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JOURNAL
L'AGRICULTURE
ANNÉE 1880, TOME TROISIÈME
(juillet a SEPTEMan
Le JOURNAL DE L'AGRICULTURE, fondé le 20 juillet 1866, a
successivement fusionné avec le Journal de la Ferme et des Maisons
DE CAMPAGNE et avcc la Revue de l'Horticultcre. En conséquence il
s'occupe de toutes les questions de pratique et de science agricoles, de
législation rurale, d'économie politique ou sociale dans ses rapports
avec la vie rurale; enfin il donne tous les développements nécessaires
aux progrès de la viticulture, de l'horticulture, de l'arboriculture et
de la culture maraîchère; il traite aussi bien de la production des
jardins que de celle des champs.
11 appartient à une Société composée de 840 agriculteurs ou agro-
nomes groupés autour de M. J.~A. Barrai.
JOURNAL
L'AGRICULTURE
DE LA FERME ET DES MAISONS DE CAMPAGNE
DE LA VITICULTURE, DE L'HORTICULTURE
DE L'ÉCONOMIE RURALE ET DES INTÉRÊTS DE LA PROPRIETE
rOHDÉ ET DIRIGÉ FAR
J.-A. BARRAL
Secrétaire perpétuel de la Société nrUiomle d'agriculture de France;
Membre du Conseil génénil de la Moselle jusqu'en 1871 ;
Ancien élève et ancien répétiteur de chimie de l'Ecole polytechniaue ;
Membre du Conseil d'administration de la Société des agriculteurs de France
Lauréat de l'Académie des sciences en 1863, pour le prix de ilorogues, décerné à l'ouvrage ayant fait faire
le plus grand progrés à l'agriculture en France;
•fficier de la Légion d'honneur: Commandeur de I Ordre ottoman du Aledjidié, de celui ries Saints Maurice et Lazare d'Italie^
de celui d'Isabelle la Catholi'iue d'Espagne; Chevalier des Ordres de Léopold de Belgique,
de Notre-Dame de la Conception de Portugal;
Membre de la Société philomatique et da Conseil de la Société d'encouragement pour l'industrie nationale ;
Membre honoraire de la Société royale d'agriiuliure d'Angleierre ;
Membre honoraire de l'Académie de Metz, de la Société centrale d'agricul ure de Belgique, de la Société royale d'agriculture de
Portugal, de la Société des agriculteurs italiens,
des Sociétés d'Agriculture du grand-duché de Luxembourg, de Moscou, de Varsovie, de Spolato,
des Géorgofiles de Florence, de Grosseto, de Turin, de Saint-Pétersbourg, de Pesaro. du Chili, de Hongrie, de l'Uruguay ;
Correspondant de l'Institut genevois, de l'Institut égyptien, de la Société des sciences naturelles de Milan;
des Sociétés d'Agriculture, de Viticulture ou d'Horticulture de Paris, d'Arras, de l'Aube, de Bayeux. des Bouclies-du-Rhône,
de Compiègne, de Caen. de Clermont, du Nord, de la Seine-Inférieure, de Mayenne, de la Haute-Garonne, de la Côte-d'Or;
de Joigny, de Libourne. de Lyon, de Mirecourt, de Nancy, du Pas-de-Calais, de Poitiers, de Poligny, de Sentis, de Vaucluse ,
des Comices agricoles d'Agen. de Lille, de Meaux, de Metz, de Brantôme, de la Société des Amis de la paix,
de Valence (Espagne), des Sociétés d'Agriculture de Gand.de New-Vork. devienne (Autriche), delà Gueidre (Hollande), de Hongrie;
du Cercle agricole et horticole du gr.md-diKhé du Luxembourg;
Associé étranger de l'Académie royale de Suède, eto , etc.
Conseil de direction Scientifique, Politique et Agricole :
MM. J.-A. BARRAL, GASTON BAZILLE, DE BÉHAGUE, BELLA,
GAREAU, P. DE GASPARIN, A. VANDERCOLME
ANNÉE 1880, TOME TROISIÈME
(juillet a septembre)
3ï:^u
PARIS
AUX BUREAUX DU JOUR\AL DE L'AGRICULTURE
Chez M. G. MAS S ON, libraire-éditeur, 120, boulevard SaiQt-Germaia
ET
Bruxelles, chez M. Henri MANCEAUX, libi aire-éditeur, 8, rue des Trois-Tôtos
1880
AO
9/ /SU- x5>^.
Le Journal de T Agriculture paraît tous les samedis en une livraison de 52 à
68 pages, avec de nombreuses gravures noires intercalées dans le texte et des
planches noires ou coloriées hors texte. — Il forme par an quatre volumes de
500 à 600 pages chacun.
PRIX DE L'ABONNEMENT :
FRANCE : un an, 20 fr. ; — six mois, 11 fr, ; — trois mois, 6 fr. — Un numéro, 50 centimes.
Pour tous les pays de l'Union postale : un an, 22 fr.
Pour tous les autres pays, le port en sus.
LES PAYS FAISANT PARTIE DE L'UnION POSTALE SONT :
Allemagne — Autriche — Belgique — Danemark — Espagne — Etats-Unis — Grande-Bretagne — Grèce
.Hongrie — Italie — Luxembourg — Monténégro — Norvège — Pays-Bas — Portugal
Roumanie — Russie — Serbie — Suède — Suisse — Turquie — Egypte — Tanger et Tunis
Perse — Brésil — République argentine — Pérou — Colonies, françaises
La plupart des colonies étrangères.
JOURNAL
DS
L'AGRICULTURE
CHRONIQUE AGRICOLE o juillet 1880,.
Rapport fait à la Chambre des députés sur le dégrèvement des vins et des sucres. — Propositions
de la Commission du budget. — Conséquence des dégrèvements. — Projet de loi relatif à une
expérimentation de mobilisation des chevau.x et des voitures. — La révision du cadastre. — Pro-
position de la loi de M. Mathé. — Concours du Comice de Seine-et-Marne à Courquetaine et du
Comice de Seine-et-Oise à Angeryile. — L'intrusion de la politique dans l'agriculture. — Con-
cours ouvert par la Société d'agriculture de Vaucluse. — Concours d'animaux reproducteurs à
Vic-Bigorre. — Vente annuelle de béliers à Grignon. — Résultats de la vente. — La clavelée
chez les moutons algériens. — Protestation de la Société d'agriculture des Bouches-du-Rhône.
— Notice de M. Hérisson sur la race bovine de Lourdes. — Concours pour des chaires départe-
mentales d'agriculture. — Changement de date d'un concours dans les écoles d'agriculture. —
Prochaine élection d'un membre titulaire à la Société nationale d'agriculture. — Nouvelle liste
de membres de la Société d'encouragement à l'agriculture. — Les conditions du métayage.—
Lettre de M. Kersanté. — Le bon métayage. — Le phylloxéra. — Taches constatées en Istrie. —
.Sériciculture. — Nouvelles des éducations des vers à soie.
I. — Dégrèvement des droits sur les sucres et sur les vins.
Nous avons fait connaître le projet du gouvernement, portant dégrè-
vement des droits sur les sucres de toute origine et substituant au ré-
gime des classes la tarification au degré saccharimétrique. Nous avons
applaudi de toutes nos forces, en nous efforçant de montrer toute
l'importance que cette mesure aura pourl'agriculture. La Commission
du budget delà Chambre des Députés, vient, par l'organe de son rap-
porteur, M. Maurice Rouvier, de faire connaître son approbation à ce
dégrèvement qui se produirait dès le P' octobre prochain, c'est-à-dire
avec l'ouverture de la campagne sucrière. Ce point établi, la Commis-
sion du budget a voulu aussi faire profiter des excédents du budget la
viticulture, et elle propose à la Chambre de voter un autre dégrèvement
portant sur l'impôt des vins. Le gouvernement a adopté cette manière
devoir. En substance et laissant de côté les détails de la loi nouvelle,
il résulte du projet qui sera certainement adopté, que :
r Les droits de circulation et d'entrée actuellement établis sur les
vins, cidres, poirés et hydromels, sont réduits d'un tiers et fixés, en
prmcipal et décimes, conformément au tarif suivant :
Désignation des droits et population des Tarif par hectolitre en principal et décimes.
communies sujettes au droit d'entrée. vins en cercles et en bouteilles dans Cidres,
poirés et
les départements de hydromels.
!'« classe. 2« classe. 3° classe' —
4.000 à 6,000 âmes 0 40 0 55 0 75 0 35
6.001 10,000 >. 0 60 0 85 1 10 0 50
, 10,001 15,0t!0 » 0 75 1 15 1 50 0 60
Entrée dans les ( 15,001 20,0no » 0 95 1 40 1 90 0 85
communes de ] 20,001 30,000 » l 10 1 70 2 25 0 95
30,001 50,000 . 1 30 2 00 • 2 6J l 15
. 50,001 et au-dessus. 1,50 2 25 3 00 1 25
Circulation suivant le lieu de destination. 1 00 1 50 2 00 0 80
Taxe de remplacement aux entrées de Paris. ""^ ■"""' 8^25 " 4 50
2° Que le droit à la vente en détail des vins, cidres, poirés et hydro-
mels, également réduit d'un tiers, se trouve désormais fixé, en prin-
cipal et décimes, à 12 fr. 50 pour 100 du prix de vente.
N» 586. — Tome III de 1880. — 3 Juillet.
6 CHRONIQUE AGRICOLE (3 JUILLET 1880).
L'ensemble des dégrèvements se montera, pour 1881, sur les sucres,
à 59,609,000 fr., et sur les vins à 71,000,000 fr., soit en tout
130,000,000 fr.
Les consommateurs profiteront de cette mesure libérale, en même
temps que l'agriculture trouvera un nouvel essor pour ses produc-
tions, dans l'accroissement de la vente. L'ère des dégrèvements d'im-
pôts, qui est maintenant ouverte, démontre, d'une manière éclatante,
que la prospérité de notre pays n'a pas sombré, comme cherchaient
à le faire croire tant d'esprits chagrins ou hostiles.
II. — Expérimentation de requisUion de chevaux et de voilures.
On sait que la conscription des chevaux, mulets et voitures, a été or-
donnée par la loi militaire. Jusqu'ici les appels annuels des hommes
de la réserve et de l'armée territoriale ont permis d'apprécier dans
une certaine mesure, pour les hommes, les conditions dans lesquelles
se ferait la mobilisation générale de l'armée en temps de guerre. La
même expérience n'a pu encore être faite pour les chevaux et les voi-
tures attelées que la loi du 3 juillet 1877 met par voie de réquisition
h la disposition de l'autorité militaire, car cette loi ne s'applique exclu-
sivement qu'au temps de guerre. La ministre de la guerre, tenant ce-
pendant à se rendre compte des résultats que donnerait le règlement
contenant les mesures d'exécution de celte loi, vient de présenter au
Parlement un projet qui tend à lui donner l'autorisation de procéder à
un essai partiel de réquisition des chevaux, voitures attelées et har-
nais, ainsi qu'à lui accorder un crédit extraordinaire del 10,000 francs
pour faire face aux dépenses qui en résulteront. L'opération aurait lieu
au mois d'octobre prochain. Elle porterait sur quatre corps d'armée,
à raison de deux circonscriptions par région, c'est-à-dire sur le quart
de quatre régions de corps d'armée. On retiendrait au plus pendant
une journée chaque animal ou voiture, de manière à limiter au strict
nécessaire le dérangement à imposer aux populations, et l'on donne-
rait une indemnité de déplacement à tous les propriétaires de chevaux
ou voitures auxquels s'étendrait la réquisition. Celle-ci comprendrait
environ 8,000 chevaux, soit le vingtième à peu près de ce qu'elle
pourrait produire en réalité. Il y a tout lieu de croire que le Parle-
ment acceptera le projet du gouvernement, car la dépense supplémen-
taire est de peu d'importance et il est intéressant de juger à l'avance
le mécanisme des réquisitions de chevaux et de voitures qui jouent
un rôle important dans la mobilisation générale.
IIL — Le Cadastre.
La Chambre des députés est saisie, depuis un certain temps, de
plusieurs projets de loi relatifs au cadastre, à son renouvellement et
au moyen d'arriver à répartir d'une façon plus régulière les charges
de l'impôt foncier. M. Mathé, député, vient de présenter une nouvelle
proposition dans ce sens. Cette proposition a le double but de faire
opérer une révision du cadastre qui servirait, grâce à des révisions
décennales, de base sérieuse et authentique pour les mutations de
propriété. Toutefois cette révision ne serait complète que pour les
documents et plans qu'il serait impossible d'utiliser désormais. La
révision coûterait sensiblement moins cher que le renouvellement ;
cette considération est importante, car c'est la question des frais qui
a arrêté toutes les opérations de ce genre. M. Mathé estime que la ré-
GURONIQUEl AGRICOLE (3 JUILLET 1880). 7
vision qu'il propose pourrait êtra exécutée en quatre ou cin^ ans, et.
qu'elle ne coulerait pas plus de 60 millions de i'rancs.
IV. — Concours des Comices 'dfi SÂne-ct-Marne et Seine-et-Oise.
Le concours annuel du Comice de Saine-et-Mame s'est tenu le
dimanche 6 juin, sur la belle exploitation de M. Hardon, à Courque-
taine. Malgré le mauvais temps, qui n'a cessé de régner toute la
journée, le concours a été remarquable à tous les points de vue, et il
a été suivi par une très grande at'rlueace de visiteurs; au banquet, on
comptait plus de cinq cents convives. Il était d'ailleurs dit'licile de
trouver une installation plus parfaite que celle de Courquetaine, pour
une réunion de ce genre. Nous ne pouvons que signaler sommairement
les principales récompenses décernées par le Comice. La grande mé-
daille d'or des améliorations agricoles a été attribuée à M. Hardon,
pour l'ensemble de ses travaux de culture et spécialement pour son
intérieur de ferme, et une médaille d'or à M. Augor, cultivateur à
Montchauvoir, commune de Saint-Méry, pour son agencement méca-
nique. Une autre médaille d'or a été décernée à M. Baudron, régisseur
de Mme de Lancosme, au château de Graville, commune de la Celle-
sous-Mores.
C'est le 27 juin que le Comice de Seine-et-Oise tenait son concours
annuel à Angerville. Ici, encore, l'affluence était très nombreuse, et le
concours était réellement remarquable. Le président du Comice a pro-
fité de la distribution des récompenses, pour insister, à nouveau, sur
les souffrances de l'agriculture; à cela il n'y a qu'à applaudir, mais
c'était outrepasser la vérité que d'en annoncer la ruine prochaine. Heu-
reusement le rapport fait par M. Testard sur le concours des fermes a
fait un contraste absolu avec ces prédictions car, il a montré la prospé-
rité des exploitations qui ont pris part à ce concours et fait ressortir
la marche croissante du progrès. Un incident fâcheux s'est produit au
banquet : nous n'y avons pas assisté, et nous ne le jugeons pas. Mais
nous répétons que c'est un fait déplus à invoquer contre les tendances
politiques de quelques associations agricoles. Le devoir de ceux qui
les dirigent doit être de les faire s'occuper exclusivement d'agriculture.
Les Comices doivent être des réunions, non pas de combat, mais
de progrès.
V. — Prochains concours agricoles.
La Société nationale d'agriculture et d'horticulture de Vaucluse,
présidée par M. le marquis de l'Espine, ouvre cette année trois concours
spéciaux entre les agriculteurs du département. Le premier est relatif
aux plantations de vigne, le second à l'élevage du bétail (bœufs,
moutons et porcs) ; le troisième est réservé aux serviteurs agricoles
les plus méritants. Les agriculteurs qui désirent prendre part à l'un
de ces concours doivent en faire la déclaration avant le 1" août, au
président de la Société, à Avignon. Il est probable qu'il y aura de nom-
breux concurrents, notamment pour les prix concernant les vignes
américaines, dont la culture, récente encore dans le département de
Vaucluse, paraît susceptible de rendre de grands services à la popu-
lation viticole si cruellement éprouvée.
Nous devons aussi annoncer le concours organisé par le Comiee de
Tarbes, sous la direction de M. Desbons, qui aura lieu à Vic-Bigorre,
le 5 septembre prochain; il comprendra les animaux reproducteurs,
8 CHRONIQUE AGRICOLE (3 JUILLET 1880).
les produits agricoles et ceux de l'horticulture. Le concours d'animaux
reproducteurs comprendra les espèces bovine, ovine, porcine et asine.
YI. — Vente de béliers à Grignon.
La vente annuelle des béliers, provenant des bergeries de l'État, a
eu lieu, ainsi que nous l'avons annoncé, le 28 juin, à l'école nationale
d'agriculture de Grignon. Cette vente avait dû être un peu retardée, à
raison de la translation de la bergerie du Haut-Tingry à Grignon.
Néanmoins, elle a eu le succès accoutumé, ainsi qu'il résulte des
chiffres suivants résumant les résultats de la vente des 35 béliers :
14 béliers Dishîey ont été vendus 3 .874 fr. 60
Le plus cber 388 fr. 50
Le mo'ns cher 220 50
Moyenne 276 75
10 béliers Dishley-mérinos ont été vendus 4,336 50
Le plus cher 1,186 50
Le moins cher 220 50
Moyenne 433 65
4 béliers Shrcpshiredoion ont été vendus 924 00
Le plus cher 262 50
Le moins cher 220 50
Moyenne 231 00
7 béliers Southdown ont été vendus 2 , 100 00
Le plus cher 430 50
Le moins cher 220 50
Moyenne 300 00
Total générai 11.235 00
Moyenne générale de la vente 321 00
Les principaux acheteurs ont été MM. Sarazin, de l'Aisne; Soufflet,
Gruyer, de l'Aube; Waddington, de l'Eure; Gouache, Chasles, d'Ar-
gent, d'Eure-et-Loir; Fagnielle, de la Marne; Colson, de la Meuse;
Souchon, de la Nièvre; Hervaux, Foubert, de l'Oise; Lefèvre, Rossignol,
de lOrne; Muret, Pelletier, de Seine-et-Marne; Filou, Prévost, de
Seine-et-Oise; Godeby, Legros , de la Seine-TnférieLire; Martine-
Langlet, de la Somme.
VIL — • La clavelée des moutons.
Depuis plusieurs années, les agriculteurs du Midi font entendre des
plaintes assez vives, relativement à l'importation des bêtes à laine
d'Afrique atteintes par la clavelée. La Société d'agriculture des
Bouches-du-Rhône vient encore de s'occuper de cette grave question.
Son présidentM. Rougemont a adressé au préfet des Bouches-duRhône
une lettre demandant que des mesures énergiques soient prises en
Algérie pour empêcher l'embarquement des. animaux malades qui
peuvent infecter les troupeaux dans lesquels ils sont introduits après
leur débarquement en France. Un arrêté du gouverneur général de
l'Algérie, en date du 1 9 octobre 1 H79, a prescrit une inspection minu-
tieuse des animaux avant leur départ; il est indispensable, en effet,
que cette mesure soit exécutée rigoureusement.
VIII. — La race bovine de Lourdes.
M. Hérisson, ancien élève de lécole d'agriculture de Grand-Jouan,
ancien vice-président du comice d'Argelès, vient de publier (librairie
Péré, à Bagnères) une intéressante notice sur la vache de Lourdes. 11
passe successivement en revue ses origines, sa conformation, ses ap-
titudes, le système d'exploitation auquel elle est soumise. C'est un
travail fait avec beaucoup de soin, que nous nous plaisons à signaler
parce qu'on y trouvera un grand nombre de renseignements étudiée
CHRONIQUE AGRICOLE (3 JUILLET 1880), 9
sur place et utiles à connaître pour tous ceux qui s'intéressent à la
production agricole dans les Pyrénées.
IX. — Concours pour des chaires dèparlementales d'agriculture.
On sait que, en exécution de la loi votée l'année dernière, tous les
départements doivent être pourvus, dans un délai de six ans, de
chaires d'agriculture. Qaarante-sept départements en manquent
encore. Le ministre de l'agriculture, d'accord avec le ministre de
l'instruction publique, vient de décider que onze concours seraient
ouverts cette année. Ces concours auront lieu aux dates ci-après, aux
chefs -lieux des départements indiqués :
4 octobre, Hautes-Alpes, Indre-et-Loire et Nord; — 8 octobre, Rhône; — 12 oc-
tobre, Alpes-Maritimes et Pas-de-Calais; — 16 octobre, Drôme et Deux-Sèvres; —
18 octobre, Allier; — 25 octobre, Eure-et-Loir; — 3 novembre, Loire-Inférieure.
Les candidats devront se faire inscrire avant le 3 septembre, soit
au ministère de l'agriculture, soit dans les préfectures de leurs dépar-
tements respectifs, et produire à l'appui de leur demandes les pièces
requises pour les concours de ce genre, ainsi que leurs titres scienti-
fiques.
X. — Concours dans les écoles d'agriculture.
Une décision du ministre de l'agriculture et du commerce a reporté
au mercredi 3 novembre 1880, la date d'ouverture d'un concours pri-
mitivement fixée au 1 G août, pour la nomination à un emploi de profes-
seur de physique, chimie, minéralogie et géologie appliquées dans les
Ecoles d'agriculture. Le programme de ce concours se distribue : à
Paris, au ministère de l'agriculture et du commerce (direction de
l'agriculture, Bureau de l'enseignement agricole), et au secrétariat des
trois Ecoles d'agriculture de Grandjouan (Loire-Inférieure), de Grignon
(Seine-et-Oise), et de Montpellier (Hérault).
XL — Prochaine élection à la Société nationale d'agriculture.
Dans le Comité secret de sa séance du 30 juin, la Société nationale
d'agriculture a entendu le rapport de la Section de mécanique agricole
et des irrigations, sur les candidats à la place rendue vacante par la
mort de M. le général Morin. La Section présente la liste de candidats
suivante : en première ligne, M. Fernand Raoul Duval, agriculteur à
MaroUes (Indre-et-Loire), lauréat de la prime d'honneur; en deuxième
ligne, ex œquo^ et par ordre alphabétique : M. Grandvoinnet, profes-
seur à l'Ecole nationale d'agriculture de Grignon, et M. Mille, in-
specteur général des raines. Les titres des candidats ont été discutés.
L'élection aura lieu dans la séance du 7 juillet.
XII. — La Société' d'encouragement à V agriculture.
Nous recevons la nouvelle liste qui suit, des membres de la Société
d'encouragement à l'agriculture :
MM. Charles Desprez, agriculteur à Gappelle (Nord), fondateur. — Le Cohiice
agricole du canton de Saint-Jean de Losne Gôte-d'Or). — Henry Pinto, ancien
élève de Grignon (Rohême Autriche]. — Ronnard, constructeur, à Paris. —
Dumangin, ancien élève de Grignon, au Palais Rourbon. — Le Comice agricole de
V arrondissement de Vilhaeuve-sur-Lot. — P. H. Richard, constructeur à Jarnac
(Charente) . — G. Pioche, administrateur de la Société nationale contre le phyl-
loxéra (Paris). — Alfred Droz, avocat à la cour d'appel à Paris. — Chrétien,
cultivateur à Aubepierre (Seine-et-Marne). — Hardon, ingénieur, propriétaire-
agriculteur (Seine-et-Marae), fondateur. — Lafaye, propriéiaire-agriculteur, à
Puy-Saint-Astier (Dordogne). — - Austruy, ingénieur à Cuzorn (Lot-et-Garonne).
10 CHRONIQUE AGRICOLE (3 JUILLET 1880).
— Boutelleau, vice -président du Comice agricole de Barbezieux (Charente). —
J. B. Girard, professeur d'agriculture à l'école nationale de Glermont (Puy-de-
Dôme). — Beaussire, membre de llnstitut, député de la Vendée. — Galpin,
député de la iSarlhe — Bianchi, agriculteur à Cappelle, par Templeuve
(Nord). — ' Laurent, président du Comice agricole de la Flèche (Sarthe). —
Boutevin, conseiller général, président du Comice agricole de Mayet (SariheU —
Courtiller, conseiller général de la Sarthe, lauréat de la prime d'honneur (Sarthe).
— Guedon, directeur des bergeries de Grignon (Seine-et-Oise). — Labarre,
pré-sident de l'exposition de Melun (Seine-et Marne). — Gotelle, directeur de
l'exposition de Melun. — Heulot, secrétaire général de l'exposition de Melun. —
Blereau, conseiller municipal à Melun. — Montant, ingénieur en chef des ponts
et chaussées, à Melun. — Lemaire, archiviste à la prél'ectwre de Melun. —
Trnquier, négociant en vins et eaux-de-vie, à Melun. — Alfred de Lavalette,
directeur de la Revue et économie rurale. — Aimé Champin, viticulteur, membre
du conseil général de la Drome. — Borie Ghanal, ingénieur à Toulouse, fondateur.
— Flandin, député de la Marne, fnnda'enr. — De la Condamine, propriétaire-
agriculteur (Haute-Garonne). — Zulmar Williot, propriétaire agriculteur, maire
à Poix (Nord), fondateur. — Brisson, maire de Bourges, fon.dateur. — Livret,
propriétaire à Paris. — Emile Hirisson, agriculteur, près Culturel (Haute-Ga-
ronne), foad'teur. — Albert Hérisson, agronome (Haute-Garonne), fondateur. —
Petit-Dossaris, sous-préfet à Gjrbeil. — - Le Comice agricole de Suintes.
Les adhésions doivent être envoyées à M. Lagorsse, secrétaire gé-
néral, 56, rue Basse-dii- Rempart, àPcris. — Dans la dernière liste pu-
bliée, une erreur s'est glissée. Au lieu de : Sociélé de sériciculture du
Gard, il faut lire : Société d'agriculture du Gard, Comice agricole de
Nîmes.
Xlll. — Sur le mélayage.
A Toccasion des observations, suivie métayage, que nous avons
publiées récemment, nous recevons de M. Kersanté la lettre suivante,
que nous insérons très volontiers :
« Monsieur le directeur,
« I. — Après avoir lu les considération?, relatives au métayage, contenues-
dans le numéro du 5 juin du Journal de l'Agriculture^ j'avais espéré que des voix
plus autorisées que la mienne s'élèveraient auprès de vous pour formuler, au nom
de la vérité des faits, des observations et des réserves nécessaires sur des affir-
mations et des allégations qui tendraient à faire considérer les bailleurs de fermes
à cuiona^re partiaire, dont j'ai Tb^nneur de faire partie, comme de purs tyrans,
imposant le servage nntigue à une classe de laborieux laboureurs, et à accréditer
l'idée fausse que L localion à coloaage-partiaire est le moyen de suppléer à la
rareté de la main d'œuvre dans les campagnes.
« M lis, en présence du sdenco qui accueille des assertions dangereuses, qui
emprunient une fofce nouvelle à cette publicité spéciale et à l'autorité de votre
adhésion, permettez, monsieur le directeur, à l'un de vos plus anciens collabora-
teurs, devons dire f[ue ces assertions renferment au moins deux grosses erreurs.^ et,
de plus, l'inconvénient grave, à l'époque de trouble moral que nous traversons, de
jeter, dans le; relations cordiales qui existaient jusqu'ici entre bailleurs et colons,
des semences de préventions, de haine et de divisions qui ne peuvent jamais pro-
fiter au développement du progiès agricole.
« n. — La première de ces erreun, monsieur le directeur, consiste à insinuer que
le colon partiâire est privé, dans la réalisation de son bail et des conventions qui
l'engagent, de la liberté d'action et de l'indépendance dont jouirait le fermier à
prix d'argent, et, qu'en conséquence, il devient la victime des exigences du
bailleur.
« Il est impossible à mon esprit, et sans doute au vôtre, monsieur le directeur, de
saisir la raison de cette différence entre deux hommes parfaitement égaux entre
eux, et avec le propriétaire bailleur devant la loi et la liberté des transactions de
la vie civile. J'aime mieux continuera penser que, dan^ l'état d'émancipation in-
dividuelle où l'homme se trouve aujourd'hui placé, les conventions privées, quel
qu'en soit l'objet, sont librement consenties ; et que nos codes ont été sages en
consacrent la principe que ces conventions font loi entre les parties contractantes !
CHRONIQUE AGRICOLE (3 JUILLET 1880). Il
« Les engagements des colons, vis-à-vis des bailleurs, et réciproquement, sont
donc conventionnels, et les résultats de libres discussions; et ils échappent, par
ce caractère incontestable, aux critiques que voudraient en faire des tiers, même
dans un bui politique.
« Mais si, de ces appréciations sur la légalité et la liberté des conventions, je
descends sur le terrain des laits, je me demande comment on peut avancer, à la
face de la pratique agricole, que la clause d'un bail, qui stipule le prélèvement
des impots et réparations locatives, avant partage, sur les produits de l'exploitation
à moitié, constitue un abus du bailleur contre le colon partiaire? Gomment on
pourrait même lui donner une pareille qualification si cette clause imposait au
colon, seul, le payement de ces charges, qu'il a acceptées? Est-ce que le premier
venu connaît, pour se permettre de telles appréciations, les motifs qui ont déter-
miné le colon à souscrire l'engagement? Sait-il si ce dernier n'a pas trouvé, dans
l'économie du bail, des compensations avantageuses où, comme je vais le dire, le
profit n'est pas du côté du propriétaire?
« Si donc il est outrageant pour le bailleur d'entendre taxer d'abus une conven-
tion librement discutée et acceptée, il est humiliant ])Our le colon de se voir ainsi
jugé incapable de discuter et sauvegarder ses intérêts sans la tutelle de la loi.
« Mais en fait, le colon partiaire est-il aussi maltraité qu'on voudrait le faire
croire? Voyons.
« Le principe, qui est la raison d'être du bail à colonage partiaire, consiste en
ce que le colon, pour la rémunération de son travail, conserve la moitié de tous
les produits enfantés par ce travail même; l'autre moitié appartenant au bailleur.
« D'après ce principe, le colon n'a aucun droit aux produits qui ne sont pas son
œuvre, à moins de convention contraire, tels que les produits spontanés du sol.
En Bretagne, tous ces produits entrent en partage. Or, ils sont très importants,
et consistent en : 1° les bois d'émonde en quantité considérable; 2° les bois pi-
quants; 3" les pommes et poires à cidre; k° les ajoncières pour chaufl'age; 5" les
cerisiers des champs; etc. Les bois piquants, et même ceux des ajoncières, sont
laissés en totalité au colon. Et quand on saura que, cette année, dans ma, con-
trée, la récolte des pommes a sauvé le cultivateur de la misère, et lui a procuré,
en valeur, de quoi payer deux années de ses fermages, on ne pourra pas soutenir
que le colon partiaire, qui n'a rien à payer à son maître, en argent, mais qui a
partagé avec lui des pommes qui ne lui ont coûté aucun travail, et qui lui ont pro-
duit une forte somme, aurait lieu de se plaindre s'il payait la totalité de l'impôt.
Devant ces faits, il serait difficile aux détracteurs des baillpurs, qui stipulent de
telles conditions, de ne pas reconnaître que celui des contractants qui prend la
part du lion n'est pas le propriétaire.
ce Mais, en laissant de côté l'avantage considérable du partage des produits
.>nontanés, serait-il juste de laisser le payement de l'impôt à la charge du bailleur
seul?
ce Cet impôt est, en droit, une charge des produits ; il n'aurait pas sa raison
d'être sur une chose qui ne produirait rien. Aussi, disparaît-il quand l'immeuble
est sans revenus : ce qui arrive rarement pour les immeubles ruraux, mais arrive
fréquemment pour les immeubles urbains. Il est donc de la plus stricte équité
qu'au moins le propriétaire, qui ne prend que la moitié des produits, ne supporte
que la moitié de l'impôt. Or, la stipulation du prélèvement de l'impôt et dépenses
de réparations sur la totalité des produits, avant partage, n'a pas d'autre effet que
de faire supporter ces charges par moitié ; ce qui est correct et conforme à l'esprit
de la convention.
<c III. — La seconde erreur consiste à dire que le système de la location à
colonage partiaire a pour effet d'apporter des remèdes efficaces aux souffrances de
l'agriculture provenant de la rareté de la main-d'œuvre I
ce C'est là, monsieur le Directeur, l'illusion d'un cœur rempli de bonnes inten-
tions, mais une pure illusion dont votre esprit éclairé et sagace aura déjà fait
justice.
ce En effet, est-ce que le bail à colonage partiaire et le bail à prix d'argent ne
consicrent pas la poursuite d'un même but : la bonne culture de la terre? Est-ce
que ces deux exploitants n'ont pas à exécuter les mêmes travaux, à lutter contre
les mêmes obstacles? Est-ce que l'un aura moins besoin d'ouvriers que l'autre,
ou bien aura le privilège d'avoir plus d'enfants le secondant dans son œuvre?
ce Poser ces questions, monsieur le Directeur, c'est suffisamment les résoudre;
et constater que de pareilles allégations ne sont point basées sur les faits, et que
12 CHRONIQUE AGRICOLE (3 JUILLET 1880).
ce n'est point dans une forme de bail, plutôt que dans une autre, qu'il faut cher-
cher les remèdes aux souli'rances poignantes que supporte l'agriculture française.
« IV. — Quant à la supériorité d'un système de location sur l'autre pour
accélérer le progrès agricole, je ne m'arrêterai pas à la discuter ici. Mais je ne
serai pas démenti quand je dirai que le colonage parliaire, cette association des
forces du bailleur et du preneur, est le seul système d'exploitation propre à
transformer nos terres vagues en cultures productives; mais qu'il devient de plus
en plus impraticable^ par suite des prédications subversives qui allument, jusqu'au
fond des campagnes, le feu d'une guerre insensée entre le capital et le travail;
qui inculquent dans l'esprit du colon l'idée que la moitié des produits de l'exploi-
tation, qu'il donne au bailleur, constitue une spoliation exercée sur son œuvre;
qu'il a tort de tant travailler pour autrui, et qu'il suffit de produire seulement de
quoi nourrir la famille.
ce Aussi les ardeurs et la bonne volonté s'éteignent; l'impulsion du bailleur
reste sans ell'et; et les cultures, courues et sans soins, ne donnent que des résul-
tats dérisoires. Le colonage partiaire disparaîtra des pratiques rurales, sous l'in-
fluence de celte funeste propagande, ou il ne sera plus que l'asile de la paresse
et de l'indifférence.
« En vous demandant, monsieur le Directeur, l'hospitaUté du journal pour ces
observations, je vous prie d'agréer, etc. V. Kersanté,
Président du Comice agricole de Ploubalay.
(Cotes-du-^ord.)
Nous ajouterons seulement une réflexion, que nous avons eu plu-
sieurs fois l'occasion de présenter. Il y a un bon métayage, comme il
y a un métayage défectueux. Le but à atteindre est que partout le mé-
tayage présente les caractères de justice et de loyauté que nous avons
constatés dans beaucoup de circonstances,' et que nous avons eu soin
de signaler. Mais pour arriver à corriger les défauts, il faut les mon-
trer.
XIV. — Le phylloxéra.
Il n'y a rien à ajouter aux indications que nous avons données pré-
cédemment sur les faits constatés jusqu'ici, relativement à la marche
de l'invasion pliylloxérique, depuis le commencement du printemps.
Mais une nouvelle grave est venue de l'empire d'Autriche. La présence
du phylloxéra a été constatée dans des vignes de la commune de Pi-
rano, dans la province d'Istrie. Cette province confine, comme on sait,
au royaume d'Italie. Le chef du district de Capodistria a pris immé-
diatement des mesures pour provoquer le traitement des vignes
atteintes et pour empêcher la sortie des plants de vigne et autres objets
propres à propager le fatal insecte, conformément à la loi édictée en
Autriche dès 1*875.
XV. — Sériciculture.
Les ventes de cocons frais ont lieu avec des prix en hausse de 25 à
50 centimes par kilogr. D'après le Moniteur des soies, la réduction de
la récolte proviendrait uniquement du petit nombre des éducations.
Le succès des lots issus de graines de choix serait général : le prix de
4 fr. avec un rendement de 45 à 50 kilog. de cocons suffirait large-
ment à entretenir le zèle des éleveurs; en effet ils avaient moins de
bénéfice autrefois en les vendant 6 à 7 francs, alors qu'ils n'obtenaient
que 20 à 25 kilog. à l'once.
La conclusion à en tirer est que l'industrie séricicole n'est point
autant en péril que quelques-uns veulent le dire. Lesitaliens, plus inté-
ressés que lUjus en celte affaire, n'ont point l'air de s'inquiéter; jamais
ils n'ont mis plus d'ardeur à soigner leurs plantations de mûriers et
leurs grainages. J.-A. Barral.
CONCOURSl RÉGIONAL DE MELUN. 13
CONCOURS REGIONAL DE MELUN-
Deux choses ont donné une physionomie spéciale au concours régional qui s'est
tenu àMelun, du 12 au 21 juin, pour la région du Nord, comprenant les dépar-
tements de l'Aisne, du Nord, de 1 Oise, du Pas-de-Calais, de la Seine, de Seine-
et-Marne, de Seine-et-Oise et de la Somme : une collection hors ligne de ma-
chines destinées à tous les travaux agricoles et une exhibition magnifique de
moutons mérinos.
Le plus grand nombre des constructeurs et des entrepositaires de machines,
en France, étaient venus exposer leurs meilleurs types de machines; quelques-uns
avaient fait des exhibitions spéciales fort intéressantes. Il faut citer tout d'abord
M. Albaret, M. Bajac, M. Pécard, M. Grautreau, M. Pilter, M. Dudouy,
MM. Decker et Mot, M. Decauville, M. Dumont, MM. Aveling et Porter,
M Candeher, M. Olivier-Leq, M. Peltier jeune, M. Gumming, M. Ault-
mann, etc. Au nombre des machines nouvelles qui ont appelé d'une manière
--""'-'" l'attention des visiteurs, figure en première ligne la lieuse indépendante
pour les gerbes de céréales, exposée par M. Dudouy ; les quelques essais faits sous nos
yeux ont démontré à la fois l'esprit ingénieux de l'inventeur, et la valeur pratique
de l'appareil. A côté, il faut citer les moulins agricoles de ML Albaret, auxquels
a été décerné un premier prix; l'engreneuse pour machines à battre, de AI. De-
moncy-Minelle, la simplification du secoueur de paille dans la batteuse à manège
de M. Gautreau, etc., etc.
Deux concours spéciaux ont principalement appelé l'attention : celui des appa-
reils de culture à la vapeur, et celui des locomobiles routières pour les transports
agricoles. Dans le premier concours, deux ordres d'appareils étaient en présence:
ceux à deux machines motrices, ceux à une seule. Dans la première section, on
voyait en lutte, d'une part, MM. Aveling et Porter; d'autre part, M. John
Fowler, représenté par M. Decauville. Dans la deuxième section, on pouvait
étudier les appareil- de M, Debains, et ceux d'un nouveau venu dans ce genre
de construction, M. Pineau, de Moulins. Nos lecteurs connaissent les appareils
Fowler, Aveling et Porter, Debains ; il n'y a rien à ajouter actuellement aux des-
criptions publiées ici à l'occasion de l'Exposition universelle de 1878. Nous dirons
seulement que les appareils de M. Debains, complets sans la locomobile que
doivent posséder toutes les fermes qui peuvent faire du labourage à vapeur, coû-
tent, au maximum, 14,000 francs, comprenant le treuil-tender, les ancres, les
câbles et poulies, le cultivateur tournant à cinq dents, la charrue à quatre socs,
toute en fer et en acier. Quant à l'appareil Pineau, les premiers essais sont de
nature à encourager le constructeur dans la voie où il est entré. — Les expériences
des locomotives routières ont démontré la valeur de la machine Aveling et Porter.
Cette machine a parcouru sur la route de Melun à Fontainebleau, en une heure six
minutes, 10 kilomètres, en traînant une charge brute de 11,500 kilog., sans autre
arrêt que celui fait pour resserrer un boulon. Les pentes de la route étaient de 15
à 27 millimètres par mètre. La machine a brûlé 69 kilog. de charbon, soit
0 kilog. 612 par tonne brute et par kilonaètre. Les tournées se sont faites très
facilement, avec les quatre chariots que la machine remorquait, malgré un mode
d'attelage improvisé. Les locomotives routières sont désormais d'un usage con-
stant dans les travaux du génie militaire ; les expériences de Melun ont démontré
qu'elles peuvent rendre de grands services dans toutes les.circonstances.
Si maintenant nous arrivons à l'exposition du bétail, nous devons d'abord nous
arrêter devant la splendide collection de mérinos qui ne comprenait pas moins de
60 lots. Pour une seule section, c'est trop; aussi nous espérons que, dans la ré-
gion, on fera désormais deux sections, l'une pour les jeunes, l'autre pour les
adultes, suivant le vœu formulé par le jury. En effet, la race mérinos est mainte-
nant devenue une race précoce, au même titre que les races anglaises les plus
renommées; il est juste que le développement des animaux précoces trouve, dans
les concours, un encouragement spécial. L'heureux vainqueur du prix d'ensemble
a été M. Paul Bataille, de Passy-en- Valois, dont les lots étaient réellement splen-
dides, surtout celui d'agneaux. A côté, MM, Duclert, Dehzy, Delamarre, Conseil-
Triboulet, soutenaient avec éclat une juste renommée. — Les autres sections de
moutons étaient un peu éclipsées par celle des mérinos ; toutefois, il serait in-
juste de ne pas donner une mention spéciale aux très beaux dishley-mérinos
exposés par M. Martine-Lenglet, et aux southdowns de M. de Ghezelles et de
M. Nouette-Delorme.
14 CONCOURS REGIONAL DE MELUN.
De toutes les catégories des races bovines, celle réservéeàlarace cotentine comp-
tait le plus grand nombre d'animaux, mais les plus intéressantes étaient celles
des races flamande, boUandaise et Durhara. La Section des hollandais était certaine-
ment la plus remarquable; M, Gliristpfle exposait des animaux qui ont mérité
tous les suffrages; on trouvera à la liste des prix les noms des autres lauréats. 11
faut, dans la section des durhams, signaler particulièrement les animaux exposés
par M. Lacour et par M. de Falloux; la célèbre étable du bourg d'Iré maintient
sa grande réputation. M. Stevenoot, fermier à Armbouts-Gappel (Nord), exposait,
de son côté, quelques durbams-flamands bien réussis; cet agriculteur est un de
ceux qui ont le mieux secondé M. Yandercolme dans son active propagande en
vue du progrès du drainage, de la transformation des fosses à fumier, etc,
Peu de cboses à dire des races porcines; mais une très belle et très nombreuse
exposition d'animaux de basse-cour. Elle a été l'occasion d'un succès hors ligne
pour M. Lemoine, de Crosne (Seine-et-Oise), qui a remporté huit premiers prix et
le prix d'ensemble. En outre, un diplôme d'honneur spécial a été attribué à
Mme Lemoine pour un modèle tout à fait réussi d'élevage de poussins. Dix-huit
parcs en miniature s'alignaient sur une étendue de 20 mètres ; dans chaque parc,
gazonné, sablé et entouré d'un grillage, une poule de race différente et enfermée
dinsune cabane où elle réchauffait ses poussins auxquels un grillage permettait de
courir hors de la cabane. Ce n'est pas seulement en vue de résoudre la difficulté,
d'ailleurs assez grande, de forcer dix-huit poules à couver à la même date, mais
dans un but d'instruction que cette exposition a été organisée. Mme Lemoine
s'empressait, en effet, de donneraux visiteurs des détails peu connus sur les diffé-
rences de couleur dans le plumage des poussins et sur les variations que l'âge
amène. Nous espérons que M. Lemoine les donnera lui-même aux lecteurs du
Journal.
La ville de Melun avait organisé de nombreuses et belles fêtes à l'occasion du
concours régional. Nous ne pouvons entrer dans le détail de ces solennités; nous
diroiis seulement quelques mots de la distribution des prix du 'concours, qui a
eu lieu le samedi 19 juin. Elle était présidée par M, Patinot, préfet de Seine-et-
Marne, assisté par M. Lembezat, inspecteur de l'agriculture, commissaire général
du concours, et entouré de M. Bancel, maire de Melun ; de MM. Foucher de
Gareil et Oscar de Lafayette, sénateurs, et des députés du département.
Après une excellente allocution de M. Patinot, M. Lembezat a prononcé le
discours suivant, souvent interrompu par les applaudissements :
« Messieurs, dans une région comme celle du nord de la France où l'agriculture
industrielle occupe une aussi large place,, un concours est plus qu'une simple fête
agricole; c'est un enseignement.
«Le département de Seine-et-Marne, qui est aujourd'hui le centre_ de réunion de
la partie la plus riche et la plus importante de notre pays, au point de vue de
l'appoint qu'elle fournit à la production générale, s'il n'est pas le plus favorisé sous le
rapport de la fertilité de son sol, est remarquable, à tous égards, par les progrès
constants, comme par les efforts couronnés de succès, qu'il ne cesse de faire,
pour se mettre au niveau de ses voisins.
« L'extension de la culture de la betterave, qui a été le point de départ, et plus
tard le pivot d'une grande prospérité pour le nord, a produit les mêmes résultats
dans votre département, partout où les conditions normales de sa végétation ont
pu être réalisées. Pour* atteindre ce but, il a fallu ici plus de travail, plus de
dépenses qu'ailleurs, dans bien des cas, à cause des difficultés naturelles contre
lesquelles les cultivateurs avaient à lutter. Des travaux considérables d'améliorations
foncières ont été exécutés, et il me suffira, pour en donner la preuve, de citer le
drainage, pour lequel le, département de Seine-et-Marne loccupe le premier
rang.
ce En même temps, messieurs, que le sentiment industriel se développait dans
la Brie, les notions d'agriculture scientifique s'introduisaient dans la pratique. Sans
être chimistes, les agriculteurs ont vite compris l'importance de la grande loi de
la restitution, loi générale, absolue, mais dont l'appUcation raisonnée est une
question capitale pour obtenir des récoltes rémunératrices. L'emploi des engrais
complémentaires se généralise de jour en jour, et je n'hésite pas à dire que les
fermiers qui achètent le -plus d'engrais, sont ceux qui obtiennent les récoltes
moyennes les plus élevées. J'ajoute qu'il ne saurait en être autrement. La synthèse
de la production végétale peut se réduire à trois termes principaux, qui sont : le
CONGOUBS REGIONAL DE MELUN. 15
sol, sa préparation mécanique, et enfin, les éléments de nutrition que la plante
doit y puiser.
« Les deux premiers termes de cette proposition varient peu. On peut atténuer,
ou modifier dans une certaine mesure, les propriétés physiques d'un sol, mais
c'est surtout par la nature et la quantité des engrais employés, que l'on obtient
des récoltes économiques.
« Tous les bons cultivateurs de la Brio, — et leur nombre est considérable —
savent, comme leurs confrères du nord, chez lesquels ils ont le bon esprit d'aller
puiser des enseignements, quelle est l'importance de lajpaestion dont je parie en
ce moment, question qui est résolue, sans aucun doute, aujourd'hui pour eux,
mais qu'il faut désirer voir généraliser le plus tôt possible, pour être en mesure
de fournir à la consommation nationale les matières alimentaires de première
nécessité, telles que la viande et le pain, pour lesquelles la France est, malheureu-
sement, depuis quelques années, tributaire des nations étrangères.
a Puisque cet ordre d'idées se présente à moi, je vous demande la permission,
messieurs, d'effleurer rapidement ce côté de la situation économique agricole. Je
n'ignore aucune des plaintes et des doléances que la culture a fait entendre depuis
plusieurs années, et je sais aussi que, dans bien des cas, il existe des souffrances
réelles. Je viens de passer dix années dans une région cruellement atteinte dans
sa fortune par le phylloxéra, et là, je l'avoue, le présent est sombre.
« Cependant, je n'ai pas trouvé le découragement dans le sud-ouest, malgré
les blessures profondes qu'il a éprouvées. On lutte par tous les moyens contre la
situation nouvelle; on fait de la submersion là où elle est possible ; on plante des
cépages américains, on remplace la vigne par des céréales, des fourrages; en un
mot, personne ne se laisse abattre.
« La riche région du nord, dont la production repose sur les céréales, le bétail,
le sucre, l'alcool et quelques cultures de plantes industrielles, se trouve atteinte,
elle aussi, dans sa prospérité. Elle fait intervenir comme causes efficientes de la
situation actuelle, les charges que supporte la culture, l'augmentation du prix de
la main d'œuvre, la diminution du nombre des ouvriers agricoles, enfin la législa-
tion sur le sucre et l'alcool, et les traités de commerce.
« Ces plaintes sont elles toutes fondées? quels sont les moyens à appliquer
pour changer l'état des choses?
« Dans toute autre circonstance que celle-ci, messieurs, je me ferais un devoir de
discuter devant vous les raisons invoquées pour établir les causes de la situation
actuelle, et les moyens indiqués pour y remédier; mais cette discussion dépasserait
de beaucoup les limites dans lesquelles je dois me circonscrire en ce moment.
« Permettez-moi de vous dire en substance que, malgré l'agitation qui s'est
faite, et qui se continue encore sur la question agricole, personne n'oserait soutenir
qu'en présence de plusieurs années peu favorisées sous le rapport de notre pro-
duction, l'on doit mettre des droits sérieux sur le blé, à l'entrée, ou rétablir
l'échelle mobile, qui n'a jamais fonctionné qu'au détriment de l'agriculture.
« Peut-on également réclamer un droit de 10 pour 100 ad valorem, sur le bétail,
alors que la France ne produit pas assez de viande pour sa consommation, alors
que cette consommation augmente d'une manière régulière, et que la culture ne
peut la satisfaire?
« Et, d'ailleurs, êtes-vous sûrs, messieurs, que des droits comme ceux dont on
parle empêcheraient les blés et le bétail étrangers de venir faire concurrence aux
produits similaires nationaux ?
« Pour ma part, j'en doute absolument, et je ne vois de moyen pour lutter
contre les étrangers, que de produire assez, et assez économiquement pour leur faire
concurrence sur les marchés anglais, suisse, italien, espagnol, et fermer ainsi tout
naturellement nos portes à leurs produits, dont nous n'aurons plus besoin, si nous
avons des excédents chez nous.
« Tant qu'il en sera autrement, il faut nous estimer heureux de trouver avec
notre argent, à acheter du blé et de la viande, à des prix modérés, car il n'est pas
un esprit sensé qui se déciderait à affamer la France, dans une année où l'inclé-
mence des saisons aurait atteint sa production.
«L'outillage agricole de la France se complète de jour en jour; les voies de terre,
de fer, les canaux, et tous les moyens capables de favoriser les échanges et l'éco-
nomie dans les transports, ne laisseront dans un avenir prochain plus rien à désirer.
Il faut donc que la culture se prépare à entrer dans une large voie de production,
pour lutter sur son propre terrain, avec les pays lointains qui lui apportent les
16 CONCOURS REGIONAL DE MELUN.
objets dont elle manque : il faut qu'elle ait confiance en elle pour en inspirer aux
capitaux qui sont le nerf de toute activité. La fortune mobilière considérable de
la France permet de supposer que les capitaux vont refluer sous peu, sur la pro-
priété foncière et un mouvement sensible d'entreprises agricoles par actions se
produit en ce moment. Il y en a des exemples dans votre département, notam-
ment. Ce mouvement va s'accentuer inévitablement.
« Le dégrèvement des sucres, peut-être celui des alcools employés pour le •
vinage, vont provoquer un fait économique certain, en en augmentant la consom-
mation, et la région du nord n'aura plus à se préoccuper que de produire, pour se
tenir au niveau des i^esoins, et il suffira de deux bonnes récoltes de blé en France,
pour que cette crise agricole passagère disparaisse.
« D'ailleurs, est-ce que la situation de la France est unique?
ce Non, messieurs, elle n'est pas unique, et vous savez aussi bien que moi, les
plaintes qui nous viennent de nos plus proches voisins.
« S'il existe des souffrances dans la région du nord — ce que je ne veux pas
nier — je suis autorisé à dire qu'elles sont relatives et loin d'être générales, car,
pas plus tard qu'hier, des hommes qui ont une situation considérable dans l'agri-
culture de la région, me disaient : « Oui, la culture traverse une phase pénible ;
« mais personnellement, nous ne pouvons pas nous plaindre. »
« J'avoue, messieurs, que ces paroles m'ont beaucoup rassuré, et je suis heureux
de vous les citer.
« Je m'aperçois que je n ai rien dit du concours qui est encore sous vos yeux.
« Une analyse ne vous apprendrait rien, et je suis persuadé que chacun des
intéressés l'a faite à son profit mieux que je ne saurais , depuis la démon-
stration imposante de la culture à vapeur, jusqu'aux plus modestes instruments
de la culture des jardins.
<c L'exposition vivante est représentée par des types bien connus des races peu
nombreuses de la région, et se distingue particulièrement par la valeur et la
qualité des diverses sections de l'espèce ovine.
« L'honorable rapporteur de la prime d'honneur va vous lire le très remarquable
travail qu'il a fait sur les divers concurrents qui se sont disputé cette haute récom-
pense, et vous pourrez ainsi apprécier d'une manière exacte les mobiles qui ont
dicté les décisions de la Commission.
« Permettez-moi, messieurs, en terminant, d'adresser mes sincères remercî-
ments au département de Seine-et-Marne et à la ville de Melun, pour la générosité
qu'ils ont montrée à l'égard du concours, et pour l'accueil qu'ils m'ont fait.
« Pour mon compte, je n'ai jamais rencontré plus de bienveillance, plus de
courtoisie, et plus de sympathie, que j'en ai trouvé auprès de M. le préfet et de
M. le maire, et je tiens à leur dire ici publiquement combien, grâces à eux, ma
tâche a été facile et agréable.
« Comme toujours, messieurs, le jury a déployé le plus grand zèle dans l'ac-
complissement de sa mission toujours délicate et difficile. Je l'en remercie au nom
des exposants, et je proteste énergiquement ici contre les reproches inconsidérés
dont on a voulu l'atteindre en dehors de toute justice. »
Après ce discours accueilli avec beaucoup de faveur, M. Godefroy a donné
lecture d'un extrait de son rapport sur le concours de la prime d'honneur ; puis
les récompenses ont été proclamées dans l'ordre suivant :
Prime dlionneur consistant en une coupe d'argent de la valeur de 3,500 fr. pour l'exploitation
du département de Seine-et-Marne ayant obtenu l'un des prix culturaux et ayant réalisé les amé-
liorations les plus utiles et les plus propres à être offertes comme exemple, décernée à M. Edouard
Bouchet, à Preuilly, commune d'Egligny, canton de Donnemarie, arrondissement de Provins.
Prix culturaux.
!'■'= Catégorie. — Propriétaires exploitant directement leurs domaines ou par régisseurs ou par
maîtres-valets. — Prix consistant en un objet d'art de 500 fr. et une somme de 2,000 fr., décerné
à M. Nicolas, au domaine d'Arey, commune de Chaumes, canton de Tournan, arrondissement de
Melun,
T Catégorie. — Fermiers à prix d'argent ou à redevances en nature fixes, remplaçant le prix de
ferme; cultivateurs-propriétaires tenant à ferme une partie de leurs terres en culture; métayers
isolés (domaines au-dessus de 20 hectares!. — Prix consistant en un objet d'art de 500 fr. et une
somme de 2,000 fr., décerné a M. Edouard Bouchet.
Par décision de M. le ministre de l'agriculture e et du commerce, sur la proposition en jury,
un objet d'art a été décerné à M. Paul Auberge, à la ferme de Cramayel, commune de Moissy-
Cramayel, canton de Brie-Comte-Robert, arrondissement de Melun, pour bonnes cultures en ligne
et excellente installation de distillerie d'après le système Champonnois.
Médailles de spécialité.
Médaille d'or grand module, là. ktha.ndise 3 a.vTY, à La Noue, commune de Saint-Jean-les-Deux-
CONCOURS REGIONAL DE MELUN. 17
Jumeaux, canton de La Ferté-sous-Jouarre, arondissement de Meauï, pour nne remarquable vache-
rie et une importante fabrication de fromages de Brie. — Médaille d'or, M. Auguste Houdart, à
Thorigny, canton de Lagny, arrondissement de Meaux^ pour culture améliorée de la vigne avec
des instruments attelés.
Récompenses aux agents des exploitations qui ont obtenu des prix culturaux :
1" Catégorie. — (Agents de l'exploitation de M. Nicolas.) — Médailles d'argent, M. Barré, régis-
seur; Mme Barré; M. Victor Mathias, commis. — Médailles de bronze, MM. Alfred Poulet, maître
valet; Joseph Roos. compagnon; Théophile Defî.rt, charretier.
2'= Catégorie. — (Agents de Texploitation de M. Bonchel.) — Médailles d'argent, MM. Auguste
Refauveley; Greley, charretier. — Médailles de bronze, MM. Louis Cocher, charretier; Alexandre
Cousin, charretier; Théodore Barrât, berger. — ôO fr., M. Fourthier, garçon de cour.
Animaux reproducteurs. — Espèce bovine.
V' Catégorie. — Race flamande pure. — Mâles. — 1" Section. — Animaux de 1 à 2 ans, nés
depuis le l" mai 1878, et avant le 1" mai 1879. -— 1" prix, M. Omaere, à Hazebrouck (Nord) ;
2% M. Ardaens, à Pitgam (Nord); S^jM. Fetel-Longueval, à Loon (Nord); prix supplémentaires,
M. Marche, à Nouvion (Aisne) ; M. Rancy, à Hazebrouck (Nord); M. Penel, à Eps (Pas-de-Calais).
— 2^ Section. — Animaux de 2 à 3 ans, nés depuis le 1"' mai 1877, et avant le 1" mai 1879. —
l""- prix, M. Rancy; 2", M. Darras, à Coudekerque (Nord); 3% M. Trottein, à Hazebrouck (Nord) ;
mention honorable, M. Platel-Wasse, à Moreuil (Somme). — Femelles. — 1"^ Section. — Génisses
de 1 à 2 ans, nées depuis le 1" mai 1878, et avant le l" mai 1879. — 1" prix, M. Fetel-Longue-
val; 2", M. Vermond, à Péronne (Somme); 3", non décerné. — Mention honorable, M. Fetel-Lon-
gueval. — 2" Section — Génisses de 2 à 3 ans, nées depuis le 1" mai 1877 et avant le !<"■ mai 1878,
pleines ou à lait. — l""' prix, M. Vermond; 2°, M. Hochet, à Villiers-en-Bierre (Seine-et-Marne);
3°, non décerné. — 3° Section. — Vaches de plus de 3 ans, nées avant le 1" mai 1877, pleines ou
à lait. -— l" prix, M. Sys, à Hazebrouck (Nord); 2% M. Vermond; 3% M. Fetel-Longueval; 4%
M. Baey, à Strazelle (Nord). — Prix supplémentaire, M. Lambrey, à Esquelbeck (Nord).
2" Catégorie. — Race normande pure. — Mâles. — 1" Section. — Animaux de 1 à 2 ans, nés
depuis le 1" mai 1878, et avant le 1" mai 1879. — 1" prix, M. Haran. à Verneuil (Seine-et-
Marne); 2°, M. Paul René, à Châtres (Seine-et-Marne); 3", M. Midorge, à Fleury-en-Bierre (Seine-
et-Marne). — 2= Section. — Animaux de 2 à 3 ans, nés depuis le V mai 1877, et avant le 1'" mai
1878. — 1°'' prix, M. Vavasseur, à Ferrières (Seine-et-Marne); 2", M. le marquis de Fraguier, au
Mée (Seine-et-Marne); 3°, M. Leroy, à Nangis (Seine-et-Marne). — 3^ Section. — Vaches de plus de
3 ans, nées avant le 1" mai 1877, pleines ou à lait. — P"' prix, M. Nicolas, à Chaumes (Seine-et-
Marne); 2", M. Vavasseur; 3", M. Leroy; 4'=, M. le marquis de Fraguier. — Prix supplémentaire,
M. Boyenval. — Mention honorable, M. Nicolas.
.3'' Catégorie. — Race hollandaise. — Mâles. — 1" Section. — Animaux de 1 à 2 ans, nés depuis
le l^'' mai 1878, et avant le l" mai 1879. — 1" prix, M. Christofle, à Brunoy (Seine-et-Marne); 2",
non décerné. — 2' Section. — Animaux de 2 à 3 ans, nés depuis le 1" mai 1877, et avant le
1" mai 1878. — 1" prix, M. Christole; 2", M. Lacour, à Saint-Fargeau (Yonne). — Femelles —
V Section. — Génisses de 1 à 2 ans, nées depuis le 1" mai 1878, et avant le V' mai 1879. —
l"prix, M. Christofle; 2% non décerné. — 2" Section. — Génisses de 2 à 3 ans, nées depuis le
l" mai 1877, et avant le 1" mai 1878, pleines ou à lait. — l""' prix, M. Christofle; 2«, non décerné.
— 3" Section. — Vaches de plus de 3 ans, nées avant le I" mai 1876, pleines ou à lait. — 1" prix
M. Christofle; 2= et 3% non décernés. — Mention honorable, M. Christofle.
■ Prix d' ensemble à attribuer au meilleur lot d'animaux des ]'% 2' et 3* catégories. — Un objet
d'art décerné à M. Christofle.
Prix d'ensemble (par virement) à attribuer au meilleur lot d'animaux des l", 2" et 3» catégo-
ries. — Un objet d'art décerné à M. Fetel-Longueval.
4= Catégorie. — Race Durham. — Mâles. — P» Section. — Animaux de 6 mois à 1 an, nés
depuis le 1" mai 1879 et avant le 1" novembre 1879. — l"prix, M. Debailly, à Mézières (Somme).
— M. de Lavaublanche, à Larbroye (Oise). — 2* Section. — Animaux de 1 à 2 ans, nés depuis le
1" mai 1878 et avant le 1" mai 1879. — 1"' prix, M. le comte de Falloux, à Bourg-d'lré (.Maine-
et-Loire); 2% M. Lacour. — Prix supplémentaire, M. Boyenval. — 3*= Section. — Animaux de 2 à
4 ans, nés depuis le 1" mai 1876 et avant le l" mai 1878. — P"' prix, M. Dubisc, à Epreville
(Seine-Inférieure); 2°, M. de Lavaublanche. — Prix supplémentaires, M. Lacour; M. Debailly. —
Femelles. — 1" Section. — Génisses de 6 mois à 1 anj nées depuis le V mai 1879 et avant le
h"' novembre 1ST9. — Prix unique, M. le comte de Falloux. — 2'' Section. — Génisses de 1 à
2 ans, nées depuis le 1" mai 1878 et avant le 1" mai 1879. — P"' prix, M. Debailly; 2% M. Lacour.—
3'' Section. — Génisses de 2 à 3 ans, nées depuis le l"' mai 1877 et avant le 1" mai 1879, pleines
ou à lait. — 1" prix, M. Debailly; 2", M. Lacour. — 4* Section. — Vaches de plus de 3 ans, nées
avant le 1" mai 1877, pleines ou à lait. — 1" prix, M. Debailly; 2", M. Boyenval. — Prix supplé-
mentaires, M. Dubosc; M. Lacour. — Mention honorable, M. Boyenval.
4"" Catégorie. — Croisements durham. — Mâles. — l" Section. — Animaux de 6 mois à 1 an,
nés depuis le 1" mai 1879 et avant le 1" novembre 1879. — Prix unique, non décerné. — 2' Sec-
tion. — Animaux de 1 à 2 ans, nés depuis le 1" mai 1878 et avant le 1" mai 1879. — 1" prix, non
décerné; 2% M. Stévenoot, à Armbouts-Cappel (Nord). — 3» Section. —Animaux de 2 à 3 ans, nés
depuis le 1" 1877 et avant le V mai 1878". — 1" et 2= prix, pas d'animaux présentés, -r- Femelles.
— !•••■ Section — Génisses de 6 mois à 1 an, nées depuis le l"' mai 1879, et avant le l" novembre
1879. — 1" prix, non décerné; 2", M. Stévenoot. — 2" Section. — Génisses de 1 à 2 ans, nées
depuis le 1" mai 1878 et avant le 1" mai 1879. — 1" prix, M. Debailly; 2\ M. Fetel-Longueval.
3' Section. — Génisses de 2 à 3 ans, nées denuis le l" mai 1877, et avant le 1" mai 1878, pleines
ou à lait.— 1" prix, M. Debailly ; 2". M. Fetel Longueval. — 4^ Section. — Vaches de' plus de
3 ans, nées avant le 1" mai 1877, pleines ou à lait. — 1" prix, M. Stévenoot; 2^ et 3°, non
décernés.
6° Catégorie. — Races françaises ou étrangères autres que celles-ci et croisements divers autres
que ceux de la 5" Catégorie. — M.àles. — P' Section. — Animaux de 1 à 2 ans, nés depuis le
l^'mai 1878, et avant le l" mai 1879. — 1" prix, non décerné; 2", M. de Garsignies, à Beaufort
(Somme). — 2' Section. — Animaux de 2 à 3 ans, nés depuis le 1" mai 1877, et avant le 1" mai
1878. — Prix unique, non décerné. — Femelles. — 1" Section. — Génisses de 1 à 2 ans, nées
depuis le 1" mai 1878, et avant le l" mai 1879. — V prix, M. Fetel-Longueval; 2% M. Giot, à
Chevry-Cossigny (Seine-et-Marne). — 2" Section. — Génisses de 2 à 3 ans, nées depuis le 1" m£ii
18 CONCOURS RÉGIONAL DE MELUN.
1877, el avant le 1" mai 1878, pleines ou à lait. — 1" prix, M. Giot; 2", M. de Garsiguies. —
3° Section. — Vaches de plus de 3 ans, nées avant le 1" mai 1876, pleines ou à lait. — 1" prix,
non décerné; 2°, M. Giot.
Espèce ovine.
1" Catégorie. — Races mérinos et métis-mérinos. — Mâles. — l" prix, M. Bataille, à Passy-en-
Valois (Aisne); 2", M. Delizy, k Montémafroy (Aisne); 3% M. Duclert, à Oulchy-le-Château (Aisne);
4°, M. Toulol-Ghavin, à Epieds (Aisne); b", M. Michenon. à Andrezel (Seine-et-Marne). Prix sup-
plémentaires, M. Delamarre, à Réau (Seine-et-Marne) ; M. Conseil-Triboulet, à Oulchy-le-Château
(Aisne). — Femelles — 1" prix. M. Duclert; 2". M. Delizy; 3% M. Conseil-Triboule ; 4°,
M. Bataille. Prix supplémentaires. M. Haran, à Verneuil (Seine-et-Marne); M. Hincelin, à
Loupeigne (Aisne).
2" Catégorie. — Races anglaises à laine longue. — Mâles. — 1" prix, M, Maillard (Céran), à
Sainte-Marie-du-Mont (Manche); 2", M. Massé, à Germigny (Nièvre); 3°, M. Martine-Lenglet, à
Aubigny (Aisne). — Femelles. — 1" prix, M. Tiersonnier, à Gimouille (Nièvre) ; 2% M. Martine-
Lenglet.
S"' Catégorie. — Races anglaises a laine courte. — Mâles. — 1" prix, M. Nouette-Delorme, à
Ozouer-des-Champs (Loiret) ; 2", M. le vicomte de Chezelles, à Lierville (Oise); 2", non décerné.
— Femelles. — l"' prix, M. Nouette-Delorme; 2°. M. le vicomte de Chezelles.
4= Catégorie. — Races françaises diverses et croisements divers. — Mâles. — l"' prix, M. Martine-
Lenglet; 2", non décerné; 3% M. Muret, à Noyen (Seine-et-Marne). — Femelles. — 1" p:ix,
M. Martine-Lenglet ; 2% M. Muret.
Prix d'ensemble, à attribuer au meilleur lot de l'espèce ovine. — Un olijet d'art, décerné
à M. Bataille.
Espèce porcine.
1" Catégorie. — Races indigènes pures ou croisées entre elles. — Mâles. — l*"" prix, non
décerné; 2", M. Rancy, à Hazebrouck (Nord), — Femelles. — V prix, M. Pailiart, Quesnoy-le-
Montant (Somme); 2% non décerné.
2" Catégorie. — Races étrangères pures ou croisées entre elles. — Mâles. — i*"' prix,
M. Boyenval, à Neuville (Somme); 2% M. Mengin, à Sainte-Geneviève-des-Bois (Loiret) : 3°,
M. Pailiart. Mention honorable. — Femelles. — l'" prix, M. de Lavaublanche, à Larbroye (Oise);
2% M. Boyenval; 3% M. Pailiart. Prix supplémentaire, M. Mengin. Mention très honorable,
M. Boyenval. Mentions ItonoraMes, M. Pailiart; M. Boyenval.
3" Catégorie. — Croisements divers entre races étrangères et races françaises. — Mâles. —
!"■ prix, M. de Lavaublanche ; 2% non décerné. — Femelles. — V et 2" prix, pas d'animaux pré-
sentés.
Prix d'ensemble à attribuer au meilleur lot d'animaux de l'espèce porcine. — Un objet d'art
décerné à M. Pailiart
Animaux de basse-cour.
Les premiers prix sont accompagnés d'une médaille d'argent et les prix suivants d'une médaille
de bronze,
V" Catégorie. — Cogs et poules. — 1" Section. — Race de Crèvecœur. — 1" prix, M. Lemoine;
à Crosne (Seine-et-Oise) ; 2°, Mlle Boyenval, à Sainte-Geneviève (Loiret). Mention honorable,
M. Voitellier, à Mantes (Seiiie-et-Oise). — 2^ Section. — Race de la Flèche. — 1" prix, M. Lemoine;
2% M. Boutillier, à Choisy-le-Roi (Seine). Mentions honorables, M. Lemoine ; M. Mignot, à Lissy
(Seine-et-Marne). — 3"* Section. — Race de Houdan. — 1" prix, M. Voitellier; 2", M. Boutillier.
Mention très honorable, M. Lemoine. — 4° Section. — Races françaises diverses. — 1" prix,
M. Lemoine ; 2% Mme Pailiart, à Quesnoy-Le-Montant (Somme); 3% M. Voitellier. Mention très
honorable, M. Lemoine. — b" Section. — Races étrangères diverses. — l" prix, M. Lemoine; 2",
M. Voitellier; 3% Mlle Boyenval. Mention très honorable, M. Lemoine. — 6"= Section. — Croise-
ments divers. — Prix unique, M. Bocquet, à Paris.
2" Catégorie. — Dindons. — l" prix, M. Lemoine; 2®, M. Bocquet.
3° Catégorie. — Oies. — l"'' prix, M. Lemoine; 2', M. Voitellier.
4° Catégorie. — Canards. — 1" prix, M. Lemoine; 2% M. Cloud, à Touquin (Seine-et-Marne);
3% M. Voitellier. Mentions honorables, M.- Bocquet; M. Lemoine.
5" Catégorie. — Pintades et pigeoiîs. — 1" prix, M. Voitellier; 2", M. Bouchereaux, à Choisy-le-
Roi (Seine) ; mention très honorable, M. Lemoine.
6" Catégorie. — Lapins etléporides. — p"' prix. M. Lemoine ; 2", M. Boutillier; mention hono-
rable, M. Du va, à Choisy-le-Roi (Seine).
Pria; d'ensemble à attribuer au plus bel ensemble des lots de basse-cour. — Objet d'art décerné
à M. Lemoine.
Récompenses aux serviteurs ruraux pour les soins donnés aux animaux privés. — Médailles
d'argent, MM. Lenormand, employé chez M. Christofle; Nival, employé chez M. Bataille; Pécourt,
employé chez M. Debailly; Avisse, employé chez M. Pailiart. — Médailles de bronze, MM, Loise,
employé chez M. Martine-Lenglet; Sachet, employé .-hez M. Eluard; Noël, employé chez M. de
Lavaublanche; Lesage, employé chez M. Vermond; Sanier, employé chez M. de Chezelles.
Machines et instruments agricoles.
Concours spéciaux. — Instruments d'extérieur de ferme. — 1° Appareils de culture à la vapeur
avec deux machines. — l" prix, médaille d'or à M. Decauville aîné, à Petit-Bourg (Seine-et-Oise) ;
2=, médaille d'argent à MM, Aveling et Porter; 3% médaille de bronze, non décerné.
2*= Appareils de culture à la vapeur avec une seule locomobile. — 1" prix, médaille d'or à
M. Debains, à Meaux (Seine-et-Marne); 2", médaille d'argent à M. Pineau, à Moulins (Allier) ; 3",
médaille de bronze, non décerné.
3° Appareils de labourage mis en mouvement au moyen d'une transmission à distance facilement
applicable de la force motrice (électricité et autres). — 1" prix, médaille d'or. 2° médaille d'ar-
gent ; 3' médaille de bronze. Il n'y a pas eu d'appareils présentés.
4° Locomobiles routières pour transports agricoles. — l"' prix, médaille d'or grand module à
MM. Aveling et Porter; 2% médaille d'argent, non décerné ; 3% médaille de bronze à M. Albaret,
à Liancourt (Oise).
CONCOURS RÉGIONAL DE MELUN. 19
Instruments d'intérieur de ferme. — 1° Moulins agricoles, l'"' prix, médaille d'or à M. Albaret;
2", médaille d'argent à MM. Brisson et Fauchon, à Orléans (Loiret); 3% médaille de bronze à
M. Arpé, à Villenoy (Sein-et-Marne).
2° Dépulpeurs à "grand travail. — 1" prix, médaille d'or à M. Albaret; 2', médaille d'argent ;
3% médaille de bronze à M. Pilter, à Paris.
3° Appareils pour faire mécaniquement la gerbe ou la botte (soit isolés, soit annexés à une
moissonneuse ou à une machine à battre). — l'"-prix, médaille d'or à MM. Waite, Burnell et G" à
Paris ; 2, médaille d'argent à M. Pilter; 3% médaille de bronze à M. Vermorel, à Villefranche
(Rhône) ; P. S. 4^ méJaille de bronze à M. Pêne, à Bordeaux, (Gironde).
4° Appareils el ustensiles de laiterie auties que ceux spécialement apjiropriés à la fabrication du
fromage de gruyère. — l"prix, médaille d'or, M. Pilter; 2°, médaille d'argent, MM. Lawrence et
C^ H Lille (Nord); 3°, médaille d'argent (par virement), à M. Dudouy, à Pans.
Récompenses aux plus habilss conducteurs des machines admises aux concours, et aux contre-
maîtres et ouvriers des constructeurs desdites machines. — Médailles cVargent, MM. Franck Smyth,
conducteur de la locomobile routière de MM. Aveling et Porter ; Gradlot, chef d'équipe chez
M. Brisson ; Médailles debronze, MM. Edmond Givry, contre-maître chezxM. Albaret, Louis Foucre,
mécanicien chez M. Pilter, Harry-Wood, conducteur de la charrue à vapeur à trois socs de
MM. Aveling et Porter, Léger, conducteur de la charrue à vapeur de M. Debains ; 45 fr., à
MM. La Valette, conducteur chez M. Bronhot; Louis Carly, conducteur de batteuses à vapeur chez
M. Ferdinand Del; 20 fr., MM. Pierre Simon, conducteur de l'appareil de labourage à \apeur de
M. Pineau ; Rœland, conducteur des appareils de culture à vapeur de M. Decauville: 15 fr., M. Par-
fait, conducteur de la machine à vapeur de M. Debains.
Mentions honorables. — Décernées conformément à l'art. 15 de ra<.<.été ministérieL Mentions
honorables, M. Lebrun, à Reims (Marne) ; M. Guedon, à Amiens (Somme) ; MM, Wackernie et
Strauss, au Vésinet (Seine-et-Oise) ; M, Demoncy-Minelle, à Château-Thierry (Aisne) : M. Boutmy, à
Paris; M. Pilter; M.Candelier, à Bucquoy (Pas-de-Calais); M. David, rue Vandamrae, 13, àParis.
Produits agricoles et matières utiles à l'agriculture.
Concours spéciaux. — 1° Froment, notamment les variétés les plus remarquables pour le rende-
ment, la qualité du grain et la précocité. — 1" prix, médaille d'or à .M. Leroy, à Nangis (Seine-et-
Marne) ; 2", médaille d'argent, M. Grandin, à Cocherel (Seine-e'-Marne).
3° Graines de betteraves. — ]"prix, médailledor, M. Olivier-Lecq, à Templeuve(Nord).
4° Laines en toison. — 1=' prix, médaille d'or, M. Robcis (Théophile), à Bussy-Saint-Georges
(Seine-et-Marne) ; 2=, médaille d'argent, M. Michenon, à Andrezel (Seine-et-Marne); 3% médaille
de bronze à M. Bataille, à Passy-en-Valois (Aisne).
Produits divers non compris "dans les concours spéciaux. — Médailles d'or, MM. Capgrand-Mothe^,
à Meylan (Lot-et-Garonne) ; M. Meyer, à Coubert (Seine-et-Marne) ; M. Nœtinger, à Douera (Alger) ;
médailles d'argent, à M. Bool, à Paris; à MM. Darier de Rouffio et C^, à Marseille (Bouches-du-
Rhône);MM. Arlatte et C% à Cambrai (Nord); M. Boyenval, à Neuvillè-Coppegueule (Somme);
M. Samin, à Loos-les-Lille (Nord); M. Mayeux, à Villejuif (Somme), P. S. M. Besscde; à Marseillle
(Bouches-du-Rhône) : La Société Française du teillage mécanique du(in, à Vert-Saint-Denis (Seine-
et-Marne); médaille de bronze, M. Nivat Bogros, à Saînl-Sauves (Puy-de-Dôme) ; M. de Beau-
royre, à Villetoureix (Dordogne ; M. Crépeaux. à Neuilly-sur-Seine (Seine) ; M. Chandora, à
Moissy Crafnayel (Seine-et-Marne) ; M. Leguay, a Argenteuil (Seine-et-Oise); M. Hurand, à Tou-
quin (Seine-et-Marne) ; M. Bréelle, à Abbeville (Somme); M. Fua, à Paris;M. Maugest, à Bue il
(Seine-et-Oise); M. Baillargéon, à Sens-de-Bretagne (Ille-et-Vilaine) ; P. S. M. Sassinot, à Saints
(Seine-et-Marne); M. Langlois, à Paris. j
En même temps que le concours régional, un congrès agricole avait été provoqué
par la Société d'agriculture de Melun. Parmi les principales questions qui y ont
été agitées, il faut mentionner celle relative à l'unification des méthodes d'analyse
des engrais et des produits agricoles. Le Congrès a encore émis le vœu que le dégrève-
ment des sucres, proposé par le ministre des finances, tut voté par les Chambres
aussi rapidement que possible. Henry Sagnier.
HISTOIRE DES GRANDES FAMILLES
DE LA RACE DURHAM. — [Suite]
Les Red-Rose et les Waterloo.
[.a famille des Waterloo, de même que celle des Oxford, peut être
considérée comme une création exclusive de Bates. Les éléments des
autres familles qu'il a formées et développées, lui avaient été fournis
par d'autres éleveurs qui, avant lui, avaient déjà cultivé ces types
perfectionnés, créés par eux, au moyen de souches que le hasard leur
avait mis sous la main et dont ils avaient su discerner le mérite pri-
mordial et inné. Mais les TValerloo, comme les Oxford, ont pris leur
origine à Kirklevijiglon.
L'histoire des Waterloo ressemble beaucoup à celle des autres
tribus célèbres de la race Durham. La première vache dont il soit fait
mention dans le Herd-Book est la vache Waterloo, achetée en 1831
par Bates sur le marché de Thorpe dans le comté de Durham. Cette
20 LES FAMILLES RENOMMEES DE LA RACE DURHAM.
vache, jusqu'à ce moment inconnue et d'une famille obscure, était
fille de Waterloo (*28t6} et d'une mère é2;alement fille du même
taureau. Cette vache Waterloo était donc fille de son grand-père. Ces
exemples d'accouplements m and in sont très fréquents, on a pu le
remarquer, dans les origines des grandes familles. Les éleveurs de ce
temps-là, quand ils avaient sous leurs mains un bon taureau, ne
craignaient pas, soit par calcul, soit par nécessité, de répéter l'infusion
d'un sang dont ils connaissaient le mérite, dans le même élément
femelle, de manière à fixer plus fermement les qualités dont ils
voulaient doter les générations à venir. Cet accouplement in and in
avec certains taureaux tels que Hubback, Favourite, Cornet, Belvédère,
Usurer, Matchem, Cleveland, Lad, le duc de Northumberhind et
plusieurs autres que je pourrais nommer, a singulièrement réussi avec
des vaches telles que lady Maynard, Duchesse, Princesse, Matchem
Waterloo, etc., etc. Les effets de ces accouplements consanguins sont
encore manifestes de nos jours, et n'ont fait que s'affermir de plus
en plus entre les mains d'éleveurs soigneux qui se sont toujours
attachés à maintenir l'hérédité dans les familles, sans jamais en
briser la continuité. Ce n'est qu'à cette condition que la perfection de
la race et son principal mérite, celui de la transmission de ses qua-
lités, peuvent être assurés d'une manière certaine. L'élevage de
hasard, de promiscuité dans les accouplements fortuits, non calculés,
non raisonnes d'après les aptitudes et les affinités de races, n'a jamais
réussi.
Malgré la grande estime que Bâtes avait conçue de la tribu des
Waterloo, on remarque d'après les généalogies de son troupeau, qu'il
ne se servait presque jamais des taureaux Waterloo. C'est au point
que, à l'origine, presque tous les veaux mâles issus de cette» famille
furent castrés. Bâtes employa avec les femelles Jf\aterJoo, des taureaux
choisis en dehors de cette tribu, tels que lord Barrington (9303) et
Holkar, lesquels contribuèrent, dans une large mesure, à fixer dans
les produits, les traits de supériorité qui les distinguent ; et la preuve
que les éleveurs les plus éminents contemporains de la vente des trou-
peaux de Kirklevington en 1850, tels que les Eastwood, les Cruicks-
hank, les Maynard et les Torr, tenaient cette tribu en haute estime,
c'est que. à la vente de Bâtes, les Waterloo réalisèrent la moyenne la
plus élevée après les Duchess et les Oxford.
M. Bâtes a laissé parmi ses papiers une note sur les Waterloo,
écrite de sa main, affirmant que la vache Waterloo qu'il avait achetée
à Thorpe en 1 83 1 , sortait d'une famille qui existait depuis cinquante ans
dans le troupeau de l'éleveur qui l'avait amené sur le marché, comme
une vache ordinaire. Du reste il existe une légende assez généralement
admise, surtout en Amérique, que cette vache Waterloo, fille et petite-
fille de Waterloo (^2816 , remonte presqu'à la vache Princess de R.
Colling. En effet, cette légende se trouve inscrite dans le Herd-Book amé-
ricain, et ce qui tend à faire admettre cette généalogie, c'est cette
expression gracieuse de la physionomie que Ton remarque chez les
membres de cette famille, expression absolument identique à celle
que l'on voit chez les descendants directs de cette vache si célèbre, et
qui fait le principal mérite distinctif de tous ses descendants directs.
Bâtes avait un travers qui dépare son caractère, et qui a souvent
été le mobile d'une grande injustice de sa part envers les éleveurs de
LES FAMILLES RENOMMÉES DE LA RACE DURHAM. 21
Durham les plus célèbres, ses devanciers aussi bien que ses contempo-
rains. C'était une jalousie intense, inspirée par le succès des autres
éleveurs, et un esprit de dénigrement qu'ils ne se donnait pas même
la peine de voiler sous des prétextes plausibles. C'est ainsi qu'il ne
voulait jamais admettre l'influence heureuse que le sang de Princess
avait exercée sur les principales familles de son troupeau, ni la part
importante appartenant à Charles CoUing dans la création de la tribu
des Duchess. C'est peut-être à ce sentiment qu'on doit attribuer chez
lui la suppression de Princess de la généalogie des Waterloo, laquelle
remonte incontestablement à Princess, de peur d'en faire remonter
le mérite jusqu'à cette vache élevée par un de ses principaux rivaux.
Le sang des Waterloo, bien qu'appartenant exclusivement à Bâtes,
n'en a pas moins été adopté par les Booth eux-mêmes et par leurs
principaux adhérents. Parmi ceux-ci, personne n'a mieux réussi dans
la culture de cette famille que le regretté William Torr, d'Aylesby. A
la vente de ce grand éleveur, qui eut lieu après sa mort, il y a quel-
ques années, il n'y avait pas moins de 21 têtes de cette tribu, connue
dans les catalogues, sous le vocable de la première lettre de son nom.
On ne les connaissait en effet que sous le nom de W. On les appelait
les double F de M. Torr. A cette vente, la moyenne de ces 21 \V attei-
gnit le chiffre de près de 6,500 fr., soit un total de 76,500 fr. pour
21 têtes. Une vache de cette tribu des Waterloo fut adjugée à un éle-
veur australien au prix de 14,000 fr.
Outre M. William Torr, M. Richard Eastwood, M. Cruiks-
hanck, M. Maynard, qui, hélas! ne sont plus, et que j'ai tous intime-
ment connus, on peut citer, parmi les éleveurs contemporains qui
possèdent du sang Waterloo dans leurs troupeaux, lord Fitzhardinge,
lord Peurhyn, M. Angerstein et M. Oliver. Richard Booth lui-même
ne craignit point- d'infuser le sang des Waterloo dans son troupeau.
On remarque, en effet, dans plusieurs de ses généalogies, le taureau
Water King élevé par M. Torr. Ce taureau, que M. R. Booth admirait
beaucoup, était petit-fils de la vache Waterloo 3*, que M. Torr acheta
à la vente de Kirklevington, après la mort de Bâtes, et qu'il avait
préférée comme une des plus belles vaches du troupeau.
M. Torr avait toujours été un grand appréciateur de cette tribu.
Entre autres sujets de cette famille, il avait une estime toute particu-
lière pour le taureau Duc de Northumberland 4% qu'il considérait
comme le plus bel animal deconcoursqu'il eûtjamais vu. Il se décida un
jour à faire exprès le voyage de Kirklevington pour tâcher d'obtenir de
M. Bâtes la location de ce taureau. Après de longs débats, l'accord fut
fait sur le prix de la location, et au moment oii M. Torr allait repartir,
M. Bares se ravisa et exigea comme condition nouvelle que son tau-
reau ne servirait pas plus de 25 vaches. M. Torr se récria en disant
qu'il ne possédait en tout que 30 femelles et que par conséquent la
différence était si minime qu'il désirait avoir à cet égard toute liberté.
M. Bâtes ne voulut point céder, et voyant que tout argument était
inutile, M. Torr se leva et partit en disant : Eh bien! M. Bâtes, vous
garderez votre taureau et moi mon argent, puis il s'en alla. Cette
espèce de rupture, heureusement pour le troupeau d'Aylesby en parti-
culier et pour l'élevage de la race Durham en général, n'eut pas de
suites permanentes. M. William Torr avait conçu une trop haute estime
de la tribu des Waterloo pour ne pas persévérer dans son intention
22 LES FAMILLES RENOMMÉES ,'DE LA RAGE DURHAM.
formelle de l'introduire dans son élevage. Nullement découragé par
l'échec qu'il venait d'éprouver, il eut le bon esprit d'attendre d'autres
occasions qui ne tardèrent point à se présenter. En eiîet, un peu plus
tard, M. ïorr acheta au révérend Thomas Cator la génisse Waterwilch,
fille de ce même taureau Duc de Northumberland A" qu'il n'avait point
réussi à louer, puis plus tard, à la vente de Bâtes, la vache Water-
loo 3" par Norfolk^ d'où sont sortis tous les W du troupeau d'Aylesby.
Ainsi, il résulte de l'usage fait des taureaux de cette famille dans
le troupeau de Warlaby, et du mélange du sang de taureaux Booth
judicieusement choisis par un éleveur aussi éminent que feu M. Wil-
liam ïorr, que deux branches distinctes de la tribu des Waterloo se
sont constituées, celle de sang Bâtes et celle de sang Booth; mais
cette bifurcation des deux branches n'a produit aucune différence de
mérite. La supériorité innée de la fondation de cette famille s'est per=
pétuée dans les deux branches avec une égalité remarquable. C'est
toujours la même noblesse de physionomie, la même rectitude de
lignes, le même équilibre symétrique, les mêmes qualités laitières
alliées à la même aptitude à l'engraissement, qui caractérisaient les
premiers ancêtres de cette famille, dès son origine, et qui resemblent
d'une manière si frappante aux traits distinctifs et héréditaires de la
famille Princess, ce chef-d'œuvre de l'élevage de Robert Colling.
Du côté de Bâtes, c'est surtout avec le sang Duchess et Oxford que
les Waterloo modernes tracent leur généalogie ascendante, et du côté
des Booth, on retrouve le sang des Croum Prince, des Vangurard et des
Baron Warlaby dans les pedigrees de la branche de Warlaby. Voici
une généalogie qui donnera une idée juste de la filiation de la branche
de Bâtes, laquelle se reconnaît toujours par le fait que toutes les fe-
melles portent le nom de Waterloo avec un numéro d'ordre, tandis
que les Waterloo de la branche de Booth ont des noms différents.
Celles du troupeau d'Aylesby avaient toutes des noms commençant par
un W, de là leur nom générique de double V.
t
Maud Waterloo, pelage rouan, née le 1" juillet 1875 chez lord Skelmersdale.
Son père Baron Oxford (25580).
Sa mère Waterloo 33% par Grand Duke 11° (21849).
Sa grand'mère Waterloo 25=, par Duke of Geneva (19614).
Sa 2° grand'mère Waterloo 17% par Red KnigTit (11976).
Sa 3= grand'mère Waterloo 14% par Grand Duke (10284).
Sa 4" grand'mère Waterloo 13% par 3= Duke of Oxford (9047).
Sa 5= grand'mère Waterloo 9% par 2° Cleveland Lord (3408).
Sa 6° grand'mère Waterloo 6% par Duke of Northumberland (1940).
Sa 7' grand'mère Waterloo 3°, par Norfolk (2377).
Sa 8= grand'mère Waterloo Lord, par Waterloo (2816).
Sa 9= grand'mère , par Waterloo (2816).
Dans un prochain numéro, je traiterai des deux dernières familles
du troupeau de Kirklevington, les Wild Eyes et les Foggathorpe.
P. S. — Ceux de mes lecteurs qui s'intéressent à l'introduction de
la race Durham en France apprendront avec plaisir que, à la vente du
troupeau du marquis d'Exeter qui vient d'avoir lieu récemment,
j'ai eu la bonne fortune de me faire adjuger une vache et trois gé-
nisses du plus grand mérite. Ce troupeau, dont on a pu admirer les
qualités exceptionnelles à notre grand concours international de 1878
et à celui non moins important tenu à Kilburn en Angleterre par les
spécimens qui y étaient exposés, vient en effet d'être dispersé par une
vente aux enchères. Je n'ai eu garde de manquer une si belle occasion
LES FAMILLES RENOMMÉES DE LA RACE DURHAM. 23
d'embellir mon troupeau de sujets d'un sang aussi remarquable, et
dont tous les grands concours, depuis quelques années, ont consacré le
mérite transcendant par les succès les plus éminents et les plus per-
sistants. Quelque temps auparavant, le mois dernier, j'avais déjà
acheté un taureau pur sang Gicynne pour mon étable de Saron, et
deux autres de sang OUI Quickly et de sang Charmer pour deux de mes
amis. J'avais besoin de ces nouvelles importations pour mon troupeau
de Saron, car cinq nouvelles étables de pur sang Durham viennent
de se fonder en France avec des éléments choisis dans mon
troupeau.
D'un autre côté l'introduction de la race ovine Shropshiredown,
que je recommande de préférence à toute autre race, comme élément de
croisement et com.me race d'élevage, a dernièrement fait un grand
progrès. Les importations cette année, de béliers et de brebis, faites
par mes soins, ont plus que triplé, et ceux de mes amis qui ont eu le
bon esprit de suivre mes conseils sont tous très satisfaits des animaux
reproducteurs mâles et femelles de cette race, que je leur ai procurés;
j'aurai soin plus tard de publier les résultats obtenus.
F.-R. DE LA TrÉHONNAIS.
TRAITÉ DU GREFFAGE DE LA VIGNE,
PAR AIMÉ CHAMFIN K
Au milieu du désastre qui accable les vignobles, on est heureux de
rencontrer des hommes d'acti'on qui n'ont point désespéré du salut de
la viticulture française. Les uns cherchent, avec des efforts dignes
d'un meilleur succès, le moyen de faire vivre les cépages européens
avec le phylloxéra; ils essayent de réduire par les insecticides le
nombre des insectes dévastateurs, tout en produisant des récoltes ré-
munératrices. D'autres, plus heureux déjà, montrent des vendanges
françaises obtenues par la greffe de nos cépages sur des racines résis-
tantes.
Parmi les dévoués pionniers de cette œuvre de régénération dont
le plan satisfait à la fois aux lois de la science et aux exigences de la
pratique, M. Aimé Champin restera comme un de ceux auxquels nos
viticulteurs auront dû les essais les plus profitables et les encourage-
ments les plus précieux. M. Champin ne s'est pas contenté de montrer
aux incrédules des vignes américaines résistantes, produisant des
fruits liquoreux; il a fait plus : il a montré sur des surfaces déjà
importantes des récoltes de raisin de nos meilleurs cépages greffés
sur pied américain. Chez lui, l'exemple a devancé le précepte, et le
livre vient aujourd'hui augmenter l'autorité d'une belle démonstration.
Dans un volume élégant, dont les jolies vignettes ajoutent au charme
du style toutes les satisfactions que procure une belle édition, M. Cham-
pin a développé l'enseignement théorique et pratique du greffage de la
vigne. La clarté des explications, la netteté du texte, l'abondance des
détails, la vérité des dessins, se joignent dans cet ouvrage à la valeur
des conseils donnés par un maître expert en l'Art de greffer. Disons
encore que le livre est écrit avec une verve gauloise à rendre jaloux
les écrivains des œuvres d'imagination. Nous en félicitons vivement
l'auteur; n'a pas d'esprit qui veut, et le sien n'a pas gâté la science,
1. Un beau volume in-8, accompagné de gravures. — A la licrairie de G. Masson, 120, boulevard
Saint-Germainj à Paris, — Prix : 6 francs.
24 TRAITÉ DU GREFFAGE DE LA VIGNE.
Nous ne suivrons pas M. Champin dans l'exposé des divers modes
de greffage, dans les soins à donner aux greffes et dans la discussion
de chaque système; notre analyse serait longue et fastidieuse. Nos
lecteurs nous sauront gré d'abréger cette notice pour leur permettre
d'aller ouvrir un livre dont la lecture agréable les retiendra jusqu'au
dernier chapitre.
Après avoir lu ce volume, on aura beaucoup appris, on aimera
l'auteur, et on greffera, nous en sommes certain, ne serait-ce que pour
essayer de goûter avec M. Champin ce greffage attrayant auquel il
nous a conviés avec tant d'esprit. Camille Saint-Pierre.
APPAREIL POUR BATTRE LES FAUX
Il existe plusieurs appareils qui ont été imaginés pour battre les
faux et les faucilles. Nous devons signaler aujourd'hui celui que con-
struit M. Leblanc-Winckler, mécanicien à Altkirch (Alsace). Il est
représenté par la fig. \ . Il consiste en un petit marteau vertical relié
à une petite roue à came mue par une manivelle
dont le mouvement le fait alternativement monter
et retomber sur une enclume destinée à recevoir la
faux. Un ressort à boudin augmente l'action du
marteau ; le coup peut être plus ou moins forcé,
suivant que l'on serre davantage le ressort, à l'aide
de la vis placée en tête de l'appareil. Pour s'en ser-
vir, on place la lame de la faux à l'envers sur
l'enclume, le dos penché en bas, de manière qu'elle
soit bien appuyée. On retire plus ou moins vite la
faux selon sa dureté. L'appareil peut se placer par-
'^^M Y h\ ^^win^kie? *^^^*' ^^ ^^ pcut l'emportcr aux champs. Le prix de
pour battre les faux, cette petite machine est de 35 francs.
iM. Leblanc-Winckler en construit un autre mo-
dèle qu'on fait marcher avec le pied, à l'aide d'une pédale, et qui est
muni d'un bâti mobile. Le prix de ce deuxième modèle est de 53 francs.
L. DE Sardriac.
LE BÉTAIL AU CONCOURS RÉGIONAL DE NEVERS.
Le concours régional comprenant les sept départements de l'Allier, du Cher, de
l'Indre, d'Indre-et-Loire, de Loir-et-Cher, du Loiret et de la Nièvre s'est tenu
comme on l'a vu, à Nevers, du 22 au 3] mai, sous la présidence de M. Lembezat,
inspecteur général de l'agriculture. Dans cette contrée, presque partout fertile, riche
en productions variées, sillonnée par de nombreux cours d'eau, des canaux, des
chemins de fer, et située au centre de la France, chacun savait d avance qu'il y
auiait une splendide exposition, mais personne ne supposait qu'elle pût être aussi
considérable et aussi brillante. C'est en bestiaux et surtout en machines et en in-
struments qu'elle a été remarquable, tant au point de vue du nombre, qu'au point
de vue des perfectionnements.. Jamais, jusqu'à ce jour, on n'avait réuni encore, sur
le champ d'un concours régional, autant de locomobiles, de batteuses, de faucheuses,
de moissonneuses et autres instruments de tous genres.
Durant notre séjour àNevers nous avons entendu beaucoup d'exposantsen bestiaux,
ou en produits agricoles, demander pourquoi le concours de cette région a eu lieu
plus tard que d'babitude, et quelqes-uns ont même regretté qu'il ne se soit pas
fait plus tôt. Les motifs qui ont déterminé ce changement de date ne paraissent
pas, en général, suffisamment connus des intéressés. A'ce sujet, nous pouvons leur
donner quelques renseignements tout à fait exacts. Pendant plusieurs années, en
effet, cette exposition s'était tenue vers la fin d'avril ou les premirs jours de mai.
Cette époque était bien choisie au début de l'institution du concours, alors qu'on
LE BÉTAIL AU CONCOURS RÉGIONAL DE NEVERS. 25
n'exposait que des animaux et quelques produits agricoles conservés. Aujourd'hui,
il n'en est de même, les faucheuses, les moissonneuses, les faneuses et les râteaux
à cheval viennent concourir en nombre considérable. Or, pour juger et classer ces
machines, il ne suffît pas d'examiner leur mécanisme, il faut de plus les voir à
l'œuvre. Au commencement de mai les fourrages sont souvent trop peu développés
dans cette région pour qu'ils puissent être coupés et ramassés par les appareils en
question. Dans ce cas, des essais comparatifs, qui doivent avoir lieu dans des
conditions normales pour être concluants, ne peuvent être faits. C'est ce qui est
arrivé l'année dernière au concours de Bourges. A la réunion qui a eu lieu, lors de
ce concours, dans le but de discuter les modifications à apporter au programme de
l'exposition régionale de 1880, les exposants ont demandé que dorénavant l'époque
du concours fût reculée. L'administration de l'agriculture n'a donc changé cette
date que pour donner satisfaction aux vœux exprimés parles exposants eux-mêmes.
TeUes sont les raisons qui ont décidé ce changement, et elles nous paraissent
excellentes. Aussi est-il à désirer, dans l'intérêt du plus grand nombre,_ que l'expo-
sition agricole de cette région n'ait plus lieu que dans la dernière quinzaine du mois
de mai.
Sans nous arrêter à des détails sur la production du département de la Nièvre,
arrivons immédiatement au sujet de cet article. La spéculation agricole la plus
importante et la plus lucrative du département de la Nièvre est l'élevage et l'engrais-
sement du gros bétail. La population animale est très considérable ainsi qu'on peut
le constater par les chiffres qui suivent : Chevaux 19,500, mulets 550, ânes 7,000,
bêtes bovines 188,730, moutons -211,800, porcs 72,200, chèvres 6,400.
Les chevaux de cette région appartiennent à des races diverses. Autrefois_ on y
trouvait partout un cheval peu développé de taille, mais réunissant les précieuses
qualités suivantes : la rusticité, la sobriété, une rare sohdité de membres et une
grande vigueur lui permettant de fournir de bons et longs services. On rencontre
encore dans le Nivernais, surtout dans la partie montagneuse, quelques individus
de cet excellent type, connu dans le centre sous le nom de cheval du Morvan. Les
animaux de l'espèce chevahne les plus répandus sont actuellement les chevaux de
gros trait et de trait léger issus de croisements percherons et bourbonnais. Bien
que ces animaux ne SDient pas irréprochables de forme, ils sont forts et résistent aux
longues fatigues.
Dans la Nièvre, l'espèce bovine se compose de races et de croisements divers,
mais la race la plus nombreuse et la plus intéressante est la charolaise, qui gagne
tous les ans du terrain et chasse devant elle les autres animaux de son espèce II est
inutile de faire ressortir ici les mérites du bœuf charolais; sa réputation est bien
établie en France et ses quahtés ne sont pas méconnues non plus dans certains pays
étrangers. On sait partout, en effet, qu'après le durham, race d'origine anglaise,
le charolais, animal éminemment français, est le plus pariait au point de vue delà
précocité, de l'aptitude à l'engraissement et de la qualité de la viande. Depuis
quelques années, on ne l'ignore pas, les Anglais viennent acheter chez nous des
durhams; mais, ce qui paraît moins connu, c'est qu'ils ne manquent pas d'emmener
en même temps de beaux charolais. Les Italiens commencent aussi à rechercher
cette race, ils sont venus faire au concours de Nevers l'acquisition d'un lot important
de reproducteurs charolais. La vente de ces animaux aux étrangers est d'un bon
augure pour les éleveurs de la Nièvre et du Cher. Et, comme le disait dans son
remarquable discours M. Lembezat, commissaire général au concours de Nevers,
« l'achat que viennent de faire les Italiens sera peut-être le début d'un débouché
commercial que le temps ne fera que développer. »
On rencontre le charolais dans diverses contrées du centre de la France, mais
c'est surtout dans les vastes et riches pâturages de la Nièvre et d'une partie du Cher
qu'on en trouve de nombreux troupeaux qui, engraissés dans les herbages de ces
contrées, vont ensuite alimenter le marché de La Villette.
Les moutons les plus répandus dans le Nivernais sont généralement des animaux
de petite taille, néanmoins ils sont très estimés pour la délicatesse de leur chair
et la finesse de leur laine. Ces moutons tendent à diminuer; dans beaucoup de
fermes ils ont été remplacés par les southdown et les dishley qui y prospèrent
parfaitement.
L'agriculture de la Nièvre a fait depuis quelques années des progrès considérables,
grâce à l'exemple donné par des hommes actifs et éclairés que possède encore le
département. Les grandes améliorations ont porté sur le sol et sur l'espèce bovine.
Il est peu de pays en France où les amendements calcaires aient été aussi
26 LE BÉTAIL AU CONCOURS RÉGIONAL DE NEVERS.
largementetaussijudicieusementemployés. Cependant, si la question des amende-
ments est bien comprise, on peut dire qu'il n'en estpas de même de celle des engrais
de ferme, qui sont négligés d'une façon inconcevable.
Lesanimauxderespècebovine,au nombre de 252, se partagaient en cinq catégo-
ries. La première comprenait la race charolaise et comptait 119 bêtes appartenant
à 34 exposants qui, outre les récompenses portées au catalogue, ont reçu 10 prix
supplémentaires et 5 mentions honorables. Les sept premiers prix ont été obtenus
par M. Michel (Nièvre), pour un taureau de 10 mois, Henri Signoret (Nièvre),
pour un taureau de 12 mois; Mary-Lépine (Cher), pour un taureau de 27 mois;
le comte de Bouille (Nièvre), pour une génisse de 9 mois; Clair (Nièvre], pour
une génisse de 3 mois et demi; Roy de l'Ecluse (Allier), pour une génisse de
26 mois, et Doury (Nièvre), pour une vache de 38 mois. Tous ces animaux étaient
fort remarquables, mais l'individu qui réunissait au plus haut degré tous les carac-
tères d'un beau reproducteur charolais, était certainement le taureau de M.Mary-
Lépine, Les produits de cet éleveur de la riche vallée de Germigny, jouissent
d'une réputation bien méritée; depuis quelques années ils figurent aux premiers
rangs dans les concours de reproducteurs comme dans les concours d'animaux gras.
L'année dernière à Bourges et cette année à Nevers, M. Mary-Lépine a été bien
près d'obtenir le prix d'ensemble. Mais qu'il ne se décourage pas, il a tous les
moyens d'y arriver", ce siiccès lui est peut-être réservé pour l'année prochaine.
L'heureux concurrent qui a obtenu le prix d'ensemble dans cette catégorie est M.
Jojon (Nièvre), éleveur bien connu par ses magnifiques charolais, que les concours
ont déjà couronnés plusieurs fois.
En somme, l'exhibition des charolais a été fort belle, mais il était permis d'espérer
qu'elle serait plus nombreuse, au centre même du pays de cette race. Les hommes
compétents (et ils ne sont pas encore rares) qui ont visité, en 1852, le premier concours
de Nevers et le dernier qui s'est tenu eo cette ville, doivent évidemment trouver
que le type charolais s'est considérablement modifié. Mais sans remonter à cette
époque éloignée, on peut encore comparer les animaux d'alors avec ceux d'aujourd'hui,
car dans beaucoup d'étables du département de Saône-et-Loire, jiremier berceau
du charolais, nous trouvons cet animal tel qu'il était au temps des premiers perfec-
tionnements, obtenus par l'habile éleveur, Louis Massé, qu'on pourrait appeler avec
raison le Backwell français.
La deuxième catégorie était consacrée à la race Durham, représentée par 61
animaux appartenant à 8 exposants.
Les premiers prix ont été attribués à MM. Charles Signoret, (Nièvre), pour un
taureau de 11 mois et demi ; Auclerc (Cher), pour un taureau de 20 mois; au même
pour un taureau de 28 mois ; au même rappel de 1" prix pour une vache de 9 ans ;
Alphonse Tiersonnier (Nièvre), pour unegénisse de 12 mois; Larzat, Elle (Cher),
pour une génisse de 13 mois; au même pour une génisse de 35 mois ; au même
pour une vache de 38 mois. Cette catégorie n'a pas été moins bien traitée ni moins
heureuse que la précédente, au contraire. Toutes les récompenses portées au cata-
logue ont été décernées et tous les exposants ont obtenu plusieurs prix. Le jury
a même accordé des rappels de médailles, des prix supplémentaires et des mentions
honorables ; il ne saurait être taxé par conséquent de parcimonie ni encore moins
de prodigalité, car ce qu'il a fait, surtout à propos des animaux durham, a reçu la
sanction de l'opinion publique.
Nous avons dit que l'exhibition des charolais était fort belle : elle l'était en effet,
mais celle des durham la surpassait de beaucoup. Les exposants de la deuxième
catégorie sont arrivés à des résultats véritablement prodigieux. C'est peut-être
pour la première fois qu'une collection d'aussi beaux durham figurait sur un
concours régional. Les anglais, qui sont si forts dans l'art de produire les animaux
de boucherie, nous en vient et nous achètent assez souvent les sujets que nous
donne la race anglaise. Cela se comprend, quand on obtient des produits aussi
parfaits que ceux de MM. Auclerc, Larzat et Massé. La réputation de ces habiles
éleveurs est faite depuis de longues années. Il y a longtemps, en effet, qu'on est
habitué à voir leur nom parmi les premiers lauréats des concours de cette région
et même des concours généraux de Paris.
Les brillants succès obtenus par les animaux venant des étables de MM. de
Massol, Salvat, Signoret- et Tiersonnier sont forts connus. A Nevers les durham de
ces exposants se distinguaient surtout par une grande finesse dans la tête et les
membres, ce qui indique une ossature très réduite, qualité d une grande impor-
tance pour les bêtes de boucherie.
LE BÉTAIL AU CONCOURS RÉGIONAL DE NEVERS.' 27
De tous les sujets de cette catégorie, ceux qui ont le plus captivé rattention
du visiteur ce sont : les 2 veaux de 8 et 13 mois, les 3 génisses de 10, 13 et 35
mois et les 3 vaches de 38, 39 et 46 mois de M. Larzat (Élie), le lauréat du prix
d'ensemble attribué au meilleur lot d'unimaux des 2% 3% 4'' et 5'^ catégories.
Cette récompense ne pouvait être mieux méritée que par le groupe de cet éleveur.
Les produits de M. Larzat sont certainement remarquables sous tous les rapports,
mais surtout par la rectitude de la ligne du dos et des reins, par la largeur de ces
deux parties, par une croupe large, longue et bien musclée et par une culotte des-
cendue et bien formée.
La troisième catégorie (croisements diirham), comptait 25 bêtes présentées
par 9 exposants, Relativement au petit nombre d'animaux et de producteurs figurant
dans cette catégorie, les récompenses étaient assez nombreuses. Aussi plusieurs
prix sont restés non décernés faute d'animaux présentés dans certaines sections.
Si parmi ces croisements qui étaient tous durham-charolais, il n'y avait pas la
quantité, il y avait du moins la qualité. Tous ces produits indiquent une grande
habileté de la part des éleveurs qui les ont obtenus. Les premiers prix ont été
attribués à MM. le comte de Jîourg (Nièvre), Bignon père et fils (Allier),
Larzat Pierre, (Alher). Ensuite viennent MM. Roy de l'Écluse (Alher) et Mary-
Lépine (Cher).
Dans la quatrième catégorie se trouvaient les races laitières françaises ou étran-
gères pures, à l'exclusion de toutes les races ayant une catégorie spéciale. Ici, nous
ne trouvons que 26 numéros et 10 exposants dont les principaux lauréats sont:
MM. Noblet (Loiret) pour un taureau normand, Mengin Emile (Loiret), pour un
taureau normand et une génisse cotentine, Brisset (Nièvre), pour une vache nor-
mande. Daas cette catégorie, nous aurions voulu trouver un plusgrand nombre de
concurrents, pour se disputer les prix du catalogue. ^
La cinquième catégorie était formée des races de travail, à l'exclusion des races
ayant une catégorie spéciale (Parthemise, Limousine, etc.). L'exhibition de ces
animaux est trop peu importante. Il ne figure au catalogue que 26 inscriptions au
nom de 6 exposants. Il est regrettable de ne pas trouver un nombre plus considé-
rable d'animaux de travail dans un concours d'une région où la plupart des travaux
agricoles sont faits par le bœuf. Citons comme premiers prix dans cette catégorie,
MM. Emile Thunel (Indre), Lamy-ViUière (Indre), Prégermain (Nièvre),
L'exposition de l'espèce ovine était fort intéressante • on trouvait dans chacune
de ses divisions les plus beaux spécimens que l'on puisse désirer. Dans cette
partie de la production animale, l'améHoration est poussée encore plus loin que
dans les races bovines. L'espèce ovine était divisée en cinq catégories, dont la
première comprenait la race iSouthdown, la deuxième la race Dishley, la troisième
la race de la Gharmoise, la quatrième la race mérinos et métis- mérinos, la
cinquième les races françaises diverses pures, berrichonnes, solognotes et autres
non dénommées et la sixième les croisements divers. Cette exhibition comptait
223 animaux présentés par seize exposants. Les deux premiers prix de la "race
Southdown ont été obtenus par M. le comte de Bouille (Nièvre) ; après lui vient
M. Colas (Nièvre). Pour la race Dislhey, c'est M. Signoret (Nièvre) qui remporte
les deux premiers prix; après, viennent en second rang, MM. Massé (Cher) et Tier-
sonnier (Nièvre). Les deux premières récompenses attribuées à la race de la
Gharmoise ont été accordées aux animaux de Mme la comtesse de Montalivet
(Cher). Dans la quatrième catégorie, c'est M. Charles Lefebvre (Loiret), qui
obtient le premier prix et le prix unique. Les principaux lauréats de la cinquième
catégorie sont MM. Emile Lefebvre (Loiret), Laine (Cher), Pierre Edm (Cher),
Jugand (Cher). Pour les croisements divers, MM. Chalmin (Allier) et Tabouet
(Allier) obtiennent les premiers prix. Le prix d'ensemble, attribué au meilleur lot
de l'espèce ovine, a été remporté par un troupeau de six bêtes southdown .appar-
tenant à M. le comte de Bouille.
Dans la race porcine nous trouvons 42 individus répartis en trois catégories. Au
nombre des premiers prix figurent les noms de MM. Emile Lefebvre (Loiret)
pour des craonnais; Emile Mengin (Loiret), pour un craonnais et un essex ;
Pierre Mengin (Loir-et-Cher), pour un lincolnshire ; Poisson (Cher), pour deux
yorkshire-berrichons. Le prix d'ensemble offert au lot d'animaux de l'espèce
porcine est obtenu par le lot de M. Emile Lefebvre.
Dans l'exposition des animaux de ba,çse-cour nous avons deux cent vingt-trois
inscriptions et toujours à peu près les mêmes exposants et les mêmes expoWntes.
Les plus beaux lots appartiennent à MM. Voitellier (Seine-et-Oise); Lagrange et
28 LE BÉTAIL AU CONCOURS RÉGIONAL DE NE VERS.
Barillot (Saône-et-Loire) ; Giat (Nièvre), Guillomet (Nièvre) ; à Mmes Mengin
(Loir-et-Cher) et Duverne (Nièvre) et à Mlle Boyenval (Loiret). L'objet d'art
attribué au plus bel ensemble de lots de basse-cour a été décerné aux animaux
de Mme Mengin. Franc,
Professeur départemental d'agriculture, à Bourges.
MACHINES A VAPEUR ET BATTEUSES DE M- FILOQUE-
Parmi les machines qui ont appelé l'attention, spécialement l'an
dernier au concours régional d'Evreux, et cette année à celui du Mans,
figurent celles construites, par M. Filoque, à Bourgtheroulde (Eure).
Cet habile mécanicien doit être compté désormais au nombre de ceux
Fig. 2. — Machine à vapeur locomobile de M. Filoque.
qui offrent à l'agriculture d'excellentes machines, surtout en ce qui
concerne les machines à vapeur et les batteuses.
La fig. 2, représente le type de la machine à vapeur locomobile
qui sort de ses ateliers. Le générateur et le dôme de vapeur sont faits
en tôle de première qualité ; le foyer est en tôle d'acier. Le mécanisme
est ajusté avec Je plus grand soin; les parties les plus susceptibles
d'usure sont fabriquées "en acier; elles peuvent être déplacées facile-
ment dans le cas où des réparations sont nécessaires. Le régulateur est
à force centrifuge; il reçoit son mouvement par l'engrenage placé sur
Tarbre moteur, et règle les écarts de vitesse en agissant sur une valve
placée sur la boîte ^de distribution. Les roues sont en fer et d'un
diamètre assez grand pour passer dans les chemins les plus étroits.
Le prix de cette machine, de la force de cinq chevaux et demi, est de
4,500 francs.
MACHINES A VAPEUR ET BATTEUSES DE M. FILOQUE.
29
La batteuse, destinée à être mue par cette locomobile à vapeur, a
figuré avec honneur aux essais faits au dernier concours régional du
Mans. Le batteur est en fer, avec battes isolées; le contrebatteur,
également tout en fer, est à jour. Le secouage est fait sur une double
table avec mouvements excentriques à rotules, afin d'atténuer
les secousses. La machine est d'ailleurs . très solidement cons-
truite; sa largeur est de I mètre
Elle peut donc battre?
les blés et les seigles les plus longs sans briser la paille.
Le grain, après avoir été vanné et criblé, tombe dans un élévateur
où les orges sont ébarbées; les balles sont séparées et tombent du côté
opposé aux grains. Elles sont également complètement séparées de la
Fig. 3. — Grande batteuse montée sur roues, construite par M. Filoque.
paille et sortent à l'extrémité opposée de la machine. Au concours
régional du Mans, dans les essais spéciaux de machines à battre, le
jury- a ajouté aux prix à décerner une mention très honorable qu'il a
attribuée à M. Filoque, quoique sa machine n'ait pas de double net-
toyage.
M. Filoque construit aussi des machines à battre les petites graines,
sur lesquelles nous aurons bientôt à revenir. G. Gaudot.
LA SOCIÉTÉ DE VITICULTURE DE LYON-
Mon cher directeur, je vous avais promis de vous tenir au courant
des résolutions prises par la Société de viticulture de Lyon, dans sa
séance du 12 juin, et je viens tenir ma parole, après un petit retard
que je vous expliquerai tout à l'heure.
Cette réunion a eu une importance exceptionnelle à cause du grand
nombre de membres qui y assistaient, des renseignements qui ont été
entendus, des questions qui ont été traitées et des décisions qui ont
été prises. Plus de soixante membres étaient présents, venus de tous
les points de la région viticoledu Lyonnais et du Beaujolais, et même
de l'Isère, de la Loire et de la Drôme. La séance était présidée par
30 LA SOCIÉTÉ DE VITICULTURE DE LYON.
M. Dfoche, l'infatigable donateur de prix agricoles, et c'est avec un
enthousiasme sympathique que tous les membres présents se sont
associés aux félicitations émues adressées par M. Bender à celui que
la Société d'encouragement au bien vient de récompenser à son tour
en lui décernant une couronne civique.
Comme ceci n'est point un procès-verbal, je néglige les détails. Une
question importante à l'ordre du jour était celle du dégrèvement des
vignes détruites par le phylloxéra. Je me suis permis de faire obser-
ver qu'une pétition de la région lyonnaise avait peu de chance d'abou-
tir, parce que bien d'autres régions avaient des droits au dégrèvement
aussi fondés et, qui plus est, antérieurs. Mais, sur une observation
fort juste de M. Pulliat que le principal mérite de la pétition serait
d'appeler une fois de plus l'attention du gouvernement sur la ruine de
la viticulture, il a été décidé, à l'unanimité, que cette pétition serait
adressée par la Société à tous les maires pour être ensuite remise à qui
de droit.
Pour justifier cette demande de dégrèvement, tous les viticulteurs
présents, parmi lesquels quelques-uns des plus grands propriétaires
du Beaujolais, ont fourni des renseignements tellement lamentables
que je ne pouvais m'empêcber de les accuser, m petto, d'un peu d'exa-
gération pessimiste. La moitié des 40,000 hectares qui forment le
vignoble lyonnais est complètement perdue, disait l'un; c'est une perte
de plus de 200 millions. Nous ne vendangerons pas cette année, disait
un autre, et un troisième ajoutait : nous ne vendangerons plus.
Que je vous dise tout de suite que, pour avoir le cœur net de mes
soupçons d'exagération, je suis allé, les jours suivants, faire une
tournée dans le Beaujolais, et j'ai pu constater qu'il n'y avait qu'une
chose d'exagérée, c'était le désastre lui-même. Eu septembre dernier,
lors du Congrès de Villefranche, j'avais déjà parcouru toute la région
entre cette ville , Villié - Morgon , Romanèche , Belleville , Saint-
Georges, etc., et quoique de tous côtés, on aperçut de petites taches
phylloxériques, je croyais qu'il faudrait bien des années avant que le
fléau terminât son œuvre. Les viticulteurs du pays le croyaient aussi,
et en gens intelligents et avisés, ils se préparaient à lutter pied à pied
contre le fléau en se faisant de petites pépinières de vignes améri-
caines qui leur auraient fourni chaque année de quoi remplacer les
victimes du phylloxéra. Mais hélas ! la gelée, venant en aide à l'in-
secte, a accompli en quelques mois l'œuvre de destruction de dix
années, et l'aspect de tous ces beaux coteaux du Beaujolais, naguère
encore si riches et si verdoyants, est aujourd'hui aussi lugubre qus
celui des vignes du bord du Rhône. J'ai vu des étendues de plusieurs
hectares où pas une souche, — et il y en a 14,000 par hectare, —
n'avait donné signe de vie; ailleurs, il y a eu un essai de végétation :
quelques rameaux rabougris, flétris ou déjà desséchés; par-ci, par-là,
quelques coins favorisés tranchent sur le fond morne par leur cou-
leur verte et saillante; ce sont, en général, des plaatiers; car, chose
étonnante et générale cette année, ce sont les vieilles vignes qui ont
été le plus gravement atteintes.
Quelle est la part respective du phylloxéra et de la gelée dans cette
destruction si rapide et si complète? La théorie répond que les sou-
ches atteintes et affaiblies par le fléau ont offert au gel une proie plus
facile et moins résistante. Mais la constatation pratique des résultats
LA. SOCIÉTÉ DE VITICULTURE DE LYON. 31
est compliquée par les questions fort complexes de l'exposition, de la
nature du sol, de l'Iiumidité plus ou moins grande des terres, et en
outre par la difficulté de reconnaître les traces du phylloxéra sur des
racines décomposées par la gelée. MM. Pulliat et Bender, mes aimables
et compétents com[)agnons de recherches, ont pu constater avec moi
cette ditficulté sur les racines gelées des nombreuses souches qu'ils
ont fait arracher et sur lesquelles nous avons eu grande peine à trou-
ver quelques preuves bien positives du séjour du phylloxéra, même
quand ces souclies étaient prises au centre d'une tache phylloxérique
bien connue. Quant au phylloxéra lui-même, il va sans dire que nous
ne le cherchions pas sur des racines incapables de le nourrir; car, de
deux choses l'une : ou bien il n'a pas été gelé et il est allé chercher
sa vie sur des racines vivantes, ou bien il a disparu parce qu il a été
gelé lui aussi. Je suis tout disposé, pour faire plaisir aux gens qui
tiennent à ce que le phylloxéra gèle, à leur accorder que quand la
ojelée détruit les racines de la vigne, elle détruit aussi les insectes qui
vivaient sur ces racines. Quant à ceux qui n'ont pas gelé, il est à
craindre qu'ils soient encore bien nombreux et que leurs ravages
soient d'autant plus graves que la surface des vignes sera plus res-
treinte et que toutes les vignes survivantes ont été plus ou moins
atteintes et atîaiblies par la gelée.
De tous colés on voit des gens qui arrachent des vignes, et s'il est
un spectacle tristement frappant, c'est celui de ces deux grands tas de
bois noir qui s'élèvent parfois côte à côte au bout d'une vigne : l'un,
des sarments dernièrement taillés qui attestent combien la vigne était
encore vigoureuse l'an passé; l'autre, des souches arrachées et des-
séchées.
Que ceux qui écrivent de si beaux articles sur les heureux effets
de l'hiver dernier et sur les magniû |ues espérances que donnent les
vignobles, aillent faire une tournée dans le Beaujolais!...
La résolution définitive, prise à la réunion du i2 juin, a été l'orga-
nisation d'un grand Congrès viticole qui se tiendra à Lyon du 12 au
15 septembre prochain, et auquel seront convoqués tous les viticul-
teurs de la France et de l'étranger.
Des conférences seront faites, dans une grande salle bien appro-
priée, sur tous les moyens propres à combattre le fléau, à commencer
par les insecticides qui, comme de juste, auront les premiers la parole.
La submersion, malgré ses succès incontestables et toujours croissants,
n'occupera pas une place aussi prépondérante que dans le Midi, car
la région lyonnaise et les autres régions du Centre et de l'Est sont à la
fois trop accidentées, trop élevées et peut-être trop froides pour que
la submersion y soit praticable. Oa peut en dire autant de la planta-
tion dans les sables. 11 n'y aura donc réellement en présence que les
insecticides et les vignes américaines, et ce n'est pas à moi de pré-
dire de quel côté restera la victoire.
Une exposition, à laquelle prer.dra probablement part une autre grande
Société honnaise, aura lieu sur la place Morand. La surface sera assez
grande pour que les insecticides puissent y apporter non seulement
leurs panacées et leurs outils ingénieux, mais même les vignes qu'ils
ont débarrassées à tout jamais du fléau.
11 y aura aussi une exposition de cépages et de raisins américains :
les uns francs de pied et offrant cependant des produits de tous les
32 LA SOCIÉTÉ DE VITICULTURE DE LYON.
goûts, de toutes les grosseurs et de toutes les couleurs, les autres sup-
portant par la greffe toutes nos variétés françaises et pouvant prouver
à l'œil et au palais que ces variétés greffées n'ont perdu aucune de
leurs qualités, au contraire.
Je puis vous annoncer d'avance qu'il y aura au Congrès de Lyon
un énorme concours de visiteurs de tous les pays, et qu'ils ne regret-
teront pas leur voyage, car les organisateurs, que je ne puis nommer,
parce que ce sont mes amis, et que je ne pourrais parler d'eux sans
blesser leur modestie, ont tout ce qu'il faut pour bien faire les
choses.... et ils les feront bien.
Si je n'avais pas le plaisir de vous voir d'ici là, je suis bien sûr de
vous rencontrer à cette occasion à Lyon, et je ne connais que vous au
monde qui soyez capable de convertir les Lyonnais au canal Damont.
C'est un tour de force que je vous conseille d'essayer.
Agréez, etc. A. Champin.
FABRICATION DES TUILES DANS LE MIDI
Au concours régional de Tulle, se trouvaient des produits céra-
miques destinés à 1 agriculture, qui étaient extrêmement remarquables.
Le jury a décerné une médaille d'argent à leur exposant, M. Borie-
ChanaL A l'exposition industrielle, celui-ci a reçu un diplôme
d'honneur. Ces produits consistaient en tuiles à crochets pour toitures,
en briques, en tuyaux de drainage, et en un grand nombre d'objets
d'ornementation pour les parcs, les jardins et les constructions rurales.
M. Joseph Chanal est arrivé à l'industrie par son mariage, de telle
sorte qu il a donné le nom de Borie Chanal à l'usine établie sur le
chemin de Périol à Toulouse. Son beau-père et lui ont introduit dans
le midi la fabrication mécanique des tuiles et des briques. Ils agissent
sur l'argile directement extraite du sol, et à laquelle il n'est fait aucun
mélange ni aucune addition d'eau. On lui fait subir seulement, à sa
sortie de terre, trois cylindrages : le premier, en la faisant passer
entre deux cylindres dentelés, le second entre deux cylindres lisses,
et le troisième de nouveau entre deux cylindres dentelés. La terre
ainsi assouplie en quelque sorte est réduite en rubans dont on forme
des galettes, en la comprimant dans l'instrument spécial qu'un
appelle la galetière. De là, elle passe dans des presses inventées par
M. Boulet, qui la réduisent en briques, en tuiles creuses ou en tuyaux.
Les objets moulés passent deux à trois jours dans un séchoir, pais
trois jours dans le four oii s'opère la cuisson, et on défourne après
48 heures de refroidissement.
Il y a cinq presses dans l'usine de Périol, et quatre grands fours
pouvant contenir chacun 80,000 pièces par fournée. Les produits
fabriqués se distinguent par cette qualité qu'il n'y a aucune trace de
carbonate de chaux dans la terre, et par suite de chaux libre dans la
poterie. D'où il résulte que l'humidité n'exerce aucune action fâcheuse.
En outre, à dimensions égales, la terre cuite a une très grande légè-
reté, chose importante pour l'emploi des tuiles. Actuellement, l'usine
de Périol fait chaque année 2,500,000 tuiles, 1 million de briques,
1 million de tuyaux de drainage, et mille objets divers d'ornemen-
tation. Ce sont les tuiles qui forment, comme on le voit, l'objet prin-
cipal de la fabrication. Elles se sont très répandues dans le Midi.
M. Chanal a imaginé des châssis en fonte qui portent avec eux leurs
FABRICATION DES TUILES DANS LE MIDI. 33
tuiles et leurs demi-tuiles, de telle sorte que le couvreur, sans l'aide
d'un zingueur, peut, avec la plus grande facilité, les placer partout oii
l'on veut avoir une fenêtre ou une lucarne.
La qualité des produits a fait qu'ils sont maintenant adoptés par
tous les grands établissements du Midi, par les arsenaux de Toulouse
et de Bayonne, par les Compagnies de chemins de fer, etc. M. Chanal
donne d'ailleurs son concours, comme ingénieur, à toutes les con-
structions rurales dans le Midi.
La fabrication directe avec des presses énergiques, appliquée à la
terre naturelle, est un service rendu, à cause de la bonne qualité des
matériaux de construction qu'on obtient ainsi. Naguère, dans les
constructions rurales, on se contentait des matériaux les plus défec-
tueux et on croyait faire quelque chose d'économique. On est heureu-
sement bien revenu de pareils préjugés. C'est en cela que les expositions,
dans les concours régionaux, du genre de celle faite par xM. Borie-
C-hanal, ont leur grande utilité. J.-A. Barral.
LES VERS A SOIE DANS LA DROME
Le Buis, le 28 juin 1880.
Voilà la récolte des vers à soie terminée, et elle n'a pas été belle,
tant s'en faut. En général, les vers à soie ont suivi une assez bonne
marche jusqu'à la quatrième mue; à partir de ce jour, laflacherie'
s'est emparée de beaucoup de chambrées, et dans l'espace d'un ou
ou de deux jours, tout espoir était perdu, il fallait tout jeter. Cepen-
dant, il y a eu du mal, il y a eu aussi de belles réussites : les Bionnes,
race assez fragile, ont très bien fait cette année-ci dans nos environs. En
somme, je crois que nous ne devons compter au plus qu'une demi-
récolte. Le manque de cocons n'a pas fait que les prix fussent bien
élevés, car on a payé de h fr. à 4 fr. 40 le kilog.; aussi beaucoup
d'éducateurs sont découragés car c'est une récolte qui demande beau-
coup de soins et de peines.
Les premiers foins sont tous rentrés, on coupe les luzernes pour la
seconde fois. Les luzernes ont été belles et abondantes, il n'en a pas
été de même des prairies que le froid avait abîmées; elles ont poussé
bien tard, et le rendement a été d'un tiers inférieur à celui de l'année
dernière. Ravocx.
SITUATION AGRICOLE DANS LE PUY-DE-DOx¥E
La situation agricole du département n'est pas brillante. Beaucoup de blés
d'hiver ont été retournés au printemps et la plupart de ceux conservés sont telle-
ment envahis par les mauvaises herÉes qu'une récolte même médiocre n'est pas
possible dans les semis faits à la volée; fort heureusement que l'étendue de ceux
en Jign e est de plus en plus considérable et que dans ces parties, grâce aux binages
et sarclages, dont sont prodigues nos cultivateurs, on a de meilleures espérances.
Les céréales de mars, tout en ayant levé un peu irrégulièrement, sont générale-
ment assez belles.
Les foins de prairies naturelles et de luzerne ne sont pas abondants, les trèfles et
sainfoins donnent une bonne coupe, mais les pluies persistantes nuisent à la
fenaison.
Quanta la vigne, elle a été plus maltraitée par les froids d'hiver qu'on ne s'y
attendait. Celles établies dans les bas-fonds sont généralement perdues et le nombre
d'hectares que l'on a déjà arrachés est considérable ; les vignes à mi-côte et des
plateaux ont peu ou point de récolte, mais elles végètent; quant à celles des
coteaux élevés, si la chaleur vient bientôt faire place aux pluies, elles pourront
donner une réaalte moyenne.
34 SITUATION AGRICOLE DANS LE PUY-DE-DOME.
Quoi qu'il arrive, le département du Puy-de-Dôme qui occupait en 1879 le
seplième rang sous le rapport de la production, aura en 1880 une récolte infinimeat
moindre.
Les vins de la dernière récoUe se sont particulièrement bonifiés et j'ai pu con-
stater chez moi et ailleurs, que ceux emmagasinés dans les cuvages où les grands
froids se sont fait plus sentir, sont meilleurs que les vins mis en cave.
Il reste encnre à vendre une bonne moitié des vins de 187 9, mais si le débit qui
s'est manifesté depuis une quinzaine de jours continue, le stock sera épuisé avant
trois mois, Les prix sont assez variables, nO à 50 fr. l'hectolitre, et les prix élevés
sont obtenus surtout dans l'arrondissement d'Issoire, où la qualité est supérieure,
— le degré alcoolique varie de b à 8, j'ai eu une de mes cuvées qui a atteint 9. —
Les vius vieux, excellents d'ailleurs, sont à des pri< élevés, de 60 à 75 fr. l'hecto-
litre ; mais ces prix ne sont pas commerciaux car les quantités très restreintes que
l'on trouve sont écoulées directement à la clientèle bourgeoise. G rard,
Ex-élève de Grignon.
SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRICULTURE,
Séance du 30 juin 1880. — Présidence de 31. C/icvreui.
M. Alfred Durand-Claye écrit à la Société pour poser sa canditature
à la place vacante dans la Section de mécanique et des irrigations par
la mot^t de M. Nadaalt de Buffoa. Renvoi à la Section,
M. Boucher envoie une note qu'il a publiée dans YEconomiste fran-
çais sur les droits d'enregistrement en matière de ventes d'immeubles.
M. de Bouille envoie les réponses faites par la Société d'agriculture
de la Nièvre à l'enquête ouverte devant la Société sur les dégâts causés
aux produits agi^icoles par les froids du dernier hiver. MM. Le Gor-
beiller;, Borely la Sapie, Bazin, Roche Beaucoudry, d'André, Laurens,
Boisselot, de Monicault, de Lalyman, de Marne, Cesbron Lavau,
Causse, G. Cantoni, transmettent aussi leurs réponses. Renvoi à la
Commission spéciale.
M. JMarion adresse une note sur la maladie des pommes de terre el
les moyens d'y remédier.
M. Cornevin, professeur à l'Ecole vétérinaire de Lyon, envoie un
Mémoire sur la question du prix, de la viande, dans lequel il insiste
principalement sur les conditions de l'élevage en Amérique.
M. Denisy envoie un Mémoire manuscrit intitulé '.Eléments d agri-
culture et cf horticulture pratiques à l'usar/e des écoles primaires rurales.
Renvoi à l'examen de la Section d'économie, de statistique et de légis-
lation agricoles.
M. de Quatrefages présente une note de M. x4ngliviel de la Bourelle
sur les effets du froid du dernier hiver à Vallerangue (Gard) ; il insiste
ensuite sur les mauvaises conditions dans lesquelles s'est faite dans
les Cévennes l'éducation des vers à soie cette année. MM. Ghaiin, de
Tillancourt et Bouchardat ajoptent quelques observations sur les con-
ditions dans lesquelles se fait la végétation des diverses récoltes, no-
taminent de la vigne.
La Société se forme ensuite en comité secret. Henry Sagnier.
REYUE GOMilERGIÂLE ET PRIX-COURANT DES DENRÉES AGRICOLES
(3 JUILLET 1880).
l. — Situation générale.
Toujours le plus grand calme dans les transactions sur les denrées agricoles,
la plupart des marchés sont presque déserts. Pour le plus grand nombre des pro-
duits, les afiaires sont à peu près nulles.
II — Les grains et les farines.
Les tableaux suivants résu-nent les cours des céréales, par quintal métrique,
sur les pncipaux marchés de la France et de l'étranger.
REVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT (3 JUILLET 1880^.
35
V RKOION.— NORD-OUEST,
Blé. Seigle. Orge.
fr. fr. fr.
Calvados. Gondé 31.00 ik.iO 20.75
— Lisieux 31.50 » o
Côtes-d.-\ord LanniOQ. 29 50 23 50 23.00
— Tré,'uier 'îO-50 2b. 50 21 bo
Finistère. Morlaix 29.50 24.25 23 50
— Qiiimper 30.00 24.50 22 50
Ule-et-Vilaine. Rennes. 31.50 » 20 25
— St M lo 31.00 » 21.25
4fonc/ie. Avranches.... 31.00 » 2't.oo
— Pontorson 31.75 » 21.50
— Villedieu 30.00 23.00 23. 2i
Afaj/enne. Laval 30.50 » 19.75
— Château Gontier.. 29. iiO » •
Morbihan. Hennebont.. 28.50 23.00 »•
Orne. Séez 30.00 20.50 22.50
— Vimoutiers 31.50 24.00 23.50
SaW/ie. i.p Mans 29. bO 24.50 20.50
• Sablé 30.25 » 20.75
Prix moyens 30.36 25.72 22.10
V RÉGION. — NORD
Aiine. Soissons 30.00 22.10 20.75
— St-Quentin 30.00 22.00 22. oc
— Villers-Cotterets.. 28.50 » »
£ure. Evreux 30.00 18.25 21.90
— C-nClies 30.50 » 22.25
— Pacy 30.25 19.00 22.50
Eure-ei-Loir. Chartres. 31.50 23.25 2u.oO
— Auneau 30.25 21.00 22 2b
— Nogenl-le-Rotrou. 33. OJ » 22.10
/Vorrf. Cambrai 29.25 18.50 19.60
— Douai 29.00 19.25 20.00
— Valenciennes 30.50 22.50 »
Oise. Beauvais 28.50 20.50 21.75
— Compiègne 3o.0o 19.25 »
— Senlts 28.00 21.00
Pas-de-Calais. Plttas... 30.00 20.25 2i.25
— Sainl-Omer 30.50 21. uo 22 oo
Seine. Plis 32.25 23 25 2200
S.-et-Marne Dammartin 23.00 20.50 19.50
— Melun 31.45 22.25 »
— Provins 31.25 22.75 22.7»
S.-et-Oixe. Dourdan 31.50 » »
— Pontoise 31.25 22.50 21.00
— Versailles 29.50 » »
Seine-Inférieure. Rouen 28.65 20.25 23.50
— Dieppe 30.75 20.25 »
— FéCirap 30.50 19.00 »
Somme. Abbeville 28.75 » 19-50
— Peronne 29.00 ■ '9 50
— Roye 29 90 30.75 20. uO
Prix moyens 30.01 20.73 21.25
3» RÉûloN. — x\ORD-EST.
i4rd«nne«. Charleville ... 31.00 > »
/iube. Bar-Sur-Aube... 30.25 » 20.00
Méry-iur-Seine... 30.25 22 25 20.50
— Troyes 30.50 23.00 21.00
i/arne. Chàions 31.10 22.75 22.25
— Séza ne, 30 25 21.50 2l.50
— Reins 30.00 23.50 22.25
— St-Ménéhould 30.75 » 21.50
Hte-.Marne. Bourbonne. 33.00 » »
'Ueurt.-et-Moselle ^aacy 30. 'iQ 21.00 >
— Lunéville 31.25 21.25 iO.SO
— Toul 30,00 » 20.00
âfeu«e. Bar-le-Duc 30.75 » •
— Verdun 30.50 23.00 20.00
Haute-Saône Gny 31.25 » •
— Vesoul 32.30 20.95 19.05
Vosges. Epiital 32.23 23.00 »
— Raon-l'Etape. .^.. 32.00 23.25 »
Prix moyens 30.99 22.31 20 90
4« RÉGION. — OUEST.
Charente. Angoulême.. 32.80 21.25 23.25
— Ruffec 33.00 24.00 24.50
Charente-lnfér. Marins. 30 50 » »
Deux-Sevres. Thenezat 32.75 » 23.00
Indre-ei-l.oire. Tours.. 31.50 22.00 23.00
— Blere 30.50 20.00 22. T5
— Ciiàieau-Reaault. 30.00 21.00 25.00
Loire-M/. Nantes 31.00 21.75 22.50
M.-et-Loire.Sa.\im\iT... 30 75 ■> 24.00
Vendée Fontenay. 29.00 » 20. 50
— Luçon.., 30.00 » 20.00
Vienne. Chàtellerault 31.00 23.00 24.50
— Loudun 31.50 » 23.50
HawJs-P'tenne. Limoges 31.50 23-00 22 00
Prix moyens 31. lO 22,00 22T8T
fr.
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I 5' RÉGION. — CE.\'I'RB.
I Blé. Seigle. Orge. Aîoina.
fr. fr fr, fr.
Allier, \roulins 32.75 23.50 » 22 50
— iMoiilluçon 32.25 teiO » 23.25
— Gannal 33.50 » 23.50 22 50
Cher. Boiirtes 31.25 21.50 2l.50 21.(0
— Graçay 32.25 24.20 94 25 22.00
— Vierzon 33.00 24. oO 24.50 23.50
Creuse. Aubusson 31.50 22.50 » 22 oO
Indre. Chateauroux.. . . 34.00 24 50 22.25 22.25
— Issoiidiin 31 75 23.75 24.50 22.25
— Vanlençay 32.50 24.50 21.25 23 00
Loiret. Orléans 31.50 23.00 21.50 22.00
— Montargis 31.00 23 50 22.50 20.50
— Patay 33.25 » 20.50 23 50
Lotr-e<-C'/ver. Blois 31.50 22.50 21.50 23 00
— Montoire 30.00 20.50 23.50 22 50
Nièvre. Nevers 31.25 » 24.25 23 00
— La Charité 32.00 » 22 50 21.25
Yonne. Brienon.- 32 00 20.75 20.00 23. 75
— St-Fiorentin 32.00 » 20.50 24.00
— Sens 31.25 21.50 2i(.25 22.00
Prix moyens 32 os' 23.11 22.28 22.49
6« RÉGION. — EST.
Ain. Bourg 33.50 21.50 » 21.00
— Pont-de-Vaux. ... 32 75 22.00 » 21.50
Côie-d'Or Dijon 3100 » 21.50 1975
— Semur 30.00 d » 19.75
Doubs. Besançon 32 25 » » 21.50
Isère. Grenoble 33.25 24.25 • 22.25
— Bourgoin 32.00 • » 20.75
/ura. Lons-le-Saunier.. 33.50 22.00 22.00 2i.50
Loire. Roanne 32 25 24.00 23.25 23.50
P.-de-£>ômeClermont F. 34.00 25.50 22.00 .»
Rhône. Lyoa 32,75 22.75 » 20.25
Saône-el- Loire. Autan.. 31.50 22.50 » 20.50
— Cliâlon 32 75 » » 21 50
Satjoie. Chambéry 35.00 24 50 » 22.00
Hte-Savoie. Aaaecy 32.75 » » 20 25
Prix moyens 32.62 23.22 22.19 21. i4
7" RÉGION, — SUD-OUEST,
Ariège. Pamiers 33.00 24.75 » 24.00
/)or(iogne. Bergerac — J4.25 26.00 » 21.75
^(6-GoroHne. Toulouse. 33.00 25.75 20.75 23.75
— Viliefranche-Laur. 33.25 27.30 22.50 23.50
Gers. Condom 32.75 » » 26.00
— Eauze 32.75 . .25 00
— Mirande 34.25 » • 24.75
Gironde. Bordeaux.... 32.50 23.00 » 23.50
— Bazas 33.00 24.70 » 23.00
Landes. Dax 33 00 24.25 » »
Lot-et-Garonne. Agen.. 32.00 25.20 » 25.00
— Nérac 33.50 » = 24.75
fî. -Pî/rénées. Bayoone.. 34.00 25.70 24.00 23 25
Htes-Pyrénèes. Tarbes. 33.00 2d.00 » 23.50
Prix moyens 33.16 25.26 22.41 24.02
8" RÉGION. — SUD.
.Tlude. Castelnaudary.. 33.50 » 21.00 25.00
Aveyron. Villefranche. 32. £0 » 21.30 22.00
Cantal. Mauriac 36.00 31.95 » 25.00
Cnrreze. Luberzac 33. 00 24.25 23.50 23.00
Hérault. Cette 29.00 » » »
Z.o«. Figeac 32.75 23-00 22.50 22.25
Lozère. .Uende 32.45 28.85 24.75 23.50
— Marvejols 31.65 23.60 » e
— Florac 31.25 20 80 22.15 24.40
Pi/r(;rtée.s-Or. Perpignan 31.90 22.60 23.00 26.65
Tcrn. Albi 32.75 22.00 » »
Tarn^et-Gar. Montauban 33.00 19.25 21.50 24 50
Prix moyens 32.46 24.60 22.49 24 03
9« RÉGION. — SUD-EST.
Basses-^ipe«Manosque 31.25 » ■ 22.00
/^au2e.s-.4ipe.<i. Briançon 31.20 20. co 20.50 21. 00
Alpes-Maritimes Càaaes 32. .SO 22 25 21.50 22 00
^rrfec/ie. Privas 31.70 22.30 20.60 21.80
S.-da-«;iône. Arles 32.25 » 20.50 21.50
Drôine Montéliinar 31.50 22.50 » 22.00
Gard. Alais 32.50 » » 21.50
//au<e-Z-oire. Le Puy... 32.00 26.25 22.25 19.50
l^ir Dcaijuignaii 32.70 » » »
Vaucliise. Carpentras... 33.00 » » »
Prix moyens 32.06 22.66 21.07 21.41
Moy. de toute la France 31.98 23.07 22 94 22 82
— de U semaine precéd. 31.94 23 13 22.01 22.77
Sur la se.Tiaine ^ Hausse. 0.04 » » 0.05
précédente.. (Baisse. » 0.06 0.07 »
36 REVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT.
Ble. Seigle. Orge. Avoine,
fr. fr. fr. fr.
Angleterre. Londres 31.50 « 20.75 21.00
Belgique. Anvers 28.00 25 75 23.00 23.50
— Bruxelles 30.35 25.00 » 22.00
— Liège 31.50 25.50 23.00 21.75
— Namur 30.50 23.50 23.00 21.00
Pays-Bas. Amsterdam 23. 8i) 24.25
Luxembourg. Luxembourg 30.75 21.00 24.25 2200
Alsace-Lorraine. Strasbourg 33.00 25.50 24.25 20.50
— Mulhouse 32.00 » . 21.25
_ Metz 30. .50 25.00 20.50 22.25
Allemagne. Berlin "26.75 24.85 • »
— Cologne 30 85 26.85
— Hambourg 26.50 22.10
Suisse. Genève 33 fO « • 23.00
— Berne 32.50 • - 22.75
Italie. Milan 33.'.() 24.00 » 21.50
Autriche. Vienne 26.75 22. CO 19.00 16 25
Espagne Bur^os 33.25 » s »
Russie. Saint-Pétersbourg.,. 27.00 20.25 » 15.00
Etats-Unis. New-York 24.85 » » »
l^lés. — On commence à se livrer à un grand nombre d'évaluations sur les
résultats de la prochaine récolte et sur l'iniluence que son caractère exercera sur
le commerce. Dans un certain nombre de régions, notamment dans l'Ouest, on
compte actuellement sur un bon produit; de même dans le Sud-Ouest; on est
moins affirmatif dans le Sud-Est où la moisson commence. Au Nord, les appré-
ciations seraient encore bien prématurées. Etant donnée cette situation et vu
l'absence de stocks, aussi bien dans la culture que dans le commerce, il n'est pas
étonnant que les marchés accusent beaucoup de calme et que les cours varient peu.
— A la halle de Paris, le mercredi 30 juin, il n'y a eu que des ventes presque
nulles sur les blés indigènes; les cours sont demeurés fixés, con.'me la semaine
dernière, de 31 fr. à 33 fr. 50 par iOO kilog., suivant les quahtés, ou en moyenne
3i fr. 25. — Sur le marché des blés à livrer, on paie par 100 kilog. : juin,
30 fr. 50; juillet, 28 fr. ^0; juillet et août, 28 Ir. à 28 fr. 25; quatre derniers
mois, 26 fr. — Au Havre, peu d'affaires sur les blés d'Amérique sans grands
changements dans les prix précédemment pratiqués. — A Marseille, les ventes
ont été assez importantes; quoique les arrivages aient été de 2*:5,000 hectolitres
environ, le stocK continue à diminuer dans les docks, où il n'est plus que de
24,000 quintaux. On paye par 100 kilog. suivant les sortes et les provenances :
Berdianska, 32 fr. ; Marianopoli, 30 fr. 50; Danube, 27 fr. 25 à 28fr. 25;
Azoff durs, 29 à 29 fr. 50; Irka, 28 fr. 50 à 29 ir. 50. Les blés des Indes valent
28 à 29 fr. par 100 kilog. suivant la qualité. — A Londres, les arrivages étran-
gers n'ont pas atteint, durant la semaine dernière, 83,'i00 quintaux métriques. Les
transactions accusent beaucoup de calme. Au dernier jour, on payait par
IOO kilog. 30 fr. à 33 fr,, suivant les qualités et les provenances,
Farijies. — Peu d'affaires sur les diverses sortes, avec des cours faibles. C'est
surtout sur les farines de consommation que les prix se maintiennent avec peine.
On les payait à la halle de Paris, le mercredi 30 juin : marque D, 67 Ir. ;
marques de choix, 65 à 67 fr,; bonnes marques, 65 à 66 fr.; sortes ordinaires,
64 à 65 fr.; le tout par sac de 159 kilog., toile à rendre, ou 157 kilog. net, ce qui
correspond aux prix extrêmes de 40 fr. 75 à 42 fr. 75 par 100 kilog,, ou, en moyenne,
41 fr. 70, avec une baisse de 0 fr. 95 cent, sur le prix moyen du mercredi précé-
dent — En ce qui concerne les farines de spéculation, on cotait à Paris le
mercredi 30 juin au soir : : farines huit-marques, courant du m^ois, 65 fr. 50;
juillet, 62 fr. 50; juillet et août, 61 fr. 25 à 61 fr. 50; quatre 'derniers mois,
65 fr, 75; farines supérieures, courant du mois, 66 fr.; juillet, 63 fr.; juillet et
août, G2 f r ; le tout par sac de 159 kilog., toile perdue, ou 157 kilog, net. —
La cote officielle en disponible a été établie comme il suit, pour chacun des
jours de la semaine, par sac de 157 kilog, net :
Ditfcs (juin) 24 25 26 28 29 30
Farines biiit-mirques 65.7.i 65.00 66,75 65.50 65.50 66.00
— sapécieai-os 66.00 66.25 66.00 66.00 66.15 66.00
Le prix moyen a été, pour les farines huit-marques, de 65 fr. 75, et pour les
supérieures de 66 fr.; ce qui correspond au cours de 41 fr. 85 et de 42 fr. 05 par
IOO kilog. C'est une baisse de 50 centimes pour les unes et les autres depuis
DES DENRÉES AGRICOLES (3 JUILLET 1880j. 37
huit jours. — Les farines deuxièmes sont cotées aux prix de la semaine précédente,
de 34 à 39 fr. par 100 kilog.; les gruaux de 54 à 60 fr.
Seigles. — Les cours sont plus fermes que la semaine précédente. Quelques
ventes ont été faites de 23 à 23 fr. 50 pari 00 kilog. Pour les farines, les prix
s'établissent de 30 à 32 fr.
Orges. — Il n'y a que très peu d'aft'aires sur ce grain. Les cours sont à peu
près nominaux de 20 à 24 fr. par 100 kilog., suivant les qualités. Les escour-
geons sont payés de 22 à 22 fr. 50. — A Londres, les affaires sont aussi très
restreintes. Les cours sont ceux delà semaine dernière, de 19 fr. 80 à 22 fr. par
100 kilog.
j^fall — Mêmes prix que précédemment à Paris. Les malts d'orge valent de
35 à 40 fr.; ceux d'escourgeon. 34 à 36 fr. par 100 kilog.
Avoines. — Les offres sont très restreintes, et les prix présentent peu de varia-
tions. On paie à la halle de Paris de 23 à 24 fr. 50 par iOO kilog., suivant poids,
couleur et qualité. — A Londres, on a importé cette semaine 95,000 quintaux
d'avoines; les cours sont en hausse. On paye de 21 à 23 fr. 50 par 100 kilog.,
suivant les sortes.
Sarrasin. — Mêmes prix que précédemment, à Paris, avec peu d'affaires. On
paye de 25 à 26 fr. par KO kilog.
Maïs. — Peii de variations dans les anciens cours. On paye au Havre, 15 à
16 fr. par 100 kilog. pour les maïs d'Amérique.
Issues. — Les cours sont très fermes pour les diverses sortes. On cote à la
halle de Paris par 100 kilog. : gros son seul, 17 fr. 50 à 18 fr.; son trois cases,
17 à 17 fr. 50; sons fins, 16 à 16 fr. 50; recoupettes, 16 à 16 fr. 50; remou-
lages bis, 16 à 18 fr. ; remoulages blancs, 19 à 22 fr.
III. — Vins, spirilueux, vinaigres, cidres.
Vins. — Nous n'avons rien aujourd'hui à ajouter à nos précédents bulletins :
c'est toujours le même temps, c'est toujours la même situation aussi bien au vi-
gnoble que dans les chais du commerce. Il semblerait seulement que les cours
tendent à fléchir, comme on peut du reste le constater, en comparant \e prix des
vins à Bercy et à l'Entrepôt que nous donnons ci-dessous avec les prix que nous
avons donné dans notre bulletin du 29 mai dernier- — Vins rouges : Auvergne, la
pièce, 115 fr. — Basse-Bourgogne, le muid de 272 litres, vieux, 150 à 160 fr.;
nouveau, 115 à 120 fr. — Bayonne, l'hectoHtre, nouveau, 55 fr. — Bordeaux,
la pièce, vieux, 150 à 165 fr. — Gahors, la pièce, nouveau, 125 à 135 fr. —
Charente, la pièce, nouveau, 100 à 105 fr. — Cher, la pièce, vieux, 150 fr.; nou-
veau, 110 fr. — Cbinon, la pièce, vieux, 150 fr., nouveau 110 fr. — Fitou, l'hect.,
vieux, 55 fr ; nouveau, 55 fr. — Gaillac, la pièce, nouveau, 120 fr. — Maçon-
nais, 'Beaujolais, la pièce, vieux, 150 à 200 fr.; nouveau, 115 à 120 fr. — Mon-
tagne, l'hect., vieux, 45 fr.; nouveau, 45 fr, — Narbonne, l'hectolitre, vieux,
55 fr.; nouveau, 55 fr. — Orléans, la pièce, nouveau, 105 fr. — Roussillon, l'hect.,
vieux, 60 à 65 fr.; nouveau, 55 fr. — Sancerre, la pièce, nouveau, 116 fr. —
Selles-sur Cher, la pièce, nouveau, 12a fr. — Touraine, la pièce, nouveau,
100 fr. — Espagne, l'hectolitre, 55 fr. — Italie, l'hect., 44 à 55 fr, — Portugal,
l'hect., 58 fr. — Sicile, l'hectolitre, 50 à 55 fr, — Vins blancs: — Anjou, la
pièce, vieux, 125 à 140 fr.; nouveau, 105 fr, — Basse-Bourgogne, le muid, vieux,
160 fr,; nouveau, 105 à 120 fr. — Bayonne, rhectoHtre, vieux, 45 fr,; nouveau,
42 fr. — Bergerac, Sainte-Foy, la pièce, vieux, 140 à 160 fr. — Chablis, le
muid, vieux, 170 à 19 J fr,; nouveau, 160 fr.' — Entre-deux-Mers, la pièce, vieux,
110 fr.; nouveau, 95 fr, — Pouilly-Fuissé, la pièce, vieux, 180 fr. — Picquepoul,
l'hectolitre, vieux, 55 fr. — Poitou, l'hectolitre, nouveau, 33 à 35 fr. — ^Pouilly-
Sancerre, la pièce, vieux, 168 fr. — Sologne, la pièce, vieux, 110 à 115 fr.; nou-
veau, 95 à 100 fr. — Vouvray, la pièce, vieux, 130 à 175 fr.; nouveau, 125 fr.
— Hongrie, l'hect. 43 à 55 fr.
Spiritueux. — Les cours se maintiennent sans grands changements ; ils oscil-
lent entre 65 et 66 fr. Le fait le plus remarquable à noter, c'est l'augmentation
du stock parisien qui est actuellement de 8,70'^ pipes contre 9,850 pipes en 1879,
à la même date. On s'attend prochainement à voir ces deux chiffres s'équilibrer.
Il est certain, si le temps se mettait au beau et devenait propice à la vigne, à la
betterave et à la végétation en général, que le chiffre actuel du stock, pourrait bien
déterminer un mouvement en baisse, c'est au moins un bruit qui court ; mal-
heureusement, le ciel ne semble pas être pour nous cette année. Les marchés du
Nord nous arrivent avec des cours en baisse : le disponible à Lille est coté 62 fr.
38 RE\^[JE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT
et le ?/6 de grain 63 fr. Le Midi a toujours des cours inamovibles, entre 106 et
110 fr. — A Paris, on cote H/6 betterave, r» qualité, 90 degrés disponible 64 fr.
50 à 64 fr, 75, juillet-août 64 fr., quatre derniers 59 fr. 50.
Vinaigres. — A Orléans, les cours de l'arlicle vinaigre sont très bien tenus,
mais sans changement — A Dijon (Gôte-d'Or), on cote : vinaigre, I" choix, l'hec-
tolitre nu, pris en gare, 18 fr.
Cidres. — Rien de nouveau sur cet article dont les cours sont toujours très
élevés.
IV. — Sucres. — Mclafises. — Fécules. — Glucoses. — Amidons.— Houblons.
Sucres. — Depuis notre dernier bulletin nous constatons un peu de hausse sur
les sucres bruts, tandis que les blancs demeurent un peu au-dessous du dernier
cours que nous avons donné. On acoté à Paris, par 100 kilog., pour sucres bruts
88° degrés saccharimétri jues : n'^^ 7 à 9, 66 fr. 23 ; n"* 10 à 13, 60 Ir. blanc
type, n» 3, 68 fr. 2o à 68 fr. 50. A Valenciennes, moins 7, 75 fr ; n"* 7 à 9,
6a fr. 25; n»» 10 à 13, 58 fr. 50; n»^ 13 et 14, 58 fr. A Lille, n»^ 10 à 13,
58 fr. 50 A Péronne, le marché est calme, sans affaires. On demandait les roux
n"* 7 à 9, 65 fr. 25 ; et les blancs n" 3, à 67 fr. 50. Le stock réel de l'entrepôt de
Paris était, au 28 juin, de 337,447 sacs, avec une diminution de 8,541 sacs
depuis huit jours. Les raffinés bonnes sortes valent 145 fr. 50; les belles sortes,
146 fr. 50 ; les cours pour l'exportation sont de 69 fr. 25 à 72 fr. selon les mar-
ques. A Londres, quoique les affaires soient de peu d'importance, la fermeté des
prix persiste.
MrUixses. — La cote de Paris n'a pas varié depuis la semaine dernière. Mélasse
de fabrique 14 fr., mélasse raffinée 15 fr.
Fécules. — Les cours n'ont pas varié à Paris. On cote de 46 fr. 50 à 47 fr. ; la
fécule l""'' de l'Oise et du rayon de Paris. A Gompiègne, la lécule type de _la
chait.bre syndicale, a fait 46 fr.
Glucoses. — La rareté de la marchandise maintient leur fermeté aux cours qui
sont ceux de la semaine dernière : siro,j de froment, 65 à 66 fr.; sirop massé,
55 à 56 tr.; sirop liquide, (33 degrés), (i5 à 46 fr.; sirops de maïs massés, 45 à
46 fr., le tout par 100 kilog.
Aonidons. — Transactions restreintes. Les cours se maintiennent à cause de la
rareté de la marchandise. Voici les prix de Paris : amidons de Paris en paquets,
pur froment, 78 à 80 fr.; amidons de province 64 à 66 fr.; amidons d'Alsace en
vrague, 64 à 66 fr. ; amidons de maïs, î-0 à 52 fr ; fleur de riz, 44 à 46 fr. ; amidon
riz de Louvain, 78 à 80 fr. par 100 kilog.
V. — Huiles et graines oléagineuses.
Huiles. — Le marché est calme. On a coté à Paris : colza tous fûts, 77 fr. 50 >
en tonnes, 79 fr. 5U; épurée en tonnes, 87 Ir, 50; lin disponible en fûts, 72 fr-
entonnes, 74 fr. par lOu kilog. A Arras, l'huile d'oeillette en fûts vaut 180 fr, le^
91 kilog. ; l'huile de pavot à bouche (par 100 kilog.), 94 fr. ; de colza pays, 78 fr. ;
idem étranger, 77 fr. 50; de lin étranger, 72 fr ; de cameHne* 76 fr. A Rouen on
cote: colza, 7/ fr. 50; bn, 72 fr.; arachides comestible, 110 à 120 fr.; arachides
fabrique, 80 à 86 fr.; sésame 100 à UO fr.; sésame, 80 à 85 fr.; de ravison,
74 fr.; d'oUves 127 fr.
Graines oléagineuses. — A Arras, on a coté (l'hectolitre) : œillette vieille, 44 à
47 fr. 25; colza vieux, 23 fr. 50 à 25 fr. A Rouen (par 100 kilog.), graine decolza,
34 fr. A Gaen, colza, 23 fr. l'hectolitre. A Marseille, arachides coroiuandel décor-
tiquées, 31 fr. 50; sésame Sénégal, 45 fr. ; bn de Danube, 65 tr. les 100 kilog.
VI. — Tourteaux, noirs, engrais.
Tourteaux. — On a coté à Marseille les tourteaux comme suit par 100 kilog. :
bn pur, 20 fr. 75; arachide décortiquée, 14 fr.; idem bruns pour engrais,
12 Ir. 75; idem en coque, 10 fr. 75; ricins, 9 fr. 75; sésame blanc du Levant,
15 fr. 25; idem de l'Jnde, 13 fr. 75; œillette exotique, 12 fr. 7f); colza du
Danube, 12 fr. 25; coton d'Egypte, 10 fr. '^5; idem repassé, 8 fr. ; ravison,
12 fr. 25. A Arras, œillette Lide, 20 fr ; colza, 16 fr.; lin, 29 fr.; pavot étran-
ger 13 fr. 2"' ; lin idem, 23 fr. A Rouen : colza indigène, 14 fr. ; arachides en coques,
10 fr. 50; idem décoitiquées, 16 tr ; sésame, 15 fr. ; Pulguères, 10 fr. ; lin, 2* fr. ;
ravison, 1 1 fr. A Gaen, colza, 15 fr.
Noirs. — Goarssans changement à Valenciennes : noir neuf en grains, 32 fr. ;
vieux en grains, 8 à 9 fr.; lavage, 2 à 4 fr.
DES DENRÉES AGRICOLES (3 JUILLET 1880). 39
VIL — Matières résineuses et colorantes, textiles.
MatiPres résineuses. — A Dax, l'essence de térébenthine vaut 52 fr. les 100 kilog.
— A Bordeaux, les fabricants de produits résineux n'otfrent plus que le prix de
37 fr. £0 pour barrique de gomme de 250 litres et quelques-uns même ne sont
preneurs qu'à 35 r.
Laines. — Environ 21, 000 toisons et 5,000 kilog. d'agneaux ont été apportées à la
derniè'e foire aux laines à Chartres. Nombreux acheteurs, mais peu disposés à
payer les prix payés jusqu'à ce jour. Aussi la vente s'en est- elle ressentie. Il n'a
été vendu que 5,000 toisons de 1 Ir. 90 à 2 fr. 2u; Un seul lot s'est v^ ndu
à 2 fr. SCi. On a tiaité environ 10,1.00 de 1 fr. 60 à 1 fr. 90; les agneaux, de
1 fr. 90 à 2 fr. 30. Le marché d'Issoudun était approvisionné de H, 000 kilog de
laines en suint On a vendu aux cours de 1 fr. 70 à 2 Ir. Le prix le {slus courant
était de 1 fr. 80 à i fr. 90. — A Montélimar, on cote à 1 fr. ^0. — A Montargis,
les cours atteignent assez difficilement les prix de 1 Ir. 70 à 1 fr. 80. — A Mont-
morillon (Vienne), les affaires se sont traitées avec une baisse de 50 à 70 cent,
sur les prix de 2 fr. à 2 fr, 50 qu'on avait obtenus il y a quinze jours.
Gaudes. — Les gaudes continuent à se payer 25 fr. les lOU kilog.
VIIL — Suifs et corps gras.
Suifs. — A Paris les prix de la semaine dernière se maintiennent. On a coté •
suif frais hors Paiis, 80 fr. 50 ; bœufs Plata, 84 fr.; suif en branches, 60 fr. 37
par 100 kilog.
Saindoux tt salaisons. — Saindoux en baisse. On cote le disponible, 97 fr. les
100 kilog., au Havre.
IX. — Beurres. — Œufs. — Fromages. — Volailles.
Beurres. — 2'i.8,834 kilog. de beurres ont été vendus cette semaine, à la halle
de Paris. Voici les prix par kilog. : en demi-kilog., de 1 fr. 80 à 3 fr. 48; petits
beurres, de 1 fr. 76 à 2 fr. 50 ; Gournay, de 1 fr. 80 à 4 fr. 26 ; Isigny, de 1 fr. 84
à 6 fr. 26.
Œufs. — Du 22 au 28 juin, 4,225,260 œufs ont été vendu à la halle de Paris,
aux prix suivants par mille : choix, 85 à 92 fr. ; ordinaires, de 58 à 83 fr.;
petits, 47 à 52 fr.
F/oinoges. — Le prix des fromages vendus à la halle de Paris, a été cette semaine,
par douzaine. Brie, 3 à 14 fr.; Montlhéry, )5 fr.; par cent : Livarot, 17à65fr. ;
Mont d'Or, 9 à 19 fr.; Neufchâtel, de 3 f r 50 à 1 7 Ir. 50, divers, de 5 à 89 fr.; Le
Gruyère s'est vendu de 160 à 180 ir. les 100 kilog.
Volailles. — On vend à la halle de Paris : agneaux 12 à 25fr. ; canards bar-
boteurs, 1 fr. 80 à 7 fr. 75; chevreaux, 1 fr. 80 à 4 fr. 20; crêtes en lots, 1 fr, 50
à 10 fr. ; dindes gras ou gros, 9 à 12 fr. 50 ; dindes co i muns, 4 Ir. 50 à 8fr. 75;
lapins domestiques, 1 fr, 40 à 5 fr. 25 ; lapins de garenne, à fr. oies
communes, 3 à 8 fr, 15; pigeons de volière, 0 fr. 70 à 1 fr, 90 ; pigeons bizets.de
0 fr, i^O à 1 fr. 25 ; poules ordinaires, 3 à 3 fr. 80 ; poulets gras, 4 fr. 25 à 7 fr. 80 ;
poulets communs, 1 fr. 30 à 2 fr. 15; pintades, 4 à 5 fr. 75.
X. — Chevaux. — Bétail. — Viande.
Bétail. — Le tableau suivant résume le mouvement du marché aux bestiaux de
|a Villette du jeudi 24 au mardi 29 juin.
Poids Prix du kilog. de viande sur pied
Vendus inoyea au marché du lundi 28 juin.
Pour Pour En 4 quartiers, l" 2» 2» Prix
Amenés. Paris, l'extérieur, totalité. kil. -quai. quai. quai. moyen.
Bœufs 6.246 3.125 1,864 5.0i)9 336 1.74 1.56 1.24 1.50
Vaches 1675 799 602 1,393 230 1.62 1.32 1.02 1.34
Taureaux 347 214 43 257 410 1.42 1.22 1.02 1.23
Veaux 4,495 2,753 1,212 3.965 71 1.88 1.68 1.26 155
Moutons 37,880 28,459 8,641 37,100 . 19 2.10 1 84 1.42 1 73
Porcs gras 6,246 2,817 3,076 5,893 88 1 78 1.68 1.58 1.68
— maigres, 11 2 9 11 40 1.60 » » 1.60
Les approvisionnements du marché ont été encore moins considérables que la
semaine précédente sauf en ce qui concerne les porcs elles veaux. Aussi les cours
accusent de la fermeté pour les gros animaux ainsi que pour les moutons, mais de
la faiblesse pour les autres catégories.
A Londres, les arrivages d'animaux étrangers, durant la semaine dernière, se
40
REVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT (3 JUILLET 1880).
sont composés de 13,497 lêtes, dont 427 bœufs de Baltimore : 412 bœufs et 145
moutons de Boston; 301 bœufs et 407 moutons de Montréal; 519 bœufs et
868 moutons de New- York. Prix du kilog. : Bœuf : V% 1 tr, 99 à 2 fr 'l6;
2% 1 fr. 75 à 1 fr. 93 ; qualité inférieure, 1 fr. 58 à 1 fr. 75. — Veau : ]'% 1 fr. 93
à 2 fr. 10; 2% 1 fr. 75 à 1 fr. 93. —Mouton : 1", 2 fr. 28 à 2 fr. 45; 2% 1 fr. 75
à 2 fr. 10; qualité inférieure, 1 fr. 58 à 1 fr. 75. — Agneau : 2 fr. 45 à 2 fr. 63
— Porc : 1", 1 fr. 58 à 1 fr. 75 ; 2" 1 fr. 40 à 1 fr. 58.
\%ande à la criée. — On a vendu, à la halle de Paris, du 22 au 28 juin :
Prix du kilog. le '28 jl
kilos.
Bœuf OU vache.. 168,738
Veau 245,385
Mouton 50,509
Porc 17,003
1" quai.
0.98 à 1 80
1.58 1.90
1.50 1.86
2» quai.
0.82 à 1.46
1.16 1.56
1.18 1.48
Porc frais . . ,
3" quai.
0.60 à 1.10
0 74 1.14
0.90 1,16
Choix. Basse boucheria.
0.90à2.90 0.06à0.90
0.80 2.20 .
1.00 3.40 .
1.30a 1.90 salé, 1.40; fumé l.f
481,635 Soit par jour.
68,805 kilos
Les ventes^ ont été supérieures de 700 kilog. environ par jour à celles delà
semaine précédente. Sauf pour la viande de veau , les prix sont très fermes.
XI. — Cours de la viande à l'abattoir de la Villette du 1" juillet (par 50 kilog.)
Cours de la charcuterie. — On vend à la Villette par 50 kilog. : 1" qualité,
98 à 102 fr.; 2% 90 à 95 fr.; poids vif, 62 à 67 tr.
Bœufs. Veaux. Moutons.
1" 2°
3»
{rg
2- 3. ir.
2»
3»
quai. quai.
quai.
quai.
quai. quai. quai.
quai.
quai.
fr. fr.
fr.
fr.
fr. fr. fr.
fr.
fr.
82 75
67
100
92 80 88
82
73
XII.
— Marche
aux bestiaux de la Villette du jeudi 1=
^ juillet.
Cours des commissionnaires
Poids
Cours officiels.
en bestiaux.
moyen ^- —
— - 1, ,^ ^__
_ — -— -^
Animaux
gênerai. 1"
0. 3e Prix jr.
2« 3«
Prix
amenés. lavendas.
kil. quai.
quai. quai, extrêmes, quai.
quai. quai.
extrêmes.
Bœufs 2.584
531
360 1.74
1.56 1.24 1.2uàl.80 1.74
1.50 1.22
l,18àl.7l
Vaches 604
128
252 1.62
1.32 1.04 1.00 1.68 1.60
1.30 1.05
95 1.64
Taureaux... 120
29
370 1.42
1.24 1.02 1.00 1.45 1.40
1.25 1.00
90 1.45
Veaux 1.315
206
80 1.88
1.68 1.26 1.10 2.00 »
» »
» »
Moutons.,.. 19.419
1570
18 2.06
1.80 1.40 1.30 2.10 »
» •
» »
Porcs gras.. 3.513
105
83 1.78
1.68 1.58 1.50 1.86 .
> »
» >
— maigres, »
>
1 »
» »
» »
Vente assez active sur toutes les
espèces.
XÎII. — Résumé.
C'est la fermeté que nous avons du signaler cette semaine dans les cours des
denrées agricoles: les farines font presque seules exception. A. Remy.
BULLETIN FINANCIER.
La réaction dont nous parlions dans notre dernier bulletin a continué toute
cette semaine. Nous retrouvons le 3 0/0 à 8t,85 perdant 0,90: l'amortissable à88, 30
perdant 0,45 et le 5 0/0 à 118,85 perdant !,02. L-s autres valeurs ne sont que
peu atteintes par ce mouvement et conservent en général leurs cours.
Cours de la Bourse du 23 ait 30 juin 1830 (au comptant).
Fonds publies et Emprunts français et étrangers:
Principales valeurs françaises :
Plus Plus
bas. haut.
85.90
88. 4u
115.50
119.95
Rentes 0/0
Rente 3 0/0 amortis.
Rente 4 1/2 0/0
87.75
114.50
Rente 5 O/o 118.85
Banque de France 3400.00 3460.00
Comptoir d'escompte 960.00 975. o)
Société générale 557.50 567.50
Crédit foncier 1240.00 1275.00
Est Actions 500 750.00 760.00
Midi d° 1020.00 10.'55,0>
Nord d" 1630.00 1655.00
Orléans d" 1200.00 I2i2.50
Ouest d» 790.00 *05.oo
Paris-Lyon-Méditerranée d" i3i5.oo 1365 jo
Paris 1871 obi. 400 3 0/0... 404.00 4o5.oo
5 0/0 Italien 87.00 87.90
Le Gérant : A. BOUCHÉ.
Dern
cou
1er
84
35
87
85
115
40
118
85
3420
00
965
00
560.0) 1
12S0
00
755
00
1025
00
1645
.00
1>00
.00
802
.50
1347
.50
4o4
.75
87
.00
obligations du Trésor
remb a 500. 4 O'o.
Consolidés angl. 3 o/O
5 0/0 autrichien
4 1/2 0/0 belge
6 0/0 égyptie.1
3 0/0 espagnol, extér'^.
d" intérieur
6 0/0 Etats-Unis......
Honduras, obi. 300...
Tabacs ital., obi. 500..
6 0/0 péruvien
5 0/0 russe
5 0/0 turc
5 0/0 roumain
Bordeaux, 100, 3 O/O..
Lille, 100,3 0/0
Plus
bas.
524.00
65.00
105.45
308.00
18.00
106 1/2
12.00
97.25
10.70
PlUS
haut.
525.00
65 3/4
106.00
312.00
18 3/4
107.00
12.00
Derniers
cours.
524.00
98 9/16
65 3/4
106.00
313. 7S
18 3/4
106 7/8
12.00
3S.30
11 20
97.90
10.90
100.50
101.59
CHRONIQUE AGRICOLE do
JUILLET 1!
Visite à l'Ecole nationale d'agriculture de Grand-Jouan. — Les travaux agricoles en Bretagne. —
Conséi|uences des efforts de M. Rieiïel. — Disparition des landes et transformation d^s cultures.
Influence do l'enseignement agricole. — Nécrologie. — Mort de M. Victor Borie. — Ses prin-
cipales oeuvres. — Vote par la Chambre des députés du dégrèvement des sucres et des vins. —
Lettre de M. Vivien au président du Comité centrai des fabricants de sucre. — Propagande à
faire en faveur du sucrage des vendangps. — Les tarifs de douane devant la Commission du
Sénat. — Changements apportés aux chiffres votés par la Chambre des députés. — Discussion à
la Chambre des députés sur le projet de loi relatif à la conservation des tenains en montagnes.
— L'invasion de la politique dans le domaine agricole. — Lettre de M. le marquis de Dampierre,
.président de la Société des agriculteurs. — Programme du concours général agricole de Paris
enlSSl. — Modifications apportéts au programme. — Concours sur des questions agricoles
ouverts par l'Acadc raie de Met/.. — Excursion des élèves de l'Institut national agronomique en
Bourgogne (H en Champagne. — Examen de sortie des élevés de l'Ecole d'arboriculture du dé-
partement de la Seine. — Le pliylloxera. — Quatrième rapport annuel de M. Ma' ion sur le
traitement par le sulfure de carbone des vignes phylloxérées sous la direction delà Compagnie
des chemins de f-v de Paris Lyon-Méditerranée. — Quantités de sulfure de carbone livrés à la
viticulture. — Observations de M. Mares sur les résultats obtenus par le traiement de ses vignes
au moyen du sulfocarbonate dissous. — Syndicats dans la Gironde. — Reconstitution des vignes.
— Election de M. F.-R. Duval comme membre titulaire de la Société nationale d'agriculture. —
Sur les procédés d'analyse des engrais. — Lettre de M. Toché — Organisation d'une ligue
contre les falsificateurs d'engrais, par la Société d'agriculture de Meaux. — Instructions publiées
par M. Gatellier.
I. — Les progrès agricoles.
On trouvera dans ce numéro le compte rendu de la fête par laquelle
les anciens élèves de l'Ecole nationale d'agriculture de Grand Jouan
ont voulu honorer leur vénéré maître, M. Jules Riéffel, qui, il y a
cinquante ans, est venu héroïquement planter le drapeau de l'ensei-
gnement agricole au milieu des landes de la Bretagne. iNous ne voulons
ajouter aucun détail à la description que notre collaborateur
M. Sagnier donne de cette fête de famille; mais nous croyons remplir
un devoir en disant hautement que c'est là un événement dont la
portée doit s'étendre bien au delà de la contrée dont on peut dire que
M. Rieffel a fait la transformation. Il y a cinquante ans, on avait cette
opinion que, pour apprendre l'agriculture il fallait être absolument
éloigné des villes, en quelque sorte séparé du monde entier, et vivre le
mancheron de la charrue à la main. M. Rieffel a accepté les conséquences
de cette opinion, et il s'est mis bravement à l'œuvre dans un désert
où l'on ne pouvait circuler qu'à cheval et oh l'on était à plusieurs lieues
de tout centre important de population. Mais ses premiers soins ont
dû se concentrer sur la nécessité de créer des chemins et des routes,
le plus énergique instrument de l'agriculture progressive. Les voies
ferrées qui déjà s'approchent de Grand-Jouan, y toucheront tout à
l'heure. Alors le foyer de lumière allumé par M. Rieffel au milieu de
la lande, aujourd'hui disparue, rayonnera avec toute sa puissance sur
toute la contrée. Il y avait vingi-six ans que nous avions été à Grand-
Jouan. Il y avait encore beaucoup de landes, les plantations parais-
saient à peine, le seigle était la récolte principale, et la culture des
racines s'introduisait avec quelque difficulté. Aujourd'hui on ne
soupçonne plus l'aridité qui régnait alors. Partout du froment,
beaucoup de racines, et puis des arbres admirables. La plaine est
transformée en une série de parcs et de jardins sillonnés par de
nombreuses routes. Les bâtiments ruraux sont transformés. On sent
que l'aisance a pris possession du pays. Et, en effet, M. Rieffel nous
citait tel ou tel domaine où un fermier qui , il y a trente ans, était
misérable et parvenait à peine à payer les 500 fr. de son bail, aujour-
d'hui se trouve riche en payant 1,500 fr. avec la plus grande facilité.
Le propriétaire et le cultivateur ont, en même temps, fait fortune. Tel
est le résultat de l'œuvre entreprise par M. Rieffel. Que ceux qui ne
croient pas à l'enseignement agricole, que ceux qui dénigrent la science,
que ceux qui prétendent que l'agriculture fait des pas en nYrikue.
N« 587. — Tome II de 1880. — 10 Juillet.
42 CHRONIQUE AGRICOLE (10 JUILLET 1880).
aillent donc à Grand-Jouan ; qu'ils se fassent dire ce qui s'y trouvait
naguère, et qu'ils comparent!
IL — Nécrologie.
En revenant de Grand-Jouan, j'ai éprouvé une vive douleur. Un vieil
ami, un ancien collaborateur, un confrère qui siégeait à côté de moi
depuis longtemps à la Société nationale d'agriculture, est mort au
moment où j'arrivais, lorsque j'espérais que la maladie qui Favait
atteint était domptée par la science. M. Victor Borie était devenu mon
collaboiateur en 1852, et lorsque, des fonctions alors bien modestes,
de secrétaire de la rédaction de mon journal, il s'est élevé à une haute
situation, il n'oublia jamais ses débuts. Il a été un des meilleurs écri-
vains de la presse agricole, il a soutenu avec éclat les doctrines libé-
rales, sans jamais faillir. Jl avait foi dans l'avenir de la démocratie
rurale, et il voulait l'élever en l'instruisant. Les livres qu'il a écrits
dans ce but, les rapports qu'il a faits, resteront. Extrêmement bienveil-
lant, homme au cœur généreux, il a succombé, miné peut-être parles
émotions patriotiques qu'il éprouvait trop vivement. Il avait été élu
membre de la Société nationale d'agriculture en i 866, en remplacement
de M. Dupin aîné, dans la Section d'économie, de statistique et de
législation agricoles. Quand M. Tisserand a été nommé directeur de
l'agriculture, il l'a remplacé comme ofhcier de la Société, au titre de
vice-secrétaire. Nous écrivons ces lignes, alors qu'il est encore sur son
lit de mort; nous aurons plusieurs fois le devoir de rendre hommage
à sa mémoire, devoir plus cruel chaque jour, car nous restons, alors
que tant d'hommes éminents nous quittent sur cette terre. Mais nous
sentons qu'il faut dire le bien qu'ils ont fait, car c'est les immortaliser
autant qu'il est possible dans le monde que nous traversons, pour n'y
trouver guère que des douleurs, et où les joies sont toujours mêlées
d'amertume.
III. — Le dégrèvement des sucres et des vins.
La Chambre des Députés a adopté, dans sa séance du 2 juillet, le
projet de loi portant dégrèvement des sucres et des vins, dont nous
avons fait connaître l'économie et signalé l'importance. Nous avons
confiance que ce projet sera voté par le Sénat avant la prorogation du
parlement, et que, par conséquent, en ce qui concerne les sucres, la
nouvelle loi sera applicable dès le 1" octobre prochain, c'est-à-dire
avec l'ouverture de la campagne sucrière. Nous publierons le texte
complet dès que le Sénat l'aura voté. Pour le moment, nous nous
associons complètement aux vœux exprimés par M. Villain dans la
lettre qu'il vient d'adresser au Comité des fabricants de sucre, et qui est
ainsi conçue :
a Monsieur le président du Comité central des fabricants de sucrp de France,
la Chambre a, comme vous le savez, voté à l'unanimité la loi de dégrèvement des
sucres et des vins si péniblement élaborée dans le sein de la Commission du
budget. Le Sénat k votera cette semaine, très certainement; j'ai pu constater
hier les bonnes dispositions qui l'animent à ce sujet.
« Je me rejouis fort d'avoir pu, utilement et activement, coopérer à cette dis-
position législative si ardemment désirée et qui aura les plus heureuses consé-
quences pour les consommateurs, et, par suite, pour L'industrie et l'agriculture
de notre pays.
- « Il faut maintenant quB la «onsommation s'accroisse rapidement; ainsi le veu-
lent les intérêts du Trésor, de la culture, de la fabrication.
« Le Comité central n'a-t-il point le devoir d'aider, par tous les moyens en son
CHRONIQUE AGRICOLE (10 JUILLBT 1880). 43
pouvoir, au développement de la consommation? Il me paraît qu'il ne peut rester
mac tic Qu'a-t-il à faire?
« Eclairer les vignerons sur leurs propres intérêts, et leur montrer tous les
avantages qu'ils peuvent retirer du sucrage.
« La vendange, vous le savez comme moi, devrait absorber une quantité consi-
dérable dé sucre si les vignerons pratiquaient le mélange du sucre au raisin, à la
cuve, avant la fermentation. Malheureusement, la plupart ignorent et négligent
une source abondante de profits avouables et légitimes; notre devoir est de les
leur indiquer.
« Le Comité central a, selon moi, un moyen facile, mais qui exige une certaine
dépense. Qu'il achète ou crée un petit traité bien simple, bien clair, bien net du
sucrage; qu'il l'édite et le mette à la portée des vignerens ea le répandant gratui-
tement dans les campagnes où se cultive la vigne, et il aura rendu à l'industrie
qu'il représente le plus signalé service, en lui ouvrant d'amples débouchés. Gela
vaut la peine d'y réfléchir, et je vous prie, monsieur le président, de saisir nos
collègues de cette idée que je me permets de leur soumettre.
« J'ai l'honneur, etc. « Villain. «
Il est incontestable que c'est par ignorance que, le plus souvent,
l'agriculteur ne tire pas bon parti des circonstances au milieu des-
quelles il se trouve. Instruire est le premier devoir, et c'est aussi le
premier intérêt des propriétaires et des grands industriels. Si l'in-
struction était aujourd'hui plus répandue, Ift plupart des crises dont
on souffre seraient moins douloureuses.
IV. — Le tarif des douanes devant la commission du Sénat.
Le journal le Télégraphe annonce que la commission du tarif gé-
néral des douanes du Sénat a terminé l'examen des deux premières
sections du tarif : matières animales et végétales et matières minérales.
Nous croyons utile de donner un tableau des droits votés par la
Chambre dont la commission sénatoriale propose la modification.
Voici le relevé de ces droits ;
Droits voté» Droits proposés
Produits. par la Chambre, par la commission.
Bœufs Fr. 6.00partête. 30.00 par tête.
Vaches 4.00 — 20.00 —
Taureaux 6.00 — 30.00 —
Bouvillons, taurillons, génisses 2.00 — 10.00 —
Veaux.. 0..50 — 2.50 —
Béliers, brebis, moutons 1.50 — 5.00 —
Agneaux 0 50 — 1.00 —
Boucs, chèvres, chevreaux 0.20 — 0.50 —
Porcs 1.50 — 5.00 —
Cochons de lait.. 0.50 — l.CO —
Viandes fraîches I..i0 100 kil. 10.00 100 kil.
Viandes salées 4.00 — 8.00 —
Cheveux non ouvrés Exempts. 4.50 —
Seigle, maïs, avoine — 0.60 —
Riz en grains d'origine extra-euro-
péenne... — 0.60 —
Riz en grains d'origine européenne. — i.OO —
Riz en paille d'origine extra -eu-
ropéenne — 0 30 —
Riz en paille d'origine européenne. — 0.50 —
Citrons, oranges et leurs variétés.. 4.00 — 6.00 —
Carouge 6.00 — 0.30 —
Colza, lin, œillette, navette Exempts. 2.00 —
Autres graines oléagineuses — 0.60 —
Huile d'olive 4.50 — 6.00 — '
Camphre raffiné "2.00 — 4.00 —
Soufre épuré ou sublimé Exempt. Û.50 —
Huiles de pétrole, de chiste et au-
t;es huiles minérales propres à
l'éclairage : brutes 18.00 — 21.00 —
Id. raffinées 25.O0 — 30.00 —
Rails d'acier 6.00 — 8.00 —
Fer dit machine de 5 millimètres de
diamètre et moins 6.00 — 7.00 —
Fils de fer au-dessus de 1 millim .
de diamètre 6.00 — 8.00 —
44 CHRONIQUE AGRir.OLE (10 JUILLET 1880).
Sur tous les autres chapitres des deux premières sections du tarif gé-
néral des douanes, chapitres dont le total est de 213, Iqs droits votés
par la Chambre ont été maintenus par la commission sénatoriale.
V. — La conservation des terrains en montagnes.
Le Sénat a commencé la discussion du projet de loi relatif à la
restauration et à la conservation des terrains en montagnes. Une
longue discussion s'est élevée sur le premier article qui a été jusqu'ici
seul adopté. Le texte proposé par le gouvernement et celui de la Com-
mission offraient des divergences assez sensibles. Le texte du gouver-
nement a été, en fin de compte, adopté. Il est ainsi conçu : « Il est
pourvu à la restauration et à la conservation des terrains en mon-
tagnes, soit au moyen des travaux exécutés par l'Etat ou les proprié-
taires avec subvention de l'Etal, soit au moyen des mesures de pro-
tection, conformément aux dispositions de la présente loi, » Nous
ferons connaître les résultats de la discussion des articles suivants,
qui passent en revue les travaux à exécuter pour arriver à faire le
gazonnement et le reboisement.
\l. — U agriculture et la politique.
A l'occasion des réflexions que nous avons émises dans deux pré-
cédentes chroniques, relativement à Tintrusion de la politique' dans
le domaine agricole, nous recevons de notre éminent confrère, M. le
marquis de Dampierre, président de la Société des agriculteurs
de France, la lettre suivante, que nous insérons avec une vive satis-
faction :
« Mon cher collègue, permettez-moi de vous dire la satisfaction que j'ai éprouvée
en lisant dans vos chroniques des 19 et 26 juin, les très sages et très patriotiques
réflexions que vous faites sur la « nécessité de placer l'agriculture au-dessus des
« compétitions politiques, et d'en faire, comme naguère, un terrain neutre sur
« lequel florissait le progrès... j)
« Jusqu'à ces derniers temps, dites-vous, nous avions vu nos vœux se réaliser.
« Des hommes de toutes les opinions politiques se réunissaient et discutaient les
a intérêts ruraux, en vue seulement des progrès à accomplir. On ne s'occupait
« pas davantage des opinions religieuses des hommes de bonne volonté qui s'ettbr-
« çaient de faire connaître ou de nouvelles machines, ou des semences plus
« avantageuses, ou des méthodes destinées à améliorer la production ani-
« maie ou les cultures. Les choses paraissent vouloir changer et nous le déplo-
« rons, car les haines et les discussions passionnées sur les questions politiques
« ou religieuses ne peuvent que nuire au pays et au progrès des choses rurales...
« La solidarité est complète, ei si, sous prétex!e de politique ou de religion, les
« uns deviennent les adversaires des autres, la production générale ne pourra
« qu'en souffrir, en même temps que les classes rurales se mettraient en lutte les
a unes avec les autres. Il/aut chercher la paix et la conciliation. Gela est-il désor-
« mais possible? Nous l'espérons encore. Ce sera à une condition, c'est que l'in-
« térêt agricole sera poursuivi en dehors de toute autre préoccupation. Il faudrait
<c que dans les Sociétés d'agriculture et les Comices, on cessât d'abriter des ambi-
« tions politiques, des manœuvres électorales, sous le drapeau purement agri-
« cole. »
« Ces excellentes paroles répondent si bien à la ligne de conduite que j'ai tou-
jours voulu garder, elles ressemblent tant à celles que M. Drouyn de Lhuys
adressait aux membres de la Société des agriculteurs de France lorsqu'en quit-
tant la présidence de cette Société il leur disait : « Qu'aucune muin imprudente
ne sème l'ivraie de la politique dans des sillons destinés à ne recevoir que le pur
froment, » que je n'ai pu m'empêcher de vous remercier des encouragements que
vous donnez à cette sage attitude.
« Les passions politiques et rehgieuses sont plus excitées que jamais. Chacun
de nous a ses convictions à cet égard, profondes, énergiques; il ne serait pas ce
CHRONIQUE AGRICOLE (10 JUILLET 1880). 45
que l'on nomme un homme, sans cela. Je le disais à l'ouverture de la session du
Congrès international de 1878, devant un grand auditoire : « Oh, assurément,
« vous n'êtes îndiiïerents à rien de ce qui se passe autour de vous; vous vous
« trouvez trop activement mêlés aux affaires de votre pays pour n'avoir pas tous
« ce que l'on nomme des opinions politiques; mais ces opinions engendrent,
« hélas! des dissentiments, et ici il ne faut rien de pareil; il n'y a place que pour
« les luttes pacifiques de la science. » Il y a, en effet, un terrain sur lequel, pour
le bien de la patrie, tous peuvent se rencontrer sans se déchirer, c'est celui de
l'agronomie.
« L'état de notre agriculture, les remèdes à apporter à des maux réels, les
efforts que l'on fait pour faire prédominer tels ou tels principes économiques, sus-
citent des polémiques ardentes, des discussions déjà trop vives. Dans cette situa-
tion, prêter à ses adversaires des mobiles politiques, ou les apporter réellement
soi-même dans ces luttes, constitue presque un crime, à mes yeux. En fait, la
politique ne joue aucun rôle dans l'opposition que rencontrent en ce moment, par
exemple, les idées émises par le gouvernement dans la question des tarifs doua-
niers : je n'en veux pour preuve que les noms de certains des députés ou des
sénateurs qui se sont montrés les plus vifs dans cette question, et qui pourtant
sont le plus notoirement dévoués à la République. L'ardeur de quelques-uns leur
a lait quelquefois dépasser la mesure ; il n'en est pas moins injuste de donner une
couleur politique à leur opposition, et, pour mon compte, je me sens si loin et je
vois mes amis si loin de telles pensées, que je considère comme une offense
qu'une opinion sincère et sincèrement manifestée, parce qu'elle ne se trouve pas
être celle du gouvernement, puisse être soupçonnée d'un caractère que je réprouve.
L'indépendance n'est pas un vain mot, certain esprits la présentent au-dessus de
tout, et il faut respecter un sentiment qui est fait pour élever le niveau moral du
pays, et non le rabaisser.
« Il m'a semblé que la situation de président de la Société des agriculteurs de
France n'interdisait pas à un vieux champion deTagriculture de vous aire ses très
fermes convictions sur un sujet que vous venez de traiter vous-même, et j'ai d'au-
tant moins hésité aie faire qu'avec la meilleure foi du monde, peut-être, on m'a
attribué des idées différentes.
«Recevez, etc. « E. de Dampierre. »
Nous nous associons, d'une manière absolue, aux idées si sage-
ment exprimées par M. de Dampierre, dont, pour notre part, nous
avons toujours estimé la loyauté et l'élévation de cœur. Puissent les
mêmes pensées inspirer tous ceux qui travaillent au progrès de l'agri-
culture.
VIL — Le concours général de Paris en 1881.
Le programme des concours généraux d'animaux gi^as, de volailles
vivantes et mortes, de semences de céréales, de plantes des prairies
naturelles, de plantes fourragères, de lins et chanvres, de houblons,
de racines industrielles, fourragères et alimentaires, de pommes de
terre, de fruits, de légumes de primeur, de miels et cires, d'huiles
d'olive, de fromages et beurres, qui doivent avoir lieu à Paris, en
1881. vient d'être arrêté. Ce concours se tiendra au Palais de l'indus-
trie du 14 au 23 février. Il sera accompagné, comme les années précé-
dentes, d'une exposition générale d'instruments et de machines agri-
coles. Quelques modifications ont été apportées au programme; les
principales consistent dans des changements peu importants dans les
conditions des prix des concours spéciaux. Les sommes mises à la dis-
position du jury pour les prix supplémentaires dans les diverses
• classes de bétail ont été diminuées. Enfin, il est un paragraphe relatif
aux animaux de l'espèce porcine, dans le nouveau règlement, que nous
devons signaler aux éleveurs. On sait que les porcs sont divisés en
trois classes : 1" races françaises pures et croisées entre elles; T races
étrangères pures et croisées entre elles; 3" animaux provenant de
46 CHRONIQUE AGRICOLE (10 JUILLET 1880).
croisements entre races françaises et races étrangères. A l'occasion de
la première classe, le programme ajoute : « Tous les animaux déclarés
dans cette classe qui présenteront des indices certains de croisement
avec les races anglaises seront mis hors concours par le jury. »
VIII. — Concours ouverts par V Académie de Metz.
L'Académie des lettres, sciences, arts et agriculture de Metz, met au
concours, pour 1880-81, diverses questions qui intéressent l'agricul-
ture. Elle décernera au mois de mai prochain des médailles d'or,
d'argent, de vermeil, de bronze et des mentions honorables aux au-
teurs des meilleurs travaux qui lui auront été envoyés sur les sujets
suivants :
1. Etudes sur les constructions rurales affectées à la grande et à la petite culture,
au point de vue de la salubrité, de l'économie et des facilités de l'exploitation.
2. L'établissement des meules en plein champ, comme cela se pratique géné-
ralement dans le département du Nord, en Belgique, etc., doit-il être recommandé
pour la Lorraine ?
3. E^ude sur l'épizootie connue sous le nom de péripneumonie contagieuse des
hêtes à cornes. Quels seraient les moyens de la prévenir et de la combattre?
4. Etude d'une question intéressant la viticulture dans le pays Messin.
5. Etude sur l'utilisation des amendements et des engrais.
6. De la destruction des parasites nuisibles à l'agriculture et à la viticulture.
7. Etude sur le phylloxéra en Alsace-Lorraine, en Suisse et dans les autres
pays qui sont, vers le nord, les extrêmes limites de la culture de la vigne.
8. Mémoire sur les moyens les plus pratiques de créer de bonnes prairies arti-
ficielles.
&. Etude sur la cuscute.
^ 10. De la production et de l'alimentation économique du bétail.
L'Académie n'admet au concours que des œuvres inédites. Les
mémoires présentés devront être adressés, avant le 20 janvier 1881,
au secrétariat de l'Académie, rue de la Bibliothèque 2, à Metz. Les
concurrents ne devront pas se faire connaître. Chaque œuvre portera
une devise qui sera reproduite sur un billet cacheté, [dans lequel
l'auteur inscrira son nom et son adresse.
IX. — Excursion des élèves de Vlnstitut agronomique.
Les élèves de Tlnstitut national agronomique ont quitté Paris, au
commencement de la semaine, pour aller faire une excursion agricole
en Champagne et en Bourgogne. Ils sont accompagnés par trois pro-
fesseurs de l'Institut. Cette excursion doit durer une dizaine de jours.
X. — École d arboriculture du département de la Seine.
Les examens des élèves de l'École d'arboriculture du département
de la Seine dirigée par M. Du Breuil, pour l'obtention du diplôme de
capacité, ont eu lieu les 5 et 6 juillet dans une des salles de la Société
nationale et centrale d'horticulture de France. Le jury d'examen,
nommé par le préfet de la Seine, était ainsi composé :
MM. Huet, ingénieur en chef des Ponts et Chaussées, président. — Hardy
directeur de l'Ecole d'horticulture de Versailles. -;- Pissot, conservateur du bois
de Boulogne. — Le Paute, conservateur du bois de Vincennes. — Carrière,
ancien chef de culture au Muséum. — Verlot, chef de culture au Muséum. —
Ferd. Jamin, pépiniériste à Bourg la-Reine, — Du Breuil, professeur d'arbori- •
culture. — Nuy, chef de bureau à la Préfecture de la Seine, secrétaire. — Lafuge,
sous-chef de bureau à la Préfecture, secrétaire-adjoint.
Les candidats qui se sont présentés étaient au nombre de 16. Les
14 suivants ont été diplômés :
CBRCiNILUE AGRICOLE (lO JUILLET iSSO;.. 47
MM. Grrosdemange, né à St-Leu-Taverny (Seiae-et-Oise). — Pothier, né à
Auxerre (Yonne). — Orève, né à Nantes (Loire-Inféiieure). — Lemée, né à
Louvigny (Sarthe). — Groimard, né à Ghantonnay (Vendée). — Précastelli, né à
Sainte-Marie (canton des Grisons, Suisse^. — Ballif, né à Lucens (Suissel. —
Karolus,né en Pologne. — Baudouin, né à Metz (Alsace-Lorraine). — Oger, né à
Souger-sur-Braye (Loir-et-Cher;. — Tempiin, né eu Pologne. — Graul, né à
Paris. — Delille, né à Paris.
Le jury a demandé un i'"' prix pour M. Grrosdemange, un 2^ pour M. Pothier,
et un 3'^ pour M. Orève.
Les cours recommenceront en novembre prochain ; les élèves qui
voudront prendre part aux travaux de l'Ecole pratique de Saint-Mandé
y seront reçus à la même époque.
XI. — Le phylloxéra.
La compagnie des chemins de fer de Paris à Lyon et à la JMéditer-
ranée vient de publier le rapport sur les travaux de l'année 1879
et sur les résultats obtenus dans l'application du sulfure de carbone
au traitement des vignes phyiloxérées. C'est le quatrième rapport
annuel que nous avons à signaler ; c'est en 1876, en etîet que, sur l'i-
nitiative de M. Paulin Talabot, la Couipagnie a entrepris, sur une vaste
échelle, le traitement des vignes malades. Ce rapport est du, comme
les précédents, à M. Marion, professeur à la Faculté des sciences de
Marseille, membre de la Commission supérieure du phylloxéra. Il est
divisé en deux parties. La première partie a pour objet les observations
nouvelles faites sur les mœurs du puceron, et l'analyse des traitements
culturaux opérés. Elle renferme plusieurs notices d'un réel intérêt sur
les pucerons épargnés par les opérations insecticides hivernales, sur
les migrations estivales des aptères radicicoles et sur le rôle des phyl-
loxéras de première génération. La première impression qui ressort
des détails donnés sur les traitements culturaux pratiqués dans les
champs d'expérience de Marseille, est celle d'un soulagement véri-
table et d'une confiance raisonnée : il y est démontré, par les faits,
que la viticulture a, dans les mains, une arme puissante qui lui per-
mettra de lutter contre le phylloxéra. La" même impression se retrouve
à la lecture de la deuxième partie du rapport de M. Marion; celle-ci
renferme, en effet, les documents relatifs aux traitements opérés par
un grand nombre de viticulteurs. Nous ne pouvons insister sur les
détails de ces documents; mais nous devons dire que tous expriment
la même opinion. D'ailleurs la confiance des viticulteurs dans le
sulfure de carbone est démontrée par la progression des quantités de
cet agent expédiées par le service spécial de Marseille durant les quatre
dernières années. Ces quantités ont été les suivantes :
du P' janvier au 30 septembre 1877 1,085 barils de 100 kiL
du 1" octobre 1877 au 30 septembre 1878- 2,382 —
du 1" octobre 1878 au 30 septembre 1879. 4,230 —
du 1" octobre 1879 au 31 mars 1880 6,253 —
Dans les quantités relatives à la campagne 1878-1879, les traite-
ments administratifs n'ont employé que 524 barils. Dans les
6,253 barils appliqués pendant la première partie de la campagne
1879-1880, l'Etat n'a reçu pour ses opérations que 733 barils^ de
telle sorte que les viticulteurs ont employé pendant l'hiver dernier
5,520 barils de 100 kilog. On comprend toutes les difficultés que cet
accroissement des demandes a dû entraîner. Il devient nécessaire,
ajoute avec raison M. Marion, de provoquer une fabrication plus con-
48 CHRONIQUE AGRICOLE (10 JUILLET 1880).
sidérable de sulfure de carbone. — Afin que les viticulteurs puissent
étudier à loisir cet important travail, la Compagnie des chemins de
fer de Paris-Lyon-Méditerranée a mis à notre disposition un certain
nombre d'exemplaires. Nous le ferons parvenir à ceux de nos lecteurs
qui, avec leur demande, nous feront parvenir 0 fr. 35 en timbres-poste
pour l'affranchissement.
Dans une note qu'il vient d'adresser à l'Académie des sciences,
M, Henri Mares donne des détails sur les résultats du traitement de
ses viennes par le sulfocarbonate de potassium. Tout d'abord il con-
state cette année sur toutes les vignes traitées à Launac, et particu-
lièrement sur celles qui ont reçu du sulfocarbonate de potassium
dissous, une reprise dans la. végétation qui dépasse de beaucoup celle
de l'année dernière. Sur quelques points, la vigne a retrouvé l'étal
normal qu'elle avait perdu sous la double influence du phylloxéra et
de la sécheresse. En 1879, il a fait deux applications de sulfocarbo-
nate dilué à raison de 250 kilog. de l'insecticide et de 120 mètres
cubes d'eau par hectare, la première en avril, la seconde fin juillet et
aoiàt. Il recommence cette année, avec l'espoir d'un succès encore plus
complet. M. Mares insiste sur la nécessité de traiter toute la surface
des vignes; à ses yeux, le traitement des seuls points d'attaque d'une
vigne envahie ne peut aboutir à aucun résultat sérieux; dans ce cas,
le phylloxéra se déplace, et s'étend beaucoup plus rapidement sur les
surfaces encore vigoureuses de la vigne. C'est une observation sur
laquelle il est important d'insister.
Nous recevons, d'autre part, deux rapports de M. F. Artigue, délé-
gué départemental dans la Gironde, sur les résultats obtenus dans le
traitement des vignes au moyen du sulfure de carbone, par deux syn-
dicats : le syndicat Mortier, à Saint-André de Cubzac, et le syndicat
Danflous, s'étendant sur les communes de Saint-André de Cubzac, de
Cubzac, Aubie et Espessas. Dans le premier syndicat, une superficie
de 45 hectares a été traitée^, et la dépense a été de 147 fr. 70 par hec-
trre; dans le second syndicat, 43 hectares ont été traités, et la
dépense est ressortie à 131 fr. 52 par hectare. On se loue des résul-
tats obtenus; les vignes traitées sont en très bon état, comparative-
ment à ce qu'elles étaient l'année dernière, et leur végétation fait un
grand contraste avec celle des vignes qui n'ont pas été traitées. Ce
sont encore ici des résultats absolument propres à ranimer la con-
fiance chez les viticulteurs.
XII. — Élection à la Société nationale d'agriculture.
Dans sa séance du 7 juillet, la Société nationale d'agriculture a
procédé à l'élection d'un membre titulaire dans la Section de méca-
nique agricole et des irrigations, en remplacement de M. le général
Morin. Sur 36 membres votants, la majorité étant 19, M. Fernand-
Raoul Duval a obtenu 19 voix, contre 13 données à M. Grandvoinnet,
et 4 à M. Mille. En conséquence, M. Fernand-Raoul Duval a été
proclamé membre de la Société. Grand propriétaire dans le départe-
ment d'Indre-et-Loire, il a remporté la prime d'honneur en 1873; il
s'est livré à de nombreux et importants essais sur l'emploi des
machines agricoles.
Xin. — Sur l'analyse des engrais.
L'analyse des échantillons d'engrais est la meilleure garantie qu'un
CHRONIQUE AGRICOLE (10 JUILLET 1880). 49
fabricant puisse donner aux agriculteurs auxquels il livre des engrais .
S'il y a des doutes entre les résultats de deux analyses, on peut avoir
recours à une troisième pour les départager. Nous n'avons pas
d'exemple, quant à nous, dans notre longue pratique de près de
quarante ans, qu'on ne soit pas parvenu à se mettre toujours d'accord,
de manière à donner complète satisfaction à l'agriculture. C'est la
seule observation que nous ayons à faire pour précéder la lettre
suivante dont l'insertion nous est demandée :
« Monsieur, nous avons vendu dernièrement à un fabricant de sucre du dépar-
tement de l'Aisne, un lot important d'engrais chimiques sous la dénomination d'os
dissous, avec la garantie de titrage concernant l'azote organique, ammoniacal et
nitrique, l'acide pliosphorique soluble dans le citrate d'ammoniaque alcalin à froid
et la potasse.
« Cinq chimistes ont fait l'analyse sur dos échantillons prélevés contradictoire-
ment, et ont trouvé les résultats ci-inclus. Les noms des quatre chimistes repré-
sentés par les numéros 1,2, 3, 4, importent peu pour le moment; le cinquième
est M. Vivien, de Saint-Quentin (Aisne). II émet cette singuhère prétention sur
laquelle s'appuie notre acheteur pour contester notre mode de règlement, que les
quatre chimistes qui ont fait l'analyse en même temps que lui, opèrent mal. Voici,
du reste la lettre qu'il nous écrit par l'intermédiaire de notre agent, à Laon :
« Monsieur, les différences constatées dans le dosage des phosphates solubles
« proviennent, ainsi que je m'en suis assuré chez M... à Paris, de ce que ces
« Messieurs ont opéré suivant la méthode Joulie et en broyant l'engrais en pré-
ce sence de la liqueur citro- magnésienne.
« Cette manière d'opérer est fausse, car le phosphate fossile, dans ces condi-
<c tions, donne du phosphate soluble et rétrogadé, ce qui ne peut être. »
« Agréez, etc. Signé : A. Vivien.
« Cette question, qui peut vous paraître toute personnelle, intéresse à un tel
point la vente à l'analyse chimique des engrais, que nous venons vous prier de
vouloir bien publier notre lettre dans votre estimable Journal, car c'est pour nous
le seul moyen de protester contre la prétention de M. Vivien.
« Si, en effet, les chimistes les plus raisonnables doivent être tenus en suspicion
d'ignorance, ainsi que le soutient ce dernier, nous serons obligés, ainsi que nos
confrères fabricants d'engrais chimiques, de renoncer à la vente à garantie !
« Nous espérons. Monsieur, que vous voudrez bien accueillir favorablement
notre demande d'insertion, et en attendant votre réponse, nous vous prions de
vouloir bien agréer, etc. E. et J. Toché, fils.
12 3 4 5
Azote ammoniacal 2.93 2.45 2.863 { c: ko 2.352
— organique 3.00 2.';2 2.637 j ^'*° 2.963
— nitrique 0.26 0.59.^0.184 0.39 0.173
Azote total 6.19 5.76 5.684* 5.87 5.488-
Acide phosphorique soluble dans l'eau 4.47 4.63 4.538 4.48 4.800
— _ _ _ le nitrate. 4.73 5.31 4.622 4.12 1.452
— — insoluble.... 0.96 0.92 1.179 1.30 4.480
Acide phosphorique total 10 16 10.86 10.339 9.90 10.7:3^
Potasse 0.85 2.17 1.088 1.80 2.765
Moyenne des analyses \ S pho^pho-i'- .'i lo:3Î5 dont 9.225 soluble
1,2, 3 et 4 ) Potasse............. 1.478
La prétention soulevée contre la méthode de M. Joulie n'est pas sé-
rieuse. Dans tous les cas, cette méthode était prescrite dans la garan-
tie faite par le vendeur; par conséquent, son application, toute discus-
sion de doctrine mise de côté, devait faire loi dans l'exécution du
marché.
Nous regardons l'analyse comme un moyen tellement efficace pour
éviter la fraude dans le commerce des engrais, que nous applaudissons
de toutes nos forces à une décision que vient de prendre la Société d'à-
50 CHRONIQUE AGRICOLE (10 JUILLET 1880).
gricultiire de Meaux. Cette société, reconnaissant que les fraudes peu-
vent être commises de deux manières, lors de la vente par une spécula-
tion sur l'ignorance de certains cultivateurs qui ne connaissent pas la
valeur réelle des éléments de fertilité contenus dans les engrais proposés,
et lors de la livraison par une infériorité de dosage des éléments utiles
qui ont été vendus, a adopté les résolutions suivantes :
^i-t. 1". — II est formé entre tous les membres de la Société d'agriculture de
Meaux une ligue contre les falsificateurs d'engrais.
Art. 2. — Un comité de six membres élu par les membres de la Société et re-
nouvelable chaque année par moitié, sous la présidence du président de la Société,
est chargé de rédiger des instructions nettes et précises sur la valeur des engrais
et sur leurs conditions de vente, de façon à édifier parfaitement chacun des socié-
taires pour la conclusion d'un marché. Ces instructions seront envoyées aux mem-
bres delà Société et chaque année le cours des éléments utiles leur sera également
adressé.
^rt. 3. — Les analyses d'engrais présentés par les sociétaires seront faites aux
frais de la Société d'agriculture, conformément à une convention entre la Société
et le directeur de la station agronomique de Seine-et-Marne. Les échantillons
d'engrais à analyser, avec les conditions de la vente, seront adressés à un mem-
bre du comité institué par l'article 2. Ce membre, élu annuellement, sera chargé
de transmettre les échantillons au directeur de la station agronomique et le résul-
tat des analyses au destinataire.
Art. 4. — Dans tous les cas de fraude manifeste, indiquée par l'écart entre les
éléments utiles constatés par l'analyse et ceux promis par la vente, le comité en
délibérera et chyrgera s'il y a lieu le président de la Société de signaler le fait au
parquet.
Art^ 5, — Le comité se réunira tous les mois, le jour de l'assemblée de la So-
ciété, et, en cas d'urgence, un des samedis dans le courant du mois sur la con-
vocation soit du président, soit du membre délégué chargé de transmettre les
échantillons et les résultats des analyses.
Une commission a été formée pour l'exécution de ce programme en
1880. M. Emile Gatellier, ingénieur à la Ferté-sous-JouaiTe, a été
délégué pour la transmission des échantillons d'engrais et des analyses.
Il a rédigé, avec la collaboration de M. Gassend, directeur de la
station agronomique de Seine-et-Marne, des instructions qui peuvent
servir de guide aux cultivateurs à la fois sur la valeur des engrais, et
sur les précautions à prendre pour prélever les échantillons.
J.-A. Barral,
SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRICULTURE.
Séance du 7 juillet 1880. — Présidence de M. ChevreuL
M. le secrétaire perpétuel donne lecture d'une lettre du fils de
M. Victor Borie, annonçant la mort de son père décédé le G juillet.
M. le président exprime les vifs regrets de la Société pour cette perte
cruelle.
MM. d'Havrincourt, de Chavanne, de Larègle, Denille, Hecquet
d'Orval, Verrier, Mares, de Lentilhac, de l'Espine, Boisselot, Liazard,
envoient leurs réponses à l'enquête ouverte devant la Société sur les
dégâts dus aux froids de l'hiver. Renvoi à la Commission spéciale.
M. Chevreul annonce qu'il a présenté à l'Académie des sciences,
dans sa dernière séance, les deux volumes renfermant les résultats de
l'enquête faite par la Société sur la situation agricole en France, ainsi
que la brochure contenant les lectures faites dans la séance publique
du 13 juin.
M. Delesse fait une communication sur les études agronomiques de
M. G.-H. Gook, dans le New-Jersey. Il présente en même temps une
SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRICULTURE DE FRANCE. 51
carte géologique agronomique dont le même savant est l'auteur, en
insistant d'une manière spéciale sur les données que ces travaux ren-
ferment au point de vue de l'emploi des roches qui peuvent être uti-
lisées comme amendements ou engrais.
La Société procède à l'élection d'un membre dans la Section de mé-
canique agricole et des irrigations. M. Fernand-Raoul Duval est élu.
M. Aristide Dumont donne lecture d'une note sur le projet de canal
d'irrigation du Rhône, et il présente des détails sur l'importance des
souscriptions déjà effectuées. M. Barrai insiste sur la valeur de
l'œuvre poursuivie par M. Aristide Dumont.
M. Gayot présente les 16 premiers numéros du journal La Vigne
française, spécialement cousacré à l'étude des moyens de combattre le
phylloxéra.
M. Barrai présente de la part de M. Paulin Talabol^ directeur de la
Compagnie des chemins de fer de Paris-Lyon-Méditerranée^ le 4* rap-
port du à M. Marion sur l'application du sulfure de carbone au trai-
tement des vignes phylloxérées. Cet important document est analysé
dans la chronique de ce numéro.
Il est décidé que, à raison de la fête nationale du 14 juillet, la pro-
chaine séance est reportée au jeudi 1 5 juillet. Henry Sagnier.
GOXGOURS RÉGIONAL AGRICOLE DU MANS
Le concours d'animaux reproducteurs, d'instruments et de produits agricoles
institué chaque année dans la région comprenant les départements du Calvados,
de l'Eure, d'Eure-et-Loir, de la Manche, de l'Orne, de la Sarthe et de la Seine-
Inférieure, s'est tenu du 5 au 14 juin dans la ville du Mans sous la direction de
M. de Lapparent, commissaire ge'néral, inspecteur général.
L'aménagement de ce concours a été très bien compris. Sous les grands arbres
de la promenade étaient placés les animaux de l'espèce bovine Au bâs, sur la
grande place étaient exposés les instruments, machines et engins de toute sorte de
l'agriculture qui, devenant chaque année plus nombreux, semblent toujours
être à l'étroit où ils sont placés.
A l'extrémité de cette exhibition étaient l'exposition des produits, et l'espèce ovine.
L'ensemble de cette installation était complétée très agréablement par un magni-
fique jardin qui a remplacé avantageusement la butte aux canons.
L'espèce bovine était admirablement représentée.
La race normande comptait 140 sujets.
Rien d'étonnant de voir tant de normandes ; disons que la vache normande dans
les petites exploitations semble avoir remplacé la mancelie dont la couleur est tantôt
d'un rouge blond uniforme, tantôt d'un rouge blond mêlé de blanc surtout à la tête.
Les arrondissements de Ghâteau-Gontier dans la Mayenne, de Segré et deBeaugé
dans Maine-et-Loire, et de la Flèche dans la Sarthe en étaient surtout peuplés.
On a prétendu que la disparation de la mancelie tient à ce que les vaches nour-
rissent à peine leurs veaux ; quant aux bœufs, ils sont mous au travail, mais ils
engraissent facilement et même assez pi^omptement dans la jeunesse ; aussi tous
les herbagers normands en font-ils un cas tout particulier.
A la ferme de Bure, commune de Neuvy-en-Champagne, à6 kilomètres de Conlie
et cultivée par M. Pancher, la Commission de la prime d'honneur a trouvé cepen-
dant une vacherie entièrement composée d'animaux de la race mancelie pure. Et
elle s'est demandé, en voyant ces beaux spécimens de nos races françaises si l'on
n'aurait pas pu tirer un excellent parti, en leur prodiguant les soins et en prati-
quant la sélection comme on le fait pour des races étrangères. Les produits que
M. Pancher retire de ses nouvelles vacheries semble être une protestation contre
la médiocrité dont cette race a toujours été accusée, médiocrité inexplicable quand
on songe qu'elle doit son origine à des croisements opérés avec ses voisines de
la Normandie, de la Bretagne et delà Vendée. M. Sanson explique son infériorité
d'aptitude pour le lait ainsi que pour le travail par la déplorable habitude de l'a
limentation parcimonieuse du bétail pendant l'hiver.
La race mancelie a paru aux zootechniciens être le résultat d'un métissage et
52 CONCOURS RÉGIONAL DU MANS.
peut-être ce fait de la réunion de plusieurs sangs est-il la cause de la réussite des
croisements durham-manceaux si répandus maintenant dans la région et dont
certains cultivateurs tirent un parti avantageux. Ainsi, M. Drouin , fermier à la
Gour, commune de Janzé, qui exploite 38 hectares de terre arable et 55 en her-
bages ou prés lauchables, sèvre par an 20 veaux dont 8 proviennent de ses vaches
et les autres sont achetés. A 3 mois ces veaux sont envoyés dans la prairie où ils
restent, sauf pendant l'hiver, jusqu'à l'âge de 30 mois, époque à laquelle ils sont
vendus aux herbagers de l'Orne qui les recherchent pour l'engraissement.
Aussi l'exhibition des Durham et des croisements durhams était magnifique,
nous en avons rarement vu une plus belle collection. On y comptait plus de deux
cents sujets.
Les croisements Durham-manceau et Durham-normand étaient également très
remarquables,
M. de Villepin, directeur de la fermeécole deLa Pilletière adonné dans la région
une sérieuse impulsion à l'élevage des Durhams, il est arrivé à former une belle
ekable de Durham et de croisements durhams.
Les veaux femelles de croisement sont généralement vendus au boucher.
Les mâles castrés de bonne heure sont élevés pour être vendus à l'âge de 3 ans
du poids moyen de 550 kilogr. à des éleveurs normands qui les recherchent et les
paient un prix rémunérateur.
Tous les veaux pur sang Durham mâles ou femelles sont élevés, sauf les défec-
tueux qui sont livrés à la boucherie.
Les mâles, en dehors du taureau de service, sont mis à la disposition des culti-
vateurs à des prix raisonnables; s'ils ne sont point achetés, on les coupe pour en
faire des bœufs d'herbage, comme les croisements, et ils ne donnent pas les
moindres bénéfices.
Tous les soins sont donnés à ces pui'-sang pendant la première année seule-
ment; plus tard, ils n'ont plus de soins particuhers.
Avec ces soins, cette bonne nourriture, M. de Villepin obtient de bons produits,
des ventes fréquentes à de très bons prix.
L'élevage Durham au point de vue exclusif de la viande de boucherie est donc
profitable; quant à la race mancelle que M. de Villepin a essayé d'améliorer parle
régime de la sélection, les produits les mieux réussis ne lui ont jamais donné
une prime de plus de 10 francs sur les marchés. Aussi ne faut-il pas s'étonner que
l'élevage des Durhams et des croisements Durhams ait pris tant de développe-
ment dans cette région; néanmoins, l'engraissement du bœuf est loin d'être aussi
avantageux. D'après la comptabihté du directeur de la Pilletière, le bénéfice brut
entre le prix d'achat des bœufs et leurs revenus à l'état gras est de 0 fr. 90 par
tête et par jour d'engraissement; il estime la nourriture à 1 fr. 35 par tête et par
jour^ il reste donc 45 cent, par tête et par jour pour représenter le fumier, tandis
que le iumier de la gendarmerie du château du Loir ne coiite que 30 centimes par
tète et par jour.
Quoiqu'à la ferme-école, M. de Villepin n'ait pas tiré grand profit de la spécula-
tion du beurre avec de bonnes vaches normandes, nous sommes convaincu que
les petits cultivateurs de la Sarthe qui savent entretenir suffisamment cette vache
peuvent en tirer un profit avantageux.
L'exhibition de l'espèce ovine, sans être très nombreuse, présentait cependant un
certain intérêt.
Les animaux exposés devaient être nés avant le 1" mai 1879 à l'exception toute-
fois des agneaux et agnelles devant faire partie des lots d'ensemble.
La 1" catégorie comprenant la race mérinos et les métis mérinos ne comptait que
25 têtes appartenant à des éleveurs de l'Eure-et-Loir. La Sarthe n'élève guère
le mérinos, on y préfère les races anglaises plus précoces, plus faciles à engraisser;
nous avons cependant remarqué quelques berrichons et quelques cauchois. Les
moutons berrichons sont robustes, vigoureux et rustiques, ils s'engraissent assez
facilement, gras ; ils rendent au moins 50 pour 100 d'une viande de saveur très dé-
licate et très recherchée.
Quant aux moutons cauchois ou normands si vilains de forme, nous ne voyons
pas quel intérêt économique il peut y avoir à cultiver une variété qui laisse à dé-
sirer pour la viande comme pour la laine.
La race anglaise Dishley à laine longue, était représentée par 24 sujets et les
Southdown par dix têtes. Le reste de l'espèce ovine était composé de croisements
dishley-mérinos et dishley-Southdown.
CONCOURS RÉGIONAL DU MANS. 53
Il y a déjà un certain nombre d'années que les Southdown sont introduits dans
la Sarthe, M. de Villepin les avait adoptés comme race rustique s'accommodant
mieux à ses maigres pâtures et ayant une aptitude très marquée pour engraisser. Il
nous a paru que les dishley et dishley-mérinos réussissent très bien dans la région
car il y en avait au concours de magnifiques spécimens
Les dishley sont des moutons qui s'accommodent mal delà chaleur et de la sé-
cheresse, mais qui résistent beaucoup mieux que d'autres à un certain degré
d'humidité atmosphérique ; cette race a acquis à cet égard une sorte d'accoutu-
mance. En Angleterre, ils vivent presque constamment dehors dans une atmos-
phère brumeuse au miUeu des champ de turneps.
Les dishley-mérinos ont été créés, comme on sait, en vue de produire des
moutons ayant une certaine finesse de laine, avec une viande plus abondante.
Mais on sait aujourd'hui combien il est difficile de fixer ce croisement.
En tant qu'animaux producteurs de viande, les dishley-mérinos, ne diffèrent
guère des purs dishley, atteignent les mêmes poids vifs, variables comme les
conditions de milieu dans lesquelles ils sont produits. Leur valeur individuelle à
cet égard n'est point contestable. Elle dépend surtout de l'habileté personnelle
des éleveurs.
Comme le fait observer avec raison M. Sanson, la toison chez le dishley-
mérinos a toujours une valeur inférieure à poids vif égal de l'animal qui la porte,
à celle du pur mérinos. Le poids de cette toison n'est jamais aussi élevé, la cfualité
est toujours moins bonne. Aussi le professeur de l'Institut agronomique en tire
la conclusion qu'étant donné, que la régularité de conformation et la précocité
si grandes qu'on le suppose chez les dishley-mérinos, ne surpassent point celles
des purs mérinos de la variété précoce, et en laissant de côté la question de
variabilité désordonnée, qui ne serait cependant pas négligeable, il est évident
qu'au double point de vue de la production de la viande et de la production de la
laine, les métis en question n'ont aucune place utile à prendre en économie
rurale. Le temps nous dira si la doctrine de M. Sanson n'est pas exacte; les éleveurs
sauront bien se rendre compte s'il est plus profitable de cultiver le dishley, le
dishley-mérinos, ou le southdown, plutôt que d'améliorer nos races trançaises,
de rendre nos mérinos plus précoces, d'en faire des moutons de laine et de
viande.
L'espèce porcine comprenait 19 sujets de races indigènes pures et croisées entre
elles, parmi lesquels il y avait quelques types normands et craonnais.
Les races étrangères pures ou croisées entre elles, étaient représentées par
22 sujets : berkshire, yorkshire, new-leicester et anglo-normand.
Quant à l'exposition des animaux de basse-cour elle était intéressante; la race
de La Flèche, qui, depuis quelques années, a remporté les prix d'honneur dans les
concours, était admirablement représentée : grâce à ses qualités, cette race a
acquis une réputation européenne justement méritée.
Cette race est tardive, mais ce n'est pas là un inconvénient, car les produits
arrivent sur le marché quand ceux des autres ont cessé d'y paraître. On confond
généralement la race de la Flèche avec celle du Mans. Cependant, les éleveurs les
distinguent; celle du Mans aurait pour caractère distinctif une demi-huppe retom-
bant sur l'occiput, avec crête triple, volumineuse, frisée, des barbillons ronds et
assez longs, un plumage avec des reflets verts.
Quoi qu'il en soit de cette distinction, il n'est pas moins vrai que la race de La
Flèche est excellente et que de tout temps elle a été recherchée par les gourmets et
que Racine a choisi un chapon du Mans pour en faire le héros de sa comédie des
Plaideurs. L'exportation des volailles, comme celle des légumes et des fruits pour
Paris, constitue une industrie ancienne qui ne fait que se développer ; les races
de Houdan, de Crèvecœur, étaient également bien représentées. Nous avons aussi
remarqué de beaux dindons, des oies, des canards, des pintades et des pigeons,
et enfin une belle collection de lapins et de léporides.
L'exposition des produits ne représentait guère ce que donne le département de
la Sarthe, ainsi que les autres départements de la région. Et cependant M. de
Lavergne constate que le Haut-Maine, qui forme aujourd'hui le département delà
Sarthe, avait atteint, dès 1789, une assez grande prospérité. Ce département
occupait le premier rang parmi nos départements, pour la production du chanvre.
Parmi les produits de la région du concours, nous signalerons les blés et avoines
de M. Charles Dumontier, de Claville (Eure); les produits divers de M. Girard,
du Mans, et surtout ceux de M. Lépine, à Rouez-en-Ghampagne ^Sarthe), la belle
5i CONCOURS REGIONAL DU MANS.
collection de pommes de terre françaises, anglaises, américaines et allemandes,
de M. Alfred-Jean Pellier, à Jupilles-Fessard (Sarthe) ; la collection d'avoines et
de trèfle de M. Roche-Papillon, de Chartres; les cidres de M. Fournier, à Sainte-
Marguerite (Calvados) ; les cidres mousseux de M. Floquet, à Pont-Lévêque (Cal-
vados). Nous avons enfin remarqué à l'exposition des produits, des tourteaux
alimentaires de graines de coton d'Egypte fabriqués par M. Darier de Rouffio, à
Marseille. D'après de nombreux témoignages ces tourteaux donnent de bons
résultats quand on les mélange avec des betteraves ou d'autres racines, avec des
pulpes de pommes de terre, des résidus de distillerie, avec du foin, de la paille,
ou même avec du fourrage vert; ces tourteaux sont employés à la ferme-école de
la Pilletière, pour les bœufs à l'engrais, et pour les vaches laitières dans les pro-
portions suivantes :
Foin haché, 14 kil.; betteraves fermentées, 40 kil..; tourteaux de coton, 6 kil.;
farine d'orge, 1 kil., féveroles arrachées, 0 kil. 500 ; sec, 0 kil. 040.
Le tourteau de graines de coton très bon pour l'espèce bovine et ovine, ne doit
pas être employé pour l'espèce porcine.
L'exhibition des instruments agricoles était aussi complète que possible, il y
avait plus de mille engins agricoles. Les concours d'instruments qui ont eu liau
ont été très intéressants.
Les essais d'instruments d'extérieur de ferme ont été très suivis, aussi bien
ceux des charrues, que des faucheuses et des râteaux.
Le premier de ces concours a eu lieu, dans des conditions difficiles, sur un sol
dur, gazonné depuis longtemps et semé de cailloux, bien fait, du reste^ pour
éprouver les instruments,
La condition du travail était un labour de déchaumage à 8 centimètres de pro-
fondeur environ.
Sept bisocs et trisocs ont pris part au concours. Deux ont été obligés, par la
résistance du sol, de cesser la lutte. Les autres ont donné un bon travail, et surtout
le trisoc Hornsby présenté par M. Pécard de Nevers, le trisoc Ransome, le bisoc
Candelier qui, comme on le verra, ont obtenu les prix; mais nous nous sommes
demandé si un concours de polysocs était bien utile dans un pays de petite culture.
Les brabants doubles ont eu plus de succès aux yeux des cultivateurs du pays ;
manœuvrant dans un champ caillouteux, divisé en planches de 20 centimètres
environ, et recouvert d'un vieux gazon, ils ont donné un excellent travail surtout
les brabants de MM. Henry frères. Fondeur, et Delahaye, constructeurs dont la
réputation n'est plus à faire.
Près de l'importante usine à farine de M. Leroux et Jamin à trois kilomètres
environ de la ville du Mans a eu lieu le concours des faucheuses, dans un pré
dont la récolte était très inégale.
Les faucheuses étaient au nombre de 19, ayant chacune 9 ares de surface à
couper. Elles ont exécuté leur travail en dix à onze minutes, certaines ont mis
trente minutes, en raison des difficultés et des obstacles du terrain qui était
inégal en certains endroits et couvert de taupinières. Les faucheuses sont aujour-
d'hui très perfectionnées, ce qui a rendu la tâche du jury très difficile.
La faucheuse Aultmann a donné incontestablement le meilleur travail ; c'est du
reste un instrument construit dans d'excellentes conditions.
Le bâti de la faucheuse est tubulaire et fermement supporté de fer battu, de
manière à bien combiner la résistance de ce métal avec la rigidité de la fonte.
La barre coupeuse est d'acier étiré, ce qui lui donne une grande rigidité. Les
doigts sont de fer et acier forgés et les deux sabots de fonte malléable; les
sections des lames sont fortes et dressées des deux côtés.
Cette machine est balancée de telle sorte qu'il n'y a pas de tirage de côté, de
même que son équilibre est parfait lorsque le conducteur est sur le siège ; ce qui
supprime tout poids inutile sur le cou des chevaux.
Le levier de hausse, le levier d'inclinaison de la barre coupeuse et le levier
d'embrayage manœuvrent facilement et sont à la portée du conducteur.
Le démontage et le remontage de cette machine peuvent se laire en quelques
minutes avec le seul secours des outils contenus dans la boîte : un catalogue des
pièces de rechange est joint à chaque machine ; de cette façon le cultivateur lui-
même peut y faire les réparations nécessaires.
Après l'Aultmann les faucheuses qui ont le mieux fonctionné sont la Wood,
celle de M. Albaret, la nouvelle Samuelson, celles de M. Renou et de M. Hidien.
Le concours de râteaux n'a pas donné les résultats habituels. Les conditions
CONCOURS REGIONAL DU MANS. 55
d'opération étaient très mauvaises. Le foin coupé le matin n'était pas sec. Le
ramassage se faisait difficilement, les dents laissaient échapper péniblement leur
contenu, et il y avait toujours un intervalle dans lequel le foin n'était pas ramassé.
D'autres râteaux à dents trop légères laissaient glisser l'herbe et traînaient leur
andain.
Néanmoins au milieu de ce travail que l'humidité du foin ne permettait pas
d'accomplir aussi régulièrement que s'il eût été sec, les râteaux de MM. Renou,
Gerbouin et Waite Burnell, Roi, Decker et Mot, ont assez bien fonctionné; nous
avons surtout remarqué les dents accouplées du râteau Grerbouin qui retomlîaient
plus facilement que celles des râteaux, des autres concurrents.
Une expérience de la machine à charger le foin présentée par la maison Pilter
a eu lieu sur le champ du concours et a beaucoup excité la curiosité des visiteurs.
Cet appareil s'adapte au moyen d'un crochet à l'arrière d'une charrette à deux ou
quatre roues sur laquelle doit être chargé le fourrage disposé en andains. Le bâti
de bois repose sur un essieu supporté par deux roues. Les moyeux de fonte sont
munis de deux engrenages enfermés dans une boîte et commandant à la vitesse
voulue l'essieu qui sert d'arbre moteur à tout le système au moyen d'un enclique-
tage qu'on amorce à volonté.
Detax autres roues intérieures de fonte reçoivent six rouleaux de bois sur
lesquels sont fixés des dents d'acier de forme recourbée. Quand les engrenages
sont mis en contact et que le véhicule marche, ces rouleaux tournant librement
dans les trous ménagés dans les jantes des roues de fonte, il en résulte que les
dents prennent le foin avec autant de perfection, que le meilleur râteau et le
déposent sur un tablier sans fin qui peut l'élever sur le véhicule récepteur
jusqu'à cinq mètres de hauteur.
La quantité de fourrage ramassée et élevée est assez considérable pour occuper
deux hommes sur une charrette.
Cet ajipareil, qui supprime les chargeurs à la fourche et diminue les frais de
main-d'œuvre, a très bien fonctionné.
Le jury en se retirant du champ du concours a eu la satisfaction de croire que
les expériences qui avaient eu lieu auraient une utilité pour les cultivateurs.
Les essais d'instruments d'intérieur de ferme ont été également très intéressants
et très difficiles à juger.
L'arrêté du concours portait comme récompenses ; une médaille d'or, une
d'argent et une de bronze pour machines à battre à vapeur, vannant et criblant
pour grandes exploitations. Les machines qui, dans les conditions du concours,
ont été jugées comme ayant le mieux fonctionné et présentant la meilleure
construction sont celles de MM. Hidien, Del, à Vierzon, puis celles de M. Brouhot
à Vierzon et Filoque, à Bourgtheroulde.
Il y avait d'autres machines à battre, également très bien construites et qui ont
donné de très bons résultats. Le jury a eu l'excellente pensée de récompenser
également ces machines à battre à grand travail donnant le grain vanné, criblé,
trié. Le ministre a accordé trois prix pour ces machines. Ils ont été mérités par
MM. Albaret, Roi et Gautreau de Dourdan.
Deux autres concours ont encore eu lieu : un de trieurs, et un autre de hache-
paille à manège, ou à vapeur et à bras. Dans le premier concours, les constructeurs
qui ont obtenu les prix sont : MM. Marot, à Niort ; Brisson, à Bourges; Fare, à
Tonneins (Lot-et-Garonne).
Pour les hache-paille à manège ou à vapeur, ce sont MM. Albaret, Pécard et
Waite -Burnell; pour les hache-paille à bras: MM. Waite-Burnell, Rigault, à
Paris; Beurez, à Ghatenay (Sartbe).
Parmi les autres instruments qui ne concourraient pas, on peut citer comme
méritant de fixer l'attention ; l'élévateur de paille de M. Roi, le monte-paille de
M Albaret; la bouche de four de M.Bernard; le moteur à gaz Bisschao de
MM. Mignon et Rouart, la machine à vapeur avec petite grue de M. Lefèvre. au
Mans ; les meules automatiques de M. Guedon-Fois, à Amiens, et les plaques
tournantes de M. Decauville, à Petit-Bourg.
Signalons enfin une bonne innovation. Depuis longtemps déjà on récompense
dans les comices, les ouvi'iers des fermes qui sont restés pendant un certain
nombre d'années chez les mêmes patrons. L'administration a eu l'excellente idée
de mettre deux médailles d'argent, quatre de bronze et une somme de 300 francs,
à la disposition du jury pour récompenser les plus habiles conducteurs des machines
aux concours et aux démonstrations publiques.
56 CONCOURS REGIONAL DU MANS.
En résumé, leconcours régional du Mans a été brillant et a été rendu très agréable
par les belles fêtes que la municipalité a su organiser, et par la courtoisie qu'elle
a mise, ainsi que M. le Préfet, à bien accueillir les membres du jury.
Quant aux résultats agricoles, comme l'a dit M. Girerd, sous-secrétaire d'État
au ministère de l'agriculture, l'agriculture a fait des progrès importants. Les
céréales et les bestiaux ont pris un grand développement. Dans h Sarthe, la culture
des céréales a été transformée. Les terres qui produisaient autrefois du seigle et
du sarrasin produisent aujourd'hui du froment.
Si l'on compare les années Ibkb et 187^1, on remarque, a dit M. le sous-secré-
taire d'État, que, en 1845, pour ne parler. que du département de la Sarthe, il y
avait 65,042 hectares ensemencés en froment, tandis qu'en 1874, il y en avait
75,483. D'autre part, en 1845, le rendement était de 12 hectolitres; en 1874,
année exceptionnelle sans doute, il était de 19 hectolitres. Ainsi la production totale
s'est élevée de 780,000 hectolitres à 1,448,273. Elle a presque doublé.
Les bestiaux ont été transformés tant par les croisements et la sélection, que par
l'améUoration des herbages: une race nouvelle a été .pour ainsi dire créée. La
précocité permet de livrer aujourd'hui à trois ans, pour la boucherie, des animaux
dont on ne voulait autrefois qu'à six ans. On produit donc en six ans deux fois
plus qu'on ne produisait autrefois.
Nous ne voulons pas contester les progrès accomplis. Il est certain que le dépar-
tement de la Sarthe n'est pas resté à l'arrière depuis trente ans.
Le conseil général a donné une vive impulsion à la vicinalité. Il a été intelligem-
ment secondé par M. Delanney, agent voyer chef; on remarque aujourd'hui que le
département est sillonné de routes et de chemins admirables. Une chaire d'agri-
culture départementale a été créée au concours; elle est occupée par un professeur
distingué M. Launay, qui prépare les élèves de l'école normale à l'enseignement
agricole et qui saura rendre plus généraux les progrès accomplis dans la Sarthe.
Sans doute avec des agriculteurs comme MM de Yillepin, Jouanneau, Pan-
cher, Drouin, Girard, Courtillier et autres ; l'agriculture progresse, la production
à l'hectare augmente; mais pour se rendre exactement compte de l'agriculture de
la Sarthe, il faut voir aussi les petites exploitations et alors on comprend que les
progrès constatés ont besoin d'être généralisés, car on trouve encore la culture en
sillon, de mauvais instruments, des logements insalubres, un bétail insuffisant ou
absolument défectueux.
Enfin l'élan est donné. Espérons qu'avec l'instruction primaire agricole et le
crédit ouvert à la culture, le progrès s'étendra partout.
Voici la liste complète des récompenses décernées :
Prix culturaux.
V^ Catégorie. — Propriétaires exploitant leurs domaines directement ou par régisseurs et
maîtres-valets. Un objet d'art de 500 fr. et une somme de 2,000 fr. : à M. Lépine, au Baudray,
commune de Rouez-en-Champagne.
2° Catégorie. — Fermiers, cultivateurs, propriétaires, tenant à ferme une partie de leurs terres
en'culture ; métayers isolés cultivant des domaines au-dessus de 20 hectares. Un objet d'art ;\
M. Jouanneau, fermier à la Grenochère, commune d'Auvers-le-Hamon.
y Catégorie. — Propriétaires exiiloitant plusieurs domaines par métayers. Un objet d'art :
non décerné, aucun concurrent ne s'étant présenté.
4e Catégorie. Métayers isolés, propriétaires ou fermiers de domaines au-dessus de 5 hectares
et n'excédant pas 20 hectares. Un objet d'art à M. Legears, métayer, au Perray, commune
d Yvré-l'Evèque.
Prime d'honneur consistant en une coupe d'argent de la valeur de 3,500 fr. et remplaçant
l'objet d'art de la 2^ catégorie. — M. Jouanneau, fermier à la Grenochère, précité, lauréat du prix
çultural de la 2' catégorie, pour l'ensemble des progrès qu'il a réalisés sur son exploitation, et
l'excellent exemple qui en résulte pour la contrée.
Médailles de spécialité: — Médaille d'or grand module. — M. Paucher, fermier a Bures, com-
mune de Neuvy-en-Champagne. , ^. , , ,,„ T. .
Médailles d'or. — M. Drouin, à la Cour, commune de Janzé; M. Girard, a 1 Hernene, commune
du Mans. —Médaille d'argent (grand module), M. Henri a'iné, au Bois, commune d'Ecorpain. —
Médaille d'argent, M. Diouet, métayer à Bidoux, commuue de 'Vivoin.
Prix spécial des fermes-écoles, un objet d'art. — M. de Villepiu^ directeur de la Ferme-Ecole de
la Pillelière. . .
Récompenses aux agents des exploitations qui ont obtenu des prix culturaux. — 1"= Catégorie. —
Ferme de Biudray, exploitée par M. Lépine. — Médailles d'argent, MM. François Blossier, pre-
mier valot- Constant Guyet, palefrenier ; Pierre Berthelot, aide-palefrenier. — Jtftdtu'Ues de bronze,
MM. Henri' Abrivart, laboureur , M" Blossier, femme de ménage; Guyet, femme de basse-cour.
2' Catégorie. — Ferme de la Grenochère, cultivée par M. Jouanneau). — Médailles d'argent.
M. Jean-Baptiste Jouanneau ; M= Angèle Jouanneau, ménagère ; — Médailles de bronze, MM. Fran-
çois Leblanc , vacher; Alphonse Chanteau, domestique; Mlle Marie AUain, métivière.
■ 4e Catégorie. — Ferme de Perray, cultivée par M. Legears. — Médailles d'argent, M. Auguste
Legears, laboureur ; Mlle Eugénie Legears, ménagère; — Médaillede bronze, M. Auguste Buon,
domestique.
CONCOURS REGIONAL DU MANS. 57
Pria: ^peciai lies fermes-écoles. Ferme de la Pilletière, cultivée par M. de Villepin. Médailles
d'argent. — MM. Delhaye, berger; François Guillaumet chef de pratique. — Médailles de bronze,
MM. Layé, jardinier ; Coilliot, surveillant comptable.
Animaux reproducteurs. — Espèce bovine.
{''Clause, i" Catégorie. Race normmde. — Mâles. — l'= Sech'on. Animaux de 6 mois à 1 an
l"prix, M. Laverge Emmanuel, à Lasson (Calvados) ; 2^ M. Maillard Céran, à Sainte-Marie-du-
Monl (Manche) ; 3" M. Leneveu Auguste, à Matliieu (Calvados) ; Prix supplémentaire, M'' veuve Le-
coispellier, à Gagny (Calv;idos); mention honorable, M. Barassin Gustave, àSaint-Martin-de-Fon-
tenay (Calvados). — V Section. Animaux de 1 an à 2 ans. 1" prix, M. Gillain Victor, à Carentan
(Manche); 2% M. Leconte, à Hubert-Folie (Calvados); 3% M. Hervieu Louis, à la Mancellière
(Manche) ; 4"? M. Quemm Delphin, à Montville (Seine-inferieure) ; 5°, M. Sauvage Thomas, à-
SainteMartin-de-Fontenay (Calvados); 6», M. Nepveu Jules, fils, à Sainte-Geneviève (Seine-Infé-
rieure) ; 7', M'* veuve Lecoispellier; Prix supplémentaire, M Capey Auguste, à Méautis (Manche);
mention honorable, M. Houdeville, à Saint-Aubin-sur-Mer (Seine-InCérieure). — 3' Section. Ani-
maux de 2 à 3 ans. 1" prix, M. Touzari Hippolyte, Montmarliri-en-Graignes (Manche) ; 2% M. Ba-
rassin Gustave;— Prix supplémentaire, M. Capey, M. MaiUardCèran ; mention honorable, Mme veuve
Lecoispellier. — Femelles. — l" Section. — Génisses de 6 mo's à I an. — I"' prix, M. Nepveu
Jules, fils ; M. Maillard Céran ; 3% M. Touzard H.; mention honorable, M. Hervieu L. —
2^ Section. — Génisses de 1 an à 2 ans. 1" prix, M. Maillard Céran -, 2° , M. Cahour J., à Montbray
(Manche) ; 3% M. Leconte; 4* M. Leroy-Portien, à Laigle (Orne) ; 5' M. Her ieu L. ; 1" mention ho-
norable, M. Leconte; M. Ménager Auguste, à la ferme de la Cour (Sarihe). — 3= Section. Gé-
nisses de 2 à 3 ans. 1" prix, M. Maillard Céran ; 2% M= veuve Lecoispellier; 3% M. Hervieu Amédée
à Vorceville (Calvados); 4°, M. Victor Gillain ; b% M. J. Cahour — 4" Section. — Vaches de plus
de 3 ans. — 1" prix, M. Leconte ; 2% M. Thomas Sauvage ; 3% M. Céran Maillard; 4°, M.Alexandre
Ménager, à l'Ormeau (Sarthe) ; 5", M. V. Gillain; 6", M. Houdeville; 7% Mme veuve Lecoispellier;
8% M. J. Nepveu.
Bandes de vaches laitières (en lait). — 1" prix, Mme veuve Lecoispellier; 2", M. H. Touzard;
3", non décerné.
Prix d'ensemble. — Ce prix qui consiste en un objet d'art, a été décerné à M. Céran Maillard.
2" Catégorie. — Race Durham. — Mâles. — I" Section. — Animaux de 6 mois à 1 an. —
i^"' prix, M. le marquis de Grosourdy de Saint-Pierre, à la Vente-Silly (Orne); 2', M. Lépine, au
Baudray (Sarthe). Rappel de '2", M. GroUier, à Durtal (Maine-et-Loire); 3% M. le marquis de
Talhouet-Roy, au château du Lude (Sarthe); 4', M. Daniel Daudiar, à Niafie (Mayenne); b", Mme la
comtesse d'Armaillé, à Saint-Amadour (Mayenne). Mentions honorables, M. Grollier; M. Aimeric de
Chatauvieux, aux Haiiies (Ub-et-Vdaine) ; M. Louis Souchard, à la Cochinière (Sarthe); M. Lépine.
— 2" Section. — i^nimaux de 1 à 2 ans. — 1^' prix, M. Daniel Daudier ; 2*, Mme la comtesse
d'Armaillé; 3% M. le marquis de Talhouet-Roy ; 4% M. le baron Le Guay, à La Meignane (Maine-
et-Loire) ; 5% M. P. de Villepin, à Jupilles (Sarthe); 6% M. Grollier. Mentions honorables, Mme la
comtesse d'Armaillié; M. le marquis de la TuUaye, à Ménil (Mayenne). — 3* Section. — Animaux
de 2 à 4 ans. — 1" prix, M. Léon Gandon, à laBouchardière (Mayenne); 2', M. de Villepin; 3",
M. Ferdinand Després, au Temple (lUe-et-ViIaine). Rappel de 3^, M Grollier. Mentions honorables,
M. Lépine; M. le comte Rœderei", à Bois-Roussel (Orne); M. le marquis de Grosourdy de Saint-
Pierre. — Femelles. — I" Section. — Génisses de 6 mois à 1 an. — r" prix, M. Auguste Massé, à
Germigny (Cher) ; 2% M. de Villepin; 2% M. le marquis de Talhouet ; 4«, M. le baron Le Guay.
Mention très honorable, M. Aimeric de Chateauvieux. Mentions honorables, M. le marquis de
Talhouet; M. Lépine; M. le marquis de Nicolay, à Montfort-le-Rotrou (Sarthe). — 2" Section. —
Génisses de 1 à 2 ans. — 1" prix, M. le marquis de Grosourdy de Saint-Pierre; 2% M. Lépine ; 3°,
M. le marquis de la Tullaye; 4°, Mme la comtesse d'Armaillé ; b", M. Clément Girard; au Mans
(Sarthe). Mentions honorables, M. de Viilepin; M. Grollier; M. Girard — 3" Section — Génisses
de 2 à 3 ans. — 1" prix, M. Grollier; 2% M. le marquis de Grosourdy de Saint-Pierre ; S",
M. Lépine ; 4°, M. Ferdinand Després ; 5% M. le marquis de Talhouet. Mentions honorables,
M. Clément Girard ; M. de Villepin ; M. le marquis de la Tullaye. — 4" Section. — Vaches de plus
de 3 ans. — ]"' prix, M. Grollier; 2% M. le baron Le Guay. Rappel de 2'', M. le marquis de
Grosourdy de Saint-Pierre Rappel de 3% Mme la comtesse d'Armaillé. Rappel de 3% M. Lépine;
3°. M. le marquis de la Tullaye ; 4", M. de Villepin; 5", M. Lépine; 6% M. le marquis de Talhouet.
Mentions honorables, M. le baron Le Guay; M. de Villepin; M. Clément Girard.
Prix d'ensemble. — Ce prix, qui consiste en un objet d'art, a été décerné à M. Paul de Villepin.
3^ Catégorie. — Croisement durham. — Mâles. — I" Section. — Animaux de 6 mois à 1 an. —
1" prix, Mlle de Rougé, à Précigné (Sarthe); 2% M. Baiière, à Valmont (Seine-Inférieure). —
2" Section. — Animaux de 1 à 2 ans. — \" prix, M. Joseph Lemoine, à Doucelle (Sarthe);
2", Mlle de Rougé; 3", M. Niéceron, à la Corbinière (Sarthe); mention honorable, M. le vicomte
Ch. de Charnacé. — 3^ Section. — Animaux dn 2à 3 ans. — Prix unique, M. le comte Rœderer;
mention très honorable, M. Henri Goutard, à la ferme du Grand-Léard (Sarthe). — Femelles. —
1" Section. — Génisses de 6 mois à 1 an. — l""' prix, M. de Villepin ; 2°, M. Louis Souchard, à la
Cochinière (Sarthe); 3", M. le vicomte de Charnacé; mentions honorables, M. Donon, à Lonray ;
M. Louis Souchard. — 2"= Section. — Génisses de 1 à 2 ans. — l^'prix, M. le vicomte de Charnacé;
2", M. de Villepin; 3% M. le comte Rœderer; 4% Mlle de Rougé; mentions honorables, M. Jean
Joanneau, à la Grenochère (Sarthe) ; M. le vicomte Ch. de Charnacé. — 3' Section. — Génisses de
2 à 3 ans. — 1" prix, M. le comte Rœderer ; 2^ M. de Villepin ; 3% Mlle de Rougé ; 4% M. Donon ;
5% JI. Joanneau; mention très honorable, M. le comte Rœderer: mention honorable, M. Auguste
Grégoire, à Almenèches (Orne). — 4" Section. — Vaches de plus de 3 ans. — !*■■ prix, M. le
vicomte Ch. de Charnacé: 2% M. le comte Rœderer; 3-=; M. Jules Hubert; 4% Mlle de Rougé;
mention très honorable, M. le vicomte Ch. de Charnacé ; mentions honorables, Mlle de Rougé ; M. le
comte Rçederer; M. le marquis de Nicolay; M. Jean Joanneau.
Prix d'ensemble. — Ce prix, qui consiste en un objet d'art, a été décerné à M. le vicomte Ch. df
Charnacé.
Espèce ovine.
1" Catégorie. — Races mérinos et méti5-mérinos — V Section. — Animaux de 18 mois a
plus. —Mâles. — l"-prix, M. Donatien Gouache, à Ollé (Eure-et-Loir); 2% M. Anatole Legendr
58 CONCOURS RÉGIONAL DU MANS.
à VilIez-ChampJûininel (Eure); 3% M. Pierre Hellard, au Cormier (Eure); mention très lionorable,
M. Lcroy-Portien, à Lai^le (Orne). — Femelles. — 1" prix, M. Sédillot-Delaleu, à Ormoy (Eure-et-
Loir) ; 2% M. Legendre ; 3°, M. Hellard. — 2" Section. — Animaux de plus de is mois. — Mâles. —
1" prix, M. Gouache; 2', M. Bailleau, à lUiers (Eure-et-Loir); 3'', M. Hellard; mention honorable,
M. Leroy-Portien. — Femelles. — T"- prix, M. Sédillot-Delaleu; 2% M. Bailleau; 3% M. Hellard.
2° Catégorie. — Races françaises diverses. — Mâles. — 1" prix, M. Gouache ; 2% M. de Villepin,
à Jupilles (Sarthe). — Femelles. — 1"' prix, M. Louis Engrand, à Saint-Ouen (Seine-Inférieure);
2", M. de Villepin.
3° Calrgorie. — Races étrangères à laine longue. — Mâles. — 1" prix, M. Céran Maillard, à Sainte-
Marie-du-Mont (Manche) ; 2», M. Louis Abafour, à Miré (Maine-et-Loire); 3% M. H.-F. Signoret, au
Clos Hy (Nièvre); mention très honorable, M. Céran Maillard. — Femelles. — l-'prix, M. Céran
Maillard ; 2% M. Alphonse Tiersonnier, au Colombier (Nièvre) ; 3=, M. Victor Gillain.
A" Catégorie. — Races étrangères à laine courte. — Mâles. — l" prix, M. de Villepin;
2*, M. \V;i(idington, à Saint-Remy-sur-Avre (Eure-et-Loir) ; 3', M Louis Engrand. — Fsmelles. —
1" prix, M. Waddingion ; 2", M. .te Villepin; 3% M. Engrand.
5" Catégorie. — Croisements dishley-mérinos. — Mâles. — V prix, M. Emile Bonnet, à Bréqueille
(Eure-et-Loir) ; 2%, M. Donatien Gouactie; ;,", M. de Villepin. — Femelles. — l" prix, M. de Ville-
pin; 2« et 3" prix, 'pas d'animaux présentés.
6' Catégorie. — Croisements divers. — Mâles. — 1" prix, M. Royneau, à Aufl'erville i Eure-et-
Loir); 2% M. Gouache; mention honorable, M. Royneau. — Femelles. — 1" prix, M. Royneau;
2% M. Waddington.
Prix d'ensemble — Un objet d'art à M. Royneau.
Espèce porcine.
r= Catégorie. — Races indigènes pures ou croisées entre elles. — Mâles. — 1" prix, M. Évode
Chevalier, à Anceaumevillc (Seine-Inférieurp) ; 2", M. Louis Mouroeq, à Gréville (Manch^;);
3°, M. Labbé, à Omriiéel (urne). — Femelles. — l"' [)rix, M. Louis Hervieu, à la Mancellière
(Manche); 2", M. Louis Dupuy, à Saint-Mars-d'Outillé (Sarthe) ; 3°, M. Louis Mouroeq; prix supplé-
mentaires, M. Auguste Gordelet, à Challes (Sarthe) ; M. Labbé.
2" Catégorie. — Races étrangères pures ou croisées entre elles. — Mâles. — 1" pri.x, M. Auguste
Desvignes, à Bazouges-snr-le-Loir (Sarthe); 2', M Charles Dumoutier, à Claville (Eure); 3= et 4*
non décernés. — Femelles. — 1*' prix, M. Auguste Desvignes; 2^, M. Dumoutier; 3» et 4* non
décernés; mention honorable. M. Desvignes.
3° Catégorie. — Croisements divers entre races étrangères et races françaises. — 1" prix,
M. Evode Chevalier; 2', M. Clovis Lasnun, à Montville (Seine-Inférieure); mention honorable,
Mme Vve Lecoispellier. — Femelles. — 1" prix, M. Evode Chevalier; 2", M. Lasnon.
Prix d'ensemble. — Un objet d'art à M. Desvignes.
Animaux de basse-cour.
1" Catégorie. — Coqs et poules. — 1" Section. — Race de Houdan. — 1" prix, M. Izart, au
Mans (Sarthe) ; 2% M. Voitellier, à Mantes (Seine-et-Oise) ; 3°, Mme Aillerot, née Lusson, à La
Flèche (Sarthe); 4°, M. Brichet, au Mans (Sanhe). — 2° Section. — Race de Crèvecœur. —
1" prix, M. Jean Farcy, à Foulletourte (Sarthe); 2% M Trouillart père, à La Suze (Sarthe); 3",
M. Izart; 4% M. René Voisin, à La Suze (Sarthe); mention très honorable, M. Jean Loyau, à Lou-
plande (Sarthe); Mentions honorables, M. Corbin, à Villaines-sous-Malicorne (Sarthe); M. Farcy. —
3^ Section. — Race de La Flèche. — 1" prix, M. Voisin; 2", M. Corbin; 3% M. Izart; 4*, M. Trouil-
lard père; prix supplémentaire, M. Farcy; mention honorable, Mme Aillerot, née Lusson. —
4* Section. — Races françaises diverses. — 1" prix. M. Izart; 2% M. Jean Loyau; 3% M. René
Voisin. — r,<=' Section. — ° Races étrangères diverses. — 1" prix, Mme Aillerot, née Lusson; 2%
M. Ixart; M. Loyau; mention très honorable, M. Loyau; mentions honorables, Mme Aillerot, à
La Flèche (Sarthe); M. Farcy. — 6'= Section. — Croisements divers. — 1", 2° et 3° prix non
décernés.
2' Catégorie. — Dindons. — l" prix, Mme Aillerot, née Lusson; 2", M. Joseph Loiseau, à Per-
dereau (Sarthe).
3^ Catégorie. — Oies. — 1" prix, M. Jean Loyau ; 2°, M. Louis Deaprés, à jSainl-Pavace (Sarthe) ;
3% M. Brichet; mention honoraiile, M. Evode Chevalier.
4' Catégorie. — Canards. —1°' prix, M. Izart; 2% M. René Voisin; 3% Mme Aillerot; 4% M. Voi-
tellier,
5= Catégorie. — Pintades et pigeons. — 1" prix, Mme Aillerot; 2°, M. Izart.
6= Catégorie. — Lapins et léporides. — l"'' prix, M. Després; 2% M. Izart.
Prix d'ensemble. — Un objet d'art, à M. Izart.
Serviteurs primés, employés chez les lauréats et récompensés pour les bons soins donnés aux
animaux primés. — Médailles d'argent, MM. Louis Jouault, vacher chez M. le vicomte de Charnacé ;
Vasselin Boum rice, vacher chez M. Céran Maillard; Claude Délaye, vacher chez M. ue Villepin;
Mousset, berger chez M. Royneau. — Médailles de bronze. — MM. Baptiste Cousinard, berger chez
M. Gouache; Pierre Cartier, bergrer chez M. Grollier; Pierre Levitre, domestique chez M. Chevalier;
Adolphe Blanche, vacher chez M.Grosourdy de Saint-Pierre; Constant Guyet, vacher chez M. Lépine ;
François Têtu, vacher chez Mlle de Rougé. — 30 fr. à MM. Pierre Hébert, chez M. Louis Hervieu;
Catherine Jules, domestique chez M. Victor Gillain; Gouabault, vacher chez M. Sédillot.
Machines et instruments agricoles.
Concours spéciaux d'instruments. — 1'° Section. — Essais d'instruments d'extérieur de ferme.
— Charrues brabant doubles. — 1" prix, médaille d'or, MM. Henry frères, à Dury-les-Amiens
(Somme); 2", médaille d'argent, M. Pol-Fondeur, à Viry (Aisne) ; 3°, médaille de bronze, M. Bajac-
Delahaye, à Liancourt (Oise); mention très honorable, M. Caadelier, à Bucquoy (Pas-de-Calais).
Charrues po!y--ocs. — 1" prix, médaille d'or, M. Pécard, àNevers (Nièvre) ; 2", médaille d'argent,
MM. Decker E. et Mot, à Paris; 3% médaille de bronze, M. Candelier; mention très honorable,
MM. E Decker E. et Mot.
Machines à faucher les prairies, — 1" prix, médaille d'or, MM. Aultmann et Cie, à Paris; 2°, mé-
daille d'argent, MM. Gerbouin frères, à Sablé (Sartne) ; 3% médaille de bronze, M. Albaret, à
[CONCOURS RÉGIONAL DU,; MANS. 59
Liancourt (Oise) ; mention très honorable, MM. Gerbouin frères; mentions honorables, M. Hidien,
à Chàteauroux (Indre); M. Renou, à Abilly (Indre-et-Loire).
Râteaux à cheval. — 1='' prix, médaille d'or, M. Renou; 2°, médaille d'argent, MM. Gerbouin
frères; 3", médaille de bronze, MM. Waite, Burnell et Cie, à Paris ; mention très honorable,
M. Roi, à Nantes (Loire-Interieure); mention honorable, MM. E. Decker et Mot.
2° Section. — Essais d'instruments d'intérieur de ferme. — Machines à battre à vapeur, donnant
le grain nettoyé, pour grandes exploitations. — 1" prix, médaille d'or, M. Hidien, à Chàteauroux
(Indre) ; 2% médaille d'argent, M. Del; à Vierzon-Forges (Cher); 3", médaille de bronze, MM. Brou-
chot et Cie, à Vierzon (Cher); mention très honorable, M. P'iloque, à Bourgtheroulde (Eure).
Trieurs. — !" prix, médaille d'or, M. Marot, à Niort (Deux-Sèvres); 2°, médaille d'argent,
M. Presson, à Bourges (Cher) ; 3% médaille de bronze, M. Clert, à Niort (Deux-Sèvres) ; mention
très honorable, M. Fau, à Tohneins (Lot-et-Garonne).
Hache-paille, à manî'ge ou à vapeur. — P'prix, médaille d'or, M. Albaret; 2% médaille d'art
gent, M. Pécard ; 3", médaille^ de bronze, MM. Waite, Burnell et Cie ; mentitfn honorable,
MM. Gerbouin frères.
Hache-paille à bras. — 1" prix, médaille d'or, MM. Waite, Burnell et Cie; 2% médaille d'argent,
MM. Rigault et Cie, à Paris; 3^, médaille de bronze, M. Beurez, à Chantenay (Sarthe) ; mention
honorable, M. Maury, au Mans (Sarthe).
Mentions honorables décernées en vertu de l'article 15 de l'arrêté ministériel, parles deux sec-
tions du jury réunies. — Mentions très honorables, la Société du matériel a'gricole de la Sarthe,
au Mans; MM. Gerbouin frères; mentions honorables, M. Roi: M. Albaret; MM. Bernard père et
fils, à Tours (Indre-et-Loire); MM. Mignon et Rouart, boulevard Voltaire, 137, à Paris; M. Lefebvre,
au Mans (Sarthe); MM. Budan et Capelle, à Tours (iDdre-et-Loire): M. Guédon-Fois, à Amiens
(Somme) ; M. Decauville aîné, à Petit-Bourg (Seine-et-Oise).
Récompenses attribuées à des conducteurs de machines et à des contre-maîtres, en vertu de
l'article 13 de l'arrêté ministériel, par les deux sections du jury réunies. — ilédailles d'argent,
M. Isaac Trolly, conducteur d'instruments d'intérieur de ferme chez M. Pécard, à Nevers. (Nièvre,
M. Jules Serein, mécanicien-conducteur chez MM. Aultmann et Cie, à Paris. — Médailles de
bronze, M. Charles Girault, conducteur d'instruments d'ex.érieur de ferme chez M. Renou, à
Abilly (Indre-et-Loire) ; M. A.-F. Guillonneau, contre-maître chez M. Voruz, à Nantes; M. A.
Renaud, conducteur d'instruments d'intérieur de ferme chez MM. Gerbouin frères, à Sablé; M. G.
Lesimple, monteur de machines chez M. Gautreau, à Dourdan (Seine-et-Oise); 30 fr.; M. A. Ar-
gence, contre-maître chez MM. Brouhot et Cie, à Vierzon; M. P. Polet, conducteur de batteuse
chez M. Cheael, à Nantes; 25 fr., M. Waast, conducteur de machines d'intérieur de ferme chez
MM. Decker et Mot, à Paris; M. Brin; monteur de machines chez M. Lotz, à Nantes: M. Michaux,
conducteur de batteuse à la Société française du matériel agricole, à Vierzon; M. L. Carly, con-
ducteur de machines chez M. Del, à Vierzon.
Produits agricoles et matières utiles à l'agriculturea
Concours spéciaux. — l" Beurres frais. — 1" prix, médaille d'or, M. Julien Toreau, à Laval
(Mayenne); 2% médaille d'argent, M. Join, à Auvers-le-Hamon (Sarthe); 3% médaille de bronze,
non décerné.
2° Fromages à pâte molle, frais. — Pas de prix décernés.
3° Fromages à pâte molle, affinés. — 1" prix, médaille d'or, M. François Fournier, à Sainte-
Marguerite-de-Viette (Calvados) ; 2% médaille d'argent, M. Victor Paynel, à Ghamposoult (Orne) ;
3% médaille de bronze, M. Champion, au Chalet (Ille-et-Vilaine).
4" Produits maraîchers, cultivés en grand. — 1"'' prix, médaille d'or, M. Alfred-Jean Pellier, à
Jupilles-Fessard (Sarthe); 2% médaille d'argent, non décerné. •
5° Cidres et poirés. — l" prix, médaille d'or, M. Alfred Hélie, à Canteloup (Calvados); 2" , mé-
daille d'argent, M. Charles-Constant Guérin, à Saint-Germaiu-de-Talvende (Calvados) ; 8^, médaille
de bronze, M. Fournier.
6° Produits de distillerie. — 1" prix, médaille d'or, M. Hélie: 2^, médaille d'argent, M. Alexandre
Floquet, à Pont-FEvèque (Calvados) ; 3% médaille de bronze, M. Alfred Picquot, à Saint-Pierre-
sur-Dives (Calvados).
7° Plants, arbres, arbustes et produits forestiers. — 1" prix, médaille d'or; 2% médaille d'ar-
gent; 3^, médaille de bronze, pas de concurrents.
Produits divers. — Médailles d'or, M. Clément Girard, au Mans (Sarthe); M. Lépine, à Rouez-en-
Champagne (Sarthe).
Médailles d'argent, M. Bailleau, à Illiers (Eure-et-Loire) ; M. Pierre Hellard, au Cormier (Eure);
M. Leroy-Portien, à Laigle (Orne); M. Sédillot-Delaleu, à Ormoy (Eure-et-Loir); M. Vétault-
Rouault, à la Bo:re-Croissante (Maine-et-Loire).
Médailles de bronze, M. Baillargeon, à Sens-de-Bretagne (Ille-et-Vilaine) ; MM. Bessède fils, à
Marseille (Bouches-du-Rhône); M. Aimé Ghauffour, à Mareuil-sur-Ay (Marne); MM. Darier de
Rouffiou et Cie, à Marseille (Bouches-da-Rône); M. Anatole Legendre, à Villez-Champ-Dominel
(Eure) ; M. Jean Loyau, à Louplande (Sarthe); M. Léon Rézé, à Beaumont-Pied-de-Bœuf (Mayenne);
M. Roche-Papillon, à Chartres (Eure-et-Loir).
Ernest Menault*
CONSIDÉRATIONS SUR L'ALIMENTATION DES ANIMAUX
Je viens de lire, avec l'attention qu'il mérite, l'article sur la nourriture
des chevaux que vient de donner aux lecteurs de ce Journal le vénéré
M. Villeroy (voir le Journal du 29 mai, tome II de 1880, p. 334).
A constater la clarté des idées, la netteté du style, ceux qui, comme
moi, lisent depuis bientôt trente ans les publications de notre si dévoué
directeur, éprouvent une vive satisfaction, celle de savoir que la Provi-
dence accorde généreusement, mais à bien juste titre, des faveurs aussi
60 CONSIDÉRATIONS SUR L'ALIMENTATION DES ANIMAUX.
marquées à un tel lutteur arrivé à un âge où il est rarement donné à
un homme, non seulement d'étudier, mais encore de goûter même le
repos.
En analysant le contenu de chacun des petits paragraphes affectés à
un aliment donné, tous les praticiens y reconnaîtront le jugement d'un
maître. Aussi pour justifier mon titre, me bornerai-je, sur l'alimenta-
tion du cheval, à quelques courtes observations. En dehors des qualités
nutritives des aliments, il a été et est encore fort discuté par intervalle,
sur le mo.dc d'administration, c'est-à-dire sur la préparation à donner
aux aliments, soit qu'il s'agisse de les couper ou hacher, aplatir,
concasser, soit qu'on fasse intervenir dans les manipulations qu'on
leur fait subir, la cuisson, la macération, la fermentation.
J'ai écouté bien des praticiens, les uns pour, les uns contre telle
opération. Comme il est d'ordinaire que, de deux hommes d'une valeur
incontestable qui ne peuvent s'entendre sur une question de pratique,
il n'en est pas un qui ait absolument raison ou tort, j'ai, il y a quinze
anspassés, expérimenté les préparationsalimentaires ci-dessus énoncées.
Aux chiffres sont venues s'ajouter depuis des observations, des consé-
quences nouvelles, que j'ai trouvées sur le chemin frayé par mes
expériences.
Que peut produire le fourrage coupé ou haché? Un cheval alimenté
de foin hache consommera un poids de cet aliment en un temps moitié
moindre qu'un poids égal du même foin donné au naturel. Ce fait, je
l'ai constaté montre en main. Autre fait : toute déjection d'un cheval
qui a mangé du foin haché présentera ce foin, ou mieux les particules,
dans le même état de longueur et de largeur qu'elles affectaient au
sortir du hache-paille. Les conséquences pratiques de ces faits se
déduisent très facilement.
1° Un cheval n'aurait-il que peu de temps pour ses repas, il devra
être progressivement habitué à absorber son foin ou sa paille hachée.
T D£fns ces conditions, la mastication et l'insalivation étant incom-
plètes, la digestion stomacale et intestinale enlèveront une somme
moindre des substances assimilables du foin; de plus l'animal absor-
bera une plus grande quantité d'eau pour subvenir à l'eau fournie en
moins pendant une déglutition d'une vitesse doublée.
Il en résulte qu'il est utile, au point de vue de l'économie du temps, de
faire certains mélanges de foins qui ne sauraient, vu leur odeur, leurs
défauts, être mangés à l'état naturel. Le procédé du hachage est contre-
indiqué pour des chevaux, ayant un temps suffisant pour leur repas, qui
réaliseront alors, par une mastication et une insalivation suffisantes, un
travail ou un rendement supérieur eu égard au même poids de fourra
absorbé.
J'ai langtemps expérimenté les effets de l'avoine aplatie. Je dirai
d'abord qu'elle vaut moins à poids égal. En donnant dans les deux cas
même poids, c'est-à-dire autant de kilog. d'avoine au naturel que
d'avoine aplatie, je constatai une résistance moindre au travail dans le
cas de nourriture avec la dernière.
Voulant après l'expérience avec l'avoine aplatie, répéter, sous forme
de contre-expérience, avec l'avoine au naturel, je constatai, non avec
étonnement, que les chevaux n'avaient pas broyé ni digéré quantité de
grains. L'habitude d'avaler plus lestement, les forces digestives moins >
sollicitées et par conséquent affaiblies, avaient produit ce résultat.
CONSIDÉRATIONS SUR L'ALIMENTATION DES ANIMAUX. 61
Il me paraît donc résulter de mes observations sur ce point qu'à
part les animaux vieux ou en dentition l'avoine ne doit être four-
ragée qu'au naturel. Je n'ai pas expérimenté l'avoine concassée c'est-à-
dire coupée en deux ou trois parties.
Au sujet de l'avoine^ je dois ajouter que sa qualité^ d'après maintes
expériences, dépend de la richesse du sol, des engrais, de l'année de sa
culture : que toutes choses égales, l'analyse chimique a constaté chez
moi que la noire, ainsi que le croient les voituriers, est plus nutritive de 1 0
à 1 5 pour 1 00 que la blanche. Averti par l'expérienceje donne d'habitude,
à mes jeunes chevaux à l'élevage, mêlé à leur avoine, un volume de
balles double de celui du grain. La présence de ces Ijailes, indépen-
damment de leur valeur nutritive, provoque selon moi une mastication
et surtout une salivation qui exercent sur la digestion, la plus heureuse
influence. La démonstration de ce que j'avance m'a été fournie par un
élevage opéré par l'un de mes parents.
De 6 mois à 18 mois, mes poulains, qui alors ont une grande dis-
position à grandir, sont généreusement nourris et mangent de 6 à
8 litres d'avoine par jour plus 2 litres de son à midi; plus tard ils
sont successivement descendus à 4 et 6 litres avec 4 litres de son.
Mon parent donne son avoine sans balles; de plus avant et après boire
— l'avoine doit se donner après boire — et quoiqu'il donne 2 à
3 litres d'avoine de plus à ses poulains que moi aux miens, les siens
sont moins en état. Le son doit se donner à peine humecté; en bar-
botage il donne la diarrhée ou relâche les intestins.
D'après mes expériences, les racines, sauf les pommes de terre,
n'ont pas avantage à être cuites.
Des chevaux nourris chez moi d'orge, en place d'avoine, sont deve-
nus mous, suant bien plus facilement. J'ai aussi donné des germes
d'orge sans inconvénient, du maïs. Est-il nécessaire d'ajouter que mes
chevaux, dans aucun cas, n'avaient ni la vigueur, ni la chair ferme
que donne l'avoine?
J'estime beaucoup les fèveroles données modérément, soit à raison de
1 litre ou 1 litre et demi par tête et par jour.
Dans ma pratique, j'ajoute une importance capitale à ne donner à
mes animaux, de quelque espèce qu'ils soient, que le moins d'eau
possible, de quoi assurer à leurs déjections une consistance solide,
sans qu'elles soient luisantes, coiffées.
Par ce procédé, les élèves ne prennent pas de gros ventre et les
inconvénients qui résultent du contraire : dos ensellé et poitrine res-
serrée n'ont pas lieu.
L'espèce bovine, quoique moins difficile dans le choix des aliments,
nécessite des soins non moins entendus.
On sait le danger de donner aux vaches des fourrages inférieurs :
ceux des prés bas marécageux produisent un lait à réaction acide. De
pareils foins sont dommageables aux animaux et aux enfants qui en
boivent le lait. C'est une inconséquente pratique, celle de boire du lait
non .cuit : que de maladies ne se prennent pas par le lait qui se boit
chèrement non cuit pour guérir. Il est établi aujourd'hui que le lait
des vaches phthisiques donne la phthisie. J'ajouterai ici, autorisé de
l'expérience, que des parents soucieux de la santé de leurs enfants ne
devront jamais leur laisser boire de lait non cuit, dangereux surtout
pour les enfants en bas-âge, et particulièrement lorsque la nourriture
62 CONSIDÉRATIONS SUR L'ALIMENTATION DES ANIMAUX.
verte est donnée aux animaux. C'en est dire assez pour conclure.
La fermentation et la macération sont des pratiques qui ne peuvent
être que passagères dans une- étable d'élevage, elles donnent, long-
temps continuées, naissance à la ladrerie ou phtliisie des organes
internes.
Si la drèche augmente la quantité de lait, la qualité en est mau-
vaise; les chairs des animaux ainsi nourris sont peu nutritives et de
conservation très difficile. Bien autrement meilleurs sont lait et
viande produits par de bon foin ou de bon regain, auxquels s'ajoute
comme ration complémentaire 1 kilog. par tête et par jour de son et
surtout de tourteau de lin, le meilleur des tourteaux après le tourteau
de noix, ou aussi,- par ordre de valeur descendante, de tourteaux
d'arachides décortiquées, de sésame, de coton, de palmiste. Ce der-
nier est généralement aujourd'hui le plus mauvais dans le commerce.
En parlant de Fespèce bovine, combien recommandé-je de ne
jamais rien brusquer dans la nourriture : les transitions dans le four-
rage et la manière de nourrir doivent être lentes. A l'occasion de
nouveaux aliments, le vacher introduira adroitement une poignée
desdits aliments dans la bouche de ses bêtes, puis leur maintiendra
les mâchoires fermées un instant. C'est ainsi qu'elles se décideront le
plus vite, sans quoi, bien souvent, on entendra dire : les animaux
ne veulent pas de telle ou telle nourriture. Ce qui vient d'être dit pour
les adultes s'applique d'autant plus aux veaux. Que l'on calcule et
l'on verra que 1 0 litres de lait produiront chez un aussi petit animal
1 kilog. d'augmentation du poids vif; c'est, au point de vue de la
raison et de la comptabilité, le lait maternel qui est l'aliment le plus
avantageux. Il doit, après le troisième mois, être supprimé successi-
vement et par demi-litre et remplacé par 20 à 30 grammes — pour
commencer — de tourteau-x de lin. On procède ainsi en diminuant
1 litre de lait par huit jours; mais on continue le plus longtemps
possible 2 litres par jour, c'est-à-dire jusqu'au- sixième mois, s'il y a
lieu et si le sujet est de mérite. Jamais il ne faut, lorsque le veau a
seulement 2 litres de lait, par exemple, ajouter de l'eau. Offrez-lui de
l'eau pure, s'il a soif, il boira ; autrement, il rééditera l'anecdote de
l'ivrogne qui boit son litre mêlé à 2 litres d'eau.
Pour les ruminants, c'est une erreur aussi de croire à l'effet utile
d'une grande quantité d'eau absorbée; les dommages sont ceux qui
s'observent chez le cheval. Les taureaux surtout sont abîmés par l'eau
pendant l'élevage ; si on ne les rationne pas, ce qui se fait en leur
donnant trois fois par jour 4 à 5 litres d'eau, jamais on ne réalisera
chez eux de belles formes.
Que dire du porc, qui se nourrit de tout? Généralement on mêle sa
nourriture à trop d'eau : erreur regrettable qui ne permet pas une
insalivation suffisante, et entraîne une assimilation incomplète. Comme
à tous nos animaux, offrez-lui de l'eau pure.
De tous les animaux de la ferme les moins bien soignés, dans bien
des localités, sont les espèces ovipares : poules, dindes, canards,, qui
peuplent nos basses cours. Si encore on leur octroyait beaucoup d'eau
fraîche et pure, les affreuses maladies typhoïdes, le choléra, puis-
qu'ainsi se désigne un mal qui naguère a fait de nombreuses victimes,
seraient inconnus chez elles. Pour les poules, il faut se rappeler que,
granivores, la nourriture sèche et non diluée d'eau qu'on leur pré-
CONSIDÉRATIONS SUR L'ALIMENTATION DES ANIMAUX. 63
sente si rarement, leur est nécessaire. Les grains, le sarrasin, Forge, ■
des pommes de terre cuites et bien écrasées, mêlées à du son, leur
font une bonne pitance.
Depuis quelques années, d'intelligents éleveurs ont entrepris l'éle-
vage artificiel des animaux de nos basses-cours. Le succès couronne
leurs efforts. Quelle occupation plus digne d'intéresser, par l'agrément
qu'elle occasionne et le peu de capitaux qu'elle comporte, des popula-
tions des campagnes où le sol est très morcelé, comme dans le Nord
et l'Est de la France, en Alsace. A l'œuvre, mesdemoiselles les fer-
mières! Si vous ignorez que ce petit monde de volailles a épris de
grandes dames dont il a fait et fera encore les charmes, songez aux
termes à payer par vos besogneux parents et croyez aux grandes faci-
lités qui vous sont offertes, par une élève soignée de la volaille, pour
alléger leurs charges, en venant de votre pas le plus pressé, remettre
avec un gracieux et malicieux sourire au caissier de la maison, — le
père ou la mère — le net produit de votre petit monde emplumé. A
l'œuvre, mesdemoiselles! Il n'y a pas de petit métier; ne sont sottes
parmi nous que celles qui placent toutes leurs forces dans ces
charmes extérieurs, habits ou minois, qui tous deux sont les jouets
du temps et disparaissent avec lui !
Faire naître, élever, c'est par la pensée s'élever vers Dieu le grand
créateur. Jean Kiener. •
LE CINQUANTENAIRE DE dRAND-JOUAN
Le 4 juillet 1880 est, pour l'Ecole nationale d'agriculture de Grand-
Jouan, une date qui restera désormais tracée en lettres d'or dans ses
fastes, et dont le souvenir demeurera gravé dans le souvenir de tous
ceux qui, ce jour-là, entouraient M. Jules Rieffel, le vénéré fondateur
de l'Ecole.
Grand-Jouan compte, en 1880, cinquante années d'existence. A cette
occasion, les anciens élèves de l'Ecole ont pensé, avec raison, qu'il
était de leur devoir de témoigner, par une fêie solennelle, et de leur re-
connaissance pour l'école oi^i ils ont reçu l'instruction agricole, et de
leur affection pour son fondateur dont la verte vieillesse se rit des
injures du temps. Un comité fut constitué sous la présidence de
M. Londet, professeur d'économie rurale à Grand-Jouan, pour orga-
niser la fête du cinquantenaire et offrir à M. Rieffel un souvenir de
l'affection de ses anciens élèves. Ce comité comptait, avec son prési-
dent : M. Belot comme vice-président; M. Saint-Gai, comme secrétaire,
M. Ronchail comme trésorier, et il était complété par MAI. Chazely,
Roussille, Bouscasse, Sensarric, Massabiau, Fiévet et Lucien Lembezat.
Ce comité fit appel à tous les élèves de Grand-Jouan, ainsi qu'aux
amis de l'agriculture. Une souscription fut ouverte pour offrir à
M, Rieffel un objet d'art destiné à perpétuer la reconnaissance de ses
élèves.
L'origine de la fête étant indiquée, nous devons en faire connaître
les détails à nos lecteurs. Mais il est des choses qui ne se racontent
pas, ou dont le suave parfum est perdu quand on les fige sur le pa-
pier. La fête de Grand-Jouan a été surtout une fête du cœur ; nous nous
avouons incapable à retracer ici la profonde émotion qui en a été le
grand caractère. La joie de leurs enfants et petits-enfants est la cou-
64 LE CINQUANTEXAIRE DE GRAND-JOUAN.
ronne des vieillards; M. Kieffela eu, dinianelie, lapins belle couronne
qu'il ait pu rêver pour ses cheveux blancs.
L'afïluence des anciens élèves et des amis de l'agriculture qui
avaient tenu à donner à x\I. Rieffel ce témoignage de respect, était
nombreuse. Nous devons citer quelques noms : M. de Lapparent, ins-
pecteur général de l'agriculture représentait le ministre de l'agriculture.
A côté MM. Dutertre, directeur de l'école nationale de Grignon, Barrai,
Lecouteux, Bobierre, de la Haye-Jousselin, Despretz, Salvat, Abadie,
Pensiot, Leroux, Billot, Baron-Lacroix, Touzard, Boudy, Aubert, Léo-
nard, Bouche, Chenel, Leroux, Garnier, Lorza, Sorin, Drouard, Aillet,
de Fontenay, de Beaufond, autant de noms dont quelques-uns sont
illustres dans l'agriculture. Puis un grand nombre d'anciens élèves, les
autorités du pays, etc., etc. Parmi les visiteurs, il y en avait beaucoup
qui n'étaient pas revenus à Grand-Jouan, les uns depuis vingt ans, les
autres depuis vingt-cinq ou trente ans. C'est à ceux-là surtout que
nous avons demandé leurs impressions. Elles étaient unanimes. Non
seulement l'école elle-même a exercé une puissante influence de tous
les côtés par les mille jeunes gens qu'elle a formés; mais elle a trans-
formé le pays tout entier. Jadis la lande l'entourait à perte de vue;
aujourd'hui, nous venons de le voir de près, la lande est devenue
l'exception. La population a gagné en nombre et en richesse, elle a
appris à manger du pain de froment ; tout entière elle a appris à bénir
le nom de M. Rieffel comme celui du rénovateur du pays. Mais pour-
quoi en dire davantage, alors que l'histoire de Grand-Jouan est si bien
racontée dans les discours que nous allons reproduire.
A trois heures, l'association amicale des anciens élèves de Grand-
Jouan tient sa séance annuelle. Elle est ouverte par la lecture d'un té-
légramme des élèves de Grignon qui ont tenu à envoyer ici un témoi-
gnage de la confraternité cordiale qui unit les écoles d'agriculture. A
la suite de cette séance, a lieu la remise solennelle de l'objet d'art
offert à M. Rieffel par ses anciens élèves. M. Londet préside, assisté
de M. Saint-Gai; M. Rieffel est entouré de sa famille : M™ Lembezat,
sa fille, qui a été pour lui un véritable collaborateur, et dont les vertus
et la bienveillance sont bénies dans tout le pays ; M. Lembezat, ins-
pecteur de l'agriculture, et leurs enfants formés à l'école de leur
grand-père et de leur père.
M. Saint-Gai donne lecture de l'adresse à M. Rieffel, rédigée par
M. Belot qu'une mission agricole a retenu loin de Grand-Jouan, au
moment de la fête. Voici ce discours qui a été plusieurs fois interrom-
■ pu par les applaudissements unanimes :
« Monsieur le Directeur,
ce Au nom de la Société des anciens élèves de Grand-Jouan, au nom de tous les
amis de l'agriculture, qui ont bien voulu s'associer à notre œuvre et dont je suis
heureux d'être Tinterprète, je viens vous prier d'accepter un témoignage de notre
sympathique reconnaissance et de notre profonde affection.
« Formé à l'école de ce grand maître, Mathieu de Dombasle, vous êtes venu dans
l'ouest continuer son œuvre.
« Vous êtes arrivé bien jeune dans ce pays, seul, au milieu des landes, vous ne
vous êtes point découragé; c'est que vous apportiez avec vous le savoir, l'énergie
et la confiance dans le succès, trois éléments indispensables à l'homme qui veut
réussir et sans lesquels il doit, tôt ou tard, mais fatalement succomber.
« Autrefois les conquérants plantaient leur épée dans le sol ennemi pour en
prendre possession; vous, vous y avez fait passer cet instrument de la paix et du
progrès, la charrue, pour montrer que désormais cette terre vous était asservie.
LE CINQUANTENAIRIi DE GRAXD-JOUAN. 65
« Par cinquante années de luttes contre les éléments, contre les préjugés,
vous nous avez donné l'exemple de la persévérance; par la transformation de
500 hectares de landes incultes en terres productives, vous avez montré l'action
de riiomme instruit sur la nature, vous avez fait mentir ce vieux proverbe breton
qui assurait aux landes leur éternité; par les progrès réalisés dans toutes les
branches de l'industrie agricole autour de Grand-Jouan, vous avez rendu
évidente l'influence des bons exemples sur les populations; et 8,000 hectares de
landes défrichés dans le canton de Nozay y ont amené l'aisance et le bien-être.
« Par la fondation de Comices agricoles et surtout de l'association bretonne
dont vous êtes encore le Directeur, vous avez été le promoteur des exhibitions
d'animaux dont sont sortis plus tard les concours régionaux.
« Par la création de l'Ecole de Grand-Jouan, vous avez répandu l'instruction
agricole dans toutes les classes de la société, et vos nombreux élèves ont eu une
influence ; marquée sur le progrès. Vous leur avez appris à se servir de la science,
tout en s'aidant du savoir du pays où ils cultivent et à toujours marcher avec un
plan bien médité.
« Par vos écrits, vous avez enseigné ceux qui ne pouvaient vous entendre et
exercé ainsi, au loin, votre action sur la marche de l'a^'riculture; vous avez déve-
loppé le goiit des champs chez les grands propriétaires en leur montrant qu'aucune
profession n'est plus noble ni plus utile que celle de l'agriculture.
a Dans votre monographie du rutabaga, vous avez, le premier, montré les pré-
cieuses qualités de cette crucifière au début des défrichements et toutes les res-
sources qu'on pouvait en tirer.
« Par vos nombreux mémoires insérés dans Y Agriculture de V ouest, vous avez
développé les grands principes de l'exploitation du sol; vous y avez surtout étudié
cette question si complixe des défrichements ; vous avez fait connaître les résultats
de votre expérience, et démontré des principes à peine entrevus par vos devan-
ciers.
« Enfin votre ouvragiî sur le métayage étudie dans ses plus minutieux détails,
ce mode d'exploitation, et montre combien dans certaines conditions il est avan-
tageux.
« C'est une transition nécessaire, par laquelle doivent passer les peuples, pour
arriver à la plus grande perfection culturale de la civilisation moderne : le fermage.
« Quant à vos anciens élèves répandus, on peut le dire, sur tous les points du
globe, fiers d'avoir reçu directement les leçons d'un tel maître, ils en conserveront
toujours le souvenir.
« Ceux qui ne peuvent.se trouver aujourd'hui avec nous, s'y associent de cœur
et regrettent profondément de ne pouvoir assister à cette fête du cinquantième anni-
versaire de la fondation de l'Ecole, pour vous témoigner combien nous sommes
heureux de vous retrouver, vous, le Fondateur et le Directeur, depuis cinquante
années toujours sur la brèche à votre poste de combat.
