent  d'une  manière  spéciale  les  agriculteurs  : 

Chir)}ie  agricole  et  analyse  chimqve.  —  Les  mercredis  et  samedis,  à  neuf  heures 
du  soir.  —  M.  Boussingault,  professeur.  En  cas  d'empêchement,  M.  Boussin- 
gaull  sera  remplacé  par  M  Schlœsing.  —  Objri  des  Uçnns.  —  Nutrition  des  végé- 
taux. —  Oripine  et  assimilation  des  éléments  qui  les  constituent.  —  Analyse  des 
gaz.  —  Analyse  minérale  appliquée  à  l'agriculture. 

AçiricvUure.  —  Les  mardis  et  vendredis,  à  sept  heures  trois  qunrts  du  soir.  — 
M.  Mail,  professeur  (Une  affiche  spéciale  indiquera  l'ouverture  de  ce  cours.)  — 
Obj^t  des  leçons.  —  Etude  des  éléments  qui  constituent  l'entieprise  agricole  : 
l'exploitant,  cultivateur,  agriculteur,  agronome,  propriétaire,  régisseur,  feimier, 
métayer,  grande  et  ])etite  culture.  — La  terre.  —  Sol  productif  et  ses  parties  cons- 
tituantes. —  Classement.  —  La  ferme  —  Bâtiments.  —  Place  relativement  aux 
terres.  —  Morcellement  et  réunions  territoriales.  —  Le  Capital  :  foncier,  mobilier, 
fixe,  circulant.  —   Quotité  de  ces  divers  capitaux. 

Irovavx  ogricol  is  ci  génie  rvrol.  —  Les  mercredis  et  samedis,  à  sept  heures 
trois  quailsdu  soir. —  Oljti  deskçoiis. —  Hydrologie  agricole.  —Drainage. —  Cura- 
ges,—  Dessèchements  ;  poldei  s  ;  colmatages.  — Irrigations  ;  Hmonages.  —  Etangs  ; 
pisciculture. 

Ces  cours  se  font  au  siège  du  Conservatoire  des  arts  et  métiers, 
292,  rue  Saint-Martin^  à  Paris.  Ils  sont  publics  et  gratuits. 

XV.  —  Sériciculture.  —  Hivernation  des  graines. 

Plusieurs  fois,  dans  ces  chroniques,  nous  avons  rappelé  de  quels 
soins  il  convient  d'entourer  les  graines  de  vers  à  soie  pour  assurer 
leur  conservation.  Combien  d'éleveurs,  après  s'être  donné  beaucoup  de 
peines  pour  préparer  une  graine  saine,  ou  l'avoir  bien  chèrement 
achetée  à  quelque  producteur  en  renom,  ont  laissé  ce  précieux  produit 
s'avaiier  sous  leurs  yeux,  sans  pour  ainsi  dire  y  prendre  garde!  Un 
écrivain  renommé,  très  connaistseur  en  cette  matière,  M.  Duseigneur- 
Kléber,  écrivait  un  jour  dans  le  M(>mlfur  des  soies  :  «  Je  suis  ferme- 
«<  ment  persuadé  que  la  conservation  des  graines,  si  souvent  prônée 
«  par  les  manuels  de  sériciculture,  parmi  les  hardes  de  la  famille  dans 
«  les  placards  de  l'habitation,  prise  trop  à  la  lettre,  a  par  le  passé  enlevé 
«  plus  de  cocons  aux  récoltes  qu'aucune  de  ces  maladies  secondaires 
«  dont  les  mêmes  traités  nous  énumèrent  en  gémissant  les  ravages.  » 
Cette  année,  nous  pouvons  citer  un  fait  qui  s'est  passé  dans  l'Ardèche 
et  la  Drôme,  et  qui  a  fait  ouvrir  les  yeux  à  bien  des  gens.  Un  millier 
d'onces  de  graines  de  race  verte,  hivernées  jusqu'en  avril,  dans  l'éta- 
blissement Susani,  ont  produit  environ  40,000  kilog.  de  cocons, 
tandis  que  quelques  onces  de  la  même  graine,  conservées  sans  soins 
spéciaux,  n'ont  donné  que  15  kilog.  à  l'once.  Aussi  est-il  sérieusement 
question  d'établir  en  France  des  locaux  à  l'exemple  de  l'habile  sérici- 
culteur italien,  à  qui  nous  devons  déjà  des  preuves  si  éclatantes  de 
l'efficacité  des  méthodes  de  sélection  pour  la  santé  des  graines. 

XVI.  —  Emoussement  des  dents  des  chiens  contre  la  rage. 

Dans  notre  numéro  du  23  octobre,  nous  avons  publié  un  article  de 
M.  le  docteur  Félix  Schneider,  préconisant  l'émoussement  des  dents 
canines  des  chiens,  pour  mettre  en  garde  contre  les  morsures  des  ani- 
maux quideviennentenragés.  Sur  ce  sujet,  nous  recevons  de  M.L  Bour- 
rel,  vétérinaire  à  Paris,  la  lettre  suivante  : 


CHRONIQUE  AGRICOLE   (6  NOVEMBRE  188Û).  209 

«  Paris,  le  28  octobre  1880. 

«  Monsieur  le  Directeur,  votre  savante  feuille  du  23  de  ce  mois,  page  133,  con- 
tient un  intéressant  article  sur  la  liage,  de  votre  correspondant  le  docteur  Félix 
Schneider,  de  Thionville.  Je  lui  écris  en  même  temps  au'à  vous  pour  lui  faire 
connaître  que  l'idée  de  raccourcir  les  dents  des  chiens,  a'en  faire  des  couronnes 
plates,  a  été  conçue  par  votre  serviteur  en  1862  (Mémoire  déposé  à  l'Académie 
de  médecine). 

«  Mais,  si  l'on  se  bornait,  ainsi  que  l'indique  votre  honoré  correspondant, 
à  agir  sur  les  quatre  dents  canines  seulement,  nous  ne  serions  que  très  faiblement 
préservés  de  l'inoculation  de  la  rage. 

«  C'est  au  moyen,  particulièrement,  des  dents  incisives  que  se  pratique  l'ense- 
mencement rabique.  De  là  la  nécessité,  pour  s'en  garantir,  de  limer  les  seizedents 
antérieures  que  porte  la  gueule  du  chien. 

«  Je  publiais  sur  cet  objet  un  opuscule,  en  1867;  un  traité  complet,  en  1874; 
une  réponse  aux  objections,  en  1878. 

«  Ainsi  s'établit  mon  droit  de  priorité  que  M.  Schneider  sera  le  premier  à  re- 
connaître, quand  il  aura  pris  connaissance  de  l'historique  de  la  méthode  préven- 
tive de  la  rage,  que  je  recommande  depuis  dix-huic  ans. 

«Je  suis  tout  heureux  de  rencontrer  un  dévoué  auxiliaire  de  mes  idées  dans  le 
dernier  écrit  de  M.  le  docteur  de  Thionville.  C'est  pour  moi  un  puissant  encoura- 
gement. —  J'étais  seul;  nous  sommes  deux;  demain  trois,  sans  doute... 

a  Si  l'homme  veut,  la  rage  sera  vaincue!  Le  moyen  est  trouvé. 

«  Agréez,  etc.,  «  Bourrel.  j» 

En  même  temps  qu8  cette  lettre,  M.  Bourre!  nous  faisait  parvenir  le 
Traité  complet  de  la  ra;/e  qu'il  a  publié  en  1874',  et  les  réponses  aux 
objeclions,  parues  en  1878.  On  y  trouve  des  preuves  multiples  deTerû- 
cacilé  du  procédé  de  l'émoussement  des  dents.  Cette  opération  est 
d'ailleurs  facile  à  faire,  et  ce  ne  serait  certainement  pas  une  chose  im- 
possible de  l'introduire  dans  les  mœurs.  On  y  gagnerait  une  grande 
sécurité,  ainsi  que  le  prouve  encore  la  lettre  suivante  que  nous  recevons 
d'autre  part  de  M.  Destremx,  agriculteur  dans  le  Gard,  ancien  député, 
qui  s'exprime  ainsi  qu'il  suit: 

«  Mon  cher  collègue,  permettez-moi  de  venir  appuyer  le  moyen  que  propose 
M.  le  D''  Félix  Schneider  pour  arriver  à  atténuer  la  propagation  de  cette  terrible 
maladie  ;  ce  procédé  a  été  employé  par  moi  il  y  a  douze  ans,  et  je  lui  dois  la  vie; 
aussi  ai-je  cherché,  ma  s  vainement,  à  le  faire  pratiquer. 

«Le 2  mai  1868, un  petit  chien  inconnu  se  trouva,  je  ne  sais  comment,  au  miUeu 
de  mes  chiens,  devant  la  porte  de  mon  habitation  à  la  campagne;  mon  attention 
fut  éveillée  par  les  cris  d'un  jeune  king-charles  qui  venait  d'être  légèrement 
mordu.  Je  le  pris  immédiatement  et  je  cautérisai  la  plaie  fortement  et  profon- 
dément avec  de  l'acide  phénique;  je  fis  également  dépointer  les  quatre  crochets  du 
chien,  et  comme  le  chien  ne  me  cjuittait  que  très  rarement,  je  le  soumis  à  une 
sévère  surveillance,  quoique  convaincu  qu'il  ne  pouvait  devenir  hydroj)hobe.  Un 
mois  après,  le  chien  modifia  ses  allures;  il  était  beaucoup  plus  caressant  et  cher- 
chait surtout  à  lécher  tous  les  autres  chiens,  lesquels  se  retiraient  instinctivement 
de  lui,  sauf  sa  mère,  enfin  il  suivit  un  autre  petit  chien  d'un  voisin  et  ne  reparut 
plus  ;  je  mis  tout  le  monde  en  campagne  pour  le  retrouver,  mais  vainement.  Le 
lendemain,  à  l'heure  du  déjeûner,  alors  que  je  continuais  à  m'inquiéter  de  son 
absence  et  de  l'inefficacité  des  recherches,  il  sortit  tout  à  coup  de  dessous  un 
meuble  du  salon  et  vint  à  la  salle  à  manger.  Mon  premier  soin  fut  de  m'assures 
de  son  état,  en  lui  donnant  quelque  chose  à  manger,  il  s'élança  dessus  avec  um 
vivacité  extraordinaire  et  me  prii  te  doigt  q\i'il  serra  et  pinça  foriement,  mais  il  ne 
put  avaler  la  nourriture;  je  le  pris  aussitôt  dans  mes  bras  et  l'enfermai  à  double 
tour  dans  une  chambre  sans  autre  issue,  lui  laissant  à  boire  et  à  manger;  le  chien, 
toujours  calme  et  soumis,  fut  immédiatempnt  se  coucher  au  fond  de  la  pièce,  et 
le  lendemain  il  était  mort.  Depuis  lors,  je  n'ai  cessé  d'engagertous  les  propriétaires 
de  chiens  de  faire  dépointer  le.s  crochets  de  leurs  chiens,  o]^ér3iiion  si  simple  et  si 
facile,  surtout  lorsque  l'animal  est  jeune. 

1.  Un  volume  ia-8,  chez  Assi-lm,  place  de  l'iicole-de-Médecine,  à  Paris. 


210)  GHROWQUJS.  AGRICOLE,  (6  NOVEMBRE   1880). 

«  Mordu  le  25  mal  18d8,,  le  chien  était  mort  le  2  juillet  ;  mais  vingt  jours  après 
sa  mère,  qui  n'avait  pas  été  mordue,  mais  ^eulement  léchée  par  son  fils,  présenta 
les  mêrnes'  aympUômes  et  maurut  trois  fOurs  après,  sans  accès  de    rage    C'est  le 

?[nat)rième  chien  que  je  vois  mourir  après  morsure;  sans  chercher  à  mordre,   sans 
ureur  rabitjue  ;  o  est,  die-on,  la.  rage-mue' ou  muette,  plus  foudroyante  queTautre. 

«  Je  souhaite  que  M.  le B'  Félix  ^chneidersoit  plus  heureux  que  moi^  pour  la 
vulgarisation  et  l'applTcatiun  à'wn.'  procédé  si  simple  et  qui  aurait  de  si  grands 
résultats. 

«  La  loi  de  18&5,  en  imposant  lea  chiens,  aiproclamé  la  liberté  du  chien  sous  foeil! 
et  la  responsabilité  dû  maître-  Bile  a  conia-f.né  le  chien  errant,  le  propagateur  de 
la  rage  à  disparaître,  mais  cette  bonne  loi  est-elie  bien  exécutée  ?' hélas  !  non,  car  le 
nombre  des  chiens  erranlB  n'a  pas  diminué  et  le  nombre'  des.  cag  de  rage  augmente 
totrjours. 

«Il  serait  pourtant  facile  d'obtenir  de  meilleurs  résultats.  Pourquoi  n'obligCTait- 
on  pas  les  propriétairns  de  chiens  àc  attacher  au  collier  une  petite  plaque  de  cuivre 
qui  leur  serait  donnée,  comme  quittance  de  l'impôt,  par  le  percepteur.  De  cette 
manière,  tous  les  agents,  de  la.  sûreté- publique  pourraient  contrôler  le  payement 
de  k  taxe; 

«  En  résumé,  pour  diminu-er  dans'  de  larges  proportions  les  terribles  accidents 
causés  paT  la  rage,  il  faut  faire  une  guerre  acharnée  aux  chiens  errants  et  a'-corder 
toute  protection  au  chien  utile,  aimé,  choyé  par  son  matre  qui, n'aura  que  bien 
rarement  la  rage  sponrauée,  et  ne  la  propagera  pas-,  surtout  si  ses  crocheta  ont  été 
préalablement  dépohiiv^. 

«  Veuillez  agréer,  etc.  <•  L.  Destremx.  » 

Nous  ne  pouvons  qu'appuyer  lea  observations  présentées  p;ii7  nos 
correspondaatsw  L'application  du  procédé  précomisé  par  M.  Bourrel 
est  une  question  d'intérêt  publk  qui  doit  appelée  l'attention  de  tous  les 
administrateurs. 

XYIL  —  las,  tarifs  de.  transport. 

  diverses:  reprises,,  aivus  avons  sig^ialé  les.  vœux  émis  parles  asso- 
ciations agricoles  (i;ii  midi  de  la  France,  relativement  à  l'amélioraBion 
des  moyens  de  traiL-port,  pai'  grande  vittesse,  des  légumes  frais  et  des 
fruits  de  primeur  expédiés  vers  les  grands  centres  de  consommation. 
Sur  cet  important  suj,et,  nous  devons  signaler  aujourd'hui  le  Rapport 
adressé  à  ia.Saciéié,  d'agriculture-  de  Vaur.luse,  par  M.  Ducos,  ancien 
commandant  du  génie,  président  de  la  Commission  des  tarifs.  Dans 
ce  rapport,  M.  Djc«»s  étudie  avec  beaucoup  de  soin  les  conditions  qui 
sont  faites,  d'une  part,  aux  produits  français;  d'autre  part,  aux  produits 
italiens  ou  espagnols  expédiés  vers  le  Nord,  et  il  montre  dans  quelle, 
mesure  ces  derniers  sont  favorisésau  détriment desi  premiers.  Les  con- 
clusions de  G&  rîi[)port  nous  paraissent  tout  à  fait  sages,  car  elles 
peu\ent  être  résumées  en  deux  points  :  T  suppression  de  l'impôt  de 
10  pour  )00  sur  les  transports  de  fruits  et  de  légumes,  par  grande  vi- 
tesse; on  ne  saurait  trop  appuyer  celle  demande  que  l'étatdes  finances 
de  l'Etat  justifie  d'une  manière  complète;  2°  revision  par  les  Com- 
pagnies de  transport,  de  ce  que  l'on  appelle  les  tarifs  différentiels.  Sans 
vouloir  établir  l'égalilé  des  prix  de  transport  proportionnellement  à 
l'unité  de  dislance,  et  admettant  cette  loi  économique,  d'après  laquelle 
les  tarifs  sont  de  plus  en  plus  réduits  à  mesure  que  la  distance 
augmente,  M.  Ducos  réclame  dans  l'application  cette  règle  d'équité,  à 
savoir,  qu'aucun  produit  d'une  région  n'acquitte  un  prix  supérieur  à 
celui  payé  par  le  produit  d'une  région  plus  éloignée,  c'est-à-dire,  que 
nulle  part,  on  ne  paye  moins  pour  une  distance  totale  plus  grande.  Ici 
encore  nous  ne  pouvons  qu'approuver,  et  nous  pensons  qu'on  doit  fa- 
cilement arriver  à  l'application  de  principes  qui  n'expriment  que  la 
justice  la  plus  rigoureusement  élémentaire.  J.-A.  Barral. 


RESISTANCE  ET  ADAPTATION  Dï:S  VIGNES  AMÉRICAINES.  211 

RÉSISTANCE  ET  ADAPTATION- 

DES  VIGNES  AMÉRICAINES  AU  POINT  DE  VUE  PRATIQUE  ('). 

J'espérais  pouvoir  traiter  devant  vous  trois  des  points  les  plus  im- 
portants de  la  question  des  vignes  américaines.  Ces  points  étaient  les 
suivants  : 

r  Résistance  et  adaptation  envisagées  au  point  de  vue  pratique; 

2°  Des  porte-greffes   en  général  et  des  Riparias  en  particulier; 

3"  De  la  greffe  sur  plant  jeune;  greffe  anglaise  sur  la  table  à  la  ma- 
chine, et  réglementation  de  la  greffe  en  fente  simple  sur  plant  d'un  an 
en  place.  Mais  le  court  espace  de  temps  que  le  grand  nombre  de  com- 
munications laisse  à  chaque  orateur,  m'oblige  à  ne  traiter  avec  les  dé- 
tails nécessaires  que  la  première  question.  Je  serai  donc  aussi  bref 
que  possible,  tout  en  tâchant  de  répondre  au  passage,  à  la  demande  de 
renseignements  que  vient  de  m'adresser  M.  Hortolès  et  à  laquelle  ma 
deuxième  communication  projetée  devait  répondre  d'une  façon  com- 
plète. Ceci  posé,  j'entre  de  suite  en  matière  en  supprimant  tout  détail 
d'une  importance  secondaire. 

La  résistance  au  moins  relative  des  vignes  américaines  ne  se  dis- 
cute plus  :  de  tous  les  faits  qui  servent  à  la  démontrer,  je  ne  veux  en 
retenir  qu'un  seul,  c'est  celui  de  l'origine  américaine  du  phylloxéra. 
Inutile  d'insister  sur  les  faits  de  tout  ordre  qui  prouvent  directement, 
cette  origine  est  démontrée  d'une  façon  pratique  par  les  échecs  mille 
fois  répétés  des  tentatives  de  la  culture  de  nos  vignes  européennes  sur 
tout  le  versant  oriental  des  Cordillères;  M.  Gollot,  en  trouvant  le  phyl- 
loxéra dans  les  forêts  vierges  de  Panama,  est  venu  apporter  une  preuve 
de  plus,  mais  il  manquait  encore  un  chaînon.  Nous  sommes  peu  au 
courant  de  la  flore  et  de  la  faune  de  l'Amérique  du  sud,  et  on  pouvait 
se  demander  si  le  golfe  du  Mexique  marquait  au  sud  les  limites  de 
l'habitat  de  l'insecte.  Aujourd'hui  la  chaîne  est  complète.  Il  ressort, 
en  effet,  d'une  communication  récente  sur  l'agriculture  du  Brésil  que 
dans  la  province  de  Minos-Geraès,  province  du  nord,  et  qui  touche 
de  près  aux  forêts  vierges  qui  couvrent  les  premiers  contreforts  des 
Andes,  tandis  qu3  les  vignes  indigènes  sont  exubérantes  de  végéta- 
tion et  couvertes  de  fruits,  les  essais  de  culture  de  la  vigne  euro- 
péenne n'ont  jamais  donné  que  des  insuccès,  ces  vignes  mourant 
toutes  au  bout  de  quelques  années.  La  similitude  des  résultats  doit 
être  évidemment  attribuée  à  la  similitude  des  causes,  c'est  la  répéti- 
tion exacte  de  ce  qui  se  passe  aux  Etats-Unis  depuis  deux  siècles  et 
ces  insuccès  répétés  sont  évidemment  dus  à  la  présence  de  l'insecte.- 
Or,  si  le  phylloxéra,  comme  tout  permet  de  l'affirmer,  a  existé  de 
tout  temps  en  Amérique,  il  faut  bien  qu'il  y  ait  des  vignes  améri- 
caines résistantes,  sans  quoi  le  dernier  phylloxéra  serait  mort  de  faim 
depuis  bien  des  siècles  sur  le  tronc  desséché  de  la  dernière  vigne. 

Pour  moi,  la  généralité  des  vignes  américaines  résiste  au  phyl- 
loxéra :  les  quelques  inégalités  citées  dans  les  ouvrages  américains 
qui  traitent  de  la  viticulture  aux  Etats-Unis,  prouvent  jusqu'à  l'évi- 
dence qu'il  a  suffi  souvent  d'une  circonstance  insignifiante  pour  rele- 
ver des  vignes  atteintes  qui  étaient  en  voie  de  dépérissement;  M.  Meiss- 
ner  vous  a  dit  le  peu  d  importance  qu'on  attache  au  phylloxéra  en 
Amérique,  et  les  faits  nombreux  déjà  observés  en  France  permettent 

1.  Communication  faite  au  Congrès  de  viticulture  de  Lyon. 


212  RÉSISTANCE  ET  ADAPTATION    DES  VIGNES  AMÉRICAINES. 

d'affirmer  que  toutes  les  vignes  d'origine  purement  américaine  sont 
susceptibles  de  résister;  je  ne  connais  pas,  en  effet,  de  variété  de  ces 
vignes  dont  je  n'ai  va  quelque  spécimen  splendide  de  vigueur  à  côté 
des  vignes  françaises  détruites  ou  mourantes.  Toutes  peuvent  donc 
lutter  victorieusement. 

Il  y  a  cependant  de  vrais  insuccès  dans  les  plantations  de  vignes 
américaines,  et  nous  allons  en  rechercher  la  cause  exacte;  c'est  là  le 
but  de  cette  communication. 

Quand  on  tente  le  transport  d'un  végétal  quelconque  de  son  habitat 
naturel  dans  une  autre  région,  on  se  trouve  en  présence  d'un  pro- 
blème excessivement  complexe  dont  le  résultat,  si  la  solution  est 
favorable,  est  l'acclimatement  du  végétal,  c'est-à-dire  la  possibilité 
pour  la  plante  de  se  développer,  de  fructifier  et  de  se  reproduire 
comme  si  elle  n'avait  jamais  quitté  son  milieu  d'origine. 

Je  n'aborderai  pas  ici  l'étude  de  toutes  les  influences  qui  peuvent 
seulement  gêner,  ou  même  s'opposer  entièrement  au  but  que  l'on 
désire  atteindre.  La  chose  m'entraînerait,  en  effet,  trop  loin;  il  me 
suflira  d'en  énumérer  quelques-unes  pour  vous  faire  toucher  du  doigt 
que  dans  la  question  des  vignes  américaines  on  n'a  au  début  à  peu 
près  tenu  compte  d'aucunes  des  pierres  d'achoppement  qui  pouvaient 
se  présenter. 

Rien  que  dans  les  conditions  climatériques  seules,  il  faut  tenir 
compte  de  la  lumière,  de  la  température,  tant  au  point  de  vue  de 
ses  extrêmes  qu'au  point  de. vue  de  la  température  moyenne  et  de  la 
quantité  de  chaleur  produite  dans  une  période  donnée,  de  Ihumidité 
de  l'air,  de  la  fréquence  et  de  la  rareté  des  pluies,  de  l'exposition,  de 
Taltilude,  etc.,  etc.;  en  un  mot,  de  tout  un  ensemble  de  circonstances 
dont  les  combinaisons  peuvent  se  multiplier  à  l'infini  et  amener  par 
conséquent  à  leur  suite  des  résultats  d'une  variabilité  extrême. 

Mais  ce  n'est  pas  tout,  et  il  y  a  encore  d'autres  conditions  d'une 
importance  encore  plus  grande  et  dont  on  n'a  pas  plus  tenu  compte 
que  des  premières.  Le  végétal  fixé  au  sol  par  des  racines  et  ne  pouvant 
aller  lui-même  à  la  recherche  de  sa  nourriture,  doit  la  trouver  toute 
préparée  et  à  sa  portée  dans  le  sol  nouveau  où  on  le  place. 

Ce  point  de  la  question  est  d'une  importance  primordiale,  de  lui  en 
effet  dépend  pour  la  plus  grande  partie  la  possibilité  de  l'acclimate- 
ment; c'est  là  ce  qu'on  a  désigné  sous  le  nom  d'adaptation,  et  cette 
question  a  bientôt  paru  d'une  importance  telle  qu'elle  a  presque 
absorbé  toutes  les  autres  et  que  c'est  à  son  éclaircissement  que  tendent 
à  peu  près  tous  les  derniers  travaux  parus  sur  les  vignes  américaines 
et  dont  quelques-uns  vous  ont  été  communiqués  dans  les  séances 
d'hier  et  de  ce  matin. 

il  a  été  fait,  en  effet,  quelques  pas  vers  la  solution  scientifique  de 
la  question.  Ainsi  la  silice  et  le  fer,  parmi  les  éléments  de  nos  sols 
arables,  sont  ceux  qui  paraissent  exercer  sur  la  végétation  des  vignes 
américaines  l'intluience  la  plus  favorable.  La  silice  ne  me  paraît  agir 
que  physiquement  et  comme  un  des  facteurs  les  plus  utiles  au  main- 
tien de  la  fraîcheur  des  terres,  fraîcheur  que  nous  verrons  tout  à 
l'heure  être  indispensable  à  certaines  variétés.  Le  fer,  auquel  pour  la 
plupart  des  végétaux  connus  on  s'accorde  à  n'accorder  qu'une  sorte  de- 
pouvoir  excitant  de  la  nutrition,  me  paraît  au  contraire  exercer  sur  les 
vignes   américaines  une  influence   plus    marquée,   sa    présence^  est 


RÉSISTANCE  ET  ADAPTATION  DES    VIGNES   AMÉRICAINES.  213 

presque  indispensable.   Il  semble  jouer  un  rôle  plus  important,  et 
constituer  en  quelque  sorte  un  véritable  aliment. 

Celte  question  de  l'adaptation  a  donc  une  grande  importance,  et  je 
suis  loin  de  la  méconnaître,  mais  je  suis  aussi  forcé  de  reconnaître, 
qu'envisagée  de  cette  façon  elle  présente  de  bien  grandes  difficultés 
pour  la  masse  de  nos  viticulteurs,  fort  peu  préparés  pour  la  plupart 
par  leurs  études  antérieures  aux  recherches  scientifiques,  qui  au 
premier  abord  paraissent  indispensables  pour  sa  solution.  Elle  ne 
constitue  d'ailleurs  qu'une  des  parties  du  problème  à  résoudre,  et  il  me 
semble  qu'on  a  peut-être  un  peu  exagéré  son  importance  au  point  de 
vue  strictement  pratique.  Je  crois  en  un  mot  que  le  viticulteur  désireux 
d'entreprendre  la  culture  des  vignes  américaines,  ne  doit  pas  trop  se 
laisser  eflrayer  par  cette  sorte  d'épée  de  Damoclès,  et,  j'espère  vous  le 
démontrer  par  la  suite  de  cette  étude. 

Si  la  composition  chimique  du  sol  a  son  importance,  et  nous  venons 
de  voir  que  c'est  elle  qui  rend  l'acclimatement  plus  ou  moins  difficile 
à  obtenir,  la  constitution  physique  du  sol,  sa  perméabilité  aux  racines, 
et  surtout  son  état  de  fraîcheur  ont  une  influence  non  moins  forte,  et 
qui,  dans  certains  cas,  prend  souvent  la  première  place.  Je  ne  fais  que 
signaler  ici  cette  influence,  j'y  reviendrai  tout  à  l'heure,  et  son  étude 
nous  donnera  peut-être  l'explication  de  bien  des  faits  de  tenue  médiocre 
de  certaines  vignes  américaines,  faits  controversés  et  encore  inexpliqués. 

Dans  un  autre  ordre  d'idées,  mais  toujours  au  point  de  vue  de 
l'étude  des  circonstances  qui  peuvent  gêner  l'acclimatement  d'un 
végétal  quelconque,  il  y  a  lieu  de  tenir  compte  des  ennemis  des 
plantes,  principalement  de  ceux  qui  appartiennent  à  la  classe  si  nom- 
breuse des  insectes;  soit  que  ces  ennemis,  indigènes  dans  le  climat  où  on 
veut  tenter  l'introduction  de  la  plante,  trouvent  en  elle  des  éléments  de 
nutrition  plus  favorables,  et  se  mettent  à  l'attaquer  au  point  de  rendre, 
dans  certains  cas,  sa  culture  fort  difficile  sinon  impossible,  soit 
qu'indigènes  aussi  dans  la  région  dont  la  plante  est  originaire  et 
introduits  avec  elle,  ils  trouvent  dans  ce  milieu  nouveau  des  conditions 
de  multiplication  éminemment  favorables  et  puissent  gêner  alors  le 
développement  d'un  végétal  qui  ne  souffrait  que  peu  ou  pas  du  tout 
de  leurs  attaques,  dans  son  milieu  d'origine.  Ceci  m'amène  tout  natu- 
rellement à  examiner  quelle  peut  être  l'influence  du  phylloxéra  sur  les 
vignes  américaines  plantées  en  France,  c'est-à-dire  à  l'étude  de  leur 
résistance  réelle. 

On  ne  tarda  pas  à  s'apercevoir,  dès  le  début  des  plantations  de  vignes 
américaines,  que  du  moins  pour  certaines  variétés,  les  racinQs  se  com- 
portaient sous  l'influence  des  piqûres  phylloxériques  d'une  façon  tout 
autre  que  les  racines  des  vignes  européennes;  il  devenait  alors  logique 
de  rechercher,  dans  la  constitution  propre  de  ces  racines,  la  cause  réelle 
de  cette  différence  dans  le  mode  de  réaction,  et  de  tous  côtés,  des  expé- 
riences furent  instituées  dans  ce  but.  M.  Foex,  que  vous  avez  entendu 
hier,  prouva  par  des  expériences  d'une  exactitude  irréprochable,  que 
les  racines  des  vignes  américaines  se  lignifiaient  avec  une  grande  rapi- 
dité, que  leurs  tissus  étaient  plus  denses,  plus  serrés  que  ceux  des 
racines  des  vinifera,  que  les  échanges  intercellulaires  étaient  plus 
difficiles,  plus  lents  à  se  produire,  et  il  attribua  à  cette  lignification 
rapide  des  racines,  et  à  cette  densité  de  leurs  tissus,  la  cause  premièia 
de  la  faculté  de  résistance. 


214  RESISTANCE  ET  ADAPTATION  DES  VIGNES  AMÉRICAINES. 

D'autres  observateurs,  partis  d'une  idée  première  différente,  arri- 
vèrent à  des  conclusions  naturellement  différentes  des  siennes  et  crurent 
devoir  attribuer  une  influence  prépondérante  à  d'autres  propriétés  de 
ces  mômes  racines.  Ce  n'est  pas  ici  le  lieu  de  se  livrer  à  une  discus- 
sion approfondie  de  ces  opinions  et  des  observations  sur  lesquelles 
elles  reposent;  il  nous  sufiit  de  constater  et  de  bien  retenir  que  quel 
que  soit  le  point  de  vue  auquel  on  se  place,  quelle  que  soit  la  théorie 
que  l'on  adopte,  il  y  a,  sinon  uniformité  absolue,  du  moins  une  grande 
conformité  dans  les  listes  de  cépages  résistants,  classés  par  ordre 
de  mérite.  Il  est  donc  juste  de  supposer  que  les  cépages  qui,  d'après 
toutes  les  théories  et  ces  expériences  diverses,  sont  toujours  cités 
comme  devant  être  les  plus  résistants,  ont  de  grandes  chances 
d'être  bien  réellement  ceux  qui  présentent  le  plus  de  garanties  sous  ce 
rapport. 

Ces  résultats  ont  une  grande  importance;  ils  prouvent  que  la  résis- 
tance est  inhérente,  au  moins  dans  une  certaine  proportion,  à  la  consti- 
tution propre  de  la  plante;  or,  on  sait  que  cette  constitution  ne  peut 
varier.  Pour  moi,  après  avoir  répété  une  partie  de  ces  expériences,  et  les 
avoir  contrôlées  sur  le  terrain,  j'ai  été  amené  à  une  manière  de  voir  un 
peu  différente.  Je  crois,  d'accord  en  cela  avec  M.  Foex,  que  c'est  à  la 
lignification  excessivement  rapide  de  leurs  racines,  que  les  cépages 
américains  doivent  pour  la  plus  grande  part  cette  faculté  si  précieuse, 
mais  je  crois  que  ce  n'est  pas  tout;  je  crois  que  cette  lignification 
rapide  est  le  principal  facteur  de  la  résistance,  mais  qu'il  n'est  pas 
le  seul.  Pour  moi,  les  causes  sont  multiples,  la  résistance  est  le  pro- 
duit complexe  de  plusieurs  facteurs  susceptibles  de  varier  en  nombre 
ou  en  importance;  en  un  mot,  chaque  vigne  américaine  a  sa  façon 
propre  de  résister  au  phylloxéra. 

Voyons  maintenant  l'état  dans  lequel  nous  trouvons  ces  racines 
quand  nous  les  examinons  en  terrain  manifestement  et  ancien- 
nement phylloxéré,  c'est-à-dire  demandons  aux  faits  pratiques  s'ils 
viennent  réellement  confirmer  ce  que  les  études  scientifiques  per- 
mettent d'avancer  a  priori. 

Un  grand  point  se  dégage  dès  les  premiers  examens  et  on  ne  saurait 
trop  insister  sur  son  importance;  c'est  que,  tandis  que  sur  certaines  vi- 
gnes américaines  on  trouve  des  phylloxéras  en  grande  quantité,  des 
pondeuses  volumineuses  entourées  de  colonies  nombreuses,  tandis  que 
sur  ces  mêmes  variétés  les  nodosités  des  radicelles  sont  innombrables  et 
pourrissent  rapidement,  et  que  sur  les  grosses  racines  on  constate  des 
tubérosités- nombreuses,  presque  confluentes  avec  des  lésions  péné- 
trant souvent  dans  l'intérieur  des  rayons  médullaires,  par  contre  sur 
d'autres  variétés,  le  nombre  d'insectes  est  relativement  restreint,  sur 
quelques-unes  même  on  n'en  trouve  que  par  hasard  et  toujours  ou 
presque  toujours  à  l'état  isolé.  Les  insectes  sont  de  petite  dimension, 
on  les  dirait  maigres  et  mal  nourris,  et  les  colonies  autour  des  pon- 
deuses sont  toujours  composées  d'un  très  petit  nombre  de  phylloxéras. 
Ces  faits  seuls   permettraient  d'affirmer  que  l'insecte  trouve  là  des 
conditions  de  nutrition  insuffisantes  et  de  nature  à  gêner  considéra- 
blement sa  puissance  effroyable  de  multiplication,   mais  il  y  a  encore 
autre  chose  de  plus  rassurant;  sur  ces  mêmes  variétés,  les  nodosités 
sont  toujours  petites  et  très  rares,   la  pourriture   ne  les  envahit  que 
très  lentement.  Le  cylindre  ligneux  central   est  toujours  ou  presque 


I 
i 


RÉSISTANCE  ET  ADAPTATION  DES  VIGNES  AMÉRICAINES.  215 

toujours  intact  et  la  nodosité  se  dessèche  et  tombe  en  laissant  à  la 
racine  toute  sa  vitalité  ;  les  tubérosités,  sur  les  grosses  racines,  soat 
encore  plus  rares,  manquent  même  à  peu  près  complètement  sur  cer- 
taines variétés,  et  les  lésions  sont  dans  tous  les  cas  toujours  superfi- 
cielles, de  peu  d'importance  et  suivies  d'une  guérisoii  assez  rapide 
par  suite  du  dessèchement  et  de  la  chute  da  la  tubcrosité  au-dessous 
de  laquelle  on  trouve  une  écorce  saine  de  nouvelle  formation. 

On  peut  donc  diviser  les  vignes  américaines  en  deux  grandes 
classes,  qu'on  peut  désigner  ainsi  :  vignes  faisant  et  vignes  ne  faimnt 
pas  de  phylloxéra.  Cette  façon  de  les  désigner  est  impropre  et  entière- 
ment inexacte  au  point  de  vue  scientilique  ;  la  vigne,  en  effet,  ne  fait 
pas  de  phylloxéra  et  le  reçoit  toujours  du  dehors,  je  la  retiens  cepen- 
dant et  je  m'en  sers  quand  même  parce  qu'elle  rend,  par  une  phrase 
rapide  et  claire,  ce  qui  paraît  réellement  se  passer  dans  la  pratique. 

On  peut,  en  étudiant  les  divers  ordres  de  faits  que  je  viens  de 
signaler,  soit  séparément,  soit  d'une  façon  connexe,  établir  comme 
une  échelle  de  résistance  des  vignes  améi'icaines,  et  on  constate  alors 
que  si  cette  échelle  n'est  pas  toujours  entièrement  conforme  à  celle  que 
l'on  peut  établir  en  se  basant  sur  les  recherches  scientifiques  seules, 
ce  n'en  sont  pas  moins  les  variétés  dont  les  racines  sont  les  plus 
dures,  ont  les  tissus  les  plus  denses,  et  présentent  les  signes  de  la 
lignification  la  plus  rapide  qui  forment  la  série  des  vignas  que  j'ai 
désignées  comme  ne  faisant  pas  de  phylloxéra,  et  ce  sont  justement 
les  légères  différences  que  présentent  les  deux  listes,  qui  m'ont  surtout 
conduit  à  admettre  que  chaque  variété  de  vigne  américaine  avait  son 
mode  dd  résistance  spécial  et  particulier.  Mais  il  ne  faut  point  cepen- 
dant perdre  de  vue  qu'entre  les  espèces  qui  font  du  phylloxéra  et 
celles  qui  n'en  font  pas,  il  existe,  surtout  au  point  de  vue  pratique, 
une  vaste  lacune;  et  que,  sous  le  rapport  chi  li  résistance,  la  plus  miu- 
vaise  de  celles  qui  ne  font  pas  d'insectes  est  encore  infiniment  supérieure 
à  la  meilleure  de  celles  qui  en  font.  L.  Despetis, 

{La  suite  prochainement.)  Viticulteur  à  Florensac  (Hérault). 

GOMIGE  AGRIGOLE  GENTRAL  DE  LA  MARNE 

RAPPORT  SUR  LES  PRIX  DE   GULTQRE.    —  III  ' 

L'art.  3  accorde  3  médailles  de  vermeil  accompagnées  chacune  d'une  prime  de 
100  fr.,  aux  serviteurs  ruraux  ou  vignerons  de  l'arrondissement  de  Reims,  le  plus 
méritants. 

La  Coinmission.  composée  de  MM.Dacliâtaux,  Leconte,  Lacomrae,  Levieux,  Le- 
clerc,  Vauier,  avait  désigné  comme  président  M.  Ducliàtaux  et  comme  secrétaire 
M.  Vanier. 

L'unique  demande  pour  les  primes  aux  vignerons,  a  été  adressée  par  M.  Gres- 
set  (Jean-Marie),  vigneron  tâcheron,  chez  M.  Billet  de  Fismes,  depuis  62  ans. 

Gresset  n'était  pas  seulement  vigneron,  mais  il  suppléait  presque  entièrement 
le  maître,  en  dirigeant  tous  les  travaux  des  vignes,  vendanges  et  pressurages. 

En  1859,  il  recevait  déjà  une  médaille  pour  '4I  ans  ai  bons  services,  et  il  a  fallu 
pour  ainsi  dire  le  contraindre  cette  année,  pour  qu'il  consentît  à  être  présenté  d'of- 
nce.  En  présence  de  services  aussi  longs  et  aussi  méritants,  la  Commission  n'a 
point  hésité  à  lui  ac:order  k  récompense  qu'il  a  si  bien  méritée,  c'est-à-dire  une 
prime  de  100  tr,  et  une  médaille  de  vermeil. 

La  dame  Lagauche,  depuis  43  ans  au  servies  de  M.  Chopin,  de  Goulommes  ;  et 
et  la  dame  Lelarge,  depuis  28  ans  chez  M.  Perrier  de  Savigny,  sont  les  deux  con- 
currentes comme  servantes  de  ferme. 

La  nature  des  travaux  de  la  dame  Lelarge  chez  M.  Perrier  de  Savigny,  n'ayant 

1.  Voir  le  Journal  du  23  et  du  30  octobre,  p.  150  et  185  de  ce  volume 


216  COMICE  AGRICOLE  CENTRAL  DE  LA  MARNE. 

point  un  caractère  aussi  rural  que  ceux  de  la  dame  Lagauche  chez  M.  Chopin,  la 
Commission  tout  en  reconnaissant  les  mérites  de  celle-là,  a  proposé  à  l'unani- 
milé  d'accorder  la  médaille  de  vermeil  el  la  prime  de  iUO  fr.  à  la  dame  Lagauche, 
pour  k3  ans  de  bons  services. 

Cinq  concurrents  se  présentent  pour  la  catégorie  des  serviteurs  ruraux. 

Ce  sont  :  1°  MM.  Dumalras,  garçon  de  cullure  depuis  29  ans  chez  M  Cérardin,  à 
Tauxières'  2"  M,  îlenry,  ouvrier  moissonneur  depuis  dO  ans,  chez  M.  Gantelet,  à 
Tauxières;  3"  M.  Landois-Randoulet;  ouvrier  de  culture,  depuis  58  ans,  chez 
M.  Lemarteleur,  à  Warmériville  ;  4"  M.  Colcy,  berger  depuis  kk  ans  chez 
M.  Couvreur,  à  Fismes;  5°  enfin,  M.  Pierrat,  berger  depuis  43  ans  chez  M.  Bail- 
hot,  à  Muizon. 

Le  premier  de  ces  cinq  concurrents  a  été  éliminé  comme  n'ayant  pas  encore 
été  récompensé  par  le  comice  de  Reims  ;  Randoulet  a  dû  être  éliminé  comme  n'é- 
tant pas  à  proprement  parler  serviteur  rural  attaché  à  la  maison  et  ayant  d'ailleurs 
épuisé  la  série  des  récompenses,  jusqu'à  la  médaille  d'or  inclusivement. 

Parmi  les  trois  deinieis,  la  Commission  n'a  retenu  que  les  nommés  Colcy  et 
Pierrat.  Tout  en  reconnaissant  leurs  mérites  réels  à  des  tities  divers,  elle  s'est 
prononcée  unanimement  en  faveur  de  Pierrat,  auquel  le  Comice  accorde  une  mé- 
daille de  vermeil  et  une  prime  de  100  francs  pour  48  ans  d'exercice  comme  berger. 

L  article  4  accorde  des  médailles  et  des  primes  à  ceux  qui,  par  des  amélipra- 
tions  sérieuses,  des  travaux  importants,  des  services  réels  se  seront  rendus  digne 
d'une  récompense  départementale. 

M.  Levoye,  fermier  à  Bermericourt,  est  entré  à  la  ferme  de  Sainte-Marie  de- 
puis quelque  temps  seulement,  et  c'est  sous  son  active  direction  que  des  terrains 
naguère  presque  incidtes  ont  été  transformés  en  un  soldes  plus  fertiles.  M  Le- 
voye fait  peu  de  céréales  et  s'adonne  plus  particulièremeiit  aux  cultures  potagères 
et  fourragères.  Il  a  pr^'senté  à  la  Commission,  des  betteraves,  des  pommes  de  terre, 
des  pois  et  des  haricots  d'une  végétation  extraordinaire. 

Un  semblable  résultat  prouve  surabondamment  ce  que  peut  en  tous  lieux  le  tra- 
vail intelligent  uni  aux  soins  et  à  l'ordre.  On  ne  p^^ut  qu'applaudir  à  ces  vaillants 
efforts  et  féliciter  l'agriculteur  qui  n'a  reculé  devant  aucun  sacrifice  pour  atteindre 
ce  but. 

Le  Comice  décerne  à  M  Levoye  une  médaille  de  vermeil  pour  culture  potagère 
pratiquée  sur  une  grande  échelle. 

M  Edouard  Robinet,  d'Epernay,  est  l'auteur  de  plusieurs  ouvrages  sur  l'analyse 
des  vins  et  sur  la  fabrication  des  vins  mousseux.  Ces  publications  bien  connues  du 
public  et  justement  appréciées  traitent  de  la  fabrication  des  vins  mousseux  avec 
une  compétence  indiscutable. 

Depuis  longtemps  le  commerce  des  vins  de  Champagne  y  puise  de  très  utiles 
indications.  Le  Comice  central,  heureux  de  récompenser  ces  ouvrages,  et  la  Commis- 
sion, composée  de  MM.  de  Mareuil,  Bouché,  docteur  Plonquet  et  Ayala,  a  pensé 
avec  lui  qu'il  y  avait  lieu  d'encourager  d'aussi  louables  etîorts  tendant  à  vulgariser 
le^  pratiques  les  plus  utiles  dans  une  industrie  qui  intéresse  une  si  grande  partie 
du  département  de  la  Marne,  et  accorde  à  M.  Edouard  Robinet  une  médaille  de 
vermeil. 

CJne  Commission  composée  de  MM.  Frieh,  inspecteur  primaire.  Chaudron, 
Bertrand,  Petit-Thierry,  Comte,  Gralichet  Dammanget,  Noël  et  Pouillot,  a  examiné 
la  demande  de  MM.  Guénard,  instituteur  à  Epense,  et  Appert,  instituteur  à 
Maffrécourt. 

La  pre  i.ière  visite  a  été  pour  Eponse.  Les  élèves  de  cette  école,  interrogés  sur 
les  matières  agricoles,  ont  répondu  avec  une  précision  qui  témoigne  de  l'intérêt 
({u'ils  prennent  à  l'enseignement  qui  leur  est  donné. 

Le  jardin  d'expériences  de  M  Guénard  renferme  notamment  de  nombreuses 
variétés  de  blés  et  de  betteraves  appropriées  aux  cultures  locales  et  présentant  les 
apparences  d'un  rendement  considérable. 

L'ensemble  est  excellent  et  à  l'unanimité  la  Commission  propose  pour  M.  Gué- 
nard, une  récompense  que  le  Comice  central  n'a  point  hésité  à  placer  en  première 
ligne.  En  conséquence,  un  ouvrage  d'agriculture  est  décerné  à  M.  Guénard,  insti- 
tuteur à  Épense. 

La  Commission  s'est  ensuite  transportée  à  Maffrécourt  et  a  interrogé  les  enfants 
sur  divers  sujets  d'agriculture.  Leur  réponses  claires,  nettes  et  précises  ont 
permis  de  conclure  que  M.  Appert  s'occupait  d'une  manière  sérieuse  et  suivie  de 
l'enseignement  agricole. 


COMICE  AGRICOLE  CENTRAL  DE  LA  MARNE.  217 

Les  sujets  de  rédaction  traités  par  les  enfants  n'ont  pas  moins  frappé  la  Com- 
mission. Le  jardin  de  l'école,  tenu  avec  soin  et  intelligence,  est  un  exemple  pour  les 
enfants. Les  louab'es  efforts  deM.  Appert  devant  être  encouragés  et  récompensés, 
le  Comice  lui  accorde  un  ouvrage  d'agriculture. 

M.  Hyonne,  instituteur  à  Mareuille-Porf,  sollicité  par  plusieurs  membres  du 
Comice  d'Epernay  connaissant  son  amour  de  l'agriculture,  a  consenti  à  faire  une 
demande.  Une  commission  composée  deM.  Venot,  inspecteur  primaire  àÉpernay, 

Président,  de  M.  Prin,  membre  du  Conseil  général,  de  M.  le  maire  de  Mareuilet 
e  MM.  Pujos,  Baudin,  Rondeau  etTicry,  s'est  rendue  à  Mareuil. 

Les  questions  les  plus  diverses  sur  les  matières  agricoles  ont  été  adressées  aux 
enfants;  tous  ont  répondu  avec  facilité  et  d'une  manière  très  satisfaisante. 

M.  Hyonne  compte  56  ans  d'âge  et  36  ans  d'exercice  dans  sa  longue  carrière 
d'instituteur,  et  il  a  toujours  enseigné,  soit  à  la  classe  du  jour,  soit  au  cours  d'adultes, 
les  éléments  d'agriculture. 

Plusieurs  récompenses  lui  ont  déjà  été  décernées.  La  Commission,  appréciant 
d'aussi  sérieux  mérites,  a  demandé  pour  lui  une  médaille  d'argent  que  le  comité 
central  lui  a  accordée. 

M.  Eugène  Giraux,  cultivateur  à  Ecury-sur-Goole ,  a  exploité  d'une  ma- 
nière remarquable  et  amélioré  sensiblement  pendant  une  période  de  seize  années 
toutes  les  propriétés  de  la  famille  Hurault.  Mme  Giraux  a  notablement  secondé 
son  mari.  Leur  travail  n'a  jamais  rien  laissé  à  désirer  et  la  Commission,  composée 
de  MM.  Lebonvallet,  Doiselet,  Paillard,  Lefèvre,  Carquet  et  Dominé,  a  réclamé 
pour  eux  un  encouragement  public.  Le  Comice,  s'associant  au  vœu  exprimé  par 
•ette  Commission,  décerne  aux  époux  Giraux  une  médaille  d'argent. 

M.  Caranjeot-Féry,  de  Nauroy,  opère  des  plantations  de  résineux  sur  d'impor- 
tantes étendues  de  terrain  appartenant  à  divers  propriétaires  et  notamment  chez 
M.  de  Grandrut  oià  il  a  obtenu  un  véritable  succès,  confirmé  d'ai'leurs  par  le 
temps.  M.  Carenjeot,  dit  M.  Blanrue  de  Fontaine,  le  rapporteur  de  cette  Com- 
mission, a  les  meilleurs  antécédents,  ses  travaux  sont  connus  de  toute  la  contrée 
et  il  mérite  les  plus  grands  éloges.  Si  l'on  établit  une  comparaison  entre  ses 
nombreuses  plantations  et  celles  qui  ont  été  entreprises  par  d'autres  personnes, 
on  constate  une  supériorité  incontestable  sur  la  réussite  et  le  travail  raisonné  de 
M.  Garenjeot-Féry,  auquel  le  Comice  accorde  une  médaille  de  vermeil. 

Tel  est  le  résumé  aussi  sincère  et  exact  que  possible  des  travaux  accomplis 
par  les  diverses  commissions  du  Comice  départemental  pour  la  première  partie 
de  notre  programme.  Alfred  Lequeux, 

Secrétaire  yénéral  du  Comice. 

PISCICULTURE.  -  LES  BOUCHOTS 

Puisque  nous  sommes  avec  les  boucholeurs  d'Esnandes  et  de 
Marsilly,  c'est-à-dire  à  ce  joli  et  riche  coin  de  notre  France  appelé 
côtes  de  la  Saintonge,  fixons  encore  un  point  des  origines  de  la  pisci- 
culture; car  là,  de  moules  à  huîtres  il  n'y  pas  loin. 

Depuis  des  siècles,  le  treizième  pour  le  premier  et  le  seizième  pour 
le  second,  se  maintenaient  et  prospéraient  bien  humblement  :  deux 
grands  faits  du  monde  moderne.  La  liberté  religieuse  avec  les  pasteurs 
du  désert  et  avec  les  descendants  du  pauvre  naufragé  irlandais 
Walton,  l'exploitation  de  l'eau  par  la  culture  des  mollusques.  Ostende, 
Saint-Servan,  monsieur  tel  ou  tel,  doivent  ici  laisser  la  parole  aux 
faits  ;  or  les  faits  sont  les  suivants. 

Avant  de  parler  de  moules  dont  l'industrie  des  boucholeurs  a  fait 
une  si  intéressante  source  de  notre  richesse  nationale,  un  mot  sur 
l'huître,  ce  grand  seigneur  du  jour  dans  la  pisciculture  marine  et 
officielle  auquel  chacun  s'empresse  d'offrir  hommages  et  services. 

Ce  fut  des  côtes  de  Saintonge,  de  ce  beau  pays  instruit,  aisé,  libre 
dans  sa  pensée,  que  partit  en  1821  le  mouvement  huitrier,  mouve- 
ment qu'avec  MM.  d'Orbigny  et  Robert,  en  1846  et  1852,  nous 
pourrions  suivre  avec  M.  Pougnard,  notaire  à  la  Tremblade,  égale- 


218  PISCICULTURE.  —  LES   BOUCHOTS. 

ment  1852.  Mais  ayant  déjà  traité  incidemment  ce  point  dans  une  de 
nos  précédentes  causeries  (n"  45T,  du  12  janvier  1878)  à  propos  du 
rapport  au  ministre  de  la  marine  de  M.  Bouciion-Brandely,  nous  n'in- 
sisterons pas. 

Nous  n'y  serions  pas  revenu  si,  dans  un  récent  ouvrage  de  piscicul- 
ture (Rothschild,  éditeur,  .Paris  1880),  M.  Pisetta,  intelligente  recrue 
saluée  avec  joie,  car  il  nous  en  faut  des  ouvriers  de  la  onzième  heure! 
M.  Pisetta  ne  reproduisait  le  môme  fait  entièrement  inexact,  à  moins 
de  documents  officiels  que  nous  ignorons. 

En  les  attendant,  ce  sera  par  Cosle,  page  138  de  son  grand  travail 
sur  la  pisciculture,  que  nous  nierons  à  M.  de  Bon  la  priorité  des  essais 
sur  le  naissain  en  1853. 

Car  ce  fut  par  le  même  rapport  du  5  février  1858,  que  les  pisci- 
culteurs entendirent  pour  la  première  fois  prononcer  le  nom  du  com- 
missaire de  ]a  n^arine,  aujourd'hui  conseiller  d'Etat,  à  propos  de  ses 
expériences  à  la  Rance,  page  158  de  l'appendice  de  la  première  édi- 
tion citée  ci-dessus.  La  pisciculture  en  1853  nous  appela  à  Granville, 
Pontorson,  Mattignon  ;  nous  la  traversâmes,  cette  fameuse  Rance,  et 
nous  devons  à  la  vérité  de  déclarer  que  pas  un  seul  mot  nous  enten- 
dîmes des  pêcheurs  avec  lesquels,  par  douzaines,  nous  étions  sans 
cesse  en  relation,  sur  de  tels  essais  sur  le  naissain,  ce  qui  est  un  fait, 
non  une  preuve.  Mais  en  nous  rendant  l'année  suivante  avec  Coste 
lui-même  à  la  Seudre,  nous  vîmes,  grâce  à  l'initiative  de  M.  Ackermann, 
commissaire  de  la  marine  à  Marennes,  des  essais  très  sérieux  sur 
le  dérabage;  dont  (page  143  de  son  grand  ouvrage)  il  rendit  compte. 
Malheureusement,  il  ne  fut  imprimé  qu'en  1855. 

Entre  temps,  notre  deuxième  travail  sur  la  Pisciculture  (Versailles, 
imprimerie  Beau),  avait  paru  en  mai  1854,  nous  avions  pris  date  et 
prononcé  le  premier  le  nom  de  ce  modeste  officier  de  la  marine. 

C'est  en  nous  rendant  des  Bouchots  à  la  Seudre  et  en  traversant  des 
marais  salants  de  Brouage ,  que  ce  même  M.  Ackermann  appela  l'at- 
tention de  Coste  sur  la  possibilité  de  leur  transformation  en  fermes 
huîtrières  ou  claires  et,  surtout  en  parcs  à  petits  mollusques.  Notre 
causerie  sur  les  Oubliés  a  dit  comment  (Voir  n"  596  du  Journal). 
Ce  sont  de  grands  faits  rappelant  à  notre  esprit  de  trop  doux  souvenirs, 
pour  que  nous,  vivants,  nous  ne  tenions  pas  à  honneur  de  dire  avant 
tout  ia  vérité  à  la  géné^-ation  qui  n'a  pas  (heureusement  pour  elle) 
pu  être  tém'oin  d'un  si  laborieux  enfantement. 

Elle  eut  assez  à  souffrir,  celle  qui  la  fit  naître,  pour  qu'au  moins 
nous  ne  lui  marchandions  pas  la  justice  qui  lui  est  due. 

La  moule,  cette  huître  du  pauvre,  vient  en  un  an.  Comme  d'après 
Lamark  il  n'y  en  aurait  qu'une  petite  soixantaine  d'espèces,  nous 
ne  nous  tiendrons  qu'à....  la  moule,  ce  mollusque  à  la  belle  coquille 
luisante  au  dehors,  bien  nacrée  au  dedans  que  tout  le  monde  connaît, 
et  que  l'intelligente  culture  des  boucholeurs  a  améliorée  d'une  si 
remarquable  façon. 

Elle  est  incontestablement  un  des  êtres  de  la  création  sur  lequel  la 
patience  et  le  génie  de  l'homme  se  soient  exercés  avec  le  plus  de 
profit. 

Ce  n'est  pas  trop  de  dire,  pour  ceux  qui  ont  eu  le  bonheur  de  voir, 
il  y  a  30  ans,  cette  belle  contrée,  à  la  vie  si  douce  et  aux  mœurs  si 
pures  (c'est  encore  là  que  dans  tout  un  village  on  trouvait  les  portes 


PISCICULTUBE  —  LES  BOUCHOTS.  219 

sans  serrures),  quelle  harmonie  dans  ses  rives,  climat  heureux  et  tout 
humain,  a  dit  Michelet;  vignes,  moissons,  la  mer,  tout  est  là  comme 
à  plaisir,  réuni  sous  un  ciel  doux,  aux  miroitements  infinis.  La  tem- 
pête de  temps  en  temps  y  fait  bien  rage,  arrachant  par  bancs  ses  fa- 
laises calcaires,  les  roulant  sans  cesse  comme  avertissement  de  notre 
humaine  Cragililé.  Qu'importe,  si  le  crustacé  ne  s'y  peut  fixer  et  n'y 
trouve  sa  sécurité,  les  vasières  utilisées  de  ses  anses  et  la  douceur  des 
eaux  de  son  large,  ne  nourrissent-elles  pas  poissons  et  mollusques  à 
nuls  autres  seconds  !  C'est  la  partie  des  côtes  de  notre  Gironde  aux 
belles  rives,  doublée  de  Tarn  et  Dordogne,  à  la  Loire  ;  où,  par  bonne 
mer,  se  pèchent  quantité  et  qualité. 

Maury,  dans  sa  dernière  carte  du  Gulf-Stream,  en  détache  une 
branclje,  extrême  droite  du  grand  courant  montant  au  pôle;  qui  des 
îles  Sien  à  Ortegal,  réchauffant  nos  côtes  Ouest,  en  fait  un  tiède  et 
doux  berceau  où  abonde  la  vie,  mais  provoquant  aussi,  quand  la  pro- 
portion des  eaux  douces,  qu'y  jettent  la  Loire  et  la  Gironde,  est  trop 
forte,  les  terrible  tempêtes  du  golfe  de  Biscaye  entre  les  8°  et  !  6°  degré 
longitude. 

La  moule  se  reproduit  de  février  à  avril,  et,  hermaphrodite  comme 
l'huître,  en  de  telles  quantités  que,  malgré  les  hécatombes  qu'en  font 
les  turbo  lilloralis  et  les  étoiles  de  mer  surtout  (au  printemps, ces  der- 
nières ont  presque  fait  disparaître  tous  les  bancs  de  la  côte  normande), 
il  en  reste  et  restera  toujours  assez  pour  l'ensemencement  de  tous  les 
bouchots  créés  ou  à  créer.  A  la  moule,  il  faut  les  vases  de  l'Océan  et 
les  tranquilles  étangs  salés  de  la  Méditerranée  où  nous  ne  doutons  pas 
qu'elle  ne  devienne  la  base  d'une  industrie  digne  de  son  aînée  des 
côtes  de  Saintonge. 

Les  articles  publiés  en  1868,  sur  la  culture  de  l'huître,  à  la  ferme- 
école  du  port  de  Bouc  et  celui  de  notre  honoré  collaborateur,  M.  Mayet, 
professeur  à  l'Ecole  nationale  d'agriculture  de  Montpellier,  n°  571 
de  la  collection  du  Journal,  nous  dispensent  d'insister  sur  ce  point. 
Ces  messieurs,  mieux  instruits  que  nous  ne  pouvons  l'être,  nous  ren- 
seigneront un  jour  bien  certainement. 

Revenons  à  nos  bouchots  de  l'Ouest,  que  nous  n'avons  pas  revus 
depuis  1853. 

Quelle  proportion  d'eau  douce  aime  la  moule,  est  encore  un  de  ces 
points  à  fixer.  Celles  cultivées  en  pleine  rade  de  Toulon,  sont  les  plus 
succulentes  et  les  plus  grasses  que  l'on  connaisse;  or,  elles  n'en  re- 
çoivent pas  une  goutte  !  Il  est  constaté  que  les  bouchots,  recevant  le 
plus  directement  les  eaux  de  la  Vendée  et  de  la  Sèvre-Niortaise  ou 
rivière  de  Marans,  sont  avec  ceux  d'Amont  (les  plus  près  de  la  côte), 
ceux  où  elles  s'engraissent  et  profitent  le  moins,  une  fois  fixées  sur  la 
fascine  ou  le  pieu  au  moyen  de  sa  langue- pied ^  ayant  hlé  une  espèce 
de  byssus,  sorte  de  câble  d'attache,  au  nombre  de  150,  qui  n'est 
autre,  comme  on  vient  de  le  découvrir  si  curieusement,  que  de  la  soie 
liquide. 

Entre  marée,  les  coquilles  de  la  moule  sont  toujours  hermétique- 
ment fermées  et  pleines  d'eau,  ne  les  entrouvrant  qu'à  mer  haute,  en 
laissant  saillir  sur  les  valves  les  bords  de  son  manteau  bordés  de  petites 
franges  blanches,  fait  caractéristique  de  l'espèce,  dans  toute  cette 
grande  famille  des  mollusques. 

L'histoire  de  Walton  et  la  construction  des  bouchots  ont  été  redites 


220  PISCICULTURE.  —   LES  BOUCHOTS. 

tant  de  fois,  que  nous  n'y  insisterons  pas.  Cette  clôture  en  bois  (Bout- 
choat),  sur  laquelle  se  feit  l'engraissement  de  la  moule  est,  par  l'origi- 
nalité de  son  exploitation,  un  des  faits  des  plus  curieux  de  l'histoire 
naturelle,  lequel,  sans  la  découverte  de  TAcon  ou  pousse-pied,  c'est- 
à-dire,  de  la  boîte  en  bois  ou  batefiu  poussé  sur  la  vase  au  moyen  du 
pied  droit,  jambe  gauche  et  les  deux  mains  formant  point  d'appui; 
lequel,  sans  cette  découverte,  serait  mort-né. 

Ici  nous  demandons  à  poser  une  interrogation  qui  nous  a  causé  bien 
des  embarras.  Comment  le  célèbre  colonel  russe,  Préw^alski,a-t-il,  dans 
son  historique  voyage  au  Lob-Nor,  c'est-à-dire  à  cet  immense  plateau  du 
Pamir,  d'où  seraient  sorties  les  races  indo-européennes,  et  spécialement 
nous  ariens,  comment  a-t  il  trouvé  sur  les  bords  de  cet  inconnu  Turiui. 
le  pousse  pied  de  nos  boucholenrs  saintongeois,  et  surtout  l'appareil 
hydraulique  de  la  grande  pêcherie  de  Commachio? 

Bien  cher  Broca,  qui  le  2  juillet,  m'adressiez  votre  dernier  mot 
poissoîi,  de  ce  Sénat  même,  dont  juste  dix  jours  après,  vous  deviez 
si  malheureusement  pour  la  France  et  pour  nous,  disparaître  à  jamais, 
quel  intéressant  problème  à  votre  si  haute  compétence!!.. 

Notre  cher  directeur  nous  permettra  cette  petite  digression  qui  est 
une  pieuse  pensée,  au  souvenir  des  belles  heures  qu'ensemble,  chez 
ce  bon  Jourdier  Decrombecque,  aussi  lui  disparu,  nous  passâmes  au 
joli  Vert-Galant,  pisciculturant  et  péchant  sur  le  canal  de  l'Ourcq. 

Etait-il  aimable,  joyeux,  pétillant  ce  cher  Broca  !  Comme  il  s'amu- 
sait à  nous  faire  prendre  à  nous,  les  deux  ou  trois  pisciculteurs  pré- 
sents, des harengs!... 

N'étaient-ce  pas  aussi  des  pêches  miraculeuses  celles-là?  Notre 
"egretté  Broca  n'étant  plus,  qui  nous  répondrait  aujourd'hui?  car, 
quant  à  nous,  nous  avouons  franchement  n'y  pas  comprendre  le 
premier  mot. 

Un  bon  bouchot  fournit  une  charge  de  moule  par  mètre  de  long, 
soit  300  livres  dont  la  valeur  était  de  25  fr.,  soit  2,000  à  2,500  fr. 
par  bouchot  où  de  notre  temps  12  ou  1,300,000  fr.  Chiffre  doublé 
depuis,  nous  a-t-on  assuré,  car  de  40  millions  de  kilog.  de  moules, 
on  en  récolterait  près  de  80,  année  moyenne. 

C'est  le  bouchot  qui  a  trouvé  pour  ce  coin  heureux  de  la  terre  la 
solution  du  plus  grand  de  tous  les  problèmes  de  tous  les  temps.  La 
suppression  de  la  misère! 

Ces  trois  communes  d'Esnandes,  Marsilly  et  Charron  ne  comptent 
pas  un  seul  pauvre  parmi  les  hommes  valides.  Sous  la  République, 
un  pareil  fait  ne  saurait  être  assez  connu  et  ne  pas  rester  isolé 
comme  il  l'a  été  jusqu'à  ce  jour. 

L'immense  vasière  de  Bourneuf  est  là  au  nord  de  la  Vendée.  Nous 
nous  plaisons  à  espérer  qu'on  y  prouvera  bientôt  que  la  République 
c'est  l'action.  Acla  et  non  verba. 

N'ayant  l'habitude  de  parler  que  de  ce  que  nous  connaissons,  nous 
ne  disons  rien  des  bouchots  de  la  Somme  (cap  Hirner)  laissant  à  des  col- 
laborateurs du  Journal,  mieux  renseignés,  d'en  entretenir  nos  lecteurs 
La  moule  s'accommodera-t-elle  des  si  fortes  marées  de  la  Manche? 
L'établissement  du  bouchot  y  sera-t  il posssible  et  économique?  C'est 
un  désir  que  nous  exprimons,  et  quoi  qu'il  en  soit,  bon  et  utile  serait- 
il  de  l'avoir  essayé.  Chabot-Karlen, 

Correspondant  de  la  Société  nationale  d'agriculture,  à  Tbun  (Suisse]. 


l'arrachage  des  betteraves. 


•221 


L'ARRACHAGE  DES  BETTERAVES 

Nous  avons  déjà  appelé  l'attention  de  nos  lecteurs,  en  1879,  sur 
l'arrache-betteraves  construit  par  M.  Oiivier-Lecq,  à  Templeuve  (Nord), 
et  qui  a  été  adopté  par  un  grand  nombre  de  cultivateurs.  Cet  appareil, 
que  représente  la  fig.  20,  peut  arracher  un  hectare  de  betteraves  par 
jour.  Son  prix  est  de  2*20  fr.  Il  se  recommande  d'une  manière  spéciale 
quand  viennent  les  gelées.  Les  ouvriers  ne  peuvent  que  très  dit'iicile- 
ment  continuer  leur  besogne,  tandis  que  l'arracheur  mécanique  fonc- 
tionnera encore  parfaitement  en  cassant  la  croûte  gelée,  ses  socs  péné- 
trant de  10  à  12  centimètres  en  terre. 

M.  Decrombecque,  de  Lens,  qui  depuis  trois  ans,  arrache  ses  1 1  Ohec- 


ij.Fig.  20.  —  Arrache-betteraves  de  M.  Olivier-Lecq. 

tares  avec  quatre  instruments  qu'ila  disposés  en  outre  en  butteurs  dou- 
bles et  en  houes  à  cheval  très  énergiques,  affirme  qu'il  trouve  dans 
l'emploi  de  cet  appareil  une  économie  de  1 8  fr.  à  l'hectare. 

L.  DE  Sardri.vc. 

PLANTATION  AUTOMNALE  DE  LA  POMME  DE  TERRE 

La  plantation  automnale  de  la  pomme  de  terre  sur  laquelle  M.  F.  R. 
de  la  Tréhonnais  appelle  l'attention  des  lecteurs  de,  ce  Journal  en 
citant  les  conseils  donnés  sur  ce  sujet  dans  le  Times  par  un  curé  de 
campagne  et  l'expérience  faite  par  M.  James  Howard,  n'est  point  une 
nouveauté,  tant  s'en  faut.  Il  y  a  une  trentaine  d'années,  alors  que  la 
maladie  sévissait  avec  le  plus  d'intensité,  M,  Leroy-Mabille,  de  Bou- 
logne-sur-Mer,  préconisa  la  plantation  automnale  pour  rendre  la  ré- 
colte plus  précoce,  plus  mûre,  et  par  suite  l'arracher  à  la  pourriture; 
il  se  fit  l'avocat  convaincu,  on  pourrait  dire  l'apôtre  de  cette  méthode, 
qu'il  s'attacha  à  propager  par  tous  les  moyens  possibles. 

Il  obtint,  en  effet,  des  résultats  bien  propres  à  convaincre  les  plus 
incrédules,  dans  les  expériences  qu'il  poursuivit  afin  d'appuyer  ses 
conseils  sur  des  preuves  indéniables. 

Ces  résultats  sont  réellement  curieux  et  intéressants.  Voici,  entre 
autres,  ceux  se  rapportant  à  deux  expériences. 

A  partir  du  T' octobre   1849  jusqu'en  mai  suivant,  M.  Leroy  Ma- 


222       PLANTATION  AUTOMNALE  DE  LA  POMME  DE  TERRE. 

bille  planta  le  l*^""  de  chaque  mois  des  pommes  de  terre  dans  un  ter- 
rain qui  n'avait  pas  reçu  le  moindre  engrais,  mais  qui  avait  été  fumé 
fortement  l'année  précédente.  La  récolte  lut  faite  le  21  septembre  et 
l'on  constata  : 

Plantation  du  Tubercules.  Gâtés.  Perle. 

1"  octobre 95  6  G. 66  pour  100 

1"  novembre 70  7  10  — 

1"  décembre 187  25  13.(56         — 

Jusque-là,  M.  Leroy-Mabille  n'avait  pas  fait  abstention  du  nombre 
de  pieds;  à  partir  de  ce  qui  suit,  il  a  opéré  sur  vingt  pieds  apparte- 
iiant  à  chaque  catégorie  : 

Tubercules.  Gâtés.  Perte. 

1"  février 221  125  .'iG  po;ir  100 

1"  mars :i81  92  51         — 

1"  avril 245  193  78        — 

1"  mai 167  113  67        — 

Le  même  résultat  s'observe  dans  une  autre  expérience  faite  la  même 
année  dans  un  terrain  inculte  depuis  près  d'un  siècle,  et  n'ayant 
jamais  reçu  un  atome  d'engrais  : 

Plantation  du  Bonnes.  Mauvaises. 

15  novembre 174  2 

15  décembre ,.  180  2 

15  janvier 11 'i  0 

15  février 202  7 

15  mars 179  16 

15  avril 106  44 

En  résumé,  les  essais  entrepris  par  M.  Leroy-Mabilie  et  par  d'autres 
cultivateurs  prouvaient  non  seulement  que  la  plantation  automnale 
donnait  plus  de  tubercules  sains,  mais  aussi  qu'elle  procurait  une 
récolte  plus  abondante  et  même  plus  riche  en  fécule. 

Malgré  le  vif  intérêt  qui  s'attachai'L  vers  cette  époque  à  de  sem- 
blables travaux,  malgré  tous  les  avantages  que  semblait  présenter 
la  plantation  d'automne,  la  pratique  n'a  jamais  adopté  cette  méthode 
qui  n'est  pas  sortie  du  domaine  expérimental  et  n'en  sortira  proba- 
blement pas  davantage  aujourd'hui.  C'est  qu'en  effet,  à  côté  des  avan- 
tages qu'elle  peut  offrir,  il  y  a  aussi  pas  mal  d'inconvénients,  et  je 
dirai  même  des  obstacles  insurmontables  à  son  adoption  par  la  grande 
culture. 

La  pomme  de  terre,  pour  réussir,  demande  impérieusement  un 
terrain  défoncé,  fumé  et  meuble.  Dans  beaucoup  de  cas,  les  défonce- 
ments  d'été  sont  impossibles  à  cause  de  la  sécheresse,  à  moins  d'o- 
pérer dans  un  sol  très  léger.  Et  si  l'on  veut  faire  succéder  la 
pomme  de  terre  à  un  fourrage  artificiel  :  trèfle,  luzerne  ou  sainfoin, 
ce  qui  est  une  excelienle  pratique,  surtout  en  terrain  fort,  il  faut  y 
renoncer  avec  la  plantation  automnale.  Au  contraire,  avec  la  planta- 
lion  de  printemps,  on  peut  défoncer  (ce  que  je  recommande  beaucoup} 
le  plus  tôt  possible  en  hiver,  vers  le  commencement  de  novembre,  et 
en  même  temps  l'on  enfouit  une  fumure  abondante.  Surviennent  les 
gelées  d'hiver  qui  ameublissent  la  terre  la  plus  forte,  émiettent  les 
mottes  les  plus  énormes  ;  et  au  moment  de  la  plantation,  au  prin- 
temps, on  trouve  le  sol  le  plus  friable,  le  plus  favorable  au  dévelop- 
pement des  tubercules. 

Avec  la  plantation  d'automne,  il  faut  placer  les  tubercules  à  une 


PLANTATION  AUTOMNALE    DE  LA  POMME   DE  TERRE.  223 

profondeur  assez  considérable  pour  les  empêcher  d'être  atteints  par  la 
gelée.  L'arrachage  sera  d'autant  plus  difficile  et  dispendieux. 

Et  dans  les  sols  compacts,  si  l'hiver  est  pluvieux,  que  deviendront 
ces  tubercules  au  milieu  de  cette  humidité  glaciale?  Et  «i  ensuite 
succède  un  printemps  très  sec,  comment  les  jeunes  pousses  auront- 
elles  la  force  de  percer  l'épaisse  couche  de  terre  durcie  par  les  pluies 
et  par  la  sécheresse  ?  Il  faut  avoir  cultivé  pour  sentir  le  vice  de  cer- 
taines méthodes  quand  on  veut,  de  la  théorie,  les  faire  entrer  dans  la 
pratique.  Et  certes  là  ne  sont  pas  les  seuls  inconvénients  inhérents  à 
la  plantation  d'automne. 

Un  curé  de  campagne  prétend  que,  par  suite  de  l'emmagasinage  des 
pommes  de  terre  dans  les  caves,  il  se  produit  une  végétation  vigou- 
reuse sous  forme  de  filaments,  qui  épuise  nécessairement  le  tubercule. 
Je  lui  répondrai  que  toutes  les  variétés  ne  germent  pas  ainsi  dans  les 
caves.  Je  cultivais  autrefois  d'anciennes  variétés  appelées  ici  quaran- 
taine, blanche  fiae,  qui,  malgré  tous  les  soins,  formaient  au  prin- 
temps un  ATai  champ  de  fanes  blanchâtres.  Je  les  ai  remplacées  depuis 
quelques  années  par  la  Reine-Blanche  qui  n'éiiiet  aucun  germe  ;  j'ai 
seulement  soin  de  faire  remuer  le  tas  deux  ou  trois  fois  après  l'hiver. 
Cette  variété  est  excellente,  les  tubercules  sont  sans  exception  parfaite- 
ment réguliers  et  très  appréciés  par  le  commerce  et  dans  le  ménage. 
Mes  anciennes  variétés  étaient  abîmées  par  la  maladie,  la  Reine- 
Blanche  résiste  parfaitement. 

Je  ne  veux  certes  décourager  personne  dans  des  recherches,  des 
expériences  nouvelles,  car  l'expérience  est  une  des  conditions  de  la 
marche  du  progrès  agricole,  et  aujourd'hui,  plus  que  jamais,  l'agri- 
culture, dans  la  crise  qu'elle  traverse,  a  besoin  du  bon  vouloir  et  du 
concours  de  chacun.  Seulement  je  tenais  à  constater  que  la  plantation 
automnale  de  la  pomme  de  terre  a  déjà  été  préconisée  en  France,  il  y 
a  plus  de  trente  ans  par  M.  Leroy-Mabille,  qui  s'en  est  fait  le  chaleu- 
reux avocat,  comme  moyen  de  lutter  contre  la  maladie,  et  d'obtenir 
un  produit  plus  abondant;  et  que,  malgré  tous  ses  mérites  apparents, 
cette  méthode,  possible  dans  la  petite  culture  ou  la  culture  maraîchère 
ou  dans  des  conditions  de  sols  exceptionnelles,  n'a  pas  été  acceptée 
par  la  pratique  agricole,  surtout  par  la  grande  culture.  Et  je  crois 
fort  que  ce  premier  jugement  sera  maintenu.  Louis  Léouzon. 

La  Poule,  près  Loriol  (Drôme). 

LA  GLAVELEE   DANS  LE  MIDI 

ET  LE  BÉTAIL    ALGÉRIEN. 

Sommaire.  —  L'État  est  impuissant  à  empêcher  la  clavelée  de  pénétrer  en  France  avec  le  bétail 
étranger.  —  Conséquences  fâcheuses  qui  en  résultent.  —  Moyens  proposés  pour  empêcher  cette 
importation.  —  La  clavelisatioa  en  Algérie  n'est  pas  pratirfue,  elle  serait  inefScace.  —  Mesures 
conseillées  par  l'auteur  de  ce  mémoire. 

Malgré  l'application  rigoureuse  à  la  frontière  des  arrêtés  sanitaires 
destinés  à  empêcher  l'importation  de  la  clavelée  par  le  bétail  étranger; 
malgré  la  diminution  considérable  du  nombre  de  bêtes  ovines  im- 
portées cette  année  de  l'Algérie,  conséquence  inévitable  des  me- 
sures prises,  la  clavelée  a  pas  moins  pénétré  dans  nos  départements 
méridionaux  où  elle  fait  rage,  semant  la  ruine  chez  les  éleveurs,  ajoutant 
ainsi  de  nouvelles  pertes  aux  pertes  hélas!  déjà  si  grandes,  produites 
par  le  phylloxéra,  la  maladie  des  vers  à  soie  et  la  perte  de  la  garance. 

Ce'te  importation  inévitable,  si  facile  à  prévoir,  se  répétant  réguliè- 


224  LA  CLAVELÉE  ET  LE  BÉTAIL  ALGÉRIEN. 

rement  tous  les  ans  avec  la  même  intensité  et  les  mêmes  desastres,  dé- 
montrant mieux  que  tous  les  raisonnements  l'impuissance  des  arrêtés, 
aurait  dû  provoquer  de  nouvelles  recherches,  à  l'effet  de  trouver  un 
moyen  pratique  de  concilier  les  intérêts  gravement  compromis  d'une 
deshranches  très  importantes  du  commerce  algérien,  avec  ceux  non 
moins  respectahles  des  éleveurs  du  Midi. 

Bien  que  des  milliers  de  faits  étahlissent  clairement  combien  les 
arrêtés  so«f  veœatoires....  et  parfaitement  inutiles,  n'est-il  pas  étonnant 
d'apprendre  que  M.  Rougemont,  au  nom  de  la  Société  d'agriculture 
des  Bouches-du-Rhône,  a  adressé  une  pétition  à  M.  le  préfet  de  ce  dé- 
partement, demandant  la  stricte  exécution  des  règlements  en  vigueur 
et,  en  outre,  que  les  moyens  de  désinfection  les  plus  puissants  soient 
employés  pour  purifier  les  navires  qui  transportent  les  bestiaux. 

On  ne  saurait  nier  l'efficacité  de  la  désinfection  demandée  ;  quant 
au  restant,  on  peut  répondre  hardiment  à  l'honorable  président  :  non 
seulement  l'Etat  est  impuissant  à  empêcher  la  clavelée  de  pénétrer  en 
France^  mais  l'application  stricte  des  mesures  aura  pour  effet  de  faire 
supporter,  par  le  bétail  algérien  seulement,  toute  la  rigueur  des  arrêtés, 
tandis  qu'il  sera  toujours  facile  d'y  soustraire  le  bétail  allemand,  ita- 
lien, espagnol,  etc.  Les  éleveurs  étrangers  bénéficieront  ainsi  des  ca- 
pitaux que  des  lois  injustes  retireront  de  notre  colonie  algérienne. 

L'explication  de  ce  que  j'ai  l'honneur  d'avancer  est,  tout  entière, 
dans  la  connaissance  pratique  des  phases  diverses  de  la  variole  ovine. 
Cette  maladie  présente,  en'  effet,  dans  sa  marche,  deux  périodes 
bien  distinctes.  Entre  la  pénétration  du  virus  claveleux  dans  un  mouton 
et  la  manifestation  des  signes  caractéristiques  de  la  maladie,  il  s'écoule 
un  laps  de  temps  varialile  entre  dix  et  vingt-quatre  jours,  pendant 
lequel  il  nest  pas  possible  de  la  reconnaître;  cest  la  clavelée  quon  ne 
voit  pas. 

A  cette  première  période  succède  la  seconde  :  de  petites  taches 
rouges,  et,  plus  tard,  des  pustules  apparaissent  à  la  surface  de  la  peau  : 
c'est  la  clavelée  qu'on  voit;  rien  nesi  plus  facile  à  reconnaîlre. 

Les  gens  habiles  faisant  le  commerce  des  bestiaux  n'ignorent  au- 
cune de  ces  particularités;  aussi  ne  s'exposent-ils  jamais  à  voir  leurs 
animaux  refusés  aux  postes  de  la  douane  française.  Une  visite 
du  troupeau,  faite  quelques  heures  avant  la  visite  officielle,  leur 
permet  de  reconnaître  la  clavelée  qui  peut  se  voir;  les  sujets  atteints 
sont  mis  soigneusement  de  côté,  le  restant  du  troupeau  renfermant  un 
certain  nombre  de  moutons  ayant  la  clavelée,  qui  ne  se  voit  pas, 
franchit  aisément  la  frontière.  La  loi  est  respectée,  mais  le  but  pour 
lequel  elle  a  été  faite  n'est  pas  atteint.  Il  y  a  même  celte  circonstance 
aggravante,  que  ces  animaux,  déclarés  sains  par  les  inspecteurs,  sont 
vendus  aux  éleveurs  français,  sans  qu'il  soit  pris  à  leur  égard  la 
moindre  précaution  sanitaire.  La  clavelée  apparaît  bientôt  et  ne  tarde 
à  se  propager  de  proche  en  proche  ;  telle  est,  le  plus  souvent,  l'origine 
de  la  plupart  des  épidémies  claveleuses. 

Cette  fraude  si  facile  à  mettre  en  pratique  lorsqu'il  s'agit  du  bétail 
allemand,  espagnol,  italien,  etc.,  n'est  pas  possible  pour  le  bétail  al- 
gérien, soumis  à  l'inspection  aussitôt  après  sa  sortie  du  navire. 

Les  exemples  suivants  montreront  l'odieux  des  arrêtés  sanitaires  ap- 
pliqués à  la  clavelée. 

M,  Pierre,  colon,  achète  en  Algérie,  quinze  cents   moutons   qu'il 


L.\  CL.WELÊE  ET    LE  BÉTAIL  ALGÉRIEN  ^25 

expédie  en  France;  arrivés  à  Marseille,  l'inspecteur  reconnaît  vingt 
sujets  atteints  de  pustules  claveleuses.  En  vertu  de  l'arrêté  ministériel, 
en  date  du  1  I  mai  1877,  les  quinze  cents  moutons  doivent  être  sé- 
questrés, parqués  pendant  un  temps  parfois  très  long  dans  un  espace 
réduit. La  mortalité  qui  se  produit,  les  fraif>  de  nourriture  et  les  soins, 
absorbent  bien  vite  la  valeur  de  cette  marchandise. 

Si  Pierre  avait  été  un  sujet  Allemand,  avant  de  soumettre  les  quinze 
ce^-.ts  moutons  à  la  visite  faite  à  l'un  des  bureaux  de  douane  placés  à  la 
frontière  de  l'Est,  il  n'avait,  au  préalable,  qu'à  éliminer  les  vingt  sujets 
claveleux,  les  quatorze  cent  quatre-vingts  moutons  restants  franchiraient 
la  frontière  sans  soulever  la  moindre  difficulté. 

Pierre  voulant  démontrer,  une  fois  de  plus,  Tabsurdité  de  l'arrêté 
précité,  aurait  pu  inoculer  aujourd'hui  les  quatorze  cent  quatre-vingts 
sujets  déclarés  sains  et  les  expédier  le  lendemain  en  France,  inutile 
d'ajouter,  sans  soulever  la  moindre  observation  à  la  douane. 

La  cause  principale  de  l'inefficacité  des  mesures  prises,  réside  dans 
ce  fait  qu'entre  un  animal  sain  et  un  autre  sujet  atteint  de  la  clavelée 
à  sa  période  d'incubation,  il  n'y  a  pas  la  plus  légère  différence. 

La  Société  d'agriculture  desBouches-du-Rliône,  désireuse  de  ne  plus 
voir  la  clavelée  importée  par  le  bétail  algérien,  aurait  dû  indiquer  à 
ÏE'at  un  moyen  pratique  de  reconnaître  la  clavelée  qui  ne  se  voit  pas. 

Ce  moyen,  une  fois  connu,  il  devenait  facile  de  publier  un  nouvel 
arrêté  autrement  efficace  que  celui  du  11  mai  1877.  Or  la  pétition 
adressée  par  l'honorable  président  ne  renferme  absolument  rien  à  ce 
sujet;  donc  quelle  que  soit  la  sévérité  employée  dans  l'application  des 
mesures  sanitaires,  l'Etat  n^ empêchera  jamais  la  clavelée  de  pénétrer  en 
France. 

L'impuissance  des  arrêtés  étant  un  fait  démontré,  indiscutable,  au 
lieu  de  demander  leur  conservation,  n'est-il  pas  plus  rationnel,  plus 
logique  de  leur  substituer  d'autres  mesures  d'une  efficacité  incontes- 
table? 

Quelles  sont  ces  mesures? 
"^'"  Avant  de  faire  connaître  mon  humble  avis  à  ce  sujet,  il  me  paraît 
""nécessaire  d'en  signaler  une,  tour  à  tour  conseillée  par  de  savants 
professeurs  d'un  grand  mérite.  Très  simple,  très  facile  en  apparence,  à 
mettre  en  pratique,  si  séduisante  lorsqu'on  ne  tient  aucun  compte  de 
la  très  grande  habileté  pratique  des  personnes  qui  se  livrent  depuis 
longtemps  au  commerce  du  bétail,  cette  mesure,  dis -je,  est  la  claveli- 
sation  en  Al;/érie  dt^s  bêtes  ovines. 

N'est-il  pas  évident  que  cette  opération  devrait  être  également  imposée 
à  tout  le  bétail  expédié  en  France,  sans  quoi  les  Algériens  auraient 
quelque  peu  raison  dédire  à  l'Etat:  en  vertu  de  quel  droit  nous  obligez- 
vous  à  claveliser,  si  vous  ne  l'exigez  des  bêtes  ovines  fournies  à  la 
France  par  l'Allemagne,  l'Autriche,  la  Russie,  l'Italie,  l'Espagne, 
etc..  qui  ne  présentent,  à  l'égard  de  la  clavelée,  aucune  garantie? 
L'Etat  décrèlera-t-il  la  clavelisation  en  masse  de  tous  les  animaux 
importés  ? 

L'efficacité  de  ce  moyen  ne  saurait  être  douteuse,  s'il  était  consciencieu- 
sement appliqué,  mais  il  compromettrait  grandement  les  sources  four- 
nissant annuellement  deux  millions  de  bêtes  ovines  absolument  néces- 
saires aux  besoins  de  l'alimentation  française. 

D'ailleurs,  quelles  seront  les  preuves  exigées  à  la  frontière  établissant 


226  LA  GLAVELÉE  ET  LE  BÉTAIL  ALGÉRIEN. 

que  la  clavelisation  a  été  bien  faite  ?  Nul  doute  qu'on  exigera  des 
certificats  et  les  traces  qui  résultent  de  cette  opération. 

Les  certificats,  tout  le  monde  le  sait,  étant  trop  faciles  à  obtenir, 
n'auront  le  plus  souvent  aucune  valeur. 

Quant  aux  cicatrices  de  la  clavelisation,  on  peut  prévoir  d'avance  ce 
qu'il  arrivera  :  les  inspecteurs  constateront  sur  tous  les  sujets  présentés 
à  la  frontière  des  cicatrices  semblables  à  celles  provenant  des  pustules 
de  la  clavelée,  avec  cette  différence  que  le  plus  grand  nombre  d'entre 
elles  résulteront  d'une  plaie  faite  babilement  à  l'aide  d'un  fer  rouge  ou 
d'un  caustique  quelconque. 

Le  moyen  signalé  ne  présenterait  donc  aucune  garantie  contre  l'im- 
portation de  la  variole  ovine.  Appliqué  seulement  au  bétail  africain, 
il  aurait  pour  conséquence  de  léser  les  intérêts  des  colons  algériens  au 
bénéfice  des  spéculateurs  qui  sauraient  simuler  sur  les  animaux 
achetés  à  vil  prix,  tous  les  caractères  de  la  clavelée  à  sa  période  de 
cicatrisation.  Pourquier, 

[la  suite  proehaiyiement.)  médecin  vétérinaire  à  Montpellier. 

CONCOURS  GÉNÉRAL  AGRICOLE  D'ORAN 

11.  _  ORGANISATION  DU  CONCOURS 

Le  10  mai  dernier,  le  ministre  de  l'agriculture  prenait  un  arrêté 
portant  que  le  concours  général  d'animaux  reproducteurs,  d'animaux 
gras,  d'instruments  et  de  produits  agricoles  de  l'Algérie,  se  tiendrait, 
en  1880,  dans  la  ville  d'Oran,  du  10  au  25  octobre. 

A  cette  occasion  une  prime  d'honneur  devait  être  décernée  à  l'agri- 
culteur d'une  circonscription  déterminée,  dont  nous  parlerons  dans 
un  paragraphe  spécial,  pour  le  meilleur  ensemble  cultural,  et  bientôt 
après  l'administration  décidait  qu'une  exposition  industrielle,  des 
beaux-arts  et  scolaire,  serait  adjointe  au  concours  régional,  tout  en 
restant  indépendante  dé  lui,  les  prix  à  y  affecter  devant  être  payés  à 
l'aide  de  subventions  fournies  par  le  gouvernement  général,  la 
Chambre  de  commerce  et  les  communes  du  département. 

Pour  tous  ceux  qui  connaissent  les  détails  auxquels  il  faut  présider 
pour  conduire  à  bien  une  œuvre  semblable,  les  délais  accordés  paraîtront 
certainement  trop  courts;  mais  il  faut  se  souvenir,  dans  le  cas  parti- 
culier qui  nous  occupe,  que  la  municipalité  d'Oran  et  le  Conseil  géné- 
ral du  département,  dont  la  coopération  était  indispensable,  n'ont  pu 
se  prononcer  que  tardivement. 

Aussi  M.  de  Lapparent,  inspecteur  général  d'agriculture,  assisté  de 
M.  Nicolas,  professeur  de  la  chaire  agricole  d'Oran,  n'a-t-il  été  appelé 
à  présider  à  l'organisation  du  concours,  en  qualité  de  commissaire 
général,  que  par  arrêté  du  SO  juin. 

C'est  donc  sur  les  bases  bien  déterminées  ci-dessus  que  la  muni- 
cipalité d'Oran  s'est  mise  à  l'œuvre,  et  disons,  une  fois  pour  toutes, 
qu'elle  a  été  à  la  hauteur  de  sa  tâche,  et  que  si  certaines  difficultés 
n'ont  pu  être  vaincues,  elle  a  cependant  tiré  le  meilleur  parti  possible 
de  la  situation  et  concouru,  pour  la  plus  grande  part,  au  succès  que 
tout  le  monde  enregistre  en  ce  moment. 

La  Commission  d'organisation,  nommée  par  arrêté  municipal  du 
18  juin  1880  et  composée  du  conseil  municipal,  des  présidents  des 
Comices  agricoles  de  la  province,  des  délégués  de  la  Chambre  de 
commerce,  du  professeur  agricole,  du  chef  du  bureau  de  la  colonisa- 


CONCOURS  RÉGIONAL  D'ORAN.  227 

tion  à  la  préfecture  et  de  soixante-cinq  notables  propriétaires  et  in- 
dustriels, ne  tarda  pas  à  se  subdiviser  en  quatre  parties  chargées,  la 
première,  de  l'organisation  matérielle  du  concours  et  de  l'aménage- 
ment des  locaux;  la  seconde,  de  la  publicité,  de  l'appel  aux  exposants, 
des  rapports  avec  la  municipalité,  la  préfecture,  les  commuaes,  les 
éleveurs,  les  agriculteurs  et  les  industriels;  la  troisième  de  l'exposi- 
tion industrielle,  scolaire,  artistique  et  des  beaux-arts;  la  quatrième, 
enfin  des  fêtes  publiques. 

Entreprendre  de  retracer  les  travaux  de  ces  sous-commissions  en 
décrivant  cette  tâche  de  dévouement  incessant,  exigerait  des  dévelop- 
pements qui  nous  feraient  sortir  des  limites  de  la  mission  que  nous 
avons  acceptée. 

Gomment,  en  effet,  rappeler,  sans  de  trop  long  détails,  les  efforts 
de  chacun,  la  publicité  employée,  les  appels  successifs  adressés  à  tous 
les  intéressés,  et  en  particulier  à  près  de  cent  propriétaires  considérés 
comme  possédant  les  principales  exploitations  de  la  circonscription 
de  la  prime  d'honneur,  et  à  plus  de  cent  vingts  constructeurs  d'instru- 
ments agricoles  de  France  et  d'Algérie. 

Nous  ne  pouvons  cependant  omettre  de  dire  que  la  participation 
effective  d'un  très  graud  nombre  de  personnes  a  été  sollicitée  pour 
donnner  au  concours  le  plus  d'éclat  possible,  la  municipalité  s'étant 
adressée  dans  ce  but  au  ministre  de  l'instruction  publique  pour  un 
matériel  de  pédagogie  et  quelques  objets  provenant  des  musées  ou  des 
manufactures  nationales,  aux  maires  des  principales  communes  de 
France  pour  exciter  les  industriels  h,  prendre  part  à  celte  fête  du 
travail,  au  conservateur  des  forêts  et  à  l'ingénieur  des  mines,  pour 
obtenir  de  ces  services  des  collections  des  essences  forestières  parti- 
culières aux  régions  des  différentes  inspections,  des  minerais,  des 
marbres  et  des  échantillons  de  plâtres,  de  ciment,  de  chacun  des  trois 
départements,  à  tous  les  particuliers  dont  lès  collections  ont  une  cer- 
taine importance,  au  général  de  division  et  aux  chefs  indigènes  pour 
toutes* les  industries  arabes  ainsi  que  pour  l'installation  d'ouvriers 
exerçant  leurs  métiers  sous  les  yeux  du  public. 

Neuf  Compagnies  de  chemins  de  fer  et  cinq  de  navigation  ont,  en 
outre,  consenti  des  réductions  dans  les  prix  des  transports,  tandis  que 
les  maires,  sous-préfets  et  administrateurs,  les  présidents  de  Comices 
et  de  Sociétés  hippiques  de  la  colonie  ont  largement  répondu  à  l'at- 
tente des  organisateurs  qui  se  sont  dévoués  à  cette  tâche  pénible,  et 
parmi  lesquels  nous  devons  retenir  les  noms  de  MM.  Mathieu,  maire, 
Durel,  adjoint,  et  Grebin  chargé  de  l'exécution  de  différentes  décisions. 

A  côté  de  cette  organisation  d'ensemble,  rappelons  encore  la  solli- 
citude du  commissaire  général  pour  tout  ce  qui  concerne  les  détails  du 
dernier  moment,  le  classement  des  objets  exposés,  la  nourriture  indis- 
pensable aux  animaux,  le  service  des  dépêches  assuré  deux  fois  par 
jour  dans  l'exposition  même,  et  l'aide  de  ses  collaborateurs  aussi  zélés 
qu'affables  :  MM.  Laverrière,  bibliothécaire  de  la  Société  nationale 
d'agriculture  de  France,  commissaire;  Rivière,  professeur  d'agricul- 
ture de  la  Mayenne,  et  Magami,  commissaires-adjoints,  délégués  aux 
produits  agricoles;  ]M.  Mesnier,  commissaire  pour  les  instruments; 
M.  Girin,  pour  le  classement  des  animaux,  et  MM.  Puygreffier  et  De- 
launay  préposés  à  la  direction  de  l'exposition  industrielle,  des  beaux- 
arts  et  scolaire,  ainsi  qu'à  la  réception  des  objets, 


228  CONCOURS  REGIONAL  D  OHAN. 

Mais  le  point  le  plus  important  à  résoiulre  a  été  certainement  celui 
qui  a  trait  au  choix  d'un  emplacement  convenable,  cette  détermina- 
tion pouvant  avoir  une  grande  influence  sur  le  succès  de  l'entreprise. 

C'est  donc  après  un  examen  sérieux,  et  après  avoir  écai'té  l'idée 
d'une  installation  sur  la  place  de  la  République  qui  se  trouve  dans  les 
quartiers  du  bas  de  la  ville,  auprès  de  la  magnifique  promenade 
Létang,  que  la  (>ommisi«ion  a  cru  devoir  adopter,  pour  siège  du  con- 
cours, Ihôpital  civil  en  construction. 

L'éloigné  ment  de  cet  édilice  du  centre  de  la  ville  constituait  ce- 
pendant\ine  difficulté  sérieuse,  reconnue  p:ir  tous  ceux  qui  se  sont 
occupés  de  cet  organisation;  aussi  a-t-on  cherché  à  porter  remède  à 
ce  mal  en  priant  M.  Ddcauvrlle  atné,  d'installer  1/200  mètres  de  rails 
pour  conduire  les  visiteurs  à  l'aide  de  son  charmant  matériel  depuis 
la  place  d'Armes  jusqu'au  concours.  Mais  cet  habile  constructeur, 
prévenu  tardivement,  n'a  pu  répondre  à  cet  appel,  et  des  services 
d'omnibus  ont  alors  été  organisés  pour  l'ouverture  de  l'exposition. 

Toutefois,  à  côié  de  cet  inconvénient  sérieux  qui  empêchera  bien 
des  personnes  de  retourner  souvent  à  celte  fête,  combien  d'avantages 
réels  sont  offerts  par  l'établissement  public  ainsi  choisi. 

Le  nouvel  hôpital  civil  d'Oran,  d'après  une  notice  que  nous  devons 
à  l'obligeance  de  M.  Brunie,  chef  de  service  de  la  voirie  départementale, 
à  qui  revient  le  mérite  et  l'honneur  d'avoir  édifié  ce  bel  ensemble, 
est  construit  derrière  la  prison  civile,  sur  un  plateau  situé  dans  l'en- 
ceinte des  fortifications  et  dont  l'altitude  est  à  1 30  mètres  au-dessus 
du  niveau  de  la  mer. 

Des  massifs  d'arbres  de  diverses  essences,  tels  que  pins,  acacias, 
ormeaux  et  faux  poivriers,  protègent  l'établissement  contre  les  vents 
du  sud,  tandis  que  l'absence  de  constructions  en  avant  favorise  l'arri- 
vée des  vents  dominants  du  nord  et  du  sud-ouest. 

L'hôpital  qui  a  été  projeté  pour  recevoir  650  malades,  ofîre  une 
surface  totale  de  10  hectares  et  doit  se  composer,  contrairement  ^à  ce 
qui  s'est  fait  dans  le  passé,  d'une  série  de  pavillons  distants  les  uns 
des  autres  de  23  mètres  et  reliés  entre  eux  par  des  marquises  légères 
en  fer,  destinées  à  abriter  les  personnes  des  intempéries. 

Ces  différentes  salles  ont  8'". 80  de  large,  6™. 80  de  haut  jusqu'au 
sommet  du  plafond,  et  presque  toutes  atteignent  60  mètres  de  long; 
les  murs  sont  recouverts  à  l'intérieur  d'un  enduit  en  stuc,  et  tous  les 
angles  sont  arrondis. 

Le  sol  des  pavillons  est  à  1  mètre  au-dessus  du  terrain  naturel  dont 
il  est  isolé  par  des  voûtes  en  briques,  supportant  une  couche  de  béton, 
revêtu  d'asphalte;  l'air  extérieur  peut  pénétrer  sous  les  voûtes  au 
moyen  d'ouvertures  grillées,  ménagées  à  cet  effet. 

11  est  aisé  de  régler  à  volonté  l'introduction  de  l'air  à  l'intérieur, 
grâce  à  des  gaines  longitudinales  en  briques  établies  à  l'aplomb  du 
pied-droit  des  voûtes,  tandis  que  des  arrêtoirs  placés  aux  fenêtres  per- 
mettent de  les  laisser  entrouvertes  dans  toutes  les  positions  possibles. 

L'installation  complète  de  l'hôpital  nécessitera,  abstraction  faite  du 
mobilier,  une  dépense  de  1,500,000  francs. 

Tel  est  l'endroit  choisi  pour  la  tenue  du  concours  qui  dispose  ainsi 
d'une  série  de  pavillons  aménagés  de  telle  façon  que  de  longtemps  en 
Algérie  on  ne  trouvera  des  avantages  aussi  nombreux  pour  l'organisa- 
tion d'une  fête  semblable. 


CONCOURS  RÉGIONAL  D'ORAN.  229 

Uq  chemin,  ouvert  tout  récemment  et  pavoisé  dans  toute  sa  lon- 
gueur, conduit  à  l'entrée  principile,  et  le  visiteur,  pénétrait  dans 
l'enceinte,  trouve  tout  d'abord  une  partie  de  l'exposition  des  instru- 
ments, à  sa  gauche  les  stalles  préparées  pour  recevoir  les  animaux  de 
l'espèce  chevaline,  et  à  droite,  celles  destinées  aux.  bœufs,  les  compar- 
timents pour  les  porcs,  et  les  ca^es  pour  les  oiseaux  de  basse-cour. 

A  gauche  de  l'avenue  centrale  se  trouvent  échelonnés  le  commis- 
sariat des  instruments,  le  commissariat  général,  la  salle  des  fêtes  et 
des  conférences,  le  pavillon  des  produits  agricoles  et  quel|ii3s  bâti- 
ments dont  une  partie  renferme  un  restaurint  du  système  bonillon- 
Duval,  le  tont  réuni  par  un  élégant  jardin  anglais  ou  pxr  l'installa- 
tion de  plusieurs  constructeurs  de  machines  agricoles. 

A  droite  se  succèdent  le  pavillon  des  Beaux-Arts,  celui  del'hidustrie, 
la  salle  de  l'exhibition  scolaire,  dilTérents  bâtiments  conte. lant  le  res- 
taurant et  le  grand  café  de  l'Exposition,  précédés  d'un  square  et  ter- 
minés par  d'immenses  hangars  où  s'etagent  de  magnifiques  voitures, 
et  plus  loin,  tous  les  objets  dont  la  grandeur  n'a  pas  permis  l'entrée 
des  salles  particulières. 

Le  tout  est  très  bien  décoré,  fort  bien  aménagé,  et  de  ce  côté  encore 
le  public  ne  peut  qu'adresser  de  sincères  félicitations  à  tous  ceux  qui 
ont  présidé  à  cette  organisation. 

Nous  avons,  du  reste,  la  bonne  fortune  de  pouvoir  placer  sous  les 
yeux  des  lecteurs  du  Journal  de  t AijricaUare,  un  plan  qui  leur  p:îr- 
mettra  de  se  rendre  un  compte  exact  de  l'heureuse  disposition  du 
Concours.  Ce  plan  paraîtra  avec  notre  prochain  article. 

Au  jour  marqué  par  l'arrêté  du  ministre,  l'ouverture  de  l'Exposition 
a  eu  lieu  simplement,  sans  le  cérémonial  que  nous  avions  remarqué  à 
Alger,  en  1876,  comme  à  Oran,  en  1877;  mais  il  ne  faudrait  pas  dé- 
duire de  l'admission  du  public^  le  lundi  18  octobre,  que  tout  ait  été 
terminé  à  cette  date. 

Nous  aurons  dans  le  cours  de  l'examen,  auquel  nous  nous  livrons, 
quelques  négligences  à  signaler,  certaines  imperfections  à  rappeler,  et 
nous  le  ferons  toujours  sans  hésitation  comme  sans  partialité;  mais 
nous  avons  le  devoir  de  dire  ici  que  si  l'on  n'a  pas  été  cooiplètement 
prêt  à  l'heure  convenue,  cela  tient  non  seulement  à  ce  que  l'on  a  com- 
mencé trop  tard  les  travaux  d'aménagement,  mais  aussi  à  l'indifférence 
des  colons  eux-mêmes,  dont  une  grande  partie  des  déclarations  n'ont 
pas  été  adressées  dans  les  premiers  délais  accordés. 

Ainsi  pour  le  concours  régional,  le  c  italogue  établi  à  Paris,  sur  les 
déclarations  reçues  au  ministère,  est  bien  moins  important  que  celui 
qu'il  a  fallu  imprimer  à  Oran,  pour  y  comprendre  les  de  n  in  les  pro- 
duites tardivement  et  acceptées  par  l'administration  préfectorale;  de 
là,  on  le  comprend,  des  lenteurs,  de  l'indécision  sur  l'espace  nécessaire 
et  aussi  l'impossibilité  de  donner  avant  le  15  au  soir  des  emplacements 
promis  aux  producteurs  pour  le  13. 

A  l'Exposition  industrielle,  les  demandes  d'admission  ont  été  reçues 
jusqu'au  dernier  moment;  aussi  l'installation  ne  peut- elle  être  com- 
plétée pour  l'époque  voulue. 

Les  premiers  prêts  ont  été,  sans  contredit,  les  constructeurs  de  ma- 
chines, et  à  voir  l'ordre,  l'activité  et  la  précision  déployés  dans  le 
classement,  on  comprend  vite  qu'il  y  a  li  une  catégorie  d'exposants 
habitués  à  ces  luttes  et  à  ces  grandes  réunions. 


230  CONCOURS  RÉGIONAL  D'ORAN. 

Fallait-il  dans  ces  conditions  observer  strictement  les  premières  dé- 
cisions, s'en  tenir  aux  premiers  délais,  et  se  priver  ainsi  de  riches 
produits  bien  faits  pour  rehausser  l'éclat  de  cette  fête?  Telle  n'est  pas 
assurément  notre  pensée.  Mais  nous  avons  voulu  donner  à  chacun  sa 
part  de  responsabilité  et  aussi  montrer  à  tous  ceux  qui  prennent  part 
à  ces  exhibitions,  qu'ils  doivent  compter  un  peu  plus  sur  eux-mêmes  et 
beaucoup  moins  sur  l'administration. 

Que  de  colons  hésitent  lon^jtemps  avant  de  prendre  une  détermi- 
nation à  ce  sujet,  combien  d'industriels  des  yilles  ne  se  déclarent 
qu'au  dernier  moment,  parce  qu'ils  ont  connaissance  de  l'admission 
de  confrères  plus  soucieux  de  leurs  véritables  intérêts. 

Il  ne  doit  pas  en  être  ainsi,  et  si,  comme  oous  l'avons  dit  en  com- 
mençant, les  concours  servent  à  récompenser,  à  enseigner  et  aussi  à 
établir  des  relations  commerciales,  chacun  de  nous  doit  s'y  préparera 
l'avance,  comme  on  le  fait  d'ordinaire,  pour  l'accomplissement  des 
nombreux  devoirs  que  nous  impose  notre  réunion  en  société. 

Nous  modifions  un  peu  Tordre  que  nous  voulions  suivre  dans  ce 
compte  rendu,  en  donnant  à  cette  place  la  liste  complète  des  lauréats 
dn  concours,  qui  doit  être  attendue  avec  impatience  par  un  grand  nom- 
bre d'agriculteurs. 

Prime  d'honneur  canshiant  en  un  objet  d'art  et  vme  somme  de  1,500  francs.  Pour  l'exploitation 
de  la  circonscription  d'Oran  présentant  le  meilleur -ensemble  cu'tural  et  ayant  réalisé  les  améliora- 
tions les  plus  propres  à  être  offertes  comme  exemple,  décernée  à  Mme  veuve  Berihoin,  ferme 
Sainte-Eugénie,  commune  de  la  Senia. 

Médailles  accordées  par  M.  le  ministre  de  l'agriculture  et  du  commerce,  sur  la  demande  du  Jurj 
de  la  prime  d  honneur.  —  Médailles  d'or  (gta,n>\  module),  M.  Joseph  Sommer,  à  Moussa-Touil  et  Sidi- 
Chami,  pour  création  d'une  exj  loiiation  importante  et  spécialement  l'excellente  tenue  delà  ferme; 
M,  Karoubi  (Messaoud),  à  Bellevue  (Cran),  pour  création  d'un  vignoble  de  63  hectares;  exemple 
salutaire  donné  ainsi  à  ses  coreligionnaires.  —  Médaille  d'argent  (grand  module),  M.  Xavier 
Derriey,  à  Bou-Sfer,  pour  plantations  de  vignes  en  coteaux  et  emploi  de  bons  instruments  de 
culture. 

Objets  d'art  offerts  par  M.  le  gouverneur  gén<^ral  de  l'Algérie.  :  M.  Kaddour-Charef-ben-Si- 
Hammed,  à  Tounin  (Cran),  pour  la  jument  qui  a  obtenu  le  \"  prix  de  sa  section  ;  — M.  Bou-Lefred, 
à  IVIostaganera,  pour  l'étalon  qui  a  obtenu  le  l"'  prix  de  sa  section 

Animaux  reproducteurs.  —  Espèce  chevaline. 

1'°  Catégorie.  —  Races  oiient^les  de  pur  sang  (races  ssriennes  et  analogues).  —  Femelles.  — 
Juments  nées  avant  le  l"  juin  1877.  —  Prix  unique,  M.  Arlès-Dufou'',  à  Oued-el-Haleug  (Alger), 

2"  Catégorie.  —  Race  baibe  et  arabe.  —  Mâles.  —  l"  Seclmn.  —  Poulains  nés  depuis  le  1"  juin 
1877,  —  !"■  prix,  M.  Abdeliiader  Ben  Amara,  à  Tounin  (Cran)  ;  2",  M.  Mohammed  Boui'iane,  à 
St-Leu  (Cran).  Prix  supi  lémp<ntaires,  M.  Pierre  Léger,  à  Uran  ;  M.  M'hammed  bel  Haouari,à  Tenazet 
(Oran);  M.  Ben-Aouda  Bel  Aroui,  au  Kçar  (Or.m)  ;  M.  François  Guillet,  â  Mangm  (Oran).  Men- 
tions honorables,  M.  Nicolas  Bilger,  â  St-Louis  (Oran);  M.  J.-B.  Arviset,  à  Orleansville  (Alger); 
M.  Edouard  Duc,  à  St-Leu  (Oran). — 2' Section. — Etalons  nés  avant  le  P'' juin  1877,—  P"' prix, 
à  M.  Bou-Lefred,  à  Mostaganem.  —  2%  M.  Bea-Aouda-Ben-Mazari,  à  Aïn-Témouchent  (Oran).  Prix 
supplémentaire,  M.  El-Hahib-Bel-Ghali,  à  Blail-Touaria  (Or^n);  M.  Moharamed-Ould-el-Hadj,  à 
Sidi-Ghalem  (Oran).  Mentions  honorables,  M.  Mokretar-Ben-Dida,  à  Tenazet  (Oran);  M.  Moham- 
med-Ben-Saïla,  au  Tlélat  (Oran);  M.  Ismall-OuM-Djelloul,  à  Daya  (Oran);  M.  MustHpha-Ould-Mus- 
tapha-ben-lsmaïl,àAïn-Témouch^'nt(Oran).M.Abdelkader-ouiii-Sliman,àLourmel  (ûran). — Femelles. 
1"  Section.  —  Poul  clies  nées  avant  le  l"  juin  1877.  —  l"  prix,  M.  Charles  Alibert,  à  Saint- 
Lucien  (Oran);  2%  M,  Joseph  Torregro3=a,  à  Oran.  Mention  très  honorable,  M.  Makhlouf-ould- 
Lakdar  ben  Amare,  à  Tounin  (Oian).  Menlionh  honorables,  M.  Makhlouf-be.i-si-Himail,  à  Tounin 
Oran);  M.  J.-B.  Arviset.  —  2"  Section.  —  Juments  née-;  avant  le  1"  juin  1877,  [)leine£  ou  suitêes. 
—  l"  prix,  M.  Kaddour  Cbaref  hen  si  Hame  I,  à  Tounin  (Oran);  '2-,  M!  Pierre  Vinçon,  à  Fleuras 
(Oran).  Prix  supplémentaires,  M.  Pierre  Montels,  à  Oian;  M.  Ismaïl  ould  Djelloul,  à  Daya  (Oran); 
M.  Ferdinand  Chevrol,  à  Mangia  (Oran).  Mention  très  honorable,  M.  M.ontels.  Mentions  honorables, 
M.  El-Hadj  Abdeikader  ould  El-Arbi,  â  Aïn-Boudinar  (Oran);  M.  Jac^ue,  Gabel,  à  Mangin  (Oran); 
M.  Montels;  M.  Pepe  Mira,  à  Sidi-Chami. 

3°  Catégorie.  —  Baces  pures  non  dénommées  ci-de«isus  et  croisements  divers.  —  Mâles  — 
l^prix,  M.  Arlès-Dufour.  —  Femelles.  —  1"  prix,  M.  Emile  David,  du  Tlébat  (Oran);  2% 
M.  François  Durand,  à  Sidi-Chami  (Onin).  Prix  supplémentaires,  M.  Salva,  à  Oran;  M.  Joseph 
Sommer' à  Sainte-Baibe-du-Tlélat  (Oran);  M.  Chevrol;  M.  Nicolas  Bilger,  Mentions  honorables, 
M.  Jules  Blanfamay,  à  Saint-Leu  (Oran);  M.  Eugène  Delage,  à  Mangin, 

Espèce  bovine. 

1"  Catégorie.  —  Race  de  Guelma.  —  Pas  de  prix  décernés. 

2*  Catégorie.  — Races  africaines  autres  que  la  race  de  Guelma.  —  Màks.  —  Taureaux  nés  depuis 
le  1"  juin  1876  et  avant  le  l"  juin  1879.  —  P''  prix,  M.  Calmets,  à  Si  li-Chami  (Oran);  2%  M.  Pierre 
Duveyrier,  à  Aïn-Beïda,  Misserghin.  —  Femelles.  —  Génisses  âgées  de  plus  d'un  an  et  vaches 
pleines  ou  àlait.  —  I"  prix,  M.  Galmels  ;  2%  M.  Duveyrier, 


GOMîCrURS  RÉaiOfWAL  D'ORAÎf.  23Î 

a*  Catégorie'.  —  Races  d'Europe.  —  Mâles.  —  Tiursafix  nés  depais  le  1»'  juin  1876  et  avant  le 
1"  janvier  1879.—  î"  prix,  M.  GasJav«  Rada,  ai  SMi^-bei-Abhès;  2",  M:  Brunet,  représentant;  l'i/mon 
du  Sig.  Pris  sapp^émeHtaiPe,  Mr.  LatureatAupèclei,  Boupdika  (Alger).  —  Pèmdles.  —  Génisses 
âgées  de  plus  d'un  au  el  vachea  pleines  ou  à  laat.  —  1«-  prix,  AI.  Arles-Dufotip;  2%  M,  François 
Gayraudi,  $  Onan;  3',  M.  Kada. 

i"  Catégorie i.  — (îroisem«nts  divers.— Mâle».  — Tonneaux  nés  depuis lel"  juin  1876etavant  le  li*' 
janvier  ]H1^.  —  I»rix  unique;  M,  Gayraudf.  Prix  suppléotentaire,  M.  Arïès  Duifour.  —  Pi^raelles.  — 
Génis^esde'plas.d'uTi  an  et  vaches  pleines  ouà  lait.  —  P'prix,  M.  Arlès-Dutoar;  2*,  iVI.  Giyraidj 
3',  M.  Auguste- In-,. à  iarjfuenitab  (Oraa)'.  Prix  supplémentaire^  M'.  Joseph  Sommer,  à  Sainte-Barbe^ 
du-Tl'élSft  (Oram)!. 

Espèce  ovine. 

1"  Catégorie.  —  Races  mérinas  et  métis  mérinos. d'fJurope,  nées  et  élevées  soit  en  France,  soit 
en  AIgé,  ie.  —  Mâles  nés  avant  Le  1"  janvier  1879;  2'  prix,  M'.  B'runnt,  représentant  de 
l'Union  du  Siq..—  Femelles  nées  a-vaut  Le  l"  juin  IS'TS  ;  3'  (mx,  M.  Brunet,  représentant  de 
l'Union  dia  Sig. 

2?  Catégorie.  —  Race  barbarine.  —  Pas.de  prix.décernés. 

3°  Catégorie.  —  Races  des  hauts-plateaux  et  du  Sud.  —  Mâles  nés  avant  le  I"'  juin  1878.  — 
2"  prix,  à  M.  Landelle.  —  Femelles  nées  a.vant.lè  1"  juin  1878.  —  1"  pci:»,,  M.  Philippe  Fabas  ;  2'^ 
M.  Durand;  3",  M.  Jean-Joseph  Lagier,  à  As6i-bou-Xir(()ran), 

4*  Catégorie.  —  Croisements  enire  mérinos. et  races  alLrériennes.  —  Mâles  nés  avant  ïe  l"' juin 
1878.     2"    prix,  Mu  Ajrlês-Dufôur.  —  Femelles  nées  a^dnt  le    1"  juin  1878.    2»  prix,,  M.  Sommer. 

Espèce'  porcine. 

Animaux  de  toutes  races,  pures  ou  croisées,  nés  avant  fe  1«"  jum  1879.  —  MMfis.  2»  prix, 
M.  Débono,  à  Boufarik;  3*,  M..  Aupècle.  —  Femelies.  1"  prixv.  U.  d'Aurelles  de  Paladines,  ^ 
Boufarik. 

Animaux  de  basse-cour. 

MéiaiUts  d'argent,  Mme. veuve  Berthoin,  pour  un  lofe  de  dindons;,  M.  Arlès-Ditfour,  pour  coq  et. 
poules;,  M.  Duveyrier,  pouc  coq;eli  poules;  Mrme-  Philippijiâ  AraaL  à,  Oued-RioLi-1,  ikermmn  (Oran); 
M.  Gorailliac,  à  OTaa,  pouf  ctiq  et  poules;  M.  La^ie--,,  pour  cop  e»  paules.  —  Méda.>iles  de  hranze, 
M.  Pierre  Vinçon,à  Fleurus  (Oran),  pour  coq  et  poules;  M.  Aupècle,  pour  pigeons;  M.  Aupècle,  pour 
lapins. 

Animaux  gras. 

1"  Section.  —  Bœufs.  —  l"  pnix,  à  if.  Calmel^  ;  2«,  à  M.  Sommer;  3%  à  M.  Gabillot,  à  Mala- 
koff  (Alger);  prix  sopTémentaire,  à  M.  Omar-bcn^Hadj-H  issen. —  T" Section    Vachea   -.Migraissées. 

—  Pas  de  pri\  dfecernés.  —  3"  Sect'km.  Montons  gras.  — 1"  prix,  à  M.  AH.'S-Dufo  ir;  2*,  à' 
M.  Flabas;  3',  à  M.  Durand'.  —  4*  section.  Parcs  gi-as.  — l'"  pris,  à  M.  Sommer;  2",  à  M.  Cal- 
mels;  3*,  à  M.  Joyet,  à*  Oran. 

Concoure  SQéciàuz  de  macMnes  et  mstramfints. 

Instruments  d'extérieur  dii  ferme.  —  1"  Charrues  bisocs.  — I'''  prix,,  à  M.  Billiardy,  d'Alger,  pour 
le  bisoc  Doreibasl-;  2%  à  M.  Bergougnoux,  de  Sidi-bel-Abbès  ;,  3',  à.  M.  Legembra,  d'Alger, 
pour  le  bisuc  Rarasomes  ;  pnx  supplémentaire,  à  M.M.  Aultmann  et  CTie,  dse  Pari.'?,  [fOur  leur 
bisoc     Meufiniot.;,     memtion/hnnorabl©  à.  MMt  Audtrmaan  et  Cie,  pour  le  bisoc-   Ga.ailelJer. 

2»  Semoirs  pour  cultures  en  li,gne;iie  ceieailes  et  autres  planiesa  —  l"""  p-rix,.  ai  M.  Gaut-eau,  de 
Dourdan  tSeine-et-Oise-},  pour  son  semoir  ;  2%  à  MMu  Aultmana  et  Cie,'  pour  le-  semoir  De- 
moûcy  ;  »  3',  à  M.  Piltei-,,d8  Paris,  pour  soh  seinoitr   Garret. 

3»  Houes  à  cheval/.  —  2°  prix,  a.  MM.  Aultmann  et  Cie,^poiir  la  bnue   Candeliei-. 

4°  Charrues  vigneronnes.  —  P*-  prix,  à  M.  Billiard,  pour  la  charma  Renault  Goair  ;  2°  à 
MM.  Aultm  'nn  et  Cie,  pottE  la  ohajrrae  Souehu  Pinet;  prix  su!iplémentaivei>  à  M.  J.-I5.  Dolive-, 
de  Be;ii-.Vlered,  pour  sa.charrue  ;  à  M..  Bergougnoux,,  pour  sa  cliajcrufi;  nœntdoa  honorable,  a 
M.  Billiard,  pour  la  cliarrae   Vernette. 

Instruments  d'iMeriefur  de-ferme.  —  1°  Hachepaille  à  grand  travail.,  —  \"  prix,  à  M.  Pilter, 
pour  le  haclie-pdiUe  de  Cro-wley;  3«,  à  MM,  Aultmann  et  Cia,  pour  le  hache-paille  Picks- 
ley;   prix  supplîmentaire,  à  M.  Presson,  de  Bourges  (Cht^r),  pour  son  hache-paille). 

2°  Béliers  hydrauliques.  —  p'  prix,  à  M.  Pilter,  pour  le  bélier  hydrauUqu*   Dcru^laa. 

3°  Moteurs  à  air.  —  Pds  de  prix  décernés. 

4''  Filtres  à  vin,  pompes  à  vins  et  autres  appareil*  viivaires., —  1,"''  priis,  à  M.  Vigoureux,  pour 
son  filtre;  2',  à  M,V1.  Fray-Be/nard  et  Durand,  de  Nîmes,  poux  la,  pompe  à  vin;  prix  sa(>plémen- 
taire,  à  M.  Noël,  piur  sa  pompe;  à  MM.  Aultmann  et  Gie,  pour  la  pompe  Moret  Bro.juet;  menr 
tion  très  honorable  à  M   Vigouroux.  poursapomps. 

5°  Pressoirs  —  1"  prix,  à  MM.  Aultmana  ei  Cie,  pour  le  pressoir  Piquet;  2l%.  à  M.  Vigour 
roux,  pour  son  pressoir., 

Beconipenî*^  aux  contre-maîtres  et  conducteurs  agricoles.  —  Jfedaito  d'argfenf,  à  M.  Jules  Ser 
rein,  contie-maître  chez  M.  Aultmann  et  Cie,  à  Paris;  à  M  Louis  Foucré,  contre  maîirp,  chez 
M.  Pjlter,  à  Paris.  —  Kêdailles  de  bronze,  à  M.  Jean  Ducarroz,  contre-maître  chez  M.  Ga'jireau,  à 
Dourdan(Stiine-et-Oise);à  M.  Alphonse  Richer,  contre-maiire  chez  MM.  Aultmann  et  Cie,  à  Paris; 
à  M,  Oil:er,  ouvricr-aju.vteur  chez  M.  Noël,  à  Paris;  à  M.  Perceval,  conducieur  de  macuines  chez 
M.  Billiard,  à  Alger. 

Produits  agricoles,  horticoles  et  matières  utiles  à  l'agriculture. 

Vins  rouges.  —  Médailles  d'or,  Mme  veuve  Berthoin,  vin  de  Tannée  1880;  M,  Trihaudeau 
(Louis),  deFl-urus  (Oran,  vin  de  l'année  1880;  M.  Merle,  de  la  Sélia  (Ornn),  vin  de  l'ani  ee  1880. 

—  Médailles d'argent,  M.  Francisque(iMichel),  de  la  Sénia  (Oran).  vin  de  l'année  188o  ;  Mme  veuve 
Kremner,  de  Saiiil-Hemy  (.iran),  via  de  l'ciiince  1879;  M.  Durand,  d'Arcole  (Oran),  vin  «le  l'année 
1879;  M.  Milhe-Poutingon,  de  Rio-Salad)  (Oran),  vin  de  l'an  .é«  1879:  M.  Honoré  Mirir-,  d'Ar- 
cole, vin  de  l'année  1878.  —Médailles  de  bronze,  M.  Barban,  d'iffry  (Oran),  vin  de  l'an-iée  1878; 
à  M.  Joseph  Delauzun,  d  Assi-ben-Okba  (Oran)  vin  de  l'aneée  188');,  à  M.  Davet,  d'Onn,  vin  de 
l'année  ls80;  a  M.  Brunet,  représentant  de  l'Union  agricole  du  Si'j,  vin  de  l'année  1879;  à  .VI.  Der- 
riey,  de  Bou-SPer  (Jran),  vin  de  l'année  1880;  à  Mme  veuve  Camusat,  de  Mascara  (Oran),  vin  de 
l'année  1879;  Mme  veuve Bouscarcm,  de  la  Sénia  (Oran),  vin  de  l'année  1879;   M.  Dijou,  de  Bou- 


232  CONCOURS  RÉGIONAL  D'ORAN. 

Sfer  (Oran),  vin  derann(''e  1879;  M.  Garel,  de  Renault  (Oraii).  vin  de  l'année  1880;  M.  Gaatschi, 
de  Sidi-Cliami  (Oran),  vin  de  l'iinnée  1880.  —  Mentions  honorables,  à  M.  Mahouiat,  de  Dar-Beida 
(Oran  ,  vin  del'anr  ée  1877;  à  M.  Causse,  d'Arcde  (Orai  ),  vin  de  1  année  1880;  à  M.  Girard,  de 
Saint-Remy  (0-an),  vin  de  1  année  1879;  à  M.  Mal  ois,  d^  Bli.lah  (Alger),  vin  de  l'année  1879;  à 
à  M.  Saurel,  de  Saint-Remy  (Oran),  vin  île  l'-innée  1879;  à  M.  Bouchon  de  Samt-Loui»  (Oian),  vin 
de  Tannée  1880;  à  M.  Josepii  Tournier,  d'EI-Kantour  (Conslanli  e),  vin  de  l'année  1878;  à 
M.  Chauv  n,  de  Mostagnnem  (Oran),  vin  dp  l'année  18  8;  à  M.  Ancessy.  de  Saint-Louis  (Oran),  vin 
de  l'Hnnée  1879;à  M.Crozes,  ne  la  S-nia  (  rari).  vin  de  Tannée  1879;  à  M.  Ranc,  de  la  Senia 
(Oran) ,  vin  (le  Tannée  1880;  à  M.  Madcm,  de  Mai  gin  (Oran),  vin  de  Tannée  1880;  à  M,  Rabis?e, 
de  Flenrus  (Oran),  \in  de  Tannée  lH80;à  M.  Bergy,  de  Bt-n-Feréah  (Oran),  vin  de  l'année  1880; 
à  M.  I.e  Brasseur,  d^-  Fieuruo  (Oran),  viti  de  l'année  l.'^:80;  à  M.  Lacombe,  de  Kléber  (i)ran),  vin 
de  Tannée  1880;  ;i  M.  ^afrar  é ,  de  Tl  mcen  (Omn),  vni  de  Tarn  ée  1880;  à  M.  Cornillac,  d'Oraa 
vin  de  Tannée  1880;  à  M.  Perry,  de  Bei-Abliès  (Or.n),  vin  de  Tannée  1880;  à  M.  Lioult,  de  Mos- 
taganeni  (Oiaii),  vin  de  Tannée  1880;  à  M.  Fabre,  d'Arcole  (Oran),  vin  de  Tannée  18/9;  à  M.  Bé- 
rino,  de  Saint-Louis  (Oran),  vin  de  Tannée  1879,  à  M.  Flutet  de  Tiaret  (Oran),  vin  de  Tannée 
1878. 

Vins  blancs.  —  Médailles  d'argent,  à  M.  Noguès,  de  Mascara  (Oran),  vin  de  Tannée  1879;  à 
à  M.  Lonsteau,  de  Mascara  (Oran),  vin  del'année  1878;  à  M.  Rey,  de  Misserghin  (Oran),  vin  de 
T.innée  1876.  —  MédaULcs  de  bronze,  à  lournier,  d'M-Kantour  (Consianline),  vin  de  Tannéa 
1879);  à  M.  Cauzier,  de  la  Chiffa  (Alger),  vin  de  Tannée  188(1;  à  M.  Gozlan ,  de  Blidah  (Alger), 
vin  de  Tanin  e  1875:  à  M.  Stotz,  de  Crescia  (Alger),  vin  de  Tannée  1875.  —  Mentions  liononibies, 
à  M.  Sommer,  du  Tlélat  (Oran),  vin  de  Tannée  1879;  à  M.  Lebrun,  d'Oran,  vin  de  Tannée  18795 
à  Mme  vi  uve  Berthoin,  il'Oian,  vin  de  1880;  à  M.  Derriey.  de  Bou-Sfer  (Oran),  vin  de  1880;  à 
Mme  veuve  Kremer,  de  Saint-Remy  (Oran),  vin  del'année  1K79. 

Eaux-ile-iie.  —  MMaille  d'argent ,  à  M.  Somn  er,  du  l'Iélat  (Oran),  eau-de-vie  de  Tannée  1875. 
—  médailles  de  bronze,  à  M.  Malbois,  de  Blidah  (Al^'e  ),  eau-de-vie  dé  Tannée  1878;  à  M.  Ma- 
gnan,dela  Senia  (Alger),  eau  de-vie  de  Tannée  1879;  à  M.  Arles-Dufour,  de  TOued-Alleg  (Al- 
ger), eau-'ie-vie  de  Tannée  1875.  —  Montions  honorables,  à  M.  Gozlnn,  de  Blidah  (Alger),  eiu- 
de-vie  de  Tannée  1874;  à  M.  Bergy,  d'Assi  ben-Fereah  (Oran),  eau-de-vie  de  Tannée  1876;  à 
M.  Auguste  Mayet,  de  S.iint-Clouo  (Oran),  eau-de-vie  de  Tannée  1879;  à  M.  P.  Montels,  de  la 
Séni<  (Oran),  eau-de-vie  de  Tannée  1878);  à  M.  Derriey,  de  Bou-Sfer  (Oran),  eau-de-vie  de  Tan- 
née 1880. 

Alcfols, —  Mentions  honorables,  à  Mme  veuve  Berthoin,  d'Oran;  à  M.  Tournier,  d'El-Kan- 
tour  (Constaniine)  ,  de  1878;  à  M.  Bergy,  d'Assi-ben-Kereah  (Ornn). 

Amsi'tte.  —  Mention  honorable,  à  M.  Sommer,  du  Tlélat  (Oran),  de  1879. 

Ensemble  des  produvs  vinicoies.  —  Médaille  d'argent,  à  M.  Renaudet,  de  Boufarik  (Alger). 

Uiiilen.  —  Médaille  d'or,  à  M.  Conput,  d'Akbou  (Constantine).  —  Médaille  d'aigent,  à  M.  Rouira, 
de  Mascara  (Oran)  —  Médailles  de  bronze,  à  M.  Masselot,  d'Akbou  (Constantinei  ;  à  M.  Safrane, 
de  Tlemcen  (Oran).  —  Mentions  honorables,  A  M.  Massot,  de  TIemcen  (Oran);  à  M.  Canac,  de 
Mouzaiaville  (Alger);  à  M.  Ovar  Lafiue,  à  Cl:ercheil  (Al^er);  à  l'orphelinat  de  Delly-Ibrahim. 

Comice  agricole.  —  Médaille  de  bronze,  au  Comice  aur'cole  de  Boufarik. 

Ensemble  des  produits  agricole-.—  Médailles  d'or,  à  M  Bastide,  de  Bel-Abbès  (Oran),  céréales, 
fruits,  vins,  huile;  à  M.  Auguste  Lamur,  à  Oran. —  Médaille  d'aruent,  ^  la  Compagnie  fianco-algé- 
ricnne.  à  ï'Eàhrn.  —  Midailles  de  bronze,  à  M.  Arlés-Dulour,  de  Boufarik  (Alger)";  à  M.  d  Aurelles 
de  Paladine,  de  Boufarik  (Alger);  à  M.  Navarro,  de  Bel-Abbès  (0. an);  à  M.  J.  M.  Guyonnet,  d'Assi- 
Bon-Nif  (Oran).  -  Mention  honorable,  h  M.  Calmeis,  Sidi-Marouf  (Oran). 

Céréales.  — médaille  d'or,  M.  Barraud,  du  Tessalah  (Oran).  —  Médailles  de  bronze,  à  M.  Der- 
riey, de  Bou-Sfer  (Oran);  à  M.  Mohammed-ben-Abdallah,  de  Bône  (Constantiiie) .  —  Mention 
honorable,  à  M.  Sabalier,  de  Rivoli  (Or;.n);à  M.  Chauvin,  de  Mo-taganem  (Oran);  à  M.  Zeller,  du 
Sig  (Oran);  à  M.  Sellier,  de  Bel-Abbès  (Oran);  à  MM.  Zenovardoet  Remzion  (Blidah). 

Farinex,  semoules  {minoterie).  —  Médaille  d'or,  à  M.  Lavie,  de  Constantine.  —  Médailles  d'ar- 
gent, à  M.  Deyron,  de  Souk-Arras  (Constantine).  —  Médailles  de  bronze,  à  MM.  Choutet  et  Picot 
fils,  d'Alger  à  M.Boiidon,  de  Blidah  lAlger);  à  M.  Goizalve,  d'unm  ;  à  M.  Masuchetti,  de  Mers-el- 
Ketiir  (Oran)  Montions  himorabl'S.  à  M.  Antoine  Podtsta,  d'Oran  ;  à  M.  Sobitrot.  de  Tiaret(Oran). 
—  Alffs. —  MédailL  s  d'argent,  a  'HM.  Laurent,  Perpol  et  Dufurest,  ancienne  maison  Poirson,  à 
Perrégaux;  à  MM.  Quenct  et  Dorigny,  d'Oran. 

Tabac.  —  Médailles  de  bronze,  à  M.  Renaudet,  à  Beni-Méred  (Alger). 

Sériciculture.  —  }hdaillede  bronze,  à  Mme  veuve  Dupuy  de  Lavau,  de  Saint-Cloud  (Oran).  — 
Mention  honorable,  à  M.  ZfUer,  du  Sig  (Ornn). 

Mil  tt  lire  —  Médailles  de  bronze,  à  MM  Alboia,  de  Boufarik  (Alger);  à  M.  Hamou-ould-si- 
Moliamme'l,  d'Oan;  Ment'on  honorable,  à  M.  Cornillac,  à  Sainte-Marie  (Oran). 

Graines  et  plant/s.  —  Médailles  de  bronze,  à  M.  Candela,  jardinier,  à  Oran. 

Spécialités.  —  Médailles  de  bronze,  à  M  Moktar-Mesfif,  de  Tleuicen  (Oran)  olives;  à  M.  Gasque, 
de  Boufarik  (Alger),  graine  de  luzirne  ;  ît  M.  Heintz,  de  Mascara  (Oran),  rai>ins  secs  ;  à  M.  Debono, 
de  Boufarik  (Alger),  maïs  géant;  à  M.  Nougier,  d'Oran,  raisins  frais.  —  Mention  honorable,  à 
M.  Barban,  d'iflry  (Oran),  amandes  fines. 

L.  Bastide, 

président  du  Comice  de  Bel-Abbès. 

COURRIER  DU  SUD-OUEST 

Les  grands  travaux  agricoles  s'achèvent  dans  notre  zone  méridionale,  avec  les 
semailles  d'automne  Ces  derniers  labeurs  sont  favorisés  par  un  temps  à  souhaits, 
car  les  teries  bien  préparées  perinettent  d'apercevoir  déjà  les  premiers  effets  de  la 
geiminaison  des  blés  tt  des  graines  fourragères 

A  propos  de  ces  dernières,  il  convient  de  reconnaître  le  malheureux  effet  du 
Fil  V  (^uc  (Tiigouella  lœnum  giœcnm)  de  la  famille  des  papillonacées,  qui  a  été 
introduit  dans  les  départements  du  Gers  et  du  Lot-et-Garonne,  depuis  un  certain 
nombre  d'années. 


COURRIER  DU  SUD-OUEST.  233 

Au  retour  de  leur  voyage  d'exploration  et  notamment  du  concours  régional  d  Auch, 
les  élèves  de  Grrignon  recherchaient  vainement  le  nom  de  cette  plante,  qui  végétait 
en  abondance  dans  la  vallée  du  Gers. Il  est  probable  que  leurs  professeurs  émérites 
MM.  banson  et  Dubost,  n'en  recommanderont  pas  l'emploi,  lorsqu  ils  sauront  tous 
les  mécomptes  auxquels  elle  donne  lieu. 

Tous  les  animaux,  sans  exception,  auxquels  elle  est  donnée  en  pâture,  deviennent 
impropres  à  la  consommation.  Leur  viande  s'imprègne  d'une  telle  odeur  visqueuse 
et  ietide  que  la  boucherie  les  écarte  formellement  de  tout  marché.  Le  lait  des  vaches, 
le  miel  des  abeilles  est  également  iufesté. 

Lorsque  l'assolement  est  biennal,  il  reste  toujours  des  tiges  de  ce  fourrage  qui 
se  récoltent  à  la  moisson  du  froment.  Les  graines  s'en  échappent,  se  mêlent  à  la 
pile  du  blé  et  lui  communiquent  la  même  infection. 

La  meunerie  néglige  parlois  de  se  prémunir  contre  la  présence  de  ces  mau- 
vaises graines.  Ces  farines  deviennent  alors  impanifîables,  car  la  boulangerie,  à 
son  tour,  laisse  pour  compte  les  marchandises  de  Cette  nature. 

Une  qualification  énergique  est  appliquée  à  ce  produit;  nos  piysans  l'appellent 
l'Allias,  c'est-à-dire  le  père  de  l'ail. 

La  pénurie  des  récoltes  fourragères  a  malheureusement  favorisé  la  propagation 
du  fenu  grec.  —  Sans  doute,  il  faut  nourrir  le  bétail,  lorsque  la  sécheresse  dé- 
truit les  herbages,  mais  encore  ue  faut-il  pas  le  perdre  ou  en  avilir  singulièrement 
la  valeur. 

Ce  qui  manque  au  Sud-Ouest  pour  obvier  à  la  détresse  des  éleveurs  et  leur  pro- 
curer ae  copieuses  ressources  alimentaires,  c'est  une  meilleure  déviation  des  eaux 
de  la  chaîne  des  Pyrénées.  La  question  des  canaux  d'irrigation  s'impose  plus  que 
jamais  à  nos  contrées  trop  exposées  aux  ardeurs  du  soleil. i 

Le  gouvernement  devrait  encourager  les  associations  ayant  pour  objet  de  profiter 
des  rivières  dont  le  débit  peut  être  mieux  aménagé  et  utilisé.  Un  arrêté  ministériel 
du  30  septembre  accorde  des  subventions  spéciales  aux  départements  des  Hautes- 
Pyrénées,  du  Var,  de  la  Corrèze,  du  Gard,  de  l'Ardèche  et  des  Deux  Sèvres. 

Pourquoi  ne  pas  étendre  ces  encouragements  aux  contrées  moins  montueuses, 
mais  tout  aussi  méritoires  dans  les  bassins  de  la  Garonne  et  de  l'Adour? 

Le  canal  des  Landes,  entre  autres,  si  vaillamment  défendu  à  la  Chambre,  par 
l'honorable  M  Pascal  Duprat,  aura-t-il  la  chance  d'être  jamais  voté. 

Que  nos  législateurs  le  veuillent,  et  le  Sud-Ouest  les  en  remerciera  bien  vive- 
ment. Jules  Serret. 

SOCIÉTÉ  NATIONALE  D'AGRICULTURE 

Séance  du  3  novembre  1 880.  —  Présidence  de  M.  Chevreul. 

M.  le  secrétaire  perpétuel  donne  lecture  des  procès-verbaux  des 
réunions  du  bureau  pendant  les  vacances.  Parmi  les  principales  com- 
munications parvenues  à  la  Société,  il  faut  citer  un  mémoire  de 
M.  Marion  sur  les  travaux  entrepris  depuis  cinq  ans  par  la  Compa- 
gnie de  Paris-Lyon-Méditerranée,  pour  combattre  le  phylloxéra  ;  des 
notes  de  M.  Trépagne,  sur  le  musée  agricole  de  Limours;  une  lettre 
de  M.  Perrier,  inspecteur  général  des  ponts  et  chaussées,  posant  sa 
candidature  à  la  place  vacante  par  la  mort  de  M.  Nadault  de  Buffon; 
le  volume  sur  le  crédit  agricole  mobilier  publié  par  la  Commission 
du  crédit  agricole  au  ministère  de  l'agriculture;  un  mémoire  de 
M.  Mauguin  sur  le  crédit  appliqué  à  l'agriculture  ;  le  rapport  de 
M.  Alfred  Durand-Claye  sur  le  matériel  des  exploitations  agricoles 
et  forestières  à  l'Exposition  universelle  de  1878. 

M.  Bourdier  envoie  un  mémoire  sur  une  machine  qu'il  a  inventée 
pour  filer  et  mouliner  la  soie  des  cocons  produits  par  les  insectes 
sauvages;  — M.  Decroix,  une  brochure  qu'il  vient  de  publier  sur  la 
ferrure  à  glace;  — M.  Sanson,  un  mémoire  qu'il  a  publié  récemment 
sur  la  source  du  travail  musculaire  et  sur  les  prétendues  combustions 
respiratoires.  Les  conclusions  de  ce  mémoire  ont  été  publiées  dans  le 
Journal. 


S^4  SOGli^LTÉ  NATIONALE  D'AGRICULTURE  DE  FRANCE. 

M.  Eugène  Robert  écrit  pour  poser  sa  candidature  à  une  place  de 
membre  associé,  vacante  dans  la  section  de  sylviculture, 

M.  Bouley  présente,  de  la  part  de  M'.  Gallier,  professeur  à  TEcole 
vétérinaire  de  Lyon,  un  ouvrage  qu'il  vient  de  publier  sous  le  titre  : 
Traité  des  inalaiie&  contagieuses  et  de  la  police  sanitaire  des  animaux 
domestiques.  —  M.  Dutertre  présente  aussi,  de  la  part  de  Fauteur,  le 
Cours  de  minéraiogie  h.  l'usage  des  élèves  des  écoles  d'agriculture,  par 
M.  Albert   Roussille,   professeur  à   l'Ecole   d'agriculture  de  Grignon. 

M.  Clievreul  propose  à  la  Société  de  décla.rer  la  vacance  pour  une 
place  de  membre  associé  natioiûali  dans  la  section  des  sciences  physico- 
chimiques. (Celte  proposition  est  adoptée. 

M.  Barrai  fait  une  commumeation  sur  la  visite  (îe  plusieurs,  fermes 
qu'il  a  faite  dans  l'arrondissement  de  Neufchâlel-ea-Bray  ;  il  insiste 
sur  la  grande  production  beurrièreet  fromagère  de  cet:  arrondissement, 
sur  l'utilisation  des  fumiers  et  surtout  des  purias  sur  les  prairies,  ainsi 
que  sur  l'élevage  important  de  porcs,  qui  est  fait  avec  le  petit-lait, 
résidu  de  la  fabrication  du  fromage;  cet  élevage  donne  des  résultats 
très  rémunérateurs.  Alla  suite  de  cette  communication,  M.  Boussingault 
présente  quelques  observations  sur  l'enirploi  du  purin  dans  les  prairies, 
et  tes  dangers  pouvant  résulter  d'une  trop  grande  coneentration  du  li- 
q^uide  qui  détruit  les  plantes  les  moins  robustes?.  M,  Chevreul'  fait,  de 
son  coté,  quehiues  remarques  sur  la  valeur  alimentaire  du  petit-lait 
dans  lequel  l'albumine  est  restée,  grâce  au  mode  de  fabrication  adopté 
pour  les  fremages. 

M.  J'osseuu  lait  hommage  à  la  Société  de  la  deuxième  édition  de 
son  Traité  du  Crédii  foncier  en  France  e(  à  f  étranger ^  publiée,  en  1872. 
M.  Gayot  fait„  au  nom  de  la  section  d'économie  des  animaux,  un 
rapport  verbal  sur  une  demande  relative  aux  études  faites  sur  le  mal 
de  montagne.  Cette  question  a  été  mise  au  concours  par  la  Société,  et 
ce  concours  n'a  pas  encore  donné  de  résultats. 

M.  Prillieux  fait  une  communication  sur  la  nature  du  Peronospora 
viticola,  parasite  de  la  vigne,  vulgairement  appelé  faux  oïdium  ou 
mildew.  Ce  champignon,  constaté  par  M.  Cornu,  il  y  a  trois  ans,  pa- 
rait avoirélé  iinportéen  France  avec  les  vignes  américaines.  M..  Pril- 
lieux l'a  étudié  cette  ;m.née  dans  les  vignes  d'Indre-et-Loire  et  de  Loir- 
et-Cher,  notamment  chez  M.  Dujardin-Beaumelz.  Il  espère  que  ce^ 
parasite  ne  causera  pas  de  grands  dommages  aux  vignes  ;  il  se  déve- 
loppe tardivement  après  la  formation  des  grappes,  et  n'attaque  pas 
celles-ci;  les  feuilles  seules  tombent.  Quelques  observation*  sont  en- 
suite échangées  entre  M.  Duchartre  et  M.  Chevreul  sur  la  formation 
des  fruits,  ainsi  que  sur  le  rôle' que  jouent  les  stomates  des  feudlea 
dans  la  végétation  à[\  peronospora.  Ces  observations  confirment  celles 
de  M.  Prillieux.  Henry  Sagmikr. 

RETUE  COMMERCIALE  ET  PRIX-COURANT  DES  DENRÉES  AGRICOLES 

(6  NOVEMBRE   1880). 
I.   —  Situation  générale. 
Depuis  quelques  jours,  la  te:npera'ture  s'est  sensiblement  refroidie.  A  un  tenaps 
pluvieux,  ont  succédé  des  jours  secs  et  froiiis.  Les  transactions  sont  toujours  assez 
calmes  sur  la  plupart  des  marchés  pour  le  plus  grand  nombre  des  denrées  agricoles, 
Ih  —  Le&  grains  et  Les  farines. 
Les  tableaux  suivants  résument  les  cours  des  céréales,  par  quintal,  métrique,  sur 
les  principaux  marchés  de  ta  France  et  de  l'étranger. 


REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX-COURANT  (6  NOVEMBRE    1880).  235 


t'«  RÉaiON.—  NORD-OUEST. 

Blé.    Seigle.   Orge. 


Calvadoâ.  Caen 

—  Lisieox 

Côtes-du-Xord  Pontrieux 

—  Trégiiier 

Fints/ère.  Landerneau  .. 

—  Qiijmper 

Ille-el-Vilaine  Rennes. 

—  Sl-Malo 

Manche.  Avranches  .... 

—  Pontorson 

—  Villedieu 

Mayenne.   Laval 

. —  Chàleau-Gontier.. 
Morbihan.  Heiinebont.. 
Orne.  Seez 

—  Vintiuutiers  ....... 

Sarthe.  Le  Mans 

—  Sablé 


fr. 
26.25 
J7  25 
25.00 
S9.00 
27.00 
28.25 
26.00 
Î6.50 
Î0.20 
Ï7.50 
30.00 
26.25 
26.50 
26. 00 
27.00 
27.25 
26.75 
27.25 


18.50 
17.25. 
20.50 


21.00 
20.25 


15  50 
<6  00 

19. UO 
17.25 
16. 75 
19.00 
1 8 .  UO 
17.00 
20.00 
18  50 
19.00 

18.50 
20.2» 
17.25 
18.00 


Avoine- 

fr. 

22,00 
16.50 
18.75 
1(5.00 
26.60 
17.50 
19.25 
22.25 
ÏI.OO 
23. 00 

2>.25 
17.00 
iO.25 
IS.OO 
J0.60 
18.75 


Prix  moyens 27.22     20.38     18  00 

S»  RÉOION.  —  NORD 


Aisne.  Soissons 26.20 

—  Neuilly-St-Front..  26.50 

—  ViUers-Cotterets..  27.25 
Eure.  Evreur 28.00 

—  Conohe? 27.25 

—  Pacy 27.75 

Eure-et-Loir.  Chartres.  27.00 

—  Auneau 27  25 

—  Nogeol-le-Rotrou.  27.25 
iVord. Cambrai 27.00 

—  Douai 27.75 

—  Valenciennes 27.75 

Oise.  Beau  vais 26.55 

—  Moyen 27.50 

—  Senlis 27.00 

Pas  de-Calais.  Arras...  28.50 

—  Sa.ini-Uiner 28-00 

Seine.  F  ris 28.00 

S.-et-Marne  Meaux 26  s 0 

—  Uammariin ...  27.75 

—  Provins 27.50 

S.-et-Oise.    Versailles...  27.75 

—  Pontoi-e , '£1  2h 

—  Angerville 27.50 

Seine  Inférieure.  Rouen    27. 15 

—  Die[)pe..  .  ..........  27.25 

—  Yvetor. 27  00 

Somme.  Abbeville 27.20 

—  Montdidier 27.00 

—  Roy e 27  00 

.     27.27 


Prix  moyen 
3»  a 


eaioN. 


22.00 

21.00 
21.50 
20.30 
21.00 
21.00 
2t.  25 
20. 35 

20.00 
19.50 
19.00 
20.50 
22.50 
20.00 
20.25 
19.50 
22  75 
21  25 
20.50 
19.75 

20.25 
22.00 
22.35 
21.25 
22.75 
19. Ï5 
20  50 
21.00 
20.07 
NORD-esT. 


Ardennes   Charleville  ..  27 .00 

Aube.  Bar-sur-AuDe  ..  .  27.50 

Wéry-sur-Seine.  ..  27.00 

—  Troyes 28.00 

Marne. Cbà.\ona 27  00 

—  Epernay 26.75 

—  Reluis 27.25 

—  Sésanne 27  oa 

Hte-Marne    Bourbonne  .  27.00 
Meurihe-el-Monelle  Nancy  27  75 

—  Luneville 27.75 

—  Toui 27.75 

Meuse.  Bar-le-Duo 27.25 

—  Verdun... 27.50 

Haute>-SaQne    Gray 27  00 

—  Vesuul 27.65 

Fosges.  Epir.al  29.75 

—  Raon-l  Etape 29.50 

Prix  moyens 27.4 

4«  RÉGION.    —  Oi: 

Charente.  Angoulème..  28.50 

—  Riiffec     28.75 

Charente  Infér  Marans.  26  00 

Deux  Sevrés.    Niort 28.00 

Jndre-ei-i.oire.  Tours..  28. 25 

—  Blere 26.25 

—  Chàlean-Renault.   27.00 

Loire-in/. Nantes 27.75 

M.-e/-/.oi*-e.Saumur   .  .  27  50 
Vendée.  Lnço» 26.00 

—  Fomenay 27.00 

l'ienne.  Chalellerault 26  50 

—  Loudun 27.00 

Haxite-Vienne.   Limoges  28.00 

Prix  mo)ens 27.37 


22.50 
19.50 
22 .  80 
22. UO 
23.00 
20  75 
22.00 
2i.00 


20.75 
20.50 


21.  îb 

M.  50 


17.00 

19.7b 
20.75 
20  50 
18.50 
21.25 
19.20 

19.75 


21.00 
20  25 
20.00 
19.0» 
18.50 
20.00 

21.00 
18.75 
20.05 

1«.50 
19.5» 
18.50 
18.50 

19.23 


2'1.25 
18.75 
1S.25 
19.50 
22.00 
20.00 
20.75 
19.50 

19.50 
19.75 
19.50 
18.75 
19.00 

17.70 


18  05 

18  0« 
18.25 
18.5" 

19  OO 
18.7^ 
18.5» 
19.00 
17.50 
18  50 
17.25 
18.50 
18.50 
17.50 

17  50 
18.00 
17.80 
20.25 
20.00 
1-8.  S') 
18.  Td 
21.00 
18.25 
18.25 
22.10 
2U.50 
17.00 
17.25 

18  50 
17.25 

18. t9 


18.00 
17.50 
18.00 
18. UO 
19.  «0 

ly.oo 

18. 75 
18  75 
15.25 
16.25 
17.00 
16.80 
17.75 
18.00 
16.00 
16.30 
17.00 
17.20 


21.40     19.65      17.47 


Blé. 
fr. 
^iiter.  Moulins 28.50 

—  Montiuçon.  .......  28.25 

—  Si-Pour^ain 28.00 

C/ier.Boiirtieé. 27.50 

—  Graçay 27.00 

—  Vierïoii 27.25 

Creuse.  Aubusson 27.00 

Indre.  Châteauroux.. . .  27. T5 

—  Issoiidun 27.50 

—  Valençay 26.75 

Loiret.  Orléar.s 27.75 

—  Gien... 27. 80 

—  Patay 27.50 

Loir-et-Cher.  Blois 27  50 

—  Montoire 26  50 

Nièvre.   Nevers 28.00 

—  Cosne 27.00 

Yonne.  Brienon 27.25 

—  Je  gny.. .., 28.00 

—  Sens 27.75 


Seigit. 
fr. 

20.25 
21.00 

19.75 
20.00 
19.00 
18.50 

19.00 
19.25 
22.25 
21.10 
20.50 
21  .00 
19.50 


6.  ATOine. 


Prix  moycTis 27  86 

6«  RÉOION.  — 

Ain,   Bourg 30.00 

—  Pont-de-Vaux 2875 

Côie-d'Or.  Dijon 28  25 

—  Beaune 28.00 

Doubs.   Besançon 28  00 

Isère.  Grenoble 29.25 

—  Bourgoin 28.00 

Jura.  Dôle 28.00 

Loire,  i^arlieo 28  75 

P.-de-Oôme  Clerraont-F.  32.50 

Rhône.  Lyon 28. 7S 

Saône-et- Loire.  Autun..   27  50 

—  Chalon. ..........  25.00 

•SriDote.  Charabéry 29.25 

//I9-Soyoie.  Annecy 29.50 

PKix  moyens 28.90 

7"  RÉGioi».  —  srn- 

..  28.25 
..  28.50 
28.00 
28.00 
28.00 
27.75 
27.00 
28.25 
28  25 

26  25 
28.50 
28 .  25 

27  80 

28  00 


21.50 
17.50 
20  75 

19.94 
EST. 

20.75 
20.50 
21.00 


19.00 
20.00 


19  75 
20.00 


20  00 
19.30 
19.25 
18.50 
19.50 
19.50 
19.00 
22  25 
19  00 

19  25 
19.25 

20  00 


19.50 
17.75 
20 .  50 
19  00 
19.00 
20.00 
IS.50 
20.25 
20.50 


21.00 
19.50 


18.50 
17.50 
19.00 


fr. 

17.75 
17.50 
17.50 
18. 0< 
17.25 
17.00 
18  75 
18.75 
18.25 
17.00 
18.25 
18.00 
18.75 
19.00 
17.20 
17.00 
17.50 
18.00 
18.25 
18. 00 


17.50 
17.73 
17.00 
16. Ï5 
17.75 
18.75 
17  00 
16.50 
18.50 

18.50 
ld.75 
17.75 


Àriëge.  Pamiers 

Uordogne.  Bergerac... 
Hle-Ga/i'onyie.  Toulouse. 

—  Viiiefranche-Laur. 
Gers.  Condom 

—  Auch 

—  Mirand* 

Gironde.   Bordeaux.... 

—  Bazas 

Landes.  Dax 

Lot-el-Garorvne.  Ageo.. 

—  Nérac.   ., 

B.-Pyrénées.  Bayoone. . 
Hlee- Pyrénées.  Tarbos. 


16.25 
18.00 


18.85     18.78     17-75 
OrEST. 

20.50  »  30.25 
19.75  »  20.00 
19.U0 
19.25 


20.50 
20.00 
19.50 
30.00 

19.75 
19.50 
20.00 


Prix  moyens 28.09     19.79 


18.00 
17.41 


00 
24.30 
19.50 

19.25 
19.90 
21.75 
20. 


8»   RBOION.    —  SUU, 

Aude,   Castelnandary..  28.25        o 

Aveyron.   Rodez 27. fO 

Cantal.  Mauriac 30.00 

Corréze.  Lul>erzac 28.75 

Hérault.  Cette 29.00 

Lot.  Figeac 28.50 

Lozère.  iMende.... 28.55 

—  Marvejols 27.10 

—  Florac 29.40 

Pj/r«néfis-Or.  Perpignan  26.30 

Tarn.   Albi 27.75 

Tam-et-Gar.  Mootauban  28 .  50 

Prix  moyens 

9»  RÉOIOM. 

Basses-Alpes.  Manosque 
Hautes-Alpes.  Briançon 
Alpes-Maritimes  Cannes 

Ardèche.  Privas 

B.-du-Rhône.  Arles 

Drame.    Valence 

Gard.  Nîmes 

Haute-Loire.  Le  Puy.... 

Var.  Sl-Maximin 

Vaucluse.  Carpentras.. . 

Prix  moyens 

Mcy.  <le  toute  la  France 
—  de  1  i  semaine  preced. 


SarlaseLiiainei 
précédente.,     i 


Hausse.    0.05 
Baisse.       » 


29.53  19.88 
27.99  20.08 
27.94     20 


236  REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX-COURANT 

Blé.  Seigle.  Orge.  Avoine, 

fr.               fr.  fr.               fr. 

^Algérie.                   Alger 26.50            »  15. .SO  16  00 

Angleterre.               Londres 27.75             »  21.00  20.50 

Belgique.                  Anvers 25.25  23  50  23  00  18.50 

—  Bruxelles 27. .50  23.25  20  .jO  18.50 

—  Liège 27.50  24.75  23-00  18. hO 

—  Namur. 26.00  22  50  20.50  17.50 

Pays-Bas.  Amsterdam 25.85  25  00 

Lu:rembourg.  Luxemhourg 2.50        24  00        23  50         17  00 

Alsace-Lorraine,        Strasbourg 30.50        26.. 50        23.00        18  50 

—  Colmar 29.50        24.75        22  25         19  00 

—  Mulhouse 29.25  25  00  23.00  20.25 

Allemagne.            Berlin... 26.25  26  75 

—  Cologne 28. 10  27  50            . 

—  Hambourg 25  25  25  25            •                » 

Smsse.                     Genève 29  25            *                •  19.00 

—  Lausanne 28.75            »                »  18.50 

Italie.                      Milan 29  00  22.75  20  00  19  25 

Autriche.]                  Vienne 26. UO  23  00  18.25  15  00 

Hongrie.                   Budapesth .  2fi  50  22.00  16.25  14  00 

Bussie.  Saint-Pétersbourg...  27.50  26.00            »  14.00 

Etats-Unis.              New-Vork 23.00            •               '               » 

Blés.  —  Les  faits  qui  se  passent  sur  le  plus  grand  nombre  des  marchés,  depuis 
l'ouverture  de  la  campagne  actuelle,  c'est-à-dire  depuis  la  dernière  moisson,  sont 
tout  à  fait  de  nature  à  fixer  l'attention.  Ea  fice  d'une  récolte  sensiblement  supé- 
rieure en  qualité,  comme  en  quantité,  aux  deux  dornières  qu'il  avait  laites,  le  cul- 
tivateur a  agi  avec  prudence  ;  sans  se  laisser  entraîner  par  quelques  conseillers  qui 
prédisaient  une  baisse  écrasante  à  court  terme,  il  a  vendu  ses  premiers  battages 
pour  réunir  l'argent  dont  il  avait  besoin,  puis  il  a  prudemment  attendu  les  événe- 
ments. Ceux-ci  lui  ont  donné  raison;  les  cours  se  maintiennent  et  les  importations 
sont  sensiblement  inférieures  à  ce  qu'elles  étaient  l'an  passé  à  pareille  époque  — 
A  la  halle  de  Paris,  le  mercredi  3  novembre,  les  transactions  ont  été  peu  impor- 
tantes ;  les  cours  ont  peu  varié.  On  cotait,  comme  la  semaine  précédente,  y-l  à 
29  fr.  par  100  kilog.;  le  prix  moyen  jzénéral  s'est  maintenu  à  28  fr.  —  Sur  le  mar- 
ché des  blés  à  livrer,  on  payait  par  100  kilog.  :  courant  du  mois,  28  fr.;  décem- 
bre, 28  fr.;  quatre  premiers  mois,  27  fr.  75  à  28  fr  ;  quatie  mois  de  mars, 
27  fr.  75 à  28  fr.  — Au  Havre,  les  blés  d'Amérique  sont  cotés,  comme  la  semaine 
dernière,  26  fr.  50  à  28  fr.  par  loO  kilog.,  avec  des  olïres  peu  importantes.  —  A 
Marseille,  les  arrivages  de  blés  pendant  la  semaine  ont  été  de  -240,000  hectol.; 
le  stock  s'e^t  relevé,  dans  les  docks,  à  111,000  quintaux.  Les  ventes  sont  calmes. 
Au  dernier  jour,  on  payait,  par  100  kilog.  :  Irka,  26  fr,  75  à  27  fr.  50;  Sarrdo- 
ninka,  27  fr.  50  ;  Azotdur,  27  fr.  50  à  28  fr.  50;  Pologne,  27  fr.  25  à  28  fr.;  tu- 
zelles  d'Afrique,  28  fr.  50  à  30  fr.  —  A  Londres,  il  n'y  a  eu,  durant  la  semaine, 
que  62,0v;0  ((uintaux  métriques  importés.  Les  affaires  sont  assez  actives,  et  les 
prix  accusent  beaucoup  de  fermeté  On  cote  de  2o  fr.  50  à  29  fr.  par  100  kilog., 
comme  la  semaine  dernière,  suivant  les  proveaances  et  les  qualités. 

Farines.  —  Les  affaires  sont  assez  peu  importantes,  sur  les  farines,  et  les  cours 
n'oflrent  pas  beaucoup  de  variations.  Pour  les  farines  de  consommatitm,  on  paye 
à  la  halle  de  Paris,  comme  la  semaine  dernière,  le  mercredi  3  novembre  :  marque 
D,  61  fr.;  marques  de  choix,  63  à  64  Ir.  ;  premières  mari|ues,  51  à  62  fr  ;  bonnes 
marques,  59  à  69  fr.  ;  le  tout  par  sac  de  i;.9  kilog.,  toile  à  rendre,  ou  157  kilog. 
net,  ce  qui  correspond  aux  prix  extiêm^^s  de  37  Ir.  60  à  40fr.  75,  par  loOkdog., 
ou  en  moyenne  39  fr.  2  »,  comme  le  mercredi  précédent.  —  En  ce  qui  concerne  les 
farines  de  spéculation,  il  y  a  une  grande  fermeté  dans  les  prix.  Oi  cotait  à  Paris, 
le  mercredi  3  novembre  : /ar t?ie,s-  hul.l-marqu es,  coura.nt  du  mois.  59  fr.;  décembre, 
58  50  à  58  fr.  75  ;  quatre  premiers  mois,  58  à  58  fr.  25  ;  quatre  mois  de  mars,  58  à 
58  fr.  25;  le  tout  par  sac  de  159  kilog  toile  perdue,  ou  157  kilog.  net;  farines 
supérieures,  courant  du  mois,  38  fr.  2>;  décemcre,  38  fr.;  quatre  premiers  mois, 
37  à  37  fr.  50;  quatre  mois  de  mars,  37  fr.  ;  le  tout  par  sac  de  100  kilog.  —  La 
cote  officielle,  en  disponible,  a  été  arrêtée  comme  il  suit,  pour  chacun  des  jours 
de  la  semaine,  par  .'^ac  de  157  kilog.  net  : 

Dates  (novembre).       28  29  30  1"  2  3      f^ 

Farines  hait-iaarjue>  (157  kilo^.).  59  50         59.50  59.50  ?^»  59.50        5900 

g—      jsupérieure^  (lOJ  kilog.).    39  00        39.25  39  OJ  '»  38.00        38.25 

Le  prix  moyen  a  été  pour  les  farines  huit-marques  de  59  fr.  50,  et  pour  les 
supérieures  de  38  fr.  50.  —  Pour  les  gruaux,  les  cours  accusent  plus  de  fermeté; 


DES  DENRÉES  AGRICOLES  (6  NOVEMBRE  1880).  237 

on  les  paye  de  43  à  54  fr.  par  100  kilog.  Les  farines  deuxièmes  se  vendent  toujours 
de  29  à  3^*  fr. 

Seigles.  —  Lfts  cours  de  ce  grain  accusent  beaucoup  de  fermeté  à  la  halle  de 
Paris.  On  les  paye  de  22  fr.  50  à  23  fr.  par  100  kilog.  Quant  aux  farines,  leurs 
cours  se  maintiennent    de  32  à  35  fr. 

07'yes.  —  Les  demandes  sont  plus  restreintes,  et  les  cours  sont  plus  faibles. 
On  paye  à  la  halle  de  Paris,  de  19  à  21  fr..  par  100  kilog.,  suivant  les  sortes. 
Les  escourgeons  sont  peu  offerts,  et  sont  cotés  de  20  à  21  fr.  —  A  Londres,  les 
importations  d'orges  étrangères  ont  été,  depuis  huit  jours,  de  36,000  quintaux, 
presque  complètement  de  France  et  de  Russie  ;  on  payait  de  19  fr.  95  à  22  fr. 
par  h  0  kilog.,  suivant  les  sortes. 

Malt.  —  Peu  d'affaires.  On  paye  à  Paris,  de  29  à  34  fr.  par  100  kilog.  pour  les 
malts  d'orge,  et  29  à  33  fr.  pour  ceux  d'escourgeon. 

Aïoines.  —  Les  transactions  sont  assez  calmes,  et  les  prix  sont  assez  calmes 
à  la  halle  de  Paris,  oià  l'on  paye  de  19  à  21  fr.  50  par  100  kilog.,  suivant  poids, 
couleur  et  qualité.  —  A  Londres,  au  contraire,  les  affaires  présentente  beau- 
coup d'activité.  On  paye  de  19  fr.  40  à  21  fr.  90  par  quintal  métrique.  Les  im- 
portations de  la  semaine  ont  été  de  67,000  quintaux. 

Sarrasin.  —  Les  cours  accusent  plus  de  fermeté.  On  paye  à  la  halle  de  Paris, 
18  à  !8  fr.  50  par  100  kilog. 

Mais.  —  Dans  le  Midi,  on  paye  comme  précédemment,  18  à  21  fr.  par  quintal 
métrique.  Les  maïs  d'Amérique  valent,  au  Havre,  de  15  à   15  fr.   50. 

Issues  —  Les  prix  varient  peu.  On  paye  à  Paris,  par  100  kilog.  gros  son  seul, 
13  fr.  75  à  14  fr.;  son  trois  cases,  J3  à  i3fr.  50;  sons  fins,  12  à  i2  fr  50;  recou- 
pettes,  12  à  12  fr.  50;  remoulages  bis,  14  à  15  fr.;  remoulages  blancs,  16  à  17  fr. 
III.  —  Vins,  spiritueux,  vinaigres,  cidres. 
Vins.  —  La  situation,  depuis  notre  dernier  bulletin,  n'a  pas  varié  :  à  l'activité 
des  premiers  jours  a  succédé  des  allures  plus  calmes.  Nous  attribuons  cet  état  de 
choses,  un  peu  aux  exigences  exagérées  de  la  propriété,  et  surtout  à  la  qualité 
des  produits.  On  reconnaît  aujourd'hui  que  ceux-ci  laissent  à  désirer,  non  seule- 
ment au  point  de  vue  de  la  couleur,  mais  aussi  au  point  de  vue  de  l'alcoolicité 
Quelques  vins  faibles  commencent  même  à  jaunir,  aussi  est-on  inquiet  sur  la  ma- 
nière dont  ces  vins  passeront  la  saison.  Actuellement,  pour  une  cause  ou  pour  une 
autre,  ils  sont  délaissés  et,  en  ce  moment,  tous  les  efforts  du  commerce  se  por- 
tent sur  les  vins  forts  en  couleurs,  les  gros  vins  d'opération,  et  comme  ceux-ci  ne 
sont  pas  très  communs  cette  année,  leurs  prix  augmentent  en  proportion  de  leur 
rareté.  En  résumé,  nous  écrit-on  du  Midi  :  «  Les  vins  de  couleur  sont  recherchés 
et  les  prix  sont  bien  tenus,  les  bons  Montagnes  de  10  degrés  1/2  se  vendent  31  à 
35  fr.;les  Montagne.s  supérieurs  35  fr.  l'hectolitre;  les  deuxièmes  choix  ou  vins 
de  Soiiberque,  se  vendent  de  27  à  30  fr.,  et  les  petits  vins  de  24  à  28  fr.  l'hecto- 
litre. Les  vins  de  24  francs,  sont  les  plus  inférieurs  et  les  plus  difficiles  à  expé- 
dier sans  mélanges  de  vins  corsés.  »  En  dehors  de  la  région  méridionale,  les  prix 
des  vins  nouveaux  sont  très  fermement  tenus  :  dans  le  Médocain  (Gironde),  les 
propriétaires  des  crus  classés  refusent  1,200  et  1,400  fr.  le  tonneau  des  vins  de 
5*  cru,  si  bien  que  le  commerce  est  obligé  de  se  rejeter  sur  les  petits  vignerons  et 
les  petits  paysans,  Bas-Médoc,  qui  valent  500  et  525  fr.  En  Basse-Bourgogne,  les 
cours  sont  également  très  fermes  :  on  paye  les  blancs  nouveaux  au  pressoir  55  à 
60  fr.  la  feuillette  de  136  litres,  les  rouges  de  65  à  lOO  fr.  A  Nantes,  les  Musca- 
dets valent  de  115  à  120  fr.,  et  les  gros-plants  s'établissent  dans  les  prix  de  60  à 
65  fr.  la  pièce.  A  Barbezieux  (Charente),  les  vins  blancs,  sans  rendement  alcoo- 
lique connu,  se  payent  65  fr.  la  barrique  de  228  litres;  le^  vins  rouges  n'ont  pas 
encore  de  cours  établis.  Enfin,  les  vins  nouveaux  du  Roussillon  valent  :  Rous- 
sillon  supérieur,  de  45  à  47  fr.  l'hectolitre;  1"  choix,  41  à  42  fr.  ;  2'  classe,  37  à 
39  fr.;  et  les  petits  vins  de  8  degrés,  28  à  32  francs. 

Spirifveux.  —  Le  marché  cette  semaine  a  été  assez  mouvementé,  c'est  la  baisse 
qui  semble  vouloir  l'emporter  et  cela  se  comprend,  dit-on,  car  il  est  certain  au- 
jourd'hui que  la  récolte  en  vin  ne  sera  pas  inférieure  à  celle  de  Tan  dernier,  que 
les  froments  et  particulièrement  le  maïs  seront  abondants,  et  que  la  betterave, 
quoique  pauvre  en  qualité,  donnera  au  moins  400,000  tonnes  contre  277,000 
1  année  dernière.  Voici,  du  reste,  le  mouvement  de  la  semaine  écoulée  :  début, 
63  fr.  75.  puis  successivement  64  fr.,  63  fr.  55,  63  fr.  25,  63  fr.  et  62  fr.  75  en 
clôture.  Le  stock  est  aujourd'hui  de  7,200  pipes,  contre  6,675  l'an  dernier  ^  la 
même  date.  Le  calme  continue  sur  le  marché  de  Li  le,  le  3/6  betterave  disponible 


238  REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX-COURANT 

reste  coté  à  61  fr.  Les  prix  sont  sans  changements  sur  les  marchés  du  Midi,  on 
paye  toujours  à  Cette,  lOi  à  110  fr.;  à  Narbonne,  115  fr.;  à  Montpellier,  95  fr.;  à 
Pézeoas,  98  fr.;  à  Béziers,  103  fr.;  à  Nîmes,  100  fr.  — A  Paris,  on  cote  3/6 
betterave,  l"  qualité,  90  degrés  disponible  62  fr.  50  décembre,  ,62  fr.  25,  quatre 
premiers  61  fr. 

Vinaigres.  —  L'article  vinaigre  est  en  hausse  :  on  paye  à  Orléans  :  vinaigre 
nouveau  de  vin  nouveau,  logé,  l'hectolitre,  45  à  46  fr.;  vinaigre  nouveau  de  vin 
vieux,  46  à  48  fr.;  vinaigre  vieux,  5)  à  60  fr.  l'hectolitre,  logé. 

IV.  —  Sucres.  —  Mélasses.  —  Fécules.  —  Glucoses.  — Amidons. —  Houblons. 

Sucres.  —  Les  ventes  accusent,  sur  la  plupart  des  marchés,  pour  les  sucres 
bruts,  beaucoup  plus  d'activité  que  les  semaines  précédentes;  aussi  les  cours  sont 
en  hausse,  aussi  bien  sur  les  marchés  des  départements  qu'à  Paris.  On  paye  par 
100  kilog.  pour  les  sucres  bruts  88  degrés  saccharimétriques  :   à  Paris,  51   fr.  à 

51  fr.  50;à  Lille,  52  fr.  25  à  52  fr.   50;  à  Saint-Quentin,  52  fr.  50;  à  Péronne, 

52  fr.  50;  à  Valenciennes,  52  fr.  75.  —  Les  sucres  blancs,  à  Paris  valent  61  fr.  ; 
à  Saint-Quentin,  59  fr.  à  59  fr.  50.  Le  stock  de  l'entrepôt  réel  des  sucres  était, 
au  3  novembre,  à  Paris,  pour  les  sucres  indigènes,  de  176,000  sacs,  avec  une 
augmentation  de  27,000  sacs  depuis  huit  jours.  —  Pour  les  sucres  raffinés,  les 
demandent  accusent  beaucoup  d'activité  :  on  paye  à  Paris  113  à  115  fr.  par  100 
kilog.  suivant  les  qualités,  à  la  consommation,  et  de  71  fr.  à  76  fr  pour  l'expor- 
tation. —  A  Londres,  les  affaires  so'it  assez  calmes  pour  les  sucres  de  betteraves. 

Mélasses.  —  Beaucoup  de  fermeté  dans  les  prix.  On  paye  à  Paris,  13  fr.  50  à 
14  fr.  par  100  kilog.  pour  les  mélasses  de  fabrique,  15  fr.  50  pour  celles  de  raf- 
finerie. 

Fécules.  —  Les  cours  accusent  plus  de  fermeté.  On  paye  à  Paris,  34  fr.  50  à 
36  fr.  par  100  kilog.  pour  les  fécules  premières;  21  fr.  pour  les  fécules  vertes.  A 
Gompiègne,  les  fécules  premières  de  l'Oise  valent  34  fr. 

Glucoses.  —  Les  prix  varient  peu.  On  paye  à  Paris  par  100  kilog.  :  sirop  pre- 
mier blanc  de  cristal,  59  à  60  fr.;  sirop  massé,  48  à  50  fr.;  sirop  liquide,  38  à 
40  fr. 

Amidons.  —  Mêmes  prix  que  précédemment  :  amidon  de  pur  froment,  en 
paquets,  7o  à  72  fr.;  amidons  de  province,  bO  à  62  fr.;  amidons  d'Alsace,  56  à  58  fr.; 
amidons  de  maïs,  40  à  42  fr. 

Houblons.  —  Les  cours  accusent  plus  de  fermeté  sur  le  plus  grand  nombre  des 
marchés,  principalement  dans  le  Nord  et  en  Alsace. 

V.—  Huiles  el  graines  oléagineuses. 

Huiles.  —  Les  affaires  sont  assez  calmes  pour  la  plupart  des  huiles  de  graines 
et  les  prix  sont  en  baisse  On  paye  à  Paris,  par  100  kilog.  :  huile  de  colza  en  tous 
fiits,  73  fr.  25;  en  tonnes,  75  fr.  25;  épurée  en  tonnes,  83  fr.  25  ;  huile  de  lin  en 
tous  fûts,  69  fr.  25;  en  tonne,  71  fr.  25.  —  On  paye,  sur  les  marchés  des  dépar- 
tements, pour  les  huiles  de  colza  :  Rouen,  72  fr.  50;  Gaen,  69  fr.  25;  Cambrai, 
72  fr.  à  72  fr.  50;  et  pour  les  autres  sortes  :  lin,  68  fr.  50  ;  œillette,  145  fr.  — 
Dans  le  Midi,  on  ne  signale  <le  transactions  importantes^  en  ce  qui  concerne  les 
huiles  d'olive,  que  pour  les  qualités  de  choix;  les  autres  sortes  sont  délaissées. 

Graines  oléagineuses.  —  Les  prix  des  graines  oléagineuses  sont  toujours  jeunes. 
On  paye  dans  le  Nord,  par  hectolitre  :  œillette,  34  fr.  à  35  fr.  50;  colza,  21  à 
22  fr.;  lin,  23  fr.  à  24  fr.;  cameline,  14  fr.  à  17  fr.  50. 

VI.  —  Tourteaux.  —  Noirs,  —  Engrais. 

Tourteaux.  — -  Il  y  a  toujours  beaucoup  de  fermeté.  On  cote,  à  Rouen,  par 
100  kilog.  :  tourteaux  de  colza,  14  fr.  75  à  15  'r.;  d'arachides  en  coques,  12  fr..; 
d'arachides  décortiquées,  18  fr.;  de  sésame,  16  fr.;  de  lin,  25  fr  ;  —  à  Cambrai; 
œillette,  18  fr.;  colza,  16  fr.  à  18  fr.;  lin,  26  à  î7  fr.;  cameline,  17  fr. 

Engrais.  —  Les  ventes  sont  actuellement  peu  importantes,  mais  les  prix  ac- 
cusent beaucoup  de  fermeté. 

Noirs.  —  On  cote  dans  le  Nord  :  noir  animal  neuf  en  grains,  22  fr.  par  100 
kilog.;  noir  d'engrais  vieux  grains,  8  à  9  fr.  par  hectolitre. 

VIL  —  Matières  résineuses,  colorantes.  —  Textiles. 

Madères  résineuses.  —  Les  prix  sont  un  peu  plus  faibles,  avec  des  affaires 
lentes  dans  le  Sud-Ouest.  On  paye  à  Bordeaux  82  fr.  par  100  kilog.  pour  l'essence 
pure   de  térébenthine;  à  Dax,  bO  fr. 

Gaudes. —  Maintien  du  prix  de  21  fr.  par  100  kiîog.  dans  le  Languedoc. 

Raisins  secs.  —  On  paye  à  Cette,  par  100  kilog.  :  Corinthe  nouveau,  43  à  44  fr.; 


DES  DENRÉES  AGRICOLES   (6    NOVEMBRE  1880).  239 

Thyra,  40  à  42  fr.;  Samos,  36  à  42  fr.;  figues  d'Espagne,  26  à  27  fr.  Les  achats 
sont  devenus  moins  importants. 

Chanvres.  —  Les  prix  sont  en  baisse  pour  toutes  les  sortes.  Aii  Mans,  on  ne 
cote  plus  que  68  à  75  fr.  par  luO  kilog.,  suivant  les  sortes. 
VIII.  —  Suifs  et  corps  gras,  tuirs  et   peaux. 

Suifs.  Les  prix  sont  ceux  de  la  semaine  dernièrfi.  —  On  paye  à  Paris,  82  fr. 
par  100  kilog.  pour  les  suifs  purs  de  l'abat  de  la  boucherie,  et  61  fr.  50  pour  les  suifs 
en  branches. 

Cuirs  et  peaux  —  Aux  ventes  mensuelles  de  la  boucherie,  le  30  octobre,  on 
cotait  par  It  0  kilog.  :  bœufs,  90  à  117  fr.  40;  vaches,  99  à  100  fr.  30;  taureaux, 
93  fr.  80;  veaux,  168  80  à  119  fr. 

IX.  —  Beurres.   —  Œufs.  —  Fromages.  —  Volailles  et  gibier. 

Beurres.  —  Ona  vendu,  pendant  la  semaine,  à  la  halle  de  Paris,  228,325  kilog. 
de  beurres  de  toutes  sortes.  Au  dernier  jour,  on  payait  par  kilog.:  en  demi  kilog., 
ordinaires  et  courants,  3  04  à  4  fr.  02,  petits  beurres,  2  24  à  3  fr.  28;  Gournay, 
2  16  à  4  fr.  96;  Isigny,â  12  à  7  fr    82. 

Œufs.  —  Du  26  oetobreau  1*'  novembre,  on  a  vendu  à  la  halle  de  Paris  3,466,760 
œufs.  Au  dernier  marché,  on  payait  par  mille  :  choix  123  à  136  fr.;  ordinaires, 
74  à  l5;0  fr.;  petits,  51  à  61  fr. 

Fromages.  —  I>emiers  cours  de  la  halle  de  Paris  :  par  douzaine.  Brie,  11  à 
27  fr.;  Montlhéry,  15  fr.;  par  cent,  Livarot,  30  à  92  fr.;  Mont-d'Or,  14  à  2S  fr.; 
Neufchâtel,  6  à  24  fr.;  divers,  12  à  68  fr.;  par  100  kilog..  Gruyère,  114  à  174  fr. 

Vo  ailles  et  gibier.  —On  vend  à  la  halle  de  Paris  :  Agneaux,  lu  à  18  fr.  — 
Alouettes  (la  pièce),  0  l'r.  14  àO  fr.  29.  —  Bécasses,  3  fr.  50  à  6  fr.  —  Bécas- 
sines, 0  fr.  ^0  à  0  fr.  80.  —  Cailles,  0  fr.  60  à  1  25.  —  Canards  barboteurs, 
1  fr.  75  à  4  Ir.  75.  —  Canards  sauvages,  1  fr.  25  à  3  fr.  —  Cerfs,  chevreuils  et 
daims,  de  25  à  90  fr   —  Crêtes  en  lots,  0  fr.  ^0  à  8  fr.   50.    —  Dindes  gras  ou 

fros,  «  à  12  fr.  —  Dindes  communs,  4  à  7  fr.  60.  —  Faisans  et  coqs  de 
ruyère,  4  fr.  90  à  20  fr.  —  Lapins  domestiques,  1  fr.  50  à  4  fr.  25.  —  Lapins 
de  garenne,  1  fr.  40  à  3  fr.  —  Lièvres,  de  3  à  7  fr.  —  Oies  grasses,  6  à  9  fr.  50. 
—  Oies  communes,  3  9ô  à  5  fr.  &0.  —  Perdrix  grises,  1  fr.  85  à  5  fr.  —  Pigeons 
bizets,  0  fr.  50  à  l  fr,  40.  —  Pilets,  1  fr.  à  2  fr.  —  Pluviers,  0  fr.  60  à  1  fr.  — 
Poules  ordinaires,  de  3  fr.  à  4  fr.  PO  —  Poulets  gras,  4  fr  8u  à  8  fr.  —  Poulets 
communs,  1  Ir.  30  à  2  fr.  60.  —  Bâles  de  genêt,  0  fr.  75  à  1  fr.  25.  —Rouges, 
2à  2  fr.  25  —Sarcelles,  0  fr.  90  à  1  fr  25.  —  Pièces  non  classées,  0  fr.  40 
à  12  fr.  50. 

X.    —  Chevaux.  —    Bétail.  —  Viande. 
Chevaux.  —  Aux  marchés  des  27  et  30  octobre,  à  Paris,  on  comptait  1,012  che- 
vaux. Sur  ce  nombre,  417  ont  été  vendus  comme  il  suit  : 


Chevaux  de  cabriolet 

Amenés. 
.>.    .          214 

Vendus 
39 
70 
121 
69 
128 

.  Prix  extrêmes, 
300  à   1,020  fr. 

—       detiait 

316 

310  à   l,2o0 

—  hors  d'âge , 

—  à  l'enchère 

—  de  boucherie 

295 

59 

128 

52  à  1,070 
50  à      400 
40  à      110 

Bétail.  —Le  tableau  suivant  résume  le  mouvement  du  marché  aux  bestiaux  de  la 
Yillette,  du  jeudi  28  octobre  au  mardi  2  novembre  : 

Poids        Prix  du  kilog.  de  ^ande  sar  pied 
Vendus  moyen     au  marché  du  lundi  i^r  novembre. 


Pour 

Pour 

En        ^ 

quartiers.  1" 

26 

3« 

Prix 

Amenés. 

Paris,  l'extérieur. 

totalité. 

kil.         quai. 

quai. 

quai. 

moyen. 

Bœufs 

7.485 

3  899 

1,542 

5,441 

350         1.60 

1   44 

1.04 

1.32 

Vaches 

2,575 

8tà 

423 

1,318 

240        1  46 

1.28 

0.90 

US 

Taureaux 

v95 

163 

38 

201 

364        1.20 

1.08 

0.90 

1.04 

Veaux  

3,846 

2,713 

852 

3.565 

82        2.16 

2.00 

1.60 

1  89 

Moutons 

43.946 

^5,990 

13,5-i6 

39,546 

19        1.82 

1.54 

1.28 

1.56 

Porcs  gras 

5,417 

2,327 

3,090 

5,417 

8i        1  66 

1.60 

1.56 

1.57 

—    maigres. 

a 

» 

4 

4 

30        1.28 

» 

» 

1.28 

Les  approvisionnements  du  marché  ont  continué  à  être  très  considérables; 
les  afi'aives  sont  calmes,  et  les  ventes  difficiles,  principalement  pour  les  gros  ani- 
maux Aussi  les  cours  sont-ils  faibies,  et  c'est  seulement  sur  les  prix  des  veaux  que 
nous  avons  de  la  fermeté  à  signaler  durant  cette  semaine. 

A  Londres,  les  arrivages  d'animaux  étrangers,  durant  la  semaine  dernière, 
se  sont  composés  de  11,375  têtes,  dont  58  veaux,  6  091  moutons  venant  d'Ams- 
terdam; b3a  moutons  de  Brème;  22  bœufs,  29  veaux  et  17  moutons  de  Gothem- 


240       REVUE  COMMERCIALE   ET  PRIX-COURANT   [6  NOVEMBRE  1880). 

bourg;  204  veaux  et  38S  moutons  d'Himbourg;  62  bœufs,  18  veaux,  1,035  mou- 
tons et  13  porcs  d'Harlingen  ;  50  bœufs  de  New-York;  3  bœufs,  269  veaux, 
2,351  moutons  et  63  porcs  de  Rotterdam;  80  bœufs  de  Vigo.  Prix  du  kilog.  : 
Bœvf,  1"=  1  fr.  87  à  1  Ir.  99  ;  2«  1  fr.  5^  à  1  fr.  75;  qualité  inférieure,  1  fr.  40  à 

1  fr.   tS.    Veau,    1"  I   fr.   9.-5  à  2  fr.  10;  2«  1  fr.  75  à  1  fr.  93.  —   Ho'iton,  l'« 

2  fr.  28  à  2  fr.  45  ;  2*  1  fr.  93  à  2  fr.  10;  qualité  inférieure,  1  fr.  75  à  1  fr.  93. 
—  Porc,  l"  1  fr.  75    à  1  fr.  93;   2"  1  fr.  58  à  1  fr.  75. 

Viande  à  la  criée.  —  Du  26  octobre  au   1"  novembre,  il  a  été  vendu,  à  la  halle 
de  Paris. 


Prix  du  kilog.  le  i"  novembre. 


Bœuf  ou  vache 

Veau 

Mouton 

Porc 


1"  quai.  2«  quai, 
1.02àl.60  0.9>àl.'46 
1.72  2.06  1.18  1.70 
1.42  1.4fi  1.26  1.40 
Porc  frais 


quai, 
0.62  4  1.10 
0  96  1.16 
0.64  1  '24 
1.30à  1.72 


Otioix.     Basse  boucherie. 
1.00  à  2  50  0.10  à  1.10 
1.18     2  2i       «  . 

0.82     2.70       . 


kilog4 

189,522 

135,544 

90,6i)2 

27,132 

442,890      Soit  par  jour 63,270  kilog. 

Les  ventes  ont  été    inférieures  de  1,200  kilo^.   environ  par  jour  à  celles   delà 
semaine  précédente.  Les  prix  sont  en  baisse  pour  toutes  les  sortes. 

XI.  —  Cours  de  la  viande  à  l'abattoir  de   la  Villette  du   novembre ii{par  50  kilog.) 
Cours  de  la  charcuterie.  —  On  vend  à  la  Villette  par  50  kilog.  :    1"  qualité, 
87  à  90  fr.;  2%  80  à  85  fr.;  poids  vif,  57  à  60  ir. 

Bœufs.  Veaux.  Moutons. 


1" 
qaal. 
fr. 
75 


2» 
quaL 
fr. 
67 


3» 
quai. 
fr. 
58 


quai, 
fr. 
103 


20 

quai, 
fr. 
94 


3- 

quai. 
fr. 
87 


quBl. 
fr. 
72 


quai. 
fr. 
67 


3» 

quai. 

fr. 

58 


XII.  —  Marché  aux  bestiaux  de  la  Villette  du  jeudi  4  novembre. 


Cours    officiels. 


Poids 
moyen 

Animaux  général.     1"        2«        3* 

amenés.      Invendus.  kil.       quai.  quai,  quai, 

Bttnfs 2.3  6  91  365 

Vaches 883  58  250 

Tanreauz...        il2  s  37o 

Veaux 973  24  80 

Moutons....  t8.70i  272  18 

Porcs  gras..    3.528  »  82 

—  maigres.         »  »  • 

Vente  très  active  sur  toutes  les  espèces. 


Cours  des  commissionnaires 
en  bestiaux. 


Prix 
extrêmes. 


1.68 
1.50 
1.26 

2.20 
1.86 


1.50 
1.3Î 
1.12 

2.10 
1.60 
i.64 


1.12 
1.00 
0.98 
1.70 
1.34 
1.60 


0.92 
0.94 


1.52 
1.30 
2.30 
1.90 
1.76 


quai. 
1.67 
1.48 
1.25 


2« 
quai. 
1.50 
1.30 
1.10 


3« 
quai. 
1.10 


Prix 
extrêmes. 
l.OSàl.T» 
0.95     1.52 
0.90     1.30 


XII.  —  Résumé. 

Sauf  pour  les  produits  animaux,  les  prix  de  la  plupart  des  denrées  agricoles 
sont  en  hausse  ou  se  maintiennent.  A  Remy. 

BULLETIN  FINANCIER. 

A  nos  fonds  publics  le  marché  débute  par  la  baisse  :  la  rente  3  0/0  est  à 
85  fr.  50  perdant  0  fr.  25  ;  l'atnortissable  gagne  0  fr.  05  à  87  fr.  75,  et  la 
rente  5  0/0  après  le  détachement  du  coupon  reste  à  119  fr.  20,  sait  doncO  fr.  05 
de  perte.  Vif  mouvement  de  hausse  à  nos  chejiins  de  fer,  très  bonne  tenue  des 
sociétés  de  crédit. 

Cours  de  la  Bourse  du  27  octobre  au 
Principales  valeurs  françaises  : 

Plus       Plus    Dernier 

bas.        haut,     couis. 

Rente3o/o 85. SO       86.10       85.50 

Rente  3  0/0  amortis 87.70      88.10      87.75 

Rente  4  1/2  0/0 U4.00    ii4  50    lU.oo 

Rente  5  0/0 ti9.20    120. 80    119.20 

Banque  de  France 353o.OO  3h80.o0  3565.00 

Comptoir  d'escompte 970.00    99i.oO    97.S.00 

Société  générale 587.50     595.00     587.50 

Crédit  foncier 1355.00  1370  00  13;id.oo 

Est.   Actions  500     777.50     780.0.1     78i>.00 

Midi d»  1058  75  1075.00  1072. so 

Nord d*   1670.00   1700.00    16S0.00 

Orléans d»  1237.50  1250.00  t24o.oo 

Ouest d«     820.00  *<2.50     820.00 

Paris-Lyon-Méditerranée  d»  1476.25  1057  50  1057.50 

Paris  1871  obi.  400  3  0/0  ,.      394-50  39550     395.0» 

Italien  5  0/0 87.60  88.00       87.80 

Gérant  :  A.    BOUCHÉ. 


3  novembre  1880  {au 

comptant 

. 

Fonds  publics  et  Emp 

Obligations  du  Trésor 

remb  a  500. 4  0/0. 
Consolidés  angl.  3  o/O 
5  00  autrichien 

runts  français  et  et 

Plus         Plus 
bas.         haut. 
517.50      523.00 

6Î3/8  64.00 
107.20  107.30 
335.00       336.75 

201/8        20  1/2 

106  7/8       107  3/8 

94.45         95.00 

10.30          10.55 

»                 » 

»                  » 

iBTBBalSR 

rangers  : 

Derniers 
cours. 
522.50 

99  11/16 
64.00 

6  0/0  égyptiea 

3  o/o  espagnol,  extér'. 
d*  intérieur 

5  0/0  Etats-Unis 

Hoaduras,  obi.  300... 
Tabac»  ital.,  obi.  500.. 

6  o/O  péruvien 

336.75 
20^1/4 

107  1/4 
94.70 

10.30 

5  0/0  roumain 

Bordeaux,  100,3  o/O.. 
Lille,  100,3  0/0 

« 
s 

CHRONIQUE  AGRICOLE  {i3  novembre  isso,. 

La  rentrée  des  Chambres.  —  Extrait  de  li  déclaration  faite  au  nona  du  gouvornenaeiit.  —Situa- 
tion du  projet  du  canal  d'irrigation  dérivé  du  Rhône.  —  Piiblicatio  i  de  l'étit  approximatif  de 
la  récolte  du  blé,  du  méteil  et  du  seigle  en  1880  en  France.  —  Comparaison  de  la  récolte  ac- 
tuelle aveo  celle  des  cinq  années  précédentes  —  Réparation  des  pertes  subies  par  les  agriculteurs, 
—  Arrêtés  pris  par  les  préfets  relativement  à  la  désinfection  des  wagons  ayant  servi  autransport 
du  bétail.  —  Le  phylloxéra.  —Formation  de  nouveaux  syndicats  pour  le  traitement  des  vigne; 
malades.  —  Autorisations  relatives  à  la  culture  des  vignes  américaines.  —  Vente  îles  vins  des 
hospices  de  Beaune.  —  Rapport  du  jury  de  dégustation.—  Récompenses  attribuées  pour  le 
Concours  dps  instruments  de  viticulture.  —  Labjurage.à  vapeur  et  les  conditions  de  son  appli- 
cation. —  Publicaiion  de  M.  Pyro.  —  Concours  d'animaux  reproducteurs  dans  le  département 
de  l'Aude.  —  Extrait  du  rapport  de  M.  Castel.  —  Rapport  de  M.  Foiiiuet  sur  le  projet  de  dé- 
grèvements des  sucres  destinés  au  sucrage  des  vendanges.  —  Texte  de  la  proposition  de  loi.  — 
Nouvelles  de  l'arrachage  des  betteraves  et  de  la  fabrication  du  sucre.  —  Brochure  de  M.  Mar- 
chand sur  la  vérification  du  lait.  —  Notes  de  M.  de  LentilhaiJ  et  de  M.  Leyrisson  sur  lajsi.ua- 
tion  des  récoltes  dans  le  département  de  la  Dordogne  et  de  Lot-et-Garonne. 

I.  —  Les  améliorations  agricoles. 

Dans  îa  déclaration  lue,  au  nom  du  gouvernement,  à  la  Chambie 
des  députés  et  au  Sénat,  le  9  novembre,  se  trouve  sur  l'agriculture 
un  très  important  passage  dont  les  populations  agricoles  prendront 
acte  avec  la  plus  vive  satisfaction.  Ce  passage  est  ainsi  conçu  ; 


«  En  matière  de  travaux  publics,  toutes  les  grandes  lois  sont  faites,  et  le 
plan  de  M.  de  Freycinet  se  poursuit  résolument.  Nous  le  compléterons  par  des 
projets  importants  qui  concernent  soit  la  réfection  des  routes  nationales,  soit  les 
grandes  améliorations  agricoles,  et  notamment  celui  qui  hâtera  l'exécution  du 
canal  dérivé  des  eaux  du- Rhône,  si  vivement  désiré  par  le  midi  de  la  France,  si 
nécessaire  aux  régions  les  plus  cruellement  atteintes  de  notre  pays,  w 

La  promesse  de  hâter  le  commencement  de  l'exécution  du  canal 
dérivé  du  Rhône -attirera  particulièrement  l'attention.  Il  est  temps 
qu'on  sorte  enfin  des  préliminaires  pour  cette  œuvre  qui  est  depuis 
assez  longtemps  à  l'étude.  Nous  croyons  savoir  que  l'article  2  de  la 
loi  du  20  décembre  1879  est  maintenant  complètement  satisfait.  Cet 
article  portait  que  la  déclaration  d'utilité  publique  serait  non  avenue 
si,  dans  le  délai  de  deux  ans,  les  départements,  les  villes  et  communes 
et  les  propriétaires  intéressés  n'avaient  pas  souscrit  des  engagements 
s'élevant,  en  redevances  annuelles,  à  la  somme  de  3  millions  de  francs. 
D'après  la  déclaration  que  nous  a  faite  M.  Aristide  Dumont,  les  3  mih' 
lions  sont  dès  maintenant  souscrits. 

IL  —  La  récolte  des  prvicipales  céréales. 

Le  ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce  a  publié,  dans|k 
Journal  officiel  du  7  novembre,  un  état  approximatif  de  la  récolte  du 
froment,  du  méteil  et  du  seigle  en  1880.  Nous  publions  ce  document 
dans  ce  numéro  (p.  249).  Il  en  résulte  que,  pour  les  trois  sortes  de 
grains,  il  y  a  eu  à  la  fois  :  1°  de  plus  grandes  surfaces  emblavées; 
2°  une  récolte  supérieure  à  celle  de  l'an  dernier  de  près  du  tiers  en  sus 
par  rapport  à  celle-ci;  3"  un  excédent  de  rendement  moyen  par  hectare 
d'un  peu  plus  de  3  hectolitres  pour  chacun  des  grains;  4°  sauf  pour 
le  méteil,  une  qualité  notablement  supérieure,  puisque  l'hectolitre 
moyen  de  froment  pèse  cette  année  2  kilog.  et  demi  de  plus  à  peu  près 
que  l'hectolitre  de  l'an  dernier,  et  qu'il  y  a,  en  outre,  un  excédent 
d'un  kilog.  environ  sur  le  poids  de  l'hectolitre  de  seigle. 

La  dernière  récolte  de  froment  s'élèverait  à  environ  101  millions 
d'hectolitres  ou  79  millions  de  quintaux  métriques;  c'est  un  peu  plus 
que  la  récolte  des  années  1875  et  1877.  Il  est  intéressant  de  rappro- 

N'  605.  —  Tome  lY  de  1880.  —  13  Novembre. 


2i2  CHRONIQUE  AGRICOLE   (13   NOVEMBRE    1880). 

cher  de  ces  résultats  les  cours  du  froment  pendant  les  quatre  der- 
nières années,  au  commencement  de  novembre.  Ils  sont  aujourd'hui 
de  28  (r.  par  quintal  pour  Tensemble  de  toute  la  France.  En  1875  et 
1877,  les  prix  moyens  étaient  respectivement  de  25  fr.  94  et  de 
30  fr.  89.  En  1878,  avec  une  récolte  moindre  (95  millions  d'hecto- 
litres), il  n'était  que  de  27  fr.  78.  Quant  à  Tannée  passée,  l'année  de 
la  plus  mauvaise  récolte  qu'on  ait  eue  depuis  longtemps,  il  ne  s'était 
élevé  qu'à  31  fr.  52.  La  situation  est  donc  aujourd'hui  incomparable- 
ment plus  satisfaisante.  En  effet,  si  l'on  évalue  en  argent  la  valeur  de 
chacune  des  récoltes  des  six  dernières  années,  d'après  les  cours  du  com- 
mencement de  novembre,  et  en  tenant  compte  des  poids  moyens  rela- 
tifs de  l'hectolitre  dans  chaqueannée,  onobtientles  nombres  suivants  : 

.      .  Valeur  de  la  récolte  de 

■^""^■^^  froment. 

1875 1 ,  97 1 ,  4^0 ,000  francs 

1876 2,00>,900,000    — 

1877 2,347,640,000     — 

1878 1 ,9.52 ,254 ,000     - 

1879 1,867,643,000    — 

1 880 2 ,204,300 ,  OC'O     — 

Ainsi,  tandis  que,  tout  à  coup,  de  1877  à  1878,  l'agriculture  avait 
perdu  environ  400  millions  de  francs,  qu'une  nouvelle  perle  en  plus 
de  100  millions  avait  dû  être  supportée  en  1879,  elle  regagne 
350  millions  environ  en  1880,  et  elle  se  trouve  avec  200  millions  de 
plus  que  pendant  chacune  des  deux  années  1875  et  187G.  Ce  sont  des 
faits  qui  tiennent  essentiellement  aux  circonstances  météorologiques 
que  l'agriculture  a  dû  traverser. 

III.  —  Désinfection  du  matériel  des  chemins  de  fer. 

Dans  une  précédente  chronique  (n"  du  30  octobre,  p.  164  de  ce 
volume),  nous  avons  publié  la  circulaire  que  M.  le  ministre  de  l'agri- 
cuUure  a  adressée  aux  préfets  pour  les  inviter  à  prendre  des  arrêtés 
prescrivant  la  désinfection  du  matériel  des  chemins  de  fer,  toutes  les 
fois  qu'il  aurait  servi  au  transport  du  bétail.  Nous  apprenons  que  tous 
les  préfets  se  sont  empressés  de  se  conformer  aux  instructions  qui  leur 
étaient  données,  et  que,  dans  tous  les  départements,  des  arrêtés  ont 
été  pris  conformément  au  modèle  que  renfermait  la  circulaire  du  mi- 
nistre de  l'agriculture.  La  désinfection  des  wagons,  après  tout  trans- 
port de  bétail,  est  devenue  obligatoire  dans  toute  la  France.  C'est  une 
mesure  dont  on  ne  saurait  trop  se  louer,  et  qui  contribuera  puissam- 
ment à  arrêter  l'extension  des  maladies  contagieuses. 

IV.  —  Le  phylloxéra. 

La  lutte  contre  le  phylloxéra  au  moyen  des  insecticides  continue. 
Un  nouveau  syndicat  s'est  formé,  dans  le  Rhône,  pour  le  traitement 
par  le  sulfure  de  carbone  et  a  demandé,  aux  .termes  de  la  loi,  une 
subvention  qui  lui  a  été  accordée.  Dans  les  régions  considérablement 
dévastées,  la  faveur  est  toujours  grande  pour  l'emploi  des  cépages 
américains,  et  l'on  désire  y  avoir  la  liberté  complète  du  transport  des 
sarments,  boutures  et  plants  enracinés.  C'est  ainsi  que  l'arrondisse- 
ment de  Moissac,  dans  Tarn-et-Garonne  et  celui  de  Saint-Pons,  dans 
l'Hérault,  ont  demandé  à  être  teintés  en  noir  sur  la  carte  phylloxé- 
rique;  toutes  les  formalités  ayant  été  remplies  à  cet  égard  et  les  Con- 


CHRONIQUE  AGRICOLE   (13  NOVEMBRE  1880).  243 

seils  généraux  des  départements  approuvant,  la  section  permanente 
de  la  Commission  supérieure  du  phylloxéra  a  donné  un  avis  favorable. 
Des  demandes  analogues  faites  pour  la  Gironde  et  la  Loire  ont  élé  ajour- 
nées;, attendu  que  les  enquêtespréalables  n'étaient  pas  encore  suffisantes. 

V.  —  Vente  des  vins  des  hospices  de  Beaime. 

La  vente  annuelle  des  vins  des  hospices  de  Beaune  a  eu  lieu,  ainsi 
que  nous  l'avons  annoncé,  le  dimanche  7  novembre,  devant  une  grande 
affluence  de  commerçants  et  d'agriculteurs,  en  même  temps  qu'avait 
lieu  une  exposition  de  vins  de  la  Bourgogue.  Cette  exposition  a  donné 
à  lieu  une  dégustation  des  vins  nouveaux,  faite  par  un  jury  présidé  par 
M.  le  comte  de  Vergnette-Lamotte.  Ce  rapport  sert  chaque  année  de 
première  base  pour  la  future  classification  des  vins  de  qualité;  c'est 
pourquoi  nous  croyons  devoir  le  reproduire  ici,  les  viticulteurs  y  devant 
trouver  de  bons  éléments  d'appréciation.  Voici  le  texte  de  ce  rapport  : 

«  Il  s'est  produit,  cette  année,  pendant  la  végétation  de  la  vigne,  deux  faits 
utiles  à  signaler  :  la  formation  du  verjus  dans  de  bonnes  conditions  et  la  ven- 
dange des  raisins  de  la  Côte  par    un  beau  soleil. 

«  Il  en  est  résulté  une  fermentation  assez  prompte  et  les  vins,  au  décuvage, 
présentent  de  la  couleur  et  de  la  vinosité,  de  la  franchise  et  de  la  fermeté. 

«  Cet  ensemble  satisfaisaot  rend  les  vins  dignes  d'être  présentés  au  commerce 
et  par  celui-ci  à  ses  clients. 

«  On  peut  évaluer  la  récolte  des  vins  fins  de  1/5  à  I/IO  d'année  moyenne,  et 
pour  les  ordinaires  à  la  moitié  d'une  année  moyenne. 

«  Les  vins  blancs  sont  généralement  bons. 

«  Cette  appréciation  s'étend  à  tous  les  vins  de  l'ancienne  Bourgogne.  » 

En  même*  temps  que  l'exposition  des  vins,  a  eu  lieu  un  concours 
d'instruments  de  viticulture.  Trois  catégories  d'appareils  ont  seules 
été  admises  à  y  recevoir  des  récompenses.  Celle-ci  ont  été  décernées 
comme  il  suit  : 

f*  Section.  —  Charrves  vigneronnes.  —  ]"  Prix  :  Médaille  de  vermeil  avec 
100  fr.  de  prime  :  M.  Râteaux,  fabricant  à  Yignolles,  pour  l'ensemble  de  son 
exposition.  —  2"  Prix  :  Médaille  d'argent  avec  50  fr.  de  prime  :  M.  Pétrot,  con- 
structeur à  Dijon,  pour  sa  charrue  à  vigne.  —  3^  Prix  :  Médaille  d'argent  : 
M.  L  Menault,  fabricant  à  Sfe-Marie-la-Blanche,  pour  sa  charrue  à  vigne.  — 
4*^  Prix  :  Médaille  d'argent  :  M.  Robert,  constructeur  à  Auxerre  (Yonne),  pour 
l'ensemble  de  son  exposition.  —  5*  Prix  :  Rappel  de  médaille  de  bronze:  M.  Bois- 
selet,  fabricant  à  Montagny-les-Beaune,  pour  sa  herse  et  sa  charrue  à  vigne. 

2'""  Section.  —  Chaudières  à  échauder  la  vignp,  Pyrophores.  —  l*""  Prix  :  Mé- 
daille de  vermeil  avec  100  fr.  de  prime  :  M.  Boisson,  constructeur  à  Belleville 
(Rhône),  pour  sa  chaudière.  —  Rappel  de  médaille  de  vermeil  :  M  Duteil-Mar- 
cenot,  constructeur  à  Beaune,  pour  sa  chaudière  avec  accessoires  (hors  concours). 
—  1'''  Prix  :  Médaille  de  vermeil  avec  lOO  fr.  de  prime  :  M.  Bourbon,  construc- 
teur à  Perpignan,  pour  son  pyrophore.  —  2.«  Prix  :  Médaille  d'argent  avec  50  fr. 
de  prime,  M.  Caillot,  p)ur  son  thermophore.  —  4^  Prix  :  Médaille  de  bronze,  M.  (j 
Paulin,  propriétaire  à  Beaune,  pour  sa  caisse  rotative  à  échauder  les  échalas. 

3'"^  Section.  —  Soufreuses.  —  Médaille  d'argent  :  M.  Terraud-NicoUe,  pro- 
priétaire à  Varennes,  pour  vulgarisation  d'un  appareil  utile,  la  soufreuse  inventée 
par  M.  Fojadelli.  —  Médaille  d'argent  :  M.  Vantelot-Béranger,  constructeur  à 
Beaune,  pour  vulgarisation  d'un  instrument  utile,  la  soufreuse  bordelaise,  très 
employée  dans  le  Bordelais.  —  Médaille  de  bronze  :  M.  G.  Paulin,  propriétaire  à 
Beaune,  pour  vulgarisation  de  la  soufreuse  à  pomme  d'arrosoir. 

Ces  récompenses  signalent  plusieurs  excellents  appareils,  dont 
quelques-uns  ont  déjà  fait  leurs  preuves  dans  de  nombreuses  circons- 
tances. 


244  CHRONIQUE  AGRICOLE  (13    NOVEMBRE   1880). 

Vr.  —  Sur  le  labourage  à  vapeur. 

Les  publications  sur  l'exposition  du  matériel  agricole  à  Pans, 
en  1878,  ont  déjà  été  nombreuses.  Parmi  celles  qui  méritent  spéciale- 
ment d'appeler  l'attention,  nous  devons  signaler  un  livre  de  160  pages 
environ,  que  M.  P}'ro,  professeur  à  l'Institut  agricole  deGembloux  (Bel- 
gique), vient  de  publier  sous  le  titre  :  Labourage  à  vapeur,  exposé  hisio- 
rique  et  pratique.  Les  divers  chapitres  de  ce  livre  répondent  complète- 
ment à  ce  que  l'on  pouvait  en  attendre.  Toutes  les  phases  par  lesquelles 
est  passée  la  construction  des  appareils,  tant  en  Angleterre  qu'en 
France,  y  sont  exposées  avec  beaucoup  de  détails  ;  la  description  de 
ceux  qui  sont  aujourd'hui  adoptés  dans  les  divers  pays,  y  occupe 
aussi  une  place  importante;  on  y  trouvera  donc  d'excellents  renseigne- 
ments. Les  conditions  du  travail  du  labourage  à  vapeur  sont  extrême- 
ment variables  ;  il  faut  donc  se  garder  de  porter  des  jugements  absolus 
soit  pour,  soit  contre  ce  système.  Si  la  moyenne  et  la  petite  culture  ne 
peuvent,  dans  l'état  actuel  des  choses,  à  part  les  circonstances  d'as- 
sociation, se  servir  avec  avantage  des  appareils  mus  par  la  vapeur,  il 
est,  au  contraire,  pour  les  vastes  exploitations  un  assez  grand  nombre 
de  circonstances,  dans  lesquelles  les  appareils  de  culture  à  vapeur 
rendront  des  services  importants.  Les  conclusions  de  M.  Pyro  sur  ce 
sujet  sont  sages.  D'ailleurs  nulle  part,  en  agriculture,  il  n'est  prudent 
d'adopter  des  principes  exclusifs. 

VIL  —  Concours  cVaniniaux  reproducteurs. 
Le  concours  d'animaux  reproducteurs  de  l'espèce  bovine  organisé 
par  la  Société  centrale  d'agriculture  de  l'Aude  a  eu  lieu  le  20  septembre 
à  Saint-Denis.  Ce  concours  a  été  des  plus  brillants,  d'après  le  rapport 
du  jury  que  nous  avons  sous  les  yeux.  Les  principales  récompenses 
ont  été  attribuées,  pour  les  taureaux,  les  génisses  et  les  vaches,  à 
MM.  Emile  Rives,  Edmond  Combes,  ïissié.  Dans  son  rapport,  M.  Castel 
ajoute  quelques  détails  sur  les  intéressants,  sur  les  méthodes  adoptées 
par  M.  Lades-Gout,  sur  son  domaine  de  Fargues,  à  Saint-Denis,  pour 
l'élevage  de  la  race  bovine  de  la  Montagne-Noire.  Il  s'exprime  en  ces 
termes 

«  Chaque  année,  au  1""  novembre,  le  domaine  de  Fargues  renferme  6  taureauv, 
dont  2  âgés  de  six  mois,'  2  de  dix-huit  mois  et  2  de  trente  mois  ;  12  génisses,  dont 
4  âgées  de  six  mois;  4  âgées  de  dix-huit  mois;  4  âgées  de  treute  mois;  et 
16  vaches  adultes,  âgées  de  trois  ans  et  demi  et  au-dessus, 

«  Les  génisses  commencent  à  être  saillies  à  trois  ans  et  demi;  la  période  de 
gestation  dure  neuf  mois,  et  celle  de  l'allaitement  trois  mois  ;  chaque  vache  peut 
ainsi  donner  un  produit  tous  les  ans. 

«  On  vend  chaque  année  :  deux  jeunes  bœufs,  provenant  de  la  castration  des 
taureaux  âgés  de  trente  mois,  et  quatre  vieilles  vaches  qui,  à  cause  de  leur  âge, 
donneraient  des  produits  défectueux.  Sur  les  jeunes  veaux  de  l'année,  on  en 
choisit  six  qui  sont  conservés  pour  remplacer  les  animaux  qui  ont  été  vendus;  les 
autres  sont  livrés  à  la  boucherie. 

«  Ainsi,  sur  un  domaine  de  180  hectares,  qui  renferme  60  hectares  de  terres 
labourables,  30  hectares  de  prairies,  15  hectares  de  bois,  et  105  hectares  de  landes 
et  d'ajoncs,  on  élève  16  animaux  de  travail  et  18  animaux  encore  jeunes,  destinés 
à  entretenir  et  à  renouveler  le  bétail. 

«  La  faible  production  du  fumier,  dans  un  pays  où  les  animaux  sont  presque 
eonstamment  nourris  sur  les  pâturages,  limite  la  puissance  culturale  et  restreint 
.l'étendue  des  terres  labourables. 

«  Nous  nous  sommes  permis  cette  digression  sur  l'élevage  dans  la  Montagne- 
Noire,  pour  bien  faire  ressortir  que  l'espèce  bovine  de  cette  région  est  très  appro- 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (13  NOVEMBRE  1880j.  245 

priée  aux  services  qu'elle  est  appelée  à  remplir;  on  doit  néanmoins  cherchera 
l'améliorer  au  moyen  de  sélections  faites  avec  intelligence,  et  tâcher  de  la  perfec- 
tionner par  des  croisements  avec  des  races  étrangères.  » 

Tous  les  efforts  qui  sont  faits  pour  augmenter  la  production  du 
bétail  dans  une  contrée  où  il  est  encore  trop  clairsemé,  duivent  être 
encouragés  La  Société  centrale  d'agriculture  de  l'Aude  est  donc  entrée 
dans  une  excellente  voie. 

VIII.  —  Sur  le  sucrage  des  vendanges  à  prix  réduit. 

A  la  rentrée  des  Chambres,  le  rapport  fait  par  M.  Fouquet,  au  nom 
de  la  Commission  chargée  d'examiner  la  proposition  de  loi  tendant  à 
dégrever  les  sucres  employés  au  sucrage  des  vins,  bières,  cidres,  poirés 
et  hydromels,  a  été  distribué  à  la  Chambre  des  députés.  On  se  souvient 
que  cette  proposition  a  été  signée  par  G8  députés  et  que  la  Chambre 
en  a,  par  un  vote  antérieur,  décidé  la  prise  en  considération.  Le  rapport 
de  M.  Fouquet  donne  des  détails  très  intéressants  sur  la  situation  du 
commerce  des  sucres,  et  il  insiste  sur  la  nécessité  où  se  trouve  la 
France  d'augmenter,  dans  une  large  proportion,  la  consommation  de 
celte  denrée.  L'emploi  du  sucre  dans  les  vendanges  a  été  restreint 
jusqu'ici  par  les  droits  élevés  qui  le  frappaient;  ce  serait  faire  acte 
favorable  à  la  fois  à  la  viticulture  et  à  la  sucrerie  indigène  que 
d'abaisser  ces  droits  à  la  dernière  limite.  La  proposition  de  loi  ea 
question  ne  renferme  qu'un  article  qui  est  ainsi  conçu  : 

«  Les  sucres  employés  au  sucrage  des  vins,  bières,  cidres,  poirés  et  hydromels, 
à  la  cuve  avant  fermentation,  soni  passibles  d'un  droit  égal  à  celui  des  glucoses,  à 
la  condition  qu'ils  seront  préalablement  soumis  à  une  dénaturation  soit  dans  les 
fabriques,  soit  dans  les  établissements  spéciaux  qui  seraient  assimilés  aux 
entrepôts  réels. 

«  Un  règlement  d'administration  publi  pe  déterminera  les  conditions  de  dénatu- 
ration et  le  mode  de  surveillance  des  agents  des  contributions  indirectes.  La 
réduction  du  droit  sur  les  sucres  employés  au  sucrage  des  vins  est  limité  à  une 
durée  de  deux  années  à  partir  de  la  promulgation  de  la  présente  loi.  n 

Nous  espérons  que  la  discussion  de  cette  proposition  sera  bientôt 
mise  à  l'ordre  du  jour  de  la  Chambre,  et  qu'elle  pourra  être  rapide- 
ment adoptée.  Quant  aux  procéd'^s  de  dénaturation,  on  peut,  dans  la 
situation  actuelle  des  choses,  les  considérer  comme  présentant  toute 
garantie  pour  les  intérêts  du  Trésor  public. 

IX.  —  Sucres  et  betteraves» 
Les  arrachages  de  betteraves  se  poursuivent  avec  des  alternatives  de 
pemps  favorable  ou  fâcheux.  On  peut  maintenant  avoir  une  idée  à  peu 
rès  complète  du  rendement  'qui,  dans  beaucoup  de  départements, 
n'est  pas  aussi  favorable  qu'on  l'avait  d'abord  espéré.  Il  y  a  aussi  beau- 
coup d'inégalités  dans  la  richesse  sucrière  des  betteraves;  à  ce  point 
de  vue,  il  y  a  encore  des  déceptions  assez  amères.  La  plupart  des  sucre- 
ries signalent,  pour  les  travaux  exécutés  jusqu'à  ce  jour,  un  rende- 
ment médiocre  en  sucre.  Les  nouvelles  de  Belgique  et  d'une  partie  de 
l'Allemagne  donnent  d'ailleurs  des  appréciations  analogues  à  celles 
qui  ont  été  réunies  pour  la  France. 

X.  —  La  vérification  du  lait. 

M.  Eugène  Marchand  vient  de  présenter  à  la  réunion  du  Conseil 
d'hygiène  du  département  de  la  Seine-Inférieure  un  intéressant 
mémoire  sur  l'utilité  de  la  vérification  du  lait.  Sa  conclusion  est  que 


246  CHRONIQUE  AGRICOLE  (1?,  NOV.'^MBRE  1880). 

la  vérification  du  lait  est  possible,  et  qu'e'îs  d&t  d'exécution  facile,  en 
permettant  des  conclusions  positives  lorsqu  elle  est  faite  avec  conve- 
nance, conformément  aux  prescriptions  de  la  science.  Il  y  a,  en  effet, 
longtemps  que,  à  Paris  et  dans  plusieurs  grandes  villes,  la  vérification 
du  lait  se  fait  sans  aucune  difficulté;  c'est  une  pratique  qui  doit  être 
étendue  à  toutes  les  agglomérations  de  population  un  peu  importantes. 
XL  —  Nouvelles  de  l'état  des  récoltes. 

Les  dernières  récoltes  ont  donné,  dans  la  plupart  des  départements, 
d'excellents  résultats,  ainsi  qu'il  résulte  des  notes  que  nous  recevons 
de  nos  correspondants.  M.  de  Lentilhac  nous  envoie  de  St-Jean-d'Ataux 
(Dordogne),  à  la  date  du  6  novembre,  les  renseignements  qui  suivent  : 

«  Aujourd'hui  que  toutes  nos  récoltes  sont  retirées,  nous  pouvons  faire  le  bilan  de 
la  campagne  agricole  qui  vient  de  finir.  On  s'accorde  à  reconnaître  que  pour  les 
céréales,  le  résultat  pour  la  France  est  celui  d'une  récolte  moyenne,  pour  le  Pé- 
rigord,  nous  n'hésitons  pas  à  allirmer  qu'elle  est  au-dessous:  les  blés  ont  réparé, 
il  est  vrai,  plus  qu'on  ne  pouvait  l'espérer,  les  dégâts  occasionnés  par  les  froids 
de  l'hiver;  ils  ont  bien  tallé,  n'ont  pas  été  atteints  par  la  coulure,  ont  foirni  un 
gram  généralement  bien  nourri,  mais  n'ont  pu  compenser  les  nombreuses  victimes 
des  gelées.  La  récolte  du  maïs,  très  importante  en  Périgord,  occupe  cette  année 
une  bonne  moyenne,  son  grain  ayant  parfaitement  mûri  même  dans  les  ierrams 
froids....  Celle  des  pommes  de  terre  est  très  bonne,  et  jusqu'à  présent  exception- 
nellement saine...  Les  haricots  ont  peu  donné,  la  sécheresse  survenue  en  juillet 
ayant  arrêté  leur  développement-...  Les  betteraves  et  carottes  ont  également  souf- 
fert de  la  chaleur;  il  en  a  été  de  même  des  tabacs  dont  la  ieuille  n'a  atteint  qu'un 
faible  développement. 

«  Le  vin,  ce  produit  d'un  si  grand  poids  dans  la  budget  en  Périgord,  a  donné, 
comme  nous  le  faisions  pressentir  dans  notre  chronique  de  septembre,  de  tristes 
déceptions.  Un  peu  supérieure  comme  quantité  et  qualité  à  celle  de  l'an  dernier, 
la  récolte  de  1880  atteint  à  peine  le  sixième  d'une  année  moyenne;  le  vin  est  vert 
à  cause  d'une  maturité  irrégulière  du  raisin,  et  peu  coloré,  les  cépages  rouges 
ayant  été  plus  particulièrement  frappés  par  la  coulure  et  l'oïdium....  Beaucoup  de 
propriétaires,  pour  assurer  leurs  provisions,  ont  eu  recours  aux  marcs  arrosés 
d'eau  sucrée,  mais  ces  seconds  vins,  dont  on  a  beaucoup  parlé,  beaucoup  exagéré 
les  mérites  surtout,  sont  loin,  quoi  qu'on  fasse,  de  remplacer  nos  vins  médiocres. 

«  La  châtaigne  est  petite,  mais  abondante  et  très  saine  ;  il  n'en  est  pas  de  même 
des  noix,  qui  ont  été  brouillardées  dans  leur  coque,  longtemps  avant  la  maturité 
du  fruit. 

«  Les  noyers  eux-mêmes  ont  eu  leurs  feuilles  maculées  de  nombreuses  taches  et 
frappées  de  caducité  anticipée. 

«  Le  commerce  du  bétail  offre  peu  d'animation....  Les  bêtes  d'attelage  sont 
bon  marché  à  cause  du  manque  de  foin,  les  bœufs  gras  d'un  prix  relativement 
élevé....  Les  porcelets  sont  fort  demandés,  à  cause  sans  doute  de  la  bonne  réus- 
site de  la  pomme  de  terre  et  du  maïs,  mais  surtout  du  glaod  qui  a  rarement 
offert  une  pareille  abondance.  5» 

D'après  la  note  que  M.  Leyrisson  nous  envoie  de  Tridon  fLot-et- 
Garonne),  à  la  date  du  i"  novembre,  les  semailles  ont  été  jusqu'ici 
peu  favorisées  par  le  temps  dans  ce  département  : 

«  L'année  vinicole  a  été  tellement  triste  que,  de  mémoire  d'homme,  on  n'avait 
vu,  ici,  une  telle  pénurie  de  vin.  On  y  obvie  néanmoins  par  la  fabrication  de 
piquettes  de  pomme,  ce  dernier  fruit  ayant  été  d'une  abondance  prodigieuse.  On 
a  même  imaginé  dernièrement  un  très  simple  et  très  ingénieux  petit  pressoir,  qui 
du  reste,  n'est  autre  chose  qu'un  levier  de  deuxième  ordre,  au  moyen  duquel  on 
écrase  et  l'on  pressure  dans  les  meilleures  conditions  possibles. 

«  Les  semailles,  peu  favorisées  jusqu'ici  par  la  température  pluvieuse  que  nous 
subissons,  jusqu'à  hier,  vont  probablement  prendre  une  meilleure  voie,  car  main- 
tenant le  temps  semble  s'être  mis  au  beau  fixe.  » 

Tous  les  renseignements  qui  arrivent  maintenant  confirment  les 
premières  appréciations  que  nous  avons  données  sur  les  résultats  des 


CHRONIQUE  AGRICOLE   (13  NOVEMBRE  1880)  247 

vendanges.  A  part  quelques  parties  du  Midi,  le  vin  est  très  peu  abon- 
dant, mais  il  est  généralement  d'une  assez  bonne  qualité.  Quant  aux 
ponnnes  de  terre,  elles  ont  donné  une  bonne  récolte;  il  en  est  de 
môme  pour  le  maïs  dans  un  grand  nombre  des  départements  méri- 
dionaux. J.-A.  Barkal. 

SUR  LES  VIGNES  AMÉRICAINES  EN  AMÉRIQUE 

Monsieur  le  Directeur,  je  vous  demande  la  permission  de  répondre 
à  la  lettre  de  M.  Laliman  sur  la  résistance  des  cépages  américains 
[Journal  du  9  octobre.) 

J'ai,  en  effet,  perdu  ma  vigne  dans  l'Illinois  sous  les  attaques  du 
phylloxéra,  aidé  dans  son  œuvre  de  destruction  par  un  autre  insecte 
presque  aussi  funeste,  VErythroneura  vitis  outhe  (jrapeleaf  hopper,  sorte 
de  très  petite  sauterelle  ailée  qui  s'attache  aux  feuilles,  en  suce  la  sève  et 
en  amène  la  chute  rapide.  Le  bois  ne  pouvant  s'aoùter  dans  ces  condi- 
tions déplorables,  si  l'hiver  suivant  est  rigoureux,  la  vigne  succombe. 
Tel  fut  le  cas  de  mon  vignoble,  à  la  suite  de  l'hiver  désastreux  de  1875. 

Le  30  septembre  dernier,  j'ai  informé  M.  Laliman,  sur  sa  demande, 
des  trois  causes  présumées  de  la  perte  de  ma  vigne.  Le  10  de  ce 
mois,  le  lendemain  de  la  publication  de  la  note  de  M.  Laliman,  je 
lui  ai  de  nouveau  écrit,  sur  son  invitation,  les  lignes  suivantes  : 

«  Je  viens  vous  dire  que  je  n'ai  rien  trouvé  de  plus  sérieux,  pour  répondre  à  vos 
assertions  sur  les  invasions  progressives  du  phylloxéra,  en  Amérique,  au  lieu 
d'admettre  la  théorie  de  son  état  indigène  dans  ce  pays,  comme  à  celles  qui  ont- 
trait  à  la  non-identité  de  l'insecte  sous  les  deux  formes  de  vnslatrix  eUÏe  gallicole, 
que  de  consulter,  sur  ces  matières  controversées,  les  autorités  acceptées  comme 
compétentes  en  Amérique,  MM.  Ouderdouk,Berckraans  et  Campbell;  je  vous  trans- 
mettiai  leurs  réponses  sitôt  qu'elles  me  seront  parvenues. 
_  «  Pour  ce  qui  m'est  personnel  ou  plutôt  pour  ce  qui  est  particulier  à  ma 
vigne,  elle  a  dû  être  envahie  parle  phylloxéra,  dès  l'année  1863,  par  des  racines 
de  Clintnn,  achetés  à  Rochester,  chez  M.  Frost  et  Cie,  Etat  de  New-York. 

«  J"ai  remarqué,  en  recevant  ces  plantes  et  en  les  mettant  en  terre,  des  nodosités 
ou  renflements  considérables  et  anormaux  sur  leurs  racines,  ne  me  doutant  pas 
que  j'inlroduisais  chez  moi  le  redoutable  fléau.  J'ai  observé  ausssi  des  gaVes  sur 
ces  mêmes  Clmton. 

«  Depuis  cette  époque,  j'ai  acheté  particulièrement  des  Labrusca  pour  avoir 
plus  de  rapport;  mais  le  me  suis  aussi  procuré  dans  d'autres  maisons  des  Riparia 
ou  Gordifolia  et  des  Œstivahs  pour  l'établissement  de  mon  vignoble.  Peut-être  ces 
maisons  m'ont-elles  envoyé  avecleurs  cépages,  de  nouveaux  éléments  de  destruction, 
je  l'ignore,  n'ayant  pas  observé  sur  les  racines  les  mêmes  exostoses  ijue  sur  le 
Clinton,  venant  de  Rochester. 

«  J'ai  acheté  aussi  des  vignes  françaises  en  1861,  chez  M.  André  Leroy, 
d'Angers.  Elles  se  composaient  de  onze  variétés  des  plus  méritantes,  dans  mon 
opinion.  Une  seule  de  ces  vignes  a  fructifié  une  seule  fois,  le  Pituau  blanc  de 
Saumur.  La  plupart  étaient  mortes  dès  la  deuxième  année  de  plantation.  La  der- 
nière  avait  disparu  la  quatrième  année.  J'ignore  les  causes  de  leur  perte. 

«  Quant  aux  vignes  indigènes  que  je  cultivais  chez  moi,  elles  ont  presque  tou- 
jours été  à  l'état  de  souffrance,  à  l'exception  du  Concord  et  du  Norton,  qui  m'ont 
donné  de  beaux  résultats.  Le  Concord  surtout  prospère  magnifiquement  dans 
l'Ouest,  malgré  la  présence  du  phylloxéra,  dont  pas  un  vigneron  ne  s'inquiète  en 
Amérique,  si  ce  n'est  la  Californie  qui  est  décimée,  cumme  nous,  et  se  prépare  à 
nous  imiter  en  appliquant  la  greffe  sur  des  racines  résistantes.  On  replante 
même  le  Catawba,  quoique  l'insecte  fait  terriblement  maltraité  dans  beaucoup 
de  localités.  Le  vin  de  ce  cépage  est  très  recherché  en  Amérique,  par  les  Amé- 
ricains et  les  Allemands.  Les  Français  préfèrent  le  vin  rouge,  et  le  Concord,  quoi- 
que produisant  un  vin  commun  se  rapprochant  de  celui  du  Gamay,  fournit  leur 
boisson,  en  général.  Ce  vin  se  vend  35  centimes  le  litre,  ou  environ. 

«  Je  l'améliorais  sensiblement  et  je  m'étais  fait  une  réputation  en  le  vinantà  la 
cuve.  Ce  procédé  que  j'appliquais  après  la  fermentation  active  ou  tumultueuse  est 


248  SUR  LES|VIGNES    AMÉRICAINES  EN  AMÉRIQUE. 

indispensable  pour  rehausser  cette  variété  en  neutralisant  les  acides  et  en  pro- 
duisant l'éther,  et  je  crois  que  si  on  l'employait  en  France,  on  pourrait,  peut-être, 
réhabiliter  ce  vin  dans  la  fâcheuse  réputation  qu'il  a  ici.  Je  le  trouve,  pour  mon 
compte,  bien  supérieur  au  vin  d'York-Madeira  que  vous  m'avez  fait  goûter  pendant 
le  congrès  de  Lyon  et  que  je  récoltais  dans  l'IUinois.  Quelques  bouteilles  venant 
de  ma  cave,  importées  en  France,  avaient  gagné  beaucoup  de  la  traversée,  au 
lieu  d'en  être  amoindries.  Ce  qu'il  y  a  d'étrange,  c'est  que  le  Concord  et  Cives 
Seedling  résistent  à  l'insecte,  en  Amérique,  et  qu'en  France  on  les  rejette.  Je  ne 
suis  pas  pas  bien  sûr  que  les  motifs  de  cette  proscription  soient  fondés. 

«  On  commence  à  croire,  en  Amérique,  f[ue  le  Tayinr  n'est  pas  un  Riparia  pur 
sang  ain^i  qu'on  l'avait  supposé  jusqu'à  présent,  mais  un  hybride  accidentel  entre 
un  Riparia  et  un  Labrusca  inconnu.  Ce  qui  fortifie  cette  opinion  nouvelle,  c'est 
que  des  semis  du  Taylor  qui  ont  donné  l'Elvira  ont,  par  des  semis  de  cette  der- 
nière variété,  donné  naissance  à  plusieurs  autres  variétés  dont  le  vin  présente  ce 
goût  foxé  spécial  au  Labrusca,  sans  nuire  toutefois  à  la  finesse  du  vin,  comme 
par  exemple  dans  le  Gatawba  qui  est  un  Labrusca.  » 

Il  y  aurait  beaucoup  à  dire  sur  les  points  que  JM.  Laliman  met  en 
relief  dans  la  note  que  vous  avez  publiée  et  pour  lesquels  il  demande 
une  enquête.  Mes  observations  pourront  déjà  l'édifier.  J'espère  être 
bientôt  en  mesure  de  lui  fournir  des  renseignements  plus  complets 
venant  de  voix  plus  autorisées.  En  attendant,  qu'il  veuille  bien  me 
permettre  d'ajouter  quelques  informations  à  celles  contenues  dans  ma 
lettre  du  10  courant. 

La  vigne  meurt  en  Californie,  parce  que  ce  sont  les  plants  d'Europe, 
les  vitis  vinifera  qui  forment  la  masse  des  vignobles  de  ce  pays. 

Suivant  les  renseignements  certains^  le  Concord  a  produit  cette 
année,  dans  l'IUinois,  une  récolte  énorme  et  sans  précédents.  Un  res- 
pectable fermier,  mon  voisin, m'écrit  que  son  beau-frère  afoit  14  barils 
et  demi  de  vin  sur  384  ceps  ;  un  autre  a  récolté  24  barils  sur 
1800  pieds  (première  récolte),  à  quelques  cents  mètres  de  la  vigne  que 
j'ai  perdue  après  une  lutte  de  douze  à  quinze  ans.  Ces  chiffres  prouvent 
que  le  Concord  est  plus  solide  que  les  roses  dont  parle  M.  Laliman. 

Je  n'engage  pas  M  Laliman  à  insister  sur  les  documents  qui  prouvent 
quele  Scuppeniong  et  la  Herbemont  sont  seuls  résistants  en  Amérique, 
cette  assurance  manquerait  de  fondement  comme  celle  de  M.  Meissner, 
s'il  a  dit  que  tous  les  cépages  résistent  en  Amérique.  Ce  sont  deux  exa- 
gérations. 

Aucun  rapport  défavorable  sur  la  résistance  des  Riparia  ne  m'est 
parvenu  d'Amérique.  Il  est  entendu  que  je  ne  fais  pas  d'allusions  aux 
expériences  faites  en  France. 

Il  est  vrai  que  les  Américains  ne  possèdent  plus  le  Solonis  et  qu'il 
leur  reste  peu  d'York- IMadeira.  Ils  n'ont  pas  non  plus  les  hybrides 
Gaston-Bazille  et  Vialla,  dérivés  de  Riparia  et  qui  sont  de  création 
française,  mais  ils  ont  de  précieuses  et  nouvelles  ressources  à  offrir  à 
la  France.  Quant  au  Jacquez,  que  M.  Laliman  se  rassure,  le  véritable 
peut  encore  être  obtenu,  au  Texas  seul,  par  des  millions  de  boutures. 

La  préférence  qu'on  accorde  partout,  en  Amérique,  à  l'Herbemont 
sur  le  Jacquez,  est  motivée  par  le  double  avantage  qu'on  retire  du  pre- 
mier pour  le  vin  et  le  fruit,  tandis  que  le  Jacquez  ne  peut  être  utilisé 
que  pour  le  vin.  Aucune  de  ces  deux  variétés  ne  souffre  de  Fanthrac- 
nose  au  Texas. 

Si  je  ne  craignais  d'abuser  de  votre  hospitalité,  j'expliquerais  pour 
quelles  causes  tous  les  Labrusca  sont,  en  dehors  du  phylloxéra,  fata- 
lement condamnés  au  sud  de  l'Amérique  et  que,  partout  dans  ce  pays, 
les  vitis  vinifera  ont  succombé  sous  les  attaques  de   l'insecte,  après 


SUR  LES  VIGNES  AMÉRICAINES  EN  AMÉRIQUE.  249 

quelques  années  de  lutte.  Les  mêmes  causes  qui  font  échouer  les  Labrusca 
et  d'autres  variétés  au  Sud  des  Etats-Unis,  ont  pu  produire  des  effets 
analogues  chez  M.  Laliman,  malgré  les  belles  apparences  de  vie  et  les 
grands  résultats  des  premières  années. 

Je  dirais  aussi  qu'au  lieu  de  recommander  les  Rotundifolia  comme 
stock  pour  porte-greffe  pour  les  variétés  d'Europe^  on  les  repousse, 
tandis  que  leur  concours  serait  utile  pour  les  OEstivalis  du  Sud. 

Je  termine  avec  le  ferme  espoir  que  mes  remarques  seront  accueillies, 
n'étant  inspirées  que  par  des  sentiments  de  déférence  et  de  courtoisie 
envers  l'un  des  plus  distingués  des  initiateurs  de  la  vigne  américaine 
en  France;  mais  surtout  parce  qu'elles  relèvent  d'un  mobile  plus  sé- 
vère et  plus  élevé,  parce  qu'elles  intéressent  la  cause  de  la  viticulture 
et  qu'elles  m'imposent  le  devoir  de  dire  ce   que  je   crois  la  vérité. 

Recevez,  etc.  G.  Morlot. 

PARTIE  OFFICIELLE 

Evaluation  approximative  de   la  récolte    du  fromant,   du  méteil  et  du  seigle  en  1880. 

Le  ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce  (direction  de  l'agriculture,  2'^  di- 
vision, bureau  des  subsistances)  publie,  dans  le  Journal  officiel  du  7  novembre, 
le  relevé  des  rapports  transmis  par  les  préfets  dans  les  six  semaines  qui  ont  suivi 
la  moisson  : 

FROMENT  MÉTEIL  SEIGLE 

Dl.PARTENUCNTS.        Surfaces    Produit  en  grains    Surfaces     Produit  en  prains       Surfaces 

enspiiientws.     llco(olilrcs.   Quiulaus  raelr.  ensemencées.      Ueelolilres.    Quin(an\  nielr.      ensemencées.      Ileeluliues.    UuialLJUi  m 
1"  Tiécjion  [N.-O.).  —  —  ____  _  _ 

Finistère 45.000  687,002  499, O^t?  5,400  126,000  81,090  32.000  616,807           423, 

CÔles-du-Nord 80,;io3  1.410.7S0  1,035,860  9,372  162,320  116,8 '0  30.988  453,245           Îl4,i 

M'Tljilian 40,000  b75,000  4-1,220  2,405  18,400  3,970  81.000  1,288,000          9i5, 

Ille-et-Vilaine 113, ICO  1,399,475  1,049,607  2,80S  14,300  (8,S60  10,600  115,030             82,1 

Manche 101,115  1,363,866  l,0i4,026  6,235  77.253  57,939  7,521  55.244            40,: 

Calvados 96,300  1,499.430  1,139,567  850  16,330  11,921  5,180  C2,' 86            51,' 

Orne 76,535  1,107,889  839,041  10,060  179,846  125.892  8,8S0  123,750             86,i 

Mayenne 106,878  1,701,660  l,32-'i,i51  11,798  119,236  9», 922  4,150  92,073            61,' 

Sartbe 78,546  1,163,608  9i.'7,770  27,187  377,508  294,456  24,623  309,745           232, 

Totaux 737,777  ;O,913,680  8,301,189  76,557  1,091,193'  801,860  204,942  '3,128,780       2.238, 

2«  Réjion  {Nord). 

Nord • 125.000  3,885,621  2,836,503  1,200  40,331  27,862  11,000  315,663 

Pas-deCalais 140,847  3,183,255  2,419,274  9,610  284,398  210,825  11,720  312,597 

Somme 99,867  1,617,648  1,218,240  85^840  594,94i*  438,283  18,900  351,351 

Seine-lut'érieure 118,800  2,281,992  1,744,483  1,380  35,628  26,880  19,130  2'j9,67o 

Oise   98,197  2,276,271  1,767,330  12,089  262,701  196.508  16,088  361,651 

Aisne 134,627  2,9i»2,34l  2,216,465  8,596  410,352  299,553  30,000  746,116 

Eure 118,000  1,926,26a  1,483,224  5,70?  80,90't  60,678  11.900  195,192 

Kure-et-Loir 115,515  2,350,294  1,787,821  9,164  183,816  121,202  10,593  217.970 

Seine-et-Uise 90,391  2,325,000  1,767,000  6,748  138,400  102,400  17,049  395,900 

Seine 4,715  99,475  74,606  »  »  o  1,642  19,725 

Seine-et-Marne 107,738  2,337,443     '     1,943.502  4,744  84,663  63,015  12.554  24J,2>3 

Totaux 1,153,697  25,285,610  19,258,448  145,071  2,116,687  l,ji7,219  161,176  3,408,058 

Z<^  Région  (N.-E.). 

Ardennes 67,210  1,143.615  853,041  3,045  70,731  51,482  14,500  269,179 

Marne 91,5  45  1.483.856  1,'71,097  4,349  67,796  51.020  63.643  (,548,99s 

Aube 80,000  1,213,000  913,900  1,000  13.400  10.000  40,000  485,500 

Haute-Marne 99,058  1,350,028  1,019,271  2.43J  34,020  23,814  4.7oo  60,404 

Meuse 98,7b7  1-670,150  1,252,612  »  «  »  4.447  69,654 

Meurthe-et-Moselle 87,309  1,261,264  933,335  60  >  10,834  7.800  4.8  22  11  3,  .81 

Vosges 52,591  847,542  640,251  9,795  150,599  112^130  10,9o6  327,805 

Haut-l;hin  (Belfort) 5,270  100,130  75,097  840  13.440  9,8!1  2,380  36,940 

Totaux 582,650  9,078,585  6,758,604  22,064  360,820*  266,057  156,398  2,011,988        1,839,: 

4-=  Région  [Ouest]. 

I-oire-Inférieure 96,000  1,723,000  1,347,840  600  12,0.00  9,129  19,400  388,00)            294.: 

Maine  et-Loire 160.000  2,970,0)0  2,310,000  5,000  55.000  41,250  10,0)0  88,000             66,' 

Indre-et-Loire I!i4,500  1,001,3)0  781,014  8,500  93,500  70.125  10,000  95,000              71,' 

Vendée 145,675  2,200,000  1,765,500  2,322  44,000  30,360  3,212  68,00Q              46,: 

Charente-Inférieure 128,200  1,594,073  1,184,636  6.241  34,790  24,758  5,950  21,843            15,; 

Deux-Sèvres 140,720  1,334,<I60  1,023,304  3,200  177,072  135,345  6.780  251,190            183, 

Charente 105,429  1,015,400  799,011  10.654  98,054  71,62  2  lb,220  155,477             110, 

Vienne 113,252  1,132,212  863.488  15,476  169,165  116,293  10,538  188,873            131, 

Haute-Vienne 40,863  441,000  339,570  1,000  =  »  62,558  828,000           579, 

Totaux 1,034,639  13,416,045  10,414,413  5Î,993  684,181  499,873  143,688  2,084,383       î^ 


2£0 


PARTIE  OFFICIELLE. 


FROiMENT 

DKPARTEMENTS.  Surfaces    Produit  ea  grains 
ensoincncéi's.      Iloclulllres.  Quiiilaus  iiicli'. 

S'  Région  Centre).  —              —                — 

Loir-et-Cher i;n,8'jO         895,:i7:i           68'i,377 

Loiret 78,005        1,529,708          l,188,<i79 

Yonne 119,150       1.98O,0(iO         1,418,000 

Indre..... W,WO        l,0OO,77'i          1,'211,I35 

Cher 81,445       1,091,112            9()6.'>47 

ISièvre 77,000        1,090,125              850,3uO 

Creuse 8,954            84,g:>9               69,727 

Allier 91,080        1,242,353             9>6,G11 

Puy-de-Dùnie 48,500         959,000           73^062 

Totaux (i85,G34     10,473,102       8,078,033 

6'-  Hcyion   {Est). 

Cùte-d'Or 130,030       l,GS6,r.37         l,233,3ll 

Haute-Saône 70,480          981,673            751,467 

Doubs 45,000           768,000            68  i, 680 

Jura 55,185           880,000             600,000 

Saône-et-Loire 137,484      2,079,000        1,580,040 

Loire 62,000          435,2  iO            330,790 

lUlone 43,010           500,000             38il,000 

Ain 92,000       1,018,682            766,456 

Haute-Savoie 28,379          496,205             39  7,770 

Savoie 19,500           294,219             223,606 

Isère 133,775           838,610             (i2,H,957 

Totaux 816,833'     9,958,276         7,536,0)7 

T=  Région  (S.-O.). 

fiironde 87,316       l,6'!5,'i7S         1,307,342 

Dordogne 187,304       1,272,809             992,791 

Lot-et-Garonne 139,000       1,951,951         1,541,471 

Landes 70,480           675, 4S0             555,360 

Gers 131,835       1,941,408         1,563,126 

Basses-Pyrenées, 52,256         886,240           709,072 

Hautes-Pyrénées 23,000          460.000            358,000 

Haute-Garonne 151,250      1,458,791        1,094,193 

Ariège 39,203          451.265            330,948 

Totaux 881,674     10,733,372         8,443,113 

8'=  Région  [Sud). 

Coirèze 19, 000          2*3,000         189,540 

Cantal 8,950              83,550            62,622 

Lot 80,000            862,500          090,000 

Aveyron.... 82,000           6ll,'i37.      483.355 

Lozère 7,850             77,528            51,990 

Tavn-6t-Garonne 95,195       1,124,300        876,954 

Tarn loi, 5(0       1, '6-7,515     1,144.661 

Hérault 68,200            500,000         400,000 

Aude »                   "                     » 

Pyrénées-Orientales lO,b4o          185,000        144,300 

Totaux.  ........  473,235         5,154,630     4,043,463 

9"  Région  [S.-E.). 

Haute-Loire.... 15,000            149,490         118,083 

Ardôche 35,238              160,202          122,103 

Drôme 120,000             790,000          592,500 

Gard 47,844            725,492         681,923 

Vaucluse 76,162             826,519         644,500 

Basses-Alpes 61,564             705,772         550,502 

Hautes-Alpes 23,886            263,700         218,700 

Bouclies-du-UhÔne 61,100             852,400         679,362 

Var 66,000              880,000         722,800 

Alpes-Maritimes 21,320           215,386        161,547 

Totaux 5,530,114          5,568,961     4,492,080 

10"  Région. 

Corse 33,659            499,575        399,660 


S  urfaces     Produit 
CQsomi'iiciH's.     Ili'clolilrc: 


2,951 

149,171 

6,510 

278,817 

6,150 

132, OUO 

4,120 

53,15? 

2,767 

34,682 

1,500 

21,546 

SKIGLE 

eu  «rains 

S  urfac 

es     Produit  en  grains 

Qainlaui  mélr. 

ensemencées 

.      II«'Uliln)s.    gui 

iatauv  mi-lr 

— 

— 

— 

— 

110,535 

26,343 

308,157 

220,68& 

211,^26 

29,860 

457,353 

334,923 

85.800 

18,600 

275,000 

198,000 

38,805 

13.986 

22-1,783 

161,209 

25.361 

17,246 

190,404 

130,292 

16,374 

19,000 

192,400 

142,376 

» 

84.606 

914,298 

656,599 

41,300 

642,125 

475,394 

11,285 

80.000 

1 ,200,000 

876,000 

499,686         330,941 


3,200 

109,8(2 

79,064 

7,800 

147,480 

106,185 

8,403 

117,255 

«6.383 

11,489 

161.555 

121,014 

7,000 

126,438 

94,085 

2,000 

39,706 

21,753 

1,545 

18,900 

13,608 

3,S0O 

33,600     ' 

23,520 

759 

11,978 

8,8<i5 

24,261 

540,750 

381,990 

10,000 

40,000 

28,800 

55,000 

6*9,800 

467,800 

1 ,200 

15,000 

10,950 

17,400 

190,000 

133,000 

7,500 

70,0)8 

51,023 

11,500 

119,615 

83,897 

3,358 

50,32  5 

39,120 

4,510 

80,872 

62,275 

4,000 

77,770 

59,105 

16,200 

23  M  30 

177,178 

6,673 

111,291 

77,903 

32,085 

470, OHO 

315,362 

,667,198        1,900,97j 


615 

2,730 

7,312 
96,791 

5,849 
72,593 

19.875 

21,690 

«,900 

96,386 

348,823 
371,009 
142,^31 
584,840 

279,063 
271,317 
104.266 
412,630 

1 ,052 
7,400 
3,9J5 
4,783 

17,'i41 
185,000 
45,464 
80,542 

13,604 
136,900 
24,550 
56,887 

934 
8,200 

9i7il 

14,540 
224,000 

6, 067 
177.634 

11,341 
156.800 

27,460 
118,111 

!1,998        432,550 


,9i5,410 


2,orio 

30,000 

22,500 

65,000 

754,1:0 

565,595 

1,400 

10,200 

7,446 

64,100 

730,05) 

518,330 

2,500 

34,500 

24,150 

12,000 

IbO.'iOO 

102,000 

2,000 

18,871 

15,099 

63,010 

691,938 

497.774 

3,900 

-.5,291 

35,500 

49,200 

567,882 

420,132 

2.090 

29,051 

20,335 

3,095 

40,<J98 

26,649 

■./,80  1 

2  .',200 

15,762 

33,000 

623,180 

642,457 

550 

3,200 

2.400 

5,700 

70,00u 

52,5uO 

1,403 

47,000 

32,900 

176,lu2 

18,105 
313,2U0 

181,000 
3,809,168 

130,200 

18,645 

240,313 

2,755,637 

8.500 

92,087 

67,341 

72,000 

905,484 

645,010 

2,180 

2,310 

1,956 

77,260 

373, 4. '8 

281,321 

3,900 

22,000 

16,200 

24,000 

157,000 

102,050 

780 

3,540 

3,250 

4,720 

75,455 

69,431 

'     508 

3,',!67 

2.266 

1,425 

15,755 

11,296 

1.579 

20,365 

14,968 

2,769 

20,636 

14,034 

2,167 

30,800 

24,530 

7,286 

123,320 

91,600 

1 

122 

1,;50 

887 

600 

6,600 

5,016 

000 

6,600 

5,016 

1,211 

8,345 

6,259 

1,528 

17,637 

12,828 

191,710      1,154,320 


Total  pour  toute  lai   1880 
France  moins    le{ 
dép.  de  l'Aude..!  1879 

Diftérence  en  plus  p.  1880 


6,909,931 
6,876,075 


101,081,836  78,725,075 
78,831,066  59,443,975 


455,946  6,555,502 
400,692  4,555,207 


33,857   22,250,770  19,281,100    55,254  2,000,295 


i,792,012 
5,344,624 

1,447,388 

MÉTEIL 


1,871,160 
1,759.811 


26,120,644      18,532,952 
18,744,333      13,135,093 


111,349         7,326,306        5,377,8 


Rendement  moyen  par  hectare  en  1 880 

—  —  1879 

Différence  pour  188O.... 

Poids  moyen  par  hectolitre  en  188O 

—  —  1879 

Diffère nce  pour  1880.. 


hectol. 
14,62 
U.'iO 

3,16  en  plus. 


kilog. 
77,88 


J,48  en  plus. 


hectol. 
14.37 
11,36 
3,01  en  plus. 

kilog. 
73,14 
73,42 


hectol. 
13,96 
10,68 

3,28  en  plus. 


kilog. 
70,95 
69.88 


0,28  en  moins.        1,07  en  plus. 


ATTÉNUATION   DU  VIRUS   DU  CHOLÉRA   DES  POULES.  251 

ATTÉNUATION  DU  VIRUS  DU  CHOLÉRA  DES  POULES 

Des  divers  résultats  que  j'ai  eu  l'honneur  de  communiquer  à  l'Aca- 
démie sur  l'affection  vulgairement  appelée  choléra  des  poules,  je 
prends  la  liberté  de  rappeler  les  faits  suivants  : 

V  Le  choléra  des  poules  est  une  maladie  virulente  au  premier 
degré  chez  ces  animaux. 

2"  Le  virus  est  constitué  par  un  parasite  microscopique  qu'on  mul- 
tiplie aisément  par  la  culture,  en  dehors  du  corps  des  animaux  que  le 
mal  peut  frapper.  De  là  la  possibilité  d'obtenir  le  virus  à  l'état  de 
pureté  parfaite  et  la  démonstration  irréfutable  qu'il  est  seul  agent  de 
maladie  et  de  mort. 

3°  Le  virus  offre  des  virulences  variables  :  tantôt  la  maladie  est 
suivie  de  la  mort;  tantôt  après  avoir  provoqué  les  symptômes  mor- 
bides d'une  intensité  variable,  elle  est  suivie  de  guérison. 

4°  Les  différences  que  l'on  constate  dans  la  puissance  du  virus  ne 
sont  pas  seulement  le  résultat  d'observations  empruntées  à  des  faits 
naturels  :  l'expérimentation  peut  les  provoquer  à  son  gré. 

5°  Comme  cela  arrive  en  général,  par  toutes  les  maladies  viru- 
lentes, le  choléra  des  poules  ne  récidive  pas  ou  plutôt  la  récidive  se 
montre  à  des  degrés  qui  sont  en  sens  inverse  de  l'intensité  plus  ou 
moins  grande  des  premières  atteintes  de  l'affection;  il  est  toujours 
possible  de  pousser  la  préservation  assez  loin  pour  que  l'inoculation 
du  virus  le  plus  virulent  ne  produise  plus  du  tout  d'effel. 

6°  Sans  vouloir  rien  affirmer  présentement  sur  les  rapports  des 
virus  varioleux  et  vaccinal  humains,  il  est  sensible  par  les  faits  pré- 
cédents que  dans  le  choléra  des  poules  il  existe  des  états  du  virus  qui, 
relativement  au  virus  le  plus  virulent,  font  l'office  du  vaccin  humain 
relativement  au  virus  varioleux.  Le  virus  vaccin,  proprement  dit, 
donne  une  maladie  bénigne,  la  vaccine,  qui  préserve  d'une  maladie 
plus  grave.  La  variole,  pareillement  le  virus  du  choléra  des  poules, 
présente  des  états  de  virulence  atténuée  qui  donnent  la  maladie  et  non 
la  mort,  et  dans  de  telles  conditions  que,  après  guérison,  l'animail 
peut  braver  l'inoculation  d'un  virus  très  virulent.  La  différence  est 
grande  cependant,  à  certains  égards,  entre  les  deux  ordre?i  de  faits,  et 
il  n'est  pas  inutile  de  remarquer  que,  sous  le  rapport  des  connais- 
sances et  des  principes,  l'avantage  est  du  côté  des  études  sur  le  cho- 
léra des  poules;  tandis  qu'on  discute  encore  sur  les  relations  de  la 
variole  et  de  la  vaccine,  nous  avons  la  certitude  que  le  virus  atténué 
du  choléra  dérive  du  virus  très  virulent  propre  à  cette  maladie,  qu'on 
passe  directement  du  premier  de  ces  virus  au  second,  en  un  mot, 
que  leur  nature  fondamentale  est  la  même. 

Le  moment  est  venu  de  m'expliquer  sur  l'assertion  capitale  qui  fajt 
le  fond  de  la  plupart  des  propositions  précédentes,  à  savoir  qu'il 
existe  des  états  variables  de  virulence  dans  le  choléra  des  poules, 
étrange  résultat  assurément  quand  on  songe  que  le  virus  de  cette 
affection  est  un  organisme  microscopique  qu'on  peut  manier  à  l'état 
de  pureté  parfaite,  comme  on  manie  la  levure  de  bière  ou  le  myco- 
derme  du  vinaigre.  Et  pourtant,  si  Ion  considère  de  sang-froid  cette 
donnée  mystérieuse  de  la  virulence  variable,  on  ne  tarde  pas  à  recon- 
naître qu'elle  est  probablement  commune  aux  diverses  espèces  de  ce 
groupe  des  maladies  virulentes.    Oi^i  donc  est  l'unicité  dans  l'un  ««ri 


252       ATTÉNUATION  DU  VIRUS  DU  CHOLÉRA  DES  POULES. 

l'autre  des  fléaux  qui  composent  ce  groupe  ?  Pour  ne  citer  qu'un 
exemple,  on  ne  voit  pas  d'épidémies  de  variole  très  graves  à  côté 
d'autres  presque  bénignes  sans  que  les  différences  puissent  être  attri- 
buées à  des  conditions  extérieures  de  climat  ou  de  constitution  des 
individus  atteints.  Ne  voit-on  pas  également  les  grandes  contagions 
s'éteindre  peu  à  peu  pour  reparaître  plus  tard  et  s'éteindre  de  nouveau  ? 

La  notion  de  l'existence  d'intensités  variables  d'un  même  virus 
n'est  donc  pas  faite  à  la  rigueur  pour  surprendre  le  médecin  ou 
l'bomme  du  monde,  quoiqu'il  y  ait  un  immense  intérêt  à  ce  qu'elle 
soit  scientifiquement  établie.  Dans  le  cas  particulier  qui  nous  occupe, 
le  mystère  apparaît  surtout  dans  cette  circonstance  que,  le  virus  étant 
un  parasite  microscopique,  les  variations,  dans  sa  virulence,  sont  à 
la  merci  de  l'observateur.  C'est  ce  que  je  dois  établir  avec  rigueur. 

Prenons  pour  point  de  départ  le  virus  du  choléra  dans  un  état  très 
virulent,  le  plus  virulent  possible,  si  l'on  peut  ainsi  dire.  Antérieu- 
rement, j'ai  fait  connaître  un  curieux  moyen  de  l'obtenir  avec  cette 
propriété.  Il  consiste  à  aller  recueillir  le  virus  dans  une  poule  qui 
vient  de  mourir,  non  de  la  maladie  aiguë,  mais  de  la  maladie  chro- 
nique. J'ai  fait  observer  que  le  choléra  se  présente  quelquefois  sous 
cette  dernière  forme.  Les  cas  en  sont  rares,  quoiqu'il  ne  soit  pas  très 
difficile  d'en  rencontrer  des  exemples. 

Dans  ces  conditions,  la  poule  après  avoir  été  malade  maigrit  de  plus 
en  plus  et  résiste  à  la  mort  pendant  des  semaines  et  des  mois.  Lors- 
qu'elle périt,  ce  qui  a  lieu  peu  de  temps  après  que  le  parasite  localisé 
jusque-là  dans  certains  organes  a  passé  dans  le  sang  et  s'y  cultive, 
on  observe  que,  quelle  qu'ait  été  la  virulence  originelle  du  virus  au 
moment  de  l'inoculation,  celui  qu'on  extrait  du  sang  de  l'animal  qui 
a  mis  un  si  long  temps  à  mourir,  est  d'une  virulence  considérable 
qui  tue  ordinairement  dix  fois  sur  dix,  vingt  fois  sur  vingt. 

Cela  posé,  faisons  des  cultures  successives  de  ce  virus  à  l'état  de 
pureté  dans  du  bouillon  de  muscles  de  poule,  en  prenant  chaque  fois 
la  semence  d'une  culture  dans  la  culture  précédente,  et  essayons  la 
virulence  de  ces  cultures  diverses.  L'observation  démontre  que  cette 
virulence  ne  change  pas  d'une  manière  sensible.  En  d'autres  termes, 
si  nous  convenons  que  deux  virulences  sont  identiques  lorsque,  en 
opérant  dans  les  mêmes  conditions  sur  un  même  nombre  d'animaux 
de  même  espèce,  la  proportion  de  la  mortalité  est  la  même  dans  le 
même  temps,  nous  constaterons  que  pour  nos  cultures  successives  la 
virulence  est  la  même. 

Dans  ce  que  je  viens.de  dire,  j'ai  passé  sous  silence  la  durée  de 
l'intervalle  d'une  culture  à  la  culture  voisine,  ou  si  l'on  veut  la  durée 
de  l'intervalle  d'un  ensemencement  à  l'ensemencement  suivant  et  son 
influence  possible  sur  les  virulences  successives.  Portons  notre  atten- 
tion sur  ce  point,  quelque  minime  que  paraisse  son  importance.  Pour 
un  intervalle  d'un  à  huit  jours,  les  virulences  successives  n'ont  pas 
changé.  Pour  un  intervalle  de  quinze  jours,  même  résultat.  Pour  un 
intervalle  d'un  mois,  de  six  semaines,  de  deux  mois,  on  n'observe 
pas  davantage  de  changement  dans  les  virulences.  Toutefois,  à  me- 
sure que  l'intervalle  grandit,  on  croit  saisir  parfois,  à  certains  signes  de 
peu  de  valeur  apparente,  comme  un  affaiblissement  du  virus  inoculé.  Par 
exemple  la  rapidité  de  la  mort,  sinon  la  proportion  dans  la  mortalité, 
subit  des  retards.  Dans  les  diverses  séries  inoculées  on  voit  des  poules 


ATTÉNUATION  DU  VIRUS  DU  CHOLÉRA  DES   POULES.  253 

qui  languissent  très  malades,  souvent  très  boiteuses,  parce  que  le  pa- 
rasite, clans  sa  propagation  à  travers  les  muscles,  a  atteint  ceux  de  la 
cuisse;  les  péricarditcs  traînent  en  longueur,  les  abcès  apparaissent 
autour  des  yeux,  enfin  le  virus  a  perdu  pour  ainsi  dire  de  son  carac- 
tère foudroyant.  Allons  donc  encore  au  delà  des  intervalles  précités 
avant  la  reprise  et  le  renouvellement  des  cultures.  Portons  leurs 
durées  à  trois,  à  quatre,  à  cinq,  à  huit  mois  et  plus,  avant  d'étudier 
la  virulence  des  développements  du  nouvel  être  microscopique.  Cette 
fois  la  scène  change  du  tout  au  tout. 

Les  différences  dans  les  virulences  successives  qui  jusque-là  ne 
s'accusaient  pas  ou  qui  s'accusaient  d'une  manière  douteuse,  vont  se 
traduire  maintenant  par  des  effets  considérables.  Avec  de  tels  inter- 
valles dans  les  ensemencements,  il  arrive  que,  à  la  reprise  des  cul- 
tures, au  lieu  de  virulences  identiques,  c'est-à-dire  de  mortalité  de 
dix  poules  non  inoculées,  on  tombe  sur  des  mortalités  descendantes 
de  neuf,  huit,  sept,  six,  cinq,  quatre,  trois,  deux,  une  sur  dix,  et 
quelquefois  même  la  mortalité  est  absente,  c'est-à-dire  que  la  mala- 
die se  manifeste  sur  tous  les  sujets  inoculés  et  que  tous  guérissent.  En 
d'autres  termes,  dans  un  simple  changement  de  mode  de  culture  du 
parasite,  dans  le  seul  fait  d'éloigner  les  époques  des  ensemencements 
nous  avons  une  méthode  pour  obtenir  des  virulences  progressivement 
décroissantes  et  finalement  un  vrai  virus  vaccinal,  qui  ne  tue  pas, 
donne  la  maladie  bénigne  et  préserve  de  la  maladie  mortelle. 

Il  ne  faudrait  pas  croire  que  pour  toutes  ces  atténuations  les  choses 
se  passent  avec  une  fixité  et  une  régularité  mathématique.  Telle  culture 
qui  attend  depuis  cinq  ou  six  mois  son  renouvellement  peut  montrer 
une  virulence  toujours  considérable,  tandis  que  d'autres,  de  môme 
origine,  seront  déjà  très  atténuées  après  trois  ou  quatre  mois  d'attente. 
Nous  aurons  bientôt  l'explication  de  ces  anomalies  qui  ne  sont  qu'ap- 
parentes. Souvent  même  il  y  a  comme  un  saut  brusque  d'une  virulence 
encore  fort  grande  à  la  mort  du  parasite  microscopique  et  pour  un 
intervalle  de  peu  de  durée  :  en  passant  d'une  culture  à  la  suivante  on 
est  surpris  par  l'impossibilité  de  tout  développement;  le  parasite  est 
mort.  La  mort  du  parasite  est  d'ailleurs  une  circonstance  habituelle 
et  constante  toutes  les  fois  qu'avant  la  reprise  des  cultures  on  laisse 
s'écouler  un  temps  suffisant. 

Et  maintenant  l'Académie  connaît  le  véritable  motif  du  silence  dans 
lequel  je  me  suis  renfermé  et  pourquoi  j'ai  réclamé  la  liberté  d'un 
délai  avant  de  l'informer  de  ma  méthode  d'atténuation.  Le  temps  est 
un  élément  de  ma  recherche. 

Au  cours  des  ])hénomène3,  que  devient  donc  l'organisme  microsco- 
pique? Change-t-il  de  forme,  d'aspect,  en  changeant  de  virulence  d'une 
manière  aussi  profonde?  Je  n'oserais  pas  affirmer  qu'il  n'existe  pas 
certaines  correspondances  morphologiques  entre  le  parasite  et  les 
virulences  diverses  qu'il  accusent;  mais  je  dois  avouer  qu'il  m'a  été 
jusqu'ici  impossible  de  les  saisir  et  que,  si  elles  se  montrent  réellement, 
elles  disparaissent  pour  fœil  armé  d'un  microscope  devant  la  petitesse 
si  grande  du  virus.  Les  cultures  sont  pareilles  pour  toutes  les  viru- 
lences. Si  l'on  croit  parfois  apercevoir  de  faibles  changements,  ils 
semblent  bientôt  n'être  qu'accidentels,  car  ils  s'effacent  ou  se  pro- 
duisent en  sens  inverse  dans  les  cultures  nouvelles. 

Ce   qui  est   digne  de  remarque,  c'est  que,   si  l'on    prend  chaque 


254       ATTÉNUATION  DU  VIRUS  DU  CHOLÉRA  DES  POULES. 

variété  de  virulence  comme  point  de  départ  de  nouvelles  cultures 
successives  faites  à  intervalles  rapprochés,  la  variété  de  virulence  se 
conserve  avec  son  intensité  pro})re.  S'agit-il^  par  exemple,  d'un  virus 
atténué  qui  ne  tue  plus  qu'une  fois  sur  dix,  il  garde  cette  virulence 
dans  ses  cultures,  si  les  intervalles  des  ensemencements  ne  sont  pas 
exagérés.  Chose  également  intéressante,  quoiqu'elle  soit  dans  le  sens 
général  des  observations  précédentes,  un  intervalle  d'ensemencement 
qui  suffit  pour  faire  périr  un  virus  atténué,  respecte  un  virus  plus 
virulent  qui  peut  bien  en  être  atténué  de  nouveau,  mais  qui  n'en  meurt 
pas  nécessairement. 

Au  point  oi^i  nous  en  sommes  arrivés,  une  importante  question  se 
présente,  celle  de  la  cause  de  la  diminution  de  la  virulence. 

Les  cultures  du  parasite  se  font  nécessairement  au  contact  de  l'air 
parce  que  notre  virus  est  un  être  aérobie  et  qu'à  Tabri  de  l'air  son 
développement  n'est  pas  possible.  Il  est  donc  naturel  de  se  demander 
tout  d'abord  si  ce  ne  serait  pas  dans  le  contact  de  l'oxygène  de  l'air 
que  réside  l'influence  affaiblissante  de  la  propriété  de  virulence.  Ne  se 
pourrait-il  pas  que  le  petit  organisme  qui  constitue  le  virus  restant 
abandonné  en  présence  de  l'oxygène  à  l'air  pur,  dans  le  milieu  de 
culture  ou  il  vient  de  se  multiplier,  subisse  quelques  modifications 
qui  se  montreraient  permanentes  quand  on  soustrairait  l'organisme  à 
l'influence  modificatrice.  On  peut,  il  est  vrai,  se  demander  en  outre  si 
quelque  principe  de  l'air  atmosphérique  autre  que  l'oxygène,  principe 
chimique  ou  fluide,  n'interviendrait  pas  dans  l'accomplissement  du 
phénomène,  dont  l'incomparable  étrangeté  autorise  toutes  les  suppo- 
sitions. 

Il  est  aisé  de  comprendre  que  la  solution  de  ce  problème,  au  cas  où 
elle  relèverait  de  notre  première  hypothèse,  celle  d'une  influence  de 
l'oxygène  de  l'air,  est  assez  facilement  accessible  à  l'expérience  :  si 
l'oxygène  de  l'air,  en  effet,  est  l'agent  modificateur  de  la  virulence, 
nous  pourrons  vraisemblablement  en  avoir  la  preuve  par  les  effets  de 
la  suppression  de  sa  présence. 

A  cette  fin,  pratiquons  nos  cultures  de  la  manière  suivante  :  une 
quantité  convenable  de  bouillon  de  poule  étant  ensemencée  par  notre 
virus  très  virulent,  remplissons-en  des  tubes  de  verre  aux  deux  tiers, 
aux  trois  quarts,  etc.,  de  leur  volume;  puis  fermons  ces  tubes  à  la 
lampe  d'émailleur.  A  la  faveur  de  la  petite  quantité  d'air  restée  dans 
le  tube,  le  développement  du  virus  va  commencer,  circonstance  qui 
se  traduit  pour  Tœil  par  un  trouble  croissant  du  liquide;  le  progrès 
de  la  culture  fait  peu  à  peu  disparaître  tout  l'oxygène  contenu  dans  le 
tube.  Alors  le  trouble  tombe,  le  virus  se  dépose  sur  les  parois  et  le 
liquide  de  culture  s'éclaircit.  Il  faut  deux  ou  trois  jours  pour  que  cet 
effet  se  produise.  Le  petit  organisme  est  désormais  à  l'abri  du  contact 
de  l'oxygène  et  il  restera  dans  cet  état  aussi  longtemps  que  le  tube  ne 
sera  pas  ouvert.  Que  va-t-il  advenir  cette  fois  de  sa  virulence?  Pour 
plus  de  siireté  dans  notre  étude,  nous  aurons  préparé  un  grand 
nombre  de  tubes  pareils,  et  simultanément  un  nombre  égal  de  flacons 
de  la  même  culture,  mais  librement  exposés  au  contact  de  l'air  pur. 
Nous  avons  dit  ce  qu'il  advient  de  ces  cultures  exposées  au  contact 
de  l'air,  nous  savons  qu'elles  éprouvent  une  atténuation  progressive 
de  leur  virulence;  nous  n'y  reviendrons  pas.  Parlons  seulement  des 
cultures  en  tubes  fermés  à  l'abri  de  l'air.  Ouvrons-les  :  l'un  après  un 


ATTÉNUATION  DU  VIRUS  DU  CHOLÉRA   DES  POULES.  255 

intervalle  d'un  mois  et,  après  avoir  fait  une  culture  par  ensemence- 
ment d'une  portion  de  son  contenu,  essayons-en  la  virulence;  l'autre 
après  un  intervalle  de  deux  mois,  et  ainsi  de  suite  pour  un  troisième, 
un  quatrième,  etc.,  tubes,  après  des  intervalles  de  trois,  de  quatre,  de 
cinq,  de  six,  de  sept,  de  huit,  de  neuf,  de  dix  mois.  C'est  là  que  je 
me  suis  arrêté  pour  le  moment.  Il  est  remarquable,  Texpérience  le 
prouve,  que  les  virulences  sont  toujours  semblables  à  celle  du  début, 
à  celle  du  virus  qui  a  servi  à  préparer  les  tubes  fermés.  Quant  aux 
cultures  exposées  à  l'air,  on  les  trouve  mortes  ou  en  possession  des 
plus  faibles  virulences. 

La  question  qui  nous  occupe  est  donc  résolue,  c'est  l'oxygène  de 
l'air  qui  affaiblit  et  éteint  la  virulence. 

Vraisemblablement,  il  y  a  ici  plus  qu'un  fait  isolé  :  nous  devons 
être  en  possession  d'un  principe.  On  doit  espérer  qu'une  action  inhé- 
rente à  l'oxygène  atmosphérique,  force  naturelle  partout  présente,  se 
montrera  efficace  sur  les  autres  virus.  C'est  dans  tous  les  cas  une 
circonstance  digne  d'intérêt  que  la  grande  généralité  possible  de  cette 
méthode  d'atténuation  de  la  virulence,  qui  emprunte  sa  vertu  à  une 
influence  d'ordre  cosmique  en  quelque  sorte.  Ne  peut-on  pas  présumer 
dès  aujourd'hui  que  c'est'à  cette  influence  qu'il  faut  attribuer  dans  le 
présent  comme  dans  le  passé  la  limitation  de  grandes  épidémies? 

Les  faits  que  je  viens  d'avoir  l'honneur  de  communiquer  à  l'Aca- 
démie suggèrent  des  inductions  nombreuses,  prochaines  ou  éloignées. 
Sur  les  unes  et  les  autres,  je  me  suis  tenu  à  une  grande  réserve.  Je  ne 
me  croirai  autorisé  à  les  présenter  au  public  que  si  je  parviens  à  les 
faire  passer  à  l'état  de  vérités  démontrées.  L.  Pasteuu, 

Membre  de  l'Institut  et  de  la  Société  nationale  d'agriculture. 

NOUVELLES  CONSIDERATIONS 

EN  FAVEUR  DE  LA  PLANTATION  DES  POMMES  DE  TERRE  EN  AUTOMNE 

Dans  le  numéro  du  16  octobre  de  ce  Journal^  j'ai  exposé  quelques 
raisons  très  plausibles  en  faveur  de  la  plantation  des  pommes  de 
terre  en  automne,  puisées  dans  une  lettre  que  M.  James  Howard  avait 
adressée  au  Times,  dans  laquelle  cet  éminent  agronome  relatait  son 
expérience  et  les  résultats  qu'il  avait  obtenus  de  cette  méthode,  sinon 
nouvelle  du  moins  peu  usitée.  Je  trouve  dans  le  dernier  numéro  de 
la  Gazette  cf  Agriculture  une  nouvelle  lettre  sur  ce  sujet,  laquelle  jette 
quelque  lumière  que  je  crois  utile  de  réfléchir  dans  le  but  d'éclairer 
les  esprits  pratiques  qui,  convaincus  par  les  raisonnements  déjà  expo- 
sés, auraient  l'intention  d'expérimenter  cette  méthode  dès  la  saison 
présente,  ainsi  que  je  me  propose  de  le  faire  moi-même. 

Cette  pratique  de  planter  les  pommes  de  terre  en  automne,  dit 
l'auteur  du  travail  dont  je  vais  donner  un  résumé,  fut  expérimentée  à 
Kuntsford,  dans  le  comté  de  Cheshire,  dès  l'année  1847,  et  les  résul- 
tats furent  satisfaisants.  Les  variétés  hâtives,  plantées  en  automne, 
sortirent  de  terre  plus  tard  que  les  plants  des  mêmes  variétés  mis  en 
terre  au  printemps,  mais  elles  donnèrent  un  meilleur  rendement  et 
mûrirent  plus  tôt.  Cette  expérience  fut  faite  très  consciencieusement 
et  sur  une  échelle  assez  importante  pour  donner  des  résultats  con- 
cluants. Les  variétés  étaient  les  mêmes  et  les  conditions  de  sol,  d'en- 
grais, d'exposition  et  de  culture  étaient  absolument  identiques.  L'im- 


256     OBSERVATIONS  SQR  LA  PLANTATION   DE  LA  POMME  DE  TERRE. 

munité  contre  les  atteintes  de  la  gelée  par  une  végétation  plus  tardive^ 
sont  incontestablement  des  avantages  d'une  grande  valeur,  et  la  cer- 
titude, aujourd'hui  acquise,  que  ces  avantages  résultent  inlaillible- 
ment  de  la  plantation  d'automne,  suflit  pour  en  justifier  la  pratique 
ou  tout  au  moins  l'expérimentation.  Il  y  a  trente  ans,  continue  l'au- 
teur, les  préjugés  contre  toute  espèce  d'innovation  étaient  encore  trop 
tenaces  pour  l'aire  adopter  d'emblée  une  pratique  si  contraire  aux 
idées  reeues  de  ce  temps-là,  malgré  le  succès  des  mieux  constatés  de 
ce  nouveau  mode  decullure.  D'un  autre  côté,  la  science  de  la  physio- 
logie végétale  n'était  pas  encore  assez  avancée,  ni  surtout  assez  répan- 
due parmi  les  agriculteurs,  pour  jeter  la  lumière  sur  ce  sujet  et  en 
expliquer  les  phénomènes,  n'ayant  encore  que  la  sanction  d'une  pra- 
tique expérimentale  peu  répandue. 

Aujourd'hui  les  circonstances  ne  sont  plus  les  mômes,  et  les  agri- 
culteurs ont  dû  se  persuader,  par  une  dure  nécessité,  que  la  science  et 
le  progrès  sont  des  facteurs  indispensables  de  leur  succès  et  de  leur 
prospérité. 

Voici  quelques  considérations  très  plausibles,  avancées  par  l'auteur 
de  la  lettre  en  question,  qui  me  paraissent  dignes  d'être  reproduites, 
du  moins  en  substance,  sinon  en  termes  t-extuels  :  Il  existe,  dit-il, 
non  seulement  des  faits,  mais  encore  des  raisons  qui  les  expliquent, 
lesquels  sont  de  nature  à  encourager  et  à  diriger  nos  efforts.  Comme 
la  profondeur  à  laquelle  il  convient  de  planter,  est  un  point  essentiel, 
et  conduit  au  raisonnement  physiologique  qui  explique  le  bien-fondé 
du  système,  l'auteur  commence  par  déclarer  que  la  pratique  de  plan- 
ter à  une  profondeur  de  20  à  23  centimètres  ne  lui  paraît  pas  ration- 
nelle, bien  que  le  savant  botaniste,  le  docteur  i-indiey,  recommande 
même  une  plus  grande  profondeur:  mais  une  expérience  onéreuse  a 
obligé  l'auteur  d'abandonner  la  plantation  profonde.  Il  affirme  que 
même  à  15  centimètres,  la  plantation  des  variétés  hâtives  a  été  trop 
profonde.  Dans  les  régions  tempérées  du  nord  de  la  France  et  des 
trois  quarts  de  l'Angleterre,  par  exemple,  une  profondeur  de  12  cen- 
timètres est  amplement  suffisante;  l'auteur  en  est  convaincu.  Il  cite 
même  l'exemple  d'un  lot  de  cette  magnifique  variété  :  la  Magmim- 
Bonum  de  Sutton,  qui,  malgré  l'hiver  exceptionnel  de  1879-1880, 
malgré  un  sol  durci  comme  du  marbre,  ne  fut  point  détruit  par  la 
gelée,  bien  que  planté  à  tout  au  plus  12  centimètres  et  demi,  et  donna 
une  merveilleuse  récolte.  La  pratique  recommandée  par  l'auteur,  est 
-déplantera  tout  au  plus  lO  centimètres  de  la  surface,  puis  de  rame- 
ner sur  le  rang  une  couche  de  terre  d'égale  épaisseur,  de  manière  à 
former  un  ados  de  10  centimètres  au-dessus  du  sol,  ce  qui  recouvre 
la  semence  d'une  couche  de  20  centimètres,  amplement  suffisante 
pour  la  garantir  de  la  gelée.  Lorsque  tout  danger  a  disparu,  on  nivelle 
l'ados  de  manière  à  combler  la  raie  creusée  de  chaque  côté  pour  l'édi- 
fier. Avec  ce  système,  repète  l'auteur,  on  est  certain  d'obtenir,  avec  la 
plantation  automnale,  un  rendement  plus  abondant,  plus  sain  et  plus 
hâtif,  et  voici  quelles  sont  les  raisons  qu'il  donne  pour  expliquer  ces 
résultats. 

La  température  du  sol  se  prête  à  la  production  et  au  développe- 
ment des  racines,  longtemps  avant  que  les  tiges  et  les  feuilles  ne 
peuvent  y  puiser  le  stimulant  et  la  force  nécessaires  à  leur  épanouis- 
sement   à    la  surface.    Les   semences    mises    en    terre  à  l'aulomne, 


OBSERVATIONS  SUR  LA  PLANTATION  DE  LA  POMME  DE  TERRE.      257 

germent;  et  à  mesure  que  la  température  baisse,  la  jeune  plante 
entre  dans  une  période  de  repos  ;  mais  il  n'en  est  point  ainsi  des  racines. 
Celles-ci  se  développent  et  s'affermissent,  et  avant  que  la  chaleur  du 
printemps  ne  fasse  sortir  la  jeune  plante  du  sol,  une  abondance  de 
radicelles  s'est  déjà  formée  pour  soutenir  énergiquement  cette  végé- 
tation extérieure  qui  n'en  devient  que  plus  rapide  et  plus  luxuriante. 
En  horticulture,  les  semis  d'automne  ou  bien  la  stratification  des  graines 
n'ont  point  d'autre  objet.  En  agriculture  nous  semons  le  seigle  et  le 
blé  à  l'automne  plutôt  qu'au  printemps,  dans  le  but  de  produire  cette 
richesse  dans  le  développement  latent  des  racines,  et  quant  aux 
céréales  de  printemps,  nous  les  semons  dans  le  mêmebut  d'aussi  bonne 
heure  que  possible.  Dans  la  structure  végétale,  il  en  est  de  même  que 
pour  celle  des  bâtiments  :  la  partie  essentielle,  c'est  la  fondation.  Si 
l'on  plante  le  bulbe  d'un  crocus  ou  d'une  tulipe  dans  un  pot  que  l'on 
tient  quelque  temps  dans  un  milieu  froid,  le  bulbe  commence  à  rem- 
plir le  pot  de  ses  racines  et  la  tige  extérieure  ne  fait  aucun  progrès; 
mais  aussitôt  que  le  pot  est  placé  dans  un  milieu  dont  la  température 
est  élevée,  la  tige  et  la  fleur  jaillissent  pour  ainsi  dire  du  sol  et  s'épa- 
nouissent avec  luxuriance  et  splendeur.  Le  même  bulbe  planté  dans 
un  pot  immédiatement  placé  dans  une  atmosphère  chaude,  manifeste 
aussitôt  une  végétation  rapide,  mais  les  racines  n'ayant  point  eu  le 
temps  de  se  développer,  cette  végétation  est  étique,  et  la  fleur  n'ob- 
tient ni  ampleur  ni  éclat.  Dans  tout  cela  il  y  a  sans  doute  une  cer- 
taine différence  de  modes  et  de  degrés,  mais  le  principe  est  le  même. 
Il  est  évident  que  la  pomme  de  terre  plantée  en  automne,  ne  déve- 
loppe point  ses  racines  immédiatement;  mais,  au  printemps,  les  ra- 
cines se  développent  longtemps  avant  que  la  tige  ne  paraisse  à  la  sur- 
face, et  celle-ci  végète  avec  d'autant  plus  de  luxuriance  et  de  rapidité 
qu'elle  a  mis  plus  de  temps  à  venir  percer  la  surface.  Le  milieu  où  se 
trouve  la  racine  ayant  une  température  plus  élevée  que  celle  de  la  sur- 
face, végète  bien  plutôt  que  la  tige,  et  lorsqu'enfin  celle-ci  com- 
mence à  s'animer,  elle  trouve  dans  le  développement  antérieur  des 
racines  une  source  de  vigueur  et  d'énergie  qui  lui  font  rapidement 
gagner  le  temps  perdu. 

On  doit  admettre  que  ce  sont  là  des  raisons  sérieuses  alléguées  en  faveur 
de  la  plantation  d'automne.  Dans  tous  les  cas,  cette  pratique,  ainsi 
expliquée,  vaut  la  peine  d'être  expérimentée  et  je  la  recommande  avec 
d'autant  plus  de  confiance  qu'elle  n'est  point  nouvelle  et  qu'elle  a  déjà 
fait  ses  preuves  d'après  l'affirmation  de  spécialistes  éminents. 

Un  mot  maintenant  sur  la  question  des  «  Champion  ».  Ainsi  que  je 
l'ai  déjà  déclaré  dans  ce  Journal^  il  ne  saurait  plus  me  convenir  de  dis- 
tribuer des  semences  de  cette  variété.  L'année  dernière,  mon  rôle  de 
propagateur  me  faisait  un  devoir  de  mettre  à  même  ceux  qui,  ayant  con- 
fiance dans  mon  expérience,  voulaient  bien  essayer,  à  leur  tour,  la 
culture  de  cette  pomme  de  terre.  Ayant  affirmé  une  proposition  à  ce 
sujet,  il  n'était  que  naturel  que  je  misse  les  autres  à  même  de  juger 
par  leur  propre  expérience,  du  mérite  de  la  mienne.  Ce  rôle  de  propa- 
gateur, je  l'ai  accompli  avec  zèle,  conscience  et  désintéressement.  Ce 
rôle  est  aujourd'hui  terminé,  et  je  ne  puis  le  recommencer  cette  année 
sans  courir  le  risque  d'être  accusé  de  réclame  et  de  spéculation,  deux 
choses  qui  ne  conviennent  ni  à  ma  position  ni  à  mon  caractère  de  pu- 
bliciste  et  d'agronome.  Est-ce  à  dire  que  je  renonce  à  donner  des  avis 


258     OBSERVATIONS  SUR  LA  PLANTATION  DE  LA  POMME  DE  TERRE. 

et  à  répondre  à  ceux  qui  me  feront  l'honneur  de  me  consulter? 
Non,  sans  doute.  Je  me  ferai  toujours  un  véritable  devoir  de  ren- 
seigner pleinement  ceux  qui  désireraient  se  livrer  à  la  culture 
de  la  pomme  de  terre  Champion,  ainsi  qu'à  celle  du  Magnum-Bonum, 
de  Sutlon,  que  je  considère  comme  les  meilleures  que  l'on  puisse 
cultiver;  je  leur  indiquerai  volontiers  où  ils  pourront  se  procurer 
les  semences  les  plus  pures;  mais  quant  à  procurer  moi-même  ces  se- 
mences, je  prends  cette  occasion  de  déclarer,  une  fois  pour  toutes,  que 
cela  m'est  impossible  à  tous  les  points  de  vue.  D'abord,  je  ne  suis 
point  marchand  de  graines,  je  ne  possède  pour  ce  négoce,  ni  le  per- 
sonnel, ni  les  moyens  d'action,  ni  surtout  l'aptitude  nécessaires,  et  je 
le  répète,  en  ce  qui  concerne  la  pomme  de  terre  Champion,  mon  rôle 
de  propagateur  est  fini.  C'est  à  ceux  qui,  ayant  expérimenté  cette  cul- 
ture avec  les  petites  parcelles  que  j'ai  pu  leur  procurer  au  printemps 
dernier,  malgré  les  sérieuses  difficultés  que  l'on  connaît,  qu'il  appar- 
tient aujourd'hui  de  donner  au  public  le  résultat  de  leur  expérience. 
J'ai  déjà  reçu  de  plusieurs,  des  témoignages  non  équivoques  des  ré- 
sultats plus  ou  moins  favorables  qu'ils  ont  obtenus.  Mais  je  dois 
m'abstenir  de  les  publier  moi-même.  Je  n'ai  point  fait  de  la  Champion 
une  question  d'intérêt  personnel,  ni  même  d'amour-propre,  j'ai  cru 
remplir  un  devoir  de  progrès,  c'est  à  ce  principe  que  j'ai  consacré  ma 
vie,  et  je  suis  trop  vieux  aujourd'hui  pour  changer  ce  but. 

F.-R.  DE  LA  TRÉHOr<NAIS. 

LA  PETITE  GUERRE 

J'ai  le  projet  de  faire  de  temps  en  temps  la  guerre  de  tirailleur  dans 
les  colonnes  de  ce  Journal.  Les  partisans  du  système  restrictif  appliqué 
à  l'agriculture  ont  été  vaincus  à  la  Chambre,  mais  ils  redoublent  d'ef- 
forts pour  gagner  le  Sénat  à  leur  cause,  en  feignant  de  se  poser  comme 
défenseurs  exclusifs  de  l'agriculture,  uniquement  préoccupés  de  servir 
ses  intérêts.  A  les  entendre,  celui  qui  demande  les  droits  les  plus  élevés 
sur  le  bétail  et  les  autres  denrées  agricoles  de  l'étranger,  est  aussi  celui 
qui  fait  preuve  du  plus  grand  dévouement  à  l'agriculture  nationale,  et  il 
faut  être  ou  mécréant  ou  ennemi  des  cultivateurs  pour  oser  prendre 
résolument  le  parti  delà  liberté  commerciale.  C'est  contre  cette  tactique 
de  nos  adversaires  que  je  tiens  à  protester,  pour  mon  compte;  ce  sont 
ces  prétentions  mal  justifiées  que  je  veux  réduire  à  leur  juste  valeur. 

Depuis  que  j'ai  reçu  lé  bienfait  du  solide  enseignement  de  M.  Léonce 
de  Lavergne,  à  l'Institut  agronomique  de  Versailles,  je  n'ai  jamais 
cessé,  un  seul  instant,  d'être  fidèle  à  la  cause  de  la  liberté.  Trente  ans 
d'études  n'ont  fait  que  confirmer  la  conviction  que  sa  parole  élégante 
et  claire  déposait  dans  nos  esprits.  Je  dois  donc  à  la  mémoire  de  mon 
illustre  et  regretté  maître,  je  dois  à  la  science  que  j'enseigne  et  à  l'agri- 
culture que  je  sers,  de  rester  sur  la  brèche  jusqu'au  triomphe  complet 
et  définitif  de  la  liberté  commerciale. 

I.  —  Dans  un  article  paru  en  septembre  dernier,  sous  le  le  titre  de  : 
«  La  question  du  bétail  »,  M.  E.  Gayot  semble  avoir  eu  pour  unique 
but  de  jeter  Falarme,  dans  l'esprit  de  nos  cultivateurs,  sur  les  effets 
futurs  de  la  concurrence  américaine.  Il  est  bien  forcé  d'admettre  qu'au- 
jourd'hui cette  concurrence  est  nulle,  mais  il  prévoit  qu'elle  sera 
énorme  un  jour,  quand  l'Amérique  «  se  sera  mise  en  mesure  de  rem- 


LA  PETITE  GUERRE.  259 

plirtous  les  besoins  de  la  consommation  anglaise;  qu'elle  dépréciera 
alors  nos  cours,  portera  le  plus  grand  préjudice  à  nos  cultiva- 
teurs, etc.,  etc....  »  La  thèse  va  jusqu'à  mettre  en  cause  la  liberté  du 
travail  elle-même,  puisque  l'auteur  s'en  prend  aux  intermédiaires  qui 
gardent  pour  eux  «  tout  le  profit  résultant  de  la  baisse  du  bétail  sur 
pied.  » 

La  boucherie  est  aujourd'hui  placée  sous  le  régime  du  droit  commun, 
c'est-à-dire  de  la  liberté.  Le  consommateur  qui  n'est  pas  satisfait  de 
son  boucher,  a  le  droit  d'en  changer;  il  a  même  le  droit  de  se  faire 
boucher  lui-même,  s'il  trouve  que  l'industrie  est  trop  lucrative  et  que 
les  consommateurs  sont  trop  rançonnés.  Mais  là  s'arrête  le  droit  du 
client,  et  les  bouchers  sont,  comme  les  charbonniers,  maître  des  choses 
qui  leur  appartiennent. 

Peut-être  31.  Gayot  trouvera-t-il  cette  économie  politique  bien  naïve. 
C'est  cependant  la  bonne,  car  elle  est  le  fruit  de  l'expérience  univer- 
selle. La  concurrence,  quoi  qu'on  veuille,  est  la  loi  fatale  ou  provi- 
dentielle du  monde  économique,  et  il  n'y  a  point  de  meilleure  ma- 
nière de  régler  le  juste  prix  des  choses  et  des  services,  que  de  laisser 
le  vendeur  libre  de  vendre  et  l'acheteur  libre  d'acheter.  Quand  M.  Gayot 
aura  pénétré  plus  profondément  dans  l'étude  de  l'organisme  social,  il 
se  convaincra  que  le  dernier  mot  de  la  science  et  l'idéal  de  la  sagesse 
humaine,  c'est  la  liberté. 

Quelques  remarques  maintenant  sur  les  deux  arguments  principaux 
à  l'aide  desquels  on  cherche  à  nous  épouv-anter. 

L'exemple  de  l'Angleterre  inondée  par  le  bétail  américain  qu'une 
flotte  de  481  steamers  ne  cesse  de  tranporter  des  Etats-Unis  à  Liver- 
pool,  Londres,  Bristol,  Hull  et  Soulhampton,  n'a  rien  qui  puisse  nous 
effrayer,  et  Ton  peut  dire  que  c'est  la  condamnation  de  la  thèse  que 
soutient  l'auteur.  M.  Gayot,  quia  compté  avec  tant  de  soin  les  steamers 
adonnés  à  ce  commerce,  a  complètement  oublié  de  nous  parler  des 
prix.  C'était  là  cependant  le  point  essentiel.  Si  une  pareille  invasion 
nous  attend  et  va  déprécier  nos  cours,  nul  doute  qu'elle  a  d'abord  déprécié 
ceux  de  l'Angleterre.  Il  n'est  pas  moins  évident  que  si  nous  sommes 
menacés  d'être  ruinés  par  cette  concurrence  future,  l'Angleterre  qui  la 
subit  depuis  quelques  années,  n'est  pas  seulement  menacée  de  la  ruine, 
elle  est  ruinée  déjà.  Or  il  n'en  est  rien,  et  il  suffit  de  jeter  les  yeux 
sur  les  mercuriales  du  marché  de  Londres  que  publie  ce  Journal  dans 
chacun  de  ses  numéros,  pour  s'en  convaincre.  Malgré  l'invasion  du  bé- 
tail américain,  en  Angleterre,  en  dépit  des  481  steamers  construits  ou 
frétés  pour  en  faire  le  transport,  le  prix  du  bétail  à  Londres  est  au  moins 
de  18  pour  100  plus  élevé  qu'à  Paris.  L'exemple  de  l'Angleterre  est 
donc  bien  plus  propre  à  exciter  notre  envie  qu'à  provoquer  nos  alarmes. 
Souhaitons  pareil  destin  :  des  prix  plus  élevés  et  plus  réguliers  pour 
les  producteurs,  un  approvisionnement  plus  considérable  et  plus  varié 
pour  les  consommateurs. 

Avec  un  peu  de  réflexion  et  d'étude,  il  était  facile  de  soupçonner  que 
les  prix  en  Angleterre  devaient  être  plus  élevés  qu'en  France.  L'im- 
portation des  denrées  étrangères  dans  un  pays  n'a  qu'une  seule  cause, 
l'élévation  des  prix.  Pas  plus  que  les  autres  peuples,  les  Américains 
ne  font  le  commerce  à  contre  sens.  Comme  tous  les  négociants  du 
monde,  ceux  d'Amérique  n'ont  qu'un  but,  réaliser  des  profits  par 
leurs  opérations,  et  qu'un  moyen  de  l'atteindre,  acheter  bon  marché 


260  LA   PETITE  GUERRE. 

et  vendre  cher.  Ils  importent  du  bétail  en  Angleterre  et  n'en  importent 
pas  en  France,  uniquement  parce  que  les  Anglais  paient  mieux  le 
bétail  que  nous,  ou  en  d'autres  termes,  parce  que  le  prix  du  bétail 
est  plus  élevé  en  Angleterre  qu'en  France.  C'est  l'application  pure  et 
simple  de  la  loi  générale  qui  préside  aux  opérations  du  commerce 
extérieur.  On  peut  la  formuler  ainsi  :  «  Les  prix  élevés  provoquent 
l'importation,  les  prix  faibles  la  repoussent.  » 

M.  Gayot  ajoute  que  les  Américains  ne  se  bornent  pas  à  envahir  le 
marché  anglais,  ils  nous  en  chassent.  La  preuve,  c'est  que  nos  expor- 
tations de  bétail  en  Angleterre,  très  importantes,  il  y  a  cinq  ans,  quand 
celles  d'Amérique  étaient  nulles,  sont  aujourd'hui  sans  importance, 
depuis  que  celles  d'Amérique  sont  devenues  si  considérables. 

Les  faits  sont  exacts  !  nos  exportations  en  Angleterre  ont  diminué 
énormément  dans  ces  dernières  années  ;  celles  des  Etats-Unis  se  sont, 
au  contraire,  singulièrement  accrues.  Mais  ces  deux  faits  sont-ils  con- 
nexes? L'un  est-il  la  cause,  et  l'autre  Teffet  ?  Pour  le  prétendre,  il 
faudrait  du  moins  en  fournir  l'explication.  Si  le  bétail  américain  avait 
fait  baisser  les  prix  de  Londres  au-dessous  de  ceux  de  Paris,  il  serait 
exact  de  dire  que  le  bétail  d'Amérique  a  refoulé  celui  de  France.  Mais 
il  n'en  est  rien,  comme  je  l'ai  dit  plus  haut.  Si  donc  notre  bétail  ne. 
prend  plus  le  chemin  de  l'Angleterre,  comme  par  le  passé,  il  y  a  à  cela 
une  raison,  bétail  américain  à  part,  et  cette  raison  est  connue  :  ce  sont 
les  quarantaines  et  autres  formalités  imposées  par  les  Anglais  dans  un 
intérêt  sanitaire.  Le  mal  n'est  donc  pas  dans  le  bétail  américain  et 
dans  le  commerce  qui  s'en  fait  en  Angleterre;  il  est  dans  les 
épidémies  auxquelles  le  bétail  est  malheureusement  trop  sujet  chez 
nous.  Par  conséquent,  le  remède  n'est  pas  dans  des  restrictions  appor- 
tées à  notre  commerce  extérieur  ;  il  est  dans  l'amélioration  de  notre 
régime  sanitaire.  M.  Gayot,  qui  est  compétent  dans  cette  question, 
pourrait  nous  rendre  un  grand  service,  en  nous  facilitant,  par  les  lu- 
mières qu'il  possède,  le  moyen  de  recouvrer  le  marché  anglais  que  nous 
avons  perdu . 

Plus  loin,  M.  Gayot  juge  à  propos  de  revenir  sur  la  simpiternelle 
question  de  la  balance  du  commerce.  Nous  achetons  plus  de  marchan- 
dises, hélas  !  que  nous  n'en  vendons,  et  le  flot  des  importations  ne 
cesse  de  monter.  Phénomène  aussi  douloureux  qu'étrange  !  L'auteur  ne 
dit  pas  pourquoi,  mais  il  laisse  entendre  qu'il  en  sait  long  là- 
dessus. 

Il  y  a  beau  temps  que  cette  théorie  de  la  balance  du  commerce  est 
démodée.  Les  protectionnistes  l'invoquent  encore,  parce  qu'ils  sont  à 
bout  d'arguments.  Mais,  en  vérité,  pour  me  servir  d'un  terme  familier 
qui  sera  ici  à  sa  place,  cette  balance-là  n'est  plus  qu'une  balançoire. 

Je  n'en  ferai  pas  ici  la  réfutation  complète.  Je  laisserai  de  côté  tout 
ce  qui  peut  servir  à  expliquer,  dans  le  commerce  d'un  peuple  riche, 
l'excédent  des  importations  de  marchandises  sur  les  exportations  : 
erreurs  d'évaluation  de  la  douane,  frais  de  tra,nsport  par  mer,  béné- 
fices du  commerce  extérieur,  intérêts  de  nos  créances  sur  l'étran- 
ger, etc..  Je  me  bornerai  simplement  à  quelques  notions  élémentaires 
sur  l'échange. 

Dans  toute  opération  commerciale,  qu'elle  soit  faite  entre  nationaux 
ou  entre  indigène  et  étranger,  chacun  des  contractants  est  à  la  fois 
acheteur  et  vendeur  :  acheteur  de  marchandises  et  vendeur  d'argent  ; 


LA  PETITE  GUERRE.  261 

vendeur  de  marchandises  et  acheteur  d'argent.  A  la  seule  condition 
que  les  contractants  soient  laissés  complètement  libres,  la  transaction 
s'accomplit  toujours  au  profit  des  deux  intéressés,  sans  quoi  elle 
ne  s'accomplirait  pas.  L'acheteur  de  marchandises  attache  plus  de 
prix  aux  marchandises  qu'il  reçoit  qu'à  l'argent  qu'il  donne  ;  le  ven- 
deur de  marchandises  en  attache  moins  aux  marchandises  qu'il  donne 
qu'à  l'argent  qu'il  reçoit.  Encore  une  fois,  si  les  choses  n'étaient  pas 
ainsi,  la  transaction  n'aurait  pas  lieu.  On  cherche  vainement  à  dé- 
couvrir comment  une  opération  de  ce  genre  pourrait  devenir  préju- 
diciable à  l'un  ou  à  l'autre  des  intéressés, par  cela  seul  qu'ils  seraient 
de  nationalité  différente.  Des  deux  côtés  de  la  frontière  il  y  a  parité 
d'avantages,  et  le  vendeur  de  marchandises  n'a  pas  ffiit  une  meilleure 
affaire  que  l'acheteur,  par  l'excellente  raison  qu'il  y  a  autant  d'avan- 
tages à  acheter  qu'à  vendre,  pourvu  toutefois  que  le  contrat  ait  été 
conclu  après  libre  débat  des  conditions.  Acheteur  et  vendeur  ont  éga- 
lement hénéficié  de  l'opération  et  en  ont  fait  bénéficier  avec  eux  la 
nation  à  laquelle  ils  appartiennent. 

Les  partisans  de  la  balance  du  commerce  attribuent  à  ces  importa- 
tions en  excès  deux  effets  pernicieux:  la  ruine  de  l'industrie  nationale 
])ar  la  concurrence  des  produits  ou  des  denrées  à  vil  prix,  la  ruine 
du  pays  par  répuisement  du  numéraire. 

Le  premier  de  ces  effets  est  véritablement  absurde.  On  ne  ruine 
pas  les  autres  en  leur  cédant  à  vil  prix  ses  marchandises,  on  se  ruine 
soi-même.  La  nation  qui  recevrait  pour  rien  ou  pour  peu  de  chose  les 
produits  étrangers,  ne  pourrait  que  s'enrichir  à  ce  jeu.  L'excédent  des 
importations,  quand  il  est  réel,  prouve  tout  simplement  qu'on  reçoit 
plus  qu'on  ne  donne,  ce  qui,  en  tout  pays,  est  tenu  pour  avantageux. 

Quant  à  l'épuisement  du  numéraire,  nous  n'avons  aucunement  à 
le  redouter.  Notre  approvisionnement  d'or  et  d'argent  subit  nécessaire- 
ment des  fluctuations  par  la  nécessité  où  nous  sommes  parfois  d'im- 
porter des  masses  de  denrées  alimentaires,  quand  les  récoltes  ont  fait 
défaut.  Mais  il  vaut  encore  mieux  exporter  un  peu  d'or  quand  on  en  a 
en  abondance,  que  de  mourir  de  faim  quand  la  récolte  a  manqué.  Le 
mal  n'est  donc  pas  dans  le  commerce  qui  nous,  préserve  de  la  disette 
et  de  ses  douloureux  effets,  il  est  dans  l'insuffisance  des  récoltes  et 
dans  les  intempéries  qui  en  sont  la  cause. 

D'ailleurs  je  dois  rendre  cette  justice  à  M.  Gayot,  que  s'il  a  signalé 
comme  un  dangereux  symptôme  la  supériorité  de  nos  importations  sur 
nos  exportations,  il  n'est  pas  allé  néanmoins  jusqu'à  nous  menacer 
d'un  épuisement  total  de  numéraire.  Peut-être  s'est-il  souvenu  de  l'a- 
gitation qui  se  fit,  il  y  a  douze  ans  environ,  c'est-à-dire  avant  la 
guerre,  autour  de  ce  qu'on  nommait  alors  la  grève  du  milliard.  C'était 
la  première  fois  que  l'encaisse  métallique  de  la  banque  de  France  attei- 
gnait pareille  hauteur.  Depuis  lors  nous  avons  subi  la  guerre  néfaste, 
nous  avons  payé  5  milliards  aux  Prussiens,  nous  en  avons  perdu 
beaucoup  d'autres,  et  nous  venons  de  traverser  une  série  d'années 
calamiteuses.  Cependant  l'encaisse  de  la  banque  de  France  est  encore 
à  près  de  deux  milliards,  et  le  numéraire  regorge  à  ce  point  dans  nos 
établissements  de  crédit,  que  certains  d'entre  eux  font  concurrence  à 
la  }3anque  de  France,  pour  l'escompte  des  effets  de  commerce,  bien 
qu'ils  ne  jouissent  pas,  comme  elle,  du  privilège  de  l'émission.  On 
serait  assurément  mal  fondé,  dans  la  circonstance,  à  accuser   notre 


262  LA  PETITE  GUERRE. 

régime  commercial  d'être  une  cause  d'épuisement  du  numéraire. 
M.  Gayot  a  fait  acte  de  bon  sens  en  s'abstenant  de  formuler  cette 
accusation.  P.-C.  Dubost, 

Professeur  d'économie  et  de  législation    rurales  à 
l'Ecole    nationale   d'agriculture    de  Grignon. 

SUR  L'ÉGRENAGE  DU  MAIS 

L'égrenage  du  maïs  est  une  opération  longue  et  assez  délicate  que 
l'on  fait  le  plus  souvent  exécuter  à  la  main,  et  pour  laquelle  les  bons 
instruments  et  appareils  sont  rares.  Il  en  existe  cependant  quelques 


Fig.  21.  —  Petit  égrenoir  de  maïs  de  Tritschler. 

modèles  excellents,  mais  qui  sont  trop  peu  connus  d'un  grand  nombre 
d'agriculteurs.  Dans  ce  nombre,  il  faut  citer  l'égrenoir  à  maïs  de 
M.  Tritschler,  constructeur  à  Limoges,  qui  a  acquis  depuis  longtemps 
une  légitime  réputation  dans  la  construction  des  charrues,  des  ta- 
rares et  de  quelques  autres  instruments  et  machines.  En  même  temps 
qu'il  fabrique  d'excellentes  charrues,  M.  Tritschler  fait  aussi  de 
grands  efforts  pour  leur  multiplication,  en  cédant  aux  forgerons 
des  villages  toutes  les  pièces  nécessaires  à  leur  montage,  coulées  sur 
les  modèles  ou  forgées  dans  ses  ateliers. 

Il  y  a  deux  modèles  d'égrenoirs  à  maïs.  Le  plus  petit  (fig.  21)  se 
compose  de  deux  plaques  en  fonte,  qui  forment  en  même  temps  l'en- 
veloppe du  corps  de  la  machine,  et  d'un  plateau  tournant  sur  le  même 
axe  que  la  manivelle.  Ce  plateau  porte  sur  l'une  de  ses  faces  des  ergots 
en  pointes  de  diamant  qui  sont  les  organes  égreneurs.  Sa  couronne  est 
dentée  et  engrène  avec  un  pignon  monté  sur  l'axe  du  volant.  Ce  même 
axe  porte  une  roue  conique  qui  a  pour  but  d'imprimer  à  l'épi  un  mou- 


SUR  l'égrenage  du  mais. 


263 


vement  de  rotation,  de  telle  sorte  qu'il  présente  toute  sa  surface  à 
l'action  des  pointes  du  plateau.  Cet  appareil  égrène  très  bien  toutes  les 
sortes  de  maïs;  il  peut  livrer  20  à  25  hectolitres  de  grain  par  jour. 
Son  prix  est  de  65  l'r.  avec  les  coussinets  en  fonte,  et  de  75  fr.  avec 
les  cousinets  en  bronze. 

Quant  au  grand  modèle  d'égrenoir,  il  se  compose  (fig.  22)  d'un  cy- 
lindre en  fonte  armé  d'ergots  disposés  en  hélice  sur  tout  son  pourtour, 
et  d'un  ressort  placé  à  l'arrière  sous  la  trémie  dans  laquelle  on  intro- 
duit les  épis.  Ce  ressort  peut  être  réglé  différemment  suivant  la  gros- 
seur moyenne  des  épis  et  leur  forme,  de  manière  à  pouvoir  donner  un 
égrenage  parfait  dans  toutes  les  circonstances.  Le  dessin  montre 
d'ailleurs  l'ensemble  de  l'appareil  d'une  manière  suffisante,  pour  qu'il 


22.  —  Grand  égrenoir  de  maïs  de  Tritschler. 


soit  inutile  d'insister  sur  sa  description.  L'égrenoir  peut  être  mis  en 
mouvement  soit  à  bras,  soit  à  l'aide  d'un  moteur  quelconque.  Son 
débit  peut  aller  jusqu'à  100  hectolitres  de  grain  par  jour.  Le  prix 
est  de  160  fr.,  avec  deux  manivelles  pour  fonctionner  à  bras  et  une 
poulie  pour  le  moteur.  L.  de  Sardriac. 


JURISPRUDENCE  AGRICOLE -LES  JACHERES 

On  nous  a  posé  la  question  suivante  : 

La  clause  d'un  bail  est  ainsi  conçue  :  «  Le  fermier  devra  laisser,  à 
«  l'expiration  du  présent  bail,  cinq  hectares  en  jachère  qui  devront  être 
«  livrés  en  cet  état  aux  époques  d'usage  au  fermier  entrant;  quant 
«  aux  terres,  elles  seront  livrées  au  fermier  entrant,  au  fur  et  à  me- 
«  sure  de  l'enlèvement  des  récoltes.  » 

On  demande  si  le  fermier  entrant  peut  ensemencer  les  jachères  dé- 
livrées par  le  fermier  sortant  (ferme  complètement  dépaillée) . 


264  JURISPRUDENCE    AGRICOLE. 

Si  le  bail  ne  renfermait  aucune  disposition  spéciale  à  cet  égard,  il 
faudrait  consulter  les  usages  locaux  et  s'y  conformer.  A  plus  forte 
raison,  en  doit-il  être  de  même,  quand  le  bail  dit  que  les  jachères 
seront  livrées  en  cet  état  aux  époques  d'usage  au  fermier  entrant.  Celui- 
ci  est  donc  tenu  d'observer  cette  clause  du  bail  qui  le  lie,  et  ne 
mettre  en  culture  le  sol  en  jachères  que  dans  les  conditions  et  les 
délais  déterminés  par  les  usages  locaux.  Une  pourrait  ensemencer  im- 
médiatement qu'au  cas  où  la  prohibition  de  dessoler  serait  tombée  en 
désuétude  dans  la  contrée  où  se  trouve  le  fermage.  Alors,  en  effet,  la 
clause  du  bail  devrait  être  considérée  comme  non  écrite,  ou  plutôt  le 
fermier  l'observerait  en  se  conformant  à  la  coutume  du  pays,  qui 
autorise  certaines  cultures  sur  les  terres  composant  la  sole  à 
jachères. 

Supposons  que  le  système  d'assolement  soit  encore  suivi,  et  dans 
toute  sa  rigueur,  par  les  propriétaires  etfermiers  voisins  :  si  le  fermier 
entrant,  malgré  cet  usage,  et  malgré  son  bail  qui  lui  ordonne  de  le 
respecter,  cultive  immédiatement  les  terres  en  jachères  laissées  par  son 
prédécesseur,  quelle  sera  la  sanction  de  dessolement  interdit  par  le 
bail  et  par  les  usages  locaux? 

Le  propriétaire  pourra  obtenir  des  dommages-intérêts  contre  son 
fermier,  mais  à  une  condition  :  c'est  qu'il  établisse  que  la  culture  an- 
ticipée des  terrains  à  jachère  lui  a  causé  un  préjudice. 

Il  pourrait  arriver  en  effet  que  le  fermier,  par  l'emploi  intelligent 
des  engrais  et  par  le  choix  habile  des  cultures,  loin  d'épuiser  la  terre, 
augmentât  au  contraire  sa  fertilité.  Dans  ces  circonstances,  on  conçoit 
que  le  propriétaire  serait  mal  fondé  à  demander  des  dommages-intérêts 
à  son  fermier. 

Le  tribunal,  devant  qui  le  différend  serait  porté,  ordonnerait  une 
expertise  pour  rechercher  si,  et  dans  quelle  mesure,  le  propriétaire 
a  été  lésé  par  le  dessolement. 

C'est  ce  qui  a  élé  jugé  par  un  arrêt  de  la  Cour  de  Douai,  du 
20  mars  1846. 

Le  tribunal  d'Arras,  dans  un  jugement  du  25  novembre  1845,  avait 
décidé  que  la  prohibition  de  dessolement,  écrite  dans  le  bail,  devait  être 
considérée  comme  non  avenue,  et  que,  par  suite,  la  violation  de  cette 
clause  ne  pouvait  donner  lieu  à  aucuns  dommages-intérêts. 

La  Cour  a  décidé,  au  contraire,  que  la  clause  devait  être  respectée; 
et  elle  a  nommé  des  experts  pour  apprécier  le  dommage  pouvant  ré- 
sulter de  sa  violation  par  le  fermier. 

L'arrêt  délare  toutefois  que  des  dommages-intérêts  seront  dus  seu- 
lement au  cas  où  l'expertise  établirait  un  préjudice,  et  ce  malgré  le 
bail  qui  stipulait  des  dommages-intérêts  pour  le  seul  fait  de  violation 
de  la  clause  prohibitive  du  dessolement. 

Il  résulte  de  cette  jurisprudence  que  le  fermier  entrant  peut  mettre 
en  culture  les  terrains  laissés  en  jachères  par  son  prédécesseur,  pourvu 
qu'il  ne  cause  par  là  aucun  préjudice  au  propriétaire. 

Ajoutons,  du  reste,  que  si  la  ferme  est  entièrement  dépaillée,  le 
fermier  est  en  droit  de  réclamer  les  pailles  qui  lui  sont  nécessaires, 
soit  au  fermier  sortant,  si  celui-ci  les  a  reçues  lors  de  son  entrée  en 
jouissance,  soit  au  propriétaire  qui  pouvait  les  retenir  suivant  l'esti- 
mation.  (Art.  1778,  Code  civil.)  ,  Eug.  Pouillet, 

avocat  a  la  Cour  de  Paris. 


LA  SAUTERELLE  DÉVASTATRICE  DES  CHAMPS  EN  RUSSIE  265 

LA  SAUTERELLE  DÉVASTATRICE  DES  CHAMPS 

EN    RUSSIE 

L'année  actuelle  a  été  très  malheureuse  pour  l'agriculture  russe,  par 
suite  des  ravages  qu'ont  causés  aux  champs,  dans  diverses  contrées 
de  l'empire,  différents  insectes  destructeurs  tels  que  les  calandres,  et 
surtout  la  sauterelle  de  passage. 

Nous  avons  sous  les  yeux  un  intéressant  mémoire  récemment  publié, 
par  les  soins  du  département  de  l'agriculture  et  de  l'industrie  rurale, 
à  Saint-Pétersbourg,  et  résumant  les  moyens  dont  on  s'est  servi  jusqu'à 
ce  jour  pour  combattre  cet  insecte,  ainsi  qu'une  courte  notice  sur  la 
vie  de  ce  dernier. 

On  distingue,  généralement,  deux  espèces  de  sauterelles  de  passage, 
qui  nuisent  tant  aux  champs  qu'aux  jardins  et  aux  forêts  de  la  Russie 
méridionale  :  la  sauterelle  de  passage  commune,  OEdipoda  miyratoria, 
et  la  sauterelle  de  passage  italienne,  OEdipoda  italica,  qui  est  un  peu 
moins  grande  que  la  première.  Le  corps  de  la  femelle  de  VOEdipoda 
migratoria  est  long  d'environ  4  centimètres  et  demi,  en  mesurant  delà 
nuque  jusqu'à  la  partie  la  plus  externe,  et  de  C  centimètres  et  demi, 
comptant  de  la  nuque  jusqu'au  bout  des  ailes  rabattues.  Les  ailes 
déployées,  elle  mesure  11  centimètres  à  12  centimètres  et  demi.  Le 
mâle  est  un  peu  plus  petit  que  la  femelle.  La  sauterelle  de  passage  se 
distingue,  en  outre,  de  la  locuste  verte,  Locustella  viridissima,  qui  est 
d'une  taille  tout  aussi  grande  que  la  première,  par  ce  fait  que  ses  an- 
tennes ne  mesurent  que  les  trois  quarts  de  la  longueur  du  corps; 
tandis  que  les  antennes,  chez  cette  dernière  en  dépassent  de  beaucoup 
la  longueur.  D'ailleurs,  l'oviscopte,  chez  la  femelle,  n'est  pas  tirée  en 
une  longue  gaine  courbée  en  forme  de  sabre,  comme  c'est  le  cas  chez 
la  locuste  verte.  VOEdipoda  italica  n'étant  qu'un  peu  plus  petite  que 
la  sauterelle  de  passage  commune,  ressemble,  cependant,  complète- 
ment à  cette  dernière,  dans  sa  manière  de  vivre,  à  la  seule  différence 
toutefois  qu'elle  n'entreprend  pas  de  migrations  aussi  lointaines  que 
VOEdipoda  migratoria. 

En  automne,  la  femelle  dépose  ses  œufs,  au  nombre  de  50  à  100, 
dans  la  terre,  notamment  dans  un  creux  profond  de  3  centimètres  et 
demi  à  4  centimètres,  qu'elle  creuse  elle-même  au  moyen  des  prolon- 
gations en  forme  de  pincettes  de  sa  tarière.  Une  femelle  peut  pondre 
jusqu'à  1 50  de  ces  œufs  oblongs  qui  sont  déposés  en  rangées,  à  côté 
l'un  de  l'autre.  Ils  se  couvrent,  pendant  la  ponte,  d'une  matière 
blanche  et  gluante  qui  prend  bientôt  un  aspect  grisâtre  et  se  durcit, 
après  qu'une  quantité  relativement  considérable  de  terre  s'y  est  at- 
tachée. C'est  ainsi  que  se  forme  une  espèce  de  cocon,  long  de  2  cen- 
timètres et  demi  à  3  centimètres  et  demi  et  d'une  forme  tout  à  fait  ir- 
régulière, qu'un  œil  expérimenté  discernera  difficilement  d'une  motte 
de  terre  ordinaire.  Les  nymphes  éclosent  sept  ou  huit  mois  plus  tard, 
ne  sachant  pas  voler,  grandissant  peu  à  peu,  se  dépouillant  quatre 
fois  de  leur  peau  et,  ce  faisant,  recevant  chaque  fois  des  antennes  et 
des  tronçons  d'ailes  plus  longs,  jusqu'à  ce  qu'elles  se  développent 
enfin,  en  quarante  jours,  à  l'état  d'insecte  parfait.  Plus  la  saison  est 
chaude,  plus  vite  s'opère  le  développement.  Après  leur  éclosion,  les 
nymphes  qui  ressemblent  à  peu  près  aux  insectes  développés,  ont  la 


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couleur  blanche-jaunâtre  avec  une  légère  rougeur.  Cette  couleur  se 
fonce  vite,  et,  en  quelques  heures  déjà,  elle  se  transforme  peu  à  peu  en 
gris-foncé.  Après  leur  troisième  et  quatrième  mue,  les  nymphes 
prennent,  en  partie,  une  teinte  couleur  orange,  et  en  partie,  une  teinte 
vert-luisant.  Pendant,  ainsi  que  peu  de  temps  avant  et  après  leurs  mues, 
elles  ne  prennent  point  de  nourriture,  elles  sont  peu  vives,  ti'ès  flétries  et 
paraissent  dans  un  état  maladif.  Leur  accouplement  qui  est  suivi  de  la 
ponte  des  œufs,  durant  six  semaines,  et  enfin  de  la  mort  de  l'a  femelle,  a 
lieu  quelques  semaines  plus  tard,  c'est-à-dire  après  que  leurs  ailes  se  sont 
entièrement  développées.  Les  œufs  étant  très  sensibles  à  l'humidité,  la 
femelle  choisit  toujours  des  lieux  secs  et  élevés,  pour  les  y  déposer,  et 
ce  faisant,  elle  préfère  le  sol  dur  au  sol  friable,  le  terrain  argileux  au 
terrain  sablonneux.  Les  œufs  des  sauterelles  survivent  facilement  au 
grand  froid,  et  ce  n'est  que  la  qualité  desséchante  du  soleil  et  de  l'air 
qui,  outre  l'humidité,  exerce  une  action  destructive  sur  eux. 
C'est  pourquoi  la  sauterelle  habite,  de  préférence,  les  steppes  secs,  évi- 
tant les  contrées  humides,  boisées  et  montagneuses,  et  ne  touchant 
aux  roseaux  et  aux  joncs  des  fleuves  et  des  lacs  que  durant  la  migra- 
tion. Le  développement  de  la  nymphe  sortant  de  l'œuf  demande  une 
température  d'au  moins  1 7  degrés  centigrades.  Par  les  automnes  chauds, 
il  arrive  quelquefois  que  les  nymphes  éclosent  en  automne  même; 
mais  ne  pouvant  pas  se  développer,  naturellement,  elles  périssent  alors. 
Dans  la  Russie  méridionale,  les  nymphes  éclosent,  généralement,  dans 
la  seconde  moitié  de  mai  et  reçoivent  leurs  ailes  à  la  fm  de  juin  ou 
dans  les  premiers  jours  de  juillet.  Ensuite,  les  insectes  adultes  s'ac- 
couplent à  partir  des  premiers  jours  d'août,  et  la  ponte  se  prolonge 
parfois  jusqu'à  la  mi-octobre.  Comme  on  sait,  la  sauterelle  se  nourrit 
de  toutes  sortes  de  végétaux;  elle  attaque  aussi,  en  cas  de  besoin,  la 
viande  et  se  fait  Carnivore.  Son  penchant  pour  la  sociabilité  est  carac- 
téristique. Déjà  à  l'état  de  nymphes,  les  individus  isolés  se  groupent 
en  sociétés  qui  s'accroissent  de  jour  en  jour  et  qui  sont  bientôt  forcées 
de  migrer,  parce  que  la  nourriture  commence.à  faire  défaut  dans  les  lieux 
de  leur  naissance.  Ces  migrations  sur  la  terre  ferme  se  font,  aussitôt 
la  rosée  évaporée,  et  se  prolongent  jusque  vers  les  cinq  heures  du  soir. 
Les  masses  s'avancent,  selon  la  quantité  de  nourriture  qu'elles  ren- 
contrent sur  leur  passage,  de  60  mètres  jusqu'à  15  kilomètres  et  plus, 
dans  le  courant  d'une  journée.  Ces  cohortes  d'insectes  ne  s'arrêtent 
devant  rien,  elle  traversent  à  la  nage  même  de  larges  rivières.  Mais 
les  véritables  migrations  lointaines  qui  inondent  des  pays  entiers, 
ne  commencent  qu'à  l'état  ailé  des  sauterelles.  Alors  les  essaims  se 
réunissent  en  cohues  épouvantables  et  volent  à  la  hauteur  de  5  à 
7  mètres  au-dessus  de  la  terre,  descendant  sur  les  lieux  qui  leur  con- 
viennent précisément.  Ces  lointains  voyages  durentenviron  six  semaines; 
ensuite,  les  grandes  cohortes  se  redivisent  en  plus  petites  sociétés  qui 
occupent  un  lieu  quelconque  et  y  mènent,  pendant  presque  deux  mois, 
une  vie  contemplative  jusqu'à  la  fin  de  leurs  jours,  s'adonnant  à  l'ac- 
couplement et  à  la  ponte. 

Tout  en  étant  une  habitante  permanente  de  la  Russie  méridionale, 
la  sauterelle  de  passage  dont  nous  parlons,  ne  s'y  multiplie  que  dans 
certaines  conditions  en  proportions  prodigieuses;  et  c'est  dans  ces 
circonstances-là  seulement  qu'elle  cause  des  ravages  funestes  à  l'a- 
griculture, anéantissant  des  révoltes  entières. 


LA  SAUTERELLE   DEVASTATRICE  DES  CHAMPS  EN  RUSSIE.  267 

Une  série  d'années  sèches,  chaudes  et  secondées  d'un  temps  sec  et 
chaud  au  mois  de  septembre,  favorise  beaucoup  la  grande  multipli- 
cation des  sauterelles  ;  tandis  que  des  millions  en  périssent  par  des 
automnes  froids  et  humides.  C'est  sur  cette  sensibilité  des  sauterelles 
à  l'humidité,  et  de  leurs  œufs,  en  outre,  au  courant  d'air  desséchant, 
ainsi  qu'à  l'action  directe  du  soleil,  qu'on  a  pu  baser  les  moyens 
destructifs  dont  on  s'est  servi,  souvent  avec  succès,  contre  cet  insecte. 
Nous  allons  en  mentionnerquelques-uus  des  plus  efficaces. 

Sans  doute,  c'est  dans  leurs  œufs  qu'on  anéantit  le  plus  sûrement 
les  sauterelles.  Pour  atteindre  ce  but,  on  laboure  les  lieux  où  ont  été 
déposés  les  œufs,  à  une  profondeur  de  six  à  sept  centimètres,  et  l'on 
fait  passer  dessus  une  herse  en  fer.  Alors  les  œufs  viennent  à  la  sur- 
face d'où  ils  peuvent  être  aisément  ramassés  à  la  main,  ou  bien  détruits 
par  les  cochons  et  la  volaille  domestique.  Par  des  hivers  chauds  et 
dépourvus  de  neige,  le  recueil  des  œufs  peut  s'opérer  pendant  toute 
la  saison.  Abstraction  faite  de  ce  qu'on  les  ramasse,  pour  être  détruits, 
bon  nombre  de  ces  œufs  sont  déjà  anéantis  par  ce  fait  seul  qu'ils  se 
trouvent  découverts  à  la  surface.  Aussi  atteint-on  des  résultats  très 
satisfaisants  par  le  labour  seul  du  sol  à  une  profondeur  de  10  à  15  cen- 
timètres, labour  qui  doit  être  poui'tant  suivi  de  l'aplanissement  du 
sol  au  moyen  de  pesants  rouleaux.  De  cette  façon,  on  a  pu  recueillir, 
en  1860,  dans  les  environs  de  Khotine,  en  Bessarabie,  sur  une  étendue 
d'environ  2,000  hectares,  2,G88  hectolitres  d'œufs,  ce  qui  équivaut  à 
l'anéantissement  de  cinq  milliards  de  sauterelles. 

Les  nymphes  une  fois  écloses,  on  a  le  choix  des  moyens  de  destruc- 
tion suivants  qu'on  peut  éventuellement  appliquer  à  la  fois:  1°  on 
peut  les  brûler;  2°  on  peut  les  écraser  au  moyen  de  divers  instruments 
et  du  bétail  ;  3"  on  peut  les  pousser  dans  des  profonds  silos;  4°  on 
peut  les  ramasser;  5"  on  peut  les  faire  manger  par  les  cochons  et  la 
volaille. 

Pour  les  brûler,  on  n'a  qu'à  répandre,  dans  les  endroits  secs,  de 
petits  tas  de  paille  et  de  ramilles  où  les  nymphes  se  cachent,  pendant 
la  nuit,  afin  de  se  préserver  de  la  rosée.  On  brûle  ainsi  les  nymphes  en 
allumant  la  paille  qu'on  peut,  pour  la  faire  mieux  prendre,  arroser  avec 
un  peu  de  pétrole.  — Pour  les  écraser,  on  se  sert  de  fléaux,  de  pelles, 
de  rouleaux,  ainsi  que  d'une  espèce  d'instruments  particuliers  en 
forme  de  cadres  rectangulaires,  longs  d'environ  un  mètre  et  larges 
de  deux  mètres,  et  appelés  volokouchki.  Au-devant  du  cadre  se  trouve 
le  timon,  sous  sa  partie  externe  sont  attachées  des  broussailles  serrées 
contre  le  sol  par  des  pierres  ou  n'importe  quel  fardeau  dont  on  charge 
cet  instrument.  Un  certain  nombre  de  volokouchki  travaillent  à  la  fois, 
la  première  commençant  par  tourner  dans  un  cercle  de  1 60  à  1 80  mè- 
tres, la  seconde  suivant,  pour  la  moitié,  la  trace  de  la  première  et 
n'ajoutant,  pour  sa  part,  qu'un  mètre  de  nouvelle  trace  au  cercle,  la 
troisième  suivant  la  seconde  de  la  même  façon,  et  ainsi  de  suite.  Par 
ce  procédé,  on  parvient,  en  partie,  à  écraser  toutes  les  nymphes  qui  se 
trouvaient  dans  l'espace  parcouru  de  ces  instruments,  en  partie,  à 
pousser  dans  la  fosse  qui  se  trouve  au  centre  du  cercle,  où  elles 
sont  écrasées.  On  a  pu  se  servir,  avec  le  même  succès,  à  la  fois 
de  ces  volokouchki  et  de  rouleaux.  Un  autre  instrument  plus  solide 
que  le  premier,  mais  bien  plus  compliqué,  le  volokouchki  à  den- 
telures inventé  par  M.  Wedell,  dont    on   se    sert   de  la    même    façon 


268     LA  SAUTERELLE  DÉVASTATRICE  DES  CHAMPS  EN  RUSSIE- 

que  des  volokouchki  ordinaires^  est  très  avantageusement  employé 
aussi  à  la  destruction  des  nymphes,  —  Quant  aux  autres  moyens 
destructifs  pratiqués,  en  Russie,  contre  elles,  ils  n'ont  nul  besoin 
d'être  commentés.  Il  ne  reste  qu'à  observer  qu'en  faisant  manger  les 
sauterelles  par  les  cochons  et  par  la  volaille  qui  en  sont  friands,  on  ne 
doit  pas  leur  ménager  l'eau,  attendu  que  cette  nourriture  excite  beau- 
coup leur  soif. 

On  n'a  pas  encore  trouvé  de  moyen  sur,  pour  combattre  les  sau- 
terelles de  passage  ailées.  Il  est  vrai  qu'on  a  réussi  parfois,  au  moyen 
de  bruits,  à  les  empêcher  de  faire  leur  descente  et  à  les  chasser  sur 
des  champs  voisins.  Mais  les  sauterelles  bien  affamées  ne  font  souvent 
pas  môme  attention  au  bruit  le  plus  épouvantable  tel  que  le  tir  de 
la  mousqueterie,  etc.  On  a  pu  aussi  protéger  les  champs  non  encore 
attaqués  par  les  nymphes,  contre  les  sauterelles  ailées  avançant  par 
bandes,  au  moyen  de  fossés  larges  d'un  demi-mètre  à  un  mètre,  ayant 
des  bords  bien  dressés  et  des  trous  profonds  à  leur  intérieur,  pourvu 
que  la  longueur  de  ces  fossés  correspondît  à  la  largeur  des  cohortes 
d'insectes  qui  s'avançaient.  En  ce  cas,  on  n'avait  qu'à  écraser  les 
sauterelles  qui  tombaient  dans  le  fossé,  ou  on  les  poussait  dans  les 
trous  qui  s'y  trouvaient,  afin  de  les  anéantir  avec  plus  de  facilité. 
Mais  en  somme,  ces  moyens  étant  déjà  loin  d'être  bien  efficaces,  il  n'y 
en  a  pas  d'autres,  jusqu'à  présent,  qui  le  soient  plus,  contre  les 
sauterelles  ailées.  Nicolas  de  Nasakine. 

PISCICULTURE-  —  LES  NETTOYEURS  ' 

Les  voici  donc  ces  terribles  ennefnis  des  vivants  et  des  morts,  armés 
et  cuirassés  si  puissamment  pour  la  destruction,  sauf  un  seul  défaut 
de  la  cuirasse  dont  nous  parlerons. 

Ils  sont,  pour  tout  ce  qui  vit  dans  l'onde,  la  terreur  même.  Et  puis, 
quelle  construction,  quelle  science  :  pas  de  cou,  la  tête  dans  le  ventre; 
leurs  pinces,  appareils  d'attaque  et  de  respiration  ;  leur  bouche,  une 
machirxe  de  12  ou  14  pièces,  scies,  enclumes  et  marteaux,  à  laquelle 
rien  de  pareil  ne  saurait  être  comparé,  si  ce  n'est  l'horrible  bouche 
des  monstrueux  mangeurs  de  corail  de  l'océan  Austral,  où  ils  les  pais- 
sent, comme  les  moutons  l'herbe  de  nos  prés. 

Mais  ajoutons,  à  leur  bénéfice,  qu'ils  sont  aussi,  par  leur  insatiable 
voracité,  les  plus  grands  agents  de  la  salubrité  des  mers  et  les  plus 
puissantes  machines  de  transformation  de  matières  animales  que  l'on 
connaisse,  car  tout  passe  à  la  minute  dans  cet  estomac,  qui  n'en  a  que 
le  nom,  presque  un  sac,  et  tout  est  dit.  Insectes  suceurs  et 
broyeurs,  les  uns  ont  la  queue  longue  et  les  autres  courte,  les  yeux 
du  homard,  des  brillants  aux 2,500  facettes;  leurs  antennes,  organes 
de  toucher,  d'odorat,  d'ouïe,  sont  des  chefs-d'œuvre  de  simplicité 
chez  les  uns  et  de  mécanique  chez  les  autres,  les  crabes,  par  exemple. 

Longtemps  on  a  cherché  oii  l'odorat,  si  développé  chez  tous,  avait 
son  siège,  mais  les  récents  et  si  curieux  travaux  de  M.  le  docteur 
Huxley,  sur  les  ganglions  nerveux  de  l'écrevisse,  ne  laissent  plus  au- 
cun doute. 

Comme  le  toucher,  l'odorat  réside  dans  les  antennes.  Nous  étant 
longuement  occupé  de  ces  décapodes   dans   notre   calendrier  (article 

1.  Voir  le  Journal  du  11  et  du  25  septembre,  page  418  et  489  du  tome  III  de  1880;  du  9  et  du 
23  octobre,  du  6  novembre,  page  62;  144  et  217  de  ce  volume. 


PISCICULTURE.  —  LES  NETTOYEURS.  269 

Ecrevisse),  et  surtout  dans  nos  monographies  du  homard  et  de  la  lan- 
gouste dans  V Encyclopédie  de  fagricu/leur,  nous  n*y  reviendrons  pas. 
La  si  délicate  et  si  longtemps  inconnue  reproduction  de  ces  féroces 
est  aujourd'hui  parfaitement  claire  et  hors  de  question  depuis  les 
beaux  travaux  de  MM.  Coste,  Gerbe  et  Delidon;  il  n'y  a  donc  pas  à  s'y 
arrêter. 

Ce  que  nous  aborderons  dans  cette  causerie,  ce  seront  les  deux  points 
de  pratique  et  d'industrie  dont  nous  n'avons  pas  encore  parlé,  celle 
de  leur  domestication  dans  les  viviers  ou  parcs  fermés  à  la  cote,  ou 
dans  les  boutiques  mobiles^  comme  celles  des  marchands  en  gros  de 
Billingsgate;  et  surtout  de  l'élève  des  crevettes. 

Avant  de  quitter  ce  terrain,  toujours  si  glissant  pour  nous,  de  la 
science  pure  et  de  nous  renfermer  dans  ce  qui  nous  ouvre  cette /îey«e, 
c'est-à-dire  les  côtés  pratiques  de  la  pisciculture,  citons  pourtant  ce 
dernier  et  si  curieux  fait  en  pendant  à  celui  qu'il  y  a  de  longues 
années,  nous  avions  avancé  un  des  premiers  dans  V Encyclopédie^  sur 
leur  reproduction  par  contact;  à  savoir  qu'à  l'encontre  de  tous  les 
êtres  respirant  par  la  bouche,  c'est-à-dire  d'avant  en  arrière  ou  de 
haut  en  bas,  ces  curieux  êtres  chez  lesquels  tout  est  le  comble  du 
curieux,  respirent,  eux,  d'arrière  en  avant,  l'eau  entrant  par  leur  ca- 
rapace et  sortant  par  la  bouche  après  avoir  traversé  leurs  branchies 
et  leurs  sacs  aériens.  Redisons  enfin  que  dans  toute  celte  famille  la 
proportion  des  mâles  est  à  celle  des  femelles  comme  6  est  à  1 ,  détail 
fort  important  à  considérer  dans  l'application  des  règlements  concer- 
nant leur  multiplication. 

Les  crustacés  inférieurs,  dont  nous  nous  occuperons  spécialement, 
font  seuls  exception  à  cette  loi;  car,  chez  eux  cinq  et  même  six  géné- 
rations peuvent  s'engendrer  d'une  seule  copulation. 

Le  phénomène,  de  la  mue  spécial  à  tous,  est  le  défaut  de  cuirasse 
dont  nous  parlions  en  commençant.  Chez  le  homard,  il  ne  se  répète 
pas  moins  de  huit  ou  dix  fois  la  première  année,  allant  en  diminuant 
pour  aboutir  à  deux  ou  trois  à  sa  quatrième  ou  cinquième  année.  11  y 
a  là  des  faits  précis  acquis  à  la  pratique  par  le  lamaneur  de  Concar- 
neau  connu  de  tous,  ne  laissant  plus  subsister  le  moindre  doute  sur 
leurs  époques  mathématiquement  fixées,  et  leurs  coefficients  de  gros- 
sissement. 

Changer  sa  carapace  est  le  moment  oi^i  ce  terrible  ravageur  est  à  la 
merci  de  tous  et  celui  où,  à  son  tour,  le  tyran  tremble.  L'anguille 
fait  alors  dans  nos  ruisseaux  de  véritables  hécatombes  d'écrevisses  et 
les  pourchasse  dans  leurs  trous.  A  partir  de  la  cinquième  et  sixième 
années,  nousnecroyons  pas  que  l'écrevisse  ait  plus  d'une  mue  par  an; 
passé  dix  a.ns,  mue-t-elle  tous  les  an^?  problème.  En  mer,  saumons, 
labres,  trigles,  rougets  surtout,  eu  font  sur  les  grèves  de  pantagrué- 
liques repas. 

C'est  de  son" estomac,  sous  forme  de  boule  calcaire,  que  ce  fier 
capitan  devenu  si  humble,  craintif  et  solitaire,  tirera  la  substance  de 
sa  nouvelle  armure;  deux  fois  quarante-huit  heures  et  il  n'y  paraîtra 
plus  rien. 

Par  quel  miracle  d'élasticité  tout  cela  s'est-il  fait?  Comment,  an- 
tennes, yeux,  dents,  mâchoires  y  ont-ils  passé?  C'est  un  point  d'in- 
terrogation, dont,  quant  à  nous,  nous  ne  croyons  pas  que  la  solution 
soit  é!oignîe  et  que  nous  prenons  la  liberté  de  recommander  à  l'atten- 


270  PISCICULTURE.   —  LES  NETTOYEURS. 

lion  de  notre  vénéré  maître  M.  deLacaze-Duthiers,  àsonlaboratoirede 
lioscoff. 

La  crise  passée,  gare  alors  au  pauvre  mollusque  ou  au  fretin  con- 
fiant qui  passera  à  portée  de  sa  terrible  pince,  dague  et  tenaille  en 
même  temps. 

Nous  n'avons  rien  à  ajouter  à  ce  que  nous  avons  dit  des  homards  et 
langoustes,  si  ce  n'est  que  leur  stabulation  est  aujourd'hui  un  fait  écono- 
mique tellement  résolu,  que  les  10,000  pièces  que  Londres  consomme 
journel'cment,  n'ont  point  d'autres  provenances  que  les  grands  ré- 
servoirs de  Billingsgate,  où  ils  sont  nourris  en  attendant  la  vente. 

Depuis  quelques  années,  cette  pratique  se  fait  aussi  sur  nos  côtes 
de  Bretagne  et  de  Normandie,  pour  l'approvisionnement  du  marché 
de  Paris,  notamment  dans  les  réservoirs  de  ]\L  de  Crésolles,  à  l'île 
Tudy.  L'amorce  préférée  pour  les  casiers  est  l'étoile  de  mer,  dont  ils 
sont  tous  si  friands. 

On  dit  que  la  mer  Méditerranée  contient  plus  de  langoustes  que  de 
homards.  Le  pourquoi,  nous  serions  embarrassé  de  le  donner,  mais 
c'est  un  feit  qu'il  importe  de  constater  et  d'étudier.  La  taille  réglemen- 
taire de  vente  étant  de  0'"20,  ils  n'y  arrivent  guère  avant  cinq  ou  six 
ans  et  au  moins  18  à  2.5  mues. 

C'est  au  printemps  et  à  l'été,  aux  pleines  lunes  surtout,  que  les 
crustacés  doivent  être  mangés. 

Pourquoi,  à  ce  jour,  l'élève  de  la  langouste  n'a-t-il  donné  aucun  ré- 
sultat, alors  que  celui  du  homard  a  si  bien  réussi?  Nous  espérons  que 
ces  messieurs  du  laboratoire  de  Concarneau  ne  nous  feront  plus  trop 
longtemps  attendre  une  réponse  qu'il  y  a  plus  de  quinze  ans  nous  leur 
avons  posée  pour  la  première  fois. 

Arislote  ne  mettait  rien  au-dessus  du  dîner  d'une  langouste  au  prin- 
temps, arrosé  de  vin  de  Samos.  D'autres  aussi  auraient  le  faible  du 
erand  stasririte. 

Les  crevettes  baptisées  avec  tantd'à-propos  du  nom  d'abeilles  de  la 
mer,  par  M.  Delidon,  ont  à  peu  près  les  mômes  moyens  de  reproduc- 
tion que  leurs  proches  et  grands  parents  ci-dessus. 

Seulement,  Coste  meta  mars  cequeM.  Delidon  avance  être  à  octobre; 
c'est  un  point  sur  lequel  il  faudrait  pourtant  s'entendre,  s'il  n'y  a  pas 
là  une  simple  question  de  latitude  et  de  température,  si  commune 
dans  la  pisciculture. 

En  revanche,  l'âge  de  trois  ans  pour  sa  nubilité  paraît  devoir  être 
généralement  accepté,  et  la  ponte  qui  a  lieu  vingt-quatre  heures  après 
l'accouplement  varie  de  100  à  1000  œufs.  Question  d'âge  comme  pour 
les  écrevisses,  dont  nous  prendrons  la  liberté  de  recommander  la 
lecture  t.  IV,  n°  548  du  Journal,  ol\  nous  avons  traité  spécialement  la 
question  des  fameux  crochets,  aux  temps  d'amours  de  ces  crustacés. 

Le  palémon  porte-scie  ou  crevette-franche,  comestible  si  recherché, 
est  regardée  par  nous  comme  la  grande  ressource  de  la  transforma- 
tion de  nos  marais  salants. 

L'élevage  de  ce  si  délicat  crustacé,  dans  le  parc  même,  est  appelé 
à  un  grand  avenir,  croyons-nous,  si  l'Administration  de  la  marine  y 
met  la  moindre  bonne  volonté. 

L'y  nourrir  serait  si  facile;  sa  rusticité  si  grande,  du  moment  qu'elle 
peut  se  réfugier  sous  les  goémons,  algues  et  warech,  des  petits  fonds, 
qu'il  n'y  a  là  véritablemeïit  qu'à  vouloir. 


PISCICULTURE.  —  LES  NETTOYEURS.  271 

Aussi  elle,  elle  ne  devrait  être  mangée  des  gourmets  qu'en  pleine 
lune. 

La  pêche  des  crevettes  aux  rets,  de  notre  compatriote  le  pêcheur, 
Groinard,  est  une  des  heureuses  trouvailles  des  cotes  de  Vendée,  oii 
elle  est  appliquée  aujourd'hui  en  grand,  par  tous  les  temps  et  toute 
marée. 

La  conservation  de  la  crevette  vivante,  dans  des  hoîtes  remorquées 
par  le  bateau,  est  une  condition  essentielle  à  observer, 

A  côté  du  palénion,  les  côtes  de  notre  Vendée  et  si  curieusement 
celle  de  Nice,  ont  un  crangon  et  un  pénée  spécial  à  rostre  long  et  à 
trois  sillons. 

Nous  finirons  par  les  crabes,  dont  nous  mettrons  de  côté  les  douze 
ou  quatorze  espèces,  pour  ne  parler  que  du -tourteau,  le  meilleur,  le 
plus  caractéristique.  iMôiues  mœurs,  même  facilité  de  reproduction, 
dont  pour  quelques-uns,  le  chitîre  n'est  pas  moins  de  100,000  œufs; 
mais  il  offre  cette  particularité,  que  l'accouplement  est  complet  par 
l'intromission  directe  des  appendices  copulateurs. 

Ce  sont  à  eux  que  s'appliqueraient  les  lignes  par  lesquelles  nous 
avons  commencé  cet  entrelien,  car  ce  sont  eux  surtout  les  premiers 
agents  de  la  salubrité  de  nos  rivages  où  ils  pullulent. 

Le  meilleur,  le  plus  fort,  le  cancer-paguras  ne  quitte  pas  le  flot; 
c'est-à-dire,  qu'il  monte  et  descend  avec  lui,  gagnant  ses  repaires 
connus. 

il  s'est  parfaitement  reproduit  dans  les  viviers  de  Concarneau,  où  on 
en  a  obtenu  les  plus  inattendus  résultats,  que  nous  acceptons  comme 
essais  de  laboratoire,  mais  auxquels,  au  point  de  vue  économique  et 
industriel,  nous  ne  saurions  attacher  la  moindre  importance. 

Du  crabe  sauteur  (le  tolitre),  qui,  par  millions,  couvre  nos  plages, 
aux  terribles  crabes  de  12  ou  15  kilog.  dévorant  les  marins  blessés  de 
l'amiral  Drake,  il  y  a  toute  une  série,  qui,  ni  chair  ni  poisson,  vrai 
peuple  de  combat,  est  le  -<  factotum  »  de  nos  rivages. 

Les  uns  volent  la  nuit;  d'autres,  quittant  la  mer,  vont  à  la  maraude; 
les  uns  se  dissimulent,  les  autres  se  font  faux-frères,  qui,  après  avoir 
mangé  le  pauvre  mollusque,  volent  sa  maison;  d'autres,  enfin,  habitent 
nos  dunes  où  ils  passent  l'hiver  dans  leurs  terriers,  ne  regagnant  la 
mer  qu'au  printemps,  pour  y  déposer  leurs  œufs. 

Nous  reviendrons  à  Tétude  de  ces  mêmes  iorbans,  plus  intéressants 
pour  l'analogiste  que  pour  l'économiste,  quand  nous  aurons  fini  la 
partie  plus  opportune  de  ces  entretiens  sur  la  pisculture  marine. 

Chabot-Karlen, 

Correspondant  de  la  Société  nationale  d'agriculture  de  France. 

SUR  LA  PRODUCTION  DE  LA  LAINE  ET  DE  LA  VIANDE 

Monsieur  le  directeur,  M.  Georges  Tojan  a  bien  voulu  consacrer  un 
article  bibliographique  à  notre  livre  :  Elevage  et  maladies  du  mouton, 
dans  les  colonnes  de  votre  esti  niable  ./o/f/'/?a/.  V^euillez  agréer,  nous  vous 
prions,  pourvousetpourlui,  nos  biensincères  remercîments  pourla  ma- 
nière bienveillantedont  il  aparlédecetouvrageaupointde  vue  didactique. 

Mais  nous  demandons  à  M.  G.  ïojan  la  permission  de  lui  signaler 
quelques  erreurs  qui  se  sont  glissées,  bien  involontairement,  sans 
doute,  sous  sa  plume,  et  auparavant,  de  nous  expliquer  sur  un  fait 
personnel. 


272  SUR  LA  PRODUCTION  DE   LA    LAINE   ET   DE  LA   VIANDE. 

Votre  collaborateur  nous  reproche  d'avoir  fait  «  un  livre  de  polé- 
mique passionnée.  »  Nous  ne  contestons  pas  la  justesse  de  cette  ap- 
préciation ;  mais  nous  sommes  persuadé  que  les  hommes  compétents 
qui  liront  le  cinquième  volume  du  Traité  de  zootechnie  de  ]\1.  Sanson, 
et  le  nôtre,  nous  excuseront,  nous  absoudront  même;  et  nous  en 
avons  pour  garant  certaines  lettres  de  félicitations,  émanant  de  som- 
mités agronomiques  et  spécialement  d'éleveurs  distingués. 

Mais  passons  et  arrivons  à  la  question  de  faits. 

M.  G.  Tojan  dit  :  «  Nous  comprenons  et  nous  partageons  l'admira- 
tion de  M.  Alfred  Leroy  pour  son  maître;  mais  nous  trouvons  qu'il 
va  trop  loin  quand  il  reproche  à  M.  Sanson  de  voidoir  faire  du  nie- 
rions primitif,  le  mouton  universel,  le  seul  pouvant  donner  de  la 
viande  et  de  la  laine  fine*  pour  suffire  aux  besoins  de  la  boucherie 
et  des  manufactures.  Non,  M.  Sanson  est  un  savant  trop  éclairé 
pour  soutenir  des  thèses  absolues;  il  est  trop  initié  aux  lois  naturelles, 
aux  exigences  variables  des  contrées,  aux  nécessités  des  climats, 
pour  recommander  à  ses  disciples  d'élever  partout,  à  l'exclusion  d'au- 
tres, la  race  mérinos.  » 

Nous  n'avons  pas  reproché  à  M.  Sanson  de  préconiser  le  mérinos 
primitif,  ce  qui  eût  été  contraire  à  la  vérité,  mais  bien  d'avoir  fait 
une  vigoureuse  campagne  pour  le  mérinos  précoce  ou  amélioré,  comme 
on  voudra;  c'est-à-dire,  pour  la  production  abondante  et  simultanée 
de  la  laine  et  de  la  viande.  Et  cela,  depuis  1862,  dit-il  en  s'en  félici- 
tant, à  la  page  162  de  son  livre.  Mais  étant  donné  que  M.  Sanson 
soit  «  un  savant  trop  éclairé  pour  soutenir  des  thèses  absolues,»  il  n'en 
a  pas  moins  dit  et  répété  à  satiété  que  le  mérinos  amélioré  par  sélec- 
tion est  la  bête  de  toutes  les  situations. 

C'est  contre  cette  énormitéque  nous  avons  protesté,  en  disant  dans 
la  préface  de  notre  ouvrage,  que  de  tous  les  troupeaux  de  mérinos 
précoces  de  notre  département,  il  n'y  en  a  pas  un  qui  ne  constitue 
son  propriétaire  en  perte,  si  on  distrait  le  «  compte  béliers  »  de  celui 
du  reste  du  troupeau. 

Que  celui  qui  peut  nous  démentir  par  des  chiffres  le  dise! 

Et  quand  M.  G.  Tojan  ajoute  :  «  Il  est  évident  que  le  mérinos 
antique  n'est  point  une  bête  de  boucherie  parfaite;  son  ossature  est 
trop  forte,  sa  tête  est  énorme,  elle  pèse  avec  les  cornes  7  à  8  kilog. 
et  se  vend  un  franc!  Avec  ce  qu'il  a  fallu  d'azote  et  de  phosphate 
pour  la  former,  on  aurait  produit  un  bon  petit  mouton  berrichon  va- 
lant au  moins  15  francs.  C'est  ce  qu'a  fait  remarquer  avec  beaucoup 
de  justesse  M.  Alfred  Leroy;  mais  il  oublie  qu'on  est  parvenu  à  dimi- 
nuer un  peu  cette  tête  gigantesque  et  il  oublie  volontiers  les  beaux 
spécimens  des  mérinos  précoces  dont  les  qualités  sont  si  remar- 
quables. » 

M.  Tojan  se  trompe.  Ce  sont  «  ces  beaux  spécimens  de  mérinos 
précoces  dont  les  qualités  sont  si  remarquables  »  qui  ont  des  têtes  de 
ce  poids -là,  et  non  le  mérinos  antique.  C'est  le  mouton  idéal  de 
M.  Sanson,  celui  qu'il  a  vu  dans  notre  pays  et  dont  il  donne  une  gra- 
vure fig.  33,  page  142  du  V  volume  de  son  fameux  Traité  de 
zootechnie.  Aussi,  c'est  précisément  ce  qui  nous  surpasse  de  voir  le 
professeur  de  l'Institut  agronomique  donner  le  mérinos  du  Soisson- 
nais  comme  le  type  du  producteur  économique  de  la  viande.  Car  au 
chapitre  de  l'espèce  porcine,  l'auteur  rend  compte,  page  257,   d'une 


SUR  LA  PRODUCTION  DE  LA  LALNE  ET  DE  LA  VIANDE.  273 

comparaison  de  rendement  faile  entre  deux  porcs,  par  le  regretté 
Emile  Baudement,  à  la  suite  du  concours  de  Poissy  en  1860.  Chez 
l'un,  le  rapport  du  poids  de  la  tête  au  poids  vif  était  1  :  20;  chez 
l'autre,  1:11.49.  La  différence  était  donc  presque  du  simple  au 
double.  Et  M.  Sanson  ajoute  :  «  Ce  rapport  implique  celui  qui  exis- 
tait 7îé  restai  renient  entre  les  deux  squelettes.  » 

Est-ce  qu'il  n'en  est  pas  exactement  de  même  entre  les  mérinos, 
dits  de  boucherie,  et  les  bêtes  anglaises,  leurs  dérivées,  ou  leurs 
similaires  ? 

Maintenant  c'est  à  vous,  c'est  au  chimiste  éminent,  au  savant  dis- 
tingué que  nous  demandons  :  Connaissant  la  teneur  chimique  de  la 
viande  et  de  la  laine,  croyez-vous  qu'il  soit  possible  de  les  produire 
au  même  prix? 

Que  penseriez-vous,  monsieur,  d'un  homme  qui  dirait  aux  fabri- 
cants de  sucre  :  «  Il  ne  suffit  pas  de  produire  avec  mille  kilogrammes 
de  betteraves  beaucoup  de  sucre,  il  faut  encore  produire  beaucoup  de 
mélasse,  car  les  deux  productions  sont  inséparables  l'une  de  l'autre?» 
Vous  hausseriez  les  épaules,  n'est  ce  pas? 

Eh!  bien,  M.  Sanson  ne  dit  pas  autre  chose  à  propos  de  la  produc- 
tion de  la  laine  et  de  la  viande. 

Exemples,  page  2  :  «  Par  la  nature  même  des  choses,  il  n'y  a  point 
chez  les  ovidés  ariétins  —  lisez  espèce  ovine  —  d'individu  qui  ne  soit 
à  la  fois  producteur  de  viande  et  producteur  de  laine.  Par  cela  seul 
qu'il  vit,  il  produit  les  deux,  et  il  ne  peut  produire  beaucoup  de  l'une 
sans  produire  beaucoup  de  l'autre.  » 

Qu'en  penses-tu,  du  haut  des  cieux,  vieux  Daubenton?  tu  ne  pou- 
vais donc  pas  produire  beaucoup  de  laine  sans  produire  beaucoup 
de  viande  ? 

Page  3  :  k  II  est  démontré  que  les  deux  fonctions  économiques  in- 
séparables d'ailleurs,  comme  nous  l'avons  déjà  dit,  peuvent  et  doivent 
être  remplies  en  même  temps,  par  un  seul  et  môme  individu,  au  plus 
haut  degré  de  rendement.  » 

Quand  on  est  savant,  on  doit  savoir  que  mille  kilogrammes  de  foin 
ne  peuvent  se  transformer  qu'en  une  quantité  donnée  de  matières 
animales  et  qu'ils  formeront  d'autant  moins  de  viande  qu'ils  pro- 
duiront davantage  des  os,  des  cornes  et  delà  laine! 

Encore  une  fois,  nous  demandons  aux  princes  de  la  science  :  Croyez- 
vous  que  l'on  puisse  produire  autant  de  laine  avec  un  kilogramme 
de  foin  que  l'on  produirait  de  viande? 

Nous  profitons  de  cette  occasion  pour  vous  prier  de  vouloir 
bien  insérer  la  rectification  suivante  :  nous  avons  dit  page  27  de  notre 
livre  que  le  troupeau  de  M.  de  Bouille  était  le  produit  d'un  croisement. 
C'est  une  erreur  de  plume,  car  il  est  du  sang  South-Down  le  plus  pur, 
puisqu'il  fut  acheté  chez  Jonas  Webb,  il  y  a  environ  trente  ans. 

Veuillez  agréer,  etc.  Alfred  Leroy. 

SOCIÉTÉ  NATIONALE  D'AGRICULTURE 

Séance  du  10  novembre  1880.  —  Présidence  de  M.  Chevreul. 

M.  le  ministre  de  l'agriculture  et  du  commerce  envoie  ÏAnnuaire 
statistique  de  la  France  pour  1880,  qui  forme  le  3^  volume  de  cette 
publicalion. 


274  SOCIÉTÉ  NATIONALE   D'aGRICULTURE  DE  FRANCE. 

M.  Grandvoinnet,  professeur  à  l'Ecole  nationale  d'agriculture  de  Gri- 
gnon,écritpour  poser  sacandidature  à  la  place  de  membre  titulaire  dans 
la  Section  (le  mécanique  agricole  et  des  irrii^ations.  Renvoi  à  la  Section. 

M.  xMarchand,  correspondant  de  la  Société,  envoie  une  brochure  sur 
l'utilité  de  la  vérification  du  lait, 

M.  Delimoges, président  du  Comice  agricole  de  Seurrc  (Côte-d'Or). 
envoie  deux  brochure  intitulées,  l'une,  Sur  la  mande  et  le  blé;  l'autre, 
Quelques  observations  sur  le  système  d'étalonnage  suivi  dans  la  Côte-d'Or. 

M.  Jaussan,  vice-présideat  du  Comice  de  Béziers  (Hérault),  envoie 
une  brochure  sur  l'emploi  du  sulfure  de  carbone  dans  les  vignes  at- 
taquées par  le  phylloxéra. 

M.  Barrai  fait  hommage  d'une  brochure,  qui  renferme  les  discours 
sur  les  irrigations  qu'il  a  prononcés,  en  I  880,  aux  concours  régionaux 
de  Perpignan,  de  Grenoble  et  à  Gap.  —  11  fait  ensuite  une  communi- 
cation relative  à  la  publication,  par  le  ministère  de  l'agriculture,  du 
relevé  de  l'évaluation  de  la  récolte  du  blé,  du  méteil  et  du  seiçrle  en 
France,  en  1880.  11  insiste  sur  les  déductions  que  l'on  peut  tirer  de 
ces  documents  relativement  aux  ressources  que  la  récolte  de  cette 
année  donnera  aux  agriculteurs  pour  réparer  une  partie  des  pertes 
subies  depuis  trois  ans;  les  principales  idées  émises  à  ce  sujet  sont 
reproduites  dans  la  chronique  de  ce  numéro.  M.  Pluchet  appuie  les 
observations  de  M.  Barrai,  et  il  ajoute  que  ce  n'est  pas  seulement  delà 
récolte  et  du  prix  du  blé,  du  méteil  et  du  seigle,  mais  aussi  des  résultats 
donnés  par  l'orge,  l'avoine  et  les  autres  céréales  qu'on  doit  se  réjouir. 

M.  Lavallée  fait  hommage  de  la  2"  livraison  qu'il  vient  de  publier 
de  son  grand  ouvrage  sur  VArlwretum  de  Segrez.  Cette  livraison  ren  - 
ferme  la  description,  avec  planches  à  l'appui,  des  espèces  suivantes  : 
Cratœgns  Lavallei,  Dienilla  sessilifolia,  NutlaHa  cerasiformis,  etc. 

M.  Barrai  fait  une  communication  sur  les  résultats  obtenus  dans 
les  études  relatives  au  phylloxéra  et  aux  moyens  de  lutter  contre  son 
action  pernicieuse  sur  les  vignes.  Il  fait  ressortir  les  succès  obtenus 
suivant  les  lieux  et  les  circonstances,  avec  la  submersion  automnale 
des  vignes,  avec  la  plantation  en  terres  sableuses,  avec  le  sulfocarbo- 
nate  de  potassium  et  avec  le  sulfure  de  carbone.  Il  conclut  en  affir- 
mant que  désormais  la  science  a  mis  entre  les  mains  des  viticulteurs 
les  moyens  de  lutter  et  de  produire  du  vin  malgré  le  phylloxéra.  A 
cette  occasion,  M.  Boussingault  présente  quelques  observations  sur  la 
résistance  que  divers  sols,  notamment  les  terres  siliceuses,  telles  que 
celles  provenant  de  la  désagrégation  des  grès  des  Vosges,  peuv^^aL 
opposer  à  la  multiplication  du  phylloxéra,  et  M.  Raoul  Duvai  ajoute 
quelques  détails  sur  les  opérations  de  colmatage  opérées  sur  plusieurs 
parties  des  bords  de  la  Garonne  dans  d'anciens  marais  à  sangsues. 

Henry  Sagxier. 

REYUfi  COMERCIÀLE  ET  PRIX-COURANT  DES  DENRÉES  AGRICOLES. 

(13  NOVEMBRE   1880). 
1.   —  Suuation  générale. 

Gomme  la  semaine  dernière  les  transactions  présentent  peu  d'animation  sur  le 
plus  grand  nombre  des  marchés  agricoles. 

II.  —  Les  grains  et  les  farines. 

Les  tableaux  suivants  résument  les  cours  des  céréales,  par  quintal  métrique,  sur 
les  principaux  marchés  de  la  France  et  de  l'étranger. 


à 


REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX-COURANT  (13  NOVEMBRE   1880) 


275 


NORD-OCEST. 


Ca'vaios.  Condé 

—  Lisieux 

Côtes -du-Xoi'd  Lannion 

—  Tréguier 

Finislèro.  Landerneau  . 

~    Oiiiinper 

Ulc  el-Vilatne.  Renne3, 

—  Redon 

Mayiche.  Avranches  ... 

—  Ponlorson 

—  Villedieu , 

Mayenne.   Laval 

—  Chàteau-Gonlier.. 
Morbihan.  Henaeboat.. 
Orne.  Fiers... 

—  Vimoutiers 

S/ifthe.  Le  Mans 

—  Sablé , 


Blé. 

fr. 
29.00 
.  27  50 
28.50 
2.S.50 
26.00 
29.25 
26.00 
27.00 
30. 2i 
28.75 
29.50 
27.00 
26.50 
26. 50 
27.00 
27.25 
26.75 
27.25 


Seigle. 

fr. 
23.75 
21    00 

18.50 
19.00 
20.50 

20.25 
2&.00 


21.00 
21.50 


Orge. 

fr. 

20.00 

15  75 
<6.50 
21.00 
15.75 
17.00 

18.25 
18.00 
19.25 
18  75 
19.00 

19.00 
20.00 
17.25 
18.00 


AToine- 

fr. 

23  .50 
22  00 

16.50 
16.75 
16.25 
17.60 
17.25 
17.50 
22.25 
21.00 
23. 00 

2>.25 
19.50 
19.50 
18.00 
21.75 
18.85 


Prix  moyens 27.72     21.00     17.60     19.49 

2=  RÉGION.  —  NURI» 


Aisne.  Soissons 

—  Sl-Qiientin 

—  La  Fera 

Eure.  Bernay 

—  Evreux 

—  ConcJie? 

Eure  et-Loir.  Chartres. 

—  Auneau 

—  Nogenl-le-Rotrou. 
.Voï'd .  Cambrai 

—  Douai  

—  Valencieanes  .... 
Oise.  Beauvais 

—  Noyon 

—  Senlis 

Pas  de-Calais.  Arras.. . 

—  Saint-Omer 

Seine    P..iis 

.S.-et-Marne  .Melun 

—  Nemours 

—  Montereau 

S.-et-Oise.   Dourdan.  ... 

—  Pontoiée 

—  Elampes 

Seire  Inférieure.  Rouen 

—  Dieppe 

—  Yvetot 

Somme.  Abbeville 

—  Peronne 

—  Amiens 


Prix  moyens 28.03    21.42 

3»  RÉGION.  —  NORD-EST 

Ardennes    Ctiarleville..  27.00 

Aube.  Bar-sur-Aube  .. .  28.00 

Méry-sur-Seine.  ,.   ^6.50 

—  Troyes 27.50 

iVa»'ne.  Châions 27.00 

—  Epernay 26.75 

-^     Keims 26.50 

—  Sézanne 27  00 

//te-il/ar/ie.   Bourbonne  .  27.00        » 
Meurlhe-et-Monelle Hsincy  26. 75    21.00 

—  Lunéviile 27.25     22.50 

—  Toul 27.75     22.00 

Jl/ewse.  Bar-le-Duc 26.50        » 

—  Verdun 26. 25 

Haute-Saône    Gray 27  50 

—  Vesoul 27.65 

Fosses.  Epi n al 28.00 

—  Raon-1'Etape 29.75 

27.26 


.50 


23.00 
21.00 


19.75 
19.25 
18.25 


19.00 
18.33 


Krix  moyens 27.26  21.18 

4*  RÉGION.    —  OUEST. 

Charente.  Angoulême..  28.25  i9.50  » 

—  Ruffec   29.25  20.00  18.50 

Charente  Infér.  Murans.  26  00  »  19.00 

Deux  Sevrés.    Niort 28.00  »  18.00 

Indre-et-Loire.  Tours..  28.25  19.75  19.23 

—  Bléré.. 27.00  20.00  19.75 

—  Château-Renault.  26.50  19.00  21  50 

Loire-/n/. Nantes 26. 75  2i.25  20. ."lO 

iT/.-et-/.oire.  Saumur    .  .  27  50  20.50  20.25 

Vendée.   Luçon 27.00  »  20.00 

—  Fontenay 27.25  20.25  » 

T'ienne.  Chatellerault...  26.75  19.50  19.75 

—  Loudun 28.00  18.00  20.00 

Haute-Vienne.  Limoges  28.00  20.25  • 


17.25 
16.75 
17.00 
18.25 
16.00 
16.00 
16.30 
16.40 
17.00 
17.92 


22.00 
20.00 
19.00 
19. OU 
18.00 
18.50 
17.50 
18  50 
18.75 
19.25 
19.00 
18  00 
13.25 
20  CO 


Prix  moyens. 


27.46     19.98     19.70     18  98 


5«   RÉGION 

.  —  CENTRE 

Blé. 

Seigle. 

Orge. 

Avoine. 

fr. 

fr. 

fr. 

fr. 

Allier.  Moulins 

28.50 

20.50 

18.00 

—    Montiuçon 

.  27.00 

20.00 

19.00 

18.50 

.   28.25 
27.25 

20.00 

2:. 00 

20.25 

18.00 
18.00 

C/ier.Boiirueâ 

—    Graçay 

.    27.50 

20.50 

19.50 

17.00 

—     v^ierzon 

.   28.25 

20.50 

19.50 

18.00 

Creuse.  Aubusson 

.   27.00 

18.75 

18.50 

Indre.  Chàteaurcux.. . 

.   27.25 

20.50 

20. '35 

17.50 

—    Issoudnn 

28.00 

20.50 

20.00 

18.00 

-    Valençay 

27.25 

19.75 

19.25 

17.50 

Loiret.  OrleaiiS 

27.75 

23  CO 

—     Gien 

27.50 

20.75 

19.75 

18.25 

—    Montargis 

.   27.00 

22.00 

20.00 

18  50 

Loir-et-Cher.  Blois 

.    28. 00 

19   50 

19.25 

20.00 

—     Montoire 

.   26   75 
28.50 

19.25 

19.00 
18   50 

17   50 

Nièvre.  Nevers 

19.00 

—    Ces ne 

.   27.00 
.  27.50 

18.75 
21.25 

19  00 
19.20 

17  75 

Vonne.  Brienon 

19.50 

—    St- Florentin 

.   27.7.1 

21.35 

13.50 

17.75 

.    28.00 

20  25 

20  00 

18.00 

Prix  moyens 

.  27.60 

20.38 

19.55 

18.17 

6»  RÉGI 

ON.   — 

EST. 

Ain.  Bourg 

30  00 

2!  .00 

16.75 
18.00 

—    Pont-de-Vaux... 

29.00 

21.25 

„ 

Côte-d'Or.  Dijon 

.  28  25 

21.50 

21.50 

16.50 

28.00 
28   00 

» 

19.50 

Doubs.  Be.sançon 

17.80 

Isère.  Grenoble 

29.25 

19.50 

> 

18.75 

—     Bourgoin 

28.50 

18.25 

17.75 

16.75 

28.25 
28  75 

20.50 
19  00 

17.50 
18.75 

Loire,  charlieu 

18.50 

P.-de-Dôme  Clermonl-F 

32.75 

19.20 

18.00 

Rhône.  Lyon 

28.25 

20.75 

* 

,) 

Saone-et-Loire.  Autun. 

27  50 

19.50 

> 

lô  75 

—    Chalon 

25.00 

20.75 

19.00 

17.75 

Savoie.  Chambéry 

29.25 

20.50 

18.00 

Hte-Savoie.  Annecy 

29.00 

B 

s 

17.50 

Prix  moyens 

28.63 

19.88 

18.27 

17.85 

7»  RÉGION.    - 

-  SUD- 

OUEST. 

Ariège.  Pamiers 

28.50 

18.75 

» 

18.50 

Dordogne.  Bergerac... 

28.25 

20.00 

» 

20.15 

Hte-Garonne.  Toulouse. 

28.00 

19.00 

16.00 

20.50 

—  ViUefranche-Laur 

28.00 

19.50 

17.75 

19.50 

Gers.  Comlom 

28. fO 

s 

» 

20.75 

27.50 
26.50 

» 

l 

19  50 

—    Mirande 

18.75 

Gironde.   Bordeaux.... 

28.75 

21.75 

» 

20.50 

—    Bazas 

28  25 
27.50 

20.25 
18.50 

» 
» 

20  25 

Landes.  Dax 

Lot-et-Garonne.  Agen.. 

28.25 

20.00 

» 

21.00 

—     Marmande 

28.00 

20.25 

a 

20.50 

B. -Pyrénées.  Bayonne. . 

27   80 

19.75 

18.25 

20.00 

Htes- Pyrénées.  Tarbes. 

28.00 

20.25 

Prix  moyens 

27.43 

19.77 

17.33 

20.01 

8"  RÉGION.  —  SUD. 

Aude,    Carcassonne.. . 

2S.00 

» 

18.00 

19.50 

Aveyron.   Rodez 

27.75 

20.00 

), 

19.25 

Cantal.  Mauriac 

29.35 

25.00 

s 

21.50 

Correze.  Luberzac 

28.50 

20.50 

19.25 

20.25 

Hérault.  Cette 

28.00 

20.00 

Lot.  Figeac 

28.50 

19.50 

20.25 

20.50 

Lozère.  Mende 

28.55 
27.10 

19.90 
21.75 

20.30 

22.35 

—    Marvejols 

29.40 
2G.30 

20.30 

20.00 

21.50 
23.00 

17.70 

Pyrénées-Or.  Perpignan 

24.45 

Tarn.   Albi .... 

28.00 
23.50 

21.00 
20-50 

i8.5(i 

19.75 

Tarn-et-Gar.  Montaubai 

20.50 

Prix  moyens 

28.16 

20.84 

18. S7 

20.50 

9«  RÉGION. 

—  SUD- EST. 

Basses-Alpes  .Ma.nosquo 

29.65 

• 

a 

23.70 

Hautes-Alpes.  Bnançon 

29.25 

21.00 

19.50 

Alpes-Maritimes  Cs.\ixiei 

29.50 

20.75 

19.00 

19.50 

Ardèche.  Privas 

30.05 

20.15 

18.40 

20.80 

B.-du-Rhône.  Arles 

£9.50 

18.25 

21.50 

Drôme.    R  mans 

29.10 

21.50 

» 

16.50 

Gord.  Nîmes 

29.50 
2...-,0 

20.75 
20.00 

19.00 
22.25 

21.50 

Haute-Loire.  Le  Puy.... 

17.75 

Var.  St-Maxiniin 

29.25 

» 

> 

20.00 

KoMciwse.  Carpentras... 

28.75 

• 

!7.00 

19.00 

Prix  moyens 

29.39 

20.69 

19.05 

Moy.  de  toute  la  France  27.96 

20.57 

18.-2 

—  de  lisemaineprécéd. 

27.99 

20.08 

19.04 

Sarlase.iiaine^  Hausse 

D 

0.10 

» 

0.41 

précédente.,     |  Baisse. 

0.03 

' 

O.U 

276  REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX-COURANT 

Blé.  Seigle.  Orge.  Avoine 

fr.  fr.  fr.               fr. 

Algérie.                   Alger 26.75  »  16.00  16  bO 

Angleterre.               Londres 27.75  »  21.00  20. "26 

Bdgique.                  Anvers 25.25  23  50  23.00  19.00 

—  Bruxelles 27.00  23.85  »  20.00 

—  Liège 28  00  2?. 75  23.00  18. .SO 

—  Naojur 26.00  22.50  20.50  17.50 

Pays-Bas.                Amsterdam 26.10  24.75  » 

Luxembourg.            Luxembourg 2'. 50  24  00  23.25  17  00 

Alsace-Lorraine,        Strasbourg 30.75        26.75        23.25        18  25 

—  Colmar 29  00        24.00         2175         19  00 

—  Mulhouse 29.25  25.50  22.75         19.75 

Allemagne.  Berlin 26.60  27.25 

—  Cologne 28.00  28  10  . 

—  Hambourg 25.50  26  00  » 

Suisse.  Genève 29  25  »  »  19.00 

—  Lausanne 29.00  »  »  18.75 

Italie.  Milan 29.50  22.75  20. GO  19  25 

Espagne.  Valladolid 26.50  »  «  16  00 

Autriche.]  Vienne 26.50  23  00  18.50  15  00 

Hongrie.  Budapesth .  26.50  22.00  17.00  14-25 

Russie.  Saint-Pétersbourg...  28.60  26.70            t  15.30 

Etats-Unis.  New-York 23.50  »  »  » 

Blés.  —  La  situation  se  dessine  de  plus  en  plus  dans  le  sens  que  nous  indiquions 
dans  nos  précédentes  revues.  La  publication  qui  vient  d'être  faite  des  premières 
évaluations  officielles  de  la  récolte  de  1880  en  France,  ne  paraît  pas  de  nature  à 
modifier  les  convictions  des  cultivateurs.  La  récolte  a  été  ce  que  l'on  pourrait 
appeler  une  médiocre  moyenne,  en  ce  sens  qu'elle  ne  pourra  pas  suffire  aux 
besoins  de  la  consommation,  sans  cependant  qu'il  soit  nécessaire  de  faire  appel 
aux  importations  dans  une  très  large  mesure.  Nous  rentrons  dans  la  situation 
normale  qui  précédait  les  mauvaises  années  que  nous  venons  de  traverser.  — 
A  la  halle  de  Paris,  le  mercredi  10  novembre,  les  offres  de  la  culture  étaient  peu 
actives,  et  pour  toutes  les  sortes  de  blés,  les  prix  étaient  tenus  avec  une  grande 
fermeté.  On  cotait  de  27  fr.  50  à  2i  fr.  50  par  100  kilog.,  suivant  les  qualités  ou 
en  moyenne,  28  fr.  50,  avec  une  hausse  de  50  centimes  sur  le  prix  moyen,  du 
mercredi  précédent.  —  Au  marché  des  blés  à  livrer,  on  cote  :  courant  du  mois, 
28  à  28  fr.  24;  décembre,  28  à  '18  fr.  25;  quatre  premiers  mois,  28  à  23  fr.  25; 
quatre  mois  de  mars,  28  fr.  25  à  28  fr.  50.  — Au  Havre,  les  importations  de  blés 
étrangers  continuent  à  être  calmes,  et  les  prix  sont  fermes;  les  blés  d'Amérique 
valent  :  sur  wagon,  26  fr.  50  à  28  fr.  par  100  kilog.  —  A  Marseille,  les  arrivages 
de  la  semaine  ont  été  de  180,000  hectolitres  environ;  les  transactions  sont  assez 
calmes,  et  les  ventes  sont  difficiles.  Le  stock  s'est  relevé,  de  2,000  quintaux  dans 
les  docks,  pour  atteindre  113,000  quintaux.  Au  dernier  jour,  on  payait,  par  100 
kilog.  :  Irka,  26  fr  75  à  28  fr.;  Pologne,  27  fr.  25  à  28  fr.;  tuzelles  d'  \frique, 
26  fr.  50  à  29  fr.  50;  Azof  dur,  27  fr.  50  à  28  fr.  50  ;  Richelles  blanches,  29  fr.25; 
Michigan,  26  Ir.  75  à  27  fr.  —  A  Londres,  les  importations  de  blés  étrangers 
ont  été  de  158,0C0  quintaux  durant  la  semaine;  les  cours  se  maintiennent  bien, 
de  26  fr.  50  à  29  fr.  par  100  kilog.  suivant  les  provenances  et  les  qualités. 

Farines.  —  11  y  a  assez  de  calme  dans  les  transactions,  et  les  cours  varient  peu 
pour  les  diverses  sortes.  En  ce  qui  concerne  les  farines  de  consommation,  on 
payait  le  10  novembre  à  la  halle  de  Paris  :  marque  D,  61  fr.;  marques  de  choix, 
62  à  64  ir.  ;  bonne  marques,  61  à  62fr  ;  sortes  ordinaires  et  courantes,  59à60fr.; 
le  tout  par  sac  de  159  kilog.,  toile  à  rendre,  ou  157  kilog.  net,  ce  qui  correspond 
aux  prix  extrêmes  de  37  Ir.  60  à  40fr.  75,  par  100  kilog.,  ou  en  moyenne  39  fr  20, 
comme  le  mercredi  précédent.  —  Pour  les  farines  de  spéculation,  o.i  cotait  à  Paris, 
k  10  novembre  au  soir  :  farines  huit-marques, coursint  du  mois,  59  à  59  fr.  25; 
décembre,  58  ir.  75;  quatre  premiers  mois,  58  à  58  fr.  25;  quatre  mois  de 
mars,  58  fr.  25;  le  lout  par  sac  de  159  kilog.  toile  perdue,  ou  157  kilog.  net; 
farines  supérieures,  courant  du  mois,  38  fr.  25;  décembre,  37  fr.  75;  quatre 
premiers  mois,  37  fr._  75  ;  quatre  mois  de  mars,  37  fr.  75  ;  le  tout  par  sac  de  100 
kilog.  —  La  cote  officielle,  en  disponible,  a  été  établie  comme  il  suit,  pour  chacun 
des  jours  la  semaine. 

Dates  (novembre).         4  5  6  8  9  10 

Farines  huit-marque!.  (157  kilog.).  59  35        59.15  ô'J.uO  5'J.OJ        59.C0|     .59.15 

—      supérieures  (100  kilog.).    38  50        38  50  38.25  38.00        38.25        38.25 

Le  prix  moyen  a  été,  pour  les  farines  huit-marques,  de  59  fr.   15,   et  pour  les 


DES  denrées: AGRICOLES   (13    NOVEMBRE  1880j.  277 

supérieures,  de  38  fr.  25.  C'est  une  baisse  de  0  fr.  35  pour  les  premières  et  de 
0  fr.  25  pour  les  secondes  depuis  huit  jours.  — Les  farines  de  gruaux  soui  toujours 
cotfes  de  43  à  54  fr.  par  100  kilog.,  et  les  farines  deuxièmes  de  29  à  34  fr. 

Seigles.  —  La  hausse  continue  à  se  produire  sur  ce  grain,  mais  lentement.  On 
paye  à  la  halle  de  Paris  de  23  fr.  à  23  fr.  50  par  quintal  métrique.  Les  farines 
de  seigle  valent  de  32  à  35  fr. 

Oryes.  —  Devant  des  offres  plus  nombreuses,  les  cours  sont  plus  faibles  à  la 
halle  de  Paris.  On  cote  de  18  fr.  50  à  20  fr.  50  par  100  kilog.,  suivant  les  qua- 
lités. Quant  aux  escourgeons,  ils  sont  payés  aux  prix  de  20  fr.  50  à  21  fr.  50.  — 
A  Londres,  les  importations  continuent  à  être  restreintes;  les  cours  se  maintien- 
nent avec  fermeté  de   19  fr.  95  à    21   fr.  95  par  UO  kilog.,  suivant  les  sortes. 

Mail.  —  Mêmes  cours  que  précédemment.  On  paye  à  Paris  de  29  à  34  fr.  par 
100  kilog.  pour  les  malts  d'orge,  et  de  29  à  33  Ir.  pour  ceux  d'escourgeon. 

Avoines.  —  Les  aiïaires  continuent  à  être  assez  calmes  sur  les  avoines,  et  les 
cours  n'éprouvent  pas  de  grandes  variations.  On  paye  à  la  halle  de  Paris  de  19  fr. 
à  21  fr.  50  par  100  kilog.,  suivant  poids,  couleur  et  qualité.  A  Londres,  les  ar- 
rivages ont  été  de  64,000  quintaux  durant  la  semaine  dernière  ;  on  paie  de 
19  ir.  60  à  22  Ir.  15  par  100  kilog.,  suivant  les  sortes. 

Sarrasin.  —  Il  y  a  un  peu  de  hausse  à  la  halle  de  Paris.  On  paye  18  fr.  50  à 
19  fr.  25  par  100  kilog.,  suivant  les  sortes. 

Maïs.  —  Les  prix  se  maintiennent  dans  le  Midi.  Au  Havre,  les  maïs  d'impor- 
tation valent  de  15  fr.  50  à   16  fr.  50  par  100  kilog. 

Is.sues   —  Les  affaires  sont  peu  importantes,  et  les  cours  varient  peu.  On  cote 
à  la  halle  de  Paris,  par  100  kilog.  gros  son  seul,  13  fr.  75  à  14  fr.;  son  trois  cases, 
13  à  13  fr.  50;  sons  fins,  12  à  12  fr    50;  recoupettes,  12  à  12  fr.  50;  remoulages 
bis,  14  à  15  fr.;  remoulages  blancs,  16  à  17  fr. 

III.  —  Vins,   spiritueux,  vinaigres,  cidres. 

Vins.  —  A  l'activité  qui  avait  caractérisé  le  début  de  la  campagne,  a  succédé 
le  calme.  Au  Midi,  comme  au  Centre,  à  l'Ouest  comme  à  l'Est,  les  transac- 
tions semblent  momentanément  arrêtées.  On  se  recueille.  On  s'aperçoit,  qu'on 
a  été  en  commençant,  un  peu  trop  vite  :  achats  sur  souche,  achats  à  la  récolte, 
achats  au  décuvage,  rien  n'a  manqué  à  l'élan  de  la  spéculation.  Le  commerce 
régulier,  toujours  sage  et  prudent,  a  attendu  :  et  comme  c'est  à  son  tour  de  mar- 
cher, au  lieu  de  s'exécuter,  il  hésite  et  temporise.  Il  veut  voir  venir,  et  il  attend 
de  meilleurs  jours,  ayant  encore  par  devers  lui  un  stock,  sinon  important,  au 
moins  assez  considérable,  pour  le  conduire  jusqu'au  soutirage  de  mars.  Cette 
accalmie  momentanée  réagit  sur  les  cours,  aussi  ceux-ci  ont-ils,  sinon  fléchis,  au 
moins  des  tendances  à  la  baisse,  et  cela,  d'autant  plus,  que  la  qualité  des  petits 
vins  courants,  laisse  de  plus  en  plus  à  désirer.  On  espérait,  au  moment  des  ven- 
danges, sur  une  qualité  relativement  excellente  et  il  n'en  est  rien  ;  celle-ci  selon 
les  vignobles  est  tantôt  supérieure,  tantôt  inférieure  à  celle  de  l'an  dernier.  En 
revanche,  on  commence  à  croire  que  la  quantité  sera  plus  considérable  qu'on  ne 
l'espérait;  nous  donnons  toutefois  cette  dernière  nouvelle  sans  toute  réserve, 
n'ayant  rien  de  positif  pour  l'affirmer.  En  somme,  nous  n'avons  réellement  rien  à 
ajouter  à  nos  dernières  appréciations  et  celles-ci  [jeuvent  aujourd'hui  se  résumer 
en  deux  mots  :  calme  dans  les  transactions,  tendance  à  la  baisse. 

Spiritueux.  —  Les  affaires  continuent  à  être  peu  actives.  Les  cours  ont  fléchi 
pendant  toute  la  semaine  qui  vient  de  s'écouler  :  ainsi,  le  cours  de  début  qui  était 
de  62  fr.  75  a  fait  successivement  62  fr.  50,  62  fr.  25,  62  fr.  et  61  fr.  75.  Le 
stock  s'est  accru  cette  semame  de  650  pipes  et  dépasse  aujourd'hui  de  plus  de 
1,000  pipes,  celui  de  l'année  dernière  à  pareille  époque,  — il  s'élève  aujourd'hui  à 
7,850  pipes.  —  Ce  fait  suffirait  pour  justifier  la  lourdeur  qui  règne  en  ce  moment 
sur  le  marché,  qui  continue  à  n'avoir  d'autre  aliment  que  les  affaires  de  spécula- 
tion locale.  Comme  celui  de  Paris,  le  marché  de  Lille  est  toujours  au  grand 
calme  :  J'alcool  betterave  disponible  est  descendu  à  6  '  fr.  75  et  même  à  60  fr.  50; 
enfin,  les  prix  sont  sans  changement  sur  tous  les  marchés  du  Midi.  — A  Paris,  on 
cote,  3/6  betteraves,  f'' quabté,  90  degrés  disponibles  60  fr.,  novembre  60  fr., 
décembre  59  fr.  75,  quatre  jiremiers  59  fr.  50,  quatre  d'été  58  fr.  50  à  59  fr. 
Voici  maintenant  le  prix  des  eaux-de-vie  à  Bercy  et  à  l'Entrepôt  :  fine  Champagne 
vieille,  l'hectolitre,  500  à  565  fr;  fine  Champagne,  3  à4  ans,  395  à  410  fr.;  fin 
bois  très  vieux,  395  à  410  fr.;  fin  bois,  3  à  4  ans,  t9  degrés,  à  305  fr.;  fin  bois 
de  choix,  250  à  255  fr.;  Cognac  ordinaire,  215  à  225  fr.;  coupage  de  choix, 
degrés,  195  à  200  fr.;  coupage  ordinaire,  125  à  130  fr.;  Armagnac,  1"  choix,  180 


278  REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX-COURANT 

à  185  fr.;  2*^  choix,  170  à  175  fr.;  3"  choix,  160  à  165  fr.;  Aigrefeuille,  l''-'  choix, 
60  degrés,  270  à  275  fr.;  2"  choix,  255  à  260;  Rochelle,  l'"  choix,  270  à  275  t'r.; 
2*  choix,  255  à  260  fr.;  Montpellier,  115  à  120  fr  .  Rappelons  que  l'entrée  dans 
Paris,  par  hectolitre,  est  de  266  fr.  05  par  100  degrés. 

Vinaigres.  —  Rien  de  nouveau  sur  cet  article,  sinon  que  les  cours  ont  toujours 
une  grande  fermeté. 

Cidres.  — A  Fauvelle  (Seine-Inférieure),  les  pommes  à  cidre  tardives,  viennent 
d'être  récoltées  ;  mais  eHes  sont  rares  cette  année,  aussi  le  prix  en  est  très  élevé  ; 
on  les  vend  jusqu'à  4  fr.  50  le  demi-hectolitre,  pour  les  exporter  dans  les  grands 
centres.  —  A  Janzé  (lUe-et-Vilaine')  le  cidre  nouveau  se  vend  35  fr.  la  barrique,  ' 
et  la  pomme  à  cidre,  3  fr.  le  boisseau;  à  Fougeray,  même  département,  le  cidre 
vaut  30  à  38  fr.  la  harrrique,  et  la  pomme,  3  fr.  l'hectolitre. 

IV.  —  Sucres.  —  [Mélasses.  —  Fécules,  —  (Jlucoses.  —  Amidons. —  Houblons. 
Sucres.  —  La  hausse  sur  les  sucres  bruts,  que  nous  signalions  la  semaine  der- 
nière, contmue  à  se  produire  sur  le  plus  grand  nombre  des  marchés.  On  cote  à 
Paris  pari 00  kilog.  bucres  bruts  88  degrés,  55  fr.  25;  sucres  blancs  en  poudre, 
62  fr.;  à  Lille,  sucres  bruts,  53  fr.  50  ;  sucres  blancs,  61  fr.  50  à  62  fr.;  à  Péronne, 
sucres  roux,  tS  fr.  75;  à  Valenciennes,  5i  fr.;  et  les  poudres  blanches,  60  fr.  50. 
—  Le  stock  de  l'entrepôt  réel  des  sucres  à  Paris,  s'est  élevé  à  182,000  sacs  de 
sucres  indigènes,  avec  une  augmentation  de  6,000  sacs  depuis  huit  jours,  La 
même  hausse  se  produit  sur  les  sucres  raffinés,  qui  sont  cotés  de  1 1  5  à  1 1 7  fr. 
par  100  kilog.  à  la  consommation,  et  de  74  fr.  à  78  fr.  pour  l'exportation.  — 
Dans  les  ports,  il  n'y  a  que  très  peu  d'arrivages  de  sucres  coloniaux;  les  cours 
accusent  une  grande  fermeté.  On  bignale  des  affaires  assez  actives  sur  les  sucres 
raffinés. 

Mélasses.  — Maintien  des  anciens  cours.  On  paye  à  Paris,  13  fr.  50  à  14  fr. 
par  100  kilog*  pour  les  mélasses  de  fabrique;  à  Valenciennes,  13  fr. 

Fécules.  —  Les  prix  sont  bien  tenus  pour  les  diverses  sortes.  On  paye  à  Paris, 
34  à  34  fr.  50  par  lOO  kilog.  pour  les  fécules  premières  du  rayon  ;  à  Uompiègne, 
34  fr.  pour  celles  de  l'Oise.  Les  fécules  vertes  sont  cotées  aux  prix  de  20  fr.  50 
à  21  fr.  50. 

Glucoses.  —  Les  sirops  conservent  leurs  anciens  prix.  On  paye  à  Paris  par  100 
kilog.  :  sirop  premier  blanc  de  cristal,  59  à  60 fr.;  sirop  massé,  48  à  50  fr.;  sirop 
liquide,  41  à  42  fr. 

Amidons.  —  Peu  d'affaires,  sans  changements  dans  les  prix.  On  paye  par  100 
kilog,  :  amidon  de  pur  froment,  en  paquets,  70  à  72  fr,;  amidons  de  province, 
60  à  62  fr.;  amidons  de  maïs,  40  à  42  fr." 

Houblons.  —  Les  ventes  sont  devenues  plus  actives,  et  les  prix  accusent  beau- 
coup de  fermeté.  On  cote  dans  le  Nord,  par  100  kilog.,  150  à  160  fr.;  en  Lorraine, 
150  fr  ;  en  Bourgogne,   160  à  180  fr. 

V.  —  Huiles  et  graines  oléagineuses. 
Huiles.  —  Les  affaires  accusent  plus  d'activité,  et  les  cours  sont  plus  fermes 
que  la  semaine  précédente.  On  paye  à  Paris,  par  100  kilog.  :  huile  de  colza  en 
tous  fûts,  73  fr.  75;  en  tonnes,  75  fr.  75;  épurée  en  tonnes,  83  fr.  75;  huile  de 
lin  en  tous  fûts,  70  fr.  25  ;  en  tonne,  72  fr.  25.  —  Sur  les  marchés  des  départe- 
ments, les  prix  des  huiles  de  colza  s'établissent  comme  il  suit  :  Rouen,  73  fr.  50  ; 
Lille,  72  fr.;  Cambrai,  73  fr  ;  Arras,  76  fr.;  et  pour  les  autres  sortes  :  pavot,  95  à 
101  fr.;  lin  de  pays,  73  f r  ;  lin  étranger,  69  fr.  50  à  70;  Gameline,  70  fr, — Pen- 
dant que  dans  le  Languedoc,  la  récolte  des  olives  s'annonce  bien,  dans  le  Var 
elle  paraît  devoir  être  précaire.  Néanmoins  les  prix  des  olives  sont  très  bas,  elles 
ne  se  payant  pas  plus  de  0  fr,  70  par  double  décalitre. 

Graines  oléagineuses.  —  Les  prix  sont  très  fermes  et  même  en  hausse  pour 
quelques  sortes,  dans  le  Nord,  on  paye  à  Cambrai  par  hectolitre  :  œillette,  35  à 
36  fr.  50;  colza,  21  à  22  fr.;  camehne,  16  à  17  fr.  50;  lin,  23  à  24  fr. 
VI.  —  Tourteaux.  —  Noirs  —  Engrais. 
Tourteaux.  —  Les  prix  sont  toujours  très  fermes  dans  le  Nord.  A  Arras,  on 
cote  par  100  kilog.  :  colza,  17  fr.;  œillette,  17  fr.;lin,  26  fr.;  cameline,  16  fr.  75; 
pavot,  14  fr.  50.  — A  Marseille,  on  paye  :  lin,  20  fr.  75;  arachides  en  coques, 
13  fr.;  arachides  décortiquées,  16  fr.;  sésame,  16  fr.;  œillette  exotique,  14  fr,  50; 
coton  d'Egypte,  10  fr.;  palmiste  naturel,  10  fr.  50;  palmiste  repassé,  9  fr.  25; 
ravison,   13  fr.  50;  coprah,  17  fr. 

Noirs.  —  On  cote  à  Valenciennes  :  noir  animal  neuf  en  grains,  32  fr.  par 
100  kilog.;  noir  d'engrais  vieux  grains,  8  à  9  fr.  par  hectolitre. 


DES  DENRÉES  AGRICOLES  (13  NOVEMBRE  1880).  279 

VII.  —  Matières  résineuses,  colorantes.  —  Textiles. 
Matières  résineuses.  —  Il  y  a  plus  d'activité  dans  les  transactions,  et  les  cours 
sont  en  hausse  à  Bordeaux,  où  l'on  paye  85  fr   par  100  kilog.  pour  l'essence  pure 
de  térébenthine.  Celle-ci  est  toujours  cotée  hO  tV.  à  Dax. 

Gaudes. —  Les  prix  restent  fixés  à  21  fr.  par  100  kilog.  dans  le  Languedoc. 

Raisins  secs.  —  Dans  les  ports  du  Midi,  on  signale  beaucoup  d'activité  et  des 

prix  en  hausse.  On  paye  à  Cette,  par  100  kiloi,^.   :  Corinthe,  44  à  48  fr.;  Thyra, 

41  à44  fr.;  Sainos,37  à  44  fr.;  suivant  les  qualités;  ligues  d'Espagne,   27  à  28  fr. 

Chanvres.  —  On  paye,  comme  la  semaine  précédente,  dans  la  Sarthe,  70  à  75  fr. 

par  100  kilog.,  suivant  les  qualités. 

VIII.  —  Suifs  et  corps  gras,  cuirs  et  peaux. 
Saindouv.  —  Les  affaires  sont  assez  actives  au  Havre,  en  saindoux  d'Amérique, 
avec  des  prix  fermes,  de  115  à  117  par  100  kilog. 

IX.  —  Beurres.    —  Œxifs.   —  Fromages. —  Volailles  et  gibier. 
Beurres.  —  Pendant  la  semaine,  il  a  été  vendu  à  la  halle  de  Paris,  221,758  kilog. 
de  beurres  de  toutes  sortes.  Au  dernier  jour,  on  payait  par  kilog.  :  en  demi-kilog., 
ordinaires  et  courants,  3  04  à  3  fr.  80,  petits  beurres,  2  44  à  3  fr.  10;  Gournay, 
2  20  à  4  fr.  44;  Isigny,  1  92  à  7  fr.  20. 

Œufs.  —  Du  2  au  8  novembre,  il  a  été  vendu  à  la  halle  de  Paris,  3,557,560  œufs. 
Au  dernier  jour,  on  payait  par  mille  :  choix,  126  à  136  fr.;  ordinaires,  75  à 
122   fr.;  petits,  48  à  58  fr. 

Fromages.  —  Derniers  cours  de  la  halle  de  Paris  :  par  douzaine,  Brie,  13  à 
29  fr.;  Montlhéry,  15  fr.;  par  cent,  Livarot,  27  à  69  fr.;  Mont-d'Or,  18  à  30  fr.; 
Neufchâtel,  4  à  26  fr.  50;  divers,  .0  à  68  fr.;  par  100  kilog.,  Gruyère,  128  à  175  fr. 
Volailles  et  gibier.  —  On  vend  à  la  halle  de  Paris  :  Alouettes  (la  pièce),  0  fr.  14 
àO  fr.  30.  —  Bécasses,  3  fr,  75  à  6  fr.  50.  --  Bécassines,  0  fr.  60  à  1  fr  25.  — 
Cailles,  0  fr.  50  à  1  40.  —  Canards  barboteurs,  1  fr.  25  à  4  fr.  50.  —  Canards 
sauvages,  1  fr.  60  à  3  fr.  —  Cerfs,  chevreuils  et  daims,  17  fr.  50  à  70  fr.  —  Crêtes 
en  lots,  1  fr.  10  à  6  fr..  —Dindes  gras  ou  gros,  h  à  14  fr.  —  Dindes  communs, 
4  à  7  fr.  25.  —  Faisans  et  coqs  de  bruyère,  3  fr.  50  à  8  ir.  —  Lapins  domes- 
tiques, I  fr.  30  à  4  Ir.  — Lapins  de  garenne,  1  fr.  25  à  3  fr.  —  Lièvres,  de 
3  fr.  50  à  6  fr.  —  Oies  grasses,  7  à  9  fr.  50.  —  Oies  communes,  3  25  à  6  fr.  20.  — 
Perdrix  grises,  2  fr.  50  à  4  fr.  50.  —  Perdrix  routes,  »  ■>»  à  >)  »«.  Pigeons 
de  volière,  »  «»  à  »  »».  —  Pigeons  bizets,  0  fr.  40  à  1  fr.  40.  —  Pilets,  1  fr.  50 
à  2  fr.  20.  —  Pluviers,  0  fr.  55  à  0  fr.  65.  —  Poules  ordinaires,  de  3  fr.  à  4  fr.  50. 
—  Poulets  gras,  4  fr.  60  à  7  fr.  —  Poulets  communs,  1  ir.  25  à  2  fr.  60. 
X.  —  Chevaux.  —  Bétail.  —  Viande. 
Chevaux.  —  Aux  marchés  des  3  et  6  novembre,  àParis,  on  comptait  1,026  che- 
vaux. Sur  ce  nombre,  429  ont  été  vendus  comme  il  suit  : 


Chevaux  de  cabriolet . . 

—  de  trait 

—  hors  d'âge.... 

—  à  l'enchère.. . . 

—  de  boucherie. 


A  menés. 

Vendus 

.  Prix  extrêmes. 

199 

58 

310  à  1,055  fr. 

306 

91 

30.3  à  1,230 

357 

116 

:n  à   1,070 

68 

68 

50  à      400 

96 

96 

40  à      120 

Bétail.  —  Le  tableau  suivant  résume  le  mouvement  du  marché  aux  bestiaux  de  la 
"Villette,  du  jeudi  4  au  mardi  9  novembre  : 

Poids        Prix  du  kilog.  de  viande  sur  pied 
Vendus     moyen     au  marché  du  lundi      nove.ubre. 

Pour  Pour  En         ^  quartiers.  1"  i"  3"  Prix 

Amenés.  Paris.  l'extérieur,  totalité.  kit.  quai.  quai.  quai.  moyen. 

Bœufs 7,047  3  873  1,765  5,638  350  I.CO  1.44  1.06  1.31 

Vaches 2,456  988  819  1,807  241  1.46  1.28  0  96  1.20 

Taureaui 238  163  28  191  360  1.24  1.10  0.96  1.10 

Veaux 3,419  2,3^9  978  3,327  81  2.24  2.14  1.76  199 

Moutons 43,376  28,233  11,519  39,752  19  1.80  1.55  1.30  l  55 

Porcsgras 5,605  2,273  3,331  5,605  85  1  60  1.56  1.50  1.55 

—    maigres.              13  1  12  13  35  1.60  »  »  1.60 

Les  apports  sur  le  marché  ont  été  à  peu  près  les  mêmes  que  la  semaine  précé- 
dente. Les  transactions  ont  été  assez  pénibles,  et  les  prix  n'ont  pas  subi  de  chan- 
gements sensibles.  Toutefois  il  faut  signaler  une  reprise  assez  marquée  qui  continue 
à  s'accentuer  sur  les  cours  des  veaux. 

A  Londres,  les  importations  d'animaux  étrangers,  durant  la  semaine  dernière, 
se  sont  composées  de  12,832  têtes,  dont  66  veaux  et  2,622  moutons  venant  d'Ams- 
terdam ;  2  bœuis,  35   veaux  et  728  moutons   d'Anvers;    490   bœufs  de  Boston; 


280        REVUE  COMMERCIALE   ET  PRIX-COURANT   (13  NOVEMBRE  1880). 

1,448  mouons  de  Brème;  439  moutons  d'Hambourg;  10  bœuls,  40  veaux, 
1,198  moutons  et  11  poi-cs  d'Harlingen  ;  120  bœufs  et  41  moutons  de  Mont- 
réal; 145  bœufs  de  New-York;  14  ba'ufs,  207  veaux  et  1,730  moutons  de  Rot- 
terdam; 2,367  bœufs  et  979  moutons  de  Tonning  ;  100  bœufs  de  Vigo,  Prix  du 
kilog.  :  Bœuf,  1'%  1  fr.  87  à  2  fr.  05;  2'',  1  fr.  5s  à  1  fr.  75;  qualité  inférieure, 
1  fr.  40  à  1  fr.  58.  Veau,  1",  1  fr.  9.-5  à  2  fr.  05;  2%  1  fr.  75  à  1  fr.  93.  — 
Moiilon^  V,  2fr.  22  à  2  fr.  34;  2%  1  fr.  93  à  2  fr.  10;  qualité  inférieure,  1  fr.  75 
à  1  fr.  93.  —  Porc,  1",  1  fr.  75    à  1  fr.  93;   2%  1  fr.  58  à  1  fr.  75. 

Viande  à  la  criée.  —  On  a  vendu  à  la  halle  de  Paris,  du  2  au  8  novembre. 

Prix  du  kilog.  le    8  novembre. 


kilog* 
Bsuf  ou  vache..  20H,73o 

Veau r2;j,66:j 

Mouton 9.>,-2i:5 

Porc 29,942 

457,. ^54 
Les  ventes  ont  été 


1"  quai.             28  quai. 
1.02  à  1.66      0.88àl.'i(i 
1.78     2.20       1.3(5     1.76 
l.SlJ     1.4(1       1.02     1.34 
Porc  Irais 


i"  quai. 
0.60  4  1.16 
l  00     1  34 
0.80     1  01) 
l.l6à  1   76 

..   65,36.5  kilos. 


Choix.     Basse  boucheria, 
1.00à2.66  O.lOà  MO 
1.10     2.3)       . 
0.76     2.30       • 


Soit  par  jour. 

supérieures  de  2,000  kilog.  environ  par  jour  à  celles  de  la 
semaine  précédente.  Pour  toutes  les  catégories,  sauf  pour  la  viande  de  mouton, 
dont  les  prix  sont  stationnaires,  il  y  a  de  la  hausse  depuis  huit  jours 

XI,  —  Cours  de  la  viande  à  l'abatwir  de   la  Villette  du  11  tiovembre  {par  50  kilog.) 
Cours  de  la  charcuterie.  —  On  vend  à  la  Villette  par  50  kilog.  :    1"  qualité, 
88  à  90  fr.;  2«,  85  à  87  fr.;  poids  vif,  60  à  65  tr. 

Bœufs.  Veaux.  Moutoas. 


1"                  2« 

3» 

1"                  2»                   3»                  1"                  2» 

3» 

quai.           quai. 

quai. 

quai.           quai.           quai.           quai.          quai. 

quai. 

fr.               fr. 

fr. 

fr.                fr.               fr.               fr.               fr. 

fr 

74              67 

58 

108               96             88              75             67 

60 

XII. 

—  Marche 

aux  bestiaux  de  la  Villette  du  jeudi  11  novembre. 

Cours  des  commissionnaire» 

Poids                Cours    officiels.                                en  bestiaux. 

moyen    ^— — -  m        -        n  — -^       ^ 

^0^ -. 

Animaux 

gênerai.    1"        2»        3»           Prix             1"        2»        3« 

Prix 

amenés.      Invendus. 

kil.       quai.  quai.  quai,     extrêmes,  quai.    quai.  quai. 

extrêmes. 

Bœufs 2.S40 

i71 

365         1.6i     1.44     1.06     1.02  àl. 68        1.64     1.40     1.05 

1.00  à  1.66 

Vaches 8C9 

8'i 

250         1.46     1.30     0.95     0.90     1.50       1.45     1.30     0.95 

0.90     1.50 

Taureaux...        112 

7 

370         1.24     1.10     0.96     0.94     1.30        1.24     1.00     0.95 

0.90     1.30 

Veaux 1  019 

50 

80         2.24     2.14     1.76     1.64     2.34         »            »           » 

»            » 

Moutons....  17.8613 

688 

18         1.84     1.60     1.34     1.30     1.88         »            »           » 

X           1 

Porcs  gras..    3.4il 

50 

82         1.66     1.6?     1.56     1.46     1.76         »           »           » 

»           » 

— .  maigres.          » 

» 

»           • 

Vente  lente  sur  toutes  les  espèces 

XIII.  —  Résumé. 
Fermeté  dans  les  prix  des  céréales,  des  farines,  des  vins,  des  sucres,  des  huiles, 
des  tourteaux,  de  la  plupart  des  produits  animaux,  tel  sst  le  bilan  de  la  semaine. 

A  Remy. 

BULLETIN  FINANCIER. 

Après  des  alternatives  de  hausse  et  de  baisse,nous  retrouvons  nos  fonds  publics 
à  peu  près  au  même  cours  que  la  semaine  dernière.  La  rente  3  0/0  à  85  fr.  50:  et 
la  rente  5  0/0  à  119  fr,  10,  perdant  0  fr.  10. Bonne  tenue  de  nos  Sociétés  de  crédit: 
faiblesse  à  nos  chemins  de  fer. 

Cours  de  la  Bourse'du  3  au  10  novembre  1880  [au  comptant). 
Principales  valeurs  françaises  : 

Plus       Plus    Dernier 

bas.        haut,      cours. 

Rente  3  0/0 85.20        85.55        85.50 

Rente  3  0/0  amortis 87.10      87.65       87.30 

Rente  4  1/2  0/0 113.75     114.50     114.50 

Rente  5  0/0 118.75     119.10     119.10 

Banque  de  France 3570.00  Ssoo.oo  3595.00 

Comptoir  d'escompte 965.00    972.50     97i.50 

Société  générale 585.00     588.75     587.50 

Crédit  foncier 133000  1350.00  1345.00 

Est Actions  500     755.00     776.25     755.00 

Midi d°   1067.50   1080.00   1080.00 

Nord d-   1665.00   1685.00    1675.00 

Orléans d"  1232.50  1245.00   1235.00 

Ouest d»    810.00    8-^0.00    810.00 

Paris-Lyon-Méditerranée d"  1490.00  1515  00  i497.50 
Paris  1871  obi.  400  3  0/0  ..  393.00  396.00  396  0;) 
Italien  &  0/0 87.10       87.65       87.50 

Gérant  :  A.  BOUCHÉ. 


Chemins  de  fer  français  et  étrangers  : 

Plus 

Plus 

Dernier 

bas. 

haut. 

cours. 

Autrichiens. 

d» 

595. 00 

605.00 

605.00 

Lombards. 

d' 

182.25 

191.25 

191.25 

Romains. 

d- 

142.50 

149.00 

142. ?0 

Nord  de  l'Espagne. 

d" 

350.00 

356.25 

356.25 

Saragosse  à  Madrid 

d" 

375.00 

385.00 

382   50 

Portugais. 

à' 

610.00 

625.00 

617.50 

Est.Obl.  3  0/or.  àùOOf.d" 

391.50 

394.00 

394.00 

Midi 

d' 

390.00 

392.00 

391.25 

Nord. 

d" 

396.00 

398.00 

397.50 

Orléans. 

d- 

392. PO 

393.50 

39i.50 

Ouest. 

d» 

390.50 

395.00 

392.00 

Paris-Lyon-Méditer 

d- 

386.00 

390.00 

386.00 

Nord  Esp.  priorité. 

d' 

3:i4   00 

339.75 

339.00 

Lombards. 

d' 

269.75 

270.25 

270. tO 

CHRONIQUE  AGRICOLE  m  nove     i.  -issoj. 

Ce  qu'il  faut  entendre  par  agronome.  —  Ses  diverses  branches.  —  Problèn.es  actuellement  résolus, 

—  Ce  qu'il  reste  à  élucider.  —  Mécrologie  :  Mort  de  M\l.  Ljuis  Goniii,  de  Hamm,  Colin,  Jeannin. 

—  L'en>eigneraent  agricole  dans  le  dépirtement  de  l'Oise.  —  Nomination  d'un  nouveau  direc- 
teur à  l'Ecole  fore-lière  de  Nancy.—  Retraite  de  M.VI.  Nanquette  et  Mathieu.  —  Résultats  des 
examens  d'admission  à  l'Ecole  nationale  d'agriculture  de  Gngaon.  —  Admissions  à  l'Ecole  na- 
tionale d'agriculture  de  Mon  pellier.  —  Liste  des  él'.'ves  admis  dans  les  écoles  nationales  vété- 
rinaires d'Aliort,  de  Lyon  et  di  Toulouse.  —  Renseignements  sur  la  ferme-école  de  Nolhac  dans 
la  Haute-Loire.  —  Le  phylloxéra.  —  Gommunicatio  iS  de  M.  Henneguy  et  de  M.  Boiteau  à  l'Aca- 
démie des  sciences.  —  Renseignements  sur  la  manière  de  traiter  les  vignes  par  le  sulfure  de 
carbone.  —  Le  syndicat  de  Cluroubles  (Rhône). —  Effets  du  traitement. —  Nouveaux  rensei- 
gnements sur  la  distribution  de  graines  des  vignes  du  Soudan.  —  Sériciculture  —  Initiative 
prise  parle  syn  licatdes  (ilateursde  Valence  pour  l'hivernage  des  graines.  — Publication  de  ['An- 
nuaire delà  Société  des  agriculteurs  da  France  — La  fabrication  des  engrais.  —  Les  entre- 
prises agricoles  à  l'étranger.  —  Lettre  de  M.  Heivé.  —  La  culture  de  l'olivier  dans  les  Alpes- 
Mai  itimes.  —  Moyen  de  reconnaître  l'âge  des  œufs.  —  Note  de  M.  Ritter.  —  Formation  d'une 
Société  d'eccoui-agement  et  de  bienfaisance  pour  les  campagnes  dans  le  département  de  Meurthe* 
et-MoselIe. 

I.  —  L'agronomie  et  l'agriculture. 

Dans  une  précédente  chronique,  nous  avons  cherché  à  expliquer  les 
qualités  et  les  devoirs  de  l'agriculteur.  On  nous  a  demandé  de 
définir  ce  que  nous  entendions  par  l'agronomie.  «  L'agronomie,  dit 
le  Dictionnaire  de  f  Académie  française)  est  la  théorie  de  l'agriculture.  » 
C'est  la  science  qui  découvre  et  coordonne  les  lois  de  la  production 
des  matières  organiques,  végétales  ou  animales.  L'agriculture  est  l'art 
de  faire  cette  production  dans  un  but  de  profit.  L'agrologie  s'occupe 

S  lus  particulièrement  des  rapports  de  la  production  avec  la  nature 
es  terrains,  la  phytologie  des  lois  de  la  naissance  et  du  développe- 
ment des  plantes,  la  zoologie  des  lois  de  la  naissance  et  du  développe- 
ment des  animaux,  sans  avoir  aucune  vue  d'utilité  pratique;  la 
zootechnie  de  Télevage  et  de  Tengraissement  des  diverses  espèces 
d'animaux  domestiques  en  vue  de  leur  emploi  pour  les  besoins  de 
l'homme;  l'économie  rurale,  de  la  production  de  toutes  les  matières 
organiques  en  tant  que  richesses  sociales.  L'agronomie  étudie  les 
relations  mutuelles  de  toutes  ces  branches  des  connaissances  humaines 
pour  établir  les  principes  devant  guider  l'agriculture.  Le  rôle  de  celle- 
ci  est  de  mettre  en  pratique  les  lois  découvertes  par  celles-là  en  se 
fondant  sur  l'expérience  et  l'observation  érigées  en  corps  de  doctrine 
par  la  dépendance  trouvée  entre  l'effet  et  la  cause  immédiate. 

Les  mots  agronome,  agronomie^  agronomique  n'ont  commencé  à 
paraître  dans  le  langage  agricole  qu'à  la  fin  du  dix-huitième  siècle. 
L'abbé  Rozier,  dans  son  Cours  d'agriculture  (1785),  dit  que  le  mot 
agronome  est  nouvellement  introduit  dans  notre  langue  et  qu'il  n'ea 
est  encore  fait  mention  dans  aucun  dictionnaire.  Peu  à  peu  seulement 
on  a  senti  le  besoin  de  distinguer  d'une  part  les  procédés  techniques 
de  l'agriculture,  ce  que  l'on  peut  appeler  les  manipulations  agricoles, 
et  d'autre  part  les  interprétations  des  faits  bien  expérimentés  et  leur 
liaison  scientifique.  A  la  fin  du  dix -neuvième  siècle,  l'agronomie  n'est 
encore  que  dans  l'enfance,  parce  que  l'emploi  de  la  méthode  expéri- 
mentale est  plus  difficile  en  cette  matière  qu'en  tout  autre,  à  cause 
du  temps  considérable  que  demandent  les  essais  et  les  moindres  véri- 
fications, et  aussi,  il  faut  bien  le  dire,  en  raison  de  l'ignorance  de  la 
méthode  scientifique  dans  laquelle  se  trouvent  le  plus  souvent  ceux 
qui  sont  placés  de  manière  à  pouvoir  bien  expérimenter,  s'ils  avaient 
reçu  une  instruction  et  une  éducation  appropriées. 

Les  seules  parties  de  l'agronomie  qui  commencent  à  être  bien  consti- 
tuées, sont  :  1  "  celles  qui,  partant  de  la  graine  ou  du  bourgeon,  ont 

W  606.  —  Tome  lY  de  1880.  —  20  Novembre. 


282  CHRONIQUE  AGRICOLE  (20  NOVEMBRE   1880). 

déterminé  les  conditions  nécessaires  pour  la  germination  et  le  dévelop- 
pement des  véiiélaux,  l'alimentation  des  p'anles  et  la  produclion 
spéciale  de  quelques  ims  des  principes  immédiats  qu'on  en  retire,  et 
2°  celles  qui  traitent  les  mêmes  questions  en  ce  qui  concerne  les  pro- 
duits animaux.  Mais  il  reste  pncore  un  gr.md  nombre  d'inconnues  à 
déterminer,  même  dans  ces  questions  resireinles.  Les  lois  de  la  for- 
mation du  sucre,  pour  ne  citer  qu'un  seul  exemple,  sont  encore 
inconnues,  et  c'est  à  peine  si  Ton  sait  quelques-unes  des  conditions 
qui  la  favorisent. 

IL  —  Aécrologie. 
Nos  lecteurs  apprendront  certainement  avec  douleur  la  mort  de 
M.  Louis  Gossin,  Je  déxoué  et  sympathique  professeur  d'agriculture 
du  déj)artement  de  l'Oise.  S'il  est,  mort  trop  toi  et  encore  dans  la  force 
de  1  âge,  on  peut  du  moins  dire  de  lui  que  sa  vie  a  été  bien  remplie  et 
entièrement  dévouée  à  la  c;iuse  du  progrès  et  à  celle  de  l'enseignement. 
Il  laisse  des  ouvrages  estimés,  dont  les  principaux  sont  intitulés  : 
L'agricuUurc  française,  pn'ncipcs  cV agriculture  ei  Manuel  élcmeiit(nre  et 
classi<jve  (l agriculture,  iCt,rboricuUare  et  de  jardinage,  et  à  côté  une 
série  d'ouvrages  classiques  rapportés  aux  choses  rurales.  Il  était 
correspondant  de  la  Société  nationale  d'agriculture  depuis  de  longues 
années.  Aidé  par  M.  de  Tocqueville,  il  avait  fondé  l'enseignement  de 
Tagriculture  dans  le  département  de  l'Oise,  et  il  était  arrivé  à  joindre 
cet  enseignement  à  plusieurs  lycées  et  collèges,  et  à  l'introduire  dans 
un  grand  nombre  d'écoles  primaires.  Il  laisse  à  cet  égard  un  conti- 
nuateur de  son  oeuvre  dans  son  fils,  M.  Chaj-les  Gossin.  L'Institut 
agricole  de  Beauvais  lui  doit  certainement  une  grande  partie  de  son 
succès.  Il  est  mort  à  Eclaron  (Haute-JMarne),  dans  la  famille  de  sa 
femme  où  il  était  aile  passer  ses  vacances.  C'est  un  véritable  ami  que 
nous  avons  perdu. 

Nous  avons  aussi  à  annoncer  la  mort  de  M.  le  chevalier  de  Ilamm, 
conseiller  aulique  et  directeur  de  l'agriculture  au  ministère  austro- 
hongrois;  il  était  âgé  de  soixante  ans.  Le  Journal  de  l'Agriculture  a 
publié  plusieurs  mémoires  que  M.  de  Hamm  lui  avait  envoyés,  notam- 
ment sur  la  dynamite.  C'était  aussi  un  homme  dévoué  à  la  cause  du 
progrès  agricole. 

M.  Louis  Colin,  député  du  Doubs,  qui  vient  de  mourir,  avait  con- 
sacré ses  efiorts  au  développement  de  la  fromagerie,  qui  est  si  impor- 
tante dans  ce  département.  11  a  été  l'un  des  fondateurs  et  des  premiers 
vice-présidents  de  la  Société  française  de  l'industrie  laitière. 

Enfin,  nous  devons  aussi  annoncer  la  mort  de  M.  Jeannin,  ancien 
vétérinaire  des  haras,  à  Angers,  qui  était,  depuis  trente  ans,  corres- 
pondant de  la  Société  nationale  d'agriculture.  bïS^ 
in.  — L'École  forestière  de  Nannj.            -"^^3^ 
M.  Nanquette,  directeur,  et  ]M.  Wathieu,  sous-directeur  de  l'Ecole 
forestière  de  Nancy,  ont  été  admis  récemment,  sur  leur  demande,  à 
faire  valoir  leurs  droits  à  la  retraite.  En  se  retirant,  M.  Nanquette  a 
reçu  le  titre  d'inspecteur  général  des  forêts.  L'un   et  l'autre  apparle- 
•    naient  à  l'Ec  oie  depuis  l'année  1 844,  où  M.  Nanquette  avait  été  nommé 
proles-seur  de  sylviculture,  et  SI.  Mathieu,  yrrofesseur  d'histoire  natu- 
'    relie;  ils  laissent,  dans  cette  école,  le  souvenir  d'une  longue  série  de 
services  rendus  et  de  grands  travaux  exécutés;  les  nombreuses  pro- 


CHRONIQUE  AGRICOLE   (20  NOVEMBRE  1880)  283' 

motions  d'agents  forestiers  qu'ils  ont  formés  en  témoignent  avec  una- 
nimité. —  Par  un  arrêté,  en  date  du  23  septembre,  M.  Puton,  pro- 
fesseur à  l'Et^ole,  a  été  nommé  conservateur  des  forêts  et  directeur  de 
l'Ecole.  Ses  travaux  importants  comme  forestier  et  comme  juriste  sont 
un  gage  des  services  qu'il  rendra  encore  dans  cette  nouvelle  et  impor- 
tante situation. 