« Maintecant, messieurs, permettez-moi encore, au nom de la Société des
anciens élèves de Grand-Jouan d'adresser les plus sincères remercîments à
M. l'Inspecteur général de la Région qui, par sa présence à cette fête, montre
tout l'intérêt qu'il porte à notre Ecole; et à tous les amis de notre vénéré Direc-
teur qui, en collaborant ^à notre œuvre, ont voulu laisser une marque durable de
leur attachement pour lui, »
C'est avec une vive émotion que M. Rieffel se lève pour répondre,
par une allocution écrite avec la clarté, la précision et la bonne foi
qui ont toujours caractérisé son talent. Nous tenons à la reproduire,
parce que le simple exposé des faits qu'elle rapporte suffirait pour
démontrer la grandeur de l'œuvre accomplie. M. Rieffel s'est exprimé
dans les termes suivants :
« Messieurs,
« Après avoir i-endu grâce à Dieu, qui a bien voulu me conserver la vie et la
santé jusqu'à ce jour, je vous prie d'agréer tous mes remercîments, tous les
témoignages de ma reconnaissance pour votre présence ici. Quelques-uns sont
venus de fort loin, et ce voyage, possible aujourd hui, eût été bien difficile il y a
cinquante ans.
« Quelles transformations se sont faites autour de nous pendant cette période
de temps ! Permettez-moi de vous en parler, moi qui ai vu toutes ces transforma-
66 LE CINQUANTENAIRE DE GRAND-JOQAN.
lions naître, grandir et contribuer à la richesse du pays. A ce sujet, vous voulez
J3ien me rappeler mes travaux de dét'riehements. Tous les hommes de ma généra-
tion, a-t-on dit cette année au conseil général de la Loire-Inférieure, ont tenu à
honneur de prendre part au défrichement des bruyères, et ils ont eu le bonheur de
mener l'entreprise à bonne hn dans ce département.
« Avec les nouvelles terres labourées par de meilleures charrues, les cultures
se sont étendues et enrichies, les emblavures de fi'oment ont assez promptement
remplacé les emblavures de seigle. Ces dernières ont aujourd'hui à peu près
disparu, et tout le monde s'est mis à manger du pain de froment. L'homme a
commencé par sa propre satisfaction, et c'était assez juste; c'est, d'ailleurs, un
encouragement à faire mieux.
<f En efl'et, après lui, le cultivateur songea à ses animaux, et nous avons vu
s'élever l'ère des fourrages. Le chou a ouvert la marche avec les pommes de terre.
Le chou pour les bœufs et les vaches ; la pomme de terre pour les porcs. Puis est
venu le rutabaga, la plante des défrichements. Peu à peu, et avec l'amélioration
du sol, la betterave s'est fait sa place Le topinambour commence aussi à se faire
la sienne. Je ne peux pas oublier ici, que, dans le cruel hiver que nous venons
de traverser, tous' nos bestiaux ont eu sans cesse une bonne nourriture fraîche,
grâce à une excellente récolte de topinamhours. Tous les choux étaient gelés.
« Pendant que se développait cette culture des racines, entrait aussi en ligne
celle des plantes de la famille des légumineuses, les trèfles violets et les trèfles
incarnats, auxquels il faut ajouter les vesces. Ces riches plantes sont aujourd'hui
en plein succès dans notre heureux canton de Nozay; et, tandis qu'ailleurs elles
périclitent, elles gagnent ici du terrain chaque jour.
« Quels ont été les résultats de cette extension fourragère? La récompense légi-
time due au travail, une augmentation et une amélioration de tous les animaux,
la plus grande source des profits dans la ferme.
« L'histoire du bétail dans le pays de Nozay, depuis cinquante ans, est exces-
sivement intéressante.
« Commençons par le cheval. Autrefois nous n'avions pas de routes, par consé-
quent il n'était pas question de voitures. Tout le monde allait à cheval, hommes,
femmes et enfants. C'étaient de petits chevaux d'une valeur moyenne de 50 fr.,
nourris sur les bruyères. La construction des routes, à partir de 1833, fit naître
les véhicules, et les véhicules demandèrent des chevaux plus forts. Il devint
nécessaire de mieux nourrir les chevaux, et j'ai dit comment les cultivateurs ont
successivement augmenté leurs fourrages.
« La station d'étalons a engagé les cultivateurs à faire naître et à se livrer à
l'élevage du cheval. Cette industrie est réellement nouvelle, car autrefois elle
n'existait pas. Ce sera une source de profits.
« L'espèce bovine a reçu l'encouragement le plus énergique par les prix de plus
en plus rémunérateurs qu'elle a obtenus. Les bœufs, les vaches, les veaux se
vendent aujourd'hui deux et trois fois plus qu'autrefois.
« Mais ce sont surtout les moutons qui ont gagné. Loreque je formai le premier
troupeau à Grand-Jouan, il y a près de cinquante ans, j'achetai soixante-dix bre-
bis à la foire de Beaulieu, au prix moyen de 5 fr. chacune. Aujourd'hui, le prix
moyen d'une brebis est de 20 fr. C'est un produit quadruple, auquel il faut
encore ajouter l'agneau et la laine bien plus chers qu'autrefois,
« Il est excessivement intéressant de bien se rendre compte, dans l'étude d'une
contrée, des bénéfices ou des pertes des cultivateurs. Il y a bien longtemps que
j'ai fait cette remarque : cpaana les fermiers sont riches, tout le monde est riche
et satisfait,
« Cependant cela frappe moins que la proj)osition contraire ; quand les fermiers
sont pauvres, tout le monde est pauvre. Voyez ce qu'ont fait en France deux mau-
vaises récoltes; d'un bout à l'autre du territoire on se plaint, on crie misère.
« Cependant, les salaires ont partout doublé et triplé. Mais cela ne suffit pas ;
lorsque le cultivateur n'a pas d'argent, il ne prend qu'un valet au lieu de deux,
il diminue le nombre de ses journaliers et de ses journalières, il n'achète plus
rien chez le drapier, chez le cordonnier, chez le charron; il prend peu chez l'épi-
cier; tout le monde souffre de la souffrance de ce grand distributeur des richesses
que l'on appelle un fermier ou un métayer,
« Après ces études rétrospectives sur les changements survenus, depuis cinquante
ans, dans la contrée, au point de vue de son agriculture, parlons de nos écoles.
Je me suis occupé d'enseif^nement toute ma vie.
LE CINQUANTENAIRE DE GRAND-JOUAN. 67
« L'entreprise financière de Grand-Jouan ayant été faite primitivement par une
société d'actionnaires, on avait dû publier des prospectus pour la faire connaître.
Il est résulté de cette publicité que, dès les premiers temps de l'installation, un
certain nombre d'élèves se sont présentés pour les deux Ecoles, que j'avais l'in-
tention d'établir. Il ne faut pas oublier que, pendant plus de quarante ans, nous
avons eu deux écoles qui ont commencé ensemble : l'Ecole nationale et la Ferme-
Ecole.
« Cette dernière n'existe plus malheureusement à Grrand-Jouan. Mais l'idée en a
été féconde; et, quand je fus appelé à Paris, en 1845, au sein de la commission
qui préparait le projet de loi sur l'enseignement de l'agriculture, j'ai pu la 'faire
adopter par mes collègues. C'est ainsi que l'ensemble de l'enseignement devait
comprendre: 1° un Institut agronomique supérieur; 2" des Ecoles nationales;
3° des Fermes-Ecoles.
a Je possédais seul alors les éléments nécessaires à l'organisation d'une Ferme-
Ecole, puisque celle de Grand-Jouan fonctionnait depuis 1830. Elle a servi de
type à toutes les autres, et mes chiffres ont été adoptés par l'administration d'alors
Le nombre des apprentis sortis de cette Ferme-Ecole a été arrêté au chiffre de 467;
et, parmi eux il y a eu des hommes de valeur; beaucoup sont entrés dans les
écoles nationales, et même à l'Institut agronomicpe. Mon excellent sous-directeur,
M. Ronchail, a passé par les deux écoles; et, déjà, son prédécesseur, M. Besnard,
aujourd'hui professeur au Chili, avait suivi la même filière.
« L'école nationale d'agriculture, dont nous fêtons aujourd'hui le cinquantième
anniversaire, a vu passer sur ses bancs le nombre de 570 élèves.' Ses commence-
ments ont été très modestes. Le matériel d'un simple enseignement pratique est
déjà très coûteux en instruments et machines. A plus forte raison, lorsqu'il faut
ajouter à ce matériel une bibliothèque, un laboratoire de chimie et de nombreuses
collections. "
« Après la société d'actionnaires dont j'ai parlé, j'avais pris l'entreprise à ma
charge, et l'on comprend dès lors pourquoi, dans les premières années, l'enseigne-
ment a dû être économique. Ce n'est qu'au bout d'une dizaine d'années que le
gouvernement se chargea, peu à peu, d'une partie du matériel de l'enseignement et
du payement des professeurs dont les appointements n'avaient alors rien de brillant.
Malgré cela, professeurs et élèves ont travaillé avec courage et j'ai conservé de ces
temps-là les meilleurs souvenirs. Je désire vivement qu'il en soit de même des
anciens qui vivent encore. Je dois ici un témoignage de reconnaissance à M. de
Sainte-Marie, qui a été pendant longtemps notre inspecteur généra!, et nous a tou-
jours apporté son concours le plus dévoué. Arriva l'année 1848 et M. Tourret
deviût ministre de l'agriculture. C'est lui qui avait p.^ésidé, en 1845, la commis-
sion d'enseignement dont j'ai parlé. Il se souvint de nos travaux et de nos projets
d'organisation générale de l'instruction agricole. Il se hâta de réunir au ministère
tous les éléments que nous avions élaborés et présenta à l'Assemblée nationale la
loi dite du 3 octobre.
« Il m'appela immédiatement à Paris pour la réorganisation et la transforma-
tion de l'Ecole de Grand-Jouan, en Ecole du gouvernement à partir du l'"' janvier
1849. C'est aloi"s que furent faites les constructions qui existent aujourd'hui; et
le ministre me demanda si, pendant les travaux, je ne jugerais pas à propos de
licencier l'Ecole pendant un an. Nous avions alors une cinquantaine d'élèves, res-
tant des promotions montant au chiffre de soixante-trois; le cœur me saigna de
faire perdre une année entière à ces jeunes gens, auxquels j'étais naturellement
attaché. Je répondis d'eux, et ils furent logés à Nozay chez des particuliers, comme
les soldats; un restaurateur était chargé de la nourriture. Je n ai eu qu'à me louer
de ma résolution et de la conduite de ces excellents jeunes gens qui venaient tous
les jours à Grand-Jouan pour les cours et les travaux pratiques. Personne n'a perdu
son temps. C'était alors un beau coup d'œil de voir la jeune et vaillante population
qui nous entourait, composée des cinquante élèves de l'Ecole nationale et des
trente apprentis de la Ferme-Ecole.
« Comme toutes les institutions humaines d'une aussi longue durée, celle-ci a
connu de bons et de mauvais jours, des jours de pluie et de soleil, ressemblant
en cela à la vie du cultivateur. Je vous ai entretenus de nos constructions et de
l'heureuse solution que j'ai obtenue, en 1849, dans l'intérêt des élèves. Les
constructions ne sont pas complètes ; l'administration avait mis à ma dispo-
sition une somme de 200,000 francs. Dans l'intérêt des ouvriers du pays^ je de-
mandai à faire durer les travaux pendant deux années. On dépensa, en 1849,
68 LE CINQUANTENAIRE DE GRAND-JOUAN.
120,000 francs. Puis, quand, en 1850, je réclamai les 80,000 francs restant, les
idées avaient changé, nous avions d'autres ministres et il fallut me contenter
d'une somme de 500 francs pour parachever les travaux commencés. Ge fut ma
première déception.
a La nation française est ainsi faite qu'il lui faut de continuels changements.
Peut-être est-ce le secret de sa grandeur. Dans tous les cas, l'Ecole de Grand-
Jouan n'eut pas à se féliciter des changements qu'elle a subis. Après avoir été
largement dotée de 300 hectares de terre et d'un nombreux et magnifique
bétail, l'Ecole a vu successivement diminuer cette dotation, pour arriver aux plus
faibles proportions possibles, il y a quelques années. Les conséquences ne se sont
pas fait attendre ; les étrangers, les visiteurs et les élèves ne trouvant plus les
attraits d'autrefois, sont devenus de plus en plus rares,
« Aujourd'hui, ces temps nébuleux me paraissent être à leur fin ; et de l'excès du
mal naîtra le bien, ainsi qu'il arrive toujours. De nombreux symptômes favorables
apparaissent de divers côtés, et je veux en prendre date avec vous, à cet anniver-
saire que nous fêtons ensemble. *
« En somme, les deux Ecoles, qui ont été fondés sur le domaine de Grand- Jouan,
ont donné l'instruction agricole à un nombre total de 1,037 jeunes gens, instruc-
tion qui leur a été utile dans toutes les phases de leur existence.
ce A leur tour, ils auront répandu cette instruction soit par l'enseignement
direct, soit par leurs relations.
« Lorsque l'on examine l'état de notre civilisation, ses besoins, sa production
et sa consommation, on arrive toujours à cette conclusion, savoir : que dans
l'intérêt de l'humanité nous ne produisons pas assez de denrées de consommation.
Il faut donc apprendre à produire, et former des agriculteurs producteurs en
nombre immense.
« Il n'y en aura jamais assez pour le bien général. »
M. Londet, entourédes membres du comité, remet ensuite à M. Rieffel
le magnifique objet d'art qui sort des ateliers de Christophle, et dont
tout le monde reconnaît le caractère à la fois sobre et élégant. Une
renommée s'élève au milieu d'emblèmes agricoles et écrit, sur une
table, le nom de M. Rieffel, avec les deux dates de 1830 et de 1880.
Ensuite, sous la direction de M. Ronchail, sous-directeur, de MM. Lon-
det, Saint-Gai, Chazely, Roussille, Bouscasse, professeurs, et de MM.
Fiévet et Lucien Lembezat, répétiteurs, on visite l'école. C'est alors
surtout que les anciens élèves se plaisent à reconnaître les transfor-
mations que le temps a opérées : les collections pour l'enseignement
forment un musée parfaitement organisé; les laboratoires, sans avoir
encore toutes les ressources dont ils pourraient disposer, sont bien
agencés; dans deux galeries, sont installés les nombreux instruments
d'intérieur et d'extérieur nécessaires pour les démonstrations du génie
rural; enfin les champs et jardins d'études sont organisés et cultivés avec
un goût et un soin qui font le plus grand honneur aux professeurs
et au jardinier M. Moitié. L'avis unanime est que Grand-Jouan possède,
dans son corps enseignant et dans les outils mis à sa disposition, tous
les éléments nécessaires pour prendre rapidement un grand ossor et
ajouter encore d'immenses services à ceux qu'elle a déjà rendus. L'École
n'est plus comme jadis, dans une sorte de désert. Le chemin de fer
de Nantes à Chateaubriant passe à une dizaine de kilomètres et une
nouvelle voie ferrée qui va être construite, aura une gare à Nozay.,
tout près de l'Ecole.
La fête s'est terminée par un banquet très bien organisé sous une
vaste tente ornée avec le plus grand goût par les organisateurs. Par-
tout des fleurs, des guirlandes et des festons. Inutile d'insister sur la
cordialité qui n'a cessé d'y présider, mais nous devons indiquer en
quelques mots les toasts qui en ont été le couronnement. M. Londet
LE CINQUANTENAIRE DE GRAND-JOUAN. 69
parle le premier au nom de l'association des anciens élèves ; M. Rief-
lel lui répond, mais à plusieurs reprises l'émotion l'interrompt, et
c'est par un tonnerre d'applaudissements que ses paroles qui vont au
cœur, sont accueillies. M. de Lapparent promet à l'École son concours
le plus dévoué et boit à sa prospérité. M. Salvat salue, au nom des
anciens élèves, Mme Lembezat qui, pour tous, est l'image du dévoue-
ment filial et.de la suprême bonté. Puis, successivement, M. Dutertre,
au nom de l'École de Grignon; Me Barrai, au nom de la Société natio-
nale d'agriculture; M. Lecouteux, au nom de la presse agricole;
M. Ronchail, pour les anciens élèves de la ferme-école et de l'Ecole;
M. Chenel, saluent en termes chaleureux, souvent éloquents, le fonda-
teur de Grand-Jouan et son œuvre. M. Lembezat, au nom de la famille
de iM. Rieffel, adresse à tous les remercîments les plus vifs et les plus
complets.
Le soir, grande illumination et feu d'artiPce. Plusieurs milliers
d'habitants sont accourus de tous les lieux d'alentour saluer aussi le
vieil athlète de leur pays C'est un magnifique couronnement de la
fête. Pour notre part, rarement nous avons vu spectacle plus émou-
vant; c'est qu'on n'a pas tous les jours devant soi un demi- siècle de
vertus élevées et de travail fécond. De quelque vénération que le nom
de Rieffel soit entouré aujourd'hui, il rayonnera bien plus vivement
dans l'avenir, quand tout le monde comprendra, par expérience, la né-
cessité de l'instruction agricole. Ainsi qu'on l'a si bien dit hier, trois
grands noms resteront à jamais illustres dans les fastes de l'agriculture
nationale, et leur gloire ira sans cesse en grandissant : Mathieu de
Dombasle qui a créé Roville, Auguste Bella qui a créé Grignon^ Jules
Rieffel qui a créé Grand-Jouan. Henry Sagnier.
Grand-Jouan, 5 juillet 1880.
MACHINE DE FJLOQUE POUR BATTRE
LES PETITES GRAINES.
Dans un précédent numéro, nous avons donné des détails sur les
machines à vapeur et les machines à battre construites par M. Filoque,
à Bourgtheroulde (Eure). La fig. h représente une machine à battre les
petites graines, telles que luzernes, trèfles, etc., qui sort également
de ses ateliers.
Cette machine opère en une seule fois. On engrène dans un cylindre
conique, muni de nervures, dans lequel tourne un batteur également
conique, sur lequel sont placées des battes, posées en hélice. Les
graines battues avec leur écorce tombent dans un second contre-batteur
en toile métallique de forme demi-cylindrique. Dans ce contre-batteur
tourne un arbre muni de brosses et de lames formant hélice; les
brosses détachent les graines qui pourraient rester attachées à leur
écorce. Les graines tombent ensuite sur les grilles du ventilateur qui
les nettoie de la poussière qui a pu passer avec elles au travers du
contre-batteur en toile métallique. Toutes les balles et pailles sont
projetées hors de la machine, par l'arbre qui porte les brosses et les
lames disposées dessus en hélice; le ventilateur n'a donc que peu de
chose à faire pour rendre les graines propres, qui tombent ensuite dans
un sac.
Les quelques graines qui ne seraient pas complètement dé-
70 MACHINES DE FILOQUE POUR BATTRE LES PETITES GRAINES.
pouillées de leur écorce, tombent au bout des grilles du ventilateur
et sont remontées, au moyen d'une chaîne à godets, pour repasser
au batteur.
Le prix de celte machine est de 1,800 fr. Une médaille d'or a été
/Jr
Fig. 4. — Machine de M. Filoque pour battre les petites graines.
attribuée à son constructeur au concours régional d'Evreux en 1 879.
G. Gaudot.
L'INCIDENT D'ANGERYILLE
Dans sa dernière chronique, le directeur du Journal a donné un aperçu som-
maire de ce qui s'est passé au concours du Comice de Seine-et-Oise, à Angerville.
Un grave incident s'est produit : Le nom de M. le ministre de l'agriculture a été
hué par un groupe qui paraissait obéir à un mot d'ordre, et qui a oublié jusqu'aux
principes de la civilité la plus élémentaire. M, le maire d' Angerville a été inter-
rompu au moment où il proposait, dans son toast, de remercier M. le ministre
des allocations et des médailles dont il a si libéralement doté le Comice, et qu'on
venait de décerner solennellement.
Le fait a eu un grand retentissement, il a été diversement apprécié ; il importe
de lui donner sa véritable signification.
Est-ce, comme l'a avancé un journal agricole, une manifestation des paysans,
« éternels exploités, » contre un ministre qu'il qualifie de fanion de discordes et
de haines implacables ?
Est-ce, suivant un communiqué adressé à un autre organe de l'agriculture, et
qui provient évidemment du président ou du bureau du Comice, un incident pure-
ment local auquel le Comice est absolument étranger?
^ Non. Surchauffés par les discours alarmistes du président, les sentiments des
vieux partis ont fait explosion et se sont manifestés par ces huées intolérantes.
C'est en invoquant le spectre de l'Amérique, en se déclarant, au nom du Co-
mice, partisan des droits de douane sur les blés étrangers, tant que les cours n'at-
teindraient pas le prix de 24 francs l'hectolitre, en faisant, sous prétexte de boire
à la santé de M. le président de la République, un tableau navrant de la situation
de l'agriculture, que M. Pluchet a préparé les esprits à cette intempestive
algarade.
« Je n'ai pas l'intention, dit-il à la distribution des prix, de refaire devant
vous l'historique de la production agricole des divers pays qui viennent aujour-
d'hui sur nos marchés taire à nos grains et à tous les produits de nos cultures
et de nos fermes une concurrence qu'il nous est impossible de soutenir.
l'incident D'ANGERVILLE. 71
« Si l'opinion publique eût été éclairée en particulier sur la véritable position
de la plupart des fermiers et sur les causes qui maintiennent le plus souvent le
prix du pain hors de proportion avec le prix du blé, peut-être eût-on cherché
ailleurs un moyen plus juste de satisfaire le consommateur, sans faire peser sur
l'agriculture de fâcheux soupçons et des pertes répétées depuis plusieurs années
et qui ont mis tant de gène parmi ceux qui font travailler la terre. »
Est-il juste, est-ce le fait d'un esprit patriotique de jeter le cri d'alarme, de
parler du profond découragement de l'agriculture au moment où elle paraît re-
naître à l'espoir, quand les pouvoirs publics, comme l'ont si bien fait remarquer
M. le préfet de Seine-et-Oise et M. le député Dreyfus, étudient avec soin les
moyens de donner satisfaction aux intérêts agricoles? Ces doléances extrêmes sont-
elles fondées, quand on entend le rapporteur delà visite des fermes venir, immé-
diatement après le président, faire un tableau saisissant de la pi'ospérité des ex-
ploitations de l'arrondissement d'Etampes, le moins favorisé du département sous
le rapport de la qualité du sol et de la facilité d'écouler les produits. Huit jours
plus tôt, le rapport de la prime d'honneur au concours régional de Melun démon-
trait que les concurrents obtenaient de leur capital un intérêt de 17 à 18 0/0 et
que le lauréat de la coupe, qui avait commencé dans des conditions très mo-
destes, avait conquis une véritable fortune sous l'empire des traités de 1860.
Ce contraste entre les faits et les assertions du président est frappant, il prouve
que les agriculteurs doivent se défier des entraînements subits, des excitations
malsaines, et ne rechercher le remède aux difhcultés du moment que dans l'étude
sérieuse des lois économiques.
Ils reconnaîtront alors qu'à l'époque de chemins de fer^ de navigation à vapeur,
de correspondance électrique où nous vivons, il est impossible de revenir à l'an-
tique système de chacun chez soi, chacun pour soi.
Nous sommes en présence d'une révolution, dit M. le président du Comice de
Seine-et-Oise. — Gest vrai, elle est fatale, inévitable ; elle est le résultat naturel
de la multiphcation des rapports internationaux et de la rapidité des transports.
Vouloir y mettre une barrière, c'est s'exposer à être renversé. Il faut suivre le
courant, envisager la situation avec toutes ses conséquences, et étudier les trans-
formations à apporter à l'industrie agricole, au lieu de se borner à réclamer des
droits impolitiques, qui augmenteraient le prix des denrées de consommation sans
protéger l'agriculture. Jules GtOdefroy.
PISCICULTURE. — LA RUSSIE
Un des résultats des plus pratiques de l'exposition de pisciculture
de Berlin est d'avoir donné la note de ce qu'elle est à peu près dans
l'Europe, et même le monde^ puisqu'on sait que le Chinois, qui n'est
peut-être pas ce qu'un vain peuple pense, en était ; se faire aimer des
bêtes à ce point d'en faire les intermédiaires de ses besoins et de ses
plaisirs, n'est pas si ordinaire que cela semble; qui a domestiqué la
loutre et le cormoran, qui est à la veille de trouver le chien cVecm? ce
rêve de notre vieil ami Toussenel, ose bien se montrer à ceux qui dans
la science officielle n'ont créé que la race des mulots sans oreilles,
rêvé de larves, d'anguilles, ou annoncé le poisson à un sou la livre !
Les équipages de loutres et de cormorans des grands seigneurs
chinois en valent beaucoup d'autres de notre connaissance, et leurs
marchands ambulants de . frai de poissons l'emportent de beaucoup
sur les nôtres, puisqu'ils n'existent pas encore.
Tant d'autres choses apportées à Berlin, par les fils du ciel, aussi
curieuses que pratiques, ne doivent pas être passées sous silence;
nous nous en tiendrons à cet énoncé, quitte à y revenir à notre heure.
Le but dudit entretien est la pisciculture russe, laquelle, avec l'expo-
sition des travaux de M. Cirio au golfe de Tarente, eut un succès si
mérité.
La supériorité des Italiens, ils sont de haute race ces fils des créateurs
de Commachio et des pêcheries de la Tresa (ces pêcheries dont nous
parlerons un jour sont entre les lacs de Lugano et Maggiore) n'a rien
72 LA PISCICULTURE EN RUSSIE.
qui doive nous étonner; mais la Russie dont presque personne ne se
doutait, les pas de géants qu'elle a faits, ce qui du reste nous fût prédit
en 1859 par notre ami Jourdier, lors de sa mission agricole dans ce
vaste empire, le point où elle vient d'arriver si brillamment, sera Tobjet
du présent.
De tels faits économiques, nés des pratiques de la science la plus
intelligemment appliquée, ne peuvent être ignorés des lecteurs de cette
Revue. C'est à un travail de M. Sonda Keviez, que nous allons nous
adresser d'abord.
L'établissement d'Huningue n'est qu'à l'état d'enfantement si on le
compare actuellement à celui de Nikolsky, sous la direction du
ministère de l'agriculture russe, dit il en commençant, on voit que
d'entrée le début promet. Continuons donc.
Le principal but des directeurs est de fournir aux eaux russes
quelques espèces de poissons dont elles manquent. Cet établissement
est situé entre les lacs de Pestow et de Velio et la rivière Pestowka, qui
reliant ces lacs, alimente ses bassins; de par ce fait il est donc exac-
tement à cbeval sur Timmense bassin du Volga d'un côté et le lac
de Ladoga de l'autre. Sa longueur est d'environ 100 pieds sur 40 de
large, tout en bois sur fondations de pierre.
Jusqu'ici je ne vois pas une grande différence avec notre ancien
Huningue.
L'intérieur est divisé en plusieurs bassins dont chacun contient
une espèce de poisson incubée à part. Plus, 8 grands bassins en pierre,
à eau filtrée, passent des réservoirs à travers des boîtes contenant les
graviers de filtration. L'eau en sort tellement limpide qu'à l'œil nu on
en peut découvrir la moindre impureté.
Là sont des œufs fécondés dans des caisses à jour, ainsi que la
petite... friture. Nous pensons qu'il faut lire feuille ou alevins, la
friture ne nous paraissant là pas tout à fait à sa place.
L'établissement peut incuber de 9 à 1 0 millions d'œufs et avoir
600,000 alevins qu'on élève jusqu'à un an, le lavaret surtout pour
lequel on fait de grands efforts d'acclimatation et de multiplication.
C'est en 1871 que les directeurs commençaient la vente des œufs,
qui prit aussitôt dans toute la Russie un développement énorme; en
1 873, les 9 millions d'œufs ne suffisaient déjà plus, car, seule, l'école
forestière de Pétrowsky en recevait plus de 2,000 par jour.
Un second établissement fut donc créé dans le gouvernement de
Sawalki près la ville du même nom, oii l'on élève surtout truites et
saumons, les salmonidés indigènes, en un mot, et autres, lescorégones
surtout, dans la description desquelles nous ne nous lancerons ; car,
pour le pisciculteur sérieux, c'est un bridant terrain sur lequel on
attendra que la science pure se mette d'abord d'accord. 15 lacs dudit
gouvernement ont déjà été empoissonnés par cet établissement et de
1860 à 1869, le produit de la pêche avait été augmenté de 7 pour 100.
Nous pensons qu'il y a là une petite erreur de chiffres qui doit être
établie ainsi : 1 870 à 1 879.
L'initiative privée n'est non plus restée en arrière de ce grand mou-
vement officiel et le nom de M. Zermern et de ses magnifiques sau-
monnières à quelques lieues de St-Pétersbourg est en effet justement
connu au delà des frontières de l'empire.
L'inspecteur général des pêches, M. Holmberg, a spécialement installé
LA PISCICULTURE EN RUSSIE. 73
pour la truite les établissements de Stockfors et d'Abortorfs dans les
gouvernements de Viborg, Newland, etc., sur les rivières débouchant
dans le golfe de Finlande surtout.
Dans tous ces établissements le système humide dans la fécondation
a fait place depuis 1 8G3 à la fécondation sèche trouvée, comme on le sait,
par M. le professeur Vrasky.
Nous n'avons rien à ajouter à ce que nous avons dit à nos lecteurs
de ces procédés Vrasky, qui, tout en ayant notre complète approbation,
ne nous feraient cependant pas lui sacrifier notre bonne vieille manière
de gloser le père, qui nous donnait de 90 à 95 pour 1 00 de réussite.
(Détails au n° f)51 de la collection du Journal).
Le prix des œufs de truite est de 9 fr. 75 le mille ; pour les embryons,
9 fr. 75 le cent ; les alevins à 6 mois, 31 fr. le cent et pour les truitons
de 18 mois, 98 fr. le cent.
Tel est donc l'état du mouvement piscicole russe, on s'explique du
reste pourquoi cet empire si vaste a embrassé cette question avec tant
d'ardeur.
Les pêcheries du Volga n'étaient-elles pas seules, même dans l'état
rudimentaire et si dangereux (la terrible épidémie de peste noire chez
les riverains du grand ^fleuve ne date-t-elle pas d'hier) un produit de
quelques millions de roubles, 1 2 ou 1 3 millions de francs croyions-nous ?
Or, sous l'impulsion des Holmberg et autres pisciculteurs chargés de
l'inspection générale des pêches dont nous avons parlé dans cette Revue
il y a longtemps; à quels résultats n'arriveront-ils pas, le jour où la
science, dirigeant une pratique intelligente, présidera à l'utilisation et à
la direction de si immenses ressources.
Il y aurait là pour nous des chiffres que la plus haute fantaisie ne
craindrait pas d'énoncer mais que nous laissons à la plume compétente
du jeune écrivain auquel nous devons cette intéressante communication.
— Un de nos lecteurs nous demande quelques explications sur le
chiffrede 13, 000 bateaux de pêche annoncé par nous dans notre dernier
entretien, n" 583 du Journal.
Cette demande de renseignements a une forme si aimable et si com-
pétente que nous aurions mauvaise grâce à ne pas essayer de satisfaire
une aussi légitime curiosité.
Ce chiffre est pris du remarquable rapport de M. de Forcade La
Roquette, suivant les décrets du 2 mai 1862 et autres, signés deChas-
seloup-Laubat, qui apportaient des modifications si profondes aux
règlements de la marine.
Ce point de fait vidé, nous prendrons la liberté de continuer, afin
qu'à l'avenir notre correspondant n'ait plus son étonnement mis à
pareille épreuve. L'Irlande avec ses 9 millions d'habitants avant 1846,
avait 20,000 barques de pêche, réduites à 6,000, il est vrai, après la
famine et l'émigration qui suivirent, pour remonter à 12,000 en 1863,
époque de la grande enquête parlementaire sur la pisciculture.
Actuellement les 3 îles sœurs n'ont pas moins de 5,000 barques,
montées par 500,000 moissonneurs de la mer qui chaque matin
partent prendre le poisson, lequel vendu le soir même à des agents
spéciaux aux cent points de débarquement, arrivent par les 1 00 voies
qui y aboutissent aux grands centres de l'intérieur.
Seule, la ville de Manchester en consomme 20,000 tonnes! Voir
pour plus de détails les n°' 405 et 532 du Journal.
74 LA PISCICULTURE EN RUSSIE.
Que noire honorable abonné nous permette à notre tour une petite
interroû;ation. Pourquoi la l'Yance, avec une population de un cin-
quième plus grande (mali>ré la perle de nos chères provinces) n'en
pourrait-elle avoir autant, puisqu'elle aussi a ses 2,700 ou 2,800 kilo-
mètres de côtes.
Il se constate, il est vrai, à notre grande joie, une diminution dans
la pêche Imulurière^ on avance même que le coefticient en serait de
22 pour 1 00 tous les 3 ans, et cela en correspondance avec l'augmen-
tation du matériel et des produits de la pêche côtière.
De là les lamentations de tous nos armateurs qui, n'osant pourtant
pas se plaindre de la diminution de nos inscrits qui suit naturellement
la même progression, se récrient sur les malheurs du temps et peignent
bien noirs les diables à la paroi !
Pauvres armateurs, comme nos filateurs, nos maîtres de forges,
tous ruinés, mais toujours millionnaires, comme le leur disait au par-
lement, il n'y a que quelques jours, notre ministre de l'agriculture,
M. ïirard, dans son langage aussi clair que précis. La direction du
Journal avait les observations qui précèdent trois semaines avant les
intéressants discours de MM. Rouher et Perrin sur les primes à la marine
marchande; séance de la Chambre des députés, 28 et 29 juin 1880.
Ne pas rappeler à ce propos les belles pages qu'il y a plus de trente
ans, notre cher Toussenel consacrait à cette barbarie officielle: qui
grâce à nos raillions de subvention, sous prétexte du recrutement des
équipages de la flotte fait disparaître tous les jours davantage baleines,
phoques, lamentins, tous ces grands nettoyeurs volontaires de la haute
mer, ce serait plus qu'un oubli.
La pisciculture qui renaissait chez nous à cette même époque,
comprenant aussitôt quel emploi, autrement profitable à la nation, on
pourrait faire de ces millions, et, au nom de la science, joignit aussitôt
sa voix à celle de notre si spirituel ami, et dit : mais donnez-les à vos
commissaires de la marine, ces millions; faites-les directement par-
venir aux marins, aux navigateurs de nos côtes, sous forme de subven-
tions, de prêts, etc.
De là en acheminement, le premier décret cité plus haut prenant en
1 SG9 nos richesses maritimes à 9,300 barques montées par 40,300 ma-
rins et les laissant, en 1876, à 20,582 barques montées par 68,31 7 ma-
rins; ces chiffres sont officiels.
Espérant que ces quelques chiffres qui nous ont entraîné plus loin
que nous ne voulions, satisferont notre honorable lecteur-correspon-
dant, nous prendrons, en finissant, la liberté de les recommander à
l'attention de ceux dont les décisions sont si impatiemment attendues
pour la solution des grands intérêts dont en ce moment même ils ont
accepté la responsabilité. Chabot-Karlen,
Thun (Suisse). Correspondant de la Société nationale d'agriculture de France.
REVUE GOMERCIiLE ET PRIX-COURANT DES DENRÉES AGRICOLES
(10 JUILLET 1880).
I. — Situation générale.
La situation est la même que durant les semaines précédentes. Peu d'affluence
sur les marchés, et ventes insignifiantes pour le plus grand nombre des denrées.
II, — Les grains et les farines.
Les tableaux suivants résument les cours des céréales, par quintal métrique,
sur les principaux marchés de la France et de l'étranger.
REVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT (10 JUILLET 1880).
75
REGION. —
NORD-OUEST.
Blé. Seigle. Orge.
Calvados. Condé
— Lisieux
Côtes-d.-Nord POntrieux
— Tréguier *. ..
Finistère. Morlaix
— Quimper
lUe-et-Vilaine. Rennes.
— St-M.lo
Manche. Avranches. ...
— Pontorson
— Villedieu
Mayenne. Laval
— Château-Gontier..
Morbihan. Henneboat..
Orne. Séez
— Vimouliers
Sarthe. Le Mans
— Mamers
fr.
31.00
31.00
31 00
29.50
29.50
31.50
31.00
31.00
31.50
31.75
30.00
28.50
27.50
30.00
31.50
29. SO
31.00
fr.
24.50
25.00
24.50
23.00
fr.
20. SO
Avome.
fr.
25.00
22.50
23 00
24.25
22.50
23.50
22.50
22.50
24.50
20.75
2Ï.O0
21.00
22.00
24.05
26.50
21.50
28.00
23.00
27.00
Prix moyens 30.40 2s. 25
2« RÉGION. — NORD
Aisne. Soissons 29.75
— St-Quentin 30.00
— Château-Thierry.. 29.75
Sure. Evreux 30.25
— Conches 31.00
— Bernay 31.00
Eure-et-Loir. Chartres. 28.50
— Auneau 29.25
— Nogent-le-Rotrou. 33.09
/Vord. Cambrai 28.50
— Douai 29.00
— Valenciennes 30.50
Oise. Beauvais 28.75
— Compiègne 3o.0o
— Noyon 30.00
Pas-de-Calais. ArrsLS... 30.00
— Saint-Omer 30.50
Seine. P;ris 31.25
S.-et-Marne Dammartin 28.00
— Nemours 30.75
— Provins 31.00
S.-et-Oise. Angerville... 33.00
— Pontoise 30.00
— Rambouillet 28.75
Seine-Inf'erieure. Rouen 28.30
— Dieppe 31.25
— Yvetot 29.75
Somme. Abbeville 29.00
— Péronne 29.25
— Roye 30 00
Prix moyens 29.95
22.25
22.00
20.75
19.00
20.00
20.60
20.00
19.50
22.50
20.00
21.00
21.50
19.75
20.75
22.50
20.50
22.70
22.80
22.25
19.25
20.25
20.75
20.86
22.50
24.25
20.00
20.50
22.20
22.00
22.25
21.50
21.50
22.00
22.10
20.25
22.00
20.00
21.00
21.75
21.50
19.50
18.75
22.75
19.25
•21.00
21.25
28.50
19.50
20.00
20.50
23.00
28.00
26.25
23.50
21.50
20. oe
23.25
25.20
24.50
22.75
22.70
27.05
18. 00
20. OO
19.50
24.25
22.50
21.50
21.50
21.00
24 25
21.50
22.00
23.75
23 . 50
21.25
22.00
26.10
23.50
19.25
20.00
22,00
2Î.00
21.11 22.29
3» RÉGION. — NORD-EST.
ilrdenne*. Charleville... 31.60 23.75 •
Aube. Bar-sur-Aube ... 30.00 »
-- Méry-sur-Seine... 30.25 22.75
— Troyes 30.75 23.00
âf orne. Chàions 30.50 22.25
— Epernay si.bo 2t. 50
— Reiras 29.50 23.00
— St-Ménéhould 30.50 »
Hte-Marne. Chaumont.. 31.25 »
Meurt. -et-Moselle Ha^ncy 30.2» 22.00
— Lunéville 31.25 21.50
— Toul 30.00 »
Afeuse. Bar-le-Duc 30.25 22.25
— Verdun 30.50 23.00
Haute-Saône. Gray 31.50 »
— Vesoul 32.30 20.95
K08ge«. Epi n al 32.50 23.00
— Raon-1'Etape 32.00 23.50
Prix moyens 30.91 22.50
4« RÉGION. — OUEST.
Charente. Angoulême,. 32.25 23.00
— Ruffec 32.50 24.00
G/iorenie-M/'ér. Marans. 30.50 »
Defu.x-S'evres . Niort 32.50 »
Indre-et-Loire. Tours.. 31.75 22.25
— Bléré 30.00 20.00
— Château-Renault. 30.00 21.00
toire-M/". Nantes 29.50 21,75
if.-et-Z,otre. Saumur. .. 30.75 »
Vendée. Luçon 29.00 ■
— Fontenay 30. 00 »
Ktenne. Chàtellerault... 31.20 22.75
— Loudun 31.50 »
Haute-Vienne. Limoges 31.25 23.00
Prix moyens.,..,,, 30. 9i 22.22
22.50
20.50
19.00
21.25
22.75
20.50
21.50
22.00
18 50
iO.75
20.50
20.50
20.25
19.05
25.75
25.00
22.25
23.00
21.50
23.00
22.25
24.50
19.25
23.25
24.20
23.50
22.50
24.25
22.00
20.50
21.50
22.75
22.50
22.00
22 50
19.50
19.50
20.25
20.00
22.00
20.75
20.00
19.35
20.75
21.00
21.17
27.00
23.25
23.00
23.00
22.50
23.50
22.25
24.00
25.00
22.50
23.00
20.25
24.50
22.25
AUier. Moulins
— Montluçon... .
— Gannat
Cher. Bourges
— Graçay
— Vierzon
Creuse. Aubusson.. .
Indre. Chàleauroux.
— Issoiidun
— Valençay
Loiret. Orléans
— Gien
— Montargis
Loir-et-Cher. Ulois..
— Montoire
Nièvre. Nevers
— La Charité....
Vonne. Brienon
— St-Florentin...
— Sens
5« RÉGION. — CENTRE.
Blé. Seigle,
fr. fr°
24.00
22.75
23.00
21.25
25.10
s>
23 50
23.00
20.25
23.00
Orge.
22.75
23.00
25.20
24.25
Avoine.
fr.
22.00
22.75
23.50
23.50
22.00
24.50
22.25
23.00 21.25
» 22.50
23.25 22.50
22.75
21.50
21.25
23.50
22.75
19.00
20.50
Prix moyens.
.. 31.38 22.65
23.50
20.00
24.20
21.50
23.00
21.50
24.50
23.50
20.25 -22.25
22.35 22.67
Ain. Bourg
— Pont-de-Vaux. ...
Côle-d'Or. Dijon
— Beaune
Doubs. Besançon
Isère. Grenoble
— Bourgoin
Jura. Lons-ie-Saunier. .
Loire. St-Ktienne
P.-de-Dôme Glermonl F,
Rhône, Lyon
Saône-et- Loire. Châlon.
— Louhans
Savoie. Chambéry
Hte-Savoie. Annecy
Prix moyens
21.25
24.00
32.70 23.63 22.11 21.18
7* REGION. — SUD-OUEST.
Ariège. Pamiers
Dordogne. Bergerac...
Hte-Garonne. Toulouse.
— Viliefranclie-Laur.
Gers. Condom
— Eauze
— Mirande
Gironde. Bordeaux....
— Bazas..'.
Landes. Dax
Lot-et-Garonne. Agen..
— Néruc
B. -Pyrénées. Bayonne. .
Htes-P y rénées. Tarbes.
33.00
34.00
32.75
33.00
32.75
32.60
33.25
32.75
33.00
33 75
32.00
33.50
34.00
33.50
24.50
26.25
25.75
27.25
2Î.25
24.25
21.00
25.75
26.00
Prix moyens 33.13 24. 8(
8' RÉGION. — SUD.
Aude. Carcassonne. ... 32.50
Aveyron. Villefranche. 32.70
Cantal. Mauriac 35.35
Correze. Luberzac 33.00
Hérault. Cette 30.75
Lot. Figeac 32.50
Lozère. Mende 32.45
— Marvejols 31.65
— Florac 31.25
Pj/rénées-Or. Perpignan 31.90
Tarn. Albi 32.00
Tarn-et-Gar. Montauban 32.75
31.25
24.50
23.25
28.85
23.60
20.90
22.60
20.60
21.75
24.25
22.20
21.75
23.25
20.00
22.50
24.75
22.15
23.00
23.75
21.75
22.75
23.25
26.00
25 00
26 50
23.75
23.00
*24.50
25.00
23.50
23.25
24.00
Prix moyens
9» RÉGION.
Basses-^ipes. Manosque
Hautes-Alpes. Briançon
Alpes-Maritimes Ca.nii%s
Ardèche. Privas
B.-du-Rhône. Arles....
Drôme. Valence
Gard. Nimes
Haute-Loire. Le Puy...
Var . Draguignan
Vaucluse. Carpentras...
Prix moyens
Moy. de toute la France
— de la semaine précéd.
Sur la semaine \ Hausse,
précédente.. {Baisse.
24.75
22.50
25.55
23.00
18.50
22.70
23.50
24.40
26.65
24.50
24.50
32,40 24.93 22.36 23.69
— SUD-EST.
31.25 »
20.00
22 . 50
22.30
).50 21.50
20.50
21.75
20.60
20.75
22.00
31.20
32.25
31.70
32.50
32.50
32.75
32.25
32.50 » »
32.25 » P
32.12 22.56 20.68
31.54 23.05 21.86
31.98 23.07 22.94
18.00
22.50
32.00
21.00
21.70
21.80
21.50
21.00
20.25
ao.50
21.22
22.71
22,82
0.44 0.02 1-08 0.11
76 REVQE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT.
Ble. Seigle. Orge. Avoine
fr Ir. fr fr.
Angleterre. Londres 31 ôO » 20.75 ?! 00
Belgique. Anvers 27.r,0 56 00 23.25 23.75
— Bruxelles 30.25 -> . ■>
— Liège 31 00 25.25 23.00 21. T5
— Naumr 30. .^0 23 50 23.00 21.50
Pays-Bas. Amsterdam 23.9) 21.95
Luxembourg. Luxembourg 31.00 21.25 24.25 22 50
Alsace-Lorraine. Metz 30.50 25.00 20.75 22 00
— Strasbourg 31.75 25.(10 23.25 21. Oq
— Mulhouse 32.75 » • 21.25
Allemagne. Berlin 27.60 23 50
— Cologne 30 60 26.85
— Hambourg 25.35 21. CO
Suisse. Genève 33 25 » • 24.00
— Zurich 32.50 • -. 23.25
Ilalie. Milan 33 40 23. .50 » 21 50
Autriche.] Vienne 25.50 . 23 25 18.25 16 15
Espagne Burgos ... 33 00 » » »
Russie. Saint-Pétersbourg... 26.50 20.25 • 15 10
Etats-Unis. Ne\v->ork 23.00 » » »
Blés. —■ La moisson'est commencée dans le sud-est de la France, ainsi que
nous le disions'dans notre dernière Revue. Les premiers renseignements que nous
avons recueillis tendent à montrer que la production est jalouse, suivant l'expres-
sion consacrée; elle donne ici des résultats remarquables, et à côté de faibles ren-
dements. Il faut ajouter que cette région n'est pas celle qui est grande produc-
trice de grain. En outre, il serait absolument téméraire d'en déduire des
conjectures pour ce qui se passera dans le reste du pays. Agriculteurs et commer-
çants sont aujourd'hui dans l'attente. Les approvisionnements sont aujourd'hui
suffisants potir attendre les premiers blés ; il n'y a donc que très peu d'affaires,
les marchés n'offrant d'ailleurs qu'un approvisionnement très réduit — A la halle
de Paris, le mercredi 7 juillet, sous l'influence des causes qui viennent d'être
indiquées, les affaires ont été presque nulles ; les prix sont faibles et accusent de
la baisse depuis huit jours. On cotait de 30 à 32 fr. 50 par lOU kilog., suivant les
qualités. Le prix moyen s'est établi à 31 fr. 25. — Sur le marché des blés à livrer,
on paye par iOO kilog. : courant du mois, 28 fr. 75 à 29 fr.; aoiàt, 27 fr. 50;
quatre derniers mois, 26 fr. 25; quatre mois de novembre, 25 fr. 50 à 25 fr. 75,
— Au Havre, les cours sont assez faibles sur les blés d'Amérique, que l'on paye
de 28 à 30 fr. 50 par 100 kilog. suivant les sortes. — Marseille, les transactions
sont devenues très calmes sur toutes les sortes : les arrivages de la semaine ont
été de 210,000 hectolitres environ. Au dernier jour, on cotait par 100 kilog. :
Berdianska, 30 à 30 fr. 25 ; Marianopoli, 29 fr, 75; Danube, 26 fr 25 à 27 fr. 25;
L'ka, Nicopoli, 28 à 28 fr. 50; Irka supérieurs, 28 à 28 ir. 50. Le stock s'est un
peu relevé dans les docks; il était au 2 juillet, de 33,000 quintaux métriques. — A
Londres, les arrivages de blés étrangers durant la semaine dernière se sont com-
posés de 169,520 quintaux métriques; le marché présente assez d'activité. Les
prix sont ceux de la semaine dernière; on paye de 30 à 33 fr. par 100 kilog., sui-
vant les qualités et les provenances.
Farines. — Après quelques oscillations à la fin du mois dernier, les cours
présentent plus de stabilité, principalement en ce qui concerne les farines de
consommation. Celles-ci étaient payées à la halle de Paris, le mercredi 7 juillet :
marque D, 67 fr. ; marques de choix, 65 à 67 fr.; bonnes marques, 64 à
66 fr.; sortes ordinaires et courantes, 63 à 6k fr.;le tout par sac de 159 kilog.,
toile à rendre, ou 157 kilog. net, ce qui correspond aux prix extrêmes de 59 fr. 50 à
42 fr.65 par 100 kilog., ou, en moyenne, 41 fr. 10, c'est une baisse deOfr. 60 cent,
sur le prix moyen du mercredi précédent. — En ce qui concerne les farines de
spéculation, on cotait à Paris le mercredi 7 juillet au soir : farines huit-marques,
courant du mois, 62 fr. 75; aoiàt, 60 fr. 25; quatre derniers mois, 56 fr. ; quatre
mois d^ novembre, 55 fr. 50: farines supérieures, courant du mûis, 63 fr. 25;
aoJit, (jl fr.; quatre mois,. 35 fr. 50; quatre mois de novembre, 35 fr. 25; le tout,
à l'exception des deux dernières cotes, par sac de 159 kilog,, toile perdue ou
157 kilog. net. — La cote officielle en disponible a été établie, comme il suit,
pour chacun des jours de la semaine, par sac de 157 kilog, net:
aaSDates (juillet) l" 2 3 5 6 7
Pirines hiiit-mariues 64.0) 64.00 63. .50 63.35 62. .50 62.75
. — ^apérieurei 65.00 62,75 63.00 63.35 63. OJ 63.25
DES DENRÉES AGRICOLES (10 JUILLET 1880;. 77
Le prix moyen a été pour les farines huit-marques, 64 fr. 25 ; et pour les supé-
rieures, 64 fr., ce qui correspond aux cours de 40 fr. 30 et de 40 fr. 10 par
100 kilog. C'est une baisse de 1 fr. 6 ) pour les premières, et de i fr. 90 pour les
secondes depuis huit jours. — Les farines deuxièmes sont vendues aux mêmes cours
que la semaine dernière, de 34 à 39 fr. par quintal métrique.
Seigles — On peut dire que les affaires sur ce grain sont à peu près nulles.
Les cours sont nominaux, à la halle de Paris, de 22 à 23 fr. par 100 kilog., sui-
vant les sortes. Quant aux farines, les offres sont toujours rares, on les paye de
29 à 32 fr. par quintal métrique.
Orges. — Suivant les qualités pour la mouture ou la brasserie, les cours s'éta-
blissent à la halle de Paris, de 20 fr. 50 à 22 fr. 50 par 100 kilog. Quant aux
escourgeons nouveaux, on commence à les offrir au cours de 20 fr. par quintal
métrique. — A Londres, les arrivages d'orges étrangères durant la semaine ont
été à peu près nuls Le marché présente beaucoup de calme. On cote de 19 fr. 95
à 22 fr. par 100 kilog. suivant les sortes.
Mail. — La demande est toujours assez faible, avec des prix ma! tenus. On
paye de 31 à 34 fr. par 100 kilog. pour les malts d'orge du pays, et de 31 à 37 fr.
pour ceux d'escourgeon.
Avoines. — Mêmes cours que la semaine dernière avec des offres un peu plus
abondantes. On cote à la halle de Paris, 23 à 24 fr. 50 par 100 kilog., suivant
poids, couleur et quaUté. — A Londres, le marché accuse beaucoup de fermeté.
On paye de21 fr. 10 à 23 fr. 55 par 100 kilog. Les arrivages de la semaine ont
été de 53,000 quintaux métriques.
Sarrasin. — Peu d'offres et prix toujours très élevés. On paye à la halle de
Paris, 25 à 26 fr. 50 par KO kilog. suivant les sortes.
Maïs. — Il y a peu d'affaires au Havre sur les maïs d'Amérique qui sont payés
de 14 fr. 50 à 16 fr. par 100 kilog. suivant les sortes. Dans le Midi, on cote de
20 à 24 fr. par 100 kilog., suivant les marchés, pour les maïs indigènes.
Issues. — Les cours sont devenus plus faibles. On paye à la halle de Paris par
100 kilog. : gros son seul, 16 fr. 75 à 17 fr.; son trois cases, 16 à 16 fr. 50 ;
sons fins, 15 fr. 50 à 15 fr. 75; recoupettes, 15 à 15 fr. 50; remoulages bis,
15 à 17 fr. ; remoulages blancs, 18 à 20 fr.
IV. — Vins, spiritueux, vinaigres, cidres.
Vins. — Le temps continue à être incertain et humide, heureusement que la
température est chaude et que cette chaleur active merveilleusement la végéta-
tion. En résumé, la floraison s'est passée mieux qu'on ne l'espérait, et la coulure,
envisagée au point de vue de la généralité des vignobles, n'est qu'une exception.
Mais si la coulure de la fleur est à peu près nulle, celle du grain commence à se
produire d'une manière inquiétante, surtout dans nos vignobles de l'Ouest; encore
de ce côté, ce ne serait rien, si à l'humidité succédait un mois de chaleurs sèches.
— Les affaires sont partout languissantes, malgré le^ dénégations, intéressées,
croyons-nous, de quelques-uns de nos confrères, qui affirment que le vin en ma-
gasin ne pourra suffire jusqu'à l'époque des vendanges et qu'au mois d'août il y
aura un reprise sérieuse. En attendant les vins sont offerts et ne trouvent pas
preneurs, les transactions sont nulles et la baisse, baisse minime il est vrai, est,
quoiqu'on dise, un fait aujourd'hui bien constaté.
Spiritueux. — La semaine écoulée a été très mouvementée : elle a débuté à
65 fr. 50, puis successivement les cours ont fléchi et ont fait 64 fr. 75 , 64 fr. 25,
63 fr. 25, le vendredi 63 fr., pour clôturer le samedi en hausse à 64 fr. ; le livrable
en août a fait au plus bas 62 fr. 50 et les quatre derniers mois qui étaient tenus
à 60 fr. 75 la semaine dernière, ont trowvé vendeurs à 58 fr. 50. Le stock s'est
légèrement accru : il est actuellement de 8,850 pipes contre 9,725 en 1879 à la
même date. Lille comme Paris a baissé, l'alcool bon goût disponible est coté
62 fr. 50 et l'alcool de grain 63 fr. Sur les marchés du Midi, les prix sont tou-
jours les mêmes : on cote à Béziers, 106 fr. le disponible et le 3/6 de marc; à
Pézmas, 103 fr.; à Cette, 110 à 115 fr., et à Montpellier, 109 fr. — A Paris, on
cote 3/6 betterave, 1" qualité, 90 degrés disponible, 63 fr. à 63 fr. 25; juillet-
• août, 62 fr. 75; quatre derniers, 58 fr. 50 à 5s fr. 75.
Vinaigres. — Les vinaigres sont très recherchés et les cours ont subi une légère
hausse. Il est entré dans Paris, pendant le mois de mai dernier, 3,634 hectolitres
de vinaigre à tous degrés d'acidité.
Cidres. — On écrit de Caen (Calvados) : La consommation locale, qui est en ce
moment très importante, détermine une surélévation des cours. On trouve diffi-
78 REVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT
cilement vendeurs à 26 et 28 i'r. l'hectolitre. Le cours de 30 fr. sera sûrement
dépassé avant la fin de k huitaine, si la demande continue à être aussi active.
Cette année, dans la région, la récolte des pommes sera à peu près nulle. On a
traité quelques affaires au prix de 9 à 10 fr. l'hectolitre.
V. — Sucres. — Mélasses. — Fécules. — tilucoses. — Amidons.\— Houblons.
Sucres. — Les affaires sont peu actives, mais les prix sont facilement maintenus
à cause de la rareté de l'offre. On a coté à Paris, par 100 kilog., pour sucres
88 degrés saccharimétriques : n"' 7 à 9, 66 fr. ; n"^ 10 à l3, 60 fr.; blanc
type' n» 3, 67 fr. 50. A Valenciennes, les affaires ont été à peu près nulles. On y
a coté : moins 7, 75 fr 75; n»" 7 à 9, 65 fr. 25; n»^ 10 à 13, 58 fr. 50; n"* 13
et 14, 56 fr. Marché sans affaires à Péronne où l'on demandait les roux 7 à 9 à
65 fr. 2-, et les blancs n" 3, de 66 fr. 25 à 66 fr. 50. A Lille, les affaires ont été
très calmes. On a coté : moins, 7, 75 fr. 75; n»^ 7 à 9, 65 fr.; n'' 10 à 13, 58 fr. 25.
Le stock réel de l'entrepôt de Paris était^ au 5 juillet, de 338,020 sacs, avec
une augmentation de 573 sacs depuis huit jours. Les raffinés sont sans change-
ment. Bonnes sortes, 145 fr. 50; belles sortes, 146 fr. 50. Les cours pour l'ex-
portation sont de 69 fr. 25 à 72 fr. selon les marques. A Londres, le marché est
calme, mais soutenu.
Mêlasses. — Pas de variation dans la cote de Paris. Mélasse de fabrique 14 fr.,
de raffinerie, 15 fr.
Fécules. — Affaires très restreintes. Fécule 1'"'' de l'Oise et du rayon de Paris,
de 46 à 46 fr. 25. Compiègne, type de la chambre syndicale, 45 fr.
Glucoses. — A Paris, peu de marchandises en sirops de fécule ; la demande
inodérée se porte sur les sirops de maïs. On a coté : sirop de froment, 65 à 66 fr.;
sirop massé, 55 à 56 fr.; sirop liquide, (33 degrés), 45 à 46 fr.; sirops de maïs
massés, 45 à 46 fr., le tout par 100 kilog.
Amidons. — La tendance est un peu plus faible. On cote : amidons de Paris
en paquets, pur froment, 78 à 80 fr.; amidons de province 64 à 66 fr.; d'Alsace
en vrague, 64 à 6& fr. ; fleur de riz, 44 à 46 fr. ; riz de Louvain, 78 à 80 fr., le
tout par 100 kilog.
VI. — Huiles et graines oléagineuses.
Huiles. — A Paris, le marché est calme avec un peu de baisse sur les colzas.
On a coté : colza tous fiàts, 76 fr. 75; en tonnes, 78 fr. 75; épurée en tonnes,
86 fr. 75; lin en fûts, 72 fr.; en tonnes, 74 fr. A Arras, huile d'oeillette surfine
(par 91 kilog.), 176 fr,, pavot à bouche (par 100 kilog.), 94 fr. ; colza pays, 78 fr.;
idem étranger, 77 fr.; lin étranger, 72 fr ; cameline, 76 fr.; pavot industriel,
88 fr. A Cambrai (par 100 kilog.), colza pays, 75 fr.; étranger, 73 fr. 50; lin,
69 fr. à 69 fr. 50; œillette surfine, 200 fr. A Rouen : colza disponible, 77 fr. 25.
Graines oléagineuses. — A Arras, on a coté (l'hectol.) : graine d'oeillette, de
42 fr. 50 à 46 fr. 50; de colza, 19 fr. 50 à 21 fr. 25. A Cambrai : graine de lin
nouvelle, 26 fr. A Rouen (par 100 kilog.) : graine de colza, 34 fr.; de Pulguères,
27 fr.
VII. — Tourteaux, noirs, engrais.
^ Tourteaux.^ — Voici la cote de Marseille : tourteaux de lin pur, 20 fr. 75;
d'arachide décortiquée, 14 fr. 50; idem bruns pour engrais, 13 fr. 50; idem en
coque, 11 fr.; de ricins, 10 fr.; de sésame blanc du Levant, 15 fr. 25; idem de
l'Inde, 14 fr.; de colza du Danube, 13 fr. 25 ; de coton d'Egypte, 12 fr.; de pal-
miste naturel, 10 fr. ; de ravison, 12 fr. 50. A Arras, tourteaux de graines indi-
gènes ; d'œillette, 20 fr.; de colza, 16 fr.; de lin, 29 fr.; de pavot étranger,
13 fr. 25; de bn idem, 23 fr., le tout par 100 kilog. A CamlDrai (l'hectol.) : tour-
teaux de colza pays, 15 à 16 fr.; lin, 22 fr. 50 à 23 fr. 50; cameline, 17 fr. 50;
œillette, 17 fr. A Rouen (par 100 kilog.) : tourteaux de colza indigène, 14 fr. 25 à
14 fr. 50; de navettes, 12 fr. 25; d'arachides en coques, 10 fr. 50; idem décorti-
quées, 16 fr.; de sésame 15 fr. ; de Pulguères, 10 fr.; de lin, 24 fr.; de ravison,
Ufr. 25.
Noirs. — A Valenciennes les cours sont sans changement : noir neuf en grains,
32 fr. ; vieux en grains, 8 à 9 fr.; lavage, 2 à 4 fr.
VIJI. — Matières résineuses et colorantes, textiles.
Matières résineuses. — A Bordeaux, la demande est très active, mais les
usines livrent de petites quantités, ce qui maintient la fermeté des cours. L'es-
sence de térébenthine vaut 65 fr. A Dax, elle vaut 55 fr. les 100 kilog. A Mont-de-
Marsan, on paie la barrique de gemme ordinaire, (340 litres), 40 fr. ; système
DES DENRÉES AGRICOLES (10 JUILLET 1880).
79
Hugues, 48 fr., et à Benquet : ordinaire, 41 fr.; Hugues 49, charroi compris.
Laines. — Au Havre on a vendu 24 balles Buenos-Ayres, en suint de 1 fr. 80 à
1 fr. 97 1/2 le kilog. A Sainte-Menehould, il s'est traité quelques lots de 4 fr, 50
à 4 fr. 90 par kilog. pour laine lavée à dos.
Soufres. — Dans l'Hérault, on paie le soufre, selon qualité, de 13 fr. 50 à
15 fr. 25 par 100 kilog.
IX. — Suifs et corps gras.
Suifs. — Nous constatons une hausse dans les prix depuis la semaine dernière.
On a coté : frais, hors Paris, 81 fr. 50 ; bœufs Plata, 84 fr. 50 ; suif en branches,
61 fr. 12.
Saindoux et salaisoiis. — Au Havre les prix sont en hausse. On a vendu cent
fûts saindoux Wilcox à 100 fr. les 100 kilog., 400 caisses épaules livrables de
juillet à octobre à 155 fr., et ^0 caisses longues bandes à 109 fr. en disponible, le
tout par 100 kilog,
X. — Beurres. — Œufs. — Fromages. — Volailles.-
Beurres. — On a vendu cette semaine, à la halle de Paris, 231,715 kilog. de
beurres. Les prix par kilog. ont été comme suit : en demi-kilog., de 2 fr. 20 à
3 fr. 60; petits beurres, de 1 fr. 50 à 2 fr. 72; Gournay, de 1 fr. 96 à 4 fr, 04;
Isigny, de 1 fr. 92 à 6 fr. 02.
OEufs. — Du 29 juin au 5 juillet ont a vendu 4,583,190 œufs à la halle de
Paris, aux prix suivants par mille : œufs de choix, 86 à 93 fr.; ordinaires,
de 65 à 85 fr.; petits, de 5J à 60 fr.
Frotnages. — Les prix des fromages vendus cette semaine, à la halle de Paris, ont
été, par douzaine, de : Brie, 4 fr. 50 à 9 fr. 50; Montlhéry, 15 fr, ;. par cent :
Livarot, 30 à 58 fr. ; Mont d'Or, 8 à 20 fr.; Neuichâtel, de 4 fr 50 à 19 fr. 50,
divers, de 5 à 80 fr. Le Gruyère s'est vendu de 150 à 176 fr, les 100 kilog,
XI, — Chevaux. — Bétail. — Viande.
Chevaux. — Aux marchés des 30 juin et 3 juillet à Paris, on comptait 1,055
chevaux. Sur ce nombre, 372 ont été vendus comme il suit :
Amenés. Vendus. Prix extrêmes.
Chevaux de cabriolet
282
321
A 5
75
120
60
72
340 à 1
300 à 1
35 à
6.Ô à
40 à
,000 fr.
,320
— hors d'âge
314
60
975
340
— de boucherie
72
125
Anes et chèvres. — Aux mêmes marchés, on comptait 17 ânes et 10 chèvres;
6 ânes ont été vendus de 25 à 85 fr.; 2 chèvres de 18 à 45 fr.
Bétail. — Le tableau suivant résume le mouvement du marché aux bestiaux de
la Yillette du jeudi 1" au mardi 6 juillet.
Poids Prix du kilog. de viande sur pied
Vendus moyea au marché du lundi 5 juillet.
Pour Pour En k quartiers. 1" 2« 3« Prix
Amenés. Paris, l'extérieur, totalité. kil. quai. quai. quai. moyen.
6,367 3.432 1,676 5,108 3n8 1,76 1.56 1,24 1.50
1,613 615 662 1,277 23Ô 1.60 1.32 1.02 1,33
318 22i 44 265 409 1.44 1.26 1,04 1.24
4,665 2,962 1,222 4,184 76 1.95 1.80 1.36 1.67
â9,934 25,498 11,810 37,308 19 2.10 1.84 1.42 1.74
5,839 2,372 3,081 5,453 90 1 76 1.66 1.54 1.64
8 » 5 5 30 1.50 » » 1.50
Bœufs ,
Vaches
Taureaux ,
Veaux
Moutons.. .,
Porcs gras
— maigres.
Les approvisionnements ont été à peu près les mêmes que durant la semaine
dernière pour les principales espèces d'animaux amenés. Les ventes ont été assez
faciles, et les cours se sont soutenus aux taux de la semaine qui accusaient de la
fermeté ; il y a même eu une reprise assez sensible sur les prix des bœufs. — Sur
la plupart des marchés des départements, la baisse qui s'était produite depuis deux
mois environ, paraît aujourd'hui enrayée.
A Londres, les arrivages d'animaux étrangers, durant la semaine dernière, se
sont composés de 14,482 têtes, dont 2C œufs, 502 veaux, 2,813 moutons et
5 porcs venant d'Amsterdam; 651 mouton d'Anvers; 530 moutons de Brème;
115 bœufs de Ghristiana; 1,6 1 3 moutons et 412 porcs de Hambourg; 8 bœufs,
145 veaux, 3,058 moutons et 135 porcs d'Harlingen; 474 bœufs et 180 moutons de
80 REVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT (10 JUILLET 1880).
New-York; 9 bœufs, 401 veaux, 3,336 moutons et 7 5 porcs de Rotterdam. Prix
du kilog. : Bœuf : 1", 1 Ir. 93 à 2 fr. 05; 2% 1 fr. 75 à 1 fr. 93 ; qualité infé-
rieure, 1 fr. 58 à 1 fr. 75. — Veau : ]•% I fr. 95 à 2 fr. 10; 2% 1 fr. 75 à 1 fr. 93.
— Mouton : l", 2 fr. 28 à 2 fr. 45; 2% 1 fr. 75 à 2 fr. 10; qualité inférieure,
1 fr. 58 à 1 fr. 75. — Agneau : 2 fr. 45 à 2 fr. 80 - Porc : 1", 1 fr. 58 à
1 fr. 75; 2*1 fr. 40 à 1 fr. 58.
}iande à la criée. — On a vundu, à la halle de Paris, du 29 juin au 5 juillet :
Prix du kilog. le 5 juillet.
Bœuf ou vache
Veau
Mouton
Porc
Choix Bisse boucherie.
1.00à3.30 O.lOà 1.16
0.86 2.26 . »
0.90 4.00 .
Porc fumé, 1.40 à 1.70
*62,56o
66,081 kilog.
Les ventes ont été inférieures de 2.800 kiloff. par jour à celles de la semaine
précédente. Pour toutes les catégories, les cours accusent de la hausse.
XII. — Cours de la viande à Vabattoir de la Villette du 8 juillet {par 50 kilog.)
Cours de la charcuterie. — On vend à la Villette par 50 kilog. : 1" qualité,
96 à 100 fr.; 2% 90 à 95 fr.; poids vif, 63 à t8 ir.
Bœufs. Veaux. Moutons.
1" 2' 3«
ire 2«
3e
" ire
2e
3»
quai. quai. quai.
quai. quai.
quai.
quai.
quai.
quai.
fr. fr. fr.
fr. fr.
fr.
fr.
fr.
fr.
82 • 76 67
100 93
84
90
82
75
XIII. — Marché aux bestiaux de
la Villette
du jeudi 8
juillet.
Cou
rs des commissionnaires
Poids Goura
officiels.
en bestiaux.
moyen , ■^««■^
-^^ ...^ —
— ^^
--•«.-^ .- - _
„»••. —
Animaux
gênerai. 1" 2'
3= Pi
ix 1"
2» 3=
Prix
amenés. Invendus.
kil. quai. quai.
quai, extrêmes, quai.
quai. quai.
extrêmes.
Bœufs 2.7G9 417
265 1.75 1.54
1.22 1.18
11.78 1.75
1.50 1,20
I.l5àl.78
Vaches 703 47
250 1.60 1.30
1.02 1.00
1.65 1.60
1.30 1.00
95 1.62
Taureaux... 103 13
37b 1.42 1.24
1.02 1.00
1.45 1.40
1.20 1.05
1.00 1.44
Veanx 1.420 116
82 1.95 1.80
1.36 1.20
2.14 »
a 1
» (
Moutons.... 17.390
18 2.14 1.88
1.46 1.38
2.18 »
X t
% »
Porcs gras.. 3.812
85 1.88 1.78
1.68 1.50
1.S6 »
>
» »
— maigres. » •
. . »
« »
» e
» »
» "
Vente assez active sur toutes les espèces.
XIV. — Résumé.
Les cours sont plus faibles pour les céréales, les farines, les spiritueux, et la plu-
part des autres produits végétaux, m^is plus fermes pour la viande et les denrées
animales. A. Remy.
BULLETIN FINANCIER.
Nos fonds publics après quelques hésitations entrepris leur marche ascensionnelle :
le 3 0/0, coupon détaché, est à 85,50 ; l'amortissable à 87 ; le 5 0/0 est à 1 19,8l»,
à terme à 12U,17. Les sociétés de crédit et les chemins de fer sont toujours très
demandés.
Cours de la Bourse du 1 au 7 juillet
Plus
Plus
bas.
haut.
84.80
85.50
30.80
87. 6 J
114.25
115.50
118.90
119.80
Principales valeurs françaises:
Renie 3 o/o
Rente 3 o/O amortis..
Rente 4 1/2 0/0
Rente 5 o/o 118.90
Banque de France .; 3400.00 3425.00
Comptoir d'escompte 967.50 975. Oi)
Société générale 560.00 56). 00
Crédit foncier 1255.00 1277.50
Est Actions 500 745.00 755.00
Midi d» 1020.00 1030.01»
Nord d- 1610.00 1650.00
Orléans d" 1205.00 l2.iO.oO
Ouest d" 800.00
Paris-Lyon-Méditerranée d" 1332.50
Paris 1871 obi. 400 3 0/0 .. 396.00
Italien & 0/0 85.70
i08.75
355.00
405.00
88.10
Dernier
coins.
85.50
87.00
115.25
119.80
3'400.00
975.00
563.75
1270.00
755.00
1020.00
1610.00
1220.00
807.50
1355.00
396.00
85.70
Le Gérant : A. BOUCHÉ.
7 juillet 1880 [au
comptant).
Chemins de fer français et étrangers :
Plus
Plus
Uerniet
bas.
haut.
cours.
Autrichiens.
d»
605 00
627.. -iO
605.00
Lombards.
d'
178.00
182.50
178.00
Romains.
d'
1 4S . 50
150.00
150.00
Nord de l'Espagne.
d'
335.00
340.00
336.25
Saragosse à Madrid
d-
345.00
358.75
358.75
Portugais.
d-
59(1.00
610.00
590.00
Est.
d»
384.00
387.50
387.50
Midi
d"
385.00
392.00
385.50
Nord.
d"
390.50
397.50
391.00
Orléans.
d-
384. OJ
392.00
336.00
Ouest.
d»
335.00
393.00
386.50
Paris-Lyon-Méditer
d°
385.00
394.50
386.00
Nord Esp. priorité.
d"
341.50
347.00
345.00
Lombards.
d"
262.00
269.75
265.25
Leterrieb.
CHRONIQUE AGRICOLE (n juillet isso,.
Les vacances parlementaires. — Vote parle Sénat du dégrèfement des sucres et dés vins. — Com-
mencement de la moisson des céréales. — Projet de loi relatif aux ci^nditions de pariage des
terres vaines et vasrues delà Bretatrne. — Etendue^ restant encore indivise-;. — Fropisition de
loi sur raccroissement du no.nbredes étalons de l'Etat et sur les encourav'ements à la produc-
tion chevaline. — Liste des promotions et des nominatioi'S faites dans la I,égion d'honneur sur
la proposition du ministre de l'agriculture et du commerce. — Nécrolotrie. — Mort de M. Isaac
Pereire et de M. le docteur Broca, — Le phylloxéra. — Nomination de trois nouve^uix mem-
bres de la Commission supérieure du phylloxéra. — "Subventions accordées à des syndicats des-
tinés au traiiem'^nt des vignes malailes. — Traitem nts administratifs dans les Landes et dans
la Savoie. — Proietdn loi autorisant le dépariernent de l'Aude à s'imposer pour lutter conire le
phylloxéra. — Nouvelles recherches de M. Chauveau relatives à !< résistance (bs mouons algé-
riens à l'inoculation de la maladie chaibonneuse — Les moyens d'obvier an choléra des poules.
— Lettre de M. Ht-aucamp. — Vœu du Congrès ngrico'e de Melun sur le dégrèvement des
sucres. — Tableau du mouvement et dj la prorlucuon des sucres indigènes de 1 1 dernir're cam-
pagne. — Récompenses décernées par la Société d'encouragemenl, pour l'indu-trie nationale. —
Concours de la Société d'agriculture de Joigny. — Prochain C^mgrès de la Société pomologique
de France. — Observatiors de M. Mectii sur le labour:ige à vapeur et ses résultats en Angleterre.
— Nouvelles du concours de la Société royale d'a.;ricuiture d Angleterre à Carlisle. — Blés pour
semences. — Note de M. Dubosq sur la situation des récoltes dans le déparlement de l'Aisne.
I. — La situation.
Les Chambres entrent cette semaine en vacances. Les agitations de
la politique vont se calmer, au centre du gouvernement tout au moins;
cardes luttes s'engageront dans peu de jours au sujet des élections
pour les Conseil généraux. Quant aux agriculteurs, ils vont être occu-
pés, comme tous les ans, aux travaux pressés et absorbants des mois-
sons, des récoltes de tous genres. Ils se féliciteront toutefois des deux
dégrèvements sur les sucres et les vins qui sont définitivement votés.
On ne pouvait pas mettre en doute le consentement du Sénat à deux
mesures qui rendront de l'activité à la culture de la betterave et don-
neront du soulagement à la viticulture. La moisson des céréales se
poursuit dans le Midi. Quels seront les résultats définitifs, nul ne peut
l'affirmer encore. Mais l'ensemble des nouvelles s'accorde our dire
que l'on aura probablement mieux qu'on ne l'espérait d'abord.
IL — Le pariage des terres vagues de Bretagne.
Depuis le commencement du siècle, plusieurs lois ont successive-
ment réglé la procédure relative au partage des terres vaines et
vagues dans les cinq départements composant l'ancienne Bretagne.
En 1850, une loi spéciale organisa le pariage de ces biens communs
qui occupaient alors une surface de 72,000 hectares. L'efTet de cette
loi ne devait avoir que vingt années; mais lorsque ce terme arriva,
les partages n'avaient encore porté que sur 35,903 hectares. Le 3 août
1870, une nouvelle loi prorogea celle de 1850 pour dix nouvelles
années. Depuis cette date, de nouveaux partages ont réduit à
17,890 hectares la surface des terres vaines et vagues restant encore
indivi^es. C'est pour permettre d'achever cette opération que le gou-
vernement vient de présenter à la Chambre des députés un projet de
loi ayant pour objet de proroger pour dix nouvelles années la loi de
1850. Les terres qui restent encore à partager se répartissent ainsi
entre les cinq départements de la Bretagne : Côtes-du-Nord, 1 ,2 U hec-
tares; Finistère, 2,089 hectares; lile-el- Vilaine, 7,82G heclarss; Loiret
Inférieure, 100 hectares; Morbihan, 6,630 hectares.
IIL — Projet d'augmentation des étalons de l'Etat.
On sait que la loi du 29 mai 1874 a fixé h. 2,500 le nombre des
étalons qui doivent être entretenus par l'administration des haras, et à
N* 588. — Tome III de 1880. — 17 Juillet.
82 CHRONIQUE AGRICOLE (17 JUILLET 1880),
1,500,000 fr. la sommeaffectée aux primes des étalons approuvés, des
juments poulinières, des pouliches et des poulains. La loi aura reçu
l'année prochaine son exécution complète. Un certain nombre de
députés, pensant que cet effectif n'est pas suffisant, viennent de faire
une proposition de loi dont les principales dispositions sont les sui-
vantes. A partir du 1" janvier i882, reffectif des étalons entretenus
par l'administration des iiaras, sera successivement augmenté de cenl
étalons par an jusqu'à ce que cet effectif ait atteint le chiffre de 3,000.
A partir de la même date, l'allocation de 1 ,500,000 fr. pour les primes
et encouragements sera augmentée de 100,000 fr. par an, jusqu'à ce
qu'elle ait atteint la somme de 2 millions de francs, en faveur des
étalons appartenant à des particuliers, à des Sociétés ou à des départe-
ments et approuvés par l'administration des haras, ainsi qu'en javeur
.des juments poulinières, des pouliches et des poulains. Nous aurons à
revenir sur cette proposition, lorsqu'elleaura été examinée parla Gom-
niissioa d'initiative parlementaire et qu'elle viendra en discussion.
IV. — Décorations pour services rendus à Cagric allure.
Lq, Journal officiel àw 13 juillet publie la liste des promotions et
nominations dans la Légion d'honneur, faites sur la proposition du
ministre de l'agriculture et du commerce. Nous en extrayons la liste
des noms qui appartiennent à l'agriculture , en y ajoutant quelques
autres noms que nous trouvons dans les promotions d'auLres mi-
nistères et qui intéressent également l'agriculture. — Sont promus
ou nommés :
•
Au grade de commandeur : M. Marie (Bugène-François-Auguste), directeur
du commerce extérieur à l'Administration centrale, membre de la Société natio-
nale d'agricultui'e de France ; 33 ans de services. Officier du 3 août 18~5. —
M. Barral (J--A), secrétaire perpétuel de la Société nationale d'agrxulture d«
France. Officier du 24 janvier 18Ô3. Services exceptionnels.
Au grade d.'officier : M. de Laire (Jean-François-ïCrnest), inspecteur général
des haras; 2S ans de services. Chevalier du 13 auût 1866. — M. Giiauveau ijean-
Baptiste-Auguste), directeur de l'Ecole nationale vétérinaire de Lyon, membre
de la Société nationale d'agriculture; 32 ans de services. Chevalier du 12 août
1868. — M. DuBRUNFAUT (Augustc-Pierre), chimiste, membre de la Société na-
tionale d'agriculture. Services distingués rendus à l'agriculture et à l'mdustrie
pendant soixante années. ChevaUer du U août 1861. — M. Meugy (Jules-
Alexandre-Alphonse), inspecteur général honoraire des mines; 39 ans de service.
Chevalier du 14 novembre 1855. — M. le docteur Cosson, membre de l'Institut,
vice-président de la Société d'acclimatation. Travaux importants sur la flore algé-
rienne et sur la flore des environs de Paris. Chevalier du 25 décembre 1855.
Au grade de chevaUtr : M. Challot (Paul), chef de division à l'Administra-
tion centrale; 27 ans de services. — M. de Bricognf (Jules), inspecteur général
des haras; 29 ans de services. — M. Clé.ment de GtRAndprey (Josephj, inspecteur
général des forêts; 39 ans de services. — M. Grandjean (Paul-François-Eumond),
directeur du dépôt d'étalons de Cluny; 32 ans de services. — M. Saint-Pierre
(Hoche-Camille), directeur de l'Ecole nationale d'agriculture de Moutpellier;
20 ans de services. — M. Trélut (Auguste), vétérinaire du dépôt d'étalons de
Tarhss; 30 ans de services. — M. Grimaux (Edouard), professeur à l'Institut
national agronomique ; 1 8 ans de services. Lauréat de l'Institut. Services exception-
nels. — M. DuBOST (Jean-Claude-Paul), professeur à l'Ecole nationale d'agri-
culture de Grignon ; 22 ans de services. — M. Arloing (Saturnin), professeur
d'anatomie à l'Ecole nationale vétérinaire de Lyon ; 13 ans de services; services
exceptionnels. — M. Bollée (Ernest), fondeur, constructeur-mécanicien au ?vlans
(Sarthe). Auteur de nombreuses inventions utiles à l'industrie et à l'agriculture.
Services exceptionnels. — M Boursier (Charles), propriétaire-agriculteur à Che-
vrières (Oise), secrétaire de la Société d'agriculture de Corapiègne ; 23 ans de
services gratuits. — M. Denis (Etienne), "cultivateur à Chissay (Loir-et-Cher).
CHRONIQUE AGRICOLE (17 JUILLET 1880). 83
Perfectionnements apportés à la culture de la vigne. Services exceptionnels. — \
M. FoURViER DE Saint-Amand (Jules), propriétaire-agriculteur à Montflanguin
(Lot-etG-.ironne), président du Go . ice agricole et du Giimité d'études et de vigi-.
lance du phylloxéra de l'arrondisscinent de Vil.etieuve. Services exceptionnels. —
M. IMoNiER (Gamille-Jean-Baptiste), agriculteur-industriel dans le département
des Bouchesdu-Rliône. A contribué à introduire en France l'inluslrie de la fabri-
cation des huiles de graine?, en créant à Eyguières, eu 1840, une importante
usine. — M. Rabier, président du Comice agricole de Pilhiviers (Loiret) ; 25 ans
de services publics et gratuits, — M SiAu (Antoine). Services rendus comme
sériciculteur dans le département des P3-rénées-0rientules ; membie de la Société
agricole et scientifique du département depuis 26 ans. — M. Wallon (Jules),
propriétaire-agriculteur dans la Dordogne. Progrès importants -réalisés dans les
méthodes de culture de sou* département. Services exce, tionnels. — Demontzey
(Gabriel-Louis-Prosper), conservateur des forêts; 28 ans de services.
Nous ne poavons qu'applaudir aux distinctions que le gouverne-
ment vient de conférer à des hommes qui se sont .distingués par
des services sig.mlés rendus à la cause de l'agricullurs. Nous félicite-
rons d'abord tout particulièrement nos confrères de la Sociélé nationale
d'agriculture : M. Eugène Marie, qui depuis de nombreuses aanées,
dirige ave.î habileté un des plus importants services du ministère de
l'agricuiture et du commerce; M. Chauveau, dont on conaaît les
remarquables travaux de physiologie; M. Dubrunfaut, qui compte au
premier rang de ceux qui ont, depuis un demi-siècle, rendu le plus
de services à l'agriculture. Nous devons aussi profiter de cette occasion
pour rappeler de nouveau que M. Ghallot est un des fonctionnaires
les plus estimés du ministère de l'agriculture; que le dévouement
infatigable de M. Saint-Pierre a puissamment contribué au développe-
ment^de l'école de Montpellier; que M. Dubost, dont les travaux sont
si appréciés par nos lecteurs, est un des professeurs les plus aimés de
Grignon; que M. Grimaux s'est fait apprécier par d'importants travaux
de chimie. M. Trélut s'attache, avec un succès complet, au développe-
ment de la race chevaline dans la plaine de Tarbes. M. Boursier est un
des plus ardents pionniers du progrès agricole dans l'Oise. M. Denis
est le modeste et énergique promoteur de la culture de la vigne en
chaintres. M. Monier, en même temps qu'il est uu grand industriel,
est un des agriculteurs les plus progressistes du déparlement des
Bouches-du-Uliô.ne. M. Siau est un des vétérans émérites de l'agricul-
ture méridionale. M. Jules ^Yallon a remporté, il y a quelques-semaines,
le prix cultural des propriétaires au concours régional de Périgueux.
M. Rabier, M. Fournier de Saint-Amand sont à la tête de Comices qu'ils
dirigent avec beaucoup de succès.
Quant à la distinction qui, sur l'initiative du ministre de l'aîïriculture
et du commerce, est venue trouver le directeur du Journal de t agri-
culture, elle lui est d'autant plus sensible qu'elle lui est décernée au
titre de secrétaire perpétuel de la Société nationale d'agriculture.
V. — Nécrologie.
Encore deux morts à signaler cette semaine. M. Isaac Pereire, qui,
avec son frère aîné, a été le fondateur en France des grandes Compa-
gnies de chemins de fer, qui, le premier a eu le courage et l'intelligence
d'établir une voie ferrée pour la circulation à grande vitesse, est mort
à Armainvilliers, près de Gretz, le 12 juillet, à l'âge de 74 ans. Il
avait rendu à l'agriculture nationale le plus grand service qu'elle pût
recevoir. On doit d'ailleurs aux Pereire d'autres œuvres agricoles : le
reboisement et la mise en culture d'une grande partie des Landes, et,
84 CHRONIQUE AGRICOLE (17 JUILLET 1880).
on peut le dire, la création complète d'Arcachon. Tout récemment,
M. Isaac Pereire avait consacré une somme de 120,000 fr. pour la
création de prix relatifs aux meilleurs mémoires ayant en vue la solu-
tion de la question du sort' de ceux: qui travaillent. Toute sa vie,
il avait poursuivi la réalisation de cette pensée que toutes les institu-
tions sociales doivent avoir pour but l'amélioration du sort physique,
intellectuel et moral de la classe la plus nombreuse et la plus pauvre.
M. Broca, qui est mort à 56 ans, le. 0 juillet, était un grand savant.
11 faisait partie du Sénat depuis le mois de février. Il était le beau-
frère de M. Lugol, viticulteur dans le département du Gard, à qui les
nombreux agriculteurs qui le connaissent, témoigneront certainement
une vive sympathie pour le coup qui le frappe. Le docteur Broca
laissera surtout un nom glorieux à cause de ses travaux sur l'anthro-
pologie.
YI. — Le phylluxera.
Un décret du président de la République vient de nommer trois
membres nouveaux de la Commission supérieure du phylloxéra, en
remplacement de M. Joigneaux, député, démissionnaire; de iM. Tami-
sier^ sénateur, décédé, et de M. le docteur Micé, qui a cessé d'être
président de la Société d'agriculture de la Gironde. Les nouveaux
membres sont M. Parent, sénateur de la Savoie; M. Lalancle, pro-
priétaire du Château-Léoville, dans la Gironde, et M. Georges Berger,
également grand propriétaire de vignes dans la Gironde.
La Section parmanente de la Commission, dans sa séance du 10 juil-
let, a approuvé le traitement adminisiralif de la tache récemment con-
statée sur la commune de Lamolte-en-Chalosse, en terrain argilo-sili-
ceux, dans l'arrondissement de Saint-Sever (Landes). Le phylloxéra y
avait été probablement importé, car la vigne date de six ans, et a été
faite avec des plants venant d'une région phylloxérée. Le traitement
administratif a été aussi décidé pour deux taches nouvelles du dépar-
tement de la Sivoie. Dds subventions ont été accordées à trois syndi-
cats; deux de la Gironde et un du Rhône ; ce dernier, pour l'emploi
du sulfure de carbone, les deux autres pour l'usage de la submersion.
La demande de l'établissement d'une pépinière de plants américains
dans l'arrondissement de Saumur (Maine-et-Loire) a été ajournée.
Le département de l'Aude a été autorisé, par une loi du .24 décembre
dernier, à s'imposer extraordinairement d'un centime additionnel, en
1880, pour combattre les ravages du phylloxéra. Le Conseil général
ayant constaté, dans sa dernière session, les bons résultats obtenus par
ses efforts, a demandé à êlre autorisé à continuer cette imposition en
INHI. Le gouvernement vient de présenter aux Chambres un projet
de loi dans ce sens. Cette imposition produitenviron'2T,S00 fr. par an.
Ainsi que le fait remarquer l'exposé des motifs, cette somme est insuf-
fisante si on la compare à l'inqjortance du dommage causé dans le
département, mais elle s'augmentera de la subvention de l'Etat, et
permettra de provoquer les sacrifices des communes et des particuliers.
VIL— Sur la résistance des moutons algériens à l'inoculation charbonneuse.
Deux communications très importantes viennent d'être faites à
l'Académie des sciences par notre confrère, M. Chauveau, sur un sujet
dont nous avons déjà entretenu nos lecteurs. Il s agit de la résistance
des moutons algériens à l'inoculation de la maladie charbonneuse.
CHROiNIQUE AGRICOLE (17 JUILLET 1880). 85
Dans les dernières expériences que nous avons analysées, M. Chau-
Teau avait constaté que quelques moutons algériens peuvent contrac-
ter le vrai sang de rate et en mourir. Il a voulu chercher les causes da
ces accidents, et il est arrivé à les déterminer. La conclusion à la-
quelle il est arrivé peut se résumer ainsi : la bactéridie charbonneuse
se comporte dans l'organisme des moutons algériens, non pas comme
s'il était privé des principes nécessaires à la vie bactéridienne, mais
bien plutôt comme si c'était un milieu rendu impropre à celle der-
nière par la présence de substances nuisibles; mais quand les bacté-
ridies sont exceptionnellement nombreuses, elles peuvent arriver à
surmonter cet obstacle à leur prolifération. M. Chauveau arrive, de
l'ensemble de ses expériences, à considérer, au moins provisoirement,
comme innée l'aptitude des moutons algériens à acquérir l'immunité
contre l'infeclion charbonneuse. Il reste à vérifier si, ces moulons
étant transportés dans des milieux différents, par exemple, dans le
midi de la France, cette immunité se maintiendra d'une manière indé-
finie.
YIII. — Le choléra des poules.
Nous avons publié les instructions rédigées par le Comité des épi-
zoolies sur le choléra des poules. Celte épidémie a été signalée, celte
année, sur un grand nombre de points dans les départements septen-
trionaux. A celte occasion, nous recevons de iM. IJeaucamp, agricul-
teur à Elreux (Aisne), une letlre renfermant des observations qui
seront lues avec profit par beaucoup d'agriculteurs.
« Monsieur le directeur, la maladie dite le choléra des poules, a depuis plusieurs
années occasionné beaucoup de pertes et de plaintes. Les savatits, aussi bien que
les vétérinaires, ont cherché les moyens de guérir cette maladie, sans y avoir trop
réussi, à ce(|ue je sache; je n'ai donc pas la prétention, simple cultivateur, de
fiouvoir trouver lerernède que les célébrités de la partie n'ont pu découvrir; seu-
ement comme ceite raaladi-^ existe dans ma commune depuis une dizaine d'années,
sans que pour cela ma volaille en ait été affectée jusqu'à présent, j*ai cherché le
motif [jour lenuelj'ai été exempt-, et, comme éviter une maladie, c'e-t plu** si.nple
et plus éronomique que de la guérir, je v^iis me permettre de faire part de mes
observations à cet égard. J'ai toujours entendu émettre l'opinion (|ue pour avoir
beaucoup d'œuis, il fallait (jue la volaille eût chaud dans son poulailler, et pour
donner cette chaleur, on construisait ces poulaillers, petits, peu élevés de planchers,
sans lumière, ne recevant lair le plus souvent que par la déjuinture des planches
de la porte, ou quelques petits trous faits dans cette porte; quant aux excréments,
ou les eiilevait une fuis par an, à la sortie de Ihiver. Un poulailler de deux mètres
de profondeur, sur trois de large, et deux de hauteur, en tout douze mères cubes
d'espace pour log^^r uncent de volailles, c'était la rè^le suivie, huii poules, (|uel (ue-
fois plijs, pa- mètre cube, dans un endroit près lUe sans air et jamais renouvelé;
et on s'étonne que les habitants de ces demeures soient emportés par la maladie ;
il y aurait bien plus lieu de s'étonn-r qu'il n'eu meurt pas encore davantage.
Sans vouloir, comi e sans même avoir le droit (ie citer a demeure de mes poules
{)0ur modèle je ne puis faire autrement que d'en parler puisqu'elle leur accorde
ongue vie, et bonne santé, malgré leur mauvais voisinage; mon poulailler a trois
mètres carrés, il a pour plancher le toit même du bâtiment, (luatre mètres de hauteur,
en tout trente-six mètres cubes d'espace pour une centaine de poules, ce qui fait
moins de trois poules par mètre cube; il y a des lucarnes grillées dans les murs, en
face l'une de l'autre pour établir des c jurants d'air, on enlève les excréments,
cinq ou six fois par an. Avec cette siiuplii-,iié de demeure, ma volaille se porte
bien, et elle pond en proportion de la n uirture qu'elle reçoi'. Pour ceux qui
veulent éviter cette malailir-, j'ai la conviction (|u'en donnant de lair. de l'espace,
de la proi^eté, et j'ajouterai que, en ne laissam, pas manquer la boisson, éviteront
facilement cette mortalité à leurs volailles, en même temps que le déplai-ir de voir
la femme contrariée par le dépeuplement de sa basse-cour.
« Veuillez agréer, etc. « Beaucamp. »
86 CimONIQUE AGRICOLE (17 JUILLET 1880).
M. B^aucamp a parfaitement raison d'insister sur la nécessité de
prendre les précautions qu'inspire l'hygicae bien comprise. C'est là
une condition indispensable de succès, aussi bien dans l'élevage des
animaux de basse-cour que clans celui des autres animaux de la
ferme.
IX. — Les sucres et les hctlcraiKs.
Dans le compte rendu du concours régional de Melun que le Journal
a publié, on a signalé le vœu émis par leCongrès réuni dans cette
ville, relativement au vote du dégrèvement des sucres par les deux
Chambres. Nous croyons utile de publier ici le texte même de ce vœu,
que nous empruntons au procès-verbal de la séance du 1 7 juin :
« M. le comte Foucher de C^.reil, sénateur, président de la Société na.ionale
d'encouiagement à ragricultnre, membre de la Société d'agriculture de Melun, dé-
pose le projet de vœu suivant :
« Le Congrès ai,'ricole, considérant que la Chambre des Députés vient d'être
saisie par >°. le ministre des finances d'un in-ojet de loi ayant pour objet de dé-
grever les sucres par l'abaissement du droit de 70 à 40 francs, soit de 30 francs,
et réglant en même t^raps le régime des sucres ;
« Que ce projeta été renvoyé à la Commission du budget, qui l'examine, en ce
moment; . .
« Qu'il importe qu'il soit voté, dans l'intérêt de la production agricole comme
dansT'elui du consommateur, avant la séparation des Chambres qui doit avoir lieu le
13 juillet prochain ;
« Emet le vœu : que la Chambre et le Sénat votent le projet de dégrèvement
des sucres, avant la prorogation, des Chambres.
« M. le comte Foucher de Cardl, après avoir développé les motifs qui militent
en faveur du vœu pir lui déposé, d"femHnde qu'il soit statué d'urgence par le Cou-
grès. Sa demande est appuyée par un grand nombre de membres.
■ « M. le Président met aux voix la question desavoir t-i ce projet de vœu sera mis
immédiatement en delihéiation.
■ « Le Congrès, à l'unanimité, se prononce pour la discussion immédiate.
« A,près quelques observations présentées par plusieurs membres, le projet de
vœu dépo-é par M. le comte Foucher de Gareil est admis à l'unanimité. _
« Le Congrès décide que ce vœu sera transmis, à MM. les ministres des
finances et de l'agriculture et du commerce. «
Le tableau que vient de publier le Journal officiel sur la production
et le mouvement des sucres indigènes depuis l'ouverture de la der-
nière oau!p;igne jusqu'au 30 juin, constate d'une manière définitive
ce que Ton savait depuis longtemps sur la faiblesse de la dernière
recolle. Les quantités de jus déféqués ont été seulement de
49,t'.81,00{) bectolitres au lieu de 77/108,000 hectolitres l'année pré-
cédente. Le degré moyen des jus n'a été que de 3.5. Les quantités
prises en charge s'élevaient, au 30 juin, à 300/155,000 kilog. au lieu
de ^3(>/22'i,(U)0 kilog. en 1879. A cette même date, il restait en
fabrique 'iO, 900,000 kilog. de sucres achevés, et seulement
2,908^000 kilog. de produits en cours de fabrication.
X. — Société d'encouragement pour l'industrie na'ionnle.
La Société d'encouragement pour Liiidustrie nationale a tenu, le
vendredi 9 juillet, sa séance générale annuelle, sous la présidence de
M. Dum.-is, secrétaire perpétuel de rA<;adémie des sciences. Dans
cette ^éiince ont été décernées les récompenses attribuées par la
Société. Nous devons signaler celles qui se rattachent à l'a-riculture.
Sur le rapport de iVl.^Risler, un encouragement de 500 fi\ a été
accordé à M, Goelz pour ses travaux relatifs aux prairies artificielles^.
Sur le rapport de M. Bella, une médaille d'argent a été attribuée à
GHRONIQaEjAGRICOLE (17 JUILLET 1880). 87
MM. Defoy et Moreau pour FappHcAtion de l'électricité an dressage
des chevaux. Sur le rapport de M. Bérard, une autre médaille d'ar-
gent a été attribuée à M. Houdart pour ses travaux sur l'analyse des
vins. Enfin, dans la liste des ouvriers auxquels ont été décernées des
médailles d'encouragement, nous trouvons le nom de M. Jacques
Izard, ouvrier agricole depuis trente neuf ans chez M. Tliéron de
Montaugé^ agriculteur à Périole, près de Toulouse.
XL — Concours de la Société d'agricuUure de Joigny.
Le concours de la Société d'agriculture de Joigny et du Comice
agricole du canton de Brienon (Yonne), aura lieu le dimanche 29 août
à Brienon. Ce concours, pour lequel les deux associations se sont
réunies, promet d'être important. Des primes nombreuses y seront
décernées pour les cultures aussi bien que pour les diverses races
d'animaux reproducteurs.
XII. — Congrès pomologique de France.
La 22' session de la Société pomologique de France se tiendra cette
année à Moulins; elle sera ouverte le 29 septembre, et elle coïncidera
avec une exposition de fleurs, de fruits, de légumes et d'objets d'art
concernant l'horticulture organisée par la Société d'horticulture de
l'Allier. Dans cette session, le Congrès pomologique s'occupera
spécialement : 1° De l'appréciation des fruits admis à l'étude; 2" des
fruits étudiés et présentés, soit par la Commission permanente des
études, soit par les Commissions pomologiques locales;, 3° de l'étude
et de la dégustation des fruits qui lui seront déposés; 4° de la médaille
à décerner à la personne qui a rendu le plus de services à la Pomo-
logie française.
XIII. — Le labourage à vapeur en Anglekrrc.
Un agriculteur anglais bien connu, M. Mechi, vient de publier sur les
applications du labourage à vapeur en Angleterre, une note dans laquelle
il présente plusieurs observations intéressantes que nous crovons utile
de résumer. En Angleterre, environ 24,000 hectares sont cultivés à la
vapeur; et presque dans aumn cas les fermiers qai se servent de
ces appareils n'ont pu affirmer une augmentation de récolte; quanta
l'économie sur l'emploi delà vapeur, elle paraît résulter de touâ les
comptes établis sur ce sujet. M. Mechi attribue les résultats actuels au^
labour profond que tous les fermiers ont adopté en même temps que
la traction à vapeur. Pour lui c'est là une grande faute qui, la plupart
du temps, donne pour résultat une diminution dans le rendement de
la récolte. Il ne fallait pas dès l'origine, et encore actuellemaat, dit-il,
ramener à la surface ou mélanger avec la surface du sol arable les
couches inférieures qui sont généralement très, pauvres; il fallait com-
mencer par des labours moins profonds et augmenter peu à peu-
la profondeur des labours; il fallait surtout employer la charrue
sous-sol, en môme temps qu'un kbour moins profond était donné,
afin de remuer les couches inférieures sans les ramener à la surface,
sans les mélanger avec les parliez supérieures. \\ n'y a point de doute
qu'il faut employer le labourage à vapeur, quant à l'éconouiie; mais
il ne fallait pas courir d'un extrême à l'autre. On doit, dans tous les
cas, adopter la charrue sous-sol avec la charrue ordinaire à vapeur;
de celte manière on obtient un travail excellent; on ralentit un peu la
marche de la charrue, mais aussi on l'empêche de plonger en terre et
88 CHRONIQUE AGRICOLE (17 JUILLET 1880).
d'en alternativement sortir de terre, comme cela arrive lorsqucni
laboure avec une grande rapidité. - '^^ '^'
XIV. — Concours de la Société royale d'agriculture d'Angleterre.
Le concours de Carlisle est ouvert depuis le lundi 12 juillet; il a
été favorisé par un temps magnifique; l'emplacement est le plus
commode qu'on ait encore eu en Angleterre pour cette solennité an-
nuelle. L'attrait particulier du concours de la Société royale d agricul-
ture est, cette année, dans les essais de labourage à vapeur, dont les
résultats ne nous parviendront à temps que pour les insérer dans
notre procbain numéro.
XV. — Blés pour semences.
Un agriculteur habile du Rous^illonnais, M. Durand, à Saint-
Nazaire (Pyrénées-Orientales), qui a obtenu d'excellents résultat dans
la pratique des irrigations, nous envoie plusieurs échantillons des
produits de ses cultures. Nous y remarquons spécialement un très
beau blé barbu, obtenu dans des terrains salés, et excellent pour
semences. M. Durand nous écrit qu'il peut disposer de 200 à 300 hec-
tolitres pour semences, absolument semblables à Féchantillon qu'il
nous a envoyé.
XVL — Nouvelles de l'état des récoltes,
La grande préoccupation des agriculteurs est aujourd hui la matu-
ration des céréales qui s'achève dans de bonnes conditions. Nous
avons reçu quelques notes qui donnent, sur ce sujet, des renseigne-
ments intéressants et que nous publierons. M. Dubosq nous écrit de
Château-Tbierry (Aisne), à la date du (3 juillet :
.« Grâce à des pluies, quoique tardives, arrivées après une attente de plus de deux
mois, d'une sécheresse désolante, les blés et les avoines se sont améliorés ; pen-
dant un uioment on pouvait craindre de ne plus trouver dans les champs, de nour-
riture pour les moutons; aussi, la piemière coupe des luzernes, trèfles et prairies
caturelles, ne donnera qu'un fourrage insignifiant Si la pluie était arrivée (rois
semaines plutôt, il est probable, qu'on aurait eu cette année une abondante ré-
colte en grains et en fourrages.
« Les seigles sont très beaux, ils donneront beaucoup de grains.
« Les pommes de terre n'ont pas souffert jusqu'ici ; il y a espoir d'un bon pro -
duit.
ce Les betteraves sont bien levées, elles reçoivent en ce moment leur troisième
binage; il y a suffisamment de plants.
« Les féverolles , bizail es et maïs donnent l'espoir d'une bonne récolte, cela
viendra remplir les vides laissés par la première coupe des autres fourrages.
« Ayant eu occasion de parcourir tout récemment l'Auvergne, la Nièvre et une
partie de l'Allier, partout il est facile de se rendre compte de l'état peu favorable
des récoltes en terre, les blés sont généralement dans de mauvaises conditions; il
y a partout ab^ence de plants, ils sont envahis par des plantes parasites, les
avoines sont courtes, el es ne donneront ni paille, ni grain, les prairies natu-
relles qui ont eu à souffrir pendarit près de deux mois de pluies glaciales, n'ont
pas poussé, aussi faut-il s'attendre pour ces départements, à une récolte peu
abondante
« L'hiver qui a été si préjudiciable dans notre département et aux environs de
Paris, auxarbres fruitiers etd'agrément, n'a causé aucun dommage dans Ics dépar-
tements cités; aucun arbre n'a souffert, aussi compte-t-on en profiter, pour la
vente des fruits et autres produits. »
La moisson est commencée dans le Midi; elle est même à peu près
achevée dans quelques parties de la Provence, notamment dans les
Bouchei-dud\bône. On se trouve généralement satisfait, dans celte
région, du rendement et de la qualité du grain. J.-A. Barral.
EFFETS DE L'HIVER EN LORRAINE
LES EFFETS DE L'HIVER EN LORRAINE
Ea consultant mon calendrier iherraométrique, je vois que la gelée a
commencé, à Thionville, le 25 novembre. Le thermomètre est descendu
alors à — 5" et^ en baissant chaque jour davantage, il était à — 16" le
3 décembre. Le 10, il atteignait le maximum de froid, — 23°. La
rigueur du temps se maintint jusqu'au 28 décembre, jour où le
thermomètre marquait encore — 10". Le 29, nous avions 6°. C'était la
fin du premier hiver, lequel a duré 34 jours consécutifs, avec une
moyenne de — 13°. 71.
Durant cette première et terrible épreuve, j'ai déjà constaté des ge-
livures sur les chênes les plus puissants; mais j'ai eu lieu de conser-
ver quelque petit espoir pour la vigne. Dans celle-ci je trouvais,
même au-dessus de la base des ceps qu'avait protégée la neige, pas
mal de bourgeons intacts, en sorte que je me promettais alors de
faire tailler très long, afin de ne rien perdre de ce que je devais au
hasard.
Mais pendant que les plantes subissaient une atteinte dont nous ne
devions connaître exactement la gravité qu'au retour du printemps,
les animaux enduraient des souffrances dont les effets étaient bien
plus manifestes. Dans le cours de ces nuits brillantes oii l'argent des
étoiles scintillait dans un ciel de cobalt, les geais mouraient sur la
branche libie et les poules sous le toit de la servitude. Même de grands
mammifères succombaient çà et là dans des élables insulfisamment
protégées, et nos cultivateurs civilisés, imitant par nécessité les peu-
plades primitives qui vivent en promiscuité avec leurs animaux, ré-
servaient la place la plus chaude de la stube aux jeunes veaux. Sur
ces entrefaites, lièvres et perdrix s'aventuraient dans les choux des
jardins et périssaient souvent sous l'escopette inhospitalière du cam-
pagnard. Les renards se promenaient en plein jour dans les champs,
et les loups eux-mêmes, chassés hors du bois par la faim, donnaient,
en maraudant publiquement, le démenti à cette parole de l'Ecriture :
Qui malum facit, odit lucem. J'en ai compté un jour quatre qui
opéraient en commun, avec des qualités stratégiques qui ont déjoué
toute la stratégie que j'ai déployée moi-même, le fusil à la main, pour
leur couper la retraite.
Le 5 janvier, après un interrègne de sept jours de temps relative-
ment tiède, chacun de nous se replongeait frileusement dans un cata-
falque de fourrures où il devait, cette fois, rester enseveli pendant
36 jours consécutifs. Durant ce deuxième hiver, le minimum a atteint
— 16", le 29 janvier, et la moyenne générale a été de — 6".1 1. Quoique
moins rude aux animaux, cette seconde période a été très nuisible aux
plantes. Tous les bourgeons qui avaient été épargnés, dans mes
vignes, ont succombé cette fois. Des pommes de terre ont été gelées
dans les celliers et dans les caves, et l'esprit de spéculation, escomp-
tant ce désasire qu'on croyait général, a si bien raréfié ou plutôt ca-
ché la marchandise que, trois mois plus tard, à la saison des semis,
elle inondait nos marchés en y subissant des prix de plus en plu^
avilis, pour finir par ne plus trouver de débouché dans aucune con-
dition, si bien que tout ce qui est resté de la plantureuse récolte de
1879 est actuellement livré au bétail, après avoir été écarté de la
consommation humaine par des prétentions exagérées.
90 EFFETS DE LHIVER EN LORRAINE.
Pendant le premier hiver, la terre était restée molle sous 20 centi-
mètres d'une neige brusquement saisie par un froid vif et qui a pro-
tégé les récoltes en terre. Dans ce milieu mouvant, facilement pénétré
et remué par le groin des sangliers, ceux-ci ont trouvé sans peine
leur nourriture et se sont maintenus en bon état. Mais ces animaux,
qui ne paraissscnt guère plus sensibles au froid qu'aux compliments,
ont fait tfisle figure pendant le second hiver qui, opérant à l'inverse
du premier, a congelé profondément la terre avant de la revêtir d'une
éclatante parure. D'où il est résulté que les sangliers vivaient de l'air
du temps el de feuilles de ronces. A ce régime fondant ils ont perdu
la vigueur de la race; quelques-uns d'entre eux, accrochés par la dent
du malin, ont été achevés à coups de fourche, d'autres sont morts
d'inanition et ont servi de pâture non seulement aux loups, ce qui se
conroit, mais encore à leurs semblables, ce qui est plus étonnant. J'ai
vu ouvrir l'estomac d'un solitaire qui, comme Ugolin, avait servi de
sépulture à ses enfants. On ne peut mieux justifier l'épilhè.te d'omnivore.
En môme temps qu'un manteau de neige cachait la terre, les eaux
étaient partout couvertes d'une couche de glace qui, sur la Moselle,
dépassait 30 centimètres d'épaisseur. Cette congélation générale, cette
solidification des liquides à laquelle n'avaient échappé que de rares
petites sources, attirait sur celles-ci les oies sauvages altérées par
î'âcreté des colzas qui leur avaient servi de pâture. D'où une pré-
cieuse occ^asion de surprendre et de tirer ce gibier sauvage et d'un
accès si difficile.
A la suite des dures épreuves de cet hiver en deux volumes, on ne
s'est pas lait beaucoup d'illusions sur ses tristes résultats. Ordinaire-
ment les Jérémies ne manquent pas de grossir le mal; mais, cette
fois, il ne restait malheureusement que peu de place pour leurs exa-
:,ération3. Dans nos jardins, il n'y a presque plus rien de bon parmi
les arbres de court jet, mais la majorité des grands arbres a survécu.
C'est un spectacle consolant pour des yeux qui, en parcourant la ligne
de Reims à Charleville, ont vu, dans les Ardennes, surtout dans les
parages de Launois, la mort étendant son cachet noir sur tous les ar-
bres fruitiers et jusque sur les espèces forestières, donnant ainsi aux
vergers l'aspect de nécropoles végétales.
Aux premières tiédeurs de mars, les horticulteurs se sont générale-
m.€nt frotté les mains, en voyant des feuilles pousser aux arbres qui
avaient paru des plus compromis. Cette joie a été courte; la séche-
resse de l'atmosphère, entretenue par un vent opiniâtre, n'a pas tardé
à éteindre ces symptômes de vie. Ils étaient bien décidément perdus,
hélas! ces arbres qu'on avait crus sauvés parce que l'écorce en était
encore verte et que leur bois paraissait blanc, sain. Tel a été le sort
de tous les noyers, d'une foule de poiriers, de, pêchers et d'arbustes
d'ornement.
En somme, dans nos forêts, le mal est insignifiant ; sur les prome-
nades et sur les routes il n'a pas grande importance, mais dans les
jardins la perte est énorme. Quand, à l'automne, on en aura enlevé
tous les squelettos végétaux qui, au milieu delà verdure des parterres,
rappellent que les végétaux, comme les animaux, sont tous mortels,
ces pauvres jardins seront à peu près nus comme les espaces cultivés
en pleins champs.
Cependant, si arrand que soit le mal, i] ne frappe point la culture
EFFETS DE L'HIVER EN LORRAINE. 91
de notre pays dans sa production essentielle. Les prairies, naturelles ou
artificielles, n'ont pas souffert, les gros grains non plus. Les travaux
du printemps se sont adinirablemeiu effectués dans un sol desagrégé
par la force irrésisàble du plus grand et du plus long froid qu'on ait
constaté , en Lorraine. Nos blés, généralement exubérants, avaient
besoin de temps sec; nos marsages sont bien fournis, nos trèfles très
épais, et si la pluie qui tombe aujourd'hui, 28 mai, pouvait nous con-
tinuer quelques jours sa bienfaisante intervention, l'année 1880
compterait parmi les bonnes, et nous n'aurions pas, après deux mau-
vaises campagnes, à dévorer une troisième vache maigre.
Docteur F. Schneider,
correspondant de la Société nationale d'agriculture de France^
N. B. C'est la vache grasse qui l'emporte visiblement, aujourd'hui 5 juillet, à
l'heure où je corrige mes épreuves. La pluie a, en effet, dissipé toutes lesans^oisses
du cultivateur et celui-ci déclare d'ores et déjà que la place va lui man;juer pour
engranger les magaihijues récoltes qui ornent ses champs. Les céréales se tiennent
fermes sur leurs tiges au tissu dense; la floraison s'est bien faite, les épis sont
bien garnis de grai/is. Les pommes de terre sont luxuriantes, les betterave? mar-
chent à grandes étapes et les secondes coupes de trèfle arrivent à marche forcée.
Vraiment, la nature a des ressources admirables. Mais, comme on a la manie de
toujours gémir, on va se plaindre sans doute du fléau de l'abondance. F. S.
LES HIRONDELLES
Il y a tous les ans beaucoup d'hirondelles au Riltershof. — Pas
d'hirondelle de che iiinée, la petite qu'on nomme vulgiiremsnt Mar-
tinet. Liles viennent au printemps reti-ouver leurs nids. Elles élèvent
une famille, et partent dans les premiers jours de septembre. Or cette
année, te 26 juin, on a remarqué qu'il n'y en avait plus. Elles étaient
toutes parties. — Quelle cause a déterminé leur départ, où sont-elles
allées? Ce fait se rattache-t-il à des circonstances d'un intérêt général
qui nous sont inconnues?
Ce départ des hironlelles n'a pas été occasionné par une cause
locale, accidentelle. On peut en avoir la certitude, parce qu'il y a
dans la cour de la ferme deux familles d'hirondelles qui occupent deuî
bâtiments éloignés l'un de l'autre d'environ 60 mètres. Elles sont
parties toutes ensemble, comme elles partent chaque armée au mois
de septembre.
Ce fait me semble être assez intéressant pour le faire connaître aux
nombreux lecteurs du Journal de l'Agriculture, en les priant de faire
savoir si ce départ des hirondelles a eu lieu aussi chez eux, et s'ils
peuvent en inditjuerla cause.
On leur lait la guerre, on les tue pour les manger, ces innocentes
hirondelles qui nous rendent tant de services. Chaque année, à l'au-
tomne, il se fait dans le midi de la France et en Italie, une effrayante
destruction de petits oiseaux qui émigrent pour aller passer l'hiver
dans un climat plus chaud.
L'agriculture française a déjà fait bien des progrès, ne fera-t-elle
pas encore celui d'une loi qui protège les petits oiseaux? Et si cette loi
est enfin renlue, le gouvernement françris ne pourra-t il pas s'en-
tendre a^^ec le gouvernement italien pour que les petits oiseaux soieat
protégés pendant leur passage en Italie ?
Celte loi, que j'ai déjà demandée pour la France, existe ici dans la
Bavière rhénane. Les forestiers du gouvernem^it et des particuliers,
92 LES HIRONDELLES.
les gardes champêtres exercent une police sévère. Les nids sont res-
pectés, et la loi désigne tous les oiseaux nuisibles qu'il est permis de
détruire et tous les oiseaux utiles qui doivent être respectés et protégés.
Espérons qu'une loi semblable ne tardera pas à être rendue en
France. F. Villebot.
Riltershof, 2 juillet 1880.
DISCOURS PRONONCÉ AUX OBSÈQUES
DE M. VICTOR BORIE,
au nom de la Société nationale d'agriculture, le 8 juillet 1880.
Messieurs, le confrère à qui, au bord de cette tombe, nous venons au
nom de la Société nationale d'agriculture, rendre le suprême hommage,
nous a été enlevé par un coup imprévu. Il y a quelques jours à peine,
il était parmi nous plein de verve et d'esprit, détendant avec une rare
vigueur les doctrines de la liberté dans l'économie rurale, encourageant
par ses éloges, dans d'excellents rapports, les efforts d'homnit-s de
progrès ayant pour but d'émanciper les habitants de la campagne de
tous les préjugés, enfin, dans notre dernière séance publique, prodi-
guant de chaleureuses paroles à des instituteurs qui s'étaient distin-
gués dans l'enseignement agricole au milieu des populations rurales.
11 avait pris à cœur le développement de l'instruction populaire, non
pas seulement dans les villes, mais surtout dans les villages et les
hameaux. Il était ardemment dévoué à la cause du progrès dans la
démocratie rurale.
Victor Borie était né en 1818, à Tulle, dans la Corrèze. C'est là qu'il
fit ses études sous la direction de son père, archiviste delà préfecture
et de la ville. Placé dans une position modeste, il fut, dès l'âge de
vingt ans, nommé vérificateur des poids et mesures. Il y avait alors
peu de chemins et de routes dans ce pays de montagnes, qtie chaque
jour le jeune employé parcourait à cheval, dans tous les sens, de l'aube
au crépuscule. C'est là qu'il prit son premier goût pour l'économie
rurale.
Tout jeune, il avait déjà un véritable talent d'écrivain. Aussi il livra
de bonne heure à divers journaux des départements des articles qui
appelèrent sur lui l'attention. Il fut distingué par une des plus grandes
illustrations de notre siècle dans les lettres, et bientôt, sous ses aus-
pices, il fut appelé à diriger un journal de province, poste périlleux
pour un homme imbu des idées les plus libérales. Aussi, condamné
pour qut^lques attaques vigoureuses contre les hommes qui allaient
faire l'Empire, il dut prendra le chemin de l'exil et souffrir de toutes
les misères de la pauvreté noblement supportée. Il publia en Belgique
quelques ouvrages politiques qui eurent du retentissement, mais des
succès littéraires ne pouvaient le consoler d'être éloigné de la France.
Il voulut rentrer dans sa patrie, quoiqu'il sût qu'il allait y subir les
rigueurs de la prison.
Lorsqu'il redevint libre, il nous fut recommandé par François
Arago, et c'est ainsi qu'il est entré dans la carrière agronomique
qu'il a si bien parcourue. Outre de nombreux articles dans les jour-
naux agricoles, il devint collaborateur de la Presse, puis du Siècle. Ses
premières années écoulées au sein des campagnes lui avaient laissé
des impressions que son esprit judicieux avait changées en données
DISCOURS PRONOXCK AUX OBSEQUES DE M. VICTOR BORIE. 93
positives sur les besoins des populations rurales et qui lui servirent
pour appliquer avec certitude les doctrines de l'économie politique
aux choses de l'agriculture. Son talent d'écrivain avait mûri et s'était
aîTernii; dès 185^, il publiait, sur l'organisation du commerce delà
boucherie, sous le titre La question du pot-au-feu, une brochure aussi
savante qu'originale, où il démontrait l'inutilité de la taxe et les
avantages de la liberté. C'est le môme thème que, quelques années
plus tard, alors qu'il était devenu rédacteur en chef de ÏEclio a'/ricole,
il soutint pour ce qui concerne le commerce des céréales et l'indus-
trie de la boulangerie.il était alors vivement préoccupé de la iiécessité
de remettre entre les mains des paysans des livres simples, mais sur-
tout exacts, et d'une facile lecture, afin de faire pénétrer paitout les
découvertes de la science et les perfectionnements que la pratique
pouvait immédiatement mettre en œuvre pour triompher de la rou-
tine. Son premier livre agricole fut intitulé : Les travaux des (luimp.'i ;
il y disait : « La clarté de la démonstration ne tient pas à la forme du
langage; elle dépend bien plutôt de la simplicité du style. » Il resta
lidèle à ce principe dans ses autres livres de vulgaris.ition, intitulés :
Les Jeudis de M. Dulaurier, Calendrier agricole^ Cours élémentaire
d'agriculture. Dans un autre ouvrage, Les Animaux de la ferme, destiné
aux riches bibliothèques, il a montré les mêmes qualités pour sefaire
lire et aimer des grands agriculteurs, ainsi qu'il avait su le faire pour
les petits.
Ces travaux lui ouvrirent les portes de notre Compagnie; il fut élu,
en 18GG, pour su. •céder à Dupin aîné dans la Section d'économie, de
statistique et de législation agricoles. C'est vers cette époque qu'Edmond
Adam, qui l'avait connu chez Bixio, s'étant retiré du Comptoir d'es-
compte, le fit nommer secrétaire général de cette Société linancière. La
part considérable que Victor Borie prit dès lors au mouvement des
grandes affaires ne le détourna pas de l'agronomie; il y revenait tou-
jours avec une plus vive ardeur, en apportant à l'examen des ques-
tions la maturité et l'autorité qu'un homme de valeur et d'intelligence
contracte à mesure qu'il se trouve de plus en plus en lutte avec les
difficultés de la vie. Les deux livres nouveaux dans lesquels il a ré-
sumé ses méditations, l'un intitulé : V agriculture et la liberté, l'autre,
Et de sur le crédit (ujricoleet le crédit foncier, sont d'un style non moins
simple que les précédents, mais plus ferme et plus élevé. Il montre
que le cultivateur, pour ari'iver à la véritable prospérité, doit être dé-
gagé de tous les liens prétendus protecteurs, dont on l'a entouré
comme d'entraves qui anéantissent toute son initiative. Il le veut abso-
lument libre, mais instruit et cap;ible, soit de diriger lui-même son
exploitation, soit d'entrer dans de fructueuses associations avec le
propriétaire du sol. Le cultivateur libre aura le crédit et la puissance
au même titre que l'industriel et le commerçant. Le dernier moi, de
Borie est d'ailleurs une révolte contre Tanathème trop ritroureu.v
dont le métayage avait été frappé par l'ancienne agronomie, u Le mé-
tayage, dit-il, n'est-ce pas la plus magnifique et la plus facile réalisa-
tion de cette association idéale tant vantée du capital, de 1 intellio-ence
et du travail, marchant fièrement à la conquête de la paix, de l'union
de l'aisance et de la civilisation! »
Ces mots peignent bien notre confrère, toujours généreux et ardent.
Notre Compagnie a voulu lui témoigner l'estime que lui in.-;pirait son
94 DISCOURS PRONONCÉ AUX OBSÈQUES DE M. VICTOR BORIE.
caractère en l'élisant membre du bureau, où nous l'avons eu une
seconde fois comme collaborateur assidu, pour le voir mourir à nos
côtés après qu'un quart de siècle s'était écoulé depuis ses débuts avec
nous dans l'uoronomie. En apprenant sa mort, notre doyen et illustre
président, M. Chevrcul, que son graad âge seul a retenu loin de cette
triste cérén\onie, nous a dit : « C'est pour moi une peine très vive,
nous faisons une grande perte, car c'était un homme au cœur bon et
ferme, un esprit loyal et solide. » Cet éloge, provenant d'une telle
bouche est le plus beau témoignage d'estime qui puisse être donné
au bord d'une tombe. — Adieu donc, cher confrère et ami, l'émotion
et l'affection de tous vous accompagnent au delà de ce monde !
J.-A. Babral.
LA QUESTION DU LIBRE-ÉCHANGE EN TOURAINE
Monsieur le directeur, la question du libre-échange se débat aussi
en Touraine, avec la même vivacité qu'à Paris. Nous avons surtout
un ^azetier qui fait rage dans chaque numéro de sa feuille. Il ne se
pique iïuère de logique et dit volontiers aujourd'hui le contraire de ce
qu'il avait dit hier. Mais c'est un fait bien connu qu'il supplée au défaut
de suite dans les idées par une pompe majestueuse dans le style. Tout
ce qui sort de sa plume est solennel. Pour faire connaître à vos lec-
teurs ce qui se passe ici, je ne puis omettre de vous parler de ce pu-
bliciste qui n'a pas son pareil parmi nous. Même à Paris, vous n'en
trouveriez pas deux, bien sûr, qui lui ressemblent.
Il y a dix- huit mois, quand le prix du blé vint à tomber si bas, vu
que malheureusement il ne valait pas grand'chose, notre homme était
pour la liberté du commerce. Il disait hautement et à tout propos,
« que les traités de commerce ont du bon, qu'on les charge d'ini-
quités dont ils ne sont pas coupables; que la suppression de l'échelle
mobile avait fait monter le prix du blé; que la liberté commerciale
n'est pas, comme le disent quelques malintentionnés, un obstacle au
pros;rès ao-ricole, etc., etc. » La devise qu'il avait arborée était : « Pas
de retour en arrière. » Même il se fit enrôler dans la Ligue pour la
liberté commerciale, et alla jusqu'à ouvrir une souscription dans sa
feuille pour faire de la propagande en faveur de la cause.
Ce qu'il redoutait principalement pour l'agriculture, c'était de la
voir s'allier à l'industrie pour faire campagne contre les traités de
commerce. Il disait aux cultivateurs tourangeaux : « Vous serez
dupes, si vous jouez ce jeu. Au dernier moment, l'intérêt du consom-
mateur prévaudra, et les tarifs manufacturiers seront seuls relevés.
Vous aurez tiré les marrons du feu, mais c'est le grand manufacturier
d Indre-et-Loire, M. Bouvyer Cartier, dont vous connaissez le nom et
l'appétit, qui les mangera. »
L'art^ument qu'il se plaisait à invoquer pour combattre avec plus
de succès, auprès des cultivateurs, le i-encliérissement du blé par les
tarifs de 'douane, c'était la culture intensive, à grosses recolles, à
f^rosses fumures et à gros rendements, comme on dit en patois de chez
nous. « Faites de la betterave à sucre, disait il aux cultivateurs des
bords de la 1 oire : elle a cela de l)on qu on peut lui imputer beaucoup
de frais, ce qui vous permettra de décharger d'autant le blé de 1 ob-
tenir à bon compte et de le vendre avec un honnête bénéfice, même
LA QUESTION DU LIBRE ÉCHANGE EN TOURAJNE. 95
en le cédant à bon marché ». Il citait à ce propos l'exemple d'une
ferme bien connue de l'Anjou, la ferme de Prasny, où la culture des
betteraves et des autres plantes industrielles permet d'obtenir le blé à
d'aussi bonnes conditions qu'en Amérique.
Sans être grand clerc. Monsieur le directeur, ainsi que vous le savez
déjà, il me semble que si j'avais eu à participer au débat, j'aurais
eu la partie belle en objectant que ce n'est pas d'imputer les béné-
fices au blé, de préférence à la betterave, qui importe, c'est de les
encaisser; que le cultivateur a beau mettre ses plus grosses dépenses
sur le compte de la betterave, cela ne le dispense pas de les payer;
que si les traités de commerce vident réellement notre bourse, des vi-
rements de frais sur le papier ne nous mettront pas en mesure de
la remplir. M'est d'ailleurs avis que le conseil est plus facile à
donner qu'à suivre, vu que la betterave ne pousse pas dans tous les
pays où l'on cultive le blé; que les contrées notamment qui le vendent
à meilleur marché et le produisent par conséquent à meilleur compte,
n'ont pas la ressource d'imputer les plus grosses dépenses aux plantes
industrielles, par l'excellente raison qu'elles n'en cultivent pas; que
c'est d'ailleurs le blé qui fait défaut, non le sucre, etc. On aurait pu
ajouter bien d'autres raisons ; mais les Tourangeaux, d'ailleurs scep-
tiques en matière de comptabilité agricole, sont bons prmces, par-
dessus le marché. Personne ne lit d'objection, ou du moins, je ne con-
nais personne qui en ait fait. Les bordiers et autres cultivateurs ne
sont pas assez simples pour demander ou même pour espérer à leur
profit des privilèges de douane : ils savent trop qu'ils sont faits pour
payer ces faveurs, non pour en jouir. Nous nous bornions donc à
attendre avec résignation des jours meilleurs et pour la récolte et pour
la vente.
11 y a six mois, le prix du blé s'étant relevé, et celui du bétail
s'étant abaissé à son tour, notre grand publiciste changea carrément
son fusil d'épaule, pour me servir de ses expressions. Quand nous en
parlons entre nous, nous disons simplement qu'il retourna sa veste.
Il planta là bel et bien la Ligue pour la liberté commerciale, courut les
séances du Grand-Hôtel de Tours, où se réunit la fine fleur des pro-
tectionnistes, fit des avances à M. Bouvyer-Cartier, le grand orateur
qui verse des larmes de crocodile sur le sort de l'agriculture, trouva
du bon dans l'attitude du fougueux M. Eliacin qui s'improvise général
en chef des comices de Touraine, et se mit à faire une guerre achar-
née aux traités de commerce qu'il accusa publiquement d'être anti-
égalitaires, anti-agricoles, en un mot, du libre-échange de carton. Il
consentait bien à passer l'éponge sur le blé, qui était alors à plus de
32 francs le quintal,, mais à la condition d'obtenir de sérieuses com-
pensations, telles qu'un droit de 40 pour 100, représentant 50à 80 fr.
par tête de bœuf, sur le bétail étranger. Il justifiait sa nouvelle thèse
par les deux raisons suivantes : il faut repousser le bétail étranger,
parce qu'il n'arrive à nos abattoirs qu'après avoir fécondé la terre
étrangère; il faut encoorager le bétail national, parée que c'est le
moyen d'avoir un sol plus, fécond* du blé obtenu à meilleur compte et
vendu moins dier. Il miettait encore en avant i' exemple de la ferme de
Prasny, où le blé ne coûte presque rien, parce qu'on y engraisse beau-
coup de bétail, et il allait même juisqu'à tancer verte m,ent le comiec
d'Ar^uzon-saff -Loire, qui ne voulaat pas lâcher les droits sur le blé.
96 LÀ QUESTION DU LIBRE-ECHANGE EN TOURAINE.
avail chargé de frais le corupte de cette culture^ pour démontrer
qu'elle était devenue ruineuse. « Ce serait, )) disait-il, c un effoiidre-
menl si formidable, que je ne puis le prendre pour une réalité. »
11 y aurait eu beaucoup à dire, il me semble encore, sur les deux
points de cette nouvelle ihèse. Sur le premier point, il était facile
d'ob)ecter que si les bœufs d'Italie et les moutons d'Allemagne laissent
leur fumier à l'étranger, ce n'est pas sans y avoir consommé des four-
rages, ce qui établit bien une certaine compensation ; que si l'étran-
ger nous vend son bétail et garde le fumier, c'est simplement parce
que nous avons besoin de l'un et n'avons pas besoin de l'autre, etc., etc.
Sur le second point, il semble évident que si le bétail est la source de
toute richesse, l'étranger, en nous vendant ses bêtes à bon marché,
nous fait un vrai cadeau : car il ne tiendrait qu'à nous de faire servir
ce bétail, non-seulement à accroître la fertilité de nos terres et le ren-
demuit de nos champs de blé, mais encore à diminuer le prix de re-
vient de toutes nos récoltes. Il n'est pas démontré, que je sache, que
le meilleur moyen à employer pour avoir beaucoup de bétail en
France, soit précisément de fermer nos portes aux moutons et aux
bœufs de nos voisins
Toutefois, et bien qu'il y eût beaucoup à dire, les Tourangeaux, gens
discrets et peu enclms à se produire en public, n'ont rien dit. Ils en
ont quelque peu glosé, en riant, les jours de foire; mais ils s'en sont
tenus là, estimant d'ailleurs que la chose ne tirait pas autrement à
conséquence.
Aujourd'hui, nouveau changement, non dans le fond de la thèse,
mais dans les arguments qui la justifient. Une grave nouvelle, une
nouvelle invraisemblable s'est répandue, et patatras ! tout s'écroule
autour de nous. Un voyageur qui passait dans le pays, a semé le bruit
qu'avec ses racines à grands rendements et ses engraissements à gros
bénéfices, la ferme de Prasny est réellement en perte pour son blé. Le
prix de revient de l'hectolitre, loin de s'abaisser par la longue pra-
tique de la culture intensive, comme on nous l'avait fait croire pen-
dant 40 ans, n'a fait que s'élever ; on dit même qu'il a monté de
4 fr. 44, ce qui fait juste 5 fr. 55 le quintal. Ce qu'il y a de plus sur-
prenant dans l'affaire, c'est que la moitié environ de cet accroissement
provient des attelages de bœufs et de chevaux, qui ont évidemment
profité de l'occasion des traités de commerce pour se livrer à des orgies
de consommation. Grave symptôme! Si la ferme de Prasny est
atteinte, toute l'agriculture est menacée, ou plutôt, faisons-en notre
deuil, elle est décapitée. La ferme de Prasny qui battait la charge, bat
maintenant le rappel : c'est une débandade, c'est un sauve-qui-peut
général... si l'on ne se hâte de fermer la porte au bétail étranger.
Dans le principe, et tant que la nouvelle, propagée seulement par
le comice d'Arjuzon-sur-Loire, n'avait pas franchi sérieusement les
confins de l'Anjou pour se répandre en Touraine, notre publiciste
l'avait, sinon incriminée de faux, du moins taxée d'exagération et de
doute. Il semblait même dire aux membres du comice : « si le blé
coûte si cher à Prasny, c'est que vous n'en savez pas faire le compte ;
songez que les betteraves ont bon dos et qu'elles peuvent prendre à
leur charge tout ce que vous voudrez leur faire supporter, au grand
soulagement du blé ». L'auteur avait vécu 40 ans sur la culture inten-
sive, l'avait chantée sur tous les tons, l'avait exploitée sous toutes les
LA QUESTION DU LIBRE-ÉGHA.VGE EN TOURAINE. 97
ibrmes et s'en était fait une carrière et un renom, laissant ses adeptes
« se ruiner scientifiquement en prenant le conseil au sérieux «. Il avait
aussi mis à la mode la théorie des prix, de revient, celle du fumier
en particulier, et vingt fois il avait ouvert à ce sujet des discussions
auxquelles il avait dû mettre un terme, en attendant, disait-il, « qu'on
se mît (l'accord sur la méthode de calcul à employer ». La culture
intensive était-elle une hérésie, et le prix de revient du fumier, un
leurre? Il était bien dur, je ne dirai pas d'en convenir, maih simple-
ment de le laisser soupçonner.
ftlais quand le voyageur qui avait passé à Prasny eût rapporté ce
fait douloureux, que les attelages de hœufs et de chevaux ne gardent
plus, d(^puis la néfaste conclusion des traités de commerce, la moindre
modération dans leurs consommations de foin et d'avoine, la lumière
se lit enfin dans l'esprit de notre puhliciste. Il jeta bravement à l'eau,
au lin fond de la Loire, la doctrine de la culture intensive, la théorie
du prix de revient du fumier, et se rabattit, pour s'y concentrer entiè-
rement, sur le bétail producteur d'engrais. Voici la phrase qui résume
tout l'esprit de ses derniers manifestes : « On accuse la France de ne
pas produire assez de viande de boucherie. Mais ce n'est là qu'un côté
de la question, car le bélail est aussi producteur d'engrais... Ainsi se
pose la question du bétail dans toute son ampleur. « La CDuclusion
qui découle naturellement de ces grandes prémisses, c'est qu'il faut
plus que jamais fermer la porte au bétail étranger. A la vérité, nos
contcfiiporains, déjà si mal pourvus, devront encore se serrer le ven-
tre. iMais il paraît, c'est du moins ce qu'on affirme que c'est le bon
moyen pour que nos neveux soient plus à l'aise, et qu'ils aient plus
de viande et de blé, à leur usage, avec réduction de prix, par surcroît,
A cette thèse, un Tourangeau opposait récemment la doctrine d'un
chimiste, qui établit que le bélail « n'est pas producteur, mais
destructeur d'engrais. » Même il eût pu rappeler que notre grand
publiciste avait récemment qualifié celte proposition d'admirable et
« valant à elle seule tout un livre. » La réponse a été que le
chimiste avait bien eu raison, mais que, « la science étant opportu-
niste, » ceux qui tiennent aujourd'hui le même langage, sont des hé-
rétiques sentant le fagot et surtout n'entendant rien à l'économie rurale.
C'est surtout par amour de l'égalité, cette sainte égalité de I 789,
qui, comme on le sait, a été si méconnue en 1860, qu'il lutte pour
obtenir le droit de 10 pour 100 sur le bétail étranger. Il répète à tout
propos que « l'industrie ayant des droits plus élevés, le gouvernement
est mal fondé à ne pas obtempérer à sa demande. La question n'est pas
de savoir si un pareil droit est possible, c'est de l'obtenir. Puisque les
industriels ont du nanan, eh bien, qu'on en donne aussi aux culti-
vateurs. )' Là-dessus, on vit le fougueux M. Eliacin taper sur le ventre
à notre publiciste, qui trouva le procédé moins entaché de familiarité
que dépourvu de modération (la tape avait été trop fortej, pendant que
le grand industriel Bouvyer-Cartier se frottait les mains et riait à se
tordre les côtes en songeant aux marrons qu'il allait manger.
Un homme d'esprit, comme il s'en trouve encore. Dieu merci, quel-
ques-uns en Touraine, disait à ce propos, qie quand les basques de
l'habit sont trop grandes, ce n'est pas les manches qu'il faut rallonger,
c'est les pans qu'il faut raccourcir. M'est avis que la meilleure ma-
nière de rétablir l'égalité, ce n'est pas de créer des privilèges pour
18 LA QUESTION DU LIBRE-ÉCHANGE EN TODRÂINE.
l'agriculture, c'est bien plutôt de rogner ceux de l'industrie. On ne
prend pas assez garde que les privilèges établis pour les uns, sont
nécessairement payés par les autres. Puisqu'il est question de ran-
çonner un tas de pauvres diables et de les tailler à merci, il serait
peut-être prudent de les consulter sur les douceurs du régime qu'on
leur prépare, ne fût-ce que pour s'assurer des chances d'établissement
et de durée que peut avoir ce régime.
La forme que prend la discussion mérite d'être signalée. On peut
dire que la plume de notre publiciste sent la poudre. Ses manifestes
contre ce qu'il appelle le faux libre-échange sont de vraies déclara-
tions de guerre : il n'y est question que de prise d'armes, de levée de
boucliers, de plan de campagne, de cheval de bataille, d'arrière-garde
ou d'avant-garde, de rappel, de retraite et autres termes plus familiers
aux guerriers qu'aux cultivateurs.
Voilà où en est la question du libre-échange en Touraine. A en
juger froidement, il est clair qu'on ne fora rien pour relever, au profit
de l'agriculture, le prix du bétail par des taxes de douane. Outre que
cela ferait crier, et à juste titre, les raisons qu'on invoque pour justi-
fier la hausse artificielle des prix sont véritablement trop mauvaises
pour que le gouvernement et les Chambres puissent s'y arrêter. Il
est d'ailleurs à remarquer que le gouvernement, loin d'enchérir les
articles de consommation, cherche plutôt à les dégrever, témoins les
projets qui viennent d'être adoptés sur le vin et sur le sucre. C'est
l'opinion de presque tous les cultivateurs des bords de la Loire, au-
delà comme au-decà du fleuve qu'en agissant ainsi, il entre véritable-
ment dans la bonne voie. C'est particulièrement l'opinion de votre dé-
voué serviteur. Jacques Vincent,
Bordieren Touraine. ;i
DROIT RURAL. — RÉPONSE AUX QUESTIONS POSÉES
On nous pose la question suivante :
« Une ville qui a une banlieue fort étendue (5 kilomètres du centre aggloméré)
et quia un abattoir où elle perçoit des droits élevés, a-t-elle le droit d'interdire
l'abatage dans les propriétés rurales situées en dehors du rayon d'octroi?
« Il est bien entendu que les viandes abattues sont soumises à leur entrée en
ville à la vérification relative à la salubrité. »
L'article 2 de l'ordonnance royale de 1 5 avril 1 838 sur les éta-
blissements insalubres est ainsi conçu : « La mise en activité de tout
abattoir public et commun, légalement établi, entraînera de plein droit
la suppression des tueries particulières situées dans la localité. »
La plupart des actes du gouvernement portant création d'abattoirs
et antérieurs à l'ordonnance de 1838, ont prescrit la fermeture des
tueries particulières existant dans la commune où l'abattoir était
établi. L'ordonnance du 15 avril 1838 n'a donc fait autre chose
qu'énoncer d'une manière générale un principe qui était passé depuis
longtemps dans la pratique ^
Cette mesure, prise uniquement en vue de la salubrité publique,
devait-elle emporter pour les bouchers l'obligation de se servir de
l'abattoir? Jusqu'en 1838, on a pensé qu'il devait en être ainsi, et
usqu'à cette époque, les actes d'administration imposent, en général,
aux bouchers l'obligiition de faire abattre exclusivement dans l'abat-
3. V. Block, Dictionnaire de l'Administration, v Abattoir.
DROIT RURAL. 99
toir de la commune tous les animaux de boucherie destinés à la con-
sommation locale. L'intérêt financier des villes l'emportait sur le prin-
cipe de la liberté du commerce et de l'industrie proclamé par la loi du
2 mars 1791 dans son art. 7.
Depuis, on a décidé autrement, et on a admis les bouchers à abattre
leurs bestiaux dans les communes voisines, de même que les bouchers
de ces communes ont la faculté de venir vendre leurs viandes sur le
marché de la ville où est établi l'abattoir public. Le droit de ces der-
niers était nettement précisé dès 1825, dans une circulaire du mi-
nistre de l'intérieur qui porte la date du 22 décembre. Il n'est pas
inutile d'en détacher ce passage :
« L'interdiction de tout concours de commerce extérieur de boucherie et_ de
charcuterie à l'approvisionnement des marchés des villes, est une mesure qui ne
saurait trouver de justification dans aucune des parties de la législation actuelle ;
elle aurait pour résultat d'isoler les villes de l'intérêt général, et de créer un espnt
de localité qui repousserait l'action légitime de la liberté industrielle. L admmis-
tration supérieure a toujours jugé que l'introduction des denrées préparées au
dehors avec plus d'économie, et par conséquent susceptibles d'être livrées à 1 in-
térieur à des-prix modérés, ne pouvait que favoriser l'approvisionnement et la con-
sommation; que d'ailleurs, cette introduction était fort utile, en ce qu'elle sert
de contre-poids aux prétentions trop élevées ou trop exigeantes des bouchers de
l'intérieur pour la fixation du prix de la viande. Aussi a-t-elle eu grand soin de
faire admettre en termes formels dans les règlements que les /bouchers et charcu-
tiers forains auraient, concurremment avec les mêmes commerçants domicilies, la
faculté de vendre sur les marchés publics de la ville, et aux jours où ils se tien-
nent. Cette concurrence ainsi restreinte aux jours des marchés, satisfait tous les
intérêts sans préjudicier à aucun, elle n'empêche pas, d'ailleurs, l'action de
l'autorité, puisque celle-ci est toujours à même de surveiller dans les mar-
chés l'état et la qualité des viandes mises en vente ; mais il convient d'obser-
ver que, pour obtenir les résultats efficaces qu'on a droit d'attendre du concours
des forains, il importe que la fixation du nombre des jours par semaine où le
débit doit avoir lieu soit en harmonie avec les habitudes locales, et proportion-
née aux besoins de la consommation. »
Et plus loin, le ministre ajoute :
« Les maires de quelques villes qui possèdent des abattoirs^ publics ont obKgé
les bouchers et charcutiers des communes de la banlieue à venir abattre leurs bes-
tiaux à la tuerie commune ; on a même fait dépendre de l' accomplissement de
cette obligation la concession de la faculté de vendre sur les marchés de l'inté-
rieur. J'ai signalé plus haut, au sujet de cette faculté, la propension des^villes à
s'isoler de l'intérêt général; ici c'est ce même intérêt qu'on veut associer à 1 inté-
rêt local; mais l'administration supérieure a jugé qu'une telle mesure serait con-
traire au droit commun et aux règles de l'équité. En effet, elle forcerait des com-
merçants, qui payent leur quote-part de contributions dans /e lieu où se trouve
leur domicile^ à contribuer encore aux revenus communaux d'une ville qui n'est
pas le siège habituel de leur commerce. Aussi, dans tous les règlements ?,pprou-
vés par ladite administration, a-t-on étaiDli formellement que l'usage des abattoirs
publics des villes devait être facultatif et non obligatoire pour les bouchers et
charcutiers du dehors, et que ceux-ci pourraient tenir des abattoirs et des étaux au
lieu de leur domicile, sous l'approbation de l'autorité locale. »
La solution de la question qui nous est posée se dégage nettement
de cette circulaire.
Qu'en ressort-il? D'une part, que l'abattoir d'une ville n'est obliga-
toire, ni pour les bouchers delà ville, ni pour les forains; d'autre part,
que les forains peuvent, dans des conditions déterminées, apporter sur
le marché des viandes provenant d'animaux abattus au dehors.
La jurisprudence de la Cour de cassation n'a pas toujours, il faut
bien le reconnaître, consacré ce système d'une manière absolue, mais
100 DROIT RURAL.
elle panjît s'y raltacliei' aujourciMiiii. Un arrêt de rejet de la Chambre
criminelle du l'i juin 1869 (Dali. 70, 1, 40; a en effet décidé que le
droit qui appartient au maire d'une ville de prendre des mesures pour
s'assurer de la salubrité des viandes qui y sont introduites, ne peut
aller jusqu'à l'interdicLion de cette introduction et la défense de mettre
en vente des viandes autres que celles provenant de l'abattoir com-
munal, (.e serait violer les principes généraux sur la liberté com-
merciale.
il s'agissait, en fait, d'animaux abattus hors du territoire delà com-
mune, sur celui d'une commune voisine, et dans un abattoir public.
JMais que décider relativement à l'abatage dans les conditions que
l'on nous indique, c'est-à-dire « dans les propriétés rurales situés en
dehors du rayon d'octroi d'une ville ayant un abattoir public? ))
Nous raisonnons dans Thypothèse oii ces propriétés sont situées
dans la commune dont fait partie la ville, sans quoi il n'y aurait plus
de question.
Faut-il cnnsidérer comme forains les habitants de ces propriétés?
Rentrent-ils dans la catégorie de ceux qui peuvent abattre sur place
et introduire leurs viandes sur le marché?
Que dit la circulaire? Qu' « il ne faut pas forcer des commerçants
qui payent leur quote-part de contributions dans le lieu où se trouve
leur domicile, à contribuer encore aux revenus d'une ville qui n'est
pas le siège habituel de leur commerce. » Et encore : « Que les bou-
chers et charcutiers du dehors peuvent tenir des abattoirs et étaux au
lieu de leur domicile, sous l'approbation de l'autorité locale. »
Que signifient ces termes sinon que les habitants des communes
suburbames ont la faculté d'introduire — dans des conditions déter-
minées — sur le marché de la ville voisine, les viandes provenant
des abattoirs établis dans ces communes, et que pour les habitants
du territoire de la commune où est située la ville, qu'ils résident en
deçi ou en delà des limites de l'octroi, ils ne peuvent introduire sur le
marché que les viandes provenant d'animaux abattus en dehors de ce
territoire.
Il dépend de l'autorité d'autoriser, dans les conditions et les formes
voulues par .la loi, la création d'un abattoir nouveau s'il répond à
des nécessités locales.
Selon toute probabilité, l'acte qui a constitué celui auquel notre
correspondant fait allusion, contient un article analogue à celui-ci :
« Il est interdit aux bouchers, etc., de la commune^ d'abattre ou
d'égorger les animaux destinés à la boucherie et au débit, ailleurs
qu'à l'abattoir public. »
C'est l'article T'" d'un arrêté pris par le maire de Toulouse, le
14 novembre 1849, sur la légalité duquel la Cour de cassation a
statué en disant que l'arrêté municipal qui fait défense aux bouchers
de la commune d'abattre les animaux destinés à la consommation
alimentaire, adleurs qu'à l'abattoir public, est obligatoire; et cet
rrêté s'applique à tous les bouchers établis sur le territoire de la
commune, sans qu'il y ait lieu de distinguer entre ceux résidant en
deçà ou en delà des limites de l'octroi. (Cass., 12 sept. 1851. Dali.,
52,5,347.)^
Cet arrêt n'est pas isolé. C'est la jurisprudence de la Cour suprême
dès avant l'ordonnance de 1838.
•DROIT RURAL- lOi
Deux arrêts anciens(Crim. cass., 18oct. 1827et r' juin 1832j ont dé-
cidé que l'arrêté municipal portant que les bouchers seront tenus
d'abattre le bétail à l'abattoir public, et non ailleurs, est obligatoire
pour tous les bouchers qui demeurent dans la commune, et même
])our ceux qui habitent hors des limites de l'octroi de la ville. L'auto-
rité municipale du maire s'étend en elîet sur toute l'étendue du terri-
toire de la commune. Ainsi, en renvoyant un boucher des poursuites
dirigées contre lui pour infraction à un pareil arrêté, sous prétexte
que le bétail abattu par lui se trouvait placé hors de la ville et des
faubourgs, et sur un terrain dépendant de la commune, mais au delà
des limites de l'octroi, on viole cet arrêté qui a force obligatoire.
Donc, pas de doute possible. Dès qu'on est sur le territoire de la
commune, que l'on soit dans la ville, ou, comme dit notre correspon-
dant, « dans une propriété rurale, située en dehors de l'octroi w, on ne
peut abattre que dans les conditions et les endroits fixés .par les arrê-
tés municipaux. Mais, bien entendu, on a toujours lô droit d'intro-
duire sur le marché, des viandes provenant d'animaux abattus dans
une commune voisine, en se soumettant aux règlements et au contrôle
de l'administration municipale. Eug. Pouillet,
LA PRODUCTION DE LA BIÈRE EN ALLEMAGNE
Il faut considérer en Allemagne, au point de vue de la production
de la bière, les pays sjumis à la loi d'empire et les pays appliquant
leur léi^islation particulière. Ces derniers sont la Bavière, le Wurtem-
berg, Bade et l'Alsace-Lorraine. La loi d'empire prélève les droits
d'après la quantité de malt employée; elle taxe en outre les succé-
danés, riz, amidon, fécule, glucose, sirops, etc. 11 y a remise de l'im-
pôt pour la bière de consommation domestique chez le producteur,
comme aussi pour celle exportée, soit hors d'Allemagne, soit dans les
pays de l'empire où la législation commune n'a pas été introduite. La
bière de ces pays, en entrant dans le domaine soumis à la loi d'empire,
paye un droit de passage. L'impôt de l'empire est moins élevé que
celui des Etats du Sud.
Les chiffres que je vais citer sont relatifs à l'année budgétaire 1 878*
1879. Dans les pays soumis à la législation impériale, on compte
1 1,867 brasseries, dont 3,338 employant la fermentation basse. Ces
11,867 brasseries ont fabriqué 20,371,925 hectolitres de bière, dont
12,331,206 par fermentation basse, et 8,040,719 par fermentation
haute. On a employé 8,012,843 quintaux de 100 livres de malt,
300,545 quintaux de froment germé et 43,403 quintaux de suc-
cédanés.
La quantité de malt employée par hectolitre varie de 35 à 55 livres;
elle est en moyenne de 41 livres.
Le prix de l'orge a oscillé de 7 à 9 marcs, celui du froment de
8™. 50 à 10 marcs par 100 livres; celui du houblon de Bohême, de
100 à 200 marcs. Les prix de la bière de conserve ont varié d3 15 à
24 marcs, ceux de la bière de fermentation haute de 7 à 1 6 marcs par
hectolitre.
Le revenu brut de l'impôt s'est élevé à 17,015,960 marcs; si on
en déduit 279,611 marcs remboursés à l'exportation, il se monte
à 16,736,349 marcs. L'entrée des bières allemandes a rapporté
102 PRODUCTION DE LA BIERE EN ALLEMAGNE.
956,237 marcs, celle des bières étrangères, 507,667 marcs. La recette
totale a atteint la somme de 18,200/253 marcs. L'impùt prélevé en
moyenne est 84 pfennigs ou 1 fr. 05 par hectolitre.
En Bavière on compte 7,053 brasseries fabriquant 12,122,483 hec-
tolitres dont 220,000 par fermentation haute. La brasserie liavaroise
emploie, en moyenne, 43 litres de malt par hectolitre; l'usage des
succédanés est formellement interdit par la loi. L'impôt est de 4 marcs
par hectolitre de malt, il rapporte 20,775,000 marcs et prélève I'°.71
par hectolitre de bière.
Dans le royaume de Wurtemberg, 7,765 brasseries fabriquent
3,801,519 hectolitres et payent au fisc, déduction faite de 129,463
marcs remboursés à la sortie, 5,496,382 marcs. Le revenu total, y
compris les droits d'entrée, est de 5,555,869 marcs. L'impôt prélève
1'".48 par hectolitre.
Dans le grand-duché de Bade, 2,108 brasseries produisent
1,085,020 hectolitres. Le revenu est de 2,247,853 marcs, et de
2,478,764 marcs, si on tient compte du droit d'entrée sur les bières
étrangères. L'impôt perçoit 2". 13 par hectolitre.
En Alsace-Lorraine, 229 brasseries fabriquent 787,905 hectolitres.
Le revenu brut est de 1,746,643 marcs sur lesquels on rembourse à
la sortie 649,124. Le revenu net atteint 1,097,519 marcs; avec les
droits d'entrée sur les bières étrangères, il monte à 1,331,785 marcs.
L'impôt pf'rçu, d'après la loi française, prélève 2". 22 par hectolitre.
La production totale de la bière, dans l'empire d'Allemagne, est de
39 millions d'hectolitres. Paul Muller,
Membre correspondant de la Société nationale d'agricullure.
SUR LE PHOSPHATE DE FER
DIT PHOSPHATE RÉTROGRADÉ.
Lorsque l'on a commencé à s'occuper du phosphate rétrogradé, on
croyait que ce phosphate était du phosphate bicalcique et on attribuait
à ce corps le coefficient de solubilité de 0.28 pour 1000, pour l'eau
pure, et de 0.66 pour 1000, pour l'eau chargée d'acide carbonique;
OVll 100.000 ^l- 100,000*
Cette solubilité, quoique faible, était suffisante pour faire penser
qu'il se dissolvait, sous l'influence des pluies, une quantité assez
forte de ce phosphate, pour que son absorption par les plantes, et par
suite son effet utile probable, soit notablement plus prononcé que
celui du phosphate tricalcique.
C'est probablement sous l'influence de cette idée, et guidée égale-
ment par d'autres considérations, dont il sera parlé plus loir, que la
Commission des engrais de la Société des agriculteurs de France, a
voté dans sa séance du 29 décembre 1875, des conclusions relatives
aux engrais, qui se terminent ainsi :
« .... appelle l'attention des agriculteurs sur la nécessité de spécifier sur lec[uel
des trois états devra porter le dosage, attendu que l'unité d'acide phosphorique
soluble dans l'eau a une valeur plus élevée que l'unité d'acide phosphorique so-
luble dans le citrate, qui lui-même l'emporte de beaucoup sur l'acide phospho-
rique insoluble dans l'eau et dans le citrate. »
Cette conclusion, qui ne pouvait manquer d'emprunter une grande
autorité à la savante Société dont elle émanait, a été encore exagérée
par un certain nombre de fabricants d'engrais qui ont cherché à per-
SUR LE PHOSPHATE DE FER DIT RÉTROGRADÉ. 103
suader aux agriculteurs que le phosphate rétrogradé, ou soluble dans
le citrate d'ammoniaque, équivaut au phosphate soluble dans l'eau.
Cependant, à une époque peu éloignée de celle oii la décision de la
Société des agriculteurs de France était prise (même quelque temps
avant), M. iMillot publiait un travail excessivement remarquable, dans
lequel il démontrait que le phosphate rétrogradé n'était pas, comme
on le pensait, du phosphate bicalcique, mais bieri du phosphate de
fer, dont la composition est comprise entre les formules :
2PhOTe'0' et 3Ph0^2Fe'0\
En présence de ce fait que devait-on penser de la valeur agricole de
ce phosphate de fer?
Devait on continuer à lui attribuer une valeur supérieure au phos-
phate tricalcique ou phosphate de chaux insoluble, ou bien devait-on
le considérer comme lui étant analogue?
A vrai dire, il n'y avait que des essais agricoles, longtemps répétés,
qui pouvaient élucider cette question. Et c'est encore de ces essais
qu'il faut attendre une solution définitive.
M. Millot, dans un récent article, s'exprime ainsi :
« Quant à la valeur agricole des phosphates rétrogrades, elle ne pourra être in-
diquée d'une façon certaine qu'à la suite de nombreuses expériences, faites dans
les conditions les plus diverses, et, à mon avis le véritable moyen de faire avancer
la question, maintenant que l'on sait ce que sont ces phosphates rétrogrades, c'est
que le cultivateur sache, lorsqu'il emploie un superphosphate, quelle proportion
de phosphate soluble et de ptiosphate rétrogradé se trouve dans son engrais. >>
Mais en attendant que ces longs essais agricoles aient définitivement
tranché la question, ne serait-il pas possible, en étudiant les pro-
priétés du phosphate de fer, de se former dès à présent quelque
idée sur sa valeur?
J'ai pensé que la détermination (même approximative) de son
coefficient de solubilité pourrait jeter quelque jour sur cette question.
Car si cette solubilité se rapprochait de celle du phosphate bical-
cique, on pourrait rester dans les mêmes idées que l'on avait au com-
mencement de l'étude de cette question, lorsqu'on croyait que le
phosphate rétrogradé était du phosphate bicalcique. Si, au contraire,
sa solubilité est beaucoup moindre, on devra bien alors être porté à
penser que sa valeur se rapproche de celle du phosphate tricalcique ou
insoluble.
Pour cette détermination, il convenait d'employer du phosphate de
fer tel qu'il se trouve dans les superphosphates, l'identité de ce phos-
phate avec le phosphate de fer que l'on prépare au laboratoire pou-
vant laisser quelques doutes.
Je l'ai préparé en enlevant par l'eau tout le phosphate soluble d'un
superphosphate, puis en terminant par un grand lavage capable de
dissoudre tout le sulfate de chaux.
Je me suis assuré que ce grand lavage ne dissolvait qu'une quantité
de phosphate de fer correspondant au coefficient trouvé. On a ainsi
un résidu composé en grande partie de phosphate de fer et dont
l'acide phosphorique est presque totalement soluble dans le citrate.
Pour opérer on fait agir l'eau sur ce résidu, et comme il contient des
impuretés on dose l'acide phosphorique dissous, après avoir réduit
l'eau à un petit volume par l'évaporation.
En opérant dans ces conditions, j'ai trouvé que ce coefficient de
104 SUR LE PHOSPHATE DE FER DIT RÉTROGRADÉ.
solubilité dans l'eau du phos{)liatc do fer, dit phosphate rétrogradé,
ne dépasse pas ioôVoïï-
Le phosphate de fer préparé au laboratoire m'a donné sensiblement
les mômes résnhats.
Or, le eoelfieient de solubilité du phosphate tricaleiquc est indiqué
comme étant de ^ôïïVo.
Le chiffre que j'ai trouvé pouvant ne pas être d'une rigueur absolue,
on peut dire que la solubilité de ces deux corps est à peu près la
même, ou plutôt (jue l'insolubilité est aussi grande chez' l'un que
chez 1 autre.
Celte môme insolubilité doit donc faire penser qu'il n'y a pas de
raison pour donner à l'un une valeur agricole plus grande qu'à lautre.
Une première objection pouvait ôtre faite à ces conclusions : L'eau
que cou Lient la terre arable tient en dissolution une certaine quantité
d acide carbonique. Le phosphate de fer pouvait bien être, pour ainsi
dire, insoluble dans l'eau pure; mais pouvait peut-être se dissoudre
dans de l'ciiu contenant de l'acide carbonique. J'ai donc iépété les expé-
riences en employant, au lieu d'eau pure, de l'eau saturée de gaz
acide carbonique à la pression ordinaire. Je n'ai pas trouvé que le
coeflicient de solubilité précédemment trouvé fût senaiblement modifié.
On pouvait encore supposer que cette insolubililé du phosphate de
fer se trouvait modifiée par la présence de diverses substances qui se
trouvent souvent ajoutées dans les enii;rais. On pouvait croire que par
suite de quelque réaction, le phosphate de fer devenait soluble à leur
contact.
Mais l'expérience m'a démontré que cette supposition n'est ];as
exacte.
J'ai e?sayé l'action du sulfate d'ammoniaque, du nitrate de soude,
du sel marin, du chlorure de polassium; tant en dissolution con-
centrée qu'en dissolution étendue : rien ne s'est dissous.
J'ai fait ces expériences, soit avec le phosphate de fer extrait des
superphosphates, soit avec du phosphate de fer préparé au laboratoire.
Le résultat a été le même.
11 n'y avait pas lieu de rechercher si le phosphate de fer peut se dis-
soudre en petites quantités à l'aide du phosphate monocalcique ou
de l'acide phosphorique libre qui existe dans les superphosphates ;
car, en suppos iUt qu'il s'en dissolve un peu, cette minime quantité
est comptée, dans l'essai des superphosphates, comme du phosphate
soluble dans l'eau.
Maintenant, on dit encore : mais ce phosphate rétrogradé, sous
l'influence de quelque action de la terre arable finit peut-être par de-
venir soluble?
Voici une expérience qui semble contredire entièrement cette sup-
position. J'ai mis du phosphate rétrogradé en contact avec de la terre
arable, maintenue à l'aide d'arrosages dans un état d'humidité suffi-
sante, et j'ai laissé le tout à l'action de l'atmosphère, depuis le mois
de novembre jusqu'au mois de mai. J'ai ensuite repris cette terre
arable par l'eau, et j'ai cherché dans cette eau la présence de l'acide
phosphorique. Il ne s'y en était dis.-ous aucune quantité appréciable.
Cette action mystérieuse de la terre arable me paraît donc bien
douteuse.
Un argument qui a été mis en avant en faveur du phosphate rétro-
SUR LE PHOSPHATE DE FER DIT RÉTROGRADÉ. 105
gradé, et qui a peut-être contribué à la décision de la Société des agri-
culteurs de France, est celui qni consiste à dire que l'aciile phospho-
rique soluble devient insoluble au contact de la terre arable; qu'il est
donc indifférent que celte insolubilité se soit produite dans l'enj^rais
lui-même ou au cont^pt de la terre; que l'essentiel est que l'engrais
soit très divisé pour que l'eau s'en sature facilement.
Il est vrai que, dans la terre arable, surtout au contact du carbonate
de chaux, la solubilité du phosphate soluble se perd. Mais cette réac-
tion n'est pas immédiate et l'acide phosphorique soluble a le temps
d'être, dans une certaine proportion, absorbé par les plantes, et sur-
tout de se répandre uniformément dans le sol. Or, cette diffusion dans
la terre est d'une grande importance.
D'ailleurs, pour certains engrais phosphatés, cette insolubilisation
n'a pas lieu (guano du Pérou, phospho-guano véritable, importé par
Peter Lawson et fils').
Au surplus, cette argumentation ne tendrait à rien moins qu'à in-
firmer la supériorité du phosphate soluble (supériorité cependant
universellement reconnue), car le phosphate tricalcique ou insoluble
peut être aussi divise que le phosphate rétrogr;'dé.
Mes expériences ne se rapportent pas à cette question. Elles ont eu
simplement pour but de chercher à comparer les propriétés du phos-
phate rétrogradé et celles du phosphate insoluble.
En résumé, les recherches que j'ai faites me semblent démontrer que
dans l'état actuel de nos connaissances sur les propriétés du phos-
phate de fer, dit phosphate rétrogradé, et spécialement sur sa solubilité,
rien ne fait supposer que ce corps puisse être plus utile aux végétaux
que le phosphate tricalcique ou insoluble.
Aussi ne peut-on pas comprendre que certains chimistes se servent
du mot assimilable pour désigner un phosphate qui cependant est
aussi insoluble que le phosphate tricalcique, auquel ils refusent cette
dénomination; car il est démontré physiologiquement que tous les
corps, même solubles, ne sont pas assimilables, et qu'aucun corps
ne peut être assimilé qu'à l'état de dissolution. Jules Joffre.
CONCOURS RÉGIONAL DE TULLE
Quoique placé dans une ville un peu retirée de la grande circula-
tion, sur un chemin de fer qui jusqu'à présent n'a pas d'autre issue, le
concours de Tulle, qui s'est tenu du 22 au 31 mai, a été remarquable.
Dans l'espèce bovine, la race limousine était représentée par des
animaux provenant des meilleures étables de la région. Venaient en-
suite la race d'Aubrac et celle de Salers ; mais la première peut-être
plus remarquable dans son ensemble, quoique, dans le pays, un peu
inférieure à la seconde. Il y avait aussi quelques bons animaux de
race Marchoise et de race d'Angles; mais à une ou deux exceptions
près, c'est à peine si l'on peut dire qu'en vérité ces races occupaient
une place digne des prix qui leur ont été décernés.
Pour l'espèce ovine, il y avait quelques bons animaux, appartenant
les uns à la race de la Charmoise, d'autres à celle du Larzac, d'autres
enfin à la race Southdown. Ceux-ci venaient principalement des berge-
ries de M. Teisserenc de Bort et de M. de Léobardy. Les animaux de la
1. Noie sur la solubilité des phosphates. Moniteur scientifique , novembre 1874.
106 CONCOURS REGIONAL DE TULLE.
Charmoise qui ont eu le prix d'ensemble^ ont été exposés par M. Na-
daud, de la Creuse.
Comme partout d'ailleurs, l'espèce porcine portait des traces de
croisements avec les races anglaises, particulièrement du Yorkshire et
du Berkshire, traces telles que le sang indigène avait presque disparu.
MM. Sérèzat, Teisserenc de Bort et de Léobardy, ont remporté les prix
principaux.
Les animaux de basse-cour étaient assez bien représentés, grâce
surtout aux animaux envoyés par MM. Imbert et Bouvière, ce dernier
ayant, à juste titre, remporté le prix d'ensemble.
L'exposition des instruments et machines agricoles offrait un en-
semble assez complet malgré l'éloignement, et aussi malgré l'intérêt
que les constructeurs pouvaient avoir à exposer, alors qu'en dehors
des concours très restreints pour charrues, herses, rouleaux, hache-
paille, coupe-racines, égrenoirs à maïs et pompes à purin, ils ne pou-
vaient plus avoir droit qu'à des mentions honorables. Nous craignons
bien qu'à moins de réformes, l'organisation nouvelle n'amène un dé-
sintéressement complet des concours tenus dans les petites villes un
peu excentriques, de la part des constructeurs. Il y avait néanmoins
quelques expositions très remarquables, notamment de MM. Al-
baret Pilter, Maréchaux, Tritschler, Noël, Peltier, Beaume, puis ende-
hors des objets prévus, de MM. Bruel, Borie-Chanal, Mabille et Cie.
Dans un article spécial, nous avons déjà parlé des produits de M. Bo-
rie-Chanal; aujourd'hui il en est consacré un à ceux de M. Bruel.
C'est Ihorticulture qui a principalement eu les honneurs de l'expo-
sition des produits de la ferme. 11 importe cependant de signaler
quelques vins du pays, puis des plants forestiers, et enQn des expo-
sitions en beurres et fromages, provenant desburons de la montagne.
La distribution des récompenses a été faite sous la présidence du
préfet. Notre confrère, M. Heuzé, inspecteur général de l'agriculture,
a prononcé un discours que nous reproduisons, parce que c'est une
bonne appréciation de la solennité :
« Messieurs, encore quelques heures et la ville de Tulle assistera à la clôture du
quatrième concours général auquel elle a bien voulu donner l'hospitalité.
« Le concours actuel, par ses machines agricoles, nombreuses et variées, et par
le remarquable ensemble du bétail qu'on y admire et qui en est le plus bel orne-
ment, atteste une foi-' de plus l'utilité des grandes réunions agricoles qui revien-
nent tous les six ou sept ans dans le même département, et dont l'histoire révèle
à tous le passé et le présent, et permet de préjuger de l'avenir de l'agriculture du
Bas-Limousin, de l'Auvergne et du Quercy.
« Ces importantes assises agricoles sont fécondes en résultats, et partout elles
font naître un mouvement qui est une véritable conquête sur le pissé en ce
qu'elles contribuent, dans une sage mesure, à détruire l'aveugle et confiante
crédulité des populations rurales trop attachées aux anciennes coutumes.
« C'est en 1856 que s'est tenu, dans le dépaitement, le premier concours ré-
gional. Depuis cette époque, la machinerie at;ricole a fait de très grands progrès,
et partout elle excite la vive curiosité des cultivateurs ; mais ceux qui admirent
pour la première fois les ins^truments qu'^n y expose, se demandent si cet outil-
lage nouveau est réellement utile aux laboureurs. Un grand nombre d'entre eux
ne peuvent croire qu'il est possible, dans les pays montagneux, de remplacer
le travail de l'homme par des machines pour renlèvement des plantes nuisibles à
racines traçantes telles que le chiendent, pour la fauchaison et la fenaison des
prairies naturelles et anificielles, et pour la moisson des céréales. Encore quelques
années, et grâce à la diffusion de l'instruction, grâce aux voies ferrées qui sillon-
neront bientôt le département dans divers s directions, les doutés qui existent
encore dans l'esprit aes agriculteurs, devieûdront des certitudes, et le Bas-Limou-
CONCOURS RÉGIONAL DE TULLE. 107
sin prouvera une fois de plus que la terre, sous la main du laboureur intelligent,
ne vieillit jamais et se rajeunit tous les ans.
« Le bétail est digne de toute l'attention, de tous les efforts des cultivateurs.
Dans les circonstances actuelles, il constitue leur principale richesse et leur revenu
le plus assuré, parce qu'il est, avec le pain, la base de l'alimentation de toutes
les classes sociales. C'est pourquoi on ne saurait trop encourager ceux qui le pro-
pagent et raméliorent.
« C'est en augmentant le nombre des animaux domestiques qu'on accroîtra
encore et toujours les moyens de fertilisation qui ont une si grande influence sur
les cultures et qu'on parviendra aisément, en employant les engrais calcaires et
phosphatés sur les terres granitiques ou schisto-granitiques, à accroître le rende-
ment du blé et à diminuer son prix de revient. Qu'on ne l'oublie pas, le sort de la
société est lié à la production des subsistances qui l'alimentent. N'est-ce pas, en
effet, de la prospérité rie l'agriculture que dépendent et l'abondance et le bon
marché relatif du pain et de la viande, véritable solution de tous les grands pro-
blèmes sociaux et économiques.
« Il est donc exact de dire que le progrès agricole est devenu la première
nécessité de l'époque. Ce progrès existe dans le département, et, quoiqu'il soit
encore peu apparent, il répond aux encouragements que le gouvernement de la
République, le Conseil général et les associations agricoles accoident annuelle-
ment à l'agriculture; mais cette rénovation ne doit pas faire oublier aux proprié-
taires et aux métayers qu'ils ont encore de nouveaux et de nombreux efforts à
tenter, des pratiques à perfectionner, des prairies naturelles à assainir et à ferti-
liser, des soins hygiéniques à donner au bétail, en un mot, de nouvelles conquêtes
à faire. Les uns et les autres doivent se rappeler, comme le dit une antique
maxime, qu'il n'y a rien de fait, tant qu'il reste quelque chose à faire!
a Le progrès, qu'on est heureux de constater dans le département, est appelé
très certaii ement à s'accentuer de plus en plus. J'en puise une preuve éclatante
dans l'accueil bienveillant que la ville de Tulle a fait au concours régional. Aussi,
suis-je très heureux d'exprimer à M. le préfet et à M. le maire nos sentiments
de profonde gratitude et les prier, au nom de M. le ministre de l'agriculture et du
commerce, de vouloir bien remercier et le Conseil général de la Corrèze et le
Conseil municipal de Tulle qui ont voté, avec empressement, les subi^ides néces-
saircb pour que cette grande réunion agricole reçût ici l'hospitalité la plus écla-
tante.
ce L'honneur qu'on fait de nos jours à l'agriculture mérite d'être signalé.
Autrefois, le laboureur vivait isolé au milieu de ses champs et de ses troupeaux.
Alors on se préoccupait peu de son instruction et de son bien-être ; alors aussi
on oubhait et ses peines et ses fatigues pour alimenter chaque jour les petites
comme les grandes cités. Pour les habitants des villes et les gens désœuvrés qui
jouaient à la pastorale sous les tranquilles ombrages des antiques châteaux de
Turenne et de Pompadour, le laboureur était un paria; on le regardait comme
devant être placé à la base de l'échelle sociale, et les classes riches, oubliant sa
vie calme et laborieuse, foulaient dédaigneusement la terre que, chaque jour, il
arrosait de ses sueurs.
« A l'époque à laquelle je fais allusion, personne n'aurait osé venir applaudir
aux couronnes qu'on aurait jugé utile, ■ nécessaire même de lui décerner pour
récompenser ses efforts ou exciter son émulation, son zèle et son activité.
« Ce dédain, pour les classes rurales, n'existe plus aujourd'hui. Sur tous les
points de la France, dans les grandes villes comme dans les petites bourgades, l'in-
telligence, 1 esprit, la beauté, la e:râce et l'éléo^ance les encouragent et les applau-
dissent dans les fêles qu'on organise en leur honneur.
« Cet heureux changement dans l'état social du pays tient à deux causes : à
l'éducation bttéraire et à l'instruction scientifique qui éclairent et vivifient toutes
les classes df la société, et qui, en outre, ont fait disparaître cette inégalité qui
était si funeste à la prospérité publique, à la marche de l'esprit humain et à la
grandeur de la Fraûce !
« Eclairé par l'instruction, armé de savoir et de liberté, l'homme plus audacieux
a sommé la terre d'augmenter ses productions pour nourrir tout le monde. Partout
on a travaillé, on a comparé les climats, les terrains, les plantes et les animaux ;
la patience s'est jointe à l'énergie, les écoles industrielles ont formé des mécani-
ciens et l'agriculture a multiplié ses plantes fourragères, son bétail et ses moyens
de fertilisation. Chaque contrée, par !« concours de la presse agricole, s'est emparée
108 CONCOURS RÉGIONAL DE TULLE.
des découverles, des perfectionnements de sa voisine ; on a dérriché des terres
incultes, boisé des coteaux jadis improductifs, desséché des marais, drainé des
terres humides et assaini dos prairies marécageuses. Tout principe a reçu son
application, et sur ungrand nombre de points la terre a prouvé par une production
plus abondante, que la lécondité est inHnie et qu'invoquer l'émii^ration pour
remédier à la surabondance de la population, est devenue une requête impie et
indigne d"un grand pays civilisé comme la France.
« Mais l'agriculture n'est pas la seule industrie qui mérite d'être encouragée et
honorée. A côté d'elle se place naturellement l'horticulture qui a pour but la pro-
duction des légumes, des fruits et des Heurs. Personne aujourd'hui n'igruare l'ar-
deur infatigable et le travail opiniâtre et incessant du paisible et laborieux maraî-
cher qui, chaque matin, alimente nos cités de légumes abondants et variés; nul
n'oublie avec quel art le jardinier soumet les arbres fruitiers à tous les capiices
de la mode sans qu'ils perdent de leur productivité, avec quels succès il augmente
nos jouissances en nous procurant à profusion des fruits savoureux et des fleurs
éclatantes et parfumées.
• ff Le salon floral organisé avec tant d'art par MM: Buge père et fils, a été
admiré par tous ceux qui ont été témoins de son ordonnance et de sa fraîcheur; sans
doute cette exhibition florale, la première qu'on a vue à Tulle, ne peut être com-
parée aux expositions horticoles qu'on organise annuellement dans les villes où
l'horticulture a fait de grands progrès ; mais elle n'en présente pas moi-is un vif
intérêt aux personnes qui éprouvent de douces émotions en respirant le suave
parfum d'une rose, en admirant une fleur qui se distingue par sa beauté et la
pureté de son coloris. Qui oserait mer l'influence salutaire et féconde que les fleurs
exercent sur tous les âges, sur toutes les intelligences. De nos jours, il en laut
pour toutes les fêtes, pour toutes les cérémonies, dans les jardins, les salons, sur
les tables des banquets et même jusque sur les tombeaux. Mais pourquoi donc cet
amour de fleurs si répandu? C'est que la fleur, suivant l'heureuse expression
poéti |ue de Chateaubriand, est la fille du matin, le charme du printemps, la
source des parfums, l'amour des poètes et la consolatrice des affligés Pour toutes
les dames, un jardin sans fleurs est un ciel sans étoiles, ua parterre oi!i nul parfum
ne vient accroître l'attrait que présentent la grâce et la beauté.
« Le concours régional de Tulle, si élégamment complété par cette charmante
exposition florale, restera très certainement gravé dans le souvenir des populations
rurales qui se pressent depuis plusieurs jours dans cette enceinte.
« De retour au milieu de leurs champs, elles n oublieront pas ni le magnifique
bétail, ni le remarquable outillage agricole qu'elles ont admirés, et auxquels le
)ury, au nom du gouvernement de la République, a décerné des récompenses si
vaillamment disputées et si dignement méritées. »
Les prix ont été décernés dans l'ordre suivant :
Prix cuhuraux.
2* Catégorie. — Fermiers, métayers isolés. — Douiaines au-dessus de 20 hectares. — Prix
consistant en un objet d'art de ôOO fr., et une somme de 2,000 fr., décerné à M. de Meynard, au
Peuch. près Tulle.
4' Cati>gnrie. — Métayers isolés, petits cultivateurs, propri-^taires ou fermiers de domaines au-
dessus de h hectares et ri'excédant pas 20 hectares. — P-ix consistant en un objet de 203 fr., et
une somme de 600 fr,. décerné à M. Mioinet, à Chaoïeyrat (Corrèze).
Médailles de spécialité.
Médaille d'or (grand module). — A M. le comte d'I ssel, pour création de 12 hectares de bois. —
Médaille d'argent grand m dule. M. Farges, au Lonzac. pour cr-iitioi de 8 hectares de prairies
irriguées. — Médaille d'argent, M.. Couder, à Saint-Fardoux-le-Vieux, pour établissement d'une
conduite deau servant à l'irrigati.m.
Uéi-nm enses. — Aux agents des exploititions qui ont obtenu des prix culturaux.
2' Catégorie. — (Agents de M. de Meynard). — Mida'dles d'argent, M. Pérol, régisseur:
Mlle Jeanne Malterne, fille de cour. — Médailles de lirm:;e, M. Joseph Soleilhavoup, ch^f .ie
praique: Mlle Françoise Bachélerie, ménagère; M. Gérald Labjusset, pâtre; M. Pierre Bouilla-
guet. laitier.
l^^ Catégorie. — (Agents de M. Toinet). — Mé tailles d argent, M. Jean Soleilhavoup, mStayer ■.
M. Jean Ir-ch. — 'Jédailles de bronze, M. Léonard Aujol; ^éonard Baiss;n; 25 fr., M. Baptiste
Jean ; Mlle Marie Vialle, bergère.
Animaux reproducteurs. — Espèce bovine.
Pour les animaux reproducteurs des espèces boviae, ovine et porcine, les premiers prix sont
pccompa.rnés d'une médail e d'or: les seconds prix d'une médaille u'argent, et les prix suivants
d'une mëd^iille «Je t roiize.
\" Catégorie. — Race Limousine. — Mâles, — 1'* Section. — 1" prix, M. Barbiu des Places, à
Meilhard (Corrèze) : 2% M. de Léoliardy, à Saint-Priest-Palus (Creuse): 3% M. Ceaux, à Seilhac
Corrèze). — 2' Section. — Animaux de 2 à 4 ans. — ]"' prix, M. de Léobardy : 2% M le comte
du Authier, à Auriat Creuse] : 3', non décerné. — Femelles. — V' Section. — Génisses de 1 à
CONCOURS RÉGIONAL DE TULLE 109
2 ans. — l^'prix, M. de LéoharJy. 2". M. le comte du Authier; 3°, non décerné. —2' Section.
— Génisses de 2 à 3 ans pleines <m à lait. — !•■• prix, M. Barbon des Pi.jC"s; 2', M. de Meynard,
à Chameyrnt (Corrè/e) ; 3% M. Bach, à \aves (Corrèze). — 3' S'Ction. — Vaches de plus de 3 ans,
pleinps ou à lait. — I" prix, M. le comle du Aulhier ; 2% M. de Lage, à Rosiers (Corrèie) ; 3*,
M, Bru'tieux.àSaini-ial (Corrè/e): uinùon très hoD'T.ilile, M. le comte du Authier.
Prix d'ensemble. — Un « tijet .l'art, M. Bartjou <1ps Phices.
2" Catégorie. — Mace Garonnaise. — Mâles. — 1" Section. — Animaux de 1 à 2 ans. — l'^prix,
M. Lal'argue, ^ Mirabel (Tarn-ei Garonne) ; 2", non décerné. — Femelles. — I" Section. — Génisses
de 1 à 2 ans. — 1" prix, M. Blanc, à Mirabel (rarn-et-Garonne) ; 2% non décerné.
3* Catégorie. — Raue d'Aubtac. — Mâles. — 1'° Section. — Animaux de I à 2 ans. — Prix
unique. M. Louis Coirat, à Wontrozier (Aveyron); prix supplémentaire M. Rd')udnl Colrat, à
Montrozier (Aveyron). — 2" Section. — Prix unique, M. Louis Colrat; prix suripléra iilnire,
MM. Galtayries el Scudier, à Montnizi-r (Aveyron). — Fefnelle<;. — 1"' Section. — Géni-ses 'le 1 à
2 ans. — Prix unique, MM. Galtayries et Scudier. — Mentions honorables, M. louis Colrat;
M. Louis Colrat. — 2" Section. — Génisses de 2 à 3 ans, pleines ou à lait. — I" prix, M. Louis
Colrat; 2\ MM. Gai ayries et Scu'lier. — 3' Section. — Viiches de plus de 3 -ans, pleines ou a kit.
— 1" pMx. M. Louis C')lrat ; 2', MM. Galtayries et Scudier.
4' Catégorie. — Race de Salers. — Mâles — l" Section. — Animaux de 1 à 2 ans. — !"■ prix,
M. Ramon I, à AuriUac (Cantal); M Bouyssou, à NauceHc (Cantal). — i' S-ction. — 1" prix,
.M. Poignet, à Itrac (Cintai); 2. M. Bruel-Kevel, à Giou-de-Mamon (C:inttl); prix supplémentaire,
M. Gely, -i Mauriac (("antal). — Feme les. — {'•'Section. — Génisses de 1 à 2 ans. — l<=' |,rijc,
M. Bouyssou ; 2'', M. R^mond : pr'x sup()lément.ire. M. Bruel Revel. —2' S'Ction — Gt-nisses de 2
à 3ans, pleines ou à lait. — l" prix, non décerné; 2", n m décerné. — 3" Section. — Vaches de
plus de 3 ans, pleines ou a lait — 1' prix, ujn dé e'-n'î ; 2', non décerné ; 3", non dé-î rné
5' Ca/eVor/e. - RaceMarch^ise. — Màl-s. - 1" Section.— Animauxile 1 à 2 ans l*"^ prix, M. André
Faure, à la Souterraine (Creust^); 2", M Delafont, à Colondannes (l'reuse). — 2° Section. — Ani naux
de ■; à 4 ans. — 1""- [.rix, M. André Faure 2", M.NadiuJ, à Dun le Pallefîau (Creuse) Prix sufipié-
mentair', M. de La Ceile, à Ajain (Creuse). —Femelles. — l" Section. — G'^nisses de I à 2 ans. —
I" prix, M. Nadaud; "i', M. Dalbv. à Gueret (Creuse). — -f Section —Génisses de 2 à 4 ans,
pleines ou à lait. — 1" priv, M Dalby; 2°, non décerné. — 3" Section. — Vaches de plus de 3 ans.
— l^' prix M. Calf'y; 2° et 3', non décernés.
6' Cniégorir. — Hace d'Angles. — Mflbs. - V Section. — Animaux de 1 à 2 ans. — Prix uni-
ques, M. Ro>ivière, à \'azaraet (Tarn). — 2' Se-tion. — Animaux <le 2 à 4 an<. — M. Rouvière. —
Femelles. — 1" Section — Génisses de I à 2 ans. — Prix unique, M. Rouvière. — 2' S.-ction —
Génisses de 2 à 3 ans, pleines ou à lait. — Prix unique, M. Rouvière. — 3" Stction. — Vaches
de plus de 3 ans, pleines ou à liit. — Prix nnique, M Rouvière.
1' Cotégorie. — Races françaises, diverses, pures ou croi-ées entre elles. — Mâles. — 1" Sec-
tion. — Animaux île 1 à 2 ans. — 1". 2"^ et 3':irix, non décernés. — 2° Section. — Animaux de 2
à 4 ans. — 1" et 2= prix, non décernés; 3% M. Imberr, à Vigeois (Correze). — Femelles. — 1"= Sec-
tion. — Génisses de 1 à 2 ans. — '" pri», M. Blanc, à Mirab-1 ( Parn-et-Garonn-'!; 2% M. 1) iber-
nard, à .-^aint-Ybar i (Corréze); ,3', M. Dela'ont. — 2° Section. — G-nisses de 2 à 3 ans, pleines ou
à lait. — |"prix, non déceni<^; 2", M. Imbert; 3'', M. F oucau'I-Pénardille, à Tulle (Corréze). —
3' Section. — Vaches de plus de .3 ans, pleines ou à lait. — I -' prix, M. 0-tfotir, à A irillac (Can-
tal); 2% M. de Meynard; 3', M. Joseph Lafarge, à Meyssac (Corrèze); '4% M. Kliucaul-Pénardille.
8° Ca-éf/orie. — HMces étrang'res puies et croisements divers, autres qu'i ceux de la 1' Catégo-
rie. — Mâles. — 1'» Section. — Animaux de 1 à 2 ans. — i" prix, M. B;ijau, à Toulouse (Haute-
Garonne); 2^, M. Imirert. — 2" Section. — An m^ux de 2 à 4 nns — 1" pnx, M. de Verdinac, à
Sarra/.ac (Lot-et-Gironni-); 2'^, non décerné. — Fetnelles. — V Senion. — Génisses de 1 à 2 ans.
— 1" prix, M. Doiivier, à Tulh (Corrèze); 2', M Ba|au. - v Section. — Gèmsses de 2 à 3 ans,
pleines i.u à lait — !"■, prix, M. B-ijau; 2", M. de Verninac; 3^, M. Imbert. — 3° Section. - Va-
ches de plus le :}ans, pleines ou à liit. — 1"' prix, M. Bajau: 2°, M. de Verninac; 3^. .M. Imbert.
Prix d'ensemble. — Pour les animaux de l'espèce bovine. — Objet d'art. — A M. Louis Coirat. —
Bandes de vaches laitières. — 1" prix, M. Bruel-Re el; 2% M. Bouyssou.
Espèce ovine.
1" Catégorie. — Races originaires de l'Aveyron, de la Corrèze et du Lot. — Mâles. — 1" prix,
M. Rouvière, à Mazamet (Tarn); 2", M. Lafon, à Betaili^; (Lot); 3-, M. de Lag», à Ros ers (Corrèze).
— Femelles. — (Lots de 6 brebià). — P" piix, non décerné; 2% M. de Lage; 3", M. Grande, à Cor-
rèze (Coirè/e).
2° Catégorie. — Races françiis3s diver-es, non comprises dans laprécéd°nte catégorie. — Mâles. —
1" prix, M. Uelafiint, à Colondannes (Creuse); 2\ M. Rouv ère. Pmx supfilémentaite. .M. Molinié,
à Saint-Amans-Soult (Tarn). — Femelles. — (Lots de 3 brebis). — 1" prix, M. Rouvière; 2°, M. De-
lafont.
3= Catégorie. — Races étrangères diverses. — Mâles — l" prix, M. Teisserenc de Bort, à Saint-
Prie^t-I'auiiou (Hauie-Vienne); 2', iM. de Léohardy, à Saint-Priest-Palis (Creuse). — Femelles. —
(Lots de 3 biebis). — l" prix, M. Teisserenc d3 Bort, 2^ M. de l.éobardy.
4* Catégorie — Crnisemenis divers.— Mal -s —1" prix, M. N'ai.iud. A D in-le-Palleteiu ('"Ireuse);
2*, M. Deiafont. — Femelles. — (Lots de 3 nrebi.s). — V prix. .M Nadaud; 2', non d*ce né.
Prix dCensemble. — Un objet d'art. — Pour le lot d'animaux de race de la charmoise, à
M. Nadiud.
Espèce porcine.
1" Catégorie. — Races indigènes pures ou croisées entre ePes. — Mâles. — I"' prix, non décerné;
2', M. S rézat, à Saint-Salvadour (Corrèze).— Femelles.— I"prix, M. jlerliac, à Sedhac (Correze);
2', M. Bru<lienx, à Samt-Jal (Corrèze).
2* Catégorie. — R ices étran ères iiures ou croisées entre elles. — Mâles. — 1" prix. M. Teisse-
renc de liort, à Sa nt-Priest-Taiirion (4 l'i e Vienne);- 2°, M. de Léobordy, à Saint-Piie-t-Pdlus
Creusp) 3% M. le com e rie Miramon, à Vitrac (Cmtal,; 4*, M. de Verninac, à Sarrazac (Lot). —
Femelb's. — l" prix, M. le comte île Mira-non ; 2", M. Rouvè.e, à Mizimet (Tarn); 3% M. Teisse-
renc de Bon; 4°, M. de Léobardy. Prix siipplémentiire, M. Aubert, à Saiiite-Fciéole (Cor^è^e.
Prix d'ensemble. — Un objet d'art. —Pour les animaux de races Mieddlesex-Yorkshire, à M. de
Léobardy.
1 1 0 CONCOURS REGIONAL DE TULLE
Animaux de basse-cour.
Les premiers prix sont accompagnés d'une médaille d'argent, les antres d'une médaille de
bronze.
l" Caléivrie. — Coqs et poule=î. — ]'" Section. — Races françaises diverses. — 1" prix, M. Rou-
vière, à Mazamet 'Tarn); 2% M. Voitellier, à Mantes (Seine-et-Oise); 3«, M. Sang m, à. Tulle (Cor-
rèze). — 2° Sccton. — Races étranghres diverses. — ]" prix, M. Rouviùre; 2% M. Voitellier.
■3'Scti'm. — Croisements diver>. — ]" prix, M. Rouvière; 2', M. Imb?rt, à Vigeois Corrèze).
2° Catéyorif. — Dindons. — 1" prix-, M. Béronie, à Tulle (Corr^ze); 2', M. Rouvière.
3° Cnt'goiie. — Oies. — 1" prix, M. R uvjère; 'i', M. Béronie; 3*, M. Imbert.
' 4» Caléijork. — Canar.ls. — 1"' prix, M. Imbert; 2«, M. Béronie; 3', non décerné.
5" Caiéi)nne. — Pintades et Pigeons, — I"prix, M. Imbert; 2°, M. Rouvière. Prix supplémen-
'•aire. M. Béronie.
6" Catégorie. — Lapins et Léporides. — l"prix, M. Cantonny, à Tulle (Corrèze); 2°, M. Rouvière;
Frix d'ensemble. — Un objet d'art, à M. Rouvière, déjà nommé.
Machines et instruments agricoles.
Inulrumeiili d'extérieur de forme. — Charmes tourne-oreilles. — 1" prix, médaille d'or.
M. Barrt', à Limoges (Haute-Vienne); 2% médaille d'argent, M. Trilschler, à Limoges (Haute -Vienne);
3", médaille de bronze, M. Rosier, A Tulle (Corrèze) ; mention très honoriblc, M. Chamtionnière, a
Cusset (Allier); mentions honorables, M. Roucayrols, à Albi (Tarn); M. Taroussie, à Uzerche
(Corrèze).
Charrues pour labours ordinaires. — !"• prix, médaille d'or, M. Birre; 2% médaille d'argent,
M. Cliambonnière ; 3*, médadle de bronze, M. Tritschler; mention très honorable, M. Vieillema-
ringe, à Samte-Fortunade (Corrèze) ; mentions honorables, M. Rosier; M. Latour, à Uzerche
(Corrpze).
Herses arlicule'es. — l"pnx, médaille d'or, M. Pelt'e-, à Paris ; 2% ra-Mailla d'argent, M. Emile
Puzen t, à Iiourbon-Lancy (Siône-et-Liire) ; 3% médaille de bronze, M. Bruel , à Moulins (Allier);
meulions très hoimraldes. M Puzcnaf aîné, à Bourbon-Lancy (Saône-et- Loire) ; M. Hidien, à
Ch-^teauroux (Indre) ; mentions honoraliles, M. Chanibonniére; M. Tritsciiler.
Rouleaux brise-mottes. — 1" prix, médail e d or, M. Bruel ; 2" , médaille d'argent, M. Tritschler;
3% médaille de bronze, M. Barre; mention très honorable, M. Emile Puzenat; mention honorable,
M. P&liier.
Par application de l'article là de l'arrêté du 18 novembe 1879, relatif au concours de Tulle. —
Mentions très honorables, M. Rosier, de Chameyrat (Corrèze), pour ustensiles à fauctier; M. Rosier,
pour la charrue tri-soc; mention honorable, M. Vieillemaringe, pour sa herse à r uleau.
Inslnnni'nts d'intérieur de ferme. — Ilache-paiUe. — i" prix, méJaille d'or, M. Aibaret, à
Lia- court-Ra.'itigny (Oise); 2', médaille d'argent, M. Piiter, à Paris; 3°, médaille de bronze,
M. Peiti-T, à P.ins.
Coupe-racines. — 1" prix, médaille d'or, M Aibaret; 2°, médaille d'argent, M. Maréchaux, <à
Montmord on (Vi^^nne) ; 3", médaille di bronze, M. Peltier; montions honorables, M. Chambon-
nière;M. Barre; M. Tritschler.
E(/r<noirs à inai'i. — l"'' prix, médaille d'or, M. Peltier; 2°, médaille d'argent, M. Tritschler :
3«, médadle dj 1h onz^ M. Bruel.
Pompes à purin. — 1°' prix, médaille d'or. M. Noël, à Paris; 2«, médaille d'argent, M. Beaume,
àBouloiii;e (Sein"); 3°, méd-iille de bronze, M. Peltier.
Par application de l'ariiLb^ Ih de l'arrêté du 18 novembre 1879, relatif au conco irs régional de
Tulle — Mention honorable, MM. Mibille ei Cie, à Limoges, pour la mangeoire eu ciment
comprimé.
Produits agricoles et matières utiles à l'agriculture.
Prnduiis des burons, caves et fruitières. — Médaille d'or, Mme Monteil, à Sarran (Corrèze). —
•Médailles d'argent, M. le baron de Bélinay , à Liginiac (Corrèze) ; Mme Traverse, à G:mel (Corr^^ze);
M. F.iyel, R Ti in:|ueux-lès-Heifns (Vlarne). — MUlaHles de bronze, M. Hier, rue Laiuerif, à Lyon
(Rhînp) ; M de Meynaid, à Saint-Bonnei-Avalouz^ (Cnrrèze) ; M. Béronie, à Tulle (Corrèze).
Produiis hoiticoïi'S. — (Gollejiion li'aniusies, fleurs, phntes in lustiielles et tinctoriales) —
MHait e d'or, MM. Buge, père «i ?ls, à TuUe (Corrèze). — Médaille dargent, MM. Bug', père et
fîls. — vipntion hononble, M. Aîoinon, à Sidroc (Corrèze).
Prodxiiis maraîchers. —Médaille d'or, M Saugon, à Tulle (Corrèze). — Mcda'lle d'argent,
MM. r>u-e père et lils.
Proiuiti jorestiers.— Midiille d'or, Palazinge-i (commune de) (Corrèze). — M'-ditlles d'argent,
M. le. général de Chanal, à Glergou.v (Gorrèzej; M. Laval, à l^'avars (Corrèze). — MédalUe de bronze,
M. Vilain, :\ T.niignac (Conèze).
Yins — \^^ Section. — Vins lu Lof, du Tarn et de Tarn-et-Gironne. — Médaille d'or, M. C;ilmon,
à Cahors (Loi).— M.'dnUes d'-irgen', M. Mollis, à Giillac (Tarn); M. l.aton, k Glanes (Lot). —
Médailles de bronze, M. Lassene, à Kspèie (Lot^; M. Delonclp, à Siint-M-'lai l-lJatus (lot) ;
M. Verninac, à .Sarnzac (Loi). — 2" 'Section. — Mus divers. — M.'dailk d'or, M Es-.ande, à 'lou-
louse (Haute-Garonne). —Médaille d'urgent. .M. Brousse, à Hillao (Corrèze). — Médailles de bron;se,
M. Fcrrand, à Segonzic (Charente); M. de Ganis, à Voutezjc (Corrèze).
Produits non compris dans les concours spéciaux.
M>h1aill''s d'or, M. Fournau 1. à Tulle (Corrèze) ; VT. Gan, h Brive (Corrèze). — Mpdailles d'argent,
MM. les instituteurs de la Gorrè'.e; M. Aibouin, à Li^Miières (Charente) ; M. Borie-Chau d, à Tou-
louse (HiuteGarv)nne); M. Es;ande. — M.iiidles de bronze, a\i Co.nice agnole de l'ulle-Nord;
M. Magdntlres, à Koi< (A'"i'^o"); '^I- l^^i'Sand er, à Marchtour (Corrèze) ; .vi. de Meynird ; M. Mau-
petit, 'le Limo^^es (Haute-Vieune) ; M. de Giaesti, à Garravaques (Tarn); M. Rilhac, à Drive
(Corrèz^); M. Vinel, à Cahors (Lot). • .
Rieon >e<ises aux servUeu -s ruraux. — MVL PieTe Vigouroux. vacher chez M. Louis Colrat,
médaille d'..rgep.i; Pierre Bea dt, vacher ch^z M. Rouvière, ml-daïUe d'argeit; Jea;: Tixier,
berger chez M. Nxdaud, uiélaille d'argent ; Pierre Naquier, vacher chez M. Ra'iiond, mé laille
d'argeni; Jacques Bouzir, berger chez M. Kouviè-e, mé.iaiUe de bronze ; Pierre Roger, vacher
chez M. de Léjbardy, médaille de bronze; Etienne Péricrot, vacher chez M. le comte du Authier,
CONCOURS RÉGIONAL DE TULLE. 111
ille de bronze: Léonard Papal, vacher chez M. Barbou des Places, médaille de bronze;
~ . . • ^ vacher chez
Antoine La&sagne, vacher chez M. Crueghe, 20 fr,; Jean Claussade, vacher chez M. Brudieux,
Récompenses aux conducteurs de machine?, aux contre-maJtres et ouvri-^rs des constructeurs
d'instruments. — MM. Florent Daleau, coutre-maîtie chez M. Aibaret, médaille d'argent; Bourdon,
contre-maître, chez M. Muré hiu, médaille d'argent; Léonard Vincent, ouvrier mécanicien, chez
M. Tritscliier, médaille de bronze; Carolus Leroy, ouvrier monteur chez M. Aibaret, médaille de
bronze; Pierre Chauveau, chez I\I. Barre, médaiLe de bronze.
Différentes conférences ont eu lieu pendant le concours ; elles avaient
attiré une grande affluence. L'une a été faite par notre confrère
M. Victor liorie, avec beaucoup d'entrain, sur l'enseignement; rien
alors ne pouvait faire prévoir sa mort prématurée. Nous en avons^ fait
une autre sur les engrais, dans- laquelle nous espérons avoir convaincu
les auditeurs delà nécessité de compléter la puissance de production du
sol par des matières fertilisantes appropriées. J.-A. Barril.
BONDES D'IRRIGATION DE M. BRUEL
On a beaucoup remarqué, au concours régional de Tulle, ^ les
bondes d'irrigation qui étaient exposées par M. Bruel, ingénieur-méca-
nicien à Moulins (Allier). M. Bruel est un constructeur que des inven-
tions ingénieuses ont mis en évidence depuis de longues années.
Les bondes de son système sont représentées par la fig. .5. Le dessin
Fig. 5. — Bonde de M. Bruel pour les irrigations^
montre suffisamment en quoi consiste l'appareil. L'obturateur de la
bonde est à charnière et se ferme ou s'ouvre à la volonté de l'irrigateur.
Grâce à la forme du tuyau et de la bonde, on peut régler à volonté le
débit de l'eau. Tous ceux qui savent combien il est souvent difficile
de faire des arrosages réguliers, et de régler l'écoulement de l'eau,
apprécieront le nouvel appareil dû à M. Bruel. Le prix de ses bondes
varie de 20 à 35 fr,, suivant leur dimension. L. de Sardiuag.
LA BETTERAVE A SUCRE DANS L^OUEST
On semblait croire, il y a quelques années seulement, que les
terres de l'Ouest n'étaient pas favorables à la culture de la betterave
à sucre. On cultive cependant dans celte région les betteraves dites
fourragères, à grand rendement, selon qu'on se propose la production
du lait, ou bien l'engraissement du bétail, ou même la betterave de
jardin qui apparaît l'hiver sur nos tables. xMais l'une et l'autre de ces
deux variétés sont impropres à la fabrication du sucre qui ne s'élabore
pas dans leur tissu cellulaire, comme dans la troisième espèce de
betterave, la betterave à sucre proprement dite. Il n'existait pas de
sucrerie dans l'Ouest, et les importantes raffineries de Nantes ne trai-
taient que le sucre des colonies.
112 LA BETTERAVE A SUGRB DANS L'OUEST.
Tout paraît changer aujourd'hui, et la Compagnie de sucreries de
l'Ouest, l'ondée au capital de 10 millions, et dont les opérations doi-
vent s'étendre à quatorze départements, exposait au concours de
Kennes des sucres provenant de la sucrerie de Châlelaudren (Côtes-
du-Nord;, qui lui ont valu une récompense justement méritée. Il
paraît en outre acquis que, tandis que les betteraves du Nord four-
nissent seulement 5 à 5 1/2 pour 100 de sucre, celles qui sont obte-
nues dans la région, donnent une richesse qui varie de 9 à 13 pour
100; qu'en outre, les raffineries de Nantes considèrent l'adjonction
du sucre indigène comme nécessaire dans leur fabrication.
Quand on considère que, avec les quatre départements du Nord con-
tenant plus de quatre cents sucreries, l'industrie sucrière déjà établie
dans vingt-trois départements, va acquérir, par les opérations des
sucreries de l'Ouest, quatorze autres départements, on peut dire que
cette industrie intéressera plus de la moitié de la France. C'est la cul-
ture de la betterave qui a transformé le Nord, par les préparations du
sol qu'elle réclame, les façons et les engrais qu'elle exige; elle conduit
à la culture intensive des céréales et, partant, à ses rendements
maxima. La même transformation est possible dans plusieurs, sinon
tous les départements de l'Ouest; et on peut affirmer par ailleurs
que cette industrie permettra à l'agriculture française de soutenir avec
succès la concurrence étrangère.
Le Journal de t' Agriculture a toujours réclamé le dégrèvement des
sucres, comme la mesure la plus favorable à prendre en faveur de la
culture française. Le gouvernement tenant à sa promesse vient d'en
prendre l'initiative et il faut espérer que rien ne viendra contrarier le
vote de dégrèvement d'un impôt qui pèse trop lourdement sur la pro-
duction et la consommation tout à la fois. La loi ne se contentera pas
d'en baisser la quotité, elle changera aussi le mode de perception
d'après les types, et prescrira l'analyse saccharimétrique qui appor-
tera la précision dans les épreuves. On ne peut qu'applaudir à cette
double mesure.
Pourtant nous avons été parmi les tenants de la culture coloniale
si favorable à notre marine marchande, aujourd'hui si éprouvée.
Ceux qui peuvent se reporter à quarante ans se souviennent encore
de la lutte de la canne et de la betterave, qu'on chansonnait alors
comme cousine du navet. On ne peut oublier, que le sucre de nos
colonies donnait aliment de fret à plus de 300 navires à voile, au-
jourd'hui presque sans emploi; qu'avant l'émancipation de Saint-Do-
mingue, plus de 200 navires étaient consacrés aux transports de cette
seule colonie, d'après JM. L. de Lavergne, et que leurs retours s'opéraient
en sucre. Aujourd'hui la fabrication du sucre de betterave s'élève à
près de 400 millions de kilog., et celle de nos colonies à 85 millions
seulement, d'après l'exposé même de M. le ministre du commerce.
Il est toutefois avéré que la richesse de la betterave à sucre diminue
depuis quelques années dans les départements du Nord. Ce n'est pas
qu'on ménage les fumures; le sol s'épuise principalement d'un élé-
ment qui se retrouve en abondance dans nos terrains de l'Ouest, la
potasse iMais il est nécessaire que les terres consacrées à la betterave
soient pourvues de l'élément calcaire qui manque à certains terrains
granitiques de la Bretagne, et auxquels on devra le rendre pour pou-
voir la cultiver avec avantage.
LA BETTERAVE A SUCRE DANS L'OUEST. 1 1 3
La betterave réclame, pour arriver à son développement physiolo-
gique le plus complet, un sol argileux légèrement calcaire. Dans un
sol semblable la plante se développe en profondeur d'une façon normale,
croît avec un tissu compact, présentant des orbes concentriques à
mailles serrées. Dans les terrains trop voisins de la mer, la présence
du sel dans le sol est contraire à la cristaliisalion du sucre.
La présence, selon nous nécessaire, de l'élément calcaire dans le sol
pour la culture betteravière, nous conduit à examiner le rôle de la
chaux.
Introduite dans une terre arable, elle la réchauffe, c'est-à-dire la
rend plus susceptible de subir l'action calorifique des rayons du
soleil, et 3L Cartuyvels, agronome belge, en même temps que chi-
miste, a calculé que, envisagés au point de vue de la propriété qu'ils
possèdent de conserver la chaleur, les sols différents se rangent
d'après l'échelle suivante :
Sable très calcaire 100.0
— siliceux 9G.6
Terre calcaire 74.5
— argileuse 68.4
— .(ie jardin 64.8
Humus 49.0
On voit par là que les terres noires, formées de débris végétaux, ne
sont pas propres à la betterave à sucre. Mais la chaux agit sur ces
débris renfermés dans le sol; elle provoque et accélère leur décompo-
sition et rend ces substances plus assimilables par les plantes qui s'en
alimentent.
On sait, par ailleurs, au point de vue chimique, que la chaux est
un alcali et possède, comme tel, la faculté de neutraliser les acides
répandus dans les terrains renfermant des plantes amères , des
oseilles sauvages, etc. Elle les détruit en raison même de la propriété
dont elle jouit, par une action antagoniste à leur végétation.
Mais la chaux possède encore une autre action fertilisante, qui con-
siste à mettre en activité, dans le sein de la terre, les principes miné-
raux nécessaires à l'alimentation des végétaux, et qui ne se trouvent
pas originairement dans le sol à un état assimilable pour les plantes;
tel est par exemple le cas pour la potasse renfermée dans le sol à
l'état insoluble. Sous l'action delà chaux, elle devient soluble et hau-
tement fertilisante; les radicelles des végétaux peuvent dès lors s'en
imprégner et faire servir cet alcali à la nutrition de la plante. Telle
est la raison de l'introduction de la chaux dans la culture, et particu-
lièrement dans la culture de la betterave sucrière.
Le sol qui paraît le plus favorable à la production de la betterave
à sucre est celui qui, de nature argileuse, est modifié par l'adjonction
d'une quantité plus ou moins considérable de matière calcaire. Les
sols entièrement granitiques ou tourbeux y sont impropres.
A. DE LA MORVONNAIS.
LA SITUATION AGRICOLE DANS LES VOSGES
Aussi singulier a été l'hiver par sa température, aussi singulière se montre la
belle saison pour les productions du sol. Aux montagnes., on fera une récolte de
foins assez bonne, tandis que dans les plaines, jamais, que l'on s'en souvienne,
elle n'a été plus misérable. La fauchaison est commencée dans quelques fermes,
mais pour la fenaison on est menacé de subir une épreuve semblable à celles de
1879. Il faut espérer que ces épreuves seront moins rigoureuses et d'une durée
114 SITUATION AGRICOLE DANS LES VOSGES.
plus courte. L'année dernière fut une année introuvable dans la mémoire d'un
homme et même de longues annales; il faut bien croire qu'une semblable ne se
renouvellera point de sitôt. Les s-eigles sont partout très beaux, même assez beaux
pour subir en bien des endroits l'avarie de la verse. Les pommes de terre sont
très avancées sur les versants des montagnes exposés au sud : elles montreraient
des fleurs. Au fond des vallées., ayant été gelées deux et trois fois, elles n'ont pas
partout un décimètre de hauteur. Sur quelques points du sommet des montngnes,
la situation est la même. On comprend avec quelle difficulté s'est opéré le net-
toyage des mauvaises herbes par une végétation aussi accidentée, aussi lente. Les
mauvaises herbes ne sont guère retardées par les contre-temps.
Au moment de terminer ma lettre, je m'aperçois que le baromètre remonte.
Au premier beau temps, la coupe des foins va être poussée avec beaucoup d'ac-
tivité. Nous voilà menacés d'une nouvelle invasion des sangliers qui, dans quel-
ques localités déjà, ont ravagé cruellement les récoltes. Quelques battues ont eu
Keu, mais sans succès. Au cas oii il y aurait quelqu'un parmi les correspondants
ou abonnés du Journal de f Agriculture pour connnître quelques procédés ca-
pables d'éloigner des champs ces destructeurs de récoltes, il nous rendrait un
service bien ])iécieux en nous les faisant connaître. Pour bien des fermes, dont les
champs sont tous rapprochés, on a la seule ressource de faire du tapage ; seule-
ment cet exercice ne remplace pas agréablement le sommeil et le repos. Un bon
chien de garde se chargerait peut-être suffisamment de la besogne.
Dans les plaines, les pommiers, dans la proportion de plus de moitié, n'ont plus
donné sign.î d^. vie. Beaucoup d'autres arbres, -noyers, cerisiers, sont aussi dé-
truits par l'hiver. Les forêts n'ont pas bien souffert. Le plus grave de tout, c'est
que les prairies pourront s'en ressentir pendant deux années peut-être. Gelées et
fréquemment inondées, de grandes étendues, naguère d'une fertilité de premier
ordre, n'ont plus qu'une végétation déplorable de joncs et de carex. Il est pénible
de voir, au moijent de la récolte, ces belles prairies, si bien soignées, n'avoir plus
(jue l'aspect de chaumes stériles.
Pour conséquence, le bétail baisse considérablement et les fourrages prennent
la marche ascendante. En rapport des années précédentes, c'e-t la situation re-
tournée, mais cette face de la méd âîle sera encore moins brillante que l'autre.
Les cultivateurs des montagnes, qui feront une bonne récolte, pourront en tirer
un parti fort avantageux. J.-B. Jacqcot.
Yagney (Vosges), 27 juin 1880.
BIBLIOGRAPHIE AGRICOLE-
L'écrevisse, introduclwn à l'élude de la Zoolngie, par TH. Huxlet, membre de la Société royale
de LoQiires. —Un volume in-8 orné lie 82 figures dans le texte. — Chez Germer Baillière et
Cie, 108, boulevard Saint-Germain, à Paris. Prix : 6 fr.
Le volume que nous annonçons est le 36* de la Bibliothèque scienti-
fique internationale, publiée sous la direction de M. Alglava. Il «est du
à un dessavantsqui oQtacquis la plus légitime notoriété dans Tétude
des sciences naturelles. En même temps qu'il donne des détails complets
sur l'écrevisse, l'auteur entre dans des considérations sur des questions
plus élevées. En effet_, il n a pas voulu simplement écrire une mono-
graphie de l'écrevisse, mais montrer comment l'étude attentive de l'un
des animaux les plus communs peut conduire aux généralisations les
plus larges, aux problèmes les plus difficiles de la zoologie, et même
de la science biologique en général. Avec ce livre, le lecteur se trouve
amené à envisager toutes les grandes question zoologiques qui excitent
aujourd'hui un si vif intérêt. G. Gaulot.
REVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT DES DENRÉES AGRICOLES
(17 JUILLET 1880).
L — Situation générale.
Les marchés agricoles présentent toujours le plus grand calne. Les offres sonê
très restreinte?, et les transactions peu importantes sur la plupart des denrées.
II — Les grains et les fariyies.
Les tableaux suivants résument les cours des céréales, par quintal métrique,
sur les principaux marchés de la France et de l'étranger.
REVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT (17 JUILLET 11
RÉQ.ION.— SORD-OCEST.
Calvados. Condé.
— Lisieux
Gôtesd.- \orii Lamaion
— Tréo'uier
Finistère. Moilaix
— Qjimper
nie-et-yilai7ia. Bennes.
— St M lo
Manche. Avranches
— Potilorsoa
— ViUedieu
Mayenne. Laval
— Château Gonl-.er..
Morbihan. Hermeboal..
Orne. Séez
— Viiiiodtiers
Sarthe. Le Mans
— Mamers
Blé.
fr.
30.50
31.00
29 50
^1).50
Î9.50
30.00
31.75
3t. 00
30.75
31.50
31 .50
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28.50
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30.00
31.50
30. bO
31-00
Seiïle.
25.75
25.50
25.00
20.75
21.00
Org«.
fr.
20.50
23 50
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19.26
22 50
21.00
21.50
24.00
22.2 5
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22.50
22.75
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25.75
20.75
Avoioe.
fr.
26.00
23 00
21.50
31.00
24.00
23.00
22.00
26.25
26.00
26.75
25.00
24.50
23.00
27.00
21.50
Prix moyens 30.33 2s. 63 22.60 24.03
2» RÉGION. — NORD.
Aisne. Soissons
29.00
21.75
»
21.50
La Fère
29.50
28.50
19.50
*
— ChâteauTaierry..
20.50
Eure. Evreux
29.50
18.20
21.95
21.80
— Bernay
30.75
19.50
21.75
25.00
— Pacy
30.25
18.75
21.25
22.50
Eure-ei-Lotr. Chartred.
28.50
»
21.50
21.75
— Auiieau
28.75
30. OJ
20.70
22.25
21.60
22.75
— Nogent-le-Rotrou.
23.50
/Vord.Caiiilirai
28.00
18 50
20.00
20.25
— Doua)
28.50
20.00
,)
19.75
— Valenciennes
i9.50
23.00
22.50
19.00
Oise. Beau vais
28.75
20.00
22.25
24.00
— Compiègne
3).U0
21.00
20.00
22 . 50
- Senlis.....
28. 00
21.00
»
2J.50
Pas-de-Calais. Arras...
29.25
19.75
2t. 00
21.75
— Sdint-Oiner
30.50
21. '0
21 75
21.00
Seine. P ris.
31 2.-,
2S.00
■i: 50
20. 50
21 50
19.50
23 75
S.-el-MarnK Daintnartir.
21.50
— Monler.îau
31.50
19.00
2i.75
— Provins
29 75
21.50
21.00
23 00
S.-et-Oi.ie. Vei-siilles...
2J.25
»
24 .10
— Ponlose
30 no
23.50
■il-Ot
22 50
— Ang;rville .......
31.00
18.50
21.50
Seine-hi/f-riKure. Rouen 27.95
20.00
24.00
26.75
- Fe.amp
29.90
25.00
»
25.l.'0
— YvetOl
29.50
»
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24.00
Somme. Amiens
30.00
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4
»
— AbbeviUe
28.25
18.50
21.50
22 00
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2 2 50
Prix moyens
29.39
20.59
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22.48
3' RÉ.HON.
— i\4»RU-KST.
Ardennps Charleville ..
30.75
23.75
22.50
23.75
Aube. B;ir-sui--Aiiue ...
30.50
■il.uO
2i.O0
- Méy-s,ir-Srfine...
29 00
20 00
17.75
20.50
— Ti-oyes
Si'. 75
22 80
21 25
21 50
Marne. Cn:i..,u6
6i) 60
21.50
20.25
2!. 25
— Eprn.iy
31 50
21 50
20.50
22.50
— Kel u.s
29.50
23.00
21.50
2> 00
.— Sl-Mênéhiull....
3 1.50
22.00
2 2 25
Hte-Mariie. Bju bo il ..
32-00
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19 ' 0
Meurl.-ei M'<s^,Ue M.mcy
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20 0)
20.00
— Lunévi.le
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20 75
— Ton.
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Meuse. B-ir-le-liic
30 00
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— Ver.liM
29 50
23.75
19.50
18-00
Haute-Saôixe. Gray
32 2-,
21 50
18 7 5
— Ve>..u..:...
32. 30
20.95
19.05
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Vosges. Epi la!
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Charente. Angouléme..
32.0.1
21.00
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25.00
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23.75
23. OJ
Charente lafér Marans.
30 50
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23.00
Deu.V-Se.orex . N'Ort..w
31.00
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22.50
23 00
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32.00
22.50
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20.2)
21.50
23.00
— Cria,teao-rteaa:iit.
30.25
21.00
23.03
22.25
Lo^re-/.l^.\a ii.es
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24 50
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Vendée. Lnçj......
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— Font-nar
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Viennr-. Cu.uellerauU. . .
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— Po:liers . .
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24.00
22.50
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22 25
2' 50
Haute- i'ignue. Limoges
22.50
Prix moyeas 30.89 21.50 2i.38 23.25
5« REGION. — CENTRE.
Allier. Moulins
— Montiuçon
— Gannal
Cher. Bo.irsips
— .\iibigny
— Vierzon
Creuse. Aiibusson
Indre. Cliâleaaroux.. .
— Issoudnn
— Valençay
Loiret. Orléans
— Montargis ,
— Patay
Loir-et-Cher. Blois. . . .
— Monloire
Nièvre. Nevers
— La Ctiariié
Yonne. Brienon. ..
— St-Fiorenlin
— Sens
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fr.
32.00
21. dO
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30.50
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Seigle.
fr.
23.00
23.50
21.75
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Prix moyens.
20.50 22.00
31.22 22.60 21.75 22.59
S^ REGION. — EST.
Ain. Bourg
— Pont-de-Vaux. ...
Côte d'Or. Dijon.. .,
— Beaune
Doubs. Besançon
Isère. Grand Lemps....
— Vienne
Jura. Dole
Loire. Roanne
P.-de-Dôine Clermont F.
Rhône. Lyon
Saône-et- Loire. Châlon.
— Lonhans
Savoie. Gliaaibery
Hte-Savoie. Annecy
Prix moyens
33.50
33 00
31 00
31.50
31 50
33.00
31.00
32.10
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31.25
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33. CO
21.70
23.25
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23.66
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21.35
21.00
20.50
232 5
20.50
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21.00
19.50
20.00
21.25
21.50
20 75
18.00
22.50
22.50
21.00
23 00
22.00
20 00
T RÉGION. — SCD-OrEST.
,4.riége. Pamiers
Oniviogne. Bergerie
Hle-Garoane. 'loaiouse.
— Villefranche-Laur.
Gers. Condorn
— E;iU7.e
— Mirande
Gironde, bordeaux....
— Bazas
Lande.-.. Uax
Lot-el-Gnrotxne. Agen..
— Nerac
B.-Pyrèiices. Bayonne..
Htes-Pyrénees. Tarbes.
Prix moyens.
24.50
25.00
23.25
23.50
03 24.56 21.67 23.83
8° RÉGION.
Aude. Castelnaudary.. 32.
Aveyrnn. Villefraiiche. 33.
Caaial. vlaiinao 35.
Correze. Luherzac 32.
Hérault. Cette 31.
Lot. Figeac 32.
Lozère. Mende 32.
— Marvejols 31.
— Florac 31.
Pxtrèneex-itr. Perpignan 3o
Tarn. Albi 32.
ra>'n-e<-Gur. Montauban 32
31.25
24.50
23.25
28.85
2S.60
20 90
2J.60
20. 50
21.75
23.25
20.00
22.50
24.75
22.15
23.00
Prix moyens
9" KKOION.
Basses-Alpes Manosque
Hautes-. Alpes. Briançon
Alpes-.Mrirititnes C'i.tmeA
Ardeche. Privas
B.-dii.-lihôae. Arles
Drôiixe. Homms
Gurd. Ni;nes
Himle- Loire. Le Puy...
Var. Dra^'ui^niii
Wauctuse. Carpentras.. .
Prix moyens
Moy. de lo.ite u France
de II semaine preced.
Surla se naine \ Hausse,
précédante.. (Baisse.
52.29 24.74
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31.25 »
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31.63 22.73
31.25 22.89
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20.50
21.50
20.00
18.00
18.50
2225
20 12
21. 52
21 86
24.75
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25.55
23.00
18.60
22.70
23.50
24.40
26.65
24.25
23.50
22.00
21.00
21.70
21.80
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21. Od
20.50
20.50
21.08
22.51
22.71
116 REVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT,
Blé. Seigle. Orge. Avoloa.
fr. Ir. fr. fr.
Angleterre. Londres :îl 60 » 20 80 ?2.50
Belgique. Anvers 27.(0 ^.S 00 23.25 24.09
— Bruxelles 20.75 24.3.i . »
— Liège 30 50 25 25 ->3 00 21.75
— Namur 30(10 22 .«iO 23.00 21. CO
Pays-Bas. Atrsterdam 23.90 22 45 » »
Luxembourg. Luxemtiourg 31.00 23 00 23.25 22 00
Alsace-Lorraine. Colrair 31 .SO 24.00 22 25 19.!i0
— Strasbourg... 32 00 24.50 23.50 21.00
— Mulhouse 32.75 » > 21.25
Allemagne. Berlin 28 10 23 50 » »
— Cologne 30 60 26 85
— Hambourg 24.85 20 85
Suisse. Genève 32.25 <> » 27.75
— Zurich 32.50 • - 23.25
Italie. Milan ' 33 00 23.75 . 22 75
Autriche. Vienne '25.50 22 70 18. CO 16 15
Espagne Buruos 3200 » t »
Jtussip. Saint-l'étersbourg.. . 25.75 20.30 » 14 85
Etals-Unis. New-york 24 50 » » »
Blés. — La grande préoccupation des agriculteurs et des commerçants est
l'évaluation de la prochaine récoite. Le'* dernières semaines ont fait beaucoup de
bien aux blés en terr . et il est désormais certain qu'on aura plus qu'on se pouvait
atlen'lre à la fin du printemps. Les uvis sont encore paitagés, mais l'impression
générale est que la France aura au moins une récolte moyenne. 11 faut désormais
peu de leraps pour ([ue l'on soit définitivement fixé; la moisson est aujourd'hui
commencée dans le Midi, elle se pourtiiuivra rapidement dans le reste de la France.
— La halle de Paris, a eu, à cause de la fête nationale du U juillet, sa réunion
hebio^nadaire le mardi 13. Il y a eu très peu de monde sur le marché; les alïaires
ont élé presque nulles. Les prix cotés ont été ceux de la semaine dernière. On
payait, pour l^-s 'aibles quantités vendues, de 30 à 32 fr. 50 par lOn kilog. Le
firixmoyen a été fixé sans variations, à 31 fr. 25. — Sur le marché des blés à livrer,
es cours sont les suivants : courant du mois, 28 fr. 50 à 2'^ fr. 7o; août,
27 ir. 50 à 27 fr, 75; quatre derniers mois, 26 fr. 2.=>; quatre derniers mois,
25 Ir. 75 à 26 fr. — Au fiavre, la situation est la' même que la semaine dernière;
les cours des blés américains sont demeurés sans changements depuis huit jours.
— Marseille, il y a toujours beaucoup de calme dans les transaction-; les anivages
de cette semainti ont été sensiblement inférieurs à ceux de la semaine précédante.
Au dernier jour, on payait par 100 kilog suivant les provenances : Berdianska,
30 à 3n Ir. 5U; Marianopoli, 29 Ir. 50; Danube, 26 fr 50 à 27 fr.; Iika, Nicopoli,
28 fr.; Irka supérieurs, 28 à • 8 fr. 50. — A Londres, les arrivages de blés étrangers
ont été sensiblement moins élevés que les semaines précédentes: ils ont été de
80,717 quintaux métriques. Il y a une plus grande activité dans les affaires : les
prix se coient en hausse. On paye de 30 fr. 25 à 33 Ir. 10 par 100 kdog., sui-
vant les qualités et les provenances.
Farims. — Les transactions sont, comme précédemment, peu importantes. Les
prix de neurent ?ans changements. — Pour les farines d« consommation, on
payait à la halle de Paris, le mardi 13 juillet : marque D, 65 Ir. ; maïques de
ct'oix, 66 à 67 f r ; bonnes marques, 64 à 65 fr.; sortes ordinaires et cou-
rantes, 63 à H4 fr.;le tout par sac de 159 kilog., toile à rendre, ou 157 kilog. net,
ce qui correspond aux prix extrêmes de 39 fr. 50 à 42 fr. 65 par 100 kilog., ou, en
moyenne, 4i fr. 10, soit le même prix moyen que le mercredi précédent — En ce
qui concerne les larines de spéculation, les offres sont restreintes, et les prix
se maintiennent bien. On cotai^ à Paris, le mardi 13 juillet au soir : farities huil-
morques, courant du mois, 62 fr. 25 à. 62 fr. 5i); août, 60 Ir 2 b; quatre derniers
mois, 56 fr ; quatre mois de novembre,- 55 fr. à 55 fr. 25; f'irines supérieures,
courant du mois, d3 fi;.; août, t.O fr 50 à 60 fr. 75; quatre derniers mois,
35 fr. 25 à 35 fr. 50; quatre mois de novembre, ?5 fr.; le tout, à l'exception des
deux dernières cotes, par sac de lôQ kilog., toile perdue ou 157 kilog. net. —
La cote oUicielle en disponible a été établie, comme il suit, pour chacun de»
jours de la semaine, par sac de 157 kilog. net:
Dates (juillet) 8 9 10 12 13 14
Farines hiiit-mar^ues 62.65 63 00 63.00 62.10 62.25 •
— sui.é-ieaies 63.00 63.25 63.35 62.85 62 OJ
Le prix moyen a été pour les farines huit-marques, 62 fr. 75 ; et pour les supé-
DES DENRÉES AGRICOLES (17 JUILLET 1880;. 117
rieures, 63 fr., ce qui correspond aux cours de 39 fr. 30 et de 39 fr. 50 par
quintal métrique comme Ja semaine précédente.
Seig'es. — Les nouveaux seisjles commencent à être offerts sur le marché. On
les paye de 22 à 23 Ir. par loO kilog., suivant Ihs sortes. Quant aux farines, elles
sont tenues à des prix un peu plus fermes, de 30 à 33 fr. par quintal métri<jue.
Orge<. — Mêmes cours que la semaine dernière à la halle ae Paris, avec des
affaires presjue nulles. On paye de 2U fr. 50 à 22 fr. 50 par 100 kiloo-. Peu
d'offres en C'^courgeons, qui sunt vendus de 19 à 20 fr. par quintal méliique. A
Londres, il n'y a que très peu d'affaires. On cote de 19 fr. yO à 21 Ir. 85 par
100 kilog. suivant les sortes.
Avoines. — Les prix sont ceux de la semaine dernière. Il n'y a que très peu de
ventes. Les cours demeurent fixés, à la halle de Paris, de 23 à 2^ fr. 50 par
100 kilog , suivant poids, couleur et qualité. — A Londres, les affaires présen-
tent toujours beaucoup de calme. On paye de 21 fr. 10 à 23 fr. 55 par loOkilo''.
suivant les sortes
Sarrasi'i. — Les prix sont un peu moins fermes, quoique les offres soient peu
abondantes. On paye à la halle de Paris, 2i fr. 50 à 25 fr. par KO kilog. sui-
vant les qualités
Maïs. — Les prix '-l'^meurent, cette semaine, sans changements, au Havre, pour
les maïs d'Amérique, Les prix se fixent de 14 fr. 50 à 16 fr. par 100 kilog. sui-
vant les qualités. Dans le Midi, les maïs indigènes sont toujours payés de 20 à
24 fr. par lUO kilog., suivant les sortes.
Issues. — Il n'y a que très peu d'affaires à la halle de Paris, et les prix sont en
baisse. 0;i paye par \0<> kilog. : gros son seul, 15 fr. 15 à 15 fr. 50; son trois
oases, 14 fr. 50 à 15 fr.; sons fias, U à 14 fr. 50; recoupettes, 14 à 15 fr.
remoulages bis, 15 à 16 fr ; remoulages blancs, 17 à 19 fr.
IV. — Vins, spiritueux, vinaigres, cidres.
Vins. — Les nouvelles qui nous parviennent du vignoble sont parfaitement
insignifiantes. Ce sont toujours les mêmes plainies, les mêmes récriminations,
tant au point de vue de la végétation de la vigne que de l'incertitude du temps et
du calme des affaires. On commence" à se demander, très sérieusement, ce que
sera la récoite pi'ochaine, et sur ce thème, chacun dit son mot II v a le camp des
optimistes qui espèrent une vendange moyenne, il y a aussi le camp des pessi-
mistes qui ne craignent pas d'avancer, que si nous avons eu -25 milli ms d'hecto-
litres de vin, l'an passé, nous n'en aurons celte année que 30 millions à peine.
Il y a aussi le camp des hommes qui envisageant, sins parti pris, la situation en
général, sont d'avis que si nous avons une bonne fia de juillet et uo ch lul mois
d'août, on pourrait encore faire une récolte pasable, non une moyenne —
50 millions d'hectolitres — ce qui serait trop beau, mais enfin uue récolte rela-
tivement bonne, eu égird aux gelées d'hiver et de printemps et aux dégâts causés
parle phylloxéra. A propos du terrible insecte, il nous parvient du Bordelais et
même du Midi, de bonnes nouvelles. Des vignobles abandonnés, sur lesquels on
ne comptait plus, qui n'ont été traités ni par la submersion, ni par le sulfure de
carbone, ni par aucune autre substance toxique, ont des bois splemJides et des
grappes à l'avenant. JJst ce que la maladie, s'inoculant au sol, deviendrait plus
bénigne et finirait un jour par disparaître comme elle est venue? C'est, il faut le
dire, l'espoir d'un grand nombre de vignerons. Quoi qu'il en soit, nous recom-
mandons aux possesseurs de vignes, de ne pas s'endormir dans une douce quié-
tude, et en attendant la disparition naturelle du fl'^au. de continuer à appliquer
des médications : submersion, sulfure de carbone ou sullb-carbonate.
Spirilueux. — Toujours même situation Le marché est pour amsi dire nul et
sans fermeté. Voici du reste le mouvement de la semaine écoulée : elle a débuté
à64fi-., puis brusquement, elle est descendue à 62 fr. 75 pour faire successive-
ment 63 fr., 63 fr. 25, et clôturer à 63 fr. 50. Ls stock, qui avait continué à
s'accroître et qui a même atteint un instant 9,075 pipes, est redescendu à
8,70j pipes, contre 9,*^û0 l'an dernier à la même date. A Lille, les affaires restent
calmes, l'alcool de grain disponible reste fixé à 63 fr. 50. Les marchés du Midi
sont toujours sans variations. — A Pariai, on cote 3/6 betterave, 1" qualité,
90 degrés disponible, 63 fr.; juillet-aoiàt, 62 à 63 fr., quatre derniers, 59 fr.
Vinaigres. — OrUans est sans variations, avec prix fermes. A Dijon, le vi-
naigre 1" choix vaut 18 fr. t'hectolitre nu, pris en gare.
Cidres. — A Virn (Calvados^ le cidre 1879 vaut, l'hectoHtre sans logement,
24 à 26 fr. 1 hectolitre.
118 REVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT
V. — Sucres. — Mélasses. — Fécules. — Glucoses. — Amidons.' — Houblons.
Sucres. — Depuis notre dernier bulletin, la hausse s'est faite sur les sucres
blancs et les lalfinés. On a coté à Paris, par 100 kilog., pour sucres 88 de-
grés saccharimétriques : n"' 7 à 9, 66 fr. ; n°* 10 à l;<, 60 fr.: blanc type
n" 3, 68 fr. 7r. A Valenciennes, le marché est très ferme, mais les affaires sont
hmilées, faute de vendeurs. On a coté : moins 7, 76 fr 50; n°» 7 à 9, 6.b fr. 50;
n»' 10 à 13, 58 fr. tO. A Lille, marché trps ferme aux cours de : n"^ 7 à 9,
65 fr. 25; n*^ 10 à 13, 59 fr. 2:o , moins 7, 76 fr. 25. A Saint Quentin, marché
peu animé, n"' 7 à 9 ont fait 65 fr. 75 ; moins 7, 77 fr. Le stock réel de l'entrepôt
de Paris était, au 12 juillet, de 318,688 sacs, avec une diminution de
19,332 sacs depuis huit jours. Les raffinés font: Bonnes sortes, 1^6 fr. 50;
belles sortes, 1^17 fr. 50, avec une hausse de 1 fr. Les cours pour l'exportation
varieut, selon les marques, de 70 fr. 50 à 73 fr.
Mêlasses. — On continue à nayer la mélasse de fabrique Ik fr., celle de raffinerie,
15 fr.
Fécules. — Les affaires en fécules sont de plus en plus lentes à Paris. On
cote le disponible en f" de l'Oise et du rayon de Paris, de ^5 à 'i5 fr. 50, les
100 kil. A Gompiègne, la fécule 1" type de la chauJ3re syndicale, vaut 44 fr., sans
affaiies.
Glucoses. — L'usage plus répandu des sirops de maïs est cau^e que les prix de
sirops deféculene s'améliorent pas malgré l'activité des transactions. On a coté à
Paris : sirop de froment, 65 à 66 fr.; sirop massé, 55 à 56 fr.; sirop liquide,
45 à 46 fr.; sirops de maïs massés, ki> à 46 fr., le tout par 100 kilog., sans va-
riation avec les prix de la semaine dernière.
Amidons. — Demande irréguliùre et cours tendant à la baisse. On a coté à
Paris : amidons de Paris en paquets, pur froment, 78 à 80 fr.; amidons de pro-
vince 64 à 66 fr.; amidons d'Alsace en vrague, 64 à 66 fr, ; amidons de maïs,
50 à 52 fr., fleur de riz, 44 à ^Q fr. ; amidons riz de Louvain, 78 à 80 fr., par
100 kilog., sans changement depuis huit jours.
VI. — Huiles et graines oléagineuses.
Huiles. — Affaires calmes et prix en baisse. On cote à Paris : colza tous fûts,
76 fr. ; en tonnes, 78 fr. ; épurée en tonnes, 8b fr. ; lin disponible, en fûts,
71 fr. 75; idem en tonnes 73 fr. 75. A Rouen : huile de colza disponible, 76 fr.
50; de lin, 72 fr ; d'arachide comestible, 110 à 120 fr.; idem à fabrique, 80 à
86 fr.; de sésame com., 100 à ] 10 fr.; idem à fabrique, 80 à 8' fr.; de ravison,
74 fr.; d'olive lampante, 127 fr. A Gaen : huile disponible, 73 fr. 5 . A Marseille,
on cote les huiles d'olive : Aix surfine, 200 fr.; idem fine, 175 fr.; Bari A A, 160 fr.
A, ItO tr.; n" 1, 145 fr.; n° 2, 130 fr. ; Toscane surfine, 190 fr.; fine, 175 fr.;
Tunis Arbelmé, 96 fr.; idem surfine, 102 fr.; Var surfi e, 12 fr.; fine, ,15 fi' ;
mangeable^ .00 fr.; lampante, 100 fr., le tout par 100 kilog,
Grames oléai/ineitses. — A Rouen, la graine de colza vaut 33 fr. 50; de Pul-
guères, 27 fr., par iOO kilog. A Gaen (l'hectol.) : graine de colza, 22 à £2 fr. 50.
A Arras : graine d'œillette, 44 à 46 fr. ; colza, 17 à 21 fr. 25. A Cambrai : colza
nouveau, 20 à 20 fr. 50; vieux, 22 fr.; lin, 26 fr., le tout par hectolitre.
VIT. — Tourteaux, noirs, engrais.
Tourteaux. — On a coté à Marseille : tourteaux de lin pur, 20 fr. 50 ; d'ara-
chide décortiquée, 14 fr. 50; idem bruns pour engrais, 13 Ir. 75; idem en coque,
11 fr. 25; de ricins, 10 fr.; de sésame blanc du Levant, 15 fr. 25; idem de
l'Inde, 14 fr.; colza du Danube, 13 fr. 50; coton d'Egypte, 12 fr.; de palmiste
naturel, 10 fr. 50; idem repassé, 9 fr. 50; de ravison, [^ fr A Rouen, co'za indi-
gène, 14 fr. 25; navette, 12 fr. 25; aracJiide en coque 10 fr. ;:0; idem décorti-
quée, 16 fr.; sésame, 15 fr.; Pulguères, 10 fr. .2n; lin, 24 fr.; ravison, 11 fr. 50.
A Gaen, colza 15 fr. A Arras, tourteaux de graines indigènes, œillette, 19 fr.;
colza, 15 fr. 50; lin, 29- fr., le lout par 100 kilog. A Gambrai (Ihectolitre), colza
pays, 15 à 16 fr.; lin, 23 à 23 fr. 50 ; œillette, 17 fr.
VIII. — Matières résineuses et colorantes, textiles.
Madères résineuses. — A Bordeaux, le cours de l'essence de térébenthine est
de 60 fr. les 100 kilog. avec 5 ir. de baisse depuis la semaine dernière.
Laines. — Quoique les laines de mégisserie soient, à Paris, l'objet de peu de
demandes, les prix sont cependant fermes. Les laines métis pur valent de 3 fr. 20
à 3 fr. 40; les laines métis et bas fins mêlées, de 3 fr. à 3 fr. 20; les laines hauts
fins, de 2 fr. 70 à 2 fr. 80; les communes noires et beiges, de 2 fr. à 2 fr. 20, le
DES DENRÉES AGRICOLES (17 JUILLET 1880). 119
tout par kilog. au comptant avec escompte 5 pour 100. A Bordeaux, six bailes
Chili ont été vendues à 175 fr. Au Havre, 44 balles Buenos-Ayres, ont été vendues
à 217 !r. 50. A Yalençay, les laines amenées à la foire se sont vendues de 1 fr. 40
à 1 fr. 80 le kilog. selon qualité, au comptant avec escompte 5 pour 100.
IX. — Suifs et corps gras.
Suifs. — Cours sans variation à Paris : frais, hors Paris, 81 fr. 50; bœufs
Plata, 84 fr. 50; suif en branches, 61 fr._ 12.
Saindoux. — Au Havre on a cédé 50 tierçons Wilcox à 101 fr. les 100 kilog.
Dans les lards salés, 50 caisses épaules, disponibles ont été vendues à 79 fr. les
100 kilog.
X. — Beurres. — Œufs. — Fromages. — Volailles.
Beurres. — 205,493 kilog. de beurres ont été vendus cette semaine à la balle
de Paris. Voici les prix par kilog. . eu demi-kilog., '2 fr. 40 à 3 fr. 56; petits
beurres, 1 fr. eo à 2 fr, 84; Gournay, 2 fr. 30 à 3 fr. 50; Isigny, 2 fr. 04 à
6 fr. 26.
Œufs. — Du 6 au 11 juillet il a été vendu à la halle de Paris, 3,839.343 œufs,
aux prix suivants par mille : choix, 89 à 98 fr. ; ordinaires, 66 à 89 fr.; petits,
49 à 59 fr.
Fromages. — Les prix des fromages vendus pendant la semaine, à la halle de Paris
sont comme suit, par douzaine : Brie, 5 à J 1 fr. ; Montlhéry, 15 fr.; par cent :
Livarot, 27 à Si fr. ; Mont d'Or, 21 à 25 fr.; Neufchâtel, 4 à 20 fr. ; divers,
5 à73fr. Le Gruyère a été vendu de 120 à 150 fr. les 100 kilog.
XL — Chevaux. — Bùail. — Viande.
Chevaux. — Aux marchés des 6 et 10 juillet, à Paris, on comptait 1,109 che-
vaux ; sur ce nombre, 317 ont été vendus comme il suit :
Amenés. Vendus. Prix extrêmes.
Chevaux de cabriolet 200 29 290 à 1 ,050 fr.
— (je trait 359 53 265 à 1,300
— hors d'âge 415 100 25 à 1,050
— à l'enchère 38 38 60 à 390
— de boucherie 97 97 35 à 125
Anes et chèvres. — Aux mêmes marchés, on comptait 15 ânes et 8 chèvres;
5 ânes ont été vendus de 45 à 90 fr.; 2 chèvres de 35 à 60 fr.
Bétail. — Le tableau suivant résume le mouvement du marché aux bestiaux de
la Villette du jeudi 8 au lundi 12 juillet :
Prix du kilog. de viande sur pi?d
au marché du lundi r> juillet.
Bœufs
Vaches
Taiireauï
Veaux
Moutons
Porcs gras
— maigres.
Pour toutes les espèces, les approvisionnements sont abondants. Mais les
ventes sont faciles, -avec des prix très fermes, principalement pour les moutons
et pour les porcs gras. Les besoins exceptionnels de Paris, durant cette semaine,
suffisent pour justifier cette fermeté considérable dans les prix de toutes les
viandes.
A Londres, les arrivages d'animaux étrangers, durant la semaine dernière, se
sont composés de 16,98^ têtes, dont 24 bœufs, 592 veaux, 2,636 moutons et
5 porcs venant d'Amsterdam; 216 moutons d'Anvers; 1,276 moutons de Brème;
169 bœufs de Grothenbcurg ; 1,5 1 9 moutons de Hambourg; 20 bœufs, 230 veaux,
2,761 moutons et 2r8 porcs d'Harlingen; 1,985 bœufs et 1,045 moutons de New-
York; 160 bœufs d'Oporto; 499 veaux, 3,478 moutons et 66 porcs de Rotteriam;
100 bœufs de Vig-o. Prix du kilog. : Bœuf : 1", 1 ir. 99 à 2 fr. 10; 2% 1 fr. 75
à 1 fr. 93 ; qualité inférieure, 1 fr. 58 à 1 fr. 75. — Veau: 1'% 1 fr. 93 à 2 Ir.
10; 2% 1 fr. 75 à 1 fr. 93.— Mouton : 1", 2 fr. 40 à 2 fr. 51; 2% 1 fr. 75 à
2 fr. 10; qualité inférieure, 1 fr. 58 à 1 fr. 75. — Agi^eau : 2 fr, 28 à 2 fr. 63.
— Porc : 1'% 1 fr. 58 à 1 fr. 81 ; 2% 1 fr. 40 à 1 fr. 58.
120 REVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURA.NT (17 JUILLET 1880).
Viande à la criée. — On a vendu, à la halle de Paris, du 5 au 12 juillet :
Prix du kilog. le 12 juillet.
Choix Basse boucherie.
1.00à3 30 O.lOà 1.10
0 9i) 2.20 . .
0.90 3.50 .
kilog. 1" quai. 2" quai. 3' quai.
Bœuf OU vache . . I4ô,606 1. 124190 1.18àl.60 0.60àl.l6
Veau.... VHAGh 1..V2 1.80 1.18 1.60 0 70 116
Mouton 42.48'j 1.52 1.90 1.26 1.50 0.76 1 2i
Porc _lo,27C Porc frais 1104 2 00
h21,831 Soit par jour 70,306 kilog.
Les ventes ont été supérieures de 4,000 kilog environ par jour à celles de la
semaine précédente. Sauf en ce qui concerne la viande de veau, les cours sont
maintenus avec une grande fermeté.
XII. — Fruits et légumes.
Fruits. — Abricots de Paris, le cent, 2 fr. 50 à 10 fr. ; le kilog. 0 fr. 60 à 1 fr. 20;
amandes, le cent, 1 à 2 fr. ; cassis, le kilog. 0 fr. 68 à 0 fr. 70; cerises en pri-
meur, le panier, 1 fr. 50 à 5 fr. ; communes, le kilog., 0 fr. 50 à 2 fr. ; figues, le
cent, 4 à 15 fr. ; fraises, le panier, 0 fr. 75 à 15 fr. ; le kilog. 0 fr. 90 à 1 fr. 80 ;
framboises, le kilog., 0 fr. 8) à 1 fr. ; groseilles, le kilosr., 0 fr. 40 à 0 fr. 60 :
melons, la pièce, 1 à 4 fr. ; poires, le cent, 2 à 4 f r ; le kilog. 0 fr. 45 à 0 fr. 70 ;
pommes, le kilog., 0 fr. 30 à 0 fr. 50; prunes, le cent, 5 à 10 fr. ; le kilog. 0 fr. 60
à 1 Ir. 80.
XIII. — Cours de la viande à Vabattoir de la Villette du 15 juillet {par 50 kilog.)
Cours de la charcuterie. — On vend à la Villette par 50 kilog. : 1" qualité,
105 à 110 fr.; 2% 100 à 105 fr.; poids vif, 70 à 76 fr.
Bœufs. Veaux. Moutons.
1"
quai.
2«
quai.
3»
quai
fr.
fr.
ft.
80
74
66
quai,
fr.
2«
quai.
fr.
87
3»
quai.
fr.
78
1"
quai,
fr.
94
2«
quai.
fr.
3»
quai,
fr.
75
XIV. — Marché aux bestiaux de la Villette du jeudi 15 juillet.
Animaux
amenés.
Bœufs 2.765
7.S2
194
1.?.68
23.783
2.655
Invendus.
Poids
moyen
général.
kil.
365
250
370
80
18
84
Cours officiels.
Cours des commissionnaires
2« 3"
quai. quai. quai.
1.70
1.
1.24
1.18
1.72
1.80
2.U0
25
0.98
1 00
1.26
1.40
Prix
extrêmes.
I.l0ài.7<i
0.92
094
1.20
1.30
1.60
1.42
2. Où
2 tO
2.10
quai.
1.68
i.50
t. 3b
2«
quai.
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quai.
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Prix
extrême!»
1.10 à I 70
0.90 1.60
0.90 1.40
Vaches 752 2io 250 1.54
Taureaux... 194 118 370 1.38
Veaux 1.?.68 402 80 1.85
Moutons.... 23.783 3.266 18 2.1)8
Porcs gras.. 2.655 84 2.05
— maigres. » » •»»»»••
Vente lente et difficile sur le gros bétail ; assez activ e sur les autres espèces.
XV. — Résumé.
Sauf pour les céréales et les farines dont les prix sont en légère baisse, les cours
des autres denrées se sont bien maintenus depuis huit jours. A. Remy.
BULLETIN FINANCIER.
Cours de la Bourse du 7 au 13 juillet 1880 (au comptant).
Semaine de fluctuation et en définitive de réaction : notre 3 0/0 est à 84^55;
l'amortissable à 86,40 et le 5 0/0 à 1 19 50. Ce mouvement de réaction, sans être
cependant très prononcé, s'est fait sentir sur toutes les valeurs.
Principales valeurs françaises:
Plus
bas.
Rente 3 O/O .... 84.55
Rente 3 0/0 amortis 8fi.4o
Rente 4 1/2 0/6 115.00
Rente 5 0/0 119.25
Banque ()p h'rance ..
Corrploir descoinpte
Plus
haut.
85.(10
87.65
116 00
119.25 119.60
3400.00 342» 00 S'iOO.OO
971. 'J5 980.0 1 975.00
Dernier
couis.
84.55
«6.40
U.T.OO
119.50
Société générale 562 5ii 56i.7.5 f.6i.5(i
Crédit foncier tiaO.oo 1267 50 1250 00
Est Actions 500 750.00 755.00 750.00
Midi d» ^90.00(0 0.0' 990. dO
Nord d* tfiSD.CO 1600.00 1585.00
Orléans d" r»02.<io 1215. uO 1>(p5.00
Ouest d' 800.(10 K>7.50 8(1.1.00
Paris-Lyon-Méditerranée d" i34o.oo 1352 5d i35o.00
Paris 1871 obi. 400 3 0/0 .. 395.00 39850 395.00
Italien i 0/0 84.80 85.50 85.10
Le Gérant : A. BOUCHÉ.
Valeurs diverses :
Plus
Plus Dernier
Créd. fonc. obi. 50o 4 o'o
(Jo d° d» d' 3 0/0.
d* obi. c«» 500 3 0/0
Bqne de Pans act. 500...
Crédit ind. et coti. 500 ..
Dépôts et cptes cts. 5oO...
Cre lit lyonn.ils d°...
Créd. raubilier
Cie parisienne du gaz 2iO
Cie génér. traiisnll.. .. .500
Messag. manlimes d°
Canal de Suez d»
d° délégation d»
d* obli. 5 0/0 d"
Créd. fonc. Autrioh 500
Cred mob. Espagnol. ...d*
Créd. fonc. Russe
518.00
5 42 50
470.00
haut.
525.00
5V>.5n
474.00
lOôi.OO 1085 00
720.00 7i5.00
708.75 710.00
910.00 960.00
620.00 625.00
1320.00 1332.50 13!0.00
497.50 b4o.U0 497.50
725.00 72il 75 728.75
1095.00 1135.00 1117.50
787.50 800.00 790.00
571.00 bll. iO
740.00 750 oO
640.00 762.50
400. (JO 410.00
Letbrrief..
cours.
518.00
5!.2.50
'i73.25
065.00
720.00
708.75
930.00
6^0.00
572.50
750.00
640.00
<i07.00
CHRONIQUE AGRICOLE (24 juillet isso,.
Recherches sur les maladies charbonneuses. — Communication de M. Pasteur à la Société na-
tionale d'agriculture et à l'Académie des sciences sur les causes de la propagation des germes
delà maladie du charbon. — Induence des vers de terre. — Recherches de M. Toussaint sur
l'action de l'inoculation du sang de rate. — Nouvelles promotions et nominations dans la Légion
d'honneur. — Le phylloxéra. — Régime spécial sous lequel est place l'Algérie. — Décret éten-
dant à l'Algérie la loi du I.t juillet 1878 et 2 août 1879 sur le phylloxéra. — Extension de
l'aclion d^s syndicats de défense. — Lf'ttre de M. Gaulier-Descottes sur la formation d'un syn-
dicat dans la Camargue pour la submersion des vignes. — Exiension du phylloxéra dans l'Aude. —
Congrès des vignes françaises à Clermont-Ferrand. — Lettre du Comité d'organisation. — Pro-
gramme des travaux du'Congrès. — Prochaine session de l'Association française pour l'avanco-
nient des sciences. — Programme des travaux de la Section d'agronomie. -^ Excursion à l'Ecole
de Grignon des auditeurs du cours de physiologie végétale au Muséum d'histoire riaturelle. —
Essais de moissonneuses-lieuses et de lieu-es organisés par la Société d'agriculture de Melun.
— Nouvelles des éducations de vers à soie. — La mode et les étoffes de soie. — Promulgation
de la loi portant dégrèvement des sucres ei des vins. — Végétation des betteraves. — L'analyse
des engrais et particulièrement des phosphates. — Lettre de M. Vivien. — Solubilité dans
l'eau. — Le fumier de cheval en bal!es. — Lettre de M. Bacqnet. — Description de son système.
— Nécrologie. — Mort de M. Droche. —Notes de MM. de la Morvonnais, de Lentilhac et
d'Ounous sur la situation des récoltes dans les départements d'IUe-et-Vilaine, de la Dordogne et
de l'Ariège.
I. — Nouvelles recherches sur les maladies charbonneuses.
Dans le compte rendu annuel des travaux de la Société nationale
d'agriculture que je faisais il y a un mois à peine, je disais que je ne
pensais pas qu'aucun de mes prédécesseurs ait eu à enregistrer une
plus grande découverte que celle des êtres infiniment petits qui ont
été trouvés dans quelques virus. Les faits qui successivement sont
mis en évidence par les recherches de M. Pasteur lui-même et des sa-
vants qui suivent ses traces ou se sont faits ses collaborateurs, mon-
trent que cette appréciation est plutôt au-dessous de la vérité qu'au-
dessus. Unevoie nouvelle est ouverte, et chaque jour, pour ainsi dire,
on y découvre des faits de la plus haute importance pour l'agriculture.
Nous insérerons dans notre prochain numéro un nouveau mémoire
que M. Pasteur et deux de ses collaborateurs, MM; Chamberland et
Roux, ont présenté à l'Académie des sciences et à la Société d'agricul-
ture, et dont les conclusions pratiques doivent être mises en évidence.
Les maladies charbonneuses qui, tous les ans, sont la cause de tant
de pertes pour le bétail et de catastrophes pour les hommes, peuvent
complètement disparaître en quelques années, maintenant qu'on con-
naît bien leurs causes et leur prophylaxie. Ce sont, d'après M. Pas-
teur, les vers de terre qui ramènent à la surface les germes du mal,
dans les terrains où l'on a enfoui les cadavres d'animaux charbon-
neux. Si un terrain n'a pas de vers de terre, c'est-à-dire si ce terrain
est peu fertile, les germes charbonneux resteront dans l'intérieur du
sol, et la maladie ne pourra pas être transmise. On peut craindre que
la conclusion manque d'une justesse absolue, car un sol qui n'a pas
de vers de terre aujourd'hui en aura peut-être dans un temps plus ou
moins éloigné. Il nous paraîtrait bien préférable d'assurer la destruc-
tion complète de tous les germes par la cuisson immédiate et la trans-
formation en engrais de tous les animaux abattus à raison de maladie
charbonneuse. Nous devons dire d'ailleurs que M. Pasteur n'a émis sa
conclusion qu'en l'entourant de toutes les réserves qu'un vrai savant
apporte toujours dans l'émission d'une idée, alors qu'elh n'a pas été
complètement vérifiée par l'expérience.
Comment les bactéridies qui donnent la maladie charbonneuse
agissent-elles? Comment peut-il se faire que certains animaux y soient
réfractaires, comme le porc, par exemple, et que d'autres contractent
la maladie plus facilement, pendant les premiers mois de leur exis-
N« 58*. — Tome III de 1880. — 24 Juillet.
122 CHRONIQUE 'AGRICOLE (24 JUILLET 1880).
tence, tandis que plus tard ils sont indeiîinés^ comme les moutons
algériens sur lesquels M. Chauveau, ainsi que nos lecteurs le savent,
a expérimenté ? Ce n'est que par des recherches nouvelles que cette
question peut être résolue. Cette question, M. Toussaint, professeur à
l'Ecole vétérinaire de Toulouse, a entrepris de la résoudre en ce qui
concerne le chien et les moutons. Il est arrivé à constater qu'on peut
faire acquérir à des animaux l'immunité contre le charbon, au moyeti
d'inoculations préventives. Quelles seront les conditions d'efficacité
pour ces inoculations, c'est ce qui est encore à déterminer. On doit,
par conséquent, vivement encourager les expériences entreprises par
M. Toussaint. Le ministère de l'agriculture est disposé à lui donner
toutes les sommes nécessaires, de même qu'il a récemment demandé
a la Commission du budget de la Chambre des députés qu'une somme
de 50,000 francs fût votée pour permettre à M. Pasteur de continuer
ses expériences.
IL — Décoratmis dans la Légion d'honneur.
Dans notre précédente chronique (p. 82), nous avons inséré la liste
des nominations ou promotions dans la Légion d'honneur, faites sur
la proposition du ministre de l'agriculture et du commerce. Nous trou-
vons dans les nominations faites à d'autres titres, des noms qui inté-
ressent aussi l'agriculture. Ont été nommés :
ku grade, d& commandewp .'M, le colonel Basserie, commandant la première
circonscription de remonte.
Au grade d'officier : M. Duponchel (Adolphe], ingénieur en chef de pre-
mière classe au corps des ponts et chaussées, chevalier du 13 août 1865; 37 ans.
de services. Etudes remarquables sur la question du chemin de fer transsabarien.
-^ M. Rousseau (Paul-Armand), conseiller d'Etat ea service extraordinaire, direc-
teur des routes et de 1a navigation; chevalier du 7 mars 1871 ; 22 ans de services.
— M. Bixio (Maurice), membre du conseil municipal de Paris; chevalier
depuis 1871.
Au grade de chevalier : M. Courtillier, membre du 0)nseil général de k
Sârthe, président de la Société des agriculteurs de la Sarthe, membre de la Cham-
bre consultative d'agriculture de Sablé. Lauréat de la prime d honneur au con-
cours régional de 1872; conseiller général depuis 1871. Titres exceptionnels. —
LiÉBERT, directeur pohtique de la Gazelle du Village. Titres exceptionnels. —
M. Passy (Frédéric), membre de l'Institut, professeur au collège Ghaptal. Tra-
vaux distingués sur l'économie politique et l'histoire. — M. Tourasse, propriétaire
à Pau (Basses-Pyrénées), a consacré la plus grande partie de sa fortune au déve-
loppement de l'enseignement primaire. — M. Poloîsy (Victor-Marie-Edouard-
Ernest), ingénieur ordinaire au corps des ponts et chaussées; a conduit d'une
façon remarquable des travaux de navigation, de dessèchement et irrigation.
— M. Gar?el (Marie-Charles), irgénieur des ponts et chaussées,, professe avec
distinction les cours préparatoires de physique et de chimie à l'École des ponts
et chaussées.
Les éleveurs connaissent les travaux du colonel Basserie sur le
cheval. M. Duponchel, M. Courtillier, M. F. Passy ont été trop sou-
vent cités dans notre Recueil pour que l'on ait oublié leurs travaux
d'ordres divers, mais distingués. On doit à M. Tourasse des recherches
importantes sur la production rapide des arbres fruitiers. On se souvient
des importantes expériences faites par M. Maurice Bixio sur l'alimen-
tation des chevaux de la Compagnie des petites voitures, qu'il
dirige.
IIL — Le phylloxéra.
On sait que l'Algérie est placée sous un régime spécial au point de
vue du phylloxéra. Afin de compléter ce régime, le gouverneur général
CHRONIQUE AGRICOLE (2=4 JUILLET 1880). 123
de l'Algérie a proposé que les conditions dans lesquelles serait appli-
quée la loi qui régit la France, fassent déterminées d'une manière
précise. Le décret suivant a résolu la question, après avis de la Com-
mission supérieure du phylloxéra :
Le président de la Républicme française,
Sur le rapport du ministre de l'agriculture et du commerce, d'après les propo-
sitions du gouverneur général de l'Algérie ;
Vu la loi des 15 juillet 1878, 2 août 1879, relatives aux mesures à prendre pour
arrêter les progrès du phylloxéra et du doryphora ea France;
Vu le décret du 2^ juin 1879, portant interdiction d'importation en Algérie des
produit-^ énumérés dans le décret ;
Considérant qu'il importe de compléter le régime spécial de l'Algérie, d"une
part, à TeÔet d'assurer la répression pénale des délits, et, d'autre part, en vue de
permettre à l'autorité de faire appliquer, suivant les circonstances de temps et
de lieux, les dispositions de la loi des i 5 juillet 1878, 2 août 1879,
Décrète :
Article premier. — La loi des 15 juillet 1878, 2 août 1879 susvisée est déclarée
applicable à l'Algérie.
A cet etfet, elle sera publiée et promulguée, â la Suite du présent décret qui
géra inséré au Bulletin officiel des actes administratifs du gouvernement général de
l'Algérie.
Art. 2. — Le décret du 24 juin 1879, spécial à l'Algérie, reste et demeure en
vigueur. Par suite, les arrêtés pris en France, pour l'application de ladite loi des
15 juillet 1878, 2 août 1879, ne sont pas exécutoires en Algérie.
Art, 3. — Le gouverneur général de l'Algérie exerce celles des attribatiQns'
conférées au ministre de l'agriculture et du commerce par la loi des 15 juillet 1878,
2 août 1879.
Art. 4. — Le ministre de l'agriculture et du commerce et le gouverneur général
de l'Algérie sont chargés de l'exécution du présent décret.
Fait à Paris, le 12 juillet 1880. Jules Grévy. _
Par le président de la République :
Le ministre de l'agriculture et du commerce, P. Tirard.
La constitution des syndicats de défense se poursuit dans un grand
nombre de départements. A ce sujet, nous recevons la lettre suivante
de M. Gautier-Descottes, président d'un syndicat qui vient de se con-
stituer dans les Bouches-du-Rhône :
« Monsieur le directeur, votre journal mentionnait dans l'un de" ses derniers
numéros la constitution de nombreux syndicats en conformité de la loi du
2 août 1879.
« L'association syndicale temporaire des communes d'Arles, Fontvieille et
Saintes-Mariés (Rou;.i ;s du Rliône), qui est aujourd'hui en instance pour obtenir
l'approbation de ses statut>? ui compte pas moins de 937 hectares de %'igQes
déjà submergées ou préparées à i être.
« Cette contenance se répartit de la manière suivante : commune d'Arles,
817 hectares; Fontvieille, 106; Saintes-Mariés, ]4.
« Cette organisation récente, outre qu'elle témoigne de l'intelligente initiative
des propriétaires de ces régions, est un hommage de plus rendu au système de la
submersion, et à M. Louis Faucon, son inventeur.
« Veuillez agréer, etc « Gautier-Descottes,
« Président du syndicat. »
Enfin, nous devons signaler l'extension des taches phylloxériques
dans le département de l'Aude. Ces taches sont d'ailleurs traitées avec
une grande énergie. Ce département est, comme nous l'avons dit déjà à
plusieurs reprises, un de ceux où la lutte est conduite avec le plus
d'ensemble.
IV. — Congrès des vignes françaises à Clermont-Ferrand.
La Société d'agriculture du Puy-de-Dôme, présidée par M. Guyot-
Lavaline, a pris l'initiative d'organiser, pendant le concours régional
124 CHRONIQUE AGRifiOLE (:4JL'ILLET 1880).
qui se tiendra à ('lermont-Ferrand à la lin du mois d'août, un congrès
viticole qui prendra le nom de congrès des vignes françaises. Le but
de ce congrès est exposé dans la note suivante que nous croyons utile
de reproduire :
« Depuis l'invasion du phylloxéra en France et dans toute l'Europe, une quan-
tité innombrable de théories, de systèmes, de procédés et de substances, ont été
successivement proposés, essayés, préconisés, vantés comme infaillibles pour
triompher du fléau qui sème autour de lui taat de ruines. Si les progrès de ce
désastre ne se sont pas arrêtés, il est cependant hors de doute que, sur beaucoup
de pr.ints, l'emploi judicieux de certains moyens de résistance au terrible insecte
a donné et coninue à donner des résultats satisfaisants pour la défense et pour la
conservation des vignes françaises. Sans vouloir préjuger le succès définitif de ces
efforts qui semblent se généraliser sous forme de syndicats, de traitements admi-
nistratifs, d'associations et de commissions d'études et de vigilance, les déi'en-
seurs persévérants de nos anciens cépages, convaincus que notre vieille vigne fran-
çaise peut encore se défendre, dans de certaines conditions données, ont eu la
pensée de provoquer une réunion libre dans laquelle les viticulteurs seront invités
à venir exposer les moyens qui auront été couronnés de succès.
« La ville de Glermont-Ferrand, siège d'un concours régional de cinq départe-
ments viticoles et de la station agronomique du centre de la France, nous a paru
un heu de réunion très propice pour inaugurer les Congrès des Vignes françaises^
que nous voudrions rendre périodiques afin de tenir le public viticole au courant
non seulement des moyens de défense et des résultats obtenus, mais encore de
tous les procédés qui peuvent contribuer au développement de notre pros[)érité
viticole.
« Tout en nous occupant uniquement des vignes françaises ou indigènes,
c'est-à-dire européennes, et des traitements employés pour leur conservation, il
sera du plus grand intérêt de connaître en détail les procédés qui sont mis en
œuvre, les substances dont on fait usage, leur composition, leur mode d'emploi,
leur prix de revient et la nature des terrains sur lesquels se poursuivent les études
et les applications.
« Le comité qui a pris l'initiative Je ce congrès serait heureux de vous voir par-
ticiper à ceite réunion, et y apporter le concours de vos lumières et de votre
expérience viticole, en venant nous communiquer ce qui se fait autour de vous et
ce que vous faites vous-même pour combattre la marche du fléau dévastateur.
« Nous vous serions fort obhgés, Monsieur, si en donnant votre adhésion à
cette réunion, vous nous indiquiez le sujet de la communication que vous aurez
1 intention de faire au Congrès, afin de permettre de régler l'ordre de ses travaux
pendant la session qui se tiendra à Glermont-Ferrand, les 30, 31 août et i'^"' sep-
tembre 18 0. »
Les communications relatives au Congrès doivent être adressées,
avant le 20 août, à M. Truchot, directeur de la Station agronomique,
à Glermont-Ferrand, ou au bureau de la Vigne française^ rue Coq-
Héron, 5, à Paris. Voici le programme des travaux du Congrès :
Utilité de la conservation des vignes françaises et moyens propres
pour y arriver; — la résistance au phylloxéra : systèmes préventifs,
méthodes culturales, procédés divers, la submersion des vignes, les
terrains sablonneux, les insecticides : le sulfure de carbone, les sulfo-
carbonates; — les ennemis naturels du phylloxéra; — les divers
ennemis et les diverses maladies de la vigne. — Exposition et expé-
riences des instruments préservateurs. — Excursion à Mézel. — La
première liste des adhérents comprend 75 noms.
V. — Association française pour l'avancement des sciences,
La neuvième session 'de l'Association française pour l'avancement
des sciences se tiendra cette année à Reims; la date en est fixée du
12 au 19 août. Elle comprendra, comme les années précédentes, des
séances générales ou de sections, des conférences et des excursions.
CHRONIQUE AGRICOLE (24 JUILLET 1880). 125
Parmi les travaux qui sont déjà mis à Tordre du jour de la Section
d'agronomie dont M. Risler est président cette année, nous devons
signaler les suivants : M. Cliauveau, sur l'infection bactéridienne;
M. Deliérain, sur la maturation de quelques plantes herbacées et sur
l'état de l'acide phosphorique dans le sol; M. de Carpentier, sur la
plantation des terrains crayeux de la Champagne; M. Risler, sur les
caractères agricoles des formations jurassiques et crétacées;
MM. Schlœsinget Muntz, sur la nitrification; M. Mares, sur la défense
et la reconstitution des vignobles pliylloxérés; M. Marié Davy, sur la
météorologie agricole; M. Marcel Dupont, sur l'emploi des engrais
chimiques à la culture de la vigne; M. Michel Perret, sur un mode
d'emploi des engrais chimiques; M. Ponsard, sur la nécessité de la
création d'un corps d'ingénieurs agricoles; M. Vimont, sur les prairies
de graminées à grands rendements sur les terres crayeuses de
Champagne, etc.
YI. — Excursion à l'Ecole de Grignon des auditeurs du cours de physiologie
végétale du Muséum d'histoire naturelle.
Dimanche dernier, 18 juillet, M. Dehérain, professeur au Muséum,
a fait une excursion au champ d'expériences de l'Ecole de Grigaon.
Partis de Paris à dix heures, les excursionnistes se sont rassemblés
dans le grand amphithéâtre de l'Ecole pour écouter une courte confé-
rence dans laquelle M. Dehérain a brièvement résumé les résultats
obtenus au champ d'expériences pendant ces six dernières années. Il
a insisté particulièrement sur les résidus laissés sur le sol par les
fumures antérieures et sur l'influence des matières ulmiques qui
exercent sur le développement du maïs-fourrage une action des plus
marquées.
Grignon n'a pas failli à sa vieille réputation d'hospitalité. Une table
élégamment servie, réunissait dans la machinerie les quarante excur-
sionnistes auxquels s'étaient joints quelques-uns des fonctionnaires de
l'Ecole. Mme Dutertre et le directeur faisaient les honneurs avec leur
grâce et leur cordialité habituelles Dans un toast fort applaudi, porté
à la santé du directeur, M. Dehérain montre que si l'agriculture béné-
ficie des recherches de la science, celle-ci à son tour, trouve de pré-
cieuses indications dans cette longue suite d'observations sur les-
quelles s'appuyent les pratiques agricoles. « L'enseignement est
réciproque; c'est là, messieurs, ce qui explique, ce qui justifie votre
présence ici; pour assurer la prospérité de l'agriculture qui importe à
la richesse, à la grandeur de notre pays, nous devons étroitement
cimenter l'union de la pratique agricole et de la science ! »
Les excursionnistes du Muséum sont succe&sivement conduits aux >
vacheries, aux bergeries où ils admirent les animaux de choix qui
sont l'objet de toute la sollicitude du directeur, puis enfin au champ
d'expériences ; les différences qui existent entre les parcelles de maïs-
fourrage qui ont reçu le fumier et celles qui ont été amenées avec des
engrais saUns sont réellement extraordinaires et il en ressort bien
nettement que sur un sol comme celui de Grignon, le fumier de ferme
est de beaucoup le plus efficace de tous les engrais.
Après une visite complète des collections, des laboratoires de
l'Ecole, les excursionnistes sont partis, vivement intéressés par tout •
C3 qu'ils ont vu, et charmés de la cordialité avec laquelle ils ont
été reçus.
126 GHRONIQUi; AGRICOLE (2â JUILLET 18f<0).
VII. — Essais de moissonneuses et de lieuses.
Un avis que nous recevons de M. Patinot, préfet de Seine-et-Marne,
nous apprend que dos essais de moissonneuses-lieuses et de lieuses
indépendantes seront organisés par la Société d'agriculture de Meluu
le jeudi 29 juillet, de 1 à 5 heures du soir à la ferme dP^prunes,
commune de Réau (gare de Liousaint). Un service d'omnibus sera
établi de la gare de Lieusaint au champ d'expériences (Départ de Paris,
à midi 20 ; "^ — départ de Lieusaint, à 5 heures 27).
YIII. — Sériciculture. .
Le iMoniteur des soies du 17 juillet nous donne des renseignements
importants sur la récolte des Cévennes, et les tendances de l'industrie
séricicole en général. On aurait obtenu, dans le Gard, l'Hérault et la
Lozère : en 1878,2,330,000 kilog. de cocons; —en 1879, 1,570,000;
en 1880, 1,330,000. La diminution accusée en 1880 serait due, non
pas à l'insuccès des éducations, mais à l'abstention des éleveurs; les
rendements de cette année sont au contraire assez élevés pour faire
espérer une reprise plus générale l'année prochaine. On a remarqué
le succès des races japonaises dans les hautes vallées; le prix de ces
cocons (blancs) a été presque celui des jaunes.
On comptait beaucoup l'an passé sur un retour de la mode aux
soieries pures; il semble actuellement que cette tendance soit absolu- ^i
ment oubliée. La fabrique ne fait guère que des tissus mélangés; aussi
les déchets, frisons et douppions, sont plus recherchés que la soie. En
résumé, comme Ta dit M. Natalis Rondot, l'objet actuel de l'industrie
des soies, cest le prix le plus bas pour ses produits. Il faut donc que
l'éleveur produise beaucoup, et économiquement.
IX. — Les sucres et les betteraves.
Nous publions dans ce numéro la loi qui porte dégrèvement des
sucres et des vins. Cette loi sera accueillie avec reconnaissance par-
tous les agriculteurs; nous n'avons plus à insister sur les heureux i
effets qu'elle produira.
Le temps est tout à fait propice à la végétation des betteraves; aussi-
se développe-t-elle avec une grande rapidité. Les champs, surtout les
premiers enspmencés, se présentent dans d'excellentes conditions; on
compte partout désormais sur un rendement sensiblement supérieur
à celui de l'année dernière.
X. — Sur l'analyse des engrais.
Le paragraphe de notre dernière chronique relatif à l'analyse des.
engrais, comme garantie des matières vendues, nous vaut la lettre
suivante de M. Vivien :
Saint-Queulia le 16 juillet 1880.
« Monsieur le Directeur, MM. E. et J. Toché fils, ont publié dans votre
journal du 10 juillet une lettre ayant pour but d'éhminer le contrôle chimique
dans le commerce des engrais, en s'appuyant sur cinq analyses de divers échaa-
tillons d'un même engrais.
« L'écart signalé porte surtout sur le chiffre de phosphate rétrograde ou
soluble dans le citrate d'ammoniaque alcalin, et est du à la manière d'opérer'|l
ainsi que je l'ai déjà expliqué au représentant de MM. Toché. Je vous demande 1 1
l'hospitalité de vos colonnes pour expliquer la cause d'erreur prétendue. j
« Suivant qu'on fait l'analyse d'un engrais en faisant digérer un échantilloul
moyen, tel qu'il est livré par le fabricant, dans le citrate d'ammoniaque, ou qu'on I
le broyé intimement de façon à tout réduire en une poussière ou en une pâte I ;
impalpable, en présence du même citrate d'ammoniaque, on constate des résultats I :
GHRONIUUE AGRICOLE (24 JUILLET 1880)- 127
différents pour le dosa^» du phosphate rétrograde et du phosphate insoluble.
« Le raisonnement indique qu'on doit faire le dosage de l'acide phosphorique
soluble rétrograde et insoluble sans passer par l'opération du broyage intime qui
modifie la nature de l'engrais, et c'est ainsi que j'ai opéré, ce qui explique la
différence de titrage signalée.
« Les nodules ou rognons de phosphate qu'on trouve en terre sont insolubles
et ils peuvent y rester plusieurs années sans céder des quantités notables d'acide
phosphorique, malgré les actions dissolvantes des eaux, des acides organiques et
carbonique dissous dans le sol, malgré l'action désagrégeante des racines.
« Lorsqu'on réduit en farine ces mêmes nodules, on voit les phénomènes se
passer autrement et l'acide phosphorique devient assimilable.
« La division facilite donc l'assimilation, et tous ceux qui se servent de phos-
phates insolubles savent l'importance qu'il faut attacher à la finesse de -la division.
On dénature un engrais, et on peut rendre soluble à l'analyse certains principes
qui sont insolubles réellement pour la végétation, lorsqu'on rend l'engrais impal-
pable, surtout en présence de produits chimiques dissolvants. Le chimiste doit
opérer, il me semble, sur l'engrais tel qu'il lui est soumis, tel qu'il est livré à
l'acheteur et donné ensuite aux plantes, en ayant le soin seulement de composer
un échantillon moyen, et évitant de changer l'état physique et les propriétés
chimiques et notamment la solubilité des principes fertilisants.
« MAI. Toché fils établissent la moyenne des titrages en ne prenant que ceux
qui sont élevés et en éliminant ceux qui sont les plus ïaas. Cette manière d'opérer
ne saurait être loyalement admise, et, lorsqu'on veut éliminer certains résultats
qui })araissent erronés, il faut éliminer tous ceux qui donnent des chiffres extrêmes
en plus comme en moins de la moyenne.
« Dès lors des deux dosages d'azote des n°* 1 et 5 doivent être éliminés et la
moyenne devient
Azote • 5.771
4'ai trouvé 5'. 488
D'où, ûcarL. U^SSb
écart très acceptable pour des analyses faites d'après des méthodes commerciales,
et admises dans le commerce qui prend généralement comme d'accord deux chiffres
de dosage qui se rapprochent à û''5 JO pour 100, soit 5 k. par 1000 k. ou à cinq
millièmes près.
« L'échantillon analysé sous len" 1 s'écarte de 0''.4 19 de la moyenne ; la différence
pour le n° 1 est donc plus grande que celle que j'ai. On ne s'explique pas, autre-
ment que par une question de préférence intéressée, pourquoi ces messieurs
prennent l'analyse n° 1 pour établir la moyenne de l'azote.
« En opérant de même- pour tous les autres éléments et prenant la moyenne
des trois analyses qui se. rapprochent le plus, éliminant chaque dosage extrême^
la moyenne s'établit comme suit :
Azole 5.771 au lieu de 5.875 proposé par MM. Toehé.
Acide phosphorique soluble 4.496 » (
rétrograde .4,49! » \ ^-ii^ "
insoluble... 1.146 » 1.090 » »
Potasse 2.245 >> 1.478 » v
« Un dernier mot, s'il vous plaît. — MM Toché fils me prêtent une apprécia-
tion à l'égard de mes confrères que je suis loin d accepter et si j'avais quelqu'un à
mettre en suspicion d'ignorance, ce ne serait certes pas M. Joulie ni aucun autre
de mes confrères, non cités dans votre journal, mais auxquels MM. Toché font
allusion et que je connais. Loin de moi cette insulte et cette arrogance.
« Je comprends l'ennui pour les marchands d'engrais de passer par le contrôle
de la chimie, et je conçois toute leur mauvaise humeur dans ces occasions; mais
la chimie, si imparfaite que MM, Toché pourront la trouver, a rendu un grand
service en moralisant le commerce des engrais, et je pense que ces messieurs ne
voudraient pas rejeter ce mode de contrôle s'ils tiennent à conserver leur réputation
d'honnêtes commerçants, et qu'ils reconnaîtront que la moyenne doit être établie
en écartant les cas extrêmes, et non pas en conservant les dosages qui favorisent
exclusivement leurs intérêts.
« Veuillez agréer^ etc. « A. Vivien. »
Notre correspondant a raison : la pulvérisation a pour effet d'aug-
menter la solubilité dans un liquide^ mais pour un temps donné
128 CHRONIQUE AGRICOLE (24 JUILLET 1880).
seulement. Ainsi, si l'on met dans un litre d'eau un corps soluble en
gros morceaux, ou bien, dans un autre litre d'eau, ce même corps
solide, en pulvérisant et en agitant, il arrivera que, au bout d'un
quart d'heure par exemple, ce dernier litre aura dissous tout ce que
l'eau est susceptible de prendre à la température à laquelle on aura
opéré, tandis qu'il faudra peut-être plusieurs jours au premier litre
pour obtenir le même résultat. Le broyage n'augmente que la vitesse
de solubilité, mais il donne tout de suite le résultat qu'on désire
atteindre. C'est pourquoi les analystes l'emploient en chimie. Nous
croyons qu'il faut le prescrire pour les phosphates, et alors disparaî-
tront les' difficultés du genre de celle discutée dans les lettres de
MM. Toché et Vivien.
XI. — Le fumier en balles.
Le transport du fumier est une des difficultés qui empêchent son
emploi par les agriculteurs éloignés des grandes villes. M. Bacquet,
de Saint-Quentin, a eu la pensée qu'on pourrait mettre le fumier en
balles, comme on fait pour les fourrages, les cotons, les laines, etc.
A ce sujet, il nous envoie la note suivante, que nous croyons utile de
publier :
« Le fumier de cheval est considéré comme le meilleur marché ainsi que comme
le meilleur fertilisateur connu ; mais, par rapport à son grand volume, aux incon-
vénients, comme dépense, que nécessite son transport, il n'est jusqu'ici acces-
sible que dans un rayon rapproché des villes. Pour remédier à cet inconvénient,
le procédé du fumier en halles aide à placer ce fertilisateur si renommé à la
portée de îous les fermiers et horticulteurs, ainsi qu'aux autres personnes qui
emploient le fumier en une forme convenahle pour le transport à bon marché, et
la main-d'œuvre est au même prix que le fumier en tas.
i La méthode de préparation pour le transport est comme suit : Le fumier est
pris des écuries et placé dans une boîte, et est pressé jusqu'au tiers de son
volume et fortement hé avec du fil de fer; on en forme ainsi une hotte compacte
d'environ !50 kilog.; par ce procédé, toutes les propriétés nécessaires à la terre
sont retenues.
« M. Wœlcker, chimiste distingué de Londres, a déterminé comme suit les
pertes qu'éprouve le fumier de ferme pendant sa conservation ; un tas considé-
rable de fumier neuf a été rangé sous un hangar, un tas pareil a été pendant le
même laps de temps en plein air, une troisième partie a été répandue dans la
cour. Le tableau ci-dessoas indique les valeurs relatives restantes après exposition
de douze mois :
Sous couvert. Exposé au dehors. Répandu dans la cour.
Malitres organiques. 40 pour 100 33 pour 100 21 pour J&Û
Azote 90 — 71 — 41 —
« Parce tableau, il est facile de voir que les pertes sont grandes, par suite de
la détérioration qui se produit à cause de l'exposition à i'évaporation et à la pluie :
les matières organiques, après un laps de temps d'un an, diminuent de plus de moitié
sous un hangar, de deux tiers en tas à l'air, et de quatre cinquièmes, si le premier
est répandu dans la cour, comme il est coutume de le faire dans les campagnes.
« Il est donc concluant que le fumier pressé en halles ne peut perdre aussi vite
ses principes fertihsants et doit être préféré au meilleur fumier, ainsi que le con-
state le rapport de M. Wœlcker.
« Le fumier de ville possède encore des quahtés supérieures au fumier de cam-
pagne; en général, les chevaux sont nourris plus fort qu'à la campagne, par con-
séquent leur fiente est plus riche en matières fertilisantes. (Gomme les matières
fécales des hôtels sont meilleures pour la poudrette, à poids égal, que celles d'une
partie des villes où le peuple est moins bien nourri que dans les hôtels.) Tout le
monde sait que la fermentation du fumier de cheval se fait de suite, surtout s'il
est imprégné d'urine.
« La décomposition chimique est essentielle à cause de l'azote enfermé dans le
CHRONIQUE AGRICOLE (24 JUILLET 188Û). 129
fumier frais et pour la plupart insoluble à l'eau, d'où il lésulte qu'il ne peut être
absorbé par les racines des plantes.
« Après fermentation, la proportion, de matières azotées solubles et matières
organiques solubles, est beaucoup plus grande.
« Les phosphates et autres sels valables sont dans une condition soluble ainsi
que les silicates.
« Tous Its fumiers exposés à l'air par le chargement dans les voitures, cha-
riots, bateaux, causent de sérieuses pertes de ces substances gazeuses qui sont
très nutritives aux plantes,
« En pressant le fumier par paquets d'une grandeur convenant à la manipula-
tion, beaucoup de perte et de main-d'œuvre sont épargnés.
« Le degré de presse auf[uel le fumier est soumis ne force pas le puiin à sortir, à
moins que le fumier n'ait été exposé à la pluie; et quand même on ouvrirait les
balles après plusieurs mois de presse, quoiqu'il y aurait un peu d'eau perdue à
la surface, leur contenu ne sera pas trouvé sec, ni dans une condition à être em-
porté par le vent, mais dans un état humide et saturé de tous les principes ferti-
lisants et de ses matières organiques dans un état soluble disposé, pour un emploi
immédiat, au sol.
« Quand la décomposition est arrivée à un certain degré d'avancement, l'odeur du
fumier est piquante et nauséabonde; par balles, il peut être convoyé par les rues
de la ville, dans des bateaux, etc., sans aucune exhalaison; il est par Conséquent
d'un transport facile parce qu'il ne jette aucune odeur; ce fait ne peut qu'être
approuvé par les comités d'hygiène ainsi que par le pubHc.
«Même le fumier de ville, parle chargement, diminuera en valeur en comparaison
du fumier en balles.
« De plus, la fermentation, si requise avant son application au sol, marche lente-
ment, sans perte appréciable dans ces balles.
a Voici les avantages du fumier en balles :
« 1° 11 est pressé à environ un quart de son volume, ensuite il est entouré de
quelques morceaux de bois et lié par dessus avec du (il de fer, cela forme une
petite balle compacte d'environ 150 kilog. ; par ce procédé tous les principes vivi-
fiants contenus dans le fumier sonl retenus.
« t" Ces balles peuvent être expédiées par chemin de fer, bateaux, sans augmen-
tation de prix de transport, et dans les cales des bateaux, sans détérioration des
bordages.
a 6° Le purin n'est pas extrait par la compression et reste dans le fumier.
« 4° Les balles sont facilement divisées avec la fourche.
« 5" L'ammoniaque n'est pas perdue par la compression, ni entraîné hors de la
balle.
« 6° Après la compression, quatre tonnes de fumier occupent seulement la place
d'une tonne.
ce 7° Le fumier en balles est facilement manœuvré, et par conséquent, vite char-
gé et vite déchargé.
« 8" 11 économise ainsi des frais de labeur et de main-d'œuvre.
« b° Toutes les graines, germant dans les balles, sont par ce moyen dé-
truites, c'est pourquoi le préfèrent les horticulteurs et maraîchers.
« 10° 11 vaut pour une récolte trois fois la valeur du fumier ordinaire.
« Nota. — 11 faut plus d'un mètre cube de fumier pour faire une tonne de fu-
mier en balles. »
Toute tentative qui peut avoir pour résultat de faire parvenir des
engrais dans une localité oii ils sont rares, doit être vue avec
faveur par les agriculteurs.
Xll. — Nécrologie.
Nous avons le regret d'annoncer la mort de M. DrocKe, banquier à
Lyon. Son nom est, depuis de longues années, connu et estimé des
agriculteurs. Il avait eu la généreuse pensée de consacrer à des encou-
ragements aux progrès agricoles une partie de la grande fortune qu'il
avait acquise dans une vie de travail. Chaque année, il donnait à la
Société des agriculteurs de France une somme de 10,000 fr. destinée à
récompenser les serviteurs ruraux les plus méritants.
130 CHRONIQUE AGRICOLE (24 JUILLET 1880).
XIII. — Nouvelle de l'état des recolles.
Toute l'attention des agriculteurs se porte maintenant vers la mois-
son. Les circonstances sont d'ailleurs favorables à la maturation de
tous les grains.
Dans la note suivante qu'il nous envoie de Bruz, près Rennes^, à la
date du 28 juin, M. de la Morvonnais donne des détails sur la plu-
part des principales récoltes :
a Les premières pluies avaient été favorablement accueillies il y a une quin-
zaine pour les céréales de printemps, les plantes sarclées, les prairies hautes, etc.
Mais hélas ! les froments sont en fleur et la ijluie continue, l'aLmosphère est
humide, le baromètre fort bas, le vent du sud-ouest, l'alarme est générale. La
triste récolte de 1879 et les pluies de juin et juillet de l'année passée sont dans
toutes les mémoires.
« Quelques froments sont déjà couchés, le foin est en péril sur quelques
prairies. Les avoines de printemps et les orges sont belles.
« Les foires dernières étaient sans acheteurs.
« IjC froment du pays est à 28 fr. les 100 kilog., le blé américain à 32 fr. Le
disponible n'est pas abondant, et j'ai vu cependant proposer un marché en blé
du pays de la récolte prochaine à 27 fr. à livrer. Les dernières gelées de mai ont
fait tomber les pommes, le cidre est au prix de 45 fr. la barrique, cliiffre énorme
pour la boisson usuelle. «
M. de LentilhaCj dans la note qu'il nous envoie de Saint-Jean d'A-
taux (Dordogne), à la date du 12 juillet, résume ainsi qu'il suit la si-
tuation agricole dans ce département :
(c La température du mois de juin s'est élevée jusqu'à 30", avec de fréquentes
ondées qui ont admirablement favorisé la végétation des plantes, sauf celle des
prairies naturelles qui, fortement éprouvées par les gelées de l'hiver n'ont pu
réparer leurs pertes ; ici le mal est grand, demi-récolte tout au plus. Les premières
coupes de fourrages artihciels ont été pour la même cause peu abondantes ; mais
celles qui ont suivi ne laissent rien à désirer, ce qui fait espérer qu'il pourrait en
être de même du regain de prairies naturelles si le temps est favorable.
« Les froments ont fait plus qu'on ne pouvait espérer et compensé par un
vigoureux et puissant tallement les manques nombreuses occasionnées par les
gelées du dernier hiver, l'épi est long, bien garni et montre un peu partout les
premiers indices d'une bonne maturité. Les seigles coupés sont généralement
lourds et promettent un bon rendement. Les pommes de terres, maïs, haricots,
tabacs, etc., marchent bien. Quant à la vigne, voici bien des années quelle n'a^
vait étalé d'aussi riches promesses, mais on remarque dans les plus vigoureuses' de
'nombreux cas d'oïdium et de coulure que les dernières pluies, suivies d'assez
basses températures, ont malencontreusement favorisés.
Dans le département de l'Ariège, d'après la note que M. Léo
d'Ounous nous envoie de Saverduii, à la date du 12 juillet, on estime
que la récolte des blés est excellente :
« Depuis plus de quinze jours, les seigles, les méteils, les orges et les avoines,
tombent sous la grande faux, et les blés ne tarderont pas de subir le même sort,
les gerbes sont nombreuses et pesantes. Un de nos grands agriculteurs obtient de
7 hectohtres de semences, plus de 110 comptés qui dépasseront l'hectolitre. Il ne
nous avait été rarement donné d'afhrmer de pareils rendements dans nos terres
argiles calcaires. Les diverses fermes gérées par le comité de T Orphelinat, vont
nous donner de 7 à 800 hectolitres de Blé et suffiront à la consommation d'un,
personnel de 150 personnes. Hélas! pourquoi faut-il qu'il n'en soit pas ainsi pour
une trop grande partie de notre cher déparlement de l'Ariège. Un fort orage
mêlé de pluie et de grêle a frappé un «rand tiers de ce département, plus de
20 communes ont été atteintes. Une véritable tempête a -cassé ou renversé des
arbres centenaires.