IV.  —  Ecole  nationale  d'agriculture  de  Grignon. 

Los  examens  d'admission  à  l'Ecole  nationale  d'agriculture  de  Gri- 
gnon ont  eu  lieu  les  I  I  octobre  et  15  novembre  (2*  session)  et  ont 
donné  les  résultats  suivants.  Sur  47  candidats  qui  s  étaient  fait 
inscrire,  42  ont  été  admis  à  l'Ecole,  savoir  : 

MM.  Arriéta  (Gliili),  —  Brocard  (Gôte-d'Or).  —De  Pison  (Espagne)  et  ZoUa 
(Seine),  bachulier^  es  sciences.  — Agithon,  Dj4mat,  Néchat  et  Stiaiikopolo 
(Turquie),  porteurs  de  titres  étrangers  équivalents  au  baccalauréat,  ont  été  admis 
sans  examen. 

Piétri  (Seine).  —  Diiiier  (Aisne),  bachelières  lettres  —  Grinoa  (Nord)j  élève 
delà  forme-(''cole  delà  Sirihe.  —  Bos  an  de  Garagnol  fSeine-et-Oise). —  Duclert 
(Aisne)  — Devaux  (Seine).  —  Qncrette  (Aisne),  bachelier  es  lettres.  —  Thjmas 
(Haule-Garonne),  licencié  en  droit.  —  Raboisson  (0  se).  —  Brayer  (Haute- 
Matne),  élève  de  TEcoIe  pratique  d".  Saint-Bon.  —  Lion  (Nièvre).  —  Sempé 
(Hautes-Pyrénées).  —  Petitjean  (Allier),  —  Mote  (Nord).  —  Brou'iot  (Cher).  — 
Barthélémy  (Nièvre),  élève  de  la  ferme-école  de  Siint-Micliel.  — Anselmier 
(Loiret).  —  Meunier  (Allier).  —  Peytel  (Nord),  —  Perrier  (Suisse).  —  Larbalé- 
trier  (Seine).  —  Aquello  (Républi]ue  argentine).  —  Musseri  (Egypte).  —  Mapa- 
taud  (Haute-Vienne).  —  De  Rochemonteix  (Puy-de-Dôme).  — Nicholson  (Angle- 
terrei. —  Passy(Seine-et-Olse).  —  De^'uison  (Greuse). —  Bjutroux(S irthe).  —  G  iHeau 
(Seine-et-Marne).  — Bourgojjne  (Saône-et-Loire),  bachelier  es  lettres  —  Water- 
nau  (Nord\  bachelier  es  lettres  .  —  G-uerrajain  (AuDe)  et  Michaël  (Indre-et- 
Loire)  ont  été  admis  après  avoir  subi  l'examen. 

Par  suite  de  l'admission  de  cette  nouvelle  promotion,  l'École  de 
Grignon  compte,  à  la  date  de  ce  jour,  103  élèves,  qui  se  répartissent 
de  la  manière  suivante  :  3*  année,  22  internes;  2*  année,  30  internes; 
1'*  année,  40  internes  et  2  externes;  en  outre,  9  auditeurs  libres.  A 
cette  occasion,  nous  croyons  bon  de  rappeler  que  les  nouveaux 
adjoints  à  l'inspection  de  l'agriculture  qui  viennent  d'être  nommésau 
concours,  sont,  tous  les  trois,  d'anciens  élèves  de  Grignon. 

V.  —  È^:ole  nationale  d'agriculture  de  Montpellier. 
A  la  suite  des   examens  d'admission  à  l'École  nationale  de   Mont- 
pellier, 33  candidats  ont  été  admis  comme  il  suit  : 

MM.  Fourtic,  Toulouse. —  Roulet,  Marseille. —  Torkoraian,  Scutari.  —  Téhé- 
rassi,  Turquie,  bach.  es  sciences.  — Pérez,  Mascara  (Algérie)  —  Gar.  Marseille. — 
Saraerre,  Roquevaire  (B. -du- Rhône).  —  Pêcheur,  Gelte  —  Ferrand,  AU'érie.  — 
Bayle,  Satillien  (Ardèche).  — Apostolidès,  LeGaire.  -  Peltier,  Musta|iha  (Alg-^rie). 
—  BezHrd,  Ghalabre  (Aude)  —  Farreac,  Nice.  —  D>ulas,  Andrinojde  — Damont, 
Reims  (Marne).  —  Troupel,  Nîmes.  —  Gadoret,  Montmeyran  (Drôrae). — Rivaz, 
Saint-Romain  (I^ère).  —  Gi-le,  Nîmes  —  B.junet,  Bissan  Hérault).  —  Jouve, 
Vias  (Hérault). —  Jeungnier,  La  Garde-Frcinet(Var).  —  Ripertj Orange  (Vaucluse). 
Gatchotl,  Roumélie.  — Miriraanoff,  Russie, 

AudiLnirs.  —  Engelfred,  G  golin  (Var).  — MllePinew.ski  (Russie^  —  DeSteg- 
mann,  St-Pétersbourg.  —  Adossidès,  île  de  S. mus  (Grèce).  Gorovit2,  Vaita 
(Crimée),  —  Mares  (Georges),  Montpellier.—  Saporito,  Ricca. 

L'effectif  de  lécole  est  actuellement  de  près  de  80  étudiants.  O.i  re- 
marquera sur  la  liste  des  auditeurs,  le  nom  d'une  demoiselle;  c'est  la 
première  fois  que  le  fait  se  produit  dans  une  do  nos  écoles  d'agriculture. 


284  CHRONIQUE  AGRICOLE  (20    NOVEMBRE   1880). 

YI.  —  Admissions  dans  les  écoles  nationales  vétérinaires. 

Le  Journal  officiel  publie  la  liste  des  élèves  admis  dans  les  écoles 
nationales  vétérinaires,  à  la  suite  des  examens  qui  ont  eu  lieu  ré- 
cemment : 

École  d' Al  for  t.— MM..  Bâillon.— Barroux.  —  Derré.  —  Desguéret.  — Dupuy. 

—  Grandmontagne.  —  Ingueneau.  —  Launay.  —  Leclerc.  —  Liard.  —  Magui- 
gny.  —  Schmitt.  —  Seuffert.  —  Theis,  élèves  dispensés  de  l'examen,  en  raison 
de  leurs  diplômes.  —  Thieriet.  — Monaco.  —  Gaillard.  —  Gaudiot.  —  Wolçert. 

—  Delbroize.  —  Goursin.  —  Demy.  —  Constant,  —  Bigot.  — Cavaillé.  —  Guérin. 

—  Depret.  —  Antoine.  —  Frotteau.  —  Patureau.  —  Carreau.  —  Bergereau.  — 
Ghanot.  —  Fortiû.  —  Malherbe.  —  Bobert.  —  Fhmichaut.  —  Fouanon  —  Jay. 

—  Tricolet.  —  Frapin.  —  Granger.  —  Morel.  —  Scrève. -»-  Vigier.  —  Dubron. 

—  Souchel.  —  Troufleau.  —  Boeslin.  —  Tancré.  —  Bailly.  —  Gravin.  —  Ma- 
rion.  —  Roux.  —  Vie,  —  Métrinal  —  Bescond.  —  Goix.  —  Lion.  —  Dormoy. 
' —  Boucher.  —  Leclercq.  —  Cabaret.  —  Lynde.  — Gadiot.  —  Marié.  — Dela- 
porte.  —  Beaufds.  —  Pinaut.  —  Lacamp.  —  Bonin.   —  Cambier.   —  Siegris. 

—  Wiart.  —  Gazon.  —  Auzat.  —  Girard.  —  Maugras.  —  Bernard.  —   Stoclet. 

—  Glay.  —  Ducrey.  —  Dumoulin.  —    Barbier.  —    Dellac.  —  Loyer.  —  Auger. 

—  Vaillant. 

École  de  Lyon.  — Blanc.  —  Cabran.  —  Lachmann.  —  Larchevêque.  — Magnien. 

—  SteuUet,  élèves  dispensés  de  l'examen,  en  raison  de  leurs  diplômes.  —  Vau- 
thrin.  —  Fernet.  —  Schelameur.  —  Savre.  —  Garcin.  —  Blanchy.  —  Guil'emin. 

—  Niot.  —  Dufrène.  —  Page.  —  Monnier.  —  Poinsot.  —  Adam.  —  Miribel.  — 
Ghabardès.  —  Pesle.  —  Dalmas.  —  Parisot.  —  Provost.  —  Raymond.  —  Cou- 
der, —  Dugelay.  —  Piffault. —  AUarousse.  — Pillot.  —  ChevaHer.  —  Estignard. 

—  Petit.  — Perre.  —  Richard.  —  Dumont.  —  Coufignal.  —  Gavard.  —  Tur.iin. 

—  Heyd.  —  Servoingt.  Revire.  —  Bertheaut.  —  Prajalas.  —  Margeridon.  —  Sirié' 

—  Saint-Jean,  —  Millerioux.  —  Guerrin.  —  Jourand.  —  Morel.  —  Streicher. 

—  Arbite.  —  Weil.  —  Duranthon.  —  Négret. 

École  de  Toulouse.  —  Balauze.  —  Gamboulives.  —  Malrieu,    élèves  dispensés 
de    l'examen,  en   raison    de  leurs    diplômes.    —  Vielle.    —  Fabre.   —  Orssaud. 

—  Crouzel.  —   Marot.    —  Dupin,    —    G  rdères.  —  Dessimon.  —  Darclanne. 

—  Julien.  —  Parazols.  —  Ghoutean.  —  Azibert,  —  Berte.  —   Vignier  (Joseph). 

—  Boudet.  —  Retoret.  —  Senié.  —  Toulouze.  —  Ducourneau.  —  Bruno.  — 
Réchou.  —  Gazeaux.  —  Bouscharain.  —  Boussin.  —  Pellauzy.  —  Darros.  — 
Saint-Martin.  —  Belly.  —  Saint-Bézar  —  Hubert.  —  Perrault.  —  Béasse.  — 
Raynal.  —  Cazalas.  —  Viguier  (Jacques).  —  Mestre.  —  Fage.  —  Arnaud,  — 
Deïi^jacques.  — Téxier.  —  Tarrier.  —  Palenc,  —  Robin.  —  Flamens.  —  Rieufré- 
gier.  —  Mougneau.  —  Cavaillé,  —  Parnaut, 

Cette  liste  comprend  199  noms,  dont  90  pour  l'école  d'Alfort,  57 
pour  celle  de  Lyon  et  52  pour  celle  de  Toulouse. 

VII.—-  La  ferme-école  de  la  Haute-Loire. 

Nous  recevons  de  M.  Aymard  qui  a  été,  en  1849,  le  promoteur, 
auprès  du  Conseil  général  de  la  Haute-Loire,  de  la  création  de  la 
ferme-école  de  Nolbac,  des  renseignements  très  intéressants  sur  la 
marche  de  cette  école  et  les  services  qu'elle  a  rendus  depuis  trente  ans. 
Dirigée  d'abord  par  M.  Cliouvon,  cette  ferme-école  est  aujourd'hui  sous 
la  direction  de  M.  Nicolas,  qui  professe  l'agriculture  avec  distinction 
à  l'Ecole  normale  du  Puy,  depuis  la  création  de  cette  chaire  par  le 
département.  On  constate  dans  un  grand  nombre  de  départements,  une 
augmentation  dans  lenombre  des  candidats  aux  fermes-écoles.  Ce  mouve- 
ment s'est  particulièrement  accentué  cette  année  à  Nolbac;  53  candidats 
ont  pris  part  aux  examens  qui  viennent  d'avoir  lieu,  mais  20  seulement 
ont  pu  être  admis  à  rai  son  del'insuifisance  des  locaux  affectés  à  la  ferme- 
école.  Les  élèves  trouventd'ailleurs,  dans  Fexploitation  de  la  ferme-école, 
des  modèles  excellents  de  toutes  les  cultures  auxquelles  ils  sont  initiés. 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (20  NOVEMBRE  1880).  285 

VIII.  —  Le  Phylloxéra. 

Dans  sa  dernière  séance,  l'Académie  des  sciences  a  reçu  communi- 
cation de  notes  de  deux  de  ses  délégués  relativement  aux  résultats  obte- 
nus sur  divers  points,  cette  année,  dans  le  traitement  des  vignes.  Tout 
d'abord,  M.  Henneguy  fait  connaître  les  observations  qu'il  a  faites  dans 
le  Midi  sur  les  vignes  de  M.  Henri  Mares  et  de  M.  Teyssonnière  traitées 
par  le  sulfocarbonate,  et  sur  le  vignoble  de  M.  Jaussan  traité  par  le  sul- 
fure de  carbone.  Ces  observations  confirment  celles  que  nous  avons 
déjà  publiées  sur  ces  mêmes  vignes  ;  elles  constatent  les  heureux 
effets  de  ces  agents  sur  des  ceps  dont  le  système  radiculaire  n'avait 
pas  encore  été  complètement  détruit.  On  ne  saurait  trop  répéter  qu'il 
faut  se  hâter  de  faire  les  traitements  dès  que  l'on  constate  qu'une 
vigne  est  atteinte;  plus  on  attend,  et  plus  on  court  le  risque  de  ne  pou- 
voir réussir.  —  De  son  côté,  M.  Boiteau  nous  fait  connaître  que  les 
études  sur  la  descendance  des  œufs  sexués,  empêchées  par  les  cir- 
constances climatériques,  en  sont  encore  au  même  point  que  l'an  der- 
nier à  pareille  époque.  Il  ajoute  d'ailleurs,  sur  le  mode  opératoire  du 
traitement  parle  sulfure  de  carbone,  des  détails  qu'on  lira  avec  intérêt: 

«  Je  répèle  qu'il  faut  multiplier  le  moins  possible  les  injections,  mais  qu» 
cependant  il  faut  au  moins  en  mettre  deux  par  mètre  carré.  Le  rayon  insecticide 
efficace  ne  dépasse  jamais,  d'après  mes  observations,  répétées  plusieurs  fois  cette 
année  encore,  û"35  ou  0"'40.  Le  bouchage  des  trous  ne  semble  guère  agir  sur 
l'efficacité  de  la  diiïusion  et  de  la  destruction,  car  des  trous  laissés  ouverts  ont 
donné  les  mêmes  résultats  que  ceux  qui  avaient  été  fermés.  Le  tassa^e  des 
ouvertures  peut  donc  être  négligé  dans  ce  qu'il  a  de  trop  accentué.  Le  pied  de 
l'ouvrier  suffit  largement  à  leur  occlusion. 

«  Les  opérations  à  lignes  parallèles  s'appliquent  facilement  à  tous  les  modes  de 
plantation,  et  elles  ont  l'avantage  de  donner  le  contingent  le  plus  faible  de  morti- 
fications. Ou  doit  autant  que  possible  alterner  les  trous,  de  manière  à  obtenir  une 
diffusion  des  plus  régulières  et  à  pouvoir  ainsi  diminuer  d'une  manière  assez 
considérable  les  quantités  de  toxique  à  employer.  Suivant  qu'on  emploie  la  dispo- 
sition en  carrés  réguliers  ou  par  lignes  alternes  on  peut  économiser  un  tiers  ou 
un  quart  de  la  matière  insecticide,  tout  en  obtenant  les  mêmes  résultats.  Cette 
dernière  disposition  fait  ainsi  qu'il  n'y  a  jamais  en  présence  des  ceps  et  à  la  plus 
petite  distance  une  seule  injection  ;  celles  qui  sont  du  côté  opposé,  par  leur 
alternance  se  trouvent  beaucoup  plus  éloignées. 

«  Dans  la  direction  des  lignes  on  place  tous  les  trous  à  û'°70  les  uns  les  autr-  s. 

«  Dans  les  vignes  plantées  au-dessous  de  0'"80  d'interlignes,  une  seule  raDiréo 
de  trous  suffit;  danscellesqui  sont  distantes  de  0™80  à  r"50,  il  en  faut  deux;  d.ias 
celles  qui  se  trouvent  entre  l'"30  et  2'"10  il  en  faut  trois.  La  dose  par  injection 
varie  suivant  le  nombre  de  trous  qui  entrent  dans  un  hectare,  nombre  qui  peut 
aller  à  20,000  et  à  35,000.  La  quantité  de  sulfure  par  mètre  carré  doit  être  en 
moyenne  de  15  à  20  grammes.  Cette  dose  est  insuffisante  l'hiver,  et  les  résultats 
qu'on  obtient, en  opérant  ainsi  que  je  viens  de  l'expliquer,  sont  très  remarquables. 
Lorsque  les  effets  sont  incomplets, cela  provient  surtout  de  ce  qu'on  espace  trop  les 
trous,  ce  qui  met  dans  l'impossibilité  d'atteindre  les  insectes  dans  tout  le  cube  de 
terre,  quelles  que  soient  les  doses  et  que  le  traitement  soit  simple  ou  réitéré. 

Cl  À  cela  il  faut  ajouter  le  traitement  complémentaire  que  nous  avons  indiqué 
l'année  dernière,  et  qui  consiste  à  badigeonner  la  partie  inférieure  des  ceps  et  la 
base  des  premières  racines  avec  un  mélange  de  chaux,  5  ou  6  parties  d'huile  lourde 
et  1  de  coaltar,  le  tout  étendu  de  8  ou  10  [larties  d'eau.  Cette  solution  doit  être 
employée  au  printemps  avant  le  réveil  des  hibernants. 

«  Toutes  les  fois  que  ces  indications  ont  été  parfaitement  suivies,  les  résultat» 
ont  été  des  plus  concluants. 

«Dans  les  vignes  en  bon  état,  un  traitement  alterné,  de  deux  ans  l'un,  suffit 
généralement.  » 

Le  fonctionnement  des  syndicats  de  défense  est  désormais  régulier 
sur  un  grand  nombre  de  points.  Nous  recevons  le  rapport  du  syndicat 


286  CHRONIQUE  AGRICOLE   (20  NOVEMBRE    1880). 

de  Clîiroublcs  Ubône),  présidé  par  M.  Gonin,  sur  ses  opérations  en 
1880  avec  le  sulfure  de  carbone.  Ce  rapport  estdù  à  M.  Clieysson,  ingé- 
nieur en  cbef  des  ponts  et  cbaussées.  C'est  sur  7'i  hectares  que  les  vignes 
ont  été  traitées;  le  résultat  ne  s'est  pas  fait  attendre.  Après  quel(|ue3 
appréhensions,  au  printemps,  à  raison  de  l'époque  tardive  du  traite- 
ment, tous  les  associés,,  sans  exception,  s'accordent  à  proclamer 
l'amélioration  très  notable  que  présentent  les  parties  traitées,  par 
rapport  à  celles  qui  ont  été  abandonnées  àelles-mêmes.  Le  programme 
d'action  du  syndicat  est  le  suivant  :  adopter  comme  traitement  cul- 
tural  le  traitement  d'biver,  à  raison  de  3i»  grammes  par  mètre  carré, 
en  deux  applications  successives,  espacées  de  buit  à  dix  jours;  fumer 
abondamment,  afin  d'aider  à  la  reconstitution  des  racines;  taire  un 
traitement  annuel  jusqu'à  ce  qu'on  soit  maître  de  la  situation. 
IX.  —  Les  vignes  du  Soudan. 
On  a  fait  beaucoup  de  bruit  autour  d'une  lettre  envoyée  du  Soudan 
par  un  voyageur,  M.  Lécatt,  sur  les  vignes  annuelles,  à  tubercules, 
qu'il  a  découvertes  au  Soudan,  dans  un  voyage  d'exploration  dont  il 
était  chargé  par  le  ministre  de  l'instruction  publique.  Un  grand  nombre 
de  viticulteurs  se  sont  émus,  et  ont  demandé  où  ils  pourraient  se  pro- 
curei"  des  graines  de  ces  vignes.  La  Commission  du  phylloxéra,  à 
l'Académie  des  sciences,  a  annoncé  qu'elle  recueillait  les  demandes 
et  qu'elle  ferait  la  distribution  des  graines  aussitôt  que  celles-ci  lui 
seraient  parvenues.  Or,  il  résulte  d'une  notice  que  M.  Lécart  a  fait 
imprimer  au  Sénégal,  et  qui  vient  de  parvenir  en  France,  qu'il  ne 
veut  pas  se  dessaisir  de  ses  droits  sur  les  graines  de  ses  vignes.  Il  ren- 
trera en  France  probablement  à  la  fin  du  mois  de  décembre,  et  il 
vendra  directement  ses  graines,  soit  à  son  domicile,  à  Scey- sur-Saône 
(Haute-Saône),  soit  par  l'intermédiaire  de  son  correspondant,  M.  Chan- 
tin  horticulteur  à  Paris.  Le  dernier  numéro  des  comptes  rendus  de 
l'Académie  des  sciences  donne  d'ailleurs  un  extrait  de  cette  notice 
dans  lequel  cette  intention  du  voyageur  est  clairement  exprimée. 
X.  —  Séricicullvre.  —  Hivernation  des  graines. 

Nous  avons  fait  allusion,  dans  une  de  nos  dernières  chroniques,  à 
un  projet  de  création  de  locaux  propres  à  l'hivernation  des  graines  de 
vers  à  soie.  Ce  projet  est  réalisé.  Le  syndicat  des  filateurs  et  mouli- 
niers  de  la  région  de  Valence,  qui  possède  à  sa  tête  des  hommes  dé- 
voués aux  intérêts  de  l'industrie  séricicole,  a  choisi  deux  postes  à  des 
altitudes  dépassant  1,000  mètres,  l'un  dans  la  Drôme,  l'autre  dans 
l'Ardèche,  et  il  se  charge  d  y  faire  porter,  et  dy  conserver  avec  tous 
les  soins  nécessaires,  les  graines  qu'on  voudra  bien  lui  confier  pour 
cet  objet.  Jusqu'à  concurrence  de  200  onces  de  graines,  ce  service  sera 
absolument  gratuit.  Les  adhérents  peuvent,  dès  à  présent,  et  jusqu'au 
25  de  ce  mois,  adresser  leurs  communications  à  M.  Blanchon,  prési- 
dent du  syndicat,  à  Valence  (Drôme),  rue  de  l'Université,  14.  Nous 
n'avons  pas  besoin  de  faire  ressor  tir  l'importance  du  service  ainsi  rendu 
par  cette  Société  à  toute  l'agriculture  du  Midi  ;  son  exemple  sera  suivi, 
n'en  doutons  pas.  il  est  même  regrettable  que  le  futur  observatoire 
météorologique  de  M.  Ventoux  ne  soit  pas  plus  avancé,  car  il  serait 
bien  placé  pour  héberger  de  la  même  manière  les  graines  de  vers  à 
soie  de  la  région  environnante.  C'est  une  idée  que  nous  recommandons 
aux  créateurs  de  cet  observatoire. 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (20  NOVEMBRE  1880).  287  , 

XI.  —  Sociêlé  des  agricxilteun  de  France» 

La  Société  des  agriculteurs  de  France  vient  de  publier  son  Annuaire 
pour  IS8(),  qui  reatenne  les  comptes  rendus  des  travaux  de  la 
1 1*  session  i^énérale  annuelle  qui  a  eu  liiu  au  mois  de  février  dernier. 
Ce  volume,  de  GOO  pag^^s  compactes,  contient,  à  côté  du  procès-verbal 
des  séances  i^énérales,  les  travaux  des  I  I  sections,  ainsi  (jue  la  table^ 
par  ordre  alpliabétiqu3,  des  nouveaux  membres  et  des  associations 
affilées. 

XII.  —  La  fabrication  des  engrais. 

Nous  apprenons  que  M.  Ea.?ène  Passé  vient  de  prendre  la  direction 
de  la  maison  Robart  et  Gie  qui  s'occupe  depuis  si  longtemps  de  la 
fabrication  des  engrais.  M.  Koliart  continuera  à  la  Société  son  concours 
scientitiiiue  et  l'appui  de  son  expérience.  M.  Passé,  a  été,  depuis 
1 5  années,  le  collaborateur  de  M.  Robart  ;  il  est  lui-même  ancien  élève 
du  laboratoire  de  M.  Girardin. 

XIII.  —  Les  entreprises  ar^ricoUs  à  l'étranger. 

M.  Louis  Hervé  nous  adresse  la  lettre  suivante  pour  se  plaindre  de 
la  réponse  que  nous  avons  faite  dans  notre  cbronique  du  6  novembre, 
à  une  attaque  qu'il  avait  dirigée  contre  une  opinion  émise  par  nous  sur 
la  valeur  d  une  entreprise  agricole  au  Texas.  Nous  ne  faisons  aucune 
difûcullé  à  insérer  textuellement  cette  lettre. 

«  Monsieur,  l'attaque  injurieuse  dont  je  suis  l'objet  dans  votre  dernier  numéro 
me  touclieiait  fort  peu,  si  je  n'avais  découvert  moi-même  en  relisant  mon  article, 
que  la  phrase  qualifiée  par  vous  de  monstruosité  a  été  mal  comprise  par  vous,  et 
cela  un  peu  par  ma  faute.  Ea  effet  cette  phrase  triiuit  rai  pensée  d'une  façon  peu 
claire,  et  je  me  dois  à  m)i-raêne  comme  à  vous  de  l'expliquer. 

«  Je  n'ai  nullement  voulu  donner  à  entendre  que  vous  donnez  aux  cultivateurs 
le  co't>('?î  de  vendre  leurs  terres  pour  aller  cultiver  en  Améri  fue.  J'ai  voulu  dire 
que  ce  ronseil  se  déduit  de  lui-même  de  la  lecture  de  votre  mémoire.  Q  loi  de  plus 
naturel,  en  etfet,  en  [>résjnce  de  U  cultu-e  inlii^ène  qui  ne  lait  pas  ses  frais  et  de 
la  culture  au  Texas  qui  donn-i  la  fortune  !  Tel  a  été  le  sens  exact  de  ma  pensée  qui  ne 
prétend  point  mettre  la  vôtre  en  jeu. 

«  En  second  lieu,  si  j'ai  donné  votre  adresse,  c'a  été  à  la  demande  de  M.  Léon 
Barrai,  votre  iils.  Je  me  demande  comment  cet  acte  d'obligeance  envers  le  flls  a 
pu  être  désobligeant  pour  le  père  ! 

«Au  nom  de  la  bonne  foi  dont  vous  prétendez  me  donner  une  leçon,  j'espère 
que  vous  ne  refu«erez  pis  d'insérer  une  rectificaiion  que  je  vous  adresse  unique- 
ment en  vue  de  rétablir  la  vérité. 

«  J  ai  l'honneur,  etc.  «  L.  Hervé, 

E[«  Directeur  de  la  Gazelle  de  la  Mauvaise  foi.  » 

Puisque  M.  Hervé  éprouve  le  besoin  d'expliquer  sa  pensée  et 
d'éclairer  une  obscurité  (ju'il  reconnaît  fâcheuse,  il  reste  démontré  que 
nous  avons  eu  raison  de  lui  faire  une  réponse  verte,  nous  l'avouons, 
mais  non  pas  injurieuse.  Encore  une  fois,  nous  jugeons  les  choses 
agricoles  avec  un  détachement  complet  de  tout  intérêt  pjrsonnel,  et 
nous  n'ayons  pas  à  rendre  compte  à  M.  Hervé  de  notre  appréciation 
relative  à  la  dernière  phrase  de  sa  lettre.  Nous  plaignons  ceux  qui  ne 
voient  p.is  avec  satisfaction  le  progrès  agricole,  sur  quelque  point  du 
globe  qu'il  s'implante  ;  nous  regrettons  vivement  l'espèce  de  person- 
nalisme  qu'on  cnerche  à  introduire  dans  l'agriculture  qui,  jusqu'à 
ces  derniers  temps,  était  toujours  restée  libéralement  ouverte  à  tous 
les  hommes  de  progrès,  quelques  fussent  leur  opinions  et  leurs  pei^ 
aonnalités. 


288  CHRONIQUE  AGRICOLE  (20  NOVEMBRE  1880). 

XIY.  —  Cvllure  de   Volivkr. 

A  la  suite  des  dégâts  occasionnés  dans  les  plantations  d'oliviers 
par  la  mouche  spéciale  qui  s'attaque  à  cet  arbre,  un  Comité  d'initiative 
s'est  formé  à  Grasse  (Alpes-Maritimes),  dans  le  double  but  :  1"  de  pré- 
venir désormais  l'invasion  de  la  mouche  kéïroune  en  faisant  aban- 
donner le  système  des  récoltes  tardives,  qui  paraît  avoir  pour  résultat 
défavoriser  la  reproduction  de  l'insecte;  2"  d'obtenir  de  1  Etat,  pour 
cette  année,  la  remise  de  l'impôt  foncier  sur  les  terres  complantées 
d'oliviers,  à  cause  de  la  perte  absolue  de  la  récolte.  Ce  Comité  a  dé- 
cidé qu'il  convoquerait,  dans  une  réunion  générale,  un  grand  nombre 
d'intéressés  à  la  culture  de  l'olivier  dans  la  région.  Dans  cette  réu- 
nion, il  sera  procédé  à  la  formation  d'une  Commission  générale,  qui 
sera  définitivement  chargée  de  conduire  à  bonne  fin  la  double  entre- 
prise qu'on  s'est  proposée. 

XV.  —  L'dge  des   œufs. 

Un  de  nos  correspondants  nous  transmet  la  note  suivante,  relative 
à  un  procédé  propre  à  faire  connaître  l'âge  des  œufs  : 

«  Les  journaux  de  Leipzig,  qui  s'occupent  de  l'élevage  des  volailles,  recom- 
mandent le  procédé  suivant,  pour  connaître  l'âge  des  œufs,  distinguer  ceux  qui 
sont  frais  de  ceux  qui  ne  le  sont  plus.  Cette  méthode  est  basée  sur  la  densité,  de 
plus  en  faible  que  prennent  les  œufs  en  vieillissant. 

«  On  dissout  120  grammes  de  sel  de  cuisine  dans  un  litre  d'eau.  L'œuf  du  jour 
abandonné  dans  cette  dissolution,  descend  jusque  sur  le  fond  du  vase.  Celui  qui 
a  été  pondu  le  jour  précédent  n'atteint  pas  tout  à  fait  le  fond  du  vase.  L'œut  est- 
il  âgé  de  trois  jours,  il  nage  dans  le  liquide;  est-il  âgé  de  plus  de  trois  jours,  il 
flotte  à  la  surface  du  liquide,  et  tend  à  s'en  éloigner  de  plus  en  plus,  d'autant  qu'il 
est  plus  vieux. 

«  Ce  moyen  si  simple  de  connaître  l'âge  des  œufs,  peut  être  utile  aux  ménagères 
qui  sont  dans  le  cas  d'en  acheter  pour  la  consommation,  ou  pour  les  faire  couver. 

RiTTER. 

Ce  procédé  peut  être  applinué  par  tout  le  monde;  il  sera  donc  facile 
d'en  reconnaître  l'efficacité 

XV t.  —  Société  de  bienfaisance  dans  Meurthe-et-Moselle. 

Il  vient  de  se  constituer,  dans  le  département  de  Meurthe-et-Moselle, 
une  Société  privée  dont  nous  devons  signaler  la  formation.  Cette  Société, 
q^ui  a  pris  le  titre  de  Société  d'encouragement  et  de  bienfaisance,  dans  les 
campagnes  de  Meurthe-et-Moselle,  se  propose  d'arrêter,  autant  que 
possible,  l'émigration  qui  paraît  s'y  produire,  des  communes  rurales 
vers  les  grands  centres,  et  d  introduire,  dans  les  mêmes  commu- 
nes, toutes  les  améliorations  matérielles  et  morales  réalisables;  elle 
veut  honorer  et  récompenser  le  travail  agricole,  en  même  temps  que 
remplacer  par  des  occupations  régulières,  le  chômage  qu'occasionnent 
les  intempéries  des  saisons.  L'action  de  la  nouvelle  association  n'est 
pas  absolument  locale,  mais  elle  s'étend  sur  toute  la  surface  du  dé- 
partement de  Meurthe-et-Moselle;  dans  plusieurs  assemblées  généra- 
les, elle  s'est  déjà  occ-upée  des  meilleurs  moyens  à  employer  pour  at- 
teindre son  but.  Cette  Société,  dont  les  principaux  fondateurs  ont  été 
MM.  Duroselle,  Dufour,  Voinier,  Traxelle,  Prévost-Lebletz  et  Claudon, 
a  droit  à  toutes  les  sympathies;  elle  a  d'ailleurs  déjà  trouvé  de  nom- 
breux adhérents.  Son  siège  esta  Nancy.  J.-A.  Barral. 


NOUVELLES  RECHERCHES  SUR  LA  MALADIE  CHARBONNEUSE.  289 

NOUVELLES  OBSERVATIONS  SUR  L'ËTIOLOGIE 

ET  LA  PROPHYLAXIE  DU  CHARBON'. 

Ce  n'est  pas  devant  cette  Académie  qu'il  y  a  lieu  d'exalter  la  néces- 
sité des  recherches  expérimentales  pour  éclairer  les  phénomènes  na- 
turels dont  les  causes  nous  sont  encore  inconnues.  Alors  même  que, 
dans  certains  sujets,  des  solutions  pratiques  semblent  se  dégager  des 
faits  d'observation  pure,  la  vérité  n'est  acceptée  et  ne  devient  féconde 
en  applications  suivies  que  le  jour  où  elle  a  pour  point  d'appui  les 
démonstrations  rigoureuses.  La  maladie  désignée  vulgairement  sous 
les  noms  de  charbon,  sang  de  rate,  pustule  maligne,  est  si  ancienne- 
ment connue,  que  certains  auteurs  sont  portés  à  croire  que  ce  fut  une 
des  dix  plaies  d'Egypte  sous  les  Pharaons.  Néanmoins,  c'est  seulement 
dans  le  cours  de  ces  derniers  mois  que  nous  avons  pu  en  établir  sû- 
rement l'étiologie.  Cette  connaissance  a  fait  surgir  aussitôt  âans  l'es- 
prit de  tous,  comme  par  une  déduction  obligée  des  faits  nouveaux, 
un  ensemble  de  mesures  prophylactiques  dont  l'application,  aussi 
simple  qu'efficace,  peut  faire  disparaître  le  tïéau  dans  un  nombre 
d'années  très  restreint.  Ce  ne  serait  pas  la  première  fois  qu'une  ma- 
ladie se  trouverait  facilement  combattue  (je  citerai  l'exemple  de  la 
gale),  à  la  suite  de  la  découverte  de  sa  véritable  nature. 

Des  divers  côtés  j'ai  reçu  des  témoignages  rassurants  sur  les  efforts 
qui  seront  tentés  contra  la  fièvre  charbonneuse  par  les  propriétaires 
intéressés  et  par  l'administration.  S'il  fallait  ajouter  de  nouveaux  sti- 
mulants à  l'urgence  des  mesures  à  prendre  et  convaincre  des  bienfaits 
dont  elles  seront  le  point  de  départ,  aucune  communication  ne  serait 
mieux  faite  pour  contraindre  l'intérêt  bien  entendu  des  cultivateurs  de 
nos  départements  oi^i  l'affection  charbonneuse  est  enzootique,  qu'une 
note  manuscrite  qui  m'a  été  confiée  par  M.  Tisserand,  le  savant  di- 
recteur du  ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce.  Les  lectures 
que  j'ai  faites  récemment  à  l'Académie  lui  ayant  rappelé  le  souvenir 
(le  cette  note  et  son  existence  dans  ses  papiers,  il  a  été  assez  heureux 
pour  la  retrouver.  Elle  porte  la  date  :  janvier  1 865.  C'est  à  une  époque,  • 
à  la  suite  d'une  conversation  qu'il  eut  avec  M.  le  baron  de  Seebach, 
ministre  de  Saxe,  à  Paris,  que  celui-ci  lui  remit  cette  note,  tout  entière 
écrite  de  sa  main  en  langue  française.  Les  faits  qu'elle  relate  sont 
une  confirmation  si  éclatante  de  l'étiologie  du  charbon  que  j'ai  exposée 
récemment  en  mon  nom  et  au  nom  de  mes  collaborateurs,  MM.  Cham- 
berland  et  Roux,  que  je  demande  la  permission  de  l'insérer  intégra- 
lement dans  nos  Comptes  rendus.  Elle  est  d'ailleurs  aussi  courte  qu'in- 
structive. 

«  Ea  ISkb,  un  nouveau  fermier  prit  l'administration  de  mon  domaine. 

«  Celui-ci  comptait  faire  des  améliorations  sensibles,  surtout  rendre  les  terres  plus 
fécondes  par  des  engrais. 

«  Dans  ces  contrées,  les  terres  apportées  pendant  l'été  dans  Tétable  des  moutons, 
souvent  remuées  après  avoir  servi  de  litière  aux  bêtes  pendant  la  nuit  et  après  être 
restées  recouvertes  par  la  paille  en  hiver,  servent  d'engrais  et  ont  beaucoup  d'avan- 
tages Près  de  la  ferme,  il  y  avait  une  bande  de  terrain  assez  étendue  pendant 
laquelle  les  bêtes  avaient  été  enfouies  depuis  les  temps  immémoriaux.  Elle  ap- 
paraissait au  fermier  comme  particulièrement  apte  à  être  préparée  par  le  procédé 
indiqué,  pour  servir  d'engrais. 

1.  Communication  faite  le  2  novembre  à  l'Académie  des  sciences. 


2£r0         NOUVELLES   RE':iIER(^,IlES   SUR  LA   MALADIE  CHARRONNEUSE 

«  Le  vieux  berger  s'opposa  à  ce  <[ue  cette  terre  (ùl  introduite  dans  l'étable,  nifiis 
il  ne  put  obtenir  qu'une  luo  ùfieation  aux  <iépositioas  arrêtées,  en  ce  sens  que  l'on 
ne  commença  «pie  par  la  moitié  de  l'étalile. 

«  Près  de  neuf  cents  bêles  étaient  couchées  sur  ta  terre  ainsi  introduite,  à  côté  il 
V  avait  les  brebis,  et  le  reste  iJans  le  fond  hors  de  contact  avec  les  [jre.nières.  Pen- 
dant .(uniques  jour-*,  les  pertes  n'étaient  qm  normiles;  puis  une  nuit,  deux,  et  le 
lenlemiin  six  bètes  crevaient.  On  attribuait  c^s  perte-i  à  une  cime  quilcon  [ue  et 
l'on  laissait  la  terre  dans  l'étable.  Le  lenieaiain  niitin  on  trouva  ([uirantd-cinq 
bètes  crevées  ;  une  bre'ais  de  l'enclos  juxtip  )sî  avait  parta^'3  le  niè;nj  sort,  Dias 
le  cours  de  k  même  journée,  eintjuante  bètes  étaient  crevées. 

«  Enfin  la  terre  l'ut  extraite  de  l'étable  et  celle  ci  nettoyée,  et  une  couche  de- 
fumier  d'un  picid  d'épaisseur  introduite  dans  réta!)le. 

ce  Pendant  huit  jours,  les  perties  lurent  les  mèm-îs,  et  ce  n'est  qu'alors  qu'elles 
diminuèrent  jietit  à  p^tit.  Pdudant  les  quinze  premiers  jours,  trois  cents  douze 
bètes  du  premier  enclos  crevèrent  et  huit  brebis  de  l'enclos  juxtaposé.  Dms  la 
partie  (jui  n'avait  aucun  contact  dans  la  terre  introduite,  ou  n'eut  à  déplorer  au- 
cune perte. 

•^<  La  raorta'ité  continua  dans  des  proportions  moindres  tout  l'hiver,  de  sorte- 
([ue  jusf[u'au  moment  de  la  toison,  quitre  cents  bè  es  étaient  C;evées.  C'est  à  ce 
moment  que  j'obtins  par  cession  l'adininistrat-on  de  la  ferme. 

«  L"s  moutons  crevés  avaient  été  enfouis  dans  le  même  endroit,  et  la  terre, 
après  avoir  été  bien  travaillée,  av.iit  été  employée  comme  fumier  dans  une  prairie 
sèche  J'envoie,  par  principe,  les  montons  au  printera[)S  sur  ces  sortes  de  prairies  ; 
je  permis  donc  que  les  moutons  allass.tfit  paître  sur  la  prairie  ainsi  fum'e,  et 
d'autant  plus  facilement  qa'i  me  semblait  avantageux  d'ameublir  ainsi  ces  terres 
au  moyen  des  moutons.  En  huit  jours  je  perdis  tre  ze  bètes  et  je  ne  pus  com- 
prendre comment  cette  terre,  ayant  été  exposée  à  la  gelée  et  à  l'air  et  travaillée 
après  avoir  été  mélangée  avec  de  la  chaux  et  de  la  cendre,  pouvait  contenir  encore 
des  germes  de  maladie. 

«  Atin  de  me  convamcre  encore  plus  complètement,  je  choisis  dix  des  plus  mau- 
vaises bètes  et  je  les  laissai  pâtre  exclusivement  sur  cette  prairie.  En  trois  jours 
j'en  perdis  trois.  Alors  je  cessai  l'expérience,  puisque  j'avais  acquis  la  preuve  que 
cette  terre  contenait  encire  des  éléments  de  contagion  qui  étaient  communii[ués 
aux  bêtes  lorsque  leurs  nez  étiient  restés  en  contact  perpétuel  avec  elle. 

«On  a  1  habitude,  dans  nos  contrées,  de  laisser  en  été  les  moutons  pen  lant  la 
nuit  sur  des  terres  que  l'on  veut  préparer  pour  l'ensemencement.  Lorsque  les 
moutons  cièvent,  ils  cièvent  généralement  pendant  la  nuit  et  sont  enfouis  sur  le 
terrain  même. 

«  Mon  berger  avait  une  répugnance  que  je  qualifiais  de  superstitieuse  pour 
certains  champs  et  ne  voulait  pas.  y  laisser  des  animaux  pendant  la  nuit.  Il  pré- 
Cendait,  sans  en  savoir  la  raison,  que  ces  champs  étaient  malsains.  Plus  tard, 
j'arrivai  à  la  conclusion  (|u"il  avait  raison  et  je  lâcliai  de  m'en  rendre  compte. 

«  Le  terrain,  au  printemps  est  très  dur,  et  le  travail  pour  y  creuser  un  trou 
suffisant  pour  y  enfouir  les  bêtes  est  très  pénible.  On  le  fait,  par  conséquent,  très 
superficiellement,  et  les  ca  lavres  sont  très  facilement  mis  à  découvert  par  les 
chiens.  Ceci  me  paraissait  fort  dégoûtant,  et  je  donnai  une  bêche  a  mes  bergers 
afin  de  les  rendre  à  même  de  mieux  enfouir  leurs  animaux. 

«  Un  jour,  dcS  chevaux  attelés  à  une  charrue  s'enfoncèrent  dans  le  terrain  et 
furent  aspergés  par.  une  matière  putride;  la  charrue  mit  à  découvert  les  restes 
d'un  mouton  en  putrilaclion;  ceci  me  dégoûta  et  j'ordonnai  une  vigilance  tévère 
sur  la  manière  d'enfouir  les  bêtes. 

«  Le  coin  du  champ  où  cet  incident  était  arrivé  m'est  resté  clairement 
dans  la  mémoire  Le  cfiamp  fut  ensemencé  cette  année-là  même  avec  du  blé  et 
l'année  suivante  avec  du  trèfle.  A  la  place  en  question,  le  trèfle  vint  avec  profusion 
et  à  une  hauteur  extraordinaire. 

«  Un  jour,  je  m'aperçus  que  ce  trèfle  avait  disparu;  je  ne  doutais  pas  ([u'il 
m'eût  été  volé, 

«  Le  lendemain  matin,  une  femme  vint  en  plotirant  à  la  ferme  me  dire  que  sa 
chèvre  était  crevée  et  que  sa  vachi-,  était  très  malade. 

«  Clutte  circonstance    m'ouvrit  les   yeux,    et  je    me  rendis  aussitôt   dans  son  ' 
étable,  où  je  constatai  que  la  vache  avait  la  maladie  de  rate  la  plus  prononcée.  Le 
cadavre  de  la  chèvre  me  lut  apporté  et  je  constatai  également  la  même  maladie. 
La  femme  m'avuui  qu'elle  avait   pris  le   trède  justement  à  la  place   qui  m'était 
restée  dans  la  mémoire  et  qu'elle  en  avait  nourri  ses  deux  bêtes. 


NOQVELLES  RECHERCHES   SUR  LA  MALADIE  GHARBONNEQSE.         291 

«  Il  y  avait  près  de  deux  ans  que  le  mouton  avait  été  enfoui,  et  le  trèlla  qui 
avait  poussé  à  cette  place  avait  répandu  les  germes  de  la  malndie. 

«  J'ordonnai  aussitôt  ({ue  tous  le-i  cadavres  fussent  app  )rtés  à  un  endroit  dési- 
gné par  moi,  que  j'entourai  d  un  fos^é  de  deux  pieds  et  d'une  barrière. 

«  Depuis  ^8ô4,  toutes  les  bètes  crevées  sont  enfouies  à  cette  place,  et  il  ne 
me  reste  plus  qu'à  indiquer  les  résultats  de  cette  précaution  : 

De  I8i9  à  1854,   je  perdis  15  à  20  pour  100  par  au 

De  1H54  à  18"  8,  —  7  — 

De  1S60  à  1864,  —  5  — 

En  1865,  —  3  — 

Tels  sont  les  précieux  renseignements  que  contient  cette  curieuse 
note.  Aujourd'hui  nous  savons  à  quoi  nous  en  tenir  sur  la  véritable 
cause  de  Tinfection  qui  s'empara  des  troupeaux  de  M.  de  Seebach. 
Elle  ressort  des  faits  que  nous  avons  publiés  récemment  sur  la  culture 
du  parasite  charbonneux  autour  des  cadavres  des  animaux  enfouis  et 
sur  les  germes  nés  de  cette  culture  profonde  que  les  vers,  par  leurs 
déjections,  ramènent  à  la  surface  de  la  terre  et  sur  les  plantes  qui  y 
poussent.  Elle  ressort  également  de  cette  décisive  expérience  où  quatre 
moutons  ayant  élé  parqués  sur  une  fosse  contenant  une  vache  char- 
bonneuse enfouie  plus  de  deux  ans  et  trois  ans  auparavant  à  2  mètres 
de  profondeur,  un  des  quatre  moutons  mourait  le  huitième  jour  de 
l'habitation  sur  la  fosse,  présentant  toutes  les  lésions  du  charbon 
spontané  et  de  sang  rempli  de  filaments  du  parasite  charbonneux.  Je 
rappelle  enfin  que  depuis  deux  ans  toutes  les  tentatives  que  nous 
avons  faites  pour  donner  le  charbon  à  des  cobayes,  soit  avec  la  terre 
de  la  surface  de  cette  fosse,  soit  avec  les  déjections  des  vers,  ont  eu 
des  résultats  positifs,  dans  les  derniers  jours  du  mois  d'août,  »ous 
avons,  M.  (.hamberland  et  moi,  reproduit  cette  mê;ne  expérience  sur 
quatre  nouveaux  moutons  en  les  faisant  parquer  sur  une  fosse  toute 
semblable  à  la  précédente.  Dans  la  même  prairie,  avec  cette  seule 
modification  que  des  barbes  d'orge  coupées  en  fragments  de  O^.OI  de 
longueur  environ  furent  jetées  sur  la  terre  de  la  fosse  en  même  temps 
que  11  nourriture  des  moutons.  Cette  fois  un  mouton  mourait  le 
sixième  jour  et  un  second  le  septième  jour  de  leur  habitation  sur  la 
fosse.  Quatre  moutons  témoins,  nourris  delà  même  manière,  parqués 
à  côté,  mais  non  au-dessus  de  la  fosse,  n'eurent  aucun  mal.  Ces 
faits  avertissent  une  fois  de  plus  les  cultivateurs  du  danger  des  ali- 
ments piquants  non  macérés  quand  il  y  a  lieu  de  craindre  qu'ils 
soient  souillés  par  des  germes  charbonneux. 

Dans  la  Beauce,  on  a  remarqué  depuis  longtemps  que  la  mortalité 
se  déclare  surtout  après  qu'on  a  commencé  le  parcage  des  troupeaux 
sur  les  chaumes.  Deux  circonstances  contribuent  dans  ces  conditions 
à  une  exagération  de  la  mortalité  relativement  à  ce  qu'elle  est  à 
l'étable.  Sur  les  chaumes,  les  occasions  de  blessures  sont  plus  fré- 
quentes et  les  moutons  sont  à  tout  moment  exposés  à  rencontrer  les 
sources  mêmes  des  germes  de  charbon,  sur  les  points  où  dans  les 
années  antérieures  ont  été  enfouis  des  cadavres  charbonneux. 

Quand  on  envisage  les  horribles  maux  qui  peuvent  résulter  de  la 
contagion  dans  les  maladies  transmissibles,  il  est  consolant  de  pen- 
ser que  l'existence  de  ces  maladies  n'a  rien  de  nécessaire.  Détruites 
dans  leurs  principes,  elles  seraient  détruites  à  jamais,  du  moins  toutes 
celles  dont  le  nombre  s'accroît  chaque  jour,  qui  ont  pour  cause  des 
parasites  microscopiques.  Comme  tous  les  êtres,  ces  espèces  parasites 


292         NOUVELLES  RECHERCHES  SUR  LA  MALADIE  CHARBONNEUSE. 

sont  à  la  merci  des  coups  qui  peuvent  les  frapper.  Bien  différent  est 
le  groupe  des  affections  qui  accompagaent  les  manifestations  de  la 
vie  considérée  en  elle-même.  L'humanité  ne  saurait  être  à  l'abri  d'une 
fluxion  de  poitrine  ni  de  mille  accidents  divers  d'où  peut  naître  la 
maladie  avec  toutes  ses  conséquences.  En  ce  qui  concerne  l'affection 
charbonneuse,  je  crois  fermement  à  la  facile  extinction  de  ce  fléau. 
Le  monde  entier  pourrait  l'ignorer,  comme  l'Europe  ignore  la  lèpre, 
comme  elle  a  ignoré  la  variole  pendant  des  milliers  d'années. 

L.  Pasteur, 

Membre  de  l'Institut  et  de  la  Société  nationale  d'agriculture. 

RÉSISTANCE  ET  ADAPTATION 

DES  VIGNES  AMÉRICAINES   AU   POINT   DE  VUE   PRATIQUE.   —  II'. 

Il  nous  reste  maintenant  à  étudier  à  la  fois  l'adaptation  et  la  résis- 
tance dans  leurs  rapports  réciproques,  à  voir  en  un  mot  les  modifica- 
tions que  toutes  les  influences  que  nous  venons  d'étudier  peuvent 
apporter  à  la  végétation  des  vignes  américaines  et  à  en  dégager,  si 
faire  se  peut,  des  conclusions  pratiques,  les  seules  qui  importent 
réellement  à  la  masse  des  agriculteurs. 

Or,  que  voyons-nous  quand  nous  étudions  à  ce  point  de  vue  un 
grand  nombre  de  plantations  de  vignes  américaines  d'un  certain  âge, 
en  puissance  incontestable  de  phylloxéra,  démontrée  par  la  mort,  soit 
des  anciennes  vignes  françaises  voisines,  soit  des  nouvelles  plantées 
comme  témoins  ?  Nous  nous  trouvons  en  présence  de  trois  états  bien 
différents  : 

Dans  une  première  série  de  faits,  toutes  ou  presque  toutes  les  vignes 
américaines  sont  atteintes  de  chlorose  avec  rabougrissement  et  meu- 
rent en  peu  d'années.  Les  pousses  et  les  feuilles  sont  jaunes,  les 
feuilles  se  dessèchent  et  tombent  bientôt,  les  sarments  sont  minces, 
d'une  consistance  mollasse  analogue  à  celle  du  caoutchouc  et  aoûtent 
mal  ou  n'aoûtent  pas  du  tout.  Les  bourgeons  axillaires  émettent 
toute  une  série  de  petites  feuilles  jaunes  qui  se  dessèchent  bientôt  à 
leur  tour;  la  vigne  se  rabougrit,  végète  misérablement  et  meurt  rapi- 
dement. Cet  état  est  bien  dû,  comme  je  l'ai  affirmé  dès  1878,  à  une 
nutrition  insuffisante,  à  une  mauvaise  adaptation,  et  c'est  bien  là  la 
seule  cause  du  mal  ;  transportez,  en  effet,  ces  vignes  malades  dans  un 
terrain  mieux  approprié  h  leurs  besoins,  et  toujours  vous  les  voyez 
revenir  à  la  santé  dans  le  cours  de  la  première  année  qui  suit  cette 
opération;  c'est  une  expérience  que  j'ai  répétée  plusieurs  fois  et  tou- 
jours avec  des  résultats  identiques.  Celte  maladie  ^e  produit  d'ailleurs 
avec  ou  sans  phylloxéra  sur  les  racines,  et  ces  deux  ordres  de  faits 
prouvent  bien  que  si  le  phylloxéra  exerce  une  influence  quelconque,  ce 
ne  peut  être  qu'une  influence  secondaire,  puisqu'elle  cesse  d'agir  par 
la  transplantation  dans  un  autre  terrain.  Le  phylloxéra  peut  bien  dans 
ces  cas  contribuer  à  accélérer  la  mort  de  la  vigne;  mais,  avec  ou  sans 
phylloxéra,  elle  serait  morte  tout  de  même  et  fort  rapidement. 

Dans  ces  circonstances,  on  trouve  cependant  sur  les  variétés  qui  ne 
font  pas  de  phylloxéra,  plus  d'insectes  qu'elles  n'en  portent  habituel- 
lement, des  nodosités  plus  volumineuses  et  des  lésions  plus  sérieuses 
que  celles  que  l'on  peut  considérer  comme  normales,  mais  ce  fait 
s'explique  parfaitement  ;  les  racines  participent  en  effet  à  cet  état  de 

1.  Voir  le  Journal  du  6  novembre,  page  211  de  ce  volume. 


RÉSISTANCE  DES  VIGNES    AMÉRICAINES.  293 

ramollissement  spécial  que  j'ai  décrit  pour  le  système  aérien;  elles 
sont  molles,  plus  charnues,  moins  dures  ;  la  sève  mal  élaborée  qu'elles 
reçoivent  ne  leur  permet  pas  de  se  lignifier  avec  aulant  de  rapidité  et 
l'insecte  a  le  temps  de  se  loger  dessus.  C'est  d'ailleurs  un  lait  général 
dans  la  nature  que  cette  préférence  des  parasites  pour  les  individus 
affaiblis. 

Cet  état  est  donc  entièrement  le  résultat  d'une  mauvaise  adaptation 
des  cépages,  mais  ici  encore  nous  constatons  des  faits  tout  à  l'avantage 
des  variétés  ne  faisant  pas  de  phylloxéra.  Ce  sont,  en  elYet,  celles  sur 
lesquelles  on  le  constate  le  moins  souvent,  et  je  vous  citerai  le  York's 
Madeira,  par  exemple,  que  M.  Gaston  Bazille  qualifiait  hier  de  Che- 
valier sans  reproche,  et  pour  lequel  il  n'a  été  signalé  encore  à  ma  cou- 
naissance  que  deux  faits  de  cette  nature,  un  qui  m'est  spécial  dans 
une  terre  argilo-marneuse  blanclie  à  sous-sol  crayeux,  et  un  autre, 
je  crois,  dans  la  région  des  Charcutes.  Je  ne  connais  pas  de  faits 
plus  nombreux  à  mettre  au  passif  du  Solonis,  un  ou  d^ux  au  plus;  et, 
pour  les  Riparias,  ils  ne  se  produisent  guère  non  plus  que  sur  les  va- 
riétés que  j'ai  déjà  signalées  comme  faibles  et  délicates.  C'est  évidem- 
ment à  la  rusticité  plus  grande  de  ces  variétés  d'élite  qu'il  faut  attri- 
buer le  peu  de  fréquence  de  ces  cas  de  mauvaise  adaptation. 

En  deuxième  lieu,  nous  nous  trouvons  en  présence  d'un  ordre  de 
faits  bien  différent.  Nous  ne  constatons  plus  de  chlorose,  plus  de  dépé- 
rissement dans  le  sens  propre  du  mot,  mais  tandis  que  certaines  vi- 
gnes américaines  se  montrent  splendides  de  développement  et  poussent 
sans  interruption  depuis  le  printemps  jusqu'aux  premières  gelées  de 
novembre,  on  en  voit  d'autres  qui,  après  des  promesses  de  végétation 
brillante  au  début  de  la  pousse,  s'arrêtent  tout  d'un  coup  vers  les  pre- 
miers jours  de  juin,  ne  poussent  plus,  perdent  leurs  feuilles  et 
aoùlent  leurs  sarments  de  fort  bonne  heure;  mais,  je  le  répète,  il  n'y  a 
pas  de  chlorose,  pas  de  dépérissement  dans  le  sens  propre  du  mot,  le 
tronc  se  développe  peu,  mais  grossit  cependant  tous  les  ans.  La  pé- 
riode active  delà  végétation  paraît  seulement  réduite  à  quelques  mois 
au  lieu  de  s'effectuer  pendant  les  T  ou  8  qui  forment  sa  durée  normale. 

Ces  faits  se  constatent  surtout  dans  les  régions  à  périodes  estivales 
sans  pluies,  et  dans  les  terres  compactes  et  craignant  la  sécheresse. 
Quand  le  printemps  est  pluvieux,  le  moment  d'arrêt  de  la  végétation 
est  reculé  plus  ou  moins,  suivant  l'abondance  des  pluies,  et  quand  il 
pleut  dans  le  courant  île  l'été,  il  n'est  pas  rare  de  voir  la  végétation, 
déjà  arrêtée,  reprendre  avec  une  certaine  vigueur. 

Ici,  l'influence  de  l'humidité  paraît  prépondérante;  il  n'en  est  pas 
cependant  tout  à  fait  ainsi,  la  sécheresse  ne  suffit  pas  toute  seule  à  pro- 
duire cet  état.  Il  faut  les  deux  influences  combinées  de  la  sécheresse 
et  de  linsecte.  On  ne  le  constate  jamais,  en  effet,  sur  les  variétés  qui  ne 
font  pas  de  phylloxéra.  Les  espèces  de  la  deuxième  catégorie  le  pré- 
sentent seules  et  seulement  en  terrain  sec  et  phylloxéré.  Il  est  donc 
impossible  de  nier  ici  l'influence  du  phylloxéra,  l'examen  des  racines 
en  donne  d'ailleurs  des  preuves  suffisantes.  A  partir  du  mois  de  juin, 
dans  les  années  sèches  et  dans  ces  conditions  de  terrain,  le  chevelu 
est  presque  entièrement  détruit  sur  les  variétés  à  phylloxéra.  Les  gros- 
ses racines  sont  presque  saines.  La  vigne,  ainsi  qu'il  résulte  de  l'in- 
téressant mémoire  de  mon  excellent  ami  et  confrère,  M.  le  docteur  Coste, 
dont  il  vous  a  été  donné  lecture  dans  une  des  précédentes  séances, 


294  RÉSISTANCE   DKS    VIGNES   AMÉRICAINES. 

peut  bien  se  soutenir  par  l'humiclité  absorbée  par  endosmose  au  moyen 
de  ses  grosses  racines,  mais  privée  de  la  presque  totalité  do  ses  radi- 
celles, c'est-à-dire  de  ses  bouches  absorbantes,  elle  cesse  de  végéter. 
Vers  la  fin  de  l'hiver,  avant  la  reprise  de  la  végétation  et  pendant  la 
période  de  repos  hivernal  de  l'insecte,  les  grosses  racines  émettent 
de  nouvelles  radicelles,  et  la  vigne,  pourvue  d'un  nouveau  système 
radiculaire,  reprend  vigoureusement;  l'insecte  revient  alors  en  avril, 
et  trouvant  un  système  radiculaire  jeune  et  mal  constitué,  en  a  vite 
raison,  d'où  l'arrêt  de  végétation  dès  que  l'humidité  du  sol  n'est  plus 
suffisante  pour  solliciter  l'émission  de  nouvelles  radicelles  par  les- 
quelles la  vigne  pourrait  continuer  à  absorber  les  matériaux  nécessaires 
à  son  développement. 

Cet  état,  je  le  répète,  et  f  insiste  là-dessus  parce  que  son  importance  pra- 
tique est  de  .premier  ordre,  n'est  jamais  présenté  par  les  variétés  qui 
n'offrent  pas  d'habitude  de  grandes  quantités  de  phylloxéras  et  qui 
doivent  celte  précieuse  propriété,  comme  nous  l'avons  vu,  à  la  consti- 
tution spéciale  de  leurs  racines. 

Enfin  dans  un  troisième  ordre  de  faits,  nous  trouvons  toutes  les  vi- 
gnes américaines  sans  exception,  dans  un  état  luxuriant,  et  on  peut 
dire  alors  réellement  que  dans  ces  conditions  elles  résistent  complète- 
ment, l'influence  de  l'insecte  sur  leur  végétation  étant  bien  réellement 
et  entièrement  nulle. 

Mais  à  l'examen  des  racines  les  résultats  sont  bien  différents  :  tandis 
que  sur  les  vignes  qui  ne  font  pas  de  phylloxéra,  ce  n'est  qu'après  des 
recherches  répétées  qu'on  arrive  à  trouver  un  ou  deux  insectes  ou 
quelques  nodosités  isolées;  sur  les  autres,  au  contraire,  celles  qui  font 
du  phylloxéra,  on  en  trouve  des  quantités  innombrables,  autant  et 
peut-être  plus  que  sur  les  vignes  françaises,  mais  on  constate  alors 
que  la  racine  de  ces  dernières  est  dans  un  état  de  travail  incessant  et 
qui  se  continue  sans  interruption  jusqu'au  moment  où  les  premières 
gelées  de  novembre  viennent  interrompre  la  vie  végétative  de  la  plante. 
La  puUulation  radicellaire  est,  on  peut  le  dire,  énorme,  et  les  radi- 
celles se  reproduisent  au  moins  aussi  vite  que  le  phylloxéra  peut  les 
détruire.  Mais  en  voyant  cet  incessant  et  fabuleux  travail  de  Pénélope 
souterrain,  on  se  demande  comment  les  faits  que  j'ai  signalés  dans  la 
seconde  catégorie,  ne  sont  pas  encore  plus  fréquents  ;  toute  cause  de 
faiblesse  ou  de  nature  à  détruire  l'équilibre  entre  le  système  aérien  et 
radiculaire  de  la  plante  doit  les  amener  presque  aussitôt,  et  j'ai  pu  les 
produire  expérimentalement  et  pour  ainsi  dire  à  volonté. 

Il  y  a  donc  là  deux  modes  de  résistance  bien  distincts  'pour  les 
vignes  qui  ne  font  pas  de  phylloxéra,  elles  résistent  et  résisteront 
toujours,  parce  qu'elles  n'offrent  à  l'insecte  qu'un  milieu  où  ses  fa- 
cultés de  destruction  et  de  pullulation  sont  réduites  à  un  minimum 
qui  ne  lui  permet  plus  de  nuire  en  rien  au  végétal;  les  autres  pa- 
raissent, au  contraire,  ne  résister  que  par  suite  de  leur  vigueur  propre 
qui  leur  permet,  quand  elles  se  trouvent  dans  des  conditions  favorables, 
de  réparer  les  désastres  avant  qu'ils  n'aient  eu  le  temps  de  se  pro- 
duire. 

Il  faut  cependant  accorder  quelque  chose  à  la  constitution  propre  de 
leur  système  radiculaire,  puisque  les  grosses  racines  sont  rarement 
atteintes  gravement,  et  que  l'insecte  ne  tue  pas  ces  vignes  même  dans 
le  deuxième  état  que  j'ai  décrit. 


RESISTANCE  DES  VIGNES   AMÉRICAINES.  295 

Avec  le  temps  d'ailleurs  et  sur  certaines  de  ces  variétés,  pas  sur 
toutes,  on  dirait,  et  probablement  sous  l'inlluence  de  l'augmentation 
de  dureté  de  tissus,  que  le  pliylloxera  montre  une  certaine  tendance 
à  les  attaquer  moins  fortement;  Tàge  lend  sous  le  rapport  de  la  ré- 
sistance à  les  rapprocher  des  variétés  qui  ne  font  pas  de  phylloxéra. 

Quoi  qu'il  en  soit,  à  mon  avis  et  au  point  de  vue  pratique,  elles 
doivent  impitoyablement  être  mises  de  coté. 

Est- il  maintenant  possible  de  tirer,  de  cet  ensemble  de  faits  que 
nous  venons  de  passer  successivement  en  revue,  des  conclusions  pra- 
tiques au  point  de  vue  de  la  reconstitution  des  vignobles  détruits?  Je 
n'hésite  pas  à  répondre  aflirmativement. 

Imi  etiet,  puisque  nous  nous  trouvons  en  présence  de  vignes  qui,  dans 
leur  état  normal  de  végétation,  ne  présentent  presque  jamais  d'insectes 
sur  leurs  racines;  puisque  la  vigueur  de  ces  variétés  est  au  moins 
égale  et  souvent  supérieure  à  celle  des  vignes  de  l'autre  catégorie; 

Puisque  pour  ces  mêmes  vignes  qui  ne  tontpas  de  phylloxéra,  les  dif- 
ficultés de  l'adaptation  semblent  disparaître  et  paraissent,  dans  tous  les 
cas,  ne  pas  devoir  être  plus  considérables  que  celles  que  nous  pre- 
ssentaient nos  anciennes  vignes  françaises  ; 

Puisque,  enfin,  ces  vignes  doivent  leurs  facultés  précieuses  de  ré- 
sistance à  leur  constitution  propre,  à  leur  essence,  si  on  peut  s'expri- 
mer ainsi,  et  qu'on  peut  affirmer  que  c'est  une  propriété  persistante. 

Layricukeur  qui  se  trouve  obligé  de  reconstituer  son  vignoble  doit 
s  adresser  à  ces  variétés  d'élite,  parce  que  seules  elles  lui  présentent  toutes 
les  garanties  de  réussite  et  de  duré""  qiùm  doit  rechercher  quand  on  en- 
treprend une  œuvre  aussi  coûteuse. 

Les  autres  espèces  peuvent  bien  dans  certaines  conditions  donner 
ou  avoir  donné  des  succès  ;  elles  n'en  doivent  pas  moins  être  repoussées 
d'une  manière  absolue,  parce  que,  comme  l'a  si  bien  dit  mon  excellent 
ami,  M.  Victor  Gauzin,  quand  on  peut  employer  de  l'excellent,  il  ne 
ne  faut  pas  choisir  du  médiocre.  L.  Despetis, 

[La  fin  procliaineinent.)  Viliciilleur  à  Floiensac  (Hérault). 

BOTTELAGE  ET  COMPRESSION  DES  FOURRAGES 

Les  appareils  destinés  à  faire  les  boites  de  foin  et  de  fourrages 
ayant  toujours  un  poids  égal,  sont  actuellement  peu  nombreux,  mais 
il  en  est  quelques-uns  qui  peuvent  rendre  de  grands  services,  soit 
pour  obvier  à  la  pénurie  d'ouvriers  habiles,  soit  pour  parer  aux  in- 
convénients de  la  hausse  des  salaires.  Parmi  ces  appareils,  ceux  que 
^L  Guitton,  constructeur  à  Corbeil  (Seine-et-Oise),  livre  à  l'agriculture 
depuis  trois  ans  environ,  méritent  d'appeler  spécialement  l'attention. 
La  botteleuse  (fig.  23j  se  compose  d'une  caisse  métallique  à  claire-voie 
portée  sur  un  bâti,  et  à  laquelle  peut  s'ajouter  un  appareil  de  pesage. 
De  petits  ressorts  sont  fixés  à  la  partie  inférieure  de  la  caisse  qui  reçoit 
les  foins  ou  les  pailles,  et  d'autres  ressorts  se  rabattent  pour  former 
couvercle  à  volonté.  Deux  mancherons  et  une  paire  de  petites  roues  en 
rendent  le  transport  facile  sur  tous  les  points  où  il  est  nécessaire.  Les 
liens  sont  passés  sous  les  ressorts  du  fond;  lorsque  la  caisse  est 
remplie,  on  accroche  les  deux  ressorts  supérieurs  au  levier  d'une 
pédale;  en  appuyant  avec  le  pied  sur  celle-ci,  on  serre  la  botte;,  puis 
saisissant  les  deux  extrémités  de  chaque  lien,  on  les  tord.  On  dé- 
croche les  ressorts  fixés  à  la  pédale,  et  l'on  sort  la  botte  toute  faite. 
La  rédaction  du  volume  est  d'environ  d'ua  tiers  sur  le  bottelage  à  la 


296  BOTTELAGE   ET  COMPRESSION   DES  FOURRAGES. 

main,  l.orsque  la  botteleuse  est  en  même  temps  peseuse,  le  pesage  de 
la  boite  est  fait  avec  un  fléau  de  romaine  lixé  derrière  la  caisse.  Le 
poids  est  suspendu  à  l'aide  de  crochets  entrant  dans  des  trous  dont 
la  distance  est  calculée  par  demi-kilog.  M.  Guilton  construit  des  botte- 
leuses  non  peseuses,  faisant  des  bottes  à  un,  deux  ou  trois  liens,  qui 
coulent  de  55  à  80  fr.;  les  mêmes,  avec  l'appareil  de  pesage,  coûtent 
de  85  à  120  fr. 

L-  s  botteleuses  à  deux  liens,  faisant  des  bottes  de  4  h.  G  kilog.,  et 
ayant  75  centimètres  de  long,  sont  principalement  usitées  dans  le 
nord,  l'est,  l'ouest  et  le  sud-ouest.  Les  botteleuses  à  trois  liens,  ayant 
95  centimètres  de  longueur  et  faisant  des  bottes  de  5  à  7  kilog.,  sont 
recherchées  dans  les  environs  de  Paris  et  dans  les  régions  qui  approvi- 


Fig.  23.  —  Bolleleu>e  peseuse.  de  M.  Guitton. 

sionnent  la-capitale.  D'autres  botteleuses,  également  à  trois  liens, 
mais  à  caisse  plus  large  et  ayant  des  ressorts  plus  longs,  pouvant 
faire  des  bottes  de  10  kilog.,  sont  usitées  dans  le  centre  et  les  Gha- 
rentes,  ainsi  que  dans  une  partie  de  la  Dordogne.  La  Provence  et  le 
Languedoc  préfèrent  des  modèles  plus  courts,  faisant  des  bottes  de 
2  kilog.  à  2  kilog.  et  demi,  avec  un  seul  lien. 

M.  Guitton  construit  aussi  des  })resses  à  fourrage  et  à  paille  (fig.  24 
et  25)  qui  ont  été  adoptées  parla  Compagnie  des  Omnibus  de  Paris,  et 
qui  ont  reçu  plusieurs  récompenses  dans  les  concours  régionaux. 
Elles  sont  formées  par  des  caisses  dans  lesquelles  on  introduit  le  four- 
rage, que  presse  un  plateau  intérieur  mobile.  On  presse  d'un  côté, 
pendant  qu'on  charge  de  l'autre.  Il  y  en  a  deux  modèles  : 

Les  petites  presses  sont  bonnes  pour  la  culture  et  font  10  kilog,  à 
20  kilog.  suivant  le  n°,  avec  150  kilog.  de  densité  au  mètre  cube; 
avec  deux  hommes  seulement  on  peut  faire  15  à  20  bottes  à  l'heure. 

Les  grandes  presses,  celles  employées  par  la  Cie  des  Omnibus, 
peuvent  presse  la  paille  si  la  largeur  est  portée  à  1'".40,  et  du  foin  si 
elle  est  de  0™.95.  Les  bottes  dans  les  deux  cas  sont  introduites  hori- 
zontalement et  pressées  après  introduction  de  G  bottes  de  5  kilog.  et 
demi  et  sont  liées  par  deux  liens  pour  le  foin  et  trois  pour  la  paille. 


BOTTELAGE  ET  COMPRESSION    DES  FuURHAGES 


297 


Ces  liens  sont  en  fil  de  fer  et  ils  font  un  long  usage  ;  leur  prix  est  de 
GO  fr.  le  mille. 

Ces  macbines  peuvent  servir  aussi  pour  le  foin  en  vrac  et  sont  dis- 


Petile  j.resse  à  fourrages  de  M.  Guilion. 


posées  pour  recevoir  cinq  liens  afin  de  suppléer  aux  liens  des  bottes 
primitives.  On  peut  faire  avec  ces  machines  200  balles  par  journée  de 
dix  heures.  On  peut  charger  un  wagon  de  200  balles  de  G  bottes,  ce 


Grande  presse  à  fourrages  et  ;\  paille. 


qui  fait  1200  bottes  à  5  kilog.  et  demi,  soit  6,600  kilog.,  ou  une  éco- 
nomie de  3  cinquièmes  au  moins  sur  les  transports.  On  a  de  plus 
l'avantage  de  trouver  les  rations  toutes  faites  en  déliant  les  balles.  Le 
prix  de  ces  machines  est  de  1700  francs.  La  densité  pour  ces  grandes 
presses  est  de  120  kilog.  pour  la  paille  et  150  kilog.  pour  le  foin. 

L.  DE  Sahdriac. 


298  CONCOURS  HKGIONAL  iVORAX, 


CONCOURS  GÉNÉRAL  AGRICOLE  D'ORAN 

III.   —   TENUK   DU   CONCOURS. 

Lu  première  impression  produite  sur  le  visiteur  du  Concours  ré- 
gional d'Oran  est  celle  qui  a  trait  au  mélange  des  populations  don- 
nant à  ces  solennités  un  cachée  tout  particulier,  inconnu  dans  les 
léunions  du  même  genre. 

Ici  se  coudoient,  en  effet,  l'Arabe,  représentant  des  derniers  con- 
quérants de  l'Afrique  septentrionale,  le  Juif,  expression  vivante  du 
trafic,  le  Maure,  habitant  des  villes,  le  Berbère,  premier  occupant  de 
celte  contrée,  quelques  indigènes  du  Maroc,  de  Trmis  et  de  l'intérieur 
de  cette  région,  ainsi  que  les  représentants  des  différents  pays  qui  con- 
courent à  l'œuvre  de  colonisation  entreprise  en  cet  endroit  :  Français, 
Anglais,  Espagnols,  Italiens,  Allemands,  Beiges,  Américains,  Suisses, 
Gi'ecs,  Polonais,  oUandais,  Russes, 

La  représentation  de  ces  diverses  nationalités,  aux  mœurs  et  aux 
costumes  variés,  auxquels  nous  faisons  peu  attention  nous  mêmes, 
mais  qui  doivent  diversement  impressionner  les  étrangers,  fait  croire 
à  une  véritable  exposition  internationale.  C'est  un  avantage  de  plus 
qu'offriront  les  concours  de  l'Algérie  à  ceux  qui  viendront  les 
visiter. 

Une  aftluence  considérable  de  visiteurs.,  qui  a  répondu  à  l'appel  des 
organisateurs  de  cette  fête,  se  porte  partout  où  l'attire  l'intérêt  par- 
ticulier de  chaque  journée,  et  augmente  de  plus  d'un  tiers  la  popu- 
lation de  la  ville  d'Oran,  rendant  ainsi  l'hospitalité  presque  impos- 
sible, si  chaque  habitant  n'avait  contribué  pour  une  très  large  part  à 
l'accueil  cordial  fait  aux  nouveaux  venus. 

Toutefois,  malgré  l'empressement  de  chacun,  puisque  le  nombre  des 
entrées  s'est  élevé  à  près  de  quinze  mille  dans  la  plus  forte  journée, 
les  recettes  de  l'Exposition  ont  à  peine  atteint  le  quart  des  prévisions 
et  un  peu  plus  de  la  moitié  de  celles  effectuées  on  1877  par  le  Comice 
d'Oran  dans  de  semblables  circonstances.  Cela  tient,  avant  tout,  à 
l'éloignement  de  l'emplacement  dont  nous  avons  déjà  parlé,  aux  caries 
de  faveur  distribuées  en  grand  nombre  et  à  l'autorisation  d'entrer  gra- 
tuitement accordée  pendant  plusieurs  jours,  pour  facilitera  toutes  les 
situations  l'examen  des  objets  exposés.  Personne  ne  saurait  évidemment 
critiquer  cette  dernière  mesure  adoptée  dans  un  but  des  plus  louables. 
La  période  proprement  dite  du  Concours  a  été  remplie  par  les  expé- 
riences des  instruments  de  ferme,  dont  nous  parlerons  dans  un  ar- 
ticle spécial,  par  les  opérations  des  divers  jurys  et  les  fêtes  organisées 
par  les  soins  du  Conseil  municipal. 

Des  conférences  préparées  par  le  Comice  d'Oran  et  la  municipalité 
n'ont  pu  avoir  lieu,  au  grand  regret  des  instituteurs,  des  colons  et  de 
plusieurs  intéressés.  On  a  perdu  là  une  des  meilleures  occasions 
d'instruire  de  nombreuses  personnes  avides  de  se  renseigner  et  d'uti- 
liser une  des  principales  attractions  des  expositions. 

Quant  aux  fêtes  publiques,  nous  ne  saurions  trop  louer  ceux  qui 
ont  présidé  à  leur  organisation,  par  la  raison  que  le  programme  en  a 
été  préparé  de  telle  sorte  que  personne  ne  fut  détourné  du  but  prin- 
cipal. Les  abords  de  l'Exposition  étaient  complètement  dépourvus  de 
baraques  de  marchands  forains,  qui  quelquefois  attirent  l'attention  des 


CONCOURS  RKGIONAL  D'OR  AN.  299 

visiteurs,  el  ceux  qui  recherchaient  ces  sortes  d'amusements  n'avaient 
qu'à  s'arrêter  sur  la  place  d'armes  où  ces  divertissements  se  trouvaient 
groupés  au  centre  de  la  ville. 

La  plupart  des  réjouissances  publiques  ont  eu  lieu  au  début  ou  à  la 
fm  de  l'Exposition,  ou  bien  encore  pendant  la  soirée,  de  manière  à 
récréer  les  visiteurs  sans  amoindrir  en  quoi  que  ce  soit  l'importance 
du  Concours  régional. 

Le  Concours  a  été  ouvert,  le  lundi  18  octobre,  par  des  expériences 
des  béliers  hydrauliques,  des  moteurs  à  air,  des  filtres  à  vin,  des  se- 
moirs pour  cultures  en  lignes,  et  des  hache-paille  à  grand  travail; 
—  le  lendemain,  jugement  des  produits;  essais  des  charrues 
bisocs,  des  houes  à  cheval,  des  charrues;  —  le  mercredi,  suite 
du  jugement  des  produits,  expériences  sur  les  pressoirs  mettant 
fin  à  la  série  des  concours  spéciaux  d'instruments  prévus  au  pro- 
gramme; essais  des  presses  à  fourrages  et  des  moulins  agricoles 
commençant  les  expériences  et  démonstrations  pratiques  d'instruments 
ne  prenant  pas  part  aux  concours  spéciaux;  —  le  jeudi,  réception  et 
classement  des  animaux  après  la  visite  faite  par  M.  Santrot,  vétérinaire 
désigné  par  le  commissaire  général.  Examen  des  trieurs,  des  tarares 
et  des  chemins  de  fer  agricoles;  opération  du  jury  des  animaux  et  de 
celui  des  produits;  — le  vendredi,  expériences  de  défoncements  à  la 
dynamite  sur  la  ferme  de  Tamasouet,  appartenant  à  M.  Lamur. 

Le  même  jour  a  eu  lieu  la  réunion  sous  la  présidence  du  commis- 
saire général  des  délégués  des  associations  agricoles  des  membres  du 
jury  et  des  exposants,  pourproposerles  modifications  qu'il  conviendrait 
d'apporter  à  l'arrêté  du  concours  de  l'année  prochaine.  Nous  ne  pouvons 
moins  faire  que  de  rappeler  les  principales  décisions  suivantes  adoptées 
par  cette  assemblée  sous  forme  de  vœuoc^  :  A  l'avenir  les  concours  ré- 
gionaux auront  lieu  en  Algérie,  au  printemps,  et  les  intéressés,  prévenus 
dix  mois  à  lavance,  pourront  adresser  leurs  déclarations  au  chef-lieu 
même  du  département  algérien  oi^i  se  trouvera  le  siège  du  concours.  — 
Les  instruments  de   ferme  seront  soumis  à  des  concours  spéciaux,  de 
telle  sorte  que  la  série  des  plus  utiles  soit  épuisée  dans  une  période 
de  trois  années  ;  si  quelques  machines  ne  peuvent  être  expérimentées 
à  cette  époque  de  l'année,  comme  les  moissonneuses  et  les  batteuses, 
il  sera  procédé   pour  elles  à  des  concours  tenus    au    moment    favo- 
rable; on  aura,  de  la   sorte,    à  Alger,  en  1881,  des  concours  d'araires 
pour  labours  profonds,  de  herses  articulées,  de  trisocs,  de  faucheuses, 
de  râteaux  à  cheval,  d'appareils  élévatoires  quel  que  soit  le  moteur, 
de  ventilateurs,  de  trieurs,  d'objets  de  lonnellerie,  de  pompes  à  vin.  — 
La  prime  d'honneur  comprendra  des  prix  culturaux,  comme  cela  se 
pratique  en  France,  et  il  sera,   en  outre,  décerné  à  cette  occasion  des 
prix  de  spécialité.  —  A  la  suite  de  considérations  très  intéressantes 
présentées  notamment  par  MM.   Arlès-Dufour,  Bonzom  et  Brémond, 
la  1"  classe,  espèce  chevaline,  a  été  augmentée  d'une  quatrième  caté- 
gorie s'appliquant  aux  races  de  trait;  une  nouvelle  classe  a  été  in- 
troduite concernant  l'espèce  mulassière;  les  bœufs  de  Guelma,  qui 
formaient  une  catégorie  particulière,  ont  été  compris   dans    celle  in- 
diquée sous  la  dénomination  de  race  algérienne;  une  nouvelle  caté- 
gorie a  été  créée  pour  les  bœufs   de  travail,  tandis  que  les  races  bar- 
barine  et  des  Hauts-plateaux,  dans  l'espèce  ovine,  ont  été  réunies  sous 
la  désignation  de  races  algériennes;  enfin,  les   prix  attribués  à  ces 


3Q0  CONCOURS  RÉCIONAL   D'ORAN. 

différentes  espèces  ont  été  sérieusement  augmentes,  en  ^^^ème  temps 
que  sur  la  proposition  d'un  indigène,  appuyée  par  iM.  Bonzon  les 
romadaires  ont  été  appelés  à.concourir  à  l'avenir,  et  que  sur  celle  de 
M  Fourrier,  maire  de  Boufarik,  une  catégorie  spéciale  a  ele  creeepour 
les  autruches,  dont  on  doit  encourager  l'élevage  dans  la  colonie.  — 
Des  vœux  ont  encore  été  émis  sur  la  nécessité  de  voir  accorder  la  ré- 
duction des  prix  de  transport  des  objets  exposes  aussi  bien  a  l  aller 
qu'au  retour  d'obtenir  le  transport  gratuit  des  instruments  par  voie 
de  mer,  ainsi  que  la  suppression  des  droits  grevant  la  dynamite  qui 
pourrait  être  utilisée  avec  grand  profit  par  la  culture  locale.  -  L  as- 
semblée s'est  alors  séparée  après  avoir  émis  le  vœu,  sur  la  proposition 
de  M.  Arlès-Dufour,  que  M.  de  Lapparent,  qui  a  su  gagner  les  sym- 
pathies de  tous,  fût  appelé  à  organiser  le  Concours  régional  qui  doit 
se  tenir  à  Alger,  en  1881.  .  , 

i.a  journée  entière  du  samedi    s'est  passée  a  faire  lonctionner  les 


F4g.  26.  —  Pian  de  l'Hislaliatioa  du  concours  d'Oran. 

charrues  brabant,  les  charrues  doubles,  les  défonceuses,  les  trisocs 
et  les  cultivateurs.  Pendant  chacune  de  ces  journées,  une  nombreusr 
alfluence  s'est  promenée  dans  l'enceinte  du  concours. 

Le  dimanche  a  été  la  première  journée  des  courses  inscrites  au 
programme;  elle  s'est  terminée  avec  un  plein  succès  et  jamais,  peut-être, 
la  Société  hippique  n'a  fait  d'aussi  belles  receltes  avec  les  prix  des 
places  des  spectateurs  ou  les  engagements  des  coureurs.  Nous  n'avons 
rien  à  dire  de  ces  réunions  considérées  aujourd'hui  plutôt  comme  une 
fête  publique  que  comme  un  moyen  propre  à  améliorer  l'espèce  clie- 
valine;  aussi  retiendrons-nous  simplement  une  innovation  consistant 
à  admettre  les  chevaux  autres  que  ceux  de  la  race  algérienne,  ce  qui 
a  permis  à  un  pnr  sang  anglais,  Vannité  appartenant  à  M.  Sclimith, 
de  Paris,  de  gagner  le  grand  prix  de  5,000  fr.  Nous  mentionnerons 
également  la  "course  au^rot  attelé,  dont  M alvu,  monté  par  M.  Maine, 
est  sorti  vainqueur  après  avoir  parcouru  3,600  mètres  en  8  minutes 
4  secondes.  —  La  deuxième  journée  des  courses  a  été  marquée  par 
un  grand  malheur,  l'un  des  jockeys  étant  mort  à  la  suite  d'une  chute 
faite  dans  une  course  où  27  concurrents  se  trouvaient  en  ligne  sur  la 
même  piste.  Nous  avons  entendu  regretter  par  un  grand  nombre  de 
personnes,  que  l'on  n'exige  pas  des  coureurs  un  certificat  attestant 


CONGOUKS  RRGIÛNAL  D'ûRAN.  301 

qu'ils  sont  assurés  sur  la  vie,  de  manière  à  dégager  l'avenir  de  leurs 
familles,  avant  de  se  lancer  dans  une  lutte  qui  peut  avoir  des  consé- 
quences de  la  dernière  gravité.  Le  grand  prix  de  10,000  fr.,  couru 
par  15  chevaux  n'ayant  encore  gagné  aucun  prix  sur  un  hippodrome 
de  l'Algérie,  est  attribué  à  Gladiateur  appartenant  à  M.  Paillard. 
Malvu,  monté  par  M.  Marne,  remporte  de  nouveau  le  prix  de  la 
course  au  trot  monté,  qui,  pour  nous,  est  de  beaucoup  la  plus  intéres- 
sante, parce  qu'elle  montre,  comme  le  dit  M.  E.  Gayot,  non  seulen-ient 
la  valeur  et  la  force  absolues  de  l'organisation  du  cheval-,  mais  sur- 
tout le  mérite  relatif  à  J'àge,  la  liberté  des  mouvements,  la  docilité  du 
caractèi'e,  l'aptitude  acquise  à  remplir  une  tâche  imposée,  qualités  que 
chacun  recherche  dans  l'achat  d'un  cheval.  Aux  dernières  courses  de 
printemps  de  Bel-Abbès,  Malvu  avait  remporté  le  même  prix  en  par- 
courant 3,000  mètres  en  6  minutes  3  secondes,  soit  1,000  mètres  en 
2  minutes  1  seconde,  avec  une  allure  soutenue,  et  rasant  la  terre  de 
très  près,  et  en  fournissant  une  course  très  régulière,  gracieuse,  sans 
fatigue  pour  le  cavalier. 

La  distribution  solennelle  des  récompenses  a  eu  lieu  le  mardi  20  oc- 
tobre dans  la  salle  des  fêtes,  décorée  pour  cette  circonstance  avec  art 
et  beaucoup  de  gotit.  En  ouvrant  la  séance,  le  gouverneur  général  de 
l'Algérie  fait  l'éloge  de  tous  ceux  qui  ont  contribué  au  succès  du  Con- 
cours régional  dont  le  second  essai  ne  pourrait  être  tenté  ailleurs 
qu'au  chef-lieu  de  cet  important  département  de  l'Ouest  qui  a  tant 
aidé  à  la  prospérité  de  la  colonisation  algérienne. 

M.  de  Lapparent  prononce  ensuite  en  ces  termes  le  discours  d'usage  : 

«  Nous  touchons  au  terme  de  cette  exhibition  agricole,  qui,  on  ne  peut  le  con- 
tester, a  été  brillante  et  devra  être  féconde  en  résultats  heureux  pour  la  prospé- 
rité de  notre  belle  colonie. 

«  Bien  que,  dans  un  instant,  je  doive  moi-même  donner  lecture  du  rapport  de 
la  prime  d'honneur  fait  par  M.  Gros  de  Bout'arik,  ce  colon  qui  s'est  fait  un  renom 
si  mérité  dans  le  monde  agricole,  je  tiens  à  prendre  la  parole  pour  reporter  à  qui 
de  droit  les  mérites,  du  succès  obtenu  :  à  M.  le  préfet  du  département,  à  ]\I.  le 
mai'equise  dévoue  dans  la  mission  difficile  d'administrer  une  ville  en  travail 
d'agrandissement;  au  Conseil  général  et  au  Conseil  municipal,  qui  l'ont  rais  à 
même  de  donner  à  cette  fête  agricole  un  éclat  exceptionnel. 

«  Qu'ils  rae  permettent  d'associer  auxremercîments  que  je  leur  adi'esse  bu  nom 
de  M.  le  ministre  de  l'agriculture  et  du  commerce  et  en  mon  nom  personnel,  mes- 
sieurs les  membres  du  jury  et  du  commissariat,  ainsi  que  M^[.  les  exposants  qui 
n'ont  point  été  arrêtés  par  les  frais  considérables  et  les  sacrifices  occasionnés  par 
de  grandes  distances  à  franchir. 

«  Je  ne  veux  point  oublier  non  plus,  messieurs,  l'honorable  ]\L  Durel  qui  a  si 
bien  dirigé  l'organisation  de  l'exposition  annexe  scolaire,  de  l'industrie  et  des 
beaux-arts. 

«  Dans  de  semblables  conditions,  la  tâche  du  commissaire  général  devient  facile. 

«  Si  l'année  dernière,  le  premier  essai  fait  dans  la  voie  des  concours  généraux 
."igricoles  en  Algérie  a  été  couronné  de  succès,  la  seconde  étape  a  été  encore  plus 
heureusement  franchie  et  affirme  la  justesse  de  l'idée  d'assimilation  de  notre 
grande  colonie  à  la  France,  au  point  de  vue  agricole,  comme  à  tous  les  autres 
points  de  vue. 

«  Par  ces  exhibitions,  les  colons  algériens  se  trouveront  à  même  d'apprécier  ces 
excellents  instruments  d'agriculture  destinés  à  leur  rendre    d'immenses  services. 

«  L'émulation  se  développera  pour  l'élevage  des  animaux  et  tout  spécialement 
de  cette  précieuse  race  de  chevaux  arabes. 

«  Enfin  il  sortira  de  ce  contact  et  des  échanges  d'idées  entre  agriculteurs,  un 
accroissement  de  cet  élan  dans  le  orogrès  agricole  que  j'ai  une  si  grande  satisfac- 
tion à  constater  dans  la  région  d'Oran.  Le  Fervet  opus,  de  Virgile,  est  bien  l'expres- 
sion exacte  pour  caractériser  ce  qui  se  fait  dans  cette  partie  de  l'Algérie. 


302  r.oNCOlIRS    RÉGIONAL  D'ORAN. 

«  Un  des  points  saillants,  que  je  me  plais  à  constater,  c'est  l'esprit  d'intelli- 
gence progressive  des  agriculteurs  Oranais. 

«  On  se  rend  compte  que  loin  d'être  liostiles  aux  inventions  nouvelles,  ainsi  que 
cela  se  voit  encore  sur  quelques  points  du  territoire  français,  ils  les  favorisent  et 
sont  prêts  à  les  appliquer  dès  qu'ils  ont  acquis  la  conviction  de  leur  utilité. 

«  Je  ne  saurais  non  plus  passer  sous  silence  cette  manifestation  remarquable  de 
solidarité,  qui  s'csL  ;  rriiuite  entre  les  agriculteurs  de  toutes  les.parti^s  de  l'Algérie. 

«  La  Société  d'agi;  nlture  d'Alger,  les  Comices  d'Alger,  de  Eoufarik,  de  Phi- 
lippeville,  de  Mostagauem  et  d'Oran  ont  voulu  contribuer  à  l'éclat  de  ce  concours 
et  suppléer,  par  des  envois  de  médailles  et  de  sommes  d'argent,  aux  lacunes  qu'un 
crédit  trop  restreint  avait  nécessitées  dans  le  programme  officiel. 

«  Parmi  ces  récompenses  annexes  décernées  par  un  jury  local,  des  plus  com- 
pétents, je  signalerai  d'une  manière  toute  spéciale  une  prime  de  300  fr.  accordée 
à  un  cultivateur  propriétaire  d'une  étendue  de  20  hectares  au  maximum. 

«  C'est  un  viticulteur.  M.  Moatels,  qui  a  mérité  cette  prime,  et  cette  décision 
est  la  confirmation  de  celle  prise  par  le  jury  de  la  prime  d'honneur,  qui,  lui- 
même,  a  accordé  cette  récompense  pour  une  exploitation  spécialement  agricole. 

«  Le  jury  a  pour  mission,  avant  tout,  de  faire  ressortir  des  exemples  utiles  à 
suivre,  d'indiquer  la  voie  dans  laquelle  il  faut  largement  s'engager  et  au  point  de 
vue  de  l'extension  de  la  vigne,  il  n'a  point  hésité  un  seul  instant,  se  basant  sur 
ce  qui  se  passe  en  France  dans  les  régions  oi^i  la  vigne  doit  régner  en  conquérante. 

«  Hélas,  pourquoi  faut-il  qu'un  fléau  terrible  vienne  paralyser  les  efforts  et  en- 
traîner des  ruines  sur  le  sol  de  la  mère  patrie. 

«  Mais  n'est-ce  pas  encore  une  raison  de  plus  pour  que  nous  cherchions,  au 
profit  commun  de  !a  France  et  de  l'Algérie,  une  compensation  qui  paraît  assurée. 

«  En  terminant,  messieurs,  laissez-moi  vous  dire  que  j'emporterai  de  ce  séjour 
dans  la  région  a'Oran  un  souvenir  ineffaçable,  en  même  temps  que  le  regret  de 
n'avoir  fait  qu'entrevoir  tant  de  questions  importantes. 

«  Je  dirai,  avant  tout,  à  M.  le  ministre  de  l'agriculture  et  du  commerce,  puis  je 
publierai  chaque  fois  que  j'ea  trouverai  l'occasion,  que  l'Algérie  est  lancée  dans 
une  voie  de  progrès  et  de  prospérité  qui  ne  doit  plus  s'arrêter  et  qu'elle  peut  assu- 
rer_le  succès  à  tout  agriculteur  français  sérieux  qui  viendrait  y  planter  sa  tente.   » 

Le  commissaire  général  lit  également  le  rapport  concernant  la 
prime  d'honneur,  sur  lequel  nous  reviendrouvq  sous  peu,  puis  les 
récompenses  sont  appelées  conformément  à  la  liste  que  nous  avons 
donnée  précédemment. 

Nous  regrettons  sincèrement  qu'aucune  décoration  n'ait  été  décer- 
née dans  cette  circonstance,  étant  de  ceux  qui  pensent  que  cette 
marque  d'honneur  est  très  bien  portée  parle  colon  énergique  et  labo- 
rieux quia  su  conduire  à  bien  son  œuvre  en  triomphant  de  toutes  les 
difficultés.  Le  Concours  régional,  qui  est  bien  la  fête  des  agriculteurs, 
fournissait  cependant  une  belle  occasion  de  distinguer  les  candidats 
sérieux  qui  ne  manquent  pas.  Espérons  qu'à  l'avenir  l'exemple  de  ce 
qui  s'est  fait  en  "1878  sera  suivi,  tout  en  regrettant  de  nouveau  que 
les  vaillants  cultivateurs  de  l'Ouest  n'aient  pas  eu  leur  tour  ces 
jours-ci. 

On  a  aussi  remarque  avec  peine  que  la  distribution  des  récompenses 
de  l'exposition  industrielle,  véritable  complément  du  Concours  régio- 
nal, n'a  pas  été  faite  le  même  jour. 

Le  soir,  un  banquet  de  deux  cent  cinquante  couverts,  présidé  par 
M.  le  gouverneur  généi^al,  réunissait  les  députés  et  les  sénateurs  de 
l'Algérie,  à  l'exception  de  M.  Lucet,  de  nombreux  conseillers  généraux 
d'Alger  et  d'Oran,  les  autorités,  les  chefs  indigènes,  les  représentants 
de  la  presse  de  plusieurs  villes,  ainsi  que  les  principaux  lauréats. 
Plusieurs  toasts  ont  été  vivement  applaudis;  on  a  particulièrement 
écouté  le  discours  dans  lequel  M.  le  gouverneur  général  a  dit  qu'il 
continuerait  tous  ses   efforts  pour  affermir  le  succès  du  régime  civil 


CONCOURS  RÉGIONAL  D'ORAN-  303 

auquel  il  consacrera  toute  sa\ie,  et  qu  il  appliquerait  tous  ses  soins  à 
servir  les  instiluLions  que  nous  possédons  avec  la  conviction  d'être 
utile  en  raênip.  temps  aux  intérêts  de  l'Algérie. 

A  partir  du  lendemain  le  Concours  n'avait  plus  d'existence  réelle, 
malgré  un  avis  du  maire  portant  que  l'exposition  industrielle,  des 
beaux-arts  et  scolaire  était  prolongée  de  huit  jours.  Tout  était  bien 
fini,  car  nous  n'avons  pas  à  parler  des  réceptions  officielles  auxquelles 
a  donné  lieu  le  séjour  du  gouverneur  général  à  Oran.  Ainsi  s'est  ter- 
minée cette  belle  fête  du  travail  qui  laissera  un  souvenir  de  longue 
durée  dans  l'esprit  de  tous  ceux  qui  y  ont  pris  une  part  quelconque. 
Elle  a  étroitement  resserré  les  liens  des  trois  départements  algériens 
toujours  solidaires  et  unis  lorsqu'il  s'agit  de  l'honneur,  de  la  prospé- 
rité et  de  l'intérêt  de  la  colonie.  Puisse-t-elle  aussi  avoir  produit  une 
profonde  impression  chez  les  visiteurs  de  la  Métropole,  venus  ici  à 
un  titre  quelconque,  de  manière  à  les  engager  à  revenir  en  grand 
nombre  dans  notre  beau  pays. 

Nous  allons  maintenant  aborder  les  différentes  parties  de  l'exposi- 
tion de  nature  à  oiîrir  un  réel  intérêt,  en  commençant  par  la  prime 
d'honneur.  L.  Bastide, 

Président  du  Comice  de  Bel  Abbes. 

LES  CHENILLES  DES  PINS 

Favorisés  par  les  pluies  chaudes  et  fréquentes  des  mois  de  juillet 
et  d'août,  qui  ont  fourni  à  nos  diverses  emblavures  de  printemps  une 
admirable  nourriture,  ces  rongeurs  en  sont  déjà  à  leur  seconde  mue 
et  se  hâtent,  après  les  avoir  dévorées,  de  gagner  les  hautes  branches  du 
sommet  oii  elles  forment  ces  énormes  bourses  soyeuses  si  apparentes 
et  d'une  si  difficile  extraction.  Il  faut  une  véritable  habileté  pour  que 
mon  jeune  grimpeur  muni  d'une  sorte  d'hirondelle,  sorte  de  serpe 
bien  aiguisée,  puisse  atteindre  la  sommité  d'un  beau  pin  de  Sabion  qui 
me  donna  l'an  dernier  six  énormes  cônes  deux  fois  plus  gros  que  ceux 
de  mes  plus  vieux  pins  pignons;  ils  sont  plus  gros  et  meilleurs  que 
ceux  du  pin  de  la  xAIédilerranée.  J'ai  été  heureux  d'en  adresser  une 
partie  aux  nombreux  amateurs  de  la  grande  famille  des  conifères. 

Il  est  certaines  espèces  qui  ne  sont  que  peu  ou  point  sujettes  à  leurs 
attaques;  très  rares  sur  les  trois  espèces  de  cèdre,  je  n'ai  jamais  observé 
de  chenilles  sur  les  Séquoia,  les  Cryplomeria,  les  Cyprès  funèbres  de  la 
Chine.  C'est  surtout  les  pins  sylvestres,  maritimes,  et  les  pins 
noirs  d'Autriche,  qu'elles  semblent  préférer  et  qu'elles  abîment  en  les 
dépouillant  de  leurs  sombres  folioles  avant  leurs  dernières  mues  du 
printemps.  Une  belle  avenue  composée  de  plus  de  60  pins,  âgés  de 
35  à  40  ans,  était  l'an  dernier  presque  indemne  de  ces  terribles  ron- 
geurs ;  ce  n'est  pas  sans  une  vive  peine  que  je  les  ai  vus  reparaître  en 
septembre  et  octobre.  Je  m'empresse  de  les  faire  extirper  dans  la 
crainte  que,  plus  tard,  amoncelées  et  réunies  par  plusieurs  centaines, 
l'échenilloir  ne  brise  ou  casse  la  branche  du  sommet,  et  dans  ce  cas, 
le  plus  bel  arbre  est  déshonoré  et  ne  donne  plus  que  des  branches  la- 
térales du  plus  mauvais  effet  ornemental.  Léo  d'Oi'nous. 

LA  GLAVELÉE  DANS  LE  MIDI 

ET  LE  BÉTAIL   ALGÉRIEN.  —  II  ^ 

II.  —Si  l'importation  du  bétail  algérien  est  une  des  principales  cau- 

l.  Voir  le  Journal  du  6  novembre,  page  223  de  ce  volume. 


sod  LA  (U-aveli^:e  dans  le  midi. 

ses  de  rapparilion  de  la  clavelée,  il  faut  bien  avouer,  que  le  retard 
apporté  dans  la  déclaration  à  l'autorité,  des  troupeaux  atteints,  con- 
tribue grandement  à  la  dissémination  du  mal.  Le  plus  souvent,  la 
déclaration  n'est  h'ite  que  très  tard,  alors  ([Lie  la  maladie  sévit  sur  un 
trop  grand  nombre  d'animaux,  et  qu'il  n'est  plus  possible  de  la  tenir 
cachée;  parfois  même  on  a  le  soin  de  vendre  sur  les  marchés  avoisi- 
nants  les  sujets  en  apparence  sains  qui  ne  tardent  pas  à  contaminer  les 
troupeaux  dans  lesquels  on  les  place.  Aussi  la  clavelée  est-elle  en  per- 
manence dans  le  midi  de  la  France,  du  mois  de  juin  à  fin  janvier. 
Li  crainte  qu'elle  produit,  empêche  un  grand  nombre  d'agriculteurs 
de  cette  région  de  se  livrer  à  l'élève  ou  à  l'engraissement  du  bétail.  Si 
ce  fléau  disparaissait,  nul  doute  que  l'État  aurait  rendu  un  grand  ser- 
vice à  l'agriculture  méridionale.  Pour  atteindre  ce  but,  voici  le  projet 
que  j'ai  l'honneur  de  soumettre  à  l'attention  de  M.  le  minist-e  de 
l'agriculture  et  du  commerce  : 

1"  Maintenir  la  visite  des  bêtes  ovines  à  la  frontière  et  même  en 
Algérie  aux  ports  d'embarquement.  Tout  sujet  recomm,  à  Mar- 
seille ou  à  Cette,  atteint  de  la  clavelée,  serait  immédiatement  sacrifié; 
en  Algérie,  la  clavelée  élant  b3nigne,  il  suffirait  de  l'éliminer.  I.e  res- 
tant du  troupeau  pourrait  être  vendu  aux  éleveurs  qui  se  seraient 
soumis  aux  prescriptions  suivantes. 

2"  Tout  propriétaire  qui  désirerait  acheter  un  troupeau  d'africains 
devrait  en  faire  la  déclaration  à  la  préfecture  ou  à  la  sous-préfecture,  du 
15  avril  au  1''  mai  de  chaque  année.  Cette  déclaration  n'obligerait 
nullement  l'individu  à  faire  son  achat,  mais  elle  serait  obligatoire. 

3"  Tous  les  troupeaux  étrangers  importés  devraient  être  considérés 
comme  suspects  et  traités  comme  tels,  c'est-à-dire  cantonnés  pendant 
vingt  jours  au  moins  et  soumis  aux  fréquentes  visites  d'un  homme 
compétent  payé  par  l'Etat  \ 

Le  cantonnement  serait  moins  rigoureux  si  les  troupeaux  placés 
dans  le  voisinage  avaient  été  clavelisés  . 

4"  La  clavelisation  des  troupeaux  élevés  prés  des  fermes  où  ïon  se  pro- 
pose d' introduire  du  bétail  d'Afrique  serait  faite  au  mois  de  mai,  par  les 
soins  de  l'Etat,  qui  prendrait  à  sa  charge,  non  seulement  les  frais  de  cla- 
velisation, mais  aussi  la  mortalité  qu'elle  en'raînerait  '.  Ces  dépenses 
pourraient  ê're  largement  couvertes  par  un  droit  d'entrée  s  élevant  à  In 
modique  somme  de  vingt  centimes  par  mouton  africain  introduit  en 
FftAA'CE.  Aux  mois  de  septembre  et  d'octobre,  on  opérerait  les  sujets 
du  pays  récemment  achetés,  excepté  pourtant  les  brebis  dans  un 
état  de  gestation  trop  avancé. 

Le  plus  grand  obstacle,  en  effet,  à  la  vulgarisation  de  la  clavelisa- 
tion, est  dû  aux  perles,  parfois  e/iorw^A-,  qu'elle  occasionne.  Il  est  certain 
que  si  lEtat  la  pratiquait  sans  tenir  compte  des  causes  défavorables, 
le  projet  que  j'ai  l'honneur  de  présenter  ne  serait  pas  viable,  car  les 
dépenses  qu'il  entraînerait  dès  la  première  année,  s'élèveraient  à  un 
chitYre  trop  élevé. 

Les  causes  favorables  et  défavorables  étant  connues,  l'Etat  devrait 
avoir  à  la  disposition  des  personnes  à  qui  la  pratique  de  cette  opération 

1.  Le;  bêles  ovines  de  l'Algérie  ne  craignant  pas  hi  clavelée,  ne  serait-il  pas  plus  efficace  de 
claveliser  le  lendemain  du  jour  de  leur  arrivée  en  France  '? 

2.  .l'ai  la  ferme  conviction  que  le  jour  où  l'Etat  feia  connaître  aux  éleveurs  un  moyen  ou  une 
méthode  de  rendre  l'opération  sûrement  bénigne,  la  plupart  de  ceux  qui  sont  annuellement  exposés 
avoir  leur  troupeau  contaminé,  n'hésiteraient  pas  à  claveliser  sans  avoir  recours  à  l'indemnité 
indiquée. 


LA  CLAVELKE    DANS  LE  MIDI.  305 

serait  confiée,  une  quantité  suffisante  de  virus  très  bénin.  Pour  l'ob- 
tenir, il  suffi!  de  se  livrer  à  sa  culture  en  suivant  les  meilleurs  pro- 
cédés déjà  connus. 

«  L'idée  de  recourir  à  une  pustule  inoculée,  dit  M.  ReynaP,  de  pré 
férence  à  une  pustule  naturelle,  même  très  bénigne,  pour  recueillir  du 
virus,  celle  de  son  affaiblissement  par  des  inoculations  successives,  de 
sa  moindre  activité  et  de  la  transmission  d'une  clavclée  peu  intense, 
exempte  d'accidents  et  n'occasionnant  qu'une  très  petite  mortalité; 
ces  idées, 'disons-nous,  étaient  à  peine  connues  en  France,  lorsque  depuis 
longtemps  déjà,  en  Allemagne,  elles  étaient  appliquées  et  servaient  de 
base  aux  clavelisalions  faites  en  grand,  soit  dans  les  bergeries  de 
l'Etat,  soit  dans  les  bergeries  particulières. 

«  C^'est  surtout  à  Pessina  qu'on  peut  considérer  comme  l'intro- 
ducteur, le  propagateur  de  la  clavelisation  en  Autriche,  que  revient 
l'honneur  d'avoir  modéré  l'activité  du  virus  claveleux  par  des  pro- 
cédés aussi  ingénieux  qu'intelligents,  qu'il  désignait  sous  le  nom  géné- 
rique de  culture  du  claveau.   » 

Voici,  suivant  Pessina,  comment  se  pratique  cette  culture  : 

«  On  fait  choix  de  dix  moutons  jeunes,  parfaitement  sains,  et  on  les 
inocule  avec  du  virus  provenant  d'une  puslule  claveleuse  bénigne. 
Parmi  ceux-ci,  on  prend  celui  qui  a  les  pustules  les  moins  nombreuses, 
les  plus  belles,  les  mieux  développées,  et  avec  le  produit  de  leur  sécré- 
tion, on  inocule  dix  autres  moutons.  On  choisit  de  nouveau  celui  qui 
offre  la  pustule  la  mieux  dessinée,  avec  le  virus  de  laquelle  on  inocule 
encore  dix  animaux.  A  chaque  inoculation  il  se  manifeste  un  nombre 
de  pustules  de  moins  en  moins  grand,  et  on  continue  ces  inoculations 
jiisfjuà  ce  quon  obtienne  une  seule  et  belle  pustule.  D'après  Pessina  et 
les  auteurs  vétérinaires,  ce  caractère  est  l'indice  que  le  virus  est  arrivé 
à  celte  période  ou  son  inoculation  produira  toujours  une  clavelée  ti^ès 
bénigne. 

«  Les  résultats  satisfaisants  de  la  culture  du  virus  sont  confirmés 
par  des  expériences  faites  sur  une  très  vaste  échelle  en  Autriche,  qui 
possède,  comme  on  sait,  une  quantité  innombrable  de  troupeaux  de 
bêtes  à  laine. 

«  C'est  avec  du  virus  cultivé  d'après  les  principes  de  Pessina  que 
MM.  Pessani  et  Liebbald  (de  Moscou)  ont  inoculé  cent  mille  moutons 
dans  les  immenses  domaines  de  la  Russie. 

«  De  même  que  Pessina  et  les  auteurs  allemands,  Togl,  Waldinger, 
Wild,  Pettinghofer,  ces  expérimentateurs  ont  constaté  que  la  clavelisa- 
tion, pratiquée  dans  ces  conditions,  donne  naissance  à  une  clavelée  qui 
parcourt,  presque  sans  troubles  fonctionnels,  ses  diverses  périodes  et 
sans  occasionner  des  accidents. 

«  M.  E.  Veith  a  fait  connaître  les  expériences  qui  se  font  depuis 
trente  ans,  dans  les  plus  grandes  bergeries  de  l'Autriche,  celles  sur- 
tout du  baron  Ehrenl'elds,  ciui  a  éprouvé  une  perte  de  15  pour  100  avec 
du  virus  brut,  tandis  quavec  du  virus  un  peu  cultivé,  elle  ne  s'est  élevée 
quà  3  et  U  pour  1 00,  et  quavec  du  virus  bien  cultivé,  la  fnortalité  a  été 
nulle.  » 

A  l'Ecole  vétérinaire  de  Vienne,  où  l'on  a  continué  à  cultiver  le  cla- 
veau, la  clavelée  est  presque  toujours  bénigne,  et  le  plus  souvent  il  ne 
se  développe  qu'une  seule  pustule.  C'est  dans  cet  élfi*^'-  sèment  que  les 

1.  Dicitonnaire  de  médecine  et  de  chirurgie-vétérinaire.   ' 


306  LA   CLAVELKE   DANS  LE   MIDt. 

grands  propriétaires  des  bergeries  de  l'Autriche  puisent  souvent  le 
virus  qu'ils  emploient  avec  succès  à  la  clavelisation  de  leurs  trou- 
peaux. 

Il  parait  donc  aujourd'lmi  hors  de  contestalion  : 
1"  Que  le  virus  claveleux  cultivé  perd  de  son  activité  virulente  par 
des  inoculations  successives,  tout  en  conservant  ses  propriétés  préser- 
vatrices ; 

2°  Qu'il  est  préférable  toutes  les  fois  qu'on  peut  s'en  procurer,  afin 
d'éviter  les  accidents  qui  sont  parfois  la  conséquence  de  la  *clavelisa- 
tion  avec  du  virus  provenant  d'une  pustule  naturelle'. 

Une  fois  eu  possession  d'une  bonne  et  abondante  source  de  vacci- 
nation^ l'Etat  confierait  aux  hommes  spéciaux  le  soin  de  claveliser  les 
troupeaux, avec  l'obligation  de  se  conformer  strictement  aux  instruc- 
tions ministérielles  basées  sur  le  procédé  reconnu  ie  meilleur. 

La  clavelisation  ainsi  faite  ne  suffirait  pas  encore  à  empêcher  les 
épidémies  claveleuses. 

Tout  le  monde  sait,  en  effet,  que  dans  la  première  quinzaine  du 
mois  de  juin,  les  troupeaux  du  Midi  émigrent  dans  les  Alpes,  l'Avey- 
ron,  la  Lozère,  l'Ardèche,  etc.  Or,  un  troupeau  ciavelisé  au  mois  de 
mai,  présente  en  juin  des  pustules  ou  des  croûtes  éminemment  favo- 
rables à  la  contagion.  La  transhumance,  opérée  dans  de  telles  condi- 
tions, aurait  pour  effet  de  propager  la  clavelée  et  de  rendre  par  consé- 
quent la  mesure  conseillée  autrement  dangereuse  que  les  épidémies 
produites  aujourd'hui  par  le  bétail  africain. 

Il  est  donc  indispensable  de  trouver  un  moyen  pratique  de  claveliser 
les  bêtes  ovines  au  mois  de  mai  et  ne  point  empêcher  ou  rendre  dan- 
gereuse la  transhumance  en  juin. 

Ce  moyen,  je  le  trouve  tout  tracé  dans  un  travail  publié  récemment 
par  un  savant  professeur  de  l"Ecole  vétérinaire  de  Lyon.  Le  procédé  si 
ingénieux  de  M.  Galtier^  est  presque  passé  inaperçu,  et  pourtant,  à 
mon  avis,  les  services  qu'il  peut  rendre,  surtout  aux  éleveurs  du  Midi, 
sont  considérables.  Combiné  avec  l'emploi  d'un  virus  bien  cultivé,  il 
permettra  de  résoudre  d'une  façon  économique  et  sans  danger  le  pro- 
blème d'empêcher  les  épidémies  de  clavelée  importée  tous  les  ans  par 
les  Africains.  Voici  quelles  sont,  mot  à  mot,  les  paroles  prononcées 
par  ce  jeune  savant  : 

(c  Depuis  plus  d'une  année,  je  me  suis  occupé  de  chercher  un 
moyen  de  claveliser  les  moutons  de  manière  à  leur  conférer  l'immu- 
nité sans  leur  donner  une  maladie  grave  et  sans  les  rendre  dangereux 
pour  les  autres;  j'ai  cherché  à  prévenir  la  transmission  de  la  maladie 
par  les  animaux  clavelisés. 

«  J'ai  cautérisé  ou  extirpé  les  pustules  formées  à  la  suite  de  l'inocu- 
lation et  voici  les  résultats  qui  se  dégagent  de  mes  expériences. 

«  L'extrémité  de  l'oreille  ou  l'extrémité  de  la  queue,  mais  surtout 
l'extrémité  de  l'oreille  doit  toujours  être  choisie  comme  lieu  d'élection 
pour  pratiquer  la  clavelisation  ;  une  fois  pratiquée  par  une  ou  deux 
piqiires  à  l'extrémité  d'une  ou  des  deux  oreilles,  on  attend  le  dévelop- 

1.  11  résulle  de  mes  observations  faites  sur  les  troupeaux  élevés  aux  environs  de  Montpellier  que 
la  mortalité  a  été  nulle  toutes  les  fois  que  la  clavelisation  a  été  pratiquée  au  printemps  avec  du 
virus  nn  peu  culiivé  sur  les  moutons  du  Larzac. 

2.  M.  Galtier  est  l'auteur  d'un  traité  de  police  sinitaire,  mis  au  courant  des  progrès  scientifiques 
les  plus  récents  et  rempli  d'idées  neuves,  originales,  d'une  grande  valeur.  L'ouvrage  de  ce  jeune 
savant  devrait  être  non  seulement  dans  toutes  les  biblioliièques  municipales,  mais  encore  entre  les 
mains  de  tous  ceux  qui  s'occupent  ou  qui  s'intéressent  à  l'élève  du  bétail. 


LA  CLA.VELÉE  DANS  LE  MIDL  307 

peraent  complet  des  pustules,  ce  qui  a  lieu  du  dixième  au  quinzième 
jour;  puis  on  ampute  la  partie  de  l'oreille  qui  les  supporte  et  on  cau- 
térise légèrement  avec  l'eau  forte  la  plaie,  ou  bien,  on  la  laisse  en 
l'état;  de  la  sorte  on  confère  aux  animaux  clavelisés  une  maladie  bé- 
nigne et  on  prévient  tout  danger  de  propagation  par  les  bêtes  ino- 
culées. » 

En  résumé  : 

Considérant  que  le  bétail  étranger  est  absolument  nécessaire  aux  be- 
soins de  Talimentalion  française;  que  l'application  stricte  :  P  de 
l'arrêté  ministériel  en  date  du  11  mai  1877,  et  2%  du  nouvel  arrêté 
pris  le  19  octobre  1879  par  M.  le  gouverneur  général  civil  de  l'Al- 
gérie, est  impuissante  à  empêcher  l'introduction  en  France  de  la  cla- 
velée;  que  le  bétail  algérien  supporte  seul  toute  la  rigueur  des  arrêtés  ; 
que  le  clavelisation  en  masse  (avant  son  importation)  soit  du  bétail 
algérien,  soit  de  tout  le  bétail  étranger,  est  un  moyen  peu  pratique  et 
surtout  inefficace,  par  suite  de  la  facilité  qu'il  y  a  de  simuler  les  traces 
de  la  vaccination  : 

J'ai  l'honneur  de  proposer  les  mesures  suivantes,  à  mon  avis  d'une 
efficacité  incontestable  : 

r  Faire  sacrifier,  à  Marseille  et  à  Cette,  tous  les  animaux  reconnus 
claveleux  dès  leur  sortie  du  navire; 

2°  Oulif;er  les  propriétaires  qui  voudraient  acheter  un  troupeau  d'a- 
fricains, d'en  faire  la  déclaration  avant  le  I"  mai. 

3°  Cantonner  tous  les  troupeaux  étrangers  dès  leur  arrivée  dans  une 
ferme  et  les  soumettre  à  une  surveillance. 

4°  Créer,  dans  le  midi  de  la  France^  un  établissement  oi^i  l'on  se  li- 
vrerait à  la  culture  du  claveau  d'après  la  méthode  de  Pessina. 

d''  Claveliser  aux  mois  de  mai,  septembre  et  octobre,  tous  les  trou- 
peaux placés  dans  le  voisinage  du  bétail  africain  \  Cette  opération  se- 
rait toujours  pratiquée  à  l'aide  d'un  virus  bénin  et  du  procédé  Galtier. 

L'État  prendrait  à  sa  charge  les  frais  de  vaccination  et  la  mortalité, 
seulement  à  f  égard  des  troupeaux  exposés  à  être  contaminés  par  les 
algériens. 

6"  Rendre  le  bétail  africain  responsable  des  dépenses  résultant  de 
l'application  de  ces  mesures  en  prélevant  un  nouveau  droit  de  vingt- 
cinq  centimes  par  tête.  P.  Pourquier. 

Médecin-vétérinaire  à  Montpellier. 

SUR  LÉ  GONdRÈS  VITIGOLE  DE  SARAGOSSE 

iMonsieur  le  directeur,  je  lis  dans  votre  numéro  du  30  octobre,  au  sujet 
du  Congrès  viticole  de  Saragosse,  un  article  de  mon  excellent  ami  M.  J. 
Maistre,  auquel  je  me  crois  obligé  de  répondre  par  ces  quelques  mots. 

En  ma  qualité  de  correspondant  attitré  en  Europe  depuis  neuf  ans 
de  M.  Meissner,  de  Saint-Louis,  je  lui  dois  de  ne  pas  laisser  s'accré- 
diter une  interprétation  de  sa  pensée  que  M.  Maistre  a  mal  comprise  ou 
mal  rendue. 

Dans  l'intéressant  voyage  que  nous  eûmes  le  plaisir  de  faire  tous 
trois  en  Espagne  à  l'occasion  du  Congrès  phylloxérique  de  Saragosse, 
M.  Meissner  a  eu  souvent  l'occasion  d'exprimer  ses  impressions  qui 
n'ont  été  qu'approbatives  à  l'égard  des  sages  mesures  intelligemment 
décidées  à  ce  Congrès. 

1.  Le  meilleur  moyen  d'arrêter  la  contagioa  de  la  clavelée  d'Afrique,  est  de  créer,  autour  de 
chaque  troupeau  d'algériens,  une  zone  suffisamment  grande  d'animaux  jouissant  de  l'immunité. 


308  SUR  LE  CONGRÈS   VITIGOLE  DE  SARAGOSSE. 

En  effet,  tout  en  s'efforcant  de  retarder  l'invasion  du  fléau  et  de  le 
combattre  à  ses  débuts,  on  s'empresse  de  créer  par  les  semis  de 
pépins  américains  (dont  l'importation  n'offre  aucun  danger)  des  vignes 
qui  résisteront  au  fléau  le  jour  où  l'on  sera  débordé  par  le  puceron. 

Mais  M.Meissner  n'a  pas  précisément  dit,  comme  l'écrit  M.JMaistre, 
«  qu'il  serait  difficile  de  faire  vivre  la  vigne  américaine  sur  les  mon- 
tagnes de  l'Espagne,  là  où  déjà,  sans  la  présence  du  phylloxéra,  la 
vigne  européenne  a  de  la  peine  à  vivre.  »  S'il  a  du  déclarer,  avec  sa 
bonne  foi  constante,  que  sur  des  montagnes  élevées,  à  des  altitudes 
où  la  vigne  européenne  ne  peut  vivre,  ilne  pouvait  garantir,  ni  pres- 
sentir que  la  vigne  américaine  vivrait,  il  a,  par  contre,  affirmé  qu'il 
avait  la  conviction  bien  arrêtée  que  partout  où  vivait  la  vigne  euro- 
péenne, il  n'y  avait  pas  de  doute  qu'il  fût  aisé  de  cultiver  des  vignes 
américaines  (résistant  chez  lui  à  30  degrés  de  froid)  qui  végètent 
admirablement  en  Amérique  depuis  les  froides  régions  du  Canada 
jusqu'aux  rivages  brûlants  du  golfe  du  Mexique. 

Mon  ami,  M.  Maistre,  croit  nécessaire,  pour  plaider  la  cause  de 
rirria;ation,  de  continuer  la  vieille  euerre  dont  les  vie;nes  américaines 
ont  été  l'objet,  alors  qu'elles  n'avaient  pas  encore  fait  leurs  preuves. 

Moins  exclusif  que  lui,  nous  nous  associerons  à  ses  efforts,  avec 
toute  l'énergie  possible,  pour  demander  les  eaux  du  Khône  (sans 
étroite  parcimonie)  et  le  reboisement  des  montagnes.  Mais  nous  nous 
garderions  de  donner  des  conseils  aussi  exclusif's  que  ceux  qu'il  re- 
nouvelle dans  votre  estimable  Journal  après  les  avoir  exprimés  au 
Congrès  de  Saragos^e. 

A  mon  avis,  si  les  Espagnols  se  bornent  à  émettre  plaloniquement 
des  vœux  pour  la  diffusion  des  eaux  sur  des  coteaux  arides  où,  pour 
Ja  plupart,  il  ne  sera  jamais  possible  d'en  amener,  s'ils  ne  songent 
qu'à  boiser  leurs  hautes  montagnes,  ils  verront,  avant  très  peu  d'an- 
néas,  disparaître  absolument  les  immenses  vignobles  qui  sont  pour 
eux  la  source  des  plus  grandes  richesses,  tandis  que  s'ils  continuent 
sagement  à  se  préparer,  par  la  création  sans  danger  au  moyen  des 
semis,  un  stock  important  de  vignes  résistantes,  ils  pourront,  sans  tran- 
sition, conserver  toujours  leurs  riches  vignobles  en  se  bornant  à  rem- 
placer, au  fur  et  à  mesure  de  leur  destruction,  les  vignes  europé  ennes 
par  des  ceps  américains. 

M.  Maistre  commet  encore  une  erreur  quand  il  parle  de  la  vigne 
américaine  comme  d'un  «  arbuste  qui  vient  dans  urf  pays  plus  frais 
«  que  le  nôtre  et  qui  ne  pourra  dès  lors  nous  donner  des  produits.  » 

Nous  lui  observerons  qu'on  ne  saurait,  certes,  considérer  le  Texas 
(d'où  nous  viennent  le  Jacquez,  l'Herbemont,  etc.)  comme  un  pays 
plus  frais  que  le  nôtre. 

Et  du  reste  ces  vignes  se  sont  chargées  depuis  bien  des  années  de 
nous  prouver  que  non  seulement  elles  vivent  dans  l'Hérault,  mais 
qu'elles  y  produisent  beaucoup. 

^I.  Aguillon  (du  Var)  m'écrit  justement  que  la  production  de  ses 
importantes  plantations  de  Jacquez,  constatée  par  le  maire  de  sa  com- 
mune, lui  a  donné  une  moyenne  de  huit  kilog.  par  souche  sur  des  pieds 
de  5  ans  taillés  à  long  bois. 

Si  la  vigne  américaine  est  depuis  quelques  années  cultivée  sur  'une 
échelle  chaque  année  infiniment  plus  étendue,  il  serait  singulier  d'at- 
tribuer ce  fait  à  une  question  de  '<  mode  »,  comme  l'assure  M.  Maistre. 


SLR  LE  CONGRÈS    VITIGOLE  DE  SARAGGSSE.  309 

Il  est  si  naturel  de  se  rendre  à  l'évidence  et  de  reconnaître  qu'après 
des  "préventions  bien  naturelles  et  une  opposition  générale,  avant 
qu'elle  eût  fait  ses  preuves,  la  vigne  américaine  a,  par  le  seul  fait 
de  son  succès  inespéré,  désarmé  l'un  après  l'autre  la  presque  géné- 
ralité de  ses  anciens  adversaires,  qui  tous  aujourd'hui  s'empressent  de 
la  planter  après  avoir  vu  que  ses  qualités  de  porte-greffe  et  souvent 
de  producteur  direct  assureraient  désormais  la  reconstitution  de  nos 
anciens  vignobles. 

Les  agriculteurs  sont  généralement  pratiques  et  ce  sont  les  faits  plus 
que  les  théories  et  la  mode  qui  les  décident. 

Si  notre  ami,  M.  Maistre,  a  été  réellement  assez  heureux  pour 
conserver  encore,  en  les  irriguant,  quelques  vignes,  comme  du  reste 
nous  en  avons  encore  ailleurs  quelques-unes  de  vivantes  dans  des 
terrains  sablonneux  ou  submersibles,  nous  désirons  autant  que  lui 
que  ce  résultat  soit  durable  et  surtout  se  généralise  chez  tous  ceux  qui, 
ayant  leurs  vignes  à  sauver,  ont  aussi  la  bonne  fortune  d'être  dans  des 
conditions  topographiques  qui  leur  permettent  de  les  irriguer. 

Mais  tant  que  nous  serons  en  présence  d'un  fait  presque  isolé  à 
l'appui  de  son  système  et  que  nous  verrons  les  vignes  américaines 
avoir  fait  leurs  preuves  depuis  huit  ans  chez  des  centaines  et  des 
milliers  d'agriculteurs  intelligents,  tels  que  MM.  Pagezy,  G.  Bazille, 
Vialla,  Saint-Pierre,  Bouscaren,  Arnal,  Guiraud,  Blouquier,  etc.,  tant 
d'autres  dans  les  régions  les  plus  diverses  de  la  France,  nous  n'hési- 
terons pas  à  conseiller  de  recourir  aux  vignes  américaines,  avec  d'au- 
tant plus  de  raisons  que  la  plupart  des  terres  à  planter  ne  pourront 
en  aucun  cas  ètve  jamais  arrosées.  J'ajouterai  même  que  depuis  que  la 
multiplicité  des  plantations  et  que  la  production  de  bois  américain  ont 
ramené  les  prix  à  0.05,  0.10  et  0.15  la  bouture,  il  n'est  pas  de 
moyen  plus  économique  en  même  temps  que  plus  sur  de  replanter 
un  vignoble  détruit,  et  de  se  garantir  mieux  contre  les  éventualités  de 
destruction  par  le  phylloxéra. 

Vous  voudrez  bien,  monsieur  le  Directeur,  ainsi  que  mon  ami 
M.  Maistre,  m'excuser  d'avoir  répondu  peut-être  trop  longuement  à 
son  article  inséré  dans  votre  numéro  du  30  octobre,  mais  j'ai  cru  ne 
pas  devoir  laisser  sans  réponse,  en  l'absence  de  M.  Meissner,une  inter- 
prétation de  sa  pensée  contre  laquelle  il  eut  certainement  réclamé  s'il 
n'était  déjà  reparti  pour  le  Missouri. 

Je  ne  voudrais  pas  finir  sans  m'associer  à  M.  Maistre  pour  exprimer 
toute  notre  gratitude  pour  l'accueil  si  cordial  et  si  affectueux,  dont  les 
étrangers  et  particulièrement  les  Français  ont  été  l'objet  en  Espagne. 

Veuillez  agréer,  etc.,  J.  Leenhart-Pomier. 

LA  PISCICULTURE  EN  AMÉRIQUE' 

Nous  parlerons  dans  celte  causerie  du  développement  vraiment 
extraordinaire  que  la  pisciculture  a  pris  en  Amérique  dans  ces  vingt 
dernières  années;  là  encore,  partis  bien  après  nous,  les  Américains 
nous  ont  depuis  nombre  d'années  de  beaucoup  devancés. 

Nos  lecteurs  se  souviendront  peut-être  qu'au  n°  523  du  tome  II  de 
1879,  dans  un  de  nos  entretiens  sur  YHuningue  allemand,  nous  les 
avions  entretenus  en  passant,  d'un  certain  saumon  de  Californie  (Che- 

1.  Voir  le  Journal  des  It  ei  25  3eptembre,pages  418 et 489  du  tome  111  delS80;  des  9  et  23  octobre, 
6  et  13  novembre,  pages  02,  144,  217  et  268  de  ce  volume. 


310  PISCICULTURE   EN   AMERIQUE. 

nook-Salmon  ou  Salmo  nrientalis)^  sur  lequel  il  s'y  faisait  de  fort  inté- 
ressantes expériences  d'acclitnalation^  le  transport  et  l'incubation  de 
l'œuf  ayant  parfaitement  réussi. 

Puisque  cette  question  de  la  pisciculture  aux  Etats-Unis  semble  être 
le  liant  plut  du  jour,  parlons-en  donc. 

Comment  le  feu  sacré  pour  cette  question,-  dont  le  positivisme  avait 
de  suite  frappé  les  citoyens  delà  grande  république,  avait  été  allumé, 
et  par  qui?  Voilà,  nous  croyons  ce  dont  nos  jeunes  confrères  de  la 
presse  piscicole,  qui  maintenant  sur  ce  thème  nous  servent  traduits 
de  si  intéressants  articles,  ne  se  doutent  guère. 

yoici  le  fait  uniquement  dû  aux  correspondants  des  journaux  amé- 
ricains, dont  un  de  nos  amis  qui  écrivit  de  Paris  en  1853  à  la  Tri- 
bune de  New-York,  une  série  de  lettres  faciles  à  retrouver  dans  la 
collection  de  ce  grand  organe  politique,  et  cela  à  la  suite  d'un  de 
ces  vigoureux  articles  comme  ce  toujours  jeune  et  rude  lutteur,  qui 
s'appelle  Victor  Meunier,  sait  les  écrire. 

l/arlicle  en  question  ayant  paru  dans  la  Prease,  notre  ami  nous 
demandait  quelques  chiffres  sur  l'importance  économique  de  cette 
question,  laquelle  pour  ses  compatriotes  n'était  alors  que   de  l'arien. 

En  Américain  spirituel  et  instruit  doublé  de  Yankee  (il  a  formé 
depuis  les  30  ans  qu'il  habite  notre  Paris,  la  plus  complète  et  la  plus 
rare  collection  de  Franklin-Washington-Lafayette  qu'il  y  ait  certaine- 
ment dans  le  monde),  M.  Hundington,  comprenant  de  suite  le  parti  à 
tirer  d'une  telle  communication,  s'en  empara  et  la  traita  dans  cet 
organe  de  la  grande  presse  du  nouveau  monde. 

Sa  conclusion,  que  nous  ne  pouvons  résister  au  plaisir  de  repro- 
duire, était  surtout  digne  .d'un  esprit  si  humoristique  et  si  précis 
dans  ces  temps  oij,  aux  Etats  Unis,  commençait  à  poindre  cette  grosse 
question  d'un  socialisme  mal  digéré,  qui  depuis  les  a  tant  inquiétés. 

«  Comment,  chez  nous  avecnos  immenses  réserves  non  utilisées,  le 
peuple  dit  j'ai  faim,  écrivait-il;  mais  comment  cela  peut-il  être? 
n'avons-nous  pas  gibier,  viande,  oiseaux,  côtes  immenses  peuplées 
d'animaux  de  toutes  sortes!  Eh  bien,  voilà  miintenant  du  poisson, 
faites-en  donc  à  souhait  et  ne  vous  plaignez  plus  si  vous  en  manquiez, 
car  le  coupable  ne  serait  alors  que  toi,  peuple  de  l'immense  ré- 
publique !  » 

De  1853  à  la  fin  de  la  guerre  de  sécession,  la  question  sommeilla, 
mais  à  partir  de  1870,  son  réveil  n'en  fut  que  plus  éclatant  sous  l'im- 
pulsion des  Agassiz,  pour  la  publication  de  la  faune  duquel  son 
éditeur  eut,  en  moins  de  six  mois,  plus  de  3  millions  de  souscrip- 
teurs; succès  unique,  dont  malheureusement  la  mort  ne  le  laissa  pas 
jouir  longtemps.  Des  Mathez  de  New-York,  Green,  Spencer,  Baird  et 
surtout  M.  Stone. 

Ce  qu'il  y  eut  de  particulier,  c'est  que  le  saumon  sur  lequel  les  pre- 
miers essais  se  firent,  et  cela  dansquellesproportions  I  ce  fui  justement 
celui  qui  nous  conviendrait  si  bien,  puisque  sa  rusticité  lui  permet  de 
supporter  les  hautes  tempéralur/'S  auxquelles  le  solar  ne  résiste  pas. 

Le  Saline  orientalis  du  Sacramento  étant  le  même  que  celui  des  côtes 
d'Asie,  du  Pacifique,  en  un  mot,  comme  le  nôtre,  le  salar,  l'est  de 
l'océan  Atlantique,  c'est  à-dire  le  seul  à  ce  jour  connu,  ne  dépassant 
pas  les  55  et  ^3  degrés  de  latitude;  le  premier,  du  contraire,  ne  se 
tenant  qu'entre  les  30  et  35  degrés,   aurait  donc  pour  notre  bassin 


PISCICULTURE   EN   AMKRiyUE.  311 

iiiéditerranéeii  la  plus  sérieuse  importaiicn,  car  à  quoi  bon  le  nier,  la 
piscicullure  n'a  à  ce  jour  cueilli  de  ce  côlé  que  de  bien  rares  lauriers. 
Ce  Salino  orienlalis  est  déjà  connu,  ou  l'éLait  avant  les  grandes  expé- 
rience «  américaines,  car  il  ne  serait  autre  que  le  king  des  Anglais  et 
le  cliowiciie  des  Uusses.  Est-ce  bien  pronvéy 

A  lluningue,  nous  n'avons  jauiais  pu  voir  noire  saumon  du  Rhin 
supporter  +''^~'»  ^  -f- 2(r  dans  des  eauv  abondantes  et  non  en- 
feuiUéi's,  il  languissait;  à  4-23",  c'était  au  bout  de  quelques  jours 
sûrement  la  mort,  au  moment  de  l'alevinage  surtout.  Le  quinnot  sup- 
portait, lui,  aisément  jus(|u'à -[-20%  d'oîi  les  conséquences  faciles  à 
déduire  pour  ce  que  nous  annoncions  ci -dessus. 

Ce  saumon  offrirait  aussi  cette  particularité  que  son  frai  dure  du 
mois  de  juin  à  la  fln  de  février,  donc  3/4  de  l'année. 

Les  premiers  mineurs  californiens  y  trouvèrent  d'abondantes  res- 
sources, et  nous  tenons  de  l'un  d'eux  que  ce  n'est  qu'au  quinnot  que 
ce  pa^ys  a  du  son  si  prompt  et  prodigieux  développement,  après  l'or, 
bien  entendu. 

Le  mets  favori  des  pionniers,  après  les  Egyptiens  des  Pharaons, 
dit  Strabon,  était  le  saumon  en  soupe,  le  saumon  frit  sur  les  charbons 
ou  à  l'indienne,  mais  surtout  de  pain  fuit  de  farine  et  de  muscles  de 
saumons  hachés  ?nenus. 

C'est  par  millions  qu'on  les  prend  aux  sources  de  la  Mac-Léod  ou 
Mac-Cloud,  en  plein  pays  indien,  c'est  là  que  le  gouvernement  des 
Etats-Unis  fait,  parsesagents,  recueillir  ses  semences  précieuses,  trans- 
portées par  un  outillage  spécial  qui  s'adapte  à  toutes  les  voies  ferrées, 
dans  toutes  les  parties  de  1  Union  par  millions  d'œufs  sur  chaque  train. 
La  remonte  de  la  Leod  dure  de  mars  à  octobre,  époque  oîi  tous  les 
poissons  sont  alors  chassés  par  les  pluies  de  l'hiver.  L'œuf  du  s  lumon 
américain  étant  plus  gros  que  le  nôtre,  son  coefficient,  par  poids  vivant, 
est  donc  moindre;  la  moitié,  dit-on,  mais  qu'importe,  la  source  étant 
tellement  abondante  que  nulle  crainte  n'est  à  concevoir  de  ce  côté. 

Ayant  déjà  parlé  de  son  incubation  et  de  son  premier  alevinage  dans 
l'article  lluningue  cité  ci-dessus,  nous  n'y  reviendrons  pas. 

Les  saumons  ne  mangeant  pas  en  eau  douce  y  maigrissent  rapi- 
dement à  l'époque  de  leurs  amours.  Il  en  serait  de  même  du  saumon 
californien,  car  sur  les  U8,()0i»,  pris  en  1874,  trois  seulement,  dit 
AL  Stone  avaient  l'estomac  plein  alors  qu'ils  avaient  été  péchés  à 
300  kilomètres  de  l'embouchure  du  Sacramento.  Durant  le  temps  de 
ses  amours,  le  quinnot,  toujours  d'après  M.  Stone,  aurait  quelque 
chose  de  la  mabilité  du  brigand  de  Calabre,  ses  yeux  paraissent 
agrandis  par  l'amaigrisseMient  de  son  corps  qui  a  remplacé  par  de 
i'udes  et  dures  écailles,  les  beaux  tons  de  sa  livrée  d'amour  vert  orangé, 
(^'cst  alors  qu'il  montre  sans  cesse  de  formidables  mâchoires  garnies 
(le  dents  allant  parfois  jusqu'à  un  demi  pouce  Que  nos  lecteurs  re- 
tiennent leur  étonnement  à  ce  chiffre  de  300  kilomètres  dont  nous 
avons  parlé,  car  les  frayères  du  quinnot  sont  à  une  altitude  de  1  1  à 
1200  mètres  et  à  plus  de  1700  kilomètres  du  Pacifique. 

Leur  station  entre  deux  eaux,  comme  disent  les  pêcheurs  de  Maes- 
trich  n'a  d'autre  l)ut  que  de  débarrasser  les  saumons  des  crustacés 
attachés  à  leurs  corps,  —  un  beau  sujet  d'études  pour  la  haute  science 
de  nos  laboratoires  marins. 

L'AiTiéricain  en  suprême  fabricateur  de  dollars  a  établi  près  de  ces 


312  PISCICULTURE  EN    AMÉRIQUE. 

estuaires,  ses  immenses  fabriques  de  conserves,  dont  seulement  pour 
rOréiion.  il  fut  expédié  vers  l'Est,  en  1875,  plus  de  10  millions  de 
kilogrammes  de  saumons  en  boîte,  chiffre  que  notre  ami  M.  Hunding- 
ton  nous  disait  dernièrement,  à  Paris,  avoir  été  plus  que  doublé 
Si  nous  ajoutons  à  cela  le  poisson  frais,  ne  lévaluons  qu'à  la 
moitié!  et  que  le  lecteur  mette  lui-même  des  chiffres  qui  sembleraient 
tenir  de  l'hyperbole,  si  nous  ne  parlions  à  un  public  agricole,  d'un 
pays  oii  s'exploite  aujourd'hui  des  fermes  de  15,000  hectares; 
c'est-à-dire  près  de  I  10,000  boisselées  déterre!  comprenez-vous  cela, 
mes  chers  Vendéens? 

Plus  de  10,000  ouvriers  y  trouvent  leur  gagne-pain  peu  lant  la  sai- 
son de  la  remonte  et  le  chiffre  affaire  était  fixé,  toujours  en  1875, 
entre  *24  et  '28  millions  de  francs. 

Ce  carnage  ne  devait  pas  laisser  que  de  donner  quelques  inquiétudes 
aux  amis  prévoyants  et  soucieux  des  intérêts  de  la  grande  république, 
aussi  le  congrès  a-t-il  cherché  à  y  mettre  un  frein,  et  cela,  non  par 
des  lois  restrictives  de  la  liberté  de  la  pêche,  mais  bien  par  un  intel- 
ligent aménagement  dans  la  culture  de  l'eau  en  élevant,  en  un  mot, 
la  production  à  la  hauteur  de  cette  inquiétante  consommation;  états, 
sociétés  privées,  tout  se  mit  à  l'œuvre  pour  réparer  le  mal  et  continuer 
le  bien. 

Dans  un  seul  établissement  de  pisciculture  crée  dans  ce  but,  celui 
delà  rivière  Clackamas.  affluent  de  l'Orégon,  on  ne  fait  pas  moins  de 
'20  millions  d'alevins. 

Que  sont  nos  chiffres  d'Huningue,  près  de  pareils  géants!...  Les  9 
ou  1 0  millions  d'œufs  des  établissements  de  pisciculture  russe  nous 
frappèrent  déjà,  et  n'avions-nous  pas  raison  de  prévenir  nos  lecteurs 
qu'ils  n'étaient  pas  au  bout    de  leurs  surprises. 

Au  moment  oii  nous  corrigeons  ces  épreuves,  100,000  œufs  de  ce 
même  saumon  américain  arrivent  à  Paris  des  bords  du  Saeramento 
dans  les  meilleures   conditions  de  succès. 

Nous  demandons  au  gouvernement  de  la  Képublique  de  ne  pas 
laisser  passer  sans  la  mettre  à  profit,  cette  occasion  de  *àire  l'expé- 
rience ci-dessus  mentionnée  pour  notre  bassin  méditer.  »   •:•  n. 

Xous  croyons  qu'il  serait  prudent  de  la  tenter  s...  îjis  points, 
divisant  par  13  des  alevins  que,  en  mars  et  avril,  ■  ::  .evrait,  selon 
nous,  placer  sur  d'anciennes  frayères  de  truites  pnaitement  con- 
nues. Xous  croyons,  1",  sur  l'Oignon;  2",  vers  Embrun;  3",  en 
amont  d'Aubenas,  sur  l'Ardèche,  à  la  condition  formelle  que  lesdits 
emplacements  seraient  pendant  au  moins  trois  ans  surveillés  d'octobre 
à  janvier  par  les  agents  des  ponts  et  chaussées  avec  la  dernière  sévérité. 
Dans  une  de  nos  prochaines  causeries,  nous  aborderons  enfin,  nous 
aussi,  cette  grandesse  de  nos  mers,  l'huître,  à  laquelle  nous  eûmes  lin- 
signe  honneur  d'être  un  des  premiers  appelé  à  offrir  nos  hommages 
Arcachon,  en  185ii.  Chabot-Karlen, 

CoiTespondant  de  la  Société  nationale  d'agriculture  de  France^ 

PLAXTATIOX  AUTOMNALE  DES  POMMES  DE  TERRE 

Avec  raison  et  bien  grande  raison  même,  on  s'occupe  dans  votre 
excellent  Jourml  du  moyen  d'atténuer  les  ravages  de  la  maladie  de 
la  pomme  de  terre,  ravages  qui  augmentent  de  plus  en  plus  par  ces 
années  de  grande  humidité. 


PLANTATION   AUTOMNALE  DES  POMMES  DE  TERRE.  313 

Je  crois  la  plantation  à  l'automne  excellente  pour  obtenir  sinon  tout 
à  fait,  du  moins  en  partie  ce  résultat.  Voici  comment  je  vais  opérer  la 
semaine  prochaine;  car,  à  cause  de  mes  trop  nombreuses  occupations, 
je  n'ai  p:is  encore  trouvé  le  temps  de  faire  ma  plantation  et  je  crois 
qu'il  est  un  peu  tard. 

Je  laboure  ma  terre  avec  une  forte  charrue  suivie  d'une  sous  soleuse 
Howard,  mais  après  l'avoir  préalablement  fumée  avec  du  fumier  de 
ferme  très  décomposé,  de  la  poussière  de  chaux  ou  du  plâtre,  des 
cendres  de  bois  et  du  sel  de  morue  (c'est-à-dire  du  sel  qui  ne  peut 
plus  servir  et  que  nous  payons  à  llontleur,  5  fr.  les  100  kilog.). 

Je  plante  mes  pommes  de  terre  à  20  centimètres  de  profondeur, 
après  avoir  bien  ameubli  ma  terre  avec  de  bonnes  herses  articulées. 

Puis,  avant  les  grandes  gelées,  je  couvrirai  mon  champ  de  pommes 
de  terre  d'une  bonne  couche  de  long  fumier  que  j'ôterai  au  printemps 
quand  les  froids  seront  passés  et  que  je  serai  décidé  à  commencer 
les  binages. 

De  cette  façon,  rien  ne  gèlera  et  la  chaux  et  le  sel  chassant  tous  les 
insectes  de  la  terre,  la  pomme  de  terre  sera,  au  premier  beau  temps, 
en  parfait  état  de  conservation  et  donnera  des  germes  puissants. 

E.  Cassé, 

Agriculteur,  a  Saint-Aubin  (E'Ji'e). 

SITUATION  AGRICOLE  DANS  L'ARDÊGHE 

Quintenas,  12  novembre  18S0. 

Notre  région,  après  avoir  eu  de  fortes  chaleurs,  accompagnées  d'une  sécheresse 
intense,  résultant  du  manque  de  neige  l'iiiver  dernier  et  de  pluies  au  commence- 
ment de  l'année,  a  eu  un  automne  très  pluvieux,  qui  a  favorisé  les  dernières  ré- 
coltes et  les  semailles  de  céréales. 

La  quantité  d'eau  tombée  en  juillet  a  été  de  0"'  030,  en  août  de  0'".062,  en 
septembre  de  0'"  (  2S  en  octobre  de  Û"'.l  0,  et  en  novembre,  à  l'heure  actuelle, 
il  est  déjà  tombé  0"'.080.  Nous  avons  eu  aussi  des  variations  très  brusques.  C'est 
ainsi  que  le  27  octobre,  le  thermomètre  a  oscillé  de  —  3"  à-j-  16". 

Les  vendanges  se  sont  faites  dans  de  bonnes  conditions;  le  vin  est  aussi  bien 
meilleur  crue  l'année  passée.  Les  vignes  qui  n'avaient  pas  été  atteintes  par  la 
gelée  de  l'hiver  dernier,  ou  la  coulure  occasionnée  par  les  pluies  froides  de  juin, 
ont  donné  une  bonne  récolte  ;  malheureusement  elles  ne  sont  pas  en  majorité.  Le 
phylloxéra  continue  aussi  sa  marche  envahissante.  Quoique  lents,  les  progrès 
n'en  sont  pas  rhoins  réels.  Dans  les  parties  calcaires,  la  marche  est  beaucoup  plus 
rapide.  Quelques  essais  de  sulfure  de  carbone  ont  été  faits  au  printemps;  mais 
comme  les  vignes  oià  ces  expériences  ont  été  faites  étaient  déjà  assez  malades,  les 
résultats  sont  peu  encourageants  pour  la  première  année.  11  est  à  craindre  que 
notre  sol,  presque  exclusivement  granitique  et  peu  profond,  laisse  dégager  les 
vapeurs  trop  rapidement.  Il  serait  à  souhaiter  qu'on  trouvât  bientôt  un  moyen 
d'emprisonner  des  doses  fixes  de  sulfure  dans  des  petites  capsules,  ce  qui  rendrait 
l'opération  bien  plus  facile  et  à  la  portée  de  tout  le  monde. 

Les  pommes  de  terre,  que  l'on  finit  de  ramasser,  ont  donné  une  très  belle 
récolte.  Par  suite  des  emblavures  d'hiver  détruites  par  les  fortes  gelées,  la  surface 
consacrée  à  cette  culture  avait  été  beaucoup  augmentée  ce  printemps,  ce  qui  fait 
qu'avec  la  bonne  récolte,  il  y  a  longtemps  que  la  région  n'avait  pas  eu  d'aussi 
grandes  quantités  disponibles.  Le  prix  qu'en  offre  le  commerce  n'étant  pas  ré;cu- 
nérateur,  puisqu'il  n'arrive  pas  à  ^  fr.  par  100  kilog.,  il  est  probable  qu'une 
grand»,  partie  va  être  consommée  par  le  bétail  sur  place,  ce  qui  sera  d'un  grand 
secours,  vu  la  petite  récolte  de  foin  et  le  prix  auquel  il  est  déjà  arrivé. 

L'état  sanitaire  de  la  race  bovine  laisse  beaucoup  à  désirer  à  cause  de  le  fièvre 
aphteuse  qui  continue  à  sévir  d'une  manière  assez  intense. 

Le  bétiil  maigre  abonde  sur  les  foires  et  se  vend  à  vil  prix. 

En  somme,  année  très  médiocre  pour  la  culture,  qui  n'a  presque  pas  eu  de  blé 
froment,  une  demi-récolte  d:i  foin,  et  par  suite  une  grande  dépréciation  du  bétail, 
dont  une  partie  est  encore  amoindrie  par  la  maladie  L.-F.  de  Brezenaud. 


314  SOCIÉTÉ  NATIONALE  D  AGRICULTURE  DE  FRANCE. 


SOCIÉTÉ  NATIONALE  D'AGRICULTURE 

Séince  du  17  novembre  1880.  —  Présidence  de  M.  Chevreul. 

M.  le  secrétaire  pf^rpéJuel  annonce  la  mort  de  M.  Louis  Gossin,  pro- 
fesseur d'agriculture  de  l'Oise,  correspoii<lant  de  la  Société  dans  la 
Section  d'économie,  de  statistique  et  de  législation  agricoles,  et  celle 
de  M.  Jeannin,  correspondant  dans  la  Section  d'économie  des 
animaux. 

M.  le  docteur  Eugène  Robert,  correspondant,  envoie  une  noie  sur 
la  restauration  naturelle  des  arbres  atteints  par  le  froid  dans  l'hiver 
de  1 879-1 S80. 

M.  Léo  d'Ounous  envo'e  une  note  sur  la  plantation  automnale  des 
pommes  de  terre,  dans  laquelle  ilconlirme  les  observations  qni  ont  été 
récemment  présentées  sur  ce  sujet  par  JM.  Léouzon,  dans  le  Journal. 

M.  Laliman  envoie  plusieurs  échantillons  de  vins  provenant  des 
vignes  américaines  cullivées  dans  son  domaine  de  la  Touratte,  près 
Bordeaux,  notamment  le  Jacquez,  l'Herbamont  et  le  Dumas. 

M.  Sacc  envoie  une  note  sur  diverses  productions  de  l'île  des  Pin- 
gouins, sur  le  littoral  de  la  République  Argentine,  dans  l'Amérique 
du  Sud. 

La  Société  d'agriculture  de  la  Basse-Alsace  envoie  les  2*  et  3*  fasci- 
cules de  son  Bulletin  trimestriel  pour  l'année  1880. 

M.  Pasteur  fait  un  exposé  de  l'ensemble  de  ses  travaux  sur  les  ma- 
ladies virulentes,  notamment  sur  le  choléra  des  poules.  Il  indique  les 
résultais  auxquels  il  est  an  ivé,  et  qui  ont  été  exposés  dans  les  diverses 
notes  sur  ce  sujet,  que  nous  avons  reproduites,  notamment  dans 
notre  dernier  numéro  (page  2.ï1).  Nous  n'y  insisterons  donc  pas  da- 
vantage, mais  nous  devons  enregistrer  que  iM.  Pasteur  a  exprimé  Tes- 
poir  d'arriver,  dans  un  avenir  prochain,  à  augmenter  progressive- 
ment l'intensité  du  virus  du  choléra  des  ])oules,  comme  il  est  parvenu 
à  en  faire  décroître  progressivement  la  viruler^ce.  M.  Bouley  ajoute 
quelques  observations  sur  limportance  deà  travaux  de  M.  Pasteur. 
M.  Rlilne-Edwards  rappelle,  à  cette  occasion,  les  faits  constatés  de- 
puis longtemps  sur  la  diminution  de  l'intensité  des  maladies  virulentes 
par  des  inoculations  succe-sives. 

]M.  le  comte  de  la  Vergne  fait  .une  communication  sur  la  situation 
du  iMédoc  au  point  de  vue  du  phylloxéra;  il  insiste  sur  ce  fait  que 
les  terres  naturelles  de  graves,  qui  renferment  80  pour  100  de  sable 
pur,  sont  à  peu  près  indemnes  du  puceron.  Il  fait  aussi  l'exposé  des 
bons  résultats  qu'il  a  obtenus  par  la  combinaison  de  la  décortication 
de  la  partie  inférieure  de"}  souches  avec  le  traitement  par  Us  insecti- 
cides; le  Journal  reviendra  sur  cette  .question.  Henry  Sag.nieh. 

REVUE  COMMERCULE  ET  PRIX-C01jR\NT  DES  DENRÉES  AGRICOLES 

(20  NOVEMBRE   1880). 
1.   —  Situation  générale. 
Les  travaux  de  la  saison  ont  étéinterrorapu-'î  par  des  pluies  persistantes  sur  ua 
grand  nombre  de  points.  Les  marchés  agiicoles  présentent  une  plus  grande  anima- 
tion, et  les  transactions  sont  plus  importantes. 

U,  —  Les  grains  et  les  farines. 

Les  tableaux  suivants  résum^-nt  les  cours  des  céréales,  par  quintal  métrique 
leR  principaux  marchés  de  la  France  et  de  l'étranger. 


à 


REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX-COURANT  (20  NOVEMBRE   II 


315 


!'•  BBGION.- 

-  NORI 

Ï-OUEST. 

Blé. 

Seigle. 

Orge. 

ATome- 

fr. 

fr. 

fr. 

fr. 

Co'î'aMs.  Condé 

Î9.00 

2i.75 

20.00 

23    50 

—    Liseiix 

.    27   50 

21.50 

B 

22   ou 

Côtes  du-Nord  Ponlrieax  26.00 

15    50 

lô.SO 

—    Treg'iier 

24.00 

» 

<6  00 

16    50 

Finistère    Morluix 

26   25 

„ 

15.00 

15.50 

-      yiuinper 

24   50 

22.00 

16. 00 

17.00 

Ille  etVilaine   Ketuies. 

2 '.00 

* 

16.50 

18.50 

Recl'jn            .    .    . 

27.00 
30. 2i 

30.50 
24 .  00 

18.50 

18   ■'5 

Manche.  Avranclies  ... 

22.25 

—     P.Hilorsoii 

28. 50 

» 

18.00 

21  .50 

—     Villedieii 

29.50 

20.75 

1!)   25 

22  25 

Uayenni'..    Laval 

26.50 

16   25 

—    Chàleau-Gonlier.. 

26.25 

I 

19.00 

2    .00 

Morbihan     Heinieftuiil.. 

26   75 

21.00 

19.0.) 

Or/ie.  Bîllènie 

27   2s 

21.25 

23.00 

21. bO 

—    Viiii   uliers 

2;. 25 

20.50 

20.00 

18  00 

Sarthe.    Le  Mans 

26.75 

17.50 

18.  ;o 

-     Sablé 

27.25 

» 

18.00 

18.75 

Prix  moyens 27.03     21.69     17.90 

2»   RÉGION.  —  NURD. 
Aisne.  Soissons 26.65 

—  St-Oi:e  jiin 2s.oo 

—  Vil  ecs-Cotieiels..  27  25 
Eure.  Evreux 27  80 

—  Combe? 28.00 

—  Picy 2S  00 

Eure-et-Loir.  Chartres.   27.25 

—  Anneau 28  00 

—  Nogeni-le-Rotrou.  27.50 
JN'ord. Caiiilirai 27.50 

—  Doua)    29  00 

—  Valenciennes  ....  27. 5 J 
Oise.  Beadvais 26.75 

—  Compiègne 27.00 

—  Nu>on... 27.25 

Pas-de  Calais.  Arras.. .  28.25 

—  Saiiii-utiier 28. 00 

Seine.  P  lis 28.50 

S.-et-Marne  Weaux 27.50 

—  Provins 28.(0 

—  Nemours 27.50 

S.-«-Oî,se.    Versailles.  ..  28.00 

—  Poniûi-e 27.00 

—  Eiampes 27.25 

Seine  Inférieure.  Houen    27.75 

—  Di  ;(ipe   27.50 

—  Fecamp 27  00 

Somme.   Abbiville 27.75 

—  Montdiiier 27. OJ 

—  Roye 26  25 

Prix  moyens 2756 

3»  RKOION.  —  NORD-BST 

Ardennes    CharUville..  27.00    22  50 

Aube.  Bar-Sur-Aube...  28.00        » 

Méiy-sur-Seine.  ..   ï7.25 

—  Troyes 27.50 

1/arne. ChAions 26  75 

—  Ep-rnay 26.75 

—  Beluis 25.50 

—  Vitry-le-Français .  27  0) 
HU-Marne  Houi  boiitie  .  26.75 
Meurlhe-ei  Monelle  Nancy  27  25 

—  Luiieville 27.75 

—  Toui 27    75 

Meuse.  Bar-le-Duc 26  50 

—  Verrlun 27    50 

Haute-Saône    Gray 27  75 

—  Ve>..ui..    27.65 

Vosges   Mire'-onrt 27.00 

—  Raoa-lElape 29.75 

Prix  moyens 27.30 

4*  RÉGION.   —  OUEST. 
Charen/e.  Angouiême..  28.50        > 

—  Buffi-c   29  00     20.00 

Charente  Infér  Marans.  26  25         » 

Deux  Sevrés.    Niort 28  oo         » 

Indre-et-i.uire.  Tours..  28. 25 

—  Blere 27.00 

—  ChAleau-Benault.   27  25 

Loire-Zn/.  Nar.ies 26  fO 

1/ -?*-/ oite.  Saumur    .  .    28  00 

Vendée.  Luçi.i. ï6  50 

—  LaRoclie 'il  .vO 

Vienne.  Poitiers 28  50 

—  Londun 27.00 

Haute-Vienne.   Limoges  28.00    20.50 


23  00 
23  50 
23.25 
2l  00 
22.50 
22.50 

22.25 
2^.50 
22 .  00 
20.75 
20.50 


21.25 
22.21 


20.00 
19.00 
19.50 
21.00 
21.50 


18.50 


18.50 
19.25 
2u  00 
21.50 
20. «0 
19  75 
21.  UO 

19.50 

19.75 
18.75 
19.00 


19.00 
19.63 


18.50 
19.00 
18.00 
19.50 
2  00 
21  50 
20  50 
20  0) 
19. 50 

> 
19.50 
20.50 


18.50 
18  0) 
17.75 
17. ?5 
19.25 

iy.4o 

18  75 
IS  00 

15  00 
16. 7j 
17.25 
17.00 
17.75 

16  oo 
16  75 
16.10 
15.30 
16. "5 


52.50 
19. 75 
19.(0 
H.IU 
18  oo 
17.50 
17. OJ 
IS  50 
10.75 
18.50 
19.00 
18  75 
18  00 
20  lO 


Prix  moyens 27.45    20. 00    19.68    18.87 


h*   RÉGION 

—  CENTRE. 

Blé. 

Seigle. 

Orge. 

Atojm. 

fr. 

fr. 

fr. 

fr. 

Allier.  Monlluçon 

27.00 

21.75 

19.50 

18   50 

—    St-Poiirçain 

28.00 

20.00 

17. 5O 

—     Gannal 

Cher.bn.,!..,^, , 

28.00 

» 

2;    00 

18. oO 

27.50 

20  75 

20.25 

18.0'' 

—    Graça"  

27.75 
28.25 

20.50 
21.00 

19   00 
19.50 

17.00 
18  00 

-    T^^r^ô,^ :;... 

Creuse.  Aut)nsson 

27.00 

19.00 

18  5O 

Indre.  Cliâleaiiroux. . . . 

27.25 

20.  to 

20. IS 

17. 5O 

—     Iss-.udun 

27   75 

19. -5 

20.50 

17.00 

-     Valençay 

27  .  25 

19.50 

19. -^5 

17.50 

Loiret,  x.oiuargis 

27.50 

22  25 

19.50 

17.75 

—     Oien 

27.75 
26.70 

20.75 
21.50 

lh.50 
20.00 

18.00 
20   60 

—    Puhiviers 

Loir-ei-CUer.  «lois 

28  00 

19  25 

19. 50 

20.00 

—     Montoire 

26.00 
28.00 

19. tO 

19.25 

18  uO 
19. oO 

Mevre.    Nevers '..'.. 

—     Cosne 

27.00 

18.75 
22.25 
20.7.S 

19  00 
18   50 
18.50 

18. uO 
19.00 
17.50 

Konne.    Brienon 

27   2  1 

—     St  Floreniin 

27.75 

—     Seus 

28.00 

20  25 

20  00 

17.75 

Prix  moyens 

27   49 

20.47 

19. SI 

18.15 

6'  RÉGION.   — 

EST. 

Ain.   Bourg 

30.00 
2'. 25 

20  ..00 
21.40 

17.00 
17.50 

—     Pon:-de-Vaux.    .. 

.» 

Côte-d'Or   Dijon 

27   00 

21.75 

21.00 

16  50 

—     Beaune 

28   00 

» 

19.50 

16.75 

Doubs     Be-.aiiçon 

28  00 

s 

17.80 
17.50 

Isère.  Grand-Lemps. . . . 

28. '0 

19.73 

, 

—      Bourgoin 

28   50 

18.25 

17.75 

16  75 

Jura.  Dùle 

ri   25 

28   75 

18.50 
19  00 

18.00 
18.75 

17.25 
18.50 

Loire.  <  harlieu 

P-rf«-£>ôm«Clermont-F 

31.00 

20.00 

21.00 

Rhône.   Lyon 

Saône-et-L»ire.  Autua.. 

29..  0 

20  80 

18  00 

18.25 

27   50 

19.50 

20.75 

17  25 

—     Chalon 

28.50 

20.25 

17.75 

S'ivoie.  Chainbery 

30.50 

20.70 

> 

18.00 

Hle-Savoie.  Annecy 

29.00 

« 

a 

17  75 

Prix  moyens 

28.71 

19.99 

19.34 

17.46 

7»    RÉGION.    - 

-  SUD- 

OUEST. 

Ariège.  Pamiers 

Dnrdogne.  Bergerac... 

28.25 

19.00 

a 

19.50 

28   50 

20.25 

s 

2U.00 

Hle-Oa,;,nne.  louloiise. 

28.00 

19.00 

17.00 

20.25 

—  Vili^franche-Laur. 

28.00 

20.25 

17.50 

19. 25 

Gers ,  Oondom 

28   20 

20.00 
19  25 

—     Eauze 

27.50 

» 

» 

—    Miraude 

26.50 

» 

18.50 

Gironde.    Bordeaux.... 

28.50 

21.75 

» 

20  50 

—     Bazas 

28  00 

20.00 

» 

21   00 

Landes.  Uax 

27   50 

18.75 

Lol-et-Garonne.  Agen.. 

28.75 

20.00 

» 

20.50 

—     Nérao... 

28.25 
27.80 

19.75 

20.00 
20.25 

B.-Pyreiie.ex.  Bayonne.. 

18.00 

Hles- Pyrénées.   Tarbes. 

28.00 

20.00 

Prix  moyens 

27. S8 

19.86 

ilTiô 

19.92 

8»  RÉGION.   —  SUD, 

Aude.   Carcissonne 

27.50 

» 

18.00 

20.00 

Aveyron.   Ridez 

27.00 

19.50 

20.25 

Cantal.    \Jauiiac 

29.35 

25.00 

a 

21.50 

Coi~,-eze.   Lnherzac 

29.00 

20.75 

19.50 

20.50 

Hérault.  C-lte 

28.50 

20.00 

Loi.   Figeac 

28.25 

19. 75 

20.25 

20.50 

Lozère.   Vieiide 

2S.55 

19.90 

20.30 

22.35 

-     Marvejols 

27.10 

21.75 

—     Florac 

29.40 

20.30 

21.50 

17.70 

Pyrenees-Or.  Perpignan 

2G.30 

2U.00 

23.00 

24.45 

Tarn.   AIbi 

27.75 

17.75 

Tarn-el-Uar.  Montauban 

28.50 

20-50 

18  50 

20.50 

Prix  moyens 

28.10 

20.82 

20.15 

20.50 

9"   RÉGION. 

—  SITD-BST 

Basses-Alpes    Manosque 

29.65 

> 

• 

23.70 

Haulex-Al(jex.    Briançon 

29.25 

21.00 

19.50 

20.75 

Alpr.K-Maritiine»CAUU^î 

29.50 

21    25 

19.00 

19.75 

Ardrche.    Privas 

30.20 

20.15 

18   6i 

20.20 

U.  du-Khôue.  Arles.... 

29.25 

18. UO 

21.00 

Urôme.    Valence 

30.10 

21    00 

18.00 

Gard.  Ni  nés 

29.50 

20.50 

19.00 

21.25 

Haute- l.„<r^.  Le  fuy.... 

30.50 

20.75 

22.00 

18.25 

Var.  Draguignan    

29. -lO 

20.25 

» 

20.25 

VaucLuKu.  Caipeutras... 

28. 50 

21.00 

20.00 

Prix  moyens 

29   58 

2,.. 70 

19   59 

20.31 

Moy.  de  louie  la  France 
—  de  Useuiaïuepreoed. 

27   93 

20   80 

19. 2i 

19.99 

27    96 

20   57 

18.72 

19. OS 

SariaseaiaiDex  Baosse 
preceaente.,     \  Baisse 

s 

0.23 

o.u 

» 

0.03 

O.Ofi 

316  REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX-COURANT 

Blé.  Seigle.  Orge.  Avoine 

fr.               tr.  fr.  fr. 

Algérie.                   Alger 26.50            »  16.00  1650 

Angleterre.              Londres 27.75            »  20.95  21.00 

Belgique.                 Anvers 25.75  23  75  22.75  19.00 

—  Bruxelles 28.20  23.00  »  » 

—  Liège.. 27  00  24.25  23.00  18.50 

—  Namur 26. .50  23.50  21.00  18.00 

Pays-Bas.                Amsterdam 26.35  24.05  »  » 

Luxembourg.           Luxembourg 29.50  25.00  23.00  17.25 

Alsace-Lorraine.        Metz 28.00        25.25        19.50        18.25 

—  Strasbourg  30.25        26.50        23. 50        18.25 

—  Mulhouse 29.00  24.20         22.00        18.50 

Allemagne.  Berlin 26.35  26.75 

—  Cologne 28.10  28.10  . 

—  Hambourg 25.10  25.60 

Suisse.  Genève 29. 25  »  •  19.00 

—  Zurich 31.00  •  »  18.50 

Italie.  Milan 29.00  22.75  »  19.75 

Espagne.  Valladolid 26.50  »  .  16  00 

Autriche.  Vienne 27.00  23.00  18.00  15  00 

Hongrie.  Budapesth 26.75  21.50  17.25  13.50 

Russie.  Saint-Pétersbourg...  30.25  26.00  >  15.35 

Etats-Unis.  New-York 23.70  »  »               • 

Blés.  —  Les  appréciations  actuelles  sont  celles  de  la  semaine  dernière.  Dans  la 
plus  grande  partie  de  la  France,  les  marchés  se  suivent  et  se  ressemblent.  Les 
apports  de  la  culture  sont  peu  nombreux,  les  prix  sont  bien  tenus.  D'autre  part, 
les  stocks  du  commerce  et  de  la  meunerie  sont  bien  restreints.  Il  en  résulte  une 
grande  fermeté  dans  les  cours.  Enfin,  circonstance  sur  laquelle  il  faut  toujours 
fixer  aujourd'hui  son  attention,  les  cours  des  grands  pays  d  exportation  se  main- 
tiennent, et  dans  les  conditions  actuelles  rien  n'y  fait  prévoir  de  baisse  subite.  — 
A  la  halle  de  Paris,  le  mercredi  17  novembre,  il  n'y  a  eu  que  peu  d'affaires  sur  les 
blés  indigènes  ;  les  cultivateurs  ont  bien  maintenu  leurs  cours.  On  payait,  suivant 
les  qualités,  de  27  fr.  50  à  29  fr.  5û  par  100  kilog.  Le  cours  moyen  s'est  fixé  à 
28  fr.  hO,  comme  le  mercredi  précédent.  Sur  le  marché  des  blés  à  livrer,  on  cote  : 
courant  du  mois,  28  fr.  75  ;  décembre,  28  fr.  25;  quatre  premiers  mois,  28  fr.  25; 

3uatre  mois  de  mars,  28  fr.  25.  —  Au  Havre,  la  fermeté  se  maintient  sur  les  blés 
'Amérique  qui  sont  cotés  de  26  fr.  75  à  28  fr.  25  par  100  kilog.  suivant  les 
Qualités.  —  A  Marseille,  le  marché  des  blés  accuse  une  très  grande  fermeté  ;  les 
emandes  sont  d'ailleurs  assez  actives.  Les  arrivages  de  la  semaine  ont  été  de 
185,000  hectolitres  environ;  le  stock  continue  à  s'accroître  dans  les  docks;  il 
atteint  actuellement  144,000  quintaux.  Au  dernier  jour,  on  payait,  par  100  kilog.  : 
Irka,  27  fr.  75  à  28  fr.  50;  Pologne,  27  fr.  75  à  28  fr.  50;  Danube,  25  fr.  25  à 

26  fr.;  Richelles,   29  fr.  à  29  fr.   50;  Michigan,  28  fr.  25  à  28  fr.  50;  Azof  dur, 

27  fr.  50  à  29  tr.;  tuzelles  d'Afrique,  29  fr.  50  à  30  fr.  —  A  Londres,  les  impor- 
tations de  blés  étrangers  ont  été,  durant  la  semaine  dernière  de  157, OC  0  quintaux. 
Les  transactions  sont  assez  calmes;  les  cours  sont  ceux  de  la  semaine  dernière. 
On  paye  de  26  fr.  50  à  29  fr.  par  100  kilog.  suivant  les  provenances  et  les  qualités. 

Farines.  —  La  situation  ne  s'est  pas  beaucoup  modifiée  depuis  huit  jours.  On 
paye  les  mêmes  prix  pour  les  farines  de  consommation  qui  sont  cotées  à  la  halle 
de  Paris  :  mararque  D,  62  fr,;  marques  de  choix,  63  à  64  fr.  ;  bonnes  marques,  61 
à  62fr  ;  sortes  ordinaires,  59à60fr.;  le  tout  par  sac  de  159  kilog.,  toile  à  rendre, 
ou  157  kilog.  net,  ce  qui  correspond  aux  prix  extrêmes  de  37  Ir.  60  à  40  fr.  75,  par 
100  kilog.,  ou  en  moyenne  39  fr.  20,  comme  le  mercredi  précédent.  —  Pour  les 
farines  de  spéculation,  on  cotait  à  Paris,  le  17  novembre  au  soir  :  farines  huit- 
marques,  courant  du  mois,  59  fr.  50  à  59  fr.  75;  décembre,  59  Ir.  25;  quatre 
premiers  mois,  59  fr.  quatre  mois  de  mars,  59  fr.;  le  tout  par  sac  de  159  kilog. 
toile  perdue,  ou  157  kilog.  net;  farines  supérieures,  courant  du  mois,  38  fr.  75 
à  39  fr,;  décembre,  38  fr.  25;  quatre  premiers  mois,  38  fr.;  quatre  mois  de  mars, 
38  fr.;  le  tout  par  sac  de  100  kilog. —  La  cote  otficielle,  en  disponible,  a  été  établie 
comme  il  suit,  pour  chacun  des  iours  de  la  semaine,  par  sac  de  157  kilog.  net  : 

Dates  (novembre).        11  12  13  15  16  17 

Farines  huit-marque>s (157  kilog.).  59.10        59.10  59.00  59.15        59.35        59.65 

—      supérieures  (lOa  kilog.),    38.25        38  25  38.25  38.25        38.6il        39.00 

Le  prix  moyen  a  été,  pour  les  farines  huit-marques,  de  59  fr.  40,  et  pour  les 
supérieures,  de  38  fr.  50,  ce  qui  correspond  à  une  hausse  de  25  centimes  pour 
les  unes  et  les  autres    depuis  huit  jours.  — Cours   sans  changements   pour  les 


DES  DENRÉES  AGRICOLES  (20   NOVEMBRE  1880;.  317 

f:ruaux  qui  sont  cot^s  de  43  à  54  fr.  par  100  kilog.,  et  les  farines  deuxièmes  dont 
es  cours  sont  fixés   de  29  à  34  fr. 

Seigles.  —  Les  ventes  sont  assez  faciles  aux  mêmes  cours  que  la  semaine  der- 
nière de  23  fr.  à  23  fr.  50  par  100  kilog.  —  Pour  les  farines,  mêmes  prix  aussi, 
de  32  à  35  fr.,  par  quintal  métrique. 

Orges.  —  Les  offres  sont  toujours  nombreuses,  mais  les  prix  sont  bien  tenus 
pour  les  diverses  sortes.  On  paye  de  19  à  20  fr.  50  par  1(0  kilog.,  suivant  les 
sortes.  Les  escourgeons  valent  de  20  fr.  25  à  20  fr.  75,  avec  un  peu  de  baisse. — 
A  Londres,  faibles  importations  d'orges,  qui  sont  payées  de  19  fr.  95  à  22  fr. 

Malt.  —  Affaires  peu  importantes  et  prix  sans  changements. 

Avoines.  —  Il  y  a  des  ventes  assez  nombreuses  à  la  halle  de  Paris,  où  les  prix 
sont  ceux  de  la  semaine  dernière,  de  19  à  21  Ir.  tO,  par  100  kilog.  —  A  Londres, 
les  arrivages  sont  un  peu  plus  abondants;  ils  sont,  depuis  huit  jours,  de 
83,000  quintaux;  les  prix  se  maintiennent  de  19  60  à  22  fr.  15.  par  100  kilog 

Mais.  —  Les  jirix  accusent  un  peu  plus  de  fermeté;  on  paye  au  Havre,  16  à 
à  17  fr.  par  100  kilog.  pour  les  maïs  d'Amérique. 

Sarrasin,  —  La  fermeté  se  maintien.  On  paye  à  la  halle  de  Paris,  de  18  fr.  76 
à  19  fr.  10  par  100  kilog.,  suivant  les  sortes. 

Issues   — Mêmes  cours  que  précédemment,  avec  peu  d'affaires. 

Pommes  de  terre.  —  Les  qualités  comestibles  valent  à  la  halle  de  Paris  : 
Hollande,  communes,  7  à  8  !r.  l'bectolitre,  ou  10  à  11  fr.  40  par  100  kilog.; 
jaunes  communes,  5  à  6  fr.  par  hectohtre,  ou  7  fr.    15  à  8  fr.  55  par  100  kilog. 

—  A  Londres,  on  cote  de  9  fr.  60  à  14  fr.  par  100  kilog.  suivant  les  qualités. 

III.  —  Vins,  spiritueux,  vinaigres,  cidres. 
Vins.  —  Depuis  trois  semaines,  la  situation  n'a  pas  changé  :  c'est  toujours  le 
calme  qui  domine,  et  ce  qui  caractérise  parfaitement  cet  état  expectant,  c'est  la 
nullité  de  nos  correspondances,  qui  se  résume  en  celte  phrase  pour  ainsi  dire  sté- 
réotypée :  Rien  de  nouveau.  Kous  voilà  donc  forcément  obligé  de  nous  abstenir  de 
toute  réflexion  et  de  nous  contenter  de  donner  aujourd'hui  les  cours  nouveaux  qui 
nous  sont  adressés  des  déf;artements  vinicoles. — A  Barbezieux  (Charente),  les 
vins  blancs  valent  70  fr.  la  barrique  de  228  litres;  les  vins  rouges  te  vendent 
ICO,  110  et  jusqu'à  120  fr.;  mais  les  preneurs  sont  rares  à  des  cours  aussi  élevés. 

—  A  Amboise  (Indre-et-Loire  ,  les  vins  rouges  des  côtes  de  la  Loire  sont  vendus 
de  93  à  lOO  fr.  la  pièce  logée.   Sur  le  Cher,  on   paye  les  vins  de  belle  couleur 

i"usqu'à  120  fr..,  la  pièce  également  logée.  — A  Bordeaux  (Gironde^  de  nombreux 
)ourgeois  supérieurs  duHaut-Médoc,  se  sont  vendus  800  et  1000  fr  le  tonneau  de 
4 barriques,  logé;  des  artisans  de  Listrac  et  Moulins,  7  à  800  fr.;  quelques  arti- 
sans du  Bas-Médoc,  480  à  506  Ir.;  dans  leBlayais,  les  bourgeois  supérieurs  se  trai- 
tent à  600  fr.;  en  ne  peut  obtenir  des  vins  paysans  à  moins  de  500  fr. —  A  Puligny 
(Gôte-dOr)  :  on  cote  les  vins  nouveaux  188U  :  ordinaire  rouge,  95  à  115  fr.  les 
228  litres  nus;  ordinaire  rouge  arrière-côtes,  85  à  95  fr.  les  228  litres;  les  vins  ordi- 
naires blancs  de  Puligny,  65  à  7C  fr.  la  feuillette  de  114  litres  nus,  et  les  ordi- 
naires blancs  des  environs  de  Puligny,  48  à  55  fr.  la  feuillette.  —  A  Cour-Che- 
verny  (Loir-et-Cher;,  on  paye  :  Sologne,  1880,  85  à  90  fr.  les  228  litres  nus; 
Gamay,  1880,  100  à  105  fr.  les  228  litres  nus;  Gros  noirs,  1880,  140  fr.  les 
228  litres  nus.  —  A  Perpignan  (Pyrénées-Orientales),  voici  les  cours  :  Roussillon, 
supérieurs,  1880,  45  à  47  fr.  l'hectohtre  nu;  l"^"^  choix,  41  à  42  fr.;  2*  choix,  37  à 
39  fr.;  petits  vins,  8°,  28  à  32  fr.  —  A  Béziers  (Hérault),  on  cote  les  vins  nou- 
veaux, l'hectolitre  nu  :  Aramons,  7  degrés,  26  fr.;  Aianions  supérieurs,  8  degrés, 
39  fr.;  Montagne  ordinaire,  9  degrés,  31  fr.;  joli  montagne,  10  degrés,  34  fr.; 
Montagne,  11  degrés,  37  fr.;  beau  Narbonne,  12  degrés,  45  fr.;  Dourret,  9  de- 
grés, 29  fr.;  Picpoul,  11  degrés,  35  fr.  — A  Lézignan  (Aude),  voici  les  cours, 
l'hectolitre  nu  :  Aramons  ordinaires,  24  fr.;  Aramons  de  choix,  26  à  28  fr.; 
petit  Montagne,  28  à  30  fr.;  Montagne  de  choix,  30  à  32  fr  ;  Lézignan,  2'  choix,  33 
à  35  fr.;  Lésignan,  1"  choix,  36  à  38  fr.;  Minervois,  2'  choix,  3^  à  36  fr.;  Miner- 
vois,  1"  choix,  37  à  38  fr.;  Corbières,  2"  choix,  39  à  40  fr.;  Corbières,  1"  choix, 
41  à  42  fr.  —  Des  autres  vignobles,  on  nous  écrit,  en  général,  que  les  cours  ne  sont 
pas  encore  définitivement  fîsés.  Dans  tous  les  cas,  les  prix,  croyons-nous,  resteront 
Btationnaires  jusqu'à  ce  que  l'on  connaisse  exactement  le  chiffre  officiel  de  la  récolte 
de  1880,  chiffre  que  d'ordinaire  l'administration  nous  donne  le  1"  janvier  de  chaque 
année. 

Spiritueux.  —  Le  mouvement  de  baisse  s'est  continué  cette  semaine.  Voici  du 
reste  le  cours  du  livrable  pendant  la  huitaine  écoulée  :  De  61  fr.  65  au  début,  le 


318;  REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX-COURANT 

disponible  a  fait  successive  nent  61  fr.  S"»,  6)  ïv.  50,  60  fr-,  et  en  clôture  59  fr.50. 
Le  stock,  après  avoir  épro  ivé  une  au'^meatalioa  Je  50  pipes,  est  en  diiuinutioa 
de  1  0  pipes  sur  la  semiine  dernière.  Oa  croit,  en  général,  qun  la  grosse  pro- 
duction d'alcool  de  betterave  sera  cette  année  un  éléinent  de  baisse  qui  dirigera 
le  marché.  —  A  Lille,  les  affaires  sont  calmes  et  es  prix  ont  lléchi,  l'alcool  dispo- 
nible vaut  de  68  fr.  5  '  à  57  fr.  Encore  aujourd'hui  les  prix  sont  sans  changements 
sur  les  marchés  du  Midi.  Les  marchés  allemands   accusent  égalera-nt  du  calme. 

Vinaigre'!.  —  A  Orléans  (Loiret),  les  vinaigres  sont  à  la  hausse.  Le  vinaigi-e  de 
vin  nouveau,  logé,  vaut,  l'hectolitre,  45  à  46  i'r.;  le  vinaigre  nouveau  de  vin  vieux, 
logé,  46  à  48  fr  ,  et  le  vinaigre  vieux,  55  à  60  fr. 

Cidr>',s.  —  A  la  Gnierche  (lUe-ot- Vilaine),  le  ci  Ire  vaut  36  à  38  fr.  la  barrique; 
à  Château  Geron,  35  à  38  Ir.;  à  Dol,  24  fr.  et  à  Bain,  2b  à  35  fr.  la  birri([ue. 

IV.  —  Sucres.  —  \Mélassei!.  —  Fécules,  —  Glucoses.  —  Amidons.  —  Houblons,  ; 
Sucres.  —  Les  résultats  de  la  nouvelle  fabrication  sucrière  s'accentuent  de  plus 
en  plus  ;  aussi  la  fermeté  que  nous  signalions  la  semaine  dernière  sur  les  sucres 
bruts  se  maintiennent  de  plus  en  plus,  et  s'accuse-t-elle  sur  tous  les  marchés.  On 
paye  par  100  kilog.,  à  Paris  :  sucres  bruts  88  degrés  saccharimétriijues,  54  fr.  25 
a  54  fr.  bO;  sucres  blancs,  n°  3,  61  i'r.  50;  à  Ldle,  sucres  bruts,  52  fr.  25  à 
52  fr.  50;  àPéronne,  sucres  bruts,  52  fr,  75  à  53  fr.;  sucres  blancs,  60  fr.;  à 
Saint-Quentin,  60  fr.   Le    stock    de  l'entrepôt  réel  des  sucres   à   Paris,  était  au 

17  novembre,  220.000  sacs  de  sucres  indigènes,  avec  une  augmentation  de' 
38,000  sacs  depuis  huit  jours.  —  Les  sucres  raffinés  sont  aussi  en  hausse;  on 
les  paye  de  118  à  120  fr.  par  iO»  kilog.  à  la  consommation,  et  de  76  à  80  fr. 
pour  l'exportation,  nets  de  droit.  Dans  les  ports,  toujours  peu  d'arrivages  sur  les 
sucres  coloniaux;  à  Bordeaux,  les  rafiinés  sont  payés  116  à  120  fr.  p^r  100  kilog. 
à  la  consommation 

Mélasses.  —  Les  prix  sont  un  peu  plus  faibles.  On  paye  à  Paris,  13  fr.  par 
100  kilog.  pour  les  mélasses  de  fabrique;  15  fr.  pour  celles  de  ralfinerie  ;  — à 
Valenciennes,  12  fr.  50  pour  celles  de  fabrique. 

Fécules.  —  Peu  d'affaires  pour  les  diverses  sortes  et  maintien  des  prix.  On  paye 
à  Paris,  34  fr.  50  à  36  fr  par  lOO  kilog.  pour  les  fécules  premières  du  rayon; 
à  Compiègne,  34  fr.  pour  celles  de  l'Oise.  Les  fécules  vertes  sont  cotées  de 
21  fr.  50  à  22  fr. 

Glucoses.  —  Mômes  prix,  que  précédemment  On  paye  à  Paris  par  100  kilog.: 
sirop  premier  blanc  de  cristal,  58  à  6ufr.;  sirop  massé,  48  à  50  fr.;  sirop  liquide, 
38  à  40  fr. 

Amidons.  —  Il  n'y  a  pas  de  variations  dans  les  cours.  On  paye  par  quintal 
métrique  :  amidon  de  pur  froment,  en  paquets,  7u  à  72  Ir.;  amiduns  de  pro- 
vince, f  0  à  62  fr  ;  amidons  d'Alsace,  56  à  ^  8  Ir.;  amidons  de  maïs,  40  à  42  fr. 

Houblons.  —  Le  plus  grand  nombre  des  marchés   de  production  accusent  une 
grande  fermeté,  et  même  de  la  hausse.   On  paye  par    lOo  kilog.  :  dans  le  Nord, 
100  à  1  lu  fr.;  en  Belgique,  100  à  1.  0  fr  ;  en  Alsace,  220  à  250  fr.,  en  Bourgogne, 
150  à  180  fr.  Les  qualités  médiocres  mêmes  se  vendent  facilement. 
V. —  Huiles  et  graines  oléagineuses. 

Huiles.  —  Les  transactions  reprennent  plus  d'activité,  et  les  cours,  après  avoir 
fléchi  à  la  fin  de  la  semaine  précédante,  sont  actuellement  en  hausse.  On  paye  par 
100  kilog.  :  à  Paris,  huile  de  colza  en  tous  iiàts,  75  fr.;  entonnes,  75  fr.;  épurée 
en  tonnes,  85  fr.;  huile  de  lin  en  tous  fûts,  69  fr.  25;  en  tonne,  71  fr.  25.  — 
Sur  les  marchés  des  départements,  pour  les  huiles  de  colza  :  Gaen,  71  fr  ;  Lille, 
72  fr.  50;  Cambrai,  72  fr.;  Arias,  76  fr.;  et  pour  les  autres  sortes  :  pavot,  94  à 
98jr.;  Un,  68  fr  ;  Cameline,  6^  à  69  fr.;  œillette,  145  fr,  —  A  Marseille,  les 
huiles  de  graines  sont  cotées  :  sésame,  71  à  72  fr  ;  arachide,  72  à  73  fr.;  coton, 
77  à  78  fr.  Quant  aux  huiles  d  olives,  les  affaires  sont  toujours  peu  importantes 
dans  le  Midi. 

Graines  oléagineuses.  —  Les  ventes  sont  faciles  à  des  prix  très  fermes  sur  tous 
les  marelles.  Ou  paye  par  100  kilog.  à  Fécamp  :  colza,  32  fr.  50  à  33  fr.;  navettes, 
31  à  H3  fr  ;  cameline,  32  à  32  ir.  50;  lin,  ^2  à  34  fr  ;  chanvre,  30  à  34  fr.;  par 
hectolitre,  à  Cambrai  :   œillette,  35  à  36   f r  ;  colza,   21   à  22  fr.;  cameline,  16   à 

18  fr.;  lin,  24  à  25  fr. 

VI.  —  Tourteaux.  —  Nnrs,  —  Engrais. 

Tnurtemtx.  —  Les  affaires  sont  peu  importantes  et  les  prix  se  maintiennent, 

A  Marseille,  on  ne  signale  pas  de  changemeuts,  A  Rouen,  on  cote  par  100  kilog.  :. 


DES  DENRÉES  AGRICOLES  (20  NOVEMBRE  1880).  319 

tourteaux  de  colza,  16  à  17  fr.;  de  lia.  24  à  25  fr.;  à  Arras,   œillette,   17  fr.  25  à 
17  fr   50;  lin,  26  fr.-,  cameline,  16  fr.  75. 

Noirs.  —  Mêmes  cours  que  précédemment.  On  paye  à  Valenciennes  :  noir 
animal  d  vuf  en  grains,  32  ir.  par  100  kilog.;  noir  d'engrais  \ieux  grains,  8  à 
9  tr.  par  hectolitre. 

VII.  —  Matièreu  ri'sinpugps,  colorantes.  —  Textiles, 
ilalièresrés'me.useii.  —  Peu  d'alTaires.  On  paye  à  Bordeaux  81  fr.  par  100  kilog.; 
à  Dax,  Si)  fr.  pour  l'essence  pure  de  térébeniljme. 

Gaudes. —  (Jours  sans  variation  dans  le  Languedoc,  à  21  fr.  par  100  kilog. 
Luines.  —  On  signale  des  affaires  assez  actives,  tant  à  Bordeaux  qu'au   Havre, 
en  ce  qui  concerne  les  laines  coloniales.  Les  prix  soi.t  bien  tenus  pour  les  diverses 
catégories;  les  Buenos- Ayies  en  suint  de  grande  (|ualité,  valent  2  fr.  45  à  2  fr.  60 
Vill.  —  Suifs  et  corps  gras,  cuirs  et   peaux. 
Suifx.  —  Les  cours  sont  en  hausse  notable.  On  paye  à  Paris  86  fr.  par  100  ki- 
log. pour  les  suifs  puis  de  l'abat  delà  houclierie. 

Suihduuj-.  —  Les  prix  sont  faibles,  au  Havre,  où  Ton  paye  111  à  112  fr.  par 
100  kilog.  pour  les  samdoux  d'Amérique. 

IX.  —  Beurres.    —  Œufs.   —  Fromages.— Volailles  cl  gihier. 
Beurres.  —  Il  a  été  vendu  pendant  la  semaine,  à  la  halle  de  Paris,  230,095  kilog. 
de  beurre'S  de  toutes  sortes    Au  dernier  jour,  on  payait  par  kilog.  :  en  demi  kilog., 
ordinaires  et  courants,  2  fr.  32  à  3  fr.   4i;   petits  beurres,  2   Ir.    12  à  2  fr.  82; 
Gournay,  2  fr.  à  4  fr.  86;  Isigny,  -i  fr.  30  à  6  fr    88. 

Œii/'s.  —  Du  9au  15  novembre,  ilaélé  vendu  à  la  halle  deParis,  3,155,270  œufs. 
Au  dernier  jour,  on  payait  par  mille  :  choix,  127  à  142  fr.;  ordinaires,  73  à 
117    Ir  ;  petits,   50  à  58  Ir. 

Froninges.  —  Derniers  cours  de  la  halle  de  Paris  :  par  douzaine,  Brie,  10  à 
29  f r  ;  Montlhéry,  !5  fr.;  par  cent,  Livarot,  24  à  74  fr.;  Mont-d'Or,  20  à  34  fr.; 
Neufcliâtel,  4  5u  à  27  fr.  50  ;  divers,  5 à  71  fr  ;  par  lOÛ  kilog.,  Gruyère,  12'4à  175fr. 
Vo  ailles  et  gibier.  —  On  vend  à  la  halle  deParis  :  Aloueites(la  pièce), 0  fr.  14  5/2 
àO  fr.  29.  —  Bécasses,  3  fr.  50  à  5  fr.  50.  —  Bécassines,  à  0  fr.  75  à  2  fr.  — 
Cailles,  0  fr.  45  à  1  15.  —  Canards  barboteurs,  l  fr.  70  à  5  Ir.  —  Canards 
sauvages,  l  fr.  50  à  3  fr.  —  Cerls,  chevreuils  et  daims,  25  à  90  fr.  —  Crêtes 
en  lots,  1  fr.  à  10  fr..  —  Dindes  gras  ou  gros,  "<  à  13  fr.  —  Dindes  communs, 
3  i*5  à  7  fr.  20.  —  Faisans  et  co  (S  de  bruyère,  3  fr.  50  à  9  tr.  —  Lapins  domes- 
tiques, 1  fr.  50  à  5  Ir.  lO —  Lièvres,  de  3  fr.  50  à  6  fr.  50  —  Oies  giasses,  8  à 
11  fr.  —  Oies  communes,  3  50  à  7  fr.25. —  Perdrix  grises,  1  fr.  85  à  5  Ir.  —  Pi- 
■geons  bizets,  0  fr.  50  à  l  fr.  25. —  Poules  ordinaires,  de  3  fr.  à  5  fr.  10. —  Poulets 
gras,  4  fr  60  à  7  fr.  —  Poulets  communs,  1  Ir.  40  à  2  fr.  20. 
X.  —  Chevaux.  —  Bétail.—  Viande.^ 
Chevaux.—  Aux  marchés  des  10  et  13  novembre,  àParis,  on  comptait  1,150 
chevaux.  Sur  ce  nombre,  509  ont  été  vendus  comme  il  suit  : 

Amenés.  Venrfus.  Pris  extrêmes. 

Chevaux  de  cabriolet '223  45      34.'î  a   1,090  Ir. 

—  détail 325  8i      3lOà  1,220 

—  horsd'âge 35'*  133        40  i   1  OôJ 

—  à  l'enchère 1:»3  133         45  â       585 

—  de  boucherie 115  Ho         40  à       110 

Bétail.  — Le  tableau  suivant  résume  le  mouvement  du  marché  aux  bestiaux  de  la 
Viilette,  du  jeudi  11  au  mardi  16  novembre  : 

Poids        Prix  du  kilog.   de  yjande  sur  pied 
Veodus  moyea     aumarclié  du  lundi  15  novembre 

des  .    -    — ».^ 


k  quartiers,  jre 


Bœufs 

Vaches 

Taureaui 

Veaux  

Moutons 

Porcs  gras 

—    maii^res. 


Les  approvisionnements  du  marché  sont  devenus  sensiblement  plus  faibles  que 
la  semaine  piécéderite.  Les  ventes  sont  faciles,  les  cours  sont  lermes,  principalement 
en  ce  qui  concerne  les  veaux  et  les  moutons.  —  A  Rouen,  on  paye  par  kilog.  : 
bœuf,  1  fr.  :-5  à  1  fr.  65;  vache,  1  fr.  25  à  1  fr.  60  ;  veau,  1  fr.  '/5  à  2  fr.  00; 
mouton,  i  fr.  75  à  2  fr.  10  ;  porc,  1  fr.  35  à  1  fr.  50. 


320  REVUE  COMMERCIALE    ET  PRIX-COURANT   (20  NOVEMBRE  1880). 

A  Londres,  les  importations  d'animaux  étrangers,  durant  la  semaine  dernière,  se 
sont  composées  de  32  veaux  et 2,338  moutons  venant  d'Amsterdam;  200  bœufs, 
de  Boston;  h  4  moutons  et  22  porcs,  dHambourof;  41  bœufs,  12  veaux,  1,707 
moutons  et  34  porcs,  d'Harlingen;  31  bœufs,  du  Havre;  299  bœufs,  531  moutons 
et  r»  porcs,  de  Montréal;  431  bœufs  et  150  moutons,  de  New-York;  C6  bœufs, 
d'Oporto;  6  veaux  et  1,223  moutons,  de  Rotterdam;  2,391  bœufs  et  1,907  mou- 
tons, de  Tonning  Prix  du  kilog.  Bœuf,  1«,  1  fr.  87  à  1  fr.  99;  2",  1  fr.  58  à 
1  fr,  75;  qualité  inférieure,  1  fr.  40  à  1  fr.  58.  —  Veau,  1",  l  fr.  93  à  2  fr.  05; 
2%  1  fr.  75  à  1  fr.  93.  —  Moulon,  V\  2fr.  28  à  2  fr.  40;  2%  1  fr.  93  à  2  fr.  10; 
qualité  inférieure,  1  fr.  75  à  1  fr.  93.  —  Porc,  1",  1  fr.  75  à  1  fr.  87  ;  2%  1  fr.  58 
à  1  fr.  75. 

Viande  à  la  criée.  —  On  a  vendu  à  la  halle  de  Paris,  du  9  au  15  novembre. 

Prix  du  kilog.  le  15  novembre. 


Bœuf  ou  vache 
Veau 

UoUtOQ 

Porc 


kilog. 
191,167 

rr>,68  5 

91,7'22 
3i,827_ 

440,399 

ventes  ont  été 


l"  quai. 
0.93  à  1.6) 
1.78     -2.14 
l.îli     1.40 


•2»  quai. 
0.88  à  1.44 
1.36     1.7(5 
1.08     1.24 


.<•'   '(Ull. 

0.60  à  1.16 
0  94  1.34 
0.80  1  06 
l.l4à  1.70 


Porc  frais.. 

Soit  par  jour 62,914  kilog. 

inférieures  de  2,590  kiloa^.    environ 


Ctioix.     Basse  boucherla.' 
I.l6à2.40   O.lOà  1.00 
1.10    2.30      .  . 

1.00    2.40      . 


ir  jour  à  celles  de   1* 


semaine  précédente.  Les  cours  accusent  de  la  baisse  depuis  huit  jours. 

XI,  —  Cou,rs  de  la  viande  à  l'abattoir  de   la  Villette  du  \8  novembre  (par  &0  kilog.) 
Cours  de  la  charcuterie.  —  On  vend  à  la  Villette  par  50  kilog.  :    1"  qualité, 
80  à  83  fr.;  2%  75  à  80  fr.;  poids  vif,  55  à  58  ir. 

Bœufs.  Veaux.  Moutons. 


1" 
quai, 
fr. 
74 


quai, 
fr. 


3» 

quai, 
fr 
58 


XII.  —  Marché  aux  bestiaux  de  la  Villette  du  jeudi  18  novembre. 


Animaux 
amenés. 
.     1.9ii2 

110 
.  1  106 

.  20.682 
.  4.484 


Invendus. 
881 
23  i 
14 
122 
1.698 
187 


Poids 
moyen 
général, 
kil. 
360 
250 
370 

80 

18 

84 


Cours    officiels. 


Cours  des  commissionnaire! 
en  bestiaux. 


20        3* 
quai.  quai.  quai. 


1.62 
1.48 
1.24 
2.50 
1.86 
1.50 


1.44 
1.30 
1.10 
2.20 
1.60 
1.46 


Prix 
extrêmes,  quai.   quai. 


1.40 
1.30 
1.30 


1.52 
1.30 
2.40 
1.90 
1.62 


1.60 
1.45 
1.24 


1.40 
1.30 
I.IO 


3» 

quai. 

1.00 
0.S5 
1.00 


Prix 

extrêmes. 

0.95  à  1.41 

0.35     1.50 

0.90     1.30 


Bosnfs 

7aohes.... 
Taareaux.. 

Veanx 

Moutons... 
Porcs  gras. 

—  maigres.  »  »  ■»»»»»»»»»■ 

Vente  calme  sur  le  gros  bétail;  assez  acti^^e  sur  les  autres  espèces. 

XIII.  —Résumé. 
Les  prix  des  céréales,  des  vins,  des  spiritueux,  aussi  bien  que  des  sucres  et  des 
huiles,  accusent  beaucoup  de  fermeté  ;   ceux  des  produits  animaux  tendent   à  se 
relever.  A.  Remy. 

BULLETIN  FINANCIER. 

Semaine  de  baisse  :  la  rente  3  0/0  est  à  85  fr.  20,  perdant  0  fr.  30.  L'amor- 
tissable conserve  son  cours,  et  le  5  0/0  perd  0  fr.  30  à  118  fr.  80.  Faiblesse  éga- 
lement à  nos  chemins  de  fer  et  à  nos  Sociétés  de  crédit  : 

Cours  de  la  Bourse  du  10  au  17  novembre  1880  [au  comptant). 

Principales  valeurs  françaises  :  Valeurs  diverses 

Plus        Plus     Dernier  Plus 

bas.       haut,     cours. 

Rente30/0 85.20       85.55       85. ïO 

Rente  3  0/0  amortis 87.05      87.65       87.50 

Rente  4  1/2  0/0 11375     114.25     113.75 

Rente  5  O/o II8.80    119.00     II8.8O 

Banque  de  France 3585.00  3^20.00  362U.00 

Comptoir  d'escompte 97ii.00    980.00     975.00 

Société  générale 581. i5     587.50    581.25 

Crédit  foncier 133000  1340.00  1332.50 

Est Actions  500     745.00     753.75     745.00 

Midi d°  1075.50  H18I.25   1078.75 

Nord d*  1660.00  1676.26   1660.00 

Orléans d°  l'235.00  1243.75  1240.00 

Ouest d*     812.50     St7.50     812.50 

Paris-Lyon-Méditerranée d"  1447.50  1485  00  1470.00 
Paris  1871  obi.  400  3  0/0..  394  00  397.00  396  O'J 
Italien  b  0/0 87.15       87.35       87.35 


Gérant  :  A.  BOUCHÉ. 


Créd.  fonc.  obi.  50o  4  o'o 

do        d"       d»      d"  3  0/0. 

d*  obi.  c"  500  3  0/0 
Bque  de  Paris  act.  500... 
Crédit ind.  et  corn.  500... 
Dépôts  et  cples  cts.  500. . . 

Crédit  lyonnais d'. . . 

Créd.  mobilier 

Cie    parisienne  du  gaz  250  1342.50  1355.00 

Cie  génér.  transatl 500    590. 00    595.00 

Messag.  maritimes d'    "47  50    752.50 


bas. 
515.00 
543.75 
465.00 

1132.50  1140  00 
736.25  750.00 
708.75  710.00 
960.00  972.50 
642.50     650.00 


Plus  Dernier 
haut,  cours. 
517.50  515.00 
550.00  550.00 
470.00     465.00 


1140.00 
750.00 
708.75 
965.00 
642.50 

1355.00 
595.00 
750.00 


Canalde  Suez d»  12ao.oo  13J2.50  1302.50 


..d° 
..d» 
.500 


d"     délégation.... 

d*  obli.  5  0/0.... 
Créd.  fonc.  Autrich.. 
Créd  mob.  Espagnol.... d*  »  » 

Créd. fonc.   Russe 386.25    390.00 

iBTBUilBa 


820.00  840.00 
568.00  5G9.00 
788.75     796  2i 


820.00 
575.00 
788.75 


CHRONIQUE  AGRIGOLlil  m  novemp 


f.K  1880). 


Présentation  au  Sénit  du  rapport  de  la  Cominission  des  finances  sur  le  budget  des  dépenses  do 
1881.  —  Observations  du  rapporteur  sur  la  participation  des  animaux  de  l'espf^ce  chevaline  aux 
concours  régionaux.  —  Analyse  des  programmes  des  concours  régionaux  dMjrer,  de  Pau,  de 
Nîmes,  de  Caiiors,  de  Chalon-sur-Siône,  d'Alençon  et  de  Tours.  —  Concours  pour  les  animaux 
reproducteurs.  —  Programme  des  concours  spéciaux  de  machines  et  instruments,  de  produits 
et  de  matières  utiles  à  l'agriculture.  —  Date  du  conco  irs  général  de  Nevers  en  1881.  —  Prin- 
cipales pirties  de  ce  programme.  — Concours  de  volnUes  grasses  à  Bourg.  —  L'engiai^s'^ment 
intensif  des  volailles.  —  Prochaine  réunion  de  la  Commission  supérieure  du  phylloxéra.  — 
Recherches  de  l'insecte.  —  Découverte  d'une  tache  dans  l'arrondissement  de  Condom.  — Sub- 
ventions à  des  syndicats.  —  Décret  rel  itif  à  rimporliticn  de  plants  de  vignes  du  Portugal.  — 
Recherches  relatives  à  l'œuf  d'hiver.  —  nécrologie  :  M.  Duhosi]. —  Liste  des  élèves  admis  à 
l'Institut  national  agronomique.  —  Programme  du  cours  public  d'arboriculture  de  M.  du  Breuil. 
—  Les  Annalex  agronomiques.  —  Nouvelle  liste  île  membres  de  la  Société  nationale  d'encou- 
ragement à  ragricuUure.  —  Date  de  rassemblés  générale  de  la  Société.  —  Réunion  prépara- 
toire du  Congrès  Féricicole  international  de  Sienne.  —  Nouvelle  méthode  de  culture.  —  Lettre 
de  M.  Goëtz.  —  Concours  spécial  de  trieurs  et  de  hache-paille  ouvert  par  la  Société  d'agriculture 
de  l'Indre.  —  Prochain  concours  d'animaux  gras  ;'i  Angoulème.  —  Séance  de  rentrée  de  la 
Société  nationale  d'agriculture  de  France.  —  Nomination  de  M.  Lézé  comme  professeur  à  l'Ecole 
nationale  d'agriculture  de  Grand-Jouan. 

I.  —  Le  biidgel  de  l'agi  iruUure  au  Sénat. 

M.  Cordier  a  déposé  sur  le  bureau  du  Sénat,  dans  la  séance  du 
15  novembre,  le  rapport  de  Li  Cominission  des  finances  sur  le  budget 
des  dépenses  pour  l'exercice  188  I .  La  Commission  ne  demande  aucun 
changement  aux  votes  émis  par  la  Chambre  des  députés  en  ce  qui  con- 
cerne le  ministère  de  l'agriculture.  Nous  n'avons  ti^ouvé  à  citer  dans 
ce  travail  que  l'observation  suivante  relative  à  la  présence  des  animaux 
reproducteurs  de  l'espèce  chevaline  dans  les  concours  régionaux  ; 
mais  du  moins  cette  observation  est  intéressante  et  absolument  con- 
forme au  vœu  de  tous  les  amis  du  progrès  agricole.  «  Plusieurs  Conseils 
généraux,  dit  le  rapporteur  du  Sénat,  ont  émis  le  vœu  que,  à  l'avenir, 
nos  races  de  chevaux  de  trait  soient  primées  dans  les  concours  régio- 
naux; ils  y  voient  un  grand  intérêt  pour  l'agriculture  et  pour  la  re- 
monte de  l'artillerie.  Votre  Commission  estime  qu'il  y  a  là  une  amélio- 
ration à  introduire  dans  les  concours,  et  elle  invite  M.  le  ministre  de 
l'agriculture  à  l'étudier  pour  le  prochain  budget.  »  Le  vœu  des  Conseils 
généraux,  appuyé  par  la  Commission  sénatoriale,  aura-t- il  pour  résul- 
tat défaire  admettre  les  chevaux  dans  les  concours  régionaux  en  1882? 
Il  faut  l'espérer,  car  l'administration  deshanis.  qui  a  !dni  par  faire 
avorter  les  projets  qu'on  avait  conçus  pour  ibîSl  et  que  nous  avons 
mentionnés  dans  une  de  nos  dernières  chroniques,  ne  pourra  pas 
résister  à  un  vote  des  Chambres;  elle  linira  par  comprendre  d'ailleurs 
que  l'intérêt  public  exige  qu'elle  marche  d'accord  avec  l'agriculture. 
L'union  est  féconde;  les  divisions  sont  toujours  funestes  et  stériles. 

II.  —  Les  concours  régionaux  en  183i. 

Dans  un  précédent  numéro,  nous  avons  publié  les  dates  des  con- 
cours régionaux  de  1881.  Les  programmes  de  ces  concours  sont 
aujourd'hui  fixés  ;  nous  commençons  à  en  donner  l'analyse,  tant  pour 
le  bétail  que  pour  les  instruments  et  les  produits  : 

Concours  de  l'Algérie,  à  Alger,  du  2  au  1 1  avril.  —  Animaux  reproducteurs  : 
Espèce  chevaline,  3  catégories  :  1"  races  orientales  de  pur  sang  (race  syrienne  et 
ses  analogues)  ;  2"  race  algérienne  (barbe,  arabe,  etc.)  ;  3°  autres  races  pures  et 
croisements  divers.  —  Espèce  bovine,  4  catégories  :  i°  race  de  Gruelma  ;  2°  autres 
races  africaines  ;  3°  races  d'Europe  ;  k"  croisements  divers.  —  Espèce  ovine,  5  caté- 

fories  :   L"  races  mérinos  et  métis-mérinos    d'Europe,    nées   et  élevées  soit  en 
'rance,  soit  en  Algérie  ;  2'^  race  barbarine  ;  3°  races  des  hauts-plateaux  et  du  sud, 

N'  6Û7.  —  Tome  IV  de  1880.  —  27  Novembre. 


32-2  CHRONIQUE  AGRICOLE  (27   NOVEMBRE   1880). 

à  face  Lruiie  et  à  face  blanche;  4"  croisements  entre  mérinos-  et  races  algériennes; 
5»  races  piues  el  croisements  divers.  —  Espèce  porcine,  2  catégories  :  1°  races 
étrangères  pu; es  ou  croisées  entre  elles;  2"  races  irançaises  pures  ou  croisées.  — 
Animaux  gras  :  hœuï'fi,  vaches,  moulons,  porcs,  handes  de  bœufs,  bmdes  de 
moutons.  —  Tous  les  animaux  exposés  devront  appai tenir  à  des  agriculteurs 
alo-ériens  depuis  le  1*''  janvier  1881.  —  Instruments  d'extérieur  de  f tri  ne,  k  con- 
cours spéciaux  :  1"  charrues  bisocs  pour  labours  de  20  centimètres;  'z"  semoirs 
pour  cultures  de  cérénles  en  lignes  pour  grandes  exj)loitations,  ensemençant  une 
bande  de  2  mètres  de  largeur  au  moins  ;  3"  houes  à  cheval  pour  cultures  de  céréa- 
les en  lignes  dans  les  grandes  exploitations;  4"  charrues  vigneronnes.  —  Instru- 
ments dhnlcrieur,  3  concours  spéciaux  :  1"  machines  élévatoires  pour_usage_  d'ir- 
rigations ;  2"  moteurs  actionnant  des  appareils  élévatoires  pour  irrigations  ; 
3"  appareils  vinaires.  —  Un  avis  spécial  indiquera  la  date  du  concours  de  semoirs. 
—  Pruduits  agricoles,  échantillons  de  toutes  les  plantes  agricoles  «  ultivées  ou 
exploitées,  produits  agricoles  non  alimentaires,  produits  agricoles  alimentaires, 
produits  de  l'horticuhure  et  de  i'arboricuhure,  produits  des  exploitations  fores- 
tières, produits  de  l'ostréiculture  et  de  la  pisciculture,  modèles  et  dessins. 

Concours  de  Pau,  du  9  au  16  mai,    pour  la  région  comprenant  les  départements 
de  l'Ariége,  de  la  Haute-Garonne,  du  Gers,  des  Landes,  de  Lot-et-Garonne  des 
Basses-Pyrénées    et    des    Hautes-Pyrénées.   —    Espèce  bovine,   8  catégories    : 
1°  races   béarnaise  basquaise  et  analogues  ;  2°  race  d'Urt  ;  3°  race  de  Lourdes  ;  4° 
races  des  vallées   d'Aure  et   de   Saint-Girons  ;    5"   races  gasconne  et  carolaise, 
6"  race  garonnaise,  7''  race   bazadaise;  &"  races  laitières  françaises  ou  étrangères, 
pures  ou  croisées.   Deux  prix  d'ensemble  :  1"  pour  la  première  catégorie,  2"  pour 
les  autres.  —  Espèce  ovine,  4  catégoiies  :  1"  race  mérinos  et  métis-mérinos;   2° 
races    Irançaises   diverses  ;    3"  races  étrangères   diverses  ;  4"   croisements  divers. 
Un  prix  d'ensemble.  —  Espèce  porcine,  3  catégories  ;  1"  races  françaises  pures  ou 
croisées  entre  elles  ;  2"  races  étrangères  pures  ou   croisées  entre  elles  ;    3"  croise- 
ments divers.   Un  prix  d'ensemble.    —  ÀJiimaux  de  basse-cour,     7   catégories  : 
1°    coqs   et   poules;    2"   dindons;  3°    oies;    4"  canards;  5»  pintades  ;  6"  pigeonsi; 
7°  lapins  et  lépoiides.  Un  prix  d'ensemble.  — Instruments  d'cxlètieur  de  ferme^ 
3  concours  spéciaux  :  1°  charrues  avec  avant-lrain  pour  labour  de  20  centimètres 
au  moins  ;  i«  semoirs  à  toutes  graines  pour  la  petite  culture  (force  de  1  cheval  au 
plus)  ;  ii"  pompes  élévatoires,  norias,  etc.  —  Instruments  d'intérieur,  3  concours 
spéciaux  :  1"  clôtures  économiques  pour  paddocks  ;    2»  collections  d'ustensiles  de 
laiterie;  3"  pompfs  pour  le  soutirage  des  vins.  —  Produits  a'jricoles.  6  concours 
spéciaux  :  i"  produits  des  fruitières  des  Pyrénées;  2'^  vins  récoltés  dans  le  départe- 
ment des  Basses-Pyrénées  ;  3"  collections  de  raeines  fourragères  ;  4"  plantes  texti- 
les; 5"  expositions  scolaires;    6°  expositions   collectives.  — Trois  médailles  d'or, 
six  d'argent  et  huit  de  bronze  pourront  être  attribuées  pour  les  produits  végétaux 
ou  animaux,  pour   ceux  de  l'hoiticuUure  et  de  l'arboriculture,   de  la  pisciculture, 
des  exploitations  forestières,  et  pour  les  dessins  et  modèles  d'instruments. 

Coiico'i'rs  de  Mmes,  du  14  au  2<  mai,  pour  la  région  CDmj)renant  les  départe- 
ments des   Alpes-Maritimes,  de  l'Aude,  des  Bouches-du-Bhône,  de  la  Corse,  du 
Gard,  de  l'Héiault,  des  Pyrénées-Orientales  et  du  Var.  —  Espèce  bovinp.,  4  caté- 
gories ;  1"  race  de  la  Camargue  ;    2"  race  tarentaise  ou  tarine  ;   3°  races  française» 
pures  spécialement  aptes  à  la  production  de  la  viande  et  au  travail  ;  4°  races  laitiè- 
res françaises  ou  étrangères  puies  ou  croisées.  Deux  prix  d'ensemble  :  1°  pour  les 
deux  pitmièies  catégories;  2"  pour  les  deux  dernières.  —  Espèce  ovine,  7  catégo- 
ries :  1"  races  mérinos  et  métis-mérinos,   2"   race  de  Larsac  ;    3"  races  des  Gaus- 
ses ;  k"  race  barbarine;  5"  race  du  Lauraguais  ;  6°  races  étrangères  diverses  pures; 
7"  races  fiançaises  di\ erses  et  croisements   divers.  Un  prix  d'ensemble.  —  Espèce 
porcine,  comme  au  concours  de  Pau,  —  Animaux  de  basse-cour,   6  catégories  : 
1»    coqs  et    poules;   2"  dindons  ;  3"  oies  ;   4"  canards;    5"  pintades  et   pigeons; 
•     6"  lapins  et  lépondes.  Un  prix  d'ensemble.  —  Instruments  d'extérieur  de  ferme, 
7  concours  spéciaux  :  1°  machines  élévatoires  en  vue  de  la  submersion  des  vignes; 
2"  brabants  doubles  pour  labours  ordinaires  (15  à  20  centimètres  de  profondeur), 
3*  instruments  propres  à  faire  mécaniquement  le  greffage  de  la  vigne  ;  4°  mois- 
sonneuses simples;  5"  moissonneuses-lieuses;  6**  lieuses  indépendantes  mues  par 
les  animaux;  7*  lieuses  indépendantes  à  main.  Pour  ces  quatre  concours,  dés 
épreuves   auront  lieu    au  moment  de  la  moisson.   —  Instruments    d'inférieur, 
2  concours  spéciaux  :  1°  locomobiles  à  vapeur  de  la  force  de  six  chevaux  ;   z°  ma- 
chines à  battre  à  vapeur,  à  grand  travail,  vannant  et  criblant,  de.  six  chevaux  au 


CHRONIQUE   AGRIGOLL;    [^Zl   NOVEMBRE   1880)  32  3 

moins.  —  Produits  agricoles,  6  concours  spéciaux  :  1"  pro-Juits  s^éricicoles  ;  2^  vins 
de  la  région  (récoltes  de  1879  et  1880):  o"  huiles  d'olives;  4"  produits  raa;-ai- 
chers  ;  5''  expositions  scolaires  ;  6"  expositions  collectives.  — Pour  les  produits 
divers,  comme  au  concours  de  Pau. 

Concours  de  Cahors,  du  21  au  30  mai,  pour  la  région  comprenant  les  départe- 
ments de  l'Aveyron,  du  Cantal,  de  la  Corrèze,  de  la  Greuze,  du  Lot,  du  Tarn  et 
de  Tarn-et-G-aronne.  —  Espèce  bovine,  8  catégories  :  1°  race  garonnaise;  2"  race 
limousine;  3"  race  d'Aubrac;  't"  race  de  Salers  ;  5"  race  marchoise;  6'^  race 
d'Angles;  7°  races  françaises  diverses  pures  ou  croisées;  8°  races  étrangères  pures 
et  croisements  divers.  Deux  prix  d'ensemble,  po!ir  la  l""**  catégorie  et  pour  les 
autres.  —  Trois  prix  pour  les  bandes  de  vaches  laitières  en  lait.  —  E<pèoe  ovine, 
5  catégories  :  1"  race  des  Causses  de  l'Aveyron,  de  Larzac,  de  Sigalas,  etc.; 
2"  race  des  Causses  du  Lot;  3°  races  françaises  diverses;  'i"  races  étrangères  di- 
verses; 5"  croisements  divers.  Un  prix  d'ensemble.  —  Espèce  porcine,  comme  au 
concours  de  Pau,  —  Animaux  de  basse-cour,  comme  au  concours  de  Nimes.  — 
Instruments  d'extérieur  de  ferme,  3  concours  spéciaux  :  1°  charrues  Brubant  pour 
labours  ordinaires  ;  2" charrues  araires  pour  labours  ordinaires  de  -aO  centimètres; 
3°  charrues  vigneronnes.  — Inslrunienls  d'intérieur,  3  concours  spéciaux  :  l"  hachs 
paille;  2"  coupe-racines;  3°  égrenoirs  pour  maïs.  — Produits  agricoles,  7  concours 
spéciaux  :  1"  tabacs  en  feuilles;  1"  fromages;  3<*  produits  forestiers;  ^^  vins  du  Lot, 
du  Tarn  et  de  Tarn-et-Garonue ;  5°  produits  maraîchers  et  fruits;  6"  expositions 
scolaires  ;  7°  expositions  collectives.  Pour  les  produits  divers,  comme  au  concours 
de  Pau. 

Concours  de  Chd'on-sur-Sadne,  du  21  au  30  mai,  pour  la  région  comprenant 
les  départements  de  l'Ain,  de  la  Côte-d'Or,  du  Doubs,  du  Jura,  de  la  Haute- 
Saône,  de  Saône-et-Loire,  de  l'Yonne  et  la  circonscription  de  BelFort.  —  Espèce 
bovine,  6  catégories  :  P  race  charolaise  ;  2°  race  durham  ;  3"  croisements  durham; 
4"  race  fémeline;  5"  races  françai-es  diverses;  6°  races  étrangères  laitières.  Deux 
prix  d'ensemble  pour  la  P^  catégorie,  et  pour  les  autres.  Trois  prix  pour  les 
nandes  de  vaches  laitières  en  lait.  —  Espèce  ovine,  b  catégories  :  1°  races  mérinos 
et  métis-mérinos;  2**  races  françaises  diverses  ;  S"  races  étrangères  à  laine  longue; 
4"  races  étrangères  à  laine  courte;  5"  croisements  divers.  Un  prix  d'ensemble.  — 
Espèce  porcine,  3  catégories,  comme  au  concours  de  Pau.  —  Animaux  de  basse- 
cour,  7  catégories  comme  au  concours  de  Pau.  —  Instruments  d'extérieur  de 
ferme,  3  concours  spéciaux  :  \°  charrues  vigneronnes  ;  2°  autres  instruments  pour  la 
culture  de  la  vigne;  3"  barrières  et  clôtures  à  l'usage  des  herbages.  —  Instruments 
d'intérieur,?,  concours  spéciaux  :  1"  pompes  à  purin;  2"  trieurs  servant  au  net- 
toyage des  grains;  3°  instruments  de  météorologie  utilisables  pour  l'agriculture. — 
Produits  agricoles,  8  concours  spéciaux  :  1"  fromages  de  Gruyère;  2"  beurres  Frais , 
Babeurres  de  fruitières;  4"  vins  rouges  de  la  région  (récolte  de  18"'9  et  1R80); 
5'  vins  blancs  de  la  région;  6"  produits  de  l'horticulture;  7-  expositions  scolaires; 
8°  expositions  collectives.  —Pour  les  produits  divers,  comme  au  concours  de  Pau. 

Concours  d' Alençon,  du  28  mai  au  7  juin,  pour  la  région  comprenant  les 
départements  du  Calvados,  de  l'Eure,  d'Eure-et-Loir,  de  la  Manche,  de  l'Orne, 
de  la  Sarthe  et  de  la  Seine-Inférieure.  —Espèce  bovine,  3  catégori.es  :  P  race 
normande;  2°  race  durham;  3°  croisements  durham  Un  prix  d'ensemble  dans 
chaque  catégorie.  Trois  prix  pour  les  bandes  de  vaches  laitières  en  lait.  —  Espèce 
ovine,  6  catégories  :  i"  races  mérinos  ou  métis-mérinos;  2°  races  françaises 
diverses;  3°  races  étrangères  à  laine  longue;  4"  races  étrangères  à  laine  courte; 
5°  croisements  d  shley-piérinos  ;  6"  croisements  divers.  Un  prix  d'ensemljle,  — 
Espèce  porcine,  3  catégories  et  un  prix  d'ensemble  comme  au  concours  de  Pau.  — 
Animaux  de  basse-cour,  6  catégories,  comme  au  concours  de  Nîmes. —  Instruments 
d'extérieur  df-  ferme,  3  concours  spéciaux  :  1°  charrues  Brabant  doubles  pour 
labours  n'excédant  pas  0™.20  ;  2°  semoirs  en  lignes  divisés  en  trois  seciions  :  a, 
semoirs  pour  toutes  graines;  b,  semoirs  pour  céréales  ;  c,  semoirs  pour  racines; 
3'»  houes  à  cheval.  Le  concours  de  semoirs  fera  l'objet  d'essais  préalables  qui 
auront  lieu  vers  le  \"  mars  sur  une  échelle  convenable.  Pour  y  prendre  part,  les 
exposants  devront  envoyer  leurs  déclarations  au  ministère  de  l'agriculture  avant 
le  1"  février.  —  Instruments  d'intérieur,  3  concours  spéciaux  :  1»  machines  à 
battre  à  vapeur,  vannant  et  criblant,  ne  dépassant  pas  une  force  de  six  chevaux  ; 
2°  machines  à  battre  à  manège,  de  deux  chevaux  au  moins  et  de  trois  chevaux  au 
plus;  3°  triturs.  —  Produits  agricoles,  5  concours  spéciaux  :  1°  .beurres  frais; 
ï"  fromages  à  pâte  molle,  frais;  3"  fromages  à  pâte  molle,  affinés;  4»  expositions 


Sâ't  CHRONIQUE   AGRICOLE   (27    ^NOVEMBRE    1880). 

scolaires;  5"  expositions  collectives.  —  Pour  les  produits  divers,   comme  au  con- 
cours de  Pau. 

Concours  de  Tours,  du  28  mai  au  7  juin,  pour  la  région  comprenant  les  dépar- 
tements de  TAllier,  du  Gliei-,  d'Indre  et-Loire,  de  Loir-et-Cher,  du  Loiret  et  de 
la  Nièvre.  —  Espèce  bovine,  5  catégories  :  1°  race  nivernaise  ou  charolaise  ;  2"  race 
durham  ;  3"  croisements  durham  ;  k"  races  laitières  françaises  ou  étrangères 
pures;  5"  races  di3  tiavail.  Deux  prix  d'ensemble,  pour  la  race  charolaise  et  pour 
les  autres  races.  — Espèce  ovine,  6  catégories  :  1"  race  southdown  ;  2°  race  dish- 
ley  ;  3°  races  mérinos  et  métis-mérinos;  4°  race  de  la  Chamoise;  5°  races  fran- 
çaises diverses;  6"  croisements  divers.  Deux  prix  d'ensemble  :  pour  les  deux  pre- 
mières catégoiies  et  pour  les  quatre  autres. —  Espèce  porcine,  3  catégories,  comme 
au  concours  de  Pau  — Aiùinaux  de  basse-cour,  6  catégories,  comme  au  concours 
de  Nîmes.  —  Instrun-unts  d'extérieur  de  ferme,  3  concours  spéciaux  :  1°  charrues 
vigneronnes  avec  accessoires  pour  la  culture  complèle  de  la  vigne  au  moyen  d'atte- 
lages ;  2"  machines  à  faire  les  menions  et  ma(  bines  à  charger;  3"  botteleuses.  — 
Instruments  d'intérieur,  9  concours  spéciaux;  1"  presses  à  fourrages;  2"  trieurs  de 
graines  ;  £"  pressoirs  ;  4"  louloirs;  5°  égrappoirs;  6°  fouloirs-égrappoirs  ;  7"  filtres  à 
vin;  8''  pompes  vinaires  ;  9"  ustensiles  divers  pour  la  vinification  et  la  conservation 
du  vin.  Les  expériences  de  ces  sept  derniers  concours  auront  lieu  au  moment  de  la 
vendange,  près  de  Tours,  dans  les  conditions  de  la  pratique  ordinaire.  —  Produits 
agricoles,  4  concours  spéciaux  :  1"  vins  de  la  région  (récoltes  de  1879  et  1880)  ;  2° 
p<-oduits  des  pépinières;  3"  expositions  scolaires;  4"  expositions  collectives.  Pour 
les  produits  divers,  les  conditions  sont  les  mêmes  qu'au  concours  de  Pau. 

Nous  continuerons  l'analyse  des  des  programmes  six  derniers  con- 
cours régionaux  de  1881  dans  un  prochain  numéro. 

III.  —  Concours  général  de  Nevers. 

Nous  recevons  le  programme  du  concours  général  d'animaux  gras, 
de  volailles  vivantes  et  mortes^,  de  fromages Jjeurres,  céréales,  racines, 
graines,  etc.,  de  l'exposition  d'animaux  reproducteurs,  de  l'exhibi- 
tion de  machines  et  instruments  et  de  vins  de  la  Nièvre,  qui  auront 
lieu,  comme  les  années  précédentes,  à  Nevers,  sous  la  direction  de  la 
Société  départementale  d'agriculture  de  la  Nièvre,  présidée  par  M.  de 
Bouille.  Ces  concours  se  tiendront  du  10  au  13  février  prochain,  et 
précéderont  d'une  semaine  les  concours  généraux  de  Paris.  La  grande 
importance  prise  par  les  concours  de  la  Nièvre  se  maintient  et  s'aug- 
mente. Au  mois  de  juillet  1881,  aura  lieu  un  concours  de  moisson- 
neuses-lieuses et  de  lieuses  indépendantes;  enfin,  cette  même  année 
sera  décerné  le  prix  d'honneur  départemental  à  disputer  entre  les  lau- 
réats des  prix  de  culture  des  quatre  Comices  de  la  Nièvre. 

IV.  —  Concours  de  volailles  grasses. 

Le  Comice  agricole  de  l'arrondissement  de  Bourg  (Ain),  qui  se 
préoccupe,  avec  juste  raison,  de  l'augmentation  de  la  production  des 
volailles,  a  déjà  organisé,  l'année  dernière,  un  concours  de  volailles 
grasses.  Encouragée  par  le  succès  obtenu,  cette  association  ouvre  cette 
année  un  nouveau  concours,  qui  se  tiendra  à  Bourg,  le  23  décembre, 
et  qui  comprendra  les  chapons,  les  poulardes  et  les  canards.  Le  Co- 
mice fera  une  exposition  d'ensemble  au  concours  général  de  Paris, 
au  mois  de  février  prochain. 

L'industrie  des  volailles  de  Bresse  a  pris  une  grande  extension.  On 
sait,  en  effet,  qu'aucune  volaille  ne  saurait  avoir  atteint  son  degré  de 
finesse  et  de  qualité,  si  elle  n'a  été  préalablement  soumise  quelque 
t  emps  à  un  engraissement  forcé.  La  manière  dont  on  fait  les  poulardes 
d  u  Mans  et  d'ailleurs,  a  été  trop  souvent  décrite  pour  que  nous  y  re- 
V  enions.  Depuis  plusieurs  années  on  a  inventé  des  procédés  mécaniques 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (27  NOVEMBRE  1880).  325 

pour  l'engraissement  des  volailles.  Nous  profitons  de  l'occasion  pour 
citer  l'appareil  inventé  par  MM.  Rouiller  et  Arnoult,  de  Gambais-les- 
Houdan  (Seine-et-Oise).  Cet  appareil,  baptisé  la  Compressive^esi  d'une 
grande  simplicité  et  solidement  construit  :  un  réservoir  avec  corps  de 
pompe  est  posé  sur  un  bâti  en  chêne,  une  pédale  fait  mouvoir  ie  piston 
de  la  pompe.  Celle-ci,  au  moyen  d'un  tube,  introduit  la  pâtée  dans 
l'estomac  do  l'animal.  Le  même  appareil  peut  gaver  un  nombre  indé- 
terminé de  volailles,  et  de  toutes  les  espèces. 

V.  —  Le  Phijlloxera. 

Nous  croyons  pouvoir  annoncer  que  la  Commission  supérieure  du 
phylloxéra  ouvrira  sa  session  générale  le  8  décembre  prochain.  Les 
recherches  systématiques,  qui  maintenant  sont  bien  organisées,  font 
découvrir  quelques  nouvelles  taches;  cependant  on  admet  générale- 
ment que  la  marche  du  tléau  n'a  pas  été  aussi  accélérée  en  1880  que 
dans  les  années  précédentes.  Cela  ne  prouve  pas  que  l'invasion  soit 
dans  son  déclin,  cela  démontre  seulement  que  les  circonstances  mé- 
téorologiques n'ont  pas  été  aussi  favorables  qu'antérieurement  à  la 
multiplication  de  l'insecte.  Une  tache  a  été  trouvée  dans  l'arrondisse- 
ment de  Condom  (Gers)  qui,  jusqu'à  présent,  était  considéré  comme 
indemne;  elle  va  être  traitée  administrativement  avec  le  concours  du 
propriétaire  du  vignoble.  Trois  syndicats  ont  demandé  des  subven- 
tions pour  l'emploi  du  sulfure  de  carbone  :  deux  dans  le  Rhône  et  un 
dans  la  Drôme  ;  un  autre  syndicat,  dans  Vaucluse,  a  reçu  également 
une  subvention  pour  l'emploi  du  sulfocarbonate.  Partout  la  lutte 
contre  l'insecte  se  poursuit  avec  énergie. 

On  surveille  d'ailleurs  les  importations  étrangères,  comme  le  prouve 
le  décret  suivant,  relatif  à  la  désignation  des  bureaux  de  douane  par 
lesquels  pourra  s'effectuer  l'importation  des  plants  de  vigne,  boutures 
et  sarments,  provenant  du  Portugal  : 

Le  président  de  la  République  française, 

Sur  le  rapport  du  ministre  de  l'agriculture  et  du  commerce. 

Vu  la  convention  internationale  de  Berne,  du  17  septembre  1878,  relative  aux 
mesures  à  prendre  contre  le  phylloxéra  ; 

Vu  le  décret  du  12  janvier  1880,  qui  a  rendu  cette  convention  exécutoire  en 
France  ; 

Vu  l'article  4  de  la  loi  du  5  juillet  1836  ;  —  Décrète  : 

Art,   P^  —  L'importation  en  France  des  plants  de  vignes,  boutures  et  sarments, 
des  plants,  arbustes  et  produits  divers  des  pépinières,  jardins,  serres  et  orange 
ries,  provenant  du  Portugal,  ne  pourra  s'effectuer  que  par  les  bureaux  de  douane 
existant  dans  les  ports  de  mer  du  Havre,  de  Saint-Nazaire,  de  Bordeaux  et  de 
Marseille. 

Art.  2.  —  Le  ministre  de  l'agriculture  et  du  commerce  et  le  ministre  des 
iinances  sont  chargés,  chacun  en  ce  qui  le  concerne,  de  l'exécution  du  présent 
décret. 

Fait  à  Paris  le  17  novembre  1880.  Jules  Grévy. 

Par  le  Président  de  la  République  : 

Le  Ministre  de  V agriculture  et  du,  commerce  :  Le  Ministre  des  finances  : 

P.  TiRARD.  J.  Magnin. 

La  recherche  de  l'œuf  d'hiver  du  phylloxéra  continue  partout;  elle 
ne  donne  pas  lieu  à  de  grandes  découvertes,  ce  qui  est  heureux,  car 
il  faut  désirer  que  ce  mode  de  propagation  de  l'insecte  soit  réduit  à 
son  minimum  de  fécondité.  On  nous  a  annoncé  que  trois  œufs  d'hiver 
avaient  été  trouvés  aux  environs  de  Perpignan,  par  M.  Féret  et  un 
autre  observateur. 


S26  CHRONIQUE  AGRICOLE  (27   NOVSMBRK   13^0). 

YI.  —  Nécrologie. 
Nous  avons  le  vif  regret  d'annoncer  la  mort  de  M.  Georges-Alfred 
DuLosq,  propriétaire  à  Château-Thierry,  décédé  le  11  novembre  dans 
sa  cuialre-vingt-deuxicme  année.  M.  Dubosq  était  notre  correspondant 
depuis  de  nombreuses  années,  et  léccmment  encore  il  nous  envoyait 
des  notes  pleines  d'intérêt  sur  la  situation  agricole  de  l'arrondissement 
qu'il  habitait. 

YII.  —  Admissio7is  à  l'Instilut  national  agronomique. 

Les  examens  d'admission  viennent  de  s'achever  à  l'Institut 
national  agronomique.  47  candidats  s'étaient  fait  inscrire;  sur  ce 
nombre,  40  ont  été  admis,  soit  en  vertu  de  titres  scientifiques,  soit 
après  les  examens.  En  voici  la  liste  : 

1»  CaïuHdnts  admis  de  plein  droit  comme  bacheliers  es  science'^  :  M.  Kayser 
(Luxera Ijourg),  bacheliers  es  sciences,  licencie  es  sciences  pliysiques.  — 
MM.  Cai-on  (Paris);  Alexandre  (Orne);  Couturier  (Isère);  Murcan  (Oise);  Pecquet 
(Oise);  Ducamp  (Gard);  de  Wùlf  (Nord';  Nicklès  (Meurthe);  Boitel  (Somme); 
Hébert  (Paris,;  Calavassy  (Turquie),  bacheliers  es  sciences  et  es  lettres.  — 
Nourey-Bey  (Turquie),  bacheher  es  sciences;  M,  Frommel  (Haute-Alsace), 
diplôme  étranger  équivalent;  M.  de  Dios  Pérex  (Colombie),  diplôme  étranger  de 
professeur  es  sciences  naturelles  ;  M.  Navassardiantz  (Caucase),  diplôme  étranger 
équivalent;  M.  LiriUo  y  Morlins  (Espagne),  dijilôme  étranger  équivalent. 

2»  Candidats  admis  après  eoramen  :M.  Gos  (Var),  diplômé  de  1  Ecole  nationale 
d'agriculture  de  Montpellier;  M.  de  la  Plcsse  {Ille-et-^'ilaine),  diplômé  de  t'Ecole 
nationale  d'agriculture  de  Grand- Jouan,  bacheher  es  lettres,  licencié  en  droit; 
MM.  Langin,  bachelier  es  lettres,  bachelier  es  sciences  restreint;  MAL  Biart 
de  Beauregaid  (Cuba)  ;  Hickel  (Haut-Bhin);  Legigan  (Paris);  Landry  (Pas-de- 
Calais);  Alla  -^Mord);  Bellard  (Somme);  Riy  de  Boissieu  (Ardennes);  Barberou 
(Loiret);  Lavenir  ^Côte-d'Or);  Gentil  (Paris);  Machado  (Portugal);  Le  Nouël 
(Manche);  Raimbault  (Paris);  Quinot  (Gard);  Gordillo  (Cuba);  Le  Pesqueur 
(Manche);  Degrange  (Guadeloupe);  Youssoulfian  (Turquie);  Guilloux  (Meuse); 
Dangny  (Seine-et-Oise),  bacheliers  es  lettres.  • 

Cette  promotion  comprend  17  élèves  munis  du  diplôme  de  bachelier 
es  sciences  ou  titre  équivalent,  et  23  élèves  admis  après  examen. 
L'Institut  agronomique  possède  actuellement  :  40  élèves  de  première 
année;  '24  élèves  de  deuxième  année;  6  élèves  diplômés,  faisant  une 
troisième  année  à  Joinville-le-Pont;  16  auditeurs  libres;  soit  en  tout 
86  élèves.  Dans  un  piécédent  numéro,  nous  avons  publié  le  pro- 
gramme des  cours  qui  sont  ouverts  depuis  le  commencement  de 
novembre. 

Vn.  —  Cours  public  d' arboriculture. 

Le  cours  public  et  gratuit  d  arboriculture  professé  à  Paris  par 
M.  du  Breuil,  a  repris  le  mardi  23  novembre,  à  huit  heures  du  soir, 
dans  la  salle  de  la  Société  d'horticulture,  84,  rue  de  Grenelle-Saint- 
Germain.  Les  leçons  théoriques  seront  continuées  tous  les  mardis 
et  vendredis  à  la  même  heure.  Les  leçons  pratiques  seront  faites  tous 
les  dimanches,  à  une  heure  et  demie,  à  partir  du  dimanche  23  jan- 
vier 1881,  LEcole  pratique  d'arboriculture  de  la  ville  de  Paris,  située 
au  bois  deVincennes,  avenue  Daumesnil,  près  de  la  porte  de  Picpus 
(tramway  de  la  Bastille  à  Charenton  et  chemin  de  fer  de  Ceinture, 
station  de  Bel-Air).  —  Voici  l'objet  du  cours  de  cette  année  : 
Notions  d'anaîomie  et  de  physiologie  végétales  appliquées  à  l'arbori- 
culture; agents  naturels  de  la  végétation;  —  eau,  température,  sol, 
engrais;  multiplication  des  plantes  ligneuses;  ■ —  pépinières;  culture 
des  vergers,  des  vignobles,  des  arbres  et  arbrisseaux  d'ornement,  des 


CHRONIQUE  AGRICOLE   (27  NOVEMBRE   1880).  327 

arbres  forestiers  d'alignement.  —  A  l'issue  du  cours,  un  jury  d'exa- 
men proposera  au  préfet  de  la  Seine  de  délivrer  des  certificats  de  ca- 
pacité aux  élèves  qui  rempliront  les  conditions  indiquées  par  le  règle- 
ment, dont  la  communication  leur  est  donnée  au  début  du  cours. 

IX.  —  Les  Annales  agronomiques. 

Le  troisième  fascicule  pour  l'année  1880,  des  Annales  agronomiques, 
publiées  par  M.  Dehérain  sous  les  auspices  du  ministère  de  l'agri- 
culture, vient  de  paraître.  Il  renferme  plusieurs  mémoires  que  nous 
devons  signaler.  C'est  d'abord  le  compte  rendu  des  séances  de  la  sec- 
tion d'agronomie,  au  Congrès  de  l'Association  française  pour  l'avan- 
cement des  sciences,  à  Reims;  puis  des  recherches  de  M.  Maquenne,  sur 
les  pouvoirs  absorbants  et  diffusifs  des  feuilles;  des  travaux  de 
MM.  Audoynaud  et  Chauzit,  sur  le  passage  des  eaux  pluviales  au 
travers  de  la  terre  arable;  une  étude  de  MM.  Corenwinder  et  Re- 
nouard  sur  les  tourteaux  de  lin  et  de  chanvre  et  leur  falsification; 
enfin,  la  première  partie  d'un  mémoire  de  M.  F.  Masure,  sur  l'évapo- 
ration  de  l'eau  libre,  de  l'eau  contenue  dans  les  terres  arables  et  sur  la 
transpiration  des  plantes.  Dans  l'analyse  des  travaux  publiés  à 
l'étranger  que  renferme  ce  fascicule,  il  faut  pirticulièrement  citer  ceux 
de  M.  Siemens  pour  l'emploi  de  la  lumière  électrique  dans  la  culture 
forcée. 

X.  —  Société  nationale  d'encouragement  à  l'agricul'.ure. 

Nous  recevons  communication  de  la  liste  suivante  de  nouveaux 
membres  fondateurs  ou  ordinaires  de  la  Société  nationale  d'encoura  - 
gement  à  l'agriculture  : 

MM.  Arbellot,  juge  de  paix  (Vienne).  —  Ange,  ancien  percepteur  à  Bligny 
(Aube).  — Bonjean  (Georges^,  à  Orgeyille  (Eure)  et  à  Paris,  fondoteur.  — 
Bourgouin,  rédacteur  au  ministère  des  travaux  publics.  —  Barillier,  minotier  à 
Arsonval  (Aube).  —  Belime,  conseiller  général,  propriétaire  à  Vitteaux  (Gùte- 
d'Or).  —  Brugère  (Joseph),  colonel,  officier  d'ordonnance  du  président  de  la 
République,  propriétaire  (Loiret).  —  Blauchot  (docteur),  conseiller  général,  à 
Grandville  (Haute-Saône).  — Brusset,  notaire  et  conseiller  général,  à  Besançon 
(Doubs).  —  Barat,  conseiller  général,  à  Grray  (liaule-Saouii).  — Bailiy,  conseiller 
général  à  Vesoul  (Haute-Saône).  —  Baudran,  sous-préfet  à  Verdun  (Meuse).  — 
Brugère,  conseiller  général  à  Moupont  (Dordogne).  — Bergasse  (Fabrice),  pro- 
priétaire à  Cessenon  (Hérault). —  Bastid  (Adrien',  député,  à  Aurillac  (Cantal).  — 
Bastid  (Edouard),  conseiller  général,  maire  de  Saint-Gernin  (Gantai).  —  Bruge- 
rolle  (Alfred),  conseiller  général,  maire  de  Massiac  (Gante  1),  —  Batmain,  con- 
seiller générai,  à  Ghâteauneut  (Savoie). —  Branthôme,  à  Poitiers  (Vienne).  — 
Bacon  (Réray),  notaire  et  maire  à  Labouheyre  (Landes).  —  Boucau  (Albert), 
maire  à  Lévignacq  (Landes).  —  Breton,  maire  à  Outre  (Aube).  —  Baudoin  (Am- 
broise),  cultivateur  à  Jessains  (Aube).  —  Bruer-Prelong,  trésorier  général  à 
Niort  (Deux  Sèvres).  —  Gbargelaigue (Aristide),  docteur-médecin,  maire  à  Gouhé- 
Vérac  (Vienne).  —  Chamerois-ïhieblemont,  à  Grespy  (Aube).  —  Gollard,  négo- 
ciant à  Trannes  (Aube).—  Gès-Gaupenne  (Alfred),  conseiller  général,  à  Gaupenne 
(Landes).  —  Ghuffart,  à  la  sucrerie  de  Ponterry  (Seine-et-Oise).  —  Coillot,  con- 
seiller général  à  INIontbozon  (Haute-Saône).  —  Glère,  conseiller  général,  à  Faver- 
nay  (Haute-Saône).  —  Goraon  (Louis),  ingénieur  agricole  à  Longuyon  (Meurthe- 
et-Moselle).  —  Gheneau  (Henri],  conseiller  général,  maire  à  Brecy  (Cher).  — 
Cabanes  (Joseph^  conseiller  général,  maire  d'Aurillac  (Cantal).  —  Cabanes  (Léon), 
conseiller  général,  maire  de  Saint-Mamet  (Cantal)  —  Chanson,  conseiller  géné- 
ral, avoué  à  Saint-Flour  (Cantal).  —  Carquet,  conseiller  général,  à  Le  Bourg- 
Saint-Maurice  (Savoie)  —  Chevallay,  député,  à  Ghambéry  (Savoie).  —  Cousneuc 
(Léopold),  propriétaire,  conseiller  d'arrondissement,  à  Cessenon  (Hérault).  — 
Couteaux  (Léonide),  à  Poitiers  (Vienne).  —  Couteaux  (Léon),  à  Usson-du-Poi- 
tou  (Vienne).  — Delamare,  à  Eprunes  (Seine-et-Oise).  —  Dior  (frères),   fabri- 


328  GHKONlUUli  AGRICOLE  (27    NOVEMBRE    1880). 

canls  d'engrais  à  Granville  (Manche).  —  Dumont  (Aristide),  ingénieur  en  chef 
des  ponts  et  chaussées  (Paris),  fondateur.  —  Decker  et  Mot,  constructeur  de 
machines  agricoles  (Paris),  fondateur.  —  Déthomas.  conseiller  général  (Seine  et- 
Marne),  fondateur.  —  Decauville  (Paul),  agriculteur  à  Petit-Bourg  (Seine-et- 
Oise),  fondatnir.  —  Delzons  (Charles),  conseiller  général,  avocat  à  Aunllac  (Can- 
tal), —  Dermet,  banquier  à  Yenne  (Savoie).  —  Ducom,  propriétaire  à  Mon-lezun 
(Grers). — Durand,  docteur-médecin  à  Nemours  (Seine-et-Marne).  —  Drothier,  à 
Saint-Cyr  (Vienne).  —  Desraarest  (Abel),  propriéhaire-agriculteur  à  Couhé-Yérac 
(Vienne).  —  Desraarest  (Marc),  adjoint  au  mairfi  à  Couhé-Vérac  (Vienne).  — 
Escaude,  docteur,  conseiller  général,  à  Saint-Cyprièn  (Dordogne). —  Fautier,  con- 
seiller général  (Seine-et-Oise).  —  Fouquet,  au  ministère  de  1  agriculture.  —  Flan- 
din,  député  du  Calvados.  —  Foex,  professeur  à  l'Ecole  d'agriculture  de  Montpellier. — 
Guerraud,  avocat,  conseiller  général,  au  Havre  (Seine-Inférieure).  —  Goupy, 
conseiller  général  de  Seine-ct-Oise.  —  Le  ( omice  agricole  de  Gray  (Hte-Saône).  — 
Guillemot,  capitaine  en  retraite,  conseiller  général,  à  Malans  (Hte  Saône). — 
Gourdau-Fromentel,  conseiller  général,  à  Charaplette  (Hte-Saône;.  —  Gudin-du- 
Pavillon,  sousprétet,  à  Cannât  (Allier).  —  Gadaud,  conseiller  général,  à  Péri- 
gueux.  —  Goulley  (Henry),  secrétaire  général  du  Cantal,  à  Aurillac.  —  Gue- 
neau  (Lucien),  sous-préfet  à  Ghâteau-Ghinon  (Nièvre).  —  Gevelot,  député  de 
l'Orne,  fondateur.  -- -  Gatine,  substitut,  à  Bar-sur-Aube  (Aube).  —  Guillaumot- 
Bour,  marchand  de  bois,  à  Éclance  (Aube).  —  Geoffroy,  propriétaire,  à  Arson- 
val  (Aube).  —  Gastine,  chimiste  délégué  du  ministère  de  l'agriculture,  service  du 
phylloxéra.  —  Gabarret,  médecin-véténnaire,  à  Lasserade  (Gers).  —  Guerrapaiu 
(Félix),  agriculteur,  à  Bolancourt  (Aube).  — Hugon,  industriel,  à  Glairvaux  (Aux)e). 

—  Hérier,  conseiller  général,  à  Jumilhac-leGrand  (Dordogne).  —  Hortala 
(Alexandre),  conseiller  d'arrondissement,  maire,  à  Ornac  (Héiault).  —  Huart 
(Jules),  à  Crespy  l'Aube). —  Hardoin.  agriculteur  à  la  ferme  de  Bligny  (Aube). — 
journault,  ancien  député,  à  Sèvres  (Seine-et-Oise).  —  Jacquinot,  pharmacien, 
à  Bar-sur-Aube  (Aube).  —  Jacob,  fabricant  de  chaux,  à  Ville-sous-la-Ferlé  (Aube). 

—  Juzan  (Louis),  chef  de  division,  à  Mont-de-Marsan  (Landes).  —  Lambert- 
Harter,  constructeur-mécanicien,  à  Bar-sur-Aube.  —  Landais  (Emile),  à  An- 
tony  (Seine).  —  Lambezat,  inspecteur  général  de  l'agriculture,  fondateur.  — 
Loustalot,  député  des  Landes.  —  Lafargue  (Léopold),  sous-préfet,  à  Barcelon- 
nette  (Basses-Alpes).  —  Lafarge,  conseiller  général,  à  Sarlat  (Dordogne).  —  Las- 
combes,  conseiller  général,  avocat  à  Mauriac  (Cantal).  —  Lajus  (F.),  avocat, 
propriétaire,  à  Panjas  (Gers).  —  Laverrière,  directeur  de  l'Echo  agricole  (Paris). 

—  Lallemand,  directeur  de  VAvrnir^  Poitiers  (Vienne).  —  Leclerc,  agriculteur, 
à  Bayel  (Aube).  —  Léglise  (Félix),  conseiller  d'arrondissement,  à  St-Martin- 
de-Leignanx  (Landes).  —  Lacroix  (Adrien),  conseiller  général,  Mont-de-Marsan 
(Landes).  —  Lafitte  (Théagène),  conseiller  général,  à  St-Jean-de-Marsacq  (La- 
ndes). —  De  Laussat,  sous-préfet,  à  St-Sever  (Landes).  — Levier,  sous-préfet, 
à  Bar-sur-Aube  (Aube).  —  Léger,  agriculteur,  à  la  tome  des  Quatre-Frères 
(Aube).  —  LhuiUier,  à  Radonviliiers  (Bube).  —  Mazaroz,  viticulteur  (Jura).  — 
Masson,  trésorier  payeur,  à  Melun  (b^eine-et-Marne).  —  Maniot.  —  Moreau 
(père),  docteur,  à  Podenzac  (Gironde).  —  Moreau  (fils),  propriétaire  viticulteur 
(Gironde).  — Maquin,  élève  diplômé  de  l'Institut  national-agronomique,  conseiller 
d'arrondissement,  à  Villeceaux  (Seine-et-Marne).  —  Marseron  (Clovis),  sous- 
préfet,  à  Boussac  (Creuse).  — Le    Comice  agricole  de  Monlbozon    (Hte-Saône). 

—  Maréchal,  conseiller  général,  à  Vitry  (Hte-Saône).  —  Marquiset  (Gaston),  dé- 
puté (Hte-Saône).  —  Meillier,  conseiller  général    et  maire  à  Vesoul  (Hte-Saône). 

—  Michel,  conseiller  général,  à  Laulx-les- Vesoul  (Hte-Saône).  —  Le  Comice  agricole 
de  3Iirebeau,-sur-Bèze  {Cô\e-à' Or). —  Marmier.  conseiller  général,  à  Carlux  (Dor- 
dogne) .  —  Mayet ,  député  (Savoie).  — Massor,  (Célestin),  juge  de  paix  et  propriétaire, 
àlaTrivalle  (Hérault). —  Martin  (Alphonse),  propriétaire  et  maire,  à  Cessenon 
(Hérault  . —  Maréchal-Lebrun,  préfet  des  Landes. —  Monniot,  propriétaire  à  Jaucou'rt 
(Aube), —  Modot,  cultivateur  àJouvancourt  (Aube).  — Marlot,  propriétaire  à  Spoy 
(Aube).  — Michel,  maire  à  Bligny  (Aube).  —  Mancerf,  agriculteur  à  Argançon 
(Aube).  —  Martin,  au  Pont-Neut,  commune  de  Dolancourt  (Aube).  —  Noblot,  à 
Bayel  (Aube).  —  Noblot,  agriculteur  à  la  Barde  (Aube).  —  Noirepoudre  de  Sau- 
vigné,  propriétaire  à  Bay  (Haute-Saône).  —  Pisson  (Benoît),  instituteur  (Paris) 

—  Pisson  (Georges),  chimiste  (Paris).  —  Pigornet,  rectificateur  d'alcool,  à  Orléans  . 

—  Pollantru,  agriculteur  à  Bligny  (Aube).  —  Paris,  conseiller  général  à  Gy  (Haute-. 
Saône.  — Le  Comice  agricole  de  Pervenchère  (Orne). —  Parsat,  conseiller  gêné 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (27  NOVEMBRE  1880).  329 

rai  à  Montpazier  (Dordogae).  —  Prre,  conseiller  général  à  Moutiers  (Savoie).  — 
Parent,  sénateur  (Savoie).  —  Poirrier  (A.)  conseiller  général,  propriétaire  (Seine- 
et-Marne).  —  Patout,  maire,  à  Amance  fAube).  —  Panou,  agriculteur  à  la  lerme 
de  Éclance  (Aube).  —  Pazat  (Ghildebert),  maire  à  Mont-de-Marsan  (Landes).  — 
Rose  (Victor),  graveur  (Paris).  —  Ruelle,  agriculteur,  conseiller  d'arrondisse- 
ment, à  Arrentières  (Aube).  —  Rousseau,  juge  d'instruction  à  Bar-sur-Aube) 
(Aube).  —  Riffard  (Léon),  sous-préfet,  à  Mantes  (Seine-et-Oise).  —  Bazimbaud, 
conseiller  général,  à  Gebazan  (Hérault).  —  Le  Comice  agricole  de  Royan  et  de  la 
Tremblade  (Charente-Inférieure).  —  Reuilly  (Emile-Achille),  au  Chalet  (Indre). — 
Ruelle  (Joseph),  cultivateur  à  Trannes  (Aube).  —  Simon,  à  Ury  (Seine-et-Oise).  — 
De  Saint-Martin,  viticulteur  à  Bar-sur-Aube  (Aube).  —  Saillard,  ancien  maire  à 
Bar-sur-Aube  (Aube). —  Saves  (Pierre),  stagiaire  de  Grignon  à  Jourlaud  (Nièvre). 
■ —  Simon  (A.),  conseiller  général  à  Ribérac  (Dordogne).  —  Saillard  (Camille), 
avocat,  président  de  la  Commission  météorologique  de  l'Aube,  à  Bar- sur- Seine 
'^Aubej.  —  Schrantz,  agriculteur  à  Éclance  (Aube).  —  Thirion  (Albert),  à  Quim- 
perlé  (Finistère).  —  Toyot,  ancien  banquet  à  Bar-sur-Aube  (Aube).  —  Thezenas, 
délégué  départemental  pour  le  phylloxéra,  à  Beaune  (Côte-d'Or).  —  Thirion  (E.), 
vice-président  de  la  Société  d'horticulture  de  Senlis  (Oise).  —  Talion,  député.  — 
La  Société  d'Agriculture  de  Tarn-et-Garoime,  à  Montauban.  —  Wiart  (Gustave), 
négociant  à  Cambrai  (Nord).  —  Le  Comice  agricole  de  Vergt  (Dordogne).  —  Vil- 
lotte,  conseiller  général  à  Périgueux  (Dordogne).  —  Valentin,  conseiller  général, 
notaire  à  Marcenat  (Cantal). 

Dans  sa  dernière  séance,  le  Conseil  d'administration  a  décidé  que 
la  prochaine  réunion  générale  de  la  Société  se  tiendra  le  mercredi 
4""  décembre,  à  quatre  heures,  à  l'Hôtel  Continental,  à  Paris.  Dans 
cette  réunion,  qui  marquera  la  constitution  définitive  de  la  Société,  il 
sera  rendu  compte  des  travaux,  de  l'état  des  finances,  des  adhésions 
reçues  tant  des  particuliers  que  des  associations  agricoles  affiliées,  des 
allocations  votées  par  plusieurs  Conseils  généraux,  en  vue  de  témoi- 
gner de  leur  sympathie.  Les  élections  définitives  du  président  et  du 
Conseil  se  feront  dans  cette  même  séance.  Le  soir  un  banquet  aura 
lieu  à  l'Hôtel  Continental  ;  les  adhésions,  pour  ce  banquet,  doivent 
être  envoyées  au  siège  de  la  Société,  56,  rue  Basse-du-Rempart,  avant 
le  29  novembre. 

XI.  —  Congrès  séricicole  de  Sienne. 

On  se  souvient  que  le  septième  congrès  séricicole  international  doit 
avoir  lieu  à  Sienne  (Italie)  en  1881.  Une  réunion  préparatoire  des 
membres  du  Comité  d'organisation  se  tiendra  dans  cette  ville  le 
5  décembre  prochain.  Cette  réunion  aura  principalement  pour  objet  de 
fixer  la  date  précise  de  l'ouverture  du  congrès,  et  de  déterminer  les 
questions  principales  sur  lesquelles  porteront  ses  discussions,  ainsi 
que  sur  l'ordre  dans  lequel  seront  présentés  les  rapports  sur  les 
problèmes  dont  Fétude  a  été  décidée  par  le  sixième  congrès,  qui  s'est 
tenu  à  Paris  en  1878. 

XII.  —  Nouvelle  méthode  de  culture. 

Nous  recevons  de  M.  Goetz  la  lettre  suivante,  avec  prière  de  l'in- 
sérer : 

«  Monsieur,  par  votre  estimable  Journal,  vous  avez  communiqué  à  vos  abonnés 
l'invitation  que  je  leur  ai  faite  d'assister  le  25  juin  1880  à  la  confirmation,  par  les 
récoltes  de  1880,  des  résultats  obtenus  par  M.  Cothias  et  constatés  par  les  récoltes 
de  1879  comparées  à  celles  de  1874. 

a  Le  tableau  ci-joint  donne  la  situation  constatée  : 

Etats  des  produits  de  la  ferme  de  Champerreux  en  1874.  —  Surface,  132  hec- 
tares, dont  25  hectares  de  blé  rendant  550  hectolitres;  25  hectares  d'avoine 
rendant  625  hectoHtres;  25  hectares  de  cultures  sarclées  et  57  hectares  de  luzerne 


330  GHRONlQaE  AGRlGOLli  (27  NOVEMBRE   1880). 

et  pâturages  pour  la  nourriture  du  bétail,  dont  les  produits  ont  étô  de  14,972  IV  . 

Etais  des  prodidls  en  1879  et  en  1880,  avec  mî-nu  contenance  de  terre  et  de 
fermage.  —  50  hectares  de  blé  rendant  1,200  hectolitres;  25  hectares  d'avoine 
rendant  1,000  hectolitres;  27  hectares  de  cultures  sarclées  et  30  hectares  de 
luzerne  tt  pâturages  pour  la  nourriture  du  bétail,  dont  les  produits  ont  été  d« 
25,8^12  tr. 

«  Veuilkz  donner  place  à  ma  lettre,  dans  un  de  vos  premiers  numéros.  En  même 
temps  je  fais  l'olïVe,  à  chacun  de  vos  abonnés,  du  compte  rendu  de  16  pages,  qui 
explique  les  résultats  du  tableau. 

«  Le  retard  mis  à  l'aire  cette  communication  provient  de  ce  que  M.  Gothias  a 
tenu  de  donner  la  moyenne  de  ses  récoltes  après  battage.  L.  (joetz, 

Auteur  de  la  nouvelle  méthode  de  culture. 

M.  Gœtz  nous  prie  d'ajouter  qu'il  n'enverra  cette  communication 
qu'aux  personnes  qui  lui  transmettront,  ]7,  boulevard  des  Invalides, 
avec  leur  demande,  la  bande  de  leur  journal. 

XIjI.  —  Concours  spécial  de  trieurs. 
La  Société  d'agriculture  de  l'Indre  organise  des  essais  publics  de 
trieurs,  tarares-trieurs  et  haclie-paille,  qui  auront  lieu  à  Cliâteauroux 
le  4  décembre.  Une  vente  aux  enchères  aura  lieu  à  la  suite  des  essais. 
Une  Commission  nommée  par  le  Bureau,  pourra  écarter  de  la  vente 
les  instruments  que  certains  défauts  empêcheraient  de  recommander. 
Les  deux  espèces  d'instruments  seront  mis  en  vente  à  lourde  rôle  dans 
l'ordre  suivant  :  T  les  trieurs  et  tarares-trieurs  ;  2"  les  hache-paille.  La 
mise  à  prix  sera  de  50  pour  1 00  du  prix  de  facture.  Nul  ne  pourra  être 
acquéreur  s'il  n'est  sociétaire  et  agriculteur  habitant  le  déparlement  de 
riiidre.  Le  fait  d'être  déclaré  adjudicataire  est  pour  l'acquéreur  un 
engagement  :  1°  de  conserver  l'instrument  pendant  l'année  1881  ;  T  de 
faire  un  rapport  sur  l'emploi  de  l'instrument  elles  résultats  obtenus. 
XIV.  —  Concours  d'animaux  gras  à  Angoulême. 
La  Société  d'agriculture  de  la  Charente,  présidée  par  M.  Eug.  de 
Thiac,  a  décidé  qu'elle  tiendrait  à  Angoulême  son  concours  annuel 
d'animaux  gras  les  12  et  13  février  1881.  Seront  admis  dans  ce 
concours  les  animaux  nés  et  élevés  dans  la  région  du  Sud-Ouest, 
départements  de  la  Charente,  Charente-Inférieure,  Garonne,  Lot-et- 
Garonne,  Dordogne,  Haute-Vienne,  Vienne,  Deux-Sèvres  et  Vendée. 
Les  prix  sont  importants  et  il  y  a  lieu  de  penser  que  ce  concours 
répondra  aux  succès  des  années  précédentes. 

11  y  aura  aussi  un  concours  d'animaux  reproducteurs,  mais  spécial 
à  la  Charente.  Enfin,  des  mentions  honorables  sont  réservées  aux 
instruments  et  machines  d'une  utilité  reconnue. 

XV.  —  Séance  de  rentrée  de  la  Société  nationale  d'agriculture. 
La  séance  solennelle  de  rentrée  de  la  Société  nationale  d'agriculture 
se  tiendra  le  mercredi  15  décembre,  dans  son   hôtel,  rue  de  Belle- 
chasse,  18,  à  Paris.  Cette  séance  sera  spécialement  consacrée  à  la  lec- 
ture d'éloges  biographiques  des  anciens  membres  de  la  Société. 

XVL  —  Nomination  d'un  professeur  dans  les  écoles  d'agriculture. 
Le  concours  que  nous  avons  annoncé,  pour  la  nomination  d'un 
professeur  de  physique,  chimie,  minéralogie  et  géologie  appliquées 
dans  les  écoles  nationales  d'agriculture,  a  été  ouvert  à  Paris,  le  3  no- 
vembre. A  la  suite  des  épreuves  du  concours,  M.  Lézé,  ingénieur  des 
arts  et  manufactures,  a  été  classé  au  premier  rang  par  le  jury.  En  con- 
séquence, il  a  été  nommé  à  la  cliaire  vacante  à  l'Ecole  nationale  d'agri- 
culture de  Grand-Jouan.  J.  A.  Barral. 


ENSILAGE  DU  MAIS-FOURRAGE  A   COURQQETAINE. 


331 


CULTURE  DU  xAIAIS-FOURRAGE  A  GOURQUETAINE 

Le  maïs  cultivé  comme  fourrage  est  destiné  à  nourrir  le  bétail 
pendant  la  saison  d'été  ou  pendant  la  saison  d'iiiver.  Dans  le  premier 
cas,  on  récolte  au  fur  et  à  mesure  des  besoins  de  l'alimentation;  dans 
le  second  cas,  on  recueille  toute  la  récolte  en  même  temps  et  pour  la 
conserver  jusqu'au  moment  de  son  emploi,  on  la  met  en  silo. 

L'ensilage  du  maïs,  usité  depuis  peu  d'années,  tend  à  se  répandre 
par  suite  de  l'avantage  que  beaucoup  de  cultivateurs  trouvent  dans 
son  emploi.  Quant  à  la  culture  de  cette  plante,  elle  peut  s'introduire 
dans  la  pratique  des  pays  riches  d'autant  plus  facilement  qu'elle  est 
de  celles  qui  sont  qualifiées  dérobées.  En  effet,  après  une  récolte  de 
fourrages  de  printemps  tels  que  vesce  d'hiver,  trèfle  incarnat, 
minette,  etc.,  la  terre  étant  libre  au  mois  de  mai,  on  donne  les  façons 
nécessaires  pour  semer  le  maïs  qui  n'occupe  le  sol  que  jusqu'à  la  fin 
de  septembre;  il  est  possible  alors  de  semer  du  blé  d'automne/ ainsi 
qu'on  a  coutume  de  le  faire  à  Courquetaine  (S^ine-et-Marne). 

Voici  d'après  la  comptabilité  du  domaine  de  Courquetaine,  un 
résumé  de  cette  culture. 

ANNÉE  ]880.  MAIS  ENSILÉ.  SOLE  DE  4  HECTARES. 

Préparation  du  sol. 

*2  labours,  10  jours  3/4  de  4  bœufs  à  8  fr.  par  jo-jr 86  fr.  00 

2  hersages,  4  jours  de  2  bœufs  à  4  fr.  par  jour 16  —  00 

2  roulages,  4  jours  3/4  de  2  bœufs  à  4  fr.  par  jour . .         17  _  OO 

119  fr.  00 
Amendement. 

Un  cinquième  d'un  chaulage  ayant  coûté  19'.)  fr 38  —  CO 

Fumure. 

60,000  kilog.  fumier  de  ferme  à  4  fr.  50  les  l',000  kilog. . ,  270  fr.  00 

Transport,  2  jours  1/2  de  chevaux  à  10  fr.  par  jour 25  —  CO 

Chargement  et  épandage  (travail  fait  à  la  tâche) 17  —  00 

Pour  enterrer  le  fumier,  2  jours  d'un  gamin  à  1  fr.  75. . . .  3  —  50 

Engrais  complet  D  Joulie,  1,000  kilog 242  —  55 

Pour  le  répindre,  1/2  jour,  2  chevaux  et  1  journée  dhomœe 

à  3  fr.  50 8  —  50 

566  -  55^ 
Semaille. 

Grain  variété  Caragua,-  400  kilog.. 96  —  00 

Pour  semer,  1  jour  3/4  de  2  chevaux  et  1  jour  3/4  d'un 
homme 23  —  65 

119  —  65 
Garde  du  jeune  mais  contre  les  oiseaux. 

14  journées  d'un  gamin  à  1  fr.  75  l'une o'i  —  50 

Binarje. 
54  journées  d'homme  à  3  fr.  50  l'une 1 89  —  00 

Ensilage  comprenant  coupe  à  la  faucheuse,  ramassage, 
chargement,  transport  au  hache-maïs,  coupage  et  mise 
en  fosse. 

7  6  journées  d'homme  à  4  fr.  50  l'une 342  —  oo 

18  journées  de  2  chevaux  à  10  fr.  Tune 180  —  00 

Frais  de  hache-maïs  et  de  machine  à  vapeur 80  —  00 

Intérêts  de  la  construction  des  silos 80  —  00 

j    ,  X.                    ,        ,        •                                                                   682  —  00 
Loyer  de  4  hectares  pendant  4  mois 1 60  00 

Total  des  dépenses i,898  —  70 

Récolte  de  200,000   kilog.    de    maïs  ensilé  à  12  fr.  les 

1,0Q0  kilog 2,400  fr.  00 

Bénéfice .501—30 

Total  égal 2,400  fr.  00    2,400  ff-  00 


332  ENSir-AGE   DU  MAIS-FOURRAGE  A   GOURQUETAINE. 

Pour  un  hectare  la  dépense  est  de  /i74  f'r.  70,  la  recette  de  600  fr. 
et  le  bénéfice  de  125  fr.  30. 

L'ensilage  se  fait  très  simplement  ;  il  suffît  de  fouler  convenable- 
ment le  maïs  sortant  du  hache-maïs.  Le  tassement  doit  être  suffisant 
pour  éviter  la  fermentation  acétique  que  déterminerait  la  présence  de 
l'oxygène  de  l'air  après  la  fermentation  alcoolique  qui  se  produit  au 
début  de  la  mise  en  fosse. 

Cette  pratique  de  l'ensilage  met  à  la  disposition  du  cultivateur  un 
surcroît  d'aliments  très  utile  dans  les  années  où  le  fourrage  ordinaire 
est  peu  abondant,  par  conséquent  d'un  prix  très  élevé,  comme  cela  se 
présente  en  1880.  En  outre  cela  procure  une  nourriture  verte  dont  on 
apprécie  les  bienfaits  surtout  quand  on  la  donne  à  des  vaches 
laitières. 

En  résumé,  on  augmente  la  production  par  unité  de  surface,  ce  qui 
est  un  des  moyens  les  plus  efficaces  d'atténuer  les  crises  que  subit  de 
temps  à  autre  notre  industrie  agricole.  Chedville, 

Stngiaire  agricole,  élève  diplômé  de  Grignon. 

CONCOURS  RÉGIONAL  D'ORAN 

IV.  —  PRIME  D'HOx\NEUR. 

Nous  avons  indiqué  déjà  les  avantages  offerts  par  la  prime  d'hon- 
neur en  France,  et  nous  nous  sommes  appliqué  dans  plusieurs  cir- 
constances à  rappeler  les  améliorations  successives  dont  elle  a  été 
l'objet  :  aussi  n'y  reviendrons-nous  pas.  Mais  nous  ferons  remarquer 
qu'en  Algérie  nous  sommes  à  la  période  du  début,  et  qu'il  paraît 
utile  d'apporter  de  sérieuses  modifications  si  l'on  veut  obtenir  tous  les 
résultats  que  comporte  cette  institution. 

Si,  en  effet,  on  compare  le  grand  nombre  des  exploitations 
auxquelles  on  s'est  adressé  pour  éveiller  la  concurrence  au  peu  d'em- 
pressement que  l'on  a  mis  à  répondre  à  cet  appel,  on  sent  vite  que 
l'on  est  placé  sur  un  mauvais  terrain,  et  que  dans  peu  d'années  la 
série  des  candidats  se  trouvera  épuisée. 

Nous  y  voyons  la  nécessité  de  créer  au  plus  tôt  des  prix  culturaux, 
comme  cela  se  pratique  en  France  depuis  le  13  janvier  1869,  de 
manière  à  obtenir  plus  d'émulation  et  à  répartir  les  bienfaits  de  la 
prime  d'honneur  sur  un  plus  grand  nombre  d'agriculteurs. 

Pour  se  conformer  au  vote  pris  par  le  Conseil  général  d'Oran  dans 
sa  séance  du  14  avril  dernier  au  sujet  de  la  division  du  département 
en  trois  régions,  l'article  2  de  l'arrêté  du  ministre  de  l'agriculture, 
du  10  mai,  portait  qu'une  prime  d'honneur,  consistant  en  un  objet 
d'art  et  une  somme  de  1,500  francs,  serait  décernée  à  l'agriculteur 
de  la  circonscription  déterminée  qui,  reconnu  relativement  supé- 
rieur à  ses  concurrents,  présenterait  le  meilleur  ensemble  cultural 
et  aurait  réalisé  dans  la  ferme  ou  le  domaine  exploité  par  lui,  les  amé- 
liorations les  plus  utiles  et  les  plus  propres  à  être  offertes  comme 
exemple. 

La  circonscription  du  concours  de  la  prime  d'honneur  embrassait 
le  territoire  compris  entre  la  Méditerranée  et  une  ligne  partant  de 
l'embouchure  de  la  Tafna,  englobant  la  plaine  de  la  Mléta,  passant  par 
le  Tlélat,  et  suivant  ensuite  la  limite  méridionale  des  communes 
mixtes  traversées  par  le  chemin  de  fer  P.-L.-M.,  jusqu'à  la  limite  du 
département  d'Alger. 


LA  PRIME  D'HONNEUR  AU  CONCOURS  D'ORAN.  333 

Pour  représenter  cette  belle  circonscription,  sept  concurrents  seule- 
ment se  sont  fait  inscrire  !  Ce  fait  seul  est  de  nature  à  décourager 
profondément,  lorsqu'on  se  souvient  que  les  beaux  domaines,  bien 
aménagés,  parfaitement  exploités,  ne  manquent  pas  sur  ce  territoire. 
Combien  de  noms  se  pressent,  en  effet,  sous  notre  plume  que  nous 
n'inscrivons  pas,  uniquement  dans  la  crainte  d'en  oublier  quelques- 
uns,  tellement  ils  sont  nombreux.  Pourquoi  ces  défaillances?  Nous 
nous  garderons  bien  de  répondre,  mais  nous  aurons  la  franchise  de 
dire  que  quelques-uns  nous  ont  avoué  qu'en  présence  de  tels  concur- 
rents qu'ils  considéraient  comme  leur  étant  supérieurs,  ils  ont  préféré 
ne  pas  se  présenter,  résolution  qu'ils  regrettent  aujourd'hui. 

Quant  à  nous,  nous  le  déplorons  bien  autrement  qu'eux,  ce  qui  nous 
a  amené  à  signaler  ces  abstentions  regrettables  à  de  nombreux  points 
de  vue. 

On  a  souvent  parlé  en  France  de  la  composition  des  commissions 
d'examen,  et  nous  nous  voyons  dans  la  nécessité  de  dire  un  mot  de 
celle  qui  nous  intéresse. 

Le  jury  pour  la  prime  d'honneur  devait  comprendre,  sous  la  prési- 
dence du  commissaire  général,  deux  membres  du  département  d'Oran, 
un  d'Alger  et  un  autre  de  Constantine;  les  colons  de  l'Ouest  ont  vu 
avec  la  plus  grande  peine  que  les  deux  membres  chargés  de  les  repré- 
senter, n'étaient  pas  des  agriculteurs  exploitant  des  propriétés  dans 
cette  partie  de  l'Algérie. 

Il  ne  s'agissait  pas  ici  d'enseignement  à  un  titre  quelconque,  mais 
il  était  uniquement  question  de  constater  les  meilleures  pratiques 
agricoles,  et  sur  ce  terrain  l'Administration  aurait  certainement  trouvé 
bon  nombre  de  cultivateurs  dévoués,  et  très  aptes  à  remplir  cette 
mission. 

Un  seul  argument  peut  être  opposé  à  notre  manière  de  voir,  et  il 
est  tiré  de  ce  qui  se  pratique  en  France  oii,  pour  diverses  raisons,  on 
ne  prend  pas  comme  jurés  les  cultivateurs  du  département  dans 
lequel  on  doit  décerner  la  prime  d'honneur.  Dans  ce  cas  encore  on 
aurait  dû  se  souvenir  qu'en  Algérie,  chaque  département  est  divisé  en 
trois  circonscriptions  distinctes  pour  la  tenue  des  concours  régionaux, 
chacune  d'elles  jouant  à  peu  près  le  rôle  du  département  dans  les 
circonscriptions  de  la  métropole.  En  faisant  son  choix  dans  les^  divi- 
sions voisines  de  celle  d'Oran,  il  aurait  donc  été  aisé  de  donner 
satisfaction  aux  agriculteurs  qui  désirent  être  jugés  par  leurs  pairs, 
sans  déroger  à  ce  qui  se  fait  en  France. 

Celte  question  a  une  trop  grande  importance  pour  que  nous  ne 
citions  pas  encore  comme  exemple,  ce  qui  a  eu  lieu  dans  le  même  cas 
à  Oran,  soit  en  1864  à  l'occasion  de  la  prime  d'honneur  du  gouver- 
nement, soit  en  1877  pour  celle  du  Comice,  où  les  jurés  ont  été 
désignés  comme  nous  le  demandons. 

Le  rapport  sur  la  prime  d'honneur,  lu  dans  la  séance  solennelle  des 
récompenses,  entre  tout  d'abord  dans  des  considérations  générales  sur 
les  bienfaits  que  nous  devons  au, gouvernement  de  la  République  qui 
a  étendu  nos  chemins  de  fer,  multiplié  nos  villages  et  constitué  nos 
concours  régionaux;  tout  en  faisant  l'éloge  du  département  d'Oran,  si 
agricole,  il  signale  l'écueil  des  défrichements,  engageant  aussi  à 
fumer  les  terres,  car  ce  n'est  pas  ici  que  l'on  peut  appeler  le  bétail  un 
mal  nécessaire.  Il  entre  ensuite  dans  des  détails  intéressants  sur  la 


334  LA  PRIME  D'HONNEUR  AU  CONCOURS  D'ORAN. 

culture  de  la  vigne  qui  prend  sur  ce  territoire  une  très  grande  exten- 
sion et  dont  l'importance  grandit  encore  en  raison  du  malheur  qui 
frappe  cette  industrie  en  France;  ses  conseils  s'étendent  à  la  plantation 
faite  généralement  sans  un  défoncement  préalable^,  ce  qui  arrête 
bientôt  le  développement  des  racines,  à  la  taille  défectueuse,  au 
manque  de  restitution  au  sol  des  principes  enlevés  par  la  végétation, 
au  peu  d'espacement  des  ceps  entre  eux,  aux  procédés  de  vinification 
encore  peu  rationnels  dans  certains  cas. 

Disons  tout  de  suite  que  ces  considérations  générales  ont  guidé  les 
intéressés  dans  l'appréciation  qu'ils  ont  eu  à  émettre  sur  les  domaines 
visités,  d'autant  mieux  qu'à  chaque  concurrent,  nous  trouvons  relevé 
avec  soin  le  nombre  d'hectares  cultivés  en  vignes  et  que  deux 
d'entre  eux  sont  signalés  d'une  façon  particulière  comme  étant  encore 
peu  entrés  dans  la  voie  des  plantations  de  cette  nature.  Nous  avons 
encore  retrouvé  les  mêmes  appréciations  sur  l'importance  de  cette  cul- 
ture dans  le  discours  du  commissaire  général,  ce  qui  nous  amène  à 
nous  faire  l'écho  de  l'opinion  publique  manifestée  soit  dans  la  presse 
d'Oran,  soit  dans  les  différentes  classes  de  la  population. 

S'inspirant  de  ce  qui  s'est  fait  de  tout  temps  en  Algérie  et  des  termes 
de  l'arrêté  ministériel,  chacun  estimait  que,  dans  cette  lutte,  on  avait 
surtout  à  tenir  compte  des  efforts  produits,  de  leur  durée  et  des  ré- 
sultats acquis.  Mieux  que  personne,  nous  comprenons  l'importance  de 
la  culture  de  la  vigne,  et  plus  que  tout  autre,  peut-être,  nous  avons 
encouragé  nos  concitoyens  à  adopter  résolument  cette  industrie  pour 
conserver  entre  les  mains  de  la  France,  l'Algérie  et  la  Métropole  no 
faisant  qu'un,  un  produit  si  éminemment  national  et  qui  aurait  pu 
lui  échapper. 

Mais  ici,  il  s'agissait  avant  tout,  selon  nous,  de  mettre  en  relief  les 
travaux  de  longue  date,  ayant  produit  des  faits  heureux  pouvant  être 
offerts  comme  exemple.  Sans  doute,  la  viticulture  est  très  intéressante, 
et  son  extension  doit  être  encouragée  :  mais  qu'est-elle  à  côté  de 
l'œuvre  du  colon  s'étendant  sur  l'ensemble  des  travaux  que  comporte 
une  exploitation  agricole  bien  conduite? 

On  nous  a  dit  que,  dans  les  départements  de  France  où  la  vigne  avait 
la  prépondérance,  les  plus  hautes  récompenses  étaient  réservées  aux 
vignobles.  Nous  reconnaissons  encore  la  possibilité  de  ce  fait.  Mais 
ici,  la  vigne  loin  d'être  prépondérante  comme  culture,  c'est-à-dire 
dans  la  période  où  l'on  doit  récompenser,  n'est-elle  pas  encore  dans 
celle  où  elle  a  besoin  d'encouragement? 

Et  d'ailleurs,  pour  se  rendre  un  compte  exact  des  progrès  accomplis 
que  l'on  devra  donner  ensu'te  comme  exemple,  ne  faut-il  pas  remonter 
au  point  de  départ,  voiries  procédés  de  culture  utilisés  à  cette  époque, 
le  colon  luttant  contre  les  difficultés  de  toutes  sortes  :  sol  non  défriché, 
indécisions  sur  les  récoltes  à  entreprendre,  maladies,  défaut  de  sécu- 
rité, mauvais  instruments,  puis,  à  force  de  patience,  de  courage  et 
d'énergie,  arrivant  à  modifier  ces  causes  défavorables,  ces  motifs  d'in- 
succès, en  créant  des  cultures  prospères,  en  adoptant  le  matériel  per- 
fectionné, en  montrant  comme  résultat  final  un  beau  domaine  dont 
les  revenus  certains  sont  la  preuve  que  le  propriétaire  a  suivi  la  bonne 
voie,  celle  qui  enrichit  par  un  travail  honnête  et  incessant. 

De  tels  exemples,  et  ils  ne  sont  pas   rares,  en  étant  de  véritables 
stimulants  pour  les  Européens,  aident  aussi  au  progrès  des  indigènes, 


LE  PRIME  d'honneur  AU  CONCOURS  D'ORAN.  335 

en  les  habituant  peu  à  peu  à  l'usage  de  nos  instruments  perfectionnés, 
en  leur  donnant  de  bonnes  notions  de  culture,  en  les  initiant  enfin  aux 
mille  détails  de  la  vie  ordinaire  du  colon  laborieux. 

A  ces  divers  titres,  ces  situations  méritent  évidemment  d'être  dis- 
tinguées, signalées,  et  d'obtenir  nos  plus  hautes  récompenses,  parce 
que  non  pas  d'hier,  mais  dans  une  longue  suite  d'années,  elles  ont 
aidé  l'œuvre  de  colonisation  et  en  ont,  peut-être,  assuré  le  succès. 

Résumons  enfin  d'une  façon  rapide  les  travaux  des  divers  con- 
currents, sans  nous  arrêter  aux  prix  décernés  que  nous  avons  déjà 
mentionnés  dans  la  liste  générale  précédemment  publiée. 

M.  Sabatier^  àMisserghin,  n'ayant  présenté  que  6  hectares  de  terrain 
dont  quatre  en  vignes,  n'a  pu  prendre  part  au  concours. 

M.  Merle,  qui  possède  53  hectares,  à  quelques  kilomètres  d'Oran, 
don  7  et  demi  complantés  en  vignes,  a  su  produire  une  œuvre  sérieuse, 
tout  en  ne  disposant  au  début  que  de  faibles  moyens.  Mais  l'énergie, 
le  travail  persévérant  ont  suppléé  à  tout;  aussi,  aidé  par  sa  compagne, 
est-il  arrivé  à  une  très  belle  situation,  après  avoir  élevé  sa  nombreuse 
famille. 

La  vigne,  qu'il  soigne  d'une  façon  toute  particulière  et  qui  lui 
donne  en  retour  ses  produits  rémunérateurs,  a  été  le  principal  levier 
de  cette  aisance  que  nous  nous  plaisons  à  constater  pour  la  signaler 
aux  petits  cultivateurs  de  France,  qui,  malgré  de  sérieux  et  pénibles 
efforts,  ont  de  la  peine  à  équilibrer  leurs  dépenses  et  leurs  bénéfices. 

M.  Derriey,  propriétaire  à  Bou-sfer  de  80  hectares,  dont  1 3  en 
vignes,  a  surmonté  de  grandes  difficultés  inhérentes  au  sol  même 
qu'il  a  mis  en  valeur. 

La  plantation  de  vignes  bien  tenue  et  les  bons  instruments  qu'il 
utilise,  le  signalent  à  l'attention  de  ses  collègues  de  la  même  contrée. 

M.  Karouby  exploite  non  loin  d'Oran  son  domaine  de  Bellevue, 
ayant  1 03  hectares,  dont  67  en  vignes  et  3  en  arbres  fruitiers  de  di- 
verses essences.  Les  bâtiments  bien  aménagés  sont  vastes  et  en  rap- 
port avec  les  besoins  de  l'entreprise.  Ce  propriétaire  emploie  des  Israé- 
lites comme  gérant  et  comme  maître-chai,  ce  qui  a  conduit  à  le 
donner  comme  exemple  à  des  coreligionnaires  peu  portés  d'ordinaire, 
ici,  à  s'adonner  aux  pénibles  travaux  des  champs. 

Nous  aurions  été  heureux  de  voir  appuyer  cette  sanction  sur  les 
résultats  financiers  de  l'exploitation  qu'il  est  toujours  nécessaire  d'in- 
diquer à  ceux  qui  doivent  suivre  la  même  voie. 

M.  Calmels  a  acquis  le  3  février  1852,  à  Sidi-Marouf,  propriété 
située  près  d'Oran,  et  qu'il  présente  au  concours,  516  hectares  aux- 
quels il  a  ajouté  460  hectares  achetés  en  1873. 

On  a  relevé  contre  cette  exploitation  la  non-utilisation  de  l'eau 
d'une  petite  mare  qui  se  trouve  dans  ses  terres  et  que  l'on  aurait  pu 
faire  tourner  au  profit  de  cultures  irriguées,  l'emploi  des  condamnés 
comme  main-d'œuvre  à  la  place  de  celle  du  pays,  la  disproportion  qui 
existe  entre  le  bétail  et  l'ensemble  du  domaine,  ainsi  que  le  peu  de 
vignes  plantées,  28  hectares  sur  les  35  qu'il  possède,  provenant  d'un 
héritage. 

A  notre  tour  nous  rappellerons  que,  à  l'époque  oii  ce  concurrent 
s'est  vu  dans  la  nécessité  de  se  faire  colon,  les  voies  de  communica- 
tion étaient  très  défectueuses,  la  sécurité  n'existait  pas,  les  denrées  et 
les  matériaux   étaient   fort  chers,   les   instruments   imparfaits,  le» 


336  LA  PRIME  D'HONNEUR  AU  CONCOURS  D'ORAN. 

locaux  rares,   les    terrains   peu   profonds  et  remplis    de  rigoureux 
palmiers. 

Après  une  lutte  énergique  et  patiente  qui  a  duré  plus  de  vingt- 
trois  années,  nous  trouvons  à  la  place  de  la  situation  que  nous  ve- 
nons de  résumer,  600  hectares  complètement  défrichés,  un  assole- 
ment triennal  très  bien  compris  :  labours  préparatoires,  céréales, 
fourrages,  promettant  d'obtenir  de  très  bonnes  récoltes,  de  belles 
bêtes  de  travail,  une  centaine  de  vaches  indigènes  et  du  fumier  pro- 
duit abondamment  avec  les  pailles  de  la  ferme;  nous  y  relevons  en- 
core des  labours  profonds,  de  vastes  constructions,  un  outillage  per- 
fectionné pouvant  rivaliser  avec  celui  des  meilleures  exploitations  de 
France,  3  hectares  d'essences  forestières  comprenant  le  pin  d'Alep, 
le  pin  Pignon,  les  Eucalyptus  globulus  et  colossea,  le  Casuarina,  et 
somme  toute,  une  très  belle  situation  financière  couronnant  cette  lon- 
gue existence  agricole.  M.  Calmels  accuse,  en  effet,  pour  les  années 
1878-1879  et  1879-1880,  une  moyenne  de  56,955  fr.  de  bénéfice 
net,  soit  1  h  pour  1 00  du  capital  engagé. 

Les  quelques  récompenses  suivantes  indiquent  bien,  par  leurs  dates, 
qu'il  s'agit  d'efforts  anciens,  soutenus  et  suivis  de  succès  :  en  1858, 
prix  unique  pour  la  race  ovine;  en  1864,  médaille  d'or  pour  les  veaux 
et  pour  la  vigne  dont  la  plantation  remonte  aux  années  1860  et 
1863  ;  en  1868, 1"  prix  pour  bœufs  de  boucherie;  en  1877,  médaille 
d'or  grand  module  pour  plantations  forestières;  en  1878,  à  Paris, 
médaille  d'argent  pour  produits;  en  1880,  médaille  d'or  pour  vins 
blancs. 

Dans  la  monographie  que  nous  avons  faite  de  cette  propriété  en 
1877,  nous  disions  en  terminant,  et  nous  pouvons  répéter  aujourd'hui 
en  accentuant  ces  conclusions  dans  un  sens  favorable  :  «  S'il  reste 
encore  beaucoup  à  faire  à  l'habile  et  infatigable  administrateur  de  ce 
domaine,  il  y  a  là  déjà  de  sérieux  services  rendus  à  l'agriculture  du 
département  par  l'introduction  d'un  outillage  perfectionné,  l'usage 
du  fumier  et  l'emploi  de  bonnes  pratiques  agricoles.  Aussi,  doit-on 
exprimer  le  témoignage  public  que  ces  exemples  ont  certainement 
contribué  à  améliorer  l'agriculture  de  la  contrée.  » 

M.  Sommer  présente  500  hectares  de  terrain,  dont  415  hectares  ap- 
partenant à  la  ferme  de  Moussa-Thuil  ont  été  achetés  en  1853  au 
prix  de  15,000  fr. 

Ce  que  nous  avons  dit  de  l'énergie  et  des  efforts  persévérants  de 
M.  Calmels,  s'applique  également  à  ce  concurrent,  qui,  toujours  sur 
la  brèche  avec  sa  courageuse  famille,  a  su  créer  une  très  belle  exploi- 
tation agricole,  avec  de  grands  bâtiments,  un  bétail  de  toutes  les 
espèces  très  nombreux,  très  bien  entretenu  et  donnant  lieu  à  de  lucra- 
tives spéculations,  un  matériel  des  plus  complets  et  des  plus  perfec- 
tionnés,! un  assolement  triennal  :  jachère,  avec  deux  labours  prépa- 
ratoires, blé,  orge,  et  Femploi  judicieux  des  fumiers. 

Ce  concurrent,  dont  les  livres  accusaient  en  1877  des  bénéfices 
donnant  12  pour  100  du  capital  engagé,  dirige  avec  une  rare  habileté 
son  exploitation,  aidé  de  ses  fils  et  de  Mme  Sommer  qui  a  fait  preuve 
d'un  courage  réel,  lorsque  la  ferme  se  trouva  assiégée  par  un  de  ces 
malfaiteurs  indigènes  qui  est  resté  longtemps  la  terreur  de  la  contrée. 

M.  Sommer  a  obtenu  plusieurs  récompenses  dans  différents  con- 
cours, et  notamment  la  prime  d'honneur  accordée,  en  1 877,  par  le 


LA  PRIME  D'HONNEUR  AU  CONCOURS  RÉGIONAL  D'ORAN.  337 

Comice  d'Oran  sur  les  conclusions  suivantes  du  jury  :  «  L'ensemble 
de  ce  domaine  représente  évidemment  une  œuvre  agricole  bien  appro- 
priée aux  conditions  économiques  du  milieu  où  elle  existe,  et  qui 
sert  de  témoignage  vivant  aux  vingt-quatre  années  d'utiles  et  hono- 
rables travaux  exécutés  par  M.  Sommer.  L'entreprise  solidement  orga- 
nisée, repose  sur  des  fondements  qai  ont  cette  apparence  de  durée 
nécessaire  pour  promettre  de  bons  résultats  à  celui  qui  Ta  fondée.  » 
Mme  Vue  Bertlwuin  })ossède  à  quelques  minutes  d'Oran  la  propriété 
de  Sainte-Eugénie,  d'une  contenance  de  1 00  hectares,  dont  72  plantés 
en  vignes,  et  le  surplus  cultivé  dans  les  conditions  du  pays,  en  attendant 
que  le  tout  puisse  être  converti  en  vignoble.  Les  principaux  cépages 
sont,  en  premier  lieu,  le  Carignan,  le  ^lorasflel,  l'Aramon  et  le  Gre- 
nache. La  plantation  se  fait  à  2  mètres  en  tous  sens,  à  l'aide  de  sar- 
ments non  enracinés  et  par  carrés  de  2  hectares  environ.  A  part  les 
labours  donnés  avec  les  huit  bêtes  de  la  ferme,  les  différents  travaux 
sont  exécutés  par  des  gens  du  dehors  sous  la  direction  active  d'un 
homme  de  confiance.  Un  très  bon  cellier  renferme  des  foudres  de  60 
et  de  250  hectolitres  chaque,  dont  une  moitié  environ  n'a  pas  en- 
core été  utilisée.  Un  système  de  tuyautage,  aidé  d'une  pompe,  ainsi 
que  la  proximité  des  cuves  dont  l'accès  est  rendu  facile  aux  char- 
rettes transportant  la  vendange,  et  qui  permettent  au  liquide  d'ar- 
river à  la  cave  à  laide  de  conduits  en  maçonnerie,  rendent  les  diffé- 
rentes opérations  des  ouvriers  faciles  et  économiques,,  tandis  qu'un 
appareil  de  distillation  très  complet,  du  système  Vigouroux,  permet 
de  convertir,  sans  retard,  en  alcool  à  92  degrés,  l'eau  dans  laquelle 
les  marcs  ont  été  préalablement  macérés. 

Le  but  de  l'entreprise  est  donc  bien  déterminé  et  permet  de  con- 
centrer de  sérieux  efforts  sur  une  spécialité,  alors  qu'une  grande 
exploitation  agricole,  dans  le  vrai  sens  du  mot,  comporte  l'applica- 
tion d'une  science  particulière  qui  réclame  une  longue  pratique  et 
exige  des  soins  répartis  sur  de  nombreuses  branches,  dont  chacune 
concourt  forcément  aux  résultats  d'ensemble. 

Hâtons-nous  de  dire  que,  dans  les  limites  de  ce  cercle,  l'œuvre  est 
bien  conduite  et  semble  devoir  promettre  dans  l'avenir  d'heureux 
résultats.  Aujourd'hui,  un  peu  plus  seulement  de  la  moitié  de  la  vigne 
est  en  rapport,  les  bâtiments  ne  sont  pas  complétés,  quelques  cuves 
n'ont  pu  encore  être  utilisées,  l'alambic  n'a  servi  qu'une  fois;  il  est 
donc  impossible  de  déterminer,  dans  ces  conditions,  quelle  sera  la  re- 
lation du  capital  engagé  et  des  efforts  incontestablement  produits,  avec 
les  résultats  qui  ne  pourront  être  définitivement  chiffrés  que  dans  plu- 
sieurs années. 

Mais  ce  qui  fait  évidemment  le  principal  mérite  de  cette  œuvre, 
c'est  que,  étant  récente,  elle  a  été  en  grande  partie  réalisée  avec  bon- 
heur par  Mme  Berthouin  elle-même,'  qui  a  dû  déployer  dans  cette 
circonstance  des  qualités  particulières  qui  lui  font  honneur. 

Pour  relater  tout  ce  qui  a  trait  aux  visites  des  fermes,  nous  devons 
ajouter  que  le  Comice  agricole  d'Alger  a  offert  300  fr.  pour  être  don- 
nés au  petit  propriétaire  de  1 5  à  20"^  hectares  exploitant  directement, 
et  dont  la  propriété  se  ferait  remarquer  par  son  organisation  intelli- 
gente, son  rendement  et  l'établissement  des  bâtiments  au  point  de  vue 
de  l'hygiène.  Le  rapport  de  M.  Griffon,  secrétaire  du  Comice  d'Oran, 
nous  donne  à  ce  sujet  des  détails  trèç  intéressants. 


338  LA  PRIME  D'HONNEUR  AU  CONCOURS  D'OR  AN. 

Sur  quatre  concurrents,  MM.  Lagier,  d'Assi-bou-Nif,  et  Gros 
d'Hamman-bou-Hadgar,  cultivant  l'un  45  hectares,  l'autre  29  hec- 
tares, ont  dû  être  écartés  comme  n'étant  pas  dans  les  conditions  exi- 
gées par  le  Comice  d'Alger. 

M.  Guyonnet,  qui  vient  ensuite,  est  un  colon  courageux  d'Assi-bou- 
Nif,  qui  lutte  depuis  trente  et  un  ans  à  l'aide  de  son  travail,  et  qui, 
sur  16  hectares,  entreprend  différentes  cultures  et  en  obtient  des 
résultats  qui  ne  sont  pas  sans  mérite. 

Mais  le  candidat  heureux  est  M.  Montels,  dont  la  petite  propriété  de 
16  hectares  se  trouve  aux  portes  mêmes  d'Oran,  sur  la  route  de  la 
Sénia.  Les  bâtiments  bien  compris  sont  confortables,  bien  aérés,  et 
offrent 'toutes  les  conditions  désirables  d'hygiène. 

L'outillage  est  en  rapport  avec  les  besoins  de  l'exploitation,  les  ani- 
maux de  travail  sont  dans  un  excellent  état.  Si  l'on  en  excepte  les 
700  mètres  bâtis,  25  ares  cultivés  en  légumes  irrigués  et  25  ares  de 
luzerne,  toute  la  propriété  est  plantée  de  vignes  qui  présentent  un 
aspect  de  prospérité  remarquable.  Les  procédés  de  culture  et  de  vini- 
fication ont  paru  à  la  Commission  très  bien  compris;  aussi  les  ré- 
sultats financiers  sont-ils  très  importants. 

Il  est  de  toute  utilité  de  rappeler  que  les  efforts  de  ce  concurrent 
remontent  à  l'année  1864.  Aussi  le  jury  les  a-t-il  récompensés  eii 
décernant  à  M.  Montels  le  prix  du  Comice  d'Alger,  avec  cette  convie^ 
tion  que  dans*  l'état  actuel  de  la  colonisation,  sous  notre  climat  algé- 
rien, dans  un  sol  favorisé  seulement  par  des  pluies  d'hiver  et  voué 
l'été  à  une  longue  sécheresse,  il  serait  difficile  d'obtenir  un  succès 
plus  remarquable  d'intensité  productive. 

C'est  également  grâce  à  ces  considérations  que  le  jury  lui  a,  en 
outre,  remis  une  médaille  d'or  de  la  valeur  de  200  fr.  offerte  par  la 
Société  d'agriculture  d'Alger  pour  être  attribuée  au  lauréat  le  plus 
méritant  de  la  section  de  viticulture.  L.  Bastide, 

Président  du  Comice  de  Bel-Abbès. 

RESISTANCE  ET  ADAPTATION 

DES  VIGNES  AMÉRICAINES  AU  POINT  DE  VUE  PRATIQUE.  —  III*. 

Deux  mots  encore  pour  répondre  à  une  objection  que  j'ai  souvent 
entendu  faire  à  l'emploi  des  vignes  américaines,  objection  toute  spé- 
cieuse et  qui  n'a  qu'une  valeur  des  plus  modérées,  bien  qu'au  premier 
abord,  elle  puisse  paraître  sérieuse  aux  personnes  peu  au  courant  de 
la  question. 

On  nous  dit  :  les  vignes  américaines  résistent  en  Amérique,  c'est 
entendu  ;  nous  admettons  même  qu'elles  y  résistent  d'une  manière 
absolue  ;  mais  là  elles  se  trouvent  chez  elles,  dans  leur  milieu  naturel, 
elles  sont  soumises  à  des  procédés  de  culture  ou  de  taille  que  l'expé- 
rience a  démontré  leur  être  excessivement  favorables,  ou  bien  pour 
les  espèces  sauvages,  rien  ne  les  gêne  dans  l'expansion  de  leur  fou- 
gueuse végétation  ;  or  que  deviendra  cette  résistance  quand,  au  change- 
ment de  milieu,  viendra  se  joindre  un  changement  complet  dans  les 
modes  de  traitement  qui  leur  seront  appliqués? 

A  ceci  je  pourrais  répondre  d'abord,  que  la  vigne  européenne,  elle 
aussi,  est,  si  nous  en  jugeons  d'après  nos  lambrusques,  un  être  aussi 
expansif  que  la  vigne  américaine,  et  que  les  mutilations  atroces  àux- 

1.  Voir  le  Journal  des  6  et  20  novembre,  pages  211  et  292  de  ce  volume. 


RÉSISTANCE  ET  ADAPTATION  DES  VIGNES  AMÉRICAINES  339 

quelles  nous  la  soumettons  tous  les  ans  depuis  des  milliers  d'années 
n'ont  nullement  altéré  sa  constitution;  que  d'ailleurs,  n'aurions-nous 
pour  faire  du  vin  que  la  ressource  de  traiter  en  France  les  vignes  amé- 
ricaines, comme  on  les  traite  en  Amérique,  nous  nous  y  soumettrions 
parfaitement;  nous  le  ferons  très  probablement  d'ailleurs,  rien  que 
pour  augmenter  la  quantité  de  leurs  produits. 

Mais  j'irai  beaucoup  plus  loin.  Au  point  de  vue  théorique,  cette 
objection  n'a  aucune  valeur,  et  au  point  de  vue  pratique,  les  faits  se 
sont  chargés  de  démontrer  qu'elle  n'en  a  pas  davantage. 

Au  point  de  vue  scientifique,  il  y  a  bien  peu  de  chose  à  dire  :  un 
végétal  que  l'on  change  de  milieu,  s'acclimate  ou  ne  s'acclimate  pas; 
s'il  s'acclimate,  il  continue  à  vivre,  à  végéter,  à  fructifier  et  à  se 
reproduire  absolument  comme  il  le  faisait  dans  son  climat  d'origine; 
et  admettre,  dans  ces  circonstances,  la  possibilité  d'un  changement 
capable  de  modifier  la  constitution  du  végétal,  ce  serait  tout  simple- 
ment un  comble  de  gros  calibre;  s'il  ne  s'acclimate  pas,  sa  culture 
devient  impossible,  et  peu  importent  alors  les  modifications  de  con- 
stitution qui  rendent  précisément  cette  culture  et  cet  acclimatement 
impossibles.  Or,  en  fait  de  vignes  américaines,  le  doute  n'est  plus 
possible,  V acclimatemeni  iiest  plus  à  faire,  il  est  fait. 

La  masse  des  viticulteurs  préférera  peut-être  à  cette  affirmation^ 
toute  positive  qu'elle  soit,  quelque  chose  de  plus  tangible;  je  vais  le 
lui  donner. 

Parmi  les  vignes  américaines,  une  des  plus  résistantes,  qui  appar- 
tient justement  à  la  catégorie  de  celles  qui  ne  font  pas  de  phylloxéra, 
le  Chevalier  sans  reproche  de  M.  Gaston  Bazille,  ÏYork's  Madeira,  se 
trouve  justement  en  France,  chez  le  comte  Odart,  depuis  une  qua- 
rantaine d'années  au  moins.  M.  Henri  Mares  en  a  quelques  exem- 
plaires dans  ses  cultures  depuis  vingt-quatre  ans.  Il  existe  chez  le 
docteur  Rey,  dans  le  Lot,  depuis  dix-sept  ans,  et  chez  M.  Laliman, 
dans  la  Gironde,  au  moins  depuis  dix-huit  ans.  Dans  la  Touraine^ 
dans  l'Hérault,  dans  le  Lot,  dans  la  Gironde,  il  a  été  soumis  depuis 
cette  époque  aux  procédés  de  culture  en  usage  dans  ces  régions.  Ce 
cépage  a-t-il  vu  diminuer  d'une  façon  quelconque  ses  facultés  de  ré- 
sistance? A-t-on  pu  constater  un  changement  quelconque  dans  sa  con- 
stitution? Pas  le  moins  du  monde,  il  a  toujours  continué  à  végéter  de 
la  même  façon  dans  les  terres  les  plus  maigres  ;  ses  racines  sont  tou- 
jours aussi  fibreuses  qu'au  premier  jour  de  sa  culture  en  France,  on  y 
trouve  toujours  aussi  peu  de  phylloxéras  aujourd'hui  qu'il  y  a  qua- 
torze ans,  et  ici  pas  moyen  de  se  retrancher  derrière  un  retrempage 
au  pays  d' origine.  Les  milliers  de  pieds  de  ce  cépage  cultivés  en 
France  proviennent  tous  sa7is  exception  des  quelques  pieds  primitifs 
du  comte  Odart,  et  ont,  par  conséquent  à  leur  passif,  une  cinquantaine 
d'années  de  ces  procédés  qui  auraient  déjà  dû  modifier  largement  sa 
constitution  si  le  fait  n'était  matériellement  impossible. 

11  ne  nous  est  jamais  arrivé,  en  effet,  une  seule  bouture  de  York's 
des  Etats-Unis,  où  l'on  a  depuis  plus  de  trente  ans  abandonné  la  cul- 
ture de  ce  cépage  comme  trop  improductive,  et  où  le  York's  Madeira 
n'existe  peut-être  qu'à  l'état  de  pied  isolé  dans  quelques  collections, 
à  tel  point  que  si  les  Américains  voulaient  en  reprendre  la  culture, 
c'est  nous  qui  serions  obligés  de  leur  fournir  les  boutures. 

Cette  objection  n'a  donc  aucune  valeur,  et  je  n'y  ai  répondu  un  peu 


340  RÉSISTANCE  ET  ADAPTATION  DES  VIGNES  AMÉRICAINES. 

longuement  que  parce  que,  de  toutes  les  objections  mises  en  avant 
contre  les  vignes  américaines,  c'était  la  seule  qui  eut  en  apparence, 
mais  en  apparence  seulement,  quelque  semblant  de  valeur,  et  qu'elle 
me  paraissait  de  nature  à  effrayer  peut-être,  pour  l'avenir,  quelques 
viticulteurs  peu  au  courant  des  détails  de  la  question  des  vignes 
américaines. 

Il  ne  me  reste  plus  maintenant  qu'à  vous  dire  quelques  mots  en 
particulier  de  chacune  de  ces  vignes  qui  ne  font  pas  de  phylloxéra. 
J'estime,  en  effet,  que,  sauf  dans  quelques  cas  exceptionnels,  on  ne 
peut  en  recommander  aucune  d'une  façon  spéciale.  La  vigueur  de  vé- 
gétation qu'elles  montreront  dans  chaque  nature  de  terrain  devra  sur- 
tout fixer  le  choix  de  l'agriculteur  auquel  je  conseillerai  toujours  de  ne 
s'arrêter  à  l'une  d'entre  elles  que  lorsqu'il  se  sera  assuré,  par  des  ex- 
périences préliminaires,  de  celle  qui  vient  le  mieux  chez  lui.  Ces  va- 
riétés sont  en  effet  toutes  de  simples  porte-greffes  qui  n'ont  qu'une 
ambition  ;  conserver  les  vignes  et  les  vins  français  en  prêtant  aux  pre- 
mières leurs  racines  à  l'abri  du  puceron,  et  l'on  sait  quelle  impor- 
tance il  faut  accorder  à  la  vigueur  du  sujet  quand  il  s'agit  de  choisir 
un  porte-greffe. 

Parmi  les  vignes  américaines  qui  ne  font  pas  de  phylloxéra,  celles 
qui  jusqu'à  présent  m'ont  toujours  paru  les  plus  réfractaires  à  l'in- 
secte, sont  les  Cordifolias  vrais,  aujourd'hui  bien  distincts  des  Ri- 
parias. 

Je  comptais  les  étudier  avec  un  peu  plus  de  détails  dans  ma  seconde 
note  projetée  sur  les  porte-greffes,  le  temps  me  presse,  je  n'en  dirai 
que  quelques  mots.  Ces  variétés  paraissent  toutes  assez  difficiles  à  la 
reprise  de  bouture  ,  et  l'emploi  de  la  greffe-bouture  à  la  machine 
paraît  diminuer  notablement  cette  difficulté  de  reprise.  Ce  sont  des  vi- 
gnes d'introduction  récente  et  encore  à  l'étude. 

Après  celles-ci  viennent  les  Biparias  sauvages  vrais,  dont  quelques 
formes  ne  présentent  presque  jamais  d'insectes  sur  leurs  racines. 
Quelques-unes  ont  une  exubérance  de  végétation  à  peine  croyable, 
toutes  reprennent  assez  bien  ou  très  bien  de  boutures  ;  elles  consti- 
tuent généralement  de  vigoureux  porte-greffes,  et  quoique  leur  emploi 
doive  être  précédé  d'un  triage  énergique  dont  la  nécessité  s'affirme  de 
jour  en  jour,  il  est  certain  qu'une  grande  place  leur  est  réservée  dans 
la  reconstitution  de  nos  vignobles  disparus. 

Dans  ce  groupe  il  faut  faire  une  place  au  Solonis,  dont  les  semis 
démontrent  bien  l'origine  américaine.  C'est  peut-être  le  meilleur  de 
tous  les  porte-greffes,  et  quoiqu'on  trouve  sur  ses  racines  un  peu  plus 
fréquemment  des  phylloxéras  que  sur  certaines  des  autres  formes  de  la 
famille  des  Riparias,  ses  qualités  lui  réservent  un  rang  élevé  dans 
la  série. 

Je  dois  signaler  chez  cette  vigne  la  production  peut-être  plus  fré- 
quente que  chez  les  autres  vignes  américaines  d'une  bizarrerie  de  vé- 
gétation dout  je  n'ai  pu  encore  trouver  l'explication  :  c'est  le  fait  de 
pieds  primitivement  et  originairement  malades  et  chétifs.  Au  milieu 
d'une  centaine  de  pieds  d'une  végétation  magnifique,  on  en  trouve 
de  temps  en  temps  quelques-uns,  un  ou  deux  par  exemple,  qui  ne 
veulent  pas  se  développer  et  restent  chétifs  J'ai  pu,  dans  certains  cas, 
remonter  à  la  cause,  et  l'attribuer  à  une  gêne,  une  souffrance  quel- 
conque dans  la  végétation  de  la  première  année  de  la  plantation.  J'ai 


RÉSISTANCE  ET  ADAPTATION  DES  VIGNES  AMERICAINES.  341 

cru  devoir  signaler  ces  cas,  d'ailleurs  assez  peu  nombreux,  parce  qu'ils 
ont  été  presque  toujours  le  point  de  départ  des  critiques  qui  ont  été 
adressées  à  cette  excellente  vigne. 

Dans  une  autre  famille,  nous  devons  signaler  le  York's  Madeira 
dont  j'ai  prononcé  le  nom  plusieurs  fois  déjà.  C'est  une  vigne  des  plus 
rustiques,  et  des  plus  réfractaires  à  l'insecte;  sa  bonne  tenue  dans  les 
terres  maigres,  sa  résistance  à  la  sécheresse,  et  son  développement 
plus  modéré  que  celui  des  autres  vignes  américaines,  en  feront  un 
porte-greffe  précieux  surtout  pour  les  régions  où  on  cultive  des  vignes 
à  végétation  moins  exubérante  que  certaines  de  nos  vignes  de  l'Hé- 
rault. Il  nourrit  d'ailleurs  ces  dernières  d'une  façon  fort  convenable, 
comme  on  peut  en  juger  par  les  greffes  de  Carignans  sur  York's  du 
Mas  de  las  Sorre.  Le  York's  est  certainement  un  hybride  sur  l'origine 
et  les  parents  duquel  nous  n'avons  aucun  renseignement  ;  ce  qu'il  y  a 
toutefois  de  certain  au  point  de  vue  pratique,  et  c'est  là  l'essentiel,  c'est 
qu'il  ne  porte  que  rarement  du  phylloxéra  et  toujours  en  fort  petite 
quantité. 

Après  les  vignes  dont  nous  venons  de  parler  et  qui  constituent  ce 
qu'on  peut  appeler  les  vignes  d'élite,  nous  devons  signaler,  quoiqu'elles 
montrent  un  peu  plus  d'aptitude  à  recevoir  l'insecte,  le  Vialla  et  pres- 
que toutes  les  vignes  de  son  groupe,  groupe  dont  j'ai  au  congrès  de 
Nîmes  signalé  l'existence  sous  le  nom  de  groupe  intermédiaire,  et 
que  M.  Planchon  a  désigné  depuis,  avec  juste  raison,  sous  le  nom  de 
groupe  des  demi-labrusca;  ils  présentent,  en  effet,  des  signes  d'hybri- 
dation labruscoïde  incontestable  par  leurs  vrilles  qui  ne  sont  jamais 
régulièrement  intermittentes.  Quelques-unes  des  formes  de  ce  groupe 
n'offrent  pas  plus  de  phylloxéras  que  le  York's,  entre  autres  le  Gaston 
Bazille  ou  Pedroni;  le  Vialla,  quoiqu'on  trouve  assez  habituellement 
des  insectes  sur  ses  racines,  n'en  porte  jamais  de  grandes  quantités; 
c'est  une  vigne  rustique,  très  vigoureuse,  qui  ne  craint  pas  les  terres 
médiocrement  riches,  et  qui  constitue  un  vigoureux  porte-greffe.  Elle 
reprend  facilement  de  boutures. 

Enfin  et  toujours  dans  la  catégorie  des  vignes  qui  présentent  peu  de 
phylloxéras^  il  me  reste  à  vous  dire  quelques  mots  d'une  vigne,  ou 
plutôt  d'un  groupe  de  vignes  d'introduction  récente,  dont  les  diffé- 
rentes formes  sont  excessivement  voisines  et  ne  diffèrent  que  par  des 
nuances.  Elle  se  reproduit  d'ailleurs  d'une  façon  remarquable  par  le 
semis,  ce  qui  prouve  bien  que  c'est  un  type  spécial;  je  veux  parler  du 
Vitis  rupestris. 

Reprise  facile,  végétation  remarquable,  pied  grossissant  fort  vite, 
recevant  fort  bien  la  greffe,  n'offrant,  quand  elle  en  porte,  que  des  no- 
dosités superficielles  et  des  lésions  de  peu  d'importance,  cette  vigne 
paraît  devoir  nous  rendre  quelques  services.  D'après  les  essais  faits 
jusqu'à  ce  jour,  elle  sera  probablement  une  ressource  précieuse  pour 
les  coteaux  pierreux  et  les  vignes  en  terrasse. 

Il  y  aurait  encore  certainement  beaucoup  de  choses  à  dire  sur  cette 
importante  question  que  j'ai  eu  à  peine  le  temps  d'effleurer;  j'espère  ce- 
pendant en  avoir  dit  assez  pour  vous  amener  à  penser,  comme  moi,  que 
la  reconstitution  des  vignobles  détruits  au  moyen  des  vignes  améri- 
caines est  aujourd'hui  parfaitement  certaine  et  n'est  plus,  on  peut  le 

dire,  qu'une  question  de  tçmps.  L.  Despetis, 

.  Viticulteur  à  FlQrçnsac  (Hérault)  - 


3k% 


COMPTEUR  A  LIQUIDES. 


UN  COMPTEUR  A  LIQUIDES 

A  diverses  reprises,  le  Journal  de  V Agriculture  a  signalé  les  appareils 
hydrauliques  ingénieux  imaginés  par  M.  Samain,  ingénieur-con- 
structeur à  Blois  (Loir-et-Cher).  Ses  béliers,  ses  pressoirs,  sa  pompe 
rotative  sont  connus  des  lecteurs  du  Journal.  Aujourd'hui,  nous  devons 
signaler  une  nouvelle  application  des  principes  qui  l'ont  guidée  dans 
la  construction  de  sa  pompe  rotative,  pour  l'agencement  d'un  comp- 
teur à  eau  et  aux  liquides.  Ce  compteur,  remarquable  par  sa  précision 
comme  par  sa  simplicité,  trouvera  d'abord  son  application  dans  toutes 
les  concessions  d'eau  ;  il  peut  servir  pour  le  mesurage  de  tous  les 
liquides,  notamment  des  vins  et  des  alcools,  de  même  que  dans  les 
industries  agricoles,  spécialement  dans  les  sucreries  et  les  brasseries. 


Fig.  27.  —  Vue  du  compteur  à  eau  de  SamadD; 

La  figure  27  montre  la  vue  extérieure  du  compteur;  la  fig.  28  en 
donne  la  coupe  verticale,  et  la  fig.  29  la  coupe  horizontale. 

L'appareil  se  compose  de  quatre  cylindres  disposés  horizontalement 
en  forme  de  croix.  A  l'intérieur  de  ces  cylindres,  dont  les  extrémités 
sont  fermées,  se  meuvent  des  pistons,  dont  les  bielles  agissent  sur  un 
arbre  à  vilebrequin  placé  au  centre.  L'eau,  entrant  par  l'ouverture  A 
(fig.  27),  pénètre  dans  un  tiroir  circulaire,  monté  sur  cet  arbre,  qui 
distribue  alternativement  l'eau  dans  les  cylindres,  au  moyen  de  con- 
duits qui  servent  à  la  fois  d'introduction  et  d'échappement.  Ce  tiroir 
est  surmonté  d'un  chapeau  en  fonte,  dont  la  partie  supérieure  porte 
ej^térieurement  l'appareil  enregistreur;  celui-ci  consiste  en  un  cadran 


COMPTEUR  A    LIQUIDES. 


343 


gradué  sur  lequel  se  meut  une  aiguille.  La  marche  normale  du  comp- 
teur est  de  60  évolutions  par  minute.  L'eau  chassée  des  cylindres  par 
le  mouvement  des  pistons,  s'échappe  par  l'ouverture  de  dégagement  B 
(^fig.  27).  On  voit  que  le  mécanisme  est  des  plus  simples,  puisqu'il  ne 
comporte  qu'un  arbre  central,  quatre  bielles,  quatre  pistons  et  un 
tiroir. 

Dans  les  appareils  de  ce  genre,  le  principal  obstacle  au  fonctionne- 


EntPcf  de  l'eau 


A 


B 


Fig.  ^8.  —  Coupe  verticale  du  compteur,  suivant  G  D  de  la  fig.  29 

ment  régulier  est  dans  les  chocs  et  les  changements  de  vitesse  qui 
peuvent  se  produire  pendant  la  marche  de  l'eau.  Ces  inconvénients 
sont  évités  :  T  par  la  combinaison  des  quatre  cylindres,  grâce 
à  laquelle  les  volumes  engendrés  par  les  pistons  sont  constamment 
les  mêmes  ;  2°  par  la  transmission  de  mouvement  par  un  axe  à  vilebre- 
quin ;  par  cette  disposition,  la  vitesse  des  pistons  devient  progressi- 
vement nulle,  et  par  conséquent  le  sens  de  la  marche  se  change  sans 
chocs  sur  la  masse  liquide. 

Quanta  la  surveillance,  elle  est  des  plus  faciles;  il  suffit  de  dévisser 
la  plaque  extérieure  des  cylindres  pour  les  visiter  intérieurement  ;  en 
outre,  les  pistons  @oiit  indépendauts  de  kurs  biêUet,  et  m  peut  In 


344 


COMPTEUR  A  LIQUIDES. 


retirer  à  la  main,  sans  démonter  le  mécanisme.  Ajoutons  que,  dans 
tous  les  conduits,  les  orifices  pour  le  passage  de  l'eau  ont  été  dis- 
posés de  façon  à  éviter  tout  étranglement  qui  amène  inévitablement 
une  perte. 

11  est  facile  de  comprendre  que,  vu  les  conditions  de  mécanisme 
dans  lesquelles  il  est  construit,  le  compteur  Samain  peut  aussi  bien 
servir  pour  les  eaux  limoneuses  que  pour  les  eaux  limpides.  Toute- 
fois,  on  peut  établir  un  robinet  à  l'extrémité  inférieure  de  la  partie 


Fig.  29.  —  Coupe  horizontale  du  compteur,  suivant  A  B  de  la  lig.  28. 


centrale  qui  sert  de  boîte  à  dépôt.  Ce  robinet  a  non  seulement  pour 
but  de  vider  le  compteur  do  tout  dépôt  vaseux  laissé  par  Teau,  mais 
encore  de  le  vider,  au  moins  partiellement,  lorsque  le  service  est 
interrompu  et  que  l'on  redoute  l'action  des  gelées. 

Il  faut  ajouter  que  toutes  les  pièces  du  compteur  obéissent  par 
simple  entraînement  au  moment  de  rotation  de  l'arbre  central,  sur  le 
tiroir  duquel  l'eau  agit  directement.  Il  n'y  a  pas  d'articulation,  et  par 
suite  aucune  perte  de  vitesse  pour  en  vaincre  la  résistance. 

Il  y  a  plusieurs  modèles  du  compteur  Samain;  leur  débit  varie  sui- 
vant la  pression  du  liquide  et  suivant  le  diamètre  des  orifices  d'in- 
troduction et  d'échappement.  D'après  des  expériences  faites  avec  le 
plus  grand  soin,  le  compteur  n"  2,  qui  coûte  1 35  fr. ,  et  dont  les  cri- 


COMPTEUR  A  LIQUIDES,  345 

fices  ont  O'^.OIO^  donnent  les  débits  suivants  par  heure  :  avec  une 
pression  de  2  mètres,  6  hectolitres;  avec  une  pression  de  5  mètres, 
Il  hectolitres;  avec  une  pression  de  10  mètres,  19  hectolitres;  avec 
une  pression  de  20  mètres,  30  hectolitres.  Le  plus  grand  modèle, 
dont  les  orifices  ont  0"'.060,  débite  dans  les  mêmes  conditions  141,' 
.  218,  372  et  540  hectolitres  par  heure.  Quant  à  la  précision  du  mesu- 
rage,  elle  est  de  2  à  3  litres  par  mètre  cube,  c'est-à-dire  que  la  com- 
paraison entre  le  poids  de  l'eau  écoulée  et  la  quantité  indiquée  par 
Taiguille  ne  donne  pas  une  plus  grande  différence.  C'est  2  à  3  pour 
1,000  seulement. 

Le  compteur  Samain  a  été  adopté  par  la  ville  de  Paris.  Il  jouira 
rapidement  d'une  grande  faveur.  L.  de  Sardriac. 

PISCICULTURE-  —  LES  MARAIS  SALANTS' 

Avant  de  terminer  la  première  partie  de  ces  entretiens  sur  la  pisci- 
culture marine,  il  ne  nous  est  pas  possible  de  taire  à  nos  lecteurs  la 
pénible  impression  que  nous  avons  rapportée  de  nos  visites  au  Car- 
reau de  la  halle,  où  depuis  plus  de  vingt  ans  nous  n'avions  mis  les 
pieds. 

Ce  n'est  pas  le  tout  de  faire  de  bonnes  lois,  de  travailler  dix,  douze 
ans  pour  les  obtenir,  si  on  ne  les  applique  pas.  Nous  avons  visité 
chaque  jour  le  Carreau  du  1""  au  17  novembre  de  la  présente  année  : 
or  pas  une  seule  fois  il  ne  nous  arriva  de  ne  pas  voir  des  mannes  se 
remplir  de  truites  prêtes  à  frayer  ;  aujourd'hui  1 7,  nous  avons  compté 
huit  mannes  portant  chacune  7  pièces  de  1  1/2  livre  à  4  livres. 

Il  est  vrai  d'ajouter  que  ce  ne  devait  être  évidemment  que  des 
truites  de  maraude,  car  les  5/6  étaient  pointées;  mais  enfin  c'étaient 
des  truites. 

Des  saumons  nous  ne  dirons  rien,  puisqu'il  y  a  de  ce  côté,  dit-on, 
une  convention  internationale,  qui,  là  encore,  a  fait  règle  d'une  excep- 
tion et  permis  d'éluder  la  loi. 

Cette  décision  ministérielle  ouvre,  selon  nous,  la  porte  aux  plus 
grands  abus.  Croyons  donc  qu'il  n'arrive  aux  mannes  que  saumons 
anglais,  hollandais  et  allemands,  et  reposons  en  paix  sur  ce  moelleux 
et  si  commode  arrêté  administratif. 

Dormez,  messieurs,  laissez  faire;  moi,  je  vous  ajourne  à  dix  ans 
encore  de  ce  côté,  et  comme  avec  l'écrevisse,  avec  la  grive  de  notre 
cher  Toussenel,  vous  aurez,  je  l'espère,  pour  votre  instruction  insou- 
ciante ou  inconsciente  décision,  le  réveil  amer! 

Vraiment,  on  aurait  juré  l'anéantissement  de  nos  richesses  aqua- 
tiques qu'on  ne  s'y  prendrait  pas  autrement. 

Mais  que  fait  donc  cette  unique  administration  que  l'Europe  'nous 
envie  y  laquelle  partant  de  l'ingénieur  en  chef,  doit,  en  passant  par  l'in- 
génieur, le  piqueur,  l'éclusier,  le  garde,  enfin,  assurer  par  son  nombre, 
son  organisation,  sa  discipUne,  l'augmentation  et  la  conservation  de 
cette  partie  des  richesses  de  la  nation?  (Coste,  Rapport  à  V empereur, 
juin  1855.)  Ahl  pourquoi  n'êtes-vous  plus  là,  mon  cher  et  toujours 
vénéré  maître  ! 

Quand  vous  avez  planté  cet  arbre,   ne  vous  cria-t-on  pas  sur  tous 

1.  Voir  le  Journal  des  11  et  25  septembre,  du  tome  111  de  1880;  des  9  et  23  octobre;  des  6,  13 
et  20  Dovembre  1880. 


346  PISCICULTURE.  —  LES  MARAIS  SALANTS. 

les  tons  :  Le  sujet  est  beau,  plein  d'espérance,   mais  gare  les  sau- 
vageons !!! 

Qu'en  reste-t-il?nous  demandions-nous  ce  matin  à  la  halle  en  pré- 
sence de  cette  effrontée  violation  des  règlements  et  de  la  loi  ;  est-ce 
l'arbre  ou  les  sauvageons? 

On  sait  que  les  si  malheureuses  et  curieuses  perturbations  atmos- 
phériques que  nous  traversons  depuis  si  longtemps,  vents  chauds  et 
brumes  entre  les  équinoxes  de  mars  et  de  septembre,  et  les  procédés 
nouveaux  d'extraction  et  de  purification  des  sels  de  mines,  ont  porté  à 
notre  ancienne  industrie  des  sauniers  de  l'Ouest  le  coup  mortel.  Dix 
fois  déjà,  depuis  quelques  années  seulement  la  question  fut  portée 
avec  toute  justice  devant  nos  parlements  et  disons,  à  l'honneur  de  la 
France,  que  sur  ce  terrain  il  n'y  eut  point  de  partis,  mais  seulement 
des  Français. 

Mais  malheureusement  dans  ces  sortes  de  questions,  seule  la  bonne 
volonté  ne  suffit  pas. 

Cette  question  des  marais  salants  touche  à  tant  de  côtés,  marine, 
finances,  travaux  publics,  droits  de  propriété,  concessions,  bref,  juste 
quatre  fois  plus  qu'il  n'en  faudrait  pour  la  placer  cette  intéressante 
question,  comme  le  pauvre  âne  de  Buridan,  sans  que  la  pisciculture 
y  ait  mis  son  premier  mot. 

La  première  fois  que  nous  en  entendîmes  parler,  ce  fut  à  Brouage, 
en  1854,  par  M.  le  commissaire  de  la  marine  Ackermann. 

Ce  si  modeste  et  si  studieux  officier  de  la  marine  exposait  à  GosLe 
ses  idées  sur  ce  qu'il  y  aurait  à  faire,  selon  lui,  pour  parer  à  une 
telle  calamité  et  nous  mettait  au  courant  de  ce  qu'il  avait  fait  et  se 
proposait  de  faire,  avec  son  garde  Rabeau,  pour  y  parer  dans  la  limite 
du  possible. 

Pour  lui,  la  transformation  des  marais  salants  en  claires  et  parcs 
à  petits  mollusques,  était  le  remède  que  modestement  il  nous  avouait 
être  le  rêve  entrevu. 

Ce  fut  là  et  sans  bruit  que  se  firent  les  premières  tentatives  de  cette 
idée  qui,  après  vingt-six  ans  d'incubation,  semble  être  aujourd'hui  celle 
de  tous,  accaparée  par  quelques-uns. 

Nousaffirmons,pourl  avoir  vu,  que  c'est  là,  entre  Brouage,  la  mer 
et  le  triangle  dont  Marennes  est  l'angle  droit,  en  joignant  Hièrs  par 
sa  grande  projection,  que  naquit  cette  question  aujourd'hui  à  l'ordre 
du  jour. 

Rendons  à  Coste  cette  justice  qu'il  fit  son  possible  pour  lui  faire 
prendre  corps  ;  mais  soit  ceci  soit  cela,  de  la  marine  aux  finances,  de 
Gaïphe  à  Pilate,  il  y  renonça  de  guerre  lasse,  à  notre  connaissance, 
pour  ne  plus  s'occuper  que  de  ce  fatal  Saint-Brieuc  où  l'attendaient 
de  si  grandes  amertumes. 

De  la  transformation  des  marais  salants  en  claires  ou  de  claires  à 
réservoirs  à  poissons  il  n'y  avait  qu'un  pas. 

Nous  avons  lu  dans  des  publications  piscicoles,  publiées  à  grands 
frais  par  nous,  l'Etat,  que  les  réservoirs  d'Arcachon  et  Commachio 
n'étaient  qu'un  même  fait  différemment  appliqué  ;  oui,  un  même  fait, 
comme  le  jour  et  la  nuit,  auquel  nous  avertissons  nos  jeunes  con 
frères  que  M.  de  Civrac  est  absolument  étranger. 

Messieurs,  qui  avez  des  missions  pour  nous  tenir  au  courant  des 
progrès  qui  se  font  ou  doivent  se  faire  en  tout  et  partout,  avant  de 


PISCICULTURE.  —  LES  MARAIS  SALANTSv  347 

nous  parler  de  Coste,  à  nous  qui  l'avons  connu  dans  les  belles  années 
de  son  exubérante  et  belle  vie,  relisez-le  donc  attentivement. 

Vous  y  verrez  clairement  et  nettement  que  les  cinq  droits  des  ré- 
servoirs à  poissons  d'Arcaclion  sont  des  droits  auxquels  le  grand 
Colbert,  dans  sa  grande  ordonnance  de  1685,  n'a  pas  même  osé  lou- 
cher, lui  qui  aussi  dans  ce  temps  osait  toucher  à  tant  de  choses. 

Nos  lecteurs  n'attendent  pas  que  nous  leur  réimprimions  nos  pla- 
quettes de  ces  temps  éloignés  sur  ce  même  sujet,  que  nous  entrions 
dans  les  explications  des  boire,  déboire,  boses,  jars,  des  opérations 
piscicoles  desdits  réservoirs. 

Pour  transformer  des  marais  salants  en  réservoirs  à  poissons,  ad- 
mise la  bonne  volonté  de  l'administration  de  la  marine,  ce  qui  selon 
nous,  sous  la  République  des  républicains,  ne  saurait  faire  doute,  la 
chose  n'est  pas  si  simple. 

Construction  de  digues,  et  surtout  des  écluses  :  car  la  mer  est  là  ! 
c'est  avec  elle  que  dans  les  sysygies  (nouvelles  et  pleines  lunes),  du 
15  mars  au  V  novembre,  soir  et  matin,  deux  jours  par  mois,  com- 
mencent et  s'exécutent  les  grandes  manœuvres  d'ensemencement. 

Les  muges  entrent  par  le  haut,  les  blancs  ou  sauteurs  en  moins 
grande  quantité  que  les  noirs. 

Les  brigues  ou  bar,  en  très  petite  quantité,  mais  aussi  quelle  crois- 
sance, quelle  bombance  pour  eux  dans  cet  abbaye  de  Thélème  oiî  tout 
leur  est  servi  à  bouche  que  veux-tu. 

Quelques  carrelets  et  dorades,  ces  dernières  diminuant  chaque 
annnée  sans  qu'on  sache  trop  pourquoi. 

Par-ci  par-là  quelques  soles,  mais  rougets  et  turbots,  jamais. 

Nous  redirons  pour  la  dixième  fois  (ce  qu'on  nous  pardonnera) 
que  c'est  après  le  grand  flot  de  mars  que  commencent  les  grandes 
migrations  de  toutes  les  vallées  sous-marines  vers  la  côte;  mais  à  ce 
propos  nous  poserons  à  ces  messieurs,  de  nos  laboratoires  marins, 
cette  question  à  laquelle,  encore  aujourd'hui,  nous  avouons  ne  rien 
comprendre,  bien  que  très  attentivement  nous  nous  soyons  toujours 
tenu  un  peu  au  courant  de  tout  ce  qui  se  faisait  de  Kildermund  (Po- 
méranie)  à  Naples,  de  Vimereux  à  Marseille  et  de  Roscoff  à  Concar- 
neau.  Pourquoi  le  fretin  du  flot  d'avril  est-il  si  curieusement  toujours 
plus  fort  que  celui  de  septembre  ? 

Le  marais  salant  transformé  en  réservoir  ensemencé,  tout  n'est  pas 
dit;  inutile  défaire  remarquer  que  du  réservoir  à  poissons  à  claires, 
ou  à  parcs  à  petits  mollusques,  la  distance  est  si  courte  que  nos  lec- 
teurs comprendront  que  nous  ne  nous  y  arrêtions  pas.  Notre  réservoir 
ensemencé,  notre  bétail  aquatique  en  stabulation,  nous  le  devons 
garer  surtout  des  vents  froids  si  dangereux  pour  les  muges,  nord-est, 
sud-est;  les  plus  mauvais  doivent  être  surtout  paralysés,  alors  que, 
larges  ouverts  ils  doivent  être  au  sud-ouest  et  nord-ouest. 

Si,  par  bonheur,  en  creusant  des  abris,  des  fosses,  où  l'hiver  ils 
se  reposeront,  on  trouvait  des  sources,  ce  qui  est  souvent  le  cas  dans 
certaines  straUes  des  bords  de  nos  mers  (Bretagne  en  partie  exceptée), 
on  les  ouvrirait  avec  soin,  car  de  -|-8  à-j-  12  degrés,  sont  des  tempé- 
ratures toujours  préférées  hiver  et  été  en  dehors  de  la  question  d'en- 
graissement par  les  eaux  douces  que  nous  réservons  pour  la  seconde 
partie  de  ces  entretiens  sur  la  pisciculture  de  la  mer. 

Si  par  possible,  la  ruppelle  [Ruppia  spiralis),  la  meilleure  plante  des 


348  PISCICULTURE.  —  LES  MARAIS  SALANTS. 

pacages,  pour  les  muges  surtout,  à  cause  des  coquillages  microsco- 
piques qui  y  adhèrent,  y  croissait,  il  faudrait  donc  se  garder  de  la 
détruire  lors  du  nettoyage  ;  de  même  de  la  Icge  sur  laquelle  se  déve- 
loppe une  espèce  de  mousse  (conferves)  dont  les  crevettes  sont  extrê- 
mement friandes. 

La  grande  valeur  des  cinq  concessions  du  bassin  d'Arcachon  était 
surtout  dans  l'ancienneté  de  leurs  fonds  :  car,  de  ce  côté  aussi,  le 
temps  est  un  des  grands  éléments  du  succès,  bars,  dorades,  soles  et 
carrelets  ne  venant  bien  que  sur  des  vieux  fonds. 

La  pêche  du  moureguin  (lisez  anguille)  ne  diffère  que  peu  de  celle 
des  grandes  pêcheries  de  Commachio;  mêmes  causes,  mêmes  effets. 
Du  reste,  notre  intention  étant  de  compléter  Commachio  par  les  pêche- 
ries de  la  Tresa,  dont  nos  jeunes  missionnaires  en  Italie  pour  la  pis- 
ciculture ne  nous  ont  pas  dit  un  mot,  nous  y  reviendrons  à  notre 
heure. 

On  calcule  le  rendement  de  1  hectare  de  réservoir  à  200  ou 
300  kilog.  de  poissons,  c'est-à-dire  un  produit  double,  comme  valeur 
argent  à  celle  des  meilleurs  marais  salants  dans  leurs  meilleurs  temps. 

Comme  le  soleil  est  taché,  derrière  cette  belle  question  des  réser- 
voirs sur  laquelle  on  ne  croyait  pas  la  contradiction  possible,  puis- 
qu'elle n'était  que  l'utilisation  de  non-valeurs,  on  a  soulevé  des  objec- 
tions. 

On  a  d'abord  parlé  de  l'insalubrité. 

Nous  rappelerons  à  nos  pessimistes  que  Coste,  à  propos  de  Comma- 
chio, a  depuis  longtemps  réduit  à  zéro  ces  craintes  non  pas  seule- 
ment chimériques,  mais  ignorantes.  Comment  une  eau  renouvelée 
deux  fois  par  mois  pourrait-elle  être  insalubre?  N'est-il  donc  pas 
prouvé  que  c'est  précisément  dans  ces  conditions  de  mélange  d'eau 
douce  et  d'eau  salée  que  se  trouvent  toujours  les  poissons  les  plus 
fins,  les  plus  délicats  et  en  plus  grand  nombre,  nourrissant  les  popu- 
lations les  plus  belles,  les  plus  prolifiques  et  les  plus  robustes. 

Rien  que  ce  fait  si  simple  d'histoire  naturelle  ne  devrait-il  pas  être 
déjà  pour  nous  un  enseignement,  pour  nous  qui  ne  comprenons  et 
ne  voulons  la  pisciculture  que  dans  les  conditions  les  plus  naturelles, 
pour  nous,  en  dehors  desquelles  il  n'y  a  qu'illusions  et  désastres;  les 
dix  premières  années  de  Ballysadare  et  Saint-Brieuc  ne  sont-elles  pas 
là  pour  nous  instruire  1  faudra-il  donc  y  revenir  ad  œternum  ? 

On  nous  dit  encore  :  Et  la  concurrence  aux  inscrits  de  la  marine? 

N'^  405  de  janvier  1875,  nous  nous  sommes  longuement  expliqué 
sur  ce  fait  du  préjudice  aux  inscrits  que  leur  causait  la  pisciculture. 
De  9,000  barques  montées  par  40,000  marins  en  1869,  on  était  en, 
1876  arrivé  à  20,200  barques  montées  par  69,000  marins,  en  dehors 
de  ces  chiffres  que  nous  nous  garderons  bien  de  commenter  à  nos  lec- 
teurs. Ils  disent  encore  :  mais  sur  le  marché  de  Bordeaux,  il  nous 
font  la  baisse.  Comment  I  des  réservoirs  ne  se  pèchent  que  l'hiver, 
et  il  font  une  baisse  à  des  produits  que  vous  n'avez  pas  neuf  fois  sur 
dix  !  Est-ce  dans  les  mois  d'hiver  que  vous  passez  le  goulet  d'Arcachon. 
Faisons  au  moins  des  objections  sérieuses  1 

Les  muges,  enfin,  entrent  aux  réservoirs  ayant  une  longueur 
moyenne  deO^'.OS  a  0™.06;  or,  les  merlus  en  novembre  qui  en  sont 
extrêmement  friands  leur  font  une  impitoyable  chasse  à  tel  point  que 
de  suite  ils  en  deviennent  gras,  novembre  et  décembre  étant  le  mo- 


PlSClCULTliKK.   —  LES   MARAIS   SALAiNTS.  349 

ment  des  merlus  :  or,  comme  1 ,000  mu^es  donnent  à  cet  âge  environ 
1  kilog.  de  matière  alimentaire,  alors  que  parqués,  engraissés,  et  pré- 
servés par  les  réservoirs,  la  même  quantité  donne  entre  deux  et  trois 
ans  1000  kilog.  de  viande,  avons-nous  encore  besoin  de  commenter 
de   pareils  chifï'res? 

Erreurs  et  leçons  ne  sont-elles  pas  là  encore  écrites  en  caractères 
tels  que  seuls  les  aveugles  ne  les  sauraient  lire. 

Un  gros  problème,  dans  la  question  de  transformation  qui  nous 
occupe,  est  la  construction  de  l'écluse.  Avouons  franchement  ([ue  nous 
n'avons  aucune  compétence  dans  cette  spécialité  pour  laquelle  abon- 
dent du  reste  des  traités  sj)éciau>.  se  copiant  et  t^e  réimprimant  par 
douzaines. 

Eloignons  de  même  l'idée  de  la  fécondation  artificielle  des  muges: 
pure  question  d'art  pour  l'art  qui  nous  semblerait  tout  simplement  le 
comble  du  ridicule. 

Le  seul  point  par  lequel  nous  finirons  en  nous  résumant,  c'est 
qu'avant  tout  on  doit  se  préoccuper  dans  l'établissement  des  réservoirs 
sur  les  salines  transformées,  de  ce  fait  delà  plus  extrême  importance, 
base  de  tout  succès;  l'eau  ne  doit  jamais  descendre  à  -|-9  degrés  de 
salure  de  l'aréomètre  de  Baume,  à  -f- 5  degrés  le  mal  commence,  à 
-f-2  degrés  tout  languit. 

[1  faut  donc  :  i"  amener  les  eaux  douces  ;  2"  dessaler  le  sol  ;  3"  le 
dessécher;  4",  le  labourer  ;  5°,  creuser  les  profonds;  6",  ménager  des 
pacages;  7"  et  enïni  ])\iiniei' {[-d  Jiuppia  spïralis  su vloiil)  les  pacagée 
et  les  digues  nord-est  surtout. 

Un  décret  de  1862,  a  rendu  possible  cette  transformation  ;  profitons- 
en  davantage,  car  jusqu'à  la  lin  de  1876  nous  n'avions  encore  que 
1,000  hectares  d'autorisés  alors  que  la  marge  se  compterait  par  10 
et  tant  de  milliers. 

Voir  pour  détails  qui  ne  sauraient  trouver  place  ici  nos  entretiens 
sur  les  crassats  d'Arcachon,  collection  du  Journal,  juin  1859,  et  notre 
rapport  sur  Arcachon,  1853. 

Nous  ne  saurions  terminer  sans  citer  le  nom  d'un  pisciculteur  dont 
nous  avons  souvent  parlé.  Les  travaux  de  M.  Delidon  ne  doivent 
jamais  être  passés  sous  silence  quand  il  s'agit  de  pisciculture  sérieuse, 
et  à  plus  forte  raison,  par  un  fils  de  Vendée  parlant  marais  salants. 

Ce  beau  et  riche  coin  de  notre  France  est  réservé,  selon  nous,  à  un 
grand  avenir  par  la  pisciculture.  Il  y  aura  bientôt  trente  ans  que  pour 
la  première  fois,  nous  l'avons  imprimé. 

Sans  viser  au  rôle  des  géants,  dont  ie  pauvre  Ancelade  nous  a  appris 
la  piteuse  fin,  restons  les  Français  Vendéens  de  Caulmiers! 

N'est-ce  pas  là,  à  ce  même  Croix-de-Vie  dont  M.  Ddlidon  nous  a 
parlé,  que  les  Tertrais,  les  Ballereau  ont,  il  y  a  plus  de  trente- 
cinq  ans,  commencé  ce  bon  combat,  continué  si  dignement  par  le 
studieux  et  consciencieux  observateur  dont  nous  rappelons  le  souve- 
nir avec  justice  et  empressement.  Chabot-Kaulex, 

Paris,  novembre  1880.  Correspondant  de  la  Socicio  nationale  d'agriculture. 

REBOISEMENT  DES  TERRAINS  EN  PENTE 

PAR  L'AILANTE 

Les  pins,  surtout  ceux  de  la  Sologne,  ont  été  bien  éprouvés  par  les 
gelées  de  l'hiver  dernier,  sur  une  étendue  de  500,000  hectares  plantés 


350  REBOISEMENT   DES   TEHUAINS   EX    L'ENTE    PAU   L  AILANTE. 

en  bois.  Le  pin  maritime  est  la  piincipale  essence  employée;  il 
occupe  une  surface  d'environ  80,000  hectares.  Le  conservateur  des 
torêts  de  Tours  estime  que  ces  80,000  hectares  produisaient  à  leurs 
propriétaires  environ  3  millions  et  demi  de  francs.  Cette  situation  si 
prospère  a  reçu  une  première  atteinte  pendant  1  hiver  de  1878  à 
1879.  La  perle  a  été  évaluée  à  20  pour  100;  mais  la  rigueur  de  l'hi- 
ver dernier  a  causé  encore  de  plus  grands  désastres,  que  l'on  peut 
évaluer  à  42  millions. 

La  Société  d'acclimatation  de  Paris,  considérant  que  l'allante  ou 
vernis  du  Japon  s'accommode  facilement  de  tous  les  sols,  que  les 
troupeaux  ne  touchent  ni  à  s 's  feuilles,  ni  à  son  écorce,  et  qu'il  serait 
esseniiellement  propre  au  reboisement  de  certains  terrains  pauvres  ser- 
vant actuellement  de  pâture,  la  Société  institue  un  prix  de  1,000  fr. 
qui  sera  décerné  à  la  personne  qui  justifiera  de  la  plantation  de  5  hec- 
tares de  celte  essence.  Les  concurrents  devront  établir  que  la  planta- 
tion est  fuite  depuis  plus  de  cinq  ans.  Ce  concours  est  ouvert  jusqu'au 
1^' décembre  1890.  L'allante  végète  dans  tous  les  terrains;  sa  crois- 
sance rapide,  avec  beaucoup  de  drageons,  doit  le  recommander.  Dans 
un  sol  qui  lui  convient,  il  croît  de  un  mètre  par  an;  et  dans  les  pays 
d'oii  il  nous  a  été  importé,  il  s'élève  jusqu'à  15  et  20  mètres.  Est-ce 
pour  ce  motif  que  les  Chinois  l'ont  appelé  ailanlo?  qui  veut  dire  arbre 
du  ciel,  allusion  à  la  hauteur  à  laquelle  atteignent  ces  arbres.  Le  bois 
est  employé  par  la  carrosserie  et  par  la  menuiserie.  Cet  arbre  offre 
encore  un  grand  avantage,  c'est  qu'on  peut  laisser  sur  le  terrain  sur 
lequel  il  est  planté,  sans  inconvénient,  brouter  les  troupeaux,  qui  n'y 
touchent  pas,  à  cause  de  son  odeur  acre,  at  qui  mangent  les  plantes 
environnantes  qui  finiraient  par  étouffer  le  jeune  semis;  pendant 
l'hiver,  lorsque  le  bétail  rentre  à  la  ferme,  il  mange  avec  avidité  les 
feuilles  sèches.  Le  ver  blanc,  qui  fait  tant  de  dégâts,  ne  touche  pas 
aux  racines  de  cet  arbre.  Cette  observation  ne  serait-elle  pas  de  nature 
à  diriger  les  recherches  des  chimistes,  qui  pourraient  peut-être 
trouver  là  une  belle  occasion  de  nous  délivrer  du  phylloxéra? 

Notre  savant  confrère,  M.  Maurice  Girard,  fait  ressortir  l'utilité 
d'obtenir  du  ver  de  l'allante  de  la  soie  facile  à  dévider;  grâce  au  pro- 
cédé récemment  découvert  par  notre  zélé  collègue,  M.  Ch.  Le  Doux, 
de  la  Société  d'acclimatation.  Les  procédés  de  dé  vidage  proposés  anté- 
rieurement n'étaient  pas  susceptibles  d'une  utilisation  industrielle. 
Aujourd'hui,  on  va  pouvoir  dévider  le  cocon  en  soie  grège  avec  les 
appareils  employés  pour  les  cocons  du  ver  à  soie  ordinaire,  ce  qui  est 
un  point  capital,  eu  égard  à  l'esprit  routinier  des  filateurs  du  midi  de 
la  France,  qui  consentent  difiicilement  à  modifier  leur  outillage,  pour 
utiliser  les  nouveaux  cocons.  Eug.  Vavin. 

SUR  LE  FOIN  NOUVEAU 

Dans  le  numéro  du  9  octobre,  M.  Eloire  a  jugé  utile  de  réfuter  les 
opinions  que  j'avais  émises  sur  les  effets  de  l'alimentation  des  animaux 
par  le  foin  nouveau. 

Loyalement,  franchement,  M.  Eloire,  dont  j'aime  du  reste  les  tra- 
vaux que  j'ai  toujours  consultés  avec  fruit,  vient,  appuyé  sur  des  ob- 
servations personnelles,  se  mettre  sur  les  rangs  des  détracteurs  du 
foin  nouveau. 


LE  FOIN  NOUVEAU.  351 

Je  ne  me  défendrai  pas  entièrement  du  scepticisme  dont  il  m'ac- 
cuse ;  la  vérité  et  l'erreur  ont  quelquefois  chacune  en  même  temps  des 
champions  illustres,  et  alors,  où  est  la  vérité,  où  est  l'erreur? 

Dans  son  article,  l'auteur  ne  contredit  nullement  ma  manière  de 
voir  sur  les  causes  qui  ont  établi  la  réputation  du  foin  nouveau  :  j'en 
prends  acte. 

Le  foin  nouveau,  dit-il,  contient  plus  de  matières  grasses,  plus  de 
j)rincipes  aromatiques,  plus  de  matières  sucrées,  de  dextrine,  d'ami- 
don, etc.;  il  est  plus  nourrissant  et  plus  excitant. 

Si  par  excitant  M.  Eloire  entend  qu'il  est  plus  propre  à  aiguillon- 
ner, stimuler  l'appétit,  je  suis  parfaitement  de  son  avis,  et  c'esl,  du 
reste,  je  crois,  ce  que  j'ai  dit.  Mais  si,  donnant  à  ce  mot  un  sens  plus 
large,  il  veut  parler  des  désordres  qui  peuvent  survenir  à  la  suite  de 
l'ingestion  d'un  aliment,  je  ferai  remarquer  que  cette  excitation  peut 
avoir  deux  causes  : 

1**  L'aliment  contient  des  substances  alibiles  en  proportion  trop 
forte. 

2"  Il  peut,  par  sa  nature  ou  sa  composition,  être  nuisible  à  la  santé. 

Dans  le  premier  cas,  l'antidote  est  tout  trouvé  :  donner  une 
moindre  quantité  de  fourrage,  ce  sera  de  bonne  économie  rurale  puis- 
qu'avec  un  poids  donné  on  nourrira  un  plus  grand  nombre  d'ani- 
maux, et  comme  la  consommation  du  foin  nouveau  se  fait  en  été,  on 
fera  toujours  bien  de  donner  des  boissons  rafraîchissantes;  dans  les 
exploitations  bien  tenues,  cela  se  pratique  toujours,  même  lorsque 
les  animaux  consomment  du  vieux  foin. 

Dans  le  cas  où  le  foin  contiendrait  des  plantes  nuisibles,  de  deux 
choses  l'une,  ou  il  faut  le  rejeter  complètement  ou  attendre  une  plus 
complète  dessiccation. 

Je  m'explique.  Dans  les  prairies  négligées,  on  trouve  souvent  des 
plantes  coupantes  ou  vénéneuses  telles  que  les  laîches  ou  carex;  les 
hellébores;  la  grande  chélidoine;  la  cardamme  des  prés;  l'OEnanthe 
fistuleuse;  les  carderés;  le  populage,  etc.,  etc.;  ces  plantes  conser- 
vent leurs  mauvaises  propriétés  à  un  état  de  siccité  le  plus  avancé; 
les  foins  qui  en  contiennent  beaucoup  ne  doivent  jamais  entrer  dans 
l'alimentation. 

Dans  d'autres  prairies,  surtout  celles  humides,  marécageuses,  on 
trouve  souvent  des  plantes  telles  que  la  renoncule  acre,  la  renoncule 
scélérate,  les  clématites,  les  anémones,  la  bétoine  officinale,  le  col- 
chique d'automne,  etc.,  etc.,  qui  nuisibles  à  l'état  vert  ou  à  un  état 
de  dessiccation  plus  avancé,  deviennent  complètement  inoffensives 
lorsqu'elles  sont  sèches,  parce  que  le  principe  acre  ou  aromatique 
qu'elles  contiennent  se  volatilise  en  même  temps  que  la  dessiccation 
s'opère. 

Tirons  donc  une  conclusion  : 

Lorsque  le  foin  n'est  composé  que  de  graminées,  de  légumineuses 
ou  autres  plantes  ne  possédant  aucune  mauvaise  propriété,  comme 
c'est  de  beaucoup  le  cas  le  plus  général,  il  peut  être  consommé  à  toutes 
les  époques  et  son  coefficient  de  nutrition  est  cl  autant  plus  grand,  que  la 
consommation  est  faite  à  un  état  de  dessiccation  moins  avancé. 

Si  le  foin  possède  en  grande  quantité  des  plantes  nuisibles  selon  ce 
que  nous  venons  de  voir,  on  devra  le  rejeter  complètement  de  la 
consommation,  ou  on  ne  le  fera  consommer  que  plus  tardivement. 


352  LK  FOIN    NOUVEAU. 

Là,  comme  partout,  il  faut  commencer  par  le  commencement,  il 
faut  améliorer  les  prairies. 

Eh  bien  !  M.  Eloire  cite  deux  cas  où  il  a  observé  les  mauvais  effets 
de  la  consommation  de  fourrages  nouvellement  récoltés. 

Dans  le  premier  cas,  est-ce  que  le  foin  ne  pouvait  pas  provenir  de 
prairies  basses,  humides,  contenant  beaucoup  de  renoncules  ou  autres 
plantes,  si  dangereuses  lorsqu'elles  ne  sont  pas  entièrement  desséchées. 
L'analyse  botanique  aurait  peut-être  donné  la  solution  vraie. 

Et  les  accidents  dus  à  la  paille  fourrageuse  ne  doivent-ils  pas  être 
imputés  aux  labiées,  que  l'auteur  accuse  de  posséder  une  odeur  si 
forte  et  d'être  si  nombreuses  ;  les  labiées  ne  sont-elles  pas  par  excel- 
lence des  plantes  aromatiques,  stimulantes,  toniques,  excitantes,  dont 
beaucoup  conservent  à  l'état  sec  presque  toutes  leurs  propriétés?  Et 
alors  cette  paille  fourrageuse  aurait  été  nuisible  encore  six  mois  après. 

La  Commission  d'hygiène  hippique,  qui  s'est  prononcée  en  faveur 
du  foin  nouveau,  n'était  pas  placée  dans  des  conditions  extraordinaires 
quand  elle  opérait  sur  du  foin  boUelé^  secoue,  aéré.,  car  à  part  le  botte- 
lage  qui  ne  doit  avoir  aucune  influence  ici,  je  crois  que  partout  pour 
faner  le  foin  on  le  secoue  et  on  l'aère  et  qu'il  ne  sera  pas  plus  aéré 
quand  il  aura  passé  longtemps  en  meule  ou  en  magasin. 

On  m'accuse  de  n'avoir  point  pris  la  précaution  de  donner  du  foin 
aouveau  à  un  cheval  pendant  quatre  jours,  avant  de  me  prononcer. 

Je  ferai  remarquer  à  mon  honorable  contradicteur  que  ce  n'est  pas 
sur  un  cheval  ni  pendant  quatre  jours  que  j'ai  vu  faire  l'expérience; 
c'est  sur  26  chevaux  et  pendant  toute  la  saison  dernière  ;  jamais  on 
n'a  eu  à  déplorer  aucun  accident. 

Voilà  l'explication  des  faits,  voilà  des  preuves  et  si  le  doute  persiste 
encore  dans  certains  esprits,  que  l'année  prochaine  on  fasse  des 
observations  judicieuses  et  qu'on  rende  compte  avec  la  bonne  foi  et  la 
loyauté  qui  doivent  caractériser  toutes  les  discussions  scientifiques 
ou  agricoles;  c'est  le  meilleur  moyen  pour  ne  pas  imposer  plus 
longtemps  quarantaine  à  la  vérité.  F.  Larvap.on. 

LES  EMBLAVURES  D'AUTOMNE  EN  ARIÈGE 

Nous  ne  pouvons  que  nous  réjouir  de  l'abondance  et  de  la  beauté  de  nos  der- 
nières récoites  de  céréales  et  de  fourrages.  Pour  la  première  fois,  peut-être,  on  a 
pu  effectuer  quatre  et  cinq  coupes  de  grandes  luzernes,  et  deux  et  trois  de  trèfle. 
Les  nouveaux  ont  déjà  fourni  une  première  coupe  fort  abondante  et  permettent 
d'y  trouver  d'excellentes  dépaissances  pour  nos  bêtes  bovines  et  ovines. 

La  cueillette  des  maïs  nous  occupe  depuis  plus  de  quinze  jours.  Les  tiges  gar- 
nies de  deux  et  trois  épis  ont  un  beau  feuillage,  nourriture  excellente 
pendant  les  longs  mois  d'hiver;  les  fourrages  de  cette  si  utile  plante  donnent  à 
nos  bœufs  de  labour  une  vigueur  et  un  embonpoint  très  remarquables.  Jusqu'à 
présent  nous  ^n'employons  guère  les  silos  ;  les  maïs  se  conservent  bien  dans  nos 
granges  et  nos  hangars. 

La  récolte  des  pommes  de  terre  n'a  jamais  été  aussi  belle  et  aussi  abondante,  et 
nos  classes  pauvres  n'auront  pas  à  souffrir  des  rigueurs  de  l'hiver  prochain.  Nos 
semailles  de  céréales  de  toute  nature  s'eiîectuent  ou  se  terminent  dans  les  plus 
favorables  conditions.  Léo  d'Ounous, 

Correspondant  de   la  Société  nat'onale  d'agricuUure. 

SOJA  HISPIDA 

J'ai  cultivé  cette  année-ci  ce  petit  haricot  dont  il  a  été  question  plu- 
sieurs fois  dans  le  Journal  de  V agriculture.  J'en  ai  planté  une  partie 
dans  mon  jardin  et  l'autre  partie  en  plein  champ. 


SUR  LE  SOJA  HISPIDA.  353 

Quelque  peu  rebelles  pour  percer  la  croule  de  la  surface  du  sol,  les 
jeunes  plants  (semblables  à  de  jeunes  rosiers)  ont  été  d'abord  assez 
chétifs;  mais  arrivés  à  la  formation  de  leurs  petites  cosses,  on  n'a  pu 
rien  voir  d'aussi  productif  et  c'était  certainement  ici  le  cas  de  dire  : 
«  Beaucoup  plus  de  cosses  que  de  feuilles.  »  La  récolte  que  j'appré- 
hendais être  très  tardive,  a  mûri  au  commencement  de  septembre. 

En  somme,  je  crois  que  ce  dolique  sera  bientôt  très  recherché; 
toutefois,  comme  chez  moi  il  a  été  presque  impossible,  en  plusieurs 
reprises,  de  faire  cuire  cet  intéressant  légume  malgré  qu'ici,  côte  à  côte, 
les  haricots,  pois,  fèves,  etc.,  cuisent  à  merveille,  je  serai  très  recon- 
naissant à  ceux  qui  déjà  ont  entretenu  vos  lecteurs  des  précieuses 
qualités  nutritives  de  ce  soja,  s'ils  veulent  bien  vulgariser  le  procédé 
qu'on  emploie  chez  eux  pour  obtenir  une  cuisson  plus  ou  moins  facile; 
car  cette  lacune  une  fois  comblée,  je  n'hésite  pas  à  recommander  la 
culture  sur  une  plus  ou  moins  vaste  échelle.  Je  me  propose  d'ailleurs, 
le  cas  échéant,  d'en  semer  beaucoup  l'année  prochaine. 

A. -P.  Leyrisson. 

SOCIÉTÉ  NATIONALE  D'AGRICULTURE 

Séance  du  24  novembre  1 880.  —  Présidence  de  M.  Chevreul. 

A  l'occasion  du  procès-verbal  de  la  séance  précédente,  M.  Bous- 
singault  présente  quelques  observations  poufconîirmer  les  faits  établis 
par  M.  Pasteur,  relativement  à  la  négligence  qui  préside  souvent  à  la 
vaccination  des  enfants. 

M.  Renou,  directeur  de  l'observatoire  météorologique  de  Saint-Maur, 
écrit  pour  poser  sa  candidature  à  la  place  de  membre  associé  dans  la 
Section  des  sciences  physico-chimiques  agricoles. 

M.  Baudrillart  fait  hommage  du  grand  ouvrage,  qu'il  vient  de  publier, 
sur  l'histoire  du  luxe  privé  et  public  depuis  l'antiquité  jusqu'à  nos 
jours. 

M.  le  docteur  Eug.  Robert  fait  hommage  de  deux  ouvrages  qu'il  a 
publiés,  l'un  sur  l'histoire  naturelle  de  la  commune  de  Meudon,  l'autre 
sur  les  ravageurs  des  forêts  et  des  plantations  d'arbres  d'alignement. 

M.  Fousset,  ancien  professeur  à  l'école  normale  d'Orléans,  envoie  un 
petit  livre  qu'il  vient  de  publier  sous  le  titre  :  Le  Conseiller  de  la  chau- 
mière. 

M.  Laliman  envoie  plusieurs  échantillons  de  vins  de  vignes  amé- 
ricaines. Renvoi  à  la  Section  des  cultures  spéciales. 

M.  Pays  envoie  une  note  sur  un  procédé  qu'il  a  imaginé  pour  le 
traitement  des  vignes. 

M.  Heuzé  fait  une  communication  sur  les  résultats  obtenus  dans  le 
département  de  l'Hérault,  pour  la  reconstitution  des  vignes  au  moyen 
des  cépages  américains;  il  insiste  particulièrement  sur  les  o]>servations 
poursuivies  par  M.  Vialla  pour  l'adaptation  au  soldes  divers  cépages.  A 
cette  occasion,  M.  Gaston  Bazille  donne  des  explications  très  intéres- 
santes sur  les  observations  qu'il  a  faites  depuis  longtemps.  Après  avoir 
rappelé  que  l'année  1880  a  été,  dans  le  Midi,  favorable  à  la  vigne  et 
défavorable  à  l'insecte,  il  fait  connaître  que  les  cépages  qui  lui  pa- 
raissent devoir  être  recommandés  pour  la  production  directe  sont  le 
Jacquez,  le  Cunningham  et  l'Herbemont,  et  que  ceux  qui  sont  le  plus 
propres  à  la  greffe  des  vignes  françaises  sont  le  Solonis,  le  Riparia, 
l'York-Madeira  et  le  Rupestris.  —  M.  de  Tillancourt  ajoute  que  l'on  a 


354  SOCIÉTÉ  NATIONALE  D'AGRICULTURE  DE  FRANCE. 

annoncé  l'apparition  du  phylloxéra  dans  le    départememont   de  fia 
Marne,  mais  que  le  fait  ne  paraît  pas  encore  démontré. 

M.  de  Bouille  présente  le  programme  des  concours  généraux  agri- 
coles qui  auront  lieu  à  Nevers,  au  mois  de  février,  et  le  premier  bul- 
letin de  la  Société  d'agriculture  de  la  Nièvre.  Il  ajoute  quelques  ob- 
servations sur  la  situation  agricole  du  département. 

M.  Barrai  fait  une  communication  relativement  à  l'appareiUmaginé 
par  M.  Savalle  pour  reconnaître  la  pureté  des  alcools;  il  insiste  sur  la 
valeur  de  cet  instrument  tant  pour  reconnaître  la  présence  des  matiè- 
res étrangères  à  l'alcool,  que  pour  déceler  les  falsifications  qui  peuvent 
avoir  été  apportées  à  des  eaux-de-vie.  Il  donne  ensuite  des  détails  sur 
l'extension  prise  par  les  appareils  de  diffusion  dans  les  sucreries,  ainsi 
que  sur  la  valeur  des  pulpes  qui  proviennent  de  ces  sucreries.  A  la 
suite  de  cette  communication,  M.  Chevreui  présente  des  observations 
sur  les  apparences  membraneuses  que  peuvent  présenter  des  liqueurs 
filtrées,  sans  renfermer  de  membranes,  et  sur  les  inconvénients  qui 
peuvent  résulter  de  l'emploi  de  la  chaleur  quand  il  s'agit  de  la  déter- 
mination des  principes  immédiats  que  renferme  une  substance. 

M.  Bouley  revient  sur  les  recherches  relatives  aux  caractères 
de  la  maladie  charbonneuse,  et  sur  les  procédés  à  employer  pour 
faire  avec  succès  l'inoculation  préventive.  Il  insiste  sur  les  pré- 
cautions qui  doivent  présider  à  cette  opération,  ainsi  que  sur  les 
différences  que  présentent  les  diverses  maladies  charbonneuses.  Il 
annonce  que  MM.  Pasteur,  Leblanc  etTrasbot  se  sont  rendus  à  Senlis 
pOur  faire  dans  un  champ  maudit,  des  expériences  directes  sur  le 
mode  de  transmission  du  charbon.  A  cette  occasion,  une  discussion 
à  laquelle  prennent  part  MM.  de  Tillancourt,  Gaston  Bazille,  deBouillé, 
Barrai  et  Bella,  s'engage  sur  les  maladies  charbonneuses.  M.  de 
Bouille  insiste  sur  le  soin  avec  lequel  les  agriculteurs  cachent  l'appa- 
rition des  maladies  contagieuses  dans  leurs  étables.  M.  Barrai  fait 
observer  que  le  projet  de  loi  sur  la  police  sanitaire  du  bétail,  en 
ordonnant  l'enfouissement  des  animaux  morts  de  maladies  contagieu- 
ses, prescrit  une  opération  qui  peut  avoir  pour  effet  de  propager  celles- 
ci,  et  qu'il  y  aurait  lieu  de  modifier  cette  prescription,  d'ordonner, 
par  exemple,  la  crémation  ;  il  est  vrai  qu'on  serait  obligé  d'avoir 
recours  à  des  appareils  qui  sont  encore  à  construire;  mais  à  des 
besoins  nouveaux  doivent  répondre  des  procédés  nouveaux.  M.  Bella 
rappelle  que,  à  Grignon,  il  s'est  toujours  très  bien  trouvé  de  faire 
cuire  les  moutons  morts  du  charbon  dont  il  faisait  consommer  la 
viande  par  les  porcs.  Henry  Sagnier. 

REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX -COURANT  DES  DENRÉES  AGRICOLES 

(27  NOVEMBRE   1880). 
1.  —  Situation  générale. 

Depuis  huit  jours,  des  perturbations  atmosphériques  considérables  se  sont  pro- 
duites sur  la  plupart  des  points  de  la  France.  Des  chutes  abondantes  de  pluies 
ou  de  neige  ont  interrompu  les  travaux  dans  beaucoup  de  départemenîs.  Quant 
aux  marchés  agricoles,  ils  continuent  à  être  assez  bien  approvisionnés,  et  les 
transactions  sont  actives  pour  la  plupart  des  denrées. 

II.  —  Les  grains  et  les  farines. 
Les  tableaux  suivants  résument  les  cours  des  céréales,  par  quintal  métrique,  «ur 
les  principaux  marchés  de  la  France  et  de  l'étranger. 


REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX-COURANT  (27  NOVEMBRE    1880) 
NORD-OUEST. 

Blé.    Seigle.   Orge.  Avoine- 


355 


Ca'ra  (os.  Condé 

—  Lisieux 

Cales  du-Nord  Pontrieux 

—  Trégiiier 

Finistère    Laaderneuu.. 

^    MorUix 

llle  etV'ilaine.  Rennes.. 

—  Redon 

Manche.  Avranches  .... 

—  Pontorson 

—  Villedieu 

Majenne..   Laval 

—  CluUeau-Gonlier.. 
Morbiltnit.  Heiiiiebont.. 
Oriie.  Seez 

—  Viinnitiers 

Sai'lhe .   Le  Mans 

—  Sablé 


fr. 
29.00 
27  75 
26. 'ij 
25.  UO 
26.00 
26.50 
27.25 
27,00 
29.00 
28.25 
29.25 
27.00 
26.50 
27.  09 
27.50 
27.25 
27.00 
27.25 


fr. 
23.50 
22  00 


21.00 
22.00 
20.75 
21.75 


fr. 
20.00 


21.00 
15.00 
16.75 

18.50 
18.00 
19.00 
17.00 
18.75 

22.50 
20.00 
16.75 
18. 00 


fr. 

23  25 

21  :;, 

ld.50 
16.50 
'.6.00 
15.50 
18.50 
19.0.» 
24. OJ 
21  .50 

24  00 

19.75 
19.00 
23.> 
18  %^ 

■21. S 
18.50 


PriT  moyens 27.26     21.61      18   23     19.77 

2«  RÉGION.  —  NORD 


Aisne.  Soissons 26.75 

:vii^—     La  Fère 25.50 

—    Villers-Cotterets..  27  75 
Eure.  Evreux 29  00 

—  Conche? 28.50 

—  Picy 28.25 

Eure  et-Loir.  Chartres.  27.75 

—  Aiuieau 28  25 

—  Nogeni-le-Rotrou.  28.50 
Nord .  Cambrai 27.50 

—  Douai   28  25 

—  Valenciennes  . . . .  28.50 
Oise.  Beau  vais 27.25 

—  Compiègne 28.00 

—  Noyon 28.00 

Pas  de-Calais.  Arras...  27.80 

—  Saint-Omer 28.00 

Seiiie.  p. ris 29.75 

S.-el-Marne  Uaramartin  .  27.25 

—  Nemours 28. co 

—  P.'-ovins 27.75 

S.-ei-Oise.    Dourdan....  28.50 

—  Angerville 28.75 

—  Poniûi-e -7.20 

Seine  Inférieure.  Rouen.  27.95 

—  Dieppe 29.00 

—  Fécamp 27.25 

Sointne.  Abbeville 27.75 

—  Montdidier 27  50 

—  Koye 26  50 

Prix  moyens = 

3»  RÉGION. 

Ardennes   Charleville  . 

Aube.  Bar -sur-Aube  .. 

Méry-sur-Seine.  , 

—  Troyes . 


23.25 
18.00 
22.50 
21. 2.-) 
21.00 
21.75 
22.75 
21.70 

19.50 
19.25 
22.50 
19.75 
21.50 
23.00 
20.75 
21.00 
23.25 
21.50 
23.50 
21.00 
22.50 

20.75 
22.45 
22.00 

20.50 
21  00 
21.75 


18.00 
19.00 
20.2b 
20  50 
19.25 
21.35 
18.50 

20.23 
21.50 
19.50 
19.25 

21.25 
20  50 

19.25 
13. 5r 
19.25 
20.50 
19.50 
19.75 
21.00 
19.75 

18.00 
20.25 
18.75 
18.50 


18.35 

19.00 
18-50 
18.50 

18  2: 
19.00 
20.00 
18.00 
17.75 
17.25 
18.50 
18.00 
18.50 
18.50 
17.00 
19.00 
20.50 
18.50 
19.00 
18.50 

19  25 
19.50 
18.75 
21.75 
20.00 
17.60 
18.00 
IS  50 
17.25 


.     28.10     21.41      19.70      £8.53 
—  NORD-EST. 


.  27.00 

.  26.7.> 

.  27.50 

.  27.75 

.  27.25 

.  27.00 

.  26.25 

.  27   50 
27.25 


22.50 

23.00 
23.25 
23.75 
20. 50 
22.50 
22.25 

22.75 
22.25 
22.50 

20.75 
20.75 


A/arne.Ch.4lors 

—  Eptrnay 

—  Rei:ns 

—  Ste-Menehould. . 
Hte-Marne  Chaumorit. 
Meurlhe-et  Moselle  Nancy  27 .76 

—  Lunèville 27.75 

—  Toul 27.00 

Meuse.  Bar-!e-Duc 26.50 

—  Verdun 27.50 

Haute-Saône   Gray 27. 75 

—  Vesoul 27.35 

Fosgres  Epina! 28.25 

—  Raon-l'Etape 29.75 

Prix  moyens 27.43 

4*  RÉGION.   —  OCEST. 
C/ia»'e»i/e.  Angoulême..  28.50        » 

—  Ruffec 29.00     20.00 

C/iarente/a/eV.Marans.  26.50        » 

Deux  Sevrés.    Niort 28.25        » 

Indre-et-Loire.  Tours..  28.25 

—  Bléré 27.25 

—  Château-Renault.  27.00 

Loire-/n/. Nantes 26.50 

Mi-et-Loire.SAumur.  .  .  28  00 
Vendée.   Lnçon 27.00 

—  LaRoche 27.25 

Vienne.  Chatellerault. . .  30  00 

—  Loudun 28.50 

Haute-Vienne.  Limoges  28.00    20.25 

Prix  moyens 27.85    21.00 


.12 


19.50 

20.00 
21.00 
21.75 


20.50 
19. CO 


21  00 
19.00 
19.40 
20.50 
21.75 
20.00 
19.75 
21.25 

19.00 

19.00 
19.50 
19.00 

16.55 

19.00 

19.62 


20.50 
19.50 
19.00 
18.50 
19.75 
21.00 
21  50 
20.25 
20.0) 
19.50 
20  l'O 
20.25 
19.50 


18.75 
17.00 
18.00 
17.80 
19.20 
19.50 
18  00 
17  80 
15.50 

18.00 
17.00 
18.25 
16.25 
16.00 
16.50 
17.2a 
17.00 

17.40 


23.00 

18.75 
19.00 
19.  2u 
18-50 
16.25 
18.00 
18  50 
18.75 
17.50 
19.00 
18  .25 
19.00 
20  00 


19.94     18.97 


i'   REGION 

—  CENTRE. 

Blé. 

Seigle. 

Orge.  Awine. 

fr. 

fr. 

fr. 

fr. 

Allier.  St-Pourçain 

29.00 

21.00 

19.00 

17-50 

—    Montluçon 

27  00 

20.80 

18.75 

—    Gannat 

28.25 

21.00 

28.00 
27.00 

22.00 
20.50 

20.00 
19.75 

18.0' 
18.00 

—    Aubigtiy 

—     N^ierzon 

28.  25 

20.50 

20.50 

17.50 

Creuse.  Aubusson 

27.00 

19.25 

18  50 

Indre.  Chàteauroux 

27.25 

20.00 

20.00 

18.00 

—    Issoudun 

27 .  50 

20.75 

17.60 

-    Valençay.^ 

27.00 

20.00 

■21.00 

17.26 

Loiret.  Montargis 

27.50 

22   50 

19.50 

18.50 

27.75 
28.50 
28  00 

20.50 
21.00 
19.25 

19.-5 
20.00 
19.50 

18.00 
19.00 

Loir-et-Cher.  Blois 

26   50 
27.50 

19.00 

19.00 
21.50 

17.50 
19.00 

Xievre.   Nevers 

—    Cosne 

27.25 

19.00 

Vonne.  Brienon.... 

27.75 

23.00 

18  60 

18.50 
18.00 

—  .  St-F!orenlin 

58. 25 

2;. 25 

20.50 

—    Joigny 

27.50 

19,50 

19.70 

17.00 

Prix  moyens 

27.63 

20.53 

19.93 

18.10 

6»  RÉGION.  —   EST. 

Ain.   Bourg 

30.00 

20.75 

„ 

17.00 

—    Pont-de-Vaux. ... 

29.  50 

21.50 

p.- 

17.50 

Côle-d'Or.  Dijon 

28   00 

21.75 

20.75 

—    Beaune 

28.25 

» 

20.00 

17.00 

Doubs.  Besançon 

28   50 

» 

18.00 

Isère.  Grenoble 

2').  60 

19. 5Q 

, 

18.75 

—     Grand-Lemps ... 

28.75 

19.75 

18.00 

17.00 

Jura.  Dôle 

28.50 

21.00 

18.00 

17  25 

Loire.  Charlieu 

28   75 

19  25 

18.75 

P.-de-Dome  Issoire 

28.75 

19.50 

20. 2i 

17.00 

29.10 
27  75 

21.50 
19.50 

18.50 

17  80 
16.75 

Saône-el- Loire.  Autun. 

—    Cbalon.,.. 

28.75 

20.75 

19.00 

18.00 

Savoie.  Chambéry 

31.00 

21.20 

Hte-Savoie.  Annecy.. . . 

29.25 

g 

18.00 

Prix  moyens 

28.95 

20.49 

19.15 

17.50 

T  REGION.   - 

-  SUD 

OUKST. 

Ariège.  Pamiers 

28.25 

18..-.0 

, 

Dordogne.  Bergerac... 

28.50 

20.00 

, 

Hle-Garonne.  Toulouse. 

28.25 

19.00 

16.50 

—  Viiiefranche-Laur 

28.25 

2J.25 

17.00 

19.75 

Gers.  Condom 

28.50 

D 

20.00 

27.50 
27.00 

» 

' 

19  60 
17.75 

—    Miraride 

Gironde.   Bordeaux.... 

29.00 

21.50 

■ 

20.26 

—    Lesparre 

27   50 

18.00 

jf 

Landes.  Dax 

27.75 
28.50 

19.00 
20.50 

• 

Lot-et-Garonne.  Agen.. 

21. CO 

28.25 
28  00 

20.25 

20.50 
20.25 

B. -Pyrénées.  Bayonne. 

18.50 

Htes-Pyrénées.  Tarbes 

28.25 

» 

20.50 

Prix  moyens 

28.10 

19.66 

17.33 

19.89 

8»  RÉGION.    —  SITD. 

Aude.   Carcassonne 

28.00 

21.00 

18.50 

20.00 

Aiveyron.  Rodez 

27.50 

19.    0 

20.25 

Cantal.  Mauriac 

32.35 

2G.75 

Q 

23.  SO 

Corrèze.  Luberzac 

29.00 

21.00 

19.75 

20.15 

Hérault.  Cette 

28.50 

19.50 

Lot.  Figeac 

28.25 
28.55 

20.25 
19.90 

20.50 
20 .  30 

20.25 
22.35 

Lozère.  Mende 

—    Marvejols 

27.10 

21.75 

29.40 
26.30 

20.30 
20.00 

21.50 
23.00 

17.70 
24.45 

Pyrénées-Or.  Perpignai 

Tarn.  Albi 

28.00 
1  28.50 

20-75 

19.00 

13.25 
20.25 

Tarn-et-Gar.  Montaubai 

Prix  moyens 

28.45 

21.12 

20.22 

20  64 

9»  RÉGION 

—  SUD-EST 

Sasses-^ipes. Manosque  29.65 

,. 

23.70 

Hautes- Alpes.  Briançon  29.50 

20.75 

19.50 

20.50 

^ipes-A/aî-tUmes Cannes  2i).75 

21.00 

19.50 

19.25 

Ardéche.  Privas 

30 .  20 

20.15 

18.65 

20.20 

B.-du-Rhône.  Arles.... 

29.25 

17.75 

21.00 

Drôme.    Montélimar . . 

31.50 

19.50 

17.25 

17.25 

Gard.  Nîmes 

.  29.75 
.  30.00 

21.00 
20.25 

19.50 
22.50 

21 .25 

Haute-Loire.  Le  Puy. .. 

.18.00 

Var.  Draguignan 

29.75 

20.50 

s 

20.25 

Vaucluse.  Carpentras.. 

28.50 

» 

19.50 

Prix  moyens 

29.78 

20.45 

19.23 

20.09 

Moy.  de  toute  la  France 
—  daUsemaineprécéd 

28.17 

20.92 

19.26 

18.99 

27.93 

20.80 

19.25 

19.99 

Surla semaine <  Hausse 
précédente. .     {  Baisse 

.     0.24 

0.12 

0.01 

» 

» 

cib  REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX-COURANT 

Blé.  Seigle.         Orge.          Avoine 

fr.  Jr.                fr.               fr. 

Algérie.                  Alger 26.00  »  15.00  17  00 

Angleterre.              Londres 28.2.Ô  »  21.00  20.95 

Belgique.                 Anvers 2.Ô.75  23  75  22.75  19.00 

—  Bruxelles 27.25  24.00            »  20.00 

—  Liège 27  00  24.75  23.00  18.50 

—  Namur 26. .50  23  50  21.00  17.50 

Pays-Bas.                Amsterdam 26.50  24.05 

Luxembourg.  Luxembourg 29.50        25.00        21.00        17  25 

Alsace-Lorraine.        Metz 29.00        25.25        19.75        18.00 

—  Strasbourg 30.2,-i         26. CO        23  50         18.25 

—  Mulhouse 20.00  2450  22.00  18.50 

Allemagne.  Berlin .  26  2.Ô  27  On 

—  Cologne 28  10  28  10 

—  Hambourg 25.2.3  35  75  •                • 

Sx.isse.                     Genève 28:5            •■  »  19.50 

—  Zurich 31. .50            •  -  18.^0 

Italie.                       Milan ?«  .'0  2M5  »  19  75 

Espagne.                  Valladolid 26.75            »  »  16  00 

Autriche.                  Vienne 27.00  23  25  18.25  15  00 

Hongrie.                   Budapesth 23.7:i  21.50  17.25  13.50 

Russie.  Saint-Pétersbourg...  30. ÎU  24.80  »  15  55 

Etats-Unis.               New-Vork 25. 10            »  y                » 

Blés.  —  Le  fait  le  plus  important  cjui  se  soit  produit  depuis  huit  jours,  a  été 
l'apparition  de  la  neige  dans  la  région  orientale  de  la  France.  D'autre  part,  des 
pluies  abondantes  ont  interrompu  les  travaux  des  champs.  Heureusement, 
presque  partout  les  semailles  des  céréales,  ainsi  que  la  rentrée  des  dernières 
récoltes,  ont  )iu  se  faire  dans  de  bonnes  conditions.  Quant  aux  marchés  agricoles, 
ils  sont  approvisionnés  d'une  manière  normale.  Partout  les  cultivateurs,  qui  se 
sont  tenus  au  courant  de  la  situation  réelle  des  choses,  maintiennent  avec 
fermeté  les  anciens  cours  et  résistent  aux  tentatives  de  baisse  qui  peuvent  se  pro- 
duire. —  A  la  halle  de  Paris,  le  mercredi  24  novembre,  les  transactions  ont  été 
beaucoup  plus  actives  que  le^  semaines  précédentes;  devant  la  hausse  qui  se 
manifeste  dans  la  plupart  des  départements,  et  les  demandes  plus  nombreuses  de 
la  meunerie,  les  prix  sont  en  hausse  sensible.  On  cotait  de  28  fr.  50  à  31  fr. 
par  100  kilog.  ou  en  moyenne,  29  fr.  75,  avec  une  hausse  de  1  fr.  25  depuis  huit 
jours.  —  Sur  le  marché  des  blés  à  livrer,  on  paye  par  ICO  kilog,  :  courant  du  mois, 
29  fr.  75  ;  décembre,  29  fr.  75;  quatre  premiers  mois,  29  fr.;  quatre  mois  de  mars, 
28  fr.  75  à  29  fr.  —  Au  Havre,  on  signale  aussi  beaucoup  de  fermeté  sur  les  blés 
d'Amérique  qui  valent  de  27  fr.  75  à  29  fr.  par  100  kilog.  —  A  Marseille,  les 
arrivages  de  la  semaine  ont  été  environ  de  198,000  hectolitres.  Les  affaires  ont 
été  assez  actives  pour  les  diverses  catégories  ;  le  stock  est  peu  varié  ;  il  est  actuel- 
lement de  144,000  quintaux  métriques.  Les  cours  accusent  une  grande  fermeté. 
Au  dernier  jour,  on  payait,  par  l'O  kilog.  :  Pologne,  27  fr.  50  à  28  fr.  50; 
Danube,  25  fr.  75  à  26  fr.;  Richelles,  29  fr.  à  29  fr.  50;  Michigan,  28  fr.  50: 
tuzelles  d'Afrique,  29  fr.   à  29  fr.   50;  Azof,   27  fr.  50  à  29  Ir.;  Irka,  27  fr.  50  à 

28  fr.  50.  —  A  Londres,  les  arrivages  de  blés  étrangers  ont  été,  durant  la  semaine 
dernière  de  2û0,0C0  quintaux  m.^Hriques.  Le  marché  présente  beaucoup  d'activité, 
et  les  cours   accusent  de  la  hausse.  On  payait  au  dernier  marché,   de  27  fr.  à 

29  fr.  50  par  100  kilog.  suivant  les  provenances  et  les  qiuiUtés. 

Farines.  —  Les  ventes  sont  faciles  pour  toutes  les  sortes  de  farines,  et  les 
cours  accusent  une  hausse  sensible  depuis  huit  jours.  En  ce  qui  concerne  les 
farines  de  consommation,  on  cotait  à  la  halle  de  Paris,  le  mercredi  24  novembre  : 
marque  D,  64  fr.;  marques  de  choix,  64  à  67  ir.  ;  bonnes  marques,  t-'2à  63fr  ; 
sortes  ordinaires,  61  à  62  fr.;  le  tout  par  sac  de  159  kilog.,  toile  à  rendre,  ou 
157  kilog.  net,  ce  qui  correspond  aux  prix  extrêmes  de  38  fr.  85  à  42  fr.  65,  par 
100  kilog.,  ou  en  moyenne  40  fr.  7ô,  soit  une  hausse  de  1  fr.  55  depuis  huit 
jours.  —  Pour  les  farines  de  spéculation,  on  cotait  à  Paris,  le  24  novembre  au 
soir  :  farines  huit  marques,  courant  du  mois,  62  fr.  50  à  62  75  fr.;  décembre, 
62  fr.  50  à  62  fr.  75  ;  quatre  premiers  mois,  61  fr.  25  à  61  fr.  50  ;  quatre  mois 
de  mars,  61  fr.;  le  lout  par  sac  de  159  kilog  toile  perdue,  ou  157  kilog.  net; 
farines  supérieures,  courant  du  mois,  40  fr.  50  à  40  fr,  75;  décembre,  40  fr.; 
quatre  premiers  mois,  39  fr.  75  ;  quatre  mois  de  mars,  39  fr.;  le  tout  par  sac  de 
lOOTiilog. —  La  cote  officielle,  en  disponible,  a  été  établie  comme  il  suit,  pour 
chacun  des  jours  de  la  semaine. 

Dates  (novembre).         18  19  20  22  23  24 

Farines  huit-marques(l57  kiiog.).  60  Où        60.75  60.50  61.75        63.25        62-50 

—      supérieures  (100  kilog.).    39  50        39.75  39  15  40.25        41.00        40.75    • 


I 


DES  DEiNRÉES  AGRICOLES  (27  A'OVEMBRE  1880)/  357 

On  peut  voir,  par  ce  tableau,  que  la  hausse  a  été  progressive  chaque  jour.  — 
Les  autres  sortes  de  farines  ont  suivi  le  même  mouvement  de  hausse.  —  On  paye 
les  gruaux  de  44  à  55  fr. ,  et  les  farines  deuxièmes  de  30  à  35  fr.;  le  tout  par 
100  kilog. 

Seigles.  —  Les  transaclions  sont  un  peu  moins  actives,  mais  les  prix  accusent 
de  la  fermeté.  On  paye  à  la  halle  de  Paris  de  23  à  23  fr.  50  par  100  kilog.  sui- 
vant les  qualités.  —  Quant  aux  farines  de  seigle,  elles  sont  cotées  de  32  à  36  fr., 
suivant  les  sortes. 

Orges. —  Les  offres  sont  toujours  assez  actives,  et  les  prix  accusent  de  la  fer- 
meté. On  paye  à  la  halle  de  Paris,  de  18  fr.  50  à  20  fr.  75  par  quintal  métrique, 
suivant  la  qualité.  —  Les  escourgeons  sont  vendus  aux  cours  de  19  fr.  75  à 
20  fr.  25.  —  A  Londres,  les  arrivages  d'orges  durant  la  semaine  n'ont  pas 
atteint  30,000  quintaux;  les  prix  demeurent  stationnaires:  on  paye  de  19  fr.  95 
à  21  fr,  90,  par  100  kilog.,  suivant  les  sortes. 

Malt.  —  Les  ventes  sont  peu  actives.  On  paye  à  Paris  de  29  à  35  fr.  par 
100  kilog.  pour  les  malts  d'orge,  et  de  29  à  33  fr.  pour  ceux  d'escourgeon. 

.Avoines.  —  Il  y  a  toujours  des  affaires  abondantes  à  la  halle  de  Paris.  On 
paye  de  19  Ir.  50  à  21  fr.  75,  par  100  kilog.,  suivant  poids,  couleur  et  qualité. — 
A  Londres,  les  arrivages  d'avoines  étrangères  ont  été  de  95,000  quintaux  mé- 
triques depuis  huit  jours.  Les  cours  accusent  de  la  hausse.. Au  dernier  marché, 
on  vendait  de  20  à  22  fr.  65  par  UO  kilog.  suivant  les  sortes. 

Sarrasin.  — Même  cours  à  peu  près  que  précédemment  à  la  halle  de  Paris,  où 
l'on  cote  de  19  fr.  à  19  fr.  50  par  100  kilog. 

Maïs.  —  Sur  tous  les  marchés  du  Midi,  les  prix  se  maintiennent.  Au  Havre, 
les  maïs  d'Amérique  se  vendent  à  des  prix  eu  hausse,  de  16  à  17  fr.  par  100 
kilog. 

Issues.  — '■  Les  affaires  accusent  beaucoup  d'activité,  et  les  prix  sont  en  hausse. 
On  cote  par  100  kilog  :  gros  son  seul,  14  fr.  25  à  14  fr.  50  ;  son  trois  cases, 
13  fr.  75  à  14  fr.  ;  sons  fins,  13  fr.  à  16  fr.  50  ;  recoupettes,  12  fr.  50  à  13  fr.  ; 
remoulages  bis,  15  à  16  fr.;  remoulages  blancs,  17  à  18  fr. 

m.  —  Vins,    spirilneux,  vinaigres,  cidres. 

Vins.  —  Encore  rien  de  nouveau  aujourd'hui  :  le  calme  persiste,  les  cours  restent 
stationnaires  avec  toujours  tendance  à  la  baisse.  On  nous  annonce  bien  du  Midi 
une  prochaine  reprise,  mais  rien  ne  justifie  une  semblable  nouvelle,  sinon  le  dé- 
sir de  voir  le  pronostic  se  rf  aliser  Nous  avons  cependant  une  exception  à  signaler 
à  l'égard  du  vignoble  bordelais.  Depuis  quelques  jours  il  y  a  parait-il,  une  reprise 
et  un  entrain  inaccoutumé  dans  les  transactions;  des  ventes  importantes  ont  été 
réalisées,  à  des  prix  élevés,  et  par  suite  à  la  satisfaction  des  détenteurs-proprié- 
taires. En  général,  on  paye  le  tonneau  de  quatre  bariiques  en  vins,  1880  : 
Cinquième  cru,  1,600  fr.;  bourgeois  supérieurs,  1,300  à  1,400  fr.;  bourgeois  or- 
dinaires, 1,000  à  1,200  fr.;  paysans  des  paroisses  supérieurs,  900  à  1,000  fr.; 
paysans  des  p.groisses  ordinaires,  7^0  à  8  0  fr.;  Montfeirand,  Bassens  et  Gam- 
blancs,  650  à  700  fr.;  Floirac,  La  Souys,  Bouliac,  Quinsac,  625  à  676  fr.;  Izon, 
Vayres,  Ambarès,  Ambès,  etc.,  550  à  600  fr.;  BJaye  et  Bourg,  1"  cru,  750  fr  ; 
artisans  et  paysans,  525  à  575  fr.  — On  nous  écrit  de  La  Flotte,  île  de  Ré,  que 
les  vins  sont  très  bien  réussis  :  on  peut  en  ce  moment  obtenir  des  vins  blancs 
1"  choix,  au  prix  de  240  fr.  le  tonneau,  sur  lie,  pris  à  la  campagne,  et  le  vin 
rouge,  au  même  prix  et  dans  les  mêmes  conditions.  —  A  Nantes,  les  muscadets 
nouveaux,  sur  lie  et  sur  vins,  continuent  à  se  traiter  au  jirix  de  115  à  120  fr.  la 
pièce,  et  le  gros-plant  aux  mêmes  conditions,  aux  prix  de  65  à  66  fr.  —  Dans  la 
Provence,  à  Toulon,  Brignoles,  Vidauban,  les  vins  valent  le  prix  élevé  de  38  à 
40  fr.  l'hectolitre.  —  Dans  l'Hérault,  à  Pézenas,  on  paye  comme  il  y  a  huit  jours 
les  petits  vins,  23  à  26  fr.  l'hectolitre  ;  les  vins  moyens,  de  26  à  29  fr.,  les  Mon- 
tagnes, 2«  choix,  31  à32fr,;  les  Montagnes  supérieurs,  34  à  38  fr.;  les  blancs, 
suivant  mérite,  25  à  30  fr.  —  A  Orléans,  les  vins  se  vendent,  la  pièce  de 
228  litres,  année  1879,  vin  de  pays,  100  à  110  fr.;  le  vin  blancs  de  Sologne,  85 
à  95  fr.;  le  vin  blancs  nantais,  72  à  75  fr.;  le  vin  blancs  des  îles,  70  à  72  fr.;  le 
vin  blanc  de  Poitou,  65  à  66  fr.;  le  vin  blanc  de  Blois,  75  à  80  fr.  Le  tout  sans 
logement. 

Spiritueux.  —  Ce  marché  est  toujours  trop  lourd  et  cependant  il  s'est  sensible- 
ment raffermi  cette  semaine.  Voici,  du  reste,  le  mouvement  pour  le  livrable  sur 
le  mois  courant  :  de  59  fr.  50,  le  cours  a   fait   successivement  60  fr.,  60  fr,  50, 


358  REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX-COURANT 

61  fr.;  60  fr.  75,  pour  clôturer  à  60  fr.  50.  Le  livrable  en  décembre  et  les  mois  de 
janvier  à  avril,  ne  présente  plus  d'écart  avec  le  coui'ant  du  mois,  les  quatre  d'été 
restent  seuls  en  déport  de  1  Ir.  environ.  Le  stock  continue  à  décroître,  il  est  de 
7,725  pipes  contre  6,950  pipes  l'an  passé  à  pareille  date.  Le  marché  de  Lille  reste 
sans  cluingement,  le  cours  continue  à  osciller  entre  58  fr.  50  et  59  fr.  Quant  aux 
marchés  du  Midi,  ils  restent  sans  changement.  —  Le  tableau  de  la  production  et 
de  la  consommation  publié  par  l'Adramistration,  nous  apprend  que  celles-ci  se 
sont  élevées  à  IQ't,?!?  hectolitres,  tandis  que  nos  débouchés,  consommation  et 
exportation  n'atteignent  que  1/8,865  hectolitres,  d'où  résulte  une  augmentation 
de  15,852  hectolitres  sur  notre  stock  général  qui  était,  au  31  octobre  dernier,  de 
243,316  hectolitres. 

Vinaigres.  —  Rien  de  nouveau  sur  cet  article  qui  reste  aux  mêmes  cours,  avec 
tendances  à  la  hausse. 

Cidres.  —  On  écrit  de  Saint-Pierre-sur-Dives  (Calvados)  :  «  La  vente  des 
pommes  à  cidres  devient  de  plus  en  plus  difficile,  les  prix  sont  très  élevés.  On 
vend  aujourd'hui  depuis  11  jusqu'à  13  fr.  l'hectolitre.  Jamais  on  n'avait  payé 
les  pommes  ce  prix-là.  « 

IV.  —  Sucres.  —  MéUxsses.  —  Fécules.  —  Glucoses.  —  Amidons.  —  Houblons, 
Sucres.  —  H  y  a  toujours  beaucoup  de  fermeté  dans  les  cours  des  sucres  bruts  ; 
les  transactions  continuent  d'ailleurs  à  être  assez  actives  dans  les  principaux 
marchés.  On  paye  à  Paris,  par  100  kilog.,  sucres  bruts  88  degrés  saccharimé- 
triques,  55  fr.;  sucres  blancs,  n°  3,  61  fr,  75  à  62  fr,  ;  à  Lille,  sucres  bruts, 
53  fr.;  à  Péronne,  sucres  bruts,  53  fr.  50;  sucres  blancs,  60  fr.  50  à  50  fr.  75; 
à  Saint-Quentin,  sucres  blancs,  62  fr.  —  Le  stock  de  l'entrepôt  réel  des  sucres, 
à  Paris,  était  au  24  novembre,  246,000  sacs  de  sucres  indigènes,  avec  une 
augmentation  de  26,000  sacs  depuis  huit  jours.  —  Le  mouvement  de  hausse 
se  produit  aussi  sur  les  sucres  raffinés  qui  sont  cotés  actuellement  de  119  à  120  fr. 

f)ar  100  kilog.  à  la  consomma tion,  et  de  76  à  80  fr.  pour  l'exportation.  Dans 
es  ports,  il  y  a  aussi  beaucoup  de  fermeté  sucres  coloniaux,  qui  sont  vendus  faci- 
lement, à  Bordeaux,  pour  les  raflinés,  de  117  à  119  fr.  par  quintal  métrique  à  la 
consommation. 

Mêlasses.  —  Prix  très  fermes.  On  paye  à  Paris,  par  100  kilog.:  mélasses  de 
fabrique,  13  fr.;  de  rallinerie,  15  fr.  —  à  Valenciennes,  mélasses  de  fabrique, 
13  à  13  fr.  50. 

Fécules.  —  Quoique  les  offres  soient  abondantes,  les  cours  accusent  toujours 
beaucoup  de  fermeté.  On  paye  à  Paris,  35  à  36  fr.  par  100  kilog.  pour  les  fécules 
premières;  à  Gompiègne,  35  fr.  Les  lécules  vertes  sont  cotées  de  21  fr.  à 
21  fr    50. 

Glucoses.  —  Peu  d'aflaires  sur  les  sirops,  et  prix  faiblement  tenus.  On  paye 
par  quintal  métrique  dans  Paris  :  sirop  premier  blanc  de  cristal,  58  à  60  fr.;  sirop 
massé,  48  à  50  fr.;  sirop  liquide,  3g  à  40  fr. 

Amidons.  —  Les  ventes  sont  peu  importantes,  mais  pour  toutes  les  sortes,  les 
cours  accusent  beaucoup  de  fermeté. 

Houblons.  —  Les  affaires  sont  assez  calmes  sur  le  plus  grand  nombre  des  mar- 
chés des  pays  de  production  ;  néanmoins,  pour  toutes  les  sortes,  les  cours 
accusent  une  grande  fermeté.  En  Angleterre,  les  prix  accusent  spécialement 
beaucoup  de  tenue. 

V. —  Huiles  et  graines  oléagineuses. 

Huiles.  —  La  situation  que.  nous  indiquions  la  semaine  dernière  s'est  main- 
tenue. Les  cours  ont  peu  varié  pour  les  diverses  sortes  d'huiles  de  graines.  On 
paye  par  100  kilog.  :  à  Paris,  huile  de  colza  en  tous  fûts,  75  fr.;  en  tonnes., 
75  fr.;  épurée  en  tonnes,  85  fr.;  huile  de  lin  en  tous  fûts,  67  fr.  50;  en  tonne., 
69  fr.  50.  Sur  les  marchés  des  départements,  on  paye  les  huiles  de  colza  par 
100  kilog.  :  Gaen,  71  fr.  50;  Arras,  74  fr.;  Cambrai,  73  fr.  50;  et  pour  les  autres 
sortes  :  lin,  68  fr.;  œillette,  145  fr.;  cameline,  63  fr.  — A  Marseille,  les  affaires 
sont  peu  importantes  sur  les  huiles  de  graines,  et  les  prix  sont  sans  changements. 
On  paye  celle  d'olive,  de  125  à  180  fr.  par  100  kilog.  suivant  les  quaUtés. 

Graines  oléagineuses.  —  Les  prix  se  mentiennent  avec  beaucoup  de  fermeté  sur 
les  marchés  du  Nord  où  l'on  paye  par  hectolitre  :  œillette,  34  fr.  50  à  35  fr.  50; 
colza,  21  à  22  fr.  25;  lin,  24  à  25  fr.;  cameline,  16  à  18  fr. 
VI.  —  Tourteaux.  —  Noirs  —  Engrais. 

Tourteaux.  —  Pri;   tou^'v?  fermes.   On  paye   sur  les  marchés   du    Nord 


DES  DENRÉES  AGRICOLES  (27    NOVEMBRE  1880;.  359 

œillette,  19  fr.  à  19  fr.  nO;  colza,  16  à  18  fr.;  lin,  26  à  27  fr.;  cameline,  18  fr.  — 
A  Marseille,  lin,  21  fr.  50;  arachides  en  coque,  13  fr.  50;  arachide  décortiquée, 
16  i'r,;  sésame,  16  fr.;  œillette,  15  fr.;  colza,  15  fr.;  coton,  12  fr.;  ravison, 
13  fr.  75;  farine  de  palmier,  10  fr.  75  ;  palmiste  repassé,  9  fr.;  coprah,  19  fr. 

Noirs.  —  On  paye  à  Valenciennes  :  noir  animal  neuf  en  graisse,  32  fr.  par 
100  kilog.;  noirs  d'engrais  vieux  grains,  8  à  9  fr.  par  hectolitre;  noirs  d'engrais, 
2  à  4  fr. 

VII.  —  Matières  résineuses,  colorantes  et  tannantes.  —  Textiles. 
Matières  résineuses.  —  Les  prix  sont  en  baisse  sur  les  marchés  du  Sud-Ouest. 
A  Dax,  on  paye  73  fr.  par  100  kilog.  pour  l'essence  pure  de  térébenthine. 

Gaudes. —  Les  affaires  sont  actives  à  Marseille.  On  paye  par  100  kilog.: 
Corinthe,  46  à  kl  fr.;  Alexandrette,  kk  à45fr.;  Vourla,  41  à  42  fr.;  Thyra,  40  à 
41  fr.;  figues  d'Espagre,  25  à  26  fr.;  Caroubes,  14  à  15  fr. 

Ecorcfs.  —  On  paye  par  ICOO  kilog.  à  Paris  :  Normandie,  150  à  165  fr.; 
Berri,  140  a  150  fr.;  Nivernais,  130  à  135fr.;  Gatinais,  120  à  135  fr.,  Bourgogne, 
95  à  115  fr.;  Jura,  105  à  1 15  fr.;  chêne  vert,  i50  à  180  fr.;  sumac,  35  à  36  fr.; 
châtaignier  tout  venant,  70  fr. 

Chahvres.  —  Les  prix  accusent  un  peu  plus  de  fermeté  en  Anjou.  A  Saumur, 
on.  cote  de  100  à  110  fr.  par  100  kilog. 

Vni.  —  Suifs  et  corps  gras,  cuirs  et  peaiix. 
Suifs.  —  Prix  fermes  à   Paris,  à  86   fr.    par  100  kilog.  pour  les  suifs  purs  de 
l'abat  de  la  boucherie,  et  64  fr.  50  pour  les  suifs  en  branches. 

Saindoux.    — La  reprise    est  assez   grande    au   Havre,    oià  l'on  cote    118   à 

120  fr.  par  100  kilog.  pour  les  saindoux  d'Amérique. 

IX.  — Beurres,    — Œufs.  —  Fromages. —  Volailles  et  gibier. 

Beurres.  —  On  a  vendu  pendant  la  semaine,  à  la  halle  de  Paris,  203,432  kilog. 
de  beurres.  Au  dernier  marché,  on  payait  par  kilog.  :  en  demi  kilog.,  2  fr.  60  à 
4  fr.  70;  petits  beurres,  2  38  à  3  fr.  30;  Gournay,  2  60  à  5  fr.;  Isigny,  2  fr.  à 
6  fr.  68. 

Œufs.  — Du  16  au  22  novembre,  il  a  été  vendu  à  la  halle  deParis,  3,569,670  œufs. 
Au  dernier  marché,   on  payait  par  mille  :  choix,  132  à  141  fr.;  ordinaires,  73  à 

121  fr;  petits,  56  à  60  fr. 

Fromages.  —  Derniers  cours  de  la  halle   de  Paris  :   par  douzaine,  Brie,   9  à 
29  fr.;  Monîlhéry,  15  fr.;  par  cent.  Livarot,  2'i  à  82  fr.;  Mont-d'Or,  18  à  30  fr.; 
NeufcLâtel,  4  50  à  22  fr.  50  ;  divers,  8 à  58  fr.;  par  100  kilog..  Gruyère,  132  à  175  fr. 
Volailles  el  gibier.  —  On  vend  à  la  halle  de  Paris  :  Agneaux,  15  à  20  fr.  50.  — 
Alouettes  (la   pièce),  14  à  22  fr.    1/2    c.  . —  Bécasses,  3  à  5  fr.  —  Bécassines, 
0  fr.  60  à  1  fr.  —  Cailles,    0   fr.   40  à  1  10.  —  Canards  barboteurs,    1    fr.   50  à 
4  Ir.  80. —  Canards  sauvages,  1  fr.  60    à  3  fr.  —  Cerfs,  chevreuils  et  daims,  25 
à  70  fr.  —  Sangliers,  37  à  60  fr.  —  Crêtes  en  lots,  1  fr.  à  8  fr.  —  Dindes  gras 
ou  gros,  8  à  12  fr.  —  Dindes  communs,    4  fr.  75  à  6  fr.  50. 
X.   —  Chevaux.  —   Bétail.  —  Viande. 
Chevaux.  —  Aux  marchés  des  17  et  20  novembre,  à  Paris,  on  comptait  985 
chevaux.  Sur  ce  nombre,  389  ont  été  vendus  comme  il  suit  : 

Chevaux  de  cabriolet . . 

—  de  trait 

—  hors  d'âge.... 

—  à  l'enchère..., 

—  de  boucherie. 
Bétail.  —Le  tableau  suivantrésume  le  mouvement  du  marché  aux  bestiaux  de  la 

Villette,  du  jeudi  18  au  mardi  23  novembre  : 

Poids        Prix  du  kilog.   de  viande  sur  pied 
Vendus  moyea     au  marché  du  lundi  22  novembre; 

Pour 
Amenés.        Paris    l'( 

Bœufs 

Vaches 

Taureaux 

Veaux  

Moutons 39^883 

Parcs  gras 6 ,048 

^    maigres.  12 

La  fermeté  que  nous  signalions  dans  notre  précédente  revue,  en  ce  qui  concerne 
les  cours  de  toutes  les  sortes  d'animaux,  s'est  maintenue  depuis  huit  jours.  Les  prix 
sont  revenus  aux  taux  nouveaux  qu'ils  avaient  perdus  depuis  quelqu»  temps.  Les 


Amenés. 

VenHus 

Prix  extrêmes. 

169 

33 

340  à  1,070  fr. 

251 

59 

300  à  1,260 

375 

107 

32  à      985 

70 

70 

35  à      415 

120 

120 

32  à       125 

360  REVUE  COMMERCIALE    ET  PRIX-COURANT   (27  NOVEMBRE   1880). 

approvisionnements  du  marché  commencent  aussi  à  revenir  aux  conditions  ordi- 
naires. 

A  Londres,  les  arrivages  d'animaux  étrangers,  durant  la  semaine  dernière,  sa 
sont  composés  de  15  veaux  et  1,745  moutons  venant  d'Amsterdam;  34  bœufs, 
de  Boston  ;  43  bœufs,  2  veaux  et  10  moutons  de  Gothambourg;  75  bœufs,  de 
Gibraltar;  430  moutons  d'Hirlingeu;  8  bjeufs,  87  veaux,  et  994  moutons  de 
Rotterdam;  1,502  bœufs,  15  veaux  et  1,426  moutons  de  Tonning.  Prix  du  kilog. 
Bœuf,  V\  1  fr.  93  à  2  fr.  10;  2%  1  fr.  5S  à  1  fr.  75;  qualité  inférieure,  1  fr.  40 
à  1  fr.  58.  -  Veau,  1",  l  fr.  99  à  2  fr.  16;  2%  1  fr.  75  à  1  fr.  93.  —  Mouton, 
r«,  2  fr.  28  à  2  fr.  45  ;  z%  1  fr.  93  à  2  fr.  10  ;  qualité  inférieure,  1  fr.  75  à  1  fr.  93. 
—  Porc,  1",  l  fr.  75  à  I  fr.  93;    2%   11  fr.  58  à   fr.  75. 

Viande  à  la  criée.  —  On  a  vendu  à  la  halle  de  Paris,  du  16  au  22  novem  bre . 

Prix  du  kilog.  le  22  novembre. 


Bœuf  ou  vache 

Veau 

Mouton 

Porc 


i*  (jual. 
0.78àl.46 
1.40     1.84 
1.28     1.42 


3«  quai. 
0.6U  1.18 
116  1.38 
0.84  1  26 
1.  36à  1.70 


cnoix.     Bisse  boucheria . 
I.l0à2.64-  O.lOàO.74 
1.38     2.78       . 
1.04    2.80      . 


Porc  frais.. 

Soit  par  jour 62,227  kilog. 

Les  ventes  ont  été  à  peu  près  les  mêmes  que  la  semaine  précédente.  Les  cours 
sont  en  hausse  pour  toutes  les  sortes. 

XI,  —  Cours  de  la  viande  à  l'abattoir  de   ia  Villette  du  18  novembre  {par  50  kilog.) 
Cours  de  la  charcuterie.  —  On  vend  à  la  Villette  par  50  kilog.  :    1"  qualité, 
86  à  88  fr.;  2%  80  à  85  fr.;  poids  vif,  58  à  62  tr. 

Bœufs.  Veaux.  Moutons. 


J" 

2» 

3» 

1" 

2«                   3»                  1"                  2» 

3» 

qnal 

quai. 

quai. 

quai. 

quai.            quai.           quai.          quai. 

quai. 

fr. 

fr. 

fr. 

fr. 

fr.                fr.                fr.                fr. 

fr. 

75 

68 

60 

125 

110             KO               82               76 

68 

XII. 

—  Marché  aux  bestiaux  de  la  Villette  du  jeudi  25  novembre. 

Cours  des  commissionnaire» 

Poids 

Cours    officiels.                                 en  bestiaux. 

moyen 

^ — — ~^_^ 

Animaux 

gênerai. 

1"        2"        3"            Prix              1"        2»        3« 

Prix 

anaenés.      Invendus. 

kil. 

quai.  quai.  quai,     extrêmes,  quai.    quai.  quai. 

extrêmes. 

Bœufs 

2.936 

363 

360 

.65     1.42     1.04     i.OOàl.70       1.64     1.40     1.05 

0.00  à  1.68 

Vaches 

6iiî 

107 

250 

.50     1.30     0.91     0.88     1.54        1.^8      1.3U     0.95 

0.90     1.54 

Tanreaaz... 

128 

7 

305 

.28     1.14     1.02     0.98     1.36        1.28     1.15      1.00 

0.95     1.3S 

Veaux 

1   082 

172 

80         2.35     2.25     1.65     1.54     2.45          »            »            » 

»           » 

Moutons. . . . 

19.211 

b62 

18 

.88     1.64     1.40     1.34     1.9J         »           »           • 

>           » 

Porcs  gras.. 

3.995 

» 

84 

.60     l.b6     1.50     1.40     1.75          »            >            > 

*           * 

—  maigres. 

» 

» 

» 

•           • 

Vente  assez  active  sur  toutes  les 

espèces. 

XIII. 


Re.s'uiHfi. 


Pour  toutes  les  denrées  agricoles,  nous  avons  à  signaler  cette  semaine  des  cours 
très  fermes  ou  en  hausse  sensible  depuis  huit  jours.  A.  Remy. 

BULLETIN  FINANCIER. 

Reprise  de  nos  fonds  pub  ics  :  la  rente  3  0/0  est  à  85  fr.  50,  gagnant  0  fr.  30  ; 
et  la  rente  5  0/0  à  119  fr.  05,  gagnant  0  fr.  25.  Bonne  tenue   de  nos  Sociétés  de 
crédit  :  hausse  à  nos  chemins  de  fer.  Réapparition  dans  la  circulation  monétaire  des 
pièces  de  5  fr.  En  Angleterre,  les  consolidés  3  0/0  sont  au  pair. 
Cours  de  la  Bourse  du  17  au  24  novembre  1880  [au  comptant). 


Principales  valeurs  françaises  : 

Plus  Plus    Dernier 

bas.  haut,      cours. 

Rente30/o 85.20  85.55       85.50 

Rente  3  0/0  amortis 36.80  87.50      87.50 

Rente  4  1/2  0/0 ii4.oo  iis.oo    ii5.oo 

Rente  5  0/0 lis. 00  li9.25     119. oi 

Banque  de  France 3660.00  3800.00  3800.00 

Comptoir  d'escompte 975.00  980.00    976.25 

Société  générale 573.75  577.50    575.00 

Crédit  foncier 1325.00  lî50.oo  I33j.oo 

Est Actions  500     745.00  755.00     755.00 

Midi d»  107O.25  1085.00   1085.00 

Nord d*  1665.00  1675.00    1665.00 

Orléans d»  1236.25  1243.75    1240.00 

Ouest i'     812.50  816.25     815.00 

Paris-Lyon-Méditerranée d»  1465.00  1480  00  i475.00 

Paris  1871  obi.  400  3  0/0  ..      395.25  398.00     398  OJ 

lUhen  I  0/0 S6.85  87.65       87.65 

Gérant  :  A..  BOUCHÉ. 


Fonds  publics  et  Emprunts  français  et  étrang'ers: 

Plus  Plus     Dernier» 

bas.         Iiaut.        cours. 

Obligations  du  Trésor  • 

remb  a  500. 4  0/0.  » 

Consolidés  angl.  3  o/O  » 

5  0/0  autrichien 63  3/4 

4  0/0  belge 105.00 


0/0  egyptiea. 
3  ojo  espagnol,  extér'. 
a'  intérieur 

5  o/o  Etats-Unis 

Honduras,  obi.  300... 
Tabacs  ital.,  obi.  500.. 

6  0/0  péruvien 

5  o/o  russe 

5  0/0  turc 

5  0/0  roumain 

Bordeaux,  lOo,  3  o/o. . 
Lille,  100,3  0/0 


W7.50 

201/2 


64.00 

105.00 

330.00 

21.00 


517.50 
100  1/6 

64.00 
105.55 
329.00 

20  1/2 


105  1/2       105  7/8        105  l/> 


94.50         95.70 


95.70 
10.50 


101. to 
101.50 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (4  décembre 


1880; 


Mort  de  M.  Louis  M^ll.  —  SerTices  qu'il  a  rendus  à  l'agriculuire.  —  Mort  de  M.  G^rnigon. — 
Voie  par  le  Sénat  du  bj(ig9t  de  l'agriculture.  —  Observations  reluives  à  l'intioducion  des  races 
de  chevaux  de  Irai,  dans  les  cou'ouis  rc'-gionaux.  —  Les  bulnemions  accordées  aux  ass  >ciation3 
agricoles,  —  Déclaialici  du  minisire  de  l'agri^iulture.  —  Pnjet  de  loi  re'atii'  h  l'aclievoinent  des 
routes  nationales.  —  Utilité  et  économie  de  ce  proiet.  —  Proiiosition  de  M.  Pa;ioii  sir  la  révi- 
sion du  cada-stre.  —  Le  phylloxéra  en  Ciimée.  —  Nomination  d'un  nouveau  délégué  du  ministre 
de  l'agriculture.  —  Recherches  de  M.  Fabre  sur  les  mij-'iations  du  phylloxer.i.  —  Réclamations 
de  priori  é  de  Mi  de  Lafitle. —  Les  vignes  ilu  Soudan.  —  Cunlérences  de  M.  Léc'art  à  Bordeaux. 
—  Admissions  à  1  Ecole  nationale  d'agriculiure  de  Grand-Jouan  et  à  flnslilijt  a.riiole  de  Gem- 
bloux.  —  Conërence  de  l'akimétrie  dans  les  écoles  d'agrijulture  et  les  fermes-écoles.  —  L'Arbo- 
relum  de  Segret,  publié  par  M.  Lavallée.  —  Succès  de  cet'.e  publicaiion.  —  Le  cKire,  —  Lettre 
de  M.  Cassé.  —  M  >yen  de  f.iire  une  boisson  a  ixiliiire  du  cidre.  —  Date  de  la  prochime  sessioa 
de  la  Société  de^  agriculte.irs  de  France.  —  Mé  lailles  décernées  par  le  Congrès  poinolcgique  de 
France.  —  Les  concours  d'animaux  de  bouch=rie  «m  Angleterre. 

I.  —  Nécrologie. 

L'agriculture  vient  de  faire  une  grande  perte.  M.  Loui??  INfoll  est 
mort  le  30  novembre.  Il  élait  professeur  d'agriculture  au  Conserva- 
toire des  arts  et  métiers  depuis  1837,  et  membre  de  la  Socielé  natio- 
nale d'agriculture  depuis  1843  ;  il  y  faisait  partie  delà  Section  d'éco- 
nomie, de  statistique  et  de  législation  agricoles.  Nous  aurons  à  dire 
les  services  qu'il  a  rendus  et  le  rôle  important  qu'il  a  joué  dans  la 
transformation  des  procédés  de  culture  depuis  un  denn-siècle.  Au- 
jourd  liui  nous  ne  pouvons  qu'exprimer  notre  douleur  et  nos  regrets. 
Dès  1838,  nous  avons  connu  M.  Moll  ;  quoique  bien  jeune  encore,  il 
était  déjà  arrivé  à  une  situation  considérable.  Nous  portions  alors 
runiforine  de  l'Ecole  polytecbnique.  Ce  sont  sans  douie  les  conver-^ 
sations  que  nous  alors  avec  lui  qui  décidèrent  de  no're  cairière.' 
Il  élait  bon,  affectueux,  ouvert  aux  jeunes  gens,  et  tel  nous  l'ai-ona 
toujours  retrouvé  pendant  les  nombreuses  années  où  nous  avons  été 
son  collègue  ou  bien  l'avons  eu  comme  collaborateur.  Nos  lecteurs  se 
souviendront  du  véritable  charme  de  son  style;  c'était  l'ijodinie  tout 
entier  :  beaucoup  de  cœur,  de  dévouement  et  d'amour  du  bien. 
M.  JMoU  était  âgé  de  71  ans. 

Nous  avons  aussi  le  regret  d'annoncer  la  mort  de  M.  Gernigon,  prési- 
dent du  Comice  agricole  de  Chàieau-Gonlier  (Mayenne),  qu'une  courte 
maladie  vient  d'emporter  à  l'âge  de  soixante-dix  ans.  Uepui.^  près  de 
trente  cinq  ans,  il  avait  pris  un  rang  très  distingué  parmi  les  agricul- 
teurs et  les  éleveurs  d'une  région  qui  en  compte  un  graii<l  nombre 
d'habiles,  il  avait  été  le  promoteur  de  concours,  d'expositions  et  d'im- 
portation de  bétail  amélioré;  il  a  exercé  une  grande  et  heureuse  in- 
fluence dans  la  région  qu'il  habitait. 

II.  —  Le  budget  de  l'agriculture  au  Sénat. 

Dans  sa  séance,  du  27  novembre,  le  Sénat  a  volé,  sans  aucunes  mo-" 
difications,  le  budget  de  l'agriculture.  Il  n'y  a  eu  de  discussion  que 
sur  deux  points  :  sur  la  présence  désirable  des  clievaux  dans  les 
concours  régionaux,  et  sur  le  rôle  des  comices  et  auti-es  associitions 
agricoles.  On  sait  les  nombreuses  réclamations  que  nous  avons  tant 
de  fois,  et  tout  récemment  encore,  élevées  au  sujet  de  l'ahsciice  regiet- 
table,  dans  les  concours,  de  l'espèce  chevaline.  Il  y  a  huit  joncs,  nous 
citions,  à  ce  sujet,  un  passage  du  nipport  de  M.  le  sénatt^ur  Coi<li  r.  Au- 
jourd'hui, nous  reproduisons  intégralement  la  courte  discii>sio:i  qui  a' 
eu  lieu  au  Sénat  et  où  l'on  verra  qu'un  commencement  de  satisfaction- 

N»  608.  —  Tome  IV  de  1880.  —  4  Décembre. 