« Vous connaissez les beaux travaux du Directeur de la ferme-école de Royat oiî
la viticulture tenait la plus grande place, et qui depuis bien des années servait aux
études les plus avancées. Le regretté Directeur "avait du faire de grands sacrifices et
CHRONIOUE AGRICOLE ("24 JUILLET 1880). 131
sa malheureuse et intéressante veuve avait l'espoir de combler le déficit en 1880. Le
beau vignoble de Royat a été abîmé, il ne reste ni un Iruit ni une feuilie dans ce
splendide vignoble.
« Si les blés nous donnent plus que de belles espérances, nos prés naturels ou
artificiels n'ont presque rien produit. Ce serait presque de la disette, si l'on
n'avait beaucoup semé des vesces et avoines qui ont fourni une abondante récolte.
De là nécessité de grands semis demaïsfourragers. Il n'est que temps de semer des
choux d'hiver, des colzas, des moutardes et des navets qui donnent d'abondants
produits jusqu'au printemps.
« Jardins rt vergers. — Le dernier rapport de l'Orphelinat de Saverdin, nous a fai
connaître les succès obtenus dans nos jardins potagers, fruitiers, et pépinières.
Nos produits ont déjà doublé et triplé. Le grand potager si dénudé en juillet et
août, est vraiment splendide en ce moment : on y récolte des cboux vraiment
monstrueux, d'énormes salades, et des pois Michaux à rames qui sont curieux
à voir. Les arbres, fruitiers cèdent sous le poids des fruits. Une grande allée d'a-
mandiers en donnera plusieurs hectolitres. C'est vraiment un travail que d'opérer
la récolte de mon superbe prunier mirobolan. Nos habiles ménagères ont utilisé
leurs bassines pour nous confectionner d'excellentes gelées de groseilles, traises et
framboises ; à bientôt les compotes d'abricots et de pêches. Nous avons déjà
cueilli et consommé les premières amandes.
a Piaules sarclées. — Ces cultures de natures diverses se présentent aussi dans
les plus favorables conditions, les haricots recouvrent le sol en entier et sont en
fleurs; les maïs favorisés par des pluies peut-être un peu trop fréquentes, ont reçu
la dernière façon, ainsi que les pommes de terre qui seront fort abondantes si la
maladie ne vient pas les atteindre.
« Malgré le retard de la tloraison de la vigne, cette récolte promet aussi de très
forts rendements, les fromences sont abondantes et belles ; c'est d'une luxuriante
végétation.
« En somme et si les céréales obtiennent des prix de 20k'i2 francs, nos colons et
nos fermiers poi^rront liquider leurs affaires et leur baux à ferme, et le proprié-
taire pourra effectuer les travaux nécessaires aux progrès agricoles. »
Sur une partie des cantons du littoral de l'Océan, depuis l'embou-
chure de la Seine jusqu'au nord de la France, on a signalé, dans les
derniers jours, quelques violents orages de grêle qui ont amené des
pertes sérieuses; m-iis ces désastres sont locaux, et les résultats qu'ils
entraînent ne peuvent influer sur l'ensemble de la situation.
J.-A. Bakral.
SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRICULTURE,
Séance du 15 juillet 1880. — Présidence de M. ChevreuL
M. le ministre de l'agriculture envoie l'ampliation de deux décrels
approuvant l'élection de M. Fernand-Raoul Duval comme membre
titulaire dans la Section de mécanique agricole et des irrigations, et
de M. d'Esterno comme membre associé dans la Section d'économie,
de statistique et de législation.
M. le secrétaire perpétuel rend compte des obsèques de M. Victor
Borie et donne lecture du discours qu'il a prononcé sur sa tombe, au
nom de la Société.
M. Richier, président de la Société d'agriculture de la Gironde,
envoie un exemplaire de la géographie du phylloxéra dans ce départe-
ment, qui a été récemment dressée par M. Froidefond sous le patro-
nage de la Société.
M. G. Cantoni envoie une note sur des observations relatives à un
blé improductif, et sur les causes de ce phénomène.
M. le baron d'Arlot de Saint-Saud écrit pour poser sa candidature
à une place de correspondant.
MM. Célarié, Lacour, de Longuemar, Ponsard, Sarrau Site de Men-
13 2 SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRICULTURE [DE FRANCE.
thière envoieat leurs i'é.pon?es à l'enquête ouverte devant la Société sur
les dommai^es causés par l'hiver.
M. le prince ïorlonia annonce l'envoi d'un exemplaire du précis
historique et technique du dessèchement du lac Fucino.
M. Gatellier envoie les instructions qu'il a rédigées, au nom de la
Société d'agriculture de Meaux, pour éviter la fraude dans le commerce
des engrais. Cette note a été analysée dans un précédent numéro du
Journal.
M. Chevreul exprime, aux applaudissements unanimes, la vive satis-
faction que la Société éprouve de la haute distinction conférée, par
l'initiative du ministre de l'agriculture, à deux de ses membres,
M. Barrai et M. Marie, qui viennent d'être nommés commandeurs de
la Légion d'honneur.
M. Barrai analyse un rapport de M. Bussy au Comité consultatif
d'hygiène sur les procédés de M. Lecourt et de M. Guillemare pour le
verdissage des conserves alimentaires au moyen de la chlorophyle. A
cette occasion, MM. Pasteur, Bouley et Barrai présentent des observa-
tions sur les dangers de l'emploi des sels de cuivre pour verdir les
conserves alimentaires.
31. Pasteur fait une communication relative à ses dernière recherches
sur les causes de la propagation de la maladie charbonneuse. Il a
reconnu que les vers de terre sont les agents qui font remonter à la
surface du sol les germes des bactéridies, provenant des animaux
morts du charbon, enfouis dans les champs. Il arrive à cette conclusion
qu'il faut se garder d'enfouir ces cadavres dans les champs mis en
culture ou dans les pâtures ; il pense que, en prenant cette précaution,
on peut arriver à atténuer rapidement l'infection charbonneuse.
M. Boulay présente, de la part de M. Toussaint, professeur à l'Ecole
vétérinaire de Toulouse, une note sur l'innocuité pour le charbon
acquise à la suite d'inoculations préventives. Il fait ressortir l'impor-
tance des recherches de M. Toussaint et le profit que les agriculteurs
pourraient retirer de l'application de leurs résultats.
Séance du 21 juillet 1830. — Présidence de M. Chevreid.
MM. de Vanteaux, Detourbet, Boudy, Stoecklin, Fauchet, envoient
leurs réponses à l'enquête ouverte devant la Société sur les dégâts
causés par l'hiver aux produits agricoles et aux récoltes. Renvoi à
la Commission spéciale.
M. Ott envoie une étude qu'il vient de publier sur la colonisation
de l'Algérie et une brochure sur la culture de la vigne dans notre co-
lonie africaine. — La Société reçoit aussi un exemplaire du Guide
pratique du cultivateur algérien, par M. Briez, ancien secrétaire du
Comice d'Alger.
M. Kersanté transmet uns brochure qu'il vient de publier sur la
liberté commerciale au point de vue agricole.
M. Magne donne lecture d'un Mémoire dans lequel il décrit un
grand nombre d'observations relatives à l'influence des sexes sur le
produit de la conception dans les animaux domestiques. Après plu-
sieurs observations sur l'hérédité et l'atavisme présentées par MM. Clavé,
Pluchet, de Tillancourt, Chevreul, Blanchard et de Quatrefages, la
Société ajourne la discussion sur celte importante question.
Henry Sagnier.
DISCOURS PRONOi\(:t: AUX OBSEQUES DE M. NADAULT Dli BUFFON 133
DISCOURS PRONONCE AUX OBSÈQUES
DE M. NADAULT DE BUFFON, LE 21 JUIN liiSO.
Messieurs^ je ne comptais pas prendre la parole dans cette irist •
cérémonie; mais l'absence de l'ingénieur éminent auqnel revenait le
douloureux honneur de rappeler ici les services rendus à l'Ecole des
ponts et chaussées par M. Nadault de Bulïon, m'oblige à venir, au nom
de ses élèves, rendre un dernier hommage au savant laborieux et
modeste, au maître dévoué dont nous déplorons la perte. Je dois aussi
dire adieu à M. iNadault de Buffoii au nom de ses confrères de la So-
ciété nationale d'agriculture, au nom de tous ceux qui s'occupent
d'hydraulique agricole.
Benjamin Nadault de Buffon est né à Montbard (Côte-d'Or), le 2 fé-
vrier 1804. Il entra en novembre 1823 à l'Ecole polytechnique, et,
cinq ans plus tard, en sortant de l'Ecole des ponts et chaussées, il
fut appelé au service de l'arrondissement de Chaumont (Haute-Marne),
dont il conserva la direction pendant plusieurs années.
En 1829, M. Nadault de Buffon publia la première édition d'un
ouvrage intitulé : Considérations sur les voies de communication inté-
rieures, dont une seconde édition parut en 183G. Son grand et impor-
tant Traité des usines sur les cours dcau, qui maintenant encore fait
autorité en ces matières difficiles, fut publié pendant les années 1840
et 1841.
Le succès considérable et si bien mérité de ces deux ouvrages attira
l'attention du ministre sur le jeune ingénieur, et M. Nadault de Buffon
fut nommé chef de la division des usines et dessèchements le 16 août
1842. Beaucoup de personnes se rappellent encore la bienveillence et
l'esprit de conciliation que M. Nadault de Buffon apportait dans
l'exercice de ces fonctions délicates. 11 ne tarda pas à obtenir le grade
d'ingénieur en chef de seconde classe (l"raai 1843\ Il fut élevé à la
1"" classe le 8 avril 1851, et reçut le 16 août 18G2 la croix d'officier
de la Légion d'honneur.
M. Nadault de Buffon faisait partie, depuis 1849, de la Société na-
tionale d'agriculture de France, dont il était un des plus anciens titu-
laires. Tous ses confrères savent combien était grande son autorité
dans les questions qui faisaient l'objet habituel de ses études et com-
prennent la grandeur de la perte que nous faisons aujourd'hui.
L'auteur du Traiié des usines sur les cours d'eau ne pouvait pas s'oc-
cuper, comme chef de division, de travaux de dessèchement, sans
deviner l'importance alors si peu connue, des irrigations pour la ri-
chesse agricole de la France. M. Nadault de Buffon visita l'Italie et
publia, en 1843 et 1844, son grand ouvrage, en trois volumes et un
Atlas, sur les canaux d'arrosage de tltolie septentrionale. Cette pre-
mière édition était épuisée depuis bien longtemps, lorsque la deuxième
édition fut imprimée en 1861.
Cet important ouvrage fut, en quelque sorte, une révélation pour les
ingénieurs, et même pour beaucoup d'agronomes. Il fit connaître de
la manière la plus honorable le nom de son auteur aux hommes in-
struits de l'Europe entière. A dater de cette époque, la vocation de
M. Nadault de Buffon était invariablement fixée : jusqu'à la fin de sa
vie, il n'a pas cessé de concourir, par sa parole et par ses écrits, aux
progrès de l'art des irrigations.
134 DISCOURS PRONONCÉ AUX OBSEQUES DE M. XADAULT DE BUFFON.
En 1842, M. Nadault de Buffon inaugura à l'Ecole des ponts et
chaussées, sous le titre modeste de Conférences, l'enseiunement de
l'irri^i^ation. En 1851, il fut nommé professeur d'hydraulique agricole,
et publia son Couis d'agriculture et df hydraulique agricole en quatre
volumes, 1853-1856.
Cette aride énumération des travaux et de quelques-uns des princi-
paux ouvrages de M. Nadault de Buffon ne ferait pas connaître '
l'œuvre considérable de l'homme que nous pleurons, si je n'ajoutais
quelques mots encore.
Ce n'est point assurément ici le lieu d'analyser et de louer, en
détail, chacune des œuvres de M. Nadault de Butîon, mais on ne peut
s'empêcher de remarquer que toutes ses publications, depuis ses
grands ouvrages jusqu à ses moindres notes sur les eaux de Thiais,
présentent un caractère spécial qui les distingue de celles de ses
devanciers. Chaque écrit de M Nadault de Buffon est à la fois tech-
nique et administratif; il intéresse également le savant, l'ingénieur,
l'administrateur, le jurisconsulte et l'homme du monde lui-même,
pourvu qu'il soit instruit et doué d'un esprit réfléchi.
L'enseignement de M. Nadault de Buffon présentait le même carac-
tère, et l'on peut dire, ce qui est le plus grand éloge d'un professeur
ou d'un écrivain, que sa méthode a véritablement fait école.
J'ai suivi la première année des cours de M. Nadault de Buffon, et,
en me reportant à cette époque éloignée, je reste convaincu que ces
leçons et la lecture des ouvrages de M. de Gasparin ont eu la plus
grande influence sur le choix de la carrière que j'ai suivie. J'ai dû
aux encouragements et à la bienveillance de M. Nadault de Buffon de
devenir son adjoint à l'Ecole des ponts et chaussées; je conserverai
toujours pour la mémoire de mon ancien maître le plus profond res-
pect et la plus vive reconnaissance.
En 1867, M. Nadault de Buffon dut renoncer, par limite d'âge, à
ses fonctions actives ; mais bien loin de prendre un repos légitime-
ment acquis, il se livra avec plus d'ardeur que jamais à ses études
sur les irrigations. Il a publié depuis cette époque un grand nombre
de mémoires, qu'il serait trop long de citer, et un travail important
sur les colmatages.
Appelé par décret de M. le président de la République, en date du
5 septembre 1878, à faire partie de la Commission supérieure pour
l'aménagement et l'utilisation des eaux, M. Nadault de Buffon apporta
dans ses nouvelles fonctions, malgré son âge avancé, une ardeur
au travail et une érudition dont aucun des membres de la Commission
n'a perdu le souvenir.
Entièrement absorbé par ses études et son travail incessant, M. Na-
dault de Buffon était peu soucieux de ses intérêts personnels. Ses amis,
au milieu des petites préoccupations de la vie de chaque jour, regret-
taient quelquefois cet oubli des soins à donner à sa fortune. Mais en
présence de ce grand spectacle de la mort, cet oubli des petites choses
nous apparaît aujourd'hui comme un témoignage magnifique de cet
amour du travail, de ce dévouement sans bornes au progrès agricole
qui ont fait la force de M. Nadault de Buffon, et qui ont rempli sa vie
tout entière.
Entouré de livres qu'il ne cessait d'annoter, M. Nadault de Buffon
travaillait encore avec nous, il y a moins de douze jours, dans une
DISCOURS PRONONCÉ AUX OBSÈQUES DE M. NADAULT DE BUFFOX. 135
des salles de la Société nationale d'agriculture. Sa forte constitution
n'a cédé qu'à l'étreinte suprême de la mort, et lui a laissé ce rare
bonheur de travailler et d'apprendre sans cesse jusqu'à son dernier
jour.
La vie de M. Nadault de Buffon, si bien remplie par le travail, si
désintéressée, si dévouée et si utile aux. progrès des travaux, publics
agricoles, restera pour tous un exemple précieux, un souvenir sacré
dans notre mémoire et dans notre cœur. Hervé jMangom,
membre de l'Académie des sciences
et de la Socétf; nationale d'agriculture.
LES GRANDES FAMILLES DE LA RAGE DURHAM-
SANG BATES. — LES WILD-EYES ET LES FOGGATHORPE.
Les deux familles, dont je vais maintenant raconter l'histoire,
complètent la série des six tribus que possédait Bâtes dans son trou-
peau au moment de sa mort, et à la vente qui eut lieu un an après,
en 1850.
La famille des Wild-Eyes et celle des Focrgathorpe ne sont point
originaires de Kirklevington. Elles existaient et existent encore en de-
hors de Félevage de M. Bâtes. Ce qui fait leur mérite particulier, et
ce qui explique la faveur dont elles jouissent parmi les éleveurs de
durhams, c est que, à quelque branche que ces familles appartiennent,
elles conservent le môme caractère dislinctif et les mêmes qualités. Il
se peut que le prestige du nom de Bâtes fasse rejaillir un certain éclat
sur la branche de Kirklevington; mais le critique le plus sévère, le
connaisseur le plus clairvoyant ne peut guère distinguer qu'une diffé-
rence légère entre les descendants de ces familles. Ce fait est
d'autant plus remarquable, aujourd hui, que leur dispersion par les
ventes successives en ont mélangé les divers éléments entre eux,
par une intermixtion du sang des reproducteurs mâles, d'après un
système plus ou moins in and in.
La tribu des Wild-Eyes est originaire des environs de Middlesbo-
rough. Ce pays, aujourd'hui couvert d'usines métallurgiques, noirci
par la fumée de nombreux hauts-fourneaux, et peuplé d'une véri-
table armée de travailleurs, était, en 1831, époque où le troupeau de
M. Par.rington fut dispersé, un des plus verts, un des plus riants
paysages de l'Angleterre. C'était un pays couvert de frais pâturages,
où se prélassaient dans une quiétude absolue de magnifiques troupeaux
de durhams, dans lesquels les éleveurs d'alors aimaient à venir puiser
les éléments améliorateurs dont ils avaient besoin. Le troupeau de
M. Parrington remontait, comme origine, à celui de sir James Pen-
nyman, l'un des premiers fondateurs de la race et antérieur aux frères
Colling. C'est, du reste, de cet ancien troupeau que naquit la célèbre
ancêtre de la vache Wildair de Robert Colling, laquelle produisit plu-
sieurs taureaux d'un grand mérite, et à laquelle remonte la généalogie
de toute la tribu des Flowers de M. William Torr.
C'est à la vente de M. Parrington, en 1831, que Bâtes fit l'acquisi-
tion de sa génisse Wildair, dont il modifia le nom et un peu le pedi-
gree, en la nommant Wild Eijes, et en omettant le nom de sir James
Pennyman, comme l'un des premiers éleveurs de cette famille, et
en y substituant : par Mowbrays bull (2342), par Maslermans bull
(422), et finalement le troupeau de Dohison.
Ce troupeau de Dobison, selon la tradition la plus accréditée, était
136 LES GRANDES FAMILLES DE LA RAGE DURHAM.
originaire de la Hollande. On assure même que le grand-père de Bâtes
acheta quelques animaux de ce troupeau en 17130, et que jusqu'en
1 800 les descendants de ces animaux étaient encore tenus en haute
estime dans la famille des Bâtes; un écrivain dans \-à Gazelle d'Agri-
cullure de Londres, sous la signature de Pnpil Teacher, et dont les
articles m'ont fourni de précieux renseignements, avance l'hypothèse
que c'est par cette prédilection de famille que Bâtes fut influencé,
lorsqu'il modifia ainsi la généalogie des Wild Eyes aussitôt après
l'arrivée de Wildair à Kirklevington.
Une autre branche de cette famille fut fondée par M. White, de
Manor House, Bedale, avec la propre mère de Wildair. Cette famille,
sous le nom de Rose, acquit aussi une grande célébrité.
La génisse Wildair eut une nombreuse postérité. A la vente de
Bâtes, en 1850, le troupeau de Kirklevington ne comptait pas moins
de dix-huit vaches et génisses et sept taureaux de cette famille sous
le nouveau nom de ff^ild Eyes. Parmi ces animaux, deux vaches sur-
tout furent remarquées pour leur mérite extraordinaire. (Tétait Wild
Eyes 22- et surtout Wild Eyes 23". Ce qu'il y a de remarquable, c'est
que ces deux vaches, incomparablement supérieures aux autres de la
même tribu, étaient filles, petites-filles ej, arrière-petites-filles de
taureaux Duchesses. Wild Eyes 23" était, en efi^et, par Clevcland ; Lad sa
mère, Wild Eyes 9% était fille du Duc de Norlkumùerla'id, taureaux qui
remontaient directement à la vache Princess de Robert Colling. Ces
deux ff^ild Eyes avaient donc hérité du côté de leurs ascendants mâles
une dose considérable de sang Princess; et on peut conclure de
cette parenté que leur mérite transcendant n'avait point d'autre
cause. Du reste, en examinant cette histoire des six tribus du trou-
peau de Bâtes, on ne peut s'empêcher d'être frappé de cette influence
améliorante exercée par le sang de Princess dans la formation et le
développement de la famille des Duchess et de celles des Red Rose, des
Oxford et des Wild Eyes. Bâtes, mu par un sentiment d'orgueil et
peut-être même de jalousie, ne voulut jamais admettre cette influence,
désirant accaparer pour lui seul tout le mérite de ses créations; mais
les faits révélés par les généalogies, sont là qui rétablissent la vérité
et confondent ses insoutenables prétentions.
A la vente de Bâtes, fFild Eyes 23' fut achetée par M. A. May-
nard. Cette vache était alors pleine par Duke of York 3^ Elle mit bas
une génisse à laquelle son éleveur donna le nom de Bright Eyes, la-
quelle saillie par Duke of Riclimond, produisit Red Eyes qui devint la
souche de la branche des ff^ild Eyes du troupeau de Kingscote, bran-
che si remarquable par les animaux exceptionnels qui en continuè-
rent la succession. Brighl Eyes produisit encore White Eyes par Lord
Georges, mais cette branche est aujourd'hui éteinte. Elle produisit
ensuite une autre génisse nommée Bright Slar, par Red Duke. C'est à
cette vache que remonte la souche de la tribu des Lady Woraster, une
des familles les plus parfaites de la race Durham. Bright Eyes produi-
sit encore Beauty par Crusade, à laquelle remonte cette autre famille
célèbre des IVinsome, dont les représentants directs sont toujours
recherchés dans les ventes, et y réalisent des prix très élevés.
Ainsi, presque tous les tVild Eyes d'aujourd'hui, sous quelques
noms qu'ils soient connus : fVild Eyes, JVinsome, Lady fVorcesler,
Roguish Eyes, etc., etc., remontent à fP'ild Eyes 23^ achetée à la
LES GRANDES FAMILLES DE LA RACE DURHAM. 137
vente de Bâtes par M. A/Maynard, qui, au moyen des excellents
taureaux dont il se servait dans son troupeau, n'a pas peu contribué,
même après Bâtes, à fixer dans tous les descendants de cette vache
célèbre, les plus précieuses qualités. Ce qui distingue surtout les ani-
maux de ces familles, c'est le développement extraordinaire du quar-
tier de derrière. D'ailleurs on peut considérer la famille des JVild
Eyes, surtout ceux qui remontent à ff^ild Eyes 23% comme une des plus
belles de la raceDurham.
Tout en reconnaissant le mérite exceptionnel des descendants de
fFikl Eyes 23% il existe d'autres branches de la famille dont le mérite
n'est pas moins bien reconnu. fFild Eyes \ 5* produisit Balco, l'un des
taureaux les plus célèbres de sang Bâtes, et le principal fondateur du
troupeau d'Athelstaneford, et père des plus beaux spécimens de ce
troupeau, hélas 1 aujourd'hui dispersé après la mort de M. Douglas.
C'est aussi à fFild Eyes 27® que remontent les représentants de cette
famille, élevés par lord Fitzhardinge, et parmi lesquels on a tant ad-
miré la génisse exposée par cet illustre éleveur au concours de Kil-
burn où elle remporta le 1" prix, et qu'on regardait à juste titre
comme la plus belle génisse da concours. Néanmoins, je conseillerais
à ceux de mes lecteurs qui désireraient orner leurs troupeaux d'un
représentant de la tribu des fVild Eyes, de choisir de préférence parmi
ceux dont la généalogie remonte à fFild Eyes 23^
Voici la généalogie de fFinsome Beauty, remontant à Beauty, par
Crvsade (7938), dont j'ai parlé plus haut. Cette généalogie est celle
de la branche de ff^ild Eyes 23".
Winsome Beauty, blanche, née le 29 mai 1876, chez lord Skelmersdale.
Son père 4'' Baron Oxford (25580).
Sa mère Bright Eyes 5% par 6= Grand Duke (19876).
Sa giand'mère Bonny, par Oxford Duke (15036).
Sa 2" ^rand'mère Beauty, par Crusade (7988).
Sa '6' grand'mère Bright Eyes, par 3" Duke of York (10166).
Sa 4' grand'mère Wild Eyes 23% par 2» Cleveland Lad (3408).
Sa h" grand'mère Wild Eyes 9% par Duke of Northumberland (1940).
Sa 6" grand'mère "Wild Eyes 3% par Belvédère (1706).
Sa 7« grand'mère "Wild Eyes, par Emperor (1975).
Sa .S" grand'uaère — par "Wonfierfull (700).
Sa 9" grand'mère — par Cleveland (145).
Sa 10= grand'mère — par Butterfly (104).
Sa 11^ grand'mère — par Bolton's Bull (313).
Sa 12= grand'mère — par Mowbray's Bull (2342).
Sa 13" gran ','mère — par Masteman's Bull (422).
Sa 14= grand'mère, descendue du troupeau de M. Dobison.
GÉNÉALOGIE DE LA. BRANCHE DE WILD EYES Ih*.
"Wild Eyes Duke (36007), blanc, né le 18 août 1872, chez sir Wilfrid Samson.
Son père 3° Duke of Claro (23729).
Sa mère "Wild Eyes 30% par 7« Duke of York (17754).
Sa grand'mère "Wild Eyes 24', par 4" Duke of Oxford (1138).
Sa 2' grand'mère Wild Eyes 'Ir, par Wild Duke (19148).
Sa 3» grand'mère Wild Eyes 20% par Lord Barrington 1" (13170).
Sa 4" grand'mère Wild Kyes 16% par T Duke of Oxford (9046).
Sa 5' grand'mère Wild Eyes 15% par 4° Duke of Northumberland (3649).
Sa 6" grand'mère Wild Kyes 8% par Duke of Northumberland (1940).
Sa 7' grand'mère Wild Eyes 9% par Belvédère (1706).
Sa 8" grand'mère Wild Eyes, par Emperor (1975) etc., comme ci-dessus.
LES FOGGATHORPE.
La famille des Foggathorpe n'est point originaire de Kirklevington.
M. Bâtes acheta sa première vache de cette tribu à M. Edwards, de
Market Rasen, elle était alors âgée de dix ans. Cette vache Fogga-
thorpe était par Malboroug (1 189). C'est à l'étable de Robert Colling
que cette famille doit son origine, et elle fut évidemment du même
138 LES GRANDES FAMILLPJS DE LA RACE DURHAAI.
sang que Princess, ou au moins son allianice avec cette illustre famille
est aussi rapprochée que possible, sinon identique. En eiïet, Fogga-
thorpc par MaiboroïKjh était fille de Rnschud par Ebor (997), petite-
fille de Tidii) par Rcgcnt (546) et arrière-petite-Ûlle de Primrose par
North Star (459) et remonte jusqu'au taureau blanc de Robert Col-
ling (151), et l'extrême jorigine de la famille remonte à une vache
élevée par cet éminent éleveur.
Avant de passer dans Tétable de M. Bâtes, Foggathorpe avait pro-
duit plusieurs veaux par des taureaux d'un autre sang que celui de
Kirklevington. La renommée de ces produits, tous remarquables, prouve
que, en dehors même de l'influence du sang Bâtes, la famille Fogga-
thorpe possédait un mérite exceptionnel qui se reproduisait dans les
produits. Je suis assez vieux pour me rappeler une fille de Foggathorpe
née chez M. Edwards, Jamima par Benjamui, ainsi que d'autres rejetons
qui ont brillé parmi les meilleurs animaux de l'étable de M. Kobinson
de Clifton Pasliires, parmi lesquels on peut citer Bridsli Beauty par
le taureau Booth British Prince. C'est dans cette famille de Jamima
par Benjamin, que le colonel Towneley puisa les meilleurs éléments
de son second troupeau. Ce sont encore les filles de British Beaunj que,
soua le nom de Baron Oxford benuties, les Américains achetaient
pour en doter leur pays, après avoir acquis l'éclat des plus hautes
récompenses dans les concours de la Société royale de l'Angleterre.
Dans leur nouvelle patrie ces magnifiques génisses ont fait une souche
aussi parfaite que prolifique, et aujourd'hui cette famille jouit d'une
très haute estime auprès des éleveurs américains.
Parmi les produits de la vache Foggathorpe, il faut aussi noter
Golden Drop par Gawthorpe (2049). Cette génisse fut achetée à M. Ed-
wards par M. W. Smith, de Market Rasen, et fonda l'origine d'une
famille collatérale des plus célèbres et des plus estimées de l'étable de
cet éminent éleveur. M. William Torr fit entrer un des rejetons de
Golden Drop dans son troupeau d'Aylesby Manor, et on retrouve cette
famille dans la célèbre vente qui eut lieu après la mort de M. Torr.
Foggathorpe donna aussi le jour à une autre génisse du même nom
de Golden Drop par Prince George (5024). Cette vache était superbe,
d'un grand et majestueux développement, avec un air de grande no-
blesse et des qualités laitières transcendantes. Sa renommée est deve-
nue légendaire dans le comté du Yorkshire, dont les concours ont
souvent retenti de l'éclat de ses victoires. H y a trente-cinq ans,
raconte le rédacteur de la gazette d'agriculture déjà cité, M. Wetherell,
en recommandant dans une vente les mérites des Golden Drop par
Prince George, s'écriait : Messieurs, voici un animal d'un mérite
transcendant. 11 existe peut-être de meilleures vaches, et d'une nais»-
sance plus illustre, mais je dois déclarer que je ne les ai jamais vues.
Et certes, comme le remarque Pupil Teadier^ M. Wetherell connais-
sait bien tout ce qu'il y avait de meilleur dans la race Durham. Du
reste, l'estime que cet éminent éleveur professait pour la famille
Golden Drop était si réelle et si consciencieuse que, ayant. été chargé
quelques années plus tard, par sir Anthony de Rothschild de lui former
un troupeau, il ne crut pas pouvoir mieux faire que d'acheter tous les
descendants directs de Golden Drop qu'il put trouver en Angleterre.
Il reste donc acquis que, même en dehors de l'influence du sang
Bâtes, les produits de la vache Foggathorpe, nés avant son admission
LES GRANDES FAMILLES DE LA RACE DURHAM. 139
dans le troupeau de Kirklevington, possédaient des qualités de race
incontestables, lesquelles se sont perpétuées jusqu'à nos jours avec
une fixité égale à celle des descendants des produits de Kirklevington.
A la vente des Bâtes en 1850 — il y avait deux vaches et une génisse
de la famille des Foggathorpe, et 4 taureaux du même sang — lesquels
obtinrent une moyenne d'environ 1/200 francs. Les quatre mâles réali-
sèrent 5,600 fr., soit une moyenne de 1,400 fr., alors que la moyenne
générale, y compris les Duchesses, les Oxford, les Waterloo, etc., etc., ne
dépassa pas 2,200 fr. pour les taureaux, 1 ,000 fr. pour les veaux mâles,
1,350 fr. pour les vaches et 1,950 fr. pour les génisses. Il ressort de
cette comparaison que la tribu des Foggathorpe maintient sa position
parmi ses plus célèbres compagnes.
Bâtes accoupla les Foggathorpe avec son célèbre taureau Duke of
Northumberland, en obtint de magnifiques produits. A sa vente il y
avait deux vaches et une génisse. La plus belle, Foggathorpe 4^ par3Muc
d'Oxford, fut achetée par M. Sanday de Holme Pierrepont où je me
rappelle l'avoir vue dans tout l'éclat de sa beauté et de sa jeunesse.
Peu de temps après son arrivée chez M. Sanday, Foggathorpe 4* mit bas
Lady Foggathorpe par 'S" Duc (fYork, taureau Ducliesse. L'année
suivante elle donna encore Lady of the Lake par 2^ Duc de Bolton, autre
taureau Duchesse. Plus tard Foggathorpe 4^ fut accouplée à des tau-
reaux Booth avec des résultats tout aussi bons qu'avec les taureaux
Bâtes, ce qui prouve les qualités innées de cette admirable famille.
Voici une généalogie de la tribu des Foggathorpe, branche de
M. Sanday, laquelle servira à en reconnaître la véritable origine :
Grafin Foggathorpe 4» blanche, née le 18 mars 1866, chez M. George Graham. Son père
Touchstoue (20,986).
Sa mère Grafin Foggathorpe par sir James (16,980).
Sa grami'mère Lady ofthe Lake par 2* Duke of Bolton (!2,759).
Sa 2' grand'mère Lady Foggathorpe, par 3'' Duc d'Oxford (9,047).
Sa 3" grand'mère, Foggathorpe 4", par Duc de Northumberland (1940).
Sa 4° grand'mère, Foggathorpe par Malborough (1189).
Sa 5' grand'mère, Rosebud, par Ebor (997).
Sa 6" grand'mère, Tulip par Régent (o4ti)-
Sa 7" grand'mère, Primrose, par North Star (459).
Sa 8= grand'mère, — par le taureau blanc (151), de Robert Colling.
Sa 9' grand'mère, — élevéepar Robert Colling.
Ceci termine mon travail sur les familles de sang Bâtes. Afin de
compléter cette étude, je publierai prochainement un bref Mémoire sur
la vie et la carrière d'éleveur de Thomas Bâtes. Puis finalement j'en-
treprendrai l'histoire des familles de sang Booth.
F.-R. DE LA TrÉHONNAIS.
CONSERVATION DES TOMATES POUR L'HIVER
La tomate est un des meilleurs condiments que nous possédions.
Pour obtenir des tomates de primeur, il faut semer en janvier sur
couche et sous châssis, etc., puis repiquer en pleine terre dans le
courant de mai, le long d'un mur au midi. On les palisse sur un treil-
lage, et lorsque les fruits ont atteint à peu près leur grosseur, on doit
enlever quelques feuilles pour laisser la lumière solaire hâter leur
maturité. Malgré tous les soins que prennent nos maraîchers, pour
éviter la maladie, ils ne sont pas toujours récompensés de leur peine.
Lorsque les pluies arrivent, la plupart des fruits deviennent malades.
Des abris horizontaux, faits avec des toiles, peuvent quelquefois pré-
server les tomates qui sont presque arrivées à maturité.
140 CONSERVATION DES TOMATES POUR L'HIVER
Pour en trouver l'emploi, on tait aussitôt des conserves pour l'hiver ;
les ménagères réussissent rarement les conserves qu'elles font, et
s'adressent alors aux grandes fabriques qui les vendent un prix assez
élevé. Je pense donc être utile et agréable à la nouvelle génération,
en rappelant, un mode de conservation des plus simples, que
notre savant et zélé collègue, M. Andry, ancien secrétaire général de
la Société centrale d'horticulture de France, nous a fait connaître, il
y a bien des années.
Il faut choisir de beaux fruits, mûrs, parfaitement sains, qu'on a
soin de bien essuyer; ils sont placés entiers dans un bocal à goulot
large; on verse par-dessus un liquide composé de huit parties d'eau,
une partie de vinaigre et une partie de sel de cuisine, puis on recouvre
le tout d'une couche d'huile d'olive d'un centimètre d'épaisseur.
Par ce procédé peu coûteux, la conservation des tomates est pour
ainsi dire indéfinie, puisque M. Andry en a conservé de cette ma-
nière qui étaient encore dans le meilleur état au bout de huit ans.
Eug. Vavin.
MACHINES A VAPEUR ET A BATTRE D'ALBARET
Au concours régional de Melun, la maison Albartt, de Liancourt
Oise), présentait une très belle collection des machines sortant de
ses ateliers. Non content des légitimes succès qu'il a déjà obtenus au-
près des agriculteurs, l'habile directeur de l'usine travaille toujours à
perfectionner sa fabrication. C'est pourquoi nous avons à revenir sur
un certain nombre d'appareils auxquels d'importantes modifications
ont été apportées.
C'est d'abord la machine à vapeur loconiobile que représente la
fig. 6. Cette machine se recommande à la fois par sa construction et
par ses qualités.
La chaudière est composée d'un corps vertical où se trouve le foyer,
dont la partie supérieure sert de réservoir de vapeur, et d'un autre
corps cylindrique horizontal, où sont les tubes en laiton. Le foyer est
vaste, afin d'obtenir un bon mélange des gaz, et par suite, une combus-
tion parfaite. La longueur des tubes est aussi grande que possible
pour que la chaleur soit parfaitement utilisée. Autour de la boîte à
fumée, se trouve un réservoir d'eau froide, lequel constitue un premier
réchaufTeur. L'eau aspirée par la pompe dans un récipient, placé sur
le sol, est d'abord refoulée dans ce réchauffeur, où elle acquiert une
température élevée; puis, par une simple manœuvre de robinets, celte
eau est reprise par la pompe et introduite dans la chaudière. Dans son
parcours, elle circule dans plusieurs tubes placés dans l'intérieur du
bâti où passe l'échappement avant de se rendre dans la cheminée, ce
qui constitue un deuxième réchaufî'eur, et lorsqu'elle est refoulée dans
la chaudière, elle a acquis une température très élevée, et cela, sans
nuire au bon fonctionnement de la pompe.
Le mécanisme est monté sur la chaudière. Les coussinets sont
larges. . Le cylindre est à enveloppe de vapeur. Cette enveloppe est
constamment en communication avec le réservoir de vapeur afin d'é-
viter le plus possible le refroidissement. Par ce moyen, il ne circule
dan,s l'enveloppe que de la vapeur ayant la même pression que celle
de la ch:uidière,
MACHINES A VAPEUR ET A BATTRE D'ALBARET. ■ 141
Le régulateur à boules est d'un système particulier très sensible.
Il commande un levier agissant sur les tiroirs et mettant constam-
ment la durée de l'introduction dy la vapeur en rapport avec le travail
à produire. De plus, cette machine peut être munie de l'appareil
P.'tit-Pi M-re qui a pour but de réchauffer la vapeur et de vaporiser
l'eau entra.înée par cette dernière. Cet appareil, appliqué à beaucoup
de chaudières, donne les meilleurs résultats pratiques, et il est
très avantageux, comme il est facile de le comprendre, puisque la
vapeur arrive ainsi au cylindre, parfaitement sèche et sans refroidisse-
ment.
La batteuse, que montre la fig. 7, est un modèle très estimé pour
les fermes ^t pour les entreprises de battage. Elle ejLJge une locomobile
142
MACHINES A VAPEUR ET A BATTRE D ALBARET"
de 5 chevaux environ pour être mise en mouvement. Ce qui la carac-
térise, c est la disposition à retour de paille, c'est-à-dire que les tiges
après avoir été projectées par le batteur, reviennent sur elles-mêmes;
le secouage est ainsi beaucoup plus complet. Cette batteuse possède
aussi l'appareil à poussière qui permet à cette dernière de sortir du
côté opposé des lieurs de paille, de sorte que ceux-ci ne sont nullement
incommodés. Cette disposition n'exige aucune force motrice et est aussi
simple qu'efficace.
Les principaux avantages de cette batteuse peuvent se résumer
ainsi : force motrice partaitement utilisée, excellent battage, paille
bien conservée, suppression complète du grain clair dans la longue
MACHINES A VAPEUR ET A BATTRE D'ALBARET. 143
paille, extraction de la poussière, et bon vannage du grain. Son prix
est de 1,950 francs.
Nous continuerons cette revue dans un prochain article.
Henry Sagnier.
SUR L^ŒUF DTOVER DU PHYLLOXERA
Monsieur le directeur, je viens de recevoir le numéro du Journal de l'Agricul-
ture du 26 juin, dans lequel, à propos de Vœaf cVhiver du phylloxéra, je suis sou-
vent pris à partie par iauteur, M. Prosper de Laffitte.
Je n'ai certes pas à me plaindre de l'exquise courtoisie de la critique et des
termes, trop élogieux peut-être, employés par votre collaborateur
Mais il y a dans la discussion byzantme qui menace de s'engager sur un tout
petit point d'histoire naturelle, de quoi noircir des centaines de teailles de papier
si on remplace les faits bien observés par des hypotlièses basées sur l'analogie
biologique.
Ce n'est pas une raison parce que le phylloxéra du chêne, le puceron des galles
ligneuses du peuplier et beaucoup d'autres, ont un œul qui passe l'hiver, pour
que le phylloxéra de la vigne soit dans le même cas, som^ toutes les latitudes. Gela.
peut être," mais nous sommes bien une cinquantaine d'observateurs qui suivons
cette étude et nous n'avons pu encore ramasser un faisceau d'observations suffi-
santes pour dire : cela est.
M. de Laffitte nous dit : « Il serait bien surprenant que, tous les pucerons ayant
l'avantage de posséder un œuf d'hiver, seul le phylloxéra qui est aussi un puce-
ron, ou à peu près, en fût privé. »
Je ferai observer que seul, ou presque seul (le puceron lanigère est dans le
même cas), le phylloxéra de la vigne a une faculté de reproduction bourgeon-
nante ou agame à peu près illimitée, et n'a, par conséquent, pas besoin de
graine fécondée, c'est-à-dire d'œuf d'hiver pour durer éternellement.
J'ai souvent comparé, afin de mieux faire comprendre mon idée, le système de
reproduction du phylloxéra de la vigne à celui des végétaux ayant à côté de la
graine des boutures, rhizomes, bulbilles, tubercules, etc., aptes, tout comme la
graine elle-même, à fournir une plante exactement pareille à celle qui provien-
drait de la graine.
En suivant cette comparaison, je ferai observer que les plantes qui ont cette
double faculté de reproduction se passent très souvent de graine.
Sans parler des bambous, des roseaux qui donnent si rarement des graines, du
peuplier dont une espèce n'a qu'un sexe connu, je comparerai entre elles deux
solanées des plus communes : la tomate, la pomme de terre — Solanum Lycoper-
sicum, Solanum tuberosum.
L'une a des tubercules reproducteurs ; mais regardez un champ de pommes de
terre, à peine trouverez-vous un fruit sur cent pieds.
L'autre n'a pas de tubercules, mais tous les pieds sont fructifères et il y a des
millions de graines.
Je trouve chaque année des milliers de sexués de phylloxéra du chêne, insecte
qui n'a pas de reproduction agame indéfinie. Les sexués du phylloxéra de la vigne
sont rares et en général toutes les tentatives de reproduction par œuf fécondé
avortent, d'où je conclus que cet œuf est, ici au moins, excessivement rare et que
sa destruction est à peu près sans influence sur la propagation de l'insecte.
On me dira que je réponds à une hypothèse par une hypothèse, cela est vrai, et
reconnaissant mon tort je m'arrête et ne reprendrai la plume que quand j'aurai des
résultats sûrs et certains à faire connaître.
Ce jour-là, monsieur le Directeur, je m'empresserai de vous en informer. En
attendant, agréez, etc. J. Lichtenstein.
Villa la Lironde, 15 juillet 1880.
L'ÉLEVAGE DES MOUTONS EN RUSSIE^
De tous les pays de l'Europe, la Russie possède le plus grand nombre
de moutons. Ses vastes plaines non encore livrées à la culture n'offrent,
1. Tout ce qui est dit, dans cet article, sur l'élevage des moutons et la production de la laine,
n'a trait qu'à la Russie d'Europe et ne comprend ni les gouvernements de la Pologne, ni la Fin-
lande, ni même la partie 4e la iieutenauce du Caucase située en deçà des montagnes de ce nom.
144 ÉLEVAGE DES MOUTONS EN RUSSIE.
pour !a plupart, d'autre rendement qu'une pâture souvent très maigre,
il est vrai, aux moutons qui y paissent, durant les quelques mois
d'été. C'est, en efTet, le seul rendement auquel on puisse prétendre,
dans les conditions économiques actuelles de l'empire. Certainement,
il y a ausLÙ, en Russie, nombre de vastes plaines propres à la [tâture
de la race bovine, notamment dans la région des steppes et, en partie,
dans les gouvernements du centre. Mais, abstraction faite de quelques
rares gouvernements comme, par exemple, de celui (ï Arkhangel, les
herbes ne poussent que très médiocrement dans la Russie septentrio-
nale, en général, par suite de l'été relativement court; ce qui fait que
ses plaines non cultivées se prêtent, tout au plus, à la pâture des
moutons. Aussi faut-il attribuer à l'insuffisance de ces pâtures le fait
que la grande majorité des moutons élevés en Russie, appartient aux
espèces indigènes qui, non seulement sont endurcies à supporter Tin-
clémence du climat, mais, en même temps, se contentent, en été, de
la plus maigre pâture et, pendant le long hiver, d'une nourriture non
moins maigre consistant en paille. La conséquence en est que le
mouton indigène russe est de petite stature, surtout par suite de la
nourriture insuffisante qu'il rer-oit, et qu'il porte une laine grossière
et rude, quoiqu'elle soit encore assez longue ; laine qui, d'ailleurs,
n'est bonne qu'à la confection des tissus les plus ordinaires ou à la
fabrication des fourrures. Par exception, les espèces indigènes de la
Russie méridionale ont le corps assez développé et une constitution
plus robuste. Le grand nombre de terrains marécageux, dans la Russie
septentrionale, ne constitue pas moins un sérieux obstacle au déve-
loppement de l'élève des moutons perfectionnés; car les races ovines
supérieures et, conséquemment, plus rémunératrices ont besoin, on le
sait, de pâturages secs et dépoir;vus de toute humidité stagnante, tels
qu'il n'en existe, en grand, que dans les régions des steppes.
Néanmoins le nombre des moutons qu'on élève, dans les gouverne-
ments du centre et du nord, est encore assez important; non pas qu'il
y ait à proprement parler de gros troupeaux appartenant à de grands
propriétaires fonciers, mais parce que chaque petit cultivateur possède
une certaine quantité de moutons qu'il fait paître avec ses vaches,
sans en prendre autrement souci. Généralement, la laine tirée de ces
moutons ne constitue pas un article de commerce; mais elle est filée
et ensuite tissée à domicile par les paysans mêmes, de façon à leur
servir pour la confection des vêtements assez grossiers, dont ils se con-
tentent encore dans beaucoup de contrées de l'empire, ne demandant
rien aux produits des manufactures.
La Russiepossède deux grands groupes de moutons, celui des mou-
tons indigènes et celui des moutons étrangers ou mérinos.
Les moutons indigènes qui sont répandus dans tous les gouverne-
ments de la Russie et qui, à Texception de plusieurs espèces secon-
daires peu répandues , portent une laine lisse et grossière , se
subdivisent en quatre groupes principaux très distincts, comme suit :
1" La race dite russe. On la rencontre à partir du plus haut nord
jusqu'aux limites de la Nouvelle Russie où elle commence à se con-
fondre avec la race dite volochieime. Dans plusieurs gouvernements de
la Grande Russie, la race russe est représentée par des types particu-
liers qui se distinguent d'une manière notable des moutons ordinaires
de cette espèce. Ainsi nous ne citerons, comme exemple, que le
ÉLEVAGE DES MOUTONS EN RUSSIE. 145
mouLon dit de Romanof qui, dans le gouvernemenL de laro.Uaf, forme
une subdivision très estimée de la race russe et se carjctérise non-
seulement par sa laine toujours gris foncé et, en même temps, un peu
plus frisée et plus fine, mais surtout^par ses fréquentes doubles portées.
Des expériences faites pour introduire cette espèce secondaire, à cause
de ses bonnes qualités, dans d'autres gouvernements, n'ont pas été
couronnées de succès. 11 faut ajouter que les fourrures des moutons de
Romanof sont particulièrement appréciées et servent à la confection
d'une espèce supérieure de pelisses fort recherchées.
2" La race volochienne se trouve au midi de l'empire et ressemble
à la race russe; de l'autre côté du Volga elle est appelée la race cir-
cassienne.
3° La race dite tsigaienne, à la laine longue et lisse, est principale-
ment élevée en Bessarabie et dans plusieurs contrées de la Tauride ; elle
l'emporte sur toutes les autres races élevées, en Russie, comme ren-
dement de viande.
4° Le mouton dit à la queue grasse. Cette espèce est aujourd'hui
restreinte dans les gouvernements orientaux et du sud-est de la Russie,
et il n'en reste que de rares échantillons en Nouvelle Russie où, jadis,
on relevait en grand nombre. Ce mouton se prête, sans doute, au per-
fectionnement et, comme mouton à viande, il a même une certaine
valeur. Il serait à désirer qu'on appréciât mieux en Russie et qu'on y
perfectionnât au moyen d'un élevage rationnel cette espèce ovine qui
fournit une laine abondante et propre à l'industrie, malgré son peu de
finesse. On parviendrait à en obtenir, par le croisement avec des
reproducteurs anglais, une race dont la laine pourrait rendre comme
laine peignée, d'importants services à l'industrie lainière de la Russie.
De nos jours, cette race est principalement représentée dans le terri-
toire des Cosaques du Don et dans les gouvernements avoisinant ce
territoire, tandis qu'on la rencontrait, autrefois, en grands troupeaux
en Crimée et, généralement, en Tauride où elle a dû céder la place
aux moutons mérinos.
Le nombre de moutons indigènes appartenant aux quatre groupes
précités s'évalue actuellement à 34,688,000 têtes environ.
Les moutons à laine fine ou mérinos sont principalement élevés au
midi de la Russie, où ils peuvent aisément trouver une nourriture
convenable et suffisante dans les terrains secs des steppes aux pâtu-
rages luxuriants. La brièveté relative de l'hiver et, par conséquent, la
possibilité d'une pâture plus prolongée, durant la saison d'été, y favo-
risent, sans doute, l'élève des moutons qui constitue l'une des prin-
ci})ales ressources pour l'agriculture de la Russie méridionale.
Toutefois, on y rencontre aussi des conditions climatériques qui
entravent le développement suivi de cette branche de l'élève des bes-
tiaux domestiques, et dont des milliers de moutons sont victimes. En
effet, de fréquentes tempêtes, surtout de fréquentes poussières de neige
viennent souvent détruire ou tout au moins décimer les troupeaux sur-
pris par elles. En Russie, bon nombre de moutons sont aussi victimes
de fréquentes épizooties, quoique les dommages causés parmi les
moutons soient loin d'être aussi désastreux que ceux produits dans
la race bovine. Comme un obstacle assez sérieux au développement de
l'élevage des moutons, dans le midi de l'empire, on peut encore citer
la fréquence des cas où les grands propriétaires fonciers sont forcés,
146 ÉLEVAGE DES MOUTONS EN RUSSIE..
par défaut d'argent, de vendre des troupeaux entiers qui alors sont
impitoyablement livrés à la boucherie.
L'élevage des moutons mérinos qui commence à avoir de l'impor-
tance dans les provinces baltiques et dans les gouvernements du
centre de la Russie, ne cesse d'augmenter vers le midi. En Nouvelle
Russie, particulièrement en Tauride et dans les gouvernements d'Eka-
terinoslaf et de Cherson où l'on comptait, du temps des plus grands
effectifs en mérinos, un mouton par hectare, dans les grandes pro-
priétés foncières, cet élevage est encore, à l'heure qu'il est, très
important, quoiqu'on y ait remarqué, depuis quelques années, un
décroissement assez notable, pour le nombre de moutons à laine fine.
A la vérité, il n'était que de 7,979,000 têtes, en 1851 ; dix ans plus
tard, c'est-à- dire j usqu'en 1 861 , il s'était accru jusqu'à 1 2,884,000 têtes;
mais à partir de cette époque il alla diminuant, de sorte qu'il est
actuellement de 10,196,000 têtes seulement, ce qui équivaut à une
réduction de 20 pour cent environ, pour l'élevage des moutons mé-
rinos en Russie,
Le tableau qui suit, nous donne une idée précise de la répartition
des moutons élevés, en Russie, sur les divers gouvernements de
l'empire, ainsi que des proportions respectives- des moutons ordinaires
et des moutons mérinos, et enfin des proportions du nombre des
moutons dans chaque gouvernement, par rapport au total des moutons
élevés, en Russie.
Nombre de moutons. uÛiràrtoUl
"^ ' -^ ~ des montons
Moutons Moutons élerés en Russie
Gouvernements. ordinaires. mérinos. Total. Pour cent.
l. Arkhangel 124.000 — 124.000 0.29
2 Astrakhan 1.380.000 11.000 1.391.000 3.12
3. Bessarabie 865.000 269. OUO 1.134.000 2.55
4 Cherson 543. COO 1.670.000 2.213.000 4.96
h rourlandè 495.000 16.000 511.000 1.16
6. Ekaterinoslaf • 875. OnO 1.741.000 2.616.000 5.85
7. Esthonie 147.000 112.000 259.000 0.60
H Grodnn 377.000 139.000 516.000 1.17
9 laro-laf.. .'. 254.000 — 254.000 0.59
lo! Kalouga 307.000 — 307.000 0.72
11 Kasan 1.013.000 12.000 1.025.000 2.30
12 Kharkof 679 OuO 482.000 1.161.000 2.61
13* Kief .' " 820.000 38.000 8.58.000 1.92
14 K'-stroma 462.000 — 462.000 1.05
is' Koursk . 9Ô6.000 66 000 1.022.000 2.30
16'Kovno".' 382.000 2.000 38i.0û0 0.88
17 Livonie' 26-'. 000 33.000 295.000 0.67
18 Minsk .' 366 000 97.000 463 000 1.05
19 Mohilef' " ' ' 314.000 6.000 320 000 0.73
20! Moscou'..'...'. 278.000 - 278.000 0.64
21. Niini-Novgoiod 492.000 2.000 494.000 1.12
22 NovaoroJ. 248.000 — 248.000 0.57
23' Olonets 134.000 93.000 227.000 0.52
24' orel 764.000 8.000 772.000 1.74
25' Orem'bôurK ' 875.000 5.000 880.000 1.99
o«" oufa 380.000 — 3 0.000 0.87
27' Pensa 688.000 95.000 783.000 1.75
28* Perm 1. 0:^2.000 2.000 1.034.000 2.32
29' Po<iolié '. 587.000 157,000 744.000 1,68
30" P<>!tava' "".' 1.166.000 .527.000 1.693.000 3.80
81' Pskof "."' , 180.000 — 180.000 0.42
32' Riasan' ."'"." -. 775.000 4:000 779.000 1.76
33: Saint-Pé'tersbourg «S-OOO - ^ 68.0(0 0.17
34 Snm^xra 1.665.000 68.000 1.733.000 3.90
3.=," Saralnf '"!'""." ' '.' 1.(03.000 495 000 1.498.000 3.36
36* SiinbTsk." ' ■ ." .' 724.000 49.000 773.000 1.75
3?: smoiensk :::.:..: 431.000 - 431.000 0.99
38 Tambof 1.596.000 204.000 1.800.000 4.03
39! Tauridei .' 998.000 2.892.C0O 3.890.000 8.71
ÉLEVAGE DES MOUTONS EN RUSSIE. 147
40. Tchernigot 703.000 50.000 7.Î3.0CO 1.70
41 . Territoire des Cosaques du Don . 2. 8'- 4 000 123.000 2,987.000 6.68
42. Toula 7;iU.O(iO 18.000 748.000 1.69
43. Tver 401.000 — 401.000 0.92
44. Viritka I..ô2.b.000 — l.c2ô.O0O 3.42
4t. Vilna 192.000 9.000 201.000 0.47
46. Vitebik 2«8 000 2.000 290 000 0.67
47. Vlaiimir... 322.00 — 322.000 0.74
48. Volhynie .Î31.000 287.000 818 000 1.84
49. Vologda 409 000 — 409 OuO 0.92
50. Voronege 1.518.000 412.000 1. 9^0 000 4.34
Total 34.688.000 lo. 196. 000 '44.884.000' 100.00
Il résulte de ce tableau qu'on élève des moutons, quoiqu'en propor-
tions tout à fait différentes, dans tous les cinquante gouvernements de
la Russie d'Europe proprement dite, sans exception. Nous citerons
comme étfint les plus favorisés sous ce rapport la Tauride^ le territoire
des Cosaques du Don, les i^ouvernements à'Ekatérinoslaf, de Cherson,
de Vorenege^ de Tambof^ de Samara, de Poltava, de Saratof et d'Astra-
khan; tandis que ceux de Sauit-Pétersbourcj, d'Arkhangel, de Pskof, de
Vitna, d'Olonets, de Novgorod, de laroslaf, d'Esthonie, de Moscou^ de
Vitebsk, de Kalouga, de Moliilef, de Vladimir, d'Où fa, de Kovno, de
Tver, de Vologda et de Sniolensk doivent être signalés comme étant les
plus pauvres en moutons.
En ce qui concerne la production de la laine, en Kussie, elle est éva-
luée, d'après des données établies avec compétence et portant sur les dix
dernières années, à environ 50 millions de kilog. par an, notamment
à 43 millions de kilog. pour la laine indigène ordinaire et à 7 millions
et demi de kilog. pour la laine fine. Cette production était plus consi-
dérable pendant la période décennale précédente, surtout à partir de
1 860 jusqu'en 1 870 ; elle s'élevait alors à 60 millions de kilog, environ,
pour le total de la laine produite en Russie.
Il est à noter que bon nombre de moutons sont tués pour la pelleterie,
sans avoir été préalablement tondus, ce qui a surtout lieu pour les
moutons de Romanof. Aussi les agnelins de plusieurs races indigènes
trouvent-ils un emploi très varié dans li pelleterie, principalement
ceux de Tespèce à la queue grasse, qui entrent dans le commerce sous
la désignation de <c barachki » et en constituent un article fort appré-
cié. Particulièrement dans ces derniers temps, ils ont été 1res recherchés
et payés cher, jusquàcinq roubles pour la peau noire. Le commerce
principal avec cet article se fait à la foire de Nijni-Novgorod. Ces agne-
lins sont, en même temps, un objet sérieux d exportation, et ils sont
beaucoup envoyés à Paris, depuis quelques années. Les agnelins bruns
qui se vendent moins cher que les noirs, sont expédiés à Londres où
on les teint en noir — un art que les pelletiers russes ne savent,
paraît-il, pas exercer — pour ensuite être réimportés en Russie.
La décroissance qui s'est effectuée en Russie, dans la production de
la laine, est due à deux causes principales. L'une de ces causes
consiste dans l'augmentation des cultures, c'est-à-dire dans la conver-
sion de vastes pâturages en champs, laquelle y a lieu par suite de la
hausse des prix pour les grains. Cette conversion s'est produite, en
proportions très sensibles, dans les gouvernements méridionaux de
l'empire, où l'on a conséquemment cultivé sur une grande échelle le
froment. C'est donc dans ces gouvernements méridionaux que s'est
manifestée, depuis une quinzaine d'années, la décroissance la plus
considérable du nombre des moutons et, par suite, de la produc-
148 ÉLEVAGE DES MOUTONS EN RUSSIE.
tion de la laine. Ainsi, dans le gouvernement de Chorson, par
exemple, le nombre de montons a pu diminuer, durant cette époque,
de 580,000 têtes ou de 21 pour 100 sur un total de 2,703,000 têtes en
ISOf), et dans le i^ouvernement d^Ekatérinoslaf de 330,000 têtes ou
d'environ 12 pour 100 sur un total de 2,055,000 têtes.
L'autre cause du décroissement de la production de la laine en
Russie, consiste dans la crise lainière qui avait fait beaucoup baisser
les prix de la laine, en général, mais particulièrement ceux de la laine
fine. La concurrence des laines transocéaniques a été redoutable,
d'ailleurs, à l'élève des moutons dans tous les pays de l'Europe et non
pas seulement en Russie oi^i surtout la production des laines supérieures
en avait souffert. Malheureusement, on n'a point encore triomphé de
cette concurrence, et il n'est pas vraisemblable qu'on en triomphe
jamais. Mais d'autre part, la consommation de la lame va augnientant
tous les ans et, comme conséquence, les prix des dernières années
avaient un peu haussé, de sorte qu'à l'avenir on peut s attendre à un
relèvement plus ou moins prompt de l'élevage des moutons en Europe.
Les éleveurs de l'Europe occidentale ont trouvé une issue à la cala-
mité qui les menaçait, en élevant à coté des moutons à laine fine, des
moutons à viande et en rattrapant par ce moyen, tant bien que mal,
d'un côté ce qu'ils avaient perdu de l'autre. Etant donné qu'en Russie,
le plus important élevage des moulons a lieu au midi de l'empire, où
il n'existe point de grands débouchés pour la viande du mouton, les
éleveurs russes ne pouvaient sJiivre cet exemple que dans des propor-
tions tout à fait limitées. Car un long transport par chemin de fer, en
supposant qu'il ne soit point préjudiciable au mouton frais, rendrait
cet article tellement cher que le prix qu'obtiendraient les éleveurs pour
leurs moutons à viande, devrait nécessairement être si bas qu'en fin
des comptes ils tireraient peut-être moins d'avantage encore de l'élevage
des moutons à viande que de celui des moutons à laine fine. D'ailleurs,
ces derniers, lorsqu'ils ne peuvent plus servir comme moutons à laine,
sont cédés, en nombre, à de grandes boucheries qui les achètent pour
en extrarire du suif, et pour en vendre la viande à vil prix.
Une meilleure organisation des moyens de transport, ainsi que
l'élevage de moutons à viande vraiment beaux, contribueraient, sans
doute, à une exportation plus considérable des moutons vivants dans
les pays occidentaux. En efîet, l'exportation actuelle des moutons
delà Russie, qui, comme quantité, va toujours augnientant, fournit la
preuve que les pays étrangers ont besoin de moutons russes et qu'ils
en demanderaient davantage encore, si l'on pouvait leur fournir des
moutons de qualité supérieure. Les moutons de la Russie méridionale
se prêtent particulièrement à l'élevage pour la boucherie.
Quant à la Russie septentrionale où sont situés les grands centres
de la consommation indigène tels que Saint-Pétersbourg, Moscou^
Riga, etc., l'entretien des moutons — nous disons entretien, vu qu'il
n'y peut pas être sérieusement question d'un élevage dans le vrai sens
du mot — se trouve entièrement entre les mains des paysans qui se
contentent de leurs moutons indigènes à laine grossière et impropres à
la boucherie, et qui, fidèles à leurs anciennes habitudes, ne songent pas
à en perfectionner la race. Toutefois, il faut en excepter les provinces
baltiques où l'élève des moutons s'exerce déjà d'une façon plus ration-
nelle. On peut, d'ailleurs, invoquer pour les gouvernements septen-
ÉLEVAGE DES MOUTONS EN RUSSIE. 149
trionauxde la Russie, afin d'être juste, les conditions défavorables du
sol et du climat qui opposent souvent de grands obstacles à un élevage
important. En tout cas, ce ne seraient que des prix très rémunérateurs
qui pourraient y rendre avantageux l'élève rationnel des moutons à
viande, aussi bien que des moutons à laine, Nicolas de Nasakixe.
LA CULTURE AUX ENVIRONS D'OURO-PRETO (BRESIL) '
La culture est très peu active au Brésil, dans les environs d'Ouro-
Preto. La difficulté des transports fait qu'on se borne à récolter ce qui
est nécessaire pour la consommation locale; encore arrive-t-il fréquem-
ment que la production est insuffisante et qu'il faut amener du dehors
les matières de première nécessité.
Le blé ne pouvant pas être cultivé, la population ne mange pas de
pain et le remplace par la farine de maïs, la farine de mandioca ou
manioaa, le riz et le feijao (haricot noir), quatre aliments que l'on re-
trouve constamment sur toute table brésilienne.
Tous quatre sont cultivés aux environs d'Ouro-Preto.
Le maïs est de beaucoup la culture la plus importante. Sa princi-
pale consommation ne se fait pas sous forme de farine; mais il sert
surtout, sous forme de graine, à l'alimentation des animaux. C'est
avec le maïs que l'on nourrit chevaux et mulets. Quand ils ne tra-
vaillent pas, ces animaux sont d'ordinaire abandonnés dans des
pastos, vastes espaces plus ou moins clos où ils mangent l'herbe
qu'ils peuvent rencontrer. Quand ils travaillent, on leur donne, outre
de Therbe fraîche, de quatre à six litres de maïs par jour, moitié le
malin, moitié le soir. Ces animaux sont très friands de cette nourri-
ture qui leur réussit fort bien.
C'est encore avec le maïs que l'on nourrit les poules et les porcs.
En dehors des villes où l'on tue des boeufs, la viande de porc ou de
poule est à peu près la seule viande fraîche que l'on mange au Brésil.
Il faut y joindre la viande de bœuf séchée au soleil {carne secca) qui,
dans cet état, se conserve fort longtemps.
Quand le maïs est abondant et par conséquent à bon marché, on en
donne beaucoup aux animaux, les transports deviennent moins chers,
les poules et la viande de porc baissent également de prix ; la vie en
général est à meilleur marché et l'on a une année de prospérité. 11 est
donc facile de comprendre l'importance de cette culture; elle est du
reste fort simple. On commence à la fin de la saison sèche par brûler
toutes les plantes qui se trouvent sur le terrain que l'on veut cultiver;
puis, après Tavoir nettoyé un peu, on y plante le maïs. L'homme qui
le sème fait un trou en terre avec son pied nu, y laisse tomber deux
ou trois graines qu'il recouvre ensuite avec son pied. Vers le milieu
de la croissance, on arrache une fois les mauvaises herbes et, si la
saison est favorable, on obtient de 1 50 à 200 pour I .
La canne à sucre n'est ordinairement pas cultivée à Ouro-Preto
même; cependant, on fait dans les environs un peu de sucre et surtout
de la cachara. Cette liqueur, la liqueur nationale du Brésil, produite
par la fermentation du sucre de canne, ne ressemble nullement au
rhum. Sans doute, à cause d'une distillation mal conduite, elle a un
goût auquel il est assez difficile à s'accoutumer,
La vigne française n'a jamais réussi sur la province de Minos
1. D'après une lettre adressée à M. Delesse.
150 L\ CULTURE AUK EXTIRONS D'OURO-PRETO (BRKSIL).
Geraes, tandis que la vigne américaine y croît avec une vigueur éton-
nante; un pied de deux ans donne en abondance de fort beau raisin.
Il y a déjà eu quelques tentatives pour la production du vin; mais le
résultat a été plus que médiocre. Cela tient certainement en partie à
des vices de fabrication ; il faut ajouter aussi qu'on trouve sur le même
pied de vigne des grappes à tout état de maturité, et qu'il y a souvent
sur la même grappe des grains noirs, roses et verts. Cette irrégularité
dans la croissance sera toujours un obstacle à la fabrication du vin.
Le café est peu cultivé, seulement pour les besoins locaux; il pré-
sente le même inconvénient que la vigne, les grains arrivent à matu-
rité d'une façon fort irregulière.
Il existe près d'Ouro-Preto une plantation de tlié qui fournit une
partie du thé consommé dans la province. Sans être comparable au
tbé de la Chine, il suffit du moins aux besoins du pays.
J'ai dit que les Brésiliens se nourrissent de farine de maïs, farine de
manioca, riz, feijao, poules, porc, bœuf séché ; il faut y joindre quel-
ques légumes. Une espèce de chou fort grossier (coves), vient presque
sans soin, à côté de chaque maison, et il en est de même pour quelques
plantes du pays (racine d'igname, xuxu, etc., etc.). En outre, la ba-
nane pousse avec facilité et sans qu'il soit nécessaire de la soigner.
Quant aux légumes d'Europe, ils sont également susceptibles de
pousser; et nous obtenons à l'Ecole des mines d'Ouro-Preto, sans
trop de difficulté, des petits pois, des haricots verts, flageolets, ca-
rottes, navets, choux, tomates, artichauts, asperges ; presque tous,
sauf les derniers, sont de qualité inférieure à ceux d'Europe, quoique
produits par des graines venues de France. de Bovet.
LE MÉTAYAGE DANS LE DEPARTEMENT DE LTNDRE
Une discussion s'est élevée dans le Journal de r Agriculture au sujet
du métayage. Permettez-moi de vous donner quelques renseignements
qui contribueront sans doute à jeter quelque lumière sur cette question.
Dans le département que j'habite, le département de l'Indre, la plus
grande partie des propriétés est exploitée par métayage; les condi-
tions du bail varient suivant la qualité de la terre et surtout en raison
de la quantité et de la qualité des prairies naturelles.
Dans la partie du département oii la terre est cultivée par des che-
vaux, où les prés sont rares, et qui s'appelle la Champagne du Berry,
les métairies sont affermées suivant leur qualité, ou au quart partout ;
c'est-à-dire que le propriétaire prend le quart de toute la récolte ; le
profit des bestiaux se partage entre le propriétaire et le colon, à l'excep-
tion du profit de la porcherie qui appartient en totalité à ce dernier.
D'autres métairies sont au tiers *et quart, c'est-à-dire que le pro-
priétaire prend le tiers de la récolte des céréales d'hiver, et le quart
des céréales de mars, les autres conditions étant les mêmes. H y a aussi
des métairies oii le propriétaire a la moitié des céréales d'hiver, toutes
celles de mars étant pour le métayer.
Dans la partie du département qui s'appelle le Bois-Chaud, où la
culture se fait par des bœufs et où les prés naturels sont abondants,
les domaines sonten général affermés à moitié; dans certains domaines,
le métayer ne paye aucune redevance; dans d'autres, il paye une partie
ou la totalité de l'impôt. Dans quelques domaines où il y a une grande
quantité de prés et de pacages, il paye même une redevance plus forte;
LE MÉTAYAGE DANS LE DÉPARTEMENT DE L'INDRE. 151
et remarquez que la condition de ce métayer est bien souvent préfé-
rable à celle du métayer dont le propriétaire ne prend que le quart de
la récolte; que du reste s'il était interdit au propriétaire d'imposer une
redevance à son métayer, il retirerait de sa métairie une partie de ses
prairies dont le fermage l'indemniserait de cette redevance. Le cheptel
appartient toujours en entier au propriétaire.
En général, les métairies se transmettent du père aux enfants. Quand
elles sont à louer, elles sont très recherchées ; la condition des métayers
est heureuse; quand ils sont économes, ils gagnent assez pour devenir
propriétaires à leur tour. Beaucoup de métayers ont à eux des petites
métairies qu'ils augmentent tous les ans. A. de Pauma^lle,
à Paumalle, près Argenton-sur-Creuse (Indre).
PARTIE OFFICIELLE.
Loi portant dégrèvement des droits sur les sucres et sur les vins.
Le Sénat et la Chambre des députés ont adopté,
Le président de la République promulgue la loi dont la teneur suit :
TITRE 1".
Article premier. — Les départements sont rangés en trois classes pour la per-
ception des droits de circulation et d'entrée sur les vins.
11 n'est rien changea la composition actuelle de la 1''^ classe; les départements
rangés dans les 2* et 3« classes actuelles lorment la 2* classe nouvelle; la
4*^ classe devient la 3^
Art. 2. — Les vins en bouteilles sont soumis aux mêmes taxes que les vins en
cercles, sans préjudice des dispositions de l'article 145 de la loi du 28 avril 1816.
Les eaux-de-vie en bouteilles, les fruits à l'eau-de-vie, les liqueurs et l'ab-
sinthe sont soumis au même droit de consommation et aux mêmes taxes de rem-
placement que les eaux-de-vie et esprits en éercles, proportionnellement à leur
richesse alcoolique.
L'article 17 delaloi du 21 juin 1873, les articles 2 et3 et ledernier paragraphe
de l'article 6 de la loi du 26 mars 1872 et la loi du 4 mars 1875 sont abrogés.
Les manquants reconnus imposables chezles marchands en gros, bouilleurs etdis-
tillateurs de profession sont taxés d'après le régime antérieur à laloidu4 mars 1875.
Art. 3. — Les droits de circulation et d'entrée actuellement établis sur les
vins, cidres, poirés et hydromels, sont réduits d'un tiers et fixés en principal et
décimes, par hectolitre en principal et décimes :
VINS EN CERCLES ET EN BOUTEILLES CIDRES
dans les départements de poirés
- "— ^ — .«1^ et
Entrée dans les communes de : Poêlasse. 2" classe. 3' classe. hydromels.
4.000 à 6,000 âmes 0.40 0.55 0.75 0.35
6.001 à 10,001 — 0.60 0.85 110 "O.oO
10,001 à 15,000 — 0.75 1.15 1..50 0.60
15,001 à 20,000 — 0.95 1.40 1.90 0.85
20,001 à 30,000 — 1.10 1.70 2.25 0.95
30,001 à 50,000 — 1.30 2 » 2.60 1.15
50,001 et au-dessus 1.50 2.25 3 » 1.25
Circulation suivant le lieu de destination 1 » 1.50 2 » 0.80
Taxe de remplacement aux entrées de Pari^. 8.25 4.50
Art. 4. — Le droit à la vente en détail des vins, cidres, poirés et hydromels est
réduit d'un tiers et se trouve, par suite, fixé, en principal et en décimes, à
12 fr. 50 pour 100 du prix de vente.
Art. 5. ~ Les tarifs de taxe unique seront révisés eu égard à la fixation nou-
velle des droits d'entrée et de détail, et d'après les bases déterminées par l'article 4
de la loi du 9 juin 1875.
Cette révision sera opérée d'après les résultats des années 1877, 1878 et 1879.
Dans les agglomérations de 10,000 âmes et au-dessus, le tarif de la taxe
unique ne pourra pas dépasser un maximum fixé à trois fois le droit d'entrée
déterminé par l'article 3 de la présente loi.
La révision quinquennale des tarifs de taxe unique, pi'escrite par la loi du 9 juin
1875, n'aura lieu qu'à partir du 1" janvier 1886.
Art. 6. — A moins qu'une loi spéciale n'en décide autrement, les taxes d'oc-
U2 PARTIE OFFICIELLE.
troi sur les vins, cidres, poirés et hydromels ne peuvent excéder le double des
droits d'entrée peiçus pour le Trésor public.
Dans les communes de moins de 4,000 âmes, les taxes d'octroi peuvent atteindre,
mais non dépasser la limite fixée pour les communes de ^«,000 à6,00û âmes.
Dans les communes où les taxes ne sont pas en harmonie avec les dispositions
de la présente loi. les tarifs actuels seront révisés à l'expiration de la période pour
laquelle ils ont été ap|irouvés.
Art. 7. — Les marchands en gros pourront faire des envois de vins, de cidres,
de poirés, d'eaux-de-vie et de li(|ueurs en toute quantité et à toute destination,
au moyen d'expéditions prises au bureau de la régie. Ils sont autorisés à vendre
des boissons en détail dans des magasins séparés et n'ayant avec les magasins de
gros et les ateliers de fabrication d'autre communication (|ue par la voie publique.
Art. 8. — La contenance des vaisseaux, foudres et autres récipients d'une
capacité supérieure à 10 hectolitres, actuellement en usage ch-z les marchands en
gros et fabricants de liqueurs, sera déclarée au bureau ue la régie et marquée sur
chacun. La contenance desdits vaisseaux, foudres et autres récipients, à mesure
qu'ils seront vides, et celle des vaisseaux, foudres et récipients nouveaux, avant
qu'ils soient mis en' usage, seront mesurées dans les conditions déterminées par
les articles 117 et 118 de la loi du 28 avril 1816.
Art. 9. — Lors des vérifications que les employés de la régie sont autorisés à
faire dans les caves, celliers et magasins des marchands en gros et fabricants de
liqueurs, ceux-ci sont tenus de leur déclarer les espèces et quantités de boissons
existant dans les fûts, vaisseaux, foudres et autres récipients, ainsi que le degré
des spiritueux.
Art. 10. — Il est accordé aux marchands en gros une tolérance de 5 pour 100 sur
les déclarations qu'ils ont à faire en vertu de l'article précédent. Les quantités
reconnues en plus dans les limites de cette tolérance seront ajoutées, et les quan-
tités en moins retranchées, sans donner lieu à la rédaction d'un procèsverbal.
Art. 11. — Les contraventions aux articles 8, 9 et 10 de la présente loi seront
punies des peines édictées par l'article 7 de la loi du 21 juin 1873 en ce qui con-
cerne les vins, cidres et poirés, et par l'article 1" de la loi du 28 léviier 1872, en
ce qui concerne les spiritueux.
Art. 12. — Les employés n'ont aucun droit au partage du produit net des
amendes et confiscations prononcées pour contraventions aux articles, 8, 9 et lO.
Art. 13. — Lorsqu'un chargement de boissons doit emprunter successivement
divers modes de transport, un délai spécial est fixé pour le premier parcou-s
jusqu'à la gare de chemin de fer, ou jusqu'au point de départ des voitures de terre,
ou jusqu'au lieu d'embarquement des voitures d'eau.
Un délai spécial est également fixé pour faire sortir des villes assujetties au
droit d'entrée ou à la taxe unique les boissons que les entrepositaires déclarent à
destination de l'extérieur du lieu sujet.
Chacun des délais spéciaux ainsi fixés est indiqué sur les titres de mouvement.
L'entrepositaire qui expédiera des boissons au dehors d'un lieu sujet au droit
d'entrée ou à la taxe unique ne se'-a tenu de déclarer que le jour de la sortie, à
charge par lui d'inscrire l'heure précise de l'enlèvement sur le titre de mouvement
avant d'en l'aire usage.
Toute infraction aux dispositions du présent article sera punie des pénalités
spécifiées à l'article 1 1 ci-dessus
Art. 14. — Les dispositions des articles qui précèdent sont exécutoires à partir
du i" janvier 1881.
TITRE 11.
Art. 15. — Les droits sur les sucres de toute origine et les glucoses indigènes
livrées à la consommation sont fixés ainsi qu'il suit, décimes et deini-décimes
compris : Sucres bruts et raffinés, 40 fr. par 100 kilog. de sucre raffine' .
Sucres bruts et raffinés, 43 fr. par 100 kilog. de sucre candi.
Sucres extraits dans les établissements spéciaux, de mélasses libérées d'impôts,
14 fr. par 100 kil.
Glucoses, 8 fr. par 100 kil.
Art. 16. — Les sucres étrangers sont soumis aux surtaxes déterminées ci-après :
Sucres bruts ou sucres non assimilés aux sucres raffinés importés des pays
d'Europe ou des entrepôts d'Europe, 3 fr. par 100 kil.
Sucres raffinés ou assimilés aux raffinés de toute provenance, 12 50 par 100 kil.
Sucre candi de toute provenance, 13 fr. 50 par 100 kil.
PARTIE OFFICIELLE. 153
Sont, modifiés comme suit les droits des dérives du sucre, énumérés ci-après :
Sirops, bonbons et fruits confits ; Droit du sucre raffiné.
Confitures et biscuits sucrés : Moitit' du droit du sucre raffiné.
Mélasses autres que pour la dislillation, ayant en richesse saccharine absolue :
50 pour 100 ou moins, 12 fr. par 100 kil.
Mélasses autres que pour la distillation, ayant en richesse saccharine absolue
plus de 50 pour 100, 25 fr. 50 par 100 kil.
Chocolat : 88 fr. par 100 kil.
Art 17. — Sont considérés comme sucres raffinés pour l'application des droits,
les sucres en pains ou agglomérés de toute forme.
Sont assimilés aux raffinés, pour l'acquittement des droits, les sucres en
poudre provenant des pays étrangers et dont le rendement présumé au raffinage
dépasse 98 pour 100.
Art. 18. —Les sucres en poudre de toute origine, non assimilés aux raffinés,
autres que ceux auxquels s'applique le droit spécial de 14 fr. édicté par la pré-
sente loi, sont imposés d'après leur rendement présumé au raffinage, sous la dé-
duction à titre de déchet, de l 1/2 pour 100 de ce. rendement.
Sont également pris en charge, d'après leur rendement présumé au rafffinage
et sous la même déduction, pour l'application du régime ae ^admis^ion tempo-
raire créé par la loi du 7 mai 1864, les sucres non raffinés, indigènes ou coloniaux,
et les sucres non raffinés étrangers importés directement des pays hors d'Europe.
Dans l'un et l'autre cas, quelque soit le rendement présumé, les sucres ne
peuvent être frappés des droits, ou xeçus en admission temporaire, pour un ren-
dement supérieur à 98 pour 100, ni pour un rendement inférieur à 65 pour lOO,
le déchet de l i/2 pour 100 non compris.
Le rendement présumé au raffinage continuera d'être établi sans fraction de
degré au moyen de l'analyse polarimétrique et de la déduction des cendres et de la
glucose. Les coefficients des réfractions à opérer sur le titre saccharimétrique
sont fixés à 4 pour les cendres et à 2 pour la glucose.
Dans, le cas de recours à l'expertise légale, les titrages constatés par les labora-
toires de l'administration seront maintenus lorsque les différences en plus ou en
moins, reconnues par les commissaires-experts, n'atteindront pas un degré.
Art. 19. — Les sucres raffinés en pain ou agglomérés présentés à l'exportation^
où à la décharge des obligations d'admission temporaire, ne sont comptés pour
leur poids total qu'à la condition d'être parfaitement épurés, durs et secs.
Les sucres candis doivent être en cristaux secs et transparents. Ils sont admis à
raison de 100 kilogrammes de candi pour 107 kilogrammes de sucre raffiné.
Les sucres raffinés autres que ceux désignés au premier paragraphe ci-dessus,
les poudres provenant du pilage ou du cilage des pains dans les établissements
libres et les vergeoises sont reçus à la décharge des obligations d'admission tempo-
raire pour la quantité de sucre raffiné qu'ils représentent. Cette quantité est
constatée dans les conditions prévues par les trois derniers paragraphes de l'article
précédent, mais sans déduction de la glucose. Il en est de même à l'importation
pour les vergeoises.
Art. 20. — Il sera procédé à l'inventaire des sucres et des sirops de toute na-
ture (à l'exception des mélasses) qui existeront dans les raffineries au jour de la
mise à exécution de la présente loi.
Les sucres raffinés seront comptés pour leur poids intégral et les sucres candis
pour 7 pour 100 en sus. Les autres sucres et les sirops en cours de fabrication
seront évalués en sucre raffiné. Le rendement en. sera calculé avec les coefficients
de 5 pour les cendres et de 2 pour la glucose.
Il sera déduit du chiffre total de l'inventaire les quantités de sucre raffiné affé-
rentes aux obligations d'admission temporaire non encore apurées.
Le surplus donnera droit à une restitution de 33 fr. 32 par 100 kilogrammes
de sucre raffiné.
La restitution s'opérera au moyen de certificats d'inventaire établissant la
somme revenant aux ayants droit. Ces certificats seront reçus jusqu'à due concur-
rence avant le 1" janvier 1881, en payement des droits au comptant sur les sucres
livrés ultérieurement à la consommation.
Dans les quinze jours qui précéderont l'application de la loi, les employés des
douanes et des contributions indirectes devront être admis dans les raffineries à
toute heure de jour et de nuit. Ils pourront suivre les opérations des raffineries et
procéder à toutes les constatations et vérifications qu'ils jugeront nécessaires.
154 PARTIE OFFICIELLE.
Les obligations d'admission temporaire pour lesquelles il n'aura pas été repré-
senté, au moment de l'inventaire, des quantités correspondantes de sucre raffmés
ou de matières en cours de iabricaiion, ne pourront être apurées qu'au moyen, de
certiiicats d'exportation ou d'entrée en entrepôt, antérieurs à l'application de la
loi, ou par le payement du droit de 1 .\ fr. 32 c. par 100 kilog. sur les quantités
de sucre raffiné prises en charge.
Art. 21. — L'article 7 de la loi du 31 mai 1846 est modifié ainsi qu'il suit :
Les employés tiennent pour chaque fabrique, un compte des produits de la
Iabricaiion, tant en jus et sirops qu'en sucres achevés ou imparfaits.
Les charges en sont calculées au minimum, en raison de 1,200 grammes de
sucre raffiné pour 100 litres de jus et par chaque degré du densimètre au-dessus
de 100 (densité de l'eau) reconnus avant la défécation à la température de 15 det-
grés centigrades. Les fractions de moins d'un dixième de degré sont négligées,.
Le volume du jus soumis à la défécation est évalué d'après la contenance des
chaudières, déduction faite du 10 pour 100.
Art. 22. — L'emploi de tout procédé déguisant la richesse du sucre et trompant
sur son poids est puni des peines prononcées par l'art. 3 de la loi du 30 décembre 1873,
sans préjudice des dommages et intérêts qui peuvent être alloués au Trésor.
Art. 23. — Sont compris sous la dénomination de glucoses, tous les produits
saccharins non cristallisables, quels que soient leur degré de concentration et la
matière première dont ils sont extraits. Ces produits sont assujettis au droit fixé
par Ja présente loi, à moins qu'ils ne soient exportés ou employés dans la fabri-
cation des bières auquels cas ils sont exonérés de tout impôt.
Toutefois, il n'est dérogé à l'article 8 de la loi du l'"' mai 1822, en ce qui con-
cerne l'application de la taxe sur la petite bière à un brassin auquel sont ajoutées
des glucoses exemptes d'impôt, que si, à la température de 15 degrés centigrades
avant fermentation, le moût de cette bière ne marque pas plus de 2°, 5 au densi-
mètre centésimal.
Un règlement d'administration publique déterminera les autres conditions auxr
quelles est subordonnée la franchise pour les glucoses mitres en œuvre dans les
brasseries. Le 2* paragraphe de l'article 22 de la loi du 31 mai 1846 est abrogé.
Art. 24. — Les dispositions du titre 2 de la présente loi seront appliquées à
partir du 1" octobre prochain.
TITRE III.
Art. 27. — Il sera pourvu à la diminution momentanée que les dégrèvements
prononcés par la présente loi entraîneront dans le produit des impôts indirects .•
1° Au moyen de l'excédent des recettes sur les dépenses de l'exercice 1881,
qui ressortira du vote de la loi de finances de cet exercice.
2" Au moyen des ressources extraordinaires énumérées aux articles ci-après.
Art. 26. — Sera attribuée et portée en recette au budget de l'exercice, 1880 la
somme de 17, "780, 952 fr. 84 c., montant de l'excédent des ressources sur les be-
soins de la première partie du compte de liquidation.
Art. 27. — Seront attribués et portés en recette au budget de l'exercice 1881,
jusqu'à concurrence de la somme de 80,6o9,400 fr., les excédents disponibles de
recette qui ressortiront lors du règlement définitif des exercices 1877-1878 et 1879.
Art. 28. — Sera attribué et porté en recette au budget de lexercice 1882 le
reliquat de l'excédent disponible de recette de l'exercice 1879, jusqu'à concur-
rence d'une somme de 25,652,604 francs.
La présente loi, déhbérée et adoptée par le Sénat et par la Chambre des députés,
sera exécutée comme loi de l'Etat. •
Fait à Paris, le 19 juillet 1880. Jules Grévy.
Par le président de la République : Le ministre des finances^ J. Magnin.
Le ministre des postes et des télégraphes, chargé de fintérim
du ministère de l'agriculture et du commerce. Gochery.
REYUE COMMERGIiVLE ET PRIX-COURANT DES DENRÉES AGRICOLES
(24 JUILLET 1880).
I. -^ Situation générale.
Nous n'avons presque rien à ajouter à ce que nous disions les semaines précé-
dentes. Les marchés sont presque complètement délaissés ; suf le plus grand nombre
des denrées, les affaires sont presque nulles.
H. — Les g^ain^ et Les farines.
Les tableaux: suiva,nts résument les cours des céréales, par quintal métrique,
sur les principaux marchés de la France et de l'étranger.
■revue COMMERCIALE ET PRIX-COURANT [2k JUILLET li
155
4" RÉGION.— NORD-OUEST.
Blé. Seigle. Orge.
fr. fr. fr.
Calvados. Condé 31.00 .i4.50 20.50
— Lisieux 31.25 24.00 »
Côtes-d.-\'ord Pontrieux 29 50 » 22.50
— Tréguier ^0.25 24.50 25. 00
Finistère. LanJerneau. 30.00 22.50 22 00
— Quimper 30.00 23.00 22.50
llle-et-Vilaiiie. Rennes. 30.50 » 19.50
— St-M.lo 31.00 » 21.50
Manche. Avranches.... 30.50 » 23.50
— Pontorson........ 29.00 » »
— Villediea 31.00 20.00 21.50
âfaj/enne. Laval 28.50 » »
— Chiteau Gontier.. 28.00 » »
Morbihan. Hennebont.. 27.00 20.50 »
Orne. Séez 30.00 21.25 22.50
— Vimoutiers 29.20 » 23.75
Sarthe. Le Mans 29.25 » •>
— INIamers 31.00 » 20.75
Prix moyens 29.83 22.53 22.13
2« RÉGION. — NORD
Aisne. Soissons 28.00 21.00 22. 40
— St-Quentin 30.00 22.00 »
— Villtrs-Cotterets.. 28.50 » »
Eure. Evreux 28.75 18.00 20.25
— Bernay 31.00 19.50 21.75
— Pacy 28.00 18.00 22.50
Eure-et-Loir. Chartres. 28.50 » 21.50
— Auneau 28.25 19.70 21.40
— Nogenl-le-Rotrou. 29.50 » 22.50
iVor-d. Cambrai 28.50 19.50 »
— Douai 28.00 19.75 20.00
— Valenciennes 29.50 23.00 22.25
Oise. Beauvais 28.75 19.25 21.75
— Compiègne 30.50 22. oo •
— Noyon 30.25 20.50
Pas-de-Calais. krTa.s.. . 29.50 20.25 20.00
— Saint-Omer 3o.0O 20.50 20 25
Seine. Piris 31.00 20.50 21.50
S.-et-Marne Mleian 26-65 16.70 »
— Meaux 28.50 20.00 »
— Provins. 30.00 22.75 21.75
S.-et-Oise. Angerville.. 30.00 » 18.00
— Pontoise 30.00 23.00 21.00
— Rambouillet 28.50 19.00 21.25
Seine-M/'érieure. Rouen 27.90 20.00 24.50
— Dieppe 30.50 » »
— Fecamp 30.25 19.00 »
Somme. Abbeville 28.75 » 20.75
— Péronne 28.00 » 19.75
— Roye 29 00 20. 00
Prix moyens 29.09 20.15 21.24
3« RÉGION. — NORD-EST.
^rdennei. Charle ville ... 30.50 23.50 22.50
Aube. Bar-sur-Aube ... 30.25 » 20.00
Méry-sur-Seine.,. 29.25 22.75 18.50
— Troyes 29.50 » »
âfarne. Chàions 30 25 21.50 21.50
— Epcrnay 30 50 20 00 20.50
— Reiras 29.50 22.25 21.50
— Sézanne 30.00 20.50 20.50
Hte-Marne. Chaumont.. 31.00 » »
Meurt.-et-Moselle îia.iicy 29.1^ 20.50 22 00
— Lunéville 30.50 21.50 20.00
— Toul 29.70 • 20.50
.Ueu«e. Bar-le-Duc 30.25 22.25 i9.75
— Verdun 29.80 23.00 19.50
Haute-Saône. Gva.y,.... 30.50 21. 50 •
— Vesoul 32.30 20.95 19.05
Kos^s. Epinal ..31.30 22.25 »
— Raon-1'Etape 31.50 23.00 »
Prix moyens 30.35 .21.83 20.42
4* RÉGION. — OIJEST.
Charente. Angoulême.. 32.00 21.00 22.75
— Ruffec 31.75 24.00 23.50
C/iorente-/n/'ér. Marans. 29.50 m »
Deux-Sèvres. Niort 31.00 » 22.50
Indre-et-Loire. Tours.. 30.00 20.75 22.00
— Bleré 30.00 20.50 22.25
— Château-Renault. 30.00 21.00 21.00
Loire-M/^. Nantes 29.25 22.00 21.75
/tf,-e<-/.oî»'e. Saumur. .- 30 00 » 23.25
Vendée. Liiçod..... 29.00 » 19.00
; — Fontenay 29.00 » 20.50
Kienne-. Cliàtellerault... 30.70 22.7-5 24.00
— Poitiers 31.25 23.50 22.50
Haute- Vienne. Limoges 31.00 22.50 22
Prix moyens 30.32 22,00 rî.
Ayoïne.
fr.
26.00
24.. 50
22.00
21.50
20.00
24.00
23.00
22.00
26 . 00
26.00
25.50
25.00
23 . 00
26.50
22 35
21.00
23.5e
22.50
25.00
23.00
21. 5u
22.70
23.70
18.50
20.25
19.50
23.50
23.50
21.50
21.75
23 25
25.50
22.25
21.75
22 . 25
22.50
26.80
23.50
25.00
21.00
22 00
23.25
21.75
20.00
20.50
21.75
23.50
21.75
23 00
19. (JO
19.00
20. 50
20.25
20.25
19.00
18.75
19.35
21.00
20.50
20.73
26.00
21.50
2Z.00
22.00
21.00
20. £0
22.50
25 00
21.75
22.00
24.00
21.00
22.50
22.25
22.43
5' HEGION. — CENTRE.
Allier. Moulins
— Montluçon.. . .. ..
— Gannat
Cher. Bourttes
— Graçay
— "Vierzon
Creuse. Aubusson
Indre. Chàteauroux.. . .
— IssouduR
— Valençay
Loiret. Orléans
— Montargis
— Pithiviers
Loir-et-Cher. Blois
— Montoire
Nièvre. Nevers
— La Charité
Yonne. Brienon
— St-Fiorentin
— Sens
Blé.
fr.
31.25
31.25
31.50
29.50
31.50
31.75
30.00
32.00
31.50
32.00
30.00
31.50
31.00
30.75
29.50
30.50
31.25
31.75
31.50
30.50
Seigle.
fr.
24.00
21.50
22.25
19.50
24.50
20 50
22.00
24.00
19.75
22.50
21.75
Prix moyens.
31.03 22.02
6' RÉGION. — .EST.
Ain. Bourg 32.00 21.25
— Pont-de-Vaux 32.75 23.00
Cô;e.rf'Oï'. Dijon. 30 50 »
— Seraure 30.00 »
Doubs. Be.sançon 31.25 »
Isère. Grenoble 31.50 24.50
— Grand-Lemps 32.50 »
Jura. "Dois 31.00
Loire. Roanne 32 00
P.-de-Z>ôme Clermont F. 35.00
Rhône. Lyon 30.50
Saône-et- Loire. Châlon. 32.50
— Louhaas ., .. 33 25
Sauoie. Chambéry 34.25
Hte-Savoie. Annecy 32.78
Prix moyens 32.78 22.84
21.00
24.00
26.00
18.00
25. 00
Orge. Avoine.
fr. fr.
» 21.75
23.25 24.00
22 50 23.00
24.00 22.25
21.25 22.00
23.75 23.50
» 22.00
» 24.00
19 00 21.00
22.00 21.20
18.00 22.25
18.50 18.25
19.50 23.00
20.50 24.00
22.50 22.50
22.75 23.00
22.25 21.50
» 23.40
20.25 22.00
21.30 22.35
» 19.50
» 21.00
21.50 19.50
19.78
» 21.5e
» 21.75
• 21 50
18.00 19 aO
21.00 22.25
20.50 »
• 21.50
• 21.00
20.75 22 50
- SCD-OPEST.
32.75 24.00
17.20
20. JO
T REGION.
Ariège. Pamiers
Dordogne. Bergerac... 34.00 26.25
Hte-Garonne. Toulouse. 32.00 23.00
— Viliefranche-Laur. 32.50 25.50
Gers. Condora 32.50 »
— Eauze 32.75 .»
— Mirande 32.00 »
Gironde. Bordeaux.... 31.00 »
— Bazas 32.50 24.25
Landes. Dax 33 '^5 21.50
Lot-et-Garonn'e. Agen,. 30.50 »
— Nérac 33.50 »
S.-Pj/re'nées. Rayonne.. 33.00 25.3c
Htes-Pyrénées. Tarbes. 33.50 20.50
Prix moyens 32.55 24.41
8» RÉGION. — SUD.
Aude. Casteinaudary.. 32.50 »
Aveyron. Rodez , 3i.25 »
Cantal. Mauriac 35.35 31.25
Corrèze. Luberzac 32.50 24.00
//érau/<. Béziers 30.50 19.00
Lot. Figeac 32.00 23.25
Lozère. Mende 32.45 28.85
— Marvejols 31.65 23.60
— Florac 31.25 20.90
Pyrénées-Or. Perpignan 29 . 25 2 1 . 05
Tarn. Albi 32.00 » »
Tarn-ei-Gar. Montauban 31.75 19.50 21.50
Prix moyens 31.95 24.04 22.61
9« RÉGION. — SUD-EST.
Sasses-^ipes. Manosque 31.00 » «
Hautes-Alpes. Briançon 31.20 20.00
.4 tpes-A/oKi!imes Cannes 31.50 22.25
Ardèche. Privas ^1.85 22.65
B.-du-Rhône. Arles.... 30.75 »
Brome. MOntélimar. .. 30.50 »
Garrf. Niraes 30.50 19.00
Haute-Loire. Le Puy.^. 31.50 21.50
Kar. Draguignan 31.75 »
Vaucluse. Avignon 31.00 »
Prix moyens 31 . 16 21.14
Moy. de toute la France 31.01 22.33
— de Usemaineprécéd. 31.28 2289
Surlase.iiaine^ Hausse. » »
précédente.. | Baisse. 0.27 0.56
22.00
23.00
22.00
22.50
24.75
22.15
23.00
20.50
21.00
20.00
17.75
18«50
18.00
24.00
23.50
22.00
22.7,S
23.0ti
26.00
25 CO
26 50
22.00
22.50
23.50
25.00
23.25
23.50
24. CO
22.50
25.55
23.25
24.75
22.25
23.50
24.
23.25
24.50
Î2.5C
21.00
21.25
21.80
19.50
19.50
20.00
22.00
19.00
Seigle.
Orge.
Avoine
ir.
fr.
fr.
»
12. ,50
14.25
»
20.85
22.25
n.ih
23.75
24.00
24.f)0
22 25
„
^5.25
23.00
21.75
22.50
23.00
21. CO
20.95
23.00
23.25
22.00
24.00
22.. 50
20.00
25.25
23.25
20.25
21.25
23.35
»
,
25 00
»
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20.85
»
.
i>
1
22.00
«
»
23.00
25.00
»
22.50
22 70
18.00
16 25
»
B
15 20
20.25
»
15.00
156 REVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT.
Blé.
fr.
Algérie. Oran 26.50
Angleterre. Londres 31 50
Belgique. Anvers 28.75
— Bruxelles 29. .50
— Liège 30 00
— Namur .30.00
Pays-Bas. Amsterdam 24.65
Luxembourg. Luxemhourg 30. .tO
Alsace-Lorraine. Colraar 31.75
— Strasbourg 31.25
— Mulhouse 32.75
Allemagne. Berlin 26 00
— Cologne 30 00
— Hambourg 25.25
Suisse. Genève 31 25
— Zurich 32.00
Italie. Milan 32 25
Autriche. Viienne 25.00
Hongrie. Budapesth 22. .50
Russie. Saint-Pétersbourg... 25.75
Etats-Unis. New-York 22.10
Blés. — L'attention de tous est aujourd'hui portée partout sur la moisson des
blés; on attend avec anxiété les résultats qu'elle va donner. Elle se poursuit dans
la France méridionale avec assez de rapidité. Les temps chauds que nous traver-
sons favorisent la maturation. Ainsi que nous l'avons déjà dit, dans les parties où
les blés sont coupés, on se montre généralement satisfait tant du rendement que
de la qualité du grain. Les nouvelles des autres parties de l'Europe oij la moisson
est commencée, commencent aussi à arriver. En Italie, de même qu'en Hongrie
et en Roumanie., on se montre content du résultat. Il n'en est pas de même dans
la Russie méridionale ; les ravages des insectes ont considérablement diminué le
rendement, et dans quelques gouvernements, il est presque nul. — Les marchés
agricoles continuent à présenter le plus grand calme : les aiîaires sur tous les grains
sont à peu près nulles. A la halle de Paris, le mercredi 21 juillet, il n'y a eu,
comme les semaines précédentes, que très peu d'aflkires ; la vente des vieux blés
était très difficile, aux cours de 3 i à 32 fr. par lOU kilog. ou en moyenne 31 fr.
C'est une baisse de 25 centimes sur le prix moyen du mercredi précédent. — Sur
le marché des blés à livrer, on cotait par 100 kilog. : courant du mois, 28 fr. 50;
août, 27 Ir. 50; quatre derniers mois, 26 fr. 2.=^; quatre mois de novembre, 26 fr.
— ' Au Havre, il y a peu d'offres sur les blés d'Amérique qui valent de 28 à 'G fr 50
par 100 kilog. suivant les provenances. — A Marseille, les arrivages de la semaine
ont été de 1 k 1 ,000 hectolitres environ Le stock s'est un peu relevé dans les docks;
au 17 juillet, il était de 49,000 quintaux métriques. Les vent-s sont assez actives
sur la marchandise disponible. On paye suivant les provenances : Berdianska,
28 fr 50 à 28 fr. 75 ; Marianopoli, 27 Ir. 75 ; Irka, 26 à 28 fr. 50 ; Nicopoli, 26 à
27 fr. 50 ; Pologne, 28 fr. 50 à 28 fr. 75 ; Michigan, 25 fr 50 à 27 fr. 75 ; le tout
par 100 kilog. — A Londres, les arrivages de blés étrangers durant la semaine der-
nière, ont été de 223,000 quintaux. Les affaires sont restreintes avec des prix
maintenus. .On cote de 30 fr. 25 à 33 fr. par 100 kilog., suivant les provenances
et les qualités
Farines. — Les transactions sur les farines de toutes sortes se bornent aux
stricts besoins de la consommation. — Pour les farines de boulangerie, les cours
demeurent ceux de la semaine dernière. On payait le mercredi 21 juillet, à la halle
de Paris : marque D, 64 fr. ; marques de choix, 66 à 67 fr. ; bonnes marques, 64
à 65 fr.; sortes ordinaires et courantes, 63 à 64 fr.; le tout par sac de 159 kilog.,
toile àrendre, ou 157 kilog. net, ce qui correspond aux prix extrêmes de 39 fr. 50
à 42 fr. 65 par 100 kilog., ou en moyenne, 41 fr. 10, comme le mercredi précé-
dent. — Les cours sont faibles sur les farines de spéculation. On cotait à Paris,
le mercredi 21 juillet au soir: farines huit-marques, courant du mois, 62 fr. ;
août, 60 fr. ; quatre derniers mois, 56 fr. à 56 fr. 25 ; quatre mois de novembre,
55 fr. ; farines supérieures., courant du mois, 63 fr.; août, 60 fr 75 à 61 fr. ; qua-
tre derniers mois, 36 fr. ; quatre mois de novembre, 35 à 35 fr. 25 ; le tout par
sac de 159 kilog., toile perdue ou 157 kilog. net, à l'exception des deux dernières
cotes qui sont étahlies par quintal métrique. — La cote officielle, en disponible,
a été établie comme il suit, pour chacun des jours de la semaine, par sac de
157 kilog:. net :
DES DENRÉES AGRICOLES (24 JUILLET 1880). 157
Dates (juillet) 15 16 17 19 20 21
Farines huit-marques 62.50 62.50 62.65 62.50 62.75 62-00
— supérieures 62.76 63.25 63.25 63.15 63.10 63.00
Le prix moyen a été, pour les farines huit-marques de 62 fr. 50, et pour les
farines supérieures, 63 fr.; ce qui correspond aux cours de 39 fr. 10 et de
39 fr. 50 par 100 kilo'g. C'est une baisse de 20 centimes pour les unes et les
autres, sur les prix moyens du mercredi précédent. — Pour les farines deuxièmes,
on paye de 34 à 39 fr. par 100 kilog., avec des demandes assez actives.
Seigles. — Il y a quelques offres en seigle nouveau à la halle de Paris. Les prix
s'établissent de 20 à 21 fr. par 100 kilog., avec un peu de baisse depuis huit
jours. Les farines sont cotées aux prix de 30 à 33 fr. par quintal métrique.
Orges. — Mêmes cours que la semaine dernière, avec desatfaires très restreintes,
à la halle de Paris. On paye de 20 fr. 50 à 22 fr. 59 par 100 kilog. suivant les
sortes. — Les escourgeons se vendent de 19 fr. 25 à 20 fr. 25. — Sur le marché
de Londres, peu d'atfaires; on paye de 19 fr. 90 à 21 fr. 80 par 100 kilog.
suivant les sortes.
Malt. — Les demandes sont assez actives. Les malts d'orges valent à Paris, de
34 à 35 fr. 50 par 100 kilog. suivant les sortes. Quant à ceux d'escourgeon, leur
prix varie de 30 à 36 fr., suivant les provenances.
Avoines. — Les offies sont un peu plus actives, et -les prix sont moins fermes
à la halle de Paris. On paye de 22 fr. 25 à 24 fr. 25 par 100 kilog. suivant poids,
couleur et qualité. — A Londres, quoiqu'il y ait des arrivages assez abondants,
les transactions présentent peu d'activité. Les cours se maintiennent avec peine.
On cote de 21 fr. à 23 fr. 50 par 100 kilog. suivant les sortes.
Sarrasin. — Très peu d'affaires sur ce grain. On paye à la halle de Paris 24 à
24 fr. 50 par KO kilog pour les sarrasins de Bretagne, suivant les qualités.
Maïs. — Mêmes cours que la semaine précédente au Havre, pour les maïs
d'Amérique. qui sont cotés de 14 fr. 50 à 16 fr. par quintal métrique. Dans le midi
de la France, les cours n'éprouvent pas de variations sensibles.
Issues. — Les prix sont à peu près ceux de la semaine dernière. On paye à la
halle de Paris par 100 kilog. : gros son seul, 15 fr. 25 à 15 fr. 50; son trois
cases, 14 fr. 50 à 15 fr.; sons fins, I4 à 14 fr. 50; recoupettes, 14 à 15 fr.
remoulages bis, 15 à 16 fr.; remoulages blancs, 17 h 19 fr.
m. — Fourrages, graines fourragères, issues.
Fourrages. — Les prix varient peu. On cote à Paris par 1000 kilog; foin, 108
à 148 f r. ; luzerne, 110 à 140 fr. ; regains, 104 à 132 fr.; paille de blé', 84 à 106 ;
paille de sigle, 80 à 108 fr.; paille d'avoine, 66 à 86 fr.; — dans les Ardennes,
foin, 70 à 75 fr.; paille, 60 à 65 fr.; — à Rouen, foin, 125 à 135 fr.; paile, 96 fr.;
— à Bordeaux, foin, 150 à 160 tr.; — dans la Touraine, foin, 80 à 95 fr.; paille,
50 à 55 fr.
Pommes de terre. — On paye à la halle de Paris : Hollande nouvelle, 10 à 12 fr.
l'hectolitre ou 14.30 à 17.15 par 100 kilog ; jaunes nouvelles, 7 à 9 fr. l'hectolitre
ou 10 à J2.85 par quintal métrique.
IV, — Vins, spiritueux, vinaigres, cidres.
Vins. — Nous n'avons absolument rien à ajouter à nos précédentes apprécia-
tions, surtout cette semaine où les affaires sont partout suspendues. La fête na-
tionale a dû donner une grande impulsion à la consommation, aussi espérons-
nous que la semaine dans laquelle nous entrons, va donner lieu à de nombreuses
demandes et déterminer un peu d'activité commerciale à laquelle, depuis quelque,
temps, on n'est plus habitué. Le temps continue à être chaud et humide, il est
caractérisé par des intermittences de soleil et de pluie, et cependant les nouvelles
du vignoble sont relativement satisfaisantes. Quant aux cours, malgré les dénéga-
tions des détenteurs, ils sont en baisse et cette baisse est surtout accentuée sur
les petits vins et notamment sur ceux qui ne présentent pas les éléments d'une
solide conservation. — La bonne nouvelle est l'adoption par le Sénat de la loi sur
le dégrèvement des droits sur les vins et les sucres, loi précédemment votée par
la Chambre des députés.
Spiritueux. — Les mêmes causes ont produit les mêmes effets, en d'autres
termes, ce qui s'est passé pour les vins s'est passé pour les spiritueux. Les affaires
ont été suspendues, et il en est résulté un calme parfait et une complète nullité
d'affaires. Les cours n'ont, par suite, pas ou peu varié. Telle est la situation dans
toute sa simpbcité. Notre prochain bulletin aura, il faut l'espérer, un peu plus
158 REVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT
d'intérêt. A Paris, on cote, 3/6 betterave bon goût, première qualité disponible
62 fr. 25 à 62 fr, 50; août, 62 fr.: septembre-octobre, 60 fr.; quatre derniers
58 fr. 50 à 59 fr.
Vinaigres. — Aucun changement sur cet article. Les cours sont fermes, mais
sans variations.
Cidres. — Nous n'avons rien à signaler sur les cidres, sinon des prix bien t'enu-s^
avec tendance vers la hausse.
V. — Sucres. — Mélassen. — Fécules. — Q'iar.oaes. —Amidons. — Houblons.
Sucres. — Le prix des sucres a augmenté depuis notre dernier bulletin. Les
offres sont peu nombreuses et les sucres roux deviennent de plus en plus rares,;
aussi la fermeté domine sur le marché. On a coté à Paris, par 100 kilog., pour
sucres bruts, 88 degrés saccharimétriques : n"^ 7 à 9, 68 fr. 75; n"» 10 à'
13, 62 fr. 50: blanc type n" 3, 69 fr. 7b. A Valenciennes, on a coté pour sucres,
bruts disponibles : moins 7, 78 fr 50; n°* 7 à 9, 67 fr.; n" 10 à 13, 60 fr. 5*0.
A Lille, le sucre indigène, n» 10 à 13, vaut 61 Ir. A Arras, on cote, en dispo-
nible, moins 7, 78 fr.; n°^ 7 à 9, 67 fr.; n"» 10 cà 13, 61 fr. Le stock réel de
l'entrepôt de Paris était, au 19 juillet, de 306,495 sacs, avec une diminution de
12,193 sacs depuis huit jours. Les raffinés font : Bonnes sortes, 150 fr.; belles
sortes, 152 fr. Les cours pour l'exportation varient, selon les marques, de
74 fr. 50 à 77 fr. 50. A Londres, le marché est très ferme, mais les transactions
sont entravées par les hauts' prix demandés.
Mélasses. — Pas de changement dans le cours des mélasses qui continuent à se
payer 14 fr., celle de raffinerie, 15 fr.
Fécules. — Nous constatons, dans le prix des fécules, une baisse de 1 franc
depuis la semaine dernière. On a coté à Paris, fécules l--"* de l'Oise et du rayon de
Paris, de 44 à 44 fr. 50, les 100 kilog. A Gompiègne, le type de la chambre
syndicale, vaut 43 fr., sans affaires.
Glucoses. — La vente est active sur lès sirops, et. l'a marchandise assez rare.
Les achats continuent à se porter sur les sirops de maïs. On>cote,. sans change-
ment avec la semaine dernière : sirop de froment, 65 à 66 fr.; sirop massé, 55
à 56 fr.; sirop liquide (33 degrés), 45 à 46 fr.; siiiops de maïs masses:, 45 à.
46 fr., le tout par 100 kilog.
Amidons. — Demandes restreintes.. Les prix ont faibli sur les amidons en
vrague. On a coté à Paris : amidons de Paris en paquets, pur froment, 7B à
80 fr.; amidons de province, 64 a 66 fr.; amidons d'Alsace en vrague, 62 à 64 fr. ;
amidons de maïs, 50 à 52 fr.; fleur de riz, 44 à 46 fr. ; amidons riz de Louvain,
78 à 80 fr., le tout par 100 kilog.
VI. — Huiles et graines oléagineuses.
Huiles. — Les acheteurs sont rares. Les prix ont baissé de î fr. depuis- notre
dernier bulletin. On a coté à Paris : colza tous fïïts, 75 fr. ; idem en tonnes,
77 fr. ; idem épurée en tonnes, 85 Ir. ; lin disponible, en fûts, 70 fr. 50;
idem en tonnes 72 fr. bO. A Arras : huile d'œillette surfine, 180 fr. les 91 kilog;.;
pavot à bouche, 95 fr.; colza pays, 76 fr 50, lin étranger, 72;fr.;.cameHne, 75 fr.;
pavot industriel, 88 fr. les 100 kilog. A Cambrai, (par 100 kilog.) colza pays,
74 fr.; étranger, 73 fr,; lin, 69 fr.; œillette surfine, 1" qualité, 195 fr.
Graines oléagineuses. — A Arras, la graine d'œillette vaut de' 44 à' 47' fr. l'heetol.;
celle de colza, de 16 fr; 50 à 21 fr. 50. A Cambrai : colza nouveau (l'heetol.), 20 à
22 fr.; vieux, 22 i\-.; lin, 26 fr. A Marseille: on a vendu' 18,000 quintaux- sésame
Goromandel,'37 fr., et arachides décortiquées Coromandel, 30 lï: 75 les 100 kilog;
VII. — Tourteaux, noir s, engrais.
Tourteaux. — La cote de Marseille est comme suit :..tourteaux lin pur, 20 fr; 50;
arachide décortiquée; 14 fr. 50; idem brun pour engrais, 13 Ir. 75;. idem en
coquCj 11 fr. 25; ricins, 10 fr.; sésame blanc du Levant,, 15 fr.; idem de l'Inde,
13 fr. 50; colza du Danube, 13 fr. 50; coton d'Egypte, 12.fr.; palmiste natureli,
10 fr. 75 ; ravison, 1 2 fr 75. A Arras, tourteaux de graines indigènes: œillette,
19 fr. 50; colza, 15 fr.; lin, 29 fr. Graines étrangères : pavot, 13.fr.; lin, 23 fr. 50
les' 104 kilog. A Cambrai, tourteaux colza pays, 15 à 16 fr.; lin, 23 à 24- fr.;
œillette, 17 fr. l'heetol.
Noirs. — On cote à Valenciennes, noir neuf^ en. grains, 32 fr.; vieux en
grains, de 8 à 9 fr.;, Lavage, 2 à 4 fr.
VIJI. — Matières résineuses et colorantes, textiles..
Matières résineuses. — A Bordeaux, nouvelle baisse de 4 fr. depuis la semaine
DES DENRÉES A&RICOLES (24 JUILLET 1880j. 159
dernière, sur l'essence de térébenthine dont le cours est desoendii à 56 fr. JLes
IQO kilog. A Dax, l'essence de térébenthine vaut 49 fr. A Mont-de -Marsan, on
paye la barrique de :gemme ordinaire (3 10 litres), 40 fr. ; système Hugues, -45 fr.;
à Beangiiet, ordinaire, 41 fr.; Hugues 46 fr., charroi compris.
.Soufres. — Voici les denaiers cours de Marseille : 12 fr. 50 à 15 fr.. 30 les
100 ikilog.
Laines. — A Levroux (Indre), la laine s'est vendue de 1 fr. 80 à .2 fr. 20 le kil.
A Neuvy (Indre)^ le prix a été de 1 fr. 70 à 1 fr. 90. A Sém'ur (Gôte-d'Or), les prix
étaient de 4 fr. à 4 fr. 20 le Mlog.
Houblons. — A Alort d y a vendeurs en houblons de la récolte prochaine au
prix de 141 fr. 50 les 100 Mlog. .Affaires nulles en Alsace oiî l'apparence de la
récolte est excellente.
IX. — Suifs et corps gras.
Suifs. — A Paris, il n'y a pas de variation dans les prix de la semaine der-
nière : frais, hors Paris, 81 fr. 50 ; bœufs Plata, 84 fr. 50 ; suif en branches,
61 fr. 12.
Saindoux et salaisons. — Au Havre les saindoux et lards ^alés sont au grand
calme, mais les prix sont fermes. 0n a coté, Wilcox disponible, lOu fr. les
100 kilog. Jjkûs les lards salés onra fait 50 .caisses épaules à 7.8 .fr.. les 1.00 kilog.
et des lotinB de longues. bandes à 99 fr.
X. — Beurres. — Œufs. — Fromages.
Beurres. — On a vendu cette semaine à la halle de Paris, 294,312 kilog. de
beurres. Voici les prix par kilog. ; en demi-kilog., de 1 fr. 40 à 3 fr, 62 ; petits
beurres, de 1 fr. 50 à 2 fr. 48 ; Gournay, de 1 fr. 80 à 4 fr. 46 ; Isigny, de 1 fr. .80
à 5 fr. 72.
Œufs. — Du l'2 au 19 juillet, 5,194,920 œufs ont été vendus à la halle de Paris,
aux prix suivants par mille : choix, 90 à 98 fr. ; ordinaires, 65 à 90 fr.; petits,
48 à 60 fr.
Fromages. — Les prix des fromages vendus cette semaine à la halle de Paris sont
comme suit, par douzaine : Brie, de 4 à 8 fr. ; Montlliéry, de 15 fr. ; par cent :
Livarot, de 22 à 54 fr. ; Mont-d'Or, de 10 à 24 fr.; Neulchâtel, de 3 à 17 fr. ;
divers, de 7 à 83 fr. Le Gruyère s'est vendu de 130 à 160 fr. les 100 kilog.
XL — Chevaux. — Bétail. — Viande.
Chevaux. — Aux marchés des 13 et 17 juillet, à Paris, on comptait 901 che-
«vaux; sur.Ge nomJare, .323 ont été vendus comme il suit :
Ameaés. Vendus. Prix extrêmes.
Chevaux de -cabriolet 243 25 180 à 980 fr.
— de trait
— hors d'âge
— à l'enchère
— de boucherie
Anes et chèvres. — Aux mêmes marchés, on comptait 14 ânes et II chèvres;
•6 ânes ont été vendus de 35 à 100 fr.; 3 chèvres de 20à'6O'fr.
Bétail. — Le tableau suivant résume le mouvement du marché aux bestiaxix de
la Yillette du jeudi 15 au mardi 20 juillet :
Poids Prix du kilog. de viande sur pied
243
25
180 à
980
217
47
300 à
1,090
276
^86
22 à
960
103
.103
50. à
605
62
62
32 à
115
^Veadus
moy«n
des
k quartiers
au m.
arciié du
lundi 19
juillet.
'POOT
Pour
En
i. t"
-2«
^~T^
Prix
'Amerbés.
Paris, l'axteneur.
totalité.
,kil.
,qual.
quai.
q,ual.
moyen-
7.199
3,056
1,743
4,799
334
1.68
1.45
1.08
1.36
1,719
480
715
1,195
236
1.52
1.22
0.96
1.23
478
190
■36
226
380
1.36
.1.15
0.9A
1.15
4,916
2,907
1,210
4,117
71
1.90
1.78
1.30
1.65
50,867
18,105
.24,033
42,138
19
2.00
1.72
1.32
1.62
4,314
1,735
2,579
4,314
86
1 90
1.80
1.70
1.88
10
7
.3
10
25
.1.50
a
•
l.âO
Bœufs
Vaches
Taureaux
Veaux
Moutons ,
Porcs gras
— maigres.
Lestransactionssurtoutesles-catégories d'animaux ont été difficiles; les arrivages
dépassaient d'une manière très considérable la moyenne des semaines ordinaires.
Aussi les prix, pour toutes les catégories, sont faiblement tenus, et c'est une baisse
assez sensible, comparativement aux cours de la semaine dernière, que nous avons
à enregistrer. — On cote k, Bordeaux : bœuf, l,40,à.l,80; ,vaclie, 1,10 à i,50:;
veau, 1,30 à 1,70; mouton, 1^60 à 2 fr.; porc, 1,30 à 1^40; — .à /Jouen, rbœuf,
1,60 à 1,85; vache, 1,40 a 1,80; veau, ,1,50 ..à 1,75,; mouton, ;2. à 2,35; porc,
1,65 à 1,80.
A Londres, les arrivages d'animaux étrangers, durant la semaine dernièi-e, se
sont composés de 25,456 tètes, dont 7 bœufs, 471 veaux, 3,086 moutons et
160
REVQE COMMERGEALE ET PRIX-COURANT (24 JUILLET 1880).
2 porcs venant d'Amsterdam; 316 moutons d'Anvers; 1,818 moutons de Brème;
40 bœufs de Christiana; 2,901 moutons et 441 porcs' d'Hambourg, 10 bœufs,'
140 veaux, 2,655 moutons et Sf^'.*] porcs d'Harlingen; 700 bœufs et 1,216 mou-
tons de Montréal; 1,258 bœufs de New-York; 2 bœufs, 460 veaux, 4,616 mou-
tons et 62 porcs de Rotterdam; 849 bœufs et 4,023 moutons de Tonning; 80 bœufs
de Vigo. Prix du kilog. : Bœuf : 1", 1 tr. 93 à 2 fr. 05 ; 2f, 1 fr. 75 à 1 fr. 87 ;
qualité inférieure, 1 fr. 58 à 1 fr. 75. — Veau: ]'% 1 fr. 93 à 2 ir. 10; 2« 1 fr. 78
à 1 fr. 93.— Mouton : l", 2 fr. 22 à 2 fr. 40; 2% 1 fr. 75 à 2 fr. 10; qualité
inférieure, 1 fr. 58 à 1 fr. 75. — Agneau : 2 fr. 28 à 2 fr. 63. - Porc : \">,
1 fr. 58 à 1 fr. 75 ; 2% 1 fr. 40 à 1 fr. 58.
Viande à la criée. — Oa a vendu, à la halle de Paris, du 12 au 19 juillet :
Prix du kilog. le il juillet.
kilog. 1" quai. 2«> quai. J" quai.
229,571 1.06àl.86 0.98àl.6a O.ôOàl.O't
2i8,8l8 1.78 2.10 1.18 1.76 0.80 1.16
59,508 1.56 1.90 1.18 1.54 0.60 1.16
2T,227 Porc frais. . ... 1 . 10 à 2 00
565,12^ Soit par jour 70,732 kilog.
La vente a été à peu près la même que pendant la semaine précédente. Les prix
restent sans changements depuis huit jours, sauf pour la viande de veau qui est
cotée en hausse.
Bœuf ou vache .
Veau
Mouton
Porc
Choix. Basse boucherie.
1.00à3.30 O.lOà 1 00
0.90 2.20 .
0.90 3.80 .
XII. — Cours de la viande à Vaiattoir
Cours de la charcuterie. — On vend à la Villette par
105 à 110 fr.; 20, 100 à 105 fr.; poids vif, 72 à 74 tr.
la Villette du 22 juillet {par 50 kilog.)
50 kilog.: \" qualité,
XIII. — Marché aux bestiaux de la Villette du jeudi 22 juillet.
Poids
moyen
Animaux général. 1"
amenés. Invendus. kil. quai.
Bœnfs 2.234 231 360 1.72
Vaches 590 40 255 1.56
Taureaux... 83 5 370 1.38
Veaux 1.499 i38 80 1.95
Moutons 22.083 2.000 18 2.02
Porcs gras.. 2.892 85 2.05
— maigres. » • > »
Vente assez active sur toutes les espèces.
Cours officiels.
Cours des commissionnaires
en bestiaux.
2«
quai.
i.'iS
1.26
1.16
1.80
1.74
2.00
3°
quai.
1.15
1.00
1.00
1.34
1.34
1.90
Prix
extrêmes.
1.02 ài.78
0.96 1.62
0.96 1.42
1.26 2.14
1.24 2.05
1.80 2.14
1» 2» 3»
quai. quai. quai.
1.72 1.48 1.15
Prix
extrêmes
1.00 à 1.78
0.95 1.60
0.95 1.40
XIV. — Résumé.
Le plus grand nombre des denrées accusent des cours en baisse ou faiblera3nt
tenus. Les transactions sont d'ailleurs très faibles. A. Remy.
BULLETIN FINANCIER.
Cours de la Bourse du 13 ou 21 juillet 1880 {au comptant).
Retour à lahausse: notre 3 0/0 est à 85,40 gagnant 0,90, l'amortissable à 87,40
gagnant 1 fr. et le 5 0/0 à 120,45 gagnant 1,05. Toutes les valeurs profitent de ce
mouvement.
Principales valeurs françaises :
Plus Plus
haut.
85.50
87.50
116.00
120.45
Rente 3 0/0 84.45
Rente 3 0/0 amortis 86.45
Rente 4 1/2 0/0 115.50
Rente 5 0/0 119.20
Banque de France 3415.00 3480.00
Comptoir d'escompte 970.00 980.09
Société générale 560.00 565.75
Crédit foncier 1250.00 1275.00
Est Actions 500 747.50 755.00
Midi..... d» 1010.00 1040. 0>
Nord d° 1590.00 1662.50
Orléans d» 1209.00 1220.00
Ouest d° 802.50 éio.oo
Paris-Lyon-Méditerranée d» 1347.50 1375.00
paris 1871 obi. 400 3 0/0 .. 394.50 398.00
Italien 5 0/0 85 lo 85.50
£ Gérara : A. BOUCHÉ.
Dernier
cours.
85.40
87.40
115.75
120.45
3460.00
980.00
562.50
1275.00
752.50
1033.75
1662.50
1218.75
810.00
1375.00
398.00
85.25
Fonds publics ©t Emprunts français et étrangers
Plus
Plus
Derniers
bas.
haut.
cours.
Obligations du Trésor
515.00
515.00
515.00
remb a 500. 4 O'O.
>
»
»
Consolidés angl. 3 O/O
»
»
98 9/16
50/0 autrichien.... ..
62 3/8
63.00
63.00
4 1/2 0/0 belge
106.15
106.25
106.15
6 o/O égyptiea
314.00
320.00
316.00
3 o/o espagnol, ester',
d" intérieur
18 3/4
19 7/8
19 7/8
»
11
»
6 O/o Etats-Unis
107 00
107 1/2
107 1/2
Honduras, obi. 300...
»
»
»
Tabacs ital., obi. 500..
,)
n
»
6 o/O péru'-ien
»
D
• ■
5 o/o russe
94.00
10.25
95.50
10 45
9i.30
5 o/o turc
10.40
5 0/0 roumain
Bordeaux, lOO, 3 o/O..
I
»
100.50
Lille, 100,3 0/0
»
n
101,50
Leterrieb
CHRONIQUE AGRICOLE ouuillet isso).
La moisson dans le midi et dans le centre. — Maturation des grains dans la région du nord. —
Evaluation approximative de la récolle. — Nouvelles des diverses parties de l'Europe méridio-
nale. — les orages ot les dégâts qu'ils occisionnent. — Lettre de M. Ferté sur les effets d'un
orage à grêle dans l'arrondissem-nt de Soissons. — Le gibier tué par la grêle. — Le phylloxéra,
— Nouveaux traitements adminis ralifs. — Constitution de syndicats dans la Gironde. — Note
de M. P. deLafitte en réponse à M. Lichtensiein. — Nouvelles d'Autriche-Hongrie. — Extension
du fléau. — Stations expérimentales de culture de vignes américaines. — Organisation d'un con-
grès phylloxérique internaiionil en Espagne — L'importation du bétail en France. — Relevé
pour les six premiers mois de 1880, publié par l'aiministration de l'agriculture. — Différences
avec les relevés publiés par ladministration des douanes. — Nouvelles études de M. Souheyran
sur les dangers que présentent les viandes de porc d'origine américaine. — Le verdissage des
conserves alimentaires. — Conclusions de la Soci'îté d'hygiène. — Nécrologie. — Mort de M.Stié-
venart. — Dates des expériences de machin-'S à battre faites par h Société des agriculteurs de
France. — Prochain concours de la Société d'agriculture de la Gironde. — Concours ouvert par
le gouvernement belge sur la situation de l'agriculture et les moyens de la faire progresser. —
Concours de juments poulinières dans la Seine-Inférieure. — Recherches de M. Lefranc sur les
laines de couchage. — La végétation des betteraves. — Les sucreries dans l'ouest. — Notes de
MM. Schneider, Nebout et Leyrisson sur la situation des récoltes en Lorraine et dans les dépar~
temenls de l'Allier et de Lot-et-Garonne.
I. — La moisson,
La France agricole est ea pleine moisson de céréales. Dans le Midi^
tout est déjà coupé et en partie battu; dans le Centre, les seigles sont
par terre ou bien livrés aux machines à battre, aûn que la paille
puisse servir à faire les liens nécessaires pour les gerbes d3 blé.
Presque partout on est obligé d'attaquer les froments et les avoines
à peu près en même temps; car, par l'action des dernières cha-
leurs, la maturation s'est faite très rapidement et pour presque
toutes les céréales à la fois. Les choses ont marché tellement vite que,
dans le Nord môme, on se dispose à faire la moisson. Presque partout
des machines travaillent de manière à remplacer presque la moitié de
la main-d'œuvre employée naguère à couper les céréales. Les machines-
lieuses elles-mêmes, quoique encore à leur aurore, si l'on peut parler
ainsi, commencent à être appréciées. En général, la paille est plus-
courte que d'ordinaire, et dans un certain nombre de champs, on se
plaint qu3 les gerbes ne soient pas très nombreuses. Mais à peu près
partout, l'épi est bien rempli et le grain est de belle qualité. 11 nous
semble qu'on peut conclure de tous les renseignements donnés
jusqu'à ce jour, et de toutes les observations faites que, pour la France^
on a une récolte moyenne pour la quantité, et généralement remarquable
pour la qualité. Ce dernier point est important, parce que, sur le
marché, nos grains braveront facilement la concurrence étrangère.
Ajoutons que les dernières nouvelles qui sont parvenues des autres
pays d'Europe accusent une bonne récolte de blé eu Italie, en Hongrie
et dans la Roumanie où la production s'est considérablement accrue
depuis quelques années. Dans la Russie méridionale, au contraire, la
moisson ne donne que des résultats médiocres; dans un grand nombre
de districts, les intempéries et les attaques des insectes ont réduit,
dans une proportion très considérable, la moisson du blé. En Alle-
magne, on commence à couper les diverses céréales. Quant aux régions
septentrionales de l'Europe, la maturation n'est pas encore assez.:
avancée pour que l'on puisse préjuger ce que donnera la moisson.
■ II. — Les orages.
Nous avons déjà signalé la série d'orages qui s'est abattue sur la
partie septentrionale de la France. Ces orages ont amené, dans quelques
cantons, des désastres très considérables, mais qui, quelque tristes
qu'ils soient pour ceux qui n'étaient pas assurés, ne compromettront
N» 5«0. — Tome lîl de 1880. — 31 Juillet.
162 CHRONIQUE AGRICOLE (31 JUILLET 1880).
pas d'une manière sensible le résultat général de la moisson. Au
sujet d'un de ces orages^, un de nos correspondants nous envoie la
lettre suivante :
« Monsieur le Directeur, notre culture, déjà si cruellement éprouvée, vient
d'être frappée^ en partie, d'un nouveau désastre.
« Durant la nuit du samedi i 7 juillet, un cyclone s'est déchaîné à l'ouest de
l'arrondissement de Soissons (Aisne), et une pluie diluvienne de grêlons a détruit
en quelques heures l'espoir si brillant de la'prochaine récolte.
« Voici, d'après les renseignements qui me parviennent, la nomenclature de-«
localités atteintes : Ressous-le-Long ; Vie; Berny-Rivière; Sacy; Saint-Christophe;
Mouftkye; Gonfrécourt; Tartiers ; Forêt; Vezaponin; Mareuil ; Epagny; Saint-
Léger; Bonne-Maison; Trosly-Loire ; Moyemhrie; Crécy-au-Mont; Po'nt-Saint-
Mard.
« On ignore l'étendue du désastre, mais dès maintenant les pertes connues
dépassent deux millions, et le pis,, c'est que peu de cultivateurs sont assurés,
n^ayant jamais vu leurs récoltes atteintes par la gpêle,
c Agréez, etc.' » A. Ferté.
Parmi les fermes qui ont' été le plus gravement atteintes, sur la
commune de Moulflaye, où il faut citer la belle exploitation de
M. Vallerand, sur laquelle les récoltes de blé, d'avoine et de betteraves
ont été presque complètement détruites. Le gibier a été violemment
atteint, et dans les champs on trouve beaucoup de cadavres d'oiseaux
et de lièvres.
in. — Le phylloxéra.
Le phylloxéra continue à se développer, ainsi qu'il arrive toujours
à cette époque de l'année. Aussi des demandes de traitements admi-
nistratifs, soit pour extinction, soit comme mode cultural, ont dû être
autorisées par la section permanente de la Commission supérieure du
phylloxéra, dans sa dernière séance, pour cinq communes dans Far-
rondissement de Chambéry (Savoie), pour une dans le département de
la Haute-Garonne, pour un assez grand nombre de petites taches dans
lé département de l'Aude, et, enfin, pour Corte et Bastia, dans la Corse.
Les syndicats, pour se défendre contre l'insecte nuisible, continuent d'ail-
leurs à se former, surtout dans la Gironde.
A l'occasion de lanote de M. Lichtenstein, publiée dans notre dernier
numéro, M. Prosperde Lafitte nous envoie la réponse suivante :
« M. Lichtenstein a écrit dans \e Journal de l'agriculture, n° du 24 juillet, page
143 : « .... à propos Vœuf d'hiver du phylloxéra, je suis souvent pris à partie par
l'auteur, M. Prosper de Lafitte. »
« Point du tout ! je n'ai pas pris à partie M. Lichtenstein. J'ai fait précisément
le contraire, puisque j'ai invoqué ses observations, en y donnant mon plus complet
assentim.ent, et qu'ainsi, où j'ai pu le faire, je me suis fait son disciple. J'aurais pu
le prendre à partie pour autre chose .; c'est vrai et je fai dit. Mais j'ai formellement
dit aussi que je ne voulais pas le faire. Il y a plus : pour si engag-r'anle que soit
l'occasion nouvelle qui vient s'offrir, je ne veux pas le faire encore.
(c II ne m'eiit pas été désagréable, je l'avoue, de rencontrer ces mots : « discus-
sion bysantine, » sous la plume officielle de son beau-frère; mais je regrette d'avoir
donné à M. Lichtenstein la tentation de créer, en histoire naturelle, une classe de
« tout petits points «^ où risquerait d'aboutir à peu près tout ce qu'il a fait lui-
même jusqu'à ce jour. Prosper de Lafitte, »
Nous recevons d'Autriche-Hongrie des nouvelles fâcheuses sur le
développement que l'invasion y a pris. Elles sont extraites de lettres
que nous a communiquées M. Laliman. A Klosterneubourg, lesefforts
énergiques tentés pour détruire l'insecte n'ont pas eu de résultat com-
plet; on cherche à vivre avec le phylloxéra, en traitant la vigne par le
sulfure de carbone. En Hongrie, de nouveaux centres d'invasion ont été
CHRONIQUE AGRICOLE (31 JUILLET 1880). 163
constatés : à Panscova, sur 380 hectires ; àErmellek, sur 14 hectares,
puis à Kaschau, Nagy Karoly, Szaltuar Nemesy. Enfin, dans Flstrie,
le phylloxéra a été trouvé dans la vallée de Sizzale, non loin de Trieste.
Des stations expérimentales de culture de vignes américaines ont été
établies sur plusieurs points par le gouvernement austro-hongrois.
En Espagne aussi, on se préoccupe beaucoup de la marche rapide
du fléau. Un congrès phylloxérique international organisé sous le
patronage du gouvernement, se tiendra à Sarragosse, du l'"" au 10
octobre prochain. On y étudiera les divers moyens préconisés, soit
pour enrayer la marche de l'insecte soit pour reconstituer les vignes
atteintes ou détruites.
IV. — L'importation du bétail en France.
Dans un précédent numéro, nous avons inséré le premier tableau
publié par l'administration de Tagriculture relativement à l'importation
du bétail en France et aux résultats de l'inspection du service sanitaire
à la frontière. Ce tableau se rapportait aux cinq premiers mois de
l'année 1880. Le Jnurnal officiel du 24 juillet publie le relevé des im-
portations du 1" janvier au 30 juin, ainsi que celui des animaux
reconnus atteints de maladies contagieuses :
Relevé des importations du 1" janvier au 30 juin 1880.
Génibses
Pays de provenance. Bœufs. Taureaux. Vaches. et Veaux. Moutons. Chèvres. Porcs.
Taurillons.
Algérie 9,096 , , » 7 1.5b, 001 2 90
Allemagne 2,851 315 4,366 724 1,.5]5 378,294 92 46,.780
Autriche-Hongrie » » » • » 81,003 » 244
Belgique 1,935 1,895 16,019 885 11,117 30,940 110 55,474
Espagne 1,438 28 255 8 539 55,8'46 2,013 1,423
Etats-Unis d'Amérique 413 » 3 » 2 1,858 » 231
Italie 23,790 23 10,529 540 7,656 112,198 2,091 14,930
Pays-Bas 4 2 1,718 ,52 330 2,185 . 1,019
Suisse 412 283 4,580 308 3,628 2,200 59 916
Angleterre 122 5 11 3 » 18 1 23
Russie » » » » » » » 87
Paysdivers 1,646 2t_ 404 50^ 561 6,639 156 2,379
41,707 2,572 37,885 2,o7025,35o
Totaux ■ ""■"""" no7o89^ " 827,182 4,524 123.646
RÉCAPITULATION
(Boucherie 32,711 1,488 14,873 4?2 18,515 729,989 1 ,4"6 67,365
Deslioation Lai>rieelreprod. 31 78 11,465 1,342 398 1,041 -2,291 »
'Engraissement.. 8,^65 1,036 11.54? 806 6,442 96,152 757 55,281
Totaux 41,707 2,572 ' 37,885 2,570 25,355 '827,182' 4,524 123,646
Animaux reconnus atteints de maladies contagieuses pendant la même période.
Pays de Kspece Mou- Chè- Mesures
provenance. Nature de la maladie. bovine, tons. vres. Porcs. prises.
Rpirrin P Flèvre aphtheuse. — Erysipèle j IMilades. .. » » » 1 Repoussé.
Belgique., gangreneux j Contaminés
Idem Péripneuinonie. Cyanose gan- 1 Malades ... 3 3 » 1 Idem.
■"■ gréneuse. Maladie de poitrine. I Contaminés 3 » » »
Idem Phlhisie paludéenne | MiUdes .. 13 » >■ » Idem.
Fièvre aphtheuse I Contaminés 1 » » » Idem.
, ,„^ _ , ) Malades ... 6 » » » Idem.
Idem..,. Gale | Contaminés 44 » » - Idem.
j, ..... ^^ ^ , l Malades... 2 2 >- » Idem.
Idem.... Pievre aphtheuse. Dartres.... |co;.taminés ■ :» 3 » . Idem.
■r,„ „, . . Malades — 3 >. » » Idem.
Espagne... Peripneumonie 1 Contaminés 4 » . „ Idem.
Ai„i,.. „ , , ,, j Malades... » 315 » . Abattoir.
Algéiie.... Gale-clavelée (Contaminés . 224 » . SequeslréB.
T. ,. ^ , , ,. i Malades... 1 2 -> »
Italie,.... Gale-cIavelee Contaminés >. ,. . ,
164 GHR0NIQUE|AGRIC0LE (31 JUILLET 1880).
Ces tableaux nous paraissent mériter toute confiance, car ils sont le
résultat des constatations faites par le service vétérinaire, chargé
d'examiner tous les convois de bestiaux entrant en France; en outre,
le passage de chaque tête de bétail est contrôlé par le payement de la
taxe afl'érente à ce service. Mais si nous les comparons aux relevés
publiés mensuellement par l'administration des douanes, nous trou-
vons des différences très considérables. Voici, en eflet, les chiffres
publiés par celle-ci pour les six premiers mois de 1 880 :
Commerce général. Commerce spécial.
Bœul'.s ;33,9fi6 têtes. .31 ,8.o3 têtes.
V;icli(!^ :).'), 324 » 35.2'2.T »
,... r.ii.rcuux 1,069 « 1,069 ■
(A'iiis-ses et launllons 3,875 » 3,872
Veaux 23,639 » 23,639 «
Moutons 691,878 . 681,078 »
Porcs 72,700 » 70,600 »
Les différences s'élèvent, comme on peut le voir et en ne parlant
que des plus importantes, à environ 10,000 têtes pour les bœufs; pour
les moutons, à 1-^15,000 têtes; et pour les porcs, à 53,000 têtes, c'est-à-
dire parfois à plus du quart du nombre des animaux inscrits dans les
états. Il est important que des faits semblables soient expliqués,
parce qu'il faut arriver à des relevés exacts. Quoi qu'il en soit, il reste
établi que les importations du bétail américain sont tout à fait insigni-
fiantes, et cela confirme la thèse que nous avons toujours soutenue.
Nous ajouterons que les quantités totales importées ne sont qu'une
faible fraction de la consommation. C'est à tort que l'on fait jouer un
rôle considérable au bétail étranger sur nos marchés. Tout ce qui se
dit à cet égard n'est qu'affaire de spéculation de la part des acheteurs
qui, naturellement, font tous leurs efforts pour provoquer de la baisse,
tandis que, quand ils deviennent vendeurs, ils s'ingénient de toutes ma-
nières pour produire de la hausse.
V. — Le danger des mandes de porc d'' origine américaine.
Depuis longtemps, on a fait connaître la présence dans les viandes
de porc d'origine américaine, importées en grande quantité en Europe,
de la trichine, et c'est sur cette cause que plusieurs gouvernements
ont prohibé l'introduction des jambons américains. M. Soubeyran vient,
avec raison, d'appeler l'attention sur une autre maladie contagieuse
dont sont atteints les porcs en Amérique. Cette maladie, qui leur paraît
spéciale, influe considérablement sur la qualité de la chair; tous les
tissus sont infectés, surtout la muqueuse des intestins et les poumons
qu'on trouve remplis d'helminthes. Le nombre des animaux infectés
qui sont amenés aux établissements de préparation est énorme, et
les porcs sains sont rapidement contaminés. De l'aveu de tous, à Chi-
cago, les animaux malades sont tués et préparés sans scrupule pour
l'exportation. Il y a là une question qui intéresse au plus haut point
la salubrité publique, et surtout les populations des campagnes qui
consomment de grandes quantités de jambons d'Amérique. L'impor-
tation de ces denrées doit être soumise à une surveillance spéciale.
VL — Le cuivre et les conserves alimentaires.
Nous avons eu à signaler récemment l'emploi de la chlorophylle
extraite des épinards, pour verdir les légumes de conserve. Ce procédé
viendrait en concurrence avec l'usage des sels de cuivre. Pour nous, il
paraît prudent de ne pas autoriser ces derniers, quoique l'on prétende
CHRONIQUE AGRICOLE (31 JUILLET 1880). 165
que, à la dose où ils entrent dans les légumes verdis, ils ne puissent
présenter aucun danger. Cependant, une Commission de la Société
d'hygiène composée de MM. Pasteur, Pascal et Brouardel, rapporteur,
vient de proposer une autre solution. Elle consisterait à tolérer l'usage
du verdissage des conserves alimentaires par les sels de cuivre, à la
condition que, sur les boîtes de conserves, soit imprimée, en carac-
tères lisibles, la déclaration de la substance par laquelle ce verdissage
a été obtenu.
VII. — Nécrologie.
i\I. Stiévenart, vice-président honoraire du Comité central des fabri-
cants de sucre, est mort à Valenciennes le 24 juillet dernier. Il jouis-
sait d'une grande autorité parmi les cultivateurs du Nord. 11 était
auteur de plusieurs travaux importants sur la betterave et notamment
sur les maladies de cette racine.
VIII. — Expériences de machines a battre.
Nous avons fait connaître le programme des expériences de machi-
nes à battre à grand travail que la Société des agriculteurs de France
doit faire à la ferme de l'Institut national agronomique, près de Join-
ville-le Pont. Les dates de ces expériences viennent d'être fixées. Elles
commenceront le jeudi 23 septembre. Les premiers jours seront consa-
crés à l'examen des machines. Les essais dynamométriques commen-
ceront le 27 septembre et seront poursuivis pendant le temps
nécessaire pour y soumettre toutes les machines présentées aux expé-
riences.
IX. — Concours de la Société d'agriculture de la Gironde.
Le concours annuel de la Société départementale d'agriculture de la
Gironde, aura lieu, cette année, le dimanche 1" septembre sous la di-
rection de M. Uichier, président de la Société, dans l'arrondissement de
Blaye. Des primes importantes pour les animaux reproducteurs, pour
la viticulture, pour les autres cultures, pour l'instruction agricole, etc.,
y seront distribuées, comme tous les ans. En outre, nous devons si-
gnaler dans le programme du concours, des médailles d'or et d'argent
à attribuer aux personnes qui auront fourni à la Société les renseigne-
ments les plus complets et les plus précis sur l'étude du phylloxéra,
aux inventeurs ou fabricants de machines élévatoires dont le mérite
aura été reconnu après un concours, aux agriculteurs ou jardiniers qui
auront appliqué les meilleurs procédés degretîagede la vigne.
X. — Concours ouvert par le gouvernement belge.
Un arrêté royal a ouvert, en Belgique, un prix de 25,000 fr. institué
par le roi et qui doit être décerné en 1884. Nous croyons utile de faire
connaître le sujet de ce concours, qui a été fixé dans les termes suivants,
par un arrêté du 21 avril dernier :
« Ce prix (concours exclusivement belge) sera attribué au meilleur ouvrage sur
la question suivante : « Exposer les condilions économiques, industrielles et
commerciales dans lesquelles se trouve placée actuellement l'agriculture belge, et
rechercher, en tenant spécial-^raent com[)te des ressources naturelles du sol, de
l'état des voies de communication, de l'importance relative et de l'avenir probable
des marchés d'importation ou d'exportation, ainsi que du voisinage des grandes
villes étrangères et particulièrement de Londres, quels seraient les perfectionne-
ments et les modifications de nature à rendre l'industrie agricole plus lucrative
d ns les diver-es régions delà Belgique. Il y aura lieu d'examiner successivement,
dans cette étude, les objets, les moyens et les trais de production, les débouchés
et les moyens de transport, tant nationaux qu'internationaux, avec les installation*
166 CHRONIQUE AGRICOLE (31 JUILLET 1880).
qui s'y rapportent, en indiquant/ les changetnents et les perfectionnements dont
elles seraient susceptibles, le rôle respectif de l'Etat et des pai'liculiers.
« 11 est entendu que dans le mot agrlcidlare sont compris tous les modes
d'exploitation rurale du sol, par conséquent la pommicuUare et la sylviculture,
ainsi que la culture maraîchère qui paraît appelée à prendre un grand dévelop-
pement.
« Les ouvrages destinés à ce concours devront être transmis au ministère de
l'Intérieur avant le 1" janvier 188(i. »
Ce programme montre l'importance que le gouvernement belge
attache au développement de la production agricole.
XL — Concours de juments poulinières dans la Seine-Inférieure.
Nous avons déjà signalé les concours de juments poulinières orga-
nisés par la Société d'agriculture de la Seine-lnlérieure, présidée par
M. Pouyer. Ces concours auront lieu dans chacun des arrondissements
du département, avec les fonds mis à la disposition de la Société par
l'Etat et par le Conseil général. Voici les dates de ces concours : à
Neufchâtel, le 7 août ; à Dieppe, le 9 août ; à Godervilie, le 1 0 août, à
Yvetot, le 11 août; à Rouen, le 12 août. Dans chaque concours, il
sera distribué une somme de 3,500 fr. divisés en onze prix.
XII. — Les laines de couchage.
L'hygiène du couchage est une des principales conditions de la
santé : les laines qui entrent dans les matelas s'imprègnent très faci-
lement des germes des maladies contagieuses, en même temps que,
par suite de leur origine, elles ont une propension naturelle à subir la
fermentation. C'est ce que l'on oublie souvent dans les campagnes.
Dans une brochure qu'il vient de publier à la librairie Rozier (26, rue
Saint-Guillaume, à Paris), sous le titre : Les laines de couchage au
point de vue hygiénique, M. Lefranc, pharmacien principal à l'hôpital
militaire de Lyon, appelle l'attention sur cette délicate question. Il
s'occupe surtout des hôpitaux; mais les conseils qu'ildonne doivent être
appliqués aussi bien dans la vie ordinaire. Il arrive à cette conclusion
qu'il faut, à chaque printemps, procéder au battage des laines ayant
servi, et .faire suivre ce battage, tous les trois ans, de fumigations
d'acide sulfureux et d'acide arsénieux. Cette pratique doit surtout
être adoptée, lorsque les laines proviennent de lits qui ont servi à des
malades. La fumigation soufrée sera utilement suivie d'un lavage à
l'eau légèrement alcalisée.
XIII. — Les sucres et les betteraves.
La végétation des betteraves se poursuit dans de très bonnes condi-
tions : la chaleur leur a Fait le plus grand bien; les feuilles se déve-
loppent avec une grande vigueur. Quoique beaucoup de champs pré-
sentent encore d'assez grandes irrégularités à cause du retard des
betteraves semées les dernières, les agriculteurs sont beaucoup plus
satisfaits qu'il y a un mois. — Dans la région de l'ouest, on continue
à se préoccuper de l'extension de la culture des betteraves ; dans les
Charentes, on s'occupe de la création de sucreries; ces efforts ten-
dront à rendre une partie de sa prospérité à une région si cruellement
éprouvée par la destruction des vignes sous les atteintes du
phylloxéra.
XIV. — Nouvelles de l'état des récoltes.
Voici quelques nouvelles notes de nos correspondants, qui ont par-
ticulièrement trait à la moisson. — M. le docteur. Schneider notis écrit
de Thion ville, à la date du 24 juillet :
CHRONIQUE AGRICOLE (31 JUILLET 1880). 167
« Rendemeut extraordinaire du seigle,, en Lorraine, où cette céréale avait paru
très gravement compromise par les gelées du printemps : une gerbe donne 5 litres
de grain, le rendement de \0 hectolitres à l'hectare est commun. — Les épis de
blé sont bien garnis ; de ce côté encore on s'attend aune surprise agréable. Quant
à l'orge elle deiie, comme l'avoine, toute comparaison avec les 15 ou 20 annéesqui
précèdent! Tout va bien, et nous tenons décidément une excellente année, mais le
revers de la médaille, offert par les arbres fruitiers, est vraiment terrible. Le désas-
tre prend chaque jour des proportions plus effrayantes, sous l'empire de la séche-
resse. Nos vergers d'ordinaire si riants, présentent actuellement l'aspect le plus
triste et si l'on peut ainsi dire, le plus bigarré : une partie des arbres est noire,
celle qui n'a' pas donné signe de vie au printemps ; une autre partie est brune,
là où les feuilles sont mortes; une autre est jaune, la vie s'en va; une dernière est
encore verte, 'il y aura des survivants, mais rarinantes. Dans les côtes de Fameck,
de Budange et dans les contrées circonvoisines, oîi les cerisiers abondent, il y a
des fermes dont lejrevenu va diminuer de 400 à 600 francs par an. A ce point de
vue, le rapport que j'ai envoyé à la Société nationale d'agriculture n'est pas assez
pessimiste, et il est probable qu'on en pourra dire autant de la plupart des rap-
port dus à mes confrères. »
Dans la noie suivante qu'il nous envoie de Ferrières, à la date du
23 juillet, M. Nebout fils donne des détails sur la situation des deux
cantons de Lapalisse et de Cusset, dans le départemi3nt de FAliier:
« La moisson du seigle est achevée dans les cantons deCusset et de Lapalisse en
ce mjment-ci, etcommence dans nos montagnes du canton du Mayet-Montagne.
« Dans les deux premiers, elle n'est que moyenne et ne paraît pas donner beau-
coup de grains, dans le dernier ils sont splendides, mais ne paraissent pas non
plus grenés.
« Le froment y est beau aussi, presque moyen dans les deux premiers, l'on dit
qu'il est très mauvais et envahi de mauvaises herbes dans la Limagne d'Auvergne,
appelée avec juste raison le jardin de la France.
Les travaux de la moisson se sont bien exécutés dans le département
de Lot-et-Garonne, d'après la note que M. Leyrisson nous envoie de
Tridon, à la date du 27 juillet :
« Malgré unefloraison desplus anormales, la récolte desblés ne paraît pas encore
trop mauvaise tellement l'hiver dernier avait apporté une heureuse influence sur le
développement des tiges de la céréale : Les gerbes que l'on rendre maintenant sont
passablement lourdes, sauf quelques cas de blés versés, très rares d'ailleurs. La
vigne attaquée d'abord par la coulure, l'est encore d'avantage par l'oïdium : les
premiers soufrages ayant été exécutés en temps pluvieux n'ont produit aucun effet,
et maintenant que le temps est prospère, les travaux de la moiss )n nous empê-
chent d'exécuter convenablement cette utile opération. Les tabacs souffrent de la
sécheresse, mais les chanvres sont d'une végétation des plus luxuriantes. Les
pommes de terres et les betteraves promettent d'assez beaux produits. La récolte
des abricots a été tellement abondante qu'à raison de 5 fr. les 50 kilog. on a pu ache-
ter d'assez beaux fruits; tandis que les qualités inférieures se sont vendues de 1 à
3 fr. La deuxième coupe de fourrages artihciels a été très abondante. Les regains
des prés naturels vont assez bien jusqu'ici; mais la pluie serait déjà très néces-
saire pour leur développement ainsi que pour toutes nos semailles d été. »
Nous avons donné plus baut les résultats des premiers renseigne-
ments de la moisson. En ce qui concerne la vigne, les appréciations
sont assez contradictoires : il faut encore attendre quelques semaines
avant de pouvoir se former quelque opinion. J.-A. Barral.
LES EXPLOITATIONS RURALES DE LA COMPAGNIE
DE FERTILISATION.
Nous avons fait connaître les engrais de la Compagnie générale de
fertilisation placée sous la direction de M. Coquerel, leur origine et
leur mode de fabrication. Cette Compagnie dont les produits ont pour
base les matières des vidanges combinées avec les phosphates miné-
168 EXPLOITATIONS RURALES DE LA COMPAGNIE DE FERTILISATION.
raux ou d'os, les sels ammoniacaux et les sels de potasse, n'a pas
seulement voulu livrer à l'ai^ricullure des matières fertilisantes à
dosages garanLia et d'une action toujours certaine et identique aux
effets annoncés pour la nature des terrains sur lesquels on les
emploie, et les sortes de récoltes à obtenir; elle a encore résolu d'ap-
pliquer elle môme ses engrais sur des terres lui appartenant ou qu'elle
aurait prises en location. Dès maintenant elle opère sur 17 fermes
d'une étendue totale de 2,1 UÛ hectares, situées les unes dans Seine-et-
Marne, les autres dans le département de la Marne. Nous avons
visite le premier groupe de ces exploitations considérables, qui compte
719 hectares divisés en sept fermes, savoir : dans les cantons de
Nemours et de Moret, sur l'arrondissement de Fontainebleau, la
ferme de Saint-Louis, 135 hect.; la métairie des Champs-Marolles, de
65 hect.; les fermes du Bois-d'Eve, 70 hect.; de la Basse-Plaine,
64 hect.; des Gallois, 200 hect.; de Mazagran, 100 hect.; enfin près
de Melun, la Gatellerie, de 85 hectares. Les deux premières exploita-
tions seules sont à bail; les cinq autres sont la propriété de la
Compagnie, qui a partout soit des directeurs d'exploitation, soit des
métayers, avec une inspection générale pour le groupe des fermes. Les
employés ont un traitement iixe, plus un intérêt dans les bénéfices
nets des exploitations auxquels ils sont attachés.
Il y a là un fait agricole considérable qu'il nous a paru important
de signaler avec quelques détails. C'est un exemple de la mobilisation
de la propriété rurale, ou encore d'une entreprise de l'exploitation des
terres sous une forme qui n'avait guère été appliquée jusqu'ici qu'à la
grande industrie, aux chemins de fer, aux canaux, aux lignes de
navigation, aux mines, à des banques. Nous n'hésitons pas à dire
que lorsque manquent les capitaux nécessaires pour mettre une terre
en plein rendement, soit en cultivant directement, soit en la cultivant
par métayers ou bien lorsqu'on ne rencontre pas de fermier pouvant
faire au sol les avances indispensables, on ne doit pas hésiter à
employer, s'ils se présentent, les nouveaux modes d'exploitation
inauguics par la Compagnie de fertilisation. Ce qui importe avant tout,
c'est de constater les faits qui forment le pjint de départ, afin d'être
en mesure de signaler les résultats, à' mesure qu'ils se présenteront.
Les premières fermes que nous avons visitées sont celles de Saint-
Louis et des Champs-Marolles. Elles ont ensemble une étendue de
200 hectares. La Compagnie les a louées à j\L de la Tour-du-Pin, par
un bail de 27 ans. Le taux de location n'est que de 4,000 fr., soit
Hi) fr. par hectare. Le propriétaire doit payer les impôts et faire toutes
les réparations nécessaires pour les bâtiments; il aura droit, d'un
•autre cCté, à 5 pour i 00 dans les bénéfices nets. Ces terres font.partie
du vaste domaine de Nanteau, qui, outre un très beau château,
présente encore une forêt de 1,800 hectares. Les terres arables étaient,
pour la plus grande partie, en friches, et elles ne trouvaient pas
fermier, les plus intrépides reculant devant les grandes avances à faire
pour arriver à mettre en état de production des terres sableuses ou
argilo-siliceuses, très légères, absolument épuisées. La Compagnie de
fertilisation a le droit de pacage pour ses porcs dans les 1,800 hecLai-es
de bois. En revanche, elle a laissé le droit de chasse sur ses fermes à
M. delà Tour-du-Pin.
Pour commencer, la Compagnie a acheté les appareils de labourage
EXPLOITATIONS RURALES DE LA COMPAGNIE DE FERTILISATION 169
à vapeur de M. Debains, pour la somme de 12,500 fr. Elle a pris, en
outre, chez M. Piller, une locomobile à vapeur de 10 chevaux, fabriquée
par Garrett, ainsi qu'une machine à battre à'grand travail du même
constructeur. Ces machines doivent servir aux autres fermes du groupe
de Seine-et-iMarne ; pour le labourage à vapeur, c'est encore un projet,
car les machines n'ont été utilisées qu'à Saint-Louis; la machine à
battre a déjà été employée pour les seigles dans toutes les exploitations,
elle livre les grains tout prêts à être portés au marché. Les machines
seront aussi louées aux autres fermiers du pays. Tous les travaux
sont, du reste, faits mécaniquement; il y a, sur l'exploitation,
machine à moissonner, machine à faucher, râteaux à cheval, herses
articulées, rouleaux de fonte, semoirs, tous instruments de Wood,
Hornsby, Howard, Nicholson, c'est-à-dire des constructeurs anglais
les plus estimés, la Compagnie se réservant, bien entendu, d'acheter
aussi des machines aux constructeurs français.
Sur la ferme de Saint-Louis, nous avons vu 17 chevaux et 20 vaches,
dont 22 hollandaises et 4 du pays.
Les seigles, au moment de notre visitf> (25 juillet), étaient coupés
et battus. Sur une surface de 3 hectares 35 ares, on avait obtenu
6,480 kilog. de grain, soit 90 hectolitres en toutou 26hectol. 85 litres
par hectare. La qualité du grain est remarquable; certainement il devra
être employé comme semence. Le champ qui était plein de chiendent,
et qui avait été très difficile à mettre en état, avait reçu 500 kilog.
d'engrais, soit pour 150 fr. La paille qui sortait de la machine Garrett
était très belle; on l'employait, au moment où nous l'avons vue, pour
faire des liens. Les autres cultures que nous avons visitées, étaient :
Pommes de terre? 43 hectares.
Blé ]2
Avoine 14 »
Trèfle 13
Bette-aves ... .",
Choux '2 n
Haricots 2 -.
Vesces de printemps 2 »
Carottes 1 „
Prairies 1 j
Tûlal 109 hectares.
Il y a, en outre, un parc de 7 hectares, et l'on n'avait pas encore pu
défricher 40 hectares qui seront mis en culture pour l'an prochain.
Sur la ferme tout entière, il avait été eiuployé, à l'hiver et au prin-
temps, pour 2G,008 fr. d'engrais de la Compagnie^ soit 230 fr.
environ par hectare, dont les quatre cinquièmes après la semaille et
le dernier cinquième au printemps après la levée. Si l'on fait un total
des engrais, du prix des machines et de celui du cheptel vivant, on
voit que la Compagnie a dû faire à la ferme une avance d'environ
110,000 francs.
D'après l'état des cultures, il n'y a pas de doute que, pour cette
année, l'affaire sera très rémunératrice. Les blés sont très beaux d'épis,
quoique un peu clairs, ce qui paraît être uq résultat des gelées de
l'hiver. Les pommes de terre sont en parfait état, et d'après la récolle
de quelques pieds qui, à différentes places, ont été arrachés devant
nous, on ne doit pas estimer le rendement à moins de 10,u00 kilog.
par hectare.
L'exploitation de Saint-Louis a pour directeur M. Queynesson qui,
auparavant, était cultivateur aux environs de Valencieiines. Il a.
170 EXPLOITATIONS RURALES DELA COMPAGNIE DE FERTILISATION.
outre des appointements fixse de 2,000 fr., le logement et la nourriture
prise sur la ferme, un intérêt de 5 pour 100 dans les bénéfices nets.
M. Queynesson surveille en même temps la métairie des Champs
MaroUes qui est confiée à un belge de la Flandre. Celui-ci est depuis
peu de temps dans le pays. Les conditions qui lui ont été faites sont
de fournir toute la main-d'œuvre et de partager par moitié les produits
de la vente, après le prélèvement du payement des engrais et des
semences, et en outre d'un intérêt de (> pour 100 sur le capital avancé
en cheptel. Il n'y a pas de bétail, si ce n'est pour la consommation du
métayer et de ses gens. Cette année, il n'a été faitencore aux Champs-
Marolles que des pommes déterres et un peu d'avoine. On avait ense-
mencé 14 hectares de seigle qui ont dû être retournés. C'est une cul-
ture qui commence dans un sol difficile; mais le métayer nous a
affirmé qu'il était sûr de s'en tirer. Il a dû, sur la partie des terres
qu'il a défrichée, enlever une masse de chiendent qu'il a brûlé et faire
aussi des épierrements. Mais, d'après son expérience de la Flandre,
il ne doute pas du succès.
Les deux fermes du Bois-d'Eve et de la Basse-Plaine que nous avons
ensuite visitées sont sous la direction de M. Pruvost, qui est maire
de sa commune, et qui, dans son domicile, a un élevage de volailles.
Il fait des poulets, des dindons, des oies, etc., pour toutes les fermes
du groupe; il se sert des appareils de Roullier-Arnoult, et il est monté
pour livrer 400 jeunes volatiles par mois. Sur les œufs mis à couver,
et jusqu'au moment de la livraison à l'âge de six semaines, il y a à
peu près une perte de 40 pour 100 ; les jeunes bêtes reviennent, les
pertes comprises, à 50 centimes au moment de la naissance, et ensuite
un peu moins de 1 centime par jour^ soit en tout à 90 centimes au
moment de la livraison dans les fermes. On n'a rencontré d'obstacle
que dans quelques invasions de la maladie dite le choléra des poules.
La ferme du Bois-d'Eve a été achetée par la Compagnie le 27 oc-
tobre dernier, pour le prix de 35,000 francs; elle appartenait à un
notaire de Valenciennes qui, depuis cinq ans, la laissait en friches. Elle
ne comptait pas moins de 156 parcelles. M. Pruvost, par des échanges
dont beaucoup sont déjà accomplis, compte ramener les cultures à
six parcelles seulement. Il a déjà de beaux champs d'avoine et de
pommes de terre pour lesquels il a employé de 600 à 1 ,000 kilo-
grammes d'engrais de la Compagnie. Il a sept chevaux pour les tra-
vaux des deux fermes. Les récoltes que nous avons vues sur pied pro-
mettent d'être très rémunératrices. Il n'y a pas de bétail.
La ferme de la Basse-Plaine a été achetée à la même époque que la
précédente pour le prix de 45,000 fr. Les terres sont meilleures, elles
ont un sous-sol profond et frais : quelques parties sont même exposées
à avoir trop d'eau dans les années pluvieuses, à cause de leur position
que leur nom indique. Une pièce d'un seul tenant a une étendue de
60 hectares; 4 hectares seulement sont en morceaux détachés. Les
récoltes que nous avons vues, pommes déterre, seigle, froment, avoine
et même betteraves, sont en bon état.
La ferme des Gallois, que nous avons visitée le lendemain, est sur la
commune de Villemer, dans le canton de Moret ; elle appartenait à
M. le vicomte de Soussay qui a vendu pour 85,000 fr., 260 hectares.
La Compagnie a cédé les parcelles détachées, d'une contenance totale
de 62 hectares, pour 72,000 fr., de telle sorte qu'elle reste propriétaire
EXPLOITATIONS RURALES DE LA COMPAGNIE DE FERTILISATION. 171
de 198 hectares, en dix parcelles, pour une somme de 13,000 fr., en
ajoutant les frais, c'est un total de 25,000 fr., ou 126 fr. par hectare. Il
est vrai qu'il faudra refaire quelques bâtiments, mais une partie est en
très bon état. M. Lair, ancien élève de Grio;non, est le directeur de
l'exploitation; il a comme aide un jeune stagiaire, M. Cellier. Il était
antérieurement depuis sept ans fermier, et il payait 3,100 fr. de loyer
pour 150 hectares qui lui avaient été loués ; ce n'était que 20 fr. environ
par hectare. Il nous a dit qu'il y avait fait ses affaires. Nous avons
trouvé sur la ferme 1 1 chevaux et 20 vaches. M. Lair a employé, cette
année, pour 12,000 fr. d'engrais pris à la Compagnie. Nous avons
trouvé sur la ferme :
Avoine a.- 34 hectares.
Froment 21 »
Sei^'le 3
{^fcourpeon 4 »
Fourrages de deux ans (sainfoin, luzerne).... 19 »
Mènes fourrages d'ua an 14 »
Vesces 9 »
Trèfle incarnat 2 »
Pommes d« terre 14 »
Total ... 120 hectares.
Il y a encore trois pièces de terres boisées d'une étendue totale de
1A hectares; d'autres sont en fi^iche, et n'ont jamais été cultivées.
Nous avons traversé une friche de 9 hectares qui avait été récemment
défrichée et mise, à la fm de juin, en sarrasin destiné à être enfoui.
Les escourgeons et les seigles étaient déjà moissonnés et battus. Les
escourgeons avaient même été vendus à raison de 18 fr. 50 les 100
kilog. ; les seigles étaient battus et avaient donné en tout 75 hectolitres,
soit 25 hectolitres à l'hectare. Ils avaient reçu, outre du fumier, 600
kilog. d'engrais de la Compagnie. On coupaitles blés au moyen d'une*
machine à moissonner. Tous les battages sont faits avec la batteuse
Garrett venue de Saint-Louis. M. Lair estime sa récolte à 26 hectolitres
par hectare. Avant que celui-ci entrât aux Gallois, le propriétaire ne
récoltait pas assez de Idé pour sa consommation. Il y a deux machines
à moissonner, une de Wood et une de Hornsby combinée; l'une et l'autre
fonctionnaient. On attendait une faucheuse lieuse de Decker et Mot que
M. Durand, de Nemours, devait donner à l'essai. Le reste du cheptel
mort se composait de sept charrues, d'un extirpateur-scarificateur,
d'un buttoir Howard, d'une herse articulée, de huit herses parallélo
grammiques du pays, de deux rouleaux de bois et d'un rouleau de
fonte, d'un râteau à cheval de Howard, d'une petite batteuse de
Breloux (de Nevers) avec le manège Pinet, d'un hache-paille de Pilter à
trois lames, de cinq chariots pour rentrer les fourrages, d'un tombereau
et de deux voitures pour la direction ; le tout d'une valeur de 7,000 fr.
environ. Un bourrelier de Villemer a pris à l'entreprise l'entretien des
harnais, à raison de 20 fr. par cheval pour l'année. Un ouvrier de la
Compagnie fait le ferrage des chevaux pour tout le groupe des fermes
de Seine et-Marne ; il est payé à raison de 60 fr. par mois.
Le domaine de Mazagran est placé sous le régime du métayage. Le
métayer M. Julien, qui vient de Belgique, est entré le 14 février dernier.
Les conditions sont les mêmes que pour le domaine des Champs-
Marolles. M. Lair surveille lacultureet les partages. Nous avons trouvé
sur le domaine 7 chevaux et 15 bêtes à cornes. Les cultures étaient
ainsi réparties :
172 EXPLOITATIONS RURAI.KS DE LA. r.OMl*.\f.-\'IE DE FEBTI[,I> aTIO.n.
Avoine '22 heclaros
Blé et niéti'il • 17
Seigle ;{ y
Pommes dp lei IV ]'4
Betteraves '2
Vesces 3 »
Fourrage nouveau 10 n
Trèfle violet 6
Vieux sjiinl'oin 7 .
Pâture de vieux saiD loin '.\
Total 87 hectares
Il reste encore quelques pièces à défricher. Les avoines et les blés,
ainsi que les pommes de terre sont en excellent état. Il a été employé
1 2,000 kilog. d'engrais de la Compagnie. Le cheptel se compose de deux
charrues, de deux rouleaux en fonte, de trois herses articulées, d'un
extirpateur, d'une moissonneuse de Hornsby et d'un râteau de Nichol-
son. On se sert d'ailleurs, au besoin, des outils et machines delà ferme
des Gallois. L'avantage de la combinaison employée, est, en effet, que
toutes les fermes se portent aide ou secours tour à tour ; ainsi un taureau
sert pour toutes les vaches, et un étalon pour toutes les juments.
Il resterait, pour terminer l'étude de ce groupes de fermes, à parler
<ie la terre de la Gatellerie, qui est située sur la commune du Chatelet,
dans l'arrondissement de Àlelun. Elle est mise sous le régime du mé-
tnycjfije. Le métayer est un ancien garde champêtre du pays. M. Lair
surv^eille la culture. Cette ferme est destinée principalement à faire des
cultures fourragères, et elle doit recevoir en infirmerie les chevaux
d'une Compagnie de voitures de Paris.
Toutes les fermes adressent chaque semaine, à Clichy-la-Garenne,
une feuille donnant tous les détails nécessaires pour que la Direction
générale établisse la comptabilité. Les engrais sont vendus aux fermes
au même prix qu'à tous les autres clients; seulement on les bonifie de
la remise de 10 pour 100 faite aux intermédiaires. M. Maillard, chi-
miste de la Compagnie, détermine la composition des engrais de
chaque culture d'après la nature du sol et des récoltes à faire.
Tel est en substance l'état du groupe de fermes de la Compagnie de
fertilisation dans Seine-et-Marne; on voit qu'elle a affaire à des terres
crénéralenaentde peu de valeur, qui étaient peu productives, parce que
les engrais et le capital d'exploitation manquaient. Tout fait pen-
ser que, sous la nouvelle administration, les choses changeront com-
plètement de face. On peut affirmer dès maintenant qu'il est possible
d'y faire de très belles récolles, certainement très rémunératrices. Si,
en France, certaines cultures ne donnent pas de résultats^, c'est que les
capitaux et l'intelligence y font défaut. Nous ajouterons (]ue la main-
d'œuvre, dans les fermes que nous avons vues, est plutôt rare que
chère; à Saint- Louis, les charretiers (il y en a quatre) sont payés à
raison de 500 fr. par an, plus la nourriture; aux Gallois, le salaire
des hommes est de 3fr. 50 par jour; ils sont en outre nourris, et pen-
dant la moisson ils ont une bouteille de vin le matin, plus de l'abon-
dance à volonté pendant toute la journée. Quand on manque d'hommes
dans les fermes, l'usine de Clichy en envoie immédiatement.
Une simple constatation, en terminant. C'est que l'hiver dernier a
tué absolument tous les noyers dans les cantons que nous avons tra-
versés durant les deux journées. On dit qu'on a eu un froid de — 29
degrés. Les dégâts, sur d'autres cultures ou d'autres arbres, ont été, en
général, de peu d'importance. J.-A Baural.
SUR L'ÉTIOLOQIE DE LA MALADIE CHARBONNEUSE. 173
SUR L'ÉTIOLOGIE DU CHARBON '
Une des maladies les plus meurtrières du bétail est l'affection que
l'on désigne vulgairement sous le nom de charbon. La plupart de nos
départements ont eu à en souffrir;, les uns peu, les autres beaucoup. Il
en est où les pertes se comptent annuellement par millions; tel est le
département d'Eure-et-Loir. Des nombreux troupeaux de moutons
qu'on y élève, il n'en est pas un seul peut-être qui ne soit frappé chaque
année. Tout fermier s'estime heureux et ne donne même aucune
attention à la maladie quand la mort n'atteint pas plus de 2 à 3
pour 100 du nombre total des sujets qui composent son troupeau.
Tous les pays connaissent ce fléau. Il est parfois si désastreux en
Russie qu'on l'y nomme la pesle de Sibérie.
D'où vient ce mal? comment se propage-t-il? La connaissance
exacte de son étiologie ne pourrait-elle conduire à des mesures pro-
phylactiques faciles à appliquer et propres à éteindre rapidement la
redoutable maladie? Telles sont les questions que je me suis pro-
posé de résoudre et pour lesquelles je me suis adjoint deux jeunes
observateurs pleins de zèle, qu'enflamment comme moi les grandes
questions que soulève létude des maladies contagieuses, MM. Cham-
berlandet Roux.
Longtemps on a cru que le charbon naissait spontanément sous
l'influence de causes occasionnelles diverses : nature des terrains, des
eauX; des fourrages, modes d'élevage et d'engraissement, on a tout
invoqué pour expliquer son existence spontanée; mais, depuis que les
travaux de M.- Davaine et Delafond, en France, de Pollender et de
Brauëll, en Allemagne, ont appelé l'attention sur la présence d'un
parasite microscopique dans le sang des animaux morts de cette affec-
tion, depuis que des recherches rigoureuses ont combattu la doctrine
de la génération spontanée des êtres microscopiques et qu'enfin les
effets des fermentations ont été rattachés à la microbie, on s'habitua
peu à peu à l'idée que les animaux atteints du charbon pourraient
prendre les germes du mal, c'est-à-dire les germes du parasite, dans
le monde extérieur, sans qu'il y eût jamais naissance spontanée pro-
prement dite de cette affection. Cette opinion se précisa encore davan-
tage lorsque, en 1876, le docteur Kock, de Breslau, eût démontré que
la bactéridie, sous sa forme vibrionienne ou bacillaire, pouvait se
résoudre en véritables corpuscules-germes ou spores.
Il y a deux ans, j'eus l'honneur de soumettre au ministre de l'agri-
culture et au président du Conseil général d'Eure-et-Loir un projet de
recherches sur l'étiologie du charbon, qu'ils accueillirent avec em-
pressement. J'eus également la bonne fortune de rencontrer dans
M. Maunoury, maire du petit village de Saint-Germain, à quelques
lieues de Chartres, un agriculteur éclairé qui voulut bien m'autoriser
à installer sur un des champs de sa ferme un petit troupeau de mou-
tons dans les conditions généralement suivies en Beauce pour le par-
cage en plein air. En outre, le directeur de l'agriculture mit obligeam-
ment à notre disposition deux élèves-bergers de l'école de Rambouillet
pour la surveillance et l'alimentation des animaux.
Les expériences commencèrent dans les premiers jours d'août 1878.
1. Communication à l'Académie des sciences et à la Société nationale d'agriculture.
174 SUR L'ÉTIOLOGIE DE LA MALADIE CHARBONNEUSE.
Elles consistèrent tout d'abord à nourrir certains lots de moutons avec
de la luzerne que l'on arrosait de cultures artificielles de bactéridies
charbonneuses chargées du parasite et de ses germes. Sans entrer
dans des détails qui trouveront leur place ailleurs, je résume dans
les points suivants nos premiers résultats.
Malgré le nombre immense de spores de bactéridies ingérées par
tous les moutons d'un même lot, beaucoup d'entre eux échappent à
la mort, souvent après avoir été visiblement malades; d'autres, en
plus petit nombre, meurent avec tous les symptômes du charbon
spontané et après un temps d'incubation du mal qui peut aller jusqu'à
huit et dix jours, quoique, dans les derniers temps de la vie, la ma-
ladie revête ces caractères presque foudroyants fréquemment signalés
par les observateurs, et qui ont fait croire à une incubation de très
peu de durée \
On augmente la mortalité en mêlant aux aliments souillés des
germes du parasite des objets piquants, notamment les extrémités
pointues des feuilles de chardon desséché, et surtout des barbes
d'épis d'orge coupées par petits fragments de O'^.OI de longueur
environ.
Il importait beaucoup de savoir si l'autopsie des animaux morts
dans ces conditions montrerait des lésions pareilles à celles qu'on ob-
serve chez les animaux morts spontanément dans les étables ou dans
les troupeaux parqués en plein air. Les lésions, dans les deux cas,
sont identiques, et parleur nature elles autorisent à conclure que le
début du mal est dans la bouche ou l'arrière-gorge. Nos premières
constatations de ce genre ont été faites le 18 août, par. des autopsies
pratiquées sous nos yeux par M. Boutet fils et M. Vinsot, jeune élève
vétérinaire, sortant de l'Ecole d'AUbrt, qui nous a assistés avec beau-
coup de zèle pendant toute la durée des expériences faites à Saint-
Germain*.
Dès lors l'idée qui présidait à nos recherches, à savoir que les
animaux qui meurent spontanément du charbon dans le département
d'Eure-et-Loir sont contagionnés par des spores de bactéridies char-
bonneuses répandues sur leurs aliments, prit dans notre esprit la plus
grande consistance.
Reste la question de l'origine possible des germes de bactéridies. Si
l'on rejette toute idée de génération spontanée du parasite, il est
naturel de porter tout d'abord son attention sur les animaux enfouis
dans la terre.
L La communication de la maladie par des aliments souillés de spores cliarbonn'>uses est plus
difficile encore chez les cobayes que chez les moutons. Nous n'en avons pas obtenu d'exemple dans
d'assez nombreuses expériences. Les spores, dans ce cas, se trouvent dans les excréments. On les
retrouve également intactes dans les excréments des moutons.
2. Dans nos expériences, une circonstance particulière mérite d'être mentionnée. Huit de nos
moutons d'expérience furent inoculés directement par piqûres à Faide de cultures de bactéridies,
certains même par du sang charbonneux d'un moiJtDii mort quelques heures auparavant et qui
était rempU de bactéridies. Tous les moutons furent malades, avec élévation constatée de leur
temiiérature ; un seul mourut qu: avait été piqué sous la langue. Un des moutons qui guérirent
n'avait pas reçu à la cuisse, avec une seringue de Pravaz, moins de dix gouttes de sang char-
bonneux. Ces faits, signalés à M. Toussamt, fort versé dans les connaissances relatives au charbon,
quij dans le même temps, s'occupait à Chartres d'études sar cette affection et qui assistait quelque-
fois à nos expériences sur le champ de Samt-Germain, lui parurent si surprenants qu'il ne voulut
pas y croire et qu'il tint à faire lui-même une des inoculations. Le mouton survécut comme les
autres.
Les poules qui ont été nourries par des aliments souillés du microbe du choléra des poules,
lorsqu'elles ne meurent pas, peuvent être vaccinées. Il y a lieu dès lors de se demander si l'on ne
pourrait arriver à vacciner des mouton9>,pour l'affection charbonneuse en les soumettant préala-
blement et graduellement à des repas souillés des spores du parasite.
SUR LETIOLOGIE DE LA MALADIE CHARBONNEUSE. 175
Voici ce qui arrive toutes les fois qu'un animal meurt spontanément
du charbon : un établissement d'équarrissage est-il proche, on y
conduit le cadavre. Est-il trop éloigné ou l'animal a-t-il peu de
valeur, comme c'est le cas des moutons, on pratique une fosse sur
place, à une profondeur de 0'".50 à ir.60 ou 1 mètre, dans le champ
même où l'animal a succombé, ou dans un champ voisin de la ferme,
s'il a péri à l'écurie, on ïy enfouit en le recouvrant de terre. Que se
passe-t-il dans la fosse et peut-il y avoir ici des occasions de dissémi-
nation des germes de la maladie? Non, répondent certaines personnes,
car il résulte d'expériences exactes du docteur Davaine que l'animal
charbonneux, après sa putréfaction, ne peut plus communiquer le
charbon. Tout récemment encore, de nombreuses expériences ont été
instituées par un des savants professeurs de l'Ecole d'Alfort, grand
partisan de la spontanéité de toutes les maladies. Il est arrivé à cette
conclusion « que les eaux chargées de sang charbonneux, de débris
« de rate, les terreaux obtenus en stratifiant du sable, de la terre, du
« fumier avec des débris de cadavres rapportés de Chartres n'ont jamais
« (par l'inoculation) provoqué la moindre manifestation de nature
« charbonneuse » (Colin, Bulletin de f Académie de Médecine^ 1879);
mais il faut compter ici avec les difficultés de la recherche, difficultés
que M. Colin a entièrement méconnues.
Prélever de la terre dans les champs de la Beauce et y mettre en
évidence des corpuscules d'un à deux millièmes de millimètre de
diamètre capables de donner le charbon par l'inoculation à des ani-
maux, c'est déjà un problème ardu. Toutefois, par des lavages appro-
priés et en profitant de la puissance contagionnante de ces corpuscules-
germes pour les espèces cobayes et lapins, la chose serait facile si ces
corpuscules du parasite charbonneux étaient seuls dans la terre. Mais
celle-ci recèle une multitude infinie de germes microscopiques et
d'espèces variées, dont les cultures sur le vivant ou dans les vases se
nuisent les unes aux autres'. J'ai appelé l'attention de l'Académie sur
ces luttes pour la vie entre les êtres microscopiques dans ces vingt
dernières années; aussi, pour faire sortir d'une terre la bactéridie
charbonneuse qu'elle peut contenir à l'état de germes, il faut recourir
à des méthodes spéciales, souvent très délicates dans leur application :
action de l'air ou du vide, changements dans les milieux de cultures,
influence de températures plus ou moins élevées, variables avec la
nature des divers germes, sont autant d'artifices auxquels on doit
recourir pour empêcher un germe de masquer la présence d'un autre.
Toute méthode de recherche grossière est fatalement condamnée à
l'impuissance, et les résultats négatifs ne prouvent rien, sinon que
dans les conditions du dispositif expérimental qu'on a employé la
1. Je suis même très porté à croire que c'est dans cette infinie quantité de germes microsco-
piques qu'il faut aller chercher la solution vraie de la nitrification que MM. Schlœ-ing et Mûntz
ont si bien démontrée être sous la dépendance exclusive d'une sorte de fermentation. Un jour, c'était,
si j'ai bon souvenir, au mois de juillet 1878, alors que j'étais précisément préoccupé de la présence
de tous ces germes microscopiques des terres arables, je reçus la visite de ces savants observateurs.
Ils m'apportaient des billes sortant de leurs tubes nitrificateurs afiirmant, par les excellentes
preuves qu'ils en ont données, que quelque chose de vivant, existant à la surface de ces billes,
devait être l'agent du phénomène. Mais, ajoutaient-ils, « nous avons beau chercher et observer,
nous ne trouvons pas d'êires microscopiques. Voyez vous-même. • J'examine et je leur dis : « Vous
avez raison, il n'y a pas d'êtres microscopiques; mais cela fourmille de leurs germes et voilà, je
crois, votre agent nitrificateur. •■ En d'autres termes, je suis porté à ne pas admettre un fer-
ment spécial, un être en voie de développement (il déniinfierait plutôt en cet état), mais un effet
physique d'absorption et de transport d'oxygène sur les éléments de l'ammoniaque par les germes
innombrables de la terre, analogue à celui qui s'effectue sous l'influence d\x mycoderma aceté
dans les liquides alcooliques en voie d'acétification.
176 SUR LETIOLOGIE DE LA MALADIE CHARBONNEUSE.
bactéridie n'a pas apparu. L'argument principal invoqué par le savant
professeur d'Alfort à l'appui des résultais négatifs de ses nombreuses
inoculations est que le charbon disparaît dans le cadavre d'un animal
charbonneux au moment oii il se putréfie. Cette assertion est exacte,
et elle était bien connue des équarrisseurs avant même que le docteur
Davaine en donnât une confirmation de fait. Souvent j'ai entendu les
équarrisseurs, que je voyais manier des animaux charbonneux et que
j'avertissais du danger qu'ils couraient, m'assurer que le danger avait
disparu quand l'animal était avancé et qu'il fallait n'avoir de craintes
que s'il était encore chaud. Quoique, prise à la lettre, cette assertion
soit inexacte, elle trahit cependant l'existence du fait en question.
Dans un travail antérieur, M. Joubert et moi, nous avons donné la
véritable explication du phénomène. Dès que la bactéridie, sous un
état filiforme, est privée du contact de l'air, qu'elle est plongée, par
exemple, dans le vide ou dans le gaz acide carbonique, elle tend à se
résorber en granulations très ténues, mortes et inoffensives. La putré-
faction la place précisément dans ces conditions de désagrégation de
ses tissus. Les corpuscules-germes ou spores n'éprouvent pas cet
effet et se conservent, ainsi que le docteur Kock l'a montré le premier.
Quoi qu'il en soit, et comme l'animal, au moment de sa mort, ne
contient que le parasite à l'état filiforme, il est certain que la putréfac-
tion l'y détruit dans toute sa masse.
Si l'on s'arrêtait à cette opinion pour l'appliquer aux faits de la
nature d'une manière absolue, on n'aurait qu'une vue incomplète de
la vérité.
Assistons par la pensée à l'enfouissement du cadavre d'une vache,
d'un cheval ou d'un mouton morts du charbon. Alors même que les
animaux ne seraient pas dépecés, se peut-il que du sang ne se
répande pas hors du corps en plus ou moins grande abondance?
N'est-ce pas un caractère habituel de la maladie qu'au moment de la
mort le sang sort par les narines, par la bouche et que les urines sont
souvent sanguinolentes? En conséquence, et dans tous les cas pour
ainsi dire, la terre autour du cadavre est souillée de sang. D'ailleurs,
il faut plusieurs jours avant que la bactéridie se résolve en granula-
tions inoffensives par la protection des gaz privés d'oxygène libre que
la putréfaction dégage, et pendant ce temps le ballonnement excessif
du cadavre fait couler les liquides de l'intérieur à l'extérieur par toutes
les ouvertures naturelles quand il n'y a pas, par surcroît, déchirure
de la peau et des tissus. Le sang et les matières ainsi mêlées à la terre
aérée environnante ne sont plus dans les conditions de la putréfaction,
mais bien plutôt dans celles d'un milieu de culture propre à, la forma-
tion des germes de la bactéridie. Hàtons-nous toutefois de demander à
l'expérience la confirmation de ces vues préconçues.
Nous avons ajouté du sang charbonneux à la terre arrosée avec de
l'eau de levure ou de l'urine aux températures de l'été et aux tempé-
ratures que la fermentation des cadavres doit entretenir autour d'eux
comme dans du fumier. En moins de vingt-quatre heures, il y a eu
multiplication et résolution en corpuscules-germes des bactéridies
apportées par le sang. Ces corpuscules-germes, on les retrouve ensuite
dans leur état de vie latente, prêts à germer et propres à communi-
quer le charbon, non seulement après des mois de séjour dans la terre,
mais après des années.
SUR LETIOLOGIE DE LA MALADIE CHARBONNEUSE. 177
Ce ne sont là que des expériences de laboratoire, 11 faut rechercher
ce qui arrive en pleine campagne avec toutes les alternatives de séche-
resse, d'humidité et de culture. Nous avons donc, au mois d'août 1878,
enfoui dans un jardin de la ferme de M. Maunoury, après qu'on en
eût fait l'autopsie, un mouton de son troupeau qui était mort sponta-
nément du charbon.
Dix mois, puis quatorze mois après, nous avons recueilli de la
terre de la fosse et il nous a été facile d'y constater la présence
des corpuscules-germes de la bactéridie et, par l'inoculation, de
provoquer sur des cochons d'Inde la maladie charbonneuse et la
mort. Bien plus, et cette circonstance mérite la plus grande attention,
cette même recherche des germes a été faite avec succès sur la terre
de la surface de la fosse, quoique, dans l'intervalle, cette terre n'eût
pas été remuée. Enfin, les expériences ont porté sur la terre de fosses
où l'on avait enfoui, dans le Jura, à 2 mètres de profondeur, des vaches
mortes du charbon au mois de juillet 1878. Deux ans après, c'est-à-dire
récemment, nous avons recueilli de la terre de la surface et nous en
avons extrait des dépôts donnant facilement le charbon. A trois
reprises, dans cet intervalle des deux années dernières, ces mêmes
terres delà surface des fosses nous ont offert le charbon. Enfin, nous
avons rexîonnu que les germes, à la surface des terres recouvrant les
animaux enfouis, se retrouvent après toutes les opérations de la cul-
ture et des moissons ; ces dernières expériences ont porté sur la terre
de nos champs delà ferme de M. Maunoury. Sur des points éloignés
des tosses, au contraire, la terre n'a pas donné le charbon.
Je ne serais pas surpris qu'en ce moment des doutes sur l'exactitude
des faits qui précèdent ne s'élèvent dans l'esprit de l'Académie. La
terre, qui est un filtre si puissant, dira-t-on, laisserait donc remonter
à sa surface des germes d'êtres microscopiques!
Ces doutes pourraient s'étayer même des résultats d'expériences que
M. Joubert et moi nous avons publiées autrefois. Nous avons annoncé
que les eaux de sources qui jaillissent de la terre à une profondeur
même faible sont privées de tous germes, à cepoint qu'elles ne peuvent
féconder les liquides les plus susceptibles d'altération. De telles eaux
cependant sont en contre-bas des terres que traversent incesgamment,
quelquefois depuis des siècles, les eaux pluviales, dont l'effet doit
tendre constamment à faire descendre les particules les plus fines des
terres superposées à ces sources. Celles-ci, malgré ces conditions
propres à leur souillure, restent indéfiniment d'une pureté parfaite,
preuve manifeste que la terre, en certaine épaisseur, arrête toutes les
particules solides les plus ténues. Quelle différence dans les conditions
et les résultats des expériences que je viens de relater, puisqu'il s'agit
au contraire de germes microscopiques qui, partant des profondeurs,
remonteraient à la surface, c'est-à-dire en sens inverse de l'écoulement
des eaux de pluie et jusqu'à de grandes hauteurs ! Il y a là une
énigme.
L'Académie sera bien surprise d'en entendre l'explication. Peut-être
même sera-t-elle émue à la pensée que la théorie des germes, à peine
née aux recherches expérimentales, réserve à la science et à ses appli-
cations des révélations aussi inattendues. Ce sont les vers de terre qui
sont les messagers des germes et qui, des profondeurs de l'enfouisse-
ment, ramènent à la surface du sol le terrible parasite. C'est dans les
178 SUR L'KTIOLOGIE DK LA MALADIE CHARBONNEUSE.
petits cylindres de terre à très fines particules terreuses que les vers
rendent et déposent à la surface du sol, après les rosées du matin ou
après la pluie, que se trouvent, outre une foule d'autres germes, les
germes du charbon. Il est facile d'en faire l'expérience directe : que
dans de la terre à laquelle on a mêlé des spores de bactéridies on fasse
vivre des vers, qu'on ouvre leur corps après quelques jours, avec
toutes les précautions convenables pour en extraire les cylindres ter-
reux qui remplissent leur canal intestinal, on y retrouve en grand
nombre les spores charbonneuses. 11 est de toute évidence que si la
terre meuble de la surface des fosses à animaux charbonneux renferme
des germes du charbon, et souvent en grande quantité, ces germes
proviennent de la désagrégation par la pluie des petits cylindres
excrémentitiels des vers. La poussière de cette terre désagrégée se ré-
pand sur les plantes aras du sol et c'est ainsi que les animaux trouvent
au parcage et dans certains fourrages les germes du charbon par les-
quels ils se contagionnent, comme dans celles de nos expériences où
nous avons communiqué le charbon en souillant directement de la
luzerne. Dans ces résultats, que d'ouvertures pour l'esprit sur l'in-
fluence possible des terres dans l'étiologie des maladies, sur le dan-
ger possible des terres de cimetières, sur l'utilité de la crémation!
Les vers de terre ne ramènent-ils pas à la surface du sol ,d'autres
germes qui ne seraient pas moins inoffensifs pour ces vers que ceux
du charbon, mais porteurs cependant de maladies propres aux ani-
maux? Ils en sont, en effet, constamment remplis et de toutes sortes,
et ceux du charbon s'y trouvent en réalité toujours associés aux
germes de la putréfaction et des septicémies.
Et maintenant, quant à la prophylaxie de la maladie charbonneuse,
n'est-elle pas naturellement indiquée ? On devra s'efforcer de ne ja-
mais enfouir les animaux dans les champs destinés, soit à des ré-
coltes de fourrages, soit au parcage des moutons. Toutes les fois que
cela sera possible, on devra choisir pour l'enfouissement des terrains
sablonneux ou des terres calcaires, mais très maigres, peu humides et
de dessiccation facile, peu propres, en un mot, à la vie des vers de terre.
L'éminent directeur actuel de l'agriculture, M. Tisserand, me disait
récemment que le charbon est inconnu dans la région des Savarts de
Champagne. Ne faut-il pas l'attribuer à ce que, dans ces terrains
pauvres, tels que ceux du camp de Châlons, par exemple, l'épaisseur
du sol arable est de 0"M5 à 0™.20 seulement, recouvrant un banc de
craie où les vers de peuvent vivre ? Dans un tel terrain, l'enfouisse-
ment d'un animal charbonneux donnera lieu à de grandes quantités
de germes qui, par l'absence des vers de terre, resteront dans les pro-
fondeurs du sol et ne pourront nuire.
Il serait à désirer qu'une statistique soignée mît en correspon-
dance dans les divers pays les localités à charbon ou sans charbon
avec la nature du sol, en temps que celle-ci favorise la présence ou
l'absence des vers de terre. M. Magne, membre de l'Académie de
médecine, m'a assuré que, dans l'Aveyron, les contrées où l'on ren-
contre le charbon, sont à sol argilo-calcaire, et que celles où le char-
bon est inconnu, sont à sol schisteux et granitique. Or, j'ai ouï dire
que, dans ces derniers, les vers de terre vivent difficilement.
J'ose terminer cette communication en assurant que, si les cultiva-
teurs le veulent, l'affection charbonneuse ne sera bientôt plus qu'un
sur.l'étiologie de la maladie charbonneuse. 179
souvenir pour leurs animaux, pour leurs bergers, pour Ic^ bouchers
et les tanneurs des villes, parce que le charbon et la pustule maligne
ne sont jamais spontanés, que le charbon existe là oii il a été déposé
et où l'on en dissémine les germes avec la complicité inconsciente des
vers déterre; qu'enfin, si dans une localité quelconque on n'entre-
tient pas les causes qui le conservent, il disparaît en quelques années ^
L Pasteur,
Membre de l'Institut et de la Société d'agriculture de France
LE PRIX DE LA MAIN-D'ŒUVRE EN SAVOIE-
Saint-Julien (Haute-Savoie), le 11 juillet 1880.
La question du prix de la main-d'œuvre agricole en Savoie n'est point
nouvelle pour les lecteurs du Journal de V Agriculture. En 1867, M. Anselme
Pétetin en signalait l'importance dans cet estimable organe de l'agriculture
française et vous-même, mon très honoré Directeur, vous avez plusieurs fois
encouragé celui qui vous adresse cet article. Aujourd'hui j'ai fait pour vous, un
travail spécial qui, peut-être, pourra intéresser quel:fues-uns de vos lecteurs.
Vous le savez, depuis près de cent ans, un marché d'ouvriers de campagne se
tient chaque dimanche à Saint-Julien, avant la messe paroissiale de huit heures.
Les maîtres s'y donnent rendez-vous; les ouvriers font de même.
Celui qui désire embaucher un ouvrier, lui propose un prix : l'ouvrier accepte
ou refuse. S'il accepte, le prix de la journée ae travail est convenu, et il est payé
à la fin de la semaine, le samedi soir. Les contestations sont ektraordinairement rares.
Gomme dans tous les marchés il y a les prix les plus élevés, les prix les plus
bas, et enfin le prix moyen. Mais tous les maîtres, mais tous les ouvriers ne
viennent point au marché. Dans ce cas, il est convenu que le prix de la journée
de travail sera payé d'après le journal, qui est distribué dans les campagnes, le
samedi. Le prix-courant du journal fait autorité.
J'ai relevé dans les collections de l'Echo du Salève, le prix-courant de la
journée de travail. Je crois que les dates du 15 avril, du 15 juin, du 15 juillet et
du 1" octobre, correspondent assez bien, en Savoie, aux saisons oià les grands
travaux de la campagne occupent la plus grande partie du monde agricole. J'ai ensuite
établi des moyennes, et je vous envoie le travail complet, pour une période de
douze années, dans ce qui va suivre :
1868. 1869. 1870. 1871.
15 mars 1 fr. 20 c. 1 fr. 30 c. 1 fr. 50 c. 1 fr, 40 c.
15juin 1 — 75— 2_._ i_20— i_2o —
15 juillet 1 — 20— 2— .— i_50— i_4o_
1" octobre 1 — 85 — 1 — 40 — i — 50 — 1 — 75 —
Total 6 fr. » c. 6 fr. 70 c. h fr. 70 c. 5 fr. 80 c.
Moyennes 1 — 50 — 1 — 68 — 1 _ 49 _ 1 _ 45 _
1872. 1873. 1874. 1875.
15 mars 1 fr. 70 c. 1 fr. 25 c. 1 fr. 20 c. 1 fr. 50 c.
15 juin 2 — 15— 1 — 50— 1 _ 75 _ 1 _ 90 —
15 juillet 2 — 25— 2 — 30— 3 — 25— 2 — 50 —
1" ociobre 1 — 90 — 2 — 05 — 1 — 50— 2 — » —
Total 8 fr. 90 c. 7 fr. 10 c. 7 fr. 70 c. 7 fr. 90 c-
Moyennes 2 — 90 - l _ 78 — 1 _ 93 _ 1 __ 98 —
1. Voir le travail très intéressant que M. Baillet a publié, il y a dix ans, sur les pâturages de
l'Auvergne qui produisent ce que l'on nomme dans ce pays le mal de montagne {Mémoires du mi-
nistère de l'Agriculture, 1870).
Dès 1786, un très habile vétérinaire. Petit, avait démontré que le mal de montagne n'était autre
chose que le charbon, résultat confirmé de nos jours, dans des rapports administratifs remarquables,
par M. Maret, de Salianches. Une circonstance connue de tous dans le Cantal, c'est qu'il est des
pâturages qui, depuis un temps immémorial, sont épargnés, qu'il en est où le mal sévit de temps
à autre, qu'enfin on en trouve où le bétail est si fréquemmeiit décimé qu'on les a désignés sous le
nom de montagnes dangereuses, montagnes qu'on abandonne même souvent sans en tirer le
moindre produit, « tout au moins pendant quelques années », dit M. Baillet.
Cette dernière circonstance mérite une grande attention. C'est la preuve que la cause, quelle
qu'elle soit, qui produit le charbon dans une localité, disparaît avec le temps. Nous en avons eu
plusieurs exemples dans le cours de nos recherches en Beauce. M. Boutet, le vétérinaire si connu
dans ce pays, nous a indiqué des champs maudits, c'est-à-dire des champs où leurs propriétaires
assurent que le charbon serait inévitable sur les moutons qu'on y ferait parquer. Aussi le parcage
y est-il interdit depuis un certain nombre d'années, c'est-à-dire, depuis la constatation des der-
nières mortalités sur ces champs. Or, sur cinq de ces champs, nous avons établi des troupeaux
de (Joutons et la mortalité y a été nulle, excepté pour un des troupeaux où elle a été de
1 pour 100.
180 LE PRIX DE LA MAIN-D'ŒUVRE EN SAVOIE.
1876. 1877. 1878.
15 mars
lojuin
1
2
fr.
IrT
50 c.
15 -
10 -
75 c.
19 —
1 fr. 20 c.
3 - » —
2 - oO —
1 - 30 —
2
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7 :
1
syennes.
fr. 50 (
— 68
— 49
— 45
— 90
— 78
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— 98
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— s
— 97
— 84
fr. 10 C.
- 50 —
fr. 85 c.
— 95 —
;entimes.
centimes.
2 fr.
1 —
1 —
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50 c.
57 —
50 —
60 —
15 juillet
3
V octobre... .,
2
8
Total
8 fr. . c.
2 - » —
Récavilulation.
M(
7 fr.
1 —
35 c.
84-
Moyenne..
2
Années.
1868..
1869 . .
1870..
1871 ..
1872..
1873..
1874..
1875..
1876..
1877.,
' 2
■
1878..
1879..
Total.
21
fr. 75^
Moyenne des douze années, 1 fr. 81 c, avec la nourriture et le logement.
Pendant les cinq premières années (1868-1872), la moyenne de la journée de
travail a été de 1 franc 61 centimes; ce qui constitue une élévation de II centimes
sur la moyenne de la première année de l'opération, l'année 1863.
Pour les cinq années suivantes, (1873-1878) la moyenne de la journée de tra-
vail s'est encore élevée; elle est de 1 fr. 97 centimes, soit une augmentation de
26 centimes.
Le prix de la main-d'œuvre agricole en Savoie a donc subi une augmentation de
30 centimes en dix années.
Les deux premières années de la troisième période quinquennale donnent une
moyenne de l fr. 91 centimes, soit une augmentation de 11 centimes, et au total
une augmentation de 41 centimes sur l'année 1868.
Du Rhône au Mont-Cenis, le prix de la journée de travail ne diffère pas sensi-
blement; il en est de même dans toute la Suisse Romande, dans le département de
l'Ain et une partie de celui du Jura.
Récoltes. — En Savoie, la situation agricole, sans être absolument bonne, à
cause de la trop grande humidité et du manque de chaleur, permet cependant de
compter sur un rendement moyen de toutes les récoltes. Les blés et les avoines
sont partout superbes. L'épi, constitué vigoureusement, a résisté à la violence de
la bise (vent du nord). Le grain est bien nourri.
Les premières coupes fourragères ont trompé en mal, le rendement est moin-
dre /{ue celui sur lequel on avait compté. Toutefois la qualité est très supérieure.
Dans une étable de 12 vaches nourries avec du fourrage nouveau, le propriétaire a
constaté une augmentation de poids, et les bêtes ont donné une plus grande quan-
tité de lait.
La vigne est partout très belle. La floraison a eu lieu, cette année, d'une façon
régulière ; tous les grains d'une même grappe se sont trouvés en fleur à la fois.
C'est un signe certain de bonne qualité. Les vins sont extraordinairement rares et
extraordinairement chers. Le prix moyen dépasse 55 fr. l'hectolitre, non compris
les charges. Les fruits sout peu abondants, mais de bonne qualité. Les noix
donneront une récolte supérieure à celle d'une année 'moyenne. Au total, si nous
étions gratifiés de huit jours de bonne chaleur, nous commencerions la moisson.
L'ouverture prochaine du chemin de fer de Thonon à Gollonges transformera
notre pays. Nous pourrons communiquer librement avec l'intérieur de la France
sans emprunter le territoire étranger, et nous serons affranchis du transit onéreux
et désespérant, que nous payons sans profit et sans compensation, aux douanes
étrangères. Le jour de l'ouverture nous crierons avec un redoublement de satis-
faction : Vive la France. F. Gassagnes.
MACHINES A VAPEUR ET BATTEUSES DE AULTMANN
Le Journal a. déjà appelé l'attenlion, l'année dernière, sur les macMnes
à vapeur locomolDiles et les machines a battre introduites en France
LES MACHINES A VAPEUR ET LES BATTEUSES D'AULTMÂNN. 181
par la maison Aultmann, de Canton, dans l'Ohio (Etats-Unis d'Amé-
rique), en même temps que des faucheuses et des moissonneuses.
Il est utile de revenir sur la description de ces machines, à la fois
pour permettre aux agriculteurs de les apprécier à leur véritable
valeur, et pour montrer sur quels points elles diffèrent du plus grand
nombre de celles qui sont construites en France.
Voici d'abord la machine à vapeur locomobile (fig. 8), imaginée par
l'ingénieur Miller. Elle est du type des machines verticales. Les appa-
reils de transmission du mouvement sont fixés sur le côté de la chau-
dière et relient celle-ci à l'avant-train qui porte le siège du conduc-
Fig. 8. — Machine à vapeur locomobile de Aultmann.
teur. La fig. 9 montre la coupe verticale de la chaudière; il suffit de
jeter un coup d'oeil sur la figure et sa légende pour en comprendre les
dispositions. Au-dessus de la grille du foyer G, celui-ci se termine en
dôme relié à la partie supérieure du générateur par deux tiges SB.
La flamme monte par un des tuyaux F, dans la chambre -qui surmonte
le générateur, et les produits de la combustion séchappent dans la
cheminée, après avoir traversé un registre HD qu'on ouvre à volonté,
suivant qu'on veut activer plus ou moins le tirage. L'eau WS entoure
toute la partie supérieure du foyer, en même temps qu'elle s'élève
dans le générateur aux trois quarts de la hauteur de celui ci; un tam-
pon fusible SP, à la partie supérieure de la paroi du foyer, sert pour
prévenir les explosions dans le cas où la chaudière serait insuffisam-
ment alimentée. On voit en N l'ouverture du tuyau d'alimentation et
en E celle du tuyau d'échappement de la vapeur. Les tuyaux de la
machine, surtout ceux qui servent au passage de la flamme, sont d'une
grande épaisseur; et ils sont fabriqués en fer d'excellente qualité et
soudés à recouvrement.
Dans la machine, toutes les pièces qui travaillent, notamment
182 LES MACHINES A VAPEUR ET LES BATTEUSES D'AULTMANN.
l'arbre moteur, la bielle, le piston et sa tig;e, sont en acier, de ma-
nière à présenter la plus grande résistance à l'usure. Toutes les pré-
mR
Fig. 9 . — Coupe verticale de la chaudière^
cautions ont été prises, dans la construction, afin d'éviter les chocs et
les secousses qui sont si préjudiciables à la conservation des machines
à vapeur. En même temps, les ors^anes ont été agencés avec la plus
grande simplicité qu'il a été possible d'atteindre.
Le diamètre du cylindre, dans la machine de sept chevaux, est de
156 millimètres; la course du piston est de 182 millimètres. La hau-
LES MACHINES A VAPEUR ET LES BATTEUSES D'AULTMANN. 183
teur de la chaudière est de 1™.74, et son diamètre de O^.Ql. La lon-
gueur des 60 tubes est de I'°.(i92. La surface totale de chauffe est de
1 1 mètres carrés 7053. Le poids de la machine est de 1,720 kilog.
Son prix, à Paris, est de 4,950 fr. M. Aultmann construit aussi des
machines plus puissantes, dont la force varie, suivant les modèles, de
9 à 1 8 chevaux-vapeur.
La plupart des agriculteurs savent que les batteuses américaines
diffèrent notablement do celles construites en Europe. Les différences
principales consistent d'abord en ce que la plupart des machii^es,
même les plus grandes, battent en bout; et ensuite en ce que le grain
est séparé de la paille par une sorte de battage analogue à celui du
fléau. La fig. 10 représente la batteuse Aultmann, destinée à être mue
par une machine à vapeur, avec un élévateur de paille qui, dans le
dessin, est replié. La gerbe entrant dans la machine, passe d'abord
sur le cylindre-batteur dont la forme est donnée par la fig. 1 1 ; au
lieu d'être muni de battes cannelées, il est à claire-voie et armé de
184 LES MACHINES A VAPEUR ET LES BATTEUSES D'AULTMANN.
longues dents qui frappent les épis. Le contre-batteur consiste en une
pièce concave également armé de dents A; quand il s'agit de battre le
blé, cette pièce est munie d'une double rangée de dents (lig. 1 2) ; pour
le battage du trètle, elle en a trois (fig. 13). Un levier qu'on voit sur
la gauche de la fig. 1 1, permet de rapprocher ou d'éloigner cette pièce
du cylindre; l'écartement minimum est de 7 centimètres. Après être
n-L^
Fig. 11. — Cylindre batteur de la machine Aultmann.
passée sur le cylindre, la paille est entraînée sur un long tablier sans
fin, où le grain en est séparé par un mouvement continu de va-et-vient.
Delà, le grain est porté sur un second tablier formant crible, au-dessous
duquel est disposé le ventilateur qui vanne d'une manière complète
le grain, de quelque nature qu'il soit. Les grilles des tabliers sont très
Fig. 12. — Dents du contre-batteur
pour battre le blé.
Fig. 13. — Forme des dents du
contre-batteur pour battre le trèfle.
longues, de manière qu'il ne puisse s'échapper aucun grain de blé
dans la menue paille.
La paille et les déchets sont amenés à un élévateur. Celui-ci est
disposé de telle sorte que les personnes qui ne tiennent ni à la menue
paille ni aux déchets peuvent les laisser partir sur la meule, sans
qu'il y ait aucune autre issue pour les pailles courtes. Rien ne tombe
sous la machine. Au contraire, si l'on veut séparer les menues pailles,
il suffît d'ouvrir, dans le monte-paille, une portière qui est placée
près du nettoyeur.
Le grain n'est pas cassé, dans la machine; après avoir été nettoyé.
LES MACHINES A VAPEUR ET LES BATTEUSES D'AULTMANN. 185
il passe par un compteur qui le mesure avec exactitude. M. Jasselme,
agriculteur à Villeneuve-Saint-Denis (Seine-et-Marne), qui a acheté
une des premières batteuses introduites en France, affirme que son
travail est très régulier et qu'elle livre le grain très bien nettoyé, sans
le casser.
Le prix de la batteuse varie de 2,000 à 3,000 fr. sans élévateur, et
de 2,275 à 3,325 avec l'élévateur de paille. L. de Sardriac.
COURRIER DU SUD-OUEST
Les travaux de la moisson, entamés depuis huit jours, poursuivent leurs mou-
vements, dans notre région, sous l'influence d'une bonne et chaude température.
La gerbe offre de grandes inégalités correspondantes à l'action des grands
froids, qui ont gelé nombre de pieds à l'exposition du Nord, et à l'intensité des
Eluies et des brouillards qui ont touché à la floraison et provoqué l'avortement et
i rouille des grains.
Comparée aux années précédentes, la récolte présente des éléments bien supé-
rieurs en qualité et quantité. La zone du Sud-Ouest ayant bien moins souffert
des intempéries et surtout du fléau des inondatioos, retrouve l'abondance et la
rich sse dans la culture des céréales. Elle a sans doute éprouvé de graves décep-
tions dans le rendement des premières coupes de fourrages, et le prix des foins
s'est ressenti de cette pénurie; mais la belle végétation des maïs et des prairies
artificielles la dédommagera amplement de ces privations et relèvera l'élevage du
bétail.
L'aspect des vignobles laisse apercevoir beaucoup trop de points noirs. L'in-
quiétude des viticulteurs n'a jamais été plus éveillée. — Une lutte sérieuse est
engagée contre les agents de destruction avec les divers moyens préconisés pour
arrêter la contagion.
L'essai des plants américains jouit d'une certaine vogue, d'une sorte d'engoue-
ment de nouveauté. D'après les observations des Comités d'étude et de vigilance,
les greffes des cépages exotiques ont presque partout avorté en dehors des ter-
rains sablonneux.
La formation de pépinières de plants résistant au phylloxéra est très encoura-
gée par les Conseils départementaux. Des syndicats de propriétaires s'organisent
sous les auspices du gouvernement et recherchent les meilleurs procédés de
sauvetage.
Le procédé de M. Garros, propriétaire au château de Cantin, près Libourne, et
dont le secret a été livré à la publicité, a donné de bons résultats.
Il se compose, comme vous le savez, de 700 kilog. de chaux vive ; 150 kilog. de
sel marin dénaturé ; 10 kilog. de sulfate de cuivre mêlés ensemble.
Les viticuheurs du Sud-Ouest manipulent déjà le sulfate de cuivre (vitriol) dans
la préparation de toutes leurs semences de blé. Ils ont confiance dans les propriétés
de la formule Grarros et ils l'apphquent à raison de sa simplicité et de son
économie. Jules Serret.
LE CONCOURS DE CARLISLE
Il y a vingt-cinq ans, c'était en 1855, la ville antique de Carlisle
toujours entourée de ses vieilles fortifications du moyen âge, lesquelles
lui permetiaient de résister à ces terribles invasions des hommes du
Nord, qui, sur toute la ligne des frontières northumbriennes, perpé-
tuaient de générations en générations une guerre de clans et de race
dont le pillage était presque toujours l'objet, la ville de Carlisle, dis-je,
avait ouvert ses portes plus ou moins hospitalières aux membres de
la Société royale d'agriculture de l'Angleterre, et aux nombreux visi-
teurs que ces assises déjà très célèbres y avaient attirés. Comme pen-
dant la semaine qui vient de s'écouler, les travées éclatantes de blan-
cheur, où s'abritent les machines les plus ingénieuses, et l'élite des
troupeaux de la Grande-Bretagne, s'allongeaient en lignes serrées et
186 LE CONCOURS DE GARLISLË.
compactes sur la prairie que protègent de leur ombre et de leur
intéressante vétusté les vieux remparts croulants et le vieux château
fort encore solide et entier qui domine cette vaste plaine, en face des
monts écossais qu'il semble toujours braver. Je n'oublierai jatnais
cette grande solennité à laquelle j'assistais, car en jetant mes regards
en arrière avec ce long souvenir d'un quart de siècle, je puis
me faire une idée du chemin que la science de l'agriculture a
parcouru en comparant l'exposition de 1880, avec celle qui, sur le
même terrain, avait lieu sous les auspices de la même Société, bien
que sous l'administration d'hommes en grande partie nouveaux, mais
imbus du même esprit de progrès et suivant les mêmes règles, les
tûêmes inspirations de haute sagesse, la même abnégation et le même
dévouement.
Ce concours de la Société royale possède donc un intérêt tout parti-
culier, en ce qu'il nous permet une comparaison de laquelle ressort un
grand enseignement. A l'aide de cette comparaison nous pourrons
mesurer le chemin parcouru depuis l'année 1855, et apprécier le pro-
grès accompli.
En 1855 l'enceinte du concours couvrait bien moins de terrain que
celle de 1880, ce qui démontre l'extension énorme que l'élevage du
bétail et la fabrication des machines et instruments agricoles ont prise
depuis 25 ans. Je me rappelle que c'est à ce premier concours de
Carlisle, que parut la première exposition d'un engin de culture à
vapeur. Il y avait même trois applications de la vapeur comme force
riiotrice pour agir sur le sol; le système Firken avec ses poulies mues
par des cordes en chanvre; le système Boy délie avec sa lourde pio-
cheuse, machine informe, agissant directement sur la surface du sol
avec des fourches bêchant la terre ; et puis la machine à drainer de
Fowler. Tout cela était encore bien primitif et inefficace, au point que
la Société royale ne crut point devoir décerner le prix qu'elle avait offert.
Quelle différence avec les appareils exposés et expérimentés au con-
cours de cette année, comme nous le verrons plus loin !
Il y avait aussi en 1855 un concours de moissonneuses, invention
nouvelle alors, dont le public agricole commençait à se préoccuper.
Parmi les concurrents, il y avait les frères Crosskill avec leur mois-
sonneuse poussée par derrière par deux chevaux attelés à rebours.
C'est la machine Mac Cormick fabriquée par la maison Burgess et
Key qui obtint le premier prix. On se rappelle cette machine faisant
très proprement l'andain avec un tablier muni de trois vis d'Archi-
mède, sous forme de cylindres à diamètres inégaux auxquels la marche
des roues imprimait un mouvement de rotation dans le sens hori-
zontal, au moyen duquel 1 andain était mollement et régulièrement
disposé sur le sol. Tout cela est bien loin de nous aujourd'hui, mais
il n'en est pas moins vrai que cette machine fonctionnait admira-
blement.
Un grand nombre des exposants de 1855 se retrouvaient sur le même
terrain en 1880. Mais quelle révolution de progrès s'est accomplie
dans ce quart de siècle ! Les Fowler revenaient à Carlisle cette année
avec leurs engins si perfectionnés; Firken lui-même reparaît avec un
autre système. De nouveaux constructeurs ont surgi : voici les
frères Hov^ard avec leur charrue et autres instruments à vapeur, admi-
rablement simplifiés, et, chose étrange, voici une nouvelle piocheuse
LE CONCOURS DE CARLISLE. 107
rappelant un peu celle de 1855, mais infiniment supérieure comme
on peut le deviner. Je reviendrai sur Je nouvel engin qui a fonctionné
avec assez de perfection et d'efficacité pour mériter de la part de la
Société royale une récompense exceptionnelle. D'ailleurs, les expé-
riences faites avec tous ces engins ont donné lieu à des épreuves
dynamométriques des plus intéressantes qu'il importe de signaler à nos
lecteurs.
Au concours de 1 855, il n'y avait que peu de machines agricoles,
en comparaison des autres concours de la Société royale ; cette année
le même phénomène se produit, car il tient à la même cause. En effet
Carlisle se trouve très éloigné des grands centres de la fabrication
des machines et instruments agricoles, et les frais de transport sont
assez considérables pour empêcher bon nombre d'exposants d'y
expédier leurs produits; ceux qui exposent n'envoient que le strict
nécessaire pour mettre en évidence les principaux produits de leur
industrie spéciale. Cette circonstance a d'ailleurs un effet compensa-
teur, car tout le monde a remarqué le caractère éminemment utile de
l'exposition des machines au concours de Carlisle en 1855 et surtout
en 1880. L'ensemble de l'exposition était strictement agricole, il y
avait une absence presque totale de ces objets divers ne se rattachant
à l'agriculture que par un tout petit côté ou même pas du tout, que
Ton remarquait dans les autres concours.
Toutefois les grands fabricants de l'Angleterre n'ont point reculé
devant les frais considérables qu'entraînent leurs expositions dans les
concours de la Société royale et surtout lorsque le cycle de ces
assises annuelles ramène l'exposition dans une localité aussi excen-
trique que le Cumberland, c'est-à-dire à la frontière même de l'Angle-
terre, sur le bord du cours d'eau qui la sépare de l'Ecosse. Ainsi, en
entrant dans l'enceinte on remarque les splendides machines de
Clayton et Shutlleworth, locomobiles et batteuses, lesquelles n'ont point
de rivales au monde. Voici encore les frères Howard, de Bedford, avec
la multitude d'instruments si simples, si utiles et si solides qui ont
fait leur célébrité, — depuis leurs appareils de culture à vapeur, main-
tenant répandus dans le monde entier, — jusqu'à leurs charrues,
extirpateurs, herses, etc., en passant par leurs moissonneuses et fau-
cheuses, râteaux à cheval et faneuses. Voici encore la maison
Burgess, autrefois Burgess et Key,avec leur nouvel appareil à lier
les gerbes avec corde de chanvre, lequel appareil, étant mobile,
s'attache aux moissonneuses ordinaires et s'en 'détache à volonté,
ce qui fait de la moissonneuse Burgess une des meilleures et des plus
complètes qui existent; — j'ai déjà remarqué qu'au concours de
1855, c'est cette maison qui gagna le 1" prix des moissonneuses. —
Il faut la féliciter de n'être point restée en arrière.
Voici encore la maison Barford et Parkins, de Peterborough , àVec
son nouveau système de culture à vapeur auquel la Société i-oyalte a
donné une médaille d'argent, bien que cette année il n'y eût point de
prix offerts pour cette catégorie de machines.
Parmi les grands exposants de machines, il ne faut point oublier
les Ransome, Head et Sims, dont l'exposition est des plus complètes
et des plus attrayantes.
À la suite on retrouve avec plaisir les frères Crosskill, avec leur
célèbre rouleau et leurs élégants chariots agricoles, Samuelson avec
186 LE CONCOURS DE CARLISLE. •
leurs célèbres moissonneuses et faucheuses, les Garrett, Hunt et Pawell,
Hill et Smilli, et surtout la grande et illustre maison Fowler qui se
maintient toujours à la tête de la fabrication des appareils de culture à
vapeur. Tous ces noms sont familiers à Toreille des agriculteurs du
monde entier, et ces maisons éminentes ne pouvaient manquer, malgré
la distance, de venir rehausser l'éclat d'un concours organisé par une
Société qui a tant contribué par les encouragements et les récompenses
à l'établissement de leur célébrité.
Si, d'un côté, le concours de Garlisle était un peu faible par le
nombre plutôt que par la qualité des machines et instruments
exposés, il rachetait et bien au delà cette faiblesse relative par une des
plus importantes expositions d'animaux qu'on ait encore vues. G était
absolument la même chose en 1855. G'est que la ville de Garlisle est
située dans un district où l'élevage est la principale industrie de
l'agriculture. Tout près, se trouve l'Ecosse avec ses magnifiques races
bovines et ovines. Attenant au comté de Gumberland, dont l'agricul-
ture est principalement pastorale, sont les comtés de Northumberland,
de Westmoreland, de Durham, de Yorkshire et de Lancashire dont
l'agriculture possède le même caractère. G'est dans ces districts à
vastes pâturages que fleurit surtout la race Durham, cette reine sans
rivale de l'espèce bovine. G'est dans ces comtés septentrionaux de
l'Angleterre que cette race a pris sa naissance et son développement.
G'est là qu'elle règne absolument et exclusivement. G'est là que les
éleveurs les plus éminents la cultivent avec cet enthousiasme qui
fait le succès et avec ces soins intelligents et pratiques qui ont
conservé à cette race toutes ses précieuses qualités rustiques et laitières,
alliées à un grand développement, une merveilleuse précocité et un
tempérament robuste et fécond.
Au concours de 1855, on avait déjà remarqué que l'exposition des
animaux était la plus nombreuse qu'on eût encore vue, à l'exception
du concours de Windsor, en 1 85 1 , oii le nombre des animaux exposés
atteignit le chiffre de 988 têtes. A Garlisle, en 1855, on compta
808 têtes. A Birmingham, en 1876, les animaux étaient au nombre
de 1,527; à Kilburn, l'année dernière, il y avait naturellement plus
d'animaux, à cause du caractère international de celte exposition.
Mais, on peut le dire, à l'exception du concours de Birmingham,
en 1876, jamais on n'avait encore vu une si nombreuse collection
d'animaux que celle de Garlisle en 1880, laquelle ne comptait pas
moins de 1 ,526 têtes, dont 98 durhams.
Gette exposition de race Durham, ainsi que je le raconterai plus
loin, était, d'après l'opinion unanime, honor et dccns du concours,
comme du reste elle l'est de tous les concours, même de celui de
Nevers oii, il ne faut pas l'oublier, les derrières cubiques ont victo-
rieusement remporté la victoire sur les derrières sphériques, si
chers au professeur fameux qui a fait la trouvaille merveilleuse des
races d'Aquitaine et autres, qui enseigne que la vache durham, en
général, a si peu de lait qu'elle ne peut nourrir son veau' !
Dans un prochain article je décrirai par le menu les faits saillants
de ce magnifique concours de Garlisle, dont les résultats ont une
portée des plus intéressantes à étudier et à constater.
Malheureusement, comme à Kilburn, l'année dernière, le temps a
1. Je publierai prochainement un travail sur ce sujet.
LE CONCOURS DE CARLISLE. 189
été des plus néfastes, la pluie est tombée à torrents, il a fallu avoir
recours aux mêmes héroïques efforts qu'à Kilburn pour permettre un
accès quelconque aux travées. Il a fallu opérer des drainages au moyen
de fossés profonds pour faciliter récoulement des eaux d'une véritable
inondation. Il fallu établir des tramways en madriers pour permettre
le passage des visiteurs, et étaler des centaines de tombereaux de
tannée, d'escarbilles de charbon et de graviers pour combler les
gouffres et les abîmes. Malgré cela la foule des visiteurs a élé énorme.
Les agriculteurs de l'Ecosse et des comtés environnants sont descendus
en masse de leurs montagnes, et ont témoigné ainsi un empresse-
ment et un zèle dont, en France, on ne saurait se faire une idée.
Malgré la pluie diluvienne qui n'a cessé de tomber, malgré la
fange, la boue et les fondrières creusées par le piétinement d'une
pareille masse d'animaux et d'hommes concentrés sur un espace com-
parativement si limité, le nombre des visiteurs a été très considé-
rable, comme le constate le tableau suivant :
visiteurs.
Argent perçu,
fr.
h.
Lundi
12
juillet,
admisbion
6.25
2,455
15,3.50
Mardi
13
—
—
3.00
9,450
30,000
Mercredi
14
—
—
3.00
13,164
41,200
Jeudi
IS
—
—
1.25
42,682
.53,. 500
Vendredi
16
—
—
1.25
Totaux
23,981
91,732
30,000
170,050
A ce tableau il manque la statistique du samedi 17, dont je n'ai
pas encore vu les chiffres officiels. Mais, malgré les recettes considé-
rables qui, en comptant le produit des ventes de matériaux, les rétri-
butions des exposants, les admissions aux expositions spéciales et
•duiLstands des chevaux, ne se monterait pas à moins de 2)5,000 fr.,
la perte qu'aura à subir la Société royale par le concours de Girlisle
ne sera pas moindre de 25,000 fr. A Kilburn, l'année dernière, la
perte subie par la Société n'a pas été moindre de 250,000 fr.
Dieu merci! la grande Société anglaise est assez riche pour suppor
ter toutes ces pertes. Mais ce qu'on ne saurait trop apprécier, ce qu'on
ne saurait trop estimer, trop louer, c'est cette énergie indomptable
des officiers de la Société dont le zèle gratuit s'est encore manifesté
dans cette malheureuse occurrence météorologique par des elforts
surhumains. La lutte que le vaillant Jacob Wilson, le directeur géné-
ral du concours, aidé des commissaires spéciaux, et surtout de l'nono-
rable secrétaire général, M. Jenkins, si bien connu et si justement
apprécié des visiteurs français, a eu à soutenir contre les éléments et
leurs désastres, est incompréhensible pour ceux qui n'en ont pas eu à
subir les conséquences. Honneur à ces généreux athlètes si grands et
si forts dans leur travail aussi gigantesque qu'il est désintéressé.
Quand une Société est desservie par des hommes de ce calibre-là, il
n'est point surprenant qu'elle atteigne les hauteurs de succès et d'in-
fluence auxquelles la Société royale d'agriculture d'Angleterre est
aujourd'hui arrivée, après une carrière de quarante-deux ans, carrière
pleine de dévouement, de zèle, de travail et de désintéressement.
{La sui le prochainement.) ' F.-R. de la Tréhonnais.
LE COMMERCE DES RAISINS SECS
Monsieur le Directeur, l'industrie des vi as de raisins secs a pris aujoui'd'hui
une telle extension que nous croyons être agréable à vos nonobreux lecleuis ne
190 LE COMMERCE DES RAISINS SECS
faisant passer sous leurs yeux le relevé de statistique suivant, dont les résultats se
passent de tout commentaire.
D'après les chiffres otficiels provenant du ministère des finances, il a été importé
en France, dans le courant de l'année 1879, 51,008,804 kilo^. de raisins secs;
dans les six premiers mois seulement de 1880, 48,085,900 kllog., soit presque
autant que dans tout le courant de l'année écoulée. La réunion de ces deux chiffres
forme pour la durée de dix-huit mois une importation en France de raisins secs de
99,094,704 kilog.
Un kilog. de raisins secs servant à fabriquer en général 3 litres de vin,'la pro- ■
duction totale a donc été de 2,972,841 hectol. 12 litres. Appoint important à la
consommation, s'adressant directement aux classes populaires, si l'on songe à la
disette des vins en France.
Au prix le plus bas, c'est-à-dire à raison de 0 fr. 50 par 100 kilog-., le fret de
navigation des raisins secs a rapporté à la marine marchande 495,473 fr. 52. Il a
été payé aux ouvriers chargés du déba-rquement, à raison de 0 fr. 2 5 par 100 ki-
log., 247,736 fr. 76. Le prix de la mise en sacs ou en magasin, de charroi des
qyiais aux entrepôts ou des entrepôts au chemin de fer, peut être fixé, en restant
bien au-dessous de la moyenne, pour la classe intéressante des ouvriers camion-
neurs, à 0 fr. 75 par 100 kilog., soit 743,210 fr, 28.
Le Trésor a perçu par la douane comme droit d'entrée 0 fr. 30 par 100 kilog.,
soit 297,284 fr. 11, et parles contributions indirectes, à 8 fr. par hectolitre,
23,782,7-28 fr. 96, soit un chiffre de 24,080,013 fr. 07.
Enfin, le bénéfice réalisé par le commerce»livrant à l'industrie peut être fixé au
bas mot à 3 fr. par 100 kilog., soit 2,972,841 fr. 12.
La vente des vins de raisins secs, à raison du prix moyen de 20 fr. l'hectolitre,
représente la somme de 59,456,842 fr. 40.
Voilà ce que font et ce qu'ont fait les raisins secs et l'industrie à laquelle ils
ont donné naissance! Le Trésor a perçu comme droits d'importation et sur les
boissons, en chiffres ronds, environ 25 millions, qui ont certainement formé en
partie l'excédent du budget. La marine marchande, dont il est tant que-tion au-
jourd'hui, doit accueillir avec bonheur ce nouvel élément de bénéfices qui lui
accorde des frets pour une valeur de 500,000 fr. Le commerce, l'industrie et
surtout les classes laborieuses ne peuvent que recevoir avec faveur cette innova-
tion qui, à son berceau, promet de rendre de si grands services dans notre belle
France ravagée par le phylloxéra. Joseph Audibert.
CONCOURS DE LA SOCIÉTÉ AGRICOLE DE MANTES
Le concours organisé par la Société agricole et horticole de l'arron-
dissement de Mantes (Sel ne-et-Oise), et qui s'est tenu dans celle ville du
9 au 12 juillet, a été un des plus réussis que nous ayons vus depuis
longtemps. La Société date d'hier; l'année dernière nous rendions
compte ici de sa séance d'inauguration. Elle a cru, avec raison, que
le meilleur moyen de se développer était de s'affirmer par un éclatant
succès. Elle a donc convié à un concours général, les agriculteurs et les
éleveurs, les constructeurs et les entrepositaires de machines agricoles,
les amateurs d'horticulture aussi bien que les jardiniers ou les
maraîchers, etc. L'emplacement sur lequel elle recevait ses exposants,
eut pu tenter les plus difficiles; dans une île de la Seine, charmante
et bien ombragée, entre Mantes et Limay, d'une part s'étendaient les
boxes des animaux; d'autre part s'alignaient en rangs pressés les ma-
chines de toutes sortes qui ont pris part aux essais organisés par la
Société.
Les deux parties les plus importantes du concours étaient l'exposi-
tion d'horticulture et celle des machines.
L'arrondissement de Mantes est depuis longtemps célèbre pour ses
cultures florales ou maraîchères. L'exposition de fleurs et de légumes
qui s'étalait sous une immense tente bien remplie, a dépassé cepen-
dant coules les espérances. Les deux prix d'honneur, d'ailleurs bien
CONCOURS DE L.\ SOCIÉTÉ AGRICOLE DE MANTES. 191
mérités, ont été attribués à M. Leroux:, horticulteur-pépiniériste à
Mantes, et à M. Ghoppart, jardinier-chef à Rosny. ^ A côté de l'expo-
sition horticole, on pouvait étudier des collections d'enseignement
exposées par les instituteurs de l'arrondissement, et qui prouvent
combien ils s'attachent à développer leur enseignement appliqué à
l'agriculture. Cette œuvre est une de celles à laquelle la Société s'est
appliquée dès son origine, car elle sent Timmense importance de
l'instruction.
Nous avons vu certains concours régionaux qui n'avaient pas une
collection de machines aussi importante que celle exposée à Mantes.
Le prix d'honneur a été attribué à M. Gautreau, de Dourdan. A côté de
sa belle collection de machines, nous devons citer les cliarrues deBajac,
celles de Fondeur, le semoir Demoncy, les batteuses dePécard et celles
de la Société française de matériel agricole, le pressoir Mabille, les
pompes de Beaume et celles de Moret et Broquet, le trieur Marot, les
appareils de pesage de Paupier, le petit chemin de fer Decauville, les
bineuses, herses, etc., de Peltier jeune. — Deux concours de faucheuses
et de moissonneuses avaient appelé un très grand nombre de construc-
teurs. En voici les résultats :
Faucheuses, l^"" prix, M. Hurtu, à Nangfîs. 2'" prix, M. "Waite Burnel, à Paris.
2* prix ex-œquo,M. Rigault et Cie. 3'= prix,M. Pécart, à Nevers. — Moissonneuses.
1" prix, MM. Decker et Mott. 2« prix, M Pilter, à Paris. S*^ prix, M. Pécard, à
Nevers. — Moissonm'Mses à un cheval. Prix unique, M. Pécard, à Nevers. — Mois-
sonneuses-lieuses. Prix unique, M. Waite Burnel.
Du bétail, il y a peu de choses à dire. Les animaux exposés étaient
peu nombreux, mais d'une bonne qualité, surtout dans la catégorie des
chevaux et juments. M. Michaux, l'agriculteur bien connu de Bonnières,
avait exposé une belle collection de chevaux, de vaches et de bœufs,
qui formaient un ensemble très réussi. Ajoutons qu'une très impor-
tante collection d'animaux de basse-cour y était annexée.
En résumé, le concours de Mantes a fait le plus grand honneur à la
Société, ainsi qu'à ses organisateurs MM. Pottier, Hennin et Yoitellier,
auxquels tous les visiteurs (et ils étaient très nombreux) se sont plu à
rendre cette justice. Henry Sagmer.
EFFETS DE L'HIVER SUR LES ARBRES FRUITIERS
ET FORESTIERS.
Boult-ïur-Suippe, par Bay.ancourt (Marne).
Voici quelques détails sur les arbres de ma contrée atteints de la
gelée l'hiver dernier :
Tous les poiriers ont été gelés jusqu'à 0".20 à 0™.30 du sol; je dis
tous, car dans un jardin, ici, sur 98 poiriers pyramide de 6 à 8 mètres
de haut, ui seul a poussé au printemps comme si il n'avait pas été
gelé. Cependant il "est probable qu'il ne vivra pas plus de trois à quatre
ans, l'écorce du tronc est uDire et les bourgeons ayant atteint une lon-
gueur d'environ 0'°.30, sont maintenant dans un arrêt de sève com-
plet. 9 autres de. ces pyramides qui laissaient espérer un peu de réta-
blissement, n'ont pas été recepées, elles poussent un peu avec
quelques bourgeons ayant môme une longueur de 0™.40, mais les
feuilles se grillent et jaunissent et il est à présuoier qu'on sera obligé
de les receper plus tard au-dessus des bourgeons du bas, sans quoi
ces arbres langjiraient jusqu'à la mort complète. Sur les 88 autres
de ces pyramides, une trentaine ont poussé des feuilles, même des
192 EFFETS DE L HIVER SUR LES ARBRES FRUITIERS.
bourgeons, puis se sont desséchés. Tous ces 88 arbres ont été sciés à
0'". 10 ou 0"'.30 du sol au fur ot à mesure qu'il n'y avait plus d'espoir
sur une reprise de végétation. La section a été unie à la serpette et re-
couverte de mastic Lliomme. Aujourd'hui 4 de. ces arbres ne végètent
pas encore, mais tous les autres ont des bourgeons variant de 0™.30 à
1 mètre et plus ; si quelques-uns périssent par la suite, une bonne
partie pourra former de beaux vases ou de belles palmettes. Je n'es-
sayerai pas d'en reformer des pyramiiles, car il serait peut-être im-
prudent de restreindre la sève en une seule tige pour des troncs ayunl
de 15 à 20 centimètres de diamètie.
Slu' IGO autres poiriers en espalier du même jardin, tant palmettes
que cordons verticaux et obliques en U, il ny en a que 15 que j'ai
laissés intacts; mais pour les pyramides restantes il y a peu d'espoir.
Tous les autres, recepés sur les quelques bons boulons du bas,
ont maintenant des pousses de 1™.30 e' plus ; il y a même des fruits
sur ceux qui étaient en cordons verticaux et obliques. D'ici quelques
années tous ces espaliers seront complètement restaurés.
Ceux qui auront suivi le conseil de ma note du 17 janvier,
n'auront qu'à s'en féliciter, car les arbres recepés sur le vif reforme-
ront seuls de bons arbres, tandis que ceux auquels on a laissé du bois
malade resteront toujours languissants. Quant aux gros arbres de
hautes tiges, ils sont à peu près entièrement perdus. Il y a bien dans
quelques.endroits quelques poiriers échappés par-ci par-là, mais le
nombre en est très minime.
Les pommiers ont été un peu moins maltraités, mais il en reste
bien peu de sains; beaucoup sont morts, principalement les vieux
arbres des vergers. Un grand nombre d'autres ayant encore signe de
vie ne survivront pas longtemps.
Les pêchers, abricotiers, noyers, ont le même sort que les poiriers,
et comme ces derniers, les espaliers recepés repousseront bien pour
la plupart.
Les vignes en treilles ont été entièrement gelées, mais repoussent
avec force de la base. 1 70 palmettes ici ont des pousses de 3 à 4 mètres
en ce moment.
Les pruniers et cerisiers ont été tous atteints, mais quelques-uns
se sont refaits et portent même fruits; beaucoup d'autres sont bien
malades et laissent peu d'espoir. Un grand nombre sont morts. Le
merisier des bois, le bois de Sainte-Lucie (prunier Mohalebs) sont
dans le même état que les pruniers, Saul le merisier à grappes (Cera-
sus padus) n'a pas souffert le moins du monde. Les groseilliers et
framboisiers n'ont pas été atteints et sont chargés de fruits.
Les églantiers dans les bois et haies, et les rosiers sont complète-
ment morts jusqu'au pied.
Je vois encore dans laplupartdes jardins et clos, beaucoup d'arbres
qui auraient pu être restaurés, que l'on a conservés parcQ qu'ils ont
quelques feuilles et quelques bourgeons; ces arbres-là périront infail-
liblement si on les abandonne à eux-mêmes; il serait peut-être encore
temps de les receper à la base, au-dessus de quelques bons bour-
geons que le refoulement de la sève a fait partir; mais il ne faudrait
pas tarder et bien couper sur le vif, fut-ce même au-dessous de la
gretïe, pour ne pas laisser la moindre partie malade sur 1 arbre. Sans
doute ce ne serait pas facile de scier maintenant des arbres d'une cer-
EFFETS DE L HIVER SUR LES ARBRES FRUITIERS. 193
taine force sans endommager des pousses qu'il faut conserver; mais,
avec des précautions, ce n'est pas impossible.
C'est un véritable désastre que les 30 degrés de froid (thermomètre
en plein champ à 0'".50 du solj du mois de décembre nous ont causé;
mais le désastre est encore plus grand pour les propriétaires qui ont
abattu trop tôt sans essayer une restauration; car s'il y a encore un
peu de remède pour les arbres sur pied, il n'y en a plus pour ceux
abattus.
Les pins et sapins, les chênes, frênes, ormes, charmes, aulnes,
marronniers, noisetiers, prunelliers, aubépines, troènes, ont été par-
tiellement très atteints et les parties gelées n'ont qu'une végétation
bien mourante.
Le peuplier d'Italie est en bien mauvais état, et il y en a beaucoup
de morts.
Beaucoup d'arbustes verts d'ornement tels que : rhododendrons,
Iroëne vert, buis ordinaire, buis panaché, mahonnia, aucuba, lierre,
fusain panaché, genévrier, etc., sont morts entièrement jusqu'au pied.
Le baguenaudier, cytise, tamarix, sureau commun et beaucoup
d'arbustes exotiques d'ornement sont morts également jusqu'au pied.
Ceux de nos arbres et arbrisseaux indigènes qui paraissent le mieux
avoir résisté, sont : le bouleau, l'érable, le plane, les peupliers Caro-
line, P. tremble, P. noir, le tilleul, le saule Marceau, les saules com-
muns, et encore on ne peut pas dire que ces espèces soient tout à fait
rebelles à la gelée, car on en rencontre quelquefois qui sont atteints
partiellement.
Dans les espèces que j'ai indiquées plus haut comme atteintes par-
tiellement, il n'est pas rare d'en voir des morts entièrement.
11 n'y a que le saul Marceau, le tilleul, lelilas, le seringa, sur les-
uels je n'ai pas encore rencontré de parties gelées.
Après la gelée c'est un autre fléau qui s'abat sur nos malheureux
arbres fruitiers restants. Des pruniers, des cerisiers, des pommiers,
des grosseilliers mômes, des poiriers, sont littéralement couverts de
pucerons. Encore un fléau qui, sans être aussi traître que la gelée, peut
néanmoins causer de sérieux dommages ; ainsi des pruniers et des
cerisiers, qui paraissaient se refaire de la gelée, sont sur le point de
succomber faute depouvoirélaborer leur sève. Cène sont pas seulement
les arbres malades des suites de la gelée qiii sont envahis des puce-
rons, mais aussi des arljres bien portants. Plusieurs de nos plantes
potagères en sont aussi envahies. Les rosiers et églantiers en sont plus
couverts que de coutume, et des seringages à la nicotine doivent être
souvent réitérés pour en avoir raison.
Tels sont les détails succincts sur la végétation arborescente, pris
en pleine campagne au milieu des jardins et des bois qui ont triste
mine en maints endroits.
Agréez, etc. G.-D. Huet.
SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRICULTURE,
Séance du 28 juillet 1880. — Présidence de M. ChevreuL
M. le docteur Guérin-Méneville envoie le portrait de son père qui
fut membre de la Société dans la Section d'histoire naturelle. Des
remercîments lui seront adressés.
194 SOCIÉTÉ NATIONALJE D'AGRICULTORE DE FRANGE.
M. Edouard Morren, correspondant de la Société, envoie une notice
relative aux effets de l'hiver 1879-80 sur la végétation en Belgique, et
M. de Hédouville, président de la Société d'agricuLlure de Wassy
(Haute-Marne), une note sur les effets de Thiver -dans cet arron-
dissement. Il résulte de la note publiée par M. Edouard Morren que le
froid a été tout aussi intense en Belgique que dans les parties septen-
trionales de la France. C'est surtout sur les arbres que la gelée a
exercé une action pernicieuse; M. Morren résume, à ce sujet, des
observations faites avec soin et avec la rigueur scientifique; mais il
est impossible d'entrer ici dans des détails.
M. le docteur Sacc adresse une lettre sur les résultats des voyages
agricoles qu'il a faits dans plusieurs parties du Nouveau Monde.
M. le docteur Eugène Robert, correspondant, envoie un rapport sur
les silex taillés préhistoriques et les ossements fossiles de pachy-
dermes dans les riiêmes lieux.
M. le secrétaire perpétuel fait hommage de la brochure renfermant
le compte rendu de la fête du cinquantenaire de l'Ecole de Grand-
Jouan.
Le président du Comité d'organisation du congrès phylloxérique
qui se tiendra à Sarragosse, invite la Société à se faire représenter à
ce congrès.
M. Magae donne lecture d'un mémoire sur la production chevaline
et les remontes de l'armée. Il insiste parliculiérement sur les moyens
qui lui paraissent de nature à faciliter l'augmentation du nombre des
chevaux disponibles chaque année pour l'armée. Ce mémoire sera im-
primé pour être l'objet d'une discussion ultérieure.
M. Pluchet présente, de la part de l'auteur, M. Alfred Leroy, un
volume sur l'élevage et les maladies, du mouton.
M. Barrai fait une communication sur une visite qu'il a faite dans
plusieurs fermes du département de Seine-et-Marne. Il fait ressortir
les bons résultats qu'on peut obtenir, même dans de mauvaises terres,
quand on a à sa disposition les ressources su [Usantes. Une discussion,
à laquelle prennent part MM. Chatin, Chevreul, Barrai et Pluchet,
s'engage ensuite sur les meilleurs moyens de tirer parti des engrais
suivant les circonstances de sol et de culture.
M. Prillieux présente plusieurs observations qu'il a faites relative-
ment à la résine renfermée dans des pins maritimes gelés qui en con-
tiennent plus que d'autres non gelés ; mais cette résine ne paraissait
pas être de la même nature. Quslques observations sont ensuite échan-
gées entre M. F.-R. Duval et M. Chevreul, sur les inconvénients qu'il
peut y avoir à laisser sur pied les arbres gelés.
Henry Sagnier.
REYUE GOMIIERGIILE ET PRIX-COURÂNT DES DENRÉES AGRICOLES
(31 JUILLET 1880).
I. — Situation générale.
Gomme la semaine dernière, le plus grand nombre des mai'chés agricoles présen-
tent le plus grand calme. Peu d'offres, et par suite des affaires très restreintes, tel
est le résumé de la situation.
II. — Les grains et les farines.
Les tableaux suivants résument les cours des céréales, par quintal métrique,
sur les principaux marchés de la France et de l'étranger.
REVUE COMMERCIALE ET PRIX-GOUHAKT (31 jaiLLEP 133
1" RÉOION.-
- NORD'OCEST.
Blé.
Seigle.
OrR..
ATûine.
fr.
fr.
fr.
fr.
Calvados. Condé
. 30. Î5
•.^4.50
20.50
25.00
— Orbec
•<0 50
20.00
B
24.00
Côtet-d.-^ord Pontrieux 29.50
t
22 50
22.00
— Tré^uier
28. V5
25.25
23 75
20.50
Finistère. Morlaix
27.00
24.75
21 30
19.00
— Quimper
30 00
23.00
22 25
23.50
[Ile-et-Vilaine. Keniies.
•29.75
>
19 50
22.50
St M lo
30.50
30.25
»
21.50
23.00
22.00
Manche. Avraaches....
24.25
— Poiilorsoa
29.00
23.25
»
»
— ViUertieii
30.50
20.00
21.25
25.50
Mayenne. Laval
28.50
»
— Château Gontier.
28.0)
»
»
23.00
Morbihan. Heraiebotil.
26.50
19.50
■
25.00
Orne Séez
30.00
2a. 25
21.00
22.25
22.75
23.00
— Viinou tiers
24.75
Sarlhe. Lp. Mans
2^.0Q
19.50
20 00
21.2b
— Sablé-
27 00
•
21.50
24.50
Prix moyens
29.10
2i.08
21.71
23.2.5
2» RÉGION. — NURD
Aisne. Soissons. .......
28.70
19.80
»
22.85
— La Fère
29.00
21.00
a
2-4.00
— Villtti-s Cotterets.
28.00
19.00
»
22.50
Sure. Evreux
28 . 2i
W.&O
21.25
21.25
— Neubourg
30.00
„
22.23
24.00
— Bernay
31.00
19.50
22.00
25.00
Sure-ei-Loir. Chartres.
28.25
22.00
21.50
21.50
27.50
29.25
19.00
21.50
21.00
22.70
— Nogeni-le-Rotrou.
23.50
iVord Cambrai. ...
28.25
30.00
29.00
18.50
23.00
19 50
20.25
22.00
20.00
— Douai
19 .50
— Valenciennes
19.25
Oise. Beauvais
28.25
18.75
21.75
21.50
— Compiègne
27.50
20.00
23.50
— Noyjn
2.9 . 50
20.50
»
20 50
Pas-de-Calais. A.rras.. .
29.00
19.75
20.50
21.50
— Saint-oriier
30.25
20.» 0
20 25
21.00
Saine. P.n&
30 00
19 25
20 25
22 40
S.-et-Marne Meaux....
27. 00
19. 00
20.00
21.00
— Dammarlin
27.00
19.50
19.50
21.50
— Provins
29.. 10
29.50
22.50
23.25
20.75
21.00
21 00
S.-el-Oise. ?onloise...
2> 50
— Dourdan
30. UO
21.25
18.<)0
24 £0
— VersaïUds
29.00
20.50
»
24.75
Seine-InfériKure. Rouen
26.40
20.00
23.50
26.60
— Dieppe
28.50
»
»
24.00
— Fecamp
29 50
20.50
20.00
22.50
Somme. Abtjeville... . .
27.50
19.50
20.50
— Péronne
27.75
16 00
19.50
21 00
— Roye
28 50
20 25
20.00
21.50
Prix moyens
28 67
20.04
20.73
22.60
3° RÉGION.
— SU RU- EST.
Ardennei. Sedan
30.25
21.50
22.00
22.25
Aube. Bar -sur-Aube ..
29.00
17. .50
20.00
21.25
Méy-siir-Seipe. ..
31. -^5
10 70
18.00
20.50
— Nùgent-surSeine.
28 .SO
21.00
19.00
»
iforne. Cnàiods
29.50
21.50
21.50
22.25i
— Epernay
29.50
19 50
22.50
— Reims. .
28 50
20.50
21.00
21. 25
— Sl-Ménéhoued...
29.40
19.75
18.50
21 50
Hte-Mariie. Bourboane
31.00
IS.CO
Meurt.-et Moselle Nancy
29 '.0
19.50
20 00
19. OJ
— Lunéville
Î0.75
21. UO
20.00
20-25
— Toul
29.25
,
20.25
20.50
Meuse. Bar-le-Duc...
29 00
B
21.00
— Verdun
29.75
30.r,0
18.75
19.50
19.00
18.50
Haute-Saône. Gray....
— Vesoul
30.85
a
18.35
Vosges. Epinal
31.00
22.50
„
20.50
— Raon-l'Etape
30.75
22.75
»
20.50
Prix moyens
29.60
20.30
19.98
20.48
4« RB&iON. — OVEST .
Charente. Angoulème.
31.00
21.00
23.25
2S.00
— Ruffec
31.25
21.00
22.50
21.00
Charente- Infér. Marans
29 00
21.00
Deux-Sevres. Niort....
30 00
„
22.50
23.00
Indre-el- Loire. Tours.
30.(10
20.50
21.75
21.00
— Blere
29.75
29.30
20.00
2t. 00
21.50
23.50
21.75
— Chàleau-Reaault
Loire-Inf. Nan tes
29 50
20.50
22.25
2i 50
M.-et-Lmre.Sa\i\nnr. .
29 00
19.50
22.50
21.75
Vendée. L.iço..
. 28.75
19.00
22.00
'— Fontenay
■..9.00
(
20.00
24.00
Viennr. Ciiitellerault. .
31 00
23.25
24.75
21,00
. 31.75
> 31.00
23.50
22.25
22.50
22 05
22.25
22.00
WlUte- Vienne. Limoge
Prix moyens 30.09 21.25 22. tî 22 5ô
S» R^aiON.
— CENTRE.
Blé. Seigle.
Allier. Moulins
— Moiitluçon
— St-Pourçain....,
Cher. Bii^iftied
— Graçay
— Vier^on
Creuse. Aubusson
Indre. Châleauroux.. .
— Issoudun
— Valençay
Loiret. Orléans
— Gien
— Montargis
Loir-et-Cher. Blois. . . ,
— Monioire
Nièvre. Nevers
— La Charité
Yonne. Brie non
— St-Fiorentia....
— Sens
fr.
31.00
30.50
31.00
31.00
31.50
31.25
29.50
32.00
31 50
32.00
32.00
31.00
31.50
31 .00
29.25
30.50
31.00
32 00
31.60
29.00
fr.
1.0.50
22.00
20 50
19.50
19.5,1
22.00
24.00
18 25
19.50
21.50
20.00
ÛTge.
fr.
Prix moyens 31.00 20. 08
6» RÉGION. — EST.
Ain. Bourg
— Pont-de-Vaux...
Côled'Or Dijon
— Beaune
Doubs. Besançon
Isère. Grand Lemps. ...
— Vienne
Jura. Dole
Loirs. SL-Etienne
P.-de-Dôtne Clermont F.
Rhône. Lyon
Saône-et-Loire. .\utun..
— Cliâlon
Savoie. Charnbery
Hte-Savoie. Annecy
Prix moyens
32.00
32.50
30 00
31 .50
31 00
31.00
29.75
29.50
32 00
34.50
30.25
30.50
31 50
34.25
32.50
21.00
22.50
19.00
IS.fiO
18.00
26.00
20.50
20.50
25.00
21.28
Atojm.
fr.
» 21.50
" 22.50
21 00 23.00
19.00 24.00
21 00 21.00
22.25 20.50
» 21.75
» 23.25
19 25 21.25
21.75 21.00
» 23.50
20.00 21.50
20.50 22.75
21.75 24.25
22.75 22.00
22.00 23.00
22.25 21.50
18.75 20.25
21.00 21.70
19.50
21.00
19.25
20.25
21.00
22 00
20 25
19 dO
18.00
20.75
21 . 50
20.75
21.25
20. 50
22.00
20 50
7" REGION. — SUD-OCEST.
Ariège. Pamiers
Dordogne. Bergerac...
Hle-Garo>ine. Toulouse.
— Viiiefranche-Laur.
Gers. Condom
— Eauze
— N'érac
Gironde. Bordeaux....
— Bazas
Landes. Dax...
Lot-et-Garonne. Agen..
— Nerac
B. -Pyrénées. Bayonne. .
Utes- Pyrénées. Tarbes.
Prix moyens 32.07 23.94
S" RÉGION. — SUD.
Aude. Castelnaudary .. 30. 50 »
Aveyron. Villefranche. 31.75 18. 5o
Cantal. Mauriac 35.65 30.55
Corréze. Luberzac 32.00 23.50
Hérault. Montpellier... ;9.00 »
Lot. Figeac 31.50 23.00
Lozère. Mende 32.45 28.85
— Marvejols 31.65 23.60
— Florac 31.25 2fl 80
Pyrcnées-Or-. Perpignan 29.25 21.05
Tarn. Albi 31-75 »
rarTi-ei-Gar.Montauban 31.50 20.50
22. CO
22.f.0
27.30
22.60
20.00
22.50
23.50
24.40
26.65
23.50.
24.50
21.83 23,58
23.00
19.(10
22.00
24.75
22.15.
23.00
Prix moyens...... . 31.52 2
»• RÉGION. — SDI>-EST.
Sasses-^ipes. Manosque 31.00 » ■ 22.50
Hautes-Alpes. Briançon 31.20 20.00 20.50 21.00
Aipes-A/oriiiirtes Cannes 31.25 22.00 20.50 21.25
Ardeche. Privas 31.85 22.65 20.00 21.80
B.-du-fihnne. Arles 30.50 » 18. HO 20.50
Drame. Valence 31.50 22-00 » 20.00
Gard. Nîmes 30.25 19.25 18.00 20.50
//au(6-f,oi>-«. Le Puy... 31.00 21.75 23.50 22.00
Kar. Draj^'uignaji 30-75 » » »
Vaucluse. Curpentras.. . 31.00 » .» 19.50
Prix moyens 31.03 21.28 20.08 21.01
Moy. de toute la France 31.04 21.60 20.9' 22.17
— de U semaine preced. 31.01 22.33 21 17 22.38
Surlase naine^Haosse. » » » »
précédente.. {Baisse. 0.47 0.73 0.20 0.21
196 REVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT.
Blé. Seigle. Orge. Avoine.
fr. fr. fr. fr.
Algérie. Oran 26.50 - 12.75 14.00
Angleterre. Londres 31 AO . 2085 21.70
Belgique. Anvers 26.75 24.75 23.75 24.00
— Bruxelles 28.45 » »
— Liège 30 00 25.25 23.00 21.75
— Namur 30.00 22 50 23.00 21.00
Pays-Bas. Amsterdam 24.85 2i;.65 •
Luxembourg. Liivemhourg 29 CO 23.00 23.25 22 00
Alsace-Lorraine. Strasbourg 32.00 21.75 22.25 20.50
— Mulhouse 32 25 » . 20.75
— Colmar 31.75 22.00 22.50 20.25
Allemagne. Berlin 27.10 22 35
— Cologne 30 00 24 35
— Hambourg 25.85 20 50
Svisxe. Genève 31 00 a • li.OO
— Zurich 32.25 » . 22.50
laliv. Milan 30.25 21. .50 . Ti.bO
Auirirhe. Vienne 24.00 2140 17.00 15.25
Ilo'iirie. Budapesth 22.50 » t 15,00
Hussir. Sainl-l'étersbourg... 25.20 18.30 » 13.75
Elatx-Unis. New-Vork_. 21 00 ^ • » _
Blés. — La moisson ?e poursuit dans une grande partie de la France. Les seigles
sont pr^^pque partout battus, et les battages de blé, effectués depuis quelques jours
dans le Midi, se poursuivent dans le centre. Sur les marchés où des blés nouveaux
ont été apportés, on est unanime à en reconnaître l'excellente qualité, à travers
des iluctuations dans le rendement, cette appréciation sur la qualité se maintient
d'une manière générale. On avait craint sur quelques points que les fortes chaleurs
des premières semaines de juillet n'échaudassent le grain ; ces craintes se sont
heureusement trouvées sans fondement. Les nouvelles que nous avons données la
semaine dernière sur les principaux pays de l'Europe méridionale, se confirment;
il est certain notamment que la Russie méridionale n'aura qu'une faible récolte.
Quant à l'Amérique, les évaluations sont contradictoires; il est probable qu'on
n'aura pas plus que l'année dernière. — A la halle de Paris, le mercredi 2-i juillet,
il n'y a eu que très peu d'affaires sur les blés; malgré des offres presques nulles,
les prix étaient faibles. On payait suivant les sortes, de 29 à 31 fr. par lOU kilog.
Le piix moyen s'est fixé à 30 fr. Sur le marché des blés à livrer, prix faible aussi.
On cote : courant du mois, 27 fr, 25 à 27 fr. 5 ■; aoiàt, 26 ir. 75 à 27 fr.; quatre
derniers mois, 25 fr. 75 à 26 fr.; quatre mois de novembre, 2> fr. 50 à 25 fr. 75.
— Au Havre, il n'y a toujours que peu d'affaires sur les blés d'Amérique. On paye
de 26 à 28 fr 50 par 100 kilog. suivant les quahtés. — A Marseille, les ventes
sont faciles pour les blés disponibles. Les prix se maintiennent comparativement
assez bien. On cote par 100 kilog. : Berdianska, 29 fr 50; Marianopoli, 28 fr. 50;
Irka, 26 à 28 fr. 2û; Nicopoli, 26 à 27 fr. 5ii; Michigan, 30 fr ; Pologne, 28 à
29 Ir. Les arrivages de b'és de la semaineont été de 231,000 liectolitr^is ; le stock
varie peu dans les docks; il était au 2^ juillet, de 50,000 quintaux métriques. —
A Londres, les arrivages de blés, durant la semaine dernière, ont été de 156,000
quintaux ; le marché est assez calme et les cours s'établissent avec peine. On cote
de 30 fr. à 32 fr. 85 par 100 kilog., suivant les qualités et les provenances.
Farines. — La boulangerie ne lait que des achats très restreints pour les farines
de consommation, et les cours sont cotés en bdisse. On payait à la halle de Paris
le mercredi 28 juillet, suivant les sortes : marque D, 63 Ir. ; marques de c'ioix, 65
à 66 fr. ; bonnes marques, 63 à 64 fr.; sortes ordinaires et courantes, 62 à 63 fr, ;
le tout par sac de 1.'59 kilog., toile à rendre, ou 157 kilog. net, ce qui correspond
aux prix extrêmes de 39 fr. 50 à 42 fr. 05 ou en moyenne 40 fr. 75 C'est une
baisse de 35 centimes sur le prix moyen du mercredi précédent — Eu ce qui
concerne les farines de spéculation, il y aausside la faiblesse dans les prix. On cotait
à Paris, le mercredi ia juillet au soir : farines huil-wjirques, courant du mois
60 fr, 75 ; août, r9 fr 59 fr. -25 fr. ; quatre derniers mois, 55 fr. à 55 fr. 25 ;
quatre mois de novembre, 54 fr. à 54 fr. 25 ; farines supérieures^ courant du mois,
bl fr. 50; août, 59 fr. 25 à 59 fr. 50 ; quatre derniers mois, 35 fr. 25 à 35 fr, 75 ;
quatre mois de novembre, 34 fr. 50 à 34 fr. 75; le tout sauf pour les deux der-
nières cotes établies par quintal métrique, par sac de 159 kdog., toile perdue ou
157 kilog. net. — La cote oHicielle, en disponible, a été établie comme il suit,
pour chacun des jours de la semaine, par sac de 157 kilog, net:
Dates ijuillet) 22 23 2i 26 27 28
Farines huit-marques 61 .00
— supérieures 62.00
61.25
60.75
61.25
60. a-)
60.75
62.75
62. 25
63.05
61 50
61-50
DES DENRÉES AGRIG0LESg(31 JUILLET 1880). 197
Pour les deux sortes, on voit que les prix ont fléchi depuis huit jours, mais sans
subir une dépréciation trop sensible Le prix moyen se fixe à 61 fr. pour les fari-
nes huit-marques, et à 62 Ir. pour les farines supérieures, ce qui correspond aux
cours de 38 fr. 80 et de 39 fr. 50 par quintal métrique. — Pour les farines deuxiè-
mes, les prix sont faibles; on les côte de 33 à 38 fr. par quintal métrique suivant
les sortes.
Seigles. — Les offres en seigle nouveau sont plus abondantes ■ à la halle de Pa-
ris. Les prix se fixent avec un peu de baisse. On cote de 19 à 19 fr. 50 par 100
kilog. suivant les soi tes. — Les prix des farines se maintiennent bien, de 30 à
33 fr. par quintal métrique suivant les qualités.
Orges. — On ne voit plus d'orges vieilles sur le marché ; quelques offres ont été
faites en orges nouvelles qui valent de 20 fr. 50 à 20 fr. 5j par 100 kilog. à la
halle de Paris. — Peu d'affaires aussi sur les escourgeons qui sont payés de 19 fr.
2S> à 19 fr. 75. par quintal métrique. — A Londres, arrivages presque nuls d'or-
ges étrangères; le marché est très calme; on paye de 19 fr. 90 à 21 fr. 80 par
100 kilog.
Matt. — Les cours sont fermes sur toutes les sortes. On paie, suivant les prove-
nances,34 à 40 fr. par I 00 kilo^. pour malts d'orges, et de 30 à 36 fr. pour ceux
d'escourgeon.
Avoines. — Les ventes sont assez difficiles, les prix sont laibles pour toutes
les sortes d'avoines. On paye à la halle-de Paris de 21 fr. 9 5 à 23 fr. 50 par lOU
kilog. suivant poids, couleur et qualité. C'est de la baisse sur la semaine préci'-
dente. — A Londres, les arrivages d'avoines sont très abondants; les ventes sont
assez difficiles, il y a aussi de la baisse dans les prix. On paie de 20 fr. 25 à 23 Ir.
par 100 kilog. suivant les qualités.
Sa)Tasin. — Les affaires sont toujours presque nulles sur ce grain Un cote à la
halle de Paris, de 2(1 à 24 fr. 50 par KO kilog- suivant les qualités.
Mais. — Il y a un peu de faiblesse dans les prix au Havre, sur les maïs d'A-
mérique qui y sont payés de 14 fr. 50 à 15 fr. 50 par 100 kilog. suivant les qua-
lités.
Issues. — Les cours sont faibles comme ceux des farines. On paye à la halle
de Paris : gros son seul, 15 à 15 fr. 25; son troiscases, 14 fr. 25àl4 fr. 50;
sons fins, 14 Ir. ; recoupettes, 14 à 15 fr. remoulages bis, 15 à 16 fr.; remoula-
ges blancs, 17 à 19 fr. ; le tout par 100 kilog.
lir. — Vins, spiritueux, vinaigres, cidres.
Vins. — On écrit de Narbonne : « Il est désormais démontré que cette année
avec un déficit de récolte de 25 millions d'hectolitres, les cours ont fléchi au mo-
ment où la consommation est la plus active. » Quoi qu'il en soit, si cette baisse se
fait sentir sur les petits vins et particulièrement sur les vins fabriqués au moyen
de raisins secs, il faut recoanaître que jusqu'à présent elle a respecté les bons
vins Ceux ci sont toujours demandés, dans une limite restreinte, il est vrai, mais
on a le ferme espoir d'une prochaine reprise. Eu attendant, on commence dans
les vignobles du Midi, à se mettre en mesure en vue de loger la récolte prochaine.
En dehors de la région méridionale, la situation reste la même, et nous n'avons
rien à ajouter à nos derniers bulletins, partout on se félicite de la chaude tempé-
rature qui fait grossir le grain et on espère que ce grossissement compensera un
peu les pertes occasionnées par la coulure : en général, les vignes marchent aussi
bien que possible. Quant aux affaires elles sont toujours sans activité. En dehors
de la question phylloxérique, les nouvelles qui nous parviennent des vignobles
étrangers sont assez satisfaisantes; ces vignobles, il faut bien le reconnaître, ont
pour nous un grand intérêt, car sans eux on se demande comment nous aurions
passé sans crise la campagne qui s'achève? En Italie, la vigne promet une belle
et bonne récolte. En Espagne, la situation est peut-être moins satisfaisante. Nous
donnerons une cote détaillée dans notre prochain tiulletin.
Spiritueux. — Le calme continue à être la note dominante, les prix ne^ varient
pas, comme il résulte du mouvement de la semaine écoulée, qui a débuté à 63 fr.
pour faire 62 fr. 7 5, 62 fr. 50 et clôturer à 63 fr Le livrable en août est tombé
à 62 fr. et a clôturé à 62 fr. 50 ; les quatre derniers mois oscillent entre 58 fr. 50
et 59 fr. Le stock est aujourd'hui de 8,750 pipes contre 9,625 l'an dernier à la
même date. A Lille, les affaires sont complètement nulles : l'alcool disponible se
cote 62 fr. 50 et l'alcool de grain 64 fr. 50 à 65 fr. Les marchés du Midi restent
calmes : Cette fait 110 fr., Béziers 106 fr., Mmes 105 fr., Pézénas 102 fr. Les
marchés allemands sont en baisse. — A Paris, on cote 3/6 betterave bon goût,
198 REVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT
1" qualité : disponible, 61 fr. 25; août, 61 fr. ; septembre et octobre, 59 fr. 25 à
59 fr. 75; quatre dei-niers mois, 58 fr. 25 à 58 fr. 75.
Vinaigres. — A Orléans (Loiret), on cote : vinaigre de vin nouveau, logé, 42 à
'*'* fr. riiectolitre ; vinaigre de vin vieux, logé, 45 à 47 fr.; vinaigre très vieux de
^in, logé, 52 à 57 fr. rbectolilre.
Cidres. — Même situation.
IV. — Sucres. — Mdlafisef!. — Fécules. — Glucoses. —Amidons. — Houblons.
Sucres. — La tt-ndance est plus calme sur le marché et les acheteurs se montrent
assez réservés. Malgré cela, nous constatons encore la hausse sur les prix de la
semaine dernière. On a coté à Paris, par 100 kilog., pour sucres bruts, 80 de-
grés sacchariraétripes : n"' 7 à 9, 69 fr.; n"» 10 à 13, 63 fr.; blanc type
n° 3, 70 fr. 25 à 70 fr, f:0. A Valenpiennes, on a coté pour sucres bruts dis-
ponibles : moins 7, 78 fr 50; n" 7 à 9, 68 fr.; n"» 10 à 13, 61 fr. 50. A Lille,
n»» 7 à 9, 67 fr. 50; n"^ 10 à 13, 61 fr. 25. A Péronne, n°' 7 à 9, 68 fr. 25;
blanc, n" 3, 69 fr. 50. A Saint-Quentin, affaires presques nulles. Oi y a coté,
moins 7, de 78 fr. 75 à 79 fr. Le stock réel de l'entrepôt de Paris était, au
26 juillet, de 283,72fi sacs, avec une diminution de 22,769 sacs depuis huitjoOTs.
Les raffinés font : Bonnes sortes, 152 fr.; belles portes, 153 fr. Les cours pour
l'exportation varient, selon marques, de 75 fr. à 78 fr. 50. A Londre?;,
l'article est calme et les détenteurs fermes, ce qui empêche les affaires.
Mélasses. — L'article a baissé cette semaine. On a coté à Paris .• mélasses de
fabrique, 13 fr. 5u; de raffinerie, \k fr. 50. A Valenciennes, on cote les mélasses
disponibles, 13 fr. 50; celles à livrer, 12 fr. 50.
Fécules. — Les affaires en fécules sont très restreintes, la consommation se
bornant à acheter au fur et à mesure de ses besoins On paye à Paris e dispo-
nible en fécules f" de l'Oise et f" du rayon de Paris, 44 fr. les 100 kilog.
A Compiègne, on a côté la fécule !''■ type de la Chancre syndicale, ^0 fr.
Glucoses. — Il y a rareté pour les sirops de fécules sur le marché de Paris,
mais les sirops de maïs sont plus abondants. On y a coté par 100 kilog : sirop
de froment, 65 à 66 fr.; massé, 54 à 56 fr.; liquide (33 degrés), 45 à 46 fr.;
sirops de maïs massés, kk à 46 fr.
Amidons. — La demande est toujours lente. On cote : amidons de Paris en
paquets, pur froment, 78 à 80 fr.; de province, 64 à66fr.; d'Alsace en vrague,
60 à 62 fr. ; de maïs, 50 à 52 fr.; fleur de riz, 44 à 46 fr. ; riz de Louvain, 78 à
80 fr., le tout par 100 kilog.
Houblons. — Le marché d'Alost est calme, mais les prix se maintiennent. On
paye journellement, en Alost, 1879, au prix de 150 à 152 fr. par 100 kilog. On a
traité récemment, en houblons de la récolte prochaine, plusieurs centaines de
balles aux prix de 132 à 140 fr. Les lioublonnières ont bel aspect.
V. — Huiles el graines oléagineuses.
Huiles. — La baisse sur les huiles continue cette semaine. On a coté à Paris :
colza tous fûts, 74 fr. ; idem en tonnes, 76 fr. ; épurée en tonnes, 84 Ir. ; , lin
disponible, en fûts, 68 fr, 25 ; en tonnes. 70 fr. 25, par 100 kilog. A Arras :
l'huile d' œillette surfine disponible vaut 180 fr. les 91 kilog. ; l'huile de pavot à
bouche, par 100 kilog., 95 fr. ; de colza pays, 74 fr ; idem étranger, 71 fr. 50 ;
lin étranger, 71 fr. 50; de cameline, 74 fr. ; de pavot (industrie), 88 fr. A Gaen,
(par 100 kilog.), colza 72 fr.; sans fût ni escompte. A Rouen, on cote :
huile (le colza, 74 fr. 50; de lin, 68 fr 25; d'arachides comestibles, 110
à 120 fr. ; idem (fabrique), 78 fr. à 85 fr. ; d'olives lampante, 127 fr.
Graines oléagineuses. — A Ai ras on cote : graine de colza nouveau, de 16 fr, £0
à 21 fr. 50 par hectolitre A Gaen, colza, 21 fr. à 21 fr, 50. A Rouen, graine de
colza, 32 fr. 30 les 100 kilog.
VI. — Tourteaux, noirs, engrais.
Tourteaux. — Voici la cote de Marseille : tourteaux lin pur, 20 fr. 50.; arachide
décortiquée, 15 fr. ; idem brun pour engrais, 13 Ir. 75; idem en coque,
11 fr. 50; ricins, 10 fr. 25; sésame blanc du Levant, 15 fr.; idem de l'Inde,
13 fr. 75; colza du Danube, 13 fr. 50; coton d'Egypte, 12 fr.; palmiste naturel,
10 fr. 75; ravisson, 12 fr. 50. A Arras, les tourteaux de colza indigène valen
14 fr. 75; lin étranger, 23 fr. 50, A Gaen, tourteaux de colza 15 fr. A Rouen, colza,
14 fr. 25 ; navettes, 11 fr. 75 ; arachides en coques, 11 fr. ; idem décortiquées,
16 fr. ; sésame, 15 fr, ; Pulghères, 10 fr. 25 ; lin 24 fr., le tout par 100 kilog.
^ Noirs. — On cote à Valenciennes, sans changements : neuf en grains, 32 fr,;
vieux en grains, de 8ài9 fr.; lavage, 2 à 4 fr. "
DES DENRÉES AGRICOLES (31 JUILLET 1880). 1-9*
VII. — Matières résineuses et colorantes, textiles.
Matières résineuses. — A Dax, l'essence de térébenthine vaut 51 fr. les
100 kilog. A Mont-de -Marsan, on paye la barrique de gemme ordinaire (340
litres) qualité marchande, 37 fr.; système Hugues, 42 Ir. A Benguet : ordinairo,
38 fr.; Hugues 43 ir., 1b tout charroi compris.
Chanvres. — A Ambrières (Mayenne), le cours des chanvres est de 65 à 85
centimes le kilog.
Gaudes. — Les gaudes valent 25 fr. les 100 kilog.
VIII. — Suifs et corps gras.
Suifs. — On cote à Paris : suif frais, hors Paris, 82 fr. bœufs Plata, 86 fr.;
suif en branches, 61 fr. 50.
Saindoux et salaisons. — Au Havre, on a vendu 500 tierçons, saindoux
Wilcox, au prix de 102 fr. les 100 kilog.
IX. — Beurres. — Œufs. — Fromages.
Beurres. — On a vendu cette semaine à la halle de Paris, 212,652 kilog. de
beurres. Voici les prix par kilog. : en demi-kilog., de 2 fr. à 3 fr. 52., petits
beurres, de 1 fr. 82 à 2 fr. 54; Gournay, de 1 fr. 8ûà4fr. 52; Isigny, de 5 fr. 70
à 2 fr. 05.
Œufs. — Du 20 au 26 juillet, on a vendu 4,184,825 œufs à la halle de Paris.
Les prix par mille sont comme suit : choix, 90 à 98 fr.; ordinaires, 65 à 90 fr.;
petits, 52 à 6j fr.
Fromages. — Voici le prix des fromages vendus cette semaine à la halle de Paris :
par douzaine : Brie, de 4 fr. 50 à 9 fr. 50; Montlhéry, 15 fr.; par cent : Liva-
rot, 16 à 70 fr. ; Mont-d'Or, '9 à 25 fr.; Neuichâtel, 3 à 19 fr.; le Gruyère
s'est vendu de 108 à 150 fr. les 100 kilog.
Volailles. — On vend à la halle de Paris : Agneaux de 12 à 18 fr. — Canards
barboteurs, 1 fr. 60 à 5 fr. — Chevreaux, 2 fr. 50 à 4 fr 7 5. — Crêtes en lots,
0 fr. 50 à 1 fr. — Dindes gras ou gros, 8 à 12 fr. — Dindes communs, 4 fr. 50
à 7 fr. 50. — Lapins domestiques, l fr. 35 à 5 fr. 50. — Oies grasses, » »» à».
— Oies communes, 3 fr. 65 à 6 fr. 50. — Pigeons de volière, 0 fr. 70 à 1 fr. 30.
— Pigeons de bizets de 0 fr. 45 à 1 15. — Poules ordinaires, 3 à 5 fr, — Poulets
gras, 4 fr. 25 à 8 fr; 25. — Poulets communs, 1 fr. 50 à 2 fr. — Pièces non
classées, 1 à 5 fr. 25.
X. — Chevaux. — Bétail. — Viande.
Chevaux. — Aux marchés des 21 et 24 juillet, à Paris, on comptait 1,039 che-
vaux; sur ce nombre, 408 ont été vendus comme il suit :
Chevaux de cabriolet
Amenés.
199
Vendus,
47
86
l31
44
100
, Prix extrêmes.
270 à 1,030 fr..
deti^ait
3-27
295 à 1,300
369
45 à 1,080
— à l'enchère • .
.... 44
60 à 320
— de boucherie
100
32 à 120
Anes et chèvres. — Aux mêmes marchés, on comptait 26 ânes et 10 chèvres;
13 ânes ont été vendus de 30 à 115 fr.; 5 chèvres de 25 à 70 fr.
Bétail. — Le tableau suivant résume le mouvement du marché aux bestiaux de
la Villette du jeudi 22 au mardi 27 juillet :
Poids Prix da kilog. de viande sur pied
Vendus moyen au marché du lundi 26 juillet.
Pour Pour En k quartiers, l'" 2« 2' Prix
Amenés. Paris, l'extérieur, totalité. kil. quai. quai. quai. moyen.
Bœufs.. 6.277 3,2i7 1,741 4.968 381 l.TO 1.48 1.14. 1.42
Vaches 1,777 725 734 1,459 236 1.56 1.26 t. 00 1.28
Taureaux 270 188 35 223 381 1.36 1.15 1.00 1.18
Veaux 4,544 3,595 1,286 4,881 72 1.85 1.75 1.31 162
Moutons 45.693 26,434 15,105 41,539 18 2.02 1.74 1.34 I 62
Porcs gras..... ■ 5,, 372 2,194 2^,843 5,037 84 180 1-70 1.60 1.70
— maigres. » » a »» »» »»
"TTy^a eu, durant cette semaine, beaucoup plus de fermeté dans les cours des
gros animaux, principalement des bœufs, et dans ceux des veaux et des moutons.
Mais les porcs gras sont moins bien vendus que la semaine précédente, quoique
cependant toujours à des taux trèy élevés.
A Londres, les arrivages d'animaux étrangers, durant la semaine dernière, se
sont composés de 18j03o tètes, dont 10 bœufs, 464 veaux, 1,573 moutons et
11 porcs venant d'Amsterdam; 848 bœufs et 230 moutons de Boston; 2,158 mou-
tons de Brème; 1,067 moutons et 52 porcs d'Hambourg; 4 bœufs, 67 veaux.
200 REVQE COMMERCIALE ET PRIX-GOUKANT (31 JUILLET 1880).
1,208 moutons et 364 porcs d'Harlingen; 117 bœufs et 1,902 moutons de Mont-
réal; 1 039 bœufs et i85 moutons de New-York; 6 bœufs, 427 veaux, 2, l33mou-
tons et 248 porcs de Rotterdam; 580 bœufs et S.O'iS moutons de Tonning. Prix du
kilog : Bœuf : \", 1 ir. 93 à 2 fr 05; 2% 1 Ir. 75 à 1 fr. 93 ; qualité mférieure,
1 fr 58 à 1 ir. 75.— Veau : 1", 1 fr. 93 à 2 ir. 16; 2' 1 fr.-75 à 1 l'r. 93. — Mou-
ton : 1", 2 ir. 28 à 2 ir. 40; 2% 1 fr. 75 à 2 ir. 10; qualité iniérieure, 1 fr. 58
à 1 fr. 75. — Agneau : 2 fr. 45 à 2 fr. 63. - Porc : V% 1 ir. 58 à 1 fr. 75;
2% 1 fr. 40 à 1 fr. 58.
Viande à la criée. — On a vendu, à la halle de Paris, du 20 au 26 juillet :
Prix du kilog. le 26 jaillet.
kilog.
Bœuf ou vache , , 158,99(3
Veau 217,281
Mouton 56,65î
Porc 16,999
' 1" quai. "2" quai.
0.96àl.66 0.86àl.36
1.58 1.80 1.02 1..Î6
1,48 1.70 1.02 1.46
Porc frais
3» quai. Choix. Basse boucherie.'
O.ôOàO.96 0.80à2.40 O.lOà l.OO
0 60 1 00 0.70 2.00 . .
0.50 1.00 O.'M 3.00 .
1.30a 2 00
449,9.31 Soit par jour 64,275 kilog.
Les ventes ont été inférieures de 6,000 kilog. environ à celles de la semaine
précédente. Pour toutes les sortes, les cours accusent un peu de baisse sur ceux
de la semaine précédente.
XI. — Cours de la viande à Vahattoir de la Villette du 29 juillet {par 50 kilog.)
Cours de la charcuterie. — On vend à la Villette par 50 kilog.: 1" qualité,
95 à 100 fr.; 2% 90 à 95 fr.; poids vif, 60 à Qii Ir.
Bœufs. Veaux. Moutons.
■^ 1» 2«
3»
,r. 2» i' 'l"
2'
3»
quai. quai.
quai.
quai. quai. quai. qua
.
quai.
quai.
fr. fr.
fr.
fr. fr. fr. fr.
fr.
fr.
80 13
66
96 88 78 88
82
73
.\II.
— Marchii aux bestiaux de la Villette du jeudi 29
juillel.
Coi
rs des commissioanalre»
Poids Cours officiels.
en bestiaux.
moyen im , n ^
^
III -,.
Animaux
général. 1" 2'» 3» Prix
1"
2« 3«
Prix
amenés. Invendus.
kil. quai. quai. quai, extrêmes.
quai.
quai. quai.
extrém-es:
Bœufs 2.600
552
265 1.68 l.iS 1.12 1.08àl.72
1.66
1.4S 1.10
1.05 à 1-70
Vaches 627
99
250 1.54 1.25 1.00 0.94 1.60
1.50
1.25 1.00
0.90 1.60
41
375 1.35 1.14 0.98 0.92 1.3S
1.30
1.20 0.9i
0.90 t. 55
Veaux 1.480
328
80 1.80 1.66 1.20 1.10 1.90
» »
» »
Moutons.... 22.186
1.4)9
18 2.00 1.70 1.34 1.24 2.04
» »
» »
Porcs gras.. 4.076
387
84 1.70 1.60 1.50 1.40 1.80
» *
» *
— maigres. »
»
>*»>»*
» ■
• *
Vente assez active sur toutes les
espaces.
Xïll. — Résumé.
C'est surtout sur les céréales et les farines que nous avons à constater de la baisse
durant cette semaine. A. Remy.
BULLETIN FINANCIER.
Cours de la Bourse du 21 au 23 juillet 1880 [au comptant).
L'interminable question d'Orient vient de reprendre vie et les préocupations
politiques dominent sur le marche.
Notre 3 0/0 esta 84,35 perdant 1,05; l'amortissable à 86,25 perdant 1,15, et le
5 0/0 à 119 fr. perdant 1,45.
Baisse proportionnelle sur les autres valeurs, néanmoins fermeté relative sur tout
le marché.
Principales valeurs françaiscB :
Plus Plus
Heate30/0 8..3d
Renie 3 0/0 amortis so.oo
Rente 4 1/2 0/0 115.50
Rente 5 0/0 1"
Dernier
haut, cours.
8.5.25 84.35
87.30 86.25
116.00 115.75
120.15 119.00
Banque de France
3i60.00 3490.00 3*70.00
Comptoir d'escompte 955.00
Société générale 557.50
Crédit foncier 1235.00
Est Actions 500 751.25
Midi d" 1010.00
Nord d« 1580.00
Orléans d»
Ouest d"
Paris-Lyon-Méditerranee d»
Paris 1871 obi. 400 3 O/O ..
Italien 5 0/0
980.00
561.25
1275.00
760.00
955.00
557.50
1240.00
751.25
1033.75 1010. Ou
1602.50 1595.00
1203. UU 1220. UO 1210.00
810.00 810.00 810.00
1340.00 1368 75 1347.50
393.00 398.00 393.00
83.10 85.00 83.10
Gérant : A. BOUCHF.
Chemins de fer français et étraneers :
Plus
Plus
uernier
bas.
haut.
cours.
Autrichiens.
do
595 00
607.. su
595.00
Lombards.
d-
177.00
178. UO
177.00
Romains.
d'
142.50
146.00
145.00
Nord de l'Espagne.
d'
325.00
333.75
325.09
Saragosse à Madrid
d"
352.50
362.50
Portugais.
d"
58i).00
COO.OO
Est.Obl.SO/or.àSOOf.d*
385.00
390.00
385.00
Midi
d«
385.00
388.00
385.00
Nord.
d-
388.00
390.50
389.00
d*
385.00
388.00
335.00
Ouest.
d-
387.75
384.00
384. CO
Paris-Lyon Méditer
Nord Esp. priorité.
d»
385.00
389.0)
386.00
d»
340 00
344.50
341.25
261.40
Lombards,
d*
261.50
Leterrier.
CHRONIQUE AGRICOLE o août moj.
La question du dégrèvement des impôts. — Discours prononcé par M. Léon Say à la suite des
expériences d'Eprunes. — Aggravation de l'impôt foncier p;ir l'accroissement du nombre des
centimes additionnels. — Comment pourrait-on arriver à diaiiouer l'impôt foncier. — Vœu de
la Société nationale d'agriculture. — Division à éliljlir entre la propri té foncière urbaine et la
propriété foncière rurale. — Abandon d'une portion d. s impôts indirects par l'Etat en faveur des
départ-menîs et i!es communes. — Concours ouvert pour la nomination de deux adjoints à
l'inspection générale de l'agriculiure. — Composition du jury. — Liste des candidats. — Pro-
chaine exposition des insectes utibs et nuisibles. — Le concours général agricole de l'Algérie à
Oran. — Analyse du programme du encours. — Concours du Comice de Nancy à Pont-à-
Mousson. — Noiice publiée par M. Bnignière sur le prunier et la prune d'Agen. — Projet de
loi relatif au n gim'^ de» terres domaniales en Algérie. — J es procédés d'analyse des engrais. —
— Lettre de MM. Toché. — Trois lettres de M. Jonlie — Le phylloxéra. — Nécpssité de pour-
suivre énergiquement la lutte dans tous les vignobles. — Les blés de semence. — Procédés
adoptés par M. Decrombecque pour la sélection des blés de semence. — Le factorat au.t halles
de Paris; ses origines et ses transformations d'apiès M. Biollay. — La température et la végé-
tation dps betteraves. — Extension du procédé de la diffusion pour l'extraction du sucre. —
Programme des concours du Comice départemental de la Marne et du Comice de Reims.
I. — L'impôt foncier.
On trouvera plus loin dans cenuméro un compte rendudes expériences
de moissonneuses-lieuses et de lieuses indépendantes, qui ont été faites
le 29 juillet à la ferme d'Eprunes, près de Lieusaint (Seine-et-Marne).
A cette occasion, M. Léon Say, président du Sénat, a prononcé un
discours qui porte bien au delà de l'enceinte d'un concours agricole
local. Après avoir rappelé les dégrèvements qui viennent d'être pro-
mulgués en ce qui concerne les impôts du sucre et des vins, M. Léon
Say, petit-fils d'un grand économiste et lui-même économistedistingué,
a jeté un coup d'œil d'ensemble sur nos lois fiscales dans leurs rapports
avec l'agriculture nationale. Il a tout d'abord constaté que tout le
monde était d'accord, agriculteurs comme industriels et commerçants,
producteurs comme consommateurs, pour demander une nouvelle
diminution des charges qui pèsent sur les transports. Il importe, a-t-il
dit en substance, que les denrées puissent arriver d'un point à un
autre, grevées du minimum possible de frais. Mais ce desideratum
résolu, il en résulte comme contre-coup, que, grâce au progrès des
moyens de transport,, l'agriculture nationale se trouve avoir à suppor-
ter la concurrence du monde entier, et notamment des vastes régions
américaines récemment mises en culture. De là, selon M. le président
du Sénat, la nécessité d égaliser la lutte entre les terres françaises et
celles du Far-ioest, par un dégrèvement important de notre impôt fon-
cier qui, dit-il, frappe la terre d'une sorte de dîme et rehausse le prix
des fermages. A cet égard, M. Léon Say s'est rencontré avec ceux des
agriculteurs eux-mêmes qui ont étudié la question. Car, paruii les
réponses de la Société nationale d'agnculture dans l'enquête agricole
qui vient d être terminée, à la question de M. Tirard : « Par quelles
mesures et par quels encouragements spéciaux l'Etat pourrait-il
mettre l'agriculture française à l'abri des crises qui se produisent
périodiquement, » la Société a répondu qu'il faudrait dégrever de 20
pour 100 l'impôt foncier pesant sur les terres affectées à la culture.
C'était bien indiquer, comme le fait M, le président du Sénat, qu'il
serait désirable tout d'abord qu'on distinguât les propriétés bâties et
de luxe des terres affectées à la production des denrées agricoles.
M. Léon Say a fait remarquer avec raison que l'impôt foncier ne se
compose pas seulement du principal entrant dans les caisses du Trésor,
mais qu'il comporte encore les centimes additionnels alimentant les
N* 591. — Tome III de 1880. — 7 août.