862  CHRONIQUE  AGRICOLE    (4  DÉCEMBRE   1880). 

aux  \œu\  (1rs  nirriciilleiirs  aélé  promis  par  M.  le  niinislre  deragricial'- 
ture.  Voici  le  tjxte  du  cori[)tj  readu  inexlenso  dà  la  séance  :     '-.^^''^^ 

Af.  Fo'iihr.r  de  Corel'.  —  Je  n'ai  pas.  comma  mfmb-e  de  la  Commission  des 
BnaiKt's  jwHser.lé  «l'amt-mleiDimt  aucliapiiie  8;  in;iis,'  dans  Je  sein  dti  ia  Gtimnis- 
giop,  j  .li  liiit  une  (ibsi'ivaliori,  it  j*^  prolite  de  la  |)réseiice  de  M.  le  fnini  lie  de 
rj^niiluiir  ei  (!ii  (on;mii<e  | di.r  lui  poser  une  i|uestion,  espéiùiit  cju'il  voudra 
Lim  y  i<  poi.dre  d'i  j  e  n  îuiit  le  |■i.^ omble. 

Lf  cliapiire  H  c.omjireiid  IfS  Hnr.ouragumenfs  à  l'agriciil'ure,  pt  nohimment  les 
encniir;!»,'  jneii's  so;:.s  lorme  de  lOiicours  réj,noiiaiix  ;  eh  t  ii-n,  dans  beaucoup  de 
CoiiSi'i  s  gi  nora'  x,  —  et  je  crois  que  je  n»*  serai  j.as  déuienti  par  ceux  de  mes  coït 
lè}:i  (S(|ui  if|  r  sei  Itiit  Hes  contrées  nù  l'élève  du  clieval  e^l  eu  honneur,  el  c'es 
une  uiaiiile  paitie  de  la  Fiance.  —  dans  beaucoup  de  •  on-eils  géoétaux,  des  vœux 
ficcisMlsoil  eu  I  our  ofijet  d  aifieler  l'.-.tleuMou  d(^  M.  le  mini^lre  de  Taj^iicul- 
tnre  sur  un  desiJeialuin  dont  la  réal  salion  serait  vraiineul  1res  Idvorable  à  l'agrî- 
cullure. 

l)Hn>;nos  conco'  rs  légionaux,  les  r^ces  de  chevaux  de  trait  ne  sont  p.is  repré- 
jseniées  et  ne  soni  pas  piimées.  Ma  di  mande  a  pctui-  but  de  iaiie  ce^ser  une  iné- 
galité choquai. le  lar  vous  savez  ipi'il  y  a  drs  concouis  de  beslimx;  mais  il  n'y 
tn  a  pas,  \>f  le  répète,  j)our  les  races  de.  chevaux  de  trait.  Il  s'a^'il  là  d'un  intérêt 
consideinbîe  pour  l'agi icullure  el  qui  a  la  plus  grande  importante  pour  des  con- 
llé^  enlièies  ce  la  France. 

Eu  coii'éiu  nce,  je  viens  demandera  M.  le  ministre  de  l'ap-riculture,  confor- 
iru'ment  au  \œu  a  opté  par  la  coininission  des  liiiances,  de  vouloir  bien  ineitre  à 
réiude  la  possil  iliié  de  récompenser,  de  primer  la  race  des  chevau.x  de  traii  dans 
lescor.couis  légiomux  à  parler 'lu  piochaiii  budget. 

il    'lisnlm.  — 'J'i  es  lien  !  c'est  ap|)iiy<  ! 

Jl/.  te  firr.snln  /.  —  M    le  mii  isire  de  l'agriculture  et  du  commerce  a  la  parole. 

A'.  Tir  r<l,  ministie  de  ragricuJluie  et  du  commeice.  —  I\le^^ieuls.  je  suis 
leuieux  de  pouvoir  ii'jondie  à  11  onoialle  M.  Fuiuhei  de  Cncil  (p  e  l'j.dminis- 
Iration  à  la  tête  de  hicpulie  j';.i  l'i  oiim  ur  dêlre  |  lacé  a  dP|:i  mis  la  (puslionà 
i'rli  de  et  cpie,  san^  aitendie  h-  budget  de  I8"2,  sur  les  londs  dont  nous  dispose- 
fons  en  IS»-!,  ni  us  nous  piopusoiis  de  l'aire,  sinon  dans  ions  bîs  concours  ié';io- 
nauN.  du  n  oins  dans  quel.iue>-uiis,  l'essai  (pi'il  deiraude.  J'a;ouleiai  le  déhiil  — 
qui  n'a  p<  ni-èiif  1  as  m  e  piande  impoiiaiice  et  (|ui  leia  peul-èiie  rie  plusieurs 
d'entie  vo's  — (|u'indé|i(  ndamment  des  concours  de  chevaux  que  nous  cherchons 
&  êirblir  (  n  Fiance,  nous  auio;  s  en  Algéiie  des  concours  uoa  seuLinent  de  che- 
vaux, mai>  aussi  dediijneaux   Rites  ] 

m.  Du/  umj.  —  Ce  n'est  pas  risible  du  tout,  c'est,  au  contraire,  une  très  bonne 
innovation. 

Sur  le  rôle  des  associations  ag;rieole«,  la  discussion  a  en  pourpoint 
de  dépat  t  la  réclamalion  de  V.  de  Falloux,  jirésidrtiit  ilii  (^mnice  de 
Sejçré,  au  sujet  de  la  mention  des  sulivenlion>  de  lEt.it  et  du  déparle- 
mi'iil,  sur  les  aniclies-pro,:iraniin  s  des  concours.  Nous  avons  inséré 
sur  celle  qnesti(m  à  peu  près  tout  ce  qui  a  élé  dit  au  Sén;it,  et  nous 
n'avons  à  y  revenir  (pie  pour  cih  r  la  prome.^se  de  .M.  Tiraid  qui  aura 
rappiol»;ilion  i^énéiale  des  a^ricultfiirs.  «  Pour  r.innée  iirocnnine,  je 
prendrai  une  bn-ninle  i>;énci;iie  qui,  je  crois,  sera  de  nitnre  à  donner 
fîtiislat tion  ii  tout  le  monde  et  à  faiie  cesser  toute  susceptdnlilc,  mais 
qni  |crnie;traà  rAdniinisii\iiion  de  s'.'issuror  que  l'on  a  poiléà  la  con- 
naissance de*:  popuinlions  ce  Kiit  que  FEiyt  met  des  fonds  à  la  dispo- 
sition des  présideins  des  comices  et  des  sociétés  a^rico!es.  » 

P«M!r  le  resie  de  la  discn.-sion  qui  a  roulé  l^ur  le  droit  de-,  dissolution 
des  conncps  j)ar  les  prèle  s,  nous  devons  encore  répéter  conilnen  il 
est  désir.ible  que,  dans  les  associ.itions  ii^ricole.s,  on  Ccaile  tonte  j>oli- 
liqne  et  qu  on  s'aimniie  ])onr  (pi'elles  soient  jéellennnl  un  terrain 
neuire  oii  tous  les  hommes  de  progrès  puissent  se  réunir  et  s  entendre 
pour  faire  le  Lien  de  ragricullure. 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (4  D'XSMBR'?  1830).  363 

m.  —  L'aiiieremetit  di^s  ro'Uex  iialionnf,>^s. 

Malgré  lo  ijr.ind  dt've!()p;)>Mn.3:ït  |)i'is  pu*  lis  voids  tdrri'^as,  les  roulea 
de  Un-ii  irtinl  i-iea  p.irdii  *lc  l;ur  .iii>jij.i  n  i  nj) n-ta,  ïcj.  L'îs  «jUHsiiijnâ 
relalivcs  à  Imir  a:;liève;iient  et  à  i(3iii*  ;i;mliiit*aLi(jii  ofit  clé  CiMijjrises 
diris  le  pi-oLÇiM  mii^;  des  grm  Is  travinK  |)ii  dios  éld)i>i'é  <l.i,»iiis  «leu\ 
nns.  AI.  Sidi  Ciniot,  iniuislre  des  IravaiiK  publics,  vijiit  de  présealer 
à  lu  (lliamlire  (Jes  députés  ua  pntjt'i  d,;  loi  sur  1^6  roules  u  itioii  îles. 
Ou  (»eul  le  considérer  cnuiine  le  ciu  [lièiad  de  celle  sôiie.  En  elïjt,  il 
aéléd.'jà  siiiuiisàla  CliiMibre,  iro'is  his  rolalives  :  1"  aux.  clusaiius  de 
fer;  2°  aux  voies  navigables  <le  i'iiilé/i  iur  ;  ^i"aux  p'irls  niirilinies.  Ea 
outrvî,  le  SiMiil  esl  saisi  dj  I'cîx  lui.^n  dî'i  q  testions  (jui  s;  i-atlielieat 
à  la  iiieiil  Mire  uiiiisalion  agricDÎ.i  ou  iudu?.trielle  de  njs  cuirs  d  eau. 
Ces  (|u;slious,  snig  Kuisein.îul  ex  luii  lées  par  L;  Ciuseil  dliiit,  ^oat 
compris  'S  d  ins  l'cuseMible  "le  U'ilr.i  u!)uveau  sys'èui  ;  île  niisj  CJ  uiou- 
venie.it  de  Imis  les  «déments  de  la  ri^b.!s>e  publiipie  t'rineiise. 

Les  iMUl<»s  iialiouales  présentent,  d  .ijM-ès  l'exposé  djs  motifs  du 
projet  de  loi,  un  iratie  d'euvii\)u  l,Tili>  millions  de  tonnes  kilnuiétri- 
ques.  qui  e*it  le  ciiiquiènn*  du  Irafic  de  la  petite  vitesse  des  clrîinins 
de  fer;  il  siiljii  iTtiblenir  du  biu  éial  djs  roules  labAisseuiant  de 
1  ceiiiimesiir  le  prix  de  trans|)(>!l,  (pii  est  en  moyenne  de  30  e.  ])ar 
tonne  et  par  kilouietiv,  pour  réaliser  au  profit  du  pays  une  ée  uiomie 
annuelle  de  lî  luiliiiuis.  Une  dépeu>e  de  3'i0  millions  trouveraitdone 
sa  lémiiuér 'lion  imuiédiale  dans  l'œuvre  mô  ne  qu'elle  permt  lirait  de 
conduire  à  son  acbèvemenl  parfait  Mr*is  il  n'est  pas  nccessairtj  d'en 
dépenser  niême  la  inoilié,  liiiîii  que  les  roules  nationales  aient  élé  beau- 
coup Irop  négligées  depuis  longle'ops.  l.e-s  ingénieurs  cml  dressé  le 
tableau  cuinp'et  îles  opérations  qu'il  inipoite  d'exéoiiler  pour  empèolier 
ce  |)ieuiier  a]>|);iivil  de  e  reiilaliou  de  dépérir,  et  pour  le  lenitv,  sur 
tous  les  points  du  lerriioire,  aii-si  iiliie  (pi'il  doit  Tètre.  C;  tableiiu 
présume  une  dépense  «le  150  millions,  m;MS  (|ui  pourrait  être  réduite 
à  riO  milhous,  sav«tir  :  '21  pour  les  laeun«'-s,  ,*Î7  '/i  pour  les  rijctilioa- 
tious,  /)')  pour  la  reconstitution  des  cliaiissées  pavéïîs  et  empierrées, 
et  10  i/i  pour  rimprévn,  ()e  n'est  «pie  le  tiers  des  3'i-0  millions  du 
capiial  que  i«'piésente  1  écon«»mie  annuelle  d"envir<jii  17  millions  à 
réali.-er  sur  les  prix  du  transport  p  ir  raelièvemenl  «'t  l'eiilrelieu  régu- 
lier des  nulles.  Il  faudrait  atleii  Ire  vingt-cinq  ans  |)Our  y  arriver,  si 
l'on  dev;dl  ne  compter  que  sur  les  ressources  ordinaires  du  budget  ; 
et  le  [)ays  se  Inuiverait,  en  attend  int,  cliargé  d'un  siipplé  ne.it  diî  frais 
de  lrans|)ort  dép.issmt«le  beaucoup  la  dépense  aiiiiuelle  «pi't'xigera 
l'exécution  du  programme  densembîe.  et  «ela  sans  aucune  améluu'a- 
tion  dans  le  système  de  nos  roules  nationales,  et  par  cjuséquent  en 
pure  perle. 

Les  IJO  millions  seront  pris  sur  les  ressources  extraordinaires  an- 
nuellenuîut  créées  par  le  moyen  des  émissions  de  3  0/  •  amortissable. 
On  peut  se  demander  laqiiellede  tîntes  ce.^  nalures  dedé[)U^sesexllMO^- 
dinalres  :  voies  ferrées,  voies  navigab  es,  ports  maritimes,  travaux 
d'iriigiiion.  travaux  des  routes,  esl  faile  pour  êtiele  pluslôtet  lepliis 
largement  rémunératrice.  Elles  seront  toutes  rémunératrices;  mais  la 
moins  n  (te^siiie  n'est  pas  celle  des  travaux  des  routes,  qui  intéresse 
plus  particulièrement  les  régions  de  la  Fr.mci  ne  disposant  pas  encore 
d'autres  moyens  de  circulaiion  et  décliange,  c'est-à-dire  les  régions 
qui,  jusqu'ici,  ont  été  les  plus  mal  partagées. 


564  CHRONIQUE  AGRICOLE  (4   DÉCEMBRE   1880). 

IV.  —  Sur  le  cadastre. 

La  Chambre  des  députés  est  aduellement  saisie  de  plusieurs  pro- 
position- di!  lui  relatives  à  la  revision  du  cadastre.  Ces  propositions 
émanent  soit  du  f:^ouvernement,  soit  de  l'initiative  parlementaire  ;  une 
commission  spéciale  a  été  cliarc^ée  de  les  examiner.  Une  nouvelle  pro- 
position vient  de  lui  être  renvoyée;  celle-ci  est  due  à  M.  Papon,  et 
elle  euibrîi.-i-e  une  revision  complète  du  cadastre.  Cette  révision,  qui  ne 
pouvait  être  autre  chose  qu'une  reconfection,  embrasserait  tout  le  ter- 
ritoire de  la  France,  et  devrait  être  achevée  en  dix  ans.  Elle  compren- 
drait le  burna£!;e,  larpenlage  cl  1  évaluation  des  propriétés  bâties  et 
non  bût  es,  le  lever  des  plans,  et  la  conieclion  de  rej^istres  qui  pour- 
raient servir  de  base  aux  titres  de  propriété.  Il  est  peu  probable  que 
la  Clwnnbre  actuelle  puisse  examiner  celte  proposition,  ainsi  que  les 
autres  (|ui  s(mt  soumises  à  son  examen,  avant  sa  séparation.  La  ques- 
tion du  cadastre  est  cependant  une  de  celles  dont  la  solution  importe 
le  plus  l\  une  juste  répartition  de  l'impôt  foncier,  qu'il  s'agisse  des 
propriétés  bâties  ou  des  propriétés  non  bâties. 

V.' —  Le  'pliTjlloxera. 

A  diverses  reprises,  on  avait  annoncé,  sans  confirmation  ultérieure, 
la  présence  du  jih^lloxcra  dans  les  vignobles  de  la  Crimée.  Aujourd'hui 
celte  nouxelie  paraît  certaine,  d'après  le  télégramme  suivant  que 
public  le  ColnSj  un  des  principaux  organes  de  la  presse  russe  : 

«  La  nouvelle  de  l'apparilion  du  phylloxéra,  en  Crimée,  est  confirmée.  Une 
commissiuii  scientifique  composée  de  viiiculteurs,  d'entomologistes,  dn  maréchal 
de  la  niiblii>se,  et  présidée  par  M.  Danihuski,  a  procédé  à  l'inspection  des  vi- 
gnoble.'S  de  M.  llaichsky,  près  la  porte  de  Baïdas,  et  a  constaté  que  k  déciatines 
Tenviron  k  h<  ctares)  de  vignes  étaient  ravagés  par  le  phylloxéra.  Des  mesures 
énergiques,  ont  été  prises  pour  combattre  le  fléau.  Le  dommage  causé  est  estimé 
à  envu'on  70, OOu  roubles.  » 

Par  suite  de  la  nomination  récente  de  nouveaux  adjoints  à  l'inspec- 
tion de  lagricullure,  quelques  modifications  ont  été  apportées  au 
service  des  lecherches  relatives  aux  progrès  du  phylloxéra.  M.  Vas- 
sillière,  ins|  ecleur  général  adjoint,  a  été  appelé  à  la  tête  de  ce  service, 
en  reniplacement  de  M.  de  Lapparent,  inspecteur  général.  Nous 
sommes  heureux  de  nous  faire,  à  cette  occasion,  l'interprète  de  tout 
les  viticulteurs  qui  ont  été  en  rapport  avec  IM.  de  Lapparent,  pour  té- 
moigner de  la  vive  sympathie  qu'il  a  laissée  derrière  lui,  à  laison  du 
zèleéclaiié  et  de  l'activité  qu'il  a  déployés  dans  l'exercice  de  celte 
importante  mission. 

Parmi  l.^s  travaux  récents  sur  le  fatal  puceron,  nous  devons  signaler 
aujourd'hui,  d'une  manière  spéciale,  une  étude  de  M.  Fabre,  délégué 
de  l'Académie  des  sciences,  sur  les  mœurs  du  phylloxéra  pendant  la 
période  d'août  à  novembre  1880.  Ses  observations  ont  été  faites  à  Sé- 
rignan  (Vaiicluse),  un  des  points  les  f)lus  éprouvés  par  le  fléau,  oii  il 
n'y  a  plus  que  quelques  vignes  rares  et  faibles.  La  conclusion  de  ses 
rechen-h  -s  est  que  les  migrations,  soit  par  les  insectes  aptères,  soit 
par  ceu\  pourvus  d'ailes,  ont  été,  cette  année,  plus  difïicultueuses,  et 
que  de  l,i  serait  résulté  le  ralentissement  dans  l'invasion  reconnu  par 
les  viticulieurs.  En  ce  qui  concerne  l'acarus  hyalin  qui  avait  été 
trouvé   en  concomitance  avec  le    phylloxéra,    M.    Fabre    a  constaté 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (4  DÉCEMBRE  1880).  36fc  . 

que  cet  arachnide  n'est  pas  un  pira^ita  de  phylloxeri,  mais  un 
commensal  qui  s  établit  parfois  sur  la  môme  radicelle  qu3  le  ()ueeron, 
et  s'y  nourrit  de  matières  végétales  décomposées. 

Dans  une  communication  qu'il  vient  d'adresser  à  l'Académie, 
M.  Prosper  de  Lafitte  revendique  la  priorité  pour  un  mode  de  distri- 
bution des  trous  dans  le  traitement  des  viiijnes  par  le  su! Cure  de  car-  ' 
bone.  Cette  méthode  qu'il  avait  décrite  en  1878,  a  pour  cara:lère  dis- 
tinctit'que  la  place  de  chaque  trou  se  trouve  fixée  indépendamment  de 
la  position  des  souches. 

VI.  —  Les  vignes  du  Soudan.    ] 

ISous  avons  tenu  nos  lecteurs  au  courant  des  communications  faites 
à  fAcadémie  des  sciences  relativement  à  la  découverte  par  \in  voyageur 
français,  M.  Lécart,  dans  le  Soudan,  d'une  vigne  annuelle  à  fruits 
excellents  et  abondants.  M.  Lécart  vient  de  rentrer  en  Fr-iace,  et  il  a 
fait  sur  sa  découverte,  devant  la  Société  de  géographie  d;  Bordeaux, 
une  conférence  que  le  journal  La  Gironde  analyse  dans  les  terme* 
suivants  : 

«  Le  tubercule,  dont  M  Lécart  a  successivement  étudié  les  Heurs  et  les  fruits, 
est  une  vi<^ne  annuelle  qui,  à  la  saison  sèche,  perdait  feuilles  et  l)ois  pour  en 
produire  dt;  nouveaux  à  l'époque  des  pluies.  Les  sarments  que  nous  avon>^  vu-?  dans 
l'herbier  <le  M  Lécart  ont  (juelque  similitude  avec  ceux  de  nos  vignes  européennes, 
quoi  |ued'a|>paience  moins  ligneuse. 

M  Celte  vi^'ue,  adirme  M.  Lécart,  s'acclimate  partout,  jusqu'en  Sibé-ie  »  Gomme  , 
elle  ne  laisse  (|uun  tubsrcule  enfoui  dans  le  sol,  et  aiufuel  il  sufàt  'le  trois  mois 
de  ciialeur  pour  produire,  elle  donnera  des  fruits  n'importe  oij  ;  le  co  iférencier 
qui  a  habité  tour  à  tour  le  Sénégal,  la  Nouvelle-Calédonie,  la  Gochiiichine,  etc.. 
s'en  porte  j^arunt.  Sans  doute  il  y  aura  quelques  déboires  avant  que  r<^xpéiience 
ait  déterminé  los  procédés  certains  à  employer,  mais  il  en  tst  ainsi  pour  tous  les 
essais. 

«  M.  Lécart  avait  emporté  des  plants  et  des  graines  :  malheureusem 'ntlesàne^ 
qui  portaient  les  premiers  se  sont  noyés  dans  une  fondrière,  et  il  ii'.i  sauvé  que 
les  graines,  qui,  dans  deux  ans,  il  l'affirme  encore,  auront  gcmé  et  donneront 
des  fiuits   Nous  souhaitons  ardemment  que  ces  prévisions  se  réali^sent. 

«M.  Lécart  se  défend  vivement  d'avoir  voulu  faire  de  sa  découverte  une  affaire 
d'argent,  ainsi  qu'on  le  lui  a  reproché  à  rx\cadémie  des  sciences  :  il  ne  p  mvait  et 
ne  peut  encore  disposer  de  rien  avant  que  le  ministère  compétent  ait  statué  sur  sa 
mission.  Du  reste,  il  a  prouvé  combien  la  vulgarisation  de  sa  découver  e  lui  tenait 
à  cœur,  puisqu'il  a  prodigué  les  indications  sur  les  lieux  de  produclion  de  la  vigne 
annuelle,  et  donné  les  noms  des  gens  du  pays  qui  l'ont  aidé.   » 

De  ces  explications  nouvelles  il  résulte  que  les  viticulteurs  doivent 
encore  attendre  avant  qu'ils  puissent  être  fi.Kés  sur  le  prulit  qu'ils 
pourront  tirer  du  nouveau  végétal, 

•o/il^f        VIL — École  nationale  a^ agriculture  de  Grand-Jouan. 

VoiRi  la  liste  des  élèves  qui  viennent  d'être  admis  à  l'Ecale  nationale 
d'agriculture  de  Grand-Jouan  : 

Élèves  admis  de  droit  ;  M.  Belléoch  (Finistère),  liachelier  es  sci -ncps. 

Elèves  od'iiis  après  pxampn  :  MM.  Luare  Thibault  (Lnire-Inlérieure).  ^ 
Emmanuel  Thibat  (Loiro-Inféiieure).  —  Berry  /Paris).  —  Planlhnreux  (Indre). 
—  Levè.pae  (H.iute-Vienne).  —  De  Meckenheim  (Loir-et-Gh^^r).  —  (Jrr.is  (Maine- 
et  Loire).  —  Jacob  (Loire-Inférieure).  —  Naudin  (Djux-Sèvres).  —  Mesnet , 
(Indre-et-Loire).  —  Duboussct  (Allier).  — Le  Dain  fMorbihan).  —  H  let  (Côtes-' 
du-Nord).  ^  • 

Dans  de  précédents  numéros,  nous  avon>  publié  la  liste  de.i  élèves^ 


3e6  CHRONIQUE   AGRICOLE   (4   DHCFMBRE    1880). 

admis  à  Tinsliliit  ngi'onomiqiie  et  aux  écoles  nulionales  de  Giignon 
et  de  Montpellier. 

Viir.  —  L'Iiifilitut  agricole  de  Gcmhhvx. 

Voici  11  liste  des  élèves  qui  viennent  d'étie  admis,  à  la  snile  des 
derniers  cxauiens,  à  l'inslilut  auricule  dd  l'Iilat,  ùGenibloiix  (I]e!<j;i()ue): 

E<h)rs  i  t'rnrs.  —  MM.  E.-A.  Gl^rfeyt,  do  V^-lthem.  —  L.  Tion.^t,  de  N..uf- 
cliâtt'îiii.  —  J.-M  Glerffyt,  de  \Vliii"m.  —  A. -G.,  Il^woiick,  de  ll.iy  -  G  -K  - 
L.  Flîi!>;i,  de  l'.eraicouit  —  E.  V^nd  r^";iclir.  d'Aiiv.-rs.  —  G.'-l\  -Iv  Joii- 
nisiix,  de  Vdlers-li-T.tni-  — M.-E  L"  Docte,  de  Gernblonx.  — G  de  Flities,  de 
Foresse  S'-l;ivn.  —  V -N.  R^skiii,  de  LiéL^e  —  A  -A.  Ferrainiie,  de  l.ibm  — 
F.-J  -J.  Tomheiir  de  IVuix-Miioir.  —A  Delvaux,  d.;  Biuxf-lles.  —  L,  Delvaux, 
de  Biuxelles.  —  B  -H.  I)el»y,  d'Ixelles.  —  G  -".  S.ili-ot,  de  Wiers  —  A. -G  -P. 
Mallieu,  de  Fi'rlibiaix-ErtjUeuue.  —  E.-L.-J.  Lobleuux,  de  Héveilé.  —  J.  Van 
El^'en,  de  Lié:fe 

KUurs  r.T'.rnrx.  —MM  L.  Dell  ie,  de  ?n•..l)r(•fT.^  _  .T.-H.-A.  W.iS«ei-ft,  de 
Liéjfe,  —  E  H  J  Gooi-,  de  Lame.  «  — G.-G.-J.  IlnririoM,  de  Gonrdiiiiv.  — 
A.  J.  neylnii,  de  S;iiMt  StTV;iis-lcz-N;irniir.  —  H -M -G.  Verstnesse^i,  d-  Siiiit- 
Niuolas,  —  A  -J.  'i\)mkiiis,  île  Loiidn-s  (Arifi'eltMie).  —  St;uiislas  Lebowski,  de 
Prziuykow  (Pdiogne).  —  Ladislas  de  llricel,  de  Graco\ie  (Pologne). 

Cett»^  liste  comprend  28  noms,  dont  25  de  Belges  et  3  d'autre  na- 
tionalité. 

IX.  —  L'i  In'iiindiiio,. 

Une  série  de  conférences  sur  la  takîméirie  et  sur  la  Inkini-n^f/rlrre 
viennent  d  être  laites  aux  trois  pram  ttions  réunies  de  lEole  naionale 
d'agiiculliire  de  Grigiion.  l'allés  ont  eu  un  grand  succès,  et  il  est 
qiiesli^ii  da  b^s  continuer.  En  veriii  d.î  la  même  décision  miiiistér  elle, 
d'auires  conféri'Ui'es  avaiiîiit  été  (ait's  avec  nn  égal  succès  aux  deux 
autres  écoles  niiioniles  d,*,  Moiti)  ;l!i  .^r  et  île  Grand-.Iouau.  IM.  Lig«)ui^ 
aut.Mir  (b)  Il  UDUv/^elle  méilinh,  av.iii  dé,à  déb-j^ué  M.  Perreau,  un  de 
ses  plus  ar  leuls  eolbiborateur.s.  p  tur  aller  initier  le  perstnnu'l  dei 
ferm.^s  écoles.  .\  l'issue  dd  sa  missio.i,  iM.  Perreau  a  reçu  une  lettre 
offîciidie  de  féliciiation. 

Un  utile  présent  à  faire  à  un  c.^urs  d'à  luîtes  ou  à  nne  école  pri- 
maire co  isi-t'irait  01  un  maléri.d  mny*^n  d'enseignement  lakiujètiique, 
dont  le  p'ix  est  de  ôi)  fr.m(;s  et  eu  um^  di.->ti  ibution  aux  écoliers  d'J 
livre  fo  idaïuerUal  appelé  Cahier  du  bolJal  du  (jénie^  qui  est  traduit 
dans  pres{[iie  toutes  les  laugies. 

Al  exposition  pé  lagogiipiede  Home,  la  traduction  de  la  la/ii'nélu'e  et 
de  la  iakin.  al jcbrc^  par  M.  A.  linsi,  vient  d'obtenir  une  récoiujiense 
de  seco  ule  lisse.  Gest  pir  uii3  fav.^  ir  spéciale,  attendj  que  les  tra- 
ductions n'éiaiiMit  p  is  adini  ses  an  Cirncours.  On  a  fait  exception  à  la 
rè.gle  par  b;  moiifipiele  uiiaistre  de  l'airicidiure  d'Italie  f.iit  propager 
la  tikimôlrie  de])nis  plusieurs  ajinées  dans  les  nombreuses  écoles  qui 
dépBudeut  d.î  son  administration. 

X.  —  Varhn>e:um  de  Spgrpz, 
Nous  avons  annoncé  la  public  ition  du  1"^  fascicnle  de  la  grande 
encyclopVlie  d'arboriculture  (pie  ndre  éminent  confrère  M.  Alpbonse 
Lavalléea  entr  prise  sous  le  litre  d'/l/'.^»rc/M/n  de  Segrez  (librairie  Bail- 
lière  et  lils.  à  Paris).  I.e  2*  f  is.nc  île  qui  vient  de  paraître,  e  t  con- 
gacrn  à  la  description  des  es[)èces  qui  suivent  :  Cra'œ^ns  L'ivalld^ 
DicrniUa  s"ssdifo'ia,  Nidta'ia  rerasif  >r<nis,  Catalpa  Kœmpfrri,  K.vo- 
efiorda  grandi/lora.    Cette  œuvre   importante  a  été  accueillie  avec  la 


CHRONIQUE  AGRICOLE  {4  DECEMBRE  1880).  367 

plus  grande  faveur  pir  tous  les  hol.mistes  et  les  arbDPiciilteurs  ;  celts 
îiivejr  est  juslilioe  tant  pir  le  soin  scrii;»iilfjnK  avec  hi.\iiti[  les  pianies 
soat  déui'iLei  ((ii3  pir  l'ctaotitude  (|iii  |)i'ési.lj  à  rovéciiLio.i  do  pluites 
gravées  accoiiiijigaant  l'ouvrage.  Uae  preuve  de  ctîlte  liaiitt;  esiiuie  en 
esld.iiis  le  fait  suivaat.  Le  grand  journal  anglais  T/ic  Girdei,  qui 
jouit  d'une  Icgitinie  autorité,  vie.it  de  dédier  à  M.  Lavilléj  sou  dix- 
septièaie  volume,  d;ms  lequel  il  a  publié  son  poiTrait,  avej  ceite  dédi- 
cace :  u  Eu  recanuaissancoj  de  ses  ir  ivau>:  po  ir  l'iuirodu-îliou  «l'arlires 
remarifuibles  et  rar.is  dans  les  jir  hns  de  rEiirop3.  >.  (]dl  lionaeur 
n'avait  eueor;  clé  fait  qu'aux  batinisles  H  dIchp,  Jolm  Ti)trey,  N^ven, 
Louis  Vin-lljulle,  David  Moor,  Asa  Giay,  CIi  ules  L  iwsou  et  lli^g  1. 
Nous  en  félicitons  bien  viveuient  M.  Livallée  par  qui  un  nom  Lan- 
çais figure  dans  cette  liste. 

XL  —  Le  cidre, 

L'Iiivcr  de  I87i)-S0  a  causé  de  gmnds  désastres  duis  Irîs  forêts  et 
sur  les  arbres  frj^iiliers.  Les  arbres  à  cidre  ont  été  p  irli^ulièrement 
frappés  daas  beaucoup  il.i  puys.  Aussi  les  pommes  soat,  cette  année, 
généralement  rares  et  clières,  et  iinj  ln)is>oa  à  la  [iie'le  b.îiucoap  de 
populalio  is  sont  liabitiiées  fait  dé!aul.  Comment  remédiera  cette  véri- 
tabbî  disette^  c  est  la  question  posée  dans  la  lettre  suivaale  : 

«  L'ouvrirr  de  uns  campagnes  ai.ne  le  ciJre  Avec  ([hhI  juîs  verres  de  cidre  il 
se  coiiteiiie  de  11  naurriîuio  la  plus  siraplu,  la  moins  sucoul-iUe,  mais  sans  cidre 
à  son  iej)as,  il  se   tr  )uve    désfrieiilé,    et    le    uav^iil    lui    cnùte    l)ieri     davantage. 

«  Ct-tii^',  siisi):i,  au  grand  désesjijir  de  tout  le  moule,  les  p)n.n!^  ittiiitp*eQt 
dans  ootrti  Nir  uajnlie.  Le  peu  qie  nous  en  avons  récolté  s'en  vi  d.j  n^s  ca  upa- 
gûes   euL'VJ    par  les  villes   aux  prix  de  10  et.  Il   friiics    l'hectolitre. 

«Dms  les  m -nnges  d'ouvriers  illaudra  hoi  o  de  l'.vm  !  Je  l'eau,  c'est  bi-m  peu 
pour  la  tem:nti  ipu  reste  à  la  imiso  i  à  travailler  tint  le  jour  et  p  >ui- les  pnvr<-s 
enfants  qui  \o  it  k  l'école  avec  u!ie  sim^ile  tirtiuj  de  bj  irre  ou  le  iro  a\:;i  p)ur 
toute  nourriture  !  De  leau,  c  est  l)ien  froi  l,  pn  m- ces  petits  è  res  à  pjrie  cou- 
verts de  mauvais  vête  neiits  (jui  ont  à  tnivers^r  cha'jue  jour,  ces  immenses  plair 
nés  l'Uijour-liumides  en  liiver,  et  nuîlqunfois  couv^ries  de  neigtî  et  de  verglas. 

«Oh  !  cimnie  j'éprouve  delà  peine  eu  voyant  toutes  ces  misères,  rt  comme  je 
serais  lieu -eux  de  l-s  aUénuer,  di'.s  li  mesure  de  injs  forces  eu  iu  liquiut  à  ce* 
pauvi'es  ge  is  uue  bo;ine  recette  pi  ir  Itire,  à  ifu  ite  friis,  une  boiss  m  sai  le,  utt 
peu  roi'iilia:ile  et  se  rapprocliaut  le  plus  passible,  comme  g  »ùt  de  leur  ciJre 
auquel  ils  ^onl  si  lidbiiués.  un.    G\SiÉ. 

Il  n'cat  pas  po  sible  de  donner  à  une  boisson  le  goût  du  cidr^, 
aulremenl  (pTen  prenant  le  cidre  lui  mè  uemi  bien  lemaredi  pou  iies. 
Nous  ne  donnons  donc  que  le  conseil  de  dedouliler  les  cidres  quj  l'oa 
peut  faire  celte  année,  ou  ceux  ipie  Ton  a  co  iservés  d'ua  ;  année  aaté- 
rieupiî,  en  ajnutmt,  en  même  temps  (|ue  de  leau,  la  quantité  d<;  sii^re 
néc.iss  ire  pinr  maintenir  la  force  alcoolique.  Li  proi)j!-tion  de  siure 
à  emp'oyer  est  de  I  kilogr.  GilO  de  glycose  pour  cbaque  de^re  d  nlcool 
qiî'on  voudra  obtenir  dans  un  liect<»liire.  Nous  ia  liq  ■■i)n6  le  sucre  de 
glyco.^e  pai'cj  ipie  c'est  celui  qui  ctuile  le  medL-ur  mirclié,  et  ipi'il 
est  d'ailleurs  tout  transformé  pour  subii-la  feriuenlation  sur  le  mir:oii 
dansle  umùt  de  pomme  étendu  d'eau.  Les  cidres  or  linaires  renferment 
G  pour  li)J  d'alcool,  les  boas  cidres  du  commsrce  Vl  pour  I0ii;oû 
■voit  pir  là  (pieLe  quantité  de  giycose  il  fiiidra  employer  d'aju'es  la 
proportion  d'eau  doat  on  usera.  Si,  avec  du  cidre  déj  »  lait,  on  veut 
obtenir  une  boisson  ressemblant  au  cidiM,  on  pourra  emj)l(>yi'r  d§ 
l'alcool  du  co.ntiierce,  ei  prenant  de  l'alcool  rectifia  et  i»ur;  oaap»  itéra 
en.  même  temps  un  peu  de  sucra,  le  cinquième  ou  le  sixième  de  lalcooi, 


368  CHRONIQUE  AGRICOLE  (4  DÉCEMBRE    1880). 

de  minière  à  se  rapprocher  aulant  que  possible  de  la  eoniposilion  que 
M.  BoJisingault  a  trouvée  pour  un  cidre  iri'jyen  et  qui  est  la  suivante  : 

Grammes. 

Alcool  ah«o'u ti9  9.') 

Sucre  iiit^rvci-ii lô-'iO 

GhcériiiP  et  acile  succ'iii  |ue '2.ii8 

Aci  le  cab  ii)U|;ie 0.27 

—  iiu'iiue , 7.74 

—  acéii'iun indices. 

Maii'Te  g.immeuse 1.4l 

Potasse 1.55 

Chaux,  chlore,  acides  plio.^phoriques  et  sullu- 

rique 0.20 

Maiicie  azotée 0.1  > 

Lau 920  78 

Total 1,020  00 

Il  sera  très  facile  d'ajouter  encore  un  peu  de  glycéiine  que  l'on 
trouve  dans  le  comnierca,  mais  on  ne  pourra  guère  se  procurer  de 
l'acide  malique,  si  ce  n'est  au  m  )yen  de  quelques  fruits,  tels  que  des 
rmue>,  que  l'on  trouve  facileuient  et  dont  il  serait  possible  de  faire  des 
■extraits aqueux,  en  restant  dans  les  proportions  indiqué  ;>  p;ir  l'analyse, 
c'est-à-dire  de  I  pour  100  environ.  L'ad  lition  d'un  sipli^n  d'eau  de 
seltz,  par  hectolitre,  complélerait  heureusement  la  boisson. 

XII.  —  Scsfiion  de  (a  Société  des  agrkullcurs  de  France. 

Dans  sa  dernière  réunion,  le  Conseil  d'administration  de  la  SDciété 
des  agriculteurs  de  France  a  décidé  que  la  session  annut'lle  de  la 
Sociéîé,  en  1881,  se  tiendrait  du  21  février  au  1"  mars,  11  a,  en  outre, 
fixé  au  '21  décembre  la  date  de  li  réunion,  à  Paris,  des  délégués  des 
associations  agricoles  affiliées  à  la  Société,  en  vue  de  fixer  le  pro- 
gramme des  questions  qui  seront  soumises  à  la  session  générale. 
XIII.  —  Congrès  pomo!oglque  de  Fiance. 

D.ins  sa  22^  session  tenue  à  Moulins,  le  l*""  octobre,  le  Congrès  po- 
molof^ique  de  France  a  décerné  à  notre  excellent  collaborateur, 
M.  Th.  Buchetet,  la  médaille  d'or  d^îstiaée  à  la  personne  qui  a  rendu 
les  plus  grands  services  à  la  pômologie.  Une  récompense  semblable 
a  été  volée  en  faveur  de  M.  Marie,  horticulteur  à  Moulins. 

Le  Congrès  a  décidé  que,  dans  sa  session  de  1881,  il  s'occuperait 
du  classement  des  fruits  pir  catégorie  de  mérite  et  qu'il  réunirait  tous 
les  éléments  relatifs  aux  variétés  fruitières  qui  ont  le  mieux  résisté  à 
l  hiver  1879-1880. 

XIV. —  Concours  d'animaux  gras  en  Angleterre. 

La  saison  des  concours  d'animaux  gras  a  commencé,  en  Angleterre, 
par  le  concours  de  Birmingham;  l'origine  de  ce  grand  concours  re- 
monte à  1848,  mais  il  était  alors  limité  à  une  petite  exposition  de 
porcs  et  de  volailles;  en  décembre  1850,  se  tint  le  premier 'con 
coursétabli  sur  les  principes  actuels,  comprenant  les  es|)èces  bovi- 
nes et  ovines,  et  Bnugley  Hall,  fut  alors  construit  spécialement 
pour  ce  concours  annuel.  C'est  avec  le  grand  concours  de  Londres, 
qui,  cette  année,  aura  lieu  du  6  au  10  décembre,  le  plus  important 
de  la  Grande-Bretagne, 

Il  faut  encore  citer  le  concours  de  Tredegar  qui  vient  d'avoir  lieu  à 
Newport,  pour  les  bestiaux  et  les  volailles";  puis  le  concours  de  HuU 
et  Èast  Riding.  Dans  le  courant  des  mois  de  décembre  et  janvier,  il 
sera  tenu  plus  de  trente  concours  de  volailles  et  pigeons,  et  en  outre, 
un  grand  no'nbr?  d'expositions  canines.  J.-A,  B.4rral, 


CHRONIQUE  AGRICOLE    DE   L'ANGLETERRE.  369 

CHRONIQUE  AGRICOLE  DE  L'ANGLETERRE 

Vente  de  lord  P'nrhyn.  —  Nouveau  contraste  entre  la  valeur  des  vrais  Durhams  et  celles  de» 
Durhams  à  sang  mélangé.  Ciicours  Je  la  Société  Je  la  laiterie  à  Isliagiun. 

La  vente  d'une  partie  du  troupeau  de  lord  Penrhyn,  qui  vient  d'avoir 
lieu  la  semaine  dernière,  nous  fournit  encore  un  nouvel  exemple 
frappant  de  la  différence  énorme  qui  existe  entre  la  valeur  commer- 
ciale des  Durhams  issus  de  familles  distinctes  et  celle  des  animaux 
issus  de  descendants  purs,  mais  de  familles  diverses,  et  ne  pi-ésr^nlant 
dans  leurs  géuéalo'iiies  aucune  lignée  suivie,  aucune  parenté  continue, 
aucune  affinité  d';illiances,  en  un  mot  aucune  méthode  raisonnes 
dans  leurs  accouplements  fortuits. 

Celle  vente  a  eu  lieu  le  28  octobre  dernier,  par  les  soins  de  M.John 
Thornlon,  à  Wicken  Paik,  près  de  Buckini^liam. 

Le  troupeau  de  lord  Ponrliyn,  divisé  en  deux  bandes  dont  l'une  se 
trouve  au  château  de  Penrliyn  dans  le  p-'vs  de  Galles,  et  l'autre  à 
Wicken  Patk,  s'il  ne  peut  se  vanter  d'une  ancienne  orij^ine,  n'en  n  est 
pas  moins  devenu  un  des  plus  remarquables  de  rAni>leterre,  par  le  soin 
et  la  munilicence  qui  ont  présidé  à  sa  formation.  Lord  Pe.irliyn,  l'un 
des  pairs  d'An<:;leterre  les  j)lu3  opulents,  homme  éclairé  et  dévoué  au 
pro<^iès  de  l'agriculture,  n'a  pas  hésité  à  réunir  dans  ses  étables  les 
plus  précieux  spécimens  des  familles  de  Thomas  B.ites,  au  prix  des 
plus  généreux  sacrifices.  C'est  de  1850  que  date  l'oi-igine  de  ce  grand 
troupeau.  Les  premiers  éléments  en  furent  pris  chez  M.  Faulkner  et 
chez  iM.  xManning,  éleveurs  bien  connus  dii  comté  de  Norlhampton. 
Le  premier  taureau  employé  fut  Lovemore  (IO,47Gj  élevé  par  sir 
Charles  Kinghtley.  Plus  tard,  le  célèbre  taureau  Marmaduke  (^  L4,89r) 
fut  iittroduit  dans  le  troupeau, -et  en  ISGI  la  belle  vache  Bel/e  of 
Oxford,  et  le  magnifique  taureau  Duke  of  Ceneva  (i9,()L'i)  furent 
importés  d'Amérique.  —  Ces  deux  animaux,  l'un  de  la  f.imille  O.cfordei 
le  second  pur  Duchesse,  directement  issus  des  deux  meilleures  familles 
de  Bâtes,  donnèrent  un  grand  éclat  au  troupeau  de  lord  Penrliyn.  — 
L'année  suivante,  le  sang  illustre  des  Cheny-Duchcss  fut  introduit  et 
ne  fit  qu'en  rehausser  la  renommée;  et  depuis,  lord  Penrliyn  s'est 
distingué  comme  acheteur  enthousiaste  dans  toutes  les  ventes 
célèbres,  oiîdes  représentants  purs  des  familles  de  Bâtes  étaient  expo- 
sés. Le  troupeau  renforcé  et  ennobli  par  toutes  ces  acquisitions, 
ayant  grandement  fiuclifié,  plusieurs  ventes  périodiques  ont  eu  lieu. 
La  première  consistant  en  quelques  taureaux  seulement,  eut  lieu  en 
18(j"?.  En  18G5,  une  vente  bien  plus  considérable  eut  lieu  à  Wicken 
Païk.  Cette  vente  comprenait  une  quarantaine  danimaux  de  ;Lirand 
n.éritc,  et  depuis  celte  époque,  les  dilîérentes  ventes  qui  ont  eu  lieu 
n'ont  pas  compris  ensemble  moins  de  3*27  têtes,  dont  la  moyenne  a 
dépassé  2,500  francs.  11  faut  dire  aussi  que  les  taureaux  employés  ont 
toujours  été  choisis  parmi  les  ireilleures  familles  de  sang  Baies,  et 
c'est  ce  qui  explique  la  faveur  exceptionnelle  qu'obtiennent  les  ventes 
péiiodiques  de  lord  Penrliyn  auprès  des  éleveurs  de  la  noble  lace 
Durliara.  Parmi  ces  taureaux  loués  ou  achetés  dans  le  but  d'imprimer 
leur  cachet  de  haute  nobless:^,  et  de  continuer  le  caractère  de  grande 
distinction  et  d'excellentes  qualités  laiiiôres  laissé  comme  un  précieux 
héritage,  par  DiÀke  of  Geneva  (19,614),  il  me  suffira  de  nommer  le 


370  niROXIQUE  AGRICOLE    DE   L'ANGLETERRE. 

troisième  Duc  (lo  Whnrr.lcile  (21, r»  19),  V^C.r'ind  Duc  onzième,  de  Tlognn 
(J  1.840;,  Oxford  Hcan,  <|ii  colonel  Kiii^scote  f2'.),'i8')),  dand  Ifuke 
vinulièmc  (lîl/iSI),  de  M.  Oliver,  Ch  mj  Duke  [l'.^JWl],  G-and  Unk" 
of  0>(ili>n\l^,\H)>()  et  dernièiviiient  Cra».!  llulc  of  OjD/ord  {W/^^Xj 
issu  de  B'iroii  Oj'/ord  ([w  iU-'\h>in%  et  de  Grand  IJiitli  ss  of  O.cfoid ,'y\\j\m)L 
précieux  du  troupeau  d'il  )lkt'r,  do  ,  etc.,  tous  taureau v  purs  UUes,  paur 
donner  une  idée  de  la  dislinctio.i  et  de  la  val.-ur  du  troupeau,  dont 
une  partie  t^eulemetit  a  été  olÏMte  aux.  rnclières  la  se. naine  lierni.re. 

Parmi  ces  animaux,  il  y  avait  14  vaclieset  i^énisses  de  sangn  élancé 
ou  très  à^ies,  dont  la  iiii»yeiine  n'a  atteint  que  SOO  IV  ,  prix  des 
\aclies  or  iinaires,  bitui  (pie  posse  lait  un  meril;  indivi  lu  ;l  remar- 
quable tel  qu'on  peut  le  supposer  sous  rinlluence  djs  taureaux  que  je 
viens  de  nommer.  Mais  en  revanche  les  dix  autres  comprenaient  :  une 
génisse  Orford,  vendue  0,(M)t»  IV  ;  2  Walcrlo't,  vendus  8,1)  U)  fr.; 
2  Will  li]j'x.  vendues  7,000  fr.;  une  Sr'aphiii',  vendue  l,2i)0  fr. 
seidement;  2  Chirr;/  Du  h('s<y  vemlues  7,500  fr.;  2  Dachess  .V/n  y, 
vendues  4,000  IV.;  ces  dix  vaches  et  gé.iiss-is  oal  atteint  une  moyenne 
de  3,070  IV. 

Parmi  Ihs  13  taureaux,  il  y  avait  3  Oxford  dont  un  très  âj[é  et  «Tune 
capacité  dont  use,  (pii  se  sont  vendus  en  moyenne  I  1 ,2')!»  fr.  l/ua 
deux  a  atteint  8,0iiOfr.;un  taureau  IJndie.^se,  l.').000  fr.;  2  WUl  Etj  s, 
en  moyenne  3,500  IV.;  un  Ch>rrij  Diirivss  et  un  ]Va>crloo^  vendus 
en  moyenne  1,800  fr.  Ceux  de  san;.;- mêlé  ont  atteint  une  moyenne  de 
1,200  fr.,  tandis  que  la  cuoyeune  des  autres  s'est  élevée  à  4,700  IV.  El 
nwic  cnidimni! 

Quelle  chance  notre  adminisîralion  de  l'agricidtiire  anrait  eue 
d'envoyer  un  aciieteur  à  c.Ule  veole,  où  la  vacherie  de  Corbon  aurait 
pu  s'enrichir  de  vrais  Dirhams  à  des  prix  bien  i  i  érieurs  à  ceux  que 
les  envoyas  spéciaux  ont  p.iycs  j)onrd*es  sujets  sans  valeur  aucune!  C'é- 
tait une  excellente  occasion  (pii  ne  se  renouvellera  plus  d'ici  loiglemps. 
En  elTel,  la  saison  avanttée,  le  mauvais  temps,  les  nombreuses  ventes 
pré^é  lentes  (|ui  ont  épuisé  la  bourse  d-s  acliHeurs,  rempli  les  vides 
et  saii.d'iii  les  besoins;  toutes  c  îs  cireon  tantes  alliiji's  à  la  détresse 
agricole,  qui  malgré  une  récolte  assez  fivorabie,  se  ftit  emrore  lourde- 
ment sentir,  miliîaient  cmjtre  te  ven  leur  et  par  eonséijuent  en  faveur 
des  acheteurs.  Mais  il  faut  cr  »ire  que  nos  gouvernants  sont  étrangers 
à  tontes  ces  considérations  et  déd  lignent  de  choisir  leurs  oj)portunités. 

Plusieurs  éleveurs  «le  Dui'hams  bMUçais  m'ont  é.vrit  ()oar  me 
reprocher  de  cheivher  à  discréditer  leurs  troupeaux.  Les  faiîs  tels  que  - 
ceux  (pie  j'ai  exposés,  et  dont  il  est  im|)ossible  de  coniester  les  co.isé- 
quences,  pirlent  bien  plus  haut  que  mes  f.iibles  |tarol  ;s  ei  proclament 
par  mo  i  humble  ])tum  î  celte  eclalanle  et  incontestable  vciité  :  // 
ji'ij  a  point  de  vert  laides  Dw/mins  en  l'runce. 

Dms  tons  les  cas,  il  e.-l  b.)n  ipie  les  éleveurs  français  sachent  l)ien 
qu'ils  j  cuvent  puiser  dans  un  troupeau  c  unme  cc'iii  de  lord  Penrhyn, 
où  depiis  vingt  ans  on  n'emploie  cpie  tl^.A  lanreiiix  Duhcss  et  Oxford 
dont  la  simple  location  coule  suivent  25,0.10  fr.  par  an,  des  vaches 
et  génisses  au  moins  aussi  bi  lies  que  leurs  jdiis  belles  et  moue  que 
celles  de  Co  bon,  et  tout  aussi  bien  nées,  à  une  moyenne  de  tout 
au  plus  liait  cents  francs!  V^oilà  u  i  lait  incontestable,  quelles  que  soient 
les  consc  (uences  qu'on  en  ])eut  tirer. 
Maintenant  passons  à  un  autre  sujet. 


1 


CHRONIQUE  AGriinOLE    RN   ANGLETERRE.  37I 

LaSociôlé  de  l'industrie  lailière  du  rAn<;!elerre,  dont  je  n'ai  jamais 
mantjiié  de  raconler  les  faits  et  i^esles  dans  les  pai^^es  de  qq  Journal 
vient  de  tenir  son  concours  annuel  dans  le  grand  local  d'Islin-lon    à 
Londres. 

Celte  S  »ciété  née  d'hier,  pour  ainsi  dire,  a  déjà  atteint  l'iraporlance 
et  riidl  ie.ii;e  d'asso.'ialio:is  j»lus  anciennes.  Le  nombre  de  ses  rnt^mbres 
qui  s'est  ^r «nilenirnt  accru,  l'i  Mj)oriance  des  j)rix  (jii'elle  distribue 
l  alttu  wice  i\^^.i  visiteurs  »[ni  viennent  admirer  les  richesses  de  lin- 
dusLi'ie  laiiiè.v,  prése.itées  par  un  i  uni  -nse  concours  d'exposants,  tour 
en  un  mot,  l'établit  comma  une  d\di  principales  institutions  agricoles 
du  pays. 

1)  I  us  le  biitd 'être  utileà  la  société  laitière  rrane;iise  que  des  hommes  très 
dévoués,  très  intelligents,  m  lis,  sidon  moi,  animés  d'un  cerîain  parti- 
pris  systrmali<pie  <'t  exclusit'(pii  nuit  déjà  et  nuira  encore  dava!)ta"^e 
qu'ils  le  sachent  bien,  à  l'œivre  qu'ils  ont  fondée,  je  V{»is  donner 
qneîquivs  détails  sur  l.'S  arraugi^nniis  intérieurs  et  sur  r(»ri'anisati*)n 
des  concours  de  la  société  anglaise.  On  pourra  trouver  là  nuehiues 
bonu's  le(;jnsà  suivre  et  (|uel(|ues  bons  e  emples  à  irniler. 

Le  l'ait  (pu  domine  dans  les  concours  de  laSociéte  laitière  de  Londres 
c'est  so  »  catactère  large  et  fécond  de  généralité.  Ici,  r)oint  de  caie>'()- 
ries  exclusives  à  certains  districts,  admellaiit  les  uns,  excluant  les 
autres,  circonscrivant  certains  di.-.liicts  |)rivi;égies  et  imj>iiovable- 
ment  fermant  la  porte  aux  pro'anes,  ce  qui  donne  à  celte  société 
les  allures  dune  ])Oli;e  église,  pour  entrer  dans  Lupielle  il 
faut  montrer  ])atte  blamdie,  fondée  expressément  pour  favoriser 
cerlair^s  prrjugés  économiques  qui  n'ont  absolument  jien  à  faire 
au  jirogrès  général  de  l'industrie  laitière  en  général  et  qui  tendent 
plutôt  à  fnre  prévaloir  certaines  races  et  certains  systèmes.  (Je  eu  ac- 
tère  large  et  ouvert  qui  disiingue  la  société  anglaise  ne  s'aiiéle  [»is 
même  à  sa  nationalité,  elle  ouvre  son  enceinte  à  tout  le  monde  entier. 
Elle  forme  même  des  catégories  spéciales  pour  les  races  laitières 
de  l'étranger,  et  on  a  vu  au  dernier  coucou r-s  les  races  de  la  Hol- 
lande et  du  Uolstein  ligiii-er  avec  himneur  dans  des  classes  spéciales 
par  des  exj)édiiions  c!:oisies  et  organisées  sous  le  patronaije  et  avec 
l'aide  du  gouvernement  des  Pays  lias.  C  •gouvernement  intelli^-enl dans 
l'intérêt  aiiricole  du  p  lys  «bxit  les  iniérêts  lui  sont  confies  avec  une 
pe.i'si)ic.icité  et  un  zèle  (pii  lui  ftuit  honneur,  a  vu  dans  celle  solenuilé 
agricdiî  une  occasion  fivorable  p(.ur  faii-e  appréciiM*  les  qualités  émi- 
nemment laitières  de  ses  rac3s  et  en  fajilitei'  ainsi  l'adoption  dans  un 
pays  iiUjHjrtaîeur  qui  ne  peut  sullire  à  la  demande  de  lait  et  de  .ses 
produits  immédiats  :  le  fromage  et  le  beurre,  nécessaires  à  l'aliment  i- 
li(»n  de  son  peuple  aus.^i  grand  par  le  mmibre  qu'il  l'est  par  son  acti- 
vité industrielle  et  sa  richesse  commerciale. 

On  d  )it  se  rappeler  que  l'année  dernière,  ce  fut  une  vache  hollan- 
daise q  ri  remporta  le  1"  pri<  (le  rende  nent  de  lait  en  quantité,  sinoa 
en  qudité  en  concurrence  avec  une  vache  Uurham,  dontJe  rendement 
fut  un  tr.s  petit  p.^u  au  d(îssous  de  celui  de  sa  rivale  exotitiue  mais 
qui  raclsetait  cette  légère  iid'ériorilé  de  quantité  par  une  richesse  de 
beaucoup  supérieure.  Cette  dilTerenee  donna  lieu  à  quelques  remon- 
trances, on  doit  se  le  rappeler,  et  celte  année  on  a  ajoulé  un  ncujvtd 
élément  d'a])|)réciation  pour  l'a  Ijudic  ition  du  prix,  qui,  à  parlirdu 
dernier  coûcours,  ne  sera  accordé  qu'à  la  vacke  qui  aura  tiouroi  ie 


37  2  CHRONIQUE  AGRICOLE    DE  I/ANGLETERRE. 

plus  grand  rendement  en  qualité  aussi  bien  qu'en  quantité.  Cette 
îois-ci,  malgré  la  concurrence  de  l'élite  des  races  hollandaises  et  du 
Holslein,  malgré  celle  des  races  des  îles  de  la  Manche,  du  comté 
d'Ayr,  des  races  de  Kerry,  du  Sulîolk,  du  Norfolk  et  de  Sussex,  en  un 
mot  de  toutes  les  races  laitières  les  plus  fameuses  et  les  plus  renom- 
mées, à  l'exception  toutefois  de  nos  races  françaises,  qui  brillaient 
par  leur  absence  complète,  c'est  à  la  race  Durham  qu'est  échue  la 
gloire  (lu  triomphe  absolu  sous  les  points  de  vue  de  la  quantité  et  de 
la  qualité. 

O  vous,  qui  ne  voulez  pas  observer  les  fails  et  qui  dans 
les  concours  des  Comices  où  vous  exercez  votre  influence  funeste  et 
injuste  pour  écarter  la  race  Durham,  sous  prétexte  qu'elle  n'est  point 
laitière,  qu'elle  est  délicate,  difficile  à  nourrir,  onéreuse  à  entretenir, 
que  j'aurais  voulu  vous  voir  à  ce  concours  laitier  d'Islington!  Là, 
vous  auriez  pu  contempler  une  collection  de  vaches  laitières  dont  vous 
n'avez  jamais  eu  l'occasion  de  voir  ni  l'ampleur  ni  la  perfection.  Si 
vous  aviez  vu  ces  rangées  de  vaches  gigantesques,  se  cachant  pour 
ainsi  dire  derrière  leurs  vastes  mamelles  aux  puissants  trayons,  gon- 
flées par  un  lait  généreux  dont  le  parfum  moelleux  remplissait  l'atmo- 
sphère de  ses  effluves  plantureuses,  vous  vous  seriez  alors  peut-être  fait 
une  idée  de  ce  que  c'est  qu'une  vache  laitière,  ce  dont,  j'en  suis  certain, 
vous  n'avez  pas  la  moindre  idée,  malgré  vos  airs  tranchants  et  con- 
naisseurs, quand  vous  trônez  avec  votre  majesté  locale,  j'allais  dire 
féodale,  dans  les  infimes  expositions  de  vos  Comices.  Que  de  fois  je 
vous  ai  vus  affectant  ces  attitudes  et  combien,  de  fois  vous 
m'avez  fait  lever  les  épaules  de  pitié!  Ces  magnats  locaux,  fiers  de 
leurs  heclares,  se  figurant  encore  d'avoir  des  vassaux,  prétentieux 
autant  qu'ils  sont  bornés,  existent  encore  en  assez  grand  nombre  dans 
notre  pays.  J'ai  juré  de  leur  faire  la  guerre,  non  à  canse  de  leurs 
hectares,  ni  pour  leurs  convictions  politiques  et  sociales  avec  les- 
quelles je  sympathise  plutôt,  mais  à  cause  des  obstacles  que,  dans 
leur  ignorance  obstinée,  ils  apportent  au  congrès  agricole  de  notre 
pays,  et  certes,  je  tiendrai  mon  serment. 

Le  caractère  des  expositions  agricoles,  à  tous  les  points  de  vue  pos- 
sibles, ne  doit  point  être  exclusif.  Leur  but,  en  effet,  n'est  pas  seule- 
ment d'intéresser  et  d'instruire  les  agriculteurs,  il  doit  aussi  viser*  à 
récréer  les  visiteurs  appartenant  à  toutes  les  classes  de  la  société,  Il 
tant  savoir  attirer  tous  les  goûts,  toutes  les  idiosyncrasies,  toutes  les 
pentes  et  tous  les  intérêts.  Aussi,  généralement,  les  expositions  orga- 
nisées par  les  Sociélés  anglaises  réunissent-elles  autant  que  possible 
une  variété  d'objets  et  de  représentations  d'industries  diverses  plus 
au  moins  connexes  et  se  rattachant  peu  ou  prou  à  l'art  de  l'agriculture. 
Chacun  y  trouve  ce  qui  l'intéresse.  Les  cultivateurs  y  trouvent  la  partie 
technique,  ces  termes  de  comparaison  entre  les  races  et  les  animaux 
qui  forment  le  jugement,  les  ustensiles  de  leur  industrie  principale, 
et,  par  dessus  tout,  la  rencontre  d'amis  et  de  connaissances,  qui  don- 
nent lieu  à  rechange  de  vues  et  d'opinions,  ef  qui  souvent  amènent 
l'entenle  dans  les  idées  et  la  combinaison  dans  les  ettbrts.  Le  public 
ordinaire,  lui,  y  voit  l'étalage  des  produits  dont  il  fait  un  usage  jour- 
nalier et  dont  il  apprend  ainsi  à  connaître  le  mérite,  en  se  rendant 
compte  des  moyens  qui  servent  à  la  manipulation  et  à  la  manufac- 
ture finale  de  la  préparation  pour  le  marché.  Puis,  en  dehors  de  ces 


CHRONIQUE  AGRICOLE  DE  L'ANGLETERRE.  373 

objets  purement  agricoles,  on  trouve  dans  des  expositions  distinctes, 
des  volailles  de  toute  espèce  et  de  toutes  races;  des  monta- 
gnes de  fromages  provenant  de  tous  pays,  de  toutes  formes  et  de 
tous  systèmes  variant  à  l'infini,  du  lait,  de  la  crème,  des  quantités 
de  beurre  en  barils,  en  pots,  en  mottes  pkis  ou  moins  artistement 
dressées.  Plus  loin,  d'ingénieux  industriels  exhibent  une  multitude 
de  petits  outils,  de  machines  à  hacher  la  viande,  à  extraire  le  jus,  à 
écraser  les  citrons,  à  faire  des  saucisses,  des  machines  à  laver  le 
linge,  à  tordre,  à  repasser,  des  presses  à  beurre,  des  manipulateurs 
rotatifs,  des  moules,  des  multitudes  de  barattes;  en  un  mot,  un 
heureux  assemblage  de  bibelots  plus  ou  moins  utiles  étalé  devant  les 
gens  de  ménage  dont  l'esprit  aventureux  aime  à  collectionner  toutes 
ces  inventions  pour  étonner  les  simples  du  village  où  l'on  rapporte  avec 
fierté  ces  petits  souvenirs  de  l'exposition. 

Malgré  la  frivolité  de  ce  que  l'on  peut  appeler  les  parasites 
d'une  exposition  agricole,  j'avoue  que  ce  mélange  hétérogène  me 
plaît  ;  c'est  un  peu  l'attrait  et  le  caractère  bruyant  de  nos  vieilles 
foires  qui  maintenant  hélas  !  comme  tant  d'autres  institutions  qui  ré- 
jouissaient nos  ancêtres,  sont  tombées  en  désuétude.  En  France,  on  y 
mêle  des  fleurs,  des  fruits  et  des  légumes,  et  c'est  un  trait  des  plus 
intéressants  qui  manque  aux  expositions  agricoles  en  Angleterre. 
Mais,  d'un  autre  côté,  les  administrateurs  des  villes,  chez  nous,  s  in- 
génient à  créer  des  diversions  à  nos  Comices  agricoles,  de  sorte  que 
la  foule  des  visiteurs  sollicitée  par  des  concours  de  tirs,  de  fanfares, 
des  concerts,  des  jeux  de  toute  espèce,  se  porte  de  préférence  vers  ces 
spectacles  plus  attrayants  que  les  choses  rurales,  et  délaisse  absolu- 
ment l'exposition  agricole  dont  les  travées  restent  désertes  et  silen- 
cieuses. Mais  ce  chapitre  de  griefs  contre  l'organisation  de  nos 
concours  agricoles  en  France  est  trop  long  pour  que  je  m'y  arrête  au- 
jourd'hui, cela  m'entraînerait  trop  loin.  —  Revenons  donc  au  con- 
cours de  la  Société  laitière  anglaise  et  étudions-en  l'économie  et  l'or- 
ganisation. 

L'exposition  était  divisée  en  trois  grandes  divisions  :  1°  les  ani- 
maux; 2"  les  produits;  3°  les  ustensiles.  La  division  des  animaux 
consistait  en  quatre  catégories  avec  deux  annexes  comprenant,  l'une, 
les  volailles  ;  l'autre,  les  abeilles. 

La  première  était  celle  des  vaches  laitières  divisée  en  dix  classes  : 
1°  vaches  de  race  pure  Durham,  éligibles  à  l'inscription  au  Herd 
Book,  en  lait  ou  pleines.  Dans  cette  catégorie,  M.  W.-R.  Wodehouse, 
chez  qui  j'ai  puisé  les  vaches  les  plus  remarquablement  laitières  de 
mon  troupeau,  remporte  le  l*"",  le  3"  et  une  mention  très  honorable 
avec  prix  réservé  et  le  prix  d'honneur.  On  voit  que  j'étais  allé  frappera 
une  bonne  porte.  On  voit  ensuite  :  2°,  vaches  de  race  Durham,  non  éligi- 
bles, à  l'inscription  au  Herd  Book,  exposées  en  paires;  3°,  vaches  de  race 
Durham,  non  éligibles,  exposées  seules;  4°,  vaches  de  race  d'Ayr; 
5",  vaches  de  la  race  de  Jersey;  6°,  vaches  de  la  race  de  Guernesey  ; 
7",  vaches  delà  race  de  Kerry;  8%  vaches  de  la  race  hollandaise  ou 
Holstein;  9",  vaches  d'autres  races  pures  non  admissibles  dans  les 
classes    précédentes;    10**,   vaches    de   races  croisées. 

Le  seconde  catégorie  était  celle  des  génisses,  divisée  en  huit  classes, 
répétant  à  peu  près  les  précédentes. 

La  troisième  était  celle  des  taureaux  divisés  en  six  classes,  dont  trois 


374  CHROiNIQUE  AGHICOLE    DE  L'ANGLETERRE. 

consacrées  à  la  race  Durhaai  pure  et  inscrite,  et  distinguées  seulemejç^ 
par  l'âge;  la  4^  comprenait  les  taureaux  de  tout  âge  de  la  race  d'Ayr^ 
la  5%  ceux  de  la  race  de  Jersey  et  la  6^  ceux  de  toutes  les  autres 
races. 

La  quatrième  catégorie  comprenait  les  races  caprines  et  était  divisiez 
en  trois  classes. 

J'ai  déjà  dit  que  les  deux  annexes  appartenaient  aux  abeilles  et  aux 
animaux  de  basse-cour. 

La  division  des  produits  comprenait  les  diverses  variétés  de  fro- 
mages anglais  tels  que  le  Stillon^  le  Cheahire,  le  Cheddar,  les  fro- 
mages de  Derby  et  de  Leicesler,  les  fromages  en  pains,  les  fromages 
à  la  crème  et  à  pâte  molle  anglais;  et  finalement,  les  fromages  divers 
d'origine  anglaise. 

Viennent  ensuite  les  fromages  d'origine  exotique  pouvant  être  expo- 
sés par  les  marchands  ou  facteurs  de  fromages  importés  et  par  les 
fabricants  eux-mêmes. 

Puis  viennent  la  crème  et  le  beurre,  celui-ci  en  motte,  en  pots  ou 
en  barils. 

Outre  une  exposition  générale,  des  plus  complètes,  des  ustensiles  de 
laiterie,  il  y  avait  encore  des  concours  spéciaux  pour  la  fabrication  et 
la  préparation  du  beurre  et  pour  les  véhicules  à  transporter  le  lait. 

En  un  mot,  celte  exposition  était  complète,  au  point  de  vue  des 
exposants  comme  à  celui  des  visiteurs  ;  aussi  le  succès  a  été  aussi 
brillant  que  la  Société  laitière  le  mérite.  Je  souhaite  que  cet  exemple, 
soit  un  enseignement  pour  nous.  F.-R.  de  la  Tréhonnais. 

LES  VENDANGES  DE  1880  EN  PAYS  PHYLLOXÉRÉS    = 

J'écrivais  d'Italie,  il  y  a  trois  ans,  et  je  l'ai  depuis  répété  à  satiété,,'^ 
ma  conviction  s'est  fortifiée  encore  :  «La  solution  de  la  question  du  phyK 
loxera  est  dans  ces  deux  termes  pour  le  Midi  :  Vigne  américaine  et 
canal  du  Rhône.  »  Eh  bien  !  ce  qui  se  passe  aujourd'hui  autour  de  nous 
en  pays  phylloxéré  me  donne  heureusement  raison  et  je  puis  annoncer,, 
preuves  en  main,  la  fin  de  la  crise  terrible  qui  a  accumulé  tant  de 
ruines. 

J'ai  dit  que  la  question  n'est  pas  seulement  française.  Elle  est  eu- 
ropéenne.   Partout   où  il   y   a   une  vigne,    il  y    a     le    phylloxéra. 

Sa  marche  est  lente  ou  rapide  suivant  le  degré  d'humidité  du  sol; 
rapide  dans  le  Midi,  elle  se  ralentit  en  marchant  vers  le  Nord;  mais 
pour  être  plus  lente,  elle  n'en  est  pas  moins  sure,  et  le  vignoble  eii--,,, 
ropéen  est  fatalement  condamné  à  périr. 

Le  phylloxéra  a  fait  son  apparition  dans  les  vignobles  allemands, 
l'Autriche  Hongrie  se  préoccupe  de  ses  ravages,  il  a  traversé  les  Alpes 
et  les  Pyrénées;  l'Italie,  l'Espagne  et  le  Portugal  réunissent  des  coh^ 
grès  de  viticulteurs. 

Mais  la  Providence  a  placé  le  remède  à  côté  du  mal  :  rAllemagne 
a  le  Rhin;  l'Autriche-Hongrie,  le  Danube.  L'Italie  est  le  pays  le  plus 
admirablement  arrosé  du  monde  et  le  canal  Villoresi  une  fois  exécuté 
permettra  de  créer  sur  50,000  hectares  au  nord  de  Milan  un  magni- 
fique vignoble  américain.  Le  Portugal  a  le  Tage,  et  l'Espagne,  la  terre 
classique  de  l'irrigation,  a  au  nord  l'Ebre,  au  sud  le  Guadalquivir,  les 
eaux  dérivées  de  îa  Siarra  Morena  et  de  la  Sierra  Nevada,  canalisées 


LES  VENDANGES  EN  PAYS  PIIYLLOXÉRÉ.  375 

fjài"  les  Maures  entretenues  par  leurs  successeurs  préserveront  du  tïéau 
les  vignes  de  la  Huerta  de  Valence  et  de  la  Yega  de  Grenade,  qu'elles 
arrosent  depuis  des  siècles. 

La  France  enfin,  qui  jusqu'à  ce  jour  a  dédaigné  les  richesses  dont  lu 
nature  s'est  montrée  si  prodigue,  la  France  peut  sauver  tous  ces  crus 
réputés  qui  ont  fait  sa  fortune  et  sa  gloire,  car  tous  ses  vignobles  peuvent 
être  arrosés  par  des  fleuves.  Au  sud-ouest,  la  Garonne,  plus  haut, 
la  Gironde,  le  Lot,  au  centre  et  à  l'ouest,  la  Loire,  l'Indre,  le  Cher,  au 
nord,  la  Marne  et  la  Seine  et  enfin,  au  sud-est,  le  Rhône,  le  fleuve  essen- 
tiellement agricole,  le  plus  grand  cours  d'eau  créée  pour  l'agriculture, 
le  Rhône  canalisé  en  partie,  peut  sauver  et  enrichir  les  sept  départe- 
ments qu'il  traverse.  A  l'œuvre  donc!  et,  que  sans  perdre  une  heure 
toutes  les  forces  vives  de  la  Nation  se  réunissent  pour  s'opposer  à  l'in- 
vasion; nous  possédons  les  moyens  certains  de  vaincre,  sachons  nous 
en  servir. 

Que  l'Etat  aujourd'hui  éclairé  par  des  faits  incontestables,  entre  dans 
une  voie  nouvelle  :  plantations  de  pépinières  américaines,  aménage- 
ment des  eaux,  création  de  canaux  d'irrigation;  que  les  grandes  Com- 
pagnies de  cheniin  de  fer,  dont  l'existence  est  si  intimement  liée  à  la 
prospérité  agricole,  se  préoccupent  de  la  reconstitution  de  la  vigne 
française;  que  la  Compagnie  de  Lyon  à  la  Méditerranée,  par  exemple, 
dont  personne  n'a  méconnu  les  sentiments  patriotiques,  reconnaisse, 
après  expérience  faite,  que  le  même  remède  ne  saurait  être  appliqué 
dans  toutes  les  maladies,  vu  qu'il  faut  tenir  compte  des  tempéraments 
et  que  si  le  sulfure  de  carbone  a  produit  de  bons  eff'ets  dans  cer- 
taines conditions,  pour  conserver  pendant  quelques  années  encore  les 
précieuses  récoltes  des  grands  crus,  dont  le  vin  se  vend  à  des  prix 
très  élevés,  il  ne  saurait  convenir  dans  le  Midi  où  l'extrême  séche- 
resse du  sol  oppose  un  obstacle  invincible  à  sa  diffusion  ;  que, 
d'ailleurs  nos  vignerons  ne  pouvant  supporter,  pour  des  pro- 
duits à  bas  prix,  des  frais  s'élevant  au  minimum  à  300  fr.  par  hec- 
tare, renouvelés  tous  les  ans,  renonceraient  à  une  dépense  onéreuse, 
et  que  le  seul  moyen  pratique  de  reconstitution  de  nos  vignobles  mé- 
ridionaux consiste  dans  la  plantation  des  vignes  américaines  ;  que  cette 
Compagnie,  dis-je,  use  de  sa  puissante  influence  pour  hâter  la  con- 
struction du  canal  d'irrigation  du  Rhône  et  crée,  dans  le  pays  atta- 
qué, de  vastes  pépinières  où  le  plant  sera  donné  ou  vendu  à  vil  prix. 

Que  les  grands  propriétaires  qui  ont  de  l'eau  à  leur  disposition  mul- 
tiplient les  cépages  américains  pour  les  distribuer  à  leurs  voisins,  les 
agriculteurs  pauvres  et  les  paysans,  et  que  les  capitaux  entrent  hardi- 
ment dans  la  reconstitution  de  nos  vignobles,  ils  y  trouveront  un  em- 
ploi rémunérateur. 

Que  les  congrès  se  réunissent,  car  les  congrès  sont  une  chose 
utile,  mais  leur  travail  se  trouvera  singulièrement  simplifié.  Il  n'y  a 
aujourd'hui  que  deux  questions  à  traiter  :  celle  de  l'adaptation  du 
cépage  au  terrain  et  celle  non  moins  importante  de  l'adaptation  des 
greffes  au  porte-greffe  ;  la  seconde,  celle  de  l'aménagement  des  eaux 
et  de  la  construction  immédiate  de  canaux  d'irrigation  qui  apporte- 
raient sur  les  coteaux  les  plus  élevés,  l'eau  nécessaire  à  la  rapide  végé- 
tation et  à  l'abondante  production  des  vignobles  nouveaux. 

La  solution  de  la  première  question  concernant  la  double  adaptation 
a  déjà  fait  un  grand  pas,  elle  peut  être  résolue  dans  une  année  pour 


376  LES  VENDANGES  EN  PAYS  PHYLLOXERE. 

chaque  propriétaire.  Il  est  facile  et  peu  coûteux  de  faire  un  essai  biea 
simple  et  (jui  permettra  à  chacun  de  se  rendre  compte  du  cépage  qui 
convient  le  mieux  à  son  terrain. 

Pour  le  Midi,  suivant  que  l'on  veut  un  plant  de  production  directe' 
ou  un  cépage  porte-greffe;,  on  peut  essayer  pour  les  premiers  :  le 
Jacquez,  ieCuninghain  et  rilerbemont;  pour  les  seconds  :  le  Taylor, 
le  Clinton  et  les  Riparias;  à  la  lin  de  la  première  année  le  cultivateur 
sera  éclairé  et  pourra  procéder  hardiment  et  sciemment. 

D'ailleurs,  les  savants  travaux  du  président  de  la  Société  d'agricul- 
ture de  l'Hérault,  M.  Vialla,  et  le  remarquable  rapport  de  M.  Di^jardin, 
secrétaire  de  la  Société  d'agriculture  du  Gard,  ont  fait  faire  un  grand 
pas  à  la  question  d'adaptation. 

L'aire  occupée  par  les  vignes  américaines  comprend  une  vaste  zone 
qui  s'étend  du  Texas,  pays  des  Jacquez,  jusqu'au  Canada,  à  qui  nous 
devons  des  hybrides  multiples  et  avantageux,  qui  donnent  depuis 
huit  ans  les  preuves  d'une  résistance  merveilleuse  et  d'une  vigueur 
extraordinaire.  Nous  trouverons,  dansTimmense  collection  des  vignes 
américaines,  dont  plus  de  200  variétés  sont  à  l'étude,  des  cépages  pour 
tous  les  climats  et  pour  tous  les  terrains.  Et  lorsque,  après  avoir 
accompli  son  œuvre  dévastatrice,  après  avoir  complètement  détruit  le 
vignoble  européen,  le  terrible  aphidien  voudra  revenir  sur  ses  pas,  il 
se  trouvera  en  face  des  racines  américaines  qui,  après  avoir  apporté 
le  fié  lu,  auront  ap()orté  le  salut  et  lui  opposeront  une  barrière  que  sa 
rage  désormais  impuissante  ne  pourra  Irancbir.  Et  les  viticulteurs  de 
Vaucluse,  du  Var,  du  Gard,  de  l'Hérault  qui,  les  premiers  envahis 
auront,  parleur  énergique  persévérance,  préparé  ce  grand  jour  de  la 
revanche,  auront  bien  mérité  du  pays.  Et  ces  pauvres  marchands  de 
sarments,  pour  lesquels  on  a  montré  tant  d'ingratitude,  seront  consi- 
dérés à  bon  droit  comme  les  sauveurs  de  nos  vignobles,  reconstitués 
grâce  à  leur  initiative,  à  leurs  sacrifices  et  à  leur  persévérance,  tant 
il  est  vrai  que  si  l'heure  de  la  justice  est  lente,  elle  finit  toujours  par 
sonner. 

Oui,  cette  année  1880,  on  vendange  dans  les  environs  de  Montpel- 
lier, on  vendange  aussi  dans  la  Drôme,  dans  Vaucluse,  dans  le  Gard, 
dans  le  Var;  partout  oii  la  vigne  américaine  a  été  plantée,  elle  com- 
mence à  donner  des  produits  sérieux  déjà,  et  qui  font  présager  la  fin 
de  nos  misères.  Les  faits  sont  nombreux,  concluants,  incontestables. 
Je  pourrais  en  remplir  les  colonnes  de  plusieurs  numéros  de  votre 
Journal.  Je  me  bornerai'à  citer  ce  qui  se  passe  autour  de  nous,  ce  que 
tout  le  monde  peut  vérifier,  pas  un  fait  ne  peut  être  démenti. 

Mon  voisin,  M.  Bouscaren,  d'i  Terrai,  un  agriculteur  intelligent  et 
pratiipie,  a  planté  L")  hectares,  et  le  proiluitde  sa  vendange  deJacquez 
de  qualrri  ans  a  été  d^  plus  de  8  i  hectolitres  à  Ihectare.  Dans  trois 
ans,  son  vignoble  sera  reîonslilué,  et  sa  récolte  sera  au  moins  égaie  à 
celle  qu'il  avait  avant  l'invasion. 

M.  Dalbis,  un  autre  de  mes  voisins,  vient  de  terminer  ses  vendanges; 
des  Jacquez  à  la  troisième  feuille  ont  produit  près  de  50  hectolitres 
à  l'hectare.  Or,  comme  le  prix  actuel  du  vin  de  Jacquez  varie  de 
50  à  80  fr.  l'hectolitre,  c'est,  en  prenant  le  chiffre  minimum,  un  re- 
venu par  hectare  de  2,500  fr.  Il  convient  d'ajouter  à  ce  chiffre,  qui 
est  celui  d'un  revenu  qui  doit  aller  croissant,  le  chiffre  suivant  qui 
peut  être  considéré  comme  un  capital  décroissant  avec  la  valeur  du 


LES  VENDANGES  EN  PAYS  PHYLLOXÉRÉ.  377 

bois.  Chaque  souche  américaine,  suivant  sa  variété,  représente  en 
sarments  une  valeur  qui  peut  varier  de  50  centimes  à  2  fr.  Au  prix 
actuel  du  Jacquez  (150  fr.  le  mille),  la  souche  peut  donner  2  fr.  de 
bois.  A  4,000  souches  par  hectare,  c'est  un  produit  de  8,000  fr  , 
c'est-à-dire  deux  fois  la  valeur  de  la  terre.  N'est-ce  pas  le  cas  de  dire 
qu'il  y  a  des  fléaux  bienfaisants? 

Plus  loin,  près  de  Lavérune,  M.  Arnal,  au  Mas  des  Chots,  a  récolté, 
sur  500  souches  d'Aramonts  gretï'és  depuis  trois  ans  sur  Clintons  de 
trois  ans,  35  hectolitres  de  vin,  ce  qui  représente  un  produitde  280  hec- 
tolitres à  l'hectare,  en  terrain  exceptionnellement  fertile  et  très  frais. 

M.  Jouveau,  l'intelligent  pépiniériste,  a  fait  palisser  autour  de  sa 
maison  des  plants  de  Jacquez  de  trois  ans,  dont  chacun  porte  25  kilog. 
de  raisin, 

M.  Douisset,  le  hardi  introducteur  du  Jacquez,  m'avait  écrit  pour 
m'engagera  aller  visiter  ses  vignobles  de  Montbazin;  il  comptait 
obtenir  sur  des  Jacquez  de  quatre  ans,  plantés  dans  un  terrain 
médiocre,  un  rendement  en  vin  de  180  hectolitres  à  l'hectare, 
et  ce  n'est  pas  sur  une  souche  isolée  que  se  fait  ce  produit^  c'est 
sur  30,000  souches.  J'ai  le  très  grand  regret  que  l'état  de  ma 
santé  ne  m'ait  pas  permis  de  répondre  à  la  gracieuse  invitation  démon 
collègue  de  la  Société  d'agriculture,  mais  j'ai  eu  depuis  des  renseigne- 
ments très  sérieux  qui  ont  confirmé  la  vérité  de  ce  que  m'annonçait  sa 
lettre.  J  en  suis  très  heureux,  car  M.  Douisset  a  fait  de  très  grands  sacri- 
fices et  a  rendu  de  grands  services  au  pays;  il  est  temps  que  l'ère  des 
compensations  arrive  pour  cet  agriculteur  intelligent  et  dévoué. 

M.  Gaston  Bazille  n'est  pas  seulement  un  viticulteur,  c'est  un  agri- 
culteur dans  l'acception  la  plus  étendue  du  mot  ;  son  nom  est  bien 
connu  dans  tous  les  concours  régionaux  oia  il  a  méi'ité  les  plus  hautes 
récompenses  auxquelles  on  puisse  prétendre  et,  n'ayant  plus  rien  à 
obtenir  pour  lui,  il  a  accepté  1 1  mission,  qu'il  remplit  avec  une  compé- 
tence que  personne  ne  pourrait  contester,  de  les  distribuer  à  ses  an- 
ciens concurrents.  M.  Bazille  possède  à  Lattes  une  propriété  qui  est  le 
type  de  ce  que  pourront  être  un  jour  toutes  les  propriétés  de  notre 
pays.  L'exception  deviendra  la  règle  le  jour  oij  le  canal  du  Rhône  sera 
fait  et  M.  Bazille  y  aura  contribué  pour  une  bonne  part.  La  propriété  de 
Saint-Sauveur  est  consacrée,  grâce  aux  irrigations  du  L'^z,  à  la  culture 
delà  prairie  et  celle  de  la  vigne.  Les  "vignes  submergées  l'hiver  à  grands 
frais  sont  dans  un  merveilleux  état  de  végétation;  17  hectares  ont 
produit  cette  année  1,750  hectolitres  de  vin,  M.  Bazille  n'a  pas  hésité  à 
payer  le  prix  de  1  50  fr.  par  hectare  pour  une  submersion  qui  n'est  pas 
toujours  faite  d'une  manière  très  satisfaisante;  l'eau  du  canal  lui  coûtera 
bien  moins  cher  et  lui  permettra  de  faire  de  la  submersion  continue. 
Les  vignes  américaines  de  Saint-Sauveur  sont  les  plus  anciennes  qu'on 
ait  plantées  dans  la  plaine  de  Lattes,  et  M.  Bazille,  qui  le  premier  avait 
préconisé,  avec  une  entière  bonne  foi,  les  résultats  obtenus  par  le  sul- 
î'urde  carbone,  éclairé  parles  expériences  faites  sur  sa  demande,  s'em- 
pressa de  planter  les  vignes  américaines.  Ses  premiers  essais  datent  de 
1872;  on  peut  donc  voir  chez  lui  des  vignes  âgées  de  8  ans,  dont  la 
résistance  n'a  pas  été  un  seul  instant  douteuse,  ces  plantations  ont 
pris  une  plus  grande  importance  en  1876,  et  bientôt  M.  Bazdle  pourra 
vendanger  18  hectares  de  vignes  américaines.  L.  de  Lunaret. 

[La  suite  prochainement.) 


378  LABORATOIRE  AGRONOMIQUE  DE  LA  LOIRE -INFÉRIEURE. 


LABORATOIRE  AGRONOMIQUE         '  '    """ 


DE  LA  LÙIRE-INFÉRIEURE 
Correspondance  relative  à  la  vente  du  guano  péruvien 

Nantes,  22  novembre  1880. 
Monsieur  Bobierre,  à  Nantes, 

Monsieur,  une  difficulté  nous  est  faite  par  un  acheteur  auquel  nous  avons 
expédié  5  tonnes  de  guano  du  Pérou.  Celui-ci  prétend  que  nous  n'avons  pas  livré 
la  marchandise  vendue,  et  qu'à  titre  de  simple  renseignement,  nous  avions  dit 
devoir  contenir  3.5  à  4  pour  100  d'azote,  22.59  d'acide  phosphorique,  2  de  potasse. 

Nous  joignons  à  ce  pli  la  copie  d'une  analyse  opérée  sur  un  échantillon  qui  a 
été  envoyé  par  notre  adversaire  au  directeur  du  [Laboratoire  agronomique  de 
Metlray.  Il  semble  que  l'on  se  soit  uniquement  occupé  de  la  solubilité  dans  l'eau 
des  éléments  dont  il  est  cas.  Cette  manière  de  procéder  excite  foit  notre  surprise  et 
aous  paraît  absolument  contiaire  à  la  réalité.  Est-ce  que,  dans  le  commerce,  on 
â  soulevé  la  prétention  que  l'azote  et  l'acide  phosphorique  du  guano  dussent  être 
soiubles  dans  l'eau  ? 

Voudriez-vous  avoir  la  complaisance  de  nous  exposer  vos  vues  sur  cette  ques- 
tion fort  importante.  \vi  Jijioi 

Veuillez  agréer,  etc.  A.  Jamont  et  Huari:|,,(^^,,L 

Voici  la  pièce  jointe  à  cette  lettre  : 

LABORATOIRE    AGRONOMIQUE  '    ''^-Jfj 

DE   LA   SOCIÉTÉ   DES  AGRICULTEURS   DE   FRANCE,   A   METTRA^J'^'^'^ ''' 

A  'IfJOq 
Echantillon  de  guano  du  Pérou,  envoyé  par  M.  Vital  Pajot  le  15  septembre,  l%^}\) 

Acide  phosptiorique  soluble  dans  l'eau Traces  . ,,  j.iiQob  flQ 

Azole  —  soluble  dans  l'eau 1  57  7<>  r*  f      i 

Potasse        —  soluble  dans  l'eau :i.02    iiifr/l)j;Oll>l  91 

MeUray,  le  21  septembre  1880,  '       ■rnmfiTj:^ 

Le  Directeur  du  Laboratoire  agronomique,  Ad.  PERRev^J'it'l 

RÉPGNSE.  ,  .;, 

Messieurs,  le  guano  péruvien  dont  la  vente  adonné  lieu  au  malen- 
tendu dont  vous  m'entretenez,  contenait,  d'après  analyse  faite  sur  un 
échantillon  prélevé  par  moi-même  dans  les  magasins  de  la  Lhambre 
de  commerce  de  Nantes  (Chargement  Mohur]  : 

Sliii  JJp 

Humidité 16.70  ,..,,„  j,^u 

Matières  organiques/       ...  14  50  ■•'*J«  «a*^ 

Sels  ammoniacaux.  ) '  :  '£  «0(313 

Sable ..  11.20                 ■        A 

Acide  phosphorique 23.30  lI 0I71/16q 

(Conespundant  en    phosphate  tribasique   de    chaux  .,  -»hio£*b 
à  50.86  pour  100).  " 

Chaux  unie  à  l'acide  phosphorique,  sels  divers   alcalins  '■>')'!  Stl&Si 

calcaires  et  magnésiens 34.30              >^8,U3\l 

100.00  uùhnfi'^ 

Azote  organique  et  ammoniacal 3.  30  pour  100.     "J^»~"JVvf 

;  '([  â3b 

Un  échantillon,  prélevé  avec  moins  de  précautions  et  parvou%|i%^ 

vait  fourni  :  i-U)  D«ob 

Humidité 15.70  -  <•      „.,• 

Sable 11.20  •     -  ^  WÇIMV 

Acide  phosphorique 23  60  qq      &[t3 

Azote 3.20  r 

(I,  -t!!.-.     >f<r.i! 

Ces  déterminations  qui,  je  m'en  suis  assuré,  étaient  en  accord  avec 
celles  elTectuées  depuis  longtemps  déjà  sur  le  chargement  Mohur 
établissaient  donc  nettement  la  composition  moyenne  et  l'homo- 
généité de   l'engrais  mis  en  vente. 

Examiné  à  un  point   de  vue  tout  spécial  et  sur  la  demande  for- 


LABORATOIRE  AGRONOMIQUE    DE  LA  LOIRE-INFÉRIEURE.  379 

melle    d'un    acheteur,   au  laboratoire   agronomique    de    Mettray,    le 
même  guano  a  offert  à  l'analyse  : 

Acide  phosfifionqne  soluble  dans  l'eau Traces. 

Azote  —  — 1.57 

Potasse  —  —  3.02 

En  transmettant  ces  résultats,  le  directeur  du  laboratoire  de 
Mettray  n'a  pas  eu  pour  but  de  donner  une  indication  s'appliquant 
soit  à  la  valeur  commerciale  du  guano  soumis  à  son  examen,  soit  à 
son  action  dans  le  sol  ;  il  a  purenient  et  simplement  répondu  avec 
clarté  à  la  question  qu'un  acheteur  lui  soumettait. 

L'application  peu  fondée  des  chiffres  ci-dessus  au  cas  qui  vous 
concerne,  motive  la  préoccupation  bien  légitime  dont  vous  me  faites 
part,  et  je  n'hésite  pas  à  vous  donner  sur  ce  point  un  avis  auquel  toute 
personne  compétente  se  rangera,  je  n'en  doute  pas. 

La  vente  du  guano  naturel  provenant  des  gisements  péruviens  s'est 
toujours  faite  sur  renonciation  de  sa  richesse  en  acide  phospkorique 
total  Pt  en  azote  total.  Ce  renseignement  a  été  souvent  complété  par  le 
dosage  de  la  potasse  à  Vétat  de  sel  soluble. 

Les  agriculteurs  dans  leurs  achats,  les  marchands  dans  leurs  tran- 
sactions, la  Banque  de  France  dans  ses  négociations  relatives  au 
Warrantaoe,  enfin,  les  agronomes  dans  leurs  écrits,  ont  toujours  pris 
pour  base  de  leurs  évaluations  le  tant  pour  cent  des  principes  chimi- 
ques que  je  viens  de  citer;  aussi  les  tarifs  de  vente  ont-ils  été  dressés 
en  donnant  :  à  l'acide  phosphorique,  un  prix  de  0  fr.  50  à  0  fr.  60 
le  kilogramme  :  à  l'azote,  un  prix  de  2  fr.  40  à  2  fr.  50  le  kilo- 
gramme; les  matières  utiles  complémentaii^es  étant  comptées,  d'autre 
part,  comme  représentant  en  moyenne  une  valeur  de  1  fr.  50 à  2  fr. 
Pourquoi  ce  mode  d'évaluation  ?  parce  qu'une  longue  expérience 
a  démontré  que,  soluble  ou  non  soluble  dans  l'eau,  le  phosphate 
basique  renfermé  dans  le  guano  a  une  action  satisfaisante  sur  la 
Mégétation  ;  il  est  assimilable  en  un  mot,  et  la  simple  observation  des 
faits  parle  cultivateur  a  depuis  longtemps  fixé  l'opinion  sur  cette  vérité. 
Les  chimistes  n'arrivent  à  constater  sur  les  phosphates  fossiles 
qu'une  insignifiante  solubilité  dans  leurs  réactifs.  Le  noir  d'os  usé 
des  sucreries,  le  noir  résidu  des  rafïïneries  offreùt  bien  peu  de  prin- 
cipes attaquables  par  l'eau  et  par  le  citrate  d'ammoniaque.  Le  guano 
péruvien  enfin  n'a  donné  au  laboratoire  de  Mettray  que  des  traces 
d'acide  phosphorique  soluble  dans  l'eau;  en  résulte-t-il  que  ce  puis- 
sant réactif  qui  s'appelle  le  sol  arable,  et  au  sein  duquel  de  mysté- 
rieuses actions  chimiques  et  physiques  s'accomplissent  dans  des 
conditions  si  variables,  n'attaque  pas  parfaitement,  au  grand  avantage 
des  plantes,  ces  différents  engrais?...  C'est  là  une  question  résolue 
par  l'agriculture  depuis  longtemps.  La  solubilité  dans  la  terre  peut 
donc  exister  en  présence  de  l'insolubilité  relative  dans  les  réactifs  employés 
jusquà  ce  jour  par  le  chimiste. 

Cela  ne  ve  ut  pas  dire  que,  pour  des  cultures  particulières  et 
dans  certaines  circonstances,  il  ne  soit  pas  logique  et  profitable 
d'acidifier  un  phosphate  basique  ou  un  guano  naturel  en  vue  d'une 
assimilation  plus  rapide,  d'une  homogénéité  désormais  assurée 
ou  de  tout  autre  avantage  à  rechercher.  La  vente  du  guano  dissous, 
celle  des  superphosphates  comportent  nécessairement  une  indication 
de   l'acide  phosphorique  soluble  soit  dans   l'eau,  soit  dans  le  citrate 


380  LABORATOIRE  AGRONOMIQUE  DE  LA  LOIRE-INFÉRIEURE. 

d'ammoniaque,  et  c'est  seulement  à  l'aide  de  telles  ressources  que  le 
commerce  peut  justifier  la  surélévation  des  prix  de  l'acide  phospho- 
rique,  qui  de  50  à  60  centimes  —  taux  auquel  il  est  coté  dans  le 
guano  péruvien  naturel  —  s'élèvera  de  90  centimes  à  1  fr.  10  dans 
les   superphosphates  oii  sa  solubilité  est  devenue  maxima. 

Ces  raisons  me  semblent  très  sérieuses  et  je  ne  comprendrais  nulle- 
ment qu'une  vente  de  guano  péruvien  —  dont  tous  les  principes  solubles 
ou  insolubles  sont  cependant  assimilables  —  fût  l'objet  de  contesta- 
tionSj  parce  que  l'eau  employée  pendant  quelques  minutes  ou  pen- 
dant quelques  heures  aura  été  sans  action  appréciable  sur  eux. 

Ici  surtout  apparaît  cet  inconvénient  grave  que  j'ai  si  souvent  signalé 
dans  mes  publications  et  qui  consiste  à  appeler  assimilable  ce  qu'on 
devrait  se  borner  à  appeler  :  soluhle^  en  indiquant  le  véhicule  employé. 
Le  chimiste  remarque  que,  dans  ses  appareils,  un  réactif  enlève  un 
certain  poids  d'acide  phosphorique  dans  un  temps  déterminé.  Cela 
est  au  mieux  et  la  science  en  pareil  cas  a  fourni  un  renseignement  ; 
mais  l'agriculteur,  de  son  côté,  consulte  l'opinion  du  végétal  et  enre- 
gistre f/es  rendements.  L'agronomie,  appelée  à  conclure,  a  pour  véritable 
mission  de  rapprocher  ces  données  obtenues  dans  des  circonstances 
diverses,  d'apporter  dans  son  œuvre  une  grande  somme  de  réserve  et 
de  modestie,  et  de  ne  pas  trop  confondre  le  terrain  offert  à  ses  investi- 
gations avec  celui  d'une  science  pure.  La  vérité  —  à  mon  sens  du 
moins  —  est  dans  cette  manière  d'interpréter  le  rôle  de  la  chimie  ap- 
pliquée à  l'agriculture. 

Encore  une  fois.  Messieurs,  les  difficultés  que  l'on  soulève  contre 
vous  ne  me  paraissent  fondées,  ni  en  principe,  ni  en  fait. 

Veuillez  agréer,  etc.,  le  Directeur  du  laboratoire, 

A.    BOBIERRË. 

PISCICULTURE 

Notre  pensée,  paragraphe  3  de  la  dernière  page  de  notre  dernier 
article  :  Marais  salants,  doit  être  rétablie  ainsi  :  M.  Delidon  cite,   etc. 

Encore  un  mot  sur  l'incroyable  et  audacieuse  violation  de  la  loi 
dont  nous  avons  parlé. 

Ce  matin  29  noveiiibre,  ce  n'était  pas  sept  mannes  de  truites  que 
nous  avons  comptées,  mais  bien  vingi-neuf,ei  cela  depuis  la  truitelle  à 
peine  nubile  à  28  ou  30  à  la  manne  du  carrecm.,  jusqu'aux  magnifiques 
femelles  de  3  et  4  kilog.,  futures  mères  de  8  à  10,000  alevins. 

Où  s'arrêtera  ce  carnage,  si  l'on  ne  s'en  prend  pas  aux  responsabi- 
lités en  jeu?  Il  importe  extrêmement,  croyons-nous,  que  l'on  sache 
bien  partout,,  en  haut  comme  en  bas,  qu'avant  tout,  la  République 
c'est  la  loi,  que  ceux  qui  la  violent  doivent  être  punis  et  que  ceux  qui 
par  indifférence  ne  lui  apportent  pas  le  concours  qu'ils  lui  ont  promia, 
doivent  être  immédiatement  cassés  aux  gages.  Chabot-Kaulen. 

LA  SCIENCE  EN  PLEIN  AIR  ,;;^;^^;; 

Les  récréations  scientifiques  ou  renseignement  par  les  jeux,  par  Gaston  Tissandjer,  rédacteur  en 
chef  du  journal  La  Nature.  Un  volunae  grand  in-8°,  avej  223  figures  dans  le  texte.  —  A  la  li- 
brairie de  G.  Masson,  120,  boulevard  St-Germaiu,  à  Paris.  —  Prix,  broclié  :  10  fr. 

Parmi  les  nombreux  ouvrages  qui  ont  été  écrits  depuis  vingt-cinq 
ans  pour  initier  la  grande  masse  du  public  aux  progrès  incessants  des 
sciences,  il  en  est  peu  qui  soient  réellement  dignes  de  confiance. 
Il  faut  donc   signaler,  d'une  manière  spéciale,  ceux  qui  répondent 


BIBLIOGRAPHIE  AGRICOLE. 


381 


Yéritablement  aux  besoins  des  lecteurs  avides  de  s'initier  à  la  marche 
des  découvertes.  Les  recherches  so  poursuivent  aujourd'hui  avec  une 
grande  activité  dans  toutes  les  branches  des  connaissances;  leurs  ré- 
sultats s'accumulent  à  ce  point  que  celui  qui  ne  les  suit  pas  avec  la 
plus  grande  régi^larité  est  bientôt  distancé.  C'est  pour  être  utile  à  tous 
que  M.  Gaston  ïissandier,  qui  a  donné  une  si  vive  impulsion  au 
journal  scientifique  La  Nature  qu'il  dirige,  a  eu  la  pensée  d'y  adjoindre 
une  collection  d'ouvrages  qui  portera  le  titre  général  de  Bibliothèque 
de  la  Nature.  Le  but  de  cette  coUection  est  «  de  mettre  entre  les  mains 


iU[)  aalir 


Fig.  30.  — Aquarium  fait  avec  une  cloche  à  melon. 

des  savants,  des  hommes  du  monde  et  de  la  jeunesse,  une  série  de 
volumes  qui  puissent  donner  aux  uns  des  documents  sur  les  branches 
nouvelles  de  la  science  en  voie  de  formation,  fournir  aux  autres  des 
livres  d'enseignement  et  d'instruction  pratique,  et  initier  enfin  tout 
le  monde  aux  plus  récentes  conquêtes  des  sciences  naturelles  ou  expé- 
rimentales. »  Le  premier  volume  de  cette  nouvelle  bibliothèque  est  celui 
que  nous  allons  présenter  à  nos  lecteurs. 

Le  titre  de  l'ouvrage  en  indique  le  but.  L'auteur  a  soin  de  l'expliquer, 
en  s'appropriant  cette  pensée  d'un  savant  mathématicien  du  dix- 
septième  siècle,  Ozanam  :  «  Les  jeux  d'esprit  sont  de  toutes  les  sai- 
sons et  de  tous  les  âges  ;  ils  instruisent  les  jeunes,  ils  divertissent  les 
vieux,  ils  conviennent  aux  riches  et  ne  sont  pas  au-dessus  de  la  partie 


382 


BIBLIOGRAPHIE  AGRICOLE. 


des  pauvres.  »  lastruire  en  récréant,  c'est  un  problème  dont  la  solution 
n'est  pas  à  la  portée  de  tous;  mais  que  de  fruits  quand  on  réussit^ 
quand  on  développe  l'esprit  d'observation  et  que  l'on  fait  apparaître 
aux  plus  distraits  des  faits  ou  des  vérités  qu'ils  ne  soupçonnaient  pas. 
La  variété  dans  le  choix  des  sujets  est  une  des  premières  conditions 
des  récréations;  M.  Tissandier  se  garde  bien  de  manquer  à  cette  règle. 
C'est  ainsi  qu'il  nous  fait  successivement  passer  en  revue  la  science 
en  plein  air,  la  physique  sans  appareils,  la  chimie  sans  laboratoire,  la 
maison  d'un  amateur  de  science,  la  science   appliquée   à  l'économie 


Fig.  3L  —  Aquarium  muni  d'une  échelle  à  grenouilles. 


domestique.  La  première  partie  de  cet  ensemble  attrayant  doit  appeler! 
spécialement  l'attention  des  habitants  de  la  campagne. 

Chaque  jour  de  l'année,  le  cultivateur  est  appelé  à  observer  la 
nature  chez  elle  ;  elle  n'a  pas  de  secrets  pour  lui,  pour  peu  qu'il  se 
plaise  à  l'étudier  dans  ses  œuvres  et  dans  les  mille  manifestations 
constantes  de  sa  force  infinie.  Il  vit  en  véritable  communauté  avec 
elle,  en  même  temps  que  les  diversions  bruyantes  de  la  vie  des  villes 
ne  troublent  pas  son  esprit.  M.  Tissandier  nous  rappelle  que  Bernard 
Palissy  ne  voulait  point  avoir  d'autre  livre  que  le  ciel  et  la  terre,! 
ajoutant  qu'il  est  donné  à  tous  de  connaître  et  de  lire  ce  beau  livre.  En 
même  temps,  il  donne  des  détails  nombreux  sur  la  manière  dont  on 
doit  le  lire,  et  il  suggère  des  méthodes  d'observation  simples,  faciles  à 


BIBLIOGRAPHIE  AGRICULE. 


393 


suivre,  et  qui  permettent  de  saisir  le  nœud  de  beaucoup  de  problèmes 
de  la  vie  des  petits  êtres  ou  des  caractères  de  la  vie  végétale.  En  voici 
quelques  exemples. 

S'agit-il  d'étudier  les  petits  animaux  aquatiques,  on  aura  à  peu  de 
frais  un  aquarium  du  genre  de  celui  que  représente  la  fig.  30.  Quatre 
piquets  de  bois  sont  enfoncés  en  terre  ;  on  cloue  au-dessus  une  planche 
percée,  en  son  milieu,  d'un  trou  circulaire  sur  lequel  on  place  une 
cloche  à  melons  renversée.  Quelques  cailloux  et  des  coquillages  font, 
au  fond  du  vase,  un  lit  rocailleux;  la  cloche  est  remplie  d'eau,  on  y 


Fig.  32. 


Aquarium  pour  l'étude  des  infusoires. 


fait  plonger  quelques  plantes  d'eau  et  quelques  roseaux;  tous  les 
animaux  capturés  y  trouveront  un  asile  que  M.  Tissandier  déclare  très 
confortable.  La  fig.  3 1  montre  un  autre  modèle  d'aquarium,  moins 
primitif,  auquel  a  été  adaptée  la  classique  échelle  aux  grenouilles, 
augmentée  d'une  plate-forme  pittoresque;  mais  pour  en  conserver  les 
habitants,  il  a  fallu  ajouter  un  filet  à  mailles  fines  au  travers  desquelles 
ils  ne  peuvent  passer.  Voilà  des  engins  qui  permettent  de  faire  un 
très  grand  nombre  d'observations.  Pour  l'étude  des  animaux  et  des 
plantes  d'ordre  inférieur,  on  peut  fabriquer  un  petit  aquarium  du 
genre  de  celui  représenté  par  la  fig.  32.  Quelques  feuilles  (une  branche 
de  persil,  par  exemple)  sont  mises  dans  un  vase  qui  contient  de  Teau  ; 
on  recouvre  le  tout  d'une  cloche  de  verre,  et  on  l'expose  aux  rayons 


384 


BIBLIOGRAPHIE  AGRICOLE. 


du  soleil;  deux  ou  trois  jours  après,  une  goutte  de  cette  eau,  examiaéçi 
au  microscope,  commence  à  laisser  découvrir  quelques  infusoires  ;  œ^ 
peut  même  voir  se  succéder  les  espèc(!S,  pendant  un  temps  plus  ou 
moins  long.  Pour  étudier  des  insectes  d'une  certaine  grosseur,  on 
pourra  les  enfermer  dans  une  caiije  spéciale  (fig.  33);  elle  est  formée  de 
quelques  planchettes,  et  des  fils  de  fer  régulièrement  espacés  en 
forment  les  parois.  —  Telles  sont  quelques  unes  des  récréations 
scientifiques  que  M.  Tissandier  décrit  avec  un  talent  fin  et  délicat,  et 
nous  n'avons  rien  dit  de  ce  qnj  concerne  la  physique  sans  appareils, 


'diqm 


9JJ90   insugfi 
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»iT  .èjiligs'l 


sj^^LiaiA"^ 


Fig.  33.  —  Cage  pour  conserver  les  insectes  vivants 


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!;ï  sa.  nO 
'  M  9iJnoo 

itS  81U9I 

^  ôup 
ces  détails 


la  chimie  sans  laboratoire,  etc.   Mais  nous  pensons  que 
sommaires  suffiront  pour  donner  envie  de  lire  cet  ouvrage  intéressant, 
et  qui  répond  complètement  à  son  titre.  Henry  Sagnier. 

CONCOURS  RÉGIONAL  D'ORAN     ;,u;'lJ^^nq 

V.  —  ANIMAUX  REPRODUCTEURS.  --  INSTRUMENTS  D'AGRICULTURE .'^^cj 
PRODUITS  AGRICOLES.  —  PRIX  OFFERTS  PAR  LES  ASSOCIATIONS  AGRICOLES; 

Animaux  reproducteurs.  —  Ici  encore,  bien  des  personnes  ont  eu 
d'autant  plus  à  regretter  l'absence  de  catalogues  dans  les  premiers 
jours  du  concours,  que,  aucun  écriteau  n'indiquant  les  différentes  caté- 
gories inscrites  au  programme,  les  recherches  des  intéressés  étaient 
fort  longues,  et  les  études  très  difficiles. 

En  suivant  l'ordre  adopté  dans  l'arrêté  ministériel  nous  rencon- 


CONCOURS  RÉGIONAL  D'ORAN.  385 

Irons  tout  d'abord  l'espèce  chevaline,  représentée  àOran,  nous  sommes 
heureux  de  le  dire,  de  la  façon  la  plus  remarquable. 

Ce  deuxième  essai,  couronné  d'un  plein  succès,  montre  bien  tout 
Tavantage  qui  s'attache  à  ce  genre  d'exposition  et  fait  ressortir  la  né- 
cessité d'admettre  l'espèce  chevaline  dans  les  concours  régionaux  de 
France  au  même  titre  que  les  différentes  espèces  d'animaux  domestiques. 

Malgré  le  grand  nombre  de  reproducteurs  présentés,  nous  avons 
entendu  dire  à  des  officiers  supérieurs,  ayant  dirigé  quelques-uns  de 
nos  établissements  de  remonte,  que  l'on  aurait  pu  obtenir  encore 
mieux  en  excitant  les  indigènes  jusqu'au  dernier  délai  accordé  pour 
les  déclarations. 

L'exemple  du  Comice  de  Mostaganem,  appelant  les  Arabes,  leur 
évitant  les  frais  de  transport,  les  encourageant,  jusqu'au  dernier  mo- 
ment, vient  confirmer  la  justesse  de  la  remarque  qui  précède;  car, 
sur  dix  produits  envoyés  dans  ces  conditions,  sept  ont  été  primés. 

La  première  catégorie,  races  orientales  de  pur  sang,  n'était  repré- 
sentée que  par  deux  beaux  produits  appartenant  à  M.  Arlès-Dufour,  à 
Oued-el-Haleug  (déparlement  d'Alger).  Tout  le  monde  connaît  les 
efforts  de  cet  éleveur,  qui  remontent  à  l'année  187!  en  ce  qui  concerne 
le  cheval  syrien,  dont  l'élégance  et  l'intelligence  sont  appréciés  de 
tous,  et  qui  donne  de  beaux  résultats  avec  les  juments  du  Sahara. 

Mais  la  race  barbe,  qui  répond  à  une  production  bien  autrement 
importante,  était  de  beaucoup  la  mieux  représentée,  128  animaux  se 
trouvant  inscrits  dans  celte  catégorie.  Dans  les  différents  sujets 
primés  on  retrouvait  réunies  les  qualités  qui  distinguent  cette 
race,  dont  on  ne  saurait  oublier  la  vieille  réputation,  et  qui  a  été  la 
source  de  plusieurs  autres  races  d'Europe  :  la  beauté,  l'agilité,  la 
force  et  la  sobriété. 

Le  nombre  et  la  nature  des  prix  accordés  aux  indigènes  dans  cette 
catégorie,  montrent  suffisamment  que  l'élevage  du  cheval  barbe  est, 
en  grande  partie,  entre  leurs  mains;  les  produits  qu'ils  obtiennent 
étant  d'autant  plus  beaux,  en  général,  qu'ils  les  nourrissent  bien,  les 
traitent  avec  douceur  et  familiarité,  et  les  laissent  libres  de  leurs  mou- 
vements tout  en  leur  faisant  faire  de  bonne  heure  de  longues  et 
nombreuses  promenades. 

On  ne  saurait  cependant  s'occuper  de  cette  question  sans  protester 
contre  l'abus  que  font  les  indigènes  de  la  puissante  bride  arabe  dans 
leurs  sorties  de  chaque  jour,  et  surtout  dans  les  réjouissances  publi- 
ques connues  sous  le  nom  de  fantasia.  Le  pauvre  cheval  qui  en  est 
victime,  a  non  seulement  la  bouche  abîmée,  mais  il  est  sujet,  de  plus, 
à    diverses   affections    dans    l'articulation   du   jarret. 

Plusieurs  Européens  ont  eu  aussi  quelques  beaux  sujets  primés,  et 
il  faut  les  en  féliciter  d'autant  plus  que,  parfois  ne  trouvant  pas  des 
prix  avantageux  lorsque  le  service  de  la  remonte  cherche  à  leur  acheter 
des  chevaux  barbes  qui  sont  excellents  pour  la  troupe,  et  aussi  dans 
lé  but  d'obtenir  des  chevaux  plus  étoffés,  plus  forts  pour  les  travaux 
de  l'agriculture,  ils  ont  une  tendance  à  adopter,  de  préférence,  des 
races  exotiques,  ou  bien  à  opérer  des  croisements  au  lieu  de  procéder 
par  voie  de  sélection,  par  le  choix  judicieux  de  meilleurs  reproduc- 
teurs, et  par  des  soins  de  diverses  natures  pour  obtenir  ce  qu'ils  dé*: 
sirent  en  utilisant  notre  excellente  race  du  pays. 

C'est  par  suite  de  la  tendance  que  nous  venons   de  signaler,  que 


386  CONCOURS  RÉGIONAL  D  ORAN. 

nous  trouvons  une  trentaine  d'animaux  parmi  les  races  non  dénom- 
mées ci-dessus  et  les  croisements  divers  ;  les  animaux  primés  étaient 
des  sujets  croisés  Breton-Percheron,  Arabe-Percheron,  Perehet^r. 
Espagnol;,  Arabe-Syrien  et  Français-Arabe.  -  -^1 

Ceux  qui,  malgré  ce  que  nous  avons  dit  des  avantages  de  notre  rstëd 
locale,  préfèrent,  pour  une  raison  quelconque,  se  livrer  à  ces  croisfe^ 
ments,  ne  doivent  pas  oublier  qu'ils  ne  sauraient  augmenter  la  taille, 
sans  modifier  sensiblement  le  régime  et  les  soins  de  tous  les  jours,  et- 
se  souvenir  que  le  milieu  dans  lequel  se  trouvent  placés  ces  métis  'a^^ 
à  la  longue,  une  action  certaine  sur  leur  organisation  et  leur  déVêr^ 
loppement.  '  uloâui- 

L'espèce  mulassière,  non  prévue  au  programme,  a  été  représentée' 
cependant  par  quelques  beaux  sujets  qui  sont  venus  se  disputer  les 
prix  alloués  par  le  Comice  d'Oran. 

Quant  à  l'espèce  bovine,  on  peut   dire  qu'à  part  de  très  beaux  spé-' 
cimens  et  malgré  les  quelques  paires  de  bœufs  appelés  à  un  concours 
particulier  par  le  Comice  d'Oran,  l'attente  générale  n'a  pas  été  satis 
faite,    une  cinquantaine   d'animaux   seulement  ayant   été   soumis   â' 
l'examen  du  jury. 

Notre  remarque  a  d'autant  plus  de  valeur  que  nous  avons  encore 
présents  à  la  mémoire  les  résultats  d'une  exhibition  semblable  faite, 
en  1878,  avec  les  produits  d'un  seul  arrondissement,  sous  les  auspices 
du  Comice  agricole  de  Bel-Abbès,  oi^i  '288  animaux  de  différentes 
espèces  ont  été  présentés  et  au  sujet  desquels  le  rapporteur  s'exprimait 
alors  en  ces  termes  :  «  ....  Qui  de  vous,  messieurs,  en  voyant  la  ma- 
gnifique et  nombreuse  catégorie  de  juments  poulinières  suitées,  n'a 
laissé  échapper  des  signes  d'étonnement  et  d'admiration?  Cinquante 
exposants  se  disputaient  quelques  modestes  prix.  Cette  catégorie  au- 
rait été  digne  de  figurer  dans  les  plus  beaux  concours  régionaux  de 
France —  Les  catégories  de  poulains  et  de  pouliches  de  deux  ans  étaient 
aussi  magnifiquement  représentées,  quarante-cinq  exposants  prenant' 
part  à  cette  lutte.  »  Et  plus  loin  :  «  L'espèce  bovine  était  à  notre  conî-^ 
cours  peut-être  mieux  représentée  que  l'espèce  chevaline,  car  plus  de 
cent  têtes  d'animaux  hors  ligne  se  pressaient  dans  l'espace  réservé.  » 

Au  dernier  concours  régiona,!  d'Oran,  deux  concurrents  seulement 
se  trouvaient  en  présence  pour  montrer  les  échantillons  de  notre  race 
algérienne,  affaiblie  depuis  longtemps,  mais  qui  a  cependant  encore 
de  précieuses  qualités  qu'il  est  aisé  d'utiliser,  en  choisissant  de  bonâ 
reproducteurs  pour  les  placer  dans  un  milieu  convenable  et  les  enloii-^* 
rer  de  quelques  soins.  ;iîi8iioa 

Les  bêtes  de  race  exotique  et  celles  provenant  de  croisements,  atix- 
quelles  on  s'adresse  pour  obtenir  plus  vite  la  viande  et  le  lait  nécesM 
saires  à  la  consommation,  ainsi  que  la  force  réclamée  par  l'agrieiil^ 
ture,  offraient  des  sujets  plus  importants.  '''-'■ 

On  a  particulièrement  remarqué,  parmi  les  races  pures  de  l'Eu- 
rope, des  échantillons  de  la  race  comtoise,  acclimatée  depuis  vingt'-*^' 
trois  années  par  un  éleveur  de  Bel-Abbès  et  qui,  très  appropriée  aux 
besoins  du  pays,  donne  de  magnifiques  résultats,  à  la  condition  de  ra- 
fraîchir le  sang  à  certaines  époques,  en  important  de  France  quelques 
nouveaux  reproducteurs  des  races  durham,  espagnole,  charolaise, 
suisse,  bretonne  et  de  Salers. 

Parmi  les  animaux  croisés,  le  jury  a  distingué  des  bêtes  des  envi- 


CONCOURS  RÉGIONAL  D'ORAN.  387 

rons  de  Guelma,  sans  autre  désignation,  les  Charolais-Guelma,  les 
Durham-Charolais-Guelma,  qui  se  trouvaient  à  côté  de  quelques  Espa- 
gnols-Arabes, de  Suisses-Arabes  et  de  Suisses-Espagnols. 

Rappelons  en  terminant,  ce  que  nous  disions  en  1877  sur  le  même 
sujet  dans  le  rapport  de  la  prime  d'honneur  :  «  Si  le  nombre  des  têtes 
de  bestiaux  n'a  augmenté  que  dans  de  faibles  proportions,  cela  tient 
surtout  à  ce  que  les  indigènes  sont  toujours  les  principaux  éleveurs. 
Or,  l'état  de  tranquillité  dans  lequel  vit  le  pays,  les  facilités  de  trans- 
port, le  prix  élevé  de  l'orge,  les  offres  réitérées  pour  l'exportation,  le 
peu  de  soins  prodigués  aux  jeunes  bêtes  par  les  indigènes,  le  manque 
absolu  d'abris,  l'excès  de  froid  et  de  chaleur,  sans  qu'un  peu  de  nour- 
riture vienne  au  domicile  compléter  l'alimentation  des  champs,  insuf- 
fisante pendant  une  grande  partie  de  1  année,  sont  autant  de  causes 
pour  lesquelles  l'élevage  ne  donne  que  de  bien  maigres  résultats. 
D'un  autre  côté,  quel  est  celui  qui  n'entrevoit  pas  avec  crainte  le  mo- 
ment où  l'industrie  européenne,  qui  consiste  à  engraisser  le  bétail 
aux  champs  ou  à  l'étabie,  ne  pourra  plus  être  entreprise  en  raison  de 
la  diminution  de  ce  dernier  par  suite  des  motifs  qui  viennent  d'être 
énumérés?  Il  y  a  donc  là  une  branche  de  culture  à  adopter  résolu- 
ment parles  colons  avec  l'idée  que  le  bétail  procure  de  la  viande  et 
du  fumier,  qu'il  est  aussi  indispensable  sur  une  ferme  que  la  meil- 
leure pratique  agricole,  et  qu'il  rend  toujours  en  raison  des  soins,  de 
l'entretien  et  de  la  nourriture  qu'on  lui  prodigue.  »  U 

L'espèce  ovine,  en  dehors  de  quelques  lots  de  toute  beauté,  était 
assez  peu  représentée  pour  que  le  jury  se  soit  cru  dans  la  nécessité, 
sur  huit  premiers  prix,  médailles  d'or,  de  n'en  décerner  qu'un  seul  à 
un  lot  de  brebis  indigènes  appartenant  à  M.  Fabas.  Ce  fait  très  regret- 
table a  pour  principale  conséquence  de  démontrer  l'incontestable 
utilité  des  efforts  que  tente  en  ce  moment  le  gouvernement  pour  amé- 
liorer les  moutons  du  pays,  en  créant  une  bergerie  nationale  à  Maud- 
jeheur,  près  Médéah,  avec  une  école  de  bergers,  où  sera  donné  un 
enseignement  spécial  à  une  quarantaine  de  jeunes  indigènes,  ainsi 
qu'aux  fils  de  colons  désireux  de  s'initier  à  la  conduite  d'une  grande 
ferme  et  aux  soins  exigés  par  de  grands  troupeaux  d'élevage. 

Mais,  si  l'on  considère  l'importance  de  cette  question  qui  intéresse 
à  la  fois  la  consommation  et  l'industrie  manufacturière  de  la  Métro- 
pole, on  est  amené  à  réclamer  l'extension  aux  départements  de  l'Est  et 
de  rOuest  de  la  colonie  de  l'essai  qui  se  fait  actuellement  dans  celui 
d'Alger,  dans  le  but  d'obtenir  une  solution  réelle,  par  suite  du  nombre 
considérable  de  moutons  que  possède  l'Algérie. 

Quelques  beaux  porcs  Yorkshire  et  du  pays,  un  lot  de  dindons, 
quelques  autres  de  coqs  et  poules  de  la  Bresse,  espagnols,  anglais, 
cochinchinois,  de  pigeons  divers  et  de  paons,  complétaient  l'exposi- 
tion de  cette  division. 

A  part  l'époque  du  printemps  où  tous  les  animaux  trouvent  ici  une 
nourriture  abondante  dans  les  champs  mêmes,  la  viande  grasse  fait 
défaut  pendant  trop  de  temps,  par  suite  de  la  difficulté  d'entretenir  le. 
bétail  si  l'on  n'a  pas  préparé  les  instruments  nécessaires  à  cette  in-îj 
dustrie,  pour  que  nous  négligions  de  signaler  les  bêtes  grasses  que 
nous  avons  admirées  dans  la  section  des  bœufs,  comme  dans  celle  des 
moutons  et  des  porcs  de  la  2*  division. 

Les  bêtes  primées  nous  ont  bien  montré  les  précieux  avantages  de 


388  CONCOURS  RÉGIONAL  D'ORAN. 

notre  race  bovine  algérienne,  si  facile  à  prendre  l'embonpoint  voulu, 
aussi  ne  saurions-nous  trop  solliciter  de  sérieux  encouragements  pour 
un  semblable  concours  dont  l'importance  augmente  encore  lorsque 
l'on  considère  qu'il  intéresse  au  plus  baut  point  lalimentation  pu- 
blique. 

Instruments  tV agriculture.  —  Nous  serons  sur  ce  paragraphe  d'au- 
tant plus  bref  que,  nous  adressant  à  des  lecteurs  d'un  pays  qui  est 
largement  entré  dans  la  voie  des  achats  de  tous  les  instruments  né- 
cessaires aux  exploitations  agricoles  les  mieux  conduites,  la  descrip- 
tion que  nous  en  ferions  ici  ne  pourrait  leur  être  d'aucune  utilité. 

Il  nous  suffira  d'ailleurs  de  citer  les  principaux  instruments  exposés 
pour  donner  de  suite  une  idée  de  ce  qu'était  cette  exhibition  dont  on 
ne  saurait  faire  trop  d'éloges.  M.  Piller,  représenté  par  M.  Billiard 
d'Alger,  exposait  une  collection  de  tous  les  instruments  utiles  aux 
colons  :  semoirs  en  lignes  et  à  la  volée,  hache-paille  de  Crowley, 
brabants,  cultivateurs,  herses,  tarares,  aplatisseuses,  pompes  et  bé- 
liers, faucheuses,  râteau  automatique,  chargeur  de  foin  tenant  lieu 
de  plusieurs  tasseurs,  presses  à  foin  faisant  des  bottes  cylindriques 
très  faciles  à  emmagasiner,  moissonneuses  Wood,  moissonneuses- 
lieuses,  dont  une  nouvelle  remplaçant  le  fil  de  fer  par  de  la  ficelle,  ce 
qui  rend  son  emploi  bien  plus  économique,  batteuses  à  vapeur  et  à 
manège,  élévateurs  de  paille. 

M.  Billiard  avait,  en  outre,  et  en  grand  nombre  :  scarificateurs, 
bisocs  Dombasle,  charrue  vigneronne  Renault-Gouin,  pressoirs, 
alambics,  appareils  à  distiller,  filtres,  couveuses  artificielles,  clôtures 
en  fer  delNuM.  Louetfières,  barattes,  robinets,  tuyaux  en  caoutchouc, 
chemin  de  fer  de  IM.  Decauville  aîné,  ce  précieux  auxiliaire  de  la 
culture  à  laquelle  il  fait  réaliser  économie  de  temps  et  de  main- 
d'œuvre. 

M.  Aultmann,  de  son  côté,  produisait  une  collection  très  complète 
des  mêmes  instruments  que  nous  n'inscrivons  pas  de  nouveau  unique- 
ment pour  ne  pas  nous  répéter,  mais  parmi  lesquels  nous  citerons 
particulièrement  :  moissonnause-lieuse  dont  le  mécanisme  est  d'une 
simplicité  remarquable,  aplanisseuse,  machine  à  vapeur  et  batteuse, 
transmission  pour  divers  instruments,  charrues  Meugniot  et  celles 
Candelier,  vigneronne  Souchu-Pinet,  hache-paille  Picksley,  divers 
instruments  d'intérieur  de  ferme,  moulin,  pressoir  Piquet,  pompe 
Moret-Broquet,  semoir  Demoncy. 

M.  Vigouroux,  de  Nîmes,  se  faisait  remarquer  par  une  fort  belle 
collection  d'instruments  vinicoles  :  pressoirs,  fouloirs,  filtres,  alambics, 
grues,  chaudières  à  étuver  les  futailles,  pompes,  seaux  à  vendange, 
robinetterie. 

Nous  avons  ensuite  remarqué  d'une  façon  particulière  les  charrues 
de  divers  types,  de  :  MM.  Mougeot,  de  Bel-Abbès;  Bergougnoux,  du 
même  endroit;  Robin,  de  Boufarik  (Alger);  Souillé,  au  même  heu; 
Fondeur,  à  Viry-Noureuil  (Aisne);  Pétrot,  de  Dijon  (Côte-d'Or),  repré- 
senté par  M.  Bonifay,  à  Oran;  Legembre,  à  Alger;  les  appareils  à 
vapeur  de  M.  Aubert,  l'exposition  collective  du  Comice  agricole  de 
Boufarik,  comprenant  notamment  les  collections  d'instruments  pro- 
venant des  ateliers  de  MM.  Dolive,  à  Béni  Mered  (Alger);  Leroux,  à 
Birtouta  (Alger);  Souillé,  à  Boufarik  (Alger);  et  ceux  de  la  Société 
anonyme  de  construction  mécanique,  du  même  lieu,  les  machines  et 


CONCOURS  REGIONAL  D  ORAN.  389 

a<;ct5SSoipes  servant  à  l'usage  de  la  dynamite  de  M.  Feutrier,  d'Oran; 
les  appareils  vinicoles  de  M.  Formis-Banoît,  à  Montpellier  (Hérault); 
le  semoir,  la  batteuse  et  la  lotîoinobile  de  M.  Guitreau,  à  Dourdan 
(Seine-et-Oise);  les  pressoirs  de  MM.  Mabille  frères,  à  Amboise 
(Indre  et-Loire)  :  les  tarares  de  MM.  Nu re  frères,  à  Lyon  (Khône)  ; 
les  pompes  de  M.  Noël,  à  Paris  ;  les  faucheuses  et  moissonneuses  de 
M.  Osborne  et  Cie,  à  Paris;  l'hydro-incubaleur  de  M.  Oudot,  de  Kouba 
(Alger);  les  trieurs  et  le  hache-paille  de  M.  Presson,  à  Bourges  (Cher); 
le  foudre-cuve  de  M.  ïrinquier  aîné,  à  Oran;  les  trieurs  et  appareils  de 
ferme  de  M.  Vermorel,  à  Villefranche  (Rliône;;  les  norias  et  le  rouleau 
pour  le  dépiquage  des  céréales  de  M.  Billes,  d'Ot-an;  les  petits  instru- 
ments et  les  lessiveuses  de  M.  Cliauveau,  à  Loudun  ([sera);  les 
pressoirs  et  les  moulins  à  farine  de  M.  Jolmer,  fondeur,  à  Oran;  le 
fouloir  de  M.  Trinité,  à  Dalmatie  (Alger);  les  appareils  à  filtrer  de 
MM.  Bouchette  et  Cie,  à  Paris;  la  batteuse,  la  locomobile  et  le  mante- 
paille  Ruslon,  Procter  et  Cie;  les  pompes  de  MM.  Fray- Bernard  et 
Durand,  à  Nîfnes  (Gard), 

Dans  le  cas  où,  involontairement,  nous  aurions  omis  de  signaler 
quebjue  instrument  important,  il  sera  toujours  facile  à  l'intéressé  de 
se  reporter  au  catalogue  très  complet  qui  a  été  dressé  et  qui  se  trouve 
entre  les  mains  de  presque  tous  ceux  qui  ont  visité  le  concours 
agricole.  L.    Bastide, 

(La  suite  pi'ocliaineini-)it)  Président  du  Comice  de  Bel-Abbès.  .  ,  .  .,. 

.îio..Tiq    ,.    L'ALIMENTATION  RATIONNELLE 

L'attention  des  agronomes  a  été  attirée  depuis  un  <e-  ain  temps   sur 
les  questions  relatives  à  l'alimentalion.  On  s'est  particulièrement  oc- 
cupé delà  nourriture  du  cheval,  et  on  a  préconisé  diverses  rations  de 
substitution.  Nous  ne  voulons  pas  contester  les  résultats  publiés,  nous 
les  considérons  comme  acquis;  nous  voulons  seulement  examiner  la 
question  au  point  de  vue  biologique  et  chiniique,  et  montrer  qu'on  a 
peut-être  été  téméraire  en  appelant  rationnel  et  scientifique,  un  sys- 
tème d'alimentation  qui  n'a  d'autre  mérite  que  celui  du  bon  marché. 
Rien  n'est  moins  connu  que  les  phénomènes    relatifs  à  la  chaleur 
animale  et  à  la  source  de  la  force  musculaire.  Un  animal  absorbe,  indé- 
^pendammantdecertainssels  minéraux,  desmatières  ternaires  (graisseset 
gféculents),  et  des  matières  quaternaires  (albumine  et  ses  congénères); 
lï  élimine  par  des  voies  diverses  de  l'acide  carbonique,  de   l'eau,  de 
l'urée  et  quelques  autres  produits  accessoires.  Il  était  très  simple  d'ima- 
giner que  l'organisme,  foyer  de  combustion  brûle,  grâce  à  l'oxygène 
introduit  par  les  poumons,  les  matières  ternaires  et  quaternaires  et, 
rejette  comme  produits  ultimes  de  la  combustion,  de  l'acide  carbonique 
de  l'eau  et  de  l'urée.  Les  chimistes  n'admettaient  cependant  pas  vo- 
,  lontiers  cette  production  directe  de  l'urée    par   l'oxydation   de  l'al- 
!'Bumine;  M.  Béchamp  n'était  pas  parvenu  à  répéter  l'expérience  oii  il 
'prétendait  avoir  obtenu  de  l'urée  en  oxydant  l'albumine.  C'est   seu- 
jçlement  il  y  a  quelques  années  qu'un  chimiste  distingué,  le  professeur 
Ritter,  de  Nancy,  dont  la  bonne  foi  scientifique  est  incontestable,  montra 
que  dans  certaines  conditions,  on  réalise  la  réaction  de  M.  Béchamp. 
L'hypothèse  de  l'organisme,  foyer  de  combustion,  était  simple,  ce  qui 
ne  veut  pas  dire  qu'elle  était  exacte.  Noire  éminent  collaborateur,  le 
professeur  Sanson,  vient  de  publier  dans  le  Journal  de  VAnalomie,  du 


3Ç0  SUR  1/ ALIMENTATION   RATIONNELLE, 

docteur  riiarles  Roliin,  un  important  mémoire  sur  la  source  du  travail 
njusculaire  dont  (M1  lait  coimaiire  1«'S  ctontlusions  à  nos  lee- 
tfiirs,  dans  ]e  Jovrnul  de  C Ayriiulliue  i\\\  21  août  1880.  !M.  Santon 
nioiilK!  p.ii  lailenient  dans  ce  lra>ail,  riche  en  e>pfricnecs  originales 
et  «Ml  apeiçiis  nouveaux,  qu'on  n'a  jias  une  notion  juste  des  jihéno- 
inènes  (pu  t-e  pas.^cnt  dans  les  réacti(»ns  nuliitivcs  (piand  on  les  ap- 
pelle coudiustions  lT^|»i^atlUles.  A'  trrieuieuient,  ]\J.  Sanson  avyil  déjà 
lait  voir  (pie  leliiuinatiou  de  l'acide  carbtuiique  par  le  pouiiioii  suit 
une  loi  purement  pli^'^iipM',  et  s  effectue  en  laiïioa  directe  de  la  tetn- 
piT.iliiieel  en  raison  inverse  <le  la  pression.  L'acide  carbonique  est  le 
iii'on'uit  de  réaelions  tivs  coiupliipiées.  Slintzing,  Franckel  et  Greliant 
ont  uu)iiiié(|ue  des  ré.iciiotîs  [u-oiluiles  par  les  elémenls  des  lualières 
allMiuiin»  ïdes  deveIo|»peiit  de  l'acide  carbuniipie.  Ou  ne  peut  plus  dire 
que  la  eombiistitui  le^pilal(li^e  est  la  source  d»!  l'.iciile  carlxmicpie  et 
que  la  ebaltiir  déijaiiee  par  la  combustion  se  Iran  s  forme  en  sou  e(|ui- 
valciit  de  lorce  mec.miipie. 

I  écdiiomie  e>t  le  siè^^e  de  pliénomènos  de  synthèse,  de  dissociation, 
de  (Irdtiiibleinent,  dli^dratalion,  île  dé.-liydiMlatioii  qui  produisent  de 
la  elialeiir  tout  aus>i  bien  tpie  les  |>liéuoiuènes  d'oxydation.  ')ri  se 
tiompeiaitdu  res!ei:i'«»ssièreuieni  en  calculant  les  chaleurs  de  combus- 
tion des  COI  |!S  c(Uupo.-és  d  après  celles  des  corps  s«iin|)les  qui  les  ciuis- 
tiluenl.  M.  IJeithelot  (|ui  e^t,  wsiuon  le  père,  du  moins  le  léiiovaleur  de 
la  theniKtchiuiie,  a  fiil.  \oir  (jue  les  cm ps  iiras  ronrnisseiit  eu  iiènéra 
une  (pianlilé  de  chaleur  un  peu  moindre  <pie  leurs  éléments  coin- 
busiiiiles,  et  les  matières  sucré;'s  nue  (pianiiié  un  peu  plus  ^l'an  îe. 
«  Les  pruiripes  albiiuiinoïdes,  dit  M.  B-rihelot,  sont  des  amitiés,  et 
comme  Vis,  peuvent  dtmnnr  lien  à  des  piiénomènes  caloriliipies 
tr.mchés,  lors  de  leur  hydratation  avec  deiloiibicment  ou  de  leur 
deshyilrataiion  avec  ciunlti  lai.-on.  Les  hydrates  de  carbone,  sucres  et 
analoi'iies,  peuvent  «h'^aucr  la  chaleur  j»ar  leurs  seuls  dédoiiblemeuls, 
indépendamment  dd  toute  oxydilion.  lilnlin  les  corj)s  ^^ras  peuvent 
aussi  produire  de  la  chaleur  en  se  iledonblant  et  par  simple  liy<lra- 
lalio  i  Tous  ces  faits  et  calculs  uiontreiit  coninent  le  problème  de  la 
cijaleur  animale  d»ut  être  entendu  aujour.l'hui  et  généralisé.  L'idée 
fondamentale  subsi.-le,  mais  coniuie  il  arrive  toujours  dans  les 
sciences,  le  problème  se  ciuuplitpie  à  mesure  (pie  l'on  pénètre  davan- 
taiio  dans  les  condiliims  véritables  du  phénomène  naturel.  » 

Ou  est  porté  à  afimettre  (le>  synihè.-^es  multiples.  Ainsi  Sohmiedeberg 
a  montré  qu  •.  l'acide  hippuri([iie  jieiit  se  foniuîr  dans  le  rein  Si  on 
injeclc  à  un  chien  de  l'aeide  benzoïqiie  et  du  i-lycocolle  eu  liant  les. 
uretères,  on  trouve  dj  l'aciJc  hippuriipie  dans  le  sing;  si  on  lie  les 
ar:èivs  et  veines  rendes,  «m  ne  rencontre  dans  le  san.c  quj  Tacida 
benzoïjuc  et  le  jilyeocolle,  et  non  pas  le  pro  luit  synthétiipie,  l'acide 
hippuriipie.  l/uree  e.-t  peut-être  formée  en  partie  par  voie  de  synthèse, 
par  1  union  de  l'acide  carbainiipie  et  de  l'ammoniaque.  L'organisme 
renrerme,  en  effet,  de  l'ammoniaipie,  car  on  en  trouve  dans  l'urine, 
surtout  chez  les  oiseaux;  il  contient  aussi  de  l'acide  carbamique,  caren 
injeciant  de  la  taurine,  on  obtient  de  l'acide  taurocarbainique.  (ïliez 
les  oiseaux  dont  l'urine  rcnlérme  surtout  de  l'acid'i  urique,  la  leiicine, 
le  glycocolle  peuvent  donner  par  synthèse  de  l'acide  uriipie.  Voilà 
donc  autant  de  phénomènes  qui  peuvent  développer  de  la  chaleur. 
Il  se  passe,  il  est  vrai,  des  réactions  particulières  dans  les  muscles 


SUR  L'ALIMENTATION   RATIONNELLE.  391 

en  travail.  An  ropns,  la  ré:»clion  cliinii  jiie  du  suc  musculaire  est 
neutre  ou  alciline.  QuanJ  un  travail  uiiLsculaire  est  eiïeclué,  surtout 
si  ce  travail  est  excessif,  réliuiinalion  des  proiluiis  n'est  plus  assez 
rapide  poui*  entraîner  les  matécianx  de  déconipo^ilion;  l'acide  lacliriiie 
e.«t  forme  en  ijuanlilé  trop  considéraUle,  1 1  réact  on  du  suc  niuscuLire 
devienl  acide.  L'acidilicalion  caiise  la  faliiitie.  Hanke  a  produit  arlili- 
cielleuienL  l.i  f  aiij,nc,  en  injectant  dt;  l'acide  lacti(|ue. 

PendiiiL  que  le  nuK-^cle  travaille,  la  chaleur  produite  se  partante  en 
deux  pirlies  :  l'une,  laclialeurseasible;  l'autre,  l.i  ciLiIeur  transf  innée 
en  Irasail  rnécanicpie.  Liebij;  prétendait  (|ue  la  force  utilisée  coiunie 
chaleur  setisiljle  CL  la  puissance  rué  anirpie  des  inuscLs  n'ont  pas  la 
mê;ue  «M'ii^ine.  t.a  coinhiislion  des  niaiieres  ternaires  fournit  seule^ 
suivant  lui,  li  cliaUîur  destinée  à  entretenir  h  température  de  l'animal 
et  celle  de  la  (il>re  musculaire,  la  chaleur  transformée  en  travail  mé- 
eanique  La  théorie  de  Liebiu;  est  une  pure  hj'polhèse  qui  a  été  forte- 
ment léfutée  par  Mayer.  La  chaleur  |)rovenant  des  phénomènes  qui 
se  passent  dauîi  les  matériaux  az)lés,  est  hien  loin  de  représenter  Ix 
totalité,  «le  II  foro^  musculaire  dévelopjiée  par  les  miisclei.  Li  force 
mécani  pie  est  |U'o(luileà  la  fois  par  la  chaleiuMJégagée  dans  les  réac- 
tions des  corjis  liM'uaires  et  quaternaires.  L'azote  paraît  avoir  un  r.Me 
très  iiiq):irtant.  L  observation  qiiotidienne  a  appris  depuis  loautemps 
que  les  aliments  .-izolés  sont  particulièrement  des  aliinenia  tic  force. 
Le  docteur  Rellner  a  rjiontré  récemment  qu'il  exista  n\\  certain  rap- 
port e.itre  le  travail  muscu'aire  elTectué  et  li  quantité  d  urée  éliminée 
parles  urines.  Il  a  constaté  ipic  rahmentalion  restant  invariable,  la 
diminuiio.'i  du  travail  e^t  accompajjçnée  d'une  diminution  de  l'uzote 
élimine  et  dune  au^^nentalion  du  poids  vif.  Les  expériences  du  doc- 
teur Ke'lner  sont  nombreuses  et  bien  conduites. 

Ce  n'est  tiutefois  pas  une  raison  p mr  abandonner  la  théorie  de 
l'équivalent  mé-aniipie  de  la  cliib'ur.  Nous  ne  connaissons  ipie  ÏQ'Ci- 
senible  de  la  (piestion,  le  rôle  important  de  l'azite,  et  jusqu'à  preuve 
du  contraire,  nous  di  vons  a  lujettre  (pie  la  force  provient  de  la  Ir.ms- 
formitinn  de  la  chaleur.  «  D.ms  Tori»  inisme  animal,  dit  un  savant 
allemand,  WollT,  la  chaîeur  développée  par  la  conibus'.ion  ne  peut 
être  traasf.irîuée  eii  mouvement  uïécaniqua  comme  dans  la  machine  à 
vapeur,  parce  que  dans  le  corps  luau  pie  absolument  une  des  con  H- 
lions  ind's|)ensa!>!es,  c'est-à-dire  la  diUérence  de  température  qui 
existe  dans  li  juichine  entie  la  chaudière  et  le  condensateur.  » 
]\L  Wili-kens  est  du  même  avis.  Ce  sont  là  de  simj)les  allirmations 
qui  n'iulirment  pas  la  ihéarie  etablid  par  Mayer  de  llcilbronn,  Helm- 
hollz  et  llirn. 

La  «liseiission  à  laquelle  nous  venons  de  nous  livrer  fait  voir  dans 
quelle  i^nu-ance  nous  uois  trouvons  relativement  à  l'alimentation. 
Si  nous  abiu'd.ms  des  questions  plus  tech.iiques,  nous  rencontrons  la 
même  insuf;isane(;.  ï~*art.int  de  ceque  l'azite  est  l'éiément  essentiel,  on 
a  recommiîidiî  des  ratioas  de  substiluiion  ilevant  donner  la  môme 
quantité  d'azote.  On  a  toutefois  oublié  d'examiner  si  cet  ^zole  est 
alibile. 

Pour  déterminer  la  valeur  nutritive  d'un  fourra^^e,  on  dose  l'azote 
total,  on  luul  ipiie  le  nombre  obtenu  par  G. '25  et  on  croit  avoir  la  ri- 
chesse en  a  biimine.  On  admet  en  moyenne  que  l'albumino  renferme 
46  pour  100  d'azote,  ce  qui  correspond  au  l'acteur  G. 25.  Multiplier  par 


392  SUR  L'ALIMENTATION  RATlONELLE. 

G. 25,  c'est  donc  croire  que  toute  l'albumine  renferme  1G  pour  100  d'a- 
zote et  que  tout  l'azote  est  à  l'état  d'albumine.  Or  Uiitliausen  a  trouvé 
que  la  congluline  du  lupin  jaune  contient  18.40  pour  100  d'azote,  le 
gluten  du  iVoment  17.14,  etc.  De  plus,  rien  ne  prouve  que  dans  des 
fourrages  ditTérents  la  môme  quantité  dazole  ait  la  môme  action 
sur  la  formation  de  la  viande,  du  lait,  etc.  L'équivalence  de  ces  di- 
verses matières  protéiques  n'est  nullement  certaine.  Enfin,  les  végé- 
taux renferment  des  corps  azolés  non  protéiques,  en  proportion  souvent 
notable.  Ces  composés  azolés  sont  les  ppplones,  les  amides,  les  alca- 
loïdes, les  glucosides,  les  nitrates  et  les  sels  ammoniacaux. 

Les  peptones  sont  des  corps  voisins  de  l'albumine;  ils  s'en  distin- 
guent parce  qu'ils  ne  sont  pas  coagulables  par  la  chaleur  et  par  cer- 
tains réactifs.  Gorup-Besanez  a  trouvé  dans  les  plantes  des  ferments 
transformant  l'albumine  en  peptone  et  qui  ont  assurément  la  môme 
action   pendant   la  germination,  Celte   question  est  très  peu  connue. 

Les  amides  sont  vraisemblablement  très  abondants  dans  les  plantes. 
Le  corps  le  plus  répandu  est  l'asparagine.  On  rencontre  aussi  la  glu- 
tamine,  la  leucine,  la  tyrosine,  l'acide  amidocaproïque,  etc.  L'aspara- 
gine, d'après  Pfelfer,  est  une  réserve  d'azote.  Formée  pendant  la  ger- 
mination, elle  peut  refaire  de  l'albumine.  Dans  la  seconde  année,  elle 
disparaît  des  racines,  se  porte  vers  les  feuilles  et  y  forme  probable- 
ment de  l'albumine.  L'asparagine  s'obtient  facilement  par  cristallisa- 
tion. Dans  des  germes  de  lupin  on  en  a  trouvé  jusqu'à  "J5  pour  100 
des  matières  sèches.  L'asparagine  et  les  autres  amides  sont  dosés  au 
moyen  de  l'acide  azoteux  qui  dégage  l'azote  lequel  est  mesuré.  Le 
D' Sacchse  a  indiqué  une  méthode  pour  déterminer  la  quantité  d'as- 
paragine.  L'asparagine,  sous  l'influence  d'une  ébullition  jirolongée, 
avec  l'aide  cliloihydrique  donne  de  l'ammoniaque  et  de  l'acide 
aspartique  qui,  de  même  que  l'asparagine  n'est  pas  attarpié  par  l'hy- 
pobromite  de  soude  à  la  température  ordinaire.  Si  donc  on  traite 
par  le  procédé  de  Knop  une  solution  d'asparagine  bouillie  avec  l'acide 
c'hlorhydrique,  l'ammoniaque  seule  dégage  de  l'azote.  A  14  ])arties 
dazote  correspondent  à  132  d'asparagine. 

Les  principaux  alcaloïdes  sont  la  quinine,  la  cinchonine,  la  mor- 
hine  et  autres  produits  opiacés,  la  strychnine,  la  bruc-ine,  la  caféine, 
a  nicotine.  Le  tabac  peut  renfermer  ju^quà  8  pour  100  de  nicotine. 
Dans  le  lupin  on  a  trouvé  la  dimélhylcoahydrine;  dans  la  betterave,  la 
bôtaïne.  En  général,  les  matières  fourragères  ne  renferment  pas  d'al- 
caloïdes ou  des  quantités  négligeables. 

Ritthausen  a  isolé  l'amygdaline  dans  les  vesces,  la  solanine  dans  les 
pommes  de  terre.  On  peut  laisser  de  côté  la  détermination  des  glu- 
cosides. 

11  est  facile  de  doser  les  nitrates  et  les  sels  ammoniacaux.  C'est  seu- 
lement dans  les  betteraves  et  le  maïs  qu'on  a  trouvé  des  quantités 
notables  d'acide  nitrique. 

Schulze  a  dosé,  il  y  a -déjà  quelques  années,  l'azote  sous  ses 
diverses  formes  dans  la  betterave;  il  a  trouvé  dans  les  betteraves 
fraîches  : 

Azote  protéiquft 0.0.S03  pour  100 

—      (ies  araide-: 0,0, 8à 

~      rie-!  nitrates O.DnîO 

ammoniacal Oa>0)6 

0,1815 


l 


SUR  L  ALIMENTATION  RATIONNELLE.  393 

Le  dosage  de  l'azote  totale  avait  donné  0,1883  pour  100.  Cette  ana- 
lyse montre  que  l'azote  assimilable  ne  représente  que  2S  pour  100  de 
l'azote  total.  Dans  la  pomme  dà  terre,  Sjliulze  et  iMaercker  ne  trouvè- 
rent que  37  pour  100  de  l'azote  total  sous  forme  de  matière  protéique. 

Les  vesces,  les  pois,  les  haricots,  les  résidus  de  pomm  ss  de  terre  et 
de  betteraves,  les  mélasses  renferment  toujours  des  quantités  notables 
d'azote  cristallisable.  Wolff  a  trouvé  dans  la  luzerne  *24  pour  100  de 
l'azote  total  à  l'état  cristallisable,  dans  le  trèfle,  2  i,  dans  le  ray-grass,  16, 
dans  le  foin,  12.  Ces  cliitîres  ne  sont  pas  constants.  Plus  on  se  rap- 
proche de  la  maturation,  plus  on  trouve  d  albumine.  L'3S  céréales, 
d'après  Kellner,  ne  renferment  que  de  la  protéine.  Toutes  les  données 
admises  relativement  à  la  valeur  nutritive  des  fourrages  sont  donc 
fausses.  Les  analyses  sont  à  refaire;  elles  doi\ent  avoir  pour  objet  les 
principes  immédiats  et  non  l'azote  total. 

Les  dosages  de  l'albumine  exigent  des  précautions  minutieuses.  On 
précipite  les  matières  albuminoïdes  par  le  phénol,  le  sulfate  de  cuivre, 
l'acélale  de  fer,  le  sous  acétate  de  plomb,  et  on  dose  l'azote  dans  le 
précipité.  On  est  arrivé  ainsi  à  des  résultats  diiïérents.  parce  que  cer- 
tains réactifs  peuvent  précipiter  en  même  temps  1  albumine  et  des 
amides.  Ainsi,  l'emploi  du  sulfate  de  cuivre  donne  des  chitlVes  trop 
élevés  pour  la  pomme  de  terre.  Le  chimiste  de  la  Station  agronomique 
du  Connecticut,  M.  Armsby.  a  montré  que  pour  le  foin  ces  sources 
d'erreur  sont  nulles.  Les  différents  réactifs  lui  ont  donne  le  môme 
résultat.  Il  suflit  de  traiter  le  foin  par  l'eau  bouillante  pour  éliminer 
Talbuniine. 

Les  calculs  des  coefficients  de  digestibilité  sont  de  même  entachés 
d'erreur.  On  les  a  faits  jusqu'ici  en  admettant  que  l'azote  des  aliments 
est  tout  entier  à  l'état  protéique.  Celte  question  doit  donc  être  remise 
à  l'étude. 

Enfin,  on  ne  s'appuie  sur  aucune  donnée  scientifique  en  voulant 
comparer  à  l'amidon  les  aliments  non  azotés.  Il  n'y  a  auiun  équiva- 
lent entre  les  matières  féculentes  et  les  matières  grasses.  Toutes  ces 
questions  sont  absolument  inconnues.  Les  théories  de  l'alimentation 
sont  aujourd'hui  purement  empiriques;  elles  ne  reposent  pas  sur  la 
science  expérimentale.  Paul  iMullkr. 

Correspondant  de  la  Société  nationale  d'agriculture. 

SOCIÉTÉ  D'ENCOURIGEMEOT  A  L'AGRICULTURE 

La  deuxième  réunion  générale  de  la  Société  nationale  d'en30urage- 
ment  à  l'agriculture  a  eu  lieu,  ainsi  que  le  Journil  l'a  annoncé,  le 
l*'  décembre,  sous  la  présidence  de  M.  Foucher  de  Careil.  —  250  mem- 
bres environ  y  assistaient. 

iM.  Foucher  de  Careil  était  assisté  au  bureau  par  M.  Gaston  Tîazille, 
l'un  des  vice  présidents;  M.  de  Lagorsse,  secrétaire  général;  M.  Go- 
defroy,  secrétaire;  M.  Lami,  agent  général  de  la  Société. 

Il  a  été  rendu  compte  de  la  situation  de  la  Sociité,  dâs  adhésions 
qui  dépassent  actuellement  1,200  membres,  des  subventions  votées 
par  les  Conseils  généraux,  de  l'action  exercée  par  la  Société  dans  les 
concours  régionaux,  de  la  création  de  sociétés  affiliées  existant  au- 
jourd'hui dans  17  départements.  Surce  dernier  sujet,  MM.  Lisserre, 
de  Roys  et  Godefroy  ont  donoé  des  détails  précis,  sur  lesquels  nous 
aurons  à  revenir.  Les  membres  du  Conseil  d'administration   ont  été 


Î94  SOCIÉTÉ    d'encouragement    A    L'AGRICULTURE. 

mainlenvis  dans  loiirs  fondions,  pour  remplacer  les  p' ries  amenées 
par  la  mort.  AIM.  lioiicaui,  presidenl  (Jj  Ju  Suciélé  d  ai^riculUiie  des 
Landes  L'I  Aime  Girard,  prolesaeiir  au  Conservatoire,  oui  élé  noaiuics 
^dmiiii.-tia  Leurs. 

Le  soir  un  i^rand  banquet,  auquel  a-sislaieat  M.  Tirard,  miaislrede 
l'a^rieultnre,  et  M.  Gnerd,  si»us-secrét.»ire  d'Etitau  minisicie  de 
i'ai:,i'ieiiltiire,  a  réuni  les  membres  de  la  Sociélé.  Des  toisls  très 
ap[)l.»udis  o.it  élé  successivement,  porté.-^  par  MM.  Foncliar  de  Cireil, 
Tirard,  liirr.il,  de  Lagorsse,  GidelVoy  et  Kicbard  (du  Canial). 

La  procliaiue  reunioa  dd  la  SjcieLe  se  tiendra  à  Vers-iilleis,  au  mois 
de  juin,  pendant  le  concours  rci^io.iul,  ileniy  Sagnieu. 

SOGIËT£  NATIONALK  D'AGRICULTURE 

Se  lact',  il  h  1"'  (lé  -irii  >r.:  I  ^Su   —  /'/•(Jvt  Le  t;--  de,  \l.  G  h'^onal. 

M.  le  secrctaire  perpétuel  anuonjc  li  juort  de  M.  .Moil,  membra  de 
la  Socieiedans  la  beclion  d'économie  etde  législation.  AL  le  prc.-ident 
«xj)rnne  les  \ils   re^rels  de   la  Socié.é  pourccite  perle  doulouicuse. 

M.  Artoin^,  Corne; iii  et  Taonts  e.ivoient  \\{\ô  njle  sur  l'iaocula- 
bilité  du  charbon  symplomatique  et  ^es  carac  cies. 

M.  O.ivcr,  prcsKJtîut  de  la  Coiiniission  des  l'yrénées-Orienlales, 
■envoie  deux  notes,  l'une  sur  les  avaata^es  des  Iraiteaieats  (jreaervauts 
ConU\î  le  pli)'llo\era,  et  l'autre  sur  I  eai,»loi  du  suMure  d.;  carbjae. 

M.  le  docLcnr  Lugèae  Uobeit  envoie  un  mémoire  sur  la  plijsijuoniie 
du  bassin  de   i\iris   avant   la    pic.nière   aj)pariiioa  de  1  liomme. 

M.  Lloire,  médecin •  veléi  inaue,  envoie  uae  note  sur  la  caatralion 
des  le  m  cl  les  des  animaux  doiiiesii{|ues. 

Sur  la  pr.ipooilion  de  M.  ll;.-ve  Mjni^jon,  la  So;îiété  déclare  la  va- 
<^nce  ouverte  par  la  mort  de  M.  iVilaultde  Ûallon  dans  la  Sjctian  de 
mécanique  a-ncole  et  des  irrii»a.ions. 

ûl.  Uailly  lait  uae  commuaioaLio.j  sur  les  ravages  qu  il  a  constatés 
sur  des  planlatioas  de  pin  .^vUestre  dan.s  la  llauie-Marae 

M.  Paaicur  analyse  les  premiers  ràsuUats  d  observaiions  qu'il  a 
faites  sur  la  terme  de  Rosière-,  j)ivs  de  Senlis  (Oi^e),  relaiivimeal  à 
des  champs  nnudils  où  le  charbon  e.verce  des  ravages  inuiliples.  Ue 
ces  observaiions,  il  résulte  a  ses  yeux  (|ue  la  terre  prise  au-Jessus 
des  lusses  dans  lesipielles  des  animaux  charbonneux  ont  clc!  e.. louis 
depuis  douze  ans,  est  encore  inljciee  des  germes  de  la  nnlatJie,  dont 
les  \^{'6  continuent  à  être  les  véhicules.  A  la  suite  de  celle  co.nmuni- 
calioa.  une  discussion  s'engage  a  lupielle  prennent  pirt  MM.  liarral, 
iJautpieLde  la  Grye,  lijila,  'Cii'aniureleat.,  Mille  et  D^lesse.  M.  Pasteur 
d'une  part,  M.  birral  tlaulre  put,  insistent  sur  le  danger  (|ue  prc- 
seaie  le  projet  adojité  pu-  le  Co  iscil  municipal  de  Paris,  de  co.idaire 
toutes  les  eau\  défont  daus  lia  s  iriace  de  1 /JDO  heciares,  da.is  la 
forêt  de  SaiaL-Germai.i,  pour  être  puriliées  par  la  lilira  loa  à  travers 
A^  s^i*  Henry  Sagmer. 

REVUE  COMZIICIALE  ET  PRIX -COURANT  DES  DENRÉES  AaRlCOLES 

\k   Di.CE.MHUE    l^   0). 
.  .  _  1.    —  ."»  la  II  •»»/  yénéfale. 

La  sitiiitni  Jj-j  nixi-jUin  a^ioildi  .j  ir,  ijujoarsêtrecoisidir/e  c ):nrne  !)oane, 
L3S   Ira.isuaja*  sai-  la  pla^iut  Jo>   Je  i  ojs  a.;ajoljs  [ii-éseuteiit  assjz  d'ao  ivuéi 

It     —  /..-s  ,;»■•. i„.s  «;  («.s  f.irinns. 

li'is  lablea  IX  siiviat.s  résum  al  lesc.jiirsil«.s^:;réales,  parQU.NTAL  métrique,  sur 
k-.s  pj-.uoi^jiUA  iiiaio.iês  de  ia  Frauca  et  J«  l'otraii^rer  : 


REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX-COURANT  (4    DVGEMBRE  1880). 


nuRu-nvKHT, 


Ca' 


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Côtes  du-i\'oril  Laiiii. 

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FinÎ!Hrre-M-ir\:i\t  ... 

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S.-et-OiM.'-\    -erville 20  bn  •;!   7i  l».7b      \J   •- 

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—  Voi'.ii    .■ •■((.2>  •.•3.00  2m   50     2.. 

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Ifte-Mnyiif  I!o  1  h  ...ne.  27.oo  2.1  i.O 
M-eurlhe-i-i  .Mo-<rU«<  <<i.:y  28     o  2.1. '0 

—  I.linevi.le 27    7b  21.50 

—  Ti.in    2S   00  21. "Il 

Meuse     H^r-le-liii<;..,.,    77   7b  2!.bO 

—  "»-  l.i...  .  .  ..  ....    27    bO      21. OO 

Uaxtte-Saôiu:    Or.<y 28  <.o         • 

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Vosges   Ei'in  1! 28  2b     21.5) 

—  M  leoiirt. 27.00         |>_ 

Prix  moyens 27.50     21   «8 

(.•  KKUl»^.    —  «U'UST. 

Churente.  Anaoniéme..  29.no  2".ort 

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Charente  Infor  MaraTi.*.  2fi  7b         • 
Deux  Sfores      Niort...  «9  no         " 

/n^z-e--/    '•">«.  T.Hirs..   28  2b  19   7i 

—  Bl-ré.      ..       27. .10  20  nO 

—  Ctiii.»a"-W<MiH'jlt.  28  no  19- 5» 

Lni-K-Inf  '•i-.iKfti'. 27   7b  2i-    5 

j|^ -*r./„,V,.S;iuiiiur    ..  28   50  21-50 

Vendée.    >.■■<;•••■■ 27  25         • 

—  Fo  l'e  >iv 2T.11O    co-So     i9  -o     19  2b 

Vienne  Oh  it.ftil«ra  lit    ..  '?0   îb     20  bo    2n.o»     i«  ..« 

—  Lo.i.lnn 2'.50  '       ■  iV.30     18  b<» 

flatUe-Vienne     Limu^es  28^0    20. 2b     •_       2j_' 0 

Prii   moyens 98.17     20  32     19.47      19  30 


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—  Sl-Pouica  n 
Cl^-r.M..   ..--.... 

—  Griciy 

—  V|«i/,)ii...    , 
Cr-'iixtf.    4 lM«iin, 


5»   RKOION.  — J«:K.\THf<. 

Bl^  U\i\t.  Oret. 

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28  50  Vil  7i  2u.b0 
27.25  19.5. 


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—     Moud  mlileau. 

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Sc-i.s 


Prix  iiio>ei 
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Ulex  l'yri^iti^e.i.    Tari.es.    V8  nu  2.i.bo 

Prix  moyens 28  50  29  37     17.16 

8*   KRDION.    —  .•il'l». 
iude.    CarO>««omie...      28   5  >  o  18.50 

I. ■«./<•.. .A.    Villefraïuhe.  28  75  20    0        * 

i:n,.hit.     v:h.|.i.,.-, 3i    ,5  70    7b 

V9  2b  2i    no     20   5rt 
28    55  »  22  «O 

28   bO  2.   SO      vo  2. 

2S.55  19   30      <0  30 

27. 10  21    7b 

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Prix  moyens 

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..  29   50  21    00  • 

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Prix  .11. .yens 29  61      2.. 71     2     m 

M»V    'Ik  "»■"«  '"  •''•ance   78    3»      21    ni      10   SO 
lalnopre.-.ed.  28  ol     20  9!     I9  2<> 


Sarias»  ii<tine  \  Hausse.    0.20 
précédente..     {  Baisse.      • 


21'.  .«5 
21.50 


17.70 
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20  50 
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20  40 

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396  REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX-COURANT 

Blé.  Seigle.  Oree.  Avoin«s. 

fr.                fr.  fr.  fr. 

^J Algérie.                   Alger 26.25            »  15.00  17  OQ 

Angleterre.                Lomlres 27.70             »  20. .50  20.60  .   , 

Belyi>,ue.                  Anvers 25.50  23  85  22  85  19.50 

—  Bruxelles 28.50  2!(.25  22.25  r>             -   - 

—  Liège 27  50  25.23  2300  19.00 

—  Namur  27.00  23.75  21.03  17.50 

Pay.;-na.<s.  Amsterdam 26.75  24.25 

l.uiemhourg.  Luxembourg 30  25         25  00         23 . 50         17  50 

Alsace- Lorraine.        Metz 28.50        25.25         19,50         18  50 

—  Strasbourg 31   00        27.25         23  75         1H.75 

—  Alulliouse 29.25        25.25         23,00         lO.ip,^,^,;, 

/llrmaqne,  Berlin... --'6  25         26  35  »  •  ' '■  * 

—  Cologne 27   50        27  50  .  ./  ItJyluO!) 

—  Hambourg 25. 50  25.35  »  » 

Shisse.  Genove 28  75  *  ■  19. 5C 

—  Zurich 3!. 50  •  »  18.75 

llahf.  Milan 29  00  23. Cû  »  19  75 

Esp'igrte.  ValladoliJ 21.00  »  •  16  00 

-ru(r„/,e,|  Vienne 27.50  23  50  18.25  15  25 

Ilonfjrie.  Bu'Japesth .  2Ô.75  21.50  18.00  14.0;i 

nusxie.  Sainl-l'élersbourg...  30.25  25. CO  >  16.00 

Elatx-Unis.  Nc\v->  ork 25  95  »  ■  » 

Farines.  —  Les  demandes  sont  actives,  et  les  prix  sont  en  hausse  pour  toutes 
les  sortes.  —  Les  farines  de  consommation  sont  rechercihées,  à  la  hiille  de  Paris. 
On  paye  suivant  les  catégories  :  marque  D,  65  fr.;  marques  de  choix,  65  à  68 Ir.  ; 
bonnes  marques,  63  à  64i  ir.;  sortes  ordinaires,  62  à  63  fr.;  le  lout  par  sac  de 
159kilo<;.,  toile  àrendre,  ou  157  kilog.  net,  ce  qui  correspond  aux  prix  extrêmes 
de  39  50à43  fr.  30,  par  luO  kilog..  ou  en  moyenne  ^l  fr.  80,  soit  une  hausse 
de  1  fr.  05  depuis  huit  jours.  —  Pour  les  farines  de  spéculation,  oi  cotait  à 
Paris,  le  m  rcredi  I"  décembre,  au  soir  :  farines  huit  marques.,  courant,  du  mois, 
62  fr.  75  à  62  50  ;  jmvier-lévrier,  62  ir.  à  62  fr.  5;5  ;  quatre  premiers  mois, 
61  fr.  75;  quatre  mois  de  mars,  60  Ir.  75;  le  tout  par  sac  de  159  kilog  toile 
perdue,  ou  157  kilog.  net;  farines  supérieures,  courant  du  mois,  ^lO  à  40  fr.  25  ; 
janvier,  39  fr.  50;  janvier-février,  39  fr.  50;  quatre  premiers  mois,  39  fr.  25;  à 
39  fr.  50;  quatre  mois  de  mars,  38  fr.  75  à  39  fr.;  le  tout  par  sac  de  100  kilog. 
—  La  cote  otficielle,  a  été  établie  comme  il  suit,  pour  chacun  des  jours  de 
la  semaine. 

Blés.  —  Il  n'y  a  eu,  durant  cette  semaine,  que  des  approvisionnements  res- 
treints sur  le  plus  grand  nombre  des  marchés.  Les  aflaires  sont  calmes  presque 
partout;  on  n'a  eu  à  enregistrer  que  des  ventes  peu  importantes  sur  les  blés.  Les 
besoins  du  comaierce  sont  toujours  considérables;  les  agriculteurs  qui  ont  appris, 
à  leur.s  dé[>ens,  pendant  les  dernières  années,  à  défendre  leur  bourse,  maintien- 
nent leurs  prix  avec  une  granle  énergie.  Geu.x-ci  sjnt  fixés  désormais  au  moins 
jusqu'au  printemps,  avec  (juel  fues  oscillations  en  hausse  qui  se  produiront  suivant 
les  besoins  locaux.  —  A  la  halle  de  Paris,  le  mercredi  I*^'  décembre,  il  n'y  a  eu 
que  peu  de  transactions;  les  prix  ont  été  fermes,  de  28  fr.  50  à  31  Ir.  par 
100  kilog.  ou  en  moyenne,  29  fr.  75,  comme  le  mercredi  prr'cédent.  —  Sur  le 
marché  des  blés  à  livrer,  on  cotait  :  courant  du  mois,  29  fr.  50  ;  janvier,  29  fr.;  jan- 
vier-février, 28  fr.  75  à  29  fr.;  quatre  premiers  mois,  28  fr.  7ô  à  i!9  fr.;  quatre 
mois  de  mars,  28  fr.  50.  —  Au  Havre,  les  transactions  sont  calmes,  et  les  prix 
très  fermes  sur  les  blés  américains,  qui  valent  de  27  fr.  50  à  2^  fr.  — A  Marseille, 
les  anivages  de  la  semaine  ont  été  de  200,000  hectolitres  environ;  Je  stock  est, 
dans  les  docks,  de  254,000  auintaux  métriques,  avec  une  augmentation  de 
10,0 JO  quintaux  depuis  huit  jours.  Au  dernier  marché,  on  cotair,  par  100  kilog.  : 
Irka,  27  fr  50  à  29  fr.;  Michi^an,  28  fr.  50;  Kichelles,  29  fr.  50  à  30  fr.; 
tuzelles,  29  fr.  50  à  30  fr.  50;  Pologne,  28  fr.  à  28  fr.  50;  Azolï  durs,  27  fr.  50 
à  29  Ir.  —  A  Londres,  les  arrivages  de  blés  étrangers  ont  été,  durant  la  semaine, 
de  166, Oi  0  quintaux  métriques.  Le  marché  était  calme,  et  les  prix  plus  (aibles  que 
la  semaine  précédente.  Ou  payait  de  26  fr.  40  à  29  fr.  par  100  kilog.  suivant  les 
provenances  et  les  qualités. 

Dates  (novembre),       25  26  27  29  3o  1" 

Fa-ines  hiiit-raar(iue!(I57  kilo?.).    6Î.35         62.50  62.10  62.65        62.75  'i     G3  50 

—      sijpérie. ires  (10  J  kilo,'.).    4025        39.75  39.25  39.75      .3). 75        4.10.1 

Sur  toutes  les  sortes,  ce  tableau  indique  une  grande  fermeté.  Il  en  est  d.^  même 
pour  1- s  farines  deuxiè nés  qui  sont  vendues*  de  30  à  35  fr.;  et  |)Our  les  gruaux 
cjue  l'on  cote  de  44  à  55  fr. 


DES  DENRÉES  AGRICOLES  (4  DÉCEMBRE  1880).  397 

Seiolps.  —  Peu  d'affaires,  et  cours  faibles,  à  la  halle  de  Paris,  à  23  i'r.  par 
100  kilofî.  Les  liuines  sont  vendues  de  3^  à  36  i'r.  par  quintal  métrique. 

Urges.  —  Les  prix  sont  bien  tenus.  On  cote  à  la  halle  de  Paris,  de  18  fr,  .'=>0  à 
20  fr.  7  5  I  ar  hOkilofr.  suivant  les  sortes.  Les  escourgeons  sont  vendus  de  :9  fr.  75 
à  -20  fr.  25.  A  Londres,  il  y  a  eu,  celle  semaine,  des  arrivasses  de  <i3,0(0  quin- 
taux d"orges  (trangères;  il  y  a  un  peu  de  faiblesse  dans  les  prix;  on  paye  de 
19  fr.  45  à  21  fr    50  par  quintal  métri(jue, 

Mail.  —  Les  affaires  sont  calmes,  mais  les  cours  varient  peu.  On  cote  à  Paris, 
de  30  à  34  fr.  par  100  kilog.  pour  les  malts  d'orge  indigènes. 

Avoines.  —  Les  offres  sont  resireintes,  les  cours  accusent  beaucoup  de  fermeté. 
On  paye  à  la  iialle  de  Paris,  de  19  fr.  50  à  21  fr.  75  par  lOJ  kilog.  suivant  poids, 
couleur  et  qualité.  —  A  Londres,  on  a  compté,  pendant  la  semaine,  les  arrivages 
de  157,000  (piiiilaux  métriques.  Les  prix  sont  faiblement  tenus  de  19  fr  20  à 
22  fr.  par  LO  kilog. 

SnrrMin.  —  Lts  prix  sont  bien  tenus  à  19  fr.  50  par  quintal  métrique  à  la  halle 
de  Paris. 

Mu'is.  —  Mêmes  cours  que  la  semaine  dernière,  tant  sur  les  marchés  du  Midi 
que  dans  les  ports  d'impoitation. 

Issues  —  H  y  a  un  peu  de  faiblesse  dans  les  prix,  qui  s'établissent  à  la  halle 
de  Paris  :  gros  son,  14  à  14  fr.  25;  son  trois  cases,  13  fr.  50  à  \A  ir.  75  ;  sons 
fins,  13  à  U  fr.  25  ;  rccoupettes,  12  fr.  50  à  13  fr.;  rcmoulages  bis,  15  à  16  fr.  ; 
remoulages  blancs,  17  à  18  fr. 

III.  —  Vins,  spirilueux,  vinaigres,  cidres 
Vins.  —  L'activité  des  marchés  bordelais  s'est  subitement  apaisée,  et  la  situa- 
tion devient  dans  tous  les  vignobles  de  plus  en  plus  calme.  Cet  éiat  de  chose  est 
diversement  apprécié  par  nos  correspondants  et  par  les  chroniqueurs  de  la  presse 
vinicole.  Les  uns  attribuent  l'accalmie  commerciale  actuelle  à  la  prochaine  dimi- 
nution des  droits  d'entrées  dans  Paris,  qui  doit  avoir  lieu  le  P'  janvier  1881,  ce 
qui,  par  suite,  engage  le  commerce  à  ne  pas  s'approvisionner  avant  celle  époque. 
Nous  avouerons  que  nous  n'avons  pas  grande  confiance  dans  celte  pi  etnière  raison, 
car  l'abstention  ne  peut  avoir  du  vrai,  ((u'à  l'égard  du  commerce  de  détail,  le 
commerce  de  gros  étant  toujours  à  même  de  mettre  ses  vins  en  entrepôt  et  d'at- 
tendre le  moment  où  les  entrées  ne  seront  plus  aussi  fortes.  Les  autres  attribuent 
la  phase  d'indifférence  que  nous  tiaveisons  à  la  concurrence  que  fait  à  nos  petits 
vins  courants  et  à  quelques-uns  de  nos  vins  d'opération,  les  vins  de  raisins  secs, 
les  vins  à  l'eau  sucrée  et  autns  piquettes.  Voici,  à  ce  sujet,  ce  que  nous  lisons 
dans  le  Lai'guKlocien  de  Pézenas  (Hérault)  :  «  Il  serait  difficile  de  se  faire  une 
idée  du  degré  d'habileté  que  sont  parve-.us  à  atteindre  les  fabricants  de  vins  de 
raisins  secs,  dans  la  confection  de  ces  succédanés  du  vin.  Cette  sujiériorité  a  de 
plus  un  autre  mérite,  celui  de  venir  à  son  heure.  Pour  nous  servir  d'un  mot  qui 
a  fait  fortune,  elle  a  choisi  pour  se  produire  le  moment  opportun,  l'heure  précise 
oii  les  vins  légers  ne  présentent  pas  les  conditions  de  solidité  qu'ils  avaient  d'or- 
dinaire. »  D'autres  enfin  répètent  que  tous  les  ans,  à  pareille  épnque,  il  se  pro- 
duit un  moment  d'arrêt  dans  les  transactions,  et  qu'on  ne  doit  pas  être  surpris  du 
calme  relatif  des  affaires.  Quoi  qu'il  en  soit,  la  situation  a  eu  pour  effet  de  jeter 
la  défaveur  sur  les  petits  vins,  qui,  cette  année,  nous  l'avons  déjà  dit,  manquent 
de  couleur  et  d'alcoolicité.  On  cite  dans  le  Midi,  des  ventes  de  vins  longes,  pe- 
sant neuf  degrés  au  prix  de  18  fr.  En  généri:l,  la  baisse  peut  être  estimée  de  3  à 
5  fr.  par  hectolitre,  seulement,  empressons-nous  d'ajouter,  que  les  beaux  et  bons 
Tins,  aussi  bien  ceux  du  Midi  que  ceux  de  l'Est,  de  l'Ouest  et  du  Centre,  main- 
tiennent leurs  prix  avec  une  fermeté  qui  ne  peut  laisser  l'espoir  à  ceux  qui,  sur  ces 
qualités,  attendent  de  la  baisse.  En  résumé,  nous  traversons  une  période  expec- 
tante  déterminée  :  par  la  diminution  prochaine  de  l'impôt  ;  par  l'inlroduciion  dans 
les  affaires  courantes  des  vins  de  raisins  secs,  des  vins  à  l'eau  suciée  et  des  pi- 
quettes ;  par  la  grande  concurrence  que  font  les  vins  élrancers  aux  vins  indigènes 
d'opératiin.  et  enfin  par  l'infériorité  notoire  de  nos  produits  de  consommation 
courants.  En  dehors  de  ces  appréciations  générales,  nous  n'avons  rien  de  nouveau 
à  signaler  et  nous  le  répétons  encore  une  fois,  les  choses  resteront  d^.ns  le  même 
état,  jusqu'à  ce  que  l'on  connaisse  lecfiiffre  officiel  de  la  récolte  dernière. 

Spiriiuevx.  —  Les  cours  ont  fléclii  cett-i  semaine,  particulièrement  sur  le  rap- 
proché. Le  livrable  e-t  mieux  tenu.  C'est  particulièrement  depuis  jeudi  que  la 
tendance  a  pris  de  la  lourdeur.  Voici,  du  reste  le  mouvement  du  disponible  sur  le 
mois  couiaut  :  début,  60  fr.  £0,  puis  successivement  en  hausse,  60  fr.  75,  61  fr., 


398  REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX-COURANT 

pour  descendre  ensuite  à  60  Ir  75,  6.1  fr.  50,  60  fr.  et  59  fr.  50,  cln.Tre  de  clô- 
tun".  Le.  .-narclié  (Je  Lilla  reste  calme  tt  suis  viriaîions  :  l'alcool  betterave  di-po- 
nil)l".  e>t  Cillé  .th  Ii-.,  le  livrable,  laute  datViire-»,  n'a  pas  de  cours  Ndiis  n  avons 
fgHlemeiii  aucun  tliatigernent  à  sif^iialer  dans  le  Midi  :  Cette,  Nlacs,  B  zeis,Nar- 
bonne.  M  -ut,  ellier,  Pczenas,  »'ic  ,  i.'niii  j).is  cliai'gé.  Quant  aux  niar  li-s  alle- 
mand-', ils  ac  u-eut.  dr;  la  baisse.  —  A  P.ms,  on  cote  y/o  betterave,  l"  <[iinlilé, 
i<0  de<j)ps  disj»<inib!e  60.25  dectnibre  b0.50  quatre  premiers  cU.75  à  6!  fp. 
quatie  d  été  5.V<75  à  tO  tr. 

VDiaijrt''.  —  A  0'-L-nii<  I  Loiret).  !«  vinaii^re  noiiveiu  de  vin  nouveau,  s ^  traite 
totijour.-*  au  prix  de  45  à  46  tr.  i'iiectoliire  lo jé  ;  le  vinaigre  nouveau  de  via  \ieux, 
46  à  ^i"»  fr.  et  le  vinaigre  vieux,  5-  à  60  I)-. 

(lires.  —  A  Be luvu's  (Oi-'e\  les  poimues  à  cidre  sont  très  recherchées  au  prix 
de  4  Ir.  .' t   la  razuie  de  5    iiires. 

IV.  —  .>«.re.>.  —   Mélttsi-ei!.  —  Fécules.  —  (Jluroses.  —Amidons. —  Houhlovs. 

Sucres.  —  les  offies  en  sucres  sont  ioujours  rares  sur  le  plus  gran  1  nombre 
des  tna'cliés;  lestiansaclions  présentent  |i.-u  d'actixiié,  et  les  cours  ont  légèrement 
fléchi  dej.iiis  btiit  joni's  r|uoi  |u"ils  suienl  encoie  bien  tenus.  Les  r^isultats  de  la 
Cam|>agiu;  actuelle  sont  tonji>ur>  peu  tavoiables.  un  paye  par  100  kilug.:  à  Paris, 
fucres  biiits  8^  degrés  saccha-imétriipjes,  o4  fr.;  sucivs  blancs,  n"  i,  61  Ir.  25 
à  61  fr.  rO;  à  Ldle,  sucres  bruts,  52  Ir.  5u;  à  St-Quentin,  sucres  bruts,  f^.6  fr.  25; 
sucres  blancs,  60  IV  25;  à  Djuai,  sucres  biuis,  54  Ir.  zb  à  54  Ir.  50.  —  L^  stock 
de  rentie,iôt  réel  des  sucres  était,  au  >'-'■  déceinbie,  à  i*aris,  de  2  i  .00  '  sics  de 
suer  s  in  iigènes,  av«-c  une  augmentation  de  3  ,00'J  sacs  depuis  huit  jours. 
- —  Pi)nr  les  sucres  ralfinés.  les  cuips  accusent  beaucoup  de  fermeté;  on  les  paye 
de  115  à  I  vO  fr.  p.ir  .pnotnl  métiipie,  à  la  consomMU.tion,  à  Pdris,  et  de  V5  à 
79  fr.  par  TeXiiortalion.  La  siiuritio;i  est  tu.  j.nirs  ^ans  changements,  ilans  les  ports, 
pour  les  sucres  colo  iiaux,  taul  bruts  cpie  raliinés. 

McLis.'^es.  —  Les  cours  varient  peu  Un  paye  à  R'iris  13  fr.  par  100  ki'.og.  pour  les 
mélasses  de  falniijue,    14  fr.  50  à  lo  fr    pour  celles  de  ralliaerie. 

Fr.niii'.'<  —  Les  prix  accusent  beaucou,»  de  fermeté,  ([iioi  pie  les  atr".iir-s  soient 
assez  cal  ries.  Les  fécules  pi-.  mières  >ont  c  .tées  par  00  klog.:  à  P  iris,  ,35  à  36  fr.; 
à    CompièpMie,    3  >   \v.    Les  iécnles     vertes  valent  de  21    Ir.  5!)  à  22  fr 

Ciliinis-".  —  Il  y  a  un  peu  de  baisse  dans  les  cours.  On  cote  par  100  kilog  ,  à 
Paris  :  sirop  pre  trier  blanc  decri-tal,  55  à  5«  fr.;  sirop  massé,  4j  à  48  fr.;  sirop 
liquide.  38  à  4(i  tr. 

Aniiilo  s.  —  Toujours  Ijeanconp  de  fertneté  d  ins  les  prix.  On  cote  par  103  kilo:^.: 
amidons  du  pur  boujent  en  pa  piers.  7  i  à  7  i  tr.;  a  nidj  is  de  prjvmcd,  62  à  ot  Ir.; 
ami  ions  dWlsai-e,  ^8  à  6  •  f.  ;  amidons  d^  riz,  38  à  40  fr. 

Ihiiih'itn^.  —  Sur  tons  les  muclies,  les  cours  accuseit  une  gran  le  lermalé;  les 
ventes  >ont  clives.  Ou  cote  par  bio  kilo^'.  Al  »st,  12»  à  1-3  i  fr.;  B  j-i-^îiess  i,  170 
à  18"  fr.;  Biilleiil,  14  '  à  i50  fr;  Bousier,  150  fr  ;  en  Bjurgogne,  180  à  22j  fr.; 
«a  Alsace,  -20  à  250  Ir. 

V.—   Huiles  pf  grairex  olt^ngineu/ies. 

Ih'iles  —  Lps  ventes  sont  assez  acti\es  en  huiles  de  grainps  de  toutes  sortes, 
à  Paris.  0  I  piye  (lar  lOc  kilog.  :  bmle  de  colza  en  buis  lùls,  7r.  IV.  25;  en 
tonnes,  77  fr.  2  s  éiinrée  en  tonnes,  85  fr.  2-;  bnile  de  lin  en  tous  fûts,  69  IV.; 
en  tonne,  7  1  Ir.  — Su'  les  raai-cliés  des  déiiartements,  les  hui  hs  de  colza  sont 
cotées  :  à  Gaen,  7|  IV  2'^;  <à  t^lambrai.  7'  fr  ;  à  .Vnas,  75  à  77  fr.:  et  les  autres 
sortes  :  pavot,  97  fr.;  lin,  73  fr  ;  caineline.  1  i  à  73  fr.:  pavot,  93  à  ^5  fr.  —  A 
Marseille,  les  allaires  sont  calmes  sur  les  huiles  de.  graines,  sans  chingeraents  ;  les 
buile-  (l'olive,  au  contraire,  piésent.nt  des  transactions  assez  actives,  aux  prix  de 
14!S  à  19  '  Ir.  par  l  "•  kilo^'.  à  la  consomn.ition.  —  La  cueillette  des  olives  est 
commencée  dans  le  Var;  le  rendement  est  faible,  les  jirix  accusent  bei-ucoup  de 
fermeté,  ou  |  aye  ces  Iruits  de  .<•  à  6  •  fr.  par  bectolilre. 

Cirunic-.  ilèiipn'-nscs.  —  Les  afl'.iires  sont  assez  calmes,  mais  les  prix  se  raaîn- 
tiennei;t  sur  les  marchés  du  Nord,  fiù  l'on   paye  par  hectolitre  ;  œilltt'e,  H4  fr.  LO 
à  35  fr.  5*.  ;  colza,  21  à  II  IV    ;  5;  lin,  24  à  25  fr.;  caraeline,  15  à  17  fr.  50. 
VI.  —  T^uriennx.  —  Nmrs  j  —  Euyrais. 

fnmtpmiT.  —  Il  y  a  toujours  dans  les  cour»  une  grande  ferm'^fé.  On  pave  par 
ion  kilojT  à  Arras  :  lonrteaux  d'(pillette,  19  fr  50  à  20  fr  ;  ro'za,  17  f r  ;  de  lin, 
27  fr.:  de  caineline,  16  fr.  75  à  17  Ir.  —  A  Marseille,  mêmes  cours  que  la  semaiae 
précédente. 


DES  DENRÉES  AGRICOLES   (4    DI^:CEM8RE'  1880).  39» 

Noirs.  —  Les  prix  sont  les  mêmes  que  là  semaine  dernière  sur  les  marchés  du. 
N«rd. 

VII.  —  Vnlières  rrsini'Vf^cs,  c(>\(>rniiii>s  et  tarmnntrs. 

Miiii'prrf!  rêswpiises.  —  Les  1j.Tnsaciiuns  t-oiil  calmes  et  les  piix  demeurent  sans 
chatT.oments  sm- les  marchés  du  INIidi, 

Cdiiiles. —  Maint  en  du  j.rix  de  il  fr.    j  ar    ICO  Ivilog.  dans  le  Larpuedoc. 

h-i'fp's.  —  L's  couis  accusent  une  grandi-  h-imelé  dans  le  P-ii>:oid    Les  qua- 
lités marchandes  valent  de  ^  Ir.  à  «*  Ir.  50  par  kilog.  en  |i  eni  er  athal. 
Viil.  —  Sv^fs  tt  corps  yriis,  niirs  et   peuux. 

Suif'--.  —  Los  cours  sont  en  Laisse  à  Pans,  à  85  Ir.  par  KO  kiiog.  pour  les 
suifs  pu- s  de  Tahat  delà  bouchfrie. 

Cwis  et  p'fnix.  —  Anx  veiiles  n'enfudles  de  la  boncherie  le  30  novembre,  on 
cotait  en  mn^eni  e  ]  ar  100  kilog.  :  hœuls.  b'i  à  10»  Ir.;  \aches.  93  fr.  2ô  à  i*9  fr..; 
taureaux,  94  ir.;  vtaux,   124  Ir.  3U  à  171  ir. 

I.K.   —  heurres.    —Œiifn.    -    hrnmnups.—  Volniilesftui'-ier. 

Betirrps.  —  On  a  vendu  pendant  la  si  raaine,  à  la  I  aile  de  Paris.  SO^jVîA  Ic'log. 
de  beurres.  Au  dernier  jour,  on  pt-yail  |.at  kilug.  :  en  demi  kilo-..  2  fr.  80  à 
4  Ir.  SO;  petits  beurres,  2  30  à  3  Ir.  lU;  Gourna\,  i  32  à  5  IV.  24,  Isigny,  -z  fr.  30 
à  8  fr  30. 

Cfe'/'/:v.  —  Ilaérévrndu  à  la  halledePari<,du  23  au  29  novembre,  3,^ 8f..-" 00  œufs. 
Au  dernier  jour,  on  payait  par  mille  :  il.oix,  1:6  à  142  Ir.,  oïdinaires,  75  à 
12^    Ir  ;  leliîs,   59  à  6b  Ir.  Les  cours  ^ont  m  bajf»se. 

Fnnofffies.  —  Derniers  cours  de  la  halle  de  Patis  :  par  dou^nine.  Brie,  9  à 
27  Ir  ;  Montlliéry,  i5  Ir.;  |ar  cent,  Livarot,  31  à  75  fr.;  M<>nt-.l'()i .  3  à  :-i0  Ir.; 
Neufchâlel,  4  5;)  a  i6  fr.  50  ;  diveis,  8 à  »U  fr  ;  par  Kd  kilog.,  Lnuyi  re,  ]6>  à  l  7u  Ir. 

Va  ailles  ei  gil-ier.  —  On  vend  à  la  halle  de  Paris  :  Agneaux,  1 -.  à  2'i  f i .  — 
Aloue  tes  (la  |.vèce),  0  ir.  U5  à  d  fr.  3  -.  —  Bécasses,  3  fr.  à  7  Ir  75  ~  Bécas- 
sines, 0  fr.  5  >  à  3  fr.  ^0.  —  Cailles,  0  U:  80  à  l  fr.  10.  —  Canards  barl». leurs, 
1  fr.  85  à  6  Ir.  60  —  Canards  sauvages,  2  fr  50  à  k  fr.  40  —  Ce.ls,  clh-vieuils 
et  daims,  25  à  t>b  fr    —  Sangliers,  «.  0  à  i  I».  fr.  —  Cièies  eu  lots,  0  Ir    4  ■  à  o  fr. 

—  Ouides  gras  ou  gtos,  ^  à  lô  fr.  —  Dimlcs  communs.  3  fr.  90  à  7  fr  m5.  — 
Faisans  et  coqs  de  btuvère,  3  fr.  fO  à  h  fr.  —  La[.ins  doraostiqu-s.  I  fr.  ?5  à 
4  Ir.  80  —  La|.ins  de'garenne.  1  fr.  50  à  3  fr.  —  Lièvres,  .1  à  6  fr.  —  Oie« 
grasses,  8  Ir.  a  lO  iV.  50.—  Oies  communes,  -*  Ir  60  à  6  (r.  tO.  —  Perdrix  grises^ 
1  fr  H5  à  5  T.  —  Grives  et  merles,  0  fr.  20  à  0  tr.  85.  —  Pigeonsde  ^o!ié^e,  .-  Ir  25 
à  2  fr.  —  Pigecns  bizels,  1  fr.  à  «»  »».  — Pi'ets,  1  fr.  à  1  fr.  7S  -  PluMers^ 
0  fr.  75  à  l  Ir.  —  Poules  ordinaires,  3  à  u  fr.  —  Poulets  gras,  4  f  r    6     à  H   ir.  50. 

—  Poulets  communs,   i    Ir.  40  à  1   fr.  95    —  Riles  de  genêt,  0   fr.  5'   à  I  fr.  2^*. 

—  Ruuges,  I  Ir.  60  à  2  (r.  —  Saicelles.  0  fr  tO  à  2  fr.  —  Vanneaux,  0  fr.  3j  à 
0  fr.  90.  —  Pièces  non  c!a>sées,  O  fr    25  à  7  fr. 

X      _   t.hei.m.v.  —     Hpi'hI.  —   Viaur/r.     ^  _ 

Chi'vau.T.  —  Aux  marchés  dds  24  et  27  mve  q  ire,  à  Piris,  on  comptait  149 
chevaux.  Sur  ce  nombre,  421  ont  été  vendus  coiume  il  suit  : 

Ain-i!.-».     VeiiMls     Prix  eictrpi>f<. 

Chevaux  de  cabriolet 237  39  3o0al,i80tr. 

—  dpt  ait 3*4  3;n  i    l.;iM) 

—  hors^.l'aue 380  I  30»    1 .' "20 

—  à  t'eacl.ere 1)2  9=î  3'l  »       29  1 

—  de   bouuttene CO  9J  32  à       ll.-> 

BHaiL  —  Le  tableau  suivant  résume  le  mouvement  du  marché  aux  bestiaux  de  la 
Villette,  du  jeudi  25  au  mardi  30  novembre  : 

Poids        pri«  du  kilo^.  de  ».«i.iiesir  uied 
Vendus  moyen      au  marche  du   imui  ï5  "lovembii. 


La  situation  n'est  plus  aussi  favorab'e  que  pe  'd.int  les  deux  dernières  semaine». 
Les  oll'res,  pour  les  diverses  catégories  daiiuaux,  sont  seusiuleiueuL  pius  cunsi- 
déralif^s,  et  les  cours  sunt  l'ailuement  tei  us. 

A  Londres,  les  arrivages   d'anLuaux  ttiangers,  durant  la  semaine  dernière,  sA 


400      REVUE  COMMERCIALE    ET  PRIX-COURANT   (4  DÉCEMBRE  1880). 


sont  composés    Hc    9,f99   lots,    dont   13    bœufs,   8 
veaux  \c'i)aiit  d'Arasttjdam  ;  bb5  moulons  de  Brème 


veaux,  2,294  moutons  et  8 
;  880  moulons  d'Hambourg; 
13  l.œuls,  'Jb  vciiux,  2,i0l  moutons  et  1  jioc  d'Harliugen;  218  1  œuls  de  New- 
Yoik;  i;-i  bœuts,  2^4  veaux  et  2,3^5  moutons  de  Rotterdam;  b-lk  bœufs  et 
28:4  moutons  de  Tonning  l'rix  du  kiJog.  tœvf,  1",  1  fr.  87  à  2  ir.  0:-^  ;  2%  1  Ir.  58 
à  1  fr.  7i);  qualité  infmeure,  1  Ir.  c5  à  I  fr.  i.8.  —  Veav,  f',  l  fr.  96  à  2  fr.  10; 
2*^,  1  fr.  70  à  1  fr.  8i.  —  Mouton,  l'«,  2lr.  22  à  2  fr.  34;  2%  1  fr.  tS  à  2  Ir.  10; 
qualité  inférieure,  1  Ir.  70  à  1  fr.  87.  —  Porc,  1",  1  ir.  75  à  1  fr.  99;  L%  1  fr.  58 
à  fr.  75. 
Vianie  à  la  criée.  —  Oa  a  vendu  à  la  halle  de  Paris,  du  23    au  59  novembre. 

Prix  du  kilog.  le  29  novembre. 


Bœuf  ou  vache. 

Veau , 

Mouton , 

Porc 


kilog. 

,  2  ty,!i:]6 
16.i.277 
84.6fi8 
2.),394_ 

483,27.T 


l"  quai. 
0.92  à  I   5d 
1.72     2.10 
1.J6     1.46 


"î"  qilHl. 

0.78àl.36 
1.18  1.70 
1.18     1.34 


Porc  frais 

Soit  par  jour 69,039  kilog 


quai. 
0.50à  1.16 
0  80  1.16 
0.76  1  16 
1.  I6à  1.70 


0.90; 
0,90 
0.90 


X.     Basse  houcherie, 
2.40  O.lOà  1.10 
2.40       . 
2.Ô0       . 


Les  ventes  ont  été  supérieures  de  7,00o  kilog.  environ  par  jour  à   celles  de  la 
semaine  pricédente    Pour  toutes  les  sortes,  les  prix  sont  faibles. 

XI.  —  Cours  de  la  viande  à  Vabattoir  de   la  ViUette  du  2  décembre  [par  50  kilog.) 

Cours  de  la  charcuterie.  —  On  vend  à  la  Villette  par  50  kilog.  :    1"  qualité, 
,  .  ^.  <•      „     „„  .   __   -.       poitig^jf^  50  à  62  ir. 


87  à  90  fr.;  2%  83  à  85  ir. 


XII.  —  Marché  aux  bestiaux  de  la  Villette  du  jeudi  2  décembre. 

Cours  des  commissioQDalre* 
Poids  Cours    officiels. 


Bœufs.... 
Vaches... 
Taureaux. 
Veaux.... 
Moutons.. 
Porcs  firas 
—  iDai^re 
Vente  as 


Animaux 

amenés. 

,.     Ï.WS 

Vtï 

146 

811 

.    19.221 

.     3..3i 


Invendus. 

214 
lti3 

28 

65 


moyen   ^- 
général,    !'• 
kil.       gual. 
360         1.68 


3&0 
3f.5 
80 

18 


l.2i 
2.40 


qiial.  quai. 
.46      I.ii4 
.3»     l.ltO 


Prix 

extrêmes. 
.00  ài.7J 


1.54 
1.30 
2.50 
1.9.» 
1.76 


quai. 
1.68 

1.48 
1.25 


en  bestiaux. 

Prix 

quai.  quai.  extrêmes. 
1.4^  t.uo  0.9Sàl.70 
1.3U  1.00  0.9U  1.54 
i.lO     1  tO      0.90     1.30 


;  active  sur  toutes  les  espèces. 


XIII.  —  Résumé. 
Sauf  en  ce  qui  concerne  les  produits  animaux,  les  cours  de  la  plupart  des  den- 
rées accusent  cette  seauiae  une  gratiJc  lermeté. 


A.  Remy. 


BULLETIN  FINANCIER. 


pubii 


Marché  lourd:   après  des  variai  ions  insignifiantes  nous  retrouvons   nos  fonds 
abiics  aux    cours  de   la   senifiine  dernière  :  le  3  0/0    à  8  ,60;   Tamortissable  à 
87,40;  le  5  (■/o  à   11^,05.  Très  bonne   tenue  des  sociétés  de  crédit  :  l'ermeté  aux 
actions  de  nos  chemins  de  fer;  légère  faiblesse  à  leurs  obligations. 

Cours  de  la  Bourse  du  24  novembre  au  1"  décembre  1880  [au  cnmiitant). 


Principales  valeurs  françaises: 


Gérant  :  A.  BOUCHÉ. 


•Chemins  de  fer  français  et  étrangers  : 


Plus 

Plus 

Dernier 

Plus 

eius 

uirniei 

bas. 

haut. 

coûts. 

b,iS. 

haut. 

cour». 

Rentes  o/o 

85.  tO 

85.70 

85.60 

Autrichiens.                  d» 

60»   75 

611.2". 

6(0.00 

Rente  3  O/o  amorlis 

87.35 

87   50 

87.40 

Loniliaiils.                      d° 

19». uO 

-.03.75 

198.00 

Rente  4  i/v  o/o 

1  U.iiU 

1 I 5 . dO 

114. 0't 

M. .mains.                        d« 

iiél.f'O^ 

Rente  5  o/o 

1l9.(.5 
37  .'0.00 

119.20 
;(765.00 

Nord  de  TEspagne.     d* 
barayo.^se  à  Wadiid.  d- 

355.00 
377.50 

3   7   50 
385.00 

3' 5.00 
377  50 

Banqne  ,u  Krance 

37.,o.oo 

Con  ptoir  d  e^icniple 

97^.(l() 

«^bO.iiO 

!.7o.0U 

Pcilneai-s.                       t» 

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396  25 

Italien  &  o/o 

87.40 

87.75 

87.40 

CHRONIQUE  AGRICOLE  (u  décembre  isso,. 

Discours  prononcé  par  M.  le  docteur  Gilbert  au  Congrès  de  l'Association  britanpiiiue  pour  l'avan- 
cement (les  sciences  en  1880.  —  Recherches  relatives  aux  applications  de  la  chimie  à  l'agricul- 
ture.—  Travaux  exi^cutés  depu  s  un  siècle.  —  l'école  de  M.  Boussinirault.  —  La  question  de 
l'absorption  diiecle  de  l'azote  de  l'almosphùre  par  les  plantes.  —  Le  rôle  des  mirais  azotés.  — 
Nécrologie  :  Mort  de. M.  Eur\ale  Cazeaux  et  de  M.  Doumet.  —  FroihMirie  élt-ction  d'un  membre 
associé  a  la  Société  nnionale  d'agriculture.  —  Programme  de  l'exposition  de  la  Société  centrale 
d'horticulture  en  1881.  —  Organisation  du  concours  général  de  Nevers.  —  Concours  d'animaux 
de  boucherie  à  Besançon.  —  Réunion  de  la  Commission  supérieure  du  phylloxéra.  —  Rapport 
de  M.  Tis.^eraiid  sur  là  marche  du  tleau  en  1880.  —  Organisa  lion  des  syndicats.  —  Ira  tements 
administratifs.  —  Allocations  accordées  sur  le  budget  de  1  Etat.  —  Concours  dans  le  départe- 
ment de  Vaucluse  pour  la  pUntaiion  de  vignes  américaines.  —  Conclu  ion  du  rapport  de 
M.  Ducos.  —  Les  p'antations  de  vignes  américaines  au  château  de  Saletles.  —  Vœu  du  Comité 
central  du  phyll  xera  dans  le  défiartement  des  Pyrénées  Orientales.  —Rapport  de  M.  Mf'nudier 
au  ministre  de  l'agriculture.—  Conclusions  d'un  rapport  de  MM.  Rouvier  et  Cilvet.  —  Propa- 
gation des  vignes  américaines  dans  Lot-et-Garonne.  —  Concours  pnur  la  chaire  d'ag  iculiure 
à  l'Institut  auronomiqne.  —  Programme  du  concours.  —  Analyse  des  pro.:rammes  des  concours 
régionaux  d'Annecy,  <ie  Monlbrisoi  et  de  Sainl-Brieuc.  —  Principales  innovations  apportées  aux 
programmes  des  concours  régionaux. 

I.  —  La  chimie  appliquée  à  Vagr iculiure. 

Dans  la  dernière  session  de  l'Association  britannique  pour  l'avan- 
cement des  sciences,  qui  s'est  tenue,  au  mois  d'août  dernier,  à 
Swansea,  le  docteur  Gilbert,  l'associé  de  M.  Lawes  pour  les  nombreux 
travaux  de  chimie  agricole  exécutés  à  Rothamsted,  a  prononcé  un 
important  discours  sur  les  applications  de  la  chimie  à  l'agriculture. 
Nous  devons  signaler  ce  discours,  dont  la  traduction  vient  de  paraître 
dans  les  numéros  de  novembre  et  de  décembre  du  Moniteur  scienti- 
fique, du  docteur  Quesneville.  On  y  trouve  tout  d'abord  l'histoire  assez 
complète  des  recherches  de  chimie  agricole  faites  en  divers  pays 
depuis  la  fin  du  siècle  dernier.  Le  docteur  Gilbert  constate  que  ce 
n'est  qu'après  les  travaux  établissant  d'une  manière  spéciale  la  com- 
position de  l'air  et  de  l'eau,  que  leurs  relations  mutuelles  avec  la 
végétation  furent  d'abord  indiquées.  C'est  aux  travaux  collectifs  de 
Black,  de  Scheele,  de  Priestley,  de  Lavoisier,  de  Cavendish  et  de 
Watt,  que  l'on  doit  de  savoir  que  l'air  ordinaire  consiste  principale- 
ment en  azote  et  en  oxygène,  avec  des  traces  d'acide  carbonique,  que 
l'acide  carbonique  est  composé  de  carbone  et  d'oxygène,  et  l'eau 
d'hydrogène  et  d'oxygène.  Priestley,  Ingenhousz  ,  Sannebier  et 
Woodhouse,  recherchèrent  les  relations  mutuelles  de  ces  corps  avec 
la  croissance  des  végétaux.  Vinrent  ensuite  les  travaux  de  Saussure  et 
de  sir  Ilumphry  Davy,  qui,  les  premiers,  montrèrent  quelles  sont  les 
principales  substances  empruntées  au  sol  par  les  végétaux.  Le  docteur 
Gilbert  reconnaît  et  proclame  que,  sur  celte  question,  les  recherches  de 
M.  Boussingault  sont  celles  qui  ont  jeté  la  plus  vive  lumière,  sans  nier 
toutefois  que  Liebig  a  pris  une  grande  part,  avec  d'autres  illustres 
chimistes  français,  à  la  découverte  de  la  vérité.  Nous  ne  le  suivrons 
pas  dans  le  détail  des  faits  ni  dans  l'examen  auquel  il  se  livre  des 
études  qui  ont  amené,  en  Angleterre  et  en  Allemagne,  à  déterminer 
les  éléments  de  la  nutrition  et  de  la  respiration  chez  les  animaux,  la 
production  des  matières  grasses,  les  relations  entre  l'alimentation, 
la  production  de  la  chaleur  animale  et  la  dépense  de  força  muscu- 
laire, les  contributions  spéciales  du  sol  et  de  latmosphère  au  dévelop- 
pement des  végétaux,  le  rôle  de  la  chlorophylle,  rintluence  de  la 
lumière  sur  la  croissance  des  plantes.  Il  insiste,  avec  raison,  sur 
l'importance  des  éludes  entreprises  à  Rothamsteil  sur  des  cultures 
prolongées  dans  le  même  terrain  pendant  une  période  qui  maintenant 
dépasse  trente  années. 

De  ses  recherches,  il  résulte  une  conclusion  capitale,  qui  est  tout  à 
fait  conforme  à  la  doc'.rine  que  nous  soutenons  depuis  tant  d'années, 

N*  609.  —  Tome  IV  de  1880.  —  II  Décembre. 


402  CHRONIQUE  AGRICOLE  (11   DECEMBRE   1880). 

SOUS  le  drapeau  d'abord  arboré  par  M.  Boussingault,  c'est  que  rien  ne 
démontre  que  les  plantes  doivent  une  partie  quelconque  de  leurs 
matières  azotées  à  l'azote  libre  et  non  combiné  qui  existe  dans  l'atmos- 
phère. «  Non  seulement,  dit  M.  Gilbert,  la  balance  de  1  évidence  expé- 
rimentale directe  penche  contre  l'admission  de  l'assimilation  d'azote 
libre  par  les  plantes,  mais  il  nous  semble  encore  que  la  balance  des 
£siits  exii^tant  indirectement  penche  en  faveur  d'une  autre  explication 
de  nos  difficultés.  »  L'explication  qu'il  donne  est  que  les  plantes 
puisent  dans  le  sol  tout  l'azote  qui  est  nécessaire  et  dont  il  exisle  des 
quantités  très  considérables  dans  les  couches  superposées  à  différentes 
profondeurs.  En  effet,  toute  culture  prolongée  sans  aucune  addition 
d'engrais,  diminue  la  quantité  des  matières  azotées  existant  dans  la 
couche  où  la  végétation  s'est  accomplie.  D'un  autre  côté,  les  engrais 
azotés,  après  un  certain  épuisement  dû  aux  récoltes  successives, 
donnent  toujours  lieu  à  un  accroissement  de  rendement,  en  même 
temps  qu'à  un  enrichissement  des  matières  azotées  dans  les  récolles, 
tandis  que  l'appauvrissement  du  sol  coïncide  avec  un  fait  analogue 
dans  la  composition  des  plantes.  Les  restitutions  de  l'atmosphère  sont 
évaluées  par  M.  Gilbert  exactement  aux  mêmes  chiffres  que  nous 
avons  déduits  de  nos  travaux  de  1850  à  1851. 

Le  docteur  Gilbert  discute  ensuite  la  question  difficile  de  l'influence 
exercée  par  la  composition  des  aliments  sur  la  production  des  prin- 
cipes immédiats  que  l'on  trouve  dans  les  différents  organes  des 
animaux.  H  y  a  lieu  de  noter  qu'on  ne  doit  pas  faire  jouer  un  rôle 
trop  considérable,  parfois  exclusif,  aux  aliments  purement  azotés.  Les 
autres  matières  alimentaires  hydrocarbonées  ont  un  rôle  considérable 
que  l'école  de  Liebig  notamment  a  trop  méconnu. 

IL  —  Nécrologie. 

Un  homme  d'une  véritable  valeur  et  qui  a  rendu  plus  de  services 
qu'on  ne  l'a  reconnu,  M.  Euryale  Cazeaux,  inspecteur  général  de 
l'agriculture  en  retraite,  vient  de  mourir  à  Paris  à  Tâge  de  soixante- 
quinze  ans.  C'est  à  peine,  hélas!  si  dans  le  petit  nombre  de  personnes 
qui  composaient  le  cortège  funèbre,  nous  avons  compté  trois  repré- 
sentants de  l'agriculture.  Sorti  de  l'Ecole  polytechnique  dans  le  corps 
des  ingénieurs  hydrographes,  M.  Cazeaux  s'était  occupé  de  très  bonne 
heure  des  questions  agricoles,  particulièrement  au  point  de  vue  de 
l'influence  de  l'eau  dans  la  production  végétale;  il  a  publié  sur  ce  sujet 
quelques  écrits  pleins  de  verve  et  de  bon  sens.  On  lui  doit  aussi  un 
livre  remarquable  sur  le  rôle  des  femmes  en  agriculture.  Comme 
inspecteur  général,  poste  auquel  il  fut  appelé  après  la  révolution  de 
1848,  il  a  exercé  une  heureuse  influence  sur  les  progiès  agricoles. 
Jusqu'à  ses  derniers  moments,  d'ailleurs,  il  n'a  pas  cessé  de  les  pro- 
pager dans  divers  grands  journaux  auxquels  il  collaborait  avec 
talent,  tout  en  gardant  toujours  une  grande  modestie. 

Un  autre  vétéran  de  l'agriculture,  M.  Doumet,  président  de  la 
Société  d'horticulture  de  l'Allier,  vient  de  mourir  à  l'âge  de  quatre- 
vingts  ans.  On  lui  doit  plusieurs  travaux  importants  sur  diverses 
branches  de  la  culture  ;  il  s'était  dévoué  avec  passion  au  progrès  des 
plantations  de  fleurs  et  de  légumes.  Petit-fils  du  célèbre  botaniste 
Adanson,  il  avait  encore  développé  et  enrichi  la  grande  et  riche 
collection  de  végétaux  remarquables  qui  avait  été  formée  par  sa  mère. 


GHRÛNIQUE.  AGRIC:OLE  (11    DÉCEMBRE   1880).  403 

III.  —  Prochaine  élection  à  (a  So)ié:é  naliona'e  d'agriculture. 

Dans  le  comité  secret  de  su  séance  du  8  décembre,  la  Société 
natioaale  d'agriculture  a  entendu  le  rapport  de  la  Section  des  sciences 
pliysico-cliimiques  agricoles  sur  les  candidats  à  une  place  de  membre 
associé  national  vacante.  La  Section  a  présenté  la  liste  de  candidats 
qui  suit  :  en  première  ligne,  M.  Renou,  directeur  de  l'observatoire 
météorologique  de  Siint-AJaur;  en  deuxième  ligne,  M.  Pagnoul,  pro- 
fesseur au  lycée  d'Arras,  directeur  de  la  Station  agronomique  du  Pas- 
de-Calais;  en  troisième  ligne,  M.  le  docteur  Louis  de  Martin,  proprié- 
taire-viticulteur à  Narbonae  fAude).  Les  litres  des-  candidats  ont  été 
discutés.  L'élection  aura  lieu  dans  la  séance  publiqinedu  15  décembre. 

A  cette  occasion,  nous  croyons  utile  de  rappeler  que  la  date  de  la 
séance  solennelle  de  rentrés  est  fixée  au  mercredi  22  décembre. 

IV.  —  Exposition  d'horticulture  de  Paris. 
La  Société  centrale  d'borticulture  de  France  a  décidé  q^ue,  pour 
donner  le  plus  grand  éclat  possible  à  ses  expositions  annuelles,  elle 
les  organiserait  désormais  sans  le  concours  d'aucune  autre  mani- 
festation des  arts  ou  des  industries  n'ayant  pas  un  rapport  direct 
avec  l'Uorticultuie.  La  principale  exposition  de  1881  aura  lieu  durant 
la  deuxième  quinzaine  de  mai;  l'emplacement  du  jardin  où  elle  se 
tiendra,  sera  fixé  ultérieurement.  L'exposition  durera  buit  jours,  et 
com.prendra,  la  iloricuUure,  la  culture  maraîcbère,  les  arts  et 
industries  borticoles.  L'exécution  du  jardin  servant  à  l'exposition  sera 
l'objet  d  un  concours,  et  le  jury  aura  la  laculté  d'accorder  pour  ce 
jardin  jusqu'à  une  grande  médaille  d'or.  Nous  ne  doutons  pas  que 
sous  l'active  direction  de  M.  Alphonse  Lavallée,  l'exposition  de  la 
Société  d'horticulture  n'obtienne  un  grand  succès. 

V.  —  Concours  général  de  Nevers. 

Nous  avons  annoncé  que  le  concours  général  de  Nevers  aura  lieu, 
en  1881  ,  du  10  au  13  février.  Comme  les  années  précédentes,  des 
primes  nombreuses  et  importantes  seront  distribuées  aux  exposants 
d'animaux  gras  de  toutes  races,  des  espèces  bovine,  ovine  et  porcine. 
Les  volailles  vivantes  et  mortes,  les  fromages,  beurres  et  produits 
agricoles,  sont  admis  à  ce  concours;  des  récomfienses  leur  seront 
attribuées.  Une  exposition  d'^instruments  et  de  machines  agricoles  y 
est  annexée.  Une  exhibition  d'animaux  reproducteurs  des  espèces 
chevaline,  bovine,  ovine  et  porcine,  nés  et  élevés  dans  la  Nièvre,  aura 
lieu  à  la  même  époque.  Les  animaux  qui  figureront  au  concours 
général  de  Nevers  pourront  ensuite  être  présentés  à  celui  de  Paris. 

Le  concours  de  Nevers,  le  plus  important  de  France  après  celui  de 
Paris,  attire  tous  les  ans,  des  points  les  plus  éloignés  de  la  France, 
et  même  de  l'étranger,  une  foule  nombreuse  d'agriculteurs.  C'est 
aujourd  hui  le  grand  marché  des  animaux  reproducteurs  de  la  race 
nivernaise-charolaise,  dont  les  qualités  comme  race  de  travaU  et  lea 
remarquables  aptitudes  à  l'engraissement  sont  universellement  connues 
et  appréciées. 

Le  programme  détaillé  du  concours  et  les  formules  de  déclaration 
seront  envoyés  franco  aux  personnes  qui  en  feront  la  demande  à 
M.  Vallière,  secrétaire  de  la  Société  d'agriculture,  à  Nevers.  Le  délai 
pour  l'admission  des  déclarations  expire  le  31  décembre  courant. 


404  CHRONIOUE  AGRICOLE  (11  DÉCEMBRE  1880). 

VI.  —  Concours  d'animaux  gras  à  Besançon. 
Nos  lecteurs  savent  que,  depuis  plusieurs  années,  des  concours 
d'animaux  de  boucherie  ont  élé  organisés,  dans  la  légion  de  l'Est, 
par  les  soins  des  associations  locales,  avec  le  concours  des  conseils 
généraux  des  quatre  déparlements  du  Doubs,  du  Jura,  delà  Haute- 
Saône  et  de  Saône-et-Loire.  En  1881,  c'est  à  Besançon  que  se  tiendra 
ce  concours,  du  11  au  13  février,  il  admettra,  outre  les  animaux 
venant  des  départements  qui  viennent  d'être  indiqués,  ceux  provenant 
des  départements  de  l'Ain  et  de  la  Côte-d'Or.  Il  comprendra  les  races 
bovines,  ovines,  porcines,  ainsi  que  les  volailles  mortes.  Des  prix 
nombreux  y  seront  décernés,  et  un  prix  d'honneur,  consistant  en  un 
objet  d'art,  sera  attribué  au  meilleur  animal  ou  au  meilleur  ensemble 
d  animaux  exposés.  Il  y  aura,  en  outre,  des  expositions  d'animaux 
reproducteurs  et  de  volailles  vivantes,  ainsi  qu'une  exposition 
générale  d'instruments  agricoles.  Les  déclarations  des  exposants 
doivent  être  envoyées  avant  le  10  janvier,  à  M.  Emmanuel  Gréa,  pré- 
sident du  Comité  d'organisation,  à  Rotalier,  par  Vincelles  (Jura). 

VU. — Le  phylloxéra. 

La  première  séance  de  la  Commission  supérieure  du  phylloxéra  a 
eu  lieu,  comme  nous  l'avons  annoncé,  le  8  décembre,  sous  la  prési- 
dence de  M.  Dumas,  en  l'absence  de  M.  le  ministre  de  l'agriculture. 
La  plus  grande  partie  de  cette  séance  a  élé  consacrée  à  la  lecture  du 
rapport  de  M.  Tisserand,  directeur  de  l'agriculture,  sur  les  travaux 
effectués  pendant  l'année  qui  s'achève.  De  ce  rapport,  il  résulte  que 
41  départements  sont  aujourd'hui  atteints  par  le  fléau;  les  Landes  et 
les  Basses-Pyrénées  doivent  être  ajoutés  à  ceux  dont  hi  liste  a  été 
donnée  l'année  dernière.  Pendant  l'année  18S0,  les  traitements  admi- 
nistratifs ont  élé  exécutés  sur  815  hectares  de  vignes,  au  lieu  de 
300  à  400  pendint  l'année  précédente;  ces  traitements  ont  coûté 
328,815  francs.  On  compte  aujourdhui  63  syndicats  constitués  dans 
onze  déparlements  pour  le  traitement  des  vignes,  soit  par  la  submer- 
sion, soit  par  le  sulfure  de  carbone,  soit  par  le  sultbcarbonate  ;  ils 
s'étendent  sur  un  périmètre  de  5, 481  hectares  et  ils  ont  reçu  382,501)  fr. 
en  allocations  de  la  part  de  l'Etat.  En  outre,  le  service  des  recherches 
a  demandé  une  somme  de  142,000  fr.;  20,000  fr.  ont  été  mis  à  la 
disposition  de  l'Aca  lémie  des  sciences  pour  la  continuation  de  ses 
recherches,  et  2(', 000  fr.  ont  été  consacrés  à  l'iicole  d'agriculture  de 
Montpellier.  Lesdépenses  de  rElat,pour  la  lutte  contre  le  phylloxéra,  ont 
élé  cette  année  de  î)72,000  fr.  Quant  aux  Vignes  américaines,  le  rap- 
port constate  qu'elles  sont  l'objet  d'une  faveur  de  plus  en  f)lus  grande 
dans  le  Midi,  et  il  rend  justice  au  rôle  exercé  par  l  Ecole  nationale 
d'agriculture  de  Montpellier  dans  celle  voie. 

Par  un  vote  unanime,  la  Commission  a  demandé  que  le  rapport  de 
M.  Tisserand  reçut  la  plus  grande  publicité,  attendu  qu'il  constate  que 
la  science  a  désormais  trouvé  les  moyens  de  lutter  contre  le  terrible 
fléau,  et  que  la  pratique  peut  désormais  se  servir  avec  certitude 
des  indications  qui  lui  sont  fournies. 

VIII.  —  Les  plantations  de  vignes  américaines. 
Plusieurs  associations  agricoles  delà  France  méridionale  ont  com- 
mencé à  distribuer  des  encouragements  pour  la  culture  des  vignes 


CHRONIQUE  AGRICOLE    (11  DECEMBRE  1880).  405 

américaines.  Un  des  concours  de  ce  genre  les  plus  importants  a  été 
organisé  cette  année  par  la  Société  départementale  d'agriculture 
de  Vaucluse.  Nous  venons  de  recevoir  le  rapport  dû  à  W.  Dueos, 
ancien  commandant  du  génie.  Pour  les  plantations  à  demeure,  le  pre- 
mier prix  a  été  attribué  à  M.  Sénaux,  pour  sa  vigne  de  la  llou^tane, 
à  la  Tour  d'Aigi.es,  plantée  au  printemps  de  1878  en  barbues  d'un  an, 
greffée  à  demeure  au  printemps  de  18T9  et  en  pleine  production 
en  1880;  le  rendv^ment  a  été  de  30  hectolitres  en  1  580.  Pour  les  vignes 
non  encore  arrivées  à  l'époque  de  la  production,  le  premier  prix  a  été 
aCtribué  à  IM.  Loubet,  président  du  Comice  de  Carpentras.  Pour  les 
pépinières,  le  premier  prix  a  été  attribué  à  iM.  Uousseau,  à  l'Isle, 
qui  cultive  24,<>00  à  25,000  plants  de  cépages  divers  pour  l'étude  et 
la  propagation.  Nous  croyons  utile  de  reproduire  la  conclusion  du 
rapport  de  M.  Ducos  : 

«  La  période  des  expériences,  des  tâtonnements  est  close;  c?lle  des  résultats  va 
s'ouvrir;  après  avoir  étudié  la  mise  en  pi  ce,  l'adaptation  au  terrain,  nos  popula- 
tions sont  prêtes  pour  a  plantation  à  demeure  et  le  gretVa:^e  en  masse;  au  champ 
d'essai,  à  la  pépinière,  va  succéder  la  grande  culture.  Tout  le  prouve  :  l'importance 
des  chiffres  que  nous  avons  mis  sous  vos  yeux,  le  nombre  des  concurrents,  et  plus 
encore  la  passion  convaincue  qui  les  anime  et  le  ferme-propos  ({u'ils  manifestent 
de  mener  à  fin  leur  tentative.  Partout  nous  avons  renconiré  l'expression  de  ce 
sentiment  de  confiance  et  d'espoir;  et  combien  pourrions-nous  vous  en  citer  parmi 
ceux  qui  ne  figurent  ici  que  pour  quelques  ares,  qui  nous  ont  dit  :  «  L'année  pro- 
«  chaîne,  c'est  par  dix  fois,  c'est  par  vingt  fois  cette  surface  que  je  veux  compter 
«  mes  plants  américains.  » 

Puisque  nous  parlons  des  cultures  de  vignes  américaines,  nous 
devons  signaler  le  nouveau  catalogiie  des  plantations  du  château  de 
Salettes,  près  Montélimar  (Drôme).  On  sait  que  notre  excellent  colla- 
borateur, M.  Aimé  Champin,  y  a  introduit,  acclimaté  et  cultivé  depuis 
neuf  ans,  plus  de  80  variétés  américaines  et  de  150  variétés  fran- 
çaises qui  prospèrent,  les  unes  portant  les  autres,  en  pleine  invasion 
phylloxérii^ue.  iM.  Cbampin  insiste  sur  la  longueur  des  boutures,  et 
il  recommande,  avec  raison,  de  leur  donner  la  plus  grande  longueur 
qu'il  est  possible,  .afin  que,  lors  de  la  plantation  ou  ensuite  de  la 
greffe,  on  puisse  les  préparer  à  sa  guise  et  suivant  les  conditions  les 
plus  appropriées  aux  sols  ou  aux  exigences  des  diverses  variétés. 
M.  Champin  est  d'ailleurs  un  maître  dans  l'art  de  greffer;  le  succès 
qui  a  accueilli  son  Traité  de  greffage  de  la  vigne  est  la  légitime  ré- 
compense des  efforts  et  des  travaux  qu'il  poursuit  sans  s'arrêter. 

Dans  sa  dernière  séance,  la  Société  agricole  di^s  Pyrénées-Orientales 
a  admis  à  l'unanimité,  la  proposition  faite  par  M.  Nurai  Lloubes,  que 
la  teinte  noire  soit  appliquée,  pour  tout  le  département,  à  la  carte  phyl- 
loxérique,  aQn  que  la  circulation  et  la  plantation  de  toute  nature  de 
vignes  y  soit  autorisée. 

Les  études  sur  la  résistance  et  sur  la  propagation  des  vignes  améri- 
caines sont  d  ailleurs  poursuivies  avec  une  grande  activité  dans 
beaucoup  de  départements.  Dans  le  département  de  la  Charente-Infé- 
rieure, ui^i,  depuis  plusieurs  années,  on  a  cherché  à  lutter  contre 
l'insecte  fatal,  le  Comité  central  départemental  propage  activement 
la  création  et  la  propagation  de  pépinières  de  vignes  américaines. 
C'est  ce  qui  résulte  d'un  rapport  de  M.  Menudier  au  ministre  de 
l'agriculture,  dans  lequel  nous  trouvons  encore  que,  sur  188,000  hec- 
tares  de  vignes,  il  n'en  reste  plus  que   53,000   qui  n'aient  pas  été 


406  CHRONIQUE  ACRlCOLECll   DÉCEMBRE    1880). 

attaqués.  Le  Comilé  a,  en  outre,  adopté  les  conclusions  de  deux  rap- 
ports, dus  à  M.  Rouvieretà  M.  Calvet,  et  qui  peuvent  se  résumer  ainsi  : 

1"  Il  est  (|uelques  variétés  de  cépages  américains,  entre  autres  Jacquez, 
Herbemont,  Solonis  etRiparia,  dont  les  racines  sont  réfractaires  au  phylltxera 
jusqu'à  aujourd'hui;  la  période  d'essai,  qui  est  en  Saintongede  six  et  sept  ans, 
atteint  dans  le  Midi  dix  et  douze  ans  ; 

2°  Selon  les  terrains,  les  expositions,  les  conditions  du  milieu,  la  végétation 
peut  présenter  chez  ces  plants  des  apparences  diverses  (chlorose,  antrachnosc)  ; 
mais  le  système  radiculaire  est  indemne  de  parasite  ; 

3°  Il  est  nécessaire  de  multiplier  les  expériences  pour  trouver  les  cépages  résis- 
tants s'adaptant  le  mieux  aux  divers  sols  et  aux  diverses  expositions  ; 

4"  On  a  essayé  avec  succès  de  nombreux  procédés  de  muhiplication  du  bois 
américain  :  semis,  bouturage,  greffage  en  souche  française,  marcottage  ; 

5"  Les  divers  procédés  de  greffe  des  cépages  français  sur  racines  américaines 
résistantes,  ont  été  déjà  employés  utilement  en  Saintonge  ;  pour  les  viticulteurs 
en  mesure  de  recourir  a  des  spécialistes,  les  greffes  anglaises  (Jhampin.MiUardet, 
Bouschet,  etc.,  sont  d'un  usage  avantageux.  Pour  les  petits  propriétaires,  la 
greffe  en  fente  simple,  connue  dès  longtemps,  est  d'une  efficacité  assurée  et  d'une 
pratique  facile  ; 

6°  Il  y  a  intérêt,  en  général,  à  ne  mettre  en  place,  en  plein  champ,  que  des 
plants  élevés  en  pépinière  et  greffés  au  préalable. 

D'un  autre  côté,  le  Comité  central  de  Lot-et-Garonne,  présidé  par 
M.  Prosper  de  Lafitte/vient  de  décider  l'.ittribution  d'une  somme  de 
5,000  fr.  à  rachat  de  boutures.  Son  choix,  s'est  porté  sur  le  Jacquez, 
l'Elvira  etTHerbemont  pour  la  production  directe,  et  sur  le  Riparia- 
Fabre,  le  Solonis,  l'York-Madeira  et  le  Vialla  comme  porle-grelYes. 

IX.  —  Concours  pour  une  chaire  à  l'InslUut  agronomique. 
Un  concours  sera  ouvert,  à  Paris,  le  17  janvier  prochain,  pour  la 
nomination  à  l'emploi  vacant,  par  suite  de  la  mort  de  M.  Moll,  d'un 
professeur  d'agriculture  général  de  l'Institut  agronomique.  Le  coTi- 
cours  sera  public  et  aura  lieu  au  siège  de  l'établissement,  292,  rue 
Saint-Martin,  Conservatoire  des  arts  et  métiers.  Le  programme  se  dis- 
tribue à  Paris,  au  ministère  de  l'agricullure  et  du  commerce,  et  à 
l'Institut  agronomique,  202,  rue  Saint-Martin.  Voici  ce  programme  : 

I.  —  Le  cours  comprend  cinquante  leçons  distribuées  en  deux  années,  et  doit 
embrasser  l'agriculture  orénérale,  toutes  les  cultures  spéciales,  sans  excepter  celles 
des  colonies,  et  la  théorie  de  la  succession  des  récoltes. 

IL  —  Concluions  d'admission  au  concours.  —  Les  candidats  devront  :  1°  se  faire 
inscrire  le  10  janvier  ls81  au  plus  tard  au  ministère  de  l'agriculture  et  du  com- 
merce; 2°  justifier  qu'ils  sont  Français  ou  naturalisés  Français,  qu'ils  auront 
vingt-uii  ans  au  moins  à  l'époque  du  concours  en  produisant  leur  acte  de  nais- 
sance ;  3"  faire  connaître  leurs  antécédents  agricoles,  leurs  titres  et  travaux 
scientifiques,  et  transmettre,  à  cet  effet,  leurs  diplômes  et  quatre  exemplaires  au 
moins  des  livres  ou  mémoires  pubhés  par  eux. 

Ces  titres  et  travaux  compter(«nt  comme  éléments  d'appréciation  pour  une  valeur 
que  le  jury  aura  à  déterminer. 

Chaque  candidat  devra  joindre  aux  documents  énumérés  ci-dessus  le  programme 
sommaire  du  cours,  tel  qu'il  entendrait  le  professer. 

m.  —  Epreuves  du  concours.  —  1'^  épreuve.  —  Exposition  verbale  du  projet 
de  programme  du  cours  présenté  par  chaque  candidat. 

i."  épreuve.  —  Composition  écrite  sar  une  question  d'agriculture  générale  ou 
spéciale.  Pour  cette  épreuve,  quatre  heures  seront  accordées  aux  candidats,  sans 
que  ceux-ci  puissent  se  servir  de  livres  ou  de  notes  manuscrites. 

3*  épreuve.  —  Leçon  sur  une  question  d'agriculture  générale  après  quatre 
heures  au  plus  de  piéparation  et  dans  les  conditions  de  la  1"  épreuve. 

4«  épreuve,  —  Leçon  sur  une  question  se  rattachant  aux  cultures  spéciales,  ou 
aux  systèmes  de  culture,  etc.  Les  candidats  auront  vingt-quatre  heures  pour  se 
préparer. 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (11    DÉCEMBRE  1880).  407 

5*  épreuve.  —  Démonstration  pratique  ou  conférence  sur  le  terrain..  Les  candi- 
dats auront  à  mettre  en  évidence  leurs  connaissances  pratiques;  à  cet  effet  une 
excursion  aura  lieu  sur  une  exploitation  désignée  par  le  jury.  Les  concurrents 
auront  à  exécuter  les  opérations  indiquées  parle  jury  et  à  donner  toutes  les  expli- 
cations qui  leur  seront  demandées. 

Le  jury  déterminera  le  temps  à  accorder  pourles  exercices  pratiqaes 
de  la  cinquième  épreuve. 

X.  —  Les  terres  vaines  en  Bretagne. 
Dans  notre  chronique  du  17  juillet  dernier,  (page  81  du  tome  III 
de  1 880)  nous  avons  analysé  le  projet  de  loi  présenté  à  la  Chambre 
des  députés,  ayant  pour  objet  de  proroger  pour  dix  ans  la  Loi  de  1850 
organisant  le  partage  des  biens  communaux  dans  les  cinq  départe- 
ments formés  par  l'ancienne  province  de  Bretagne.  Il  y  reste  encore 
17,890  hectares  de  terres  vagues  indivises.  La  Chambre  des  députés, 
après  avoir  voté  l'urgence,  a  adopté  le  projet  de  loi  dans  sa  séance 
du  23  novembre  dernier.  Celui-ci  a  été  immédiatement  transmis  au 
Sénat;  il  n'y  a  pas  à  douter  qu'il  recevra  une  rapide  solution,  car 
l'action  de  la  loi  de  1850  expire  à  la  fin  de  l'année  courante. 

XL  —  Concours  régionaux  de  1881. 
Dans  notre  avant- dernière  chronique  'p.   321),  nous  avons  com- 
mencé l'analyse  des    programmes  des  concours  régionaux  de   1881. 
Voici  la  suite  de  cette  analyse  : 

Concours  d^ Annecy,  du  11  au  20  juin,  pour  kt  région  comprenant  les  départe- 
ments des  Basses-Alpes,  des  Hautes-Alpes,  de  la  Drôme,  de  l'Isère,  de  la  Savoie, 
de  la  Haute-Savoie  et  de  Vaucluse.  —  Espèce  bovine,  4  catégories  :  1"  race  taren- 
taise  ou  tarine;  i^race  de  Villard-de-Lans;  3"  races  françaises  diverses  pures,  plus 
spécialement  aptes  au  travail  ou  à  la  production  de  la  viande;  4"  races  laitières, 
françaises  ou  étrangères,  pures  ou  croisées.  Deux  prix  d'ensemble  pour  la  pre- 
mière catégorie  et  pour  les  autres.  —  Espèce  ovine,  5  catégories:  1°  métis  et  métis- 
mérinos;  1°  race  des  Alpes;  3°  races  françaises  diverses;  4°  races  étrangères 
diverses;  5**  croisements  divers.  Un  prix  d'ensemble.  — Espèce  porcine,  3  caté- 
gories :  l"'  races  indigènes  pures  ou  croisées  entre  elles;  2"  races  étrangères 
pures  ou  croisées  entre  elles;  3"  croisements  entre  races  françaises  et  races  étran- 
gères Un  prix  d'ensemble.  —  AnimaiiX  de  bnsse-cour,  8  catégories  :  1°  coqs  et 
Ï)Oules  ;  2°  dindons;  3°  oies;  4°  canards,  5°  pintades,  6"  pigeons;  7°  lapins  et 
éporides  ;  8°  autres  animaux  de  basse-cour.  Un  prix  d'enspmble.  —  Instruments 
d'extérieur  de  ferme,  3  concours  spéciaux  :  1°  charrues  Brabant  doubles  pour 
labours  légers;  2°  charrues  tourne-orfille;  3"  râteaux  à  cheval.  —  Imtruments 
d'intmeur,  4  concours  spéciaux  :  1°  hache-païUe  et  hache-fourrage;  2°  tarares; 
3°  collections  d'ustensiles  de  laiterie  ;  4°  ruches.  —  Produits  agricoles,  8  concours 
spéciaux  :  1"  vins  de  la  région,  de  1879  et  1880;  2°  produits  des  fruitières; 
3°  miels  et  cires  ;  4"  laines  en  toison  ;  5"  semences  et  plants  pour  plantations  et 
reboisements  ;  6"  produits  horticoles  ;  7"  expositions  scolaires  ;  8"  expositions 
collectives  —  Trois  médailles  d'or,  six  d'argent  et  huit  de  bronze  pourront  être 
décernées,  en  outre,  pour  les  produits  végétaux  et  animaux,  pour  ceux  de  l'horti- 
culture et  de  l'arboriculture,  de  la  pisciculture,  des  exploitations  forestières,  et 
pourles  modèles  d'instruments. 

Concours  de  Montbrison,  du  18  au  27  juin,  pour  la  région  comprenant  les 
déparlements  de  l'Ardèche,  de  la  Loire,  de  la  Haute-Loire,  de  la  Lozère,  du  Puy- 
de-Dôme  et  eu  Rhône.  —  Espèce  bovine,  8  catégories  :  l"  race  tharolaise; 
2°  race  deSalers;  3"  race  d'Aubrac  ;  4°  race  du  Mézenc;  5°  race  tarentaise; 
6"  races  françaises  diverses  pures  ou  croisées;  7°  race  durham;  8°  races  étrangères 
diverses.  Deux  prix  d'ensemble  ;  pour  les  quatre  premières  catégories,  et  pour 
les  autres.  Quatre  prix  pour  les  bandes  de  vaches  laitières  en  lait.  —  Espèce  ovhio^ 
3  catégories  :  1°  races  françaises  diverses;  2°  races  étrangères  diverses  ;  3»  croiser 
ments  divers.  Un  prix  d'ensemble.  —  Espèce  porcin?,  comme  aa  concours  d'An-r 
necy.  — Animaux  de  basse-cour,  6  catégories  :    1°  coqs  et  poules;  2°  dindons; 


408  CHRONIQUE  AGRICOLE  (11  DÉCEMBRE   1880). 

3°  oies;  4"  canards;  5"  pintades  et  pigeons;  6**  lapins  et  léporides.  Un  prix  d'en- 
semble. —  Juftrvnienis  d'extérieur  de  ferme,  5  concours  spéciaux  :  1°  charmes 
bisocs  ;  2"  appareils  jour  travaux  d'irrigation;  3"  faucheuses;  k"  arracheuses  de 
pommes  de  terre;  5°  arracheuses  de  betteraves.  —  Insiiuments  d'intérieur  de  ferme: 
1"  laveurs  de  racines;  i"  coupe-racines.  Ces  quatre  derniers  concours  feront 
l'objet  d'épreuves  spéciales  qui  auront  lieu  au  moment  de  l'arrachage  des  bette- 
raves et  des  pommes  de  terre.  —  Produits  agricoles,  6  concours  spéciaux  : 
1»  fourrages;  2°  vins  de  la  région  de  1879  et  1880;  'à"  produits  maraîchers; 
4"  semences  et  plants  pour  plantations  et  reboisements;  5"  exposiions  scolaires; 
6"  expositions  collectives.  —  Pour  les  produits  divers,  comme  au  concours  d'An- 
necy. 

Concours  de  Saint-Brieuc,  du  18  au  27  juin,  pour  la  région  comprenant  les 
départements  des  Gôtes-duNoid,  du  Finistère,  d'Illp-et-Vilaine ,  de  la  Loire- 
Inlérieure,  de  Maine-et-Loire,  de  la  Mayenne  et  du  Morbihan.  —  Espèce  bovine, 
6  catégories  :  1"  race  bretonne;  2"  race' durliam,  8°  croisements  durham-breton  ; 
k"  aaties  croisements  durham;  5'  race  parthenaise  et  ses  dérivées;  6"  races 
laitières  françaises  ou  étrangères  pures  ou  croisées.  Trois  prix  d'ensemble,  pour 
la  race   durham,  pour  la   race  bretonne  et  pour  les  autres  catégories.  Trois  prix 

?'Our  les  bandes  de  vaches  laitières  en  lait  —  Espèce,  ovine,  4  catégories  :  1°  races 
rançaises  diverses  pures;  2"  races  étrangères  à  laine  longue;  3"  races  étrangères 
à  laine  courte;  4°  croisements  divers.  Un  prix  d'ensemble.  —  Espèce  porcine, 
comme  au  concours  d'Annecy  —  Animaux  de  basse-cow,  comme  au  concours  de 
Montbrison.  —  Insl'^iimeiits  d'ex'érie  r  de  ferme,  3  concours  spéciaux  ;  1®  char- 
rues tourne-oreille;  2"  charrues  bisocs;  3"  houes  à  cheval  pour  racines.  —  Instru- 
ments d' intérieur  "c  ferriic^  3  concours  spéciaux  :  1°  machines  à  battre  à  manège 
de  2  chevaux  au  plus,  ne  vannant  ni  criblant;  2°  tarares;  3°  mou  ins  à  vent  pour 
usages  agricriles,  pompes,  etc  —  Produits  auricules,  7  concours  spéciaux  : 
1"  beurres  de  Bretagne;  2°  fromages  à  pâte  molie;  3°  produits  maraîchers,  de  pri- 
meur ou  autres;  ^^  plantes  textiles,  lins,  chanvres,  etc.;  5°  cidres  et  poirés; 
6"  expositions  scolaires  ;  7"  expositions  collectives.  Pour  les  produits  divers, 
comme  au  concours  d'Annecy. 

Les  programmes  des  concours  régionaux  de  la  Rocbe  sur-Yon  (du 
28  niai  au  7  juin),  d'Epinal  (du  11  au  20  juin)  et  de  Versailles  (du 
4  8  au  27  juin)  seront  analysés  dans  notre  prochain  numéro. 

L'examen  des  programmes  que  nous  venons  d'analyser,  suggère 
quelques  réflexions.  —  Tout  d'alDord,  les  chevaux,  ainsi  que  nous  l'a- 
vons déjà  dit,  n'y  figurent  pas;  mais  il  est  important  que  la  question 
de  leur  ad(nission  dans  ces  solennités  agricoles  continue  à  être  agitée, 
afin  qu'elle  puisse  enfin  aboutir.  —  En  deuxième  lieu,  par  une  heu- 
reuse innovation,  les  dates  des  essais  spéciaux  deplusieurs  instruments 
qui  ne  peuvent  êtreemployés  qu'à  quelques  éjioques  de  l'année,  ont  été 
fixées  de  manière  que  ces  instruments  pourront  être  expérimentés  dans 
les  conditions  ordinaires  de  la  pratique  cuîturale.  C'est  ainsi  que,  au 
printemps,  auront  lieu  les  essais  de  semoirs  aux  environs  d'Alençon; 
au  commencement  de  l'été  ceux  de  moissonneuses  auprès  de  .Nîmes,  et 
enfin, à  l'automne,  ceux  des  appareils  de  vendanges  et  de  vinification,  à 
Tours,  ceux  d'arracheuses  de  betteraves  et  de  pommes  de  terre,  de  la- 
veurs de  racines,  aux  environs  de  Montbrison.  —  Une  autre  innovation 
manifeste  la  sollicitude  de  l'administration  de  l'agriculture  pour  l'en- 
seignement agricole;  dans  tous  les  concours  régionaux  auront  lieu,  pour 
la  première  fois,  des  expositions  scolaires  auxqu3lles  tous  les  institu- 
teurs de  la  région  pourront  prendre  part.  — EnLn,  les  administrations  et 
les  associations  agricoles  concourront  pour  des  expositions  collectives  ; 
mais  les  récompenses  décernées  aux  collectivités  n'enlèveront  pas  aux 
agriculteurs,  dont  les  produits  auront  figuré  dans  l'exposition  d'ensem- 
ble, le  droit  de  concourir  individuellement  aux  récompenses  spéciales 
peuvant  être  attribuées  pour  ces  produits.  J.-A,  Barral. 


DESTRUCTION  DES  CADAVRES  DES  ANIMAUX  CHARBONNEUX.  409 

DESTRUCTION  DES  CADAVRES 

DES  ANIMAUX  CHARBONNEUX  K 

Il  est  un  moyen  très  simple  et  très  efficace  de  supprimer  les  dangers 
que  les  animaux  morts  du  charbon  font  courir  aux  bestiaux  et  aux 
hommes,  alors  môme  qu'on  les  enfouit,  comme  le  prescrit  la  loi  sur  la 
police  sanitaire.  Ce  moyen,  c'est  une  chaleur  de  100  degrés.  C'est  la 
coction  des  chairs  cliarbonneuses  et  leur  utilisation  pour  la  nourriture 
des  porcs  et  de  la  volaille. 

Pendant  les  quarante  années  du  bail  de  la  Société  agronomique  de 
Grignon,  il  est  mort  dans  cet  établissement  un  assez  grand  nombre 
d'animaux  charbonneux,  et  jamais  on  n'a  créé  par  leur  enfouissement 
ce  qu'on  a  appelé  assez  justement  des  champs  maudits.  Une  bergerie 
de  800  à  1,000  bêtes  à  laine  admettait,  presque  chaque  année,  des 
moulons  aclietés  en  Beauce  et  en  Champagne  qui,  à  plusieurs  reprises, 
y  ont  introduit  le  sang  de  rate  II  y  avait  d'ailleurs  dans  le  voisinage 
de  l'Ecole  une  localité  qui  passait  aussi  pour  communiquer  le 
charbon  aux  troupeaux  qui  y  passaient;  et  enfin  Grignon  a,  par 
deux  fois,  donné  asile,  sur  ses  prairies  de  Thiverval,  à  des  troupeaux 
décimés  par  I3  sang  de  rate,  parce  que  ces  prairies,  qui  sont  assez 
humides  et  donnaient  la  cachexie,  passaient  pour  arrêter  le  sang  de 
rate.  Y  a-t-il  là  quelque  microbe  capable  d'arrêter  le  dtveloppement 
de  la  bactéridie  charbonneuse  ?  C'est  une  question  que  j'ai  déjà 
posée  à  notre  savant  confrère  M.  Pasteur.  Ce  qui  est  certain  c'est  que 
ces  troupeaux  laissaient  derrière  eux  des  cadavres  qui  ont  été  recueillis 
par  la  porcherie  de  Griijjnon. 

La  1  ouverie  et  la  vacherie  de  Grignon  qui  contenaient  environ 
100  têtes,  ont  aussi  fourni  à  la  cuisine  des  porcs  plus  d'un  cadavre 
atteint  du  charbon.  Enfin  lorsque  la  viande  des  animaux  morts  dans 
l'établissement  venait  à  manquer,  on  ne  se  faisait  pas  faute  d'en 
acheter  dans  les  environs.  Les  cultivateurs  voisins  savaient  trouver  un 
débouché  assuré  pour  leurs  bestiaux  morts  et  les  y  apportaient  pour 
ne  pas  tout  p^^rdre. 

Eh  bien!  ces  animaux  morts  qui  étaient  tous  consommés  par  une 
porcherie  de  5i)  à  70  truies  et  par  leurs  gorets,  n'ont  jamais  importé 
la  terrible  maladie  dans  cette  étable  et  on  n'a  jamais  constaté  d'in- 
convénients par  suite  de  cette  alimentation. 

Voici  comment  on  procédait:  les  cadavres,  après  avoir  été  dépouillés 
avec  les  précautions  voulues,  étaient  dépecés  à  coups  de  hache  et  de 
serpe;  les  morceaux  pris  à  la  fourche  étaient  mis  dans  une  grande 
chaudière  avec  de  l'eau  qu'on  portait  à  l'ébullition  ;  c'est-à-dire  qu'on 
en  faisait  un  véritable  bouilli  dont  le  liquide  et  la  viande  venaient  ani- 
maliser  les  rations  de  pommes  de  terre  cuites  et  de  farine  qui  faisaient 
la  base  de  la  nourriture  des  porcs.  Les  quantités  de  bouillon  et  de 
bouilli  variaient  nécessairement  avec  la  taille,  le  poids  et  l'état  des 
animaux,  comme  aussi  avec  le  but  à  atteindre  :  on  ne  donnait  que  du 
bouillon  aux  gorets  et  on  réservait  la  viande  pour  les  mères  et  les 
verrats,  encore  n'en  abusait  on  jamais  ;  on  avait  remarqué,  en  effet, 
que  les  animaux  recevant  de  fortes  rations  de  viande,  devenaient 
méchants  et  cessaient  d'avoir  le  poil  lisse. 

Lorsque  les  animaux  morts  arrivaient  en  trop  grandes  quantités 

1.  Communication  à  la  Sociélé  nationale  d'agriculture. 


410  DESTRUCTION  DES  CADAVRES  DES  ANIMAUX  CHARBONNEUX. 

pourralimentation  journalière,  ils  étaient  conservés  et  mis  en  réserve 
par  la  méthode  usitée  dans  tous  les  ménages  ruraux.  Les  morceaux 
convenablement  salés  étaient  mis  dans  des  tinettes  ou  tonneaux. 

Une  partie  des  moutons  qu'il  faut  abattre  parce  qu'ils  vont  périr  du\ 
sanc/  de  rate,  personne  ne  l'ignore  dans  les  campagnes,  est  consommée 
à  bas  prix  par  les  populations  rurales  :  les  bergers  croiraient  manquer 
à  leur  devoir  professionnel,  si,  malgré  le  danger  très  grave  qu'ils 
courent  en  dépouillant  et  en  faisant  les  moutons  qui  vont  périr,  ils  ne 
sauvaient,  pour  leurs  patrons,  la  peau  et  la  cliair  de  ces  moutons.  Or, 
je  n'ai  pas  connaissance  d'inconvénients  sérieux  occasionnés  par 
la  consommation  après  cuisson  de  ces  viandes  charbonneuses,  tandis 
que  j'ai  eu  connaissance  d'un  grand  nombre  d'inoculations  charbon- 
neuses par  la  manipulation,  sans  précautions  suffisantes,  des  viandes 
crues.  Ln  de  mes  voisins  succombaitau  charbon,  tandis  quemoi-même 
n'échappais  qu'à  grand'peine  aux  conséquences  d'une  blessure  que  je 
m'étais  iaile  avec  un  bistouri  qui  avait  servi  à  scarifier  un  bœuf 
atteint  de  tumeurs  charbonneuses,  au  dire  des  vétérinaires  attachés 
à  rétablissement.  J'ai  constaté  aussi  dans  plusieurs  porcheries, 
notamment  dans  celle  de  M.  liette,  à  Bresle,  dans  lesquelles,  à 
l'exemple  de  ce  qui  se  passait  autrefois  à  Alfoit,  on  jetait  aux  porcs 
les  viandes  crues,  que  des  moutons  morts  du  sang  de  rate  avaient 
inoculé  la  maladie  aux  porcs  qui  les  avaient  consommées.  Commpnt 
s'opérait  la  transmission?  Par  l'appareil  digeslifou  par  quelque  bles- 
sure des  gencives?  C'est  ce  que  je  ne  saurais  dire.  IMais  ce  qui 
est  certain  c'est  que  ce  grave  inconvénient  ne  s'est  jamais  produit  à 
Grignon,  oia  il  était  de  règle  absolue  de  faire  bouillir  toutes  les  chairs 
et  même  tous  les  os  provenant  du  débitage  des  carcasses  d'animaux. 
Ce  qui  semble  bien  prouver  que  l'innocuilé  de  ces  viandes  est  due  àl  a 
cocLion. 

Je  pense  qu'il  ne  doit  pas  en  être  autrement  de  la  bactéridie 
charbonneuse  que  de  la  trichine,  dont  on  a  constaté  la  destruction 
par  Teffet  de  la  chaleur. 

Je  me  souviens  d'un  jour  qui  avait  vu  affluer  à  Grignon,  une 
grande  quantité  d'animaux  charbonneux.  L'illustre  physiologiste 
Magendie  était  précisément  en  villégiature  chez  moi;  je  lui  sou- 
mis ma  pratique  constante  et  les  scrupules  de  conscience  qu'elle 
m'inspirait  parfois.  Magendie,  qui  appartenait  à  l'Ecole  expérimentale, 
jugea  a  poslcriori  que  la  pratique  était  bonne  et  devait  être  continuée. 
La  science  reconnaissait  la  bonté  du  proverbe  populaire  :  Le  feu  piirife 
tout. 

En  résumé,  je  trouve  dans  une  longue  pratique,  qu'Auguste  Bella 
avait  apportée  de  Lorraine,  la  justification  de  la  proposition  que  j'ai 
faite  dans  la  dernière  séance  de  la  Société  nationale  d'agriculture: 
La  coction  devrait  rem.placer  partout  renfouisscment  qui  a  été 
recommandé  à  tort  par  la  loi  sur  la  police  sanitaire.  Cette  coction 
est  possible  partout  au  moyen  de  chaudières,  chaudrons  et  marmi- 
tes, qui  ne  manquent  pas  dans  les  campagnes.  Elle  ne  coûterait 
pas  plus  que  le  transport  et  l'enfouissement  profond  dans  les 
champs  des  animaux  morts,  et  la  dépense  serait  compensée  par  la 
riche  alimentation,  qui  en  serait  la  conséquence,  pour  les  animaux  de 
basse-cour  :  les  porcs  et  la  volaille. 

Je     crois   devoir   ajouter    que  depuis  les   belles  découvertas  dues 


DESTRUCTION  DES    CADAVRES  DES  ANIMAUX   CHARBONNEUX.       -411 

à  M.  Pasteur,  sur  le  choléra  des  poules,  toutes  les  volailles  mortes  de 
cette  maladie  qu'on  enfouissait  dans  les  tas  de  fumier  dans  les  fermes 
que  j'administre,  sont  préalablement  trempées  dans  l'eau  bouillante. 
C'est  une  pratique  qui,  malheureusement,  n'est  pas  générale;  et  il  est 
bien  probable  que  beaucoup  de  volailles  atteintes  de  cette  maladie  sont 
vendues  pour  le  marché  de  Paris.  F.  Bella, 

Directeur  honoraire  àe  Grigaoa. 

DISCOURS  PRONONCÉ  AUX  OBSÈQUES  DE  M-  xMOLL 

Au  nom  de  la  Société  nationale  d'agricultui-e.  le  2  décembre  1880 

Messieurs,  la  mort,  a  dit  Sénèque,  est  une  loi  sévère.  Combien  est 
dure  cette  vérité  !  Notre  Compagnie  l'éprouve  cruellement,  car,  dans 
le  cours  de  moins  d'une  année,  elle  vient  d'être  inexorablement  déci- 
mée. Bourgeois,  Léonce  de  Lavergne,  le  général  Morin,  Nadault  de 
Buffon_,  Victor  Borie  sont,  en  quelques  mois,  descendus  dans  la 
tombe,  et  voici  que  Louis  MoU  nous  quitte  à  son  tour  et  tout  d'un 
coup.  Il  a  disparu  alors  que  nous  nous  réjouissions  de  le  revoir  venir 
prendre  place  parmi  nous,  à  la  rentrée  des  vacances,  au  retour  des 
champs  oi^i  nous  espérions  qu'il  avait  été  prendre  de  nouvelles  forces 
pour  continuer  celte  vie  de  lutte  qui  fut  toujours  la  sienne,  lutte  pour 
le  progrès  agricole  et  le  triomphe  du  bien  qu'il  poursuivait  avec  pas- 
sion. C'est  un  hommage  que  lui  rendent  tous  les  compagnons  de  ses 
longs  travaux. 

Né  à  Wissembourg,  le  22  novembre  1809,  Louis  31oll  a  passé  la 
plus  grande  partie  de  son  enfance,  puis  de  sa  jeunesse,  au  milieu  des 
populalions  rurales  de  l'Alsace  et  de  la  Lorraine;  il  y  avait,  dès  ses 
premiers  pas  dans  le  monde,  appris  l'amour  de  la  culture  du  sol  ;  cet 
amour  grandit  en  lui  sous  Mathieu  de  Dombasle  dont  il  fut,  à  Roville, 
successivement  l'élève  et  le  collaborateur. 

A  l'âge  de  vingt  ans,  il  était  déjà  professeur.  Dès  1831,  il  publiait 
le  récit  animé  de  ses  premières  observations  agricoles  ;  c'était  d'un 
voyage  dans  les  Vosges  qu'il  rendait  compte,  dans  ce  style  clair, 
chaleureux,  souvent  charmant,  qui  depuis  a  toujours  caractérisé  ses 
écrits.  11  quitta  alors  l'enseignement  agricole  de  Roville  pour  devenir 
cultivateur  à  ses  risques  et  périls.  Mais  il  était  dans  sa  destinée  d'en- 
seigner. Il  lui  a  été  donné  d'appartenir  à  la  première  école  d'agricul- 
ture établie  en  France,  et  à  la  dernière  qui  y  ait  été  créée  ;  s'il  a  vu 
périr  Roville,  il  a  eu  la  satisfaction  de  laisser  en  pleine  prospérité 
l'Institut  national  agronomique.  Dès  '1835,  il  faisait  œuvre  d'enseigne- 
ment général,  d'une  grande  portée  pour  l'époque,  dans  une  forme 
modeste,  en  publiant,  sous  les  auspices  de  la  Société  d'agriculture  de 
Nancy  et  du  Conseil  général  du  département  de  la  Meurthe,  un  traité 
élémentaire  de  la  science  agricole  pour  les  écoles  rurales  du  nord-est 
de  la  France. 

Nous  avons  relu  les  leçons  qu'il  a  ainsi  composées,  il  y  aura  bientôt 
un  demi-siècle;  son  âme  s'y  trouve  tout  entière.  «  Pour  réussir, 
disait-il  alors,  le  cultivateur  doit  posséder  la  moralité  qui  est  la  pre- 
mière base  de  succès  dans  toute  entreprise.  S'il  est  religieux,  probe, 
kborieux,  rangé,  bon,  serviable  envers  tout  le  monde,  ceux  qui  l'en- 
tourent l'imiteront;  il  n'aura  que  de  bons  voisins  et  de  bons  serviteurs. 
Il  doit  être  avec  ses  domestiques  et  ses  ouvriers,  comme  un  père 
avec  ses  enfants  ;    passer   sur    les  fautes  involontaires  ou  provenant 


412  DISCOURS  PRONONCÉ  AUX   OBSÈQUES  DE    M.  MOLL. 

d'étourderie,  d'ignorance  ou  de  maladresse  ;  mais  être  inexorable  pour 
toutes  celles  qui  montrent  de  la  corruption  ou  qui  partent  d'un  mau- 
vais cœur,  comme  les  mauvais  traitements  enve/s  les  animaux.  Dans 
les  gens,  il  doit  considérer  beaucoup  plus  la  moralité  que  l'habileté,  i) 
Ces  paroles  le  peignent.  On  peut  dire  qu'il  a  toujours  prêché 
d'exemple. 

Appelé  à  occuper,  dès  l'âge  de  vingt-huit  ans,  au  Conservatoire 
des  arts  et  métiers,  comme  vous  l'a  dit  notre  confrère,  M.  Hervé  Maa- 
gon,  qui  aujourd'hui  a  la  bonne  fortune  de  diriger  ce  grand  établisse- 
ment national,  la  première  chaire  d'agriculture  du  monde.  M.  Aïoli  ne 
larda  pas  à  être  élu  membre  de  la  Société  nationale  d'agriculture. 
Il  entra  dans  notre  Compngnie  en  1S43;  il  y  a  fait  partie  de  la  Section 
d'éct)nomie,  de  statisticjue  et  de  législation  agricoles.  11  revenait  de 
faire  un  voyage  en  Algérie;  quelques  temps  après,  il  publia  sur  la 
colonisation  et  Tagricullure  de  nos  possessions  en  Afrique,  un  livre 
plein  de  vues  remarquables  et  de  conseils  excellents  dont  heureuse- 
ment beaucoup  ont  été  suivis. 

Les  nombreux  rapports,  les  communications  incessantes  de  M.  Moll 
sur  les  sujets  les  plus  variés,  la  part  considérable  qu'il  prenait  à 
toutes  nos  délibérations,   sont  présents  à  vos  esprits. 

En  évoquer  le  souvenir,  c'e.-t  aviver  nos  regrets  et  notre  douleur; 
car  nous  aimions  à  l'entendre  et  à  suivre  ses  conseils  si  pleins  de 
sagesse  et  de  bienveillance,  lors  même  que  nous  n'adoptions  pas  ses 
opinions. 

En  I  8()5,  ses  confrères  l'clevèrent  à  la  présidence  de  notre  Compa- 
gnie. Le  discours  qu'il  a  prononcé  à  ce  titre  dans  notre  séance  solen- 
nelle annuelle  est  un  modèle.  Nous  sortions  d'une  longue  discussion 
sur  la  question  douanière;  il  avait  volé  contre  la  solution  libérale  qui 
fut  adoptée.  Eh  bien  !  il  n'hésita  pas  à  dire,  du  haut  du  fauteuil  de 
la  présidenci^  :  «  Quoique  j'aie  été  du  petit  nombre  des  opposants, 
mon  devoir  est  aujourd'hui  de  maintenir  haut  et  ferme  le  drapeau  que 
notre  ('ompagnie  a  adopé.  Au  fond,  d'ailleurs,  j'étais  d'accord  avec 
la  majorité;  je  n'en  ditt'^^rais  (pie  sur  l'opportunilé.  Je  reconnais  que 
je  m'ttais  trompé.  »  Et  il  ajoutait  celle  phrase,  bien  digne  d  être 
mé'lilée  :  «  Tandis  qu'auîrefois  une  récolte  médiocre  et  même  mau- 
vaise était  presque  toujours  plus  avantageuse  pour  le  culiivateur 
qu'une  bonne  récolte,  par  la  raison  toute  simple  qu'un  déficit  d'un 
dixième  dans  le  produit  élevait  souvent  le  prix  de  moitié  en  sus, 
aujourd'hui  la  pleine  récolte  seule  peut  nous  donner  du  bénéfice.  » 
Celait  battre  la  charge  pour  exciter  les  agriculteurs  à  monter  à  l'assaut 
du  progrès.  Mais,  en  niôuie  temps,  M.  Moll  demandait  avec  instance 
que  l'agriculture  fût  mieux  armée  et  débarrassée  des  charges  et  des 
entraves  qui,  trop  souvent,  empêchent  ses  mouvements. 

Notre  confrère  fut  toujours  en  marche,  sans  trêve  ni  merci.  Heureux 
ou  malheureux,  plus  souNent  malheureux,  il  ne  se  décourageajamais. 
Parmi  ses  litres  à  l'estime  [publique,  il  faut  rappeler  ses  elforts  pour 
faire  adopter  l'emploi  des  engr.iis  liquides;  il  se  mit  lui-même  à 
l'œuvre  afin  de  donner  l'exemple;  si  le  succès  n'est  pas  encore 
complet,  il  a  préparé  les  voies  à  une  bonne  solution  d'un  problème 
difficile. 

A  la  Société  d'encouragement  pour  l'industrie  nationale  où  il  fut 
appelé  à  faire  partie  du  Conseil   d'administration   dès    1846,   il  ne  se 


DISCOURS  PRONONCÉ  AUX  OBSÈQUES  DE  M.  MOLL.  413 

montra  pas  riiôins  laborieux  et  utile  qu'à  la  Société  d'agricullure.  De 
très  nombreux  et  excellents  rapports  l'attestent  iiautemeat. 

La  publication  de  V Encyclopédie  pratique,  de  l  agriculteur  qu'il  a 
faite  on  collaboration  avec  notre  conirère,  M.  Gayot,  a  été  aussi  une 
œuvre  de  lal)eur  intrépide. 

Il  avait  donc  légilimemcnt  conquis  la  grande  autorité  qui  s'attachait 
à  tous  ses  écrits,  tant  en  France  qu'à  l'étranger.  Son  dévouement 
désintéressé  à  la  chose  publique,  à  la  patrie,  à  l'agriculture,  restera 
dans  la  mémoire  de  tous  ;  c'est  le  glorieux  héritage  de  sa  famille. 

Nous  ilisons  donc,  au  bord  de  cette  tombe,  un  dernier  adieu  à  un 
véritable  ami  du  bien,  à  un  cœur  chaud,  généreux,  qui  mérite 
d'être  pleuré.  J.-A.  Barral. 

SUR  LA  COMPOSITION  CHIMIQUE  DES  ALIMENTS 

ET  LA  RELATION   NUTRITIVE. 

Les  lois  physiologiques  de  la  nutrition  animale  non  seulement  inté- 
ressent la  science,  mais  exercent  aussi  sur  la  pratique  raisonnée,  une 
telle  influence,  qu'il  y  a  déjà  longtemps  que  les  agriculteurs  et  les 
zootechniciens  sont  tenus  en  suspens  par  les  promesses  de  la  chimie 
physiologique.  Et  aussi  il  faut  convenir,  que  la  perspective,  ouverte  à 
l'hygiène  animale,  d'être  en  mesure  de  régler  l'assimilation  par  un 
mélange  calculé  des  matières  albuminoïdes  et  hydrocarbonées,  tantôt 
dans  la  direction  de  la  croissance  ou  du  développement  des  forces  mus- 
culaires, tantôt  en  faveur  des  excrétions,  ou  même  de  la  rétention  des 
matières  rétrogradées  dans  les  tissus,  promet  les  plus  grands  avan- 
tages pour  la  réglementation  de  toutes  les  phases  de  la  vie  physique. 
Malheureusement  les  analyses  des  aliments  ordinaires,  accumulées 
pendant  ces  dernières  années  par  les  laboratoires  de  chimie  agricole, 
ont  démontré  des  variations  si  considérables,  non  seulement  quant  au 
contenu  absolu,  mais  même  quant  à  la  proportion  relative  des  matières 
nommées,  que  le  praticien  aura  beaucoup  de  peine  à  trouver  son  che- 
min. Il  est  déjà  généralement  convenu  que  les  moyennes,  si'souvent 
offertes  aux  agriculieurs,  dans  les  comptes  rendus  des  Stations  agro- 
nomiques, sont  sans  valeur  sérieuse,  surtout  parce  que  les  différences 
intérieures  ne  se  révèlent  guère  par  des  signes  extérieurs;  même  Ir 
poids  de  qualité  (le  poids  hollandais),  si  souvent  employé  pour  juger 
la  valeur  des  céréales,  n'impliquerait  aucune  différence  de  composition 
intrinsèque,  d'après  les  expériences  récentes  de  M.  Grandeau.  En  outre, 
les  différentes  compositions  azotées,  qui  se  trouvent  particulièrement 
dans  les  herbes  et  dans  les  racines  tuberculeuses,  ajoutent  encore  aux 
dilticullés  de  l'évaluation  du  contenu  nutriiif;  et  celte  difficiiUé  mérite 
l'attention,  d'autant  plus  que  ce  sont  justement  les  aliments  qui  sont 
le  plus  estimés  par  la  pratique,  parce  qu'ils  poussent  au  développement 
des  tissus,  qui,  le  plus  souvent,  sont  dépréciés  par  les  chimistes  en 
raison  de  l'état  moins  avancé  de  leurs  compositions  azotées. 

Ayant  commencé  mes  études  spéciales  comme  aide-naturaliste  au 
Muséum  d'anatomie  comparée  de  l'université  de  Topenhague  dès  1843 
jusqu'en  1846,  j'ai  toujours  été  imbu  des  principes  de  l'anc'enne 
école  française,  fondée  par  Cuvier,  et  c'est  pourquoi  ma  conscience 
physiologique  s'est  toujours  mal  accordée  avec  les  prétentions  de  la 
nouvelle  école  de  chimie  animale.   Des  conclusions,  fondées  sur  lei. 


414  SUR  LA  COMPOSITION  CHIMIQUE  DES  ALIMENTS. 

phénomènes  d'assimilation  d'un  très  petit  nombre  d'espèces  herbivores, 
sans  être  contrôlées  par  un  aperçu  général  des  phénomènes  corres- 
pondants chez  les  différents  embranchements  du  règne  animal,  ne 
me  semblent  pas  offrir  les  garanties  exigées  par  les  sciences  exactes. 
Mais  si  les  faits  constatés  par  la  biologie  comparée  ne  s'accommodent 
que  très  mal  avec  les  assertions  de  l'école  chimique,  d'un  autre  côté 
ces  mêmes  faits  sont  en  plein  accord  avec  les  expériences  d'une  pra- 
tique judicieuse,  comme  celle  des  célèbres  éleveurs  anglais. 

La  physiologie  ne  sait  que  faire  des  etîets  prétendus  d'une  relation 
différente  des  matières  albuminoïdes  et  hydrocarbonées,  ou  plutôt  elle 
en  sait  tirer  des  conséquences  d'un  ordre  tout  à  fait  différent.  La  na- 
ture nous  offre  tous  les  jours  par  l'œuf  fécondé  une  expérience  très  fa- 
cile à  contrôler,  oii  l'on  a  sous  les  yeux  une  transformation  en  tissus 
vivants  d'une  mixtion  de  matières  albuminoïdes  avec  de  la  graisse 
(et  avec  un  minimum  de  sucre  et  les  sels  nécessaires).  Il  est  incon- 
testable que  la  proportion  des  matières  grasses  suffit  pour  transformer 
le  contenu  albuminoïde  en  tous  les  tissus  du  corps  animal,  et  nous 
tenons  ainsi,  de  par  la  nature  elle-même,  un  point  de  départ  assuré. 
Il  est  vraisemblable  que  les  œufs  des  différents  animaux  n'offrent  pas 
tout  à  fait  les  mêmes  proportions  de  matière  adipeuse,  l'évolution  de 
l'œuf  n'aboutissant  pas  aux  mêmes  lins  chez  tous  les  animaux;  mais  alors 
c'est  l'œuf  le  plus  maigre,  qui  servira  d'étalon  pour  fixer  le  minimum 
nécessaire  à  la  transformation  des  matières  contenues  en  tissus  vivants. 
Il  y  a  toujours  perte  de  matière  adipeuse,  mais  il  faudra  pourtant 
convenir,  que  la  transformation  n'est  possible  avec  cette  dépense 
minime,  que  parce  que  le  contenu  de  l'œuf  présente  déjà  un  état  mo- 
léculaire, une  certaine  tension,  qui  le  rapproche  de  l'état  des  tissus 
vivants. 

On  arrive  au  même  résultat,  en  faisant  passer  en  revue  les  divers 
aliments,  partant  du  sang  à  la  viande,  au  grain  jusqu'à  Iherbe,  le  foin 
et  la  paille;  on  observera  toujours  que  la  proportion  relative  des  ma- 
tières non  azotées  augmente  en  relation  de  l'état  plus  pectueux  ou  plus 
dense  des  éléments  azotés.  La  biologie  comparée  démontre,  en  outre, 
que  les  animaux  à  sang  froid  subissent  tout  à  fait  les  mêmes  lois,  quant 
au  choix  de  leur  nourriture,  que  les  animaux  à  sang  chaud.  Il  dépend 
toujours  de  l'organisation  du  tube  digestif,  que  l'animal  soit  en  état 
de  "digérer  des  aliments  grossiers,  mais  d'un  autre  côté  l'expérience 
nous  fournit  assez  de  preuves  que  la  plupart  des  animaux,  et  en  par- 
ticulier les  animaux  domestiques  et  l'homme  lui-même,  passent  avec 
assez  de  facilité  à  la  consommation  des  aliments  plus  haut  placés  dans 
Téchelle  nommée  (d'un  état  moléculaire  plus  tendu),  mais  qu'on  se 
heurte  bientôt  à  l'impossible  quand  on  essaie  le  remplacement  en  sens 
contraire. 

En  contradiction  au  dogme  des  laboratoires  agronomiques  sur 
la  portée  de  la  relation  nutritive,  l'expérience  démontre  suffisamment 
qu'un  excédent  de  matières  non  azotées  ne  dérange  pas  la  régularité 
de  la  digestion,  et  que,  dans  la  grande  majorité  des  cas,  le  superflu  est 
simplement  évacué  avec  les  excréments\ —  Les  moutons  anglais,  en- 
graissés en  parcage  sur  les  champs  de  turneps,  consomment  beaucoup 

1.  Un  grand  excédent  de  sucre  augmente  certainement  toutes  les  excrétions  animales,  mais  il 
n'est  aucunement  prouvé  que  les  transformations  des  albuminoses,  simultanément  absorbées, 
soieut  modifiées  parla  présence  des  dérivés  du  sucre.  Le  problème  que  les  sucres,  en  présence 
de  ferments,  peuvent  causer  des  dérangements  des  intestins,  ne  touche  pas  la  question  actuelle. 


SUR  LA  COMPOSITION  CHIMIQUE   DES  ALIMENTS.  415 

plus  de  sucre  qu'il  ne  faut  pour  digérer  le  contenu  albuminoïde  et 
même  la  ration  de  tourteaux;  l'homme  qui,  en  maints  endroits,  se  nour- 
rit des  légumineuses,  additionnées  de  l'huile  strictement  nécessaire,  se 
contente,  en  d'autres  lieux,  avec  du  riz  à  grand  excédent  de  sucre,  et 
dans  les  pays  sauvages  il  a  souvent  pour  unique  nourriture  du  gibier 
ou.  du  poisson,  dont  la  combinaison  de  matières  s'approche  beaucoup, 
ou  même  ressemble  tout  à  fait  à  la  composition  de  son  propre  corps. 
L'alimentation  du  cochon  ofYre  des  parallèles  analogues. 

D'un  autre  côté,  les  matières  azotées  se  présentent  tellement  comme 
les  aliments  par  excellence,  que  même,  ingérées  avec  trop  peu  de 
graisse  (ou  d'hydrocarbures  en  général),  elles  savent  tirer  les  matières 
complémentaires  des  tissus  déjà  formés;  ainsi  dans  les  expériences 
de  M.  Voit,  à  Munich,  la  graisse  nécessaire  était  fournie  par  la  rctro- 
gression  ou  la  dissolution  des  tissus,  et  la  même  absorption  s'offre  à 
notre  observation  par  lentraînement  du  cheval  pur  sang  anglais.  En 
employant  l'avoine  de  première  qualité,  on  fournit  déjà  une  nourL  iture 
riche  en  matières  azotées,  mais  pourtant  l'expérience  a  démontré  qu'il 
fallait  ajouter  un  demi-kilog.  ou  trois  quarts  de  kilog.  de  fèves,  pour 
soutenir  les  forces  du  cheval  pendant  1  entraînement.  Mais  en  présen- 
tant une  nourriture  riche  en  matières  azotées,  d'une  telle  qualité 
qu'elles  excitent  les  glandes  excrétrices  et  particulièrement  le  foie  (jus- 
tement comme  les  aliments  savoureux  excitent  les  nerfs  et  les  glandes 
de  la  bouche),  l'absorption  des  matières  rétrogradées  est  tellement 
avancée,  que  les  muscles  se  présentent  tendus,  denses  et  tout  à  fait  dé- 
pourvus de  graisse,  c'est-à-dire,  dans  un  état  diamétralement  opposé 
à  celui  de  l'engraissement^  Ce  sont  des  faits  faciles  à  contrôler,  la  grande 
activité  du  foie  et  la  sécheresse  des  muscles;  ici,  je  me  iDornerai  à 
citer  ces  faits  sans  essayer  de  démontrer  leur  relation  physiologique; 
mais  la  même  chose  se  reproduit  aussi  par  la  méthode  employée  en 
médecine  contre  l'obésité  maladive  de  l'homme  (la  méthode  de  Banting). 

Sans  doute  il  faudra  convenir  que  de  tels  faits  ne  rentrent  pas 
dans  les  doctrines  des  stations  agronomiques,  et  que  les  mêmes  doc- 
trines ne  nous  donnent  non  plus  la  raison  pour  laquelle  les  aliments,  ri- 
ches en  matière  azotée  moins  excitante,  ne  font  profiter  que  d'une  partie 
souvent  minime  de  leur  contenu  albuminoïde;  on  pourrait  ajouter 
l'expérience  bien  connue,  qu'il  faut  toujours  augmenter  la  proportion 
des  hydrocarbures  (et  particulièrement  du  sucre)  vers  la  fin  de  l'en- 
graissement (comme  vers  la  fin  des  repas  de  l'homme)  pour  soutenir 
le  travail  de  la  digestion,  et  en  fin  de  compte,  on  pourrait  nommer 
exem-ple  définitif,  toutes  les  expériences  de  l'alimentation  anglaise. 
Mais  l'esprit  des  sciences  exactes  exige  que  la  doctrine  embrasse  tous 
les  fait  connus,  pour  qu'elle  puisse  soutenir  sa  valeur  et  son  droit. 

Je  n'ai  fait  qu'ébaucher  ici  les  considérations  que  j'ai  développées  dans 
mes  leçons  et  principalement  dans  mon  Manuel  de  l'hygiène  des  animaux 
domestiques,  3™*  édition,  Copenhague  1875  ;  mais  pendant  que 
j'ai  cherché  mon  point  de  départ  dans  la  biologie  comparée  et  surtout 
dans  l'étude  de  la  structure  anatomique  de  l'appareil  digestif  chez  les 
différentes  espèces  du  règne  animal,  il  semble  que  la  chimie  physio- 
logique soit  enfin  en  train  de  toucher  aux  mêmes  conclusions.  Car 

1.  Autrement  un  excédent  de  matières  albuminoïdes  offertes  dans  un  étal  moléculaire,  qui  li'ex- 
cite  pas  les  nerfs  des  intestins,  traverse  les  voies  digestives  dans  un  état  tout  à  fait  inaltéré,  ou  seu- 
lement dans  un  état  de  putréfaction  débutante. 


416  SUR  LA  COMPOSITION   CHIMIQUE   DES    ALIMENTS. 

dans  Landwirihschaflichc  jahrb'àcher,  vol.  VIII  (1879)  p.  65-119, 
M.  le  professeur  Zuntz  attaque  vivement  les  assertions  des  stations 
agronomiques,  et  leur  reproche  surtout  d'omettre  tout  à  fait  la  démons- 
tration des  sources  de  chaleur,  nécessaire  pour  donner  au  contenu  al- 
buminoïde  des  plantes,  la  tension  propre  aux  tissus  des  animaux;  il 
n'y  a  qu'un  pas  de  là  à  reconnaître  que  c'est  justement  la  trans- 
formation de  l'état  moléculaire  des  aliments,  qui  soit  le  but  principal 
du  travail  digestif,  et  la  raison  de  la  variation  excessive  des  matières 
non  azotées,  employées  comme  véhicules.  V.  Proch, 

Professeur  à  l'fccole  royale  dagriculture  de  Copenhague, 

CONCOURS  RÉGIONAL  D'ORAN-  -  VI- 

Nous  tenons  à  signaler,  tout  spécialement,  l'importance  que 
prend  lindustrie  algérienne  appliquée  à  la  mécanique  agricole.  Notre 
colonie  est,  en  effet,  placée  dans  des  conditions  particulières,  sous 
le  rapport  de  la  configuration  et  de  la  nature  de  son  sol,  du  caractère 
de  ses  habitants,  de  leurs  aptitudes,  et  de  l'œuvre  même  entreprise 
dans  ce  pays,  qui  font  que  pendant  longtemps  l'agriculture  et  le 
commerce  lormeront  les  principales  branches  de  sa  prospérité,  l'in- 
dustrie, jusqu'à  ces  derniers  temps,  n'ayant  eu  un  développement  réel 
que  dans  ses  applications  à  la  consommation  proprement  dite.  Il  y  a 
là  cependant  un  élément  de  richesse  publique  tellement  important, 
que  Ton  doit  êlre  heureux  chaque  fois  qu'il  est  permis,  comme  dans 
le  présent  cas,  d'enregistrer  de  sérieuses  améliorations  et  de  constater 
un  mouvement  en  avant  très  accentué. 

Or,  l'examen  de  nos  concours  régionaux,  et  les  prix  qui  y  sont 
décernés,  montrent  bien  que  nos  constructeurs  des  grands  centres 
agricoles  :  Bel-Abbès,  Oran,  Mustapha,  Alger,  Boufarick,  stimulés 
par  les  demandes  des  agriculteurs,  sont  largement  entrés  dans  cette 
voie  très  lucrative  pour  eux,  et  qu'ils  ont  réalisé  des  progrès  tels 
qu'ils  peuvent  quelquefois  lutter  avantageusement  avec  leurs  collègues 
de  la  Métropole. 

L'exposition  des  instruments  agricoles,  nous  nous  plaisons  à  le 
répéter,  était  une  des  plus  belles  de  tout  le  concours^  et  nul  doute 
qu'à  l'avenir  elle  n'augmente  encore  d'importance. 

L'automne  est  évidemment  une  époque  mal  choisie  pour  attirer 
un  grand  nombre  de  constructeurs,  dont  le  but  principal  est  d'écouler 
autant  que  possible  les  produits  de  leur  industrie.  A  ce  moment  les 
moissons  et  les  récoltes  de  céréales  sont  terminées  depuis  longtemps, 
les  vins  se  trouvent  en  cave,  et  le  cultivateur  désireux  de  faire  des 
acquisitions  de  ce  genre,  préfère  attendre  le  retour  des  grands  travaux, 
plutôt  que  d'immobiliser  pendant  un  an  des  ressources  dont  il  a 
toujours  besoin. 

Au  printemps,  cette  situation  est  toute  différente,  et  chacun  de  nous 
peut  se  rappeler,  sans  aller  plus  loin,  combien  les  instruments  étaient 
recherchés  au  mois  d'avril  dernier,  par  suite  du  manque  de  bras,  ce 
qui  aurait  donné  lieu  à  un  chiffre  considérable  d'affaires,  si  le 
concours  se  fût  tenu  à  cette  époque. 

On  sait,  d'autre  part,  qu'il  existe  aujourd'hui  une  tendance  chez  un 
grand  nombre  de  constructeurs  à  considérer  les  concours  comme  un 
moyen  de  propagande  commerciale,  et  que  plusieurs  même  demandent 
que  le  principal  juge  soit  le  public  qui,  une  fois  satisfait,  leur  procure 


CONCOURS  REGIONAL  D  ORAN.  417 

une  bonne  clientèle,  tandis  qu'un  juge.ment  du  jury  peut,  quelquefois 
à  tort,  la  leur  enlever.  Cette  manière  de  voir  se  généralisant,  nous  ne 
voyons  rien  d'impossible,  pour  notre  compte,  que  dans  un  avenir 
rapproché,  les  concours  n'aient  plus  pour  but  que  de  donner  des 
encouragements  à  certaines  parties  qui  en  ont  plus  particulièrement 
besoin  :  le  bétail,  quelques  instruments  plus  spécialement  utiles  dans 
le  moment  à  chaque  contrée,  tels  produits  agricoles  qu'il  y  a  intérêt  à 
propager  pour  des  raisons  qui  ne  peuvent  se  prévoir  à  l'avance,  mais 
que  les  intéressés  eux-mêmes  signaleraient  chaque  année  dans  des 
assemblées  générales.  On  procéderait  ainsi  à  des  concours  spéciaux, 
primant  des  catégories  bien  déterminées  et  en  réservant  les  expositions 
d'ensemble,  dans  le  sens  le  plus  large  du  mot,  pour  les  exhibitions 
internationales  que  l'on  multiplierait. 

L'idée  des  assemblées  générales  que  nous  venons  d'émettre  nous 
conduit  à  dire  que,  dans  l'intérêt  des  décisions  qui  y  sont  adoptées,  ont 
doit  éviter  d'imiter  ce  qui  s'est  passé  à  Oran,  oii  le  22  octobre,  les 
délégués  des  associations  agricoles  délibéraient  pour  proposer  des 
modifications  à  l'arrêté  du  concours  de  l'année  suivante,  sans  savoir 
que  cet  arrêté  avait  déjà  une  existence  réelle  depuis  le  28  septembre 
précédent. 

Dans  ces  conditions  les  constructeurs,  désireux  de  se  préparer  pour 
les  concours  spéciaux  de  1881,  doivent  ne  pas  tenir  compte  de  ce  que 
nous  avons  dit  précédemment,  mais  bien  s'en  rapj)orter  uniquement 
à  l'arrêté  du  ministre  de  l'agriculture  et  du  commerce. 

Disons  en  terminant  un  mot  des  expériences  d'Oran  qui  ont  vive- 
ment intéressé  tous  ceux  qui  les  ont  suivies,  et  mentionnons-les  dans 
l'ordre  où  nous  les  retrouvons  dans  le  programme  ministériel,  tout 
en  renvoyant  à  la  liste  des  récompenses  les  personnes  désireuses  de 
connaître  les  noms  des  différents  lauréats. 

Sept  bisocs  ont  pris  part  à  la  lutte  sur  un  sol  dur,  pierreux  et  peu 
propre  à  l'essai  tenté.  Malgré  ces  conditions  défavorables,  tous  ont 
donné  un  très  beau  résultat,  et  le  jugement  du  jury  n'a  été  émis 
qu'après  un  sérieux  examen  motivant  l'attribution  du  1"  prix  à 
M.  Billiard,  d'Alger,  pour  le  bisoc  Dombasle,  très  facile  à  régler. 

Les  semoirs  pour  culture  en  lignes,  parmi  lesquels  celui  de 
M.  Gautreau  a  été  particulièrement  distingué,  exigent  des  terres  bien 
propres  et  une  assez  grande  traction  ;  aussi  a-t-on  regretté  que  les 
semoirs  à  la  volée  n'aient  pu  être  primés,  leur  utilité  dans  la  contrée 
paraissant  bien  plus  immédiate. 

Parmi  les  houes  à  cheval,  celle  de  M.  Candelier,  représenté  par 
M.  Aultmann,  remplissait  seule  les  conditions  exigées  pour  le 
concours. 

A  la  suite  d'expériences  de  charrues  vigneronnes  faites  dans  une 
vigne  de  deux  ans,  appartenant  à  M.  Lamur,  et  où  les  deux  premiers 
instruments  de  ce  genre  se  sont  fait  remarquer  par  leur  bon 
travail,  M.  Billiard  a  été  classé  premier  pour  la  charrue  Renault- 
Gouin. 

Les  hache-paille  ont  donné  des  résultats  très  satisfaisants  qui 
encouragent  à  les  utiliser  sur  les  propriétés  qui  emploient  des  bat- 
teuses ne  brisant  pas  la  paille,  car  dans  le  reste  du  pays  le  système 
de  dépiquage  généralement  adopté  laisse  la  paille  dans  un  état  de 
ténuité  qui  ne  saurait  être  dépassé  avec  profit. 


418  '         CONCOURS  RÉGIONAL  D'ORAN. 

Le  bélier  Douglas,  présenté  par  M.  Piller,  est  un  précieux  instru- 
ment pour  certaines  situations  où  l'on  a  intérêt  à  élever  l'eau  sans  tenir 
compte  de  la  diminution  du  débit  résultant  de  cette  opération;  cet 
appareil  est  simple,  solide,  d'un  prix  peu  élevé  et  d'un  bon  fonction- 
nement. 

Les  essais  des  appareils  vinaires  ont  surtout  mis  en  relief  le  filtre  à 
vin,  de  M.  Vigoureux,  d'un  prix  très  modéré  et  qui  est  remarquable  en 
ce  sens  que  filtrant  sans  le  secours  de  noir  animal  ni  de  colle,  son 
action  se  produit  dans  un  laps  de  temps  très  court.  Deux  expériences 
distinctes  ont  été  faites  sur  de  la  lie  de  vin  et  ont  donné  chaque  fois 
un  liquide  très  clair  conservant  son  goût  et  sa  couleur. 

Les  cinq  pompes  mises  en  présence,  ont  aussi  fonctionné  dans  de 
très  bonnes  conditions  fournissant  généralement  avec  peu  de  force  un 
volume  d'eau  supérieur  dans  un  laps  de  temps  très  court;  nous 
aurions  été  heureux  de  voir  compléter  ces  expériences  dans  le  sens 
de  la  facilité  à  élever  l'eau  à  une  certaine  hauteur,  ces  appareils  étant 
surtout  destinés  à  transvaser  le  vin,  quelquefois  même  avec  une 
grande  différence  de  niveau. 

Malgré  le  grand  nombre  de  pressoirs  qui  figuraient  au  concours, 
trois  seulement  ont  pu  prendre  part  à  la  lutte  comme  rentrant  exacte- 
ment dans  les  conditions  suivantes  exigées  par  le  programme  :  dia- 
mètre de  la  cage,  1  mètre,  hauteur  de  la  charge  dans  la  cuve,  0"65, 
diamètre  maximum  de  la  vis  0'"08.  L'expérience  s'est  faite  sur  204 
kilog.  de  marc,  préalablement  mouillé,  et  que  chaque  concurrent  a 
déposé  lui-même  pour  commencer  l'opération  au  signal  donné  par  le 
jury.  Le  pressoir  Piquet  à  M.  Aultmann  a  produit  38  kilog.  de 
liquide,  celui  de  M.  Vigoureux  33  kilog.,  el  celui  de  M.  Billiard, 
29  kilog.  seulement,  pendant  la  même  expérience. 

Sans  entrer  dans  de  grands  détails,  nous  avons  cru  remplir  un 
devoir  en  résumant  ces  essais  très  intéressants,  et  pour  lesquels 
les  concurrents  ont  subi  des  épreuves  dont  nous  avons  à  leur  tenir  un 
compte  sérieux. 

En  plaçant  sous  les  yeux  de  nos  vaillants  colons  de  l'Ouest,  les 
collections  complètes  du  matériel  agricole  comprenant  depuis  l'instru- 
ment primitif  jusqu'aux  machines  les  plus  perfectionnées,  nos 
constructeurs  n'auront  pas  perdu  leur  temps,  car  ils  se  sont  adressés 
à  une  population  qui  sait  apprécier  le  progrès  de  la  mécanique, 
et  qui,  très  versée  dans  les  pratiques  agricoles  de  toutes  sortes, 
est  attentive  à  bénéficier  des  moindres  améliorations  produites  dans 
cette  partie. 

Aussi,  avons-nous  la  conviction  que  les  résultats  obtenus  en 
Algérie,  dans  un  avenir  très  rapproché,  par  les  constructeurs  de 
machines,  confirmeront  entièrement  nos  appréciations. 

Produits  agricoles.  —  L'exposition  des  produits  agricoles  a  été  cer- 
tainement moins  belle  que  celle  organisée  par  le  comice  d'Oran, 
en  1877,  mais  il  faut  se  souvenir  que  les  récoltes  de  toutes  natures 
ont  été  peu  favorisées  cette  année  par  les  phénomènes  météorologi- 
ques, une  sécheresse  persistante  ayant  compromis  de  sérieux  intérêts, 
tandis  que  la  rouille  a  nui  également  à  la  qualité  des  céréales  de  cer- 
taines contrées. 

Malgré  cela,  et  bien  que  l'ensemble  n'ait  pas  répondu  à  l'attente  de 
chacun,  cette  exibition  offrait  toutefois  des  spécimens  de  toute  beauté, 


CONCOURS  RÉGIONAL  D'ORAN.  419 

de' nature  à  donner  une  idée  des  forces  de  production  de  ce  pays   et 
qui  ont  dû  étonner  plus  d'un  visiteur. 

A  côté  de  la  qualité  des  produits  exposés,  l'examinateur  attentif  était 
aussi  surpris  de  la  variété  des  échantillons  qui  tous  provenaient 
cependant  d'une  seule  et  même  région  agricole,  mais  dont  les  agricul- 
teurs disséminés  tirent  parti  de  nombreuses  situations  topographiques 
qui  jouissent  de  climats  très  différents,  ce  qui  leur  permet  d'ob- 
tenir les  productions  des  zones  agricoles  les  plus  riches  et  les  plus 
variées. 

Il  y  a  encore  là  un  avantage  que  nous  inscrivons  à  l'avoir  des  con- 
cours régionaux  de  la  colonie,  et  que  l'on  ne  saurait  retrouver  en 
France,  oi^i  chaque  région  est  caractérisée  par  des  produits  agricoles 
bien  plus  homogènes. 

Pour  suivre  l'ordre  adopté  par  le  jury,  nous  devons  mentionner  en 
premier  lieu  les  vins  dont  les  échantillons,  envoyés  de  tous  les  points 
delà  colonie,  dépassaient  le  chiffre  de  quatre  cents.  A  en  juger  par  le 
nombre  de  récompenses  accordées,  on  a  tout  lieu  de  croire  que  ce 
précieux  liquide  est  aujourd'hui  fabriqué  dans  de  bonnes  condi- 
tions. 

Les  vins  de  la  colonie,  suivant  des  expériences  faites  ces  jours-ci, 
à  Bel-Abbès,  à  l'aide  de  l'appareil  Malligan,  pèsent  14°  forts;  ils  sont 
en  outre  francs  de  goût,  limpides,  très  riches  en  tannin  et  possèdent 
déjà  un  certain  bouquet  agréable.  Ils  constitueront  donc  un  puissant 
auxiliaire  pour  le  commerce  de  la  Métropole,  dès  que  la  production 
dépassera  les  besoins  de  la  consommation  locale. 

Si  nous  nous  faisons  l'écho  de  ce  qui  s'est  dit  dans  la  presse  d'Oran, 
nous  sommes  obligé  de  reconnaître  que  bien  des  négligences  ont  été 
signalées  ici. 

Nous  avions  l'intention  de  donner  le  nom  de  tous  les  territoires 
dont  les  produits  ont  été  primés  ;  mais  des  échantillons  n'ayant  pas  été 
indiqués,  bien  que  classés  à  la  dégustation,  et  d'autres  n'ayant  pas 
été  décachetés,  nos  remarques  n'auraient  aucune  importance,  n'étant 
pas  générales. 

Les  eaux-de-vie  de  marc,  les  alcools  et  les  anisettes  faisaient  bonne 
figure  à  côté  des  vins,  aussi  ont-ils  obtenu  une  bonne  part  des  récom- 
penses décernées. 

Les  trois  provinces  ont  envoyé  des  huiles,  précieuse  production  de 
ce  pays,  et  la  qualité  des  échantillons  exposés  montrait  que  nos 
colons  apportent  tous  leurs  soins  à  la  culture  de  l'olivier,  en  même 
temps  qu'ils  utilisent  les  meilleurs  procédés  de  fabrication. 

De  magnifiques  arachides  semblaient  promettre  d'excellents  résul- 
tats à  ceux  qui  tenteront  de  les  convertir  en  huile  comestible. 

Mais  la  plus  belle  collection  présentée  au  concours  était,  à  coup 
sûr,  celle  des  céréales  de  Bel-Abbès,  contrée  où  elles  réussissent  très 
bien  et  où  surtout  les  tuzelles  ont  une  réputation  justifiée. 

Un  examen  attentif  de  l'exposition,  sous  ce  rapport,  nous  conduit  à 
émettre  l'avis  que  les  comices  agricoles  de  la  colonie  devraient  relever 
les  productions  particulières  à  chaque  contrée,  pour  les  signaler  aux 
colons  intelligents  qui  pourraient  ainsi  se  procurer  de  belles  semences 
pour  les  sortes  que  leurs  voisins  produisent  dans  de  meilleures  con- 
ditions qu'eux. 
la  beauté  des  céréales  primées,  provenant  du  Thessalah  (Bel-Abbès), 


420  CONCOURS  REGIONAL  D  ORAN. 

de  13ou-Sfer,  de  Bône,  de  Rivoli,  de  Moslaganem,  du  Sig  et  de  Blidah, 
montrait  bien  que  le  jour  où  TÉlat  aura  exécuté  certains  grands  tra- 
vaux qui  lui  incombent  et  oii  la  culture  aura  réalisé  quelques  amélio- 
rations, l'Algérie,  placée  à  quelques  centaines  de  kilomètres  de  la 
France,  fournira  avec  avantage  à  la  mère-patrie,  les  blés  qu'elle  tire 
du  nouveau  monde  malgré  son  éloignement. 

Nous  avons  encore  remarqué  les  belles  collections  de  fruits  frais 
d'Oran,  les  riches  produits  de  Perrégaux,  les  productions  industrielles 
et  les  tabacs  odorants  et  distingués  de  Boufarik,  et  ceux  de  Beni- 
Mered,  les  farines  et  semoules  de  qualité  supérieure  de  Constantine, 
d'Alger,  de  Blidah,  d'Oran,  de  Mersel-Kebir  et  de  Tiaret,  les  magni- 
fiques spécimens  de  la  production  séricicole  de  Saint-Cloud,  du  Sig  et 
de  Tlemcen,  les  miels  parfumés  et  très  purs  de  Boufarik,  d'un  indi- 
gène d'Oran,  et  de  la  propriété  Sainte-Marie,  les  olives  de  Tlemcen, 
les  rais^ins  secs  de  Mascara,  les  cotons  du  Sig,  témoins  d'une  richesse 
très  importante  dans  le  passé  pour  toute  cette  contrée,  mais  qui 
aujourd'hui  est  presque  perdue,  les  belles  dattes  de  Misserghin,  de 
beaux  échantillons  de  chanvre  d'Assi-bou-Nif  et  de  ramie  de  rtïillil, 
les  spécimens  des  richesses  forestières  de  la  colonie  envoyés  par  le 
gouvernement  général  et  qui  offraient  une  collection  très  remarqua- 
ble des  bois  du  pays. 

L'absence  presque  complète  des  produits  agricoles  des  indigènes  a 
été  d'autant  plus  regrettée,  que  plusieurs  d'entre  eux,  ayant  perfec- 
tionné leurs  cultures,  auraient  pu  présenter  des  huile,  laine,-  blé,  orge, 
maïs,  bechna  et  fruits  secs  de  nature  à  montrer  les  progrès  réalisés. 
Ces  abstentions  donnent  plus  de  valeur  et  de  mérite  aux  efforts  de  la 
commune  mixte  de  Bône  qui  a  exposé  un  très  bel  ensemble  des  pro- 
duits indigènes  de  son  territoire. 

Nos  observations  générales  du  début  restant  vraies,  il  n'en  résulte 
pas  moins  de  1  "étude  de  1  exposition  des  produits  agricoles  telle  qu'elle 
est,  que  l'ensemble  du  pays  est  en  très  bonne  voie,  et  qu'il  progresse 
sans  subir  de  temps  d'arrêt. 

Que  les  désirs  suivants,  généralement  exprimés  par  nos  colons, 
soient  accomplis,  et  l'Algérie  prendra  vite  un  développement  considé- 
rable :  assimilation  progressive,  le  législateur  devant  garder  en  vue, 
pendant  longtemps  encore,  les  différences  qui  existent  entre  la 
Métropole  et  la  colonie;  établissement  plus  large  et  plus  rapide  de  la 
propriété  individuelle  chez  les  indigènes,  qui  constitue  le  moyen  le 
plus  efficace  de  coloniser;  améliorations  de  nos  voies  de  communica- 
tion; prompte  mise  à  exécution  du  réseau  de  chemins  de  fer  dintérêt 
général,  votés  par  les  Chambres;  organisation  d'institutions  de  crédit 
agricole  qui,  jusqu'à  ce  jour,  ont  fait  défaut;  conservation  et  reboise- 
ment des  forêts  ;  création  de  barrages  et  de  puits  artésiens  ;  instruc- 
iion  primaire  agricole;  création  de  fermes-écoles,  de  stations  agrono- 
miques, de  chambres  consultatives  d'agriculture;  continuation  des 
encouragements  accordés  à  l'agriculture,  l'État  venant  en  aide  aux 
comices  pour  l'organisation  des  expositions  et  la  distribution  des 
prix. 

Avec  de  semblables  améliorations,  l'Algérie,  promptement  peuplée, 
bâtie  et  cultivée,  ne  tarderait  pas  à  être  le  véritable  grenier  de  la 
France,  après  avoir  été  celui  de  Roma,  et  à  lui  procurer  honneur  et 
profit. 


CONCOURS  RÉGIONAL  D'ORAN.  421 

Prix  offerts  par  les  associations  agricoles.  —  Avant  de  dire  un 
mot  de  l'exposition  industrielle  d'Oran,  nous  donnerons  ici  la  liste 
des  récompenses  décernées  aux  exposants  da  concours  régional  au 
nom  des  associations  agricoles  désireuses  de  voir  combler  les  lacunes 
que  rinsuflisance  de  crédit  avait  laissé  subsister  dans  le  programme 
du  ministre  de  l'agriculture. 

Prix  culturaux  :  Médaille  d'or  grand  module,  offerte  par  la  Société  d'agricul- 
ture d'Alger,  au  cultivateur  le  plus  méiitant  dans  la  section  de  viticulture, 
décernée  à  M.   Pierre  Mmtels,  propriétaire  et  cultivateur  à  Oran  (banlieue). 

Prix  cultural  de  300  francs,  otl'ert  par  le  Goinice  agricole  d'Alger  au  petit  pro- 
priétaire possédant  15  à  20  hectares,  exploitant  directement  et  dont  la  propriété  se 
ferait  remarquer  par  son  organisation  intelligente,  son  rendement,  et  l'établisse- 
ment des  bâtiments  au  point  de  vue  de  l'hygiène,  décerné  à  M.  Pierre  Montels, 
précité. 

Prix  iVenaemble  :  Médaille  d'or,  offerte  par  M.  Gr.  Lesueur,  président  du  Co- 
mice agricole  et  de  la  Gliambre  de  commerce  de  Philip|)eville  (département  de 
Constautine),  décernée  au  Comice  agricole  de  Boufarik,  pour  son  exposition  col- 
lective de  produits  agricoles 

Prix  du  comice  île  Philippevilte  :  Médailles  de  vermeil,  à  MM.  El-Habid- 
bel-Ghali,  à  Blad-Touaria  ^Or^n,  pour  son  cheval  arabe,  numéro  kO;  Audibert, 
horticulteur  à  Oran,  pour  son  exposition  de  plantes  et  graines  diverses.  Médailles 
d'argent,  à  MM.  Pierre  Léger,  à  Oian,  pour  son  cheval  arabe  alezan  doré,  nu- 
méro 11;  Pierre  Montels,  précité,  pour  sa  jument  arabe,  numéro  92  ;  Johner, 
constructeur  à  Oran,  pour  son  pressoir  à  vin,  numéro  504;  Py,  fils,  à  M'Siia, 
Oran,  pour  lièges  en  planches.  Médailles  de  bronze,  à  MM.  Ismaïi-ould-Djelloud, 
à  Daya,  Oran,  pour  sa  jument  arabe,  numéro  86  ;  Salva,  à  Oran,  pour  sa  jument 
percheron-arabe,  numéro  37;  Sommer,  au  Tlélat,  Oran,  pour  sa  jument  française, 
nuaaéro  123;  M'hammed-bel-Haouari,  à  Tenazet,  Oran,  pour  son  cheval  arabe, 
numéro  53;  Billes,  constructeur,  à  Oran,  pour  sa  noria  à  tampon,  numéro  491  ; 
Trinquier,  constructeur,  à  Oran,  pour  son  foudre,  numéro  4-29;  Mollier,  à  Tlem- 
cen,  pour  soie  grège  et  cocons  ;  Touruier,  propriétaire  à  Ref-Ref,  Constantine, 
pour  ensemble  de  ses  produits  agricoles. 

Prix  alloués  par  le  Comice  agricole  d'Omn,  pour  concours  spécial  d'attfhge  de 
travail.  —  Mules  et  mulets.  —  1^""  prix  :  à  M.  François  Rousset,  banlieue  d'Oran, 
pour  une  mule  de  3  ans;  2^  à  M.  Xavier  Bois^ière,  à  l'Etoile  de  Sidi-Chami,  pour 
un  mulet  de  18  mois  ;  3*  à  M.  Alexandre  Saurel,  à  Sidi-Chami,  pour  une  mule 
de  3  ans. 

Bœufs  de  travail.  —  Premier  prix,  à  M.  Antoine  Martinet,  à  Saint-Louis,  pour 
son  attelage  de  deux  bœufs  rouges  de  6  ans  2%  à  M.  Alexandre  Galmels,  de  Sidi- 
Marouf,  poui-  son  attelage  de  deux  bœufs  rouges  de  8  ans.  Mention  honorable,  à 
M.  Charles  Sauvage,  de  Mangin,  pour  un  baudet  noir,  de  7  ans. 

Prix  offert  par  la  Société  nationale  d'encouragement  à  f  auriculture  de  Paris  : 
Médaille  d'or  décernée  à  M.  Nobel,  pour  application  de  la  dynamite  à  l'agriculture 
et  spécialement  au  défoncement  du  sol  en  vue  de  la  plantation  des  vignes. 

L.  Bastide, 

Président  du  Comice  de  Bel-Abbès. 

ESSAIS  DYx\AMOMÉTRIQUES  DE  MACHINES  A  BATTRE 

Le  Journal  a  rendu  compte  sommairement  des  essais  de  machines  à 
battre  organisées  par  la  Société  des  agriculteurs  de  France,  à  la  fin  du 
mois  de  septembre  dernier,  à  la  ferme  de  Joinville-le-Pont,  qui  avait 
été  mise  à  sa  disposition  par  le  directeur  de  l'Institut  national  agro- 
nomique. Nous  devons  y  revenir  pour  donner  la  description  des 
expériences  et  indiquer  la  manière  dont  elles  ont  été  conduites;  quant 
aux  résultats,  ils  seront  consignés  dans  un  rapport  que  nous  ferons 
connaître  lorsqu'il  sera  achevé. 

La  Commission  chargée  de  l'organisation  de  ces  essais  était  composée 
de  MM.  de  Dampierre,  président  de  la  Société;  Jacquemart  et  Bertin, 


422  ESSAIS  DYNAMOMÉTRIQUES  DE    MACHINES  A  BATTRE. 

vice-présidents;  Barrai,  Buignet,  Mangon,  Petit,  membres  du  Conseil; 
F.  Raoul-Duval,  président,  Ghabrier,  vice-président,  et  Liébaut, 
secrétaire  de  la  Section  de  génie  rural;  de  Monicault,  président,  et 
Hardon,  secrétaire  de  la  Section  d'agriculture;  Risler,  Gatelier,  de 
Fleurière,  Durand-Claye,  Morandière  et  Vallée,  membres  de  la  Société. 
Les  expériences  ont  été  faites  sous  la  direction  de  M.  Alfred  Tresca, 
répétiteur  de  génie  rural  à  l'Institut  agronomique,  secondé  par 
M.  Vuaillet,  préparateur  de  ce  cours,  et  M.  Viet,  directeur  de  la  ferme 
de  Joinville.  Hâtons-nous  d'ajouter  que  nous  devons  à  l'aimable 
obligeance   de  M.   Alfred  Tresca  la  plupart  des  renseignements  qui 


Fig.  34.  —  Essai  dynamométrique  d'une  maciiine  à  battre. 


nous  ont  permis  de  suivre  la  marche  des  appareils  et  de  l'exposer 
à  nos  lecteurs. 

Six  machines  seulement  ont  pris  part  aux  essais  :  deux  machines 
anglaises  de  Garrett,  envoyées  par  M.  Pilter;  deux  machines  de 
Marshall,  envoyées  par  MM.  Waite,  Burnell;  une  machine  française, 
de  M.  Pécard;  une  machine  américaine,  de  M.  Aultmann.  Il  est  à 
regretter  qu'un  plus  grand  nombre  de  constructeurs  n'aient  pas 
répondu  à  l'appel  qui  leur  avait  été  fait. 

Le  but  des  expériences  de  Joinville  était  de  déterminer  la  force 
dépensée  dans  le  battage  des  grains  par  les  machines  des  différents 
systèmes.  Pour  résoudre  cette  question,  il  fallait  avoir  un  moteur 
uniforme,  ou  dont  on  pût  enregistrer  à  chaque  instant  les  variations, 
et  un  appareil  qui  constatât  la  force  employée;  tel  est  le  rôle  du 
dynamomètre. 

Le  moteur  était  une  machine  à  vapeur  sortant  des  ateliers  de 
MM.    Wehyer   et   Richemond;   elle    était   d'une   force   nominale  de 


ESSAIS  DYNAMOMÉTRIQUES  DE  MACHINES  A   BATTRE. 


423 


12  chevaux  de  75  kilogrammètres.  Elle  était  pourvue  d'un  cadran 
gradué  montrant  les  admissions  de  vapeur,  et  des  indicateurs  de 
Watt  donnant  les  courbes  du  travail  sur  le  piston.  En  outre,  elle  avait 
été  munie  d'un  manomètre  enregisteur  et  de  tous  les  appareils 
nécessaires,  pour  relever  à  chaque  moment  la  pression,  la  tempéra- 
ture, etc.;  un  régulateur  automatique  maintenait  constante  la  vitesse 
de  la  machine.  Avec  ce  mécanisme,  on  obtenait,  en  ayant  soin  d'en 
suivre  les  indications,  l'évaluation  du  travail  exigé  par  la  batteuse.  Le 
dynamomètre  donnait  une  seconde  évaluation  contrôlant  la  première. 
Le  dynamomètre  a  été  construit  en  Angleterre.  Il  est  à  rotation,  et 
il  se  compose  de  deux  grandes  poulies  montées  parallèlement  sur  le 
même  axe.  Sur  l'une  d'elles  passe  une  courroie  sans  fin  qui  la  relie  à 
la  machine  à  vapeur;  sur  la  seconde  roule  une  deuxième  courroie  qui 
actionne  la  batteuse.  Le  dynamomètre  est  ainsi  interposé  pour  renvoyer 
à  la  batteuse  le  mouvement   ds   la   machine   à  vapeur.     La  fig.  34 


Fig.  35.  —  Coupe  longitudinale  du  dynamomètre  à  rotation. 


montre  l'installation  de  l'ensemble  pendant  l'essai  d'une  machine. 

Le  mécanisme  du  dynamomètre  est  facile  à  comprendre,  avec  les 
fig.  35,  36  et  37.  Les  deux  extrémités  de  l'arbre  A  sont  encastrées 
dans  deux  chaises  en  fonte  L,L,  qui  sont  vissées  sur  une  semelle  en 
bois  S  formant  un  cadre  rigide  permettant  de  fixer  le  dynamomètre 
sur  le  sol.  A  l'une  des  extrémités  de  l'arbre,  on  voit  un  manchon  B 
pour  joint  de  Cardan,  et  à  l'autre  extrémité  le  support  I  fixé  à  l'une 
des  chaises,  pour  porter  la  boîte  H  qui  renferme  l'appareil  enregistreur. 

La  poulie  G  est  calée  sur  l'arbre  A  et  reçoit  le  mouvement  du  moteur; 
quanta  la  poulie^C,  elle  est  mobile  sur  l'arbre,  et  c'est  celle  sur  laquelle 
on  place  les  courroies  transmettant  le  mouvement  à  la  machine  à  opérer. 
Mais  elle  ne  pourrait  accomplir  cette  fonction,  si  elle  n'était  reliée  à  la 
poulie  G  par  une  série  de  trois  ressorts  en  spirale,  D,  dont  l'une  des 
extrémités  est  fixée  en  d  (fig.  37)  sur  son  manchon,  et  dont  l'autre 
extrémité  s'arrête  en  d'  sur  la  jante  de  la  poulie  G.  Lorsque  celle-ci  est 
mise  en  mouvement,  elle  entraîne  par  l'intermédiaire  de   ces  trois 


424 


ESSAIS    DYNAMOMETRIQUES   DE  MACHINES     A    BATTRE. 


ressorts  la  poulie  C;  suivant  Ja  résistance  offerte,  la  tension  des  ressorts 
est  plus  ou  moins  grande,  et  la  distance  angulaire  des  deux  poulies 
varie.     On  a  ainsi    la  mesure  du  travail  effectué.    JMais  pour  éviter 


les   accidents. 


buttoir 


(fig.  ,37)   pour 


Fig.  3G.  —  Coupe  transversale  du  dynamomètre. 


d'arrêt  aux  lames  des  ressorts,   si  la  flexion  de  ces  lames  dépassait 
la  limite  que  l'on  s'est  fixée. 

On  comprend,  sans  qu'il  soit  besoin  d'insister,  comment  les  variations 


Fig.  37.  —  DispositiOQ  des  ressorts  d'acier, 

de  tension  des  ressorts  entraînent  uii  mouvement  oscillatoire  de  la 
poulie  G'.  Il  s'agit  de  transmettre  ce  mouvement  à  Tappareil  enregistreur 
renfermé  dans  la  boîte  H.  A  cet  effet,  un  arc  denté  E  (fig  35)  est  fixé  au 
manchon  de  cette  poulie,  et  il  engrène  avec  un  pignon  F,  dont  l'axe, 
grâce  à  une  rainure  G,  ménagée  dans  l'arbre,  agit  sur  une  crémaillère 
double,  montée  à  l'intérieur  de  celui-ci,  qui  transforme  les  oscillations 
de  la  poulie  mobile  en  un  mouvement  rectiligne  de  va-et-vient  qui 
suit  l'axe  de  l'arbre.  L'extrémité  de  cette  crémaillère  sort  en  a  (fig.  38)  de 
Tarbre  A. 


ESSAIS  DYNAMOMETRIQUES  DE  MACHINES   A  BATTRE. 


425 


L'appareil  enregistreur  (^fig.  38  et  39)  a  un  double  but  :  r  compter 
le  nombre  de  tours  du  dynamomètre;  2°  évaluer  le  travail  produit  sur 
la  poulie  mobile.  A  cet  effet,  il  renferme  deux  compteurs,  l'un  T'  enre- 
gistrant les  tours  de  l'arbre  A,  et  TautreT  servant  à  enregistrer  les  dé- 
placements angulaires  de  la  poulie  mobile  par  rapport  à  la  poulie 
lixe.  Voyons  successivement  comment  ils  fonctionnent. 

Sur  le  prolongement  de  l'arbre  A  est  fixée  une  roue  dentée  b,  dont 
le  mouvement  est  transmis  à  une  série  de  roues  et  de  pignons  b^b,b,b,b, 


Fig.  38.  —  Plan  de  l'appareil  enregistreur. 

jusqu'à  une  dernière  dont  Taxe  prolongé  C  actionne  les  organes  du 
mouvement  d'horlogerie  faisant  mouvoir  les  aiguilles  des  cadrans  du 
compteur  T';  ces  aiguilles  indiquent  ainsi  le  nombre  des  tours  de 
l'arbre  A. 

Pour  le  deuxième  compteur,  voici  son  mécanisme.  La  tige  a  qui  tra- 
verse l'arbre  A,  est  douée,  ainsi  que  nous  l'avons  dit,  d'un  mouvement 


Fig.  39.  —  Vue  verticale  de  Taf.p  ireil  enregistrcui. 


rectiligne  alternatif  ou  de  va-et-vient  provenant  du  déplacement  angu- 
laire de  la  poulie  mobile  C  (fig.  35).  Son  extrémité  est  reliée  à'un 
bâti  Q  qui  porte  une  roulette  R,  laquelle  est  montée  sur  un  axe  met- 
tant en  mouvement  les  dilTérents  axes  ttt  du  compteur  T.  Cette  rou- 
lette s'appuie  sur  le  plateau  circulaire  ,P  calé  sur  l'axe  C.  Le  plateau 
entraîné  par  celui  ci  fait  tourner  la  roulette  R.  En  même  temps,  celle-ci 
se  déplace  par  rapport  au  plateau,  sous  l'influence  du  mouvement  delà 
tige  a,  de  quantités  proportionnelles  au  déplacement  angulaire  des 
deux  poulies  du   dynamomètre.   Par  suite  de  cette  combinaison,    le 


426  ESSAIS  DYNAMOMÉTRIQUES  DE  MACHINES   A  BATTRE. 

compteur  T  enregistre  le  travail  absorbé  par  la  machine  sur  laquelle 
les  essais  sont  pratiqués. 

Ajoutons  que  le  levier  V  permet  le  débrayage  du  compteur  et  le  dé- 
placement du  plateau  P  parallèlement  à  lui-même,  de  manière  à  sup- 
primer tout  contact  de  la  roulette  R  avec  ce  plateau. 

Cette  description  que  nous  avons  faite  aussi  complète  que  possible, 
afin  que  Ton  se  rende  bien  compte  du  mécanisme  d'un  appareil  jus- 
qu'ici inconnu  en  France,  donnera  aux  agriculteurs  une  idée  de  la 
précision  avec  laquelle  il  est  construit.  Est-il  besoin  d'ajouter  que  le 
premier  venu  ne  peut  pas  se  servir  du  dynamomètre?  Il  faut,  par  des 
essais  préalables  se  rendre  compte  de  la  formule  de  réduction  de 
chaque  enregistreur,  et  par  des  calculs  spéciaux  transformer  en  no- 
tions de  forces  les  mouvements  enregistrés.  Mais  chacun  peut  com- 
prendre comment  il  est  possible,  avec  ce  dynamomètre,  d'apprécier 
rigoureusement  la  force  dépensée  par  une  machine  à  battre,  marchant 
à  vide  ou  en  travail,  ainsi  que  par  chacun  des  organes  de  cette  ma- 
chine; on  peut  débrayer  tel  ou  tel  organe,  disséquer  en  quelque  sorte 
l'ensemble,  suivant  l'heureuse  expression  de  M.  Liébaut;  en  un  mot 
se  rendre  compte  de  l'influence  proportionnelle  du  battage  proprement 
dit,  du  secouage  de  la  paille,  du  vannage  du  grain,  etc.  On  comprend 
aussi  comment  ce  même  dynamomètre  peut  servir  à  établir  le  travail 
de  tout  autre  machine  agricole  que  l'on  peut  installer  dans  des  con- 
ditions analogues. 

Aux  expériences  de  Joinville,  les  six  batteuses  ont  été  soumises  à  ces 
essais.  Les  essais  dynamométriques  ont  été  faits,  pour  chacune,  pen- 
dant le  battage  de  1 ,100  gerbes.  Les  grains,  les  pailles,  les  déchets  ont 
été  mesurés  et  pesés,  puis  soumis  à  l'examen  des  membres  de  la  Com- 
mission. Nous  ne  connaissons  pas  encore  les  décisions  de  celle-ci, 
ainsi  que  nous  le  disions  en  commençant.  Afin  de  préparer  nos  lec- 
teurs à  les  comprendre,  nous  donnerons  successivement  la  descrip- 
tion détaillée,  avec  figures  à  l'appui,  des  machines  qui  ont  pris  part 
aux  expériences.  Henry  Sagnier. 

LA  SERICICULTURE  EN  CORSE 

En  parcourant,  ces  jours  derniers,  la  collection  du  journal,  le  Mo- 
niteur des  soies,  de  Lyon,  appartenant  à  la  bibliothèque  de  la  station 
séricicole  de  Montpellier,  j'ai  rencontré  quelques  lettres  adressées  à  la 
rédaction  de  cet  estimable  journal  et  s'occupant  de  l'état  de  la 
sériciculture  dans  le  département  de  la  Corse. 

Deux  de  ces  lettres  ont  surtout  attiré  mon  attention.  La  première, 
qui  se  trouve  dans  le  numéro  du  17  juillet  1875,  est  de  M.  H. 
A.  Charpentier,  membre  de  la  Société  de  géographie  de  Bordeaux,  et  la 
seconde,  publiée  dans  le  numéro  du  11  novembre  1876,  est  de  M.  R. 
Carlotti. 

«  En  Corse,  ce  pays  trop  mal  jugé,  dit  M.  Charpentier,  la  culture 
des  vers  à  soie  est  pratiquée  depuis  de  longues  années  et  y  produirait 
des  résultats  splendides  si  les  éducateurs  étaient  toujours  sûrs  de 
l'écoulement  de  leurs  produits.  Mais  l'incertitude  du  placement  des 
cocons  et  des  graines  arrête  et  paralyse  l'élan  des  populations  séri- 
el coles.  » 

En  terminant  sa  lettre,  M.  Charpentier  ajoute  : 


LA  SÉRICICULTURE  EN  CORSE.  427 

«  Un  filateur  qui  s'était  établi  ea  Corse,  M.  Heibert,  disait  dans  un 
rapport  adressé  à  M.  le  ministre  de  l'agriculture  et  du  commerce,  que 
si  l'industrie  séricicole  était  encouragée  dans  ce  pays  et  si  les  édu- 
cateurs trouvaient  l'écoulement  de  leurs  récoltes  assuré,  la  Corse  pro- 
duirait la  plus  belle  soie  du  inonde.  )> 

M.  R.  Cariotti  nous  apprend  Tannée  suivante,  dans  sa  lettre  du 
M  novembre  187G,  que  depuis  (873  jusqu'à  1876  inclus,  Casabianda 
a  fait  chaque  année  des  éducations  avec  un  succès  remarquable.  L'éta- 
blissement a  vendu  de  la  graine  pour  12,000  fr.,  en  moyenne,  tous 
les  ans,  à  un  prix  qui  a  oscillé  entre  20  et  25  fr.  l'once. 

Les  graines  de  la  Corse  ont  toujours  eu  une  renommée  incontestable  ; 
certainement,  elles  peuvent  rivaliser  avec  celles  du  Roussillon,  des 
Basses-Alpes  et  du  Var.  Mais,  pour  que  ces  graines  donnent  les  ré- 
sultats cités  plus  haut,  il  faut  qu'elles  aient  été  préparées  d'après  les 
méthodes  indiquées  par  le  savant  M.  Pasteur. 

J'admets  que  les  éducateurs  de  la  Corse  n'aient  pas  besoin  de  conseils 
sur  la  manière  pratique  d'élever  leurs  vers  à  soie;  mais,  où  iront-ils 
puiser  des  renseignements  nécessaires  à  la  préparation  de  leurs  graines, 
d'après  les  indications  données  depuis  quelques  années  seulement 
par  la  science,  et  apprendre  à  se  servir  d'un  microscope  pour  la  sélec- 
tion de  ces  graines,  qui  les  préservera  de  la  maladie  de  lapébrine. 

Plus  de  doutes  maintenant  !  Avec  un  bon  microscope,  on  n'a  plus  rien 
à  craindre  de  la  part  de  la  pébrine;  nous  en  avons  eu  les  preuves 
partout  oi^i  le  graioage  cellulaire  (système  Pasteur)  a  été  pratiqué. 

Quant  à  la  flacherie,  cartainement  le  microscope  n'est  pas  suffisant 
pour  nous  préserver  de  cette  terrible  maladie;  mais,  celle-ci  peut  être 
évitée  par  suite  d'une  bonne  conservation  de  la  graine  et  d'une  édu- 
cation faite,  avec  beaucoup  de  soins,  dans  un  climat  tout  à  fait  favo- 
rable à  la  bonne  santé  des  vers  à  soie,  comme  l'est  d'ailleurs  celui  de 
la  Corse. 

Bien  que  quelques  ateliers  de  grainage  aient  été  créés  dans  cette 
île,  la  majorité  des  éleveurs  est  encore  dans  une  ignorance  à  peu  près 
complète  des  méthodes  de  grainage  et  des  soins  que  réclame,  d'une 
manière  spéciale,  l'éducation  des  vers  destinés  à    la  reproduction. 

Le  but  auquel  on  doit  viser,  en  Corse,  c'est  de  faire  de  la  bonne 
graine,  en  quantité  assez  considérable  pour  pouvoir  approvisionner 
l'Italie,  qui  en  fait  une  immense  consommation,  le  midi  de  la  France 
et  l'Espagne,  qui  dès  lors  n'iraient  plus  s'adresser  à  la  Chine  et  au  Japon 
dont  les  graines  sont  la  plupart  du  temps  avariées  à  la  suite  des 
voyages  qu'elles  ont  à  faire  avant  d'arriver  à  leur  destination. 

Depuis  le  commencement  du  mois  de  novembre,  M.  Maillot,  direc- 
teur de  la  station  séricicole  de  Montpellier  a  entrepris  la  série  de  ses 
conférences  pour  l'année  1 880  dans  les  principales  villes  du  midi  de 
la  France.  La  Corse,  qui  est  un  pays  essentiellement  séricicole,  ce  qui 
a  été  dit  plus  haut  le  prouve,  ne  peut,  vu  sa  position  en  dehors  du  con- 
tinent, bénéficier  des  excellents  conseils  donnés  chaque  année  par 
l'un  des  hommes  les  plus  compétents  en  sériciculture. 

En  1870,  M.  Maillot,  délégué  du  ministère  de  l'agriculture  et  du 
commerce,  avait  déjà  commencé  à  propager  le  système  Pasteur  chez 
quelques  éducateurs  delà  Corse;  ses  premiers  essais  eurent  lieu  dans 
les  domaines  de  M.  le  comte  de  Casablanca,  à  Yescovato,  les  résultats 
en  furent  très  satisfaisants. 


428  LA  SÉRICICULTURE  EN  CORSE. 

Mais,  depuis  cette  époque,  on  ne  s'est  plus  occupé  de  ce  dépar- 
tement, et  personne  n'a  continué  les  travaux  entrepris  par  le  directeur 
actuel  de  notre  station  séricicole. 

Jl  serait  à  souhaiter  que  le  gouvernement  français  s'occupât  de  cette 
partie  du  territoire  (française  aussi  bien  que  la  partie  continentale), 
et  favorisât  le  développement  de  ces  industries  agricoles.  Nul  doute 
alors  que  la  sériciculture,  en  Corse,  ne  soit  bientôt  aussi  renommée 
qu'elle  Test  dans  le  Roussillon,  les  Basses-Alpes  et  le  Var. 

A.  MlOZZIGONACCl, 

Stagiaire  agricole,  attaché  a  la  station  scricicole  de  Montpellier. 

LE  GREFFAGE  DE  LA  VIGNE 

11  semblait  qu'après  la  publication  de  livres  tels  que  ceux  de 
MM.  Charles  Baltet  et  Aimé  Champin  sur  le  greffage  de  la  vigne,  des 
leçons  pratiques  données  à  Montpellier,  et  d'une  foule  d'autres  travaux 
remarquables  sur  une  question  dont  l'importance  est  chaque  jour 
mieux  appréciée,  il  ne  devait  rester  rien  à  dire.  Il  ne  s'agissait  plus, 
croyait-on,  que  de  se  mettre  à  l'œuvre  et  de  greffer  par  l'une  des  mé- 
thodes assez  nombreuses  que  des  maîtres  experts  offrent  à  notre  choix 
Hé  bien,  voici  une  brochure  qui,  avec  les  allures  les  plus  modestes  et 
les  plus  dignes  cependant  du  vrai  savoir  qui  distingue  son  auteur, 
nous  apprend  du  nouveau.  Elle  nous  dit,  en  résumé,  avec  preuves  à 
l'appui  :  greffez,  car  le  salut  de  vos  vignes  est  là,  mais  prenez  garde 
à  la  sorte  de  greffe  que  vous  emploierez  ;  après  quatre  années  de 
patientes  expériences,  je  suis  arrivé  à  la  conviction  qu'il  n'y  en  a 
qu'une  seule  qui  vous  assure  un  pied  de  vigne  bien  constitué  et  du- 
rable, c'est  la  greffe  anglaise,  à  double  fente,  sur  pieds  enracinés 
américains.  Voici  à  l'appui  de  cette  affirmation,  des  dessins  de 
coupes  de  greffes  pour  lesquels  j'ai  sacrifié  un  grand  nombre  de  mes 
pieds  de  vignes,  profitez  de  ces  sacrifices  et  de  ces  expériences. 

Cette  brochure  a  pour  titre  :  De  la  conslitation  et  du  greffage  des 
vignes;  elle  aborde  les  plus  graves  questions  de  physiologie  végétale 
avec  une  sûreté  étonnante,  et  elle  est  d'une  femme,  Mme  veuve  Ponsot, 
que  l'amour  maternel  a  vouée  à  la  défense  et  à  la  reconstitution  d'un 
vignoble  Bordelais  violemment  attaqué  par  le  phylloxéra,  le  jour  où 
un  père  a  manqué  à  ses  enfants  pour  accomplir  lui-même  cette  mis- 
sion. 

Plusieurs  des  correspondants  de  Mme  Ponsot  avaient  été  frappés  de 
son  rare  talent  d'observation,  de  la  finesse  et  de  la  clarté  qui  caracté- 
risent sa  manière  d'écrire,  et  ils  lui  ont  demandé  défaire  connaître  au 
public  le  résultat  de  ses  intéressantes  expériences.  C'est  ainsi  que  ce 
travail  a  été  inséré,  d'abord  dans  les  Mémoires  de  la  Société  des  sciences 
physiques  et  naturelles  de  Bordeaux,  et  publié  ensuite  sous  les  auspices 
du  Comité  départemental  du  ph)lloxera.  Le  voici  aujourd'hui  en  un 
volume,  accompagné  de  dessins  instructifs,  qui  sont  également  de 
Mme  Ponsot. 

Mme  Ponsot,  obligée  d'user  du  greffage  pour  reconstituer  son  vi- 
gnoble, situé  aux  environs  de  Libourne,  a  cherché  depuis  quatre  ans 
quelle  était  la  meilleure  méthode  à  employer  ;  elle  a  essayé  de  toutes, 
elle  a  tranché,  disséqué  par  milliers  ses  meilleurs  plants;  elle  a  pu 
ainsi  surprendre  les  mystérieux  effets  de  la  sève  dans  le  travail  de 
fusion  provoqué  par  le  rapprochement  des  deux  espèces  que  l'on  s'est 


SUR  LE  GREFFAGE  DES  VIGNES  AMÉRICAINES.  429 

proposé  d'unir,  et  elle  a  été  conduite  par  ses  analyses  à  des  conclusions 
claires,  logiques,  à  la  portée  de  tout  le  monde. 

Mme  Ponsut,  dans  son  écrit,  démontre  l'importance  des  conditions 
dans  lesquelles  se  lait  la  soudure  de  la  greffe,  car  la  vigne  ne  se 
soude  pas  dans  toutes  ses  parties,  comme  on  l'a  légèrement  affirmé 
souvent,  les  surfaces  ligneuses  ne  se  rapprochent  pas  même  sous 
terre;  mais  il  existe  entre  les  couches  ligneuses  et  les  couches 
cortic;)les  ce  que  M.  Baltet  nomme  «  la  couche  génératrice  m  le  cambium, 
substance  qui  émane  de  la  sève  elle-même,  qui,  à  un  moment 
donné,  concentre  toute  l'aclivilé  de  la  plante  et  linit  par  se  solidi- 
ûer,  et  Ton  comprend  combien  est  décisive  l'opération  délicate 
de  la  mise  en  coniaet  des  cambium  des  deux  sujets  que  l'on  veut  unir. 
«  A>semblep  aussi  exactement,  aussi  solidement,  aussi  complètenvut 
(c  que  possible  les  parties  actives  du  greffon  et  du  sujet,  *  tel  est  le 
desideratum  de  Mme  Ponsotet  la  condition  de  succès  de  la  reprise  des 
greffes.  Selon  elle,  la  greffe  anglaise  à  double  fente,  sur  racines,  est  la 
seule  à  réaliser  absolument  ces  conditions,  la  seule  de  tous  points 
irréprochable,  et  qui  lui  semble  «  le  dernier  mot  du  greffeur,  comme 
a  la  barriqu3  contenant,  enfermant,  roulant  le  liquide,  est  le  dernier 
«  mot  du  tonnelier.  » 

Partant  de  là,  Mme  Ponsot  passe  en  revue  les  diverses  méthodes  de 
greffage  et  elle  en  fait  la  critique  raisonnée.  Elle  est  sévère  pour 
presque  toutes,  car  elle  en  a  surpris  les  graves  défauts,  et,  malgré  sa 
déférence  pour  les  inventeurs  de  quelques-uns  de  ces  systèmes,  elle  ne 
les  ménage  pas.  Jamais  n'a  mieux  été  appliquée  la  belle  parole 
latine  :  amcus  Plato,  sed  mayis  arnica  veritas. 

Il  est  ti'ès  digne  de  remarque  que  deux  femmes,  Mme  la  duchesse 
de  Fifz-James  et  Mme  Ponsot,  donnent,  chacune  dans  son  pays, 
l'exemple  de  l'application  aux  plus  sérieux  travaux  de  la  terre  des 
connaissances  acquises  par  l'éducation  la  plus  forte  et  la  plus  soignée. 
Leurs  taletits  ne  semblaient  les  destiner  qu'à  briller  dans  le  monde 
élégant  ou  savant,  où  elles  vivaient  l'une  et  l'autre  à  Paris,  et  les 
voilà  utilisant  ces  talents  au  profit  de  la  richesse  nationale,  sans  se 
douter  presque  de  la  valeur  d'un  tel  enseignement. 

]Mme  la  duchesse  de  Filz-James  a  déjà  greffé  ou  planté  dans  le  Gard 
plus  de  dcu.D  cents  hectares  de  vignes  américaines.  Elle  écrit  et  elle 
dessine  comme  Mme  Ponsot,  et  nous  obtiendrons  peut  être  un  jour 
d'elle,  qu'elle  coramimique  au  monde  agricole  les  résultats  de  ses 
pa'ieiiLS  et  merveilleux  travaux.  Voici,  en  attendant,  la  brochure  de 
son  émule  de  la  Gironde  :  son  objei  paraît  bien  restreint,  mais  sa 
portée  est  grande  cependant,  car  Mme  Ponsot  a  fouillé  tous  les  coins 
et  recoins  de  son  sujet,  et  il  en  résulte  ce  que  le  praticien  recherche  le 
plus,  des  conseils  appuyés  sur  des  exemples  et  donnés  avec  une  sûreté 
et  une  bonne  foi  indiscutables.  D. 

LA  PETITE  GUERRE-  —  IL 

La  campagne  qui  se  fait  pour  associer  l'agriculture  à  la  défense  des 
privilèges  indusinels,  en  invoquant  la  chimère  d'un  droit  protecteur 
sur  le  bétail  semble  avoir  aujourd'hui  pour  chef  reconnu  M.  E.  Lecou- 
teux.  C'est  un  chef  de  qualité,  car  il  est  tout  à  la  fois  secrétaire  géné- 
ral de  la  Société  des  agriculteurs  de  France,  membre  de  la  Société 


430  LA  ^PETITE  GUERRE. 

nationale  d'agriculture,  rédacteur  en  chef  d'un  journal  d'agriculture, 
enfin  titulaire  de  la  seule  chaire  d'économie  rurale  qui  existe  encore 
aujourd  hui  à  Paris.  S'il  y  a  de  bons  arguments  à  l'appui  de  la 
thèse,  c'est  évidemment  sous  sa  plume  que  nous  aurons  quelque 
chance  de  les  rencontrer. 

Le  premier  argument  qu'il  invoque  pour  réclamer  un  tarif  élevé  sur 
l'entrée  du  bétail  étranger  en  France,  c'est  l'inégalité  du  traitement 
douanier  entre  l'agriculture  et  l'industrie.  Les  taxes  établies  au  profit 
d«  cette  dernière  se  traduisent  par  de  gros  chiiYres,  et  pour  compenser 
le  préjudice  qu'en  éprouve  l'agriculture,  il  faut  lui  donner,  à  sonlour, 
un  traitement  de  faveur  pour  le  bétail.  Il  a  môme  résumé  toute  sa 
pfenséedans  l'un  de  ces  aphorismesqui  lui  sont  familiers  :  ce  La  liberté 
commerciale  est  le  but;  l'égalité  douanière  est  le  moyen.  » 

Cette  manière  de  raisonner  qui  consiste  à  se  prévaloir  du  tort  fait 
à  Fagriculture  par  l'industrie,  pour  réclamer  en  faveur  de  l'agriculture 
le  droit  de  rançonner  l'industrie,  à  son  tour,  ressemble  fort,  si  je  ne 
ne  me  trompe,  à  la  querelle  des  deux  cochers  qui  se  battent  sur  le 
dos  de  leur  «  bourgeois  ».  Il  y  a  là-dessous,  en  etfet,  un  bourgeois, 
dont  011  ne  dit  rien  et  pour  cause,  car  on  ne  lui  laisse  évidemment 
d'autre  perspective  que  de  recevoir  les  coups  des  deux  côtés  à  la 
fois  :  c'est  le  consommateur  qui  n'est  ni  agriculteur,  ni  industriel. 
Pourquoi  ne  pas  s'exprimer  nettement  sur  ce  qu'on  compte  lui  offrir 
en  compensation  des  nouvelles  charges  qu'on  lui  impose  ?  Serait-on 
d'avis  que  le  consommateur  est  fait  pour  être  rançonné,  comme  le 
bourgeois  pour  être  battu  ? 

L'argument  suppose  d'ailleurs  que  la  protection  sur  le  bétail  ser- 
virait les  intérêts  de  l'agriculture.  Ce  serait  absolument  contraire  à 
tous  les  faits  de  l'expérience,  depuis  le  commencement  du  siècle. 
Quand  nous  avions  des  droits  élevés  sur  le  bétail,  la  consommation 
de  la  viande  était  minime,  et  le  prix  était  à  la  fois  très  faible  et  sta- 
tionnaire.  Depuis  la  forte  réduction  des  droits,  la  consommation  a  pris 
un  tel  essor  que  le  prix  de  la  viande  s'est  rapidement  accru.  Une 
nouvelle  expérience  de  la  protection  amènerait  le  même  effet.  La  raison 
en  est  que  les  facultés  des  consommateurs  ne  sont  pas  illimitées  et  que, 
si  l'on  surélève  artificiellement  les  prix,  la  demande  se  restreint  for- 
cément. D'où  privations  pour  le  consommateur  et  perte  de  débouché 
pour  l'agriculture.  A  la  vérité,  le  consommateur  aurait  la  satisfaction 
de  ne  manger  que  de  la  viande  nationale.  Mais  il  y  a  gros  à  parier  que 
la  satistaction  lui  paraîtrait  mince,  quand  sa  ration  aurait  diminué. 

M.  Lecouteux  ne  s'y  trompe  pas.  11  a  cent  fois  constaté  l'insuffisance 
de  notre  production  animale  et  la  hausse  croissante  des  prix.  Il  ne 
méconnaît  donc  ni  la  marche  progressive  de  la  consommation,  ni  l'effet 
de  cet  accroissement  sur  la  prospérité  de  l'agriculture.  Il  sait  aussi 
que  les  questions  de  subsistances  sont  des  questions  politiques  au 
premier  chef,  et  que  le  gouvernement  ne  commettra  point  la  faute 
mortelle  d'enchérir  la  vie.  Quel  but  poursuit  il  donc  en  demandant, 
au  nom  des  prétendus  intérêts  de  l'agriculture,  une  protection  et  des 
tarifs  qu'il  est  assuré  d'avance  de  ne  pas  obtenir? 

C'est  lui-même  qui  va  faire  la  réjwnse  à  cette  question.  Voici  ce 
qu'il  écrivait  dans  son  journal,  à  la  date  du  10  janvier  1879  : 

^  a  Ce  n'est  pas  défendre,  c'est  compromettre  les  intérêts  de  l'agriculture  et  de 
l'industri^-  que  de  les  pousser  toutes  deux  à  faire  campagne  en  faveur  du  système 


LA  PETITE  GUERRE.  431 

protecteur.  Parmi  les  deux  alliées,  il  en  est  une  qui  est  plus  fine  que  l'autre, 
parce  qu'elle  espère  bien  mander  les  marrons  tirés  du  feu  par  la  patte  de  son 
associée  de  passage.  L'industrie  n'est  nullement  pour  l'égalité,  et  si  elle  promet 
protection  à  l'agriculture,  il  est  bien  entendu  que,  lors  du  .partage  du  gâteau,  la 
part  de  l'industrie  sera  plus  grosse  que  celle  de  sa  rustique  alliée....  Tâchons  de 
n'être  pas  dupes.  « 

Cela  est  clair.  En  1879,  il  voulait  que  les  cultivateurs  ne  fussent 
pas  dupes.  Il  a  simplement  changé  d'avis. 

Le  second  argument,  celui  qu'on  pourrait  appeler  son  argument 
favori,  tant  il  se  complaît  à  nous  le  présenter  sous  toutes  les  formes, 
c'est  l'influence  des  engrais  sur  l'agriculture.  Le  bétail,  suivant  lui,  est 
producteur  d'engrais.  Avec  beaucoup  d'engrais,  on  a  beaucoup  de  blé, 
beaucoup  de  fourrages  et  beaucoup  de  bétail.  Donc  pour  avoir  beaucoup 
de  viande  et  à  bon  marché,  il  faut  encourager  le  bétail  national  qui 
nous  donne  ses  engrais  et  tout  ce  qui  s'ensuit,  il  faut  repousser  le 
bétail  étranger,  dont  les  engrais  n'ont  servi  qu  à  féconder  le  territoire 
de  nos  rivaux. 

Je  prie  le  lecteur  de  bien  se  persuader  que  je  ne  plaisante  pas,  et 
au  besoin,  je  défie  M.  Lecouteux.  lui-même  de  me  prouver  que  je  n'ai 
pas  résumé  exactement  sa  pensée.  Toutes  les  fois  qu'il  nous  a  vanté, 
dans  ces  derniers  temps,  les  mérites  du  bétail  producteur  d'engrais, 
(/a  été  invariablement  pour  en  conclure  qu'il  faut  protéger  l'agriculture 
nationale  contre  la  concurrence  du  bétail  étranger. 

C'est  un  singulier  raisonnement  au  point  de  vue  de  la  logique.  Si  le 
bétail  était  réellement  producteur  d'engrais  ou  de  matières  fertili- 
santes, et  s'il  était  vrai  que  les  engrais  sont,  à  leur  tour,  producteurs 
de  bétail,  la  conclusion  naturelle  qui  découlerait  de  ces  prémisses, 
c'est  que  pour  nous  assurer  les  avantages  que  procure  le  bétail,  nous 
devrions  faire  tous  nos  efforts  pour  attirer  chez  nous  celui  de  nos 
voisins.  Mais  l'argument  n'est  pas  seulement  d'une  logique  qui  défie 
toute  discussion,  d'une  fantaisie  qui  passe  toute  mesure,  il  est  par- 
dessus tout  un  tissu  d'erreurs. 

Le  bétail  n'est  pas  producteur,  mais  destructeur  d'engrais  : 
M.  Boussingault  l'a  dit  avec  juste  raison.  Ce  qu'on  lui  demande,  ce 
sont  des  forces  ou  des  valeurs,  et  c'est  pour  les  obtenir  qu'on  lui  fait 
consommer  des  fourrages.  Le  fumier  est  simplement  le  résidu  de 
cette  consommation,  mélangé  aux  pailles  de  litière.  On  recueille  ce 
résidu  parce  qu'il  est  utile  à  la  production.  Mais  il  n'est  pas  vrai  de 
dire  qu'on  nourrit  le  bétail  pour  avoir  des  engrais  :  car,  en  passant  par 
le  corps  des  animaux,  les  fourrages  se  sont  appauvris;  il  y  a  moins 
d'azote  et  de  sels  minéraux  dans  les  déjections  du  bétail,  que  dans  la 
masse  de  ses  aliments.  Si  la  production  des  entrais  était  le  but,  on 
enfouirait  les  fourrages  en  vert,  au  lieu  de  les  faire  consommer  parles 
animaux.  Cela  a  été  recommandé,  et  je  crois  même  tenté,  mais  sans 
le  moindre  succès.  Il  n'y  a  pas  d  industrie  qui  s'accommode  moins  de 
l'utopie  et  de  l'erreur  que  l'agriculture. 

jM.  Lecouteux  ne  se  trompe  pas  moins  quand  il  fait  remonter  la 
source  du  bétail  aux  engrais.  Le  cultivateur  tient  du  bétail  en  propor- 
tion de  ses  fourrages,  parce  que  les  fourrages  n'ont  point  d'autre  desti- 
nation que  la  consommation  par  les  animaux.  Mais  il  n'a  pas  néces- 
sairement du  fourrage  et  par  conséquent  du  bétail  en  proportion  des 
engrais  dont  il  dispose,  parce  que  l'application  des  engrais  aux 
cultures,  de  fourrages  ne  constitue  ni  le  seul,   ni  même  le  meilleur 


432  LA  PETITE  GUERUE- 

emploi  du  l'umier.  Ce  qui  le  prouve  d'une  manière  non  douteuse,  c'est 
que  la  fumure  s'applique  presque  toujours  aux  récoltes  qui  donnent 
des  produits  de  vente,  comme  les  céréales  et  les  cultures  industrielles. 
Les  fourrages,  comme  les  engrais,  sont  pour  la  culture  un  moyen, 
ils  ne  sont  pas  le  but. 

C'est  le  manque  de  notions  justes  sur  les  choses  et  de  termes  pré- 
cis pour  les  exprimer,  qui  fait  que  M.  Lecouteux  se  trompe  sur 
tous  ces  points. 

Son  troisième  et  dernier  argument,  qu'il  invoque  plus  rarement  et 
avec  plus  de  mollesse,  comme  s'il  n'y  avait  qu'une  confiance  limitée, 
consiste  dans  l'assimilation  des  taxes  de  douane  perçues  à  la  fron- 
tière, aux  taxes  d'octroi  perçues  à  l'intérieur  des  villes.  Puisqu'on 
admet  ces  dernières,  qui  pèsent  si  lourdement  sur  le  consommateur, 
pourquoi  ne  pas  admettre  les  premières?  C'est  l'octroi  qui  enchérit 
la  viande,  ce  n'est  pas  l'agriculture,  etc. 

Que  les  taxes  d'octroi  soient  lourdes,  qu'elles  aient  l'inconvénieut 
de  peser  sur  les  besoins,  non  sur  les  facultés  des  consommateurs,  je 
n'y  contjedis  point.  Une  réi'orme  est  nécessaire,  et  je  m'associe  d'a- 
vance à  tous  les  efforts  qui  seront  tentés  pour  la  hâter  et  la  faire 
réussir.  Mais  ce  point  vidé,  l'on  doit  s'étonner  ^rpandement  que 
M.  Lecouteux  n'ait  pas  fail  deux  remarques.  La  première,  c'est  que 
l'aggravation  des  taxes  douanières,  au  lieu  de  soulager  les  habitants 
des  villes,  ne  ferait  qu'ajouter  à  leur  fardeau.  La  seconde,  c'est  qu'il 
n'y  a  aucune  analogie  à  établir  entre  l'octroi  et  les  taxes  de  douane, 
telles  du  moins  qu'il  les  comprend.  Il  ne  les  invoque,  il  Ta  souvent 
répété,  que  pour  protéger  l'agriculture  nationale  contre  la  concur- 
rence du  bétail  étranger.  Or,  les  taxes  d'octroi  n'ont  pas  été  établies 
pour  protéger  quelqu'un  contre  la  concurrence  du  dehors.  Elles  n'ont 
pas  le  caractère  protecteur  que  M.  Lecouteux  voudrait  donner  aux 
taxes  douanières  sur  le  bétail.  L'octroi  est  un  impôt  municipal,  mal 
établi,  cela  n'est  pas   douteux,   mais  un  simple  impôt  municipal. 

Voilà  les  seuls  arguments  invoqués,  à  l'appui  de  sa  thèse,  par 
M.  Lecouteux.  Par  la  valeur  de  ces  arguments,  le  lecteur  peut  se  faire 
une  juste  idée  de  la  valeur  de  la  cause.  P.-C.  Dubost, 

Professeur  à  TEcole  nationale  d'agriculture  de  Grignon. 

BIBLIOGRAPHIE  AdRICOLE 

TraHé  des  maladùs  contaqieusef  'l  de  la  police  sanitaire  des  animaux  domestiques,  par  M.  Gal- 
TitR,  profpsseur  de  police  sanitaire  à  l'blcole  naliun  île  vétPr'iiMire  de  Lyon.  —  Un  fort  volume 
in-8°  de  940  pages.  —  Imprimerie  de  B-^aa  jeune,  rue  de  la  Pyramide,  3,  à  Lyon,  —  Prix  :  18  fr. 

La  question  de  la  lutte  contre  les  maladies  contagieuses  qui,  trop 
souvent,  déciment  les  troupeaux  d'animaux  domestiques,  est  une  de 
celles  qui  préoccupent  .le  plus,  ajuste  titre,  l'attention  publique.  Elle 
est  soumise  aux  études  des  pouvoirs  publics,  en  même  temps  que  les 
savants  les  plus  éminents  en  font  l'objet  de  leurs  investigations.  La  police 
sanitaire  est  une  des  branches  les  plus  importantes  des  études  vétéri- 
naires; elle  doit  devenir  familière  aux  agriculteurs.  JM.  Galtier,  profes- 
seur à  l'Ecole  vétérinaire  de  Lyon,  a  donc  entrepris  une  œuvre  émi- 
nemment utile,  en  publiant  le  traité  que  nous  annonçons  aujourd'hui. 

Mais  pourquoi,  dira-t-on,  publier  aujourd'hui  un  traiié  de  police 
sanitaire,  alors  que  bientôt  doit  aboutir  le  projet  de  loi  sur  la  question 
actuellement  soumis  aux  Chambres?  M.  Galtier  répond  avec  raison, 
que,  d'abord,  l'issue  rapide  de  ce  projet  de  loi  est  plus  que  prdbléma- 


BIBLIOGRAPHIE    AGRICOLE.  433 

tique,  et  en  deuxième  lieu,  quel  que  soit  le  texte  de  la  future  loi,  son 
traité  s'y  adaptera  très  bien,  attendu  que,  sur  toutes  les  questions,  il 
s'est  inspiré  du  dernier  état  de  la  science.  L'objection  tombe  donc 
d'elle-même,  et  l'étude  de  son  traité  ne  perdra  rien  de  son  opportunité. 
Il  est  impossible,  dans  une  note  bibliographique,  de  pas?er  en  revue, 
môme  sommairement,  ce  que  renferme  le  livre  de  IM.  Gallier.  Repro- 
duire les  litres  de  ses  chapitres,  ce  serait,  en  quelque  sorte,  faire  la 
nomenclature  des  maladies  contagieuses,  et  ce  n'est  pas  ce  que  nos 
lecteurs  nous  demandent.  Nous  dirons  donc  seulement,  que  pour  cha- 
cune de  ces  maladies,  l'auteur  en  étudie  successivement  les  sièges,  les 
caractères,  les  modes  de  contagion,  les  variabilités  de  caractères,  les 
modes  de  traitement,  etc.  Pour  chaque  sorte  de  maladie,  M.  Galtier, 
fidèle  à  sa  promesse,  donne  des  détails  complets  sur  l'état  actuel  des 
connaissances  acquises.  C'est  ainsi  que,  pour  n'en  citer  qu'un  exemple, 
on  trouve  dans  son  livre  l'analyse  complète  des  recherches  récentes 
auxquelles  MM.  Pasteur,  Toussaint,  Chauveau,  etc.,  se  sont  livrés  sur 
les  maladies  charbonneuses.  Les  résultats  de  ces  recherches  sont  dis- 
cutés avec  beaucoup  de  soin,  de  manière  à  fournir  les  indications  les 
plus  utiles  aux  vétérinaires  et  aux  agriculteurs. 

Les  grandes  usin'>s,  en  France  et.  à  l'étranger,  études  industrie'les.  par  M.  Tu  igan.  —  TomeXli:, 

1  vol.    grand  in-S",   avec  de  nombreuses  gravures.  —  Librairie  Caimaun  Levy,  rue  Auber.  3,  à 
Paris.  —  Prix  :  12  fr. 

La  grande  publication  entreprise  par  M.  Turgan  il  y  a  une  vingtaine 
d'années,  sur  les  grandes  usines  de  France  et  des  pays  étrangers,  est 
poursuivie  par  son  auteur  avec  une  grande  activité.  Le  treizième 
volume  vient  de  paraître.  Après  avoir  consacré  son  douzième  volume 
à  la  revue  de  l'Exposition  universelle  de  1878,  M.  Turgan  a  repris  les 
monographies  distinctes  consacrées  à  chaque  industrie.  Le  nouveau 
volume  renferme  ainsi  la  description  de  quinze  grands  établissements. 
Quelques-uns  de  ces  établissements  offrent  un  intérêt  tout  à  fait 
spécial  aux  agriculteurs;  il  faut  citer  notamment  l'usine  de  M.  Egrot, 
d'où  sortent  des  appareils  de  distillation  estimés;  celles  de  M.  Cuse- 
nier,  pour  la  fabrication  des  liqueurs,  et  particulièrement  de 
l'absinthe  et  du  kirsch;  enfin  et  surtout  l'établi.-sement  Moët  et 
Chandon,  à  Epernay,  connu  dans  le  monde  entier  pour  la  fabrication 
du  vin  de  Champagne.  M.  Turgan  ne  se  borne  pas  à  donner  des 
détails,  d'ailleurs  pleins  d'intérêt,  sur  les  opérations  mêmes  de  la 
fabrication  du  vin  de  Champagne;  il  y  ajoute  des  renseignements, 
qu'on  lira  avec  le  plus  grand  fruit,  sur  1  histoire  de  la  culture  de 
la  vigne  dans  cette  province ,  ainsi  que  sur  les  méthodes  de 
culture.  Les  soins  dont  la  vigne  est  entourée,  ceux  avec  lesquels  se 
pratique  la  vendange,  renferment  autant  de  détails  auxquels  s'ini- 
tieront avec  profit  ceux  qui  n'ont  pas  visité  les  coteaux  et  les  caves 
de  la  Champagne  dorée.  Sans  adopter  la  boutade  de  Voltaire  :  «  Il  n'y 
a  rien  de  sérieux  ici-bas  que  la  culture  de  la  vigne,  »  on  doit  avoir 
un  véritable  respect  pour  les  beaux  fleurons  de  cette  grande  branche 
nationale. 

nouvelle  géographie  universelle,  la  trrre  et  les  hommes,   par  Elisée  Heclits.  —  Tomes  IV  et  Y, 

2  grands  vulumes  in-8,  avec  cartes  ptï  couleur,  caries  noires,   vues  ei  types  giavés  sur  bois. 
Librairie  Hacheite  et  Cie,  79,  boulevard  Sdi  ut -Germain,  à  Paris  —  Prix  de  chaque  volume,  30  fr. 

M.  Elisée  Reclus  continue  la  publication  de  son  grand  ouvrage 
sur  la  géographie  universelle.  Cet  ouvrage  renferme  un  grand  nombre 


484  BIBLIOGRAPHIE  AGRICOLE. 

de  documents  que  les  agriculteurs  consulteront  avec  fruit,  sur  les 
conditions  de  la  production  dans  les  divers  pays  ;  c'est  pourquoi  nous 
croyons  utile  de  Je  leur  signaler  d'une  manière  spéciale.  Le  Journal  a 
déjà  rendu  compte  des  trois  premiers  volumes  de  l'ouvrage;  on  se 
souvient  que  le  premier  volume  est  consacré  à  l'Europe  méridionale, 
le  deuxième  à  la  France,  le  troisième  à  l'Europe  centrale  (Suisse, 
Autriche-Hongrie,  Allemagne).  Les  troisième  et  quatrième  volumes, 
qui  ont  été  publiés  récemment,  ont  pour  objet  l'Europe  du  nord-ouest 
(Belgique,  Hollande  et  Iles-Britanniques),  et  l'Europe  Scandinave  et 
russe. 

Dans  la  plupart  des  ouvrages  relatifs  à  la  géographie,  on  ne  trouve 
que  des  résumés  arides  de  délimitations  de  frontières,  d'organisation 
administrative,  de  nombre  des  villes,  etc.  M.  Reclus  procède  par  une 
méthode  toute  différente  :  la  description  physique  des  diverses 
parties  du  globe,  la  vie  des  peuples,  leurs  forces  productives  et  leur 
commerce,  figurent,  dans  son  œuvre,  à  la  première  place.  C'est  dire 
que  l'agriculture  y  occupe  un  bon  rang.  Les  renseignements  qu'il 
donne  sont  puisés  aux  sources  les  meilleures  et  les  plus  autorisées. 
Aujourd'hui  que  la  prospérité  agricole  d'un  pays  est  liée  aux  transfor- 
mations incessantes  qui  se  jjroduisent  sur  les  divers  points  du  globe, 
l'agriculteur  y  trouvera  des  documents  qui  sont  pour  lui  d'un  grand 
intérêt.  Henry  Sagnier. 

CUISSON  DU  POrS  OLÉAGINEUX 

Dans  le  numéro  du  27  novembre,  du  Journal^  M.  Leyrisson  qui  cul- 
tive avec  succès  l'excellent  snja  hispida^  demande  qu'on  lui  fasse  con- 
naître le  meilleur  procédé  pour  faire  cuire  ce  haricot. 

Voici  comment  notre  cuisinière  agit  :  elle  met  tremper  la  veille, 
puis  faire  cuire  à  l'eau  froide,  comme  tout  légume  sec  ;  il  faut  salera 
mi-cuisson.  En  purée,  le  soja  est  j)arfait;  nous  l'aimons  beaucoup 
entier,  joint  à  la  viande  ;  on  le  met  sans  être  cuit  à  l'avance,  comme 
on  ferait  du  salsifis. 

M.  Blavet,  président  de  la  Société  d'horticulture  de  l'arrondissement 
d'Etampes,  grand  partisan  de  ce  dolique,  me  recommande  le  mode  de 
cuisson  qui  suit  : 

Pour  un  litre  de  graines  qui  en  fournira  trois  après  la  cuisson, 
mettre  le  soja  dans  deux  litres  d'eau  de  rivière  ou  de  pluie,  dans  la- 
quelle on  aura  fait  dissoudre  100  grammes  de  sucre;  le  lendemain, 
égoutter  les  grains,  les  plonger  comme  les  autres  légumes  secs  dans 
l'eau  froide  et  portée  à  l'ébuUilion  pendant  deux  heures  et  demie, 
puis  faire  cuire  à  grande  eau,  saler  convenablement  à  mi-cuisson; 
on  peut  mettre  à  ce  moment  ou  peu  après,  gros  comme  une  noix  de 
beurre,  enfin  assaisonner  au  gras  ou  au  maigre.  E.  Vavin. 

SOCIÉTÉ  NATIONALE  D'AGRICULTURE 

Séance  du  8  décembre  ]  880.  —  Présidence  de  M.   Chevreul. 

M.  le  ministre  de  l'agriculture  et  du  commerce  écrit  à  la  Société 
pour  lui  rappeler  qu'il  a  demandé  un  rapport  sur  les  moyens  de 
reconnaître  les  falsifications  commises  dans  le  commerce  des  huiles 
d'olives  pures. 

M.  Laurent,  président  du  Comice  de  la  Flèche,  écrit  pour  demander 


SOCIÉTÉ  NATIONALE  D* AGRICULTURE  DE  FRANCE.  435 

à  la  Société  une  médaille  pour  le  concours  de  volailles  grasses  qui 
aura  lieu  à  la  Flèche,  les  19,  20  et  21  décembre. 

M.  Doniol,  préfet-  de  la  Gironde,  envoie  une  brochure  que 
Mme  veuve  Ponsot  vient  de  publier  sur  la  reconstitution  et  le  greffage 
des  vignes.  Une  plume  très  autorisée  rend  compte  de  ce  travail  dans 
ce  numéro  (page  ^j28). 

M.  de  Lapparent,  directeur  des  constructions  navales  en  retraite, 
envoie  un  mémoire  manuscrit  sur  l'heure  pratique  ou  l'heure  du 
chemin  de  fer  obtenue  à  l'aide  du  règle-montre  solaire  d-es  campagnes. 
Renvoi  à  la  Section  de  mécanique  agricole. 

M.  le  secrétaire  perpétuel  rend  compte  des  obsèques  de  M.  Moll,  et 
donne  lecture  du  discours  qu'il  a  prononcé  sur  sa  tombe. 

M.  Magne  donne  lecture  d'une  note  sur  les  causes  premières  des 
ma!adies  contagieuses.  Sa  conclusion  est  qu'il  y  a  encore  de  nom- 
breuses recherches  à  faire  sur  cette  importante  question. 

JM.  Milleprésentsune  notepour  répondre  aux  craintes  exprimées  par 
M.  Pasteur,  relativement  au  danger  qui  peut  résulter  du  transport  des 
eaux  d'égout  de  Paris  sur  la  forêt  de  Saint  Germain  pour  y  être  épurées 
par  la  filtration.  iM.  Pasteur  répond  par  quelques  réflexions  pour  bien 
poser  le  fait  que  les  germes  ne  sont  pas,  à  ses  yeux,  détruits  par  le 
passage  dans  le  sol.  Après  quelques  observations  de  'M.  Bouley,  la 
note  de  M.  Mille  est  envoyée  aux  Sections  de  grande  culture  et  des 
sciences  physico-chimiques,  auxquelles  3IM.  Pasteur  et  Bouley  sont 
adjoints. 

M.  Prillieux  présente  une  no'e  sur  un  blé  niellé,  et  insiste  sur 
l'opportunité  que  présenteraient  de  nouvelles  recherch  s  sur  celte 
maladie.  Henry  Sagnier, 


REYUE  COMERCIALE  ET  PRIX-COURANT  DES  DENREES  APtRICOLES 

(11   DÉCEMBRE  1880). 
I.  —  Situation  générale. 
Les  marchés  agricoles  présentent  à  peu  près  la  même  situation  qne  'a  semaine 
dernière.  Lss  transactions  sont  assez  actives,  et  les  cours  des  diverses  denrées  se 
maintiennent  bien. 

II.  —  Les  grains  et  les  farines. 
Les  tableaux  suivants  réîum^ntlesccursdes  eiréales,  par  quintal métrique,  sur 
Les  principaux  marchés  de  la  France  et  de  l'étranger  : 

Blf. 
fr. 

Algérie.  Alger ,....  26. 50 

Angleterre.  Loadres 27.  UO 

Belgique.  Anvers 26/75 

—  Bruxelles 28.00 

—  Liège 28  00 

—  Namur 27.00 

Pays-Bas.  Amsterdam 26.. Su 

Luxembourg.  Luxemtx)urg 30.25 

Alsace-Lorrainéî  Jletz 29.25 

—  Strasbourg 3il.75 

—  Mulhouse 29.50 

Allemagne.  Berlin... 25.85 

—  Cologne 27.25 

—I  Hambourg 25.60 

Suisse.  Genève ..,.  29.00 

—  Zurich 31.75 

Italie.  llil*a 29  00 

■Espagne.  Burgos , 27.00 

Aturictie,  Vieuiie 27.50 

Ilangrie.  Budapesth 27.00 

Russie.  Saint-Pétersbourg  ...  29.2.J 

Etats-lfnis,  New-Vork 24.00 


Saigle. 

Orga. 

ATsJne, 

Ir. 

fr. 

f.-. 

» 

15.00 

17.00 

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2U.75 

20.50 

23  85 

21.65 

19.50 

23.25 

18.00 

20.00 

25.25 

23.00 

19.25 

23.75 

21.00 

17.75 

2/1.75 

. 

„ 

25  00 

23.00 

17  25 

25.. SO 

20.00 

18  50 

27.00 

23.75 

19.00 

25.50 

23.00 

19.50 

26.35 

27.60 

» 

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24.75 

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, 

* 

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19.50 

» 

a 

19.00 

23.00 

s 

20  00 

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18.00 

15  60 

23  .50 

18.50 

15  00 

22.00 

18.25 

14.50 

25. CO 

^ 

15  60 

436 


Calvadtê.  Cor.dé 

—  Lisieux 

Côtes  dn-.Vnrd.  Lantiion 

—  TreKiiier 

Finistère.  Qnimper. . . . 

^  Landernuau 

nie  etVilaine  ««ime». 

—  Saicil-Ma'o 

.\fanche.  Avraiictius. . .. 

—  Pontorson 

—  Villedi«ii 

Mayenne..  Lava' 

—  Chàleaii-Gontier. 
Morbilian.  Heuiietiun'. 
Orne..  Séez 

—  Alençon 

Sarthe.  l,e  Mans 

—  Sablé 


REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX-COURANT 


NORD-OCBST. 

Bld.    StiKie.  Or{i. 


tr. 

Î7.75 
V8  50 
28.50 
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54.  5(1 
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21.50 
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18.00 


Awiie. 
fr. 
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17  00 

16.50 

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17.00 

17.50 

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19.50 

17.50 

18  00 

18.50 

17.00 

20.26 

18  00 

18. .=,0 

Pru  moyens 27.21     20.72     18.08    18.56 

3*  RsaioN.  —  NORD. 


Aisne.  Soisson». 


27 .  50 


—  Saiiit-QoeiUm...  2(^.00 

—  ViHers-Cotieiels.  28  50 
Eure.  Evreiix 29  2» 

—  Bernay 29  «O 

—  Picy 29  50 

Eure  et-Loir.  Chartres  2S.75 

—  Anneau 28  00 

—  Nogeni-le-Rotrou  30  80 
Nord.  Cambrai 27.75 

—  DoHHi 28  tO 

—  ValeiicienrieF....  -ig  5t 
Oise.  Beaiivai» '(8  2:) 

—  Clermont 27. -lO 

—  Noyon 28  50 

Pas  de  Calais.  Arras.    V9  00 

—  ^aini-oiner 28  'i 

Seine    P  ris 2<.25 

S.-el-Mame.  Meaux  .     28  00 

—  JJeinoiirs   . 


Daininartir 


28.50 

28  25 

29  25 
27.75 

7.75 


S.-et-Oise.  Anfierville. 

—  Fonloi-e 

—  Ve'-SMiUes 

Seine  Inférieure  Koiieo  28  4"» 

—  Ui -l'pe 27  60 

—  Fécarnp 28   lO 

Somme.  Abbeville 28  Oi 

—  Montdidier 27  00 

—  Hoye 27  25 

Prix  moyen*' ?8  06 


19.00 

18.00 
19. 3i 
20  25 

19  50 

ly.oo 
20.70 

16.50 

20.00 
20. yO 
1».50 
18.95 

» 
21.00 

20  50 
19.25 

19.25 
18.50 
19.50 


22.00 
2«.50 
20.25 
19.00 
21.81 
20.50 

23  00 

19  75 
21.25 
19  00 

24  2S 

21.  ^i 
22.75 
20.  7 i 

21  00 

22  50 
21.25 
22.15 
24.00 
19  <0 

23  00 

22.10 

22.  ïS 
18  00 
20.75 
21  bO 
21.50 

21.27     19.45     19.05 


19.50 
19.00 
18.75 


19. 1(1 
20.00 
19.00 
18. 50 
19  50 
19  2i 
19.50 
20.00 
21.05 
18  00 
17.75 
19.00 
18. 00 
18.30 
18  50 
18.00 
18.7.i 
20.50 
19.25 
19.00 

18  bO 

19  50 

18  75 
20.. so 
21  85 
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17. so 
18.00 

19  30 


3»  BK() 


.—  KOHII-KST. 

22  50 


Ardennes   Charl.  ville.  27  7 
Aube.    Bar-Siir  Adhe   .   27   50     2.>  50 
Mé'-y-.-*ur-beitie  .   v7.75     22  75 

—  Troyes V8  00 

Marne.  Cbàmns 28  oO 

—  Epernay 27.75 

—  Reitns 2600 

—  Sézanne 27  00 

Hte  Marne    Boiirbonne  27  5'i 
Meurihe-et  Mon.  Nadc^   28  25 

—  Briey 26  75 

—  Tom 2'   75 

Meuse.  B^r-le-Ddc. . ..  27  so 

—  Verdon 28  25 

Haute-Saône    Gr.iy....  28  75 

—  Ves 27   3, 

Vosges    Epin.TJ .  28  50 

—  Ch, truies .  28  00 


22  50 
23.25 
2o  75 
22.15 
21.50 
20  00 
2U25 
22.50 


20.75 


21.50 
23.50 


Prix  moyens. 


Charente.  Angouleme.  28.75 

—  Kiiffpc     vy  75 

Charente  In  fer. M  »r»u!.  27  00 

Deux  tievres.    Niorl..  29  oo 

Indre  et-iuire.Tinir». .  28.25 

—  Blere v8.("o 

—  ChAleaii-Reiiaolt  27  75 

Lo»'•e-/n^. Nantes ■^^  «o 

/tf -»•»-' oi»-«.Sau(iiur...  2»  50 
Vendée.  Lnçin.... 

—  Fonienay.    .!! 
Vienne.  ChatelleiauK 

—  Poitiers 


27.68     21.95 


ï7  00 
■.  6  50 
Î8  00 

28   15 


Haute-Vienne.  Limoges  28.00 
Prix  moyens 27.98 


20.00 
20.00 


20  00 
19  00 
19.50 
21.75 
21.75 


21.  21 
20  00 
20.25 
20.30 


21  00 
18.50 
19.25 
20.25 
21.50 
20.50 
19.50 
20.50 

18.50 
20.00 

19.50 

19.25 


17.50 
19  45 

18.50 
19.00 
19.00 
18.00 
19.50 
20.00 
21.50 
20.75 
19. 5n 
19.50 
18  75 
2(1.25 
20.50 


19.00 
17.75 
18.50 
18.25 
20. '^5 
19.50 
19  25 
19  00 
17. fO 
17. io 
17.50 

16  50 
18.50 

17  00 


42.00 
19.50 
19.50 
21.50 
19  00 
17.00 
18   O'i 

18  75 
Ix.Sd 
19.50 

19  (0 
17  25 
18.50 

20  10 


%•  aâaioN. 


Allier.  Moulins 

—  MontliK^on 

—  Gannat 

C/»er.8oiiri!i'« 

—  Graeay  

—  Vierzon 

Creuse.  Aohiisson 

Indre.  Chàteaiiruux.. . 

—  Issdiidiin , 

—  Valençay 

Loiret.  .Vontargis 

—  Oien 

—  Pithiv  ers 

Loir-et-Cher.  Hlnis 

—  Montoire 

Nièvre.   Nevers 

—  Cosne  

Yonne.  Brjenon 

—  StFIorenlin 

—  Sens  


—  CBNTRB. 

Blé.    Stigle. 


fr. 

28  25 
28  00 
28  25 
28  00 
28.50 
28  25 
27.50 
27.75 

27  50 
27.25 

28  00 
28  00 
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28  75 
28  00 
28  50 

27  50 

28  00 
28  25 


fr. 
20.50 

21  00 

18  75 
20.50 
20. 75 
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2".  50 

19  50 
2(1.25 

22  50 
2. .50 
21.50 


20.00 
■33  50 
2i.2i 


50  20  70 


fr. 

19.25 
1»  00 
21  .00 

2  .00 
20.50 

20. 00 
20  2i 
■J1.00 
19.50 
20.00 
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20  00 
19.00 

19  75 
18  &0 
18.50 

20  2Î 


Prix  moyea!« 27  98  20.58  19.77 

6»  RÉOION.   —   RST. 

^tn.  Bourg 3125  21. 2S  » 

—  Pont-de-Vaux.   ..  2»  75  21. 5o.  20  00 
Côle-d'Or    Dijon 28  00  21.75  20.50 

—  Beaune 28  25         •  18.50 

Doubs.    Besancon 28   50         »  » 

/sere.  Grenoble 2  '  2'>  20.50  • 

—  Grand-Lemps 28  50  21.V5  • 

Ju>'a.  Dôle 28  0  1  21.00  18.00 

Loire.  (  harlieu 29  00  19  75  ly  00 

P-dis-JomfClerm.-Ferr.  31.00  23.50  20.00 

Rhône.  Lyon 3 '.00  2t.  ï5  i7  50 

Saône-et- Luire.  Aiitun..   28  50  20.50  » 

—  Chalon U9  >:0  2i.50  19.00 

Saooie.  Chaidbery 29.50  21.50  • 

/fte-Saooie.  Annecy 28.50         »  » 

Prix  moyens 29.13  21.27  19.t6 

7»  BBoioN.  —  sni-orKST. 


Ariè.ge.  Pamiers 28.7s 

Dnrdogne    Périgueux...   29  00 
Hte-Gai'nifne.  'l'0(ilu(l»e,    28.50 

—  Vilipfrannhe-Laur.  V9.00 
Gers.  Condom 2h  50 

—  Eaiize 27.50 

—  Nérac 28  25 

Girond''..    «ordeaux... .  29  25 

—  La  Réole 28  80 

Landes.  Dax vj»  00 

Lot- et- Garonne.  Knen..   29  Oo 

—  Mtrminde 28  75 

fl.-Pi/r«n««.'(.  Rayonne..   29  <0 
Htes- Pyrénées.  Tarbea.  28  75 


20  00 
20.25 
20.i'0 
20.75 


31.50 
lM.7i 
19.(0 
20.00 


16  00 
17.00 


21.00     18.50 


20.50 

Prix  moyens 28. 71     2).ï7 

8«  RKoioN.  —  srn. 
Aude.   Cast'ln'iidary.  .  28. 75    20.0» 


Aveyran.    Villefrancbe.  28  75 

Cantal.   Manille. 31   65 

Corrèze.   Lubtrï^n ^9  .su 

Hérault.   Montp  Hier...  28.25 

Lot.  Figeac 28.50 

Lozère.  Viende 2S.55 

—  MarVHJols 27.10 

—  Florac. 2H.40 

Pyrénéex-ilr.  l'erpignan  26  :<0 

Tarn.  AIbi 2«  2i         »  » 

rarn-et-Gdr.  Monlaoban  28  50     20-50     18.50 


20  0 
?G  40 
21.00 

2'». 75 
19  90 
21.75 
2».  30 
20.00 


20  75 
18  00 
20  25 
VO  30 

21.50 
23  00 


Prix  moyens 

9"  Riî«[ON. 
Basses-Alpfs  Mannsi|ue 
Hautes- A l./jf.x.  Brlançon 
A  Ipes-Marii-imr.x  C.i  n  ne.-' 

Ardèche.   Ptivas 

B.-du-Hhnnf..  Arles  .... 

Drôine.    Roraanâ 

Gard.  Ni'iies 

Haute- Uxfi'..  |,e  Puy..,. 

Var.  Oragui^'nan    

Vaucluxe.  Carperitras... 

Prix  moyen» 

Moy.  de  toiiie  la  Prance 
.— da  lisemainu  prered. 


28. 62  21.21 

—  sim-«ST. 

28.10    » 
30. 00 
-i'^.bO 
30  15 
29.75 
30  50 
29.2. 
30.25 
30  iiO 
29.00    »_ 
2«  65  2.'.8'> 
78  3'.   2(>  91 
28  3r   21  Oi 


20  50 
20.40 


20.50 
20.25 


10.25 
19.50 
18.35 
1».00 

20. 7S 


19.72 
IQ  16 
19  30 


AToiie. 
fr. 

18  7Si 
18.50 
18.25 
18.50 
18.00 
18.00 
18.50 
19.00 
18.00 
18.00 
18.50 
17.50 
20  60 
18. 00 
18.35 
18.75 
18.3$ 
18  &0 
19.50 
18.75 


17.25 
17.75 
16.75 
17.00 
17.25 
18.7g 
18  00 
17.50 
18.50 
19.00 
18. 00 
17.35 
17.75 
18.75 
17. 7S 


19.50 
19.75 
20. 25 

* 
20.35 
19  50 
30.25 
20.50 


30.50 
30.35 
20.80 


19.35 
13.00 
22.10 
20.25 
20.50 
20.00 
22.35 

17.70 
24.45 
18.50 
30.50 


32.00 
30.50 
19.75 
30.60 
20.75 
17.25 
33.00 
18.35 
30.50 
20.00 


19.59     19.14    I 


Sarlasenfiaine  J  Hansse.       •  „  ", 

précedeate..     |  Baisse.  00.04    00.13    00.14 


DES  DENRÉES  AGRICOLES  {11  DÉCEMBRE  1880).  437 

Blés.  —  Le  plus  grand  nombre  des  marchés  français  ont  présenté,  durant  cette 
semaine,  une  plus  grande  activité  que  pendant  les  semaines  précé'entep.  Dans  la 

Elupart  des  départements,  on  signale  des  transactions  nombieuses  sur  les  blés, 
les  baltaires  sont  poursuivis  avec  ardeur  dans  un  grand  nombre  d'exploitations 
rurales.  Malgré  ces  apports  plus  nombreux,  les  prix,  pour  toutes  les  sortes,  se 
maintiennent  avec  beaucoup  de  fermeté.  Ge  qui  justifie  les  appréciations  que  nous 
donnions  récemment  sur  la  fixité  des  cours  pendant  la  plus  grande  partie  de  la 
campagne.  —  A  la  halle  de  Paris,  le  mercredi  8  décembre,  quoiqu'il  y  ai  eu  peu 
de  transactions,  les  prix  ont  été  plus  faiblement  tenus  que  pendant  la  semaine 
dernière.  On  payait,  de  28  Ir.  à  3o  fr.  50  par  100  kilog.  suivant  les  qualités,  ou 
en  moyenne,  ïJy  fr.  75,  avec  une  diminution  de  50  centimes  sur  le  piix  moyen  du 
mercredi  pr.'eédent.  —  Sur  le  marché  des  blés  à  livrer,  on  cote  par  quintal 
métrique  :  courant  du  mois,  29  fr.  25  à  29  fr.  50  ;  janvier,  29  fr.;  janvier-février, 
28  fr.  75;  quatre  premiers  mois,  28  fr.  50  à  28  fr.  75;  quat  e  mois  de  mars, 
28  fr.  50.  —  Au  Havre,  les  cours  des  blés  d'Amérique  se  maintiennent  aux  taux 
de  la  semaine  dernière  :  on  paye  de  27  fr.  50  à  29  fr.  par  100  kilog.  suivant  les 
qualités.  — A  Marseille,  on  accuse  un  très  grand  calme  dans  les  transactions,  mais 
avec  beaucoup  de  fermeté  dans  les  prix  des  diverses  catégories.  Les  importations 
ont  été  de  160  hectulilres  environ  depuis  huit  jours,  et  l»^s  prix  se  main- 
tiennent aux  taux  que  nous  avons  donnés  dans  notre  précédente  revue.  —  A 
Londres,  les  importations  de  blés  étrangers  durant  la  semaine  dernière  se  sont 
composées  de  2o2,u.  0  quintaux  métriques;  les  ventes  soit  assez  difficiles,  et  les 
prix  accusent  un  peu  de  baisse.  On  paye  de  26  fr.  à  28  fr.  10  par  quintal  mé- 
trique suivant  les  (jualilés  et  les  provenances. 

Farines.  —  Les  demandes  sont  assez  actives  pour  toutes  les  sortes  de  farines, 
et  les  prix  accusent  beaucoup  de  fermeté.  —  Pour  les  farines  de  consommation, 
on  payait  le  8  décembre,  à  la  halle  de  Paris  :  marque  D,  65  fr.;  marques  de 
choix,  65  à68lr  ;  bonnes  marques,  64  à  6o  fr  ;  sortes  ordin-nires  63  à  64  fr.; 
le  tout  par  sac  de  Ifgkilofî.,  toile  àrendre,  ou  157  kilog.  net,  ce  qui  correspond 
aux  prix  extrêmes  de  40  lOà  'iS  fr.  30,  par  luO  kilog.,  ou  en  moyenne  41  fr  70, 
comme  la  semaine  précédente  —  Les  farines  de  spéculation,  so  t  aussi  cotées  à 
des  prix  très  fermes.  On  les  a  vendues,  suivant  les  sortes,  à  Paris,  le  m  rcredi  8  dé- 
cembre, au  soir  :  farines  hait-innrqves,  courant  du  mois,  t5  fr  ;  janvier,  62  fr.  75; 
janvier- évrier,  62  Ir.  20  à  62  fr.  50;  quatre  premiers  mois,  61  fr  50;  quatre 
mois  de  mars,  60  fr.  25  à  60  fr.  50;  le  tout  par  sac  de  159  kilog  toile  perdue, 
ou  157  kilog.  net;  farines  supérieures,  courant  du  mois,  kQ  fr  25  à  40  fr.  50; 
janvier,  39  fr.  75;  janvier  février,  39  fr.  50  à  39  fr.  75  ;  quatre  premiers  mois, 
39  fr.  25  à  39  fr.  50;  quatre  mois  de  mars,  38  fr.  75;  le  tout  par  sac  de  100  kilog. 
—  La  cote  olficielle  en  disponible,  a  été  établie  comme  il  suit,  pour  chacun 
des  jours  de  la  semaine. 

Dates  (décembre).  2  3  4  6  7  8 

Farines  huit-marques  (15*  kiIo3.).      63.75        6^.00        6^.00        64.75        65  25        65-50 
—        supéiieuiei  (103  iiilog.j.       4'J.OO        40.25        40  00        40. UO        40-00        40.03 

La  fermeté  que  nous  signalions  la  semaine  dernière  pour  toutes  les  sortes, 
s'est  maintenue  depuis  huit  jours.  —  Pour  les  farines  deuxièmes,  les  prix  demeurent 
sans  changements,  de  30  à  35  fr.  par  100  kilog.,  et  pour  les  grua'X,  de  44  à  55  fr. 

Seigles.  —  La  baisse  que  nous  signalion3  la  semaine  dernière  s'est  accentuée. 
On  paye  à  la  halle  de  Paris,  de  22  fr.  25  à  22  fr.  75  par  100  kilog.  —  Pour  les 
farines,  elles  se  vendent  facilement  de  32  à  34  fr. 

Orges.  —  Ge  grain  est  ppu  recherché  à  la  halle  de  Paris.  On  le  paye  de  18  fr. 
à  20  fr.  50  par  100  kilo?,  suivant  les  sortes.  Les  prix  des  escourgeons  se  main- 
tiennf  nt  de  20  fr.  à  20  fr.  25.  —  A  Londres,  il  y  a  aussi  un  peu  de  baisse  dang 
les  prix.  On  paye  de  19  à  21  fr.  par  100  kilog. 

Mail.  —  Maintien  des  anciens  cours,  avec  des  affaires  peu  importantes,  à  la 
halle  de  Paiis. 

Avoines.  —  La  situation  est  à  peu  près  la  même  que  la  semaine  dernière.  On 
cote  à  la  halle  de  Paris,  de  19  Ir.  50  à  21  fr.  ^0  par  10 J  kilog.  suivant  poids,  cou- 
leur et  qualité.  —  A  Londres,  les  arrivages  d'avoines  étrangères  continuent  à  être 
abondants.  On  paye  f-uivant  les  sortes,  19  fr    20  à  22  fr.  par  quintal  métrique. 

Sarrasin.  —  Lts  prix  sont  faibles.  On  paye  à  la  halle  de  Paris,  18  fr.  50  par 
100  kilog. 

Mais.  —  Peu  d'affaires  dans  les  ports  sur  le  maïs  d'Amérique.  On  cote  au  Havre 


438  REVUE  GOMAIERCJALE   ET  PRIX-COURANT   , 

par  quintal  métrique,  de  15  fr.  50  à  16  i'-.  —  Bans  le  Midi.,  les  prix  varient  de 
L8  à  22  fv.  suivant  les  ([ualités-. 

lsm(is  —  Les  cours  ont  repris  plu»  de  fermeté.  On  cote  par  iOO  kilog.  à  la 
halle  de  Paris  :  gros  son  seul,  14  Ir.  îiô  à  14  l'r.  50;  sou  trois  cases,  13  ir.  50  à 

14  Ir.;  sons  lins,  13  à  LiJ  ïx.  25  ;  recoupettes,  12  Ir.  50  à  1,3   fr.;  remoulages  bis, 

15  à  16  fr.  ;  remoulages  blancs,  17  à  18  fr. 

]1I.  —  Fourrages,  graines  fourragères,  pommes  de  terre. 

Fourrages.  —  Les  cours  accusent  toujours  beaucoup  de  fermeté.  On  paye  dans 
Pari»,  par  100  kilng.  :  foin,  125  à  160  fr.;  luzerne,  120  à  150  fr.;  regain,  116  à 
14'4  fr.;  paille  de  blé,  84  à  94  fr.;  paille  de  seigle,  80  à  110  fr.;  paille  d'avoine, 
76  à  ^2  fr. 

G'aines  fovrrnrferes.  —  On  cote  à  Paris,  par  100  kilog.  :  trèfle  violet,  90  à 
140  fr  ,  suivant  les  qualités;  luzerne  de  Provence,  150  à  163  fr.;  de  Poitou,  145 
à  155fr.;  minette,  45  à  55  fr.;  trèlle  blanc,  150  à  200  fr.;  vesce  de  printemps,  23  à 
25  fr.;  sainfoin  double,  46  à  48  ir.;  sainfoin  simple,  44  à  46  fr. 

Pommes  de  terre.  —  Les  piix  varient  peu.  On  paye  à  la  halle  de  Paris  :  hollande 
communes,  9  à  10  fr,  par  hectolitre;  jaunes  communes,  7  à  8  fr.  pour  les  qualités 
comestibles.  A  Londres,,  les  pommes  de  terre  sont  cotées  de  6  à  l'2  fr.  60  par 
quintal  métrique. 

IV.  —  Vins,  spiritueux,  vinaigres,  cidres. 

Vins.  —  Voici  les  nouvelles  qui  nous  sont  parvenues  du  vignoble,  pendant  la 
semaine  écoulée.  En  Bourgogne,  c'est  le  calme  qui  domine,  il  est  vrai  de  dire 
que  la  qualité  du  vin  laisse  un  peu  à  désirer.  Les  affaires  se  traitent  aux  cours 
suivants  :  Dijon,  Oamay,  choix  arrière-côte,  95  à  100  fr.;  Garaay,  courant,  ar- 
rière-côte, 85  à  95  fr.;  Gramay,  choix,  côte,  110  à  120  fr.;  Gamay,  courant,  côte, 
100  à  105  fr.,  le  tout  par  pièce  de  228  litres.  A  Gevrey-Gharabertiu,  pas  d'affaires, 
les  vignerons,  dit-on,  ont  des  prétentions  trop  élevées,  malgré  la  qualité  douteuse  : 
A  Meursault,  il  se  fait  quelques  transactions  :  les  vins  rouges  1880  valent  90 
à  100  fr.  la  ]  ièce,  nu,  les  1878,  205  à  115  fr.  la  pièce,  nu;  les  passe-tous- 
grains,  1878,  230  à  250  fr.,  la  pièce,  logé.  A  Givry,  les  vins  sont  assez  bien 
réussis,  et  le  commerce  par  suite  est  un  peu  plus  actif  qu'ailleurs  ;  le  vin  rouge 
ordinaire,  1"  choix,  vaut  108,  110,  112  et  L15  fr.  les  228  litres  nu;  les 
2*  choix,  100  à  105  ir.;  les  vins  rou,'es  fins,  côte  de  Givry,  150  à  i70  fr.  la  pièce, 
logé.  —  En  Busse-Bourgogne^  la  récolle  n'a  pas  été  considérable,  mais  la  qualité 
est  comparable  à  celle  de  1878.  A  Tonnerre,  la  récolte  n'a  pas  dépas-^é  en  vin 
rouge  Ih  dixième  d'une  année  ordinaire,  ceux-ci  valent  70  à  75  fr.  la  feuillette  de 
136  litres;  mais- en  vin  blanc,  la  qualité  et  la  quantité  peuvent  être  comparées  à 
celles  de  1878  ;  à  Gliablis,  on  vend  la  feuillette  de  vin  blanc,  105  à  120  fr.  —  En 
Auvergne.,  les  vins  qu'on  avait  supposé  valoir  ceux  ds  1878  sont  inférieurs 
comme  couleur  et  comme  qualilé,  ce  qui  n'empêche  pas  les  propriétaires  d'être 
très  exigeants  sur  les  prix.  —  Dans  le  Jii(/(,  les  achats  sont  pour  ainsi  dire  sus- 
pendus :  le  commerce  local  s'abstient  et  les  acheteurs  étrangers  sont  très  rares; 
les  petits  vins  sont  en  baisse  de  3  à  4  fr.  par  hectolitre,  les  bons  vins  et  surtout 
ceux  de  couleur  se  maintiennent  à  de  hauts  prix.  —  Dans  le  Bordrlais,  les  affaires 
se  calment  de  plus  en  plus,  les  acheteurs  de  1880  ayant  à  peu  près  terminé  leurs 
achat-,  il  ne  se  fait  plus,  guère  que  des  affaires  courantes  d'approvisionnement. 
—  Dans  les  Charenhes,  devant  la  fermeté  du  commerce,  les  propriétaires  lâchent 
un  peu  la  main.  — Les,  cours  des  vins,  dans  le  Nanlais.,  ne  varient  pas  :  on  paye 
par  continuation  de  115  à  12.5  fr.  les  muscadets  de  1880,  et  d;e  65  à  66  fr  les 
gros  plants  ;  le  tout  pris  au  vignoble  et  sur  lie.  —  Dans  le  Gdlinais-OrléanaiSy  il 
ne  se  fait  aucune  demande,  aussi  ne  saurait-on  obtenir  un  cour  normal;  les  pro- 
priétaires avisés  ont  traité  aux  prix  oITeits,  mais  d'autres  détenteurs  qui  avaient 
des  prétentions  exagérées,  ont  encore  leurs  vins  dans  leurs  celliers. 

Spi'iliieiix.  —  Le  marché  est  lourd  et  les  affaires  pour  ainsi  dire  nulles.  Les 
prix,  pendant  la  semaine  écoulée,  ontpeu  varié,  ils  ont  débuté  à  tO  fr.,  ont  fait 
60  fr.  50,  60  fr.  75,  et  ont  clôturé  à  6U  fr.  50.  Les  quatre  premiers  mois  se  sont 
relevés  de  .^  0  centimes  au  cours  de  61  fr.,  et  une  faveur  semblable  s'est  produite 
sur  les  quatre  mois  de  mai.  Le  stock  s'est  légèrement  accru,  il  est  aujourd'hui  de 
7,875  pipes  contre  6,625  l'an  dernier,  il  dépasse  donc  de  1,250  pipes  celui  de 
1879.  Les  affaires  restent  calmes  sur  la  place  de  Lille,  comme  sur  celle  de  Paris. 
On  cote  l'alcool  betterave  disponible,  58  fr.  50  et  pas  d'affaires  sur  le  bvrable. 
Quant  aux  marchés  du  Midi,  ils  n'accusent  aucun  changement  notable  dans  les 
cours.  Les  marchés  allemands  sont  en  baiase.  —  A  Paris,  on  cote  3/6  betterave, 


DES  DENRÉES  AGRICOLES  (1 1  Dâ^EMBRiC    1880;.  439 

P*  qualité,  90  degrés  disponible,  60  fr.  25;  quatre  premiers,  61  fr.;  quatre  d'été, 
60  fr.  à  60  fr.  50. 

Vinnigre.  — A  Dijon,  le  vinaigre  1"  choix  vaut  18  fr.  l'hectolitre  nu  pris  en 
gare.  Le  vinaigre  dit  de  Bourgogne,  vaut  de  14  à  20  fr.  l'hectolitre  nu,  suivant 
qualité. 

Cvires.  —  A  Saint- Pierrfi-^sur-Divef!  (Calvados),  la  récolte  des  pommes  a  été 
difficile,  et  les  prix  sont  en  hausse;  elles  Vdlent  de  14  à  15  fr.  l'hectolitre.  Beau- 
coup d'ouvriers,  ajoute-t-on,  ne  pourront  pas  boire  de  cidre  cette  année. 

V.  —  Tourteaux.  —  Noirs  j  —  Engrais. 

Tourteaux.  —  Les  prix  accusent  partout  une  grande  fermeté.  On  cote  à  Mar- 
seille, par  100  kilog.  :  tourteaux  de  lin,  21  fr.  ^0;  d'arachides,  13  fr.  50;  d'ara- 
chides décortiquées,  16  fr.;  de  sésame,  14  fr,  25  à  15  fr.;  d'oeillette,  15  fr.;  de 
colza  du  Danube,  14  fr.  75;  de  coton,  12  fr  ;  de  farine  de  palmiers,  10  fr.  75;  de 
palmiste  repassé,  9  fr.;  de  ravison,  13  Ir.  75.  —  A  Rouen  :  colza,  15  fr.  25;  ara- 
chides eu  coque,  12  fr  ;  sésame,  16  fr.;  Un,  25  fr. 

]\^oirs.  —  On  cote  à  Valenciennes   :  noir  animal  neuf  en  grain,    32   fr.  par 
100  kilog.;  noirs  d'engrais  vieux  grain,  8  à  9  fr.  par  hectolitre. 
VI.  —  Suifs  et  corps  gras,  cuirs  et  peaux. 

Suifs.  —  Les  prix  sont  encore  cette  semaine  en  baisse.  On  paye  à  Paris,  84  fr. 
par    ICO  kilog.  pour  les  suifs  purs  de  l'abat  de  la  boucherie. 

Saindoux.  —  Les  cours  accusent  plus  de  fermeté  au  Havre,  où  l'on  paye  les 
saindoux  d'Amérique,  18  fr.  par  JOO  kilog. 

VIF.  —  Beurres.   —  Œufs.  —  Fromages.  —  Volailles  et  gibier. 

Beurres.  —  On  a  vendu  pendant  la  semaine,  à  la  halle  de  Paris,  217,116  kilog. 
de  beurres  de  toutes  sortes.  Au  dernier  marché,  on  payait  par  kilog.:  en  demi- 
kilog.,  ordinaires  et  courants,  2  fr.  80  à  4  tr.  70;  petits  beurres,  2  lO  à  3  fr.  <àO; 
Gournay,  2  40  à4fr.  96;  Isigny,  ^  fr.  20  à  7  fr  40. 

Œufs.—  Du  30  novembreau6  déc-rabre,  il  a  été  vendu,  à  la  halle  de  Paris, 
3,536, H 10  œufs.  Au  dernier  jour,  on  payait  par  mille  :  choix,  13i  à  145  fr.; 
ordinaires,  72  à   t2û    fr.;  petits,  54  à  66  Ir. 

Fromages.  —  Derniers  cours  de  la  halle  de  Paris  :   par  douzaine,  Brie,    13  à 
25  fr.;  Montlhéry,  15  fr.;  par  oenL,  Livarot^  27  à  67  fr.;  Mont-d'Or,  19  à  29  fr,; 
Neufchàtel,  5  à  25  fr.;  divers,  12  à  58  fr.;  par  100  kilog.,  Grayère,  138  à  175  fr. 
VJJI    —  Chevaux.  —  Bétail.  —  Viande. 

Chevaux.  —  Aux  marchés  des  1'""  et  4  décembre,  à  Paris,  on  comptait  1,074 
chevaux.  Sur  ce  nombre,  453  ont  été  vei^'ius  comme  il  suit  : 

Amenés.  Vendus.  Prix  ejftrémes. 

Chevaux  de  cabriolet 2.39  64      30©  à  1 ,070  Ir. 

—  detiait 324  90      31ô  à  1.270 

—  horsd'âKe 33$  121        40  à      985 

—  à  l'enctière 76  76        40  à      325 

—  de  boucherie 102  102        32  à      112 

Bétail.  —  Le  tableau  suivant  résume  le  mouvenaent  du  marché  aux  bestiaux  de  la 

Villette,  du  jeudi  2  au  mardi  7  décembre  : 

Poids       Prix  di]  kilofç.  de  »iande  sur  oied 
Vendus  moyea       au  marché  da  lundj  6  décembre. 

Pour  Pour  En         k  quartiers,  f*  2»  3»  Prix 

Amenés.  Paris,  l'extérieur,  totalité.  kil.  quai.  quai.  quai.  moyen. 

Bœufs 6.161  3.611  1,585  5.;9Ô  340  1.64  \.^2  I.Où  1.32 

Vaches 2,080  813  699  1,512  235  1.48  1-28  0  94  1.20 

Taureaui 3.:3  210  ^3  253  2:0  1.25  1.10  100  1-13 

Veaux 2,5ro  I,8n  588  2,4  2  75  2.60  2.44  1.80  2  20 

Moulons 39,8.56  29,277  8.57!  37.848  19  1.88  1.64  1-40  1  6^ 

Porcs  gras 5, 587  2,302  3,045  5,347  83  1  60  1.56  1.5U  l.c5 

—    maigres.                8  «  8  8  25  1  60  -  »  l-(-0 

Les  ventes  ont  été  à  peu  près  les  mêmes  que  pendant  la  semaine  précédente. 
Pour  le  gros  bétail,  la  situation,  au  point  de  vue  des  cours,  est  restée  à  peu  près 
la  même;  mais  les  prix  des  veaux  et  des  moutons  ont  sensiblement  remonté 
depuis  huit  jours.  Il  faut  toutefois  que,  pour  toutes  les  sortes,  les  prix  des  qua- 
lités !-upérieures  sont  très  fermes. 

A  Londres,  les  importations  d'animaux  étrangers,  durant  la  semaine  dernière, 
se  sont  composées  de  9,647  têtes,  dont  1  bœuf,  21  veaux  et  4,556  moutons 
venant  d'Amsterdam;  4i8  moutons  d'Anvers;  1,104  moutons  d'Hatnbour^; 
34  bœufs,    12  veaux  et  1,525  moutons  d'Harlingen;   368  bœuis  de  New- York; 


440     REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX-COURANT  (Il    DECEMBRE  1880). 

1   bœuf,    143   veaux    et   1,454   moutons  de  Rotterdam.  Prix  du  kilog.  Bœuf,  l'«, 

1  fr.  93  à  2  fr.  10  ;  2%  1  Ir.  5S  à  1  fr.  75;  qualité  inférieure,  1  Ir.  ^0  à  I  fr.  58.  — 
Veau,  1",  1  fr.   75  à  2  fr.  05;  2%  1  fr.    58  à  1  fr.  75.  —  Mouton,  P%  2  fr.  28  à 

2  fr.  40;  2«,  1  fr.  &3  à  2  fr.  10;  qualité  inférieure,  1  fr.  75  à  1  fr.  93.  —  Porc,  \", 
1  fr.  75  à  l  fr.  87;  2%    1  fr.  58  à  1   fr.  75. 

Vianle  à  la  criée.  —  On  a  vendu  à  la  halle  de  Paris,  du  30  novembre  au 
6  décembre  : 

^ Prix  du  kilog.  le  6  décembre. 

kilog.  !'•  quai.  2»  quai.  î'  quai.  Choix.     Basse  boucherie. 

Bœuf  ou  vache..  21. S.  7  60  l.06àI.6D      0.92àl.46  0.60àl.l6  0.90à2  50  0.10  à  1.10 

Veau 1.^5.803  1.82    2.40      1.18     1.80  1  00     1   16  1   16    2.94      . 

Mouton 90.661  1.42     1.50      1.12     1.40  0.76     1   10  0.80    2.70      • 

Porc 3J,650_  Porc  frais 134àl.72 

495,874      Soit  par  jour 70,839  kilog. 

Les  ventes  sont  supérieures  de  1,000  kilog.  environ  par  jour  à  celles  de  la 
semaine  précédente.  Pour  toutes  les  catégories,  nous  devons  signaler  une  hausse 
sensible. 

IX,  —  Cours  de  la  viande  à  l'abatioir  de   la  Villette  du  9  décembre  {par  50  kilog.) 
Cours  de  la  chai  cuterie.  —  On  vend  à  la  Villette  par  50  kilog.  :    1"  qualité, 
83  à  85  fr.;  2%  80  à  82  fr.;  poids  vif,  58  à  60  tr. 

Bœufs.  Veaux.    Moutons. 

1"               j»               $•                1"               j«                3»               1"  i*               l» 

quai.           quaU           quai.            quai.           quai.           quai.           quai.  quai.           qiial. 

fr.                fr.               fr.                fr.                fr.                fr.               fr.  fr.               fr. 

75              67              58             130             120            116              80  72              64 

X.  —  Marché  aux  bestiaux  de  la  fillette  du  jeudi  9  décembre. 

Cours  des  commissionnaires 

Poids                 Cours    officiels.  en  bestiaux^^ 

Animaux  général.     1"        2*        3*  Prix             1"        2«        3«             Prix 

amené».  Invendus.  kil.       quai.  quai.  quai,     extrêmes,  quai.   quai.  quai.       eitrèrces. 

Bœufs Ï.616  615  360         1.64     i.38     1.00    0.P8àl.68       «.60     1.38     l.oo  0.95àl,64 

Vaches Ihî  les  2iO         1.48     l.J3     0.90     O.il     l-IO       1.45     l.'J5     0.90  0.85     1.50 

Taureaux...          I5S  49  365         1.20     1.08     0.92     0.86     1.24       1.20     1.10     0  95  0.80     1.25 

Veaux 1.085  153  80         2.50     2.40     1.80     l.TO     2.60         »            »           »              »            » 

Moutons....   18.10)  1.179  tS         1.88     1.64     1.40     1.35     19»»».             »           » 

Porcs  gras..     4.460  |222  83         1.52     1.48     1.40     1.30     1.62         »            »            •              •           » 

—  maigres.          »  »  »»»»»»»»»»• 

Veute  lente  sur  le  gros  bétail  ;  assez  active  sur  les  autres  espèces. 

XI.  —  Résumé. 
Les  cours  de  toutes  les  denrées   agricoles,  à  l'exception  de  quelques  produits 
animaux,  accusent  cette  semaine  une  grande  fermeté. 

A.  Remy. 


BULLETIN  FINANCIER. 

Semaine  de  fluctuations  à  nos  fonds  publics  :  le  3  0/0  conserve  son  cours  de 
85  fr  60;  raraoïiissable  perd  0  tr.  40  à  87  fr.;  et  le  5  0/0,  gardant  son  cours  de 
119  fr.,  perd  U  fr.  05.  Cherté  des  reports;  néanmoins  très  bonne  tenue  de  nos 
chemins  de  fer,  des  sociétés  de  crédit  et  des  valeurs  industrielles  et  commer- 
ciales. 


Cours  de  la  Bourse  du  l"  au  8  décembre 
Principales  valeurs  françaises  : 

Plus  Plus  Dernier 

bHS.  haut,  couis. 

Rente30/0 85.30  8b. 60  85.60 

Rente  3  0/0  amortis 87.00  87.40  87.00 

Rente  4  1/2  0/0 lli.uo  114.40  II4.00 

Rente  5  O/o 1i8.75  Ii9.0i)  119.00 

Banque  de  i-Vance 3'4o  oo  3775.00  3775.00 

Con>ptoir  d'escompte 97ri.Z5  980. oo  978.75 

Société  générale 57^.00  5»2.bO  5H2.50 

Crédit  foncier 1340  0»  i37ù.oo  i37o.oo 

Est Actions  500     750.00  7.17.60  757.50 

Midi d«   I08O.C0  U2).t0  noi.oo 

Nord d"   1667. bO  I6«i.00  1676. iS 

Orléans d"  r.'.-.o.oo  ijyo.OO  1285. uo 

Ouest d*     i(|7.50  êSO.OO  825. tO 

Paris-Lyon-Méditerraneed"  i4<j5.oo  1497. 50  1487.50 

Paris  1871  obi.  400  3  0/0..     3t-9  no  40000  399.00 

Italien  i  0/0 37.40  87.95  87.90 


Le  Gérant  :  A.  BOUCHÉ. 


{au  comptant). 

Valeurs  diverses  : 

Plus 
b;.3. 

517.50 
S'.OuO 
467.51 


Créd.  fonc.  obi.  5on  4  o^o 
cl»  d»  d»  d'  3  0/0. 
d"  obi.  c"  50i»  3  0/0 
Bque  de  Paris  acl.  5iiO. .. 
Crédit  ind.  et  ce  n.  .soo  .. 
Dépôts  et  cples  cts.  5oO... 

Crédit  lyonn;iis d"... 

Créd.  raoliilier 

Cie    parisienne  du  gaz  250 

Cie  frenér.  transiil 500 

Messag.  iiianl.imes d* 

Canal  de  suez. . . 

d°      délégation 

d"      ohli.  D  0/0 d» 

Créd.  fonc.  Aiitrlih 500 

Cred  raob.  E*pa«i<ol...  .d* 
Créd. fonc.    Russe 


Plus 

haut. 

5-io.no 

5S-Î.50 

473.75 


m7    -lO  1    41    Td 

731.01  7411.00 

7(18.75  710. 00 

967. .10  97.S.OO 

66'.00  677.50 

438.75  149j.OO 

eOo.OO  ôl)  00 

730  oO  7^5.00 

d»    1275.00  I29i.(i0 

d»     »00  00  818   75 

570.00  575.00 

790  0  >  8"2   50 

657    50  867.50 

3s0.(i0  394.00 

Leterrier. 


Dernier 
cours. 
518. 7S 
552.00 
473. 7S 

1148.75 
735.00 
710.00 
975.00 
665.00 

1495.00 
607.50 
745.00 

1275.00 
800.00 
572.50 
790.00 
667.5» 
394.0» 


CHRONIQUE  AGRICOLE  ds  décembre  i88oj. 

Lenteur  apportée  à  l'examen  <ln  projet  de  loi  sur  la  police  sanitaire  du  bétail.  —  Urgence  de  la 
solution  de  la  question.  —  Exemples  donnés  par  rAn<jleterre  et  par  l'Allemagne.  —  Nouvelle 
loi  promulo;Mée  dans  l'empire  d'Allemagne.  —  Arrêté  relatif  à  l'admission  des  chameaux  au 
concours  régional  d'Alger.  —  Analyse  des  programmes  des  concours  régionaux,  de  la  Roche-sur- 
Yon,  d'Ëpinal  et  de  Versailles.  —  Les  expositions  scolaires  dans  les  concours  régionaux  de  1881. 
—  Rôle  de  la  Société  d'encouragement  à  l'agriculture  dans  cette  in^iovation.  —  Lettre  de  M.  de 
Lagorsse.  —  Nécndogie  :  mort  de  M  Baron-Dutaya  et  de  M.  Lécart.  —  Election  d'un  membre 
associé  à  la  Société  nationale  d'agriculture.  —  Prochaine  séance  publique  de  la  Société.  —  Ré- 
sultats du  concours  pour  la  chaire  de  génie  rural  à  l'Institut  agronomique.  —  Nomination  de 
professeurs  départementaux  d'agriculture.  —  Sur  la  détermination  d-s  la  valeur  des  engrais. — 
Lettre  de  M.  Perrpy.  —  Les  engrais  in.médiatement  soluhles.  —  Travaux  de  la  Commission  su- 
périeure du  phylloxéra.  —  L'essaimage  en  1880,  d'après  M.  de  Lafitte.  —Note  de  M.  Catta  sur 
i'emplni  du  sulfure  de  carbone.  —  Compte  rendu  du  Congrès  de  Clermont-Ferrand.  —  Le  faux 
oïdium  des  vignes.  —  Note  de  M.  Cornu.  —  Brochure  de  M.  Lespiault  sur  les  vignes  américaines 
dans  le  Sud-Ouest  de  la  France. —  Catalogue  des  vignes  américaines  cultivées  à  l'Ecole  natio- 
nale de  Montpellier.  —  Les  fourrages  et  les  engrais  verts.  —  Lettres  du  M.  Pujo  et  de  M.  Dubost. 

I,  —  L^s  lois  sur  ks  èpizoolies. 

Depuis  le  10  juin  1879,  le  projet  de  loi  sur  les  épizooties  voté  par 
le  Sénat  a  été  déposé  sur  le  bureau  de  la  Chambre  des  députés; 
dix-huit  mois  se  sont  écoulés  sans  que  le  rapport  ait  été  fait.  Nous 
nous  permettons  d'insister  pour  qu'il  n'y  ait  pas  de  plus  long  retard. 
Nulle  loi  n'est  plus  importante  pour  l'agriculture.  Les  plus  graves 
intérêts  sont  engagés  dans  une  question  dont  le  règlement  ne  devrait 
pas  être  renvoyé  à  la  législature  qui  suivra  le  parlement  actuel,  car 
tout  serait  à  recommencer.  Sans  doute  la  loi,  telle  qu'elle  est  sortie 
des  délibérations  du  Sénat,  a  besoin  d'amendements,  car  elle  contient 
des  prescriptions  qui  devraient  être  renvoyées  à  des  règlements  d'ad- 
ministration publique,  parce  qu'elles  sont  insuffisantes  ou  contraires 
aux  découvertes  de  la  science,  et  susceptibles  d'être  modifiées  d'après 
des  recherches  nouvelles.  C'est  une  raison  de  plus  pour  que  la 
commission  de  la  Chambre  des  députés  se  hâte,  puisque  la  loi  devra 
retourner  au  Sénat.  Les  Etats  voisins  nous  ont  donné  l'exemple,  en 
édictant  des  lois  sévèrement  protectrices  de  leur  bétail.  L'Angleterre  a 
commencé,  et  nos  lecteurs  savent  avec  quelle  sévérité  se  trouve  traité 
par  la  loi  britannique  le  bétail  étranger.  Quant  à  nous,  nous  n'hésite- 
rions pas  à  imiter  pour  la  France  les  prescriptions  qui  ont  été  adoptées 
de  l'autre  côté  du  détroit.  Cela  vaudrait  mieux  que  les  tarifs  sur 
lesquels  on  s'obstine  à  discuter  sans  aboutir.  Mais  voici  que  l'empire 
d'Allemagne  vient,  à  son  tour,  de  promulguer  une  loi  très  sévère  qui 
entrera  en  vigueur  le  1"  avril  prochain,  et  dont  le  premier  eiîet  sera, 
non  pas  seulement  de  protéger  la  santé  du  bétail  allemand,  mais 
encore  de  faire  refluer  sur  la  France  tous  les  animaux  suspects  de  la 
Germanie.  Il  y  a  donc  une  complète  urgence  à  ce  que  la  loi  française 
soit  prochainement  achevée.  Nous  publierons,  du  reste,  dans  un  de 
nos  prochains  numéros,  le  texte  de  la  loi  allemande  tel  qu'il  a  été 
promulgué  dans  l'Alsace-Lorraine,  c'est-à-dire  par  une  traduction 
officielle.  Pour  l'agriculture,  comme  pour  toute  chose,  il  importe 
d'avoir  toujours  les  re2;ards  fixés  de  l'autre  coté  de  notre  frontière  de 
FEst. 

IL  —  Le  concours  régional  d'Alger. 

Le  Journal  officiel  annonce  que,  par  un  arrêté  du  ministre  de  l'agri- 
culture en  date  du  8  décembre,  il  a  été  créé  au  concours  régional 
agricole  qui  se  tiendra  à  Alger,  du  2  au  1 1  avril  1881,  une  classe 
spéciale  pour  les  animaux  de  l'espèce  cameline  (chameaux,  droma- 
daires, méharis  et  analogues).  Il  y  aura  également  un  concours  spé- 

N»  610.  —  Tome  lY  de  1880.  —  18  Décembre,  1 


442       •  CHRONIQUE  AGRICOLE  (18  DÉCEM:BRE   1880). 

cial  pour  les  faucheuses  et  les  râteaux  à  cheval.  Pour  prendre  part  à 
ces  concours,  les  exposants  devront  remplir  les  formalités  ordinaires, 
c'est-à-dire  adresser  au  ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce, 
une  déclaration  écrite  avant  le  1 5  janvier  prochain. 

III.  —  Les  concours  régionaux  de   1881. 

Dans  deux  précédents  numéros  (pages  321  et  407  de  ce  volume)'" 
nous  avons  commencé  l'analyse  des  programmes  des  concours  régio- 
naux de  1881.  Voici  la  fin  de  cet  exposé  : 

Concours  de  la  Rochesur-Yori,  du  28  mai  au  7  juin,  pour  la  région  comprenant 
les  départements  de  la  Charente,  de  la  Charente-Inférieure,  de  la  Dordogne,  de  la 
Gironde,  des  Deux-Sèvres,  de  la  Vendée,  de  la  Vienne  et  de  la  Haute-Vienne.  — 
Espèce  bovine,  10  catégories  :  l'^race  parthenaise  et  ses  dérivés  (vendéenne  et  nan- 
taise) ;  2"  race  limousine  ;  3"  race  maraîchine  ;  k"  race  garonnaise  ;  b^  race  baza- 
daise;  6*  race  de  Salers;  7"  race  durham  ;  8°  croisements  durham;  9»  raced'Ayr; 
10"  races  laitières  françaises  ou  étrangères  pures.  Deux  prix  d'ensemble,  pour  la 
l'«  catégorie  et  pour  les  autres.  —  Espèce  ovine,  3  catégories  :  1° races  françaises 
diverses;  2''  races  étrangères  diverses;  3-  croisements  divers.  Un  prix  d'ensemble. 
—  Espèce  porcine,  3  catégories  :  1°  races  françaises  pures  ou  croisées  entre  elles  ; 
2»  races  étiangères  pures  ou  croisées  entre  elles;  croisements  divers.  Un  prix 
d'ensemble.  —  Animaux  de  basse-cour,  6  catégories  :  1°  coqs  et  poules;  •<"  din- 
dons ;  3°  oies  ;  4»  canards  :  5''  pintades  et  pigeons  ;  6°  lapins  et  léporides.  Un  prix, 
d'ensemble  — Instrumenl s  d'extérieur  de  ferme,  3  concours  spéciaux.:  1»  charrues. 
a?ec  avant -train  pour  labours  de  20  centimètres  de  profondeur;  2"  herses  articulées 
en  fer  ;  3"  faucheuses  mues  par  des  chevaux  ou  par  des  bœufs.  —  Instruments 
dHnlérieur  de  ferme,  3  concours  spéciaux:  1°  trieurs  de  grains;  2'^  dépulpeurs 
pour  racines  de  la  force  de  1  cheval  au  maximum;  3'^  bascules  à  bestiaux  et  à  voi- 
tures. —  Produits  agricoles,  7  concours  spéciaux  :  P  semences-  de  blés  d'hiver  ; 
2"  semences  de  féverolles  3"  plantes  textiles,  lin  ou  chanvre  ;  4"*  collections  de 
produits  maraîchers;  5"  semences  et  plants  pour  plantations  et  reboisements;  6"  ex- 
positions scolaires;  7'^  expositions  collectives. — Deux  médailles  d'or,  trois  d'argent 
et  six  de  bronze  pourront  être  décernées,  en  outre,  pour  les  produits  végétaux  ou 
animfiux,  de  l'horticulture  et  de  l'arb  riculture,  de  la  pisciculture,  des  exploitations 
forestières,  et  pour  les  modèles  d'instruments. 

Concours  d'Epi'ial,  du  1 1  au  20  juin,   pour  la  région  comprenant  les   départe- 
ments des  Ardennes,  de  l'Aube,  de  la  Marne,  de  la  Haute-Marne,  de  Meurthe-et- 
Moselle,  de  la  Meuse  et  des  Vosges.  —  Espèce  bovinr,  5  catégories  :_1°  race  durham  ; 
2°  croisements  durham  ;  3'*  race  laitières  françaises  (races  vosgienne,  meusienne 
ardennaise  et  analogues);  4'^  races  étrangères  laitières;  5"  autres   races  pures  et 
croisements  divers.  Deux  prix  d'ensemble,  pour  les  deux  premières  catégoiies,  et 
pour  les  trois  dernières.  Trois  prix  pour  les  bandes  de  vaches  laitières  en  lait;  — 
Espèce  ovine,  5  catégories:  1"  mérinos  et  métis-mérinos;  2°  races  françaises  diverses; 
3">  races  étrangères  à  laine  longue;  4"*  races  étrangères  à  laine  courte;  5°  croisements 
divers    Un  prix  d'ensemble.  —  Espèce  porcine,  comme  au  concours  de  la  Roche- 
sur-Yon.  —  Animaux  de  basse-cour,  7  catégories:  1"  coqs  et  poules;  2°  dindons^ 
3»  oies;  4»  canards;  5^'  pintades  ;  6^  pigeons  ;  7»  lapins  et  léporides.  Un  pi ix  d'en- 
semble.—  Instruments   d'extérieur  de  ferme,  3  concours  spéciaux:  1"  scarifica- 
teurs; 2»  houes  à  cheval     pour   pommes  de   terre;  3''  butteurs.  —  Instruments 
d'intérieur  de    ferme,  3  concours  spéciaux:    1"  pre-^ses   à  fourrages  ;  2°'  vases  et 
ustensiles   de  laiterie;  H*»  appareils  de  féculerio  agricole   (râpes,  tamis,  etc.).  — 
Produits  agricoles,  6  concours  spéciaux:  r  fromages  à  pâtes  molles  ;  2°  pommes 
de  terre  pour  féculeries  ;  3"  produits  des  féculeries  agricoles  ;    4"   produits  •  horti  • 
coles  ;    5"  expositions  scolaires  ;    6°  expositions   collectives.   —  Pour  les  produits 
divers,    comme  au  concours  de  la  Roche-sur- Yon. 

Concours  de  Versailles,  du  18  au  27  juin,  pour  la  région  comprenant  les  dépar- 
•  tements  de  l'Aisne,  du  Nord,  de  l'Oise,  du  Pas-de-Calais,  de  la  Seine,  de  Seine- 
et-Marne,  de  Seine-et-Oise  et  de  la  Somme.  —  Espèce  bovine,  6  catégories  r 
1»  race  flamande  pure  ;  2»  race  normande;  3"  race  hollaijdaise  ;  4*  race  durham; 
5*  croisements  durham  ;  6"  races  françaises  ou  étrangères  diverses  et  croisements 
divers.  Deux  prix  d'ensemble  :  pour  les  trois  premières  catégories  ei  pour  les 
autres.  Trois  prix  pour  les  bandes  de  vaches  laitières  en  lait.  —  Espèce  ovine^ 


CHRONIQDE  AGRICOLE  (18  DÉCEMBRE  1880).  443 

4  catégories  :  1»  races  mérinos  et  métis-mérinos;  2"  races  françaises  diverses  et 
croisements  divers;  3" races  étrangères  à  laine  longue;  4»  races  étrangères  à  laine 
courte.  D  ux  prix  d'ensemble  :  pour  les  races  françaises  et  pour  les  races  étran- 
gères. —  Espèce  porcine,  comme  au  concours  de  la  Roche-sur-Yon.  —  Anvnaux 
de  basse-cour,  comme  au  concours  de  la  Roche-sur-Yon  — Instruments  d'extérieur 
de  ferme,  3  concours  spéciaux  :  1°  appareils  propres  à  l'arrachage  mécanique  des 
betteraves  ;  2»  chemins  de  fer  portatits  pour  usages  agricoles  ;  3»  appareils  de  labou- 
rage mis  en  mouvement  au  moyen  d'une  transmission  à  distance  facilement  appli- 
cable à  la  force  motrice  (électricité  et  autres).  --  Instruments  d'intérieur  de  fenne, 
3  concours  spéciaux  :  1"  machines  à  battre,  à  vapeur,  à  grand  travail,  d'une  force 
de  huit  chevaux  et  au-dessus  ;  -2°  élévateurs  de  paille;  3°  appareils  de  distillerie 
agricole  de  betteraves.  —  Produits  agricoles,  7  concours  spéciaux  :  1"  Iroment,  no- 
tamment les  variétés  les  plus  remarquables  pour  le  rendement,  la  qualité  du  grain 
et  la  précocité;  2"  graines  de  luzerne  et  de  trèfle;  3°  laines  en  toison;  k"  produits 
maraîchers;  5"  semences,  plants  et  arbustes  pour  plantations;  6°  expositions  sco- 
laires; 7°  expositions  collectives.  —  Pour  les  produits  divers,  comme  au  concours 
de  la  Roche-sur-Yon. 

A  ToccasioD  du  Concours  régional  des  sept  départements  du  nord- 
est,  qui  doit  avoir  lieu  du  11  au  20  juin,  la*  ville  d'Epinal  orga- 
nise dès  à  présent  une  série  de  fêtes  et  d'exhibitions  :  concours  de 
musiques  instrumentales  et  d'orphéons,  de  tir,  de  gymnastique,  de 
service  des  pompiers,  d'horticulture  et  de  sylviculture.  Ou  prépare  une 
exposition  industrielle  et  une  exposition  artistique  à  laquelle  seront 
annexées  une  exposition  des  arts  rétrospectifs,  une  exposition  scolaire 
et  une  exposition  géographique.  Enfin  des  courses  auront  lieu  sur  le 
Champ-de-Màrs. 

IV.  —  Socii'tè  d'encouragement  à  ragriculture. 

A  l'occasioa  des  réflexions  que  nous  avons  faites  dans  notre  dernier 
numéro,  au  sujet  de  l'annexion  des  expositions  scolaires  aux  pro- 
chains concours  régionaux,  nous  recevons  la  lettre  suivante  : 

«  Monsieur  le  directeur,  je  lis  dans  le  Journal  de  VAgricu'ture,  toujours  si  bien 
renseigné  ,(n«du  11  décembre),  qu'une  adjonction  importante  vient  dêtre  faite  par 
l'Administration  de  l'agriculture  au  programme  des  concours  régionaux.  Désor- 
mais, des  expositions  scolaires  auxquelles  tous  Ibs  instituteurs  de  la  région  pour- 
ront prendre  part,  seront  organisées  dans  chaque  concours  et  des  récompenses 
leur  seront  affectées. 

«  En  félicitant  l'Administration  de  son  heureuse  innovation  qui  révèle  toute  la 
sollicitude  du  gouvernement  pour  l'enseignement  agricole,  il  est  permis  de  rappeler 
que  l'initiative  de  cette  mesure  émane  de  la  Société  nationale  d'encouragement  à 
l'agriculture.  Au  concours  régional  de  Tulle,  M  Latrade,  député,  délégué  de  la 
Société,  a  prononcé,  en  remettant  notre  médaille  d'or  à  un  instituteur  de  la  Gorrèze, 
une  allocution  que  vous  avez  bien  voulu  insérer  dans  votre  journal  (n''  du  ^i  juin), 
et  dans  laquelle  l'honorable  Président  du  comice  agricole  de  Rrive  constatait, 
avec  regret,  l'absence  de  toute  exposition  scolaire  dans  le  concours. 

«  Quelques  jours  plus  tard,  au  concours  régional  de  Périgueux,  la  réunion  des 
exposants  et  des  membres  du  jury  formulait,  sur  ma  proposition,  une  demande 
diB  revision  de  programmes  dans  le  même  sens. 