202 CHRONIQUE AGRICOLE (7 AOUT 1880),
budgets départementaux et communaux. L'observation est très juste,
car si le principal de l'impôt foncier n'a pas augmenté depuis de longues
années, il a été l'ortement aggravé par les centimes additionnels. C'est
cette aggravation qui a ému les contribuables agriculteurs et qui est
cause qu'aujourd'hui une solution de la dilfrculté est devenue absolu-
ment nécessaire. D'après M. Léon Say, il faudrait faire deux catégories
de l'impôt foncier : l'une composée de la propriété bâtie, laquelle,
très prospère, augmente depuis longtemps de valeur, l'autre de la
propriété ruralenon bâtie quiaété, àtort,surchargée. On pourrait arriver
à dégrever cette dernière de 120 millions sur le principal. Mais il
resterait à pourvoira un remplacement en ce qui concerne les budgets
communaux et départementaux qui seraient affectés par la mesure,
puisque les centimes additionnels cesseraient d'être payés, dans la
proportion de la réduction, par la propriété rurale.
Nous ne voyons, pour nous, de possible, que l'abandon par l'Etat
d'une certaine fraction des impôts indirects en faveur des communes
et des départements, comme l'Etat belge l'a fait pour arriver à la sup-
pression des octrois. Mais il faudrait bien choisir les impôts indirec'fcs
dont on maintiendrait l'importance. Ce devrait être surtout ceux qui
portent sur des matières ne répondant à aucun besoin essentiel des po-
pulations. Ainsi, on augmenterait ds 20 pour 100 l'impôt du tabac que
l'on n empêcherait pas l'accroissemect de la consommation, et qu'on au-
rait certainement chaque année nn excédent de 50 millions dont on
pourrait faire un fonds commun. Mais il faut bien se garder de consi-
dérer la diminution de l'impôt foncier comme étant le seul moyen de
venir en aide à l'agriculture. Il faut surtout que celle-ci puisse dimi-
nuer ses frais de production par l'accroissement de ses rendements.
Les moyens d'exécution sont indiqués par des exemples que nous
avons cités, du haut accroissement du revenu des terres, lorsque ceux
qui les exploitent se trouvent en état d'y consacrer tous les engrais,
tout le bétail, tous les instruments nécessaires.
IL — Concours pour deux emplois cï adjoint à V inspection de f agriculture.
Le concours pour la nomination de deux adjoints à l'inspection gé-
nérale de l'agriculture, a été ouvert à Paris le 2 août. Le jury de ce
concours se compose de MiM. Girerd, sous-secrétaire d'Etat au minis-
tère de l'agriculture, président; de Bagnaux, directeur du personnel;
Tisserand, directeur de l'agriculture; de Cormettes, directeur des ha-
ras; Bouley, inspecteur général des écoles vétérinaires; Risler, direc-
teur de l'Institut national agronomique; Boitel, Lembezat et Malo, ins-
pecteurs généraux de l'agriculture; Sanval, conservateur des forêts;
Grandeau, professeur à la Faculté des sciences de Nancy; Henri Mares,
propriétaire viticulteur dans l'Hérault; Gayot, anci«n directeur des ha-
ras; Lecouteux, professeur à l'Institut agronomique. — Treize candi-
dats se sont présentés pour subir les épreuves du concours. Voici leurs
noms et leurs qualités: M. Nanquette, directeur de la ferme école des
Hubaudières; M. Philippar, directeur de l'école d'irrii;ation du Lézar-
deau; M. Foex, directeur de la Station agronomique de l'Yonne; M. de
Savignon, répétiteur à l'Institut agronomique; M. Paul Muller, agri-
culteur en Alsace; M. de Brézenaud, agriculteur dans l'Ardèctie;
M. Léon Vassillière, professeur d'agriculture dans la Haute -Vienne;
M. H. Vassillière, professeur d'agriculture dans les Deux-Sèvres; M. Ni-
CHRONIQUE AGRICOLE (7 AOUT 1880). 203
colas, professeur d'agriculture du département d'Oran ; M. Salomon,
directeur de la ferme-école du Cher; M. Randoing, ingénieur agricole;
M. Nolte, ancien élève de l'institut national agronomique. Les
épreuves du concours ne sont pas tertuinées au moment où nous écri-
vons cette chronique.
III. — Exposition d' apiculture et d'inseclologîe.
Nous avons annoncé qu'une exposition des insectes utiles et des in-
sectes nuisibles devait avoir lieu en 1880, sous la direction de la
Société centrale d'apiculture et d'insectologie et sous le patronage du
ministre do l'agriculture. Cette exposition sera ouverte le 22 aoiit, dans
l'orangerie du jardin des Tuileries. Le programme se trouve au secré-
tariat de la Société^ rue Monge, G7_, à Paris.
IV. — Le concours général agricole de V Algérie.
On sait que le concours général agricole de l'Algérie se tiendra, cette
année^ à Oran du 16 au 25 octobre. Ce concours sera dirigé par M. de
Lapi)arent, inspecteurdel'agriculture^ en qualité decommissairegénéral.
M. Nicolas, professeur départemental d'agriculture à Oran, remplira
les fonctions de commissaire général adjoint. Ce concours comprendra
des expositions d'animaux reproducteurs, d'animaux gras, d'instru-
ments et de produits agricoles de l'Algérie. Il sera accompagné de
l'attribution d'une prime d'honneur, pour laquelle seront appelées à
concourir les exploitations situées dans le territoire compris entre la
Méditerranée et j.me ligne partant de l'embouchure de la Tafna, englo-
bant la plaine de la Mlita, passant par le Tlelat et suivant ensuite la
limite méridionale des communes mixtes traversées par le chemin de
fer jusqu'à la limite du département d'Alger. — Voici l'analyse du
programme des diverses parties du concours d'Oran.
Animaux reproducteurs. — Espèce chevaline, 3 catégories : 1° Races orien-
tales de pur sang (races syrienne et analogaes) ; 2" races Ijarbe et arabe; 3" autres
races pures et croisements divers. — Espèce bovine, k catégories : 1" Race de
Gruelma ; 2° races africaines autres que la race de Guelma ; 3" races d'Europe;
4° croisements divers — E>:pèce ovine^ 4 catégories : V Races mérinos et métis-
mérinos d'Europe, nées et élevées, soit en France, soit en Algérie ; 2» race barba-
rine; 3° races des hauts plateaux et du Sud, à face brune et à face blanche ;
4° croisements entre mérinos et races algériennes. — Espèce porcine^ animaux de
toutes races, pures ou croisées, nés avant le l^"" juia 1879. -~ Animaux de basse^
cour : coqs et poules, dindons, oies, canards, pintades et pigeons, lapins et lépo-
rides.
Animaux gras, 4 sections: 1° bœufs; 2° vaches engraissées; 3" moutons gras;
k° porcs gras.
Les animaux reproducteurs des espèces chevaline, bovine, ovine et porcine, et
les animaux gras, devront être nés et avoir été élevés en Algérie, appartenir à des
agriculteurs algériens et être en leur possession depuis le 15 juillet 1880.
Pour les races étrangères prévues dans le programme ci-dessus, les animaux
pourront être nés et avoir été élevés hors d'Algérie, et seront admis à disputer les
prix attribués à la race à laquelle ils appartiennent.
La même faculté est accordée aux exposants français de mérinos et métis-méri
nos, ainsi qu'aux exposants d'animaux de basse-cour de toutes races.
Les établissements subventionnés à un titre quelconque par l'Etat ou par les
départements ne pourront être admis à exposer que hors concours.
Machines et instruments agricoles — Neuf concours spéciaux, savoir :
1" charrues bisocs ; 2» semoirs pour culture en lignes des céréales et autres plantes ;
3<> houes à cheval pour culture de céréales en lignes ; 4° charrues vigneronnes ;
5° hache-paille à grand travail; 6" béliers hydrauliques ; 7" moteurs à air action-
nant des appareils d'élévation pour irrigation j 8° filtres à vin, pompes à vin
et autres appareils vinaires ; 9" pressoirs.
204 CHRONIQUE AGRir.OLE (7 AOUT 1880).
Produits agricoles, horticoles et matières utiles 'a [l'agriculture. —
Huit médailles d'or, seize d'argent et quarante de bronze sont mises à la disposition
du jury pour être attribuées aux produits agricoles, horticoles et matières utiles à
l'agriculture admis au concours, et dont le mérite aura été constaté, tels que :
Grains, graines, racines et tubercules, tiges, fourrages. — Vins, alcools, eaux-
de-vie. — Huiles, essences, parfums, etc. — Tabac, lin et autres plantes textiles,
crin végétal et autres textiles. — Produits mfiraîchers et horticoles, dattes, ca-
roubes, fiuits frais, fruits secs, etc. — Produits forestiers, lièges, écorces, bois,
plants et graines d'essences forestières. — Conserves et produits alimentaires
(semoule, pâtes, légumes et fruits de toute espèce). — Laines, toisons, plumes,
duvets, beuires, œufs fromages, miels, cires, etc. — Modèles d'instruments,
plans de constructions et de bâtiments, cartes agronomiques, études et projets
d'irrigation^ dessins et herbiers, etc., etc.
Les déclarations des exposants doivent être envoyées au ministère
de l'agriculture et du commerce avant la fin du mois d'août. Nous
avons reçu, pour les instruments et pour les produits, un certain
nombre de modèles de déclarations que nous tenons à la disposition
de ceux qui désirent prendre part au concours d'Oran.
V. — Concours du comice de Nancy.
Le concours annuel du Comice de Nancy se'tiendra à Pont-à-Mousson,
le dimanche 29 août, sur la ferme de M. André. Il est ouvert à tous les
agriculteurs, propriétaires, fabricants de tout le département de
Meurthe-et-Moselle. Il comprendra les animaux reproducteurs et les
machines et instruriients agricoles. Dans cette dernière section, nous
devons signaler un concours de charrues bisocs et une exposition
générale de toutes sortes d'instruments ; deux sections y ont élé ou-
vertes, l'une pour les cultivateurs, l'autre pour les constructeurs. La
ville de Pont-à-Mousson, qui reçoit cette année le Comice, a mis à sa
disposition une somme de 1,000 fr., et, en outre, elle a pris à sa
charge les frais matériels du concours.
VL — La culture du prunier.
Les monographies bien faites des cultures spéciales présentent tou-
jours une grande utilité. A ce titre, nous devons signaler une notice
très intéressante que M. Louis Bruguière, membre de la Société d'agri-
culture d'Agen et de la Chambre d'agriculture de Lot-et-Garonne, vient
de publier sur le prunier etla prune d'Agen *. M. Bruguière est très
bien placé pour faire ce travail; il a réuni avec le plus grand soin les
documents sur l'histoire du prunier d'Agen, "et même qu'il s'est livré
à des observations attentives sur ^a culture. Il passe successivement en
revue les variétés duprunier, le climat etle terrain qui lui sontpropres,
les méthodes de plantation, de culture et de taille, les maladies de
l'arbre, son rendement; puis il aborde ce qui est relatifà la préparation
des pruneaux, les éluves, les trieuses, pour terminer son ti*avail par
des indications sur le commerce de ce fruit. A cette époque de l'année
qui est celle de la récolte et du commerce des prunes, le travail de
M. Bruguière a un intérêt tout particulier d'actualité.
VII. — Les terres domaiiiales en Algérie.
Avant la prorogation des Chambres, le gouvernement a présenté à
la Chambre des députés un projet de loi relatif au régime des terres
domaniales en Algérie. Ce projet de loi a pour but de déterminer le
mode, les conditions et les effets de leur attribution. L'attribution des
] . Le prunier et la prune d'Agen, par L. Bruguière. Un petit volume in-18. A la librairie de
G. Maàson, 120, boulevard Saint-Germain, à Paris. — Prix : 1 fr.
CHRONIQUE AGRICOLE (7 AOUT 1880). 205
terres pourra être faite par concessioa gratuite ou par vente; les condi-
tions de cession des terres seront également rendues plus faciles.
Nous aurons à revenir sur ce projet de loi, dont l'adoption aurait
certainement pour effet de donner un nouvel essor à la colonisation
de l'Algérie.
VIII. — Sur l'analyse des engrais.
Nous avons, dans deux: chroniques précédentes, publié des lettres
de M. Toclié et de M. Vivien relatives à la meilleure méthode h suivre
pour analyser un phosphate. Le mode d'appliquer le procédé de
M. Joulie au citrate ammoniacal de magnésie était discuté, et la
difficulté finale consistait à savoir s'il fallait broyer l'engrais dans le
réactif. Nous avons répondu affirmativement. Aujourd'liui la question
paraît se poser sur l'importance et l'efficacité du contrôle de la compo-
sition des engrais par l'analyse chimique. Voici les lettres dont l'in-
sertion nous est demandée :
Lettre do MM. E. et J. Toché.
« Nantes, le 27 juillet 1880.
« Monsieur le Directeur, à la suite de l'insertion que vous avez bien voulu
faire de notre lettre du 10 juillet, M. H. Pellet a écrit, de son côté, une lettre,
dans le nunaéro du 21 juillet du Journal des fabricants de, sucre. M. Pellet,
désireux de faire la lumière sur cet incident, demandait à M. Vivien de faire
connaître les raisons qui lui faisaient critiquer la méthode de M. Joulie, et aussi
d'indiquer la méthode qu'il prétendait lui opposer. En outre des lettres incluses
que nous a écrites M. Joulie, il a airect-ment écrit à M. Vivien la lettre suivante,
que nous sommes autorisés par l'auteur à faire publier; ce que nous vous prions
instamment d-) faire. Cette lettre, malgré sa date du 30 juin, était ?ncore sns
réponse le 21 juillet. M. Vivien s'est borné à faire insérer dans votre Journal,
numéro du yA juili^^t, une lettre qui tend, entre autres choses, à faire supposer
que nous avons la prétention de nous soustraire, dans nos transactions commerciales,
au con-rôle analytique.
« Nous croyons ne pas pouvoir, faute de compétence suffisante, prendre part à
l'important débat scientifique actuellement pendant entre MM. Pellet, Joulie et
Vivien, et nous laissons à ce dernier le soin de répondre catégoriquement à la
sommation qui lui a été faite par les deux premiers chimistes; mais nous devons
nous hâter de protester contr-* l'insiimation contenue dans la lettre de M Vivien.
Nul plus que nous ne désire le contrôle loyal et rationnel de la science sur les
opérations commerciales auxquelles donne lieu notre industrie. Mais nous voulons
ce contrôle sérieux et éclairé, et nous en avons donné la preuve la plus éclatante,
en faisant prélever avec soin, en présence de l'acheteur, dix échantillons sur le
même lot de marchandises, dont cinq ont déjà été analysés par quelques-uns des
chimistes les plus en renom ; les autres le seront également, si cela est nécessaire,
par les chimistes que voudront bien désigner, soit la Société des agriculteurs de
France, soit le président du tribunal de commerce de Paris.
a Quant au reproche que nous adresse M. Vivien, d'avoir écarté son analyse
dans un but intéressé, nous le repoussons comme non fondé; d'abord parce que
son analyse, à l'en ( roire, n'a pas été faite selon la méthode imposée par le contrat
de vente, ensuite, parce que l'écart considérable qu'elle présente avec les autres
analyse^, oblige à la considérer comme erronée. Il va de soi qu'une moyenne ne
peut être formée qu'avec des éléments vrais et non avec des éléments faux.
« En résumé, nous attendons que M. Vivien ait bien voulu fournir à MM. Maret,
Roussille, Grandeau et Bobierre qui ont fait les analyses 1, 2, 3, 'j, et également
à MM. Pellet et Joulie qui la réclament, la preuve que sa méthode analytique
est supérieure à celle très généralement empbyée par ces Messieurs et par nos
autres chirai-tes les plus éminents. Cette preuve faite, nous nous inclinerons
comme nous le devons, pour rendre hommage à la vérité.
« Veuillez agréez, etc. E. et J. Toché fils. »
Première lettre de M. Joulie à ifl/. Toché.
« Paris, le 17 juin 1880.
« Messieurs, l'assertion du chimiste dont vous me parlez et dont vous ne me
2Û6 CHRONIQUE AGRICOLE (7 AOUT 1880).
donnez pas le nom, est absolument fausse, 11 n'est pas vrai que les phosphates
fossiles triturés au mortier avec du citrate d'ammoni; que et uon de la liqueur
citro-magnésienne, comme il le dit par erreur, se laissent attaquer. — Les expé-
riences que j'ai publiées en 187:^ [Moniteur scienHfiqye de Qntsiieville, page 578),
ne laissent aucun doute à cet égard. — Elles ont été répétées depuis par M. Millot
qui est arrivé aux mêmes résultats et qui va plus lom encore que moi, car i»l
affirme que les phosphates fossiles restent inattaqués même par douze heures de
contact. Nul n'a le droit de contester ces résultats, à moins de produire au grand
jour des expériences positives prouvant qu'ils sont inexacts. Or, je n'ai encore rien
vu de pareil.
« La méthode que j'ai indiquée est aujourd'hui adoptée partout comme base
des transactions. Elle a été recommandée par la Commission des engrais de la
Société des agriculteurs de France, ce qui n'aurait certainement pas eu lieu si
elle mentait le reproche que lui adresse le chimiste anonyme dont vous me* parlez.
Au surplus et en droit, lorsque vous vendez de l'acide pliosphorique .^oluble dans
le citrate d'ammoniaque, cela implique évidemment que le dosage de cet acide
sera fait par une mélliode connue et publiée, ayant la sanction de la pratique et
non par un procédé de fantaisie pratiqué par un seul chimiste et connu de lui
seul. Je pense donc que vous êtes fondés à repousser cette analyse et à régler
votre facture d'après la moyenne des analyses de MM. Maret, Roussille, Gran-
deau et Bobierre, qui sont sensiblement d'accord et dont les noms offrent cer-
tainement à vos acheteurs des garanties plus que suffisantes.
« Veuillez agréer, etc. H. Joulie-
Deuxième lettre de M. Joulic « MM. Toché.
« Avignon, le 21 juillet 1880.
a Messieurs, je ne vois aucun inconvénient, pour ma part, à ce que vous don-
niez à ma première lettre la publicité dont vous me parlez.
« Je dois même ajouter qu'aussitôt que vous m'avez fait connnitre le nom de
M. Yivien, je me suis empressé de lui écrire la lettre dont vous tiouvez ci-joint
une copie et qui est restée jusqu'ici sans rc'ponse. — Je vous autorise également à
la publier, si vous le jugez utile, car il importe à tous, aussi bien aux agriculteurs
qu'aux fabricants, que la lumière se fasse.
« Veuillez agréer, etc. H. Joulie.
Lettre de M. Joulie à M. Vivien.
Paris, 30 juin 1880.
« Monsieur, MM. Toché fils, de Nantes, me communiquent une lettre écrite
par vous à M Simon, à Laon, et dans laquelle vous déclarez que, en opérant le
dosage de l'acide phosphorique soluble dans le citrate d'ammoniaque, suivant la
« méthode Joulie, et en broyant l'engrais en présence de Ui iH/ueur cilro-magné-
« sienne., on arrive à des résultats inexacts, car le phos))hate fossile, dans ces con-
« ditions, donne du phosphate soluble et rétrograde, ce qui ne peut être. »
« Je dois tout d'abord vous faire observer que je n'ai jamais recommandé de
broyer l'engrais avec la liqueur cilro-niod'né.sienfie, mais bien avec une solution de
citrate d ammoniaque alcalin dont j'ai donné la formule. Jh pense toutefois, que
c'est là un simple lapsus de votre part, ou du fait du copiste de votre lettre. Ce
tjui, pour moi, présente une importance plus sérieuse et motive ma lettre, c'est
votre assertion finale.
« Avant de recommander le mode opératoire que j'ai indiqué, j'avai-^ eu soin
d'y soumettre tous les phosphates fossiles que j'avais sous la main. Depuis, j'ai
essayé de la même façon tous ceux qui me sont parvenus et je n'ai jamais obtenu
que des traces de solubilité, traces absolument négligeables.
« M. Millot a répété les mêmes expéiiences en prolongeant le contact pendant
12 heures et il n'a encore obtenu que des solubilités insignifiantes; si bien qu'il
demande que, dans l'analyse des sui'erphosj. hâtes, on soumette le produit essayé
à l'action de la liqueur citro ammoniacale pendant 12 heures, au lieu de une
heure seulement, ainsi qu«je fai conseillé.
«Je vous serais donc obligé de me l'aire connaître les constatations qui vous auto-
risent à contredire ces résultats que nous considérions comme acquis.
ce Veuillez agréer, etc. H. Joulie.
Lorsqu'un échantillon d'engrais a été pris de manière que toutes
les parties en soient homogènes, les chimistes dii^^nes de ce nom
arrivent toujours, même en opérant à l'insu des uns des autres, à des
CHRONIQUE AGRICOLE (7 AOUT 1880). 207
résultats identiques jusqu'à la première décimale comprise. Par con-
séquent, nous n'admettons pas qu'on puisse repousser le contrôle
analytique. Quant aux méthodes d'analyse à suivre, les bons chimistes
savent en régler l'application selon les circonstances ; ils ne se regardent
d'ailleurs comme possesseurs de la vérité que lorsqu'ils ont fait les
expériences de vérification.
jIX. — Le phylloxéra.
Aucune nouvelle importante n'est venue cette semaine s'ajouter à
celles que nous avons déjà publiées relativement à l'invasion du phyl
loxera. Sur un grand nombre de points, des efforts considérables sont
faits pour la constitution de syndicats formés pour traiter les vignes,
soit par la submersion, soit par l'emploi des insecticides. On ne sau-
rait trop encourager ce mouvement. Les vignerons doivent être bien
convaincus que, dans les tristes circonstances qu'ils traversent, ils
doivent tout d'abord s'organiser pour lutter. Ceux qui sont atteints
aujourd'hui savent qu'ils ont à leur disposition des armes dont l'effi-
cacité est certaine, tant pour empêcher la destruction de leurs vignes
que pour les reconstituer. La lumière a été longue à se produire; mais
les faits sont tels aujourd'hui qu'ils ne peuvent plus être niés. La viti-
culture française est désormais certaine qu'elle sortira victorieuse de la
lutte, si elle veut poursuivre celle-ci énergiquement. Les défaillances
n'ont plus désormais aucune excuse; on ne saurait le répéter trop haut
et, pour notre part, nous n'hésitons pas aie proclamer. Submersion,
sulfure de carbone, greffage des fins cépages français sur souchei ré-
sistantes, ce sont là autant d'armes qui ont fait et bien fait leurs preu-
ves. L'une ou l'autre doit être adoptée suivant les circonstances.
La viticulture n'a plus le droit de dire qu'elle est désarmée devant le
fléau. Mais il faut ajouter que c'est partout qu'il faut agir. Les hom-
mes éclairés ne doivent pas hésiter à le répéter autour d'eux et à don-
ner l'exemple. Ce n'est pas à dire qu'on tuera tous les phylloxéras qui
vivent et pullulent en France ; mais on aura du vin malgré eux, le SO'I
continuera à payer les sueurs du vigneron. C'est tout ce qu'il faut de-
mander.
X. — les blés de semence.
Il est inutile d'insister sur l'importance que présente le choix des
graines employées pour les semences. De bonnes semences sont la
première condition d'une bonne récolte. Ace sujet, nous croyons utile
de reproduire les détails que M. Decrombecque a donnés récemment,
au Comice agricole deBéthune, sur la méthode qu'il a adoptée pour pré-
parer ses blés de semence. Le commerce de ces blés présente des
fraudes assez nombreuses ; voici comment M. Decrombecque les élude :
<c Je m'adresse à des commissionnaires qni ?e disent dépositaires de blés
anc^lais, ou qai se donnent comme tels, et je les prie de m'envoyer de leurs blés
de semence. Sur six, je trouve ordinairement un bon échantillon ou deux; les
bis sont semés et c'est par sélection que j'arrive à produire mes blés de semence
qui sont recherchés. Si, sur les six échantillons, deux seulement donnent de bons
résultats, lors de la récolte les quatre autres sont vendus à la meunerie (1" sélec-
tion.) La récolte des d 'ux autres champs est soignée tout particulièrement; le
graifli qui en provient, trié avec les ingénieux appareils Pernollet, peut être
employé comme blé de semence (2° sélection). Les grains trop gros ou trop
miiigies sont éliminés pour être livrés à la meunerie ; et il ne reste qu'une semence
de premier choix qui donne toute satisfaction.
« Ce n'est que par une sévère sélection que l'on peut produire de bons blés de
2C8 CHRONIQUE AGRICOLE (7 AOUT 1880).
semence; et ce n'est que par ce moyen, que les cultivateurs anglais se sont
acquis autrefois leur réputation. Mais aujourd'hui, au lieu de rechercher la
qualité, ils s'appliquent à obtenir la quantité. »
Cette méthode peut être appliquée dans toutes les régions, à toutes
les variétés de blés, aussi bien qu'à toutes les espèces de graines.
XI. — Le factorat aux halles de Paris.
On se souvient qu'un décret, en date du 28 janvier 1878, a réformé,
dans un sens absolument libéral, le régime du factorat aux halles de
Paris; les fonctions de facteur sont devenues tout à fait libres. Deux
années sont maintenant écoulées depuis l'organisation du nouvel
ordre de choses. On peut donc chercher l'influence qu'il a exercée sur
l'approvisionnement des halles et sur la vente des produits. C'est ce
que M. Léon BioUay, inspecteur général des perceptions municipales
de Paris, vient de faire dans une brochure intitulée : Origines et
transformations du factorat dans les marchés de Paris. Dans cette bro-
chure, il démontre que les marchés de la capitale ont été mieux appro-
visionnés, et que les transactions ont été rendues plus faciles. En effet,
au lieu de 43 facteurs qui fonctionnaient en 1877, il y en avait 184 à
la fin de 1879, coinplètement libres de diriger leurs opérations au
gré de leur clientèle. Eu outre, des réformes importantes ont pu être
réalisées dans les frais de contrôle. L'expérience du nouveau régime
peut donc être considérée comme décisive.
Xll. — Les 5uc/'<.'s et les betteraves.
La semaine qui vient de s'écouler a été très favorable à la végétation
des betteraves. Dans la plus grande partie de la région du Nord, des
pluies abondantes, mais intermittentes, sont tombées pendant plusieurs
jours; parfois elles ont été accompagnées d'orages de grêle qui ont,
par place, causé des dégâts sérieux. La chaleur est aujourd'hui revenue
avec une réelle intensité. Dans beaucoup de cantons, les betteraves pré-
sentent une vigueur qu'on ne leur avait pas connue depuis longtemps.
Si le temps actuel continue, la récolte sera précoce, et la fabrication
du sucre pourra commencer de bonne heure.
Dans les fabriques, on est occupé à préparer les travaux de la fabri-
cation. Beaucoup d'usines transforment leur outillage pour appliquer
les procédés d'extraction du sucre par les méthodes de diffusion. Les
appareils de ce genre, commandés aux grandes fabriques, sont nom-
breux. C'est donc avec un outillage perfectionné que, sur un grand nom-
bre de points, va commencer le travail de la prochaine campagne.
XIIL — Concours du Comice de la Marne.
Nous rappelons que le concours du Comice central de la Marne,
présidé par M. Ponsard, et celui du Comice de Beims, présidé par
M. Lhotelain, se tiendront dans celte dernière ville pendant la session
de l'Association française pour l'avancement des sciences. Ils compren-
dront d'abord une exposition générale de machines et instruments
agricoles, du 1 2 au 16 août, à laquelle tous les constructeurs et entre-
positaires de machines sont appelés à prendre part. Un concours d'ani-
maux reproducteurs des espèces chevaline, bovine, ovine, porcine et
galline, sera ouvert le 14 août pour le Comice de l'arrondissement de
Reims, et le 15 août pour le Comice départemental. Des primes s'éle-
vant à la somme de 4,000 fr., seront ^décernés aux propriétaires des
meilleurs animaux exposés. J.-A. Barhal.
NOTES SUR l'entretien DU BÉTAIL. 209
NOTES SUR L'ENTRETIEN DU BÉTAIL
I. — Alimentation du cheval.
S'il est une alimentation dont doivent se préoccuper les cultivateurs,
c'est assurément celle du cheval, tant au point de vue de l'hygiène,
qu'à celui de sa conservation, et que dans le but de lui faire produire
tout le travail dont il est susceptible, et surtout au point de vue écono-
mique de l'alimentation.
Quelle est la nature des grains, fourrages, qui doivent composer
la ration du cheval, la proportion de chacun des aliments à y intro-
duire, quelle quotité doit-on donner en raison du service que le cheval
doit faire? Voilà toutes questions auxquelles je vais répondre.
Il n'est question ici que du cheval de trait auquel on demande
beaucoup de travail, mais au pas. Il a besoin de beaucoup de force
et pendant un temps très long (il a souvent plus de dix heures de
travail par jour). On comprend tout de suite qu'il doit avoir une ali-
mentation différente de celle du cheval de course, qui va franchir plu-
sieurs kilomètres en quelques minutes.
J exposerai le système d'alimentation de la ferme de Lens; il a pour
base le foin, la paille hachée et les grains passés sous l'aplatisseur.
J'ai donc une machine faisant mouvoir un hache-paille, hachant
foin et paille ; le tout tombe dans une blutterie qui a pour mission de
débarrasser ce mélange de la poussière qu'il contient, elle est de 5 à
10 pour 100 suivant qualité des fourrages. A la sortie de la blutterie,
ce mélange tombe en tas où l'ouvrier chargé de la préparation des
nourritures le prend, et on verse la quantité déterminée pour la ration
journalière sur un plancher, recouvert pour sa conservation d'une
plate forme en zinc. Cette nourriture étant étendue sur une épaisseur de
40 centimètres, on ajoute sur toute la surface de sa couche les grains
indiqués pour la ration du jour, puis avec une eau légèrement salée
et au moyen d'un arrosoir on humecte le tout. On culbute avec une
pelle en bois p'usieurs fois le mélange afin qu'il soit complet, puis
par une ouverture au plancher, de 25 centimètres carrés, on fait
tomber cette nourriture dans un bac en tôle pouvant contenir la provi-
sion de la journée, on tasse soigaeusement, et quelques heures après
en été, après environ douze heures en hiver, on peut donner cette
nourriture aux chevaux qui en sont très avides.
La composition de la ration est variable, elle dépend de l'abon-
dance et du prix des denrées. Il m'est arrivé de nourrir mes chevaux
avec du maïs, du sarrasin, de l'orge pour remplacer en partie l'avoine
qui était très chère et nourrissait peu à cause de son peu de noyau.
Voici la composition actuelle de la ration de mes chevaux avec son
prix de revient :
Avoine 4 kilog. à 20 fr. les 100 kilog 0 fr. 80
Maïs ou sarrasin ou orge 3 — 15 — 0 45
Foin 3 _ 80 fr. les 1,000 kilog... 0 24
Paille 2—50 — ... 0 10
Sel 0.030
Frais de mai^iutention 0 05
1 fr. 64
J'ai une remarque à faire. C'est qu'il est important dâ hacher la
paille et le foin à une longueur de 1 centimètre 1/2, longueur la plus
convenable; plus longs, ils sont moins appétissants; plus courts, ils
210 NOTES SUR L'EîdTRETIEN DU BÉTAIL.
ne laissent pas assez de travail à la mastication et lis passent trop
rapidement dans l'int&stin ; ils ne tiennent pas au corps, comme on-
dit chez nous.
La supériorité de la nourriture haichée donnée en fourrière, sur la
nourriture donnée au râtelier, est celle-ci : le cheval met beaucoup
moins de temps pour manger sa ration hachée ; on lui fait manger de
c«tte manière des nourritures qu'il refiaserait au râtelier à cause de
leur médiocre qualité. Ensuite on le met à l'abri des accidents
qpue provoque souvent sa gourmandise lorsqu'en rentrant à l'écurie il
se jette avidement sur sa ration d'avoine qu'il avale goulûment; ou-
bliant de la mâcher, elle ne fait que passer dans l'intestin sans être
digérée, au lieu que si elle était légèrement aplatie et préalablement
mélangée avec les aliments hachés, elle digérerait bien et profiterait.
Le cheval se conserve plus longtemps par cela même que la nourriture
est moins préparée, elle s'assimile mieux, et c'est surtout lorsqu'il
vient sur l'âge que l'efficacité de ce système s'affirme.
Inutile, je crois, de m'étendre sur ce mode d'alimentation, il se géné-
ralise assez en France pour prouver sa valeur. Mais en Angleterre il y
a longtemps qu'il est jugé; je lisais, il y a quelques jours, dans une
Revue agricole anglaise, que sur 240, 005 chevaux que possédait
Loadres, 190,000 étaient nourris à la nourriture hachée.
IL — Alimentatio7i du gros bétail.
J'engraisse environ 450 têtes de gros bétail par année, je n'en ai
jamais moins que 180 à l'écurie, 200 quelquefois. Je les achète on
Franche-Comté ou dans la Mayenne, je les vends au marché de Lille
ou de Bruxelles. Ils coûtent maigres environ 0 fr. 86 le kilog. vivant,
et après cent-dix à cent-vingt j,oursd'établage, ils sont vendiss 1 fr. 05
le kilog. vivant; ils augmentent d'environ 160 à 170 kilog. par tête,
pendant leur séjour à l'étable. Je n'ai point de moutons parce que je
n'ai point de vaines pâtures et que leur fumier ne fait pas de la bo,nne
betterave; il la fait grosse, mais de mauvaise qualité.
Voici la compositian de la ration des bêtevs à cornes :
Pulpe de betteraves 40 kilog. à 12 fr. les 1 ,000 kilog 0 fr. 480
Tourteaux mélangés, lin, œillette.... 4 — 2(0. les 100 kilog 0 800
Foiu et paille haciiée 3—65 lesl,OQOk.,prixmoyen. 0 195
1 475
La nourriture hachée est légèrement arrosée avec l'eau salée et
mélangée comme je le fais pour la nourriture des chevaux. Cette
nourriture est mise en tas et n'est donnée que douze' heures après sa
préparation .
Mes animaux font trois repas par jour et mangent conséquemiment
leur ration en trois fois et par tiers. Je fais mélanger aussi tous les
aliments dans la fourrière, tourteaux et nourriture hachée, cela oblige
l'animal à chercher ce qu'il préfère, il mange moins goulûment, et
cela évite les gonflements trop fréquents.
Mes nourritures hachées reçoivent une préparation préalable,
c'est-à-dire que si pour le cheval je recommande de couper les four-
rages courts, pour le bœuf cela ne doit pas être la même chose; il
faut couper à une longueur de 0"'.02 à 0"*.03, cela oblige l'animal à
manger lentem-ent et lui donne le moyen de ru-mi :>c'r, ce qui est
indispensable' à toute bonne digestion. Je le répète, ih^ ntliments trop
NOTES SUR L'ENTRETIEN DU BÉTAIL. 211
finement hachés ou des farineux ou tourteaux trop divisés rendent
l'animal ballonné, ce qui nuit considérablement à l'engraissement.
III. — Pansement des animaux.
Les animaux soignés dans la stabulalion reçoivent journellement,
outre l'alimenlation, les soins pour la toilette. Un pansement à l'étrille
et à la brosse a lieu tous les jours, mais au moment où le cheval a le
poil d'hiver, je le fais tondre au moyen de la tondeuse mécanique. Je
n'ai qu'à me féliciter de cette pratique. Les chevaux avec le poil long
sont souvent sans beaucoup d'appéiit ni vigueur et restent constamment
couverts de transpirations, ils sont sujets aux refroidissements qui
amènent les plus graves maladies.
Aussitôt tondus et après un lavage copieux à l'eau de savon, je fais
suivre un bouchonnage vigoureux pour sécher instantanément l'animal.
L'appétit augmente aussitôt, le cheval redevient gai et reprend de l'em-
bonpoint au milieu des plus rudes travaux. Lorsque je tonds le cheval
de labour, je respecte les poils du paturon pour éviter les crevasses, je
ne rase pas non plus aussi près les parties de l'encolure pour éviter
les blessures du collier. Le tondage présente aussi l'avantage que le
pansement du cheval est possible et rapide.
Je fais tondre une grande partie des animaux que je mets en graisse.
Remplissant souvent mes écuries en seplembre ou octobre et continuant
jusqu'en mars, il m'arrive souvent des animaux couverts de poils
longs et frisés. Sous l'eifet de l'alimentation qu'ils reçoivent et de la
température douce de l'écurie, ils sont constamment mouillés, man-
gent peu et ont la respiration gênée. Aussitôt je les fais tondre, mais
je ne prends pas aussi près que pour les chevaux, assez cependant
pour soulager l'animal et rendre le pansement facile, pas trop pour le
rendre sensible au froid, car cette sensibilité nuirait à son engrais.se-
ment. Aussitôt, dis-je, que je les ai fait tondre, ils mangent avec appé-
tit, deviennent gais, respirent librement, et leurs chairs qui étaient
flasques redeviennent fermes.
Mes bœufs sont aussi passés à l'étrille et au gant hygiénique trois
fois la semaine, cela est très utile.
Il est à remarquer que la peau de l'animal, qui profite bien, se cou-
vre de pellicules et que la chute du poil provoquée par la chaleur de
l'année et que Ton ne fait point tomber par le pansement amène des
vermines imperceptibles qui tourmentent l'animal, 11 cherche constam-
ment à se frotter où il agite la queue comme s'il était tourmenté par
les mouches. Le mouvement qu'il se donne et son agitation sont au
détriment de son engraissement.
J'ai parlé du gant hygiénique, ce n'est autre chose qu'une brosse
très énergique, c'est-à-dire un gant sans doigts dans lequel on introduit
la main et dont l'étoffe est de la vieille carde à poils métalliques très
fins ayant servi pour lepeignage des laines. Ce gant qui revient à 30 cen-
times, est très à recommander. G. Decrombecque
Agriculteur à Lens (Pas-de-Calais).
LA PRIME D'HONNEUR DES PYRENEES-ORIENTALES '
Messieurs, interprète de la Commission du jury qui a bien vou'u me charo^er de
rendre sa pensée sur le mérite relatif de chaque concurrent pour la prime d'hon-
neur, je viens, non pas entrer dans une description complète des ferme:^, descrip-
tion que je me s'us appliqué à é ablir' dans un rapport à M. le ministre, mais
1, Extrait du rapport lu au concours régional de Perpignan.
212 LA PRIME D'HONNEUR DES PYRÉNÉES-ORIENTALES.
seulement en présenter le résumé en faisant connaître en même temps les régions
où elles se meuvent afin d'en faire mieux saisir les conditions économiques.
Mais, avant d'entrer en matière, permettez-moi, messieurs, au nom du jury,
de rendre hommage à M. l'inspecteur général de l'agriculture, à M. du Peyrat qui
a présidé à nos délibérations, de le remercier pour cet esprit de haute équité, cet
amour du bien qui le distinguent, qualités qui, chez lui, s'allient si bien à de très
hautes connaissances en agriculture.
C'est la troisième fois depuis l'institution des concours que le jury, chargé de
décerner la prime d'honneur, se présente devant vous :
L'année 1862 a marqué pour le déparlement des Pyrénées-Orientales, la date
de cette institution si féconde en résultats,
M. Guillier, propriétaire et directeur de la ferme-école de Germainville dans la
plaine de Thuiret Solers, fut le premier lauréat de la prime d'honneur.
M. Jules Desprès, propriétaire du domaine des Planes, dans les montagnes de
Saint-Laurent-de-Gerdans, que nous aurons encore l'occasion de visiter, est venu
en 1870 recevoir la haute récompense méritée.
Honneur encore, messieurs, à la mémoire de M. Guillier, honneur à M. Jules
Desprès !
Parmi les concurrents qui se sont présentés cette année je dois nommer :
MM. Casimir Palmade, Jean Xatart, François Goste, Vincent Malègue, Saturnin
Alabert, Jean Denis Haînaut, propriétaires ou fermiers d'élite exploitant des
domaines dans les arrondissements de Piades, de Geretet de Perpignan.
C'est donc encore dans ces régions, comme aux deux derniers concours, la
montagne qui vient le disputer à la plaine, les aspres du Tech qui se mesurent à
la fertile vallée delà Tet avec des chances sérieuses de réussite de part et d'autre.
^m s 1".
f^M. Casimir Palmade. — M. Casimir Palmade que la Commission a visité dans
la commune de Viviers, au milieu de ces montagnes arides et désolées du
Fenouillet, est un petit propriétaire qui mène quelques champs isolés, disposés
en terrasses et qui donne l'exemple du reboisement par le châtaignier sur des
hauteurs d'où les eaux tombent en ravinant le fond de la vallée.
Le jury a tenu à récompenser de tels efforts par une médaille d'argent grand
module.
Des montagnes du Fenouillet, le jury se transporte vers la région montagneuse
de Prats-de-MoUo, à quebjues kilomètres de l'Espagne, à l'entrée du Vallespir
dont les deux versants vont former l'un les Albéres et l'autre finir au (lanigou.
Les abords de Prats-de-Mollo où l'on arrive en suivant la belle route que
l'administration a fait construire et en remontant le Tech, sont marqués sur les
versants et jusqu'à une certaine hauteur par la culture du châtaignier, par quelques
champs et des prairies sur les bords très encaissés du Tech, et puis, au delà, par
des montagnes arides au haut desquelles, à 1,500, à 2,000 et 2, 500 mètres, pâturent
les troupeaux de la commune gratuitement et selon les franchises accordées en
1 304 par le roi d'Aragon.
Le mode de faire valoir le plus en usage, est le métayage à portions de fruits
fixes et variables de bétail entre propriétaires et fermiers; la rente fixe est insigni-
fiante, les baux ont lieu verbalement; les pâturages forment les 9/10 de l'étendue
des terres cultivées en maïs, seigle, pommes de terre, trèfle incarnat et lupin ; les
payements se font ea nature, le médecin lui-même est payé en mesures de seigle.
Rien à Prats-de-MoUo n'annonce ni la vie active des champs, ni simplement
l'aisance!
Le climat de ce pays est rude pour la culture et ses habitants; la terre est
impossible à travailler l'hiver!... le printemps, l'été, l'automne doivent suffire aux
travaux des champs.... et la grêle, le vent, la pluie, détériorent souvent les
récoltes.
Pour comble de douleur, l'ouvrier non seulement subit l'intempérie du climat,
mais il est employé, faute de chemins d'exploitation, à porter de lourds fardeaux,
la fumure des champs, les récoltes, à des distances quelquefois considérables.
L'ouvrier proteste! sa préoccupation est d'abandonner cet état misérable! Il a
d'autres idées pour ses enfants; il les lait instruire, il les détourne de la carrière,
recherche des emplois p ur eux et en atten lant, laissant incultes ses champs, va
se grouper autour de la vigne dans le Roussillon.
Que dis-je? le métayer lui-même abandonne à un moment donné sa culture pour
LA PRIME d'honneur DES PYRÉNÉES-ORIENTALES. 2 ! :-^
aller travailler la viune, tandis que l'ouvrier de la plaine s'en va vers la ville poui
améliorer sa situation.
Belle et grande est la mission du cultivateur qui, donnant l'exemple, sait s'asso-
cier l'ouvrier pour faire prospérer Tagriculture !
C'est dans cette commune et au milieu de ces conditions que le jury avait à
visiter les fermes de M. Xatart et de M. Coste, les deux seuls propriétaires, peut-
être, menant directement leurs terres.
M- Xatart. — La ferme de M. Xatart, à laquelle on arrive par un sentier des
plus ardus et accessibles seulement aux piétons et aux chevaux, est si haut située en
face de Prats-de-Moilo et de l'autre côté du Tech, qu'à mi-chemin, on aperçoit
déjà comme dans un bas-fonds, la citadelle élevée du fort Lagarde.
Nous trouvons là des plantations de châtaigniers et une culture extensive basée
sur l'élevage du mouton et des bêtes bovines.
La culture arable y est soutenue par le troupeau qui vit de l'herbe naturelle de
ces montagnes et de quelques fourrages amassés pour l'hiver, tandis que le gros
bétail et les brebis profitent surtout des plantes de la culture, le troupeau, comme
les bœufs, ayant recours l'été à la transhumance. Le jury a rencontré chez
M. Xatart des instruments d'agriculture et des pratiques intelligentes qu'on ne
rencontre pas toujours dans des fermes bien autrement favorisées que la sienne;
M. Xatart a recours à la charrue Dombasle, il trie à la main et renouvelle ses
semenc'js, il se préoccupe de la question des prés dan- ses bas-fonds sur les
bords du Ganadeil, il endigue les eaux et soutient les talus à l'aide d'oseraies et
d'autres plantations.
Mais sa situation est bien plus désavantageuse que celle de M. Coste.
M. Xatart est un homme intelligent qui aime l'agriculture; il aime le bétail,
mais il est découragé par la main-d'œuvre rare et coûteuse ; la lutte pour lui est
difficile dans ces conditions.
Le jury a voulu encore récompenser ce concurrent bien digne d'intérêt et lui
attribuer une médaille d'argent grand module.
M. Coste. — A trois kilomètres de Prats-de-Mollo, entre cette commune et la
station balnéaire de la Preste, limite du territoire français, sur le versant à gauche
du Tech, est la ferme de M. François Coste.
Il y a trente-cinq ans que M. Coste, père de notre concurrent, et berger de
profession, venait se fixer comme fermier aux Escarousses.
La propriété des Escarousses, située sur les deux versants d'un vallon au fond
duquel coule la Pardigola qui va se jeter dans le Tech, présentait comme bilan
sur ses mille hectares d'étendue : 15 hectares de terres en labour, 5 hectares de
mauvaises prairies, quelques arbres isolés, et tout le restant, soit 980 hectares
sur 1,000, en terres vaines.
La fortune de M. Coste était en rapport avec le milieu où il amenait sa famille :
c'est tout au plus s'il possédait 100 brebis ou moutons et 2,000 ou 3,000 francs
d'économie.
Au bout de quelques années, il avait réalisé 7,000 francs, et bientôt de simple
fermier devenait propriétaire du domaine et de deux terres annexes moyennant
50,000 francs dont il payait la dernière échéance au bout de vingt ans, peu de
temps avant sa mort.
Si on demande aujourd'hui comment M. Coste père a pu, en si peu de temps,
acheter les Escarousses, le fils vous répond qu'il avait une profonde connais-
sance du bétail, que la culture avait été le moyen, et l'élève du i)étail, le but final
de l'exploitation.... que l'économie, la sobriété et un dur travail avaient fait
le reste!....
M. François Coste, fidèle aux principes qu'il a reçus, va redoubler d'eflbrts
désormais avec cette obstination de l'homme convaincu.
Améliorer encore la culture de son père, en diminuer les frais de production,
créer des ressources fourragères plus grandes par de nouveaux gazonnements,
une nouvelle création de prés et, au fur et à mesure des productions, augmenter
le nombre de ses bestiaux, tel est son programme plus accentué
Il établit des chemins d'exploitation qu'il soutient avec des pierres extraites
de ses défrichements et qui ont le double effet utile et moral de supprimer la
hotte et les transports à dos d'hommes.
Il s'associe des colons qui, sous le nom local d'Astigaïres, s'engagent à lui four-
des journées de travail en échange de quelques lopins de terre, et il retieui ain.'si
l'ouvrier sur sa ferme.
2U LA PRIME D HONNEUR DES PYRENEES-ORIENTALES.
Sa culture arable prospère, basée sur les maïs, les courges, les fourrages
d'hiver, lupin et trèlle incarnat, les pommes de terre, le blé ou le seigle.
Mais, en dehors de sa culture arable, sur cette immense étendue de terres
vaines, abruptes et rocailleuses, il fait des gazonnements et des prairies, il plante
des châtaigniers partout où c'est possible !
Quelques mots sur les gazonnements et les prairies; je parlerai ensuite du
bétail :
L'opération des gazonnements consiste, auxEscarousses, dans un épierrement
préalable suivi d'un parcage très serré et d'un léger labour auquel on confie .une
semence de seigle, et le sol s'enherbe pour longtemps; il ne faut rien lui deman-
der de plus de quinze ou vingt ans.
Notre concurrent se glorifie des résultats obtenus par cette pratique. Il a
200 hectares de gazonnements ainsi établis en partie sur des lieux presque inac-
cessibles et dangereux pour le bétail, si des pierres viennent à se détacher et à
rouler, car on compte plusieurs moutons précipités ainsi tous les ans, et en partie
établis dans le voisinage de la ferme et toujours en pente assez raide.
La création d'une prairie n'est pas aussi facile aux Escarousses, que dans la
plaine; dans la plaine, il suuît de défoncer un sol, de le fufmer, de le semer, les
résultats ne tardent pas à se montrer; aux Escarousses sur les bords de la Par-
digola tumultueuse, il faut tout d'abord songer à créer le soi.
La Pardigola entraîne de gros rochers; il faut, pour les fixer, planter des arbres
dont la plupart sont souvent déracinés; en planter d'autres dans ce cas, et ceux
qui ont résisté servent d'abri à ces derniers ; apporter ensuite -des fumiers et des
feuilles pour retenir le limon dans les grandes crues; des alluvions se forment
autour de chaque arbre et de chaque rocher ; on sème sur ces alluvions qui de
proche en proche se réunissent, s'exhaussent et finissent par former une prairie
entremêlée de rochers, peu régulière d'abord, mais qu'importe, tout finira par se
niveler, les rochers se couvriront de végétation.
On fait une dérivation à la Pardigola ; l'eau arrive abondante et tourmentée par
les obstacles, et rien n'est beau- à voir, à certaines époques, comme cette eau
rapide qui apparaît et disparaît par chutes successives au milieu Je ces prairies,
comme ces jets d'eau qui surgissent de partout, tantôt en gerbes étincelantes,
tantôt en filets d'eau des plus modestes, mais nombreux et variés, et prenant les
formes et les directions les plus capricieuses. Et c'est ainsi qu'aubout de quatre ou
cinq ans une telle prairie fournit uu pâturage abondant et des coupes importantes .
(Euvre de patience, dans un pays pauvre, et à donner comme exemple de ce
que peut le travail! M. Goste a su créer de cette manière dix -huit hectares de
prairies.
Sur la culture arable, sur ces gazonnements, sur ces prés, sur les terres vaines,
M. Goste entretient en moyenne 50 têtes de gros bétail, bœufs, juments, mulets,
vaches et taureaux, 800 brebis ou moutons.
Les troupeaux des Escarousses ne vont plus en transhumance l'hiver dans le
Roussilion, chose fort coûteuse ; la transhumance d'été est seule conservée pour
l'hygiène des animaux.
Les brebis et les moutons parquent les terres ; les moutons doivent se conten-
ter surtout des gazonnements élevés ; les brebis, les bêtes bovines, les juments,
les mulets, auront pour eux les gazonnements plus rapprochés, le trèfle incarnat,
les lupins et les bons pâturages des prairies, et puis, quand viendra l'hiver, tous
auront droit au râtelier avec une qualité de fourrage proportionnée à leur état.
Il résulte de cela une harmonie heureuse dans la distribution de la nourriture,
une harmonie qui indique que le bétail est soumis à une sorte d'assolement bien
entendu.
La race bovine de M. Goste n'est pas de haute taille, elle est sobre et robuste,
et ce sont là des qualités essentielles, celles pour lesquelles notre concurrent la
fait naître et prospérer.
Sa conformation pour le travail s'allie cependant dans une certaine mesure, à
une conformation propre à l'engraissement : sa poitrine est large, ses reins sont
droits ; cette rectitude des reins est une excellente qualité en ce qu'elle facilite
la locomotion chez les bêtes de travail, comme elle devient primordiale pour la
bête d'engrais en ce qu'elle accuse presque toujours la forme cylindrique de
l'animal.
Sa peau, malgré le climaL, le manque pas de finesse, ses épaules sont d'une
obliquité assez prononcée, ses cornes bien faites pour le travail.
LA PRIME D'HONNEUR DES PYRÉNÉES-ORIENTALES. 215
Quant aux qualités laitières, il ne faut pas les lui demamler, sa réponse se ferait
attendre comme le lait assez rare qu'elle donne.
M. Goste poursuit l'amélioration de cette sous-race du Roussillon que recher-
chent le Gonflaus, le Gapcir, la Gerdagne. Il agit par voie de sélection et fait in-
tervenir le sang étranger.
Une vache achetée a la Preste, et qui sera un jour légendaire aux Escarousses,
a marqué il y a trente ans la- première amélioration du bétail.
La race chevaline est rustique ; elle est, comme les bœufs, d'une taille moyenne
et assez développée dans ses membres. Ge n'est pas cette race de la Gerdagne
améhorée par le sang normand, et que l'Espagne enlève en grande partie à nos re-
montes par voie de maquignonnage en achetant les produits dès leur jeunesse; mais
elle est tout aussi bien qu'elle formée à la vie sauvage et à ces privations qui font
le plus souvent sa force, et on voit la Gerdagne venir se retremper dans cette race
des montagnes comme à une source de Jouvence, venir à côté d'elle pour y
puiser cette énergie de caractère et de santé.
Mais l'élève de la race chevaUne pour la production du mulet à Prats-de-Mollo,
est bien plus difhcile que celui du bœuf. Il faut beaucoup de prudence et d'obser-
vation pour s'y livrer.;, il a fallu beaucoup de persévérance à M. Goste !
Telle est, indiquée à grands traits, la culture de notre concurrent dont le but
final est l'exploitation du gros bétail amenée par l'améhoration du sol.
Dans les montagnes de Prats-de-Mollo, en vain voudrait-on élever les grosses
races sans le secours des bêtes ovines. Il faut, pour réussir, y subir cette chaîne
dont le premier anneau commence au mouton qui se contente des herbes natu-
relles ramassées dans le voisinage et apportées à la ferme sous forme d'engrais,
tout en payant les frais de garde et d'entretien par sa laine et sa viande. — Le
mouton séparé des agnelles, n'est vendu qu'à l'âge de 3 ans, c'est un usage propre
à toute la montagne et qui indique bien le rôle de la race ovine — et dont le
deuxième anneau est représenté par l'amélioration du sol.
Alors seulement on peut songer à l'élève du gros bétail; mais cet élevage a en-
core des lois difficiles à franchir; aller au delà d'une certaine limite dans ces
montagnes, c'est s'exposer à des mécomptes.
M. Goste, avec une sagacité profonde, a depuis longtemps abandonné la voie
dans laquelle s'obstinent certains cultivateurs de la région. Il laisse aux
sols plus riches le soin de continuer son œuvre et d'achever l'éducation de ses
produits.
Vendre toujours son bétail jeune, faire place à l'herbe à celui qui naît, tels
sont les principes qu'il observe.
Les marchands viennent le trouver ; il ne va plus chez eux ou sur les foires, et
entre ses prix et ceux de la région, il y a aujourd'hui toute la distance de l'offre à
la demande.
M. Goste, en possession d'une très belle fortune, nous a dit et cela finit de dé-
peindre la région que nous allons quitter :
Si nous avions suivi, mon père et moi, V agriculture du pays ; si nous n'avions
pas fait de l'élève du béiail ainsi conduit la base de 7ios opérations, je serais aujour-
d'hui un agriculteur malheureux!
LaGommission a accordé à M. François Goste un objet d'art.
Revenant sur nos pas, nous rencontrons bientôt ces plantations d'arbres que
l'on dirait venir au devant de nous pour prendre possession des terrains au détri-
ment même de la culture pastorale et s'être rassemblés ici comme pour témoigner
de la puissance forestière des sols granitigues.
On y voit entremêlés aux châtaigniers, le pin, le bouleau, le platane, l'orme et
une foule d'autres essences confondues au hasard et pas toujours selon les règles
d'altitude et d'exposition propres à chacune d'elles.
Le poirier et le pommier sont dans le fond de la vallée les représentants prirv-
cipaux des arbres à fruits, mais le figuier n'y mûrit pas plus que le cerisier greffé,
moins exigeant, ne donne de produits. ]
Nous gravissons le versant à droite du Tech qui va finir au cap Gerbère, séparant
ainsi la France de l'Espagne.
Lis arbres les plus variés et les végétaux les plus humbles se multipUent sur la
chaîne des Albères et surtout dans les environs de Saint-Laurent-de-Gerdans ; —
l'œil étonné s'arrête devant cette flore resplendissante!.,. Mais nous voici chez
M. Desprès, le lauréat de la prime d'honneur en 1870.
[La suite prochainement.) Emile Mourbet.
216 DROIT KUK\L. — LA PÈCHE FLUVIALE.
DROIT RURAL. - PÊGIIE FLUVIALE
On nous demande dans quelles conditions la pêche ilottante est per-
mise, et ce qu'il faut entendre juridiquement par ligne floltante.
Rappelons tout d'abord les textes relatifs à la matière.
Aux termes de l'art. 5 de la loi du 15 avril 4829 sur la pêche flu-
viale, tout individu qui se livrera à la pêche sur les fleuves et rivières
navigables ou flottables, canaux, ruisseaux ou cours d'eau quelconques,
sans la permission de celui à qui le droit de pêche appartient, sera
condamné à .une amende de 20 francs au moins et de 100 francs au
plus, indépendamment des dommages-intérêts.
Ily auralieu,en outre, à la restitution du prix du poisson qui aura été
péché en délit, et la conliscation des tilets et engins de pêche pourra
être prononcée.
Néanmoins, ajoute l'article, il est permis à tout individu de pêcher
à la ligne flottante tenue à la main dans les fleuves, rivières et canaux
désignés dans les deux premiers paragraphes de l'art 1*% le temps du
frai excepté \
Ainsi, la pêche à la ligne est permise à tout le monde, sauf le temps
du frai, dans les cours d'eau qui dépendent du domaine public; mais
elle ne l'est pas dans les autres cours d'eau oii le droit de pêche con-
stitue une propriété privée.
Il n'est pas nécessaire qu'on stationne sur la rive elle-même pour
pouvoir pêcher à la ligne flottante. On peut à cet effet monter sur un
bateau, attendu que la loi du 14 flor. an X et l'arrêté interprétatif
du 14 flor. an Xlll permettent d'une manière absolue de pêcher dans
les rivières navigables avec une ligne flottante tenue à la main, sans
distinguer si cette espèce de pêche a lieu en se tenant sur les bords des
rivières ou sur des nacelles (V. Liège, 28 déc. 1835; Dali. V° Pêche
fluviale, n" 92).
Mais il faut que la ligne soit flottante, et non fixe.
On sait qu'il existe trois sortes de lignes :
1" La ligne dormante que l'on fixe au fond de l'eau par un coips
lourd tel qu'une pierre, et qui, posée le soir, est levée le matin;
2" La ligne voyante qui, lancée par le pêcheur sur la surface de l'eau,
ne fait que l'elfleurer sans jamais s'immerger;
3° La ligne flottante qui est garnie de grains de plomb destinés à la
rendre plus immergenle dans l'eau. D'ordinaire, ces sortes de lignes
sont munies d'un flotteur, mais la loi n'exige pas qu'elles en soient
munies.
Le législateur n'a donné aucune définition de la ligne flottante.
La Commission, disait M. de JMalleville, dans son rapport à la Cham-
bre des pairs, n'a pas pensé qu'il convînt de placer dans la loi, comme
on le proposait dans une pétition adressée à la Chambre, la définition
ou la description de la ligne flottante; cette description, si elle est né-
cessaire, est du domaine des ordonnances.
Or aucune ordonnance, aucun décret réglementaire n'est intervenu
depuis la promulgation du code sur la pêche fluviale pour déterminer
ce que l'on doit entendre par ligne flottante.
1. — Art. 1". Le droit de pêche sera exercé au profit de l'Etat :
1" Dans tous les fleuves, rivières, canaux et contre-fossés navigables ou flottables avec bateaux,
trains ou radeaux, et dont l'entretien est à la charge de lEtat ou de ses ayants cause;
'2° Dans les bras, navig^.bles ou flottables, dans lesquels on peut on tout temps passer et pénétrer
librement en bateau de pêcheur, et dont l'entretien est également à la charge de l'Etat.
DROIT RURAL. •— LA PECHE FLUVL\LE, 217
Ce qu'il y a de certain, — la loi le dit textuellement — c'est qu'il faut
que la ligne soit tenue à la main.
On a jugé que le fait d'avoir déposé sa ligne, même momentanément,
sur le bord de la rivière, rend le pécheur passible de l'application de
l'art. 5 de la loi de 1829, comme coupable de la contravention.
(Bourses, 12oct. -1839, Dali. loc. cil. n° 94.)
En l'absence de toute définition légale delà ligne flottante, les tribu-
naux sont souverains appréciateurs.
La régie a quelquefois soutenu que l'art. 5 n'autorisait que la pêche
à la ligne volante et assimilait la ligne flottante proprement dite à la
ligne dormante. C'était aller à la fois contre le texte de la loi et contre
l'usage. Aujourd'hui elle paraît, au contraire, considérer comme seule
permise la ligne qui est munie d'un flotteur, qui est rendue mobile
et fugitive par le mouvement seul de l'eau.
C'est du moins ce qu'elle a soutenu dans divers procès, notamment
dans une affaire Carraz. (Besançon, 19 nov. 1856, Dali. 57. 2. 156.)
Il existe, disait l'administration, des différences capitales entre cette
espèce de ligne et la ligne volante. Cette dernière, en effet, n'est pas
munie d'un flotteur ; elle ne plonge pas dans l'eau, mais elle est agitée
à la surface ; elle est garnie de mouches artificielles ; elle capture pour
ainsi dire les truites et les perches au vol.
On répondait au nom du prévenu que le terme de ligne flottante
dont se sert l'art. 5 de la loi du 15 avril 1829 doit être entendu par
opposition à celui de ligne dormante ou de fond; que la ligne dite
volante est en réalité une ligne flottante, puisque l'appât flotte à la
surface de l'eau.
La cour de Besançon a consacré ce système.
En réalité, il est vrai de dire que, dans leur sens naturel, les mots
ligue flotlanie indiquent une ligne que le mouvement seul de l'eau rend
mobile et fugitive, et qu'il fout que le pêcheur ramène sans cesse
à lui.
L'usage constant a consacré cette interprétation. Il n'est résulté de
l'usage de la ligne flottante, ainsi définie, aucune conséquence de
nature à faire croire que l'intention du législateur a été de la prohiber,
soit dans un intérêt d'ordre public, soit dans l'intérêt des fermiers de
la pêche, lorsqu'elle sera garnie de quelques grains de plomb ajoutés
au poids de l'hameçon pour le maintenir perpendiculairement au liège
ou flotteur ou indicateur à une profondeur déterminée. Il suffit, pour
que la ligne ne cesse pas d'être flottante, qu'elle soit constamment
soumise au mouvement du flot et du courant de l'eau, et par conséquent
que l'appât ne repose pas au fond et n'y reste pas immobile.
La loi exige seulement que le pêcheur tienne à la main la canne
destinée à rejeter la ligne en amont toutes les fois que le courant l'a
fait flotter en aval aune trop grande distance.
Décider qu'une ligne n'est flottante que lorsqu'elle ne flotte qu'à la
superficie de feau par le seul poids de l'hameçon, serait donner un
sens restrictifaux expressions de l'art. 5, etrendreillusoirelapermission
de pêcher à la ligne flottante résultant de cet article.
Telle est la jurisprudence de la cour de Paris, (Paris, 21 mai 1851,
Dali. 52. 2. 54.)
La cour de Chambéry est allée plus loin lorsqu'elle a jugé que la
pêche vulgairement connue sous le nom de pêche à la cuillère devait
'218 DROIT RURAL — LA PÊCHE FLUVIALE.
être considérée comme rentrant dans les dispositions de l'art. 5 de la
loi du 15 avril 1829.
Le tribunal avait dit que le maniement de cet engin dépêche se fait
en bateau, soit en le tenant à la main, soit en l'attachant au bateau
lui-même; qu'il est armé deplombs pour descendre au tond de l'eau;
que son s('' jour y est prolongé, etqu'il neflotte pas continuellement ; qu'il
a, en outre, pour appendice complémentaire une cuillère en métal blanc,
d'où il tire son nom^ et dont le miroitement, qui sert d'appât trompeur
au poisson, nepeutse produire que parla marche incessante uu bateau;
d'oi^i suit que cet engin, qui pour sa manœuvre, exige le concours d'un
mode particulier de locomotion, ne peut être assimilé à la ligne flottante
à la main de l'homme que permet exceptionnellement, pour la pêche
hors du frai, l'art. 5 de la loi de 1829.
La cour a réformé cette décision par les motifs, en droit, que le légis-
lateur n'ayant pas défini la ligne flottante, il s'en est, à cet égard, rap-
porté à l'appréciation des tribunaux qui, dans chaque espèce, doivent
statuer d'après la nature et les caractères des engins qui leur sont
soumis; que d'après le langage ordinaire, une ligne est réputée flot-
tante lorsqu'elle est tenue à la main, et, qu'à la différence de la ligne
dormante ou cîe fond elle demeure soumise au mouvement du flot et
du courant de l'eau; en fait, par le motif que la ligne était tenue à la
main, et qu'il ressort de l'examen de cette ligne que le morceau de mé-
tal, en forme de cuillère destinée à servir d'appât, ne peut, sous peine
d'être rendue inefdcace, reposer au fond de l'eau et y rester immobile;
qu'il peut donc être considéré comme une ligne flottante.
(Chaœbéry, 13 mai 1880, le Droit du 2t juin 1880). — (Cf. dans le même sens,
Paris, 5 février 1862 Sir. 62, 1563; Rouen, P"" avril 1878 Journ. criminel, 78.
p. 331. — Voy. en sens contraire. Trib. Toul, 29 janvier 1879, ibd. 79-131.)
Tel est l'état de la jurisprudence.
Disons en terminant qu'à côté et au-dessus de ces décisions, il peut
y avoir des arrêtés préfectoraux pris en conformité du décret du
10 août 1875 dont l'art. 16 notamment dispose que les préfets peuvent,
après avoir pris l'avisdes Conseils aiénéraux, interdire, par des arrêtés
spéciaux, les engins, procédés ou modes de pêche de nature à nuire au
repeuplement des cours d'eau.
Il y a donc lieu avant tout de s'y conformer. Ce décret n'a
rien ajouté aux dispositions de l'art. 5 de la loi de 1829, en ce qui
touche la ligne flottante. Il n'en donne aucune interprétation; il apporte
seulement quelques restrictions relatives aux écluses, barrages, per-
tuis, vannages, coursiers d'usines etparsages ou échelles à poissons.
L'art. 1 5 interdit de pêcher dans ces endroits, ainsi qu'à une distance
moindre de 30 mètres, avec tout autre engin que la ligne flottante,
Eug. PoiIILLET,
Avocat à la cour de Paris.
LES EXPERIENCES D'ÉPRUNES
Les cultivateurs se préoccupent de plus en plus des avantages que
peuvent présenter dans le travail de la moisson, soit les moisson-
neuses-lieuses, soit les lieuses indépendantes.. Un grand nombre
d'essais de ces machines viennent d'avoir lieu : nous citerons ceux
de Châteauroux, de Nogent-sur-Marne, de Vitry-le-François, et enfin
d'Eprunes. Nous avons assisté aux expériences organisées par la.
LES EXPÉRIENCES D'ÉPRUNES. 219
Société d'agriculture deMelun, sur cette dernière fenue, et nous allons
en rendre compte brièvement.
Ces expériences ont eu lieu le jeudi 29 juillet, sur un grand champ
de blé voisin des bâtiments d'exploitation de la ferme d'Eprunes,
habilement dirigée par un jeune cultivateur, M. Delamarre, digne
successeur d'un homme éminent, M. Dutfoy, qui remporta, il y a
vingt-trois ans, la première grande prime d'honneur décernée dans le
département de Seine-et-Marne. Les organisateurs du concours avaient
pris les mesures nécessaires pour qu'on pût suivre facilement le tra-
vail de toules les machines. Celles ci étaient au nombre de six : deux
moissonneuses-lieuses, celles de Wood et d'Osborne; deux lieuses
indépendantes, celles de Decker et Mot et de Dudouy; deux moisson-
neuses ordinaires, dont l'une à deux chevaux, de Osborne, et l'autre à
un seul cheval, de Johnston. Tous les systèmes de machines aujour-
d'hui présentées aux agriculteurs, étaient ainsi représentés sur le
champ du concours.
Celui qui a vu les moissonneuses-lieuses débuter en France, en
1 877 et 1 878, ne reconnaît plus aujourd'hui ces machines, surtout
quand il les voit au travail. Celui-ci est beaucoup plus parfait et
surtout plus régulier. Des deux moissonneuses-lieuses qui ont fonc-
tionné àEprunes, celle de Wood (%. 14), amenée parM. Pilter, présente
un avantage très apprécié des agriculteurs ; elle lie avec de la ficelle; les
inconvénients de la présence du fil de fer dans les bottes de paille
sont ainsi évités. Tout le mécanisme du liage est recouvert par une
sorte de voûte en tôle qui met les gerbes à l'abri du vent. Celles-ci,
serrées très régulièrement, sortent par le côté et tombent doucement sur
le sol. Deux chevaux conduisaient la machine.
L'attelage de la moissonneuse-lieuse de Osborne "était composée de
trois chevaux. Le liage se fait avec du fil de fer; il est régulier. Le
Journal a déjà publié la description de cette machine ; nous n'y insis-
terons donc pas davantage. Nous ferons toutefois une remarque, c'est
que la gerbe liée se sépare parfois assez difficilement, sur la table de
l'appareil, au moment de tomber par terre, de celle dont le liage se
poursuit. Il faut aussi ajouter que le champ présentait une végétation
régulière, très propre, et par conséquent propice au travail des lieuses.
La moissonneuse ordinaire à deux chevaux, de Osborne, avec appa-
reil javeleur, a très bien marché; c'est d'ailleurs une des machines
estimées. Nous en dirons autant de la moissonneuse à un cheval, de
Johnston. Cette machine, que représente la fig. 15, qui coupe sur une
largeur de 1™.20, a frappé par la régularité de son travail et par la
bonne exécutioji des javelles, un grand nombre des agriculteurs pré-
sents aux expériences.
Le principal attrait des expériences était dans le travail des lieuses
indépendantes. Nous avons dit que deux lieuses étaient en présence :
celle de MM. Decker et Mot, et celle de M. Dudouy. Malheureusement,
deux pièces de la première avaient été brisées pendant le transport;
on avait dû les remplacer par des surmoulages faits à la hâte; ceux-ci
n'ont pas bien tenu, et l'appareil n'a pas pu donner la mesure de son
travail. Nous en avons publié la description récemment (voir le Journal
du 15 mai dernier, t. II de 1880, p. 263). — Restait la lieuse Du-
douy. Cette machine, dont nous donnerons prochainement la descrip-
tion détaillée, présente une construction très soignée. Elle consiste
LES EXPÉRIENCES D'ÉPRUNES.
essentiellement en un b;\li à la partie inférieure duquel deux axes
parallèles portent des dents disposées en étoiles qui saisissent sur
le sol les tiges coupées et les font moiiter entre deux rangées de
tringles parallèles. Lorsque Je conducteur monté sur le siège juge que
il fait mouvoir avec une pédale
les tiges sont en nombre siiiTisant
l'appareil lieur, qui les saisit, et après, avoir fait la ligature, rejette
lagerbe liée sur un tablier d!où elle tombe sur le sol. Le mécanisme
fonctionne régulièreçQent; les bottes sont bien faites. Mais quelques
inconvenienlspeuvent.se produire, quand la récolte ; est. très mûre;
en eff M, les bottes sont rejetees un peu brusquemei^t; par rappareil-
Heur, le tablier incliné qui les reçoit est. un. peu coiirt. Mais hâtons.-
nous dédire que ce sojit de légères imperfections auxquelles il est
açile de i^médier, et que certainement, à la prochaine campagne,
LES EXPERIENCES D'ÉPRUNES.
221
la lieuse se présentera avec toutes les qualités qu'on peut lui
demander. Elle fait environ 20 gerbes par minute. Un couteau spé-
cial force l'ouvrier délieur à couper et orilevçr en même temps tout le
fil de fer constituant le lien. M. Dudouy travaille à appliquer le
même système au liage des bottes de paille, à l'engrenage dans les
batteuses, ainsi qu'au ramassage des fourrages.
Les expériences d'Eprunes avaient attiré une très grande affluence
d'agriculteurs. Avec eux, et suivant avec un égal intérêt toutes les pé-
ripéties des expériences, étaient venus des hommes d'Etat et des admi-
222 LES EXPÉRIENCES D'ÉPRUNES.
nistratenrs désireux de s'initier aux perfectionnements de la mécanique
rurale. Nous devons citer M. Léon Say, président du Sénat; M. Cocliery,
ministre des postes et télégraphes, et ministre par intérim de l'agricul-
ture et du commerce ; M. Oscar deLafayette, sénateur ; M. le comte Fou-
clier de Careil, sénateur et président de la Société nationale d'encoura-
gement à l'agriculture; M. le comte Horace de Choiseul, M. Léon
Renault, députés; M. Tisserand, directeur de l'agriculture; M. Challot,
chef de division au ministère de l'agriculture et du commerce;
M. Pallain, directeur du contentieux au ministère des finances;
M. Chazal, conseiller général de Seine-et-Marne et caissier-payeur
central du Trésor; M. Blavot, président du conseil de préfecture de
Seine-et-Marne et secrétaire de la Société d'agriculture; M. Dutertre,
directeur de l'Ecole de Grignon, etc.
Il n'y avait pas de concours, par -conséquent pas de classement à
établir entre les machines. Mais des médailles, mises à la disposition
de la Société d'agriculture de Melun, par le ministre de l'agriculture,
ont été remises par M. Cochery aux conducteurs de ces machines, de
la manière suivante : médaille de vermeil, au conducteur de la lieuse
Dudouy; médailles d'argent, ex œquo, aux conducteurs des moisson-
neuses-lieuses Woodet Osborne; médailles de bronze aux conducteurs
de la lieuse Decker et Mot et de la petite moissonneuse Johnston. En
outre, une médaille d'argent a été remise à M. Delamarre, fermier
d'Eprunes, en souvenir des expériences. A la suite de cette distribution
faite sur une estrade improvisée sous les arbres, et après quelques
mots de remercîments de M. Patinot, préfet de Seine-et-Marne,
M. Léon Say s'est exprimé d;ms les termes suivants :
« L'agriculture, a-t-il dit, a traversé dis annnées baauvai^es; elles seront sui-
vies, nous sommes déjà en droit de l'espérer, d'années meilleures. Toutefois la
crise actuelle ne tient pas seulement à des accidents passagers ; elle est en partie
causée par les changements considérables qui se sont produits dans les rapports
des diverses parties du monde les unes avec les autres. Les pouvoirs publics ont
donc le devoir de rechercher des remèdes à ce qu'il y a de permanent dans la
situation. Il faut, selon moi, faciliter toujours davantage la consommation des
produits agricoles en dégrevant les impôts qui y font obstacle ; multiplier et
rendre moins onéreux les moyens de transports, afin de diminuer vos frais de pro-
duction; il faudrait de plus reviser ce qui dans l'impôt foncier est incompatible
avec les charges naturelles qui pèsent aujourd'hui sur les propriétés.
« On vous a déjà donné une satisfaction sensible en ce qui concerne les impôts
sur les produits agricoles, par le magnifique dégrèvement de l'impôt du sucre que
les Chambres viennent de voter sur la proposition de M. le ministre des finances.
On ne pouvait pas, en effet, espérer le développement de production d'une denrée
frappée d'un impôt de 100 pour 100. Quant aux moyens de transport, on s'occupe
avec activité de les re.idre plus faciles et moins coiiteux ; votre Conseil général va
réaliser bientôt sur ce point un progrès considérable, et vous aurez dans un avenir
prochain de nouvelles et de sérieuses satisfactions.
« Mais ces facilités de transport, que nous cherchons et que nous ne ces-
serons pas de chercher à augmenter encore, ont causé indirectement une partie
du mal dont vous souffrez ; ils vous ont mis en concurrence avec l'univers entier.
Les terres d'Amérique sont devenues comme voisines des vôtres; leurs produits
luttent contre les vôtres sur tous les marchés au dedans et au dehors. Les grands
progrès, surtout lorsqu'ils se réalisent avec rapidité, ont leurs inconvénients à
côté de leurs immenses avantages; il faut apprécier ceux-ci, mais il faut se rendre
compte de ceux-là afin d'y trouver, s'il se peut, un remède ou un soulagement. Je
le répète, les moyens de transport doivent devenir de plus en plus faciles. Il y a
donc, dans ces facilités toujours plus grandes que nous poursuivons et dans l'in-
térêt sincère que nous portons au développement de notre agriculture nationale,
une contradiction apparente et un cercle vicieux dont il faut sortir.
LES EXPERIKNCES D'ÉPKUNES. 223
« Peut-être en sortirait-on en s'attaquant à l'impôt foncier qui frappe la terre
d'une sorte de dîne, diminue sa valeur d'une manière factice tout en rehaussant
d'autant le prix des fermages. Il y a là un problème à étudier, et je ne me dissi-
mule pas qu'il est délicat à résoudre. Il ne s'ag-it pas seulement du principal de
l'impôt foncier, qui entre dans les caisses du Trésor, et auquel le Trésor, dans
une période de prospérités et de dégrèvements comme celle où nous sommes,
pourrait renoncer, sinon en totalité au moins dans des proportions considérables ;
il s'agit encore des centimes qui alimentent les budgets municipaux et départe-
mentaux. Depuis quarante ans les centimes n'ont fait que s'accroître ; c'est à eux
qu'on s'adresse pour faire face à des dépenses certainement très utiles, indispen-
sables même, comdfle l'instruction publique; et il est à craindre qu'on ne finisse
par en abuser. Le plus souvent, en effet, ils dépassent aujourd'hui le principal.
De là vient la difficulté pratique du problème ; mais s'il y a difficulté, il n'y a pas
impossibilité. Le ministère des finances a commencé depuis déjà plus d'une année
un travail qui permettrait de séparer l'impôt urbain de l'impôt rural, et qui ré-
duirait à environ ] -20 millions de francs les sommes sur lesquelles il y aurait lieu
d'agir. Quand on a vu en une seule année réaliser près de 180 millions de dégrè-
vements, faut-il traiter d'utopie l'étude de dégrèvements qui porteraient sur
120 milbons?
« On ne peut y réussir, sans compromettre les budgets municipaux et départe-
mentaux, qu'en prenant sur les impôts indirects de l'Etat une partie de la charge
qui pèse sur l'imjiôt direct communal et départemental.
« Ici encore on se heurte contre la difficulté dont j'ai parlé en commençant, à
savoir le risque de maintenir à un taux élevé le prix des choses et d'arrêter ou
d'entraver le progrès de la consommation ; mais on se heurte aussi à ce que je
considère comme un préjugé du parti libéral et républicain, préjugé qui s'ex-
plique par son histoire, préjugé qui avait autrefois sa raison d'être, mais qui est
devenu un véritable anachronisme. Ce parti croyait qu'il n'y avait pas à ménager
l'impôt direct. A une époque où les moyens manquaient pour contrôler et conte-
nir d'une manière efficace la marche du gouvernement, il voulait le forcer à faire
sentir le poids de l'impôt parce que c'était la seule manière de lui imposer un
frein. Les économistes qui se proposaient surtout la diminution des dépenses
n'avaient d'autre moyen pour l'obtenir que de rendre plus difficile l'accroissement
des recettes ; aussi cet accroissement des recettes, voulaient-ils qu'on le deman !àt
très directement aux populations. Mais il ne faut pas confondre un procédé de
tactique avec un principe constant. Les temps sont changés. Nous avons dans la
République un gouvernement qui est la nation elle-même, dont les intérêts, dé-
gagés de toute préoccupation de personne et de dynastie, se confondent avec ceux
du pays. Dans ces conditions nouvelles et qui doivent être bienfaisantes, l'exagé-
ration de l'impôt foncier n"a plus aucune raison d'être; elle constitue un préjugé
routinier; elle agit comme une confiscation de la terre; il faut donc y renoncer.
Sans doute, en i871, on aurait pu s'adresser temporairement à cette ressource;
mais en 1880, dans une période de dégrèvements qui portent sur des chiffres si
considérables, le jour est venu de dégrever l'impôt direct. Le seul but qu'on
doive se proposer est de prélever l'impôt de la façon la moins lourde, la moins
gênante, la moins onéreuse pour les })opulations ; et, comme vous avez à subir
des concurrences nouvelles, c'est à l'Etat qu'il appartient de rétablir l'équilibre
entre vos concurrents et vous par tous les sacrifices qui sont compatibles avec sa
situation financière .
« Soyez sûrs que les pouvoirs pubHcs, que le gouvernement qui est aujourd'hui
représenté par no^ amis politiques, par des républicains éclairés et soucieux de
vos besoins, auront toujours à cœur de réaliser les progrès et les réformes que
rend nécessaires la situation actuelle de l'agriculture, et que la prospérité de nos
finances rend possibles. »
M. Cochery a insisté, de son côté, sur la sollicitude du gouverne-
ment pour l'agriculture et sur les préoccupations que lui inspire l'in-
térêt des classes rurales. -( Ce que nous avons fait^ ajoute-t-il, est la
garantie de ce que nous ferons- encore, w
Nous n'ajouterons qu'une observation. Il y a encore peu d'années,
dans les expériences du genre de celles d'Eprunes, quand une avarie
survenait à une machine ou qu'une cause quelconque en arrêtait la
marche, on entendait beaucoup des cultivateurs présents se livrer à
224 LES EXPERIENCES D EPRUNES.
des plaisanteries ou à des quolibets montrant le peu de confiance que
leur inspiraient ces engins. Il n'en est plus de même aujourd'hui;
quand un accident se produit, on cherclie à s'en expliquer la cause et
à indiquer par ([uels moyens on pourrait l'éviter; c'est avec sympa-
thie que môme les plus humbles suivent la marche des machines. II
y a là un signe sur lequel il est bon d'insister, parce qu'il signale un
revirement dans les idées et la disparition des anciens préjugés.
Henry Sagmek.
SUR L'EMPLOI DU PLATRE EN AGRICULTURE
Pendant plusieurs années nous avons expérimenté, à la Ferme-Ecole
et station des Hubaudières, l'emploi du plâtre appliqué, notam-
ment aux luzernières. L'ensemble de nos observations nous a per-
mis de poser en principe les deux propositions suivantes énoncées
dans un rapport au Conseil général d'Indre-et-Loire; savoir :
l** Le plâtre appliqué en automne après la coupe du regain ou durant l'hiver,
détermine pour l'année suivante un rendement en foin sec supérieur à celui obtenu
par une application postérieure reculée au printemps, alors que la végétation her-
bacée de la plante couvre le sol.
2° Le plâtre n'agit pas par son action sur les feuilles humides.
Aussi avons-nous lu avec un vif intérêt, un article sur ce même
sujet publié dans un journal de Vienne {Oesterreichisches Landw. Blatt.)
du 3 juillet dernier.
Voici la traduction littérale de cette communication :
« Du plâtre-engrais » (Réponse au n" 227.) J'ai reconnu d'expérience que le
ce plus souvent le plâtrage en petite quantité pratiqué en automne, vers la dernière
« pousse; auprintem])s et vers chaque nouvelle coupe, est plus profitable et cela
a avec 75 hvres l'arpent d'Autriche (Joch), au heu de SOOhvres en un seul plâtrage
« l'arpent.
« Dans un sol où se trouve déjà le calcaire je ne crois à aucun effet particuher
f appréciable du plâtre. En tout cas les apphcations calcaires agissent favorable -
« ment aussi sur les récoltes subséquentes » Baron Schell.
Kalladey (Autriche).
Delà communication dont la traduction précède, il résulte qu'une
observation suivie a démontré en Autriche, l'augmentation des résultats
par les plâtrages partiels à chaque couj)e des Légutninenses ; que
d'autre part le plâtrage automnal a été reconnu aussi favorable.
Ceci est conforme à nos propres observations et essais. Nous devons
faire toutefois toutes les réserves nécessaires sur l'appréciation de
M. le baron Schell, au sujet de l'action du plâtre dans les terrains cal-
caires.
Nous avons, en effet, obtenu, en contradiction de ces observations,
sur nos plateaux calcaires de la Touraine, les résultats suivants que
nous résumons sous forme de tableaux.
Ces expériences ont été faites en 1877 et 1878, sur deux pièces do
terre de nature géologique différente, emblavées en luzernes et n'ayant
jamais reçu déplâtre ; dans chaque pièce, trois parcelles d'un hectare
ont été plâtrées à la dose de 250 kilog. à l'hectare, savoir :
L'hectare n" 1, plâtré en mars 1<S77 (n'a rien reçu en 1878). L'hectare n» 2,
plâtré en décembre 1877 (n'a rien reçu en 1878). L'hectare n" 3 plâfré en mars
1878. L'hectare n° 4 formant témoin n'a rien reçu en J 877 ni en 18/8.
T"" Champ d'expérience. — Pièce des Courlis. Luzerne de 3 ans. Sol
silico-argileux (diluvium des plateaux)^ aveq 15 pour 100 environ de
SUR l'emploi du PLATRE EN AGRICULTURE. 225
calcaire, couche arable de O'"30 d'épaisseur. Sous-sol calcaire. Tuf
mélangé de roches fendillées, quelquefois apparentes à la surface.
Tous les chiffres sont rapportés à l'hectare :
§1 _____REND3IENTS____ Total des deux
desjîau^ages. î g <■''' eonpe 28 juin 4878 2'-^pe .3iUuillçl_IS78 1_^' coiipes. 3e coupe.
^2 En vci-t hu fu.n En v ri En foui K" vuri En foin
En Mars 1877.... 1 10,500 3,:00 6,000 2,650 16, .500 5,950 Livrée au pâturage. Les
EnDécemlirel877 2 13,000 3,900 10,100 3,950 23,(00 6,950 dillerences de rendement en-
En Mars 1878. . .. 3 11,600 3,700 7.300 2,800 18,900 6,500 frêles parce les saccusaient
Rien 4 5 .600 1,850 4,U00 1,300 9,600 3,1.50 portions.''" ''"'"'' P"""'
d'où résulte un avantage, en faveur du plâtrage automnal, 1877-78 de
6,950 k. — 6,500 k. foin sec par hectare, soit 450 k.
2" Chanip d'expérience. — Pièce de la Croix-Blanche. Luzerne de
5 ans, sol argilo-calcaire avec 10 pour 100 de silice environ, couche
arable 0"'30 d'épaisseur; sous-sol calcaire; tuf mélangé de roches fen-
dillées non apparentes à la surface :
j, HENDEMEXTS
Enonne ° ' ■- ■'~- -"«— Total des "i coupes.
A^c i-?.,o „, 1 1"' coupe 20 julmsTS. 2" coupe 3 auùH87S. -■ — — — - — — 3^ couoe
des plâtrages. i '_^ — 41^ _, En vert. En foin. coupe.
'■^- Enve.l. Eii lom. En vert. En loin.
Fn ^;ars 1877 1 9,0:0 3,405 7,110 2,600 1G,150 6,065 Livrée au r à tu -
En Décembre 1877. 2 14,400 1030 11,200 4,300 25,530 10,330 rage, même dilfé-
En Mars 1877 3 12,520 5,125 9,000 3,270 21.520 8,365 rence entre les zô-
Rien 4 6,150 2,715 4,300 1,535 10,450 4,250 ne d'expérience.
d'où résulte un avantage en faveur du plâtrage automnal, en 1877-78,
de : 10,330 — 8,395 ou 1 ,935 k. foin sec par hectare.
Nota. La proportion comparative de foin sec obtenu dans cette der-
ère pièce eu égard au poids en vert, tient à ce fait que les coupes
ns ce champ ont été faites un peu tard par rapport à la maturité de
luzerne.
Nous ajouterons que d'autres essais faits avec le même soin en
7 8-79, nous ont donné des résultats absolument conformei et même
us accentués, l'exercice météorologique agricole 1879-80 ayant été
us pluvieux que le précédent. V. Nanquette.
Correspondant de la Société nationale d'agriculture.
LE CONCOURS DE GARLISLE - II
En 1855, le total affecté aux prix à décerner au premier concours de
Carlisle, se montait à une somme d'environ 50,000 fr., divisée comme
suit : Chevaux 8,750 fr. Bétail 18,000 fr. Races ovines 1 1,150 fr. Ra-
ces porcines 1,800 fr. Volailles 2,800 fr., et les machines 8,000 fr.
Au concours qui vient d'avoir lieu, bien qu'il n'y eût aucun prix
offert ni pour le concours des volailles dont l'exposition a été suppri-
mée, ni pour les instruments pour lesquels il n'y avait que quelques
médailles offertes pour les nouvelles inventions et perfectionnements
remarquables, la somme totale des prix offerts se montait à 1 43,000fr. ,
ainsi répartis : pour les chevaux 53,125 fr. Bétail 54,500 fr. Races
ovines 26,800 fr. Espèce porcine 7,575 fr.; et le beurre, seul produit
concurrent, 1,000 fr.
Cette simple comparaison donne une idée du progrès immense
accompli dans l'importance du développement et de l'influence de cette
226 LE CONCOURS DE CARLISLE.
grande société dont l'existence et l'action ne reposent que sur son ini-
tiative privée^, sans que le gouvernement s'en inquiète autrement que
pour la consulter toutes les fois qu'une question d'intérêt public ayant
trait à l'agriculture est soulevée dans les débats parlementaires.
Maintenant que les cliitTres ci-dessus nous ont fourni les moyens de
mesurer le chemin parcouru dans un quart de siècle d'existence de la
Société Royale en ce qui concerne sa puissance d'action, voyons d'un
autre côté quel est le progrès accompli en ce qui regarde l'appréciation
du monde agricole, et l'empressement manifesté par la véritable popu-
lation rurale pour venir jouir du magnifique spectacle qui lui est offert
chaque année par cette même Société.
En 1855, le nombre des visiteurs fut de 37, 583 et le montant des re-
cettes s'éleva à 92,1 60 francs. — En 1 880, le nombre des visiteurs a été de
près décent mille et les recettes se sont montées à 21 5,000. fr. Pour bien
saisir l'énorme différence que ces chiffres accusent entre les deux con-
cours, il est bon de considérer qu'en 1880, le temps a été des plus
défavorables .
Ceux de mes lecteurs qui ont assisté au concours de Kilburn,
l'année dernière, peuvent seuls se faire une idée du courage et de l'en-
thousiasme dont il faut s'armer pour aller patauger dans un véritable
cloaque de boue et se faire tremper jusqu'aux os par des averses impi-
toyables pour aller voir de malheureux animaux transis, dans l'eau jus-
qu'aux jarrets, ou des machines abritées sous des hangars couverts d'une
simple toile, et sous lesquels il faut ouvrir son parapluie.
On voit quels progrès i'inlluence de la Société Royale a faits sur
l'esprit de la population agricole depuis vingt-cinq ans, puisqu'elle
réussit à attirer un si grand nombre de visiteurs, tous agriculteurs,
dans des circonstances aussi peu favorables.
Il n'y avait point de concours spéciaux d'instruments, ainsi que je
l'ai déjà remarque. Cependant la Société Royale s'était réservé de don-
ner quelques médailles aux machines et instruments nouveaux ou per-
fectionnés qui paraîtraient au jury, nommé à cet effet, mériter des ré-
compenses. A cet effet, un champ d'expérience avait été réservé aux
exposants désireux de faire examiner le mérite de leurs instruments.
En outre, les grands fabricants tels que Howard, Fowler, Barford et
Perkins, etc., avaient, surleurpropreinitiativeetsous leur responsabilité
iiidividuelle, organisé des expériences de leurs appareils, dans des
champs voisins du concours.
Voici les instruments et machines qui ont été jugés dignes des mé-
dailles offertes par la Société Royale. Cette liste a son utilité, car elle
résume les progrès accomplis dans l'art mécanique agricole depuis le
dernier concours de Kilburn.
Médailles cTargent décernées pnr le jury spécial des instruments.
MM. Gr. W. Murray de Banff-Foundry, pour leur planteur de pommes de
terre à 2 rangs.
MM. John Growley, Meadon Hall, Sheffield, pour un nouveau manège.
MM Barford et Perkins, de Peterboroùgh, pour leur appareil de culture à
vapeur se soulevant automatiquement hors de terre au bout du parcours, appareil
pouvant s'appliquer à tous les systèmes de culture à vapeur.
MM. Charles Burrell, Fhetford, pour leur appareil universel de labourage et de
traction à vapeur.
MM, Nalder et Nalder, Wautage, [pour leur élévateur de paille attaché aux
batteuses.
LE CONCOURS DR CARLISLE. 227
Médaille d'argent spéciale.
MM. J. et H. Mac Laren, Leeds, pour leur piocheuse à vapeur, inventée par
M. F. G. Darhy, de Glielmsford.
Cette récompense spéciale accordée à la nouvelle piocheuse ne
saurait être considérée que comme un encouragement pour un appareil
encore informe et, dont Teflicacité est loin d'être pratiquement
démontrée. La Société Royale avait offert une médaille d'or pour un
appareil retournant directeiuent le sol en se mouvant sur la surface, et
non par traction au moyen de câbles. La machine inventée par
M. Darby, bien que construite d'après un principe fort ingénieux, n'a pas
semblé assez parfaite pour mériter cette récompense; mais comme
expression de l'appréciation du jury, on lui a donné une médaille
d'argent.
Cette nouvelle apparition d'un appareil de culture directe est assez
curieuse. Jusqu'à présent, depuis l'informe et bruyant appareil de
Boydell — opérant sur le même terrain il y a vingt-cinq ans, jusqu'à
celui de Darby — le meilleur qu'on ait encore vu, aucun n'a réussi,
et il est impossible d'affirmer que celui-ci ait encore atteint le
caractère d'utilité pratique indispensable à un engin de culture.
Comparé au travail accompli par la piocheuse à traction de MM. Fowler,
celui de l'appareil Darby est infiniment inférieur, et je n'en aurais pas
même parlé si les expériences faites avec ces deux appareils n'avaient
donné lieu à des constatations dynamométriques fort curieuses et
présentant en outre un grand intérêt. M. Rich, ingénieur consultant
de la Société Royale, a constaté que la piocheuse Darby, en retournant
le sol à 1 5 centimètres de profondeur à raison de 50 ares à l'heure,
dépense 28 chevaux de force dont 16 sont employés au mouvement de
marche de l'appareil locomoteur et 12 pour le piochage du sol. D'un
autre côté, l'appareil de Fowler, armé de 4 tiges défonceuses et tiré au
moyen d'un câble en acier par une machine fixe de MM. Burrell,
défonçant à 15 centimètres et à raison de 50 ares à l'heure, dépen-
sait une force de 44 3/4 chevaux-vapeur, — dont 18 1/4
chevaux pour la simple traction des câbles et de l'engin hors de
terre, ce qui donne une dépense statique de 26 1 /2 chevaux-vapeur
pour ie aétunçage du soi.
Ce résultat des expériences dynamométriques est remarquable en
ce qu'il démontre une différence énorme entre la force nécessaire
pour défoncer le sol à 1 5 centimètres de profondeur et à raison d'un
demi hectare à Theure, par la machine Darby à action directe, et l'ap-
pareil à traction de Fowder, la première ne dépensant que 1 2 chevaux-
vapeur et le second en employant 26 1/2, plus du double. La cause
de cette différence en faveur du travail direct est sans doute le résultat
du mouvement en arrière des tiges défonceuses de l'appareil Darby,
lesquelles aident la force motrice en poussant avant 1 appareil loco-
moteur. Mais il reste encore à Lavoir de cet appareil un avantage con-
sidérable, car ce mouvement de poussée des tiges ne peut être utile
qu'à la traction, laquelle n'exige que 1 6 chevaux d'après les constata-
tions dynamométriques.
Dans tous les cas, pour un travail et un temps donnés, il existe une
différence totale de près de 17 chevaux-vapeur en faveur de l'appareil
Darby, ce qui est énorme. Maintenant il résulte aussi de ces expé-
228 LE CONCOURS DE CARLISLE.
riences comparatives que le travail fait avec l'appareil Fowler était
infiniment supérieur à celui de Tengin Darby.
- Le planteur à deux rau^s de pommes de terre de M. M. Murray a
donné beaucoup de satisfaction à ceux, qui l'ont vu fonctionner. Là oii la
culture de la pomme de terre se fait en "rand, cet instrument est sans
doute appelé à rendre de très grands services.
Notons en dernier lieu le nouveau système de lieuse à corde de chan-
vre de MM. Burgess et fils. La façon dont se fait le nœud est des plus
ingénieuses, et a beaucoup attiré l'attention des hommes pratiques.
Il serait peu intéressant aux lecteurs de ce journal de me voir soule-
ver la question personnelle des lauréats qui ont remporté les prix dans
les diverses catégories d'animaux. Je me contenterai donc d'indiquer
les traits les plus saillants de cette exposition dont la splendeur et la
perfection n'ont jamais été surpassées.
A tout seigneur tout honneur, je dois commencer par la classe des
Durhams qui ne comprennent pas moins de 98 têtes.
Le prix d'honneur de l'espèce bovine a été remporté par un taureau
blanc de race Durham âgé de 6 ans, 2 mois^ 3 semaines et 2 jours,
et se réjouissant du nom excentrique et hautement fantaisiste de Duke
ofHoicl John. Sa généalogie dénote un mélange de sang Bâtes avec ce-
lui du troupeau deJohnBooth, l'ancien. Ses premiers ancêtres femelles
appartenaient au troupeau de Warlaby et ses plus récents ancêtres
mâles sont des taureaux de sang Bâtes. Son père irhite Duke, de pelage
blanc lui aussi, appartenait de M. Barnes de Westland Meath. Le nu-
méro d'inscription au Herd book anglais de Duke of lierai John est 33,674,
il est né le 8 avril 1874 chez son propriétaire actuel M, John Vickers.
Son père, comme je viens de le dire, est JVhite Duke (32,849). Le
pelage blanc du père, se reproduisant dans le produit, indique dans
cette famille un atavisme de pelage blanc. La cinquième grand'mère
était Red Rosette par Royal Budck (10,750) du troupeau de M. Richard
Booth, sa troisième grand'mère était par Hamlet (8126), de M. John
Booth et la quatrième grand'mère était par Priam (2452), de VI. Richard
Booth. Son origine est donc essentiellement de sang Booth et il en a
du reste tous les caractères. C'est un animal complet comme ensemble.
C'est une masse de chair cylindrique d'une symétrie qui serait parfaite
si ce n'était la pointe des épaules un peu trop saillante et quelque peu
grossière — défaut qu'il tient évidemment de son père IFliite Duke et
de son aïeul Grand-Dukc troisième. Un de ses principaux mérites,
c'est son tempérament robuste, qualité qui distinguait ses ancêtres.
Il est rare, en effet, de voir un animal de cet âge conserver tant de
symétrie et tarit d'activité, tant d'élasticité et tant de fermeté dans les
muscles, et tant de noble prestance dans son maintien. Ce taureau
n'avait point encore paru comme lauréit dans les concours de la
Société Royale, mais les victoires qu'il a déjà remportées dans les
concours locaux du nord de l'Angleterre sont aussi éclatantes que
nombreuses. Comme taureau d'un an, il remporta le 1" prix à
Stanhope et à Wolsingham, et le 2^ au concours du comté de
Durham. L'année suivante il fut de nouveau présenté dans plusieurs
concours où il fut très admiré, et il remporta tous les premiers prix
partout oi^i il fut exposé.
En 1877 ses succès furent les mêmes. En 1878 il parut au grand
concours de Bristol, où de même que son rival Anchor, le prix d'hon-
LE CONCOURS DE CARLtSLE. 229
neur du concours de Kilburn, l'année dernière il ne reçut qu'une
mention très honorable. En 1879, il parut de nouveau au concours
de la Société du comté de Durham où il battit le premier et le second
prix de Kilburn, les deux taureaux pourtant si admirés de M. Villes,
vice-amiral et contre-amiral. C'est un animal remarquable aussi par
son aptitude à prendre un embonpoint rapide, qualité qu'il tient
sans doute de sa grand'mère Belle-vue, et surtout de sa grand-
grand'mère Red Rosette cliez qui cette qualité si précieuse était remar-
quablement développée. Son grand air plein de noblesse est sans aucun
doute un héritage qu'il tient de son père Wliite Duke appartenant du
côté de la mère à la célèbre famille Mantalini de Richard Booth par
un croisement avec le taureau Bâtes Grand Duke 3®, et petit-fils de
Richard Cœur de Lion du même sang que le fameux taureau Master
Butterfly du colonel Townely.
Baron Stapleton, père de Belle-vue, grand'mère de Duke of Howl
John, était un animal de sang très laitier; toutes les familles issues
de lui ont été remarquables pour leur qualité laitière et Belle-vue,
elle-même, n'était point une exception à cette règle.
Royal Buck (10,750), le père de Red Rosette, éinit un taureau de la
famille des Moss Rose, et fils du fameux taureaux Buckingham. Hamlet
était fils de la fameuse vache Bracelet, l'une des meilleures familles de
Richard Booth. Enfin Priam était le père des célèbres vaches Bracelet
etiVee/i/acequi ont été fornement et l'honneur du troupeau de Warlaby.
J'entre dans ces détails de généalogie pour donner une nouvelle
preuve de l'influence héréditaire préexistant dans le sang des bonnes
familles de la race Durham.
L'année dernière, en rendant compte du grand concours interna-
tional de Kilburn, j'exprimai mon admiration de deux génisses
exposées par lord Fitz Haidinge : Wild Eyes quinzième qui remporta
le V prix, et Lady Eyes. Au concours de Carlisle, ces deux génisses
remportent tous les honneurs. Toutes deux sont ,filles du duc de Con-
naught^ taureau de sang Bâtes. Du côté maternel c'est le sans; laitier
de sir Charles Knightley qui domine. Ce sont deux véritables joyaux
d'une perfection pour ainsi dire absolue. Du reste l'ensemble de
l'exposition des Durhams, comme on devait s'y attendre dans un
semblable milieu, était aussi parfait que possible, et n'offrait pas un
seul exemple de médiocrité.
Un autre trait de remarquable excellence était l'exposition chevaline
qui n'avait jamais été égalée, ni comme nombre, ni comme mérite.
De même que pour les Durhams, il ne pouvait en être autrement, car
c'est surtout dans les comtés du nord de l'Angleterre que l'élevage du
cheval existe conme branche importante de l'économie agricole. Le
district du Cleveland d'oi^i viennent les meilleurs carrossiers, n'est pas
éloigné de Carlisle. Le comté du Yorkshire est un des plus reno.nmés
pour la production du cheval de selle et pour les gros chevaux de
trait. Le Northumberland ne le cède en rien aux autres districts de
l'Angleterre pour la production chevaline. La vallée de la Clyde où
fleurit la race de Clydesdale, est aux portes de! Carlisle. La vallée de la
Tyne, si célèbre pour les chevaux de chasse, touche au Cumberland et
ce comté lui-même est celui où se produisent ces fameux chevaux de
brasseur et de gros trait qu'on vient y chercher pour alimenter les
marchés de toute l'Angleterre.
230 LE CONCOURS DE CARLISLE.
Pour donner une idée de l'importance de cette magnifique exposi-
tion chevaline, il suffira de dire qu'elle comprenait prèsde 500 chevaux.
L'exposition de l'espèce ovine était aussi nombreuse que variée, les
races écossaises de moatagne ayant fourni un contingent considérable.
La race Leicester était représeutée par les mêmes exposants bien connus.
Mais M. Turner, de Thorpeland, et M. Gresswelt n'ont point obtenu
leurs succès habituels. C'est sir Hutchinson qui, cette année, a remporté
tous les premiers prix,
La race southdown tend à diminuer en Angleterre, et semble can-
tonnée chez quelques éleveurs seulement. Depuis la mort du grand
berger Jonas Webb, cette race semble être négligée par la masse des
agriculteurs anglais, malgré sa beauté, sa finesse et sa perfection.
Les éleveurs actuels se comptent sur les doigts, ce sont toujours les
mêmes qui exposent et toujours les mêmes qui se partagent les prix :
S. A. R. le prince de Galles, le duc de Richmond, lord Walsingham,
sir William Throgmorton, M. Rigden. Aujourd'hui cette race aristocra-
tique ne convient plus aux exigences de la culture pratique qui a k
rente de la terre à payer. Il faut à la fois plus de laine et surtout plus de
viande, avec le même degré de précocité. On préfère les robustes races
de Oxford, de Hampshire et surtout des Shropshiredown, races qui
possèdent la même symétrie de forme que les southdowns, mais qui
ont le mérite de donner à l'éleveur des produits plus lucratifs. Depuis
quelques années, c'est le mouton Sliropshire dont l'élevage
se répand le plus généralement. On lui donne à bon droit le
surnom de Mouton à rente. Aussi parmi les races ovines de
l'Angleterre, c'est cette race qui offrait la plus remarquable expo-
sition et par le nombre et par la qualité. Il est à désirer que cette
race soit adoptée en France d'une manière plus générale qu'elle ne l'e-.t.
Le mouton shropshire, par son robuste tempériment, sa rusticité
extrême, la qualité de sa viande et le poids de sa laine, sa précocité
et son énorme développement, convient mieux que tout autre race, à
mon avis, au croisement avec la plupart des races françaises. Il
semble réussir dans tous les climats. J'en ai envoyé en Algérie oii ils
sont en train de former une souche féconde. Les produits du croise-
ment des brebis arabes avec des béliers shropshires ont déjà donné des
résultats extraordinaires, et ces béliers ont subi sans broncher les
rigueurs d'un été brûlant l'année dernière. En France, grâce à mes
recommandations, cette race tend à se répandre et à s'acclimater.
Qu'on ajoute à cela la fécondité remarquable des mères qui donnent
presque toujours deux agneaux à chaque portée, on se fera une idée du
mérite exceptionnel de cette race, et on s'expliquera facilement la faveur
de plus en plus grande dont elle jouit en Angleterre.
L'exposition porcine était cequ'elle est partout, aujourd'hui que les
races anglaises se sont répandues dans les porcheries du monde
entier. Il n'y a donc rien de particulier à en dire, sinon qu'elle était
remarquable par le manque absolu de médiocrité, ce qui du reste
s'applique généralement aux 1 ,500 têtes d'animaux de diverses espèces
qui ornaient les blanches travées du concours.
Il n'a manqué à cette mignifique exposition, comme à Kilburn
l'année dernière, qu'un peu de soleil. C'est un élément assez rare en
Angleterre, semble-t-il,à cette époque de l'année, et ici s'élève la
question de savoir si la Société Royale, au lieu de donner à ses concours
LE CONCOURS DE CARLISLE. 23'!
une date rigoureusement fixée, ne ferait pas bien de consulter la statis-
tique météorologique des localités dont elle fait choix,, et fixer une date
plus en harmonie avec la moyenne comparée de la pluie et du beau
temps. F. R. DE LA Tuéhonnais.
SUR LES HIRONDELLES
Loupmont, par Apremont (Meuse), ce 28 juillet 1880.
Voulez-vous permettre à une lectrice du Journal de V Agriculture ,
amie des hirondelles, de rapporter ici une remarque qui, bien que
rétrospective, servira peut-être de point de départ à une explication
plausible au sujet de la question posée aux lecteurs du Journal^ par
M. Villeroy, et relative à ces charmants oiseaux.
Loupmont, localité que j'habite dans le département de la Meuse,
est situé au pied d'une côte qui le met complètement à l'abri du vent du
nord; dans la plaine, deux étangs assez rapprochés dont les exha-
laisons donnent souvent lieu à des fièvres intermittentes ou palu-
déennes, quand ce ne sont pas, comme en 1857 et en 1871, des épi-
démies de fièvre typhoïde. Or, au printemps de 1871, quand cette
épidémie, qui enleva vingt-deux personnes, vint à sévir, les hiron-
delles avaient repris possession de leurs nids et en construisaient de
nouveaux. Il fut constaté que dès le début de la maladie, elles quit-
tèrent simultanément leurs nids. Grâce aux précautions prises, l'épi-
démie fut circonscrite au village même, et pendant que la contrée,
dans un rayon de 2 kilomètres, était privée d'hirondelles, les villages
voisins, situés au delà de cette distance, continuaient à leur donner
asile. Ce fait n'avait pu être remarqué en 1857, la fièvre typhoïde ayant
sévi en hiver; cette année-là, 40 personnes sur une population de
500 habitants ont succombé au fléau.
Les fièvres intermittentes n'éloignent pas les hirondelles; car on
constate plusieurs cas chaque année, et chaque année ces oiseaux
reviennent. A la maison, leurs nids sont nombreux dans les écuries
et les granges; les hirondelles se sentant protégées sont très familières.
Veuillez agréer, etc., Camille Raulx,
CHARRUE POUR LA CULTURE DE LA CANNE A SUCRE
Nous avons donné l'année dernière (t. IV de 1879, p. 69,n''du 11 octo-
bre) le compte rendu d'expériences faites avec la charrue construite par
M. Debains pour la culture de la canne à sucre, et destinée à être mue
par les appareils de labourage à vapeur qui sortent de ses ateliers.
Cette charrue est représentée par la fig. 16. Nous allons en rappeler
brièvement la description.
Oo sait comment la terre est préparée pour la culture de la canne à
sucre. De larges sillons sont creusés aune profondeur de 30 à 35 centimè-
tres et espacés de 0™80 à 1 mètre. Les morceaux de tiges sont couchés
dans le fond dn sillon, puis recouverts par la terre extraite pour creu-
ser celui-ci. Dans la plupart des plantations, ce travail est fait à la
main ; il est long et pénible. Il y avait donc avantage à avoir recours
à des charrues spéciales. C'est un instrument de ce genre, approprié
aux besoins de la culture coloniale, que M. Debains, dont l'esprit in-
génieux est toujours à l'affût des problèmes à résoudre, a voulu
construire.
232 CHARRUE POUR LA CULTURE DE LA CANNE A SUCRE.
La nouvelle charrue de M. DebaiQs se compose d'un bâti triangu-
laire porté sur trois roues, dont une plus petite à l'avant. Sur la partie
antérieure du bâti sont fixés des socs de scarificateurs qui coupent la
terre à une profondeur de 20 centimètres environ. En arrière, au milieu
de l'axe des deux grandes roues, est fixée une première butteuse qui
rejette à droite et à gauche, une partie de la terre, et prépare ainsi le
passage d'une deuxième plus puissante qui fouille jusqu'à 40 centi-
mètres. Les côtés de cette butteuse se prolongent en deux ailes en acier
qui s'écartent en arrière, de manière à rejeter à droite et à gauche la
terre remuée par le soc qui les précède. L'écartement de ces ailes peut
varier, grâce à un mouvement de vis, de O'^ÎÔ à 1™20;,le sillon peut
donc avoir, à volonté, une largeur comprise entre ces deux extrêmes.
La charrue est tirée par le câble de la machine à vapeur et marche
avec une régularité absolue. La quantité de travail produite varie de
2 à 4 hectares par jour, suivant la profondeur du labour et la résistance
de la terre. Henry Sagmer.
SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRICULTURE DE FRANCE. 233
SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRICULTURE.
Séance du 4 août 1880. — Présidence de M. ChevreuL
M. Alexandre Adam, correspondant, envoie les réponses faites par
la Société d'agriculture de Boulogne -sur-Mer, à l'enquête ouverte
devant la Société sur les dégâts causés aux produits agricoles par
l'hiver.
M. de Lespinatz envoie des notes sur les résultats des principales
cultures à Séreilhac (Haute- Vienne). Les froments sont médiocres; les
seigles sont bons, ainsi que les avoines ; quant aux foins, la récolte est
mauvaise.
M. le président de la Société liispano -portugaise de Toulouse trans-
met le Bulletin de cette Société formée récemment, en vue d'accroître
les relations de la France avec la péninsule ibérique.
M. Carvé, président du Comice d'Orgelet (Jura), envoie des tiges
de froment atteintes d'une maladie caractérisée par des taches noires
dans la paille, et le rétrécissement du grain. M. Duchartre estime que
cette maladie est la rouille, et qu'on peut la combattre par le sulfatage
des semences et par l'alternance des cultures.
M. Léon Biollay, inspecteur général des perceptions municipales de
la ville de Paris, envoie une brochure qu'il vient de publier sur les
origines et les transformations du factorat dans les marchés de Paris.
Dans cette brochure, il fait ressortir les avantages qui sont résultés
de la liberté du factorat.
M. Léon Gillet envoie plusieurs chenilles blanches que l'on ren-
contre en grande abondance sur les épis de blés, dans beaucoup de
champs autour de Meung-sur-Loire (Loiret). Les chenilles ont été sou-
mises à l'examen de M. Blanchard qui a reconnu que c'étaient des
noctuelles du blé (Liiperina infesta) ; il recommande de ne pas laisser
tomber sur le sol les noctuelles des épis, de ne pas garder en tas les
grains attaqués, et d'avoir recours à l'alternance des cultures. Après
cette explication, plusieurs observations sont échangées entre M. Ghe-
vreul et M. Blanchard sur les phénomènes singuliers que présentent
souvent les insectes qui s'écartent de leur habitat ordinaire et des
lieux où ils sont nés.
M. Dailly fait une communication sur les importations et les ventes
de bœufs américains. Il serait arrivé, depuis le 21 juin, 1,066 bœufs
américains au marché de la Villette, et ils se seraient vendus dans de
bonnes conditions. Ces bœufs offrent, en général, les caractères de
croisements durham.M. Dailly pense qu'il faut signaler ce fait à l'atten-
tion des cultivateurs. Ces observations sont appuyées par M. Pluchet
et M. Bella. Mais M. Barrai fait observer combien il faut se défier des
imformations qui ne reposent pas sur des données absolument pré-
cises; or, celles-ci se trouvent dans les tableaux sur l'importation du
bétail publiés par l'administration de l'agricuUure qui démontrent
que, pendant les six premiers mois de cette année, les importations
en France de bœufs américains ont été presque nulles. Nous ajouterons
que les chiffres donnés par M. Dailly sont empruntés à un de nos
confrères. Pour montrer combien ces chiffres sont sujets à caution,
nous dirons seulement que, d'après ses informations, le marché de la
Villette aurait reçu pendant le seul mois de juin, 442 bœufs améri-
234 SOCIÉTÉ NA.TIONALE D'AGRICULTURE I>E FRANGE.
cains, c'esl-à-dire plus qu'il n'en est entré en France pendant les six
premiers mois de l'année; en effet, le total des importations de ces
six mois s'est élevé à 413 bœufs, dont 282 pendant le mois de juin.
Quant à l'objection de l'importation des bœufs d'Amérique par les
frontières de terre, elle ne peut porter que sur quelques têtes isolées,
ee qui ne change pas la physionomie du commerce. — M. Mangon
ajoute quelques détails sur les mauvais résultats obtenus dans le
CoLentin, de l'importation de bœufs d'Amérique destinés à l'engrais-
sement. — M. Muret signale, de son côté, l'importation croissante du
bétail vivant d'Amérique en Angleterre. Mais elle se maintient sur le
même pied depuis environ deux ans; le Journal la signale chaque
semaine; ainsi on lira, dans la revue commerciale de ce numéro, apie^
durant la semaine dernière, il est arrivé à Londres 2,560 bœufs
venant de New-York.
M. Laliman fait une communication sur le phylloxéra et les
moyens employés pour le combattre. On sait que M. Laliman n'admet
pas l'origine américaine du puceron. Il signale l'extension croissante
du fléau, et il croit qu'il serait urgent de vulgariser, par tous les
moyens possibles, la connaissance, chez les vignerons, des cépages
qui sont réellement résistants. Sa communication est renvoyée à la
Section des cultures spéciales.
M. Bouley revient sur les expériences faites par M. Toussaint, pro-
fesseur à l'Ecole vétérinaire de Toulouse, relativement à l'inoculation
préventive des moutons contre le charbon. M. Toussaint n'avait pas
fait connaître jusqu'ici spn mode d'opérer. Il vient de le décrire. Le
liquide vaccinal qu'il emploie est le sang d'animaux charbonneux,
porté à la température de 50 degrés pour y détruire les bactéridies
qu'il renferme. Ce liquide est injecté dans les parties du corps qui
renferment les vaisseaux ganglionnaires. Tous les essais d'inoculation
du charbon, après la vaccination avec ce liquide, ont complètement
échoué. Les moutons vaccinés de la sorte se sont tous montrés réfrac-
taires au charbon. Il est même arrivé qu'un agneau provenant d'une
mère ainsi vaccinée s'est montré lui-même réfractaire au charbon.
M. Bouley insiste sur l'intérêt que présenteraient des expériences
faites, non seulement dans le laboratoire, mais sur une grande
échelle. Il y a là, dit~il, un fait qui paraît incontestable, mais dont
l'explication échappe encore complètement. Quelques observations
sont ensuLte présentées par M. Chevreul sur l'incertitude qui règne
relativement à la nature et à l'action de ce liquide vaccinai ; il insiste,
en outre, sur la nécessité de bien constater les faits, en les dégageant
de toutes les interprétations provenant d'idées ou de théories pré-
conçues auxquelles on peut chercher à les rattacher.
Henry Sagnuir.
REYUE COfflERCIALE ET PRlX-COURÂNT DES DENRÉES AGRICOLES
• (7 AOUT 1880).
I. — Situation générale.
Les transactions sont devenues plus actives sur un grand nombre de marchés.
Les cultivateurs sont plus nombreux,, et cberchent à se rendre bien compte de
l'avenir des cours.
n. — Les grains et les farines.
Les tableaux suivants, établis, pour la plupart des marchés, sur les prix des
céréales nouvelles, résument les cours, par quintal métrique, sur les principaux
marchés de la France et de l'étranger.
REVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT (7 AOUT 1880]
Calvados. Condé
— Lisieux
Côtes-d.-.\nrd Lannion.
— Ponlrieiix
Finistère. Landeriieau,
" Quimper
nie-et-Vilnine. Rennes,
— StMlo
Manche. Avranches....
— Ponlorson
— ViUedieii
Mayenne, (.aval ,
— Chàleau Gontier.
Morbihan. Hetmebont.,
Orne. Séez
— Vimou tiers
Sarthe. Le Mans
— Sablé ,
Prix moyens
- NORD-OCEST.
Blé. Seigle. Org«.
fr. fr. fr.
, 29.00 ï4.50 20.50
30 50 • »
. 23.50 25.50 21.50
29. 50 24.25 22 00
27.50 V2.50 22.00
29.50 23.00 21.75
27.00 » 19. 00
30. UO » 21.00
30.00 » 22.25
29.25 23.00 »
30.00 20.25 21.00
27.25 » »
28.00 » 20.00
26.50 19.50
29 25 21.00 21.50
29.00 » 22.25
28.75 18.00 19 50
2700 ■ 21.50
Avoine.
fr.
23.00
19.00
22.50
22.00
21.50
24.00
24.50
22.50
25.00
23.00
24.00
25.25
24.00
. 28.69 22.15 21.13 22.98
a« RÉGION. — NORO
Aisne. Soissons 29.50
— La Fère 29.50
— Villtrs Cotterets.. -29. 00
Ewe. Evreux 28.20
— Bernay 28.00
— Pacy 27.75
Bwe-et-Loir. Chartres. 30.00
18.80
21.00
IS 50
16.r.0
17.00
16.50
18.00
18.25
17.50
— Auneau 27 75
— NogenUle-Rotrou. 28.50
/Vord Camhrai 28.25
— Douai 30 00
— Valenciennes 29.75
Oise. BeaiivaiB 27.50
— Conipiègne 27.00
— Noyan.. 29.50
Pas-de-Calais. Arras... 2g. 50
— Saint-omer 3u.00
Seine. P. ris 30 60
S.-et-Marni', Melun 27. 00
— Nemuurs 31.50
— Meuux. 28 50
S.-et-Oi.se. Doiirdan.... 30.00
— ?onloi^e 29.25
— Vers.-iUris 29.00
Seine-InfAriKare. BoueD 26.00
— Dieppe 2,-<.25
— Fecainp 30.40
Somme. .Abtjeville 27.00
— Péronne 27.50
— Roye 27 00
Prix moyens 28.66
S« RÉoioN. — i\ORI>-KST.
Ardenne*. Charleville .. 29.50 » :
Aube. Bar-siir-Aube ... 28.50
Mé'-y-siir-Seine... 28.00
— Nognnt-sur Seine. 28.50
.Vfflrne.Cliâioiis 29.00
— Ep rnay 29.50
— Re)iiis. 23 50
— St-J»énélioiied... . 29.40
Hte-Manie. Bourboane. 30.75
Meurt.-et Muselle N^ncy 29 2'.
— Lunéviile 29.25
— Toul 28 50
Meuse. Bar-le-Duc 29 00
— Verdun 29.<iO
Haute-Saône. Gray 29.50
— Vesoul 80.85 »
Kosge*. Epinal 3o.50 22.25
— Rambervillers... . 32.00 »
17.25
23.00
17.00
18.50
IS.75
IS.î-O
19.21
18 50
18.35
•20.00
18.(0
21.00
19.50
20.25
17. SO
19.00
16 75
19 25
18Tti0
18.25
18 '25
20. 50
20.75
19 00
20.25
19.50
19.25
19.00
20.50
17.75
21.85
22.75
22.50
22.70
25.00
2.J.40
21.00
22.00
22.25
20 00
19.50
19.70
23.00
23.50
21.50
20.50
21.00
21 50
23.50
21.75
21 00
24 00
2i.ll0
23.50
26.60
23.50
25. UO
21.00
20 50
21.00
23.25
21.00
19.75
19.50
22.50
22.50
2 2 00
21 25
iS.t'O
20.50
20 25
20.23
20.75
13.50
18.. SO
18.35
20.00
19.00
Prix moyens
4' BÉorON
Charente. Angoulèrae..
— Ruffoc
Charente Infér. Marans.
Deux-Sèvreg. Niort
Indre-et- i.oire . Tou rs . .
— Blere
— ChàleHii-Reiiault.
Loire-Inf. Nanres
M.-et-Loire. An.:eTS . ..
Vendée. Lnçui,.".
— Fontenay
Vienne. Cliàtelleranlt. . .
— Montinoriilon .. ..
Baute-yienne, Limoges
Prix moyens ,
29.42 19.60 15.53 20.33
5» REGION. — CENTRE.
235
. Avoine .
Allier. Moulias
— Moritluçon
— Gannat
Cher. Boiirt.'es
— Graçay
— Aubigny
Creuse. Auousson
Indre. Chàteauroux. .. .
— Issoiidun
— Valençay
Loiret. Orléans
— Montargis
— Patay
Loir-et-Cher. Blois, . . .
— Monloire
Nièvre. Nevers
— La Charité
Yonne. Brienon
— Joigny
— Sens
Prix moyens 3052 19.32
6« aiÉGiON. — EST.
Ain, Bourg
— Pont-de-Vaux. ..
Côted'Or. Dijon
— Beaune
Doubs. Besançon
Isère. Granoble
— Vienne
Jura. Dole
Loire. Si-Etienne
P. -de-Dôme Clermont F.
Rhône, Lyon .
Saône-et- Loire. Châlon .
— Auturi
Savoie. Cliambery
Hte-Savoie, Annecy
Prix moyens
20.50
19.00
20 50
21.70
20 50
30.47 20.30 20. lu 20.01
T RÉGION. — SUD-OCTEST.
Âriège, Pamiers 31.
Dordogne. Bergerac... 30
Hle-Garonne. Toulouse. 30.
— Viliefranche-Laur. 31.
Gers, Condom 3i.
— Eaaze 31.
— Mirande 31,
Gironde. Bordeaux.... 31.
— Bazas 31.
Landes. Dax.. 3t
Lot-et-Garonne. Agen.. 29.
— Nerac 32.
B. -Py renées. Bayonne. . 32
Htes-Pyrénees. Tarbes. 31.
22.75
00 23.00
50 2). 00
25 19.75
50 »
75 »
00 »
00 21.75
00 19.50
00 21.25
50 20.50
75 D
0)
75
50
17.00
20.00
23.25
24.00
23.00
21.00
20.50
22.25
26.00
22 50
23 00
22.25
23.00
22.25
23.50
22.00
21.50
Prix moyens..
8" RÉGION.
Aude, Castelnaudary . . 29.
Aveyron, Viilefranche, 31.
Canlal. Mauriac 35.
Corréze. Luberzac. . . , . 31.
Hérault. BéziQTS i7
Lot. Figeac 31
Lozère. Mende.... 32
— Marvejols 31
— Florac 31
PyréMées-Or, Perpig,nan 2!J
Tarn. Albi 30
Tarn-et-Gar. Montauban 30
31.18 21.58 19.58 22.52
.75
19.00
30.55
22.75
18.00
50 23.00
45 28.85
65 28.60
25 20 90
25 21.05
00 »
25 20 . 50
23.00
19.00
22.00
24.75
22. CO
22.26
2?. 30
22.25
22.50
22.25
23.50
Prix moyens 30.94 23.17
9» RÉGION. — SPJ>-«iST.
Basses-Alpes. Ma.nosque 31.00 *
Hautes-Alpes. Briançon 31.20
Alpes-Manilimes Cannes 31 . 00
Arrie.ahe. Privas 31.85
B.-du-Hhône. Arles. ... 29.75
Drôtrie. Montélimar... 30.50
Gard. ti\ mes 28.50
Haute-Loire. Le Puy... 30.(0
Vir. St-Maximin 32.50
Vaucluae. Carpentras.. . 3o.25
22.15 24.40
23.00 26.65
» 19.00
21.50 23.00
21.79 23.10
20.00
21.25
22.65
18.75
20.25
Prix moyens 3o 66
Uoj, de toute la France 29.97
de lisemaina precéd. 31 04
Sur la 8e-Tiaine\ Hausse. ■>
précédente.. (Baisse. 1.07
20.58
20.75
21 60
20.50
20.25
20.00
17.75
17.00
22.50
19.50
19.64
-.20.73
20 9 7
22.50
2, .00
20.75
21.80
20.25
19.50
19.75
21.25
19.50
20.70
21.60
22.17
0.85 0.24 0.5
Seigle.
Or^e.
4»ot
fr.
fr.
fr.
«
13.25
14.f^Ô
»
20.75
21 75
•24.25
23.50
24.00
23.75
20.00
»
24.75
22.00
21.00
23 00
22.50
21.00
19.45
23.00
22.75
21. 00
21.00
20.50
20.50
22.00
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20.75
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20.00
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21 00
17.00
15 25
18.25
»
14 00
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„
21.75
18.65
>
14 05
236 REVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT,
Blé.
fr.
gl Algérie. Alger 26. .50
A ngleterre. Londres 31.40
Belgiime. Anvers 2G.25
_ Bruxelles 28. .50
— Liège 30 OJ
— Namur 29.50
Pays-Bas, Amsterdam 25.00
Luxembourg. Luxembourg 30.25
Alsace-Lorraine. Strasbourg 31.00
_ Mulhouse 31.25
— Metz 28.25
Allemagne. Berlin 25.25
— Cologne 29.35
— Hambourg 24.75
Suisse, Genève 30 25
_ Zurich 30.25
Italie. Milan 28.75
Autriche. Vienne 23.50
Hongrie. Budapesth 21.25
Espagne. Burgos 31.00
Russie. Saint-Pétersbourg... 25.20
Etats-Unis. New-York 2 1 . 25 >• » •
Blés. — Les travaux de la moisson ont été contrariés par le? nombreux orages
qui ont sillonné depuis huit jours toutes les parties de la France. Mais ils n'ont
pas été sensiblement entravé.s. Les nouvelles qui nous arrivent des diverses parties
de la France permettent d'aflirmer que cet importaat travail sera rapidement
achevé. On a commencé à procéder aux battages, et les blé-5 nouveaux ne sont
plus rares fur un grand nombre de marchés. Partout on en constate la bonne
qualité qui compense le déficit constaté, sur beaucoup de points, dans le nomb-e
des gerbes. Le danger à craindre est que de trop grandes oilVes précipitées sur les
marchés n'amènent immédiatement une baisse notable. — A la halle de Paris, le
mercredi 4 août, les offres de blés nouveaux étaient assez abondantes ; les affaires
ont été actives ; les prix se sont bien maintenus. On payait par lOU kilog. suivant
les qualités, 29 fr. 50 à 31 fr. 50. Le prix moyen s'est fixé à 30 fr. 50, avec une
hausse de 50 centimes sur celui de la semaine dernière. Il n'y a presque plus
d'affaires sur les blés vieux. — Sur le marché des blés à livrer, les prix se main-
tiennent. On cote par 100 kilog. : courant du mois, 27 fr. 25 ; septembre 26 fr. 50 ;
quatre derniers mois, 26 fr. à26fr. 2=>; quatre derniers mois, 2 < fr. 75 à 26 fr. ;
quatre premiers mois, 25 fr. 75 à 26 fr. — Au Havre, les blés américains sont cotés
de 27 à 29 fr. par quintal métrique. — A Marseille, les arrivages de la semaine
ont été de 202,000 hectolitres environ ; les ventes sont faciles pour les blés dispo-
nibles. Les cours ont suivi le mouvement des marchés intérieurs. On paie par 100
kilog. : Berdianska, 29 fr. à 29 fr. 50; Marianopoli, 28 fr. 50; Irka, 26 à 28 fr. 25 ;
Danube, 26 à 2S fr. 50; Richelles, 30 à 31 f r ; tuzelles d'Afrique, 27 fr. 50 à
29 fr. 50. Le stock dans les docks est de 57,000 quintaux métriques. —
A Londres, les importations de blés étrangers ont été, durant la semaine dernière,
de 250,000 quintaux métriques ; le marché assure beaucoup de fermeté, avec
tendance des prix à la hausse. Au dernier marché, on payait de 30 à fr. 32 fr. 80
par 100 kilog., suivant les qualités et les provenances.
Farines. — Les achats de farines par la boulangerie sont toujours très restreints.
Pour les farines de consommation, on paie les prix de la semaine dernière. On
cotait à la halle de Paris le mercredi '-i août : marque D, 63 fr. ; marques de c'ioix,
65 à 66 fr. ; bonnes marques, 63 à 6'± fr.; sortes ordinaires et courantes, 62 à tssfr;
le tout par sac de 159 kilog., toile à rendre, ou 157 kilog. net, ce qui correspond
aux cours de 39 fr. 50 à k2 fr. 05 par 100 kilog. ou en moyenne 40 fr. 75.
C'est le même prix que le mercredi précédent — Pour les farines de spéculation,
on cotait le mercredi 4 août au soir à Paris : farines hait-mirques, courant du
mois, 60 fr. 25 ; septembre, 57 fr. 25 à 57 fr. 50; quatre derniers mois, 56 fr. ;
quatre mois de novembre, 55; qnatre premiers mois 1881, 55 fr. ; farines
supérieures^ courant du mois, 60 fr. ; septembre, 36 fr 5 ? à 35 fr. 75; quatre
derniers mois, 35 fr. 75 à 36 fr. ; quatre mois de novembre, :'5 à_35 fr. 2i ;
quatre mois, 35 fr. ; le tout, sauf pour les dernières évaluations établies par 100
kilog., par sac de 159 kilog., toile perdue ou 157 kilog. net. — La cote officielle
en disponible a été établie comme il suit pour chacun des jours de la semaine,
par sac de 157 kilog. net :
DES DENRÉES AGRICOLES ( 7 AOUT 1880). 237
Date^ (juillet-août) 29 30 31 2 3 4
Farines huit-marques 60.25 60.50 60.85 61. .50 60.10 60.25
— supérieures 61.25 62.50 62.50 62.50 60.00 60.00
Oq voit que, après la liquidation de la fia du mois d'août, les prix ont baissé
d'une manière assez sensible pour toutes les sortes. Les farines deuxièmes se
vendent aux mêmes prix que la semaine dernière, de 33 à 38 fr par 100 kilog.
Seigles. — Les offres en seigle nouveau sont actives à la halle de Paris. On
paye suivant les quMlités, de 18 à 1 9 fr. par 100 kilog. avec baisse depuis huit
jours. Quant aux farines, elles sont cotées au prix de 27 à 29 fr. par quintal
métrique.
Orges. — Il n'y a que très f)eu d'affaires à la halle de Paris, On cote de 20 à
21 fr. par quintal métrique suivant les sortes. Les escourgeons sont aussi vendus
en baisse de 19 fr. à 19 fr. 75 par 100 kilog. — A Londres, les importations
d'orges étrangères ont été, depuis huit jours, de i,060 quintaux. Les prix sont
stationnaires. On paye de 19 fr. 90 à 21 fr. 80 par quintal métrique.
Malt. — Les demandes sont assez actives, avec des prix fermes. On paye à la
halle de Paris 30 à 36 fr. par 100 kilog. pour les malts d'escourgeon et 30 à 40 fr.
pour ceux d'orge.
Avoines. — Les offres sont plus abondantes que les demandes; aussi les cours
sont en baisse à la halle à'i Paris. On paye de 20 à 23 fr. par 100 kilog suivant
poids, couleur et qualité. — A Londres, les arrivages de la semaine ont été de
70.905 quintaux métriques. Les prix demeurent sans changements. On paye de
20 fr. 45 à 23 fr! par luO kilog. suivant les qualités.
Sarrasin. — Peu d'affaires à la halle de Paris. On cote de 24 à 24 fr. 50 par
100 kilog.
Maïs. — La situation est toujours la même au Havre. On paye les maïs d'A-
mérique, de 14 fr. 25 à 15 fr. 50 par 100 kilog. comme la semaine précédente.
Issues. — Il y a peu de changements dans les cours. On paye à la halle de
Paris par 10 J kilog. : gros son seul, 15 fr. ; son trois cases, 14 fr. 25 à 14 fr. 50 ;
sons ncs, 14 fr. ; recoupettes, 14 à 15 fr.; remoulages bis, 15 à 16 fr.; remoula-
ges blancs, 17 à 19 fr.
III. — Vins, spiritueux, vinaigres, cidres.
Vins. — Toujours même situation, tant au point de vue des affaires, que de
l'état du vignoble. Nous avons cependant à enregistrer une période de violents
orages qui ont occasionné de graves dégâts sur un grand nombre de points,
notamment en Normandie, en Touraine, dans les deux Gharentes, en Poitou,
dans le Lyonnais, le Forez, le Centre et le Sud-Ouest. Ces sinistres, quoique
localisés, n'en apportent par moins un contingent important aux déficits occa-
sionnés par les gelées hivernales, le phylloxéra, l'oïdium, l'anthractrose, la pyrale
et la cochylis. On commence à nous demander notre opinion, sur ce que pourra
être la vendange prochaine? Ici toute appréciation est, suivant nous, impossible :
la végétation est trop inégale, les accidents climatériques trop multipliés, les dé-
vastations occasionnées par les insectes trop nombreuses, les opinions trop contra-
dictoires. Les uns affirment que la récolte ne dépassera pas celle de l'année der-
nière, soit 25 millions d'hectolitres, les autres parlent de 35 millions. A notre
avis toutes ces appréciations n'ont aucune valeur, car elles ne sont basées sur
aucun calcul, sur aucune observation. — Nous publions ci-après le cours des vins
tel qu'il se pratique actuellement à Bercy; ces cours sont officiels, seulement il
convient d'ajouter 23 fr. 875 centimes par hectolitre, lorsque le vin quittant
l'Entrepôt, pénètre dans Paris. — Vins rouges : Basse-Bourgogne, le muid de
272 litres, vieux, 15i) à 160 fr.; nouveau, 105 à 160 fr. — Bayonne, i'hectolitre,
vieux, 52 à 55 fr. — Bordeaux ordinaire, la pièce, vieux, 150 à 170 fr.; nou-
veau, 145 à 150 fr. — Gahors, nouveau, la pièce, 125 à 136 fr. — Charente,
la pièce, vieux, l!5à 120 fr.; nouveau, 105 à liO fr. — Cher, la pièce, vieux,
145 à 150 fr.; nouveau, 105 à 120 fr. — Côtes châlonnaises, la pièce, nouveau,
105 à 115 fr. — Fitou, l'hect , vieux, 55 fr. — Gaillac, la pièce, nouveau, 125 à
136 fr. — Mâcon et Beaujolais, la pièce, vieux, 150 à 2 30 fr.; nouveau, 110 à
115 fr. — Mont'gne, l'hect., vieux, 46 à 48 fr.; nouveau, 43 à 47 fr. — Nar-
bonne, l'hectolitre, vieux, 50 à 52 fr.; nouveau, 48 à 53 fr. — Orléans, la pièce,
nouveau, 100 à l(.i5fr. — Roussillon, l'hect., vieux, 60 à 65 fr.; nouveau, 55 à
à 60 fr. — Sancerre, la pièce, vieux, 115 à 12"S fr.; nouveau, 110 à 120 fr. —
Selles-sur Cher, la pièce, nouveau, 105 à 110 fr. — Touraine, la pièce, nou-
23« RE\^UE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT
veau, 95 à 100 fr. — Vins blancs : Basse-Bourgogne, le muid, vieux, 150 à
160 fr.; nouveau, 105 à 130 fr. — Bergerac, Sainte-Foy, vieux, 140 à 165 fr.;
nouveau, 115 à 120 fr. — Gl.ablis, le muid, vieux, 160 à 200 fr. — Entre-
deux-Mers, la pièce, vieux, 105 à 110 fr.; nouveau, 95 à lOû fr. — Pouilly-Fuissé,
la pièce, nouveau, 17U à 210 fr. — Picpoul, l'hectolitre, nouveau, 50 à 52 fr.
— Poitou, l'hectolitre, nouveau 33 à 34 fr. — Vouvray, la pièce, vieux, 150 à
160 fr.
Spiritueux. — Les affaires ont peu d'entrain, aussi la baisse a-t-elle fait de
nouveaux progrès, ainsi qu'il résulte du mouvement de la semaine écoulée, qui a
débuté à 63 fr. pour faire successivement 62 fr. 50, 61 fr. 25 et clôturer à 61 fr.
Les termes éloignés sont relativement plus fermes. Le stock est actuelleinent de
8,575 pipes contre 9,475 l'an dernier à la même date. — A Lillôs les affaires sont
presque nulles, les cours sont nominaux faute de transactions. La betterave con-
tinue à se développer d'une manière normale. Les marchés du Midi restent calmes.
On cote à Cette, 110 fr.; à Nîme^, 105 fr.; à Héziers, 106 fr.; à Narbonue, 1 10 fr.;
à Montpellier, 105 fr.; à Pézénas, 10^ fr — A Paris, on cote 3/6 betterave
l'« qualité, 90 degrés disponible 63 fr., septembre 61 fr. 25 à 61 fr. 50 septembre
décembre 59 fr. 75 à 60 fr. quatre premiers 57 fr. 75 à 58 Ir.
Vinaigres. — Cours sans changement.
Cidres. — Rien de nouveau sur cet article.
IV. — Sucres. — Mélasses. — Fécules. — Glucoses. — Amidons. — Houblons.
Sucres. — Les sucres roux sont calmes, peu offerts et peu demandés. Pour les
raffinés, les prix sont soutenus avec bonne demande pour tous les- débouchés. De-
puis la semaine dernière nous constatons dans ces derniers une hausse d'un franc
et sur les blancs n° 3, une hausse de 50 à 75 centimes. On a coté à Paris, pour
sucres bruts, 8s degrés saccharimétriques, par 100 kilog. : n'^* 7 à 9, 69 fr.;
n"* 10 à 13, 62 fr. 75; blanc type n" 3, 7 t fr. A Valenciennes, le marché a été
sans affaires. A Lille; vendeurs rares et prix élevés : n"^ 7 à 9, 67 fr. 75; n"^ 10
à 13, 61 fr. 75; moins 7, 78 fr. 25. A Péronne, marché complètement nul. Le
stock réel de l'entrepôt de Paris était, au 3 août, de 265,5^*7 sacs, avec une
diminution de i8,179 sacs depuis huit jours. Les raffinés font : Bonnes sortes,
153 fr.; beUes sortes, 154 fr. Les cours pour l'exportation varient, de 76 fr. à
78 fr. 50.
Mélasses. — Les prix ont baissé depuis la semaine dernière : mélasses de feibri-
que, 13 fr. ; de raffinerie, 14 fr. A Valenciennes, les mélasses disponibles, valent
13 fr. 50 ; celles à livrer, 12 fr. 50.
Fécules. — Les affaires sont au grand calme et la vente laborieuse sur le marché
de Paris. On y cote les 1'''^* de l'Oise et l'" du rayon de Paris à 37 et 38 fr. les
100 kilog. A Compiègne, type de la Ghambre syndicale, vaut 41 fr.
Glucoses. — A Paris, la demande a pris un assez grand développement; les cours
restent fermes à cause du peu d'abondance des sirops de fécules de pommes de
terre. Les maïs ont une demande assez suivie quoique la marchandise ne soit pas
rare. On cote : sirop de froment, 65 à 66 fr.; sirop massé, 54 à 56 fr.; sirop
liquide (33 degrés), 45 à 46 fr.; sirops de maïs massés, 44 à 46 fr. le tout par
100 kilogs.
Amido?is. — Les prix sont sans variation avec mtïq tendance un peu lourde :
amidons de Paris en paquets, pur froment, 78 à 80 fr.; de province, 64 à 66 fr.;
d'Alsace en vrague, 60 à 62 fr, ; de mais, 50 h 52 fr.; fleur de riz, 44 à 46 fr.;
riz de Louvain, 78 à 80 fr.
Houblons. — Le calme règne partout. On espère une bonne récolte. On cote à
Alost, 1880, à livrer, 130 à 140 fr.; 1879, 140 à 150 fr., 1"^- qualité.
Y. — Huiles et graines oléagineuses.
Huiles. — Nous constatons, sur le marché de Paris, depuis La semaine der-
nière, une baisse de 1 fr. 50 sur les huiles de colza, tandis que celles de lin ont
^agné 25 centimes. On y cote : colza tous fûts, 72 fr. 50; en tonnes, 74 fr. 50;
épurée en tonnes, 82 fr. 50; lin disponible, en fûts, 68 fr.; en tonnes 70 fr., par
100 kilog. A Arras, l'huile d' œillette surfiae vaut 178 fr. les 91 kilog.; celle de
pavot à bouche, 95 fr. ; colza indigène, 73 fr. 72; hn exotique, 70 fr. 50; pavot
industrie, 88 fr., le tout par 100 kilog., A Gaen, l'huile de colza vaut 69 fr. 50 les
100 kilog., au comptant, sans escompte. A Douai, huile de colza, 67 fr ; épurée,
72 fr.; œdlette rousse, 120 fr. ; boa goût, 150 fr.; sx)utirée, 170 fr.; surfine, 178fr.;
celle de lin, 63 fr. 50. Le marché des huiles d'olives est tout à fait nul à Grasse.
BES DENRÉES AGRICOLES (7 AOUT 1880j. 289
La période] de chaleurs y est essentiellemeirt contraire aux transactions sar cet
article.
Graines oléagineuses. — On coteàArras : colza nouveau, 18 fr. à 21 fr. 25. A
Gaen, colza, 19 fr. à 20 fr. A Douai: colza, 18 à 21 fr. 2b, le tout par hectolitre.
VI. — Tourteaux, noirs, engrais.
Tourteaux. — A Marseille, les tourteaux ont été cotés ; lin pur, 20 fr. 25; ara-
chide décortiquée, 15 fr. 50; idem brun pour engrais, 14 ir.; idem en coque,
il fr. 50; ricins, 10 fr. 50; sésame blanc du Levant, 15 fr.; idem de l'Inde,
13 fr, 50; colza Danube, 13 fr. 50; coton d'Egypte, 12 fr.; palmiste naturel,
10 fr. 50; ravison, 12 fr. 25. A Arras : tourteaux colza indigène, 15 fr.; lin
indigène, 28 fr.; idem exotique, 23 fr. 50 le tout par 100 kilog. A Douai : tour-
teaux colza, 14 à 15 fr. 50; lin indigène, 25 fr. 75 à 26 fr. 50; idem étranger,
23 à 23 fr. 50, par hectohtre.
Noirs. — On cote à Valenciennes, sans changements : noir neuf en grains,
32 fr.; vieux en grains, de 8 à 9 fr.; lavage, 2 à 4 fr.
VU. — Matières résineuses et colorantes, textiles.
Matières résineuses. — L'approvisionnement des marchés est entravé par les
travaux de la moissoTi, c'est ce qui explique la hausse sur l'essence de térébenthine
3u'on a payée à Bordeaux, 59 fr. les 100 kilog. A Dax, elle vaut 52 fr. A Mont-
e-Marsan, on paye la barrique de gemme ordinaire (340 litres], 38 fr.; système
Hugues, 43 fr.
Gaudes. — On signale plusieurs achats en gaudes, au prix de 15 fr. les 100 ki-
log.
Chanvres. — A Saumur le cours des chanvres est de 80 à 90 fr. les 100 ki
logs, suivant qualités.
VIII. — Suifs et corps gras.
Suifs. — Cours encore en hausse à Paris : Frais, hors Paris, 82 fr. 50 ; bœufs
Plata, 87 fr.; suif en branches, 61 fr. 85.
Saindoux et salaisons. — Au Havre, cours calmes, mais bien tenus. En sain-
doux, on a payé 102 fr. les 100 kilog.
IX. — Beurres. — Œufs. — Promages.
Beurres. — On a vendu cette semaine à la halle de Paris, 224,734 kilog. de
Jbeurres. Le prix par kilog. est comme suit : en demi-kilog., 2 fr. à 3 fr. 80;
petits beurres, 1 fr. 50 à 2 fr. 70 ; Oournay, 1 fr. 90 à 4 fr, 50 ; Isigny, 1 fr. 90
à 5 fr. 80.
Œufs. — Du 27 juillet au 2 août, 4,413,200 œufs ont été vendus à la halle de
Paris, aux prix suivants par mille : choix, 92 à 101 fr.; ordinaires, 68 à 90 fr.;
petits, 50 à 58 fr.
Fromages. — Voici le prix des fromages vendus cette semaine à la halle de Paris.
Par douzaine : Brie, 5 fr. 50 à 17 fr. 50; Montlhéry, 15 fr. ; par cent : Liva-
rot, 19 à 79 fr. ; Mont-d'Or, 17 à 33 fr.; Neufchâtel, 4 à 24 fr.; divers, 7 à
75 fr. Le Gruyère s'est vendu de 80 à 140 fr. les 100 kilog.
X. — Chevaux. — Bétail. — Vicmde.
Chevaux. — Aux marchés des 28 et 31 juillet, à Paris, on comptait 1,135 che-
vaux; sur ce nombre, 458 ont été vendus comme il suit :
Amenés. Vendas. Prix •extrêmes.
Chevaux de cabriolet 172 32 2ô0 à 930 Ir.
— de trait 259 86 290 à 1,330
— horsd'âge 479 115 25 à 1,075
— à l'enchère 171 121 70 à 580
— de boucherie 104 104 50 à 180
Bétail. — Le tableau suivant résume le mouvement du marché aux bestiaux de
la Yillette du jeudi 29 juillet au mardi 3 août ;
Poids Prix du kilog. de viande sar pied
Vendus moyen au marché du lundi 2 août.
Pour Pour En 4 quartiers, i" 2« 3" Prix
Amenés. Paris, l'extérieur, totalité. kil. quai. quai. quai. moyen.
fiœufs. 6.322 2.957 1,834 4,791 330 1.68 1.48 1.18 1.43
■Vaches 1,817 716 764 1,480 234 1.56 1.28 1.04 1.31
Taureaux 313 2()0 36 • 236 397 1.35 1.14 1.00 1.18
Veaux 4,802 3,117 1,181 4,298 71 1.84 1.70 1.24 1 58
Moutons 40,686 25,386 13,645 39,031 19 2.08 1.78 1.40 1 70
Porcsgras 5,662 2,147 3,103 5,250 86 1.74 1.64 1.54 1.64
— maigres. » •» ■»»■» »
Les approvisionnements ont été à peu près les mêmes que durant la semaine
240
REVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT (7 AOUT 1880).
dernière. Quoique la boucherie restreigne beaucoup ses achats, la fermeté que nous
signalions la semaine dernière se maintient sur toutes les catégories, sauf pour les
vaux: les prix des moutons sont spécialement très fermes.
A Londres, les importations d'animaux étrangers, durant la semaine dernière,
se sont composés de r2jh8l têtes, dont 6 bœufs. 70 veaux, 2,449 moutons et
24 porcs venant d'Amsterdam; 1,819 moutons de Brème; 2'4l bœufs de Southen-
burg; 676 moutons d'Hambourg; 29 bœufs, 77 veaux, 1,427 moutons et 354
porcs d'Harlingen; 2,562 bœufs et 660 moutons de New-York; 2 bœufs, 327 veaux,
2,049 moutons et 109 porcs de Rotterdam : Prix du kilog : Bœuf : 1", 1 fr. 93 à
2 fr. 05; 2% I fr. 75 a l fr. 93.; qualité inférieure, 1 fr. 58 à 1 Ir. 75. — Veau :
V% 1 fr. 93 à 2{r.05; 2" 1 fr. 75 à 1 fr. 93. — Mouton : 1", 2 fr. 28 à 2 fr. 40;
2*, I fr. 75 à 2 fr. 10; qualité inférieure, 1 fr. 58 à I fr. 75. — Agneau: 2 fr. lu
à 2 fr. 69. - Fore : 1", 1 fr. 58 à 1 fr. 70; 2% 1 fr. 40 à 1 fr. 58.
Viande à la criée. — On a vendu, à la halle de Paris, du 27 juillet au 2 août :
Prix du kilog. le 2 août.
kilog.
Bœuf ou vactie . . 172,957
Mouton 49,650
Porc 15,635
433,222
l" quai.
1.06àl.90 0.92àl.60
1.66 1.96 1.26 1.64
1.62 1.90 1.30 1.60
Porc frais
quai.
0.68 à I.l6
0 86 1 24
0.86 1.28
1.16à 1 94
Gtioix. Basse boucherie
1.20à3.00 O.lOà 1.06
1.10 2.20 . >
1.20 3.40 .
Soit par jour 61,889 kilog.
XI. — Cours de la viande à l'abattoir de la Villette du 5 aoîit {par 50 kilog.)
Cours de la charcuterie. — On vend à la Villette par 50 kilog. : 1" qualité,
100 à 105 fr.; 2«, 95 à 100 fr.; poids vif, 64 à 70 tr.
Bœufs. Veaux. Moutons.
1" 2» 3«
V
2» 3» 1" 2«
3«
quai. quaU quai.
quai
quai. quai. quai. quai.
quai.
fr. fr. fr.
fr.
fr. fr. fr. fr.
fr.
80 73 66
94
85 76 88 81
74
XII. — Marché aux
bestiaux de la Yillette du jeudi 5 aoiU.
Cours des commissionnaires
Poids
Cours officiels. en bestiaux.
Animaux
général.
■^re 2^ 3» Prix "" ^1" 2« 3«
Prix
amenés. Invendus.
kil.
quai. quai. quai, extrêmes, quai. quai. quai.
extrêmes
Bœufs 2.814 8J0
365
1.66 I.'i6 1.16 l.lOàl.70 1.64 1.40 1.15
l.lOàl 68
Vaches 695 l40
250
1.54 1.26 1.00 0.96 l..>8 1.50 1.25 1.00
0.92 1.57
Taureaux... 143 29
370
1.32 1.14 1.00 0.96 1.38 1.30 1.20 1.00
0.90 1.35
Veaux 1.317 311
80
1.80 1.70 1.24 1.20 1.9S » » »
> »
Moutons.,.. I9.4i2 807
18
2.08 1.76 1.40 1.26 2.10 » » .
* >
Porcs gras.. 3.0Î5 »
82
1.90 1.80 1.70 t. 60 2.00 » » »
» »
— maigres. »
•
» »
Vente lente sur toutes les espèces.
XIII. — Résumé.
Les prix de la plupart des denrées se maintiennent bien: il faut toutefois fair(
farines, sur lesquels
nous avons eu a
A. Remy.
exception pour les cours des céréales et
enregister un peu de .baisse.
BULLETIN FINANCIER.
Cours de la Bourse du 28 juillet au 4 août 1880 {au comptant).
Semaine de reprise: Le 3 0/0 est à 84,85, gagnant 0,50; l'amortissable à 87,
gagnant 0,1b, te le 5 0/0 après avoir fait 119,80 reste à 118,35 coupon détaché.
Lésrère faiblesse à nos chemins de fer: les autres valeurs restent agitées.
Principales valeurs françaises:
Rentes o/o
Rente 3 0/0 amortis...
Rente 4 1/2 0/0 115.40
118.35
Plus
bas.
84.40
86 . 20
Plus Dernier
haut, cours.
84.85 S4.85
87.50 «7.00
115.50 115.50
119.80 118.35
Rente 5 O/o.
Banque de France 3i60.00 3495.00 SiôO.OO
Comptoir d'escompte. 960.00 975.0) 967.50
Société générale 553 75 557.50 557.50
Crédit foncier 1235.00 1260.00 1250.00
Est Actions 500 7^5.00 753. 7.i 753.75
Midi d» 1000.00 1015.00 1005.00
Nord d' 1580.00 1595.00 1595.00
Orléans d» 120). 00 1210.00 1205.00
Ouest d" 805.00 810.00 805.00
Paris-Lyon-Méditerranée d° 1345.00 1360.00 1360.00
Paris 1871 obi. 400 3 0/0.. 394.50 398.00 396.00
Italien i 0/0 82.30 83.10 83.25
Qir.^rit : ,\. b )U: 12.
Valeurs diverses :
Plus
bas.
518.75
545 00
473.00
1040.00
725.00
708.75
925.00
Pl'is Dernier
haut, cours
520.00 520.00
550.00 545.00
473.75 470.00
050 00 1050.00
7J0.00 730.00
708.75 708.75
935.00 935.00
625.00 615.00
Créd. fonc. obi. 500 4 O'O
d» d» d» d' 3 0/0.
d° obi. c«' 500 3 0/0
Bque de Paris act. 500...
Crédit ind. et corn. 500...
Dépôts et cptes cts. 500...
Crelit lyonnais d°.. .
Créd. mobilier 61 5. 00
Cie parisienne du gaz 250 1315.00 1322.50 1320.00
-- -- 575.00
725.00
1225.00
807.50
5 75.00
735.00
555.00
400.00
cie génér. transall 500 565.00 575.00
Messag. maritimes d° 717.50 728.75
Canal de Suez d» 1150.00 1225.00
d° délégation d»
d° obli. 5 0/0. d"
Créd. fonc. Autrioh 500
Créd mob„ Espagnol... .d*
Créd. fonc. Russe
777.50 807.50
574.00 575.00
732.50 735 00
535.00 580.00
400.00 401.25
LETERRIER.
CHRONIQUE AGRICOLE (uaoutisso).
Continuation de la moisson en France. — Bonne qualité générale des grains récoltés. — Temps
favorable à la maturation des raisins. — Développement des plantes-racines. — Projet de loi
présenté par le gouvernement anglais à la Chambre des communes sur la situation des fermiers
en Iflandc. — Rejet du projet de loi par la Chambre. — Conséquences de ce fait. — Tableaux
publiés par l'administration de l'agriculture sur les produits des diverses cultures en France en
1879. — La production des céréales. — Tableau relatif aux plantes industrielles, textdes, four-
ragères, etc. — Le mouvement des prix des céréales pendant les dix dernières années. — Ac-
croissement constant des cours du bélail. — Concours ouvert pour des emplois d'adjoint à l'in-
spection de l'agriculture. — Ordre de l'examen. — Candidats déclarés admissibles. — Le
phylloxéra. — Note communiquée parM.Laliman à l'Académie des sciences et à la Société natio- ■
nale d'agriculture. — Les maladies charbonneuses du bétail. — Recherches de M. Toussaint
relatives à l'inoculation des bêtes ovines. — Publication du deuxième fascicule pour 1880 des
• Annales agronomiques. — Examen de sortie de l'Institut national agronomique. — Dates des
examens d'admission. — Prochain concours du Comice central de la Loire-Inférieure. — Dates
de l'ouverture de la chasse. — Organisation d'une exposition internationale des laines à Londres.
— Décoration pour services rendus à l'agriculture.
I. — Les récoltes de 1880.
Les moissons continuent à se faire dans d'excellentes conditions,
malgré quelques pluies qui, généralement, ont fait peu de mal.
Presque partout les grains sont de bonne qualité. On a signalé quel-
ques ravages causés par des orages, des insectes ou par des champi-
gnons. Mais ce sont de simples accidents locaux. Il n'en est pas de
même en Chine, où, sur de vastes espaces, les récolles ont été dévo-
rées de telle sorte que, dans le grand^empire asiatique, on redoute une
cruelle famine. De ce côté pourront trouver un écoulement les blés amé-
ricains. De cette manière, l'excédent de la production des Etats-Unis
ne viendra pas peser sur les marchés européens. Le temps est d'ailleurs
à souhait pour le raisin, de telle sorte que si, cette année, la quantité
manque un peu, la qualité ne fera probablement pas défaut aux ven-
danges. Les racines, et notamment les betteraves, ont pris depuis
quelque temps un grand développement. La situation agricole, eu
égard à la saison dans laquelle nous nous trouvons, est donc satis-
faisante en France.
II. — Les fermiers irlandais.
Un fait grave vient de se produire en Angleterre. Le gouvernement
avait présenté à la Chambre des communes, qui l'avait voté après
quelques amendements, un projet de loi ayant pour but de venir au
secours des fermiers de l'Irlande. Ce projet, connu sous le nom de hill
of compensation for disturbance, vient d'être rejeté par la Chambre des
lords, de telle sorte que le cultivateur irlandais, dont les souffrances
ont été excessives l'année dernière, voit échapper les adoucissements
qui lui avaient été promis. En Irlande, le propriétaire est armé des
droits les plus rigoureux contre le fermier ; quand celui-ci est en re-
tard pour le payement de son loyer, le propriétaire peut faire saisir et
vendre, sans autre forme de procès, le matériel, le bétail, tout ce qui
appartient au fermier, sans que celui-ci puisse y faire la moindre op-
position. Le projet de loi avait surtout pour but d'établir les droits
respectifs des propriétaires et des fermiers, de désigner la juridiction
devant laquelle les fermiers auraient pu faire appel. Les juges auraient
eu le droit de résilier les baux, de fixer la part que chacun, proprié-
taire ou tenancier, devait supporter dans les pertes résultant des mau-
vaises récoltes. La Chambre des Lords a refusé de rien changer aux
droits du propriétaire. Ce refus ne sera pas une solution aux diffi-
cultés que rencontre l'agriculture irlandaise. La bonne récolte de cette
année pourra peut-être éloigner les dangers de la situation. L'envoi de
troupes en Irlande, que le gouvernement de la Grande-Bretagne vient
N» 592. — Tome III de 1880. — 14 août.
242 CHRONIQUE AGRICOLE (14 AOUT 1880).
de décider, n'est pas un remède agricole. L'absentéisme du proprié-
taire fait surtout le malheur de la culture, car il est impossible de
lutter contre ce cjrand principe que la terre ne peut continuer à pro-
duire que quand on lui rend. Le système appliqué à l'agriculture
irlandaise est celui de l'épuisement pour les hommes et pour la terre.
L'intérêt des propriétaires finira par faire entendre raison aux Lords
britanniques.
III. — Les récoltes de la France en 1879.
Chaque année, le ministère de l'agriculture et du commerce publie
le relevé des récoltes des principales cultures en France. Le relevé'
relatif à l'année 1879 vient d'être imprimé. 11 renferme des tableaux
donnant, département par département, les récoltes en céréales, en
pommes de terre, en produits divers (betteraves, colza, plantes tex-
tiles, fourrages, vignes, etc.), ainsi que le poids moyen de l'hecto-
litre, constaté pour les principales céréales. A l'automne dernier, l'ad-
ministration avait déjà publié un tableau donnant les premières
appréciations sur la récolte des céréales en 1879; les tableaux défi-
nitifs ont naturellement modifié les premières constatations, mais
dans des proportions qui ne sont pas trop considérables. On en
jugera en comparant le premier tableau que nous avons publié (voir le
numéro du 22 novembre dernier, tome IV de 1879, page 297), avec
les résultats consignés dans le tableau suivant, qui renferme les
chiffres définitifs :
Nombres Nombres d'hec- Récolte totale ■
d'hectares en- tolitres récollés par ^-— ■■■■m ^"" — ^
semences. hectare. en hectolitres en quintaux métriques.
Froment G,941,67.o 11.43 79,355,866 59,873,815
Méleil 400,692 11.36 4,555,207 3,344,624
Seigle 1,770,561 10.67 18,891,088 13,207,655
Orge 1,026,982 15.81 16,238,507
Sarrasin 627,531 14.61 9,169,698
Avoine 3,444,4'.9 21.56 74,261,581
Mhïs 612,580 12.09 7,410,196
Millet 48,192 11.19 539,397 »
Pommes de terre. 1,256,475 75.14 94,405,426
En ce qui concerne les autres cultures, les résultats des récoltes de
l'année 1879 peuvent être résumés dans le tableau suivant :
Nombres d'hectares Nombres de quintaux Récoltes totales
ensemencés. récoltés par hectare. en quintaux métriques.
Betteraves 445,378 237.36 105,716,534
Houblon 3,003 9.60 28,858
Colza (graine) 150,724 11.26 1,698,088
Chanvre (filasse)... 88,865 5.08 451,448
Lin (idem) 64,408 4.63 298, .^40
Garance 166 18.78 3,118
Tabac 10,556 10.63 112,234
Foin 4,447,426 37.53 166,914,765
Trèfle 1,037,043 38.20 39,623,965
Luzerne 905.825 44.13 39,979,680
Sainfoin 529',400 34.19 18,102,360
Ce tableau montre que la culture de la garance a presque complète-
ment disparu en France. Quant aux surfaces consacrées aux cultures
fourragères, la comparaison avec les années précédentes montre
qu'elles vont sans cesse en augmentant.
A la suite de ces documents, l'administration de l'agriculture a
inséré des tableaux qui ne sont pas moins importants à compulser.
Us sont relatifs aux prix moyens annuels des principales denrées
agricoles, pour Fensemble de la France, pendant la dernière période
CHRONIQUE AGRICOLE (14 AOUT 1880). 243
décennale. Ces tableaux sont établis d'après les mercuriales de ton»
les marchés, et ils forment les données les plus positives que l'on
puisse recueillir sur le mouvement des prix des denrées. Voici d'abord
le relevé du prix moyen de l'hectolitre et du quintal métrique, année
par année, depuis 1870 jusqu'à 1879 inclusivement, pour les princi-
pales céréales :
Froment^ MéteiL Seigle. Orge. Avoine^
Années, Hectol. Quintal. Ileclol, Quintal. Hectol. Quintal. Hecloi. Quintal. Hectol. Quintal.
fr. fr, fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr.
1870 20.48 26.63 16.69 22.69 16.03 19. .'O 12.57 20.03 10.00 21.70
1871 26.65 33.13 20.18 27. 3:^ 16.12 21 .35 14.17 21 94 11.04 23.99
1872 22.90 30.43 17. .^6 23.05 13.65 18.94 10.95 17.40 8.30 17.79
1873 55.70 33.48 19.47 2662 15.83 22.17 13.77 22.09 9. .54 20.36
1874 24.31 31.88 20 75 28.45 17.24 24.05 15.03 23.60 11.33 9.4.32
1875 19.38 23.93 15.37 20.^7 13.52 18.60 12.16 19.11 20.65 22.12
1876 20 64 26.71 16.28 22.24 13.96 19.33 12.62 19.72 10.95 23.44
1877 23.42 30.01 18.69 24.68 15.28 21.11 13.26 20.93 10.37 21.97
1878 23.08 29.96 17.97 24.48 14.55 20.45 13.51 21.22 9.95 21.20
1879 21.98 28.77 18.02 24.77 15.19 21.40 12.76 20-48 9 47 20.14
Moyennes 22.85 29.48 19.08 24.49 15.13 20.69 13.07 20.65 10.16 21.76
On voit que c'est en 1870, en 1875 et en 1876, que les prix du blé
sont descendus le plus bas; une seule année, en 1875, le prix; moyen
de l'hectolitre est tombé au-dessous de 20 fr. L'année 1879 vient en
quatrième ligne, avec une différence en moins de 87 centimes seule-
ment par hectolitre sur la moyenne de la période décennale. En ce qui
concerne les autres céréales, les cours des deux dernières années se
rapprochent des moyennes établies pour la période de dix ans.
Il n'est pas moins intéressant de suivre le mouvement des prix du
bétail sur l'ensemble des marchés français. Les relevés publiés par
l'administration de lagriculture nous fournissent, à cet égard, les
indications suivantes pour les années 1870 à 1879. Les prix moyens,
pour les diverses sortes de viandes de boucherie, ont été par kilog. :
Années. Bœufs. Vaches. Veaux. Moutons. Porcs.
fr. fr. fr. fr. fr.
1870 1.32 1.19 1.38 1.43 1.51
1871 1.46 1.32 1.57 1.46 1.64
1872 1.56 1.45 1.68 1.74 1.67
1873 1.71 1.55 1.77 1.83 1.63
1874 1.59 1.44 1.61 1.72 1.56
1875 1.52 1.37 1.53 1.66 1.53
1876 1.64 1.41 1.64 1.71 1.65
1877 1.59 1.47 1.72 1.78 1.70
1878 1.68 1.54 1.80 1.85 1.69
1879 1.65 1.54 1.75 1.80 1..59
Moyenne des dix années 1.56 1.42 1.64 1.70 1.62
Le mouvement ascendant des prix du bétail, pour toutes les espèces
d'animaux domestiques, que nous avons tant de fois signalé, est
confirmé de la manière la plus éclatante par ces chiffres. Il n'y a eu
d'exception que pour les porcs durant l'année 1 879, et encore cet
arrêt n'a été que transitoire; les cours sont remontés, pendant les
derniers mois, aux taux les plus élevés qu'ils aient jamais acquis.
Le prix de la viande ne peut que se maintenir et s'accroître; car, ainsi
que nous l'avons établi dans l'enquête de la Société nationale d'a-
griculture, malgré les grands progrès réalisés, la consommation
annuelle de la viande n'est encore que de G6 kilog. 750 par tête dans
les villes au-dessus de 10,000 âmes, et de 25 kilog. 920 dans les
autres communes. Depuis dix ans, la consommation s'est accrue de
244 CHRONIQUE AGRICOLE (14 AOUT 1880).
10 pour 100 dans les grandes villes et de 20 pour 1()0 dans les cam-
pagnes ; elle ne peut qu'augmenter encore.
IV. — Concours pour des emplois d'adjoint à ^inspection de VagricuUure.
Dans notre dernière chronique (p. 202) nous avons annoncé l'ou-
verture du concours ouvert à Paris pour trois places d'adjoint à l'ins-
pection générale de l'agriculture. Nous avons lait connaître la compo-
sition du jury, ainsi que les noms des candidats. Ce concours a duré
du 2 au 6 août. Le Journal officiel du 8 août en rend compte dans les
termes suivants :
« Le jury chargé, par arrêté de M. le ministre de l'agriculture et du commerce,
en date du 21 juillet 1880, de procéder au concours pour l'admission à l'emploi
d'adjoint à l'inspection générale de l'agriculture, vient de terminer ses opé-
rations.
« La première réunion des membres du jury a eu lieu le 2 août au ministère de
l'agriculture et du commerce : 13 candidais se sont présentés pour subir les
épreuves du concours : celles-ci se sont poursuivies sans interruption.
« Elles comprenaient une partie obligatoire et une partie facultative.
« La partie obligatoire consistait dans la rédaction de deux mémoires. Le
premier sur une question se rattachant à l'agriculture ou à l'une des sciences
appliquées à l'agriculture; le deuxième sur une question de droit administratif
concernant le service de l'agriculture
<' Le jury a choisi pour la première épreuve le sujet suivant :
« Exposer les bases scientifiques sur lesquelles repose l'alimentation rationnelle
du bétail : ce qu'on entend par équivalence nutritive des fourrages; rations d'en-
tretien, de travail, d'engraissement, — Rations équivalentes. — Règles à suivre
pour les établir.
« Relations entre la composition des fourrages et celle des déjections solides et
liquides produites par les animaux de ja ferme soumis aux divers modes de
rationnement.
« Gomment peut-on, en partant des données expérimentales de l'alimentation
rationnelle, déterminer pour une exploitation rurale bien conduite : 1" la quantité,
2" la qualité, et 3° la valeur argent des fumiers produits et les pertes éprouvées
dans une ferme mai dirigée? «
Le sujet que le jury a donné ensuite pour la deuxième épreuve a été ainsi
formulé :
« Du concours de l'État dans les opérations et entreprises d'intérêt agricole :
ft 1» Opérations et entreprises qui peuvent obtenir ce concours (chemins vici-
naux, dessèchements, drainages, irrigations, redressement et curage des cours
d'eau, plantations, reboisement et gazonnement; création des fruitières, défense
contre les épizooties, délense des vignobles contre le phylloxéra) •
c^ 2° Forme sous laquelle le concours de l'État est donné pour chaque nature
d'opérations et entreprises (exemption d'impôts, concessions, plus-value, subven-
tions, prêts, facilités d'exécution, syndicats, etc., etc.).
« Préciser la nature de ce concours pour chaque opération et entreprise.
« g" Conditions dans lesquelles ce concours est donné (lois, règlernents, for-
malités à remplir, instruction préalable). »
« Cinq heures ont été accordées aux candidats pour chacune des compositions
écrites.
« A la suite de cette double épreuve, ont été reconnus, conformément à l'article
6 de l'arrêté ministériel du 2 mai 1879, aptes à remplir les fonctions d'adjoint
à l'inspection générale, les candidats dont les noms suivent dans l'ordre alpha-
bétique :
« M. Foëx, professeur départemental d'agriculture et directeur de la station
agronomique de l'Yonne, à Auxerre.
« M. Philippar, directeur de T'école d'irrigation et de drainage du Lézardeau.
« M. Randoing, ingénieur agricole.
« M. Vassillière (Frédéric), professeur départemental d'agriculture delà Haute-
Vienne, à Limoges.
« M. Vassillière (Léon), professeur départemental d'agriculture de la Vendée, àla
Roche-sur-Yon.
CHRONIQUE AGRICOLE (14 AOUT 1880). 245
ce Pour la partie facultative, les candidats étaient admis à justifier des connais-
sances en langues étrangères.
« Le jury leur a, en outre, donné des notes : î° sur les qualités et aptitudes pro-
fessionnelles; 2» sur leurs titres, publications et travaux antérieurs.
« Le procès-verbal du concours sera transmis au ministre avec une liste de
classement des candidats suivant l'ordre de mérite que leur assigne le résultat gé-
néral des opérations.
« La session a été close le vendredi 6 août, à 7 heures du soir. »
C'est au ministre de l'agriculture qu'appartient la nomination des
adjoints à l'inspection générale. Trois places sont aujourd'hui vacantes.
V. —Le phylloxéra.
Les communications sur le phylloxéra continuent à être assez rares.
Toutefois nous devons signaler la lecture d'un mémoire de M. Laliman
à l'Académie des sciences et à la Société nationale d'agriculture sur le
phylloxéra des racines et celui des galles des feuilles. M. Laliman a
continué ses observations sur les cépages français qui peuvent nourrir
le phylloxéra gallicole, et vivre malgré ses atteintes. Un nouveau cépage
lui paraît remplir ces conditions, c'est le malvoisie de la Drôme qui,
chez lui, se trouve couvert de galles phylloxériques, et qui, depuis
que l'on a placé dans son voisinage un pied de Taylor, lui communi-
quant tous les deux ans cet insecte, ressusciterait avec une étonnante
vigueur. M. Laliman conclut qu'il faut encore faire de nouvelles études
sur les cépages américains qui sont susceptibles de résister au fatal
puceron. Ces études se poursuivent sur un grand nombre de points,
et il est probable que toutes les parties de cette importante question
seront bientôt élucidées. Dans tous les cas, il y a aujourd'hui quelques
variétés dont la résistance est un fait désormais bien acquis et qui ont
prouvé leur vitalité, en même temps que leur aptitude à servir de
sujets pour le greffage des vignes françaises.
VL — Les maladies charbonneuses.
Les études sur les maladies charbonneuses qui attaquent les ani-
maux domestiques se poursuivent avec beaucoup d'ardeur. Récemment
nous avons publié les importantes expériences de M. Pasteur sur les
causes de la diffusion des germes du charbon dans les terres cultivées.
Aujourd'hui, nous devons signaler une communication faite à l'Aca-
démie des sciences par M, Toussaint, professeur à l'Ecole vétérinaire
de Toulouse, sur l'identité de la septicémie expérimentale aiguë et du
choléra des poules. Ses recherches l'ont amené à cette conclusion : que
le choléra des poules n'est autre chose que la septicémie ?/iguë,
contractée spontanément par ces oiseaux dans les lieux qu'ils habitent,
et qu'il est nécessaire, pour que le choléra existe, qu'il y ait à leur
portée des matières en putréfaction. — En même temps, M. Toussaint
a demandé à l'Académie l'ouverture d'un pli cacheté qu'il avait déposé
dans la séance du 12 juillet dernier, et qui estrelatif à un procédé pour
la vaccination des moutons et des jeunes chiens contre le charbon.
Cette dernière note offre un intérêt direct; nous la reproduisons en
entier :
« J'ai tout d'abord employé la filtration du sang charbonneux provenant du chien,
du mouton ou du lapin. Pour cela, je recueillais le sang d'un animal inoculé au
moment où il allait mourir ou immédiatement après sa mort. Ce sang était ensuite
défibriné par le battage, passé sur un linge et filtré sur dix ou douze feuilles de pa-
pier. C'est avec ce procédé qu'ont été vaccinés trois chiens de trois mois et la pre-
mière brebis. Mais c'est un moyen dangereux et nullement pratique, car souvent
246 CHRONIQUE AGRICOLE (14 AOUT 1880).
les filtres laissent passer les hactéridies que le microscope reconnaît difficilement,
parce qu'elles sont très rares, et l'on tue les animaux que l'on voudrait préserver.
« En face de ces accidents, et ne pouvant me procurer de filtre donnant la ma-
tière filtrée en quantité suffisante, j"ai eu recours à la chaleur pour tuer les bac-
téridies et j'ai porté le sang déûbriné à 55" pendant dix minutes. Le résultat a
été complet. Cinq moutons, inoculés avec 3 ce. de ce sang, ont été inoculés depuis
avec du sang charLonneux très actif et ne s'en sont nullement l'essenlis.
« Mais cependant il est nécessaire, pour assurer l'innocuité complète, de faire
plusieurs inoculations. Ainsi, après la première inoculation préventive, j'ai inséré,
sous la peau des oreilles de deux moutons, du sang charbonneux de lapin et des
spores de culture. L'un d'eux mourut avec une immense quantité de bactéridies
clans le sang. J'inoculai alors de nouveau les quatre moutons restants avec le sang
même du mouton mort, après l'avoir porté à bi,", et, depuis cette époque, chaque
mouton a été inoculé deux fois avec du sang charbonneux sans en ressentir le
moindre mal.
« Non seulement les animaux sont réfractaires au charbon, mais les inoculations
les plus chargées de bactéridies ne produisent aucun effet local inflnmmatoire; les
plaies se cicatrisent comme des plaies simples, ce qui me porte à penser que l'ob-
stacle au développement du charbon n'est pas seulement dans les ganglions, mais
aussi dans le sang ou la lymphe, dans les liquides de l'économie, qui sont devenus
impropres à nourrir les parasites.
« Les moyens pratiques qui pourront servir à inoculer tous les animaux d'un
troupeau vont être recherches immédiatement. J'espère que les difficultés seront
faites à surmonter et que, d'ici à peu de temps, je pourrai rendre pubfique la mé-
thode renfermée dans cette note. »
Cetto note renferme des faits très intéressants, mais dont l'explica-
tion n'est pas encore donnée. Dans tous les cas, il y aurait lieu à pour-
suivre sur une i^rande échelle, dans un pays infecté par le charbon, des
expériences qui permettraient d'établir la valeur de l'inoculation des
moutons, et la durée de l'efficacité de cette opération.
Yn. — Annales agronomiques.
Le deuxième fascicule de la sixième année des Aimales agroncmiques ,
publiées sous la direction de M. Dehérain, vient de paraître. Parmi
les principaux mémoires qu'il renferme, nous citerons un mémoire de
M. Duclaux sur la fabrication, la maturation et les maladies du fromage
de Cantal; un travail de M. Renouard sur la statistique comparée de
la culture du lin et du chanvre; des recherches sur les rutabagas,
par M. Philippar; des études sur la composition chimique de la graine
de lin, par M. Ladureau; un mémoire de M. Guignet sur l'agriculture
au Brésil; une note sur la composition des cendres de blé et une étude
sur l'asparagine, par M. F. Meunier; une note de MM. I. Pierre et
Lemétayer, sur l'escourgeon comme fourrage vert; une note relative à
l'influence du froid sur les pins maritimes, par M. Bréal; les recher-
ches de M. H. Pellet sur l'existence de l'ammoniaque dans les végé-
taux, dans la chair musculaire et la levure. Ce fascicule se termine
par l'analyse de plusieurs travaux publiés à l'étranger.
VIII. — Examens de sortie de l'Institut agronomique.
A la suite des examens de sortie qui viennent d'avoir lieu à l'Insti-
tut national agronomique, les élèves de la promotion de 1878 ont été
classés de la manière suivante :
Diplômes : MM. Orry (Aube). — Schribaux (Haute-Marne). — De Gingins
(Suisse) — Ringelmann (Seine). — Blanchard (Morbihan). — Henri (Ardennes).
— Girona (Espagne). — Ractiana (Roumanie). — Ansian (Nord), — Lemasque-
rier (Seine). — Risler (Suisse). — Sarakoménos (Grèce). — Auriol (Tarn), —
Courtin (Seine). — PéHcier (Seine).
Certificats d'études : MM. Déjardin (Nord). — D'Hugues (Gard).
CHRONIQUE AGRICOLE (14 AOUT 1880). 247
Aux termes de la loi du 9 août 1 876, MM. Orry et Schribaux ont été
désignés pour recevoir une mission complémentaire d'études durant
3 ans en France ou à l'étranger.
Les examens d'admission ont lieu dans la dernière semaine d'octobre
à Paris, rue Saint-Martin, 292; à Dijon, à Lyon, à Marseille, à Bor-
deaux et à Rennes. Une seconde session a lieu en novembre pour les
jeunes gens qui terminent leur volontariat d'un an.
IX. — Concours du Comice central de la Loire-Inférieure.
Le Comice central de la Loire-Inférieure, présidé par notre collabo-
rateur M. Bobierre, procédera le 2 septembre à Ancenis à la distribu-
tion des récompenses qu'il accorde chaque année aux agriculteurs les
plus méritants.
X. — Ouverture de la chasse.
Les préfets viennent de prendre, dans la plupart des départements,
les arrêtés fixant les dates de l'ouverture de la chasse en 1880. Voici,
pour les départements dont les dates sont jusqu'ici, connues, l'époque
à laquelle la chasse sera ouverte :
« Le 8 août, dans le département de la Corse.
« Le 15 août, dans les suivants :
ce Basses-Alpes, Alpes-Maritiraes, Aude, Bouches-du-Rhône, Gard, Haute-
Garonne, Gers, Gironde, Hérault, Landes, Lot-et-Garonne, Hautes-Pyrenées,
Tarn-et-Garonne, Yar, Vaucluse.
« Le 22 août, dans les suivants :
« Ardèche, Ariège, Aveyron, Cantal, Gorrèze, Drôme, Haute-Loire, Lot, Lo-
zère, Puy-de-Dôme, Tarn, Haute- Vienne.
« Le 29 août dans les suivants :
« Ain, Allier, Hautes-Alpes, Charente, Charente-Inférieure, Côte-d'Or, Creuse,
Dordogne, Doubs, Indre, Indre-et-Loire, Isère, Jura, Loire, Haute-Saône, terri-
toire de Belfort, Rhône, Savoie, Haute-Savoie. »
Nous ferons connaître les dates de l'ouverture de la chasse dans les
autres départements, lorsqu'elles seront fixées.
XL — Exposition internationale de laines.
Une exposition internationale de laines, de lainages et des produits
des industries qui s'y rattachent, aura lieu à Londres en 1881. Celte
exposition se tiendra au palais de cristal, du mois de juin au mois
d'octobre. Des sections spéciales y seront ouvertes pour les laines en
toison, les mérinos fins,, les laines à peigner, à carder, etc., ainsi que
pour les déchets de laine, les peaux de mouton et d'agneau. Cette expo-
sition offrira à ceux qui y prendront part, des avantages sérieux.
XII. — Décoration pour services rendus à l'agriculture.
Nous apprenons avec plaisir que M. le docteur Sillen, directeur en
France de la maison Aveling et Porter, vient d'être nommé, par l'em*-
pereur de Russie, chevalier de l'ordre de Saint-Stanislas. Cette haute
distinction lui a été conférée pour reconnaître les services qu'il a
rendus à l'empire russe par l'introduction et la propagation des loco-
motives routières et des appareils de labourage à vapeur.
» J.-A. Barral.
SOCIÉTÉ NATIONALE D^AGRIGULTURE,
Séance du 11 août 1880. — Présidence de M. Chevreul.
M. le ministre de l'agriculture envoie un exemplaire des tableaux
statistiques indiquant les résultats des récoltes delà France en 1879
248 SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRICULTURE DE FRANCE.
et les prix moyens des principaux produits. Les observations que pro-
voque l'examen de ces tableaux sont présentées dans la chronique de
ce numéro. A ce sujet, M. Bouquet de la Grye et M. Bella ajoutent
quelques réflexions sur la méthode adoptée pour faire les moyennes
des mercuriales des marchés aux bestiaux.
M. Targioni-Tozzetti, correspondant de la Société, envoie une note
sur les résultats de l'hiver aux environs de Florence (Italie); il insiste
particulièrement sur les dégâts causés aux forêts de pins par le froid
anormal.
M. Patou envoie une note sur un procédé qu'il a imaginé pour la
destruction du phylloxéra.
M. J. B. Lawes, membre étranger, envoie le résultat de ses der-
nières expériences sur la culture de diverses plantes à Rothamsted,
ainsi que plusieurs travaux qu'il a publiés en collaboration avec
M. Gilbert, notamment sur des prairies permanentes maintenues pen-
dant plus de vingt ans sur le même sol, et deux mémoires sur le
climat de l'Angleterre et ses récoltes de blé, et sur la production, les
importations, les prix et la consommation du blé depuis 1 852 jus-
qu'en 1880.
M. le secrétaire perpétuel donne lecture d'une lettre de M. Jules
Maistre sur les résultats qu'il a obtenus, dans ses vignes de Ville-
neuvette, par l'emploi combiné de l'eau et du sulfocarbonate pour
combattre le phylloxéra. M. Maistre se loue tout parliculièrement de
cette méthode qui lui a permis de reconstituer des vignes qu'on pou-
vait considérer comme perdues.
M. Demarson envoie une note sur un projet de création d'une ferme-
école d'application à Reims, d'un [dépôt et d'une école de dressage.
M. Lavallée fait hommage de la première livraison de V Icônes
seleclce arborum et fructicum m horiis segrezianis collcclorum, dont il a
commencé la publication. 11 donne des détails spéciaux sur les essais
de culture et les qualités d'un noyer du Japon, Juglans Sieboldiana,
décrit dans cette livraison. M. Chevreul insiste sur l'importance des
cultures expérimentales analogues à celles que M. Lavallée poursuit à
Segrez.
JVL Gayot donne lecture d'une note dans laquelle il insiste spéciale-
ment sur l'extension prise par l'élevage du bétail aux Etats-Unis
d'Amérique et sur l'accroissement des exportations d'animaux vivants
et de \iandes abattues. M. Barrai fait remarquer combien il importe
de se garder de toute exagération dans les appréciations de ce genre;
il insiste sur la nécessité de n'avoir recours qu'à des documents abso-
lument certains; il signale les contradictions que renferme une des
publications citées par M. Gayot. M.Risler ajoute quelques explications
sur l'extension que pourraient prendre les cultures fourragères et la
production du bétail dans plusieurs parties de la France où l'on cul-
tive presque exclusivement les céréales.
M. Bouchardat présente un rapport sur une brochure de M. Ott,
relative à la culture de la vigne en Algérie ; il signale l'extension que
la production du vin dans notre colonie africaine a prise depuisquel-
ques années. M. Barrai et M. Chevreul présentent quelques observa-
tions sur les méthodes d'analyse des vins et sur les résultats que ces
analyses peuvent donner suivant les méthodes employées.
Henry Sagisier.
LA PRIME D'HONNEUR DES PYRÉNÉES-ORIENTALES. 249
LA PRIME D'HONNEUR DES PYRÉNÉES-ORIENTALES -IF
M. Desprès. — Jetons tout d'abord un coup d'œil rapide sur les 250 hectares
de châtaigniers qui attirèrent, ainsi que les autres cultures du domaine des Planes
l'attention du jury en 1870. '
Réglés par coupes de 18 hectares et périodes de 14 ans, la plupart de ces
châteigniers étaient exploités autrefois tous les six ans et ne rapportaient que
des cercles et du charbon d'un prix très avili
M. Desprès a été des premiers à substituer les futaies aux taillis, et là où il reti-
rait 30 et 35 francs de ses plantations, M. Desprès retire aujourd'hui le
double.
La moyenne de 1865 à 1878 ne luia donné, il est vrai, d'après mes calculs, que
56 francs;... il faut l'attribuer à la grande dépréciation des dernières années' dé-
préciation qui a pesé également sur les taiUis.
Et ce produit des futaies serait certainement bien plus élevé, si sur ces terrains
en pente, à sol friable et difficile il est vrai, on s'appHquait, en général, à établir
des chemins d'exploitation et à seconder ainsi l'administration des ponts et chaus-
sées.
Les chemins d'exploitation assez rares dans ce pays seraient l'arme la plus terri-
ble contre les importations de châtaigniers de Naples et de la Sardaio-ne ou des
chênes de Trieste et de l'Amérique. Qu'on se rappelle les transports à dos
d'hommes!
Qu'est-ce que l'impôt à côté de cette dépense journalière des transports qui
grèvent les bois comme tous les produits de la culture?
Il est impossible d'entrer ici dans les prix de revient des deux systèmes d'ex-
ploitation, le taillis ou la futaie, chez M. Desprès, ni de s'étendre sur la destina-
tion de la douelle selon ses dimensions pour le denii-muid, la bordelaise, le barri-
lat ou la samalisse, je le fais dans mon rapport; mais telle est la tendance des pro-
priétaires de suivre l'exemple etde subir les méthodes de M. Desprès.
Voyons plutôt les progrès réalisés depuis le dernier concours, car tel est le but
de notre visite :
M. Desprès s'est livré tout particulièrement àl'étude des forêts, — il y apuisé la
onnaissance approfondie des ressources que pouvait lui fournir encoi'e son do-
maine.
Mais M. Desprès que noblesse des concours oblige n'a pas seulement pensé à
sa ferme, il s'est encore préoccupé du département qui comporte cent mille hec-
tares de terres incultes ou boisées, c'est-à-dire le quart de sa superficie.
Nous le voyons, dans cette période, étudier et résumer en ses écrits les condi-
tions minéralogiques des montagnes, l'exposition, l'altitude, la manière dont s'y
comporte la végétation, et il trouve à faire jouer un rôle à chacune des parties de
ce vaste champ où, à des altitudes diverses, il peut assigner telles ou telles es-
sences qui donneraient au département la plus riche collection forestière.
Le chêne-liège et le micocouHer; le châtaignier et le cliêne; le hêtre le bou-
leau, le pin et le sapin qu'il examine tour à tour, donnent un effet utile à
600 mètres, à 800 mètres et au delà de 800 mètres, toutes conditions d'ailleurs
gardées d'exposition et de fond,... voilà ce qu'écrit M. Desprès.
Toutefois, ce n'est là qu'une étude qui étabbt sa compétence sur une base désor-
mais solide. —Il s'attache alors aux essences dont l'expérience a pu faire consta-
ter les avantages.
Le chêne-liège doit, avec le temps, fournir des ressources importantes, il le
plante chez lui ! Le châtaignier qu'il a développé sur sa ferme en grandes planta-
tions et le pin peuvent, dit-il, chacun à sa zone correspondante, remplacer le
hêtreet les autres essences propres seulement à l'usage des forges, tandis que le
châtaignier et le pin, bien que susceptibles du même emploi, sont destinés à tous
les services comme bois de tonnellerie, d'œuvre et de construction, et il fait de ses
terres qui restent à boiser un champ d'expériences, une école dendrologique où il
réunit : le pin maritime, le pin d'alep. le pin pignon, le pin larricio, le pin noir
d'^Autriche, le pin lord Weimouth, le pin Cembro", le pin sylvestre, variétés remar-
quables de cette importante famille de> Conifères qui croît dans les régions les
plus diverses depuis les neiges éternelles et les climats rigoureux de l'Amérique
1. Eïtrait du rapport lu au concours régional de Perpignan. — Voir le Journal du 7 août,
p. 21 1 de ce volume.
250 LA. PRIME D'HONNEUR DES PYRÉNI^JES-ORIENTALES.
septentrionale jusqu'aux contrées les plus chaudes de l'Archipel indien et très
propres aux zones diverses du départenaent*.
C'est ainsi que M. Desprès, l'ancien lauréat, oublie de se reposer sur ses suc-
cès et que son domaine, aujourd'hui comme hier, est digne de nos éloges les plus
mérités.
Le domaine des Planes, d'une vajeur triple de ce qu'il était au début, aujour-
d'hui rehaussé par ses pépinières, par ses prairies nouvellement créées, par la
captation d'une source importante, est devenu un exemple de ce que peut l'homme
qui, tout en servant ses propres intérêts, vise encore au bien public et s'en préoc-
cupe.
En quittant M. Desprès et nous dirigeant sur les bords de la Tet oii sont
MM. Malègue, Alahcrt, Hainaut, nos concurrents de la plaine, nous descendons
encore dans la vallée du Tech,
Bientôt à Arles apparaît folivier associé à la vigne, l'olivier dont M. le ministre
de l'agriculture se préoccupe en présence de la fraude odieuse dont les huiles
d'olive sont l'objet. La fraude n'est pas la liberté commerciale!
Le fond de la vallée, comme un casis resserrée des aspres, se couvre de toutes
sortes de cultures depuis Paialda surtout jusqu'à Géret. A côté des prairies, des
maïs, des luzernes, viennent se grouper les arbres à fruits, cerisiers, figuiers,
pommiers !
On dirait toutes ces plantes, tous ces arbres descendus des hauteurs pour se
désaltérer dans le Tech, tant ils se pressent sur ses bords; mais non, les arbres
fruitiers n'ont pas grand besoin d'eau, ils pourraient prospérer et donner de
grands produits dans les aspres comme sur les terres sèches de la Provence,
et la rente des terres monte jusqu'à 3u0 fr. l'hectare.
Le noisetier fait l'objet d'un commerce si important qu'on fonde sur lui les plus
grandes espérances; le mûrier, dont la feuille a une valeur si considérable, eu
égard aux autres régions, et le système Pasteur, ont fait prospérer dans ces der-
nières années la sériciculture; mais, dit M. Labau, les petites éducations ont
adopté partout la sélection des graines et diminué d'autant l'industrie du Rous-
sillon.
Abandonnant le Tech dont une partie des eaux se perd dans des couches
sablonneuses et qui, par ses dérivations, va fertiliser Maureillas, Saint-Grcnis,
Palan del Yidre, dont les terres ont doublé de valeur par le canal des Albères;
montant sur ces hauteurs auxquelles le Ganigou sert d'appui, nous laissons der-
rière nous ces grandes montaones, pays d'élevage au haut desquelles sont les
lieux de transhumance pour l'été. Pauvres du côté de Prats-de-Mollo, plus ou
moins fertiles depuis Prats-de-Mollo jusqu'en Ariège, très riches du côté de
Prades et dOlette à Mosset, à Urbanya, comme à Mantet, Evol, où vivent des
1. La France du dix-huitième siècle s'est occupée de ces arbres résineux, c'est à elle que l'on doit
l'introduction de quelques-uns d'entre eux par les Duhamel, les Fenil de Varennes, et personne
n'ignora les services qu'ils ont rendus avec Brémontier sur les dunes ou bien dans l'intérieur des
Landes et delà Sologne: les services qu'ils rendent à la malheureusa population duCapcir!
Malheureusement cette question des reboisements se heurte à celle des communaux.
Nous n'avons pas besoin de bois, disent les communes, c'est de l'herbe qu'il nous faut, comme
on disait dans les Alpes au rapport de M. de la Grye, conservateur des forêts, comme on disait dans
les Landes où une brejais pouvait bien valoir de 4 à 5 francs, il y a trente ans, et où la valeur des
terres est montée depuis, de 3 à plus de mille francs l'hectare par la plantation.
Cependant l'herbe ne favorise pas la création de ces sources si utiles à la plaine, de ces sources
que l'on a vu disparaître et revenir avec les déboisements et les reboisements, et elle n'amène le
plus souvent, par sa rareté sur la montagne, qu'une privation pour le bétail, au dire des plus
experts. Elle n'abrite pas enfin ces cultures arbustives si souvent compromises par les gelées et
sur lesquelles reposent le véritable avenir et la fortune du Midi.
Les Cévennes et les Alpes protcyaient autrefois nos régions; les bois étaient en tel excès sous
Charles IX 'lue, disent les chroniques de Provence, on fat obligé de faire couper une grande
quantité d'arbres sur sa route pour permettre à son carrosse de passer.
On a accusé la Révolution; or, la première gelée qui ait tué nos oliviers et nos mûriers date
de 1709; vinrent ensuite les gelées successives de 1746-1789 et dans cette période les parlements
firent entendre bien souvent leurs doléances contre les déboisements que notre siècle lui-même a
continués en 181o, 1830, 1848, 18b2, au point de restreindre de moitié la réserve forestière de 1792
qui étiit de l,70i!,C00 hectares au dire de M. de Nast.
Aujourd'hui et partout s'etl'ectuent des reboisements confiés à cette grande et belle administra-
tion forestière qui ne lutte que trop souvent contre le mauvais vouloir intéressé des uns et 1 igno-
rance des autres. Les particuliers reboisent aussi, mais faudrait-il avoir pour les bois quelque
chose de ce respect que j'ni entendu réclamer bien souvent dans ce département, de ce respect
qui fut si graad chez des peuples très avancés en agriculture qu'il allait jusqu'à la superstition,
et superstition ici veut dire religion tutélaire des intérêts! Faudrait-il encore pour encourager les
plantations, réprimer les dévastations, permettra le pâturage des bois défensables, concilier ainsi
les intérêts de la plaine et de la montagne.
LA PRIME d'honneur DES PYRÉNÉES-ORIENTALES. 251
bœufs, chevaux, moutons venus de tous les environs et de l'Espagne. Les moutons
du' pays viendront en général dans les plaines de Prades, d'IU, de Vinça, de
Thuir ou de Millas, où la valeur des terres s'élève de 7,00J à 8,000 fr. ou à
Sahore et Vernet-les-Bains; mais les moutons du Gapcir iront dans les basses
Aspres, à Canet, pays des prés salés et des blés renommés, à Alénya, Elne et
Argelès, et ils trouveront là une nouri-iture moins forte, mais certainement plus
hygiénique.
Ces montagnes, pays d'élevage, cachent à nos yeux le Gapcir, la Gerdagne,
Mont-Louis, si curieux, si intéressants à visiter, régions présentant les mêmes
contrastes que le Roussillon, et dont je voudrais parler, et puis les fruitières de
Formiguièces et de Llagone; Fontpédrouse, population à part et malheureuse,
Olette, enfin, où commencent encore de ce côté, comme à Arles, l'olivier et la
vigne.
Mais les hauteurs où nous sommes olfrent le plus beau panorama. Elles sont
comme le fond d'un vaste amphithéâtre, s'inclinant par des pentes mamelonnées
vers la mer, ayant pour galeries latérales les Gorbières et les Albères, le Tech et
la Tet, et pour scène la mer avec ses pêcheries de Bircarès et de Banyuls dont
les produits diffèrent, et ses navires transportant les richesses du Roussillon.
Vers les Albères, à droite, s'accoudent : le micocoulier^ ce représentant d'une
petite industrie mais digne d'intérêt, absolument vaincu et perdu dans sa lutte
inégale avec l'Italie.
Le chèae-liège qui combat avec les produits du Portugal et de l'Algérie, deman-
dant à ces pays les 2/3 nécessaires à sa fabrication, mais qui résiste.
L'olivier qui succombe et dont s'empare l'Australie riche en laine, alors que
l'Amérique cherche en perfectionnant nos méthodes de tabrication à l'introduire
à côté de ses maïs, de ses biés, de ses bœufs
Les vieilles vignes de Collioures atteintes par un nouvel insecte, le Vesperus,
trouvé par M Oliver.
Les vignes récentes de Banyuls, Port-Vendres et-Gosperons, remarquables comme
les précédentes par leurs grenaches, mais dont la réputation a été jadis considé-
rable aux Etats-Unis avec le Burgondy, port comparable aux vins de Constance.
Et enfin de-s essais d'acchmatation du Ramié introduit de Rio-Janeiro en 1868,
par M. Palms Bohé, un ancien lauréat de nos concours.
G'est là, vers les Albères et devant nous, au Boulon, à Tressère, à Brouilla, à
Ortaffa, Thuir, Ponteilla, Sainte-Golombe, au mas Deu, jusqu'à la mer, à Ganet,
à Alénya, dans cette région en partie faiblement arrosée, et surtout aride et sèche,
dans ces aspres, en un mot, que nous allons quitter et qui méritent au plus haut
degré nos sympathies, que régnait en maîtresse, il y a trente ans, la culture pa-
triarcale avec ses propriétaires s'associant à leurs fermiers dans un égal amour
pour l'agriculture; que régnait la culture à métayage, jachère, blé, avec ses trans-
humances d hiver, vesces et orge sur les hauteurs, lupin et trèfle incarnat dans
les bas-fonds, avec ses forêts d'oliviers mesurant alors la richesse des propriétés,
avec ses blés renommés, ses mérinos améliorés par Grilbert.
G'est ici qu'aujourd'hui la vigne renversant l'olivier providentiel pour les aspres,
renversant la culture et son bétail, vient demander asile au Roussillon, l'obtenir
presque sans partage et donner en échange ses richesses.
Puisse la vigne nouvelle se régénérer au contact des vignobles justement célèbres
de ce pays, ou puisse plutôt la Providence la faire triompher de ce fléau qui a
ruiné la Provence et une partie du Languedoc, sans décourager les vrais amis de
l'agriculture I
S 2.
Sur les bords de la Tet où nous arrivons, rien n'est beau comme cette végéta-
tion luxuriante des cultures : les assolements remarquables donnent jusqu'à cinq
récoltes en deux ans. G'est ce qui faisait dire à Arthur Young que cette vallée était
d'une remarquable fertilité. Les maïs et les bœufs sont les deux agents princi-
paux de la fertilisation. En fait d'instruments, c'est le dental qui domine. Les
arbres fruitiers abondent en variétés différentes de la montagne. Ces variétés sont
dues aux meilleures greffes, chez M. Robin, pépiniériste : tels l'abricotier rouge
'hâtif, le cerisier Saint-Georges, le pommier Fenouillet, le poirier beurré Glergeau;
mais en présence d'une végétation si riche d'éclat, l'esprit reste confondu; au-
cun arbre n'est taillé dans les jardins, c'est l'excès opposé de ce qui a lieu pour
l'olivier mutilé. De Perpignan à Pézilla l'eau coule à pleins bords des fossés d'ar-
252 LA PRIME d'honneur DES PYRÉNÉES-ORIENTALES.
rosage. L'asperge de Montreuil et l'artichaut renouvelé tous les ans, à côté des
melons et des tomates échalassées, attirent notre attention.
M. Malègue. — M. Malèfi;iie que nous rencontrons à Pézilla de la rivière, sur
les bords de la Tet ; M. Malègue, que tout le monde ici connaît de réputation^
était bien jeune encore quand il prit en mains, vers 1853, par considérations de
famille, l'héritage paternel, et qu'il osa se charger, à titre de fermier, au prix de
200 francs l'hectare, des deux parts revenant à ses deux sœurs.
Le domaine de 55 hectares qu'il allait diriger, n'avait rien qui put séduire un
jeune homme étranger jusque-là aux choses de l'agriculture. Les bâtiments de
ferme situés dans le village même de Pézilla, loin du centre de l'exploitation,
étaient dans un état déploi'able et les terres dispersées y formaient deux divisions
très éloignées l'une de l'autre.
Sur l'une de ces divisions, dans les Grarrigues, à 2 ou 3 kilomètres, les vignes
se mouraient sous l'atteinte de l'oïdium ; sur l'autre, tout près de Pézilla, les
terres de valeur et soumises à l'arrosage se trouvaient épuisées par les fermiers
sortants.
Restituer aux terres de valeur leur ancienne fertilité, sauver les vignes des
coteaux et établir une étroite solidarité entre ces deux cultures si éloignées en les
faisant prospérer l'une par l'autre, voilà quel fut le plan du jeune agriculteur.
Deux voies s'ofl'raient à lui : l'une qui lui permettrait de réaliser les améliora-
tions avec le temps et l'économie, en laissant prédominer la force productive du
sol, l'autre de marcher plus vite en soumettant cette force productive à celle des
capitaux. Cette dernière voie était évidemment la plus conforme aux conditions
économiques de sa ferme située près d'un grand centre, Perpignan,... jouissant
de l'arrosage, d'une main-d'œuvre suffisante et ayant une valeur locative
élevée.
M, Malègue emprunta de l'argent, chose critique en agriculture; il acheta son
matériel d'exploitation.... On le vît dès lors baser sa culture sur le labourage et
le pâturage, selon l'expression du grand Sully, ou, si l'on préfère, sur la culture
et les bestiaux, principe de la fécondité des terres.
On le vît créer des prairies artificielles, nom que leur avait donné le maître en-
seignant du grand ministre, et distiller la betterave, cette plante précieuse dans
laquelle Olivier de Serres enfin, avait reconnu le premier la présence du sucre.
Pour mieux utiliser ses fourrages, se livrer à l'élevage des races précoces, des
Durhams, des Gharollais qu'il avait remarqués dans les concours ;
Et, finalement améliorer ou replanter ses vignes des coteaux, recevant partout
sur sa ferme, dans les concours régionaux, et auprès des hommes entendus, les
éloges les plus mérités, les récompenses les plus flatteuses.
Combien ne sommes -nous pas déjà loin des fermes de la montagne qui, dans
leurs conditions, tout autant que la ferme de M. Malègue, suivent les principes
de la raison d'être en conservant la jachère et le bétail de parcours, et non la
routine, mot impropre et dont on abuse trop souvent?
Eq 1868, obligé de restreindre sa culture par suite de maladie, M. Malègue
abandonne en partie l'élève de la race bovine et se met dans le mouvementqui,
après les traités de 1860, portait le Midi vers une plus grande extension de la vigne,
vers la spéciaUsation de la culture arbustive.
Le phylloxéra venait d'être découvert, la guerre allait avoir Heu. Sacs la
guerre et le phylloxéra nous devions tous nous enrichir!
Examinons tout d'abord la culture arable pour parler ensuite de la vigne :
Dans cette deuxième période, la culture arable restreinte sera toujours néan-
moins le pivot de l'exploitation. Elle sera soumise dans ce but à un assolenient
triennal très intensif dans lequel figureront sur 7 hectares : les racines, l'avoine,
le blé, avec cultures dérobées de maïs-fourrage, de seigle en vert, de turneps, qui
doubleront ainsi la surface cultivée en plantes épuisantes ; naais, sur 4 hectares
en dehors de l'assolement, seront établies des prairies artificielles et naturelles,
La production sera presqu'en entier fourragère, la culture vivra par le bétail
d'engrais acheté et renouvelé tous les ans,
M. Malègue obtiendra, d'après nos calculs, 145,000 kilog. de fourrages
ramenés comme appréciation nutritive au foin de pré !
L'emploi d'un outillage perfectionné, coupe-racines, concasseur de tourteaux, •
charrues à versoir, charrues défonceuses qui font un moment oublier l'adage du
vieux Gaton sur le dental si répandu dans les Pyrénées-Orientales ;
Des bâtiments remis à neuf et un bétail choisi dans les foires de l'Aude ou de
LA PRIME D'HONNEUR DES PYRÉNÉES-ORIENTALES. 253
l'Ariège en connaisseur qui a fait ses preuves et qui pense peut-être que le bétail
précoce n'a pas été sérieusement expérimenté ;
Une culture très serrée, des fumures abondantes, et, notons ce fait : un
ari'osage bien disposé et bien dépensé non pas seulement pour apporter la
fraîcheur nécessaire, mais pour préparer la terre à la semence ou l'enrichir par le
limon et concourir dans une mesure bien établie à une décomposition propor-
tionnée aux besoins des plantes, — tel est le caractère essentiel de la culture
arable de M. Malègue.
Si théoriquement et pratiquement, d'après mes calculs, cette culture ne se
soutient pas par elle-même, et je n'hésite pas à le dire à M. Malègue, il faut
l'attribuer surtout aux exigences de la culture intensive à laquelle nous devons
comme compensation le développement des engrais artificiels, l'utilisation des
matières organiques autrefois perdues, l'emploi de substances minérales laissées
inertes dans nos gisements.
Mais la ferme de M. Malègue est du moins comme un laboratoire très remar-
quable où, à l'aide d'engrais achetés, de détritus de maïs ou d'autres substances
manipulés ensemble, notre concurrent obtient encore 73,000 kilog. de fumier,
qui, s'ajoutant à celui produit directement par les animaux, forment les 300,000
qu'il applique et quiiui sont nécessaires.
Si nous examinons les rendements, nous trouvons que dans les cinq dernières
années delà comptabilité, le blé a rapporté 27 hectolitres à l'hectare. Ce ^rende-
ment donne l'idée des autres cultures.
C'est la meilleure preuve que l'exploitation est bien pourvue d'engrais ; que les
bonnes terre^ ont repris leur fertilité; qu'elles peuvent sur une faible étendue,
entreteûir un bétail nécessaire aux vignes en assurant à ces dernières comme à la
culture arable, une bonne répartition dans le travail. Ainsi se trouve atteint
le but poursuivi.
En vain M. Malègue aurait-il cherché à aller plus loin, à soutenir avec le
fumier de la culture arable la culture de la vigne qu'il nous reste à signaler :
Le sol des vignes dans le Roussillon n'est pas toujours propice aux gros rende-
ments, car il n'est souvent constitué que par la roche fendillée sous une couche de
terre peu épaisse et c'est à travers les fissures des rochers que les racines vont
chercher leur subsistance et la fraîcheur, ou par une couche de terre plus ou moins
profonde reposant sur le tuf et desséchée. *
Les vignes, en raison de ces faits, sont taillées le plus souvent sur un nombre
de portants restreints et sur un seul œil; on les prive des soins de la taille d'été
et cette force ainsi perdue pourrait être utilisée au profit de la bonne végétation.
Le vin qu'un heureux cKmat favorise, au contraire, estgénéreux et solide en générai
contre les altérations. Il gagne en vieiUissant. Tantôt il sert aux coupages, tels les
vins de Brouilla et de Rivesaltes dont quelques-uns atteignent 17 et 18° et tantôt
à ces vins de liqueur si connus.
M. Malègue a porté l'étendue de ses vignes de 23 à 34 hectares. Il a défoncé,
dans ce but, 1 1 hectares de terres profondes, excellentes en qualité ; il taille à
deux yeux, nettoie, ouvre et charpente bien ses souches, mais ne tient pas assez
compte de la taille d'été. La végétation de ses vignes de la plaine est remarquable.
En présence du phylloxéra, M. Malègue s'est rendu adjudicataire des fumiers
de la gendarmerie de Perpignan. Il avait essayé jusque-là de divers engrais
commerciaux. Le grenache et le carignan forment le fond de ses plantations. Il
soutire ses vins secs moins alcooliques de la plaine à l'abri de l'air, et ses vins des
garrigues dans les conditions contraires, parce que ces derniers dont il fait des
vins de liqueur, contenant plus d'acool, sont plus résistants à l'altération.
Ce principe chez lui découle de l'observation que les vins vieux ayant de la
valeur alcoolique gagnent en bouquet par l'oxydation des matières organiques.
Et c'est ainsi que M. Malè,^ue que nous avons vu distiller la iûetterave, faire
l'élevage du bétail perfectionné, viser à la plus haute production des récoltes par
la fumure, comme si les voies ordinaires ne suffisaient pas à son activité, fait
aujourd'hui de l'industrie avec ses vins de liqueur et obtint pour récompense la,
médaille d'or à l'Exposition universelle de 1878.
Mais que va devenir cette branche importante de son exploitation ?
Il a déjà pris ses mesures : il se prépare d'un côté à la submersion, il sème des
plants américains qu'il greffe, il fait delà culture maraîchère, s'associe des ouvriers
et ensile ses maïs en attendant l'orage.
Son capital engagé était de 270 fr. par hectare en 1855, il monte à 390 en 1858;
25^ LA PRIME D'HONNEUR DES PYRÉNÉES-ORIENTALES.
Au dernier exercice, son capital s'est élevé de 3,500 par hectare, il a eu un
bénéfice, en chiffre rond, de 24,000 fr.
M. Malègue a rendu depuis longtemps l'argent qu'il avait emprunté et fait sa
culture florissante. Il compte désormais parmi les agriculteurs dont le département
doit être fier.
La Commission, en donnant une médaille d'or grand module à M. Malègue,
regrette de n'avoir pu lui accorder une plus haute récompense dans la première
catégorie des prix culturaux, car elle a envisagé M. Malègue plutôt comme pro-
priétaire que comme fermier, la dernière partie de son exploitation étant la
moins importante.
{La suite prochainement.) Emile Mourret.
LA PRETENDUE RAGE DE LOURDES
Dans notre récente excursion du sud-ouest, dont les lecteurs de ce
journal ont été entretenus à propos des chevaux de la plaine de
Tarbes, nous avons eu l'occasion d'étudier aussi en détail la popula-
tion bovine des Hautes-Pyrénées et de vérifier certaines affirmations
persistantes, relatives à son origine et à son exploitation. Comme
celles qui concernent la caractéristique de cette population sont
contradictoires de la description que j'en ai donnée dans le Traité de
zootechnie, et comme, en outre, cela touche l'une des bases fondamen-
tales de notre science, il me sera permis de les discuter. En même temps,
je dirai quelques mots des tentatives qui sont laites, avec l'encourage-
ment de l'administration, pour changer les habitudes des exploitants,
à l'égard du parti qu'ils tirent depuis longtemps des produits de leurs
animaux.
Après avoir parcouru le pays, depuis Tarbes jusqu'à Saint-Sauveur,
on se demande d'abord en vertu de quelle considération le nom de
Lourdes, devenu si célèbre depuis, a été choisi officiellement pour
désigner la population bovine en question. L'auteur qui, le premier,
en a parlé et l'a ainsi baptisée, ou pour mieux dire a été son parrain,
n'a été coupable que d'information insuffisante. Nous n'avons pas à
lui chercher querelle. Il n'avait sans doute pas poussé ses investiga-
tions au delà de la bourgade oîi vont maintenant les pèlerins. Mais
lorsqu'il s'est agi de cataloguer administrativement la prétendue race,
on aurait dû y regarder de plus près. Une désignation si restrictive
soulève dans les Pyrénées des protestations dont nous avons été entre-
tenus, et ces protestations sont fondées. La vérité est que la population
bovine dont il s'agit s'étend, depuis un temps auquel il serait difficile
de remonter en se fondant sur des documents certains, à toute la
grande vallée qui comprend à la fois Lourdes et Argelès. Cette dernière
ville avait autant de droits, sinon plus, en raison de son importance,
à donner son nom à la prétendue race; mais pour mettre tout le
monde d'accord en ménageant les susceptibilités, il eût mieux valu
choisir celui de la vallée.
Toutes les terres de cette remarquable vallée, qui produit surtout
du maïs, sont en effet cultivées avec des vaches dont l'uniformité de
caractères frappe le regard dès le premier aspect. Le nom sous lequel
elles sont connues évoque dans l'esprit du public l'idée de ce qu'on appelle
encore communément une race laitière. Si ces vaches sont en fait
exploitées pour leur lait, la production de celui-ci n'est point leur
fonction principale. Leur rôle économique prédominant est de fournir
la force motrice nécessaire pour cultiver le sol. Dans la vallée il n'y a
point de bœufs. La population se compose de femelles de différents
LA PRÉTEiNDUE RAGE DE LOURDES. 255
âges et du petit nombre de taureaux nécessaires pour les féconder. Les
veaux mâles sont presque tous sacrifiés. La laiterie est donc l'acces-
soire. Et il ne faut point de bien longues réflexions pour le comprendre,
étant donné le système de culture, commandé par la nature du sol et
par les conditions météorologiques.
D'après un renseignement qui nous a été donné par M. Laborde,
vétérinaire distingué à Argelès, et à l'amabilité obligeante duquel nous
nous sommes déjà plu à rendre hommage, le rendement annuel des
vaches des environs d'Argelès et de Lourdes n'irait pas au delà de
douze à quatorze cents litres. Etant donné leur poids vif, qui ne
descend guère au-dessous de quatre cents kilogrammes, on voit que
c'est en somme une faible aptitude. Toutefois, comme la population
est très nombreuse, il ne se vend pas moins chaque mardi, sur le
marché d'Argelès. de 2,000 à 2,500 kilogrammes de beurre. Il convient
de retenir ce fait intéressant, qui nous servira tout à l'heure de base
pour apprécier la valeur économique des efforts qui sont faits pour
détourner les cultivateurs pyrénéens de leur industrie habituelle.
Auparavant il nous faut examiner le côté zoologique de la question
que nous avons voulu traiter aujourd'hui.
Dans la classification des races bovines de l'ancien continent, substi-
tuée aux désignations empiriques, si confuses généralement, admises
par les éleveurs et sanctionnées, en ce qui concerne la France, par les
catalogues des concours régionaux et généraux, nous avons rattaché
la prétendue race lourdaise à sa souche naturelle, qui est celle de la
race d'Aquitaine. Elle serait, d'après cette classification, l'une des
variétés de ladite race, avec l'agenaise, la garonnaise et la limousine,
dont elle différerait seulement par un développement moindre et par
une aptitude laitière plus prononcée.
Un auteur local, dans une brochure publiée il y a quelques années
et qui contient d'ailleurs des détails intéressants, a cru pouvoir con-
tester l'origine ainsi attribuée à la population bovine de la vallée
d'Argelès. Sans discuter les bases zoologiques de notre détermination,
il s'est appuyé, pour soutenir sa thèse, sur des considérations histo--
riques qui n'avaient toutefois point, laissé de nous impressionner.
N'ayant jusqu'alors connaissance de la population lourdaise que par
les sujets exposés dans les concours de la région, sujets d'élite et choi-
sis nécessairement, il se pouvait, que considérée dans son ensemble,
cette population présentât en effet des signes attestant les origines
diverses qui lui étaient attribuées par notre auteur. Cela n'eût pas été
suffisant pour justifier son opinion relative à la formation, avec le
temps, d'une race distincte de ses voisines du Béarn, de la Gascogne
et de la Guyenne, mais il eût fallu ranger la population au nombre des
métisses en état de variation désordonnée, au lieu de continuer de la
reconnaître comme formant une simple variété de la race d'Aqui-
taine. Aussi est-ce principalement pour acquérir une notion nette et
définitive à cet égard, que, dans la discussion du programme de notre
excursion du sud-ouest, j'ai insisté pour que la vallée d'Argelès fût
comprise au nombre des localités à visiter.
Le nombreux bétail que nous avons pu voir dans les étables et
dans les champs, depuis la plaine de Tarbes jusqu'à l'extrémité de la
vallée qui commence aux environs de Lourdes, la belle collection
exposée ensuite au concours d'Auch, ne nous ont laissé aucun doute
256 LA PRÉTENDUE RACE DE LOURDES.
sur la question controversée. Il a été évident pour nous que la con-
testation de l'auteur auquel je viens de faire allusion ne s'appuyait sur
absolument rien de solide. C'est une œuvre de pure imagination,
comme il s'en écrit tant sur ces matières, dont les bases scientifiques
sont encore si peu répandues. L'identité du type zoologique de la race
qui peuple les localités visitées a frappé le moins attentif de nos élèves.
Partout nous avons reconnu à première vue les caractères spécifiques
et les caractères zootechniques généraux de la race d'Aquitaine, sans
aucu'ne trace d'un mélange quelconque. La population bovine des val-
lées de Lourdes et d'Argelès s'est montrée d'une pureté immaculée.
Pas un seul individu qui, avec l'indice céphalique, les formes fron-
tales, le cornage et les formes faciales du type aquitain, n'eût en même
temps le teint blond, le pelage froment clair appartenant à sa race.
Au concours d'Aucli, où quarante-sept individus, exposés dans la
catégorie ouverte à la prétendue race de Lourdes, figuraient à côté d'un
nombre à peu près égal de Garonnais, la comparaison était facile. Nos
élèves ont pu bien voir, par la synthèse ainsi que par l'analyse des
caractères, que les premiers ne représentaient point autre chose que
des réductions des derniers, comme on dit en statuaire. Les lourdais
sont des petits garonnais, ou ceux-ci des grands lourdais, comme on
voudra. Il est clair que les uns et les autres ont le squelette construit
sur un seul et même type, qu'ils constituent conséquemment deux variétés
d'une même race, étant issus d'un même couple primitif. 11 n'y a donc
rien à changer à la détermination d'après laquelle notre classification
a été établie.
J'ajouterai seulement, puisque l'occasion m'en est offerte, que la
variété dite de Lourdes compte maintenant quelques familles chez les-
quelles on observe une remarquable correction de formes. Nous en
avons examiné une notamment à Momères, dans la plaine deTarbes,
chez M. Omer-Mailhes, qui est un éleveur distingué et fort éclairé.
Elle se compose de sujets d'une finesse très grande, qui ont valu du
reste à cet éleveur le prix d'ensemble au concours d'Auch. C'est un
des nombreux exemples de ce qu'on peut obtenir, avec nos races fran-
çaises quelconques, par l'application intelligente des méthodes zootech-
niques. Les faits de ce genre, maintenant si multipliés partout, devraient
pourtant bien ouvrir les yeux de nos anglomanes. Mais le propre des
doctrines exclusives n'est-il pas d'obscurcir la faculté d'observation?
Arrivons maintenant à la question économique que nous voulons
examiner.
On a vu que, d'après les habitudes locales, la population bovine des
vallées pyrénéennes dont il s'agit, se compose presque exclusivement
de vaches employées aux travaux de culture et aux charrois, et produi-
sant en outre du lait traité pour l'extraction du beurre. C'est le système
du Limousin, sauf que dans la Haute- Vienne l'exploitation de la force
motrice des vaches est combinée avec la production du jeune bétail. En
Limousin, le lait des vaches nourrit les veaux au lieu de produire du
beurre.
Les auteurs empiriques, se qualifiant de praticiens et nous traitant
volontiers, nous autres, de théoriciens absolus, s'élèvent contre ces
pratiques et n'ont pas assez d'anathèmes contre la coutume de faire
travailler les vaches. Ils ont parfaitement tort. C'est qu'il ne leur est
jamais arrivé, vraisemblablement, de faire le compte détaillé, d'après
LA PRÉTENDUE RACE DE LOURDES. 257
la bonne méthode, d'une métairie limousine ou d'une petite propriété
pyrénéenne. Sans cela ils n'auraient pu manquer de constater les avan-
tages du mode d'exploitation que le bon sens des populations y a fait
établir. Ce sont eux qui sont bien vérilablement absolus et exclusifs, et
non pas nous^ si ce n'est à l'égard de notre critérium zootechnique,
qui est, dans tous les cas, le bénéfice ou le profit.
Le progrès, ici, ne consisterait point à cesser de faire travailler les va-
ches, sous prétexte d'en obtenir plus de lait pour le baratter ou pour nour-
rir les veaux. Le surplus obtenu serait loin de compenser les frais d'en-
tretien des animaux chargés d'accomplir leur besogne, bœufs ou autres.
Pour le réaliser, sans changer de système, il suffirait d'exiger de cha-
que vache en particulier une moindre somme de travail, en augmen-
tant le nombre des bêtes nourries, et de les renouveler plus souvent,
c'est-à-dire de produire annuellement sur la même surface cultivée,
plus de matière transformée en arj^ent, sans supprimer aucune des
fonctions économiques du bétail entretenu. C'est là une des lois de la
zootechnie scientifique, dont la pratique éclairée fournit chaque jour
la confirmation.
Sous l'empire de considérations que nous n'avons point à exami-
ner, cela sortant de notre compétence spéciale, l'administration fores-
tière a imaginé de pousser, en faisant intervenir le budget de l'Etat, à
l'établissement de fruitières dans les Pyrénées, dont le but serait d'en
faire disparaître les moutons et de les remplacer par des bêtes bovines.
Nous avons eu sous les yeux, à cet égard, quelques documents offi-
ciels, et nous avons recueilli des renseignements qui, en dehors du
point de vue zootechnique, absolument négligé par les fonctionnaires
qui se sont le plus occupés du sujet, seraient loin de nous porter à
acquiescer à la réforme si ardemment poursuivie. Nulle part, d'abord,
l'industrie fromagère n'a pu lutter avantageusement contre une indus-
trie beurrière établie. Nulle part non plus il n'a été admissible que des
montagnes difficiles à engazonner fussent propres à nourrir des vaches
laitières. En outre, nous possédons un compte tiré d'un rapport fait
sur une fruitière administrative des Pyrénées, duquel il résulte que
51 vaches ont fourni, du 2i mai au 28 septembre (durée du temps de
pâturage en montagne), 13,070 lit. 50 c. de lait, ce qui fait 256 litres
pour chacune. On évalue ce lait à 0 fr. 13 le litre, ce qui fait pour une
vache un produit brut de 33 fr. 28. Où la vache s'est nourrie, '15 bre-
bis des Pyrénées eussent vécu et eussent donné au moins 800 litres de
lait qui, à valeur égale par litre, feraient un produit de 104fr. Etnunc
erudimini ! A. Sa>soiv,
Professeur de zoologie et zootechnie à l'Ecole nationale
deGrignon et à l'Institut national agronomique.
DROIT RURAL
BÊTES FAUVES. — POURSUITE. — TRANSPORT,
Le propriétaire, possesseur ou fermier, a le droit de s'embusquer pour
détruire les bêtes fauves qui causent des dégâts à sa propriété (Leblond,
Code de la chasse, t. L n" 158 et s. ; ViJlequez, du Droit de destruc-
tion, n" 69; de Neyremand, Quest. dédiasse, p. 58).
Un arrêt de Metz du 28 nov. 1867 (Dali. 68. 2. 123) a même jugé
que le propriétaire pourrait se placer sur un terrain voisin de son
champ et s'y embusquer à l'avance avec une arme à feu, lorsque le
258 DROIT RURAL. — BÊTES FAUVES.
danger est imminent. En effet, d'après cette décision, les dispositions
de l'art. 9, § 3 de la loi du 3 mai 1844, sur la police de la chasse, doi-
vent être entendues dans le sens où elles peuvent être efficaces, plutôt
que dans celui où la protection qu'elles accordent au propriétaire ou
fermier ne serait qu'illusoire. Or cette protection, qui découle du prin-
cipe de la légitime défense, serait presque toujours sans effet si le pro-
priétaire ou fermier n'avait le droit de s'armer qu'au moment où les
animaux malfaisants seraient dans son champ et y exerceraient leurs
ravages. Il faut admettre, au contraire, que la loi lui donne le droit de
prendre des précautions à l'avance, et, par conséquent, de s'armer à
l'avance, lorsque le danger est imminent. Comme conséquence néces-
saire de ce premier droit, le propriétaire ou fermier doit avoir celui de
s'embusquer, soit dans son champ, soit dans un champ voisin, pour
voir arriver la bête fauve sans en être vu et la repousser alors avec son
arme à feu ou même la détruire.
Mais cette jurisprudence de la cour de Metz n'est pas suivie. Les au-
teurs la critiquent (V. Leblond, loc. cit. Jullemier, des procès de chasse
p. 100), et lui préfèrent celle de la cour d'Orléans qui, dans un arrêt
du 2G octobre 1858 (Dali. 59. 2. 9), a décidé que le droit pour le pro-
priétaire de repousser ou détruire, même avec armes à feu, les bêtes
fauves qui portent dommage à ses propriétés, ne peut être exercé que
sur ses terres, et, par suite, ne lui donne pas la faculté d'envoyer
guetter, dans une propriété d'autrui (une forêt domaniale, notamment),
sans se conformer aux conditions imposées à l'exercice de la chasse,
les bêtes fauves des incursions desquelles il aurait à se plaindre.
Telle est, au surplus, la jurisprudence de la Cour de cassation
(Crim. rej. 13 avril 1865, Dali. 65. 1. 196), qui va même plus loin,
et décide, dans un arrêt de rejet de la chambre criminelle du 29 avril
1858 (Dali. 58, 1, 289), que, même sur son propre terrain, le proprié-
taire ne peut se livrer, à l'égard des bêtes fauves, qu'à des actes d'ex-
pulsion ou de destruction commandés par la nécessité de faire cesser
un dommage à sa propriété, et qu'il ne peut invoquer ce droit pour
couvrir de véritables faits de chasse accomplis, sans justification de
l'existence d'un dommage, dans une propriété ne remplissant pas les
conditions de clôture ou d'attenance indiquées par l'art. 2 de la loi de
1844.
Au reste, comme le fait observer Dalloz, s'il est vrai que ce droit de
simple défense soit en certains cas insuffisant, le propriétaire peut,
outre le secours que, dans les circonstances graves, il obtiendrait de
l'exécution des règlements sur la louveterie, contraindre le propriétaire
de la forêt voisine à lui laisser détruire, chez lui, le gibier ou les ani-
maux nuisibles qui y sont fixés et qui viennent faire des incursions
dommageables dans ses récoltes (Trib. Rouen, 10 mars 1858; Dali.
58.3.73).
Bien plus, les auteurs sont d'accord pour reconnaître au propriétaire
le droit de poursuivre chez ses voisins, l'animal qui, repoussé par lui au
moment où il ravageait et attaquait sa propriété, a cherché dans la fuite un
moyen de salut, et alors même qu'il n'a pas encore été blessé (Leblond,
loc. cit. n° 159).
Plusieurs pensent même que le consentement de ce voisin n'est pas
nécessaire, puisqu'il s'agit d'une poursuite qui doit en définitive, leur
profiter aussi (Duvergier, 1844, p. 130; Giraudeau et Lelièvre, n" 587).
DROIT RURAL. — BÊTES FAUVES. 259
Mais cette dernière opinion ne paraît pas suivie; elle est combattue
par Leblond et parNeyremand (p. 62), qui estiment que, à cause du
respect dû à la propriété, le consentement du voisin est indispensable.
C'est d'ailleurs ce qui ressort d'un arrêt de cassation du 28 août
1868 (Dali. 68. 1. 510) qui décide que le chasseur excède son droit et
commet un délit si, le gibier n'étant que blessé, il tire sur lui, pour
l'achever, sur une propriété où il n'a pas la permission de chasser;
et, spécialement, qu'il y a délit dans le fait de chasseurs poursui-
vant un sanglier blessé, de l'avoir suivi, en dehors des terres où ils ont
le droit de chasse, dans un bois où ils l'ont trouvé en lutte sanglante
avec les chiens, et de l'avoir tué de plusieurs coups de fusil.
Il est vrai que, dans l'espèce visée par l'arrêt, le sanglier était chassé
et non poursuivi en vertu du droit de légitime défense; mais la solution
devrait, croyons-nous, être la même dans ce dernier cas, car le droit
de légitime défense consacré par la loi au profit du propriétaire, est
limité à la protection de ses récoltes et possessions contre un dommage
actuel ou imminent. Il cesse dès que le fait accompli prend le carac-
tère d'un fait de chasse; or lorsqu'au mépris de la défense du voisin
on poursuit sur ses terres une bête fauve dont les incursions ne sont
plus, momentanément du moins, à redouter, ce n'est plus pour se
défendre, mais pour tuer l'animal qu'on .se met à sa poursuite ; on
chasse ; on est donc sous le coup des dispositions du § 2 de l'art. 1 1 .
Que décider dans le cas où la bête, tuée légalement, est tombée sur le
terrain d'autrui ? Peut-on la transporter en tout temps, malgré les disposi-
tions de la loi relatives au transport et au colportage du gibier? (art. 4.)
Quand la bête tuée n'est pas un animal mangeable et ne rentre point
dans la catégorie du gibier, pas de doute possible, celui qui l'a détruite
a incontestablement le droit de la transporter et de l'envoyer où bon
lui semble.
L'art. 4 ne saurait être applicable aux animaux tels que les loups,
les renards, etc....
Le colportage en est donc permis en tout lieu et en tout temps, bien
que la destruction ait lieu après la clôture de la chasse, c'est-à-dire
dans un temps où le transport du gibier est prohibé. (Leblond, îoc.
cit. ; JuUemier, Ioc. cit.)
C'est ce qu'a jugé la cour de Riom dans un arrêt du 19 mai 1858
('Dali. 58. 1. 378), où il est dit qu'il résulte de l'art. 4 de la loi de
1844, que le législateur n'a entendu interdire que le colportage et la
vente des animaux qui ont le caractère de gibier, et qui sont suscep-
tibles de servir de nourriture à l'homme; que cette interdiction
n'atteint donc pas les animaux malfaisants et nuisibles qui ne peuvent
pas être mangés. Et la Cour de cassation appelée à statuer sur le pourvoi
formé contre cet arrêt, l'a rejeté par ce motif qu'il s'agit d'un droit de
légitime défense écrit dans la loi, non à titre de concession, mais
comme la reconnaissance d'un droit naturel qui n'est soumis à aucune
condition; que la loi n'a point autorisé les préfets à en réglementer
l'exercice; que dès lors, rien ne s'oppose à ce que le propriétaire qui
a détruit une bête fauve portant à sa chose un préjudice actuel, en
dispose comme bon lui semble, et par conséquent la vende ou l'expose
en vente. — Crim. rej. 23juill. 1858, Dali. ibid. — (V. dans ce sens
une circulaire du ministre des finances du 25 avril 1862; Técheney,
Guide du chasseur, p. 74.)
260 DROIT RURAL. — BÊTES FAUVES.
Si la bête rentre dans la catégorie du gibier, ne serait-il pas dérai-
sonnable, ainsi que le fait très justement remarquer M. Jullemier, que
cet animal, lésjaleraent tué, fût perdu pour l'amour du droit ?
Ce point; dit M. Leblond, semble d'ailleurs avoir été reconnu lors
de la discussion par M. Crémieux. Un député lui demandant ce que
l'on ferait de l'animal tué et s'il était permis de le vendre, il répondait
spirituellement : « Non, vous serez obligé de le manger ; vous l'avez
ainsi voulu. » C'est bien dire que le propriétaire a le droit de rapporter
cette pièce au logis, qui ne sera jamais fort éloigné de l'endroit où a
eu lieu la destruction. (Leblond, loc. cit.)
La cour de Rouen a décidé, dans ce sens, que si la prohibition du
colportage, au temps oi^i la chasse est fermée, s'applique même au
gibier que l'on a pu tirer sans contrevenir à la loi, cette prohibition, sai-
nement entendue, n'entraîne pour conséquence, ni l'obligation d'aban-
donner les animaux à l'endroit même où ils ont été tués, ni la défense
de consommer ceux qui peuvent servir à l'alimentation ; que ce que la
loi a voulu interdire, afin de fermer au braconnage le débouché de
ses produits, c'est le trafic et la circulation du gibier pendant le temps
où la chasse n'est pas permise. Mais on ne saurait considérer comme
constituant le colportage proprement dit, le fait de l'apport du gibier
dans la maison de celui qui l'a tué licitement, alors que, notamment,
cette maison est située à peu de distance de l'endroit où le gibier a
été frappé.
L'arrêt ajoute que, le décider ainsi, c'est appliquer, avec le tempé-
ramment commandé par la raison, le principe que les animaux, dé-
truits dans l'exercice du droit de défense de la propriété, doivent être
consommés surplace. (Rouen, 22 juin 1865; Gaz. trib.^ 9 juillet.)
La cour de Rouen pose, on le voit, à la fin de l'arrêt, un principe
qui ne paraît consacré ni par la doctrine, ni par la jurisprudence, mais
elle en fait, en somme, au moyen du « tempérament » qui a dicté sa
décision, une saine application.
Depuis, elle semble avoir rayé ce principe de sa jurisprudence, et
voici comment dans un arrêt récent (1 9 déc. 1 879, Le Droit du 4 janv.
^1880), elle a jugé d'une façon plus générale :
« La Cour :
«c Attendu qu'il résulte de l'instruction et des débats que X.... s'étant rendu
dans sa cour, le 27 octobre 1879, vers neuf heures du soir, muni d'un fusil dont
il s'était armé pour détruire les bHes fauves portant dommage à sa propriété, a
frappé mortellement un sanglier de deux coups de son arme ;
« Attendu que l'animal ainsi blessé, franchissant alors les limites de l'enclos de
X,.., a été mourir à quelques centaines de mètres de là sur un terrain appartenant
à autrui, et que c'est dans ces circonstances que le prévenu, qui d'ailleurs, avait
déposé auparavant son fusil dans sa propriété, a été chercher et enlever dans une
voiture, avec l'assistance' de plusieurs voisins, l'animal auquel il avait donné la
mort;
« Attendu que l'acte ainsi précisé ne constitue pas un fait de chasse réprimé
par la loi ;
ce Que le Tribunal à tort y a vu un délit, et que son jugement ne saurait être
maintenu ;
« Réformant.... »
Disons avec M. Leblond, en terminant, qu'il ne faut d'ailleurs
jamais oublier qu'ici il s'agit, non d'une chasse, ni d'un plaisir, mais
seulement de l'exercice d'un droit de légitime défense; comme tel, ce
droit, on l'a dit expressément devant les Chambres, permet de repous-
DROIT RURAL. — BÊTES FAUVES. ■ 261
ser en se défendant contre lui, l'animal sauvage qui préjudicie à la
propriété, mais, non de l'attaquer. Eug. Pouillet,
Avocat à ia cour de Paris.
NOUVELLES MACHINES DE M. ALBARET
Dans un précédent article, nous avons signalé quelques-unes des
nouvelles machines de la maison Albaret qui ont figuré dans les der-
niers concours régionaux, notamment à celui de Melun. Nous devons
continuer aujourd'hui cette revue.
La batteuse que représente la fi g. 1 7 diffère de celles actuellement
en usage dans beaucoup de ses organes; ce qui la caractérise, c'est
qu'elle ne possède pas de mouvement de va-et-vient. Elle bat en tra-
vers. Le contre-batteur est à jour et derrière se trouve une tôle per-
forée permettant à la poussière de s'échapper à l'opposé des lieurs.
La paille, en sortant du batteur, tombe sur les secoueurs à double
mouvement qui produit un secouage très énergique, et l'amène aux
lieurs, complètement débarrassée de tout grslin.
Ce secoueur est incliné et les lames à persiennes portent en dessous
des pointes ou griffes, lesquelles dans leur mouvement de rotation
viennentpasser tout près d'un panneau fixe parallèle aux secoueurs. Le
grain et les ôtons qui passent à travers le secoueur tombent sur ce
panneau fixe légèrement incliné et leur descente vers les tarares est
facilitée par les pointes placées sous les lames persiennes.
Les tarares ne sont pas munis de grilles animées d'un mouvement
de va-et-vient, mais ils possèdent à la place trois arbres à gorges dans
lesquelles se trouvent des peignes terminant deux plans inclinés où
descend le grain. La distance entre les arbres à gorges et les peignes
se règle à volonté. Les arbres se trouvent animés d'un mouvement de ro-
tation, et les plans inclinés des peignes reçoivent un léger mouvement
de trépidation dans le sensvertical, afin de faciliter la descente du grain.
La disposition est telle que le grain, pendant tout son parcours, est
soumis à l'action de l'air chassé par les ventilateurs. Le grain qui passe
entre les peignes et les arbres à gorges tombe sur une grille et se
rend dans le sac sous l'action d'une vis sans fin. Le grain léger et les
ôtons tombent dans un autre compartiment ; ils sont amenés dans un
élévateur au moyen d'une vis et sont remontés dans le tarare pour être
soumis à un nouveau vannage. Les ventilateurs possèdent un régula-
teur de vent de sorte que leur action est toujours la même, quelle
que soit la vitesse de la machine à battre.
Le grain sortant des tarares est monté dans un trieur extensible et
réductible au moyen d'une chaîne à godets.
Le trieur le divise en plusieurs qualités dans la proportion que l'on
désire. Le petit grain est reçu à part. — D'après cette courte descrip-
tion, il est facile de voir que les trémies et augets mobiles que possè-
dent toutes les batteuses sont supprimés et remplacés par un pan-
neau fixe qui sert en même temps à consolider toute la machine. Il en
résulte une grande simplicité, puisqu'il ne faut plus d'arbre coudé
avec bielles ou excentriques, ressorts, etc., commandant ces trémies ;
d'un autre côté, la batteuse est plus solide et sa stabilité en marche est
complète. Le débit de cette batteuse qui demande une force de 7 à
8 chevaux, est très important.
' La fig. î 8 représente le moulin agricole construit par la maison
262
NOUVELLES MACHINES DE L'USINE ALBARET.
Albaret, Le moulin proprement dit est formé d'un bâti en chêne sup-
portant tout le mécanisme. Les meules sont en pierre delà Ferté-sous-
Jouarre, d'excellente qualité; elles sont rayonnées. La commande est
transmise à la meule supérieure par Tintermédiaire de deux engrenages
à 45°, lesquels sont taillés. L'un possède des dents en bois afin d'as-
surer la douceur du mouvement. Un levier avec vis et volant permet
de régler l'écartement des meules comme dans les grands moulins
industriels.
La boulange, en sortant du moulin, est montée dans la bluteriepar
NOUVELLES MACHINES DE L'USINE ALBARET. 263
une chaîne à tasseaux. La farine est reçue dans un sac comme le fait
voir la gravure. Le son sort à l'extrémité de la bluterie. Les gruaux
et les recoupettes sont aussi reçus à part.
264 NOUVELLES MACHINES DE L'USINE ALBARET.
La bkiterie est montée sur le sol, près du moulin; il n'y a donc
aucun frais d'installation à faire.
Ce moulin aiiricole a obtenu le 1" prix (médaille d'or) au concours
régional de Melun. Le modèle qui s'y trouvait avait des meules de
I mètre et coûtait 1,700fr., avec la bluterie. La farine produite par ce
moulin était de première qualité. Le rendement était de 80 litres de
grainréduit en farine à l'heure. Le rendement de 100 litres peut même
être atteint lorsque les meules sont rhabillées depuis peu de temps.
M. Albaret construit des modèles plus forts ayant des meules de
r.20, r.30, r".40, r".50 de diamètre. Hoairy Sagmer.
ENCORE LA POMME DE TERRE CHAMPION
Il y a quelque temps, la Chambre des communes de l'Angleterre,
frappée des accidents économiques causés par la maladie des pommes
de terre, en Irlande et même en Angleterre, accidents qui rendent la
culture de ce tubercule si incertaine, et apportent dans l'alimentation
du peuple un trouble si profond, institua une Commission spéciale,
sélect Committee, composée de ses membres les plus compétents, pour
reconnaître d'abord la nature et les causes du fléau, et en même
temps recommander un remède pour en pallier, si possible, les dé-
sastreux résultats. Le rapport de cette Commission vient d'être publié.
II consiste en quarante-deux paragraphes que je vais résumer.
Le rapport commence par déclarer qu'il ressort clairement du té-
moignage des hommes de science interrogés par la Commission^
quelle est la nature de la maladie des pommes de terre. Il est reconnu
aujourd'hui que cette maladie consiste dans la croissance d'un cham-
pignon parasite lequel végète sur la plante et même à l'intérieur des
tiges et des tubercules. Pendant l'été, ce cryptogame, auquel on a
donné le nom technique de Peronospora infestans, se multiplie avec
une fécondité prodigieuse au moyen de spores-graines ; chaque cryp-
togame produisant des millions de ces spores, ce qui explique la rapi-
dité avec laquelle la maladie se développe dans un champ de pommes
de terre, lequel est bientôt envahi une fois que la maladie s'y est im-
plantée. Les autorités scientifiques consultées, conseillent de brûler
les fanes attaquées et la destruction des tubercules comme un expé-
dient utile. Mais toutes les personnes interrogées par la Commission
ont été unanimes pour recommander la production de nouvelles
variétés.
Les cultivateurs de pommes de terre les plus éminents et les plus
expérimentés ont tous déclaré que, d'après leur expérience, un grand
nombre d'anciennes variétés de pommes de terre ont disparu, étant
devenues complètement usées, et n'offrant plus aucune résistance à
la maladie. Pour établir une nouvelle variété, il ne faut pas moins de
quatre à six ans, et une fois que cette nouvelle variété est suffisam-
ment établie pour se distinguer par des caractères bien tranchés, elle
ne fait que s'améliorer par la culture, jusqu'à ce que, après un
certain temps d'immunité contre les atteintes de la maladie, cette
immunité finisse par disparaître. D'après le témoignage des cultivateurs
pratiques, une bonne variété avec une culture intelligente peut durer
vingt ans.
La pomme de terre Champion, observe le rapport, est un exemple
remarquable de cette immunité contre la maladie que l'on observe
ENCORE LA POMME DE TERRE CHAMPION. 265
dans certaines nouvelles variétés, mais il faut s'attendre à la voir, elle
aussi, dans un plus ou moins grand nombre d'années, succomber à son
tour aux atteintes du fléau et disparaître comme les autres.
Après avoir relaté tous les faits recueillis dans l'enquête, le rapport
continue comme suit :
Dans ces circonstances et d'après les faits ci-dessus exposés, il
résulte, comme conclusion pratique, que la recherche de nouvelles
variétés devra être entreprise soit par les cultivateurs en grand de la
pomme déterre agissant d'après un système combiné et sous la direction
de Sociétés d'agriculture, telles que les Sociétés royales de l'Angleterre et
d'Irlande et la Société d'Highlands d'Ecosse, soit par le gouvernement
lui-même. Comme jusqu'à présent, ces efforts d'initiative individuelle
n'ont produit que des résultats insignifiants, c'est au gouvernement
de prêter son aide, d'une manière officielle et effective, à la réalisation
de ce remède, unanimement reconnu comme le seul qui soit pratique
et efficace. La Commission est donc d'avis que des cultures expéri-
mentales pour créer et améliorer de nouvelles variétés de pommes de
terre, soient établies en Angleterre, en Ecosse et en Irlande. La ques-
tion de déterminer si ces cultures devront être placées sous le con-
trôle direct du gouvernement, est un point qui pourrait être avanta-
geusement considéré pour chaque pays. En ce qui regarde l'Irlande,
ce qu'il y aurait de mieux à faire, serait sans doute d'agrandir les
fermes existantes placées sous la direction du bureau agricole de la
Commission nationale, et d'appeler spécialement l'attention des* di-
recteurs,de ces fermes vers des recherches sur -la maladie de la
pomme de terre, la création, la sélection et l'établissement de nou-
velles variétés de pommes de terre. En Angleterre et en Ecosse, il
serait bon de consulter les principales Sociétés d'agriculture afin de
savoir, si à l'aide d'un subside, elles consentiraient à entreprendre le
travail nécessaire sous Finspection et le contrôle du gouvernement.
Dans le cas oi^i ces Sociétés refuseraient de se charger de ce soin, la
Commission est unanimement d'avis que le gouvernement nomme
pour chaque pays un inspecteur-directeur dont les fonctions seraient
de diriger les expériences nécessaires, dans le but d'obtenir de- nou-
velles variétés capables de résister à la maladie. A cet effet, on pour-
rail, soit choisir et affermer une ou plusieurs fermes pour effectuer
cette culture expérimentale, ou bien s'arranger avec un ou plusieurs
cultivateurs de manière à consacrer à ces expériences une surface
d'environ 1,200 hectares, sur différents points du royaume; ce sont
là, du reste, des points de détail dont la détermination pourra être
utilement laissée au jugement des fonctionnaires nommés à cet
effet.
Gomme corollaire à ce résumé du rapport de la Commission parle-
mentaire de la Chambre des communes, je crois utile de transcrire
ici le sens plutôt que les termes exacts d'un article remarquable
publié dans le numéro du 12 juillet dernier de la Gazette d'agricul-
ture; cet article est intitulé : Amélioration de la pomme de terre.
« Je ne prétends point dire quelles sont les variétés de pommes de
terre qui méritent le mieux la faveur des producteurs et des consom-
mateurs, mais je pense qu'il y a un enseignement qu'on peut appeler :
la leçon de la Champion. Cette leçon suggère un principe très impor-
tant qui doit servir de guide à ceux qui veulent entreprendre la création
266 ENCORE LA POMME DE TERRE CHAMPION.
de nouvelles variétés, et en môme temps à ceux qui se contentent de
cultiver les variétés déjà indiquées sur les catalogues des marchands
de semences.. Le prix élevé auquel la pomme de terre Champion a été
cotée sur les marchés^, est en lui-même un motif suffisant pour qu'on
recherche la cause d'une faveur si remarquable de la part des produc-
teurs et des consommateurs. Comment se fait-il que cette variété de
pommes de terre résiste aux atteintes de la maladie à un degré si
remarquable? et comment se fait-il que môme lorsque, dans les districts
très infestéS;,la maladie attaque les tiges, elle ne descend point jusqu'aux
tubercules et n'en empoche point ni la croissance ni le rendement
prodigieux. La qualité saine et savoureuse du tubercule lui assure sur
les marchés une préférence méritée de la part des consommateurs,
mais c'est surtout l'abondance de la production alliée à sa qualité
comestible qui lui a fait sa retentissante et soudaine réputation. On
ne saurait trop le répéter, c'est son rendement sain et abondant, même
lorsque les tiges sont attaquées par la maladie, qui, aux yeux des cul-
tivateurs, constitue un de ses plus grands mérites. Cette propriété
remarquable se trouve pour ainsi dire doublée par cette immunité des
tubercules contre la maladie, alors même que la végétation extérieure
en est atteinte. Il est parfaitement reconnu aujourd'hui que dans les
terrains de fertilité médiocre, et lorsqu'on a parcimonieusement fumé,
la maladie arrête le développement des tubercules, même lorsque ceux-ci
ne sont point corrompus. La cause de ce phénomène ordinaire est
facile à expliquer; car lorsque le sol n'est pas assez riche pourproduire
une végétation luxuriante extérieure, le défaut d'action vigoureuse de
cette végétation des tiges et des feuilles, retarde et même empêche le
développement des tubercules, et la destruction prématurée du feuillage
arrête net ce développement. Comment se fait-il que, dans le cas de la
pomme de terre Champion, ce phénomène ne se produit point, même
lorsque la végétation extérieure est complètement détruite par la
maladie? Voilà, sans aucun doute, une question dont la solution est
d'une grande importance. Il doit exister dans cette nouvelle variété
certains traits inhérents à sa nature, lesquels diffèrent dans une
mesure plus ou moins large des anciennes variétés sur lesquelles la
maladie a une prise absolue.
« Quant à moi, je n'ai éprouvé aucune peine à découvrir en quoi
consiste cette différence, car elle m'a sauté aux yeux alors même
que je ne la cherchais point. C'est, sans contredit, son immense
puissance de végétation souterraine, c'est-à-dire le développement
extraordinaire de ses racines. L'ensemble de cet amas de fibres" res-
semble plutôt aux racines d'un buisson qu'à celles d'une plante de
pomme déterre. Tous les horticulteurs connaissent trop bien la nature
de Taction des racines pour qu'on ait besoin de leur dire que l'existence
d'une si grande puissance de racines doit produire un certain effet.
Leur expérience, après avoir vérifié que ce phénomène de végétation
souterraine extraordinaire existe réellement dans la pomme de terre
Champion, leur fera facilement admettre qu'il y a là un fait des
plus instructifs, lequel peut servir à expliquer dans une certaine mesure,
sinon complètement, le phénomène que je viens de signaler, c'est-à-
dire l'immunité absolue des tubercules de la pomme de terre Cham-
pion contre la maladie même et surtout lorsque les tiges et le feuil-
lage en sont atteints. »
ENCORE LA POMME DE TERRE CHAMPION. 267
Il y a là, sans aucun doute, un sujet d'observations et d'expériences
qui pourraient jeter une vive lumière sur cette question de l'immu-
nité de certaines variétés contre la maladie. 11 est évident que ce trait
remarquable du développement extraordinaire du chevelu des racines
de la Champion doit exercer une certaine influence sur la végétation
et sur le rendement de ses produits. D'un autre côté si l'on établit
que dans cette grande luxuriance de la végétation souterraine de la
Champion, gît la cause de son immunité contrelesatteintes de la maladie,
il en résulte que la direction que les chercheurs de nouvelles variétés
doivent suivre, est de choisir comme éléments d'amélioration ou de
création, les semences, les hybridations, ou les greffes, quel que
soit le mode de culture que l'on adopte, provenant d'espèces remar-
quables par le développement de leurs racines. Comme préliminaires
à ces opérations, l'auteur de l'article que je résume, suggère un examen
comparé des racines des variétés les plus susceptibles d'être attaquées
par la maladie et de celles des variétés qui le sont le moins. De cette
manière on arriverait à reconnaître si véritablement la cause de l'immu-
nité se rattache à ce phénomène de végétation souterraine. Si ce fait
est reconnu comme bien fondé, le problème de la création de nouvelles
variétés réunissant la saveur d'anciennes variétés estimées, mais sur
le point de disparaître sous les atteintesdela maladie, àl'immunitéque
possèdent d'autres variétés, serait à moitié résolu. En réunissant par
exemple par la greffe les racines de la Champion à celles desEarly Rose,
des Magnum Bonum, des Bread fruit, des Eœcelsior, des Flower bail, etc.,
ou bien en hybridant leurs fleurs entre elles, on pourrait, sans
aucun doute, obtenir, par une sélection raisonnée, d'après le principe
ci-dessus, un nombre infini de bonnes variétés.
L'auteur de l'article en question raconte comme suit la circon-
stance qui lui révéla le fait de l'immunité singulière des tubercules
de la Champion contre les atteintes de la maladie, alors môme que la
végétation extérieure en était atteinte.
L'année dernière, une planche de pommes de terre Champion,
large de 4 mètres et longue de 40, avait été plantée le long d'un
chemin public. Les passants remarquaient avec surprise que bien que
la maladie qui sévissait fortement dans le pays, en eût atteint Je feuil-
lage dès les premiers jours de juillet et alors que la végétation exté-
rieure dans toutes les autres cultures des environs était complètement
détruite, cette planche de pommes de terre conservait toujours sa
luxuriance et sa fraîcheur. Ce fut en défouissant quelques-unes de
ces pommes de terre pour une exposition vers la fin d'août, que l'at-
tention du cultivateur et celle de son domestique furent attirées. En
remarquant l'aspect étrange que présentaient les racines, réunies en
touffes épaisses et en filaments ayant la ténacité du fil de jfer, le culti-
vateur qui était un horticulteur émérite, fut tellement surpris de cet*.e
apparence insolite des racines, qu'il emporta la plante tout entière avec
les racines et les tubercules. Ce phénomène le frappa d'autant plus que
les tubercules n'étant pas encore tout à fait mûrs, il fut obligé de
défouir un grand nombre de plantes pour recueillir la quantité de
tubercules nécessaires à son exposition, et toutes les plantes arrachées
manifestaient le même phénomène.
Un mois après cette occurrence, toute la récolte fut arrachée et il fut
constaté que le rendement avait au moins doublé en poids depuis le
268 ENCORE LA POMME DE TERRE CHAMPION.
mois d'août, bien qu'alors, pour recueillir les plus beaux spécimens
de tubercules pour l'exposition, on eût choisi les plantes les plus
fortes.
Ce cultivateur conclut de, ces observations que la « Champion »
semble posséder la propriété de renouveler le feuillage des tiges
détruites par la maladie ou par tout autre cause et de prolonger sa
période de production. Ainsi, il estime que pendant le dernier mois
qui s'écoula après l'exposition, le rendement s'accrut au moins de
7,500 kilog. à l'hectare.
Cette année, grâce à mes efforts et à ma propagande on a cultivé
la pomme de terre Champion sur un grand nombre de points de la
France, embrassant toutes sortes de sols, de climats et d'altitudes.
Les honorables cultivateurs à qui j'ai envoyé de la semence, voudront
bien, je l'espère, diriger leurs observations sur le point indiqué par
l'horticulteur anglais que je viens de citer. Moi-même, dont la cul-
ture de Champion est très considérable cette année, je ne manquerai
pas de vérifier ce développement extraordinaire des racines de cette
variété en le comparant avec celui des autres variétés diverses que
j'ai cultivées comme éléments de comparaison. 11 résultera, je l'es-
père, de l'ensemble de toutes ces nombreuses observations, des faits
concordants, à l'aide desquels on pourra déduire des conclusions
certaines, qui jetteront sur cette importante question de la culture de
la pomme de terre une utile et féconde lumière.
Quant à ma récolte de cette année, elle a une apparence superbe.
Lors de la plantation, j'avais espacé les lignes de 70 à 80 centimètres ;
aujourd'hui la surface est absolument couverte, les tiges se joignent
et la végétation est d'une luxuriance que je n'avais point encore remar-
quée. Sur une planche spéciale, établie dans mon jardin potager pour
faire des expériences sur les effets de la grosseur du plant de semence,
et de la distance des plants et des lignes entre eux, il y a des touffes
de tiges qui ont plus d'un mètre de hauteur et dont le développement
embrasse un espace inusité. F.-R. de la Tréhonnais.
LA VERMINE DES VOLAILLES
Depuis que j'ai publié le résultat des mes expériences sur l'action
insecticide des vapeurs de sulfure de carbone, j'ai reçu de nombreux
. témoignages de reconnaissance des personnes qui ont eu recours à ce
moyen ; j'ai prié mes correspondants de s'attacher à étudier la pré-
tendue action anti-aphrodisiaque du remède, mais aucun d'eux n'a pu
la constater.
Cependant, comme des hommes qui paraissent habituellement
sérieux ont écrit que le sulfure de carbone porte atteinte à la
fécondité des animaux, j'ai voulu renouveler mes expériences. J'ai eu
beau, dans mon colombier, multiplier les flacons de sulfure, les pigeons
ont continué à multiplier de leur côté comme si de rien n'était. Chose
plus surprenante, le sulfure de carbone qui est censé atténuer la fécon-
dité des êtres, a développé celle d'un spirituel correspondant de ce
journal, lequel, dans le numéro du î5 mars 1879, nous a servi un
article pour rire qui, en ce qui me concerne, n'a pas manqué son but.
Mais voici venir un insecticide qui pour sûr trouvera grâce devant
les Vestales chargées d'entretenir le feu sacré de la reproduction et
devant leurs collaborateurs bénévoles. Cet insecticide, c'estl'eau, l'eau
LA VERMINE DES VOLAILLES, 269
qui n'a été répandue avec autant de profusion dans la nature que pour
répondre aux besoins les plus variés. Depuis Buffon qui a donné le
signal, presque tous les auteurs qui ont écrit sur le pigeon ont déclaré
que celui-ci est grand amateur de propreté, attendu qu'il recherche
l'eau. On aurait pu en dire autant du porc, car pigeon et porc ont
autant souci l'un que l'autre de la propreté du liquide dans lequel ils
se baignent et qui aurait pu faire dire à Diogène : qui hic lavantur,
ubi lavantur ? Il n'est pas nécessaire d'accentuer un réquisitoire contre
le cochon à propos de propreté, puisque son nom est devenu le symbole
de la malpropreté, mais il est temps de faire justice de tout le clin-
quant dont on a paré l'oiseau de Vénus.
« Peu d'oiseaux, dit M. J. Pelletan, aiment autant la propreté que le
pigeon. » Pour moi, je connais beaucoup d'oiseaux qui aiment mieux
le pigeon que la propreté : tel est l'émérillon, tels sont tous les rapaces
diurnes et la plupart des rapaces nocturnes, comme la chouette qui se
paye du pigeon en plein colombier, alors que tout le monde dort dans
la ferme.
Plaisanterie à part, je dis que le pigeon se soucie de la propreté
comme de Colin-tampon. Je lui pardonnerais de se baigner dans l'eau
pure et fraîche qu'on vient de lui servir, mais pourquoi s'empresse-
t-il de s'exonérer dans son breuvage au point que celui-ci, peu d'heures
après qu'on le lui a livré, ressemble à de la purée? Et pourquoi le
biset, dont le choix est libre, se baigne-t-il dans la mare à fumier
plutôt que dans le cristal d'une onde courante?
Pourquoi? Parce que le pigaon n'a qu'une préoccupation, celle de
faire la guerre à son mortel ennemi, à l'acare sanguinaire qui le tour-
mente et le suce au point de le faire maigrir et même d'occasionner sa
perte. Or, comme le pigeon passe pour plus capable de porter dans son
bec l'olivier de la paix que de manier les engins de guerre, il se borne à
imiter certain apothicaire qui, provoqué en duel et mis en demeure de
faire le choix des armes, proposa de renfermer dans une boîte deux
pilules dont une empoisonnée, et de les tirer au sort. Le pigeon opère
dans ce genre : iJ se livre à une préparation pharmaceutique ayant
pour base la colombine, avec l'eau pour véhicule. Fier de son œuvre,
il s'y plonge avec délices et y barbote comme un vrai palmipède ; il
se fourre jusqu'au cou dans la solution acide, il s'en met jusque
par dessus la lête et, quand il ensort, il se trouve non pasblanc comme
neige, ce qui est le cadet de ses soucis, mais rafraîchi et purgé d'une
légion d'infimes arachnides qui se trouvaient aussi à l'aise dans son
plumage que les voleurs dans la forêt de Bondy.
Et voilà pourquoi le pigeon recherche l'eau : à cause de sa vertu
insecticide. Oui, l'hydrothérapie, qui enregistre de belles cures parmi
les bipèdes sans plumes, a encore le pouvoir de rendre aux bipèdes
ailés qui peuplent nos colombiers le plus signalé des services, avec
cette différence que l'homme reçoit la douche, tandis que le pigeon la
donne.
Frappé de ce fait qu'une longue observation m'a révélé, j'ai pour-
suivi parallèlement, depuis deux ans, une expérience avec le sulfure
de carbone et une autre avec l'eau. Mes honorables correspondants
ont pu s'étonner que je n'aie pas encore divulgué ce dernier moyen
de destruction de la vermine que je leur ai indiqué dans mes lettres, '
mais j'ai voulu consacrer par de nouveaux faits les résultats acquis
270 LA VERMINE DES VOLAILLES,
l'année dernière, et c'est avec l'assurance la mieux fondée que je viens
dire aujourd'hui à tous les amateurs de pigeons que le moyen le plus
simple et le plus économique de détruire la vermine qui cause tant de
ravages parmi leur population ailée, est le suivant.
Tous les jours je dis tous les jours ^ depuis les premières chaleurs
jusque vers l'automne, il faut asperger le colombier de haut en bas et
sur les quatre côtés, avec le liquide à bon marché qu'on appelle com-
munément de l'eau, qui se préssnte sous l'étiquette d^aqua communis
dans les officines et qui, chimiquement, a nom protoxyde d'hydrogène.
La vermine aime le sec, elle se développe infailliblement à la tem-
pérature de l'incubation, sous la bonne [mère qui échauffe dans son
sein le fruit de ses amours, si bien que les petits pigeonneaux, en nais-
sant et même avant de sortir de leur prison calcaire qu'ils sont en train
de piocher, subissent Taffreuse invasion des acares assassins.
Le meilleur moyen d'affranchir vos élèves de cette vermine consiste
à empêcher celle-ci de naître. A cet effet, armé d'un baquet plein
d'eau, vous y puisez avec la main ou avec une tasse et vous en faites
voltiger le contenu dans toutes les directions et principalement dans les
nids, sans vous inquiéter des couveuses qui s'habituent rapidement à
être douchées et ne tardent pas à ne plus se déranger pour si peu. Le
liquide subtil pénètre dans tous les interstices, visite les plus petites
fentes, tombe sur les œufs et sur les jeunes, et répand partout sa bien-
faisante influence.
Voilà le moyen. Il est infaillible, si on l'emplolejournellement. Pour
moi, son eflicacité est si indiscutable que je déclare d'avance que tout
échec que les expérimentateurs croiront pouvoir annoncer ne sera dû
qu à leur paresse. Ce n'est pas le moyen qui manquera, mais l'eau.
Les personnes qui emploieront ma recette me pardonneront volontiers
d'avoir détruit leurs illusions sur la pureté immaculée des colombes.
Cette pureté, du reste, est aussi équivoque au point de vue moral que
physiquement. En effet, si « la douceur des mœurs du pigeon, sa
chasteté, sa fidélité » ont été pompeusement célébrées par Buffon,
vous trouvez, en revanche, à la page 132 de la Basse-cour de Mme Mil-
let-Robinet, ces lignes :
ff La réputation de fidélité des pigeons n'est pas mieux méritée que
leur réputation de douceur. Je ne sais si c'est à leur état de civilisation
qu'ils doivent leur dépravation, mais l'on voit sans cesse des mâles
caresser des femelles qui ne sont pas celles avec lesquelles ils couvent,
et l'on vpit des femelles recevoir de très bonne grâce ces caresses,, ce
qui est très vilain, w
C'est très vilain, en effet, et je crois que le grand naturaliste plus haut
désigné s'est moqué de ses semblables quand, à propos de pigeons,
son lyrisme s'est exalté au point de jeter à la postérité cette exclama-
tion : w Quels modèles pour l'homme, s'il pouvait ou s'il savait les
imiter ! » D' Félix Schneider,
Correspondant de la Société nationale d'agriculture de France.
RESULTATS OBTENUS DANS LE TRAITEMENT DES VIGNES
PAR LE SULFOGARBONATE DE POTASSIUM ^
J'ai été souvent sur le point de vous écrire pendant les deux mois
qui viennent de s'écouler et j'ai toujours ajourné, attendant le moment
1. Lettre à M. Dumas, extraite des Comptes rendus, n." du 28 juin 1880.
TRAITEMENT DES VIGNES PAR LE SULFOCARBONATE DE POTASSIUM. 271
OÙ se produiraient sur les vignes des résultats, soit en bien, soit en
mal. Ce moment me paraît être venu.
Je constate à Launac, sur toutes mes vignes traitées, et plus parti-
culièrement sur celles qui ont reçu du sulfocarbonate dissous, une
reprise des plus remarquables qui dépasse de beaucoup celle de l'an-
née dernière. Nous nous rapprochons de l'état normal, nous l'attei-
gnons môme sur divers points avec le sulfocarbonate, après être tom-
bés, en 1878, au dernier état de délabrement sous la double influence
de phylloxéra et de la sécheresse.
Nous en sommes actuellement à la troisième application sur la
superficie totale des vignes^ seul mode de défense efficace, car j'ai
partout reconnu que le traitement des seuls points d'attaque
d'une vigne envahie n'aboutit à aucun résultat sérieux. Dans ce
cas, le phylloxéra change de place et s'étend plus rapide-
ment aux portions encore vigoureuses de la vigne, et il arrive
alors que celles-ci périssent tout aussi vite, tandis que le point
d'attaque, trop éprouvé pour se remettre, finit ausssi par succomber.
Tout traitement doit donc comprendre la totalité de la vigne pour don-
ner réellement les résultats qu'on est en droit d'en attendre. Les par-
celles qu'on laisse sans traitement sont presque toujours les nids de
phylloxéras, d'oi^i l'insecte part pour continuer et perpétuer ses rava-
ges. C'est un point des' plus importants; j'en fais à Launac l'expérience
dans de bonnes conditions, car je n'ai plus de voisinage phylloxéré :
toutes les vignes autour de moi sont mortes ou arrachées ; les miennes
sont donc isolées, et je profite à présent du bénéfice de cette situation.
Il se traduit par une grande efficacité des traitements et une reconsti-
tution plus rapide. 11 est facile de comprendre combien la démonstra-
tion dont je vous entretiens est capitale. Comment préserver utilement
des vignobles dont le traitement sera isolé, au milieu d'un grand
ensemble de vignes forcément abandonné à lui-même? Je crains bien
que l'alternative ne soit de tout défendre et de tout abandonner, au
moins pour le moment oi^i nous en sommes.
J'ai fait, Tan dernier, deux applications de sulfocarbonate dilué, à
250 kil. de sulfocarbonate et 120 m. c. d'eau par hectare, la première
en avril, la seconde en juillet et août. Je m'en suis très bien trouvé et
je recommence cette année; mais le retard qu'à mis M. Mouillefert à
m'envoyer les appareils, m'a obligé à faire un premier traitement en
mai et en juin. Je ferai la ditférence des résultats; peut-être sera-t-elle
à l'avantage du traitement retardé. Il y a à cela plusieurs raisons, mais
c'est à la pratique à prononcer.
Mes cultures ont beaucoup souffert du retard apporté aux traite-
ments. Pendant ces contrariétés, le ver gris, larve de la Noclua aquilina,
qui se trouve au pied des plantes qu'elle dévore, faisait un ravage
incessant, dévorant la nuit les bourgeons à mesure qu'ils se dévelop-
paient. Cette étrange invasion d'insectes s'est étendue à presque tout
le Midi et y a maltraité les vignobles sur une échelle jusqu'alors incon-
nue, dans les deux mois d'avril et mai. De plus, nous avons eu des
nuées d'altises, dont les larves sont en pleine éclosion. Je nen ai pas
moins persisté, car je tenais au résultat de cette année, résultat que je
constate avec bonheur et qui confirme vos découvertes et vos prévi-
sions.
J'ai fait, sur la pratique du sulfocarbonate des vignes et sur le phyl-
272 TRAITEMENT DES VIGNES PAR LE SULFOGARBONATE DE POTASSIUM.
loxera, une série d'observations que j'ai besoin de mettre en ordre.
Il y a là des faits très curieux. Un de ceux qui semblent se confirmer le
mieux est celui de la concentration du bain sulfocarbonaLe autour du cep,
sur une surface qui n'a pas besoin d'être considérable. Ce bain produit
sur les racines l'effet d'une vraie médication. Des tissus se refont et il
en part une série de racines jeunes qui reconstituent le cep. Le phyl-
loxéra fait subir à la vigne une sorte d'intoxication qui se manifeste
par les lésions toutes spéciales des tissus ; les bains de sulfocarbonale
guérissent ces lésions et les cicatrisent. Concentrés autour du tronc de
la souche et des racines principales, ils les conservent mieux, pénètrent
profondément le sol sur les points mêmes où leur action doit être plus
spécialement énergique, et sont une des meilleures garanties pour
empêcher l'étisie complète des sujets traités en temps utile. Il en
résulte une plus grande facilité pour l'emploi et l'administration du
sulfocarbonate dihié, et plus d'eiïicacité dans les résultats.
H. Mares.
SUR LA PRODUCTION CHEVALINE DANS LA MAYENNE
ET LA SARTHE.
D'après les documents officiels, la population chevaline en France était en 1840
de 2,463,730 têtes. Depuis cette époque, nous avons perdu avec l' Alsace-Lorraine,
déduction faite de la faible compensation produite pa'- l'annexion de Nice et de la
Savoie, environ 110,000 têtes, et cependant la statistique de 1873 porte le nombre
de notre population chevaline à 2,7^12,708 têtes.
Il y a donc eu dans le nombre des chevaux une augmentation notable. Cette
augmentation a été surtout importante pour les départements de l'ancien Maine,
desservis par le dépôt d'étalons d'Angers conjointement avec la Loire -Inférieure
et Maine-et-Loire.
La Mayenne est montée de 40,823 au chiffre remarquable de 92,530 chevaux et
la Sarthe de 44,029 à 64,021 chevaux L'augmentation dans ces deux départements
est donc de 51,707 chevaux pour la Mayenne et de 19,992 pour la Sarthe, en tout
de 71,699 chevaux pour l'ancienne province du Miine seulement Elle est de
100,698 chevaux pour les quatre départements desservis par le dépôt d'Angers.
Les deux départements de la Mayenne et de la Sarthe se livrent surtout à la
production des poulains, qui sont vendus à l'âge de six mois à un an pour la
Normandie et la Beauce où ils achèvent de prendre leur entier accroissement.
Cette industrie est surtout remarquable dans le département de la Mayenoe qui
possède à lui seul 58,600 juments au-dessus de trois ans, soit 10,729 de plus
que le département de la Manche qui en possède le plu, après lui.
La Sarthe est aussi remarquable par le nombre de ses juments. Elle en possède
39,893-, toujours d'après la statistique de 1873.
D'où il suit que l'ancienne province du Maine est sans contredit le pays de
France qui produit le plus de poulains proportionnellement à l'étendue de son
territoire. C'est aussi celui où l'élève du cheval a le plus progressé.
Dans le département de la Sarthe, le canton de la Fresnayeetune partie de celui
de Saint-Paterne, avoisinant Alençon, produisent quelques chevaux de luxe de
demi-sang anglais.
Presque tout le reste du département se livre à la production du gros percheron.
Dans la Mayenne, à l'exception du canton de Graon, où l'on fait assez générale-
ment le cheval à deux fins, presque tout le département se livre à 1 élève du
percheron plutôt de trait léger que de gros trait.
Le percheron a partout remplacé le bidet ancien, race de chevaux de petite et
moyenne taille, assez énergique, mais sans caractère, et qui ne servait qu'à
porter le fermier allant aux foires, et à tirer la charrette ou la charrue, attelés
devant les bœufs.
Il résultait de ce mode si défectueux d'attelage que les anciens chevaux du pays,
obligés en labourant ou le long des routes, de régler leurs allures sur la lente
allure des bœufs, et n'étant pour la plupart employés qu'à cette usage, ne savaient
ni trotter, ni marcher au pas. Ils étaient par cela même tout à fait impropres à la
voiture et ne pouvaient faire que de très médiocres chevaux de selle.
PRODUCTION CHEVALINE DANS LA MAYENNE ET LA SARTHE. 273
Les essais tentés à cette époque, vers 1835, pour régénérer les chevaux de ce
pays par l'administration des haras, furent malheureux. Croisés avec cette
mauvaise race, les grands chevaux de sang anglais ne donnaient que des poulains
décousus, de peu de valeur et d'une vente très difficile. Les chevaux du haras
furent bientôt délaissés et il ne pouvait en. être autrement. Le milieu d'alors ne
comportait pas une grande et forte l'ace, à plus forte raison une race de luxe.
Telle était en 1835 la pauvre situation de l'espèce chevahne dans la Mayenne,
et cependant l'ère d'une transformation complète était proche, alors même qu'il ne
se trouvait dans le pays aucun agriculteur pour la prévoir. Ceux même des agricul-
teurs locaux qui y ont le plus contribué, M. Jamet par exemple, n'y songeaient
guère. Cette illustre agronome a même préconisé dans ses derniers écrits, l'emploi
du bœuf nantais de travail, pour les labours, à l'exclusion du cheval. Les chevaux,
vers cette époque, et longtemps après encore, passaient presque inaperçus dans
les comices agricoles, où, lorsqu'ils étaient appelés à y figurer, ils étaient en si
petitnombre et de qualité si inférieure, qu'on ne s'en occupait que pour la forme.
Toute l'attention, tout l'intérêt étaient concentrés sur l'espèce bovine. On intro-
duisait alors le durham dans l'arrondissement de Château-Gontier d'abord, puis
dans celui de Laval. Quelques propriétaires et surtout la ferme-école du Camp, près
Laval, tendaient à répandre cette précieuse race dans le pays.
Mais les bœufs durham sont de mauvais travailleurs ; force a donc été de les
remplacer par des chevaux dont il a fallu augmenter la masse et la taille. De là
l'emploi de l'étalon percheron, ce rude cheval de trait, à l'aide duquel, et par des-
sus tout, grâce à l'introduction des prairies artificielles et à la nourriture au trèfle
et quelque peu à l'avoine des poulains, la maigre espèce de chevaux d'autrefois est
devenue, tout en doublant de nombre, la rude et forte race d'aujourd'hui.
On peut prévoir que le même mouvement hippique va bientôt avoir lieu dans
les parties du département de l'IUe-et-Vilaine et de la Loire-Inférieure voisines de
la Mayenne et de Maine-et-Loire, où commence actuellement, par l'introduction
du durham, la transformation de la race bovine de travail indigène en race pure
de boucherie. Dans le département de la Nièvre on introduit maintenant l'étalon
percheron pour subvenir aux mêmes besoins, la race bovine charolaise tendant à
devenir de plus en plus impropre au travail par l'incessante infusion du sang du-
rham. Partout ailleurs la même cause amèoera le même effet. L'extension du du-
rham qui tend à supplanter les races de travail, doit donc amener une immense
extension de l'espèce chevaline en France.
Depuis dix ans une nouvelle transformation s'est faite dans la Mayenne. Pres-
que tous les chevaux avaient pris la couleur grise du percheron et devenaient
promptement blancs. Maintenant les étalons gris sont partout délaissés et devien-
nent rares. Encore quelques années, et les chevaux gris deviendront une rare excep-
tion. Déjà la plus grande partie des poulains sont bais, rouans ou noirs.
Cette nouvelle et rapide transformation témoigne à nouveau de l'intérêt que tout
le monde prend à la production du cheval dans le département de la Mayenne. Le
paysan tend à devenir de plus en plus homme de cheval. Des courses de chevaux
ont été étfibUes d'abord à Craon, piiis à Saint-Ouën-des-Toits, près Laval, à Mes-
lay et à Gorron, et les populations rurales passionnées pour ce spectacle, y accou-
rent de toutes parts.
Jusqu'à présent l'administration des haras, rebutée sans doute par le triste
avortement de ses premières tentatives, ne s'est guère occupée à influer sur la pro-
duction chevaline dans ce département. Elle a toujours maintenu une station d'é-
talons à Craon. Elle a récemment créé la station de Château-Gontier, Laval et
Mayenne : en tout une quinzaine d'étalons. C'est bien peu pour une production
annuelle qui peut être évaluée à 22,000 poulains, au moins. Cependant le pays est
mûr pour le progrès hippique. Les étalons des quatre stations existantes devien-
nent tout à fait insuffisants. Les juments de base de trait léger^ propres aux éta-
lons de demi-sang bien étoffés et bien membres, existent presque partout. La
majeure partie des producteurs ne tarderaient pas à reconnaître que l'infusion d'un
Îieu de sang donnerait à la robuste race du pays, qui trotte passablement déjà,
es qualités qui lui manquent, un peu plus de légèreté, d'énergie et de vitesse,
sans que pour cela elle devienne moins propre au service de la charrette et de la
charrue. Et puis, quelle précieuse ressource pour la Franceque ces 15,000 poulains
qui sortent annuellement de la Mayenne (déduction faite de ceux qui restent pour
le renouvellement de la race), pour être élevés dans la Normandie ou dans la
Beauce et dont la plupart pourraient faire de si excellents chevaux d'artillerie et
274 PRODUCTION CHEVALINE DANS LA MAYENNE ET LA SARTHE.
de grosse cavalerie. Il y a là une grande production qui peut faire de très rapides
progrès, et que l'administration des haras, peut-être encore ignorante du progrès
réalisé et des ressources actuelles, ne peut négliger plus longtemps.
L'intérêt local et l'intérêt national réclament donc impérieusement pour 1881, la
création de nouvelles stations d'étalon^ dans le département de la Mayenne.
Alors surtout que la loi de 1874 a porté, d'environ 1,200 à 2,500, le nombre
des étalons des haras et que 300 étalons restent encore à acheter pour compléter
ce nombre, il est de la dernière importance qu'on songe enfin au département de
Mayenne dans la répartition de ces nouveaux étalons et qu'on double au moins le
nombre des stations dans ce département. Ces nouvelles stations pourraient être
placées à Cossé-le-Vivien, Meslay et Evron, pour les deux arrondissements de
(jhâteau-Gontier et Laval, et à Gorron pour l'arrondissement de Mayenne. L'état
plus avancé de l'agriculture et la fertilité du sol ainsi que la qualité des chevaux
justifient les choix de Gossé-le-Vivien et Meslay. La situation d'Evron, éloigné de
Laval et entouré de hautes collines, les buttes de Go-Evron, très propres à l'élève
du cheval, le désigne aussi suffisamment pour station. Enfin il est tout naturel de
placer une station d'étalons à Gorron, chef-lieu d'un canton oii Vélève du cheval
est prospère et qui est déjà en possession d'un hippodrome florissant.
1\ est donc bien à désirer que ces quatre stations, de trois chevaux chacun,
soient créées en 188L Et certes ce n'est pas trop faire pour le département qui
produit le plus de poulains de France. De quinze étalons fournis par le dépôt
d'Angers, le chifî"re serait porté à vingt-sept. Sur les 29,000 juments environ qui
sont conduites annuellement à l'étalon dans le département, à cinquante juments
par étalon, ces 27 étalons en sailliraient 1,350.
La marge serait encore bien grande pour les étalons rouleurs. Et il n'y a pas à
craindre une infusion trop rapide du sang anglais.
Gependant la transformation qu'on poursuit pourrait arriver encore rapidement,
si les fils des étalons du haras, devenus étalons à leur tour, tendaient à supplanter
les purs étalons percherons. Alors, avec de si faibles moyens, le bien produit serait
en peu d'années très grand. Quoi qu'il en soit, on peut affirmer que nulle part les
sommes votées par le pays, pour l'amélioration des races de chevaux, ne profite-
raient plus au pays que dans ce département où l'espèce chevaline a fait en si peu
de temps de si prodigieux progrès. C'est là surtout qu'on peut dire que le progrès
passé est un sur garant du progrès à venir. Bien aveugles ceux qui ne voudraient
pas le voir.
Dans la Sarthe la production annuelle des poulains peut être évaluée à environ
15,000. Les cantons de Sillé-le-Guillaume et de Sablé, voisins de la Mayenne,
ont participé au même mouvement hippique. Ils ont du reste avec ce département
une similitude frappante quant au sol et au climat; ainsi, pour les mêmes motifs,
deux stations d'étalons seraient utilement créées à Sillé-le-Guiliaume et à Sablé.
Espérons donc que dans la répartition des 300 étalons qui restent encore à
acheter pour compléter le chiffre de 2,500 étalons déterminé par la loi de 1874,
les départements de la Sarthe et de la Mayenne ne seront pas cette fois oubliés.
Sans doute dans ces deux départements l'industrie privée est suffisante pour assurer
une énorme production de chevaux dont la qualité est déjà bonne, mais cette
qualité peut encore être très rapidement et grandement améliorée par l'infusion
d'un peu de sang anglais aux poulains.
Jamais pour l'administration des haras, pareille occasion ne s'est offerte de faire
plus de bien à moins de frais et sur une plus grande échelle.
Nous faisons des vœux pour qu'elle ne la laisse pas passer.
RiANDiÈRE Laroche.
REYUE COMERGIÂLE ET PRIX-COURANT DES DENRÉES AGRICOLES
(14 AOUT 1880).
I. — Situation générale.
La situation a été plus calme, durant cette semaine, sur le plus grand nombre
des marchés. Dans la plupart des départements, les cultivateurs sont encore rete-
nus soit aux travaux de la moisson, soit à ceux des premiers battages. Presque
partout, les transactions présentent peu d'importance.
II. — Les grains et les farines.
Les tableaux suivants, établis, pour la plupart des marchés, sur les prix des
céréales nouvelles, résument les cours, par quintal métrique, sur les prmcipaux
marchés de la France et de l'étrancjer.
REVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT (14 AOUT 1880)
275
HKGlON.— MORO-OUEST.
Blé. Seigle. Orge.
fr.
30.00
30 50
29.50
27.bO
27.75
29.25
27.00
30.00
29.00
29.50
30.00
29.50
28.25
fr.
ï4.50
24.25
25.00
22.00
22.50
22.25
21 .00
Calvados. Condé
— Lisieuï
Côtes-d.-!\nr(i Pontrieiix
— Tréguier
Finistère. Laiiderneau.
— Quimper
llle-et-Vilaiae. Hennés.
— St M lo
Manche. Avranches. . ..
— Poiilorson
— Villedieu
Mayenne. Laval
— Château Gontier..
Morbihan. Herinebunl..
Orne. Séez
— Vimouiiers,
Sarthe. Le Mans,
— Sablé
Prix moyens 28.79 22.03
a» RÉGION. — WORD
Aisne. Soissons 28.9s 18.50
— St-Queutir. 28.00 »
— Villti-s-Cotterets.. 2800
Eure. Bernay 28.50
— Conches i8.25
— Pacy 29.00
Eure-et-Loir. Chartres. 29.50
— Aurieau 28 75
— Nogenl-le-Rotrou. 28.0')
iVord. Cambrai 28.25
— Douai 28.00
— Valenciennes 29.25
Oise. Beauvais...- 27.50
— Compiègne 28.00
— Senlis 28.00
Po«-de-Caiais. Arras.. . 28.25
— Sainl-Omer 28.75
Seine. P« ris 30 00
3.-et-Marne Melun 28.05
— Meaux 28.00
— Moniereau 30. oO
S.-et-Oise. Versailles... 28.50
— Dourdan 29.00
— Rambouillet 27.75
Seine-Infevieure. Houen 27.00
— Dieppe 29.50
— Fecamp 30.10
Somme. Abbeville 27.50
— Péronne 27.00
— Roye 28 00
Prix moyens 28.43
3» RÉGION. — NORD-EST.
.ArderiMM. Charleville .. 29.50 18.00
Aube. Bar-sur-Aube ... 27.50
Méry-sur-Seine... 28.60
— Troyes 29.50
âforne. Chàions 29.50
— Epernay 29.50
— Reims 28 oo
— Sézannc 27.75
Hte-Marne. Bourbonne. 3o.50
Meurt.-et Moselle Nancy 28 00
— Lunéville 29.00
— Toul 28.50
Afewse. Bar-le-Duc 28 50
— Verdun 28. uO
Haute-Saône. Gray 28.50
— Vesoul 29.40
Fosge*. Epinal so.so
— Raon-l'Etape 30.75
Prix moyens 28.97
fr.
20.50
20 . 00
21.50
21.25
21 75
21. 50
19 25
20.50
21.00
22.00
AToiDe.
fr.
23.00
22.25
22.00
18.50
19.00
22.50
21.50
21.25
23.50
25.75
18 00
17.75
18.37
17.25
19 50
n
19.50
19 25
19.50
18.25
20.00
18 00
17.00
21.25
21.75
4« RÉGION
Charente. Angoutème..
— Ruffec
Charente- In fér. Marans.
Deux-Sevres. Niort
Indre-et-Loire. Tours..
— Blérè
— Château-Renault.
Loire-Inf. Nantes
Af. -et-Ioire. Saumur . .
Vendée. Lnçou
— Fontenay... ......
Vienne. Chàtellerault. . .
— Loudun
Haute-Vienne. Limuges
19.10
OUEST.
31.25
29.50
28.50
29.00
29.25
29.50
30.00
27.50
28 00
27.00
28.00
28 50
29.00
30.00
21.00
20.75
19.00
18.50
18.00
19.50
19.00
22.75
22.50
13.00
22.50
21.25
22.00
21.75
21. î^
22.50
19.50
20.50
20.50
23.00
21.25
19.50
21.00
19.75
21.50
22.25
21.00
21 25
iS.t'O
18.50
20.00
20.00
19.00
17.50
18.55
20.00
19.50
19. 83
26.00
21.00
17.00
23.00
20.50
19.00
19.25
22.50
19 00
17.25
24.00
1800
22.50
21.50
Prix moyens 28.93 19.09
5" RÉGION.
— CENTRE.
Blé.
Seigl8.
Orge.
AToine.
fr.
fr.
fr.
fr.
Allier. Moulins
31.00
>
20.00
19.25
— MoriHnçon
30.50
21.50
t
1.9.50
— La Palisse
30.00
21.00
22 50
21.00
Cher bo.,iur6
28.50
19 25
21.25
19.75
19.50
19.50
— Vierzon
28.75
18.00
19. CO
Creuse. Aiibusson
29.00
20.25
21.25
Indre. Chàleauroux... .
30.50
20.50
20.50
19.00
— Issoiidun
29.50
20.50
21. 25
20.50
— Valençay
30.50
24.00
23.50
18.00
Loiret. Orléans
30.00
19 50
18.00
«8.50
— Montargis
31.00
19.50
20.60
19.00
— Gien
■x9.50
18.50
19.50
18.00
Loir-ei-Cher. Blois
30.50
17.75
21.50
23.00
— Mondoubleau...
30. OU
24.25
21.50
23.50
Nièvre. Nevers
29.50
18.00
— La Charité
30.00
y,
20.75
21.25
Yonne. Brie non
31.50
20.00
20.00
18.00
10.50
21.75
21.00
20.25
20.00
— SL-Florentin
30.50
Prix moyens
29.99
20.00
20.78
19.93
6« RÉGION. —
EST.
Ain. Bourg
30.00
18.75
19.25
— Pont-de-Vaux. ...
29-00
18.00
17.75
Côle-d'Or Dijon
28 50
19.00
20.50
19.00
— Beaune
28.50
n
18.50
19.50
Doubs. Be..;ançon
29 75
n
»
20.25
Isère. Grand-Lemps. ..
30.50
19.00
■
21.00
— Voiron
30.00
23.00
,
22.00
28.00
29.00
20.00
JLoire. St-Chamond
20.00
P. -de-Dôme Clermont F
32.75
2i.50
17.00
Rhône. Lyon
29.50
19.50
19.00
20.25
Saône-et-Loire. Autun
28.50
19.00
19.50
29 50
33.25
18.10
24 00
19 50
21.70
Savoie. Chambéry
,
Hte-Savoie. Annecy.. . .
31.50
»
»
20.50
Prix moyens
30.5»
19.98
18.79
20.20
7« RÉGION. -
- SUD-
OUEST.
Ariège. Pamiers
31.25
22.00
»
22.50
Dordogne. Bergerac...
30.50
22.00
»
21.50
Hle-Garonne. Toulouse.
30.25
19.00
17.00
20.25
— Viiiefranche-Laur
31.00
19.50
20.25
22.00
31.00
32.50
30.75
*
»
25.75
— Eauze
— Mirande
22 75
Gironde. Bordeaux....
31.00
21.00
»
22.25
— Lesparre .... .
30 50
18.50
21.00
24.00
Landes. Das...
31 25
»
Lot-et-Garonne. Agen..
28.00
19.50
20.50
— Nerac
32.75
32.0)
22.75
21.50
24.75
B.-Pyrénées. Bayonne. .
22.00
Htes-P y renées. Tarbes.
31.50
»
21.75
Prix moyens
31.02
20.58
19.58
23.15
8" RÉGION. — SUD.
Aude. Castelnaudary..
30.50
21.00
20.75
20.65
Aveyron, Villefranche.
29.00
23,00
j>
18.00
Cantal. Mauriac
30.35
28.80
g
29.05
Corrèze. Luberzac
31.25
22.00
22.50
22.25
Î8.75
31.25
22.50
22.00
Lot. Figeac
21.75
Lozère. Mende
32.45
28.85
24.75
23.50
— Marvejols
31.65
23.60
»
0
— Florac
31.25
20 80
22.15
24.40
Pyrenees-Or. Perpignan
27.30
21.20
23.00
26.10
Tarn Albi
29.75
29.75
20.50
20.50
19.25
Tarn^et-Gar. Montauban
21.00
Prix moyens
30.27
23.74
22.23
22.22
9« RÉGION.
— SCD-EST
Basses-Alpes. Manosqae
31.00
»
22.50
Hautes-. Mpe.%. Briançon
31.20
20.00
20.50
21.00
Alpes-Maritimes Cannes
30.75
21.00
20.00
20.25
Ardeche. Privas
30.05
20.65
19.60
21.80
B.-du-Rhône. Arles....