«  Ces  deux  vœux,  transmis  à  l'Administration  et  appuyés  par  MM.  les  inspecteurs 
généraux  Heuzé  et  Malo,  ont  été  accueillis,  et  si  je  revendique  pour  la  Société 
a  encouragement  une  part  d'influence  dans  cette  utile  réforme,  c'est  pour  affirmer 
u'ne  fois  de  plus  que  la  sollicitude  de  notre  patriotique  association  est  toujours  en 
éveil  pour  la  défense  des  intérêts  dont  elle  est  la  représentation  libre  et  autorisée. 

«  Agréez,  etc.  J.-M.  de  Lagorsse, 

Sacrétaire  général  de  la  Société  nationale 
d'encouragement  à  l'agriculture. 

Nous  sommes  toujours  heureux  de  prêter  notre  concours  à  tous 
les  efforts  qui  sont  faits  pour  le  développement  des  efforts  utiles  au 
progrès. 


444  CHRONIQUE  AGRICOLE  (18  DÉCEMBRE    1880). 

^V.  —    Nécrologie. 

M.  Baron-Dutaya,  directeur  honoraire  des  haras,  \ient  de  mourir 
à  Saint-Brieuc,  à  l'âge  de  G4  ans  seulement.  Après  avoir  été  directeur 
des  dépôts  d'étalons  de  Lamballe  et  de  Saint-Lô,  il  avait  été  nommé, 
en  1862,  inspecteur  général,  et  en  1872,  directeur  général  des  haras; 
au  commencement  de  1879,  il  avait  été  admis  à  faire  valoir  ses  droits 
à  la  retraite. 

On  annonce  de  Scey  (Haute-Saône),  la  mort  de  M.  Lécart,  le  bota- 
niste voyageur  dont  le  nom  était  devenu  récemment  célèbre  par  l'an- 
nonce de  la  découverte  de  vignes  annuelles  à  tubercules  dans  le 
Soudan.  Il  a  succombé,  âgé  de  46  ans  seulement,  aux  suites  de  son 
voyage  pénible  dans  l'Afrique  équatoriale. 

YI.  —  Election  à  la  Soc'été  nalionale  d'agriculture. 

Dans  sa  séance  du  15  décembre,  la  Société  nationale  d'agriculture 
a  procédé  à  l'élection  d'un  membre  associé  national  dans  la  Section 
des  sciences  physico-chimiques.  Sur  36  votants,  la  majorité  étant  19, 
M.  Renou  a  obtenu  33  suffrages,  M.  Pagnoul  2  et  iM.  de  Martin  1. 
En  conséquence,  M.  Renou  a  été  proclamé  élu;  son  élection  sera  sou- 
mise à  l'approbation  du  président  de  la  République.  On  connaît  les 
importants  travaux  de  M.  R^nou  sur  la  météorologie  ;  il  dirige  l'ob- 
servatoire de  Saint-Maur,  qu'il  a  mis  à  la  disposition  du  bureau  cen- 
tral météorologique  de  France.  —  Nous  profitons  de  cette  occasion 
pour  rappeler  que  la  Section  est  ainsi  composée  par  ordre  d'ancien- 
neté :  membres  titulaires,  1832,  M.  Chevreul;  1841,  M.  Boussingault; 
1851,  M.  Dumas;  1856,  M.  Barrai;  1870,  M.  Peligot  ;  1878, 
M.  Becquerel;  —  membres  associés,  1856,  M.  Dubrunfaut;  1877, 
M.  Isidore  Pierre;  1880,  M.  Renou;  membre  étranger,  1856,  M.  Lawes. 

VII.  —  Séance  publique  de  la  Société  nationale  d'' agriculture. 

Nous  avons  annoncé  que  la  séance  publique  de  rentrée  de  la  Société 
nationale  d'agriculture  aura  lieu  le  mercredi,  22  décembre,  dans  son 
hôtel,  18,  rue  de  Bellechasse,  à  3  heures.  Dans  cette  séance  qui  sera 
présidée  par  M.  Chevreul  et  à  laquelle  M.  le  ministre  de  l'agriculture 
assistera,  il  sera  donné  lecture  des  éloges  biographiques  d'Amédée 
Durand  et  de  Darblay  aîné,  par  M.  le  secrétaire  perpétuel,  de  Hardy 
père  et  de  l'abbé  Nolin  par  M.  Heuzé. 

VIII.  —  Concours  pour  une  chaire  à  Vlnstitut  agronomique. 

Nos  lecteurs  savent  que,  le  6  décembre,  a  été  ouvert  le  concours 
pour  la  nomination  d'un  professeur  de  génie  rural  à  l'Institut  national 
agronomique.  Le  jury  de  ce  concours  était  composé  deMM.  H.  Mangon, 
directeur  du  Conservatoire  des  arts  et  métiers;  Albaret,  ingénieur- 
constructeur;  Cheysson,  ingénieur  en  chef  des  ponts  et  chaussées , 
Philipps,  professeur  à  l'Ecole  polytechnique;  Risler,  directeur  de 
l'Institut  agronomique.  —  A  la  suite  des  épreuves,  auxquelles  quatre 
candidats  se  sont  présentés,  le  jury  a  placé  en  première  ligne, 
M.  Grandvoinnet,  professeur  à  Grignon;  en  deuxième  ligne,  M.  Alfred 
Tresca,  répétiteur  à  l'Institut  agronomique;  en  troisième  ligne, 
M.  Duplessis,  professeur  départemental  du  Loiret.  Le  quatrième 
candidat  s'était  retiré  avant  la  fin  des  épreuves. 


CHRONIQUE  AGRICOLE    (18  DÉCEMBRE  1880).  445 

IX.  —  Nomination  de  professeurs  départementaux. 

Les  concours  ouverts  dans  onze  départements  pour  la  nomination 
de  professeurs  d'agriculture  sont  achevés.  — Six  professeurs  ont  été 
nommés  :  dans  l'Allier,  M.  Jouffroy,  répétiteur  à  l'École  d'agriculture 
de  Grignon  ;  —  dans  les  Hautes-Alpes,  M.  Allier,  directeur  delà  jerme- 
école  de  ce  département;  —  dans  la  Drôme,  M.  Bréhéret,  stagiaire  à 
l'École  d'agriculture  de  Montpellier;  —  dans  Eure-et-Loir,  M.  Cazeaux, 
répétiteur  à  l'Ecole  d'agriculture  de  Grignon;  —  dans  Indre-et-Loire, 
M.  Dugué,  directeur  de  la  Station  viticole  des  Hubaudières  ;  —  dans 
la  Loire-Inférieure,  M.  Arnault,  ancien  élève  de  l'Institut  agrono- 
mique. —  Dans  les  quatre  départements  des  Alpes-Maritimes,  du  Nord, 
du  Pas-de-Calais  et  du  Rhône,  les  concours  n'ont  pas  donné  de  résul- 
tat ;  dans  celui  des  Deux-Sèvres,  aucun  candidat  ne  s'élant  présenté, 
le  concours  a  été  ajourné. 

X.  —  Sur  la  détermination  de  la  vcdeur  des  engrais. 

L'article  de  M.  Bobierre  que  nous  avons  inséré  dans  notre  numéro 
du  4  décembre,  nous  a  valu  de  M.  Perrey  une  lettre  que  nous  devons 
publier.  Il  s'agit  de  la  question  de  savoir  si  l'on  peut  apprécier  la 
valeur  d'un  guano,  par  exemple,  en  se  contentant  de  déterminer  les 
matières  immédiatement  solubles  dans  l'eau,  qu'il  renferme  La  lettre 
de  M.  Perrey  est  ainsi  conçue  : 

«  Monsieur  le  Directeur,  je  vous  serais  bien  obligé  d'insérer  la  lettre  suivante 
dans  le  Journal  de  l'agriculture. 

«  La  vente  d'un  guano  péruvien  a  donné  lieu  à  une  contestation  sur  laquelle 
M.  Bobierre  s'est  prononcé  dans  votre  numéro  du  4  décembre,  dont  je  ne  prends 
connaissance  qu'aujourd'hui. 

«  Je  n'ai  qu'à  remercier  M.  Bobierre,  qui  a  fait  ressortir  que  le  Directeur  du 
laboratoire  de  Mettray  avait  purement  et  simplement  répondu  à  la  demande 
formelle  d'un  acheteur,  en  dosant  dans  ce  guano  les  éléments  solubles.  Ce  sont 
ces  éléments  qui  avaient  été  garantis  à  M.  Vital-Pajot  par  un  vendeur  qui  n'était 
pas  MM.  Jamont  et  Huart,  et  après  les  représentations  que  j'ai  cru  devoir  faire 
à  M.  Vital-Pajot,  je  n'avais  qu'à  exécuter  les  dosages  demandés. 

«  J'ajouterai  seulement  que  si  MM.  Jamont  et  Huart,  dont  la  lettre  évidem- 
ment destinée  à  la  publicité  est  datée  du  22  novembre,  avaient  cru  devoir  me 
demander  plus  tôt  les  explications  qui  m'ont  été  demandées  en  leur  nom  le  23,  ils 
auraient  compris  pour(^uoi  07i  s'était  o'ccupé  uniquement  des  éléments  solubles; 
cette  manière  de  procéder  n'aurait  pas  'c  excité  si  fort  leur  surprise  »,  et  le 
Directeur  du  laboratoire  de  ]\[ettray  n'aurait  pas  eu  cette  surprise,  lui,  d'avoir  à 
se  défendre  de  l'application  de  ses  chiffres  à  la  mesure  de  la  valeur  commerciale 
ou  agricole  du  guano. 

«  Veuillez  agréer,  etc.  Le  Directeur  du  laboratoire  de  Mettray^ 

«  Ad.  Perrey.  » 

Il  résulte  de  cette  lettre  que  le  directeur  du  laboratoire  de  Mettray 
savait  parfaitement  qu'en  traitant  un  échantillon  de  guano  par  de 
l'eau  et  en  se  contentant  de  doser  les  matières  dissoutes,  il  ne  fourni- 
rait pas  un  résultat  qui  pourrait  servir  à  établir  la  valeur  commerciale 
ou  agricole  d'un  engrais.  Mais,  ajoute-t-il,  on  lui  avait  fait  une  ques- 
tion formelle  et  il  y  a  répondu,  ou  du  moins  il  croit  y  avoir  répondu. 
En  effet,  il  résulte  des  expériences  de  M.  Chevreul  qui  ont  été  plu- 
sieurs fois  communiquées  à  la  Société  nationale  d'agriculture,  que  le 
guauo  abandonne  encore  des  matières  solubles  après  un  dix-huitième 
lavage  par  l'eau,  et  quand  on  laisse  l'action  de  l'eau  se  prolonger.  Un 
seul  lavage  n'entraîne  qu'une  partie  des  matières  solubles,  celles  ijnmé- 


446  CHRONIQUE  AGRICOLE  (18  DÉCEMBRE  1&80). 

diatement  solubles.  Or,  il  ne  paraît  pas  que  l'acheteur  dont  parle  M.  le 
directeur  du  laboratoire  de  Mettray,  ait  fait  cette  restriction.  Par  con- 
séquent, la  réponse  faite  ne  résout  pas,  dans  sa  généralité,  la  ques- 
tion posée.  Nous  ajouterons  que,  dans  les  lavages  successifs  du  guano, 
on  obtient  une  dissolution  partielle  des  phosphates  ;  or,  dans  l'analyse 
de  Mettray  telle  que  nous  la  connaissons,  l'absence  de  dissolution 
d'acide  phosphorique  est  indiquée,  si  ce  n'est  à  l'état  de  traces.  En 
outre,  on  n'a  aucun  renseignement  sur  la  quantité  d'eau  employée 
pour  provoquer  la  dissolution.  Ces  remarques  peuvent  être  appliquées 
à  d'autres  engrais,  notamment  à  de  la  poudrette,  à  du  sang  et  d'au- 
tres matières  animales,  etc.  ;  elles  ont  donc  un  intérêt  agricole  général. 
11  serait  déplorable  que  l'on  introduisît  dans  la  jurisprudence  de  la 
surveillance  des  engrais,  une  doctrine  qui  aboutirait  à  donner  un-e- 
protection  spéciale  aux  seuls  engrais  ayant  la  propriété  d'être  immé- 
diatement solubles.  Si  ces  engrais  doivent  être  quelquefois  recomman- 
dés, il  est  beaucoup  de  circonstances  où,  au  contraire,  ils  doivent 
être  repoussés.  D'ailleurs,  dans  le  sein  de  la  terre,  les  engrais  ne  se 
comportent  pas  comme  ils  le  font  dans  un  vase  de  laboratoire  en  pré- 
sence d'eau  ou  de  tel  ou  tel  réactif.  Les  directeurs  de  Stations  agrono- 
miques doivent  se  tenir  en  garde  contre  les  conclusions  que  Ton  peut 
tirer  de  déterminations  isolées;  il  leur  appartient  d'éclairer  les  agri- 
culteurs qui  s'adressent  à  eux,  et  ils  ne  doivent  pas  se  borner  à  donner 
des  réponses  à  des  demandes  susceptibles  d'interprétations  douteuses. 

XL  —  Le  phylloxéra. 

La  commission  supérieure  du  phylloxéra  a  clos  sa  session  le 
10  décembre  sous  la  présidence  de  M.  Tirard,  ministre  de  l'agricul- 
ture et  du  commerce.  Il  a  été  décidé  que,  dans  la  Gironde,  les  arron- 
dissements de  Lesparre  et  de  Bordeaux  seront  autorisés  à  importer  et 
à  cultiver  des  cépages  étrangers;  la  même  demande  pour  Bazas  a  été 
ajournée.  L'arrondissement  de  Toulouse,  dans  la  Haute-Garonne,  doit 
être  teinté  sur  la  nouvelle  carte,  car  le  phylloxéra  y  a  été  retrouvé. 
Dans  tous  les  mémoires  envoyés  pour  concourir  au  prix  de  300,000 fr., 
la  commission  n'a  rien  trouvé  de  sérieux.  Elle  a  émis  un  vœu  éner- 
gique en  faveur  de  l'exécution  du  canal  dérivé  du  Rhône.  De  tous 
les  documents  qui  ont  été  produits",  il  résulte  manifestement  que 
quatre  moyens  permettent  désormais  de  lutter  efficacement  contre  le 
fieau  ;  ils  doivent  être  employés  selon  les  circonstances  dans  lesquel- 
les le  vignoble  est  placé.  Ces  moyens  sont  :  la  submersion  automnale, 
le  sulfure  de  carbone,  le  sulfocarbonate  de  potassium  et  la  plantation 
des  cépages  américains  comme  porte-greffes  des  cépages  français. 
Grâce  à  l'emploi  judicieux  de  ces  moyens,  les  vignes  peuvent  être 
incontestablement  sauvées  ou  reconstituées.  Le  fléau  a  causé  des 
ruines;  il  causera  un  excès  de  dépense,  mais  il  n'empêchera  plus  la 
production  du  vin. 

Dans  la  dernière  séance  de  l'Académie  des  sciences,  plusieurs 
communications  ont  été  faites  relativement  au  phylloxéra.  Tout 
d'abord,  nous  devons  signaler  une  note  de  M.  Prosper  de  Latitte  sur 
l'essaimage  du  phylloxéra  en  1880;  cette  note  sera  publiée  dans  un 
des  prochains  numéros  du  Journal.  En  outre,  M.  Catta,  délégué  de 
l'Académie,  a  transmis  le  résultat  de  ses  observations  relativement  à 
l'action  de  l'eau  dans  les    applications  du  sulfure  de  carbone  aux 


GHRONIOaE    AGRICOLE  (18  DÉCEMBRE   1880).  447 

vignes  phylloxérées.  Ces  observations  qu'il  est  utile  de  connaître, 
peuvent  se  résumer  ainsi  :  «  Une  humidité  légère  du  sol  ou  même  la 
pluie  survenant  après  l'injection,  alors  que  le  sulfure  est  déjà  à  l'état 
de  vapeur,  favorise  l'action  insecticide  et  la  reprise  de  la  végétation, 
tandis  que  l'introduction  du  liquide  sulfocarbonique  dans  un  terrain 
détrempé  constitue  un  danger  pour  la  plante.  » 

D'un  autre  c(5té,  nous  devons  signaler  la  publication  des  procès- 
verbaux  du  congrès  des  vignes  françaises  tenu  à  Glermont-Ferrand 
•du  'AO  août  au  2  septembre.  Cette  publication  donne  les  comptes 
rendus  analytiques  des  séances,  ainsi  que  le  texte  des  vœux,  q.ue 
nous  avons  fait  connaître  au  moment  de  ee  congrès- 

XII.  —  Le  faux  oïdium  des  vignes. 

Les  viticulteurs  sont  de  plus  en  plus  inquiets  par  la  propagation  du 
faux  oïdium  ou  mildew,  qui  a  été  importé  en  France  avec  les  vignes 
américaines.  Des  études  nombreuses  ont  été  déjà  faites  sur  ce  nouveau 
parasite  de  la  vigne.  Nous  devons  signaler  aujourd'lmi  celles  que 
M.  Max.  Cornu  vient  de  communiquer  à  l'Académie  des  sciences.  Le 
champignon,  cause  de  la  maladie,  et  qui  a  reçu  le  nom  de  Peronos- 
pora  viticola^  est  déjà  répandu  dans  une  grande  partie  de  la  France, 
et  il  est  probable  que,  dans  peu  d'années,  il  aura  atteint  tout  le  territoire 
viticole.  On  sait  que  c'est  aux  feuilles  qu'il  s'attaque.  M.  Cornu  donne, 
sur  les  altérations  qui  en  résultent,  les  renseignements  qui  suivent  : 

«  A.  Les  feuilles  sont  jeunes,  d'un  vert  jaunâtre,  tendres,  et  souvent  destinées 
à  s'accroître  eni'ore.  —  Les  taches  du  mildnc  sont  arrondies  et  blanclies;  la  partie 
supérieure  de  la  feuille  est  d'aborl  ua  peu  jaunâtre  ;  elbe  débermineat  le  hrunis- 
-sement  et  le  dessèchement  de  cette  partie;  la  feuille  peut,  dans  son  accroissement 
ultérieur,  se  crisper  ou  même  se  déchirer. 

«  B.  Les  feuilles  sont  adultes,  d'un  vert  assez  foncé,  ou  revêtant  déjà  la  teinte 
automnale;  elles  sont  coriaces. 

a  1'  Les  taches  sont  isolées.  —  Les  taches  sont  en  général  polygonales,  limitées 
aux  nervures  petites  ou  grandes;  le  tissu  de  ces  nervures  est  sans  méat,  et  le 
mycélium  ne  les  a  pas  franchies.  Elles  sont  toncées,  brunes,  ou  d'abord  plus 
vertes  que  le  fond;  le  mycélium  y  est  généfaleraent  demeuré  vivant  et  peut  encore 
émettre  des  spores,  propriété  très  dangereuse  par  les  temps  humides. 

«  La  feuille  est  comme  mouchetée,  cette  apparence  est  très  spéciale,  plus  visible 
à  la  face  su(iérieure. 

«  Suf'  la  feuille  âgée,  les  taches  se  rapprochent  des  nervures  principales  et  de 
leur  point  de  réunion. 

«  !>"  Les  taches  sont  confluentes.  ~  Le*:  taches  précédentes  s'entourent  d'une 
auréole  de  tissu  desséché,  ce  qui  modifie  l'apparence  générale,  mais  les  mouchetures 
sont  plus  toncées  que  le  fond  desséché,  qui  occupe  souvent  l'extrémité  des  lobes  ou 
la  base  des  nervures  principales. 

«  Des  coupes  transversales  delà  feuille  montrent  que,  dans  ces  différents  cas,  le 
tissu  est  entièrement  frappé  de  mort.  Une  partie  importante  du  limbe  est  ainsi 
détruite  ;  souvent  le  pétiole  se  désarticule  et  tombe.  » 

On  se  souvient  que  récemment  M.  Priliieux,  devant  la  Société  natio- 
nale d'agriculture,  a  considéré  ce  champignon  comme  peu  redoutable, 
€ar  la  grappe  de  raisin  n'est  pas  attaquée  directement.  M.  Cornu  ne 
paraît  pas  partao;er  cette  opinion  ;  il  cite  des  observations  de  M.  Paul 
Oliver,  de  Collioure  (Pyrénées-Orientales),  d'où  il  résulte  que  le 
mildew  peut  devenir  désastreux,  tant  en  diminuant  la  qualité  du  rai- 
sin qu'en  empêchant,  dans  certaines  circonstances,  celui-ci  de 
mûrir. 

Dans  une  intéressante  brochure  qu'il  vient  de  publier  sur  les  vi^^nes 


448  CHRONIQUE  AGRICOLE  (18  DÉCEMBRE   1880). 

américaines  dans  le  sud-ouest,  M.  Lespiault  donne  également  de 
détails  sur  le  mildew.  11  estime  que  la  plantation  des  cépasjes  les 
plus  précoces,  combinée  avec  la  taille  courte,  de  manière  à  hâter  la 
maturation  du  raisin,  pourrait  être  un  moyen  de  conjurer,  au  moins 
en  partie,  les  funestes  effets  de  l'action  de  cet  insecte. 

XIIL  —  Les  vignes  américaines  à  Montpellier. 

IVI.  G.  Foex,  professeur  à  l'Ecole  nationale  d'agriculture  de  Montpel- 
lier, vient  de  publier  le  catalogue  des  vignes  américaines  et  asiatiques, 
et  des  Ampélopsis,  cultivées  dans  les  collections  de  l'Ecole  en  1880. 
Cette  liste  comprend  243  cépages,  savoir  44  de  Vîtis  A^stivalis,  58  de 
F.  Riparia,  53  de  Y.  Labrusca,  58  de  vignes  hybrides,  IG  de  vignes 
diverses  ou  encore  non  classées,  7  de  vignes  asiatiques  et  7  d'Ampé- 
lopsis. M.  Foex  a  fait  suivre  celte  liste  d'une  clé  analytique  pour  la 
détermination  des  espèces  de  vignes  américaines  le  plus  usuelles  en 
France,  et  de  la  description  des  cépages  américains  les  plus  générale- 
ment cultivés;  ce  sont,  pour  la  production  directe,  parmi  les  /Estivalis, 
Je  Cunningham,  le  Rulander,  l'Herbemont  et  le  Jacquez;  comme  porte- 
greffe,  parmi  les  Riparia,  le  Riparia  sauvage,  le  Solonis,  le  Clinton,  le 
Taylor,  le  Vialla,  l'Elvira;  parmi  les  Labrusca,  le  York-JMedeira,  et 
enfin  le  F.  Hupestris.  La  brochure  de  M.  Foex  peut  servir  d'excellent 
guide  pour  les  viticulteurs. 

XIV.  —  Engrais  verls  et  fourrages. 

A  l'occasion  d'un  passage  de  l'article  de  notre  collaborateur 
M.  Dubost,  inséré  dans  notre  dernier  numéro,  nous  avons  reçu  la 
lettre  suivante  que  nous  publions,  parce  qu'elle  renferme  des  ré- 
flexions que  d'autres  lecteurs  ont  pu  faire  : 

a  Monsieur  le  Directeur,  je  lis  dans  votre  numéro  du  11  décembre,  page  431, 
une  phrase  de  M.  Dubost  que  je  ne  comprends  pas  très  bien  ;  la  voici  : 

c<  Si  la  production  des  engrais  était  le  but,  on  enfouirait  les  fourrages  en  vert 
au  lieu  de  les  faire  consommer  par  les  animaux  ;  cela  a  été  recommandé,  et  je 
crois  même  tenté,  mais  sans  le  moindre  succès.  » 

«  Que  veut  dire  par  là  l'honorable  professeur  de  Grignon  ?  Faut-il  croire  que 
les  engrais  verts  sont  tout  bonnement  une  utopie  ?  Soyez  assez  bon,  monsieur, 
pour  m'éclairer  à  ce  sujet  et  veuillez  agréer,  etc.  D'.  PuJO.  » 

Nous  avons  communiqué  cette  lettre  à  notre  collaborateur  qui  nous 
répond  dans  les  termes  suivants  : 

«  Mon  cher  Directeur,  voici  l'explication  que  vous  demande  M.  le  docteur 
Pujo  dans  la  lettre  que  vous  voulez  bien  me  communiquer. 

«  Les  plantes  que  l'on  enfouit  en  vert  ne  sont  pas  des  plantes  fourragères.  Les 
fourrages  ont  une  autre  destination  que  de  servir  directement  d'engrais  .  c'est  de 
passer  par  le  corps  du  bétail  pour  le  transformer  en  viande,  en  lait,  en  laine,  ou 
même  simplement  en  forces  mécaniques  pour  l'exécution  des  travaux  de  culture. 
Quant  à  la  tentative  infructueuse  de  convertir  directement  les  fourrages  en 
engrais,  je  n'ai  pas  voulu  dire  que  les  fourrages  sont  impropres  à  servir  d'engrais 
verts,  j'ai  voulu  dire  simplement  qu'il  ne  saurait  être  d'une  bonne  administration 
de  les  affecter  à  cet  emploi.  C'est  d'un  insuccès  financier  que  j'entendais 
parler. 

«  Je  regrette  de  n'avoir  pas  été  assez  clair  pour  être  compris  de  M.  le  doc- 
teur Pujo.  Je  me  mets  volontiers  à  sa  disposition,  s'il  avait  de  nouvelles  explica- 
tions à  me  demander. 

«  Agréez,  etc.  Dubost. 

Il  n'y  a  pas  de  contradiction,  ainsi  que  cette  lettre  le  prouve,  entre 
les  idées  émises  par  M.  Dubost  et  la  pratique  de  l'enfouissement  de  ce 
qu'on  appelle  communément  les  engrais  verts.  J..-A.  Barral. 


LES  VENDANGES  DANS  LES  PAYS  PHYLLOXÉRÉS.  '  449 

LES  VENDANGES  DE  1880  EN  PAYS  PHYLLOXÉRES-  —  II 

La  terre  de  Viviers,  située  sur  la  route  d'Assas,  est  depuis  longtemps 
connue,  et  visitée  par  les  planteurs  de  vignes  américaines.  C'est,  en 
effet,  le  premier  domaine  où  l'on  sest  occupé  sérieusement  de  la  plan- 
tation en  grande  culture  de  ces  cépagos.  Le  premier  vignoble  détruit 
sera  le  premier  reconstitué.  M.  Jules  Pagezy,  son  propriétaire,  est  non 
seulement  un  agriculteur  distingué,  mais  c'est  l'homme  du  monde  qui 
connaît  le  mieux  toutes  les  questions  économiques  se  rattachant 
à  la  vigne  et  à  ses  produits.  Il  eut  à  donner  bien  souvent  des  preuves 
à  la  tribune  de  la  Chambre  des  députés  et  au  Sénat,  où  il  a,  pendant 
de  longues  années,  représenté  et  défendu  avec  une  grande  autorité  et 
une  grande  énergie,  les  intérêts  agricoles  et  commerciaux  de  notre 
département  en  particulier  et  ceux  des  viticulteurs  et  du  commerce  en 
général.  Lorsque  le  besoin  de  repos  s'est  fait  sentir,  il  a  renoncé  aux 
affaires  publiques;  mais  il  est  des  organisations  pour  lesquelles  l'acti- 
vité est  un  besoin,  et  dans  sa  verte  vieillesse  il  a  entrepris  une  lâche 
devant  laquelle  bien  d'autres  auraient  reculé.  Il  a  trouvé  encore  le 
moyen,  en  reconstituant  son  vignoble  détruit,  de  servir  d'exemple  et 
de  relever  les  courages.  Sa  première  plantation  de  Clinton  remonte  à 
l'hiver  de  1873  à  1874.  Il  m'est  arrivé  bien  souvent  d'entendre  dire, 
dans  ces  dernières  années  :  Avez-vous  vu  les  vignes  de  M.  Pagezy?  On 
dit  qu'elles  jaunissent  ou  qu'elles  meurent  par  suite  de  l'affranchisse- 
ment des  greffes.  Les  nouvelles  les  plus  alarmantes  circulent  tous  les 
étés,  nouvelles  intéressées  ou' non;  plusieurs  fois,  pour  me  rassurer, 
j'ai  été  voir,  je  suis  toujours  revenu  satisfait  de  ma  visite.  La  vérité, 
la  voici  :  les  mille  souches  d'Aramont,  greffées  sur  Clinton,  plantées 
en  1874,  ont  produit,  cette  année,  malgré  les  gelées  d'avril  1879, 
4'i  hectolitres  de  vin.  Une  de  ces  souches,  qu'on  a  admirée  au  congrès 
de  Lyon,  portait  32  gros  raisins,  beaucoup  en  avaient  40.  M.  Pagezy 
laisse  dire,  et  justement  fier  des  résultats  obtenus  il  continue  son 
œuvre  :  cinquante  hectares  sont  déjà  replantés  à  Viviers. 

M.  le  vicomte  de  Turenne,  secondé  par  M.  Molinier,  son  homme 
d'affaires,  a  planté  dans  ses  belles  propriétés  de  Pignan  et  de  Valautre 
une  grande  quantité  de  Riparias  qui  ont  donné  de  prodigieux  résul- 
tats. Les  plantations  s'étendent  déjà  sur  120  hectares  à  Valautre  et  sur 
90  au  château  de  Pignan;  les  excellentes  terres  de  Valautre,  fraîches 
et  profondes,  paraissent  très  favorables  à  la  culture  des  Riparias.  J'ai 
compté  sur  180  souches  d'un  an  greffées  en  Aramont  cette  année, 
MiO  reprises;  des  greffes  de  3  ans  ont  produit  16  kilogrammes  de 
raisins  par  souche.  M.  le  vicomte  de  Turenne  imite  l'exemple  que  lui 
donne  sa  belle-mère,  Mme  la  duchesse  de  Fitz  James  le  plus  grand 
agriculteur  du  Gard;  sa  belle  terre  de  Saint-Bénazé,  transfor- 
mée par  elle  en  une  immense  pépinière  américaine,  lui  donne 
de  très  beaux  revenus  par  la  vente  des  sarments  en  attendant  qu'elle 
lui  en  donne  de  plus  considérables  encore  par  la  vente  du  vin. 
La  capacité  et  le  zèle  de  M.  Molinier  sont  un  sûr  garant  de  la  re- 
constitution rapide  des  terres  qu'il  administre. 

M.  Emmanuel  Coulet  a  planté,  dans  sa  propriété  du  Pont-de-Lavé- 
rune,  2  hectares  de  Petit-Bouschet  franc  de  pied. 

Submergé  à  eau  courante,  sans  le  secours  de  machines  élévatoires, 
par  les  eaux  de  la  Mosson,   ce  jeune  plantier  donnera  l'an  prochain 


450  LES  VENDANGES  DANS  U^IS  PAYS  1»HYLL)0XÉRÉS. 

une  fort  belle  récolle  ;  un  seul  point  où  le  nivellement  était  incomplet 
m'a  paru  attaqué  par  le  phylloxéra,  il  set^  facile  d'y  remédier. 

Le  petit  Bou«chet  et  toas  les  plants  de  cette  famille  entrent  pour 
une  ^randepart  dans  la  reconstitution  d^e  nos  vignobles.  Avant  l'inva- 
sion, on  avait  reconnu  les  grands  services  qu'ils  étaient  destinés  à 
rendre. 

iRéunissant  à  la  couleur  du  teinturier  la  fertilité  de  l'Aramont,  du 
Terret,  des  Carignans,  de  tous  nos  cépages  de  grande  culture,  les 
piroduits  des  vignes  Bouschet  jouissai-ent  d'une  grande  faveur  sur 
nos  marchés  viticoles. 

L'obtenteur  de  ces  plants  remarquables  n'a  certainement  pas  été 
récompensé  comme  il  le  méritait,  car  il  a  i^endu  un  éminent  service  à 
la  viticulture  française. 

Les  cépages  Bouschet  réussissent  parfaitement  sur  tous  les  porte- 
greffes  américains  ;  J'en  ai  vu  de  très  beaux  et  chargés  de  fruits,  gref- 
fés sur  Clinton,  chez  M.  Barrai. 

J'engage  donc  nos  agriculteurs  à  ten^r  grand  compte  de  la  valeur 
des  vignes  Bouschet,  car  elles  produiront  une  grande  quantité  de 
fruits  et  de  vins  très  colorés,  recherchés  par  le  commerce. 

M.  Douysset  met  le  Jacquez  au  premier  rang;  pour  M.  Barrai,  le 
Clinton  oc<îupe  la  première  place;  mais  le  meilleur  cépage  pour 
M.  Jullian,  c'est  le  Taylor,. 

ils  ont  tous  trois  obtenu  de  beaux  résultats;  ils  ont  donc  chacun 
la  meilleure  raison  pour  préconiser  leur  cépage  favori,  le  succès. 
M.  J'ullian'a  planté  le  premier  à  Villeneuve-lès-Maguelone,  il  y  a  sept 
ans,  desTaylors,  qu'il  a  greffés  en  Chasselas  dès  la  seconde  feuille. 
4,200  souches  lui  ont  produit  cette  année  2,500  kilog.  de  raisins  pré- 
coces qui  ont  été  expédiés  à  Paris  et  ont  donné  un  très  bon  revenu. 

S'il  est  un  propriétaire  dont  la  ferme  volonté,  la  ]^rsistance  et  les 
sacrifices  méritent  une  récompense,  c'est  assurément  le  propriétaire 
du  domaine  de  Maurin. 

M.  Félix  Sabatier  lutte  depuis  le  premier  jour  avec  une  énergie  que 
rien  o'a  pu  lasser;  après  avoir  essayé,  dans  les  meilleures  conditions 
et  avec  les  plus  grands  soins,  l'emploi  des  agents  chimiques,  et  après 
avoir  vu  mourir  toutes  ses  vignes,  il  a  pris  le  sage  parti  de  recourir  à 
la  submersion  pour  la  vigne  européenne  et  à  l'irrigation  pour  la  vigne 
américaine. 

5^  hectares  de  vignes  européennes  à  la  submersion  et  12  hectares 
de  vignes  américaines  composent  .aujourd'hui  son  vignoble  presque 
renouvelé. 

La  submersion  se  fait  très  complètement  au  moyen  des  eaux  de  la 
rivière  La  Mosson,  élevées  par  de  puissantes  pompes  actionnées  par 
des  locomobiles.  J'ai  parcouru  ces  vignes  qui  présentent  tous  les  ca- 
ractèi-es  d'une  grande  vigueur  et  sont  chargées  de  fruits;  la  récolte  de 
cette  amaée  a  été  malheureusement  amoindrie  par  une  terrible  inva- 
sion d'oïdium  dont  les  soufrages,  contrariés  par  les  pluies  fréquentes, 
n'ont  pu  suffisamment  arrêter  les  effets. 

Les  vignes  américaines  chargées  de  fruits  ne  me  paraissent  pas  avoir 
souffert;  en  somme  :  récolte  satisfaisante  et  espoir  fondé  pour  l'avenir. 

Mais  ce  qu'il  y  a  surtout  d'intéressant  à  Maurin,  c'est  l'Ecole  des 
vignes  et  les  pépinières  américaines. 

Depuis  l'invasion  du  phylloxéra,  M.  Sabatier  a,  l'un  des  premiers. 


LES  VENDANGES  DANS  LES  PAYS  PHYLLOXÉRES.  451 

fait  venir  à  grands  frais  d'Amérique,  une  collection  très  complète  de 
tous  les  cépages  de  ce  pays.  On  peut,  à  l'aide  d'une  classification  très 
exacte,  faire  des  études  très  fructueuses  et  comme  j'ai  eu  la  bonne 
fortune  d'être  guidé  dans  cette  visite  par  le  propriétaire  lui-même,  j'ai 
pu  en  retirer  un  très  grand  profit. 

31.  Sabatier,  grâce  à  sa  prodigieuse  mémoire  et  à  ses  études  appro- 
fondies, possède  à  fond  toute  sa  collection,  et  il  est  impossible  de  ne 
pas  admirer  avec  quelle  facilité  il  sait  reconnaître  au  milieu  de  cet 
océan  de  feuillages,  le  nom,  souvent  fort  difficile  à  retenir  et  à  pronon- 
cer, de  la  variété  qu'on  recherche. 

Avec  un  tel  guide,  on  voit  vite  et  bien,  et  j'engage  les  étrangers  qui 
veulent  se  rendre  compte  des  résultats  obtenus  et  de  ceux  que  l'on 
peut  espérer,  à  aller  visiter  la  collection  des  vignes  de  Maurin.  Je  puis 
leur  donner  l'assumnce,  par  mon  expérience  personnelle,  qu'ils  y 
seront  bien  accueillis  et  qu'ils  emporteront  de  cette  visite  un  agréable 
souvenir. 

M.  Félix  Sabatier  est  un  agriculteur  trop  intelligent  et  trop  pratique 
pour  n'être  pas  partisan  du  canal  du  Rhône,  et,  le  jour  où  ses  eaux 
bienfaisantes  viendront  arroser  nos  plaines  et  nos  coteaux,  c'est  avec 
joie  qu'il  remplacera  ses  machines  d'épuisement  et  ses  locomobiles 
par  des  eaux  de  submersion  d'hiver  et  d'irrigation  d'été  qui  lui  don- 
neront, à  bien  moins  de  frais,  des  résultats  plus  avantageux. 

M.  Barrai  est  le  champion  du  Clinton.  Propriétaire  du  domaine  de 
Lamoure,  près  Mauguio,  et  d'une  terre  près  Celleneuve,  il  planté  le 
Clinton  sur  une  grande  échelle.  Cette  année,  les  vers  blancs  et  gris  ont 
détruit  une  partie  de  sa  récolte  de  raisins  de  Clinton;  en  revanche,  ses 
greffes  lui  ont  donné  de  manilîques  résultats.  Le  Clinton  est  un  ex- 
cellent porte-greffe,  dans  les  terrains  qui  lui  conviennent,  pour  la 
plupart  de  nos  cépages  américains.  Son  bon  marché  et  sa  reprise 
facile  lui  ont  fait  beaucoup  de  partisans;  sa  résistance  est  attestée, 
jusqu'à  présent,  par  des  faits  nombreux;  le  seul  reproche  fondé  qu'on 
puisse  lui  faire,  c'est  qu'il  nourrit  beaucoup  de  phylloxéras  sur  ses  ra- 
cines et  dans  les  galles  de  ses  feuilles;  ce  dernier  inconvénient  dispa- 
raît par  la  greffe,  et  les  attaques  répétées  des  phylloxéras  sur  ses 
racines  attestent  chez  lui  l'énergie  de  sa  résistance  et  de  sa  prodi- 
gieuse vigueur. 

M.  Barrai  récoltera  cette  année  175  hectolitres  de  vin,  et  estime  que 
ses  Aramonts  greffés  sur  Clinton  lui  ont  donné  un  produit  de  200  hec- 
tolitres à  l'hectare. 

M.  des  Hours  emploie  ses  loisirs  à  faire  de  l'agriculture,  il  y  trou- 
vera plus  de  satisfaction  et  plus  de  profit  que  dans  l'administration 
d'un  département.  M.  des  Hours  est  le  fils  d'un  homme  dont  le 
souvenir  est  cher  aux  agriculteurs  méridionaux  et  il  sait  mieux  que 
personne  que  :  noblesse  oblige. 

Le  domaine  de  Mezouls  est  situé  dans  la  fertile  plaine  de  Mauguio; 
son  riche  vignoble  entièrement  détruit  par  le  phylloxéra  sera  bientôt 
reconstitué  par  ses  soins  intelligents. 

Le  Clinton  règne  en  maître  à  iMezouls.  Le  voisinage  de  M.  Barrai  et 
la  réussite  de  ce  cépage  ont  engagé  son  Yoisin  à  en  faire  la  base  de  la 
reconstitution  de  ses  vignes. 

1 5  hectares  sont  déjà  plantés,  greffés  en  Aramont,  Carignan  et 
Petit-Bou&chet;  les  deux  premiers   hectares  greffésj  ont  été  gelés  au 


452  LES  VENDANGES   DANS   LES   PAYS   PHYLLOXI^RÉS. 

mois  d'avril  1879,  ils  ont  néanmoins  produit  cette   année   50   hecto- 
litres à  l'hectare. 

Mezouls  possède  une  très  belle  collection  de  cépages  américains 
plantés  depuis  sept  ans  et  de  vastes  pépinières  très  bien  tenues. 

J'ai  gardé  pour  la  fin  ma  visite  à  l'Ecole  nationale  d'agriculture  de  la 
Gaillarde.  Jeune  d'âge,  vieille  parles  succès,  cette  école  s'est  trouvée 
la  première  sur  la  brèche  en  pays  phylloxéré. 

Abandonnant  pour  un  temps  les  cultures  accessoires,  son  jeune  et 
sympathique  directeur,  aidé  et  soutenu  par  un  corps  de  professeurs  dis- 
tingués, s'est  livré  avec  une  persévérance  qui  ne  s'est  jamais  démentie, 
à  une  lutte  énergique  contre  le  terrible  ennemi  de  nos  riches  vignobles. 

L'Ecole  a  été  ouverte  à  toutes  les  expériences,  ouvertes  à  tous;  elle 
est  devenue  le  champ  d'études  le  plus  complet  qui  existe  en  Europe. 

L'importance  qu'elle  a  déjà  acquise  et  qui  augmente  tous  les  jours, 
lui  a  valu,  de  la  part  du  gouvernement,  des  subventions  qui  lui  ont 
permis  de  s'agrandir  en  augmentant  ses  moyens  d'action. 

Aussi,  de  tous  les  pays  atteints  ou  seulement  menacés,  nous  avons 
vu  accourir  des  délégués  chargés  d'étudier  le  fléau  et  les  moyens  de 
le  combattre  ;  l'Autriche-Hongrie,  l'Italie,  l'Espagne,  l'Allemagne,  la 
Suisse,  ont  envoyé  leurs  agriculteurs  les  plus  éminents,  et  l'accueil 
gracieux  et  cordial  qu'ils  ont  reçu,  les  facilités  qu'ils  y  ont  rencon- 
trées pour  se  livrer  à  leurs  études,  leur  ont  permis  de  se  créer  d'agréa- 
bles et  solides  relations  et  d'échanger  des  idées  utiles  et  profitables 
aux  rapports  existant  entre  la  France  et  les  pays  qu'ils  représentaient. 

Si  bien  que  de  nationale  qu'elle  était,  on  peut  dire  aujourd'hui  que 
l'Ecole  de  Montpellier  est  devenue  une  école  internationale. 

Après  avoir  tout  essayé,  on  a  reconnu  que  la  vigne  américaine  était 
le  seul  moyen  pratique  de  reconstituer  nos  vignes  perdues. 

Tous  les  efforts  ont  alors  tendu  vers  ce  but.  Une  collection  unique 
de  cépages  de  tous  les  pays  du  monde,  à  laquelle  tous  les  viticulteurs 
ont  été  heureux  de  concourir,  a  été  créée  et  sa  remarquable  classi- 
fication en  a  rendu  l'étude  facile  à  tous. 

Des  vignes  d'expériences  ont  été  plantées.  Cette  année  on  a  ven- 
dangé, et  voici  les  résultats  ofticiels  dont  je  dois  la  communication  à 
l'inépuisable  obligeance  de  mon  excellent  ami  le  directeur  de  l'Ecole, 
M.  Camille  Saint-Pierre. 

La  vigne  de  Cunningham  plantée  en  1878,  en  boutures,  surface 
26  ares,  a  produit  1 ,051  kilog.  de  raisins,  ce  qui  représente  à  l'hectare 
un  produit  de  4,082  kilog. 

La  plus  belle  souche  a  donné  6  kilog.  de  raisins,  le  plus  beau  rai- 
sin a  pesé  270  grammes. 

La  vigne  d'Herbemont,  plantée  en  1877,  occupe  une  surface  de 
24  ares,  son  produit  a  été  de  1,295  kilog.  de  raisins.  La  moyenne  de 
la  production  par  souches  a  été  de  2  kilog.  160  grammes.  Le  produit, 
par  hectare,  aurait  été- de  5,400  kilog.;  la  plus  belle  souche  a  donné 
5  kilog.  800  grammes  de  raisins,  et  le  plus  beau  raisin  a  pesé 
290  grammes. 

La  troisième  vigne,  plantée  en  Jacquez  en  1877,  a  une  contenance  de 
29  ares;  son  produit  a  été  de  1 ,934  kilog.  de  raisins,  la  moyenne  par 
souche  de  2  kilog.  384  grammes,  la  plus  belle  souche  portait  7  kilog. 
800  grammes  de  fruits,  le  plus  beau  raisin  pesait  370  grammes. 
[La  suite  prochainement,)  Léon  de  Lunarkt. 


SUR  LES  BASES  SCIENTIFIQUES  DE  L'ALIMENTATION.  453 


SUR  LES  BASES   SCIENTIFIQUES  DE  L'ALIMENTATION 

A  plusieurs  reprises  déjà  l'occasion  s'est  présentée  de  signaler  aux 
agriculteurs  les  exagérations  dans  lesquelles  on  tombe  si  Yaeileinent 
chez  nous,  à  propos  des  recherches  récentes  sur  la  théorie  de  l'alimen- 
tation des  animauv.  D'une  part,  on  nous  montre  les  résultats  de  ces 
recherches  tels  qu'ils  ont  été  obtenus  en  Allemagne,  comme  devant 
être  acceptés  sans  restriction  ni  réserve,  et  on  nomme  leur  ensemble 
«  Talimenlation  rationnelle  ».  Plutôt  que  de  prendre  la  peine  de  l'exa- 
miner et  de  le  discuter,  en  admettant  qu'elles  soient  en  mesure  de  le 
faire,  bien  des  personnes  trouvent  plus  simple  et  plus  commode  de 
l'adopter  aveuglément  et  en  bloc,  et  même  le  plus  souvent  d'en  faire 
honneur  à  ceux  qui  n'en  ont  été  et  n'en  sont  encore  que  les  purs  tra- 
ducteurs ou  les  compilateurs.  Les  conceptions  allemandes  de  Wolff,  de 
Henneberg  et  de  leurs  élèves,  passent  ainsi  dans  un  certain  public, 
pour  mot  d'évangile,  sous  d'autres  noms.  Ce  sont  des  questions  de 
confiance. 

D'autre  part,  on  vient  nous  dire  que  tout  cela  ne  signifie  rien,  que 
les  théories  de  l'alimentation  sont  aujourd'hui  purement  empiriques, 
et  que  tout  est  à  faire  pour  en  établir  qui  soient  assises  sur  la  base  de 
la  science  expérimentale. 

Je  ne  crois  pas  qu'il  soit  dans  l'intérêt  du  progrès  réel  d'osciller  de 
la  sorte  entre  la  foi  et  le  scepticisme  absolu.  Dans  une  conférence  que 
j'avais  été  appelé  à  faire  sur  ce  sujet  à  Nantes,  en  1874,  à  l'occasion 
du  concours  régional,  il  me  semble  être  resté  dans  la  véritable  mesure 
pour  apprécier  la  valeur  de  ce  que  nous  possédons.  Cette  conférence  a 
été  recueillie.  Il  ne  sera  peut-être  pas  inutile  d'en  reproduire  ici  la 
courte  partie  relative  à  la  portée  pratique  des  notions  qui  sont  en 
question.  Six  années  de  recherches  et  de  vérifications  nouvelles  m'ont 
laissé  à  cet  égard  le  sentiment  que  j'exprimais  alors. 

c(  Messieurs,  disais-je  après  avoir  terminé  l'exposition  des  connais- 
sances acquises  sur  les  bases  scientifiques  de  l'alimentation,  nous 
venons  de  faire  de  la  science  exacte,  de  la  science  abstraite,  parce  que 
nous  avons  raisonné  sur  des  bases  rigoureusement  définies.  Est-il 
besoin  d'ajouter  qu'on  s'exposerait  à  commettre  de  graves  erreurs  et 
de  graves  fautes  si  l'on  accordait  à  ces  bases  et  surtout  aux  nombres 
dont  je  me  suis  servi  pour  les  exprimer,  une  valeur  pratique  absolue? 
Gardez-vous  bien  de  ces  erreurs  qui  ont  pour  résultat  certain  de  com- 
promettre la  science,  à  laquelle  sont  dus  tous  nos  respects,  et  qui  sont 
la  cause  ordinaire  de  cet  antagonisme  absurde  trop  souvent  établi  entre 
la  science  et  la  pratique,  par  les  gens  qui  n'ont  pas  assez  de  bon  sens 
pour  comprendre  son  véritable  rôle  et  sa  véritable  utilité.  Ahj  le  boa 
sens,  quelle  chose  précieuse  et  rare,  bien  qu'on  lui  donne  souvent  le 
nom  de  sens  commun  !  On  ne  l'acquiert  point  dans  nos  écoles.  Quand 
on  ne  Ta  pas  apporté  avec  soi  en  y  venant,  on  s'en  retourne  sans  doute 
avec  des  connaissances  acquises,  on  a  la  tête  meublée,  mais  il  manque 
toujours  la  manière  de  s'en  servir  utilement,  parce  qu'on  est  dépourvu 
de  la  faculté  de  discerner  les  cas  de  leur  application  opportune.  La 
science  agit  sur  des  données  qu'elle  a  pour  objet  de  réduire,  par  l'ana- 
lyse des  phénomènes,  à  leur  dernier  degré  de  simplicité.  Dans  la  pra- 
tique, au  contraire,  on  est  toujours  en  face  de  faits  complexes,   qu'il 


454  SUR  LES   BASES   SCIENTIFIQUES   DE  L'ALIMENTATION. 

s'aiîit  précisément  d'analyser  à  l'aide  des  données  scienlifiques,  en 
faisant  funclioiiner  celles  ci  de  la  manière  judicieuse  qu'indique  cette 
faculté  que  nous  '^ 'lions  de  nommer  le  bon  sens. 

«  Ne  \oyez  doi*  je  vous  en  prie,  dans  les  bases  scientifiques  pré- 
cises que  je  viens  d'exposer  devant  vous,  rien  autre  chose  que  des 
points  de  repère  pour  vous  guider  dans  la  pratique  de  l'alimentation 
de  vos  animaux.  En  parlant  ainsi,  je  ne  songe  pas  à  en  amoindrir  la 
valeur,  croyez-le  bien.  Je  les  tiens  pour  les  guides  les  plus  précieux 
auxquels  vous  puissiez  vous  confier.  J'entends  seulement  qu'ils  ne 
sauraient  vous  dispenser  des  qualités  qui  font  le  pralirien  habile,  du 
tact  sensé  qui  fait  l'observateur  atieniif  et  judicieux.  Ils  décupleront 
votre  puissance,  si  vous  savez  les  inter|)réter  et  les  approprier  aux  cas 
particuliers.  Songfz  que  dans  1  animalité,  il  n'y  a  pas  deux  unités 
absolument  semblableset  que  nos  nombres  scientifiques  représentent 
des  moyennes  abstraites.  C'est  l'individualité  qui  domine,  dans  la 
pratique  zoolechnique  surtout,  et  qui  crée  les  plus  grandes  difficultés 
d'application,  difficultés  insurmontables  pour  le  praticien  empirique, 
tandis  que  le  praticien  éclairé  ou  guidé  par  la  science  en  vient  toujours 
à  bout,  s'il  est  doué  du  vérilable  sens  pratique. 

«  Dans  les  limites  que  je  viens  de  tracer,  vous  pouvez  toutefois  tenir- 
les  données  en  question  pour  tout  à  fait  cerlaines  ou  scientifiques. 
Elles  résultent  d'expérimentations  rigoureuses,  dans  lesquelles  on 
analyse  tout  ce  qui  entre  au  corps  animal  objet  de  la  recherche,  et 
tout  ce  qui  en  sort,  pour  conclure,  par  le  bilan,  ce  qui  a  été  retenu  ou 
utilisé.  » 

Te. le  est  encore  présentement  ma  propre  appréciation.  Les  exagé- 
rations dont  elle  s'écarte  ne  se  produisent  pas  seulement  en  France.  On 
en  observe  aussi  en  Allemagne,  dont  les  nôtres  ne  sont  peut-être  que 
des  échos.  L'an  passé,  celles  auxquelles  Emile  Wolfî  se  laisse  si  volon- 
tiers entraîner,  vraisemblablement  en  sa  qualité  de  pur  chimiste,  lui 
ont  valu  de  vives  critiques  venues  de  deux  côtés  dilTerents  et  tous  les 
deux  également  autorisés.  Julius  Kiihn  lui  a  reproché  vertement  la 
valeur  absolue  qu'il  accorde  à  ses  miryennes,  dans  le  calcul  des 
normes  d'alimentation.  On  sait  qu'en  ces  matières  Julius  Kûhn  a  le 
sens  pratique  très  développé.  Wikkens,  allant  beaucoup  plus  loin,  a 
contesté  toute  valeur  à  ses  combinaisons,  en  insistant  sur  l'incertitude 
des  méthodes  d'analyse  usitées  et  en  faisant  remarquer  d'ailleurs  que 
les  méthodes  de  la  chimie  ne  sont  pas  suffisantes  dans  les  recherches 
physiolof^iques. 

Sans  doute  il  reste  encore  bien  des  choses  à  faire  pour  que  tous  les 
problèmes  posés  par  l'alimentation  des  animaux  soient  résolus.  Il  ne 
paraît  pas  douteux,  par  exemple,  qu'il  y  aurait  grand  avantage  à  ce 
que  lanalyse  immédiate,  pour  ce  qui  concerne  le  groupe  des  matières 
azotées,  pût  être  substituée  à  l'hypothèse  dont  on  a  dû  jusqu'à  présent 
se  contenter.  On  ne  peut  pourtant  pas  méconnaître,  sans  manquer  de 
justice,  que  des  eflorts  nombreux  et  persévérants  se  font  en  Allemagne 
dans  cette,  direction.  Cela  ne  fait  que  plus  cruellement  sentir  l'ennui 
des  di  ficultés  qu'on  éprouve,  chez  nous,  à  obtenir  les  moyens  maté- 
riels de  paPL-ourir  soi-même  les  voies  qu'on  a  ouvertes  et  sur  lesquelles 
on  éprouve  le  chagrin  de  se  voir  distancer  par  les  étrangers.  Mais, 
encore  une  l'ois,  de  ce  que  tout  n'est  pas  fait,  est-il  permis  de  conclure 
que  tout  reste  à  faire  ? 


SUR  LES  BASES  SCIEiNTIFIQUES.  DE  L'ALIMENTATIOX.  455 

La  science,  d'où  qu'elle  vienne,  est  le  patrimoine  commun.  C'est 
une  pure  maladresse  de  la  rejeter  à  cause  de  son  origine.  Elle  n'a  pas 
de  nationalité.  Les  savants  seuls  en  ont  une,  et  ce  n'est  pas  moi  qui 
leur  reprocherai  d'y  tenir.  Avec  ce  qui  est  acquis  déjà  sur  la  théorie 
de  l'alimentation,  je  dis  acquis  solidement,  et  en  laissant  de  côté 
tout  ce  qui  prête  au  doute  ou  bien  doit  être  sans  hésitation  reconnu 
comme  sans  valeur,  il  y  a  de  quoi  rendre  à  la  pratique  de  signalés 
services.  Nous  en  avons,  je  crois,  donné  de  nombreuses  preuves,  et 
je  puis  ajouter  que  nous  en  donnons  tous  les  jours,  sans  bruit  et  sans 
les  taire  valoir  par  des  moyens  de  mise  en  scène.  Il  serait  fâcheux 
que  de  simples  affirmations,  peut  être  un  peu  légèrement  formulées, 
et  en  tout  cas  dépourvues  de  justifications  suffisantes,  pussent 
détourner  les  agriculteurs  français  éclairés  et  désireux  de  progresser, 
de  Tintérêt  qu'ils  prennent  de  plus  en  plus  aux  questions ^dont  il 
s'agit. 

Plutôt  que  de  condamner  ainsi  eu  bloc  et  sur  des  considérations 
pour  la  plupart  étransjères  au  sujet,  tout  un  ensemble  de  recherches 
qui  attestent  au  moins  la  bonne  volonté  des  laborieux  travailleurs 
qui  les  exécutent,  ne  vaudrait-il  pas  mieux  en  reprendre  soi-même 
les  parties  faibles  et  contribuer  à  leur  amélioration?  Ce  serait,  je 
crois,  la  meilleure  manière  de  servir  la  science  de  l'alimentation.  La 
seule  critique  véritablement  utile  est  celle  qui  substitue  la  vérité  à 
l'erreur.  Un  outil  imparfait  vaudra  toujours  mieux,  pour  travailler, 
que  l'absence  d'outil  quelconque.  Quand  on  compare  ce  qui  s'obtient 
aujourd'hui,  dans  l'alimentation  des  animaux,  à  ce  qui  s'obtenait,  du 
moins  en  France,  il  y  a  seulement  dix  ans,  il  est  impossible  de  ne 
pas  constater  un  très  grand  progrès.  Peut-on  nier  qu'il  soit  dû  à  la 
diffusion  des  notions  scientifiques?  Pour  le  contester,  il  faudrait  ne 
l'avoir  point  observé.  Et  je  crains  bien  que  ce  soit  le  cas  de  ceux  qui 
le  contestent.  Ecrire  est  une  chose;  observer  en  est  une  autre,  il  ne 
faut  pas  les  confondre. 

Je  voudrais  saisir  l'occasion  de  revenir  sur  quelques  notions  qui 
ont  besoin  d'être  rétablies  dans  leur  expression  (exacte. 

Nul  n'a  jamais  eu,  que  je  sache,  la  prétention  d'infirmer  la  théorie 
dynamique  de  la  chaleur,  dont  le  principe  est  dû  à  Carnot,  et  non 
point  à  Mayer  de  Heilbronn,  non  plus  qu'à  Helmholtz  ou  à  Hirn.  En 
démontrant  que,  dans  l'organisme  animal,  la  transformation  de  la 
chaleur  en  travail  n'est  pas  possible,  on  a  fait  voir  seulement  que  la 
machine  animale  ne  fonctionne  point  comme  la  machine  à  feu,  comme 
la  machine  à  vapeur.  Et  il  est  évident  que  la  démonstration  d'un  tel 
fait  n'a  pas  seulement  un  intérêt  de  curiosité.  Car  elle  a  des  consé- 
quences pratiques  de  la  plus  grande  importance,  et  pour  l'alimenta- 
tion et  pour  l'emploi  des  moteurs  animés.  Ces  conséquences,  je  les  ai 
exposées  et  développées  à  plusieurs  reprises.  Personne,  jusqu'à  pré- 
sent, n'a  cherché  à  les  réfuter,  pas  plus  que  la  démonstration  du  fait. 

JMais  il  est  non  moins  évident  que  cela  ne  touche  en  rien  au  prin- 
cipe fondamental  de  la  thermodynamique,  principe  absolument  inat- 
taquable. La  conservation  de  l'énergie  et  ses  transformations  par  voie 
d'équivalence  n'en  subsistent  pas  moins,  parce  que  dans  la  machine 
animale  celle  énergie  se  dégage  directement  sous  forme  de  travail,  au 
lieu  de  se  dégager  sous  forme  de  chaleur;  parce  que  du  travail  s'y 
transforme  en  chaleur,  au  lieu  que  ce  soit  la  chaleur  qui  s'y  trans- 


456  SUR   LES   BASES   SCIENTIFIQUES  DE    L'ALIMENTATION. 

forme  en  travail.  La  seule  différence  est  que  le  rendement  en  travail 
de  l'alimentation  est  considérablement  plus  élevé  dans  la  machine 
animale  que  dans  la  machine  à  vapeur. 

Si  la  chaleur  a  un  équivalent  mécanique^  le  travail  a,  inversement, 
un  équivalent  calorifique.  425  kilogrammètres  équivalent  à  une  calo- 
rie comme  la  calorie  équivaut  à  4  "2 5  kilogrammètres.  Que  peuvent 
donc  signifier  des  jugements  sommaires  comme  celui  qui  consiste  à 
dire  purement  et  simplement  que,  jusqu'à  preuve  du  contraire,  nous 
devons  admettre  que  la  force  provient  de  la  transformation  de  la  cha- 
leur? Est-ce  que  cette  preuve  du  contraire,  et  péremptoire,  n'a  pas  été 
donnée?  Est-ce  que  le  principal  de  ses  éléments  ne  se  trouve  pas  pré- 
cisément énoncé  à  plusieurs  reprises  avant  la  proposition  contradic- 
toire qui  vient  d'être  formulée?  Qu'est-ce  que  cela  signifie,  encore  une 
fois?  Et  de  quelle  autorité  se  permet-on  de  qualifier  de  simples  affir- 
mations des  constatations  qui  ont  pour  auteur,  par  exemple,  un  phy- 
sicien comme  Glausius,  et  qui  sont  d'ailleurs  conformes  au  théorème 
de  Carnot?  En  vérité,  cela  passe  l'imagination.  On  serait  en  droit  de 
se  montrer  sévère,  en  présence  d'une  telle  légèreté. 

Il  est  certes  permis  de  discuter  tout  un  ensemble  de  travaux 
auxquels  s'applique,  sur  la  surface  de  l'Europe,  une  pléiade  de  cher- 
cheurs consciencieux  et  persévérants,  parmi  lesquels  on  peut  compter 
bon  nombre  de  savants  de  premier  ordre.  En  signaler  les  côtés  faibles 
est  même  un  devoir.  Tout  le  monde  ne  peut  pas  être  soi-même  cher- 
cheur. La  critique  a  son  rôle  utile,  pourvu  qu'elle  soit  sérieuse.  Mais 
se  borner  à  nier  avec  désinvolture  la  valeur  des  résultats  péniblement 
acquis,  sans  même  s'apercevoir  que  le  peu  d'arguments  qu'on  a 
fournis  sont  en  contradiction  avec  la  négation,  et  que  tout  cela  se  suit 
sans  aucun  lien,  on  n'en  voit,  à  aucun  égard,  l'utilité. 

Le  comble,  c'est  de  proclamer  que  les  systèmes  d'alimentation 
déduits  des  recherches  scientifiques  n'ont  d'autre  mérite  que  celui  du 
bon  marché.  Et  quels  autres  voudriez-vous  donc  qu'ils  eussent,  s'il 
vous  plaît?  Est-ce  que  nous  nous  donnons  de  la  peine  dans  d'autres 
vues  que  celle  d'améliorer  les  conditions  industrielles  des  entreprises 
zootechniques?  On  aime  assurément  la  science  pour  elle-même  et  pour 
cela  seul  qu'elle  est  la  vérité.  Le  vrai  savant,  en  la  cultivant,  n'y 
cherche  point  des  occasions  de  lucre  personnel,  et  c'est  ce  qui  lui 
donne  droit  à  une  estime  et  à  un  respect  particuliers.  Mais  ne  sait-on 
pas  que  les  découvertes  scientifiques  sont  toujours  bonnes  et  utiles 
pour  l'intérêt  public,  en  augmentant  notre  puissance  pour  nous  appro- 
prier les  forces  naturelles?  A  quoi  pourraient  bien  conduire  celles 
touchant  l'alimentation  des  machines  animales,  si  ce  n'est  à  nous 
mettre  en  mesure  d'en  obtenir  un  plus  fort  rendement  pour  la  même 
dépense  ou  le  même  rendement  pour  une  moindre  dépense? 

Pour  mon  compte,  je  déclare  sans  hésiter  que  tout  ce  qui  satisfait 
à  une  telle  condition  me  suffit  amplement,  pour  la  raison  bien  simple 
que  cela  ne  se  peut  point  réaliser  sans  que  le  point  de  vue  biologique 
reçoive,  de  .son  côté,  pleine  satisfaction.  En  ce  qui  concerne  le  fonc- 
tionnement des  êtres  organisés,  le  point  de  vue  chimique  ne  se  sépare 
pas  du  biologique.  Ici  la  chimie  n'est  qu'un  outil. 

En  définitive,  concluons  qu'il  ne  saurait  être  bon  de  chercher,  pour 
des  motifs  dont  je  n'ai  point  à  m'occuper,  à  détruire  la  confiance  que 
les  résultats  des  recherches  scientifiques  sur  l'alimentation   peuvent 


SUR  LES  BASES  SCIENTIFIQUES  DE  L'ALIMENTATION,  457 

inspirer  aux  agriculteurs.  Que  cette  confiance  soit  maintenue  dans  ses 
justes  limites,  rien  de  mieux.  Notre  devoir  est  de  nous  élever  toujours 
contre  les  exagérations  auxquelles  le  sujet  ne  peut  pas  plus  échapper 
qu'aucun  autre,  et  c'est  pourquoi  cet  article  a  été  écrit.  Celles  dans 
le  sens  du  dénigrement  sont  toutefois  encore  plus  repréhensibles  que 
les  autres.  Car  si  l'adhésion  enthousiaste  et  irréfléchie  peut  conduire 
quelques  personnes  au  découragement  par  la  déception,  la  négation 
systématique  est  absolument  et  nécessairement  stérilisante. 

A.  Sanson, 

Professeur  de  zuologie  et  zootechnie 
à  l'École  nationale  de  Grignon  et  à  l'Institut  national  agronomique. 

DU  TOURTEAU  DE  CHANVRE  -  COMPOSITION  ET  USAGES 

Le  tourteau  de  chanvre  auquel  nous  allons  consacrer  quelques 
lignes  est  un  de  ceux  que  recherche  le  plus  l'agriculture  comme 
engrais.  C'est  surtout  à  la  culture  du  lin  et  du  tabac  que  ce  tourteau 
est  employé.  On  le  considère  généralement  comme  un  engrais  chaud, 
c'est-à-dire  que  c'est  un  engrais  dont  la  décomposition  est  assez 
rapide  et  qui  fournit  par  suite,  assez  promptement  aux  plantes  pour 
lesquelles  on  le  met  en  terre,  les  éléments  nécessaires  à  leur  nutrition. 
Mais  il  est  très  rare,  dans  nos  contrées  du  moins,  de  voir  ce  produit 
utilisé  à  l'alimentation  du  bétail,  et  c'est  sur  ce  point  intéressant  que 
nous  voulons  rappeler  aujourd'hui  l'attention  des  cultivateurs.  Nos  voi- 
sins, les  Hollandais,  les  Allemands,  les  Danois  et  les  Suédois  emploient 
presque  exclusivement  les  tourteaux  de  chanvre  à  l'alimentation  du 
gros  bétail  et  paraissent  s'en  trouver  fort  bien.  C'est  môme  chez  eux 
que  s'écoule  une  grande  partie  de  notre  production  de  ces  résidus. 

N'ayant  pas  eu  jusqu'ici  l'occasion  de  constater  dans  la  pratique  de 
nos  cultivateurs  du  Nord  cette  utilisation  à  l'alimentation,  du  produit 
qui  nous  occupe,  nous  avons  voulu  rechercher  si  dans  la  composition 
de  ce  tourteau  il  y  avait  quelque  substance  nuisible  ou  dangereuse, 
et  si   sa   consommation  pouvait  présenter  quelque  inconvénient. 

Nous  avons  recouru  pour  cela  à  l'analyse  chimique  et  à  des  essais 
pratiques. 

Pour  faire  nos  analyses,  nous  avons  examiné  avec  soin  les  échan- 
tillons des  principales  maisons  de  production  s'occupant  de  l'extrac- 
tion de  l'huile  de  chanvre  ou  de  chènevis,  et  nous  avons  trouvé  dans 
ces  produits  une  composition  assez  constante,  s'écartant  assez  peu  de 
celle  de  l'échantillon  que  nous  ont  adressé  MM.  Marchand  frères,  de 
Dunkerque,  dont  voici  l'analyse  : 

Humidité 13.25 

Albumine  et  gluten  azotés 29.68 

Huile  grasse 6.22 

Amidon 9.07 

Sucre  et  gomme 5 .  32 

Cellulose 14.25 

Matières  extractives  diverses 10 ,  95 

Phosphate  de  chaux 5.17 

Chlorure  de  sodium 1.47 

Sels  divers  de  potasse  et  soude 2.44 

Carbonate  de  chaux,  magnésie,  etc 2.25 

100.00 
Azote  :  4.75  pour  100 

Acide  phosphorique  :  2.37      — 

Les  tourteaux  analogues  d'autres  provenances  renfermaient  une  pro- 
portion d'azote  variant  entre  4.10  et  5.20  pour  100.  Celui  dont  nous 


458  TOURTEAU  DE  CHANVRE,  VALEUR  ET  COMPOSITION. 

donnons  l'analyse  correspond  bien  à  la  moyenne  des  divers  échantil- 
lons examinés. 

Outre  la  proportion  de  chlorure  de  sodium  (sel  marin)  naturellement 
contenue  dans  tous  les  produits  semblables,  IMIM.  Marchand  en  ont  ajouté 
environ  1  pour  100,  ce  qui  a  élevé  un  peu  Ja  quantité  de  ce  sel  dans 
le  tourteau  analysé.  Cette  addition  a  pour  but  d'empêcher  l'altération, 
réchauffement  ou  la  moisissure  de  ces  matières.  Chacun  sait,  en  effet, 
que  toutes  les  matières  organiques  soumises  à  la  salaison,  depuis  les 
fourrages  verts  jusqu'aux  viandes  destinées  à  l'homme,  résistent  bien 
mieux  à  la  fermentation  et  à  la  décomposition  que  celles  qui  n'ont  pas 
subi  cette  opération.  On  peut  ajouter  encore  à  cela  que  les  bestiaux 
aiment  le  goût  du  sel,  qu'ils  mangent  plus  volontiers  les  aliments  oii 
cet  ingrédient  a  été  répandu  également  et  avec  ménagement,  et  que 
cette  pratique  a  toujours  été  regardée  comme  très  favorable  à  leur 
engraissement.  On  ne  peut  donc  qu'approuver  les  industriels  qui  l'ont 
adoptée  et  l'emploient  avec  discrétion. 

Les  essais  pratiques  de  nourriture  au  moyen  des  tourteaux  de 
chanvre  ont  été  faits  sur  des  bœufs,  vaches,  chevaux  et  moutons,  qui 
tous  ont  paru  accueillir  très  bien  cette  nourriture.  On  doit,  néan- 
moins, éviter  d'en  donner  trop  à  la  fois  aux  moulons,  que  cela  échauf- 
ferait facilement. 

Quand  nous  aurons  ajouté  que  ces  tourteaux  valent  beaucoup  moins 
cher  que  les  autres,  tels  que  ceux  de  pavot,  œillette,  lin,  qui  coû- 
tent de  20  à  2S  fr.  les  100  kilog.,  tandis  que  ceux-ci  sont  vendus  au 
prix  de  1 4  fr.  50  rendus  en  toutes  gares  du  Nord,  nous  croyons  que  nous 
aurons  suffisamment  renseigné  les  cultivateurs  pour  qu'il  apprécient 
l'intérêt  qui  existe  pour  eux  à  faire  entrer,  désormais,  le  tourteau  de 
chanvre  dans  la  nourriture  de  leurs  animaux.         A.  Ladu-reau, 

Directeur  de  la  Station  agronomique  du  Nord 

JURISPRUDENCE  AGRICOLE 

Un  cultivateur  de  graines  potagères  peut-il,  en  dehors  des  temps 
de  chasse,  tuer  au  fusil  les  oiseaux  Cdans  l'espèce,  des  sansonnets 
et  des  chardonnerets)  qui  mangent  et  gaspillent  sa  récolte? 

Aux  termes  de  l'article  9  §,  3  de  la  loi  du  3  mai  184A,  le  préfet 
peut,  sur  l'avis  du  Conseil  général,  prendre  des  arrêtés  pour  détermi- 
ner :  rt  Les  espèces  d'animaux  malfaisants  et  nuisibles  que  le  proprié- 
«  taire,  possesseur  ou  fermier  pourra  en  tout  temps  détruire  sur  ses 
«  terres,  et  les  conditions  de  l'exercice  de  ce  droit,  sans  préjudice  du 
«  droit  appartenant  au  propriétaire  ou  au  fermier  de  repousser  ou  de 
((  détruire,  même  avec  des  armes  à  feu,  les  bêles  fauves  qui  porteraient 
«  dommage  à  ses  propriétés,  » 

Si  donc  le  préfet  avait  pris  un  arrêté  rangeant  les  sansonnets  et  les 
chardonnerets  parmi  les  animaux  malfaisants  et  nuisibles,  le  proprié- 
taire aurait  le  droit  de  tuer  ces  oiseaux  en  tout  temps,  à  charge  toute- 
fois de  se  conformer  aux  prescrijjtions  de  l'arrêté  préfectoral,  et 
notamment  de  ne  faire  usage  que  des  moyens  de  destruction  auto- 
risés. 

Mais,  en  l'absence  d'un  arrêté  de  ce  genre,  quel  est  le  droit  des  pro- 
priétaires ? 

11  est  bien  évident  qu'ils  ne  peuvent  se  prévaloir  de  la  disposition 
finale  de  l'article  9;  car  les  sansonnets  et  les  chardonnerets  ne  sau- 


JURISPRUDENCE    AGRICOLE.  459 

raient,  malgré  ^us  les  ravages  qu'ils  peuvent  causer  aux  récoltes,  être 
considérés  comme  des  hètes  fauves  pi-opreraniil  dites. 

Cependant,  à  maintes  reprises,  [^.a  tribnnaux  ont  décidé  que  le 
propriétaire,  fermier  on  possesseur,  avait  le  <lroit  de  détruire  ea  tout 
temj)S  et  par  tous  moyens,  notamment  pir  les  armes  à  feu,  les  ani- 
maux qui  causent  à  sa  propriété  un  dommage  actuel,  encore  bien 
qu'ils  n'aient  point  été  classés  au  nombre  des  animaux  malfaisants 
et  nuisibles,  et  qu'ils  n'aient  rien  de  commun  avec  les  bêtes 
fauves. 

i(  La  destruction  de  ces  animaux,»  dit  un  arrêt  de  la  Cour  de 
Rouen  du  7  août  18(i2,  «  no  saurait  constituer  le  fait  de  chasse  puis- 
«  qu'il  se  rattache  à  Texercice  du  droit  de  défense,  d'une  défense 
«  nécessaire  et  légitime,  ayant  pour  objet  non  p:is  seulement  l'intérêt 
«  du  propriétaire,  mais  aussi  l'intérêt  géoéral  de  la  conservation  des 
«récoltes.  »  (Dalloz  J8b4-2-132).  Il  s'agissait  dans  l'espèce  de 
dégâts  causés  par  des  corbeaux  et  des  pigeons. 

Il  a  été  juge  de  même:  pour  des  oiseaux,  par  un  arrêt  de  la  Cour 
d'Agen  du  21  juillet  1852  (Dalloz,  1853-2-  10);  pour  des 
pigeons,  par  un  arrêt  de  la  Cour  de  Rouen  du  14  février  18*5  (Dalloz, 
1845  -  2-5),  et  par  un  jugement  du  Tribunal  correctionnel  de  Cler- 
mont  du  20  mars  1>68  (Dali.,  1871  -  3  -  100). 

Mais  d'après  ces  mêmes  décisions,  cette  faculté  du  propriétaire, 
par  cela  même  qu  elle  procède  du  droit  de  légitime  défense,  ne  peut 
s'exercer  qu'en  présence  d'un  dommage  réel.  Il  faut  que  les  oiseaux 
soient  tires  au  moment  même  oii  ils  commettent  leurs  dei^âis.  Autre- 
ment le  propriétaire  se  rendrait  coupable  d'un  véritable  délit  de  chasse. 

Cette  jurisprudence,  qui  paraissait  tout  à  fait  assise,  vient  pourtant 
d'être  contredite  par  un  arrêt  tout  récent  de  la  Cour  de  cassation. 

Cet  arrêt,  rendu  le  1  I  juin  1880,  décide  en  effet  que  les  pif/eons 
ramiers  et  les  pies  ne  rentrent  pas  dans  la  catégorie  des  bêtes  fauves  qui 
seules  peuvent  être  détruites  en  tout  temps,  sans  autorisation,  même 
avec  des  armes  à  feu,  en  cas  de  dommage  causé  aux  récoltes.  Cette 
expression  de  bêtes  fauves,  d'après  l'arrêt,  s'applique  uniquement  aux 
animaux  tels  que  les  cerfs,  daims,  chevreuils  ou  encore  aux  san- 
gliers, loups,  renards,  etc.,  mais  ne  saurait  comprendre  le  menu 
gibier,  tel  que  les  oiseaux,  lesquels,  dans  les  anciennes  ordonnances, 
étaient  toujours  distingués  des  bêles  fauves.  L'arrêt  repousse  impli- 
citement, mais  nettement,  la  doctrine  qui  avait  prévalu  jusi]ue-là  et  qui 
consistait  à  voir  l'exercice  du  droit  de  légitime  défense  dans  le  fait  de 
tuer  des  oiseaux  portant  dommage  aux  récolles,  encore  que,  à  propre- 
ment parler,  on  ne  pût  pas  les  classer  dans  la  catégorie  des  bêtes 
fauves.  La  Cour  de  cassation  rejette  toute  distinction  ;  suivant  elle,  le 
droit  de  détruire  en  tout  temps,  avec  des  armes  à  feu,  les  animaux 
malfaisants  n'existe  qu'à  l'égard  des  bêtes  fauves.  Pour  les  autres  ani- 
maux, et  spécialement  pour  les  oiseaux,  le  droit  ne  peut  exister  qu'en 
vertu  d'un  arrêté  préfectoral.  Cet  arrêt,  très  intéressant,  est  suivi  dans 
Dalloz  (1880-  I  -2Sl)  d'ime    note  substantielle  qu'on  lira  avec  fruit. 

En  présence  d'une  pareille  décision  émanant  de  la  Cour  suprême, 
nous  pensons  que,  en  l'absence  d'un  arrêté  préfectoral,  il  est  prudent 
de  ne  pas  faire,  en  temps  prohibé,  la  chasse  aux  sansonnets  et  aux 
chardonnerets.  Eue.  Pouillet, 

Avocat  à  la  Cour  de  Paris. 


460  BIBLIOGRAPHIE  AGRICOLE. 

BIBLIOGRAPHIE  AGRICOLE  " 

Les  principales  applications  de  Vélectricité,  par  E.  Hcspitalieb,  ingénieur  des  arts  et  manufac- 
tures. —  Un  volume  in-8",  orné  de  133  figures  dans  le  texte  et  de  4  planches.  —  Librairie  de 
G.  Masson,  120,  boulevard  Saint-Germain,  à  Paris.  —  Piix  :  30  fr. 

Voici  le  deuxièsne  Yolume  de  la  bibliothèque  de  la  Nature.  La 
semaine  dernière,  nous  parlions  du  premier  volume,  et  nous  signalions 
les  enseignements  que  le  cultivateur  peut  y  puiser;  nous  pourrions 
recommencer  les  mêmes  réflexions  avec  autant  d'à-propos.  Cette 
fois,  il  s'agit  de  l'électricité,  de  cette  force  immense  que  l'homme  a  su 
rapidement  appliquer  à  un  si  grand  nombre  des  besoins  des  sociétés 
modernes.  L'électricité  est  la  puissante  servante  de  l'homme  civilisé  :  pour 
lui,  elle  éclaire,  elle  parle,  elle  supprime  les  distances,  et  même  elle 
commence  à  travailler.  C'est  là  que  l'agriculture  l'attend,  pour  appli- 
quer avec  son  aide,  à  la  culture  du  sol,  les  innombrables  forces  natu- 
relles disséminées  sur  tous  les  points  du  globe  et  dont  on  ne  peut 
utiliser  encore  qu'une  bien  faible  partie.  Le  problème  commence  à 
être  résolu;  l'année  passée,  nous  avons  raconté  ici  les  expériences 
de  Sermaize;  nous  les  trouvons  signalées  de  nouveau  dans  le  livre  de 
M.  Hospitalier,  et  nous  lui  empruntons  une  gravure  (fîg.  40)  qui 
reproduit  ces  essais  avec  une  grande  fidélité.  Par  ce  que  l'homme  a 
déjà  obtenu  de  l'électricité,  on  peut  bien  augurer  de  l'avenir.  L'exposé 
de  ces  conquêtes  est  fait,  avec  une  grande  habileté,  par  M.  Hospitalier. 
Dans  un  style  clair  et  précis,  il  les  passe  successivement  en  revue, 
sans  rien  omettre,  et  en  sachant  se  mettre  à  la  portée  de  tous  les  lec- 
teurs. Son  livre  sera  utile  à  lire,  et  on  y  reviendra  avec  profit.  Per- 
sonne, d'ailleurs,  n'a  le  droit  de  se  tenir  en  dehors  du  grand  courant 
scientifique  qui  emporte  le  siècle;  il  faut  beaucoup  apprendre  et  avoir 
la  curiosité  de  connaître  beaucoup,  dans  quelque  voie  que  Ton  dirige 
ses  efïbrts.  Dans  un  avenir  plus  ou  moins  éloigné,  pour  en  revenir  à 
notre  sujet,  les  applications  de  l'électricité  seront  devenues  univer- 
selles ;  ceux  qui  auront  suivi  ce  mouvement  seront  les  mieux  préparés 
à  savoir  en  tirer  parti. 

les  poissons  d'eau  douce  et  la  pisciculture,  par  M.  Ph.  Gaukleh,  ingénieur  en  chef  des  ponts  et 
chaussées.  —  Un  volume  in-8°,  avec  figures  dans  le  texte.  —  Librairie  de  Germer  Baillière,  108 , 
boulevard  Saint-Germain,  à  Paris.  —  Prix  :  8  fr. 

La  pisciculture  est  revenue  à  l'ordre  du  jour  :  les  importants  articles 
de  notre  excellent  collaborateur,  M.  Chabot-Karlen,  n'ont  pas  été  étran- 
gers à  ce  mouvement  de  l'opinion,  ils  ont  montré  que,  dans  la  plu- 
part des  autres  pays,  on  s'est  vivement  occupé  des  moyens  d'augmen- 
ter la  production  des  eaux,  tandis  qu'en  France,  sauf  sur  quelques 
points  des  plages  marines,  on  a  presque  toujours  piétiné  sur  place.  Le 
nouveau  livre  que  nous  annonçons,  vient  ainsi  à  une  heure  favorable; 
son  auteur  marche  d'ailleurs  dans  la  même  voie  que  M.  Chabot-Kar- 
len. Comme  lui,  il  démontre  que  la  pisciculture  est  un  art  qu'on  peut 
pratiquer  à  peu  de  frais  pour  obtenir  de  grands  résultats;  comme  lui 
encore,  il  insiste  sur  l'importance  des  ressources  qu'on  peut  tirer 
soit  de  l'appropriation  des  étangs,  soit  de  la  multiplication  des  pois- 
sons voyageurs. 

La  première  partie  du  livre  de  M.  Gaukler  est  consacrée  aux  carac- 
tères et  aux  mœurs  des  poissons  que  l'on  rencontre  le  plus  habituel- 
lement dans  nos  rivières  et  nos  cours  d'eau.  11  passs^  ensuite  successi- 


462  BIBLIOGRAPHIE    AGRICOLE. 

vementen  revue  les  divers  procédés  que  l'on  emploie  pour  obtenir  la 
multiplication  des  espèces  les!  plus  utiles,  pour  les  faire  prospérer  et 
les  inlrodi]ire  dans  les. eaux  oii  elles  n'existaient  pas  auparavant.  Ces 
procédés  peuvent  se  grouper  sous  les  titres  suivants  :  T  la  culoni>a- 
tion  des  eaux  par  l'introduction  de  poissons  adultes,  capables  de  se 
reproduire;  2"  l'élevage  dins  des  étangs  ou  dans  des  eaux  fermées; 
3°  la  récolle  du  frai  naturel,  son  transport  et  sa  conservation  ; 
4"  l'appropriation  des  cours  d'eau  aux  convenances  de  certaines 
espèces  par  l'organisation  de  frayères  et  refuges,  par  la  destruction 
'des  espèces  nuisibles  et  par  l'établissement  de  réserves  et  d'échelles  à 
poissons;  5°  la  pisciculture  artificielle  ;  6°  la  destruction  des  animaux 
ennemis  des  poissons.  Sur  chacune  de  ces  questions,  M.  Gaukler 
entre  dans  des  détails  qu'il  est  impossible  d'analyser  ici,  mais  ses 
conseils  peuvent  se  résumer  en  ces  mois  :  du  soin,  beaucoup  de  soin 
assurent  le  succès.  Dans  un  appendice  à  son  ouvrau^e,  il  reproduit  le 
texte  du  premier  mémoire  relatif  à  la  fécondation  artificelle  des  œufs 
de  poissons,  publié  par  Jacobi  en  1763;  c'est  une  pièce  historique 
d'un  réel  intérêt. 

Diamnnts  et  "pierres  'précieuses,  bijoux,  jotjaux  et  orfèvrerie,  par  MM.  Jannettaz.  Fontenay, 
Vanderhrym  et  Coutance. —  Un  vol.  in-8*  de  6  0  pazes,  avec  350  vignettes.  —  Librairie  de 
J.  Rothschild,  13,  rue  des  Sainls-Pères,  à  Paris.  —  Prix  :  20  fr". 

Voici  un  livre  qui  se  rattache  bien  difficilement  aux  questions  agri- 
coles; aussi  n'essayerons-nous  pas  de  taire  un  rapprochement  forcé. 
Nous  nous  contenterons  de  dire  qu'il  est  d'une  lecture  fort  intéres- 
sante et  fort  instructive,  qualité  qu'il  est  toujours  utile  de  signaler, 
quand  elle  se  rencontre.  En  outre,  il  y  a  pour  objet  l'étude  d'indus- 
tries qui  sont  généralement  peu  connues  et  qui  méritent  de  l'être.  Les 
documents  qu'il  renferme  sont  nombreux,  et  ils  sont  présentés  par 
des  hommes  dont  la  compétence  sur  ces  questions  est  universellement 
reconnue.  '  Henry  Sagnier. 

SUR  LES  VIGNES  AMÉRICAINES 

Puisqu'après  tant  d'affirmations  sur  l'histoire  naturelle  du  phyllo- 
xéra, la  science,  par  Torgane  de  l'illustre  M.  Dumas,  vient  de  déclarer 
au  nom  de  la  Commission  supérieure  du  phylloxéra  que  cette  étude 
est  à  reprendre,  et  n'a  pas  tenu  ses  promesses  ;  puisqu'après  tant 
d'affirmations  sur  la  résistance  de  tous  les  cépages  américains  aux 
piqûres  du  phylloxéra,  l'expérience  aussi  bien  en  Europe  qu'en 
Amérique,  a  prouvé  qu'il  n'existait  que  très  peu  de  cépages  vrai- 
ment résistants*;  il  est  urgent  que  cette  dernière  question  soit  étudiée 
à  nouveau,  et  que  dégagée  de  ses  erreurs^  qui  ont  jeté  tant  de  troubles 
et  semé  tant  de  ruines  chez  nos  viticulteurs,  elle  soit  enfin  pré- 
sentée sous  son  véritable  aspect. 

J'ose  donc  espérer  que  tout  recueil  agricole  voudra  bien  aider 
l'initiateur  dans  la  question  des  vignes  résistantes,  à  vulgariser  sa 
réponse  à  la  lettre  de  M,  Morlot  quiaparudansle/owmn/r/p /'a9r/c////Mre, 
le  13  novembre  1880,  et  j'espère,  que  de  cette  réponse  comme  des 
discussions   qui  ont  eu  lieu  au  congrès  de  Saragosse,   il     résultera 

I.  Si  un  seul  cépijj;e  américnin  ne  rf^sistnit  pas  en  Amérique,  l'on  serait  en  droit  d'en  déduire 
que  le  vastatnx  n'pst  pas  arnénv:ain  et  n'n  pis  to  ijours  exisié  partout  et  en  tous  lieux  en  Amé- 
rique, comme  l'affirme  M.  Pl^nchon;  mais  presque  tous  les  cépages  meurent  aujourd'hui  dans  le 
nouveau  monde.  Cette  déduction  s'impose  donc  forcément. 


SUR  LES  VIGNES   AMÉRICAINES.  463 

quelque  peu  de  lumière,  enfin  que  les  doctrines  défraîchies,  qui  sont  en 
vogue,  cesseront  d  avoir  cours. 

Que  dit  le  viticulteur  de  rillinois,  M.  Morlot,  dans  sa  lettre? 

«  Qu'il  a  cultivé  vinj^^t  ans  avec  succès  les  cépages  américains,  mais 
«  qu'il  les  a  perdus,  tués  par  le  phylloxéra  en  1875  ».  Donc  il  n'avait 
pas  le  phylloxéra  au  début  de  ses  cultures;  et  lorsque,  au  congrès  de 
Lyon,  j'ai  dû  en  quelques  secondes  protester  contre  les  affirmations  de 
M.  Messner,  pépiniériste  américain,  soutenant  que  tous  les  cépages 
exotiques  résistaient  en  Amérique;  lorsquej'ai  dû  signaler  notimment 
la  mortalité  des  Concords,  et  autres  Labrusca,  déclarés  défunts  en 
Amérique  par  son  compatriote  M.  Kiley,  à  l'époque  de  son  dernier 
voyage  en  France  en  1875;  bref  lorsque  j'ai  dû  rappeler  les  millions 
de  Concords  morts  dans  le  Midi,  d'après  le  rapport  de  iM.  Vialla  lui- 
même,  ainsi  que  ceux  signalés*  par  M  Gaston  Bazille,  par  M.  Vimont, 
par  M.  de  Cherville,  etc.,  etc.;  non  seulement  M.  Morlot  ne  m'a  pas 
interrompu;  mais  il  est  au  contraire  venu  me  remercier  de  ma  fran- 
chise et  de  ma  loyauté,  pour  avoir  osé  protester,  seul,  contre  de 
pareilles  affirmations,  ce  que  tant  d'autres  membres  du  congrès 
auraient  dû  faire  avec  moi. 

J'ignore  donc  pourquoi  M.  Morlot  veut  réhabiliter  le  Concord 
aujourd'hui,  alors  qu'en  1869,  devant  le  congrès  de  B 'aune,  j'avais 
déjà  téclaré  l'avoir  perdu  chez  moi,  tué  par  l'aphys;  alors  que  les 
annales  d'agriculture  de  l'Hérault  et  deVaucluse,  regorgent  de  preuves 
sur  sa  non-résistance,  alors  que  le  directeur  du  jardin  impéiial  de 
Klostennenburg,  M.  Lelbaron  Babo,  sous  la  date  du  18  octobre,  écrit  à 
M.  Rébora  :  «  qu'en  Autriche  les  Concords  et  les  Taylors  ne  sont  pas 
résistants  au  phylloxéra^;  »  alors  que  le  célèbre  viticulteur  du  Texas, 
M.  Onderdonk,  écrit  dans  son  catalogue  de  1880  : 

h  Nous  avons  abandonné  totalement  depuis  quelques  années  les 
«  vignes  Labrusca  qui  périssent  aujourd'hui  chez  nous  tuées  par  le 
«phylloxéra  »,et  M.  Onderdonk  supprime  de  ce  même  catalogue,  non 
seulement  tous  les  Labrusca,  mais  m'écrit  spécialement  avoir  perdu 
le  Concord^? 

Le  rapport  fait  en  1876  dans  le  Vaucluse  par  le  baron  de  Serre- 
monteil  ne  dit-il  pas  déjà  à  cette  époque  :  que  le  Concord,  le  Taylor, 
l'Isabelle,  le  Catawba,  leClinton,  du  plantureux  vignoble  de  M.  Perron, 
avaient  subi  un  cataclysme  pbylloxérique  complet?  Et  ce  sont  les 
seuls  cépages  qui  forment  le  fond  des  vignobles  américains  avec 
quelques  Herbemont  hybrides. 

Son  compatriote,  le  docteur  Shutezé  de  Wespoint,  Etats-Unis, 
n'écrit-il  pas  en  1880,  qu'il  a  perdu  depuis  six  ans  ses  Clintons, 
ses  Concords  et  autres  cépages  tels  que  Rulanders,  etc.,  depuis 
l'arrivée  du  puceron  dans  sa  région? 

Je  pourrais  même  retracer  ici  Thistoire  déjà  nuageuse  de  certains 
Riparia  sauvages,  moribonds  dans  le  Var,  déjà  défunts  dans  le  Lyonnais, 
languissant  dans  certaines  localités  de  l'Hérault,  d'après  lesaffirmations 

1.  Vùir  les  Annahs  l'e  Ih  -ociété  flagnculluie  de  l'Hérault,  1874-1875,  de  Vaucluse. 

2.  Se  souvenir  qu'avani  l'invasion  du  vasiatnx  (laQ>  le  '!"•  xas,  les  Laltrusja  y  ilonnaient  deux 
récoltes,  d'après  le  catalogue  i!e  M.  Meissner  <-t  d'airès  Ks  reii>eignemfnt^  Onderdonk  Donc  le 
phyiloxe-a  tu°  depuis  huit  ans  seulement  les  vi^r^es  de  ce  pays,  et  le  peiuphygiis  était  aa 
Texas  depuis  gua'aiiie-six  ans!  De  plis,  je  reçois  à  l'instant  une  letire  de  onderdonk  du 
11  n  veoibre  1880,  qui  me  dt  ^voir  perdu  ses  Co  cords,  et  une  a  tre  du  docteur  Snu  ezé  qui 
certifie  même  chose,  et  ce  depuis  l'article  de  M.  Morlot.  Le  bulletin  de  la  Société  d'agricuhure  de 
Vaucluse  de  novembre  1880,  déclare  que  chez  M.  de  Caraaret.  les  Concords,  les  Hartefords  sont 
morts. 


464  SUR  LES  VIGNES  AMÉRICAINES, 

d'autorités  honorables  qui  ne  cachaient  pas  leurs  opinions  à  ce  sujet  au 
congrès  de  Lyon'. 

Mais  j'en  ai  assez  dit  pour  prouver  que  le  plus  grand  nombre  des  vignes 
américaines  ne  résistent  pas  au  phylloxéra.  Pour  joindre  mes  efforts  à 
ceux  de  Téminent  publiciste  du  journal  le  Temps,  M.  de  Gherville,  et 
de  convenir  comme  lui  et  avec  lui  : 

«  Que  la  Commission  supérieure  du  phylloxéra  doit  s'appliquer  à 
«  faire  pénétrer  un  peu  de  jour,  dans  la  question  des  vignes  résistantes, 
«  il  s'agit  d'un  intérêt  national  et  international.  » 

M.  JVIorlot  invoque  l'autorité  de  MM.  Onderdonk,  Berkmans  et  de 
Campvell,  pour  décider  l'identité  du  phylloxéra  gallicole,  avec  l'iden- 
tité du  phylloxéra  radicole.  Il  se  soumettra,  dit-il,  à  leurs  décisions. 
Nul  doute,  dès  lors,  ne  peut  plus  exister,  puisque  le  premier  déclare 
dans  une  lettre,  plus  dans  son  catalogue  de  1880,  qu'il  a  renoncé  à 
tous  les  Labrusca,  qu'il  n'en  offre  plus  un  seul  à  ses  clients  et  les 
détourne  non  seulement  des  Cynthiana  qu'il  a  perdus  avec  ses  Con- 
cords,  mais  de  beaucoup  de  cépages  qu'il  n'insère  plus  dans  son  cata- 
logue; parce  que  le  vastatrix  les  tue  chez  lui  à  cette  heure,  tandis 
que  le  phylloxéra  gallicole  les  respectait  avant. 

Quant  à  M.  Berkmans,  j'ai  vingt  lettres  dans  lesquelles  non  seulement 
il  combat  l'identité  des  deux  phylloxéras,  mais  je  possède  plusieurs 
articles  de  journaux  de  lui,  et  divers  naturalistes  ou  viticulteurs  amé- 
ricains déclarent  :  que  le  phylloxéra  vastatrix  a  été  envoyé  par  l'Eu- 
rope à  l'Amérique.  C'est  du  reste  l'opinion  de  Campwel,  puisque 
M.  Morlot  m'a  envoyé  depuis  son  article,  une  lettre  de  cet  érainent 
viticulteur,  datée  du  26  octobre  1 880,  qui  s'exprime  ainsi  : 

((  Monsieur  Morlot,  j'ai  toujours  cru  que  le  phylloxéra  gallicole 
était  d'espèce  différente,  et  rien  encore  ne  m'engage  de  changer  d'opi- 
nion? »  Ce  même  savant  délégué  du  gouvernement  américain,  à  l'Ex- 
position universelle  de  Paris  (voir  mes  Etudes  phijUoxériquGs),  décla- 
rait que  le  phylloxéra  gallicole  était  américain,  mais  que  le  radicole 
était  européen  ! 

En  1861,  dit  M.  Morlot,  je  fis  venir  de  chez  M.  Leroy,  pépiniériste 
à  Angers,  différents  cépages  français  qui  moururent  dès  la  seconde 
année  dans  l'Illinois.  C  était  l'intempérie,  mais  non  le  phylloxéra  qui 
en  était  la  cause. 

Il  avoue  lui-même  qu'il  n'avait  pas  le  phylloxéra  à  cette  épo- 
que, et  puisque  les  ceps  européens,  greffés  sur  racines  américai- 
nes, succombent  même  dans  la  Caroline,  tandis  qu'ils  vivaient  et 
vivent  encore  sur  leurs  propres  racines  dans  les  régions  plus  chaudes 
non  entièrement  envahies,  tels  que  l'Arkansas,  une  partie  du  Texas, 
des  Florides  et  même  dans  le  Mexique  encore  à  l'abri  de  l'insecte  ; 
elles  font  de  même  en  Californie,  dans  la  vallée  du  Sacramento,  dans 
la  région  de  las  Angeles  oii  elles  prospèrent  depuis  deux  cents  ans, 
malgré  la  présence  du  phylloxéra  gallicole,  ramassé  sur  las  feuilles 
du  Vitis  arizonica^  il  y  ^  dix  ans. 

1.  Le  rapport  fait  en  1880  par  le  conseiller  général  de  l'Hérault,  M.  Allen,  établi  aussi  la  mor- 
talité du  Rulander  et  du  Concord,  M.  Douysset,  en  1878,  et  M.  Pellicot  se  plaignaient  déjà  de  la 
faiblesse  du  Riparia;  M.  Gaillard,  éminent  pépiniériste  du  Lyonnais  et  M.  Bander,  président  dff 
la  Société  d'agriculture  de  Lyon,  déclaraient  en  1880,  pendant  le  Congrès  de  Lyon,  qu'ils  avaient 
perdu  leurs  Riparias. 

2.  Les  vignes  des  vallées  de  Napa,  de  Sonoma,  sont  détruites  et  partie  de  celles  de  Sonoma  et 
de  Victoria.  Le  Clinton  vient  d'être  exterminé  en  Californie,  et  le  professeur  Hilgard,  déclare  : 
que  l'insecte  y  a  été  envoyé  par  l'Europe.  Le  phylloxéra  gallicole  n'y  est  pas  signalé,  le  phylloxéra 
ailé  non  plus;  et  l'œuf  d'hiver  y  paraît  introuvable. 


SUR  LES  VIGNES  AMÉRICAINE^.  465 

M.  Morlot  ne  croit  pas  à  la  résistance,  en  Amérique,  deTHerbemont 
et  du  Scupernong,  je  tiens  cet  aveu  du  docteur  Stuké;  mais  si  ces 
deux  vignes  ne  résistaient  même  pas  en  Amérique,  sur  quelles  vignes 
s'appuierait-il  pour  le  salut  des  vignobles  exotiques  et  des  nôtres?  Le 
Taylor  et  l'Elvira  ont,  dit-il,  du  sang  de  Labrusca  dans  les  veines  ! 
et,  d'après  son  aveu,  les  Américains  ne  possèdent  plus  de  Solonis, 
pas  du  tout  de  Vialla,  très  peu  de  York,  moins  encore  de  Gaston- 
Bazille;  quant  au  Dumas  et  l'Elsemboro,  c'est  leur  parler  grec!  Tels 
sont  pourtant  les  Titans  que  j'ai  recommandés  depuis  quinze  ans  à 
nos  vignerons,  et  qui  luttent  avec  THerbemont  contre  les  piqûres  du 
phylloxéra  depuis  seize  ans. 

Quant  au  véritable  Jacquez  sur  lequel  M.  Morlot  compte,  et  qui 
existe,  dit-il,  par  millions,  au  Texas,  Onderdonk,  dont  il  est  le  repré- 
sentant en  Europe,  vient  de  lui  écrire  qu'il  ne  cultive  que  des  Lenoir, 
et  que  le  véritable  Jacquez  est  inconnu'au  Texas  ! .. 

Campwell,  d'après  sa  lettre  du  25  octobre  88  lui  écrit  à  son 
tour  en  ces  termes  : 

«  Je  puis  vous  envoyer  du  plant  du  Lenoir,  mais  il  est  différent  de 
rOhio,  ou  cégar  Box  ou  du  Jacquez  véritable.  Berkmans,  dans  sa  lettre 
à  M.  Mares*,  dit  :  Nous  n'avons  plus  de  Jacquez  en  Amérique;  si 
M.  Laliman  ne  nous  rsnvoie  pas  des  siens,  cette  vigne  n'existera  plus 
pour  nous;  et  la  preuve  que  ces  sommités  ne  se  trompent  pas,  je  la 
trouve  dans  cette  lettre  que  m'écrivait  le  1"  janvier  1  876  l'un  des  plus 
intelligents  viticulteurs  du  Midi,  M.  Reich,  del'Armellière,  près  Arles.  » 

«  Monsieur,  j'ai  reçu  de  MM.  Buch  et  Messner  des  plants  de  Jac- 
«  quez,  mais  je  viens  de  m'apercevoir  que  les  Jacquez  Laliman  sont 
«  une  tout  autre  plante  que  mes  Jacquez  américains;  s'il  vous  est 
«  possible  de  m'envoyer  quelques  plants  enracinés  de  votre  Jacquez, 
«  avec  quelques  Solonis,  vous  me  rendrez  service;  car  je  n'ai  aussi 
«  que  le  Solonis  Mischangii  de  l'Allemagne.  » 

Comme  tout  festin  exige  sa  pièce  de  résistance,  je  conclus  et  je 
dis  :  r  que  l'adaptation  du  sol  n'a  pour  moi  sa  raison  d'être  qu'au 
point  de  vue  fructifère  de  la  vigne;  que  c'est  avec  ce  mirage  que  l'on 
éternise  l'étude  des  cépages  médiocres,  alors  que  l'on  a  les  bons  sous 
la  main;  et  que  ces  derniers  vivent  dans  tous  les  sols  où  une  vigne 
française  a  pu  vivre  avant  l'arrivée  du  vastatrix;  que  c'est  avec  cette 
invention  fallacieuse  que  l'on  a  empoisonné  les  Charentes,  en  les  inon- 
dant avec  le  premier  des  Riparia,  le  Clinton  ;  pour  lequel  il  a  fallu 
sept  années  d'études,  avant  de  procédera  son  enfouissement  absolu,  ce 
qui  a  complètement  dégoûté  les  viticulteurs,  surtout  après  l'échec  du 
Concord  ; 

2°  Je  dis  qu'il  faut  se  tenir  en  garde  contre  les  seconds  Riparia,  dits 
sauvages,  puisque  déjà  de  nombreux  faits  attestent  leurs  défaillances. 
Qu'il  n'est  pas  moins  utile  de  se  défier  quelque  peu  de  ce  panacé  qui 
fanatise  le  monde  viticole,  la  vigne  patate  du  Soudan,  dont  le  mer- 
veilleux frise  autant  la  mythologie  que  la  réalité  ; 

3°  Que  l'on  doit  se  renfermer  dans  le  giron  de  l'église  expérimen- 
tale qui,  depuis  seize  années,  fait  ses  preuves,  pour  la  résistance  des 
cépages  que  j'ai  signalés  et  qui  n'ont  pas  trop  de  ces  chevrons 
pour  inspirer  confiance  ; 

4°  Que  c'est  mon  loyal  adversaire,  M.  Morlot,  qui  m'a  transmis 

1.  Voir  mes  Études  phylioxiiriques. 


466  sua  LES   VIGNES  AMÉRICAINES. 

les  lettres  et  documents  qui  prouvent  que  le  Lenoir  n'est  pas  le 
véritable  Jacquez  et  j'ajoute  que  le  premier  de  ces  cépages  n'a  ni  la 
fertilité  ni  la  résistance  du  second; 

5°  Que  c'est  aussi  M.  Morlot  (jui  m'a  transmis  une  partie  des  docu- 
ments qui  établissent  la  non-identité  du  phylloxéra  gallicole  avec  le 
pliylloxera  radicole,  soumettant  la  décision  à  trois  notoriétés  améri- 
caines qui  prouvent  par  les  laits  ou  leurs  écrits  qu'ils  sont  de  mon 
avis  ; 

6"  Je  dis,  en  terminant,  que  je  suis  aussi  heureux  de  reconnaître 
la  sincérité  de  mon  loyal  adversaire,  que  de  prouver  que  loin  de 
déserter  Jes  \ignes  américaines  résistantes,  je  suis  au  contraire  plus 
que  jamais  persuadé  qu'elles  seront,  au  point  de  vue  pratique,  un 
des  plus  puissants  moyens  de  salut  de  la  viticulture  universelle;  mais 
à  condition  qu'on  les  choisisse,  non  dans  les  vignes  douteuses,  mais 
dans  les  vignes  résistantes.  C'est  vraiment,  du  ret-te,  ce  qu'a  compris 
M.  Morlot,  puisqu'il  a  fait  l'empiète  d'une  grande  quantité  de  Vialla 
pour  les  expédier  en  Amérique;  car,  je  le  répète,  les  Américains  ayant 
échoué  avec  les  insecticides,  ils  se  tournent  vers  les  cépages  qu'ils 
n'ont  pas  ou  qu'ils  n'ont  plus,  pour  sauver  leurs  vignobles  aussi 
menacés  de  disparaître  que  les  nôtres.  L.  Laliman. 

PROJET  DE  STATION  FORESTIÈRE  EN  SOLOGNE 

Sur  les  450,000  hectares  compris  dans  les  limites  de  la  Sologne,  il 
faut  compter  que,  par  la  nature  de  leur  sol,  par  leur  proximité  des 
marchés  de  Paris,  par  la  nécessité  d  assainir  la  région,  •200,000  hec- 
tares au  moins  sont  destinés  à  devenir  forêts.  Depuis  peu  d'années, 
une  partie  importante  de  ces  hectares  avait  été  plantée.  Les  résultats 
obtenus  devaient  assurer  la  plantation  du  reste  dans  un  temps  rap- 
proché, lorsque  les  gelées  de  décembre  1879  sont  venues  détruire 
plus  de  70,0(10  hectares  de  pins    marUimes  de  3   à  35  ans  d'âge. 

Il  importe  à  1  État  et  il  est  inutile  d'invoquer  près  de  lui  la  loi  na- 
turelle et  admise  des  secours  en  cas  de  sinistres,  l'intérêt  de  la  grande 
spéculation  des  impôts  devant  suffire  à  nous  gagner  son  intervention 
(voir  Rapport  de  M.  Sainjon  sur  les  résultais  dus  à  rinterveniioti  de 
VEtat  (Annales  du  comité  central  de  la  Solugne  1874).  Il  importe  à 
l'Etat  même  que  nos  forêts  détruites  soient  refaites  et  que  celles  à 
créer  soient    semées  et  plantées  promptement  et  écouoniiquen^ent. 

Nul  pays  autre  que  la  Sologne  ne  compte  autant  de  colons,  si  ce  n'est 
habiles,  du  moins  ardents  aux  combats  agricoles  et  sylvicoles,  dignes 
d'être  secondés.  Si  nos  agriculteurs  n'ont  pu  obtenir,  selon  leur 
demande  et  notre  projet  d'Ecole  ré()û>nale  agricole^  une  Stalion  agrono- 
mique à  LamotteBeuvron,  peut-être  nos  sylviculteurs  seront-ils  plus 
heureux  et  verront-ils  fonder  une  Siation  forestieie? 

A  côté  de  notre  laborieuse  fortune  agricole,  agrandi  plus  facilement 
une  puissance  forestière  que  le  chiffre  des  désastres  de  nos  forêts  a 
trop  chèrement  démontrée. 

L'Etat  semble  regarder  nos  sylviculteurs  frappés,  mais  non  décou- 
ragés et  qui  se  remettent  à  l'œuvre.  Nous  croyons  qu'il  cherche  les 
moyens  de  nous  secourir  elficacement.  Eh  bien,  le  temps  est  opportun 
pour  la  création  de  cette  station  forestière. 

Les  titres   des   questions  écrites  sur  notre  sol  sont  bien   ceux  des 


UNE  STATION  FORESTIÈRE  EN   SOLOGNE.  467 

solutions  cherchées  par  les  travaux  de  l'administration  des  forêts: 
graines,  plants,  pépinières,  maladies  des  pins,  l'hylésine,  études  sur 
des  diverse  essences  des  pins,  leur  acclimatation  et  leur  véritable 
valeur,  leur  usage,  injection,  caibonisation,  fabrication  des  briquettes 
de  charbon,  etc. 

L'État  possède  à  Lamotte  des  terrains  favorables  à  l'établissement 
de  belles  pépinières  et  à  toutes  ex[)ériences  sylvicoles.  L'Etat  a  des 
bras  nombreux  et  disponibles  à  la  colonie  de  Saint-Maurice,  un  per- 
sonnel spécial  d  hommes  instruits  et  dévoués,  que  nos  désastres  ont 
émus  et  qui  étudient  avec  une  généreuse  sympathie  les  moyens  de 
répaier  les  dommages  et  de  les  éviter  dans  lavenir. 

Nous  demandons  que  ces  hommes  de  science  spéciale  viennent 
étudier  au  milieu  de  nous  et  nous  enseigner;  nous  demandons  à 
l'Etat  une  station  furestière  à  Lamolte-Beuvron.  Ernest  Gaugikan. 

SITUATION  DES  PAYSANS  RUSSES 

APRÈS  L'ABOLITION  DU  SERVAGE 

Nous  avons  sous  les  yeux  une  étude  approfondie  sur  la  situation 
précaire  des  paysans  russes  émancipés  et  sur  leurs  rapports  avec  les 
propriétaires  des  biens-fonds  seigneuriaux;  étude  très  intéressante  que 
M.  Euycne  Markof  vient  de  publier  dans  le  Golos,  et  que  nous  nous 
empressons  de  reproduire  dans  ses  parties  les  plus  essentielles. 

Il  y  a  vingt  ans  que  le  servage  a  été  aboli,  en  Russie,  et  vingt  ans 
aussi  que  les  anciens  serfs  ont  été  transformés  en  une  classe  de  pay- 
sans soi-disant  temporairement  obliges.  Or,  un  tel  laps  de  temps  est 
trop  long  pour  une  situation  provi>oire.  Celle-ci  pourra  même,  comme 
nous  le  verrons,  se  prolonger  indéfiniment,  au  grand  préjudice  de  la 
situation  morale  et  économique  du  pays  qui  y  pâtit,  cela  va  sans  dire, 
de  la  prépondérance  anormale  d'une  classe  de  la  société  sur  une  autre. 
Il  y  a  longtemps  que  le  paysan  russe  participe  aux  travaux  du  zemstvo 
et  au  jury.  Comme  sohlat,  comme  étudiant  et  même,  en  partie,  comme 
contribuable,  il  jouit  des  mêmes  droits  que  les  autres  classes  de  son 
pays.  Il  est  évident  que  sa  dépendance  légale  d'une  autre  classe  quel- 
conque est  un  fait  incompatible  avec  sa  dignité. 

Cette  subordination  forme  aussi  une  entrave  pour  toute  une  série  de 
mesures  reconnues, indispensables  telles  que  l'organisation  de  la  com- 
mune villageoi.-e,  la  distribution  aux  paysans,  de  terres  libres,  par 
l'Etat,  et  l'émigration  qui  s'ensuit,  la  réforme  du  système  des 
passe[)orts,  etc.  Il  reste  donc  encore  beaucoup  à  faire,  pour  rendre  le 
paysan  russe  vérilablement  émancipé  et  pour  le  délivrer  définitivement 
de  1  arbitraire  des  propriétaires  des  biens  fonds  seigneuriaux;  car  l'au- 
torilé  de  l'ancien  seigneur  sur  le  paysan  est  toujours  encore  grande,  et, 
dans  maintes  circonstances  elle  est  de  force  à  paralyser  l'activité  de  la 
société  villageoise. 

A  la  vérité,  en  vertu  du  règlement  agraire,  le  seigneur  est  le  curateur 
de  la  commune  rurale,  tant  que  les  membres  de  celle-ci  appartiennent 
à  la  catégorie  des  temporairement  obligés.  C'est  lui  aussi  qui  est  investi  de  la 
police  domaniale.  Le  même  règlement  lui  confie  la  surveillance  supé- 
rieure du  maintien  de  la  sécurité  et  de  l'ordre  publics.  Il  accorde  au 
propriétaire  des  pouvoirs  étendus  sur  le  maire  du  village,  pour  tout  ce 
qui  concerne  la  préservation  des  biens  seigneuriaux  de  l'incendie  et 


468  SITUATION   DES  PAYSANS  RUSSES   ÉMANCIPÉS, 

d'autres  dégàls,  ainsi  que  par  rapport  à  l'entretien  des  chemins  ;  et  il 
lui  donne  même  le  droit  d'exiger  de  la  commune  l'arrestation  de 
personnes  suspectes  ou  coupables. 

Ces  prérogatives,  tout  en  tenant  aux  besoins  les  plus  impérieux  de  la 
vie  rurale,  en  Russie,  sont  cependant  anormales  en  ce  qu'elles  constituent 
le  privilège  exclusif  du  grand  propriétaire  foncier,  au  préjudice  des 
autres  habitants  de  la  commune. 

Les  prérogatives  du  seigneur  ne  sont  d'ailleurs  pas  limitées  à  ce 
droit  de  réclamer  l'assistance  de  la  commune,  elles  empiètent  aussi 
sous  maints  rapports  sur  l'indépendance  de  l'administration  locale.  La 
loi  autorise  également  l'immixtion  du  seigneur  dans  les  affaires  de  la 
propriété  territoriale  des  paysans.  Plus  encore,  elle  lui  donne  le  droit 
d'exiger  que  le  paysan  échange  son  lot  de  terre  contre  un  autre,  dans 
certains  cas,  même  si  des  constructions  y  sont  élevées,  chaque 
fois  que  le  bien  seigneurial  le  réclamerait  en  vue  d'exploitation  de 
mines,  de  l'établissement  d'usines  ou  de  moulins,  de  la  construction  de 
routes,  canaux,  etc.  Malgré  Tindemnité  à  fournir  par  le  propriétaire  fon- 
cier, les  droits  de  propriété  de  la  classe  rurale  n'en  souffrent  pas  moins. 

En  outre,  le  droit  de  propriété  du  paysan  est  limité  par  nombre  de 
dispositions  faites  au  profit  du  bien-fonds  seigneurial.  Ainsi  le  paysan 
est  empêché  d'étendre  son  exploitation  agricole  et  d'élever  des  bâtisses 
à  une  distance  moindre  de  50  à  150  hectares  de  la  limite  du  bien 
seigneurial.  En  cas  d'irrégularités  de  paiements,  son  lot  de  terre  peut 
être  confisqué  pour  trois  ans  ou  même  incorporé  à  la  propriété  du  sei- 
gneur. Même  la  liberté  personnelle  du  paysan  est  atteinte  par  la  faculté 
du  grand  propriétaire  foncier  d'autoriser  ou  de  ne  pas  autoriser  son 
éloignement  temporaire  de  la  commune,  circonstance  qui,  dans  les  lo- 
calités où  les  paysans  ont  l'habitude  d'aller  chercher  du  travail  au  loin, 
met  leur  bien-être  en  question.  L'autorisation  du  propriétaire  foncier  ou 
de  son  intendant,  nécessaire  pour  le  départ  des  paysans,  ne  s'étend  pas 
seulement  tur  ceux  d'entre  eux  qui  paient  en  nature  leurs  redevances 
territoriales,  mais  même  sur  tous  ceux  qui  le  font  en  argent,  aussitôt 
que  la  somme  n'est  pas  versée  à  terme  par  un  seul  des  membres  de  la 
commune,  celle-ci  répondant  de  tous. 

On  voit,  par  ce  que  nous  venons  de  dire,  que  la  classe  rurale,  en 
Russie,  n'est  encore  indépendante  qu'à  demi.  Vu  cet  état  de  choses,  il 
est  donc  impossible  de  songer  à  une  amélioration  sérieuse  de  l'agricul- 
ture et  par  là  même,  à  l'accroissement  de  la  richesse  nationale.  Tout 
peut  dépendre  du  caprice  ou  de  l'ineptie  d'un  voisin  appartenant  à  la 
classe  privilégiée. 

En  présence  de  ces  faits,  le  publiciste  du  Golo.s  ne  peut  s'empêcher 
d'exprimer  toute  sa  surprise  de  voir  l'administration  convoquer  des  con- 
grès soi-disant  agricoles,  mais  qui,  pour  la  majeure  partie,  ne  seraient 
composés  que  de  fonctionnaires;  les  questions  qui  doivent  y  être 
traitées  sont  l'œuvre  des  chancelleries.  «Le  développement  de  la  culture 
des  plantes  fourragères  sur  les  terres  »  des  paysans  et  «  l'amélioration  du 
bétail  villageois  »,  telles  sont,  entre  autres,  les  questions  soumises  cette 
année-ci  aux  délibérations  des  congrès  agricoles.  En  posant  ces  ques- 
tions, on  n'a  certes  pas  songé  que  le  paysan  russe  sème  le  blé  même  sur 
des  terrains  destinés  aux  pâturages  et  que,  deux  fois  par  an,  régulière- 
ment, il  est  contraint  de  vendre  son  dernier  bétail,  pour  être  en  mesure 
de  payer  les  arriérés  d'impôts.  D'ailleurs  ce  bétail  périt  par  milliers  de 


SITUATION  DES  PAYSANS   RUSSES  ÉMANCIPÉS.  469 

la  peste  bovine,  sans  que  les  autorités  compétentes  se  préoccupent  beau- 
coup des  moyens  de  faire  disparaître  ce  fléau.  Comment  vouloir  donc 
étendre  la  culture  des  fourrages  ou  remplacer  les  vaches  chétives 
actuelles  par  des  animaux  de  belle  race?  On  ferait,  sans  doute, 
mieux  de  se  souvenir  que,  malgré  vingt  ans  de  nouveau  régime, 
le  paysan  russe  est  encore  à  demi-serf,  qu'il  végète  sur  des  lots  de  terre 
insuffisants  et  qu'il  vit  dans  des  cabanes  rapprochées  les  unes  des 
autres  et  par  là  même  continuellement  exposées  aux  horreurs  de  l'in- 
cendie. 

L'expérience  prouve  qu'avec  les  progrès  de  la  situation  matérielle 
d'un  peuple  augmentent  aussi  ses  besoins  et  sa  valeur  morale.  Aussi, 
avant  de  songer  aux  diiîérentes  améliorations  agronomiques,  certaine- 
ment très  nécessaires,  l'administration  ferait  bien  de  débarrasser  la 
population  rurale  des  entraves  qui  empêchent  tout  développement.  On 
n'aurait  qu'à  garantir  au  paysan  la  jouissance  tranquille  de  son  avoir  et 
des  fruits  de  son  travail  ;  qu'à  le  doterde  lots  de  terre  suffisants  pour  ses 
besoins,  quand  même  il  lui  faudrait  pour  celaémigrer;  qu'à  écarter  les 
effets  préjudiciables  du  système  des  passeports,  de  la  perception  d'ar- 
riérés d'impôts,  des  servitudes  et  obligations;  qu'à  mettre  un  terme  aux 
incendies  qui  anéantissent,  tous  les  ans,  une  consi«lérable  partie  de  la 
richesse  nationale;  qu'à  combattre  l'épizootie  qui  enlève  également  au 
peuple  russe  un  grand  nombre  de  bétail:  pourvu  que toutcela  se  réalise, 
le  paysan  saura  lui-même  semer  du  trèfle  et  acheter  des  vaches  de 
bonne  race. 

Ily  a  une  autre  question  qui,  de  l'avis  de  M.  Markof,  ne  se  résout 
pas  si  simplement.  Le  droit  du  paysan  de  s'émanciper  de  l'autorité 
du  grand  propriétaire  foncier  reste  purement  fictif,  même  lorsqu'il 
s'acquitte  de  ses  dettes  vis-à-vis  de  ce  dernier. 

Toujours  d'après  le  règlement  agraire,  le  paysan  n'a  le  droit  de 
rachat  que  pour  la  portion  de  la  terre  où  sont  ses  l)âtisses,  ce  qui  forme 
environ  un  demi-hectare  par  âme  df  recrnsement;  tandis  que  le  rachat 
de  la  terre  en  friche  ne  peut  s'efïectuer  que  sur  la  demande  ou  avec 
le  consentement  dii  propriétaire  foncier.  Dms  le  cas  où  le  seigneur 
s'opposerait  au  rachat,  il  ne  resterait  au  paysan  qu'à  demeurer  indé- 
fininient  obligé  temporaire  ou  d'abandonner  ses  champs  qui  constituent 
cependant  son  unique  ressource,  dette  dernière  alternative  devient 
évidemment  impossible,  la  grande  majorité  des  paysans  étant  exclu- 
sivement agriculteurs.  A  tout  prendre,  il  leur  serait  plus  avantageux 
de  renoncer  au  lot  entier,  aux  champs  aussi  bien  qu'aux  bâtisses  et 
aux  potagers  ;  alors  du  moins  ils  a;îquerraient  le  droit  d'émigrer  et 
de  recevoir  des  terres  dans  d'autres  gouvernements  moins  peuplés  et 
plus  riches  en  terres  libres. 

Louer  des  terres  est  pour  le  paysan  une  chose  presque  impraticable 
D'abord,  le  nombre  de  petits  lots  de  tere  à  louer  est  très  peu  consi- 
dérable ;  puis  les  prix  de  location  sont  énorme-i.  En  outre,  le  paye- 
ment doit  s'effectuer  d'avance.  Etant  donné  toutes  ces  circonstances 
défavorables,  le  paysan  préfère  rester  temporairement  obligé j  et  cela 
continuera  ainsi  tant  que  la  législation  agraire,  en  Russie,  ne  sera  pas 
modifiée. 

La  statistique  de  la  propriété  foncière  en  Russie,  publiée  par  les 
soins  du  bureau  central  de  statistique  de  l'empire,  nous  apprend  que 
dans  huit  gouvernements  du  centre,  notamment  dans  ceux  de  Koursk, 


4à70  SITUATION   I>ES  PAYSANS  RUSSES  ÉMANCIPÉS. 

de  Voronhje^  à^Orcl,  de  Toula,  de  Kalouga,  àe  Riazan,  de  Tambofaide 
Pensa,  ayant  ensemble  12,700,000  habitants,  28  pour  100  du  nombre 
total  des  paysans  émancipés  se  trouvaient,  au  premier  janvier  1878, 
dans  la  condition  des  tempcr  aire  ment  ubligés,  et  pendant  les  deux 
années  suivantes  cette  proportion  n'avait  diminué  que  de  3  ou  4  pour 
100.  Il  résulte  de  ce  calcul  que,  dans  les  huit  gouvernements  indi- 
qués, il  y  avait  à  cette  date  environ  un  mdlion  et  demi  de  paysans  des 
deux  sexes  temporairement  obligés  qui  disposaient  de  2  millions  d'hec- 
tares de  terre  à  peine. 

Ces  chiffres  sont  alarmants,  même  envisagés  dans  leur  ensemble; 
mais  la  situation  paraîtra  encore  plus  délicate  si  l'on  examine  les 
différentes  localités  séparément  Dans  le  gouvernement  de  Toula^  par 
exemple,  les  paysans  temporairement  obligés  atteignent  40  pour  100 
de  la  population  émancipée,  dans  celui  d'Ore/,  30  pour  100  à  peu 
près.  Il  y  a  plusieurs  districts  où  cette  proportion  est  encore  plus  con- 
sidérable; dans  celui  de  Livny,  dans  le  gouvernement  d'O/e/,  elle  est 
de  64  pour  100. 

D'après  les  informations  du  bureau  central  de  statistique,  les  len- 
teurs que  subirait  l'opération  du  rachat  des  terres  des  paysans  pro- 
viendraient de  ce  que,  depuis  dix  ans,  les  grands  propriétaires  fon- 
ciers semblent  convaincus  du  désavantage  qu'il  y  aurait  pour  eux  à 
faire  grâce  aux  paysans  des  payements  supplémentaires  que  ceux-ci 
sont  tenus  d'ajouter  à  la  taxe  de  rachat  versée  par  le  trésor  de  l'Etat, 
et  qui  forment  un  cinquième  du  prix  de  leur  lot  de  terre.  Il  est  certain 
qu'un  grand  nombre  de  propriétaires  de  biens-fonds  ne  songent  même 
pas  à  consommer  le  rachat,  craignant  surtout  de  perdre  leur  influence 
dans  la  commune  et  puis  d'être  privés  d'une  main-d'œuvre  se  trou- 
vant toujours  à  leur  disposition.  Pour  tous  ceux  des  propriétaires 
fonciers  qui  organisent  d'une  façon  rationnelle  leur  exploitation  agri- 
cole et  en  retirent  de  bons  rendements,  il  est  plus  essentiel  d'avoir 
des  ouvriers  sous  la  main  que  de  toucher  un  capital  de  rachat. 

Mais  comment  sortir  de  cette  situation  précaire?  Il  est  impossible 
de  recourir  à  un  bouleversement  complet  du  régime  actuel,  en  suppri- 
mant le  règlement  agraire  de  18G1.  D'ailleurs,  cela  n'est  nullement 
nécessaire,  d'après  le  publiciste  du  Golos ;  il  suffit,  dit-il,  d'attribuer 
au  paysan  le  droit  dont  dispose  à  l'heure  qu  il  est  le  propriétaire  fon- 
cier, celui  de  réclamer  le  rachat.  Dans  ce  cas  le  propriétaire  fon- 
cier pourrait  exiger  le  payement  de  la  totalité,  au  lieu  des  quatre 
cinquièmes  du  prix  qu'il  touche  actuellement  par  l'intermédiaire  de 
l'Etat.  On  pourrait  fixer  le  terme  de  deux  ans  pour  l'achèvement  de 
ces  opérations,  et  cela  fait,  le  rachat  obligatoire  pourrait  être  ordonné 
et  effectué  dans  le  courant  de  deux  autres  années.  Le  seigneur  devrait 
se  contenter  alors  des  quatre  cinquièmes  du  prix  d'évaluation,  ayant 
déjà  touché,  en  main-d'œuvre  et  en  prestations,  le  cinquième  restant. 

Toute  la  difficulté  serait  du  côté  du  fisc.  Celui-ci  aurait,  en  effet,  à 
opérer  en  deux  ans  un  payement  considérable,  dépassant  de  beaucoup 
le  budget  actuel  de  l'opération  du  rachat.  Même  autrefois,  des  considé- 
rations de  nature  financière  sont  souvent  venues  ralentir  l'application 
de  certaines  parties  du  règlement  agraire  en  vigueur.  L'émancipation 
étant,  cependant,  avant  tout  un  événement  historique,  de  l'avis  de 
M.  Markof,  les  moyens  matériels  ne  sauraient  faire  défaut,  pour  en 
assurer  tous  les  avantages. 


SITUATION  DES  PAYSANS  RUSSES  ÉMANCIPÉS.  471 

En  somrae,  la  grande  œuvre  de  l'émancipation  des  serfs,  en  Russie, 
ne  sera  un  fait  réellement  accompli  que  lorsqne  la  classe  des  paysans 
.temporairement  obligés  aura  «essé  d'exister. 

Nicolas  -de  Nasakine. 

LA  MALADIE  DES   OLIVIERS 

AUX  ENVIRONS  DE  MONTPELLIER 

La  récolte  des  olives  dans  l'Hérault  eût  été  belle,  cette  année,  sans 
les  ravages  d'un  insecte  qui  l'a  en  grande  partie  compromise. 

Il  est  très  rare  que  la  multiplication  de  cette  espèce  atteigne  d'une 
façon  sensible  la  récolte  des  olives  en  Languedoc,  le  fléau  est  plus 
spécialement  provençal;  mais  cette  année  il  n'en  a  pas  été  ainsi.  De 
divers  côtés,  des  plaintes  nous  sont  arrivées  et  les  oliviers  de  l'Ecole 
d'agriculture  de  Montpellier  ayant  été  très  attaqués,  nous  avons  été 
bien  placé  pour  étudier  la  cause  du  dommage. 

Le  ravageur  est  une  petite  mouche  grise  à  pieds  et  à  antennes 
jaunes,  longue  de  4  à  5  millimètres,  qui  a  reçu  des  Entomologistes  le 
nom  de  Dacusoleœ. 

Il  y  a  deux  générations  par  an,  l'une  qui  paraît  en  juillet  et  l'autre 
en  septembre.  L'œuf  est  déposé  dans  l'olive;  la  larve,  qui  ressemble 
à  un  petit  asticot  d'un  blanc  jaunâtre,  ronge  la  pulpe  et  y  pratique 
des  galeries.  La  larve  adulte  quitte  l'olive, et  pour  se  transformer  en 
nymphe  ou  chrysalide,  s'enfonce  dans  le  sol.  Si  le  fruit  est  entassé 
dans  un  cellier,  elle  se  contente,  pour  passer  à  l'état  de  nymphe,  d'un 
endroit  obscur  et  un  peu  humide.  C'est  sous  cette  forme  de  chrysa- 
lide que  l'insecte  passe  l'hiver. 

Plusieurs  auteurs  se  sont  occupés  des  métamorphoses  de  cette 
mouche.  Je  citerai  en  Franjce  M.  Buyer  de  Fonscolombe  et  M.  Guérin- 
Menneville;  en  Italie,  M.  Passerini,  de  Florence. 

Quand  l'olive  est  attaquée  par  une  ou  plusieurs  larves,  elle  se  des- 
sèche souvent  et  tombe.  La  première  génération  de  l'insecte  ne  dé- 
truit pas  toujours  le  fruit;  celui-ci  peut  continuera  grossir  et  mûrir, 
quoique  de  mauvaise  qualité  ;  mais  il  n'en  est  pas  de  même  à  la  se- 
conde génération.  L'olive,  presque  mûre,  tombe  et  se  pourrit  sur 
le  sol. 

Il  faut  avoir  grand  soin  de  faire  ramasser  les  oli\^3  tombées.  Non 
seulement  on  peut  les  utiliser  en  les  donnant  aux  volailles,  aux  dindes 
surtout;  mais  encore  la  larve  du  Dacus,  qui  n'est  souvent  pas  sortie 
du  fruit,  est  ainsi  détruite. 

Il  faut  déplus,  quand  on  s'aperçoit  du  mal,  presser  les  olives  de 
suite  après  la  cueillette.  On  tue  ainsi  les  neuf  dixièmes  des  lars^es, 
qui  sans  cela,  quittent  l'olive  et  vont  assurer  la  continuité  du  fléau 
pour  l'année  suivante.  Valery-Mayet, 

Professeur  d"entomo!ogie   à  l'Ecole  nationale  d'agriculture 
de  Montpellier, 

LE  CIDRE 

Je  lis  dans  la  chronique  du  Journal  de  Vagriculture  du  4  décembre, 
la  note  que  vous  consacrez  au  cidre.  11  n'y  a  pas  de  question  qui  ait 
plus  d'actualité  pour  nos  départements  de  la  Bretagne,  de  la  Picardie 
et  delà  Normandie;  le  prix  des  pommes  atteint  aujourd'hui  250  fr.  les 


472  LE  CIDRE. 

1,000  kilog.  ou  20  hectolitres.  C'est  plus    de    trois    fois  la   valeur 
moyenne  des  cinq  dernières  années. 

Avant  votre  chronique,  j'avais  déjà  pris  le  parti  d'augmenter  la 
quantité  de  cidre  que  je  retire  ordinairement  de  la  pomme,  c'est  au 
sucrage  par  le  sirop  de  glucose,  qui  me  donne  le  sucre  au  meilleur 
marché,  que  j'ai  recours;  des  essais  faits  Tannée  dernière  et  au 
commencement  de  cette  saison  m'ont  démontré  l'économie  que  Ton 
peut  en  retirer.  Je  crois  être  utile  à  mes  collègues  en  décrivant  ici 
mon  mode  de  procéder. 

En  année  ordinaire,  par  le  brassage  de  1 ,000  kilog.  de  pommes 
auxquelles  j'ajoute  400  litres  d'eau,  je  retire  en  moyenne  1,000  litres 
d'un  cidre  dosant  4".  Cette  année  je  veux  obtenir  1 ,500  litres  de  cidre; 
c'est  500  litres  d'eau  à  ajouter  en  plus  que  je  sucre  de  manière"  à  ce  que 
la  fermentation  donne  4°.  Je  fais  mes  calculs  sur  les  bases  suivantes  : 

1 00  kilog.  de  sirop  de  glucose  du  commerce  donnent  72  pour  1 00  de 
sucre  de  glucose  chimique;  100  kilog.  de  glucose  chimique  donnent 
63  kilog.  d'alcool  à  90°;  donc  T  d'alcool  est  produit  dans  un  hectolitre 
d'eau  par  2  kilog.  25  de  sirop  de  glucose  commercial.  Pour  mes  500 
litres  d'eau,  j'ai  donc  à  ajouter,  pour  avoir  4°  d'alcool  par  hectolitres, 
5  hectol.   X  4"  X  2  kilog.  25  =  45   kilog.   de  sirop  de  glucose. 

Comme  économie  j'ai  : 

Fabrication  ordinaire  : 

1,000  kilog.  de  pommes  à  220  fr.  prix  moyen 220 

Eau  400  litres 

Produit  10  hectolitres  à  22  fr.  l'hectolitre 220 

Fabrication  avec  sirop  de  glucose  : 

1,000  kilog.  de  pommes  à  220  fr 220 

45    —     de  sirop  à  54  fr 24 

900  litres  d'eau 

Produit  1,500  litres  à  16  fr.  l'hectolitre '  244 

C'est-à-dire  que  les  5  hectolitres  en  plus  ne  coûtent  que  9  francs 
l'hectolitre.  Sur  ces  bases,  chaque  fabricant  de  cidre  pourra  faire  varier 
les  proportions  de  sucre  selon  l'emploi  qu'il  veut  donner  au  cidre;  ici, 
je  ne  fabrique  que  la  consommation  courante  de  mes  ouvriers,  et  pour 
l'année. 

A  côté  des  proportions,  le  mode  d'emploi  est  important;  il  ne  suffit 
pas  d'ajouter  de  l'eau  sucrée,  il  faut  que  cette  eau  séjourne  dans  le 
marc  pour  s'approprier  les  principes  de  la  pomme,  ce  que  l'eau  sucrée 
fera  mieux  que  l'eau  pure.  Prenant  pour  exemple  ce  qui  se  fait  pour 
le  vin,  je  procède  ainsi  : 

Je  brasse  1,000  kilog.  de  pommes  que  je  réunis  dans  une  cuve  avec 
la  moitié  de  l'eau  totale  ;  après  douze  heures  de  macération,  je  soutire 
et  mouille  à  nouveau  le  marc  avec  la  seconde  moitié  de  l'eau  et  j'ajoute 
le  sirop  nécessaire  préalablement  dissous  à  l'eau  chaude.  Plusieurs 
fois  dans  la  journée  je  fais  une  lessive  en  soutirant  par  le  bas  et  rever- 
sant sur  le  marc;  je  laisse  reposer  une  nuit,  je  soutire  à  nouveau,  je 
presse  le  marc  et  mélange  les  trois  produits  dans  les  tonneaux.  J'ai 
ainsi  un  cidre  homogène  et  ayant  toutes  les  qualités  et  l'arôme  du  cidre 
de  pommes  pur. 

L'emploi  du  sirop  de  glucose  a  quadruplé  cette  année  dans  la  fabri- 
cation du  vin;  il  n'y  a  pas  de  raisons  pour  que  cette  méthode  ne  soit 
pas  appliquée  au  cidre. 


LE   CIDRE.  473 

Le  sirop  massé  de  glucose  vaut  aujourd'hui  54  francs  les  100  kilog. 
MM.  Delarue,  fabricants  à  Verberie  (Oise),  le  livrent  à  ce  prix  en  gare 
de  Verberie,  en  boîtes  de  25  et  50  kilog.;  pour  les  quantités  supé- 
rieures à  100  kilog.,  il  est  préférable  de  le  prendre  en  fûts,  ce  qui  dimi- 
nue le  prix. 

Pour  ceux  qui  auraient  achevé  le  brassage  des  pommes,  on  paut 
ajouter  du  sirop  dans  les  tonneaux,  si  toutefois  la  fermentation  n'est 
pas  achevée.  C.  Boursier. 

Chevrières  (Oise),   14  décembre  1880. 

SUR  LE  CONCOURS  REGIONAL  D'ORAN 

Monsieur  le  Directeur,  je  reçois  à  l'instant  une  demande  de  rectifi- 
cation que  j'accueille  avec  d'autant  plus  d'empressement  qu'elle  relève 
une  erreur  regrettable. 

Eli  citant  quelques  appréciations  consignées  dans  le  rapport  sur  la 
prime  d'honneur  décernée  à  Oran  en  octobre  dernier,  je  vous  ai  écrit 
que  M.  Calmels  n'avait  planté  que  sept  hectares  de  vignes,  alors  que, 
en  réalité,  en  1872  et  1875,  cinq  autres  hectares  ont  été  ajoutés  par 
lui  à  cette  première  plantation  qui  remontait  elle-même  aux  années 
1860  et  1863,  comme  j'avais  eu  le  soin  de  le  dire  pour  bien  montrer 
que  ses  efforts  de  ce  genre  ne  dataient  pas  de  la  veille. 

Je  vous  prie  de  vouloir  bien  signaler  cette  modification,  qui  a 
certainement  son  importance,  et  de  me  permettre  d'ajouter  que  le 
Comice  d'Oran,  dans  sa  séance  ordinaire  du  7  novembre  1880,  a 
donné  son  entière  adhésion  aux  motifs  exposés  par  M.  Calmels  pour 
expliquer  l'emploi  de  la  main-d'œuvre  des  prisonniers  indigènes  qui 
lui  avait  été  reproché  à  l'occasion  du  même  concours. 

Veuillez  agréer,  etc.  L.  Bastide. 

SOCIÉTÉ  NATIONALE  D'AGRICULTURE 

Séance  du  15  décembre  1880.  —  Présidence  de  M.  Chevreul. 

M.  le  ministre  des  po&tes  et  des  télégraphes  envoie  les  documents 
relatifs  à  l'Exposition  internationale  d'électricité  qui  aura  lieu  à  Paris 
en  1881,  et  dans  laquelle  les  applications  de  l'électricité  à  l'agriculture 
auront  une  place  spéciale.  Le  Journal  a  déjà  signalé  ce  projet  d'expo- 
sition qui  sera  exécuté,  au  palais  de  l'Industrie,  pendant  l'été  pro- 
chain. A  l'occasion  de  cette  exposition  aura  lieu  également  un  con- 
grès international  d'électriciens. 

M.  de  Lapparent  envoie  la  règle-montre  relativement  à  laquelle  il  a 
récemment  présenté  un  mémoire  à  la  Société. 

M.  Schatzmann,  correspondant  de  la  Société,  envoie  le  rapport  sur 
la  Station  laitière  de  Lausanne  de  1 879  à  1 880,  et  une  brochure  sur 
la  fabrication  du  from  ige  de  Roquefort. 

M.  Seurratde  la  Boulaye  envoie  un  deuxième  mémoire  sur  la  maladie 
ronde  des  pins  en  Sologne.  Il  attribue  cette  maladie  au  développement 
d'un  cryptogame,  le  Wiizina  undulata  ;  les  dernières  observations 
confirment  complètement  cette  opinion. 

M.  le  secrétaire  perpétuel  présente  les  résultats  de  l'analyse  d'un 
vin  de  jacquez,  envoyé  par  M.  Laliman.  Cette  analyse  a  été  faite  par 
M.  Joseph  Boussingault;  elle  a  donné  les  résultats  suivants,  rapportés 
à  un  litre  : 


474  SOCIÉTÉ  NATIONALE  D'AGRIGULTURE  DE  FRANGE. 

Alcool  en  volume - 97" 

Acidité  totale  exprimée  en  acide  sulfurique 5»'. 97 

Crème  de  tartre .., 0«'.54 

Glucose - indices 

Tannin l«^50 

Exlmit  soc  obt«mn  dans  le  vide 39*'. 80 

Glycosine • S«'.00 

Acide  succinique 2«' .  00 

Gendres , , 3«^00 

Alcali  des  cendi'es  exprimé  en  potasse !«'.€2 

La  densité  de  ce  vin  était  de  0.989.  L'acidité,  ajoute  M.  J.  Boussin- 
gault,  était  très  forte,  et  il  est  probable  qu'il  y  avait  eu  un  commence- 
ment de  fermentation  acide.  —  Un  deuxième  vin,  provenant  du 
cépage  qu'il  appelle  Dumas^  avait  aussi  été  envoyé  par  M.  Laliman; 
mais  la  quantité  était  trop  faible  pour  que  l'analyse  pût  en  être 
exécutée. 

M.  Forney,  professeur  d'arboriculture,  offre  à  la  Société  une  livraison 
d'une  revue  américaine  qui  renferme  un  article  étendu  sur  la  grande 
culture  du  blé  dans  l'état  de  Dakota. 

M.  Milne-Edwards  demande,  au  nom  de  la  Section  d'histoire  natu- 
relle, que  la  Société  déclare  la  vacance  pour  une  place  de  membre 
associé  dans  cette  Section.  —  M.  Passy  fait  la  même  demande  pour 
une  place  de  membre  titulaire  vacante  dans  la  Section  d'économie,  de 
statistique  et  de  législation  agricoles.  Ces  propositions  sont  adoptées. 

M.  Clavé  fait  une  communication  sur  la  diminution  de  charbon  con- 
statée dans  la  carbonisation  de  bois  détruits  par  les  gelées  de  l'hiver 
dernier.  A  cette  occasion,  des  observations  sont  successivement  pré- 
sentées par  MM.  Chevreul,  Boussingault,  Dumas,  Barrai,  Becquerel  et 
d'Ësterno,  sur  les  conditions  dans  lesquelles  les  liquides  des  végétaux 
se  congèlent.  M.  Chevreul  insiste  sur  l'opportunité  et  la  nécessité  de 
faire,  à  cet  égard,  des  observations  précises. 

La  Société  procède  à  l'élection  d'un  membre  associé  dans  la  Sec- 
tion des  sciences  physico-chimiques  agricoles.  M.  Renou  est  élu. 

M.  Muntz  donne  lecture  d'une  étude  sur  la  conservation  des  grains 
par  l'ensilage.  Ses  recherches  confirment  les  idées  émises  par  Doyère, 
appuyées  des  observations  de  M.  Bella,  à  savoir  que  la  siccité  relative 
du  grain,  la  préservation  des  parois  des  changements  de  température 
et  une  fermeture  parfaite  sont  les  conditions  essentielles  pour  prati- 
quer avec  succès  la  conservation  des  grains  par  l'ensilage. 

M.  Barrai  demande  que  la  Société  s'occupe  des  dispositions  législa- 
tives, à  l'étude  à  la  Chambre  des  députés,  sur  les  moyens  de  destruction 
des  cadavres  des  animaux  atteints  de  maladies  contagieuses.  Après 
quelques  observations  de  M.  Chevreul  et  de  M.  Bouley,  cette  question 
est  renvoyée  à  la  Section  d'économie  des  animaux. 

Henry  Sagnier. 

REYUE  COMMERCIALE  ET  PRIX- COURANT  DES  DENRÉES  AGRICOLES 

(18  DÉCEMBRE  1880). 
1.  —  Situation  générale. 
_  Dans  la  plupart  des  départements,  les  marchés  agricoles  sont  assez  bien  appro- 
visionnés Les  prix  des  céréales  et  ceux  de  la  plupart  des  denrées  se  maintiennent 
assez  facilement. 

II.  —  Les  grains  et  les  farines. 
Les  tableaux  suivants  résument  les  cours  des  céréales,  par  quintal  métrique,  sur 
les  principaux  marchés  de  la  France  et  de  l'étranger  : 


REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX-COURANT  (18    DÉCEMBRE  1880).  471 


»'•  RÉOIOM.—  NORO-OCE8T. 


Blé. 

fr. 

Cafuarfox.  CoBdé JO.oO 

—  Lisieux 28  50 

Côtes  du-Nnrd.  Lannion  îi.50 

-      Trég'l'er 2400 

Finistère.  Morlaix S5-75 

•    Landerneau 26.00 

nie  et-V daine   Rennes.  îS.oo 

—  Saint-Malo 27.75 

Manche.  Avrancbes....  2».'>0 

—  Pontorson 29-00 

—  VilleHien 29.50 

Mayenne..  Laval 27.00 

—  chàleau-Gontier.  27.25. 
Morbihan.  Henuebont.  27  50 
Orne.  Belle  ma 2»  "o 

—  Seez 26.75 

Sarthe.  Le  Mans 27.50 

—  Sablé 27^ 

Prix  moyens 27.48 


Seigle. 
fr. 

34.00 

2t. 00 
iS.tfO 
•Jl.t-'O 
18. SO 

21.25 


Orge. 

fr. 


22.25 
21.75 


20  RBOION. 


27.00 


28.110 
29  00 
29.00 
29.50 


Aisne.  Soissons 

—  Saint-Quentin.. 

—  Villers-Cotterets 
Eure.  Evreux 

—  Bernay 

—  Picy 

Eure  et'Loir.  Chartres  29.00 

—  .\iineaii 28  50 

—  NogenUle-RotroU  28.15 
Nord.  Cambrai 27.75 

—  Donwi 28  00 

—  Valenciennes.. . .  28. 5') 
Oise.  Rcaiivai» 28.50 

—  Clermont 27.05 

—  S&nli~ 27.50 

Pas  de-Calais.  Arras..  28.50 

—  Saint-Omer 28  25 

Seine    P  ris 28.7b 

S.  et-Mame  Uammartia  28.25 

—  Nemours 28.00 

—  Provins       28.50 

S.-et-Oise.  Dourdan 29. 50 

—  RaraboaiUet    ...   27.25 

—  Ve'-sailles 27.50 

Seine  h^férieure  Rouen  28  30 

—  Di-npe 29  00 

o—    Yvetot 27  70 

—Smme.  Abbeville 27.80 

Peronne 27  00 

—  Roye 27  5o 

Prix  moyens 28.13 


22  25 
22 .00 
21.75 
20.(10 
19.75 
21.25 
22.50 
2J   00 

18.75 
211.25 
21. 2i 
20  00 
20.85 
21.50 
20.50 
21.00 
22  00 
2".  50 
22.00 
21.50 
>2  (0 
19   50 

22.60 
21. tO 
22  50 
21.00 
19  75 
21.25 

21.02 


16. 00 

18.50 
18.00 

19  50 
18  01) 
18. 7i 

18  03 

20  UO 
16.50 

19  00 


17.00 
20  00 
20  25 


Avoir  e. 

fr. 

22  1)0 

16.50 
16  75 
!S.25 
16.50 
18.0.1 
19.0(1 
24.00 
21  .  25 

23  25 
21.50 
2". 00 
17.00 
18.00 
18. 50 
22.25 
20 .  50 


19.50 
20.00 
18.00 
18   50 


19   65      19   21 

19.00      19   50 

20.70 

18.50 

19.50 

20.00 

21.25 

19   00 

18.95 


21.00 
20  50 
19. 2i 
17.50 
19.00 
20.25 

20.25 


19.25 

19.20 


3»  RKSION.—  NORO-KST. 


Ardennes   Charleville.  27  25  22  25 

Aube.  RomiUy    27.50  22  oo 

Mé'-y-snr-Seine  .   27.50  22  00 

—  îiogènt-sur-Seine  27.80  22.50 
Marne.  Chàions 27  75  22.75 

—  Epernay 27.50  2o  75 

—  Reins 26.75  21.25 

—  Sézanne 27  00  20.50 

Hte- Marne    Boarbonne  27.50  20  25 

llteurthe-etMo<i.    Nancy  28.00  22. ■'5 

—  Pont  à-Mousson.    27.25  22.00 
_     Toul 27.75  23   00 

Meuse.  Bar-le-Dnc...  27. 75  21  50 

_      VerHnn 26. 50  21.00 

aute-Saône    Gray....  28  oO        » 

—  Vfts.Mll 

Vosges    Neufchàteaa 

—  Raon-i'Eiape. . 

Prix  moyens.. .. 

4»  RKOION.  —  «»1TEST. 
Charente.  Angoulème.  28.75     18.00 

_      Riiffpc    29   50      20.00 

Cftaren/e  M/'ér.Marans  26.75  » 
Deux  Sevrés.  Niort...  29  00  » 
Indre-et-i.oire.  Bleré..   28.00 

—  Châtean-Renault  27.75 

Lo»re-/n/.  Nantes 27- 00 

M.-eU4oire..  Angers  ...   27  00 

—  Saumur 28-25 

Vendée.   Loçon 26  5(J        » 

—  Fontenay 26.75        » 

Vienne.  Chatellerault. .  27  50  20.75 

—  L-^ndun 27.25         » 

HavX&^Vienne  Limoges  28.00  20.50 

Prix  moyens 27.71    20.00 


21  25 
19.00 
19.25 
19  7b 
21.50 
18.50 
19  25 
18.75 

18.50 


27.45 
27  25 
29.50 
27.5» 


23.25 
21.48 


18. T5 
19.50 


20  00 
21.50 


19.00 
19.00 
18.00 

19  50 
21  50 

20  .50 
19  0) 
19.50 
19  50 
19  00 
19. bO 
19.50 


20.00 
18.75 

17  5o 

18  00 
18.25 
18.50 
18.30 
18  50 
18.00 
19. Oo 
20.25 
18.50 
19.00 

18  25 

19  50 
18  00 
2o.f>0 
21  25 
20.00 
18.50 
18.00 
17  00 

18. iO 


18.50 
18.  50 
18.50 
19. '^O 
19.20 
19.00 
19  25 
18  50 
17. fO 
17.25 
17.25 
17.15 
18. 75 
17  25 
16  50 
16.20 
16  i>0 
16  65 


22.00 
19  25 
19.50 
21.50 
17.50 
18.00 

18  75 
21.50 

19  00 
19. 50 

19  25 
1»  25 
19.00 

20  00- 


—  CBNTKB. 

Blé.    Seigle. 


Allier.  Moulins 

—  Montlii(;on 

—  Sai'nt-Pourcain.. 
C/ier.Boiirt;Pi 

—  Gracay  

—  Vierzon 

Creuse.  Aubusson 

Indre.  Chàteauroux.. . . 

—  Issoiidnn 

—  Valençay 

Loiret.  \:ontargi3 

—  Gien 

—  Patay 

Loir-et-Cher,  Vendôme., 

—  Monloire 

Nièvre.    Nevers 

—  La  Charité 

Vonne.   Brienon , 

—  St-F!oteniin , 

—  Sens 


fr. 
28.50 
28  00 
30  00 
27.20 
28.75 
28.50 
27.75 
27.75 
28  O'I 

27.  50 
28  00 

28 .  50 
iS.OO 
28.50 

27  25 
28.00 
30  40 
27.73 

28  00 
28.  50 


fr. 

20.25 
19.75 
20.00 
19  25 
21.25 
20.50 
19.(^0 
20.75 
19  75 
20. 50 
21  50 
2,». 75 
20 .  50 
20.60 
20.  UO 


Orge.  Aîoiie. 

fr.  fr. 

19.50  18  75 

20.00  18.00 

18  00  17.50 
19.50  18.50 

19  00 
20.25 

19  50 
19  25 
■20.75 


18.25 
18.00 
18.50 
19.00 
18.25 
18  50 


18.50  19  50 

18. 70  18.50 

18.50  18.00 

21  00  20.00 


20  50 
18  50 
18.75 


17.25 
19.50 
19.50 


Pnx  moyens. 28 

6«  RÉGION. 

Ain.  Bourg 31.00 

—  Pont-de-Vaux.   ..  2».  75 
Côle-d'Or.  Dijon 27  00 

—  Beaune 28. oo 

Doubs.    Besançon 28   50 

Isère.  Grenoble 29.75 

—  Bourg^jin 28  50 

Jura.  Dôle 28  Oo 

Loire.  Saint-Etienne 28  50 

P.-de-ûôme  Rium 27.75 

Rhône.  Lyon 29.50 

Saône-et- Loire.  Autun..   28  50 

—  Màcoa 2>.5a 

Savoie.  Ctiambery 29 .  50 

///e-Souote.  Annecy 29. OO 


18.00 
22  50 
20.75 

21   00     au  00     18  25 
20. Î4      119.37     18.51 
EST. 


20.50 
2).'i5 
21.25 
19  50 
19.25 
21  50 
21.50 
21.50 


20.00 
20.50 
18.75 


17.75 
17. .'0 
20.50 
19.50 
18.00 


Prix  moyens 28.98     20.79     i 

7«  RÉGION.   —  SHU-OPEST. 


Ariige.  Pamiers 29 

Dordogne.  Bergerac....  29, 

Hte-Garonne.  Toulouse.  28- 

—  Viliefranche-Laur.  29. 
Gers.  Condom 29. 

—  Eauze 27. 

—  Mirande 27. 


Gironde.    Kordeaux.... 

—    La  Réole 

Landes.  Dax 

Lot-etnaronne.  Agen.. 


B.-Pyrenees.  Rayonne. . 
Htes-Pyrénees.  Tarbes, 

Prix  moyens , 

S«  RsaiON. 
Aude,   Carcassonne....  28 

Aveyron.    Rodez 27 

Cantal.   Mauriac 31 

Correze.  Luherzac 29 

Hérault.  Celte 29 

Lot.  Figeac 28 

Lozère.  Mende 29 

—  Marvejols 27. 

—  Florac 27. 

Pyréneex-Ur  Perpignan  28. 
Tarn.  Puy-Laurens.. ..  27 
rorrr-et-GÛr.Moniauban  28 


20.05 

26.25 
20 .  UO 
20.50 


19.00 
20.50 


21.00 
20.75 


28.57     20.25 


19. 7-. 
26  40 
21.25 

» 
20.50 
19.25 
22  Oi) 
20.50 
2U.00 


16.00 
17.25 


18.50 
17.25 


20.25 
19.80 


21.2b 
23.00 


17.00 
17.75 
16.75 
17.00 
17.50 
18.75 
17  00 
17.25 
17.00 
20.00 
17  25 
17.25 
17.50 
18.75 
17.80 


19.50 
19.25 
20.25 

20.50 
19  2à 
19  00 
21.00 


20.25 
20.50 
20.00 
20.25 


20-25     18.06 


Prix  moyens 28.60    21.10    20.18 

9«  RBOION.   —  SCTO-B8T. 
Basses-Alpes.  Manosque 
Hautes-Alpes.  Briançon 
Alpes-Maritimes  Cannes 

Ardeche.  Privas 

B.-du-Hhône.  Aix 

Drôme.   Romans 

Gard.  Nines 

Haute-Lotre.  Le  Puy.... 

Var.  Draguignan 

Vaucluse.  Carpentras... 

Prix  moyens 
Mot-  de  toute  la  France 
—  de  lisemaine  preced. 

SarlaseJialnev  Hausse, 
précédente..     {  Baisse. 


19,97 


19.50 
20.00 
22.10 
20.25 
21.00 
20.00 
21.15 

17.76 
24.45 
18.75 
20. SO 

20.49 


00.19     00. 2S     _ 


476  REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX-COURANT 

Blé.  Seigle.  Orge.  Aroine. 

fr.  fr.  fr.              ir.                  \ 

Algérie.                   Alger 26.50  •  lô.50  17.00 

Angleterre.              Londres 26.75  •  19.90  20.50 

Belgique.                 Anvers 26.75  23  85  21.65  19.50 

—  Bruxelles 28.00  23.35  »  20.25 

—  Liège 27.50  24.75  23.00  19.25 

—  Nainur 27.00  23.75  21.00  17.75 

Pays-Bas.                Amsterdam 25.9.i  24.15 

Luxembourg.  Luxembourg 29.50  24-25  23.00  1725 

Alsace-Lorraine       Metz 28.75  25.50  21.00  18.75 

—  Strasbourg 30.75  26.75  23.25  18.25 

—  Mulhouse 29.75  25.75  23.00  19.50 

Allemagne.  Berlin 25.60  26.60 

—  Cologne 27  50  27  35            » 

—  Mayence 27.75  25  00            •  18.00 

Suisse.  Genève 29  75  •                •  18.75 

—  Zurich 31.25  »               »  19.00 

Italie.  Milan 29  00  23.20            .  20  00 

Espagne.  Burgos 27.00  »  18.00  15  75 

Autriche.  Vienne 27. .50  23  50  18.75  15  25 

Hongrie.  Budapesth 27.25  22.00  18.50  15.00 

Russie.  Saint-Pétersbourg  ...  29.00  25.00           »  15  50 

Etats-Unis.  New-York 24.10  »              ■               » 

Blés.  —  Suivant  les  régions,  les  marchés  agricoles  sont  plus  ou  moins  bien 
approvisionnés,  mais  presque  partout  il  faut  signaler  le  maintien  de  la  situation 
que  nous  avons  constatée  depuis  plusieurs  semaines.  Les  cultivateurs  font  des 
offres  assez  importantes  en  blé,  mais  en  même  temps  ils  maintiennent  avec  une 
grande  fermeté  les  cours  précédemment  acquis.  Suivant  que  les  offres  sont  plus 
ou  moins  abondantes,  la  fermeté  est  plus  ou  moins  grande,  mais  il  ne  se  produit 
pas  de  baisse  d'une  manière  sensible.  D'un  autre  côté,  on  commence  à  se  préoc-- 
cuper  de  la  persistance  du  temps  doux  actuel.  —  A  la  halle  de  Paris,  le  mercredi 
15  décembre,  les  offres  de  la  culture  étaient  considérables,  mais  il  y  avait  peu 
d'affaires.  On  payait  suivant  les  qualités  de  27  tr.  50  à  30  fr.  Le  prix  moyen  s'est 
fixé  à  28  fr.  75  avec  une  diminution  de  50  centimes  sur  celui  de  la  semaine  der- 
nière. —  Sur  le  marché  des  blés  à  livrer,  on  cotait  avec  prix  faibles  :  courant  du 
mois,  28  fr.  50  à  28  fr.  75;  jcnvier,  28  fr.  25;  janvier-février,  28  à  28  fr.  25; 
quatre  premiers  mois,  28  fr.;  quatre  mois  de  mars,  27  fr.  75  à  28  fr.  —  Au  Havre, 
les  ventes  sont  peu  importantes  sur  les  blés  d'Amérique  ;  les  prix  se  maintiennent 
de  27  fr.  25  à  28  fr.  50  par  100  kilog.  suivant  les  sortes.  —  A  Marseille,  les  arri- 
vages de  la  semaine  ont  été  de  235,000  hectolitres  environ.  Les  ventes  sont  un 
peu  actives,  mais  le  stock  est  toujours  faible  dans  les  docks,  car  il  ne  dépasse  pas 
201,000  quintaux.  Au  dernier  jour,  on  cotait  par  100  kilog.  :  Berdianska,  32  fr.; 
Marianopoli,  31  fr.;  Irka,  27  fr.  50  à  29  fr.;  Pologne,  27  fr.  50  à  28  fr.  50;  Da- 
nube, 25  fr.  à  25  fr.  50  ;  Red-Winter,  28  fr.  50  ;  Azoff  dun,  27  fr.  50  à  28  fr.  50. 
—  A  Londres,  les  arrivages  de  blés  étrangers,  durant  la  semaine  dernière,  ont 
été  de  125,000  quintaux  environ.  Les  affaires  étaient  assez  difdciles,  et  les  prix 
en  baisse.  On  cotait  de  25  fr.  50  à  27  fr.  75  par  100  kilog.  suivant  les  quaUtés  et 
les  provenances. 

Farines.  —  Les  affaires  sont  assez  calmes  tant  sur  les  farines  de  consommation 
que  sur  celles  de  spéculation,  et  les  prix  sont  faibles.  Pour  les  premiers,  on  cotait 
à  la  halle  de  Paris  le  mercredi  15  décembre:  marque  D,  64  Ir.;  marques  de 
choix,  64  à67fr.  ;  bonnes  marques,  62  à  63  fr  ;  sortes  ordinaires,  61  à  62  fr.; 
le  tout  par  sac  de  159  kilog.,  toile  à  rendre,  ou  157  kilog.  net,  ce  qui  correspond 
aux  prix  extrêmes  de  38  fr.  8 ô  à  42  fr.  65,  par  100  kilog.,  ou  en  moyenne  40  fr.  75, 
soit  une  baisse  de  1  fr.  depuis  huit  jours.  —  Pour  les  farines  de  spéculation,  on 
cotait  à  Paris,  le  mercredi  15  décembre,  au  soir  :  farines  huit-marques,  courant  du 
mois,  63  fr.  25  à  63  fr.  50  ;  janvier,  61  fr.  25  à  61  fr.  50  ;  janvier-lévrier,  61  fr.  25 
à  61  fr.  50;  quatre  premiers  mois,  60  fr.  50  à  60  fr.  75;  quatre  mois  de  mars, 
59  fr.  50  à  59  fr.  75;  le  tout  par  sac  de  159  kilog.  toile  perdue,  ou  157  kilog. 
net;  farines  supérieures^  courant  du  mois,  39  fr.  75  ;  janvier,  39  fr.  25;  janvier- 
février,  39  fr.  25;  quatre  premiers  mois,  39  fr.  ;  quatre  mois  de  mars,  38  fr.  50; 
le  tout  par  sac  de  100  kilog.  —  La  cote  officielle  en  disponible,  a  été  établie 
comme  il  suit,  pour  chacun  des  jours  de  la  semaine. 

Dates  (décembre).  9  10  11  13  14  15 

Farines  huit-marques  (157  kilog.).      64.50        64.35        64.15        64.50        63.75        63-35 
—        supérieures  (100  kilog.).      40.00        40.00        39.75         40.00        39.75        39.75 


DES  DENRÉES  AGRICOLES   (18  DÉCEMBRE   1880).  477 

Les  prix  ont  peu  varié  comme  on  le  voit,  depuis  huit  jours,  quoiqu'ils  aient  un 
peu  baissé.  Il  n'y  a  pas  de  changements  dans  les  prix  des  tarines  deuxièmes  cfui 
sont  vendues  de  30  à  35  fr.  par  100  kilog.,  et  dans  ceux  des  gruaux,  que  l'on  cote 
de  44  à  55  fr. 

Sei()l''s.  —  Il  y  a  toujours  une  assez  grande  faiblesse  dans  les  prix  des  seigles. 
On  cote  à  Paris,  de  21  iV.  75  à  22  fr.  25  par  100  kilog.  Les  prix  des  farines  sont 
aussi  plus  faibles;  elles  se  paient  de  31  à  34  fr.  par  quintal  métrique. 

Orges.  —  Les  affaires  sont  calmes,  à  la  halle  de  Paris,  et  pour  les  diverses 
sortes  les  cours  accusent  un  peu  de  baisse  On  cote  à  la  halle  de  Paris,  de  18  fr. 
à  20  fr.  50  par  100  kilog.  suivant  les  sortes.  Pour  les  escourgeons,  leurs  cours  se 
fixent  de  20  fr.  à  20  fr.  50  par  quintal  métrique.  A  Londres,  les  arrivages  d'orges 
étrangères  sont  restreints;  le  march-^,  présente  beaucoup  de  calme,  et  les  prix 
sont  en  baisse  de  '8  fr.  80  à  21  fr.  par  100  kilog 

Malt.  —  Peu  de  changements  dans  les  prix.  On  paye  à  Paris,  29  à  35  fr.  par 
100  kilog.  pour  les  malts  d'orge,  28  à  '^3  fr;  pour  ceux  d'escourgeon. 

Ai:oines.  —  Il  y  a  beaucoup  de  lourdeur  dans  les  prix,  et  les  affaires  sont  peu 
importantes.  On  paye  à  Paris,  de  19  tr.  50  à  21  fr.  50  par  100  kilog.  suivant 
poids,  couleur  et  qualité.  A  Londres,  les  arrivages  ont  été  de  66,000  quintaux 
environ  depuis  huit  jours.  Les  prix  sont  à  peu  près  stationnaires,de  19  fr.  20  à 
22  fr.  par  100  kilog. 

Sarrasin.  —  Prix  toujours  faibles  à  la  halle  de  Paris.  On  cote  de  18  fr.  50  à 
19  fr.  par  KO  kilog. 

Maïs.  —  Mêmes  prix  que  précédemment,  dans  le  Midi,  de  18  à  22  fr.  par 
100  kilog.  suivant  les  marchés,  et  au  Havre  de  15  fr.  50  à  16  ff.  pour  les  maïs 
d'Amérique. 

Issues  —  Les  cours  accusent  de  la  baisse  depuis  huit  jours.  On  paye  à  la  halle 
de  Paris  :  gros  son  seul,  13  fr.  50  à  13  fr.  75;  son  trois  cases,  i3  fr.  à  13  fr.  25  ; 
sons  fins,  12  fr.  à  12  fr.  50  ;  recoupettes,  12  fr.  à  13  fr.;  remoulages  bis,  15  à 
16  fr.  ;  remoulages  blancs,  17  à  18  fr.;  le  tout  par  iOO  kilog. 
III.  —  Vins,  spiritueux,  vinaigres,  cidres. 
Vins.  —  Il  n'y  a  rien  de  changé  à  la  situation  depuis  notre  dernier  bulletin,  aussi 
notre  chronique  de  ce  jour  est-elle  pour  ainsi  dire  nulle,  et  il  en  sera  de  même, 
croyons-nous,  jusqu'aux  premiers  jours  de  janvier  Tout  est  suspendu,  il  n'y  a  ni 
vente,  ni  olïre,  ni  transaction.  On  attend  d'abord  le  chiffre  officiel  de  la  récolte, 
car  ce  chiffre  aura  certainement  un  influence  sur  les  cours;  on  attend,  en  outre,  le 
premier  janvier  époque  du  dégrèvement  des  vins  dégrèvement  qui  aura  particulière- 
ment un  effet  appréciable  dans  Paris  et  dans  toutes  les  villes  rédimées.  Plusieurs 
de  nos  correspondants  nous  ont  posé  la  question  suiv;nte:  Combien  à  partir  du 
1"  janvier  1881  un  hectolitre  de  vin,  paiera-t-il  pour  entrer  dans  Paris?  Nous 
n'avons  pas  ré|)ondu  à  cette  question  il  y  a  huit  jours,  car  nous  ignorions  alors 
ce  que  ferait  le  Conseil  municipal.  Dans  sa  séance  du  11  décembre,  le  Conseil 
municipal  a  enfin  pris  une  détermination  et  voici  ce  que  nous  pouvons  aujourd'hui 
officiellement  annoncer:  —  A  partir  du  1"  janvier  1881,  un  hectolitre  de  vin  paiera 
pour  entrer  dans  Paris  en  principal  Trésor  8  fr.  25;  plus  à  l'octroi  10  fr.  62  c, 
soit  18  fr.  86  cent,  au  lieu  de  23  f.  87  cent.  :  soit  une  différence  en  moins  de  5  fr. 
00  cent.  5  —  Ainsi  une  bordelaise  de  225  litres  qui  paie  actuellement  52  fr.72  c, 
ne  paiera  plus  que  42  fr.  46  soit  une  différence  en  moins  de  llfr.  26. — 
Quant  aux  villes  rédimées  des  départements,  il  nous  est  impossible  de  déterminer 
les  détaxes,  en  ce  sens  que  ces  détaxes  sont  établies  en  vertu  de  l'article 4  delà 
loi  du  9  juin  1875,  ainsi  conçu:  Art.  4.  —  Le  tarif  de  la  taxe  unique  sera  revisé 
périodiquement  dans  toutes  les  villes  rédimées,  d'après  le  prix  moyen  de  la  vente 
en  détail  et  d'après  les  quantités  vendues  par  les  débitants.  Le  prix  de  la  vente  en 
détail  sera  celui  constaté  dans  l'arrondissement  pendant  les  trois  dernières  années. 
Les  quantités  vendues  par  les  débitants  seront  celles  relevées  d'après  les  expéditions 
et  sur  les  registres  des  contributions  indirectes  en  prenant  la  moyenne  des  trois 
derninères  années. 

spiritueux.  —  A  partir  du  1"  janvier  1831  le  régime  des  boissons  alcooliques 
est  modifié  ainsi  qu'il  suit  :  — Les  eaux-de-vie  en  bouteilles,  les  fruits  à  l'eau-de- 
vie,  les  liqueurs  et  l'absinthe  sont  soumis  aux  mêmes  droits  de  consommation 
et  aux  mêmes  taxes  de  remplacement  que  les  eaux-de-vie  et  esprits  en  cercles, 
proportionnellement  à  leur  richesse  alcoolique. 

Le  marché  est  toujours  au  calme  et  les  prix  se  maintiennent  sans  changement 
avec  ceux  de  la  semaine  dernière,  soit  entre  60  fr.  et  60  fr.  50.  La  circulation,  n'a 


478  REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX-COURANT 

pas  dépassé  ving-cinq  pipes,  et  le  stock  est  de  7,825  pipes,  contre  6,600  en  1879. 
On  incline  à  croire  en  général  que  la  hausse  offre  plus  de  probalité  que  la  baisse. 
A  Lille  les  aiïaires  sont  toujours  très  calmes  et  le  cours  de  58  fr.  50  reste  jusqu'à 
nouvel  ordre  un  (  hiffre  inamovible.  Les  marchés  du  Midi  accusent  également  peu 
de  changement  et  les  marchés  allemands  sont  à  la  baisse.  A  Paris  on  cote  3/6  bet- 
terave, 1"=  qualité,  ^0  degrés  disponible,  61  fr.  50;  quatre  premiers,  61  fr.  25  à 
61  fr.  50  ;  (juatre  d'été,  60  fr.  75  à  61  fr. 

Vinaigres.  —  Rien  de  nouveau  '^ur  cet  article  qui  conserve  sa  fermeté.  Au  mois 
d'octobre  dernier,  il  est  entré  dans  Paris  3,187  hectolitres  de  vinaigre  à  tous  degrés 
d'acidité. 

Cidres.  —  Rien  également  de  nouveau  sur  les  cidres  qui  sont  toujours  fort 
chers.  Pendant  le  mois  d'octobre  dernier,  il  en  est  entré  dans  Paris  2,362 
hectolitres. 

IV.  —  Sucres.  —  Mélasses.  —  Fécules.  —  Glucoses.  —  Amidons.  —  Houblons. 

Sucres.  —  Les  transactions  sur  les  sucres  bruts  continuent  à  accuser  peu 
■d'importance;  les  cours  varient  peu  pour  les  diverses  sortes.  Onpayepar  100  kil., 
à  Paris,  sucres  bruts  88  degrés  saccharimétriques,  55  fr.  25;  sucres  blancs,  n"  3, 
€3  fr.  ;  à  Lille,  sucres  bruts,  53  fr.  50  à  54  fr.  ;  à  Valenciennes  sucres  bru.s,  52  fr. 
25;  sucres  blancs,  60  i'r.  Le  stock  de  l'entrepôt  réel  des  sucres  à  Paris,  était,  au 
15  décembre,  de  385,000  sacs  pour  les  sucres  indigènes  et  3,000  sacs  pour  les  sucres 
coloniaux.  Pour  les  sucres  raffinés,  les  prix  se  maintiennent  bien.  On  paye  à  Paris 
115  à  116  fr.  par  lOu  kilog.  à  la  consommation,  et  72,75  à  75,50  pour  l'exporta- 
tion —  Dans  les  ports,  il  y  a  toujours  beaucoup  de  calme  dans  les  affaires  sur  les 
sucres  coloniaux,  tant  bruts  que  raffinés. 

Mélasses.  —  Prix  peu  variés.  On  paye  à  Paris  13  fr.  par  100  kilog.  pour  les  mé- 
lasses de  fabrique,   14,  50  pour  celles  de  raffinerie. 

Fécules.  —  Les  affaires  sont  assez  calmes,  et  les  prix  ne  subissent  pas  de  chan- 
gements. On  cote  à  Paris  35  à  35.  50  par  100  kilg.  pour  les  fécules  premières  du 
rayon,  21,  50  pour  les  fécules  vertes.  Celles  de  l'Oise  sont  cotés  à  Compiègne  35  fr. 
par  quintal  métrique. 

Glucoses.  —  Peu  d'affaires,  avec  des  prix  assez  bien  soutenus.  On  cote  à  Paris 
100  kilog:  sirop  premier  blanc  de  cristal,  53  fr.  ;  sirop  massé  46  à  49  fr.;  sirop 
liquide,  39  h*. 

Amidons.  —  On  paye  Paris  par  100  kilog.  :  amidons  de  pur  froment  en  paquets, 
70  à  72  fr.;  amidons  de  province,  60  à  62  fr.;  d' Alsace,  56  à  58  f.;  de  maïs,  40  à 
42  fr. 

Houblons.  —  Il  y  a  actuellement  peu  d'affaires  sur  le  plus  grand  nombre  des 
marchés,  et  les  cours  sont  ceux  que  nous  avons  indiqués  dans  nos  précédentes 
Tevues. 

V. —  Huiles  et  graines  oléagineuses. 

Huiles. — Après  avoir  été  cotés  en  baisse,  les  prix  des  diverses  sortes  d'huiles  de 
graines  sont  plus  fermes.  On  paye  à  Paris,  par  100  kilog.  :  huile  de  colza  en 
tous  fûts,  73  fr.  50;  en  tonnes,  75  fr.  50;  épurée  en  tonnes,  83  fr.  50;  huile  de 
lin  en  tous  fûts,  67  fr.  50;  en  tonnes,  69  fr.  :  0.  —  Sur  les  marchés  des  dé- 
partements, on  paye  les  huiles  de  colza  :  Gaen,  69  fr.  50;  Rouen,  73  fr.  25; 
Cambrai,  71  fr  ;  et  pour  les  autres  sortes,  à  Rouen  :  lins,  69  fr  ;  arachides  à 
fabrique,  78  à  84  fr.;  arachides  comestibles,  105  à  115  fr.;  sésame,  "78  à  82  fr. 
—  A  Marseille,  les  prix  sont  laibles  sur  les  huiles  de  graines  ;  celles  de  sésame 
■sont  cotées  à  67  fr.  —  Quant  aux  huiles  d'olive,  les  prix  sont  tenus  partout  avec 
une  grande  fermeté,  les  nouvelles  de  la  récolte  continuant  à  signaler  de  nom- 
Ibreuses  déceptions. 

Graines  oléagitieuses.  —  Les  ventes  sont  assez  actives,  avec  des  prix  fermes  sur 
les  marchés  du  Nord,  on  paye  par  hectolitre  à  Cambrai  :  œillette,  34  à  35  fr.  50; 
-colza,  21  à  22  fr.  25;  lin,  24  à  25  fr.  50;  cameline,  13  fr.  50  à  17  fr.  50. 

VI.  —  Tourteaux.  —  Noirs   —  Engrais. 

Tourteaux.  — •  A  Marseille,  les  prix  sont  fermes.  A  Rouen,  on  cote  :  colza, 
15  fr.  25;  arachides  en  coques,  12  fr  ;  sésame,  16  fr.;  lin,  25  fr.;  —  à  Cambrai, 
tourteaux  d'oeillettes,  22  fr.  50;  de  colza,  16  à  18  fr.:  de  cameline,  18  fr.;  de  lin, 
•26  à  27  fr. 

Noirs.  —  On  paie  à  Valenciennes  :  noir  animal  neuf  en  grains,  32  fr.  par 
100  kilog.;  noirs  d'engrais  vieux  grain,  8  à  9  fr.  par  hectolitre;  de  lavage,  2  à  4  fr. 


DBS  DENRÉES  AGRICOLES  (18  DÉCEMBRE  1880).  479- 

Vn.  —  Matières  résineuses,  colorantes  et  tannantes. 

Matières  résineuses.  —  Sur  le  marché  de  Baza»,  les  gemmes  ne  sont  pas  cotées 
au  delà  de  35  fr.  par  barrique.  Les  brars  valent  de  12  à  13  francs. 

Gaudes.  —  Cours  très  fermes  dans  le  Langnedoc,  à  2-2  fr.  par  l©0  kilog. 

Laines.  —  Dans  les  ports,  on  n'accuse  qiae  des  affaires  peu  importantes  sur  Les 
laines  coloniales,  avec  peu  de  changements  dans  les.  anciens  prix. 
VI II.  —  Suifs  et  corps  gras,  cuir.i  et  tJeœux. 

Suifs.  —  On  paie  comme  la  semaine  précédente,  à  Paris,  84  h.  par  100  kiiog. 
pour  les  suifs  purs  de  l'abat  de  la  boucherie. 

Saindoux.  —  Les  prix  accusent  beaucoup  de  fermeté  au  Havre,  de  119  fr.  à 
119  fr.  50  par  100  kilog,  pour  les  saindoux  d'Amérique. 

I.\.  —  Beurres.   —  Œufs.  —  Frwnages.—  Volailles  et  gibier. 

Beurres.  —  On  a  vendu  pendant  la  semaine,  à  la  halle  de  Paris,  216,640  kilog. 
de  beurres.  Au  dernier  marché,  on  payait  par  kilog.:  en  demi-kilog.:  2  fr.  60  à 
4  Ir.  62;  petits  beurres,  2  24  à  3  fr.  lU;  Gournay,  2  2)0  à,  5  fr.  60  j  Isigny,  2  fr.  50 
à  7  fr  34. 

Œufs.  —  Du  7  au  13  décpmbre,  il  a  été  vendu,  à  la  halle  de  Paris, 
3,528,855  œufs.  Aa  dernier  marché,  on  payait  par  mille:  choix,  133  à  150  fr.; 
ordinaires,  74  à  117   fr.;  petits,  52  à  62  fr. 

Fromages.  —  Derniers  cours  de  la  halle  de  Paris  :  par  douraine.  Brie.,  10- à 
26  fr.;  Montlhéry,  15  fr.;  par  cent,  Livarot,  28  à  66  fr.;  Mont-cTOr,  20  à  30  fr.; 
Neufchâtel,  5  à  19  fr.;  divers,  9 à  55  fr;  par  100  kilog..  Gruyère,.  130  à  170  fr. 

Volailles  et  gibier.  —  On  vend  à  la  halle  de  Paris  :  Agneaux,  »»  à  »»  fr.  — 
Alouettes  (la  pièce),  0  fr.  16  à  0  fr.  29.  —  Bécasses,  3  fr.  '25  à  7  fr. —  Bécas- 
sines, 0  fr.  50  à  1  fr.  80.  —  Cailles,  0  fr.  55  à  1  fr.  00.  — Canards  barboteurs, 
1  fr.  50  à  4  fr.  60. —  Canards  sauvages,  »  fr.  »»  à  »  fr.  »». —  Cerfs,  chevreuils 
et  daims,  20  à  140  fr.—  Sangliers,  60  à  125  fr.—  Crêtes  en  lots,  0  fr.  40  à  5  fr.  20. 

—  Dindes  gras  ou  gros,  3  fr.  50  à  12  fr.  50.  —  Dindes  communs,  »  fr.  »»  à 
»  fr.  >5».  — Faisans  et  coqs  dé  bruyère,  3  fr.  50  à  7  fr.  25  —  Lapins  domesti- 
ques, 1  fr.  25  à  4  fr.  10  — Lapins  de  garenne,  »  fr.  55»  à  »  fr.  —  Lièvres,  2  fr. 
à  6  fr.  75.  —  Oies  grasses,  3  fr.  50  à  9  fr.  50.  — Oies  communes,  »  fr.  »»  à 
»  fr.  »».  —  Perdrix  grises,  1  fr.  70  à  5  fr.  —  Grives  et  merles,  0  fr.  35  à  0  fr.  75. 

—  Pigeons  de  volière,  0  fr.  60  à  2  fr   —  Pigeons  bizets,  »  fr.  à  »  »».  —  Pilets, 

0  fr.  90  à  2  fr.  25.  —  Pluviers,  0  fr.  80  à  1  fr.  75.  —Poules  ordinaires,  »  à»  fr. 

—  Poulets   gras,   1    fr.  50  à  8  fr.  25.  —  Poulets  communs,  »  fr.  »»  à  »  fr.  »» 

—  Râles  de  genêt,  0  fr.  50  à  1  fr.  25.  —  Rouges,  1  fr.  75  à  2  fr.  50  —  Sarcelles, 

1  fr.  à  1  fr.  )ib.  —  Vanneaux,  0  fr-  80  à  1  fr.  —  Pièces  non  classées,  0  fr.  45  à 
9  fr. 

X.  —   Cheoaux.  —   Bétail.  —    Viande. 
Chevaux.  — Aux   marchés  des  8  et  11  décembre,  à  Paris,  on  comptait  1,050 
chevaux.  Sur  ce  nombre,  393  ont  été  vendus  comme  il  suit  : 

Amenés.  Vendus.  Prix  extrêmes. 

Chevaux  de  cabriolet 2i2  58      315  à  1,090  fr. 

—  detrait 282  80      300  à  1,215 

—  horâd'âge 381  "o        30  à  1,080 

—  à  l'enchère 92  92        25  à      470 

—  de  boucherie 83  83        25  à       112 

Anes  et  chèvres. — Aux  mêmes  marchés,  on  comptait  16  ânes  et  4  ehèvre»;  9  ânes 
ontété  vendus  de  22  à  50  fr.  ;  2  chèvres,  de  30  à  52  fr. 

Bétail.  —  Le  tableau  suivant  résume  le  mouvement  du  marché  aux  bestiaux  de  la 
Yillette,  du  jeudi  9  au  mardi  14  décembre  : 

Poids        Prix  d\i  Itilog.  de  viande  sur  pied 
Veadus  moyea      an  marché  da  lundi  13  décembre. 

Poar        Pour  En         ^  quartiers,  f 

Amenés.       Paris,  l'extérieur,    totalité. 

Bœufs 5.932 

Vaches 1,950 

Taureaux 305 

Veaux 3,183 

Moutons 35,817 

Porcs  gras 5,961 

—    maigres.  6 

Sauf  pour  les  moutons,  les  approvisionnements  ont  été  à  peu  près  les  mêmes 
que  la  semaine  précédente.  Pour  toutes  les  catégories  d'animaux,  les  cours  accu- 
sent, sur  les  divers  marchés,  une  grande  fermeté  C'est  surtout  sur  les  gros  ani- 
maux que  cette  situation  est  principalement  accusée. 


430       REVQE  COMMERCIALE  ET  PRIX-COURANT   (18  DECEMBRE  1880). 

A  Londres,  les  arrivages  d'animaux  étrangers,  durant  la  semaine  dernière, 
se  sont  composés  de  9,160  têles,  dont  6  bœufs,  12  veaux  et  4,559  moutons 
venant  d'Amsterdam;  513  moutons  d'Anvers;  36  bœufs  de  Gothembourg; 
516  moutons  d'Hambourg;  48  bœufs,  8  veaux  et  1,270  moutons  et  1  porc  d'Har- 
lingen;  184  bœuts  et  15  j  moutons  de  New-York;  l'iO  bœufs  d'Oporto;  1  bœuf, 
151  veaux  et  1,562  moutons  de  Rotterdam.  Prix  du  kilog.  Bœixf^  l'*,  1  fr.  99 
à  2  fr.  10;  2",  1  fr.  75  à  1  fr.  90;  qualité  inférieure,  1  fr.  'iO  à  1  fr.  75.  — 
Veau,  1",  l  fr.  93  à  2  fr.  10;  2%  1  fr.  75  à  1  fr.  93.  —  Mouton,  V\  2  fr.  28  à 
2  fr.  45;  2%  l  fr.  93  à  2  fr.  10;  qualité  inférieure,  1  fr.  75  à  1  fr.  93.  —  Porc,  1", 
1  fr.  75  à  1  fr.  99  ;  2%    1  fr.  58  à  1   fr.  75. 

Viande  à  la  criée.  —  On    a  vendu  à  la  halle  de  Paris,  du  7  au  13  décembre  . 

Prix  du  kilog.  le  13  décembre. 


kilog. 
Boauf  OU  vache  . .  203,462 

Yaau 177,830 

Mouton 85,572 

Porc _31,499_ 

4'98^363 


1"  quai.              "2«  ijual.               i»  quai.  Gboix.     Basse  bouclierie. 

1.96àl.60      0.78àl.46      CôOàl.lO  0.86  à2. 50   0. 10  à  100 

1.78    2.30      1.26     1.76      0.70     1.24  0.80    2.70      . 

1.40    1,52      1.02     1.38      0.64    1  00  0.80    2.80      » 

Porc  frais 1.30à  1.70 

Soit  par  jour 71,195  kilog. 


Les  arrivages  ont  peu  varié.  Les  cours  ont  subi  un  peu  de  baisse   depuis  hui* 
jours  pour  les  diverses  sortes. 

XI.  —  Cours  de  la  viande  à  l'abattoir  de   la  Villette  du  16  décembre  {par  50  kilog.) 
Cours  de  la  charcuterie.  —  On  vend  à  la  Villette  par  50  kilog.  :    l'«  qualitn, 
90  à  95  fr.;  2«,  85  à  90  fr.;  poids  vif,  60  à  64  Ir. 

Boeufs.  Veaux.  Moutons. 


,r,                       2.                      3. 

1" 

2»                   3«                  1"                  2» 

3" 

qaal.           quai.           quai. 

quai 

quai.           quai.           quai.          quai. 

quai. 

fr.                fr.                fr. 

fr. 

fr.               fr.               fr.               fr. 

fr 

76               67               58 

120 

105             98              85              76 

68 

XII.  —  Marché  aux  bestiaux  de  la  Villette  du  jeudi  I6  décembre. 

Cours  des  comraisslonnr ires 

Poids 

Cours    officiels.                                en  bestiaux. 

moyen 

_- Ml                              ^1                                       „^ 1^ 

_  Il      — 

Animaux 

général. 

1"         2»         3«            Prix               1"         2"         3» 

Prix 

amenés.      Invendus. 

kil. 

quai.  quai.  quai,     extrêmes,  quai.   quai.  quai. 

extrèn-es. 

Bœufs î.49n                362 

365 

1.66     1.48      1.04     1.00  àl. 70       1.64     l.féS     1.05 

l.OOàl   68 

Vache» 784             126 

3&0 

1.50     1.32     0.96     0.90     1.55        1.50     1.30     0.95 

0.90     1.55 

Taureaux...        loi                5 

370 

1.30     1.18     l.UO     0.96     1.40       1.28     1.18     1.00 

0.95     1.3S 

Veaux 1.047             i48 

80 

2.50     2.40      1.90      1.60     2.60          »            »            » 

»           ». 

Moutons....  is.376             613 

18 

l.S>6     1.70      1.46      1.36     2.110          >             >            > 

»            » 

Porcs  gras..     3.580               • 

82 

1.62     l.f.2     1.54     1.50     1.76         >            »            • 

»           ■ 

—  maigres.          »                 » 

1 

»           • 

Vente  assez  aclive  sur  toutes  les 

espèces. 

XIII.  —  Résumé. 
Les  cours  de  la  plupart  des  denrées   n'ont  subi 
variations  peu  importantes  sur  la  plupart 


depuis  huit  jours,    que  dt 
marchés.  A.  Remy. 


BULLETIN  FINANCIER. 

Faiblesse  à  nos  tonds  publics  :1a  rente  3  0/0  est  à  85  fr.  65,  gagnant  0  fr.  05; 
l'amortissable  reste  à  87  fr.;  le  5  0/0  perd  0  fr.  10  à  118  fr  90.  Néanmoins,  très 
bonne  tenue  et  même  hausse  à  nos  sociétés  de  crédit  :  fermeté  à  nos  chemins  de 
ter. 

Cours  de  la  Bourse  du  8  au  15  décembre  IJ 


Principales  valeurs  française!: 
Plus  Plus 
bas. 

Rente30/o 85.55 

Rente  3  0/0  amortis 87.00 

Rente  4  1/2  0/0 it4.to 

Rente  5  0/0 118.85 

Banque  de  France 3775.00  3805.00  3805.00 

Comptoir  d'escompte 977.50    990.00    986. 2i 

Société  générale 591.00     6o7.50    605.00 

Crédit  foncier 1395.00  1420. oo  1415.00 

Est Actions  500     755.00     760.00     755.00 

Midi d' 

Nord d' 

Orléans d- 

Ouest d' 

Paris-Lyon-Méditerranée  d' 

Paris  1871  obi.  4oo  3  o/O  ., 

Italien  &  o/o , 


nernier 
haut,  cours. 
85.70  85.65 
87.40  87.00 
114.30  114.10 
10      118.90 


H15.00  llîD.OO  1120.00 
1677.50  169  1.00  1680. CO 
1280.00   l'85.00    1280.00 

830.01)  831.25  830.00 
1480.00   1490.00   1480.00 

3&9  75  400  50  400.00 
87.95       88.20       87.95 


Le  Gérant  :  A.  BOUCHÉ. 


[au  comptant). 
Fonds  publics  et  Emprunts  français  et  étrangers 


Plus 

Pius 

Dernier» 

bas. 

haut. 

cours. 

Obligations  du  Trésor 

» 

D 

» 

rerab.  a500.4  0'0. 

518  00 

522.00 

521.00 

Consolidés  angl.  3  o/O 

98  11/16 

5  0'0  autrichien 

64.00 

65.00 

64.00 

4  0/0  belge 

105.45 

105.80 

105.80 

6  o/o  égyptieii 

348.50 

377.50 

348.50 

3  0/0  espagnol,  extér'. 

211/8 

21  1/2 

21  1/2 

d"  intérieur 

» 

» 

5  o/o  Etats-Unis 

105  1/8 

105  1/2 

105  5/8 

Honduras,  obi.  300... 

» 

» 

» 

Tabacs  ital.,  obi.  500.. 

» 

n 

> 

6  0/0  péruvien 

» 

s 

• 

5  o/o  russe 

96.50 
» 

97.25 
13.15 

96.50 

5  o/o  turc 

12  80 

5  0/0  roumain 

Bordeaux,  lOO,  3  0/0.. 

» 

» 

101.00 

Lille,  100,3  0/0 

( 

s 

101.50 

Leterrier. 

CHRONIQUE  AGRICOLE  (25  décembre  issoj. 

La  valeur  des  engrais.  —  Opinions  successivement  émises  sur  cette  délicate  question.  —  Ce  qui 
est  acquis  et  ce  qui  demeure  encore  hypothétique.  —  Comment  se  font  les  analyses  d'engrais 
et  comment  elles  doivent  se  faire.  —  Lettre  de  M.  Perrey.  —  L'action  des  dissolvants.  — 
Deuxième  lettre  de  M.  Perrey.  —  Arrêté  réglant  l'admission  des  chevaux  dans  les  concours 
régionaux.  —  Rapport  de  M.  Schatzmann  sur  la  station  laitière  de  Lausanne.  —  Les  progrès 
dans  les  alpages  de  la  Suisse.  —  Programme  du  concours  d'animaux  de  boucherie  et  d'ani- 
maux reproducteurs  à  Bourges.  —  Sur  les  expositions  scolaires  dans  les  concours  régionaux.  — 
Lettre  de  M.  Vidalin  relativement  aux  derniers  concours  de  Tulle.  —  Les  dépôts  d'étalons.  — 
Crédit  accordé  pour  leur  agrandissement.  —  La  production  des  alcools  pendant  les  deux  pre- 
miers mois  de  la  campagne.  —  La  conservation  des  betteraves.  —  Les  primes  aux  sucres  étran- 
gers. —  Discussion  au  Sénat  du  projet  de  loi  sur  la  restauration  des  terrains  en  montagne.  — 
Texte  du  projet  adopté.  — Abrogation  des  lois  de  1860  et  de  1864.  —  Le  phylloxéra.  —  Organi- 
sation des  associations  syndicales  dans  la  Gironde  pour  le  traitement  des  vignes. —  Subventions 
accordées.  —  Application  de  la  théorie  des  germes  aux  champigohs  parasites  do  la  vigne.  — 
Note  de  M.  Maxime  Cornu.  —  Note  de  M.  Campana  sur  la  découverte  des  œuf^  d'hiver  dans  le 
département  des  Pyrénées-Orientales.  —  Situation  agricole  dans  les  trois  provinces  de  l'Algérie. 

I.  —  Sui'  la  détermination  de  la  valeur  des  engrais. 

Depuis  un  demi-siècle,  la  chimie  a  rendu  de  très  grands  services  à 
l'agriculture.  Le  principal  a  été  de  montrer  que,  selon  la  définition  don- 
née par  M.  Glievreul,  les  engrais  ne  sont  que  des  compléments  de  ce 
qui  manque  au  sol  pour  que  celui-ci  puisse  fournir  des  récoltes  déter- 
minées. Mais  l'application  de  ce  principe  général  absolument  vrai 
exige  trois  sortes  de  recherches  très  délicates,  et  pour  lesquelles  la 
science  est  encore  bien  loin  d'avoir  dit  son  dernier  mot.  Il  faut  tout 
d'abord  avoir  des  moyens  très  exacts  d'analyser  un  sol  et  d'y  détermi- 
ner le  degré  d'importance  et  d'assimilabililé  plus  ou  moins  immédiate, 
rapide  ou  lente,  des  diverses  combinaisons  qu'on  y  rencontre.  Il  faut, 
en  second  lieu,  faire  des  analyses  complètes  des  plantes  récoltées  et 
arriver  à  établir  une  distinction  entre  les  matières  nécessaires  à  la 
constitution  du  végétal  et  les  substances  qui  peuvent  s'y  rencontrer 
accidentellement.  Enfin,  en  troisième  lieu,  il  faut  pouvoir  connaître  à 
fond  la  composition  des  engrais  et  le  rôle  spécial  de  chacun  des  corps 
qui  s'y  rencontrent,  lorsque  ces  engrais  sont  introduits  dans  une  terre 
arable  de  telle  ou  telle  nature.  Or,  sur  chacun  de  ces  trois  points,  il 
faut  bien  le  proclamer,  beaucoup  de  recherches  restent  à  faire,  et  le  tort, 
soit  des  agriculteurs,  soit  des  chimistes,  est  de  regarder  les  questions 
comme  étant  élucidées,  et  de  donner  dès  maintenant  des  solutions 
absolues,  alors  que  ces  solutions  n'ont  véritablement  qu'une  valeur 
contingente  et  qu'elles  devraient  n'être  considérées  que  comme  des 
approximations  plus  ou  moins  voisines  de  la  vérité. 

D'abord  on  ne  savait  pas  grand'chose  sur  la  nature  spéciale  des  en- 
graiselon  les  jugeait  empiriquement,  eu  les  classant  sous  les  noms  d'a- 
mendements, d'engrais  minéraux,  d'engrais  animaux,  d'engrais  végé- 
taux. Plus  tard,  et  c'était  un  progrès,  on  a  dressé  une  table  des  équi- 
valents des  matières  fertilisantes  basée  uniquement  sur  le  dosage  en 
azote.  Plus  tard  encore,  on  a  fait  intervenir  les  dosages  en  acide  phos- 
phorique,  puis  en  potasse.  C'étaient  encore  deux  progrès  qui  ont  con- 
duit à  subdiviser  davantage.  En  ce  qui  concerne  l'azote,  on  a  fait  trois 
classes  :  les  nitrates,  les  sels  ammoniacaux  et  les  matières  organiques; 
c'est  insuffisant,  car  il  y  a  un  grand  nombre  de  matières  organiques, 
dont  le  rôle  est  incontestablement  différent  dans  le  sein  de  la  terre  ; 
d'un  autre  côté,  au  point  de  vue  de  l'utilité  agricole,  on  est  loin  d'être 
fixé  sur  les  valeurs  relatives  de  l'azote  sous  les  trois  formes  qui 
viennent  d'être  indiquées.  En  ce  qui  concerne  l'acide  phosphori- 
que,  les  difficultés  sont  plus  grandes  encore  :  on  a  voulu  réduire  la 

N*  611,  —  Tome  IV  de  1880    —  25  Décembre. 


482  CHRONIQUE  AGRICOLE  (25  DÉCEMBRE   1880). 

question  à  considérer  l'acide  phosphorique  comoie  engagé  dans  des 
phosphates  acides^  des  phosphates  triba^iques  et  des  phosphates  rétro- 
gradés.  Mais  cette  classification  repose  sur  de  pures  hypothèses  spécu- 
latives. Il  en  est  de  même  lorsqu'on  recherche  seulement  la  solubilité, 
laquelle  peut  être,  comme  nous  l'avons  dit  dans  notre  dernière  chro- 
nique, immédiate  ou  non  immédiate,  et  dépendante  de  la  quantité  et 
de  la  nature  du  dissolvant  enployé.  Enfin,  pour  la  potasse,  les  pro- 
priétés des  combinaisons  dans  lesquelles  cette  base  est  engagée  doivent 
aussi  intervenir  dans  les  appréciations;  tandis  qu'on  ne  connaît  pas 
jusqu'à  préseat  exactement  le  rôle  propre  de  chacune  de  ces  combi- 
naisons. 

Il  ne  nous  paraît  pas  indifférent,  pour  les  applications  immé- 
diates et  pour  l'avenir  de  la  science  agricole,  que  ces  choses 
soient  connues  des  agriculteurs.  D'après  la  lettre  un  peu  énigmatique 
que  nous  adresse  M.  le  directeur  du  laboratoire  de  Metlray,  il  ne 
partage  pas  notre  opinion.  M  veut  bien  nous  dire,  en  efîet,  que  les 
marchés  d'engrais  ne  se  traitent  |:>as  à  la  Société  nationale  d'agricul- 
ture; nous  ne  l'ignorons  pas,  mais  nous  savons  aussi  qu'il  appartient 
à  cette  Société  de  fixer  les  principes  et  de  rappeler  qu'il  ne  faut  pas  don- 
ner à  certaines  méthodes  d'analyse  une  autorité  qu'elles  n'ont  pas  dans 
l'état  actuel  de  nos  connaissances.  Cela  est  d'un  intérêt  général.  En  nous 
oceupant  de  la  question,  nous  n'avions  nullement  Tintention  de  faire 
de  notre  exposé  de  doctrines,  une  application  spéciale  et  de  donner  une 
leçon  à  M.  le  directeur  du  Laboratoire  de  Mettray.  j\L  Bobierre  nous  a 
envoyé  un  article  que  nous  avons  inséré  parce  qu'il  était  intéressant 
pour  les  agriculteurs.  Sur  ce,  M.  le  directeur  du  laboratoire  de  Mettray 
nous  a  adressé  une  lettre,  en  nous  en  demandant  la  publication,  et 
nous  faisant  intervenir  dans  une  polémique  qu'il  ouvrait  lui-même. 
Nous  ne  croyons  pas  qu'il  eût  la  pensée  de  nous  interdire  de  prendre  la 
parole  dans  notre  Journal?  Quoi  qu'il  en  soit,  voici  sa  nouvelle  lettre 
que  nous  faisons  suivre  de  réponses  succinctes  aux  questions  qu'il  pose  : 

Mettray,    le   19   décembre   1880. 

«  Monsieur  le  directeur,  un  acheteur  m'envoie  un  échantillon  de  guano  en  me 
demandant  d'y  doser  l'acide  phosphorique  soluble  dans  l'eau.  Je  dose  l'acide  irn- 
médiatement  soluble,  j'ai  tort  selon  vous  :  l'acheteur  n'a  pas  fait  de  restriction, 
je  ne  dois  pas  en  faire,  et  je  suis  condamné  à  reprendre  au  18*  les  lavages  com- 
mencés par  M.  Ghevreul. 

«  L'arrêt  est  sévère  ;  mais  ma  déférence  pour  vott'e  autorité,  monsieur,  est  trop 
grande  pour  que  je  veuille  en  appeler  à  un  autre  qu'à  vous-même. 

«  Lorsque  l'on  vous  demande  à  connaître  dans  un  superphosphate  l'acide  soluble 
au  citrate,  ne  répondez-vous  pas  par  le  dosage  de  l'acide  immédiatement  soluble, 
sans  cependant  faire  de  cet  adverbe  l'escorte  indispensable  de  vos  résultats  ana- 
lytiques ? 

«  Les  expériences  de  M.  Ghevreul  sont  fort  intéressantes,  vos  recommanda- 
tions de  prudence  adressées  aux  directeurs  de  stations,  sont  fort  justes,  ainsi  que 
vos  réserves  sur  l'efficacité  des  engrais  solubles.  Permettez-moi  toutefois  d'ajouter 
que  les  marchés  d'engrais  ne  se  traitent  pas  à  la  Société  uationale  d'agriculture, 
que  le  rôle  du  directeur  de  Mettray  a  été  jugé  absolument  correct  par  M.  Bo- 
bierre, puis  par  MM.  Jamont  et  Huard  eux-mêmes,  et  qu'enfin  la  prétention  d'as- 
similer le  sol  à  un  simple  verre  à  expériences  peut  aller  se  faire  condamner  ailleurs 
que  sur  mon  dos. 

a  Veuillez  agréer,  etc.  «  Ad.  Perrey,  « 

«  Directeur  du  Laboratoire  de  Mettray.  » 

Nous  n'avons  jusqu'à  ce  moment,  dans  le  Journal,  parlé  que  de  la 
question  générale.  Lorsque  nous  aurons  en  mains  toutes  les  pièces 
relatives  à  la  question  spéciale  à  laquelle  M.  Perrey  fait   allusion. 


CHRONIQUE  AGRICOLE    (25  DÉCEMBRE  1880).  483 

nous  nous  formerons  une  opinion  sur  celle-ci.  Pour  le  moment,  nous 
nous  bornerons  à  dire  que,  quand  on  vient  nous  demander  le  de^ré 
de  solubilité  d'une  matière,  nous  avons  soin  d'épuiser  absolument 
cette  matière  par  le  dissolvant,  et  nous  ne  donnons  une  réponse 
que  lorsque  le  dissolvant  a  cessé  de  dissoudre,  sans  nous  en  rappor- 
ter à  un  premier  lavage  avec  une  quantité  de  liquide  limitée.  Si 
spécialement  on  nous  demande  la  solubilité  dans  le  citrate,  nous 
avons  soin  de  dire  le  procédé  analytique  suivi  et  d'indiquer,  si,  par 
exemple,  c'est  le  procédé  Joulie,  lequel  donne  des  résultats  divers, 
si  l'on  modifie  les  proportions  des  réactifs. 

—  Les  lignes  qui  précèdent  étaient  écrites,  lorsque  nous  avons  reçu 
de]\DI.  JamontetHuart,  avec  prière  de  l'insérer  et  après  qu'ils  en  eurent 
prévenu  M.  Perrey,  la  lettre  suivante  que  celui-ci  leur  a  adressée: 

Mettray,  le  19  décembre  1880. 

«  Messieurs,  le  15  septembre  j'ai  reçu  de  M.  Vital-Pajot  un  échantillon  de 
guano  avec  cette  étiquette  de  garantie. 

Azote 3.54 

Acide  phosphoriqiie 22.59 

Potasse 2 .  00 

«  Soluble  à  l'eau.  Signé:  Aubfrt. 

«  Je  n'ai  pas  cru  d'abord  qu'un  pareil  marché  ait  pu  être  conclu,  parce  qu'on 
n'a  jamais  vu  acheter  un  guano  pour  ses  éléments  solubles. 

«  Toutefois,  le  soluble,  sans  S,  écrit  au-dessous  de  potasse  m'a  rappelé  une  ruse 
à  laquelle  j'ai  vu  prendre  souvent  les  acheteurs  confiants  parles  vendeurs  malhon- 
nêtes. J'ai  mis  l'acheteur  en  garde  ;  l'acheteur  savait  ce  qu'il  faisait  et  m'a  formel- 
lement demandé  de  doser 

l'acide  phosphorique soluble  à  l'eau 

l'azote soluble  à  l'eau 

la  potasse soluble  à  l'eau, 

«  J'ai  répondu  purement  et  simplement  à  la  question  posée  et  ma  réponse  était 
que  le  guano  ne  renfermait  pas  les  éléments  solubles  garantis  par  M.  Aubert. 

«  Ce  pouvait  être  le  meilleur  des  guanos,  mais  n'étant  pas  questionné  sur  ce 
point,  je  n'avais  point  à  en  parler. 

a  Le  22  novembre,  M.  Maret,  chimiste  à  Paris,  me  demande  des  explications  sur 
les  conditions  dans  lesquelles  j'ai  reçu  l'échantillon  de  M.  Vital-Pajot,  et  m'ap- 
prend que  MM.  Jamont  et  Hiiard  sont  poursuivis  pour  avoir  vendu  à  M.  Aubert 
un  produit  qui  ne  renferme  pas  une  garantie  donnée  par  M.  Aubert  à  M.  Vital 
Pajot.  Je  ne  connaissais  que  le  marché  Vital-Pajot-Aubert  ;  mieux  encore  je  n'a- 
vais à  connaître  que  la  question  très  spéciale  à  moi  posée  par  M.  Vital-Pajot. 

«  Je  fus  donc  fort  étonné  lorsque  dans  le  Journal  de  l'ayî'icuUw  e  du  k  décembre  je 
lus  une  lettre  de  MM.  Jamont  et  Huard  qui  faisait  ou  pouvait  faire  peser  sur  moi 
l'imputation  de  fixer  la  valeur  d'un  guano  d'après  sa  teneur  en  éléments  solubles. 
Dans  une  consultation  jointe  à  la  lettre,  M.  Bobierre  rétablissait  mon  rôle;  mais 
je  devais  au  laboratoire  que  je  dirige,  de  protester  personnellement,  ce  que  je  fis 
aussitôt  avec  une  mauvaise  humeur  explicable  contre  MM.  Jamont  et  Huard  qui 
me  mettaient  en  cause  sans  m' avoir  interrogé. 

«  Je  viens  de  recevoir  votre  lettre,  messieurs,  et  j'en  avais  déjà  reçu  une  de 
M.  Bobierre,  il  v  a  deux  jours.  J'ignorais  les  circonstances  et  je  me  sais  mépris 
sur  les  sentiments  qui  vous  ont  dicté  la  lettre  pubhée  le  4  décembre  ;  je  m'em- 
presse de  retirer  le  reproche  que  je  vous  adressais  dans  ma  réponse. 

ce  Laissant  cet  incident,  et  ne  voulant  pas  que  le  moindre  doute  puisse  subsister 
sur  la  portée  de  mon  analyse,  au  risque  de  me  répéter,  j'ajoute  : 

«M.  Vital-Pajot  a  acheté  de  M  Aubert  un  guano  dans  lequel  il  s'était  fait  garan- 
tir par  M.  Aubert  une  teneur  déterminée  en  éléments  solubles.  La  teneur  garantie 
ne  se  trouve  pas  dans  l'échantillon.  C'est  tout  ce  qu'a  pu  dire  le  directeur  du  labo- 
ratoire de  Mettray,  interrogé  sur  ce  seul  point. 

ce  La  vente  des  guanos  ne  se  fait  jamais  avec  une  semblable  garantie.  Donner  cette 


484  CHHONIQb'K    Ar,MinOLE(25   DXGKMBHE    n8  ^  .  ' 

garantie,  c'est  donner  en  même  tenaps  la  preuve  d'une  ignorance  absolue  de  la 
nature  du  guano  ou  d'une  intention  arrêtée  de  tromper  l'acheteur. 

«  Je  ne  dis  pas  pour  cela  que  la  vente  d'un  guano  ne  puisse  se  faire,  et  qu'il  ne 
soit  désirable  qu'elle  se  lasse,  avec  une  garantie. 

«  Mais  il  est  absurde  de  prendre  la  teneur  en  éléments  solubles  d'un  guano 
pour  la  mesure  de  sa  valeur  commerciale  ou  de  son  efficacité  agricole. 

«  Vous  ferez,  messieurs,  de  ma  lettre,  tel  usage  qu'il  vous  conviendra;  si  elle 
peut  aider  à  définir  la  responsabilité  de  chacun,  j'en  serai  heureux,  et  je  ne  doute 
pas,  quanta  moi,  que  vous  n'ayez  à  vous  féliciter  de  ce  résultat. 

«  Agréez,  etc.  «  Ad.  Perrey, 

«  Directeur  du  Laboratoire  de  !a  Société  des  agriculteurs  de  France.  » 

Cette  lettre  démontre  combien  nos  observations  étaient  fondées. 
Nous  les  avions  faites  d'une  manière  générale;  elles  s'appliquent  par- 
faitement au  cas  particulier  que  nos  lecteurs  peuvent  maintenant  ap- 
précier, et  M.  Perrey  est  d'accord  avec  nous. 

IL  —  Les  chevaux  dans  les  concours  régionaux. 

La  promesse  faite  par  M.  le  ministre  de  l'agriculture,  devant  le 
Sénat,  de  commencer  à  introduire  les  animaux  des  races  chevalines 
dans  les  concours  régionaux  de  1881,  va  recevoir  sa  réalisation.  Par 
un  arrêté  en  date  du  22  décembre,  une  classe  spéciale  aux  chevaux  a 
été  créée  dans  les  concours  régionaux  qui  se  tiendront  à  Epinal  du 
1 1  au  20  juin,  et  à  Versailles  du  18  au  27  juin.  Nous  ferons  connaître 
prochainement  les'conditions  dans  lesquelles  aura  lieu  cette  adjonction. 
Aujourd'hui  nous  devons  seulement  remercier  M.  le  ministre  de  l'agri- 
culture d'avoir  donné  une  réalisation  aux  vœux  de  tous  ceux  qui  s'in- 
téressent au  progrès  de  la  production  chevaline  en  France. 

HT.  —  La  station  laitière  de  Lausanr,e, 

M.  le  docteur  Schatzmann  vient  de  publier  le  huitième  rapport  de 
la  station  laitière  suisse  qu'il  dirige  à  Lausanne.  Ce  rapport  démontre, 
en  même  temps  que  l'extension  toujours  croissante  du  commerce  de  la 
Suisse  pour  les  produits  de  la  laiterie,  les  heureux  résultats  qui  ont 
été  obtenus  par  Tinitiative  de  la  station  laitière  de  Lausanne.  C'est 
par  des  cours  publics  et  particuliers,  par  des  conférences,  par  la  dis- 
tribution gratuite  d'écrits  populaires,  que  celle-ci  manifeste  surtout 
son  activité.  Sous  son  influence,  dans  un  certain  nombre  de  monta- 
gnes, les  alpages  ont  été  améliorés;  on  a  appris  à  ne  pas  les  surchar- 
ger de  bétail  et  à  savoir  en  tirer  meilleur  parti  pour  une  plus  lucra- 
tive production  du  lait.  L'élevage  et  l'entretien  des  races  laitières  sont 
les  principales  sources  de  revenu  de  l'agriculture  suisse  ;  celle-ci  en 
tire  des  avantages  chaque  année  plus  grands,  parce  que  la  population 
bovine  a  augmenté,  que  le  prix  du  bétail  a  haussé,  en  même  temps 
que  ceux  des  produits  du  lait  et  de  la  viande.  Mais,  ainsi  que  le  fait 
observer  M.  Schatzmann,  il  y  a  encore  beaucoup  à  faire  pour  généra- 
liser les  profits  réalisés  sur  un  certain  nombre  de  points;  mais  les 
résultats  déjà  obtenue  permettent  d'en  prévoir  de  bien  plus  considé- 
rables. En  fait,  la  production  agricole  suisse  est,  dans  plusieurs  can- 
tons, en  pleine  voie  de  progrès;  l'économie  alpestre  négligée  pendant 
de  longues  séries  d'années,  se  reconstitue   avec  une  grande  activité. 

IV.  —  Concours  d'animaux  de  boucherie  et  d'animaux  reproducteurs  à    Bourges. 

La  Société  d'agriculture  du  département  du  Cher  organise  son 
deuxième   concours  général  d'animaux  de   boucherie  et   d'animaux 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (25  DÉCEMBRE  1880).  485 

reproducteui's,  qui  se  tiendra  à  Bourges,  du  3  au  6  février  prochain. 
Le  concours  d'animaux  gras  aura  des  sections  spéciales  pour  les  races 
bovines  nivernaises,  durham  et  les  autres  races  françaises  et  étran- 
gères, pour  les  bandes  de  bœufs  et  de  vaches;  pour  la  race  ovine 
berrichonne;  pour  les  races  porcines  françaises  et  étrangères.  Le  con- 
cours d'animaux  reproducteurs  comprendra  :  dans  l'espèce  bovine, 
les  races  nivernaise-charolaise,  durham,  ainsi  que  les  races  lai- 
tières ou  françaises  diverses  ;  dans  l'espèce  ovine,  les  races  southdown, 
dishley,  charmoise,  berrichonne  et  ses  variétés.  Dans  cette  solennité, 
la  Société  distribuera,  en  primes,  une  somme  supérieure  à  1 0,000  fr., 
et  en  médailles,  une  somme  de  700  fr.  —  A  ce  concours  sera  an- 
nexée une  exposition  de  machines  et  instruments  agricoles,  qui  ne 
seront  astreints  à  aucun  essai  ;  l'emplacement  sera  fourni  gratuite- 
ment aux  exposants.  —  Pour  les  animaux  gras,  chaque  exposant  devra 
payer  une  redevance  de  10  francs  par  bœuf  ou  vache,  et  2  fr.  par 
mouton  ou  porc;  pour  les  animaux  reproducteurs,  cette  redevance 
sera  de  15  fr.  par  taureau,  5  franc  par  case  de  2  béliers,  et  5  fr.  par 
verrat.  —  Les  déclarations  des  exposants  doivent  être  envoyées  avant 
le  20  janvier,  soit  au  président,  soit  au  secrétaire  de  la  Société,  à 
Bourges. 

V^  —  Les  expositions  scolaires  dans  [les  concours  régionaux. 

A  l'occasion  de  la  lettre  que  nous  avons  publiée  dans  notre  dernier 
numéro  (p.  443),  nous  recevons  les  observations  suivantes  que  nous 
nous  faisons  un  devoir  d'insérer  : 

a  Monsieur  le  Directeur,  dans  le  dernier  numéro  du  Journal\de  l'Agriculture, 
vous  publiez  une  lettre  de  M.  de  Lagorsse  qui  pourrait  laisser  croire  à  l'absence 
de  toute  exposition  scolaire  dans  le  concours  régional  de  Tulle. 

«  La  vérité  exige  que  les  souvenirs  de  mon  honorable  compatriote,  soient  recti- 
fiés sur  ce  point. 

«  Grâce  à  l'initiative  d'un  comité  local,  il  y  a  eu  à  ce  concours,  les  expositions 
suivantes  : 

«  1°  D'arbres  fruitiers,  de  fruits  et  de  légumes  cultivés  par  des  instituteurs. 

ce  2°  De  cartes  des  produits  agricoles  de  la  Gorrèze,  dressées  par  les  élèves  de 
l'école  normale  de  Tulle. 

«  3°  De  produits  de  pisciculture  obtenus  par  un  instituteur. 

«  4°  De  cahiers  de  dictées  et  de  narrations  sur  des  sujets  de  culture,  rédigés 
par  les  élèves  des  écoles  primaires  du  département. 

«  De  plus,  une  exposition  annexe  a  consacré  deux  salles  spéciales  aux  travaux 
scolaires  et  aux  travaux  "d'aiguille  des  écoles  primaires 

«  M.  de  Lagorsse  pourra  s'en  convaincre  en  feuilletant  les  listes  de  prix  de  l'ex- 
position. Il  y  verra  Tes  médailles  attribuées  à  divers  exposants  pour  des  choses 
scolaires. 

«  Enfin,  n'avez -vous  pas  fait  vous-même,  sur  les  instances  de  ce  comité  local, 
une  très  intéressante  conférence  relative  aux  engrais,  devant  un  public  attentif, 
qui  comptait  les  élèves  de  l'école  normale  de  Tuile,  et  de  nombreux  instituteurs 
ayant  amené  des  élèves  des  écoles  primaires  les  moins  distantes. 

«  Les  jours  payants  et  aux  heures  réservées,  ces  élèves  ont  été  conviés  à  visiter 
gratuitement  le  concours  avec  leurs  maîtres  ;  ils  y  ont  reçu  les  explications  les 
plus  empressées. 

«  Il  est  déplorable  qu'après  un  tel  effort  pour  solidariser  l'instruction  primaire 
au  progrès  agricole,  en  ce  concours  régional  de  Tulle,  votre  honorable  correspor- 
dant  ait  pu  vous  écrire  que  toute  exposition  scolaire  a  manqué  à  ce  concours. 

«  Il  se  fait  au  fond  des  provinces  une  marche  en  avant,  qui,  si  elle  n'est  pas 
bruyante,  n'en  est  pas  moins  persévérante. 

«  Agréez,  etc.  «  F.  Vidalin, 

c  Agriculteur  de  ta  Corrèze.  » 


486  CHRONIQUE  AGRICOLE  (25  DÉCEMBRE  1880). 

Ainsi  que  M.  Vidalin  le  fait  observer,  c'est  à  des  comités  locaux  ou 
à  des  associations  agricoles  qu'était  réservée  jusqu'ici  l'organisation 
d'expositions  scolaires  dans  les  concours  régionaux.  Mais  à  partir  de 
1881,  ces  expositions  feront  partout  partie  intégrante  du  concours.  Il 
n'y  a  qu'à  applaudir  à  cette  heureuse  innovation. 

YI.  —  Les  dépôts  (Télalons. 

On  se  souvient  que,  dans  la  séance  du  29  juin,  un  projet  de  loi  a 
été  présenté  à  la  Chambre  des  députés  pour  l'ouverture  d'un  crédit 
spécial  de  1  million  de  francs  destinés  à  la  reconstruction  et  à  l'agran- 
dissement des  bâtiments  des  dépôts  d'étalons.  Ce  crédit  devait  être 
ajouté  au  budget  de  l'exercice  1880;  il  était  rendu  nécessaire  pour 
l'exécution  de  la  loi  du  29  mai  1 874  sur  la  réorganisation  du  service  des 
haras  et  des  remontes.  Le  rapport  de  la  Commission  du  budget  sur  ce 
sujet  vient  d'être  déposé;  il  conclut  à  l'adoption  du  crédit,  en  même 
temps  qu'à  autoriser  le  ministre  des  travaux  publics  à  faire  exécuter 
les  travaux  de  reconstruction  du  dépôt  de  Saint  Lô,  et  d'agrandisse- 
ment des  dépôts  du  Pin,  d'Angers,  d'Aurillac,  de  Libourne,  de  Pom- 
padour,  de  Rodez,  de  Rozières  et  de  Tarbes. 

VIL  —  Fermeture  de  la  chasse. 

Par  une  décision  récente  du  ministre  de  Lintérieur,  la  date  de  la 
chasse  dans  le  territoire  ressortissant  de  la  préfecture  de  police  a  été  fixée 
au  dimanche  16  janvier.  La  mise  en  vente,  la  vente,  l'achat,  le  trans- 
port et  le  colportage  du  gibier  seront  interdits  à  partir  dn  lendemain 
17  janvier.  La  même  date  a  été  fixée  pour  la  fermeture  de  la  chasse 
dans  la  plupart  des  départements. 

Vin.  —  La  production  des  alcools. 

Le  Journal  officiel  publie  le  tableau  de  la  production  et  du  mouve- 
ment des  alcools  à  la  fin  du  mois  de  novembre,  c'est-à-dire  pour  les 
deux  premiers  mois  delà  campagne  de  1880-81,  Pendant  ces  deux 
mois,  la  production  a  été,  pour  les  distillateurs  de  profession,  de 
380,000  hectolitres,  et  pour  les  bouilleurs  de  crus,  de  9,000  hectoli- 
tres. A  la  fin  du  mois  de  novembre,  le  stock  était  de  181,460  hectoli- 
tres. Pendant  les  onze  premiers  mois  de  l'année  courante,  les  exporta- 
tions ont  été  de  247,984  hectolitres  et  la  consommation  intérieure  a 
pris  1 ,950,045  hectolitres.  Il  y  a  eu,  comparativement  à  l'année  précé- 
dente, une  diminution  de  40,677  hectolitres  dans- les  exportations,  et 
de  36,644  hectolitres  dans  la  consommation  intérieure.  La  production 
des  bouilleurs  est,  cette  année  comme  en  1879,  très  peu  considérable, 
ce  qui  est  la  conséquence  naturelle  de  la  faiblesse  de  la  récolte  des 
vins. 

IX,  —  Les  sucres  et  les  betteraves. 

La  douceur  de  la  température  continue  à  mettre  obstacle  à  la  bonne 
conservation  des  betteraves.  La  campagne  sucrière  se  poursuit  dans 
des  conditions  assez  difficiles.  D'un  autre  côté,  tous  ceux  qui  s'inté- 
ressent à  la  production  du  sucre  continuent  à  s'inquiéter  des  primes 
queplusieurs  Etats  étrangers  ontétablies  à  f  exportation  de  leurs  sucres. 
L'état  de  gêne  qui  en  résulte  pour  notre  fabrication  indigène  demande 
une  solution.  Les  négociations  entamées  à  diverses  reprises  n'ont  pas 
abouti.  Pour  noire  part,  quoique  nous  soyons,  en  principe,  opposé  au 


GSROWrOUE  AGRICOLE  (25  DÉCEMBRE  1880).  487 

système  des  primes,  nous  ne  comprenons  pas  que,  ces  primes  existant 
dans  plusieurs  paya,  on  ne  frappe  pas  d'un  droit  égal  les  sucres  qui  en 
proviennent.  Ce  n'est  plus  là  qu'une  question  de  légitime  défense. 

X  —  Sur  la  restauration  des  terrains  en  montagnes^ 

Dans  ses  séances  des  14  et  16  décembre,  le  Sénat  a  discuté  et 
adopté  en  deuxième  délibération  le  projet  de  loi  relatif  à  la  restaura- 
tion et  à  la  conservation  des  terrains  en  montagnes.  La  discussion  a 
été  longue  et  animée,  car  il  s'agit  de  remplacer  les  lois  de  1860  et  de 
4864  sur  cette  question.  Voici  le  texte  du  projet  tel  qu'il  a  été  adopté 
par  le  Sénat  : 

Art.  !«'.  —  II  est  pourvu  à  ia  restaui-atioQ  et  à  k  coaaervation  des  terrains  en 
montagne  soit  au  moyen  des  travaux  exécutés  par  l'Etat  ou  les  propriétaires  avec 
subventions  de  l'Etat,  soit  au  moyen  des  mesures  de  protection  conformément  aux 
dispositions  de  la  présente  loi. 

Art.  2.  —  L'utilité  publique  des  travaux  de  consolidation  ou  de  gazonnement 
rendus  nécessaires  par  la  dégradation  du  sol,  et  des  dangers  nés  et  actuels,  ne 
peut  être  déclarée  que  par  une  loi. 

La  loi  fixe  le  périmètre  des  terrains  sur  ^lesquels  les  travaux  de  restauration 
doivent  être  exécutés. 

Elle  est  précédée  : 

1"  D'une  enquête  ouverte  dans  chacune  des  communes  intéressées  ; 

2"  D'une  délibération  des  conseils  municipaux  de  ces  communes; 

3"  De  l'avis  du  conseil  d'arrondissement  et  de  celui  du  conseil  général  ; 

k°  De  l'avis  d'une  Commission  spéciale  composée  du  préfet  ou  de  son  délégué 
président,  avec  voix  prépondérante,  d'un  membre  du  conseil  général  et  d'un  membre 
du  conseil  d'arrondissement  délégués  pour  un  an  par  leur  conseil  respectif  et 
toujours  rééligibles  ;  de  deux  propriétaires  de  la  commune  intéressée  désignés  dans 
les  mêmes  conditions  par  le  conseil  municipal  avec  l'adjonction  des  plus  imposés , 
d'un  ingénieur  des  ponts  et  chaussées  ou  des  mines  ;  d'un  agent  forestier,  ces  deux 
derniers  membres  nommés  par  le  préfet. 

Le  procès-verbal  de  reconnaissance  des  terrains,  le  plan  des  lieux  et  l'avant- 
projet  des  travaux  proposés  par  l'administration  des  forêts  restent  déposés  à  la 
mairie  pendant  l'enquête  dont  la  durée  est  fixée  à  trente  jours. 

Ce  délai  court  du  jour  de  la  signification  de  l'arrêté  préfectoral  qui  prescrit 
Touverture  de  l'enquête  et  la  convocation  du  conseil  municipal. 

Art.  3.  —  La  loi  est  publiée  et  affichée  dans  les  communes  intéressées;  un  du- 
plicata du  plan  du  périmètre  est  déposée  la  mairie  de  chacune  d'elles. 

Le  préfet  fait,  en  outre,  notifier  aux  communes,  aux  établissements  publics  et 
aux  particuliers,  un  extrait  du  projet  et  du  plan  contenant  les  indications  relatives 
anx  terrains  qui  leur  appartiennent. 

Art.  4.  —  Dans  le  périmètre  fixé  par  la  loi,  les  travaux  de  restauration  seront 
exécutés  par  les  soins  de  l'administration  et  aux  frais  de  l'Etat,  qui,  à  cet  effet, 
devra  acquérir  soit  à  l'amiable,  soit  par  expropriation,  les  terrains  reconnus  néces- 
saires. Dans  ce  dernier  cas,  il  sera  procédé  dans  les  formes  prescrites  par  la  loi  du 
3  mai  1841, à  l'exception  de  celles  qu'indiquent  les  articles  i,  5,  6,  7,  8,  9  et  10 
du  titre  II,  et  qui  sont  remplacées  par  celles  des  articles  2  et  3  de  la  présente  loi. 

Toutefois,  les  propriétaires,  les  communies  et  les  étabhssements  publics  pour- 
ront conserver  la  propriété  de  leurs  terrains,  s'ils  parviennent  à  s'entendre  avec 
FEtat  avant  la  décision  du  jury  et  s'engagent  à  exécuter  dans  le  délai  à  eux  imparti, 
avec  ou  sans  indemnité  aux  clauses  et  conditions  stipulées  entre  eux,  les  travaux 
de  restauration  qui  leur  seront  indiqués  et  à  pourvoir  à  leur  entretien  sous  le  con- 
trôle et  la  surveillance  de  l'administration  forestière.  lia  pourront,,  à  cet  effet, 
constituer  des  associations  syndicales  conformément  aux  dispositions  de  la  loi  du 
21  juin  1865. 

Art.  5,  —  Dans  les  pays  de  montagnes,  en  dehors  même  des  périmètres  établis 
conformément  aux  dispositions  qui,  précèdeoit,  des  subventions  continueront  à  être 
accordées  aux  communes,  aux  associations  pastorales  et  fruitière»,  aux  établisse- 
imenis  publics  et  aux  particuliei'8,  à  raison  des  t£a.¥aux  entrepris  par  eux  pour 
l'amélioiatiozi  du  soL 


488  CHRONIQUE  AGRICOLE  (25   DÉCEMBRE   1880). 

Ces  subventions  consisteront  soit  en  délivrance  de  graines  ou  de  plantes,  soit  en 
argent,  soit  en  travaux. 

Les  conditions  auxquelles  sera  soumise  l'obtention  de  ces  subventions  seront 
déterminées  par  le  règlement  d'administration  publique  rendu  en  exécution  de  la 
présente  loi. 

Art.  6.  —  Le  paragraphe  1"  de  l'article  224  du  code  forestier  qui  autorise  le 
défrichement  des  jeunes  bois  pendant  les  vingt  premières  années  après  leurs  semis 
ou  plantations,  n'est  applicable  dans  aucun  cas  aux  reboisements  effectués  en 
exécution  de  la  présente  loi. 

Mais  les  bois  ainsi  créés  bénéficient  sans  exception  de  l'exemption  d'impôts 
établie  pendant  trente  ans  par  l'article  226  du  code  forestier. 

Arl„  7,  —  L'administration  forestière  devra  requérir,  soit  sur  la  demande  des 
communes,  soit  d'office,  la  mise  en  dél'ens  des  terrains  et  pâturages  en  montagne 
appartenant  aux  communes,  aux  établissements  publics  et  aux  particuliers  toutes 
les  fois  que  le  ravinement  ou  la  dégradation  du  sol  nécessiteront  cette  mesure. 

Art.  8.  —  Après  délibération  des  conseils  municipaux,  des  communes  intéres- 
sées, et  avis  de  la  Commission  spéciale  instituée  par  l'article  2  de  la  présente  loi, 
le  préfet  statuera  en  conseil  de  préfecture  dans  le  mois  qui  suivra  la  notification, 
des  pièces  aux  communes,  aux  établissements  publics,  en  la  personne  de  leurs  re- 
présentants, et  aux  particuliers  avec  mise  en  demeure  de  fournir  leurs  observa- 
tions. 

Art.  9.  —  L'arrêté  du  préfet  déterminera  la  nature,  la  situation  et  les  limites 
des  terrains  à  interdire.  Il  fixera,  en  outre,  la  durée  de  la  mise  en  défens  sans 
qu  elle  puisse  excéder  dix  ans,  et  le  délai  pendant  lequel  les  parties  intéressées 
pourront  procéder  au  règlement  amiable  de  l'indemnité  annuelle  à  accorder  au 
propriétaire  pour  privation  de  jouissance. 

A  l'expiration  des  dix  ans,  l'administration,  si  elle  le  juge  nécessaire,  pourra 
renouveler  l'interdiction,  en  se  conformant  aux  prescriptions  de  l'article  8,  sauf  le 
droit  pour  les  parties,  d'en  demander  la  mainlevée  à  toute  époque  en  remplissant 
les  mêmes  formalités. 

Art.  10.  —  Deux  parts  seront  faites  de  l'indemnité  accordée  aux  communes. 

L'une  représentera  la  perte  éprouvée  par  elle  à  raison  de  la  suspension  de  l'exer- 
cice de  leur  droit  d'amodier  les  pâturages  ou  de  les  soumettre  à  des  taxes  locales 
et  l'autre  la  perte  supportée  par  les  habitants  pour  privation  de  leurs  droits  de 
dépaissance. 

La  première  portion  de  cette  indemnité  sera  versée  dans  la  caisse  municipale, 
et  l'autre  partie  entre  les  habitants  portés  au  rôle  sur  les  terrains  interdits. 

Art.  11.  —  Pendant  la  durée  de  la  mise  en  défens,  l'Etat  pourra  exécuter  sur  les 
terrains  interdits  tels  travaux  que  bon  lui  semblera,  pour  parvenir  plus  rapidement 
à  la  consolidation  du  sol  sans  qu'il  puisse,  à  l'expiration  du  délai  fixé  par  l'arrêté 

Îiréfectoral,  exiger  du  propriétaire  une  indemnité  quelconque  à  raison  des  amé- 
iorations  que  les  travaux  auront  procurées  à  sa  propriété. 

Art.  12.  —  Les  parties  intéressées  pourront  déférer  au  ministre  l'arrêté  préfec- 
toral qui  aura  statué  sur  une  demande  de  mise  en  défens,  et  se  pourvoir  au  conseil 
d'Etat  contre  l'arrêté  du  conseil  de  préfecture  qui  aura  fixé  l'indemnité  due  pour 
privation  de  jouissance. 

Devant  le  conseil  d'Etat  il  sera  procédé  sans  frais  dans  les  mêmes  formes  et 
délais  qu'en  matières  de  contributions  publiques. 

Art.  13.  —  Les  délits  commis  sur  les  terrains  mis  en  défens  seront  constatés 
et  poursuivis  dans  les  bois  soumis  au  régime  forestier.  Il  sera  procédé  à  l'exécu- 
tion des  jugcements,  conformément  aux  articles  209,  211,  212,  et  aux  paragra- 
phes 1"  et  2  de  l'article  210  du  code  forestier. 

Art.  14.  —  Dans  l'année  qui  suivra  la  promulgation  de  la  présente  loi  et,  à 
l'avenir,  avant  le  l*""  janvier  de  chaque  année,  les  communes,  dont  les  noms  seront 
inscrits  au  tableau  annexé  au  règlement  d'administration  publique  prévu  par  l'ar- 
ticle 20,  devront  transmettre  au  préfet  du  département  un  règlement  indiquant  la 
nature  et  les  limites  des  terrains  communaux  soumis  au  pacage  les  diverses  espèces 
de  bestiaux  et  le  nombre  des  bêtes  à  y  introduire,  l'époque  du  commencement  et 
de  la  fin  du  pâturage  ainsi  que  les  autres  conditions  relatives  à  son  exercice. 

Art.  15.  —  Ces  règlements,  s'ils  ne  donnent  lieu  à  aucune  contestation  dans  le 
mois  de  la  date  du  récépissé  de  la  délibération  du  conseil  municipal,  sont  rendus 
exécutoires  par  le  préfet. 

Art.  16.  — Les  contraventions  aux  règlements  de  pâturages  intervenus  ci-dessous 
seront  constatées  et  poursuivies  dans  les  formes  prescrites  par  les  articles  137  et 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (25  DÉCEMBRE  1880).  489 

suivants  du  code  d'iastructioa  crimiaelle  et  au  hesoia  par  tous  les  officiers  de 
police  judiciaire. 

Les  contrevenants  seront  passibles  des  peines  portées  par  les  articles  471  du 
code  pénal  et  47'!, en  cas  de  récidive,  modifiées,  s'il  y  a  lieu,  par  l'application  de 
l'article  liQS. 

Art.  17,  —  Si,  à  l'expiration  du  délai  fixé  par  l'art,  7,  les  communes  n'ont 
pas  soumis  à  l'approbation  du  préfet  le  projet  du  règlement  prescrit  par  le  même 
article,  il  y  sera  pourvu  d'office  par  le  préfet,  après  avis  d'une  Commission  spé- 
ciale composée  du  secrétaire  général  ou  du  sous-préfet,  président,  du  conseiller 
général,  du  conseiller  d'arrondissement  du  canton  ou  du  plus  âgé  d'entre  eux,  du 
maire  de  la  commune  intéressée  et  de  l'agent  forestier  local. 

Il  en  sera  de  même  dans  le  cas  où  les  communes  n'auraient  pas  consenti  à  mo- 
difier le  règlement  proposé  par  elles,  conformément  aux  observations  de  l'admi- 
nistration. 

Dispositions  transitoires. 
Art.  18.  —  Les  lois  du  28  juillet  1860  et  du  8  juin  1864  sont  abrogées. 
Toutefois  les  périmètres  décrétés  jusqu'à  ce  jour  sont  provisoirement  maintenus. 
Ils  seront  revisés  tous  les  trois  ans  à  partir  de  la  promulgation  de  la  présente 
loi. 

Pendant  ce  délai,  l'administration  des  forêts  devra  notifier  aux  propriétaires  la 
liste  des  parcelles  qu'elle  se  propose  d'acquérir  pour  en  former  de  nouveaux  péri- 
mètres sous  l'engagement  de  tenir  compte  aux  propriétaires,  dans  les  règlements 
à  intervenir  avec  eux,  à  partir  de  l'expiration  du  délai  de  trois  ans  ci-dessus  men- 
tionné,  des  intérêts  au  taux  légal  des  sommes  destinées  à  représenter  le  prix. 

Art,  19,  —  A  l'expiration  de  ce  délai,  les  communes,  les  établissements  pu- 
blics et  les  particuliers  rentreront  dans  la  pleine  propriété  et  jouissance  des  par- 
celles qui  ne  figureront  pas  sur  cette  liste.  Ils  ne  pourront  en  être  dépossédés  de 
nouveau  qu'après  l'accomplissement  des  formalités  prescrites  par  la  présente  loi. 
Art.  20.  —  Dans  les  dix  ans,  à  partir  de  là  promulgation  de  la  présente  loi, 
l'administration  devra  traiter  avec  les  communes,  les  établissements  publics  et  les 
particuliers  pour  l'acquisition  des  parcelles  maintenues  dans  les  périmètres  de 
gazonnement  et  de  reboisement,  et  le  recouvrement  des  créances  qui  pouvaient 
exister  au  profit  de  l'Etat  par  suite  de  l'exécution  des  deux  lois  ci-dessus  abrogées. 
Il  en  sera  rendu  compte  aux  Chambres. 

Art,  2  i ,  —  Si  les  propriétaires  des  parcelles  que  l'Etat  se  propose  d'acquérir 
n'a€ceptent  pas  les  prix  qui  leur  seront  offerts,  il  sera  procédé  ainsi  qu'il  est  pre- 
scrit par  l'art.  4  de  la  présente  loi. 

Dans  la  fixation  de  l'indemnité  due  à  raison  de  l'expropriation  des  terrains,  il 
sera  tenu  compte  à  l'Etat  de  la  plus-value  résultant  des  travaux  exécutés  par  lui. 
Art,  22.  —  Dans  les  communes  assujetties  à  l'application  de  la  présente  loi, 
les  gardes  domaniaux  appelés  à  veiller  à  l'exécution  et  à  la  conservation  des  tra- 
vaux dans  les  périmètres  de  reboisement  et  de  gazonnement,  seront  chargés  en 
même  temps  de  la  constatation  des  infractions  aux  mises  en  défens  et  aux  règle- 
ments sur  les  pâturages,  et  de  la  surveillance  des  bois  communaux,  de  manière  que 
pour  le  tout,  il  n'y  ait  désormais  qu'un  seul  service  entièrement  à  la  charge  de 
l'Etat. 

Art.  23.  —  Un  règlement  d'administration  publique  déterminera  les  disposi- 
tions à  prendre  pour  l'application  de  la  présente  loi. 

Ce  projet  de  loi  sera  transmis  à  la  Chambre  des  députés  pour  y  être 
l'objet  d'une  étude  complète. 

XI.  —  Le  phylloxéra. 
A  diverses  reprises,  nous  avons  insisté  sur  le  développement  pris 
par  les  associations  syndicales  pour  le  traitement  des  vignes  pliylloxé- 
rées.  Nous  recevons  du  département  de  la  Gironde  un  tableau  qui 
donne  sur  l'extension  des  syndicats  dans  ce  département,  des  détails 
pleins  d'intérêt;  nous  le  publierons  dans  notre  prochain  numéro,  mais 
nous  devons  le  résumer  ici.  Le  département  compte  actuellement 
49  syndicats  constitués  pour  le  traitement  de  1,345  hectares.  Parmi 
ces  syndicats,  27  emploient  la  submersion,  18  le  sulfure  de  carbone, 


490  GHRONIOOE  AGRICOLE  (25  DÉCEMBRE  1880). 

et  4  le  sulfocarbonate  de  potassium.  La  dépense  effectuée  est  de 
557,855  fr.  Les  subventions  accordées  s'élèvent  à  126,903  fr.,  tantde 
la  part  de  l'Etat  que  de  celle  du  département.  M.  Doniol,  préfet  de  la 
Gironde,  a  exercé  sur  la  formation  de  ces  syndicats,  une  très  active  et 
très  heureuse  influence;  M.  de  Lapparent,  inspecteur  de  l'agriculture, 
y  a  aussi  beaucoup  contribué.  Quant  au  service  local,  il  a  été  installé 
d'une  manière  remarquable,  grâce  au  zèle  et  à  l'activité  de  M.  Artigue, 
délégué  départemental. 

Dans  une  nouvelle  note  qu'il  vient  de  communiquer  à  l'Académie 
des  sciences,  M.  Max.  Cornu  a  appliqué  la  théorie  des  genres  aux  cham- 
pignons parasites  des  végétaux,  et  spécialement  à  ceux  qui  attaquent 
la  vigne.  Cette  note  se  termine  par  quelques  conseils  que  nous  devons 
reproduire  : 

«t  La  vigne  est  attaquée  par  trois  parasites  principaux  appartenant  au  règne 
végélal  et  déterminant  trois  maladies: 

«  L'oïdium  et  l'anthracnose  n'ont  pas  de  spores  dormantes;  leur  présence  n'em- 
pêcherait pas  d'utiliser  les  débris  des  plantes.  Mais  ces  deux  parasites  demeurent 
sur  les  rameaux  ;  il  convient  donc,  pour  s'en  rendre  maître,  de  supprimer  la  réinva- 
sion par  des  spores  venues  de  la  plante  elle-même.  On  devra  donc  enlever  les  par- 
ties malades  :  pour  l'oïdium,  le  bois  taché;  pour  l'anthracnose,  les  parties  carrées. 
Il  conviendra,  en  outre,  de  badigeonner  les  parties  aériennes  de  l'année,  avec  les 
produits  sulfureux,  par  exemple  des  sulfocarbonates,  pour  tuer  les  mycéliums 
eccore  vivants.  Etendu  à  la  totahté  du  cep,  ce  traitement  aurait  l'avantage  de 
détruire  à  la  fois  l'œuf  d'hiver  du  jîhylloxera  et  de  la  pyrale,  ce  qui  exige  souvent 
une  opération  spéciale  dans  le  Midi  et  dans  l'Ouest. 

V  Les  feuilles,  les  rameaux  détachés  par  la  taille,  peuvent  contaminer  les  vignes 
si  on  les  abandonne  sur  le  sol,  dans  des  conditions  où  les  parasites  peuvent  conti- 
nuer leur  évolution;  il  faut  donc  les  recueillir  et  les  emporter  loin  des  cultures. 

«  L'existence  du  Peronospora  viticola  commande  de  les  brihler;  les  cendres  pour- 
raient alors  être  utilisées  comme  amendements.  En  les  détruisant  ainsi,  on  em- 
pêchera la  réapparition  des  germes  dans  une  proportion  considérable  ;  la  préser- 
vation sera  efficace  surtout  si  l'on  prend  quelques  précautions  pendant  les  premières 
années  ;  il  ne  faut  pas  laisser  les  spores  dormantes  s'accumuler  sur  le  sol,  le  mal 
serait  Lien  plus  difficile  à  combattre  ;  ce  soin  se  recommande  surtout  aux  viticul- 
teurs possesseurs  de  plants  fins  et  déhcats  (Médoc)  ou  aux  producteurs  de  raisins 
de  choix,  Thomery,  Fontainebleau.  » 

Nous  avons  déjà  signalé  la  découverte  de  l'œuf  d'hiver  dans  le 
département  des  Pyrénées-Orientales.  Cette  découverte  est  confirmée 
par  une  note  transmise  par  M.  Campana  à  l'Académie  des  sciences. 
C'est  en  procédant  avec  beaucoup  de  soin  qu'il  a  pu  découvrir  trois  œufs 
seulement  sur  un  très  grand  nombre  de  souches  qu'il  avait  arrachées 
et  emportées  pour  en  examiner  les  écorces  à  loisir. 

XIL  —  Situation  agricole  en  Algérie. 
Les  dernières  nouvelles  de  l'Algérie  constatent  que  les  travaux  de 
l'automne  ont  été,  dans  les  trois  provinces,  contrariés  par  la  séche- 
resse qui  a  régné  pendant  la  plus  grande  partie  de  la  saison.  C'est 
principalement  dans  la  province  d'Alger  que  la  sécheresse  a  été  per- 
sistante; un  grand  nombre  de  travaux  n'ont  pu  être  effectués  au  mo- 
ment convenable,  principalement  en  ce  qui  concerne  les  semailles  de 
blé.  Toutefois,  des  pluies  survenues  à  la  fin  du  mois  de  novembre 
ont  permis,  principalement  dans  le  cercle  de  Médéah,  de  reprendre  les 
travaux  des  labours.  Dans  la  province  de  Constantine,  les  postes  ont 
été  supprimés  dans  les  régions  oii,  par  suite  de  l'abaissement  de  la 
température,  il  n'y  avait  plus  à  craindre  d'incendies  de  forêts. 

J.-A.  Barral. 


LA    PETITE    GQERRE.  491 


LA  PETITE  GUERRE.  —  III 

A  la  discussion  que  j'ai  faits  de  ses  arguments,  M.  Lecouteux  a 
répondu   par  deux  articles  séparés. 

Le  premier  qui  semble  avoir  eu  pour  objet  de.  nous  donner  eniSn 
l'explication  de  l'axiome  cabalistique  :  «  La  liberté  commerciale  est 
le  but,  l'égalité  douanière  est  le  moyen,  »  est  intitulé  :  Débroiiillom, 
n  embrouillons  pas.  Voici  de  quelle  façon  il  remplit  ce  double  pro- 
gramme. 

Après  nous  avoir  dit  que  l'agriculture  sera  logique  «  en  cherchant 
à  faire  prévaloir  les  principes  de  l'égalité,  non  pas  de  cette  égalité 
intransigeante  qui  fait  table  rase  d'un  seul  coup,  »  il  ajoute  que,  pour 
son  compte,  il  ne  veut  pas  «  jouer  le  rôle  de  ces  intransigeants  qui 
posent  fièrement  un  principe,  laissent  violer  ce  principe,  et  se  con- 
tentent d'attendre  des  jours  meilleurs  pour  le  triomphe  de  leurs 
idées.  »  C'est  là  sans  doute  ce  qu'il  appelle  débrouiller  les  choses. 

Le  second  point  du  programme,  n  embrouillons  pas,  n'est  pas  moins 
instructif  :  «  N'embrouillons  pas  la  question.  L'agriculture  s'incline 
devant  les  nécessités  politiques  qui  feraient  assumer  par  le  gouverne- 
ment la  responsabilité  de  la  cherté  du  pain.  Elle  sait  compter  avec  les 
préjugés.  »  Plus  loin,  il  va  jusqu'à  demander  des  droits  protecteurs 
sur  le  bétail,  «  au  nom  de  la  consommation  publique.  »  La  cherté  du 
pain,  un  préjugé!  Le  bétail  étranger  repoussé  de  nos  frontières,  dans 
l'intérêt  du  consommateur  !  Deux  trouvailles  !  deux  perles  ! 

Quant  à  l'explication  du  fameux  aphorisme,  voici  celle  qu'il  essaye 
de  nous  donner.  «  Que  l'industrie  désarme.  Qu'elle  fasse  un  pas,  plu- 
sieurs pas,  vers  la  liberté  commerciale.  Et  TagriciUture  placée  à  des 
conditions  égales  sur  le  marché  des  capitaux  et  du  travail,  désarmera 
aussi.  Jusque-là,  il  y  aura  guerre  de  tarifs,  il  y  aura  inégalité  dans  la 

lutte,   etc »   Ce  qui  se  dégage  de  plus  clair  de  ces    métaphores 

guerrières,  c'est  que  cette  fameuse  égalité  douanière  nous  fera  sûre- 
tourner  le  dos  à  la  liberté  commerciale,  au  lieu  de  nous  conduire 
directement  par  «  le  chemin  de  la  logique.  »  L'industrie  n'est  pas 
près  de  désarmer,  pour  parler  le  langage  de  M.  Lecouteux.  Pourquoi 
le  ferait-elle,  quand  des  agriculteurs  naïfs,  qui  n'ont  vraiment  rien 
à  y  gagner,  lui  viennent  en  aide  pour  assurer  la  conservation  de  ses 
privilèges  ?  Pense-t-on  que  l'industrie  «  mettrait  bas  les  armes,  » 
lorsque  l'agriculture  aurait  obtenu,  si  toutefois  elle  pouvait  l'obtenir, 
sa  part  de  protection  ?  Désarmez,  vous-mêmes,  dirait-elle  aux  agri- 
culteurs, et  donnez  l'exemple  du  désintéressement,  puisque,  après 
tout,  la  protection  vous  coûte  si  cher  et  vous  rapporte  si  peu. 

Ce  qu'il  y  a  de  plus  plaisant,  c'est  que  ces  beaux  raisonnements 
nous  sont  présentés  sous  l'invocation  des  noms  de  Bastiatet  de  Léonce 
de  Lavergne.  Bastiat,  l'immortel  auteur  des  Sophismes  économiques^  qui 
qualifiait  de  spoliation  les  effets  du  régime  protecteur  !  Léonce  de  La- 
vergne, l'un  des  principaux  auteurs  de  la  réforme  douanière,  qui  s'ap- 
puyait justement  sur  l'inutilité  de  la  protection  accordée  nominalement 
à  l'agriculture,  pour  lui  conseiller  d'y  renoncer,  dans  l'espoir  que  ce 
pan  de  mur  démoli,  tout  le  reste  de  l'édifice  ne  tarderait  pas  à  s'é- 
crouler ! 

Le  second  article  est  consacré  entièrement  à  l'argument  du  «  bétail 


492  LA    PETITE    GUERRE. 

producteur  d'engrais.  »  L'auteur  a  voulu  sans  doute  isoler  cette 
partie  de  sa  réponse,  pour  mieux  montrer  le  cas  qu'il  fait  de  l'argu- 
ment, sentiment  bien  naturel,  puisqu'il  en  est  sans  contredit  le 
père. 

Il  nous  apprend  que  M.  Boussingault  n'a  pas  eu  tort  d'appeler  le 
bétail  destructeur  d'engrais,  mais  que  ceux  qui  l'appellent  producteur 
d'engrais  n'en  ont  pas  moins  raison. 

Il  nous  apprend  aussi  que  la  valeur  du  fumier  diminue  le  prix  de 
revient  de  la  viande  et  de  la  laine.  Le  prix  de  revient  se  composant  • 
de  frais  et  le  fumier  ne  donnant  pas  des  recettes,  on  voit  difficilement 
de  quelle  façon  le  fumier,  qui  ne  se  vend  pas,  peut  diminuer  le  prix 
de  revient  de  la  viande  et  de  la  laine  qui  se  vendent.  N'est-il  pas  plus 
simple  et  plus  sensé  de  dire  que  le  bétail  est  fait  pour  donner  ce  qui 
se  vend,  c'est-à-dire  la  viande  et  la  laine,  et  que  s'il  y  ajoute  quelque 
chose  qui  ne  se  vend  pas,  c'est  pour  rien,  puisque  nous  n'avons  que 
la  peine  de  le  recueillir?  Ce  serait  donner,  il  me  semble,  une  idée 
bien  autrement  «  haute  de  la  fonction  économique  du  bétail.  »  L'azote 
du  fumier  vaut  tout  au  plus  3  fr.  le  kilog.  ;  celui  de  la  viande  vaut  dix 
fois  })lus.  Le  bétail  joue  donc  un  rôle  bien  plus  important  que  celui 
que  lui  prête  M.  Lecouteux,  car  il  nous  permet  de  tirer  bon  parti  des 
fourrages  par  la  valeur  de  ses  produits  et  de  ses  services,  et  il  donne  le 
fumier  par-dessus  le  marché,  c'est-à-dire  pour  rien.  Tant  mieux  si  ce 
fumier  vaut  20  fr.  la  tonne.  Il  n'en  faut  savoir  que  plus  de  gré  à  nos 
bêtes  de  nous  le  donner  gratis. 

Il  répète  aussi  sans  rire  et  même  avec  un  certain  dédain  à  l'adresse 
de  ceux  qui  seraient  tentés  de  céder  dans  la  circonstance  à  une  douce 
gaieté,  que  le  bétail  étranger  n'arrive  chez  nous  qu'après  avoir 
fécondé  la  terre  étrangère.  Mon  Dieu!  c'est  bien  vrai,  mais  ce  n'est  pas 
du  moins  aux  dépens  de  nos  fourrages.  Qui  nous  empêcherait  d'ail- 
leurs de  faire  servir  le  bétail  étranger  à  fertiliser  notre  propre  terri- 
toire? Il  suffirait  de  l'y  retenir  et  de  l'y  fixer,  une  fois  qu'il  aurait 
franchi  nos  frontières.  A  moins  qu'il  ne  pousse  la  perfidie  jusqu'à 
nous  refuser  son...  tribut,  quand  nous  lui  prodiguerons  nos  fourrages, 
on  ne  voit  pas  au  juste  ni  pourquoi  nous  aurions  fait  une  mauvaise 
affaire,  de  recevoir  à  bon  compte  une  pareille  source  de  fortune,  ni 
comment  l'étranger  en  aurait  fait  une  bonne,  de  nous  céder  à  vil  prix 
cet  instrument  de  fertilité. 

Il  nous  révèle  aussi  que  la  protection  sur  le  bétail  aura  pour  effet 
de  «placer  les  étrangers  au  nombre  des  contribuables  jouissant  de 
w  notre  marché  et  concourant  à  nos  dépenses  publiques.  »  Mais  si  cela 
était  vrai,  qui  empêcherait  les  étrangers  de  nous  faire  contribuer  aussi 
à  leurs  charges,  en  nous  opposant  des  tarifs  encore  plus  forts  que  les 
nôtres  ?  Est-ce  que  c'est  là  cette  liberté  qu'on  nous  montre  comme 
but,  en  affirmant  de  nouveau  «  mille  fois  »  que  la  protection  est  le 
moyen  d'y  arriver  ? 

Enfin  il  nous  fait  une  dernière  et  plus  grande  révélation  dans  la 
phrase  mystérieuse  qui  suit  :  La  terre  n'est,  à  vrai  dire,  qu'une  ma- 
chine à  multiples  effets.»  C'est  le  mot  de  la  fin,  l'argument  pour  la 
bonne  bouche,  car  il  part  de  là  pour  entonner  son  hosannah  :  Oui, 
mille  fois  oui  ! 

Et  nunc  erudimini P.-C.  Dubost, 

Professeur  d'économie  et  de  législation  rurales 
à  l'Ecole  nationale  d'agriculture  de  Grignon. 


COiNCOURS  d'animaux  GRAS   EN   ANGLETERRE.  493 


CONCOURS  D'ANIMAUX  GRAS  EN  ANGLETERRE 

La  dernière  quinzaiae  qui  vient  de  s'écouler  a  été  tout  entière 
consacrée  aux  fêtes  de  la  viande  en  Angleterre.  C'est  en  vain  que 
l'Irlande  s'agite,  que  l'horizon  oriental  s'assombrit,  que  le  taux 
de  Tescompte  s'élève  et  que  le  gouvernement  anglais  est  inquiet,  tout 
cela  ne  pèse  pas  un  fétu  de  paille  dans  la  balance  qui  règle  les  mou- 
vements des  fastes  agricoles  de  nos  voisins.  Les  concours  de  Birmin- 
gham et  de  Smithfield  n'en  suivent  pas  moins  leur  cycle  périodique, 
et  la  même  foule,  animée  du  même  enthousiasme,  en  envahit  les  en- 
ceintes avec  la  même  ardeur  de  curiosité  et  d'intérêt.  Ce  qu'il  y  a  de 
remarquable  dans  cette  vogue  qui,  loin  de  s'amoindrir,  ne  fait  qu'aug- 
menter chaque  année,  c'est  que  rien  ne  ressemble  tant  à  ces  concours 
que  les  concours  précédents.  Ainsi  au  point  de  vue  de  la  simple  curio- 
sité qu'excite  un  spectacle  toujours  le  même,  on  ne  s'explique  pas 
bien  cet  engouement  qui  tient  de  la  passion.  Mais  quand  on  vient  à 
considérer  les  différents  mobiles  qui  donnent  le  branle  à  ces  foules  et 
les  portent  vers  les  concours  d'animaux  gras  pir  centaine  de  mille, 
l'étonnement  cesse  et  la  chose  se  comprend  facilement.  Chez  les  uns, 
c'est  la  constatation  de  termes  de  comparaison  pour  juger  si  le  baro- 
mètre du  progrès  chez  les  races  à  viande  est  en  hausse  ou  en  baisse. 
Puis  cette  recherche  s'étend  de  toutes  les  espèces  et  de  toutes  les  races, 
à  une  race  spéciale  à  laquelle  on  s'intéresse  particulièrement.  D'autres 
s'intéressent  encore  plus  spécialement  aux  hommes  qu'aux  bêtes, 
et  aiment  à  saluer  l'avènement  des  jeunes  exposants  nouveaux  qui, 
chaque  année,  viennent  remplacer  ceux  qui  disparaissent.  Puis  encore 
il  y  a  l'intérêt  de  la  concurrence,  la  passion  de  la  rivalité  qui  poussent 
un  grand  nombre  à  venir  jeter  un  coup  d'œil  sur  les  productions  des 
rivaux,  et  chercher  une  idée  dans  cette  masse  de  produits  divers.  Il  y  a 
encore  parmi  cette  foule  bien  des  gens  qui  viennent  pour  rencontrer 
de  vieux  amis  et  deviser  des  choses  qui  les  intéressent. 

Une  autre  grande  attraction  du  concours  de  Smithfield,  ce  sont  les 
assemblées  générales  des  membres  des  grandes  associations  agricoles 
qui  ont  lieu  dans  la  semaine  du  concours.  C'est  d'abord  la  réunion 
annuelle  du  club  de  Smithfield,  où  l'on  nomme  le  président  pour 
l'année  suivante  et  les  membres  du  Conseil  pour  remplacer  ceux  qui 
se  retirent  par  rotation,  selon  les  statuts.  C'est  ensuite  la  Société  royale 
de  l'Angleterre,  qui  tient  son  assemblée  générale  semestrielle;  puis  le 
Club  central  des  fermiers  oi^i  l'on  prononce  un  grand  discours  sur  le 
sujet  qui  présente  le  plus  d'actualité  et  où  l'on  festoie  joyeusement 
dans  un  dîner  pantagruéliquement  rural,  c'est-à-dire  où  s'assouvis- 
sent ces  merveilleux  appétits  qui  distinguent  les  hommes  des  champs. 
Cette  année,  c'est  le  membre  du  parlement  rural,  Clare  Servell  Read 
qui  a  tenu  la  tribune  et  a  prononcé  le  discours  d'usage.-  Son  sujet 
était  tout  indiqué,  car  il  revient  d'Amérique  où  il  avait  été  envoyé 
avec  un  de  ses  collègues,  M.  Pell,  pour  procéder  à  cette  partie  de 
l'enquête  sur  Tagriculture  pour  laquelle  la  chambre  des  Com- 
munes avait  nommé  une  Commission  parlementaire.  M.  Read  a  con- 
densé son  remarquable  rapport  dans  un  discours  des  plus  intéressants, 
dont  j'ai  l'intention  de  reproduire  dans  ce  Journal  les  traits  les  plus 
saillants  et  les  plus  importants  pour  notre  propre  agriculture. 


494  COiNGOURS  D'ANIMAUX  GRAS  EN  ANGLETERRE. 

L'Association  centrale  des  Chambres  d'agriculture  a  de  môme  tenu 
ses  assises  annuelles  dans  la  salle  de  la  Société  des  arts.  Ainsi,  on  le 
voit,  cette  semaine  du  concours  de  Smitiifield  a  été  bien  remplie 
ailleurs  que  dans  lenceinte  du  palais  d'Islington  oi^  cependant  plus 
de  cent  mille  visiteurs  ont  payé  leur  entrée  aux  tourniquets.  Les 
citoyens  de  Londres,  pour  qui  le  spectacle  de  cette  magnifique  viande 
de  Noël  en  perspective,  demeure  toujours  un  grand  attrait,  n'ont  pas 
manqué  de  suivre  leur  pente  de  curiosité  et  de  convoitise  gastrono- 
mique, et  ont,  comme  toujours,  largement  contribué  à  grossir  la  foule 
des  visiteurs. 

D'ailleurs,  malgré  la  physionomie  monotone  de  ces  concours,  le 
spectacle  offert  par  cette  collection  d'animaux  dont  pas  un  n'était 
frappé  du  cachet  de  la  médiocrité,  qui  tous  témoignaient  par 
leur  engraissement  régulier  de  leur  aptitude  à  l'engraissement, 
de  leurs  grandes  qualités  d'assimilation,  et  surtout  de  l'habilité 
pratique  de  leurs  engraisseurs,  avait  un  aspect  de  grandeur  qui 
saisissait  l'esprit  et  l'éievait  bien  au-dessus  de  l'idée  restreinte  des 
aspirations  de  l'ebtomac.  Il  y  avait  là,  en  effet,  une  manifestation 
frappante  du  génie  des  grands  éleveurs  de  l'Angleterre,  qui,  depuis  la 
fin  du  siècle  dernier,  ont  pu  transformer  les  races  agricoles,  les 
modeler  toutes  sur  le  même  type  esthétique,  à  quelque  espèce  qu'ils 
appartiennent,  développer  leur  puissance  d'assimilation  pour  arriver 
à  la  précocité  et  leur  donner  cette  constitution  robuste  et  rustique  qui 
leur  permet  de  subir  impunément  toutes  les  exigences  d'une  domesti- 
cité raffinée  et  d'une  insatiable  consommation.  Ces  qualités  si  pré- 
cieuses ont  été  non  seulement  données  à  l'individu,  mais  se  sont 
enracinées  dans  le  sang  des  races,  et  par  une  sélection  même  fortuite 
et  non  raisonnée,  se  transmettent  dans  une  proportion  plus  ou  moins 
grande,  selon  le  degré  de  pureté  du  sang  des  producteurs,  à  tous  leurs 
produits.  Au  point  de  vue  de  la  science  zootechnique,  voilà  un  grand 
triomphe  et  le  spectacle,  comme  celui  du  concours  de  Smithfield  qui 
en  produit  la  manifestation,  mérite,  certes,  l'empressement  de  cette  foule 
immense  qui  en  envahit  l'enceinte. 

Chez  nous,  cette  appréciation  et  cet  intérêt  n'ont  point  encore 
pénétré  les  classes  non  rurales.  Nous  possédons  pour  nos  concours 
d'animaux  gras,  la  plus  belle  enceinte  qu'il  y  ait  au  monde.  La  salle 
d'Islington,  avec  ses  sombres  galeries,  n'est  qu'un  bouge  à  côté  du 
Palais  de  l'Industrie,  et  malgré  cela,  malgré  la  vaste  population  de 
notre  capitale,  malgré  la  présence  en  hiver  de  toute  sa  population, 
riche,  intelligente  et  instruite,  les  travées  de  nos  concours  sont 
comparativement  désertes. 

Pendant  les  cinq  jours  que  le  concours  de  Smithfield  a  duré,  le 
passage  de  120,272  visiteurs  a  été  enregistré  aux  tourniquets.  Si  l'on 
ajoute  à  ce  nombre  la  foule  des  porteurs  de  cartes  gratuites,  comme 
membres  du  club,  exposants  et  serviteurs,  on  arrive  à  un  chiffre  qui 
dépasse  une  moyenne  de  26,000  par  jour  —  et  encore  faut-il  observer 
quelepremier  jour  le  prix  d'entrée  est  fixé  à  cinq  shillings  (Gfr.  25)  — 
et  que  pour  ce  jour-là  il  ne  faut  compter  que  tout  au  plus  1,200  visi- 
teurs; ce  qui  laisse  pour  les  quatre  jours  suivants  une  moyenne  de 
32,000  visiteurs. 

Comme  ensemble,  le  concours  de  Smitiifield  de  1880,  s'il  ne 
surpasse  point  le  mérite  de  ses  devanciers  immédiats,  maintient  une 


CONCOURS  d'animaux  GRAS  EN  ANGLETERRE.  495 

bonne  moyenne  et  ne  manifeste  aucune  dégénérescence.  Dans  les 
classes  distinctes  des  races  pures,  il  n'y  avait  rien  de  bien  remar- 
quable, excepté  chez  les  Devons  dont  l'ensemble  homogène  de  couleur, 
de  formes  et  de  caractère,  présentait  un  charmant  coup  d'œil,  coaime 
le  fait  une  troupe  de  soldats  d'élite  ayant  le  môme  uniforme  et  la 
même  taille.  Les  Durhams  de  race  pure  étaient  moins  homogènes  et 
présentaient  peu  de  sujets  d'un  mérite  exceptionnel;  cela  s'explique 
par  le  peu  de  choix  qu'offre  cette  race,  dans  les  jeunes  classes  surtout. 
Presque  tous  étant  destinés  à  la  reproduction,  il  se  trouve  bien  peu 
d'exposants  pour  sacrifier  la  valeur  de  reproduction  en  faveur  de  celle 
de  boucherie.  Mais  là  où  brillait  le  mérite  exceptionnel  de  la  race, 
c'était  dans  les  vaches  âgées  dont  la  classe  contenait  des  vieilles 
douarières,  à  bout  de  production  et  appartenant  à  quelques-unes  des 
plus  nobles  familles  de  la  race,  telles  que  celles  des  Gwyimes,  des 
Winsoine,  des  Seraphinas,  etc.  Un 3  vieille  vache  ayant  produit 
plusieurs  veaux,  ne  conserve  jamais  l'élasticité  musculaire  de  ses 
formes  extérieures,  et  partant  la  régularité  des  lignes  disparaît, 
même  après  un  entraînement  d'engrais  bien  dirigé.  Aussi  n'ofîrent- 
elies  point  cette  surface  unie  et  symétriqu-e  des  génisses  stériles  qui, 
plus  jeunes,  ont  conservé  leur  fraîcheur  et  leur  symétrique  rotondité. 

Le  prix  d'honneur  a  été  cette  année  remporté  par  un  croisement 
durham-écossais,  mais  durham  par  son  apparence,  ses  cornes  et  son 
caractère.  La  classe  dans  laquelle  ce  magnifique  animal  était  exposé, 
celle  des  croisements  divers,  âgés  de  moins  de  quatre  ans,  ne  contenait 
que  trois  sujets,  à  qui  on  a  distribué  les  trois  prix  sans  vergogne,  car 
certes  ces  récompenses  étaient  bien  méritées.  Le  bœuf,  premier  prix 
de  cette  classe,  présenté  par  M.  Colman,  gagne  non  seulement  le  pre- 
mier prix  de  sa  classe,  mais  comme  le  plus  bel  animal  de  tout  le 
concours,  remporte  le  prix  d'honneur  de  cent  livres  sterling  offert 
par  les  propriétaires  du  palais  d'Islington  et  une  médaille  d'or  de 
grand  module  offerte  par  le  club  de  Smithfieid  àTéleveur,  M.  J.  Durno. 
Du  reste,  dans  toutes  les  classes,  une  médaille  est  toujours  réservée  à 
l'éleveur  de  l'animal  primé.  Autrefois,  si  je  ne  me  trompe,  c'était  la 
règle  dans  nos  concours  français  :  mais  cette  mesure  de  justice,  comme 
beaucoup  d'autres,  est  tombée  en  désuétude;  car  on  u'en  entend  plus 
parler  dans  nos  programmes,  et  je  ne  comprends  pas  pourquoi. 

De  l'aveu  de  tous  les  éleveurs  praticiens,  jamais  on  n'avait  eu 
l'occasion  de  voir  des  croisements  durhams  mieux  réussis  et  mani- 
festant à  un  plus  haut  degré  l'excellence  de  la  race  Durham  comme 
élément  de  croisement.  Cette  classe  était  le  trait  saillant  du  concours 
et  c'est  là  que  convergeait  la  foule  des  visiteurs. 

Dans  les  classes  ovines,  ce  sont  les  southdowns  qui  ont  remporté  le 
prix  d'honneur,  bien  mérité  par  de  magnifiques  représentants  du 
troupeau  de  Merton.  A  Birmingham  comme  à  Smithfieid,  c'est  lord 
Walsingham  qui,  du  reste,  a  remporté  les  principaux  honneurs.  Le 
seul  rival  qui  ait  tenu  tête  au  vainqueur,  c'est  un  lot  de  shropshires 
d'une  perfection  merveilleuse,  mais  les  southdowns  de  Merton  l'ont 
emporté  par  leur  exquise  finesse  et  leur  rare  symétrie. 

Comme  toujours.  Sa  Majesté  la  Reine  et  Son  Altesse  Royale  le 
prince  de  Galles  ont  concouru  avec  honneur  et  remporté  quelques 
prix  importants  ;  et,  parmi  les  autres  exposants  et  lauréats,  on  ren- 
contre sur  le  catalogue  un  bon  nombre  de  membres  de  la  haute  aris- 


496  CONCOURS  D'ANJMAUX  GRAS  EN  ANGLETERRE. 

tocratie  de  naissance  et  de  finance.  Je  l'ai  dit  bien  des  fois,  c'est  sur- 
tout à  ce  haut  et  puissant  patronage  des  grands  personnages  du 
sang  et  de  la  finance,  que  l'agriculture  anglaise  est  redevable  de  sa 
grandeur  et  de  ^sa  perfection.  Le  lord  chancelier,  président  de  la 
Chambre  des-lords,  s'assied  sur  un  sac  de  laine.  Les  anciens  rois 
d'Angleterre  ont  ennobli  le  lîlet  de  bœuf  enveloppé  de  ses  côtes.  Il  y 
a  le  baron  de  Bœuf  et  le  chevalier  des  Côtes-de-Bœuf.  De  tout  temps 
l'agriculture  a  été  l'honneur  et  le  plaisir  du  rang  et  de  la  richesse, 
depuis  le  souverain  jusqu'à  l'épicier  enrichi. 

L'exposition  de  l'espèce  porcine  n'a  jamais  été  surpassée.  La  race 
Berkshire  a  tenu  le  premier  rang  sur  toute  la  ligne.  On  ne  l'avait 
jamais  vue  briller  d'un  tel  éclat  de  perfection.  C'était  un  des  grands 
traits  distinctifs  du  concours. 

En  résumé,  on  comptait  au  concours  183  têtes  de  bétail,  pesant 
ensemble  environ  1  50,000  kilog.  poids  vif,  ce  qui  donne  une  moyenne 
de  plus  de  800  kilog.,  et  quand  on  considère  que  dans  toutes  les  caté- 
gories il  y  avait  des  classes  de  jeunes  bœufs  au-dessous  de  deux  ans, 
de  trois  ans  et  de  quatre  ans,  on  se  fait  une  idée  du  succès  obtenu 
par  l'engraissement  de  toutes  ces  races  d'élite. 

Il  y  avait  137  lots  de  moutons,  pesant  ensemble  au  delà  de 
35,000  kilog.,  ce  qui  donne  pour  chaque  individu  une  moyenne  de 
près  de  90  kilog.  Cette  simple  statistique,  à  elle  seule,  suffit  pour 
donner  une  idée  de  l'importance  et  de  l'excellence  de  cette  remar- 
quable exposition. 

Je  ne  dirai  rien  des  accessoires  usuels  de  ces  concours.  Je  me  con- 
tenterai de  dire  que  tous  les  fabricants  de  machines  et  instruments 
agricoles  et  autres,  petits  comme  grands,  avaient  tenu  à  honneur  et 
à  intérêt  d'exhiber  quelques  spécimens  de  leur  fabrication,  et  cela 
dans  la  proportion  que  l'exiguïté  du  local  leur  permettait. 

C'est  le  lundi  qui  suit  le  concours  de  Smithfieid  qu'a  lieu  le  grand 
marché  de  Noël  de  Londres.  Cette  fois-ci,  il  y  avait  7,760  bœufs  et 
11,630  moutons  exposés.  La  vente  s'est  faite  dans  d'excellentes 
conditions  ;  le  temps,  ce  qui  est  très  rare,  était  favorable,  et  le 
bétail  en  parfaite  condition.  Tout  a  été  vendu  à  des  prix  très  rému- 
nérateurs. 

A  propos  du  prix  de  la  viande  en  Angleterre,  les  chiffres  suivants 
obtenus  à  la  vente  annuelle  des  animaux  gras  de  la  Ferme  royale,  dite 
du  Prince-Epoux,  dans  le  Park  de  Windsor,  en  donneront  une  idée. 
Cette  vente,  aux  enchères  publiques,  qui  a  lieu  tous  les  ans  pendant 
le  concours  de  Smithfieid,  comprenait  cette  p,nnée  36  bœufs  gras  et 
431  moutons  southowns  et  cheviots,  engraissés  à  la  ferme.  I-es  bœufs 
ont  réalisé  une  moyenne  de  1 ,120  francs. 

Les  Anglais  se  montrent  toujours  reconnaissants  envers  les  hommes 
dont  la  carrière  s'est  distinguée  par  un  certain  caractère  d'utilité  spé- 
ciale. C'est  un  trait  caractéristique  de  leur  race.  Quand  un  homme 
s'est  acquis  par  son  honorable  activité  un  certain  renom,  et  qu'il 
arrive  à  l'âge  où  le  repos  devient  une  nécessité,  on  lui  offre  ce  qu'on 
appelle  un  témoignage  [teslimonial) .  Un  comité  se  forme,  les  sous- 
criptions sont  sollicitées,  et  au  moment  opportun,  on  se  réunit,  soit 
dans  une  assemblée,  soit  dans  un  dîner,  et  le  témoignage,  quelle  que 
soit  sa  forme,  est  offert  à  l'honorable  récipiendaire.  C'est  ce  qui  se  fait 
actuellement  en    faveur   de  M.    Henry  Sirafford,   l'éminent  commis- 


CONCOURS  D  ANIMAUX  GRAS  EN   ANGLETERRE.  497 

saire-priseur  des  ventes  de  Durhams  depuis  quarante  ans.  Un 
comité  influent  vient  de  se  former,  et  nui  doute  que  le  témoignage 
projeté  ne  soit  digne  des  services  rendus  à  la  race  Duriiam  par 
M.  Henry  Strafford.  F.-R.  de  la  Tréhonnais. 

LES  PEPINS  DES  VldNES  AMÉRICAINES 

Les  localités  non  encore  phylloxérées  s'empressent  d'arrêter  aux 
frontières  les  plants  et  boutures  des  vignes  américaines,  mais  elles 
laissent  librement  circuler  leurs  pépins. 

C'est  peut-être  l'opposé  qu'il  aurait  fallu  faire;  car,  en  général,  les 
germes  parasitaires  adhèrent  à  la  graine  du  végétal,  afin  de  le  suivre 
partout  oi^i  il  est  resemé.  La  cuscute  de  h  luzerne,  le  charbon  du  fro- 
ment, l'ergot  du  seigle  (pour  ne  citer  que  les  plus  connus)  témoignent 
de  celte  affinité. 

Le  célèbre  voyageur  Schweinfurth,  dans  son  Voyage  au  cœur  de 
r Afrique^  raconte  ceci  : 

«  En  1868,  j'apportai  en  Europe  des  graines  d'un  acacia  du  haut 
Nil,  appelé  sopfiar^  ce  qui  veut  dire  flûte,  à  cause  que  la  larve  d'un 
parasite  y  forme  des  ampoules  qui  restent  creuses  et  percées  de  deux 
trous  quand  l'insecte  a  quitté  la  galle  qui  lui  sert  de  demeure.  Parti- 
cularité inexpliquée,  les  arbres  venus  en  Europe  ont  été  affectés  du 
parasite  en  question,  lequel  avait  son  germe  dans  la  graine  sans 
aucun  doute.  » 

Voilà  qui  pourrait  donner  à  réfléchir  aux  partisans  de  l'innocuité 
des  pépins  de  vigne. 

Ce  que  j'en  dis  ici,  au  surplus,  n'est  nullement  pour  appeler  de  nou- 
velles rigueurs  sur  les  cépages  d'Amérique,  mais  uniquement  pour 
montrer  qu'en  tout  ce  qui  a  trait  au  phylloxéra,  à  sa  transmission,  à 
ses  mœurs,  à  son  origine,  nous  n'avons  devant  nous  que  des  incon- 
nues, et  que  partant  nous  devrions  être  très  sobres  de  ces  réglementa- 
tions, dont  le  moindre  inconvénient  est  de  mettre  obstacle  à  l'initia- 
tive privée. 

Que  le  phylloxéra  nous  ait  été  apporté  de  toutes  pièces  par  les 
vignes  de  provenance  américaine,  j'ai  peine  à  le  croire,  je  l'avoue.  Il 
y  a,  d'ailleurs,  trop  peu  d'années  que  nous  avons  le  phylloxéra  et 
trop  de  temps  que  les  vignes  américaines  sont  parmi  nous,  soit  à 
titre  de  curiosité  chez  les  particuliers,  soit  à  titre  de  spécimen  chez 
les  collectionneurs  :  l'effet  n'eût  pas  autant  tardé,  si  telle  eût  été  la 
cause. 

Pour  ma  part,  je  possède  des  ceps  américains  (l'Isabelle)  depuis 
bientôt  un  demi-siècle;  j'en  ai  même  greffé  deux  pieds,  sur  cépage 
indigène,  depuis  quarante  ans;  ils  sont  pleins  de  vigueur  et  prouvent 
par  cette  vigueur  même  que  la  vigne  s'accommode  fort  bien  de  la 
greffe. 

Donc,  nul  ne  pouvant  dire  comment  s'y  est  pris  ce  petit  envahis- 
seur pour  traverser  les  mers  et  fondre  sur  nos  vignobles,  je  vais  tâcher 
de  donner  de  ce  fait  une  explication,  laquelle,  naturellement,  vaudra 
ce  qu'elle  vaudra. 

Je  crois  que  le  phylloxéra  a  très  bien  pu  nous  arriver  sur  l'aile  des 
vents.  Un  courant  atmosphérique  violent  et  direct  aura  jeté  sur  notre 
continent  ce  minuscule  insecte. 


498  LES  PÉPINS  DE  VIGNES  AMERICAINES. 

On    voit   traverser   l'Atlantique    à   'des    matières    moins   ténues. 

Les  cendres  de  l'incendie  de  la  ville  de  Chicago  sont  arrivées  aux 
Açores,  le  quatrième  jour,  en  y  répandant  une  odeur  empyreuma- 
tique;  elles  avaient  fourni  un  trajet  de  plus  de  1,500  lieues,  et  tou- 
chaient aux  rivages  d'Europe. 

En  1780,  le  brouillard  sec  qui,  pendant  trois  mois,  couvrit,  en 
obscurcissant  le  soleil,  l'Europe  tout  entière,  était  produit  par  une 
éruption  des  volcans  d'Islande. 

Les  sables  du  Sahara,  transportés  par  le  siroco,  atteignent  le  nord 
de  l'Italie. 

Si  des  cendres,  des  sables,  peuvent  rester  en  suspension  dans  l'air 
pendant  un  long  voyage,  à  plus  forte  raison  l'invisible,  l'impondérable 
phylloxéra,  et  qui  a  des  ailes. 

Le  vent,  au  surplus,  n'est-il  pas  le  semeur  universel  ! 

L'interdit  que  certains  Etats,  certaines  régions,  mettent  sur  les 
vignes  de  l'Ohio  et  du  Missouri,  n'est  donc  pas  fondé  en  raison, 
et  c'est  là  que  je  voulais  en  venir. 

Il  y  a  grand  préjudice  à  empêcher  un  viticulteur  de  préparer  à 
l'avance  les  cépages  résistants  qui  pourront  remplacer,  pour  lui,  ses 
vignes  indigènes,  lorsque  le  fléau  régnant  les  aura  détruites,  à  leur 
tour. 

Fonder  une  vigne  est  une  opération  de  longue  haleine.  Cela  ne  se 
jette  pas  en  moule.  Il  y  faut  du  temps  et  encore  du  temps.  On  a  beau 
se  presser,  on  ne  fait  qu'un  pas  en  avant  tous  les  douze  mois.  Bien 
que  pourvu,  dès  1876,  de  plants  américains,  et  sur  une  assez  vaste 
échelle,  je  n'y  suis  guère  qu'un  commençant.  Je  ne  m'y  épargne  pas 
pourtant,  ayant  toujours  présente  à  l'esprit  la  recommandation  du 
vieux  Caton  aux  agriculteurs  de  son  temps  :  «  Quand  il  s'agira  pour 
toi  de  bâtir,  retarde  le  plus  que  tu  pourras,  et,  pour  bien  faire,  ne 
bâtis  pas;  mais  quand  il  s'agira  de  planter,  oh  !  plante  tout  de  suite  !  » 

Mais,  pour  planter  tout  de  suite,  encore  faut-il  que  l'autorité  n'y 
mette  pas  obstacle.  Honoré  Sclafer  , 

Propriétaire  à  Sallebœuf  (Gironde). 

A  PROPOS  DE  LA  RAGE 

Monsieur  le  directeur,  je  croyais  qu'une  voix  autorisée  répondrait 
au  savant  et  spirituel  docteur  Schneider,  qui  indique,  comme  mesure 
sanitaire  à  appliquer  contre  la  rage,  l'émoussement  des  dents  canines 
du  chien. 

Toutefois  vous  avez  publié  la  lettre  par  laquelle  M.  Bourrel  a  juste- 
ment revendiqué  l'honneur  d'avoir  été  le  premier  qui  ait  indiqué 
l'émoussement  des  dents  du  chien,  contre  la  terrible  maladie  dont 
cet  animal  est  trop  souvent  atteint.  Permettez-moi  d'a,jouter  que,  en 
août  1878,  au  Congrès  international  d'hygiène  de  Paris,  la  question 
revint  sur  le .  tapis,  soutenue  avec  conviction  par  M.  Belval,  de 
Bruxelles. 

On  objecta,  avec  beaucoup  de  raison,  à  M.  Belval  «  qu'en  matière 
de  police  sanitaire  canine,  les  seules  mesures  efficaces  sont  celles  qui 
sont  simples,  faciles  à  appliquer,  nullement  tracassières  ou  vexatoires.  » 

Cette  mesure  n'est  ni  simple,  ni  facile  à  appliquer,  car  il  faudrait  un 
outillage  spécial  pour  que  l'émoussement  des  dents  soit  bien  fait  et 
rapidement. 


A  PROPOS  DE  LA  RAGE.  499 

Sérieusement,  M.  Schneider  croit-il  que  les  propriétaires,  qui  ont 
un  amour  déraisonnable  pour  leurs  favoris  poilus,  se  résoudraient  à 
faire  raser  les  canines  de  ces  favoris,  si  cette  mesure  était  ordonnée 
par  une  loi?  Il  doit  penser  qu'ils  chercheraient  à  éluder  la  loi,  que  beau- 
coup passeraient  outre. 

Et  alors  qui  charger  du  devoir  dangereux  d'inspecter  les  mâchoires 
de  ces  énormes  chiens  danois,  de  ces  mastifs  féroces  trop  nombreux, 
pour  s'assurer  de  l'état  réel  de  leurs  canines  redoutables? 

Et  si  ces  canines  ne  sont  pas  émoussées!...  Que  de  boiteux!  Que  de 
réformés  pour  infirmités  contractées  pendant  le  service  !  Que  de  pen- 
sions de  retraite!  M.  Schneider  n'y  pense  pas.  H.  Esquené, 

vétérinaire. 

ESSAIS  DYNAMOMËTRIQUES  DE  MACHINES  A  BATTRE -II 

Dans  un  précédent  article  (n°  du  1 1  décembre,  page  420  de  ce  vo- 
lume), nous  avons  donné  la  description  du  dynamomètre  à  rotation 
employé  pour  les  essais  de  machines  à  battre  organisés  à  Joinville-le- 
Pont  par  la  Société  des  agriculteurs  de  France. 

Il  y  a  quelques  mois,  le  Journal  a  donné  une  description  complète 
des  batteuses  américaines  de  Aultmann;  nous  n'y  reviendrons  donc 
pas  aujourd'hui.  Nous  décrirons  successivement  les  batteuses  de 
Pécard,  de  Garrett  et  de  Marshall. 

La  fig.  41  représente  la  coupe  longitudinale  de  la  batteuse  Pécard. 
—  Les  gerbes  déliées  sont  présentées  par  l'ouvrier  engreneur  à  l'ou- 
verture supérieure  I,  par  laquelle  elles  sont  entraînées  entre  le  bat- 
teur et  le  contre-batteur.  La  plus  grande  partie  du  grain  séparé  de^  la 
paille  passe  entre  les  lames  du  contre-batteur,  et  le  reste  est  entraîné 
avec  les  pailles  sur  le  secoueur  J.  La  paille  projetée  sur  les  secoueurs 
est  rejetée,  en  W,  en  dehors  de  la  machine  sur  une  grille  inclinée 
où  les  ouvriers-lieurs  la  prennent  et  l'enlèvent.  Pendant  la  marche  de 
la  paille,  le  grain  qui  y  est  mélangé  passe  à  travers  le  secoueur,  tombe 
sur  le  plan  incliné  de  la  table  K,  et  s'y  réunit  à  celui  qui  est  sorti  du 
contre  batteur.  La  table  K  étant  douée  d'un  mouvement  oscillant,  tout 
ce  grain,  mélangé  de  menues  pailles,  se  rassemble  sur  une  grille. 

Cette  grille  L^percée  de  trous  de  0'".020,  a  pour  fonction  de  séparer 
les  menues  pailles  du  grain;  les  menues  pailles  sont  retardées  dans 
leur  mouvement  par  des  rainures  en  travers  de  la  grille  et  viennent 
tomber,  de  chaque  côté  de  la  batteuse,  par  le  conduit  X. 

Le  grain  ayant  passé  au  travers  de  la  grille  L  tombe  dans  un  enton- 
noir M  en  tôle,  qui  le  renvoie  sur  la  grille  N,  oii  il  subit  le  premier 
coup  de  ventilation;  les  balles  et  les  matières  plus  légères  que  le  grain 
s'échappent  par  l'orifice  Y,  tandis  que  le  grain,  passant  au  travers  de 
la  grille  N,  tombe  sur  une  première  grille  0  en  tôle  perforée  qui  le  dé- 
barrasse des  otons  qu'il  pourrait  encore  contenir  et  qui  tombent  en 
dessous. 

Ayant  traversé  la  grille  0,  le  grain  tombe  sur  une  deuxième  grille 
en  tôle  perforée,  mais  avec  des  trous  beaucoup  plus  petits,  qui  enlève 
toutes  les  grenailles  et  petites  graines,  lesquelles  retombent  en  des- 
sous de  l'extrémité  inférieure  de  l'élévateur  ou  chaîne  à  godets.  Le 
grain  y  est  pris  et  élevé,  puis  rejeté  par  un  conduit  dans  le  tambour  T 
dans  lequel  se  meut  une  hélice  1,  qui  l'amène  à  l'ouverture  par  laquelle 
il  tombe  dans  la  boîte  à  grains. 


&00 


ESSAIS  DYNAMOMKTRIQUES  DES    MACHINES  A  BATTRE. 


C'est  dans  le  tambour  que  s'opère  l'opération  du  second  nettoyage. 
Pendant  queriiéliee  1  ramène  le  grain,  le  ventilateur  qui  tourne  à  une 


très  grande  vitesse,  insuffle  de  lair  dans  le  tambour;  le  batteur^  de 
son  côté,  par  le  conduits,  fait  aspiration,  et  l'action  combinée  de  l'as- 
piration du  batteur  et  du  refoulement  du  ventilateur  opère  le  second 


ESSAIS  DYNAMOMÉTRIQUES  DE  MACHINES  A  BATTRE.  501 

nettoyage  et  le  grain  tombe  à  la  boîte,  prêt  à  être  conduit  au  marché. 

Dans  cette  machine  les  produits  des  gerbes  passées  au  batteur  sor- 
tent par  SIX  endroits  différents:  1°  les  pailles  à  l'avant;  2" les  menues 
pailles  de  chaque  côté  de  la  batteuse  en  arrière  ;  3"  les  balles  à  l'arrière; 
4"  les  otons  sur  le  côté  à  gauche;  5"  les  grenailles  en-dessous  ;  et  6"  le 
grain  à  droite  de  la  machine  sur  le  côté. 

Il  est  à  remarquer  que  la  machine  ne  faitqu'une  seule  sorte  de  grain; 
le  fermier,  pour  le  vendre,  n'a  donc  pas  besoin  de  le  mélanger. 

Un  des  avantages  que  présentent  ces  batteuses,  c'est  qu'elles  sont 
ouvertes  de  tous  les  côtés  et  que,  par  conséquent,  elles  sont  d'un  accès 
facile  et  d'une  surveillance  très  commode.  11  est  inutile  d'ajouter  que 
tous  les  organes  en  sont  exécutés  avec  le  plus  grand  soin,  de  manière 
à  présenter  à  la  fois  solidité  et  bon  fonctionnement. 

Henry  Sagnier. 

NOTES  SUR  LE  COMMERCE  DU  BEURRE 

Nous  nous  proposons  de  passer  successivement  en  revue  :  1°  le 
commerce  du  beurre  en  France  à  l'importation  et  à  l'exportation  ; 
2°  l'importation  du  beurre  en  Angleterre  par  les  différents  pays; 
3"  la  consommation  du  beurre  à  Paris  et  la  vente  aux  halles. 

I.  —  Commerce  du  beurre  en  France. 

Voici  d'abord  le  commerce  spécial  des  beurres  de  1869  à  18T9. 
L'unité  de  valeur  adoptée  est  1  million  de  francs. 


1861   .                .   . 

Beurres  im 

en  France  et 

consommj 

5  6 

portés 
,  mis  en 
ition. 

Beurres  expor 
de 
France. 

30  9 

1866 

8.5 

66.0 

1869     

12  0 

71.3 

1870 

10  4 

49.3 

1871 

1872 

8.3 

11.4 

45.1 
56.1    ♦ 

1873. 

12  0 

76.6 

1874 

1875.        ... 

10.6 

11.7 

84.8 
89.6 

187Ô 

13,0 

102  8 

1877 

1878           .      . 

13.3 

13  6 

96.5 
80.9 

187y 

16.8 

66.8 

On  voit  par  les  chiffres  ci-dessus  que,  depuis  1876,  la  valeur  de 
nos  importations  augmente  d'une  manière  sensible,  tandis  que  celle 
de  nos  exportations  va,  chaque  année,  en  diminuant. 

Les  totaux  du  tableau  précédent  se  décomposent  comme  il  suit,  pour 


les  diverses  catégories  : 


IMPORTATION, 

EXPORTATION. 

Beurres  frais 

ou  tondus.              Beurres 

salés. 

Beurres  frai 

s  ou  fondus 

Beurres  salés. 

Milliôn's 

""Millions"       Millions 

Millions 

Millions 

Mi. lions 

Millions     Millions 

de  kilog. 

de  fr.          de  kilog. 

de  fr. 

de  kilog. 

de  fr. 

de  kilog.         de  fr. 

1869.... 

3.4 

11.8            0.098 

0.250 

1.9 

6.8 

24.8            64,5 

1870... 

2.8 

10.0            0.143 

0.380 

1.9 

6.3 

17.2            43.0 

1871.... 

2.5 

8.0            0.159 

0.399 

2.0 

6,1 

18,1            39.0 

1872.... 

3.3 

10.8            0.249 

0.624 

2.8 

8.8 

21.0            47.3 

1873.... 

3.6 

11,7             0.125 

0.321 

3.3 

10.8 

28,0            65.8 

1874.... 

3.4 

10.3            0,128 

0.308 

4.4 

13.6 

32,3            71.2 

187  .S.... 

3.6 

11.4            0.1.O3 

0  384 

5.4 

17.1 

30  2            72,5 

1876.... 

4.0 

12,8            0.111 

0.283 

5.7 

18.3 

33.8           84.5 

1877.... 

4.2 

13.0            0.123 

0,301 

6.5 

20.1 

31.1            76.4 

1878.... 

4.6 

13.3            0.154 

0,35.i 

..  6.3 

18.7 

27.0            62.2 

1879,... 

o.O 

14.9            0.836 

1.924 

4,7 

14.0 

22.9            52.8 

502  NOTES  SUR  LE  COMMERCE  DU  BEURRE. 

Si  l'on  compare  les  chiffres  de  l'année  1879  à  la  moyenne  des 
cinq  dernières  années  1874-1878,  on  obtient  les  résultats  sui- 
vants  : 

IMPORTATION. 

Millions   Millions  Millions    Millions 

de  kilog.    de  fr.  de  kilog.   de  fr. 

Beurres  frais  OU  fondus     1879 5,070    14,965    Beurres  salés.     1879 0,837     1,924 

—  1874-1878.     3,9A0     12,160  —  1874-1878.     0,133    0.326 

—  iogmeiitation..      1  ,130       2,796  —  ingnientation.  .     0,704     1,5'J8 

EXPORTATION. 

Millions   Millions  Millions  Billions 

de  kilog.     de  fr.  de  kilog.  de  fr. 

Beurres  frais  ou  fondus     1874-1878.     5,660     17,560    Beurres  salés.     1874-1878.30,880  73,360 

—  1879 4.700     U,0n0  —  1879 22,950.52,800 

—  Diminntion....      0,960        3,560  —  Diminution....      7,930  20,560 

Ce  qui  donne,  en  résumé,  pour  notre  commerce  de  beurres  de 
toutes  sortes,  en  1879,  quand  il  est  comparé  à  la  moyenne  de  1874- 

1878: 

IMPORTATION.  EXPORTATION. 

AUGMENTATION.  DIMINUTION. 

Quantités.  Valeur.  Quantités.  Valeur. 

Millions  Millions  Millions  Millions 

de  kilog.  de  fr.  de  kilng.  de  fr. 

Beurres  frais  ou  fondus  1,1.30  2,796  0.1^60  3.560 

—        salés 0,704  1.598  7,930  20,560 

Totaux 1,834  4,394  ~8^,890  ~  24,120 

Commerce  avec  V Angleterre.  — L'importation  en  France  des  beurres 
frais  ou  fondus  d'Angleterre  est  nulle;  celle  des  beurres  salés  a  été,  en 
1879,  de  129,000  kilOg.,  quantité  supérieure  de  78,000  kilog.  à  la 
moyenne  des  quatre  années  précédentes.  Quant  au  commerce  d'expor- 
tation, il  a  donné  les  résultats  suivants  : 

Exportation.  Beurres  frais  ou  fondus.  Beurres  salés. 

kilog.  kilog. 

Moyenne  1874-1878 1,86.'), 000  26,466,000 

4879 1,263,000  19,009,000 

Diminution 602,000^  "^7 ,457 ,000~ 

Commerce  avec  V Algérie.  —  Notre  commerce  avec  l'Algérie  consiste 
dans  l'exportation  des  beurres  frais  ou  fondus. 

Beurres  frais  ou  fondus.  Exportation. 

Moyenne  1874-1878 298,000 

1879 270,000 

Diminution 28 ,  000 

Commerce  avec  la  Belgique.  —  En  voici  le  tableau,  tant  pour  l'im- 
portation que  pour  l'exportation  : 

Importation.  Exportation. 

Beurre  frais  ou  fondus.  1879 3,085,000  2,400,000 

—  1874-1878 2,440,000_ 2,400,000 

Augmentation 645,000  sans  changement. 


NOTES  SUR   LE    COMMERCE  DU  BEURRE.  503 

Importation.  Exportation. 

Beurres  salés 1879 171,592  269,880 

1874-1878 68,000  491,000 


Augmentatioa . .  lu3,o92  Diminution  221,120 

Commerce  avec  la  Suisse.  —  Le  commerce  des  beurres  salés  avec 
la  Suisse  est  insignifiant  pour  l'importation  et  nul  pour  l'exporta- 
tion. Pour  les  autres,  on  a  : 

Beurres  frais  ou  fondus.  Importation.  "Exportation. 

1879 129,972  306,000 

1874-1878 99,000  345,000 

Augmentation a(j,972  Diminution  39,u0o      ' 

Commerce  avec  Vltalie.  —  Le  commerce  des  beurres  salés  avec 
l'Italie  est  sensiblement  nul;  il  en  est  de  même  pour  l'exportation  de 
nos  beurres  frais  ou  fondus.  Quant  à  l'importation  des  beurres  frais 
d'Italie  en  France,  elle  tend  à  s'accroître  chaque  année. 

Beurres  frais  ou  fondus.  Importation. 

1879 1,. 589, 000 

1874-1878 1,260.000 


Augmentation 


Commerce  avec  V Allemagne  et  la  Norvège.  —  Le  commerce  des 
beurres  salés  avec  l'Allemagne  est  nul,  il  en  est  de  même  de  l'im- 
portation des  beurres  salés  de  Norvège  en  France. 


ALLEMAGNE. 

NORVÈGE, 

SUÈDE. 

Beurres  frais  ou  foi.c 

lus. 

^Beurres 

salés. 

Importation. 

Exportation, 

Exportation. 

1874-1878 

1879 

kilog. 
135,000 
228,560 

93,560 

kilog. 
642,000 
4S3  400 

kilog. 
558  000 
109,600 
448,400 

Augmentation. 

Diminution. 

158,6UU 

Diminution. 

Commerce  avec  le  Brésil.  —  En  voici  le  tableau  : 

Beurres  salés.  Exportation. 

1879 2,400,000 

1874-1878 1,958,000 


Augmentation 442, ÛUU 

Notre  exportation  de  beurres  salés  au  Brésil  tend  à  augmenter 
chaque  année  d'une  façon  notable. 

Commerce  avec  les  possessions  anglaises  et  espagnoles  d'Amérique,  la 
Guadeloupe,  la  Martinique,  Saint-Pierre  et  autres  pays.  —  Il  est  résumé 
dans  le  tableau  qui  suit  : 

Beurres  salés.  Exportation. 

1874-1878 1,405^000 

1879 1,1.59,520 


Diminution 245 


Nous  avons  établi  précédemment,  pour  1 879  et  par  rapport  à  la 
moyenne  des  cinq  années  1874-1878  : 

1"  L'augmentation  de  notre  importation  ;  2°  la  diminution  de  notre 
exportation.  Nous  allons  maintenant  discuter  ces  résultats. 

I.  Commerce  d'importation.  — L'augmentation  de  1,834,000  kilog. 
en  1879,  se  répartit  comme  il  suit  : 


50  i  NOTES  SUR  LE  COMMERCE  DU  BEURRE 


Quantités. 

Sortes  de  beurres. 

kilog. 

640,000 

frais. 

103.600 

salés. 

30,900 

frais  ou  fondus. 

3-.'9 ,000 

frais. 

330.000 

salés. 

93.000 

frais. 

1«.5,000 

salés. 

78,000 

— 

39,500 

frais  et  salés. 

Belgique • 

Suisse 

Italie 

Pays-Bas 

Allemagne . . 

Etais-Unis 

Angleterre 

Autres    pays 

Total   1,834,000 

d'où  il  résulte  que  les  pays  qui,  depuis  quelques  années,  nous  envoient 
des  quantités  de  beurres  frais  ou  salés  de  })Ius  en  plus  considérables, 
sont  :  la  Belgique,  l'Italie,  les  Pays  Bas  et  l'Allemagne;  quant  aux 
Etats-Unis,  les  beurres  salés  de  ce  pays  ont  fait  irruption  en  France 
pour  la  première  fois  en  1879,  et  le  chiffre  d'importation,  pour  cette 
année,  ne  laisse  pas  que  d'être  assez  considérable. 

II.  Commerce  d'exportation.  — La  diminution  de  8,890,000  kilog. 
en  1879,  par  rapport  à  la  moyenne  de  1874-1878,  se  répartit  comme 
il  suit  : 

kilog.  kilog. 

iavec  l'Angleterre 602,000  ] 
—  l'Algérie 28,000  i 
—  laSuisse 39,000)      960,000 
—  l'Allemagne 158,600  i 
—  les  autres  pays 132,400  ) 

Beurres     J  avec  l'Angleterre 7,457,000 

salés.       [    —    les  autres  pays 473,000 


7,9.30,000 


Total  8,890,000 

La  moyenne  de  notre  commerce  d'exportation  des  beurres  salés  de 
1874  à  1878,  avec  la  Belgique  et  les  pays  autres  que  l'Angleterre 
avait  été  de 2,465,000  kilog. 

En  1879,  ce  commerce  n'a  été  que  de 1,550,000     — 

d'où  un  déficit  de 915,000  kilog. 

Mais  d'autre  part,  nous  avons  exporté  au 
Brésil,  en  plus  de  la  moyenne  des  cinq  dernières 
années 442,000  kilog. 

Ce  qui  a  réduit  le  déficit  avec  les  pays  autres 
que  l'Angleterre  à.   , 473,000  kilog. 

On  voit  par  la  récapitulation  qui  précède  que  si,  en  1879,  la  dimi- 
nution totale  dans  notre  commerce  d'exportation  s'est  élevée  à 
8,890,000  kilog.  par  rapport  à  la  moyenne  de  1874-1878,  c'est  à  peu 
près  exclusivement  en  Angleterre  que  notre  commerce  a  subi  cette 
diminution,  puisque  pour  ce  seul  paySj  le  déficit  se  décompose  comme 
il  suit  : 

Beurres  salés 7,457,000  kilog. 

— -      frais 602,000 


Total 8,1.59,000 

Nous  allons  examiner  les  causes  qui  ont  porté  un  si  grave  préjudice 
à  notre  exportation  en  Angleterre,  en  1879,  et  à  cet  effet,  nous  com- 
mencerons par  résumer  dans  un  tableau  général  un  certain  nombre  de 
documents  relatifs  au  commerce  d'importation  du  beurre  dans  le 
Royaume-Uni,  et  dont  nous  devons  la  communication  à  l'obligeance 
de  M.  Jenkins,  secrétaire  de  la  Société  royale  d'agriculture  d'Angleterre. 
{La  suite  prochainemcîit.)  A. -F.  Pouriau. 


LES  VENDANGES  DE  1880  DANS   LES   PAYS  PHYLLOXÉRÉS.  505 


LES  VENDANGES  DE  1880  EN  PAYS  PHYLLOXERES  -  III 

Il  m'a  été  impossible  de  parcourir  toutes  les  plantations  améri- 
caines des  environs  de  Montpellier,  mais  je  sais  de  source  sûre  que 
les  résultats  ont  été  les  méL-nes  partout,  aussi  bien  dans  le  beau  vi- 
gnoble du  Chalet  à  M.  Ernest  Leenhardt  qu'au  château  de  Saint- Clé- 
ment où  le  regretté  M.  Fabre  a  le  premier  inauguré  sur  une  grande 
échelle  les  plantations  de  vignes  américaines. 

Partout  où  la  submer.-ion  a  été  bien  faite,  le  succès  a  couronné  les 
efforts  du  viticulteur.  Dans  les  propriétés  qui  bordent  le  Yidourle, 
chez  M.  Vais,  chez  MM.  Castelnau,  à  Saint-Laurent  d'Aigouze,  chez 
M.  le  vicomte  de  Ginestous,  les  vignes  submergées  ont  donné  d'abon- 
dantes récoltes. 

Les  régions  sablonneuses  où  le  phylloxéra  n'a  pas  encore  pu  péné- 
trer ont  donné  des  produits  très  encourageants  et  l'on  ne  reprochera 
plus  à  nos  plages  leur  nudité  et  leur  aridité  ;  car  aujourd'hui  les  vignes 
plantées  dans  le  sable  émergent  juisque  dans  la  mer  leurs  pampres 
verdoyants. 

J'ai  été  frappé,  dans  toutes  les  visites,  des  produits  considérables  des 
Aramonts  greffés  sur  cépages  américains. 

Ce  fait  qui  n'a  rien  d'étonnant  pour  un  agriculteur  qui  le  considère 
comme  une  des  conséquences  de  la  greffe  d'abord  et  ensuite  de  la 
richesse  en  sève  du  sujet,  me  paraît  devoir  être  signalé  comme  un 
encouragement;  il  est  évident  aujourd'hui,  pour  moi,  que  nos  vignes 
reconstituées  donneront  de  plus  grands  produits  qu'autrefois. 

Une  autre  remarque  que  j'ai  faite  est  celle-ci  :  presque  tous  les 
essais  qui  ont  été  tentés,  l'ont  été  dans  des  terres  profondes,  fraîches 
ou  dans  des  terres  ferrugineuses,  défrichements  de  garrigues,  et  où 
les  racines  pénétrant  sous  les  rocbes  trouvent  la  fraîcheur  nécessaire  à 
leur  végétation. 

Quant  aux  vignes  que  l'on  a  pu  arroser,  les  résultats  sont  pro- 
digieux. 

Une  souche  de  Jacquez  plantée  en  bouture  au  mois  d'avril  1879, 
dans  une  terre  médiocre,  arrosée  trois  ou  quatre  fois,  a  produit  cette 
année,  à  la  seconde  feuille,  onze  magnifiques  grappes  de  raisins. 

C'est  une  erreur  qu'on  ne  saurait  trop  combattre,  que  celle-ci.  J'ai 
entendu  dire  à  des  agriculteurs  :  Maintenant  avec  la  vigne  améri- 
caine, nous  pourrons  reconstituer  nos  vignobles;  a  quoi  servira  le 
canal  du  Rhône?  '^' 

A  quoi  servira  le  canal  du  Ehône?  mais  il  servira  précisément  à 
assurer  la  durée  de  cette  reconstitution.  Croyez-vous  que  si  la  vigne 
américaine  avait  à  traverser  des  séries  d'années  de  sécheresse,  comme 
nous  en  avons  vu  trop  souvent,  elle  résisterait  sans  le  secours  de  l'ar- 
rosage? Pour  moi,  je  réponds  hardiment  et  avec  une  conviction  pro- 
fonde :  «  La  vigne  américaine  détruite  dans  ses  parties  aériennes 
parla  sécheresse  brûlante,  attaquée  dans  ses  parties  souterraines  par 
le  phylloxéra,  et  ne  trouvant  pas  dans  le  sol  desséché  la  force  néces- 
saire pour  émettre  de  nouvelles  racines,  la  vigne  américaine  mourra.  » 

En  présence  des  résultats  acquis,  on  se  demande  si  l'on  rêve  ou  si 
l'on  est  éveillé,  mais  il  est  une  question  qu'il  convient  de  se  poser 
parce  qu'elle  domine  tout. 


506  LES   VENDANGES   DE   1880   DANS  LES   PAYS   PHYLLOXÉRÉS 

Dans  quelles  circonstances  se  sont  produites  ces  merveilles  et  à 
quoi  convient-il  d'en  attribuer  la  cause  en  grande  partie? 

La  cause,  pour  moi,  est  dans  les  pluies  abondantes  qui  sont  tom- 
bées cette  année,  exceptionnellement,  dans  le  Midi.  La  récolte  des 
fourrages  a  été  très  abondante,  abondante  la  paille,  abondantes  les 
fruits.  La  réussite  exceptionnelle  de  la  vigne  américaine  plantée  en  bou- 
tures ne  peut  être  attribuée  qu'à  la  pluie  du  ciel;  les  années  précé- 
dentes, moins  pluvieuses,  ont  donné  des  résultats  différents. 

Les  cépages,  dont  la  reprise  paraissait  la  plus  difficile,  ont  aussi 
bien  réussi  que  les  vignes  européennes. 

J'ai  chez  moi,à  Rieucoulon,  où  tout  le  monde  peut  les  voir,  des 
Taylors  qui  ont  donné  100  pour  100;  des  Jacquez,  98  pour  100;  des 
Cuninghams,  97  pour  100;  des  Norton- Virginia  enfin,  qui  sont  si 
difficiles  à  la  reprise,  ont  donné  90  pour  100. 

Dans  ces  conditions,  la  reconstitution  des  vignobles  peut  se  faire 
rapidement;  et  il  faut,  dans  l'intérêt  de  tous,  que  cette  reconstitution 
soit  en  effet  rapide  ;  car,  en  agriculture,  les  années  perdues  se  chif- 
frent par  centaine  de  millions,  et  deux  années  de  récolte  pourraient 
payer  les  travaux  d'établissement  du  canal  du  Rhône. 

Et  puisque  je  suis  amené  à  parler  du  canal  du  Rhône,  à  propos  de 
vignes  américaines,  car  ces  deux  termes  pour  moi  sont  inséparables, 
j'ai  la  très  grande  satisfaction  d'annoncer  à  nos  populations  qui 
commencent  à  en  comprendre  l'indispensabilité,  que  les  souscriptions 
marchent  avec  un  remarquable  entrain;  déjà  le  chiffre  2,400,000  fr. 
est  atteint,  et  même  il  est  dépassé  à  l'heure  où  j'écris,  et  les  retardataires 
feront  bien  de  se  hâter,  car  plus  tard  il  ne  sera  plus  temps. 

Déjà  la  souscription  est  close  dans  le  territoire  de  Béziers,  où  la 
quantité  d'eau  disponible  a  été  rapidement  dépassée. 

Dans  une  seule  journée,  à  Montpellier,  plus  de  100  hectares 
ont  été  souscrits. 

On  a  enfin  compris  que  la  souscription  au  canal  est  tout  simple- 
ment une  assurance  et  une  assurance  contre  un  fléau  plus  fréquent  et 
plus  désastreux  pour  notre  agriculture  que  l'incendie  et  la  grêle  :  c'est 
une  assurance  contre  la  sécheresse. 

En  présence  de  ce  qui  se  passe,  le  gouvernement  n'attendra  sans 
doute  pas  que  le  chiffre  soit  atteint,  et  le  jour  où  la  loi  définitive  sera 
votée,  je  ne  crains  pas  de  prédire  que,  de  3  millions,  le  chiffre  s'élè- 
verait à  6  millions,  si  l'on  voulait  continuer  à  recevoir  des  sou- 
scriptions. 

Cette  lettre  est  peut-être  un  peu  longue,  mais  il  y  a  tant  de 
choses  à  dire  sur  une  question  aussi  vitale,  et  je  suis  si  heureux 
d'annoncer  la  bonne  nouvelle  à  mes  concitoyens  que  je  n'ai  pas  su 
être  plus  court. 

Je  termine  en  me  résumant  par  quatre  phrases  en  style  télégra- 
phique que  j'ai  adressées  ces  jours  derniers  à  un  viticulteur  hongrois 
de  mes  amis,  qui  me  demandait  où  en  était  la  question  du  phylloxéra  : 
Cépages  américains.  —  Ca?ial  du  Rhône.  —  Phylloxéra  vaincu.  — 
Vignobles  reconstitués.  L.  de  Lunaret. 

L'ÉTABLE  DE  SARON 

Le  petit  village  de  Saron,  dans  le  département  de  la  Marne,  a 
acquis  depuis   quelque  temps  une    notoriété  réelle  dans    le  monde 


L'ÉTABLE  DE  SARON.  507 

agricole.  C'est  là,  en  elïet^que  notre  collaborateur,  M.  de  la  ïréhonnais, 
a  entrepris  de  donner  un  exemple  pratique  des  doctrines  qu'il  soutient 
dans  les  colonnes  de  ce  Journal  sur  les  qualités  spéciales  de  la  race 
durliam  au  point  de  vue  de  la  production  laitière.  Ce  n'est  pas  là  un 
fait  absolument  nouveau,  mais  il  était  peu  connu  en  France.  Si  nous 
exceptons  M.  Sanson  qui,  dans  son  Traité  de  zootechnie,  a  rendu 
hommage  à  celte  qualité  de  quelques  familles  de  la  race  durham, 
personne  n'avait  encore,  chez  nous,  attiré  l'attention  sur  ce  fait,  avant 
la  campagne  vigoureuse  entreprise  par  M.  de  la  Tréhonnais. 

Saron  est  bâti  sur  un  coteau,  au-dessus  de  l'Aube,  à  une  petite 
distance  de  Marcilly,  et  près  du  confluent  de  cette  rivière  avec  la 
Seine.  Le  château,  qu'habite  M.  de  la  Tréhonnais,  domine  le  cours  de 
la  rivière  d'une  hauteur  de  15  à  18  mètres.  Sur  la  pente  douce  du 
coteau,  il  a  planté  un  parc  et  créé  des  prairies,  qui  sont  irriguées  au 
moyen  des  eaux  de  la  rivière,  élevées  par  une  petite  machine  à  air 
chaud  qui  fournit  également  toute  l'eau  nécessaire  aux  besoins  de 
l'habitation  et  de  la  ferme.  Nous  reviendrons  bientôt  sur  cette  ingé- 
nieuse machine,  de  construction  anglaise.  La  plus  grande  partie  de 
l'exploitation  qui  comprend  environ  50  hectares,  est  consacrée  à  la 
production  soit  des  fourrages,  soit  des  racines  nécessaires  pour  la 
consommation  de  l'étable  et  de  la  porcherie  qui  forment  la  base  de 
la  spéculation  agricole  de  la  ferme. 

Le  troupeau  de  Saron  se  compose  en  moyenne,  de  vingt-cinq  têtes 
de  durham  pur  sang.  Il  y  a  quelques  semaines,  le  nombre  en  a  été 
un  peu  réduit,  à  cause  des  ventes  faites  récemment.  Les  animaux  sont 
entretenus  au  pâturage,  du  printemps  à  l'automne,  pendant  huit  mois  ; 
ils  ne  sont  en  stabulation  que  pendant  les  mois  de  novembre  à  mars. 
Mâles  et  femelles  étant  exclusivement  destinés  à  la  reproduction,  la 
nourriture  est  combinée  de  manière  à  suffire  à  l'alimentation  normale 
sans  produire  cet  état  d'obésité  des  animaux  de  concours.  M.  de  la 
Tréhonnais  n'expose  jamais,  ne  voulant  sacrifier  aucune  de  ses  bêtes 
pour  se  faire  une  réputation  d'exposant.  L'hiver,  la  ration  journalière 
consiste  en  20  kilog.  de  betteraves,  et  lOkilog.  d'un  mélange  de  foin  et 
paille  hachés  avec  des  racines  coupées  en  cossettes,  dont  la  moitié  est 
servie  le  matin  et  la  moitié  le  soir.  Au  milieu  du  jour,  le  troupeau  est 
conduit  à  la  rivière,  puis  on  sert  un  kilog.  de  tourteau  oléagineux 
avec  une  demi-botie  de  foin.  On  donne  aux  vaches  à  grand  rendement 
laitier,  par  un  supplément  de  4  litres  de  gros  son,  mélangé  de  2  litres 
d'avoine  ou  orge.  Les  veaux  sont  abondamment  nourris  avec  des  tour- 
teaux, de  la  graine  de  lin  bouillie,  des  farineux,  des  betteraves  et  du 
foin  haché. 

On  sait  que  M.  de  la  Tréhonnais  recommande  de  n'importer  en 
France  que  des  animaux  durham  appartenant  à  des  familles  pri- 
vilégiées, dont  il  a  donné  ici  l'histoire.  Ce  n'est  pas  à  d'autres  sources 
qu'il  a  puisé  pour  constituer  son  troupeau.  Nous  allons  reproduire 
les  explications  qu'il  nous  a  données  et  les  notes  qu'il  nous  a  fournies, 
qu'on  lira  certainement  avec  intérêt. 

Commençant  par  les  taureaux,  il  a  acheté  en  Irlande  un  taureau  de 
la  famille  Gwijnne,  qui  remonte  directement  à  Princess  de  Robert  Col- 
ling,  vache  célèbre  d'oii  sont  sortis  les  types  dont  Bâtes  s'est  servi 
pour  former  ses  principales  familles,  telles  que  les  Duchess,  les  Oxford, 
les  Red'Rose,  etc.  Cette  vache  Princcss  remontait  directement  à  Hub' 


508  L  ET  AELE  DE  SARON. 

bock  et  était  fille  de  l'avourile  (252).  (Test  à  cette  souche,  comme  l'a 
dit  M.  de  la  Trehonnais  dans  son  histoire  des  grandes  familles  de  la 
race  durham,  que  remonte  l'origine  de  presijue  toutes  les  tribus  dis- 
tinctes de  la  race,  et  c'est  à  cette  origme  qu'elles  doivent  leur  noblesse 
et  la  faveur  exceptionnelle  dont  elles  jouissent  parmi  tous  les 
éleveurs.  Ce  taureau  Gicynne  que  nous  avons  vu  à  la  vacherie  de  Saron, 
porte  bien  dans  l'ensemble  de  ses  formes  charnues  et  cubiques,  et  sur- 
tout, dans  la  distinction  de  la  physionomie,  les  signes  caractéristiques 
de  la  noblesse  de  sa  famille.  A  côté  de  celui-là,  nous  en  avons  remar- 
qué un  autre,  appartenant  à  la  famille  Charmer,  l'une  des  plus 
laitières  de  la  race.  C'est  un  jeune  taureau  de  pelage  rouan,  admirable 
de  conformation,  avec  une  peau  d'une  souplesse  moelleuse,  et  d'un 
toucher  irréprochable.  La  famille  Charmer  remonte  à  la  vache 
Sylph  dont  les  qualités  laitières  sont  passées  à  l'état  de  légende.  C'est 
cette  vache  Sylph  par  Sir  TFalter  (2,637)  qui  a  fait  la  renommée  du 
troupeau  de  sir  Charles  Knigbtley.  Sylph  remonte  à  la  même  origine 
que  Princess.  C'était  une  arrière-petite-fille  du  taureau  Duchesse  Midas 
(435)  et  elle  compte  parmi  ses  ancêtres  les  meilleurs  taureaux  de  l'éle- 
vage des  Colling  tels  que  Cornet  (1 55),  fils  de  Favourite  (252)  et  finale- 
ment Hubback  (3 1 9) . 

Nous  avons  aussi  remarqué  plusieurs  génisses  d'un  grand  mérite, 
telles  que  French  JFalmU  de  la  famille  distincte  des  fValwit,  célèbre 
entre  toutes  par  ses  qualités  laitières  et  l'une  des  plus  estimées;  Darling 
9%  génisse  rouge  très  laitière  et  mère  d'une  charmante  génisse,  Perle 
de  Saron  »  que  nous  avons  aussi  admirée;  Havering  Queen  3",  génisse 
sortant  de  l'élevage  de  M.  M.  Intosh,  avec  sa  jeune  vêle  ;  Princesse  de 
Saron,  par  Prince  of  Havering4%  pur  Bâtes  de  la  famille  des  RedRose; 
Lady  Godiva  10%  yache  à  vaste  mamelle,  donnant  13  litres  de  lait  à 
chaque  mulsion  et  un  kilog.  de  beurre  par  jour;  Coralie,  jeune  génisse; 
petite-fiUe  de  Countess^  lauréate  du  concours  laitier  à  Londres  en 
1878.  et  de  douze  premiers  prix  dans  les  grands  concours  de  l'An- 
gleterre, dont  deux  aux  concours  de  la  Société  royale,  et  fille  d'un 
taureau  pur  Bâtes,  de  la  famille  de  Red -Rose.  Cette  vache,  l'une  des 
plus  belles  que  nous  ayons  vues,  a  été  achetée  par  M.  de  la  Trehonnais 
chez  l'éleveur  qui  vient  de  remporter  le  prix  d'honneur  au  dernier 
concours  de  la  Société  laitière  récemnifint  tenu  à  Londres.  Comme  type 
de  vache  à  grand  rendement  laitier,  il  n'est  guère  possible  de  rien  voir 
de  supérieur.  A  côté  de  Lady  Godiva,  nous  avons  aussi  remarqué  Marie- 
Antoinette  du  même  type  que  celle-ci,  et  que  M.  de  la  Trehonnais 
a  achetée  à  la  dernière  vente  du  marquis  d'Exeter.  Cette  vache  qui 
est  sur  le  point  de  vêler,  a  une  ampleur  de  formes  extraordinaire  et 
annonce  aussi  une  grande  fécondité  laitière. 

Après  la  vacherie,  nous  avons  visité  la  porcherie  qui,  dans  son 
genre,  n'est  pas  moins  remarquable.  Nous  avons  pu  suivre  l'élevage 
du  porc  dans  toutes  ses  phases  et  constater  l'état  florissant  des  types 
reproducteurs,  la  scrupuleuse  propreté  des  loges  et  le  soin  extrême 
avec  lesquels  les  conditions  d'hygiène  sont  combinées.  Les  loges  sont 
établies  sous  une  arcade  légère  qui  garantit  du  froid  en  hiver  et  de  la 
chaleur  en  été,  tout  en  permettant  à  l'air  pur  de  circuler  en  toute 
liberté.  Le  type  que  M.  de  la  Trehonnais  a  réussi  à  former,  est  remar- 
quable par  la  symétrie  des  formes  cubiques,  la  longueur  et  le  déve- 
loppement extraordinaires   des  sujets.   Nous  avons  vu  des  truies  de 


L  ETABLE  DE  SARON.  509 

douze  mois  pesant,  sans  être  engraissées  au  moins  250  kilogrammes. 
M.  de  la  Tréhonnais  s'est  attaché  à  former  un  type  qui  convient  le 
mieux  au  goût  du  consommateur  français,  c'est-à-dire  donnant  une 
viande  ou  les  proportions  de  gras  et  de  maigre  soient  bien  équilibrées. 
Les  éléments  qu'il  a  choisis  dans  les  meilleures  porcheries  de  l'Angle- 
terre réunissent  h  sang  de  Victor,  de  MM.  Howard,  produit  du 
croisement  d'un  verrat  que  M.  delà  Tréhonnais  leur  avait  cédé  en  1865, 
lequel  Victor  gagna  le  1  "  prix  aux  concours  de  la  Société  royale  d'Angle- 
terre à  Oxford  et  à  Wolverhampton,  deux  années  successives,  de  Pre- 
tender,  de  M.  Walcker,  de  Manchoster,  de  M.  Eden,  1"  prix  au  concours 
de  Manchester  et  de  Baron Liverpool  de  lord  Ellesmere,  prix  d'honneur 
au  concours  de  Liverpool.  M.  de  la  Tréhonnais  a  soin  de  changer  les 
verrats  chaque  année;  il  nous  en  a  montré  un  qu'il  a  dernièremeut 
choisi  dans  la  porcherie  de  lord  Ellesmere.  C'est  grâce  à  ces  change- 
ments fréquents  dans  les  animaux  reproducteurs,  dont  le  choix  est  tou- 
jours combiné  avec  le  plus  grand  soin,  que  l'habile  éleveur  réussit  à 
maintenir  le  caractère  de  sa  porcherie,  caractère  qui  est  de  plus  en 
plus  apprécié  par  ses  nombreux  clients,  au  nombre  desquels  il  compte 
un  grand  nombre  de  comices  et  de  sociétés  agricoles,  tant  de  France 
que  de  l'étranger. 

Nous  avons  donc  rapporté  la  meilleure  impression  de  notre  visite 
à  Saron.  Tous  ceux  qui  feront  ce  voyage,  d'ailleurs  facile,  sont  certains 
d'y  trouver  le  plus  cordial  accueil.  Henry  Sagnier. 

SOCIÉTÉ  NATIONALE  D'AGRICULTURE 

Séance  publique  du  22  décembre  1880. 

La  séance  du  22  décembre  a  été  une  séance  exceptionnelle,  la 
séance  de  rentrée,  consacrée  à  la  lecture  des  éloges  des  anciens  mem- 
bres de  la  Société.  Ainsi  que  M.  le  président  Chevreul  l'a  fait  remar- 
quer dans  son  discours  d'ouverture,  elle  a  été  spécialement  consa- 
crée au  passé,  aux  services  rendus  par  d'anciens  membres  de  la 
Société,  et  à  Faction  qu'ils  ont  exercée  sur  les  progrès  de  l'agriculture. 
Son  but  principal  était,  ainsi,  de  rendre  justice  à  des  hommes  dont  le 
souvenir  s'oublie  parfois  trop  facilement. 

En  effet,  après  quelques  paroles  de  M.  Chevreul  pour  développer  ce 
thème,  la  séance  a  été  tout  entière  remplie  par  quatre  éloges  biogra- 
phiques. Une  nombreuse  assistance  avait  répondu  à  l'appel  de  la 
Société  et  se  pressait  dans  la  grande  salle  des  séances. 

Les  éloges  dont  il  a  été  donné  lecLure  sont  ceux  de  M.  Darblay  et  de 
M.  Amédée  Durand,  par  M.  Barrai,  secrétaire  perpétuel,  et  ceux  de 
Nolin  et  de  M.  Hardy  père,  par  M.  Heuzé.j  Le  souvenir  de  Darblay,  d'A- 
médée  Durand,  de  Hardy,  sont  encore  vivants  :  quant  à  l'abbé  Nolin, 
il  fut  au  dix-huitième  siècle,  un  des  promoteurs  des  progrès  de  l'hor- 
ticulture et  de  l'arboriculture  ornementale.  —  Le  Journal  publiera  les 
parties  les  plus  importantes  des  lectures  de  cette  séance  dont  le 
succès  a  été  complet.  Henry  Sagnier. 

REVUE  COMERCIALE  ET  PRIX-COUR.OT  DES  DENRÉES  AGRICOLES 

(25  DÉCEMBRE  1880). 
I.  —  Les  grains  et  les  farines. 
Les  tableaux  suivants  résument  les  cours  des  céréales,  par  quintal  métrique,  sur 
les  principaux  marchés  de  la  France  et  de  l'étranger  : 


510 


REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX-COURANT 


V  RÉGION.—  NORD-OUEST. 

Blé.  Seigle.  Org«. 

fr.  fr.  fr. 

C cUvado*.  Coaié .27.00  29.50  18.00 

—  Lisienx 28  50  »  » 

CôUsdu-Nord.  L-dnaion.  n. MO  21.00  Ib  50 

—  Trégiiier 2S.00  »  «5.50 

Finistère.  Landerneau.  27.00  20.00  19.50 

Morlaix 26.00  21.00  15.20 

lUeet-Vîlaine.  Kannea.  •:&. 00  »  16.00 

—  Saint-Malo 27.50  21.25  » 

Manche.  Avranches 29.50  ■>  19.00 

—  Pontorson 29.00  »  18.25 

—  Villedieu 29.50  21.00  19.50 

Mayenne..  Laval 27.00  »  18.50 

—  Cliâleau-Gonlier.  27.25  i  18.50 
Morbihan.  Heanebont.  27.00  20.00  » 
Orne.  Bellème 28.00  »  18.50 

—  Séez 27.25  19.75  20  00 

Sarihe.  Le  Mans 27.00  21.25  16.50 

—  Sailé 27.()0  »  18.75 

Prie  moyens 27.30  2o.97  17.81 

2»  HBOION.  —  NOR» 

Aisne.  Soissons 26.55  21.50  • 

—  Saicit-Queutia...  28.00  21.00  » 

—  Villers-Cotterets,  26.50  20. bO  17.00 
Eure.  Evr eux 29. OU  20. UO  20.00 

—  Conches 28.50  20.50  19.25 

—  Pacy 29.25  21.25  19   50 

Eure-et-Loir.  Chartres  28.00  22.75  19.00 

—  Anneau 28. 50  2i.00  20.50 

—  Nogent-le-Rotrou  28.25  »  18. 50 
Nord.  Cambrai 27.80  18.75  19.00 

—  Douai 27.75  20.50  20.00 

—  Valeiiciennes 28.25  21.25  21.50 

Oise.   Beaavais 27.50  19.75  19. bO 

—  Compiègne 27.00  21.25  19.00 

—  Noyon 28.25  21.25 

Pas-de-Calais.  Arras..  29.00  20.25  21.00 

—  Saint-Omer 28.00  80. 50  20. 5o 

Seine.  P^ns 28.50  2150  19.25 

S.-ei-il/arntfDammartia  27.75  20.50  17.50 

—  Nemours 27.50  21.75  18.75 

—  Provins., 28.25  21.50  20.50 

S.-et-Oise.  Angerville..   28.00  22  00  19.25 

—  Pontoise 27.50  23  25  22.00 

—  Versailles 27.50  •  » 

■Seine-Inférieure Rouen  27.85  20.85  19.85 

—  Dieppe 28.75  21.25  » 

—  Yvetot 27.80  21.50  19.25 

Somme.  Abbeville  ....  27.25  20.50  19.75 

—  Amiens 27.25  19.50  19.50 

—  Roye 26.75  21.25  18.50 

Prix  moyens 27.87  20.95  19.12 

3"  RÉOION.—  NORD-EST. 

Ardennes-  Vooziers...  26.50  21.00  19  00 

Aube.  Arcis-sur-Aube.   26.75  20.50  19.25 

Méry-sur-Seine..  27.00  22.50  18.75 

—  Troyes 27.00  19.50  19.50 

Marne.  Chàlons 27.25  21.75  20.50 

—  Epernay 27.50  21.00  18.50 

—  Reims 28.00  19.50  19.00 

—  Sézanne 27. 20  20.75  19.00 

Hte-Marne.  Bourbonne  27.00  »  » 

Meurthe-et-Moi ,  Nancy  27.25  22.00  18.59 

—  Lunéïille 25.50  22.50  19.00 

—  Pont-à-Mousson.  27.50  22.00  » 
Meuse.  Bar-le-Diic...  27. OJ  »  19.25 

—  Verdun 27.75  21.00  19.00 

aute-Saône.  Gray....  27.75  •  » 

—  Vesoul. ........  27.45  16.85  15.00 

Fosges.  Epinal 28.25  21. io  » 

—  Raon-l'Etape 28.30  22.00  » 

Prix  moyens J7.33  20.95  18.78 

4*  RÉaiON.  —  «CEST. 

Charente.  Angoulême.  28.75  18.50  » 

—  Ruffec 29.50  20.00  19.00 

Charente  Infer.Ma.Ta.ns  26.75  »  19.00 

Deux  Sevrés.   Niort...  28.00  »  18.00 

Indre-et-Loire.  Tours.  27.50  19.25  2o!oo 

~     Si®'"®-- 27.00  19.00  20.00 

—  Château-Renault  27.00  19.50  2150 

I,o»r«-/ti/'.  Nantes 27.00  21.25  tl.OO 

Jtf.-<*-Lo*re.  Saamur...  28  40  21.00  19.50 

Vendée.  Luçon 27.00  *  19.00 

—  *^°?j7ay 27.00  »  18. 00 

Kienne.chatellerault..  27.50  19.50  19.50 

—  Poitiers 28.50  20.25  19.00 

aaute-Vienne.  Limoges  2<.76  20.50  19.25 

Prix  moyens 27.76  19,87  19.44 


AToice. 

fr. 
21   50 

16.50 

17.75 
18.50 
16.25 
18.00 
19.0» 
23.50 
21.25 
18.50 
21.00 
2').  75 
18.00 
18.25 
18.50 
21.75 
20.50 


18.50 
20.00 
18.08 
18.50 
18.50 
19.2; 


17.50 
18.00 
18.25 
18.25 
19.00 
18.50 
18.50 
19.0') 
20.25 
18.50 
18.75 
18.25 
19.00 
18.50 
20.25 
21.75 
20.00 
17.00 
18.00 
21.25 
18.75 

18.86 


17.75 
17.25 
18.00 
18.75 
19.25 
19.00 
18.50 
18.25 
15.00 
16.75 
16.50 
17.50 
18.50 
17.50 
16.00 
16.20 
16.75 
16.85 

17.51 


22.00 
19.25 
19.50 
21.00 
18.75 
18.50 
17.00 
18  75 
19.00 
19.50 
19.00 
18.25 
19.00 
18-75 
19.16 


5'    RKGIOM.  —  CENTRE. 

Blé.  Seigle.  Orge. 

fr.  fr.  fr. 

Allier.  Gannat 28.25  »  20.50 

—  Montluçon 27.50  21.00  19.00 

—  La  Palisse 27.50  18.50  20  25 

Cher.   Bour^îes 27.50  19.50  19.50 

—  Gracay 28.50  21.00  19.50 

—  Vierzon 28.25  20.75  20.25 

Creuse.  Aubusson 27.75  19.00  » 

/nrfre.  Cbâteauroux. ...  27.50  20.75  19.25 

—  Issoudun 27.80  18.75  19.50 

—  Valençay 27.00  21.00  'io.50 

Loiret.  Montargis 28.00  20.75  19.50 

—  Gien 28.00  19.50  19.50 

—  Pilhiviers 27.50  21.50  18.75 

Loir-et-Cher.  Blois. 28.00  18.50  19.00 

—  Montoire 27.50  20.00  18.75 

Nièvre.   Nevers 28.50  »  18.50 

—  La  Charité 30.25  18.75  20.25 

Vonne.  Brienon 27.7a  22. OO  18. 00 

—  St-Florenlin 28.00  20.75  18.50 

—  Sens 28.50     21. 00  20. 25 

Prix  moyens 27.97  20.15  19.43 

«•  RÉGION.  —  EST. 

Ain.   Bourg 30-80  21.00  » 

—  Pont-de-Vaux. ...  24.00  21.20  • 
Côte-d'Or.  Di}oa 27  50  21.00  20. 0» 

—  Beaune 28.00  »  18.50 

Dnuhs.    Besançon 28  25  »  » 

Isère.   Grand-Lemps 28.50  20.00  » 

—  Bourgjin 28.50  19.50  17.50 

■/wra.  Dole 28. OU  20. .so  17.50 

Loire.  Saint-Etienne 28.25  19  7»  20.25 

P.-de-/Jôme.  Cleim.-Fer.  30.50  19.50  19.75 

iî/iône.  Lyon .29.50  20.50  17.50 

Saône-et-Loire.  Chalon  .  29  4o  20.75  » 

—  Màcon 29.59  21.50  » 

Satioie.  Charabéry 29.50  20.25  • 

//<e-Sauoie.  Annecy 29.00  »  » 

Prix  moyens 28.94  20.45  18.71 

T  RÉGION.   —  SUD-OUEST. 

Ariége.  Pamiers 28.75  19.00  » 

Dordogwe.  Périgueux ..  2800  »  » 

//te-Gai-onne.  Toulouse.   28.50  20.00  16.50 

—  Viliefranche-Laur.  28.25  20.25  17.25 
Gers.  Condom 29.00  »  » 

—  Eauze 27.75  »  » 

—  Mirande 27.25  »  » 

Gironde.    Bordeaux....  28.50  21.00  » 

—  Lesparre 27  50  19.00  » 

Landes.  Dax 29.09  19.25  k^ 

Lot-et-Garonne.  Agen..   28.50  20.00  » 

—  NJrac 28.25  »  » 

S.-Pyrénées.  Rayonne..  28.50  21.25  19.00 

Htes- Pyrénées.  Tarbes.  28.25  20.50  » 

Prix  moyens...  -..  28.28  20.02  17.58 

8«  RÉGION.  —  SUD. 

Avrde.   Carcassonne....  27.75  19.25  18.50 

Aveyron.    Rodez 27.50  19.00  » 

Cantal.  Mauriac 31.65  26.40  » 

Corrèze.  Luberzac 29.25  2i.S0  20.50 

HérauU.  Cette 29.50  »  » 

Lo<.  Figeac 28.50  20.75  20.25 

Lozère.  Mende 29.00  19.25  19.80 

—  Marvejols 27.10  22.00  » 

—  Florac 27.75  20.50  21.25 

Pj/renées-Or.  Perpignan  26.30  20.00  .^3.00 

Tarn.  Albi 27.00  »  » 

ram-et-Gar.Moatauban  28.50  20-50  18.06 

Prix  moyens 28.33  20.91  20.18 

9»  RÉGION.   —  SîTD-RST. 

Basses-Alpes.îAa.nosqne  28.10  «  * 

Hautes-Alpes.  Briançou  23.50  20.75  19.25 

Alpes-Maritimes Cannea  29.00  20.50  19.50 

Ardeche.  Privas 30.30  20.90  19.00 

S.-dM-fi/iône.  Arles 29.00  »  18.5a 

Drôme.    Valence 29.50  22.00  » 

Gard. Nîme^ 29.25  2n.50  » 

i/aM<e-Z,oire.  Le  Puy....  30.50  20.75  20.25 

Kar.  Draguignan 30.25  ao.50  19.50 

Vaucluse.  Carpentras...  28.25  »  17.50 

Prix  moyens 29.36  20. 84  19.07 

Moy.  de  toute  la  France  28.12  20.56  18.90 

—  de  U semaine  précéd.  23.33  20  73  18.91 

Sarlase.-naineJ  Hausse.      »  » 

précédente.,     i  Baisse.    0.21  0.17  o.oi 


Awine. 

fr. 

17.75 
18.25 
18.00 
18.00 
17.50 
18.00 
18.50 
19.00 
17.50 
18.00 
18.50 
18.00 
20  60 
19.50 
18.00 
28.25 
17.50 
20.00 
18.50 
18.00 

18.36 


17.00 
19.75 
)6.50 
17.25 
17.50 
19.50 
17  00 
17.25 
17.00 

17  25 
18.00 
17.50 
16.50 
17.00 

17.64 


19.00 
19.50 
20.25 
20.00 
20.25 
19  àO 
19.75 
21.50 
23. OÙ 

21.00 
20.25 
20.00 
20.50 
20.34 


20.00 
19.50 
22.10 
20.25 
20.00 
19.75 
21.15 

17.70 
24.45 
19. 50 
20.50 


22  00 
20.50 
19.75 
2i>.20 
21.50 
18.00 
22.00 
18.20 
20.25 
19.00 

20.14 
19.09 
19.15 


DES  DENRÉES  AGRICOLES  (25  DÉCEMBRE  1880).  51 1 

Blé.  Seigle.  Orge.  AToine. 

fr.  fr.  fr.               fr. 

Algérie.                  Oran 27.00  .  16.00  15.50 

Angleterre.              Loadres 27.00  »  19.50  20.25 

Belgique.                 Anvers 26.75  23  85  21.65  19.50 

—  Bruxelles 27.25  21-50  «  19,00 

—  Liège 27.25  23.75  23.00  18.75 

—  Namur 26. .50  23  00  21.00  17.75 

Pays-Bas.                Amsterdam 25.75  24.05 

Luxembourg.  Luxembourg 29. .50  24  <J0  23.00  17  00 

Alsaee-Lmraine      Metz 28.00  25. .50  19.50  18. .50 

—  Strasbourg 3025  25. 7o  2375  18.00 

—  Mulhouse 29.75  26.00  23.00  19.50 

Allemagne.  Berlin 25.10  26.25 

—  Cologne 2750  26  25 

—  Hambourg 26.10  24. 10            •  » 

Suisse.  Genève 2925            -                >  18..50 

—  Zurich 31.00            »                »  19.50 

Italie.  MUan .  28.00  22.50  20.00  19.75 

Espagne.  Burgos 27.00            »  18.25  16.00 

Autriche.  Vieune 27. .50  23  75  18.50  15  50 

Hongrie.  Budapesth 25. 50  21.00  16.50  13.00 

Russie.  Saint-Pétersbourg....  29.25  24.30            >  14  90 

Etats-Unis.  New-york 23.00            -               .  • 

Blés.  —  Les  offres  de  la  culture  sont  toujours  assez  importantes  :  il  en  résulte 
une  certaine  lourdeur  dans  les  transactions,  en  même  temps  que  les  prix  sont 
plus  faiblement  tenus.  Les  blés  d'automne  sont,  dans  la  plupart  des  départements, 
dans  une  bonne  situation  ;  mais  les  mauvaises  herbes  ont  poussé  aussi  avec  beau- 
coup de  vigueur,  ce  qui  est  la  source  de  quelques  craintes,  dans  le  cas  où  l'hiver 
se  passerait  sans  froids.  —  A  la|halle  de  Paris,  le  mercredi  22  décembre,  les 
affaires  ont  été  peu  importantes,  et  les  prix  étaient  faibles.  On  cotait  de  27  fr.  50 
à  29  fr.  50  par  100  kilog.,  suivant  les  qualités  et  les  provenances;  le  prix  moyen 
s'est  fixé  à  28  fr.  50,  avec  25  centimes  de  baisse  depuis  huit  jours.  —  Sur  le  mar- 
ché des  blés  à  livrer,  on  cotait  par  100  kilog.  :  courant  du  mois,  28  fr.  25  ;  jan- 
vier, 28  fr.;  janvier-février,  27  fr.  7  5  à  28  fr.;  quatre  premiers  mois,  28  fr.; 
quatre  mois  de  mars,  28  fr. — Au  Havre,  il  y  a  aussi  un  peu  de  baisse  sur  les  prix 
des  blés  d'Amérique  ;  ceux-ci  sont  cotés  de  26  fr.  75  à  27  fr.  50  par  100  kilog. 
suivant  les  qualités.  —  A  Marseille,  le  marché  présente  peu  d'activité  ;  les  prix 
des  diverses  sortes  varient  peu,  mais  il  y  a  tendance  à  la  baisse  que  nous  devons 
signaler,  —  A  Londres,  les  importations  ont  été  durant  la  semame  dernière,  de 
187,000  quintaux  de  blés  étrangers  ;  les  ventes  sont  assez  actives,  et  les  prix 
présentent  assez  de  fermeté.  —  On  cote  de  25  à  28  fr.  par  100  kilog.  suivant  les 
qualités  et  les  provenances. 

Farines.  —  Les  cours  des  diverses  sortes  de  tarines  ont  un  peu  varié  depuis 
huit  jours.  En  ce  qui  concerne  les  tarines  de  consommation  on  cotait  à  la  halle  de 
Paris  le  mercredi  22  décembre  ,  sans  changement  depuis  huit  jours:  marque  D, 
64  fr.;  marques  de  choix,  64  à  67  Ir.  ;  bonnes  marques,  62  à  63  fr  ;  sortes  or- 
dinaires et  courantes,  61  à  62  fr.; le  tout  par  sac  de  159  kilog.,  toile  à  rendre,  ou 
157  kilog.  net,  ce  qui  correspond  aux  prix  extrêmes  de  38,85  fr,  à  42  fr.  65,  par 
100  kilog.,  ou  en  moyenne  40  fr.  75,  soit  le  même  prix  moyen  que  le  mercredi 
précédent.  —  Pour  les  farines  de  spéculation,  on  cotait  à  Paris,  le  mercredi  22 
décembre,  au  soir  :  farines  huit-marques,  courant  du  mois,  62  fr.  50  à  62  fr.  75  ; 
janvier,  61  fr.  25  ;  janvier-lévrier,  61  fr.  ;  quatre  premiers  mois,  60  fr.  50  quatre 
mois  de  mars,  59  fr,  50;  farines  supérieures,  courant  du  mois,  39  fr.  50;  janvier, 
38  fr.  75;  janvier-février,  38  fr.  50;  quatre  premiers  mois,  38  fr.  ;  quatre  mois 
de  mars,  37  fr.  75  à  38  fr.  ;  le  tout  par  sac  de  100  kilog.  —  La  cote  oificiellcj  en 
disponible,  a  été  établie  comme  il  suit,  pour  chacun  des  jours  de  la  semame, 
par  sac  de  157  kilog.  net. 

Dates  (décembre).  16  17  18  20  21  22  i 

Farines  huit-marques  (157  kilog.).      62.65        63.25        63.35        63.15        62.50        62.50 
—        supérieures  (100  kilog.).       39.25        39.75        39  75         39.50        39.25        39.50 

On  voit  que,  pour  les  diverses  sortes,  les  cours  sont  demeurés  à  peu  près  sans 
variations  depuis  huit  jours.  —  Les  cours  des  farines  deuxièmes  demeurent  sans 
changements,  de  30  à  35  fr.  par  100  kilog.,  et  ceux  des  gruaux,  de  44  à  55  fr. 

Seigles.  —  Les  ventes  sont  difficiles  sur  ce  grain  et  les  prix  sont  encore  en 
baisse.  On  paye  à  Paris,  de  21  fr.  25  à  21  fr.  75  par  100  kilog.  suivant  les  sortes. 
Quant  aux  farines,  elles  sont  toujours  vendues  aux  prix  de  31  à  34  fr. 


512  REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX-COURANT 

Orges.  —  Peu  d'aiïaires  et  maintien  des  prix  de  la  semaine  dernière.  On  paye  à  la 
halle  de  Paris,  de  18  fr.  à  20  fr.  50  par  100  kilog.  suivant  les  sortes.  11  y  a  aussi 
un  peu  de  baisse  sur  les  escourgeons  qu  on  paye  de  I9fr.  75à  -20  fr.  25par  lOOkilog. 
—  A  Londres,  il  n'y  a  eu,  depuis  huit  jours,  que  28,000  quintaux  d'orges  importés; 
le  marché  accuse  beaucoup  de  calme;  "on  paye  de  18  fr.  80  à  21  fr.  par  100  kilog 

Malt.  —  Les  transactions  sont  calmes,  et  les  prix  sans  variations,  de  29  à  33  fr 
par  100  kilog.  pour  les  malts  d'orge,  et  29  à  35  fr.  pour  ceux  d'escourgeon. 

Avoines.  —  Les  affaires  sont  toujours  calmes,  avec  des  prix  faibles.  On  paye  à 
la  halle  de  Paris,  de  19  tr.  50  à  21  fr.  par  100  kilog.  suivant  les  qualités.  Les 
arrivages  ont  été  plus  abondants  à  Londres,  et  ont  atteint  117,000  quintaux.  Les 
cours  accusent  beaucoup  de  fermeté  :  on  paye  de  19  fr.  25  à  22  fr.  15  par 
quintal  métrique. 

Sarrasin.  —  Très  peu  d'affaires,  aux  prix  de  18  fr.  à  18  fr.  50  par  100  kilog. 
à  la  halle  de  Paris. 

Mais.  —  Dans  le  Midi,  maintien  des  prix,  de  même  que  dans  les  ports  pour  les 
maïs  d'Amérique. 

Issues.  —  Peu  d'affaires  et  prix  sans  changements.  On  paye  à  Paris  par 
100  kilog.  :  gros  son,  13  fr.  50  à  14  fr.;  son  trois  cases,  13  fr.  à  13  fr.  25;  sons 
fins,  12  fr.  à  12  fr.  50  ;  recoupettes,  12  fr.  à  13  fr.;  remoulages  bis,  15  à  16  fr.; 
remoulages  blancs,  17  à  18  fr. 

II.  —  Vins,  spiritueux,  vinaigres,  cidres. 

Vins.  —  Nous  l'avions  prévu,  la  situation  reste  la  même  :  c'est  toujours  le 
calme  qui  domine,  c'est  toujours  la  dépréciation  des  cours  sur  les  petits  vins  et 
la  bonne  tenue  des  prix  sur  les  vins  de  qualité  ayant  de  la  couleur  et  du  corps, 
offrant,  par  suite,  de  solides  éléments  de  conservation.  En  présence  d'un  tel  état, 
de  chose,  nous  en  sommes  réduits  à  donner  les  cours,  tels  qu'ils  sont  ])ratiqnés 
sur  les  diverses  places  du  marché  français.  Midi.  —  A  Pézenas  (H-'ifiiuh),  on  paye 
actuellement  l'hect.  nu  :  petits  vins,  18  à  23  fr.;  vins  moyens,  25  à28  fr.;  Montagne, 
2^  choix,  30  à  32  fr.;  Montagne  supérieur,  34  à  40  fr.;  blancs,  suivant  mérite,  25  à 
32  fr. —  ANarbonne(Aude),  on  cote  l'hect.  nu  :  petits  vins,  23  à  26  fr.;  vins  moyens, 
1" choix,  28  à  30  fr.  ;  vins  moyens,  l»-"  choix,  30  à  36  fr.;  Narbonne,  40  à  42  fr., 
Gorbières,  Fitou,  42  à  45  fr.  Roussillon.  ■ —  A  Perpignan  (Pyrénées-Orientales), 
voici  les  cours  :  Roussillon  supérieur,  l'hect.  nu,  45  à  47  fr.;  Roussillon,  1"  choix, 
41  à  42  fr.;  Roussillon,  2'=  choix,  37  à  39  fr.;  petits  vins,  8  degrés,  25  à  30  fr. 
Bordelais  — A  Bordeaux  (Gironde,  on  cote  actuellement  les  vins  rouges  1880,  le 
tonneau  de  4  barriques  :  bourgeois  supérieurs,  1,300  à  1,400  fr.;  bourgeois  ordi- 
naires, 1,000  à  1,200  fr.;  paysans  supérieurs,  900  à  1,000;  paysans  ordinaires, 
750  à  800  fr.;  bourgeois  et  paysans  Bas-Médoc,  550  à  800  fr.;  Montferrand, 
Bassens  etCambkucs,  650  à  700  fr.;  Floirac,  La  Souys,  Bouliac,  Quinsac,  625  à 
675  fr.;  Nyon,  Vayres,  Ambarès,  Ambès,  550  à  600  fr.;  Blaye  et  Bourg,  l"^crus, 
700  à  750;  artisans  et  paysans,  525  à  57o.  Armagnac.  A  Condora  (Gers),  les  vins 
blancs  se  payent  6  fr.  50  le  degré  de  la  pièce  de  228  litres  ;  les  vins  valent  85  à 
90  fr.  la  barrique  bordelaise  sans  logement.  Gascogne.  —  A  Buzet  (Lot-et-  Ga- 
ronne), le  vin  rouge  1880,  vaut  le  tonneau  de  4  barriques,  370  à  4i0  fr.;  de 
Nérac,  330  à  350  fr.;  et  le  vin  blanc,  prix  moyen,  220  fr.  Charentes.  —  A  l'île 
d'Oleron  (Charente-Inférieure),  le  vin  rouge  vieux,  vaut,  le  tonneau  de  4  barri- 
ques, 400  fr.;  le  vin  rouge  nouveau,  340  fr.;  le  vin  blanc  vieux,  300  fr.;  à  Saint- 
Jean-d'Angely,  on  cote  le  vin  rouge  et  le  vin  blanc  nouveau,  30  fr.  l'hectolitre. 
Sologne.  —  A  Gour-Gheverny  (Loir-et-Cher),  le  vin,  récolte  de  1880,  les  228  litres 
nu,  vaut  :  Sologne,  85  à  90  fr.;  Gamay,  100  à  105  fr  ;  gros-noir,  140  fr.  Orléa- 
nais. —  A  Orléans  (Loiret),  voici  la  cote  des  courtiers  :  vins  blancs  de  Sologne, 
1879,  la  pièce,  85  à  95  fr.;  vin  blanc  nantais,  1879,  72  à  75  fr.;  vins  blancs  des 
îles,  70  à  72  fr.;  vin  blanc  du  Poitou,  65  à  66  fr.;  vin  blanc  de  Blois,  75  à  80  fr.; 
vin  rouge  de  pays,  K  0  à  110  fr.  Bourgogne  —  A  Puhgny  (Côte-d'Or),  on  cote, 
ordinaire  rouge,  les  228  litres  nu,  95  à  115  fr.;  arrière-côte,  85  à  95  fr,;  plaine, 
85  à  ^5  fr.;  ordinaire,  les  114htres,  logé,  65  à  70  fr.  Maçonnais.  —  A  Mâcon 
(Saône-et-Loire),  on  paye  :  Mâcon  1880,  1"  choix,  la  pièce  de  216  litres,  nu, 
105  fr.;  2"  choix,  95  fr. 

Spiritueux.  —  Il  faut  constater  cette  semaine  une  légère  hausse  et  même  une 

fermeté  relative,  comme  il  résulte  du  mouvement  du  livrable  sur  le  mois  courant, 

ainsi  le  3/6  bon  goût  disponible  a  fait  au  début  61  fr.  25,  t- 2   fr.,  puis  61    fr.  50, 

•  61  fr.,  et  en  clôture  61  fr.  50.  En  général,  on  a  confiance  dans  le  lelèvement  des 

cours.  Quant  au  stock,  il  est  de  8,500    pipes,  contre  6,750  en   1879.  Le  marché 


DES  DENRÉES  AGRICOLES  (25   DÉCEMBRE   1880).  513 

de  Lille  paraît  avoir  plus  de  fermeté,  l'alcool  betterave  disponible  est  coté  59  fr. 
Quant  aux  marchés  du  Midi,  jusqu'à  ce  jour,  nous  n'avons  aucun  changement  à 
signaler,  ce  sont  toujours  les  mêmes  cours.  —  A  Paris,  on  cote,  3/6  betterave, 
1'-' qualité,  90  degrés  disponible,  61  fr.  50;  quatre  premiers,  61  fr.  75;  quatre 
d'été,  61  fr.  50. 

Vinaigres.  —  Les  cours  sont  sans  changement. 

Cidres.  —  Rien  de  nouveau  sur  cet  article  qui  conserve,  du  reste,  une  grande 
fermeté. 

m.  —  Suifs  et  corps  gras. 

Suifs.  —  On  vend,  à  la  halle  de  Paris,  comme  la  semaine  dernière  Sk  fr.  par 
100  kilog.pour  les  suifs  purs  de  la  boucherie,  et  63  fr.  pour  les  suifs  en  bran- 
ches. 

Saindoux.  —  Peu  d'affaires  au  Havre,  où  les  saindoux  d'Amérique  valent 
116   fr.  50  à  117  fr.  par  quintal  métrique. 

IV.  —  Beurres.   —  Œu{s.  —  Fromages.—  Volailles  et  gibier. 

Beurres.  —  On  a  vendu  pendant  la  semaine,  à  la  halle  de  Paris,  207,470  kilog. 
de  beurres  de  toutes  sortes.  Au  dernier  marché,  on  payait  par  kilog.:  en  demi- 
kilog.  :  2  fr.  80  kk  fr.  50;  petits  beurres,  2  30  à  3  fr.  12;  Gournay,  2  30  à  5  fr.  20  ; 
Isigny,  2  fr.  52  à  8  fr.  54.  ,      u    .       j      r>    • 

Œufs.  —  Du  14  au  20  décembre,  il  a  été  vendu,  à  la  halle  de  Pans, 
3,915,735  œufs.  Au  dernier  marché,  on  payait  par  mille:  choix,  130  à  140  fr.; 
ordinaires,  77  à  119   fr.;  petits,  49  à  55  fr,  _ 

Fromages.  —  Derniers  cours  de  la  halle  de  Paris  :  par  douzaine,  Bne,  10, 50  à 
22  fr.  50  ;  par  cent,  Livarot,  30  à  62  fr.;  Mont-d'Or,  25  à  31  fr.;  Neufchâtel,  4  à 
22  fr.;  divers,  9 à  63  fr.;  —  par  100  kilog.,  Gruyère,  122  à  170fr. 

Volailles  cl  gibier.  —  On  vend  à  la  halle  de  Paris  :  Agneaux,  18  à  22  fr.  — 
Alouettes  (la  nièce),  0  fr.  1^5  à  0  fr.  3^.  —  Bécasses,  2  fr.  à  5  fr.  50.  —  Bécas- 
sines, 0  fr.  75  à  l  fr.  85.  —  Cailles,  0  fr.  30  à  0  fr.  90.  —  Canards  barboteurs, 
2  fr.  à3  fr.  40.—  Canards  sauvages,  1  fr.  70  à  2  fr.  95.—  Cerfs  chevreuils  et 
daims,  21  à  160  fr.  —Sangliers,  45  à  110  fr.  —  Crêtes  en  lots,  1  fr.  à  8  tr.  75. 

—  Dindes  gras  ou  gros,    8  à   14  fr.  —  Dindes  communs,  5  fr.  25  à  7  fr.   75. 

—  Faisans  et  coqs  de  bruyère,  3  fr.  à  7  fr.  50  —  Lapins  domestiques,  1  fr.  60 
à  5  fr.  — Lapins  de  garenne,  1  fr.  30  à  3  fr.  —  Lièvres,  2  fr.  85  à  7  fr.  75. — 
Oies  grasses,  6  fr.  à  10  fr.  50.  —  Oies  communes,  3  fr.  35  a  5  fr.  85.  -Per- 
drix grises,  I  fr.  80  à  5  fr.  —  Grives  et  merles,  0  fr.  40  à  0  fr.  75.  —  Pigeons  de 
volière,  »  fr.  »»  à  »  fr.  —  Pigeons  bizets,  0  fr.  45  à  l  fr.  95.  — Pilets,  1  tr.  à 
2  fr.  80.  —  Pluviers,  0  fr.  40  à  1  fr.  —Poules  ordinaires,  2  fr.  40  à  4  fr.  75.  — 
Poulets  gras,  4  fr.  75  à  7  fr.  —  Poulets  communs,  1  fr.  75  à  3  fr.  —  Râles 
de  genêt,  0  fr.  35  à  1  fr.  25.  —  Rouges,  2  fr.  à  2  fr.  50.  —  Sarcelles,  1  fr.  à 
1  fr.  75.  —  Vanneaux,  0  fr.  25  à  1   fr.  —  Pièces  non  classées,  0  fr.   30  à  7  fr. 

Y.  —  Chevaux.  —  Bétail.  —   Viande. 
Chevaux.  —  Aux  marchés  des  15  et   18  décembre,  à  Paris,  on  comptait  973 
chevaux.   Sur  ce  nombre,  427  ont  été  vendus  comme  il  suit  : 

Amenés.    Vendus.  Prix  extrêmes 
Chevaux  de  cabriolet 203 

—  de  trait 34» 

—  hors  d'âge 257 

—  à  l'enchère "i^ 

—  de  boucherie 98 

Aneset  c/ièyre^.  — Aux  mêmes  marchés,  on  comptait  12  ânes,  dont  5  ont  été  ven- 
dus de  35  à  90  fr.  .  i.      •         .    i 

Bétail.  —  Le  tableau  suivant  résume  le  mouvement  du  marché  aux  bestiaux  ai  U 
Villette,  du  jeudi  16  au  mardi  21  décembre  :  ......         ^ 

'         ••  Poids       Prix  du  Iiilog.  de  viande  sur  pied 

Veudus  moyen      au  marclié  du  lundi  20  décembre. 

Pour        Pour  En         k  quartiers,  f            2» 

Amenés.       Paris,  l'extérieur,  totalité.         liil-         quai.      quai. 

Bœufs 6.647        3,601         1,693  5,294        340        1.64      I.46 

Vaches 2,062            807            710  1,517        220        1.50       1.32 

Taureaux 22.^            181              32  213        380        1.30      1.1b 

Veaux 3,238        2,297            621  2,918          81        2.40      2.34 

Moutons 36,241      29,651        6,314  35,935          19        1.90      1.68 

Porcsgras 5.818        2,559        3,259  5,818          85        1-72      1.68 

—    maigres.               3            »                   3  3           20        1.70          » 

La  fermeté  que  nous  signalions  la  semaine  dernière,    se  maintient   pour  les 

diverses  catégories.  —  Les  marchés  des  départements   accusent  une   situation 


59 

300  à  : 

1,020  Ir. 

93 

300  à  : 

1,210 

103 

25  à 

950 

74 

55  à 

315 

98 

25  à 

120 

3« 

Prix 

quai. 

moyen. 

I.U4 

1.34 

0.95 

1.20 

0.96 

1.14 

1.70 

2  00 

1.42 

1.63 

1.60 

1.68 

1.70 

514  REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX-COURANT 

analogue.  A  la  dernière  foire  d'Angers,  on  constatait  une  hausse  de  100  a  120  fr. 

{)ar  paire  de  bœufs  de  choix  depuis  un  mois  ;  les  vaches  laitières  se  vendaient  a'ïec 
àcilité  ;  quant  aux  porcs,  de  mémoire  d'homme  on  ne  les  avait  vus  à  un  prix  aussi 
élevé. 

En  Normandie,  aussi,  on  signale  une  plus  grande  activité  dans  les  transactions 
et  les  prix  plus  élevés  pour  la  plupart  des  sortes.  A  Alençon,  on  paye  par  kilog. 
sur  pied  :  bœuf,  1  fr.  35;  veau,  I  fr.  75  ;  mouton,  1  fr.  55;  porc,  1  fr.  45;  —  à 
Fiers  :  bœuf,  1  fr.  80;  veau,  1  fr.  80;  mouton,  2  fr.;  porc,  1  fr.  60;  —  à  Sablé, 
bœuf,  1  fr.  60;  veau,  1  fr.  80;  mouton,  1  fr.  80;  porc,  1  fr.  10. 

Dans  le  Centre,  les  affaires  présentent  aussi  une  meilleure  situation.  A 
Montluçon,  on  paye  par  kilog.  de  poids  vif:  bœuf  gras,  Q  fr.  85  à  0  fr.  90; 
vaches,  0  fr.  85  à  0  fr.  90;  porcs  gras,  0  fr.  50  à  0  fr.  55.  Les  ventes  sont 
faciles. 

A  Londres,  les  importations  d'animaux  étrangers,  durant  la  semaine  dernière, 
se  sont  composées  de  4,968  têtes,  dont  1  bœuf,  15  veaux,  227  moutons  et 
16  porcs,  venant  d'Ams^terdam;  615  moutons  d'Anvers;  12  bœufs  de  Gron- 
stadt;  40  bœufs,  8  veaux  et  10  moutons  de  Gbotliembourg;  440  moutons  et 
138  porcs  d'Hambourg;  bk  bœufs,  9  veaux  et  861  moutons  d'Harlingen;  150  bœufs 
et  586  moutons  de  New-York;  191  bœufs  et  50  moutons  de  Québec;  16  bœufs, 
159  veaux  et  787  moutons  de  Rotterdam;  311  bœufs  et  263  veaux  de  Tonning. 
Prix  du  kilog.  Bœuf,  P^,  1  fr.  93  à  2  fr.  05;  2«,  1  fr.  58  à  1  fr.  75;  qualité 
inférieure,  1  fr.  40  à  1  fr.  58.  —Veau,  1",  2  fr.  28  à  2  fr.  4';  2%  1  fr.  73  à 
2  fr.  10.  —  Mouton,  V%  2  fr.  28  à  2  fr.  45;  2%  1  fr.  93  à  2  fr.  10;  qualité  infé- 
rieure, 1  fr.  75  à  1  fr.  93.  —  Porc,  1«,1  fr.  75  à  1  Ir.  99;  2«,   1  fr.  58  à  1   fr.  75: 

Viande  à  la  criée.  —  On  a  vendu  à  la  halle  de  Paris,  du  H  au  20  décembre  . 

Prix  du  kilog.  le  20  décembre. 

kilog«  ^1"  quai.             2»  quai.              3»  quai.  l'tiolx.     Basse  houcheriar 

Bœuf  ou  vache..  199, 292  1.06àl.68      0.8Hàl.40  0.06àl.l6  0.94à  2.92  0. 10  à  Î.16 

Veau 185,524  1.92    2.42      1.18     1.90  0.92.    1.16  0.96     2.68      . 

Bouton 69,710  1.46    1.S8      1.18     1.44  0.6&    1,16  0.82    2.84      - 

Porc 36,175  Porc  frais 1.34à  1.72 

490,701      Soit  par  jour 70,100  kilog. 

Les  ventes  ont  été  inférieures  de  1,800  kilog.  par  jour  à  celles  de  la  semaine 
précédente.  Les  prix  accusent  de  la  hausse  pour  toutes  les  sortes  depuis  huit  jours. 

VI.  —  Cours  de  la  viande  à  l'abattoir  de   la  Villette  du  25  décembre   [par  50  kilog.) 
Cours  de  la  charcuterie.  —  On  vend  à  la  Villette  par  50  kilog.  :    1'"*  qualité, 
89  à  94  fr.;  2%  84  à  89  fr.;  poids  vif,  59  à  63  tr. 

Bœufs. Veaux.  Moutons. 

2"  3«  t"  2»  3» 

quai.  quaU  quai,  quai.  quai.  quai. 

fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr. 

78  70  61  122  107  95 

VU.  —  Marché  aux  bestiaux  de  la  Villette  du  jeudi  25  décembre. 

Cours  des  commissionnaires 
Poids  Cours    officiels.  en  bestiaux. 

Animaux  général,     l"        2»        3»  Prix             1"        2»        3»             Prix 

amenés.  Invendus.  kil.      quai.  quai.  quai,     extrêmes,  quai.  quai.  quai.  extrêmes. 

Bœufs 2.577  296  360         1.64     1.44     1.06     1.00  àl. 68       1.62  1.42  1.05  i.00al.6S 

Vaolie» 742  130  250         1.50     1.30     0.94     0.84     1.55        1.50  1.30  0.90  0.85     1.52 

Taureaux...         116  5  3T0         l.?8     1.14     l.OO     0.94     1.34       1.25  1.15  1.00  0.95     1.30 

Veaux 1.050  67  83         2.50     2.40     1.70     1.50     2.60         »  »           »              »            » 

Moutons....  22.677  1.550  18         1.88     1.65     1.42     1.28     1.92         »  »           »              »           » 

Poros  gras..     3.165  56  82        1.64    1.60    1.52     1.48     1.74        »          »          ».      »          » 

—  maigres.          »  »  •»»»»»•»»»■ 

Vente  assez  active  sur  toutes  les  espè«s. 

VITI.  —  Résumé. 
Sauf  pour  les  céréales,  les  cours  de  la  plupart  des   denrées  agricoles   accusent, 
cette  semaine  une  grande  fermeté.  A.  Remy. 

BULLETIN  FINANCIER. 

Reprise  à  nos  fonds  pubbcs  ;  après  détachement  de  coupon  le  3  OjO  reste 
à  84.  60;  l'amortissable  est  à  87.30  gagnant  0.30,  et  le  5  0(0  à  119.15,  ga- 
gnant 0.35. 


quai. 

2» 

quai. 

quai. 

fr. 

fr. 

fr 

86 

78 

72 

DES  DENRÉES  AGRICOLES  (25  DÉCEMBîlE   1880). 


515 


Très  grande  fermeté  et.  hausse  à  nos  sociétés  de  crédit  et  à  nos  chemins  de  fer. 
Cours  de  la  Bourse  du  15  au  22  décembre  1880    [au  comptant). 
Principales  valeurs  françaises  : 

Plus        Plus 

bas.        haut. 

Rente  3  0/0 84.60       8b. 57 

Rente  3  0/0  amortis 87.30      87.55 

Reate  4  1/2  0/0 114.10     115    » 

Rente  5  0/0 1|9     »     Ii9.i5 

Banque  de  France 37^0     »  381o    » 

Comptoir  d'escompte 986.25  1000    » 

Société  genêt  ;ile 6(Ji     »     615     » 

Crédit  foncier 1420     »  I45u    » 

Est Actions  500     752.50     755     » 

Midi d»  1115     »  1117.50 

Nord d°  1682.50  1715     • 

Orléans d"  Ii82.50  1296.25 

Ouest d"    825     o    635     » 

Paris-Lyon-Méditerranée  d°  1475     i  I4t>»     • 
Paris  1871  ohl.  400  î  0/0..      Îâ9.75     402      » 

Italien  5  0/0 86    »      88     » 


Le  Gérant  :  A..  BOUCHÉ 


Dern 

er 

cou 

rs. 

84 

6> 

87 

30 

115 

» 

119 

15 

3800 

n 

995 

■ 

613 

75 

1430 

,1 

752 

50 

1117 

50 

1715 

• 

129  ci 

25 

835 

1475 

i> 

402 

f 

-85 

CheaÙDâ  de  fer  fr 

inçais  et 

étrange 

rs: 

Plus 

Plus 

Ueinier 

hds. 

haut. 

cours. 

Autrichiens.                  d» 

605     » 

6ll.i5 

605     « 

Lombards.                     d° 

207     n 

2i'2.50 

209     » 

Romains.                        d° 

14  7.. S» 

148     . 

147.50 

Nord  de  l'Espagne,     d» 

355     » 

36J     » 

360     • 

Saragosse  à  Madrid.  d° 

382.50 

385     » 

383.75 

Portusais.                     d' 

628.75 

64«     » 

640     » 

Est.Obt.  30/or.  àâOOf.d- 

387      . 

389     » 

388     » 

Midi                                d' 

394     » 

397     » 

397      « 

Nord.                             d" 

398     » 

400     » 

399.50 

Orléans.                         d* 

3a5     » 

397     » 

397      » 

Ouest,                            d* 

396     » 

397     » 

396     • 

Parii-Lyon-Mediler.    d* 

395     )) 

397     » 

397     » 

Nord  Esp.  priorité,     d- 

3i6.50 

337.50 

337,25 

Lombards.                    d" 

276     ■> 

277     '> 

275      » 

Leterrier. 


TABLE  ALPHABÉTIQUE  DES   AUTEURS 


DU  QUATRIÈME   VOLUME    DE    1880. 


A.  D.  — Une  c  inférence  viticoleau  Plauii-Cher- 
mignac,  29. 

ATiMARD.  —  Travaux  de  la  Société  des  Amis 
des  sciences  de  la  Haute-Loire;  88. 

BAaEAi.(J.-A.).  —  Chronique  agricole  du  2  oc- 
tûtire,  5  ;  —  du  9  octobre.  41  ;  —  du  16  oc- 
tobre, 81  ;  du  23  octobre,'  121;  —  du  30  oc 
tobre,  loi;  —  du  6  novecnbre,  201;  —  du 
13  novembre,  241  ;  —  du  20  novembre,  281  ; 
—  du  27  novembre.  321; — du  4  décembre, 
361;  — du  11  décembre,  401;— du  18  dé- 
cembre, 4+1  ;  —  du  25  décembre,  481.  —  Dis- 
cours prononcé  à  la  distribution  des  récom- 
jtenses  du  concours  d'irrigalion  des  Aipes, 
95.  —  Concours  des  ferm-s  laitières  dans  le 
pays  de  Bray,  190.  —  Discours  prononcé  aux 
obsèques  de  M.  Moll,  411. 

BASTiDi!  (L.).  —  Concours  régional  agricole 
dOran,  176,  226,  298,  332,  38'*,  416,  473. 

BBLLA.  —  Destruction  des  cadavres  des  ani- 
maux charbonneu.x,  409. 

BiANCHi.  —  La  fièvre  aphteuse  du  bétail  ou  co- 
cotte, 73. 

BOBXEHRE.  —  Correspondance  du  Laboratoire 
agronomique  de  la  Loire-Inférieure  sur  la 
Tente  des  engrais,  378. 

BOiTEAtT.  —  Su'-  le  mode  de  traitement  des 
vignes  par  le  sulfure  de  carbone,  285- 

BONCSKAE.  —  Exposition  agricole  et  horticole 
à  Fontenay-le-Comte,  25.  —  Les  récoltes  en 
Vendée,  107. 

BOVCARD. — Sur  le  reboisement  delà  Sologne, 173. 

BOURREL.  —  Sur  la  suppression  de  la  rage,  209. 

BOURSIER.  —  Sur  le  cidre,  471. 

BonssiNSAiTLT.  —  Sur  les  matières  sucrées 
contenues  dans  le  fruit  du  caféier,  170. 

BRÉZENAUD  (F.  de).  —  Situation  agricole  dans 
l'Ardèche,  313. 

CASSÉ.  —  Plantation  automnale  des  pommes  de 
terre,  312.  —  Sur  les  moyens  de  faire  une 
boisson  analogue  au  cidre,  367. 

CASTBL.  —  Elevage  de  la  race  bovine  de  la 
Montagne-Noire,  244. 

CA80T..—  Lettre  relative  à  la  pratique  du  plâ- 
trage "des  vins,  6. 

CHABOT-KARLEN.  —  Pisciculture  ;  encore  les 
écrevisses,  63.  —  Le  wilhebait,  144.  —  Les 
bouchots,  217.  —Les  nettoyeurs,  268.  —  La 
pisciculture  en  Aonerique,  309.  —  Les  marais 
salants,  34.5.  —  Le  carnage  des  truites  à  la 
halle  de  Paris,  380. 

CHAMPix  (Aimé).  —  A  l'œuvre,  101. 

CHBDVII.X.B.  —  Culture  du  maïs-fourrage  à 
Co'irquetaine,  331. 


CORMIER.  —  Rapport  sur  les  travaux  du  jury  du 
concours  spécial  de  batteuses  à  Meam,   136. 

CORN0.  —  Sur  les  effets  du  mildew  sur  les 
feuilles  de  la  vigne,  447.  —  Sur  les  moyens 
de  détruire  les  parasites  de  la  vigne,  49a. 

D.  —  Le  greffage  de  la  vigne,  428. 

DECRU -nsECQUE.  —  Variétés  de  blés  pour  se- 
mences, 1 1. 

DESPETis.  —  Résistance  et  adaptation  des 
vignes  américaines  au  point  de  vue  pratique, 
n\,  292,  338. 

SESTBSMX.  —  Sur  les  moyens  de  faire  dispa- 
raître la  rage,  209. 

DUBOSQ.  —  Nouvelles  de  l'élat  des  récoltes  dans 
l'Aisne,  114. 

DTTBOST.  —  La  petite  guerre,  258,  429,  491.  — 
Sur  les  fourrages  et  les  efigrais  verts,  448- 

Ducos.  —  Sur  un  concours  de  vignes  améri- 
caines dans  Vaucluse,  405. 

ELOIRE.  —  Le  foin  nouveau,  67. 
ESQUENiÉ,  —  A  propos  de  la  rage,  498. 

FALtoux  (de).  —  Sur  le  rôle  des  Comices  agri- 
coles, 124.  —  Lettre  sur  les  subventions  du 
gouvernement  aux  associations  agricoles,  162 

F.  D.  —  Comice  agricole  de  l'arrondissemen- 
de  Saint-Julien,  68. 

GARiN.  —  Nouvelles  de^l'éufdes  récoltes  dans 
l'Ain,  114. 

GAiTOOT.  —  Congrès  international  de  viticul- 
ture à  Lyon,  22.  —Concours  régional  de  Cler- 
mont-Ferrand,  54.  —  Congrès  viticoie  de 
Saragosse,  152. 

GAU3IRAH.  —  Projet  de  station  forestière  en 
Sologne,  4(>6. 

GIRERD.  —  Discours  prononcé  au  concours  dé- 
partemental agricole  de  Niort,  85. 

GOBIN. —  Le  crédit  agricole,  31,  146. 

GOETZ.  —  Application  d'une  nouvelle  méthode 
de  culture,  329. 

HEUZB.  —  Discours  prononcé  à  la  distribution 
des  prix  da  concours  régional  de  Clermont- 
Ferrand,  âfi. 

JACOTIN.  —  Concours  spécial  à  la  race  bovine 
du  Mézenc,  48. 

JACQUOT.  —  Nouvelles  de  l'état  des  récoltes 
dans  les  Vosges,  114. 

j.AoaREATT.  —  Du  tourteau  de  chaurre  ;  sa 
composition  et  ses  usages,  457. 

L&OORSS3  (de).  —  Sur  le  rôle  de  la  Société 
nationale  d'encouragement  à  l'agriculture, 
443. 


516 


TABLE   ALPHABÉTIQUE   DES   AUTEURS. 


Z^LIMAN.  —  Sur  les  cépages  résistant  au 
phylloxéra,  72,  203.  — Sur  les  vignes  amé- 
ricaines, 462. 

LA  moHVONNAis  (de).  —  Concours  hippiques 
de  l'Association  bretonne,  28. 

LAMOTHC  (lie).  —  Nouvelles  de  l'étit  des  récol- 
tes dans  la  Dordogne,  170.  —  A  propos  du 
concours  ré^Monal  de  l'éri;j;ueux,  193. 

LAN6LOIS.  —  Sur  la  s  irveillarice  des  vignes 
contre  le  phvUoxera,  203. 

1.APPARENT  (dp).  —  Discours  prononcé  au 
concours  régional  agricole  d'Oran,  301. 

Z.ARVARON.  —  Sur  le  foin  nouveau,  350. 

lA  TRÉaoNNAis  (de).  —  Les  vrais  et  les  faux 
Durhams;  leur  valeur  respective,  13.  — Cul- 
ture de  la  pomme  de  terre;  plantation  d'au- 
tomne, 89.  —  Nouvelles  considérations  en 
faveur  de  la  plantation  des  pommes  de  terre 
en  aulonine,  2h').  —  Chronique  agricole  de 
l'Angleterre,  369.  —  Les  concours  d'animaux 
gras  en  Angleterre,  493. 

lAUNAY.  —  Concours  départemental  du 
Mans,  17. 

LECNHAROT-POiaiER.  —  Sur  le  congrès  viti- 
cole  de  S  r;i,.40sse,  307. 

LAWiis.  —  La  récolte  du  blé  en  Angleterre 
en  1880,  185. 

I.BNTII.HAC  (de) .  —  Nouvelles  de  l'état  des 
récoltes  dans  la  Uordogiie,  130,  246. 

I.ÉOJZON.  —  Variétés  de  pommes  de  terre 
pour  semences,  10.  —  Plantation  automnale 
de  la  pomme  de  terre,  221. 

LEQUEtTX.  —  Rapport  sur  les  prix  de  culture 
décernés  par  le  Comice  central  de  la  Marne, 
150,  183,  215. 

LER07.  —  Sur  la  production  de  la  laine  et  de 
la  viande,  271. 

IBTERRIER.  —  B'iUetin  financier  du  2  octobre, 
40;  —  du  9  octobre,  80;  —  du  16  octobre 
120;  —  du  23  octobre,  160;  —  du  30  octi- 
bre,  200;  —  du  6  novembre,  240  ;  —  du  13 
novembre,  280  ;  —  du  20  novembre,  320;  — 
du  27  novembre,  360;  —  du  4  décembre, 
400;  —  du  11  décembre,  440;  —  du  18 
décembre,  480;  — du  25  décembre,  514. 

LETRISSON.  —  Situation  agricole  dans  Lot-et- 
Garonne,  34.  —  Nouvelles  de  l'état  des  ré- 
coltes dans  Lot-et-Garonne,  246.  —  Soja 
hispida,  352. 

LUMARET  (L.  de).  — -  Sur  les  vignes  sauvages 
du  Soudan,  127.  —  Les  vendanges  de  1880 
en  pays  phylloxérés,  374,  449,  505. 

MAiSTRE  (J.)  —  Sur  le  congrès  viticole  de 
Saragosse,  191. 

MARES  (H.)  —  Note  sur  le  traitement  de  ses 
vignes  à  Launac,  45. 

BSiocciNOQAZzi.  —  La  sériciculture  en 
Corse,  426. 

moRLOT.  ^-  Sur  les  vignes  américaines  en 
Amérique,  247. 

laniXER  (Paul).  —  Études  viticoles;  le  fumier 
et  les  matières  minérales  de  la  vigne,   187. 

—  L'alimentation  rationnelle,  389. 
HAZAKiNE  (de).  —  La  sauterelle  dévastatrice 

des  champs  en  Russie,  265.  —  Situation  des 
paysans  russes  après  l'abolition  du  ser- 
vage, 467. 

NOËL  (Eugène'.  —  Pisciculture;  réveil  de  la 
question,  182. 

ornons  (d').  —  Les  noyers  du  Sud-Ouest,  106. 

—  Les  chenilles  des  pins,  303.  —  Les  em- 
blas  ures  d'automne  en  Ariège,  352. 

Partie  officielle.  —  Évaluation  approximative 
de  la  récolte  du  froment,  du  méteil  et  du 
seigle  en  1880,  249. 

PASTEUR.  —  Sur  la  non-récidive  de  l'affection 
charbonneuse,  50,  111.  —  Atténuation  du 
virus  du  choléra  des  poules,  251.  —  Nouvel- 
les observations  sur  l'étiologie  et  la  prophy- 
laxie du  charbon,  289. 


PERRET.  —  Lettre  relative  à  la  détermination 
de  la  valeur  des  entrais,  445,  482-  —  Lettre 
à  MM.  Jamont  et  Huard  sur  une  vente  de 
guano,  483. 

PBYRAT  (du).  —  Discours  prononcé  à  la  distri- 
bution des  récompenses  du  concours  d'irri- 
gation des  Alpes,  94. 

poniLLET.  —  Jurisprudence  agricole.  —  Les 
jachères,  263.  —  Sur  la  chasse  aux  sanson- 
nets et  aux  chardonnerets,  458 

PO1TRTA0.  —  Notes  sur  le  commerce  du 
beurre,  .501. 

PonRQtTiER.  —  Nature  de  l'immunité  des  mou- 
tons contre  le  sang  de  rate,  18.  —  La  clave- 
lée  dans  le  midi  et  le  bétail  algérien,  223,303. 

PRADEL  (J  de).  —  Chronique  horticole,  61.  — 
Haies  et  clôtures,  180. 

PRiLLiEiTX.  —  Sur  le  bois  de  pin  maritime 
gelé,  131. 

PROCH.  —  Sur  la  composition  chimique  des 
aliments  et  la  relation  nutritive,  413. 

P0JO.  —  Sur  les  engrais  verts  et  les  fourra- 
ges, 448. 

P0T-MONTBR0N  (de).  — L'année  agricole  dans 
le  Sud-Ouest,  109. 

REMT.  —  B.evw-  commerciale  et  prix-courant 
des  denrées  agricoles  du  2  octobre,  34;  — 
du  9  octobre,  74;  —   du    16  octobre,    114; 

—  (lu  23  octobre.  154:  —  du  30  octobre, 
194;  du  6  novembre,  234;  —  du  13  novem- 
bre, 274;  —  du  20  novembre,  314;  —  du  27 
novembre,  354;  —  du  4  iiécembre,  394.  — 
du  11  décembre,  494;  —  du  18  décembre, 
474;  —  du   25  décembre,  .509. 

RITTER.  —  Des  poules  pondeuses,  22;  —  Sur 
un  moyen  de  reconnaître  l'âge  des  œufs,  283. 

SASNIGR  (Henry).  —  Concours  de  la  Société 
d'agriculture  de  Meaux,  26;  —  Les  prairies 
artificielles  en  Picardie,  74;  —  Bibliographie 
agricole,  141,  432,  460;  —  Concours  de 
Neufchàtel-en-Bray,  188.  —  Séances  hebdo- 
madai'-es  de  la  Société  nationale  d'agricul- 
ture, 233,  273,  314,  350,  394, 434,  473,  509.  — 
La  science  en  plein  air,  380.  —  Société  d'en- 
couragement à  l'agriculture,  3'^3.  —  Essais 
dynamométriques  de  machines  à  battre,  421, 
499.  —  L'étable  de  Saron,  .507. 

SAMSON.  —  Sur  les  bases  scientifiques  de  l'ali- 
mentation, 453. 

SARDRIAC  (L.  de).  —  Manège  mobile  d'Alba- 
ret,  20.  —  Destruction  de  la  cuscute,  27.  — 
Machine  à  décortiquer  les  petits  bois,  105. — 
L'arrachage  des  betteraves,  221.  —  Sur  l'égre- 
nage  du  maïs,  262.  —  Bottelage  et  compres- 
sion des  fourrages,  295.  —  Un  compteur  à 
liquides,  342. 

SCHNEIDER.  —  Suppression  de  la  rage,  130. 

scLAFBR  (Honoré).  —  Les  pépins  de  vignes 
américaines,  493. 

SEEBACH.  —  Observations  sur  la  maladie 
charbonneuse.  289. 

SERRET.  •—  Courrier  du  Sud-Ouest,  232. 

TIRAHD.  —  Lettre  relative  à  l'exécution  de  la 
convention  internationale  de  Berne  sur  le 
phylloxéra,  11.  —  Circulaire  relative  à  une 
enquête  sur  l'état  saintaire  du    bétail,    42. 

—  Arrêté  relatif  aux  concours  d'irrigation 
en  1881,  44.  —  Lettre  sur  la  chasse  des 
hirondelles,  83.  —  Lettre  au  président  du 
Comice  de  Segré,  123.  —  Circulaire  ordon- 
nant la  désinfection  du  matériel  employé  au 
transport  du  bétail,  164. 

TOJAif.  —  Bibliographie  agricole,  69. 
TRÉHEL.   —  Discours  prononcé  au   concours 

du  comice  de  Vienne,  128. 
VAiERT-MATET.  —   La  maladie  des  oliviers 

aux  environs  de  Montpellier,  471. 
VAVïw.  —  Conservation  des  œufs  et  de  l'oseille 

pour  l'hiver,  53.  —  Reboisement  des  terrains 


TABLE  ALPHARÉTiQfJE  DES  AI:TEURF. 


M7 


par  l'ailante,  349.  —  Cuisson  du  pois  oléagi- 
neux, 434. 
V£RKET.   —  Discours  prononcé  à  la  distribu- 
tion  des  récompenses  du  concours  d'irriga- 
tion des  Alpes,  92. 


VIDAIXN.  —  Sur  les  expositions  scolaires  dans 
les  concours  régionaux,  485. 

vitLEHOT.  —  Nouvelles  de  l'état  des  récoltes 
dans  la  Bavière  rhénane,  130.  —  Sur  les  pou- 
les pondeuses,  173. 


TABLE  ALPHABETIQUE  DES  GRAVURES  NOIRES 


Aquarium   fait  avec  une  cloche  à  melon,  3S], 

—  Aquarium  muni  d'une  échelle  à  grenouille. 

382;   —    Aquarium  pour    l'étude    des  infu- 

soires.  383. 
Argas  réfléchi,  143. 
Batteuse  à    grand   travail  sysièrue  Pécard.   — 

Coupe  longitudinale,  .SDO. 
Arracheur  de  betteraves  de  M.  Olivier-Lecq,  221. 
Botteleuse-peseuse  de  M.  Guitton,  296. 
Cage  pour  conserver  les  insectes  vivants,  384. 
Compteur   d'eau   de    Sitmain,    342.    —    Coupe 

verticale  et  coupe  horizontale,  343  et  344. 
Cuscute.  —  Appareil  cuscuteur  de  Gaup,  27. 
Dynamomètre  à  rotation  ;  coupe  longitudinale, 

423;  coupe  transversale,  424;  jeu  des  ressorts 

d'acier,   424;  —  plan  et  coupe  de   l'appareil 

enregistreur,  425. 
Écorçage.   —  Machine  de  M.  Mouget  pour  écor- 

ser  les  petits  bois,  lOô. 


Égrenoir  à  maïs  de  Tritscher,  2G2,  263. 

Kssai  dynamométrique  d'une  machine  à  bat- 
tre, 422. 

Fleur  femelle  et  fruit  du  papayer  commun,  63. 

Gamase  des  rongeurs,  143. 

Haie  plantée  au  fond  d'un  fossé.  180;  —  sur 
le  bord  d'un  fossé.  180;  —  Haie  multiple  au 
fond  d'un  fossé,  181.  —  Haie  d'ajoncs  en 
Bretagne,  181.  —  Haies  sur  un  mur,  181. 

Hypoderme  du  bœuf,  142. 

Labourage  par  l'électricité  à  Sermaize,  461. 

Manège  locomohile  d'Albaret,  21. 

Papayer  commun  portant  ses  fruits,  62. 

Plan  du  concours  régional  d'Oran,  300. 

Pou  du  cheval,  142 

Presse  à  fourrages  de  M.  Guitton.  —  Grand  et 
petit  modèle,  297. 

Sarcopte  de  la  gale,  143. 

Saut-de-loup  fleuri,  à  Milan,  181. 


TABLE  ANALYTIQUE  DES  MATIÈRES! 


Agriculteur.  —  Les  conditions  à  remplir  pour 
être  agriculteur,  121. 

Agriculture.  —  La  situation  agricole  dans  la 
Haute-  Loire,  88.  —  L'anm'e  agricole  dans  le 
Sud-Ouest,  109.  —  Les  entreprises  agricoles  à 
l'étranger,  205,  287. 

Agronomie. — Définition;  en  quoi  elle  se  dis- 
tingue de  l'agriculture,  281. 

Allante.  —  Son  emploi  pour  le  reboisement  des 
terrains  en  pente,  3'i9. 

Alcools.  —  Tableau  de  leur  production,  485. 

Algérie.  —  Réduction  des  frais  de  transport  des 
produits  agricoles  à  destination  de  l'Algérie, 
169.  —  Les  concours  agricoles  en  Algérie, 
177. —  La  clavelée  importée  dans  le  Midi  par 
le  bétail  d'Algérie,  223,  ."303.  —  Concours  ré- 
gional d'Oran,  226,  298,  332,  384,  416,   473. 

—  Analys''  du  programme  du  concours  d'Al- 
ger, 321,  441.  —  Situation  agricole  en  Algé- 
rie, 490. 

Alimentation. — Des  bases  scientifiques  de  l'ali- 
mentation rationnelle  du  bétail,  389,  413,453. 

Amérique.  —  Sur  l'exportation  du  bétail  amé- 
ricain en  Europe,  125.  —  La  pisciculture  en 
Amérique,  309. 

Angleterre.  —  La  récolle  du  blé  en  1880,  185. 

—  Publication  du  Journal  de  la  Société  royale 
d'agriculture,  204.  —  Dénombrement  du  bé- 
tail, 204.  —  Con-nurs  d'exploitations  rurales, 
205.  — Concours  d'animaux  gras,  368,  493.  — 
Vente  du  troupeau  diirham  de  lord  Perhyn, 
369.  —  Exposition  de  la  Société  laitière  à 
Islington,  371. 

Aquarium.  —  Modèles  divers  pour  les  études 
d'histoire  naturelle,  381. 

Arboriculture.  —  Congrès  Domologique  •  de 
Bruxelles,  61.  —  Cours  public  d'arboricul- 
ture à  Paris,  326.  —  L'arboretum  de  Segrez, 
366.  —  Récompenses  décernées  par  le  Congrès 
pomologique  de  France,  368. 

Batteuses.  —  Essais  dynamométriques  de  ma- 
chines à  battre  organisés  par  la  Société  des 
agriculteurs,9,421,  499. —Concours  spécial  or- 
ganisé par  la  Société  d'aericullure  de  Meaux, 
26,  136.  —  Expériences  sur  les  batteuses  de 
céréales  et  celles  de  graines  fourragères,  à 
Clermont-Ferrand,  55.  —  Batteuse  Pécard, 
à  grand  travail,  499. 


Bergers.  —  Sortie  des  élèves-bergers  de  l'Ecole 
de  Rambouillet,  10.  —  Création  d'une  école 
de  bergers  en  Algérie,  10. 

Bétail.  —  Valeur  respective  des  vrais  et  des 
faux  durhams,  12.  —  Concours  d'animaux 
reproducteurs  au  Mans,  17.  —  Enquête  sur 
l'état  sanitaire. du  bétail  en  France,  43-  — 
Concours  spécial  à  la  race  bovine  du  Mézenc, 
48.  —  Traitement  de  la  fièvre  aphteuse,  73. 
—  Concours  d'animaux  gras  au  Puy,  88  — 
Exportation  du  bétail  américain,  125.  —  Sur 
ladésinf  ction  du  matériel  employé  au  trans- 
port du  bétail,  164,  242.  —Dénombrement 
du  liétp.il  en  Angleterre,  204-  —  La  race  bo- 
vine de  la  Montagne-Noire,  244.  —  Compa- 
raison de  la  production  de  la  laine  et  de  la 
vi.inde,  271. 

Betteraves.  —  Récolte  et  arrachage  des  bette- 
raves, 168,  '^4',  486  —  Arracheur  de  bette- 
raves de  M.  Olivier-Lecq,  2,;1. 

Beurres.  —  Concours  de  l'industrie  laitière  à 
Nenfchâiel,  l89.  — Commerce  du  beurre  de- 
puis dix  ans,  501. 

Bitdiographie  agricole.  —  Elevage  el  maladies 
du  mouton,  par  M.  Alfred  Leroy,  69.  —  Jour- 
nal des  Stations  agronomiques,  par  M.  Gas- 
send,  85.  —  Les  étangs,  par  M.  Chabot-Kar- 
len,  128,  182.  —  L^s  parasiter  et  les  animaux 
parasitaires  chez  rhomme  et  Us  animaux  do- 
mestiques, par  M.  Mé.'uin,  141.  —  Bouturage 
et  greffage  des  vignes  américaines,  par 
M.  H.  de  Morlillet,  1H8.  —  Anmiaire  des  fa- 
briques de  sucre,  par  M.  Dureau,  168.  — 
Journal  de  la  Société  royale  d'agriculture 
d'Angleterre,  204.  —  Labourage  à  vapeur, 
exposé  historique  et  pratique,  par  M.  Pyro, 
244.  —  Annales  agronomiques,  de  M.  Dehé- 
rain,  327.  —  Les  récréations  scientifiques, 
par  G.  Tissandier,  380.  —  Traité  des  mala- 
dies contagieuses  et  de  la  police  sanitaire  des 
animaux  domestiques,  pir  M.  Galtier,  432. — 
Les  grandes  usines  de  France,  par  M.  Tur- 
gan,  433.  —  Nouvelle  géographie  universelle, 
par  M.  Reclus,  433.  —  Les  principales  appli- 
cations de  l'électricité,  par  M.  Hospitalier, 
460.  —  Les  poissons  d'eau  douce  et  la  pisci- 
culture, par  M.  Gaukler,  460.  —  Diamants  et 
pierres  précieuses,  462. 


518 


TABLE  ANALYTIQUE   DES.  MATIERES 


Biographie.  —  Le  94'  anniversaire  de  la  nais-   ( 
sance  de  M.   Chevreul,  41.  —M.  Louis  Moll, 
411. 

Blés.  —  Offre  de  variétés  pour  semences,  IL— - 
Culture  comparée  de  plusieurs  variétés,  108. 

—  Appréciations  de  la  réc  ilte  de  1880,  167, 
242.  —  La  récolte  du  blé  en  Angleterre  en 
1880,  185.  -  Evaluation  approximative  offi- 
cielle de  la  récolte  en  1880,  249. 

Bouchots.  —  Leur  organisation  dans  l'Ouest. 
217. 

Bretagne.  —  Vote  du  projet  de  loi  sur  le  par- 
tage des  terres  v;iines  de  Bretagne,  407. 

Bruche.  —  Ravat^es  de  la  bruche  des  lentilles 
dans  la  Haute-Lnire,  169. 

Budget  de  l'agriculture  pour  1881.  —  Dépôt  au 
Sénat  du  rapport  de  la  Commission  des  fi- 
nances, 321.  —  Discussion  et  vnte,  361. 

Bulletin  financier  du  2  octolire,  40  ;  —  du  9  oc- 
tobre, 80;  —  du  16  octobre.  120;  —  du 
23  octobre,  160;  —du  30  octobre,  200;— du 
6  novembre,  240  ;  —  du   13  novembre,  280  ; 

—  du  20  novembre,  320  ;  — du  27  novembre, 
360;  —du  4  décembre,  400;—  du  11  dé- 
cembre, 440;  —  du  18  décembre,  480;  —  du 
2.5  décembre,  514. 

Cadaste.  —  Proposition  de  loi  relative  à  la  ré- 
vision du  cadastre,  364. 

Caféier.  —  Recherches  sur  les  matières  sucrées 
contenues  dans  le  fruit  du  caféier,  170. 

Céréales.  —  Appréciations  sur  la  récolte  en 
1880,  5.  —  Evaluation  approxiT^ative  offi- 
cielle de  la  récolte  du  froment,  du  méteil  et 
du  seigle  en  1880,  249. 

Charbo'i.  —  Nature  de  l'immunité  des  moutons 
algériens  contre  le  sang  de  rate,  18.  —  Sur 
la  non-récidive  de  l'affection  charbonneuse, 
50,  m.  — Nouvelles  observations  sur  l'étio- 
logie  et  la  prophylaxie  du  charbon,  289,  354. 

—  Desiruction  pai-  le  feu  des  cadavres  des 
animaux  charbonneux,  409. 

Charrues.  —  Concours  de  charrues  vigneronnes 
à  Reaune,  243. 

Chas-f>.  —  Arrêté  du  préfet  des  Boucbes-du- 
Rhône  sur  la  chasse  des  hirondelles,  83.  — 
La  chasse  des  sansonnets  et  des  chardonne- 
rets, 458.  —  Date  de  la  fe;-meture  de  la  chasse 
en  janvier  1881,  4S6. 

Chevaux.  —  Concours  hippiques  de  l'Ajisocia- 
tion  bretonne,  28.  —  Achat  d'étalons  de  gros 
trait  dans  la  Nièvre,  49.  —  Sur  l'admission 
des  chevaux  dans  les  concours  régionaux,  161, 
321,  362.  —  Arrêté  relatif  à  leur  admission 
aux  concours  d'Epinal   et  de  Versailles,  484. 

Chimie.  —  Historique  des  applications  de  la 
chimie  à  l'agriculture,  401. 

Choléra  des  poules.  —  Recherches  de  M.  Pas- 
teur sur  l'atténuation  du  choléra  des  poules 
pour  en  faire  des  vaccins,  201,  251. 

Chronique  agricole  du  2  octobre,  5;  —  du 
9  octobre,  41  ;  —  du  16  octobre,  81  ;  —  du 
23  octobre,  121;  —  du  30  octobre,  161  ;  — 
du  G  novembre,  2r'l;  —  du  13  novembre, 
241  ;  —  du  20  novembre,  281  ;  —  du  27  no- 
vembre, 321;  —  du  4  décembre,  361:  —  du 
Il  décembre,  401  ;  —du  18  décembre,  441  ; 

—  du  25  décembre,  481. 

Cidre.  —  Sur  les  moyens  d'en  augmenter  la 
quantité,  367,  471. 

Clavelée.  —  Mesures  qui  peuvent  préserver  le 
bétail  du  Midi  de  la  clavelée,  223,  303. 

Clôtures.  —  Systèmes  divers  de  clôtures  pour 
les  champs  et  les  parcs,  181. 

Comices  agricoles.  —  Sur  le  rôle  que  doivent 
iouer  les  Comices  et  sur  les  allocations  qui 
lenr  sont  faites  par  l'Etat,  123,  162.  —  Voir 
Concours  divers. 

Commerce  agricole.  —  Revue  commerciale  du 
2  octobre,  34;  —  du  9  octobre,  74;  —  du 
16  octobre,  114  ;  —  du  23  octobre,  154  :  — 
du  30  octobre,  194;  —  du  6  novembre, 
234;  —  du  13  novembre,  274;  —  du  20  no- 


vembre, 314  ;  —  du  27  novembre,  354  ;  — 
du  4  décembre,  394;  —  du  11  décembre, 
434;  —  du  18  décembre,  474  ;  —  du  25  dé- 
cembre, 509. 

Compteur  a  eau  de  Samain.  —  Description 
et  usages,  344. 

Concours  régionaux  d'animaux  reproducteurs. 
Compte  rendu  du  concours  de  Clermont, 
54.  —  Dites  et  sièges  des  concours  régionaux 
de  1881,  161.  —  Compte  rendu  du  concours 
régional  agricole  d'Oran,  176,  226,  298,  332, 
384,  416.  —  Sur  le  concours  régional  de 
Périgucux,  193.  —  Analyse  des  programmes 
des  concours  régionaux  de  1881,  321,  407, 
442. 

Concours  d'animaux  de  boucherie. — Programme 
du  concours  de  Nevers,  324  403.  —  Con- 
cours de  volailles  grasses  à  Bourg,  324.  — 
Concours  d'animaux  gras  à  Angoulème,  330; 

—  à  Besançon,  404.  —  Concours  d'animaux 
de  boucherie  et  d'animaux  reproducteurs  à 
Bourges,  484.  —  Concours  d'animaux  gras  en 
Angleterre,  493. 

Concours  divers.  — Concours  départemental  de 
la  Haute-Loire,  12.  —  Concours  spécial  aux 
races  bovines,  à  Lamotte-Beuvron,  12.  — 
Concours  départemental  de  la  Sarthe,  17.  — 
Concours  du  Comice  de  Fontenay-le-Comte, 
25  ;  —  de  la  Société  d'agriculiure  de  Meaux, 
26;  — de  l'Association  bretonne,  28;  —  du 
Comice  de  Saint-Julien,  68; —  de  la  Société 
d'agriculture  de  Niort,  85  ;  —  du  Comice  de 
Vienne,  129;  —  du  Comice  de  Trévoux,  129; 

—  du  Comice  agricole  central  de  la  Marne, 
150,  183,  215.  —Réunion  du  Comité  central 
de  la  Sologne,  169.  —  Création  de  la  Société 
de  bienfaisance  de   Meurthe-et-Moselle,   288. 

Courriers  agricoles.  —  Courrier  du  Sud-Ouest, 
232. 

Crabe.  —  Mœurs  et  rôle,  271. 

Crédit  agricole.  —  Exposé  d'un  système  d'or- 
ganisation du  Crédit  agricole,  31,  147.  — 
Publication  des  procès-verbaux  de  la  C'>mmis- 
sion  du  Crédit  mobilier  agricole,  41. 

Crevette.  —  Son  élevage  sur  les  côtes-  de 
l'Océan,  270. 

Cuscute.  —  Destruction  par  le  cuscuteur  de 
Gaud,  27. 

Décorations  pour  services  rendus  à  l'agricul- 
ture, 84,206. 

Décoriicage.  —  Machine  de  M.  Monget  pour 
décortiquer  les  petits  bois,  105. 

Droit  ru'-al.  —  Les  jachères  dans  les  baux, 
265.  —  La  chasse  des  sansonnets  et  des 
chardonnerets,  458. 

Durham.  —  Leur  valeur  respective  suivant  les 
familles  auxquelles  ils  appartiennent,  13.  — 
L'étable  de  Saron,  507. 

Dynamomètre  à  rotation.  —  Description  et 
foncironnement,  421-  —  Essais  dynamomé- 
triqu  e  des  machines  à  battre,  499. 

Ecoles  nationales  d'agriculture.  —  Admissions 
aux  écoles  do  Grignon,  283;  —  de  Montpel- 
lier, 2«3  ;  —  de  Grand-Jouan,  365.  —  Nomi- 
nation de  M.  LézéyComme  professeur  à  Grand- 
Jouan,  330. 

Ecoles  nationales  vétérinaires.  —  Liste  des 
élèves  admis  en  1880,  284. 

Economie  rurale.  —  Sur  l'inutilité  et  le  danger 
d'élever  les  tarifs  de  douane  sur  les  produits 
agricoles,  258,  429,  491. 

Ecrevisses.  —  Leur  mortalité  en  Europe,  63. 

Egouts.  —  Sur  les  moyens  d'assainir  Paris  et 
d'utiliser  les  eaux  d'égout  pour  l'agriculture, 
8,  81.  —  Les  eaux  d'égout  et  la  propagation 
des  maladies  contagieuses,  394,  435. 

Egrenoir  de  maïs  de  Tritschler,  262- 

Electricité.  —  Congrès  et  exposition  interna- 
tionale d'électricité  à  Paris,  en  1881, 182. 

Engrais.  —  Leur  valeur  pour  accroître  le  ren- 
dement des  récoltes,  43.  —  Sur  la  valeur  et 
le  meilleur  mode  d'emploi  des  engrais  des 


TABLE  ANALYTIQUE  DES  AUTEURS 


519 


Tilles,  8,  81.  —  Expériences  faites  avec  le 
guano  dissous  du  Pérou,  168.  — Changement 
de  direction  de  la  maison  Roûart,  287.  —  Sur 
la  solubilité  des  entrrais  et  leur  val«ar  com- 
merciale, 378,  44,=),  482.—  Les  engrais  verts  et 
les  fourrages,  448.  —  Sur  les  points  établis 
par  la  science  relativement  à  la  valeur  et  à 
l'emploi  des  engrais,  481. 
Enseignement  agricole.  —  Examens  d'admis- 
sion à  l'école  Maihieu  de  Dombasle,  10.  — 
La  ferme-école  de  la  Corrèze,  47.  —  La 
lerme-école  des  Trois-Croix,  87.  — La  ferme- 
école  de  la  Nièvre,  166.  —  Cours  a^ricoes 
du  Conservatoire  des  arts  e;  métiers,  208.  — 
La  ferme-école  de  la  Haute-Loire,  284.  — 
Admissions  à  l'Institut  agricole  de  Gembloux, 
366.  —  Les  expositions  scolaires  dans  les 
prochains  concours  régionaux,  408,  443,  485. 

—  Nomination  de  professeurs  départementaux 
d'agriculture,  445. 

Ensilage.  —  Reclierches  de  M.  Muntz  sur  la 
conservation  des  grains  par  l'ensilage,  474. 

Exposition  universelle  de  1878.  —  Commence- 
ment de  la  publication  des  rapports  officiels, 
1U5. 

Fièvre  aphteuse.  —  Mode  de  traitement,  73.  — 
Vœu  du  Comice  de  Lille  relativement  à  la 
fièvre  aphteuse,  166. 

Foin.  —  Sur  les  propriétés  et  le  danger  de 
l'emploi  du  foin  nouveau,  67,  350. 

Forêts.  —  Nomination  de  M.  Paioa  comme 
direcrteu:  de  l'Ecole  forestière  deMiticy,  t&'à, 

—  Projet  de  station  forestière  en  Sologne, 
466.  —  Vote  par  le  Sénat  du  projet  de  loi 
sur  la  restauration  des  terrains  en  montagne, 
4g7. 

Fourrages.  —  Avantage  de  la  compression  des 
fourrages,  147.  —  Machines  Guiiton  pour  1b 
bottelage  et  la  compresiion  des  foarra.r«s, 
295. 

Fromages.  —  Concours  d«  la  f>ociété  d'indus- 
trie laitière  à  .\eufchàtel-eu-Bray,  189. 

Greffe.  —  Sur  le  greffage  de  la  vigne,  101. 

Haies.  —  Modèles  divers  de  plantation  des 
haies,  180. 

Haras.  —  Subvention  pour  l'agrandissement 
des  dépôts  d'étalons,  486. 

Hirondelles.  —  Sir  la  chasse  de  ces  oi- 
seaux, 83. 

Horticulture.  —  Mesures  relatives  au  com- 
merce d'exportation  des  plants  et  arbustes. 
11.  —  Exposition  horticole  à  Fonienay-le- 
Comte,  27.  —  Examens  d'admission  à  Técole 
nationale  d'horticulture  de  Versailles,  47.  — 
Chronique  horticole,  61.  —  Exposition  de  la 
Société  centrale  d'horticulture  en  1881,    403. 

Inspection  générale  de  l'Agriculture-  —  iNomi- 
nafjon  de  trois  adjoints  à  l'inspection  géné- 
rale, 201. 

Institut  national  aïronomique.  —  Publication 
•du  3'  volume  de  ses  annalps,  46.  — Examens 
d'admission,  47.  —  Cours  pourrannée  sco- 
laire 1880-81 .  206.  —  Elèves  admis  en  1880, 
326.  —  Concours  pour  la  chaire  d'agriculture, 
406.  —  Résultats  dii  concours  poir  la  chaire 
de  génie  rural.  444. 

Irrigations.  —  Arrêté  otg misant  les  concours 
d'irrigations  en  1881,  44.  —  Souscription  j 
pour  le  canal  d'irrigation  du  Rhône,  87. — 
Résultats  du  concours  ouvert  pour  les  irriga- 
tioBs  dans  les  Hautes  et  les  Basses-Alpes  en 
1879,  92.  — Canal  d'Aragon  en  Espagne,  154. 

—  Déclaration  du  minisf-re  relativement  à 
l'exécution  du  canal  du  Rhône,  241. 

Labourage  à  vapeur.  —  Exposé  historique,  244. 

Laiterie.  —  Concours  de  la  Société  française  de 
l'industrie  laitière  à  Neufchâtel-en-Bray,  85, 
188.  —  Sur  l'utilité  de  la  vérification  du  lait, 
245.  —  E.xpositien  de  la  Société  laitière 
anglaise  à  Islington,  371.  —  Notes  sur  le  com- 


merce du  beurre,  50L  Travaux  de  la  station 
laitière  de  Lausanne  484. 

Maïs-fourrage.  —  Résultats  de  sa  culture  sur 
la  ferme  de  Courquetainé,  331. 

Manège  tocomobile  construit  par  M.  Alba- 
ret,  20. 

Marais  salants.  —  Manière  d'en  tirer  parti 
pour  la  pisciculture,  346. 

Mécanique  agricole.  —  Essais  dynamométri- 
ques organisés  par  la  Société  des  agricul- 
teurs, 9,  421.  —  Manège  mobile  d'Albaret, 
20.  —  Machine  de  M.  Mooget  pour  décorti- 
quer les  petits  bois,  105.  —  Arrache-bettera- 
ves de  M.  Olivier-Lecq,  221.  —  Egrenoir  de 
maïs  de  Tritschler,  262.  —  Machines  Guitton 
pour  le  bottelage  et  la  compression  des  four- 
rages, 295.  —  Compteur  à  eau  de  Sa- 
main,  342.  —  Dynamomètre  à  rotation,  421. 

—  Grande  batteuse  système  Pécard;  descrip- 
tion et  coupe,  499. 

Mildew.  —  Observations  sur  sa  nature  et  ses 
dangers,  234,  447,  490. 

Moules.  —  Leur  élevage  sur  les  côtes  de 
l'Ouest,  217. 

Moutons.  —  Nature  de  l'immunité  des  mou- 
tons algériens  contre  le  sang  de  rate,  18.  — 
Concours  international  de  races  ovines  en 
Allemagne,  84.  —  Comparaison  de  la  produc- 
tion de  la  lalae  et  de  la  viande,  271.  —  La 
clavelée  importée  dms  le  Midi  par  le  bétail 
d'Algérie,  303. 

Mûriers.  —  Catalogue  spécial  de  M,  Jacque- 
met-Bonnefoud,  63. 

Nécrologie.  —  M.  Aubin,  49.  —  M.  Guy,  84.  — 
Mme  Ydieroy,  M.  DoazeU  116.  —  M.  Gru- 
ber,  205.  —  M.  Louis  Gossin,  M.  de  Hamm, 
H   Jeaniiin,  M.  Colin,  282.  —  M.Dubos-i,  326. 

—  M.  Louis  Moll,  M.  Gernigon,  361.  — 
M.  Cazeaux,  M.  Doumet,  402.  —  M.  Baron- 
Dutaya,  M.  Lécart,  444- 

Noyers,  —  Variéiés  cultivées  dans  le  Sud- 
Ouest,  li)7. 

Œafs.  —  Sur  les  poules  pondeuses,  22,  173.  — 
Conservation  des  œufs  pour  l'hiver,  5).  — 
Moyen  de  reconnaître  l'âge  des  œufs,  288. 

Olivier.  —  Formation  d'un  comité  à  Grasse 
pour  l'étUile  des  maladies  de  l'olivier,  288.  — 
Les  inalalies  des  oliviers  aux  environs  de 
Montpellier,  471- 

Oseille.  —  Conservation  pour  l'hiver,  53. 

Ph  paver.  —  Suc  digestif  extrait  de  ses 
fruits,  62. 

Pays-Bas.  —  Les  récoltes  de  1880,  50. 

Phylloxcra  vistatrix.  —  Sur  l'emploi  de  la 
résine  pour  traiter  les  vignes,  12.  —  Confé- 
rence de  M-  Catta  à  Ajaccio,  12.  —  Résultats 
obtenus  avec  le  sulfocarbonate  de  potas- 
sium, 45,  373,  404  ;  —  avec  le  sulfiu-e  de 
carbone,  127,  273,  285,  286,  404,  447.  — 
Extension  du  fléau  dans  l'Aude,  45.  — Trai- 
tements administratifs,  167,  325,  404.  — 
Subventions  aux  syndicats  de  viticulteurs, 
167,  242,  325,  404.  —  Nécessité  de  défendre 
les  vignes  avec  ensemble,  20-3.  —  Etudes  de 
M.  Boiteau  sur  la  descendance  des  œufs 
sexués,  285.  —  Recherche  de  l'œuf  ri'hiver, 
325.  —  Décret  relatif  à  l'importation  des 
plants  et  boutures  de  vignes  du  Portugal, 
325.  —  Date  et  travaux  de  la  réunion  de  la 
Commission  supérieure  du  phylloxéra,  325, 
404,  446.  —  Le  phylloxéra  en  Crimée,  364.  — 
Changement  dansle  personnel  des  délégués 
de  l'administration,  364.  —  Recherches  sur 
les  mœurs  du  phylloxéra  en  1880  dans  Vau- 
cluse,  364.  —  Sur  l'essaimage  du  phyl- 
loxéra, 466.  —  Organisation  des  associations 
syndicales  dans  la  Gironde  et  résultats  obte- 
nus, 489.  —  Voir  Viticulture. 

Pins.  —  Evaluation   des   dégâts  amenés  dans 


520 


TABLE  ANALYTIQUE  DES  MATIERES. 


les  pineraies  de  la  Sologne  par  l'hiver  de 
1879  80,  46.  —  Valeur  des  bois  de  pins  ma- 
ritimes ge  es,  131.  —  Sur  la  valeur  du  pin 
maritime  et  du  pin  sylvestre  pour  le  reboise- 
ment de  h  Sologne,  173.  —  Les  chenilles 
des  pins,  303. 

Pisciculture.  —  La  mortalité  des  écrevisses, 
63.  —  Le  withehait,  144.  —  Les  bouchots, 
217.  —  Les  nettoyeurs  de  la  mer,  269.  — 
La  pisciculture  en  Amérique,  309.  —  Les 
marais  salmis,  345.  —  La  vente  des  truites 
à  la  h.lle  de  Paris,  380. 

Plâtrage.  —  Ajournement  des  mesures  cœrci- 
citives  du  plâtrage  des  vins,  6. 

Police  sanitaire.  —  Enquête  sur  l'état  sanitaire 
du  hi'iail  en  France,  42.  —  Arrêtés  prescri- 
vant la  désinfection  du  matériel  employé  au 
transport  des  animaux  domestiques,  164, 
242.  —  Importance  des  lois  sur  la  police 
ganitaire  du  bétail,  441.  —  Loi  promulguée 
en  Allemagne,  441. 

Pommes  de  terre.  —  Offre  de  variétés  pour 
semences,  10  —  Sur  les  avantages  et  les 
inconvénients  de  la  plantation  automnale, 
89,  221,  2hh,  312.  —  Culture  comparative  de 
plusieurs    variétés,  108. 

Poules.  —  Sur  la  questiou  du  nombre  des  œufs 
des  diverses  races  de  poules,  22,  173. 

Prairies.  —  Mémoire  de  Gilbert  sur  les  prai- 
ries artificielles  en  Picardie,  74.  —  Sur  l'em- 
ploi du  purin  dans  les  prairies,  234.  — 
Résultats  obtenus  par  la  méthode  de  culture 
de  M.  Gœtz,  329. 

Primes  d'honneur.  —  Lauréat  de  la  prime 
d'honneur  au  concours  régional  de  Cler- 
mont-Ferrand,  58.  —  Visite  des  fermes  dans 
Indre-et-Loire,  128.  —  Prix  décernés  par  le 
Comice  agricole  central  de  la  Marne,  150, 
183 ,  215.  —  Prime  d'honneur  décernée  au 
concours  régional  d'Oran,  230,  332. 

Rage.  —  Sur  l'émoussemeni  des  dents  des 
chiens  pour  combattre  la  rage,  13  J,  208,  498. 

Récoltes  en  terre.  —  Situation  agricole  dans 
Lot-et-Garonne,  34,  246.  —  Les  récoltes  en 
Vendée,  107.  —  Nouvelles  de  l'état  des  récol- 
tes dans  l'Ain,  l'Aisne  et  les  Vosges,  114;  — 
dans  la  Bavière,  130;  —  la  Dordogne,  130, 
170,  246.  —  Situation  agricole  dansl'Ar- 
dèche,  313.  —  Les  emblavures  d'automne 
dansl'Ariège,  352. 

Routes.  —  Projet  de  loi  rektif  à  l'achèvement 
du  réseau  des  roules  nationales,  363. 

Russie.  —  Ravages  causés  dans  les  champs 
par  les  sauterelles,  265.  —  Situation  des 
paysans  russes  après  l'abolition  du  ser- 
vage, 437. 

Saumon.  —  Production,  en  Amérique,  du 
saumon  de  Californie,  310. 

Sauterelles.  —  Les  ravages  dans  les  champs  en 
Russie,  265, 

Sériciculture.  —  Tour  pour  tirer  la  soie  des 
cocons,  48. — Conférences  séricicoles  faites  par 
M.  Maillot,  126.  —  Hibernation  des  graines 
de  vers  à  soie,  203,  286.  —  Congrès  sérici- 
cole  de  Sienne,  329.  — -  Méthode  de  dévidage 
du  cocon  du  ver  à  soie  de  l'allante,  35d.  — 
La  sériciculture  en  Co  se,  426. 

Société  nationale  d'agriculture.  —  Reprise  de 
ses  travaux,  201.  —  Compte  rendu  des  séan- 
ces hebdomadaires,  233,  273,  314,  353,  394, 
434,  473.  —  Séance  de  rentrée,  330,  44'i.  — 
Election  de  M.  Renou  comme  membre  asso- 
cié dans  la  Section  des  sciences  physico-chi- 
miques, 403,  445.  —  Compte  rendu  de  la  séance 
solennelle  de  rentrée,  r,09. 

Société  des  agriculteurs  de  France.  —  Publica- 
tion de  1  annuaire  de  1880,  287.  —  Date  de 
la  session  de  1881  et  de  la  réunion  des  délé- 


gués des  associations  agricoles  affiliées,  368. 

Société  d'encouragement  à  l'agriculture.  — 
Ouverture  d'un  concours  sur  les  moyens 
d'améliorer  la  situation  des  agriculteurs,  84. 
—  Nouvelle  liste  d'adhérents,  327.  —  Date  de 
la  réunion  générale,  329.  —  Compte  rendu 
de  la  réuiiiou  générale,  393.  —  Sur  son  rôle 
dans  l'organisation  des  expositions  scolaires, 
443. 

Soja  hispida.  —  Sur  le  mode  de  cuisson  de  ce 
pois,  252,  434. 

Sologne.  —  Réunion  du  Comité  central  de  la 
Sologne,  168.  —  Sur  les  essences  à  choisir 
pour  reboiser  la  Sologne,  173.  —  Projet  de 
station  forestière  en  Sologne,  466. 

Soufrage.  —  Concours  de  soufreuses  da  vignes, 
à  Beaune,  243. 

Submersion  des  vignes.  —  Extension  du  pro- 
cédé et  résultats  obtenus  dans  la  Gironde,  167. 

Sucres.  —  Effets  du  dégrèvemat.t  des  sucres, 
45.  —  Campagne  sucrière  de  1880,  168,  245, 
4S6.  —  Proposition  de  loi  relative  au  sucrage 
des  vendanges  à  prix  réduit,  245. 

rakymétrie.  —  Son  enseignement  dans  les 
écoles  d'agricultures,  366. 

Tarares.  —  Concours  spécial  de  la  Société  d'a- 
griculture de  Meaux,  26,  140. 

Tarifs  de  transports.  —  Vœi  de  la  Société  d'a- 
griculture de  Vaucluse  relatif  à  la  diminu- 
tion des  tarifs  de  transports,  210. 

Tourteaux.  —  Composition  et  usage  du  tourteau 
de  chanvre,  457. 

Trieurs.  —  Concours  spécial  ouvert  par  la  So- 
ciété d'agriculture  de  l'Indre,  330. 

Vendanges.  —  Appréciations  sur  la  récolte 
de  1880,  6.  —  Proposition  de  loi  sur  le  su- 
crage des   vendanges  à  prix  réduit,  245. 

Vidanges.  —  ^ur  les  meilleurs  moyens  d'utili- 
ser les  vidanges  de  Paris,  8. 

Vins.  —  Ajournement  des  mesures  cœrcitives 
du  plâtrage  des  vins,  6. 

Vins.  —  Sur  l'assimilation  des  vins  de  raisins 
secs  aux  vins  ordinaires,  127,  292.  —  Tra- 
vaux de  M.  Robinet  sur  l'analyse  des  vins 
et  la  fabrication  des  vins  mousseux,  216.  — 
Vente  des  vins  des  hospices  de  Beaune,  243. 

—  Analyse  chimique  d'un  vin  de  Jac- 
quez,  474. 

Viticidture.  —  Congrès  international  de  viticul- 
ture à  Lyon,  22,  68;  —  à  Saragosse,  63,  153, 
167,  191.  —  Conférence  viticole  au  Plaud- 
Chermignac,  29.  —  Sur  les  vignes  sauvages 
du  Soudan,  49,  127,  286,  365.  —  Sur  les 
cépages  d'Amérique  résistant  au  phylloxéra, 
72,  203,  353,  374,  405,  469.  —  Le  greffage 
des  vignes  françaises,  102',  169,405,428.  — 
Concours  de  greffage  et  de  plantation  de 
vignes  dans  ris';re,  129;  dans  Vaucluse,  405. 

—  Le  fumier  et  les  matières  minérales  de  la 
vigne,  187.  —  Exposition  viticole  de  Beaune, 
202,  243.  —  Résistance  et  adaptation  des  vi- 
gnes américaines  au  point  de  vue  pratique, 
211,  292,  338.  —  Observations  sur  le  mil- 
dew,  234,447,  490.  —  Surlaculturedïs  vignes 
américaines  en  Amérique,  247,  307,  462.  -~ 
Les  vendanges  de  1880  dans  les  pays  phyl- 
loxérés,  374,  449,  50r-.  — Catalogue  des  vignes 
américaines  de  l'école  d'agriculture  de  Mont- 
pellier, 448.  —  Sur  les  plantations  des  pépins 
de  vignes  américaines,  497.  \ oit  Phylloxéra. 

Volailles.  —  Concours  de  volailles  grasses  à 
Bourg,  324.  —  Engraissement  mécanique  des 
volailles,  325. 

Zootechnie.  —  Sur  les  bases  de  l'alimentation 
rationnelle  des  animaux  domestiques,  389, 
453.  —  Sur  la  composition  chimique  des  ali- 
ments et  la  relation  nutritive,  413. 


FIN   DE  LA  TABLE  DU  QUATRIÈME  VOLUME  DE  1880. 


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