29.25
17.50
20.50
Drôrne. Valence
30.50
21.00
>
16.75
Gard. Nimes
28.50
18.25
20.00
Haute-Loire. Le Puy. . .
29.25
23.00
21.75
19.25
Var. Oraguignan
. 31.50
»
>
Vauàluse. Carpentras..
30.25
20.00
19.50
Prix moyens
30.23
21.13
lfl.65
20. IT
Moy. de toute la France
29.69
20.51
20.35
21.16
— de Usemainepreced.
29.97
20.75
20 73
21.60
Snr la se .Tiaine k Hausse
précédente.. (Baisse.
n
a
»
»
0.28
0.24
0.38
0.44
276 REVQE GOMxMERGIALE ET PRIX-COURANT,
Blé. Seigle. Orge. Avoine
fr. ir. fr. ir.
Algérie. Alger 26.00 » 15. fO
Angleterre. Londres 31 50 » 20 85 21.85
Belgique. Anvers 26.00 24 25 23.00 24.00
— Bruxelles 28.75 22.25 20.75
— Liège 29.25 '24.25 '.'2.00 21.00
— Naniur 29.00 22 00 22.00 20.75
Pays-Bas. Air.sterdam 24.15 19.45 .» .
Luxembourg. Luxembourg 28.75 23 00 22.50 2100
Alsace-Lorraine. Strasbourg 30.25 21.00 20.25 20.50
— Mulhouse 31.25 21.50 20.00 20.75
— Metz 28. '>5 21.25 19.50 20.60
Aiiemagne. Berlin 2."), 05 22 .^0 » »
— Cologne 28.75 23 75
— Hambourg 25.60 21. CO
Suisse. Genève 30 '25 '>■> . 20.50
.— Zurich 30.00 » » 20.00
Italie. Milan 28 25 21. .50 » 19.25
Espagne. Burgos 30. .^0 » « 21.50
Aturiche. Vienne 23.60 20 50 17.00 15 25
Hongrie. Budapesth 21.00 18.25 s 14 00
Russie. Saint-Pétersbourg... 25.(0 18.50 . 14.00
Etats-Unis. New-York 2 1 . 05 » » »
Blés. — Les dernières nouvelles confirment les appréciation* que nous avons
données précédemment. Dans le plus grand nombre des départements, si les ger-
bes ne sont pas très abondantes, en revanche elles donnent un grain bien nourri
et abondant. Le fait absolument acquis, c'est que le blé de cette année l'emporte
d'une manière complète sur celui des deinières années. Si l'on peut encore discu-
ter en ce qui concerne la quantité, quoique celle-ci s'annonce toujours comme
l'équivalent d'une année moyenne, la qualité du grain est indiscutable. Si les
orages ont été nombreux, ils ont été locaux, et ils n'ont pas influé d'une manière
sensible sur le rendement total. — A la halle de Paris, le mercredi 11 août, les
offres de blés nouveaux étaient assez importantes. Les ventes ont été actives ,
mais avec des cours plus faibles que le mercredi précédent. On payait de 29 à
31 fr, par lOU kilog. suivant les qualités. Le prix moyen s'est établi à 30 fr. avec
unenouvelle baisse de 50 centimes depuis huit jours. — Sur le marché des blés à li-
vrer, on cotait par 100 kilog. : courant du mois, 27 fr. 25; septembre 26 ir. 50 à
26 fr. 75; quatre derniers mois, 26 fr. à 26 fr. 25 ; quatre mois de novembre 25 fr. 75 à
26 ir. ; quatre premiers mois, 25 fr. 75 à 26 fr. — Au Havre, les blés d'importa-
tion valent de 26 à 28 fr. par 100 kilog. suivant les qualités. — A Marseille, on
signale une vente active sur les qualités disponibles. Les arrivages de la semaine
ont été de 200,000 hectohtres environ ; le stock est descendu dans les docks, à
52,000 quintaux. Au dernier marché, on payait suivant les provenances : Ber-
dianska, 29 fr. 50; Irka, 26 fr. 50 à 28 fr. 50; Nicopoli, 27 à 28 (r. ; Michigan,
28 fr. 50 ; tuzelles d'Afrique, 27 fr. 50 à 29 fr. 50. ; Bombay, 27 fr. 50 à 58 fr. 50.
— ■ A Londres, les importations de blés étrangers durant la semaine dernière, se
sont composées de 250,000 quintaux métriques. Les cours continuent à être tenus
avec une grande fermeté, et le marché présente beaucoup d'activité. Au dernier
marché, on cotait de 30 fr. 05 à 32 fr. 95 par quintal métrique, suivant les qualités.
Farines. — La situation du marché n'a pas beaucoup varié depuis huit jours.
En ce qui concerne les farines de consommation, les cours de Paris sont ceux
de la semaine dernière. On payait à la halle de Paris, le mercredi 1 1 août : marque
D, 63 fr. ; marques de choix, 6^5 à 66 fr. ; bonnes marques, 63 à 64 fr.; sortes ordi-
naires 62 à63fr; le tout par sac de 159 kilog., toile à rendre, ou 157 kilog.
net, ce qui correspond aux prix extrêmes de 39 fr. 50 à 42 fr. 05 par 100 ki-
log., ou en moyenne 40 fr. 75; comme le mercredi précédent. — Pour les farines
de spéculation, on cotait à Paris, le mercredi 11 août au soir : : farines huil-mar-
ques, courant du mois, 61 fr. 25 à 61 fr. 50 ; septembre, 58 fr. ; quatre derniers
mois, 56 à t6 fr. 25 ; quatre mois de novembre, 55 ; cfuatre premiers mois, 55 fr. ;
farines supérieures, courant du mois, til fr. ; septembre, 36 fr. 50; quatre der-
niers mois, 36 fr. ; quatre mois de novembre, 35 fr. ; quatre premiers mois, 35 fr. ;
le tout, sauf pour les quatre dernières cotes établies par quintal métrique, par
sac de 159 kilog., toile perdue ou 157 kilog. net. — La cote officielle en disponi-
ble a été établie comme il suit pour chacun des jours de la semaine, par sac de
157 kilog. net :
Dates (août) 5 6 7 9 10 . 11
Farines huit-marques (50.10 60.35 60.50 60.65 61.00 61-25
— supérieures 60.00 60.50 60.50 60.50 61.00 61.00
DES DENRÉES AGRICOLES ( li AOUT 1380). 277
Ainsi que ces chiffres le montrent, il y a plus de fermeté dans les cours que
pendant les premiers jours du mois. — Les farines de gruaux sont à des prix
assez fermes; on les paye de 46 à bk fr. par quintal métrique suivant les qualités;
quant aux farines deuxièmes, elles valent suivant les sortes, de 33 à 30 Ir. par
100 kilog.
Seigles. — Quoique les offres continuent toujours à être actives, les cours accu-
sent de la fermeté. On paye à la halle de Paris, de 18 75 à I9fr. 25 par
100 kilog., suivant les sortes. — Pour les farines, les cours s'établissent de 27 à
31 francs.
Orges. — Les affaires sont très restreintes sur ce grain ; les prix sont ceux de la
semaine dernière, à la halle de Paris. On paye de 20 à 21 fr. par 100 kilog.,
suivant les sortes. Les escourgeons sont tenus à des cours fermes, de 19 fr. 50 à
20 fr. — A Londres, les affaires sont très calmes, avec des cours sans change-
ments, de 19 fr. 90 à 21 fr. 80 par IGO kilog., comme la semaine dernière.
Mail. — Les ventes sont actives, et pour toutes les sortes les cours accusent de
la fermeté. Les prix sont à peu près ceux delà semaine dernière. On paye à Paris,
suivant les provenances, 30 à 40 fr. par 100 kilog. pour les malts d'orges, et 29 à
36 fr. pour ceux d escourgeons.
Avoines. — Quoique les demandes sur les diverses sortes d'avoines ne soient
pas très nombreuses, les cours accusent de la fermeté. On paye à la halle de
Paris, de 19 fr. 50 à 23 fr. 25 par 100 kilog suivant poids, couleur et qualité.
Le prix moyen se fixe à 21 fr. 50. — A Londres, les importations de la semaine
dernière ont été de 89,000 quintaux métriques. La tendance des cours est à la
hausse Au dernier jour, on payait de 20 fr. 60 à 23 fr. 10 par 100 kilog. suivant
les sortes.
Sarrasin. — Les affaires sont toujours peu actives. On cote à Paris de 24 à
25 fr. par ICQ kilog. suivant les provenances.
Maïs. — Peu d'affaires, au Havre, sur les maïs d'Amérique, qui sont cotés
de 14 fr. 50 à 15 fr. 50 par 100 kilog. suivant les qualités.
Issues. — Il y a plus de fermeté dans les prix. Ou paye par 100 kilog. à la
halle de Paris : gros son seul, 15 à 15 fr. 25 ; son trois cases, 14 fr. 25 à 14 fr. 75 ;
sons fins, 14 ir.; recoupettes, 14 à 15 fr.; remoulages blancs, 17 à 19 fr.; remou-
lages bis, 15 à 16 fr.
III. — Fourrages, graines fourragères, issues.
Fourrages. — La fermeté se maintient dans les cours. On paye à Paris'par 1,000
kilog: foin, 116 à 155 fr.; luzerne, 114 à 144 fr. ; regain, 1 OS à 134 fr, ; paille de
blé, 84 à 108 fr. ; paille de sigle, 80 à 100 fr.; paille d'avoine, 6S à 86 fr.; —
à Grenoble, foin, 75 à 80fr.;paile, 65 à 70 fr.
Graines fourragères. — ■ Les prix n'ont pas subi de grands changements depuis
quelques temps. On paye à Chartres, par 100 kilog. : vesces, 32 à 34 fr. ; trèfle
incarnat hâtif, 130 à 135 fr. ; trèfle incarnat tardif, 180 à 18")' fr.
IV. — Vins, spiritueux, vinaigres, cidres.
Vins. — Jamais les nouvelles vinicoles n'ont été si rares, et encore celles qui
nous parviennent de temps en temps, sont-elles complètement dénuées d'intérêt.
On nous écrit de la Dordogne : Nous comptons sur une demi-récolte dans les
vignes non atteintes par le phylloxéra et par l'oïdium ; là où ces maladies sévis-
sent, les vendanges seront pour ainsi dire nulles. Quant à la quaUté elle sera
bonne si le beau temps continue. En Lorraine, dit notre correspondant, les vignes
sont peu garnies de fruit, mais celui-ci est très beau et promet beaucoup; si nous
n'avons pas la quantité, nous espérons en revanche avoir la qualité. Du Lot, on
nous mande : la couhire et l'oïdium nous ont enlevé la moitié de nos raisins,
aussi ne comptons-nous que sur une demi-récolte. De l'Hérault nous recevons la
note suivante : La vigne est magnifique, le raisin abondant est fort beau, il com-
mence à vairer, on vendangera vers la fin d'août ou dans les premiers jours de
septembre. On compte sur la qualité. Notr j correspondant de l'Aude nous écrit
à peu près dans les mêmes termes. De la Gironde on nous affirme que la végé-
tation est luxuriante, les grains ont bien été éclaircis par la coulure, mais ils se
développent rapidement. La modicité de la récolte en 1880, ajoute-t-on, sera
compensée par la qualité. Du Sancerrois, département du Cher, on nous écrit
que, dans son ensemble, le chiffre de la récolte ne dépassera pas celui de l'an
dernier, mais que le vin sera incomparablement meilleur. Telles sont strictement
les seules communications, qui nous sont parvenues pendant la semaine écoulée.
En résumé, de nos informations générales, il résulte que si la récolte est faible en
278 REVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT
quantité, elle sera bonne en qualité, et que la propriété sera à même, en 1880, de
reconstituer, en excellent vin, son stock épuisé, par les années disetteuses que
nous venons de traverser.
Spiritueux. — Le marché est très ferme et les cours en hausse, mais en géné-
ral on ne paraît pas avoir ccnfiance dans la réalité de cette hausse. Le cours
pourra peut-être bien atteindre 65 fr. pour redescendre aussitôt, car ces fluctua-
tions semblent inhérentes aux agissements actuels de la spéculation et ne pa-
raissent nullement résister des besoins du commerce. Voici dans tous les cas le
mouvement du livrable pendant la semaine écoulée. De 61 fr tO, le cours a fait
62 fr. 25, puis 63 fr. 50, 63 fr., 62 fr. 75, 63 fr. 50, pour clôturer à 63 fr. 75.
Le stock est actuellement de 8,350 pipes contre 9,225 en 18'' 9. Le marché de
Lille reste calme; l'alcool de mêlasse disponible est tenu à 64 fr., le courant fin
Nord à 62 fr. 50. Les marchés du Midi sont toujours au calme çt sans change-
ment. — A Paris on cote 3/6 betterave 1"= qualité, 90 degrés disponible, 63 fr. ;
septembre, 61 fr. 25 à 61 fr. 50; septembre-décembre, 5b fr. 75 à 19 fr. ; quatre
premiers, 56 fr. 75 à 57 fr.
Vinaigres. — A Dijon, les vinaigres blancs de Bourgogne valent : ceux de
8 degrés, 14 fr. l'hectolitre nu; ceux de 12 degrés, 20 fr. Le vinaigre de Dijon,
P' choix, se vend 18 fr. l'hectohtre nu, pris en gare.
Cidres. — Les pommes à cidre donneront, en général, une très faible récolte,
dans les départements du Nord-Ouest qui ont été épargnés par les gelées. Le
Perche, le Maine, la Beauce, ont perdu la moitié de leurs pommiers. Dans ces
contrées, il faut dix ans pour que le dommage soit reparé, c'est-à-dire pour que
les arbres fruitiers redonnent de sérieuses récoites.
. V. — Sucres. — Mélassea. — Fécuks — Glucoses. —Amidons. — Houblons,
Sucres. — Depuis notre dernier bulletin nous constatnns une baisse sur les
sucres roux et le blanc n° 3. Les raffinés ont maintenu leur prix. On a coté à
Paris, par 100 kilog. pour sucres bruts, 8i degrés saccharimétri-juea : n°* 7 à
9, 68 fr. 25; n"* 10 àl3, 61 fr. 25; blanc type n" 3, 69 fr. 75. — A Valenciennes,
le marché, sans affaires est sans cote. — A Péronne, marché presque nul. On a
payé les blancs 68 fr. ^5; en roux, on offrait les 7 à 9 au prix de 66 fr. 75. A
Saint-Quentin, affaires plus que réduites : un seul lot, n" 3, payé 68 fr. 50; les
autres sortes sans cours. Le stock réel de l'entrepôt de Paris était, au 10 août,
de 247,661 sacs, avec une diminution de 17,886 sacs depuis huit jours. Les
cours pour l'exportation varient, de 76 fr. à 78 fr. '50, selon marques. Les
raffinés font : bonnes sortes, 153 fr.; belles sortes, 154 fr.
Mélasses. — Les prix sont sans changement,, à 13 fr. pour les mélasses de fabri-
que, et à 14 fr. pour celles de raffinerie.
Fécules. — Affaires toujours lentes. On cote à Paris, les 1''" de l'Oise ou du
rayon de Paris 40 à 42 fr. les 100 kilog. — A Compiègne, le type de la Chambre
syndicale, esta 41 fr., sans affaires; à quatre mois de septemijre, 35 fr. 50.
Glucoses. — La demande est un peu plus lente, mais les cours se maintiennent
à cause du peu d'abondance de la marchandise. On cote à Paris : sirop ^de
froment, 64 à 66 fr,; sirop massé, 54 à 56 fr.; sirop liquide (33 degrés),
44 à 46 fr.; sirops de maïs massés, 44 à 46 fr. le tout par 100 kilog.
Amido?is. — Tendance à la baisse, la cHentèle n'achetant qu'au jour le jour ;
les prix ont un peu fléchi : amidons de Paris, en parpaels, pur froment, 74 à 76 fr.;
de province, 64 à 66 fr. ; d'Alsace, en vrague, 60 à 62 fr. ; de maïs, 48 à 50 fr.;
fleur de riz, 40 à 44 fr.; riz de Louvain, 76 à 78 fr.
VI. — Huiles et graines oléagineuses.
Huiles. — La baisse continue cette semaine, mais le marché prend de l'acti-
vité. On a coté à Paris : colza tous fûts, 7 1 fr. 75 ; en tonnes, 73 fr. 75 ; épurée en
tonnes, 81 fr. 75; lin disponible, en fûts, 68 fr. 25; idem entonnes. 70 fr. 25.
A Cambrai, on a coté : huile de colza, 72 fr.; de lin, 66 fr. les 100 kilog.; l'huile
d'oeillette, 187 fr. les 91 kilog. A Rouen : huile de colza, 72 fr ; de lin, 68 fr. 25;
d'arachide comestible, 110 à 120 fr.; idem à fabrique, 78 à 85 fr.; de sésame
comestible, 100 à 110 fr.; idem à fabrique, 78 à 85 fr.; d'olives lampante, 126 fr.
A Gaen, huile disponible, 68 fr. les 100 kilog.
Graines oléagineuses. — A Cambrai, la graine d'œillette vaut (l'hectolitre),
20 à 21 fr. 50; celle de lin, 23 à 24 fr. A Rouen (par 100 kilog.), graine de colza,
31 fr. 50. A Gaen, graine de colza, 19 à 20 fr. l'hectolitre.
VII. — Tourteaux, noirs, engrais.
Tourteaux. — Voici la cote de Marseille : tourteaux de lin pur, 20 fr. 25 ; ara-
chide décortiquée, 15 fr. 50; idem brun pour engrais, 14 Ir.; idem en coque,
DES DENRÉES AGRICOLES (14 AOUT 1880;. 279
11 fr. 50; ricins, 11 fr.; sésame blanc du Levant, 15 fr.; idem de l'Jnde
13 fr. 50 ; colza du Danube, 13 fr. 50; coton d'Arrier, 12 fr.; palmiste naturel'
10 fr. 50; idem repassé, 9 fr. 50; ravison, 12 fr. 25. A Cambrai: tourteaux de
colza, 14 fr.; d'œillette, 17 fr. 50 ; de lin, 23 fr. 50. A Rouen, tourteaux de colza,
14 fr, 25 à 14 fr. 50; arachide décortiquée, 16 fr. 50; idem en coque, 11 fr.;
sésame, 15 fr.; Pulghères, 10 fr. 25; lin, 23 fr. A Gaen, tourteaux de colza,
15 fr. le tout par 100 kilog.
Noirs. — On cote sans changements à Valenciennes, : noir neuf en grains,
32 fr.; vieux en grains, de 8 à 9 Ir.; lavage, 2 à 4 fr.
VIII. — Matières résineuses et colorantes. — Textiles.
MâUisres résineuses. — A Bordeaux, le faible apport d'essence de térébenthine
sur le marché et la demande de la consommation maintiennent le cours ferme et
ont même produit un peu de hausse. Le prix est de 60 fr., nu, et 64 fr., logé.
— A Mont-de-Marsan, on paye la barrique de gemme ordinaire (3'iO litres), qua-
lité marchande, 38 fr.: système Hugues, 43 fr. ; et à Banquet, ordinaire, 39 fr. ;
Hugues, kk fr., charroi compris.
Gaudes. — Les cours sont de 12 à 15 fr. les 100 kilog. selon mérite.
Soufres. — On les paye de 13 à 15 fr. les 100 kilog., selon la qualité.
IX. — Suifs et corps gras.
Suifs. — Cours encore en hausse à Paris : frais, hors Paris, 83 fr. 50 ; bœufs
Plata, SB fr.; suif en branches, 62 fr. 60.
Saindoux et salaisons. Les cours sont en hausse au Havre. On y a vendu 400
tierçons Wilcox à 103 fr. les 100 kilog. Les lards salés sont négligés.
X — Beurres. — Œxifs. — Fromages.
Beurres. — On a vendu cette semaine à la halle de Paris, 248,735 kilog. de
beurres. Les prix par kilog. sont comme suit : en demi-kiiog., l fr. 78 à
3 fr. 32; petits beurres, 1 fr. 40 à 2 fr. 40; Gournay, 1 fr. 72 à 4 fr, 18;
Isigny, 1 fr. 82 à 5 fr. 52.
OEufs. — Du 3 au 9 aoù^ 4,238,760 œufs ont ét;é vendus à la halle de Paris,
a«x prix suivants, par mille : choix, 95 à 1U5 fr. ; ordinaires, 66 à 95 fr.; petits,
50 à 58 fr.
Fromages. — Le prix des fromages vendus à la halle de Paris a été cette semaine,
par douzaine : Brie, 6fr. 50 àj5 fr. 50; Montlhéry, 15 fr. ; par cent : Livarot,
23 à 77 fr. ; Mont-d'Or, 13 à 33 fr.; Neufehâtel, 5 fr 50 à ii4 fr. 50; divers,
8 à 52 fr. On a vendu le Gruyère de 134 à 170 fr. les 100 kilog.
Volailles. — On Yend à la halle de Paris : Agneaux de 14 à 18 fr. — Canards
barboteiirs, 1 fr. 50 à 5 fr._ 10. — Chevreaux, 1 fr. 70 à 2 fr. 50. — Crêtes en
lots, 1 fr. 50 à 9 fr. — Dindes gras ou gros, 6 à 9 fr. 60. — Dindes communs,
4 fr. 80 à 5 fr. 80. — Lapins domestiques, 1 fr. 50 à 4 fr. 75. —Oies communes,
3 fr. 50 à 6 fr. 65. — Pigeons de voUère, 0 fr. 90 à 1 fr. 75. — Pigeons bizets
de 0 fr. 50 à 1 ir. 10. — Poules ordinaires, 3 à 5 fr. — Poulets gras, 4 fr. 60 à
8 fr. 80. — Poulets communs, 1 fr. 40 à 2 fr. 80.
XI. — Chevaux. — Bétail. — Viande.
Bétail. — Le tableau suivant résume le mouvement du marché aux bestiaux de
la Villette, du jeudi 5 aoiit au mardi 10 août :
Poids Prix du kilog. de viande sar pied
Veadus moyea au marché du lundi 9 août.
Pour Pour En 4 quartiers. 1" 2» 3« Prix
Amenés. Paris. l'extérieur, totalité. kil. quai. quai. quai. moyen.
Bœufs 6,498 3.199 I,8(l7 5,006 337 1.68 1.48 1.18 1.43
Vaches 1,601 590 639 1,229 236 1.56 1.28 1.00 1.29
Taureaux 342 238 36 274 375 1.34 1.16 1.00 1.17
Veaui 4,881 2,310 1,119 3,429 72 1.76 1.60 1.20 1 50
Moutons 37,859 23,405 12,717 36,122 19 2.12 1.80 1.46 1.74
Porcsgras 4,653 1,856 2,787 4,653 88 1 86 1.76 1.66 1.7S
— maigres. 8 4 4 8 40 1.40 ^ » 1.40
Les marchés de cette semaine ont présenté à peu près la même physionomie que
ceux de la semaine précédente. Les transactions ont été assez actives ; les cours,
pour les diverses catégories, se sont maintenus aux taux de la semaine précédente
pour les gros animaux, mais il y a eu un peu de baisse sur les cours des veaux,
tandis que les prix des moutons et ceux des porcs gras accusaient une hausse
assez sensible.
A Londres, l'importation des bestiaux étrangers, durant la semaine dernière,
s'est composée de 26,553 têtes, dont 3 bœufs, 284 veaux, 2,086 moutons et
8 porcs venant d'Amsterdam ; 300 bœufs de Baltimore ; 823 bœufs de Boston ;
280 REVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT ( 14 AOUT 1880).
1,821 moutons de Brème; 741 moutons d'Hambourg; 5 bœufs, 90 veaux, 1,1 84 mou-
tons et 388 porcs d'Harlingen; 154 bœufs et 1,610 moutons de Montréal;
2,877 bœufs et 450 moutons de New-York; 3,474 moutons, 382 veaux, et
149 porcs de Rotterdam; 1,423 bœufs, 2 veaux et 8,259 moutons de Tonning;
40 bœufs de Vigo : Prix du kilog : Bœuf : 1", 1 tr. 87 à 1 fr. 99; 2% 1 fr. 75
à 1 fr. 87; qualité inférieure, 1 fr.58 à 1 fr. 75.— Veau : V% 1 fr. 87 à 1 fr.99;
2* 1 fr. 75 à 1 fr, 87 — Mouton : 1", 2 fr. 28 à 2 fr. 40; 2% 1 fr. 75 à 2 fr. 10;
qualité inférieure, 1 fr. 58 à 1 fr. 75. — Agneau: 2 fr, lo à 2 fr. 63. - Porc:
1", 1 fr. 58 à 1 fr. 75 ; 2% 1 fr. 40 à 1 fr. 58.
Viande à la criée. — On a vendu, à la fialle de Paris, du 3 au 9 août :
Prix du kilog. le 9 août.
kilog.
Bœuf ou vache . . 176,413
Veau 202,297
Mouton 50,176
Porc 17,690
446,576
l" quai. 2« qu.al. ^» quai. Choix. Basse boucherie.
1.16àI80 1.08à1,n6 0.70àl,24 l.00à2.25 0.10 à 1 . 10
1.62 1.86 1.30 1.60 0 86 1.28 1.00 2.10 . «
1.52 1.86 1.20 1.50 0.76 1.18 1.00 3.50 .
Porc frais l.lOà 1.96
Soit par jour 63,796 kilog.
Les ventes sont supérieures do 2,000 kilog. environ par jour à celles de la se-
maine précédente. Les cours des diverses catégories accusent un peu de baisse
depuis huit jours.
XII. — Cours de la viande à l'abattoir de la Villette du 12 août {par 50 kilog.)
Cours de la charcuterie. — On vend à la Viilette par 50 kilog.: 1" qualité,
100 à 103 fr.; 2", 90 à 95 fr
Bœufs.
poids vif, 68 à 72 fr.
Veaux.
1" 2' 3«
1'. 2. 3« 1"
2»
3»
quai. quai. quai.
quai. quai. quai. quai.
quai.
quai.
fr, fr. fr.
fr. Vr. fr. fr.
fr.
fr
78 72 65
93 84 75 90
82
75
XIII, — Marché aux bestiaux de la Yillette du jeudi
12 août.
Cours des comi
nissionnaires
Poids Cours officiels.
en bestiaux.
moyen ■ , ■ -^^_
_ — ■ — .^^
Animaux
gênerai, 1" 2» 3» Prix i"
2« 3«
Prix
amenés. Invendus.
kil. quai, quai, quai, extrêmes, quai.
quai, quai.
extrêmes.
Bœufs 2.435 386
365 t. 63 l.'iS 1.18 1,^41.72 1.66
1,46 1,20
l,12àl.70
Vaches 612 24
250 1.56 1.28 1.00 0.y8 1.60 1.52
1.28 1.00
0.95 1.60
Taureaux... 127 19
375 1.36 1.(6 1.00 0.96 1.40 1.35
I.IS 1.00
0,95 1,38
Veaux 1.338 102
80 1.80 1.64 1.24 1.20 1.90 »
> ■
» '»'
Moutons.,,, 22.421 632
18 2.06 1.72 1.42 1.30 2.10 »
s I
'l"H^
Porcs gras.. 3.473 »
84 1.84 1.74 1.64 1,58 1.S4 »
» ■
— maigres, » •
» »
•■*--<1n
Vente assez active sur toutes
es espèces.
XIV, — Résumé.
Les cours des céréales sont faibles, mais ceux des farines accusent de la fer-
meté. Il en est d'ailleurs de même pour les prix delà plupart des denrées agricoles
durant cette semaine. A. Remy.
BULLETIN FINANCIER.
Cours de la Bourse du 4 ou 11 aoât 1880 [au comptant].
Hausse à nos fonds publics: la rente 3 0/0 est à 85 fr. 35, gagnant 0,50 ; l'amor-
tissable à 87 fr. 30, gagnant 0,30 ; le 5 0/0 à 119 fr. 07, gagnant 0,72; très grande
fermeté à nos chemms de fer et à nos sociétés de crédit.
Principales valeurs françaises:
Plus
Plus
haut.
85.35
87.40
117.00
119.07
Rente 3 0/0 82, 20
Rente 3 0/0 amortis 87.25
Rente 4 1/2 0/0 llG.oa
Rente 5 0/0 118.80
Banque de France 3460.00 3495,00
Comptoir d'escompte 945.00 970. Oj
Société générale » •
Crédit foncier 1262.50 1275.00
Est Actions 500 752.50 755.00
Midi d" 1015.00 1020.00
Nord d" 1595.00 18)5.00
Orléans d» 1210. 25 iî20.o0
Ouest d* 807.50 «25.00
Paris-Lyon-Méditerranéed" 1353.75 iS'js 00
Paris 1871 obi. 400 3 0/0 ,, 397.00 398.00
Italien 5 0/0 83.85 8i.22
Dernier
cours.
85.35
87.30
117.00
119. u7
3i95.00
9i5.00
556.25
1270.00
755.75
IO.'O.Oj
lôOO.OO
1218.75
825.00
1353.75
397.00
84,22
Gérant : A, BOUCîlÊ,
Fonds publics et Emprunts français et étrangers :
Plus
Plus
Dernier»
b.-ïs.
haut.
cours.
obligations du Trésor
a
»
>
remb â 500. 4 0/0.
514,00
520.00
514.00
Consolidés angi, 3 O/O
a
»
98 5/16
50/0 autrichien
62 1/8
63.00
63.00
4 0/0 belge
106.45
106.75
106.75
6 o/o égyptie.i
310.00
312.50
312.50
3 o/o espagnol, ester'.
19 1/3
19 1/2
19 1/4
d° intérieur
»
»
»
6 O/o Etats-Unis
107.00
108 1/4
107 1/4
Honduras, obi. 30i)...
»
»
a
Tabacs ital., obi. 500,.
»
»
»
6 o/o péruvien
»
D
a
93.40
94.75
94,75
9.50
9.80
9.70
5 0/0 roumain
Bardeaux, lOO, 3 O/O.,
1
t
100,50
Lille, 100,3 0/0
•
»
101.50
LErsRRiEa
CHRONIQUE AGRICOLE (21 août isso..
congrès de l'Association française pour l'avancement des sciences, à Reims. Travaux de la Seclion
d'agronomie. — Le traitement des eaux d'égout. — Méthodes employées par la ville de Reims
pour leur purification. — L'inigalion et le traitement chimique. — Méthode proposée par
M. Ladureau. — Concours du Comice de Reims et du Comice départemental de la Marne -- Rap-
port de M. Lequeux sur les visites de fermes. — Note de M. Ponsard sur l'insiitulion d'ingénieurs
agricoles. — Dates des examens d'admission dans les Ecoles nationales d'agriculture. — Bourses
vacantes à l'Ecoie de Montpellier. — Etudes sur les questions qui touchent à la vigne. — Con-
grès de Clermont-Ferrand. — Congrès internat onal de viticulture à Lyon. — Programme des
conférences. — Programme de l'exposition annexe. — Questions à traiter au coru'rès de Sira-
gosse. — Travaux du Comité départemental de Lot et-Garonne. — Plantation de vi^Ties améri-
caines. — D.ites de l'ouverture de la chasse. — Concours spéciaux de michines à battre et
d'appareils à n-?ttoyer les grains, ouverts par la Sociéié d'agi-icu ture de .Maau'c. — Concours
international de charrues et de herses, en Italie. — Nouvelle encyclopédie d'arboriculture publiée
par M. Alphonse Lavallée. — Nécrologie. — Mon de M. Benjamin père et de M. de .MoiUeynird.
— Les ravages des insectes dans les récoltes en Russie. — Noies de MM. de li Morvonnais,
• Vincent, de Lentilluc, Leyrisson, sur la situation des récoltes dans les départenieats d'Ille-et-
Vilaine, de l'Ain , de la Dordogne et de Lot-et-Garonne. — Fin de la moisson.
l. — L'agriculturô à ta session de LWssocialio i française pour l'aoïncement
des sciences.
La session pour 1880 de l'Association française pour l'avancement
des sciences s'est ouverte à Reims, le 12 août; elle sera terminée au
moment où paraîtront ces lignes. L'agriculture y a tenu une place
honorable, quoique moins brillante qu'à la session dernière, à Mont-
pellier. A l'exception de la question du traitement des eaux d'égout,
sur laquelle M. Diancourt, maire de lleims et député, et M. le
docteur Bréban ont fait une communication très intéressante pour
répondre à l'exposé d'un procédé employé à Tourcoing et à Roubaix par
M. Ladureau, l'élément local n'a pas fourni beaucoup de sujets de
discussions à la Section d'agronomie. C'est sans doute parce que la
fabrication du vin de Champagne, qui est la grande affaire du pays,
est en pleine prospérité; on se trouve bien de ce que l'on fait, les
méthodes employées donnent des résultats satisfaisants, on réalise de
grands bénéfices, et, comme conséquence, on ne songo nullement à
opérer des changements ou à faire des recherches nouvelles. Les
choses étaient bien différentes à Montpellier, où le congrès se trouvait
en pleine crise phylloxérique. A Reims, ce sont des eaux indus-
trielles, provenant surtout de teintureries et de lavage de laines, qu'il
s'agit de détourner des cours d'eau ou de ne rendre aux rivières qu'a-
près la désinfection. A ces eaux industrielles se joignent les eaux
ménagères et de lavage des rues. Cela forme un total de 36,000 mètres
cubes par jour. Quant aux déjections humaines, elles sont recueillies
dans des losses et enlevées par des vidangeurs, afin de servir directe-
ment à l'agriculture ou être utilisées pour fabriquer de la poudrette et
bientôt sans doute du sulfate d'ammoniaque. Nous avons vu une de
ces fabriques d'engrais, celle de M. Lecomte qui est agriculteur lui-
même et dont l'établissement est placé dans de bonnes condition»
hygiéniques.
La ville de Reims, depuis douze ans, a fait de grands sacrifices
pour empêcher l'infection parles eaux industrielles. Quant à présent,
elle partage ses eaux entre deux compagnies, l'une qui travaille par
l'irrigation, l'autre par l'action chimique. Pour le premier système,
la ville paie 5 millimes par mètre cube, pour le second système 7 mil-
limes. Les agents chimiques employés pour l'épuratioa sont la chaux
et les cendres pyriteuses. On verra par l'expérience quel système
N» 593. — Tome III de 1880. — 21 août.
282 CHRONIQUE AGRTCOLE (21 AOUT 1880).
donnera les meilleurs résultats. Quant à présent, l'irrigation d.ins le
sol crayeux aux environs de Reims, paraît être très efficace; il y aura
seulement lieu de savoir si l'étendue qui lui est consacrée est suffisante,
ets'il ne faudra pas soumettre le sol irrigué à des alternances de cultures
non arrosées, ce qui reviendrait à augmenter dans une certaine propor-
tion l'étendue des terres destinées à cette opération. M. Ladureau
propose, pour faire l'épuration, l'emploi par mètre cuIjc de 300 gram-
mes de chaux et d'un kilog. d'argile, ce qui donnerait lieu à remuer
des masses énormes de matières déposées. On a fait remarquer avec
raison que les procédés à suivre doivent varier suivant la nature des
eaux à traiter, et aussi suivant la nature des terrains dont on dispose,
et le climat. Mais il est incontestable que la végétation a sur les dé-
tritus industriels une puissance de destruction qu'il importe de mettre
en action, au double bénéfice des populations qui y trouvent la salu-
brité et une production de richesse.
Nous avons rencontré, à la section d'agronomie de Reims, M. Risler
qui présidait, puis MM. Dehérain, Fouquet, Gorenwinder, Charlier, Pé-
sier, Violette, Ladureau, Reich et plusieurs agriculteurs de la région.
Le Comice départemental et le Comice de Reims avaient décidé de tenir
leurs concours de manière à les faire coïncider avec la session de l'Asso-
ciation française. La mécanique agricole y était très bien représentée;
les meilleures machines françaises y figuraient, grâce surtout aux soin»
d'un des frères Mabille qui a un établissement remarquable à Reims; il
y avait aussi un grand nombre de constructeurs locaux. Il est incon-
testable que la mécanique agricole a fait de grands progrès en Cham-
pagne. Le bétail était aussi assez bon, principalement en ce qui con-
cerne les vaches laitières qui ont été bien améliorées depuis quelques
années. La distribution des récompenses a été faite sous la présidence
de M. Lassalle, préfet de la Marne, qui avait à sa droite M. Krantz,
président de l'Association française, les sénateurs et députés du dé-
partement, puis MM. Lhotelain, président du Comice de Reims, Ponsard,
président du Comice central. M. Lequeux, secrétaire général de ce der-
nier Comice, a présenté un excellent rapport sur la visite des fermes,
rapport qui constate que ces exploitations sont en progrès et font des bé-
néfices. M. Ponsard a lu un travail sur le rôle qu'il voudrait voir jouer
à un nouveau corps constitué, celui des ingénieurs agricoles ; il s'y trouve
d'excellentes choses, mais une certaine teinture politique qui aurait
pu être évitée, et qui dailleurs n'était pas d'accord avec les données
fournies par le rapport de M. Lequeux. Cela a eu pour conséquence
quelques incidents que le préfet a étouffés avec beaucoup de tact. —
M. Lhotelain a fait connaître les récompenses décernées par le Comice
de Reims; elles ont cela de remarquable qu'elles encouragent un grand
nombre d'ouvriers agricoles, bergers, gardes champêtres, garçons de
culture, moissonneurs, servantes de fermes, vignerons-tâcherons ;
elles ont un caractère démocratique nettement accentué, et elles démon-
trent que les longs services agricoles, de quarante ans et plus, ne sont
pas encore rares, quoiqu'on en dise.
La fête s'est terminée par un banquet qui n'a pas duré moins de
quatre heures, et dans lequel il a été porté dix-huit toasts ; c'est le
Champagne qui a pétillé. Bref, la fête a été très belle. Nous devons
ajouter que M. Charlier, le vétérinaire qui a à son compte le plus d'in-
ventions utiles de France, M. le docteur Thomas, député, et M. Lhote-
CHRONIQUE AGRICOLE (21 AOUT 1880). 283
iain se sont attachés à bien faire connaître l'agriculture locale et ont
ainsi été particulièrement utiles à l'Association française qui, à Eper-
nay et à Reims, a pu visiter un grand nombre de caves et se rendre
compte de l'immense importance de la production du vin de Cham-
pagne.
IL — Examens d'admission dans les écoles d'ariricidture.
En vertu d'une décision récente, les examens d'admission dans les
Ecoles nationales d'agriculture de Grignon, Grand-Jouan et Montpellier,
s'ouvriront le lundi 11 octobre prochain. Une deuxième session extra-
ordinaire aura lieu le lundi 15<novembre. Elle sera exclusivement ré-
servée aux jeunes gens qui se trouvent actuellement sous les drapeaux
et que le service militaire aura empêchés de prendre part aux premières
épreuves.
A la prochaine rentrée, onze bourses départementales seront vacan-
tes à l'Ecole nationale d'agriculture de Montpellier. Les départements
dont les bourses sont vacantes, sont : Aude, deux demi-bourses ;
Corse, une bourse et une demi -bourse; Gonstantine, deux bourses;
Gard,- une demi-bourse; Gironde, deux demi-bourses; Var, deux
demi-bourses.
Les demandes d'admission aux Ecoles nationales d'agriculture
doivent être adressées au ministère de l'agriculture et du commerce,
direction de l'agriculture, ou au siège de ces Ecoles.
III. — Le phylloxéra.
L'étude des questions nombreuses qui touchent soit à la lutte contre
le phylloxéra, soit à la reconstitution des vignobles détruits, continue
à se poursuivre avec une grande ardeur. D'importantes réunions vont
avoir lieu bientôt, qui permettront de faire connaître les résultats de
ces travaux. En même temps que le concours régional de Clermont-
Ferrand se tiendra le congrès viticole dont nous avons récemment
publié le programme. Un peu plus tard, aura lieu à Lyon le congrès
international de viticulture, organisé par la Société régionale de viticul-
ture de Lyon. Ce congrès se tiendra du 12 au 14 septembre sous la
direction de M. Bender, président de la Société. Nous recevons le pro-
gramme des questions qui y seront traitées par des hommes très au-
torisés :
12 septembre, 1"^ séance a 9 heures du matin. — Ouverture du cons^rès par le
président de la Société de viticulture. — Situation phylloxéri(pe des vignobles de
la région lyonnaise, M. G. Roche. — Etat actuel des connaissances scientificpies
sur le phylloxéra, M. Planchon. — Description, mœurs, multiplication du phyl-
loxéra. Démonstration de l'insecte au moyen de photographies grossies par des
projections à la lumière oxhydrique, M. Lichtenstein.
2""^ séance à 2 heures du soir. — Des moyens employés pour détruire le phyl-
loxéra. Le sulfure de carbone, M. le D-'X... — Les sulfocarhonates, M. Mar^.
— La submert-ion, M. Reich et M. le professeur Goste.
Septf.mbre^V^ séance. — Lesvignesrésistantes au phylloxéra dans les Etats-Unis,
M. Meissner. — Gonstitutiojj spéciale des racines de vignes résistantes. Photo-
graphies de ces racines grossies par la lumière oxhydrique, M. Foëx. — Historique
'et description des vignes américaines résistantes, M. Planchon.
2""= séance. — De l'adaptation des vignes américaines aux différents sois,
M. Vialla. — De l'affinité des vignes françaises avec les vignes d'Europe au point
de vue de leur greffage, M. Robin. — La vigne d'Amérique en Savoie. Etat phyl-
loxérique du département, M. Tochon.
14 septembre, F« séance. — Les vignes d'Amérique en Italie, M. X... — Des
divers modes de multiplication de la vigne, M. Ghampin. — Plantations de vignes
et greffes dans le Gard, M. Lugol.
iïk CHRONIQUE AGRICOLE ('21 AOUT 1880).
2"" séance. — Les vignes d'Amérique dans l'Is^ère. Résultats obtenus par le
greffage, M. deMortillet. — Compte rendu du concours de greffage à Odenas. —
Résumé des conférences du congrès, M. Bender, président de la bociété.
Ce programme laisse en blanc les noms de quelques conférenciers
dont l'adhésion n'est pas encore parvenue^ et il y a quelques lacunes à
combler; mais voici la liste, certaine pour quelques-uns, plus que pro-
bable pour la plupart de ceux qui traiteront les questions indiquées
dans le programme : MM. Planchon, Liclitenstein, Cliampin, Meis-
sner, Vialla, Mares, Foëx, Lugol, Tocbon, docteur Crolas, C. Roche,
de Mortillet, Reich, Robin, Ferdinand Gaillard, sans compter les con-
férences nouvelles qui pourront être demandées aux hommes émi-
nenls que le Congrès aura attirés et les communications intéressantes
et inattendues qui surgiront au milieu des conférences annoncées.
Une exposition de viticulture se tiendra du 0 au 14 septembre, sur
le Cours Ferrache, à Lyon. Elle comprendra les collections de vignes
vivantes, gieffées ou non greiîées sur vignes résistantes, franches
de pied, et en pots; les raisins coupés; les collections de raisins d'Europe
et d'Amérique; les collections de vins américains; les machines à
grefîer; les liens pour les greffes, sécateurs, serpes, ébranchoirs, etc.;
les charrues vigneronnes avec leurs appareils complets; les instru-
ments divers pour la culture de la vigne; les insecticides et les appa-
reils pour les employer; les chaudières pour la destruction de la py-
role, l'échaudage des écbalas, des tonneaux, des foudres, etc.; les
alambics pour la distillation des vins et des marcs de raisins ; les
pompes à soutirer les vins; les filtres pour la clarification des vins et
des lies; les pressoirs, cuves, tonneaux, foudres; les appareils et in-
struments pour la vinification et les soins à donner aux vins. Qua-
rante médailles : en or, vermeil, argent et bronze, seront mises à la
disposition (lu jury pour récompenser ces ditîérentes expositions. —
Les personnes qui voudront prendre part à ce concours, sont priées
d'adresser leurs demandes avant le -31 août, à M. le secrétaire de la
Commission du Congrès à Lyon, 14, rue de la Bourse. — La Société
d'horticulture pratique du Rhône fera, les mêmes jours et dans la
même enceinte une grande et magnifique exposition de tous les
produits.
Un autre congrès phylloxérique international se tiendra à Saragosse,
en Espagne, au commencement du mois d'octobre, sous la présidence
de M. Luiz Seron, député. Nous avons annoncé que ce congrès se tien-
drait du 1"" au 10 octobre. Voici le programme des questions qui doi-
vent y être traitées :
l» Etudes faiies sur les caus s qui ont intltié sur l'appariiion, la marche et le
■dévelo['pement de la maladie phylloxérique, dans chacune des nations envahies.
Quel est l'état de la marche dans ces mêmes nations et quelle sera la marche
probable et le développement qu'elle suivra dans l'invasion des vignobles en
Espagne, en partant de chacune des provinces déjà attaquées?
S^Doit-o , cesser d'attaquer les foyers phylh'xériques au moyen des insecticides?
Dans le cas négatif, quelles substances faudra-t-il employer pour l'attaque et
quels seront les moyens les plus économiques et qui donneront les meilleurs résul-
tats?
3° De l'influence qu'une culture soignée et l'emploi d'engrais déterminés,
pourront exercer dans la défense contre l'action de l'insecte, ou bien dans son
développement plus ou moins grand.
4« Des effets produits sur le phylloxéra par la submersion des vignes; pra-
tique de ce mode de procéder dans de bonnes conditions économiques et soins
CHRONIQUE AGRICOLE (21 AOUT 1880). 285
auxquels on devra soumettre les vignes submergées pour qu'elles ne perdent pas
de leur force végétative.
5" Y a-t-il quelques variétés de vignes de provenance asiatique, qui puissent
être considérées comme indemmes par rapport à l'insecte?
6° Des vignes américaines. De leur classificition par rapport à la résistance
contre l'attaque de l'insecte; exposition des raisons scieutifi {ues et expérimentales
qui justifient l'opinion contraire ou l'avorableà l'indemnité. Description des espèces
et variéiés de vignes mdemnes ou résistantes; conditions du climat et du terrain
dans lesquels elles doivent être cultivées de préférence dans chaque contrée vini-
cole
7° Quelles variétés de vignes américaines indemnes ou résistantes à la mala-
die, pourront être cultivées directem nt pour la production du raisin? Qiantité
et qualité de celui-ci. Qiaelles variétés faudra-t-il choisir pour gretLr les vignes
du pays? Théorie du grelfage. Conditions des vins obtenus avec des vignes gref-
fées.
8" On discutera n'importe quel autre point du sujet, qui, suivant la décision
du bureau, ressortira à l'objet du Congrès.
Nous recevons de i\J. Prosperde Lafitte, président du Comité dépar-
temental de Lot-et Garonne, son rapport annuel sur les travaux de ce
Comité. Ce rappoit renferme un grand nombre de faits intéressants.
C'est surtout sur la propagation des vignes américaines résis.t.intes,
afin de reconstituer les vignes détruites, que les efforts du Comité ont
été dirigés cette année. 20,000 boutures ont été mises en pépinière.
Voici comment M. de Lafitlerend compte des résultais obtenus : « Les
Jacquez se présentent assez bien pour nous permettre de compter sur un
rendement supérieur à Li moyenne ordinaire. Les Herbemonts laissent
à désirer. Les porte-greffes : Riparias, Soionis, Viallas. Yorks-Madeira,
à reprise, il est vrai, plus facile que les premiers, se présentent admi-
rablement bien, et sont désormais à l'abri de tout accident. » Le même
rapport constate la marche continue de l'invasion dans les vignes du
département, particulièrement dans l'arrondissement de Nérac.
IV. — L'ouverture de la chasse^
Dans notre dernière chronique (p. 247), nous avons indiqué la date
de l'ouverture de la chasse dans un certain nombre de départements.
Voici le complément de cette liste :
5 sepienibr^. — Cher, Eure, Eure-et-Loir, Loir-et-Cher, Loire-In ér'eure,
Loiret, Maine-et-Loire, Maime, Nièvre, Nord, Oise, Orne, Sarthe, Seine, Seine-
Inférieure, S-iine-et-Mirne, Seine-et-Oise, Deux-Sèvres, Somme, Vendée, Yonne.
12 s ptemhre. — Mayenne.
19 septembre. — Gôies-du-Nord, Finistère, lUe-et-Vilaine, Morbihan.
Le département du Calvados est le seul pour lequel la date de l'ou-
verture de la chasse ne soit pas encore fixée.
V. — Concours de la Société d'agriculture de Meaux.
Nous avons annoncé que la Société d'agriculture de l'arrondissement
de JMeaux, présidée par M. de Moustier, continuerait cette annéo les
concours spéciaux qu'elle a organisés, par un concours de machines à
battre, d'appareils à nettoyer et à cribler les grains et les graines, etc.
La date de ce concours vient d'être fixée au samedi 1 8 septembre ; <\ se
tiendra à Meaux. Les instruments et machines devront être rendus à la
gare de Meaux deux jours au moins avant l'ouverture du concours.
Quatre médailles d'or, sept médailles d'argent, treize médailles de
bronze pourront être attribuées par le jury. En outre, les primes suivan-
tes pourront être décernées entre les diverses catégories :
1" Catégorie. — Machines à battre à vapeur, vannant et criblant. Trois prime»
de300, ISOetlOO fr.
286 CHRONIQUE AGRICOLE (21 AOUT 188QJ.
2*= Catégorie. — Machines à battre, vannant et criblant, à manèges de trois et
quatre chevaux. Trois primes de 200, lOJ et 50 iV.
â' Caiéqorie. — Machiaes à battre, mues par un et deux chevaux et machines à
bras. Trois primes de 200,, 100 et 50 fr.
4" Catégorie. — Machines à battre les petites graines. Trois primes de 100, 50
et 30 fr.
5" Catég&rie. — Appareils et procédés relatifs au battage et vannage des graîneis
et grains, économisant k; main-d'œuvre et rendant le travail moins pénible. Trois
primes de 50, 3^ et -2,0 fr.
Machines à nettoyer et à cribler les grains et graines. Trois primes de 50, 30
et 2.Q k.
Les concurrents devront envoyer leurs déclarations au secrétaire
de la Société, M. Emile de Lignières, à Trilbardou, par Esbly (Seine-
et-Marne), avant le 8 septembre.
VI. — Concours international do charrues en Italie.
Le ministère de l'agriculture d'Italie vient de décider l'ouverture
d'un concours international de charrues et de herses, qui se tiendra
du 15 au 20 septembre prochain. La direction de ce concours sera
confiée au Comice agricole de Girgenti, et il se tiendra dans cette ville.
Tous les constructeurs de tous pays sont admis à y prendre part. Il
comprendra tous les types de charrues monosocs, hisocs, polysocs,
ainsi que tous les types de herses. Dans chaque section, des médailles
d'argent et de bronze seront attribuées aux instruments qui auront
fonctionné de la manière la plus parfaite. En outre, le ministère de
l'agriculture, dans le double but de propager les instruments perfec-
tionnés et d'encourager les coustrucleurs à prendre part au concours,
a décidé qu'il achèterait un certain nombre d'instruments, parmi ceux
qui auraient le mieux fonctionné. Ces instruments seront répartis
entre plusieurs cultivateurs de la circonscription de Girgenti.
VIL — IVoavelle encyclopédie d'arboriculture.
Notre éminent confrère, M. Alphonse Lavallée, président de la
Société centrale d'horticulture, vient de commeacer la publication
d'un ouvrai^e très important que nous devons signaler aux. agricul-
teurs. Cet ouvrage a pour titre : Icônes ulvetsp arhorum et frnicuin in
h&rtis Segrezianis coUectorwn; il est consacré à la description, avec
fiGjures, des espèces nouvelles rares ou crilique'S de' l'Arboretura de
Segrez. La première livraison vient de paraître : elle est consacrée à
la description des six espèces suivantes : Jaglans SieboUinna, O^tnjop-
sis Dwidiana, ELvagnus lon(ji[i>cH^ Cratssguscuaeala^ Jamesia Amcri"ana.
Pour chacune, M. Lavallée d>n ne une description faite avec le plus
grand soin, d'après la culture poursuivie à Segrez depuis de longues
années; des planches gravées et coloriées représentent les principaux
organes, les feuilles, les fleurs, les fruits, etc. L'ouvrage formera
deux volumes renfermant GO planches chacun; il sera publié tous les
trois mois une livraison composée ^de six planches avec un texte des-
criptif correspondant. II est édité par la librairie Baillière, rue Hau-
tefeuille, à Paris. Ce grand ouvrage se placera certainement au pre-
mier rang parmi les travaux sur l'arboriculture et la sylvictdture qui
aient été publiés soit en France, soit dans les autres pays.^
VIII. — Nécrologie.
Nous avons le regret d'apprendre la mort de M. Benjamin père,
médeda-vétérinaire, qui avait acijuis une légitime notoriété pir ses
travaux importants sur plusieurs maladies des animaux domestiques.
CHRONIQUE AGRICOLE (21 AOUT 1880). 287
Membre, depuis trente ans, delà Société centrale de médecine vétéri-
naire, il s'était particulièrement livré à des études sur la production
animale en Algérie, sur la pustule maligne des animaux domestiques,
■et sur la fièvre contagieuse des oiseaux de basse-cour.
Nous devons aussi annoncer la mort de M. le marquis de Montey-
nard, agriculteur dans le département de l'Isère. Il était âgé de 71 ans ;
il avait été lauréat de la prime d'honneur au concours régional de
Grenoble, en 1872.
IX. — Ravages des insectes en Russie.
Nous avons donné déjà quelques détails sur les ravages produits en
Russie par les insectes. A ce sujet, un correspondant du journal
Le Temps donne des indications que nous devons reproduire, en partie
au moins :
gjcc Un fléau bien plus redoutable que le nihilisme envahit en ce moment la Russie
et y cause les plus vives préoccupations. UaiiasopUa austînaca menace d'anéantir
le tiers des récoltes sur pied. Cette mouche est bien plus à craindre que la saute-
relle nomade, car elle se perpétue dans le pays qu'elle a ravagé et y devient endé-
mique. Ce n'est plus le Midi et l'Est de l'empire qui sont la proie de Y anasoplia ;
le centre lui-même eàt atteint. Le danger est d'autant plus grand que VanasopUa
s'acclimate dans les provinces les plus fertiles. La Tauride, le territoire du Dom,
les provinces d'Ekaterinoslaw, de Charkow, de Pultava, toute la Bessarabie ont été
visités par le fléau.
oc Deux professeurs d'entomologie ont été chargés d'étudier scientifi luement la
question. MM Lindeman et Portehinsky se sont rendus sur les lieux et ont pour-
suivi leurs investigations dans différentes régions de l'empire. Les conclusions aux-
quelles ils sont arrivés ne sont pas consolantes; les' mesures qu'ils recommandent
sont d'une application difficile et d'une utilité douteuse. Il ne s'agirait de rien moins
que de changer de culture, et, au lieu du blé et du seigle, ensemencer du maïs, du
colza et des graines de lin. Pour ces deux derniers produits, des terres épuisées
et sans engrais ne donneront point de récoltes. »
« Ce n'est pas tout encore. Dans les provinces de Voronège, de Charkow et de
Koursk, des papillons on détruit les champs de betteraves ; mais, si grand que
soit le mal, il est autrement terrible le long du Volga. Des provinces qui passent à bon
droit comme les plus fertiles, telles que Saratbw, Samara, Simbirsk, subissent
cette année un véritable désastre. On n'y récolte pas assez de grains pour les
semailles prochaines. Ce n'est plus l'anasoplia, ce sont les froids exceptionnels
joints à la sécheresse qui ont amené la famine. Dans ces provinces, il faudra donner
aux paysans non seulement de quoi ensemencer, mais aussi de quoi ne pas mourir
de fain jusqu'à la récolte de 1881. »
D'un autre côté, dans quelques parties de l'Allemagne du nord, on
se plaint vivement du délicit amené dans le^ récoltes de céréales par
l'excès d'humidité.
X. — Nouvelles de l'état des récoltes.
Les travaux de la moisson peuvent être considérés comme termi-
nés. Les battages se poursuivent et les agriculteurs se rendent
compte des rendements. Sur la situation dans le département d'Ille-et-
Vilaine, AL de la lAlorvonnais nous envoie la note suivante, du manoir
de Bruz, à la date du 1 7 août :
« Le beau temps de la semaine dernière a permis de travailler activement à la
récolte. Mais, il a plu abondamment dans la nuit de dimanclie à lundi, et le temps
lest orageux, mais le vent est toujours au nord-est et le baromètre assez haut.
« On est satisfait de la reçoit j d'orge et d'avoine, les froments laissent plus à
désirer; il y en a de maigres et de restreints, et la quantité ne sera p&s grande.
Les sarrasins sont fort beaux partout; les récoltes fourragères, choux, betteraves,
trèfles, exceptionnellement belles,
« Les pomimes de terre sont très belles. Quelques bonnes espèces ont été impor-
tées , les fusks de Jersey notain-.nent, m'ont donné plus de vingt fois la semence*
288 CHRONIQUE AGRICOLE (21 AOUT 1880).
« Les pommes à cidre sont fort chères et rares, l'hiver d'ailleurs a détruit
beaucoup de pommiers. »
D'après la note que M. Vincent nous envoie de Treffort, à la date
^u 1 4 août, on se montre satisfait de la plupart des récoltes dans
cette partie du département de l'Ain :
« Le 5 de ce mois j'allai voir fonctionner la batteuse du pays, et je demandai à
plusieurs personnes quelle est la qualité du grain. Très bonne, me répondit-on
unanimement; même le veste des récoltes va bien; il n'y a que la pauvre vigne.,
hélas ! Donc il y a lieu d'être content de la récolte dans notie région.
« Les avoines donnent un rendement exceptionnel. Les fèves sonide toute beauté.
Les betteraves promettent beaucoup. Les ]jommes de terre ont un fanage
exubérant ; les précoces que l'on a déjà arrachées, piésentent de beaux tubercules :
celui qui écrit ces lignes en a trouvé récemment, dans son jardin, comme pro-
duit d'une seule mère de Merveille d'Amérique, un ensemble de très grosses, de
moyennes et de petites, du poids total bien constaté de 3 kilog. 500; ses voisins
ne pouvaient pas en croire leurs yeux.
« Les fourrages abondants en montagnes, ont été maigres dans les terrains bas.
« Quanta la pauvre vigne, on voit par-ci par-là quelques bonnes grappes : le
grain est généralement gros. Il se peut que l'on en voie davantage, lorsqu'il com-
mencera à j-e colorer. L'année dernière l'oïdium et l'anthracnose avaient fait leur
première apparition ici dès le milieu de juin : cette année, on ne voit encore, et
dans de rares places seulement, qu'un feuillage jaune pâle ; le grain est resté
intact jusqu'ici. »
Sur la situation dans le département de la Dordogne, M. de Lentilhac
nous envoie de Saint- Jean-d'Ataux, à la date du 14 août, les rensei-
gnements qui suivent :
« La canicule (du 25 juillet au 25 août) -se fait sentir cette année dans nos
contrées avec une persistance de chaleur qui présage pour tous les fruits, pour le
raisin en particulier, une bonne maturité. Quant aux autres produits, ils commen-
cent à souffrir sensiblement de la sécheresse; les regains de prairies naturelles et
artiticielles, sur lesquels on comptait beaucoup pour réparer les pertes de la pre-
mière coupe, ne poussent plus; les haricots se flétrissent avant d'avoir formé leurs
grains; la pomme de terre est frappée d'une maturité anticipée; le maïs et le blé
s'étiolent. — Les labours des chaumes de blé, qu'on s'était empressé de com-
mencer pour ensecjencer la rave, cette précieuse ressource que rien ne remplace
en Périgord, ont dû s'interrompre, les quelques pluies survenues après la moisson
n'ayant pas suffisamment humecté le sol pour la charrae. Si la deuxième dizaine
d'août se passe sans pluie, voici encore un produit compromis.
« Le battage du blé est commencé ; les rendements varient beaucoup trop pour
qu'on puisse encore préciser avec quelque exactitude la valeur de la récolte, j)
Dans la lettre qu'il nous envoie de Tridon, à la date du 16 août,
M. Leyrisson constate que la plupart des récoltes donnent d'assez
bons rendements dans le département de Lot-et-Garonne :
« Les dépiquages étant presque partout terminés, on constate généralemeat une
bonne moyenne : le grain est très propre et la qualité est excellente.
« La vigne est envahie par l'oïdium, plus encore que l'année dernière ; tandis que
le phylloxéra fait chaque jour de nouveaux ravages.
« On arrache actuellement le chanvre qui, sous le rapport de la quantité, comme
de la qualité, ne laisse rien à désirer : malheureusement ce textile est délaissé de
plus en plus vu la cherté toujours croissante des ouvriers alors que les prix de
vente restent stationnaires.
« La sécheresse persite encore dans nos environs, les tabacs s'en ressentent plus
que tout autre récolte.
« On n'a pas encore pu, dans de très rares cas, faire les semailles de trèfle
incarnat, navets, jarousses, etc.
« Les pommes de torre scmt vivement attaquées par la maladie, toutefois la variété
Early Rose l'est, ici, moins que toute autre.
«Les maïs-fourrag,is souffrent beaucoup de la sécheresse, mais les porte-paines
sont encore de toute beauté. « La betterave dont la croissance est arrêtée faute
de pluies, prendra encore du développement si le temps lui devient favorable.
CHRONIQUE AGRICOLE (21 AOUT 1880)- 289
« Sauf pour ce qui a trait à la qualité, la récolte fruitière est oa ne peut plus
magnifique, et nous aurons probablement une abondante provision de miel, car
depuis déjà longtemps les abeilles ont trouvé sous les fruits, une surabondance
d'abricots, pêches, poires sans compter les pommes, plus abondantes encore et
dont certaines espèces commencent déjà à mûrir.
<i En somme l'année peut être considérée jusqu'ici comme une assez bonne année. »
La deuxième dizaine da mois d'août a été remarquable par son ré-
gime sec, et par ia chaleur, intense qui a régné dans la plus grande
partie de la France. Ce temps, favorable à la vigne, aux: betteraves, aux
pommes déterre, ainsi qu'aux fruits, a permis de rentrer les céréales
coupées, dans de bonnes conditions. Si, en ce qui concerne ces dernières,
les appréciations sur le rendement présentent des divergences, on est
unanime à constater l'excellente qualité du grain.
J.-A. Barral.
SUR LE CHOLERA DES POULES'
Arbois, ce 6 août 1880,
Vous connaissez l'explication que j'ai proposée de la non-récidive
de la maladie du choléra des poules. J'ai envisagé l'organisme comme
un milieu de culture qui, par une première atteinte du mal, perdrait,
sous l'influence de la culture du parasite, des principes que la vie n'y
ramènerait pas ou n'y ramènerait qu'après un certain temps. Bonne ou
mauvaise, cette explication satisfait l'esprit présentement, parce qu'elle
rend compte des premiers faits acquis. Tant qu'on lui trouvera cette
vertu, il sera sage de chercher des vérifications expérimentales aux dé-
ductions qu'elle suggère.
Dans ma première note du mois de février dernier, je disais que cette
explication devait paraître d'autant plus admissible que, si, après quel-
ques jours d'ensemencement du microbe du choléra dans un de ses mi-
lieux de culture, on vient à filtrer ce milieu et qu'on le réensemence
par ce même microbe, la nouvelle semence se montre absolument sté-
rile, quoique, ajoutais-je, cette stérilité ne soit pas propre à tous les
organismes microscopiques, notamment à la bactéridie charbonneuse.
Ce dernier fait me portait à conclure qu'on devrait pouvoir donner le
charbon à des poules vaccinées pour le choléra des poules.
De nombreuses expériences m'ont démontré que ces cultures de la
bactéridie dans un milieu épuisé par le microbe du choléra, quoique
réelles, sont retardées, peu abondantes, fort pénibles.
Contrairement aux prévisions que je viens de rappeler, il se pour-
rait donc que les poules vaccinées pour le choléra, fussent réfractaires
au charbon. Ce serait f immunité charbonneuse créée sur un animal au
moyen et une m,aladie parasitaire de tout autre nature. Tel est précisé-
ment le résultat inattendu que j'ai obtenu dans quelques expériences,
encore trop peu nombreuses pour que je puisse donner le fait comme
établi sûrement, mais assez intéressantes pour mériter d'être commu-
niquées à l'Académie.
Si ce résultat se confirme, et principalement s'il se généralise pour
d'autres maladies virulentes, on pourra en espérer les conséquences
thérapeutiques les plus importantes, en ce qui concerne même la pa-
thologie des maladies virulentes propres à l'espèce humaine.
L. Pasteur,
Membre de l'Académie des sciences et de
la Société nationale d'agriculture.
\. Lettre de M. Pasteur à M. Dumas commun iquéf^ à l'Académie des sciences.
290 SUR LA SOURCE DU TRAVAIL MUSCULAIRE.
SUR LA SOURCE DU TRAVAIL MUSCULAIRE
ET SUR LES PRÉTENDUES COMBUSTIONS RESPIRATOIRES '.
Des recherches expérimentales qui ne sont que la continuation et le
développement de celles que l'Académie a bien voulu encourager, et
dont les résultats détaillés seront exposés très prochainement dans un
Mémoire, avec les faits déjà acquis à la science sur le même sujet,
j'ai cru pouvoir déduire les propositions suivantes, dont l'importance
physiologique me semble évidente.
1 . — L'acide carbonique éliminé par la respiration, recueilli et dosé
à l'aide de divers appareils construits à cet effet, notamment à l'aide
de l'appareil Pettenkofer, ne donne nullement la mesure de l'acide
carbonique formé, durant le môme temps, dans l'économie animale.
Il en est ainsi parce que son élimination dépend de circonstances
étrangères à sa formation, telles que les conditions de température
extérieure, de pression barométrique, d'étendue de surface déployée
du poumon, et de nombre des mouvements respiratoires dans l'unité
de temps. Conséquemment, les conclusions tirées des expériences de
respiration, à l'égard de la théorie des phénomènes de nutrition, sont
dépourvues de valeur. A une élimination plus forte peut correspondre
une formation plus faible, et réciproquement.
2. — La richesse proportionnelle du sang en acide carbonique ne
peut pas donner la mesure de la formation de cet acide, le rapport
entre la formation et l'élimination n'étant point constant. A une for-
mation accrue dans une certaine proportion, peut correspondre une
élimination accrue dans une proportion plus forte, ou inversement, une
élimination moindre à une formation plus faible. Après un travail muscu-
laire qui provoque notoirement une formation plus grande d'acide car-
bonique, la proportion de celui-ci se montre diminuée dans la masse
du sang, l'élimination par le poumon en étant augmentée par le travail.
3. Jl II n'y a aucun rapport nécessaire entre la quantité d'acide
carboïiique formée durant un temps déterminé^ dans l'économie [ani-
male, et la quantité d'oxygène introduite par la respiration durant le
même temps. La formation de l'acide carbonique dépend du travail
des éléments anatomiques, travail chimique de nutrition ou travail
musculaire; la quantité d'oxygène introduit dépend de la température,
de la pression et du nombre des mouvements respiratoires, ou de la
fréquence de renouvellement du mélange gazeux contenu dans les
poumons.
4. — Le travail musculaire a pour conséquence une consommation
des substances albuminoïdes, des hydrates de carbone et des sub-
stances grasses de l'économie qui dégagent l'énergie qu'elles contien-
nent, pour subvenir aux besoins de ce travail et de la chaleur animale.
Lorsque l'équilibre n'est pas maintenu, entre l'énergie dépensée sous
les deux formes et l'énergie introduite sons forme d'aliments, le corps
diminue de poids et s'amaigrit. Les principes immédiats ainsi détruits
s'éliminent principalement sous les deux formes d'acide carbonique
et d urée, dont les quantités sont exactement proportionnelles à
l'énergie dépensée comme travail. Il ne paraît y avoir aucun rapport
entre la quantité d'acide carbonique formée et la chaleur perdue
sous l'influence de l'abaissement de la température extérieure, sa
1. Note communiquée à l'Académie des sciences.
SUR LA SOURCE DU TRAVAIL MUgCULAiRE. 291
proportion dans le sang s'étant montrée moindre h basse tempérar
ture.(^ — 3'G.) qu'à une tempé^rature moyenne (-f-13''C.).
5. — ' L'hypothèse qui fait attribuer la chaleur animale et le tra-
vail musculaire à la chaleur dégaajée dans l'économie par la combus-
tion directe du carbone et de l'hydrogène des aliments, des tissus et
des humeurs, avec l'oxygène de l'hémoglobine introduit par la respi-
ration, n'est plus admissible dans l'état actuel de la science. D'abord
«ette combinaisoa directe, qui serait une véritable combustion, déga-
gerait des quantités de chaleur bien inférieures à celles qu'il est per-
mis de constater, indépendamment des réactions organiques connues
comme s'accomplissant avec absorption de chaleur et qui consomment
ainsi une partie de celle qui se dégage; ensuite, il n'est pas possible
que la chaleur dégagée, par combustion ou autrement, se. transforme
en travail musculaire, la condition nécessaire à la transformation fai-
sant défaut dans la machine animale, qui, delà sorte, n'est point sem-
blable à la machine à teu.
6. — L'absence de cette condition nécessaire, d'une différence de
température entre le corps qui dégagerait la chaleur et celui sur lequel
elle se transformerait en énergie mécanique, rend indispensable que
celle-ci, djns la machine animale, ait une source autre que la com-
bustion. Il n'est pas possible d'admettre scientifiquement que l'éner-
gie actuelle des principes immédiats se manifeste d'abord comme cha-
leur sensible, puis comme énergie potentielle mesurée en travail. Elle
doit nécessairement se dégager de suite en tant qu'énergie potentielle,
pour se manifester après, en totalité ou «^n partie, comme chaleur sen-
sible, selon qu'elle a été plus ou moins complètement dépensée en
travail.
T. — L'expérience rend extrêmement probable que le dégagenpient de
l'énergie, dans la machine animale, est dû, sinon en totalité, du moins
pour la plus grande partie, à des phénomènes de dissociation ana-
logues à ceux, qui se passent dans les fermentations proprement dites,
attribuées à l'activité des organismes cellulaires dits ferments figurés.
Eu présence des éléments anatomiques, des globules sanguins en par-
ticulier, les principes immédiats du plasma sont dissociés, aban^
donnent de l'acide carbonique et sans doute aussi d'autres composés,
qui empruntent de l'oxygène à l'hémoglobine pour se constituer et
cèdent leur énergie aux éléments musculaires, qui la manifestent
ensuite sous forme de travail en se contractant, ou bien au sang lui-
même pour l'entretien de la chaleur animale. Ces dissociations,
dédoublements ou mutations, effectués avec le concours de l'oxygène
de l'hémoglobine et qui sont évidemment impossibles sans lui, déga-
gent des quantités d'énergie considérablement plus fortes que celles
qui pourraient résulter des simples combustions, et rendent ainsi
compte de-i phénomènes mécaniques et calorifiques de l'organisme.
8. — Il ne paraît donc pas y avoir, dans l'économie animale, de
véritables combustions, et, en tout cas, point de combinaison entre le
carbone des principes immédiats et l'oxyi^ène respiratoire, donnant
de l'acide carbonique et dégageant de la chaleur, qui serait la source
du travail musculaire. L'acide carbonique du sang, du moins pour
mae forte partie, sinon pour la totalité, se dégage comme tel de ses
combinaisons organiques, en même temps que l'énergie constituante
de celles-ci, en tant qu'énergie mécanique. Cette dernière a sa source
292 SUR LA SOURCE DU TRAVAIL MUSCULAIRE.
principalement, sinon exclusivement, dans les principes immédiats
albuminoïdes, les moins combustibles de tous, mais aussi les plus
complexes. Ce n'est pas à tort, pour ce motif, que, d'après l'observa-
tion et l'expérience, ils ont été qualifiés (ïaliments de force, par les
auteurs qui se sont occupés scientifiquement de l'alimentation.
A. Sanson.
LE RENDEMENT DU BLÉ
DANS LA HAUTE-GARONNE ET LE TARN
Je voudrais confondre dans une note unique quelques renseignements sur la
récolte du blé dans la Haute-Garonne et le Tarn, départements qui se touchent;
ils paraissent, du reste, au point de vue de l'envahissement du phylloxéra, conserver
de bons rapports de voisinage.
Cette contusion est impossible, il est même très peu aisé à l'heure actuelle
de dire que la moyenne dans la Haute-Garonne sera de 16 hectolitres à l'hectare,
dépassant de 2 hectolitres la moyenne que nous donnaient les grandes statistiques.
QueL|ues agriculteurs traitent avec un certain dédain ceux qui au lieu de dire : la
récolte est t)onne, excellente, mauvaise, veulent traduiie le renseignement par un
chiffre. Ce derrier mode de procéder est plus précis, il indique une réalitédilficileà
atteindre, je le veux : il n'y a nul péril à agir ainsi. Ce qui rend l'appréciation diffi-
cile c'est l'extrême variation que l'on constate dans un très faible, rayon, c'est la
donnée meilleure que d'ordinaire dans de mauvais sols; tandis que tel domaine à
haut rendement, a au contraire une gerbe ti es volumineuse et ne laissant échcipper
sous les coups du batteur que peu de grains.
Le brouillard est cause, assure-t-on, de ce maigre résultat. Nos blés avaient
été un peu éprouvés par l'hiver, tels pieds semés et implantés trop à la surface
onlpéii, les voisins ont profité de l'air et de l'espace qui leur était abandonné ;
ils ont pris un très grand développement herbacé, l'épi a été longtemps à mûrir,
des ondées sont venues, soumettant cette partie fragile et précieuse de la plante à
des alternatives d'humidité et d'insolation funestes. Je connais des champs dont
la moyenne est 20 hectolitres à l'hectare, l'hectolitre pesant 76 kilogrammes,
qui cette année donnent 15 hectolitres, du poids de 72 kilogr.
Si notre moyenne en blé, en céréales d'hiver, n'est guère supérieure aux temps
ordinaires, nos maïs nous donneront un très beau rendement, leur récolte est
assurée. Nos cultivateurs pourront commencer à se remettre des pri\ations de
toute nature que les calamiteusv s dernières am ées leur ont imposées.
Nos marchés aux bestiaux, nos foires se ressentent de ce douloureux passé, il
se fait peu de transactions. Celles que l'on peut conclure se foi)t à bas prix, peu
réniunér^trices; notre disette fourragère en est aussi en partie la cause. On nous a
bien parlé de mais fourrages; certes, si l'on transformait tels champs, portant
maïs, en ressources alimentaires pour nos bestiaux par les excellents procédés que
nos agronomes nous ont indiqués, la disette se changerait en aboodan.e. Il y a un
obstacle à ce mode de faire : on a semé le maïs pour la vente et non pour autre
chose, parce que l'on sait que le chai p qui a [lorté cette culture, est grevé pour
longtemps d'une stérilité notable, pour le blé surtout; il faudrait, pour effacer la
trace de cette culture, des engrais appropriés, des travaux spéciaux ; on ne possède
ni engrais, ni outils II y a beaucoup à f .ire pour éclairer les cuhivateurs sur l'uti-
lité, la possibilité d'ace mplir cette réforme.
Dans le département du Tarn, la moyenne en blé sera supérieure à la don-
née ordinaire. Les renseignements que j'ai pu prendre m'en donnent l'assurance,
belle îécolte et bonne récolte.
Si je donne pour les céréales cette note heureuse, il n'en pourra être de même
Eour une autre culture qui a, dans le département, une autre importance : celle de
i vigne. La récolte pendante est sans nul doute, très belle; on peut apprêter,
comme dit le proverbe, lonnfs&i è vrrt/v elle sei-a excellente comme qualité. La pluie
est arrivée à 1 heure voulue pour. que l'élaboration de la sève s'accomplisse avec la
lenteur voulue, pour apporter aux raisins les sucs qui donnent aux vins leurs
qualités précieuses. Le revers de la médaille estla découverte incessante de l'ia-
secte, du puceron, de l'ophidien : on en trouve partout. Ce n'est plus parle traite-
ment d'une tache isolée qu'il faudra bientôt procéder ; ce sera fensemble du
vignoble qu'il faudra désinfecter, si ce n'est pour anéantir le parasite, tout au
moins pour modérer son ardeur dévastatrice. A. de Puy-Montbrun.
LA PRIME D'HONNEQR DES PYRÉNÉES-ORIENTALES. 293
LA PRIME D'HONNEUR DES PYRÉNÉES-ORIENTALES -III
M. Alaherl. — En nous vendant chez M. Alabert, à. Prades, nous laissons en-
core derrière nous la Salanque, caractérisée par i'atiplex alimus et le tamaris,
enrichie par les débris organiques, granitiques et calcaires descendus des mon-
tagnes; nous laissons Pia, visitée le 17 juillet 1787 par Arthur Young, et Rive-
saltes qui n'était du temps du célèbre voyageur qu'un village à vin renommé. La
valeur des terres arrosées était, à Pia, de 1,980 francs et des terres non arrosées
1,180 francs; la rente de ces dernières de 58 francs.
Aujourd'hui, et d'après les renseignements que je dois à M. le maire de Pia, la
terre arrosée vaut 4,5û0 francs, la terre non arrosée 3,000 francs; la rente fixe
des terres arrosées est de 200 francs, et des terres non arrosées de 120 francs ^
Jusiu'à Prades, sur les bords de la Tet, nous accompagnent les arbres frui-
tiers renommés et entre autres les pêchers d'Ile, les riches assolements, les lieux
de transhumance pour l'hiver, les arbres fruitiers renommés, les oliviers. Prades
enhn apparaît'.... Capitale du Gonflans, elle est le pendant de la vallée de Palalda;
mais plus riche, elle est le joyau du département. C'est le centre de ce système
d'irrigations à la fois le plus simple, le plus curieux, le plus intéressant à étudier.
Il faut descendre à pied de Montlouis à Perpignan pour se faire une idée de ses
splendeurs!
Simple cultivateur, travaillant de ses bras, M. Alabert a pour toute fortune
une famille composée de neuf enfants, deux garçons et sept filles, pour faire
marcher son exploitation, quelques outils et trois paires de bœufs qui travaillent
à tour de rôle, pâturent en liberté sur les regains de prés ou mangent le plus
souvent les foins grossiers, devenant à la fois animaux de rente et de travail.
Mais telles sont les conditions qui entourent l'exploitation que les circon-
stances les plus favorables semblent s'y être réunies. — L'eau en abondance
comme nulle part est à peine mesurée aux cultivateurs ; le sol est foncièrement
fertile, la main-d'œuvre sulhsante; un chemin de fer et des routes bien entrete-
nues assurent la prospérité de l'agriculture. Aussi, la rente y est-elle à un taux
élevé. — Notre concurrent paye 3,780 francs pour 12 hectares 60.
Ce que nous avons de plus intéressant à constater dans cette petite exploita-
tion, c'est le mode de faire valoir : notre concurrent vend le plus souvent la plus
grande partie de ses pailles et de ses fourrages et achète l'engrais qui lui est né-
cessaire.
Les circonstances, a dit M. Dombasle, font seules les bons systèmes de cul-
ture et vouloir réduire la bonne agriculture à l'adoption de tel ou tel assolement,
de tel ou tel bétail, de telle ou telle pratique, c'est ignorer complètement la portée
de l'art.
Nous le savons, la viticulture s'emparant des terres de bonne qualité a rehaussé
considérablement la valeur de la luzerne, elle en a fait une culture industrielle ; la
valeur de la paille a suivi le même mouvement.
Il y a donc le plus souvent dans le cas de M. Alabert, intérêt à faire de l'argent
immédiatement réalisable, sans passer par ces aléas qu'entraîne le bétail.
D'ailleurs M. Alabert connaît son métier, il a été et il est encore engraisseur au
besoin; il suit sur les marchés la hausse et la baisse de la luzerne comme il suit,
en même temps, la hausse et la baisse du bétail, toujours tout prêt à subordonner
son exploitation aux circonstances.
Quelques détails nous donneront l'idée de cette culture :
La petite exploitation, avons-nous dit, comporte 12 hectares 60; la moitié de
cette étendue est consacrée aux prairies artificielles et naturelles ; l'autre moitié est
soumise à l'assolement biennal où figurent la première année les pommes de terre
et les haricots et, la deuxième année le blé, l'avoine avec cultures intercalaires de
maïs-grains, de fourrages d'hiver, trèfle incarnat, lupin et vesces.
La luzerne-fourrage de choix et la paille sont portées à Prades.
Les fourrages d'hiver, lupin et trèfle incarnat, très renommés dans la région de
1. C'est-à-dire que la valeur a augmente de plus du d .uble depuis Arthur Young. Mais c'est
depuis une vingiame d'années qu'a eu lieu surtout l'aujmenlaiion, et si le piiylloxera ne nous
envahit pas, dit M. le maire de Pia, le fermage et ia vente augmenteront encore prodigieusement.
De son côté, M. Malè^fue m'a dit en parlant des girrigues de Pé/.ilta que les ter-es non arrosables
s étaient accrues de plus d'un tiers uans leur valeur depuis vingt-cinq ans, et qu'aujourd'tiui oa
n'en veut plus en présence du phylloxéra ; que les terres à l'arrosage valent au contraire de
0,000 à 6,000 fr., et qu'on les loue à "ilO fr.
294 LA PRIME D'HONNEUR DES PYRÉNÉES-ORIENTALES.
Prades, sont vendus sur place à raison de 300 francs l'hectare aux troupeaux qui
descendent en transhumance d'hiver et qui laissent leur iumier.
Le cham[) destiné aux pommes de terre est alïermé tout préparé ce fumé à rai-
son de 3 Irancs l'are à des particuliers,
Le bétail de la ferme consomme le foin de pré et les pâturages de ce pré, les
tiges de maïs cultivés pour grains, les fanes de haricots.
Toutes les autres denrées enfin, sauf la j)rovision du ménage, sont vendues
comme le seront les bœufs quand ils auront fourni six mois ou un an de travail,
itilisé les foins non vendables et se seront engraissés à ce régime sous l'iniluence
l'un travail très modéré et très hygiénique.
Le chiffre de la production, en ramenant les denrées au foin de pré sans
compter le b'é et les haricots, est de 70,000 kilog. environ, il n'est consomme
que 35,00u kilog.; le déficit qui résulte de l'expurtation est comblé, d'une part,
par l'achat du luinier, et de l'autre, par l'araélioiation qu'apporte toujours la
luzerne en rentrant dans la rotation. Une chose l'attesterait encore mieux que
tous les calculs établis dans mon rapport à M le ministre, c'est la vue des cul-
tures luxuriantes que nous avons rencontrées chez M. Alabert. La théorie d'ail-
leurs juste des chiffres doit se taire ici devant la démonstration pratique
Voyons la comptabilité ; elle est bien simple ! D'un côté les recettes : ventes de
denrées; de l'autre, les dépenses, parmi lesquelles figurent à côté des avances à la
culture les dépenses d'entretien delà famille, en vêtements, chaussures, etc., etc.
A la fin de l'année, il y a, bon an mal an, un excédent do recettes de 1,003 à
1,200 francs environ, ce sera l'épargne delà famille!
Tel est le résultat financier! Ainsi, chose digne d'intérêt, onze personnes de la
même famille vivent et sont entretenues sur une petite ferme bien chèrement
affermée ; c'est à peine si elle dépense 600 francs pour louer une machine à battre
et se faire aider dans le courant de Tannée par la msin-d'œuvre étrangère!
L'union de tous est parfaite dans l'affection et le travail; le fils, exeirpté de la
conscription comme soutien, vint se ranger volontairement sous nos drapeaux à
l'époque de nos malheurs!
Quand on rencontre de tels sentiments chez un des membres de la famille, on
ne doit pas s'étonner de l'union qui existe chez les autres, ni du succès de
l'entreprise!
M. Alabert passe pour un bon cultivateur dans la plaine de Prades ; montrant
l'exemple, il a dit à sa famille, comme ce laboureur si cher à notre enfance :
« Travaillez, prenez de la peine, c'est le fonds qui manque le moins. » Et cette
famille a répondu à la voix du père; elle a travaille, elle a réussi! M. Alabert appar-
tient donc à cette catégorie de petits fermiers si nombreux dans la plaine de
Prades qui luttent dans l'ombre, et que la Commission a voulu mettre en relief en
attribuant à notre concurrent un prix cultural. Il est le seul fermier qui se soit
présenté dans cette catégorie.
M. Denis Hainaut. — Le domaine de l'Eûle, qu'il nous reste à parcourir, fut
acheté en 1838 par le père de M. Denis Hainaut, au prix de 70,00iJ francs pour
90 hectares. Il est situé près de Solers, à 9 kilomètres de Perpignan,
p. Réduit aujourd'hui à 60 hectares d'un seul tenant, par suite d'un partage de
famille, ce domaine était autrefois, disent les contemporains, une dépendance
très négligée d'un bien de mainmorte, une sorte de lande en partie marécageuse,
un rendez vous de chasse au marais.
Sur les parties hautes silico-argileuses, essentiellement perméables et sèches,
où se trouvent aujourd'hui les vignes, on faisait la culture biennale, blé, jachère
sans arrosagcî, bien que le domaine eiàt droit à une source obstruée dont je par-
lerai tout à l'heure. Le blé, dans ces conditions, ne rapportait que 10 liectolitres
à l'tiectare.
Mais sur les parties basses, tourbeuses, effaçant l'empreinte du pied où est la
culture arable, poussaient les herbes des terrains insalubres, les joncées, les re-
nonculacées, les équisétacées, et quand on y envoyait paître des bœufs ou des
moutons, ceux-ci étaient atteints le plus souvent et périssaient de la pneumonie.
C'est M. Hainaut père qui, de compte à demi avec M. Cuillier, propriétaire de
la ferme-école alors dirigée par M. Labau, fit le grand canal de dessèchement
mitoyen entre i'Eûle et Germainville, et marqua ainsi la première amélioration.
Le fils revendique cet honneur pour la mémoire de son père. Cette revendica-
tion est d'autant plus honorable qu'il en dirigea lui-même les travaux.
Cependant, l'assainissement obtenu par ce^'grand canal qui mesure 900 mètres
LA PRIME DHCNNEUa DES PYRÉNÉES-ORIENTALES. 295
de longueur, sur 7 de francs bords, 5 de plafond et l"\2b de profondeur, et dont
les eaux en s'écoulant par une pente naturelle ont enrichi les communes infé-
rieures de Soîers et de Toulouse, eût été bien insuffisant.... si notre concurrent
n'eût fait un autre canal de 1,100 mètres; s'il n'eût encore entouré sa propriété
de larges fossés; s'il n'eût, sous ses terres, établi des drains en pierres, venant
aboutir à ces canaux, à ces fossés; car alors seulement s'est manifesté le triomphe
de la culture sur la végétation marécageuse, à mesure que les eaux s'en allaient
plus abondantes et de plus en plus enrichissaient les communes inférieures.
Mais en présence d'un résultat déjà si considérable, il y avait encore beaucoup
à faire! ... M. Hainaut heureux dans sa pre;i3ièie entreprise, pouvait-il en eS'et se
contenter de l'assainissement? laisser, sous un ciel brûlant, toutes ses eaux de
drainage aller ainsi à la dérive sans utilité pour ses terres ?
Pouvait-il, notre concurrent, comme ses prédécesseurs, subir la sécheresse et
oublier encore cette source obs: ruée dont j'ai parlé et quilui doit les 5/7 de son eau ?
Non ! se servir des eaux de drainage et reprendre sa source, c'était là, au con-
traire, son idée fixe !
Et il ne devait pas hésiter à consacrer' encore des fonds au service de cette idée !
Pour retrouver sa source, il alla jusqu'à drainer un domaine limitrophe de sa
propriété ; l'eau vint doublement abondante par ce nouveau drainage et la
source dégagée s'ajouter aux premières eaux d'égouttement.
11 fit refluer ces eaux à l'aide d'une écluse vers un grand canal collecteur
creusé sur la partie basse delà propriété, partageant celle-ci en deux dans le sens
de la longueur, et là, à l'origine du collecteur, des vannes de captation élevèrent
les eaux jusqu'aux parties les plus hautes de souterrain, laissant les quantités d'eau
nécessaires aux parties basses du domaine suivre le fond du grand collecteur et
aller dans un lac d'un demi-hectare, tout près des bâtiments, se reposer, s'amé-
liorer pour l'arrosage.
Tel a été le passé de cette exploitation avec Tœuwe doublement remarquable
de l'assainissement et de l'arrosage combinés à une époque où la découverte de
John Read produisait un tel engouement que le mot drainage remplaçait le mot
français assainissement, que le gouvernement édictait des lois d'encouragement,
que les meilleurs écrivains, à la tête desquels était M. Barrai, mettaient leur
plume au service du drainage, que ]\L Hervé Mangon estimait à 7 millions
l'étendue des terres auxquelles on pourrait appliquer le drainage, et que celui-là
passait pour un agriculteur émérite qui drainait quelques arpents ou savait simple-
ment aux autres expliquer cette opération.
Aujourd'hui, messieurs, toutes 'les terres de l'Eûle sont nivelées, assainies,
toutes les cultures, blé, maïs, pommes de terre, etc., etc., sont arrosées avec cette
méthode et ce savoir que possèdent par excellence les Roussillonnais.
Les conduites d'eau sont en briques, tantôt en relief sur le sol, tantôt dispa-
raissant sous terre pour porter les eaux plus loin, et toujours munies de petites
vannes excessivement simples et faciles à manier. Le débit en est considérable,
250 litres à la seconde. Il y a ici enfin un luxe véritable dans lequel on est tout
surpris de constater l'économie. Le blé donne de 20 à 25 hectolitres à l'hectare.
Le sol est enfin désormais conquis à la culture progressive !
Les bâtiments de ferme remisa neuf et agrandis, la bergerie, les hangars, les
greniers, les caves à côté de l'habitation personnelle de M. Hainaut, présentent
cet espiit d'ordre et de libéralité qu'on rencontre bien rarement, presque jamais
dans les fermes du Midi : M. Hainaut peut y logera l'aise 400 bêtes ovines, 20 à
25 bœufs ou mulets, 2,000 hectolitres de vin, tous se" instruments, tous ses
grains, et manipuler aisément ses engrais dans une vaste cour.
Il n'est pas^ enfin jusqu'aux chemins rrexploitation, biea établis et bordés
d'arbres, jusqu'aux pièces d'eau rendues utiles et jusqu'aux ombrages qui ne vien-
nent s'harmouiser et faire"de la propriété de l'Eûle un séjour aimable.
Mais si l'on recherche aujourd'hui sur ce domaine quelques traces du passé,
les prairies assainies n'en ont gardé aucun souvenir ! Les terres en jachère plan-
tées en vignes ne regrettent pas pour le maître le blé misérable qu'elles appor-
taient! et dans ce tableau amoindri que je viens de vous présenter, la distance du
passé au présent est si grande qu'elle mesure déjà le mérite du candidat.
Il faut aller plus loin et indiquer encore en quelques mots les progrès de
la culture amenés par cette transformation du domaine de l'Eûle :
Nous avons vu M. Alabert se livrer à l'exportation des fourrages et contre-ba-
lancer cette exportation par l'importation d'engrais;
296 LA PRIME D'HONNEUR DES PYRÉNÉES-ORIENTALES.
M. Goste faire de l'élevage et souteoir cette spéculation par le bétail de
parcours ; ^
M. Malègue s'appliquer à produire le plus de fumier possible par l'engraisse-
ment des bœufs et obtenir les plus beaux rendements ;
Les cultures de M. Malègue et de M. Hainaut ont eu toutes deux le même but...
la vigne ! Cependant toutes deux n'ont pas suivi la même voie dans la production,
des fumiers par exemple ; l'assolement de l'Eûle n'a pas été en particulier aussi
intensif que celui de Pézilla. A Pézilla, la terre avait plus de valeur, et quoique
ruinée par les fermiers sortants cette terre avait une réserve dont M. Malègue a
su tirer un grand parti.
Il faut direbien liaut, en considérant les succès des quatre exploitations, que rien
n'est absolu en agriculture et que la raison d'être doit partout et toujours s'imposer
aux opérations culturales, caractérisée ici par le climat, par le terrain ; ailleurs
par des condiiions économiques particulières ; ailleurs enfin par les capitaux.
C'est la science de l'économie rurale avant la science des plantes qui fait le
véritable agriculteur; c'est le jugement qui fait sa force.
Nos concurrents sont des hommes d'élite en agriculture !
Chez M. Hainaut : 17 hectares, sont consacrés à la culture arable, 14 aux
prairies naturelles, 29 à la vigne.
La culture arable, après avoir abandonné le système très extensif du début,
présente aujourd'hui un système d'assolement où le blé, l'avoine et l'orge se rem-
placent périodiquement sur la même sole : l'avome prenant la place du blé, la
betterave celle du maïs, atténuant ainsi les exigences de la rotation, avec cultures
intercalaires de trèfle incarnat, de lupin, et rendement de 20 à 25 hectolitres de
blé au lieu de 10.
Les prairies naturelles'et artificielles fournissent, à côté des dépaissances écono-
miques de la vigne, de bonnes coupes et un bon pâturage pour le gros et le menu
bétail.
Le menu bétail, lui aussi, comme la culture, s'est amélioré, car si on suit la
marche ascendante de la culture, on voit au fur et à mesure de l'abandon de la
jachère, les bêtes ovines ayant moins de parcours viser à la viande par ces essais
de croisements toujours difficiles et dont il est question dans mon rapport, montant
ainsi cet échelon gui devient la condamnation acceptée du système pastoral ancien.
On voit les 200 brebis améliorées aller en transhumance d'été, et il y aurait à
dire, car transhumarceetperfectionnement souvent jurentensemble. Les southdowns
des dunes anglaises vivent sur des pâturages arides, mais trouvent au besoin dans
les plaines voisines des fourrages abondants. Les montagnes des Pyrénées-Orien-
tales sont souvent brûlées par le soleil.
On voit les bœufs enfin achetés et remplacés tous les ans, après une période de
travail suivi d'une période d'engraissement, s'accroître en nombre et progressive-
ment avec l'améhoration du sol, mais jouer ici etxlans le département, au milieu
des plus belles cultures, le rôle de bêles déjà usées par l'âge et le travail,
29 hectares sont plantés en carignans, grenaches et mataros, vignes très belles
et chargées de fruits.
Le carignan est le vrai plant de la plaine du Roussillon ; le grenache ou alicante,
facile à couler, est plus spécial à la montagne'; le mataro est enfin au Roussillon
ce qu'est au Languedoc le petit Bouchet.
M. Hainaut a eu recours au carignan et au grenache parce que leur mélange est
sollicité par leurs qualités.
Si le carignan est plus abondant en vin, s'il donne plus de couleur, les qualités
prime-sautières du grenache sont la finesse et la douceur qui corrigent agréablement
l'âpreté du carignan.
Je n'insisterai pas sur cette culture primordiale de la vigne chez M. Hainaut,
je ne vous parlerai pas non plus du phylloxéra, si ce n'est pour vous dire que notre
concurrent a déjà commencé la lutte...
Mais si, opposant encore le présent au passé comme je l'ai déjà fait, je vous
montrais d'un côtelés fermiers de 1848 s'adressant à M. Hainaut père, lui deman-
dant la résihation d'un bail de 2,600 fr. pour les terres du domaine de l'Eûle et
l'obtenant;
Si je vous montrais de l'autre côté M. Hainaut récoltant 70,000 fr. de vin en
1879, sur cette même propriété dont la valeur a quintuplé par le drainage et l'irri-
gation, je porterais encore plus dans vos esprits la conviction que c'est au domaine
de l'Eûle que revenait la prime d'honneur.
LA PRIME D'HONNEUR DES PYRÉNÉES-ORIENTALES. 297
Toutefoisla lutte a été vaillamment soutenue,je le dis bien haut, par MM. Malègue
et Goste qui se sont montrés vraiment supérieurs dans leurs cultures.
Je n'ai donc pas eu tort, messieurs, de vous faire pressentir dès le début que
les aspres et la vallée de la Tet avaient bien mérité dans ce concours.
Emile Mourret.
SUR LES HIRONDELLES
Bien des faits, qui passent inaperçus, amèneraient d'intéressants
résultais s'ils étaient observés. Ainsi la lettre de Mme Camille Raulx
[Journal du 7 août) me rappelle qu'à l'époque oi^i sont parties nos
hirondelles, 26 ou 27 juin, les enfants de deux de nos domestiquas
ont été atteints, les uns de la fièvre scarlatine, les autres d'angine,
deux maladies contagieuses qui ont enlevé un grand nombre d'entants
dans des villages aux environs de Rittershof.
Lorsque les hirondelles sont parties, il en est resté deux ou trois
paires qui, probablement, avaient des œufs et qui ont amené des petits.
Tous les soirs, leurs évolutions au-dessus de la cour animaient la
ferme ; avant hier j'ai remarqué qu'elles manquaient, et il n'y en a
plus une seule.
Sont-ce l'angine et la fièvre scarlatine qui ont amené ici le départ
des hirondelles, comme la fièvre typhoïde à Loup mont? — ■ Il y a
dans la nature bien des mystères que nous ne saurons jamais pénétrer.
Je crois ces faits assez intéressants pour être livrés à la publicité
du Journal de f Agriculture, et j'aime à croire que d'autres que moi
s'en occuperont.
On m'écrit d'Alger que les hirondelles en sont également parties.
F. ViLLEROY.
OBSERVATIONS SUR LE COMPTE RENDU DU GON(}RÈS
DE NIMES.
Le Journal de l'Agriculture a publié, en trois fragments*, une étude oià j'ai
essayé de répondre aux objections que l'honorable M. Planchon avait faites, au
congrès de Nîmes, à mon exposé de la question de l'œuf d'hiver, ce « tout petit
point d'histoire naturelle, » fort délaissé sans doute, mais que je regarde encore,
avec une conviction profonde, comme le point culminant de la question tout
entière du phylloxéra et de la vigne.
Le compte rendu analytique du congrès de Nîmes vient de paraître. La réponse
de M. Planchon y est analysée, mais les objections fondamentales, celles qui
portent sur la dégénérescence, sur la nécessité de Yœuf d'hiver pour maintenir la
fécondité de l'espèce, ont disparu sans laisser de traces. Il semble alors que j'aie
imaginé à plaisir et prêté gratuitement ces objections au savant professeur pour
me donner le plaisir facile de les réfuter, d'enfoncer une porte ouverte. Je n'ai
point commis une supercherie semblable ! Tout ce que j'ai attribué à M. Planchon,
a été dit par lui au congrès et lui appartient, y compris les élevages de phylloxéras
en tubes, et les conséquences qu'il en a déduites. M. Planchon avait certainement
le droit d'abandonner ses opinions de Nîmes; il n'avait plus celui de les passer
sous silence.
Cette réclamation ne vise nullement MM. les secrétaires du congrès : saisir au
vol y analyse d'un discours et l'écrire en même temps offre de telles difficultés, que
des omissions, des inexactitudes même, seraient inévitables, si on ne prenait le
soin de soumettre la rédaction définitive à chaque intéressé, quand il ne la fournit
pas lui-même. Or, je trouve ici la marque de M. Planchon : je trouve cité le
Bulletin de la Société des agriculteurs de France, dont il n'a pas été question à
Nîmes, Je n'ai pas perdu un mot des explications de l'orateur, et je n'ai connu ce
bulletin que quelques jours après, lorsque mon obligeant contradicteur l'a mis
spontanément sous mes yeux. On couperait court à des difficultés de ce genre, —
1. 20 décembre 1879, p. 469 ; 3 janvier 1880, p. 27; 10 janvier 1880, p. 68.
298 OBSERVATIONS SUR LE COMPTE RENDU DU CONGRÈS DE NIMES-
à d'autres plus graves encore, — si dans les congrès à venir (deux, au moins, sont
prochains) on organisait un bon service sténographique.
Verba volant, scri.pla manent. Les discussions orales, bien que fort utiles en
elles-mèraes, n'auront jamais, je le crains, l'autorité des discussions écrites. Pour
les questions de ce genre, la tribune par excellence, c'est le journal agricole !
L'auteur étudie, se possède, se sent responsable; le lecteur compare, réfléchit, se
sent à l'abri des surprises.
Mais j'entends un journal où toutes les opinions sincères sont reçues : en dehors
de cette condition, on n'a plus les bienfaits d'une publication sérieuse et féconde;
on n'a plus que les vices d'un instrument de propagande et de réclame.
Prosper de Lafitte.
LE BROYAGE DES AJONCS
Tout le monde sait que l'ajonc épineux est une des plantes le
plus généralement cultivées dans les terres granitiques d'une partie
de la Bretagne pour donner un excellent fourrage, soit aux chevaux,
Fig. IP. — Broyeuse d'ajoncs système Bodin.
soit aux bêtes bovines. Pour être distribué aux animaux, l'ajonc doit être
pilé, pour deux motifs : 1° pour enlever aux tiges leur dureté; 2" afin de
détruire les épines qui les couvrent et blesseraient les muqueuses de
la bouche. Le plus généralement, le pilage des ajoncs est fait dans de
grandes auges en pierre, à l'aide d'un lourd pilon. Voici trente ans
que la fabrique des Trois -Croix, établie près de Rennes par M. Bodin
père, vend des instruments destinés à remplacer ce travail pri-
mitif. Ces appareils ont été successivement perfectionnés; aujourd'hui
ils présentent la forme que montre la figure 19.
Cette broyeuse d'ajoncs est formée par des cylindres dont l'un
porte quatre couteaux. Les ajoncs passent d'abord entre deux cylin-
dres-broyeurs très rapprochés l'un de l'autre, qui aplatissent com-
plètement les tiges en les désagrégeant. Ils se présentent ensuite de-
LE BROYAGE DES AJONCS. 299
vant Je cylindre portant les couteaux qui les hachent à des longueur»
très réduites. Les épines ont été tellement écrasées, que la main qui
presse ces ajoncs broyés ne les sent plus du tout. Les ajoncs ainsi
broyés n'ont pas besoin de subir une nouvelle préparation pour être
acceptés par les botes à cornes, et d'un autre côté, ils ne sont pas
trop écrasés pour les chevaux.
Le poids de cette broyeuse qui, comme le montre la fii^ure, est mue
à bras, est de 240 kilog. Son prix est de 250 francs.
L. DE Sarohiac.
DOMAINE ET FROMAGERIE DU CHALET
DANS LE DÉPARTEMENT D'ILLE-ET-VILALNE.
Depuis quelques années l'industrie fromagère fait des progrès en
Bretagne et notamment en Ille-et- Vilaine. Us ont été lents à se pro-
«luire; longtemps la Société départementale et les comices ont inscrit
en vain, parmi leurs récompenses, des prix à la fabrication agricole
du fromage. ^L Bodin père établit, il y a trente ans, une fromagerie à
l'école des Trois-Croix ; son exemple fut suivi par un de ses voisins,
M. Le Hagre aîné, à l'importante ferme de Coëtlogon, près Rennes,
Aujourd'hui la fabrication du fromage demi-dur a pris une réelle
importance en llle-et-Vilaine, et seconde avantageusement la produc-
tion laitière qui s'impose dans certaines conditions données de l'agri-
culture du pays. En dehors même des débouchés qu'offrent toujours
les grandes villes aux produits bien fabriqués, les populations rurales
prennent peu à peu goût au fromage qui remplacerait avantageusement
selon nous, le beurre défectueux qu'on rencontre dans les fermes, par
suite d'un excès de sel et. d'un défaut de soins dans la fabrication.
On a justement regretté, lors du concours de Rennas, qu'un prix
spécial pour les fromages n'ait pas fait partie des récompenses, et
M. Le Chartier, professeur à la Faculté des sciences de Rennes, s'est
fait l'interprète des exposants, en demandant qu'à l'avenir, cette
lacune soit réparée. — Il n'est pas toutefois probable que les fruitières,
pu associations fromagères s'établissent en Bretagne. On ne pourrait
aisément amener les fermiers à conduire leurs vaches à une maison
commune afm de faire transformer leur lait en beurre ou fromage
par l'intermédiaire d'un homme habile, aux gages delaSjciété. Ces
fruitières ont pu être une heureuse application du principe de l'asso-
ciation pour les montagnards du Jura qui ont été, par là, conduits à
accroître leurs cultures fourragères. Les exploitations agricoles ont,
en général en Bretagne, trop d'importance pour pouvoir être trans-
formées en ces chalets qu'on aperçoit aux flancs des montagnes de la
Suisse et du Jura, que le paysagiste n'oublie pas dans ses tableaux, et
qui servent à transformer en fromage le lait des vaches de la contrée.
Mais une ou plusieurs fermes peuvent s'entendre pour créer une
fromagerie; ou bien encore un propriétaire, comme M. Champion à
Feins fllle-et-Vilaine), exploitant plusieurs fermes, peut créer une .
fromagerie centrale, et y convertir en fromage le lait de ses vaches ou
de celles de ses voisins lorsqu'une bonne fabrication lui donne l'assu-
rance du débouché. C'est une opération analogue à celle des sucreries
ou des distilleries auxquelles les cultivateurs apportent leurs betteraves
et remportent leurs pulpes, et l'on ne peut dire que la distillation des
betteraves provenant de son domaine ou de celui de ses voisins ne
300 DOMAIN K ET FROMAGERIE DU CHALET.
soit une opération agricole, contrairement à ce qui a été objecté pour
la fromagerie centrale de M. Champion. Il nous semble, au contraire,
qu'un semblable exemple aurait mérité d'entrer en ligne de compte
pour la grande récompense qui n'a pas été décernée en Ille et- Vilaine;
car si dans le Nord les sucreries et distilleries agricoles, par la culture
de la betterave, ont conduit à des rendements maxima de céréales, la
fabrication du fromage conduit à son tour à une production fourragère
d'aliments moins épuisante que celle des céréales, dont les prix sont
du reste si peu rémunérateurs aujourd'hui.
La spéculation laitière s'impose même dans certains pays grani-
tiques qui ne peuvent produire avec avantage ni céréales, ni betteraves,
sans une transformation nécessaire par le calcaire, le drainage, et les
labours profonds. D'uilleurs, il ne se rencontre que trop en Bretagne de
sous-sols imperméables en dehors même du granit que couvre trop sou-
vent un sol trop maigre pour le revêtir. On disait il est vrai, il y a quel-
ques années, que la France est un pays essentiellement producteur de
blé. Mais les circonstances climatériques et autres, que nous subissons
depuis quatre ans, sont bien de nature à faire réfléchir sur le point de
savoir si on ne devra pas retrancher beaucoup sur l'assolement de
froment, dont la production n'est plus rémunératrice et dont la qualité
s'est trouvée, ces années-ci, inférieure à celle des blés exotiques.
Il semble, à ce propos, que les membres de certains jurys, ayant
toujours en tête la culture intensive des céréales, l'assolement de
Norfolk, et la production d'une tête de bétail par hectare, ne se rendent
pas assez compte de ce que l'agriculture est loin d'être soumise à des
conditions uniformes, qu'elle doit être appropriée aux conditions du
s'ol et du climat, que pour être durable elle doit être avant tout profi-
table, que les domaines étendus et bien constitués de la Beauce et de
la Bi'ie, exploités par des fermiers intelligents, possédant ou trouvant
le capital nécessaire à leurs exploitations, ne se retrouvent pas })ar-
tout; que le sol du bassin calcaire de la Mayenne et de l'i^njou, si
favorable à la production d'animaux qui lui empruntent les éléments
de leur constitution plastique, ne se rencontre pas en Bretagne, dont le
terrain est en général granitique.
On a été surpris que dans un département comme l'Ille-et- Vilaine
où l'initiative agricole a été grande depuis quelques années, la
prime d'honneur n'ait pas été donnée, et que la catégorie des exploitants
directement par eux-mêmes, n'ait rien obtenu. Ce fait s'est à la vérité
reproduit dans les concours régionaux de l'année, sauf cinq, et ce
résultat ne peut provenir d'un mot d'ordre, mais bien d'idées pré-
conçues. I] paraîtra regrettable que dans les tristes circonstances oii
se débat l'agriculture les récompenses aient été ménagées à ceux qui
soutiennent vaillamment la lutte.
Le domaine du Chalet appartenant à M. Champion se compose de
226 hectares dont 120 sous taillis, landes, bruyères et marais; il
reste donc 106 hectares consacrés à l'agriculture sur lesquels 12 hec-
tares de marais ont été transformés en oseraies cultivées suivant les
essences et d'après les assolements suivis dans la Somme pour cette
culture qui y entre toujours en ligne de compte pour les produits de la
terre, avec la pisciculture elle-même pratiquée dans les étangs créés
par l'extraction de la tourbe.
En dehors des bois, pâtis et marais qui tiennent eiicore une large
DOMAINE ET FROMAGERIE DU CHALET. 301
place dans cet important domaine, le terrain est granitique et schis-
teux; mais, pour témoigner combien a été tourmentée en Bretagne
l'époque de la formation, un bassin calcaire s'est rencontré à une
grande altitude auprès du granit, et a contribué, par l'exploitation
qu'en a faite M. Champion sur une large échelle, à l'amélioration
agricole du pays. Depuis quelques années, il en a cessé l'exploitation
à regret; car elle avait procuré à l'agriculture des 45 communes envi-
ronnantes plus de 100,000 mètres de carbonate de champ agissant
comme diviseur dans les terres fortes, et leur donnant un élément qui
leur manquait. La guerre, des difficultés plus grandes d'extraction,
l'élévation du prix de la main-d'œuvre, l'y ont fait renoncer. On sait
quelle a été l'influence de la découverte du sablon calcaire, s'il est
vrai que l'abus peut en faire condamner l'usage. M. Champion, parvenu
aux fumures d'élables, rend au sol le phosphate qui lui manque 'en
stratifiant de phosphate fossile ses fumiers qu'il arrose de purin avec
la pompe Noël. Il emploie en outre le guano en couverture sur ses
blés d'hiver avant le roulage et le hersage. C'est donc un propriétaire
éclairé pénétré de la loi de la restitution au sol des éléments enlevés
par les récoltes, comme de ceux qui lui manquaient originairement.
Par ailleurs, tout en bornant ses cultures de fourrages et de céréales à
90 hectares sur 226 lui appartenant, M Champion entretient 4 bœufs
de travail, 7 chevaux, 65 vaches laitières, 2 taureaux Durham
purs ou croisés. Ses vaches ont été ou sont achetées chaque
année, aux mois d'août et de septembre, dans les foires du pays,
ayant lait ou prêtes à faire le veau en même temps que celles saillies
de novembre à janvier, dans les étables des fermes du domaine, de
manière à ce que la grande production du lait coïncide avec l'époque
favorable à la fabrication du fromage. Il engraisse seulement, et vend
à la fin de la campagne 10 à 12 des vaches qu'il ne considère pas
comme bonnes laitières ou qui sont trop âgées. On voit que la spécula-
tion laitière est le pivot de l'entreprise de M. Champion.
Pendant six mois d'hiver la stabulation est à peu près complète, et
la ration de chaque vache se compose de 5 kilog. de foin et de paille
mélangés avec 25 kilog. de carottes, de betteraves et de topinambours
que M. Champion cultive sur une large échelle et qui ont procuré à
ses bestiaux dans le rude hiver que nous avons subi une nourriture
fraîche, les choux branchus et moelliers cultivés au Chalet ayant été
gelés. L'ensilage du maïs permet également à M. Champion d'en
ajouter à la ration journalière à laquelle on mêle un htre de farine
d'orge et un litre de son. Une briquette de sel est placée dans la
crèche, devant chaque vache. Les fourrages verts forment le reste de
Tannée la majeure partie de la nourriture.
Propriétaire d'un domaine important de 226 hectares, composé
est vrai pour une grande partie de taillis, pâtis et marais, M. Cham-
pion a fait élever, il y a dix ans, un élégant chalet qu'il destinait
d'abord à un terrain qu'il possède à Dinard (cette station balnéaire
qui est le ïrouville de la Bretagne), non loin de la route de Feins et
entre ses deux fermes de la Bouessière et du Mafay, dont il n'a eu la
jouissance qu'au 1*' octobre 1874, ses efforts d'amélioration n'ayant
porté jusque-là que sur la ferme de la Bouessière. Jl s'est livré sur la
ferme de Mafay à une série de défriahements, de réunions de champs
par la suppression d'un grand nombre de fossés et de drainages cou-
3.2 DOMAINE ET FROMAGER/E DU CHALET.
verts et à ciel ouvert qui ne se sont pas élevés jusqu'ici, pour ces
deux terres, à moins de 25,000 mètres pour les deux fermes.
Quoi qu'il en soit, il pensa que la spéculation laitière et la fabrica-
tion du fromage étaient le véritable but à donner à son entreprise agri-
cole, et en septembre 1875, il fît avec Mme Champion, qui a pris un
vif intérêt aux choses rurales, un voyage en Normandie pour étudier
la question des beurres et des fromages. Du riche pays du Bessin, où
se trouvent les fermes les plus renommées pour la qualité du beurre,
il se rendit dans la vallée d'Auge où sont établies les fromageries qui
fabriquent le Camembert, fromage excellent et qui gagne de plus en
plus dans la consommation. A son retour, il établit entre ses deux
fermes un vaste bâtiment où se fabriquent aujourd'hui plus de
200,000 fromages de deux qualités, l'un dit fromage du Chalet,
l'autre fromage de Lucie, nom de Mme Champion, qui a pris la direc-
tion de cette intéressante entreprise.
Le débouché de cette fabrication se trouve pour moitié en Bretagne,
et pour l'autre à Paris, où est dirigée, en même temps que les fro-
mages, une fois par semaine, une petite quantité de beurre sans sel
qui obtient des prix de 3 fr. 50 et 4 fr. le kilog.
Une comptabilité régulière est établie pour les résultats de l'exploi-
tation agricole proprement dite du Domaine, et un autre pour la fro-
magerie à laquelle le lait est livré au prix de 0 fr. 15. Ces résultats
ont été très satisfaisants puisque les deux terres de la Bouessière
et du Malay louées en 1868 2,()50 fr. produisaient en 1877, sous la
direction de M. Champion, 10,(J98 fr. 95. Il est vrai que les années
1878 et 1879 ont donné beaucoup moins; mais nul n'ignore les con-
ditions climatéi'iques qui ont pesé sur notre agriculture et ont dimi-
nué les rendements et la qualité des céréales.
La fromagerie a donné net, en 1878, 4,520 fr. 43.
La valeur vénale du sol s'est élevée de 1,500 à 2,000 fr. l'hectare
pour la ferme de la Bouessière et également de 1,500 à 2,0'JO fr. pour
la ferme du Mafay.
Nous n'insisterons pas sur la mission philanthropique que s'est
donnée M. Champion en associant un ouvrier comme contre-maître
à ses opérations agricoles et lui donnant une part dans les bénéfices.
C'est toujours un stimulant pour les collaborateurs. Par ailleurs,
i>L Champion, en dehors même des logements de ses deux fermes, et
en dehors même de l'élégant chalet qu il habite, a construit divers
cottages pour ses ouvriers.
M. Champion a été longtemps soutenu dans sa mission .agricole
par les conseils de M. Jamet, nom cher au Journal de l'Agriculture,
agronome auquel les pays de la Mayenne, de rA.njou, doivent de ne pas
l'oublier et dont le buste domine les cultures du Chalet.
A. HE Lu MoflVONNAIS.
TRIAGE DES GRAINS DWPRÈS LES PROCÉDÉS MAROT
Tous les agriculteurs connaissent depuis de longues années, le trieur
de M. J. Marot, constructeur à Niort (Deux-Sèvres). Cet instrument a
rendu de très grands services, tant pour le nettoyage des grains des-
tinés au commerce que pour la préparation des semences. D'ailleurs
M. Marot a toujours travaillé au perfectionnement de son instrument
qui jouit d'une si grande faveur tant auprès des cultivateurs que chez
LE TRIAGE DES GRAINS D'APRÈS LES PROCÉDÉS MAROT.
303
les meuniers et les brasseurs. Nous devons signaler aujourd'hui une
nouvelle modification dans les plaques métalliques qui constituent son
trieur, modification destinée à assurer la séparation complète de toutes
les natures de graines.
La plaque métallique est percée de trous ou alvéoles qui servent
au passage des grains. Pour séparer les mélanges de graines de blé et
de seï^le, celles d'orge et d'avoine, M. Marot a imaginé de perforer ces
alvéoles hors de leur axe. Ce nouveau mode de criblage oblige les
airains longs àpasser par un trou égal à leur diamètre; on conçoit par-
Fig. 20. — Nouveau trie;;'- Mnrot.
faitementce résultat, quand on examine Japlaque munie de ses alvéoles
qui affectent la forme d'un véritable entonnoir, dont l'entrée est trois
fois plus grande que la perforation. En outre, afin de maintenir les
grains pendant la rotation de la plaque, l'alvéole est élimée sur un côté,
dans l'épaisseur de la plaque, de manière à former une petite cavité,
dans le rebord supérieur affecte l'apparence d'une sorte de crochet ou
de dent.
Il n'est pas inutile de donner quelques détails sur l'agencement des
diverses parties du trieur Marot, que représente la fig. 20,
Le trieur se compose d'un cylindre à alvéoles renfermé dans un bâti
en bois. Celui-ci estsurmonté d'une trémie, en prolongement de laquelle
se meut, au moyen d'une roue à rochets, un petit appareil composé de
deux cribles inclinés. Le crible supérieur retient à sa surface toutes
les impuretés et les grosses graines rondes; le crible inférieur laisse
passer les ivraies, les menues graines ; tout ce déchet ce réunit dans un
tiroir, placé sur les traverses du bâti.
Le froment suit la pente des cribles, pénètre au moyen d'un enton-
noir dans le cylindre; au centre est fixé un chenal ou dalle dans lequel
304 LE TRIAGE DES GRAINS D'APRES LES PROCÉDÉS MAROT
roule une hélice mise en mouvement par un petit engrenage. La pre-
mière partie du cylindre est composée d'alvéoles d'un diamètre tel que
le froment et les graines rondes peuvent s'y loger ; dans le mouvement
de rotation, le contenu de ces alvéoles est monté dans le chenal, tan-
dis que les orges et les avoines que leur longueur a empêchées d'y
prendre place, suivent la pente du cylindre et viennent s'écouler par
une ouverture ménagée à une distance calculée. Le froment et les
graines rondes montées dans le chenal, sont entraînés par l'hélice
jusqu'à une section correspondant perpendiculairement à la seconde
partie du cylindre ; les alvéoles réduits de cette seconde partie emma-
gasinent les seules graines rondes; le mouvement de rotation les
monte dans le chenal dont l'hélice les expulse à l'extrémité du bâti,
tandis que le froment exempt d'avoines, d'orges et de graines rondes,
suit la pente jusqu'au trou de sortie.
A ce mécanisme vient s'ajouter le nouvel élément d'un crible à
alvéoles perforés. Le froment mêlé au seigle, ou l'avoine à l'orge, après
s'être purgés des graines rondes^ arrivent en sortant' du premier cylin-
dre sur une enveloppe en métal uni, séparée de ce cylindre par une
lame roulée en spirale et qui, produisant un effet analogue à celui de la
vis d'Archiuiède, ramène le mélange vers une ouverture ménagée à sa
partie supérieure, d'oii il tombe sur le cylindre à alvéoles perforés qui
recouvre tout l'appareil. Le seigle ou l'avoine passent au travers de la
perforation, le froment ou les orges s'écoulent à l'extrémité du
cylindre.
Aux grandes récompenses déjà attribuées au trieur Marot, sont venus
se joindre en 1880, les premiers prix de deux concours spéciaux, aux
concours régionaux de Bar-le-Duc et du Mans. Le premier prix lui a
été aussi accordé au concours de la Société agricole de Mantes, dont
nous avons rendu compte. Ce résultat se comprend facilement, car la
nouvelle combinaison de M. Marot augmente dans des proportions
très considérables la rapidité du travail en évitant les reprises; c'est
un perfectionnement qui, par conséquent, accroît beaucoup, au point
de vue pratique, la valeur du trieur Marot. Le prix des trieurs destinés
à l'agriculture varie de 200 à 320 fr,, suivant les dimensions et le
travail exécuté. M. Marot construit aussi des trieurs de cuscute,
dont le prix varie de 200 à 300 fr. Quant aux trieurs destinés à la
meunerie et à la brasserie, leurs prix varient de 320 à 1,000 fr.
suivant le travail qu'ils peuvent faire. Henry Sagnier.
CONSIDÉRATIONS SUR L'ËTIOLOdlE
DE LA DISTOMATOSE OU CACHEXIE AQUEQSE DES MOUTONS
Il n'est pas possible de chiffrer, même approximativement, les pertes que la
cachexie aqueuse a durant les deux ou trois derniers hivers fait subir à l'agriculture
européenne. Celte maladie particulière aux ruminants cesse d'être commune chez les
bêtes bovines, pour lesquelles la stabulation remplace de plus en plus le pâturage,
mais elle est encore tnujours d'une fréquence extraordinaire chez les moutons , où
elle fait périr une très grande partie, presque la totalilé des troupeaux qu'elle
infecte. C'est à son influence qu'il faut surtout attribuer la diminution qu'a éprou-
vée en ces dernières années, la population ovine de la France et de presque toute
l'Europe.
Au moment où nous écrivons ces lignes, on constate même une mortalité tout
extraordinaire des moutons à la suite de la cachexie aqueuse, que pour notre
compte nous préférons appeler la distomatose. Le Galkjnanis a récemment parlé
des grandes pertes qu'occasionne la rot dropsy en Angleterre, et surtout dans les
SUR L'ÉTIOLOGIE DE LA CACHEXIE AQUEUSE. 305
contrées occidentales de ce pays, où la population ovine est horriblement décimée.
En Allemagne les ydaintes relatives à l'7i'_gc////u/e ne sont pas moindres, et, pour ne
parler que de l'Alsace-Lorraine, nous pouvons déclarer que 90 pour JOO environ
des moutons livrés dans ces derniers temps aux abattoirs de Metz, Forbaoh, Sarre-
hourg, Haguenau, Strasbourg, Schlestadt, Goliuar et Mulhouse, étaient atteints
de la cachexie; que dans maintes communes où il y avait un troupeau de 250 à
400 moutons, l'on ne trouve plus à l'heure qu'il est que quelques individus. Durant
tout l'hiver, les propriétaires ont vendu à vil prix ce qu'il y avait de plus fortement
atteint ; ce qu'ils espéraient sauver, leur échappe en ce moment. La Société nationale
est certainement mieux ri-nseignée que nous sur les désastres que l'on constate
en France, et qu'on nous dit ne le céder en rien à ce qui arrive en Angleterre ou
en Allemagne. Les pertes sont grandes aussi dans la Haute-Italie, dans certaines
parties de l'Autriche, en Pplogne, etc.
Nous voulons, parla présente note, appeler sérieusement l'attention des agricul-
teurs et surtout des éleveurs sur l'étiologie réelle de cette maladie, telle qu'elle est
établie par la science, et nous insisterons sur le remède qui se trouve ainsi naturel-
lement indiqué. Ce que nous dirons n'est pas nouveau et surtout nous ne préten-
dons pas l'avoir trouvé, quoique nous en ayons déjà parlé dans notre dictionnaire
de médecine vélérinaire de Hurlrel d'Arboval^ et cela, il y a déjà quelques années.
Les iaiis scientifiques que nous allons rappeler, et que nous-empruntons à divers
zoologistes, sont trop peu connus des propriétaires, trop peu connus de la plupart
des vétérinaires et surtout nullement appliqués. Nous espérons que si la Société
nationale d'agriculture de France approuve nos idées et les conseils excessive-
ment simples qui en résultent, que si -à son tour, elle fait connaître le système
aussi simple que naturel de combattre la distomatose du mouton pour ainsi dire à
sa racine, nous espérons qu'alors les propriétaires adopteront nos manières de
voir, appliqueront nos idées et trouveront l'heureux résultat qui ne peut manquer.
Si nous préférons le nom de distomatose, à celui de cacliexie aqueuse, ou de
"pourriture, c'est que l'observation rigoureuse des faits prouve que la maladie est
due à la présence dans l'économie de divers helminthes du genre distome : ceux-ci
se logent dans les canaux biliaires du foie, quelquefois dans le vésicule biliaire.
C'est de là que vient le nom de douve que les anciens donnaient avec raison à la
maladie, celui de phtisie vermineuse du foie que lui donnait Fromago de Feugré;
M. Wehenkel, d'accord avec M. Roell, l'a appelée la cachexie iclèro -ver mineuse.
Malheureusement la cachexie n'a pas toujours été considérée comme une maladie
vermineuse et on y a vu trop longtemps, et même aujourd'hui encore, un état hy-
dropique, une simple hydrohémie avpc anémie, où les parasites du foie seraient un
simple accessoire, un accident. Cette opinion admise par Paulet et Rozier, a été
celle de Huzard, Girard, Hamont, Fischer, Delalond, ainsi que de M. Reynal.
L'opinion de Dupuy et de Gasparin qui en faisaient une maladie miasmatique,
n'ayant pas été acceptée, nous ne la donnons que pour mémoire. L'opinion que
nous soutenons aujourd hui a cependant toujours eu des adhérents comme Mortier,
Guillaume, Schaetier, Waldinger et plus récemment MM. Davaine, Florance, Ger-
lach, Leuckart, Zûrn, Lydtin, etc.
Nous estimons qu'aujourd'hui cette nature intiine du mal qui nous occupe ne
peut plus être révoquée en doute ; on ne peut plus se demander si les distomes sont
causes ou effets. Les travaux des zoologistes modernes ne laissent plus de doute à
cet égard. Quand on voit la gale, la bronchite vermineuse, une maladie pai-a^i-
taire quelconque des ruminants, s'accompagner de malaise général, de cachexie, à
plus forte raison l'infection parasitaire du foie, de cet organe essentiel pour les
fonctions nutritives, doit-elle produire des désordres plus graves et amener
une altération profonde de l'économie et de toute la constitution.
La maladie est donc due essentiellement à l'invasion des canaux hépatiques
?iar le distome hépatique, plus rarement par le distome lancéolé, tous deux de la
amille des iremaforfe^. Parfois les deux espèces de distomes existentensemble; alors
le dernier, à cause de sa petitesse, pénètre plus avant que le premier dans les
canaux biliaires Leur couleur est d'un gris verdâtre ; leur forme oblongue, ovale
ou lancéolée; la longueur du distome hépatique varie entre 30 et 40 millimètres;
la largeur de 6 à 13: le distome lancéolé n'a que le quart de cette longueur et le
tiers environ de largeur. Us portent deux ventouses, l'une antérieure ovale, l'autre
triangulaire, située sur le côté près de la première. Le tégument du distome hépa-
tique est couvert d'épines plus ou moins aplaties; le distome lancéolé a le tégu-
ment lisse; c'est ce qui explique pourquoi le distome hépatique, grâce à ces armes,
206 SUR L'É'nOWGlE ÛË LA CACHEXIE AQUEUSE.
produit des lésions et des désordres plus forts que le lancéolé. Ces distomes sont
ordinairement en nombre considérable, ec souvent les conduits hépatiques en sont
comme bourrés; Delafond en a compté plus de cinq cents et Dupuy en a trouvé
plus d'un millier chez un seul individu; le chiffre ordinaire est de cent à trois cents.
Ils sont enroulés sur eux-mêmes en cornet dans les conduits d'un petit calibre,
aplatis et fortement serrés. Les conduits hépatiques et même la substance du
foie éprouvent des chan<^ements remarquables par l'accumulation des distomes.
Ces lésions évidemment varient avec le degré de l'infection et la période de la
maladie; il semble cependant inutile de les indiquer ici.
Il serait également superflu de faire ici une description des symp;ômes de la
maladie; celle-ci n'est que trop bien connue des agriculteurs. Par contre, nous
croyons devoir insister sur la marche de la distomatose, laquelle n'est pas suffi-
samment connue. Cette marche est généralement lenteet dépend de l'intensité du
mal, des conditions dans lesquelles celui-ci fait son évolution. On peut, avec Grer-
lach, lui reconnaître quatre périodes, qui coïncident exactement avec les périodes
de l'infection parasitaire, avec les altérations que les distoraes occasionnent au
sein du foie. La première période, coïncidant avec la phiogosc du foie, avec sa
tuméfaction inflammatoire, se constate dans les mois d'août, septembre et octobre,
époque où les helminthes, déglutis avec les fourrages et reçus dans les voies
gastro-intestinales, entrent dans les voies biliaires. Le parasite est encore très
petit alors, et ne fait qu'irriter par sa présence; la bile est alors un peu mêlée
de sang : c'est la période à peu près latente de la première intection et elle
passe généralement inaperçue — La seconde périoJe qui coïncide avec un certaia
resseri-ement du foie sur lui-même et avec l'épaississement des canaux cholédo-
ques, appartient à la fin de septembre et va jusqu'en novembre, durant ainsi de
six à douze semaines; les vers réunis en peloton sont dans une masse gluante et
verdâtre mêlée de mucus ; cette période se dénote par l'anémie et la cachexie
commençante, où l'animal est faible et abattu. — La troisième période, qui coïn-
cide avec l'atrophie du foie, n'arrive qu'au bout de trois mois au moins et est à son
sommum en janvier, février et mars ; durant cette époque, il y a chlorose avec
ictère et la cachexie est au plus haut degré, entraînant souvent la mort du sujet;
alors aussi les distomes ont pris tout leur développement se sont mutuellement
fécondés, puisqu'ils sont hermaphrodites, et le l'oie, là où il n'est pas atrophié, est
turgescent; les canaux hépatiques ont leurs parois fortement épaissies, très sail-
lantes, souvent comme cartilagineuses et incrustées de phospliate de chaux. C'est
en avril et jusque vers le mois de juin, un peu plus tard dans les pays du Noi'd,
que les distomes quittent leur séjour d'hiver pour passer dans les intestins
où ils sont digérés, mais non sans avoir soigné pour la conservation de respè::e.
Dès le commencement de mars et durant les trois mois suivants, un grand
nombre d'œufs, entraînés par la bile, sont expulsés avec les excréments; avec le
microscope, à un grossissement de 70 diamètres environ, on reconnaît facilement
les œufs de distomes ovales et munis d'un opercule; les œufs du distome hépatique
ont environ un dixième de millimètre de long et leur contenu est granuleux ; ceux
du distome lancéolé sont plus arrondis, foncés et environ quatre fois plus petits.
M, Bunck en a compté de 2 à 6,000 dans un kilogr., d'excréments; dans une
goutte de bile d'un mouton atteint de distomatose assez modérée nous avons
compté de 50 à 60 œufs de distom>i hépaùque et une vingtaine seulement d'œufs
du distome lancéolé; le nombie de ces œufs, pour une goutte de bile, dépassé
Sarfo's le chiffre de 200. Lors de cette dernière période, il y a de l'amélioration
ans l'état général de l'animal, s'il n'a pas déjà trop souffert dans les périodes
antérieures et n'est pas arrivé au dépérissement complet; souvent l'animal reste
malingre, ce que l'olilitération des principaux canaux bihaires expliqu.; fort bien;
dans les culs-de-sac qui se sont formés, on trouve alors des restes vie distomes
plus ou moins crétifiés.
L'infection ne se faisant pas au même jour, en la môme proportion et pour
tous les animaux d'un troupeau, il est évident que tous les individus qui constituent
ce dernier ne peuvent pas se trouver ensemble dans la môme périoJe et que la
durée de chacune doit être variable.
Par cela même qu'un trop grand nombre d'auteurs n'ont vu dans la cachexie
aqueuse qu'une hydro-anémie, ils ont surtout attaché de l'importan e aux causes
Par lesquelles l'économie est pour ainsi dire sursaturée d'humidité, où, suivant
expression de M. H. Bouley, les animaux se pénètrent d'eau comme le fait uriô
éponge plongée dans ce liquide. Ces causes, en effet, ne manquent pas de se pré-
SUR L'ÉTIOLOGIE DK L.\ CACHEXIE AQUEUSE. 307
senter dans les localités où règne la distomatose ; l'historique des principales
épizooties de la cachexie aqueuse nous montre que la maladie est surtout fréquente
après les années humides ; elle est en outre propre aux pays à prairies maréca-
geuses, à sol tourbeux ou argileux, aux vallées facilement submergées ; on l'ob-
serve aux environs de la mer, dans les pays d'étangs et d'eaux stagnantes, aux
embouchures des Ileuves, après les inondations, etc. L'influence de ces causes de
la cachexie ne saurait être contestés et ce n'est en effet que dans l'humidité que
les moutons peuvent trouver les larves des distomes, les embryons sortis des
œufs qu'ils ont avec leurs excréments laissés dans les pàtuiages du printemps.
En outre, ces causes concourent à augmenter le lymphatisme des animaux et con-
tribuent à la cachexie en diminuant les forces de résistance de l'économie.
Une autre cause de la distomatose se ti'ouve dans l'habitude où l'on est de faire
pâturer les animaux. Autrefois, quand les bêtes bovines étaient moins condam-
nées à la siabulation, la cachexie aqueuse était plus fréquente sur cette espèce
animale; aujourd'imi elle est surtout fréquente chez le mouton, qu'on ne saurait
toujours gardera l'étable. La distomatose, ou cachexie aqueuse proprement dite,
ne s'obseive pas sur le bétail stabulant ; tout au plus peut-on y rencontrer ["hydro-
hémie, la chlorose, mais alors sans distomes daus le loie et sans les graves
désordres de la constitution animale.
Une mauvaise alimentation, qu'elle soit insuffisante ou de mauvaise qualité,
trop aqueuse, ne saurait influer qu'en engageant les animaux à être plus gloutons
dans les pâturages, en leur faisant avaler même les mauvaises herbes et celles
salies par des mollusques; elle peut encore influer en facilitant l'état cachectique
consécutif.
La cause réelle de la cachexie est donc la migration du distome, non pas que
les moutons trouvent ces parasites tous formés dans les eaux des marais, comme
l'admettaient Linné, Schaeffer et d'autres, mais ils les trouvent à l'état d'êtres
agames, à l'état de larves qui ne deviennent distomes qu'après métamorphose; ce
sont alors des êtres qui ne sont susceptibles de se reproduire qu'après un séjour de
C[Ufclques mois dans les canaux biliaires du ruminant.
L'on n'a pas encore tous les renseignements exacts sur les migrations parlés-
quelles passe le distorae hépatique (ou le lancéolé) du mouton; l'on sait, par les
expériences de M. Eaillet, que l'enibryon ne sort de l'œuf que vers le 60", parfois
même plus tard, qu'il se transforme en un petit animal aquatique très mobile,
assez analogues à des infusoires, notamment aux rotifères, ressemblant aussi aux
cercaires. En se fondant sur les observations et les expériences de V. Siebold,
Pagenstecher, A'an Beneden et Luckart, qui établissent crue l'état agam.e de plus
de douze espèces de distomes ne sont que des cercaires !|ui vivent généralement
sar ou dans des mollusques, des limaces surtout, quel([uefois des insecLes aqua-
tiques, mais qu'on rencontre aussi tout à fait libres dans l'eau, en se fondant sur
le fait que ces zoologistes ont réussi à développer des distomes sur des animaux
nourris avec des cercaires et que ce n'est qu'à l'état parfait que les distomes se
rencontrent chez les animaux appartenant aux quatre classes de vertébrés; on peut
admettre que la larve du distome hépatique (ou du lancéolé) est. aussi un cercaire
habitant les mares et flaques d'eau des pâturages humides, étant peut-être para-
site de limaces, des lymnées, ou d'autres petits animaux aquatiques, lequel naît
par progéniture gemmipare, et à plus de cent exemplaires, du pseudo-inf'usoire de
M. Baillet, après que celui-ci est devenu sporocyste.
• Il est donc probable que dans les pâturages fangeux, submergés ou humides
seulement par place, dans l'herbe ou le foin récollé daus ces lieux, dans les eaux
stagnantes, on doit rencontrer des cercaires des helminthes hépatiques, ainsi que
les limaçons, les lymnées, et peut-être aussi les insectes qui en sont infectés. Il
est en eti'et très vraisemblable de supposer que les mollusques, si abondants dans
les prés humides, les lymnées et autres petits animaux aquatiques, sont les prin-
cipaux hôtes des cercaires, qui, introduits dans les réservoirs gastriques des bêtes
ovines et bovines, donnent lieu à la foimation des distomes. Si on observe les
distomes plus particulièrement sur les troupeaux qu'on fait pâturer trop matin ou
immédiatement après la pluie, ce'a ne provient-il pas de l'habitude qu'ont les mol-
lusques de grimper le long des tiges d'herbe après la pluie et lors de la rosée, et
d'être ainsi plus facilement déglutés par les animaux?
Quoi qu'il en soit, il est certain que l'embryon du d'istome passe de quatre à six
mois au dehors de son hôte, en dehors du mouton, deux mois dans l'œuf et un
temj» encore indéterminé à l'état de larve ou de cercaire. L'infection des moutons
308 SUR L'i^TlULOGIE DE LA CACHEXIE AQUEUSE.
par les distomes ne peut donc avoir lieu qu'on automne, à partir du mois d'août
jusque vers novembre. Les œufs du distorae ne peuvent se développer dans l'hôte
(le mouton),- où ils ont été produits par la fécondation; il faut qu'ils sortent de
cet hôte pour éclore dans un endroit humide. C'est ce que démontrent péremp-
toirement les expériences de Gerlach, qui n'a jamais vu naître de nouveaux dis-
tomes sur des moutons et des veaux auquels il faisait avaler des distomes féconds
ou des œufs en grande quantité. Gela devait être; car si les descendants d'un
seule distome, lequel a des milliers d'œufs, venaient à se développer, il y aurait
de quoi tuer infailliblement l'hôte qui les nourrit. D'un autre côté, pendant l'été,
-après le mois de juin, on ne trouve plus de distoraes dans les voies bilvaires du
mouton, à moins qu'ils n'y aient été retenus par quelque abstraction de ces voies.
On peut en retrouver déjà en septembre; mais alors ils sont encore petits et les
œufs ne sont pas encore développés dans l'oviducte du ver.
Lorsque les distomes agames sont en automne introduits avec les aliments dans
l'estomac, le mollusque-hôte et la capsule du cercaire, s'il y en a, sont digérés et
dissous, et les parasites ainsi délivrés arrivent de là dans l'intestin grêle, pénètrent
dans le canal cholédoque, d'où ils s'avancent vers les ramifications périphériques
de celui-ci. Le distome élargit au moyen de sa tête les conduits hépatiques trop
étroits, tandis que les écailles spiniformes qui revêtent la partie antérieure du corps,
l'empêchent de glisser en arrière; c'est en appliquant alternativement la ventouse
buccale et la ventouse ventrale, en raccourcissant et en allongeant le corps, que
*le distome s'avance en entraînant la partie postérieure.
Dans les années de sécheresse, même dans les années qui ne sont pas plu-
vieuses, le plus ^rand nombre des larves de distome périssent, malgré leur grande
force de résistance et quoiqu'ils jouissent des avantages des animaux dits ressus-
citants, c'est-à-dire qu'ils ne perdent pas la vie quand ils se dessèchent pour
quelque temps. Dans ces années-là, les moutons ou les bêtes bovines ne trou-
vent pas les larves de distomes dans les pâturages, l'immigralion d'automne n'a
pas lieu et l'on constate que dans l'hiver suivant, il n'y a que peu ou point de cas
de cachexie aqueuse.
Un pâturage, quelque humide et fangeux qu'il soit, qui n'a jamais été fréquenté
par un animal atteint de distomatose, qui surtout n'a pas été pâturé par de ces
animaux au printemps, ne saurait provoquera cachexie aqueuse. C'est là un fait
qu'on peut facilement constater en ce moment; il y a bien des localités qui n'ayant
pas importé de moutons et n'ayant pas eu la cachexie depuis quelques années;
n'ont pas été visitées par cette infection, malgré les trois dernières années hti'-i-'''
mides et malgré le mauvais état de leur pâturage. L'on ne constate pas non plus'
de distomatose partout où les troupeaux pâturent beaucoup le long des chemins,
partout où le pâturage en pente ou à sol perméable ne laisse pas séjourner l'eau
et ne conserve pas les parasites en vie.
Les distomes, ou plutôt leurs larves, ne peuvent pas vivre d'une année à l'autre
et s'il n'ont pas trouvé un hôte en automne, s'ils n'ont pas été déglutis, ils péris-
sent sûrement pendant l'hiver.
Un traitement thérapeutique de la distomatose est généralement inefficace; il
ne réussit plus dès qu'il y a altération organique des viscères. Il faudrait pouvoir
la traiter dès le début et l'on sait combien cette période est difficile à saisir. L'on
a conseillé l'usage des analeptiques, des toniques amers, des ferrugineux surtout;
les grains grillés, la gentiane, l'écorce de chêne, les baies de genièvre, surtout
combinés au sel de cuisine, peuvent en effet reconforter l'économie, empêcher un
peu la cachexie, mais non pas guérir la distomatose. 11 faudrait ajouter des vei-mi-
cides, mais il est difficile de faire parvenir ceux-ci dans le foie; les bourgeons de
sapin, la suie, si souvent recommandés, n'agissent pas assez en ce sens; tout au
plus a-t-on obtenu quelques succès de l'emploi de l'huile empyreumatique, du
pétrole et surtout de la benzine.
Le traitement de la cachexie aqueuse doit être prophylactique ; pour éviter l'in-
fection il suffit d'éviter les pâturages trop humides, ceux où se trouvent les em-
bryons des distomes; il faut surtout les éviter en automne; les pâturages où la
cachexie se produit à peu près sûrement sont généralement connus des bergers.
Le traitement de la distomatose est donc bien plutôt du domaine de l'hygiène,
voir même de la police sanitaire, que de celui de la thérapeutique, et c'est par la
première qu'on peut surtout prévenir le développement de la maladie, pour peu
qu'on y mette de la bonne volonté et de l'intelligence. La cause première du mal
résidant dans l'humidité du sol, dans les terrains fangeux et marécageux, où les
SUR L'ÉTIOLOGIE DE LA CACHEXIE AQUEUSE. 309
ruminants trouvent les larves des distomes, soit libres, soit eiles-raèmes logées
dans des mollusques ou des insectes, il convient de dessécher ces terrains, en
donnant écoulement à l'eau stagnante ou en les drainant; en général, en soignant
mieux les pâturages, en leur donnant les amendements nécessaires, oq empêche-
rait souvent la maladie (jui nous occupe.
Si les animaux recevaient à l'étable le supplément nécessaire de nourriture, on
pourait les laisser à Tétab'e pendant lesjournées de pluie ou de brouillard, on n'au-
rait pas besoin de les sortir de trop gr^nd matin.
On a quelquefois recommandé l'émigration des troupeaux; celle-ci ne peut cepen-
dant guérir un troupeau déjà infecté, et si elle a eu du succès, c'est quand on
faisait quitter à un troupeau infecté le pâturage où il avait déposé ses œufs et où
alors il ne s'infectait plus en automne, ainsi que nous allons le dire.
L'observation scientifique ayant démonfré que les excréments des animaux
aSfectés de distomatose renferment des œufs de distomes au printemps, depuis le
mois de mars jusque vers la fia de juin, que ces œufs, élément^^ de la conservation
de l'espèce, constituent aussi le mode de propagation essentiel et unique de la
cachexie aqueuse, il importe d'empêcher que ces excrém-nts ne soient portés
sur des terres propres à un développement des embryons, et, si cela n'est pas
possible, il faut au moins ne pas employer le fumier suspect sur des terres où plus
tard des moutons où des bêtes bovines iront pâturer. Un éleveur intelligent ou un
berger digne de ce nom, notera exactement les pâturages que des moutons ma-
lades auront fréquentés au printemps et auront inf-cté de germes de dis-
tomes, et il aura bien soin de ne pas y conduire ses moulons vers la fin de l'été
ou en automne; il divisera donc son pâturage dès le printemps. Le fourrage qu'on
récoltera sur les prés infectés au printemps par des moulons atteints de disto-
matose sera autant que possible donné exclusivement, aux chevaux; s'il faut en
donner aux ruminants, ce ne sera pas en tout casa létat veit et non sans avoir
bien secoué le foin qu'on en a fait. L'on veillera à ce que les moutons et les bêles
bovines soient toujours abreuvées avec de la bonne eau et n'aient pas à boire aux
étangs, dans des mares, dans les fossés des champs, où les germes de distomes
peuvent vivre en liberté ; M. Lydtin admet que l'eau de puits ou de pluie rece-
vant du purin d'étables. peut r niermer des germes de distomes, si dans ces
étables il y avait au printemps des bêtes atteintes de la cachexie aqueuse.
Nous avons la conviction f|ue ces simples précautions, où, encoie une fois, il
faut surtout de la bonne volonté et de l'intelligence, préviendront sûrement cette
redoutable maladie et éviterontdes pertes considérables, incommensurables même,
à lagriculturé. Aug. Zundel.
Strasbourg, mars 1880.
RAPPORT A LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRICULTURE
SUR LE MÉMOIRE DE M. ZUNDEL
Le nom nouveau, sous lequel M. Zundel propose de désigner la
maladie épizoolique redoutable que l'oa appelle cachexie aqueuse, ou
plus vulgairement pourriture, procède des notions plus positives que
l'on a acquises, dans ces derniers temps, sur la nature de cette
maladie. L'idée qu'on s'était laite de la pourrilure des moutons est
exprimée par le nom scientifique qu'on lui a donné. Ou la considérait
comme une cachexie^ c'est-à-dire comme une maladie daas laquelle
les humeurs du corps étaient altérées; et par le qualificatif associe
au nom générique, on spécifiait que cette altération procédait de la
prédominance dans le sang de son élétneut aqueux.
Cette prédominance de l'eiu dans l'organisme du mouton atteint de
pourriture était expliquée par l'influence des milieux. La maladie se
déclarant à la suite des saisons très pluvieuses et régnant en perma-
nence dans les localités marécageuses, on en avait inféré que l'eau
pénétrait dans l'organisme par l'air sursaturé de sa vapeur et par les
plantes très aqueuses dont les animaux étaient condamnés à se nourrir,
et rien ne paraissait plus justifié que le rapport établi entre l'état
cachectique des moutons et le milieu où leur maladie s'était dévelopée.
310 RAPPORT SUR LE MÉMOIRE DE M. BUNUEL.
L'infiJtration aqueuse du tissu cellulaire, l'état lavé des chairs, la tlui-
dite du sang décoloré, tout venait à l'appui de l'étiologie admise.
On n'avait pas méconnu, cependant, l'existence de vers particuliers
dans le foie du mouton cachectique; mais ces vers, auxquels leur
forme avait fait donner le nom de douves, étaient considérés comme un
fait accessoire. Leur présence était expliquée par 1 épuisement de ror-
ganisme. Si la douve s'y développait, c est que, dans ses conditions
maladives actuelles, l'organisme lui était devenu un milieu favorable.
Les études zoologiques ont conduit à une conception tout autre que
le Mémoire de M. Zuudel a pour but de faire connaître.
D'après la nouvelle manière de voir, qui est établie sur des notions
scientifiques certaines, les rôles sont renversés. Si le mouton devient
cachectique, c'est parce que, dans le milieu où il vit et se nourrit, se
rencontrent les conditions pour qii'il soit infesté par des vers. Sa
cachexie ne dérive donc pas directement de l'influence de l'air et de la
nourriture, par Tintermédiaire desquels l'eau pénétrerait en lui et le
sursaturerait par une sorte d'imbibition mécanique. Le fait n'est pas si
simple. L'ensemble des phénomènes procède de l'altération d'un organe
essentiel, le foie, qui devient l'habitat du ver, et se trouve empêché
dans son fonctionnement par des modifications fondamentales que lui
fait éprouver la présence d^^ parasite.
Ainsi la cachexie aqueuse doit être considérée comme la maladiç de
la douve ou du distome, de la môme manièi-e que la gale est celle de
l'acare. Identité des phénomènes dans les deux cas, au point de vue
etiologique; différence des manifestations, dépendance delà différence
des organes envahis et de l'impùPtance des lésions produites.
Il y a deux espèces de distoines, tous deux de la Êamille des tréma-
todes : l'un appelé hépatiifie, l'autre lancéolé. Tous deux peuvent exis-
ter simultanément. Le plus petit, le lancéolé^ pénètre plus avant dans
les canaux hépatiques et produit des altérations plus profondes.
La marche de la distomatose est généralement lente. On peut lui re-
connaître trois périodes, qui coïncident avec les périodes de l'infesta-
tion parasitaire et les altérations que le foie subit successivement sous
leur influence.
Première période. — Elle coïncide avec les mois d'août, septembre
et octobre, époque où les helminthes, déglutis à l'état rudimentaire
avec les fourrages et reçus dans l'appareil mtestinal, pénètrent dans
les voies biliaires. Le parasite, très petit alors, donne lieu à une irrita-
tion du foie, qui se traduit par un flux biliaire plus abondant.
Deuxihnb périole. — Les vers, groupés en pelotons, obstruent en
partie les canaux cholédoques dont la muqueuse irritée est plus épaisse
et réduit leur calibre intérieur. C'est de septembre en novembre que
cette altération se constitue; avec elle coïncide l'anémie, à son début,
se caractérisant par la décoloration des tissus et la faiblesse géné-
rale.
Troisième période. — Le foie s'atrophie. Cette altération fondamen-
tale s'elîectue graduellement dans les mois de janvier, février et mars.
Elle se caractérise par l'état cachectique qui est symptomatiquement
bien connu, et entraîne fréquemment la mort des sujets. Lesdislomes,
arrivés à leur complet développement, distendent les canaux hépati-
ques. C'est depuis avril jusqu'à juin, un peu plus tard même dans les
pays du nord, qu'ils quittent leur habitat hépatique pour passer dans
RAPPORT SUR LE MÉMOIRE DE M. ZUNDEL. 31 1
les intestins où ils sont digérés. Mais auparavant ils ont pourvu à la con-
servation de l'espèce. Dès Je mois de mars et pendant trois mois sui-
vants, un grand nombre d'œufs, entraînés par la bile, ont été expulsés
avec les aliments dans lesquels on peut les reconnaître par l'inspection
microscopique avec un grossissement de 70 diamètres seulement.
On en a compté de 2,000 à 6,000 dans un kilogramme d'excréments,
et jusqu'à 50 ou 60 dans une seule goutte de bile.
Ces œufs, qui sortent du corps del'animal dislomatosique, deviennent
les instruments de la propagation de la maladie.
Les moutons ne trouvent pas les distomes tout formés dans les eaux
des marais. Ils les rencontrent à l'état agame, c'est-à-dire à l'état de
larves qui ne deviennent distomes qu'après métamorphoses, et ne sont
aptes à la reproduction qu'après un séjour de quelques mois dans les
canaux biliaires des ruminants.
Les migrations par lesquelles passent le distome hépatique et le lan-
céolé du mouton ne sont pas encore parfaitement connues. Les expé-
riences de M. Baillet ont démontré que l'embryon ne sort de l'œuf que
vers le soixantième jour et parfois même le cent-vingtième, et qu'il se
transforme en un petit animal aquatique très mobile, assez analogue
aux rotifères. C'est à cet état de cercaire ou de svolex que les distomes
rudimentaires pénètrent dans l'appareil intestinal des moutons soitavec
les eaux des boissons, soitavec les limaçons, les insectes, les lymnées
et autres mollusques dont les scolex des distomes peuvent être les pa-
rasites * .
1. Il n'est pas inutile de rappeler les notions acquises à la science sur la vie et le développement
des tîématories, en f>articulier de la douve du foie, l'auteur du mémoire qui vient d'être analysé
s'en étant trop faiblement préoccupé. 11 y a trenle-deux ans, M. E;n[le Blanchird qui avait déjà
publié une étude anatoraique très détaillée de la douve du foie {.innales des scimces naturelles) .
.3° série, t. VJI, page 2"Î8; 1847) poursuivant des re'cherches en vue de l'iiygiène des animaux
domestiques, affirmait pour la première fois que les douves se développent dans des conditions
particulières. Ayant reacontré les œufs par myriades dins 1er, canaux biliaires, il les avait suivis à
travers le canal cholédoque et dans toute la longueur de Tintestin, constatant le développement
embryonnaii^ toujoui"s d'autant plus avancé que les œufs sont plus piès d'être expulsé-^.
« Il est mis hors dexlout". disait alors M. Blanchard, que les œufs de distomes sont entraînés
avec les résidus de la digestion. Plusieurs phases du développement de ces vers doivent par con-
séquent s'effectuer dans des conditions bien différentes de cehe oii vivent les adultes. Selon toute
probabilité, parvenus à une certaine période, ils reviennent dans k corps des ruminants introduits
avec les aliments. »
S'attachant à l'idée de suivre les douves, dans toutes leurs conditions d'existence, il ajoutait :
« C'est vers ce but que tendent actuellement mes efforts, mais l'impossibilité où je me suis trouvé
d'observer pendant longtemps dans les localités où l'on tient habituellement les bestiaux, ne m'a
pas permis jusqu'ici de compléter mes reclierches sur le sujet. Ce sont surtout les moutons des
iords du Rhin qui paraissent élre le plus orlinairement infestés.
<t Quand nous connaîtrons mieux les circonstances qui favorisent l'introduction des vers chez
l'homme et les animaux, il est presque certain qu'on pourra les diminuer sensiblement. — 'Ces vers
subissent évidemment des métamorphoses. Leurs formes dans le premier âge sont sans doute
très différentes de celles de l'adulie, et quand les observations auront été poussées plus loin, on
sera peut-être filus d'une fois surpris de rencontrer dans l'animal rangé dans quelque autre classe
le jeune d'un iremattde. >• De la propagation des vers qui habitent le cori s de l'homme et des ani-
maux.— Comptes rendus de l'Académie des sciences. T. XXVI, p. 3.55, 20 mars 1848.
Depuis trente ans, la que^tinn relative au développeme.a et aux migrations de la douve du foie
{Fasciola liepalica ou Distoma hepaticum) a peu changé. Si l'on a vu l'embryon à la sortie de
l'œuf, on n'a observé delà vie de re>pèce aucune des phases qui précédent l'état adulte.
Il en a été autrement pour différentes petites espèces de trématodes. MM. ne Siebold et Steenstrup
ont indiqué les formes larvaires de certains distoraes ou monostomes, et M Van Benedcn ayant
repris la question (Hémoire sur les vers infeslinaux. Paris, 1858) et porté l'étude sur plusieurs
espèces voisines, il est devenu possible de concevoir une idée à peu près com[ilète de la série des
métamorphoses des trématodrs qualifii^s de digonèses. De l'œuf sort une Lave couverte de cils qui
nage d-ins l'eau. A l'intérieur se développe une nouvelle forme : Scolex et la larve ciliée rencontrant
SUT son passage un mollusque ou un insecte le scolex y est déprsé. Fixé, le scolex grandit et sur
son corps, plusieurs ré.:ions se dessinent ; il engendre des cercaires caractérisées par la présence
d'un appendice caudal. Les cercaires que J'en a souvent comparées aux têtards des grenouilles,
étant mises en liberté, nagent d'une allureirès rapide. S'arrètant sur un animal : insei;t€, mollusque,
poisson ou batracien, eltes s'attachent à la siurface ou à l'intérieur du corps à l'aidr! de leur ven-
tOiOse. Une cauche visqueuse ne tardent pas à couvrir le corps ; c'e t une enveloppe qui se forme ;
lever est enkysté, ea queue désormais inutile se flétrit et disparait. Des cercaires enkystées chez
les lymnées lorsqu'elles sont ingurgitées par des oiseaux aqaatiques deviennent des dislomes
312 RAPPORT SUR LE MÉMOIRE DE M. ZQNDEL.
Une lois que ces distomes agames sont introduits dans l'estomac
du mouton, soit avec le mollusque qui leur sert d'hôte, soit en liberté
dans l'eau des boissons, ils sont délivrés de l'hôte qui les a reçus ou
de leur enveloppe propre par l'action digestive, et lorsqu'ils ont passé
dans l'intestin, ils se rendent dans leur habitat prédestiné, le foie. Là
ils demeurent le temps nécessaire pour leur achèvement.
Ces notions acquises, qu'y a-t-il à faire pour prévenir l'expansion
de la dislomatose et sa perpétuation d'une année à l'autre?
La cachexie aqueuse ou la distomatose, comme l'appelle M. Zundel,
est une maladie qu'on peut considérer jusqu'à un certain point
comme contagieuse, car elle peul procéder d'elle-même.
Son virus, ce seraient ses cercaircs. ses scole.r, qui vivent soit dans
les eaux où les œufs sont tombés avec les excréments des moutons
infestés, soit à l'état de parasites sur ou dans les mollusques des eaux
douces.
Par eux-mêmes, des pâturages, si humides, si marécageux qu'ils
soient, ne peuvent donner là pourriture si le distome ne s'y trouve pas
sous son état agame.
Or, ce n'est qu'en automne que l'infestation distomasique peut avoir
lieu, car c'est pendant cette saison seulement que les œufs, sortis des
moutons infestés, font leur éclosion.
Donc, ce qu'il y aurait à faire, ce serait d'éviter de conduire les
moutons au pâturage pendant celte saison, ou si cela n'est pas pos-
sible, de s'abstenir de les conduire dans les parties les plus maré-
cageuses.
Si l'on pouvait rien que pendant une seule année s'abstenir de faire
pâturer les moutons dans les lieux infestés, Tannée précédente, par la
dépaissarice de troupeaux cachectiques, il y aurait des chances pour
que ces lieux cessassent d'être dangereux, car les larves des dis-
tomes ne pauvent pas vivre d'une année à l'autre, et si elles n'ont pas
trouvé un hôte en automne, c'est-à-dire si elles n'ont pas été" dégluties
par un ruminant, elles périront sûrement pendant i 'hiver.
Si donc on pouvait ne pas leur donner l'occasion de rencontrer cet hôte
qui leur est indispensable pour leur évolution, le pâturage infesté se
désinfesterait de lui-même par l'influence seule des agents extérieurs.
Le drainage, l'amendement du sol seraient aussi des moyens
excellents de la prophylaxie de la distomatose en modifiant les milieux
où les larves des distomes trouvent des conditions trop favorables à
leur existence.
Les excréments des moutons distomatosiques renferment des œufs
depuis la fin de mars jusqu'en juin; il importe pour empêcher la per-
pétuation de la pourriture par l'intermédiaire de ces œufs, que les
fumiers provenant de ces moutons ne soient pas portés sur des ter-
rains propres a i développement des embryons. Autant que possible,
ces fumiers ne devraient être employés que pour la fumure des terres
sur lesquelles ni les bœufs ni les moutons ne devront aller paître. Le
{Discoma militare}. Chaque espèce de distome ne se développe que chez l'animal où la nature 1'*
destiné à vivre et à parvenir au terme de son évolution.
Tout concourt à donner l'assurance que les phénomènes sont tout à fait analogues à l'égard de la
douve du foie, mais les observations et les expériences directes font encore défaut. Pour se mettre
complètement ea mesure de soustraire les moutons au danger d'être envahis par les douves dans
les localités où ils y sont la plus exposés, il importerait de suivre le ver dans toute sa vie évolu-
tive et ses migrations, de constater en un mot, dan; quelle condition les cercaircs du Distotna
hepaticum sont avalées par les ruminants.
RAPPORT Sun LK MÉMOIRE DE M. ZUNDEL. 313
mieux serait de différer de les répandre pendant une année, afin de
laisser aux: œufs et à leurs larves surtout le temps de s'éteindre avant
que celles-ci aient rencontré leurs hôtes nécessaires.
Enfin il faudrait s'abstenir de faire manger aux ruminants, grands
et petits, les fourrages verts récoltés sur les pâturages infestés. Ces
fourrages doivent être réservés pour les chevaux, et quand on est
obligé de les donner secs aux ruminants, il faut bien les secouer avant
de les distribuer. Il faudrait s'abstenir aussi, à la saison automnale,
de laisser boire les moutons dans les mares infestées. En les abreuvant
avec de l'eau pure, on diminuerait d'autant les chances de leur infes-
tation par les cercaires auxquels ces mares servent d'habitat jusqu'au
jour où viendra s'y abreuver le ruminant destiné à devenir leur hôte.
Les considérations qui viennent d'être exposées montrent, une
nouvelle fois, combien peut être féconde l'intervention de la science
expérimentale pour l'éclaircissement des faits delà pathologie. L'obser-
vation seule des manifestations symptomatiques est impuissante,
dans la plupart des cas, à donner une idée exacte de la nature réelle
des choses. Il faut aller plus profondément pour que cette nature se
dévoile. L'histoire du charbon, du choléra des poules, de la septicé-
mie, en porte témoignage. Celle de la cachexie aqueuse en fournit une
nouvelle preuve. Dans un milieu humide, les moutons s'infiltrent
d'eau et meurent dans un état d'extrême anémie, oîi le sang est bien
moins du sang qu'une sorte de lavasse de ce liquide. Naturellement,
en ne s'en tenant qu'aux apparences, on a établi le rapport entre les
influences du milieu où l'humidité prédomine et la maladie dont la
caractéristique essentielle apparente est la prédominance de l'élément
aqueux dans le corps des malades, et ce rapport de causalité est si
vraisemblable qu'on l'a accepté comme vrai.
Mais la science expérimentale intervient; elle étudie le ver de la
cachexie et elle montre que, loin d'en être un simple accident, il en
est la cause efficiente, car sans lui il n'y a pas de cachexie aqueuse
véritable, quelles que soient les conditions d'humidité auxquelles les
moutons sont exposés. Rien de plus intéressant que de tels résultats;
rien de plus rassurant pour l'avenir de la médecine, destinée à devenir
de plus en plus positive et puissante, grâce au concours que lui donne
cience expérimentale.
Nous devons des remercîments à M. Zandel pour Y Instruction si
pleine d'intérêt à l'usage des agriculteurs que représente son Mémoire.
Ces notions si nettes sur l'étiologie d'une des plus graves maladies
épizootiques qui sévit sur notre bétail ne peuvent manquer d'être
profitables à ceux qu'elles intéressent, et tous s'en inspireront, dans
les limites du possible, pour se mettre à l'abri d'un fléau dont la cause
aujourd'hui connue doit être visée par les mesures prophylactiques
en rapport avec ce que la science a appris.
Votre quatrième Section a l'honneur de vous proposer d'accorder à
M. Zundel une médaille d'or à l'effigie d'Olivier de Serres.
H. BOULEY.
SOCIETE NATIONALE D'AGRICULTURE.
Séance du 18 août 1880. — Présidence de M. Chevreul.
A l'occasion du procès-verbal de la séance précédente, M. Chevreul
présente quelques observations sur la fermentation alcoolique. Il
314 SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRICULTURE DE FRANCE.
rappelle que, en 1 829, il a montré pourquoi la fermentation dure
souvent pendant plus longtemps qu'on ne voudrait dans les masses
considérables; c'est que la présence de l'alcool déjà formé intluesurles
matières sucrées non encore décomposées, et tend à limiter la fermen-
tation, car l'alcool a une action toute différente de celle de l'eau sur
un grand nombre de principes immédiats.
M. Magnin, ministre des finances, et M. de Gapèle, secrétaire de
la Société d'agriculture de la Haute-Garonne, remercient la Société de
l'envoi qui leur a été fait des volumes renfermant les documents de
l'enquête agricole qu'elle a faite.
M. H. Nadault de Buffon, président de Chambre honoraire, écrit
à la Société pour lui offrir les manuscrits laissés par son père, ancien
membre de la Société, principalement sur l'hydraulique agricole.
M. Deschêrles, régisseur du domaine d'Harcourt appartenant à ki
Société, envoie des épis charbonneux récoltés dans une propriété voi-
sine, où ils atteignent la proportion du tiers environ de la récolte.
M. Barrai présente un tableau qu'il a dressé du classement, par
nationalités, des bœufs amenés sur le marché de la Villette, à
Paris, depuis le 1'' janvier dernier. De ce tableau, il résulte que
175,709 bœufs ont été présentés sur le marché, dont 165,594 d'ori-
gine française et 10,115 d'origine étrangère. Mais il n'a été vendu
que 138,950 têtes de sorte que 36,759 animaux ont figuré au moins
deux fois sur le tableau des arrivages. Ce fait explique les contra-
dictions qui existent entre les indications de la douane relativement à
l'importation des bœufs américains et celles publiées d'après les ren-
seignements recueillis à la Villette; il montre qu"on ne doit admettre
ces derniers renseignements qu'avec de prudentes restrictions. Il en ré-
sulte aussi la preuve que le bétail étranger ne fournit pas, en bœufs. Je
dixième de la consommation parisienne. Après quelques observations
de M. Bella, M. Gayot insiste sur l'augmentation du prix de la viande
de porc à la Villette, qu il attribue à la diminution de l'élevage en
France. M. Barrai montre que, en tous cas, cette augmentation est la
réfutation, par les ûats, de l'assertion 'qui avait été émise l'année
dernière, que jamais le prix de la viande de porc ne remonterait sur nos
marchés; dans l'état actuel des choses, le prix de la viande a subi,
depuis longtemps, avec quelques oscillations, une hausse croissante
k laquelle il ne paraît pas que la baisse doive succéder désormais. A
cette occasion, M. Risler rappelle que, a,u neuvième siècle, sous (Ihar-
lemagne, le prix d'une livre de viande était le même que celui d'une
lÏTre de b\é; tandis que le prix du blé oû'a pas sensiblement changé
depuis cette époque, eu égard aux variations de la valeur de l'argent,
le prix de la viande s'est constamment accru pour atteindre les ta-ux
actuels. — M. Magne ajoute que la consommation de la viande élaot
encore loin d'être ce qu'elle pourrait être, cette différence lui paraît
devoir au moins se maintenir dans l'avenir. Henry Sagmer.
REYUE GOMMERGIiLE ET PRlX-COURÂNT DES DENRÉES AGRICOLES
(21 AOUT 1880).
I. — Situation générale.
Ley marchés agricoles scrat plus suivis que durant les semaines précédentes, et
les transactions présentent plus d'activité.
Il — Les grains et les farines.
Les tableaux suivants résument les cours des céréales, par quintal métriQDE,
sur les principaux marchés de la France et de l'étranger.
REVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT (21 AOUT 1880)
315
NORD-ODBST.
Blé. Seigle. Org«.
Calvados. Condé
— Lisieux
Gôtes-ri.- \nt'd PontrieiiK
— TrégJÏei-
FinisterK. Uorlaix
Quimper
fiie-ei-Citdt/itj. Kennes.
— St M lo
Hanche. Avranches. . ..
— Poiilorsoa
— Ville.lieu
Mayenne. Laval
— Château Gontier..
Morbihan. Heniiebont..
Orne. Seez
— Viinouiiere
Sarthe. Le Adaus
— Sablé
fr.
30. ÎS
3» 50
29. -Jd
28. UO
2S.O0
29 . 00
27.00
29.00
29.00
28.75
30.00
28. bO
27.7b
26.70
29 00
2y.00
28 . 50
37.50
fr.
ï4.50
2J.00
22.25
fr,
20.50
20.25
21.50
21.25
21.50
20.75
20.50
AtoIm.
fr.
2ti.00
22.25
22.00
19.00
18.50
22.00
20.00
20.75
23.00
19.50
20.50
13.50
20.00
21.25
21.00
18 50
20.75
19.50
22.50
22.00
25.00
2j.b0
2J.00
Prix moyens 28.54 21.93 20.73 21.83
3<> RÉGION. — NURU.
Aisne. Soissons 27.60 18.80 » 21.45
— St-Qiie..liri 28.00 IS.OO » 20.50
— Villtrs Cotterels.. 27-50 17.50 '> »
Sura. Kvreuï 28. 25 is.oo 2o.5C
— Berndy 48.00 18.25 21.75
— Couches.
Ewe-ei-Luir. Cliartres.
— La Loape
— Noi^enuie-Hotroa.
Nord Cfiuiur;ù
— Douai
— Valeiicieaaes .
28.60
28.1-0
30 00
3'J.20
28.25
28. 50
27.75
1 i . OC
19.00
2J.00
18.00
18.25
18..>i>
17.50
1$.75
H. 50
18.50
19. uO
19.00
19.50
17.90
19.75
20.50
21.75
Oise. Beauvrais 28.75
— Cornpiègiie 27.50
— Senlis 27.30
PtM-da-Oaiaw. Arras.,. 28.2S 18.50 20.25
— Sainl-Ouier 28.75 19. uO 2u.25
Seina. Ptcis 29 OO 19 25 20.50
$.-6tr-i\tarit,'' Melun 28-70 18.1» 21.50
— NeTJOurs 28. 5u 1^.25 1.9.75
— DiiiiauLin 28.00 is.50 la. 50
S.-et-OMtf. Dourjaa 28.2» 17.00 »
— Rambouillet 27.00 i7.25 »
— Po..l.0l=e 28.25 18.75 20.00
Seine-M/"flci(îitr<5. Koueu 2«.0o 17.90 20. OU
— Dippe 28. Ou 17.25 »
— YVtJtOt 28.00 16.50 »
So>nra.«. Ab^)-iviLle 27.50 17. 00 »
— Péroiiae 27.00 18 00 19.75
— Ruye 2725 18 "0 »
Prix moyens 28.43 18. JT 20.22
î" RBOION. — .VUKO-KST.
.Ar(ie»ne«. Ch t. lie viUd .. 29.25 19.00 il.ûO
Aube. BaF'Sur-Aube ... 2^.50 17.75 18.50
Méi-y-iiir-îwJiae... 27.60 19 00 17.75
— Troyeà 29 25 is.bo 18.00
Marne. ChÂions 29 50 18.25 18.50
— Ep-raay 29.51J 19 00 •
— R«l us 28 Oi) 19.50 20. iO
— SéziQtic 27.75 18.50 18.25
Hie-Mufim. Bourbj.ine. 29.00 » »
iieuirl.-ei i\h>s--UK >t4.uay 28 25 i9.25 19. 00
— Pont <à-.Vlous3on.. 28.50 20.00 21.00
— Toul 28 00 » 2». 00
Meuse. Bar-le-Duc 28 75 19 'i 19.2'.
— Verdun 28 5u 17.50 19.00
Haute-Saône Gr.iy 29,50 18.50 »
— Vesoul 29.40 21.25 »
f'osges. Epi .al 30.25 21.75 »
— Raan l'tLtape 30. «0 » »
Prix «noyeasu 28.9
4» HBGION. — Ot'IiST.
30.50 21.00
21.25
18.00
22.00
1S.75
21.2»
23.65
20.2;
19.25
19.25
22.00
22 . 00
2Z.50
19.50
20.50
21,50
20.. SO
19.75
21 50
19 50
19 23
22.50
26.25
23.50
23. UO
19.00
21 00
22.50
20.50
18.50
19.00
20.50
21.75
21 00
21 25
17. 5<
19.0}
18.. SO
19. i5
20.75
19.25
18. SO
18.55
19. 75
19.50
9.17 19.23 19.12
Charente. Angoulème.
— Ruffec j,.oo
Charente hifér Marans. 28 50
Deu^c-àf^ofus . Niort.... 29 00
Indre-ei- Luire. Tciurs. . 49. 00
— Blere 28.00
— Gnaieau-Reiiault. 29.00
Loire-Zn/'. Ma ites 27 75
A/.-et-/,oi.-«. sauinur . . 27 »o
Vendée. L>iç.i •»6.50
— Font-nay 27.50
Kidrmr. Ci.ueileriiult... 3i,oo
— MJUlmoniloa 30.75
Haute-Viettna. Limoges 30.00
2i.00
18.75
17.110
18 00
19. 50
21.00
21.50
23.25
21.25
13.00
22.50
21.00
20.25
21 .00
21.75
20.00
20. UO
2 '-25
2J.50
21 25
25.00
20 . 50
17.00
23 . OD
2ij 00"
19.00
18.50
22 50
18 25
17.00
25.00
2!. 50
20.50
20.50
Prix moyer\8k.
2S.9Î 19. 6J 21. OS 20.45
Allier. Moulias
— Montluçon... .
,— Sf-Pourçain...
Cher. Bourga*
— Giaç.iy
— Vier20ii
Creuse. Aubusson..,,
Indre. Chàteauroux.,
— Issoudun
— Vatan
Loiret. Mootargis...
— viien
— Pithiviers
Loir-et-Cher. Blois...
— Montoire
Nièvre. Ne vers
— La Charité.,..
Yonne. Brieiion
— 6t-Florentin...
— Seas
— CBrVTRB.
Blé. Seigit.
fr. fr.
29.50 .
30.25
28.50
28.00
29.50
28.75
29.110
30.00
29 00
28.00
30.00
28.25
■i7.70
29.00
28. OJ
30.00
29. 50
27.50
29.75
29.25
21.00
18.00
17.00
18.75
18.25
a*. 5»
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18.25
17.00
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18.50
20.85
17.00
18.75
19.00
18.00
18.50
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fr.
20.00
20 00
19.30
20.00
30. GO
20.50
21 00
20.50
21.00
20.50
20.00
20. 50
22.50
20 25
18.75
19.90
20.40
Prix moyens 28 97 18.83 20. 81
e« RÉaiON. — EST.
ATOiiie.
fr.
19.50
t.). 25
18.00
19.50
19.25
21.00
18.25
17.50
18.00
18.50
18.00
22 10
20. 2i
18.00
17.50
21.00
19.50
18.50
21.25
19. 2o
4tM. Bourg 23.00
— Ponl-de-Vaui 39.00
Côle-d'Or Dijon — .... 28.00
— Beaane 28.50
Doubs. Be^aaçoa 29 50
Isère. Graud-Letnps. .. . 29. 00
— Bourgoin 29.50
Jura. Dole 27.25
Loire. 3l-GaaraonJ 2) 00
f.-d6-Od»i«Clermont F. 32.50
Rhône. Lyon 29.00
Saôtie-et- Loire. Ghalon. 28. 5«
— AU LU ri 28 00
Savoie. Giiaïubery ii.Oiy
Hle-àavoie. Anaeay..,.. 32.25
18.50
18.25
17.25
16. Oj
21.50
18.50
18.75
21,00
19.50
17.. 7»
21.00
18.5,0
17.75
18. QO
17.50
17.75
Prix moyens 29.27 18.78 18.47
T RÉaiON. — SCU-OCEST.
Ariège. Pamiers
Dordogne. Bergerac
Hie-Garoiine. Toulouse.
— Viiiet'ranche-Laur.
Gers. Condora,
— Eiuze
— Mirande
Gironde. Bordeaux....
Lot-el-Garonne. Agen..
— Nérac
B. -Pyrénées. Bayonoe. .
Hles- Pyrénées. Tarbes.
30.50
30 00
28.75
30.50
28.50
28.75
30.r.0
23.25
30.00
27 50
28.00
30.50
Sl.O)
30.75
21. 2d
21.50
19. UO
19.25
20 50
18.50
19.00
19.25
22.25
Prix moyens 29.54 20.06
17.50
20.25
21.00
19.58
20.50
22.00
21.75
25.00
24.60
23.00
8» REGION. — Sro.
.Aude. Castelriaudary . . 29.50 20.50
Aveyron. Villefrancha. 28.25 21. 50
Caatal. Mauriac 30.35 28.80
Correze. Luberzac 31.00 21.75
Hérault. Béiiers 28.50 »
Lot. Figeac ÎI.OO 22.25
Lozère. Vlende 3.'. 15 27.50
— Marvejols 31.80 27.60
Pyrénées-Or. Perpignan 27.30 21.20
Tarn. Albi 30. Oo » »
rorn-et-(jar.Montauban 29.00 19.50 20.50
Prix moyens 29.90 23.40 22.43
9« RÉGIOM. — siiu-esT.
Basses-Alpes. M.iaos[iia il. 00 » b
Hautes-.ilpes. Briançoa 30.20 20.00 20.25
Alpes-.\faritimes Ciiuuà= 30.50 20 50 20.00
Ardeche. Privas So.05 20.65 19. dO
8. -d(*-«/ioïie. Arles. ... 30.00 » 17.00
Drôine. Rjmans 29.50 21.50 »
G'ird. A.t!i\i 29.00 » »
//»liK«-^<)ir«. Le Puy.... 29.50 22.25 21.50
l^ar. St-.Mdxirain. 30. 00 • »
V'*«tci«s«. Garpentraa... 3o.25 » 20.00
— Avignon 30.00 » 20.25
Prix moyens 30.00 20.98 I9 80
Moy. de toute la France 29.13 20.10 20.19
— de li semaine preced. 29 69 20 51 20 35
Sur la se niaine \ Hausse. » » »
précédente., j Baisse. 0.6« 0.4i 0.16
21.50
18.50
19.50
20.50
18. op
16.5'0
16.25
19.7»
17.50
16.00
19 2f
20.50
19 »0
18.70
22.50
21.50
19.25
21.75
19.5»
19 00
20 25
21.00
22.75
19.50
24.35
10. 75
21.25
20.02
29.05
22.50
21.50
22.65
23.20
26.10
20.50
20.50
22 23
22.50
21.00
20.25
21.80
21.00
17.25
20.50
19.50
20.45
20.52
21.16
316 REVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT.
Blé. Seigle. Or{<e. A/oino
fr. ti. fr fr.
Algérie. Alger 26.00 » l\.lh
Angleterre. Lon'ires 31. 2i) » 20. 8l» 71 50
Belgique. Anvers 26.0;) '24 00 23.00 24 00
_ Bruxelles 28.0) 21 ..=.() 20.25 19.75
— Liège 28 7.') 22.25 22.00 20 00
— Natnar 29. (lO 22 00 21.00 21.00
Payx-Bas. Amsterdam 24.00 19 00
Luxembourg. Lii.xeinhoiirg 30 00 20 00 22.25 22 00
Alsace-Lorraine. Slrasbour:,' 3L00 20.75 20 25 20.50
— Mulhouse 30 25 21.50 20 50 20.25
— Coimar 30.50 21.25 21.00 19.00
Ahemagne. Berlin 26 50 23 00 .
— Cologne 28 10 19 00 > >
— Hambourg 25.35 21.25
Suisse. Genève 28 00 •> . 16.50
— Zurich 28. .-0 » » 20.00
Ualie. Milan 28.75 21.50 . 19 25
Espagne. Vienne 23.50 29.00 17.00 15.00
Autriche. Budapesth 21.00 17 50 « 14 00
Hongrie. Burgo> 30.00 - s 21 25
Buisie. Saint-Pétersbourg... 245) 17.00 . 14.00
Etats-Unis. New-Vorii 20 80 » « »
Blés. — La situation des marchés s'est sensiblement modifiéee depuis huit
jours. Dans le plus <^rand nombre des départements, les oHVes en blés nouveaux
sont abondantes, et partout on constate que la qualité de ces b'és l'emporte
d'une manière très heureuse sur celle des blés vieu.x. Lys appréciations que nous
avons précédemment données sur le rendement sont celles que l'on entend
encore se produire des divers côtés Le commerce et la meunerie Cunt des achats
assez considérables et l'enonvellent leurs approvisionnements qui étaient à peu
près nuls. — A la halle de Paris^ le mercredi 18 août, les transactions ont été
assez actives ; les offres étaient d'ailleurs abondantes. Les cours ont subi encore
de la baisse, ce qui était inévilable. On payait de 2S à 30 fr. par lOi) kilog. sui-
vant les qualités; le prix moyen s'est fixé à 29 i'r., avec une baisse de 1 Ir. depuis
huit jours. — Sur le marché des blés à livrer, on cote par quintal métrique : cou-
rant du mois, 27 fr.; septembre 26 ir. 25 à 26rr. 50; quati'e derniers mois, 26 fr.;
quatre mois denovembe, 2 - fr. 50; quatre premiers mois, 25 fr. 25 à 25 fr. 50. —
Au Havre, les atfaii-es sont calmes sur les blés d'importation; les pri.x s;)nt fai-
blement tenus. On cote de 26 à ^27 fr par 100 kilog. suivant les sortes — A Mar-
seille, les affaires sont assez dilficilps, mais les cours offrent de la fermeté, à cause
delà faiblesse des stocks. Au dernier marrhé, on payait par 100 kilog suivant les pro-
venances : Berdianska, '^8 à 29 ir. ; Irka, 26 fr. à 27 fr. .tO; Nicopoli, 27 fr. à
27 fr. 50; Michigan, 28 fr.; Bombay, 27 à 28 fr. — A Londres, les importations
de blés durant la semaine dernière se sont composées de 156,300 quintaux mé-
triques; les premiers échantillons de blés de la nouvelle lécolte ont été offerts
sur le marché. Les cours sont faibles. On cote de 30 fr. à 32 ir. 45 par 100 kilog.
suivant les qualités et les provenances.
Farines. — Les coui s continuent à se maintenir, pour les diverses sortes, à peu
près sans changements. En ce qui concerne les farines de consommation, on
cotait à Paris, comme la semaine j)récédente, le mercredi iSaoïàt: marque D, 63 fr.*
marques de ci oix, 65 à 66 fr, ; bonnes marques, 63 à 64 fr.; sortes ordinaires et
courantes, 62 à rt3 fr.; le tout par sac de 159 kilog., toile à rendre, ou 157 kilo^.
net, ce qui correspond aux cours extiêraes de 39 Ir. 50 à 42 fr. 05 par 100 ki-
log., ou en moyenne 40 fr 75, comme le mercredi précédent — Quant aux larines
de spéculatmn, elles étaient cotées comme il suit le mercredi 18 aoiÀt au soir,
h. Vâris : farines huit-mirq II es, courant du mois, 60 fr. 75; septembre, 57 fr 50;
quatre derniers mois, 56 fr.; quatre mois de novembre, 55 îr.; quatre premiers
mois, 55 fr. à 55 fr. 2ô ;' farines supérieures^ courant du mois, ol fr.; septembre,
36 fr. 50 à 36 fr. 75; ({uatre derniers mois, 35 ir. 75; quatre mois de novembre,
35 fr.; quatre premiers mois, 35 Ir. ; le tout par sac de 159 kilog., toile perdue ou
157 kilog. net, sauf pour les quatre dernières cotes établies par quintal métrique.
— La cote otficielle en disponible s'est établie, comme il suit, pour chacun des
jours de la semaine, par sac de 157 kilog. net :
Dates (août) 12 13 14 16 17 18
Ff-iines huit-marques 6125 61.35 61.00 61.00 61.00 60.75
— supérieures 61.25 61.50 60.25 61.25 61.25 61.00 1
Le prix moyen a été pour les farines huit-marques de 61 fr., et pour les supé-
DES DENRÉES AGRICOLES ( 21 AOUT 1880). 317
rieures de 61.25, ce qui correspond aux coufs de 35.90 et de 39.20 par 100 kilog.
— Les cours des gruaux se maintiennent à peu près aux mêmes taux que précé-
demment de 45 à 5'4 fr. par lOOkiiog. ; quant aux farines deuxièmes, elles sont
cotées de 33 à 36 fr. suivant les qualités.
Seig'es — Les ventes sont assez nombreuses, avec des prix fermes. On paye
à la halle de Paris, de 19 à i 9 fr. 50 par 100 kilog., suivant les quilités. —
Quant aux farines, elles sont cotées, comme la semaine précédsii'e, de 27 à 31 fr.
Orge^. — Mêmes cours que la semaine précédente, à la halle de Paris pour les
orges qui sont cotées de 20 à 21 fr. par quintal métrique Quant aux escour-
geons, ils V lient de 19 fr. 50 à 20 fr. A Londres, il y a très peu d'arrivages
d'orges étrangères On vend suivant les qualités de 19 fr. 90 à 21 fr. 80 par quin-
tal métrique.
Malt. — Les demandes sont actives, et les cours varient peu. On paye à la
halle de Paris, de 29 à 40 fr. par 100 kilog. pour les malts d'orge, et de 29 à
36 fr. pour ceux d escourgeons.
Avoines. — Il y a peu d'achats, et les prix sont faibles. On paye à la halle d:i
Paris, de 20 fr. 50 à 22 fr. 50 par 100 kilog suivant [joid'^, couleur- et qualité.
Le prix moyen se fix-^ à 21 fr. 50. — A Londres, les i nportations d'avoines
étrangères ont été de 179,0)0 quintaux métriques depuis huit jours. Les prix
sont en baisse et se fixent de 20 fr. 05 à 23 fr. par quintal métrique suivant les
qualités.
Sarrasin. — 11 n'y a que très peu d'affaires à la halle de Paris Les cours
accusent beaucoup de fermeté; on paie de 24 fr. 50 à 25 fr. par 100 kilog. sui-
vant, les qualités.
Maïs. — Les ventes sont peu actives au Havre sur les maïs étrangers qui
valent de 14 fr. 25 à 16 fr. par lOu kilog. suivant les sortes.
Issues. — Les cours sont plus faibles que la semaine précédente. On paye par
quintal métrique à la hall- de Paris ; gros son seul, 14 fr. 75 à 15 fr. ; son trois
cases, 14 fr. 25 àl4 fr. ;0 ; sons fins, 13 fr. 7.:. à 14 fr. ; recoupettes, 14à 14 fr. 50;
remoulages bis, 15 à 16 fr. ; remoulages blancs, 17 à 19 fr.
IH. Fins, spiritueux, vinaigres, cidres.
Vins. — Nous sommes aujourd'hui en présence d'une situation complètement
nulle. Les nouvelles nous font défaut d'abord, et celles aui nous parviennent
n'ajoutent rien à ceiles qui faisaient l'objet de nos préceaentes chroniques. Le
temps continue cependant à nous être favorable, et par suite la vigne végète par-
tout dans de normales conditions. Nos correspondances, à ce sujet, sont à peu
près unanimes, et depuis quelques jours nous avons la satisfaction de n'avoir à
enregii-trer aucun cas de grêle On nous affiime presque un peu partout, que
l'année sera jalouse, c'est-à-dire qu'elle sera irrégulière, non seulement de con-
trée à contrée, mais encore dans une même région, un même vignoble, un même
cru. Ces irrégularités résultent, croyons-nous, de la nature du sol et des cépages,
des courants atmosfihériques, des expositions et des altitudes. On est d'accord
en général pour dire que le Centre et le Nord ne donneront pas la moitié d'une
récolte moyenne, que le Midi seul est plein de promesses, et dans l'ensemble on
est unanime pour conclure que le rendement des vignobles, en 1880, présentera
un très notable déficit sur les récoltes dites moyennes. Malgré cet état de choses,
les affaires sont pour ainsi dire arrêtées, il n'y a d'entrain nulle part, pas plus au
vignoble que dans les grands centres Partout on n'achète qu'au jour le jour et en
raison stricte des besoins de la consommation. Il en résulte une baisse générale
sur tous les vins de consommation courante; les vins fins et les vins d'opéra-
tion, riches en couleur, échnppent seuls au fléchissement des cours. Par suite,
ce fléchissement sur les vrais vins, réagit sur les cours des vins fabriqués;
les vins de raisins secs sont actuellement complètement délaissés, les vins étran-
gers d'importation sont également peu d^manaés. Chacun vit au jour le jour, sur
son stock, et nous croyons bien que les choses resteront en cet état jusqu'à la
vendange, qui dans l'Aude, l'Héiault, le Yar, les Bouches-du-Rhône, les Pyré-
nées-Oiientales, commencera du. 1*"^ au 15 septembre prochain. Ailleurs, comme
dans le Midi, la récolte semble depuis quelque temps avoir perdu son avance et
paraît en retard de quinze jours, sur les prévisions de la première heure.
Spiritueux. — Si nous n'avons rien ou peu de chose àdire sur les vins, nous
avons encore moins à dire sur les articles 3/6 et eau-de vie. Les prix des 3/6,
comme nous le disions dans un de nos derniers bulletins, oscillent et conti-
nueront à osciller entre 62 et 63 fr. 50, ou jilutôt entre 60 et 65 francs, car
318 REVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT
l'opinion en général est plutôt à la haisse qu'à la hausse, en ce sens que Ift
hausse n'a pour raison d'être que les intérêts de la spéculation. Paris, Lille et
les marchés du Midi, sont toujours dans la même situation; les cours ne varient
pas et ont plutôt des tendances vers la haïsse fjue vers la hausse. — A Pùris,
on cote 3/6 Letterave 1" qualité,, 90 degrés disponible 61 IV. 7 5 ; septembre
60 fr.50 ; septembre-décembre 58 fr. 60; quatre premiers, 56 ii\ 25 à 56 fr. ^0.
ViiiaÏQres. ■ — A Oiiéans (Loiret), on cote : vinaigre de vin nouveau, logé, 42 à
44 fr, l'hect.; vinaigre de vin vieux, logé, 45 à 47 Ir.; vinaigre vieux, l'hect., logé,
52 à 57 fr., selon qualité.
Cidres. — Point de nouvelles sur cet article, sinon que les cours se main-
tiennent avec une grande fermeté.
IV. — Sucres. — Mélasses. — Fécules. — Glucoses. — Amidons. — Houblons.
Sucres. — Cette semaine, la Laisse, que nous constations déjà il y a huit jours,
s'est davantage accentuée. On a coté à Paris, par 100 kilog. pour sucres bruts,
88 degrés saccharimétriques : n" 7 à 9, 66 fr.; n"^ 10 à 13, r)9 fr. 25: blanc type
n" 3, 69 fr. 75. — A Valenciennes, le marché, est sans affaires. — A Péronne, les
sucres manquent tout à fait. — A Lille, affaires très calmes. Quelques affaires ont
été traitées à 64 fr. 50 pour n»^ 7 à ,9 ; à 58 et 58 fr. 25 pour les n^MO à 13 ; les
sous-7 ont fait 75 fr. 25. ■ — A Saint-Quentin, marché très peu animé. On a coté
les n"* 7 à 9, 6^1 fr. 75 ; moins- 7, 75 fr. 25. — Le stock réel de l'entrepôt de
Paris était, au 17 août, de 236,918 sacs,, avec une diminution de '0.,"4".^ sacs
depuis huit jours. Les cours pour l'exportation varient, entre 7^ fr. et 78 fr. 50
selon marques. Les raffinés font : bonnes sortes, 149 à 150 fr.; belles sortes,
151 fr. — A Londres, le marché est excessivement calme.
Mélassps. — Le prix des mélasses n'a pas changé depuis notre dernier bulletin;
mélasses de fabrique, 13 fr. ; de raffinerie, 14 fr.
Fécules. — Le disponible est rare et les affaires ont peu d'activité. On cote à
Paris la fécule V de l'Oise etdu rayon de Paris à 42 fr. les 100 kilog. — A Gom-
piègnc, le type de la Chambre syndicale, vaut 40 fr. ; le livrable, 3 mois d'octobre,
35 fr. 50.
Glucoses. — Les sirops de fécule de pomme de terre peu abondants maintien-
nent la fermeté des prix. On cote à Paris par 100 kilog. : sirop de froment, 64
i 66 fr.; massé, 54 à 56 fr,; liquide (33 degrés), -44 à 46 fr.; sirops. ide maïs
massés, 44 à 46 fr.
• Amidons. — Le prix de amidons n'a pas varié depuis la semaine dernière.
On cote à Paris : amidons de Paris, en paquets, pur froment, 74 à 76 fr.; de pro-
vince, 64 à 66 fr. ; d'Alsace, en vrague, 60 à 62 fr, ; ajnidons de maïs, 48 à 50 fr.;
fleur de riz, 40 à 44 fr.; riz de Louvain, 76 à 78 fr.
Houbbns. — L'apparence de la récolte, magaiû ^ue il y a quelques semaines,
laisse maintenant plus ou moins à désirer. A Poperinghe, les nuits froides avec
brouillard ont été défavorables; la moisissure a fait des dégâts. Même chose à
signaler pour Saaz.
V.~- Huiles et graines oléagineuses.
Huiles. — Nous constatons depuis notre dernier bulletin une hausse de 0, fr. 5^0
sur les huiles de colza, tandis qu'une baisse de 0 fr, 25 a atteint celles de lin.
On a coté à Paris : huile d^ colza tous fûts, 72 fr, 25 ; en tonnes, 74 fr, 25 ; épurée
en tonnes, 82 fr. 25 ; lin, en fûts, 68 fr ; idem, en tonnes 70 fr. —A Rouen, huile
de colza, 72 fr. 25; d'arachide comestible, ilO à j20 fr.; idem, à fabrique, 7'8
à 85 fr,; de sésame comestible, 100 à 1 !0 fr,; idem, à fabrique, 78 à 85fr ; d'olives
lampante, 127 fr. le tout par ] 00 kilog. — A Lille (l'hectol.), huile de col-.a, de 66 à
66 fr. 50; de lin étranger, 62 fr : de lin épurée, 72 à 72 fr. 50. — A Caen, huile
disponible, et courant mois, 68 fr. 50 les 100 kilog. — A Arras, huile de pavot ù
bouche, 96 fr,; de lin étranger, 69 fr, ; decarneline70fr., les 100 kilog. — A Cambrai,
colza, 71 fr, ; lin 67 fr, -r- A Grasse, les affaires en huiles d'olives fines sont à peu
près nulles.
Graines oléagineuses. — A Rouen, la graine de colza vaut 31 fr. 50 les 100 ki-
log. — A Caen, graine de colza, 19 à 20 "fr. l'hectolitre. — A Arras, colza nouveau
19 à 21 fr. 75; lin, 21 à 24 fr. 25 l'hectolitre. — A Douai, colza nouveau; 18 à
21 fr. ; lin, 22 à 23 fr. ; cameline,' 17 à 19 fr. ; œillette, 42 à 48 fr. l'hectolitre.
VI. — Tourteaux. — Noirs. — Engrais.
Tourleaux. — On a coté à Marseille, par 100 kilog. : tourteaux lin pur, 20 fr.;
arachide décortiquée, 15 fr. 50; idem brun pour engrais, 14 ir..; idem en coque,
DES DENRÉES AGRICOLES (21 AOUT 1880). 319
11 tr. 50; ricins, 10 fr. 58; sésame blanc du Levant, 15 fr.; idem de Tlnde,
13 fr. 50; colza du Danube, 13 fr. 50; palmiste naturel, 10 fr. 50; ravison,
12 fr. 50. — A Rouen, oncote: colza indigène, 14 fr. 25 ; arachide en coque, H fr.;
idem décortiquée, 16 fr. 50; sésame, 15 fr.; lin, 23 fr. — A Gaen, tourteaux
colza, 15 fr. — A Arras, tourteaux colza, 15 fr. 50 les 104 kilog. ; pavot, 14 fr. ;
lin, 23 fr. 50.
Noirs. — On continue à coter sans changement à Valenciennes : noir neuf
en grains, 32 fr.; vieux en grains^ 8à 9 fr.; lavage, 2 à 4 fr.
VII. — Suifs et corps gras.
Suifs. — On cote à Paris en nouvelle hausse depuis huit jours : frais, hors
Paris, 84 fr. cO ; bœuis Plata, 89 fr.; suif en branches, 63 fr. 35. — Au lîavre,
on a vendu 200 pipes, Plata mouton à livrer, 87 fr. 50, et bœuf Plata, 9U fr. les
100 kilog.
Saindoux. — Une vente de 100 tierçons Wilcox à livrer pour septembre, s'est
faite à 106 fr. les 100 kilog.
Lards salés. — On .a fait 600 caisses longues bandes à 112 fr. les 100 kilog.
VIII. — Fruits secs.
Pruneaux. — Dans le Lot-et-Garonne et les départements voisins, on s'occupe de
la récolte de la prune d'ente qui, paraît-il, sera considérable. Les offres faites par
la Bosnie, la Serbie et la Turquie maintiendront les prix dans certaines limites.
Voici les ])rix de début sur le marché de Buda-Pastn : prunes de Bosnie, 42 à
45 fr.; prunes de Serbie, 37 à 40 fr., selon qualité, par 100 kilog. en gare de
Buda-Pesth. — Les prunes de Turquie valent 70 à 72 fr. 50 les 100 kilog, ren-
dus franco dans l'intérieur de l'Allemagne. Le commerce pense que les prix
ci-après ne seront pas dépassés pour la campagne prochaine : 15 à 17 fr. pour les
fretins: 25 à 30 fr. pour les petites rames; 30 à 35 fr. pour rames ordinaires;
35 à 40 fr. pour rames supérieures; 45 à 50 fr. pour demi-choix; 55 à 60 fr. pour
choix ; 65 à 70 pour impériales ; 80 à 85 fr. impériales extra; le tout par 50 hilog.
en demi-caisses, franco Bordeaux.
IX. —Beurres. — Œufî. — Fromages.
Bevrres. — 219,375 kilog. de beurres, on été vendus cette semaine à la halle
de Paris. Les prix ont été comme suit : en demi-kilog., 1 fr. 70 à 3 fr. 40;
petits beurres, 1 fr, 60 à 2 fr. 50; Gournay, 1 fr. 76 à 4 fr. 08; Isigny, 1 fr. 92
à 5 fr. 66.
Œufs, — Du 10 au 16 août, 4,150,445 œufs ont été vendus à halle de Paris,
aux prix suivants, par mille : choix, 95 à 104 fr.; ordinaires, 66 à 95 fr.; petits,
50 à 60 fr.
Ffomoges. — Le prix des fromages a été cette semaine, à la halle de Paris, par
douzaine : Brie, 6fr. à 12 fr. ; Montlhéry, 15 fr. ; par cent : Livarot, 23 à 77 fr. ;
Mont-d'Or, 12 à 28 fr.; Neufchâtel, 3 f r 50 à 17 fr. 50; divers, 6 à 70 fr. Les
100 kilog. de Gruyère se sont vendus de 124 à 152 fr.
X. — Chevaux. — Bétail. — Viande.
Chevaux. — Aux marchés des 11 et 14 août, à Paris, on comptait 937 che-
vaux; sur ce nombre, 352 ont été vendus comme il suit :
Amenés. Vendus. Prix extrêmes.
Chevaux de cabriolet 201 32 270àl,0I0fr.
— detrait 313 75 295 à 1,275
— horsd'âge 297 119 40 11,015
— à l'enchère 37 37 55 à 390
— de boucherie 89 89 28 à 95
Bétail, — Le tableau suivant résume le mouvement du marché aux bestiaux de
la Yillette, du jeudi 12 août au mardi 17 août :
Poids Prix du kilog. de viande sar pied
Vendus
Eh
totalité..
4,646
1,511
190
4,043
42,717
4,885
6
Les apports ont été très nombreux sur le marché, principalement en ce qui
concerne les moutons. Les achats continuent à être plus restreints. Les prix des
diverses catégories sont cotés en baisse ; c'est surtout sur les moutons que ce
mouvement est accentué.
Pour
Pour
Amenés.
Paris, l'extérieur.
Bœufs
6,318
2,853
1,793
Vacbes
1,778
747
764
Taureaux
235
160
30
Veaux
4,666
2,888
1,155
Moutons
49,109
19,422
23,295
Porcs gras
4,885
2,003
2,882
— maifîres.
6
2
4
moyea
au m
arche du
lundi 16
août.
^ — ~~
•"-- — '"
"
k quartiers. 1"
2.
3»
Pris
kil.
quai.
quai.
quai.
moyen.
335
1.64
1.44
1.14
1.39
230
1.52
1.24
0.98
1.24
370
1.32
1.12
0.96
1.15
74
1.74
1.60
1.20
1 4i
19
2.00
1.68
1.38
1.6ê
86
1 80
1.70
1.60
1.70
28
1.40
>
»
1.40
3-20
REVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT (21 AOUT \i
A Londres, les arrivages d'animaux étrangers, durant la semaine dernière, se
sont composés de 12,538 têtes, dont 4 bœufs. 272 veaux, 1,871 moutons
venant d'Amsterdam; 1,116 bœufs et 3 ,462 moutons de Boston; 2'*8 moutons
d'Hambourg; 24 bœufs, 37 veaux. I,0t2 moutons et 138 porcs d'Harlingen;
268 bœufs et 1,693 moutons de Montréal; 797 bœufs et 240 moutons de
New-York; 5 bœufs, 344 veaux, 2,757 moutons et 123 porcs de Rotterdam;
50 bœufs de Yigo : Prix du kilog : Bœuf : \'% 1 Ir. 93 à 1 fr. 99; 2% 1 fr. 58
à 1 fr. 75 ; qualité inférieure, 1 Ir. 46 à 1 fr. 58. — Veau : 1'% 1 fr. 87 à l fr. 99;
2» 1 fr. 75 à 1 fr. 87 — Mouton : 1", 2 fr. 28 à 2 fr. 45; à", 1 fr. 75 à 2 fr. 10;
qualité inférieure, 1 fr. 58 à 1 fr. 75. — Agneau: 2 fr. 45 à 2 fr. 75. - Porc:
1", 1 fr. 58 à 1 fr. 70 ; 2% I fr. 40 à 1 fr. 58.
Viande à ta criée. — On a vendu, à la halle de Paris, du 10 au 16 août :
Prix du kilog. le 10 aoùL.
kilog.
l" quai.
Bœuf ou vache .
. 181,488
0.6-2 à I 60
Veau
. 190, i;j:?
1.20 1.80
Mouton
. 57,90:,
1.-26 1.70
Porc
. l;i,506
P
quai.
0.«àl.'20
0.G2 1.18
0.66 1.24
qu-ll.
O.lOàO.60
0.26 0.60
0.20 0.64
0.90à 1.80
Cliosx. Basse boucherie.
0.:iOà2.26 0.04 à 0.50
U.iJ 2.00 . »
0.06 3.50 .
443,032 Soit par jour 63,290 kilog.
Les quantités vendues sont à peu près les mêmes que la semaine précédente.
Sous l'influence du temps orageux, les cours sont en baisse sensible.
XII. — Cours de la viande à Vabattoir de la Villette du 19 août {par 50 kilog.)
Cours de la charcuterie. — On vend à la Villette par 50 kilog. : 1" qualité,
90 à 95 fr.; 2% 85 à 90 fr.; poids vif, 65 à 69 tr.
Bœufs. Veaux. Moutons.
— Marché aux bestiaux de la Villette du jeudi \9 août.
Cours des commissionnaires
Cours officiels.
Animaux
amenés. Invi
Bœafs 2.6U!
Vaches sus
Taureaux... ai*
Veaux 1.202
Moutons.... 21.974 4
Porcs gras.. 3.728
— maigres. »
Vente lente sur toutes
Poids
moyen
général.
kil.
365
250
370
80
18
83
1"
quai.
1.60
1.48
1.28
1.74
2.00
1.70
quai,
:.!i4
1.2i
1.10
1.60
1.68
1.60
3»
quai.
1.12
0.94
0.9*
1.20
1.38
Prix
extrêmes.
1.04 ài.er.
o.yo i.Di
quai.
• 60
0.90
1.10
1.26
1.40
1.32
1.80
2.04
1.80
en bestiaux.
3« Prix
quai. extrêmes
1.22 1.04 à 1 6;-.
0.95 0.90 !.5o
1.00 0.90 1.30
XIH.
Pour la plupart de.-i denrées agricoles, les prix sont plus faibles
principalement pour les céréales et la plupart des produits animaux.
Résumé.
prix sont ph
cette semaine,
A. Remy.
BULLETIX FIXANGIEI^.
Cours' de la Bourse du 11 au 18 o-U 1880 {au com-itiit].
Très peu d'affaires avec une tendance à la réaction : notre 3 0/0 est à 85 fr. 30;
l'amortissable à 87 fr. 50, el le 5 0/0, après avoir fait 119 fr. 20, est revenu à 1 19 fr.
Faiblesse à nos chemins de fer fermeté aux sociétés de crédit.
bas.
haut.
8S.20
35.35
37.40
87.55
116.85
113.00
119.00
119.20
Principales valeurs françaises :
Plus Plus
Rentes O/O
Rente 3 o/O amortis..
Rente 4 1/2 o/o
Rente 5 0/0
Banque de France 3190.00 3.>0'i.oo
Comptoir d'escompte 950.00 96o.O)
Société généiale 5i5.00 557.50
Crédit foncier 127J.50 1285.00
Est Actions 500 75-1.00 760. on
Midi d» 1012.50 1020.00
Nord d° I59j.fl0 I605.00
Orléans d° 1218.75 1220. oo
Ouest d° 810.00 825.00
Paris-Lyon-Méditerranée d" 1350. 90 1360.00
Paris 1871 obi. 400 3 0/0.. 398.00 399.00
Italien i 0/0 84.30 8465
Gérant : A. BOUCHÉ
Dernier |
cou
s.
85
30
H7
50
117
55
119
00
3'i90
00
9.0
00
555
00
1285
00
700.00 1
1015
00
1595
00
t2>0
00
825
00
1350
00
398
50
84
S.
.45
Cheznioâ de fer français et étransers :
flus
Plus
Dernier
bas.
haïu.
cours.
Autrichiens. d'^
59Ô 25
601.25
600.00
Lombards. d'
178.00
180.00
180.00
Romains. d*
145.00
Nord de l'Espagne. d°
331.25
335.00
335.00
Saragosse à Madrid, d"
355.00
36i.75
363. 7i
Portugais. d'
583.75.
S^S.OO
595.00
Est.Obl. 3 0/or. àSOOf.d»
390.50
39t. =0
391.50
Midi ri-
388.50
390.00
390.00
Nord, d"
390.25
390.50
390.50
Orléans. ri-
388.50
391.00
389.00
Ouest. d°
388.00
339.00
389.00
Paris-Lyon-Méditer. ri'
392.50
393.75
392.50
Nord Esp. priorité. ri-
340.00
344. UO
340.00
Lombards, d-
264.2»
265.00
265.00
CHRONIQUE AGRICOLE (28 août isso,.
Dernières nouvelle? de la récolte des céréales. — Renseignements réunis sur les principaux dis-
tricts de l'Angleterre et du pays de Galles. — La bourse commerciale de Vienne. — Documents
sur la récolte du blé, du seigle, de l'orge et de l'avoine dans les princii>ales parties de l'Europe
centrale. — EHimation de la récolle du b!é aux Eiats-Uuis d'Amérique. — Le ()làtrage des
vins. — Circulaire du ministre de la justice aux procureurs généraux. — Proportion de sulfate
de potasse tolérée dans les vins par l'administration. — L importation du bélad étranger en
France. — Relevé des importations du 1" janvier au 31 juillet. — Animaux reconnus atteints
de maladies conligieuses durant la môme période. — L'importation alcooli jue rapide. — Re-
cherches de M. Chevreiil sur les causes qui s'opposent à la continuité de Ix fermentation. —
— Méthode trouvée pir M Joseph Boussingault pour l'analyse rapide des vins — Le phylloxéra,
— Nouvelles taches dans les départements des Land;s, de Loir-el-Cher et de l'Ain. — Décret
relatif à l'i nport .tion des végétaux de Suisse. — La situation des vignes dm-; l'Hérault. —
Géographie du phylloxéra dans la Gironde, par M. Froidefond — Rapport de M. le docteur
Micé. — Réductions de tarifs en faveur du concours agricole d'Or.in — Prochain concours dé-
partemental dans la Sarthe. — Concours des Comices de la Double et de Lu léville. — Nouvelle
association agricole dans Seine-et-Oise. — Répon-e aux attaques d'un inconscient. — La vérité
surrenquête de la Société nationale d'agriculture. — Erratum. — Situation de 1 industrie sén-
cicole. — Nécessité du conditionnement des soies. — Augmentation du rendement des éduca-
tions. — Les chemins de fer portatifs Decauviile en Russie. — Nécrologie — Mort de M. Pierre
Bourrel. — N'oies de MM. Bove, Dubosq, d'Ounous, sur la sitiation des récoltes dans les dé-
partements de la Somme, de l'Aisne et de l'Ariège. — Le complément de la moisson.
I. — La moisson.
La récolte est maintenant presque terminée dans toute l'Europe, et
l'on sait à quoi s'en tenir sur ses résultats, quoique cependant il soit
encore impossible de fixer pir des chiffres l'importance exacte de
chaque moisson. Déjà nos lecteurs savent que, en France, on est satis-
fait en général, et que, en ce qui concerne le froment et l'avoine, la
moisson est celle d'une année moyenne pour la quantité et a fourni
une très bonne qualité. Pour l'Angleterre et le pays de Galles, nou»
avons reçu, par le Mark Lcine Express, des détails très complets sur
les principales récoltes dans la plupart des céréales, et nous avons pu
en extraire le tableau résumé suivant :
Nature
des récoltes.
Blé
Nombre des districts
sur lesquels on a
des avis.
3T3
338
319
223
237
327
294
341
330
au
la
Récoltes
i-dessus de
moyenne.
36
97
87
53
51
111
18
20
224
Récoltes
moyennes.
172
212
191
143
113
171
113
146
93
Récoltes
au-dessous de la
moyenne.
105
Orge
Avoine . .
29
41
Fèves
27
Pois
73
45
163
Foin
Pommes de terre...
175
13
On se plaint, dans un très grand nombre de districts, de la qua-
lité; ce déficit provient surtout de verse ou de rouille.
De Vienne (Autriche), il nous vient un autre renseignement qui ne
parle malheureusement ni de la France ni de l'Angleterre, mais qui
présente néanmoins un véritable intérêt. Il émane du Comité organi-
sateur du marché international des céréales qui, dans une réunion
avec les délégués de divers pays, discute et résume les avis apportés
sur les principales récoltes. De cette discussion sort un tableau fai-
sant connaître l'état approximatif de la récolte dans les divers pays.
Le tableau pour 1880 vient d'être dressé. On y a représenté par 100
une récolte moyenne, c'est-à-dire suffisante pour la consommation
intérieure et laissant même une certaine marge pour l'exportation j
les différences en plus ou en moins sont indiquées par des propor-
tions centésimales. Les appréciations pour chaque pays et chaqii.e
céréale sont les suivantes :
Froment. Seigle. Orge. Avoine.
Prusse 100 60 95 100
Saxe Royale 90 75 100 100
Bavière 154 101 113 118
N« .e.94. — Tom« III Hp. l««r> 9« ami t.
322 CHRONIQUE AGRICOLE ('28 AOUT 1880).
Froment. Seigle. Orge. Avoine.
Bide 300 1(10 100 ICO
Wurleml)"rg 115 105 115 J15
Met klembourg 95 80 90 l'iO
Suisse JOO » 90 IdO
Danemaik 100 9T MO 85
Suecie Noiwèye 100 95 95 90
AiUrictie 1(;6 98 106 105
Hongrie 97 1/2 9blf2 114 114
Italie 115 » PO 80
Bel«iiiu3 105 105 105 125
Hollande 10 85 95 100
Russie 97 80 106 107
Kouinanie 125 115 140 125
Serbie 108 KO 105 ÎOO
Egypte 100 » 100
Ce tablrau indique une moisson généralement bonne pour le fro-
ment, au-des«ous de la moyenne, à six exceptions près, pour le seigle,
bonne pour l'orge et l'avoine. La récolte des Etals-Unis d'Amérique
est évaluée à 150 millions d'hectolitres; mais la qualité laisserait
beaucoup à désirer. Au point de vue de l'agriculture française, il n'y
a qu'à se louer de l'année 1880^ en ce qui concerne les céréales.
IL — Le pldtrorje des vins.
M. Cazot^ ministre de la justice, vient d'adresser la circulaire sui-
vante aux procureurs généraux, relativement à la vente des vina
plâtrés :
« Monsieur le procureur général, à la suite de diverses décisions judiciaires,
relatives à la vente des vins plâtrés, un de mes prédécesseurs avait exprimé à
M. le ministre de l'agriculture et du commerce le désir que de nouvelles expé-
riences fussent faites, à FelTet d'établir si. dans l'état actuel de la science, l'inQ-
muni té accordée aux vins plâtrés, parla circulaire du 21 juillet 1858, pouvait être
maintenue.
« Saisi e l'examen de la question, le Comité consultatif d'hygiène publique en
France a émis l'avis :
« l** Que l'immunité absolue dont jouissent les vins plâtrés, en vei^tu de la cir-
culaire du ministre delà justice, en date du 2i juillet 1858, ne doit plus être
olfîciellement admise.
« Que k présence du sulfate de potasse dans les vins de commarce, qu'elle ré-
sulte du plâtrage du moiàf, du mélange de plâtre ou de l'acide sulfurique au vin,
ou qu'elle résulte du coupage des vins plâirés, ne doit être tolérée que dans 1%
limite maxiruade deux grammes par litre.
« En portant cet avis à ma connaissance, mon collègue de l'agriculture et du
commerce m'inlorme qu'il y adhère complètement.
«c L'immunité résultant des disposilious précitées devra être restreinte en con-
séquence, c'est à dire C[u'il y aura lieu désormais, pour les parquets, de pour-
suivre, en vertu des lois sur la falsification, le commerce des vins contenant une
quantité de sulfate de potasse supérieure à celle de deux grammes par litre, la-
quelle peut seule être tolérée sans danger pour k santé des consommateurs.
a Je vous p'ie de vouloir bien adresser à vos substituts des iustructians en C»
sens et m'accuser réception de ia présente circulaire.
« Recevez, etc. « Le garda des saaur, mînislre de la justice^
a Jules CaZ')T. »
Nous nous sommes toujours élevé contre le plâtrage des vins, que
nous considérons comme une pratique qu'on doit éviter autant que
possible. Quant" à la quantité de 2 grammes de sulfate de potasse par
litre de vin que la circulaire du ministre de la justice indique comme
maximum que l'on peut admettre, elle peut ne pas être nuisible immé-
diatement à la santé des consommateurs; mais que se produirait-t-il
à la longue, nul ne le sait; dans tous les cas c'est une limite au-dessous
de laquelle nous voudrions qu'on restât dans une forte proportion.
CHRONIQUE AGRICOLE (28 AOUT 1880). 3f3
III. — Vim-portalion du bétail eu France.
Le Journal officiel du 20 août publie le tableau dressé parle service
deTinspecLion sanitaire du bétail étranger, l'^latif aux importations
•d'animaux vivants durant les sept premiers mois de l'arinée 1880.
Nous reproduisons ce tableau qui fait suite à ceux que nous avons
déjà insérés dans nos chroniques du 2G juia et du 31 juillet :
Relevé des importations da 1" janvier au 31 juillet 1880.
Gelll^ses
Rqrs de pro/eninoe. «œaf*. Taureaux. Vaches. et Veaux. Moutons. Chèvres. Porci,
Taurillons.
Algérie 12.119 ... 8 268.121 2 129
Allerns^ne 2,963 337 4,753 8i2 1,776 4:-.7.8'<5 101 54,256
AiilTiche-Hoi.gne » » « • » 99,716 . 2W
Belgi.jue 2,410 2,190 17,940 991 14,438 3.'., 876 1?8 68,2«I
Ep'iKne 1,.S92 3d 316 24 68J 94,8,0 2,016 1,734
EiHts-Unis d'Amérique 1 .?36 6 5 » 2 1 ,BbS . BîS
Iialie 29,097 25 11,296 550 8,769 126,517 2,851 17,749
Pays-Bas 8 8 1,973 f3 365 2.. 549 . 1,445
Siii-^e 439 301 5,009 326 3,688 2,619 59 1:,174
Angleterre 122 6 12 3 » 19 7 32
Bussi- T. . » > » » ï «7
îpaysdivers 1,955 22 418 53 hKl 7,T78 156 2,655
5l,9'4l 2.9^1 41, 772 2,852 30,313
Totauï """"""^ Ï2V'^9 '""^ 1,097,778 5,330 148,422
RÉCAPITULATION
rfloncWie 42,î)89 1 ,7R4 16,895 47î 22,995 990,572 1,508 79,535
ttstinjaion Uirrif.Hivpred. 42 113 12.9X9 1,497 470 l ,0i:» 2,:i,.8 5S6
tDgraisemeal . . 9,310 1,03't 11,8i7 881 6,848 IQS. rv3 1,5 4 68.3Q1
Totaux 51,941 2,931 "41,722 2,852 30,313 1,097,778 5,330 148,4Î2
Animaux reconnus atteints de maladies contagieiisss pendant la m§3i3 période.
Pays de fc-peoe Mou- Ch»- Mesores
provenaace. Nature de la maladie. i)oviJie. tons. vres. Porcs. prise».
„ , . ^., ,. ^ . SMilmles... 16 2 • 1 Repoussés.
Belgique.. Fièvre aphleuse.- Dartres.., ].cj,„.,^,jjinés 1 3 - - Meai,
,. PéripneuTU f.yanose gangrf^n. i Malniles . .. 4 3*1 liena.
raem.... Mal. de poitr. Phtis. palud. .) Oant «minés 3 ... Ideau
Ideaï.... Gale. Variole j Conta nitiés 44 • .11 Idem.
__ ^. . {Malades... 3 « . » Ilem..
Espagne... Peripneumome Cnntaminés 4 ... Idem.
Algéa«.... Gile. Clavelée j (^o;. t. rainas . 1558 . » Seiuestr^.
,. ^ „, ~, ,• iMilales... l 3 » • Repousses.
K^^ie Gale. Clavelee JCuniamiûés ». . - . Idem.
Les différences que le tableau dressé par les soins de la Direction
de l'agriculture présente avec celui que publie l'administration des
douanes, continuent à être considérables. Les chiffres relatifs aux
aniraauK des races bovines commencent à se rapprocher. Mais il y a
toujours une énorme différence en oe qui concerne les porcs; la Direc-
tion de l'agriculturv^ accuse une importation de 148,422 têtes, tandis
que la direction des douanes n'eu fait figurer dans ses états que
87/284. Il est urgent de faire disparaître ces anomalies. Quoi qu'il en
soit, l'importation d'animaux étrangers reste dans les limites ordinaires.
La partie du tableau qui est relative aux animaux atleinls de maladies
contagieuses montre que le plus grand nombre d'animaux malades,
amenés sur nos frontières, proviennent de l'Algérie, et que ce sont
surtout des moutons attiqués par la clavelee. La persistance de ce
fait justifie les mesures de précaution qui ont été prises à l'égard de
ces animaux.
3i4 CHRONIQUE AGRICOLE (28 AOUT 1880).
IV. — Sur la fermentation rapide.
M. Joseph Boussingault vient de présenter à l'Académie des science,
une note très importante sur ]a fermentation rapide du vin. Déjà, à
plusieurs reprises, nous en avons signalé la substance. Dès 1828,
M. Chevreul a fait remarquer que lorsque la fermentation alcoolique
du sucre avait commencé, elle se continuait dans un milieu différent
du milieu primitif puisqu'il y avait de l'alcool à la place du sucre déjà
décomposé. De là, la très grande lenteur de certaines fermentations.
Voici en quels termes M. Chevreul a indiqué, dans la 28^ leçon de son
cours de chimie appliqué à la teinture, ce phénomène d'une haute
importance :
« Le sucre qui est en contact avec la levure de bière et l'eau, dans des circon-
tances convenables, manifeste des phénomènes curieux, et d'autant plus intéres-
sants qu'on les observe encore lorsque les sucs sucrés des végétaux sont aban-
donnés à l'action réciproque de leurs principes immédiats dans les mêmes
circonstances.
« Prenez un flacon, mettez-y ]7 parties d'eau et 5 parties de sucre; versez dans
cette solution une partie de levure délayée dans trois fois son poids d eau, puis
adaptez au flacon un lube à gaz, dont l'ouverture communique sous une cloche
remplie d'eau. Voici les phénomènes que vous observerez, si la température est
de 15 à 25°. Au bout de quelques heures, le iKjuide présentera des bulles extrê-
mement iines, qui augmenteront progressivement de volume, et finiront par sur-
monter la ré-istance que la viscosité du liquide oppose à leur dégagement ; alors
elles viendront crever à la surface.
« En s'ajoutant à l'air du flacon elles en augmenteront assez la tension pour que
ie gaz passe du flacon dans la cloche. On recueillera ainsi une assez grande quan-
tité de gaz acide carbonique. Le dégagement est rapide pendant 12 ou 2^4 heures.
Cela dépend au reste de Ja masse des matières et de la température du milieu
ambiant, car la fermentation a plus d'activité à 25° qu'à 15°.
« On se tromperait beaucoup si l'on croyait qu'au bout de 24 heures, lorsqu'on
opère sur une masse un peu considérable, la fermentation lût achevée. Elle dure
encore plusieurs jours d'une manière sensible, et se prolonge même des années; de
sorte qu'il n'est pasrarede retrouver une quantité notable de sucre dans des liqueurs
qu'on a abandon nées à la fermentât ion spiri tueuse depuis un mois. Ce résultat n'a rien
qui doive surprendre, puisquela nature du liquide change en même tempsqu'il se pro-
duit de l'alcool. Ou avait d'abord du sucre, de l'eau, et une certaine quantité de ferment;
à mesure que la fermentation s'opère, la quantité du sucre diminue, et il se déve-
loppe de l'alcool, qui reste pour ainsi dire en totalité dans la liqueur. Or, l'alcool
a une action toute diflerente que celle de l'eau sur un grand nombre de principes
immédiats ; il sulfit, pour être convaincu, de rappeler ici 1 usage du premier de
ces liquides pour conserveries matières organiques qu'on y plonge ;par conséquent,
à mesure qu'il s'en produit, la nature chimique de la liqueur change ; et quand, par
exemple, les 8/iO de sucre sont convertis en alcool, les 2/ lu qui restent étant dans
un liquide différent de celui dans lequel étaient les 8/10 (|ui ontiermenté, on trouve
dans la nature même de l'opération une cause qui tend à la limiter. »
C'est en partant de ces principes que M. Joseph Boussingault, par
«ne heureuse conception et un coup de maître, est arrivé à assurer
la rapidité de la fermentation. Il opère de la manière suivante : le
vase à fermentation est établi dans un bain-marie chauffé à 40° et
mis en communication avec une machine pneumatique. La fermenta-
tion commencée, l'air est raréfié jusqu'à l'ébullition du liquide, la
vapeur alcoolique étant condensée dans un récipient plongé dans la
glace. Six heures après, il n'y a plus trace de matières sucrées dans
le vase, tandis que, dans les conditions ordinaires, la disparition de
ces matières n'a lieu qu'au bout de quelques jours, et souvent même
plus longtemps.
V. — Le phylloxéra.
Sur un grand nombre de points, la marche envahissante du pliyllo-
CHRONIQUE AGRICOLE (28 AOUT 1880). 325
xera a été constatée depuis quelque temps. Aiasi, les taches décou-
vertes au printemps dans le département des Landes, se sont multi-
pliées; de même, M. Tanviray, professeur d'agriculture de Loir-et-
Cher, a signalé la présence de l'insecte sur plusieurs points du dépar-
tement qui jusqu'ici étaient considérés comme indemnes du fléau.
Dans le déparlement de l'Ain, on constate aussi une extension du mal.
Le Journal officiel vient de publier un décret qui règle les bureaux,
de douane par lesquels pourra être faite, conformément aux stipula-
tions de la convention de Berne, l'importation des plants de vignes et
autres produits végétaux venant de Suisse. Ce décret est ainsi conçu :
Le Président de la République française,
Sur le rapport du ministre de l'agriculture et du commerce,
Yu la convention internationale de Berne du 17 septembre 1878, conclue entre
la Frarce, l'Allemagne, l'Autriche-Hongrie, l'Italie, le Portugal et la Suisse,
relative aux mesures à prendre contre le {)hyllo.\era ;
Vu le décret du 12 janvier 1880 qui a rendu cette convention exécutoire ea
France;
Vu l'article 4 de la loi du 5 juillet 1836;
Décrète :
Art. 1". — L'importation en France des plants de vigne, boutures et sarments,
des plants et arbustes, de produits divers des pépinières, jardins, serres, orange-
ries, provenant de Suisse, ne pourra s'effectuer que par les bureaux de la douane
ci-a[)rès dénommés :
Délie, sur la ligne de Montbéliard à Porrentruy.
Le Villiers (a|)rès l'ouverture de la ligne de Morteau).
Pontarlier elles Verri^res-de-Joux, sur la ligne de Pontarlier à Neuchâtel.
Les Hôpitaux-Neufs, Jougne. sur la ligne de Pontarlier à Lausanne.
Bell garde, sur la ligne de Genève.
Art. V. — Le ministre de l'agriculture et du commerce et le ministre des finan-
ces sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l'exécution du présent
décret. Jules Ghêvy.
Fait à Pari.«, le U aoiit 1880.
Par le Président de la République : Leministre des financfs, J. Magnin.
Le rninislre de l'agriculture et du commerce^ P. Tirard.
La réunion des Conseils généraux a offert, dans un grand nombre
de déparlements, l'occasion de constater les progrès de l'invasion du
phylloxora. En ce qui concerne l'Hérault, le rapport du préfet au
Conseil général renferme des faits dont l'exposé est malheureusement
trop éloquent :
« Le grand vignoble de l'Hérault peut être divisé en deux parties : celle qui est
envahie et dont les vignes sont déjà détruites; celle dont les vignes encore indem-
nes "u dans la première période d'invasion, sont encore productives.
« D'après la dernière enquête préfectorale, l'arrondissement de Montpellier, qui
au début de l'invasion phylloxérique possédait 70,608 hectares de vignes, n'en a
plus que 2,050 hectares auxquels il faut ajouter 805 hectares de vignes améri-
caines.
« L'arrondissement de Lodève se trouve dans uneposition analogue. De 28,805
hectares de vignes qu'il possédait avant l'apparition du phylloxéra, il ne lui reste
plus que 2,364 hectares et 125 hectares de vignes américaines.
« Dans l'arrohdissement de Bézie:s sur 101,33.3 hectares que couvraient les '
vignes avant le phylloxéra, il restait au mois d'aoiit dernier 45,523 hectares
considérés comme indemnes, et J9,231 attaqués; le reste 36,579 hectares avait
péri.
« Dans l'arrondissement de Saint-Pons, sur 27,039 hectares de vignobles, 1,024
hectares avaient péri, 7,282 étaient attaqués, et 1«, 919 étaient encore indemnes.
« D'après ce qui précède, les deux arrondissements de Montpellier et de Lodève,
ainsi que toute la j artie orientalede celui de Béziers, ont perdu leurs vignobles;
il ne Idur en reste (jue des débris. Sur 2-27,783 hectares qui constituaient le vignoi-
ble de 1 Hérault, 129,446 sont morts, 30,927 sont attaqués, 64,442 sont encore
326 CHRONIQUE AGRICOLE (28 AOUT 188Q).
considérés comme indemnes. Cette surface est elle-même cruellement attaquée
cette année. »
Au cours de la session, le Conseil général, après avoir entendu un
rapport de M. Allen, « et en raison du plein succès obtenu par lapiaa-
talion de vignes américaines dans les vignobles infestés, a émis le
vœu que le gouvernement favorisât, soit par des subventions, soit par
tous autres moyens à sa disposition, les plantations appelées à
régénérer complèiemeat l'agriculture dans le département de l'Hé-
rault. »
Le dernier fascicule des annales de la Société d'agriculture de la
Gironde renferme plusieurs documents importants, que nous devons
analyser. C'est d'abord une étude due à M. Froidefond, «ur la géogra-
phie du phylloxéra dans ce département. Cette étude faite, avec le
plus grand soin, établit la triste situation de tout le territoire. Il en
résulte que : dans l'arrondissement de Libourne, toutes les communes
sont phylloxérées; dans l'arrondissement de la Réole, qui comprend
102 communes à territoire rural, 95 sont phylloxérées; dans l'arron-
dissement de Blaye, 45 sur 56 communes viticoles, sont atteintes; les
six îles importantes de la Gironde sont phylloxérées; dans l'arrondis-
sement de Lesparre, on compte 22 communes phylloxérées, sur
27 communes viticoles; dans l'arrondissement de Bordeaux, sur la
rive droite toutes les communes sont atteintes, et sur la rive gauche,
5 seulement sont encore indemnes, de sorte que sur r27 communes,
1 22 sont phylloxérées ; enfin, dans l'arrondissement de Bazas, le moins
attaqué jusqu'ici, sur 46 communes viticoles, 14 sont notoirement
atteintes. A côté de ce triste tableau, nous devons signaler un rapport
de M. le docteur Micé, ancien président de la Société, sur les travaux
reçus ou effectués en 1879. Ce rapport, très détaillé et très conscien-
cieux, passe en revue la plupart des études ou des constatations faites
l'année dernière sur les différents points de la France; nous n'y insis-
terons pas, la plupart des choses utiles ayant passé sous les yeux de
nos lecteurs. Mais deux faits particuliers à la Gironde sont mis en
lumière par M. Micé. C'est d'abord le succès de l'emploi du sulfure
de carbone dans la plupart des circonstances, et l'explication des
insuccès soit parce qu'on avait mal appliqué le remède, soit parce
qu'on avait affaire à des vignes trop malades. En deuxième lieu, c'est
l'exteni-ion de la submersion automnale des vignes suivant la méthode
de M. Faucon; d'après les demandes de concession d'eau adressées à
la préfecture de la Gironde, 262 propriétaires ont appliqué la submer-
sion avec les eaux de la Garonne, de la Dord )gne ou de la Gironde;
M. Micé estime que le nombre de ces propriétaires doit être aujour-
d'hui de 300. La Société d'agriculture de la Gironde a puissamment
contribué à ces résultats ; on doit lui en être reconnaissant.
VI. — Le Concours général de ï" Algérie.
Nous avons analysé le programme du concours général agricole de
l'Algérie qui doit se tenir à Oran, du 16 au 25 octobre prochain. Ce
concours sera certainement très important. Nous apprenons que pour
alléger les charges des exposants, les Compagnies des chemins algé-
riens, ainsi que la Compagnie de navigation mixte et la Compagnie
transatlantique, ont consenti un rabais de 50 pour 100 sur les prix
de leurs tarifs ordinaires pour le transport des produits destinés à
figurer à ce concours.
CHRONIQUE AGRICOLE (28 AOUT 1880). 327
VIL — Concours d'partemental de la Sarlke,
Le sixième concours départemental aanuel d'animaax reproducteurs
des races bovines, ovines et porcines, pour le département de la
Sarthe, aura lieu au Mans les 18 et 19 septembre procliain. Il y est
adjoint un concours d'animaux de basse-cour, ainsi qu'une exposition
de machines et instruments agricole:^, ouverte à tous les constructeurs
français et étranpjers. Cette solennité est orij;anisée, comme les années
précédentes, par la Société des aLjriculteurs de la Sarthe, sous la pré-
sidence de M. Courtillier. Pour les races bovines, trois catégories seront
ouvertes : pour les races mancelleet diverses du pays, avec 2,205 fr. de
primes; pour la race durham, avec 1,975 fr. déprimes; pour les
croisements durham, avec 2,140 l'r. de primes. Les cultivateurs, fer-
miers ou métayers, auront seuls le droit de concourir dans ces trois
catégories; les propriétaires ne pourront concourir que dans la caté-
gorie des durhams purs. Pour les races ovines, le montant des primes
s'élève à 3G0 fr.; pour les races porcines, à G()0 fr.; pour les animaux
de basse-cour, à 405 fr. En ce qui concerne l'exposition d.'s machines,
leur réception et leur installation commenceront le 16 septembre. Les
déclarations des exposants doivent être envoyées avant le 3 septembre
àjyi. Launay, professeur départemental d'agriculture, au Mans.
YIII. — Concours du Comice central de la Double.
Le seizième concours du Comice central agricole de la Double se
tiendra à Echourgnac (Dordogne), le 2G septembre, sous la direction
de M. Piotay, vice-président du Comice, et de M. d'Arlotde Saint-Saud,
secrétaire général. Ce concours comprendra les machines agricoles,
les animaux reproducteurs des races chevalines, bovines, ovines, et
porcines. Des primes seront, en outre, attribuées aux colons et aux
vieux serviteurs les plus méritants.
IX. — Concours du Comice agricole de Lunéville.
Le concours annuel du Comice de Lunéville, présidé par M. P. Noël,
un des doyens de l'agriculture française, se tiendra à Bayon, le 5 sep-
tembre prochain. Il comprendra un concours d'arrondissement, dans
lequel seront distribuées des primes pour l'abornement et la création
des chemins d'exploitation, pour les animaux reproducteurs, pour le
labourage et pour les produits agricoles; des concours cantonaux,
comprenant des primes culturales, des récompenses pour les institu-
teurs qui auront le plus fait pour propager dans leurs communes les
notions agricoles, et des récompenses aux anciens serviteurs; enfin un
concours général pour les instruments et les machines agricoles,
exposés soit par les agriculteurs, soit par les cultivateurs.
X. — Nouvelle association agricole dans Scine-el-Oise.
Le Journal officiel annonce que le mercredi iS août, a eu lieu, au
siège de la Société nationale d'encouragement à l'agriculture, une réu-
nion nombreuse qui a eu pour but la constitution du comice d'encou-
ragement à 1 agriculture de Seine-et-Oise. Dans l'assistance, on remar-
quait, outre un grand nombre de cultivateurs, MM. Gilbert- Boucher,
sénateur; Lebaudy, Langlois, Ferdinand Dreyfus, Maze, députés ; la
presque totalité des conseillers géubraux et des conseillers d'arrondis-
sement, M. de Lagorsse, secrétaire général de la Société d'encouraoje-
ment, etc. — L'assemblée après avoir adopté à l'unanimité les statuts
provisoires, a constitué son bureau de la manière suivante : Président,
328 CHRONIQUE AGRICOLE (28 AOUT 1880).
M. Gilbert Boucher ; vice-présidents, MM. A. Lavallée et Paul Decau-
ville ; secrétaire général, M. Jules Godefroy; secrétaires, MM. Lefèvre
et Ledru; trésoriers, MM. Lebon et Joseph Reinach. Au moment de sa
constitution, la nouvelle association agricole de Seine-et-Oise compte
déjà plus de deux cents adhérents.
XI. — Vailaque d'un inconscient.
Probablement très humilié, mais sans s'en rendre bien compte, du
rôle peu brillant qu'il a joué pendant Ja discussion de l'enquête ouverte
par la Société nationale d'agriculture sur la demande de M. le ministre
de l'agriculture et du commerce, M. Lecouteux vient d'éprouver le
besoin de faire croire à ses lecteurs que c'est à lui que la Société a
donné raison. Il est vrai qu'elle a rejeté à une grande majorité la
seule proposition qu'il ait faite ; il est vrai encore qu'il s'est rangé
du côté de la minorité contre toutes les conclusions qui ont triomphé.
Mais c'est un inconscient. Il a tant dit de fois sur toutes choses le
pour et le contre, tour à tour, qu'il a cessé de savoiroù il en est.
Et vraiment nous le plaignons sincèrement. La compassion est le
seul sentiment que peuvent nous inspirer les huit longues colonnes
d'attaques personnelles qu'il dirige contre le secrétaire perpétuel de la
Société d'agriculture, dans le vain espoir de se réhabiliter. Nous avons
pris le parti de ne jamais nous occuper de lui, excepté quand il vient
nous provoquer. Oh, pour ses provocations, nous serons toujours prêt
à lui répondre. Nos observations seront brèves : elles porteront uni-
quement sur trois points, et ensuite nous citerons un passage écrit
par M. Lecouteux, et dans lequel il dit exactement le contraire de ce
qu'il est venu soutenir à la Société.
Premièrement, pour donner une idée de la manière dont raisonne
M. Lecouteux, nous citerons ce fait. Il extrait quatre mots d'un dis-
cours que j'ai prononce, en supprimant ce qui précède et ce qui suit.
Ces quatre mots sont : u Nous sommes aux antipodes. » Et alors il
conclut, en disant : comme M. Barrai et moi sommes aux antipodes,
quand je suis dans le vrai, il est dans le faux. Donc, comme moi, Le-
couteux, je veux favoriser l'agriculture, nécessairement M. Barrai ne le
Teut pas, etc., etc. Et ainsi pour toutes les opinions auxquelles il
pourra lui plaire de se rallier.
Deuxièmement, il soutient que la Société, en admettant la demande
de M. Chatin relative à un droit de 5 pour 1 00 ad valorem sur le bétail,
a complètement repoussé mes propres idées et que j'ai combattu les
idées qui étaient celles deM. deLavergne. Or, voici l'exacte vérité. J'ai pro-
posé, au nom de la Commission : « Il n'y a pas de motif légitime pour
qu'on n'établisse pas sur la viande d'origine étrangère un droit liscal
comme sur le blé à son entrée en France. » Je croyais sage de ne pas
fixer ce droit; M. Chatin a demandé qu'on indiquât 5 pour 100, et il
a obtenu cette satisfaction. Mais la Société a maintenu qu'elle ne vou-
lait qu'un droit fiscal, et non pas un droit protecteur. Or, M. Lecou-
teux avait proposé de voter ceci : « Dans un régime économique oii il
y a des produits industriels protégés à 30 ou 40 pour 100, il n'y a
pas de motif légitime pour refuser à l'agriculture le droit de 1 0 pour 1 00
-qu'elle réclame contre les bestiaux étrangers, alors surtout qu'elle re-
nonce à toute majoration sur les droits d'entrée du blé. » C'était évi-
demment demander l'adoption d'un système économique protection-
niste, c'est-à-dire absolument le contraire de ce que Léonce de Lavergne
CHRONIQUE AGRICOLE (28 AOUT 1880). 329
cherchait à établir, comme le prouve surabondamment sa lettre que
nous avons reproduite, et à laquelle M. Lecouteux cherche en vain à
opposer des phrases éparses extraites des œuvres de notre illustre con-
frère. En résumé, notre inconscient a proposé des droits élevés contre
les produits agricoles étrangers, et il n'a pas songé à demander la
diminution des droits qui frappent les produits industriels; or nous
avons soutenu et voté cette dernière mesure contre laquelle il a levé
la main. ^^
Troisièmement, M. Lecouteux prétend que «j'ai conseillé à la Société
de se renfermer dans un rôle terre à terre où la pusillanimité s'incline-
rait devanttoutes les audaces..., mais que, heureusement, la Société n'a
pas suivi son secrétaire perpétuel dans cette voie. » Pour le coup, c'est
vraiment trop altérer la vérité; car la Société a absolument voté toutes
les conclusions que je lui ai soumises, soit seul, soit avec quelques-uns
de nos confrères et notamment avec M. Clavé contre lequel M. Lecou-
teux a voté. A la fin de ses délibérations, la Société a bien voulu adopter
la proposition suivante que j'ai le droit de rappeler contre l'inqualifia-
ble assertion de M. Lecouteux : « La Commission de l'enquête sur la
situation de l'agriculture propose à la Société de voter des remercî-
ments à M. le secrétaire perpétuel pour le zèle qu'il a montré et le tra-
vail auquel il a du se livrer afin démettre la Société à môme de répon-
dre au questionnaire de M. le ministre de l'agriculture. » Cette propo-
sition a été votée à l'unanimité; il est vrai que M. Lecouteux s'éLait
absenté.
Et maintenant, Fhomme qui demandait avec instance, il y a quel-
ques mois, des droits considérables contre le bétail étranger, s'était
fait inscrire, il y a deux ans, dans une association présidée par M. d'Ei-
chtal, pour la défense de la liberté commerciale et pour le maintien et
le développement des traités de commerce. A cette occasion, avant de
retourner son habit, et de tirer, comme on le lui a si bien dit, dans
le dos de tous'ceux avec qui il s'est successivement ran^é, il a imprimé
et signé ce qui suit :
« Une vaste association s'est constituée à Paris, à l'effet de lutter pied à pied
contre le protectionnisme, de mettre en relief les intérêts, trop méconnus, des
consommateurs, de parler, elle aussi, au nom du travail national, au nom des pro-
ducteurs qui repoussent toute idée de protection trop durable, au nom du pays
qui ne croit pas que l'époque des chemins de fer puisse être organisée à l'instar
des époques où les voies de communication et les moyens d'échanges étaient dans
l'enfince de l'art
« L'agriculture a grandi par la liberté comnaerciale, ou du moins par l'établis-
sement d'un régime douanier visant la réduction des tarifs. Et si, en ce mo nent,
elle laite con're 1'$ excès de salaires, du fermages et d'impôts, c'est surtout parce
que l'Etat a favorisé certaines industries aux dépens des autres, dépeuplé les cam-
pagnes au profit des villes, criblé certains pays de travaux publics, alors cfue d'au-
tres étaient déshérités à cet égard. C'est aussi, ne l'oublions pas, parce que le
régime de la paix armée, après nous avoiriilusionnés sur nos forC3S militaires, nous
condamne, comme toute l'Europe actuelle, à persévérer dans un système défensif
quiest l'un des maux nécessaires de l'époifue, en attendant que la sagesse devienne
une vertu générale chez tous les peuples. Voilà les causes de nos crises agricoles.
Les inipu'er à la liberté commerciale, c'est faire le jeu des coalitions qui ne recher-
chent notre alliance que pour conquérir la puissance sans nous la donner en partage
après la victoire. »
Celui qui a écrit les lignes précédentes, parle deux ou trois fois,
dans l'article auquel il nous a forcé de répondre, de la Société natio-
nale d'agriculture en lui appliquant une épithète; dont il a naguère
330 CHRONIQUE AGRICOLE (28 AOUT 1880).
abusé : celle de Sociélé officidle, comme il dis:iit aqricuUure officielle,
avec un certain air de mépris. Il est inconscient de ses paroles, car
il est lui-même un professeur offliel, et il sollicite sans cesse de
remplir un rôle officiel lorsque le gouvernement veut bien y consentir.
Encore une fois, il mérite vraiment la compassion.
XII. — Erratum.
Nous devons rectifier une erreur typograpliique qui s'est glissée
dans notre numéro du 7 août. A la page 2i>5, ligne 10, au lieu de:
« citrate ammoniacal de magnésie », il l'aut lire simplement : « citrate
ammoniacal ».
XIII. — La siluntwn de l'industrie sêricicole en 1880.
Nous avons maintes fois constaté les tendances de la fabrique
lyonnaise à faire entrer dans les étoffes dites .soier/ es, le moins possible
de soie grège de belle qualité; d'où résulte la dépréciation des grèges
des Cévennes, le bas prix des cocons, et finalement l'abstention des
éleveurs de vers à soie. D'après une note publiée par M. Jeanjean, de
Saiat-Hippolytedu Fort, la récolte de la France n'a été cette année que
de quatre mi lions de kilogrammes de cocons, tandis qu'il y aurait des
mûriers pour en produire le triple. Cette situation ne peut s'améliorer,
d'après le même auteur, que par une réduction de prix des objets de
consommation résultant d'un dégrèvement d'impôt sur la contribution
foncière. A côté de ce moyen, qui mérite assurément attention, nous
croyons qu'on peut en signaler deux autres : 1" exiger que les élofl'es
vendues pour soie méritent ce titre; 2" augmenter le rendement des
éducations de vers à soie par de plus grands soins apportés à la confec-
tion des graines et à leur élevage. Ce dernier moyen surtout nous
semble le plus facile h réaliser, parce qu'il ne dépe.id que de l'initia-
tive et de lintelligence des agriculteurs directement intéressés, et que
les progrès de la science leur seront d'un puissant secours pour les
guider sûrement dans cette voie.
XLV. — Les chemins de fer portatifs en Rusn",.
iNous avons déjà dit que le gouvernement russe, voulant employer
des chemins de fer portatifs pour la guerre de Turkestan, a envoyé
une Commission militaire visiter les ateliers qui construisent des
petits chemins de fer en Allemagne, en Angleterre et en Fi-ance, et à
la suite du rapport de la Commission, la j)rélerence a été donnée au
système Decauville. L'essai va se faire avec cent verstes (IdG kilo-
mètres), de voie de 0.50, 500 wagons à vivres, à liquides et à voya-
geurs et deux locomotives de 2 tonnes 1/2. C'est le rail de 7 kilog. à
large patin en acier qui a été adopté pour ce service. Les ateliers de
Petit-Bourg ont maintenant un outillage suffisant pour qu'une com-
mande de cette importance puisse être exécutée en deux mois.
XV. — Nécrologie.
Nous avons le regret d'annoncer la mort de M. Pierre Bourrel,
médecin-vétérinaire à Paris. Il est mort, victime d'une morsui-e
rabique qui lui a été faite par un chien de chasse qu'il avait été appelé
à soigner.
XVI. — Nouvelles de l'état des récoltes.
Ce sont des appréciations analogues à celles que nous avons déjà
publiées que nous trouvons dans les notes que nos correspondants
nous envoient.
CHRONIQUE AGRICOLE (28 AOUT 1880). 331
M. Bove nous envoie de Parvillers, près Roye (Somme), à la date
du 24 août, les renseignements suivants :
« La récolte de cette année est moyenne, elle est moins mauvaise qu'on aurait .
pu le croire de prime abord.
« Les céréales s'engrangpnt en bon état, les betteraves végètent vigoureusement ;
les fourrages sont abondants; les bestiiux se vendent sans entrain. Au total, les
plaies se cicatrisent quelque peu cette année. »
D'autre part, voici la note que iM. Dubosq nous envoie de Château-
Thierry (Aisne), à la date du 22 août :
« Le fauchage, la rentrée des blés et des avoines, leur mise en meules, le tout
s'est opéré par un temps très beau. Il est fâcheux, que dans certaines contrées la
grêle ai^ causé de grands dégâts, les cultivateurs assurés ont du faire constater leurs
pertes. Le nombre des gerbes est peu satisfaisant, cela se trouve compensé par la
qualité et le rendement du grain.
« Cette année sera peu favorable à la culture, pour la récolte du fourrage, la
première coupe était mauvaise, la deuxième n'est pas meilleure; comme le nombre des
gerbes de blé et d'avoine est très restreint, il faudra apporter un grand soin, pour
ne pas se trouver en défaut, pour la nourriture des animaux; il taudra augmenter
la ration d'avoine,
« M uvaise récolte de betteraves surtout pour celles destinées pour les sucreries.
Quelque favorable que soit la température de fin aoiit et de septembre, la betterave
ne prendra plus actuellement de développement et le producteur n'aura pas un
prix rémunérateur. Les pommes de terre hâtives ont eu un rendement satisfaisant.
Il n'est pas possible de se rendre compte de celles tardives, on a pas encore procé-
dé à leur arrachage »
M. d'()unous nous envoie de Saverdun (Ariège), la note suivante à
la date du 23 août :
ce Je viens de prendre des renseignements assez complets sur les récolles et
leur rendement. On peut compter sur une bonne année, si nous y joignons toutes
les plantes sarclées dont on peut déjà juger les produits. Les pommes de terre
sont magnifiques et excellentes ainsi que les maïs de grain et fourrageux. Celle
des haricots laisse à désirer; des vents du sud et des hâles ont beaucoup nuit à la
garniture des siliques. L'orage du 15 juin dernier a fait perdre, au trois communes
environs de Pamiers, plusieurs centaines de milliers de francs, et la rareté des
fourrages nuira sans doute aux transactions si profitables ailleurs sur nos bêtes
bovines, ovines et porcines.
« La vigne se présente dans les Plaines de la Basse-Ariège dans de belles et fa-
vorables conditions. Il n'en est pas de même pour nos terres fortes et sur les co-
teaux et plateaux où la vigne tient du reste assez peu de place. Rien de plus riche
et frais que nos taillis, nos vergers et nos jardins maraîchers et fruitiers qui
vont nous dédommager des trois ou quatre dernières années ».
Nous avons donné, en commençant cette chronique, des renseigne-
ments qui nous dispensent d'insister davantage ici en ce qui concerne
les céréales. D'aatre part, les circonstances météorologiques continuent
à être très fiivorables aux récoltes d'automne. J.-A. Barral.
DU DÉGRÈVEMENT DE L'IMPOT FONCIER
La réduction de 120 millions dont a parlé M. Say n'est encore
qu'une promesse; si elle est accordée, ce que je désire plus que je
n'ose l'affirmer, faut-il croire, avec M. Estancelin, que la réduction ne
sera que d'un cinquième sur les charges imposées à l'agriculture.
Elles sont d'après lui de 637 millions. Est-ce que, pour arriver à ce
gros chiffre, on n'aurait pas, par méprise, confondu l'ensemble des
impôts directs avec le foncier? J'ai sous les yeux le budget de 1877;
le principal du foncier est de 172 raillions, augmenté de 168 millions
par les centimes additionnels; 340 millions en tout. Les 120 naillions
dépasseraient donc le tiers du foncier : la réduction serait même plus
332 DU DÉGRÈVEMENT DE L IMPOT FONCIER.
forte puisque, dans Ifs idées émises par M. Say, la propriété bâtie,
fraction imporlante du revenu foncier, ne serait pas comprise dans le
dégrèvement. La surcliarge au moyen de centimes additionnels est
un procédé financier qui se renouvelle si fréquemment qu'il est inutile
d'en citer des exemples. On ne réclame même plus. Lorsqu'après 1870
tous les droits d'enreiijistrement ont été augmentés, la propriété fon-
cière, outre sa part dans la charge commune, a subi un cmquième
spécial : en etïet, pour obtenir le capital sujet à la taxe, on a multiplié
par 25 le revenu qui depuis l'an Vil était multiplié par 20.
La surcharge est la règle et le dégrèvement l'exception, exception
si rare que depuis plus d'un demi-siècle il n'en existe que deux à ma
connaissance, l'un sous la Restauration, l'autre sous le dernier Em-
pire, et aucun n'arrivait-il pas à une proportion aussi forte. Aussi
je suis loin de partager l'opinion de M. Eslancelin qui, dans une
lettre adressée à M. Say, déclare la mesure proposée absolument insuf-
fisQiite et presque illusoire. Je la crois, au contraire, efficace et sérieuse:
elle soulage d'une manière immédiate, déterminée, les deux classes
agricoles qui souffrent le plus de la crise actuelle, le propriétaire et le
fermier; l'ouvrier des campagnes est dans une meilleure condition
puisque la hausse du salaire est un fait admis par tout le monde.
Dans un pays où la propriété est divisée comme en France, la grande
majorité profilerait de la réduction, même les propriétaires des 2 mil-
lions et demi d'hectares en vignes; ils n'auraient pas sur ce point,
comme pour l'abaissement du droit sur les vins, à attendre l'effet
produit par une consommation croissante, ni à faire la part des inter-
médiaires. Ce serait pour les populations l'inverse de l'impôt des
45 centimes décrété en 1848 que la mémoire tenace des ruraux n'a
pas encore oubliés, et qui n'ont pas été étrangers à la chute du gou-
vernement d'alors.
Je n'examinerai pas si le loyer de la terre et la portion fixe du revenu
que l'Etat s'attribue sous le nom d'impôt, ont une conséquence sur le
prix du blé; cette question a été traitée bien des fois et serait le sujet
d'un livre. Mais enfin si la proposition de M. Say est illmoire, a-t-on
quelque chose d'efficace et de pratique à mettre à la place de ce qu'on
dédaigne. Il faut sortir des termes vagues, la protection due à l'agriculture,
la garantie contre les produits étrangers, et avoir le courage de son
opinion. Pour que le producteur gagne plus ou si vous aimez mieux
perde moins, il faut de deux choses l'une, ou qu'il produise en plus
grande quantité, ou qu'il vende plus cher.
Dans les deux derniers mois, l'importation du blé en France a
été de 21,762,000 quintaux, plus du quart de notre récolte moyenne.
A 30 fr. le quintal c'est à peu près 750 millions à payer à l'étranger.
Quelque lourde que soit la dette, il est un mal plus grand que de
payer le pain cher, c'est d'en manquer. Si en présence de tels besoins,
les droits protecteurs dont on a parlé il y a deux ans eussent été
établis, ils auraient été immédiatement suspendus comme ils l'ont
toujours été dans des circonstances analogues.
Compter sur un soulagement obtenu par des mesures de cette
nature est une illusion. L'agriculture, au lieu de demander ce qu'aucun
gouvernement ne voudra ou ne pourra accorder, fera sagement de s'en
tenir à la promesse qui lui a été faite et d'en presser l'exécution.
P. DE Thou.
LA LAINE ET LE MAIS-FOURRAGE EN POLOGNE 333
LA LAINE ET LE MAIS-FOURRAGE EN POLOGNE
Monsieur le Directeur, le gracieux accueil que vous avez accordé
dans votre excellent Journal aux communications de M. Brown, relati-
vement à l'ensilage des maïs en Amérique, me porte à croire que vous
vous montrerez non moins hospitalier envers cette modeste relation
concernant les progrès agricoles d'un pays, qui depuis des siècles ne
s'est jamais démenti dans ses profondes sympathies pour la France.
Je compte d'autant plus sur votre bienveillance, que ces lignes
feront peut être plaisir à plusieurs de vos lecteurs, qui ont direc-
tement participé au développement de ces progrès, et auxquels je tiens
à honneur de rendre par là un hommage bien mérité de notre sincère
reconnaissance. C'est à vous, M. le Directeur, que j'exprime en pre-
mier lieu notre sincère gratitude pour les indications précieuses que
nous devons tout autant à votre excellent Journal qu'à votre bienveil-
lance personnelle, toujours prête à nous indiquer les meilleures sour-
ces de l'enseignement et du bon exemple.
Vous n'ignorez point que les exploitations rurales de la Pologne,
formées par de grandes étendues de terre, sont encore pour la plupart
soumises au régime extensif, et que leurs produits principaux sont le
froment et la laine, réputés tous deux pour leurs bonnes qualités. Nos
laines fines surtout ont donné de bons revenus aussi longtemps que le
quintal de 50 kilog. se vendait à uq prix moyen de 300 fr.; depuis
cependant que les laines transocéaniennes sont entrées en lice pour
faire baisser ces prix de près de moitié, il y a eu une nécessité urgente
de réi^énérer nos troupeaux en vue de relever quantitativement la pro-
duction de la laine et en même temps celle de la viande, vu que nos
petits mérinos ne donnent guère plus de 1 kil. 50 de laine lavée et
n'ont que fort peu de valeur pour la boucherie.
Préoccupés fortement par ces faits, nos agriculteurs se mirent
activement à la recherche de reproducteurs plus lourds, visant toujours
— pour ne pas perdre la finesse de la laine — la variété dite de Ram-
bouillet, dénomination sous laquelle les Allemands surtout désignent
invariablement tout mérinos de provenance quelconque, pourvu qu'il
soit plus corpulent que le nôtre dit Negretti ou Electoral. C'est aussi
aux Allemands nos voisins qu'on emprunta maints reproducteurs de
leurs soi-disant Rambouillet à poil de caniche, et la morale de la fable
fut, que l'ampleur du corps fut rarement rehaussée, par contre la qua-
lité de la laine toujours détériorée.
C'est au milieu de ces tristes préoccupations, et après bien des décep-
tions et des pertes, qu'une lumière soudaine nous jaillit d'un article
publié dans le Journal en 1 878 par un de vos savants les plus distingués,
M.André Sanson, qui indiquait aux éleveurs de la Saxe le chemina suivre
pour arriver au but désiré. Je ne sais, en effet, si la Saxe à laquelle cet
article était destiné en a su profiter ; mais, pour la Pologne, il est certain
qu'elle y a puisé l'essor pour la régénération de ses troupeaux qui
s'organise avec grande activité ; il est même probable que l'auteur, en
écrivant ces quelques lignes, était loin de supposer la portée considé-
rable qu'elles pourraient avoir pour le salut agricole de tout un pays.
C'est en effet après avoir mûrement pesé les sages conseils de cet arti-
cle, que nous fûmes convaincus sur le coup d'avoir trouvé dans les
334 LA LAINE ET LE MAIS-FOURRAGE EN POLOGNE.
mérinos précoces la. pierre philosopliale de notre élevage; aussi, après
nous êlre mis préalablement à l'étude de l'incomparable Traité de
zootechnie de M.Sanson, nous allâmes visiter plusieurs troupeaux du
Soissonnais pour nous arrêter àcelui de M. Duclert, àEdrolles, où nous
fîmes, pour cause d'essai_, l'acquisition d'un fort beau bélier. Or les ma-
gnifiques produits de ce dernier firent une telle impression sur nos
éleveurs, que plusieurs d'entre eux nous prièrent incontinent de les
adresser à M. Duciert, lequel comme de raison ne manqua pas de les satis-
faire sous tous les rapports. Laréputation du troupeau d'Edrolles allant
toujours en croissant chez nous, nous avons fait venir récemment, sur
la demande de plusieurs de nos éleveurs les plus distingués, un lot de
vingt béliers, dont la qualité tout à fait supérieure a fait sensation dans
la contrée. Si l'enthousiasme continue dans la même progression, il est
à prévoir que M. Duciert sera bientôt dans l'impossibilité de suffire à la
demande.
Nous voilà donc en voie d'un immense progrès qui sera réalisé en
fort peu de temps, vu que les mérinos du Soissonnais s'adaptent par-
faitement à notre variété ovine. Or nous en sommes exclusivement
redevables à l'érudition et à la complaisance de M. Sanson, qui non
seulement par ses écrits, mais encore par la plus gracieuse interven-
tion personnelle, a bien voulu nous mener sur le chemin d'une aussi
salutaire réforme.
Un autre progrès récemment acquis, consiste dans l'introduction
de l'ensilage des fourrages verts. La Pologne, non moins que l'Amérique,
a su apprécier la grande portée de ce procédé salutaire inauguré en
France par un de vos agriculteurs les plus distingués, M. Auguste
Goffart, dont le nom aujourd'hui est devenu populaire parmi nos agri-
culteurs, qui ont tous en main son manuel traduit en langue polo-
naise.
Dans nos contrées, où la saison rigoureuse est de deux mois au
moins plus longue qu'en France, il est d'une nécessité absolue de se
procurer d'abondantes provisions pour l'hivernage. Aussi l'ensilage
du maïs a-t-il pour nous une importance capitale, de beaucoup plus
considérable que pour les agriculteurs français.
Les résultats obtenus par M. Goffart nous paraissaient tellement
extraordinaires^ que je résolus de me rendre sur les lieux pour vérifier
le fait de visu, et prendre tous les renseignements nécessaires pour
imiter la chose avec le même succès. Ma visite au château de Burtin,
l'an passé, confirma en tous points mon attente et me laissa en outre
le plus agréable souvenir de l'hospitalité française, pratiquée on ne
peut plus gracieusement par M. Goffart et sa famille.
Les silos copiés sur l'original de Burtin et installés dans ma propriété,
donnèrent des résultats propres à convaincre les plus incrédules. Aussi
bon nombre d'agriculteurs de près et de loin s'apprêtèrent à intro-
duire chez eux cette salutaire pratique, plusieurs mêmes ont déjà
achevé leurs constructions et espèrent bien profiter de cette année très
propice pour la croissance des grands maïs.
Possédant désormais un moyen si facile pour pourvoir à l'entretien
de notre bétail, nous pourrons sans doute songer bientôt à la réalisa-
tion d'un dernier progrès, qui depuis longtemps erat in votis, c'est-à-
dire l'amélioration de nos races bovines. Espérons que nous pourrons
bientôt visiter la fameuse Nièvre, où les éleveurs distingués du Cha-
LA LAIXE ET LE MAIS-FÛCRRAGE EX POLOGNE. 33 5
rolais témoigneront certainement la même bienveillance à leuis
frères cadets, les agriculteurs polonais, qu3 leurs collègues de la
Sologne et du Soissonnais.
Agréez, etc. D*" Ladislas Laszczynski,
Membre de la direction de la Société centrale des agricallears du graai-ductié de Posea.
LA GMilPAaXE ET LES MOUTONS
En visitant, il y a quelques années, la Champaune avec les élèves de
Grignon, notre attention s'était particulièrement dirigée vers les parties
011 domine le système de culture qui a pour base l'exploitation des
pins. Mon collègue, M. Dubost, a rendu compte en son temps, avec
l'esprit d'analyse économique qu'on connaît, des résultats de cette
excursion. Tout récemment, nous venons d'y retourner, comme on sait,
avec les élèves de l'Institut agronomique ; mais cette fois l'exploration
a porté sur d'autres localités et elle était faite à un tout autre point
de vue. Conduits avec une aimable obligeance à laquelle je me plais,
pour mon compte, àrendre un hommage public, par M. Yimont, vice-pré-
sident du comice d'Epernay, nous avons surtout vu de la culture
arable, à côté du vignoble. L'autre fois, on nous avait fait assister à
l'édification de fortunes plus ou moins grandes, dues à la mise en
valeur des terres les plus ingrates du pays, et nous n'avions recueilli
que des témoignages de satisfaction. Cette fois-ci, nous n'avons guère
entendu que les plaintes les plus vives sur l'état déplorable de l'agri-
culture, attribué à peu près exclusivement à l'abandon dans lequel
le gouvernement laisse, paraît-il, lindustrie agricole, plaintes formu-
lées parles hommes les plus distingués de l'arrondissement d'Epernay,
réunis pour nous faire accueil. On se serait cru au Grand-Hôtel, un
jour de réunion convoquée et présidée par M. Estancelin.
Là pourtant florit, dans les idées du moins, le système de la culture
la plus avancée, de la culture intensive, à gros capitaux, à fortes
fumures, à grosses récoltes. Nous avons vu des instruments perfection-
nés, dubétail perfectionné, des animaux anglais, des engrais ciiimiques,
des prairies Gœtz et le reste. Les agriculteurs sont convaincus qu'ils
font ce qu'il y a de mieux à faire dans le sens du progrès, qu'ils sui-
vent les meilleures pratiques et les meilleurs guides ; qu'aucun eiiort
ne leur coûte pour se mettre à la hauteur des pays les pi us avancés.
Nous avons vu des moutons shropshires, des taureaux de Durham et
jusqu'à des Angus. « Mais le manque de bras, la dépopulation des
campagnes, la rareté et la cherté de la main-d'œuvre et surtout
l'absence de protection douanière stérilisent tout cela. Le revenu baissCj
la situation devient impossible, on sera bientôt obligé de laisser la terre
en friche. Il n'y a plus moyen de lutter contre la concurrence améri-
caine, qui menace de nous envahir, non seulement avec ses blés, mais
encore avec ses bestiaux, dont il arrive chaque semaine des masses
énormes sur le. marché de Paris. La baisse du prix des laines avait
déjà fait réduire de beaucoup les troupeaux de la Champagne. Il a
fallu y renoncer presque tout à fait pour adopter un système de culture
plus conforme aux idées de progrès. »
Je n'ai nullement l'intention de discuter l'exactitude des divers traits
de ce tableau. L'appréciation de plusieurs d'entre eux n'est point de
ma compétence spéciale. J ai là-dessus, comme tout le monde, mes
idées propres. On ne vit pas habituellement, par métier, dans le monde
336 LA CHAMPAGNE ET LES MOUTONS.
agricole, sans se mettre un peu au courant de ce qui le concerne. Mais
je veux m'en tenir aux affaires zootecliniques, sur lesquelles je suis
bien obligé d'avoir quelque peu réiléclii, et que je me suis liabitué à
considérer dans un esprit de conservation progressiste. C'est ce qui,
sans doute, conformément à la linguistique adoptée par un certain
nombre de nos contemporains, me fait traiter par eux de révolution-
naire et d'esprit subversif, voire de songe-creux. Je crois qu'il est sage,
dans la plupart des cas, de conserver les races animales que nous
avons depuis longtemps, en améliorant leur exploitation à l'aide des
métbodes perfectionnées, plutôt que de les remplacer par des animaux
anglais, dont je montre qu'on obtient moins de profit. Les vrais prati-
ciens de notre pays, ceux qui font de l'argent avec l'agriculture et non
point de l'agriculture avec l'argent, ceux qui font de l'industrie et non
point du sport agricole, sont de mon avis et le montrent par leur pra-
tique journalière. Dans nos excursions annuelles nous en constatons à
tout instant de nombreuses preuves, dont ma correspondance et, j'ose
le dire, celle de mon éditeur, sont remplies. Il "n'importe, tout cela est
de la pure théorie, tout au plus de la science, non de la pratique, pour
nos gentlmen farmers et leurs imitateurs.
Mais arrivons au fait, qui est le système de culture suivi dans la
Champagne que nous avons en vue, pour le comparer à celui qu'il a
remplacé. Le sujet est essentiellement zootechnique, ainsi qu'on va le
voir. C'est pourquoi je me permets de m'en occuper. On voudra bien
remarquer que le terme de système de culture est ici pris dans le sens
où l'entend la saine économie rurale, c'est-à-dire caractérisé par les
])roduits obtenus. Ces produits sont des végétaux ou des animaux, les
uns et les autres transformés en argent ou en monnaie par la vente sur
le marché.
De temps immémorial la Champagne a été ce qu'on appelle un pays
à moutons, comme toutes les plaines maigres, à terres légères et
sèches, comme tous les pays de pâtures. A la fin du dernier siècle et
au commencement de celui-ci, ses troupeaux, appartenant alors au
type qui subsiste dans les plaines duBerri, et dont on trouve encore
des restes dans les parties les plus maigres des Ardennes, sous
le nom de moutons ardennais, ont été transformés par le croisement
continu avec les béliers mérinos venant de la Bourgogne, où ils
avaient été introduits par Daubenton. La Champagne devint ainsi
l'une des principales parties de l'aire géographique de la race des.
mérinos. Les troupeaux y étaient très nombreux, il y a là-dessus un
proverbe bien connu. A peu près seuls ils mettaient en valeur la plus
grande partie du sol champenois, d'une pauvreté également prover-
biale. Ce n'en était pas moins une industrie florissante, à cause du
haut prix des laines et du développement pris par les fabriques de
Reims et de Sedan.
Les nouvelles conjonctures amenées, vers 1840, par l'importation
en grandes masses des laines coloniales, portèrent un rude coup à
l'industrie champenoise. Celle-ci, faute de sang-froid, et peut-être
aussi d'mformations spéciales, n'en sut pas mesurer exactement la
portée, mais elle n'en persista pas moins, en très grande majorité,
dans la voie suivie jusqu'alors. Ce fut seulement à partir de 1860,
à la suite de l'agitation de plus en plus excitée par le groupe des
manufacturiers intéressés, contre le nouveau régime économique inau-
LA CHAMPAGNE ET LES MOUTONS. 337
guré par les traités de commerce, agitation qui prit un corps surtout
par la fondation de la Société des agriculteurs de France^ que l'ancien
système de culture de la Champagne fit place dans les exploitations
conduites par les membres de cette Société, formant la partie diri-
geante des comices, à celai qu'on y voit aujourd'hui et que nous
avons essayé de caractériser en commentant. Les troupeaux y dispa-
rurent en grande partie, et avec eux les profits, la valeur des produits
obtenus compensant à peine les frais de culture augmentés. Et c'est là
ce que, dans le groupe, on appelle la culture améliorante ou pro-
gressive.
Pour justifier le changement, on invoque surtout la prétendue
impossibilité de tirer profit de l'exploitation des bêtes à laine fine,
depuis la baisse du prix des toisons, ce qu'on nomme dans le lan-
gage courant l'avilissement du prix des laines, mais aussi la néces-
sité d'améliorer le sol par une culture plus perfectionnée. Le principal
motif est articulé avec assurance, même par ceux qui ne se laissent
point entraîner par la passion, qui sont d'une bonne foi incontes-
table. Ils n'ont jamais songé à en examiner la valeur. Ils ne se sont
point demandé si, même en admettant la baisse des prix, les laines
fines et les bêtes qui les portent ne seraient point encore les
produits les plus lucratifs du sol champenois mis en culture. La con-
duite de leurs voisins de la Bourgogne, du Tonnerrois et du Châtillon-
nais, qui ont conservé les troupeaux de mérinos en les étendant
même et surtout en les améliorant par une culture plus appropriée
aux nouvelles conjonctures, n'a exercé aucune influence sur eux. Ils
n'ont été accessibles qu'à la propagande qu'il serait permis de qua-
lifier justement de révolutionnaire; car elle devait avoir pour consé-
quence la destruction, au lieu de l'amélioration.
Aussi quelle différence d'aspect, entre les exploitations bourgui-
gnonnes que nous avons visitées également en quittant la Cham-
pagne, et celles de l'arrondissement d'Epernay ! Quelle différence de
langage aussi dans la bouche des agriculteurs! En Bourgogne, les
beaux troupeaux des Achille Maître, des Japiot, des Lemoine, des
Rigollot, des Terrillon, des Gaulet de Rully, des Montenot, des Tex-
toris et autres, attestent tous, par leur amélioration dans le sens des
exigences actuelles du marché, une culture véritablement avancée,
parce qu'elle est conduite en vue d'assurer au troupeau l'alimentation
copieuse et régulière qui le met en mesure de produire à la fois beau-
coup de viande et beaucoup de laine; en Champagne, au contraire,
j'entends chez les agriculteurs réputés hommes de progrès, quelques
rares animaux anglais purs ou métis, misérables machines à grand
travail luttant péniblement pour l'existence, sans profit, cela va de
soi, pour leur exploitant.
Je veux dire en passant, parce que c'est un acte de justice, et aussi
un peu une confession, combien j'ai été agréablement surpris par létat
dans lequel j'ai trouvé le troupeau de M. Achille Maître. Ce troupeau ne
le cède plus aujourd'hui à aucun autre de France, sous les divers rap-
ports de la correction des formes, de la qualité des toisons et de la
précocité. On peut ajouter même que nulle part il n'existe des mérinos
dont le col soit plus court et les gigots plus généralement épais. Et il
ne s'agit point là d'un élevage d'amateur, car l'effectif va jusqu'à dix-
huit cents individus, répartis entre trois fermes voisines. Et voilà com-
338 LA CHAMPAGNE ET LES MOUTONS,
mont, soit dit une fois déplus, les mérinos disparaissent de notre pays,
écrasés par la concurrence étrangère !
Ils ont, àla vérité, disparu en partie de la Champagne, comme jeviens
de le dire, et là est le tort des agriculteurs champenois. Il devrait être
superflu de répétera cette occasion que jamais nous n'avons prétendu,
ni même seulement laissé entendre, à l'exemple de nos anglomanes,
que le mérinos est à nos yeux le mouton par excellence, à exploiter
partout en vertu d'une supériorité absolue. Nous avons exactement,
croyons-nous, tracé l'aire géographique de sa race, telle que les cir-
constances agricoles et météorologiques l'ont fait établir, lorsqu'il était
chez nous l'objet de l'engouement universel, pour des raisons qu'il
n'est pas nécessaire de développer. La Champagne fait partie de cette
aire géographique, avec les portions de la Basse-Bourgogne qui l'avoisi-
nent. Ceux qui, dans ces deux régions de notre pays, ont renoncé à
son exploitation, pour lui substituer des moutons anglais ou des bêtes bo-
vines, ont fait une faute grave, qui ne pouvait que diminuer le produit
net de leurs terres et rendre leur industrie moins lucrative.
Le système d'exploitation qui convient à de pareilles terres quand
elles ne sont point plantées en pins, doit avoir pour base la produc-
tion simultanée de la laine et de la viande, pour la raison, dite en
commençant, qu'en saine économie rurale ou en agriculture comparée,
comme on voudra, les régions en question se rangent dans la caté-
gorie des pays à moutons, comme le Châtillonnais, la Brie, la Beauce,
le Soissonnais, etc. La culture doit y être conduite principalement en
vue de la nourriture du troupeau, le reste étant l'accessoire. Le profit
est à ce prix, parce que les terres, en raison de leur puissance et de
leur valeur, ne peuvent supporter de grands frais, ni de main-d'œuvre,
ni d'engrais.
En Champagne, comme partout sur l'étendue de leur aire géogra-
phique, les mérinos perfectionnés peuvent lutter avantageusement,
comme producteurs de viande, avec n'importe quel autre mouton.
M. Japiot fils a expédié, il y a quelques mois, au marché de la Yil-
lette, un lot d'agneaux mérinos de six mois, qui ont été vendus trente-
six francs par tête. Cela indique que leur poids vif moyen devait être
aux environs de 36 kilog. Les agneaux southdowns du troupeau de
Grignon ne pèsent guère plus au même âge. Il n'y a pas lieu de pen-
ser qu'aucun agriculteur champenois obtienne à cet égard de meilleurs
résultats par d'autres moyens. On peut donc se contenter de prétendre
à l'égalité, qui est ainsi [trouvée par les faits. Pour mon compte, je
ne prétends pas à davantage; mais il me paraît que cette égalité ne
peut pas être contestée justement.
Je ne sache pas, d'un autre côté, que jamais personne ait entrepris
de soutenir que, poids pour poids, aucune race ovine, fût-elle d'Angle-
terre, soit capable de produire autant de laine et de même valeur au
kilogramme que celle des mérinos perfectionnés, si avili qu'on sup-
pose le prix de celle-ci. Partout où ces mérinos perfectionnés peuvent
vivre et être nourris aussi bien que les moutons qu'on nomme bêtes à
viande, parce qu'ils ne sont que de fort médiocres bêtes à laine, la
supériorité leur est donc acquise, au point de vue financier.
Nourrir dans une ferme champenoise un troupeau de trois cents
mérinos environ, exploité conformément aux indications de la science,
c'est donc s'assurer la vente annuelle d'une centaine de moutons au prix
LA CHAMPAGNE ET LES MOUTONS. 339
du cours et celle de trois cents toisons, soit un produit brut d'environ
huit mille francs. C'est aussi diminuer ses frais de culture dans une
forte proportion et se débarrasser de bien des soucis, la ^généralisation
d'une telle pratique aurait aussi l'avantage de contribuer à l'approvi-
sionnement du marché de Paris, pour lequel notre commerce est
obligé d'avoir recours à l'Allemagne, à la Hongrie et jusqu'à la Russie,
contre lesquelles, par une singulière aberration, nos agriculteurs
peu réfléchis croient qu'il n'y a pas pour eux moyen de lutter.
A. Sansox,
Professeur de zoologie ot. zootechnie
à l'Ecole nationale de Grigiion et à l'Institut nalional agronomique.
LA GREFFE CHAMPIN
S[IR PLANT OU MÉRITHALLE RACINES ET ARRACHAS '
Greffons d'abord un plant ou un mérithalle racine. Avec le séca-
teur, ou mieux avec la serpette, faisons sauter la tête du plant aussi
près que possible, au-dessous du nœud qui la porte, de manière à ce
que le mérflballe qui existe entre ce nœud et le suivant soit aussi
long que possible. Une fois cette tête enlevée, il n'y a plus de diffé-
rence sensible entre un plant et un rnérithalle racine.
Il y a encore une opération préliminaire qui n'est point indispen-
sable, mais que fait tout greifeur soigneux : c'est d'essuyer l'extré-
mité du mérithalle à greffer avec le coin de son tablier^, faute de
mieux; mais le mieux, c'est d'avoir sous la main un torchon iiTOS-
Fig. 21. — Grenoir.
sier et rugueux, pour cet usage. Cette opération très rapide n'est
pas du temps perdu, mais du temps gagné. Un buis bien propre
ménage le tranchant des outils, et permet de voir bien mieux ce que
l'on fait.
Avec le couteau à greffer, simple, fort, à lame très mince, très
large et pas trop longue, à gros manche remplissant bien la main
(fig. 21), faisons d'abord, de haut en bas, au tiers ou au quart du
diamètre, une fente bien droite et bien régulière de 3 à 6 centimètres
de long suivant la gmsseur du sujet (û^. 22).
Il faut ensuite fermer la main gauche, la paume en dessus et, entre
le pouce bien allongé et l'index bien fermé, insérer le sujet de ma-
nière à ce que les racines soient là-bas, plus loin que le pouce; que la
partie fendue vise bien le bout de votre nez% et que la fente trans-
versale, qu'il faut placer en bas, soit parallèle à la ligne qui passe
par vos deux yeux (fig. 23).
Avec le couteau, saisi et serré par les quatre doigts de la main
droite tellement près de la lame que celle-ci entre dans la main, et en
L Fxtrait du Traité théorique et pratique du greffage de la vigne, par Aimé Champin. — 1 voL
iii-8». A la librairie de G. Masson, 120, boulevard Saint-Germain,
2. Un bon greffe ur a toujours son tablier de greffeur, en bonne ?erge verte ou bleue, attaché
autour (iu cou et autour du corps, avec une grande poche à la ceinture.
3. Si l'on n'a pas une distance suffisante entre les yeux et le bout du nez, le mal n'est pas
grand ; on vise la bouche et le menton, et l'on voit très bien ce qui se passe sous le couteau à la
partie supérieure du bois qu'on travaille.
340
LA GREFFE CHAMPIN.
se servant comme d'un levier da pouce droit dont l'extrémité s'arc-
boute contre la naissance du pouce gauche, on enlève toute la partie
du bois qui est au-dessus de la fente, en commençant un peu plus
loin que son extrémité inférieure, en se maintenant partout parallè-
lement à elle en travers, et en amincissant la languette de manière à
ce qu'elle finisse à zéro, à l'endroit où elle vient rejoindre la fente
transversale qu'on n'a jamais perdue de vue*.
Cette opération est excessivement facile, mais pour la faciliter encore,
il faut que la lame du couteau à greffer soit parfaitement dressée, en
Fig. 22. Incision du
porte-greffe.
m
p j
Fig. 23. — Manière de former
la languette.
Fig. 24. — Porte-greffe et Fig. 25. — Greffe Ghampin
greffon préparés. sur bouture.
dessous, et pour cela, il faut avoir soin de ne jamais toucher ce
dessous avec la meule et de n'aiguiser que la partie supérieure.
Il est rare qu'on arrive, à la main, à enlever d'un seul coup toute
la partie à supprimer, — c'est réservé aux machines, — mais peu im-
porte qu'on le fasse en une ou plusieurs fois; la seule chose impor-
tante est que la surface ainsi préparée soit bien dressée, bien unie,
bien régulière et bien semblable à la fente voisine, car c'est dans une
1. J'indique cette manière de tenir les mains, le bois et le couteau, pour bien faire comprendre
l'opération aux débutants, mais chacun adopte ensuite la tenue qui lui paraît la plus commode.
341
LA GREFFE CHAMPIN.
1 uu<. h celle-ci qu'elle doit s'emboîter (fig. 24).
tente parfaitement semblable a ce le cqu ^^^^ nous avons
Après le sujet, le S^ f f °/„^f , ""'' ?ocho autant que possible du
devant nous, d'en '™»^«;"" ^^^^^^'e Ti le ^"J«' ^«' "° ?'" '"I"^'] "1
^"^;VoTSrd"JlefgXns une courU correspondante a
"^1 ibossenr est égale, tant mieux, mais si elle est plus petite, d
Fig. 26. - Greffe Champiu sur plant racine.
œil, de ma-
n'importe guère; il faut seulemenUviter r,:%?r ^ f ^"îe
Le greffon, hab
suiet mais en si
niire à ce que le mérithalle qm ;«^l«^Y;"ÔnV;atique eAsuite sur ce
soit aussi long et auss> ^^f q"e P ^^'^^'e^^^^ pLfaitement semblables
"^rgSunSn-ent -P^f^tXssr 'd'un „.. . .,
-iiTruet^SSe^VS: au-dessous de ce prem.er œd.
S2t.ferenruria';:gVettc-biseau parfaitement semt
à celles du sujet S (fig. 24).
342 LA GREFFE GHAMPIN.
Il n'y a rien de plus facile ensuite que de mettre le greffon au-
dessus du sujet, de telle sorte que la ])artie enlevée de l'un étant à
droite, et celle de l'autre à gauche, l'ex-trémité amincie de chaque
languette se trouve vis-à-vis de la fente qui doit la recevoir (fig. 2'»).
On fait entrer alors très facilement chaque languette dans cluique
fente, on pousse les deux morceaux l'un contre l'autre, en les mainte-
nant avec les deux pouces et les deux index de manière à ce que les
écorces s'affleurent sur toute leur longueur, au moins d'un côté, et
l'on ne s'arrête que lorsque l'extrémité de chaque languette est bien
au fond de la fente (fig. 25).
Il reste à régulariser l'extrémité des deux languettes extérieures BB.
Elles sont terminées, ou carrément ou en léger biseau, suivant la
coupe qui a été donnée au bois avant l'opération^; elles ne vont pas
tout à fait jusqu'à la naissance de la languette. Au lieu de leur laisser
un angle droit ou un talon, — qu'on m'a reproché souvent, quoique
j'aie expliqué bien des fois qu'il ne fallait pas le faire, — on taille
chacune d'elles, à un angle de 50 ou GO degrés, en un biseau qui
reste découvert et fait pendant à une surface à peu près semblable
qui, elle aussi, reste découverte à la naissance de la languette inté-
rieure (fig. 25 et 26).
On me reproche parfois cette double plaie béante et non recouverte.
Pour échapper à ce reproche, je m'empresse de la couvrir de mastic
et bientôt la sève, imitant mon exemple et venant à mon aide, recou-
vrira ces deux petites lacunes d'une écorce toute neuve, bien plus
régulière et bien plus certaine que si j'avais, comme la plupart du
temps dans la greffe anglaise, un excédent de bois appliqué sur une
écorce brute.
On se figure assez souvent que les plaies de la vigne ne se recou-
vrent pas plus en terre qu'exposées à l'air. C'est une erreur. Les cou-
pures aériennes bien franches et bien mastiquées se recouvrent très
bien, et les plaies souterraines se recouvrent encore mieux, parce que
la terre leur sert de mastic, et si à ce mastic général on en a ajouté un
autre, appliqué bien soigneusement au moment où la coupure est en-
core fraîche, il ne reste bientôt plus trace de celle-ci. C'est tellement
vrai que souvent il est impossible, au bout d'un an, de retrouver la
place de la greffe et qu'il faut laver le plant pour trouver la soudure
qui ne se reconnaît parfois qu'à la différence de couleur des deux bois*.
vVimé CiiAMPiN,
Membre du Conseil général de la Drome.
LE FOIN NOUVEAU
Je lis dans le Messager agricole du Midi du 25 juillet 1880, les
lignes suivantes d'un article non signé : « Le foin nouveau n'est pas
a un bon aliment, il est échauffant, il irrite les organes digestifs, il
1. Quand on coupe les morceaux destinés à servir de greffons, il n'y a rien de plus facile que
de les tailler en bec-de-cane ; on fend alors du côté le plus court, et le biseau B de la
langu-'tte cxlôrieure se trouve fait d'avance.
2. Pour faciliter et accélérer le grefiage à l'atelier, on a inventé et on invente chaque Jour des
machines fort ingénieuses et dont plusieurs fonctionnent très bien. Je ne les connais certaine-
ment pas toutes, et je me bornerai à citer celles de MM. Trabue, Berdagiier, Auguste Petit, qui
font à la fois la greffe anglaise et lagreffe-Champin ; celle de M. Leydier, de Lencieux (Vaucluse),
qui fait spécialement la gieffe-Champin et qui a l'avantage de faire mouvoir la lame tranchante
avec le pied, pendant que les deux mains du greffeur restent libres pour tenir le bois ; et enfin un
tout petit guide-grefTe-Champin qui, ainsi que son nom l'indique, sert à faire la fente et à guider
le couteau ordinaire des greffeurs, de manière à obtenir des languettes et des biseau.t bien unis,
bien dressés, bien égaux et bien parallèles.
LE FOIN NOUVEAU. 343
« détermine des gastriques, des vertiges, des éruptions cutanées. »
Cette déposition d'un homme, qui, peut-être, est compétent dans les
matières agricoles, me paraît bien grave.
Nous sommes dans un siècle où, en général, les affirmations ne suf-
fisent plus, il nous faut des preuves. Or, il n'en existe pas. Des expé-
riences sérieuses n'ont jamais été faites, constatant que la consom-
mation du foin nouveau fût susceptible d'entraîner de semblables
affections.
Ce que l'on a pris pour une vérité, est tout simplement un préjugé,
et ce préjugé est né d'une fausse observation.
Chacun connaît l'odear agréable, rappelée assez bien par celle de la
flouve odorante, qui s'exhale d'un foin, lorsqu'on a été assez habile pour
bien saisir la meilleure époque de coupe et assez heureux pour le ren-
trer sans pluie ; c'est l'état où le foin est le plus apprécié par les ani-
maux. Aussi qu'arrive-t-il?
Lorsqu'on rentre les foins, quoique bien nourris' à l'étable, les ani-
maux qu'on emploie à cette opération , alléchés par cette excellente odeur
de foin fleuri, dès qu'ils sont un moment arrêtés, s'impatientent pour
en saisir quelques bribes. Pour les maintenir en repos, on a l'habitude
de leur en mettre constamment une fourchette devant eux; à la meule
où ils restent tout le temps qu'on décharge les véhicules, c'est la même
chose; puisque, dit-on, les animaux rentrent le foin, il faut leur en faire
manger à satiété.
Cette pratique dangereuse, qui provient de l'ignorance des principes
les plus élémentaires de l'histologie, amène en effet ce résultat que des
animaux consommant une grande quantité de fourrages fibreux et secs,
sans boire une goutte d'eau, sont atteints d'indigestions qui peuvent
causer des gastrites, des vertiges et même la mort.
Et alors un observateur superficiel s'écrie avec une apparence de vé-
rité pour les auditeurs : «Mais c'est la consommation du foin nouveau
qui a produit ces désordres. »
Evidemment on ne saurait en douter; le foin est devenu dangereux
au même titre que le lièvre quand on en mange trop. A qui la faute?
F. Larvaron,
stagiaire agricole à Graad-Jouan.
A PROPOS DE LA VERMINE DES POULAILLERS
On s'intéresse de plus en plus aux oiseaux de basse-cour; on com-
mence à reconnaître que l'on a eu tort de les abandonner, et qu'en
observant l'hygiène, on peut en tirer un grand profit. Pour y arriver,
il faut arrêter le plus promptement possible les maladies épidémiques,
et surtout par des soins constants, éviter leur retour.
Chacun s'en occupant, la publicité aidant, et je dois constater ici
que la presse agricole est à ce sujet très libérale, et, pour ma part,
je lui en témoigne toute ma reconnaissance, avec l'aide de la presse,
dis-je, on propagera les bons avis, les bons conseils, et on arrêtera la
multiplication de la vermine.
A ce sujet, je demande la permission de compléter et de rectifier
très brièvement le très spirituel article du docteur Félix Schneider
(^Journal de f agriculture du 14 août), dans lequel il dit :
« Le meilleur moyen d'affranchir vos élè ves de cette vermine, consiste à empêcher
celle-ci de naître.
344 SUR LA VERMINE DES VOLAILLES.
Gela est parfait, on ne peut pas mieux dire, et voilà un bon conseil
qui mérite certainement d'être largement répandu. Mais quand il ajoute :
« Le moyen le plus simple et le plus économique de détruire la vermine qui
cause tant de ravages parmi la population ailée, est le suivant :
« Tous les jours... je dis tous les jours, depuis les premières chaleurs jusque
vers l'automne, il faut asperger le colombier de haut en bas et sur les quatre
côtés, avec le liquide à bon marché qu'on appelle communément de l'eau...
« A cet effet, armé d'un baquet plein d'eau, vous y puisez avec la main ou avec
une tasse et vous en faites voltiger le contenu dans toutes les directions et princi-
palement dans les nids, sans vous inquiéter des couveuses qui s'habituent à être
douchées et ne tardent pas à ne plus se déranger pour si peu. Le liquide subtil
pénètre dans tous les interstices, visite les plus petites fentes, tombe sur les œufs
et sur les jeunes, et répand partout sa bienfaisante influence. »
Oh! je ne partage plus du tout cette manière de voir, et je crois que
tous les praticiens seront de mon avis.
D'abord, pour qu'un liquide pénètre soit dans les fentes, soit dans
les cavités (que l'on a tort de ne pas boucher), il faut une certaine
force pour l'y introduire; la main est donc insuffisante, il faut au moins
une pompe à main d'une forte projection pour que chaque fissure soit
atteinte profondément.
Ensuite, ces aspersions quotidiennes doivent amener une humidité
nuisible aux habitants d'un colombier.
M. le docteur Félix Schneider dit avec raison : « La vermine aime
le sec. 3) Mais si les oiseaux vont avec plaisir près de l'eau, c'est
pour faire leur toilette; lorsqu'ils l'ont terminée, ils prennent leurs
ébats, ils voltigent, ils se sèchent, ce que la pauvre couveuse ne pour-
rait faire, étant tout entière à son rôle de mère.
Ainsi l'humidité qui serait nuisible à la vermine, serait aussi nui-
sible aux oiseaux.
Il est préférable de faire de rares aspersions et de les faire avec de
l'eau additionnée soit de pétrole, soit d'essence minérale, soit d'acide
phénique. Ces aspersions seront faites le matin, de manière à ne pas
incommoder les oiseaux et cependant de manière à agir efficacement,
énergiquement sur la vermine.
Il est essentiel que tous les endroits soient consciencieusement
fouillés, un seul point oublié servirait de nid et le travail serait in-
complet.
Mais ce qu'il faut surtout éviter, c'est de doucher une couveuse.
D'une part, la crainte de l'eau peut compromettre une couvée ou
faire écraser des œufs ; d'autre part, l'eau qui arriverait tous les jours
dans le nid pourrirait le fond de celui-ci, et cette fois ce serait l'incuba-
tion qui serait totalement compromise. Les conséquences de ces ablu-
tions de chaque jour seraient déplorables pour les nids qui devien-
draient des fosses à purin.
Il est certain que les nids doivent attirer toute l'attention du colom-
bophile. Mais pour les tenir proprement, pour éviter la vermine, il
suffit de laisser la plus grande tranquillité au couple pendant l'incu-
bation. C'est seulement huit jours après Téclosion que l'on retire
soigneusement les jeunes et que l'on nettoyé le nid avec une brosse à
chiendent et de l'eau sulfatée ; quand il est bien séché avec l'éponge,
on replace doucement les jeunes sur la litière fraîche. On continue ces
nettoyages tous les quatre jours jusqu'à l'époque de la sortie du nid.
Je dois faire remarquer que tout cela concerne le colombier; mais
SUR LA VERMINE DES VOLAILLES. 345
pour un poulailler^ voici ce qui est pratique : l'asperger d'une manière
vigoureuse et insecticide et ne pas y mettre de couveuses.
Je puis affirmer que les couveuses ne s'habituent pas aux mouve-
ments bruyants. Pour elles, j'ai dû choisir un endroit spécial et isolé,
et très aéré.
Avec les aspersions générales et quotidiennes, ce qui est encore à
redouter, c'est l'eau froide arrivant sur un œuf en incubation et sur
les jeunes, M. Schneider reconnaîtra que l'eau froide, jetée sur un
œuf, annulerait l'incubation. L'hiver, nous ne touchons pas les œufs
des couvées, directement avec les mains froides, dans la crainte de
nuire à l'incubation. Un refroidissement partiel pourrait produire un
sujet maladif ou incomplet.
Quant aux jeunes, l'humidité produite par les aspersions les ren-
drait malades.
Je reconnais toute l'efficacité de l'eau, mais je me permets de discu-
ter le mode d'application.
J'apprécie tellement la valeur de l'eau que je fais laver dans l'eau
courante tout le matériel : mangeoires, seaux, perchoirs et même
pondoirs.
Les temps orageux presque continuels que nous subissons, ont
malheureusement favorisé le développement de la vermine, et dans
bien des propriétés les oiseaux en sont fortement incommodés. On m'a
montré des poulets qui ne mangeaient plus et qui cependant n'étaient
pas malades ; en les examinant, je les voyais dévorés par la vermine.
Regardez les oiseaux, ils cherchent les moindres creux pleins de
poussière pour se poudrer. Il est donc essentiel de leur procurer, sur-
tout aux poules, une cavité (dans un endroit couvert), de la remplir
d'un mélange de terre, de cendre et d'une petite quantité de fleur de
soufre. Elles sauront bien la trouver et l'apprécier, elles viendront s'y
rouler avec bonheur et même se disputer la place dans cette baignoire
d'un genre spécial.
Mais les poules étant parvenues à se débarrasser de ces insectes
gênants, il ne faut pas qu'elles viennent en reprendre dans le poulailler
et dans le pondoir. C'est alors qu'il faut faire des ablutions énergiques
avec de l'eau et de l'essence de térébenthine ou du pétrole, puis ba-
digeonner à la chaux.
Un excellent agent qui empêche la vermine, c'est la cendre
quelle qu'elle soit. Je remploie dans le fond des pondoirs, sur le sol des
poulaillers et j'en tire un engrais précieux. A défaut de cendre je
me sers du plâtre.
Je laisse à d'autres plus coir-pétents en cette matière d'indiquer
l'emploi et la valeur de ces engrais. J'ai plus de 100 poulaillers,
aucun n'a de vermine, et par conséquent mes sujets n'en sont point
incommodés.
La question d'hygiène est extrêmement importante, elle est le point
de départ de l'élevage. Avec la propreté on évite les maladies et la ver-
mine. Il est reconnu aujourd'hui que la propreté favorise le dévelop-
pement des sujets. Les agriculteurs soigneux y veillent dans les écu-
ries, dans les étables, dans les bergeries, dans les porcheries ; cette
sollicitude, et en ceci je suis absolument d'accord avec M. Schneider,
doit s'étendre au colombier et au poulailler. E. Lemoine,
Propriétaire éleveur à Crosne (Seine-et-Oise).
346 MODE D'EMPLOI DES ENGRAIS CHIMIQUES.
MÉMOIRE SUR UN MODE PARTICULIER D'EMPLOI
DES ENGRAIS CHIMIQUES.
On se rappelle les difficultés et les contradictions que rencontrèrent
chez la plupart des agriculteurs les premiers savants qui préconisè-
rent, avec tant d'ardeur, l'idée de restituer au sol les éléments que lui
ealèvent les récolles, et affirmèrent que les engrais produits par ce
môme sol ne peuvent suffire à le reconstituer intégralement.
Cependant la logique la plus élémentaire démontre que la terre vé-
gétale dont la composition est connue, ne peut fournir indéfiniment
aux plantes les divers aliments qu'elle ne contient qu'en quantité limitée.
Si donc l'on veut entretenir sa fertilité, il est indispensable de lui
rendre, à mesure qu'ils lui sont soustraits, ceux de ces aliments qui ne
peuvent lui faire retour par l'atmosphère.
Il en est ainsi pour la chaux, la potasse et le phosphate, et c'est à
cette dernière substance que Liebig s'est particulièrement attaché
dans la mémorable campagne qu'il a entreprise et dont il est sorti,
on peut le dire, vainqueur sur toute la ligne.
L'Angleterre, qui lui fit la plus vive opposition, est aujourd'hui la
région qui consomme le plus de phosphate; elle nous enlève nos
meilleurs gisements, tandis que nous en sommes encore aux tâton-
nements pour l'emploi de cette précieuse matière, dont notre sol
français est heureusement assez bien pourvu.
Frappé, comme beaucoup d'autres, du caractère positif de la doc-
trine de restitution, je commençai, à l'époque où elle fut émise,
l'application des engrais chimiques à diverses cultures.
Plusieurs années s'écoulèrent sans que les résultats répondissent à
mon attente, malgré le prix de ces engrais moins coûteux que ceux
fournis par le bétail (les proportions d'azote, de potasse et de phos-
phate étant prises pour bases de la comparaison). Je dépensais beau-
coup plus qu'en employant le fumier de ferme.
J'en étais là lorsqu'une circonstance fortuite me révéla une cause
de déperdition considérable des substances solubles constituant les
engrais chimiques. Les observations que je fus à même de faire alors
et qui m'ont amené à vérifier les données théoriques par une expé-
rience prolongée, sont résumées dans la note suivante, communiquée
en 1 869 à la Société d'encouragement :
<( On sait que le sol arable possède la faculté de retenir les substances
les plus solubles et d'emmagasiner dans ses pores au profit des
plantes, les aliments qui, sans cette propriété, seraient entraînés dans
les profondeurs des terrains.
« On est loin d'être fixé sur la limite de cette puissance de conserva-
tion; quelques-uns prétendent qu'elle est suffisante pour retenir les
engrais solubles dans les proportions les plus larges pour les besoins
de la végétation, d'autres la considèrent comme incertaine et très
variable suivant la constitution de la terre, la nature des eaux et
même en raison de l'état atmosphérique.
« Sans chercher à résoudre cette question, je veux montrer que la
déperdition de l'engrais soluble peut avoir lieu par une voie tout
autre que celle de l'entraînement dans le sous-sol.
« Ayant répandu dans une prairie une certaine quantité de nitrate de
soude, qui représentait une fumure de plusieurs années, j'obtins une
MODE D EMPLOI DES ENGRAIS CHIMIQUES. 347
végétation magnifique, et au printemps ce fourrage fut donné en vert
à des chevaux.
« Aussitôt se manifestèrent chez ces animaux les symptômes ordi-
naires résultant de l'emploi des nitrates comme remèdes diurétiques,
soif ardente, urines abondantes. Il fallut cesser sous peine d'accidents
graves.
« Ce fait montre que la plante avait absorbé l'engrais soluble sans
l'assimiler entièrement, ce qui fut confirmé l'année suivante par la
disparition complète des nitrates dans la prairie, laquelle ne ressentit
• plus aucun effet de cette fumure.
« Le phénomène de physiologie végétale sur lequel j'appelle l'atten-
tion des expérimentateurs ne présenterien d'anormal. La plante ne peut-
elle en effet posséder, comme les animaux, la faculté d'absorber une
somme de matières nutritives sans rapport direct avec celle qui sera
assimilée? Dépourvus de cette faculté, les êtres vivants ne seraient-ils
pas exposés à périr chaque fois que l'alimentation ne suivrait pas la
vitesse de l'assimilation.
« Si l'on veut adopter cette analogie, on comprendra que la plante
peut, selon la richesse du milieu nutritif où elle se trouve placée, rece-
voir en simple dissolution dans le torrent de la sève faisant fonction de
panse stomacale, une quantité très grande d'aliments solubles, et on
sera effrayé en pensant que chaque hectare d'herbages verts contenant
vingt-mille litres de sève, peut entraîner avec cette énorme masse
liquide une somme de substances alimentaires bien supérieures à celles
absorbées par la plante.
« S'il était ainsi démontré que les plantes peuvent absorber plus
qu'elles n'assimilent, il en résulterait des conséquences très importantes
intéressant les bases même de la science agricole :
« 1° Il serait nécessaire de vérifier les analyses chimiques des végé-
taux, point de départ de toute agriculture rationnelle, en tenant compte
des conditions variables dans lesquelles les plantes ont vécu et terminé
leur existence.
« 2" La composition des engrais chimiques devrait être étudiée en vue
d'une lente solubilisation, cette qualité particulière aux fumiers natu-
rels étant tout à fait en rapport avec la lente assimilation des végé-
taux.
« En un mot, il conviendrait d'établir dans les règlesde la nutrition
des plantes, outre la notion de quantité d'éléments assimilés, celle de
proportionnalité entre la vitesse de solubilisation de ces éléments et la
vitesse cV assimilation des plantes, m
A partir de 1869 j'ai affecté à la vérification des idées exposées dans
la note qui précède, une surface de 16 hectares située à Tullins, vallée '
de Graisivaudan, dans l'Isère, et comportant la culture de la vigne en
alignements espacés de huit mètres. Entre ces lignes j'ai adopté un
assolement biennal (blé alternant avec maïs ou pomme déterre), puis,
j'ai taché d'obtenir que la vitesse de solubilisation des engrais fût
proportionnelle à la vitesse d'assimilation des plantes en employant
un compost formé de la manière suivante :
A la petite quantité du fumier produite par quatre bêtes de travail
(nécessaires pour l'ensemble du domaine, dont la contenance est de
trente hectares) j'ajoute tout ce que je puis trouver en paille, tiges de
maïs, sarments coupés, menus bois, sciure de bois, tannée, etc. Le tout
348 MODE D'emploi des engrais chimiques.
est saupoudré journellement avec l'engrais chimique soluble, super-
phosphate, sels potassiques, azotiques ou ammoniacaux.
Le compost abrité sous une toiture, est arrosé dans la mesure conve-
nable pour que tous les éléments solubles pénètrent en se dissolvant
dans les cellules des matières ligneuses pour n'en sortir qu'au fur et à
mesure de la destruction lente de ces cellules dans le sol.
La masse d'engrais ainsi obtenue est de 12,000 kilog. par hectare et
par an, c'est une fumure ordinaire dont voici la composition et le coût :
Débris ligneux , 400 kilog. X 0.60 = 2 fr. 40
Fumier d'écurie 90 — X 1.25 = 1 12
Superphosphate ordinaire 50 — X 9.00 = 4 50
Sel potassique 5 — x7. 00 = 0 35
Azote sous différentes formes 1 — X 1.90 = 1 90
Main-d'œuvre 2 00
Total pour une tonne de compost. 12 fr. 27
Les résultats obtenus avec cette fumure ont été constants; le pro-
duit moyen a été de 20 hectolitres de blé et de 40 hectolitres de maïs
à l'hectare, la vigne étant d'ailleurs entretenue en bon état et les
profits constatés par une comptabilité régulière.
Cette production n'est point toutefois celle d'une culture intensive,
car j'ai rencontré des difficultés spéciales dans cette contrée semi-
méridionale du Graisivaudan, où la terre fertile est infectée d'une
quantité considérable de mauvaises herbes; à tel point que l'assole-
ment biennal qui ramène une culture sarclée tous les deux ans, n'est
pas suffisant pour nettoyer le sol. Le blé verse si l'on pousse à l'en-
grais, et les rendements moyens du pays sont inférieurs à 20 hecto-
litres à l'hectare.
Ayant toujours en vue les beaux résultats obtenus dans le nord de
la France où la moyenne atteint 30 hectolitres à l'hectare, j'ai étudié
certains inslr.uments pour sarcler le blé. Cette année, l'ayant fait semer
en lioçnes écartées de 0'".30, j'ai fait passer trois ou quatre fois dans
ces sillons une bineuse légère traînée par un petit cheval et agissant
sur trois lignes à la fois. C'est là an travail peu coûteux et dont j'ai
eu satisfaction : le blé se tient, et son apparence plus vigoureuse dé-
montre bien l'importance qui s'attache à l'enlèvement des mauvaises
herbes et probablement aussi à la division répétée du sol.
Dans ces conditions, j'espère employer des fumures plus abondantes,
20,000 kilog. à l'hectare, sans inconvénients et sans grande augmen-
tation de dépense, en raison de la diminution du prix des phos-
phates, l'élément le plus considérable et le plus coûteux de mon
compost.
Pour conclure, je résumerai comme suit Tensembledemes idées re-
lativement à l'emploi des engrais chimiques.
Je considère comme essentiel de ne distribuer les aliments aux
plantes qu'à mesure et en proportion de leur consommation normale,
en évitant qu'elles n'ingèrent forcément et inutilement un excès de
nourriture dissous par la quantité d'eau nécessaire à leur existence
et non assimilé.
A cet effet, j'enferme les engrais solubles dans des matières li-
gneuses qui se décomposent lentement dans le sol, ne les abandon-
nant que dans un laps de temps variable suivant la quantité et la
qualité des matières employées et proportionnellement à la faculté
d'assimilation plus ou moins rapide des végétaux.
MODE D EMPLOI DES ENGRAIS CHIMIQUES. 349
Enfin j'introduis dans la terre des quantités importantes de sub-
stances hydro-carbonées, dont le rôle exagéré par les premiers obser-
vateurs (de Saussure) commence à être mieux défini, grâce aux mé-
thodes analytiques plus rigoureuses qu'ont fait adopter les bons ré-
sultats pratiques dus ù ces utiles ao;ents. Michel Perret,
Président de la Sociéié d'agriculture de l'arrondissement
de Siiinl-Marcellin (Uère).
LES PLANTES ALL\IENTAIRES ET LE D^ TANNER
Si, de la solution d'une question que pose un homme instruit,
éclairé et surtout compétent, peut naître une amélioration souvent
cherchée et attendue par tous, combien offriront leur reconnaissance
a son auteur; mais, si au contraire, cette solution ne définit rien et
excite un doute général sur le bien ou le mal qui doit en résulter, le
j ugement qui ne devra, ni encourager, ni blâmer l'auteur, sera le
résultat d'une charitable indifférence et d'un sentiment de bienveillante
compassion. Tel est, à mon avis, le cas du docteur Tanner.
Je me demande à quoi servira la démonstration de ce docteur? Il
faut espérer que personne ne sera assez insensé pour essayer d'imiter
son exemple. J'aime à croire que les nombreux lecteurs du Journal de
/'/l/7rî'M//«re penseront comme moi; qu'il vaut beaucoup mieux, dans
l'intérêt del humanité, introduire et propager des plantes alinip.ntaires,
soit pour l'homme, soit pour les animaux, que de chercher à prouver
que riiomme peut vivre tant de jours, sans prendre aucune nourri-
ture.
Je suis du nombre de ceux qui comprennent que le verbe vouloir
doit être le mobile de toutes nos actions, dans maintes circonstances et
avoir une grande influence sur notre esprit. Le progrès ne doit pas
s'arrêter. Nous devons toujours nous appliquer à chercher à perfec-
tionner nos produits. Aussi, suis-je heureux, quand arrive le ;^I dé-
cembre, d'avoir pu étudier ou fait connaître quelques produits alimen-
taires.
Soja hispida. — A ce propos, je crois devoir signaler de nouveau
le soja hnpida, appelé o marne au Japon. Ce pois oléagineux sera,
dans un temps plus ou moins rapproché, une conquête importante
pour les cultivateurs; car c'est, sans contredit, la plante alimentaire
qui contient le plus de matières azotées et de ma'.ières grasses, environ
31 pour 100 d'après les analyses chimiques. Il est bien regrettable que
cet excellent légume ne soit pas plus cultivé, car il rendrait un grand
service, non seulement, comme plante alimentaire, mais comme four-
rage, pour les moulons, les lapins, etc.
Les Japonais préparent, avec le soja, une espèce de fromage et ils en
font aussi du beurre. M. Pailleux en a présenté à une séance du Comité
des cultures potagères; les membres présents l'ont trouvé bon; il avait
été préparé avec des graines récoltées par notre collègue aux environs
de Paris. Ce pois se sème sous le climat de Pans, la première quin-
zaine de mai, en ligne de O'^.lô à 0'°-20 de distance, en laissant
entre chaque rang environ O'^.SO. Il faut choisir un sol ni trop
humide, ni trop sec. Lorsque la température descend à 3" au-
dessous déglace, les feuilles sont endommagées; mais les graines
résistent parfaitement; tandis que les haricots qui sont à côté, sont,
dans ce cas, complètement détruits.
Le soja a encore le grand avantage d'être indemne à la bruche, qui
350 LES PLANTES ALIMENTAIRES ET LE DOCTEUR TANNER.
fait tant de tort aux pois, haricots, lentilles, etc. Ce légume vient
très bien aux environs de Paris, surtout les années où la température
est un peu humide; on ne le mange guère en vert à cause de la diffi-
culté de l'écosser, et il est bien meilleur lorsqu'il est sec; il se bat
alors au fléau. Les moutons, les lapins mangent avec avidité les
tiges.
Cerfeuil bulbeux. — Je crois que le jardinier en chef du château de
Neuiliy fut le premier qui essaya, en 18'iG, la culture du cerfeuil bul-
beux, qu'il abandonna bientôt, découragé sans doute par le peu de
produits qu'il obtenait; car les tubercules n'atteignaient guère que la
grosseur d'une forte noisette.
Après bien des essais, j'ai reconnu que, à partir du 15 septembre
au commencement d'octobre, c'était l'époque la plus convenable pour
faire le semis ; il faut, autant que possible, choisir un terrain bien fumé
de longue date et éviter surtout d'occuper celui où l'on a obtenu des
carottes. 11 faut recouvrir de quelques centimètres de terreau le semis
qui doit être fait très clair, car le plant ne supporte pas la transplan-
tation.
La végétation ne s'aperçoit qu'au printemps suivant. Pour obtenir
de beaux tubercules, il est indispensable que la tige conserve le plus
longtemps possible ses feuilles; c'estau jardinier à tenir le terrain tou-
jours frais; la maturité a lieu vers le 15 juillet. Cet excellent et délicat
légume n'acquiert ses qualités que deux mois après l'arrachage; alors,
il a le goût de la châtaigne.
Les cuisinières voudraient n'en avoir que des gros à cause de la
difficulté qu'elles éprouvent à les éplucher. A celte objection, il n'y a
qu'un mot à répondre, c'est que jamais on ne doit enlever la pelure.
On les laisse tremper quelques heures dans l'eau froide, après avoir
ôté les germes, la queue, et on les fait cuire comme des pommes de
terre. Ceux qui sont gros, si on les fait frire, répandent une odeur de
vanille, ce dont ne se plaignent pas les convives.
Da'icon ou radis du Japon. — Le daïcon ou radis du Japon devrait
tenir dans la grande culture une place importante dans notre belle France;
nos agriculteurs savent à leurs dépens que si le printemps est sec,
les betteraves, les carottes ne lèvent pas ; il est trop tard quand ils
s'aperçoivent du mal, pour recommencer de nouveaux semis. Si vers
la tin juillet, on sème du daïcon que l'on récoltera dans le courant du
mois d'octobre, on obtiendra un excellent fourrage que le bétail mange
avec avidité. Les Japonais ont tellement su apprécier les avantages
de ce gros radis blanc, qu'ils ont presque partout supprimé les biés,
les pois, là où il n'existe pas de rizières. Ce qui doit surtout attirer
l'attention des agriculteurs sur ce radis ou navet, c'est qu'il occupe très
peu de temps la terre.
Le roi Léopold I" avait raison lorsqu'il disait : « Qu'on ferait bien
de rechercher les végétau7> nouveaux pour l'alimentation de l'homme,
dont il faut poursuivre la découverte, en trouvant de nouveaux four-
rages. »En effet, n'est ce pas nourrir l'homme que de produire du bé-
tail? Ces paroles ne justifient-elles pas son esprit judicieux, profond,
sagace et la réputation si bien méritée de savant botaniste, que tous
les hommes compétents lui reconnaissent.
Pomme de terre Champion. — CetLe variété que le Journal de rayri-
cw/fwre m'a fait connaître l'année dernière, est sans contredit une des
LES PLANTES ALIMENTAIRES ET LE DOCTEUR TANNER 351
meilleures, comme qualité nutritive et renflement; elle a encore le grand
avantage de résister, jusqu'à présent, à la maladie; et une fois hors
terre, elle reste jusqu'au printemps sans pousser de germes.
Haricot Vavin. — Parmi les haricots nains, je dois mettre de coté
tout amour-propre et signalep le haricot chocolat, qui porte mon nom
dans le midi de la France. Le grain est petit, allongé, variant du violet
au brun ai'doisé; il est de toute première qualité m;ingé en vert, il est
nain, et il est recDunu comme le plus hâtif. Si on le sème dans le
courant du mois de mai en pleine terre, oh peut en cueillir sur la
m.ême planche, pendant deux, ou trois mois, si on ne le laisse pas venir
en grains.
Chou Pé-lzaï ou chou chinois. — Je ne puis, en parlant de cet excel-
lent chou, que citer textuellement ce que m'écrivait notre bien re-
gretté prés'dent, le maréchal Vaillant :
« Je suis, toutes les fois que je déguste cet excellent légume,
étonné qu'il ne soit pas plus cultivé, car il est délicieux en salade,
et cuit accommodé avec de la viande. »
J'ajoute que ce n'est pas à cause des soins qu'il exige, puisque
semé en place fin juillet ou les premiers jours du mois d'août, six
semaines après, on peut déjà commencer à récolter les plus avancés.
Il faut laisser entre chaque pied, un intervalle de O^.^O environ.
Celégimie, qui n'a nullement le goût du chou, se rapproche beaucoup
de la chicorée, mais a beaucoup moins d'âcreté. Le point important,
est d'enlever les grosses côtes avant la cuisson, il résiste assez bien à
la gelée.
Ce qui fait que ce chou n'est pas plus cultivé en France, surtout
par les maraîchers des environs de Paris, c'est que pour l'avoir bien
franc, il faut absolument faire venir les graines de Chine, car celles que
l'on recolle en France dégénèrent promptement.
Fenouil de Florence. — Dans les villes ou villages des Etats romains, il
figure sur toutes les tables depuis janvier jusqu'en juin. La saveur,
la finesse et l'odeur charment tout à la fois le goût et l'odorat; il est
plus tendre que le céleri et il a, «ur ce dernier, l'avantage de pouvoir
êlre cultivé, pendant près de sept mois. En médecine on lui reconnaît
certaines qualités pour guérir ou soulager quelques maladies ; aussi
suis-je étonné qu'il ne soit pas plus cultivé.
Nous chercherions inutilement les améliorations que peut apporter
ce que vient d'entreprendre le docteur Tanner.
Nous a-t-il prouvé, par cet appauvrissement de tout son être, par
cette inaction à laquelle il s'est condamné, que notre nature matérielle
pouvait s'accommoder d'un p;ireil régime et que notre nature physique,
tellement amoindrieetanéantie même, permettrait à ceux qui l'auraient
accepté, d'augmenter les connaissances de la science, ainsi que le prou-
vent les recherches des travailleurs. Peut-on admettre que ne pas
s'alimenter, soit un moyen de vivre ?
Que serait devenu noire pauvre Robinson dans son île déserte, si,
comme le docteur Tanner, il avait voulu faire un pareil essai. L'auteur
ne l'a pas pensé et il a bien fait. Il nous l'a présenté comme un être
courageux, obligé toujours de s'occuper pour vivre ; mais non point
absorbé seulement parce motif; car aurait il pu construire, cabanes, etc.,
et essayer des cultures, s'il s'était trouvé dans l'état de prostration du
pauvre docteur ? Eue. Vavin.
352 SUR LE DÉGRÈVEMENT DES VINS.
SUR LÉ DÉGRÈVEMENT DES VINS
A entendre les louanj^es que la presse entière vient d'entonner en
l'honneur de la loi sur le dégrèvement de l'impôt des boissons, l'on
serait tenté de croire que satisfaction a été donnée à l'opinion publique
et que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes. Cet en-
thousiasme ne m'électrise pas, je dirai même que je ne le partage pas.
Aussi, après examen de cette loi, suis-je porté à croire que M. le mi-
nistre des finances, tout entier à l'étude d'une réforme radicale de
l'impôt des boissons, ne l'a présentée qu'à titre de ballon d'essai.
Il découle logiquement de ce qui précède, que je suis amené à dé-
velopper la thèse suivante : démontrer que l'application de la loi du
19 juillet 1880 sur le dégrèvement de l'impôt des boissons aura pour
effet de constituer le Trésor en pure perte, sans bénéfice réel pour
les classes laborieuses et la propriété vinicole.
La perte annuelle que le Trésor subira par l'application de la loi ne
saurait être mise en doute; elle s'élèvera, conformément aux déclara-
tions de M. le ministre des finances, à la somme de 70,000,000 fr.
Sur ce point il ne saurait y avoir de discussion, c'est un fait acquis.
Mais ce qui paraîtra extraordinaire à beaucoup, c'est que je vienne
prétendre que l'abandon énorme que fait le Trésor ne puisse être
considéré comme un dégrèvement égalitaire et tangible des charges
qui pèsent sur les contribuables. Ce raisonnement, tout excessif qu'il
paraisse au premier abord, est cependant juste et fondé.
A qui fera- 1 on entendre que la classe laborieuse profitera des
3 fr. 25 par hectolitre que l'Etat abandonne, en tenant compte des
bonnes intentions des conseillers municipaux de Paris qui paraissent
disposés à faire de leur propn'o molu une concession de 1 fr. 22 sur
les droits d'entrie? Est-ce qu'il n'est pas incontestable, en présence
du prix élevé, auquel le débitant paie les soutirages, et conséquem-
ment du peu de bénéfice qu'il fait, que ce dégrèvement de 5 fr. par
hectolitre n'affectera nullement le prix de vente?
Donc, le bénéfice de la mesure prise par le ministre des finances
passera de ce chef en grande partie dans les mains de l'intermédiaire,
dans celles de la classe aisée qui s'alimente directement à la produc-
tion, et un temps soit peu dans celles des négociants en gros, en raison
de la diflerence très minime en moins des droits d'entrée et d'octroi.
Je dis au point de vue de la mise de fonds, car il serait par trop naïf
de croire que le marchand de vins en détail oublierait, au moment
de conclure un achat, de faire entrer en ligne de compte le dégrève-
ment des 5 fr. par hectolitre.
Le raisonnement que j'ai tenu pour les intermédiaires de la capitale,
pouvant en tous points s'appliquer aux débitants des campagnes, le
résultat sera donc le même partout.
Et maintenant, si l'augmentation de la consommation tant souhaitée
et pronostiquée par suite de ce dégrèvement, qui n'aura eu d'autre
résultat que d'être un trompe-lœil, ne se produit pas, ce qui est
absolument vraisemblable, n'est-il pas indiscutable que la propriété
n'aura point à se réjouir de la mesure que le gouvernement a prise à
son égard. Non seulement je reste persuadé que la propriété vinicole
n'en connaîtra point les avantages, mais je crains même qu'elle n'en
reçoive un contre-coup fâcheux. Voici pourquoi : le ministre des
SUR LE DÉGRÈVEMENT DES VINS. 353
finances et le parlement, tiraillés en tous sens, forcés de satisfaire le
plus de monde à la fois, ont répandu leurs largesses à droite et à
gauche. Et dans le cas présent on n'aurait pu, m'a-t-on dit, résister
aux sollicitations malencontreuses, selon moi, de certains viticulteurs
des départements du centre, qui, aidés du concours intéressé des pro-
ducteurs du Nord, réclamaient à grands cris le sucrage des vins à la
cuve. Leur demande ayant été agréée, ils vont dès lors ressusciter une
ancienne pratique, dite la science de vinificalion, que je ne critiquerai
pas, voulant rester fidèle au principe de la liberté commerciale, tout
en respectant les droits de chacun.
Si certains viticulteurs se montrent satisfaits de faire avec la même
vendange deux, trois, quatre cuvées, qu'ils baptiseront de première,
deuxième, troisième, quatrième cuvées, suivant les quantités de glucose
ou de sucre et d'eau qui y auront été introduites, je suis à me demander
s'il n'en est pas d'autres qui ne le seront guère. Et puis, sans vouloir
m'appesantir trop brusquement sur les perturbations probables que
cet état de choses devra apporter dans la position commerciale de nos
collègues, les négociants en vins, ne suis-je pas en droit de me
demander quelle sera, dans cette circonstance, la conduite de M. le
ministre de la justice vis-à-vis de nos débitants ou marchands de vins
en détail de la capitale qui, pourchassés comme des bêtes fauves,
sont condamnés journellement à une amende plus ou moins forte,
voire môme aux affiches et à la prison, pour mixtion supposée d'eau
dans le vin qu'ils livrent aux consommateurs.
Mais si jamais je devenais ministre de la justice et que la législation
qui nous régit existât encore, je commencerais par appliquer la loi à
mon collègue, M. le ministre des finances, comme étant l'auteur in-
discutable du délit, si la reconnaissance de l'eau dans le vin pût
jamais en constituer un. Soit dit en passant, oe serait peut-être le
moyen le plus efficace pour faire rentrer les marchands de vins en dé-
tail de la capitale dans le droit commun : la liberté commerciale.
Je croirais cependant, après cette critique, manquer aux sentiments
de la plus simple reconnaissance, si je ne tenais à faire entrer en ligne
de compte les heureuses modifications que la présente loi a introduites
dans la taxe des vins et eaux-de-vie en bouteilles, des liqueurs et de
l'absinthe et des manquants passibles, etc., etc.
Mais qu'est-ce que ce petit bagage de concessions failes à l'opinion
pubhque en présence de ses multiples revendications ? Est-ce qu'il
n'est pas honteux, sous un régime démocratique, de voir la France di-
visée en deux camps ; d'un côté les hommes libres, de l'autre les assu-
jettis? Est-ce qu'il n'est pas douloureux d'assister journellement à ces
inventaires qui portent les stigmates de l'inquisition la plus éhontée
et delà violation flagrante du domicile?
Est-il en outre admissible que les contribuables puissent être tenus
de verser annuellement trente millions pour payer des employés dont
la seule occupation consiste à entraver nos relations commerciales.
Exemple : cette grave question de creux de roule qui intéresse à un si
haut point les négociants en spiritueux de Bercy et dont la solution,
tant de fois promise, a toujours été écartée, malgré la parole donnée.
Cependant, je dois vous avouer que j'ai bon espoir qu'elle reçoive une
prochaine solution ; dans le cas contraire, vous me permettrez de vous
en entretenir. Ch. Carré.
354 SOCTI-TI<: NATIONALE D'AGRICnf-TURE DE FRANCE.
SOCIETE NATIONALK DVVGRIGULTUIIE,
Séance du 25 aoiU 1880. — Présidence de M. Chevreul.
M. le secrétaire perpétuel, en signalant l'envoi de plusieurs vo-
lumes des comptes rendus sténoj^ra()liiques des Congrès de 1878,
insiste sur le Congrès de botanique et d'horticulture et donne des dé-
tails sur quelques-uns di-s principaux travaux qui ont été préseatés-
M. Bailly, corres[)ondant de la Société dans le Loiret, envoie sur
les principales 3iiitiires des renseignenients qui peuvent se résumer
ainsi : bonne récolte de blé et d'avoine, mais- r^^colte médiocre de
foin ; très belle apparence pour les cultures de racines.
M- Alfred Basin envoie plusieurs notices qu'il a publiées sur di-
verses questions agricoles.
]M. le seci'étaire perpétuel rend compte de la vente annuelle de pins
.qui a eu lieu sur le domaine d'Harcourt appartenant à la Société j
celte vente a donné d'excellents résultats.
]M. Gayot fait une communication relative à l'importation de che-
vaux d'origine française dans la plaine de Mitidja, en AIgé ie, pour
remplacer les chevaux barbes qui, paraît il, ne donneraient plus de
bons produits; il insiste sur le rôle que le trotteur du Norfolk, prove-
nant de Bretagne où il est déjà acclimaté, pourrait jouer dans cette
circonstance. IM. Bt'lla rappelle les dit'Ccultés que présente l'acclimata-
tion de races transportées sous un climat très différent du leur, et il
ajoute que, à ses yeux, il est plus prudent et plus sage de chercher à
améliorer les races existantes que de faire venir des reproducteurs de
pays très ditTéients. — A cette occasion, M. Chevreul fait remarquer
que, dans les questions de ce genre, le temps seul peut donner une
solution et indiquer la meilleure méthode à suivre; il rappelle que ce
que l'on appelle l'atavisme est généralement mal défini, et il montre
combien il est important, dans l'enseignement, de bien préciser les
termes que l'en em[)loie' et de donner des notions exactes sur l'his-
toire du développement des sciences.
Bl. Delesse pi'ésenle le volume intitulé : Extraits de géologie pour les
années 1877 et 1878, qu'il vient de publier en collaboration avec
M. do Lapparent. 11 donne quelques détails sur les principaux tra-
vaux de géologie agronomique qui sont analysés dans ce volume; il
insiste, en particulier, sur la valeur des caries géulogiques agrono-
ïiii(jues de Prusse, exécutées par M. G. Berendt. A ce sujet, M. Chevreul
présente quelques observations sur les méthodes à suivre pour déter-
miner l'imperméabilité des sols à l'eau, ainsi que sur les classifica-
tions adoptées par les géologues.
ÛI. Clievreul revient sur les travaux de M. Joseph Boussingault
relatifs à la fermentation alcoolique rapide, et il en montre l'impor-
tance. M. Barrai ajoute quelques détails, qui sont donnés dans la
chronique de ce numéro. Henry Sagnier.
REVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT DES DENRÉES AGRICOLES
(i8 AOUT 18^0).
I. — Situation générale.
Lei? marchés présentent cet'e semaine une assez grande activité. Les offres sont
sont nombreuses, et les transactions muiiiples, sur Id plupart des denrées agricoles.
11. — Les yr'tins et lex farines.
Les tableaux suivants résument hs cours des céréales, par quintal métrique,
sur les prmcipaux marchés de la France et de l'étranger.
REVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT (28 AOUT 1880)
355
HBOION.— MORD-OCBST,
Calvados. Cnndà
— Liseux
Côtes fi - \<i'vi ponliieux
— Trég.iier
Finisterr. . Morlaix
— Qiimper
[lle-et-^iliiiuit. Kermès.
— St M lo
Manche. Avranohes....
— Poiilorioii
— Ville.lieii
Mayenne. Laval. .
— Château Gontier..
iforbihiin. Kerinebunl..
Orne. -Seez
— Vimoiiliers
Sarlhe. Lu Vlaas
— Sablé
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20.50
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fr.
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28 75 19.00
Aisne. Soissons
— St-Q:iei.tm
— Vilkrs Colterels
Eure. Berridy
— Evreu.x
— Pacy 28 00
Eurt-ei-Loir. Chartres. 28.<K>
— .\iineau 28 25
— Nogeni-le-Rotrou. 3» 0)
Nord Cambrai 27. /S
— Douai 23 50
— Valenciennes . . . . 28 25
Oise. Beauvalâ 28.25
— Compiègne 27.00
•— NoyoH 27. sO
Po«-de-C'ai/n.«. Arras.. . 28. 5o
— SitiQl-Oiiiar 28 7 5
Seine. Puis 27 75
S.-at-Mat^f Rielun 27 bo
— Nenaours 23.00
— Provms 27 50
S.-«t-Oixe. Anjerville.. 28.50
— PanLoi^e 29 ou
— Versailles 23.25
Seine-lnréri»iire. Kuuen 20. 7o
— Fécimp 27.50
— Yvetoi 27 40
Somme. Abheville 27.50
— Péronne 27.00
— Roye 25 75
Prix moyens
3" RÉaio
Ardenne*. Sedan
Aube. Bar -sur Aube
Mé y-iur-Seine
— Nog^!nt-^ur-Seine. 2T 75
âfarne. Cûàiuiis 28.25
— Ep^rnay 27. iu
— Bel us 27 01)
— Sézaonc 27.7V
Hte-Marue. Bourboane. 2*. 00
Ueurt.-el /»/.,.<«He Nancy Î8 00
— Lunéville
— Toui ,
Meuse. Bar-le-Duc.
— Verduu
Haute-Saône G.'".iy 28 50
— Vesoul 29.60
Vosges. Neufchiteau
— Epiua.
Prix moyeas,
4« RÉoroN
Charente. Angoalème..
— RufftiC 29.50
Charente Infér. Mararjs. 28 00
Deu.v-SfiorKs. Niort 29 00
Indre-ei- Loire. Tours.. 29-25
— Blere 27.00
— Cliâleau-Renault. 23.10
Loire-lnf.SAnls-, 27 00
A/.-et-(,oirB. Saainur . . 27 iO
Vendée. Lnçu.. 27-00 »
— Font^nav 27.50 »
Ktenn*. Ci'uellerault... 3000 ao.25
— Louduu 27.80 »
Haute-yieune. Liiu>jges 29.50 20.75
Prix moyens 28.35 ig.vT
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Cher. Su.ruei
— Graç.iy ..........
— Vierzon
Creuse. Aubuison
hidre. CiiàCaaurou».. . .
— IssoiiUua. ...»••
— Vatan
Loiret. Montargis
— Oien
— PitHiviers
Loir-ei-Ctier. Hlois
— Montoire
Nièvre. Nevers
— La Ctiarilé
Vanne. Rrieiion
— St-FloreuUa
— Sens
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26.00
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20 .SO 21.00
n 75 13.60
19. su 17.75
20. 00 18. J5
Prix moyens. 28 20 18.56 19.80 18.5^
6« RBOION. — EST.
Ain. Bourg
— Pont-Je-Vaux. ...
Côle d'Or aijon
— Baaiiue
Doubs. Ue^au^on
/M/'a. Grinab^e
— Virtune ,
Jura. Dôle. . . .i
Loti-e. Sl-GîimoriJ
l'.-de-Oàinf, ciermont F.
Rhône. Lyun
— Auturi
Saône-al- Luire. Chalon,
ànuDÏe. CUambery
Hle-àaooie. Annecy
Prix moyens.
2J.00
28 00
28 50
28.00
29 00
29.50
28 50
28 00
2' 00
32.50
28,50
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28 . 25
3'. 00
32.00
29.10
19.00
17.75
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17.50
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21.50
17.50
T REGION. — SCO-OITBST.
Ariége. Pamiers 30.0) 2). 7» »
Dordiigyig. Bergerac... 30 00 2l.00 »
//td-G'icj, me. loulouse. 29.00 19. uo 17.10
— Viiiefranche-Laur. 29.25 19. 5o 19.00
Gers. Conéoia 2». 50 » »
— Eiuze 28.50 ■ »
— Mirandi 29.00 » ■
Gironde. Bordeaux.... 27.50 19 50 »
— Lesparre 3o 00 18.75 •
Landes. Uax 27 50 19.25 »
Lot-et-Garonne. Agen.. 28.00 19.50 »
— Ner.ic 2i.20 o »
S.-Pi/ré-iees. Rayonne.. 30 Oi 22.00 21.25
Hles- Pyrénées. Tarnes. 30.25 » s
Prix moyens 23.98 19.92 19.12
8» RBOIOM. — SCO.
22.25
21.50
20 7 5
20.50
20.25
19 25
19 80
2U.00
21.50
19.50
25.00
20.50
20. 7S
Aude. Carcassonne
23.00
,>
19.00
20.00
Avei/ron. viilefraache.
28 2-,
21.50
17.25
Caat'il. Maunao
33.35
27.7»
»
23.50
Correxe. LuberZHC
31 00
21. JO
22.00
22.50
Hérault. Montpellier...
i8.50
17.00
20.2»
Lot. Figeac
30.25
21.75
21.50
21.50
Lozère, viande
3i.l5
27. 5«
25 00
22.65
— Marvejols
31.80
2i.60
24.60
23.20
Pi/reneen-Or. Perpignan
26 65
2 ! . 20
23.00
23.30
30. OU
28.50
20.7»
19.50
20.50
20.50
Tarn-el-Oar. Montauban
20.76
Prix moyens
29.86
23.25
21.53
21.85
9« REOio:^.
— SITU-KST
Basses- Alpes Manos'|ue
2<).20
V
■
24.20
Hautes- Alfjes. Bnançon
20.00
20.2»
20.50
Alijes-.Mariiiines Cannes
30.00
20 75
20.00
20.2»
Ardeohe. Privas
30.05
20 65
19.rt0
21 80
B.-du.-Hhnne. Arles
30.00
s
16. 7S
ai.âo
Drame. U>mins
29.50
21.00
»
17.50
Gard. Aiais
29. 7>
»
a
21.50
Haute- Loire. Le Puy. ..
30.00
22.7»
21.50
18.50
Var. St-Maximin
29 7»
*
»
•
Vaiicluse. Cirpentras...
29.7»
■
20.00
20.50
— Avignon
30.00
»
«
»
Prix moyens 29 80 21. o3 19 68
Prance 28 69 2o o9 19.7»
;oed. 29 13 20 10 20 19
Moy. de toote
— de 1 j. semaine pre
Sur Use naine ^ Hausse. »
précédente.. | Baisse. 0.44
0.01 0.44 0.55
353
REVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT.
Algérie.
A nqieterre.
Beigt'iue.
Pot/.? Box.
Lurem^nurçi,
Alsace-Lorraine.
Ademagne.
Suisse.
Italie.
Esp'igne.
Au'nrhe.
Iloxirie.
lia^S'p.
Etati-Unis.
Blé.
fr.
Philippeville 25.75
Lon.lres :{0 25
Anvers 2i> 00
Br.ixelles 28 G)
Liège 28 75
Namiir 2!) dO
Amslpniam 2'». 05
Luxeinhoiirg 30 00
Strasbourg 3). 75
Mulhouse 29 25
Colmar. 30.50
Berlin 26 25
Cologne 26 85
Hambourg 25.50
Genève 30 75
Zurich 28 .-0
Milan 28 15
Vienne 2:<.50
BuJapestli 22.25
Durgo^ 29.75
Saini-l'étersbourg ... 25.1)
New-Vork 21 00
Seigle.
Orge.
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17.00
13 75
»
»
21 00
19.90
»
13 80
Blé'!. — Nou^ avons peu de choses à ajouter aux appréciations que nous avons
précédf^mment données relativeraent à la récolte du blé dans les ptincipaux pays.
On trouvera dans la chronique de ce numéro le ré>umé des renseij^nein^m les plus
dignes de Foi qu'il est pos.'Sible de réuiiir aujourd'hui. Il est toutefois un l'ait contre
lequel nous devons prémunir nos lecteur-^, cesont lesexagération^ au.\((i)eUes on se
laisse trop volontiers aller relativement àla produclioades Etats-Unis D'apièsles
renseignements les plus sérieux, elle est estimée à 150 millions d'iiei-lolilres f
d'autres la portent à 1H5 millions, d'au très même à près de 200 million s d'hectolitres. Le
seul fait bien certain, c'est que le rendement est moins bon que l'année dernière,
et que si le rendemt-nt est le même, ce sera dia aux accroissements des emblavures.
— A la halle de Paris, le mercredi, 25 août, il y a eu une assez grande ollre
de blés nouveaux, les prix étaimt laibles pour les diverses sortes. Ou payait de
26 fr. 50 à 29 fr. par lOii kilog. suivant les qualités; le prix moyen s'est fixé à
27 fr. 75, avec une nouvelle baisse de 1 Ir. 25 depuis huit jours. — Sur l<^. marché
des blés à livrer, on paye par 100 kilog. : courant du mois, 27 fr. 7.^ à 28 fr, ;
septembre 26 <r. 50 à 26 fr. 75; quatie derniers mois, 26 fr. à 26 fr. 25 . quatre
mois de novembre, 2 fr. 75à-.^6 fr, ; quatre preraiersmois, 25 fr. 75. — AuH;ivre,les
affaires ont été peu actives durant cette semaine : on cotait de 26 à 2S fr par
100 kilog. suivant les qualités pour les blés d'Amérique — A Marseille, les ventes
se font facilement. Les arrivages de la semaine onl été de -265,000 he''.to litres ; le
stock est monté, dans les docks, à 67,0u0 quintaux. Au dernier marché, on payait
par 100 kilog. : Berdianska. 30 à :^0 fr. 50; Marianopoli, 29 fr. 75; Daonbe,
24 fr, 50 à 25 fr. 5(i ; Michigan, 2i fr. 25 à 28 fr. 50 ; Irka, 27 fr, à 2.-) fr, ;
turzUes d'Afrique, 28 à ■^8 fr, 50. — A Londres, les importations dn blés
échangées durant la semaine dernière ont été de 2ij8,9(i0 quintaux ; les affaires
sont peu actives, avec des piix en baisse. On cote de 2i fr, à 31 ir. 50 par 100
kilog. suivant les provenances et les qualités.
Farinas. — Peu de changements dans les cours depuis huit jours, avec des
affaires assez calmes. En ce qui concerne les farines de consommation, les rn'ix
sont sans changements. ( )n payait à la halle de Paiis, le mercredi 25 août : marque D,
63 Ir.; marques de c oix, 65 à 66 fr ; bonnes marques, 63 à 64 tr.; soi'ies ordi-
naires et courantes, 62 à -3 fr ; le tout par sac de l,'9 kilog., toile à rendre, ou
157 kilog net, ce qui correspond aux prix extrêmes de 39 fr. 50 à 42 fr, 05
par 100 kilog , ou en moyenne 40 fr 75, comme le mercredi précédent — Quant
aux latines de spéculatio i, on cotait à Paris le mercredi 25 août au soir : hiri.nes
hui l-m'irqu es, coyna.ni dnmo'\s 61 fr. 75à 62 ; septembre, 58 ir 50; [uatre der-
niers mois, 57 fr ; quatre mois de novembre, 55 tr, 75 à 55 fr.; quatre pre iiiers
mois, 55 fr. 75 à ■ 6 fr. ; farines super i.e.wes, cjurant du mois, o2 fr. 75; sep-
tembre. 37 fr à 37 Ir. 25^ quatre derniers mois, 36 fr. à 36 fr. 25; quatre mois
de novembre, :>5 fr. 25 à 35 tr. 60; quatre premiers mois, 35 Ir. ; le tout, sauf
pour les (juatre deriûièr^îs cotes, par sac de 1 ->9 ktlog., toile perd'ie ou 157 kilog.
cet. — La cote otdcielle en disponible a été établie, comme il suit, pour chacun
des jours de la semaine, par sac de 157 kilog. net :
DES DENRÉES AGRICOLES ( 28 AOUT 1880). 357
Dates (août) 19 20 21 23 24 25
Farines hnit-marjues (iO 75 6103 61.25 61.75 62.00 6?.0,)
— supéneares 61. 2ï 61.25 61.50 62.00 61.50 62.75
Le prix moyen a été, pour les farines huit-marques, de 61.50, et pour les
supérieures cfe 62 fr., ce qui correspond aux coiiis de 3J.10 et de 3.:». 50 par
lOu kilog C'est une hausse (Je 20 ceniimes pour les premières et de '-3 ) centimes
{)0ur les secondes depuis huit jours. — Les cours sont plus faibles pour les
arines deuxièmes qui sont cotées de 31 à 36 fr. par quintal métrique.
Stii/'es — li y a des demandes actives sur ce grain, avec des prix en hausse.
On paye à la halle de Paris, de -20 fr. tO à 20 fr. 75 par quintal métrique. Quant aux
farines, les cours s'établissent de 28 à 32 fr.
Or()e<. — Les ollVes sont un peu plus actives. On cote à la halle de Paris, de
20 à 20 fr. 5 par quintal métrique Quant aux escourgeons, ils sont payés de 19.50
à 20 fr. — A Londres, les importations d'or^-es ont été presques nulles depuis huit
jours. Les cours sont à peu près nominmx, de 19 fr. 75 à 21 Ir. 7 5 par 100 kilog.
MaU. — Li situation est à peu près la mèiue que la semaine dernière. On cote
à Paris, de 39 à kO fr. par 100 kilog. pour les malts d'orge, et de 30 à 33 fr.
pour ceux d'escourgeon.
Avoines. — Peu d'atlaires à la halle de Paris, avec des prix fai'des. On cote de
19 à 20 fr. 75 par 100 kilo.'., suivant p )ids, couleur et qualité. — A Londres, les
airivages delà semaine dernière ont été de i87,0 0 quintaux métriques. Au der-
nier marché, on payiiit de 19 à 21 fr. 90 par 100 kilog., suivant les sortes.
Sirrasi'!. — Les transactions sont à peu piès nulles. On paye à la halle de
Paiis 25 fr. à 25 fr. 50 par hO kilog. suivant, les sortes.
Maïs. — Il y a peu d offres au Havre sur les maïs d'Amérique. Les cours se
fixent de 14 fr. 25 à 15 fr. 50 par 100 kilog. suivant les qualités.
hsitea. — Les cours varient peu à la hallo de Paris. On paye par 100 kilog;
gros son seul, 14 fr. 75 à 15 fr. ; son trois cases, 14 fr. 25 à 14 tr. 50; sons fins,
13 fr. 7.J à 14 ir. ; recoupettes, 14 à 14 fr. 50; remoulages bis, 15 à 16 fr.; remou-
lages blancs, 17 à 19 fr.
Iir. Vins, spiritueux, vinaigres, cidres.
Vins. — Belle et bonne température pour la vigne. Ce temps idéal, nous écrit-
on, donnera le qualité et relativement la quantité. Calme plat à peu près partout,
— nous voulons ici parler des aflaites, — chacun restant sur la défensive. Telle
est exactement la bituation. — Ajoutons qu'on commence à se préoccuper des
prix de début : seront-ils supérieurs ou intérieurs à ceux pratii|ués à la suite
des vendanges de 1879? ou bien resteront-ils ce qu'ils sont actuellement? On ne
saurait encore répondre à une semblable question On nous signale bien de Bé-
ziers une vente sur souche, à prendre tête et queue, au prix de 25 francs l'hecto-
litre, mais on ne nous dit pas quel est ce vin, de quel vignoble il provient, s'il est
de côte ou de plaine Suivant nous, les prix de début, seront en raison du temps
qui présidera aux vendanges, en raison de la qualité qu'aura le vin et de la quan-
tité qu'on en récoltera 'Voilà trois inconnus qui garderont l'auonyme encore pen-
dant quelque temps. Si la température se continue dans de bonnes conduions, et
tout nous le fait supposer, il est certain que nous aurons la qualité, tout le monde
est d'accord à cet égard. Or Ja qualité quelle que soit la quantité^ sera recherchée
cette année, car il y a longtemps, trop longtemps, qu'à ce point de vue, nos vins
laissent à désirer. La recherche de la qualité déterminera suivant nous le main-
tient des cours actuels et bien heureux encore si ceux-ci ne prennent pas de la
fermeté. Cette qualité, à laquelle on s'attend; excitera le commerce aux achats, et
cela d'autant plus que les stocks en bons vins sjnt aujourd'hui épuisés; aussi crai-
gnons-nous, que dès le début, il n'y ait une poussée, par suite une hausse et c'est
ce qu'il y a déplus probable. Il faudrait, pour qu'il en fût autrement : la quan-
tité. Celle-ci sera, paraît- il, très satisfaisante dans le Midi. On nous annonce déjà
de l'Hérault et de l'Aude des excédents, mais, d'ailleurs, on ne parle que de ré-
coltes très réduites. Que conclure? En présence de ces irrégularités, il nous pa-
raît prudent de s'abstenir, d'attendre les événements et de ne pas s'exposer à
donner des chiffres fantaisistes, qui n'ont pour base que l'imagination des chro-
niqueurs aux abois.
Spii'Uueax. — Les affaires en 3/6 continuent à être au calme et pendant la
semaine écoulée, la baisse a fait de nouveaux progrès, ce qui n'étonne personne,
car on s'attend à voir sous peu les cours des 3/6 descendre au-dessous de
558 RE\^OË COMMERCIALE ET PRIX-COURANT
60 francs. Voici du reste le mouvemsnt de la senaine sur le livrable : clôture de
la sernaiue précédente b2fr. 50, puis successiveineat «2 tV. 25, •- 1 fr. 75, 61 fr. 50
et 61 fr. 2:-) Ea outre, le livrab'e en septcabre a fait 59 fr 50 et le septembre et
octobre 59 francs. Le stock continua à diminuer, il est actuellement de 8, 0 25 pipes
contre 8,950, l'an d:;rnier à la mèint époque. Le mirché de Lille est aussi calme
<^ue celui de Paris : on cote l'alcool fin de livraison 62 fr. 50 en dis-ionible, et
1 alcool de grain^^ 64 francs. Les marchés du Midi restent toujours dtns la mènae
situation : C<He fait 110 fr , Agîmes lOJ (r., Bôziers 106 fr., lUontpelUer 100 fr..,
Pezénns lOt) fr., Nnrbonne 110 fr.— A Auw, on cote 3/o bstterave, 1" qualité,
90 degîés disponible, 62 fi', 2j; septembre, rtl fr. 50 à 61 fr. 75; septembre-dé-
cembie, 59 fr. 5('; quatre premiers, 57 fr. 50 à 57 fr. 75.
Vinaigres. — Prix toujours fermes mais stationnaiies.
Cidrei;. — Rien de nouveau sur cet article.
IV. — butrex. — Mfl.txyea. — Fécules — GlM-oses, — Amidons. — Honhlons.
Svcres. — La baisse continue sur les sucres bruts, taudis que le blanc n' 3 a
gagné 4 fr. 25 depuis notre dernier bulletin. Ou a coté à Paris, pir 100 kilog.
pour sucres bruts, 88 degrt^ saccharimétri]ues : a"' 7 k 9, 65 fr. 50 à 65 fr. 75 ;
n°» 10 à 13, b8 fr. 50 à 58 fr. 75; blanc type n» 3, 74 fr. 25.-— A Lille : sous 7,
74 fr 75 à 75 fr. ; n»^ 7 à 9 6i fr. 25 à 64 fr. 50; n° 10 à 13, 57 fr. 75 à 58 fr. ;
blanc n" 3, 68 fr. 25 à 6^ fr. 50. — A Saint-Quentin, marché nul, les fabricants
n'ayant plus de marchandise. — A Valenciennes, marché sans allai res. — Le
stock réel de l'entiepôt de Paris était, au 24 aoiîL, de 227,,0 24 sacs, avec une
diminution de 9,894 sacs depuis huit jours. Les cours pour l'exportation, poar
pains l*'' choix, varient de 70 fr. 50 à 7ii fr. 25, suivant marques. Les raflinés
font : bonnes sortes, 147 fr.; belles sortes, US à 150 fr.
Méliiiis/'S. — Le prix des mélasses contivue à être sans changement : celles de
fabrique, 13 fr. ; celles de raffinerie, 14 fr les 100 kilo;?,
F'icuiAiit. — Oa cote à G)mpiègae., fécule l^" type de laChanabresyndloale; dispo-
nible, ^0 fr. ; 3 mois d'octobre, 36 fr. — A Paris, les fécules en disponible sont peu
abondantes. On cote la 1'"'' de l'Oise etdu rayon de Paris de 40 à 41 fr. les lOJ kilog.
Glncosex. — On cote à Paris, sans variation depuis la semaine dernière :
sirop de froment, 64 à 66 fr.; sirop massé, 54 à 56 Ir.; sirop liquide, (33 de-
grés), kk à 46 fr.; sirops de maïs massés, 44 à 46 fr.
ATïiidnm. — Vente courante en raison des légères concessions faites par les
fabricants. On cote à Paris : a.midons de Paris, en paquets, pur froment, 74 à
75 fr.; amidons de province, 63 à65 fr. ; idem d'Alsace, en vrague, 60 à 62 fr. ;
amidons de maïs, 46 à 48 fr.; fleurs de riz, 40 à 42 fr.; riz de Louvain, 76 à
78 fr.
Houblons. — A Alost, les affaires traitées cette semaine ont été limitées axrx
besoins immédiats de la brasseiie. La récolte s'annonce belle. — A Poperinghe, la
moisissure et la noircissure se sont déclarées dans le plus grand nombre des
plantations — En Al emagne, la plante a un peu' souffert, toutefois on espère
■une récolte moyenne. — hn Angleterre, la situation des houblonnières s'est
notablement améliorée.
V. — Huiles ei qrninrs oVa.QTTiCTj.ses.
Huiles. — La hausse que nous constaions dans notre dernier bulletin continue
encore cette semaine. On a coté à Paris, par 100 kilog. : colza, tous lùts,
73 fr. 50; idem en tonnes, 75 fr. 50; épurée en tonnes, 83 fr. 50; lia disfwjnibie,
eri fûts, 68 fr 25; idem, en tonnes 70 fr. 25. — A R')uen, l'huile de co'za disj>0-
nible vaut 72 Ir 25; celle de lin, e8 îr. ; d'arachide comestible, 110 à j2» fr.;
idem, à fabrique. 78 à 85 fr.; de sésame C-mestible, 100 à 1 ;0 fr.; idem, à fabri-
que, 78 à 85 fr ; d'olives lampante, 126 fr. — A Caen, huile disponible, 6'^ fr. 50,
le tout par 100 kilog. — A Lille, huile '^e colza (l'hectol.), 66 fr. 5 •; de lin pay«,
64 fr ; idem étranger, ^'l fr 50 : idem épurée, 72 Ir. 50. — A Arras, par 100 kilog.,
huile de pavot à bouche, 95 fr.; idem industrie 91 fr.; colza pays, 72 fr. 50 à
73 fr.; lin étranger, 68 (r. ; cameline, 70fr. — A Cambrai, surfine, 160 fr.; colza,
71 fr ; lin 67 fr.
Grniiies oléufiinenses. — A Rouen, la graine de colza vaut 31 fr. 50 à 32 fr. les
100 kdog. — À Caen, graine de colza, 19 à 2') fr. l'hectol. — A Arras, graines de
colza, 19 fr. à 21 fr. 50 l'hectol ; hn, 22 à 2'* fr ; œillette, 32 à 35 fr. —A Cam-
brai, œillette, 31 fr. à 32 IV. 75 ; colza, 20 à 21 fr ; hn, -23 Ir.
VI. — TmirWnux. — Nuirs. — : Engrais.
TouTtea^tx. — On cote à Marseille, par JOO kilog. : tourteaux lin pur, 20 fr.;
aracliide décortiquée, 15 fr. 50; idem tea coque, li tr. 25; idjem brun pouf cfl-
DES DENRÉES AGRICOLES (28 AOUT 1880j. 35»
grais, U fr.; ricins, 10 fr. 50; sésame blanc du Levant, 15 fr.; idem de llnde,
13 Ir. LO; colza du Danube, 13 fr. 50; cot n d Egypte, 12 ir.; palmiste n-ilu-
rel, 10 Ir. 50; ra\ison, 1 iJ ir 50-. —A Rouen : cuka indigène,, Ik ir 2.:);ara-
chide en coque, 11 ir.; idem décorliquee, 15 Ir, 50; sés^ame, U fr.; Pulghères,
15 ir. ; lin, lO fr. 25 ; ravison, 23 fr. — A Capn, tourteaux colza,, diSjiuuibles,
15 Ir. les KO kilog. — A Aira.*;, tourteaux de graines, indigènes, colza^ 15 lr.50;
œiiietle, 16 fr., les lO'» Ivilog ; graines étiangèies^ pavot, \k Ir.; iim, iâ l». 5.0. — A
Cambrai : tour eaux d'œillelte, i,9 fr.; de colza,, ir. tV. 5 j à L7 fr. 5t ; liii25à 26 fr.
Noirs. — Prix sans changement à Valcuciennes : neui on grains, 32 ir.; vieux
en grains, 8à9 ir.; lavage, -z à. k ïw
VU. — Suifs et corps gras.
Suifs. — On cote à Paris : frais, hors Paii3,8'i fr. 10 ; bœufs Plata, 89 fr.;
suif en branches, 63 fr. 37.
Saindoux et snhmons. — La hausse continue. On a vendu au Havre, l,0f0 tier-
çons disponibles et à livrer en septembre, à 1:0 fr, les l'iO kilo^ En lards salés
on a traité quelques affaires, entre autres : 25 caisses longues banJe.s, disponible
à 117 fr. ; 25 caisses t^andes, à l^O fr. ; et 400 caisses épaules de 78 à 78 fr. 50.
VIII. — Matières réainemes, colorâmes et Innnantes.
Malièrpx résineuses. — A Bordeaux, l'essence de térébenilnne s'est vendue 63fr.
les 100 kilog. — A Dax, elle vaut 56 fr, — A Mont-de -Marsan, la barrique de
gemme ordinaire (3i0 litres), vaut : qualité marchande, 39 ir.: système Hugues,
44 Ir. — A Banquet : ordinaire, 'iU fr. ; système Hugues, 45 fr., le tout charroi
compris.
Ciè>»es de tartre et tarife brut. — On paye : crème de tartre, 280 fr. ; cristaux
1" choix, 2-15 Ir.; tablettes, 180 fr ; le tout par RO kdog,
IX. — Heurres. — Œufs. — trornayps.
Beurres. — 213,^73 kilog. de beurres ont été vendus c<;tte semaine à la halle
de Paris, aux prix suivants par kilog.: en derai-l»ilog., l fr. 88 à 3 fr. 70;
petits beurres, 1 fr. 50 à 2 fr. 64; Gournay, 1 fr. 80 à 4 fr, 20; Isigny, 2 fr. 02
à 5 fr. 60.
Œufs — Du 17 au 23 aoiît, 3,9 "3,990 œufs ont été vendus à halle de Paris,
aux prix suivants, par mille : choix, 99 à h. 4 Ir. ; ordinaires, 66 à 96 fr.; petis,
48 à 6U fr.
Froniofjes. — Le prix des fromages a été, par douzaine : Brie, 2 fr. 50 à 9 fr. 50;
Montlhéry, 15 Ir.; par cent : Livarot, 21 à 7i fr. ; Mont-d'Or, 6 à 24:fr.; Neul-
châtel, I fr 50 à 17 fr. 50; divers, 5 à 37 fr. Le Gruyère s'est vendu de liO à
170 Ir. les luO kilog.
X. — Chevaux. — Bétail. — Viande.
Chevaux. — Aux marchés des 18 et. 21 août, à Pans, on comptait 961 che-
vaux; sur ce nombre, 350 ont été vendus comme il suit :
Amenés. Ve.ti'iiis Prix exlrproes.
Chevaux de cabriolet isO 29 200 a 910 fr.
— détail 2"0 ft:i :i0ôâl,2(j0
— hors d'âge 377 ]24 4U à 8.!5
— à l'encliere «8 4» 4S à Slft
— de boucherie 86 86 32 à 110
Anes et chèvres. — Aux mènes marchés, on comptait 1 : ânes et 1 1 chèvres;
7 ânes ont été vendus de 25 à 7!) ir.; 4 c'.ièvres de 20 à t5 fr.
Bftnil. — Le tableau suivant résume le mouvement du marché aux bestiaux de
la "V'iilette, du jeudi 19 août au mardi 24 août
Bœ«rs
Vacnes
Taureauï
Veaux
Boutons
Porcs gras
— maigres.
A l'exceptioi des moutons amenés en nombre plus considérable, les approvision-
nements,du mirché out été à pau près les mèm.is que la senaiine précéiente. Les
cours d-s gros animaux se sont maintenus, ainsi que ceux dos moutons, mais il y
a eu reprise sur les cours des veaux, tandis que les porcs gras accusent de la baisse
depuis huit jours.
A Londres, les importations d'animaux étrangers, durant la semaine dernière.
Poids
Prix du kilo?. «
le viande snr pied
Vendus
^ ^
moyea
des
au marcbe du
Luadi'2:i
août.
Pour
Pour
En
4 quartiers, t" 2»
2"
Prix
Amené».
Paris. 1
'extérieur.
totalité.
kil.
quai, quai.
quai.
moyen.
5.43'*
2.628
I,h67
4.195
»
l.M l 48
1.14
1.39
1,7(>8
9!l
705
l,6-}6
230
1 5 » 1 .2'i
1 00
1 21
2TI
212
22
2.-^'*
375
1.32 1.14
1 (.0
1.V6
4,^87
3.000
l,'t(»4
4 0)4
72
t. 96 1.80
1.36
1 65
50 485
19.7il
22.13!)
4l.8.i0
18
2.(0 1.^.6
1 39
1 6i
5.4-22
l,96:i
3, (lis
4.981
81
1 /() 1.60
l.oO
t.bO
10
3
7
10
3a
140
»
1 40
360 REVQE COMMERCIALE ET PRIX-GOURA.NT (28 AOUT 1880).
se sont composées de 21,995 têtes, dont 3 bœufs, 218 veaux, 2,295 moutons
et 8 porcs venant d'Amsterdam; 137 moutons d'Anvers; 360 bœufs, 2 veaux et
39^ moutons de Boston; ],7ii6 moutons de Brème; 103 bœufs et 2 moutons de
Goth«rabourg; 837 moutons d'Hambourg; 14 bœufs, 33 veaux, 895 moulons et
127 porcs dHarlingen; J78 bœufs et 3,612 moutons de Montréal; l,\t)b bœufs
et 355 moutons de New-York; 7 bœufs, 405 veaux, 3,773 moutons et 68 porcs de
Rotterdam; 839 bœufs de Tonning; 'à9 bœufs de Vigo : Prix du kilog : Bœuf,
1 fr. 46 à 2 fr. 05; Veau, 1 fr. 75 à 1 fr. 99; Mouton, 1 fr. 64 à 2 Ir. 45; Fore,
1 Ir. 40 à 1 fr. 70.
Viande à la criée. — On a vendu, à la halle de Paris, du 1 7 au 23 août :
Prix du kilog. le 23 août.
kilog. !■■• quai. "2» quai. i' quai.
I5i,037 l.lôàl83 1.06àl.nO 0.70àl.l6
143,791 1.S3 1.86 1.26 l.b6 0 80 1 24
50.528 1.52 1.76 1.18 l.ôO 0.76 1.16
_l5^8b^ Porc frais l.lOàl.90
362,241 Soit par jour 51.749 kilog.
Les ventes ont été inférieures de 12.000 kilog. par jour à celles de la semaine
précédente. Les cours accusent de la fermeté sur toutes les sortes.
XI. — Cours de la viande à l'abattoir de la Villette du 26 août {par 50 kilog.)
Cours de la charcuterie. — On vend à la Villette par 50 kilog. : l" qualité,
90 à 95 fr.; 2% 85 à 90 fr.; poids vif, 64 à 68 tr.
Bœufs. Veaux. Moutons.
Bœuf OU vache
Veau.. .......
Mouton
Porc
Gtioix. Basse boucheria.'
1.00à2.70 O.lOà 1.06
1.00 2.10 . »
l.UO 3.50 .
2" 3"
quai. quai. quai,
fr. fr. fr.
75 68 62
jr.
quai,
fr.
90
2«
3«
1"
2»
quai.
quai.
quai.
quai.
fr.
fr.
fr.
fr.
80
72
90
83
3«
quai.
fr.3
75
XII. — Marché aux bestiaux de la Villette du jeudi 26 août.
Animaux
amenés.
.. 2.316
615
78
,. l.Sbi
,. 21.7b7
3.767
Invendus.
145
33
12
156
1.878
125
Poids
moyen
général.
Cours officiels.
Cours des commissionnaires
en bestiaux.
Bœafs
Vaches....
Taureaux..
Veaux
Moutons...
Porcs gras.
— maigres. » • •
Vente assez active sur toutes les espèces.
kil.
360
255
370
80
18
84
quai. quai. quai.
1.65
1.54
1.34
1.90
2.00
1.70
!.50
;.32
1.16
1.76
1.66
l.6i>
1.18
1.06
l.t'2
1.30
1.36
1.50
Prix
extrêmes.
1 . 1 2 à 1 . 70
2» 3-
quai. quai. quai.
l.no
1.00
1.26
1.60
1.36
1.96
2.04
1.80
.62
1.52
1.30
50
1,30
1.20
15
1.10
1.05
Prix
extrêmes,
l.ioàl.es
1.00 1.60
Ci-S 1.35
XIIl. —Résumé.
Pendant que les cours de la plupart des céréales sont faiblement te nus, il y a
continuité de la fermeté sur les vins et sur la plupart des produits animaux.
A. Remy.
BULLETIN FINANCIER.
Cours de la Bourse du 18 au 25 août 1880 {au comptant).
Le marché a repris un peu d'animation : hausse à nos fonds publics, la rente 3 0/0
est à 85 fr. 75, gagnant U fr. 45 ; l'amortissable à 87 fr. 70, gagnant 0 fr. 20, et
le 5 0/0 à li9 ir. mO, gagnant u fr. 'jO. Très bonne tenue des Sociétés de crédit
et des Sociétés industrielles et commerciales. Reprise aux valeurs du groupe du
mobi.ier espagnol.
Principales valears flrançaises:
Plus
bas.
Plus Dernier
haut.
35.75
cou
Rente 3 0/0 8i.40 35.75 85.75
Rente 3 0/0 amortis 87.4a 87.75 87.70
Rente 4 l/> 0/0 117.30 117.75 117.75
Rente 5 0/0 119. 'iO li9.4o 119. 4i
Banque de bVance .... 3450 00 349). 00 3'45o.oo
Comptoir d'escompte. 950.00 955.0) 9j0.oo
Société t'èné aie 5">5.00 S57.50 555.00
Crédit foncier 1310
Est Actions 500 75>
Midi d'
Nord d'
Orléans d'
Ouest d
Pans-Lyon-Méditerranee d'
Paris 1871 obi. 400 3 0/0 .
Italien i o/o
13*0.00 1380. UO
755.00 760.00 755.00
015.00 1018.75 1017.50
6"0.00 1615.00 1602.50
il8.75 1-227.50 12.'7.50
^35.00 815.00
3niO 00 1 330. 00
39^.00 398 00
85.75 85.75
82i.50
351.25
3^6 00
84.75
Gérant : A. BOUCHÉ.
Valeurs diverses :
Plus
CréJ. fonc. obi. 500 4 O'O 52>.oo
d" d» d» d' 3 0/0. 550 00
d° obi. C«» 500 3 0/0 4 75.00
Bque de Paris act. 5oO... Io70.(i0
Crédit ind. et cou. 500... 728.75 7i5.00
Dépôts et cplea cts. boO... • »
Cre lit lyonnais d'... 937.50 950.00
Créd. mobilier 655.00 6u>.oo
Cie parisienne du gaz 250 13.35. 00 l37o oo
Cie sénér. transatl 500 J>97.50 GiO oo
Messag. maritimes d° » »
Canal de Suez d" n85.00 1300, CO
d° délégation d» 815.00 82.-. 00
d" obli. 5 0/0. d» 579.00 58S.OO
Créd. fonc. Autrich 500 7!i0.00 757 50
Cred mob. Ëspaguol... .d* 587.50 eoi.uo
Créd.fonc. Russe 390. oO 39i.oo
Leïsrhiër.
Plus Dernier
haut, cours.
525.00 525.00
555. MO 551.00
480.00 1*76.25
1087 50 1087.50
7i8.7»
710.00
9.0.00
6<0.00
1370.00
610.00
725.00
UfO.OO
815.00
5?5.00
757.50
610.00
390.00
CHRONIQUE AGRICOLE (4 septembre isso,.
Le concours régional de Clermont-Ferrand et les fêtes de Pascal. — Nouvelle évaluation de la
recolle des céréales. — Publication annuelle de la maison Estienne, de Marseille. — Tableau
des déparlements classés d'après le rendement des récoltes en blé, en seigle, en orge, en avoine,
en maï^. — Les lécolles en Algérie el en Alsace-Lorriiine. — La production du blé en 18X0 dans
les principaux pays étrangers. — Comptraison des résultats de 1880 avec ceux des années pré-
cédentes. — l.e phylloxéra. — Note de M. V. Fatio sur les réinvisions dans le cinton de Neu-
châtel (Suisse). — instructions piatiqies sur le phylloxéra à l'usage des vignerons de la Côte-
d'Or, publiées par M. Magnien. — Nécrolo.iie. — M. de l'ompéry, M Godron, M. Lagarde. —
Enguêie sur le métayage dans laHdute-Vienr e. — La fièvre aphteuse. — Lettre de M. Viitu.
— Vieu émis par le Conseil général du Nord. — La de^i^fec1ion des wagons. — Instruc ion par
M. Tanguy sur les maladies charbonneuses des Lètes bovines. — Elèves diplômés en 1880 des
écoles naliMnales vétérinaires d'Alfort, de Lyon, de Toulouse. — Les vétérinaires et les empi-
riques. — Nécessité de donner aux médecins-vétérinaires la sitnaiiou à laquelle ils ont droit.
— Concours ouvert par la Société d'agriculture de rarrondissement de Compiègne. — Inaugu-
ration du buste de M. Léonce d-i Limbertyp, par la Société d'horticulture d'E^jernay. — Rapport
de M. Faudrin sur l'arboricultuie dans le"départempnt des Bonches-du-Rhône. — La végétation
des betteraves. — Récolte des houblons dans les principaux pays producteurs. — Projet d'e.xten-
sion du territoire civil en Algérie.
Clermont-Ferrand, le "i septembre 1880.
I. — L'agriculture et la science.
Le concours régional de Clermont-Ferrand, d'où nous écrivons ces
lignes, est accompagné des f'ôLes les plus belles elles plus enthousiastes
organisées à l'occasion de l'inauguration de la statue de Biaise Pascal.
La vieille capitale de l'Auvergne s'est souvenue que, sur son territoire,
eurent lieu les premières expériences qui démontrèrent la pesanteur
de l'air; elle a voulu rendre un éclatant hommage au savant ingénieux,
au profond génie dont l'influence a été et est demeurée si grande.
L'agriculture a tant à gagner avec les découvertes de la science qu'il
étaitjuste qu'elle fût représentée à cette belle solennité. C'est pourquoi
le concours régional de Clermont-Ferrand a été renvoyé à cette date.
Il fait honneur à ceux qui y prennent part aussi bien qu'à ceux qui
l'ont organisé. L'agriculture tient dignement sa place au milieu de
ces fêtes, ainsi que le prouveront les détails que nous donnerons la
semaine prochaine.
II. — La récolte des céréales.
Dans plusieurs numéros précédents, et notamment dans notre der-
nière chronique, nous avons fait connaître les principales appréciations
que nous avons reçues sur les résultats de la moisson des céréales,
soit en France, soit dans les autres pays. Voici un nouveau document,
qui a une grande importance. C'est le volume que la maison Bmy
Estienne, de Marseille, publie chaque année, à la fin du mois d"août,
sous le titre : Avis sur la récolte des céréales en France et â l'étranger.
Le succès qui a acueilli depuis une dizaine d'années, le volume
de M. Estienne, est complètement justifié par le soin avec lequel les
renseignements y sont recueillis, mis en ordre et enfin condensé»
dans un résumé concis et substantiel. C'est ce résumé que noua
allons mettre sous les yeux de noslecturs, en faisant toutefois observer
que la plupart des renseignements datent delà deuxième quinzaine de
juillet, c'est-à-dire qu'ils ont précédé la coupe des céréales, et que le
résultat final a pu être un peu modifié par les dernières circonstances
météorologiques qui ont agi sur les récoltes encore sur pied.
Voici le tableau complet des départements, classés d'après l'estimation
du produit, en 1880, pour chacune des principales céréales :
Blé.
Récolte très bonne. — Alpes-Maritimes, Aude, Finistère, Tarn, Vdt.
Bonne. — Aisne, Allier, Ardennes, Ariège, Calvados, Gorrèze, Corse, Côtes-du-
N» 595. — Tome m de 1880. — 4 Septembre.
362 CHRONIQUE AGRICOLE (4 SEPTEMBRE 1880).
Nord, Dordogne, Doubs, Eure, Haute-Garonne, Gers Gironde, Ille-et Vilaine,
Loir-et-Glier, Loire-Inl'érieure, ALmche, iïaute-Mirne, Mayenne, Meurthe-et-Mo-
selle, Morbihan, Nord, Pas-de-Calais, Basse?-Py rénées, Hautes-Pyrénées, Haute-
Saône, Saùne-et-Loire, Savoie, Haute-Savoie, Seine-et-Marne, Taru-et-Garoune,
Haute-Vienne, Vosges.
Assez bonne. — Ain, Basses-Alpes, Hautes-Alpes, Aube, Cher, Gôte-d*Or, Creuse,
Eure-et-Loir, Hérault, Landes, Loiret, Lot, Lot-et-Garonne, Maine-et-Loire,
Marne, Meuse, Nièvre, Oise, Sartlie, Seine, Seine-et-Oise, Seine-Int'érieure, Deux-
Sèvres, Somme, Vendée, Yonne.
Médiocre. — Ardèche, Aveyron, Bouches-du-Rhône, Cantal, Charente, Charente-
Inférieure, Gard, Indre, In Ire-et-Loire, Jura, Haute-Loire, Orne, Puy-de-Dôme,
Pyrénées-Oiientales, Vienne.
Mauvaises. — Drôme, Isère, Loire, Lozère, Vaucluse.
Seigle.
Récolte très bonne. — Ain, Allier, Haules-Alpes, Aube, Aveyron, Cantal, Gorrèze,
Eure, Indre-et-Loire, Hante-Saône, Savoie.
Bonne. — Aisne, Ardèche, Ariège, Aude, Calvados, Charente, Cher, Côte-d'Or,
Côtes-du-Nord, Creuse, Dordogne, Drôme, Eure-et-Loir, Finiftère, Gard, Haute-
Garonne, Gers, Gironde, Hérault, Indre, Landes, Loire, Haute-Loire, Loire-
Inférieure, Loiret, Lot, Lot-et-Garonne, Lozère, Maine-et-Loire, Meuse, Morbihan,
Nord, Oise, Puy-de-Dôme, Basses-Pyrénées, Hautes-Pyrénées, Pyrénées-Orientales,
Rhône, Saôae-et-LoIre, Sarthe, Haute-Savoie, Seine, Seine-et-Mirne, Seine-et-Oise,
Seine-Inférieure, ïarn, Tarn-et-Garonne, Vaucluse, Vienne, Haute- Vienne, Vosges,
Yonne.
Assez bonne. — Ardennes, Isère, Jura, Marne, Pas-de-Calais, Somme.
Médiocre. — Doubs, Orne, Deux-Sèvres.
Orge.
Très bonne. — Aube, Calvados, Cantal, Charente, Corrèze, Eure, Gers, Gi-
ronde, Indre, Indre-et-Loire, Haute-Loire, Loire-Inférieure, Loiret, Lozère, Manche,
Nièvre, Orne, Rhône, Haute-Saône, Sarthe, Deux-Sèvres, Vendée, Vienne, Vosges.
Bonne. — Ain, Aisne, Allier, Hautes-Alpes, Ardèche, Ardennes. Ariège, Aude,
Charente-Inférieure, Cher, Corse, Côte-d'Or, Côtes-du-Nord, Doubs, Drôme,
Eure-et-Loir, Finistère, Haute-Garonne, Hérault, Ille-et- Vilaine, Isère, Jura,
Loire, Lot, Maine-et-Loire, Marne, Meurthe-et-Moselle, Meuse, Oise, Puy-de-
Dôme, Saône-et-Loire, Haute-Savoie, Seine-et-Marne, Seine-et-Oise, Seine-Infé-
rieure, Tarn, Tarn-et-Garonne, Yonne.
As.'^ez bonne. — Gard, Nord, Pas-de-Calais, Pyrénées-Orientales.
Médiocre. — Aveyron, Vaucluse.
Tiès médiocre. — Bouches-du-Rhône.
Avoine.
Récolte très bonne. — Ain, Allier, Hautes-Alpes, Aube, Cantal, Cher, Creuse,
Drôme, Indre, Indre-et-Loire, Isère, Jura, Loiret, Lozère, Maine-et-Loire, Nièvre,
Nord, Orne, Rhône, Haute-Saône, Saône-et-Loire, Sarlhe, Seine-Inférieure,
Vienne, Vosges, Yonne.
Bonne. — Aisne, Alpes- Maritimes, Ardèche, Ardennes, Charente-Inférieure,
Corrèze, Côte-d'Or, Côles-du-Nord, Dordogne, Doubs, Eure, Eure-et-Loir, lUe-
et-Vilaine, Loire, Haute- Loire, Loire-Inférieure, Lot, Lot-et-Garonne, Manche,
Marne, Haute-Marne, Meui the-et-Moselle, Meuse, Morbihan, Oise, Pas-de-Ca-
lais, Hautes-Pyrénées, Pyrénées-Orientales, Savoie, Haute Savoie, Seine, Seine-
et-Marne, Seine-et-Oise, Deux-Sèvres, Somme, Tarn, Var, Vendée, Haute-
Vienne.
Assez bonne. — Basses-Alpes, Charente, Finistère, Gers, Hérault, Puy-de-
Dôme.
Médiocre. — Ariège, Aude, Aveyron, Haute-Garonne, Gironde', Tarn-et-
Garonne.
Très médiocre. — Bouches-du-Rhône.
Mauvaise. — Gard, Vaucluse.
Maïs.
Récolte très bonne. — Gironde, Haute-Saône, Savoie.
Bonne. — Ain, Ariège, Aude, Aveyron, Charente-Inférieure, Corrèze, Doi'dogne,
Doubs, Haute-Garonne, Gers, Haute-Loire, Lot, Lot-et-Garonne, Lozère, Saône-
et-Loire, Haute-Saône, Tarn-et-Garonne.
(CHRONIQUE AGRICOLE 4 SEPTEMBRE 1880). 363
Asf^ez bonne. — Gôte-d'Or, Basses -Pyrénées, Pyrénées -Orientales, Tarn,
Vaucluse.
Mèdhcre. — G'.iarente, Drôme, Jura, Deux-Sàvres.
MauVi.ise. — Alpes-Maritimes.
Les départements manquants, en co qui concerne le seigle, l'orge,
l'avoine et le maïs, ne produisent que peu ou point de chacune de ces
céréales.
Pour les diverses parties de l'Algérie, le classement est le suivant :
Province d'Alger : blé, récolte bonne; avoine et orge, très bonne; maïs, mé-
diocre.
Province de Conslantine : blé et avoine, récolte bonne; orge, assez bonne.
Province cVOran : blé, récolte médiocre; avoine, assez bonne; orge et maïs,
bonne.
L'Alsace-Lorrainc aurait une récolte très bonne pour l'avoine et
pour l'orge; bonne pour le blé, le seigle et le maïs.
Enfin, les principaux pays peuvent être classés de la manière sui-
vante, d'après les renseignements fournis par M. Estienne, pour la
récolle du blé :
Récolte bonne. — Allemagne, Pays-Bas, Autriche-Hongrie, Suisse, Italie, Es-
pagne.
Récolte assez bonne. — Angleterre, Ecosse, Irlande, Provinces danubiennes,
Etats-Unis d'Amérique.
Récolle médiocre. — Russie, Turquie.
Il est intéressant de comparer les résultats réunis dans le tableau
précédent, avec ceux donnés par M. B. Estienne, pour les années an-
térieures. Voici le relevé des appréciations qu'il a publiés depuis
huit ans, en ce qui concerne la récolte du blé :
Nombre de rlènnrtcments dans lesquels la récolte He Mé a été :
Très bonne, boaae. Aaaez ftoiiue. Passable. Médiocre. Mauvaise.
1873 » 8 13 51 12
1874 45 36 4 » 11
1875 » 13 26 15 24 8
1876 2 20 19 » 29 6
1«77 2 16 29 » 31 8
]8;8 2 11 21 » 44 8
18-9 4 7 22 » 38 15
1880 5 34 26 » 15 6
L'inspection de ce tableau montre immédiatement combien la
récolte de celte année diffère, d'après M. B. Estienne, de celles des
trois années précédentes. Il y a lieu d'ajouter que la plupart des dépar-
tements grands producteurs de blé sont classés dans les trois pre-
mières catégories, quoiqu'aucun d'eux n'ait une récolte estimée très
bonne. La déduction à tirer des renseignements fournis dans le volume
que nous venons d'analyser, est que la récolte du blé en France peut être
considérée comme une récolte moyenne. Cette conclusion concorde
avec les appréciations que nous avons déjà données.
III. — Le phylloxéra.
On sait que plusieurs taches phylloxériques ont été découvertes en
Suisse, dans les environs des anciens centres d'infection de Co-
lombier, dans le canton de Neuchâtel, en même temps que des
foyers nouveaux à la Coudre et à Saint-Blaise, dans le même canton.
Dans une lettre qu'il a récemment adressée au Journal de Genève .^
M. Victor Fatio a expliqué la présence de ces nouvelles taches d'une
manière qui paraît absolument péremptoire; il n'est pas impossible, en
364 CHRONIQUE AGRICOLE (4 SEPTEMBRE 1880).
effet, que quelques ceps récemment attaqués aient échappé à l'examen
le plus rigoureux; il suffit de quelques pucerons éparjj^nés pour que le
mal se manifeste de nouveau l'année suivante. M. Fatio constate un
autre fait sur lequel il est plus particulièrement intéressant d'appeler
l'atlention. C'est que la plupart des points d'attaque nouveaux ont été
découverts chez des propriétaires possédant ailleurs des vignes déjà
atteintes, ou dans des parcelles travaillées par des vignerons qui
avaient été occupés aussi dans des parties de vignes précédemment
reconnues infectées. Il y a donc lieu, comme on l'a d'ailleurs souvent
fait observer, de multiplier les précautions relativement à ce danger
de transport des pucerons ou de leurs œufs. En prenant des précau-
tions continuelles, surtout quand il s'agit des points d'attaques isolés
par lesquels le mal commence toujours, on peut espérer réduire d'une
manière sensible la diffusion du fléau autour des foyers d'infection.
M. Magnien, professeur départemental d'agriculture de la Côte-d'Or,
vient de publier, sous le titre : Instruclions pratiques sur le phylloxéra,
une excellente notice sur l'insecte, la manière dont il attaque les
vignes et les traitements soit pour la destruction des pucerons, soit
pour celle des œufs d hiver. Cette notice a été rédigée à l'usage des vigne-
rons du département de la Côte-d'Or. M. Magnien a adopté la forme des
questions et des réponses, de manière à rendre ses explications à la
fois claires et concises. C'est un excellent guide qui pourra servir de
modèle dans un grand nombre d'autres départements, car il est dune
haute importance que les vignerons soient partout instruits sur les
mœurs du phylloxéra. Dans le département de la Côte-d'Or, cette
instruction tend à se propager rapidement. M. Magnien a fait à ce sujet
de nombreuses conférences accompagnées de projections lumineuses
montrant aux yeux ce que le professeur expliquait. C'est là une excel-
lente méthode, la meilleure certainement pour intéresser son auditoire
en même temps qu'on l'instruit et pour lui faire saisir toutes les
explications qu'on lui donne.
IV. — Nécrologie.
Nous avons le regret d'annoncer la mort de M. de Pompéry, député
du Finistère, âgé seulement de soixante-six ans. Il était agriculteur
dans le canton de Faon, et depuis de nombreuses années, il avait
travaillé à tiransformer l'agriculture de ce canton, à la fois par
l'exemple et par les conseils; il s'occupait d'une manière toute spéciale
de la production chevaline. On lui doit un livre intitulé : Nouveau
guide du cultivateur breton, écrit en langue française et en langue
bretonne.
M. Godron, professeur à la Faculté des sciences de Nancy, corres-
pondant de l'Institut, vient aussi de mourir. C'était un botaniste très
distingué. On lui doit plusieurs travaux importants sur la vie des
plantes; il était auteur d'une flore très estimée.
Nous devons enfin annoncer la mort de M. Alphonse Lagarde, ingé-
nieur des arts et manufactures, décédé à l'âge de vingt-huit ans seu-
lement. Il dirigeait avec talent une publication technologique, la
Revue des industries chimiques et agricoles, qu'il avait créée il y a quel-
ques années.
V. — Enquête svr le métayage.
La Société d'agriculture de la Haute- Vienne vient de prendre l'ini-
tiative d'une nouvelle enquête sur la situation actuelle du métayage
GHRONIOUE AGRICOLE (4 SEPTEMBRE 1880). 365
dans le Limousin. Le but principal de cette enquête est de se rendre
compte des conditions dans lesquelles se trouve, dans le département
de la Haute -Vienne, le propriétaire vis-à-vis du colon, et des charges
respectives qui pèsent sur l'un et sur l'autre. A cet effet, la Société a
rédigé un questionnaire qu'elle a envoyé dans toutes les communes du
département. Elle demande surtout des faits bien précis, se rappor-
tant à des exploitations désignées. Ces renseignements devraient s'ap-
pliquer, autant que possible, à une série d'années permettant de
juger toutes les modifications qui se sont produites soit dans les
cultures, soit dans la situation respective du propriétaire et du colon.
Cette enquête, menée à bonne fin, présentera certainement un en-
semble de renseignements d'un grand intérêt.
VL — Les maladies contagieuses du bétail.
On signale sur plusieurs points du territoire, notamment en Nor-
mandie, dans le centre et dans le Nord, une véritable épidémie de
fièvre aphteuse. A ce sujet, on nous communique une lettre adressée
par M. F. Vittu, médecin-vétérinaire et inspecteur de la salubrité à
Lille, à M. Bernard, également médecin-vétérinaire et membre du
Conseil général du Nord. Cette lettre est ainsi conçue :
« Mon cher confrère, comme vous le savez, la fièvre aphteuse, dite cocotte,
règne avec intensité dans notre département, surtout dans les environs de Lille.
Ainsi que le constatent les raj)ports officiels du vétérinaire départemental du
Nord, et du vétérinaire inspecteur de la salubrité de la ville de Lille, la maladie
nous est venue de Paris, il y a environ six semaines, avec des bestiaux transportés
par le chemin de fer.
« En ce qui concerne Lille, les plus grandes mesures sanitaires possibles ont
été prises pour éviter la contagion; telles, la désinfection rigoureuse et journa-
lière de l'abattoir, du marché et des camions servant aux transports de animaux,
et l'interdiction absolue d'exposition en vente sur le marché d'animaux malades.
Plusieurs procès-verbeaux ont même été dressés contre des marchands délin-
quants qui se sont vus de ce fait condamnés en police correctionnelle.
« Mais une mesure générale sanitaire indispensable, déjà réclamée, reste à
prendre; c'est d'ordonner immédiatement et sous la surveillance sévère d'hommes
compétents, la désinfection de tout wagon ayant servi au transport de tout bétail.
C'est pourquoi j'estime que dans l'intérêt de l'agriculture, de la fortune publique,
il y aurait urgence de soumettre la question au Conseil général et de lui proposer
d'émettre le vœu : Que, vu l'existence d'une épizoolie aphteuse et étant re-
connu sans conteste que les wagons de chemins de fer sont de véritables foyers
propagateurs de maladies contagieuses, les wagons ayant servi à transporter du
bétail soient, après chaque voyage, lavés intérieurement et soigneusement désin-
fectés par le chlorure de chaux.
« J'ai la conviction, mon cher confrère, que ce vœu présenté par vous sera voté
à l'unanimité par le Conseil qui en reconnaîtra ainsi officiellement l'utilité et
l'importance.
« Veuillez agréer, etc. « F. Vittu. »
Le Conseil général da Nord a adopté le vœu suivant présenté par
M. Bernard dans la séance du 23 aoiit :
« En présence des nombreux cas de fièvre aphteuse signalés de divers points
du département du Nord, les soussignés prient le Conseil général d'émettre le
vœu :
« 1" Que tous les wagons ayant servi au transport du bétail soient, après cha-
que voyage, lavés à l'eau chaude et soigneusement désinfectés avec du chlorure
de chaux ;
« 2" Que les vétérinaires chargés de la visite du bétail à la frontière continuent
à s'opposer non seulement à l'entrée en France des animaux malades, mais encore
de tous ceux qui auront été en contact avec eux. »
C'est une demande que nous avons faite maintes fois, que les wa-
366 CHRONIQUE AGRICOLE (4 SEPTEMBRE 1880).
«TOUS ayant servi au transport du bétail soient toujours désinfectés avec
rigueur. Cliaque année, nous entendons et nous enregistrons de nou-
velles plaintes que les agriculteurs émettent sur les pertes que
leur font subir les animaux contaminés aciietés sur les foires et qui
ont dû faire des trajets en chemin de fer. La loi sur la police sanitaire
du bétail donnera satisfaction à ces désirs des agriculteurs. C'est une
occasion d'insister, à nouveau, pour ([u'cllo soit bientôt discutée et
votée par la Chambre des dépulés.
M. Tanguy, inspecteur du service des épizooties dans le Finistère,
vient de publier la seconde édition d'une Instruction populaire sur les
maladies charbonneuses des bêtes bovines. Dans cette notice, après
avoir donné des indications sur les caractères généraux des maladies
charbonneuses, il traite successivement du traitement curatif et du
traitement préservatif; les indications qu'il donne seront lues avec
profit par les agriculteurs. Dans un appendice à cette brochure. JM. Tan-
guy a ajouté une étude sur les caractères microscopiques du sang
dans les maladies charbonneuses et infectieuses des animaux domes-
tiques.
VIL — Sortie des écoles vétérinaires.
Le Journal officiel du 17 aoi^it publie la liste des élèves des écoles
nationales vétérinaires qui ont obtenu le diplôme de médecin-vétéri-
naire en 1880. Voici cette liste :
École d' Al fort. — MM. Thary (Seine). — Gillot (Yonne). — Letard (Orne). —
Rolland (Fmistère). — Decarme (Marne). — Le Hello (Côtes-du-Nord). — Mo-
reau (Lidre et-Loire). — Lenoir, Virgile (Aisne). — Deglaire (Ardennes) — Le
Morvan (Finistère). — Jobelot iHaute-Saône). — Saint-Denis ((Jalvados). — Au-
ger (Seine). — Devaux (Calvados). — Bezard (Sarthe). — Gornic (Finislère). —
Ruchon (Nord). — Guillot (Oise). — Lefèvre (SomTe). — Bossu (^ Pas-de-Calais).
— Meusire (Seine-Inférieure). — Léger (Seine-et-Marne). — Audry (Aube). —
Mouquet(Nord). — Cotly (Yonne). — - Larroque (Algérie). — Champagne (Marne).
— Robert (Somme). — Esquerré (tndre-et-Loire). — Marchai (Meurthe-et-Mo-
selle'i. — Durand (Ardennes). — Le Mouroux (Morbihan). — Lambert (Seinei.
— Berton (Seine). — Le Cuiastrennec (Côtes-du-Nord). — Rougemaille (Marne).
— Gauvin (Manche). — Demis (Pas-de-Calais). — Lavigne (Eure-et-Loir). — Vervel
(Oise). — Robin (Aube). — Delattre, Aimable \Nord. — Cô.ue (Sarthe). — Le-
noir, Louis (Marne). — Duchenne (Seine). — Naraux (Seine-et-Oise). — Decoly
(Dordogne) — Marange (Alsace -Lorraine). — Pelatan (Lozère). — Gaussé (Seine-
et-Oise). — Airiau (Vendée). — Duvaitier (Eure). — Aublin (Ardennes), — Mas-
senat (Seine-Inférieure). — Delattre, Lucien (Ardennes). — Levazeux (Mayenne).
— Gruelltic (Morbihan). — Bouscatel (Seine). — Lucet (Loiret). — Gro-jean
(Meurt e-et-Moselle). — Le Luyer (Côtes-du-Nord) — Milleraut (Côte-d'Or).
— Lacroix (Meuse). — Pinel (Seine),
École de Lyon. — MM. Descampaux (Oise). — Fouque (Bouches-du-Rhône). —
Nallet (Isère). — Moisset (Tarn-et-Garonne). — Bonnefoy (Cher). — Barret
(Haute-Marne). — Vigne (Hérault). — Trn)llot (lUe-et-Vilaine). — Mousson (Côte-
d'Or). — Camaret(Vaucluse). — Bertreux (Loire-Inférieure). — Verne (Côte-d"Or).
— Dabet (Puy-de-Dôme). — Manin (Constantine.) — Bernard (Alsace-Lorraine).
— Moulin (Savoie) — Vourvay (Vosges). — Simon (Mame-et-Loire). — Stivalet
(Haute-Saône). — Happe (Nord). — Castex (lAhône). — Breton (Sarthe). —
Duceaud (Allier). — (jaillard (Suisse). — Gevrey (Haute- Saône). — Marmois
(Meurthe-et-Moselle). — Leriche(Y''onne). — Sider (Constantine). — Leclerc (Cal-
vados). — Roland (Loire). — Boureille (Haute-Loire) .
École de Toulouse. — MM. Masquilier(Loire-Inlérieure). — Cadéac(Hautes-Pyré-
nées) — Pendriez (Aude). — Baron (Deux-Sèvres). — Martin (Gironde). — La-
garde (Charente), — Cau (Haute-Garonne). — Tc-xido (Espagne). — Guilleraain
(Vienne). — Prim (Gers). — Aubin (Loire-Inférieure). — Aristoy (Basses-Pyré-
nées). — Araat (Landes) — Petit i Gironde) . — Salze (Hérault) , — Bayon (Morbihan),
Boutïard (Deux-Sèvres). — Dutauziet (Landes). — Gouve (Gard). — Suberbie —
CHRONIQUE AGRICOLE {k SEPTEMBRE 188Ù). 367
(Basses-Pyrénées). — Pradère (Haute-Graronne). — Durand, Etienne (Haute-Ga-
ronne). — Valat (Hérault). — Bidet (Charente). — Affilé (Haufe-Graronne). —
Cancel (Hérault). — Castes (Haute-Garonne) — Rabat (Gironde). — Lagleize
(Hautes-Pyrénées). — Fouies (Haute-Garonne). — Durant, Pierre (Hautes-Ga-
ronne). — Bouchon (Creuse).
Cette liste comprend 128 noms, dont G4 pour l'école vétérinaire
d'Alfort, 31 pour celle de Lyon et 3) pour celle de Toulouse.
VIII, — Les e^vpiriques et la médecine vétérinaire.
Les vétérinaires ont entrepris une lutte vive contre les empiriques
qui, sans aucun diplôme et sans connaissances scientifiques réelles,
se livrent, sans scrupule, à la pratique Je la médecine des animaux
domestiques. C'est une voie dans laquelle nous ne pouvons que les
encourager et les suivre avec sympathie. Il est vrai que, récemment,
quelques tribunaux de première instance, notamment ceux de Mayenne
et de Tarbes, paraissant ne pas vouloir adopter Tesprit de l'arrêt de la
Cour de cassation de 1851, qui a réservé le titre de vétérinaire aux
seuls élèves diplômés des Ecoles vétérinaires, ont acquitté des empi-
riques poursuivis pour avoir usurpé ce titre. Heureusement ces juge-
ments sont susceptibles d'appel; nous espérons bien que les cours
auxquelles ils sont déférés, se prononceront autrement. Des sous-
criptions ont été ouvertes parmi les vrais vétérinaires pour couvrir
les frais d'appel de ces jugements. L'élève des écoles de l'Etat, qui
présente toutes les garanties de science et d'habileté réclamé par
un art difficile, et qui est sou\ent dans les campagnes un propagateur
du progrès, a droit à toutes les sympathies des agriculteurs, à l'en-
contre des empiriques qui ne connaissent que la routine el sont sou-
vent la cause de pertes sérieuses pour ceux qui ont le malheur d'avoir
confiance en eux,
IX. — Concours de la Société cfagricullure de Compiègne.
La Société d'agriculture de Compiègne tiendra son concours annuel
dans cette ville, du 18 au 20 septembre. A côté dès primes cantonales
de culture et d élevage, et des primes pour les produits, il y aura un
concours d'instruments agricoles, avec essais sur le terrain. Pour les
instruments d'extérieur, il comprendra : les charrues arrache-bette-
raves, charrues arrache-pommes de terre, coupe-collets, fourches des-
tinées à l'arrachage des racines, les scarificateurs, les extirpateurs,
les herses, les rouleaux de toutes sortes. Les expériences se feront le
samedi, à partir de midi. En ce qiii concerne les instruments d'inté-
rieur, le concours comprendra les hache-paille, hache-maïs, coupe-
racines, concasseurs de grains et tourteaux. — Les instruments seront
classés par des jurys spéciaux. Il ne sera pas donné de primes ni
médailles; mais la Société achètera une partie des instruments primés
qu'elle revendra à la criée aux cultivateurs de l'arrondissement.
X. — La Société d'horticulture cVEpernay.
La Société d'horticulture d'Epernay vient de rendre à son fondateur
un hommage que nous devons signaler. Le 30 août, jour de la Saint-
Fiacre, patron des jardiniers, et jour anniversaire de la mort du
comte (le Lambertye, elle a inauguré le buste de cet homnie de science
et de dévouement qui a rendu de signalés services à Thorliculture.
Tout le monde connaît les excellents petits livres qu'il a laissés sur la
culture maraîchère et la culture florale; autour de lui, on se souvient
aussi des exemples et des conseils qu'il n'a cessé de prodiguer.
368 CHRONIQUE AGRICOLE (4 SEPTEMBRE 1880).
XI. — V arboriculture en Provence.
M. Faudrin, professeur d'horticulture des Bouehes-du-Rhône, vient
de faire imprimer le rapport annuel qu'il adresse au Conseil général
sur l'arboriculture et la viticulture dans le département. Ce rapport
constate d'abord le zèle et le dévouement du professeur qui ne cesse
pas de prodiguer autour de lui^ dans toutes les communes qu'il visite,
les enseignements de sa longue expérience. Ses leçons ont porté des
fruits, ainsi qu'il résulte des indications que renferme son rapport, sur
la tenue des jardins et la conduite des arbres dans chaque commune
du département. Dans un grand nombre d'écoles, des jardins-modèles
ont été créés, et sont tenus avec beaucoup de soin par les instituteurs
et leurs élèves.
XII. — Les sucres et les betteraves.
Le temps continue à être très favoi'able au développement des bette-
raves. Sur quelques points, notamment dans plusieurs parties de l'ar-
rondissement de Valenciennes, on en trouve une certaine proportion
qui sont racineuses et qui se développent très lentement. Mais presque
partout on se montre très satisfait des apparences actuelles de la récolte
qui se développe d'une manière très heureuse, à la fois sous le rapport
du rendement et en ce qui concerne la richesse des racines. Toutefois,
l'arrachage sera probablement un peu retardé, parce que, dans les
champs semés les derniers, la végétation présente toujours un retard
assez accentué.
XIII. — Les houblminières.
La récolte des houblons va commencer; les plants précoces sont
même déjà en pleine cueillette. Les nouvelles qui nous parviennent du
nord de la France et de la Belgique constatent des désappointements
chez les cultivateurs qui ne trouvent pas le rendement auquel ils
s'attendaient; on estime celui-ci à une demi-récolte. En Lorraine, on
compte aussi sur une demi-récolte pour les variétés tardives, mais le
houblon précoce paraît devoir donner mieux. En Alsace, si la quantité
n'est pas considérable, on a une excellente qualité dont les cultivateurs
se montrent très satisfaits. Dans la plupart des districts houblonniers
de FAllemagne, on compte sur une récolte moyenne. Il en est de
même en Angleterre, ainsi qu'aux Etats-Unis d'Amérique où l'exporta-
tion des houblons commence à prendre une certaine importance.
XIV. — Extension du territoire civil en Algérie.
Le Mohachcr^ journal officiel de l'Algérie, publie une circulaire de
M. Albert Grévy, gouverneur général, aux préfets de notre colonieafri-
caine, relative à l'extension du territoire civil. Cette mesure donne
satisfaction à quelques-uns des vœux formulés depuis longtemps par
les colons. Dans la situation actuelle, le territoire civil comprend une
superficie de 5,^49,645 hectares et une population de 1,417,879 habi-
tants. L'extension projetée comprend 5,834,609 hectares, avec une
population de 920,329 habitants. Le territoire civil sera ainsi plus que
doublé en étendue. Cet agrandissement comporte la création de 42
communes mixtes nouvelles et l'augmentation de 11 communes exis-
tantes. 11 s'agit d'y créer des centres européens, d'y ouvrir des chemins,
des routes, des voies ferrées, enfin d'y exécuter tous les travaux qui
assurent la richesse d'un pays civilisé, (rest là un très beau programme,
dont la première moitié va être immédiatement constituée. On ne peut
qu'y applaudir. J. A. Barral.
SUR L ANTHRACNOSE DE LA VIGNE. 369
SUR l;anthraGxNOse ou maladie charbonneuse
DE LA VIGNE-
La Vigne n'est pas exposée seulement aux attaques terribles du pliyl-
loxera dont il est, hélas ! si difficile d'entraver les progrès envahissants ;
elle a à souffrir en outre plus ou moins de divers parasites végétaux
qui, sans être aussi redoutables que les petits insectes qui ont dévaste
tant de vignobles, causent encore des dégâts parfois fort graves.
Je ne parlerai pas de ce qu'on nommait exclusivement, il y a trente
ans, la maladie de la vigne. On sait aujourd'hui comment, grâce au
soufrage, on peut se mettre à peu près àl'abri des dommages de l'oïdium;
mais il est une autre maladie, à peu près inconnue aux environs de
Paris, sur laquelle je désire attirer spécialement l'attention de la Société
d'horticulture parce que j'en ai constaté la présence à Avon, près de
Fontainebleau, et qu'il me paraît prudent de se préoccuper dès à pré-
sent des ravages que l'on aurait à redouter si elle envahissait quelque
jour les cultures de Chasselas de Thomery. Pour combattre avec chance
de succès une épidémie, le mieux est certainement de chercher à en
arrêter la propagation aussitôt qu'elle apparaît et que l'on n'en voit
encore que quelques cas isolés çà et là, sans attendre qu'elle soit assez
répandue pour causer déjà à la culture de grands dommages. C'est quand
le mal est encore peu apparent et qu'il semble sans importance et
négligeable, c'est alors surtout qu'il est utile de le signaler, parce que
c'est alors qu'on peut y remédier le plus efficacement.
La maladie des vignes, dont j'ai reconnu l'existence à Avon et aui
paraît nouvelle pour les environs de Paris, s'est montrée dep:«'n i'^-?
temps sur divers points de l'Europe et a été observée dans tous les
climats où l'on cultive le raisin. On l'a décrite pour la première fois,
à ma connaissance, en Prusse, sous le nom de petite vérole de la vigne
iSchwindpockenkrankheit, voy. ^eyen, Pflanzenpalhologie, 1841, p. 204
et suiv.).Elle avait pris, de 1835 à 1840, un développement considé-
rable aux environs de Berlin, où elle dévastait les treilles dans les jardins ;
elle ravagea tout particulièrement les espaliers des terrasses du château
royal de Sans-Souci, à Potsdam. Dans le midi delà France, où elle est
depuis longtemps répandue, on la désigne souvent sous le nom de
charbon. Dunal, de Montpellier, et Esprit Fabre, d'Agde, l'ont nommée
anlhracnose, c'est-à-dire la maladie charbonneuse. Le terme anlhracnosc
est formé de deux mots grecs : anthrax, charbon, et nosos, maladie.
Cette dénomination a été généralement adoptée dans notre pays. En
Allemagne, la maladieest désignée sous le nom de brûleur noir (ifre/i/zr'rj ;
en Italie, sous celui de variole [Vajolo) ; onl'areconnue aussi en Suisse,
où elle est fort répandue, et dans le midi de l'Europe, depuis le Por-
tugal jusqu'à la Grèce, où elle dévaste de la façon la plus inquiétante
les vignes de Corinthe.
Les caractères généraux de l'anthracnose sont très frappants, très
nettement marqués, et chacun peut reconnaître aisément et avec certi-
tude s'il a des vignes attaquées par cette maladie. Sur les vignes
frappées par l'anthracnose, toutes les parties de la plante, jeunes sar-
ments, feuilles, vrilles et grappes, portent des taches d'un brun noi-
râtre, de forme arrondie ou ovale, très nettement limitées et noires
surtout au pourtour; souvent elles sont fort rapprochées les unes des
autres, et elles s'unissent de bonne heure par les côtés en grandissant
370 SUR L ANTHRACNOSE DE LA VIGNE.
et se confondent en une tache large à contours sinueux ; cela se voit
très fréquemment sur les grains de raisin. 11 est toujours extrême-
ment aisé de distinguer à la netteté des contours les taches d'anlhrac-
nosedes marques brunes à limites vagues que l'oïdium laisse sur les
parties qu'il a couvertes.
Les taches d'anthracnose sont d'abord, quand elles apparaissent,
d'un brun pâle; puis elles prennent une couleur plus foncée et ellee
se dépriment vers le milieu. Là, le tissu frappé de mort commencs
à se désorganiser; puis la nécrose atteint peu à peu les couches plus
profondes, et la tache se transforme en une plaie pénétrante qui s'en-
fonce de plus en plus et dont le fond est toujours tapissé de cellules
mortes et d'un brun noirâtre.
Si c'est un sarment qui est attaqué, la nécrose détruit d'abord les
parties extérieures de l'écorce, sur les points correspondants aux
taches ; elle ronge tout le parenchyme et ne respecte que les libres
corticales qui se montrent souvent comme des fils blanchâtres, tendus
à travers les grandes plaies noires qui pénètrent jusqu'au bois. Quand
les taches charbonneuses sont nombreuses et qu'elles désorganisent
profondément une grande partie de l'écorce en atteignant jusqu'au
bois et même jusqu'à la moelle, elles entraînent souvent la mort des
sarments. Sur les pieds fortement atteints, la nécrose des rameaux
peut se propager jusqu'aux ceps et les faire périr. Un vigneron expé-
rimenté des environs de Vendôme m'a assuré qu'un pied de vigne
fortement attaqué est d'ordinaire perdu sans retour au bout de trois
ans.
Les taches charbonneuses se produisent en grand nombre aussi
sur les feuilles et elles y causent des dégâts qui sont essentiellement
les mêmes que sur le bois. Seulement comme le tissu des feuilles est
fort mince, chaque tache rongeante l'a vite percé à jour; à chaque
tache brune correspond un trou. Sur les pétioles, sur les nervures,
les suites de la désorganisation sont les mêmes que sur les tiges ; les
plaies qui s'y forment se creusent et s'entourent de bourrelets tumé-
fiés. Quand les feuilles sont attaquées jeunes, elles se développent
d'une façon très inégale; leur croissance est plus ou moins entravée
par place et, quand elles ont grandi, elles se montrent non seulement
criblées de trous qui s'unissent souvent les uns aux autres en longues
déchirures irrégulières, mais elles sont contournées, gaufrées et défor-
mées de la façon la plus bizarre.
La corrosioa des raisins est tout à fait comparable à celle des
rameaux. Les dommages causés sont plus ou moins grands selon le
moment où les taches apparaissent. Quand elles se produisent sur le
pistil à peine gonflé, peu après la floraison, elles empêchent complè-
tement le développement du grain. Si elles ne se montrent que quand
les grains ont atteint déjà la grosseur d'une graine de chènevis, alors,
si elles ne sont pas trop nomb;euses ni trop étendues, le raisin peut
grossir et mûrir. Il se produit dans ce cas, au-dessous de la tache,
une mince couche cicatricielle qui forme séquestre et protège la partie
saine du grain : mais comme alors la croissance est inégalement
entravée, il arrive souvent que le grain craque et se fend. Néanmoins,
en général, les grains qui n'ont qu'une seule tache charbonneuse
mûrissent le plus souvent après que celle-ci s'est cicatrisée, et ne dif-
fèrent des graius intacts que par leur taille un peu plus petite.
SUR L'ANTHRACNOSE DE LA VIGNE. 371
On peut, d'après celte description des caractères de la maladie,
juger combien elle est facilement reconnaiss ible et aussi combien
elle peut causer de ravages sur les vignes où elle se développe avec
intensité.
Les taches noires et rongeantes dà Tantliracnose sont dues à la
pénétration dans les tissus d'un très petit Champignon qui a reçu de
M. de Bary le nom de Sphiceloma ampelinum. Ce dangereux para-
site est d'une telle ténuité et si caché, qu'on ne peut le distinguer
même à la loupe et qu'il faut recourir, pour l'étudier, aux plus puis-
sants grossissements du microscope. Il pénètre dans les tissus, mais
couvre en été de corps reproducteurs la surface des plaies charbon-
neuses. Si on dépose une goutte d'eau sur une de ces plaies, elle
devient bientôt un peu trouble, et le microscope montre alors qu'elle
tient en suspension des milliers de très petits corpuscules reproduc-
teurs. Une de ces gouttes déposée sur une feuille ou sur un jeune rameau
d'une vigne saine y produit, quand les conditions sont favorables,
une tache noire danthracnose.
A l'automne ou au commencement de l'hiver, il se forme des
myriades de ces corpuscules reproducteurs à l'intérieur même de
l'écorce. Je viens de le constater sur des sarments de Chasselas
anthracnosés qui m'ont été envoyés d'Avon.
La situation du parasite de i'anthracnose à l'intérieur des tissus ne
permet pas d'espérer que le soufrage puisse être un remède efficace
contre la maladie. Il faut trouver une substance capable de détruire
les germes du Champignon non seulement à la surface des plaies, mais
jusque dans l'écorce. L'acide sulfurique étendu, le sulfate de fer
paraissent pouvoir produire de bons effets. Ce dernier remède est
particulièrement préconisé par un grand propriétaire de la Suisse,
M. Schnorf, qui l'emploie avec succès depuis vingt ans.
Une note sur ce sujet, publiée dans la Scwheizer Monatsschrift fur
Obsl-und Weinbau (1878, IX, 155), a été traduite en français par
M. Reich et imprimée dans le journal la Vigne américaine, i^uhïié sous
la direction de M. Planchon (3^ année, 187'J, p. lOt)).
Il peut être utile d'indiquer ici la façon dont il opère. Au printemps,
avant que la vigne entre en végétation, il fait dissoudre du sulfate de
fer dans l'eau bouillante, dans la proportion d'un demi-kilogramme
de sulfate par litre d'eau. Après le refroidissement du liquide, on le
verse dans des pots de terre dans lesquels les ouvriers chargés de l'o-
pération trempent des chiffons avec lesquels ils frottent les sarments.
L'opération ne se fait qu'une fois par an et à l'époque indiquée.
M. Schnorf préfère le lavage des sarments avec un chiffon à l'applica-
tion du liquide avec un pinceau ou une brosse ; il a reconnu que l'opé-
ration se fait ainsi plus rapidement et réussit plus complètement.
Un ouvrier peut, dit-il, traiter 400 ceps par jour dans un pays où,
comme en Suisse, ils sont très courts et ne portent qu'un ou deux
sarments.
Je pense qu'il sera bon d'essayer ce remède, qui paraît fort prati-
cable, là on reconnaîtra sur les vignes les caractères de l'anthrac-
nose; mais il n'en faudra pas moins pour cela recommander avant
tout d'enlever aussi complètement que possible et de brûler toutes
les parties attaquées et tout particulièrement, dans le courant de l'été,
les sarments à mesure qu'il s'y montre des taches, car ces taches
372 SUR L'ANTHRACNOSE DE LA VIGNE.
sont couvertes de myriades de corps reproducteurs qui peuvent se
répandre dans les gouttes d'eau de pluie et être entraînées ainsi sur
d'autres parties de la vigne ou sur des vignes voisines, oii elles vont
germer et propager le mal. Les sarments, l'hiver, peuvent contenir
des corps reproducteurs dans l'intérieur de l'écorce ; on devra soi-
gneusement enlever à la taille tout le bois infecté et le brûler. Ce n'est
qu'après celte opération préliminaire qu'on lavera le bois avec la
solution de sulfate de fer pour détruire les germes du parasite qui
peuvent rester encore soit à la surface, soit dans la profondeur de
l'écorce. PiULi.n-ux,
membre de la Société nationale d'agriculture.
TRAVAUX DE COLMATAGE DANS LES ALPES
Monsieur le Directeur, je me proposais depuis longtemps de vous
envoyer quelques renseignements sur mes travaux dans les graviers
de la Durance et sur les opérations du colmatage en général.
Quand j'ai acheté les graviers qui sont situés en aval du pont des
Mées (Basses-Alpes), ce n'était point pour faire une entreprise agri-
cole, c'était pour donner du travail aux paysans dans les mortes-sai-
sons, me proposant ainsi de pousser activement mes travaux, quand
ceux du pays chômeraient, et de les ralentir ou de les cesser quand ces
derniers reprendraient.
Ayant commencé sur une faible échelle, j'ai du, faute d'entente
avec mes associés du Syndicat d'aval du pont des Mées, en arriver à
acquérir les trois cinquièmes de l'entreprise, pour ne plus subir les
lois d'une majorité syndicale avec laquelle je différais d'opinion
sur la façon de procéder dajis nos travaux.
Dès ce moment, pour ne pas laisser improductif un capital pour
moi assez considérable, j'ai dû étudier à fond la question et songer à
en retirer un résultat pécuniaire.
Une fois cette résolution prise, je me suis mis en mesure de par-
courir mes alluvions dans toute leur étendue; aussitôt que les crues
s'annonçaient, je me portais sur les lieux, quelque temps qu'il fît,
pour voir ce qui se passait.
Je ne tardai pas à reconnaître une grande loi concernant les col-
matages en général; c'est que les matières étrangères, qui se trouvent
dans l'eau bourbeuse, peuvent se ranger sous trois chefs principaux :
celles qui se dissolvent (de nature argileuse), celles qui sont exclu-
sivement en suspension (sables plus ou moins calcaires) et celles qui
tiennent des deux à la fois (terrains ayant déjà appartenu à la culture,
matières organiques, etc.).
Par suite de celte combinaison, je constatai que lorsque l'eau est con-
tenue dans un canal et qu'elle est animée d'un mouvement rapide,
toutes les parties sont maintenues en mélange; mais dès que la nappe
d'eau s'étend et que le mouvement se ralentit, les dépôts commencent
à se faire dans l'ordre suivant : gros sables, sables fins, terreaux,
fumiers de ferme, feuillages, etc., et enfin argiles graduées suivant
l'ordre où elles se dissolvent.
11 en résulte que si on laisse les eaux à leur cours naturel, sans les
diriger, on forme trois qualités de terrain, les sablonneux, les terrains
moyennement compacts et les argileux; de sorte que dans l'ensemble
une faible partie forme de bons terrains bien propres à la culture ;
parmi les autres, les sables consomment une quantité considérable de
TRAVAUX DE COLMATAGE DANS LES ALPES. 373
fumier et n'arrivent à ùlre engraissés qu'au prix de sacrifices d'argent
peu en rapport avec les modestes revenus que donnent les produits
agricoles^ tandis que les argiles forment des terres tellement com-
pactes que la main-d'œuvre ruine le propriétaire.
Pour remédier à cet état de choses, j'obtins de mes associés que,
dans le canal syndical, chacun prendrait l'eau trouble qui lui reve-
nait à proportion de sa surface et l'utiliserait à sa fantaisie dans la
partie qui lui appartenait (car je dois vous dire que le lotissement
avait été fait au début de l'association).
Ce résultat obtenu, je fis construire au pied des parties qui m'ap-
partenaient de grandes chaussées, sufTisamment hautes pour ne pas
être submergées, suffisamment épaisses pour ne pas céder sous la
pression de l'eau. Une observation attentive me fit encore découvrir
ceci : ccst que dans la cunstruction de ces chaussées il ne faut employer
que dos terrains qui ne soient ni sablonneux ni argileux. Les premiers
n'ont pas assez de cohésion, et les chaussées qui en sont faites aécrou-
lent facilement. Les autres se fendillent sous l'action du vent et de la
chaleur aussitôt qu'elles cessent d'être immergées; une fissure se
produit, imperceptible d'abord, qui augmente graduellement, et bien-
tôt une large brèche donnant passage à un courant intense propor-
tionné à la hauteur de l'eau contenue dans le bassin ; il en résulte des
dégâts énormes dont la réparation demande de nouveaux sacrifices et
occasionne de grandes pertes de temps pour pouvoir opérer dans les
parties qui étaient immergées et y prendre les matériaux nécessaires.
D'un autre côté, en tête de la propriété, je fis un travail de distribu-
tion au moyen d'un canal qui me permettait, suivant le point où
j'établissais ma brèche, de faire entrer mes eaux sur les parties où
je le jugeais convenable, me basant pour cela sur l'état plus ou moins
argileux des dépôts antérieurs.
Je dois également vous faire remarquer que pour obtenir le maximum
de production de dépôt, ma sortie des eaux avait lieu à côté de l'entrée
et que, dans le bassin de colmatage, au fur et à mesure des exhaussements,
je pratiquais de petites chaussées peu élevées, qui, n'ayant pas d'effort
à supporter, étaient parfaitement suffisantes pour distribuer les eaux de
la façon que je jugeais convenable, et leur donner le parcours qui me
paraissait le plus conforme au résultat à obtenir. Cette disposition avait
un second avantage, c'est de me permettre une surveillance très facile
en mettant simultanément sous mes yeux, l'entrée des eaux troubles
et la sortie des eaux claires; j'étais en même temps prévenu aussitôt
qu'il se produisait une rupture quelconque sur un point de mes
chaussées. Quand toute la partie centrale se trouvait au niveau de
colmatage voulu (trente-cinq centimètres au moins sur les plus hauts
graviers), j'abattais mes rives, et mes canaux se trouvant ainsi comblés,
j'obtenais des terrains entièrement plans ayant une faible pente dans
le sens de la rivière et dans la partie aval une certaine hauteur de
terrain au-dessus du propriétaire inférieur, ce qui empêchait que mes
terrains fussent aquatiques. J'ai obtenu, en suivant cette méthode, des
sols de premier ordre, et sur le défrichement que j'ai replanté cet
hiver, j'ai eu une très belle récolte de pommes de terre. J'ai planté
également deux cent cinquante poiriers sur 2 hectares 40 environ, en
coordonnant cette nouvelle plantation avec celle qui existait déjà.
Mais ici une. nouvelle difficulté se présentait; l'administration des
374 TRAVAUX DE COLMATAGE DANS LES ALPES.
ponts et chaussées n'avait pu nous accorder qu'une vanne d'un mètre
de large à travers la chaussée du pont des Mées, ce qui ne nous
permettait de dériver de la Durance qu'un volume d'eau insuffisant
pour mener rondement notre entreprise. Pour vaincre cette difficulté,
j'employai la méthode suivante. Je divisai la totalité de mes terrains
à colmater en deux portions : l'une du côté des berges^ contenant en-
viron un tiers de la surface totale, l'autre du côté de la Durance re-
présentant les deux tiers.
La première partie destinée à la culture des arbres fruitiers était
conduite par le procédé indiqué ci-dessus et recevait les eaux en per-
manence jusqu'à complet achèvement.
La deuxième a été plantée en vignes par allées de trois mètres dans le
sens de la Durance. Au pied de chaque parcelle de cent mètres de
long, j'établis une chaussée, suffisante pour ne pas inonder mon voisin
d'aval, en tête un canal pour la conduite et la distribution des eaux
troubles.
La culture du pied des vignes une fois faite, je rejetai au moyen de
la charrue les graviers et les terres des allées sur la partie cultivée à
bras et quand les eaux venaient troubles, elles étaient versées dans
l'espèce de canal qui restait au milieu et l'exhaussaient graduellement.
La même opération se répète ainsi chaque année.
Il se tait de cette façon un exhaussement peu sensible, mais très réel,
qui ne nuit en rien à la production des vignes et qui, au bout d'un
certain temps, permettra d'avoir de bonnes terres à la place des
graviers et de substituer telle culture que l'on jugera convenable, si
le phylloxéra attaque la vigne et qu'on ne puisse la sauver par le
moyen de la submersion.
Comme exécution de détail, cela m'a donné un peu de peine, car
il m'a fallu d'abord traverser un bas-fonds de plus de deux cent cin-
quante mètres de long et ayant, sur certains points, jusqu'à P. 50 de
profondeur. Ne voulant pas déchausser mes vignes, j'ai dû faire
prendre le terrain nécessaire en amont de la chaussée du pont des
Mées et le faire transporter au moyen de tombereaux sur l'emplace-
ment que devait occuper le canal (je clioisissais dans ce but des terres
ni sablonneuses, ni argileuses, mais à demi compactes, et cela à cause
des raisons que j'ai exposées ci-dessus pour mes rives).
Le terrain ainsi transporté me revenait de quarante à quarante-cinq
centimes le mètre cube.
Ce canal, servant de chaussée de colmatage, était dirigé dans le sens
de la berge à la Durance, c'est-à-dire en travers de la direction des
allées de vigne. Au moyen de chaussées longitudinales, je gagnais
ensuite les points culminants de mes graviers et de là je les répandais
sur tous les points, en suivant l'ordre de pente insensible.
J'en suis arrivé par ce moyen à arroser la totalité absolue de mes
graviers et, pendant tout le cours de l'été passé, j'ai acquis la certitude
que des arrosages très fréquents pendant toute la saison chaude donnent
de très bons résultats.
J'ai fumé avec du tourteau de sésame certaines parties et j'ai pu
me convaincre qu'à l'avenir en fumant à haute dose, ces graviers, purs
de tout dépôt de terre, donneront encore de très jolis rendements, vu le
prix élevé des vins. Ayant des eaux à peu près à discrétion, grâce aux
canaux au moyen desquels j'ai ramassé collectivement toutes les
TRAVAUX DE COLMATAGE DANS LES ALPES. 375
eaux, qui, s'échappant par les fossés d'arrosage si nombreux en
dessus de mes alluvions, allaient auparavant se perdre dans la Durance,
il me sera possible de fumer à aussi haute dose que je jugerai conve-
nable, sans craindre les sécheresses de l'été et obtenir ainsi (je
l'espère, du moins) des rendements considérables.
Mes canaux transversaux, étant d'assez grande dimension, forment
une sorte de réservoir qui régularise ce que pourrait avoir d'intermi-
tent la cliute des eaux dans mon canal collecteur.
Quand, au contraire, ces eaux deviennent momentanément trop abon-
dantes, des déversoirs en pierre de taille échelonnés permettent au
surplus des eaux de s'écouler dans la Durance, sans que le niveau
puisse, dans les canaux, s'élever au-dessus d'une hauteur déterminée.
J'ai remarqué, en outre, que la présence permanente de l'eau dans
les canaux permettait, par suite de la nature du sol, à l'humidité de
s'étendre à droite et à gauche sur une certaine largeur et que, sur ces
portions rendues humides, la végétation est beaucoup plus belle
qu'ailleurs.
Voilà à peu près l'ensemble de mon travail. Je me propose de conti-
nuer mes observations et mes expériences, si les rhumatismes et les
fièvres paludéennes que j'ai gagnés par ma présense dans les alluvions
ne me clouent pas trop souvent dans un lit ; mais je ne manque pas de
bonne volonté, comme le savent tous les habitants des Mées, et avec
cela on surmonte bien des petites misères.
Dans un voyage à travers la Haute-Savoie, j'ai pu remarquer que
les bords de l'Arve pourraient être le sujet d'opérations de colmatage
très importantes, substituant ainsi des terres de premier ordre aux
graviers incultes qui sont abrités par les digues qui bordent cette rivière.
11 est question, en outre, dans les Basses-Alpes, d'un grand travail
d'endiguement sur la Durance. Une opération bien dirigée peut être très
lucrative. J'ai fait sur cette question quelques études et je crois qu'en
suivant certaines idées entièrement nouvelles qui mont été suggérées par
ce travail, on pourrait avoir de magnifiques résultats, tant au point de
vue pécuniaire qu'au point de vue agricole. Gabriel ÂRrsoux,
Propriétaire à les Mées (Basses-Alpes).
LE JARDIN DE LA FERME DANS LE MIDI
Dans le courant du mois d'août, le jardin de la ferme doit avoir été
préparé pour recevoir, dans la deuxième quinzaine, les semences de
légumes qui doivent être récoltés, soit à la fin de l'automne, pendant
l'hiver ou au printemps suivant. A cet effet, on aura dû choisir un
coin de terre, bien labourée à deux ou trois façons, sur laquelle on
répandra une bonne fumure qu'on aura recueillie au fond de la- fosse à
fumier. Ce sera une espèce de terreau un peu grossier, mais qui pourra
suffire. On répandra sur ce terreau et sans autre façon, d'abord, des
épinards parmi lesquels on jettera quelques graines de radis ronds,
de la poirée ou bette blanche, des navets oi^i on mêlerait quelques
graines de chou femelle qui pourrait être replanté en octobre.
La laitue blonde, la Batavia, la romaine verte, les diverses salades se
replanteront en septembre, octobre ou novembre et se récolteront à peu
près successivement, d'abord la laitue, puis la romaine et enfin la
Batavia qui sera un peu plus tardive. On mettra aussi un peu d'o-
gnon plat, le chou d'York, le chou Baccalan et le chou Quintal qui se
376 LE JARDIN DE LA FERME DANS LE MIDL
succéderont l'un l'autre ; on les replantera en octobre, novembre et
décembre.
Comme dans la ferme on n'a pas toujours tout le temps qu exigerait
la culture potagère bien soignée, on pourrait semer tous ces divers
légumes en rayons. On n'aurait ensuite qu'à éoîaircir le plant, lui don-
ner un sarclage à la serfouette et, suivant le pays que l'on habite, le
garantir des fortes gelées. J.-B. Cap.bou.
APPAREIL POUR PESER ET LIER LA PAILLE
On se souvient que, à l'exposition universelle de 1878, M. Albaret a
envoyé une machine destinée au liage des bottes après le battage. Cet
appareil a été modifié dans ses ateliers; la figure 27 le montre dans
sa nouvelle disposition. Il sert à la fois pour peser la paille et la lier
automatiquement à la sortie de la machine à battre.
Cet appareil, placé horizontalement en travers du secoueur de la
batteuse, se compose d'un préparateur pour redresser la paille et la
disposer à tomber d'une manière régulière sur le pèse-paille. Il est
formé d'un arbre en bois, garni de quatre rangées de fil de fer courbé
en S et ayant un mouvement de rotation assez lent afin que la paille
ne puisse être reprise par ces tiges en fer. La paille, de cette façon, se
trouve placée dans une position régulière sur le pèse-paille.
Le pèse-paille est composé d'un arbre carré horizontal en bois, dont
chaque extrémité est terminée par un tourillon en fer aciéré. Chaque
bout a un centre creusé pour recevoir un axe angulaire afin de tour-
ner sur pointe. Sur l'un des tourillons de l'arbre est fixé un croisillon
à quatre branches parfaitement divisées et de la même longueur : le
bout de chaque branche est arrondi et trempé afin d'empêcher l'usure.
L'une de ces branches repose sur une romaine dont on peut varier le
poids à volonté, et qui règle le volume et le poids qu'on veut donner
à la botte de paille.
L'arbre est garni de quatre rangées de tringles en bois qui forment
deux cloisons à jour, invariablement fixées avec des vis, bien échan-
tillonnées et de la même longueur, de façon que l'équilibre soit
parfaitement établi.
C'est sur ces cloisons que tombe la paille à la sortie du préparateur,
et elle s'y emmagasine pour former la botte. Le poids étant obtenu,
l'appareil fait un qaart de tour et Tune des branches du croisillon
décroche, en passant, un verrou qui arrête l'élan dupèse paille et main-
tient la cloison horizontale pour recevoir la nouvelle botte; la même
branche, en faisant son quart de tour, agit sur l'embrayage du lieur
qu'il met aussitôt en marche.
La paille tombant du pèse-paille est reçue sur un plancher incliné,
vers le milieu duquel se trouve le fil de fer qui doit lier la botte. Ce fil
provient de deux bobines placées, l'une en dessous du plancher incliné,
et l'autre sur le plancher au-dessus du pèse-paille.
Il passe dans un cintre en fer qui doit former la botte et vient passer
de la partie supérieure à la base d'un levier muni d'un ressort qui
maintient constante sa tension.
Les bobines sont munies chacune d'un contrepoids pour les ramener
à leur position de tension.
Elles sont disposées de façon à pouvoir être serrées ou desserrées à
volonté selon le serrage que l'on veut donner à la botte.
APPAREIL POUR PESER ET LIER LA PAILLE. 377
Aussitôt que l'appareil-lieur se met en marche, deux griffes en fer
compriment la paille pour la préparer au bottelage. En même temps le
fil entoure la botte, le cintre conduit et pousse le fil à la rencontre de
l'autre fil provenant de la bobine inférieure ; à cet instant un méca-
nisme tord le fil et le coupe en réservant une ligature qui conserve sa
continuité. — Le cintre se relève pour reprendre sa position verticale
et le fil se trouve tendu prêt à recevoir une nouvelle botte. — Pendant
que le cintre se relève, la botte qui vient d'être liée est saisie par deux
378 APPAREIL POUR PESER ET LIER LA PAILLE.
bras en fer qui la poussent sur un plan incliné et la forcent à rouler
sur le sol.
Avant d'arriver au bout de sa course, le mouvement des bielles remet
le verrou en place et le pèse-paille redevient libre et peut fonctionner
de nouveau. Alors le déclanchement du mouvement s'opère en atten-
dant la nouvelle botte. L. de Sardriac.
L'ALGERIE ET LES COLONIES FRANÇAISES
Le développement de toutes les branches de la production en Algé-
rie, est une des questions qui préoccupent vivement aujourd'hui l'opi-
nion publique. L'agriculture algérienne attire tout particulièrement
l'attention ; chacun sait que c'est là la principale source de ri-
chesse de notre colonie africaine, et pour peu que l'on soit passé
par le collège, on se demande ce qu'est devenue cette fertilité prover-
biale qui avait fait de ses plaines le plus important grenier de la •
Rome antique. Pour l'observateur attentif, l'Algérie se développe avec
une rapidité qui est surtout accentuée depuis dix ans ; peut-être, et
même certainement ce mouvement pourrait être moins lent. Mais
que de circonstances atténuantes pour les colons dans cette organisa-
tion administrative coloniale que l'on n'a pu encore parvenir à fixer
et dans les difficultés sans nombre résultant de la législation qui régit
le droit de propriété? Ces réflexions nous sont suggérées par la lecture
d'un travail que M. Edm. Ott, qui a longtemps habité notre colonie,
vient de publiei>sous ce titre : Etude sur la colonisation de lAlgérie\
« L'Algérie, nous dit-il, a cela de particulier que tous ceux qui
l'ont connue l'aiment, et que tous ceux qui l'ont longtemps habitée
la regrettent toujours. » Laissant de côté la tournure un peu exagérée
de cette assertion, on y trouve néanmoins la trace de cette attraction
que le sol africain exerce sur ceux qui l'ont vu. Malheureusement
cette attraction n'a pas encore été suffisante pour déterminer un cou-
rant puissant de colonisation qui y assure, d^une manière définitive,
la prédominance du sang français. Le gouvernement impérial aVait
rêvé la création d'un royaume arabe en Algérie; aussi toutes les
mesures administratives et législatives avaient été prises en faveur des
indigènes, en même temps que tout était combiné pour arrêter la
colonisation européenne. Dans les six années 1863 à 1869, trois ou
quatre villages seulement ont été créés, et, à cette date, l'administra-
tion affirmait qu'elle n'avait plus un hectare de terre à concéder.
C'était vrai, car le sol avait été presque tout entier laissé ou plutôt
mis entre les mains des Arabes. L'insurrection de 1871 a eu cet heu-
reux résultat qu'elle a permis de mettre le séquestre sur de vastes
étendues de terre et de reprendre le travail de colonisation, si bien
que, de 1871 à 1877, il a été créé 50 lots de fermes et 150 nouveaux
villages. Ce mouvement progressif continue, mais tous les colons
demandent que d^s dispositions efficaces soient enfin prises pour faire
cesser les privilèges dont jouit la propriété arabe, et en permettre
enfin la mobilisation. C'est par suite de ces entraves que, sur. les
13 millions d'hectares qui constituent le Tell, 5 millions à peine sont
en terres cultivées, et encore les huit dixièmes sont toujours entre
les mains des indigènes, qui les cultivent misérablement.
Parmi les obstacles qui s'opposent au développement rapide de la
1. Un petit volume in-8°, à la librairie Ghio, à Paris.
L'ALGÉRIE ET LES COLONIES FRANÇAISES. 379
production, le manque de capitaux doit être placé au premier rang.
L'argent est rare et l'on n'en peut avoir qu'à des taux usuraires. Les
colons qui ont besoin d'argent ne peuvent s'en procurer qu'à des
taux qui varient, suivant les circonstances, de 10 à 30 pour 100 par
an ; quelquefois même l'intérêt de l'argent atteint 3 pour 100 par mois.
Quant aux indigènes, ils ne peuvent pas emprunter à moins de 50 à
60 pour 100 par an. Une des causes de cette cherté excessive de l'ar-
gent est dans la manière dont est faite la concession des terres. Le
gouvernement donne des terres aux colons, mais ceux-ci ne reçoivent
leurs titres de propriété qu'au bout d'un minimum de trois ans. C'est
précisément pendant ces premières années qu'ils ont à faire les
dépenses les plus élevées, pour l'organisation de leur domaine; mais
sans titre de propriété, ils ne peuvent contracter d'emprunts hypo-
thécaires, et il leur est impossible de trouver d'argent à un taux raison-
nable. Il serait facile de remédier à cet état de choses, et cela est d'au-
tant fplus urgent qu'une nouvelle branche de production prend, en
Algérie, une grande extension, et promet d'accroître dans des propor-
tions inespérées, la richesse de la colonie.
C'est de la culture de la vigne qu'il s'agit. Cette culture prend une
importance chaque année croissante. Et cela se conçoit facilement, La
vigne, en effet, pousse très bien presque partout en Algérie; elle donne
de belles vendanges jusque dans les terrains les plus secs, les plus cail-
louteux, qui paraissaient voués à une stérilité absolue. Il y a longtemps
que les premiers essais de culture de la vigne ont été tentés ; les pro-
duits étaient excellents, mais l'immense majorité des vins qu'ils ser-
vaient à fabriquer était de qualité médiocre, pour ne pas dire détesta-
ble. La cause en était dans les vices des procédés de vinification
adoptés par les premiers colons qui n'avaient qu'une médiocre con-
naissance des lois de la fermentation des moûts et des soins qu'exigent
les vins. Leur éducation est faite désormais, et les vins de l'Algérie
sont bien supérieurs à ce qu'ils étaient il y a quelques années seule-
ment. Aussi les plantations de vignes ont-elles été faites sur une grande
échelle, et ces nouvelles plantations commencent à donner des pro-
duits sérieux. Il est impossible de prévoir dans quelle proportion exacte
la vigne s'étendra en Algérie, mais ce n'est pas s'aventurer que de lui
prédire le plus brillant avenir.
Il y a encore peu de temps, on ne buvait dans la colonie presque
que des vins d'importation, soit de France, soit d'Espagne ou d'Italie.
Ces importations ont diminué dans des proportions très considéra-
bles. Pour n'en citer qu'un exemple, l'importation des vins, par le seul
port de Bône, s'était élevée, enà1870, 38,800 hectolitres; elle est des-
cendue, en 187^, à 493 hectolitres. La population n'a pas diminué
dans l'intervalle ; elle a, au contraire, augmenté. On ne peut attribuer
la diminution des importations qu'à l'accroissement de la production
locale. De même, en cinq ans, l'importation des vins, à Philippeville,
est descendue de 90,656 à 868 hectolitres. L'exportation des vins algé-
riens est encore relativement assez faible ; mais elle va rapidement
prendre un essor comparable à la rapidité avec laquelle le développe-
ment de la production a arrêté le mouvement des importations.
Jusqu'ici les indigènes se sont montrés assez rebelles aux exemples
donnés par les colons dans l'extension de la viticulture. On estimait à
1 8,000 hectares environ la surface plantée en vignes dans toute l'Algérie
380 L'ALGÉRIE ET LES COLONIES FRANÇAISES.
à la fin de 18TS ; sur ce tolal, les indigènes n'entraient que pour un
neuvième. Faut-il y voir rintluenee de la loi de i\Iahomet ? Il est plus
rationnel, croyons-nous, de l'attribuer àleurmanque général de capi-
taux, qui ne leur permettrait pas d'attendre pendant trois ou quatre
ans les premiers produits de leurs vignes.
Si la production agricole de l'Algérie va toujours en augmentant, il
n'en est pas de môme de la plupart des autres colonies. Ce fait ressort
des Tableaux de population^ de culture, de commerce et de navigalion
que le ministère de la marine publiecliaque année Le volume relatifà
Tannée 1878 vient de paraître. On y conslate que, dans les colonies adon-
nées aux cultures spéciales de denrées dites coloniales, canne à sucre,
café,vanille, coton, cacao, tabac, girolle, etc., la situation n'a pas sensi-
blement varié depuis longtemps. Il y a même quelques cultures qui
perdent du terrain. Ainsi, la canne à sucre qui, à la Réunion, couvrait
46,000 hectares, il y quelques années, n'en occupait plus que 39,000
en 1878. A la Guadeloupe, au contraire, il y a tendance à accroître la
culture de la canne. La principale cause de la diminution de la culture,
à la Réunion, est dans les ravages causés par le borer, insecte dévas-
tateur qui s'est propagé avec une grande rapidité, et dont on n'a pas
encore trouvé le moyen de se débarrasser.
En Cocbinchine, malgré les ditticultés multiples que rencontre la
colonisation, de grands etîorts sont faits pour développer la produc-
tion agricole. Pendant l'année 1878, on estimait à 17,000 hectares
l'étendue des terres défrichées dans la colonie, et les concessions de
terres domaniales faites durant la même année s'élevaient à 2,732
hectares. Le jardin botanique de Saigon et la ferme des Mares contri-
buent à répandre les cultures les plus utiles à la colonie.
Le jardin botanique de Saigon a été fonde en 18G4. Il a une éten-
due de 12 hectares couverts par douze à treize cents variétés d'espèces
diverses. Son développement progressif lui a permis de livrer d'abord
à des prix très restreints, et peu après gratuitement, une grande quan-
tité de graines et de plantes utiles dont une des principales fut le
caféier. Depuis 1875, il lui est impossible de satisfaire à toutes les
demandes qui lui sont faites. Cependant, durant l'année 1878, il a
délivré 20,000 plantes ornementales, 14,000 plants d'essences di-
verses, 17,000 arbres fruitiers, 500 palmiers, 1,500 plantes textiles,
1,700 vanilles, etc. Le jardin botani([ue reçoit tous les ans de nou-
velles espèces de graines qu'il tente d'acclimater; ses efforts se portent
surtout sur les arbres fruitiers, ainsi que sur les plantes alimentaires.
La ferme des Mares a été établie, en 1 875, sur l'emplacement du haras
colonial qui venait d'être supprimé. Le but de cette création est l'intro-
duction de nouvelles cultures en Cochinchine. Les expériences sont pour-
suivies tous les ans sur la canne à sucre, l'indigo, le coton, le cacaoyer,
le manioc, le poivre, l'ortie de Chine, le jute, etc. En quatre ans, la
ferme a distribué aux agriculteurs de la colonie 1,300,000 plants de
canne à sucre, 210,880 caféiers, 3,000 manguiers, 1,400 kilog. de
graines diverses, etc. Des essais de culture de la canne à sucre ont été
faits sur un grand nombre de points, et ont jusqu'ici donné de bons
résultats.
Le commerce de la Cochinchine tend d'ailleurs à se développer rapi-
dement. En 1878, il s'est élevé à 104,5/i5,000 fr., dont 58,349,000 fr
à l'exportation et 44,190,000 à l'importation. Le riz forme la plus
L'ALGÉRIE ET LES COLONIES FRANÇAISES. 3S1
grande partie des exportations ; le montant des exportations de riz
entre pour 44,786,000 fr. dans le total général qui vient d'être indiqué.
Henry Sagmer.
LES QUALITES LAITIERES DE LA RAGE DURHAII- - I
Il existe en agriculture des préjugés bien tenaces. Quelques-uns ont
une raison d'être, et il importe de les combattre avec douceur et
ménagement. iMais il y en a d'autres, et c'est le plus grand nombre, qui
sont d'autant plus difficiles à détruire qu'ils sont plus faux et plus
absurdes. Ceux-ci ont la vie dure. C'est l'hydre de la fable, dont les
têtes multiples renaissent à mesure qu'on les abat.
Parmi ces préjugés, il n'y en a pas de moins fondé que celui qui
prétend que la race Durham n'est point laitière. Ce préjugé fait même
partie de l'enseignement de certains professeurs dans les écoles d'agri-
culture, et il m'arrive souvent de rencontrer de jeunes agriculteurs
fort intelligents et fort sérieux, m'objecter, lorsque je recommande la
race Durham, qu'on leur a enseigné, et cela d'une manière absolue,
que les vaches de cette race n'ont pas assez de lait pour nourrir leurs
veaux; qu'on est obligé d'avoir des nourrices pour ceux-ci, et que,
môme dans les cas les plus favorables, il faut deux vaches Durham
pour élever un veau. J'ai entendu tant de fois, dans ces derniers temps,
les mêmes assertions que je crois de mon devoir de publiciste et de
zootechnicien pratique, de combattre une fois de plus par des faits,
une maxime aussi erronée et aussi funeste au point de vue du progrès .
que celle que je viens de citer.
Je n'ai point la prétention d'établir que toutes les vaches de race
Durham sont bonnes laitières. Il en est de cette race comme de toutes
les autres. Il y a des familles extraordinairement laitières, comme il
y en a qui le sont médiocrement; mais je maintiens que la moyenne
des vaches Durham donne un rendement en lait, en beurre et en fro-
mage, supérieur à celui de n'importe quelle autre race. La race Dur-
ham possède en outre un autre avantage incommensurable, c'est
l'hérédité des qualités laitières que l'on peut maintenir en conservant
soigneusement la pureté des familles, ce que les généalogies permet-
tent de faire, tandis qu'avec les autres races on agit dans les ténèbres
du hasard. D'ailleurs, nulle autre race n'a été cultivée avec autant de
soins raisonnes. Chez nulle autre les éleveurs n'ont conibiné les ac-
couplements avec autant de considération jalouse et raisonnée. C'est
en procédant de cette manière, qu'on a consp- ' ans certaines fa-
milles, d'une manière intacte, le précieux hér ai leur appartient
et qui fait leur mérite et leur valeur, et c'est sun^at pour cette raison
que je recommande aux éleveurs de ne puiser les éléments de leurs
troupeaux que dans les familles dont la lignée est pure de tout mélange
et dont la généalogie ne présente aucun alliage.
Je vais maintenant indiquer les familles les plus laitières en citant
les vaches dont les qualités laitières sont le plus renommées. Les
faits que je vais citer sont d'ailleurs appuyés sur les témoignages les
plus irrécusables, et sont de notoriété publique et admis par tous
les éleveurs anglais. Plusieurs ressortent de ma propre expérience, et
j'ai connu un grand nombre de vaches dont je vais citer les rende-
ments, et par conséquent, j'ai pu constater moi-même la réalité des
chifîres de ces rendements.
382 LES QUALITÉS LAITIÈRES DE LA RACE DURHAM.
A l'origine même de l'amélioration de la race Durham, c'est-à-dire
au point de départ de sa renommée^ on trouve deux vaches célèbres
auxquelles il faut attribuer tout ce qui fait l'excellence et le mérite de
la race. Ce sont Princess et lady Maynard. Tout ce qui remonte direc-
tement à ces deux souches est frappé au coin de la supériorité. Les
femelles de toutes les branches de ces deux familles sont extraordinai-
rement laitières; ces qualités sont essentiellement héréditaires et se
transmettent infailliblement dans les produits par les taureaux. Une
vache produite par un taureau pur de ces familles, avec une vache or-
dinaire, est sûrement plus laitière qu« la mère; mais cette qualité,
chez elle, n'est qu'individuelle et ne se transmet point à ses produits, à
moins qu'on n'ait de nouveau recours à unautre taureau appartenant à
ces familles exceptionnelles. Voilà un avantage qu'aucune autre fa-
mille Durham de sang mélangé, qu'aucune autre race ne possède.
Dernièrement je me suis mis à collectionner les vaches les plus lai-
tières appartenant aux familles de lignée laitière bien reconnue, pour
en former mon troupeau de Saron. J'ai déjà cédé un certain nombre de
génisses à plusieurs éleveurs français dont je puis donner les noms,
qui tous m'ont certifié leur entière satisfaction du rendement laitier de
ces génisses dès leur premier veau. Ce rendement a toujours été de
25 à 28 litres de lait par jour; que sera-ce donc au deuxième ou au
troisième veau? Chez moi le résultat a été le même. Je me rappelle, il
y a de cela vingt-cinq ans, lorsque j'élevais des Durhams au château
Saint- Jacques, en pleine vallée d'Auge, aux environs de Lisieux, j'ai plu^
sieurs fois comparé le rendement en lait des vaches réputées dans le
pays comme laitières extraordinaires, et j'ai toujours constaté une
grande supériorité chez la plupart des vaches du troupeau Durham
que j'avais formé de concert avec M. Gernigou, l'éminent éleveur de
la Mayenne.
En Angleterre, je l'ai souvent répété et c'est un fait bien connu,
tous les troupeaux des comtés laitiers oi^i l'industrie est exclusivement
la fabrication du beurre ou du fromage, ou bien comme dans les
grandes laiteries des environs de Londres qui fournissent le lait à cette
immense métropole, toutes les vaches laitières sont exclusivement
de race Durham ; la moyenne de rendement étant non seulement
supérieure en quantité et surtout en qualité à celui de n'importe
quelle autre race. Ce rendement est aussi beaucoup plus économique,
car, en prenant par exemple pour point de comparaison la race hol-
landaise, l'une des plus laitières que l'on connaisse, on trouve dans
la pratique que, de même que les vaches normandes, elles consom-
ment beaucoup plus que les vaches Durham. Hier encore je lisais,
dans une lettre que m'écrit l'un des plus grands éleveurs de i'Alsace-
Lorraine, dont le troupeau se compose de soixante têtes, comprenant
des vaches hollandaises et durhams : les vaches Durham sont de sang
mêlé, pas une n'appartient à une famille distincte, et il y a même
quelques addenda venant de chez M. le comte de Massol. Dans tous
les cas, bien que mon éminent correspondant me dise que les familles
de Durham qu'il possède sont de sang Bâtes, et quelques-unes de
sang Booth, ces familles n'ont toutes qu'un sang mélangé, car les purs
Bâtes et Booth n'existent qu'en Angleterre et en Amérique. Il s<
peut que ces familles aient une infusion de sang Bâtes et de sang
Booth, mais cette infusion ne saurait exercer sur les produits immé-
LES QUALITÉS LAITIÈRES DE LA RACE DURHAM. 383
diats qu'une influence individuelle et pas un atome d'hérédité. Je le
repète, pour que cette hérédité se transmette, il faut que l'individu
qui la possède appartienne à la famille pure et sans alliage. C'est ce
qui n'existe point en France, oii pas un éleveur, y compris le gouver-
nement, ne semble môme se douter de ce phénomène physiologique,
si bien reconnu des éleveurs anglais et américains, et qui seul explique
les prix exceptionnellement élevés qu'obtiennent dans les ventes les
animaux de certaines familles ayant des généalogies nettes de tout
alliage.
Mon correspondant alsacien m'observe, dans son intéressante lettre,
que les vaches Durham qu'il « possède et dont je viens de définir l'ori-
gine (je cite textuellement), d'après son expérience, ces Durhams ne
sont pas mauvaises laitières, beaucoup tiennent admirablement leur
lait, et que, si beaucoup ne sont pas grandes laitières, le lait pro-
duit est alors de qualité supérieure. » « Enfin, continue-t-il, j'ai con-
staté que les Hollandaises, à poids égal, consomment environ un
quart de nourriture en plus. Les bœufs sont bons et énergiques tra-
vailleurs, du moins chez moi. Ma meilleure laitière est une 3/4 de
sang durham-hollandais. Cette vache a douze ans aujourd'hui et a
une santé de fer, rareté chez les grandes laitières, proie ordinaire de
la phtisie. »
Voilà un exemple bien remarquable de l'influence laitière du croi-
sement avec un taureau Durham! J'en trouve un autre exemple frap-
pant dans le compte rendu pour la campagne 1 879-1880 de l'exploita-
tion de l'Ecole pratique d'agriculture de Saint-Remi (Haute-Saône),
que l'excellent directeur, M. F.-M.-J. Cordier, vient de m'envoyer. Sous
le chapitre Bétail, je lis ce qui suit : « Nous avons actuellement cinq
vaches demi-sang durham dont trois ont fait un veau et les autres
deux. Toutes, sans exception, sont bonnes laitières; les premières
donnent deux fois plus de lait que leurs mères ; les secondes trois fois
plus Les résultats obtenus par un certain nombre de cultiva-
teurs qui avaient exposé leurs magnifiques animaux croisés Durham
au dernier concours du Comice de l'arrondissement de Gray, si bien
organisé par M. Perron, et présidé par M. Jobard, sénateur, entière-
ment dévoué à tout ce qui concerne l'agriculture, confirment pleine-
ment les résultats que nous avons constatés à l'Ecole. Aux questions
qui étaient adressées aux exposants au sujet de la production du lait
de leurs vaches croisées, ils répondaient tous invariablement qu'elles
étaient très bonnes laitières; du reste, il suffisait de voir les pis de
ces belles bêtes pour être convaincu qu'ils disaient la vérité. D un
autre côté, il était facile de constater leur belle conformation en les
comparant aux animaux fémelins exposés, »
C'est là le langage de la pratique éclairée et intelligente. Les éleveurs
qui me font l'honneur de lire mes publications conviendront que ces
témoignages, qui sont des faits, ne peuvent être réfutés.
Les témoignages que je viens de citer seraient encore plus complets,
si la question de l'engrais final avait été considérée. L'aptitude extraor-
dinaire à l'engraissement final, manifestée par la race Durham, et à
laquelle mon éminent correspondant de TAlsace-Lorraine a fait une
allusion indirecte, en observant que les vaches Durham, à poids égal,
consomment 25 pour 100 moins de nourriture que les vaches hollan-
daises, est un mérite dont on ne saurait exagérer l'importance. L'issue
384 LES QUALITÉS LAITIKRES DE LA RACE DURHAM.
fatale de l'existence des animaux: d'espèce bovine, c'est l'abattoir, et
cette considération entre nécessairement pour une large part dans le
rendement des bovidés. Une vache laitière, vieille, à bout de lait et ne
produisant plus, donne un bénéfice final, réel et important à l'engrais-
seur, après avoir, comme laitière et vache-mère, réalisé pour son pro-
priétaire, un large rendement en lait et en veaux. Il n'y a que la race
Durham qui possède cette qualité d'aptitude à l'engraissement facile
et économique, et l'éleveur, avec cette race seule, peut espérer recueil-
lir ce dernier bénéfice, qui, avec les autres races, se change presque
toujours en perte sèche et absolue.
Je vais maintenant puiser dans mes propres souvenirs, et encore
plus dans les traditions authentiques de la race Durham. et raconter
les exemples de fécondité laitière que nous offrent les annales histori-
quee de la fameuse race. On verra par les faits bien établis que je vais
citer, que cette race a été et est encore la plus laitière qui ait jamais
existé.
Je me rappelle une vente à laquelle j'assistais en 1848. M. Strafford
officiait comme commissaire-priseur. C'était celle de M. Lakin, l'un
des éleveurs de la race Durham qui a le plus cultivé les qualités lai-
tières ; car, disait-il avec raison, une vache qui n'est pas bonne laitière
est incomplète et n'a aucune valeur. Le lot 4 du catalogue était une
vache nommée OUI Strawberri/, laquelle, appartenant à la souche Tylplœ
comme les « Charniers ^), a formé une souche distincte qui, depuis cette
époque, est devenue très célèbre. Dans le catalogue, se trouve attachée à
cette vache, une note affirmant que cette vache était la meilleure lai-
tière que M. Lakin eût jamais possédée.
Old Strawberry était âgée de plus de seize ans, et la moyenne de son
rendement en lait pendant les quinze années de sa vie productive avait
été de 1 ,050 gallons par an, soit environ 4,725 litres. Cette vache re-
marquable a vécu jusqu'à l'âge de 27 ans, époque oîi elle cessa de pro-
duire. Sa santé, comme celle de la vieille vache de mon correspondant
alsacien cité plus haut, était de fer. Bien que placée au beau milieu
d'un centre d'épizootie funeste, dans maintes périodes de son existence,
entre autres de fièvre aphteuse et pleuro-pneumonie, qui décimaient
le troupeau dont elle faisait partie, elle resta parfaitement saine jusqu'à
l'âge de 27 ans où elle fut livrée au boucher. Cette aptitude laitière et
ce robuste tempérament qui distinguaient cette descendante extraor-
dinaire de la non moins remarquable et illustre Sylphe n'étaient point
des mérites individuels, mais essentiellement héréditaires. Ainsi une
de ses filles nommée Star donna une moyenne annuelle de 3,600 litres
de lait pendant 8 ans, et Stella fille de Star et par conséquent petite-fille
de Old Strawberry, possède à son avoir un rendement moyen annuel de
4,41 0 litres de lait pendant cinq ans.
Le môme M. Lakin a publié dans les notes de son élevage le rende-
ment moyen annuel dune autre de ses vaches, lequel fut enre-
gistré pendant trois années consécutives et qui se montait à 3,915
litres. La mère de cette vache, appelée Novice et dont le rendement
fut enregistré pendant cinq années consécutives, donna une moyenne
annuelle de 4,680 litres.
M. Lakin était un éleveur systématique et il avait la coutume d'en-
registrer dans son journal et par conséquent jour par jour, le rende-
ment en lait des vaches de son troupeau. Malheureusement c'est le
LES QUALITÉS LAITIÈRES DE LA RACE DURHAM. 385
seul éleveur dont les notes publiées dans le catalon;ue de sa vente de
1848, donnent une idée delà valeur laitière des Durhams, à l'exception
de celles de M. Bâtes, lo grand éleveur, qui, dans ses notes autobiogra-
phiques que j'ai l'intention de publier prochainement, donne des
rendements dont il garantit l'authenticité, lesquels établissent le mérite
laitier de la race Durham de la façon la plus éclatante.
[La suite prochaincinont). F.-R. de la Tréhojnnais.
LUTTE CONTRE LE PHYLLOXERA DANS LA GIRONDE *
Bordeaux, 22 août.
Monsieur le préfet, j'ai commencé, le samedi 14 août, la visite des points
phylloxérés où des traitements au sulfure de carbone et au sulfocarbonate ont été
appliqués dans le département. Le temps restreint qui m'était donné ne m'a pas
permis de voir une portion du Libournais, la plus grande partie de l'Entre-deux-
M^rs, les environs de la lli'ole, Langon el Bazas.
Je puis dire d'ores et déjà que les tiaitements ont donné d'excellents résultats
partout où ils ont été appliqués d'une façon convenable, à des doses non exagé-
rées et en dehors de la période de grands froids. Partout la vigne a parfaite-
ment reverdi à la suite des traitements au sulfure et au sulfocarbonate. Sur quel-
ques points où les traite:::jeiits ont été appliqués dans le fort de l'hiver ou à des
doses trop fortes, au printemps dernier, la végétation a été arrêtée d'une manière
sensible. Ce n'est qu'à partir du milieu du mois de juin ou de juillet que les vignes
traitées dans ces conditions ont commencé à pousser d'une façon à peu près con-
venable. Les pousses sont petites, mais la feuille, parfaitement verte, indique que
la vigne, après avoir beaucoup souftért, tant du froid de l'hiver que de celui occa-
sionné dans le sol par l'évaporation du sulfure, est en pleine voie de régénération.
Dans les communes de Pauillac, Saint-Julien par exemple, où, immédiatement
après les traitements au sulfure de carbone, faits en décembre, on a appliqué des
traitements au sulfocarbonate, il y a eu de nombreux cas de mortalité. Cependant,
sur quelques points de ces communes, les traitements au sulfure ont donné des
résultats très satisfaisants.
Les parties du vignoble de M. Lnlande, à Saint-Seurin-de-Cadourne, qui ont
été traitées, sont en voie de régénération ; il en est de même pour l'une des quatre
taches traitées chez M. Clouzel, dans la commune de Vertheuil. Les trois autres
taches appartenant à ce propriétaire sont dans un état magnifique de végétation.
C'est à peine si, dans chaque tache, les 7 ou 8 pieds primitivement attaqués sont
moins beaux que les autres. Du reste, dans tout le département, le centre même
des taches est plus faible que les parties périphériques, surtout lorsque les taches
datent de deux ou trois ans.
MM. La^vto□, Dupuy, Grazilhon et Lefort, à Euteilhan, qui ont fait appliquer
chez eux des traitements au sulfure de carbone, ont obtenu de tiès beaux résultats.
Chez MM Lawton, à la salle de Pez, et M. Lefort, à Euteilhan, les vignes
traitées ont une végétation magnifique et il est impossible d'établir une différence
avec les parties indemnes qui n'ont pas été traitées.
A Moulis, les vignes traitées chez M. Fouquier ont reverdi. Ce propriétaire fera
reprendre après les vendanges les traitements au sulfure de carbone.
Dans la commune de Margaux, les vignes traitées au sulfure de carbone et au
sulfocarbonate sont dans un état des plus satisfaisants. Il en est de même des
vignes traitées au sulfocarbonate chez M. Roy, au château d'Issan (commune de
Gantenac), et au sulfure de carbone chez M. Barbier, à Ciran (commune de La-
barde).
Dans la commune de Ludon, les vignes traitées au sulfocarbonate par M. La-
brunie, sont très belles. M. Lafonta a fait traiter au sulfure de carbone 5 taches
phylloxériques. Ces vignes sont en très bon état de végétation.
Dans la commune de Parempuyre, chez M. Perrié, propriétaire du domaine
du Morain, huit ou dix taches ont été traitées au sulfocarbonate; les vignes sont
en très bon état, mais on a constaté des réinvasions.
M. Poly, propriétaire à Florimont, a obtenu de très bons résultats par le sulfure
de carbone dans des taches relativement récentes. Ces vignes sont à l'état normal.
Dans la commune de Berson, MM. David, maire, Bergeron, Regardy, Poi-
1. Rapport adressé à M. H. Doniol, préfet de la Gironde.
386 LA LUTTE CONTRE LE PHYLLOXERA DANS LA GIRONDE.
rier, de PeyredouUe, membre du syndicat de cette commune, ont fait traiter leurs
vignes au sulfure de carbone dans le mois de février dernier et ont obtenu d'ex-
cellents résultats ; sur plusieurs points, les vignes traitées sont à l'état normal.
Le vignoble de M. PeyredouUe mérite une mention toute spéciale. Depuis deux
ans, en effet, ce propriétaire emploie le sulfure de carbone et a obtenu des effets
très remarquables. Les vignes qui ont subi deux ou trois traitements sont rame-
nées à l'état normal, et celles qui n'ont été traitées qu'une fois sont en pleine voie
de régénération. C'est grâce aux bons résultats obtenus par M. de PeyredouUe
qu'un syndicat s'est formé dans cette commune.
Ce que je viens de dire pour Berson, je puis le dire aussi pour la commune de
Bayon, où MM. Dussaud frères, Faure, maire, Brard et Roy, membres du syn-
dicat, ont obtenu de bons résultats par le sulfure de carbone. M. Roy, comme
M. de PeyredouUe, en a eu de magnifiques et a ramené à l'état normal des vi-
gnes perdues quand il fit les premières applications de sulfure, il y a deux ans.
A Bourg, les résultats se passent de commentaires. MM. deMarsiUac, de Bory,
de Subercazeaux, Mme de Labadie et M. Malard ont eu de véritables succès. Par-
tout la pousse est vigoureuse, la feuille abondante est verte et le fruit en même
quantité que sur les vignes indemnes non traitées.
Le Syndicat de Samt-André-de-Gubzac, présidé par M. Mortier, a obtenu éga-
lement de très beaux résultats par l'emploi du sulfure de carbone. Toutes les vi-
gnes traitées sont en pleine voie de régénération, quelques-unes ont été ramenées
à l'état normal. Les vignes de M. Mortier méritent une mention toute spéciale.
Il en est de même dans les communes de Gubzac, Aubiès et Espessas, où le
syndicat dont M. Danilous est président a fait traiter au sulfure de carbone l'hi-
ver dernier. Les traitements ayant été suspendus pendant les périodes des grands
froids, les vignes n'ont pas souffert comme dans le Médoc. Je citerai, entre autres
propriétaires dont les vignes sont en bon état, MM. Morange, Charon, etc.; les
vignes de M. Danflous, qui sont très remarquables ; elles ont été ramenées à peu
de chose près à leur état normal.
Dans les communes de Montussan, Ivrac, les résultats sont très satisfaisants,
bien qu'il n'ait été fait encore qu'une application de sulfure de carbone.
En présence des résultats obtenus par M, Arnaud, au moyen du sulfate de cui-
vre appliqué pendant deux ans, un syndicat s'est constitué dans cette commune
sous la présidence de M. Braulio-Poc.
Dans la commune de Neac, les traitements au sulfocarbonate ont pleinement
réussi chez M. Brisson et le colonel Fombert de Villers.
Dans la commune de Pomerol, les résultats sont très remarquables, surtout
chez M, Giraud, qui a totalement rétabli son vignoble en employant surtout le sul-
fure de carbone.
J'ai vu également de très beaux résultats chez MM. Greloud, Dubourg, Bertin,
Galland, Dussaud, etc.
MM. Génon, de Galvinhac, Bussier, Viaud, Garlat ont aussi des résultats très
heureux dans leur syndicat de la commune de Fronsac.
Je ne parlerai pas de ceux obtenus à ViUegouge, par MM. Boiteau, serru-
rier, et Dumay. Ges résultats sont trop connus de tous pour qu'il y ait lieu d'en
parler ici. Je me contenterai de dire que ces vignes soni absolument fougueuses,
alors qu'il y a quatre ans elles agonisaient. MM. Godinot, Gauthier et autres ont
fait appliquer des traitements culturaux (10 grammes par coup de pal) ; leurs vi-
gnes sont en pleine voie de régénération. J'ai vu également une vigne en très bon
état, appartenant à M. Boiteau, vétérinaire.
A Sainte-Foy, les traitements au sulfocarbonate ont donné aussi de très bons
résultats ; c'est ce qui ressort de ma visite dans les vignes de MM. Matignon,
Damanion, Mme veuve Lareynière, Bacalan, Vergnols. Fineteau, Ouvrard, etc.
Les vignes traitées dans la commune de Pessac sont en excellent état ; elles
étaient, il est vrai, peu atteintes, mais les résultats sont beaux. A Montferrand et
Bassens, mêmes résultats qu'à Pessac.
Je me suis rendu sur votre invitation, Monsieur le Préfet, chez M. le baron d'As-
tres de Landsberg, à Saint-Sulpice-d'Izon. On m'a fait voir des vignes dans un
état très satisfaisant de régénération qui ont été traitées au moyen d'un liquide
Cafre, dont M. le baron d'Astres est l'inventeur. Je n'ai pas vu dans quel état
étaient ces vignes avant qu'elles fussent soumises à ce traitement.
Cependant les bois de taille de l'année dernière indiquent assez, par leur peu
de grosseur, combien ces vignes étaient atteintes par le fléau. Il suffit, du reste,
LA LUTTE CONTRE LE PHYLLOXERA DANS LA GIRONDE. 387
de voir l'état lamentable des vignes voisines, non traitées, pour se faire une idée
bien nette de l'état dans lequel devaient se trouver les vignes du baron d'Astres il
y a un an. Il y a là des résultats très remarquables qui méritent la peine d'être
pris en sérieuse considération.
Veuillez agréer, etc. F. Artigue,
Délégué départemental au service phylloxériqne.
LE DOMAINE DES ÉTANGS, ET LE MÉTAYAGE
EN ILLE-ET-VILAINE
Malgré les progrès du bail à ferme, l'organisation traditionnelle du
métayage se retrouve encore aujourd'hui sur beaucoup de points, et
M. de Gasparin, dans son Guide des propriétaires de biens soumis au
métayage, publié en 1832, pensait même que plus de la moitié des
terres de la France reste régie par ce mode d'amodiation. Une statis-
tique de quelque valeur sous ce rapport est chose difficile.
On s'est demandé à un autre point de vue que celui de la culture
proprement dite, si ce contrat ne faisait pas taire la jalousie et la cupi-
dité qui ne se manifestent que trop dans les pays de fermage direct,
où un socialisme pratique a souvent revendiqué dans les moments de
crise, la propriété du sol pour ceux qui l'exploitent? Nous le croyons,
et nous croyons de plus que dans les conditions trop fréquentes
encore où le bail à ferme ne trouve pas des preneurs ni assez riches,
ni assez pénétrés de l'importance du capital d'exploitation, comme en
Angleterre où l'exploitation du sol est considérée comme une véritable
industrie, le métayage reste un instrument de progrès.
Un écrivain agricole des plus distingués, M. Victor Borie, mort der-
nièrement, et qu'on ne pouvait suspecter d'idées rétrogrades, considérait
le métayage amélioré comme une des meilleures sources de l'émanci-
pation du travail. Au lieu de salariés, l'agriculture, par le métayage,
mettrait en œuvre, disait-il, des associés, et propriétaires et métayers
partageraient la bonne comme la mauvaise fortune, ce qui ne s'est que
trop réalisé depuis quatre ans d'une situation générale précaire où les
revenus des propriétaires et métayers sont fortement réduits, à part
peut-être dans quelques contrées herbagères.
Le métayage pour le preneur a, suivant nous, l'incontestable avan-
tage de remédier à l'inconvénient, malheureusement si répandu, des
baux à court terme si contraires aux intérêts de l'agriculture bien
comprise, et à ceux des propriétaires et fermiers. Des baux de 3, 6 ou
9 ans au choix des bailleurs, suivant une clause trop usitée dans l'ouest
notamment, ne permettent à vrai dire, aucun assolement régulier, ni
aucune amélioration foncière, et maintiennent les preneurs dans la dépen-
dance des propriétaires souvent tentés de profiter, pour une élévation
de bail, des avantages ou des améliorations faites par les fermiers. Par
le métayage, le système des baux de courte durée, ceux d'un an
même, sont favorables aux métayers qui sont certains de rester, lors-
qu'ils remplissent toutes leurs obligations, et aux propriétaires qui se
garderont bien de se séparer de bons métayers.
Au reste la question du métayage a fait l'objet d'une discussion
approfondie dans la presse agricole, et devant le Sénat où le bail à
colonage partiaire a été l'objet de dispositions législatives résumées en
douze articles soumis aujourd'hui à la Chambre des députés.
Dans l'intéressante discussion qui a eu lieu au Sénat, les divers ora-
teurs se sont plu à reconnaître au métayage le caractère d'un contrat
388 SUR LE MÉTAYAGE EN BRETAGNE.
d'association entre le capital et le travail qui y est apporté au minimum
de son prix, par le métayer et sa famille dont l'accroissement est un
bienfait pour lui. En effet, la condition des métayers qui emploient
des ouvriers n'est guère plus favorable que celles des fermiers. Aussi
dans les pays de métayage, oi^i on ne lit pas Malthus, la sage lenteur
dont M. de Lavergne félicite les Normands, n'est pas imitée, au
grand profit de l'accroissement de la population.
Le métayage jouit aujourd'hui d'une faveur qu'il n'avait pas autre-
fois. Les primes d'honneur, dans le Limousin et le Maine, se sont ren-
contrées l'an passé parmi les concurrents de la troisième catégorie, à
savoir les propriétaires exploitant plusieurs domaines par métayers^ et
nous rendions compte à cette place même de Timportant domaine de
Bréon, arrondissement de Chateau-Gontier qui avait mérité la prime
d'honneur de la Mayenne. Cette année, M. le comte de Bréon se pré-
sentait pom' la même récompense en Ille-et>-Vilaine et pour le domaine
des Etangs, nom qui a remplacera cause d'une série d'étangs dominés
de coteaux boisés, celui de l'ancien manoir de Lampatre.
Parmi les 14 métairies qui composent l'important domaine des
Etangs, 9 seulement étaient présentées pour la prime d'honneur, les
G autres ayant été améliorées par la culture à moitié pendant un laps
de temps variant de 12 à 20 ans et mises àferme, et les soins de M. de
Bréon se portant désormais sur les 9 fermes à moitié, à peu près
groupées autour du nouveau château des Etangs, d'une construction
moderne et d'oi^i Ton peut jouir du plus agréable aspect.
La contenance des 9 fermes à moitié, formant noyau au milieu d'une
propriété beaucoup plus étendue, est de 203 hect. 1/2. Elles étaient
affermées 3,200 fr. au début des opérations de M. le comte de Bréon et
produisent aujourd'hui au delà de 10,000 fr. Les anciens bâtiments de
ferme ont été utilisés autant que possible; mais par ailleurs M. de
Bréon a été contraint de faire des augmentations s'élevant à cette heure
à 54,000 fr.
Des travaux considérables de drainage et d'irrigation ont été faits
dans ces fermes sur lesquelles 31 hectares ont été drainés avec de gros
tuyaux placés ai'". 50 de profondeur, recouverts d'une certaine épais-
seur de pierres concassées ; de plus 3,400 mètres de canaux à ciel ou-
vert, ont été faits dans les endroits oii les racines des arbres auraient
pu obstruer les tuyaux.
Lorsqu'en 1845, M. le comte de Bréon devint propriétaire, par héri-
tage, de M. legénéral marquis de Labourdonnais, son beau père, delà
terre de Lampatre, il fut frappé de son peu de revenu relativement à
son étendue, et de la misère des fermiers. Les meilleures terres ne se
louaient pas 20 fr. l'hectare, les ordinaires 10 ou 12 fr. et les landes
5 fr. Les bois étaient partout envahis par les bruyères et les mauvai-
ses essences; le vieux manoir des Etangs, dit Lampatre, n'était entouré
que de bois, de landes, d'étangs marécageux, et de quelques mauvaises
prairies ressemblant plutôt à des landes et à des marais. Les parties
marécageuses étaient en très grand nombre, l'eau se rencontrait à
chaque pas, stagnante ou s'écoulant par petits filets naissants au milieu
des landes et couverts de pellicules irisées indiquant la présence de
matières ferrugineuses dans le sol. L'étude faite par un géologue dis-
tingué montra que ces terres pouvaient devenir fertiles de presque sté-
riles qu'elles étaient, et n'avaient besoin que de drainage et de calcaire,
SUR LE MÉTAYAGE EN BRETAGNE. 389
deux éléments de succès alors inconnus dans cette partie de la Bre-
tagne.
Propriétaire dans l'arrondissement de Château-Gontier où l'agricul-
ture est en grand progrès par le métayage qui y est traditionnel, M. de
Bréon crut devoir appliquer ce mode de culture à ses terres de Bre-
tagne. On conçoit aisément qu'il dut rencontrer de nombreuses diffi-
cultés dans un pays où le métayage n'était pas en usage, et s'appliquer
dès le début à vaincre les résistances de ses colons, en les stimulant
par ses exemples et en les aidant par ses conseils et ses capitaux.
Aujourd'hui leur confiance est entière, et les récompenses qui leur ont
été distribuées au concours régional de Rennes, sans que le jury ait
cru devoir ajouter la prime d'honneur au prix cultural, par la raison
sans doute que M. le comte de Bréon l'avait reçue l'an passé dans la
Mayenne, sont encore venues accroître leur confiance dans les agisse-
ments d'un propriétaire éclairé.
Le but de M. le comte de Bréon, en agissant ainsi, tout en contribuant
au bien-être matériel et moral des agriculteurs de la contrée, était
de leur faire adopter la cultu re et les instruments perfectionnés, et l'usage
de la chaux, surtout d'améliorer leur bétail par le croisement avec le
Durham, de manière à retirer un plus grand profit de leur cheptel, sans
diminuer la production de grains. Pour cela les métayers qui ne con-
servent généralement pas de taureaux, amènent leurs vaches au domaine
des Etangs, régi également à moitié par M. V. Graland qui a secondé
M. de Bréon dans son plan agricole adopté, et mérité une récompense
spéciale du jury qui a inspecté l'intéressant domaine des Etangs. Là
ils trouvent des taureaux pur sang dont les croisements se vendent,
à 3 ans, 700 à 800 fr. la paire, c'est-à-dire un prix beaucoup plus élevé
que celui qu'ils obtenaient de leurs animaux de 5 à G ans.
M. de Bréon entretient habituellement aux Etangs, tant pour les
juments de ses fermes que pour celles de la contrée, un étalon approuvé,
dans le but de Tamélioration des chevaux du pays.
La production fourragère a dû être le constant objectif de l'exploi-
tation des Etangs. On sait hélas ! combien elle a été éprouvée par l'hi-
ver rigoureux que nous avons traversé, et qui s'est manifesté dès
l'automne, détruisant cette précieuse ressource des choux du Poitou,
importés depuis trente ans en Bretagne, où ils sont aujourd'hui culti-
vés sur la plus large échelle.
Depuis cinq ans on a fait aux Etangs, les essais d'ensilage des four-
rages verts et, en 1875, 300,000 kilog. de maïs furent mis en silos. Il
était d'abord ensilé en entier, mais dès la deuxième année, le régis-
seur Graland en essaya le hachage au moyen d'une machine à vapeur
et de deux grands hache-maïs sortant des ateliers de M. Bodin, mar-
chant simultanément et débitant aisément 50,000 kilog. par jour.
L'assolement est alterne aux Etangs, avec la culture à plat, l'usage
du semoir, de la charrue Brabant, des faucheuses et des moisson-
neuses.
Le domaine des Etangs offre pour nous l'exemple de l'intervention
en agriculture d'un propriétaire, par le métayage suivi avec tous les
progrès de la culture directe.
M. de Bréon, pénétré de cette juste idée d'économie rurale, que le
progrès en agriculture est en raison directe des facilités de communi-
cation, a percé sa propriété de chemins de service, en même temps
390 LE MÉTAYAGE EN BRETAGNE.
qu'il abandonnait son terrain pour tous les chemins communaux, et
souscrivait à toutes les dépenses communales à cet égard.
Les Etangs ne ressemblent guère aujourd'hui au vieux manoir de
Lampàtre entouré de bois, de haies qui menaçaient d'envahir les
champs. La constitution géologique s'est du reste prêtée, avec les plan-
tations bien aménagées laites par le propriétaire, à un ensemble qui a une
altitude assez grande relativement au reste de la contrée, et rappelle
les bords de la Clyde, et les habitations d'Ecosse.
A. DE LA MORVONNAIS.
BEURRE ET MARGARINE'
M. Mège-Mouriès, connu par divers travaux sur les céréales et sur
la fabrication du pain, a signalé, il y a quelques années, l'existence
d'un nouveau produit industriel alimentaire qu'il a proposé comme
succédané du beurre, et désigné sous les noms de margarine, d'o/éo-
margarinc, et de beurre de margarine, lorsqu'il a été battu avec du lait.
Dans l'esprit de l'inventeur, cette matière possède les propriétés
alimentaires du beurre. Elle a sur celui ci le précieux avantage de ne
pas exhaler, sous Tinfluence du tenrips, Voà&xw sui generis {\\\i impres-
sionne si désagréablement l'odorat, et elle serait destinée à rendre les
plus grands services à la partie peu aisée de la population, parce
qu'elle est à meilleur marché que le beurre, et aussi parce qu'il en
faut une moins grande quantité pour l'apprêt des mets.
Qu'il nous soit permis de dire qu il résulte des ranseignements pris
à des sources autorisées, qu3 la margarine fabriquée en France est peu
employée directement, qu'elle ne sert guère que dans les restaurants à
bas prix, non pas pour être mise sur le pain, mais pour préparer les
ragoûts et les mets épicés, et que la quantité ainsi consommée ne
représente qu'un très minime appoint de la masse fabriquée. La mar-
garine française a deux destinations principales : une très grande pro-
portion est expédiée en Hollande, d'oii elle se répand ensuite dans les
colonies et en Angleterre; une quantité très importante, hélas! quitte
Paris pour la Normandie et la Bretagne, d'où elle revient baptisée du
nom de beurre par son mélange au beurre de ces pays. Quant à faire
baisser le prix du beurre, comme le faisait prévoir l'inventeur, il n'en
a rien été, et le proverbe populaire « au prix ou est le beurre, » n'a
pas cessé d'être une expression d'une incontestable vérité.
En France, on ne fabrique cette margarine qu'à Paris et dans ses
environs, et la production dépasse 15,000 kilog. par jour.
Voici comment M. Mège indiquait d'opérer :
On enlève des abattoirs la graisse de bœuf dès que l'animal est
abattu, et au plus tard le lendemain on la trie et on en déchire les
membranes par l'action de deux cylindres armés de dents coniques.
La graisse ainsi préparée est introduite dans une cuve chauffée à la
vapeur, avec un peu de carbonate de potasse et deux estomacs de porcs
ou de veaux par lOO kil. La température du bain est portée à 45 degrés,
et on la maintient en agitant pendant deux heures vers ce point.
L'estomac de veau ou de porc aidant, suivant M. JVIège, la majeure
partie de la graisse s'est extravasée des membranes et flotte en une
couche trouble à la surface. On la siphonne dans un bac chauffé au
bain-marie, oi^i elle est additionnée de 2 pour 100 de sel, pour hâter
1. Extrait d'un rapport présenté à l'Académie de médecine.
BEURRE JiT MARGARINE. 391
la clariûcation; à ce moment, elle est soutirée dans des vases où elle
se solidifie peu à peu, et ce produit constitue ce qu'on appelle le pre-
mier jus, qui fond à 35 à 3G degrés, et dont les acides gras fondent
vers 44 degrés.
Cette graisse est soumise le plus tôt possible à une expression entre
des plaques de ferétaraé portées à 25 ou 28 degrés, et on actionne la
presse hydraulique de façon à obtenir un gâteau solide, résidu formé
surtout de stéarine, qui représente environ comme poids la moitié du
poids de la graisse. Le produit qui s écoule est un mélange d'un reste
de stéarine, de margarine et d'oléine; il constitue la margarine ou
oléo-margarine.
Le beurre de margarine s'obtient en barattant cette graisse avec la
moitié de son poids de lait, de l'eau dans laquelle on a mis à macérer
des mamelles de vache, et enlin une matière colorante, le rocou.
Aujourd'hui, tout est bien changé. Il se sépare si peu de graisse à
45 degrés, qu'on a chauffé à 65 degrés; le produit est plus abondant,
mais il est déjà odorant, assurément moins fin. Au lieu d exprimer
de façon à n'avoir que 50 pour 100 de margarine, on fait marcher la
presse jusqu'à ce qu'il s'en soit écoulé 60 ou 62 pour 100; mais alors
le produit a l'inconvénient de se solidifier dans les assiettes, sur les
fourchettes, au bord des lèvres.
Devant cet écueil qui mettait la fabrication eu danger, n'allez pas
croire qu'on soit revenu à l'indication première de M. Mège, c'est-à-
dire à une expression plus modérée.
Et le rendement, et la concurrence ! On a évité l'écueil par un pro-
cédé qui augmente le rendement, toujours, bien entendu, aux dépens
de la qualité, ou tout au moins en dénaturant le produit; on ajoute à
la graisse une huile qui, par son état liquide, corrige la solidification
trop facile de la margarine et la ramène à n'avoir que le point de
fusion du beurre, ou même un point de fusion inférieur. On avait d'a-
bord fait usage d'une huile qui s'écoule des saindoux pressés et qui est
importée d'Amérique par les voies anglaises, par suite de nos conven-
tions douanières avec la Grande-Bretagne; mais l'odeur du saindoux
dévoilait sa présence, et maintenant on lui substitue l'huile d'arachi-
des, qui a pour le fraudeur les précieuses qualités du bon marché, de
la blancheur et de l'absence d'odeur et dégoût. On en introduit 10,
20, 30 pour cent et plus; une seule maison, m'a dit une personne
très au courant, en emploierait 5 à 6,000 kilog. par mois. Inutile d'a-
jouter que l'estomac du porc et du veau, que les mamelles de la
vache dont Taclion était d'ailleurs fort problématique, ne passent plus
le seuil de l'usine.
La concurrence, aiguillonnant les divers fabricants, a produit un autre
résultat non moins fâcheux : le suif des abattoirs de Paris s'est bien-
lôt trouvé insuffisant; aujourd'hui on va chercher le suif dans les
abattoirs des départements, et on en extrait le premier jus dans le
pays. On y emploie souvent des graisses déjî anciennes, parce qu'on
n'a pas chaque jour la quantité de matière suffisante pour une fonte,
et on envoie le résultat de cette fusion à Paris, oi^i il est transformé en
margarine.
Tel est le produit industriel, variable dans ses éléments, oii de la
graisse de porc, de l'huile végétale, sont mélangées à la graisse du
bœuf, produit que nous ne sommes pas surs de ne pas manger à pe-
392 BEURRE ET MARGARINE.
tite dose dans le beurre de Bretagne et de Normandie, et que l'on vou-
drait faire consommer, sans mélange de beurre, aux malades des
asiles de la Seine. Iîiche,
Membre de TAcadémie de médecine.
DEUX NOUVELLES LOIS ALLEMANDES
Monsieur le directeur, il y a quelques mois, j'ai fait connaître aux
lecteurs du Journal de f Agriculture la nouvelle loi de chasse de lAl-
sace-Lorraine. Aujourd'hui, si vous le voulez bien, je leur exposerai
deux lois récemment promulguées dans l'empire allemand, l'une
relative à l'usure, l'autre aux épizooties.
Voici les principaux articles de la loi sur l'usure :
Quiconque exploitant la gêne, l'imprudence ou l'inexpérience d'une
personne, fait, à propos d'un prêt ou d'une prolongation de créance,
promettre ou accorder soit à lui-même, soit à un tiers, des avantages
pécuniaires dépassant le taux habituel des intérêts à un point tel que
ces avantages sont en disproportion évidente avec le service rendu,
est puni d'un emprisonnement de six mois et d'une amende maximum
de 3,000 marcs. Le coupable pourra aussi être privé de l'exercice des
droits civiques.
Quiconque fait promettre soit à lui-même, soit à un tiers, les
avantages pécuniaires usuraires d'une manière détournée, par traite,
sur engagement d'honneur, sur parole d'honneur, sous la foi du ser-
ment ou d'affirmations analogues, est puni d'un emprisonnement d'un
an et d'une amende de 600 marcs au maximum. Le coupable pourra
aussi être privé de l'exercice des droits civiques.
Les mêmes peines seront prononcées contre celui qui, sachant com-
ment les choses se sont passées, acquiert une créance de cette nature,
la revend ou en fait réclamer les avantages pécuniaires.
Quiconque fait de Tusure un métier ou une habitude est puni d'un
emprisonnement de trois mois au minimum et d'une amende variant
de 150 à 15,000 marcs. Le coupable pourra aussi être privé de l'exer-
cice de ses droits civiques.
Toute convention frappée par une loi est nulle et non avenue. Tous
les avantages pécuniaires fournis par le débiteur devront lui être resti-
tués avec intérêt à dater du jour où ils ont été reçus.
Au risque d'être en désaccord avec plus d'un de vos lecteurs, je
vous déclarerai que j'approuve complètement cette loi et que je la con-
dère comme très favorable à l'agriculture. On peut être partisan de la
liberté de l'intérêt et cependant combattre l'usure. Qu'on reconnaisse
à la Banque de France le droit de faire l'escompte au taux que le con-
seil des régents juge approprié aux circonstances, rien de mieux;
mais qu'un maquignon vende à un paysan une tête de bétail 400 francs,
et qu'il lui fasse signer un billet de 500 francs à six mois, voilà ce
que le législateur doit frapper. Pour bien juger la nouvelle loi alle-
mande, il faut connaître les mœurs allemandes. En Allemagne, ainsi
que dans les trois anciens départements français, qui depuis 1871 con-
stituent l'Alsace Lorraine, le métier d'usurier est une profession régu-
lière qui est exercée par un monde particulier, les Juifs. Le Juden-
/îampl\ la guerre aux Juifs dont les journaux allemands sont remplis
depuis quelques années, n'est] nullement une question de fanatisme,
c'est une simple question d'usure. Les gens d'affaires Israélites onl en-
DEUX NOUVELLES LOIS ALLEMANDES 393
lacé le marché allemand dans un immense réseau, et les industriels
commerçants et agriculteurs veulent se débarrasser de cette étreinte. En
Alsace-Lorraine on compte 40,000 Israélites sur 1 ,500,000 habitants,
et de ces 40,000 il y en a au moins 35,000 qui, sous prétexte de com-
mercede biens ou de bestiaux, pratiquent journellement l'usure. M. Tis-
serand, dans le remarquable rapport sur le Haut et le Bas-Rhin qu'il
avait rédigé peu de temps avant 1870, comme président de l'enquête
agricole, n'a pas négligé de décrire celte situation. Jusqu'ici, le mépris
public et le Code pénal avaient été impuissants. Espérons que cette
nouvelle loi très sévère qui frappe, outre les faits déterminés, l'habi-
tude de l'usure, amènera de bons résultats.
La loi sur les épizooties sera mise en vigueur le 1" avril 1881 ; elle
renferme 69 articles que je vais rapidement résumer. Elle ne parle
pas de la peste bovine qui est réglementée par une législation spéciale.
Elle est appliquée par les autorités provinciales qui peuvent déléguer
des commissaires spéciaux, mais opèrent en général avec le concours
des vétérinaires de l'administration.
L'importation des animaux malades estprohibée. Quand une maladie
contagieuse règne dans un pays étranger, on peut interdire l'entrée des
animaux morts ou vivants; en même temps on peut soumettre le
bétail de la région menacée à des visites.
Tout propriétaire est tenu de déclarer ses animaux malades; les
contraventions sont sévèrement punies. Le vétérinaire est soumis à la
même obligation. Les maladies visées par la loi sont le sang de rate,
la rage, la morve, la cocotte, le piétin, le péripneumonie, la clavelés,
le mal de coït, la gale.
Dès que les autorités de police sont averties, elles préviennent le
vétérinaire qui examine le cas et voit si la contagion est à craindre.
S'il y a urgence, il peut ordonner immédiatement l'isolement et la
surveillance du bétail, en en référant aux autorités. La police peut sur-
le-champ prendre les mesures nécessaires pour protéger le bétail de
la commune. Les réclamations du propriétaire n'arrêtent pas l'action
de l'autorité.
Quand l'isolement d'un animal ou d'une étable est décidé, le pro-
priétaire est tenu de prendre de suite les mesures nécessaires. L'admi-
nistration a le droit de fermer les marchés et les villages ; dans des
cas spécifiés, elle peut soumettre à l'inoculation les animaux exposés à
la maladie; elle peut aussi abattre les animaux malades ou suspects.
Elle désinfecte les étables et même les hommes et leurs vêtements.
Pour chaque cas il y a en outre des mesures spéciales. Ainsi lorsqu'il
s'agit du sang de rate et de la m.orve, on défend de dépouiller la peau;
dans la péripneumonie, on peut ordonner Fabatage immédiat des ani-
maux suspects. Quand la clavelée se déclare dans un 'troupeau, tous les
animaux non malades doivent être soumis à l'inoculation.
La plupart des questions relatives aux indemnités sont abandonnées
à la législation particulière des différents États ; le chiffre de l'indem-
nité est seul fixé par la loi d'empire. Il monte à la totalité de la valeur
de l'animal sain, sauf pour la morve où il est des trois quarts et pour
la péripneumonie des quatre cinquièmes. On tient compte en outre de
la viande et des restes utilisables.
Les contraventions à la loi sont punies d'amendes et d'emprisonne-
ment. Paul MULLER.
394 CRÉATION DES PARCS ET DES PELOUSES.
CRÉATION DES PARCS ET DES PELOUSES
Dans rétablissement des parcs et autres promenades de luxe, il faut s'efforcer
de cbasser la monotonie en couvrant, avec goût et art, la surface du sol. Pour cela,
les moyens employés, depuis un temps imioémo'ial, par nos habiles horticulteurs
modernes, consistent à le garnir, sur différents points, de riches plantations,
de brillants massifs d'arbustes variés, d'éblouissantes corbeilles de fleurs multico-
lores et de fin gazon anglais, qui constitue de beaux et luxuriants tapis verts.
Quant à la disposition des allées et du terrain, c'est une question de goût et de
dessin paysagiste ; mais dans tous les cas, les allées doivent toujours être un peu
profondes, sablée-^, cintrées et contournées de manière que les parties qu'elles
encadrent ne se ressemblent pas; la surf;ices de ces dernières doit être vallonnée
au centre, soulevée sur différents points, afin qu'elles aient un aspect accidenté.
Dans l'établissement des pelouses, avant d'ensemencer la terre en ray-grass
vivace [loliam perenne), on doit la défoncer à 0"'.40 de profondeur, l'épierrer
soigneusement, la nettoyer, la fumer au moyen d'engrais pulvérulent, qui n'a pas,
comme le fumier d'écurie, le défaut d'infe'ter la terre de semences de plantes
parasites ; puis on l'ensemence de la manière suivante :
Par un temps favorable, ni sec, ni pluvieux, et, après avoir raffermi le sol parun rou-
lage afin qu'il résiste sous lepas des travailleurs, on répand régulièrement à la surface
dans les proportions de 120 kilog. à l'hectare, du ray-grass anglais auquel on peut
ajouter 10 pour UO de poa des prés, et I5 pour 100 de cynosurus cristatus ; on
les recouvre d'une légère couche de terreau criblé sur laquelle on passe le rouleau,
et l'on termine par un arrosage sous forme de pluie autant que possible.
Quand les plantes ont 10 à 12 centimètres de hauteur, on les roule légè-
rement pour briser les premières feuilles, et favoriser, au collet des sujets, la
naissance de nouveaux bourgeons, et, au pied, le développement de nombreux et
délicats chevelus; lorsque ces graminées sont assez élevées pour être fauchées, on
leur fait subir cette opération qu'on renouvelle autant de fois qu'il est possible.
Pour entretenir les pelouses dans un parfait état de végétation, il faut, en
temps de sécheresse et de chaleur, lorsque le ciel est clair, ne les arroser qu'au
déclin du jour; si l'on emploie des eaux froides de source ou de concession, ces
eaux, dans la journée, seraient pernicieuses jetées sur des plantes chauffées par
l'ardeur du soleil, tandis que le soir les plantes refroidies sont moins accessibles
à l'action réfrigérante des eaux de sources.
L'excès d'eau, en refroidissant la terre qu'elle durcit, la sature au point qu'elle
favorise la décomposition de la racine des plnntes peu enfoncées parla contraction
du sol. L'eau, en séjournant à la surface, produit une humidité qui engendre des
mousses et autres parasites envahissant et étouffant les graminées.
C'est souvent par des arrosements mal compris et trop multipliés qu'on voit de
belles et verdoyantes pelouses jaunir et disparaître au bout de quelques années
Maintenant si, comme on l'a constaté, les mousses sont les ennemis des pelouses
et autres pâturages, on peut fort heureusement s'en débarrasser en semant, au
printemps, à leur surface, une certaine quantité de plâtre en poudre. Cette appli-
cation constitue en mêma temps un amendement fertilisant.
Dans le cas où l'on voudrait au printemps faire pâturer par des moutons des
pelouses et autres herbages récemment établis, on s'exposerait à les détruire, car
ces animaux ont les mâchoires tellement pointues qu'elles coupent les plantes dans
leur coliet; les vaches ne présentent pas le même danger.
C'est à l'application des moyens que nous indiquons ici, qu'on doit la possession
des belles et riches j)elouses qui font l'admiration de toutes les personnes qui
les voient dans les propriétés bien entretenues. Dumont-Carment.
REYIJE GOiDlERCIALE ET PHIX-COURÂNT DES DENRÉES AGRICOLES
(4 SEPTEMBRE 1880).
I. — Situation générale.
L'activité que nous signalions la se:naine dernière sur le plus grand nombre des
marchés, continue à se maintenir. Pour la plupart des denrées agricoles, les offres
sont asssez nombreuses, tt les transactions importantes.
II. — Les grains et les farines.
Presque partout, les grains nouveaux sont à peu près exclusivement offerts à la
vente. Le.- lableauxsuivantsrésumnt les cours des céréales, parQUJNTAL métrique,
sur les principaux marchés de la France et de l'étranger.
REVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT (4 SEPTEMBRE 1880) 3^5
Calvados. Condé
— Lisieux
Côtesd.- \(>rd Lannion.
— Pontrieiix
Finisiert:. Morlaix
<— Qiiimper
[lle-et-l-'iLaine. Kennes,
— StM.lo
Manche. Avranches....
— Poiilorson
— ViUedieu
Mayenne. Mayen.ie ....
— Chàteau-Gontier.,
Morbihan. Hennebonl..
Orne. Beilème
— Viinouiiers
Sarthe. Le Mans
— Sablé
Prix moyens
2° RÉGION
Aisne. Soissons '
— La Fère..'
— VilltrsCollerels..
Eure. Evreux
— Conciles
— Pacy
Eure-et-Loir. Chartres.
— Anneau
— Nogeni-le-Rotrou. :
Nord Cambrai '
— Douai
— Valenciennes . . . .
Oise. Beauvais
— Noyon
— Sei.lis
Fas-de-Calais. Arras.. .
— Saint-Omer
Seine. Piris
S.-el-Afarne Meaux
— Daramartir.
— Provins
S.-et-Oise. AngerviUe ..
— Ponloise
— Versailles
Seine- Inférieure. Rouen
— Fécamp
— ' Yvetol
Somme. Abbeville
— Péronne
— Roye
Prix moyens
3» RÉOION. •
Ardennes:. Charleville. .
Aube. Bar-sur-Aube ...
Méry-sur-Seine.. .
— NogeiU-sur-Seine.
Warne. Chàions
— Epernay
— Reims. ,
— Sézannc
Hte-Marne. Bourbonne.
Meurt.-et Moselle Nancy
— Lunéville
— Toul
Meuse. Bar-le-Duc
— Verdun
Haute-Saône . Gray
— Vesoul
Vosges, Neufchateau...
— Epinai
Prix moyens
4« RÉGION,
Charente. Angoulême..
— Ruffec
Charente- Infér. Marans.
Deux-Sèvres. Niort....
Indre-et-Loire. Tours..
— Bière
— Château-Renault.
Loire-Inf. Nantes
M.-et-Loire. Ssiùmar.. .
Vendée. Luçon
— Fontenay
Vienne. Chàtelleranlt. . .
— Loudun
Haute-Vienne. Limoges
Prix moyens
■ NORD-OITEST.
Blé. Seigle. Ofg«.
fr. fr. Ir.
30.00 ïî.SO 20.75
27 50 22.00 »
29.50 i" 18 00
29. Î5 22.50 17 50
26.00 21. (jO l^.ià
28.25 22.00 20 25
26.50 » 17.75
27.25 • 20.00
28. UO » 19.75
28.25 21.50 »
28.50 20.00 21.00
26.00 » 18. bO
27.25 » 18 75
26.00 19.50 »
29.25 » 20.25
29.00 » 20.00
26.50 17.75 18 00
27.25 . 17.75
AToine.
fr.
26.00
2'j 25
17.50
21.00
19.00
20.00
17.50
20. 2 i
22.00
23.25
21.00
19.25
17.00
17.50
21.75
2».b0
20.25
20.59
27.23 18.83 19.87 19.91
- NORD-EST.
27.25 19.75 21.50
27.00 n.;,0 18.50
27.50 20 25 17.50
27.25 20.50 19.50
27.00 21.00 20.75
27.50 18 50 20.50
26 75 20.50 20 75
27.50 18.00 18.75
27.50 » D
28 00 20.25 20.00
28.25 19.00 20.25
28.00 » 20.00
27.75 20 25 19.2'.
28.60 17.50 18.50
27.50 . »
29.60 18.30 16.70
28.60 18.75 19.00
29.50 19.00 D
18.00
17.25
19.00
19.50
20.25
19.75
20.25
16.511
17.00
18.00
19.50
19. -5
19.00
16.25
15.80
18.50
18.25
18.53
27.83 19.27 19.44
— OUEST.
29.50 » »
29.00 21.00 19.25
27.50 » 13.00
28.00 I) 19.00
28.50 IS.OO 20.50
27.00 17.75 19.(10
27.75 18.00 20.00
26.50 20.00 21 00
27 JO 19.50 »
27.00 » 19.25
•27.50 » 20.00
SO.Off 20.00 21.25
27.75 » 20.50
29.00 20.25 21.00
28.04 19^44 19.90 19.02
24.25
18.00
17.00
18.50
20 00
17.50
17.00
18.00
18 CO
17.50
20.50
20.50
19 00
20.50
5» RÉGION. — CEi\TRB.
Allier. Moulins.,
— Moiiiliiçon.
— Gannat....
Cher, tio .rues. . .
— Auhig„y...
Creuse. Aubusson...
Indre. Cliàleauroux.
— IssoudiiD
— Valençay
Loiret. Orléans
— Patay
Loir-ei-Cii.er. Bluis...
— Monioire
Nièvre. Nevers
— Cosne
Vanne. Brieiion
— Joigny
— SL-Fiorentin...
Prix moyens 27
6» RÉGION.
Ain. Bourg
— Pont-de-Vaux. . . ,
Côte-d'Ur. Uijon... ....
— Beaune
Doubs. Uenan^UQ
Isère. Grenoble
— Bouigoin
Jura. Dole
Loire. bl-CharaoriiI
f.-de-Uôme Clermont F.
Hhone. Lyuu
— AulUIi
Saône-ei- Luire. Chalon.
bavuie. Chanibery
Hle-tiavoie. Annecy
Prix moyens
T RÉGION. — SDD-ODGST.
Ariège. Pamiers
Dordogne. Bergerac...
Hte-Oaronne. ioulouse.
— Viiiefrancbe-Laur.
Gers. Condum
— Eauze
— Mirande
Gironde . Bordeaux ....
— Lesparre
Landes. Uax...
Lot-et-Garonne. Agen..
— Neruc
B.-Pyré.nees. Bayonne..
Hles- Pyrénées. Tarbes.
29.20
29.75
28.00
28.50
27.50
28.45
27.00
27.00
29.00
27 75
27.50
31.00
29.50
30.00
19.7a
20.50
19. UO
19.50
19 95
19.00
19.25
19.75
Prix moyens 28.58 19.50
8" RÉGION. — Sri>.
Au^de. Castelnaudiry.. 28.50 20.25
Aveyron. Villefranche. 27.75 2i.oo
Cantal. Mauriac 33.35 27.75
Correze. Liiberzac 30.00 19.50
//erautf. Montpellier... i8.50 »
Lo<. Figeac 30.00 20.50
Lozère. M ende 32.15 27.50
— Marvejols 31.80 27.60
Pi/rcn«<is-Or. Perpignan 26.65 21.20
Tarn. Albi 27.75 »
rarn-«Kiar. Montauban 27.50 »
Prix moyens 29.45 23.16
9" RÉGION. — SUD-EST.
Basses-.4ipes. Manosque 29.20
Hautes- Alpes. Briançon 29.75
Alpes-MaritiinesQd.aaQSi 29.50
ArdecUe. Privas
B.-du-Hhône. Arles. ...
Drôme. Romans
Gard. Nîmes
Haate-Lutre. Le Puy. ...
Var. St-Maximin
Vauclu.ie. Carpentras...
— Avignon
21.25
17.50
•il. 25
25.00
24.60
23.00
19.25
19.50
30.05
29.50
29.25
29. 0
29.75
29.50
29.75
29.50
20 50
20.65
20.25
20.00
19.60
19.00
19.00
21.00
21.50
21.25
20.25
20.00
20.50
19 75
19 50
20.25
20.00
20.00
22.25
20.25
19.85
20.41
21.25
17.00
23.50
22.00
20.25
21.50
22.65
23.20
23.30
18.00
22.50
24.20
20.50
20.2:
21.80
21.50
17.75
21.50
18. àO
19.50 20.25
Prix moyens 29.57 20.38 19.76 20.69
Moy. de touie la France 28.35 l9.!6 19 63 19.66
— de liseiuainepreced. 28.69 20 09 19 75 19.97
Sarlase naine'
précédente., i
Hausse. D
Baisse. 0.34
396 REVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT
Blé. Seigle. Orge. Avoine
fr. fr. fr. fr.
Algérie. Alger 26.00 » 1.5.0(1 16. &0
Angleterre. Londres '29 riO . 20 75 20.40
Belgique. Anvers '2600 '20 7.5 23.00
_ Bruxelles 26. 'Jô 21.50 21.25 18.75
— Liège 28 25 21.75 22.00 19.50
— Namur 27 50 19 00 20.00 20.00
Pays-Bas. Amsterdanj 23.80 21.25
LuTemhnurg. Luxemhoiirg 29.50 23 00 24.25 17. ,50
Alsace-Lorraine. Strasbourg? 30.75 23.75 21.75 18. .50
_ ■ Mulhouse 29 50 22.00 20 50 20.25
— Colmar 30.00 21.25 21.00 19.50
Àdemagne. Berlin 24 85 24 50
— Cologne 25 60 2,} 75
^ Hambourg 24.75 21.75 • •
Smsse. Genève 29 50 « • 17.50
— Zurich 28.25 • 20.00 18.25
llalie. Milan 28.50 22.75 » 19 25
Espagne. Vienne 23.50 19. .50 17.25 15.00
Autriche. Budapesth ,. 22.50 19 00 17.00 13 50
Uussie. Saint-l'étersbourg... 25 00 19.50 » 13.80
Etats-Unis. New-iork 20 85 » » »
Blés. — Le plus grand nombre des marchés sont bien approvisionnés en blés nou-
veaax. Ce sont d'ailleurs à peu près les seuls qui soient offerts soit par la culture,
soit par le commerce. Caries restes de l'ancienne récolte sont à peu près nuls, de
même cfue la nouvelle campagne a été ouverte avec une réduction dans les docks et
entrepôts telle qu'on n'en avait pas vu depuis longtemps. L'abondance des offres
est justifiée par la crainte que beaucoup de cultivateurs éprouvent de voir les
cours s'effondrer rapidement sous l'influence des importations américaines. Il est
impossible à qui que ce soit de prévoir anjourd hui ce que sera le commerce pen-
dant les derniers mois de cetle année; mais il est permis de rappeler que la Russie
est fortement éprouvée et n'exportera que peu, et que l'Allemagne a une récolte
très médiocre qui la iorcjra à importer beaucoup. Ce sont des faits graves qui
militent en faveur du maintien des cours. — A la halle de Paris, le mercredi
\" septembre, les offres étaient actives; la meunerie ne fait que peu d'achats, et
les prix sont faiblement tenus. On payait, par 100 kilog., de 26 fr. à 28 fr. 50,
suivant les qualités. Le prix moyen s'est fixé à 27 fr. 25, avec une nouvelle baisse
de 0 fr. 50 depuis huit jours. — Prix faibles sur le marché des blés à livrer, où
l'on cote : courant du mois, 26 fr. 25 à 26 fr. 50 '; octobre, 26 fr.; novembre et
décembre, 25 fr. 75 , quatre mois de novembre, 2b fr. 50 à -25 fr. 75 ; quatre pre-
miers mois, 25 fr.25 à 25 fr. 50. — Au fîavre, les affaires continuent à être assez
difficiles sur les blés d'importation; on les paye de 25 à 27 fr. par quintal mé-
trique suivant les sortes. — A Marseille, la situation est à peu près la même que
la semaine dernière; les prix sont fermes. On paye par 100 kilog. : Berdianska,
30 fr. 25 à 30 fr. 50; Marianopoli, 30 fr.; Irka, 27 fr. 50 à 29 fr.; Danube,
24 fr. 50 à 25 fr. 50; tuzelles d'Afrique, 28 fr. à 20 fr. 50. Pendant la semaine
dernière, les importations de blé ont été de 160,000 hectolitres environ; au
SB août, le stock était, dans les docks, de 73,000 quintaux. — A Londres, les,
arrivages de blé, durant la semaine dernière, se sont élevés à 185,8^0 quintaux.
Le marché accuse beaucoup de calme; les prix sont en baisse. Au dernier jour,
on payait de 28 fr. 25 à 30 fr. 70 par 100 kilog. suivant les provenances et les
qualités.
Farines. — Le mouvement des cours des farines suit celui des blés. Sur toutes
les sortes, les prix sont en baisse. On cotait à la halle de Paris, le mercredi l*'' sep-
tembre, pour les farines de consommation: marque D, 61 fr,; marques de clioix,
63 à 64 fr. ; bonnes marques, 61 à 62 fr.; sortes ordinaires, 5y à dO fr.; le tout
par sac de 159 kilog., toile à rendre, ou 157 kilog. net, ce qui correspond aux
prix extrêmes de 37 fr. 60 à 40 fr. 75 par 100 kilog., ou en moyenne 69 fr. 20.
C'est une baisse de 1 fr. 55 sur le prix moyen du mercredi précédent — En ce
qui concerne les farines de spéculation, on cotait à Paris, le mercredi 1" sep-
tembre au soir : farines hua-marques, courant du mois, 56 fr. 75 à 57 fr.; oc-
tobre, 55 fr ; novembre et décembre, 55 fr.; quatre mois de novembre, 54 fr. 50;
quatre premiers mois, 54 fr. 25 à 54 fr. 50; par sac de 159 kilog. toile perdue
ou 157 kilog. net; farines supérieures^ courant du mois, 36 fr. 25; octobre, 36 fr,;
novembre et décembre, 35 fr. 75; quatre mois de novembre, 34 fr. 75 à 35 fr.;
quatre premiers mois, 34 fr, 75; le tout par 100 kilog. — La cote officielle en
disponible a été établie, comme il suit, pour chacun des jours de la semaine, par
sac de 157 kilog. net :
DES DENRÉES AGRICOLES (4 SEPTEMBRE 1880). 397
Dates (août) 26 27 28 30 31 1"
Farines huit-marques.
— supérieures
61 00
60.75
60.75
59.75
59.15
58.25
62 03
61.50
61.75
60.00
.59.. 50
59.00
Le prix moyen a été, pour les farines huit marques, de 59.50, et pour les
supérieures de 60.75; ce qui correspond aux cours de 37,80 et de 38.60 par
100 kilog C'est une baisse de 1,30 pour les premières et de 30 centimes pour les
secondes depuis huit jours. — H y a aussi baisse sur les cours des faiines deu-
xièmes, qui sont payées de 30 à 35 i'r. par quintal métrique.
Seigles. — Les affaires sont calmes et les prix sont en baisse. On paye à la halle
de 19 fr, 75 à 20 fr. 25 par lOo kilog. Quant aux farines, elles se maintiennent
aux prix de 28 à 32 fr. par 1 00 k.log.
Orges. — Les ventes sont toujours peu importantes. Les prix se maintiennent
de 20 à20fr. 5J par 100 kilog. suivant les qualités. Quant aux escourgeons, les
offres sont restreintes, et les prix restent fixés de 19.75 à 20 fr, par quintal métri-
que.— A Londres, les arrivages d'orges étrangères sont presque nuls; les cours
ne varientpas ; on cote de de Ivi 75 à 21,75 par quintal métri |ue.
Malt. — Mêmes prix que précédemment. On cote de 29 à 40 fr, par 100 kilog.
suivant les provenances pour les malts d'orge, et de 30 à 36 tr, pour ceux d'escour-
geon,
AvoiJies. — Il y a des offres plus abondantes en avoines de toutes sortes à la
halle de Paris, et les prix sont plus fai les. On cote actuellement de 18.25 à 20 fr.
par 100 kilo:^,, suivant poids, couleur et qualité. — A Londres, les affaires sont
assez actives avec des airivages abondants, et les cours se maintiennent aux taux
delà semaine dernière. On cote de 19 à 21,90 par lOu kilog. suivant les sortes.
Sarrasin. — Les prix se main iennent pour les quantités disponibles, à 25 fr,
par KG kilog. Mais pour les sarrasins à livrer à l'automne, ils varient de 18.50 à
19.25.
Mais. — Les cours sont très fermes au Havre sur les maïs d'importation qui
se vendent de 14 fr. 25 à 16 fr, 50 par lOu kilog. suivant les sortes.
Issues. — Les cours sont à peu près cfiux de la semame dernière. On paye à la
halle de Paris par 100 kilog. : gros son seul, 14 fr. 75 à 15 fr. ; son trois
cases, 14 fr, 25 à 14 Ir. ^0; sons fins, 13 fr, 75 à 14 ir.; recoupettes,14 à 14 fr, 50;
remoulages bis, 15 à 16 fr. ; remoulages blancs, 17 à 19 fr.
III, — Vins, spiritueux, vinaigres, cidres.
Vins. — Encore aujourd'hui, nous n'avons rien à ajouter à nos précédentes
appréciations, notre chronique de ce jour serait bien insignifiante, si nous n'avions
recules cours officiels des vins, tels qu'ils se pratiquent aujourd'hui à Bercy et à
l'Entrepôt. — Vins rouges : Basse-Bourgogne, vieux, le muid de 272 litres, 1 50 à
160 fr.; nouveau, 110 ir. — Bayonne, nouveau, l'hectolitre, 48 à 50 fr. — Bor-
deaux, vieux, la pièce, 150 à 170 fr.; nouveau, 145 à 170 fr, — Cahors, nou-
veau, la pièce, 125 à 130 fr. — Charente, vieux, la pièce, 115 à 120 fr.; nou-
veau, 105 à l;0 fr, — Cher, vieux, la pièce, 150 fr,; nouveau, 95 à 120 fr. —
Ghinon, vieux, la pièce, 160 à 165 fr. — Côtes châlonnaises, vieux, la pièce, 105
à 115 fr. — Fitou, vieux, l'hect , 60 fr ; nouveau, 5t fr, — Gaillac, vieux, la
pièce, 125 à 130 fr, — Mâcon-Beaujolais, vieux, la pièce, 150 à 200 fr.; nouveau,
110 à 115 fr, —Montagne, vieux, Ihect., 46 à 48 fr,; nouveau, 42 à 46 fr. —
Narbonne, vieux, l'hectolitre, 52 à 58 fr ; nouveau, 50 à 55 fr. — Orléans, vieux,
la pièce, 150 fr.; nouveau, 100 à K 5 fr. — Roussillon, vieux, Thect,, 60 à65 fr.;
nouveau, 55 à à 60 fr, — Sancerre, vieux, la pièce, 125 fr ; nouveau, 110 à
120 Ir. — Selles-sur Cher, nouveau, la pièce, 90 à 95 fr. — Touraine, nouveau,
la pièce, 90 à 95 fr, — Espagne, l'hectohtre, 50 à 58 fr. — Italie, l'hectolitre, 44
à 56 fr. — Portugal, l'hectolitre, 47 à 55 fr. — Sicile, l'hectolitre, 48 à 58 fr. •-
Vins blancs .-Anjou, vieux, la pièce, 115 à 120 fr, — Basse-Bourgogue, vieux,
le muid, 155 à 160 fr,; nouveau, 105 à 130 fr. — Bergerac et Sainte-Foy, vieux,
la pièce, 140 à 165 fr.; nouveau, 115 à 120 fr. — Chabhs, vieux, le muid,
160 à 20u fr, — Entre-deux-Mers, vieux, la pièce, 105 à 110 fr,; nouveau, 95à
100 fr, — Pouilly-Fuissé, vieux, la pièce, 20i à 210 fr.; nouveau, 15U à 200 fr.
— Picpoul, vieux, l'hectohtre, 50 à 52 fr. — Poitou, nouveau, l'hectobtre, 33 à
34 fr, ■— Vnuvray, vieux, la pièce, 150 à 160 fr. — Hongrie, l'hectolitre, 40 à
50 fr. — Droits d'octroi en sus de 23 fr., 87 5 par hectoUtre jusqu'à 15 degrés.
A propos des prix de début, dont il était question dans notre dernier bulletin,
on nous adresse de Pézenas (Hérault) la cote présumée des vins de la vendange
398 REVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT,
prochaine : Aramon, l'hectolitre nu, 20 à 22 fr, — Montagne, ordinaire, 23 à
24 fr. —Montagne, 2* choix, 2b à 26 fr. — Montagne, 1" choix, 28 à 30 fr. —
Bourret, 20 à 22 Ir. — Picpoul, 25 à 26 francs-
Spirilvevx. — Les prix des 3/6 ont subi, pendant les huit jours écoulés, de
brusques variations, qui n'ont apporté aucun changement dans la situation,
comme on peut en juger, du reste, par le mouvement delà semaine, qui a débuté
par le cours de 61 fr. 50, 62 fr. 25, 62 fr. 50, puis 61 75 pour revenir au cours
de dépait : 61 fr. 25. Le stock est actuellement de 6,260 pipes, contre 8,775 l'an
dernier à la même époque. Les affaires sont également très calmes sur la place
de Lille et sans variations de prix. L'alcool disponible, dit de livraison, vaut tou-
jours 62 fr. 50, et l'alcool de grains oscille entre 64 et 63 fr. 50. Les marchés du
Midi sontauHsi sans changements :à Béziers seulement le cours est descendu à
105 francs. — A Paris, on cote 3/6 betteraves 1'''= qualité, 90 d«grés disponible
61 fr. 25 à 61 fr. 50, septembre 61 fr. 50, octobre à décembre 59 fr., quatre pre-
miers 5 8 fr. 50.
Vinaigres. — A Orléans^ les cours sont toujours sans variations. D'après les
chiffres fournis par l'administration, il est entré dans Paris, pendant le mois de
juillet, 3,367 hectolitres 37 litres de vinaigre comestible à tous degrés d'acidité.
Cidres. — Les cours accusent toujours une grande fermeté. Pendant le mois de
juillet, il est entré dans Paris 3,090 hectolitres 50 litres de cidre.
ly. — Sucres. — Mélasses. — Fécules. — Glucoses. — Amidons. — Houblons.
Sucres. — Les affaires en sucres sont peu importantes, et les prix, principale-
ment à Paris, se ressentent de la spéculation sur une vaste échelle à laquelle on
s'est livré depuis quelque temps. On paye à Paris, par 100 kilog. pour les sucres
bruts, 8-< degrés saccharimétriques : n°* 7 à 9, 66 fr. 75; n"» 10 à 13, 60 fr.
sucres blancs n" 3, 76 fr. 25 à 76 fr. 50; les 99 degrés, 73 fr. Le stock de l'en-
trepôt réel des sucres était au 2 septembre, de 236,00 ■ sacs pour les sucres indi-
gènes. Sur les marchés des départements, on jiaye : A Lille, n"^ 7 à 9, 6'^ fr. 75.
n" 10 à 13, 58 fr. — A Saint-Quentin, n"' 72 à 9, 65 fr. 5 à 65 fr. 50.— Péronne,
sans cote. —A Valenciennes, n°' 10 à 13, 58 fr.; n" 7 à 9, 64 fr. 50. — Eace qui
concerne les sucres raffinés, les demandes se bornent aux besoins stricts; on paye
à Paris par 100 kilog. à la consommation, 145 fr.; et par l'exportation, 6S fr. 50 à
71 fr. 50. — Dans la plupart des colonies, on annonce une excellente récolte pour
les cannes.
Mélasses. — Les cours sont fermes. On paye à Paris, 13 fr. par 100 kilog. pour
les mélaspes de fabrique, 14 fr. pour celles de raffinerie. Dans le Nord, les affaires
sont nulles.
Fécules. — Très peu d'affaires; on attend la récolte. — A Paris, on cote 40 à
41 fr. par 100 kilog. pour les fécules premières du rayon; à Gompiègne, 40 fr. pour
celles de l'Oise. Les fécules vertes valent de 21 à 22 fr.
Glucoses. — Les ventes sont assez actives aux mêmes cours que précédemment.
On paye à Paris par 100 kilog. : sirop premier blanc de cristal, 64 à 66 fr.;
sirop massé, 54 h 56 fr.; sirop liquide, 44 à 46 fr.; sirops de maïs, 44 à 46 fr.
Amidons. — 11 n'y a, pour toutes les sortes, que des affaires restreintes. On
paye par 100 kilog. suivant les qualités : amidons de pur froment, en paquets,
74 à 75 fr.; amidons de province, 63 à 65 fr. ; amidons d'Alsace, 60 à 62 fr.;
amidons de maïs, 46 à 48 fr.
Houblons. — La récolte des houblons est commencée. Dans une grande partie
des pays producteurs, si le rendement n'est pas très élevé, on se loue beaucoup de
la qualité. Pour le moment, les affaires sont presque nulles.
V. — huiles et graines oléagineuses.
Huiles. — C'est encore de la hausse que nous devons enregistrer cette semaine
On paye à Paris, par 100 kilog, suivant les sortes : huile de colza, en tous fiits,
74 fr. 25 ; en tonnes, 76 fr. 25 ; épurée en tonnes, 84 fr. -2b ; huile de lin en tous
fûts, 70 fr ; en tonnes, 72 fr. Sur les marchés des départements, on cote les huiles
de colzi : Gaen, 70 fr. 25 ; Rouen, 74 fr, 75 ; Arras, 75 à 76 fr ; Cambrai, 7 3 fr. ;
et pour les autres sortes : œillette, 116 a 1 18 fr. ; pavot, 95 fr. ; hn, 75 fr. ; à Rouen,
les huiles d'arachide sont cotées 110 à 120; celles d'olives lampantes, \iO à 125fr.
— A Marseille, les huiles d'olives sont payées comme il suit : lampantes, de la
pile, 94 à 95 fr.; Aix surfine, 175 à 180 fr. ; fines, 150 fr. ; Yar surfine, 125àl30fr.
Les affaires sont peu importantes.
Graines oléagineuses. — Prix maintenus. On paye par hectolitre : à Cambrai,
DES DENRÉES AGRICOLES [k SEPTEMBRE 1880;. 399
le colza, 20 à 21 fr. 50; œillette, 30 à 32fr. 75; lin, 21 fr. 50 à 23 fr. 50; — A
Arras, colza, 20 à 22fr. 25; lin, 21 à 23 fr. 50; œillette, 30 fr. 50 à 32 fr. ; came-
line, 18fr. 50 à 19 fr.
VI. — Tourteaux. — \nirs. — Engrais.
Tourteaux. — Les affaires sont assez calmes. On paye dans le Nord ; œillette,
14 fr. tO; colza, 14fr. 50 à 15 fr. 50; lin, i3 à 24 fr. ; œillette, 16fr. ; —à Rouen,
colza, 14 fr. 25 à 14 fr. 50; arachides en coques, 1 1 fr. 50; arachides décortiquées,
16 fr. f 0; sésame, 15 fr.; lin 23 fr. ; — à Marseille, lin, 20 fr. arachide en coque,
11 fr. 75; arachide décortiqué, 15 fr.; sésame, 15 fr.; colza du Danube, 14 Ir. ;
coton, 12 fr.; palmiste naturel, lOfr. 50;r passe, 9 fr.
Noirs. — A Valenciennes, on cote : noir animal neuf en grains, 32 fr. par
100 kilog ; noirs d'engrais vieux en grains, 8 à 9 ir.; lavage, 2 à 4 fr. par hectolitre.
Engrais. — A Liverpool, en Angleterre, on cofe • nitrate de soude, 47 fr. 50;
sulfate d'ammoniaque, 52 fr. 50 à 55 fr. par 100 kilog.
VII. — Matières résineuses, colorantes et tannantes. — Textiles.
Matières résineuses. — La demande est active et les cours sont très fermes par
manque d'approvisionnements. On paye à Bordeaux, 67 fr. par 100 kilog. pour
l'essence pure de térébenlhine; à Dax, 61 fr.
Lins. — Voici les cours actuellement pratiqués sur les marchés du Nord pour
les lins de pays par quintal métrique : à Bergues, 110 à 120 fr.; à Merville, 125
à 140 fr. suivant les qualités.
VIII. — Suifs et peaux.
Suifs. — Les prix continuent à accuser beaucoup de fermeté. On paye à Paris :
84 fr. 50 par 10 J kilog. pour les suifs purs de l'abat de la boucherie; 63 fr. 25
pour les suifs en branches.
Cuirs et peaux. — Aux ventes mensuelles de la boucherie, au 31 août, à Paris,
on payait par 100 kilog. : bœufs, 88 à 113 fr.; vaches, 95 à 96 fr.; taureaux,
85 fr. 25; veaux, 125 fr. 25 à 162 fr. 60. Tous ces prix accusent une hausse sen-
sible sur le mois précédent.
IX, — Beurres. — Œufs. — Fromages. — IVaiVes.
Beurres. — On a vendu pendant la semaine à la halle de Paris, 219,104 kilog.
de heures. Au dernier jour, on payait par kilog. : en demi-kilug., 2 fr. 18 à
4 fr. 02; petits-beurres, 1 fr. 98 à 2 fr. 76; (journay, 2 fr. 12 à 5 fr! 22; Isi-
gny, 2 fr. 32 à 5 fr. 80.
Œufs. — Du 24 au 30 aoijt, on a vendu à halle de Paris, 4,129,005 œufs.
Au dernier jour, on payait par mille : choix, 98 à iu4 fr. ; ordinaires, 64 à 96 fr.;
petiis, 48 à 56 fr.
Fromages. — Dernier cours de la halle de Paris : par douzaine, Brie, 3 à 13 fr.;
Montlhéry, 15 fr. ; par cent : Livarot, 15 à 9j fr. ; Mont-d'Or, 18 à 28 fr.; Neuf-
châtel, 3 à 23 fr.; divers, 4 à 52 fr. — par 100 kilog. Gruyère 126 à 164 fr.
X. — Chevaux. — Bétail. — Vifvide.
Chevaux. — Aux marchés des 25 et 28 août, à Paris, on comptait 828 che-
taux. Sur ce nombre, 346 ont été vendus comme il suit ;
amenés. Vendus. Prix extrêmes.
Chevaux de cabriolet 179 39 ^60 à 890 fr.
— de trait 215 61 ;iOO à 1.270
— hors d'âge 251 123 41 à 1,000
— à l'enchère 29 29 60 à 3.50
— de boucherie 94 94 35 à 110
Bétail. — Le tableau suivant résume 1«, mouvement du marché aux bestiaux de
la "Villette, du jeudi 26 août au mardi 31 août :
Poids Prix du kilog. de viande snr pied
Vendus moyen au marché du lundi 30 août.
Pour Pour En K quartiers, l" î" 3« Prix
Amenés. Paris, l'extérieur, totalité. kil. qoal. quai. quai. moyen.
Bœufs 5,659 3.100 1,832 4.932 3^6 1.66 1.50 1.16 1.41
Vaches. 1,603 541 806 1,407 235 1.52 1.32 104 1.29
Taureaux 276 188 31 219 375 1.34 1.16 104 1.19
Veaux 4,708 3,128 1,132 4.260 73 1.80 1.70 1.24 153
Moutons 46.619 23,501 17.397 40,900 19 2.00 l.€6 1.36 1.64
Porcs gras 5,024 1,819 3,(i80 4,899 9'* 1 78 1.72 1.62 1.64
— maigres. 7 2 3 5 40 1.45 » * 1.45
Sauf en ce qui concerne les moutons, les approvisionnements ont été à peu près
les mêmes que la semaine précédente. Ilya une plus grande activité dans les trans-
actions, et les cours, pour les diverses catégories, sauf en ce qui concerne les
veaux, accusent plus de fermeté. Il y a un peu de reprise sur les prix des moutons.
400 REVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT (4 SEPTEMBRE 1880).
A Londres, les importations d'animaux étrangers, durant la semaine dernière,
se sont corat)Osées de 19,6S!5 têtes, dont l bœuf, 250 veaux, 4,i71 moutons
et 6 porcs venant d'Amsterdam; l,ul0 moutons de Brème; 2 7 veaux deGothem-
bourg; 577 moutons d'Hambourg; 116 bœufs, 102 veaux. 2,026 moutons et 124
porcs d'Harlingen; 294 bœufs et 1,382 moutons de Montréal; 371 bœufs et
615 moutons de New-York; 13 bœufs, 1 9 veaux, 3,67 3 moutons et 40 porcs de
Rotterdam; 846 bœufs et 3,6*3 moutons de Tonning. Prix du kilog : Bœaf^ l'"
1 fr. 87 à 2 fr. 05; 2" 1 fr. 75 à 1 fr. 87; qualité inférieure I fr. 46 à 1 Ir. 70;
Veau, V 1 fr. 90 à 2 fr. 05; 2« 1 fr. 75 à l fr. 90; Mouton, V 2 tr. 28 à 2 fr.
40; 2« 1 fr. 93 à 2 fr. 10; qualité inférieure I fr. 75 à I fr. 93; Agneau, 2 fr. 34
à 2 fr. 80; Porc, V 1 fr. 58 à 1 fr. 70 ; 2M fr. 40 à 1 fr. 58.
Viande à la criée. — On a vendu, à la halle de Paris, du 24 au 30 août :
Prix du kilog. le 30 août.
Bœuf ou vache . ,
Veau
Mouton
Porc
kilos.
165,483
159.841
58,666
19,162
1" quai.
l.liàl 80
1.48 1.86
1.56 1.76
2» quai.
0 98àl.46
1.86 1.22
1.76 1.18
{«quai. Choix. Basse boucherie.
0.6'U1.16 1.00à2.70 0.20à 1.10
0 80 1.20 0.90 2.00 »
0.70 1.16 0.90 3.60 »
l.OOà 1.76
403,157 Soit par jour 57,594 kilog.
Il y a eu augmentation de 6.000 kilog. environ sur les ventes de la semaine
précédente. Les prix sont sans changements, sant pour la viande de bœuf qui
accuse une légère baisse.
XI. — Cours de la viande à l'abattoir de la Villette du 2 septembre (par 50 kilog.)
Cours de la charcuterie. — On vend à la Villette par 50 kilog. : 1" qualité,
90 à 93 fr.; 2«, 85 à
Bœufs.
90 fr.;
poids vif, 64 à 68 tr.
Veaux.
1" 2"
3"
1" 2« 3«
jre
2"
3«
quai. quai.
quai.
quai. quai. quai. quai.
quai.
quai.
fr. fr.
fr.
fr. fr. fr.
fr.
fr.
fr.j
74 67
60
88 80 72
90
84
77
XII
— Marché aux bestiaux de la Villette du jeudi 2 septembre .
Cours des com
missionnaires
Poids Cours officiels.
en bestiaux.
moyen _,_ m - m ...
^^^ —
— "i^»^ .^^
1 -.,
Animaux
gênerai. 1" 2« 3« Prix
1"
2« 3»
Prix
amenés. Invendus.
kil. quai. quai. quai, extrêmes.
quai.
quai. quai.
extrêmes.
Bœufs Î.447
216
360 1.6d L-SO 1.18 l.l5àl.68
1.64
1.50 1.18
l.ioài.66
Vaches 6i5
28
255 1.50 1.32 1.10 1.06 1.55
1.50
1.30 1.1»
1.00 1.55
Taureaux... 89
29
370 1.35 1.16 I.V6 1.02 1.40
1.30
1.55 1.00
0.95 1.38
Veaux i.î:î4
157
80 1.80 1.70 1.30 1.25 1.86
Moutons 24.968
4,029
18 1.98 1.65 1.35 1.24 2.02
y
» >
, ,
Porcs gras.. 3.491
i>
82 1.80 1.74 1.64 1.46 1.86
(
, ,
» »
— maigres.
I
1 » » » » »
a
„ ,
, »
Vente assez active sur toutes les
espèces.
XIII. — Bésamé.
Les cours des céréales sont faibles cette semaine; mais pour la plupart des
autres denrées agricoles, il y a une grande fermeté dans Ls prix. A. Remy.
BULLETIN FL\ANGIER.
Cours de la Bourse du 25 août au l" septembre 1880 [au comptant].
Nouvelle hausse à nos fonds publics : la rente 3 0/0 est à 86 fr. 30 gagnant
0 fr. 55 la rente 5 0/0 à 1 19 fr. .85 gagnant 0 fr. 45 ; l'amortissable gagne 0 fr. 25
à 118 fr. Vive reprise également à nos chemins de fer.
Principales valeurs françaises:
Plus
bas.
Rentes O/o 85.70
Rente 3 0/0 amortis 87.65
Rente 4 1/2 0/0 in.^o
Rente 5 o/o it9.40
Banque de France 3440.00
Comptoir d'escompte 950.00
Société générale ouo.oo
Crédit foncier I36o.oo
Est.. Actions 500 760.00
Midi d» tO12.50
Nord d" 16110 .00
Orléans d» lijo.oo
Ouest d° 835.00
Paris-Lyon-Méditerranée d" i355.oo
Paris 1871 obi. 4oo 3 O/O.. 396.00
Italien & o/0 85.15
Gérant : A. BOUCHÉ.
Plus
Dernier
haut.
CO'IS.
86.30
86.30
88.40
88.40
118.00
118.00
119.85
119.85
3475.00
3'475.00
96Î.50
961. 25
O'O.OO
557.50
1387.50
1387.50
77S.75
778.50
IO30.00
1030. uO
1615.00
1615.00
1250. 00
1250.00
S55.00
8*7.50
1410 00
l4l0.00
398.00
397 00
86.15
86.00
Fonds pubUos et Emprunts français et étrangers
Plus
Pius
Derniers
bas.
haut.
cours.
Obligations du Trésor
512.50
515.00
515.00
remb a500.4 0'0.
»
»
»
Consolidés angl. 3 O/O
,
,
97 11/16
5 0/0 autricliien
63 1/8
63 l/l
63 1/4
4 0/0 belge
106.75
6 0 0 égypiiea
3H.65
316.25
31.625
3 0 0 espagnol, extér'.
d" intérieur
191/8
19 1/4
19 1/4
»
»
5 0/0 Etats-Unis
1071/8
107 1/2
107 1/8
Honduras, obi. 300...
»
Tabacs ital., obi. 500..
»
n
»
6 o/o péruvien
»
B
•
5 o/o russe
95.00
9.45
95.30
9.60
95.30
9.45
5 0/0 roumain
Bordeaux, lOO, 3 O/O..
■
>
100.50
Lille, 100,3 0/0
■
s
101.50
Letbrrier
CHRONIQUE AGRICOLE ai septembre
Deux grandes solennités en l'honneur de savants français.— Rôle qu'ils ont exercé au point de vue
des intérêts agricoles. — Travaux et découvertes dus à Denis Papin. — Injustice de ses con-
temporains. — Inauguration de ia statue de Biaise Pascal. — Ses principales découvertes. —
Coup d'œil général sur le concours régional de i.lermunt-Ferrand. — L'agriculture et les fêtes
pul)Iiques. — Inconvénients que présente l'accuraulaiion de fêies trop nouibreuses. — La dislri-
Dution des encouragements à l'agriculture. — Détermination prise par le Conseil général du
Cher. — Programme proposé par M. Joigneaux. — Le rôle des associations agiicoles. — Con-
grès des vigties françaises à Clermonl-Ferrand. — Excursion à Mezei. — Principnles questions
traitées au Congrès, — Observations de M. Calta. — Le phylloxéra d^ns la Cote-il'Or. — Lettre
de M. Ladrey — Conférences de M. Menudier sur les faits qu'il a constiiés. — Le gretTage des
vignes françaises. — Invasion îles guêpes dans le vignoble de la Champagne. — Procèdes de
destructior .' — Congrès de la Société des agriculteurs italiens à Crémone. — Concours de=; pro-
duits de la laiterie à Neiichâtcl-en-Bray. — Programme du concours départemental de la Haute-
Loire. — Concours du Comice agricole d'Ambazac. — Discours de M. Teisserenc de Bort. —
Nécessité des dégrèvements. — Concours du Comice agricole de Bourg. — Discours de M. Gel-
lion-Danglar et de M. Clievrier. — Le rôle des associations agricoles. — Développement d^ l'In-
stitut agricole de 1 Etat, à Gembloux. — La bière et le houblon. — Consommation de la bière à
Munich. — Cu-ille te du houblon dms le comté de Kent. — La Société d'encouragement à l'agri-
culture au concours régional de Clermont-Ferrand. — Subventions votées par les Conseils gé-
néraux de Seine-et-Marne et de la Savoie.
I. — Les statues de Papin et de Pascal,
Deux grandes solennités viennent d'avoir lieu : l'une à Blois pour
l'érection de la statue de Denis Papin, l'autre àClermont-Ferrand pour
l'inauguration de la statue de Biaise Pascal. L'agriculture ne doit pas
laisser passer ces manifestations de reconnaissance envers la mémoire
de deux grands hommes, sans y joindre un témoignage de gratitude
particulière. Déjcà, dans la séance publique annuelle de la Société na-
tionale d'agriculture, le 1^^ juin dernier, M. Ghevreul avait exprimé
cette pensée que l'agriculture doit regarder Papin comme un de ses
bienfaiteurs : « C'est parce que, a dit l'illustre doyen des savants du
dix-neuvième siècle, la machine à vapeur a pris rang aujourd'hui
parmi les machines appliquées à l'agriculture, que le nom de Papin,
illustre à tant d'égards, est inséparable désormais de ceux qui ont
contribué aux progrès de la culture de la terre. »
Denis Papin était né à Blois en 16'+T. Après s'être adonné à l'étude
de la médecine, il se consacra entièrement à des recherches de phy-
sique; il ne tarda pas à faire de nombreuses inventions. D^s 11590,
dit Arago, il avait publié un mémoire dans lequel se trouve la descrip-
tion la plus méthodique et la plus claire de la machine à feu, connue
aujourd'hui sous le nom de machine atmosphérique, et même celle
des bateaux à vapeur. Il inventa aussi le digesteur, c'est-à-dire le
moyen d'amollir les os et de faire cuire toutes les viandes en même
temps au moyen de la vapeur. Par une autre invention encore, par
celle d'une pompe, le nom de Papin se rattache aux choses directe-
ment utiles à l'agriculture. Mais, ajoute Arago, l'homme de génie est
toujours méconnu quand il devance trop son siècle, dans quelque
genre que ce soit. Il est, de plus, arrivé que les divisions politiques et
religieuses chassèrent Papin de son pays. C'est en Allemagne, sur le
Weser, que l'illustre inventeur dut essayer son bateau à vapeur; le?
barbares bateliers du fleuve allemand mirent en pièce la machine
nouvelle. C'est l'éternelle histoire des grandes découvertes. Papin,
pauvre et abandonné, fut réduit à faire des copies pour se procurer un
morceau de pain, et l'on ne peut même pas fixer exactement la date
de sa mort. Tout ce que l'on sait, c'est qu'elle arriva au delà de 1714,
et que le pauvre vieillard, chargé de famille, était accablé de misère.
La statue élevée à Blois est une sorte de résurrection, mais elle
N» 596. — Tome III de 1880. — 11 Septembre.
402 CHRONIQUE AGRICOLE (11 SEPTEMBRE 1880)
atteste une fois de plus l'odieuse indifférence des contemporains pour
les hommes de génie.
Pascal aussi fut malheureux; mais ce sont surtout les tar.tur.es iâe
l'âme qu'il endura. L'agriculture lui doit d'être aujourd'hui en pos-
Bession d'un moyen cerlain de prévoir les prochains changements de
tem,ps. Pascal a inventé des machines puissantes, et particulièrement
la presse hydraulique. Il doit doncéùre mis au rang des bienfaiteurs de
l'agriculture. 11 était né à Clermont-Ferrand en 102:3. 11 mourut à
Tâge de trente-neuf ans, accablé par la maladie, tourmenté par les
doutes religieux. L'inauguration de la statme qui s'élève itnaijn tenant
sur une des principales places de sa ville nntale, a été faite à i'occa-
eion du concours régional agricole. La solennité a été grandiose, lues
magnifiques discours de MM. Mézières, Cornu, lanet et JUardotra,, pro-
noncés au nom de l'Académie française, de l'Académie des sciences,
de l'Académie des sciences morales et {)ol)tiques, et enfin au nom de
l'Auvergne, ont été un brillant hommage VAndii à l'auteur des Pro-
vinciales et des Pensées, en même temps qu'au grand physicien et au
graTïd géomètre. C'est un des plusibeaux génies que la 'France ait pro-
duits. L'agriculture doit être heureuse d'-avoir été associée, qnuMqtQe
occasionnellement seulement, à l'hommage rendu à sa mémoire après
deux siècles. Sa statue est aussi 'une résurr«?ct^ion au sein de l'Auvepgne.
II. — Les concours régionaux.
J?^ous rendrons un compte détaillé, dans un prochain numéro, du
concours régional agricole de Clermont-Ferrand. Aujourd'hui nous
voulons seulement présenter quelques observations qui nous ont été
suggérées par l'expérience qui vient d'iêtre faite de la tenue d^un con-
cours régional à la fim de l'ètéiet au commencement de l'automne, par
comparaison avec les cooicours tenus emi mai et juin. Nous voulonfe
aussi appeler l'attention sur l'inoonvénàent qu'il nous paraît y avoir
d'accumuleir trop de lètes avec un concours agricole.
Le concours de Clermonl a éité, feons-le tout de suite, très beaii
pour îles produits agricoles^ ett même il l'a emporté à cet égard
sur les concours ^de mai et de juin. iMais c'est en cela seulement
qu'a consisté sa sfupôrioirîté. Sans .auomn idoute^ les animaux exposés
étaient remarquables sous bien des rapports, ©t les machiiaes ne le
cédaient à aucune de cdlles présentées dains les araires concours, Nas
constructeurs avaient amené des instiuiments si voisins les uns des
autres et d'une si grande perfedjiom., iqu'on peut les regarder comm-e
des équivalents. Mais ce qni a manqué à Clermont, ic'est le nnoiavie-
ment des affaires qui se prodniit idairas les -conoonrs eu printemps. Ao
mois de septembre, l'agriculteur est pourvu (Be tous ses instrumemjts
de culture et de tous les appareils nécessabes soit pour faire la récoilile,
soit pour la préparer en vue du raarclié; il n'acliète plus de maobines-.
De même l'époque est passée ipour l'acquisition des lanimaux reppo-
ducteurs, ou bien elle n'est pastencore venue; «e n'est pas le mom-ertt.
De là un manque d'intérêt du comcours, un détachement, si l'on peut
s'exprimer ainsi, de la part des visiteurs. Or, les concours régFonrauK
sont surtout intéressante quand ils sont, porar les aigipicultenirs, cLeB
occasionB de ee voir etde 'conclure des laffadres.
En même temps que se tenaîït à Clermont le «onoours agriicoile, il y
aieu non -seulement la splendide inauguration du monument de iBlaise
CHRQNIOUE AGRICOLE (11 SEPTEMBRE 1880). 4i03
Pascal,, raais oo y a joint une. foule de fêles : cctvalcade historLqimj
concoLiFs d'opphéons, concours de gymnastique, exposition indns-
trielle, exposition des beanx-arts, sans co;npler lies fôlfîs de charité,
des illuminations, des fenx d'artifice, des banquets, etc Au milieu
de tant de fêtes, le concours régional était un pea délaissé. Au moment
mirjafi où &e faisait la distribution des recompenses aux agriculLears,
aiî milieu du silence et sans musique, en présence de bien peu de
monde, il y avait sur la grande place pubnq;ue urr immense cirque où les
Sociétis de gymnastique se livraient à leurs exercices et recevaient leurs
prix, au son de nombreu-t orchestres et en présence des- fl jts d'uine
population pressée ebTivement intéressée. Le but des concours régio-
naux agricoles, dans de pareilles circonstances, nest pas atteint.
L'agriculture a été trop effacée; elle n'est venue partout à peu près
qu'au dixième rang. Or si, une fois, elle doit tenir la première place^.
c'est bien lorsque se fait un concours régional qui ne revient que to'us
tes sept ans dans le même département.
Ili. — Les ertc.ouragemeni's à V agriculture.
Ify a une tendance, en ce moment, que nous ne pouvons pas approu-
ver : c'est celle d enlever aux associations agricoles les subventions
qui les font vivre. On sait que nous sommes de ceux qui ont toujours
blâmé l'intervention de la politique dans les- choses de l'agriculture.
Il' n'était pas difficile de pi*évoir quelle n'aurait que des résul't'at^^
fâcheux. Mais de ce que quel'ques memhres d'associations agricoles se
sont laissé aller à profiter ou à prendre prétexte de l'agriculture' pour
faire des manifestations politiques ou électorales, ilnî nous paraît pas
qu'ondoiveen ••onclurequele maniement des fonds de l'Etat ou des dépar-
tements, destinés à encourager la production des champs, seront exclu^
sivement remis entre les mains d'un fonctionnxirepoliti |ue,et cela pour
Ise biem de l'agriculture eîle même. Or, il paraît, d'après un article que
M. JoigTieaux a publié dans le Sïède du 7 septembre, que c'est aiosi
que les choses vont se passer dans le département du Giier. JVL lai-
gaeauxi a exprime amsi : f ., , . . r , ,
« lia été décidé qu'on ne subventionnerait pas les associations agricoles de ce-
départe ûjentetque iessomines attribuées aux encouragements agricoles resteraieat
entre 1-s^ mains du préfet et.de la com nission d 'partem-^ntale. A la bonne heure!.
C'est ainsi que les cho.ses devraient se passer pajtoat. Que le préfet du Cher et la
commission départementale prennent l'avis d'hommes au'orisés en économie
rurale, s'informent des pratiques agricoles défectue ises dius chaque canton et
signalent par la voie des circulaires et des journaux les a néhorations importaiutes'
qu'il' serait utile d'introduire chez eux. Qu'ils ouvrent ensuite des concours, et
offrent de fortes primes à ceux qui auront le mieux réalisé les améliorations
signalées, et en quelques années, grâce à ce mode d'encouragement sensé et
sérieux, ils auront renau plus de services à leurs populations que n'en rendraient
en un siècle les sociétés fermé<'S. Il se rencontrera certainemtînt dans li Cher de.5
cultivateurs intelligents n'appartenant à aucune société officielle,, qui se feront, uui
devoir de seconder le Conseil général, d'entrer FésoLument avec lui dans la voie, du.
progrès rural et de prendre part aux concours. L'esse itiel est que le préfet et 'a
commission départementale ne comptent pas sur l'initiative privée ; eux seuls
doivent la prendre après avoir consulté le professeur d'agriculture, où, à défaut
dfi'cehii- i, des hommes d'une compétence incontestée, conniissant biea le pays
et sachant par quelles améliorations il faut commencer pour réussir du premier
coup.
« Le département du Cher a voté des fonds ; il n'entend pas qu'on en dispose à
tort et à travers, selon la routine traditionnelle; il s'en réserve absolument Tem-
plod, : c'est bien. Il ne reste plus qu'à faire de ces fonds d'encouragement un ban
emploi. Qu'on laisse de côté les médailles et les mentions honorab'es: pour nei
404 CHRONIQUE AGRICOLE (11 SEPTEMBRE IS'^O).
g'attacher qu'aux fortes primes en argent et aux diplômes. Il importe qu'on n'épar-
pille pas ses eO'orts et ses ressources sur de trop grandes surfaces; autrement;on
les affaiblirait et on risquerait d'échouer.
« Pui.-que c'est le Cher qui commence, parlons du Cher. Il comprend trois
arrondissements; il conviendrait donc de poiter toutes ses forces chaque année sur
un seul arrondissement et de s'en rajiporter au tirage au sort pour ne point faire
de jaloux. I a première année, par exemple, ce serait 1 arrondissement de Saint-
Amand qui débuterait; la second^ année viendrait celui de Bourges, la troisième
année c lui de Sancerre. Dans le Cher, les fumiers sont mal soignés, les iiriga-
tions sont négligées, la sélection des céréales est inconnue, la tenue des maisous
de ferme laisse beaucoup à désirer. C'esi donc à encouiager l'aménagement conve-
nable des fumiers, la construction des ciiernes à purin, la création des prairies
naturelles, la production des bi nnes (ér'ales de semence, la propreté rigoureuse
dans les habitations ruiales que devraient servir d'abord n suitout les sommes
mises à la disposition du préfet et de la commission départementale. l'^ti'iM
« La période d'essais est ouverte; nous en attendons d'heureux résultats et lël'''
souhaitons d'autant plus vivement qu'ils serviraient d'exemple à tous les départe-
ments qui ont la faiblesse d'entretenir des sociétés et comices inutiles, où se can-
tonnent plus souvent les ennemis de la République que les amis de l'agriculture. »
Nous avons reproduit inlégraloment le programme de i\l. Joigueaux,
parce qu'il est utile que les Sociétés d'agriculture le connaissent. 11 fut
un moment où l'on voulait leur remettre intégralement et absolument
la direction des encouragements à l'agriculture; voici le programme
contraire, on veut tout leur eulever. Les deux extrêmes nous paraissent
également mauvais. Ces mouvements d'action et de réaction ne peu-
vent pas servir le progrès. Nous le répétons, le bien, c'est que l'agri-
culture soit un terrain neutre où, en dehors deconsidérationspûliti({ue8
ou religieuses, on encourage toutes les amélioi^ations, de quelque papt^
qu'elles viennent, et où l'on s'unisse dans l'amour de la patrie et /dq/i
l^Hberté. ; .M..uiill
."'^„'^"ïl^ IV. — Congrès des vignes françaises à Clermont-Ferrandi^,,-i-o no noii
■ te Congrès des vignes françaises à Clermont-Ferrand a terminé ses '
travaux. Il a siégé le 30 et 31 août et le ]" et 2 septembre. La jour-
née du 31 août a élé consacrée à une excursion à Mezel.
Signalons parmi les personnes qui ont pris part aux délibérations
du Congrès, M.Dumas, de l'Académia des sciences, président de la-
Commission supérieure du phylloxéra; M. Miraglia, directeur de ragpi«>
culture au ministère de l'agriculture de l'Italie; M. Demole, membre^ i
du Comité phylloxérique de Genève; un grand nombre de présideniiS;.;
des Commissions d'études et de vigilance des départements viticoleSj;j-;
M. de la Rochetlerie, pour le Loiret; M. Prillieux, professeur à l'In-
stitut agronomique, pour Loir-et-Cher; M. Ferrer, pour les Pyrénéesjl,
Orientales; M. Régnier et M. Ladrey, pour la Côte-d'Or; M. le doctevuhii
Langlois, pour la Haute-Loire, etc. -jjuj
Les discussions ont été conduites avec beaucoup de tact, d'inteli^lo
gence et de dévouement par le sympathique président de la Comrai%t)q
sion de vigilance du Ptiy-de-Dôme, M. Guyot-Lavaline, sénateur, i^^'il
sident du Congrès. Les membres du Congrès qui ont pris à ç^
discussions la part la plus active, sont : M. Boiteau, qui a exposé aveÇ:
détailles mœurs de l'insecte ainsi que les principes qu'il croit devoir
suivre dans l'application des traitements au sulfure de carbone ; M. de
Laffitte-lvaloannenque qui a fait connaître un procédé spécial de dis-
tribution de trous d'injection et qui a attiré l'attention sur la néces-
sité de poursuivre la destruction de l'œuf d'hiver ; M. IMouillefert qui
a donné les renseignements circonstanciés sur les traitements par le
CHRONIQUE AGRICOLE (11 SEPTEMBRE 1880). 405
sulfocarbonate de potasse ; M. Catta, délégué régional pour la régioa
du Centre, qui a signalé certains faits nouveaux relativementà l'éclo-
sion anticipée de l'œuf d'hiver et àlactioT nuisible de l'humidité dans
les traitements au sulfure de carbone, et quia exposé l'organisation du
service administratif et les principes qu'il a établis pour la recherche
méthodique du phylloxéra dans les vignobles menacés; M. le docteur
Ilenneguy, représentant M. Balbiani, qui a discuté certaines apprécia-
tions relatives à l'œuf d'hiver; M. de la Loyère qui a insisté sur la mé-
thode préservatrice par les insecticides et les engrais permanents.
La séance la plus importante a été, sans contredit, celle du r' sep-
tembre pendant laquelle a été fait le compte rendu de l'excursion à
Mezel. L'exposé de la course a été donné par M. de Laffitle et apprécié
par M. Dumas et M. Catta. M. Dumas a montré l'intérêt majeur qui
s'attachait à poursuivre la lutte sur ce foyer, quelque extension qu'il
ait prise, et dans le langage élevé dont il a le secret, il a su faire com-
prendre les remords qu'on se préparait, si n'ayant pas usé des moyens
dont la science dispose aujourd'hui pour disputer pendant quelques
années le vignoble à l'insecte, on se trouvait demain en présence d'une
découverte qui résoudrait la question du phylloxéra alors que la vigne
serait déjà détruite. M. Catta a démontré que les traitements ne sont
pas responsables de l'extension des foyers autour des parties traitées
lorsque des recherches méthodiques n'ont pas été faites sur une très
large échelle autour de ces foyers. C'est le cas de Mezel où l'on croyait
à une invasion de 4 ou 5 hectares, alors que les recherches que
M. Catta a fait pratiquer ont révélé le fléau sur plus de 30 hectares.
Il n'hésite pas à croire qu'avec des recherches soigneuses et l'applica-
tion en grand des moyens dont on dispose aujourd'hui, on arrêterait
le fléau. Il donne comme exemple le département de l'Aude où il a
réussi à établir ce service sur de très larges bases et cil la marche di
l'invasion est matériellement ralentie.
Le Congrès a émis plusieurs vœux, notamment celui par lequel il
attire l'attention de la Commission supérieure sur le sulfocarbonate de
calcium. Il est regrettable que la discussion de ce procédé n'ait pas
été suffisamment complète et surtout que ses partisans n'aient pas
demandé la parole en présence de l'illustre président de la Commission
supérieure.
Le vœu le plus important qui est comme la justification et la con-
clusion du congrès est à peu près conçu en ces termes : Le Congrès,
après avoir pris connaissance des résultats obtenus jusqu'ici dans la
lutte contre le phylloxéra, est convaincu que la vigne française peut
efficacement être défendue et demande à tous les pouvoirs publics de
poursuivre la lutte en lui donnant une importance en rapport aveô
l'immensité des intérêts à défendre.
Le Congrès s'est déclaré périodique-annuel et a désigné une Com-
mission d'initiative chargée d'organiser la réunion de Tannée pro-
chaine qui, selon toute probabilité, aura lieu à Toulouse.
-aib 6b Ijii;;048 ob;,.<nq ^^rrMP^ylloxera.
Sâ?'1fti j*rahd rionibfe dé jiôînts on signale la constatation de nou-
velles taches phylloxériques plus ou moins développées. En ce qui con-
cerne le département de la Côte-d'Or, nous recevons de M. Ladrey,
professeur à la Faculté des sciences de Dijon, la lettre suivante i
^6- CHKONIQUE AGRICOLE (11 SEPTEMBRE 1880).
«îMon cher directeur, une nouvelle tache pliylloxérique vient d'être constatée
dans la G te- d'Or sur le territoire de la commune de Chambolle» Gomme des
indications erronées ont été publiées à te sujet, je tiens, avant xle quitter
Glerraont,à vous donner sur ce fuit des rensei,t,^nenineiits exacts.
« La tache uni(iue reconnue présente en surface environ 5 raètre=; carrés, elle
est située dans un climat de|)laut fin au nord du village; ce climat esi un premier
cru nommé les 'Crus.
« Aucune constatation analogue n'a été faite jusqu'ici dans les communes
voisines de GhamboUe,
« On a commencé à traiter cette tache, le lundi 30 août, au moyen du sulfure
de carbone à haute dose. Deux zones environnant la tache ont été traitées à dose
plus faible.
a Ge quia (ait dire que le phylloxéra avait été reconnu dans le Musigny, nom
d'un des plus grands crus de la Gôte-d'Or, c'est que par suite de l'existence de ce
climat sur a. commune de GhamboUe, celle-ci est désignée depuis quelque temps
sous le nom de CliamboUe-Mvdgny.
« A mon retour à Dijon, jerae propose d'ailler visiter GhamboUe; si j'apprends
dans cette visite quelque chose de nouveau et d'intéressant, je vous en lerai part.
a Agréez, etc. G Ladr^y-
Depuis plusieurs années, M. le D"" Menudier, membre delaCoramis-
sion supérieure du phylloxéra, se livre sur son domaine du P'iaiid-
Chermii^nac, près Saintes (Cliarente- Inférieure), à des essais sur rem-
ploi des insecticides et sur celui des cépages résistants. Le (limauche
19 septembre, il y développera, dans une conférence publicpie, les trois
points suivants qu'il considère commeabsolument acipiis : Vles^ignes
françaises situées en terrains profonds, peuvent être conservées |=mr
l'emploi du sulfure de carbone et des engrais; 2" les vignes françaises,
situées en terrains légers, calcaires et peu profonds, ne peuvent pas
être défen(kies par le sulfure de carbone et les engrais ; 3° isi re-ons'ti-
tution des vignobles est possible par les cépages américains résistants,
em les employant soit comme producteurs directs, soit comme porte-
greffes. Cette conférence sera suivie d'une visite dans les vignes du
Plaud.
Dans le Midi, des études nombreuses se poursuivent sur la cultitre
des vignes américaines et le greffage des vignes françaises sur souches
résistantes. Le Comité de vigilance de l'arrondissement de Toulon, pré-
sidé par M. Fisquet, fait connaître, dans les termes suivants, les résul-
tats qu'il a constatés cette année :
« Les indications sommaires que nous sommes en mesure de fournir à ce sujet,
sont loin d'être définilives et complètes; cependant comme ellfs peuvent prévenir
des échecs et des mécomptes, c'est un devoir pour rous de les porlerà la connais-
sance du pu'bhc. La soudui-e entre le sujet américain et le greffon européen ne se
fait pas avec la même s(didité pour toutBS les espèces
a Le mcmivèdre sur Jacquez semble s'adapter parfaitement bien, et réciproque-
ment les Jacquez se greffent avec un su ces remarquable sur mour\èdre.
«■ Le MoUrvèdre au contraire réussit mal sur cunningham
« Le Garignan se soude parlaitement sur Taylor; lesgreffes de l'année ont supporté
sans se si'ytarer un poids de :>0 ikiiog'raninîies.
'«Le P.rimavis muscat ;pous>e très bien sur Taylor.
« La Clairette donne sur Ripai ia des jets de 4 mettes dès la première
année.
« Le Garignan sur "Vialli a donné 89°/o de repris.es.
« Il convient du reste d'observer ique pour cette dernière greffe la soudure n'est
pas très soLlde dès la premiàre année. Ge qui ne l'empêoheipa» de :ae consûiider
d'une manièie.complète l'année qui suit.
« L'Aramon (ait tiès liien ménage avec LeRiparia, le Vitis Solonis e^t l'Oporto.
v "Voila en résumé les renseignements que nous pouvons fournir celte année sur
les grelfages 'pratiquéB par ttoub -et nos 'collègues.
CHRONIQUE AGRICOLE (11 SEPTEMBRE 1880). 407
ce Nous continuerons nos études sur l'adaptation des divers cépages européens
aux porte-grefles américains, et nous aurons soin d'en dresser un tableau qui sera
consulté avec fruit.»
Le comité de Toulon ex.pri.rrie, en outre, le vœu que l'admistration
prenne l'initiative de la création de pépinières qui permettraient aux
vignerons de régénérer leurs vignobles à des conditions moins oné-
reuses que celles présentées actuellement par le commerce.
VI. — Les guêpes.
On rapporte que lies guêpes font, cette année, dans les vignes de
Champagne, de grands ravages. Les municipalités d'Ay, de IMTareuil,
de Dizy, ont fait annoncer à son de tambour qu'elles offraient une
prime de 1 fr. 50 par nid de guêpes détruit. Le Vicjmron Champenois
donne, sur les moyens à adopter pour atteindre ce but, des rensei-
gnements qu'on lira avec intérêt :
« Après avoir envisagé le désastre à redouter, arrivons bien vite à un nouveau
remède qui me paraît plus radical et plus facile que l'ingénieux procédé trouvé
par 2 jeuneg g.Hrs de Champillon dont nous n'oublierons pas le bon vouloir.
« C'est M. Anthoine, apiculteur à Mareuil, qui vient à l'instant, de la part de
M. le comte de Montebello, de me communiquer sa recette. D ins le jour, M. An-
llioiue s'enquiert sur les nids; il remarque les allées et venues des frelons; il
suit de l'œil ceux qui sont chargés de butin, car ce sont ceux-là qui retournent
au logis; il les voit entrer par un trou généralementsitué au midi, sur lés talus
des routes, ou sur les berges du canal, ou pratiqué le plus souvent sur les bords
de la Marne.
ce 11 plante un jalon portant un voyant en papier; à la nuit tombée, il revient avec
une sorte de fleuret sonder la situation du guêpier qui forme un milieu de terre
très ameublie, facile à sentir; il verse dans l'ouverture pratiquée parla sonde,
environ 1/4 de litre de pétrole; puis à l'aide d'une bêche il remue tout le nid
endormi, et sufloqué par le pétrole; il vers-e prestement encore l/^ de litre de
pétrole auquel il met le feu, et pendant la flambé'', il recommence à remuer,
si bien que les guêpes et le couvin sont brûlés du mêms coup.
ce Nos jeunes amis de Ghampillon, avec leur boîte-souricière, ne peuvent attein-
dre le couvin dont Tincubatioi de 21 jours peut durer encore une quinzaine';
nos braves vignerons d'Ay, en enfumant les repaires à guêpesj, ne peuvent l'aire
mieux. »
La destruction des guêpes est d'autant plus urgente que les colonies
de c«s redoutables insectes se multiplient avec une grande rapidité.
VIL — Congrèi des agriculteurs italiens.'
Le sixième congrès de la Société générale des agriculteurs- italiens
se tiendra à Crémone, du 14 au 2) septembre courant, pendant le con-
cours régional agricole qui doit se tenir dans cette ville. Le programme
des discussions qui seront dirigées par M. G. Chizzolini, président de
la Société, comporte un grand nombre de questions très intéressantes,
non seulement au point dé vue italien, mais aussi au point de vue
général. Nous citerons particulièrement ce qui se rapporte au crédit
agricole,, aux. moyens de prévenir les inondations, aux moyens de con-
cilier la cultar« diA riz aivec les préceptes de i'kygièae publique, etc.
VriL. — Concours- de produifs de la laiterie.
Nous avons- déjà annoncé que la Sociéié française de: l'industrie
laitière organisait un concours Aj beurres, fromages et instruments
de laiterie. Ce eoncoars se tiendra a, Neufcbâtel-en-Bray (Seine-Infé-
rieure),, du, 21 ail. 2/» oxitûbre.. Y s.eront admis les beuri^s dits de
Gt>Uii^naiy,,dla Vexin et de Li.varot; les fromages de Neufchâtel (frais et
affinés), Boudons, Petit-Carrés, Malakoffs, fromages de Gournay> ks
4t8 CHRONIQUE AGRIfiOLE j(^ll ÇJiPTEMBRE 1880).
fromages de Camembert et de Mignot; de Livarot, de Pont-1 Evêque
et de Mont-d'Or; les fromages de l'Oise et de la Somme, de Rollot, de
Compiègne, de Macquelines, etc. Les instruments de laiterie, les pré-
sures et colorants, et en général tous les produits se rattachant à la
fabrication du beurre et du fromage ou au régime des vaches laitières,
seront admis au concours, de même que les plans, devis et ouvrages
se rapportant à l'industrie laitière. Le concours comprendra trois
divisions, savoir : r beurres frais et salés; 2° fromages frais et affi-
nés; 3° instruments de laiterie et divers. Le Comité d'organisation de
ce concours est dirigé par M. Basset fils, président du Comice .agri-
cole de l'arrondissement de Neufchâtel. i >
IX. — Concours dèparlcmental de la Haute-Loire. :^"' '''•'
Le concours départemental d'animaux reproducteurs des races
bovines, ovines et porcines, et d'améliorations agricoles diverses dans
le département de la Haute-Loire, se tiendra à Yssingeaux, le 19 sep-
tembre courant. Les concours d'amélioration comprendront les cul-
tures générales, les cultures fourragères^ l'aménagement des eaux, la
viticulture, l'apiculture, les cultures maraîchères, les arbres fruitiers,
la création des chemins ruraux. Des primes seront distribuées aux
instituteurs pour l'enseignement agricole. Ce concours est organisé
à la fois par la Société des amis des sciences de la Haute-Loire, par le
Comice du Puy et par le Comice d'Yssingeaux. Un concours de l'es-
pèce chevaline aura lieu à la même date.
X. — Le concours du Comice d'Ambazac.
Parmi les associations agricoles qui contribuent le plus au dévelop-
pement du progrès agricole dans le Limousin, le Comice d'Ambazac
tient un des premiers rangs. Le concours tenu par ce Comice le
5 septembre était très remarquable; il a donné une nouvelle preuve
des services qu'il rend. M. Teisserenc de Bort, président du Comice,
ancien ministre de l'agriculture, a constaté ces services et ces progrès
dans un discours dont le Courrier du Centre donne une analyse qu'on
lira certainement avec intérêt :
« Dans une lumineuse et substantielle improvisation dont nous ne pouvons que
donner l'analyse, M. Teisserenc de Bort a dit qu'il était émerveillé, après être
resté quatre années sans assister au comice, de contempler toutes les magnifi-
cences exposées. Il a ressenti un véritable bonheur en voyant grandir et prospérer
cette utile institution des comices, si profitable à nos populations rurales.
« Après avoir remercié les instituteurs intelligents et dévoués qui enseignent à la
jeunesse les principes fondamentaux de l'agriculture, il a abordé cette question de
la crise agricole qui préoccupe si justement, aujourd'hui, le monde des savants et
des économistes L'agriculture, dit-on, est frappée dans ses forces vives ; on se
plaint de l'insuffisance des récoltes et de l'amoindrissement des prix; d'un autre
côté, les vignerons souffrent cruellement des ravages du phylloxéra; enfin, dans
l'élevage des bestiaux, chose capitale pour un département comme le nôtre, on se
plaint aussi de l'insuffisance des fourrages et de l'abaissement des prix.
cf Quel peut être le remède à ces maux? On a parlé de réformer les traités de
commerce, de frapper d'un droit le bétail étranger; la mesure serait inefficace,
les droits devront être très modérés pour ne pas entraver la consommation géné-
rale, ce dont nous serions les premières victimes. L'Allemagne a voulu essayer
d'un maximum de 24 fr. sur les hêtes à cornes, quel profit en a-t-elle tiré? Quel
profit en tirerions-nous nous-mêmes, si nous songeons que ces droits, dans notre
pays de métayage, seraient réduits de moitié pour le colon? Ils n'auraient qu'une
valeur insignifiante parce qu'ils s'adresseraient surtout au gros bétail, et que la
spéculation dans notre Limousin est la production des jeunes bêtes de moins
d'un an. Ce n'est donc pas dans une augmentation de droits qu'il faut chercher la solu-
tion.
CHRONIQUE AGRICOLE (Il SEPTEMBRE 1880). 409
« On a parlé, (l'autre part, du Crédit agricole, chez lequel nos agriculteurs trou-
veraient, fsur garanties, le roulement d'argent nécessaire à leurs opérations; ce
' moyen a une importance réelle, mais pour nos grands fermiers seulement; avec
le système de colonage tel qu'il existe dans bt-aucoup de départements, notam-
ment dans la Haute-Vienne, il est inapplicable ; un colon ne peut offrir son cheptel
comme garantie et il ne peut, par conséquent, trouver d'argent à emprunter.
« Enfin il y a une troisième façon d'envisager la question, et c'est, a dit l'ora-
teur, le nœud du problème. La terre est chargée d'impôts considérables dont le
taux dépasse les proportions raisonnables. Ou est anivé à supputer que l'en-
semble de la propriété rurale ou bâtie rend quatre milliards cinq à liait cents
millions; or en ouvrant le budget on peut voir que la somme payée par la terre
pour la série d'impôts qu'elle supporte paye six cent quatre-vingts millions environ.
Sur un revenu de quatre milliaras cinq à huit cents millions, c'est 25 pour 100!
« 11 y aurait donc à réduire l'ensemble des impositions, l'impôt foncier et le droit
de transmission; les résultats en seraient certainement avantageux.
« Mais les réformes ne viennent pas toutes seules. Il faut demander souvent,
demander toujours. Déjà on a réduit pour les départements du Nord les droits
sur les sucres, et pour nos départements viticoles les droits sur les vins ; notre
tour est venu. Il serait utile que les comices agricoles se réunissent dans une
même pensée et demandent une réduction sur l'impôt foncier et sur l'impôt de
transmission.
« Le gouvernement de la RépubHque aime les campagnes ; il accueillera certai-
nement ce vœu formulé avec ensemble. Les agriculteurs que la République a
affranchis des anciennes servitudes et auxquels elle a donné le suffrage universel
sont aujourd'hui le plus grand nombre ; s'ils veulent s'unir et marcher d'accord,
leur voix sera certainement entendue,
« M. Teisserenc de Bort a terminé en appelant sur ce point les méditations de
ses auditeurs. Vos destinées, a-t-il dit, sont entre vos mains ; la population rurale
est maîtresse de la situation ; qu'elle ne reste pas indifférente à tous les actes qui
peuvent affermir le régime actuel; vous grandirez le pays, vous le ferez riche et
prospère et vous rendrez un véritable service à l'humanité ».
Les primes décernées par le Comice ont été ensuite distribuées.
Selon une coutume établie par M. Edmond Teisserenc de Bort, chaque
lauréat recevait, en même temps que sa médaille, un billet de loterie.
Quatre charrues et un bélier southdown sorti des bergeries du châ-
teau de Bort formaient les lots de cette loterie, qui a eu le grand succès
auprès de tous les lauréats du Comice.
XL — Concours du Comice de l' arrondissement de Bourg.
Le Comice agricole de l'arrondissement de Bourg (Ain) est de créa-
tion récente; il a pris une rapide extension. Les effets de son influence
se sont manifestés au concours qu'il a tenu le 29 août; depuis dix ans,
Tagriculture locale n'avait pas eu de réunion de ce genre. Aussi ce
concours a-t-il offert un intérêt particulier. En même temps que des
primes nombreuses étaient décernées aux cultivateurs, d'excellents
conseils leur ont été donnés à la distribution des récompenses, par
plusieurs orateurs. M. Gellion-Danglar a insisté, dans les termes sui-
vants, sur les conditions du progrès agricole :
« Il faut bien se le persuader, c'est en elle-même que l'agriculture trouvera le
S lus de ressources pour se protéger et s'accroître, pour réahser ce progrès, ce
éveloppement et cette prospérité indispensables au bien être et à l'existence
même de la nation. C'est en s'éloignant chaque jour davantage de la routine, de
l'odieuse routine, c'est en perfectionnant les méthodes, c'est en s'appropriant les
découvertes de la chimie agricole, de la météorologie, en mêlant à la pratique de
la nature les apphcations de la science, que les agriculteurs, avec un succès de
Elus en plus certain, coTibattront les caprices et les colères du ciel, dompteront
îs résistances et les rébellions de la terre et se rendront maîtres de résultats
qu'ils poursuivent eucore avec tant de peine, avec tant d'incertitude, avec tant de
risques. Multiplions donc les écoles, les conférences, les prédications laïques et
scientifiques, pour apprendre aux cultivateurs la culture raisonnée qui, peu à peu,
410 CHRONIQUE AGRICOLE (M SEPTEMBRE 1880).
se substituera à la culture instinctive, sans que les hardiesses de la théorie puis-
sent compromettre les conquêtes définitives de 1 expérience. Joignons ^ ces con-
naissances les données de l'économie, et faisons comprendre à tous quels peuvent
être les Lnenlaits de l'association ....
«Tout citoyen est capable aujourd'hui d'acquérir sa part de propriété par le tra-
vail, delà conserver et de l'augmenter par l'épargne. L association seule peut et
doit faire retrouver le petit nombre d'avantages que la grande propriétéprésentait
parmi tant d'inconvénients. Elle produira en outre beaucoup d'autres effets heu-
reux, Pour n'en citer qu'un exemple, l'emploi des machines, difficile et coûteux
sur des espaces restreints et pour des propriétaires peu aisés, devient facile et peu
onéreux pour une association. Les cultivateurs associés peuvent acheter des machi-
nes qui seront leur bien commun; d'autres peuvent louer à bon compte des ma-
chines ambulantes appartenant à des entrepreneurs. Si, à la fin du siècle dernier,
le pacte de lamine, cet établissement dont on a dit que les comptoirs reposaient
sur des ossements humains, a fait tant de mal, que de bien pourront faire des
associations qui seront autant de pact-s d'abondance!
«Le progrès, en toute chose, consiste à laisser la moindre part possible au hasard
et à l'inconnu. Gela est surtout vrai delà science agricole. Tout ce que vous aurez
conquis sur le hasard et sur l'inconnu, vous le palperez en belles récolles, en profits
nets, en bons loj ins de terre dont vous arrondirez votre patrimoine. Instruisez-
vous donc pour travailler à coup sîir et pour enlever tout ce que vous pourrez au
hasard, à l'inconnu, à l'ennemi. »
M. Edmond Cbevrier, président du Comice, a particulièrement
insisté sur le rôle que doivent jouer les associations agricoles :
« Peiinaettezrinoi, dans l'intérêt de l'extension de ce Gonaice, surtout parmi les
cultivateurs, de vous présenter quelques considérations sur l'utilité des sociétés
agricoles C'est chose assez fréquente que les plaisanteries sur les messieurs de la
ville qui s'occupent d'agricultuie; je ne répondrai à ces plaisanteries que par des
faits : ainsi, en rappelant aux cultivateurs que jusqu'à la fin du siècle dernier,
leurs pères n'ont point connu l'usage des pommes de terre, du trèfle, l'emploi de
la chaux. Ce sont des sociétés d'agriculture qui ont introduit en France ces cul-
tures.
« J'ai commencé àm'occuper de concours agricoles sous la direction d'un hoiinnae
dont j'aime à rappeler le nom illustre dans l'une de ces solennités agric.des qu'il
aimait tant. M. Puvis, que son biographe, M. Barrai, a appelé l'un des pères
de l'agriculture française, avait entrepris de répandre en Bresse l'usage de la
cHarrue Dombasle. A cette époque, il y a quarante-neuf ans environ, les culti-va-
teurs bressans se servaient encore de l'antique araire des Gallo-Romains, charrue
en bois.
« La Société d'Emulation, à l'instigation de M. Puvis, avait acheté un certain
nombre de charrues en fer, elle ne les vendait pas, elle les donnait; eh bien, per-
sonne n'en voulait, les cultivateurs accueillaient avec un sourire i'ofi're de cette-
lourde machine que leurs bœufs, disaient-ils, ne pourraient jamais mettre en mou-
vement; quelqiUes-uns cependant se décidèrent à essayer et il a sulfi de quelques
années) pour répandre partout l'instrument nouveau.
« Le nombre sans cesse croissant des Comices, la popularité dont jouissent les.
sociétés agricoles, prouvent leur utilité. En Suisse on attribue la supériorité de la
culture de la vigne dans la région qui produit les vins fameux d'Yvorne à l'in-
fluence séculaire de l'abbaye ou société des vignerons de Vevay, qui ordonne tous
les quinze ans, avec un art merveilleux, cette célèbre fête des vignerons que les
voyageurs et les journaux illustrés ont fkit connaître dans les cinq parties de
la terre.
« L'organisation de l'abbaye des vignerons présente plusieurs particularités qui
pourraient être imitées pour df autres cultures. Sur la demande de chaque pro-
priétaire, la société désigne deux experts-jurés et un membre de son conseil pour
visiter les vignes de ce propriétaire; les experts donnent, s'il y a lieu, au vigne-
ron, un certain nombre de bons points qu'on appelle des succès, et les vigneron'»
qui pendant trois ans ont obtenu le plus grand nombre de succès, reçoivent uns'
pilme en argent assez considérable. Les vignerons dans le principe ne se sont
prêtes à ces visites qu*avec difficulté, on comprend pourquoi; c'est grâce à cette'
sïirveilliance, à l'émulation produite entre eux^ qu'on a pu empêcher la destruction
des bons cépages qui est si rapide dans les vignobles de France où l'on préfère de
CHRONIQUE AGRICOLE (11 SEPTEMBRE 1880). 411
plus en plus la quantité à la qualité, et par suite maintenir la réputation des vins
de l'endroit, réputation qui détermine en partie leur prix.
«Les concours (les sociétés agricoles ont surtout pourbut d'honorer la profession
des cuit valeurs par des récompenses qui leur sont décernées solennellement, et
qui ont moins d'importance par leur valeur en argent qae par l'honneur et le re-
nom qu'elles procurent à ceux qui les reçoivent. Nous regrettons que la modicité
de nos ressources ne nous permette pas de donner des prix d'un chiffre plus élevé,
mais il vaut mieux que les récompenses soient au-dessous des mérites de ceux
qui les reçoivent que si les mérites étaient au-dessous de la récompense. »
Le comice de Bourg a décerné plusieurs primes aux instituteurs
pour le développement de l'enseignement agricole dans leurs écoles.
Sous l'impulsion de M. Degrully, professeur départemental d'agricul-
ture, l'extension de cet enseignement suit une marche rapide.
Xll. — L'Institut agricole de Gembloux.
A diverses reprises, nous avons insisté sur l'organisation de l'In-
stitut agricole de Gembloux, et nous avons fait ressortir les services
que rend ce grand établissement au point de vue de la diffusion des
progrès agricoles. L'influence de l'Institut de Gembloux est encore
démontrée par le rapport triennal sur la situation de l'établissement,
que son directeur, M. Lejeune, vient de publier. Vingt promotions
d'élèves ont été admises à l'Institut depuis sa création; elle com-
prennent 540 noms. Pendant la dernière année scolaire, l'Institut
comptait 77 élèves dont 55 Belges et 22 étrangers. Cette proportion
considérable d'élèves étrangers prouve l'estime dont l'établissement
jouit partout. La ferme, annexée à l'Institut, et dont l'étendue est de
64 hectares, est aussi dans une situation prospère. C'est ce qui ressort
du tableau des cultures, des recettes et des dépenses, annexé au rapport
deM. Lejeune. Plus il y aura, dans tous les pays, d'écoles d'agriculture
bien dirigées, et plus l'art de cultiver les champs deviendra prospère
et lucratif.
XIII. — Le houblon et la bière.
Dans notre dernière chronique, nous avons donaé quelques rensei-
gnements sommaires sur la cueillette qui se poursuit en ce moment.
Nous avions public antérieurement une notice, due à M. Paul Muiler,
sur la production de la bière en Allemagne. Au sujet de cette notice,
un Français qui habite la Bavière nous envoie quelques détails com-
plémentaires en ce qui concerne la consommation de la bière :
« Combien de millions de marks dépensent les habitants de Munich pour la
bière? Dans la ville même, on en boit 1,031,92') hectolitres ce qui, pour une
population de 23 2,5u0 âmes, donne pour Tannée 1879, par tête, 'i4o iitre>, ou
environ I litre \\ < par jour, c'est pour l'année, par tête, une dépense de 4570 marks.
Pendant une année, la dépense de Munich pour la bière est de 26,'i30,076 marks.
« Un bon Bavarois peut vider dans une séance de deux heures, 20 verres de
bière. Le verre contient 1|2 Irtre, total 10 litres,
a On sert la bière dans de grands verres avec anse et couvercle en cristal. Dans
les brasseries chaque habitué a son verre.
a L'Angleterre et rAlleroagne méridionale consacrent chaque année à la culture
de l'orge de grandes étendues de leurs medleures terres; la France produit le vin,
dans des terres qui, pour la plus grande pirtie, ne pourraient pas être cultivées
avec la charrue. Dans le nord de l'Allemagne, on boit de l'eau-de-vie de seigle et
de pommes de terre.»
En Angleterre, c'est le comté de K^nt qui renferme les houblonniè-
res les plus nombreuses et les plus renommées. Chaque année, la ré-
colta de ces houblonnières est l'occasion d3 l'arrivée de milliers
412 CHRONIQUE AGRICOLE (11 SEPTEMBRE 1880).
de cueilleurs et de cueilleiises, qui se recrutent surtoiU dans la
population des grandes villes. Les Compagnies de chemins de fer
organisent un grand nombre de trains spéciaux qui amènent dans les
houblonnières ces ouvriers temporaires qui trouvent dans ce travail,
une bource d'amélioration de leur bien-être,
XIV. — Société d' encouragement à l'agriculture.
Au concours régional de Glermont-Ferrand, la Société nationale
d'encouragement à l'agriculture a voulu donner, comme dans les
autres solennités, une preuve de sa sollicitude pour les intérêts qu'elle
est appelée à défendre. Nous trouvons, dans le iVonilcur du Puy-de-
Dôme du 4 septembre, les détails suivants sur les deux récompenses à
décerner en son nom :
« La Société nationale d'encouragement à l'agriculture, cette nouvelle Société
dont nous avons récement parlé, a désigné M. Salneuve, sénateur, pour présider
la délégation d'assistance au concours régional agricole de Ciermont.
« Notre sénateur a reçu mission de se concerter avec les membres de la nou-
velle Société se trouvant à Glermont ou dans le voisinage et de leur remettre les
insignes de la Société.
« M. Lami, agent général de la Société, a été envoyé à Glermont par M. Fou-
cher de Gareil, .sénateur, président de la Société, pour jiarticiper au choix et à la
désignation d'un lauréat de la moyenne ou petite culture, auquel la Société
destine une médaille d'or.
«A cet effet, MM. Salneuve et Lami, de concert avec M Gostes, député, membre
de la Société, ont conféré avec l'honorable M. Heuzé, le commissaire général de
l'agriculture, et avec ses assistants officiels. Un examen attentif des produits
agricoles figurant à l'exposition a fixé le choix du lauréat, auffuel sera conféré,
dimanche, la médaille d'or, au nom de la Société nationale d'encouragement à
l'agriculture.
« En outre, pour la médaille d'argent destinée à un instituteur du Puy-de-Dôme
pour enseignement de l'agriculture, MM. les inspecteurs primaires de nos cinq
arrondissements ont délibéré, hier soir, sur le choix de l'institutear ayant mérité
cette récompense. La désignation a été transmise à M. Saln-'uve, président de la
délégation de la Société. »
La médaille d'or de la Société a été attribuée à M. Glialard-Cbam-
bige, cultivateur à Vassel, canton de Vertaizon; et la méilaille d'ar-
gent, à M. Antonin Sauvât, instituteur à Brenat, canton de Sauxil-
langes.
La session des Conseils généraux a été, pour plusieurs assemblées
départementales, l'occasion de manifester leur sympathie envers la
Société d'encouragement à l'agriculture. Ainsi nous apprenons que
le Conseil général de Seine-et-Marne lui a voté une subvention de
200 francs, et celui de la Savoie une subvention de 100 francs.
J.-A. Barral.
RAPPORT SUR LES OPÉRATIONS DU LABORATOIRE
AGRONOMIQUE DE LA LOIRE-INFÉRIEURE PENDANT L'EXERGICE 1879-1880
Monsieur le préfet, les travaux exécutés dans le Laboratoire agronomique, pen-
dant l'exercice 1879-1880, sont caractérisés par des chiffres qui diffèrent très peu
de ceux que j'avais l'honneur de vous soumettre l'an dernier. Aujaurd hui comme
alors, la vente des phosphates fossiles l'emporte sur celle des autres engrais :
cela tient, d'une part, à la faculté dissolvante très énergique de nos sols pour les
phosphates minéraux, et de l'autre, à l'état de gêne des cultivateurs, dont la préfé-
rence pour des matières fertilisantes à bas prix a dû naturellement se manifester.
Les incursions de commis-voyageurs en engrais qui, dans ces dernières années,
avaient pris le caractère d'un véritable désastre, n'ont pas été constatées, cette
année, dans la Loire-Inférieure; du moins, n'ont-elles eu lieu que sur une
échelle très restreinte et, en tout cas, les manœuvres employées n'imt pas eu,
RAPPORT SUR LES OPÉRATIONS DU LABORATOIRE DE NANTES. 413
comme antéfieurement, la nature délictueuse qui avait justement ému l'opinion
f)ublique. Cette amélioration est due aux sévères répressions intervenues et à la
égitime méfiance des cultivateurs désormais éclairés sur leurs intérêts.
Les opérations exécutées au Laboratoire ont porté sur les matières suivantes :
Nombre Nombre
Nature des substances. d'échan- Nature des substances. d'échan-
tillons, tillons.
Phosphates fossiles 150 Report 405
Noirs de raffinerie = . . 104 Calcaire 1
Guanos naturels 66 Résidus de tannerie 2
Engrais mixtes 38 Débris de feutre 2
Superphosphates 25 Tourteaux d'arachide 7
Phosphate de Navassa carbonisé. U Tourteaux de lin 2
Phosphates naturels 3 Tourteaux de sésame 1
Phosphorite d'Espagne 1 Poussières d'arachide 12
Phosphate précipité 1 Poudrettes 3
Poudre d'os 3 Sulfate d'ammoniaque 3
Charbon de goëmon 1 Farines alimentaires 2
Résidu de potasse 1 Terres 3
Poudre de cornes 1 Eau 1
Boues de raffinerie 1
A reporter 405 Total 445
Sur ces 445 échantillons, 142 provenaient de cultivateurs sollicitant l'analyse
gratuite. Le tableau ci-annexé contient l'indication des communes qui ont donné
ce bon exemple et de la nature des engrais soumis au contrôle :
Analyses exécutées gratuitement sur la demande des cultivateurs, 1879-1880.
Communes. —^ c ^■^ g g^m » ci.-s.g-^
Missillac 1 » 1 »>,,,,.,«..» 2
Saint-Gildas-des-Bois 2»j)»11»».1»'>5
Nantes 8 . l 4 2 l 5 » 1 » « » 22
Oudon >■ ..]..» » » >, » » » ., 1
Chantenay 3 » » » » » 1 » » » » » 4
Notre-Dame-des-Landes . . 2 » 3 » » » 1 » » » » » 6
Conquereuil 4 » 1 » .. » 2 » » » » » 7
VieiUevigne 2 ..:»»..>. 3 » » » > » 5
LeClion » , » 1 1 ,, j, „ » „ . » 2
Port-Saint-Père » » » » 1 » » » » » « » 1
Saint-Julien-de-Vouvantes. ».»»..»» 1 . » ». 1
Les Moutie'-s » » » 1 » » » » » » » » 1
Saint-Sulpice-des-Landes . » « » 1 »■».>»,, » » » î
Manmusson » » » » » » » » » » 2 » 2
Orvault » ■> ' » » » » » » » » 1 1
Châteaubriant 5 „ » 1 >, .. » » .. >. .. .. 6
Nozay 2 »»'•»>' 1 » » » » » 3
Savenay 1 » » » » » « » » » » » 1
Plessé 1 » " » » >. 1 » » » » » 2
Saint-Lumine-de-Clisson.. » >, 1 » b » » » » » » » 1
Saint-Sébastien » » » » « » 1 » >, » » » 1
Saint-Aubin-des-Châteaux. ] »»>>»»>'» >.>.»» 1
Guémené-Penfao 14 » 4 » » » 8 » » » » » 26
Nort ^ ,. 3 » » .. 1 » » » » - 4
Ruffigné 2 . » » » » » » .. » » » 2
Legé » ,, 3 » 1 « 1 ». " » » 5
Batz » 1 » » » •■ » » » » " " 1
Fay 5 »»«..» 1 » » ■■ » » 6
Prinquiau 1 »»»»»»»■. n » » 1
Vigneux 1 » » » » » 1 » » » » » 2
Saint-Etienne-de-Mont-Luc . » » » i »"»-.»»» 1
Pontchâteau 1 » » s » « » » » » « » 1
Héric .. » 2 » » « » » » « » » 2
Blain 1 , 2 » » » » » » » " » 3
Quilly 1 »»»»».». s « » 1
Grandchamp » » 2 » » » » '' » » » » 2
Soulvache 1 » » » » » » » " » » » 1
Riaillé >, » » 2 » » » » » » » » 2
Campbon 2 » » » » » » » » » » >» 2
Séverac 2 » » » » » » » ne » " « 2
Saint-Mars-de-Coutais ,. »»i»»li>»»j=^j|^ 4
41 communes êF T 24^ ÎT T "T 28 T "F 1 2 1 144
414 B APPORT SUR LES OPÉRATIONS DU LABORATOIRE DE NANTES.
On voit, dans ce tableau, que 41 communes ont eu recours aux opéraiions du
Laboratoire. Parmi ces deniières, celle de Guémené-Penfao continue à occuper le
premier rang : elle a demandé, en effet, 26 analyses d'engrais, chiffre double de
celui constaté en 1878-1879.
Voici les chiffres comparatifs des deux exercices 1879 et 1880 :
Total des analyses. Analyses gratuites.
1879 446 136
1880 445 142
Si, en examinant ces chiffres, on tient compte du ralentissement de transac-
tions causé par la diminution des dernières récoltes, on arrive à reconnaître qu'il
y a un progrès relatif très marqué dans le mode d'achat des engrais nécessaires
aux cultures de la Loire-Inférieure.
Phosphates fossiles. — Je ne pourrais que reproduire les considérations déve-
loppées dans mon dernier rapport sur l'emploi, chaque jour plus important, de
ces précieux engrais et sur les fraudes dont ils sont l'objet. Ces fraudes sont scan-
daleuses; elles s'opèrent à Nantes au grand jour, et les mélanges qui en sont le
résultat sont particulièrement expédiés dans les départements du Morbihan, du
Finistère et des Gôtes-du-Nord.
Dans les 1 50 échantillons de phosphate fossile analysés au Laboratoire agrono-
mique,ya.[ établi que la dose moyenne d'acide phosphorique était de 17.414, cor-
respondant à 38 pour 100 de phosphate tribasique de chaux pur.
Dans le phosphate naturel de Navassa, le phosphate tribasique de chaux cor-
respondant à l'acide phosphorique dosé s'est élevé à 61.3 pour 100.
Une phosphorite de Gacères a fourni un titre de 71.82 pour 100.
Noir animal. — L'analyse de 104 échantillons a donné 63.66 comme richesse
moyenne en phosphate tribasique de chaux. La vente de cet engrais est en décrois-
sance depuis quelques années ; la diminution remarquée tient au développement
que prend l'emploi du phosphate fossile.
L'azote organique et ammoniacal des résidus de raffinerie proprement dits a
varié de 1.60 à 2.'-20 pour 100 de matière sèche.
Guanos péruviens. — 66 échantillons de guanos examinés ont fourni :
Dose moyenne d'azote 6 .28 pour 100
— d'acide phosphorique 1.5.12 —
Phosphate tribasique correspondant 33 —
Le prix des guanos est calculé chez les détenteurs des deux Compagnies (Peru-
vian limiled Company et Dreyfus frères et Cie), d'après la richesse déterminée
par l'analyse ; il en résulte que le cultivateur est assuré de trouver dans les dépôts
de Nantes des engrais ayant des compositions variables et des prix proportionnels.
S'il achète, au contraire, dans les magasins des petites localités, il est grande-
ment exposé à payer de 30 à 36 francs des guanos qui ont été vendus 16 francs
aux marchands de seconde main.
Ce danger existera tant que le gouvernement du Pérou vendra sous un plomb
uniforme des guanos très différents les uns des autres.
Superphosphates azotés. — Ces engrais, dont le prix est élevé, ne sont pas dans
la Loire-Inférieure l'objet d'un très grand emploi, alors surtout que les fermiers
disposent d'un faible capital de fumure. Les cultivateurs éclairés en font toutefois
l'essai dans des proportions sensiblement croissantes.
Dans les 25 échantillons qui m'ont été soumis, j'ai trouvé :
Acide phosphorique soluble dans le citrate d'ammoniaque 10.88
correspondant à 23.75 de phosphate tribasique de chaux.
Acide phosphorique insoluble 1.48
Azote 3.56
Plusieurs de ces engrais avaient pour base les poudres d'os et les guanos
naturels.
Sauf de très rares exceptions, l'azote faisait partie de sulfate d'ammoniaque et
de matières organiques.
Engrais mixtes. — Du noir d'os additionné de tourbes animahsées, du phos-
phate fossile mêlé à des substances organiques diverses, du phosphate de Navassa
carbonisé, puis arfimalisé à l'aide du sang ou des matières de vidanges, consti-
tuent ces engrais mixtes trop souvent livrés comme noirs de raffinerie et vendus,
par conséquent, à des prix excessifs. J'ai eu souvent l'occasion de prévenir les
RAPPORT SUR LES OPÉRATIONS DU LABORATOIRE DE NANTES. 415
cultivateurs que ce qu'on leur vendait sous cette dénomination de noirs était un
mélange de valeur commerciale relativement inlérieure.
Tourteaux. — Ces engrais destinés à l'exportation ou expédiés dans le Nord d
la France, ont fourni :
Azote.
Tourteaux d'arachide 6.78 pour 100
— de sésame 6..o0 —
— de lin 4.G5 —
Poussières d'arachide 2 . 93 —
Les poussières sont destinées, après absorption de matières animales, à entrer
dans la confection d'engrais mixtes.
Sulfate d'ammoiiia'jue. — La distillation des os et la vidange fournissent au-
jourd'hui à l'agriculture des sulfates d'ammoniaque que les usines à gaz produi-
saient exclusivement autrefois.
Dans les sulfates provenant de ces sources diverses, j'ai trouvé une richesse
moyenne de 20.2 d'azote pour 100.
Matières diverses. — Voici les richesses déterminées dans quelques substances
soumises au contrôle du Laboratoire :
Azote.
Poudrettes 1.26 pour 100
Débiis de feutre 10.83 —
Idem 13.93 —
Poudres de cornes 11.66 —
Idem 13.80 —
Résidus de tanneries 4.22 —
Il résulte des faits mentionnés dans ce rapport, que les cultivateurs de la Loire-
Inférieure comprennent d'une manière, chaque année, plus marquée, la nécessité
de s'éclairer sur la qualité des engrais.
La crise agricole motivée par la nature des dernières récoltes a diminué dans
une assez grande proportion la quantité d'engrais achetés, et cependant, le nombre
d'analyse gratuites demandées au Laboratoire s'est élevé de 136 à 142; on pou-
vait et l'on devait craindre un résultat inverse. Le progrès relatif est donc incon-
testable.
J'ai l'honneur d'être, etc. Le directeur du Laboratoire,
A. BOBIERRE.
UNE NOUVELLE ESPÈCE DE VIGNE AMERICAINE
Quelque idée que l'on se fasse, au point de vue théorique, delà
valeur de Tespèce, il faut bien en venir pratiquement à rechercher
dans un genre les types centraux autour desquels se groupent des
races, des variétés ou de simples variations. En ce qui concerne le
genre FiYù proprement dit, c'est-à dire les vignes à pétales soudés en
calotte, ce travail de délimitation d'espèces présente des difficultés
inextricables ; je le poursuis néanmoins avec patience pour les vignes
américaines, en cherchant, avant tout, à définir le mieux que je peux
les types sauvages dont les variétés cultivées ne sont que des dérivés
simples ou croisés. Pour le moment, dans cette note sommaire, je me
bornerai à tracer les caractères et à fixer la synonymie d'une vigne
du Nouveau-Mexique et du Texas, le Vitis Berlandieri, dont la décou-
verte botanique remonte à l'année 1834, mais dont la culture en
Europe, relativement récente, m'a révélé Tautonomie, en me permet-
tant de la distinguer du Vitis monticola de Buckley, avec lequel tous les
auteurs, moi compris, à la suite du savant botaniste Engelmann,
l'avaient jusqu'à ce jour confondue.
Le nom de Berlandier que je propose d'attacher à cette espèce est
celui du botaniste voyageur suisse qui, le premier, la recueillit au
Nouveau-Mexique ou au Texas en 1834. Elle porte dans sa collection
• Communication faite à l'Académie des sciences.
416 UNE NOUVELLE ESPÈCE DE VIGNE AMÉRICAINE-
vénale len" 2412 ^ Une forme un peu toraenteusede l'espèce, recueillie
sur le Gillo de la Silla, dans le Nouveau-Léon, porte dans la môme col-
lection le n° 31 16. C'est celle que le D' Engelmann avait nommée dans
mon herbier Vîlis xstivalis, var. monticola^ en la regardant à la fois comme
le Vitis moiiiicola de Buckley et comme pouvant être une simple forme
de son Vitis canescens, lequel est devenu depuis le Vitis cinerea de nos
cultures [Vitis œstivalis var. cinerea, Engelm.)
Pour moi, le prototype du Vitis Berlandieri, à feuilles plus ou moins
glabres centes, sauf sur les nervures, est une curieuse vigne encore
rare dans les cultures du midi de la France, où elle est surtout connue
sous le nom de Surett mountain^ nom fonde sur une grossière erreur de
lecture, le mot anglais sweet (doux) ayant été pris pour surett, qui ne
signifie absolument rien.
Les graines de cette plante, reçues d'un pépiniériste très habile du
Texas, M. Onderdonk, furent distribuées comme objet d'étude à plu-
sieurs de ses clients par M. Douysset, de Montpellier. Semées en 1 876
à l'Ecole nationale d'agriculture de la Gaillarde, sous la direction de
M. Foëx, à l'école de Pharmacie par mes propres soins, ces graines
ont donné des plans vigoureux sur lesquels j'ai pu retrouver les carac-
tères des prétendus monticola de la collection Berlandier, et qui, pres-
que tous semblables entre eux, sauf un pied de la forme tomenteuse,
se distinguent aussi nettement que possible du véritable monticola,
tel que feu Elias Durand Fa décrit d'après Buckley.
Et d'abord, ce vrai monticola est une vigne à raisins blancs, dont
les grains, rappelant par la grosseur le chasselas de Fontainebleau,
ont un arôme un peu spécial, s'approchant de l'odeur foxée ou de
framboise. La pulpe en est légèrement tenace, comme celle des Labrus-
ca, groupe que la plante rappelle d'ailleurs un peu par le duvet ara-
néeux de la face inférieure des feuilles. C'est l'espèce dont feu Durieu
de Maisonneuve avait reçu les graines d'Elias Durand, qu'il avait vue
fleurir et fructifier à Bordeaux, dans le jardin botanique, et dont mon
ami, M. Maxime Cornu, a parlé dans ses études sur le Phylloxéra vas-
tatrix, publiées en 1 878 dans le Recueil des savants étrangers de r Aca-
démie (t. XXVI p. 22-23 du tirage). Plusieurs traits de cette plante la
rapprochent des Lahrusca plus que des jEstivalis, dont les grains, en
général plus petits, ont une pulpe fondante et non foxée. Peut-être se
rapprochera-telle davantage d'un groupe que j'appelle Semi-Labrusca^
et dans lequel rentrent les York's Madeira, Gaston Bazille, Franklin,
Vialla et autres formes cultivées.
Quant au Vitis Berlandieri (que le public pourra nommer Vigne Ber-
landier) , elle est remarquable par ses rameaux très nettement anguleux
(pentagonaux sur l'axe primaire), caractère qu'on retrouve chez le
Mustang [Vitis candicam), le Post-Oak [Vitis Lincecumii), le Vitis cine-
rea, mais qui manque chez les vrais /Estivalis. Le duvet qui en occupe
les feuilles adulles, les pétioles, les tiges, tantôt serré en couche
grisâtre, tantôt clair semé sur les nervures, se résout en petits flocons
ramassés et non étirés en fils aranéeux comme ceux des Lahrusca. Les
vrilles sont discontinues; les feuilles des extrémités des jeunes pous-
ses, au lieu d'être longtemps pliées en gouttière au-dessus des feuilles
suivantes, comme chez lesRiparia^ sont étalées de bonne heure en lame
1 Le voyageur américain Wright a récolté la même plante au Nouveau-Mexique, en 1850-1851,
sous le nom'd'jEstiTalis (collect. Wright, in heib. Mus. Paris).
UNE NOUVELLE ESPÈCE DE VIGNE AMERICAINE. 417
plate et souvent teintée de rose. Par là, notre espèce rappelle les jEsH-
valis, dont elle diffère nettement par des rameaux anguleux. Les grap-
pes de ses pieds fertiles sont pédoncalées; les grains (baies), petits
(comme un grain de poivre), noir violacé avec une légère fleur prui-
neuse; pulpe fondante, peu abondante, acidulé et un peu âpre, peut-
être par défaut de maturité (ils ne sont pas môme en véraison en ce
moment, 24 août 1880, à lEcole d'agriculture); graines (d'après l'é-
chantillon de Wirght), au nombre de deux, très largement ovoïdes,
aplaties à leur face, très convexes sur le dos, à bec très court et très
obtus, échancrées à l'extrémité; raphé peu saillant en avant, très en-
foncé dans le sillon qui aboutit à la fossette chalazique (dans l'éclian-
tillon n° 2412 de Berlandier), une graine unique par avortement a sa
face renflée, non aplatie, l'ensemble des caractères restant le même.
Cultivé à souche basse, sans support, le Vitis Beiiandieri étend en
tous sens sur le sol un fouillis de rameaux grêles, garnis de feuilles
de 2:randeur moyenne ou petites, orbiculaires ou cordiformes, entières
ou trilobées, avec les lobes latéraux souvent peu marqués ; sinus pétio-
laire très ouvert; dents du pourtour largement triangulaires, courtes,
mucronées; consistance épaisse, rigide; couleur vert intense en des-
sus, plus pâle en dessous, mais avec un luisant particulier, presque
de vernis, chez les formes glabrescentes ; duvet grisâtre chez les
formes tomenteuses.
Insignifiante ou nulle pour la production directe, cette vigne sera
probablement un porte-greffe de premier ordre en tant que résistance
au phylloxéra. On a dit qu'elle ne portait jamais cet insecte. Je ne
l'ai pas trouvé sur ses racines, ce qui ne prouve pas qu'il ne puisse
y être. Les radicelles sont dures, à surface lisse, à rayons médul-
laires nombreux et étroits, bref avec tous les caractères que M. Foëx
a assignés aux racines des espèces très résistantes. Reste à savoir les
qualités que la plante présentera comme porte-greffe et comme adap-
tation aux divers sols.
Pour compléter la synonymie de cette espèce, j'ajouterai que
M. Guiraud, de Nîmes, l'a reçue de M. Onderdonk sous le nom de
Vitis monticola seedling^ et que M. le docteur Davin, de Pignans (Var),
l'a envoyée à l'Ecole d'agriculture de la Gaillarde sous le nom de Vitis
cordifolia coriacea^ en la considérant à tort comme identique avec la
plante que j'ai décrite dans le journal la Vigne américaine (octobre
'1878) sous le nom de cordifolia crassifolia. Cette dernière est bien un
vrai Cordifolia et, par ses rameaux non anguleux comme par l'en-
semble de ses caractères, est tout à fait distincte du V. Berlandieri.
C'est avec les Vitis Californica Benth. et arizonica Engelm. qu'il
faudra comparer la nouvelle espèce ; mais les éléments de cette com-
paraison manquent encore, et mieux vaudrait provisoirement trop
distinguer que de créer la confusion en unissant des choses distinctes.
J.-L. Planchon.
ARRACHEUR DE BETTERAVES, DE CARTIER
M. E. Cartier, à Nassandres (Eure), vient de livrer au commerce un
arracheur de betteraves, récemment perfectionné. Ce qui distingue
surtout cet outil, c'est que par les temps de plus grande sécheresse
ou même de petite gelée, alors que tous les autres moyens et particu-
lièrement l'arrachage à la main restent complètement impuissants, il
418
ARRACHEUR DE BETTERAVES.
fournit toujours d'excellents résultats. Cette arracheur est représenté
dans son ensemble par la fii^jure 28. Il agit à la fois sur deux rangs
de betteraves ; son action s'exerce dans le sous-sol et cela assez pro-
fondément pour que les betteraves, môme les plus lonnjues, se trou-
vent soulevées tout entières. Après le passage de l'arracheur, les bette
raves ont perdu tuute adhérence au sol et elles sont alors prises à la
main par des femmes et des enfants qui en coupent les collets. De plus,
la terre ne se trouvant nullement retournée, reste accessible aux
voitures de toute sorte qui viennent sur place prendre leur chaarge-
ment. Les racines peuvent sans inconvénient être soulevées ainsi
plusieurs jours d'avance; car, restant dans leurs alvéoles, elles sont à
l'abri de la gelée et du soleil.
L'arrachage pratiqué par ce système est complet. Il ne reste en terre
ni betteraves entières ni fragments de betteraves, même lorsqu'elles
sont racineuses, et les betteraves étant exemptes de toute lésion, se
Fig. 28. — Arracheur de betteraves, système Cartier.
maintiennent parfaitement saines. Ce sont là deux avantages qui nous
semblent incontestables, car dans l'arrachage à la main, si habile que
soit l'ouvrier, il arrive toujours qu'un grand nombre de betteraves se
trouvent percées ou meurtries par l'outil quel qu'il soit, et il est en
outre un fait reconnu, c'est que dans ce dernier mode d'arrachage, la
proportion de betteraves perdues s'élève à environ 5 pour 100 du
poids de la récolte.
Le moment de l'arrachage est proche, et nous croyons rendre ser-
vice à nos cultivateurs en leur signalant cet appareil qui, rien que
par l'augmentation de 5 pour 100 qu'il procure sur la récolte de
betteraves, doit procurer à la fin de la campagne un bénéfice réel à
quiconque en fait usage.
Le prix de l'arracheur de betteraves est de 320 francs. Son poids
est de 255 kilog. environ. Il doit être traîné par trois ou quatre che-
vaux, suivant leur force. L. de Sardriac.
PISCICULTURE- ^ LES OUBLIÉS-
Ce sera par les humbles, les oubliés de la mer, que nous rentrerons
en communication avec nos lecteurs. Mais auparavant, nous devons
envoyer nos félicitations à l'administration de la marine. En 1854
PISCICULTURE. — LES OUBLIÉS. 419
nous adressions à l'administration centrale une demande d'établisse-
ment de charpente pour l'élude du naissain d'huître à la rade de Doux;
il fallut des années attendre une réponse^ que seule la grande expé-
rience de Saint-Brieux amena forcément.
A notre invite du 12 juin dernier (n" 583 du Journal) sur la sardine,
demandant que la marine officielle se souvienne de la pisciculture et
lui donne la main, l'aviso le Travailleur sous la direction de xM M. Milne-
Edwards et Marion répondait, en partant le 10 juillet pour faire des
dragages dans le golfe de Biscaye.
Nous n'aurions donc pu commencer nos entretiens sur la pisciculture
marine sous de meilleurs auspices et, avec plus dejusliceet d'à-propos,
nous exprimer ainsi. Si notre mémoire est fidèle, Coste ne dit-il pas
dans une de ses communications à l'Académie, qui sont aujourd'hui
les grands titres d'origine de la pisciculture française et européenne,
ces mémorables paroles :
La pisciculture marine est avant tout une question d'histoire natu-
relle !
Ce sera donc par elles et sous les auspices de cet ami toujours
vénéré que nous aborderons cette partie des entreliens que nous avons
promis sous le titre de Calendrier Marin.
Sourdons, jambes, pétoncles, couteaux, etc., tout ce prolétariat de nos
grèves et de nos côtes, cette mine non encore exploitée et à peine étu-
diée sera notre rentrée.
Huîtres, homards, limandes et turbots, ces grands seigneurs de la
haute mer et de nos brisants, auront aussi leur tour; mais pour cette
fois, faisons que les petits, les derniers soient les premiers.
Cette partie de nos richesses ichthyologiques la plus négligée et
abandonnée aux pauvres glaneurs de la mer, n'en est pas moins,
pour ce que l'on appelle la pêche à pied, n'en est pas moins une des
importantes ressources de la famille de Tinscrit.
Femmes, fillettes et enfants non en état de prendre la mer y trouvent
un adoucissement aux exigences du ménage pendant l'absence du père
et des garçons péchant en haute mer. Il serait à désirer que la marinenous
fournisse là-dessus quelques chiffres, cette partie ayant été, selon nous,
toujours beaucoup trop négligée.
M. Belenfant, commissaire à la Rochelle, nous donnait en 1854 le
chiffre de 200,000 fr. pour sa circonscription. Comment il nous
donnait ce chiffre, c'est ce que nous ignorons.
La multiplication de ces abandonnés offrira, quand on le voudra,
grâce à quelques lignes de règlements, des ressources que nous n'hési-
tons pas à prédire sérieuses.
Là tout sera prompt, facile et sans frais : surveillance des cantonne-
ments, exécution des ordres donnés; et, pour nous, tout serait dit.
L'immensité du sujet, 3,700kilomètres de côtes émergeant à quelques
kilomètres en moyenne, ne doit pas nous faire hésiter à l'aborder,
même par les petits côtés de sa petite population.
On sait que le droit sur la domanialité maritime s'étend toujours à
3 kilomètres des points de marée.
Le fretin, dans certains de ces cantonnements de reproduction ou
de refuge pour le muge spécialement, est tel, qu'un coup de traîne en
remplit un tombereau dont, dans certaines parties de la Bretagne, on
fume les champs.
420 PISCICULTURE. — LES OUBLIÉS.
Ecrire que nous avons dû assister impuissant, ou ce qui était pis
encore d'avance discrédité, à pareille hécatombe de la richesse publi-
que, nous heurtant partout aux grandes difficultés des choses de ce
monde, l'ignorance en bas, et, en haut, Y immobilisme inhérent à toute
bureaucratie !
La république naissante a dû mettre dix ans pour la briser ; qu'étions-
nous alors dans ces temps d'empire omnipotent? Rendons-leur cepen-
dant cette justice qu'à 18 ans de date, les rieurs changèrent de
côté.
Il ne nous appartient pas d'aborder même par réimpression, nous
respectons trop nos lecteurs pour cela, le terrain de la science pure.
Répéter Lacépède, Cuvier, Coste, Gervais, n'est pas le but que nous
poursuivons ici.
Emettre sur les petits mollusques comestibles ce que nous croyons
être pratique, est le cadre unique dans lequel nous tenons à nous ren-
fermer. — La bucarde ou sourdon sera notre entrée.
En voilà, quand on le voudra, un martyr de nos plages, sur lequel
tout s'acharne ; qui n'a pour se défendre, le pauvre déshérité, que son
trou de 0™.10 où O'^.lô dans le sable, dont la culture, c'est-à-dire le
protection donnera les plus étonnants résultats.
C'est par 10,000 et 12,000 francs que se com*pte le produit de sa
vente, ressortant uniquement de la pêche à pied pour certains districts
de nos côtes Arcachon, Royan, notamment.
Un de nos rêves d'il y a 25 ans et plus, était de l'élever en compa-
gnie des Haliotides, le fameux cofisch de nos Bretons, dans nos marais
salants transformés.
Si M. de Larue vit encore, nous prenons la liberté de faire appel
aux souvenirs de cet ancien chef de division au ministère de la marine
en lui rappelant ce qu'il y a 25 ans, nous lui adressions avec Coste
sur ce sujet de la transformation en claires et viviers de nos salines
de l'ouest, celles de Brouage notamment, qui déjà étaient atteintes du
mal dont elle devaient ou dont elle devront périr.
Ce fut devant l'abandon immérité, le délaissement du pauvre sourdon,
dont depuis notre enfance nous fûmes toujours si friand, que nous vint
cette pensée-
Soardons, Donaces (jambes en Vendée), Clovisse ; que tous ces mo-
destes produits de nos côtes de l'ouest nous réjouissaient 1
Là tout est à faire sans un rouge liard à dépenser : les étudier danë
leurs cantonnements, le peu qu'il en reste ; et les protéger !!
Des peignes (coquilles de pèlerins) pecten, ces plus proches parentes
de l'huître, des pétoncles à la Vénus mercenaria sur laquelle M. de
Broca a fait à la Hougue et à Saint- Vaast de si curieux essais d'accli-
matation, nous ne dirons rien de spécial. On s'en occupe, sachons
attendre.
Ainsi des expériences de la mye des sables dont les côtes du Massa-
chussets sont si peuplées et où elle est si recherchée pour la pêche de la
morue. Un hasard l'a fait trouver près de Dunkerque, qu'on ne l'oublie
pas.
Sans répéter ce que nous avons dit tant de fois à propos de nos
importations pour la piciculture fluviatile, nous l'observerons mieux,
là où elle est tout acclimatée, avant d'aller la chercher à Boston dans
des parties abritées de la côte qu'elle affectionne.
PISCICULTURE. — LES OUBLIÉS. 421
Nous verrons alors si^ sur nos côtes de la Manche trop agitées peut-
être, mais dans les anses si nombreuses de notre Bretagne, nous ne
trouverions pas enfin les milieux qui lui conviendraient.
Les spondiles, les solen (manche de coateau), cet appât favori du
merlan, quelques oursins et ascidies devraient être encore mentionnés.
Quelle mine à exploiter!
Après M. de la Blanchère^ ce pisciculteur si zélé et si instruit,
qu'une mort subite vient de nous enlever, nous redirons : Qui sait le
dernier mot de l'industrie des plages !!
L'idée de la transformation de nos salines en claires, par le recueille-
ment du naissain, doit être attribuée à M. Ackermann, commissaire de
la marine à Marennes. Une lettre de lui que nous avons là sous les
yeux nous dit que c'est par le garde Rabeau,,dont jeprie nos lecteurs
de ne pas oublier le nom, qu'il fit faire les premiers essais
en 1852.
Les archives de l'amirauté de Rochefort doivent rendre du reste bien
facile la vérification de notre assertion que nous opposons de la ma-
nière la plus formelle, à tout ce qui s'avance dans les publications, ou
mieux, les compilations de la pisciculture actuelle.
C'est la troisième fois que sur cette question nous sommes obligé
de rappeler nos jeunes confrères à la vérité, et, une fois encore, nous les
avertissons que, de notre vivant, nous ne cesserons de rogner les ailes
à ce caneton.
La stabulation de ces petits mollusques dans nos salines transformées,
les claires buvant seulement aux grandes matines, ou dans les grands
viviers, comme Ostende ou Concarneau, nous semble risquée.
Outre qu'on ne doit comparer que des choses comparables, et ne
pas mettre sur la même ligne une industrie à créer, avec elle d'Ostende
en plein et ancien succès, il n'y aurait là pour nous qu'un seul moyen
de jeter \ 0 beaux écus pour en rattraper un.
Ce n'est pas sans raison que tous ils s'ensablent, les pauvres,
par une mer battue, les chocs, les ennemis., « les soldats, la corvée, »
et qui nous dit que le calme de la claire suffirait à leurs besoins ; le
flot, la mer forte, ne seraient-ils pas leurs premiers nourriciers ? Que
de doutes, que d'inconnus encore! Un essai coiàterait peu cepen-
dant.
Surveiller les cantonnements d'habitat et de reproduction, les pro-
téger en les étudiant; faire pour eux ce qui se fait maintenant avec
tant d'intelligence et d'exactitude pour l'huître, imiter le forestier
dans l'aménagement de ses coupes ou l'agriculteur dans l'assolement
de ses champs, là sera le simple, le pratique, en dehors duquel nous
ne voyons qu'illusions et n'enregistrerions encore que déceptions !
Que la célèbre expérience de Saint-Brieux ne nous soit pas lettre
morte. On passa sur nos avertissements, donnés cependant sous la
forme la plus amicale et désintéressée ; mais où aboutit-on?
Rien pourtant ne manquait cette fois à la pompeuse et officielle mise
en scène de cette vaste entreprise sur laquelle le monde piscicole de
l'Europe avait les yeux.
Faire plus grand serait difficile ; mais faire mieux, plus doucement et
plus simplement, est notre espérance.
Chabot-Karlen,
Correspondant de la Société nationale d'agriculture de France.
422 LA VERMINE DES VOLAILLES.
ENCORE LA VERMINE DES VOLAILLES
On a toujours dit qu'il est difficile de se débarrasser de la vermine.
Le lecteur ne trouvera donc pas surprenant de la voir reparaître une
fois de plus dans les colonnes du journal. Ce n'est pas trop que,
contre un ennemi aussi puissant, tous les hommes de bonne volonté
unissent leurs forces, et je me fais un devoir de venir à la rescousse
en fournissant quelques explications complémentaires.
Il est évident que je n'ai pas très clairement décrit mon manuel
opératoire, puisque M. Lemoine a pu croireque je soumets mon colom-
bier à des inondations désastreuses, capables de faire pourrir les nids
et de les convertir en fosses à purin. Ce serait un inconvénient plus
grave que le mal que je -veux éviter et, en exposant mes volatiles à ses
suites fâcheuses, je ressemblerais à Gribouille, qui se jetait dans la
rivière pour éviter la pluie.
Pour dissiper tout malentendu, je vais dire exactement comment j'ai
procédé pour arriver à un succès complet, définitif. Tous les matins,
j'ai arrosé mon colombier sur toutes ses faces et toutes ses coutures, à
la main, avec l'eau qui restait dans un baquet destiné aux bains, soit
avec 5 ou 6 litres d'eau. Avec cette aspersion si modérée, si éloignée des
idées de submersion dangereuse qui ont germé dans l'esprit de
l'habile éleveur de Crosne, j'ai atteint le but proposé * empêcher la
la naissance des acares.
Voilà le fait, le fait vrai, supérieur à tous les raisonnements. Ces
aspersions quotidiennes ont surtout pour effet utile de faire couler le
liquide entre chaque nid et la muraille qui le retient, c'est-à-dire dans
le plus favorable réceptacle de la vermine. La pluie artificielle que j'ai
fait tomber sur les couveuses ne leur a pas été plus nuisible que la
pluie du ciel tombant sur les perdrix et les caiilestjui couvent à terre,
ou sur une foule d'oiseaux nichant sur les végétaux.
Si c'est le mot imagé de douche qui a effrayé mon honorable colla-
borateur, je retire volontiers l'expression, pourvu que la chose reste.
C'est une erreur de croire, du reste, que la main soit insuffisante pour
asperger et qu'une pompe soit nécessaire. L'opération se fait très sim-
plement et sans pompe, c'est le cas de le dire. Elle réussit très bien,
que veut-on de plus?
M. Lemoine recommande de simples aspersions avec de l'eau addi-
tionnée d'acide phénique. J'ai moi-même employé l'acide phénique, et
si j'y ai renoncé, c'est parce que l'eau naturelle suffit. Plus -un moyen
est simple et économique, plus il a de chance d'être adopté.
En somme, la crainte de paraître trop long a peut-être un peu
obscurci ma pensée. De là sont nées les alarmes très respectables de
M. Lemoine à l'endroit du traitement hydrothérapique des colombiers,
lequel, répété journellempnt, doit amener, selon lui « tine liumidité
nuisible aux pigeons.» Loin d'être nuisibles aux habitants du pigeon-
nier, il leur procure du bien-être en mitigeant les ardeurs de la tempé-
rature par la volatilisation du liquide.
Il y a ici un moyen terme à chercher, et chacun le trouvera sans
peine : il s'agit de diminuer la sécheresse qui favorise la naissance des
insectes et d'éviter la pourriture qui engendre les vers.
D"" Félix Schneider,
Correspondant de la Société nationale d'agriculture de France.
LE MÉTAYAGE. ^23
SUR LE MÉTAYAGE
Le métayage peut rendre de grands services; il permet au proprié-
taire de prendre une part sérieuse à l'exploitation de son domaine,
tout en conservant la possibilité de se livrer en même temps à d'autres
occupations ; — il fait participer le propriétaire et le cultivateur aux
chances variables des bonnes et des mauvaises années, ce qui est par-
faitement équitable.
Le métayage est une véritable association : le propriétaire doit y
apporter son intelligence, son savoir et même sa bourse, le métayer,
son travail et ses soins.
L'un des points les plus difficiles à bien régler, c'est la part à
prendre pour chacun des associés dans les produits et dans les frais;
le partage par exacte moitié ne convient réellement que dans quelques
situations particulières et c'est probablement l'une des causes qui
contribuent le plus à restreindre la pratique du métayage. Le métayer
fournit principalement la main-d'œuvre, or le rapport de la main-
d'œuvre au produit brut varie dans des limites très étendues.
Toutes choses égales d'ailleurs, le métayer a droit à une part
d'autant plus forte que la terre est moins fertile. A fertilité égale, le
métayer qui cultive une terre compacte doit avoir une part plus forte
que celui qui cultive une terre légère dont la culture exige moins de
travail.
Le système de culture doit être pris en très grande considération
pour fixer la base d'une juste répartition. Lorsque le domaine est
principalement composé de prairies dont la terre labourable n'est
qu'un accessoire, la main-d'œuvre est peu de chose et la moitié du
produit brut ne serait pas une rémunération suffisante à beaucoup
près pour le propriétaire.
Si la culture a pour objets principaux la production des céréales et
l'élevage du bétail, la main-d'œuvre n'étant pas très considérable, le
métayer sera en moyenne suffisamment rémunéré par la moitié du pro-
duit brut. Mais si l'on veut cultiver dans une proportion un peu im-
portante les récoltes sarclées et les plantes industrielles, si l'on veut
substituer à l'élevage l'entretien des vaches laitières pour la produc-
tion du beurre et du fromage, etc., la moitié du produit brut sera
complètement insuffisante pour rémunérer le métayer.
Pour arriver à un résultat équitable tout en conservant le principe
du partage par moitié, on emploie divers moyens très variables
suivant les usages locaux et selon les circonstances. Dans les terres
fertiles ou lorsque le système de culture exige peu de main-d'œuvre,
le métayer paie au propriétaire une redevance annuelle en argent
désignée sous le nom d'impôt dans certaines localités. Il arrive aussi
souvent que l'on abandonne au métayer tout le beurre, sauf à fournir
au propriétaire une quantité fixe chaque année. Le bénéfice de la
basse-cour est généralement laissé au métayer. Dans certains cas, le
propriétaire paie tout l'impôt foncier et fournit tout le bétail. Ailleurs
on est obligé de prendre pour base une fraction autre que la moitié et
d'attribuer au métayer les trois quarts, par exemple, du produit.
L'établissement d'une juste proportion dans le partage exige néces-
sairement une assez longue expérience quand on n'est pas guidé par
des usages locaux; c'est une des principales raisons qui rendent très
424 LE MÉTAYAGE.
difficile l'introduction du métayage dans les contrées oi^i il n'est pas
pratiqué.
Tout changement important dans le système de culture nécessite
un changement correspondant dans les proportions du partage ; il y a
là une difficulté très sérieuse qu'il ne faut pas méconnaître.
Le métayage convient aux fermes de moyenne étendue, soit de 20 à
60 hectares parce que le travail du fermier et de sa famille suffit à la
main-d'œuvre ou du moins il ne faut pas beaucoup d'auxiliaires. La
petite culture se prête difficilement au métayage parce qu'elle ne peut
prospérer qu'en adoptant des spéculations qui nécessitent une main-
d'œuvre considérable comme le chanvre, l'élevage des porcs, les fruits
et les légumes dans le voisinage des villes. La production des céréales
est alors à peine suffisante dans les années moyennes pour nourrir le
fermier et sa famille; on ne peut pas songer à les partager et le par-
tage de la plupart des autres produits est peu pratique. Quant aux
grandes exploitations on y voit rarement des métayers parce que le
cultivateur qui dispose d'un capital d'une certaine importance aime
généralement mieux louer une ferme à prix d'argent que de prendre à
moitié une exploitation plus étendue.
A. DE ViLLIERS DE l'IsLE-AdAM.
LES QUALITÉS LAITIERES DE LA RAGE DURHAM. - II
Avant de reproduire les notes de M. Bâtes, sur les rendements
extraordinaires de certaines vaches Durham de son temps, qu'on me
permette de citer un autre exemple de fécondité laitière puisé dans mes
propres souvenirs.
Je me rappelle, c'était en 1849, à une vente où présidait encore mon
vieil ami M. Strafîord, chez l'honorable W. S. Hayter, on vendit une
génisse, lot 46 du catalogue, dont la mère, Red Duchess, apparte-
nant à la célèbre famille connue sous le nom de Curry s Duchess^
donnait régulièrement 38 litres de lait par jour. Ce fait fut confirmé
par un voisin, M. Fagen, qui déclara publiquement sur son honneur,
qu'il avait contrôlé ce chiffre huit jours avant la vente, laquelle eut
lieu le 9 mai 1849, et que lorsque cette vache était nourrie au pâtu-
rage, son rendement était encore supérieur.
J'ai souvent dit dans ce journal qu'un des plus grands mérites des
familles de Bâtes, c'est leur qualité laitière. Cette qualité à laquelle
l'éminent éleveur attachait le plus grand prix, était à ses yeux l'at-
tribut le plus précieux de la race Durham.
« Un jour, raconte-t-il dans ses mémoires publiés par M. Bell, je reçus la visite
de Mason, au cours de la conversation, je lui fis la remarque en parlant des éle-
veurs de Durham, que je désespérais presque de les voir apprendre jamais ce que
c'était qu'un bon Durham. Les éleveurs des races Hereford et Devon savent
beaucoup mieux reconnaître et apprécier les bons Durhams que les éleveurs de
Durhams enx-mêmes en général. Mason me répondit : avec les familles de votre trou-
peau, vous pouvez continuer à élever des Durhams, parce que vous en tirez uu profit
direct en lait, en beurre et en viande. Mais nous autres nous ne pouvons nous en
tirer qu'en vendant nos produits aux éleveurs à des prix supérieurs à ceux de la bou-
cherie. Cet aveu spontané eut lieu un matin qu'il était venu déjeuner avec moi. C'était
au moment où ma femme de ménage venait d'arranger le beurre de la semaine pour
l'envoyer au marché de Newcastle, un samedi. Je lui répondis que quelque fût son
impatience de se mettre à table, je ne le lui permettrais qu'après avoir constaté la
quantité de beurre produit par mes vaches pendant la semaine. Nous comptâmes
trois cents pains, d'une demi-livre chacun, façonnés pour le marché, sans compter
ce qui s'était vendu surplace et consommé dans la maison. J'avais alors trente vaches
LES QUALITÉS LAITIÈRES DE LA RACE DURHAM. 425
en lait et le beurre valant 1 fr.25 le pain d'une demi livre, le produit en beurre
de chaque vache se montait au de là de 12 fr.50 par vache et par semaine sans
compter la valeur du petit lait vendu aux ouvriers, et sans compter aussi la
nourriture des veaux, tous allaités au baquet, car je ne laisse jamais les veaux
teter à la mamelle. Si tout le lait produit par mes trente vaches avait été converti
en beurre, le produit à envoyer au marché eût été le double. Votre système à vous,
lui dis-je, est d'avoir trois lots de vaches, les unes pour avoir des veaux seulement,
dans quel but vous les tarissez le plus vite possible pour qu'elles ne tardent pas
à prendre le taureau, et pour conserver leur embompoint et attirer ainsi les
acheteurs; les secondes comme nourices pour allaiter les veaux des premières, et
les troisièmes pour fournir au ménage le lait et le beurre de la consommation de
la maison. Voilà un système suffisant pour ruiner n'importe quel éleveur même
dans le cas où il aurait la terre pour rien et n'aurait à payer aucune dépense pour
nourriture auxiliaire, et cependant un grand nombre poursuivent aujourd'hui ce
système extravagant dans le but de gagner des prix dans les concours et donner
satisfaction à leur vanité aux dépens de leur poche. »
Je cite ce passage in extenso, pour bien établir sur le témoignage
d'un homme d'une autorité si grande, l'explication que j'ai souvent
donnée, delà pauvreté laitière de certaines vaches Durham, ce qui est
sans aucun doute le résultat de ce système absurde, de couper le lait
aux mères pour conserver leur bonne mine, dans le but de les préparer
pour les concours et de les vendre à des prix élevés aux badauds qui
s'y laissent prendre \
Ceux qui me font l'honneur de lire mes articles, doivent se rappeler
combien de fois je me suis élevé contre cette manie d'acheter des ani-
maux reproducteurs dans les concours, simplement parce qu'ils sont
beaux à voir. Combien de fois n'ai-je pas conseillé à tous de se. bien
garder d'acheter des animaux fardés, préparés pour obtenir des prix
et rendus pimpants souvent pour attraper les simples. Qu'on le sache
bien, les animaux destinés aux concours sont presque toujours des ani-
maux de réclame, sacrifiés à la spéculation. Aussi voit-on les animaux
après avoir figuré une ou deux fois dans les expositions de reproduc-
teurs, figurer ensuite un peu plus tôt, un peu plus tard, dans les expo-
sitions d'animaux de boucherie, même comme génisses.
De cette lumineuse conversation de Thomas Bâtes, avec son digne
compère Mason, il ressort une autre vérité, c'est que la race Durham
est naturellement très laitière, ce n'est que par le traitement que je
viens de décrire qu'on réussit à atrophier cette précieuse sécrétion du
lait par un procédé aussi mal calculé au point de vue du profit, qu'il
est antinaturel.
La race Durham élevée et nourrie comme race essentiellement laitière
telle quelle l'est dans les pays où elle n'existe que pour les besoins de
Vindustrie laitière, donne plus de lait, et un lait plus riche, consomme
moins de nourriture, et finalement donne plus de viande et à meilleur
marché qu aucune autre race du monde. Voilà la vérité!
Continuons à citer les exemples les plus frappants de la richesse
laitière des vaches Durham, en observant non-seulement le maximum
mais la moyenne.
M. Bâtes, dans ses mémoires, raconte un grand nombre d'exemples
de vaches Durham remarquablement laitières. Je prends dans ces
exemples deux des vaches renommées qui sont devenues les souches
de familles distinctes et conservées intactes justement à cause de cette
1. C'est qu'indubitablement^ pour éviter ces accidents d'atrophie de sécrétion laitière produits
par l'engraissement anormal des vaches destinées aux concours, qu'on y voit si rarement figurer
les animaux des grandes familles de sang Bâtes et de sang Booth.
426 LES QUALITÉS LAITIÈRES DE LA RACE DURHAM.
qualité qui, dans ces familles, est devenue héréditaire et s'est conser-
vée sans détérioration jusqu'à nos jours.
Ce que Bâtes considérait comme le caractère distinctif des bons
Durham c'est d'être à la ibis très laitier, très apte à prendre de la
chair soit à l'étable, soit au pâturage, et d'arriver finalement et promp-
tement à un poids considérable. Comme exemple de ces qualités com-
binées, il aimait à citer une vache qu'il avait connue dans le troupeau
héréditaire de iM. Dixon, laquelle donnait des quantités de lait consi-
dérables, ses veaux croissaient tous avec une grande rapidité. A l'âge
de 17 ans elle fut engraissée et donna à l'étal une quantité prodigieuse
d'excellente viande. Cette vache et tous ses descendants consommaient
très peu de nourriture en général, et presque pas de foin. M. Baies,
dans une visite qu'il fit à Barmpton, en 1804, avant d'avoir fait
l'acquisition de la première Duchesse, rappela à Charles CoUing cet
exemple de la vache de M. Dixon. Charles CoUing lui répondit que
lorsqu'il vint s'établir à Barmpton, après la mort de M. Harrisson, il
n'avait aucune idée de se faire éleveur de Durham reproducteurs. Son
troupeau ne fut d'abord qu'un troupeau laitier. Ma sœur, dit-il, qui
demeurait alors avec moi, me rapporta que la fille de laiterie avait
souvent appelé son attention sur la quantité extraordinaire de lait
donnée par une des vaches du troupeau. C'était un dimanche soir,
avant que les vaches ne fussent traites, allons voir, lui dis-je, ce que
cette vache donne de lait, nous le mesurerons exactement. Après avoir
assisté nous-mêmes à la mulsion, nous mesurâmes 26 quarts et 1/4
(égal à trente litres mesure française) \
Un autre jour M. Bâtes était allé voir une vache Durham dont on
lui avait vanté les qualités laitières. Le propriétaire lui dit qu'à chaque
mulsion, cette vache remplissait non seulement le seau de la fille de
laiterie, mais que celle-ci était obligée d'apporter un autre vase un
peu plus petit. Ces deux vases, remplis deux fois par jour, furent
mesurés par Bâtes et contenaient ensemble 19 quarts et demi\ ce
qui deux fois par jour donne un rendement quotidien de 39 quarts —
et cela alors que la vache était nourrie au pâturage seulement — .
M. Bâtes se rappelait aussi d'une vache appartenant à M. Alexandre
Hall fille du taureau deMasterman, et dont il vendit plus tard les
descendants à MM. Robert et Charles Colling. Cette vache donnait
18 quarts à chaque mulsion, matin et soir. C'est à cette vache que
remonte la branche des Bryht Eyes, qui plus tard reçut le nom de
Princess de M. Robert Colling. La vache achetée par Charles Colling,
fille de cette vache extraordinaire de M. Alexandre Hall, se nommait
« Eoughton » et devint la mère du fameux taureau Foljamb (263).
M. Wastel, le célèbre éleveur, dont j'aurai beaucoup à dire dans un
prochain article, avait dans son troupeau cette vache célèbre a Bas-
forth » dont j'ai déjà parlé dans mon travail sur les familles de Bâtes,
laquelle donnait 18 quarts à chaque mulsion et produisait vingt une
livres de beurre par semaine.
Le troupeau de M. Rates ne contenait pas une seule vache qui ne
donnât au moins 14 quarts de lait à chaque mulison. La première Du-
chesse fille du taureau « Daisy » donnait cette quantité et le lait était
si riche que le produit de chaque mulsion, soit 16 litres, produisait
600 grammes de beurre, soit une livre de beurre par 13 litres de lait.
1. Une quart, mesure anglaise, uivaut à : 1 litre 135.864.
LES QUALITÉS LAITIÈRES DE LA RACE DURHAM. 427
Le produit laitier de cette première duchesse, aux prix où se ven-
daient alors le lait^ le pelit-lait et le beurre, n'était pas moindre de
55 francs par semaine, pendant une partie de l'été, la date de son
vêlage, l'année où cette constatation fut faite, étant le 7 juin 1807,
cette vache n'avait aucun soin extraordinaire ni aucune alimentation
exceptionnelle; elle vivait au pâturage avec dix-neuf autres vaches,
et recevait absolument le même traitement que ses compagnes.
M. Bâtes tenait beaucoup à faire valoir cette observation, car, disait-il,
dans de nombreuses expériences faites dans le but de préciser le
rendement lailier des vaches Durham, on s'abstient souvent de faire
mention des rations auxiliaires de tourteaux et de farine de maïs que
l'on donne aux vaches laitières, dans le bat d'augmenter la sécré-
tion de leurs mamelles.
La vache Bright-Eyes, fille de cette remarquable laitière de
M. Alexandre Hall et achetée par Robert CoUings, donnait 15 quarts
à chaque mulsion.
M. Hustler d'Aclam, qui avait acheté la vache Daisy, souche de la
famille de ce nom, fille de Favorite (252) et sœur du taureau Daisy,
pour lequel M. Bâtes avait une préférence si marquée, fit un pari avec
un de ses fermiers, M. Appleton, que cette vache Daisy donnait plus
de lait qu'aucune des vaches du troupeau de ce fermier. Au mesurage,
il fut constaté que la meilleure laitière du troupeau de M. Appleton
donnait 15 quarts 1/2 à chaque mulsion et que la vache Daisy en
donnait 16. La vache y)7a/cAem, souche delà famille des Ocf/br^/, nedon-
nait jamais moins de 12 quarts à chaque mulsion, nourrie au pâturage
seulement après le vêlage.
La mère de Bright Eyes dont j'ai déjà eu l'occasion de parler, vendue à
M. Robert GoUing par M. Alexendre Hall, donna naissance à deux
jumelles dont l'une était Bright Eyes, fille de Suowdon, père de
Hubbâck; l'autre jumelle, M. Robert Colling l'acheta plus tard. Cette
vache était fille du taureau de M. James Masterman, grand-père de
Hubback, et issue d'une vache élevée par M. Thomas Hall, puis vendue
plus tard à la duchesse d'Athol qui l'avait en grande admiration.
Cette vache était fille du taureau de M. Harrison, élevé par M. W^astell,
et issue d'une vache, fille du célèbre taureau de Robson, et que
M. Wastell avait dotée du nom peu euphémique de Tripes. La mère
des deux jumelles vendues à M. Robert Colling, donnait régulière-
ment, et au pâturage seulement, 1 8 quarts de lait à chaque mulsion,
pendant plus de six semaines après le vêlage. M. Alexandre Hall certifie
ce rendement par le fait que le lait était vendu à la ville de Darlington
deux fois par jour et à cette occasion on le mesurait régulièrement.
Si j'entre dans ces détails généalogiques, c'est pour démontrer l'héré-
dité de ces grandes qualités laitières, transmises de génération en
génération, dans les familles dont ces célèbres vaches laitières
sont les souches, et dont le précieux héritage s'est perpétué jusqu'à
nos jours.
Il est utile d'observer ici que ces qualités laitières observées
avec une appréciation si pratique par les anciens éleveurs, ont
absolument là même valeur aujourd'hui. Dans les ventes, tous les
animaux dont la famille remonte à Barford, Princess, Lady Maynard,
Duchess, Maichem, Bright Eyes^ telle que les familles, Charmer,
Gv^ynne, Daisy, Old Strawberry, Walnut, Quickly, Sossie, Waterloo,
428 LES QUALITÉS LAITIÈRES DE LA RACE DURHAM.
Foggathorpe, Red Rose, Wild Eyes, etc, etc, c'est-à-dire les véritables
familles réellement pm^es de la race Durliam, se disputent toujours les
enchères les plus élevées, parce que tous les éleveurs savent que les
animaux appartenant à ces familles possèdent à titre d'héritage et
transmettent infailliblement à leurs produits la grande sélection laitière,
la précocité, et l'aptitude à l'engraissement, le tout uni à la symétrie
des formes, et à l'entretien économique. Tout le reste, c'est-à-dire
toutes les familles de la race Durham telle qu'elle existe à Corbon et
dans presque toutes les étables françaises, n'est qu'un mélange
informe, inconsidéré, sans suite, sans calcul; ne tirant ses origines que
de croisements fortuits, sur lesquels plane l'ignorance la plus absolue
de l'histoire des généalogies de la race et des aptitudes et des qualités
distinctives des familles suitées, en dehors desquelles la pureté de sang
est un mythe et une illusion, bien qu'elle puisse être consacrée par
l'inscription au Herd book.
J'admets que dans ces conditions désastreuses oii se trouve l'élevage
du Durham en France, il soit possible de dire que la race n'est point
laitière, mais je constate que la véritable race telle que nous l'ont trans-
mise les Wastell, les CoUing, les Masoin, les Bâtes, et tant d'autres que
je pourrais nommer, n'a que de très rares représentants en France. Il
n'y en a certainement point à Corbon, et il n'y en a jamais eu de vérita-
blementpurs; etcomme c'est dans cet établissement que les éleveurs fran-
çais vont généralement recruter leurs reproducteurs, il s'en suit que
l'élevage des Durham, en France, est livré à un gâchis impénétrable
011 il est impossible de reconnaître une descendance suivie, ni la pré-
pondérance d'une famille quelconque. Et cependant nous entendons
parler de sang Bâtes et de sangBooth comme s'ils existaient autrement
que dans des mélanges de hazard aussi impotents qu'ils sont incongrus.
De la Trehon!\ais.
SUR LA MALADIE VERMIGULAIRE DES SEIGLES
ET DES LUZERNES \
En parcourant, il y a quelques jours, les coteaux qui s'étendent sur
la rive droite de la Seine, entre Triel et Poissy, près du village de
Vernouillet, j'ai été frappé de l'apparence particulière et maladive que
présentait un champ de seigle. Les plantes y étaient d'assez faible taille, ^
ne dépassant pas un mètre de haut; les épis, de longueur ordinaire,
mais pâles et à demi desséchés, contenaient le plus souvent des pistils
dont les stigmates chargés de grains de pollen n'avaient pris aucun ■
développement. Les chaumes, déjà jaunes ouà peineunpeuverdâtres,
portaient des feuilles presque toutes desséchées et d'un jaune pâle;
quelques-unes étaient encore vertes par place, mais d'un vert pâle,
avec de grandes taches décolorées. Du reste, la surface des feuilles et
des pailles ne montrait pas trace de rouille ni d'autres parasites végétaux.
En deux mots, ces seigles avaient séché sur pied vers le moment de
la floraison, sans cause apparente. "^r
Ne reconnaissant pas à première vue la nature de la maladie quï''*
avait atteint ces seigles, j'en arrachai quelques pieds pour les étudier *
déplus près. Les racines ne présentaient rien de remarquable; mais la
base de la tige montrait souvent par place une coloration brune. C'était
surtout aux deux nœuds inférieurs que le brunissement s'était produit,
1. Communicatioa à la Socité nationale d'agriculture.
SUR LA MALADIE VEHMICULAIRE DU SEIGLE. 429
mais la coloration s'étendait maintes fois à une certaine distance, en
forme de tache ou de ligne se prolongeant dans la longueur de Litige.
Dans ces places, le tissu était profondément altéré et carié. L'examen
microscopique des tiges, dans les points correspondant aux tachas
isolées, montrait une altération encore peu profonde et n'atteignant que
le parenchyme cortical, dont les cellules étaient brunes et mortes, et
parfois déchirées, sans doute pour le passage de quelque petit être qui
s'y était creu::é une galerie fort étroite. Bientôt je pus trouver le para-
site, cause de tout le dégât. Dans des lambeaux de feuille naissant des
nœuds inférieurs, je reconnus sous l'épiderme des petits verts nénia-
toïdes enroulés de diverses façons, et vivant dans l'intérieur même du
tissu delà feuille. Ces petits vers sont incolores, en formes de cylindre
très long, terminés en pointe aiguë par l'extrémité caudale ; ils ser-
pentent en se courbant alternativement dans des sens différents. Us
ne semblent pas exécuter de bien vifs mouvements à l'intérieur des
tissus où ils sont le plus souvent repliés sur eux-mêmes et courbés à
peu près en demi-cercle; dans l'eau, sur une plaque de verre, on en
voit quelques-uns s'agiter en faisant des mouvements très vifs, tandis
que d'autres ne se meuvent que faiblement. A cette époque de l'année
(2 juin), on en trouve de taille et d'âges forts divers. On voit à la fois
des œufs, des larves sortant de l'œuf et H es grands vers contenant des
œufs. Les plus grands ont moins d'un millimètre fde 8 à 9 dixièmes
de millimètre), et de 2 à 3 centièmes de millimètre de large ; ils sont
donc tout à fait imperceptibles à l'œil nu dans les tissus ; même quand
ils sont isolés, flottant dans une goutte d'eau sur un verre, on a grand
peine à les apercevoir.
Il n'y a plus de doute pour moi sur la cause de la langueur et du
dessèchement des seigles dont l'apparence maladive m'avait frappé.
Ces seigles étaient atteints d'une maladie vermiculaire assez analogue
à la trichine des animaux; la mort prématurée des feuilles et de la
plante entière était due à la pénétration dans les tissus d'une anguil-
lule qui est V Anguillula devastatrix (Kuhn).
Cette maladie des seigles est déjà connue, elle a été signalée par
Schweriz, des 1 825 ^ Elle a été observée et décrite en Allemagne à
plusieurs reprises, et a été spécialement et très bien étudiée par
Jul. Kiihn dans un intéressant mémoire publié en 1869*. M. Kuhn
avait déjà reconnu, dans une étude antérieure sur une maladie des
chardons à foulon dont les capitules se décolorent, se dessèchent et
meurent prématurément, que le mal qui jusqu'alors avait été attribué
aux intempéries, était causé par la pénétration dans la plante d'une
auguillule qu'il avait nommée ÀngwUida dipsaci^, L'anguillule qu'il
observa dix ans plus tard sur le seigle lui parut identique à celle du
cardère ; mais comme les caractères de la maladie des chardons dif-
fèrent en plus d'un point de celle des seigles, puisque les anguillulea
de la première plante gagnent les capitules et s'y réunissent, tandis
que dans le seigle ils altèrent principalement les entre-nœuds infé-
rieurs et les feuilles, il devait garder des doutes sur l'identité des deux
maladies. La question fut positivement tranchée par l'expérience.
1. Anleitung zum prakiischen Ackerbau, t. II, p. 414. — D'après Kûhn : « Uber die Wurm-
krankheit des Roggens. Halle, '869.
2. Jul. Kuhn. Uber die Wurmkrankheit des Roggens. — Besonder. A.bdruclc aus den Sitzung-
berichte, f. 1868, der Natiirforschendeti gesellschaft.
3. Die Krankliellen der Kultur gewichse, 1858, p. 178 et ss.
430 SUR LA MALADIE VERMIGULAIRE DU SEIGLE.
M. Kiihn enterra en automne des fragments de capitules de cardère
remplis d'anguillules dans la terre d'une planche oi^i il sema diverses
espèces de froment (froment ordinaire, poulard, épeautre ainidonnier
et engrain), du seigle et de l'orge d'hiver. Pourcontrôle_, une deuxième
planche semhlable, mais non infectée par des fragments de tête de
cardère malade, fut ensemencée des mêmes grains. Au printemps
suivant, dans la planche infectée, des altérations commencèrent à se
manifester sur les seigles. Des pieds se décolorèrent, jaunirent et mou-
rurent prématurément sans arriver à produire des épis ; d'autres pro-
duisirent des chaumes plus ou moins courts et montrèrent des épis;
fort peu eurent des grains qui parvinrent à maturité. Ni les froments,
ni l'orge cultivés auprès du seigle, sur la planche infectée, ni aucune
des plantes de la planche non intectée ne furent atteints.
Il est donc démontré que c'est la même espèce d'anguillule qui
attaque et le cardère et le seigle, et qu'en outre ni l'orge, ni le froment
ne lui servent de plante nourricière'. D'après M. Kuhn, languillule
ducardDnet du seigle peul attaquer aussi le sarrasin, le trèfle et le bluet.
Il n'y avait donc plus de raison pour le désigner sous le nom
exclusif d'anguillule du cardère, Anguillula dipsaci, que lui avait
donné M. Kiihn, et cet auteur proposa de l'appeler désormais Anguil-
lula ilevaslairix (Kuhn).
Désirant présenter à la Société d'agriculture des échantillons de
seigle atteints de la maladie vermiculaire (qui, à ma connaissance,
n'avait jamais été signalée en France), j'ai été en récolter quelques-uns
à la place où je les avais observés d'abord. J'ai été alors très frappé
de l'aspect des champs voisins cultivés en luzerne et en sainfoin.
Dans de très nombreuses places, les pieds de luzerne surtout avaient
les feuilles et une grande partie de la tige jaune et desséchée. Le bas
de la tige portait des taches noires ; les plantes paraissaient mourantes
ou mortes. Je n'exagérerai certainement pas en disant qu'en certains
endroits plus d'un dixième des tiges de luzerne était amsi desséché
avant d'avoir fleuri. J'ai l honneur de soumettre à la Société quelques-
uns de ces pieds de luzerne malades. J'ai pu m'assurer qu'ils sont en-
vahis comme les seigles par les anguillules que j'ai nettement obser-
vées dans l'intérieur des ièuilles. Comme dans le seigle on en trouve
de tout âge et à tous les degrés de développement. Je dépose sur le
bureau des dessins montrant ces sortes de trichines vues dans la
feuille à travers l'épiderme. On reconnaît à la forme des cellules épi-
dermiques la feuille de la luzerne de celle du seigle, mais les petits
vers qu'elles recouvrent sont identiques.
La maladie vermiculaire me paraît pouvoir causer aux fourrages
artificiels d'assez graves dommages. Il sera assez prudent, à mon avis,
partout où on verra des tiges se détacher çà et là sans cause appa-
rente, de faire fawcher le champ sans retard et de brûler les plantes
«oupées sans chercher à en tirer profit. Car on devra songer à la pos-
si'bilité de l'infection d'autres plantes, et en particulier du seigle, par
les fumiers dans lesquels se trouvaient soit des pailles, soit des débris
de fourrage contenant des anguillules. Prilukux,
M«mbre de la Société nationale d'^gt icultur*.
1. On sait que le froment nourrit par fois une autre -espèce d'anguillule, l'AnguHlu'atfiiid,
qui produit dati? la fl ur, des^alles à peu prè- glol>'jleuses qji tiennent la place du grain el sont
connues sous le nom de blé niellé. La nielle du Idé a étj signalée depuis bien tongiemp-, «11* a
été l'objet de très bjnnes études faites par M. Davaine. V. Campt. rend. Acad. des se, 185a, 1856,
SOJA HISPIDA OU POIS OLÉAGINEUX. 431
SOJA HISPIDA OU POIS OLÉAGINEUX
Plus on produit, plus on consomme, l'humanité tout entière en
profite ainsi que l'a écrit un penseur. « Partout oii il pousse un grain
de blé, il naît un homme. » Ce motif bien louable m'a engagé à vous
parler du soja hespkla qui n'est ni assez connu, ni assez ' apprécié,
malgré ses excellentes qualités culinaires et fourragères. Je ne
doute pas que ce sera une acquisition précieuse pour l'agriculture,
dans un laps de temps peu éloigné. Nous savons que les légumes secs
consommés en certaine quantité, peuvent être considérés comme la
véritable viande du pauvre; ils contiennent en moyenne 15 pour cent
d'eau seulement, plus de matière sèche par conséquent, que la meil-
leure viande.
Si la classe ouvrière consommait moins de pain ou de pommes de
terre et plus de légumes secs, elle serait mieux nourrie. Je veux avant
de m'étendre sur les qualités reconnues au sq/"a, comme plante fourra-
gère, et sur lesquelles, je veux appeler toute votre attention, causer un
peu avec vous sur l'emploi que font les japonais de ce pois oléagineux,
et, sur les ressources culinaires qu'il nous offre, Kœmpfer-Amœn dans
son remarquable ouvrage, fait connaître en 1712 les usages culinaires,
du Daidsii que les Japonais nomment aussi Marne. On en préjDare :
1° le Miso, bouillie alimentaire qui s'ajoute à divers mets en guise dé
beurre, dit-il. 2" Le soojuy sorte de sauce qui se mélange au jus des
viandes.
Pour faire le Niso, on prend une mesure de mamff, qu'on fait bouillir
dans Feau, pour en obtenir une bouillie molle; on la sale (plus en été,
qu'en hiver) elle se conserve ainsi plus ou moins longtemps. On y
ajoute alors du Koof^ c'est-à-dire du riz cuit à la vapeur d'eau, cette
mixture se place dans un vase qui a contenu du sachi, espèce de bière,
et on laisse le tout fermenter de façon à produire une sorte de fromage
mou.
Le sooju se prépare avec du soja, du blé et du sel, à parties égales.
Le mélange est placé dans un endroit chaud, pour en obtenir la fer-
mentation. On ajoute de l'eau; on agite; l'opération se renouvelle plu-
sieurs fois, pendant deux ou trois mois. Puis, on filtre et l'on conserve
dans des vases de bois la partie liquide, d'autant plus estimée, qu'elle
est plus vieille.
Le soja hispida, croît au Japon, dans l'Inde, aux Moluques.
Depuis le commencement du siècle, il figure dans tous les jardins
botaniques, où il graine très bien.
Les noms qui suivent des diverses espèces de soja, ont été copiés
dans un livre écrit en lan^^ue japonaise. So-Mokou-Zoussels, (^nd^hiQH
voulu me confier le D"" Bâillon et dont j'ai dû faire faire la traduction.
Voici les 23 variétés qui y sont dénommés.
li, Yjiki marne, haricot du cinquième m;ois,
2. Use marne, naricot précoce.
3. Nakate raame, haricot de demi-saison.
» Okute marne, haricot tardif.
4. Maru marne, haricot rond,
5. Si'm Teppo mame, haricot, blanc, en:baUe,d9,pi&to.let.
6. Huro marne, haricot noir.
7. Huro Teppo mame, haricot noir, en halle de pistolet.
8. Ro isi mame, haricot petite pierre (ko ou go).
432 SOJA HISPIDA OU POIS OLEAGINEUX.
ii,, 9. Awo marne, haricot vert,, i^awatil èbiiiiiJio .iJOH sldjeàlB
10. Kage marne haricot à pomte.^^^j f^^,. .^, ^^^
11. Aka mame, haricot rouge. ^ P ^.^ ' ' |.
12. Aka marne, même espècev**\ î®''^^'^\^'~*^ ' ^"^
13. Aka marne, autre espècèiisè'i 6II9 ,io-. . Uicn uh
14. Aka mame, » .«luoi'lBil &qI in ,^,i an 9up
16. Tsya marne, haricot tTie (tcli^^ .jgdif,,, -^ggauo^
17. Tsya mame, même espèce. ':»A 1^""' ' , jî^ §
18. Tsya mame, «utre espèce. . -i»' •: '^ sli .ifl
19. Kuro-kura, Kuko mame, haricot à selle noire. I Jiinxîq aup
20. Aka-Kuia, kake mame, haricot à selle rouge* ,;, ga'jgqgg g
21. Fu-iri mame, haricot panaché (u dura mame). ^nnfi'm 11
» haricot de caille. ,
22. Fu-iri mame, » . . 7y\^Z oh mon
23. Fu-iri mame, même espèce. i'ogCTiuot Jn9ra97J8ijloz9'ijp Jnoa
La tige du soja est droite, haute de 50 centimètres, striée ou cannelée
dans sa partie supérieure et abondamment chargée de poils roussâtres.
Ses feuilles sont composées de 3 folioles ovales, obtuses, velues,
molles, soutenues sur des pétioles communs, velus et striés. Les fleurs
sont petites, purpurines, disposées dans les aisselles des feuilles sur
des grappes droites velues et fort courtes. Les gousses sont longues de
4 centimètres et demi, pendantes, un peu comprimées, pointues,
dispermes c'est-à-dire gousse à 2 graines.
Les nouvelles espèces que nous cultivons renferment généralement
.3 grains,
I Culture. — On sème le soja, du 1 5 avril au 1 5 mai, en ligne à
1 5 centimètres de distance, chaque ligne espacée de 50 centimètres
dans un sol, ni trop sec, ni trop humide, mais plutôt sec. La culture
est la même que celle du haricot, on met 0 grains en plus par trou;
la plantation se fait en quinconce.
Dans les années ordinaires, on peut commencer à manger les grains
,en vert, depuis la fin d'août jusqu'au î5 octobre, avant qu'ils ne
soient entièrement mûrs. Une fois secs, on les bat au fléau.
Lorsque la température descend à 3 ou 4 degrés au-dessous de
zéro, les feuilles seules sont endommagées; mais les graines renfermées
dans leurs siliques à l'époque de ces froids, résistent parfaitement, les
haricots qui se trouvent placés à côté, sont, dans ce cas, complètement
détruits. Si la gelée vient avant que les grains ne soient parfaitement
mûrs, il ne faut pas les arracher, car, s'il fait beau dix ou douzejours,
ils sont alors entièrement secs; si au contraire, on les arrache, ils
pourrissent, malgré tous les soins que l'on })renne.
En 1877 on en sema 5,870 kilog. dans différents endroits, où le
professeur Haberlant, de l'Institut agronomique de Vienne (Autriche),
faisait exécuter des recherches sur celte précieuse plante. On récolta
cette même année, plus de 400,000 kilog. de grains; on peut donc
regarder l'acclimatation de ce légume, comme un fait accompli.
On n'est pas bien certain sur l'origine de ce légume, qui fut intro-
duit en Europe vers 1790.
Le grain est presque rond à l'état sec et du volume d'un petit pois ;
mais, dès qu'on l'a fait tremper dans l'eau, quelques heures, ainsi
qu'on le fait, pour les légumes secs, avant la cuisson, le volume aug-
mente du double et plus, et la forme devient celle d'un petit haricot
très bien fait. Par cette extention considérable, la pellicule si désa-
SOJA HISPIDA OU POIS OLÉAGINEUX. ^33
gréable souvent dans certaines légumineuses, est ici, pour ainsi dire
nulle; ce qui est un grand avantage.
La variété jaune mûrit ses fruits, même au delà de la limite nord
du maïs, et, mieux que celui-ci, elle résiste à des températures basses
que ne supportent ni le maïs, ni les haricots.
Les fleurs de cette variété sont nombreuses, nouent très bien et les
gousses ne laissent point tomber les graines sur le sol.
M. Blavet, président de la société d'horticulture d'Etampes a reconnu
que parmi les nombreuses variétés de cette légumineuse, il y en avait
3 espèces supérieures, comme qualité, aux autres.
Il m'annonce qu'il vient de remettre à la maison Vilmorin, sous le
nom de soja comestible d'Etampes, pour le distinguer de ceux qui ne'
sont qu'exclusivement fourragers, 9 litres de ce pois oléagineux, et
qu'il en a envoyé dans plusieurs départements et à l'étranger. Il ajoute
que les premières graines lui ont été offertes par la Société d'acclima-
tation de Paris en 1 871 , et qu'il serait heureux que cet excellent légume
fût apprécié, comme il le mérite. " '^'^^^^^•
Certes, la viande offre un mets savoureux, mais le'çifï't^en est élevé
et je puis ajouter que la viande n'est indispensable ni à l'existence, ni
à la force musculaire.
En Alsace, la population est certainement vigoureuse, et cependant
les bûcherons ne mangent de viande que quatre fois par an. Je suis
du nombre de ceux qui croient qu'une nourriture végétale laisse l'esprit
plus libre. Un savant chimiste, qui fait sans aucun doute, autorité
dans une pareille question, Payen, a démontré qu a poids égal, les
fèves, les pois et les légumes analogues contiennent plus de proteïne
que la viande sans os.
Maintenant, que nous nous sommes éclairés sur l'emploi que font
les Japonais du soja, et sur ses qualités nutritives, comme produit ali-
mentaire, je dois vous faire connaître, en m'appuyant sur des chiffres,
fournis par des personnes compétentes, ce que nous sommes assurés
d'obtenir, en utilisant les fanes et les cosses de ce dolique, comme
plante fourragère.
Une étude sur l'alimentation des animaux avec le soja hispida a
été faite à la Station agronomique de Proskau, par M.VÎ. Wdiske, Dal-
mel et Schulze ; en voici le résumé :
Deux moutons ont reçu dans une première période du 8 ou 1 5 jan-
vier, puis du 16 au 23 janvier 1879, 1000 grammes de cosses de soja,
séchées à l'air, pour chacun d'eux. D'après de nombreuses analyses,
il résulte que les deux moutons ont digéré en moyenne :
61.83 pour 100 de matières sèches.
62.63 » . . > organiques.
44.37 • » » » azotées.
57.19 » » • » grasses.
50.74 • » » » de cellulose.
73.06 » » » » non azotées.
54 02 » « « » minérales.
■ Ces nomores démontrent que ce fourrage est digestible à un très haut
degré pour les moutons.
Dans la 2^ période du 2 'i janvier au 15 février, chaque mouton reçut
journellement 1000 grammes de fanes de soja, séchées à l'air. Les fanes
furent consommées avec plus d'avidité que les cosses, bien qu'ils firent
aucun déchet avec ces dernières. Les fanes furent hachées; les moutons
434 SO.IA IITSPIDA OU POTS OLÉAGINEUX.
mangèrent tout, sauf quelques extrémités de tiges par trop ligneuses;
de nouvelles analyses, ont permis de constater que dans cette cxpé-^
rience, les moutons diû;éraient :
54.9;{ pour 100 de malicres saches. .i-,»«i^
57.95 Ti ,, . » orp;-iniquos. '«.
60.81 » » » » azotées. •. -AA
6>.21 » « » » grasses.
33.60 ... j> de cellulose.
69.02 » » » » extractifs non azotés.
36.32 » » » » minérales.
Il résulte de ces chiffres que la paille de soja est beaucoup digérée^^-'
que les cosses de cette plante, parce que les matières azotées et les
.matières grasses sont surtout celles qu'il est onéreux de produire,
et qui, par conséquent, doivent être utilisées au maximum dans les four-
rages. Si l'on compare ces derniers nombres à ceux obtenus par la
consommation d'autres fourrages, on remarque que la fane de soja se
rapproche beaucoup comme valeur alimentaire, du foin, du trèfle et du
foin de prairie.
Celte question est assez intéressante pour engager nos agriculteurs
d'essayer la culture de cette légumineuse, puisqu'ils auront double
profit : la graine qui donne un mels excellent, et en même temps un
bon fourrage pour les moutons principalement.
Haberland a comparé la composition de ce lia-ricot à celles de
plusieurs autres graines renommées pour les matières nutritives
qu'elles renferment. Voici ce petit tableau :
Soja. Haricot. Poi&. Lentililc. Fève. Lupin jaune.
Eau 6.91 15.0' 13.92 13.4 !6.16 12.61
Matières azotées 38.29 26.9 22.72 24.0 2^.88 35.32
Matières grasses 18-71 3.0 2.01 2.6 1.67 4.97
Extractifs non azotés.. 26.20 48.8 54.27 49.4 47.16 20 17
Cellulose 5.33 2.8 4.51 6.9 6.85 14.15
Cenrires 4.5G 3.5 2.57 3.7 3.28 3 78
La graine du soja serait donc. la, plus, nutritive, puisqu'elle renferme
le plus de matières azotées, et de matières graases. Sa richesse en
matières azotées atteint rarement 38,29 pour 100; dans leS' semenxîes
originaires de Chine, on a trouvé 3t,26 et 33,26 pour 100 de matières
azotées ; les semences de la seconde récolte faite en Autriche contenaient
32,47 et 34 97 de matières azotées.
J'ai été aidé et encouragé dans mes recherches,, par M. le doetfeur
Bâillon, professeur de botanique à la Faculté de médecine de Paris-;
par M. Verlot, chef de l'école de botanique au Muséum; par M. Blavet;
président de la Société d'horticulture d'Etampes et par M. Edouard
Saint-André, chef des laboratoires de la station agronomique de
Montpellier, qui partagent aves moi, j'espère, l'espoir que ce dolique
est enfin adopté. Eugène Vavjn.
REYUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT DES^ DENRÉES AGRICOLES
(11 SEPTEMBRE 1880).
I, —Situation générale^
Le plus grand nombre des marchés agricoles présentent beaucoup d'activité.
Les ventes sont nombreuses pour k plupart des denrées, etleaprix aocuseafdela
fermeté.
1I<. — Le» grains et les farines.
Lès tableaux suivantsrésument les cours descéréales, par quintal métrique,, sur
Igp^pTlMipaux marchés' de la Fmnce et de l'étranger.
REVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT (11 SEPTEMBRE 1880). ^-SS
VvaéQioti.-
- 'NORD'OOEST.
&'é.
SeJcIe.
Orge.
Awine.
fr.
fr.
fr.
fr.
Calvados. Condé
. 2P.Î5
— Liseux
27 75
21 75
,
2'! 00
Côte»d.-\orA Ponliieux 28.. su
16 75
16.50
— Trégiiier. ..
29.50
21.50
17.00
15.50
FinisierK. Murlaix
26 . ib
20.7.5
1» 00
19. «
=- Quimper
M.UO
22.00
20.25
20.00
llle-et-ViLaiue. Keniie»
■J6 . ?5
•
17.50
17.25
_ St M lo
•.i7.00
28.25
„
19.25
19.50
20 00
Hanche. Avrunches....
22.70
— Ponlorsoii
3«.50
»
19.75
23.00
— Vllle..iieM
Î8.00
20.00
20.50
23.25
Uaytnne. Laval
26.00
16.90
— Chàîeau-Goiiiier.
26.00
»
18 75
19.00
Ilorbihan. Heniieboiil..
•24 00
19.00
17.00
Orne. Fiers
28. bO
18.25
20.00
17.50
— Viiiioutiers
28.75
»
19.50
21.00
Sarthe. Le m ans
26.50
u
17.75
18.25
— Sablé
Î6 liO
1
17.00
Prix moyens
27.27
20.^6
18.62
19. 6j
2« RÉGION. — N«»RD.
Aisne. Soissons
25.25
19.75
s
18.65
— St Queniin
?Ç.i.O
18.00
«
20.00
— Vilkrs Cotlerels.
2(i.00
13 50
1)
17.50
Bure. Evreux.
26 00
17.50
20.25
20 00
^ Conciles
Ï7.00
18.25
»
20.25
— Neuijuurg
2» S«
18.50
.20 00
21.50
Bure-a-Unr. Chaiires
2b. 5.»
19.2;
9
18.50
— .\i.nean
27. iO
19 00
20. :o
18.25
— iW«g«Qi-leHotrou
26.25
18.50
17.25
NJord C;iiiil>r.ii
2ti.C0
17.50
»
17 25
— Doua)
26 . 50
18.75
19 5?
17 00
— Valencieniies ....
y6.(5
18.50
19.5,0
18.25
Oise. Beniivais
26.25
18.00
21.25
18.00
— Corapiegne
25.00
19.25
(
18 00
25.75
2/. 75
19.00
19. -0
20.75
Pas-de-Ciiiai». Arras...
18 00
— Saiiii-oiner
28.00
18.75
20 00
18.50
Seine. P .is.
36.60
19 50
19.75
18.90
Qt-et-Marne M eaux
25 50
19.00
19.00
18 00
— Da-nmarlip.
25.75
18.50
18.75
1-8. 5'1
PrOVlll^
Kl .50
21.75
18 .75
19 75
S.-el-Ci>ie Angeiville .
■.•e.r.o
20.00
18.50
18 75
— P0^:l01^e
26 75
19.25
19 50
21 00
— Ve^^allles
26.00
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»
20.25
S«ine-/»:/'>'ifure. Houes
20.15
20.00
21.65
24.50
— Dieppe
28.00
18.50
»
22.00
Yvetol
27. i5
27.50
19.50
17.25
17.50
18 50
3omme. Ahheville. .. .
21.00
— Péronne
26. (10
18 50
19.10
20. 75
— aoye
27^0
17 50
18.25
19.50
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26-48
18.45
18. 9i
19.16
i" RRGION.
— NUKIV-BSX.
Anêennes charlt^vilLe.
27.00
49.25
21.00
20.50
Avibe. Bar-sur-Aiibe ..
25. 50
17..',0
18.50
17.00
Méiy-siir-beinp...
■iS^OV
19.70
18.50
17.20
— ^og^•a!t-^u^-Seine
27.00
19.75
19..S0
19.00
tforne. Cbâioiis
26 25
19.75
19.75
18.25
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27.00
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20.00
20.50
— Bel.MS
25 50
20.50
20 5j0
19.25
— Sézannc
25.50
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18.25
17 50
Bte^Marttis. Bourbonne
27.50-
B
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16.75
Mtmn.-ei-M""»-!!'' Niincy
27 50
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19-50
17.(0
— Poiit-à-Moussjii..
27 50
20.00
20.00
17.25
27 00
27 25
19 25
20 25
18.00
I9.T-.
16.00
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Verdun .. ,
28 5u
2S 7-.
17.25
18.50
18.25
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17.1'0
— Ve*.,ul
29 60
18 30
16-70
15.80
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30.00
19.25
1
17.50
— "Eoiiiai
28.50
19.50
18.70
Prix moyens
27.32
19.17
19.17
17. 84
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ChwenU. Angouléme..
29.75
.
»
24.50
— Buffec
2950
21.00
18.50
18. 25
Charenie.-lufér. Marans.
27 00
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13. =.0
17.f,0
Ceuac-Set.r«». Niort....
28.00
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H. 25
19. OU
Indrt-tt.i.oire. Tours..
28-^5
18.75
20.25
20 00
— Blerê
26.50
27.00
17.00
19.50
•
17.75
— Gbàleaii-E)eu<4uU.
16.90
Loire.>Inf. Santés
26 50
20.25
30 75
20 70
Ar.-et-/.otr«. Saumur . .
26 75
19.00
19 50
18. CO
Vendée. Lnço.i
27.00
»
19.00
1.8.^
r — Fonlffiav
26.85
3r 50
20.25
18.50
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17.50
Ftenn.'.'ChàtelleraBit. .
20 75
— Lend un...
27.25
28.5«>
20.00
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20 75
19 00
Haute'Vieune. Limuge
19 80
Prix moyens
27.81
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19.*2
19.13
&• RéoiON
. — CENTRE.
Blé.
Seifrb).
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fr.
fr.
6r.
fr.
Allier. Moulins
28 50
19.50
18.50
17.50
— MoiiHuçon
26.00
18.25
20.00
18.50
— St-Pour(iain
. 28.50
18.00
20 00
18.00
C/ier.Bo.irt.e»:
27 00
18 25
2(1.00
17.50
— Graça"
26.75
18.50
19 tO
15.00
— v'ierzoïi...
27.75
18.25
20.00
18.00
Creuse. Aubusson
. 27.25
19.00
20.50
Indre. Cliàteaurouoc.. .
. 26.00
.19.75
18.50
17.25
— Itsoiidiin
. 27 '.^5
18.(10
19 25
17.00
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27.00
17.75
19.50
17.25
Loiret. Orléans
. 27.25
18 75
18.00
19 25
— Montargis
27.50
19.50
19.00
18.00
— Patay..
. '-8.00
18.75
)8.50
18.75
Loir-et-Cher. lilois
28 50
17.25
19.00
20.25
— Montoire
. 27 00
17.<.0
19.25
17.00
Nièvre. Nevers
23.00
s
19 50
17.50
. 28.25
27.00
18.00
20.50
18.50
17.50
Yonne, brienon
19.00
— Joigoy
. 28.25
17.S0
18.50
17.00
. 27.75
19.25
19.75
Prix moyens
. 27 47
18.51
19.09
18 20
6<> RÉOI
ON, —
EST.
Ain. Bourg
2V. 00
16.00
»
17.00
— Ponl-de-Vaux. .
27. ;o
18.50
(8.00
16.50
CôledUr Dijon
27 50
20.50
19.50
17.00
— Beaune
28.(0
XI
18 .50
16.50
Doubê. Besançon
28 50
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»
17.00
Isère Grenoble
29.00
28 75
27.50
19.50
18.25
18.75
19.50
18 00
— Vienne
16 50
Jura, ûôle
17.00
Loire. Sl-ChamonJ
28 25
1
18 50
P.-de-Dômt Clerinonl F
32.00
21.50
1T.75
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■ Hhône. Lyon
28.00
18.50
18.50
17^0
— Aulun ,
. 27 75
19. 25
■
17 20
Snône-el- Luire. Chalon
28.25
25.00
19.00
16 60
bavoie. Chain béry
29.2-
22 50
>
«
//te-SoDoie. Annecy....
30.00
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19 SO
Prix moyens
28.75
19.65
18.67
17.20
7" RÉGION. -
- SITIV
OUEST.
Ariège. Pamiers
29.(0
19.05
» .
21.00
Dordogne. Bergerac
29 50
20.00
»
20.75
Hle-Garonne. loulouse.
27.25
18.75
17.10
20 25
— Viiiefranche-Laur
28. OU
19.00
18.00
19.75
Gers. Condum
27.50
27.70
27.00
»
20.00
— Miratide
18 25
Gironde. Bordeaux....
26.50
19 25
»
20.25
— Lesparre
28 75
19.00
»
«u .00
'^8 UO
27.60
19.25
19. tO
Lot-et-Garonne. Agen..
19.75
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29 .25
19.60
20.00
21.25
B.-Pyrénees. Bayonne.
20.25
Htes- Pyrénées. Tarbe?
2& 75
n
B
19.80
Prix moyens
28.18
19.30
18,36
20. ..S
8« RÉGION. ^ SUW.
Aude. Castelnaudiry.
28.25
20.00
20.50
21.50
Aveyron, Villefranche.
27.75
20.50
*
17.35
Canlal. Mauriac
28.00
24 30
B
24.40
Correze. Luberzac
29.75
19.50
21.00
21.60
Hérault . Beziers
i7.20
»
1-8.20
20.00
Lot FJL'eHC .
•>4 75
20.50
30.50
29.75
21. lO
23. 60
21.60
31.55
;31.fi5
25.90
— Marvejols
— Florac
•31.35
24.50
24.35
21.60
Pyrénees-Or. Perpignan
26 ..65
2 1 . 20
23.00
23 30
Tarn. Albi.
37 6fl
»
19.00
18.50
Tarnret-Uar. Moùinuh^D
27.75
19-50
18 50
19.50
Prix moyens.
28.97
21.62
21.01
21 36
8» RÉGION.
— SPI>-KST.
Basses-Alpes Manosque
29.20
>
»
24.20
Hautes- Alpes. Briançon
•.^9.75
19.25
20.00
20.50
Alpes- Maritimes Cannes
29.25
20 00
.20.00
20.25
Ardeche. Privas
3O.05
20 65
19.60
21.80
B.-du~Hhône. Arles
30.00
B
19.0»
20.50
Drô},^. Valence
27.50
I8.:j0
>
17.25
Gard. Nîmes
29.00
»
19.50
21.25
-Haute-Linre. Le Puy...
29.25
21.00
20. 7S
19.00
Kor. Sl-Maxlinin
JO.oO
»
J»
»
Vaucluse. Carpentras...
29.75
»
19.50
20J)0
29 37
19.86
19 76
20 51
,Moy. de toute la France ï7.jS!6
19 61
19 25
19. 2Î
— de lisemainepreced.
23.35
19 96
SoTlaseanalBek Hausse
»
»
•
D.43
précédente.. (Baissa.
0.39
0.35 0.3l<
436 BEVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT
Blé, Seigle. Orge. Avoine
fr. fr. fr. Ir.
Algérie. Alger 26.00 » 15.25 15 00
Ani/ieterre. Londres 27 90 » 20.75 20 40
BeUjtqxie. Anvers 26.00 ÎO 75 20.50
— Bruxelles 26.50 20.25 » 19.60
— Liège 26 75 21.75 25.00 19 00
— Namur 26 50 20 00 20.00 20 00
Pays-Bas. Rotterdam 23.00 20.15 17,^5 20.00
Luremhnurg. Luxemtioiirg. . ; 29.:j0 2:5 00 23,50 17 50
Alsace-Lorraine, Metz 28.00 22 75 19 50 20 00
— Strasbourg 79 75 24.00 22 25 18.25
— Mulhouse 28.75 22.75 22.25 20.25
Aîlemagne. Berlin 25.10 23 35
— Cologne 25 65 23 75
— Hambourg 23.85 21. 50
Suisse. Genève 29 25 « . 17.50
— Zurich 28. rO • 19.50 18.25 ,ac
Italie. Milan 27.80 22.75 » 19 25 • "
Autriche. Vienne 24.00 21 75 18.25 15 65
Hongrie. Budapesth 22. ,50 19.25 17.00 13.50
Russie. Saint-Pétersbourg... 24.25 19.25 i 13.75
Espagne. Valadolid 25.30 » . 20 60
Etats-Unis. New-York 20.90 >. » »
Blés, — Sur le plus grand nombre des marchés, les apports de la culture sont
très considérables. Les battages ont été poussés activement, et une partie notable
des blés nouveaux a déjà été affectée à la vente. Cette abondance amène fatalement
une certaine dépréciation dans les cours; mais, ainsi que nous le disions la semaine
dernière, la baisse ne peut p-s prendre de proportions considérables, d'abord en
raison des besoins réels à satisfaire, ensuite à cause de la bonne qualité moyenne
des grains nouveaux. — A la halle de Paris, le mercredi 8 septembre, les affai-
res ont été assez calmes; les offres étaient abondantes, avec des prix faible-
ment tenus. On cotait de 25 fr. à 28 fr. par lOU kilog suivant les qualités, ou
en moyenne 26 fr, 50, avec une baisse de 75 centimes depuis huit jours. — Sur le
marché des blés à livrer, on cote par 100 kilog. : courant du mois, 25 fr. 75 à
26 fr. octobre, 25 fr. 75 ; quatre derniers mois, 25 fr. 50 à 25 fr. 75 ; novembre et
décembre, 25 fr. 50 à 25 fr. 75 ; quatre mois de novembre, 2") fr. 50 quatre pre-
miers mois, 25 fr. 50. — Au Havre, il n'y a que des affaires peu iinportaotes sur
les blés d'importation; avec des prix faiblement tenus. Les blésd'Amérijue valent
de 25 fr. 50. à -2 7 fr. par 100 kilog. suivant les provenances. — A Marseille, les
arrivages ont été assez réguliers cette semaine; ils ont été de 130 OOU hectolitres;
le stock est remonté, dans les docks, à 85,(00 quintaux. Les ventes sont difficiles
mais néanmoins les cours varient peu. On payait au dernier jour par 100 kilog. :
Berdianska, 30 fr. 50 ; Pologne, 27 fr. 50 ; à 27 fr. 75; Ozof'fdun, 27 fr. 50 à 28 Ir.
tuzelles d'Afrique, 28 fr. 50 à 29 fr. 75; Bombay, 27 fr. à 28 fr. ; Italie, 28 fr.
à29fr. — A Londres, lesimportations de blés étrangersdurantlasemainedernière, ont
été de 291,000 quintaux métriques. Les transactions sont assez difficiles, et les ,
prix sont en baisse. Au dernier jour, on payait de 26 fr. 50 à 29 ir. 10, par
100 kilog. suivant les qualités et les provenances.
Farines. — Le mouvement de baisse que nous signalions la semaine dernière
s'est encore accentué. Pour les farines de consommations on payait, le mercredi
8 septetnbre, à la halle de Paris: marque D, 60 Ir.; marques de choix, 62 à
63 fr. ; bonnes marques, 60 à 61 fr.; sortes ordinaires, 58 à 59 fr.; le tout par
sac de 159 kilog., toile à rendre, ou 157 kilog. net. Ce qui correspond aux
prix extrêmes de 36 fr. 95 à 40 fr. 10 par 100 kilog., ou en moyenne 38 fr. 50.
C'est une baisse de 70 centimes sur le prix moyen du mercredi précédent. — En ce
qui concerne les farines de spéculation, on cotait à Paris, le mercredi 8 sep-
tembre au soir : farines huit-marques^ courant du mois, 56 fr. 75 ; octobre,
54fr. 75; quatre derniers mois, 54 fr. 75 à 55 fr.; novembre et décembre,
53.75 à 54 fr.; quatre mois de novembre, 54 fr.; quatre premiers mois, 54 fr.,le ,
tout par sac de 157 kilog. net; farines supérieures, courant du mois, 3o fr. 50;
octobre, 35 fr. 25 à 35 fr. 50; quatre derniers mois, 35 fr. 25 ; novembre et dé- .
cerabre, 34 fr. 25 à 34 fr. 50; quatre mois de novembre, 34 fr. 25; quatre premiers
mois, 34 fr. 50; le tout par 100 kilog. — La cote officielle en disponible a été
établie, comme il suit, pour chacun (i.esjour^ 4e k semaine : ,-. , .^^i^i^^ut
Dates (septembre). 2 19 ^noOTr/i-i!** ^ 1;) g3 .il f 9 « àWèb
Farines huit-marques 56.65^ ^çTsO '' 'sSibO 56.75 5^.6^' "^S^îi *"^' ~
— supérieures 36.25 36.00 35.50 35.50 36.25 36.25
DES DENRÉES AGRICOLES (11 SEPTEMBRE 1880j. 437
•; : .'1 tJi'y. "-' - -' •
Pour les unes elles autres, les cotes n'ont subi que des variations peu impor-
tantes depuis huit jours. — Les farines deuxièmes se vendent au même taux que
la semaine dernière, de 30 à 35 francs par jOO kilog. suivant les qualités,
Scifj'cs. — Les cours sont un peu plus faillies que la semaine précédente. On
paye à la halle de Paris 19.25 à 19_75 par 100 kilog. suivant les sortes. — H y a,
au contraire, fermeté dans les prix des farines qui sont vendues de 28 à 32 fr.
par quintal métrique.
Orges. — C est ei core delà baisse que. nous devons signaler dans les cours. On
paye à Paris 19.^0 à 2^' fr. par 1(0 kilog suivant les sortes. Les (scourgeons
sont vendus avec as^ez de ] eine, de 19. '0 à 19.75 par quintal métrique. — A
Londres, les impoitati. ns de la semaine ont éttj de 9A,5'J0 quii taiix n étriqués;
les aff ires pjésentent assez de calme, et les cours se fixent de 19.75 à 21.75 par
100 kilog. suivant les sortes
■Mail. — Les cours ne varient pas sensiblement. On paye à Paris 29 à 40 fr,
par 100 kilog. pour les malts d'orge, et 30 à 36 fr, pour ceux d'escourgeon.
Avoines. — Les cours des avoines nouvelles sont en baisse très sensible à la
halle de Paris. On paye de 18.25 à 19.50 par 100 kilog , suivant poid<i, couleur
et qualité Le prix moyen se fixe à 18.90. — A Londres, on a importé durant la
semaine 157,500 quintaux d'avoine; les cours accusent plus de ferraetc que la
semaine précédente : on cote de 19 à 21 90 par 100 kilog. suivant les qualités.
Sarrasin. — Les vieux grains sont cotés n^ minalement à la halle de Paris de
24 à 24 i'r. 50. Quant au nouveau, il est vendu à livrer, aux pïix de 18 à 19 fr.
Mais- — Il y a peu de changements dans le cours des maïs d'importation. On
paye au Havre, 14 ir. 25 à 16 fr. 25 par 100 ki og., suivant les sortes.
Issues. — Prix sans cliangements à la halle de Paris. On [ aye par ino kilog. :
gros son seul, I4fr, 75 à lôfr., son trois cases, I4 fr. 20 à 14 fr, 50; sons fins,
13 fr. 75 à 14 fr. ; recoupette, 1^ a 14 fr. 50; remoulages bis, 15 à 16 fr.; remou-
lages blancs, 17 à 19 fr.
III. — Fourrages et graines fourragères.
Fourmgrs. — Les cours accusent toujours une grande fermeté. On paye dans
Paris par 1,000 kilog. foin, 112 à 156 ir. ; luzerne, 116 à 144 fr.; regain, 106 à
132 fr. ; paille de blé, 74 à 90 fr. ; paille de sigle, 76 à 96 fr.; paille d'avoine,
70 à 84 fr. — Sur les marchés des départements h s prix sont très fermes. ';-
Graines fowraf/éres. — Quelques ventes, dans le Midi, sur les luzernes de Prd-^:
veuce que l'on cote de U5 à l30 fr. par 100 kilog. Sur les autres sortes de grainesj ■
il n'y a que des affaires très limitées. '
IV, — Fins, spiritueux, vinaigres, cidres.
Vins. — La vendange a commencé, dans le Midi, le vendredi 3 septembre, par
des raisins de petit Bouschet. Lundi 6, on s'est mis au travail sur plusieurs points,
et du 13 au 14 les vendanges seront générales. Le Languedoc, le Roussillon, la
Gascogne, le Bordelais, vont suivre; on nous annonce même que la récolte du
raisin blar.c dans la Dordogne commencera vers le 13 septembre et qu'avant le
20, nous verrous à Paris des vins blancs nouveaux, qui plus ou moins couronnés
de laurier-s, seront vendus sou^ le nom de vin de Bergerac. A propos du Borde-
lais, il se passe en ce moment, dans ce vignoble, un fait étrange, c'est la vente
sur souche qui se pratique sur une très vaste échelle et à des ]n\ relativement
très élevés. Nous pourrions enregistrer plus de 60 ventes qui se sont traitées pen-
dant le courant de la semaine écoulée. Ces sortes de ventes au ptncloir, sont
moins fréquentes cette année dans le Midi que les années précédentes : la pro-
{)riété hésite et craint des déceptions. Mais où les ventes sur souches se sont
aites avec le plus d'entrain et à des prix fabuleux d'exagération, c'est en Cham-
f)agne Gomme tous les ans à cette époque les affaires sont partout presque nulles,
es transactions en dehors de la vente courante sont arrêtées, on vert, quand
même, voir venir, aussi chaque semaine qui va s'écouler nous fournira des ren-
seignements utiles, car ces renseignements nous fixerons sur les cours de début,
cours sur lesquels on n'est "pas encore d'accord, mais qui, nous le répétons, de-
vront avoir de la fermeté et présenter peu de différence avec ceux actuellement
pratiqués.
Spiritueux. — Malgré de fréquents, écarts, la tendance est généralement lourde.
11 n'y a sur le marché ni loi ni règle, on vit au jour le jour, en subissant les fluc-
tuations déterminées par les agissements de la spéculation. Aussi le marché a
débuté à 61 fr. 25 et il a fait successivement 61 fr. 50. 60 fr 75, 61 fr. 50,
62 fr. 25, 62 fr. 75, pour clôturer a 61 fr. 75. Le livrable sur les deux derniers
438 REVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT,
moiâ, qu'on obtenait la semaine dernière à 59 fr., s'est relevé jusqu'à. 60 fr. 75,
pour clôturer au prix de 59 fr. 75, et les quatre premiers mois qu'on offrait à
58 ir. 25, ont été payés 50 fr 59 et sont offerts à 6s fr. 75 Le stock est actuelr-
Leraent de 8,000 pipes contre 86:-0 en 1879. Le marché de Lille est toujoars.au
calme avec des tendances à la baisse,, on cote 62 fr 50 pour le disponible et 6aà
63 fr. 5'3 pour l'alcool de grain. Les marchés du M'.di sont sans changieraent.
Béziers seul est tombé à 103 francs. — A l^aris. on cote .-/G betterave,, f® quar
lité 90 degrés disponible, 62 fr. 75 ; octobre, 61 fr. 50;. octobre et décembre
59 fr. 75 à 60 fr. 2^ ; quatre premiers, 58 fr. 50 à 59 fr.
Vinaigres. — A Orléans (Loiret), on cote toujours : vinaigre de via nouveau.^
logé, 42 à kk fr l'hectolitre; vinaigre nouveau devin vieux, 45 à 47 fri; vinaigra
vieux, 52 à 57 fr. l'hectolitre, logé.
Cidres. — Article sans changement.
¥. — Sucres. — Mélasaea. — Fécules. — Glucoses. — Amidons. — Houblons.
Sucres. — Il y a toujours assez de calme dans les transactions, aussi bien sut
l'es suicres bruts que sur les raffinés, mais les cours accusent tieaucoup de fermeté.
On paye à Plaris, par 100 kilog. pour les sucres bruts, 8i degrés saccharimétri-
ques : n-^' 10 ii 13, 59 fr. 50 à HO fr. ; n" 7 à 9, 6*5 Ir. 50; sucres blâmes
n" 3, 70 fr. les 99 degrés, 69 fr. Au 8 septembre, le stock de l' entre, lôt réel des
sucres était de 2'37,00o sacs pour les sucres indigènes, avec une augmentation d'à
1,000 sacs environ depuis huit jour-;. On cote sur les marchés des défiartements :
A Lille, n" 10 à 13, 58 fr. 50; "n"^ 7 à 9, 65 fr. — A Saint-Quentin, n»* 7 à 9-,
65 fr. 50 à 66 fr. — A Péronne, n" 7 à 9, 65 fr, 75. — A Valenciennes, il n'y a
pas d'affaires. — Pour les sucres raffinés, il y a, cette semaine, une très grand'©'
fermeté dans les prix; à Paris, fes cours se fixent de 145 à US fr. par 1 00 kilog.
à la consommation, pour l'exportation, on cote suivant les sortes, 69^ fr; &G ai
73 fr. 50. — A Londre's, il s'est traité un assez grand nombre d'affaires sur les
sucres autrichiens et allemands, livrables durant les derniers mois de l'année.
Mélasses. — Les cours sont les mêmes que la semaine dernièie. On paye à
Paris, 13 fr. par 100 kilog. pour les mélaspes de fabrique; I^fr. ponr eeiks de
raffinerie. — A Valenciennes, 13 fr. pour les mélasses de fabrique.
Fécules. — Les affaires sont toujours calmes. On paye à Paris^ 40 fr. par WSl
kilog. pour les fécules premières disponibles ; .S5 i 37 fr; pour celles livrable». Lea
fécules, vertes à livrer au commencement de la faJsrication, valent de 23 à 2;<- fr: 58.
Glucoses. — Quoiqu^e les ventes soient assez actives, les prix; sonit faibles. Oiv
paye dans Paris par 100 kilog. : sirop premier blanc de cristal, 61 à 62.fr.; siirop.
massé, 51 à 52 fr.; sirop Hquide, 41 a 4i fr.
Amid&ns. — Les transactions^ sont assez faciles à Pari^, aux cours suivants :
amidons, de pur froment, en. paquets, 70 à 72 fr ; amidons de province,, 60 à,
62 fr ;, amidons d'Alsace, 58 à 60 fr _; amidons de maïs, 44 à 45 fr.
Houblons. — La récolte se poui'suit, elle donne, presque partout de meilleurs^
résultats que ceux sur lesquels on comptait Les nouveaux koublons valent actueL-
lement à Alost, 150 à 1.80 fr. par 100 kilog. En Alsace, notamment, on a. une
assez bonne récolte ; on se loue surtout de la qualité exceptionnelle des cônes.
VI. — Bvriles'ei graines oléagin&uses. ,, ïo
Huiles. — La hausse a continué à se manifester sur les prix dé l'a., pl'apartrd'fflr
huiles de graines. On paye à Paris, par 100 kilog. : huile de colza, en tous fûts,
76 fr.; entonnes, 78 fr. ; épurée entonnes, 86 fr.; huile de lin en tous fûts,
70 fr. ; en tonnes, 72 fr. — Sur les marchés des départements, les huiles d'e calza
valent : Gaen, 71 fr. ; Rouen, 75 fr. 25 ; Cambrai, 72 fi".; les autres sortes-
valent sur ce marché : lin, 67 fr. ."îO ; pavot, 95 fr. — A Rouen, les huiles d"arachidé
comestibles valent de l.lO à 120; celles de sésame, 100 à 110 fr. — A MarseilTe, .
il y a très peu d'affaires sur lés huiles de graines : celles d'olive sont vendues aux
cours de la semaine dernière. — A Aix, on cote les huiles d'olives surfine, 190; a
200 fr.; celles communes, 110 à 120 fr.
Graines oléagineuses. — Les affaires sont assez calmes dans le Nord. On paye à
Cambrai, par hectolitre : œillette, 30 à 31 fr. 10; colza, 21 à 21 fr. 75; lin, 22"
à 23 fr.; cameline, 16 fr. ...•, .
VU. — Tourteaux. — Noirs.— Engrais. m .n'". t,r,
Tourteaux. — Prix bien maintenus.. 0 a cote à Arras par 100 kilog;. touEteaHiXi
de colza, I5fr. 50 à 17 fr. 50; d' œillette, 16 fr. de lin, 25 à 26 fr. ; de camelino;
17 fr. — A Rouen, de colza, de 1 i ir. à 14 fr. 50 ; d'aracliides en coquesj, 1 L fr. 10;
DES .DENREES AGRICOLES (11 SEPTEMBRE 1880). 4iâ9
d'arachides décortiquée?,. 16 fr. 50, de sésame, 15 fr.; de lin 23 fr. — A Marpxsiile»
les, prix sont sans changements, sauf pour Lés tourteaux de lin, cotés 20 fr. 25, -et
ceux da coka, lo i'r. 50.
Jlûirs. — Les cours sont les mêmes à Yaleacioûnes ,pour le noir animui neuf
et pour Les noiriS d'engrais.
VIII. — U^ières résineuses él colorantes. — Texlilts.
.Matières résbieuses. — Prix en hausse sur tous les marclaés du Sud-Oue'gt. On
payve à Dax 63 fr par 100 kilog. pour Tessence pure de térébenthine.
Gandrs. — Prix ferm€s dansle Midi, à 20 fr. par 100 kilog.
■Chanvre&. — H y a peu d'aifaires sur les chanvres nauveaux. On payeàSauraur
80 fr. à 90 fr. par IO.Û kilog. suivant les qualités.
JX. — Suifs eLcorps gras.
Suifs. — La fermeté de cours s'accuse toujorrs. On paye à Paris 85 fr, par 100
kilog. pour suifs purs de l'abat delà boucherie; 63 fr. 75 pour les suifs en branches.
Lards et saindoux. — Au Havre, on cote, à prix fermes, 108 fr. par JOO kilog.
pour les saindoux d'Amérique; 117 fr.à 117fr. 50 pour les lards salés d'importation.
X. — Beurres, — Œufs. — Fromages. — Volailles.
Beurres. — On a vendu, pendant la semaine, i, la halle de Paris, 230,957 kilog.
de beurres de toutes sortes. Au dernier jour, on payait par kiloi^: en demi-kilioig,,
ordinaires et courants, 1.60 à 4.20; petits beurres, 1.68 à 2.84, Grournay 1.98 à
4.62; Isigny, 2.58 à 5.78.
Œufs. — Du 31 août au 6 3eprtiembiie,.on a vendu à la halle de Paris 4,141,670
œufs. Au dernier marché, on payait par milk-: choix 97 à 105 fr. le mille.; ordi-
naires, 64 à 97 fr. ; petits, 52 à 58 fr.
Fromages. — Derniers cours de la halle de Paris : par douzaine, Brie 3.50 à
8.50 ; Montléry, 15 fr.; par cent, Livarot, 16 à 80 fr. ; Mont-d'Or, 9 à 23 fr. ;
Neufchâtel, 3 à 25 fr.; divers, 5 à 43 fr. : par 100 kilog.. Gruyère, 114 à 162 fr.
YolaiUes. — On vend à la halle de Paris : Canards barcoteurs, 1 fr. 60 à
5 fr. 50. — Chevreaux, » »» à o »». — Crêtes en lots, 1 fr. 50 à 5 fr. 75. —
Dindes gras ou gros, » »» à » nn. — Dindes communs, 4 fr. »» à 3 fr. 25. —
Lapins domestiques, l fr. 25 à 5 ir. 75. — Lapins de garenne, ^) »» à » «jj. —
Oies grasses, » »» à » »». — Oies communes, 3 fr. 50 à 6 fr. 50. — Pigeons de
JwlièFe, » «53 à-» B». ' — Pigeons bizets, de » fr. 50 à 1 fr. 30. — Poules ordi-
naires, de 2 fr. BO à 4fr. — Poulets gras, 4 fr. 50 à 7 fr. 50.. — Poulets communs,
1 Sr. 50 à 2 Xr. 20.
XI. — Chevaux. — Bétail. — Viande.
Chevaux. — Aux marchés des l"et 4 septembre, à Paris, on comptait 891 .eh&-
vaux. Sur ce nombre, 347 ont été vendus comme il suit :
Chevaux de cabriolet
A. menés.
199
Vendus
60
74
1^1
34
58
1. Prix extrémei
275 à J ,120
•— (iet-ait
'293
300 à 1 300
— hors d'âge
— à l'enclière
307
34
45 à 1,010
65 à 425
— de boucherie
..... 58
40 à 115
Anes et chèvres. — Aux mêmes marchés, on comptait 31 ânes et 10 chèvres;
17 laines ont été vendus de 20 à 85 fr. ; 5 chèvres, de 15 à eu fr,
^Bétail. — Le tableau suivant résume le mouvement du marché aux bestiaux m
U'YiUette, du jeudi 2 au mardi 7 septembre :
Poids Prix du kilog. de -viande sar pied
Vendus moyen uu mardié "du lundis srepfembre.
Pour Pour En ^ quartiers, i" 2« 3» Prix
Amenés. Paris, l'extérieur, totalité. kil. quai. quai. quai. moyen.
Boeufe. 6.577 3,467 1,764 5,231 334 1.60 1.46 1.16 ,1.39
Vaches 2,026 675 893 1,568 230 .1.48 1.30 1.04 -1..2!6
TaMBeani — ... 805 162 30 19^ 377 Ï.30 1.12 li02 ll..'JB
Veaaï :3,983 3,T«0 961 4,061 77 i.To 1.85 1.45 1 m
Moattms 46,T80 17,860 21,160 39.020 19 1.98 1.65 1.35 1 'S3
Potcs^as 4„.T54 1,757 "2,923 4,680 89 174 1.68 1.58 IM
— .maigres.. 6 ^2 4 6 35 i.,&0 » » 1.50
Pour ks gros animaux, les approvisionnements ont été 'notablement plus ébvés
quefla semaine précédente; ainsi les cours accusent, pour ces catégories, une grande
faiblesse et même encore de la baisse. Mais les prix des veaux sont sensible-
ment plus élevés que la semaine précédente. Il y a maintien des prix en oe qui
concerne les moutons et les porcs.
A Londres, les importations d'animaux étrangers, durant la semaine dernière,
se sont composées de 19,847 têtes, dont 23 bœuf, 199 veaux, 4,249 moutons
kkO REVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT (11 SEPTEMBRE 1880).
et 4 porcs venant d'Amsterdam; 3,829 moutons de Brème; 672 moutons d'Ham-
bourg; 166 bœufs, 80 veaux, 1,929 moutons et 116 porcs d'Harlingen ; 164 bœufs
et 51(1 moutons du Havre; 94 bœufs de Montréal; 633 bœufs et 236 moutons de
New- York; 52 bœufs, 325 veaux, 1,801 moutons et 65 porcs de Rotterdam;
1,555 bœufs et 3,096 moutons de Tonning; 50 bœufs de Vigo. Prix du kilog. :
Bœuf, 1" 1 fr. 87 à 2 fr. 05; 2* 1 fr. 58 à 1 fr. 75; qualité inférieure 1 fr. 40 à
1 fr. 58; Veau, V 1 fr. 93 à 2 fr. 05; 2« 1 fr. 75 à l fr. h? ; Mouton, l'«2 fr. 28
à 2 fr. 45; 2* 1 fr. 93 à 2 fr. 10; qualité inférieure 1 fr. 75 à 1 fr. 93; Agneau,
2 fr. 45 à 2 fr. 80; Porc, l" 1 tr. 93 à 2 fr. 10 ; 2' 1 fr. 58 à 1 fr. 75.
Viande à la criée. — On a vendu, à la halle de Paris, du 31 août au 6 septembre :
Prix du kilog. le 6 septembre.
Cboix. Basse boacheria.
1.00à2.70 O.lOà 1.16
0.8u 2.00 . >
0.86 3.50 . •
383,128 Soit par jour 57, .594 kilog.
Les ventes ont été inférieures de 3.000 kilog. environ par jour à celles de la
semaine précédente. Sans changements, pour la viande de bœuf, les prix sont
faibles pour les autres sortes.
XII, — Cours de la viande à Vabattoir de la Tillette du 9 septembre {par 50 kilog.)
Cours de la charcuterie. — On vend à la Villette par 50 kilog. : 1" qualité,
88 à 90 fr.; 2% 80 à 85 fr.; poids vif, 58 à 65 tr.
Bœufs. Veaux. Moutons.
Bœuf ou vache .
Veau
kilog.
. 1.59,159
. 145,52-2
. 58,400
. 20.C47
1" quôl. 2« qaal
1.04 à 1 80 0.98a]
1.58 1.80 1.20 1
1.48 1.70 .1.12 1
Porc frais..
.50
.56
.46
3" quai.
0.60à 1.10
0 70 1 18
0.60 1.10
Porc
0.90àl.70
1"
quai,
fr.
74
quai,
fr.
— Marché aux bestiaux de la Tillette du jeudi 9 septembre.
Cours des commisslonnalret
Cours officiels. en bestiaux.
Animaux
amenés.
.. 2.483
603
Invendus.
12S
Banfs. .
Vache» 603 37
Taareaaz... 159 19
Yeanz 1.3oO 38
Moutons 34.260 834
Porcs gras.. 3.712 158
— maigres. » » •
Vente assez active sur toutes les espèces.
Poids
moyen
général.
kil.
36i
3S0
205
80
18
Sb
1"
quai.
1.64
l.&O
1.28
2.00
2.00
1.72
quai. quai.
J.48 1.20
1.34 1.08
1.14 l.lO
1.90
1.66
1.66
Prix
extrêmes.
1.16 àl.66
1.00 1.56
0.93 1.32
2.10
2.o4
1.80
qiial.
2* 3«
quai. quai.
1.46 1.20
1.30 i.eo
1.15 1.00
Prix
extrêmes.
l.ioài.64
0.95 1.54
0.90 1.30
1.50 1.40
1.36 1.30
:.56 1.40
XIV. — Résumé.
Faibles sur les céréales et les farines, les cours accusent, au contraire de la fer-
meté pour la plupart des autres denrées agricoles. A. Rem Y.
BULLETIN FINANCIER.
Cours de la Bourse du i" au 8 septembre 1880 (au comptant).
Nouvelle hausse à nos fonds publics le 3 0/0 est à 87 fr. 20; l'amortissable a
89 fr. 10, et le 5 0/0 a conquis et dépassé le cours de i20 fr. à 1 !0 fr. 30- Nos
chemins de fer ont continué leur marche ascendante : nos sociétés de crédit restent
peu demandées mais sans faiblesse.
Principales valeurs françaiset:
Plus Plus Dernier
bas. haut, cou: s.
Rente30/0 86.70 87. •ÎO 87.20
Rente 3 0/0 amortis 88.60 89.10 89.10
Rente 4 1/2 0/0 11880 115.50 115.50
Rente 5 0/0 120. oO 12C.40 120.30
Banque de France 3425.00 3450.00 3*50.00
Comptoir d'escompte 955.00 965. uo 96». 00
Société générale 557.50 570.1.0 567.50
Crédit foncier 141000 I43>.oo u:55.00
Est Actions 500 772.50 790. tO 790.00
Midi d» 1045.00 lOSS.OO 1085. <0
Nord d* 1610.00 1650.00 1655.00
Orléans d» n72.50 1290.00 1282.50
Ouest d* 8.=.0.00 *57.50 857.50
Paris-Lyon-Méditerranée d» i4io.oo 1 440 00 i440.00
Paris 1871 obi. 400 3 0/0 .. 398.00 400.00 400.00
Italien i 0/0 86.20 86.90 86 SO
Gérant : A.. BOUCHÉ.
Chemins de fer français et étrangers :
d»
Autrichiens.
Lombards. d*
Romains. d*
Nord de l'Espagne, d*
Saragosse à Madrid, d*
Portugais. d*
Est.Obl. 3 0/or. àSOOf.d*
Midi d*
Nord. d*
Orléans. d*
Ouest. d'
Paris-Lyon-Méditer. d* 391.00
Nord Esp. priorité, d* 344 25
Lombards.
Plus
bas.
ôio 00
185.00
146.00
361.25
375.00
610.00
390.50
38:J.OO
393.00
391.00
389.75
Plus Dernier
d' 267.25
haUl.
617.50
190.00
147.00
365.00
388.75
625.00
391.00
392.00
395.00
394.00
393.00
393.00
351.25
270.50
cours.
617.50
187.50
147.00
362.50
338.75
625.00
391.50
392.00
395.00
394.00
393.00
393.00
351.25
270.50
^" CHRONIQUE AGRICOLE ns septembre isso;.
Les récotes d'automne. —Congrès inlenialional de viticulture à Lyon. — Nécessité de perfec-
tionner les systèmes de culture. — Modifications variables dïosla production. — Vœux émis par
le Congrès des vignes françaises à Ciermont-Ferrand. — Fornialion d'une commission spéciale
en vue de préparer le prochain congiès. — Le phylloxéra. — Rapport publié pir le bureau de
l'Association syndicale de l'arrondissement. — Résultats obtenus par la submersion et le sulfure
de carbone. — Rapport de M. Alleii au Conseil général de l'Hérault sur les plantations de vignes
américaines — Recherches de M. Coste sur les parasites du phylloxéra. — Enquête sur la
reconstitution, des vignes dans le départe. neui du Gard — Rapport d"e M. Dejardin. — La situa-
tion actuelle. — Adaptation d^s cépages améicains aux sols et au climat — Nouvelles recher-
ches de M. Pasteur sur la propagation des maladies charbonneuses. — L'E'-ole pratique d'agri-
calture de Saiat-Hemy. — Le mouvement agricole en Angleterre. — Prochain concours de la
Société royale d'agriculture d Augletar:e,,— ftèpons-; k M. Le.;outeux. — Coucoars pour la
chaire de génie rural à l'Institut agronomique. - Vente d'animaux reproducteurs de race Durham
à Laval. — ' Les recherches sur les pora;nes à cidre. — Lettre de M. Truelle. — L'arboriculture
fruitière. — Les pépinières de MM. Baltet frères. — Les expériences de machines à battre orga-
nisées par la Société des agriculteurs de France. — Ouverture de la campagne sucrière. — Les
vendanges et les ventes sur souches,
Lyon, le 16 septembre 1880.
I. — Les vendanges et les récoltes d'automne.
Les vendanges sont commencées dans le Midi^ et bientôt on fera les
dernières récoltes de l'automne. Partout les choses se passent mieux
qu'on ne l'avait espéré, et jles ^cultivateurs travaillent en reconnaissant
que la terre a bien rendu ;, vu Tes circonstances au milieu desquelles la
végétation a accompli ses diverses phases durant l'année 18S0. En ce
qui concerne la vigne, après le terrible hiver que l'on a traversé, et
malgré les désastres causés par le phylloxéra, ou aura sans doute un
assez bon vin, si la quantité fait défaut. Quant au fléau, on le combat
avec énergie, et non pas sans succès, comme en témoignent les nombreux
membres du Congrès internationnal de viticulture qui, avant-hier, termi-
nait une laborieuse et brillante session à Lyon. Les viticulteurs ne se sont
pas abandonnés à l'inertie; ils n'ont pas poussé éternellement d'impuis-
sants gémissements sur les malheurs qui les accablaient; ils ont cherché
des moyens de résistance contre le mal et de reconstitution de leur prospé-
rité. Ils ont trouvé. Le fait est certain, quoique les ruines faites n'en
soient pas moins déplorables. Il en sera de même, et cela d'autant plus
sûrement qu'il n'y a pas de cause permanente, pour les souffrances
des pays à céréales. C'est dans le perfectionnement des systèmes de
culture que gît la solution du problème, et non pas dans des modifi-
cations de la législation douanière, modifications sans cesse variables
en tous sens à travers les siècles et qui n'ont jamais fait de bien que
lorsqu'on est revenu à la liberté. En toutes choses, la liberté (non pas
la licence) est notre drapeau; nous demandons aux agriculteurs d'y
être toujours fidèles, ce à quoi les invite la nature au milieu de
laquelle ils vivent. Pour cette année, n'est-il pas évident que leurs
affaires vont mieux et qu'elles iront mieux encore parce que les
entraves diminuent, parce que les impôts décroissent, quoique
trop lentement. Voyez l'industrie sucrière, voyez les cultivateurs
de betteraves! Est-ce qu'ils ne bénissent pas l'arrivée du \" octobre,
date à laquelle l'impôt du sucre va être considérablement abaissé. Et
tous ceux qui produisent du vin ne salueront-ils pas aussi avec bon-
heur l'échéance de 1881, où les boissons seront allégées d'une partie
des impôts qui les grèvent. Que le gouvernement de la République
persévère dans cette voie, c'est' la b.mne.
IL — Le congrès viticole de Ciermont-Ferrand.
Dans notre précédente chronique (p. 404), nous avons donné un
N° 597. — Tome III de 1880. — 18 Septembre.
442 CHRONIQUE AGRICOLE (18 SEPTEMBRE 1880).
compte rendu du Congrès des vignes françaises à Clermont-Ferrand.
Voici le texte exact des vœux émis par cette importante réunion :
« 1. Le Congrès émet le vœu que la Commission supérieure du phylloxéra et
le gouvernement français veuillent bien continuer leurs efforts en vue (l'apportera
la convention de Berne les modifications nécessaires pour sauvegarder les intérêts
de l'horticulture, sans compromettre ceux de la viticulture.
« 2. Le Congrès, considérant qu'il résuite des renseignements -produits au
cours des discussions, et dont l'origine semble commander toute confiance, que des
résultats utiles ont été obtenus sur divers points par l'emploi soit du sullure de
carbone, soit des suKocarbonates de potassium et de calcium, émet le vœu que
le gouvernement et la Commission supérieure prennent toutes mesures pour rendre
aux propriétaires ou syndicats intéressés l'emploi également facile de tel ou tel
agent insecticide ci-dessus mentionné.
« 3. Considérant que l'œuf d'hiver du phylloxéra paraît jouer un rôle prépon-
dérant dans la régénération de l'insecte et son invasion dans les vignobles, le
Congrès émette vau que le gouvernement et la Commission supérieure accordent
aux traitements dirigés contre l'œuf d'hiver les mêmes faveurs qu'aux traitements
dirigés contre l'insecte vivant, et encouragent par tous les moyens en leur pouvoir
les essais tentés dans cette voie.
« 4. Le congrès, considérant qu'il résulte de la discussion et des divers rapports
dont il a entendu la lecture, que les vignes françaises peuvent être efficacement
défendues contre le phylloxéra, émet le vœu que les pouvoirs publics s'imposent
les sacrifices les plus larges pour assurer la conservation des vignobles français.
« 5. Le congrès émet le vœu que, dans l'intérêt de l'application des traitements
administratifs prévus i)ar les lois de : 878 et i 879, les agents inférieurs qui forment
les écfuipes et les moniteurs soient pris autant que possible parmi les gens éclai-
rés et sérieux du pays dans lequel les traitements seront exécutés, ou les recherches
pFatiquées. »
Avant de se séparer, le congrès des vignes françaises a décidé de se
réunir l'année prochaine, à une époque et dans une ville qui seront
ultérieurement fixées, et il a nommé une commission de permanence
pour faire cette désignation et préparer les travaux du futur congrès.
Cette commission, prise parmi les membres résidant habituellement
à Paris, a été composée de MM. GuyotLavaline, sénateur du Puy-de-
Dôme; Massot, sénateur des Pyrénées-Orientales; Mathey, sénateur de
Saône et-Loire et membre de la Commission supérieure du phylloxéra;
Calvet-Besson, membre de la chambre de commerce de Toulouse; de
la Rochetterie, président de la Société d'horticulture du Loiret; de la
Roque, délégué du comité de rédaction de la Vigne française; Masson,
éditeur à Paris; Teissonnière, vice-président de la chambre de com-
merce de Paris; Vimont, vice-président du comice agricole d'Epernay.
Dans notre prochain numéro, nous rendrons compte du Congrès inter-
national de viticulture de Lyon, qui a eu un très grand succès.
IIL — Le phylloxéra.
Les constatations relatives aux résultats obtenus cette année dans la
lutte engagée contre le phylloxéra, deviennent de plus en plus nom-
breuses; elles sont de nature à augmenter de plus en plus la confiance
des viticulteurs dans les moyens de se défendre contre le fléau, dont ils
peuvent désormais disposer. Au fur et à mesure que s'étend le péri-
mètre sur lequel les vignes sont traitées, la pratique des traitements se
fait avec une plus grande habileté, les résultats deviennent plus positifs,
et on ne se laisse plus déconcerter par des insuccès partiels dont on
arrive facilement à dégager la cause. Sans avoir la prétention d'enrayer
de nouvelles recherches, nous pouvons dire avec une réelle conviction
que les viticulteurs ont entre les mains des procédés applicables aux
circonstances variables dans lesquelles ils peuvent se trouver, et que ces
GKRONIOUE AGRICOLE (18 SEPTEMBRE 1880)- 443
f)rocédés ont désormais donné la mesure de ce qu'on est en droit de
eur demander. — Nous en trouvons une nouvelle preuve dans le rap-
port que vient de publier le bureau de l'Association syndicale de l'ar-
rondissement de Béziers.
Les traitements effectués par cette association syndicale ont été
pratiqués d'après les procédés recommandés par la Commission supé-
rieure du pliylloxiira : submersion, sulfocarbonate de polassium et
sulfure de carbone. Relativement à la submersion, nous n'avons rien
à ajouter aux nombreuses constatations que nous avons déjà publiées ;
le succès du procédé dû à M. Faucon est désormais indiscutable et indis-
cuté, sauf de très rares exceptions. — Pour le sulfocarbonate, le traite-
ment a été appliqué sur 220 hectares environ par 21 propriétaires. La
plupart ont fait un forfait pour ce traitement, à raison de 250 fr. par
hectare, avec la Compagnie qui exploite les appareils de MM. Hembert
et Mouillefert; on a mis par cep, à raison de 4,000 pieds en moyenne
par hectare, 60 grammes de sulfocarboaate dilué dans 25 livres d'eau.
« Les résultats, dit le rapport, sont satisfaisants; on constate la circon-
scription des taches apparentes, la couleur verte du feuillage, la supé-
riorité des vignes qui ont été traitées sur celles qui ne l'ont pas été. »
— Quant au sulfure de carbone, il a été appliqué sur 1,^5J hectares
par i 09 propriétaires appartenant à l'association syndicale, et en dehors
de celle-ci 500 hectares environ ont été traités par le même procédé.
On a employé des doses de 25 à 30 grammes par mètre carré, soit 250
à 300 kilog. par hectare en une seule opération. Le rapport s'exprime
ainsi à ce sujet : « L'emploi du sulfure de carbone paraît être entré dans
les habitudes de nos cultivateurs, même les plus modestes. Les craintes
qu'iJ inspirait dès le début se sont évanouies , et nos vignerons sont
déjà très au courant des règles et des principes qui doivent les diriger.
A côté du grand propriétaire traitant 50, 80, 1 00 et 1 1 0 hectares, nous
avons des souscriptions de 24, 50, 75 ares. Bien d'autres se seraient
joints à ceux-là, s'ils n'avaient craint, bien à tort, que de si minimes
souscriptions ne fussent pas admises. Ces appréhensions n'existent plus;
de très nombreuses demandes sont formulées de tous côtés^ pour le cas
où une nouvelle Association se formerait pour la campagne 1880 81...
Les résultats obtenus par l'emploi du sulfure de carbone peuvent se
résumer de la manière suivante: première année, passables ; deuxième
année, bons ; troisième année, excellents, reconstitution de la souche
épuisée, souvent avec fruits. Les causes d'insuccès de la première année
de traitement proviennent sans exception de dosages insuffisants, de
traitements tardifs ou appliqués en saison inopportune; souvent plu-
sieurs de ces motifs essentiels sont réunis. Partout où les traitements
ont été exécutés en suivant rigoureusement les prescriptions de la com-
pagnie P.-L.-M., le succès a été au gré du viticulteur, et lui a donné la
conviction qu'il pourra conserver ses vignes un temps plus ou moins
long, peut-être toujours; si, dans quelques cas, l'amélioration a été plus
lente que dans d'autres, elle s'est néanmoins produite et le motif en a
été vite trouvé par le propriétaire lui-même; il reconnaît qu'il a traité
une année trop tard. »
Dans un précédent numéro, nous avons enregistré le vœu émis par
le Conseil général de l'Hérault relativement aux encouragements à don-
ner à la reconstitution des vignobles par les cépages américains résistant
au phylloxéra. Nous trouvons, dans le rapport fait par M. Allein, à
4(à4 CHRONIQUE AGRICOLE (18 SEPTEMBRE 1880).
cette occasion, d'intéressants détails sur les résultats des plantations de
cépages américains dans la commune de Saint-Georges :
« Votre rapporteur est très heureux de proclamer hautement que les proprié-
taires de la commune de Saint-G-eorges ont, à hi suite d'une impulsion très active,
commencé déjà à reconstituer à force de zèle et de sacrifices, avec les cépages amé-
ricains, leurs vignobles d'autrefois.
« Il y a déjà, dans cette commune, enviion soi>ante-quinze hectares de planta-
tions de diverses variétés américaines dont quelques-unes remontent à huit années.
D'autres, plus étendues, datent de six ans.
« Le Clinton et le Cohcord seuls furent adoptés à cette époque. Ils ont, depuis,
été greffés avec diverses variétés françaises.
« Ces grefl'ages donnent depuis deux ans de belles récoltes, pouvant s'élever à
environ cent trente hectolitres.
« Les Clivions greffés conservent toujours une vigueur remarquable et nourrissent
de très beaux fruits. Les Concords^ au contraire, après avoir donné de la récolte,
succombent actuellement sous l'action de l'insecte. On peut voir telle vigne fran-
çaise qui, mourante il y a six ans, a été régénérée par le greffage fait sur elle avec
des Clintons, qui, vivant ensuite parleurs propres racines, ont pu, après la dispa-
rition de la souci e française, servir de porte- greffes à des plants français de toutes
qualités. Cette vigne est aussi belle aujourd'hui qu'avant la maladie. La double
opération du greffage a seulement laissé quelques vides, que l'on garnira aisément
cet hiver.
« Depuis cinq ans le Taylor a été beaucoup planté à Saint-Georges. Ce cépage
s'y est même développé plus vite et plus vigoureusement que le Clintoni.
L'étendue des Taylors plantés dans cette commune s'élève à environ vingt hec-
tares.
« Une plantation de Taylors d'un hectare, faite il y a cinq ans, a été greffée il y a
trois ans avec toutes sortes de variétés françaises. La partie greffée a donné l'an
passé une belle récolte et est encore cette année chargée de fruits.
«Le Jacquez de pied franc s'e^t aussi admirablement développé dans cette com-
mune où on l'a planté depuis trois ans. Il commence à porter des fruits.
« Toutes les autres variétés de cépages américains : Cunvigham, Herbemont, Ru-
landers, Solonis, Riparia, Viala, Gas'on BaziUe, Yoi^k Madeir, Oporto, Rupestris.
Cyntlnano, Black-July, Elvira, ont été ])lantées à Saint-Georges et se sont toutes
très bien développées dans ce terrain silico-ferrugineux, à l'exception du Rulander
qui meurt.
«En résumé, l'état des plantations de Saint-Georges est on ne peut plus satisfai-
sant, et vu le grand développement qu'elles prennent, il est à présumer que cette
commune récoltera sous peu les quantités et surtout la qualité supérieure que lui
donnaient autrefois les anciennes vignes. »
M. Coste vient de communiquer à l'Académie des sciences les
résultats de ses recherches sur plusieurs insectes qui s'attaquent au
phylloxéra gallicole. Ces insectes appartiennent à la grande famille
des Acariens. M. Coste a ainsi constaté que le Trombidium fuliginosum ^
le Gamasus viridis^ plusieurs Thrips, et enfin et surtout une larve du
genre Scijmnus font au phylloxéra des galles une chasse acharnée.
Malheureusement, les moyens de multiplication de ces insectes sont
beaucoup trop limités pour lutter contre la fécondité du phylloxéra,
et ils n'ont d'ailleurs aucune action contre le puceron des racines.
C'est surtout sur les galles des trois cépages américains, le Clinton,
le Viala et l'Oporto, que M. Coste a constaté la présence et l'action de
ces parasites du terrible puceron. Des études nouvelles élargiront
probablement le cadre des constatations faites déjà sur cet intéressant
sujet.
IV. — Le Phylloxéra dans le département du Gard.
Parmi les nombreux travaux sur le phylloxéra que nous avons eu
tant de fois à signaler, il en est peu qui présentent une importance
égale à celle d'une étude que vient de publier M. Dejardin, secrétaire
CHRONIQUE AGRICOLE (18 SEPTEMBRE 1880). 445
de la Commission centrale du phylloxéra dans le Gard. Faite naturel-
lement au point de vue spécial des moyens pratiques de conservation
et de reconstitution des vignobles dans ce département, elle peut être
d'une grande utilité dans beaucoup d'autres départements.
M. Dejardin passe en revue toutes les expériences tentées et les ré-
sultats obtenus par la submersion, les plantations dans le sable, les
sulfocarbonates, le sulfure de carbone et les vignes américaines. De
l'enquête à laquelle s'est livrée la Commission du phylloxéra, il résulte
que ce département comptait, avant l'invasion, 104,411 hectares de
vignes; 97,794 hectares ont été complètement détruits. Aujourd'hui
65 hectares seulement ont été traités par des insecticides, presque tous
par le sulfure de carbone; en outre, 535 hectares ont été récemment
plantés dans des terrains submersibles, 3,903 dans le sable, et 1 ,323
en cépages américains. 1 50 propriétaires ont répondu à l'enquête et
ont indiqué les résultats qu'ils ont obtenus.
Pour la submersion, ici comme partout, le succès a été complet;
d'année en année, les superficies submergées prendrontune importance
plus grande. Les populations attendent, avec une vive impatience,
l'exécution du canal dérivé du Rhône.
Les plantations dans le sable ont pris une grande extension dans la
commune désormais célèbre d'Aigues-Mortes, et dans une partie de
la Camargue. Pour l'application pratique du procédé, M. Dejardin
donne les indications suivantes :
1» Ne faire la plantation qu'après s'être assuré que le sol contient 60 pour 100
au moins de sable pur, tenu et mobile, sur une épaisseur minimum de 60 centi-
mètres.
2" Procéder à la plantation ainsi qu'on le faisait avant l'invasion du phylloxéra
(défoncement et nivellement).
3" Se bien garder de modifier la nature du sol par l'apport de terres et n'em-
ployer d'autres engrais que celui de ferme, bien consommé, ou des engrais pulvé-
rulents.
En ce qui concerne les insecticides, les applications du sulfocarbo-
nate ont été très restreintes. Mais le sulfure de carbone a donné d'ex-
cellents résultats dans un certain nombre de circonstances. « C'est, dit
M. Dejardin, de tous les insecticides, celui qui donne les résultats les
plus affirmatifs; mais il n'est utilement applicable dans le départe-
ment du Gard qu'aux terrains facilement perméables au pal, où la dif-
fusion des vapeurs sulfocarboniques ne risque pas d'être entravée par
la nature argileuse ou sablonneuse du sol, et dont le grand rendement
peut permettre une avance de fonds considérable. »
Aux yeux de l'honorable rapporteur, l'ensemble des procédés qui
viennent d'être indiqués ne peut pas être appliqué sur plus de
30,000 hectares environ; il y aurait donc 60,000 hectares de vignes
qui ne pourraient pas être reconstitués autrement que par l'emploi des
cépages américains. Il faut ajouter que, dans l'état actuel des choses,
les autres cultures sont ou impossibles ou si peu rémunératrices
qu'elles ont du être abandonnées sur la plus grande partie de cette
surface. C'est pourquoi M. Dejardin a fait sur les vignes américaines,
une étude minutieuse qui permettra aux viticulteurs de se rendre
compte exactement de la valeur de chaque cépage. La triple question
de l'adaptation des cépages au sol, au climat et à la greffe, est, en
effet, capitale. L'enquête de M. Dejardin embrasse 698 observations;
chaque point est indiqué avec le plus grand soin, afin de rendre la
446 CHRONIQUE AGRICOLE (18 SEPTEMBRE 1880).
vérificalion facile. A i'caide de ces observations, il a tracé un tableau
graphique très iiif^énieux et tout à fait nouveau, reaiermant les
courbes de végétation des douze variétés de cépages américains qui
sont les plus répandues dans le département du Gard. Ce tableau met
en pleine lumière la valeur de chaque cépa2;epour des sols déterminés,
lien ressort les conclusions suivantes qi*eM, Dejardin résume ainsi :
Clinton. — Ge cépage peut être utilement planté dans tous les terrains où la
silice domine, daus les terrains schisteux, graniticfues, dans la dolomie du lias,
dans les lerrains argilo-calcaires et d'alluvion frais, ainsi que dans les terrains
sablonneux et humides.
( 0)1 cor d. — II ne doit être planté, dans le Gard, que dans des terrains dans
lesquels la silice est dominante ainsi que dans les sols sablonneux et d'alluvion
frais ,
Cuniniiham. — Nous estimons que le Gunningham peut être planté dans tous
les terrains du Gard.
Herbemont. — L'Herbemont peut être planté dans tous les terrains du dépar-
tement, en en exceptant toutefois les terrains à sous-sols imperméables.
Jacqnez. — Le Jacquez peut être planté dans tous les teiTains, en dehors de-
ceux qui sont sujets aux brouillards et à l'humidité.
Norton s Virginia et Cynlhiana. — Ne doivent être plantés que dans les ter
rains siliceux, granitiques, schisteux et frais,
Riparia et Solonis. — Peuvent, dès aujourd'hui, être plantés dans tous les ters
rains où prospère le Clinton, et ils auront sur lui l'avantage d'être moins sensible-
aux piqûres du phylloxéra.
Taylor. — Demande les mêmes terrains que le Clinton, mais peut être utilisé
avec plus d'avantages que lui dans les terrains calcaires, argilo-calcaires, et dans
les terrains un peu secs,
Viala, Franklin , Blae clyrr. — Peuvent être fructueusement plantés dans la
généralité des sols du département, en exceptant toutefois les terrains argileux et
secs.
Nous avons analysé brièvement le travail de M. Dejardin; mais ce
que nous en avons dit suffit pour en montrer l'importance. Il faut
ajouter que toutes ses afiirmations s'appuient sur des documents et
des observations qu'il cite, absolument dignes de foi.
V. — Les maladies charbonneuses.
A plusieurs reprises, nous avons appelé l'attention des agricul-
teurs sur l'importance des recherches sur les maladies charbonneuses,
entreprises d'une paît par M. Pasteur, et d'autre part par M. Tous-
saint, professeur à l'Ecole vétérinaire de Toulouse. Dans la dernière
séance de l'Académie des sciences, M. Dumas a donné lecture d'une
lettre de M. Pasteur, dans-laquelle l'illustre savant rapporte des expé-
riences directes qu'il a faites sur la dissémination des germes du
charbon, expériences qui démontrent la réalité de ses inductions pré-
cédentes. Nous" reproduisons plus loin cette lettre, en la fais;int suivre
d'observations présentées par M. Bouley, relativement au procédé de
M. Toussaint pour l'inoculation préventive du charbon. Ces observa-
tions seront lues également avec intérêt, car elles montrent le point
oii en est actuellement cette dernière question.
VI. — Ecole praiique d'agriculture de Saint-Remy.
Le compte-rendu annuel fait par M. Gordier, sur la situation de
l'Ecole pratique d'agriculture qu'il dirige à Saint-Remy, dans le can-
ton d'Amance (Haute- Saône), a été publié il y a quelque temps. Nous
devons le signaler, comme nous le faisons chaque année, parce qu'il
renferme un grand nombre de faits intéressants. Ce compte rendu
s'applique à l'exercice 1879-1880 (l^"" mars 1879 au*29 février 1880),
CHRONIQUE AGRICOLE (18 SEPTEMBRE 1880). kk7
tant pour l'école elle-même que pour le domaine qui y est annexé.
Tout d'abord, en ce qui concerne l'école, elle est dans un état de
prospérité absolue, puisqu'elle est au complet, c'est-à-dire qu'elle ren-
ferme le nombre d'élèves qu'elle peut contenir. Les examens de sortie,
qui ont eu lieu au mois d'avril dernier, ont donné un très bon résul-
tat; 20 élèves ont obtenu leur certificat d'instruction. Aux examens
d'admission, sur 34 candidats, 30 ont été reconnus admissibles.
Quant au domaine, il est dans une situation qui n'est pas moins
prospère. En effet, il résulte des comptes publiés par M. Gordier que,
pour le dernier exercice, l'excédent des recettes sur les dépenses a été
de 1 9,608 fr. 89, dont 15,416 fr. 95 pour les cultures et 4, 191 fr. 94
pour le bétail. Le total des terres productives est de 78 hectares 44
ares ; c'est donc un bénéfice de 249 fr. 98 par hectare. Ce résultat
mérite d'appeler l'attention, d'autant plus qu'il n'est pas du à des
cultures industrielles. Sur ces 78 hectares, 24 sont en prés, 9 en
luzerne, 20 en cultures de céréales i^dont 13 en blé), 4 en pommes de
terres, 7 en vignes, 2 en jardins, et le reste en cultures fourragères.
Les étables renfermaient, au 1'"' mars dernier, 10 chevaux, 8 bœufs
de trait, 6 bœufs de rente, 43 vaches, 103 moutons et 61 porcs. Les
rendements par hectare ont été de 19 hectol. 46 pour les blés, de 26
hectol. pour l'avoine, de 125 hectol. pour les pommes de terre, de
20,000 kilog. pour les carottes, de 36,500 kilog. pour les betteraves,
de 5,654 kilog. pour les prés, de 7,686 kilog. pour les luzernes, de
25,652 kilog. pour les vesces en vert, et de 59,438 kilog. pour le
maïs fourrage en vert, enfin de 14 hectol. de vin seulement pour les
vignes. Si nous citons ces chiffres, c'est afin de montrer ce qu'une
bonne culture permet d'obtenir, même dans une année aussi médiocre
que l'année 1879. — En même temps que les tableaux des résultats
de ses cultures, M. Gordier donne des détails sur les phases de la
végétation, ainsi que sur les expériences auxquelles il s'est livré.
Quelques-unes de ces expériences offrent un grand intérêt, notam-
ment celles sur les céréales ; nous en reproduirons les résultats dans
un prochain numéro.
VIL — Le mouvement agricole en Angleterre.
La crise agricole a sévi en Angleterre comme en France; les Soeiétés
agricoles se sont occupées des moyens d'y trouver des remèdes. Plusieurs
d'entre elles ont mis au concours la question des moyens à employer.
Un de ces concours vient de se terminer par l'attribution d'un premier
prix accordé à M. Robert Bruce pour son essai, intitulé : Comment
V agriculture peut-elle être rémunératrice en Angleterre, 11 est inté-
.ressant de rechercher quelles en sont les conclusions, car elles
ont été évidemment approuvées par la Société qui l'a couronné. Tout
en affirmant que, devant les grandes ressources de l'Amérique et l'acti-
vité progressive de ses fermiers, il n'a pas grande confiance dans
l'avenir du fermier anglais, il se garde bien de demander une protec-
tion douanière; mais il ajoute qu'il est convaincu que l'agriculteur
peut lutter en adoptant de plus en plus les progrès de la science, en
augmentant son instruction, en obtenant de plus grandes libertés, en
travaillant plus et en économisant davantage. Il récapitule dans les
termes suivants, les différents moyens par lesquels le fermier anglais
peut rendre sa profession lucrative : 1 ° en attachant une plus grande
attention à ses méthodes de culture, en travaillant la terre plus qu'il
448 CHRONIQUE AGRICOLE (18 SEPTEMBRE i880).
ne le fait, imitant en cela ce que fait le jardinier; 2" en prenant plus
de soin dans le choix de la qualité de ses semences, et en observant
attentivement les effets du sol et du climat sur les sortes qu'il emploie;
3" en faisant tous ses efforts pour ne garder que des bestiaux de ijonne
qualité, en élevant un plus grand nombre de bons reproducteurs; en les
tenant avec plus de soins, et les préparant jeu nés pour l'abattoir; 4° en
donnant plus d'attention aux produits de la laiterie et delà fromagerie,
en tirant le plus possible, et en n'obtenant que des produits delà meil-
leure qualité; 5" en portant ses soins sur les plus petites choses,
telles que les fruits, les volailles et les abeilles ; 6° en faisant abroger
les lois qui entravent sa profession; 7° en obtenant la liberté de
la moisson ; 8" en obtenant la liberté de disposer au mieux de son
avantage du produit de ses récoltes. Sauf sur ces deux derniers points,
oi^i la liberté règne chez nous, ne dirait-on pas qu'il s'agit de répondre
à une enquête sur l'avenir de l'agriculture française?
VIII. — Concours de la Société royale d'agriculture d'Angleterre.
Le concours annuel de la Société royale d'Angleterre se tiendra, en
1881 , à Derby. Comme les années précédentes, il aura lieu au mois de
juillet.
IX. — Encore l'inconscient.
M. Lecouteux se plaint delà réponse que j'ai faite dans ma chronique
du 28 août à ses attaques, qui sont venues sanis rime ni raison quatre
mois après les faits qu'il a rappelés; il vient de répliquer dans six
colonnes remplies d'équivoques et de personnalités. Je ne crois pas utile
de continuer une telle discussion, d'autant plus que les agriculteurs,
j'en suis convaincu, aiment mieux me voir employer mon temps à des
recherches nouvelles ou à la propagation du progrès. Si j'ai parlé une
première fois, c'est que mon adversaire avait cherché à dénaturer
le sens des votes de la Société nationale d'agriculture. Or comme a dit
Chenier :
La défense est un droit; c'est souvent un devoir.
J'ai rempli ce devoir. J'ai rétabli la vérité. Je n'irai pas plus loin.
Je n'ajouterai qu'un mot, c'est que M. Lecouteux, en terminant son
article, reste fidèle à ses habitudes d'ingratitude et de (les agriculteurs
mettront le mot qu'ils choisiront), en donnant le coup de pied de
râneà des gens tombés dont il a naguère sollicité et obtenu les faveurs.
ce qu'il nie maintenant. Il parle de la- confiance qu'a en lui l'ad-
ministration actuelle de l'agriculture, sans se douter qu'ill'a déjà trahie.
S'il est excusable, c'est parce qu'il est inconscient de ses actes. Quant
à nous, dans le présent comme dans le passé nous donnons notre
concours à tout ce que l'administration de l'agriculture tente de bien,
sans songer à des satisfactions personnelles.
X. — Concours pour la chaire de génie rural à l'Institut national agronomique,
A la suite de sa nomination comme directeur du Conservatoire des
arts et métiers, M. Hervé Mangon a donné sa démission de profes-
seur de génie rural à l'Institut national agronomique. En conséquence,
M. le ministre de l'agriculture et du commerce a décidé qu'un con-
cours pour cette chaire serait ouvert le lundi 6 décembre prochain.
Les épreuves de ce concours seront les suivantes :
r* Epreuve. — Exposition verbale d'un projet de programme de cours, en
tenant compte de la nature spéciale de l'enseignement de l'Institut national agro-
nomiquee (Le cours compreud 5Q leçons distribuées en deux années.)
CHRONIQUE AGRICOLE (18 SEPTEMBRE 1880), 449
2" Epreuve. — Leçon sur une question de construction ou d'hydraulique agricole
après quatre heures au plus de préparation.
3« Epreuve. — Leçon sur une question de travaux et de machines agricoles,
après vingt-quatre heures de préparation.
4* Epreuve. — Manipulations comprenant l'emploi des instruments de pré-
cision employés dans les recherches de mécanique ou d'hydraulique agricole. —
Ces manipulations et expériences de précision seront faites dans un des labora-
toires du Conservatoire des arts et métiers ou à la ferme de Joinville-le-Pont,
sous la surveillance d'un membre du jury. Les résultats en seront ensuite expo-
sés par chaque concurrent devant le jury assemblé, qui pourra se faire donner à
ce sujet toutes les explications qu'il croira convenable de demander au candidat.
— Le jury déterminera le temps qu'il jugera nécessaire d'accorder pour les exer-
cices pratiques de la quatrième épreuve.
Les candidats devront : r se faire inscrire, au moins 10 jours avant la date de
l'ouverture du concours, au ministère de l'agriculture et du commerce. (Direction
de l'agriculture. — Bureau de l'enseignement agricole). — 2.° Justifier cju'Us sont
Français ou naturalisés Français, qu'ils auront vingt-cinq ans au moins à l'époque
du concours, et, s'ils appartiennent à l'armée, qu'il ont obtenu un congé pour se
présenter au concours. — Faire connaître leurs titres et travaux scientifiques.
Ces titres et travaux scientifiques compteront, comme éléments
d'appréciation, pour une valeur que le jury aura à déterminer.
XL — Vente^'de reproducteurs de race Durham.
Nous recevons de M. Le Breton, président de l'Association des agri-
culteurs de la Mayenne, l'avis qu'une nouvelle veate d'animaux re-
producteurs de race Durham, organisée par cette Association, aura
lieu à Laval, le samedi 2 octobre^prochain. Sept jeunes taureaux et
six vaches ou génisses sont déjà inscrits pour cette vente.
XII. — La production des pommes à cidre.
Nous recevons de M. Truelle, pharmacien à Trouville-sur-Mer, la
note suivante que nous nous empressons de publier :
« Je m'occupe depuis six ans de recherches scientifiques sur les pommes à cidre
dans le but d'mdiquer aux cultivateurs les meilleures espèces à planter et j'ai
besoin présentement d'établir un parallèle entre les espèces les plus estimées
provenant de pays différents
« Mais pour atteindre ce but, j'ai besoin du concours de différentes personnes,
pépiniéristes et fermiers, que de pareilles études doivent intéresser.
« A ces fins, je me propose de faire gratuitement l'analyse quantitative des
différentes espèces qui me seront envoyées, à condition toutefois :
« l°Que l'envoi soit franco et comprenne vingt-quatre fruits pour chaque espèce.
« 3° Que l'expéditeur me fasse connaître aussi exactement que possible le nom
de l'espèce (nom donné dans le pays) et les synonymes s'il en connaît-
« 3" L'âge approximatif des arbres producteurs.
« 4° La nature approximative du terrain et son exposition.
« A ces conditions je ferai les analyses qui porteront sur le sucre, la gomme,
le tannin et l'acidité.
« Je crois inutile de recommander aux personnes de ne m'envoyer que des
espèces d'éUte et deux au plus par personne, de constituer en outre un échan-
tillon moyen comme grosseur.
« De cette façon je pourrai comparer les fruits d'élite entre eux, et nul doute
qu'il n'en résulte les plus sérieux avantages pour tous ceux que la culture du
pommier intéresse au plus haut point. « A. Truelle,
^ *■ « Pharmacien à Trouviile-sur-Mer. »
Oq doit déjà à M. Truelle plusieurs travaux importants sur la com-
position des pommes et d'autres fruits, que nous avons eu l'occasion
de signaler à nos lecteurs. La nouvelle série de recherches qu'il entre-
prend donnera certainement des résultats utiles. Nous espérons qu'un
grand nombre d'agriculteurs répondront à l'appel qu il leur fait.
450 CHRONIQUE AGRICOLE (18 SEPTEMBRE 1880).
XIII. — V arboriculture fruitière.
Pendant l'hiver qui va venir, il y aura beaucoup à faire dans les
plantations d'arbres; il faudra, en effet, effectuer un grand nombre de
plantations, afin de réparer les pertes considérables que le rigoureux hiver
de 1879-80 a occasionnées dans presque toutes les parties de la France.
11 y a beaucoup de manques dans les arbres fruitiers, aussi bien que dans
ceux d'ornement. Nous venons de recevoir le catalogue de la grande
pépinière de Gromcels, de MM. Baltet frères, à Troyes (Aube). Il renferme
la liste des arbres fruitiers, des arbres forestiers, des arbres d'ornement,
des plantes vivaces de pleine terre, d'orangerie ou de serre, cultivés dans
cet important établissement, un des plus remarquables de l'Europe par
la variété et la richesse de ses produits. A l'exposition universelle de
Sidney quia eu lieu récemment, M. Charles Baltet a remporté une des
plus hautes récompenses pour les services qu'il a rendus à l'arboricul-
ture et à l'horticulture.
XIV. — Expériences sur les machines à battre.
La Société des agriculteurs de France va commencer une série d'ex-
périences qui pourront rendre de réels services à l'agriculture. La Société
vient de faire construire, sur le modèle de l'appareil employé par la
Société royale d'agriculture d'Angleterre, un dynamomètre qui per-
met de se rendre compte, avec précision, de la puissance des instru-
ments. Cette année, les expériences se feront sur les machines à
battre à grand travail. Elles auront lieu à la ferme de la Faisan-
derie, près Joinville-le-Pont, dépendante de l'Institut national agrono-
mique, dont le Directeur a bien voulu donner toutes facilités à la
Société. Le 23 septembre, la Commission procédera à l'examen des
machines en mouvement, à vide et en charge ; le 24 septembre,
examen des machines au repos. Les essais dynamométriques commen-
ceront le lundi 27 septembre. Les membres de la Société, propriétaires
agriculteurs et constructeurs, qui désireraient suivre ces expériences peu-
vent s' adresser à la Société des agriculteurs de France, 1, rue Le Peletiei'.
XV. — Les sucres et les betteraves.
Les premiers arrachages de betteraves se poursuivent avec activité
dans les départements du Nord; les râperies de racines commencent à
fonctionner. Dans une dizaine de jours, la fabrication du sucre sera en
pleine activité. Les premiers résultats constatés sont favorables tant
au rendement en poids qu'à la richesse des racines; il est vrai qu'ils
se rapportent à des betteraves semées de bonne heure -et dont la vie
végétative a eu une évolution normale. — Le Journaî officiel a publié
récemment le tableau définitif de la production du sucre pendant la
campagne 1879-1880. Le total des prises en charges exprimées en
sucre, au-dessous du n" 13, a été seulement de 307 millions et demi
de kilog.
XVI. — Les Vendanges.
Les vendanges sont commencées dans la région méridionale de la
France; dans le Languedoc et en Provence, la cueillette a commencé
du 10 au 15 septembre. Favorisé par un temps chaud, ce travail se
poursuit dans de bonnes conditions, mais les viticulteurs redoutent
l'humidité qui se produit dans quelques zones. Le Midi fait de bonnes
vendanges; elles paraissent même supérieures à ce que l'on pouvait
attendre; mais dans toutes les autres régions viticoles, la récolte sera
faible. Les ventes sur souches ont été nombreuses, cette année, aussi
bien dans le Bordelais que dans le Languedoc. J.-A. Barral.
SUR L'ÉTIOLOGIE des maladies CHARB0?TNEUSES. 451
SUR L'ÉTIOLOaiE DES AFFECTIONS GFIARBOXXEUSES^
Arbois, ce 27 août 1880.
Dans la lecture que j'ai faite récemment à l'Académie, en mon nom
et au nom de MM. Chamberland et Roui, j'ai fait connaître un ensem-
ble de résultats qui donnent la clef de l'éliologie de l'affection charbon-
neuse dans les pays où cette maladie est enzootique. Je la résume en
quelques mots : Un animal charbonneux est enfoui; le parasite^ cause
de la maladie, et dont le san^,^ est rempli, se cultive dans la terre qui
entoure le cadavre; il s'y réduit à l'état de germes. Ceux-ci seraient
inoffensifs, s'ils restaient à l'intérieur de la terre, mais les vers de terre
les ramènent des profondeurs à la surface. Alors les pluies et les tra-
vaux de la culture les répandent sur les plantes ou les eaux les entraî-
nent dans les ruisseaux quand les circonstances s'y prêtent. Ensuite
ces germes du mal pénètrent dans le corps des animaux et y dévelop-
pent le parasite infectieux.
Je veux m'efforcer d'entourer ces principes de toutes les preuves
qu'ils comportent, afin que les esprits, môme les plus prévenus en
faveur de la spontanéité des maladies transmissibles, soient obligés de
se rendre à l'évidence.
Il y a deux ans, une épizootie charbonneuse se déclara sur les vaches
d'un petit village du département du Jura, que la maladie n'avait pas
visité depuis un grand nombre d'années. Elle fut provoquée très pro-
bablement par une vache qui venait du haut Jura et qui était
charbonneuse à Tinsu du boucher qui lavait amenée.
Dans une prairie de plusieurs hectares, un peu inclinée, on a enfoui,
à 2 mètres de profondeur et à des places distinctes, trois des vaches
mortes charbonneuses au mois de juin 1 878. L'emplacement des fosses est
aujourd'hui encore parfaitement reconnaissableà deux signes physiques :
une petite crevasse, formée tout autour de la terre qui recouvre les
fosses, délimite celles-ci comme par un cercle; en outre l'herbe a poussé
plus dru sur les fosses que dans le reste de la prairie. Notez enfin que
depuis deux ans, à intervalles variables de quelques mois, nous avons
recueilli soit de la terre meuble, soit des déjections de vers de terre à
la surface des fosses, et que dans tous les cas nous y avons constaté
la présence des germes du charbon, tandis qu'à quelques mètres seu-
lement de ces fosses on n'en découvrait pas.
Comment douter que des vaches, en allant paître dans cette prairie,
ne puissent y trouver l'occasion d'y devenir charbonneuses? Mais,
comme rien ne vaut une preuve directe, nous avons fait établir sur une
de ces fosses un très petit enclos à l'aide d'une barrière- à claire-voie et
nous y avons placé quatre moutons; dans un autre enclos pareil sur le
même champ et à 3 ou 4 mètres en amont du premier, là où l'on n'avait
pas enfoui de vaches charbonneuses en 1878, nous avons installé quatre
autres moutons témoins. La double expérience commença le 18 août.
Dès le 25 août, un mouton est mort charbonneux, le sang rempli du
parasite de l'affection, dans l'enclos sur la fosse. Les moutons témoins
se portent très bien. Quelle saisissante démonstration de la théorie que
j'ai rappelée tout à l'heure, et combien est évidente la prophylaxie de
l'affection charbonneuse !
Permettez-moi, avant de terminer, de vous faire uneautre confidence.
* Communication à l'Académie des aciences. - Voir le Journal du 31 juillet, p. 173 de ce volume.
452 SUR L'ÉTIOLOGIE DES MALADIES CHARBONNEUSES.
Je me suis empressé, également avec le concours de MM. Chamber-
land et Roux, de vérifier les faits si extraordinaires que M. Toussaint,
professeur à l'Ecole vétérinaire de Toulouse, a annoncés récemment à
l'Académie. Sur la foi d'expériences nombreuses et qui ne laissent pas
place au doute, je puis vous assurer que les interprétations de M. Tous-
saint sont à reprendre. Je nesuispas davantage d'accord avec M. Tous-
saint sur l'identité qu'il affirme exister entre la septicémie aiguë et le
choléra des poules. Ces deux maladies diffèrent du tout au tout.
L. Pasteur,
membre de l'Institut et de la Société nationale d'agriculture.
Je crois devoir profiter de l'occasion qui m'est offerte parla commu-
nication de M. Pasteur, pour donner à l'Académie quelques renseigne-
ments sur les expériences de M. Toussaint, en cours d'exécution.
L'Académie se rappellera peut-être qu'après l'ouverture du paquet
cacheté, où M. Toussaint avait exposé son procédé d'inoculation préven-
tive contre le charbon, M . Marey m'ayant demandé comment M. Toussaint
interprétait le mode d'action du liquide avec lequel il vaccinait les
moutons, je lui répondis qu'il y avait dans la communication de
M. Toussaint deux questions qu'il fallait disjoindre, celle de fait et
celle d'interprétation, que sur celle-ci il pourrait y avoir des diver-
gences d'opinion, mais que, si l'autre était établie et démontrée rigou-
reusement vraie par l'expérimentation, ce serait là la chose principale
au point de vue pratique; qu'après tout, ce n'était pas une question
absolument éclaircie que celle du mode d'action de la vaccine comme
préservatif de la variole, mais qu'on n'en bénéficiait pas moins de son
action préservatrice.
Les premiers faits recueillis par M. Toussaint, dans son laboratoire,
me paraissant démontrer qu'il avait réussi à vacciner des moutons
contre le charbon, j'ai demandé à M. le ministre de l'agriculture, qui
a bien voulu l'accorder, d'autoriser M. Toussaint à faire l'essai de son
vaccin sur une vingtaine de sujets du troupeau d'Alfort. Sur les vingt
animaux soumis à cette épreuve, quatre périrent dans les quatre pre-
miers jours, et leur autopsie démontra qu'ils étaient morts par le
charbon. C'était là la preuve que le liquide inoculé n'était pas destitué
de bactéridies. M. Toussaint, en présence de ce fait, qu'il apprit à son
retour de Cambridge, fit ses réserves à Reims devant les membres de
l'Association pour l'avancement des sciences, à l'endroit de l'interpré-
tation que pouvait comporter l'action de son liquide vaccinal.
De son côté, M. Pasteur, une fois connu le procédé de M. Toussaint,
fit faire des expériences de vérification à l'Ecole Normale par ses colla-
borateurs; il en fit lui-même dans le Jura, et il a eu la délicatesse de
s'abstenir de toute critique détaillée pour laisser à M. Toussaint le soin
de se contrôler lui-même.
Quoi qu'il en soit de la nature du liquide dont M. Toussaint s'est
servi pour pratiquer l'inoculation préventive du charbon, je crois que
les faits déjà constatés autorisent à admettre que cette inoculation est
réellement préventive ou, autrement dit, qu'elle investit de l'immu-
nité les moutons qui ont résisté à son action. Ainsi M. Toussaint a
actuellement à Toulouse dix moutons et un lapin qui sont invulnéra-
bles par le charbon. A Alfort, sur les seize moutons survivants à l'ino-
culation vaccinale, deux ont été inoculés avec un charbon très actif
sans en rien ressentir. Un lapin, témoin, inoculé avec le même virus.
SUR L'ÉTIÙLOGIE DES MALADIES CHARBONNEUSES. 453
y a succombé. Voilà donc treize sujets qui témoignent actuellement
des propriétés préventives de l'inoculation faite d'après le mode con-
seillé par M. Toussaint. Ces expériences vont être continuées avec les
autres moutons vaccinés, et la présomption est bien grande qu'elles
réussiront comme sur les deux premiers, car ils ont été malades
comme eux, à la suite de l'insertion du viras réputé vaccinal. Si tous
ces animaux résistent à l'épreuve de l'inoculation charbonneuse, à
laquelle ils vont être soumis, la question expérimentale sera définiti-
vement jugée dans le sens affirmé par M. Toussaint, c'est-à-dire de
l'immunité sûrement donnée par une inoculation préventive.
Restera la question pratique, celle de l'application de la vaccination
aux troupeaux pour les rendre inattaquables par le charbon dans les
pays où sévit cette maladie. Pour faire entrer cette vaccination dans
la pratique, une condition est indispensable : c'est que l'activité du
virus préventif soit maintenue, par son mode de préparation, dans
une telle mesure qu'il ne produise toujours que des effets bénins, ou,
autrement dit, que la maladie qu'il donne soit supportable pour l'or-
ganisme et qu'il puisse la surmonter. C'est là le problème à résoudre,
et il sera résolu, j'en suis convaincu, par l'expérimentation. Une fois
la pratique en possession de cette ressource conservatrice, bien des
pertes seront épargnées à l'agriculture, qui sera redevable à la science
d un grand service de plus.
J'imagine que, une fois que l'inoculation préventive contre le
charbon sera devenue pratique, on pourra réussir à faire, non pas des
races, mais des générations réfractaires au charbon, en s'inspirant du
fait si intéressant, que M. Chauveau a signalé, de la complète immu-
nité contre le charbon des agneaux qui naissent de mères inoculées
dans les derniers mois de la gestation. On sait, d'après les expériences
de M. Chauveau, que, si les races algériennes sont réfractaires au
charbon en ce sens qu'elles lui résistent, elles ne laissent pas d'en
ressentir les effets, se traduisant, après l'inoculation, par l'élévation
de la température du corps, les engorgements ganglionnaires et même,
chez quelques sujets, par la tristesse, l'inappétence, etc. Ce sont là les
signes de l'infection bactéridienne, dans un milieu qui n'est pas favo-
rable au développement de la bactéridie. Or, de ces signes, aucun
n'apparaît sur l'agneau né d'une mère inoculée à la dernière période
de la gestation. Sur lui, l'inoculation reste absolument stérile. Son
organisme a acquis l'immunité en même temps que celui de sa mère,
car il est remarquable que, si les moutons réfractaires de l'Algérie
sont sensibles à une première inoculation charbonneuse, ils deviennent
insensibles à toutes les autres. C'est encore ce que démontrent les
expériences de M. Chauveau. Gela étant, supposons que nous soyons
en possession d'un liquide d'inoculation si bien mesuré dans son
intensité, qu'il fasse l'office d'un véritable vaccin : rien ne serait
simple comme de pratiquer l'inoculation préventive sur les mères à la
dernière période de la gestation. On ferait d'une pierre deux coups;
l'inoculation pratiquée aux mères serait préventive pour elles-mêmes
et pour leurs fœtus, et, quand ceux-ci viendraient au monde, ils se
trouveraient comme naturellement blindés contre le charbon. Toutes
ces espérances sont autorisées, et j'ai, pour ma part, une grande foi
dans leur réalisation. H. Bouley,
Membre de l'Institut et de la Société nationale d'agriculture.
454 SUR LE GREFFAGE AÉRIEN DE LA VIGNE.
SUR LE GREFFAGE AÉRIEN DE LA VIGNE
PAR ÉGLJSSON PLEIN *.
La greffe de la vigne à l'air libre, si elle devenait pratique, aurait
des avantages qu'il est inutile d'énumérer. Mon ambition aujourd'hui
serait que mes essais dans ce but, très incomplets encore, fussent repro-
duits et par conséquent jugés dès cette année, que le résultat en soit
des yeux poussants, des yeux dormants, ou un insuccès final.
Il s'agit d'une greffe à écusson plein, celui-ci pouvant être introduit
sur jeune bois de bas en haut ou de haut en bas: j'en ai même inséré
de renversés qui ne paraissent pas s'en porter plus mal.
La constitution des bourgeons de la vigne ne permettant pas de
cerner et de détacher, au moyen d'une pression oblique, des écussons
pouvant être ramenés à une surface plane, voici comment je me les
procure, en utilisant des précédents sur d'autres bois, même durs.
Ayant choisi sur une jeune branche un nœud qui me convienne
à raison de la direction du bois adjacent, je l'isole par deux coups de
sécateur, en lui laissant un centimètre de tige environ au-dessus et au-
dessous du nœud; je divise le tronçon dans le sens de sa longueur; je
diminue particulièrement à ses extrémités la partie à conserver, en ne
laissant d'un bout à l'autre que très peu de mœlle, et en observant le
plus possible que l'envers du greffon représente une surface plane ou
légèrement creuse, non déviée dans le sens de sa longueur; et j'insère
par glissement forcé après avoir soulevé l'écorce du sujet autant qu'il
est nécessaire. — Il va sans dire qu'on laisse une partie du pétiole.
J'attache avec des rubans de caoutchouc d'un demi-centimètre de
large et d'une douzaine de centimètres de long, dont le milieu est d'abord
posé sur l'incision transversale, et qui se croise avec soin sur les deux
parties inférieure et supérieure de l'œil, de façon à ce que celui-ci soit
particulièrement appuyé sur le bois du sujet (la coaptation des parties
plus minces du greffon est obtenue dans tous les cas), et je fais un
double nœud.
Je ne crains pas de tirer assez fort les rubans de caoutchouc, qui
prennent d'abord vigoureut^ement, mais qui ne tardent pas à se détendre
par la diminution de leur élasticité, résultat dû sans doute en partie à
l'action du soleil. Il est certain que si, au bout de deux ou trois jours,
on dénoue le lien, il se rompt à la moindre traction et n'est plus utili-
sable. Un peu plus tard, à moins que la greffe ne soit à l'ombre, il peut
se rompre de lui-même, inconvénient auquel il faut parer.
Je note que le plus grand nombre des sarments présentent sur un
point de leur pourtour un plat plus ou moins marqué : c'est le lieu
d'élection pour la greffe, quand il existe.
Toutes les espèces de vigne ne se prêtent paségalement à se laisser
façonner en greffon au moyen de l'instrument tranchant. lien est dont
l'œil proéminent est trop large pour être contenu entre les deux listes
de la fente longitudinale. J'ai essayé détourner la difficulté en prenant
sur les vignes le bois des bourgeons anticipés ou des rameaux secon-
daires qui ont poussé à l'aisselle des feuilles. Ce bois, quoique menu,
est plus formé, plus maniable que celui des branches maîtresses vers leur
extrémité, où ce dernier, làoii Userait utilisable, présente déjà la même
forme incommode signalée ci-dessus. — Je saurai plus tard ce qu'on
1. Communication à la Société d'agriculture ie A^aucluse.
SUR LE GREFFAGE AÉRIEN DE LA VIGNE. 455
peut attendre du bois des bourgeons anticipés, lesquels d'ailleurs sont
remplacés, à leur base, par d'autres bourgeons d'attente, ce qui est
nécessaire, mais peut compliquer la question.
Il ne s'agit nullement ici d'un résultat obtenu, d'un desideratum
comblé, mais d'une tentative pour laquelle je sollicite, en temps utile
encore, le concours de ceux de mes collègues qui voudront bien prê-
ter leur attention à ce qui n'est et ne peut être, pour le moment, qu'une
simple note. D"" Saurel.
DEUX GRANDES CHARRUES
A plusieurs reprises, nous avons appelé l'attention sur les excellentes
charrues, de toutes forces, construites par M. Bajac, constructeur-mé-
canicien à Liancourt(Oise), dont la maison a été fondée par M. Delahaye.
Aujourd'hui, voici deux charrues dont l'emploi se recommande pour
les grands travaux.
La charrue double, dite charrue défonceuse (fig. 29), est construite
Fig. 29. — Charrue double, dite défonceusej de Bajac-Delahaye.
toute en fer et acier de première qualité. La tête et les autres pièces,
qui généralement sont en fonte, sont également en fer forgé. Le ver-
soir est d'une seule pièce et les socs, pris par trois boulons aux ceps,
sont aussi reliés à l'âge par deux lames en acier ou couteaux,
de telle façon que quand la charrue rencontre un obstacle, il n'y a
rien qui puisse forcer le corps principal. Les trois autres contres
entrent progressivement dans la terre de manière qu'une seule paire
ne supporte pas toute la force de traction. Ils sont aussi maintenus
sur Tâge par une pièce à crans en fer forgé glissant en avant ou
en arrière de la charrue. Le système de tirage à tête refoulante per-
met à cet instrument, même à son maximum de profondeur, de ne
jamais marcher de bec, suivant l'expression consacrée, c'est-à-dire
que le talon porte toujours dans le creux du sillon.
456
DEUX GRANDES CHARRUES.
Cette charrue de dimensions extraordinaires, puisqu'elle a 1'°.92
de hauteur, peut labourer à 70 et 75 centimètres de profondeur en
prenant une largeur de bande de 80 à 90 centimètres. Dans les terres
caillouteuses, elle atteint facilement GO à 65 centimètres de profon-
deur et la bande est parfaitement bien retournée.
Elle est spécialement employée dans le Midi pour la plantation de
la vigne. On peut la voir fonctionner chez M. Henri Aguillon, proprié-
taire du domaine de Cliibron, près Signes (Var).
Elle peut être traînée, soit par des bœufs, soit par des chevaux ou
des mulets, soit môme mue par un manège ou à la vapeur.
La charrue à vapeur (fig. 30) diffère de toutes celles fabriquées
Fig. 30. — Charrue à vapeur toute en fer et acier, construite par M. Bajac-Delahaye.
jusqu'à ce jour par son genre de construction. Le bâti est en fer très
fort dans l'âme principale, et au lieu que les parties qui le composent
soient seulement rivées l'une sur l'autre, elles sont d'abord encastrées
et fortement rivées ensuite. De cette façon, on lui enlève la flexibilité, et
lorsque l'un des socs rencontre un obstacle, rien ne se force dans le
bâti. A l'endroit du support des roues, les organes se trouvent égale-
ment reliés par une double rangée de T rivés sur le bâti.
Les étançons sont en fer forgé et sont maintenus sur le bâti par
deux forts boulons et un étrier à double vis, afin de pouvoir régler cha-
cun des socs indifféremment même dans la marche ; le boulon du
derrière de l'étançon passe dans un trou à coulisse. Les contres sont
fixés sur le bâti au moyen d'un fer à U encastré dans la rainure des
parties du bâti supportant les étançons. Les chapes, boulons et sup-
ports des leviers de changement de direction des roues de la charrue,
sont également forgés en acier.
Le modèle ci-dessus est à six socs ; mais, suivant la commande, on
DEUX GRANDES CHARRUES. 457
en fabrique à 2, 4, 6, 8 et 10 socs. Toutes les charrues livrées jusqu'à
ce jour ont été fabriquées pour M. Debains, pour son système de labou-
raoe à vapeur avec une seule machine. Au concours régional de Melun
oii elles ontobtenu le premier prix, médaille d'or, elles étaient présentées
par M. Debains.
L'importante usine de Liancourt, pendant la campagne de 1880, a
été en concurrence avec toutes les maisons françaises et étrangères.
Pour ses brabants doubles et simples, ses bisocs, ses trisocs, ses
bineuses, sesextirpateurs, etc., elle compte comme récompenses aux
concours régionaux et de comices, savoir ; 1" grand prix, diplôme
d'honneur à l'exposition de Melun, 15 premier prix médailles d'or et
3 d'argent, 4 médailles d'argent, 2 médailles de bronze, 2 mentions
honorables pour joug articulé, et plusieurs primes.
Henry Sagjmer^
ETUDES VITICOLES
LE DÉVELOPPEMENT DES RACINES.— LA FORMATION DU SUCRE
DANS LE RAISIN.
Le développement des racines de la vigne est une question impor-
tante en viticulture. Gomme les jeunes racines contribuent puissam-
ment à la nutrition, le vigneron doit s'efforcer de favoriser leur for-
mation. 11 est donc utile de connaître les éléments qui concourent au
développement des racines. Un de mes homonymes allemands, le
docteur MuUer-Thurgau vient de publier sur ce sujet dans les Annalen
der OEnologie des études intéressantes que je vais résumer pour les
lecteurs du Journal de l'agriculture.
La racine, ainsi que les autres organes, est formée de cellules qui
ont une enveloppe et un protoplasma. L'enveloppe est de la cellulose,
et le protoplasma de la matière protéique. On sait que, sous l'inQuence
de la lumière et de la chaleur, la fécule se forme dans les feuilles aux
dépens de l'acide carbonique de l'air et de l'eau. Cette matière amy-
lacée se convertit ensuite en sucre, et se rend des feuilles dans les
différents organes, jusque dans les racines. Arrivé dans les racines,
le sucre se transforme en cellulose. Mais le protoplasma exige des
matières azotées. Jusqu'ici on ne savait pas si la protéine se forme
seulement dans les feuilles ou si elle peut encore se produire ailleurs,
par exemple dans les racines, par la combinaison des hydrates de
carbone et de sels renfermant de l'azote. Le savant professeur de
Geisenheim fit germer dans de l'eau distillée du maïs, du blé, des
haricots et des grains de raisin; il enleva les radicelles produites par
la germination, sauf les deux plus fortes; il disposa ensuite un appa-
reil de manière à plonger chacune des deux racines dans un autre
verre ; il mit dans l'un des verres de l'eau distillée et les substances
nécessaires à la nutrition, dans l'autre aussi de l'eau, mais sans sel
renfermant de l'azote. Si la protéine ne se forme que dans les feuilles
par l'union des hydrates de carbone et d'un sel nitré ou ammoniacal,
les matières protéiques descendent des feuilles dans les racines et les
deux racines doivent se développer également; si au contraire la pro-
téine peut se produire dans la racine, la radicelle plongée dans la;dis-
solution ammoniacale ou nitrée, doit prendre un développement plus
rapide, être plus riche en protoplasma, et l'autre radicelle doit rester
beaucoup plus faible. Le docteur Muller-Thurgau prétend être arrivé
458 ÉTUDES VITICOLES.
à des résultats concluants ; il a fait de nombreuses expériences et les
a renouvelées dans le sable et la terre. Les cellules des racines forment
leur protoplasma; elles tirent les hydrates de carbone des feuilles,
les sels ammoniacaux ou nitrés des milieux où elles sont plongées.
Au point de vue de la culture, nous favorisons donc le développement
des racines en nous servant d'engrais artificiels, nitrates et sels am-
moniacaux. Le docteur MuUer-Thurgau continue aujourd'hui ses
expériences dans un vignoble.
Dans le même numéro des Annalen der OEnologie, le docteur Thur-
gau publie un autre mémoire où il étudie la formation du sucre dans
le grain de raisin. C'est avec la fécule que les plantes produisent le
sucre. La fécule se forme dans les parties vertes; étant insoluble, elle
ne peut pas se déplacer; elle se transforme en sucre et c'est sous ce
nouvel état qu'elle exécute sa migration vers les divers organes, et va
concourir au développement des racines et de la tige. Comment le
sucre se produit-il dans les raisins? Naît-il dans les grains verts ou
vient-il des feuilles? La production a lieu dans les feuilles, elle est
presque insignifiante dans les grains de raisin. L'auteur disposa des
appareils autour de ceps de manière à laisser après la floraison des
raisins dans l'obscurité. Les grains, soustraits à l'influence de la lu-
mière, ne pouvaient pas produire de matière amylacée; le sucre pro-
venait donc des feuilles éclairées. Ces raisins arrivèrent aussi vite à
la maturité que ceux du même cep qui étaient restés exposés à la
lumière, ils renfermèrent autant de sucre. La production directe dans
le grain est presque nulle.
Sous l'influence de la lumière et de la chaleur la fécule se forme
dans les parties vertes, aux dépens de l'eau et de l'acide carbonique.
Dans l'obscurité cette matière amylacée disparaît rapidement; en
partie elle donne du sucre, et en partie elle sert à la respiration. Isolez
une feuille, plongez le pétiole dans l'eau, et mettez alors cette feuille
dans un lieu obscur; bientôt la fécule a disparu. Replacée à la lumière,
au bout de 45 minutes, elle renferme de nouveau des quantités sen-
sibles de fécule.
La présence de la fécule se reconnaît parfaitement au microscope;
elle se constate aussi macroscopiquement. Il faut dissoudre la chlo-
rophylle dans l'alcool, plonger ensuite la feuille dans une lessive de
potasse. La feuille ainsi préparée est traitée par la teinture d'iode qui
donne la réaction caractéristique.
La fécule se transforme dans les feuilles en sucre qui se rend dans
les nervures et le pétiole, de là dans les différentes parties de la plante,
dans la grappe. Le sucre peut se retransformer en fécule, notamment
dans les pétioles; mais une fois arrivé dans le grain, il reste à l'état
de sucre. L'auteur admet que la transformation de la fécule en sucre
a lieu sous l'influence des acides végétaux, mais il ne cite pas d'expé-
rience à l'appui de son opinion.
Le docteur Muller-Thurgau termine son travail en donnant quelques
conseils pratiques. Le vigneron doit chercher à favoriser la produc-
tion de la fécule, source du sucre. Suivant notre docteur, comme l'éla-
boration se fait dans les feuilles, la surface foliacée doit être la plus
grande possible. Dans ma pratique viticole, j'ai depuis longtemps con-
damné l'effeuillage et je m'en suis toujours bien trouvé. Les feuilles
doivent être exposées à la lumière. A l'obscurité les feuilles non seu-
ÉTUDES VITIGOLES. . 459
lement ne produisent pas de fécule, mais encore elles consomment
celle qu'elles possèdent. Les raisins ne doivent pas être soumis directe-
ment à l'action du soleil; exposés à la lumière directe, ils renferment
moins de sucre. C'est une raison de plus pour abandonner l'effeuillage.
Paul MULLER,
Correspondant de la Société nationale d'agriculture.
LES PARCS ET LES JARDINS
C'est à la fin de l'automne et durant l'hiver que se font, dans les
jardins ou dans les parcs, les travaux de transformation, d'appropria-
tion, etc. Ces opérations permettent de donner du travail à un certain
nombre d'ouvriers ruraux que la saison prive de labeur dans les champs.
La sollicitude avec laquelle ils prennent leurs mesures pour utiliser,
en tout temps, la main-d'œuvre autour d'eux, est une des vertus les
plus recommandables de quelques grands propriétaires dans plusieurs
parties de la France. Mais, pour faire avec goût les travaux dont nous
parlons, il faut avoir un guide; l'art des jardins a ses règles qui varient
naturellement suivant les circonstances, et qu'il faut savoir observer.
On ne peut pas toujours avoir recours aux lumières d'un architecte ou
d'un ingénieur spécial, surtout lorsqu'il s'agit de jardins d'une petite
étendue. Dans ce cas, il faut consulter les ouvrages spéciaux dus à
des hommes habiles, connaissant bien les difficultés de l'art, l'ayant
pratiqué avec succès, par conséquent absolument en état de montrer
ce que l'on peut exécuter dans telle ou telle circonstance.
A cet égard, le Traité général de la composition des parcs et jardins
dû à M. Edouard André, est certainement l'ouvrage à la fois le plus
récent et le plus complet que le propriétaire puisse consulter *. Déjà,
l'année dernière, le Journal de r agriculture l'a présenté à ses lecteurs ;
nous n'avons donc pas à répéter ici ce qu'il renferme. Mais nous avons
pensé utile de rappeler à nos lecteurs qu'ils peuvent y trouver une foule
de documents, de modèlespropres àinspirer ou au moins à exciter le goût
de ceux qui veulent faire transformer un parc ou un jardin. Le goût est
certainementune qualité innée; mais c'est une qualité qui profite beau-
coup de l'éducation qu'elle reçoit, comme d'ailleurs toutes les qualités.
L'imagination qui aurait tendance à se laisser emporter à des conceptions
plutôt bizarres que réellement belles, sera redressé par la vue des bons
modèles, et elle y trouvera la source d'inspirations meilleures. Et ce qui
est vrai pour les grands espaces, l'est aussi bien pour les jardins de faible
étendue. Il faut autant de goût, peut-être plus, pour bien tracer un jardin
de quelques ares ou dizaines d'ares au plus, que pour coordonner
un parc de plusieurs dizaines d'hectares; sur un petit espace, les défauts
apparaissent bien plus rapidement, et, d'un autre côté, ils sont plus dif-
ficiles à réparer.
Afin de montrer que le goût peut servir de guide dans toutes les
circonstances, nous empruntons à l'ouvrage de M. André les dessins
et la description de trois modèles répondant, en quelque sorte, aux
trois types du grand jardin, du moyen et du petit jardin.
Voici d'abord (fig 31) le plan d'un parc dont lui-même a été l'archi-
tecte dans l'île de Guernesey. Cette propriété est située sur le sommet
d'un coteau. Des vues admirables parlent de la terrasse M et de l'un
1. Un volume grand in-8 de 886 pages, avec U planches en chromolithograhie et 520 figures
dans le texte. A la libraire de G. Masson 120, boulevard Saint-Germain, à Paris.
460
LES PARCS ET LES JARDINS.
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Fig. 31. — Parc dessiné dans l'île de Guernesey par M. Edouard André.
LES PARCS ET LES JARDINS.
461
des bancs placés autour du château A. A l'entrée I, des massifs de
chênes verts et d'arbustes à feuilles persistantes encadrent le petit
jardin qui donne sur la rue. Les écuries, les remises, la maison du
jardinier sont hors de la vue, à l'extrémité du jardin fleuriste; sur le
côté gauche de ce parterre, un rosarium demi-circulaire est dessiné
devant les serres E. A partir de 1 1 terrasse M, entourée de massifs d'ar-
bustes, la seconde partie du parc offre un caractère tout différent. Une
allée courbe, passant auprès du kiosque F, reste d'abord engagée entre
des massifs toujours verts où un ravin parsemé de roches a permis de
i;rouper un grand nombre de jolies plantes de rocailles croissant à l'ombre .
La ferme, située près de ce chemin, est cachée par les arbres. Un sentier
étroit conduit, en G, à un rocher ombragé par des hêtres séculaires, et
d'oii sort une source naturelle qui forme un ruisseau allant alimenter
462
LES PARCS ET LES JARDINS.
un bassin assez étendu H. On voit, par cette description que nous em-
pruntons presque textuellement à M. Edouard André, par quelle sim-
plicité un homme habile peut atteindre de très beaux résultats.
Le deuxième modèle (fig. 32) n'a pas plus d'un hectare de super-
ficie. Voici la légende du plan : A, maison d'habitation; B, dépen-
dances; C, lapinerie; D, poulailler; E, écuries et remises; F, cour
des communs; G, H, entrées principales ; I, entrée secondaire; J, L,
Fig. 33. — Plan d'un petit jardm d'agrément.
salles vertes; K, pont; M, rocher et cascade; N, pêcherie; P, corbeilles
de fleurs. L'habitation est entourée de quatre massifs de fleurs; une
pelouse la sépare des communs. Les espèces d'arbres et d'arbustes
y sont multipliées, et produisent une grande diversité par le con-
traste des feuillages, l'abondance et l'éclat des fleurs.
La plantation de petits jardins, et surtout de ceux de ville, tels que
celui représenté par la fig. 33, demande des soins particuliers. Ce jar-
din n'a pas plus de 14 ares; on voit, en A, l'habitation; en B, une
serre; en C, une volière; en D, une butte avec un kiosque; en E, un
gymnase; en F, un banc. L'entrée est en G, et la sortie en H. La plu-
part des massifs sont formés par des arbres à feuilles persistantes, et
les espèces ont été choisies parmi les plus rustiques.
LES PARCS ET LES JARDINS 463
Ces trois exemples suffisent pour montrer combien le goût bien
dirigé permet de tirer parti des circonstances les plus variées, et d'y
obtenir de très bons résultats. J. de Pradel.
UNE EDUCATION DE VERS A SOIE EN 1880
On dit que l'élevage des vers à soie n'est plus avantageux, même
quand la réussite est complète, c'est-à-dire quand on arrive à obtenir
50 kilog. à l'once de 25 grammes : c'est là une erreur. Il convient, au
contraire, de conserver et de propager l'élève des vers à soie. Nous
nous proposons d'indiquer, dans cette note, les moyens qui paraissent
les meilleurs pour obtenir un bon résultat.
I. — Inutile de dire qu'avant tout, il faut se procurer d'excellente
graine, examinée au procédé indiqué par M. Pasteur. Trop souvent
les paysans opèrent de la manière suivante : si une éducation a obtenu
un bon résultat, ils gardent et mettent à l'éclosion de la graine de
cette éducation sans se préoccuper si elle est exempte de pébrine.
II. — La graine ayant été bien examinée, il ne faudra faire que de
trh petites éducations. Mais il convient de s'entendre sur les mots
faire une petite éducation. Le plus souvent le paysan fait une once
de graine ou 25 grammes dans une cuisine ou dans une chambre qui
ne devrait pas contenir plus de 12 grammes. Les Italiens n'admettent
pas une surface moindre de 45 mètres carrés par once, et le plus sou-
vent nos paysans n'ont pas une surface de 30 mètres par once. Cette
année, dans une grande salle ayant 30 mètres de longueur sur 1 1 mè-
tres de largeur et environ 4 mètres de hauteur, nous avons élevé
4 onces, soit 1 00 grammes de graine, et nous avons affecté par once
une surface de 90 mètres. Le résultat a été, pour les 100 grammes,
220 kilog. de cocons, soit 55 kilog. par once. Il ne suffit pas de don-
ner de l'air et de l'espace aux vers, il faut de plus les placer sur des
étagères très étroites, afin de pouvoir les soigner plus facilement. En
général, les étagères ont de l'^.ôO à l'^.ôO de largeur; elles ne de-
vraient avoir que 0™.90 de largeur, 1 mètre au plus; avec ces dimen-
sions, les ouvrières peuvent plus facilement circuler autour, surveiller
les vers et leur donner tous les soins nécessaires.
III. — Donner aux vers à soie de la feuille qui ne soit pas^ trop
grasse. Les Italiens obtiennent ce résultat en ne taillant les mûriers
que tous les trois ou quatre ans.
Et puisque nous avons parlé des Italiens, nous ajouterons que si
les journaux ou les ouvrages italiens qui traitent la question des vers
à soie étaient plus répandus et mis à la portée de tous, par des traduc-
tions qui en faciliteraient la lecture, nos éducateurs obtiendraient de
bien meilleurs résultats. Dans nos pays du Midi, on s'est trop préoc-
cupé de l'agriculture anglaise et de ses méthodes, laissant beaucoup
trop dans l'ombre l'agriculture italienne qui, en somme, se rapproche
beaucoup plus de celle qui doit être suivie chez nous.
IV. — En général, les éducations sont faites beaucoup trop à l'abri
de l'air; il faut de l'air, beaucoup d'air, mais il faut soigneusement
éviter de le renouveler en établissant des courants d'air directs; cette
fâcheuse habitude fait souvent échouer les éducations après la qua-
trième mue.
V. — Changer très souvent les litières, éviter les fermentations
même légères, ne jamais donner de la feuille trop humide ou même
464 UNE EDUCATION DF VERS A SOIE EN 1880.
fraîche, c'est-à-dire au moment même où elle ^ient d'être cueillie;
mieux vaut faire marcher l'éducation avec une lenteur relative que
de l'accélérer, en chauffant avec excès la salle où on élève les vers.
VI. — Sans abandonner ce que depuis plusieurs années nous ne
cessons de faire et de recommander, c'est-à-dire les petites éducations,
nous avons tenu cette année à élever h onces dans le même local et la
réussite a été complète. Voici comment nous avons opéré : le local qui
a servi cette année à l'éducation était primitivement et à l'ordinaire
destiné à un atelier de tissage; il a 30 mètres de long sur 11 mètres
de large. Les fenêtres qui éclairent ce local ont environ 2"\40 de lar-
geur sur 3 mètres de hauteur, elles sont orientées de l'est à l'ouest;
de grands rideaux en simple toile empêchaient les rayons du soleil de
frapper les vers. Les portes d'entrée sont très grandes, ce qui amène à
introduire beaucoup d'air à la fois quand on les ouvre. On s'est servi
de planches posées à plat sur des montants en bois de pin. Chaque
montant soutenait cinq étagères. La distance entre chaque étagère
était de 0™.60 environ. La largeur de chaque étagère n'était que de
O^.OO, afin de pouvoir bien surveiller les vers de chaque côté. On a
changé très souvent la litière. La feuille qu'on a donnée aux vers est
arrivée presque constamment par charrette; elle mettait quatre heures
en route. Lorsqu'elle arrivait, on avait soin de l'étendre pendant quel-
ques heures, afin de l'aérer complètement. Nous avons soin de faire
remarquer que la feuille avait voyagé, afin de faire voir que les vers
n'en ont pas éprouvé de désagréments; nous démontrons ainsi, ce que
nous disions plus haut, qu'une feuille donnée aux vers immédiate-
ment après avoir été cueillie, est souvent trop humide et par suite
peut leur faire mal. Les vers sont nés le 12 avril, et l'éducation a
été termméele 1*''juin. Elle a été visitée par les élèves de l'Ecole d'agri-
culture de Montpellier, accompagnés de plusieurs de leurs professeurs,
qui ont pu constater la beauté des vers et l'absence de toute maladie.
La surface occupée par les vers, au moment où l'on a mis à la bruyère,
a été de plus de 90 mètres carrés par once de 25 grammes. La quan-
tité de feuilles consommée par les quatre onces depuis la quatrième
maladie jusqu'à la fin de l'éducation a été de 3,600 kilog., soit
900 kilog. par once. Cette quantité paraît très considérable, et, en
réalité, elle est nécessaire, si on considère le résultat obtenu qui est de
220 kilog. pour 100 grammes, soit 55 kilog. de cocons par once de
25 grammes. Grâce à l'heureuse disposition du local, muni d'un
grand nombre d'ouvertures et situé en pleine campagne, dans la com-
mune d'Aspiran, on a pu aérer la pièce sans établir un courant d'air
trop sensible. Quelques-uns des mêmes vers, qui étaient élevés dans
un long couloir de 30 mètres de longueur et de 2 mètres de largeur,
ont donné quelques vers gras; nous attribuons ce résultat, si restreint
qu'il ait été, au courant d'air qui existait dans ce couloir. Chaque
kilog. de cocons contenait 4 84 cocons; ce petit nombre de cocons au
kilog. affirme l'excellence du résultat. La graine mise à l'incubation
avait été fournie par M. Journet, du Vigan. Elle provenait d'un éle-
vage fait dans le Roussillon. Les cocons étaient jaunes, très fins de
qualité et très fermes. Etudiés au microscope, peu de temps avant la
sortie des papillons, ils ont été trouvés parfaitement exempts de cor-
puscules. Un certain nombre ont donc été livrés au grainage. La
même graine mise en éducation dans deux fermes au domaine de Vil-
UNE ÉDUCATION DE VERS A SOIE EN 1880. 465
leneuvelte a été loin de donner un aussi bon résultat. Après la qua-
trième mue, il Y a eu maladie de la flacherie et des vers gras. La con-
clusion de ce qui précède est que, avec la même graine, c'est-à-dire
avec une graine qui a été reconnue bonne par le procédé de M. Pas-
teur, on peut avoir des insuccès si on ne prend pas toutes les précau-
tions voulues. Du reste, il est reconnu que le procédé de M. Pasteur,
excellent pour la constatation des corpuscules, ne garantit ni de la
flacherie ni des vers gras, accidents que nous ne pouvons attribuer
qu'à l'insuffisance de soins et à une aération insuffisante ou mal
entendue.
Le beau résultat obtenu dans l'usine de Garrigues vient de ce que le
local était non seulement neuf, maishygiéniquement aéré; que tout le
matériel employé pour les étagères était également neuf, qu'on a pris
les plus grandes précautions en ce qui concerne la nourriture et la
propreté; que déplus on a eu soin d'avoir un personnel assez nom-
breux afin de ne pas négliger les vers un seul instant.
L'écueil des grandes éducations provient surtout de ce qu'on est
trop porté à économiser soit la place, soit le personnel. C'est parce
qu'on a opéré avec soin et avec un personnel suffisant qu'on a pu obte-
nir d'une éducation relativement assez grande, un meilleur résultat
qu'avec des éducations qui ne contenaient qu'une once.
Parmi les 14 ou 15 éducations que j'ai fait faire cette année dans
nos parages, nous pouvons en citer une faite à Nébian.
Cette éducation, d'une once seulement, a été soignée dans deux
pièces communiquant l'une avec l'autre; l'une était au nord, l'autre au
midi. Cette éducation, parfaite jusqu'à la montée, occupait une surface
de plus de 45 mètres carrés ; elle était de plus tenue très proprement;
elle n'a cependant donné qu'environ 40 kilog. par once au lieu de
55 kilog., et tout cela parce que, en croyant très bien faire, on a éta-
bli trop souvent un courant d'air.
Le courant d'air a suffi pour amener des vers gras et réduire le ré-
sultat à 40 kilogrammes. Par contre, nous citerons une autre éduca-
tion d'une demi-once qui s'annonçait très mal au commencement de
la quatrième mue, parce qu'on ne donnait pas assez d'air dans le prin-
cipe; elle a cependant repris et a donné 26 kilog. pour une demi-once
dès qu'on a su lui fournir l'air intelligemment distribué.
En résumé, nous ne saurions trop recommander les petites éduca-
tions, surtout celles de 12 à 15 grammes; trop souvent les paysans
font dans leur cuisine ou dans des chambres une once de graine : cette
quantité est presque toujours trop considérable pour l'espace occupé
par les vers. Une éducation faite dans des conditions aussi fâcheuses
ne peut que donner de tristes résultats ; je suis presque certain que dans
ces conditions d'espace restreint et les soins indiqués plus haut, 12 ou
15 grammes donneraient autant, sinon plus que l'once entière. Quelle
économie dans l'achat de la semence et de la feuille, sans compter le
temps perdu.
Si notre note n'était déjà trop longue, nous aurions à traiter la ques-
tion des miàriers.
Nous pouvons avoir dans peu de temps de la très bonne feuille en
plantant les mûriers à 2 mètres 59 ou à 3 mètres de distance, ainsi
que cela a lieu en Portugal.
La culture des vers à soie est possible ; elle sera rémunératrice et
466 UNE ÉDUCATION DE VERS A SOIE EN 1880.
avantageuse dès qu'on voudra s'en occuper sérieusement, c'est-à-dire
intelligemment et en mettant à profit non seulement les découvertes
précieuses de la science, mais les non moins nécessaires précautions
que l'hygiène recommande et fait prévoir. Jules Maistrk,
à Villeneuvelte (Hérault).
L'ÉLÈVE DU BÉTAIL ET LE COMMERCE DU BEURRE
ET DU FROMAGE EN FINLANDE *.
L'élève du Létail a été de tout temps une des principales branches de la richesse
nationale en Finlande. Dès le treizième siècle, la population, qui venait d'embrasser
le christianisme, payait ses redevances au clergé en produits agricoles. Dans les
firovinces méridionales, les habitants étaient tenusdefabriquer annuellement, pour
e curé de leur paroisse, une livre de beurre et une livre de tromage par membre de
famille âgé de sept ans au plus. Cette ancienne coutume démontre combien l'in-
dustrie laitière était déjà développée à cette époque.
La proximité de la Suède, la fondation de Saint-Pétersbourg et la facilité des
communications maritimes avec ces deux centres de consommation n'ont pas
moins contribué au développement constant de cette branche de l'exploitation agri-
cole que le climat et la nature du pays, sa richesse en prairies naturelles et l'abon-
dance d'eau douce qu'on y trouve pour abreuver le bétail. Un autre fait qui a
également contribué à ce résultat, c'est la méthode de défrichement par l'incendie
des forêts. Les champs ainsi défrichés sont laissés sans culture, après avoir été
ensemencés, pendant deux ou trois ans; ils se couvrent alors d'une herbe épaisse,
qui ne peut être fauchée en raison de la nature du terrain, presque partout inégal,
parsemé de souches et de pierres, mais qui offre au bétail des pâturages abon-
dants.
Le grand nombre de mauvaises récoltes qui se succèdent en Finlande depuis une
quinzaine d'années a fait chercher dans famélioration des procédés d'élevage du
bétail une compensation aux pertes éprouvées par l'agriculture. Les progrès réalisés
sous ce rapport pendant cette période ont eu principalement pour objet le choix et
la qualité du bétail, les soins prodigués aux animaux, fassainissement des écuries,
basses-cours, etc. Les améliorations ainsi obtenues ne sont d'ailleurs constatées
dans aucun des comptes rendus statistiques publiés par le département de l'agri-
culture, qui ne font mention que du nombre et non de la qualité des animaux.
Les premiers essais d'acclimatation des races étrangères remontent à l'année 1 860,
A cette époque, le gouvernement fit acheter en Angleterre et en Suisse 100 bêtes à
cornes de races destinées à la reproduction. Cet essai ayant réussi, on acheta suc-
cessivement 150 taureaux et 130 génisses de la race d'Ayi'shire et un nombre égal
de têtes des races de Pembroke et d'Algan pour être envoyés comme animaux de
reproduction dans les divers gouvernements ou vendus aux enchères publiques.
Des encouragements ont été donnés sous diverses formes à l'élève du bétail, par
le gouvernement d'abord, puis par les sociétés agricoles : expositions agricoles
périodiques, primes importantes distribuées aux éleveurs, prêts d'argent, etc. Le
sénat nomma, dans chaque gouvernement du grand-duché, un certain nombre de
fermières payées par l'Etat pour enseigner aux paysans les meilleurs procédés de
fabrication du beurre et du fromage. Dix-sept fermes-écoles, subventionnées par
le gouvernement et dans lesquelles les notions théoriques et les connaissances
pratiques nécessaires pour diriger l'exploitation d'une ferme sont enseignées dans
un cours de deux ans, ont été successivement fondées. En outre, des avances en
argent ont été faites, sous certaines conditions, aux petits agriculteurs des provinces
septentrionales, moins favorisées que celles du midi sous le rapport des voies de
communication et dans lesquelles, la propriété étant plus divisée, les grands domaines
sont peu nombreux.
Ces prêts, qui peuvent s'élever jusqu'à concurrence de 1,000 marcs (francs),
ne donnent lieu à aucun intérêt pendant les cinq premières années et sont amortis
dans le courant des cinq années suivantes, à raison d'un cinquième par an. Toute
ferme produisant annuellement 830 vidros (environ 10,000 litres) de lait peut
également obtenir un prêt à courte échéance de 700 à 1,100 marcs. Ces avances
sont faites sous la condition de se conformer au mode de comptabilité et aux pro-
cédés de fabrication imposés par l'Etat, tels que l'adoption de la méthode réfri-
gérante, remploi des vases en fer-blanc et du sel de Lunebourg pour les salaisons,
1. Extrait d'un rapport publié par le Bulletin consulaire français.
L'ÉLÈVE DU BÉTAIL EN FINLANDE. 467
et de se soumettre au contrôle de l'agronome du gouvernement à qui il doit être
rendu compte des fonds prêtés. Actuellement, 23 fermes profitent de cette subven-
tion et 15 autres sont complètement affranchies du remboursement des prêts.
Depuis 1877, des avances plus importantes de 4,000 à 6,000 marcs peuvent
être faites aux propriétaires ou aux fermiers des grands domaines aux conditions
suivantes : pendant cinq ans, le prêt ne donne lieu à aucun intérêt; après ce délai,
l'emprunteur doit payer annuellement un intérêt de 5 pour 100 et rembourser
une partie du capital, calculée de manière que sa dette soit intégralement amortie
dans un délai de dix ans. Deux ans aprèsj les payements de cette prime, la ferme
doit être en pleine activité, et produire annuellement au moins 3,400 vedros
(40,000 litres) de lait.
Les résultats obtenus par ces diverses mesures d'encouragement ont été très
satisfaisants, et l'on pourrait citer telle commune rurale où, depuis l'établisse-
ment d'une laiterie modèle de district, il s'est successivement monté 40 fermes
d'après la méthode prescrite, et telle autre dans laquelle une seule ferme fabrique
annuellement plus de beurre que toute la commune n'en produisait auparavant.
Malgré l'introduction des races étrangères, les races du pays constituent la
plus grande partie du bétail finlandais, qui est en général de petite taille, d'un
poids inférieur, et, par suite, rarement destiné à la boucherie ; mais une nourriture
peu abondante et de mauvaise qualité lui suffit. Cet avantage a une grande
importance dans un pays où la nourriture du bétail, pendant un long hiver, ne
consiste qu'en paille et en feuilles sèches. A cette époque, le lait suffit à peine
aux besoins de chaque ménage-, mais au commencement de l'été les prairies se
couvrent rapidement d'une herbe épaisse et le lait devient abondant et crémeux.
Chaque vache donne en moyenne de 1,400 à 1,600 litres de lait par an.
D'après les relevés statistiques publiés en 1879, le nombre des bestiaux dans
le grand-duché s'élevait aux chiffres suivants :
Proportion par
Tètes. 1,000 habitants.
Chevaux et poulains 285,062 149
Gros bétail 1,120,432 585
Brebis , 1,010,914 529
Chèvres , 27,096 14
Porcs 201,647 105
Rennes employés à Tagriculture 79,715 »
Le tableau suivant fait ressortir l'augmentation qu'il a subie pendant les quinze
dernières années :
1864 1870 1878
Bœufs et taureaux 64,960 68,160 67,823
Vaches 670,897 692,896 770,677
Petit bétail 218,464 236,904 261,716
Les produits de la vacherie et le beurre en particulier constituent le principal
élément de l'exportation de la Finlande. L'économie laitière y est beaucoup plus
développée qu'en Russie, et, bien que ses produits ne suffisent pas encore aux
exigences des marchés étrangers habitués aux qualités supérieures des beurres
français, anglais et. danois, de grands progrès ont été réalisés dans le cours des
dernières années pour soutenir la concurrence des produit similaires sur les mar-
chés allemands et anglais.
Jusqu'en 1860, on n'employait pour la. fabrication du beurre que les procédés les
plus primitifs.
Le lait était versé dans de grands récipients en bois, de forme cylindrique, dans
lesquels il restait pour s'aigrir. On enlevait ensuite la crème aigre et l'on prépa-
rait le beurre. Dans le^ grands domaines où se trouvaient un grand nombre de
vaches, on pouvait battre le beurre chaque jour ou au moins deux fois par semaine ;
mais, dans la plupart des petites métairies, il fallait attendre plusieurs jours, et
souvent plusieurs semaines, qu'on eût obtenu une quantité suffisante de crème. Il
en résultait que la crème aigre se gâtait, surtout à l'époque des grandes chaleurs,
et ne pouvait produire qu'un beurre de mauvaise qualité.
Les propriétaires ou fermiers peu éloignés des villes pouvaient écouler assez ré-
gulièrement les produits de leurs basses-cours et vendre du beurre à peu près
frais; mais, pour les autres, ce commerce présentait d'insurmontables difficultés,
par suite des grandes distances et de l'absence des moyens rapides de commu-
nication. Il en résultait que la plus grande partie qui n'avait pas été employée
aux besoins du ménage était salée et vendue au poids et non d'après la qualité
468 L'ÉLÉVfi DU BÉTAIL EN FINLANDE.
aux marchands qui Taisaient chaque année plusieurs voyages dans les villages et
emportaient dans do grands tonneaux de sapin tout le beurre d'une région, qu'ils
expédiaient par mer en Suède, en Norwège et en Russie, seuls débouchés ouverts
à ces produits de qualité inférieure. Les prix étaient peu rémunérateurs, et ce genre
de transactions n'était pas de nature à encourager l'industrie laitière.
L'amélioration des voies intérieures de communication, la construction du che-
min de fer de Saint-Pétersbourg à Helsingfors et l'installation de bateaux à va-
peur qui établirent des communications directes et régulières entre les lacs inté-
rieurs et les ports de Russie et d'Allemagne, Lubeck et Hambourg notamment,
ont successivement ouvert des débouchés importants à la production nationale et
contribué au perfectionnement des procédés de fabrication. Le paysan, qui ne
pouvait écouler que difticilement ses produits insuffisamment préparés, trouve,
depuis que la qualité s'est améliorée, des prix plus élevés et des débouchés plus
nombreux.
La méthode léfrigérante de Schwartz est actuellement employée pour la fabri-
cation du beurre dans 800 à 900 grandes fermes, ainsi que par tous les paysans
qui jouissent d'une certaine aisance. Le lait est versé dans de grandes cuves de
fèr-blanc étamé et soumis, à l'aide de la glace, à une fempératurede 4 degrés au-
dessous de zéro. Il est écrémé ou bout de douze à trente-six heures, suivant la
saison, et travaillé ensuite sur de petites tables de bois spécialement affectées à
cet usage. Le beurre frais est envoyé une ou deux fois par semaine au marché le
plus voisin, et celui que l'on destine à l'exportation est renfermé dans des barils
de sapin ou de chêne d'une contenance de 30 à 40 pouds (480 à 640 kilog.).
Le goût et la couleur du produit diffèrent sensiblement suivant le lieu de pro-
duction et le travail auquel il est soumis. Dans le commerce, on en distingue trois
sortes : le beuvre finnois, le beurre de crème et Je beurre dit de Paris.
Le beurre finnois (tchouklioiisky) est le plus ordinaire et ne se fabrique que
chez les paysans ou dans les petites fermes. Il est principalement destiné à l'ex-
portation et expédié à Lubeck et à Hambourg, où il est employé pour améliorer les
beurres communs de Bohême et de Silésie et livré aux consommateurs sous d'au-
tres désignations. Les principaux centres de fabrication de cette qualité sont
Idensalmi et Kuopio, dans le gouvernement de ce nom.
Le beurre de crème, fabriqué d'après la méthode Schwartz, dans les grandes
métairies, est livré au commerce frais ou demi-salé. Il est, depuis quelques an-
nées, l'objet d'un commerce d'exportation qui se développe rapidement.
Le beurre de Paris, ou de i)remière qualité, est fabriqué avec de la crème
chauffée, et exclusivement réservé à la consommation de Saint-Pétersbourg. On ne
le sale jamais, et il est difficile de se le procurer dans les districts éloignés de la
frontière ou du chemin de fer, qui les transporte chaque jour sur les marchés de
la capitale. Une dizaine de sociétés par actions se sont fondées dans cette région
à Borgo, Lovisa, Tavastehus et Abo, pour l'exploitation des grandes métairies et
le transport du lait, des œufs et du beurre à Saint-Pétersbourg.
Bien que répandue dans tous les districts du grand-duché, la fabrication du
fromage est encore loin d'avoir acquis la même importance que celle du beurre.
Elle est principalement concentrée dans les localités éloignées des grandes voies
de communication, dont les habitants n'ont pas les mêmes facilités pour écouler
avantageusement le lait écrémé que l'on einploie exclusivement pour la fabrica-
tion de ce produit. Les fromages les plus communs sont ceux de chèvre et de
brebis; ils sont toujours mélangés d'épices qui leur donnent un goût acre et
presque exclusivement consommés dans le pays.
Les espèces les plus appréciées sont le tcheddar, le fromage suisse, et le chester,
qui se vend dans toute la Russie pour du fromage anglais. Le prix moyen des
fromages est de 10 roubles le poud (27 fr. les 16 kilogrammes).
A l'exception des années 1854 et 1855, époque de la guerre de Grimée, le
commerce et l'exportation des produits de la laiterie ont toujours suivi une marche
ascensionnelle, surtout depuis 1873, date de l'inauguration du chemin de fer
d'Helsingfors à Saint-Pétersbourg, qui a enlevé une partie du trafic aux transports
maritimes.
Les conditions économiques du grand-duché et les progrès réalisés au point de
vue de la fabrication pendant la dernière période décennale assurent à ses produits
une supériorité marquée sur ceux de la Russie. L'exposition de laiterie qui a eu
lieu à Saint-Pétersbourg pendant l'automne dernier a démoutré, en effet, que
l'industrie russe est encore très arriérée et ne peut soutenir la concurrence avec
l'élève du bétail en FINLANDE. 469
celle de la Finlande et des provinces baltiques. Il en résulte que, depuis plusieurs
années, la Russie a payé en moyenne à la Finlande un tribut annuel de
1,200,000 roubles en produits de laiterie.
L'agriculture ne suffisant pas, en raison du climat et de la nature du sol, aux
besoins de la consommation dans le grand-duché, le pays a cherché dans l'expor-
tation de ces produits les moyens de rétablir à son profit l'équilibre commercial.
Il demande en échange à la Russie la farine, qui constitue le principal article de
l'exportation russe en Finlande, les suifs, les peaux bru'es et la viande salée. Le
marché de Saint-Pétersbourg est le principal entrepôt et le débouché le plus im-
f)ortant des produits du grand-duché. Le commerce et la consommation du
aitage y ont acquis, au point de vue de l'économie domestique de la population
de la capitale, un développement considérable.
Boyard,
Consul de France à Saint-Pétersbourg.
ÉLEVAGE ET ENGRAISSEMENT DU BÉTAIL
AUX ÉTATS-UNIS
Les agriculteurs de, toute l'Europe sont préoccupés par Textension
que prend l'agriculture des Etats-Unis. Des documents nombreux,
souvent assez contradictoires^ ont été publiés sur ce sujet; le Jo.urnal
en a déjà analysé un grand nombre. En voici un nouveau qui se
produit. C'est le rapport de deux voyageurs anglais^ MM. Read et Pell,
qui ont été chargés d'aller étudier sur place la production agricole
américaine. Ce rapport est très étendu; il touche à toutes les branches
de l'agriculture. Une des questions qui paraissent avoir été le plus
étudiées par les voyageurs^ est celle du bétail; c'est aussi une des
plus actuelles. Nous allons résumer aussi fidèlement que possible les
indications que fournit ce rapport. Nous nous bornons au rôle de tra-
ducteur, et nous ne faisons que mettre sous les yeux des agriculteurs
français, un document qu'ils ont intérêt à connaître.
Quiconque, disent MM, Read et Pell, a vu les bœufs américains qui
sont importés en Europe, tous ceux qui ont goûté ces viandes qui ont
été transportées à travers l'Atlantique, seraient fort surpris et désap-
pointés de trouver aux Etats-Unis comparativement peu de beau
bétail. Sans doute, il existe dans le Kentucky et dans les états voisins
des milliers de roljustes et purs Durham; mais dans les Etats de l'Est
on rencontre une race laitière commune, de temps à autre seulement
on aperçoit un troupeau formé de bons bestiaux. Dans les Etats du
Sud et de l'Ouest, c'est la race Texienne qui prédom.ine; tous ses
caractères dénoncent son origine espagnole. Mais dans tous les cas^
seuls les animaux de'choix sont exportés, morts ou vifs, en Europe,
principalement en Angleterre. Du reste les marchés européens ne
peuvent recevoir que des bœufs de première qualité, en raison des
dépenses de transit qui sont aussi élevées pour un bœuf inférieur
que pour une bête de qualité.
Dans les Etats du Nord et de l'Est, on rentre les bestiaux dans les
étables pendant les mois d'hiver; la nourriture se compose presque
entièrement de foin. Au moment de l'engraissement on donne du maïs;
le son surtout est très apprécié. Au Canada, un très grand nombre de
bœufs sont engraissés pour le marché anglais ; bien que ces animaux
paraissent laids et grossiers, ils donnent une viande excellente. Dans
toutes les distilleries des Etats-Unis, on engraisse des bœufs avec les
résidus.
Dans les États du Centre, même dans ceux où les hivers sont très
sévères, des milliers de bestiaux ne sont jamais rentrés dans des éta-
470 ÉLEVAGE ET ENGRAISSEMENT DU" BÉTAIL AUX ETATS-UNIS.
bles, rarement on leur élève un abri primitif; ils ont toujours accès ^
Teau, ont peu de foin; leur nourriture se compose de maïs. lien résulta
que de Ténorme quantité de maïs récolté dans les États du Centre,
l'exportation n'a jamais dépassé 7 pour 1(10 de la récolte. Un fait par-
ticulier ù ces Etats du Centre mérite d'attirer l'attention, le maïs est
donné en épis; c'est seulement lorsque les animaux deviennent graa^
qu'on leur donne les grains ou encore de la farine. Cette méthode
serait extravagante, si les Américains n'élevaient en môme temps des
porcs; ils comptent deux porcs par bœuf; non seulement une cer-
taine quantité de maïs est laissée parles bœufs dans un état qui leur
déplaît à manger, mais encore une grande portion de leurs aliments
passe à travers leur appareil digestif sans avoir été transformée; les
porcs font leur nourriture de ces déjections; les fermiers tirent un grand
profit de ces vidangeurs économiques.
En transformant son maïs en viande de bœuf et de porc, le fermier
américain compte retirer un bénéfice double de cequ'il pourrait obtenir
en vendant son maïs à l'état de grains. L'engrais provenant des troupeaux
est considéré comme de nulle valeur, et généralement il est regardé
comme un mal inévitable.
Peu d'animaux sont élevés dans la zone de culture du maïs; ce sont
les États de l'Ouest qui font l'élevage, les fermiers qui cultivent le
maïs les engraissent. Voici comment les choses se passent. Des spécu-
lateurs riches s'entendent avec des fermiers ; ils passent un marché à
tant l'hectolitre de maïs et fournissent un certain nombre d'animaux
qu'ils reprennent lorsqu'ils sont engraissés; dans d'autres cas, ces spécu-
lateurs conviennentde remettre aux fermiers des animaux qui sont pesés
et pour lesquels ils payent 0 fr. 60 par kilog. d'augmentation de poids
lorsqu'ils ont été engraissés.
Dans les riches pâturages de l'Illinois, du Kentucky, de l'Ohio, du
Missouri et des États voisins, les meilleurs bestiaux reçoivent toujours
du maïs,surtout à l'automne, lorsque les herbes perdent leur qualité.
En 1870, on comptait aux États-Unis 21 millions et demi de bœufs,
28 millions de moutons et 25 millions de porcs ; au commencement de
1879 il y avait 28 millions de bœufs, 38 millions de moutons et 34 mil-
lions et demi de porcs.
Cette énorme augmentation de bétail durant les dernières années
s'est produite surtout sur les plaines du Texas et du Far West; depuis
longtemps le Texas est réputé pour son grand nombre d'animaux.
C'est avant tout un pays d'élevage. Les jeunes animaux sont dirigés
vers d'autres États; ceux qui restent dans cette contrée ne prennent pas
de taille, mais tous ceux qu'on expédie dans les autres États y gran-
dissent et engraissent considérablement.
Les vastes plaines du Texas, à l'automne, paraissent pour l'étranger
étonnamment stériles. Pendant des kilomètres il est impossible d'y dé-
couvrir un brin d'herbe verte; tout paraît brûlé et à l'état de cendres.
Mais au printemps, tout pousse miraculeusement. Quelquefois au
commencement de l'automne, arrivent des oraçres de neise, qui durent
un jour ou deux, puis aussitôt règne une température douce et une
saison charmante jusqu'à Noël.
Les animaux mâles et femelles vivent ensemble dans les troupeaux;
les vaches vêlent à n'importe quel moment de l'année; on laisse un
taureau pour vingt-cinq vaches. Les propriétaires de troupeaux ont
ÉLEVAGE ET ENGRAISSEMENT DU BÉTAIL AUX ÉTATS-UXIS. 471
une marque particulière qui est enregistrée à VOffice de VEtal. Les
premiers lots de bestiaux destinés à la consommation sont expédiés au
commencement de Télé, les derniers envois se font dans la première
semaine de novembre. Ces animaux ont quelquefois à parcourir oOO ki-
lomètres pour arriver à la plus procbe station de chemin de fer; là ils
sont embarqués en consignation à un individu qui les dirige surk
premier grand marché, où il les vend à la commission.
Il est curieux de voir comment ces bestiaux sont réunis pour la nuit.
Au déclin du jour, de jeunes garçons, montés sur des poneys, parcou-
rent les prairies en décrivant des cercles autour des animaux disséminés,
et en faisant claquer leur long fouet; en diminuant les cerclesà chaque
tour, ils arrivent ainsi très rapidement à réunir tout le troupeau qui se
groupe et se couche, sans plus bouger, jusqu'au iBudemain matin.
Les petits troupeaux ne donnent pas proportionnellement les mêmes
bénéfices qu'un fort troupeau. On compte par exemple que les dépen-
ses sont les mêmes pour les soins à donner à 5000 bêtes qu a 1000
seulement. Il faut 100 chevaux pour un troupeau de 5000 bêtes, il
n'en faut que 1 50 pour un troupeau de 1 0 000 bêtes ; ces chevaux
viennent presque tous du Texas et coûtent environ 125 francs.
On estime aux Etats-Unis, la mortalité dubétail à 2 1/2 pour 100 et
par an; au Texas et dans quelques autres districts, la mortalité s'élève
à 5 pour 100; les causes proviennent quelquefois du manque d'eau
et aussi de plantes printanières qui les empoisonnent. La fièvre
texienne, qui est encore peu connue des vétérinaires, existe à l'état
latent; les animaux adultes importés au Texas en sont invariablement
atteints et en meurent; les veaux âgés de moins de six mois échap-
pent à la maladie et s'acclimatent facilement au pays. Depuis quelque
temps on introduit au Texas de grandes quantités de Durham et de
Hereford qui ont amélioré les races du pays.
Quoique le gouvernement des Etats-Unis ait attaché une grande
importance au transport des bestiaux par voie ferrée ou par mer, bien
qu'il ait diminué les souffrances qu'ils ont à endurer pendant leur
vo}^e, la mort ou le dépérissement sont encore considérables.
Il n'en est point de même du transport des viandes qui, dès aujour-
d'hui, est arrivé à un degré relatif de perfection; mais les rnarchés eu-
ropéens n'accepteront ces viandes avec faveur, que lorsqu'on aura la
certitude que le gouvernement américain ne laisse expédier que des
viandes saines. Il est vrai que les animaux malades n'existent que
peu aux Etats-Unis, si ce n'^st dans les Etats de l'Est. Dans ceux du
Centre et de l'Ouest, il n'y a point de pleuro-pneumonie, ni de fièvre
aphteuse, ni de maladies contagieuses.
Les principaux marchés aux bestiaux et à la "viande, sont Chicago,
Kansas City et Saint-Louis. Le coijt du fret d'un bœuf de Fort Dodge
au Texas jusquà Kansas €ity est de 10 fr.40', po^ur i'envojer jusqu'à
Cliicago la dépense est de 1 5 fr. 60, plus 6 fr.25 pour nourriture, eau et
frais de route; de Chicago à New-York, leprix est de 20 fr. plus 7 fr. 50
pour les soins et nourriture; ensuite viennent les frais de transport de
New-York en Europe, avec les risques du voyage en mer , qu'il faut
évaluera 1 26 francs, plus 37 fr. 50 pour l'assurance; enfinily a encojBô
les frais de déchargement, de docks, d'entrées, etc, àajouteravant que
l'animalpuisse pénétrer dans l'abattoir d'un port anglais quelconque. Si
l'on en croit quelques exportateurs de viandes et de bestiaux, en 1878,
472 ÉLEVAGE ET ENGRAISSEMENT DU BÉTAIL AUX ÉTATS-UNIS.
ils auraient fait de grands bénéfices. Mais si Ton se rapporte seule -
ment à l'été et à l'automne de l'année dernière, 1879, les pertes ontété
considérables. Les Américains prétendent que si les soins donnés à
leurs bestiaux età leurs viandes étaient les mômes en Angleterre qu'aux
Etats-Unis, ils pourraient expédier avec bénéfice des viandes de
première qualité; que ces viandes seraient vendues à Liverpool ou à
Londres, à raison de 1 fr. 10 le kilog.
Presque partout en Amérique, dans les fermes, dans les villes,
il existe des bascules pour peser les bestiaux; partout il existe des
wagons réfrigérants pour le transport des viandes; dans toutes les
villes, les marchés sont aménagés avec des chambres à glace, les bou-
chers aussi ont des appareils réfrigérants pour leurs viandes. On fait
grand bruit d'un système à air comprimé qui conserverait les viandes
d'une manière bien supérieure à tout ce qui existe.
J. Phîllips.
SITUATION AGRICOLE DANS LA DORDOGNE
Le mois d'août nous a donné 6 jours de beau ciel et 25 de temps plus ou moins
couvert, ayant fourni : 9 jours de pluie (1, 5, 8, 7, 21, 22, 23, '25, 29); 3 de
brouillard (24, 26, 30,); " 12 de rosée ( 3, 4, 10, 11, 12, 13, 14, 17, 20, 27, 28,
31); 9 d'orage (6, 15, 16, 18, -21, 22, 23, ^5, 29).
Dans cette période, il est tombé 64,75 millimètres d'eau; l'averse la plus consi-
dérable, celle du l^"", n'adonné que 0'". 01650.
La température la dus élevée, 4- ^4° centigrades, a été observés le 20; la plus
basse, -)- 5, le 30 ; la moyenne générale a été de -{- 16", 70.
La pression barométrique la plusforte, 755.70, s'est produite le 12, la plus faible,
742.17, le 6 ; la pression moyenne a été de 748 35.
Le vent a soutflé 3 jours du nord; 3 du nord-est; 2 de Test; 2 du sud-est, 2
2, du sud; 4 <lu sud-ouest; 10 de fouest et 5 du nord-ouest
Une chaleur persistante avec un maximum de 34", quelques ondées mais don-
nant une. si faible quantité d'eau que la terre en a été à peine imprégnée, ont encore
accentué les effets désastreux de la sécheresse du mois d'août. Il ne faut plus
compter : sur les regains de prairies naturelles, qui sont nuls presque partout ;
sur les semis de gârouch qui sont pour la plupart grillés; sur la rave qu'il n'a pas
encore été possible de semer, les chaumes n'ayant pu être défaits ; de telle sorte
que la perspective est peu rassurante pour nos étables déjà fort mal garnies de
foin ,
La plante sarclée laissera aussi beaucoup à désirer ; la pomme de terre tardive
frappé'-! d'une maturité forcée est petite et peu abondante ; la feuille des betteraves
jaunit et se grille; le tabac s'étiole; le maïs souffre véritablement dans les sols
sablonneux. Quant à la vigne les grains préservés mûrissent sous les conditions les
plus favoral)les à une bonne vinihcation, mais l'oïdium a fait de tels progrès depuis
un mois qu'il faudra beaucoup rabattre des espérances qu'on avait eues dans le
principe. E. de Lentilhac.
Saint-Jean-d"Artaux, lo septembre 1880.
EXPOSITION AGRICOLE A LUXEMBOURG
A différentes reprises, le Journal a insisté sur les efforts qui sont
faits pour développer le progrès agricole dans le grand-duché de
Luxembourg. L'exposition générale organisée par le Cercle agricole et
horticole, dans la capitale, du 29 août au 6 septembre, a donné une
nouvelle preuve des succès qui sont obtenus dans cette voie. Cette
exposition comprenait les machines et instruments, les produits de
l'agriculture, de l'horticulture, de la sylviculture, ainsi que les
animaux reproducteurs. Tous les produits témoignaient, par leur
qualité aussi bien que par leur nombre, des efforts poursuivis pour
une production prospère. En ce qui concerne les animaux reproduc-
EXPOSITION AGRICOLE A LUXEMBOURG. 473
teurs, le Bulletin du Cercle agricole s'exprime dans les termes
suivants :
« Un nombre très considéraljlB de cultivateurs ont rivalisé d'ardeur pour
amener les plus beaux animaux à l'exposition. Si le succès d'un concours dépend
du nombri et de la valeur des sujets' exposés, nous pouvons affirmer que le
concours du 6 septembre a pleinement réussi. La tâche des membres des diffé-
rents jurys a été bien difficile, tant les sujets méritants étaient nombreux.
« L'espèce chevaline était re irésentée par 18 étalons, 54 juments, 48 poulains
entiers d'un à trois ans, 35 pouliches et 22 poulains ;iu-dessous d'un an. Les
étalons brillaient par leur Jjelles formes; les juments faisaient bonne figure, car
rarement on a vu un ensemble de lots ayant autant de qualités. Si la catégorie des
pouliches offrait un ensemble très .satisfaisant, la catégorie des poulains d'un à
trois ans, laissait toutefois quelque peu à désirer.
ce Le concours de l'espèce bovine était d'une importance extr;iordinaire ; c'était
un tableau vivant assez complet des différents types du bétail qui peuplent le
pays. Il y avait 55 taureaux, 28 taurillons, 40 vaches et 30 génisses. La race
Durham avait de magnifiques spécimens, la race hollandaise était dignement
représentée et la race croisée renfermait des sujets distingués. C'était une belle
collection d'animaux de mérite, indice des progrès sérieux réalisés dans l'élève du
bétail.
« L'espèce porcine était très bien représentée. Il y avait trente sujets des races
anglaises pures ou croisées avec la race indigène. L'espèce ovine, quoique peu
exposée, était cependant remarquable, tant sous le rapport des formes que sous
celui de la laine.
ce Quant aux animaux de basse-cour, il y avait de beaux exemplaires de diverses
races devant lesquels le public s'arrêtait avec intérêt. Les abeilles étaient égale-
ment remarquables. »
Plusieurs ateliers de fabrication de machines agricoles prospèrent
dans le grand-duché de Luxembourg, ce qui est un indice certain de
l'estime dont les instruments perfectionnés jouissent auprès des
cultivateurs. D'ailleurs le gouvernement du grand-duché a pris, depuis
de nombreuses années, l'initiative de plusieurs mesures importantes
pour l'agriculture. En vue de l'amélioration du bétail du pays, il a fait
acheter à l'étranger des reproducteurs de races perfectionnées qu'il a
fait revendre aux enchères ; il a fait importer de nouvelles variétés de
céréales et de pommes de terre; enfin il a donné une vive impulsion
à la réalisation des travaux d'assainissement, d'irrigationet de drainage.
C'est surtout en ce qui concerne l'amélioration des races d'animaux
domestiques que l'action du gouvernement luxembourgeois s'est mon-
trée avec une réelle efficacité. Les encouragements donnés aux éleveurs
dans les concours spéciaux, les achats d'animaux reproducteurs à
l'étranger, ont produit les plus lieureux résultats.
Voici, d'ailleurs, un tableau qui permet de suivre le mouvement de
la population animale pendant les quinze dernières années :
1861 1863 186.3 1872 1874
tètes. tètes. tètes. tètes. têtes.
Espèce chevaline 21,594 22,196 31,909 17,873 17,944
— asine 61 45 63 28 27
— mulassi^re 3 4 6 74 64
— bovine 90,48.0 95,257 94,772 79,999 91,864
— ovine 73.569 70,376 68,074 45,023 47,899
— caprine 14,435 13,833 12,302 14,023 16,928
— porcine 48,249 67,850 58,219 53,443 73,120
On remarquera tout d'abord, la diminution considérable accusée par
le recensement de 1872, principalement pour l'espèce bovine. La
guerre de 1870-1871 a eu son contre coup dans le grand-duché,
malgré sa neutralité. De grands achats ont été faits pour le compte
des belligérants, et la peste bovine, que traînaient après elles les ar-
474 ■ EXPOSITION AGRICOLE A LUXEMBOURG.
mées allemandes, y a sévi avec une cruelle intensité. Mais on voit par
la comparaison des recensements de 1872 et de 1874, avec quelle
rapidité les vides ont été effacés.
Les chevaux élevés dans le Luxembourg sont surtout des chevaux
de gros trait; ce sont ceux qui sont principalement recherchés par les
acheteurs allemands.
L'ancienne race bovine ardennaise diminue d'importance chaque
année. Elle est absorbée ou remplacée par la race hollandaise, pour une
grande partie du pays, et par laraceDurham, dans les autres districts.
Le gouvernement luxembourgeois fait acheter, tous les ans, chez les
éleveurs les plus distingués, soit du continent, soit d'Angleterre, par
une Commission spéciale, des reproducteurs appartenant aux races les
plus estimées, et il les fait vendre ensuite aux enchères publiques.
La perte est peu élevée, et largement compensée par les bénéfices
qui en résultent pour l'intérêt général du pays.
C'est surtout la race bovine hollandaise que recherchent les agricul-
teurs luxembourgeois. Les éleveurs, d'après M. Fischer, préfèrent de
beaucoup le bétail de cette race II paraît appelé à régénérer les
races locales, sinon à se substituer entièrement à elles dans un
avenir plus ou moins rapproché. Le but le plus général dans l'élève
des bêtes à cornes dans tous le pays, c'est la production du lait. La
production de la viande ne vient qu'en seconde ligne. La variété à la-
quelle on a donné la préférence, est la race hollandaise de moyenne
taille venant de la Zélande; elle donne une quantité assez considé-
rable de viande, en même temps que son lait est abondant et de très
bonne qualité.
Les moutons ardennais forment l'immense majorité de la population
ovine du grand-duché de Luxembourg. Ils sont célèbres par la bonne
qualité de leur viande. Depuis quelque temps, on a introduit des
moutons anglais de la race southdov^^n qui forme, avec la race arden-
naise, d'excellents croisements.
L'importation des races porcines anglaises a complètement réussi;
le même fait se produit en France. Les grandes races de Berkshire et
d'Yorkshire ont particulièrement donné de bons résultats. Leurs croi-
sements avec la race indigène ont tellement modifié celle-ci qu'on peut
dire sans exagération qu'elle tend à disparaître rapidement. Les
concours communaux et cantonaux ont exercé, dans cette direction, la
plus heureuse influence.
Le commerce du bétail est des plus actifs dans le igrand-duehé ; les
ventes pour l'exportation sont nombreuses. Les moutons et les porcs
Bont vendus en plus grand nombre pour l'extérieur que pour l'intérieur.
Les principaux débouchés du bétail sont la Belgique et la France ; le
commerce avec l'Allemagne est moins considérable. Henry Sagnier.
REVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT DES DENRÉES AGRICOLES
(18 SEPTEMBRE 1880).
I. — Situation générale^
Dans le plus grand inombre des départements, les marchés agricoles continuent
à présenter beaucoup d'activité. Les offres faites par les cultivateurs sont abondantes,
et les transactions nombreuses.
II. — Les grains et les farines.
Les tableaux suivants résument les cours des céréales, par quintal métrique, sur
les principaux marchés de la France et de l'étranger.
REVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT (11 SEPTEMBRE 1880). 475
NORD-OUBST.
Blé.
fr.
28.00
27 75
28.50
29.00
26.50
28.00
25.00
26.25
28.50
2C.75
29.25
25.75
26.00
24.00
26.25
28.75
25.50
25. 75
Seigle.
fr.
23 . 50
21 50
21.25
20.25
21.50
19.00
18.00
Calvados. Condé
— Lisieux
Côtesd.-'^ord Pontrienx
— Trégiiier
Finistère. Morlai.x
- Qu imper
Hle-et-V'ilaine. Rennes.
— Redon
Manche. Avranches. . . .
— Pontorson
— Villedieu
Slayenne. Mayenne
— Chàteau-Gontier..
Morbihan. Hennebont..
Orne. Fiers -.
— Vimouliers
Sarthe. Le Mans
— Sablé
Prix moyens 2G.97 20.17
a» RÉGION. — NORD.
Aisne. Soissons 24.60 19.85
— La Fère 75.00 19.25
— Villtrs-Cotterels.. 25. 00 18.50
filtre. Evreux 26.25 lâ.CO
— Berna? 25.00 18.25
— Pacy 26. ou 18.75
Eure-et-Loir. Chartres. 25.50 19. co
— Auneau 25.25 t9.o&
— Nogent-le-Rotrou. 26.00 »
/Vord. Cambrai 25.75 17.50
— Douai 27.00 18.75
— Valenciennes .... 25.75 19.50
Oise. Beauvais 26.50 17. oo
— Compiègne 24.50 18.75
— Senlis 26.00 18.50
Pas-de-Calais. XTra.s... 27.50 19.75
— Saint-Omer 28.00 18.75
Srina. Paris 26.75 20.00
S.-e<-A/arne Meaux 25.00 19.00
— Mbntereau 27.00 20.75
— Provins 2r.t5 19.20
S.-et-Oise. Angerville .. 27.00 20.00
— Pontoise 27.25 20.00
— Versailles 27.00 »
Seine-Inférieure. Rouen 24.45 19.5»
— Fécamp 26.00 18.50
— Dieppe 27.25 19.25
Somme. Abbeville 27.75 17.50
— Péronne 26.00 18 25
— Roye 25.00 »
Prix moyens.
Orge.
fr.
18.75
17 00
17.25
19.00
20.25
1S.75
19.00
19.50
20.00
17.50
18. 30
18.50
19.25
16.75
16.00
18 hO
ATÛlfle.
fr.
25.0)
24 00
16.50
16.00
19.25
20.00
20.50
21.00
25.00
24.00
19.00
17.00
17.00
19.50
21.00
21.50
21.00
20.00
19.75
;9.oo
18.00
19.75
18.50
21.00
21.00
19.00
18.90 19-70 18.94
3" REGION. — NORD- EST.
Ardennes. Charleville. . 27.00 19.00
Aube. Bar-sur-Aube ... 25.50 17.50
Méry-sur-Seine... 27.25 20 00
— Nogent-sur-Seine. 27.00 20.00
âfarne. Chàlons 26.50 20.50
20.50
18.50
— Ste-Menehoued... ':6
Hte-Marne. St-Dizier ... 26
Meurt.-et-Moielle Nancy 26
— Pont-à-Mousson.. 27
— Tout 27
Meuse. Bar-le-Duc 26
— Verdun 27
Haute-Saône Gray 26
— Vesoul 26
Ko«ge«. Raon l'Etape... 28
— Neufchàteau 27
Prix moyens 26
4» RÉGION. -
Charente. Angoulême.. 27
— Ruffec 28
C/iaren«e-/n/'e>. Marans. 27,
Deux-Sèvres. Niort 28
Indre-et-Loire. Tours.. 28
— Bléré 26
— Château-Renault. 25
Z,oir6-/n/. Nantes 25
i/.-ei-iotre. Angers. . . 25
Vendée. Luçon 26
— Fontenay 26
Vienne. Chàtellerault. . . 3o
— Poitiers 26
Haute-Vienne. Limoges 26
Prix moyens 26.
18.25
17.00
17.00
18.00
.50 » 18.50 17.25
00 19.75 20.00 17.25
50 17.00 19.00 17.50
50 19.00 » 18 00
96 18.38 19.26 18 23
5» RÉGION
— CE.NTRB.
Blé.
Seigle.
Orge.
Avoine.
fr.
fr.
fr.
fr.
Allier. Moulins
27.50
18.75
20.00
17.25
— Montluçon
26.00
20.25
19.00
17.00
— St-Pour^ain
28.00
1.8.00
20 00
17.50
Cher.BouT"es
26 00
18.50
18.25
18.00
15.50
— Graçay
26.75
19.25
27.50
18.00
19.50
18.00
Creuse. Anbnsson
27.25
IS.OO
20.25
Indre. Châteauroux.. .
26.00
19.50
18.25
17.75
— Issoudun
27 00
18.00
19. 00
17.00
— Valençay
27.00
17.75
19.50
17.25
Loiret. Orléans
27.50
20 00
17.75
17.75
27.00
. 27.20
18.50
18.00
19.50
18.00
17.20
18.50
— Patay
Loir-et-Cher. Blois
25.00
18.25
19.50
20.25
— Montoire
26.75
17.00
19.00
17.25
Nièvre. Nevers
27.00
»
17.00
— La Charité
. 28 00
19.50
18. 00
18. 2S
Yonne. Brienon
2G SO
20.25
17.50
18.50
— Joigny
. 27.80
17.75
18.00
17.00
— Sens
. 27.00
19.00
18.75
18.25
Prix moyens......
26 87
18.64
18.84
17.77
6« RÉGI
DN. —
EST.
Ain. Bourg
29.00
19.00
„
17.00
— Pont-de-Vaux...
28 00
18.75
20.00
16.50
Côte-d'Or. Dijon
27 50
19.25
21.00
16.75
— Beaune
28.00
»
18.50
17.25
Doubs. Besançon
27.00
s
17.00
Isère. Bourgoin
28.00
17.75
17.75
17.00
— Vienne
28.50
»
21.00
16 50
Jura. Dole
26.75
27 00
18.50
24 25
18.50
16.00
Loire. St- Etienne
P.-de-Dôme Clermont F
31.50
23.50
U.75
,
Rhône. Lyon
28.75
18.50
19.00
16.75
— Antun
. 27 25
19.00
»
16.75
Saône-et-Loire. Chalon
28.00
18.25
>
16.50
Savoie. Chambery
29.2,
22.50
.
Hte-Savoie. Annecy ... .
30.00
(
»
19 50
Prix moyens
28.50
20.02
19. te
16.95
T RÉGION. -
- SUD-
OPEST.
Ariège. Pamiers
28.50
19.25
>
21.00
Dordogne. Bergerac...
29.50
20.00
s
20.75
Hte-Garonne. Toulouse,
27.50
19.00
17.20
20.00
— Viiiefranche-Laur
28.00
19.00
18.25
19.50
Gers. Condom
27.00
27.25
25.00
7>
»
20.00
— Eauze
19 25
— Mirande
19 00
Gironde. Bordeaux....
27.20
19 50
j
19.50
— La Réole
27.60
19.00
,
19.75
38 00
27.00
19.25
19.00
:
Lot-et-Garonne. Agen..
20.00
28.50
9
23.50
B.-Pyrénées. Bayonne..
27.00
19.50
20.00
20.50
Htes-Pyrenees. Tarbes
29.25
19.00
»
19.75
Prix moyens
27.58
19.25
18.48
20.19
S" RÉGION. — SUD.
Aude. Carcassonne...
27.50
„
18.50
»
Aveyron. Villefranche.
27.75
20.25
17.50
Cantal. Mauriac
28.00
24.30
»
24.40
Corrèze. Luberzac
29.50
19.00
20.50
21.50
i8.75
29.25
20.50
20.75
18.50
Lot. Figeac
21.25
31.55
31.65
30.50
29.75
23.60
35.90
— Marvejols
— Florac
31.85
26.65
24.50
2 ; . 20
24.35
23.00
21.60
Pyrénées-Or. Perpignan
23.20
Tarn. Albi
27.25
19.00
19.25
20.50
rar»vet-Gar. Montauban 27.75
19.50
19.00
19.25
Prix moyens
28.95
22.85
21.11
21.42
9' RÉGION.
— SCD-BST.
Basses-Alpes. H.a.nosqne 29.20
»
■
24.20
Hautes-Alpes. Briançon
29.75
19.25
20.00
20.50
Alpes-Maritimes Cannes
29.00
19 50
19.75
20.25
Ardèche. Privas
30.05
20.65
19.60
21.80
B.-du-Rhône. Aix
29.50
19.25
20.00
Drôme. Valence
28.00
18. iO
18.75
17.50
29.00
29.25
20.50
19.50
20.75
21.00
Haute-Loire. Le Puy...
19.25
Var. St-Maximin
29.75
»
»
20.00
Vaucluse. Carpentras...
29.00
'
18.00
19.50
Prix moyens
29.25
19.98
19.45
20.40
Moy. de toute la France
— de Idsemaineprécéd.
27.54
19.72
19.27
27.96
19 61
19 25
19.23
Surla semaine 5 Hausse.
s
).ll
0.02
•
précédente.. {Baisse.
0.42
»
0.14
476 REVaE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT
Blé. Seigle. Orge. Avoiae.
fr. <r. fr. fr.
Algérie. Alger..- 26.00 » 15.50 18 00
Angleterre. Londres 27.50 » 20.60 20.25
Belqiaue. Anvers 25.00 ÎO 50 20.50 18 50
— Bruxelles 25.75 20.25 » 18.00
_ Liège 26.75 21.75 22.00 19.00
_ Namur 2550 20.00 19.00 18.00
Pays-Bas. Amsterdam .24.05 22.25
Luxembourg. Luxembourg 29. .50 21.00 » 18 50
Alsace-Lorraine. Metz 28.00 23.25 19.50 17 50
_ Strasbourg... 28.75 23.75 22 25 18.50
_ Colmar 28.50 21.75 21.25 18.25
Allemagne. Berlin 25 00 23 35
— Cologne 25.60 24.35
— Hambourg 26.50 21.10
Suisse. Genève 28.50 » • 17.50
— Lausanne 29.75 ■ » 17.75
Italie. Milan 28.50 22.75 . 19 25
Autriche. Vienne 24.00 2125 18.00 15 25
Hongrie. Biïdapesth 22.50 19.70 13.00 12 25
Russie. Saint-Pétersbourg... 24.80 21.15 s 13.25
Espagne. Valadolid 25.30 » . 20 60
Etats-Unis. New-Vork 20.65 » » •
Blés. — Depuis quelques jours, on voit éclore beaucoup de nouvelles apprécia-
tions sur le résultat de la récolte des blés. En ce qai concerne la France, l'im-
pression générale est toujours la même; la récolte se présente comme moyenne au
point de vue de la quantité, et comme bonne au point de vue de la qualité. Mais
c'est en ce qui concerne les pays étrangers que les récentes appréciations dif-
fèrent, surtout en ce qui concerne l'Angleterre. Nous craignons bien qu'il n'y ait
là-dessous quelque jeu de spéculation contre lequel les agriculteurs doivent se
prémunir. A nos yeux, les prix doivent au moins se maintenir aux taux actuels.
— A la halle de Paris, le mercredi 15 septembre, les affaires ont été aussi
actives que la semaine précédente; mais les cultivateurs ont maintenu les prix avec
plus de fermeté. On cotait de 25 fr. 50 à 28 fr. par lOû kilog. suivant les
qualités, ou en moyenne 26 fr. 75, en hausse de 25 centimes depuis huit jours. —
Sur le marché des blés à livrer, on cote avec des prix fermes : courant du mois,
26 fr.; octobre, 25 fr. 75 à 26 fr.; quatre derniers mois, 25 fr. 75 à 26 fr.; novembre
et décembre, 25 fr. 75 à 26 fr.; quatre mois de novembre, 25 fr. 50 à 25 fr. 75;
quatre premiers mois 1881, 25 fr. 75 à 26 fr. — Les cours varient peu au Havre,
sur les blés d'Amérique, qui sont vendus de 25 fr. à 27 fr. — A Marseille, il y a
peu de changements dans la situation. Les arrivages de la semaine ont été de
110,000 hectolitres. Le stock est, dans les docks, de 96,i00 quintaux, avec une
augmentation de 11,000 quintaux depuis huit jours. On cote par 100 kilog. :
Berdianska, 30 fr.; Irka, 27 fr. 50 à 28 fr. 25; Pologne, 27 fr. 50 à 27 fr. 75;
Azoffdun, 27 fr. 50 à28fr.; Italie, rouges, 27 fr. 50 à 28 fr. 50;Michigin, 25 fr. 50
à 26 fr. — A Londres, les importations de blés ont été, durant la semaine der-
nière, de 209,000 quintaux environ; il y a beaucoup d'activité dans les transac-
tions; les prix sont faibles. On cote de 26 fr. 93 à 28 ir. 70, par 100 kilog.
suivant les sortes.
Farines. — Il y a plus de fermeté dans les cours pour les diverses sortes. En
ce qui concerne les farines de consommation, on cotait à la halle de Paris, le
mercredi 15 septembre : marque D, 60 ir.; marques de choix, 62 à 63 fr. ; bonnes
marques, 60 à 61 fr.; sortes ordinaires, 58 à 59 fr.; le tout par sac de 159 kilog.,
toile à rendre, ou 157 kilog. net, ce qui correspond aux prix extrêmes de
36 fr. 95 à 40 fr. 10 par 100 kilog., ou en moyenne 38 fr. 55, avec une légère
hausse sur le prix moyen du mercredi précédent. — Pour les farines de spéculation,
on cotait à Paris, le mercredi 1 5 septembre au soir : farines huil-mnrques., courant
du mois, 56 fr. 50 à 56 fr. 75 ; octobre, 55 fr 25; quatre derniers mois, 55 fr. à 55fr 25;
novembre et décembre, 55 fr.; quatre mois de novembre, 55 fr.; janvier, 55 fr.;
le tout par sac de 159 kilog. toile perdue ou 157 kilog. net : farines supérieures.!
courant du mois, 36 fr. 50 à 36 fr. 75; octobre, 35 fr. 50; quatre derniers mois,
35 fr. 25 à 35 fr. 50; ; novembre et décembre, 35 fr.; quatre mois de novembre,
35 fr.; janvier, 35 Ir. ; le tout par 100 kilog. — La cote officielle en disponible
a été établie, comme il suit, pour chacun des jours de la semaine :
Dates (septembre). 9 10 11 13 14 15
Farines huit-marques 56.35 53.35 57.50 57.00 57.0) 56.75
— supérieures 35.50 36.25 ., , » . »
DES DENRÉES AGRICOLES (18 SEPTEMBRE 1880;. 477
Le prix moyen des farines liuit-marques est en hausse sur celui de la semaine
précédente. — Les gruaux sont vendus de 44 à 52 fr. par 100 kilog. ; quant aux
farines deuxièmes, leurs cours varient peu, et demeurent fixés de 28 à 33 fr. par
quintal métrique.
Seigles. — II y a plus de fermeté sur les conrs des seigles, qui sont vendus à la
halle de Paris, de 19 fr. 75 à 20 fr. 75 par lOu kilog. suivant les sortes. Les prix
des farines demeurent fixés aux cours de 28 à 32 fr.
Oi-ges. — Mêmes prix que la semaine dernière, avec des affaires assez calmes, à
la halle de Paris, de 19 fr. 50 à 20 fr. par KO kilog.. Très peu d'affaires sur les
escourgeons qui se vendent également aux cours de 1 9 fr. 50 à 20 fr. — A Lon-
dres, très peu d'importations d'orges étrangères, et marché peu important. On
paye de 19 fr. 50 à 21 fr. 50 par quintal métrique suivant les sortes.
Malt. — Mêmes cours que précédemment. On cote à Paris par 100 kilog. :
malt d'orge, 29 à 40 fr. ; malt d'escourgeon, 30 à 36 fr.
Avoines — Les cours accusent une plus grande fermeté que la semaine précé-
dente. On paye à la halle de Paris 18 fr. 50 à 20 fr. par 100 kilog., suivant poids,
couleur et quahté. Les offres sont assez restreintes. — A Londres, les importa-
tions ont été, durant la semaine, de 1]7,( 00 quintaux métriques; le marché pré-
sente beaucoup de calme, avec des cours qui ont peu varié et qui s'établissent de
18 fr. 90 à 21 fr. 60 par 100 kilog., suivant les sortes.
Sarrasin. — Très peu d'affaires à la halle de Paris. — Les sarrasins nouveaux
sont offerts, à livrer après la récolte, aux cours de 18 à .9 fr par 100 kilog.
Maïs. — Vente très calme au Havre sur les maïs d'Amérique, qui valent de
14 fr. 25 à 16 fr. 50 par 100 kilog. suivant les qualités.
Issues. — Il y a baisse dans les cours. On vend à la halle de Paris par 100 ki-
log. : gros son seul, 14 fr. à 14 fr. 25 ; son trois cases, 13 fr. 25 à 13 fr. 50 ;
sons fins, 12 fr. 50 à 15 fr. ; recoupettes, 12 à 13 fr. ; remoulages bis, 14 à 15 fr.;
remoulages blancs, 16 à 18 fr.
III. — Vins, spiritueux, vinaigres^ cidres.
Vins. — Le Midi est en pleine vendange. Les vignes sont chargées de grappes
aux grains bien développés et très sains, qui font concevoir l'es-pérance d'un ren-
dement supérieur à la moyenne et à un vin de bonne qualité. En présence d'une
semblable situation, on se presse de préparer de la futaille pour recevoir les
excédents, car ceux-ci sont appelés avec les vins de l'étranger et les seconds vins
à combler les déficits du Centre, si cruellement éprouvé. L'entrée en campagne
pour l'achat des vins nouveaux paraît vouloir débuter par 2 à 3 francs de plus par
hectolitre que l'année dernière: aiusi les vins de plaine qui se vendaient en 1879,
19 à 20 francs, se vendent cette année 21 à 22 francs; les Montagnes qui se sont
vendus en 1879, 24 francs, sont tenus à 27 et il fr. 50. Bien heureux s-i ce début
en hausse n'influe pas sur les prétentions de la propriété et ne détermine pas des
prix plus élevés. Dans le Bordeltiis, h s vendanges commenceront vers le 25 cou-
rant; en attendant, les ventes sur souches continuent avec une fiévreuse activité.
En Bourgogne, la vendange est bien réduite, particulièrement dans les vins fins,
comme compensation, les vignobles d'arrière-côtes, sont privilégiés et feront une
moyenne récolte ; on compte sur une bonne qualité, on croit même qu'elle sera
supérieure à celle de 1878. En Beaujolais, le vignoble est des plus tristes, on ré-
coltera à peine pour la consommation locale, et la qualité sera médiocre. En Au-
vergne, le raisin mûrit à vue d'oeil, la quantité sera faible, on espère une bonne
qualité. En Basse-Bourgogne, la vigne est belle, mais la récolte sera maigre. En
Lorraine, la vigne a une belle végétation, les vendanges se feront dans les pre-
miersjours d'octobre, mais on fera peu de vin. Dans le Sancerrois, la vigne est
splendide, les vendanges commenceront vers le 20 septembre, on ne compte que
sur le tiers d'une bonne récolte, mais on s'accorde à dire que la qualité sera excel-
lente. En Poitou, les vignes rouges ne donneront presque rien, tandis que les vignes
blanches donneront une demi-vinée, on compte sur une qualité supérieure et sur
un vm très alcoohque, on vendangera, assure-t-on, dans les premiers jours d'oc-
tobre Telles sont les nouvelles qui jusqu'à ce jour, nous sont parvenues des prin-
cipaux vignobles.
Spiritueux. — Les prix varient peu, le marché est indécis, il défait le jour, ce
qu'il a fait la veille, et malgré les efforts des haussiers, l'article est pour ainsi dire
stationnaire, comme il résulte, du reste, du mouvement de la semaine écoulée qui
nous donne les chiffres suivants : Début, 61 fr. 75, puis, 61 fr. 50, 62 fr., et en
clôture, 62 fr. 75. Le stock a diminué, il est actuellement de 7,800 pipes, contre
478 REVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT.
8,325, l'an dernier à la même époque. Le calme règne à Lille comme à Paris; le
prix de 62 fr. 50, pour le disponible, semble invariable et l'alcool de grains vaut
toujours 63 à 63 tr, 50. Il en est de même des marchés du Midi, qui sont sans
changements : A Celte, on cote 110 fr,, et le marc, 107 fr.; A Nîmes, 103 fr., et
le marc, 100 Ir.; à Pézénas, 98 fr., et le marc, 98 fr.; à Narbonne, llO fr , et le
marc 102 fr.; à Béziers^ 103 fr.; à Monipellier, 106 ir. — A Paris^ on cote 3/6
betterave, l''<= qualité, 90 degrés disponible 63,75, octobre 162,50, octobre et dé-
cembre 60,75 à 61,00, quatre premiers 55,90. — Cognac, les eaux-de-vie 1878
valent : bons bois ordinaires, 210 à 215 fr.; très bons bois, 215 à 220 fr.; fins bois,
borderies, 225 à 2c,0 fr.; petite Champagne, 330 à 235 fr.; fine Champagne, 255
à 260 fr., le tout à l'hectolitre. — A Bordeaux, on paye, Bas-Armagnac,
170 fr.; Tenarèze, 16 < fr,; Haut-Armagnac, 160 fr, — A La Rochelle, on cote,
eau de-vie, 1879, iiOO fr, l'hectolitre.
Vinaigres. — A Dijon, (,Gôte-d'Or), le vinaigre blanc, à 8 degrés, vaut 14 francs
l'hectolitre; nu, à 12 degrés, 20 francs. Le vinaigre dit de Dijon, !«'' choix, se
paye 20 francs Thectobtre nu.
Cidres. — A iXuntes, le mille de pommes (5,500 kilog.) depuis le Mans à Rennes,
vaut 60 à 65 francs. De Gruingamp à Saint-Brieuc, la récolte est pour ainsi dire
nulle.
lY. — Sucres. — Mélasses. — Fécules., — Glucoses. .— Amidons. — Houblons.
Sucres. — Les marchés des sucres hmts indigènes continuent à présenter un
grand calme. Les offres sont d'ailleurs tout à fait restreintes pour toutes les caté-
gories. On cote à Paris, par 100 kilog. pour les sucres bruts, 88 degrés saccha-
rimétriques : n«» 10 à 13, 59 fr, à 59 fr. 50 ; n"^ 7 à 9, 66 fr, à 66 fr. 50;
sucres blancs en poudre n" 3, 66 fr. 50 à 67 fr.; les 99 degrés, 66 fr 50 à o7 fr.
Ces cours accusent un peu de baisse depuis huit jours. A l'entrepôt réel des sucres
à Paris le stock accusait le 15 septembre, 2-22,00.) sacs pour les sucres indigènes,
avec une diminution de 15,000 sacs depuis huit jours. Sur les marchés des
départements, on paye les sucres bruts à Saint-Quentin, n"« 7 à 9, 66 fr, 50, A
Lille, et à Valenciennes, les transactions sont à peu près nulles, et les cotes ne
peuvent pas s'étabhr. Pour les sucres raffinés, les prix accusent de la fermeté à
Paris, où on les paye 147 fr. à 149 fr. par 100 kilog. à la consommation; pour
l'exportation, les prix varient de 71 fr. 50 à 74 fr. 5u suivant les qualités, avec de
la hausse. — Dans les porta, transactions peu importantes en ce qui concerne les
sucres coloniaux.
Mélasses. — Les cours sont sans changements. On paye à Paris, 13 fr. par 100 kilog.
pour les mélasses de fabrique ; 14 fr. pour celles de raffinerie. — A Valenciennes,
13 fr. pour celles de fabrique.
Fécules. — Les ventes sont peu importantes. On cote à Paris, 39 fr. à 40 fr.par
100 kilog. pour les fécules premières ; — à Compiègne, 38 fr. ; et à livrer 35 fr.
Les fécules vertes sont cotées de 20 fr. 50 à 23 fr. par quintal métrique suivant
l'époque de la livraison.
Glucoses. — Peu d'affaires sur les sirops, mais les prix sont faiblement tenus.
On paye à Paris par quintal métrique : sirop premier blanc de cristal, 60 fr. à 62 fr.;
sirop massé, 50 fr. à 52 fr. ; sirop liquide, 40 à 42 fr.
Ami ions. — Les cours sont faibles; la baisse des blés en est la cause. On cote
par 100 kilog. amidons de pur froment, en paquets, 70 à 72 fr.; amidons de
province, 58 à 62 fr ; amidons d'Alsace, 56 à 60 f r ; amidons de maïs, 42 à 44 îr.
Houblons. — Les premiers houblons sont offerts sur les marchés. Les qualités
sont assez variables, mais les bonnes sortes sont, en général, assez r,bondantes.
Les prix sont encore loin d'être bien fixés. On paye à Alost 120 à UO fr. par
100 kilog. pour les houblons nouveaux; à Poperinghe, 160 à 200 fr. D'Alsace, on
ne signale pas encore de cours.
V. — Huiles et graines oléagineuses.
Huiles. — Les affaires sont restreintes en ce qui concerne les huiles de graines.
Les cours sont, à Paris, ceux de la semaine dernière. On paye par 100 kilog.,
suivant les sortes : huile de colza, en tous fûts, 76 fr.; en tonnes, 78 fr.; épurée
en tonnes, 86 fr.; huile de lin, en tous fûts, 70 fr. 25; en tonnes, 72 fr. 25. —
Sur les marchés des départements, on paye les huiles de colza : Arras, 76 fr.;
Cambrai, 75 fr.; Caen, 71 fr. 50; Rouen, 76 fr. 25 ; et pour les autres sortes,
dans cette ville : arachides à fabrique, 85 fr.; comestibles, 1 10 à 120 fr ; sésame à
fabrique, 84 fr.; comestibles, 100 à 1 10 fr. — Sur quelques marchés du Midi, les
affaires en huiles d'olive sont assez abondantes. Les prix accusent de la fermeté
DES DENRÉES AGRICOLES (18 SEPTEMBRE 1880). 47 9
pour les huiles de première qualité, mais les sortes inférieures sont dt^Iaissées. —
A Marseille, les huiles d'Aix surfines valent 175 à 180 fr. par 100 kilog. à la con-
sommation; celles du Var, 125 à 130 fr.
Graines oléagineuses. — Les affaires sont toujours peu importantes. On cote à
Cambrai, par hectolitre : colza nouveau, 22 à 22 fr. 2-5; œillette, 32 à 33 fr.;
lin, 22 fr. 50 à 23 fr. 50; cameline, 16 îr.; à Rouen, par 100 kilog. : graine de
colza, 31 fr. à 32 fr. 50^ — à Caen^ par hectolitre : colza, 19 à 21 fr.
VI. — Tourteaux. — Noirs. — Engrais.
Tourteaux. — Les prix se maintiennent bien. On paye dans le Nord : tourteaux
de colza, I4fr. 50 à 15 fr. 50; de lin, îi3 à 24 fr.; d'œillette, 15 fr.; — à Marseille,
lin, 20 fr.; arachides en coque, 13 fr.; arachides décortiquées, 15 fr.; sésame,
14 fr. 50 à 15 fr.; œillette, 14 fr.; colza du Danube, 14 fr.; coton, 12 fr.; palmiste
naturel, 10 fr. 50; palmiste repassé, 9 Ir. 50; ravison, 12 fr. 75.
Noirs. — Prix à Valenciennes : 32 fr, par 100 kilog. pour le noir animal neuf
en grains ; 8 à & ir. par hectolitre pour le noir vieux grains.
Engrais. — On paye par lOû kilog. : guano du Pérou, 32 à 36 fr.; phospho-
guano, 29 fr.; superphosphate de guano, 19 fr.; superphosphate de guano com-
plet, 23 fr.; engrais Goignet, 30 fr.; engrais agenais de Jaille, 12 à 28 fr.; kopros-
guano, 30 fr., etc. A Liverpool, les nitrates de soude valent 36 fr. 80 à 37 fr, 50;
les cendres d'os, 12 fr. 85 à 13 fr. 20.
VII. — Matières résineuses et colorantes.
Matières résineuses. — Les prix sont en baisse dans le sud-ouest. On paye
l'essence pure de térébenthine à Bordeaux, 60 fr. par 100 kilog.; à Dax, 53 fr,
Gauclis. — Prix fermes dans le Languedoc, de 20 à 22 fr. par 100 kilog.
Raisins secs. — Les cours actuels sont à Cette par 100 kilog. : Gorinthe, 42 à
43 fr,; Thyra, 32 à 33 Ir.; Vourlas, 29 à 35 fr,; Samos, 33 à 34 fr.
VIII. — Suifs et corps gra^;, cuirs et peaux.
Suifs. — Toujours grande fermeté dans les prix, à Paris, où l'on paye, 85 fr.
par 100 kilog. pour les suifs purs de l'abat de la boucherie.
Saindoux. — Maintien des cours à 1 10 fr. par quintal métrique pour les sain-
doux d'Amérique, et 119 à 120 fr. pour les lards salés.
IX. — Beurres, — Œufs. — Fromages. — Volailles et gibier.
Beurres. — On a vendu, pendant la semaine, à la halle de Paris, 208,043 kilog.
de beurres. Au dernier jour, on payait par kilog.: en demi-kilog,, ordinaires et
courants, 2 fr, 28 à 3 fr. 82; petits beurres, 1 fr. 90 à 2 fr. 86; Gournay,
1 fr. 80 à 4 fr. 50 ; Isigny, 2 fr, à 6 fr. 36.
OEufs. — Du 7 au 13 septembre, il a été vendu à la halle de Paris 3,953,3'i&
œufs. Au dernier marché, on payait par mille : choix, 103 à. 112 fr.; ordinaires,
69 à 101 fr. ; petits, 52 à 61 fr,
X, — Chevaux. — Bétail. — Viande.
Chevaux. — Aux marchés des Set 11 septembre, à Paris, on comptait 844 cbe-
suax. Sur ce nombre, 314 ont été vendus comme il suit :
Amenés, Vendus. Prix extrêmes.
Chevaux de cabriolet 188 àb 210 à 1 ,0-30 fr.
— liet'^ait 250 60 300 à 1.310
— hors d'âge 297 Î09 40kî,0TO
— à l'enchère- ... 26 Î6 6S à 31.5
— de boucherie 8i 84 40 à 120
Bétail. — Le tableau suivant résume le mourenaent du marché aux bestiaux de
la Yillette, du jeudi 9 au mardi 14 septembre :
Poids Prix du Isilog. de viande sur pied
Vendus moyea au marché du lundi n'septembre.
Pour Pour En k quartiers. 1" 2» 3» Pris
Amené». Paris, l'extérieur, totalité. kil. qaai. quai. quai. moyen.
Bœufs 6.362 3 519 1,819 5,338 335 1.62 1,48 1.18 1.41
Vaches 1887 765 761 1,5.'6 230 1.48 1.32 1.06 1.26
Taureaux 350 251 40 291 370 1.28 1.14 1.00 1,14
Veaux ...,.,.. 3,373 3,021 1,167 4,188 75 1.96 1.86 1.50 173
Moutons 40,0.56 25,519 12,690 38,2€9 19 2.05 1.72 1.42 1 73
Porcs gras 5,399 2,112 3,08S 5,197 89 l 68 1.6Z 1.52 1.51
— maigres. » » » »»»»•» »
Un peu moins abondants que la semaine précédente les approvisionnements du
marché sont néanmoins toujours considérables Toutefois, les cours accusent, pour
toutes les catégories, principalement pour les moutons, une plus grande fermeté
que la semaine précédente.
A Londres, les importations d'animaux étrangers, durant la semaine dernière,
480 REVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT (18 SEPTEMBRE 1880).
se sont composées de 14,736 têtes, dont 401 bœufs, 14 veaux, 3,772 moutons
et 85 porcs venant d'Amsterdam; 51 moutons d'Anvers; 500 bœufs de Boston;
658 moutons de Biême; 40 bœufs de Dunkerque; 197 veaux de Gothembourg ;
263 moutons d'Hambourg; 69 bœufs, 43 veaux, 1,790 moutons et 124 porcs d'Har-
lingen ; 39 bœufs du Havre; 318 bœufs et 4^9 moutons de Montréal; 956 bœufs
et 524 moutons de New-York; 120 bœufs, d'Oporto ; 6 veaux, 822 moutons et 13
porcs de Rotterdam; 1,677 bœufs et 2,70 l moutons de Tonning. Prix du kilog.
Bœuf, V 1 fr. 40 à 2 fr. 05; Veau, 1 fr. 75 à 2 fr. 10; Mouton, 1 fr. 75 à 2 fr. 45;
Porc : 1 tr. 8s à 2 fr. 05.
Viande à la criée. — On a vendu,
la halle de Paris, du 7 au 13 septembre :
Prix du kilog. le 13 septembre.
Beuf ou vache
Veau
Mouton
Porc
qua
1.02 à I
1.5> 1.90
1.42 1.70
Choix. Busse boucherie.
I.00à2.50 O.lOà 0 90
I.UO 2.10 .
1.00 3.50 »
kilog.
17 2,632
]oH,818
56,280
17^154
404.884
Les ventes sont à ^ ^
deiiieurent sans changements, saul pour la viande dv:i veau qui accuse un peu de
hausse.
XI. — Cours de la viande à l'abattoir
Cours de la charcuterie. — On
80 à 85 fr.; 2% 75 à 80 fr.; poids vif, bï à 58 tr
Bœufs. Veaux. Moutons.
Fore frais.
Soit par jour 57,841 kilog.
peu près les mêmes que la semaine précédente. Les cours
(a ViUette du 16 septembre {par 50 kilog.)
vend à la Villette par 50 kilog. : 1" qualité,
(ra
2"
3"
1"
2«
3"
1"
2«
3«
quai.
quai.
quai.
quai.
quai.
quai.
quai.
quai.
quai
fr.
fr.
fr.
fr.
fr.
fr.
fr.
fr.
fr.
74
67
60
97
88
78
89
83
75
XII. — Marché aux bestiaux de la Villette du 16 jeudi septembre.
Cours officiels.
Cours des commissionnaires
en bestiaux.
Prix
extrêmes.
Poids
moyen
Animaux général,
amenés. Invendus. kil.
Bœufs 3. lis 609 36i
Vaches 852 230 25:>
Taureaux... 137 26 370
Veaux 1.434 173 80
Moutons 21.463 1.914 18
Porcs gras.. 4.165 70 84
— maigres. » > i»»»»»»»>»»
Vente assez active sur toutes les espèces.
XIII. — Bésamé.
Les changements dans les cours ont été peu importants, durant cette semaine,
pour le plus grand nombre des denrées agricoles. A. Remy.
BULLETIN FINANCIER.
Cours de la Bourse du 8 au \h septembre 1880 [au comptant).
Le marché, après avoir conservé quelques jours les cours acquis, se termine en
réaction: la rente 3 0/0 est à 86 fr. 60, perdant 87 fr. 20; l'amortissable à 88 fr,
20, perdant 0 fr. 90, et le 5 0/0 à 120 fr. perdant 0 fr. 30 Même, faiblesse aux
Sociétés de crédit et aux chemins de fer.
Plus
Plus
bas.
haut.
86.60
87.25
88.20
89.1b
11b. 2.Î
116.25
120.U0
120.40
Principales valeurs françaises :
Rentes o/O
Rente 3 0/0 amortis.
Rente 4 1/2 o/O
Rente 5 O/o 120. uo
Banque de France 3450.00 3475.00
Comptoir d'escompte 962.50 975.00
Société générale 565.00 570.00
Crédit foncier 1375.00 1415.00
Est Actions 500 777.50 780.00
Midi d'
Nord d'
Orléans d'
Ouest d'
Paris-Lyon-Méditerranée d'
Paris 1871 obi. 400 3 0/0 . .
Italien & o/o
1057.50 lOe.H.OO
1640.00 1652.50
1266.25 1280.00
852.50 860.00
1435.00 1450 00
399.00 400.00
86.15 86.80
Dernier
cours.
86 60
88.20
115.50
120.00
3^70.00
962.50
5C7.50
1375.00
780.00
1061.25
164i).00
1266.25
855.00
1435.00
399.00
86.20
Gérant : A. BOUCHÉ.
Valeurs diverses :
Plus
b.is.
525.00
560 00
475.00
1110.00
Plus
haut.
540.00
570.00
480.00
130 00
710.00
962.50
795.00
58 2.50
757. 50
612.50
712.50
970.00
650.00
Créd. fonc. obi. 50o 4 0''0
11» d" d" à' 3 0/0.
d° obi. C 500 3 0/0
Bque de Paris acl. 500. ..
Crédit ind. et corn. 500...
Dépôts et cptes cts. 500...
Crédit lyonnais d°...
Créd. mobilier 640.00
Cie parisienne du gaz 250 1372.50 1395. 00
Cie génér. transatl 500 600. oO 607 50
Messag. maritimes d° 732.50 7i.£.50
Canal de Suez d" 1272.50 1301.25
d° délégation d»
d° obli. 5 0/0 d»
Créd. fonc. Autrich 500
Créd mob. Espagnol... .d'
Créd. fonc. Russe 390.00
805.00
591.25
795 00
625.00
397.00
Dernier
cours.
525.00
570.00
476.25
1110.00
740.00
712.50
962.50
645.00
1380.00
605.00
7^2.50
1275.00
795.00
587.50
760.00
612.50
393.25
Letkrrier.
CHRONIQUE AGRICOLE (25 septembre isso;.
Distribution des récompenses pour le concours des irrigations dans les Hajtes et les Basses-
Alpes en 1880. — Nature des encouragements à distribuer aux agriculteurs des contrées pauvres.
— Effets de ces récompenses. — Extension de la péripneumonie dans l'est de la France. —
Faux bruits relatifs à la peste bovine — L'exercice de la médecine vétérinaire. — Circulaire de
M. 'lirard sur le traitement des maladies contagieuses par les empiriques. — Vœux des Con-
seils généraux sur ce sujet. — Le greffage de la vigne. — Lettre de M. Charles Raltet. — Note
de M. Lécart sur une vigne sauvage du Soudan. — Le piàirage des vins. —Vœux de la Société
centrale d'agriculture de l'Aude. — Programme d'un concours international de semoirs en
Italie. — La ferme-école ilu Lot. — Examens d'admission et de sortie. — Nomination de
M. Pierre Dufour en qualité de directeur de la ferme-école. — Concours du Comice de Morlaas.
— Concours dans l'Aude. — Vente d'animaux reproducteurs par la Société d'agriculture de
l'Aude. — Vente de reproducteurs de race Durhaiu à Laval. — Projet de création d'une station
agronomique à Rouen et d'ue école pratique d'agriculture dans le département de la Seine-
Inférieure. — Extrait du rapport de M. Chouillou au Con-eil général de ce département.
Concours du Comice agricole de Saint-Amand. — Discours de M. Girerd, sous-secrétaire d'Etat
au ministère de l'agriculture. — L'agriculture à l'Association britannique pour l'avancement des
sciences. — L'enseignement agricole en Angleterre. — Les pluies sous le climat de Londres. —
Ouverture de la campagne sucrière. — Décrets relatifs aux droits sur les glucoses entrant dans
la fabrication des bières et sur les sucres des confiseries. — Objet d'art offert à M. Mariage. —
— Congrès pomologique de France.
Gap, le 22 septembre 1880.
I. — Les encouragements à l^ agriculture.
La cause de la propagation des irrigations m'a encore appelé dans
les Alpes. Parmi les encouragements que l'tn peut donner aux agri-
culteurs, il en est peu qui produisent plus de bien que ceux que le
gouvernement peut faire porter jusque dans les villages des montagnes,
car le paysan des hameaux éloignés ne connaît guère l'Etat que par le
percepteur, et il est bon que, au lieu de lui prendre toujours, l'Etat lui
fasse porter des prix ou des médailles, en entrant en communications
avec la famille rurale dans sa modeste chaumière. Les prix du concours
d'irrigation des Hautes et Basses-Alpes ont été distribués solennelle-
ment avant-hier sous la présidence de M. Vernet, préfet des Hautes-
Alpes, assisté de M. du Peyrat, inspecteur général de l'agriculture de
la région. Nous y avons été lire un rapport sommaire que nous
publierons prochainement. Ce que nous tenons à constater, c'est que
nous avons vu des cultivateurs ayant fait à pied plusieurs dizaines de
lieues, qui étaient descendus de leurs hautes montagnes que la neige
commence à recouvrir à des altitudes de 1,800 à 2,200 mètres, pour
recevoir des médailles d'argent ou de bronze, souvenirs précieux pour
eux. qu'ils remportent au milieu des leurs, et qui deviennent des
objets d'émulation pour ceux qui veulent réaliser des progrès.
Les récompenses qui prennent ainsi un cachet gouvernemental acquiè-
rent, aux yeux des agriculteurs éloignés des grandes villes une valeur
particulièrement précieuse. Dans nos visites agricoles, au sein des
populations rurales des pays les plus délaissés, nous avons rencontré
quelquefois de vieux laboureurs très fiers d'avoir obtenu, il y a trente
ou quarante ans, une médaille constatant leurs efforts ou bien même
une simple lettre ministérielle contenant quelques paroles d'encoura-
gement. Ces objets sont conservés comme des reliques, avec des senti-
ments de reconnaissance qui nous ont touchés. On ne sait pas assez
le bien qui peut être fait par des récompenses ainsi données. L'éclat
que répandent les villes appelle les hommes jeunes et fait que naturel-
lement les campagnes sont souvent abandonnées. L'émigration se
produit. On s'en étonne et même on en fait un grief aux paysans qui
ne consentent pas à rester malheureux. Nous avons toujours trouvé
très injustes les reproches adressés aux populations d'émigrer des
lieux oîi elles vivent misérables, pour aller tenter fortune ailleurs.
N» 598. — Tome III de 1880. — 25 Septembre.
482 CHRONIQUE AGRICOLE (25 SEPTEMBRE 1880).
Le perfectionnement des voies de communication devait amener ce
résultat. JMais laites que l'agriculture devienne prospère dans les
contrées déshéritées, et le paysan qui aime singulièrement la terre
retournera toujours la cultiver. Dans les habitudes actuelles, on donne
dans les grandes villes du travail à certaines populations rurales
durant l'été et on les renvoie dans leurs chaumières oii la vie est si
rude, précisément pendant la saison d'hiver. C'est le contraire qui
devrait être fait. En outre, que ce soit un honneur souvent constaté
que de bien cultiver les pays les plus pauvres, que les encouragements
ne leur soient pas distribués avec parcimonie, c'est le vœu que nous
formons dans l'intérêt public. Nous avons donné la preuve de notre
profonde conviction à cet égard, car nous avons fait 325 lieues et passé
quarante heures en chemin de fer, pour pouvoir serrer la main des
cultivateurs de Vasr, Ristolas, Arvieux, villages qui se transforment
par le bon aménagement de leurs eaux, par l'emploi des engrais et
même des instruments perfectionnés. Il est bien de prodiguer les
encouragements aux riches cultures, mais il est bien aussi de ne pas
négliger ceux que la nature a traités en marâtre.
II. — Les maladies contagieuses du bétail.
Nous avons insisté, dans un précédent numéro, sur l'extension
prise par la fièvre aphteuse dans un certain nombre de départements;-
on signale aussi, principalement dans la région de l'Est, une recru-
descence considérable de péripneumonie contagieuse des bêtes à
cornes. Les ravages de cette maladie sont assez sérieux, en ce mo-
ment, pour inquiéter vivement les agriculteurs de la Franche-Comté.
Il en est de môme dans une partie de la Suisse. Le bruit a même
couru, sur la frontière, que la peste bovine avait fait son apparition
dans le district de Porentruy, canton de Berne; mais les observations
faites avec soin ont permis de reconnaître que l'on avait affaire seule-
ment à la péripneumonie.
IIL — L'exercice de la médecine vétérinaire.
A l'occasion du projet de loi sur la police sanitaire soumis à l'examen
de la Chambre des députés, M. le ministre de l'agriculture a adressé
aux préfets, au moment de la session des Conseils généraux, la cir-
culaire suivante :
« Paris, le 14 août T880. '"
« Monsieui' le préfet, la Commission de la Chambre des députés à laquelle a
été renvoyé l'examen du projet de loi sur la police sanitaire des animaux, a
décidé d'introduire, dans ce projet, une disposition interdisant à quiconque n'est
pas pourvu du diplôme de vétérinaire, de traiter les animaux atteints de maladies
contagieuses.
« Toutefois, en adoptant ce principe, il lui a paru nécessaire de prévoir que
l'application pourrait en être différée dans les départements où cet ajournement
serait demandé par les Conseils généraux, en raison du nombre insuffisant des
vétérinaires et dea difficultés de communication.
« J'ai l'bonneor de vous prier, monsieur le préfet, de vouloir bien consulter le
Conseil général de votre département, sur cette question, au cours de la session
qui va s'ouvrir, et de me faire parvenir, le plus tôt possible, la délibération qu'il
aura prise à ce sujet.
« Recevez, etc. « Le ministre de l'agriculture et du commerce^
« P. TiRARD. »
Un grand nombre de Conseils généraux, en réponse à cette circulaire,
ont émis le vœu que le traitement des maladies contagieuses soit
interdit à toute personne non pourvue du diplôme de vétérinaire. Il y
CHRONIQUE AGRICOLE (25 SEPTEMBRE 1880). 483
a lieu d'espérer que cette disposilion, que l'agriculture accueillerait
avec une vive satisfaction, sera inscrite dans la nouvelle loi. Les
empiriques, sont, en effet, souvent les meilleurs agents de propagation
des maladies contagieuses; impuissants à en reconnaître les caractères,
ils les laissent souvent prendre des proportions considérables, avant de
songer aux moyens de les combattre. Nous souhaitons vivement qu'on
arrive un jour à interdire d'une manière absolue la pratin^ue de la
médecine vétérinaire à quiconque n'est pas muni du diplôme des écoles
nationales vétérinaires.
IV. — Sur le greffage de la vigne.
A l'occasion dsla note de M. le docteur Saurel sur le greffage de la
vigne par écusson plein, publiée dans notre dernier numéro (p. 45 j),
nous avons reçu de M. Charles Baltetla lettre suivante :
Troyes, 20 septembre 1880.
« M. le rédacteur, M. Saurel a raison, dans votre dernier numéro, d'exciter les
chercheurs à greffer la vigne par l'écussonnage Ilindique l' écusson boisé que nous
avons signalé, dans ÏArt de greffer, à l'occasion des cameUias, azalées, rhododen-
drons et lilas. D'après André Thouin, celte greffe aurait été inventée par le comte
d'Ourche, « auteur de plusitiurs ouvrages sur les irrigations et sur des cultures
agrestes. »
« Mais l'écussonnage simple a été appliqué à la vigne, il y a une quinzaine
d'années, par un vigneron fort intelligent de Beaune, M. Jo.seph Gaguerot. Il
opère fin juillet et couvre la gretîe avec un peu de terre pendant quinze jours.
Au Champ de mars, en 1867, M. Gagnerot exposa de magnifiques pieds de vigne
écussonnés ainsi et transformés dans leur espèce. Je l'ai également constaté chez
lui. Il est un des premiers qui aient réussi. Charles Baltet
horticulteor à Troyes.
On ne peut qu'encourager les essais demandés par M. Saurel. Les
succès signalés par M. Charles Baltet sont d'ailleurs tout à t'ait de
nature à donner confiance à ceux qui les poursuivront,
V. — Une nouvelle vigne.
Les Comptes rendus de l'Académie des sciences publient un extrait
d'une lettre adressée par M. Lécard au ministre de l'instruction pu-
blique, et relative à l'existence, au Soudan, de vignes sauvages, à tige
herbacée, à racines vivaces et à fruits comestibles. D'après cette
lettre, la beauté et l'abondance des fruits, la vigoureuse rusticité de la
plante, la facilité de culture, par suite de la simple plantation annuelle
de ses racines tuberculeuses, lui donneront une place importante
en France. M. Lécard suppose même que ces espèces nouvelles
sont susceptibles de changer complètement les conditions de la cul-
ture de la vigne en France et d'en augmenter la production dans
des proportions inconnues; on pourrait, dit-il, les cultiver comme on
le fait pour les dahlias. M. Lécard annonce enfin qu'il a une grande
quantité de graines de ces vignes à distribuer à tous les établisse-
ments agricoles ou scientifiques de France, d'Algérie et même d'Eu-
rope. Les essais de culture permettront de constater la valeur des
services que ces nouvelles vignes pourront rendre en France.
YL — Sur le pldlrage des vins.
Dans notre numéro du 28 août (p. 322), nous avons publié la cir-
culaire adressée parle ministre de la justice relativement au plâtrage
des vins. Cette circulaire a soulevé une grande émotion parmi les
négociants en vins et dans quelques régions viticoles. Nous en trouvons
une trace dans la délibération suivante qui a été prise par la Société cen-
484 CHRONIQUE AGRICOLE (25 SEPTEMBRE 1880).
traie d'agriculture de l'Aude, dans sa séance du 4 septembre
courant :
« La Société centrale d'agriculture de l'Aude considérant que le plâtrage de
la vendange s'exerce depuis un temps immémorial dans nos départements du Midi,
que cette opération est indispensable pour assurer la fermentation régulière de la
vendange et la bonne conservation de nos vins;
« Que depuis plusieurs siècles nos populations de l'Aude s'abreuvent de vins
plâtrés et que jamais nos médecins n'ont constaté de maladies ou accidents dus à
l'usage journalier de cette boisson;
« Que nos vins de liqueur, lorsqu'ils sont récoltés sur des terrains très calcai-
res, renferment naturellement plus de deux grammes de sulfate de potasse par litre;
que dès lors il faudrait, sous peine de délit, renoncer à ces sortes de vins et arra-
cher les vignes qui les produisent au moment oij les ravages du phylloxéra nous
menacent d'une ruine complète;
« Que nos traités de commerce permettent l'introduction sur notre territoire
des vins d'Italie et d'Espagne, qui sont toujours très fortement plâtrés et sans que
leur teneur en sulfate de potasse ait été fixée ;
« Qu'on ne saurait tolérer chez les vins exotiques un dosage différent de celui
de nos vins français et qu'imposer à tous la limite indiquée par la récente circu-
laire ministérielle, serait peut-être porter atteinte à nos traités internationaux ;
« Supplie M. le garde des sceaux, ministre de la justice, eu égard aux
considérations qui précèdent, de vouloir bien revenir sur les ordres par lui donnés
le 23 août 1&80 et laisser les vins plâtrés sous l'empire de la circulaire ministérielle
du 21 juillet 1858. »
Nous estimons toujours que, quelle que soit l'innocuité supposée de
l'addition du plâtre soit aux moûts, soit au vin, les vins traités de cette
manière doivent être vendus comme vins plâtrés, car il est de toute
justice que l'acheteur soit prévenu des manipulations qu'a subies le vin
qu'on lui vend.
VIL — Concours international de semoirs en Italie.
Nous avons eu, à diverses reprises, à annoncer des concours inter-
nationaux de machines agricoles, organisés en Italie. La direction de
ces concours est confiée, par le ministère de l'agriculture, à des comices
agricoles. Le programme d'un concours international de semoirs vient
de nous parvenir ; ce concours sera dirigé par le Comice de Pise, et il
aura lieu dans cette ville, au mois d'octobre. Les opérations du con-
cours commenceront le 20 octobre; les essais de semoirs se feront du
25 octobre au 1 0 novembre. Les constructeurs de semoirs, dans tous les
pays, seront appelés à y prendre part. Les récompenses décernées par
le ministère de l'agriculture d'Italie sont les suivantes : 1 ° une médaille
d'or et achat par le ministère, de deux modèles du semoir qui aura
remporté le premier prix; 2" médaille d'argent et acquisition d'un
modèle du semoir qui aura remporté le deuxième prix.
VIII. — La ferme-école du Lot.
Nous recevons communication des résultats des examens de sortie
et d'admission qui viennent d'avoir lieu à la ferme-école du Montât
(Lot). La commission qui a présidé à ces examens, se composait de
MM. Gustave Heuzé, inspecteur général de l'agriculture, président;
Bragalières, membre du Conseil général ; Andurand-Rolland et Va-
lette, propriétaires -agriculteurs, et Théodore Périer, professeur de
physique au lycée de Cahors, secrétaire, — Voici d'abord, par ordre
de mérite, la liste des quatorze élèves qui ont obtenu le certificat d'in-
struction et qui doivent sortir au 1*' octobre prochain :
MM. 1. Frayssenge. — 2. Descamps. — 3. Carrières. — 4. Miquel. —
5. Roux. — 6. Blanc. — 7. Tocaben. — 8. Laques. — 9. Ourcival. — 10. Al-
CHRONIQUE AGRICOLE (25 SEPTEMBRE 1880). 485
barel. — 11. Viers. — 12. Gournille (Raymond). — 13. Maiury. — 14. Laplace.
Tous ces jeunes gens sont âgés de dix-huit à vingt ans. — Au con-
cours d'admission, 48 candidats se sont présentés; sur ce nombre,
18 ont été admis dans l'ordre suivant, et devront entrer le 1" octobre,
à la ferme-école :
Titulaires. — MM. 1. Amadieu, 19 ans. — 2. Gibily, 17 ans. — 3. Guitard,
16 ans. — 4. Rouveix, 17 ans. — 5, Escrouzailles, 17 ans. — 6. Brugalières,
17 ans. — 7. Labarrière, 17 ans. — 8. Gauiac, 16 ans — 9. Barreau, 19 ans. —
10. Frézals, 18 ans. — 11. Lestrade, 17 ans. — 12. Boussaroque, 18 ans. —
13. Lacam, 16 ans. — 14. Maurel, 17 ans, — 15. Nigou, 18 ans. — 16. Gour-
nille (Biaise), 19 ans.
Supplémentaires. — MM. Girma, 16 ans. — Bru, 17 ans.
Par un arrêté du ministre de l'agriculture, en date du 8 septembre,
et sur la demande du directeur de la ferme-école, M. Pierre Dufour,
sous- directeur, a été nommé directeur en remplacement de son beau-
père, M. Célarié, qui était à la tête de cet établissement depuis trente
et un ans, et qui y a rendu de signalés services à la cause de l'ensei-
gnement agricole. Depuis1849 jusqu'à ce jour, 366 élèves sont sortis
de la ferme-école du Montât, avec leur certificat d'instruction.
IX. — Concours de comice deMorlaas.
Le concours du comice agricole du canton de Morlaas (Basses-
Pyrénées) se tiendra, dans cette ville, le 10 octobre prochain. Ce con-
cours est spécial aux animaux reproducteurs de l'espèce bovine; tous
les propriétaires de taureaux, de vaches et de génisses, dans le canton,
sont admis à y prendre part. En outre, un concours sans conditions
spéciales est ouvert pour les instruments d'agriculture les plus perfec-
tionnés et les plus pratiques à introduire dans le canton de Morlaas.
X. — Concours spéciaux dans VAuie.
Deux concours d'animaux reproducteurs sont organisés par la
Société d'agriculture de l'Aude sous la direction de M. Larobertie-
Sarlande, son président. Ces deux concours sont spéciaux à l'espèce
bovine. Le premier aura lieu à Saint-Denis, le 26 septembre, pour les
cantons d'Alzonne, de Saissac et de Mas-Cabardès ; le second se
tiendra le 1 1 octobre à Gastelnaudary, pour tous les cantons de cet
arrondissement. Dans chaque concours, une somme de 500 francs
sera répartie en primes, tant pour les taureaux que pour les génisses
et les vaches. Les animaux exposés devront présenter les caractères
distinctifs des races locales.
XL — Vente d'animaux reproducteurs dans L'Aude.
La Société centrale d'agriculture de l'Aude, dans le but d'encoura-
ger l'élevage de l'espèce bovine, offre aux propriétaires de leur céder,
à moitié prix, c'est-à-dire pour 150 à 300 francs, de très beaux tau-
reaux reproducteurs de la race gasconne ou de ses dérivées. Cette
année, cette opération est limitée à six cantons : ceux d'Alzonne, Mas-
Cabardès, et Saissac dans l'arrondissement de Carcassonne; ceux de
Ip Gastelnaudary et de Salles-sur-l'Hers dans l'arrondissement de Cas-
/ telnaudary; et celui d'Axat dans l'arrondissement de Limours. Les
acheteurs profiteront de la monte sans pouvoir cependant toucher,
par saillie, une rétribution supérieure à celle des habitudes locales;
ils devront prendre, envers la Société d'agriculture, l'engagement de
mettre pendant trois ans ces taureaux à la disposition du public pour
la reproduction.
486 CHRONIQUE AGRICOLE (25 SEPTEMBRE 1880).
XII. — Vt7U& d'animaux reproducteurs à Laval.
Nous avons annoncé que la neuvième vente publique d'animaux de
pur sang Durliam, organisée par l'association des agriculteurs de la
Mayenne, aurait lieu a Laval le samedi 2 octobre. Le catalogue de cette
vente comprend 25 animaux mâles et femelles, sortant des étables de
M. Anqnetil, à Cossc-le-Vivien; de M. lîoisgontier, à Cossé-le-Vivien;
de M. Léon de Clialais, à Saint-Jean-sur-Mayenne; de M. Daudier, à la
Lande; de M. Adhémar Dubois, à Cossé le-Vivien; de M. Foucault^ à
Changé; de M. Cl. Girard, au Mans; de M. Houtin, à Gossé-le- Vivien;
de IM. Uaymond de Moulins, à Ahuillé; de M. Martin, à Cossé-Ie-
Yivien; de MM. Louis Rabeau et J. Bodin, àCraon.Le plus grand
nombre de ces animaux sont encore dans leur jeune âge.
XIII. — Projet de création d'une station agronomique, et d'une école d'agriculture.
Dans sa dernière session, le Conseil général de la Seine-Inférieure a
adopté les conclusions de deux rapports, présentés par M. Chouillou,
sur un projet de création d'une station agronomique à Rouen et
d'une école pratique dans le département de la Seine-Inférieure. Le
Conseil général a chargé sa première commission d'étudier, d'accord
avec le préfet, les moyens de réaliser ces deux projets. On ne peut que
souhaiter qu'ils reçoivent une prompte réalisation. Le rapport de
M. Chouillou renferme sur le rôle, le fonctionnement et l'histoire des
stations agronomiques, des considérations que les agriculteurs liront
certainement avec intérêt :
ce Qu'est-ce qu'une station agronomique ? — C'est le siège de toutes recherches
scientifiques sur la nature et la composition des sols et des sous-sols que présente
la région, sur les terres et minéraux qui peuvent y servir d'amendements, sur les
fumiers et tous autres engrais qui y sont employés, sur les résidus des diverses
industries voisines, résidus souvent précieux pour la culture, sur les semences en
usage ou à recommander, sur les conditions physiques et chimiques nécessaires au
rendement maximum de chacune de ces semences, sur les compositions de leurs
récoltes, au point de vue de leur valeur industrielle, commerciale ou alimentaire,
sur les meilleurs rations à donner au bétail pour développer en lui telle ou telle
qualité, tel ou tel produit. Voilà une série déjà longue de fécondes recherches à
faire, et pourtant avec cet ordre logique d'énumération, nous en sommes encore
à vous parler de celles qu'a inaugurées et par lesquelles s'est illustré le savant
M. Pdsteur : des recherches sur les causes, disons-mieux, sur les êtres infiniment
petits qui produisent certaines maladies ruineuses ou terribles des végétaux ou
des animaux, sur les conséquences à en redouter et sur les moyens de les combattre.
« Vous avez bien justement compris, lorsque vous avez adopté le principe d'une
station agronomique, que c'était par de telles recherches que vous pouviez le
mieux aider la culture dans sa détresse. De ces recherches, en effet, découleront,
grâce à des règles savantes et sages, des moyens de produire à meilleur )narché
tme plus grantle quanliié de produits meilleurs et de sauver ainsi maints honora-
bles travailleurs de la terre, leurs familles et l'agriculture de la région normande,
la plus concurrencée de toutes par les importations étrangères.
« L'enseignement agricole par !a station agronomique est le seul qui puisse,
aussitôt sa création, aider ceux qui y ont recours; l'enseignement agricole par
l'école d'agriculture pratique, par les écoles primaires ne pouvant commencer à
aider ceux-là que cinq ans, quinze ans après créations.
« L'enseignement agricole par la station agronomique est donc la plus urgente
de toutes les aides scientifiques à l'agriculture.
« Tout ce que vous avez compris est, tout au long, confirmé dans le volumine«x
et précieux dossier que M le préfet nous a composé avec les réponses de vingt
départements. A un près, tous se félicitent des heureux résultats promptement
produits par la création de chaque station. Le seul ])réfet qui nous ait marqué
attendre encore la plénitude de ces résultats, est le préfet d'un déjmrtement dont
la station agronomique, confiée au concours à un jeune savant du plus grand mé-
rite, se l'est vu subitement enlevé par l'impitoyahle mort.
CHRONIQUE AGRICOLE (25 SEPTEMBRE 1880). kSI
« Cet honorable fonctionnaire constate avec une franchise dont nous lui sommes
reconnaissants, — car elle guidera nos décisions ultérieures, — que le choix du
chimiste provisoire qu'il a dû nommer, en remplacement du seul candidat queùr,
après concours, mis à sa disposition le Conseil général, est la seule cause de l'in-
succès du début de la st-ition.
<c Enfin, messieurs, tous ces résultats estimables, prévus par vous, prouvés par
le dossier de M. le préfet, la société centrale d'agriculture de la Seine-Inférieure
les a vus parles yeux de ses trois délégués, explorant clans un laborieux voyage
les meilleures écoles d'agriculture et les plus célèbres stations agronomiques de
France, de Belgique et d'Allemagne. Les 1,500 fr. de tournées que vous leur avez
généreusement votés à cet effet, lors de votre dernière session d'avril, ont été,
entre leurs mains, bien placés. Le compte rendu de ce voyage et les conclusions
auxquelles il a conduit la société centrale d'agriculture, sont exposés dans le rap-
Fort que chacun de vous a reçu. Son auteur, M. l'ingénieur Gruillain, s'y est fait
inteiprèle fidèle de la société d'agriculture et de ses deux comjjagnons de voyage.
M Rasset, l'actif et expérimenté f)résident du comice agricole de Neufchâtel, et
M. Gustave Robert, le jeune chimiste dont la consciencieuse étude d'école d'agri-
culture pratique a été si honorablement qualifiée, lors de ia session d'avril, par
M. Aubry, notre ancien collègue... »
M. Chouillou a raison de rappeler, dans une autre page de son
rapport, que c'esl la France qui peut revendiquer pour elle la création
des stations agronomiques. C'est à notre illustre maître, iM. Boussin-
gault, que revient l'honneur d'avoir établi la première sur son domaine
de Beclielbronn. C'est là le modèle qui a été suivi presque partout. On
cherche aujourd'hui, dans beaucoup de départements, à créer des éta-
blissements de ce genre; les services rendus par ceux qui existent
doivent être, pour les Conseils généraux, un puissant stimulant,
comme on voit qu'ils l'ont été dans ia Seine-Inférieure.
XIV. — Concours du Comice de Saint-Amand.
Le concours du Comice agricole de Saint-Amand (Nièvre) s'est tenu
le dimanche 12 septembre, sous la direction de M. Mariage, vice-pré-
sident. Ce concours a eu un complet succès, surtout en ce qui con-
cerne l'exposition du bétail. Les étables et les bergeries font, dans ce
pays, la richesse du cultivateur. Pour dissiper les craintes que l'on a
essayé de répandre dans les campagnes, relativement à l'avenir de
l'élevage, M. Girerd, sous-secrétaire d'Etat au ministère de l'agricul-
ture, a prononcé, à la distribution des récompenses, un discours dont
nous extrayons les passages suivants :
« Après avoir constaté la crise agricole, faut-il imputer cette crise au libre-
échange? Oui, les souffrances de l'agriculture sont malheureusement réelles, trop
réelles Mais quelle en est la cause'/ L'introduction en Fiance des bestiaux et
des blés étrangers, qui motive tant de réclamations et de critiques, se fait depuis
au moins vingt ars. Et pourtant, l'agriculture ne souffrait pas il y a quelques
années. Cette prospérité antérieure ne suffit-elle pas pour montrer qu'il n'y a
aucune connexité entre le libre-échange et les souffrances actuelles?
« D'oià viennent ces souffrances? Depuis trois années, nous avons été affligés
d'intempéries sans nombre, qui ont occasionné des récoltes détestables. Là est la
cause véritable, la cause unique du mal dont on se plaint. Pourquoi vouloir à tout
prix trouver un remède dans ce procédé factice qui consiste à frapper de droits
les produits les plus nécessaires à la vie?
« Nous avons besoin de blé, de viande; pourquoi? Parce que, depuis quelque
temps surtout, il y a dans la société plus d'aisance; on consomme davantage;
une amélioration considérable, et dont on doit se féliciter, s'est introduite dans
les classes ouvrières. Eh bien! il faut le dire; la France ne produit pas assez
d'ordmaire pour faire face à toute cette consommation.' Ah! si notre production
était suffisante, si nous étions sûrs de trouver chez nous tout ce qui est néces-
saire, nous pourrions peut-être nous isoler comme dans une île fermée! Mais il
n'en est pas ainsi ; notre production est souvent insuffisante, et force nous est
488 CHRONIQUE AGRICOLE (25 SEPTEMBRE 1880).
d'emprunter au dehors ce qui nous manque. M. le président du Comice lui-même
le comprend à merveille, lui qui refuse de frapper le blé. Mais pourquoi demande-
t-il des taxes sur le bétail? La viande n'est- elle pas devenue aujourd'hui, surtout
pour le travailleur, un aliment aussi indispensable que le pain? On ne saurait
diviser la question; ce qui est vrai pour le blé est également vrai pour le bétail,
et la solution doit être la même dans les deux cas, sous peine de tomber dans
une flagrante injustice, car plus l'ouvrier travaille, plus il a besoin d'une nourri-
ture solide et confortable.
« Il est à remarquer, d'ailleurs, que si l'on constate des mouvements, des
variations dans la quantité des bestiaux importés, on n'en remarque presque pas
sur leur prix de vente Gela prouve que leur nombre n'est pas assez considérame
pour faire sérieusement échec à la production nationale.
« Ce n'est pas dans les idées protectionnistes que l'agriculture doit chercher le
salut; ce n'est pas dans cette voie qu'elle doit invoquer l'aide du gouvernement;
ce n'est point un pareil secours que le gouvernement peut lui donner. Le remède
consiste dans un développement de plus en plus complet des voies de communi-
cation et de transport; dans la création de chemins de fer comme celui qui
passera prochainement à proximité de Saint-Amand; dans la propagation de
finstruction nationale, qui perfectionnera de plus en plus les procédés et les
méthodes de travail; dans l'application de plus en plus répandue de cette loi
économique qui ordonne de dépenser moins et de produire davantage
« C'est pourquoi le gouvernement de la République apporte tant de sollicitude
au progrès de 1 instruction, à l'amélioration des écoles qui la mettent à la portée
de tous, de telle sorte que bientôt on ne puisse plus rencontrer nulle part un
citoyen qui ne sache ni lire ni écrire. »
Les principes présentés par M. Girerd ont été trop souvent déve-
loppés dans ce Journal pour que nous ne leur donnions pas notre adhé-
sion une fois de plus. C'est en elle-même que l'agriculture française
trouvera la force et les moyens de sortir de la pénible situation dans
laquelle une série de mauvaises années l'a placée; les jours meilleurs
suivent toujours les jours néfastes.
XV. Vagricullure à l'Association britannique pour l'avancement des sciences.
L'Association britannique pour l'avancement des sciences, sœur
aînée de l'Association française, a tenu, à la fin du mois d'août, sa
cinquantième session à Swansea. Ici, cotume en France, l'agriculture
tient sa place. Parmi les principales questions agitées, nous devons
d'abord citer un mémoire de M. J.-M. Cameron, sur l'enseignement
agricole. D'après lui, l'éducation technique des agriculteurs est loin
d être ce qu'on est en droit d'espérer; un bien petit nombre d'asso-
ciations agricoles s'en sont préoccupées; presque seules, la Société
royale d'agriculture d'Angleterre, et la Société royale des Highlands,
en Ecosse, ont fait des efforts pour le développement de l'instruction
et pour l'organisation de fermes expérimentales. M. Cameron conclut
en demandant que l'agriculture compte parmi les matières de l'ensei-
gnement dans toutes les écoles de village, que chaque paroisse possède
une école d'agriculture qui soit en rapport avec une ferme expérimen-
tale, et enfin que, pendant l'hiver, les fermiers organisent des lectures
et des conférences sur les diverses brandies de leur art.
Il faut aussi signaler une élude sur le rapport entre le régime des
pluies et la température sous le climat de Londres, présentée par
M. Courtenay Fox. D'après les observations qu'il a réunies, il croit
pouvoir conclure qu'un printemps froid a beaucoup de chance d'être
suivi d'un été froid, et que celui-ci a tendance à être suivi par un
automne froid, tandis que la même corrélation ne se présente plus
pour l'hiver. D'autre part, les mois de juin et de juillet ont beaucoup
de chance d'être secs, quand les mois précédents l'ont été; mais si
CHRONIQUE AGRICOLE (25 SEPTEMBRE 1880). 489
août est sec, septembre sera probablement humide; enfin si décembre
est humide, janvier le sera probablement. II est bien entendu que ces
lois sont susceptibles d'un grand nombre d'exceptions.
Enfin, M. Botley s'est occupé surtout des lois générales de la pro-
duction agricole. Après avoir présenté des tableaux détaillés des di-
verses cultures en Angleterre, il a insisté d'une manière spéciale sur
la nécessité de modifier, dans un sens plus libéral, les lois qui régis-
sent la propriété et l'exploitation du sol. C'est la réclamation que,
dans toutes les parties des Iles-Britanniques, les fermiers font en-
tendre, et qui finira certainement, dans un avenir plus ou moins pro-
chain, par l'emporter.
XVI. — Les sucres.
La nouvelle campagne sucrière est aujourd'hui ouverte. Dans quel-
ques jours commencera l'application de la loi qui a réduit à 40 fr.
par lUOkilog. les droits sur les sucres. Cette grande réforme, à laquelle
ont applaudi tous les agriculteurs, va donner une impulsion nouvelle
à notre grande industrie du sucre.
Le Journal officiel du 22 septembre publie un décret relatif à la
franchise des droits sur les glucoses destinées à la fabrication des
bières. Les brasseurs ne seront admis à jouir de cette franchise qu'au-
tant que, quinze jours au moins avant l'introduction de glucoses dans
leurs usines, ils auront souscrit l'engagement de représenter des
acquits-à-caution pour toutes les quantités qu'ils auront reçues et de
payer les doubles droits, tant sur les excédents que sur les manquants
que ferait apparaître la balance du compte des glucoses. — Un autre
décret règle les conditions de la décharge des obligations d'admission
temporaire en ce qui concerne le sucre cristallisable existant en cet
état dans les fruits confits, les confitures et les bonbons exportés à
l'étranger et aux colonies et possessions françaises.
Dans une réunion tenue le 20 septembre, les fabricants de sucre de
l'arrondissement de Cambrai (Nord) ont offert à M. Mariage, leur
confrère, secrétaire du Comité contrai des fabricants de sucre, un
objet d'art comme témoignage de reconnaissance pour les services
qu'il a rendus à la sucrerie depuis plusieurs années. M. Mariage est,
en effet, constamment préoccupé de la défense des intérêts de la sucre-
rie française, et il a, par ses efforts, bien mérité d'elle.
XVir. — Congrès pomologique.
Nous croyons utile de rappeler que la session du Congrès pomolo-
gique de France s'ouvrira le 29 septembre, à Moulins, sous la direc-
tion de M. Doumet, président de la Société d'horticulture de l'Allier,
Cette réunion coïncidera avec l'exposition organisée par cette dernière
- Société. J.-A. Barral.
89b omis PISCICULTURE. - LES APLATIS
.! S'il est une famille de poissons de laquelle on a pu dire, qu'un
jour devait venir où la mer serait le grenier d'abondance de la France
pour sa population pressée et nécessiteuse, ce fut assurément celle-là.
Quelles ressources immenses dans la prévoyante éducation de tous les
pleuronectes, soles, limandes, barbues des sables, à la chair si délicate;
carrelets, plies et turbots.
-A dessein nous n'avons pas parlé de sa multiplication; elle est
490 PISCIGULTURE. — LES APLATIS.
naturellement tellement considérable qu'il n'y aurait, selon nous,
nullement à s'en préoccuper.
Abordons-la donc, d'abord à cause de l'excellence et de la délicatesse
de leur chair. Mais d abord constatons que, dans la Société anglaise,
le turbot ne s'y montre sur la table qu'environ depuis 150 ans ; aupa-
avant il n'était que le piscis ignobilis. Pourquoi? si nous citons ce
fait, c'est pour montrer encore une fois comment peuvent naître et
disparaître des préjugés.
Pour revenir à nos poissons plats, il y aura là une source inépui-
sable de matières alimentaires à bon marché, les mœurs de cette si
curieuse famille s'y prêtant pour le moins autant que la facilité de sa
propagation.
L'administration de la marine publiait que, en 18T6, il avait été
péché 43 millions de kilogrammes de soles, raies et turbots; quelle
surprise ne nous ménagerait pas un pareil présent!
Deux faits, dus au hasard, appelèrent sur cette famille l'attention
des pisciculteurs.
Coste, en inspectant certains cantonnements de la Manche en 1862
ou 1863, St-Vaast, croyons-nous, s'aperçut que d'avril à septembre,
les pêcheurs de crevettes détruisaient pour un bien maigre profit dans
un rayon d'à peu près 10 lieues, plus de 200 millions de petites soles,
barbues et turbots.
Cela fut constaté en poursuivant un tout autre but. La grande ex-
périence de Saint-Brieux commençait à lui donner les plus grands
soucis, après de si splendides espérances; il ne pouvait et ne voulait
pas croire à un insuccès, mais en silence, préparait cependant sa
revanche. Il étudiait les plages, fouillait les anses, visitait chaque
cantonnement; il cherchait l'huître et tomba sur un des faits les plus
curieux des mœurs de cette grande famille de pleuronectes.
Ce fut un trait de lumière qu'une intelligence aussi vive et aussi
ouverte que la sienne, ne devait pas laisser dans l'ombre.
De la source de leur infinie production à leur éducation, c'est-à-dire
de Saint-Vaast à Concarneauiln'y eut qu'un pas Là, entre les mains de
Guillou, du lamaneur breton si connu, qui devait être aux viviers
marins, ce qu'était au laboratoire du Collège de France le Suisse
Samuel aussi soigneux qu'assidu dans l'exécution des délicates expé-
riences de pisciculture qui s'y poursuivaient, les résultats ne se firent
pas attendre.
Laquestion «éducation » ne tarda pas à se transformer en celle de leur
domestication.
La stabulation du gourami en Chine avait son pendant dans celle
des turbots et barbues de nos côtes : il ne restait plus qu'à l'appliquer.
La parole doit être laissée à M. de la Blanchère, un de ces jeunes
naturalistes que Coste avait placés à Concarneaupour y suivre ces essais
alors si nouveaux.
Dire mieux étant difficile, nous prierons nos lecteurs de se reporter
à son Dictionnaire des vêches, splendide et aussi un des plus sérieux
rejetons de la Pisciculture officielle de ces temps lointains.
Un de nos compatriotes M. Charles Demetz avait bien t'ait en Belgique
dans les parcs de Seykens-les-Ostende, l'élève du turbot et de la bar-
bue dont ii avait même fourni la table royale quelques années aupara-
vant; mais ces faits, connus seulement de quelques privilégiés, n'avaient
PISCICULTURE. — LES APLATIS. 491
pas reçu la publicité que Coste réservait de la haute tribune de l'Institut à
ce qui se fit sur les côtes de Bretagne.
Que de fois déjà ne fut-ce pas le cas pour ces découvertes delà science
pure? On cherche une chose, et on trouve l'autre?
Faire ici la description de ces genres, recopier ce que tant d'ouvrages
d'histoire naturelle ont tant de fois donné sous tant de formes, n'est
ni le but de ces entretiens, ni le pourquoi de la place qu'on nous fait
l'honneur de nous accorder ici. Nous insisterons cependant sur ce
point que toute cette famille peut vivre en eau douce, et remonter
nos fleuves.
Qui ne sait l'histoire des soles pêchées en 1818 par de Humboldt à
4 00 lieues des embouchures du Rhin, et des plies et carrelets pris dans
notre Dordogne et l'Allier.
On voit de suite l'immense parti que les pisciculteurs peuvent tirer
de si curieuses mœurs et quelle marge surtout de telles habitudes
laissent à leur double éducation.
On sait que c'est au solstice d'hiver avec le grand flot de mars que
commencent les grandes migrations des poissons, que tous quittent les
profondes vallées sous-marines pour se rapprocher des côtes oi^i les
pousse le temps de leurs amours.
C'est sur les plages sablonneuses à petits fonds, dans les eaux abritées
des vents de nord-est ouvertes à la lame du sud-ouest [de la Soulère)
que se porte de préférence toute cette nombreuse et délicate famille des
pleuronectes, aux ennemis si nombreux et aux moyens de défense si
incomplets.
Son trou dans le sable et encore bien superficiellement, le trouble
de l'eau dont il s'environne par un petit coup brusque et perpendicu-
laire de ses nageoires dans la vase sur laquelle il paît ou se réchauffe,
voilà tout ce que le pauvre met en œuvre pour échapper même au
crabe, son lent si prudent et implacable ennemi.
Seule l'immensité de sa propagation l'a jusqu'ici sauvé de la
destruction et l'appelle à de hautes destinées dans la grande question,
pour nous la plus grande de l'avenir, celle de l'alimentation des
peuples. Londres seule consomme en soles et limandes, 135 millions
de pièces par an, et Paris de 1842 à 1867 voyait sa consommation
passer de 8 millions dekilog. à 19 millions, avec une augmentation de
22 pour 100 jusqu'en 1878.
De tout le reste, comme des maladies de l'enfance il ne doit rien
demeurer, pour que l'humanité suive sa marche vers les destinées
heureuses et paisibles que lui réservent le travail attrayant, la science,
l'harmonie en un mot I
Le turbot à la bouche protractile et dilatable est très vorace, ce qui
fait que ce faisan de la mer, pour la délicatesse de sa chair, a reçu h
surnom de chevalier du guet de l'embouchure de nos fleuves et de
nos étangs marins oii il donne lâchasse au jeune fretin.
La marche ondulatoire de toute cette famille, en se laissant retomber
selon un plan incliné pour happer sa proie, est un des faits des plus
curieux de la physiologie.
Nous eûmes le triste honneur, il y a bien une quinzaine d'années,
d'avertir les Parisiens de se soigneusement garer de ce que, à cette
époque, on leur servait pour du turbot, dans certains restaurants.
Cette énorme consommation de turbots correspondant précisément à
492 PISCICULTURE. — LES APLATIS.
l'entrée dans la capitale, de grandes quantités de.... requins.
Hâtons-nous d'ajouter que, aussitôt le fait signalé, l'inspecteur du
carreau de la halle et surtout l'octroi y mirent vite bel ordre. Le fait
se passa en 18G6.
Dans les gros temps les turbots se réfugient par bande dans les ro-
chers où on les pèchent alors avec des lignes de fond amorcées de
vivant. A Granville en 1 853, nous vîmes rentrer un canot qui, en
quelques heures, avait pris 64 turbots dont le moindre pesait 5 kilog. ;
malheureusement cette extraordinaire pêche ne se composait que de
femelles. Pourquoi? aucun pêcheur ne put nous le dire. En saurions-nous
bien davantage aujourd'hui?
Les yeux des pleuronectes sur le même plan offrent, dans les trente
OLi trente-deux genres qui composent cette famille, des différences
anatomiques des plus singulières, de même des couleurs qu'ils
revêtent selon les fonds et les parties différentes de leurs corps, lequel
après avoir été aplati par la nature, semble encore, dit Lacépède, avoir
été tordu par la tête.
Dans cet immense monde des eaux, quoi ne nous semble pas singu-
lier; mais là est toute la question. A nous à le trouver ce pourquoi,
car il y en a un bien certainement. La plie de quinze livres .de l'Oder
et les soles de trois pieds du cap de Bonne- Espérance sont, à notre
avis, encore de vieux clichés de la pisciculture d'autrefois. De la
pisciceptologie, comme l'appelaient ces messieurs du quai de la
Mégisserie, jadis grand quartier des amis des poissons.
Nous les avons vues par milliers, ces fameuses plies de l'Oder et,
franchement, nous ne saurions dire en quof elles diffèrent de celles
que nous vîmes chez nous, d'Arcachon à Dunkerque. Mieux nous
accepterions le substantif qualificatif de «perdrix de la mer » qui, dans
ces temps, leur fut donné; car toute cette famille est vraiment exquise
et un des plus sains et fortifiants aliments de nos tables. Le frai a-t-il
lieu sur le sable, les végétaux marins ou les roches ; pour un ou les
trois, une affirmation serait téméraire. Quelques observations nous
renseigneront bientôt, le fait n'ayant, selon nous, qu'un pur intérêt
scientifique.
Ce qui est hors de doute, ce sont les vives rougeurs des pointillés de
la plie et la blancheur de celles de la barbue, au moment de leurs
amours «n avril et mai. De même la finesse de l'odorat des raies,
remontant des profondeurs à une amorce odoriférante.
Accourent-ils tous vers ceux qui les nourrissent? Distinguent-ils
même la voix de celui dans les mains duquel, les turbots surtout, ils
viendraient chercher leur proie? Sont-ils grimpeurs et percheurs?
Ce sont des points que nous ne discuterons pas. Les deux grands faits
de l'immensité de leur reproduction dans certains de leurs cantonne-
ments et les succès de leur stabulation étant acquis, nous resterons là.
Les expériences de M. Demetz et celles de Concarneau étant connues
de tous, appliquons-les donc, en surveillant et étudiant toujours
davantage leurs frayères préférées.
Dans notre prochaine causerie, nous ferons une visite aux boucho-
leurs d'Esnandes et de Marsilly, q-ue nous n'avons plus revus depuis
1853. Là aussi nous espérons prouver à ces anciennes connais-
sances que silence n'était pas oubli. Chabot-Karlen,
Correspondant de la Société nationale d'agriculture, à Tbun (Suisse].
CULTURE DES CEREALES A L ECOLE D AGRICULTURE DE ST-REMY- 493
CULTURE DES CÉRÉALES
A L'ÉCOLE PRATIQUE D'AGRICULTURE DE SAINT-REMY.
Blés. — Le moyen le plus efficace pour lutter contre l'importation
des blés étrangers, c'est d'employer toutes les ressources à notre dispo-
sition pour élever notre production ; pour cela, il faut de bonne semence,
une terre bien préparée et convenablement fumée. La semence surtout
a une grande influence sur le rendement : une semence médiocre, jetée
en terre dans de bonnes conditions, donnera sans doute une récolte
plus abondante qui si elle avait été employée dans des conditions peu
favorables, mais elle sera moins élevéequesi lasemenceavaitéiéde bonne
qualité. On ne récolte que ce qu'on a semé; si on sème de l'ivraie,
on ne peut récolter du blé. C'est pour cette raison que l'Ecole cherche
constamment à améliorer ses semences de céréales par une bonne cul-
ture et une bonne sélection. Da plus, toutes les années elle expéri-
mente un certain nombre de variétés de céréales recommandées, afin
d'arriver à remplacer les variétés qu'elle possède par d'autres plus
avantageuses.
Pour faire disparaître toutes les causes qui pourraient tant soit peu
diminuer le rendement des céréales cultivées, on fait passer au trieur
toutes les graines qui doivent être semées ; on évite ainsi de jeter en
terre des semences qui ne germeraient pas ou qui nuiraient à la récolte.
C'est encore pour la même raison que les semences nettoyées sont tou-
jours vitriolées; dans les cas ordinaires, on emploie pour cela de 150
à 160 grammes de sulfate de cuivre par hectolitre pour détruire les
germes de maladies. Nol?s avons constaté que 500 grammes de sulfate
par hectolitre suffisaient pour faire perdre au grain la faculté germi-
native.
On vitriole dix à douze heures avant de l'employer. Si la graine pro-
vient d'une récolte fortement attaquée par la carie ou le charbon, on la
laisse plus longtemps en contact avec le vitriol avant de la semer. La
même précaution est prise quand la semaille se fait tardivement par
un temps humide, condition qui favorise les maladies des plantes.
Après un hiver précoce et humide, les céréales d'automne, détruites
en partie par les limaces et les souris, étaient claires et chétives au
printemps, surtout dans les terres mouillées. C'est le mois de mai,
dit-on, qui fait ou défait les blés. En 1879, sa température a été
peu favorable aux emblavures d'automne; on a vu le thermomètre
monter un jour jusqu'à 25 degrés, et le surlendemain descendre à zéro :
13 jours de beau temps, 10 jours de pluie, deux orages avec tonnerre,
7 jours brumeux, une fois de la neige et quatre gelées, forment le bilan
du mois dont dépend en grande partie la récolte en blé.
Pendant les mois de juin et de juillet, époque de l'épiage, de la flo-
raison et de la maturité, la température n'a guère été plus favorable
aux blés que le mois précédent. Beaucoup d'épi'lets vides, la verse des
blés semés à la volée, la rouille des emblavures faites tardivement,
tels sont les principaux effets produits par les froids humides des mois
de mai et de juin, les pluies et les brouillards du mois de juillet.
La moisson, commencée à l'Ecole le 1" août 1879, a été terminée le
21 du même mois; elle a été contrariée par des pluies peu abondâmes,
mais fréquentes. Grâce à la bonne habitude que nous avons de couper
49 i CULTURE DES GÉEiÉALES A L ÉCOLE D'AGRICULTURE DE ST-REMY.
les blés avant complète maturité et de les mettre en moyettes, ils ont
pu être rentrés dans de bonnes conditions.
La récolte de 1 Ecole^ quoique moins élevée que celle des années
précédentes, est cependant relativement bonne : nous avons eu des
rendements de 16, 18, 20, 25, 28 et même 30 hectolitres à l'hectarCj
tandis que, dans les localités qui nous avoisinent, on a récolté 6, 8,
10 hectolitres à l'hectare; les meilleures récoltes ont à peine atteint
notre minimum. Les bons résultats que nous avons obtenus ont sûre-
ment leur raison d'être. Ils sont dus principalement à l'assainissement
de nos terres par le drainage, aux défoncements, aux labours profonds,
au chaulage, aux fumures abondantes, au bon choix des semences et des
variétés cultivées, au mode de semailles faites habituellement en lignes,
à la manière de faire la récolte, à sa mise en moyettes, etc. Quand les
cultivateurs du pays voudront employer les mêmes moyens que nous,
leurs récoltes en blé seront supérieures à celles de l'Ecole après un cer-
tain nombre d'années. Les rendements élevés permettent seuls de cul-
tiver le blé avec bénéfice dans les terres qui ont une certaine valeur
foncière et locative.
A l'aide de nos procédés d'exploitation, nous obtenons des produits
abondants et de bonne qualité ; iU sont de plus en plus demandés.
Cette année, comme les années précédentes, toutes nos céréales se sont
vendues, comme semence, à des prix très avantageux.
Voici le tableau comparatif des rendements des variétés de blé de
grande culture :
Cultures Rendement Poids de
Variétés. Nature du sol. précédentes. à l'hectare. rhectolitre.
Blé b'.eu Argilo-calcaire Vesces 16 hectolitres 78 kilogrammes
(seraenco-)
Blé HuQler Argilo-siliceux Betteraves, 18 — 78 —
pommes de terre
Blé Hallct id. Maïs 18 — 78 —
(fourrage vett)
Mélange de blé bleu et de blé id. Betteraves, irWle 21 — 78 —
commua pommes de len e
Blé bleu Argilo-calcaire Trèfle 21 — 73 —
Id id. Vesces 29 — 80 —
(fouriages)-ers
Blé rouge de Hongrie id. Jaciière 31 — 7 S —
En 1879, le blé Hunter a encore souffert des alternatives des gels et
des dégels; nous avons dû en labourer deux planches ; les autres sont
restées claires, mais belles. Il n'y a jamais avantage à conserver des
récoltes mal réussies, car on n'obtient que de faibles rendements, et
les terres sont souvent salies pour plusieurs années.
Le blé Hallet, après maïs -fourrage, était clair par places; l'ensemble
du champ était beau; la partie semée après vesces -fourrage était fort vigou-
reuse, après comme avant l'hiver; nous pensions qu'elle nous donne-
rait un rendement élevé ; mais le jeune trèfle semé dans cette récolte a
pris un grand développement, et a pu gêner le blé.
Ls blé mélange, quoique semé un des derniers, a été le plus beau de
nos blés en terre argilo-siliceuse. La partie après betteraves surtout
était très belle et très propre; les betteraves avaient reçu une fumure
abondante, tant en fumier qu'en engrais liquide. Le blé après trèfle
venait en seconde ligne; le blé semé sur deux planches de trèfle, labou-
rées deux fois avant la semaille, tranchait sur tout le reste; sa végé-
tation était d'une vigueur exceptionnelle. Nous profiterons de la leçon:
à l'avenir, nous labourerons deux fois les trèfles pour blé, chaque fois
CULTURE DES CÉRÉALES A L'ÉCOLE D'AGRICULTURE DE ST-REMY. 495
que cela sera possible. Après pommes de terre, le blé était baau, mais
enberbé dans la partie qui n'a pu recevoir de binage, à cause du jeune
trèfle qu'on y avait semé.
Le blé rouge de Hongrie, après jacbère, fortement fumé, a été semé
à la volée; il semblait, par sa végétation, devoir donner une récolte
d'au moins 40 hectolitres à Tliectare; mais la verse, suivie d'une matu-
rité trop précipitée, a un peu amoindri le rendement. Ce n'est qu'excep-
tionnellement que nous semons nos blés sur jachère, lorsque nous ne
pouvons détruire autrement les plantes adventices vivaces. La récolte
que nous avons faite est excellente, mais il a fallu deux ans pour l'ob-
tenir; l'hectolitre de ce blé aura sûrement coûté plus cher à produire
que l'hectolitre de celui qui, semé après une plante fourragère, n'a rendu
que 18 hectolitres à l'hectare. Si nous avions pu semer sur jachère en
lignes, et si la fumure n'avait pas été appliquée directement pour le
blé, il est plus que probable que nous eussions évité la verse, et que
nous aurions obtenu un rendement plus élevé.
Le blé bleu n'a pas donné partout les mêmes résultats ; après vesces
cultivées pour leurs graines, il était enherbé ; après betteraves, la terre
était motteuse au moment de la semaille, et il est resté clair; après
trèfle, semé très tard dans une terre trop humide, une partie de la
raine n'a pas été assez enfouie, elle n'a pas levé ; le reste a germé sous
a neige, et il est resté clair; la rouille, suivie d'une maturité anormale,
a encore diminué la quantité, mais surtout la qualité du grain; après
les ers pour graines, il était beau, mais enherbé; ce n'est qu'après
vesces- fourrage qu'il a donné une récolte exceptionnelle pour l'année.
En général, nos blés étaient clairs. Nous avons employé pour les
emblavures de cette année une plus grande quantité de semence; nous
rendons compte des résultats que nous aurons obtenus.
Pour les blés d'expérience, on a obtenu les rendements qui suivent,
calculés à l'hectare ;
fa
lis 15 S Commencement
Variétés. -rr H °^ Menues- — — -^- Fin Date
Paille, pailles. de delà delà delà
l'épiage. floraisoa. floraison, récolte.
':— 0.-
1 Blé Goldendropp 2'2'' 74'' 6,340^ 600* lôjuin 23juia .S juillet 13 août
2 Blé Poular^l 22 75 5,400 4.bO 15 » 2ô » 1 » 13 »
3 Blé d'Australie 21 75 3,550 540 18 » 27 » Il » 13 •
4 Blé rouge dfi Hongrie 20 71 5.700 480 6 » 18 » 1 » 7 •>
5 Blé rouge d'Ecosse 19 75 3,"T0 300 5 » 15 » 3 » 8 »
6 Blé Prince-Albert 17 78 3.550 480 3 » 23 " 7 • 8 ■-
7 Blé blanc lie Flandre 16 80 3,7.ôO 560 12 >» 23 » 5 » 7 "
8 Blé Hick'ing Iti 81 3,i00 370 13 » 22 » 3 . 6 "
9BlédeSaumur 15 76 3,ctli0 280 3 » 15 » 27 juin 3 ■>
10 Blé b eu..... 15 78 3,300 370 3 » 15 » 27 » 3 »
11 Blé roseau 14 75 3, .=^90 300 5 » 20 » 3juillet 7
12 Blé Victoria 14 75 3,803 410' 12 » T3 » 10 -> 5 •
13 Blé de Miracle 13 76 2, '208 690 8 • 26 » 7 » 13. «
14 Blé b'anc de Hongrie 12 75 5,770 500 12 • 23 » 5 » 8 '
15 Blé duvet .. 12 80 3,400 450 14 » 24 . 10 •> 5 •
16 Blé Richelle blinohe 12 78 3,120 340 7 » 23 . 4 • 6 »
17 Blé ro)ge de la Ha-teSiône 11 73 3.200 5^0 13 » 23 » 5 • 5 »
18 Blé Childam d'automne ... . Il 75 3,0S0 280 9 . 22 » 5 - 8 »
19 BléSpalding 12 84 3,120 290 10 > 22 » 1 » 8 .
20 Blé blinc l'Ecosse 9 75 2,K60 290 12 » 23 . 3 . 7 »
21 Blé blanc de Sui se 7 78 1,650 203 10 » 22 » 5 » 7 •
22 Blé dAhk.irel\ 7 82 1,483 290 8 » 17 » 30 juin 30 juillet
23 Blé ro ige de Saint-Laud 6 75 1,170 230 6 » 19 » 3 juillet 7 août
Ces blés ont été semés dans un sol argilo-calcaire, à sous-sol mar-
neux, après vesces-fourrage. Us ont souffert des froids humides de
l'hiver; presque toutes les variétés sont restées claires, mais surtout
496 CULTURE DES CÉRÉALES A L'ÉCOLE D'aGRIGULTURE DE ST-REMY.
les suivantes : blé d'Australie, blé de Miracle, blé duvet, blé Foulard,
Richelle blanche, blé blanc de Suisse.
La plupart ont été plus ou moins attaqués par la larve de la céci-
domyie, petit ver jaune qui détruit les étamines et les pistils des épillets,
et par suite empêche le grain de se former, et diminue ainsi le rende-
ment du blé.
Les variétés suivantes ont surtout eu à subir les ravages de cet insecte :
blé duvet, Richelle blanche, blé de la Haute-Saône, Chiddam d'automne,
rouo^e de Hongrie; les blés barbus ont eu moins à souffrir que les
autres; ils ont aussi moins souffert delà verse. Les blés rouges de
Saint-Laud, Spalding et de Saumur, ont été atteints de la rouille.
Par suite de circonstances exceptionnelles, le classement des variétés
par ordre de rendement n'est pas rigoureux, surtout pour les der-
nières.
Les variétés les plus précoces sont : le blé bleu, le blé de Saumui^,
le blé d'Allkirch, le blé Victoria, le blé duvet, le blé rouge de la Haute-
Saône, le blé Richelle blanche et le blé Hickling. Les plus tardives sont:
le blé Goldendropp, le blé Foulard, le blé d'Australie et le blé de
Miracle.
Celles qui ont rendu le plus de paille sont : le blé Goldendropp, le
blé blanc de Hongrie, le rouge de Hongrie, et le blé Foulard.
Celles qui ont donné le grain le plus lourd sont : le blé Spalding,
le blé d'Altkirch, le blé Hickling, le blé blanc de Flandre, le blé duvet,
le blé bleu, le blé Prince-Albert et la Richelle blanche. Le moins lourd
est le blé de Miracle. Tous ces blés ont été coupés avant complète
maturité, et sont restés en moyettes jusqu'au moment du b itlage.
Avoines. — Les avoines ont pu être semées dans des terres bien
préparées par des labours d'hiver; elles ont généralement donné des
récoltes assez abondantes, et ont été vendues pour semence à des prix
assez élevés.
Nos avoines sont presque toujours semées après défrichement de
luzerne, de pâturage, et quelquefois après betteraves ou maïs-fourrage,
quand le temps ne permet pas de semer les blés dans des conditions
de réussite : mieux vaut une bonne récolte d'avoine qu'une mauvaise
en blé.
Voici le tableau comparatif des rendements de la grande culture :
Cultures Rendement Poids de
Variétés. Kature du sol. précédentes. à l'hectare. l'hectolitre.
Avoine noire fie Brie Argilo-calcaire Blé S'î hectolitres 47 kilogrammes
Avoine de l^logne Argilo-siliceux Maïs-Tourrage 30 — 54 —
Avoine blanche de Hongrie . . Argilo-calcaire Defrich.-ment 26 — 54 —
pâture 2"= récolte
Avoine noire de Hongrie ... . id. id. 40 — 44 —
L'avoine de Brie, semée en terre très ameublie par un labour d'hiver,
à été envahie par la moutarde des champs. Cette plante, arrachée ou
fauchée, a permis à l'avoine de se développer convenablement ; la
récolte a été bonne, grâce aussi à la fumure donnée à la précédente.
L'avoine de Pologne aurait donné un rendement exceptionnel si,
sur une partie trop humide du champ, la récolte n'avait pas été à peu
près manquée. Un certain nombre d'épis ont été charbonnés. '''*
L'avoine blanche de Hongrie, cultivée en deuxième récolte sur un
défrichement de luzerne laissée en pâturage, a fourni un rendement
assez bon. La rentrée de cette avoine a été grandement contrariée
GUI.TURE DES CÉRÉALES A L'ÉCOLE D'AGRIGULTQRE DE ST-REMY. 497
par le mauvais temps ; une partie de larécolte s'est égrenée sur le sol.
L'avoine noire de Hongrie s'est trouvée à peu près dans les mêmes
conditions que la variété précédente. Son rendement, un peu moins
élevé, est dû surtout à la nature de la terre, qui était de moins bonne
qualité que pour Tautre.
En général, nos rendements en avoine ont été inférieurs à ceux de
l'année dernière; cela tient moins aux intempéries des saisons et aux
variétés cultivées qu'au peu de fertilité des terres dans lesquelles elles
ont été semées, ce qui confirme ce que je disais dans le compte rendu
de l'exercice précédent, à savoir : qu'il y a des variétés plus produc-
tives que d'autres, mais qu'elles dégénèrent bien vite si elles ne sont
pas cultivées dans de bonnes conditions.
Pour les avoines d'expériences, voici le tableau des variétés expéri-
mentées et des rendements :
^ £ O »! ^
Ê-j -a g SiJo Commencement
Variétés. -o " 5xi pailUe g^^ - — — - ■— — <• Fin Date
SS ^'Z à S»-"- de delà delà delà
cc.ns •» l'hectare "^ l'epiage. floraison, floraison, récolte.
l Avoine blinche de Hongrie. 50'' 44'' 3,800'' 600'' 14 juillet 24 juillet 31 juillet 27 août
•2 Avoineg'isede Houdan.... 40 45 3,333 320 1 » ]0 » 26 » 20 •
3 Avoine noire de Brie 40 44 4,509 500 " 9 » 16 » 31 » 27 »
4 Avoine de Beauce 37 46 5,000 500 .*î • 15 • 29 » 21 •
5 Avaiee de Portugal 37 46 4,660 330 3 ■ 10 » 30 » 21 »
6 Avoine nnre de Hongrie 36 40 4,600 250 10 » 19 » 30 » 21 »
7 Avoine bhnche de Sibérie... 30 38 2,800 28û 2 » 13 » 26 » 20 »
8 Avoine Joannelle 30 38 3,000 300 27 juin 8 >- 24 » 13 »
9 Avoine hâtive de Sibérie 30 50 3,700 300 28 . 10 » 22 » 13 »
10 Avoine Pedigree 25 41 3,000 200 3 juillet 25 • 31 » 14 »
11 Avone noire d'Irlande 18 46 3,460 120 3 » 14 >- 30 ■ 27 »
12 Avoine roi; sse commune 15 48 1,335 160 10 » 27 » 6 août 28 >
13 Avoine de Pologne 15 50 2,750 175 5 » 17 » 25 juillet 14 »
14 Avoine nue 12 58 3,000 325 5 » 16 » 31 » 20 «H
Les avoines nue, de Pologne, rousse commune, noire d'Irlande,,
Joannette, blanche de Sibérie, ont peu tallé; elles sont restées claires;
elles ont aussi beaucoup souffert de l'humidité.
Sous le rapport delà précocité, les variétés suivantes sont au premier
rang : Joannette, hâtive de Sibérie, de Pologne, Pedigree; les avoines
rousse commune, noire d'Irlande, noire de Brie, blanche de Hongrie,
sont au dernier rang.
Une nouvelle preuve que les rendements dépendent beaucoup des
conditions dans lesquelles les plantes se trouvent, c'est que l'avoine
de Pologne cultivée dans le champ d'expériences est au dernier rang
pour le rendement, au lieu que, en grande culture, elle a donné un pro-
duit satisfaisant pour l'année.
Orge. — Nous sommes déplus en plus satisfaits des bons résultats
que nous obtenons de la culture de l'orge de Saint-Remy. Son rende-
ment, cette année, a été de ^1 hectolitres à l'hectare, du poids de 70
kilogrammes l'hectolitre. Elle avait été semée en lignes après une
deuxième récolte d'avoine, après défrichement de luzerne; la terre avait
reçu une fumure ordinaire; malgré cela, il n'y a presque pas eu de
verse. Une particularité, qui n'avait guère été remarquée les années
précédentes, s'est produite sur un assez grand nombre d'épis; ils ont
perdu leurs barbes à l'époque de la maturité. Cette nouvelle modi-
fication de la variété se reproduira-t-elle d'une manière constante, ou
bien sera-t-elle passagère comme les causes qui l'ont déterminée? C'est
ce que l'avenir se chargera de nous apprendre.
498 CULTURE DES CÉRÉALES A L'ÉCOLE D'AGRICULTURE DE ST-REMY.
Les rendements des variétés d'orges cultivées comme essai ont été
par hectare :
U 4
^o 2 a» Commencement
Variétés. ■S_g '5^ Paille ■ ^^. .^^ Fin Date
ë— <u à Menues de delà delà delà
K-rf •« l'hectare, pailles, l'épiaison. floraison, floraison. récolte.
1 Orge de Saint-Remy 3P 70^ S.'/SO* ^64" 27juia jjuillet 12juillet 4 août
'2 Orge disiique 23 69 3,050 270 23 » 27juin 3 » 4 »
3 Orge d'Italie 21 69 2,4U0 200 23 » 2juillet 10 . 4 •
4 Orge éventail 17 55 1,8U0 115 29 » 2 ■■ 8 ^ 4 .
5 Orge carrée de printemps. 15 65 1,920 2^0 23 » 30 juin 4 » 31 juillat
6 Orge grosse nue 11 68 1,660 190 17 » 28 • 5 » 4 août
7 Orge céleste 8 69 1,400 120 27 . 29 » 15 d 4 »
Ces variétés d'expérience ont donné des rendements plus faibles que
l'orge de grande culture; mais elles ont été semées dans des conditions
moins avantageuses sous le rapport du sol et de l'époque des semailles.
F.-M.-J= CORDIER,
12 r directeur de l'Ecole pratique d'agriculture
de Saint-Remy.
CONCOURS RÉGIONAL DE PÉRIGUEUX
Le correspondant du Journal de VAgricullure qui s'était chargé de rendre
compte à ses lecteurs du concours régional de Périgueux, n'ayant pu s'acquitter
jusqu'ici de celte mission, il nous revient la tâche de présenter ici un aperçu de
cette importante solennité.
Le concours de Périgueux, ouvert pour la région comprenant les départeoQents
de la Charente, de la Charente-Inférieure, de la Dordogne, de la Gironde, des
Deux-Sèvres, de la Vendée, de la Vienne et de la Haute-Vienne, a été un des plus
importants de l'année. Les déclarations ne comptaient pas moins de 420 têtes des
races bovines, 97 béliers, 170 brebis, 91 têtes porcines, 343 lots d'animaux de
basse-cour, 1 , 1 1 2 instruments et machines, 578 lots de produits agricoles de
toute sorte. Le commissaire général était M. Malo, inspecteur de l'agriculture, qui
l'avait organisé avec beaucoup d'habileté et de goût.
Dans les races bovines, le premier rang appartenait, par le nombre et par la
qualité, à la race limousine. Depuis quelques années, dans le concours de la ré-
gion aussi bien qu'à l'Exposition universelle, les éleveurs de cette race précieuse
->nt prouvé par les laits les heureux résultats qu'ils ont obtenus par une habile
sélection. La race est restée absolument pure, mais elle a acquis des qualités de
précocité et de finesse qui la mettent au premier rang des meilleures races. Citer
M. Gérard de Faye à qui a été attribé le prix d'ensemble, MM. Duvert, de Léo-
bardy, Gaillaud, Dadat, Noualhier, Mme de Leffe, c'est rendre justice à autant
d'éleveurs du Limousin qui tiennent la tête dans cette œuvre de progrès, avec
quelques autres, d'ailleurs, qui n'ont pas pris au concours de Périgueux. — Beau-
coup de Durhams venant pour la plupart de l'Ouest et du Centre ; à côté, de bons
bazadais et d'excellents garonnais. Malheureusement, les catégories réservées aux
races laitières laissaient un peu à désirer, quoique tous les prix qui leur étaient
réservts aient été décernés.
Les béliers et brebis formaient un bel ensemble, principalement dans les caté-
gories réservées aux races étrangères et à leurs croisements. La race southdown
avait de nombreux et brillants représentants. C'est à M. Teisserenc de Bort que
le prix d'ensemble a été attribué. — Dans les catégories des races porcines, les
races anglaises dominaient aussi ; cependant la race périgourdine, qui depuis
longtemps est renommée, avait quelques beaux sujets.
Quant aux oiseaux et autres habitants de la basse-cour, nombreuse et brillante
était l'exposition pour toutes les catégories ; aussi a-t-elle eu beaucoup de succès
parmi les visiteurs du concours.
L'exposition des instruments et machines élait des plus complètes qu'il soit
possible de voir, aussi bien pour les grandes machines que pour les petits instru-
ments ; plus de cinquante machines à vapeur ont sifflé et craché pendant toute la
durée du concours, actionnant soit des batteuses, soit toutes sortes d'autres engins.
Le plus grand nombre des grands constructeurs de France avaient envoyé des
CONCOURS REGIONAL DE PERIGUEUX. 499
spécimens de leur fabrication à Périgueux; les constructeurs de la région faisaient
aussi très bonne figure. Les concours spéciaux ont été suivis avec beaucoup d'intérêt.
Le concours de la prime d'honneur s'est terminé par l'attribution de deux prix
culturaux, seulement. La prime d'honneur n'a pas été décernée. Quelcpie temps-
après le concours, M. Wallon, lauréat du prix cultural de la première catégorie, a
reçu la croix de la Légion d'honneur.
Voici la liste complète des récompenses :
Prix culturaux.
1" Catégorie. — Propriétaires exploitant leurs domaines directement. Un objet d'art: M. Julas
Wallon, à laDurantie, commune et 3 mton deLanouaiile (arrondis-iement de Nontron).
2' Catégorie. — Fermiers à prix d'argent, cultivaleurs-propriélaires tenant à ferme une partie
de leurs terres eu culture; métayers isolés cuUi>'ant des domaines au-dessus de 20 hectares (Un
objet d'art) : M. Français Maj^niaud, fermier, à Malroussie, commune de Cause-ds-Clérans, canton
de Lalinde (arrondissement de Bergerac).
3" Catr'f/orie. — Propriétaires exploitant leurs domaines par métayers. — Non décerné.
4' Catégorip.. — M-tajers isolés ou |ietits cultivateurs, propriétaires ou fermiers de domaines au-
dessous de 20 hectares. — Non décerné.
Objet d'art et médailles de spécialité. — Objet d'art (consistant en une coupe artistique). —
M. Camille Gouzot, proprièt^i-e-agriculteur, à Planques, communes de Bergerac, Colomliier, Saint-
Nexans et Monlnzillac (arrondisse^uent de Bergerac). — Médaille d'or (giand moîule), M. de Lom-
barès, propriéiaire à Saint-Germain, commune de Gaujac, canton de Monpa/.ier (arrondissement de
Bergerac. — Médailles d'or, M. Eyssalet. pmpriétaii-e à la FouiUarge, communes d'Agoiac et de
Chàieau l'Evêque (arrondissement de Périgueux) ; M. Gasson Bugeaud d'Isly, propriétaire à Plai-
sance, commune et canton d-^ Lanouadle (arrondissement de Nontron). — Médnil'e d argent (grand
module). — M. Sicavie Delage, propriétaire, à Palieix, commune d'Atur (arrondissement de
Pé'-igueux).
Récomppnses accordées aux agents de l'exploitât on qui a obtenu le prix cnltural de la 1" caté-
gorie. — ife'daiiîesd'ar^^ftt, MM. Fentinand Pellisson; Bernard Château; Julien GoUier. — Médailles
de bronze, MM. Jean Lacoste ; Aubin Lasfargeas; Auljin Gauthier; Louis Rebière; Julien Paradol;
Louis Minou'ef.
Récompensos accordées aux serviteurs de l'exploitation qui a obtenu le prix cultural pe la 2° caté-
gorie. — Médailles d'argent, M. Antoine Ghassaigne ; Mme Marie Chassaigne.
Animaux reproducteurs. — Espèce bovine.
Les premiers prix sont accompagnés d'une médtille d''or, les seconds d'une médaille d'argent, et les
autres d'une médaille de bronze.
l"Co«e3one. — Bace limousine.— Mâles. —1'° Section. —Animaux de 6 mois à 1 an. — l'^-'prix,
M. de Léohdrdy, à la Jonchëre (Haute-»ienne) ; 2% M. Caillaud, au Châtenet (Haute-Vienne); prix
supplémentaire, M. Duvert, à Verneuil-sur-Vienne (Haute-Vienne). — 2* Section. — Animaux de
1 à 2 ans. — l"' prix, Mme de LeflTe, à Limoges (Haute-Vienn ) ; 2% M. Francez, à Limoges (Haute-
Vienne) ; 3', M. Lamy, à Limoges (Haute-Vienne) ; 4°, M. E. Gérald de Faye, à Limoges (Hiute-
Vienne) ; prix supplémentaires, Mme Vve de Homanet, à Condat (Hauie-Vienne); M. Labesse,
Feytiai (Haute-Vienne). — 3' Section. — Animaux de 2 à 3 ans. — l*" prix, M. Lezaiid, à Verneuil
(Haute-Vienne); 2% M. E. Gérald de Faye; prix supplémentaires, M. Lamy de Lachapelle, à Limoges
(Haute-Vienne); Jl. Caillaud. — Femelles. — 1" Section. — Génisses de 1 à 2 ans. — I" prix,
M. de Léobardy ; 2^, M. Dadat, à Limoges (Haute-Vienne) ; 3*, M. Rouard de Card ; 4°, M. Duvert ;
prix supplémen aires, M. Gérald de Faye; M. Gustave Chamiot, à Beaune (Haute-Vienne) ; mention
ti"ès honorable à toute la section. — 3° Section. — GénissFs de 2 à 3 ans, pleines ou à iHit. — 1" prix,
M. Duvert; 2", M. de Léobardy; 3', M. Noualhier, à Limoge.s (Haute-Vienne); 4', Mme de Leflfe ;
prix supplémentaires. M. Lezaud, à Verneuil (Haule-Vienne); M. Caillaud; meaiion honorable.
M. de Léobardy. — 4* Section. — Vaches de plus de 3 ans, pleines ou à lair. — Rappel de l"prix,
M. Lamv; l" prix, M. de Léboardy; 2% M. de Leffe; 3', M. Pétiniand de Champagnac, à Limoges
(Haute-Vienne); 3% M. Duvert; 5", M. Guibert, à Panazol (Haute-Vienne); prix supplémentaire,
M. Pasquet, à Limoges (Haute-Vienne).
Prix d'ensemble.. — Ce prix a été décerné à M. E. Gérard de Faye.
2" Catégorie- — Race parthenaise et ses dérivés (vendéenne, nantaise). — Mâles. — l" Section. — •
Animaux de 1 à 2 ans — 1" prix, M. Paul Germain, à St-Aubin (Deux-Sèvres) : 2', M. Delisle, au
Boupère (Vendée); 3% M. Babarie, au Boupère (Vendée); 4% non décerné; ô"^ M. Druhet, à Bre-
loux (Deux-Sèvres). — Femelles. — 1" Section. — Génisses de 1 à2 ans. — l^prix, M. de la Mas-
sardiè.e. à Antraii (Vienne) ; 2', M. Proux, à St-Germain (Charente-Inférieure); 3", M. de Ponsay, à
Nesmy (Vendée). — 2' Section. — Géni-ses de 2 à 3 ans. — 1" prix, M. Victor Germ lin, à la Pay-
ratte (Deux-Sèvres) : 2% M. Frère, à Fenioux (Deux-Sèvres) ; 3% M. Delisle. — i" Section. — Vaches-
déplus de Sans, pleines ou à lait. — 1" prix. M. Ferdinand Séguinot, à Nalliers (Vendée);
2*, M. de la Massardière; 3% M. Frère; 4», M. de Pons^iy.
3° Catégorie. — Race g^ronnaise. — Mâles. — 1" Section. — Animaux de 1 à 2 ans. — 1" prix'
Mme de Leffe; 2% M. Tujas, à Saint-Sève (Gironde); 3% M. Duthii, à Massugas (Gironde);
4% M. négimon, à St-André-en-Garn (Gironde).— Femelles. — V Section. — Génisses de 1 à2aas.
— 1" prix, M. Duthil; 2°, M. Régimon; 3% M. Jean-Robert, à Lamothe-Montravel (Dordogne). —
2' Section. —Génisses de 2 à 3 ans, pleines ou à lait. — 1" prix, M. Cassin, au Palais (Haute-
Vienne) ;2% M. Rougier, à La Réole (Gironde); 3', M. Tujas. — 3^ Sectirn. — Vaches de plus de
3 ans, pleines ou à lait. — l'^'' prix, M. Régimon; 2", M. Rougier; 3', M. Duthil; 4*, M. Tujas.
4* Catégorie. — Race bazadaise. — Mâles. — Animaux de 1 à 2 ans. — !■"• prix, M. Henri Dar-
roman, à Bazas (Gironde); 2', M. Soubiran, à Bazas (Gironde) ; 3*=, M. Auguste Courrégelongue, à
Bazas (Gironde). — Femelles. — 1" Section. — Génisses de 1 à 2 ans. — !«■ prix, M. Mothes, à
Bernos (Gironde); 2% M. Matha, à Bazas (Gironde). — 2'^ Section. — Génissesde 2 à 3 ans pleines
ou à lait. — 1" prix, M. Courrégelongue ; 2° et 3* prix, non décernés. — 3' Section. — Vacnes de
plus de 3 ans, pleines ou à lait. — Rappel de 1" prix,' M. Henri Danoman ; 1" prix, M. Mothes;
2% M. Marcel Courrégelongue, à Bazas (Giroade) ; 3', non décerné.
500 CONCOURS RÉGIONAL DE PÉRIGUEUX.
b'Catéfiorie — Race maraîchine. — MAles. — Animaux de 1 à 2ans. — l"' prix, M. Victor Ger-
main; 'i", M. Moinier, à Loire (Charente-Inférieure). — Fetiellcs. — 1" Section. — Génisses de 1 à
2 ans. — Prix unique, non décerné. — 2' Section. — Génisses de 2 à 3 ans. plemes ou > lail.
Prix unique, M. Ambert, à Tonnay-Charente [Cliarenle-Inféiieure). — ^^ Seclion. — Vaches de
S lus de 3 ans, pleines ou à lait. — 1*^' prix, M. Delisle; rappel de 2% M. Ambert; 2" el 3% non
écernés.
6' Catégorie. — Race de Salers. — Mâles. — Animaux de 1 à 2 ans. — Prix unique, M. le
comte de Briey, à Magné (Vienne); mention honorable, M. de Bousquet, à Montrera (Doidogne).
— Femelles. — 1" Section. — Génisses de 1 à 2 ans. — Prix unique, ncm décerné. — 2= Section.
— Génisses de 2 à 3 ans, pleines ou à lait. — Prix unique, M. le comte de Briey; mention hono-
rable, M. de Bousquet. — 3' Section. — Vaches de plus de 3 ans, pleines ou à lait. — 1" prix.
M. Pasquet-Labrone, à Charroux (Vienne); 2", M. le comte de Briey; 3" M, de Bousquet; mention
honorable, M. Pasquet-Labroue.
7" Catégorie. — Race Durnara. — Mâles. — V° Section. — Animaux de six mois à 1 an. —
1" prix, M. le marquis de Surineau, à Saint-Vincent-sur- Graon (Ven'iée); 2% M. Duquénel, à
Saint-?orIin-de-Conac (Charenle-lniérieure). — 2" Section. — Animaux de 1 à 2 ans. — \" pri.x,
M. le marquis de Surineau; 2'", M. le marquis de Momlaur, à Cognat-Lyonne (Allier); mentions
honoraides, MM. Broux ; Daubin, à Magnac-Laval (Haule-Vienne^. — 3° Section. — Animaux de
2à 4 ans. — Prix unique, M. le vicomte de Vassal, à Monbadon (Gironde); mention très hono-
rable, M. le n arquis de Montlaur. — Femelles. — - 1" Section. — Génis-es de 6 mois à 1 an. — 1'
pri.v, M. le marquis de Montlaur; 2°, M le marquis de Surineau ; meniions honorables, MM. Proux;
le vicomte de Vassal. — 2° Section.— Génissesde 1 à2ans.— !"• prix, M. le marquis de Montlaur; 2"
M. Duquénel. — 3* Section. — Génisses de 2 à 3 ans, pleines ou à lait. — 1" prix, M. le vicomte
de Vassal; 2°, M. Duquénel. — 4' Section. — Vaches de plus de 3 ans, pleines ou à lait. — 1" prix,
M. le marquis de Montlaur; rappel de 2% M. Proux; 2°, M. Monnerie, à Muron (Cliarente-lnfé-
rieiire); 3', non décerné.
8° Catégorie. — Croisements Durham. — MiWes. — Animaux de I à 2 ans. — 1" prix, M. Proux;
2*, M. le omte de Villedon, à Aytré (Charente-Inférieure); 3'', M. Gouzot, à Colombier (Dor-
do;ine). — Femtlles. — 1'° Seca'on.. — Génisses de l à 2 ans. — !«' prix, M. Duquénel;*?.", M. Pioux.
— 2^ Section. — Génisses de 2 à 3 ans, pleines ou à lait. — 1" prix, M. Proux ; 2% M. Duquénel-.
prix supp émentaire, M. de Saint-Exupéry, à Aytré (Charente-Inférieure). — 2°S'Ction. — Vaches
de plus de 3 ans, pleines ou à lait. — 1" prix, M. le comte de VilUdon; 2«, M. Gouzot; prix supplé-
men'a're, M. Proux.
9* Catéfiorie. — Ra;e d'Ayr. — Màle«. — Animaux de 1 à 2 ar.s. — Prix unique, M. le marquis
de Dampierre, à Plassac (tiharente-lnférieure) ; meniions honorables, M le marquis de I^am-
pierre; M"' de Gauban du Mont, à Lézat (Ariège). — Femelles. — 1" Sec ion. — Génisse- de 1 à
2 ans. — Prix unique, M""' de Gauban du Mont; mention honoiable, M. le marquis de Dampierre.
— 2° Section. — Génisses de 2 à 3 ans, pleines ou à lait. — Prix unique, M. le marquis de Dam-
pierre; mention honorable, M°° de Gauban du Mont. — 3" Secion. — Vaches de plus de 3 ans.
pleines ou à lait. — Prix unique, M. le marqnis de Dampierre; mentions honorables, M. le marquis
de Dampierre; M"" de Gauban du Mont.
10" Catégorie. — Races laitières frinçaises ou étrangères pures, à l'exclusion des races ayant une
catégorie spéciale. — Mâles. — Animaux de 1 à 2 ans. — Pas d'animaux présentes. — Femelles. —
1" Section. — Génisses de 1 à 3 ans. — 1'' prix, Sœur Mar e-Auguste, à PéDgueux (Dordogne);
2°, M. Cuminal, à Coulounieix (Dordo'.ïne). — 2° Section. — Vaches de plus de 3 ;ins, pleines ou à
lait. — [" prix, M. de Beaupoil de Saiiit-Aulaire, à Coulounieix (Dordogne) ; 2°. M. Mazeau, à
Noire-Dame de Sanilhac (Dordogne); 3% M. de Langlade, à Eyliac (Dordogoej; mention honorable,
M. de Mnllel, à Périgueux (Dordojine)
Prix d'ensemble. — Ce prix a été décerné à M. Régimon.
Espèce ovine.
l'« Catégorie. — Races françaises diverses. — Mâles. — 1" prix, M. Blanchard, à Saint-Ouen
(Haute-Vienne); 2", M. Naudin, à Saint-Liguaire (Deux-Sèvre^) ; 3°, M. de Chatouville, à Coly
(Dordogne); mention honorable, M. Pradier, à Saint-Paul-de-Serre (Dordogne). — Femelles. —
l'' prix, M. Blanchard; 2", M. Faurè; à A'-'onac (Dordo^'ne) ; montions honorables, MM. Ivan de
de Valbrune, à Saint-Aslier (Dordogne); Wallon, à Lanouaille ÇDordogne); le vicomte de Vassal.
2° Catégorie — Races étrangères diverses. — Mâles. — 1" Section. — Animaux de 1 an à 18
mois. — 1" prix, M. le comte de Bnuillé, à Villars (.Nièvre) ; 2', M. Teiss renc de Bort, à Saint-
Pi iest-Taurion (Haute-Vienne); 3% M. Despéroux-Soiichet, à Angoulème (Charente); 4', M. Du-
quénel, à S<3int-Sorlinde Conao (Charente-Inférieure). — Fetnelles. — l" prix, M. le comte de
Bouille; 2%*M. Teisserenc de Dort; 3% M. Despéroux-Souchel; mentions honorables, MM. Duqué-
nel; le vicomte de Vassal. — 2° Section. — animaux de plus de 18 mois. — Mâles. — P' prix,
M. le comte de Bouille; 2% M Tesisserenc de Bort; 3^, M. le vicomte de Vassal; 4'. M. Duquénel;
mention honorable, M. du Chatelard, à Téàjat (Dordogne). — Femelles. — 1" prix, M. le com'e de
Bouille; 2', M. Teisserenc de Bort; 3% M. Duquénel; memion hcmorable, M. Despéioux-Souchet.
3* Catégorie. — Croisements divers. — Mâles. — 1" prix, M. Teisserenc de Bort, 2% M. Emile
Vergniaud, à Razac (Dordogne) ; 3' M. deLéobardy à lalonchère (Haute-Vienne) ; mentions hono-
rables, MM. de Laroque-Latour, à Salles (Charente-Inférieure) ; Dujaric, à Périgueux (Eordogne).
— Femelles. — 1" prix, M. le vicomte de Vassal; 2°, M. Edmond Latour, à Hazac (Dordogne);
3°, M. Monmarson, à Périgueux (Doidogne); mention honorable, M. de Léobardy, à !a Jonchère
(Haute-Vienne).
Prix d'ensemble. — Ce prix a été décerné à M. Teisserenc de Bort.
Espèce porcine.
1" Catégorie. — Races indigènes pures ou croisées entre elles. — Mâles. — 1" prix, M. Ivan de
■Valb-une, à Saint-Astier (Dordogne); 2% MM. Baury et Villeneuve, à Saint-Yrieix (Haule-Vienne);
3'. non décerné. — Femelles. — 1" prix, M. Simon, à Périgueux (Dordogne); 2% M. de Méredine,
à Notre-Dame-de-Sanilhac (Dordo(?ne) ; 3% M. Naudin, à Saint-Liguaire (L)eu.x-Sevres) ; mention
honorable, M. Mazy, à Boulazac (Dordogne).
2= Caiégorie. — Races étiang-^ies piirns ou croisées entre elles, -r Mâles. — Rappel de 1" prix,
M. Teisserenc de Bort, à Saint-I'iiesf Taurion ^H;iute-Vienne) ; 1" prix, M. de la Massardière, à
Antran (Vienne); 3', M. Fayout, à Champcevinel (Dordogne); 3', M. Duquénel, à Sainl-Soilm-àa
CONCOURS RÉGIONAL DE PÉRIGUEUX. 501
Conac (Charenfe-lnférienre) ; prix suppiémenlaire, M. Dumas, à l'Èglise-Neuve-de-Vergt (Dor-
dogne); mention honorable. M. Mazeau. — Pappel de )•'■ firix,- M. de Lcohardy; P'' prix, M. de la
Massardière, 2", M. Duquénel, 3'-, M. Nitdaiid, à Chazellos (Charente); 4% M. Teisserenc de Bort;
mentons honorables, MM. Gabaiily, à Bonnes (Haute-Vienne); M. de Léobardy,
3" Catéf/nri". — Croisements divers entre race» étrangères et races françaises. — Mâles. — Prix
unique, M Francez, à Limoges (HHute-Vienne). — Femelles. — 1«' prix, M. Laroche, à Saint-
Paul-le-Serre (Dordo.ne); 2% M. Petit, à Champcevinel (Dordotine) ; 3% M. Eyssalet, à Château-
l'Evèque (Dordogne) ; mentions honorables, M. Ladelaire, à. Cubjac (Dordogne) ;'M. Mapataud aîné,
à Limoges (Hatite-Viem e).
Prix d'ensemble — Ce pri.x a été déc^rné à M. Teisserenc de Bort.
Animaux de basse-cour.
Les premiers prix sont accompagnés d'une médaille d'argent, les autres d'une médaille de bronze.
1" Catégorie. — Coqs et poules. — l"-' Section. — Race de Barbezieux. — ]'"' prix, M. Macheny
aîné, à i'criguenx (Dordogne) ; 2° et 3', non décernés. — 2° Section. — Races limousine et du
Poitou. — )" prix, M. Beynal, à Coulounieix (D rdoj^'ne); 1' et 3°, non décernés. — 3' Section.
— Kaces françni.'-es diverses. — !'■• prix, M. Brunet, à Périgueux (Dordogne); 2% M Aujay, il
Brantôme (Uuniogtic); 3", Mme Marty, à Caniillac (Dordogne); 4% M. le comie de Lastic, à Saint-
ViDceni-sur-l'lsIf- (D ^rdigne). — ileniinns honorab es. M. Kyssalet, à ChàtePU-l'Evèiiue (Dordogne);
M. Ivan de Vdlbiune, à Saint-Astier (Doidogne); M. Voitellier, à Mantes (Seineet Oi-e); M. Reynal'.
— 3' Section. — Haces étrHngères diverses. — 'l*"prix, M. Keynal ; 2% M. Reverdy, à Razac-sur-
risle (Dordogne). Mention honoiable, M. Voitellier. — 5° Section. — Croisements divers, — Prix
unique, M. Vo lellier. Mention honoiable, M. Reynal.
2° Catégorie. — Dindons. — Prix unique, M. Vergnaud, à Segonzac (Dordogne). Mention hono-
rable, M. Ivan de Val brune.
3^ Catégorie. — Oies. — 1" prix, M. Beauvais, à Périgueux (Dordogne); 2' , M. Ivan de Valbrune ;
3", M. Macheny aîné.
4° Catégorie. — Cmards. — \" prix, M. Voitellier; 2', M. Reverdy; 3°, M. Reynal.
5' Catégorie. — Pintades et pigeons. — l"prix, M. Vergnaud; 2", M. Reynai. — Mentions ho-
norables, M. Mouchet, à BergerHC (Uordcgne) ; M. Voitellier; M. Fourgeaud aine, à Limoges
(Haute-Vienne); M Albagnac, à Périgueux (l'ordogne) : M. Begoul, à Chancelale (Dordogne).
6* Catégorie. — Lapiis et léporides. — !"■ prix, M. Château, à kazac-.--ur-Lisle (Uordngne); 2",
Mme Mazeau, i Notie-Dame (Do d. gne). — Mentions honorables, M. Vergnaud; M. Voiteller;
M. le comte de Paysac. à Saint- P.iu!-de-Serre (Dor-logne); M. Reynal.
Prix d'ensemble. — Ce prix a été décerné à M. Voitellier.
Serviteurs primés. — Employés chez les lauréats et récompensés pour les bons soins donnés aux
animaux i rimes. — ile'daiUes d'argent, M.M. Gouidun, berger chez M. le cumte de Bouille;
pierre Rover, vacher chez M. de Léobardy; Amable Martin, vacher chez M. 1-^ marquis de
Montlaur ;" M;iillaril, vaclier chez M. de Dampierre. — Médailhs de bronze, M.M. Massonnet,
vacher chez M. le comte oe Briey; Mêle, vacher chez M. Proux ; Chanonnier, vacher chez
M. Ouvert; Chapeleau, vacher chez M. le marquis de Saririeau: Jean Mouillerat, vacher chez M. le
vicomte de Vassal; Louis Ozaune, vacher chez M. Duquénel. — 25 fr. à M. .Mazard, berg-r chez
M. Tei-seienc de Hort; Mme Vardy, porchère chez M. Teisserenc de Bort; M.Louis Target, vacher
chez M. le comte de ViLedon; M. Hiaublanc, vacher chez M. Cassin.
Machines et instruments agricoles.
Concours spéciaux d'instruments. — 1" Stclion. — Essa s d'instruments d'extérieur de ferme.
1° Exlirpateurs et Scnrificateurs. — 1" ()rix, médaille d'or, M. Pilier, à P.iiis : 2% médaille
d'argent, M. Breloux, à Kevers (Nièvre); 3°, médaille de bronze, MM. Noir frères, à Huimps
(Charente- Inférieure).
2° Houes à cheval pour plantes sarclées. — 1" prix, médailles d'cr, M.M. Noir frères; 2%
médaille d'argent, M. Barre, à Limoges (Haute-Vienne); 3°, médaille de bronze, M. Tritschler fils
aîné, à Limo>;es (Haute-Vienne).
3" BoulT-aux Brise- Mottes. — 1" prix, mé iaille d'or, M. Hidien, à Châteauroux (Indre); 2%
médaille d'argent, M. Barre ; 3", médaille de bronze, M. Breloux.
4° Faneuses. — 1" prix, médaille d'or, M. Piller ; 2% médaille d'argent, M. Peltier, à Paris ;
3',' médaille de b'onze, MW. Decker et Mot, à Pans.
2" Section. — Essais d'instruments d'intérieur de ferme. — 1° Pressoirs à vin et à cidre. — V'^
prix, médaille d'or, MM. Mabille frères, à Amboise (Indre- et-Loire] ; 2=, médailles d'argent,
MM. Ginet et Lesiazes, à Villeneuve (Lot-et-Garonne;; 3% médaille de bronze, M. Roudier, à
Bergerac (Dordogne) .
2° Egrenoirs à maïs. — 1" prix, médaille d'or, M. Renaud, à Nantes (Loire-Inférieure); 2",
médaille d'argent, M. Trit^chler fils aîné ; 3% médaille de bronze, M. Peltier. Mention honorable,
M. Mailhe, à Orlliez (B sses-Pyrénées).
3° Tarares et ventilateurs. — \" prix, médaille d'or, M. Garnier, à Redon (lUe-et-Vilaine); 2=,
médaille d'argent, M. Pressons, à B urges (Cher); 3% mé 'aille de bronze, Mme veuve Ménard, à
Botz (Maine-et-Loire). Mentions honorabh s, M. Tritschler fils aîné; M. Andreaud, à Lavalette
(Charente).
4° Appareils de tonnellerie. — l" prix, non décerné ; 2", médaille d'argent, M. Rétif, à Lyon
(Rhône); 3^, non décerné
Concours d'instr<-ments non prévus au j rogramme. — Mention honorable décernée en vertu
de l'article 15 de l'arrête ministériel par les deux sections du j'.-ry réunies, M. Guilhou, à Ardon-
nac (Gironde).
Récompenses décernées en vertu de l'artitle 13 de l'arrêté. — Médailles d'argent, M. Félix But-
taud, employé chez M. Pilter; M Leclerc, employé chei: M. Garnier. — 31édailles de bronze,
M. Limoiidin, emi-loyé chez M. Hidien-, M. Luiier, employé chez M. Breloux; M. Victor Grégoire,
employé chez M. Decombe, à Bleré (Indre-et-Loire).
Produits agricoles et matières utiles à i'egriculture.
Concours spéciaux — 1° Vins de la Gironde. — Médaille d'or, non décernée. — Médailles d'ar-
gent, M. Gueidier, à Périgueux (Dordogne). — MéduiUes de bron;:e, M. Dorgueilh père, à R'ons
(Gironde); M. Cardez, à Rions (Gironde).
502 CONCOURS RÉGIONAL DE PÉRIGUEUX.
2° Vins de liqueur de Bergerac. — Médaille d'or , M. Gouzot, à Colombier (Dordopne). — Mé-
daille d argent, M. Simonnet, à Mandacou (Dordogne). — M ni aille de bronze^ non décernée.
3° Vins oïdiniires de la Dordogne. — 1" Section. — Crus de Brantôme, etc. — Médaille d'or,
M. Georges Bussi' re, à Eyviial (Dordogne). — Médaille d'argent, Mme veuve Gaillard, à Brantôme
(Dordogne). —Médailles de bronze, MM. Marc, à Branlôniè (Dordogne) ; Darvaud, à Brantôme
(Dordogi-e); De Meynard, à Villart (Dordogne); Rehière, à Brantôme (Di.rdogne). — 2° Section. —
Crûs de Ho>signol, Sorges et autres. — Médaille d'or, M. le comte de Galaid de Béarn, à Cercles-
Montabourlet (Dordogi c) . — Médailles d argent, MM. du Pavillon, à Saint-Martin des-Combes
(Dordogne); Souillac, à Sorges (Dordogne). — Médailles de bronze, MM. Biche, à Moiisec (Dor-
dogne); le comte de Chantérac, à Mcneslérol (Dordogne) ; le docteur Claverie, à Porl-SHinte-Foy
(Doriogne); Emile Deauria.', à Saint-Vivien (Doidogue) ; Dervaux, à Soiges (Dordogne); Mazeau,
à Notre-Dame-de Sanilhac (Dordogne).
4'' Eaux-de-vie. — Médaille d'or, M. Ferrand, à Ségonzac (Dordogne). — Médailles d'argent,
MM. Arbouin, à Lignières-Sonneville (Charente); M. Duquénel, à Saint-Sorlin-de-Conac (Charente-
InleiieureV, Giraud, à Lignières-Sonneville (Charente). — Médaillede bronze, M. le comte de Les-
trange, à Bois-Brcteau (Charente).
6* Prunes et Pruneaux. — Médaille d'or, non décernée. — Médaille d'argent, M. Laronde, à
Bassillac (Dordogne). — Médailles de bronze, non décernées.
6° Produits maraîchers. — Médaille d'or, M. Laronde. — Médaiiles d'argent, M}H. Bouvyer, à
Châtellerault(V ienne); Duquénel. — Médaillede bronze, M. Bosse, à Chavagnac (Dordogne).
7° Produits forestiers. — Médaille d'or, non décernée. — Médaille d'argent, M. de Presle, à Cher-
veix (Dordogne). — Médailles de bronze, non décernées.
Produits agricoles divers. — Médailles dor, MM. le comte de Beauroyre, à Vilietoureix (Dor-
dogne) ; Abel Deauriac, à Saint-Astier (Dordogne); Ec de norma'e primaire de Périgueux (Dor-
dogne); Vallaiid, à Saint-Bonnet la-Rivière (Haute-Vienne). — Médailles d'argent, M. le comte de
Fontenay, à Cliampaau (Dordogne); Lalbat père et fi's, à Salignac (Dordogne) ; Monntrie, à Muron
(Charei.te-lnférieure) ; Ivan de Vaibrune, à Sainl-Astier (Dordogne). — Médaides de bronze,
MM. Mazeau; Petit, à Périgueux (Dordogne); Michelin fi:s aîné, à E.\oudun (Deux-Sèvres). — Men-
tions très honorables. — Ecole normale de Périgueux; M. Petit.
Parmi les nombreuses fêtes qui ont accompagné le concours régional, il faut
citer en première ligne l'expo.^ition d'horticulture, très bien organisée aux Arènes,
qui a eu le plus complet succès.
Nous ne voulons pas quitter Périgueux, sans signaler un ouvrage très intéres-
sant que vient de publier M. L. de Lamothe, secrétaire général honoraire de la
Société départementale d'agriculture de la JDordogne. Cet ouvrage a pour titre :
Voyages auricoles dans le Périgord et dans les pays voisins. Il est écrit avec beau-
coup de verve, et renferme do très nombreux détails sur l'économie rurale et la
production agricole aussi bien dans le Périgord que dans le Bordelais, la Charente,
le Limousin. L'histoire y occupe aussi sa place. On apprend beaucoup en le lisant.
G. Gaudot.
PLANTES DE JARDIN
Le moment approche, pour un grand nombre de plantes florales,
défaire les plantations ou les semis. A cette occasion, nous croyons
utile de signaler le catalogue que viennent de publier MM. Vilmorin-
Andrieux, des jacinthes, glaïeuls et ognons à fleurs, ainsi que des
fraisiers. Ce catalogue renferme un très grand nombre de variétés, et
naturellement plusieurs variétés nouvelles, car chaque année on s'in-
génie à en créer, afin d'augmenter la richesse des jardins.
Dans cette longue liste, voici quelques plantes qui se recomman-
dent particulièrement à l'attention. C'est d'abord le Bégonia Frœheli,
que représente la fig. 34. Celte variété produit, en massifs, un très
bel effet; mais ses bulbes étant toujours en végétation, il est bon de
de ne pas essayer de les garder hors de terre, et de les replanter dès
qu'on les reçoit. Les bégonias tuberculeux comptent aujourd'hui de
très nombreuses variétés; la fig. 35 représente le bégonia tuberculeux
hydride, dit erecla superba, dont les fleurs très grandes sortent très
bien du feuillage et font un très bon effet dans les plantations en
massifs ; ses fleurs sont d'un beau rouge dont la nuance varie très
peu.
Les espèces d'anémones forment aussi une très longue série. A côté,
et tout à fait distinctes de anémones doubles ordinaires, se présentent
les anémones doubles à fleur de chrysanthème, telles que celle repré-
sentée par la fig. 36. Leurs variétés présentent des colorations assez
PLANTES ET JARDINS.
503
diverses : bleu violet, lilas, mauve, rose tendre, rouge ponceau.
L'année dernière, nous parlions ici de l'anémone éclatante, une des
Fig. 34. — Bégonia Frœbeli
Bégonia tubéreux liybride.
plus grandes variétés de cette plante remarquable, qui soient sorties
des mains des jardiniers.
Les renoncules doubles, pivoines, etc., sont des fleurs toujours
36. — Anémone double à fleur
de Chrysantlième.
Fig. 37. Renoncule double.
recherchées, et d'une culture d'ailleurs assez facile. A côté de la
renoncule double des fleuristes (fig. 37), il convient de citer la renon-
cule semi-double, race remarquable par sa grande vigueur aussi bien
que par l'abondance et l'ampleur de ses fleurs, généralement doubles
et même pleines, de coloris excessivement jolis et variés.
£04 PLANTES ET JARDINS.
Ces quelques détails suffisent pour montrer que les amateurs peu-
vent toujours être satisfaits. La variété des trésors de la nature, aidée
par les soins habiles des jardiniers modernes, se montre en réalité
inépuisable. J. de Pradel.
LA RAGE ANGUS
VENTE DU TROUPEAU DE M. WILLIAM MAC COMBIE.
On se rappelle, sans doute, cette belle troupe d'animaux sans cornes,
de race Angus, que M. William Mac Comble, de Tillyfour, près d'Aber-
deen, en Ecosse, exposa à notre grand concours international, en
1878, sur l'esplanade des Invalides à Paris. Cette belle troupe, si ho-
mogène dans ses fermes trapues et compactes, et dans son pelage noir,
fourré comme celui d'un ours, si béate et si placide dans la physiono-
mie de sa tête chauve de cornes, qu'on eût dit qu'elle avait conscience
de la fatalité de sa destinée, ou plutôt du but exclusif de son existence,
c'est-à-dire l'étal du boucher; cette belle troupe, dis-je, valut à son
exposant, le prix d'honneur de l'espèce bovine. On se rappelle aussi
le revers de cette grande médaille d'honneur, lorsqu'il fallut subir les
ennuis du retour en Angleterre. J'ai raconté dans les pages de ce
Journal les conséquences sérieuses de la quarantaine que les animaux
anglais eurent à subir à leur retour en Angleterre. On s'en souvient,,!
plusieurs des plus précieux lauréats périrent sous ces affreux han- ■
gars des docks de Londres, et les animaux qu'on put sauver ne ren-
trèrent dans la possession de leurs propriétaires qu'après avoir payé
une rançon des plus formidables. L'histoire qu'en raconta M. Mac
Comble, sous forme de requête au gouvernement de Sa Majesté la
reine, était lamentable et navrante au plus haut degré; mais la loi
de cette quarantaine était formelle, il avait fallu s'y soumettre avec
d'autant plus de résignation que c'était la gent agricole elle-même qui
l'avait le plus ardemment imposée au Parlement.
C'est le 26 août dernier que le célèbre troupeau du grand, éleveur
écossais a été finalement dispersé. Hélas! celui-là aussi vient de dis-
paraître, et cette vieille phalange d'éleveurs éminents dont un grand
nombre de mes lecteurs ont connu la renommée, sinon les personnes,
par mes chroniques agricoles de l'Angleterre, tels que Bâtes, Whe-
therell, Jonas Webb, Stratton, Fisher Hobbs, lord Spencer, lord
Ducie, Mac Comble, le colonel Townely, Eastwood, les Booth, et tant
d'autres, dont hélas ! le souvenir m'échappe, semble s'être finalement
séparée des générations actuelles par la rupture du dernier anneau
qui la rattachait encore à notre temps, en la personne de Mac Comble.
De tous ces grands éleveurs qui avaient marqué leur existence dans
le monde par un genre spécial et particulier, et dont les noms retenrj
)n
tissaient dans l'agriculture comme dans une armée ceux de grands,-'
généraux, comme dans le monde politique ceux de grands hommes
d'Etat, il ne reste plus que leur impérissable mémoire et l'influence
de leur exemple. Leur présence parmi nous a pris fin, mais leurs
œuvres restent après leur mort. Leurs troupeaux dans lesquels ils
avaient accumulé tant de qualités héréditaires, ont été dispersés
sous le marteau du commissaire-priseur, et comme des semences
précieuses que le vent emporte et dissémine au loin, ces types
reproducteurs ont emporté avec eux et implanté là où se sont fixées
leur existence et leur culture, les germes améliorateurs qui régénè-
LA RAGE D ANGUS. 505
rent les races et accroissent dans une large mesure les sources de la
richesse et du succès.
Déjà, peu de temps après sa rentrée du concours de Paris, M. Mac
Gombie avait fait la vente d'une grande partie de ses animaux.
Il n'avait réservé que le groupe exposé à Paris, et depuis il avait re-
constitué son troupeau par une sélection sévère dans les ventes pu-
bliques, et par des achats particuliers, en choisissant de préférence chez
les principaux éleveurs de son pays, les descendants d'animaux
achetés chez lui. J'ai raconté les résultats de cette vente partielle,
dont la moyenne atteignit environ 1 ,200 francs par tête. Cette fois-ci,
c'est le troupeau tout entier, sans réserves aucunes, qu'on a vendu,
et les résultats de cette vente sont assez remarquables pour être
signalés aux agriculteurs.
11 est vrai que la race Angus, malgré ses qualités transcendantes
comme race de boucherie, est peu connue en France et encore moins
cultivée. Quant à moi, je ne connais qu'un seul éleveur qui ait poussé
l'excentricité jusqu'à- chercher à constituer et établir un troupeau
d'Angus chez nous, et cela dans les conditions de sol et de climat les
plus adverses au tempérament et aux exigences d'alimentation de
cette race, qu'on puisse imaginer. La race Angus n'est point cosmo-
polite comme la grande race Durham, elle a des attaches climatériques,
hygiéniques et alimentaires qui lui sont propres; c'est à tel point que
bien que cette race soit considérée en Angleterre comme celle qui donne
la meilleure viande de boucherie, aucun éleveur n'en poursuit l'élevage
en dehors de l'Ecosse, et en Ecosse même, il n'y a guère que dans le
comté d'Aberdeen que les Angus existent. On trouve peu de races
bovines plus exclusivement localisées que celle-là. Mais dans le centre
de l'Ecosse, elle partage avec la race Durham la faveur des éleveurs;
je dis avec la race Durham, car l'élément améliorateur Durham a
exercé et exerce encore l'influence la plus heureuse sur ce qui fait le
mérite de la race Angus. C'est le croisement Durham qui a donné
aux Angus la précocité et l'aptitude à l'engraissement, ainsi que cette
cubicité de formes, cette profondeur de masse, cette large poitrine,
cette arrière- main charnue qui caractérisent les Angus à un si haut
degré. Ce que le croisement Durham n'a pu faire, c'est d'orner le chef
des Angus d'une paire de cornes, même à l'état rudimentaire. Cet ap-
pareil est tellement amoindri chez les Durham, d'où leur nom deShort-
horns (courtes cornes), qui leur est exclusivement donné en Angle-
terre, qu'il est probable que la for.3e reproductrice de cette partie de
l'animal n'est pas assez puissante chez les Durham pour vaincre cette
particularité du sang des Angus. Il en est de même de la couleur, que
le croisement Durham n'a jamais pu modifier et qui reste toujours
noire. Ceci est facile à expliquer : c'est que, chez les Durham, c'est
la couleur du pelage qui a le moins de fixité. Le rouge et le blanc,
voilà les deux couleurs typiques de la race Durham, et ces deux cou-
leurs sont le plus souvent mélangées, tandis que chez la race Angus,
le noir, c'est la couleur absolue du ]ielage.
Il n'existe dans ce noir aucunes nuances, aucune tache claire, aucun
mélange,c'estruniformitéabsolue.Oncomprenddonc facilement qu'une
fixité comme celle-là ne peut être même entamée par la couleur du
Durham, laquelle n'en a aucune, et dont la diversité est au contraire un
trait distinclif. Celte fixité dans la couleur noire des Angus est un trait
506 LA RACE D'ANGUS.
qui lui est exclusif. Aucune autre race ne le possède à un degré aussi
absolu. La couleur de la race Devon est bien rouge, mais ce rouge
présente des nuances et les produits du croisement Durham-Devon, pré-
sentent souvent une nuance modifiée par ce croisement. Il en est de
même pour les Hereford, dont le corps est rouge avec la tête blanche,
une raie dorsale blanche et le ventre blanc; on dirait un animal blanc
recouvert d'un manteau rouge ouvert sur le dos ne .se joignant point
sous le ventre, et laissant passer la tête blanche. Là encore, les
nuances sont diverses, et facilement attaquées par le croisement. Il
en est de même des races de la Hollande, du Holstein, et de toutes
nos races françaises dont la couleur est facilement modifiée par le
croisement des Durham. En France, la couleur la plus tenace, c'est
celle des Charolais, mais comme la couleur blanche est aussi celle de
la race Durham, conjointement avec la couleur rouge, il s'en suit
que les croisements Durham-Charolais sont presque toujours blancs.
Mais avec le noir des Angus, il n'existe aucune compromission. Cette
couleur est tellement fixe, tellement rebelle à toute intrusion, atout
mélange que, quel que soit le type reproducteur avec lequel on croise
ceLte vieille race, le produit reste noir. C'est du reste cette persistance
d'aspect dans la couleur et dans l'absence de cornes, dans les croise-
ments, qui a fîivorisé l'accouplement des vaches Angus avec des tau-
reaux Durham, croisement dont les éleveurs écossais ont depuis long-
temps reconnu les grands avantages, car le produit reste Angus dans
son aspect extérieur, et acquiert ces qualités de précocité et d'aptitude
à l'engraissement qui sont essentielles chez une race de boucherie.
Il existe une autre qualité précieuse au point de vue général, que le
croisement Durham n'a pu réussira donner entièrement à la race Angus :
c'est la qualité laitière. Néanmoins, on remarque que les produits croisés
Durham donnent plus de lait que les vaches de sang pur. Mais malgré
cette heureuse modification d'un défaut inhérent à la race, les Angus
ne sont pas laitiers. C'est une race essentiellement à viande ; cela ne
veut pas dire qu'elle ne donne point de lait. J'ai vu des vaches provenant
d'un croisement Durham donner de bonnes quantités moyennes delaitj
mais, en général, la race Angus n'est point laitière.
Sur les grands marchés, les bouchers donnent aux bœufs Angus une
préférence marquée qui se traduit par des prix plus élevés, et cette pré-
férence est pleinement justifiée par la qualité supérieure delà viande et
par le rendement. Voilà le grand mérite de cette race. En Angleterre
dans les comtés du Nord, on engraisse des Angus ; mais on n'en élève
que dans le comté d'Aberdeen, et les éleveurs ont raison; car l'élevage
de cette race ne peut réussir que dans un pays oii l'engraissement se fait
en stabuialion quasi permanente, à cause du climat, et là aussi où
la culture du turneps, par des causes également locales et climatériques,
est la base de l'agriculture et la source presque exclusive où l'on puise
l'alimentation des troupeaux. Il est d'ailleurs reconnu que l'élevage
de la race Angus même croisée avec le Durham, ce qui est devenu une
pratique générale, même dans le comté d'Aberdeen, ne peut être pro-
fitable que là où se rencontrent ces conditions de climat, de sol et de cul-
ture. C'était donc à bon droit que le professeur de zootechnie de l'Ecole
de Grignon, s'étonnait d'avoir vu des Angus en Champagne. Sa sur-
prise sur ce point était légitime, mais je n'en dirai pas autant de son
appréciation de la race ovine Shropshire, qui, elle, a sa raison d'être
LA RACE d'an G US. 507
en Champagne comme ailleurs, où, il faut s'en réjouir, cette admirable
race tend à se répandre avec rapidité.
Ce préambule est bien long, sans doute, mais j'ai pensé qu'avant de
donner les résultats extraordinaires de la vente du troupeau de Tillyfour,
mes lecteurs seraient bien aises de connaître un peu cette race Angus
dont il s'agit, et de comprendre à quels titres elle jouit d'une faveur
si marquée dans le pays oii elle fleurit.
Le troupeau de feu William Mac Comble, au moment de la vente,
comprenait en tout 70 têtes dont 28 vaches, 13 génisses, 15 veaux
femelles et 14 mâles de tout âi^e dont deux veaux nés en 1880. Ainsi
que je l'ai remarqué en commençantM. Mac Comble avait déjà vendu la
plus grande partie de son troupeau en 1 878 peu de temps après le con-
cours de Paris. Il ne conserva alors que quelques vaches âgées, mais
donnant encoredes produits, et le groupe lauréat toutentier du concours
de Paris.
Le troupeau qui vient d'être vendu se composait de cette première
réserve autour de laquelle, avant de mourir, l'éminent éleveur avait
réuni, de-ci de-là, les meilleurs animaux qu'il avait pu rencontrer,
et, autantque possible, descendant de la race qu il avait lui-même créée
à Tillyfour. Il en résultait dans l'ensemble de ce troupeau une certaine
absence d'homogénéité, mais néanmoins, on avait rarement vu un pareil
assemblage de bons animaux dont quelques-uns étaient véritablement
hors ligne. Aussi l'assemblée des acheteurs venus de tous les points de
l'Ecosse et même d'Angleterre, était-elle très nombreuse et surtout
très distinguée; comprenant au nombre de près de quinze cents, tous
les agriculteurs, propriétaires et fermiers les plus éminents du pays.
Comme c'est la coutume universelle, la vente a été précédée d'un
lunch plantureux devant lequel les quinze cents convives se sont assis,
sous la présidence du marquis de Huntley, et lorsque ces quinze cents
appétits lurent rassasiés, ce qui comporte une consommation pantagru-é-
lique de victuailles substantielles, d'ale forte et de wisky, dont la dépense
a du absorber la valeur de pas mal des animaux vendus, on s'est dirigé
vers l'enceinte circulaire autour de laquelle, en guise d'amphithéâtre, on
avait aligné des chariots de toute espèce et de tout calibre, lesquels
munis de planches en guise de sièges, permettaient à tous de voir
et d'apprécier chaque animal, au fur et à mesure qu'on le faisait entrer
dans l'enceinte.
La moyenne réalisée par les 70 têtes a atteint le chiffre de 48 livres
sterling un sheUing et 4 pences, ce qui, au taux actuel du change,
représente 1,218 fr.55.
Ces chiffres, ainsi généralisés, ne donneraient aucune idée de la va-
leur relative des Angus de 31. Mac Comble, s'ils n'étaient soumis à
une analyse. Ainsi, dans la section des vaches, c'est-à-dire des fe-
melles âgées de quatre à huit ans, il y en a eu cinq dont la
moyenne a atteint le chiffre énorme de 4,309 fr. 50. L'une de ces
cinq vaches {Pride of Aberdeen 9") a été adjugée au prix de
7,28G fr. 70. Il faut remarquer que ces cinq vaches d'élite appar-
tiennent presque toutes au groupe lauréat de l'exposition de Paris.
En dehors de ces cinq vaches, la moyenne des autres n'a pas
dépassé 800 fr. Ce contraste frappant demande une explication; car
en rendant compte d'une vente oii des chiffres si disparates se pro-
duisent, il importe que la galerie comprenne pourquoi une belle vache
508 LA. RAGE D'ANGUS.
s'adjuge à 7,280 fr., et une autre, elle aussi de très belle apparence,
ne trouve acheteur qu'à tout au plus 801) fr., et quelques-unes à
400 fr. N'en déplaise aux éleveurs fanatiques de la race Angus, cette
différence de prix ne repose point sur une différence adéi[uate de
mérite. Le motif qui excite les surenchères, c'est surtout le prestige
qui s'attache à un animal renommé, autour duquel s'illumine une
auréole de gloire admise par l'opinion publique, puissance qui peut
se fourvoyer tout aussi facilement que n'importe quelle autre impul-
sion de la nature humaine en élevage comme en politique, et qui est
bien le guide le moins sûr et le moins infaillible auquel on puisse se
fier. Ce prestige, c'est ce qui fait souvent gagner les prix dans les
concours, et ielle toujours un éclat séducteur dans les ventes des trou-
peaux qui en reçoivent les reflets. Généralement, on se souvient du
nom de celui qui, dans une vente célèbre, a poussé jusqu'à un chiffre
des plus extravagants le prix d'un animal déjà connu par ses succès
et parla réputation de son mérite individuel, ou de celui de la famille
à laquelle il appartient. Il n'en faut pas davantage pour attirer le bon
public, et le tour est joué. Le troupeau qui comporte un tel phéno-
mène, devient renommé. La vente est annoncée avec un boniment dont
la ritournelle est l'existence de ce phénomène, et on se précipiteaux
enchères. Souvent un nouveau spéculateur achète à un prix encore plus
élevé le susdit phénomène, pour jeter, à son tour un grand éclat sur
sa marchandise, et tant que dure l'animal en question, il remplit les
mêmes fonctions, et sert la même spéculation.
Il faut tirer de ces faits incontestables une autre morale; c'est que
ce sont les concours qui, malgréleur incontestable utilité théorique, ser-
vent le mieux et le plus directement ces calculs pernicieux. C'est
surtout chez nous que cet abus est devenu intolérable. Dans mon opi-
nion, aucune institution sociale, en France, ne réclame une réforme
plus radicale que celle de nos concours régionaux et surtout de ceux
de nos comices locaux. D'un côté l'influence politique des préfets, de
l'autre, celle des magnats locaux qui cherchent à faire triompher leurs
pentes routinières, font parfois de ces assises qui devraient être
de si précieuses écoles de progrès, une véritable intrigue dont le nœud
et le stimulant sont le triomphe d'un intérêt politique ou personnel, ou
bien la satisfaction d'un préjugé ignorant. F.-R. de la Trehon.nais.
LES FORÊTS DE L'AUTRICHE
En décrivant les forêts de la Prusse et de la Russie, j'ai eu 1*00-
casion de faire remarquer que la plupart des Etats européens sont
d'importants propriétaires forestiers. L'un des pays les moins favo-
risés est l'Autriche. Les embarras financiers dans lesquels s'est long-
temps débatftue la monarchie des Habsbourg ont amené de nombreuses
aliénations domaniales. Je ne parlisrai ici que de l'Autriche propre-
ment dite, de la Cisleithanie. Les chiffres que je cite sont tirés d'un
excellent annuaire publié par l'inspecteur général Wessley.
La superficie totale de l'Autriche est de 30,019,100 hectares, la
population de 21 ,766,000 âmes. La superficie boisée est de 9,180,468
hectares; elle est donc 30 pour 100 de la superficie totale. Par 100 ha-
bitants on compte 42 hectares de forêts.
On compte en essences feuillues. 15 pour 100
— en essences résineuses 71 —
— taillis 14 —
LES FORÊTS DE L"AUTR1CHE. 509
L'accroissement moyen est de 3 mètres cubes par hectare.
Voici comment se répartissent les forêts :
Etat 658,633 hectares 7,2 pour 100
Communautés catholiques 32,970 — 0,3 —
Communautés grecques.. 234,777 — 2,5 —
Communes 1,273,799 — 14 —
Propriétés seigneuriales. 1,193,625 — 13 —
Propriétés particulières. 5,788,816 — 63 —
En France, l'Etat possède plus de 10 pour 100 de la superficie
boisée; en Autriche, à peine 7 pour 100. Ainsi que je l'ai dit au
début de cette notice, cette infériorité est due à la mauvaise gestion
des finances autrichiennes. Déjà sous l'empereur François l"", on
opéra d'importantes aliénations au détriment de la nation. D'après un
dicton de cette époque, il fallait, pour s'enrichir rapidement, acquérir
des domaines de l'Etat.
De 1 81 8 à 1 848 on vendit en Autriche pour 1 4,2 millions de florins,
et en Hongrie pour 12 millions de florins. En 185.5 l'Etat possédait
encore près de 3 millions d'hectares; les ventes continuèrent jusqu'en
1872, époque à laquelle l'administration des forêts passa du ministère
des finances à celui de l'agriculture. Cette réorganisation amena d'ex-
cellents résultats ; elle arrêta les aliénations et améliora la gestion. En
peu d'années l'administration forestière s'est relevée.
Le trafic des forêts aliénées a été l'objet de la création de nom-
breuses Sociétés par actions. Ces Sociétés ont donné lieu à une spé-
culation eff'rénée ; à l'excepùon d'une seule, elles ont toutes sombré
dans la grande catastrophe financière de 1873, le Krach.
Les propriétés seigneuriales sont très importantes; elles ont tou-
jours été bien administrées. L'empereur possède personnellement
125,952 hectares; l'archiduc Albert, 1 12,570; le prince de Lichtenstein,
136,103; l'archevêque d'Olmiitz, 39,967.
Dans les forêts de l'Etat, les recettes s'élèvent annuellement à
4,354,479 florins ou 6 fl. 6 par hectare, et les dépenses à 3,625,232
ou 5.5 par hectare. Le revenu net est de 729,247 ou 1 .1 par hectare;
le revenu net est 17 pour 100 du revenu brut. 11 faut y ajouter le
revenu de la chasse qui est d'environ 2 millions de florins pour toute
l'Autriche. Les forêts sont très giboyeuses. On abat, année moyenne,
31,000 chevreuils, 800,000 lièvres, 70,000 faisans, 700,000 per-
dreaux, 1 ,700 sangliers dans la Cisleithanie.
Le commerce de bois est considérable. Pour toute F Autriche- Hongrie,
l'exportation atteint 52,859,000 florins, et l'importation 10,951,000.
L'excédent d'importation est donc de 41,908,000 florins. On exporte
surtout du bois de construction. Cette exportation s'est élevée, de 1 mil-
lion et demi de florins en 1832, à 11 millions en 1852 et a dépassé
40 millions en 1877. La Suède et la Russie seuls possèdent un com-
merce d'exportation plus considérable. Paul Muller,
Correspondant de la Société nationale d'agriculture.
REVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT DES DENRÉES AGRICOLES
(25 SEPTEMBRE 1880).
I. — Situation générale.
Les marchés agricoles présentent toujours une assez grande activité pour la
plupart des denrées.
II. — Les grains et les farines.
Les tableaux suivants résument les cours des céréales, par quintal métrique, sur
les principaux marchés de la France et de l'étranger.
510
REVUR COMMERCIALE ET PRIX-COLIRANT
N«>Ri>-OrRST.
Calvados. Coudé
— Lisieux
Côtesd.-\or(i Pontrieux
— Trégnier
Finistère. Morlaix
- Quimper
llle-et-Vilai7ie. Rennes.
— St-Malo
Manche. Avranches. .. .
— Pontorson
— Villedieu
Mayenne. Laval
— Mayenne
Morbihan. HennebonU.
Orne. Séez
— Vimouiiers
Sarthe. Le Maos
— Sablé
Blé.
fr.
28.00
27 50
28. SO
26. UO
26.25
28.00
25. bO
26. 2S
28.00
20.75
29.00
26.00
25.75
2i.0O
2i 25
28.^5
Seigif.
fr.
23.50
21 50
Or«e.
fr.
19.00
16 50
15 50
Ui 00
Aroine.
fr.
2;i.0i
2't 00
16.50
15.75
15.50
21.25 20.25 20.00
18.50
19.50
Zu.uo
IS 50
10.50
19.00
19.75
17.50
17.25
19.75
19.50
15.75
Prix moyens.
2" RKGION.
20.63 20. 67
19-90 18.00
Ais'iie. Soissons 24.90
— Chàteau-Thieriy.. 15.00 » »
— Villtis Colterele.. 25.00 18 50 »
B«re. Evreux 25 75 !».80 18.7;
— NeubOiirg ïq.OO is.OO 2û 00
_ Pacy 26 75 19.10 19 50
Bwe-et-Loir. Chartres. 27.20 îo.oo 18.00
— Auneau 27.25 19 0<. 2o.:o
— NogenUle-Rotrou. 26.25 18.26 18.OO
iVorrf. Cambrai 25.25 18 00 19.50
_ Douai 2S.50 18.75 19.75
— Valenciennes 27.00 1:<.25 2û.oo
Oise. Beauvais 26.25 17.50 19.50
— Corapiègne 25.00 19.50 »
— Senlis 25.00 1850
Pa»-de-Caiais. Arras.. . 28. 00 20.00 20.75
— Saint-Omer 28.00 18.50 2o 00
Seine, p. .ri s 27.50 2u 6i 19.85
S. -e«-A/arne Dammartin. 25 50 18 50 58.50
— Nemours 27.50 20. CD 17.75
— Meaux 25.50 19.25 »
8.-«t-0tse. Angerville .. 27.00 20.00 U.J5
— Pontoise 25 50 20.00 19.50
— Versailles 26.75 » »
Seine-Inférieure. Rouen 2i.i)0 19.45 19.90
— Kécamp 25.35 18.00 »
— Yvelot 25.50 19.00 16.75
Somme. Abbeville 27.50 17.50 20 25
— Péronne 26.00 18 00 19.00
— Roye 25 00 » 19. "^J
Prix moyens 26.45 18.85 19.18
3« RÉOION. — NORD- EST.
Ardennes. Charleville.. 25.00
Aube. Bar-sur-Aube ... 26.50
Méry-sur-Seine. .. 26.25
— Nogent-sur-Seine. 26.75
l/orn«.Chàlons 25.75
— Epernay 27.00
— Reims 25 00
— Sézanne ':5.75
Hte-Marne. Ghaumont . 26.00
Meurt.-etMoseUe nàQcy 26 50
— Lunéville 28
— Toul 27.00
Weu«e. Bar-le-Duc 26 25
— Verdun 25.00
Haute-Saône. Gray..... 26.50
— Vesoul Î6.30
ro«pe«. epinal 26.50
— Ràtnbervilliers. .. 26.75
Prix moyens 26 .
4* HÉGION. —
Charente. Angoulême.. 28.
— Ruffec 28.
C/iorente-/»i/"ér.Marans. 26
Deux-Sbvreê. Niort.... 29.
/ndre-e/-f.otre. Tours. . 28.
— Bléré 26,
— Château-Renault. 27.
toire-M/. Nantes....... 26.
/l/.-ef-Loif6. Angers.. . . 26
Vendée. Liiçon 26
— Fontenay 27
Vienne. Chittellerault. . . 30
— Loudun 26
Haute-Vienne. Limoges 26
Prix moyens 27.
20.25
21.25
22.75
24 . 00
19.25
19.00
17.00
17.25
17.25
17.25
18.110
17.50
19 UC
18.50
19.50
17.25
15 25
19 50
H. 00
18.00
18 00
18.50
17.25
18.25
19.50
17.50
18.50
18 25
18.50
18.75
19.50
21.00
18.00
16.25
19.00
20 25
i* HéOION. — CRNTRB.
Seigle.
fr.
Orge. Atojm.
fr. fr. fr. fr.
Allier. Moulins 27.50 » 17.75 17.50
— Gaiinat s... 28.00 • 20.00 17.00
— St-Pourçain 28.00 18.00 20 00 17.00
Cher.&ouTiiCé 26. ^jO 18 50 » 19.00
— Graçay 27.25 18. 5o 19.20 16.50
— Vierzôn 27.25 18.00 19.50 18. OO
Creuse. Au bu sson 27.00 18.75 » 20.25
/ndre. Cliâleauroux 26.75 17.50 19.00 17.50
— Issniidun 27 5o 18.00 20 50 16.00
— Valençay 27. 00 17.50 19.50 17.25
Loiret. Orléans 27.50 20 Ou 18.25 18.00
— Gien 27.00 18.50 •• 17.50
— Patay... '^7.75 18.50 18.50 18.50
Loir-ei-Chp.r.?i\o'\i 25.00 18 00 19.50 20.25
— Mondoubleau 26.75 i7.i;0 18.00 17.50
Nièvre. Nevers 27. 00 i> » 17.00
— Cosne 26.60 17.50 18 OO 18.75
Yonne. Joigny 2G 75 18 00 19 50 17-00
— St-Florentin 27.50 19.50 18.50 16.00
— Sens 27.75 18 25 19-80 17.25
Prix moyens 27 H 18.41 19.
«• RÉGION. — EST.
Avn. Bourg
— Pont-de-Vaux. ...
Côte-d'Or. Dijon
— Beaiine
Doubs. Besançon
Isère. Vienne
— Grand-Lemps
Jura. Dôle
Loire. St-Et:enne
P. -de- Dôme Clermont F.
Rhône. Lyon
Saône-et-Loire. Ctialon.
— Aulun
Savoie. Cliambery
Hle-Savoie. Annecy
Prix moyens
7" RÉGION. -
29.00
28 00
27 50
28.00
27 00
28.50
28 0)
27.00
27 00
32 00
27.75
28 25
27.50
29.40
30.00 » »
28.36 19.62 18.82
- sno-oiTEST.
19. 2S
18.75
19.00
18.50
18.25
19.50
24 00
19.50
18. 50
19.25
19.00
22 00
21.50
20.50
18.50
16.75
18.00
19.00
Arikge. Painiers 28.25 19.00
Dordogne. Bergerac — 29 00 19.7a
Hte-Garonne. Toulouse. 28.25 19.50
— ViUefranche-Laur. 27.75 18.50
Gers. Condora 27.50 »
— Eauze 27.00 •
— Mirande 26.00 »
Gironde. Bordeaux.... 27.50 19 75
— Lesparre 26.50 20.00
Landes. Dax 28 00 19.25
Lot-et-Garonne. Agen.. 27.25 19.00
— Marmande 26.75 19. iS
B.-Pî/r«uces. Bayoone.. 27.00 19.25
Htes-Pyrénéee. Tarbes. 28.50 19.50
Prix moyens 27.51 19.33
8" RBOION. — SUD.
Aude, Carcassonne. ... 27.50 »
Aveyron. Villefranche. 27.50 20.25
Cantal. Mauriac 28.00 24.30
Corrèze. Luberzac 29.25 19.00
Hérouit. Cette 27.80 »
Lo«. Figeac 29.00 20.00
Lozère. Mende 31. 55 30.50
— Marvejols 31.65 29.75
— Florac 31.85 24.50
Pyrénées-Or. Perpignan 25.75 »
Tarn. Albi 27.25 19.00
Tarn-et-Gar. Montauban 28.00 19-50
17.05
18.25
17.50
16.50
16.50
16.50
17.25
17.50
16 CO
16.50
17.25
16 00
16.75
19 25
16.95
20.50
20.75
20.00
19.00
20.25
20 0(1
19 25
22.25
22.00
20.00
19.50
20.25
19.50
20.25
19.00
17.50
24.40
20.75
19.00
21.00
25.90
20.25
23.60
24.35 21.60
23.00 25.55
19.50 20.00
18.50 20.25
Prix moyens
9» RBGION.
Basses-Alpes. Ma.nosqa9
Hautes-Alpes. Briançon
Alpes-Maritiines Cannes
Ardèche. Privas
B.-du-Rhône. Arles
Drôme. Romans
Gord. Niraes
Haute-Loire. Le Puy. ...
Var. St-Maximin
Vaucluse. Carpentras...
Prix moyens
Moy. de toute la France
— de la semaine précéd.
Sur la seaialnet Hausse,
précédente. . j Baisse .
28.75 22.97 20-99 21.35
29.20
29.75
29.00
30.30
28.25
28.00
28.50
29.00
29.50
29.00
29.05
27.48
27.54
19.25
19.25
20.25
19.50
20.50
20.25
19. Sî
19.75
19.72
0.03
20.00
19.50
18.60
18.00
18.25
20.50
24.20
20.50
20.00
21.00
21.25
16.50
20.50
19.00
» 20.50
18.25 19.00
19.02 20.14
19.08 18.92
19.27 19.09
0.19 0.17
DES DENRÉES AGRICOLES (25 SEPTEMBRE 1880). 511
aie. Seigle, Orge. Avoins
fr. fr. fr. fr.
Algérie. Alger 25.80 » 15.50 17.50
A ngieterre. » •> » ,
Belgique. Anvers... "24. 25 21 CO 21.25 »
— Bruxelles 25.00 20.35 » 18.45
— Liège 24 50 21.75 22.00 17.25
— Nainur 24.00 20 00 20.00 18.00
Pays-Bas. Amsterdam 24.00 22.25 » »
Luxembourg. Luxembourg 29.00 20-^0 » 18 25
Alsace-Lorraine. Slrasbuurg 28.50 23.75 22 25 18 25
— Colmar 28.25 21.75 21 50 18 50
— Mulhouse 28. ,50 22. kt 22. ?5 20 75
Ademagne. Berlin 25.85 24.75
— Cologne 25.60 25.00
— Hambourg 26.50 21. .50
Suisse. Genève 29 25 ■> » 17. 50
— Lausanne 29.. nO • » 17.25
Kalie. Milan 28.50 22. .50 » 19.00
Autriche. Vienne 24.00 21 00 18.00 15 50
Hongrie. Budapesth 22 50 19.25 13.00 12. 50
Russie. Saint-l'étersbourg . . . 2470 22.00 b 13.50
Espagne. Valadolid. .• 25.30 » » 20 50
Etats-Unis. New- > ork 20 85 » » »
— St-Francisco 24.00 » . j, .
Blés. — Les offres en blés nouveaux sont beaucoup moins abondantes sur le
plus grand nombre des marchés. Il en rf^sulte que, dans quelques régions, la re-
prise a succédé à la baisse que nous avions à signaler depuis ([uelque temps, et
que, dans les autres, les cours accusent au moins une grande fermeté. C'est ce
que nous avions prévu, depuis quelque temps, en faisant ressortir combien la
baisse des cours avait peu de chances de se produire indéfiniment. Il est même
probable que la hausse, non seulement se maintiendra, mais qu'elle reprendra une
grande partie du terram perdu depuis six semaines. — A la halle de Paris, le
mercredi -22 se|itembre, les offres étaient sensiblement moins importantes que la
semaine précédente et les prix ont été facilement cotés en hausse. On payait de
26 fr. f 0 à 28 fr. 50 par lOû kilog. suivant les qualités. Le prix moyen s'est
fixé à 27 fr. 50, en hausse de 75 centimes depuis huit jours. — Sur le marché des
blés à livrer, on paye par 100 kilog. pour le disponible et le livrable aux diverses
épo [ues, 26 fr. 25 à 26 fr. 50. — Au flavre, on paye pour les blés américains,
25 fr, 50 à ?7 fr. 75 par quintal métrique, suivant les sortes. — A Marseille, il
y a peu d'affaires, mais une grande fermeté dans les prix; les arrivages de la
semaine ont été de 116,000 hectolitres. Au dernier jour on cotait : Berdianska,
30 fr. 75; Irka, 27 à 28 fr. 50; Pologne, 27 à 27 fr. 75; Italie, 27 fr. 50 à
28 fr. 75; Azoff durs, 27 fr. 50 à 27 fr. 75. —A Londres, on a importé, durant la
semaine dernière, 300,000 quintaux métriques de blés étrangers; malgré des
arrivages si considérables, les prix sont tenus avec fermeté aux mêmes taux que
précédemment, de 26 fr. 50 à 28 Ir. 75, par 100 kilog. suivant les provenances
et les quaUtés.
Farines. — Il n'y a pas d'affaires importantes sur les farines, mais les prix sont
bien tenus. En ce qui concerne les farines de consommation, on paye à Paris par
100 kilog. : marque û, 60 fr.; marques de choix, 62 à 63 fr. ; bonnes marques,
60 à 61 fr.; sortes ordinaires et courantes 58 à 59 fr.; le tout par sac de 159 kilog.,
toile à rendre, ou 157 kilog. net, ce qui correspond aux prix extrêmes de
36 fr. 95 à 40 fr. 10 par 100 kilog., ou en moyenne 38 fr. 55, exactement
comme le mercredi précédent. — Pour les larines de spéculation, on cotait à Paris,
le mercredi 22 septembre au soir : farines huit-marques, courant du mois, 57 fr. à
57 fr 25; octobre, 56 fr. à 56 fr. 25; quatre derniers mois, 56 fr. à 56fr25; novembre
et décembre, 55 fr. 50 à 55 fr. 75 ; quatre mois de novembre, 55 fr. 50 à 55 fr. 75 ;
quatre premiers mois, 55 fr. 50; le tout par sac de 159 kilog toile perdue ou
157 kilog. net : farines supérieures, courant du mois, 3o fr. 75; octobre, 35 fr. 75
à 36 fr ; quatre derniers mois 36 fr. à 36 fr. 2 3; novembre et décembi-e, 35 fr. 75
à 36 fr. ; quatre mois de novembre, .35 fr. 75; quatre premiers mois, 35 fr. 75 ; le
tout par 100 kilog. — La cote officielle en disponible a été établie, comme il
suit, pour chacun des jours de la semaine :
Dates (septembre). 16 17 18 20 21 '22
Farines huit-marques 56.75 53.50 56.25 56.65 56.50 57.00
— supérieures. » » » a » »
On voit que, pendant les derniers jours, il y a eu une grande fermeté dans les
512 REVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT
prix. — Les farines deuxièmes restent cotées aux anciens prix, de 28 à 33 ir. par
quintal métrique. » i i n j t^ • i
Seigles. Les cours sont toujours en hausse. On paye a la halle de Pans, de
20 fr. 50 à 20 fr. 75 par 100 kilog. Les farines sont cotées de 28 à 32 fr.
Orges. Il y a aussi de la fermeté dans les cours de ce grain. On cote à la
halle de' Paris, de 19 fr. 50 à 20 fr. 25 par 100 kilog. suivant les sortes. Les
escourgeons valent de 19 fr. 75 à 20 fr. 25. — A Londres, les cours sont en baisse,
de 19 fr. 60 à 21 fr. 25 par quintal métrique.
Avoines, — Les affaires sont restreintes, mais les belles qualités sont recher-
chées avec des prix plus fermes. On paye par iOO kilog. à la halle de Paris, de
18 fr. 50 à 20 fr. 50 par quintal métrique suivant poids, couleur et qualité. — A
Londres il y a une très grande fermeté dans les prix. On cote suivant les
sortes dé 18 fr. 90 à 21 fr. 60 par 100 kilog.
m. — Vins, spiritueux, vinaigres, cidres.
Vins. — Les ventes sur souches qui jusqu'à présent paraissaient être le mono-
pole du vignoble champenois et bordelais, tendent à se généraliser. On nous
signale des transactions dans le Lot et le Tarn-et-Graronne. Mais où l'achat sur
souches a depuis huit jours passé à l'état de fièvre chaude, c'est dans le Midi,
où, paraît-il, ce genre de transactions, est devenu une véritable course au clocher.
Les ventes sur souches se comptent par 30, 40, 50 et 60,000 hectolitres par com-
mune et à des prix qui nous paraissent fabuleux. Nous disions, il y a quinze
jours, « à nos avis, les prix de début en 1880, ne dépasseront pas ceux de
i879.' » Nous sommes aujourd'hui bien loin de ces chiffres. A Béziers les excé-
dents de 7 à 8 degrés alcooliques, en Aramon se vendent 25 fr. l'he :toiitre ; les
Montagnes, 26 à 28 fr. Il y a des ventes sur souches, dans la commune de Lezi-
gnan (Aude) faites au prix de 36 fr. l'hectolitre. A Pézenas, les cours sont plus
modérés, on parle de 21 à 22 fr. pour les Aramons; de 23 à 24 fr. pour les Mon-
tagnes ordinaires; de 26 à 27 fr. pour les montagnes 2' choix; de 28 à 30 fr.
pour les Montagnes 1" choix, et de 32 à 33 fr. pour les Montagnes supérieurs.
Qu'adviendra-t-il de cet état de chose ! Selon nous, c'est qu'en présence de ces
hauts prix, il est à craindre que nos marchés ne soient prochainement inondés
de vins de raisins secs et de vins étrangers, qui feront, à un moment donné, une
redoutable concurrence à nos vins français, et par suite, il pourrait en résulter de
terribles déboires pour ceux qui se sont trop avancés daus des acquisitions préma-
turées. Chose étrange, cette hèvre des achats sur souches semble coïncider avec
les nouvelles lâcheuses de pourriture du raisin, qui serait occasionnée par les
temps humides de ces derniers jours. Si la pourriture se manifestait réellement,
le vin perdrait en qualité, et alors, dans cette situation se trouveraient les acqué-
reurs trop pressés? — En dehors du Midi, nous n'avons trop rien à dire des
antres vignobles, sinon, que dans le Bordelais, les achats sur souches semblent
se calmer un tant soit peu Ailleurs on continue à se plaindre de la pénurie du
raisin et de la faiblesse présumée delà récolte prochaine Dans quelques vignobles
on craint même la pourriture, si à la pluie de ces derniers jours, ne succède un
temps moins humiae.
Spiritueux. — Cette semaine la hausse a fait de nouveaux progrès. La spécu-
lation a craint, dit-on, l'influence du temps humide sur la betterave. Il n'y avait
pas lieu, suivant nous, de s'alarmer prématurément. Quoi qu'il en soit, les ven-
deurs ont profité de la situation et ont poussé à la hausse, comme il résulte, du
reste, du mouvement de la semaine écoulée. Début : 62 fr. 75 et successivement
63 fr. 63 fr. 50, 63 fr. 75 et 64 fr. Le livrable en octobre a été payé au plus
haut, 62 fr. 75, novembre et décembre, 61 Ir. 50, et les quatre premiers 60 fr.,
c'est une hausse de 75 centimes à 1 fr. sur les cours de la semaine précédente.
A Lille, le marché est toujours calme. On cote le 3/6 betterave disponible 63 à
63 fr. 50. Les marchés du Midi sont sans aucune variation. — A Paris, on
cote : 3/6 betterave, 1" qualité, 90 degrés, disponible 62 fr. 2o, octobre 62 fr.,
octobre à décembre 61 fr , quatre premiers 59 fr 50 à 59 ir. 75.
IV. — Sucres. — Mélasses. — Fécules, — Ulucoses. —Amidons. — Houblons.
Sucres. — Toujours peu d'affaires sur le plus grand nombre des marchés, en
ce qui concerne les sucres bruts. A Paris, les prix sont ceux de la semaine der-
nière pour la plupart des sucres. On paye par quintal métrique pour les sucres
bruts, 88 degrés sacchairmétriques : n"' 10 à 13, 58 fr. 60; n*" 7 à 9, 65 fr. 50;
sucres blancs n» 3, 66 fr. 50 ; les 99 degrés, 66 fr. 50. Au 22 septembre, le stock
de l'entrepôt réel des sucres était de 202,000 sacs, avec une diminution de 20,000
DES DENRÉES AGRICOLES (25 SEPTEMBRE 1880;. 513
sacs depuis huit jours. — Sur les marchés des départements, on paye par quintal
métrique : Lille, n°» 10 à 13, 57 fr. 25; n»» 7 à 9, ô't fr. 75; Péronne, n»' 7 à 9,
64 fr. 25; Valenciennes, n»» 10 à 13,57 fr. 25;n<'^ 7 à 9, 64 fr.; n" 5 à 7, 74 25.
— Les sucres raffinés sont payés à des prix assez fermes; ils valent de 147 àl49fr.
par quintal métrique, et 71 fr. 50 à 7* 5 ) pour l'export ition. — Dans les ports, il
n'y a toujours que peu d'affaires, pour les sucres coloniaux.
Mélasses. — Maintien des anciens cours à Paris : 13 fr. par 100 kilog. pour les
mélasses de fabrique, 14 fr. pour celles de raffinerie.
Fécules. — Toujours peu d'affaires, avec des cours en baisse. On cote, à Paris,
35 à 38 fr. par lOo kilog. pour les fécules premières du layon ; — à Compiègne,
35 fr. pour les fécules premières de l'Oise disponible, 33 fr. pour celles à livrer.
Houblons. — Les offres deviennent plus abondantes; on paye les prix de la
semaine dernière : dans le Nord, 110 à 150 fr. par 100 kilog., suivant les sortes;
en Lorraine, 160 à 180 fr.
V. — Huiles el graines oléagineuses.
Huiles. — Transactions calmes pour toutes les sortes d'huiles de graines. Les
cours s étabHssent en baisse pour celles de colza. On paye à Paris, par 100 kilog.:
huile de colza, en tous fûts, 74 fr. 75; en tonnes, 76 fr. 75; épurée en tonnes,
84 fr. 75; huile de lin, en tous fûts, 71 fr. 25; en tonnes. 73 fr. 25. — Sur les
marchés des départements, on paye par quintal métrique pour les huiles de colza :
Rouen, 75 fr.; Gaen, 70 fr. 50; Arras, 75 fr. 50 à 76 fr.; dans cette dernière
ville, on paye pour les autres sortes : œillette, 125 à 128 fr.; pavot, 100 fr.; lin,
71 fr. 50 à 74 fr.; à Rouen, huile de lin, 71 fr.; d'arachides comestibles, 110 à
120 fr ; de sésame comestible, 100 à 1 iO fr.; d'olive lampante, 1 25 fr.
Graines oléagineuses. — En Normandie, les graines de colza valent 32 à 33 fr.
par 100 kilog. — A Nantes, on cote par hectohtre : graine de colza, 21 fr. 50 à
22 fr.; de Un, 2i à 25 fr.
VI. — Tourteaux. — Noirs. — Engrais.
Tourteaux. — Les cours varient peu. On paye par 100 kilog. : à Cambrai, tour-
teaux de colza, 15 fr. 50 à 17 fr. 50; d'oeillette, 18 fr.; de lin, 25 à 26 fr.; — à
Rouen, tourteaux de colza, 14 fr. 25 à 14 fr. 50; d'arachides en coque, 11 fr. 50;
de sésame, 15 fr.; de lin, 23 fr.; — à Gaen, de Colza, 15 fr.
Noirs. — On paye à Valenciennes : noir animal neuf en grains, 32 fr. par
100 kilog ; noir d'engrais vieux grains, 8 à 9 fr. par hectolitre; noirs de lavage,
2 à 4 fr.
VIL — Matières résineuses, colorantes et tannantes.
Malières résineuses. — L^s cours accusent «n peu plus de fermeté. On paye à
Bordeaux, 61 fr. par 100 kilog. pour l'essence pure de térébenthine; à Dax, 53 fr.
Gaudes. — Les prix sont faibles à 20 fr. par 10) kilog. dans le Languedoc.
Suifs. — Les suifs purs de l'abat de la boucherie sont payés à Paris 86 fr. par
100 kilog.; les suifs en branches, 64 fr. 50.
VIH. — Beurres. — Œufs. — Fromages. — Volailles et gibier.
Beurres. — On a vendu, pendant la semaine, à la halle de Paris, 237,667 kilog.
de beurres. Au dernier jour, on payait par kilog.: en demi-kilog., 2 fr. 22 à
3fr. 98; petits beurres, 2 fr. à 2 fr. 84 ; Gournay, 2 fr. 10 à 4 fr. 60; Isigny,
1 fr. 90 à 6 fr. 28.
Œufs. — Du 14 au 20 septembre, on a vendu à la halle de Paris 3,858,840
œufs. Au dernier jour on payait par mille : choix, 102 à 110 fr.; ordinaires, 70fr.
à 104 fr. ; petits, 52 à 62 fr. ,
Fromages. — Derniers cours de la halle de Paris : par douzaine, Brie, 6 fr. 50
à 20 fr. 50; Monthléry, 15 fr.; par cent. Livarot, 2^ à 92 fr.; Mont-d'Or, 16 à
30 fr. ; Neufchâtel, 3 à 25 fr. par 100 kilog., Gruyère, 130 à 170 fr.
Vo'ailles el gibier. — On vend à la halle de Paris : Cailles, 0 fr. 50 à 1 fr. 25.
— Canards barboteurs, 1 fr. 65 à 5 fr. — Cerfs, chevreuils et daims, 40 à 60 fr.
— Chevreaux, 2 fr. 50 à 2 fr. 75. — Crêtes en lots, 1 fr. 50 à 5 fr. — Dindes
gras ou gros, 8 à 1 1 fr. — Dindes communs, 3 fr. 50 à 7 fr. 80. — Faisans et
coqs de bruyère, 3 fr. 25 à 8 fr. — Lapins domestiques, l fr. 35 à 5 ir. — Lapins
de garenne, 1 fr. 15 à 3 fr. — Lièvres, 3 fr. 50 à 8 tr. — Oies communes, 4 fr. 50
à 4 fr. 50. — Perdrix grises, 1 fr. 70 à 3 fr. 50. — Perdrix rouges, 1 fr. 90 à
3 fr. 95. — Pigeons de voUère, 0 fr. 70 à 1 fr. 95.
IX. — Chevaux. — Bétail. — Viande.
Chevaux. — Aux marchés des 15 et 18 septembre, à Paris, on comptait 891 che-
vaux. Sur ce nombre, 384 ont été vendus comme il suit :
514
REVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT
Chevaux de cabriolet
(le t'ait
Amenés
183
... . 247
— hors d'âge
— à l'enchère
— de boucherie
310
. . . . 45
lOG
Vendus. Prix extrêmes.
35 300 à 1 .0*0 fr.
66 305 à 1,200
132 52 il 1,030
45 bO à 410
106 45 à 125
Bétail. — Le tableau suivant résume le mouvement du marché aux bestiaux de
la Villette, du jeudi 16 au mardi 2' septembre :
Poids Prix du kilog. de viande sur pied
Vendus moyen au marché du lundi 20 septembre.
Pour Pour
Paris, l'extérieur
En -
totalité.
5.705
1,6 0
21(5
4,019
38,350
5,371
4 quartiers. 1'"
quai.
340
234
386
77
19
87
.58
1.46
1.25
1.80
2.06
1 66
quai.
1.46
1.28
1.12
1.70
1.74
1.60
3«
quai.
1.14
1.02
0 98
1.30
1.42
1.50
Prix
moyen.
1.37
i.25
1.13
1 53
1 73
1.55
Bœufs 7,639 3,852 1,853
Vaches . . 2 ,367 788 832
Taureaux 300 180 35
Veaux 4,781 2,8Ù5 1,214
Moutons 41,984 23,462 14,888
Porcsgras 5,441 2,089 3,282
— maiures. » » » »»»»»»
Les arrivages ont été très considérables durant cette semaine. Il en est résulté
que, sauf pour les moutons, les cours de toutes les catégories accusent delà baisse,
A Londres, les arrivages d'animaux étrangers, durant la semaine dernière,
se sont composés de 20,035 têtes, dont 300 bœufs de Boston; 806 bœufs et 336
moutons de New- York. Prix du kilog. : Bœuf, V^ 1 fr. 87 à 1 fr. 99; 2% l fr. 58
à 1 fr. 75 ; qualité inférieure, l fr. 40 à 1 fr. 58 ; Veau, 1% I fr. 93 à 2 fr. 10; 2«,
1 fr. 75 à 1 fr. 93 ; Mouton, \% 2 fr. 28 à 2 fr. 45; 2% 1 fr. d^ à 2 fr. 10 ; qualité
inférieure, 1 fr. 75 à 1 fr. 93; Porc : 1% 1 tr. 5s à 1 fr. 81 ; 2", l fr. 40 à 1 fr. 58.
Viande à la criée. — On a vendu, à la halle de Paris, du 14 au 20 septembre :
Prix du kiloR. le 20 septembre.
kilog«
Bœuf ou vache . . 191,297
Veau 173,920
Mouton 77,763
Porc 18,605
1" quai. i^ quai.
0.88 à 1 74 0.64 à 1.46
1.66 1.82 1.40 1.64
1,44 1.66 1.24 1.42
Porc frais
3» qu^i
0..50à 1.22
0 8 1 , 38
0.84 1.22
1.22a 1.72
Choi.'c Basse boucherie.
0.90à2.30 O.lOàO.62
1.04 2.00 »
0.96 2.16 -
461,585 Soit par jour 66,798 kilog.
Les ventes ont été supérieures de 11.000 kilog. par jour à celles de la semaine
précédente. Les prix sont plus faibles pour toutes les catégories.
X. — Cours de la viande à l'abattoir de la Villette du 23 septembre {par 50 kilog.)
Cours de la charcuterie. — On vend à la Villette par 50 kilog. : 1" qualité,
90 à 95 fr.; 2% 85 à 90 fr.; poids vif, 5S à 62 tr.
Bœufs. Veaux. Moutons.
1" 2«
3«
{t<
2' 3« 1"
2»
3»
quai. quai.
quai.
quai.
quai. quai. quai.
quai.
quai.
fr. fr.
fr.
fr.
fr. fr. fr.
fr.
fr.
72 65
58
83
75 68 83
74
66
XI.
— Marché
aux bestiaux de la Villette du jeudi 23 se
ptembre.
Cov
irs des commissionnaires
Poids
Cours officiels.
en bestiaux.
moyen —
— ■""-». - - _. ■ — ^- - —
— ^o«««^--"-~—
"*^ ~~-^
Animaux
générai. 1"
2« 3» Prix 1"
2= 3-
Prix
amenés. Invendus.
kiL quai.
quai. quai, extrêmes, quai.
quai. quai.
extrêmes.
Bœufs 2.667
519
365 1.56
1.44 1.12 1.08 àl. 62 1.55
1.40 1.10
1.05 à 1.60
Vaches 792
194
250 1.44
1.26 1.00 0.92 1.50 1.42
l.-ib 1.00
0.90 1.48
Taureaux... 132
22
370 1.24
1.10 0.90 0.86 1.28 1.20
1.10 0.05
0.86 t. 26
Veaux 1.258
314
80 1.80
1.70 1.30 1.20 1.90 »
> »
» »
Moutons.... (9.631
2.?»02
18 2.02
1.70 1.38 1.32 2.06 »
» >
» »
Porcs gras.. 3.256
>
8~ 1.70
1.75 1.60 1.50 1.74 »
» <
» »
— maigres. »
»
• »
> »
» »
Vente lente sur toutes les espèces.
XII. — Résumé.
Pour la, plupart des denrées agricoles, les cours sont
semaine précédente.
peu près ceux de la
A. Remy.
BULLETIN FINANCIER.
La crise politique que ni3us traversons a d'abord été marquée par un mouvement
de baisse, puis est venue une réaction de hausse, la rente 3 0/0 est à 85 fr. 50,
soit, en tenant compte du coupon détaché, en perte de 0 fr. 35; l'amortissable
esta 88 fr. 30, gagoant 0 fr. 10, et le 5 0/0 a repris le cours de 120 fr. Les So-
ciétés de crédit ont été peu atteintes : les chemius de fer l'on été davantage.
DES DENRÉES AGRICOLES (25 SEPTEMBRE 1880).
Cours de la Bourse du 15 au 22 septembre 1880 (au comptant).
515
Plus
Plus
bas.
haut.
85.40
86.75
88. SO
88.25
)ii.r>
lis 95
119.70
liO.25
i70.00
3300.00
119
Principales valeurs françaises :
Rentes O/o
Renie 3 0/0 amortis.
Rente 4 1/2 o/O
Rente 5 0/0
Banque lie France ...
Comptoir d'escompte 955.00 961.50
SDciele généiale 567.50 570.00
Crédit foncier »560.oo I4oo.oo
Est Actions 500 776.25 78î.7b
Midi d" 1047.50 1070.00
Nord d* 16ii0.C0 1650.00
Orléans d" 1266.00 1270.00
Ouest d° 840.00 t50.ou
Paris-Lyon-Méditerranée d» i4lo.oo 1442 50
Paris 1871 obi. 400 3 0/0 . . 3*9 00 400 oo
Italien 5 0/0 85.50 86.30
Dernier
cours.
85.50
as. 30
115.25
120.00
3*75.00
955.00
570.00
1385.00
770.25
1060.00
1642.50
1270.00
8^0.00
1438.75
399.00
86.00
Fonds publics et Emprunts français et étrangers :
Gérant : A. BOUCHÉ
Plus
Plus
Derniers
bas.
baut.
cours.
Oblig^ilions du Trésor
518.00
remb h 500.4 O'O.
B
s
Consolidés angl
3 0/0
a
,
97 7/8
5 0/0 autrichien
62.00
63 1/!
62.00
4 o/o l)elge
106. 95
107.00
107.00
6 0/0 égyptie.1..
319.00
322.50
322.50
3 o/o espagnol,
a° intérieur . .
xtér'.
10 1/4
19 7/8
19 3/4
107.00
107 1/2
5 O/o Etals-Unis
107 1/4
Honduras, obi.
300...
»
»
»
Tabacs ital., obi
500..
»
D
B
6 O/O péruvien..
n
B
>
5 o/o russe
94.50
95.50
95.00
5 o/o roumain. ,
1
Bordeaux, lOO,
3 0/0..
100.50
Lille, 100,3 0/0
•
»
101.50
TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS
DU TROISIÈME VOLUME DE 1880.
AU.EZM. — Les plantations de vignes améri-
caines à Saint-Georges (Hérault), 444.
AHNOTTX. — Travaux de colmatage dans les
Alpes, 372.
ARTiGTTE. — Lutte contre le phylloxéra dans la
Gironde, 385.
audibskt. — Le commercedes raisins secs, 1 89.
BAiTET (Charles). — Sur le greffage de la
vigne par écusson, 483.
BACQUET. — Sur le fumier en balles, 128.
BARRAL(J.-A.).— Chronique agricole du 3 juil-
let, 5; — du 10 juil'et, 41 ; — du 17 juillet,
81; — du 24 juillet, 121 ; — du 3] juillet,
161 ; ~ du 7 août, 201 ; — du 14 août, 241 ;
— du 21 août, 281; —du 28 août, 321- —
du 4 septembre, 361; — du 11 septembre,
401; — du 18 septembre, 441 ; — du 25 sep-
tembre, 481- — Fabrication des tuiles dans le
Midi, 32. — Discours prononcé aux obsèques
de M. Victor Borie, 92. — Conceurs régional
de Tul'e, 105. — Les exploitations rurales de
la Compagnie de fertilisation, 167.
BEAtTCAMP. — Lettre relative au choléra des
poules, 85.
BEI.OT. — Discours à Toccasion du cinquante-
naire de Grand-Jouan, 64.
BOBXERBE. — Rapport sur les opérations du
Laboratoire agronomique de la Loire-Infé-
rieure en 1879-1880,412.
BOULET. — Rapport à la Société nationale
d'agriculture sur le Mémoire de M. Zundel,
309. — Sur l'étiologie des alTections charbon-
neuses, 452.
BOVE. — Nouvelles de l'état des récoltes dans
la Somme, 331.
BOVET (de). — La culture aux environs d'Ouro-
Preto (Brésil), 149.
BOTARD. — L'élève du bétail et le commerce
du beurre et du fromage en Finlande, 466.
CARBOir. — Le jardin de !a ferme dans le Midi,
375.
CARRÉ (Charles). — Sur le dégrèvement des
vins, 352.
CASSA6NES. — Le prix de la main d'oeuvre" en
Savoie, 179.
CABCT. — Circulaire relative au plâtrage des
vins, 322.
CHABOT-KARLEN. — Pisciculture en Russie,
71. — Pisciculture: les oubliés, 418. — Pisci-
culture ; les aplatis, 489.
chamfin' (Aimé). — La Société de viticul-
ture de Lyon, 29; — La greffe Champin sur
plant ou mérithalle racines et arrachés, 339.
CHEVHEUL. — Sur les conditions de la fermen-
tation des liqueurs sucrées, 324.
CBEVRiER. — Discours au concours du Comice
de Bourg, 410.
CHOTTtLi.ov. — Sur un projet de créntion de sta-
tion agronomique dansla Seine-inférieure, 486.
CORDIBR. — Culture des céréales à l'école pra-
tique d'agriculture de St-Remy, 493.
DAMPIERRE (de). — L'agricuiture et la poli-
tique, 44.
DECROMBECQUE. — - Suf la sélection des blés
de semence, 207. — Notes sur l'entretien du
bétail à la ferme de Lens, 209,
DVBOSCQ. — Nouvelles de l'état des récoltes
dans l'Aisne, 88, 331.
DUMONT-CARMENT. — Création des parcs et
des pelouses, 394.
FRANC. — Le bétail au concours régional de
Nevers, 24,
6ATTDOT. — Machines à vapeur et batteuses de
M. Kiloque, 28. — Machine de Filoque pour
battre les petites graines, 69. — Bibliogra-
phie agricole, 114. — Concours régional de
Péiigueux , 498.
CAtTTiER-DEScoTTES. — La submersion des
vignes en Camargue, 123.
GELrioN-DANGLAR. — Discours au concours
du Comice de Bourg, 409.
GIRARD. — Situation agricole dans le Puy-de-
Dôme, 33.
GODEFROT. — L'incident d'Angerville, 70.
GiRBRD. — Discours au concours du comice de
St-Amand, 487.
BEczÉ. — Discours prononcé au concours
régional de Tulle, 106.
HUET — Effets de l'hiver sur les arbres frui-
tiers et forestiers, 191.
JACQUOT. — La situation agricole dans les
Vosges, 113.
jorFBE. — Sur le phosphate de fer dit phos-
phate rétrogradé, 102.
JOIGNEATTX. — Sur le mode de répartitioa des
encouragements à l'agriculture, 403.
JOULiE. — Lettres relatives aux méthodes d'a-
nalyse des phosphates, 205.
XERSAMTÉ. — Sur l'organisation et les effets
du métayage, 10.
KIENER. — Considérations sur l'alimentation
des animaux, 59.
LACzczTNSKi. — La laine et le maïs-fourrage
en Pologne, 333.
lAFiTTE (P. de). — Sur l'œuf d'hiver du phyl-
loxéra, 162. — Observations sur le compte
rendu du congrès de Nîmes, 297.
516
TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS.
LAmoavoNNAXS (de). — La betterave à sucre
dans l'Ouest, 111. —Nouvelles de l'état des
récoltes dans Ille-et-Vilaine, 130, 287. — Do-
maine et fromagerie du Chalet dans le dépar-
tement d'Ille-el-Vilaine, 299. — Le domaine
des Etangs et le métayage en lUe-et-Vilaine,
387.
I.AHVARON. — Le foin nouveau, 342.
tA TRÉHOMHAis (de). — Histoire des grandes
familles de la race Durham, 19, 135. — Le
concours de Carlisle, 185, 2ib. — Encore la
pomme de terre Champion, 264. — Les qua-
lités laitières de la race Durham, 381, 424.
— La race d'Angus, 504.
LEMBEZAT. — Discours prononcé au concours
régional de Melun, )4.
X.EMOINB. — A propos de la vermine des pou-
laillers, 343.
I.BMTII.HAC (de). — Nouvelles de l'état des
récoltes dans la Dordogne, 130, 288. — Si-
tuation agricole dans la Dordogne, 472.
LETERRiER. — Bulletin financier du 3 juillet,
40 ; — du 10 juillet, 80 ; — du 17 juillet, 120 ;
— du 24 juillet, 160; — du 31 juillet, 200;
— du 7 août, 2^)0; — du 14 août, 280; — du
21 août., 320 ; — du 28 août, 360 ; — du 4 sep-
tembre, 400; — du 11 septembre, 440; — du
18 septembre, 480; — du 25 septembre, 514.
XXTRISSON. — Nouvelles de l'état des récoltes
dans le département de Lot-et-Garonne, 1G7,
288.
LiCHTENSTEiN. — Sur l'œuf d'hiver du phyl-
loxéra, 143.
IBAISTRE. — Une éducation de vers à soie en
1880, 463.
BiANGON (Hervé).— Discours prononcé aux ob-
sèques de M. Nadault de Buffon, 133.
MAHÈs (Henri). — Résultats obtenus dans le
traitement des vignes par le sulfocarbonate
de potassium, 270.
MENAULT. — Concours régional agricole du
Mans, 51.
MOURRET . — La prime d'honneur desPyrénées-
Orientales, 211, 549, 293.
MVXXER (Paul). — La production de la bière
en Allemagne, 101. — Deux nouvelles lois
allemandes, 392. — Etudes viticoles : le dé-
veloppement des racines, la formation du
sucre dans le raisin, 457. — Les forêts en
Autriche, 508.
MASAKiNE (de). — L'élevage des moutons en
Russie, 143.
MEBOUT. — Nouvelles de l'état des récoltes
dans l'Allier, 167.
OUNOOS (Léo d'). — Nouvelles de l'état des
récolles dans l'Ariège, 130, 331.
Partie officielle. — Décret relatif aux mesures
contre le phylloxéra en Algérie, 123. — Loi
portant dégrèvement des droits sur les sucres
et sur les vins, 151. — Décret relatif à l'im-
portation des produits horticoles et viticoles
de Sui.sse, 325.
PASTEUR. — Sur Fétiologie du charbon, 173.
— Le choléra des poules, 269. — Sur l'élio-
logie des affections charbonneuses, 451.
FAUMALiE (de). — Le métayage dans le dé-
partement de l'Indre, 150.
PERRET (Michel). — Mémoire sur un mode
particulier d'emploi des engrais chimiques,
346.
PHII.IPPS. — Elevage et engraissement du bé-
tail aux Etats-Unis, 469.
PLANCHON. — Une nouvelle espèce de vigne
américaine, 415.
POniLLET. — Droit rural : le droit d'abatage
perçu par les villes, 98. — La pêche fluviale,
216. — Poursuite des bêtes fauves, trans-
port, 2.57.
PILADEL (J. de).— Les parcs et les jardins, 459.
— Plantes à cultiver, 502.
PRiLiiEux. — Sur l'anthracnose ou maladie
charbonneuse de la vigne, 369. — Sur la
maladie vermiculaire des seigles et des lu-
zernes, 428.
POT-MONTBRnN (de). — Le rendement du blé
dans la Haute-Garonne et le Tarn, 292.
RAULX (Mme"). — Sur les hirondelles, 231.
RAVoux. — • Les vers à soie dans la Drôme,
en 1880, 33.
REMT. — Revue commerciale et prix-couraut
des denrées agricoles du 3 juillet, 34; — du
10 juillet, 74; — du 17 juillet, 114; — du
24 juillet, 154; — du 31 juillet, 194; — du
7 août, 234;— du 14 août, 274; — du 21 août,
314 ; — du 28 août, 354 ; — du 4 septembre ,
394; — du 11 septembre, 434; du 18 sep-
tembre, 474 ; — du 25 septembre, 509.
RiAiTDiÈRE-LAROCRE. — Sur la productlon
chevaline dans la Mayenne et dans la Sarthe,
272.
RICHE. — Beurre et margarine, 390.
RiEFFEL. — Discours prononcé au cinquante-
naire de l'Ecole nationale d'agriculture de
Grand-Jouan, 65.
SAONiER (Henry). — Séances hebdomadaires de
la Société nationale d'agriculture, 34, 50, 131,
193, 233, 247, 313, 354. — Concours régional
de Melun, 13. — Le cinquantenaire de Grand-
Jouan, 63. — Machines à vapeur et à battre
d'Albaret, 140 — Concours de la Société
agricole de Mantes, 190. — Les expériences
d'Eprunes, 218. — Charrue pour la culture
de la canne à sucre, 231. — Batteuse et mou-
lin de M. Albaret, 261. — Triage des grains
d'après les procédés Marot, 302. — L'Algérie
et les colonies françaises, 378. — Deux
grandes charrues, 455. — Exposition agricole
à Luxembourg, 472.
SAINT-PIERRE. — Traité du greffage de la
vigne, par Aimé Champin, 23.
SANSOM (A.). — La prétendue race de Lourdes,
254. — Sur la source du travail musculaire
et les prétendues combustions respiratoires,
290. — La Champagne et les moutons, 335.
SARDaiAC (L de). — Appareil pour battre les
faux, 24. — Bondes d'irrigation de M. Bruei,
m. — Machines à vapeur et batteuses de
Aultmann, |80. — Le broyage des ajoncs,
298. — Appareil pour peser et lier la paille,
376. — Arracheur de betteraves de Cartier,
417.
SAUREL. — Sur le greffage aérien de la vigne
par écusson plein, 454.
SAT (Léon). — Discours sur un projet de ré-
duction de l'impôt foncier, prononcé à Epru-
nes, 222.
SCHNEIDER. — Les effets de l'hiver en Lor-
raine, 89. — Nouvelles de l'état des récoltes
en Lorraine, 167. — La vermine des volailles,
268, 422.
SBRRET. — Courrier du Sud-Ouest, 185.
THOir (P. de). — Du dégrèvement de l'impôt
foncier, 331.
TiRARD — Circulaire aux préfets sur l'exercice
de la médecine vétérinaire, 482.
TOCHÉ. — Sur les méthodes d'analyse des en-
grais et le contrôle de leur composition, 49,
205.
TOiTSSAiHT. — Sur l'inoculation du charbon,
245.
TRUELLE. — Sur les analyses de pommes à
cidre, 449.
VAVIN. — Conservation des tomates pour l'hi-
ver, 139. — Les plantes alimentaires et le
docteur Tanner, 349. — Soja hispida ou pois
oléagineux, 431.
viLLAiN. — Lettre relative au dégrèvement
des sucres, 42.
viLtEROT. — Les hirondelles, 91, 297.
viLLiERS DE L'ZSLE-ADAM (de). — Sur le mé-
tayage, 423.
TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS.
VIKCENT. — Nouvelles de l'état des récoltes
dans l'Ain, 288.
▼XMCENT (Jacques). — La question du libre-
échange en Touraine, 94.
VXTTtr. — Sur les mesures à prendre contre la
fièvre aphteuse, 365.
517
de
VIVIEN. — Sur les méthodes d'
phosphates, 49, 126.
zuMDEL. — Considérations sur l'étiologie de
la dislomatose ou cachexie aqueuse des mou-
tons, 304.
TABLE ALPHABÉTIQUE DES GRAVURES NOIRES.
Anémone double à fleur de chrysanthème, 503.
Appareil de M. Leblanc-Winckler pour battre
les faux, 24.
Appareil de M. Albaret pour peser et lier auto-
matiquement la paille, 377.
Arracheur de betteraves système Cartier, 418.
Batteuse à grand travail, montée sur roues, de
M. Filoque, 29. —Batteuse pour les petites
graines, de M. Filoque, 70. — Batteuse à
grand travail système Albaret, 142. — Batteuse
système Aultmanu, 183. — Batteuse portative
sans mouvement de va-et-vient d'Albaret,
262.
Bégonia Fraebeli, 503. — Bégonia tubéreux
hybride, 503.
Bondes de M. Bruel pour les irrigations, 111.
Broyeuse d'ajoncs de Bodin, 298.
Charrue double, dite défonceuse, de Bejac-Dela-
haye, 455. — Charrue à vapeur, toute en fer et
en acier, construite par Baiac-Delahaye,456.
Charrue de M. Debains pour la culture de la
canne à sucre, 232.
Chaudière de la machine à vapeur de Aultmann,
182.
Cylindre batteur de la machine construite par
Aultmann. 184.
Greffe Champin pour la vigne sur bouture et sur
plant racine, 340, 341.
Greffoir, 339.
Machine à vapeur locomobile construite par
M. Filoque, 28 ; — construite par M. Albaret,
141 ; — construite par Aultmann, 181.
Moissonneuse à un cheval de Johnston. 221.
Moissonneuse-lieuse de W. A. Wood, 220.
Moulin agricole de M. Albaret, avec bluterie,
263.
Pian de parc tracé dans l'île de Guernesey, 460,
— de jardin paysager dans le département du
Char, 461 ; — d'un petit jardin d'agrément,
46-2.
Porte-greffe et greffon de vigne préparés, 340.
Renoncule double des fleuristes, 503.
Tieur système Marot, 303.
TABLE ANALYTIQUE DES MATIERES.
Agriculture générale. — Situation agricole dans
le Puy-de-Dôme, 33. — L'agriculture et la
politi .ue, 44. — Situation agricole dans les
Vosges, 113. — L'agriculture et la science, 361.
— Situation agricole dans la Dordogne, 472.
Ajoncs. — Appareil Bodin pour lour broyage, 298.
Algérie. — Application de la législation sur le
phylloxéra, ]23. — Programme du concours
général agricole dOran,203, 326. — Projet
de loi sur le régime des terres domaniales
en Algérie, 204. — Extension du territoire
civil, 368. — La colonisation en Algérie, 378.
Alimentation. — Notes sur les méthodes d'ali-
mentation, 59. — Alimentation des chevaux
et du gros bétail, 209. — Les plantes alimen-
mentaires nouvelles, 349.
Allemagne. — Production de la bière dans ce
pays, 101, 411. — Lois sur l'usure et sur le
service des épizooties, 392.
Amérique. — Sur les importations de , bœufs
américains en Europe, 233, 214. — Élevage
et engraissement du bétail aux Etats-Unis
d'Amérique, 469.
Anasoplia. — Ses ravages en Russie, 287.
Angleterre. — Histoire des grandes familles de
la race Durham, 19, 135, 381, 424. — Con-
cours de la Société royale d'agriculture à
Carlisle, 185, 225. — Appréciation sur les
résultais de la récolte des céréales, 321. —
Moyens d'améliorer l'agriculture anglaise,
447. — La race bovine Angus, 504. — L'agri-
culture à l'assoc ation britanique pour l'a-
vancement des sciences, 488.
Anguillule. — La maladie vermiculaire des
seigles et des luzernes, 428.
Animaux reproducteurs. — Résultats de la
vente annuelle à la bergerie de Grignon, 8.
— Vente de reproducteurs Durham à Laval, 449.
Anthracnose. — Recherches sur la nature de
cette maladie, 369.
Apiculture. — Exposition à Paris, 203.
Arboriculture. — Résultats des examens à
l'école d'arboriculture de la Seine, 46. —
Congrès pomologique de France, 87., 489. —
Effets de l'hiver sur les arbres fruitiers, 192. —
Nouvelle encyclopédie publiée par M.Lavallée,
286. — L'arboriculture en Provence, 368. —
Catalogue de Baltet frères, 450.
Arracheur de betteraves système Cartiet, 417.
Association française pour l'avancement des
sciences. — Travaux de la section d'agronomie
à la session de Reims, 124, 281.
Associations agricoles. — Formation d'un nou-
veau Comice dans Seine-et-Oise, 327. — Voir
Concours divers.
Autriche. — Situalion des forêts, 508.
Battage des grains. — Batteuse à vapeur de
M. Filoque, 28. — Batteuse de Filoque pour
les petites graines, 69; — Batteuse système
Albaret, 141, 261. — Expériences organisées
par la Société des agriculteurs, 165, 450.
— Batteuses Aultmann, 182. — Concours
spécial de batteuses à Meaux, 285.
Belgique. — Concours ouverts par le gouverne-
ment belge, 165.
Bétail. — La race bovine de Lourdes, 8. —
Histoire des grandes familles de la race
Durham, 19, 135. — Le bétail au concours
régional de Nevers, 24. — Notes sur l'ali-
mentation du bétail, 59. — Tableaux men-
suels de l'importatiou du bétail en France,
163, 323. —Les anivages de bœufs américains
à la Villette, 233, 314. — Prix de la viande
en France depuis 1870, 243. — Propagation
de la fièvre aphteuse; vœux du Conseil géné-
ral du Nord, 365. — Les qualités laitières de
la race Durham, 382, 424. — Loi sur les épi-
zooties en Allemagne, 393. — Elevage du
bétail en Finlande, 466 ; — en Amérique, 469;
— dans le Luxembourg, 473. — Propagation
de la péripneumonie, 482. — La race bovine
Angus, 504.
Betteraves. — Sur l'extension de la culture de
la betterave à sucre dans l'Ouest. 111. —
Végétation et récolte des betteraves, 126, 166,
208, 368, 450. — Arracheur de betteraves
système Cartier, 417.
Beurre. — Son adultération par la margarine,
518
TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES.
390. — Production et commerce du beurre
en Finlande, 'iGT.
Bibliographie. — Traité théorique et pratique
du grejj'age de la vigne, par Aimé Champin,
2i5. — L'écrcvissi-, par Th. Huxley, 114. —
Les Laines de couchage au point de vuehgçjid-
7)iqi(e, par M. Leiranc, 166. — Le prunier et
la prune d'Agen, pir M. Bruguière, '204. —
Origine et transformation du factorat dans
les halles de l'aris, par M. Biollay, '208. —
Annales agronomiques^ par W. Déhérain, '24G.
— Encyclopédie d'arboriculture publiée par
M. Lavaliée, 286. — Voyages agricoles dans
le Périgord, par M. L. de l.amothe, 602.
Bière.— Sa prudurtion en Allemagne, 101, 411.
— Décret relatif à l'exemplion des glucoses
employées à la fabrication des bières, 489.
Biographies. — M. Vicier Borie, 92. —
M. Nadault de Buffon, 131. —Denis Papin
et Blai>e Pascal, 401.
Blés. — Qualités de blés pour semences, 88, —
Sélection des blés de semence. 207. — Ren-
dement du blé en 1880 dans la Haute-
Garonne et le Tarn, 289.
Brésil. — Culture aux environs d'Ouro-Preto,
149.
Bretagne. — Projet de loi relatif au partage
des terres vagues, 81.
Bu'.letin financier du 3 juilht, 40;- du 10
juillet, 80; —du 17 juillet, 120; - du 24
juillet, 160,'— du 31 iuillet, 200, —du 7 août,
240; — du 14 août, 280; — du Vl août; 320;
— du 28 août, 3G(); — du 4 ^eptem^)^e, 400;
du 11 septembre, 4^0; — du 18 septembre,
480: — du 25 septembre, -14.
Cachexie. — Rectierctie de M. Zundel sur la
cachexie aqueuse des moutons, 304.
Cadastre. — Nouveau projet de loi relatif à la
revision du cadastre, 6.
Céréales. — Appréciation sur les résultats de la
mois^ou eu" France et à l'élran^'er, 161, 241,
321, 361. — Tableaux officiels de la produc-
tion des céréales en France en 1S79, 242. —
Documents publiés par M. Estieime sur la
récolle des céréales en France età l'étranger,
361. — Expériences de culiure à l'école pra-
tique d'agriculture de Saint-Remy, 493.
Cerfeuil bulbeux. — Culture et emploi, 350.
Charbon. — RHoherches de M. Chauveau sur
la résistance des moutons algériens, 84. —
Recherches de M. Pasteur sur les causes de
la propgation du charbon, 121,173,446,
451. — Recherches de M. Toussaint sur l'ino-
culation du charbon, 222, 234. 245, 452. —
Instruction sur les miladies charbonneuses
publiée par M. Tanguy, 366.
Charrue,. — Charrue de M. Debains pour la
culture de la canne à sucre, 231. —Concours
international de charrues en Italie, 285 —
Grandes charrues construites par M. Bajac,
455.
Chasse.— Dates de l'ouverture en 1880. 247,
285.
Chemins de fer. — Les chemins de fe.- portatifs
en Russie, 330.
Chevaux. — Concours de juments poulinières
dans la Seine-Inférieure, 166. — Sur la p o-
duction chevaline dans la Mayenne et dans
la Sarthe, 272.
Choléra des poules. — Note sur un mode de
préservation, 85. — Observations faites par
M. Pasteur, 289.
Choux. — Culture, mode d'emploi du choux
chinois, 351.
Chronique agricole du 3 juillet, 5 ; — du 10
juillet, 41; — du 17 juillet, 81 ; — du 24 juil-
let, 121 ; — du 31 juillet, 161 ; — du 7 août
201; — du 14 août, 241; — du 21 août, 281;
— du 28 août, 321 ; — du 4 septembre, 361 ;
— de II septembre, 401 ; — du 18 septem-
bre, 441; — du 25 septembre, 481.
Clavelée. — Mesures prises relativement à
rex|)ortation de moulons algériens atteints
de clavelée, 8.
Cochincliine. —Développement du jardin bota-
nique de Saïgon et de la ferme des Mares,
380.
Colmatage. — Travaux de colmotage exécutés
sur les rives de la Durance, 372.
Color.ies françaises. — Situation au point de
vue agricole, 380.
Commerce agricole. — Revue commerciale du
3 juillet, 34; — du 10 juillet, 74; — du 17
juillet, 114; — du 24 juillet, 154; — du 21
juillet, 194; — du 7 août, 234;— du 14
août, 274 ; — du 21 août , 314 ; — du 28
août, 354 ; — du 7 septemt)re, 394; — du
11 septembre, 434 ; du 18 septembre, 474 ;
— du 25 septembre, 509. — Tableaux de
l'importation du bétail en France, 163, 323.
Concours général agricole de Paris en 1881. —
Date et analyse du programme, 45.
Concours régionaux d'animaux reproducteurs.
— Compte rendu du concours général de
Melun, 13; — du Mans, 51; — de Tulle, 105;
de Périgueux 498. — Comparaison entre les
concouis régionaux du printemps et ceux
d'automne, 402.
Concours divers. — Concours du comice de
Seine-et-Marne, 7 ; — du cimice de Seine-
et-Oise, 7, 70 ; — de la Société d'agriculture
de Vaucluse, 7 ; — du comice de Tarbes, 7. —
Concours ouverts par l'Académie de Metz, 46;
— de la Société d'agriculture de Joigny. 87;
— de la Société d'agriculture de la Gironde,
165 ; — de la Société agricole de Mantes,
190 ; — du comice de Nancy, 204; — du co-
mice de la Marne, 208 ; — du comice de la
Loire-Inférieure, 247 ; — du comice de la
Double, 327 . — Concouis départemental'
de la Sarthe, 327 ; — du comice de Luné-
ville, 327 ; delà Société d'agriculfuie de
Compiègne, 367 . — de la Société d horticul-
ture d'E[)ernay, 367; — Concours dépt rte-
mental de la Haute- Loiie, 408. — Concours
du comice d'Ambazac, 40'S ; — du comice de
Bourg, 409; — de la Société agricole de
Luxembourg, 472 ; — du comice de Morlaas,
485; — de la Société d'agriculture de l'Aude,
485 ; — du comice de Saint-Amand, 487-
Congrès. — Congrès organisé parla Société de
viticulture de Lyon, 29, 283. — Congrès
des vignes françaises à Clermont-Ferrand,
123, 404, 442. -^ Congrès phylloxérique à
Saragosse, 284. — Congiès des agriculteurs
italiens à Crémone, 407.
Conscription des chevaux. — Essais de réqui-
sition de chevaux et de voitures en 1880, 6.
Conserves alimentaires. — Action du cuivre,
164.
Courriers agricoles. — Courrier du Sud-Ouest,
185.
Douanes. — Droits de douane sur les mat ères
agricoles proposés par la Commission du Sé-
nat, 43. — La question du libre-échange en
Touraiiie, 94. — Discussion à propos des
votes de la Société nationale d'agriculture,
328, 448.
Droit rural. — Sur le droit d'abatage dans les
camoagnes et dans les villes, 98. — La pêche
fluviale, 216. — Poursuite et transport des
bêtes fauves, 257.
Durham. — Histoire des grandes familles de
cette race, 19, 135. — La race Durham dans
le Nivernais, 26. —Qualités laitières decette
race, 381, 424. — Vente de reproducteurs
Durham à Laval, 449.
Eaux d'égout. — Sur les moyens à adopter pour
les purifier et les utiliser, 281.
Ecoles nationales d'agriculture. — Concours
pour une chaire de physique et de chimie, 9.
— Influence de l'Ecole de Grand-Jouan sur
le progrès agricole en Bretagne, 41. —Fête
TABLE ANALYTIQUE DES MATIERES.
519
du cinnuantenaire de Grand-Jouan, 63. —
Excursion à Grignon «les auditeurs du cours
de physicilogie vé:^ét^ile du Muséum, 125. —
Daies d'admission dans les écoles, 283. —
Bourses à l'école de Montpellier, 283.
Ecoles nationales vétérinaires. — Elèves diplô-
més en 1880, 366.
Encouragements. — Sur le mode de répartition
des encouragements à l'agriculture, ^03. —
K('ces-iié de donner des encouiagements
nombreux aux cultivateurs des contrées
pauvies, 481.
Engrais. — Sur les méthodes d'analyse des
phos[)hates, 48, 126, 20a. — Li^'ue contre les
falsificateurs d'engrais foiroée par la Société
d'agriculture de Meaux, 50. — Procédé pro-
posé par M. BacqueL pour- mettre le fumier
ent)alles, 128. — Exiiériences sur l'emploi du
plâtre, 224. — Sur l'utilisation des eaux d'é-
gout, 281. — Sur un mode particulier d'em-
ploi des engrais chimiques, 346. — Rapport
sur les opérations du laboratoire de la Loire-
Inférieure en 1879-80, 412.
Enseignement agrcole. — Ouverture de con-
couis pour des ch;iires départementales d'a-
griculture, 9. — Situation de l'institut agri-
cole de Gembloux, 411. — L'ecde pratique
d'agriculture de Saint-Remy eu 1880, 4^6.—
Examens à la ferme-école du Lot, 484. —
Projet d'une école pratique dans la Seine-In-
férieure, 486.
Exploitations agricoles. — Les fermes de la
Compagnie di fertilisation dans Seine-et-
Marne, 167. — Fermes des Pyrénées- Or. en-
tales concourant pour la prime d honneur,
218, 24y, 293. — Domaine du Chalet (lile-et-
'Vilaine), 2i;9. — Le dom dne des Etangs,
387.
Faux. — Appareil de M. Leblanc-Winckler
pour battre les faux, 24.
Fenouil. — Cu.ture et mode d'em[iloi du
fenouil de Provence, 351.
Fermentation. — Observations de M. Chevreul
sur les conditions de la fermentation des li-
queurs sucrées; recherches de M. Joseph
Boussingault sur la fermentation rapide, 324.
Fièvres aphteuse. — Sa propagation ; vœux
du Conseil général du Nord, 365.
Finlinde. — Elevé du bétail et commerce du
beurre et du fromage, 466.
Foin. — L'influence du fom nouveau sur le
bétail, 342.
Fromagerie. — Fromagerie du Chalet (Ille-et-
Vilaine), 299.
Fumier. — Procédé pour mettre le fumier en
balles, 128.
Greffes. — La greffe Ch^rnpin sur plant ou mé-
rithalle racines et arrachés pour la vigne,
339. — Greffe de la vigne sur écusson plein,
454, 483.
Guêpes. — Moyen de destruction dans les vi-
gnes, 407.
Haras. — Projet de loi relatif à l'augmentation
du nomtire des étalons de l'Etat, 81. — sur
la jiroduction chevaline dans la Mayenne et
dans la Sirthe, 272.
Haricots. — Culture du haricot Vavin, 351.
Hirondelles. — Sur les causes du départ anti-
cipé des hirondelles, 91, 231, -97.
Hive. — Effets de l'hiverr de 1879-80 en Lor-
raine, 89.
Horticulture. — Travaux horticoles d'août et
de septembre, 375. — Quelques plantes à
cultiver, 502.
Houblons. — Récolte en 1880, 368. — Cueil-
lette du houblon en Angleterre, 411.
Impôts. — Sur le dégrèvement de l'impôt fon-
cier et les moyensde l'atteindre, 2i»l, 222, 331.
Insectes. — Exposition à Paris, 203. — Rava-
ges causés par les insectes en Russie, 287.
Inspection de l'agriculture. — Concours pour
des emplois d'adjoint à l'inspection de l'agri-
culture, 202,244.
Institut national agronomique. — Excursion
des élèves en Champagne et en Bourgogne,
46. — Examens de sortie en 1880, 246. —
Ouverture d'un concours pour la chaire de
génie rural, 448.
Irlande. — La crise agricole et les fermiers
il landais, 241.
Irrigations. — Bondes de M. Bruel pour les
irrigations, 111. — Travaux de colmatage et
d'irrigation dans les Alpes avec le? eaux de la
Durance,372. — Concours d'urigation dans
les Alpes: distribution des récompenses, 481 .
Laines. — Traitement des laines de couchage,
166. — Exposition internationale à Londres
en 188!, 247.
Laiterie. — Concours des produits de la laite-
rie à Neufchàtel-en-Bray, 407.
Légion d'honneur. — Promotions et nomina-
tion pour services rendus à l'agriculture, 82,
122.
Liage. — Appareil pour peser et lier automati-
quement la pallie, construit par Albaret, 376.
Luxembourg. — Concours de 1880, 472. —
Elevage du bétail, 473.
Ma'is. — Sa culture au Brésil, 149. — Propaga-
tion de l'ensilage du mais-fourrage en Polo-
gne, 333.
Margarine. — Fabrication et commerce, 390.
Mécanique agricole. — Machine à vapeur et
batteuses de M Filoque, 28, 69. — Applica-
tions du labourage à vapeur en Ang'eterre,
89. — Machine à vaieur et batteuse; d' Alba-
ret, 140. 261". — Concours de moissonneuses-
lieuses et de lieuses à Eprunes, 219. —
Charrue de M. Debains pour la eu ture de la
canne à sucre, 231 — Moulin agricole d'Al-
barei, 261. — Hache-ajoncs de Bodin,298. —
Trieur Marot, 302 — Appareil d'A.baret pour
peser et lier autjmati|Uf ment la paille, 376.
— Arracheur de betteraves, système Cartier,
417. — Glande charrue défonceuse et à va-
peur de Bajac, 4tô.
Métayage. — Sur l'organisation et les avan-
tages du mé'ayage, 10, 423. — Enquête faite
par la Société d'agriculture de la Haute-
Vienne, 364. — Le métayage dans lile-et-
Vilaine,387.
Météorologie agricole. — Nouvelles de l'état
des récoltes, 88, 130 à 131, 167, 287 à 289,
331. — Efiets de l'hiver 1879-80 en Lorraine,
89. — Série d'orages en France; leurs effets,
161. — Effets de l'hiver sur les arbres frui-
tiers et forestiers, 191.
Moissonneuses. — Eijsais de moissonneuses-
lieuses et de lieuses à Eprunes, 126, 219.
Moulin agricole du >ystème Albaret, 261.
Moutons. — Recherches de M. Chauveau sur la
résistance des moutons algériens au char-
bon, 84, 234, 245, 452. — Elevage des mou-
tons en Russie, 143. — Recherches de
M. Zundel sur la cachexie aqueuse, 304. —
Propagation des mérinos précoces en Polo-
gne, 333. — L'élevage des moutons en
Champagne, 335.
Nécrologie. — M. Victor Borie, 42, 92. —
M. Isaac Pereire, 83. — M Broca, 84. —
M. Uroche, 129. — Discours prononcé aux
obsèques de M. Nadault de Buffon, !33. —
M. Slievenart, \6h. — M. Benjamin, 286. —
M. de Monteynacd, 287. — M. Pierre Bour-
rel, 330. — M. de Pompéry, JI. Godron,
M. Lagaide, 364.
Ouvriers agricoles. — Le prix de la main-
d'œuvre en Savoie, 179.
Pansement des animaux, 211.
Parcs. — Procèdes pour la création des parcs et
des pelouses, 39i. — Modèle de plans rie
parcs et de jardins paysagers de diverse
gra' deur, 459.
Pèche. — Différents modes de pêche; droit de
pêche en rivière, 216.
520
TABLE ANALYTIQUE DES MATIERES.
Phosphates. — Discussion relative aux méthodes
d'analyse des phosphates, 49, 126, 205, 330.
— Sur le phosphate dit phosphate rétrogradé,
10-2.
Phylloxéra vasiatrix. — Le phylloxéra en Istrie,
12. — Résultats obtenus par le trailemenl
par le sulfure de carbone, 47, 48, 326, 385,
406, 443, 445. — Rapport de M. Marion sur
les opérations du Comité de la Compagnie
Paris-Lyon-Médilerranée, 47. — Résultats
obtenus avec le sulfocarbonate, 48, 270. —
Nomination de membres de la Commission
supérieure, 84. — Traitements administratifs,
84, 162. — Imposition extraordinaire d^ns le
département de l'Aude, 84. — Applicilion de
la législation française en Algérie, 123. —
Nouveaux exemples d'efficacité de la submer-
sion 123, 326, 443.— L'œuf d'hiver du phyl-
loxéra, 143, 162, 297. — Extension en Au-
triche, 162. — Congrès phylloxérique à Sara-
gosse, 284. — Constatation de nouvelles
taclies dans Loir-et-Cher, 325. — Décret sur
l'importation des produits végétaux venant
de Suisse, 325. — Situation dans l'Hérault,
325; — dans la Gironde, 325, 385. — Les
taches phylloxériques en Suisse, 363. — In-
structions sur le phylloxéra publiées dans la
Côte-d'Or, 364. — Situation dans la Côte-
d'Ûr, 405. —Les parasites du phylloxéra, 444.
— Plantation des vignes dans le sable, 445.
— Voir Vignes.
Physiologie animale. — Recherches de M. San-
son sur la source du travail musculaire, 29U.
Pisciculture. — Travaux exécutés en Russie,
70. — Les oubliés, 418. — Les Aplatis, 489.
Plâtrage des vins. — Circulaire du ministre de
la justice sur ce sujet, 322. — Vœux de la
Société d'agriculture de l'Aude, 484.
Plâtre. — Evpéiiences relatives à son emploi
sur des prairies, 224.
Pommes à cidre. - Recherches sur leur com-
position et leurs qualités, 449.
Pommes de terre. — La pomme de terre Cham-
pion, 264, 350.
Porc. — Danger présente par les viandes de
porc américaines, 164.
Primes dhonneur. — Primes d'honneur et prix
cullurdux décernés dans Seine-et-Marne, 16;
— dans la Sarttie, 56; —dans la Corrèze,
108 ; — Dans la Dordogne, 499 — Rapport sur
le concours dans les Pyrénées-Orientales,
211, 249,293.
Prunier. — Etude sur le prunier et la prune
d'Agen, 204.
Radis du Japon. — Culture, produits et mole
d'emploi, 3.50.
Raisins. — Le commerce des raisins secs et la
fabrication des vins, 189.
Récoltes en terre. — Nouvelles de l'état des
récoltes, 33,88, 130 à 131, 167,287 à 289,331.
Russie. — Travaux de pisciculture faits dans ce
pays, 70. — Elevage des moulons, 143. —
Ravages des insectes, 287.
Semoirs. — Concoursinternational en Italie, 484.
Sériciculture. — Renseignements sur les prix
des cocons, 12. — Récolte des vers à soie
dans la Drôme, 33. — Evaluation de la récolte
dans les Cévennes, 126. — Situation de l'in-
dustrie séricicole en 1881), 330. — Une édu-
cation de vers à soie en 1880, 463.
Société nationale d'agriculture. —Comptes ren-
dus des séances hebdomadaires, 34, 50, 131,
193, 233, 247, 313, 354. — Election d'un
membre dans la Section de mécanique agri-
cole, 9, 48. — A propos des votes sur le lé-
gime douanier, 328, 448.
Société nationale d'encouragement à l'agricul-
ture. — Liste d'adhérents, 9. — Prix décer-
nés par la Société au concours régional de
Clermont-Ferrand, 412. — Subventions don-
nées par des Conseils généraux, 412.
Société des agriculteure de France. — Organi-
sation d'expériences de rhachines à battre,
165, 450.
Société royale d'agriculture d'Angleterre. —
Concours de Carlisle, 185, 225.
Société d'encouragement pour l'industrie natio-
nale. — Récompenses décernées pour ser-
vices agricoles, 86.
Soja. —Avantages, culture, mode d'emploi des
produits, 349, 431.
Stations agronomiques, — Projet de création
dans la Seine-Inférieure, 486.
Slalisiique. — La production des céréales en
France en 1879, 242. — Prix des céréales et
du bétail, 243.
Sucres. — Sur le projet de loi relatif au dégrè-
vement des sucres, 5, 42, 81, 86. — Tableaux
de la production et du mouvement des sucres
indigènes, 86. — Loi portant dégrèvement
des droits sur les sucres, 151. — Objet d'art
offert à M. Mariage, 489.
Sylviculture. — Discussion au Sénat sur le pro-
jet de lui relatif à la conservation et à la res-
tauration des terrainns en montagnes, 44. —
Effets de l'hiver 1879-1880 sur les arbres fo-
restiers, 191. — Plantations forestières dans
les Pyrénées, 249. — Les forêts en Autriche,
Procédé de conservation pour l'hi-
Ma.rot,
Tomates,
ver, 139.
Triage des grains avec l'appareil de
302.
Tuiles. — Fabrication mécanique des tuiles
dansée Midi, 32.
Usure. — Loi sur l'usure promulguée en Alle-
magne, 392.
Vapeur. — Machine à vapeur de M. Filoque,
28. — Applications du labourage à vapeur
en Angleterre, 87. — Machine à vapeur
d'Aultmann, 181. — Piocheuse à vapeur, 227.
Ventes d'animaux reproducteurs. — Résultats
de la vente de béliers à la bergerie île Gri-
gnon, 8. — Vente de reproducteurs Durham
à Laval , 449, 486. — Vente dans l'Aude, 485.
Vétérinaires. — Lutte enire les vétérinaires et
les empiriques, 367. — Vœux des Conseils gé-
néraux sur le traiie lient des maladies conta-
gieuses, 482.
Viande. — Prix moyen de la viande en France
depuis 1870, 243.
Vignes — Traité théorique et pratique du
greffage de la vigne par M. Champin, 23. —
Congrès viticole organ-sè à Lyon, 29, 283. —
Congrès des vignes françases à GUrmont-
Ferrand, 123, 404, 442. — Résistance de la
Malvoisie de la Drôme au phylloxéra, 245. —
Exposition de viticulture à Lyon, 284. —
Notes relatives à la résistance et à la propa-
gation des vignes américaines, 285, 406, 444,
446 — Vœux du Conseil général de l'Hé-
rault sur les vignes américaines, 326. — La
greffe Champin, 339. — Recherches sur
l'anthracnose de la vigne, 369. — Développe-
ment de la culture de la vi^ne en Algérie,
379. — La vigne de Beriaudier, 4i5. — Ap-
préciations sur les vendange-;, 441, 450. —
Développement des racines de la vigne et
formation du sucre dans le raisin, 457. —
Une vigne sauvage du Soudan. 481.
Vins. — Sur le projet de loi relatif au dégrève-
ment des vins, 5, 42, 81. — Loi portant dé-
grèvement des droits sur les vins, 151. —
Circulaire du ministre de li justice sur le
plâtrage des vins, 322, — Sur les consé-
quences du dégrèvement des vins, 352.
Vohiilles. — Sur les moyens de détruire la ver-
mine des volailles, 268, 343, 422.
Zootechnie. — Notes sur l'alimentation des
chevaux, et du gros bétail, 209. — La pré-
tendue race de Lourdes, 254. — L'élevage
des moutons en Champagne, 335.
FIN DE LA TABLE DU TROISIÈME VOLUME DE 1880.
JOURNAL
L'AGRICULTURE
ANNÉE 1880, TOME QUATRIÈME
(octobre a DÉCEMBfte)
Le JOURNAL DE L'AGRICULTURE, fondé le 20 juillet 1866, a
successivement fusionné avec le Journal de la Ferme et des Maisons
njE CAMPAGNE et avec la Revue de l'Horticulture. En conséquence il
s'occupe de toutes les questions de pratique et de science agricoles, de
législation rurale, d'économie politique ou sociale dans ses rapports
avec la vie rurale; enfin il donne tous les développements nécessaires
aux progrès de la viticulture, de l'horticulture, de l'arboriculture et
de la culture maraîchère; il traite aussi bien de la production des
jardins que de celle des champs.
11 appartient à une Société composée de 840 agriculteurs ou agro-
nomes groupés autour de M. J.-A. Barrai.
<
JOURNAL
DE
L'AGRICULTURE
DE LA FERME ET DES MAISONS DE CAMPAGNE
DE LA VITICULTURE, DE L'HORTICULTURE
DE L'ÉCONOMIE RURALE ET DES INTÉRÊTS DE LA PROPRIÉTÉ
rONDÉ ET DIRIGÉ FAR
J.-A. BAKKAL
Secrétaire perpétuel de la Société nationale d'agriculture de France;
Membre du Conseil général de la Moselle jusqu'en 1871 ;
Ancien élève et ancien répétiteur de cliiinie de l'Ecole polytechnique ;
Membre du Conseil d'administration de la Société des agriculteurs de France
Lauréat de l'Académie des sciences en 1863, pour le prix de Horogues, décerné à l'ouvrage ayant fait (aire
le plus grand progrès à l'agriculture en France ;
ComÈnandeur de la Légion d'Iionneur; de I Ordre ottoman du iledjidié, de celui des Saints Maurice et Lazare d'Italie;
de celui d'Isabelle la Catholique d'Espagne; Chevalier des Ordres de Léopold de Belgique,
de Notre-Dame de la Conception de Portugal;
Membre de la Société philomatique et du Conseil de la Société d'encouragement pour l'industrie nationale ;
Membre honoraire de la Société royale d'agritullure d'Angleterre ;
Membre honoraire de l'Académie de Metz, de la Société centrale d'agricul ure de Belgique, de la Société royale d'agricultnre de
l'ortugal, de la Société des at;riculleurs italiens,
des Sociétés d'Agriculture du grand-duché de Luxembourg, de Moscou, de Varsovie, de Spolato,
des Géorgoliles de Florence, de Grosseto, de Turin, de Saint-Pétersbourg, de Pesaro, du Chili, de Hongrie, de l'Uruguay ;
Correspondant de l'Institut genevois, de l'Institut égyptien, de la Société des sciences naturelles de Milan;
des Sociétés d'Agriculture, de Viticulture ou d'Horticulture de Pans, d'Arras, de l'Aube, de Bayeux, des Bouches-du-Rhône,
de Coiiipiègne, de Caen, de Clermont, du Nord, de la Seine-Intérieure, de Mayenne, de la Haute-Garonne, de la Côte-d'Or;
de Joigny, de Libounie, de Lyon, de Mirecourt, de Nancy, du Pas-de-Calais, de Poitiers, de Poligny, de Sentis, de Vaucluse,
des Comices agricoles d'Agen, de Lille, de Meaux, de Metz, de Krantôme, de la Société des Amis de la paix,
de Valence (Espagne), des Sociétés d'Agriculture de Gand,de New- York, devienne (Autriche), de la Gueidre (Hollande), de Hongrie;
du Cercle agricole et horticole du grmd-duché du Luxembourg;
Associé étranger de l'Académie royale de Suède, etc , etc.
MM. J.
Conseil de direction Scientifique, Politique et Agricole :
■A. BARRAL^ GASTON BAZILLE, DE BÉHAGUE, BELLA,
GAREAU, P. DE GASPARIN, A. VANDERCOLME
ANNÉE 1880, TOME QUATRIÈME
(CCrOBRE A décembre)
^£:x
PARIS
AUX BUREAUX DU JOUUXAL DE L'AGRICULTURE
Chez M. G. MASSON, libraire-éJiteur, r20, boulevard Saiat.Germain
ET
Bruxelles, chez M. Henri MANGEAUX, libraire-éditeur, 8, rue des Frois-Têtes
1880
Le Journal de TAgricnlture paraît tous les samedis en une livraison de 52 à
68 pages, avec de nombreuses gravures noires intercalées dans le texte et des
planches noires ou coloriées hors texte. — Il forme par an quatre volumes de
500 à 600 pages chacun.
PRIX DE L'ABONNEMENT :
FRANCE : un an, 20 fr. ; — six mois, 11 fr. ; — trois mois, 6 fr. — Un numéro, 50 centimes.
Pour tous les pays de l'Union postale : un an, 22 fr.
Pour tous les autres pays, le port en sus.
LES PAYS FAISANT PARTIE DE L'UnION POSTALE SONT :
Allemagne — Autriche — Belgique — Danemark — Espagne — Etats-Unis — Grande-Bretagne —
Hongrie — Italie — Luxembourg — Monténégro — Norvège — Pays-Bas — Portugal
Roumanie — Russie — Serbie — Suède — Suisse — Turquie — Egypte — Tanger et Tunis
Perse — Brésil — République argentine — Pérou — Colonies françaises
La plupart des colonies étrangères.
JOURNAL
DE
L'AGRICULTURE
CHRONIQUE AGRICOLE (2 octobre issoj.
Les dernières appréciations sur la moisson de 1880 en France. — Nécessité de se mettre en
grarde contre les exagérations. — Le commerce du bétail. — Conséquences de la pénurie des
luurrages. —Premier aperçu sur les vendanges. — Circonstances au milieu desquelles elles
s'exécutent. — Encore la question du plâtrage des vins. — Lettre de M. Cazot, ministre de la
justice, à M. Lisbonne, députe de l'Hérault. — Distinction à faire entre la tolérance et le délit.
— La meilleure marche à suivre. — La question des odeurs de Paris. — Ses causes. — Encom-
brement des égouts et multiplication des dépotoirs. — Déversement des vidanges à l'égout. —
Projet de transport au loin des matière-^ des vidanges et des eaux des égouts. — Urgence d'une
solution radicale. — Expériences sur les machines à battre faites par la Société des agriculteurs
de France. — Premiers essais. — Examens d'admission de l'Ecole Mathieu de Dombasle. —
L'Ecole nati onale de bergers de Bambouillet — Création d'une école de bergers en Algérie. —
Son programme. — Pommes de terre et blés pour semences. — Lettres de M. Louis Léouzon
de M. Decrombecque. — Le ph\lloxera. — Mo lifications consenties à la Convention internatio-
nale de Berne. — Lettre de M. Tirard. — Annonce d'une nouvelle panacée. — Le phylloxéra en
Corse. — Concours départemeiital dans la Haute-Loire. — Attribution de primes culturales. —
Programme de concours spéciaux en Sologne.
I. — La dernière récolle.
Diverses réunions commerciales viennent d'avoir lieu, ainsi qu'il
advient tous les ans à l'automne. Il s'en est tenu notamment une le
27 septembre, à Lyon : c'était l'Est de la France qui s'y trouvait sur-
tout représenté. On y est arrivé sous le coup de l'impression de
déception causée par les battages. Il est incontestable que, dans la
plupart des départements de l'Est, le rendement en grains des gerbes
est assez faible et que quelques-uns des départements qui avaient été
signalés comme ayant une récolte bonne ou assez bonne, n'en ont, en
fait, qu'une médiocre. iMais faut-il en conclure, comme quelques
journaux commerciaux le font, que la récolte de 1 880 est inférieure
à celle de 1 879 ? C'est aller beaucoup trop loin, c'est généraliser trop
vite un fait particulier à une région. Il faut se méfier de toute spécu-
lation commerciale qui pourrait avoir en vue de provoquer une
importation considérable, sous le coup d'une hausse qui ne; se main-
tiendrait pas, une fois que le tour aurait été joué. Ce qui est certain,
c'est que la situation, dans les départements de l'Est, n'est pas boane
à cause de la dépréciation que le bétail a subie en présence de la
mauvaise récolle fourragère. On a vendu et on vend encore son bétail
à de mauvais cours, parce qu'on n'a pas pu emmagasiner de nourriture
en quantité suffisante pour passer l'hiver. Il y aura plus tard une
réaction; les agriculteurs seront forcés de racheter à des prix élevés
pour remonter leurs étables. Ceux-là seuls qui ont eu de la prévision,
qui ont pris soin, en voyant l'herbe manquer, de préparer d'autres
récoltes fourragères, du maïs en vert par exemple ou des racines, se
trouveront dans une bonne situation. Désormais il en sera toujours
ainsi. L'agriculture ne peut plus se faire avec des assolements fixes et
réguliers; il faut varier incessamment suivant les circonstances.
N" 599. — Tome IV de 1880. — 2 Octobre.
6 CHRONIQUE AGRICOLE (2 OCTOBRE 1880).
L'esprit de l'agriculteur doit désormais être toujours en éveil ; c'est à
cette condition seule que la prospérité peut être maintenue, alors que
les voies de communications rapides ont changé les anciennes condi-
tions des marchés,
IL — Les vendanges.
Les vendanges sont en pleine activité dans le Midi, et on commence
à les faire dans le Centre. On peut dire dès maintenant que, si l'on a
plus de vin que l'an dernier, ce ne sera pas cependant une bonne
année que 1880, surtout en ce qui concerne la quantité. La gelée et la
coulure ont fait beaucoup de mal dans un grand nombre de localités,
sans compler que le phylloxéra a continué ses ravages. En général,
dans tous les vignobles situés au dessus d'une ligne passant par Lyon,
Clerraont-Ferrand, Agen et Mont-de-Marsan, on a peu de vin; au-des-
sous, au contraire, surtout dans certaines parties, notamment dans le
Languedoc, on aura une assez grande abondance.
La qualité sera certainement bonne si le temps de la cueillette est
favorable. Aussi le sucrage à la cuve ne paraît pas devoir être employé,
si ce n'est pour les piquettes, dont on cherchera certainement à aug-
menter la richesse alcoolique. Comme l'an dernier, on fabriquera
beaucoup de vin ; l'importation des raisins secs continue à se faire
sur une grande échelle, ce qui ne peut s'expliquer que par l'emploi
considérable qu'on en fait dans la préparation des vins commerciaux.
IIL — Le 'plâtrage des vins.
L'émotion produite par la circulaire aux procureurs généraux, rela-
tive au plâtrage des vins, circulaire que nous avons publiée dans notre
numéro du 28 août, persiste toujours dans le commerce et dans quel-
ques contrées viticoles, ainsi que nous le disions dans notre dernier
numéro. Ace sujet, M. Cazot, ministre de la justice, vient d'adresser
à M. Lisbonne, député de l'Hérault, la lettre suivante qui indique que
de nouvelles instructions ont été transmises aux parquets :
Paris, 21 septembre.
« Monsieur le député, vous avez bien voulu, par votre lettre du 16 septembre,
appeler mon attention sur la situation des viticulteurs de votre département en ce
qui concerne l'exécution de ma dernière circulaire sur les vins plâtrés.
« M. le piéfet de l'Hérault me transmet un vœu du conseil général de ce dépar-
tement, tendant à ce que l'administration indique aux cultivateurs, pour la prépa-
ration de la prochaine vendange, la quantité de plâtre qui pourrait être jetée sur
le raisin sans que la proporli n de 2 grammes de sulfate de potasse par litre de
vin, fixée par le comité d'hygiène, puisse être dépassée, et il demande si les culti-
vateurs qui suivraient, à défaut de cette indication, les anciens errements pour la
préparation de leur vin, peuvent être exposés à des poursuites exercées en vertu
de ma circulaire du 27 juillet 1880.
ce J ignore si la question que pose le conseil général de l'Hérault peut être
résolue théoriquement d'une manière satisfaisante. Je ne méconnais pas toutefois
l'intérêt légitime que les cultivateurs, désireux de se conformer aux prescriptions
du comité d'hygiène, y attachent, et je m'empresse de la soumettre à M. le ministre
de l'agriculture et du commerce, de qui elle relève.
« Mais, en ce qui me concerne j'ai déjà adressé aux procureurs généraux des
instructions tendant à la suppression provisoire de toute exécution de ma circulaire,
et les ai renouvelées pour prévenir toute équivoque à la suite de la communica-
tion de M. le préfet de l'Hérault.
« J'invite de nouveau le ministère pubhc à suspendre entièrement, quant à
présent, l'exécution de la circulaire précitée, conformément à mes dernières
instructions, et les cultivateurs n'auront point à redouter son intervention quant à
CHRONIQUE AGRIGOuE ^2 OGTOBKE i8a0). 7
la préparation de la nouvelle vendange, to ites choses devant, dans ma pensée,
demeurer en l'état jusqu'à la solution définitive des questions nouvelles que
soulevé la situation créée à la production et au commerce par la tolérance qui leur
avait été accordée par la première circulaire du 21 juillet 1858.
« Agréez, etc., J. Gazot.
L'ajournemont de toute mesura coercitive contre le plâtrage des
vins nous paraît tout à fait sage. En ettet, il est absolument impos-
sible à un propriétaire qui ajoute du plâtre dans sa vendange au mo-
ment de faire son vin, de prévoir la quantité de sulfate de potasse qui
sera introduite par l'opération, dans le vin sortant de la cuve ou du
pressoir. On ne peut donc pas fonder la répression d'un délit sur un
résultat de quantité lorsque l'opérateur est dans l'impossibilité absolue
de le prévoir. Dès que le plâtrage est autorisé en principe, il ne peut
pas être poursuivi en raison du dosage du sulfate de potasse dont il
détermine la présence dans le vin. Que les administrations publiques,
l'administration delà guerre, celles des hôpitaux, etc., mtroduisent
dans leurs cahiers des charges, lorsqu'elles mettent en adjudication
les achats des vins dont elles ont besoin, que les vendeurs ne devront
pas fournir des vins ayant plus de 2 pour 100 de sulfate de potasse,
cela est parfj.iitement légitime, parce que le vin est alors tout fabriqué
et peut être analysé. Gela est aussi juste que de prescrire une certaine
richesse en alcool. Mais on ne peut pas aller plus loin et ériger en délit
un fait qui ne dépend pas du délinquant. Dès que le plâtrage est per-
mis, il faut le laisser se faire avec toutes les conséquences qu il com-
porte. Il y a de bien longues années que nous avons émis cette opinion
dans des rapports officiels et dans divers articles. Comme il nous paraît
impossible de défendre le plâtrage parce que ce serait porter un coup
funeste à une partie de notre viticulture et de notre commerce des vins,
comme d'ailleurs ce n'est pas une opération qui, à coup sûr, soit tou-
jours dangereuse pour la santé publiijue, nous n'allons pas jusqu'à
en demander la proscription. Mais nous estimons que l'étiquette de
vin plâtré devrait être imposée à tout vin qui aurait subi l'opération
du plâtrage, de manière à introduire un dosage de sulfate de potasse
déterminé et que l'analyse pourrait toujours constater. Le délit ne naî-
■ trait que du moment où le vendeur livrerait le vin, en cachant à la-
cheteur la véritable nature du liquide.
IV. — Les égouls et les 'matières fécales.
Les agriculteurs savent que des plaintes très vives contre les mau-
vaises odeurs qui sortent des égouts ec des usines oi^i sont traitées les
matières fécales autour de Paris, sont chaque jour émises par les ha-
bitants de plusieurs quartiers de la capitale. L'émotion publique est
devenue générale depuis que, le 25 septembre, quatre ouvriers ont été
retirés morts d'un égout du boulevard Rochechouart qu'ils étaieat char-
gés de curer. Il y a là des faits d'une hautj importance pour la santé
publique et pour l'agriculture. Il nous paraît nécessaire d'en faire la
distinction.
Les égouts, dans l'origine, ont été destinés à enlever les immondices
liquides et les eaux pluviales des voies publiqLies. Depuis quelques
années, on a voulu étendre leur destination et les charger d'enlever
aussi d'abord les matières liquides, puis môme les matières solides des
fosses d'aisance. Enfm, il est même arrivé, cet hiver, qu'on y a jeté
au moment des neiges qui ont encombré les rues, toutes les immon-
8 CHRONIQUE AGRICOLE (2 OCTOBRE 1880].
dices imaginables. On avait pensé que des lavages avec des quantités
suffisantes d'eau enlèveraient tout inconvénient à ces opérations. Si les
quantités de liquides sortant des égouls selrouvaientchaque jour plus
considérables, et étaient, en outre, tellement nauséabondes qu'il était
impossible de continuer à les dévei-ser dans la Seine, on avait le pro-
jet de les répandre en irrigation, non seulement dans la plaine de
Gennevilliers, mais encore sur de vastes terrains de Saint-Germain et des
communes voisines. D'un autre côté, la fabrication du sulfate d'am-
moniaque avec les urines et en général les matières des vidanges des
fosses, est devenue une industrie très florissante depuis que l'agricul-
ture se sert avec profit de ce sel et l'achète à des cours qui atteignent
et dépassent même 50 fr. par 100 kilog. U n'y a pas d'autre source
de sulfate d'ammoniaque que les eaux ammoniacales des usines à gaz
et les liquides des fosses d'aisance. Par conséquent, l'usage de plus en
plus habituel que l'agriculture en fait, en rendant la demande du
produit plus fréquente, multiplie l'établissement des usines qui peuvent
se procurer la matière première. De là, les dépotoirs et les fabriques
de sulfate d'ammoniaque qui se sont établis à Billancourt, à Nan-
terre, à Choisy-le-Roy, dans la plaine de Saint Denis, à Maisons-
Alfort, etc. Ces usines ont été autorisées comme n'étant pas suffisam-
ment insalubres. Il faut convenir que, pour la plupart, elles sont d'un
voisinage peu agréable, si ce n'est t'angereux. Naturellement leurs
directeurs soutiennent qu'elles sont absolument inoffensives.
Une autre cause avait été encore attribuée aux mauvaises odeurs
dont se plaint Paris. On sait que le sous- sol de la capitale est noi-
râtre dans les rues, et particulièrement autour des tuyaux qui con-
duisent ie gaz. M. Chevreul, il y a de longues années, a expliqué
comment une terre contenant du sulfate de chaux, produit, en pré-
sence des matières organiques, du sulfure de calcium. M. Henri
Sainte-Claire Deville vient, devant l'Académie des sciences, de re-
prendre la question, et il conclut de ses recherches et de ses obser
vations, à l'innocuité des odeurs provenant de la terre noire placée
au-dessous des pavés, à cause des produits empyreumatiques et anti-
septiques qu'y apporte constamment le gaz d'éclairage.
Il est évident que les égouts et les conduites de gaz sont indispen-
sables à la vie d'une grande ville. lis ne peuvent pas avoir été plus
nuisibles en 1880 que les années précédentes, à moins qu'il n'y ait
eu des abus. Rien n'a été changé au sous-sol des rues de Paris ; il
faut laisser cette question de côté. Pour ce qui concerne les égouts,
nous croyons qu'on a commis une grande faute le jour où l'on a auto-
risé d'y déverser des matières fécales directement des maisons, à la
condition, il est vrai, d'un grand épandage d'eau. En effet, dans les
matières fécales, à certaines époques d'invasion de maladies conta-
gieuses, il peut se trouver les germes mêmes de ces maladies, ainsi
que cela paraît bien constaté en ce qui concerne le choléra. Nous
avons toujours été partisan de la conservation des fosses d'aisance
dans les habitations, et dans la prescription de leur étanchéité ab-
solue, comme l'a demandé M. Chevreul. Les égouts doivent être ré-
servés exclusivement pour l'écoulement des eaux pluviales ménagères
et le lavage des rues. Même dans ces conditions, elles ne doivent pas
être déversées dans les cours d'eau publics. Dès 1857, nous avons
écrit sur ce sujet une lettre à M. deMonny de Mornay, alors directeur
CHRONIQUE AGRICOLE (2 OCTOBRE 1880). 9
de l'agriculture et qui était notre confrère à la Société d'agriculture.
Nous appelions son attention sur la convenance qu'il y aurait à pro-
longer 1 egout collecteur jusque tout auprès de l'Océan dans les vastes
espaces à peu près incultes que laisse la Seine dans un de ses der-
niers détours, avant d'arriver à Quiliebœuf. 11 y a là des milliers
d'hectares qui pourraient être transformés en terres riches par les
irrigations avec les eaux d'égout; lorsqut; ces dernières seraient en
trop grande quantité, la mer recevrait l'excès. D'un autre côté, ce
serait aussi vers ce rivage que l'on pourrait diriger toutes les vidanges
des fosses d'aisance, et en établissant dans cette contrée isolée des
fabriques de sulfate d'ammoniaque et autres engrais provenant des
urines et des matières fécales. La distance à Paris est de 50 lieues,
il est vrai, et la ditîerence de niveau n'est que de 2G mètres, soit,
13 cent-millièmes par mètre, ce qui est faible. Il faudrait doncfaire des
chasses par machines, ou établir à bon marché une voie lerrée pour
les fosses des vidanges.
Il m'a été objecté alors que l'exécution de ce projet coûterait trop
cher, il a été enfoui et rejeté au fond des cartons. Je reste néan-
moins convaicu qu'on y arrivera, parce que, après tout, la dépense
ne dépasserait pas une cinquantaine de millions et que certainement
on proiiiguera chaque année plusieurs millions pour des solutions
qui ne donneront satisfaction à personne. En Angleterre, la question
des égouts de Londres a cessé d'agiter l'opinion publique, depuis que
l'égout collecteur a été prolongé vers la mer. Quoiqu'on fasse, il en
sera de même en France pour les égouts de Paris. Si l'on veut une
véritable salubrité, il faut prendre les moyens de l'obtenir. Jusqu'à
présent on n'a eu recours qu'à des palliatifs. Lorsque la population de
Paris passera de 2 millions à 3 et 4 millions, comme c'est arrivé
pour Londres, le danger des émanations pestilentielles sera tellement
considérable qu'il fauiira bien chercher une solution radicale, à moins
que la grande ville n'ait été auparavant dépeuplée par quelque peste
qu'elle aura engendrée elle-même, par suite du manque d'énergie de
la part des pouvoirs publics.
Y. — Expériences de batteuses à Joinvilk-k-Pont,
D'intéressants essais de machines à battre se font actuellement par
les soins d'une commission de la Société des agriculteurs, à la ferme
de la Faisanderie, près de Joinville-le-Pont. Pour la première fois, on
essaie ces sortes de machines au moyen du dynamomètre, afin de se
rendre bien compte de la dépense de force nécessaire pour les opéra-
tions de battage et de nettoyage du grain.
Les machines qui concourent pour ces essais sont seulement au
nombre de six, savoir : deux machines anglaises de Garrett, amenées
par iM. Pilter; deux machines Marshall, envoyées par M. Waite Bur
nell; une machine américaine, amenée par M. Aultmann, et enfin
une mac'iine française de M. Pécard, de Nevers. — Les expériences
ont commencé le 23 septembre; elles vont durer jusqu'au V octobre.
Elles présentent un véritable intérêt. Nous engaoeons les agriculteurs
a aller les voir entre une heure et quatre heures de l'après-miili.
Les machines qui fonctionnent sont à grand travail, et présentent
des dispositions remarquables. Ces essais sont instructifs, et pour les
constructeurs, et pour les agriculteurs.
10 CHRONIQUE AGRICOLE (2 OCTOBRE 1880),
VI. — École cVagricullure Mathieu de Dombasle.
Les examens d'admission et le concours pour les bourses pour
l'Ecole d'ngriciilture Malliieu de Dombasle ont eu lieu le ^2 septembre
au sièiie de l'Ecole, sous la ])rési(lence de M. Boitel, inspecteur général
de l'agriculture. Huit candidats étaient inscrits : l'un d'eux, pourvu
d'un des diplômes qui dispensent d'examen, n'a eu à subir aucune
épreuve. Des sept autres candidats, six ont été admis. L'Ecole Mathieu
de Dombasle est autorisée par M. le ministre de l'agriculture à admettre
jus(ju'au 1" novembi^e les candidats qui se prése itéraient et satisfe-
raient au programme d'admission. Trois demi-bourses pouiTaient être
accordées à ces candidats. La rentrée de l'Ecole est fixée au 3 octobre;
les cours commenceront le 4 octobre.
VIL — Ecole de bergers de R iml oïdllet.
La sixième promotion d'élèves-bergers doit quitter l'Ecole natio-
nale de Rambouillet à la fin du mois. Les jeunes gens qui en sortent
sont tous les ans de plus en plus demandés. Les agriculteurs qui
pourraient avoir besoin d'un berger feront donc bien d'adresser le
plus tôt possible leur demande à M. J. Letevre, directeur de l'Ecole,
à Rambouillet.
VIII. — Création d\me école de bergers en Algérie.
A diverses reprises, il a été question du projet de création, par
Tadministration de l'agriculture, d'une école de bergers en Algérie.
Le Jo mal officiel publie un arrêté du ministre de l'agriculture, en
date du *24 septembre, relatif au règlement d'une école de bergers
créée à la bergerie nationale de Moudjebeur. Cette école a pour but de
former des bergers expérimentés pour l'Algérie. L'enseignement y est
gratuit et la durée de l'apprentissage est de trois ans. Les élèves-
apprentis y apprennent toutes les opérations relatives à la conduite et
à la reproduction des troupeaux de bêtes à laine, ainsi qu'à la créa-
tion et à Tentretien. des cultures en vue d'assurer leur alimentation
en toute saison ; ils prennent part en même temps à tous les travaux
de la grande culture dans la région. Le nombre des élèves à admettre
chaque année est fixé à vingt-cinq Les apprentis peuvent être Euro-
péens ou indigènes; pour être admis, ils doivent être âgés de quatorze
ans au moins, et se présenter, avant le 15 octobre, à la direction de
l'établissement, ou se faire inscrire, avant cette date, aux préfectures,
sous-préfectures, mairies, bureaux de cercles ou d'annexés de l'Algé-
rie. L'année scolaire commencera le 1^'' novembre; les élèves-appren-
tis qui ne seront pas arrivés à cette date à l'école seront considérés
comme ayant renoncé au bénéfice de leur admission, sauf le cas d'ex-
cuses légitimes.
IX. — Pommes de terre pour semences.
Un de nos collaborateurs, M. Louis Léouzon, nous adresse la lettre
suivante, en nous priant de la publier :
« Mon cher directeur, voulez-vous avoir la bonté d'annoncer dans votre pro-
chaine chroni me agricole du Journal, de l' Aqri.caUa x ({ue je dispose d'une quan-
tité assez importante des deux variétés de pommes de terre : Van der Vi^er,
d Hit la production est énorme et que le catalogue Vilmorin considère même
comme la plus productive.
ce Reine-Blanche, dont j'ai parlé jadis dans ce Journal^ l^^^ je cultive toujours
avec satisfaction, car c'est une excellente et délicieuse variété.
■ CHRONIQUE AGRICOLE (2 OCTOBRE 1880]- 11
« Les prix sont, rendues en gare de Loriol, sacs perdus, les 100 kilog. :
« Van der Veer. ... 20 fr.
c< Reine-Blanche. . . . 15 —
« La différence de prix est due à ce que la Van der Veer est une haute et pré-
cieuse nouveauté.
« Prière de faire les commandes dans le plus bref de'lai, afin de pouvoir expé-
dier avant les froids.
« Agréez, etc. « Louis Léouzon,
t Propriétaire-agriculteur à La Poule, près Loriol (Drôme\ •>
D'un autre côté, nous recevons de .M. G. Decronibecque, la lettre
suivante :
Len^, le 27 septembre, I88^î
« Les nombreuses demandes de semences de blés anglais qui me sont adre^sf'e^
me prouvent que les personnes à qui j'en ai envoyé l'an dernier ont été satis-
l'aites.
« Je vou< prie de dire aux lecteurs de votre Journal que je puis encore mettre à
leur disposition des semences de :
Blé Prince Albert I -r., •. ii i i
-r, 1 1 • > Blanc a paille blanc.
— Berkshire ) ^
— Victoria Roux à paille blanche.
« Recevez, etc. « Gr. Decrombecque,
« à Lens (Pas-4e-Gaiais.) »
Nous sommes toujours heureux de faire connaître les nouvelles
variétés de plantes qu'il peut être utile de propager; nous répondrons
toujours à toutes les demandes qui nous seront faites a cet égard.
X. — Le phylloxéra.
A diverses reprises, nous avons fait connaître les réclamations
faites par les horticulteurs relativement à la convention internationale
de Berne. On lira certainement avec intérêt la lettre que M, le ministre
de l'agriculture vient d'adresser sur ce sujet à M. de Maillé, député :
« Le 25 septembre 1880.
« Monsieur le député et cher collègue, vous m'avez exprimé le désir de connaître,
dès qu'elles auraient été prises, les mesures adoptées par les Etats contractants à
la convention internationale de Berne, relativement aux réclamations des horticul-
teurs pépiniéristes pour les expoi talions de plants et arbustes.
« Je m'empresse de vous fau-e savoir que le C.onseil fédéral de Berne a admis
que les plants et arbustes des pépinières seraient autorisés à pénétrer en Suisse à
cocditi' m que les envois soient accompagnés d'un certificat de l'autorité du pays
d'origine attestant :
« l" Qu'ils proviennent d'un territoire réputé préservé de l'invasion phylloxérique
et figurant comme tel sur la carte spéciale étabhe et tenue à jour par les Etats
respectifs;
« 2° Qu'ils n'y ont pas été récemment importés;
« 3» Que l'établissement d'où ils provieunent ne possède pas de vignes, n'en fait
pas le commerce et ne se trouve pas dans le voisinage immédiat d'une plantation
de vigne quelconque.
« Le gouvernement portugais et le Luxembourg ont adhéré à la proposition de
la Suisse.
a Quant aux autres Etats contractants, l'un deux, le gouvernement allemani, a
proposé de laisser à chaque puissance la liberté d'accorder telles facilités ([ui seraient
à sa convenance; l'autre, l'Autriche-Honçîrie, n'a pas lait connaître les mesures
'•1 • 1' 1 O ' l
qu il se proposait d adopter.
« Je retijrette, monsieur le député et cher collègue, que les mesures plus libérales
que le gouvernement français avait proposées n'aient pas été accueiUies dans leur
ensemble. J'espère, toutefois, que nos pépiniéristes trouveront d»^à que les conces-
sions consenties par la Suisse, le Portugal et le LuxemJ)ourg, offrent plus de faci-
lités pour leurs expéditions. Je ne perdrai d'ailleurs pas de vue les intérêts
engagés et je saisirais avec empressement toutes les occasions d'obtenir pour nos
12 CHRONIQUE AGRICOLE (2 OCTOBRE 1880).
horticulteurs de nouvelles facilités à l'exercice de leurs importantes transactions.
« Recevez, etc. « Le mmistre de l'agriculture et du commerce^
« P. TlRARD. »
On fait beaucoup de bruit depuis quelques jours, sur des résultats
obtenus par un nouveau procède de lutte contre le phylloxéra. Ce pro-
cédé, dû àJM. Prouvère, consisterait à arroser les vignes françaises il vec
une solution de résine, en vue de donner à leurs racines la force de
résistance au pbylloxera que possèdent les vignes américaines. On
aflirnie que des expériences faites à Mancey (Saône-et-Loire) auraient
prouvé la valeur de ce procédé. Nous attendrons des explications plus
complètes et plus précises, et nous les ferons connaître à nos lecteurs.
Les viticulteurs ont été tant de fois trompés par l'annonce de panacées
infaillibles, qu'ils doivent aujourd'hui se montrer défiants.
Dans une conférence qu'il vient de faire à Ajaccio, M. Catta, délégué
régional a insisié sur les avantages qu'il y aurait pour la Corse à détruire
complèlement les foyers phylloxériques que renferme cette île. Il est
certain que, ces foyers une fois détruits, on pourrait, en toute sécurité,
étendre la culture de la vigne sur une grande quantitéde terres qui sont
éminemment favorables à celte production.
XL — Concours départemental de la Haute-Loire.
Le concours départemental agricole de la Haute-Loire a eu lieu à
Yssingeaux le 19 septembre. 11 comprenait des expositions d'animaux
reproducteurs des espèces chevaline, bovine, ovine et porcine, et de
produits agricoles de tous genres. C'est la section consacrée aux che-
vaux qui comprenait, soit pour les étalons, soit pour les juments, les
individus les plus remarquables. L'exposition horticole était égale-
ment remarquable. Quant à l'exposition des races bovines et porcines,
elle a donné la preuve que la plupart des ai^riculteurs du pays ont
encore beaucoup à faire pour améliorer leur bétail. Parmi les concur-
rents en présence pour les prix d'honneur attribués aux meilleures
exploitations de l'arrondissement d Yssingeaux, M.VL Liogier Bruno,
(]' Yssingeaux, et Boudarel, de Saint-Komain-Lachalm, ont obtenu les
doux premières primes.
XIL — Concours spéciaux en Sologne.
Le Comice de Lamotte-Beuvron (Loir-et-Cher), tiendra le 10 octobre
un concours spécial pour la race bovine. « Les gelées de décembre,
nous écrit M. Gaugiran, ont enlevé à notre contrée de nombreux mil-
lions dans ses forêts. Ceux qui l'aiinent et ont, comme l'ancien vice-
président du Comité central agricole, et comme nous, pour devise :
R' g'iiération et prospérité de la Solonne, voudront nous aider à les re-
conquérir en donnant plus que jamais de l'importance à nos comices, a
Seront décernés à ce concours : au nom du Comité c ntral agricole de
la Sologne, pour le meilleur taureau, une médaille offerte aux éleveurs
de toute la Sologne; au nom du ministre, un grand prix pour bonne
tenue de vacheries; au nom de la commune de Lamotte-Beauvron,
un prix pourviande abattue; au nom du Comice, des prix pour chau-
lage; taureaux, vaches et élèves; construction de vacheries; bonne
fabrication de beurre ; bons services de vachers et vachères ; exposition
de produits de cultures fourragères, de machines, outils et instru-
ments spéciaux aux vacheries et laiteries. J.-A. Buiral.
LES VRAIS ET LES FAUX DORHAMS. 13
LES VRAIS ET LES FAUX DURHAMS
LEUR VALEUR RESPECTIVE
Lorsque, dans i'un de mes derniers articles sur la race Durhain,
j'ai affirmé qu'il n'existe point en France un seul vrai durham, ni à
Gorbon, ni dans aucune étable particulière, j'appréhende que bon
nombre d'éleveurs se sont dit que je voulais trop prouver, et que mon
argument reposait sur des propositions exagérées. Je viens aujour-
d'hui répéter, avec preuves à l'appui, qu'en dehors des familles dont
la filiation est bien authentiquement établie par des pedigrees remon-
tant sans mélange de sang aux souches que j'ai fait connaître, il n'y a
pas de durhams véritablement purs, quelle que soit d'ailleurs la lon-
gueur de leurs généalogies. Ces généalogies, qu'on trouve dans le
Herd-book, ne prouvent qu'une chose, c'est qu'une vache est fille de
sa mère. jMais si cette inscription suffisait pour établir la pureté de
sang d'un animal, il n'y a point de variété de l'espèce bovine, dans
tous les pays du monde, qui ne soit capable d'aligner de nombreuses
générations remontant à des souches aussi antiques que celles de la
race Durham. C'est tout bonnement une affaire de temps. La généa-
logie d'un animal n'est point une preuve de la pureté du sang qui
coule dans ses veines, ni de l'existence de la seule chose qui consti-
tue sa valeur : l'hérédité. Or, l'expérience a prouvé que les anciens
éleveurs avaient bien raison lorsqu'ils ftiisaient un choix si rigou-
reux des taureaux auxquels ils accouplaient les femelles des familles
remarquables dont les produits manifestaient cette précieuse préroga-
tive de l'hérédité, laquelle n'existe que dans ces familles. Je vais en
citer une nouvelle preuve fournie par les résultats des ventes qui
viennent d'avoir lieu en Angleterre.
La première de la série a eu lieu le 24 août dernier à Blebo, en
Ecosse. Les animaux exposés en vente comprenaient le troupeau tout
entier de M. Bethune, plus quelques sujets d'élite provenant des
étables de deux éminents éleveurs, MM. Michel et Cruickshank. 11 y
avait à cette vente 45 femelles et 4 taureaux. La moyenne des femelles
a été de 640 fr., celle des taureaux de 500 fr.
Le 8 septembre suivant, le môme commissaire-priseur, ?tL John
Thornton, assemblait autour d'une arène improvisée, sur une des
fermes du château d'Underley, une assemblée d'élite, comprenant
tous les grands éleveurs de l'Angleterre venus pour se disputer les ani-
maux du troupeau appartenant au comte de Bective, l'un des princi-
paux éleveurs de durhams en Angleterre. Cette vente comprenait
56 femelles de tout âge, depuis onze ans jusqu'à deux mois, et 16 tau-
reaux. La moyenne des 56 femelles, jeunes vêles comprises, s'est
élevée à 4,500 fr.; celle des taureaux à 2,300 fr.
La veille, dans le môme district, à quelques kilomètres seulement
d'Underley, M. Thornton vendait le troupeau appartenant au capitaine
Chambley, au parc de Skirsgill. En voici le résultat : 47 femelles ont
réalisé une moyenne de 730 fr., et 7 taureaux une moyenne de
330 fr. seulement.
Deux jours après, le même M. Thornton faisait une autre vente,
près de la cité d'York. A cette vente, 33 femelles ont réalisé une
moyenne de 930 fr., et 9 taureaux une moyenne de 608 fr.
Pour que le lecteur se rende mieux compte de ces résultats, et pour
14 LES VRAIS ET LES FAUX DUliHAMS.
en rendre la comparaison plus facile, j'arrange le tableau suivant
TABLEAU DES MOYENNES.
Ventes. Femelles. Taureaux. Moyenne totale.
Blebo, le 24 août 18S0 640 fr. 500 fr, 630 fr.
Skirsgill, le 7 septembre 1880 730— 330— 650 —
IJiiderley, le 8 seplembie 1880 4,500— 2,3C0 -> 4,000 —
ThicketPriory, près York, le 10 septembre 930— • 608 — 860 —
Un contraste si frappant dans la valeur respective d'animaux de la
môme race, vendus, à l'exception de la première vente, dans la même
région, demande une explication, et c'est dans cette explication que
je puiserai la preuve de ma proposition : qu'il y a de vrais et de faux
durliams, et que ce sont les vrais seulement qui ont une valeur trans-
cendante, et que les feux, quelque soit leur mérite personnel et la
longueur de leur pedigree, n'ont abolument qu'une valeur de foire
déterminée par leur aptitude à la sécrétion laitière et à l'engraisse-
ment, ce qu'on peut voir par la moyenne obtenue dans les deux pre-
mières ventes indiquées au tableau ci-dessus. Dans ces ventes, les prix
qui varient de 350 à 800 fr., ne dépassent pas ceux de nos vaches de
races françaises. Il y a des vaches normandes qui se vendent plus
cher, et la moyenne des vaches hollandaises que l'on importe en
France est au moins de 600 fr.
On remarquera que la dernière vente indiquée au tableau ci-dessus
présente une moyenne plus élevée que celle des deux premières;
l'explication de celte différence en plus dans la vente d'Underley et
dans celle de Thicket Priory est aussi très facile à expliquer. C'est que
dans la vente d'Underley, la majorité, pour ne pas dire la totalité des
animaux, appartient à des familles de sang pur et non mélangé.
Chez ces animaux, comme nous allons le voir dans l'analyse de ces
ventes, la filiation est immaculée, ce sont de vrais Durham, dont le sang
est absolument pur ; les deux lignées, mâle et femelle, remontent et^des-
cendent, sans rupture aucunQ, une échelle généalogique, dans laquelle
il ne manque aucun échelon; tandis que les autres troupeaux, à l'ex-
ception du dernier, oi^i il y avait quelques Waterloo qui ont relevé la
moyenne, ne comprenaient que de bonnes vaches laitières, ayant des
deux côtés du sang Durham bien constaté par de très longues généa-
logies, mais resté sans hérédité, et soumis à l'incertitude d'une filia-
tion rompue, d'accouplements hétérogènes, et offrant le chaos d'un
écheveau embrouillé. Ces vaches n'ont donc qu'une valeur purement
individuelle, et n'atteignent que le prix de marché, car leur mérite
s'arrête à leur individualité. Ce sont de bonnes et belles vaches, que
l'on paye à leur valeur intrinsèque, au point de vue de leurs qualités
particulières et des avantages immédiats qui peuvent en résulter pour
l'agriculture; en un mot, ce sont des animaux de rente et pas autre
chose.
Pour les animaux du troupeau d'Underley, c'est autre chose. La
première vache qui se présente dans l'arène, est une pure Gwynne.
Cette vache est âgée de onze ans, cependant elle trouve un acquéreur au
prix de 1,750 fr., parce que la famille des Gwynne, remonte en
ligne directe à Princess par Favourite (252), cette vache célèbre qui, a
elle seule, a fait la renommée de Robert Colling, et dont, plus tard, je
raconterai l'histoire.
La seconde vache est une pure Waterloo, famille dont j'ai raconté
LES VRAIS ET FAUX DURHAMS. 15
rhistoire, et qui compte parmi les meilleures du troupeau de Kirkle-
vington. La troisième est une Gazelle^ remontant à la vache Uillicenl
par V rince of Waterloo, et l'une des bonnes familles laitières et par-
faitement pures de la véritable race Durham. Puis viennent en succes-
sion, une Wild Eyes, autre grande famille de Bâtes, qui réalise
2,800 fr., puis une autre Gazelle achetée par Son Altesse Royale le
prince do Galles, au prix de 4,250 fr. Puis vient une autre Wild Ei/es,
vendue 2,0U0 fr.; une Winaoïne Duchess de la môme famille que les Wild
Eyes qui trouve acheteur à 10,650 fr. Vient ensuite une Princess
remontant directement à la Princess par Favourite (252), de Robert
Colling, que M. Loyd ne craintpas de payer 10,800 fr.; une quatrième
Wild Eyes réalise une couple de mille francs. Une Acomb, autre famille
très laitière et remontant à une vache de Bâtes, dont la fille Acomb
par le fameux Belvédère (1,706), a donné son nom à cette tribu des
purs Durham, réalise, sur l'enchère du colonel Kingscote, la somme
de 1 ,300 fr. seulement, somme qui représente à peine la moitié de sa
valeur. Une autre Wild Eyes échoit à la convoitise de M. Lovatt qui
reconstitue son troupeau dispersé l'autre jour, au prix de 1,600 fr.
Puis vient une Inrklevington Princess^ branche de la famille Gicynne,
qui réalise 4,500 francs. Voici une Barringlon qui, sous le nom de
Lady Edith Bâtes, est adjugée à M. Fox, au prix de 8,000 fr. A ce
point de la vente, on introduit dans l'enceinte une génisse de deux
ans, qui semble singulièrement surexciter les esprits. En effet, c'est
une véritable Duchesse. Après un moment d'hésitation et de recueille-
ment, la lutte s'engage, lutte vive, fiévreuse, où les coups de guinées
s'échangent par cinquante et cent. Le vainqueur est lord Faversham,
mais il laisse étalés sur le champ de bataille, comme prix de sa vic-
toire, la somme de 53,255 fr.
Voici un autre spécimen du sang Bâtes ; c'est une Red Rose qui
réalise le prix très respectable de 8,000 francs. Puis se présente un
autre spécimen de la famille des Gwynne^ qui trouve acheteur au même
prix de 8,000 francs. Un spécimen de la famille de C/terr^, famille bien
tracée et très laitière, remontant à la vache célèbre Old Cherry, atteint
le prix de 1,900 francs. Ici, survient une autre Wild Eyes qui soutient
la réputation de la noble famille en réalisant un prix de 3,750 francs.
Une génisse de deux ans, fort belle, fille du taureau pur Duchesse, Duke
of Underley (33, 745) et pleine d'un autre taureau pur Duchesse, Grand
Duke, 36'' (43,306', mais n'appartenant à aucune famille de sang pur,
bien qu'ayant une bonne généalogie, subit les conséquences de son sang
mélangé et ne réalise que 750 francs. Après cette génisse à bon marché,
voici un spécimen de la famille Oxford, qui relève les enchères et les
enlève jusqu'à 25,800 francs. Un autre spécimen de la famille des
/u>/l;/6'um^/o« réalise 10,700 francs; puis viennent trois magnifiques
génisses sang mélangé, qui ne réalisent qu'une moyenne de 600 francs,
leur prix de marché malgré, leurs longs pedigrees dûment inscrits au
Herd book, et malgré leur mérite incontestable, mais malheureusement
individuel.
Une génisse de dix-huit mois, appartenant à la. îamille Cherry déjà
nommée, réalise 2,800 francs, et un nouveau spécimen des Wild
Eyes est adjugé pour 2,700 francs. Ici intervient une génisse de
sang mêlé qui, malgré son mérite exceptionnel, ne trouve acquéreur
qu'à 850 francs ; une autre gazelle réalise 1,300 francs. Puis vient une
16 LES VRAIS ET FAUX DURHAMS.
Acomb, à 1 ,600 francs, une Butterfly h 1 ,250 francs, une Kirklemngtonk
9,500 francs, une Princess 1 1 ,500 francs, une WUd Eyes 0,000 francs,
une fValerloo 3/250 francs, uneOxfonl 13,000 francs, encore une Will
Eyes 2,500 francs, une Gwynne 4,500 francs, une autre Gwynne 2,250
francs, et enfin G génisses de sang mélangé dont la moyenne n'a pas
dépassé 500 francs.
Comme résumé, je donne le tableau suivant qui indique la moyenne
de chaque famille distincte et celle des Durliam à sang mélangé :
Femelles, vaches et vèles^ Taureaux et veaux mâles.
Numbieaaiii- Moyenne Nombre
Familles. maux vendus, en francs. Familles. des télés. Moyenne.
Oxford l 53,255 Duchesse 2 12,000
Wildeyes 11 3,558 Red Rose i-i 2,880
Cherry 4 1,880 Kiiklevington . 2 2,8:55
Gwyiiiie.. . . 4 1,880 Gwvnne t 7,800
Princess , 2 10,850 Daisy 1 2,750
Barrington... 1 8,050 WildEyes.... 2 815
Gazelle 4 1,530 Flora 1 2,650
Waterloo 3 2,000 Cherry 1 925
Kirklevingion . 4 8,000 Gazelle 1 530
Oxford 2 19,650 Sang mêlé 3 775
Red Rose 1 9,000
Acomb ... 4 1,450
Sang mêlé 15 1,000
Cette statistique démontre, avec une évidence incontestable, que ce
qui existe aujourdhui sous le nom de race Durham, se divise en
deux classes bien distinctes. L'une comprend toutes les familles
bien tracées, remontant à des souches connues et appréciées, et cela
sans mélange aucun, sans mésalliance, et qu'on peut ranger dans la
catégorie des Durhams véritablement purs. L'autre comprend tous les
Durhams issus d'animaux purs et inscrits, mais ne remontant point
en ligne directe aux souches de la race pure, ayant été mélangés sans
système, sans sélection, sans ordre, produits de taureaux de hasard,
eux-mêmes produits de la même façon, et par conséquent n'ayant
d'autre valeur que celle du marché, c'est-à-dire celle qui ressort de
leur valeur individuelle.
De ces faits indiscutables, il faut naturellement conclure que tous
les Durhams qui n'appartiennent pas aux familles privilégiées de la
race pure, et c'est le cas des Durhams français sans exception, inclus
ceux de Corbon, sont de faux Durhams. Ce sont tout au plus de
bonnes vaches à lait et à viande, incontestablement supérieures aux
vaches de races françaises, mais sans aucune valeur exceptionnelle
pour la reproduction. Les prix obtenus par les animaux de cette
catégorie ne dépassent pas, à mérite individuel égal, ceux des vaches
communes sans pedigree. Il faut encore conclure que les éleveurs fran-
çais, depuis l'introduction delà race Durham en France, ont absolu-
ment fait fausse route, et que ce qu'ils croient être de purs Durhams,
n'est que du bétail ordinaire, n'ayant aucune valeur de reproduction.
Les ventes que j'ai citées en commençant ne sont que des exemples
queje n'ai point choisis pour les besoins de ma cause. Ces quatre ventes
étaient successives, et toutes, à l'exception d'une seule, ont eu lieu
dans la même semaine et dans le même district. Le même commis-
saire-priseur y a présidé, et toutes mettent en évidence les mêmes
résultats, lesquels d'ailleurs sont toujours les mêmes, depuis long-
temps déjà. On a vu par le tableau des moyennes de ces ventes, que
celle de Thicket Priory a réalisé une moyenne plus élevée que les
LES VRAIS ET FAUX DURHAMS. 17
autres à l'exception de celle d'Underley; le résultat est du à la pré-
sence de quatre Waterloo , dont la moyenne a atteint près de
2,000 fr. Ce résultat prouve que, dans toutes les ventes, les repré-
sentants des familles pures sont seuls recherchés des acheteurs et que
tous les autres se vendent au prix: de marché, comme les vaches ordi-
naires non inscrites au Herd book, et pas plus cher, à mérite égal.
Comme conclusion pratique de ma proposition, et comme preuve
que mon appréciation est juste, je n'hésiterais point à m'engager à
livrer tous frais payés, à Dieppe, n'importe quel nombre de vache? et
génisses Durliam, en aucun point "inférieures aux plus belles qui
existent en France, bonnes laitières, avec des mètres de généalogies
inscrites au Herd book, mais de sang mêlé, au prix de 800 à 1 ,000 fr.
par tête, comme prix maximum, tandis que quand il s'agit d'animaux
appartenant aux familles de sang pur, ces prix doublés et triplés
sont des minima au-dessous desquels on ne peut rien acheter.
F. R. DE LA TUÉHONNAIS.
CONCOURS DÉPARTEMENTAL DU MANS
Le sixième concours départemental d'animaux reproducteurs organisé
par la Société des agriculteurs de la Sarthe a eu lieu au Mans le 1 8 et
le 19 septembre. Quoique suivant de près notre très brillant concours
régional et malgré le mauvais temps, il y a eu un grand succès.
Le nombre d'animaux exposés était à peu près le mêma que l'année
dernière.
La race Durham était admirablement représentée. Des agriculteurs
de plusieurs parties de la France sont venus à ce concours pour acheter
de jeunes taureaux Durham et ils n'ont eu que l'embarras du choix.
Les principaux succès ont été pour les étables de M. Lépine, de M. de
Villepin et de Mademoiselle de Rougé.
La catégorie des croisements Durham était très remarquable sous
tous les rapports.
Quant à la catégorie des races du pays, toujours la plus nombreuse,
elle présentait un ensemble des plus satisfaisants ; il y figurait des
sujets hors ligne et on n'y rencontrait pas un animal défectueux,
Les espèces ovine et porcine étaient plus largement représentées que
les années précédentes. La plupart des animaux exposés dans ces deux
classes étaient très bons ; mais c'est surtout dans l'espèce porcine que
se trouvaient les sujets les plus remarquables.
Quant à l'exposition des animaux de basse-cour, elle était, comme
toujours, très brillante, tant par le nombre des lots exposés que par la
qualité des animaux qui composaient ces lots. Les plus beaux sujets
du département dans les races fléchoise, de Houdan, Crèvecœur et oies
de la Sarthe, se trouvaient là réunis.
Il est de toute évidence que le progrès, en ce qui concerne l'élevage
des bêtes bovines notamment, s'accentue de plus en plus dans notre
département, et certes le concours départemental de chaque année sous
l'habile direction de M. Courtillier, a sa large part dans les amélio-
rations rapides que les agriculteurs sont unanimes à constater.
Après la belle réussite du concours de cette année, malgré les con-
ditions défavorables dans lesquelles il se trouvait, il y a tout lieu d'en
espérer un très brillant pour l'année prochaine. D'ailleurs un nouvel
élément de succès viendra s'ajouter à ceux déjà réunis.
18 CONCOURS DÉPARTEMENTAL DE LA SARTHE.
L'honorable président de la Société des agriculteurs de la Sarthe,
M. Courlillier, à qui les cultivateurs de la Sarthe doivent la création
du concours départemental d'animaux reproducteurs pour les espèces
bovine, ovine et porcine, et pour les animaux de basse-cour, a tenu à
honneur de compléter son œuvre en y adjoignant un concours hippique.
A cet effet il a obtenu du Conseil général^ dont il fait partie^ un crédit
de G, 000 fr. qui sera spécialement affecté à l'exposition chevaline.
Dans le concours des exploitations rurales, le 1"' prix de culture a
été décerné à M. Hubert, cultivateur à Lignières-la-Carelle.
E. Launay,
professeur départemeiUal d'agriculture de la Sarthe.
NATURE DE LIMMUNITE DES MOUTONS ALGÉRIENS
CONTRE LE SANG DE RATE
Ce qui est vrai, c'est qu'il y a un antagonisme
bien net entre les affections cachectiques et le
charbon, et que les animaux vigoureusement
constitués sont ceux qui subissent le plus facile-
ment ses atteintes. H. Bouley. -■
I. — « On devine, dit M. Chauveau dans une note adressée à
l'Académie des sciences, toute l'importance qui s'attache à la question
spéciale de Timmunité charbonneuse dans l'espèce ovine. Si c'est un
caractère de race, il sera très précieux de l'établir nettement, tant au
point de vue des applications spéciales que l'on peut faire de la connais-
sance de cette particularité, qu'au point de vue des conséquences
scientifiques générales qu'il sera possible d'en tirer. Si cette immunité
est acquise, il sera encore plus important de le savoir, pour arriver à
la détermination des conditions qui s'opposent à la prolifération des
bactéridies charbonneuses chez le mouton. La découverte de ces condi-
tions serait un très grand bienfait. Elle permettrait sans doute de
créer l'immunité à volonté, car il y a tout lieu de penser que ces
conditions seraient de nature à être réalisées expérimentalement. »
Malgré mon vif désir de contrôler par des expériences de laboratoire
les observations fournies par les faits, il ne m'a pas été permis de le
faire. Mon opinion repose donc entièrement sur les données pratiques
puisées dans le milieu exceptionnel où je me trouve placé. Ces données
portent annuellement sur trois groupes bien distincts d'animaux;
ce sont :
1° Les bêtes ovines algériennes (au nombre de dix à douze mille par
an) sacrifiées à l'abattoir de la ville de Montpellier peu de jours après
leur arrivée en France.
2° Les moutons algériens achetés au mois d'août par nos éleveurs,
à Marseille ou à Cette. Ce bétail, avant d'être livré à la consommation
publique, est soumis à un engraissement dont la durée varie entre
quatre et six mois.
3" Les barbarins purs ou croisés nés en France, composant les
nombreux troupeaux élevés dans nos plaines depuis un temps immé-
morial.
Ces animaux arrivant tous à l'abattoir, c'est donc de quinze à
vingt mille autopsies que je fais tous les ans sur les moutons algériens.
Tels sont les éléments sur lesquels mon attention a été fixée, depuis
le jour surtout où M. Chauveau a soulevé cette question si importante
de l'immunité charbonneuse.
niMUiNITÉ DES MOUTONS ALGERIENS CONTRE LE CHARBON 19
Dans la première note adressée au mois de septembre 1879, à
l'Académie des sciences, M. Chauveau se demande si l'immunité des
moutons algériens à l'inoculation bactéridienne doit être considérée
comme un caractère accidentel propre à quelques individus ou comme
un caractère général appartenant à l'ensemble des moutons d'Algérie
amenés en France, et il pense que les faits, par leur unanimité,
plaident en faveur de cette dernière opinion.
Les expériences faites en Algérie par ce savant sont venues démon-
trer que cette immunité était loin d'appartenir à l'ensemble des
moutons élevés dans cette colonie.
Bien avant que le résultat de ces recherches ait été connu du public,
j'avais formulé dans une lettre adressée, au commencement du mois
d'avril 1880^, à M. Delamotte, vétérinaire distingué de l'armée
d'Afrique, les résultats probables que devaient donner les expériences
d'inoculation charbonneuse faites sur les moutons algériens. Ma pré-
diction était ainsi formulée :
r Les mérinos algériens succomberont à l'inoculation;
2" Les moutons à queue étroite offriront une immunité m.oindre que
les moutons à queue large.
Dans un Mémoire de M. Delamotte, publié récemment par le Bulle-
tin de l'Association scientifique algérienne (année 1880, T fascicule,
page 98-99), nous lisons : « Les moutons de Gonstantine, appelés
barbarins, et reconnaissables à leur grosse queue, ont une immunité
plus grande que ceux de la province d'Alger, que ceux à queue étroite. »
Et plus loin : « La race des mérinos, importée en Algérie en 1868
et conservée à peu près pure, ne paraît pas jouir de la plus petite im-
munité; absolument comme les moutons de France, les mérinos de
l'Algérie meurent très vite des suites de l'inoculation bactéridienne :
le deuxième ou le troisième jour ils sont enlevés. »
Mes prévisions du mois d'avril se sont donc entièrement réalisées,
et si je me décide, aujourd'hui seulement, à faire connaître ce que je
crois être la principale cause de l'immunité charbonneuse, c'est parce
que j'avais la conviction que les belles recherches entreprises par un
savant tel que M. Chauveau aboutiraient à cette découverte.
IL — L'immunité qu'offrent un grand nombre de bêtes ovines algé-
riennes à l'inoculation bactéridienne est intimement liée à l'anémie
particulière dont elles sont atteintes. Tous les praticiens savent qu'il
y a un antagonisme bien net entre les affections cachectiques et le
charbon, et que les animaux vigoureusement constitués sont ceux qui
subissent le plus facilement ses atteintes. Un animal cachectique placé
dans une prairie oii d'autres succombent à la fièvre charbonneuse,
n'est point atteint par cette affection.
Un troupeau de bêtes ovines est-ii décimé par le sang de rate, le
seul moyen efficace de voir disparaître la maladie est de placer ces
animaux dans les conditions favorables au développement de la ca-
chexie aqueuse. Cette dernière vient-elle à se montrer avec une cer-
taine gravité, on peut sans crainte placer les moutons sur les terrains
à charbon, le sang de rate ne se montrera pas. Ces faits sont d'obser-
vation vulgaire, leur application est depuis longtemps rentrée dans la
pratique des bergers et des éleveurs habiles.
1. J'ai su depuis que M. Delamoite avait été l'aide de M. Chauveau, et qu'il avait été chargé par
ce dernier de continuer ses expériences en Algérie.
'20 IMMUNITÉ DES MOUTONS ALGÉRIENS CONTRE LE CHARBON.
ce L'iniluence des lieux frais et humides est tellement certaine, dit
M. Bouley, que les fermiers n'hésitent pas à acheter des troupeaux
sous le coup ou déjà atteints du sang de rate, persuadés qu'en les fai-
sant pâturer sur des terrains saturés d'eau ils arrêteront les progrès
de cette dernière maladie; en effet, quelques jours de ce régime suf-
fisent pour modifier l'économie, diminuer l'état pléthorique et redon-
ner au sang la quantité d'eau qu'il a perdue par une alimentation
saine, abondante et substantielle. »
L'anémie des moutons algériens diffère essentiellement de l'anémie
hydrohémique, si connue en France, désignée sous les noms de ca-
chexie aqueuse, gamadure, pourriture, etc. Tandis que cette dernière
se caractérise surtout par l'existence de distomes dans les canaux bi-
liaires, par des infiltrations dans le tissu cellulaire, etc., etc., on con-
state chez les sujets algériens anémiques que le foie ne présente aucun
distome et qu'il n'existe pas la moindre infiltration séreuse; les
muscles, au lieu d'avoir une belle teinte rouge, sont de couleur rose.
Cette décoloration musculaire est surtout manifeste à la surface du
large muscle sous-cutané qui recouvre l'abdomen et le thorax; d'un
jaune vineux très pâle chez les algériens, ce muscle est d'une belle
teinte carmin vif sur les moutons français pléthoriques. La chair des
moutons algériens anémiques est peu nutritive; elle donne au pot-au-
feu un bouillon clairet blanchâtre; rôtie, le jus en est pâle, décoloré
et riche en eau.
L'anémie algérienne ne constitue pas un fait rare, exceptionnel;
elle est au contr.iire très commune. Les moutons à queue large (bar-
barins, barbarins-syriens), au nombre de huit à dix mille, sacrifiés
à Montpellier peu de jours après leur débarquement, pendant les étés
1879-1880, étaient tous anémiques à des degrés divers. L'anémie est
aussi très fréquente sur les moutons à queue étroite, mais on ren-
contre dans cette variété bon nombre de sujets dont la coloration
musculaire est égale à celle de nos beaux moutons français.
L'anémie paraît être le terrain favorable à la prolilération de la bac-
téridie charbonneuse; c'est elle qui donnerait l'immunité. Les faits
suivants observés dans la pratique ne le prouvent-ils pas?
Tous les ans, bons nombre d'éleveurs de l'Hérault achètent, dans le
courant du mois d'août, des africains destinés à subir un engraisse-
ment généralement terminé six mois après leur arrivée en France.
Lorsque ces moutons sont anémiques dès leur arrivée (ce qui est la
règle générale à cette époque), on ne constate pas le moindre cas de
sang de rate ; plus tard il se manifeste si une nourriture riche et abon-
dante a modifié la constitution des animaux.
Il m'a toujours semblé que chez les africains à queue étroite l'état
pléthorique se développait plus rapidement que sur les moutons à
queue large. La coloration musculaire chez ces derniers est plus lente
à se produire ; mais quand elle se produit, ainsi qu'il arrive chez les
barbarins nés et élevés en France, l'affection charbonneuse ne tarde
pas à se montrer alors que les animaux sont placés dans les condi-
tions ûivorables au développement du charbon. Pourquier,
Médecin-vétéi inaire à Montpellier.
MANÈGE MOBILE D'ALBARET
La fig. 1 représente un nouveau manège-locomobile qui est construit
dans les ateliers de M. Albaret, à Liancourt (Oise). Le manège est
MANÈGE PORTATIF D ALBARET.
21
porté sur un solide bâti monté sur quatre roues. Le mécanisme est
d'une grande simplicité, ainsi que le dessin le fait voir. Une très grande
roue dentée commande un pignon conique sur l'axe duquel est articulé
l'arbre de commande. Une petite roue appuie sur la grande roue, au-
dessus du pignon, afin que les dents engrènent toujours réguliè-
rement. Les organes sont donc disposés de manière à économiser la
force motrice dans les plus grandes proportions.
M. Albaret construit aussi^ comme on sait, des manèges locomobiles
dans lesquels la transmission du mouvement est opérée par une poulie
sur laquelle s'enroule une courroie sans fin. L. de Sardriag.
22 DES POULES PONDEUSES.
DES POULES PONDEUSES
Il n'y a pas de ménage champêtre saas poules, et leurs œufs sont
pour euxune précieuse ressource alimentaire. Obtient-ondes poules
par les œufs tout le produit qu'on peut en obtenir? Pas toujours, sur-
tout dans les basses -cours oi^i le nombre des poules est assez grand
pour qu'on ne sache pas combien d'œufs chacune pond.
Uq journal d'agriculture allemand donne sur cette question des
chiffres qui pourront être utiles à des ménagères françaises. Voici ce
qu'il dit : Quel est le nombre d'œufs que peut pondre une poule ? —
Une poule n'a dans son ovaire, en chiffres ronds, pas plus de 600 pe-
tits œufs, qui forment ce qu'on nomme une grappe, ils se développent
et elle les pond successivement.
De ces GOO œufs, elle peut, quand cela va bien, pondre dans la pre-
mière année de sa vie environ '20, dans la seconde année 135, dans la
troisième 114. Dans chacune des quatre années suivantes, le nombre
des œufs diminue de 20, et enfin dans la neuvième année, la poule
pond au plus 10 oîufs.
Celui qui veut obtenir des poules un produit payant leur nourriture
ne doit pas les laisser passer l'âge de quatre ans.
Les ménagères croient que les poules pondent en proportion de leur
nourriture, est-ce une erreur? — Elles disent : les poules pondent par
le bec. - Ne serait-il pas possible qu'uneabondante nourriture amenant
la ponte d'un plus grand nombre d'œufs, la provision d'œufs contenus
dans l'ovaire fut plus tôt épuisée? Ritter.
CONGRÈS INTERNATIONAL DE VITICULTURE A LYON
Le Congrès international de viticulture organisé à Lyon, sous la
présidence de M. Bender, par la Société de viticulture du Rhône, a été
certainement la réunion la plus importante de viticulteurs qui ait eu
lieu depuis longtemps. C'est par centaine qu'ils étaient accourus de
toutes les régions atteintes ou menacées par le phylloxéra, et l'on peut
dire aujourd'hui que c'est la France viticole presque tout entière. En
outre, le Congrès avait un caractère réellement international; des
délégués de la Suisse, de l'Italie, de la Hongrie, de l'Espagne, du
Portugal et des Etats-Unis d'Amérique, ont assisté aux séances et ont
pris part aux discussions. Les travaux ont été dirigés par M. Bender,
président, et par M. Victor Pulliat, secrétaire, avec une habileté et un
tact auxquels tout le monde rendait hommage.
Ceux qui étaient venus à Lyon avec la pensée d'assister à une lutte
acharnée entre les partisans des insecticides et les partisans des
vignes américaines, ont été cruellement désillusionnés. Ces jours-là
sont heureusement passés; les grosses épithètes qu'on n'hésitait pas
jadis à se jeter à la tête sont aujourd'hui remplacées par des égards
mutuels et une réelle cordialité. Car chacun comprend qu'il y a mieux
à faire qu'à courir sus au voisin, et qu'il faut savoir apprécier tous
les efforts poursuivis pour détruire l'ennemi commun ou restaurer
malgré lui le vignoble perdu. Des concessions mutuelles ont permis
de s'entendre et de marcher d'accord.
La première séance du Congrès a eu lieu le dimanche 12 septembre.
M, Bender a prononcé; tout d'abord, avec une éloquence émue, l'éloge
CONGRÈS INTERNATIONAL DE VITICULTURE A LYON. 23
de M. Droche, son prédécesseur, dont tous les agriculteurs connaissent
le nom. Après ce discours, accueilli avec une grande faveur, les tra-
vaux du Congrès ont immédiatement commencé par un exposé, dû à
M. Roche, de la situation de la viticulture dans la région, et qui peut
être résumé ainsi : la viticulture est aux abois et sur la pente d'une
ruine fatale, si des mesures promptes ne viennent pas arrêter cette
ruine. Ensuite M. Planclion fait une véritable conférence sur l'état
actuel des connaissances scientifiques relatives au phylloxéra, en
appelant principalement l'attention sur ses moyens de diffusion :
essaimage et œuf d'hiver, transport des plants racines, etc.; il s'élève
contre les mesures trop draconiennes de la convention de Berne
relativement aux produits de l'horliculture. iM. Lichtenstein insiste, à
son tour, sur les métamorphoses et les transformations du phylloxéra,
qu'il montre au tableau à l'aide de projections lumineuses. Après lui,
M. Reich donne lecture d'une importante notice sur les moyens pra-
tiques de faire la submersion automnale avec avantage et profit. —
Ensuite, M. Oliver, M. Jaussan et M. Crolas ont successivement
traité de l'emploi du sulfure de carbone; puis M. Henri Mares et
M. Mouillefert ont exposé les résultats obtenus avec le sulfocarbonate
de potassium. De la conférence de M. Jaussan, il faut surtout retenir
la nécessité, dans une vigne, d'étendre le traitement à toute la surface
sans se borner aux taches apparentes; en ne traitant que ces dernières,
on déplace seulement une grande partie des pucerons. M. Mares insiste
sur Turgente nécessité de doter enfin la région méridionale des canaux
d'irrigation qui sont absolument indispensables à la reconstitution de
sa richesse agricole.
Dans les deux séances du lundi 13, des communications très inté-
ressantes ont été entendues. M. Victor Fatio a fait l'exposé des pro-
cédés par lesquels, en Suisse, on est arrivé jusqu'ici à se débarrasser
des taches phylloxériques signalées sur plusieurs points. M. Bréhéret
a donné lecture d'une notice de M. Meissner sur la situation des
vignes aux Etats-Unis. Après avoir constaté que la viticulture y est
encore dans l'enfance, M. Meissner affirme que l'on s'y inquiète peu du
phylloxéra, attendu que, dans leurs pays d'origine, tous les cépages
américains lui résistent; mais on s'inquiète davantage du faux oïdium
ou mildew et de la rouille de la vigne, deux fléaux qu'il ne craint pas
beaucoup pour l'Europe. — Après lui, M. Planchon et M. Foèx par-
lent tour à tour, des études faites en France sur les vignes améri-
caines. M. Planchon s'attache surtout à la classification des nom-
breuses variétés de ces vignes ; M. Foëx insiste sur la texture des
racines, absolument différente de celle des vignes françaises, et qui
explique leur résistance à l'insecte; aucune circonstance ne paraît de
nature à modifier ces caractères. — M. Prichard et M. Gaston Bazillo,
ce dernier surtout, insistent sur les grands avantages que présentent
le greffage des vignes françaises sur les souches américaines. — Après
eux, M. de Rosavenda fait connaître les mesures prises en Italie pour
combattre les invasions récentes du phylloxéra, et il montre l'impor-
tance des leçons puisées par les autres pays dans la triste expérience
faite depuis quinze ans par la France. — Dans une communication
qu'il fait à la fin de la séance, M. Prosper de Lafitte, sans nier la valeur
des cépages américains, insiste sur la prudence qui doit guider dans
leur choix.
24 CONGRÈS INTERNATIONAL DE VITICULTURE A LYON.
Le troisième et dernier jour du Congrès a été très bien rempli.
Citons d'abord une communication de T\L Tochon sur la situation viti-
cole dans le département de la Savoie; on y lutte avec ardeur contre
le phylloxéra, surtout par les traitements administratifs. — M. Ro-
bin traite ensuite des meilleures conditions d'établissement et d'entre-
tien d'une vigne française greffée sur vigne résistante. Puis M. Aimé
Champin expose, avec son esprit et sa verdeur bien connus, les divers
modes de greffage; rien n'est plus simple que de greffer, le tout est
de bien faire. A son tour, M. Dejardin présente des détails sur l'en-
quête viticole qu'il a faite dans le Gard ; les résultais de cette enquête
ont été publiés récemment dans le Journal. Sur la demande de M. Hor-
tolès, M. Despetis donne des renseignements sur la valeur des divers
cépages américains, suivant qu'ils sont réfractaires aux atteintes du
phylloxéra ou qu'ils vivent malgré ces atteintes ; il insiste principa-
lement sur les bons résultats obtenus, ainsi que MM. Planchon et Cham-
pin l'ont constaté, avec les Riparia, les Solonis, les Rapestris et les
Vialla. Après une discussion entre M. Laliman et M. Planchon, sur la
valeur du Clinton, M. Douysset fait connaître les résultats qu'il a ob-
tenus dans la culture des vignes américaines, et M. Comy donne des
renseignements sur la greffe" herbacée de la vigne.
A la suite de toutes ces communications qui ont toujours été suivies
par un très nombreux auditoire^ le congrès adopte les vœux dont
voici le texte :
« 1" Le Congrès, considérant que l'impossibilité de trouver des phylloxéras
pendant l'arrêt de la végétation sur les boutures de vignes est un fait incontes-
tal)le pour tous ceux qui connaissent les mœurs du phylloxéra, émet le vœu que
le gouvernement supprime -dans le plus bref délai les entraves qui s'opposent à la
circulation des boutures américaines et à la reconstitution des vignes françaises.
« 2" Considérant qu'il résulte des expériences scientifiques pratiquées par le doc-
teur Fatio, représentant de la Confédération suisse, que rien n'est plus facile que
de désinfecter_ complètement les végétaux, enracinés ou non, par des procédés
connus, expérimentés depuis quelque temps, le Congrès émet le vœu, que la con-
veiition de Berne soit revisée, de manière à faciliter la circulation de tous les pro-
duits végétaux.
« 3° Le Congrès émet le vœu que le prochain dégrèvement qui pourra être réa-
lisé, grâce aux excédents de revenus sur les évaluations budgétaires, porte sur
l'impôt foncier des propriétés rurales non bâties et spécialement sur les terrains
plantés de vignes détruites ou attaquées par le pliylloxera.
« 4° Le Congrès appuie chaudement, auprès de M. le ministre de l'agriculture
et du commerce, le vœu émis par plus de 20,000 chefs de famille représentant
plus de 100,000 personnes, d'obtenir du gouvernement, un secours sans lequel
rien n'empêchera l'émigration des vignerons de la région lyonnaise, ruinés par les
ravages du phylloxéra rendus plus désastreux encore par les gelées du dernier
hiver.
« 5" Le Congrès émet le vœu que le gouvernement accorde aux vignes améri-
caines qui s'imposent dans les pays où la vigne française est détruite par le phyl-
loxéra, les faveurs accordées aux insecticides dans les régions récemment
envahies. »
Le Congrès a été clôturé par un banquet. Des toasts nombreux ont
été successivement portés par MiAL Bender, Barrai, Guyot, Champin,
Fatio, Peyret, de Rosavenda, Gaillard, Despetis, tous accueillis avec
chaleur. La pensée du Congrès a été condensée dans le toast porté par
M. Barrai à la renaissance de la viticulture française qui ne veut pas se
laisser tuer par le phylloxéra.
Une exposition viticole montrait, à coté du Congrès, les engins et
les résultats de tous les travaux entrepris contre le phylloxéra; elle
CONGRES INTERNATIONAL DE VITICULTURE A LYON. 25
était accompat];née d'une très belle exposition d'horticulture. Enfin, le
lendemain de la clôture des séances, une visite faite aux vignes de
M. Gaillard, à Briguais, a permis de constater, au milieu de ceps tués
par le puceron, la magnifique végétation de nombreux cépages améri-
cains. G. Gaudot.
EXPOSITION AGRICOLE ET HORTICOLE
A FONTENAY-LE-COMTE
I. — La Société d'horticulture de Fontenay (Vendée), revenue triomphante de
l'Exposition universelle de 1878, avait retrouvé ses ricliesses pour son exhibition
de septembre 18S0. Jamais, en effet, nous n'avions eu, dans notre ville, un con-
cours aussi brillant et aussi riche en produits de toute sorte que celui des 18 et
19 septembre. L'ne des allées du champ de foire était le lieu choisi pour cette lutte
toute pacifique. Ce local, un peu ingrat peut-être, et assurément trop restreint,
avait cependant un aspect d'ordre et de propreté qui r.'posait agréablement les re-
gards du visiteur- Un gracieux pavillon, construit' pour abriter les diplômes de
médailles d'or et d'argent décernés à la Société dans les classes 87 et 88, faisait
face à l'entrée. Les légumes et les fruits groupés devant ces diplômes justifiaient,
par leur grosseur et leur beauté vraiment exceptionnelles, l'obtention de ces hautes
récompenses. — Sous des hangars élégamment ornés et pavoises aux couleurs na-
tionales, on avait d'un côté les plantes et arbustes d'ornement, et de l'autre les
produits maraîchers; aux deux extrémités, les fruits de la saison et de ravissants
iDOuquets attestaut une amélioration sensible dans cette branche importante de la
floriculture. Mais on remarquait surtout un incontestable progrès dans le nombre
et la valeur des lots de plantes fleuries et de végétaux à feuillage ornemental. Men-
tionnons, tout d'abord, les palmiers et les fougères de MAL Henri Pierre et Picherit,
leurs coleus si nombreux et si variés, ainsi que la magnifique collection de bégo-
nias rex de M. Picherit, Citons ensuite les lots très remarquables de MM. Micou
jeune et Jamard, puis les apports plus modestes, mais encore fort intéressants, de
MM. Eugène Duteau et Jean Hucteau.
Les fruits de la saison étaient superbes. M. Benêt, jardinier à Sainte-Hermine,
et M. Rousseau, directeur de l'école communale de Fontenay, présentaient des
collections vraiment remarquables Le jury a récompensé, après eux, des exposants
dont les lots moins importants étaient composés cependant de spécimens très beaux
et très bien choisis.
La culture maraîchère fixait l'attention des visiteurs par ses magnifiques pro-
duits : carottes, pomimes de terre, betteraves, choux-tleurs, céleris, etc. Les prin-
cipaux lauréats sont, dans cette catégorie : MM. Micou jeune, Micou aîné, Main-
got, Baudoin, Audebrand et Brillouet.
Un jardinier d'amateur, M. B. Savaricou exposait un joli lot de patates douces
d'Amérique (Dloscorea Batatas). Elles appartenaient à deux variétés, la blanche et
la rose dite de Malaga.
En résumé, notre belle exposition a conquis tous les suffrages, et les personnes
compétentes affirment qu'elle a surpassé de beaucoup celles qui l'ont précédée.
La Société d horticulture de Fontenay-le-G3mte, fondée en 1862, poursuit avec
zèle et persévérance l'accomplissement de sa tâche. Ennemie du bruit et de la
réclame, mais extrêmement dévouée à son œuvre, elle trouve dans les progrès
qu'elle suscite et les améhorations qu'elle introduit, la juste récompense de ses
efforts et de ses sacrifices.
II. — Dans une enceinte voisine de l'exposition d'horticulture, le Comice agri-
cole de l'arrondissement de Fontenay tenait aussi son concours. La race cheva-
line mulassière y était représentée par 49 sujets presque tous très remarquables.
Les taureaux de race vendéenne offraient un ensemble moins satisfaisant, mais
les vaches et les génisses formaient un excellent groupe, et le jury a facilement
placé les récompenses dont il disposait". L'espèce porcine n'était représentée que
par deux animaux de race craonnaise. Parmi les moutons, peu nombreux, nous
ne trouvons à signaler qu'un bélier de 30 mois et un lot de 5 brebis southdow-
mérinos d'une conformation irréprochable.
Dans la catégorie des animaux de basse-cour tout était médiocre, à part une
jolie paire de canards de Rouen et un beau croisement Rouen-Labrador.
Les machines agricoles sont l'objet d'une faveur croissante. La culture ne se
contente plus des ressources que lui offre la capitale ; elle veut s'approvisionner
26 EXPOSITION AGRICOLE ET HORTIOOLE DE FONTENAY.
surplace. Aussi les dépôts de province aui^menteat-ils en nombre et en importance.
Deux commerçants de Fontenay, MM. Bouillard et Ribotteau, avaient envoyé au
concours un ensemble d'instruments dont la variété et le choix ont été remar-
qués comme ils méritaient de l'être.
Dimanche soir, à sept heures, un banquet a réuni les membres du Comice et
les autorités du département. Plusieurs discours ont été prononcés ; mais comme
nous ne voulons pas mêler la politique à l'agriculture, nous nous abstiendrons
d'en parler. E. Boncenne, lils.
CONCOURS DE LA SOCIÉTÉ D\\CRICULTURE DE MEAUX
Chaque année, la Société d'agriculture de Meaux organise des
concours spéciaux d'instruments et de machines agricoles. Voilà neuf
à dix ans qu'elle est entrée dans cette voie; les^ résultats qu'elle a
obtenus sont de nature à l'encourager à y persévérer. Ces concours
portent, chaque année, sur des machines différentes, de faron à avoir
embrassé, au bout d'un certain tetnps, tout le cycle des engins de
l'agriculture. D'ailleurs le bureau de la Société, présidé par M. le comte
de Moustier, ne refuse jamais l'accès aux machines qui peuvent être
présentées en dehors des catégories appelées à concourir.
C'est le 18 septembre qu'ont eu lieu les essais de cette année, réservés
aux machines à battre et aux trieurs. Ces essais étaient très bien orga-
nisés, et des gerbes en quantité suffisante avaient été mises à la dispo-
sition des concurrents. Les principaux étaient MM. Curaming, Gautreau,
la Société française de matériel agricole, 31aréchaux, Fortin, Berlin, pour
les machines à battre; MM. Léon Mabille, Fortin, Symon, successeur de
Vilcocq, pour les tarares ou les trieurs. A côté étaient exposés un assez
grand nombre d'autres instruments, notamment les semoirs Smyth,
ceux de Ben. Reid, les pompes de Noël, des scarificateurs, quelques
charrues exposées par des constructeurs du pays, etc.
Les essais ont donné, pour les diverses séries de machines, les résul-
tats suivants :
Dans la r° catégorie, celle des machines à grand travail, vannant et
criblant, mues par la vapeur, le 1'' prix, consistant en une médaille
d'or et 300 fr. a été décerné à la Société française de maiériel agricole de
Vierzon (ancienne maison Gérard); — le 2"^ prix, médaille d'argent et
180 fr., donné par la Société des agriculteurs de France, à M. Cumming
d'Orléans; — le 3° prix, médaille d'argent et 1 00 fr.,à M. Gautreau, de
Dourdan.
La 2" catégorie comprenait les machines, à manège de 3 ou 4 che-
vaux, vannant et criblant. Le r'prix, médaille d'argent donnée par la
Société des agriculteurs de France et 200 fr., a été remporté par M. Gau-
treau, de Dourdan. — Le 2' prix n'a pas été décerné. — Quant au 3%
médaille de bronze et 50 fr., il est échu à M. Girardin, d'Étampes.
f Dans la 3" catégorie, réservée aux machines à battre à manège pour
petite culture à 1 ou 2 chevaux, le ]'' prix, médaille d'or et 200 fr.,
a encore été attribué à M. Gautreau, de Dourdan; — le 2" pr'
IX.
médaille d'argent et 100 fr., à M. Bertin, de Montereau; — le 3' prix,
médaille de bronze et 50 fr., à M. Fortin, de Montereau.
La W catégorie comprenait les machines à battre les petites graines.
Le r'prix, médaille d'or et 100 fr., a été remporté par M. Cumming,
d'Orléans; — le 2' prix, médaille d'argent et 50 fr., par M. Bertin, de
Montereau, pour la batteuse Chenel.
Dans la 5^ catégorie, on avait réservé les perfectionnements appli-
CONCOURS SPÉCIAUX DE LA SOCIÉTÉ D'AGRICULTURE DE ME AUX. 27
cables aux machines à battre. Deux prix ont été décernés : le 1'',
médaille d'argent et 100 fr., à M. Maréchaux, de Montmorillon, pour
l'application de son tarare à sa machine à battre ; le 2% médaille
d'argent, à M. Girardin, d'Etampes, pour le même motif.
Quant aux tarares et trieurs, le concours a donné les résultais sui-
vants : l^'prix, médaille d'argent et 50 fr., à M. Léon Mahille, de
Reims, pour son tarare; — 'i"" prix, médaille de bronze et 130 fr., à
M. Fortin, de Montereau, pour son tarare. En outre, une médaille
d'argent a été attribuée à M. Symon, de Meaux, pour son trieur système
Vilcocq. Henry Sagisieii.
DESTRUCTION DE LA CUSCUTE
i En 1 880, les prairies artificielles ont été envahies d'une manière
exceptionnelle par la cuscute; l'on devait s'y attendre, en présence de
la mauvaise qualité des graines de trèfles et de luzerne, provenant de
la misérable récolte de ces graines en 1879, et de la confiance trop
---__ /^. — -
Fig. 2.
Appareil pour séparer ]a cuscute des graines fourragères.
aveugle du cultivateur, pour les graines du commerce, dont l'état de
pureté laisse trop souvent à désirer. Le meilleur moyen de ne pas
avoir de cuscute, est de n'en pas semer.
Au moyen du cuscuteur américain, dont nous donnons le dessin
(ûg. 2), on peut épurer les graines fourragères. Cette opération doit
être faite dans la ferme ; il est préférable d'en confier l'exécution à
une ouvrière intelligente, et il ne faut pas exiger un rendement plus
élevé que ne peut donner l'appareil ; le modèle de cuscuteur, en usage
dans la culture, épure 50 litres de graine par heure, soit 5 hectolitres
par jour. Son emploi n'offre aucune difficulté, puisqu'il suffit de tour-
ner lentement une manivelle, pour chasser la cuscute et les graines
avortées; ce travail n'est point fatigant, et Ton est certain d'une
complète épuration, lorsqu'il ne tombe plus rien du tambour de cet
appareil. Ce trieur est vendu par M. Gaud, à Juvisy-sur-Orge (Seine-
et-Oise).
Il est à remarquer que la cuscute, vivant du suc de la tige sur
laquelle elle s'est fixée, elle continue sa maturation après la fauchai-
son, et que sa graine arrive à maturité parfaite après la rentrée en
28 DESTRUCTION DE LA CUSCUTE.
grange des fourrages; c'est au battage qu'elle se mêle aux semences
de trèfle et de luzerne.
Une des meilleures méthodes pour assainir la place accaparée par la
cuscute, est l'incinération, faite après la premwre coupe, si l'on a la
précaution de comprendre dans la partie à briller au moins un mètre
de largeur en plus de fourrage vert au pourtour, ce fourrage ayant
bien certainement des fibres de cuscute après ses tiges. Ces réserves
ne seront fauchées et brûlées sur place qu'après l'enlèvement de la
première coupe. L. de Sardriac.
CONCOURS HIPPIQUES DE L'ASSOCIATION BRETONNE
Les concours que défraye l'État ne donnent pas toujours les mêmes
résultats que ceux qui émanent de Tinitiative; telle était du moins l'opi-
nion qu'émettait M. de Lavergne dans son livre de l'Economie rurale
de la France. 11 fut même un moment depuis cette époque, où quel-
ques-uns pensaient que le temps de s'adresser au gouvernement pour
les récompenses à donner à l'agriculture était désormais passé. Mais
les choses nous paraissent changées et telle société départementale
d'agriculture prendrait volontiers le titre de société officielle, tel comice
n'hésite pas à prendre le titre de comice subventionné.
Il existe cependant encore quelques associations provinciales, telles
que l'association normande et l'association bretonne. Cette dernière
créée en 1845, transporte ses concours dans l'un des cinq déparlements
de l'ancienne Bretagne, et a servi de point de départ à l'institution des
concours régionaux. Association libre de propriétaires, elle comprend
deux sections, l'une d'agriculture, et l'autre d'archéologie qui redouble
l'attachement au sol par l'étude des souvenirs du pays et de ses monu-
ments. Il est vrai qu'elle subit, sous l'empire, une éclipse forcée; mais
elle s'est reconstituée en 1873 et elle tenait cette année à Quintin son
7^ concours depuis cette époque. Elle a cru devoir ajouter aux sections
d'agriculture et d'archéologie une section hippique, et a tenu successi-
vement des concours pour l'espèce chevaline, à Savenay, Guingamp,
Landerneau et enfin à Quintin.
Il n'est aucune province, sans excepter la Normandie, où la production
et l'élevage du cheval jouent un rôle aussi important qu'en Bretagne,
et particulièrement dans les départements du Finistère et desCôtes-du-
Nord, d'où près de 40,000 chevaux sont annuellement exportés. Dès
1760 le duc de Chaulnes, alors gouverneur de la Bretagne, pensait que
cette province pourrait à elle seule pourvoir un jour aux besoins de la
cavalerie française, et les états de Bretagne donnèrent à diverses reprises
d'importants encouragements à la production du cheval. Malheureuse-
menton ne savait pas alors que les animaux sont, dans l'ensemble de leurs
qualités, l'expression des conditions climatériques des contrées où ils
naissent et sont élevés: que c'est à un sol mieux amendé et mieux cul-
tivé qu'il faut demander l'agrandissement des races, et ne pas l'attendre
des reproducteurs de grande taille, si par ailleurs on ne peut con-
tester l'influence du sang qui peut seule rendre capables d'actions éner-
giques, le cheval de guerre et de selle. L'époque n'était pas venue où
les progrès de l'agriculture pourraient permettre, dans le Léon et dans
le Finistère, de produire le similaire du solide trotteur de Norfolk, sur
le littoral des Côtes-du-Nord le percheron-breton, et en Cornouaille,
dans la montagne, le cheval de selle.
CONCOURS HIPPIQUE DE L'ASSOCIATION BRETONNE. 29
La ville de Quinîin où s'est tenu cette année le concours hippique de
l'association bretonne est située à la limite qui sépare l'élevage du
cheval de selle del'élevafçe du cheval de trait, et ce sont piincipalement
cps deux classes qui ont le plus contribué à l'exposition hippique
ijailleurs fort remarquable, bien que peu favorisée par le temps.
Le Finistère qui produit en jjrand nombre le postier et le cheval
d'attelage, n'a\ ait envoyé que fort peu de spfcimens; ce qui s'explique
par la distance qui sépare Quintin du Nord- Finistère.
La classe des chevaux de selle était la plus nombreuse et comptait
plus de cent sujets, et parmi eux de très remarquables comme élégance
et comme conformation. Presque tous venaient du pays de Corlay qui
depuis longtemps n avait pas produit d'aussi bons types. On le doit au
soin judicieux apporté dans le choix des reproducteurs. En général, le
cheval de pur sang anglais n'y donne jamais de mauvais produits, lors-
qu'on ne saurait en dire autant du cheval anglo-normand. De l'aveu des
gens compétents, la transformation qui s'est opérée dans la race dite de
Corlay, tient à une modification orgunique résultant d'une alimentation
plus substantielle. Grâce au calcaire qui pénètre aujourd'hui dans le
centre de la Bretagne, le cultivateur obtient de très beaux trèfles et de
très belles racines, et, par suite, peut nourrir plus abondamment ses
animaux. 11 faut espérer que l'Administration des haras saura trouver
dans la génération actuelle, des reproducteurs qui nés et élevés dans
leur pays, contribueront mieux que la plupart de ceux qui sont envoyés
du dehors, à perfectionner l'ancienne race de Corlay remarquable à
tous égards.
La catégorie des juments de trait était très nombreuse, et on remar-
quait surtout parmi les juments de 3 à 8 huit ans, des sujets très
beaux, venus des pays de Lamballe, Guingamp oii s'est formé le
type du Percheron-breton. Les reproducteurs du Perche ont été presque
constamment introduits dans les Côtes-du-Nord par les encouragements
qui leur ont été donnés par le département et l'Kiat Aujourd hui, l'Ad-
mi-nislration des haras croit devoir recourir directement au sangoriental.
En général, à part quelques exceptions, les poulains issus de ce croi-
sement laissent à déirer comme dessous, et on pense que la race
pourrait aujourd'hui être améliorée par clle-méiDe.
Encore quelques concours comme celui de Quintin, et l'on verra
avant peu l'industrie chevaline des Cô'.es du-Nord et surtout celle de
la Cornouaille, rivaliser ;ivec celles de la iNormandie et du Finistère,
et ces concours répétés chaque année dans les divers départements de
l'ancienne Bret.igne, seront dans l'avenir un des plus beaux titres de
l'Association bretonne à la reconnaissance du pays.
A. DE LA JM0RV0.NNAIS.
UNE CONFÉRENCE VITICOLE AU PLAUD-CHERMIGNAC
En nous rendant le li) de ce mois, à la coniérence faite au domaine
du Plaud-Chermignac ((Jharente-Iuferieure;, nous avons été frappé de
ne plus rencontrer ces nombreuses pièces de vignes qui bordaient la
roule de Saintes à Cherinignac et que le phylloxéra a détruites.
A la conférence, assistaient MM MoaUon, président du tribunal de
commerce de dognac^ Paul Rouvier, conseiller général, Calvet, membre
du comité central de Grissac, et divers viticulteurs venant de loin.
M. Menudier a exposé, que traitant, depuis trois ans, les deux tiers
30 UNE CONFÉRENHE VITICOLE AU PLAUD-CHERMIGNAC.
de son vignoble (c'est-à-dire vingt hectares) par le sulfure de carbone
et les engrais, il en était tellement satisfait qu'il avait cru devoir mon-
trer aux propriétaires les résultats obtenus en sols profonds ; et il n'a
pas manqué de taire ressortir rmsnffisance de ces mêmes moyens sur
les sols légers calcaires et superficiels : le prix du traitement est de
1 50 à 160 fr. par hectare mais qu'on peut réduire à moitié en ne l'ap-
pliquant que tous les deux ans.
M. Moullon a déclaré qu'il traitait huit hectares de vignes en sols
profonds, à l'aide du sulfocarbonate de polassium et avec le plus grand
succès.
M. le D*" Menudier a dit ensuite que pour les propriétaires dont les
vignobles étaient ou non défendables ou détruits, il leur restait la
ressource des cépages américains à racines résistantes et dont on peut
employer les uns comme producteurs directs tels le Jacques, V Herbe-
mont, ['Elvira, et les autres en greffant nos cépages du pays sur le
riparia, le cordifoHa sauvage, le solonù, le york-niadeira, le viaVa^ etc.
A l'appui de la possibilité du gretîage, môme avec des boutures
simples, M. xMenudier en a présenté plusieurs greffées par M. Boutin,
cette année même, et qui étaient parfaitement soudées.
M. llouvier, à peine revenu d'un voyage dans les départements du
Midi, a pris la parole, et a exprimé toute la satisfaction qu'il avait
éprouvée en visitant les nouveaux vignobles créés avec des cépages
américains résistants, et il ne doute pas de leur avenir dans les Cha-
rentes.
Après la conférence, les assistants ont parcouru les deux vignobles
de M. le D"" Menudier, l'un au Plaud, l'autre au domaine du
Chalet.
Il était impossible de ne pas être saisi d'admiration, devant ces
magnifiques vignes, chargées de raisins, alors que celles des voisins
sont arrachées, ou mourantes; 10 hectares, sur 30 hectares 50 ares de
vignes françaises, n'étant pas défendables en raison de la nature du
sol — et avec les moyens actuels -— M. Menudier les remj)lacepar des
cépages américains résistants, plantés maintenant sur trois hectares,
et qui vont être beaucoup multipliés l'an prochain.
Nous avons remarqué une pièce de /"o/Ze jaune, greffée en 1877 avec
du jacqiipz, en vue de faire du plant, et qui est d'une végétation tout
à fait luxuriante; la racine étant française, cette vigne est maintenue
par le sulfure de carbone et les engrais.
Devant cette pièce, se trouve une plantation de 2 hectares, faite cette
année avec des boutures simples de Jacquez, et qui donnera bien 00 à
70 pour 100 de reprises.
Plus loin, dans une antre pièce de vigne d'études, on rencontre mêlés
les uns aux autres, différents cépages américains, afin de voir quels
sont ceux qui s'adapteront le mieux au sol calcaire, et offriront le plus
de résistance au phylloxéra.
Quelques-uns de ces cépages remontant à trois ans, présentent un
fouillis impénétrable de branches et de feuilles et d'un aspect admirable.
Là se trouvent aussi nos cépages français, greffés sur américains, et des
mieux réussis ; dans une vigne où on a arraché des ceps morts par le
phylloxéra, on a planté, comme essai, il y a trois ans, dans les
mêmes trous des Jacquez et Herbemonts qui végètent très bien et luttent
avec succès.
UNE CONFERENCE VITICOLE AU PLAUD-GHERMIGNAC. 31
Nous avons ensuite visité les cépages américains du jardin parmi
lesquels, un Jacquez de six ans (le doyen du département) et d'une
végétation phénoménale.
Nous avons exammé, avec le plus grand soin, les deux pépinières,
l'une en jardin et l'autre en plein champ, parfaitement tenues et conte-
nant environ 50,000 chevelus.
Nojs nous sommes retiré, avec la conviction profonde que certains
vignobles de notre département peuvent être défendus avec profit et que
dans ceux oii le sulfure de carbone n'est pas applicable, la reconstitu-
tion des vignes est des plus praticables à l'aide des cépages américains
résistants.
Nous n'avons pu quitter M. le D'" Menudier sans le remercier, de
nous avoir montré, à côté des préceptes^ d'excellents exemples et nous
engageons fortement les viticulteurs à se rendre au Plaud où ils sont
toujours sûrs, du reste, de rencontrer le meilleur accueil.
A. D.
LE CRÉDIT AGRICOLE
I. — Un négociant rusé proclamait, il y a quelque vingt ans, sur
la façade de ses docks, que la concurrence est l'âme du commerce; c'est là
un axiome que M. Prudhomme ne ferait aucune difficulté d'admettre,
puisqu'il a écrit en une page de ses mémoires que le crédit est l'âme
de l industrie.
Tous ceux des besoins sociaux dont la satisfaction peut être la source
d'un bénéticc quelconque (honnête, ou uîême, il faut bien le dire,
simplement légal) sont devinés par quelques initiateurs toujours à
l'atTùt, qui proposent une solution bonne ou mauvaise, réussissent ou
échouent, font fortune ou faillite; mais, ils ont posé la question,
préparé les esprits, laissé entrevoir les moyens, ouvert la voie en un
mot; s'ils tombent, tôt ou tard l'idée sera reprise, améliorée, perfec-
tionnée peut-être.
Nous possédons des institutions de crédit commercial et industriel
dont la multiplicité croissante répond à une nécessité dès longtemps
évidente. L'agriculture qui, elle aussi, est bien une industrie, et qui
réclame Torganisation d'un crédit spécial, n'a reçu qu'une minime
satisfaction par la fondation des crédits foncier et agricole. Quant au
crédit mobilier, personne n'a osé l'aborder encore, prétendant qu'il
fallait, avant tout, modifier le Code civil relativement aux privilèges
du propriétaire, arguant que l'agriculture ne peut utiliser que des
prêts à longs termes et conséquemment à un taux onéreux. Cependant,
il s'est fondé, depuis quelques années, des Sociétés de matériel agricole,
des agences centrales et départementales, opérant à leurs risques et pé-
rils, sorte d'ébauche de crédit mobilier. C'est là un commencement de
progrès, mais insuffisant en la crise que nous traversons actuellement
dufaitdes circonstances climatériques.
Etant donné que l'industrie agricole ne peut être fructueusement
pratiquée qu'à l'aide de deux systèmes appliqués l'un ou l'autre avec
dicernement et suivant les circonstances, il faut bien reconnaître
que pour établir cette division du travail, il nous manquera les capitaux
ou le crédit.
Suivant qu'il s'agira de culture à hauts rendements ou de culture
pastorale, il nous faudra: des améliorations foncières (drainage, création
32 LE CRKDIT AGRICOLE.
de prairies ou d'herbages, irrigation, defoiiceinent), des engrais, des
instruments, du bétail de reproduction et de service, des semences
de bonnes variétés, etc., etc.
Actuellement, l'agriculteur solvable trouve, avec crédit à assez long
terme, des instruments, des engrais commerciaux, des fonds môme
pour ses améliorations foncières. Mais combien souvent reçoit-il des
instruments de pacotille, des engrais frelalés? Que de fois il dépense
l'argent emprunté en drainages ou irrigations mal établies, en con-
structions aussi onéreuses que grandioses ? De quel prix d'ailleurs paie-
t-il ce crédit accordé ?
Ne serait-il pas possible d'organiser une inslitulion agricole qui,
prélevant pour ses capitaux un intérêt suffisant, put offrir à la culiuie
un crédit à long terme avec amorLissement progressif, se chargeant de
lui fournir en nature les instruments, les engrais, les setnences dont
elle a besoin, et tout cela de qualité et d origine garanties, de faire
exécuter à ses frais, par des gens compétents, les améliorations qu'elle
réclame?
II — Trois personnes, en 1869, avaient eu l'idée d'organiser ce
système de crédit mobilier agricole en nature, et, ce projet, soumis' à
un honorable député, propriétaire eta.ijjriculteur, l'avait si complètement
séduit qu'il en avait acceplé le patronage et commençait à en pour-
suivre la réalisation, quand la funeste guerre vint suspendre toute entre-
prise de cette nature. Peu après, la mort enlevait le député patriote, le
propriétaire intelligent, le patron du projet; et tout en resta là.
Le crédit mobilier agricole doit-il être une institution charitable,
fondée avec les capitaux de l'Etat? L'agriculture, à coup sur, le repous-
serait s'il se présentait sous cette forme Aurirollura [ara da se; il faut
que les cultivateurs français fassent leurs affaires eux-mêmes. LecréJit
mobilier constitue-t-il une opération onéreuse pour celui qui l'entre-
prendra? Nous ne le pensons pas, et, nous appuyant sur l'observation
constatée, nous rappellerons encore l'opinion exprimée, à cet égard,
le 29 août 1864, parM. le gouverneur du Crédit foncier. Si l'agriculttiur
ne peut accepter que des échéances à long terme, c'est que les transfor-
mations qui s'opèrent dans le sol, de matières premières en matières
vendables, de l'engrais par exemple en froment ou en betteraves, exigent
un certain laps de temps impossible à abréger; c'est que le drainage,
le chaulage, le marnage, le dél'oncement, ne rentrent que par fractions
annuelles et ne peuvent s'amortir que dans un temps variable. Mais,
s'il ne peut pratiquer toujours l'exactitude de l'échéance, soumis qu'il
est aux influences climateriques et aux fléaux de tout genre, le culti-
vateur n'est, pas moins que le négociant ou l'industriel, soucieux de
remplir ses engagements; protégé contre la faillite, il n'a pas moins le
culte de l'honneur, et le gouverneur du Crédit foncier se plaisait à lui
rendre cet hommage.
La solution du problème semble consister à établir l'emploi de l'em-
prunt en dépenses reproductives, à proscrire sa consommation impro-
ductive. S'agirait-il de mettre le cultivateur en tutelle, de le placer sous
la direction de quelques savants ou praticiens d'une compétence même
indiscutable, de lui enlever toute mitiative ou toute liberté ? Nullement.
Un parfait agriculteur devrait réunir toutes les connaissances, être à
la fois chimiste, mécanicien, mgénieur, économiste, praticien. C'est
l'idéal, et la réalité n'en approche que de bien loin ; d'ailleurs, à défaut
LE CRÉDIT AGRICOLE. 33
de connaissances, c'est le temps qui manquerait à notre homme pour
ces études quotidiennes et complexes. Aussi, que d'industriels chontés
vivent de ses sueurs, trompant effrontément sa bonne foi, spéculant
sur son incompétence ou sur ses besoins !
Supposons qu'au lieu de cela, l'agriculteur puisse s'adresser à une
institution intermédiaire, possédant un personnel spécial; celle-ci pourra,
sur sa demande, lui fournir tels eni^i-ais désirés et dont elle aura fait
l'analyse corrélativement avec celle du sol auquel on les destine; tels
instruments choisis chez tel fabricant; s'agit-il de drainage ou d'irri-
gation, elle examinera les plans proposés, fera analyser le sol et les
eaux, jauger les ruisseaux et pourra procurer des chefs de travaux
exercés; est-il question de constructions, elle fera établir des plans et
devis conformes aux lois de l'hygiène et de l'économie, compoi'tant les
dispositions les mieux ordonnées; l'agriculteur désire-t-il vendre ou
ach» ter des semences, des fourrages, des animaux reproducteurs, la
Société sera en mesure d'acquérir d'un côté et de fournir de l'autre.
Certes, l'institution subira des pertes, tout comme les Sociétés de
crédit et les banquiers; mais d'abord, intermédiaire le plus souvent
entre les fabricants et les cultivateurs, elle aura, pour s'en couvrir, les
remises et l'escompte des premiers dont elle prendra le lieu et la place;
puis, achetant au comptant et vendant à terme, il lui restera d'autres
ressources, et, c'est ici que se révèle l'idée non moins juste que
nouvelle.
III. — Elle est due, cet idée, à un homme doué d'aptitudes spéciales
et multiples, à un ancien commerçant doublé d'un ingénieur mécani-
cien. Celui-là, le premier, arésolu un problème agri3ole des plus impor-
tants, et, grâce à son incroyable persévérance, cette solution pénètre
chaque jour à grands pas dans la pratique.
Dès 1848, il so demandait pourquoi les mercuriales des marchés à
fourrages situés à de faibles dislances les uns des autres, reliés même
entre eux par des lignes ferrées, présentaient simultanément des diffé-
rences de 20, 30 et parfois plus de 50 pour 100; il constatait que, dans
certaines années et en diverses contrées, les fourrages récoltés en abon-
dance étaientgaspillés sans prévoyance, tandis qu'ailleurs ou en d'autres
années, les éleveurs pressés par la famine étaient contraints de vendre
leur bétail à tout prix et d'interrompre la production du fumier, au
grand diHriment des récoltes prochaines et futures; il chercha pourquoi
la multiplication des voies de communication ayant nivelé le prix des
céréales et aboli les disettes pour l'homme, avait si peu influé sur le
prix des fourrages et laissé subsister les famines pour le bétail.
Son jugement droit lui fit bientôt voir que, sous b volume d'un
mètre cube et sous le poids de 750 à 800 kilog., le blé représentait
une valeur de 200 à 225 fr. ; que sous le môme cube et sous un poids
de 75 à 85 kilog. seulement, le foin bottelé ou en vrac, ne représentait
qu'une valeur de 5 fr. 50 à 8 fr. ; qu'on pouvait par conséquent, trans-
porter le blé trente cinq fois au moins plus loin que le fourrage. Puis,
pénétrant dans les détails, il reconnut que, eu égard à sa densité, on
peut charger tout attelage suivant sa force, tout véhicule suivant sa
résistance, avec du blé ; tandis qu'avec du foin, il faut transporter un
poids mort considérable du véhicule, et une faible charge utile; qu'un
wagon à 5,000 kilog. de limite de charge ne pouvait recevoir que
2,500 kilog. de foin payant comme 5,000 kilog.
34 LE CREDIT AGRICOLE.
L'idée d'augmenter la densité du foin pour réduire son cube surgit
des faits; il fallait comprimer les fourrages pour les rendre commerça-
bles, c'est- à dire transportables à l'égal du blé, si possible était. Le
foin est une matière élastique, compressible par conséquent; il n'y
avait qu'à le soumettre à une presse. Au premier abord, cela paraît
tout simple; le problème pourtant est très complexe et notre inventeur
s'en aperçut bientôt. Il fallut faire essais sur essais, construire modèles
sur modèles, résoudre des problèmes multiples, pourvoir à tous les
détails comme à tous les besoins, lutter contre la déloyauté de ceux-ci,
contre l'exploitation de ceux-là, bref, passer par la série des déboires
fatalement suspendus sur la tête de tout inventeur.
La solution était juste, bien qu'elle ne dût être comprise et acceptée
qu'à la longue. Aujourd'hui les nombreux systèmes de presses à four-
rages que nous voyons apparaîtie dans toutes les expositions et con-
cours, prouvent que le besoin était réel et que l'idée entre enfin dans
la phase pratique; quant à ses conséquences, elles sont immenses
pour Fagriculture.
[La suite prochaineinent). A. Gobin.
SITUATION AGRICOLE DANS LOT-ET-GARONNE
Tridon, 27 septeoibre.
L'année agricole 1880, qui, sous bien des rapports, nous promet-
tait d'être satistaisante, nous réservait toutefois de bien funestes dé-
ceptions, la grêle s'est abattue sur une foule de communes dans la
journée du 9 septembre. Les tabacs sur pied ont été littéralement
détruits, et la vendange, aux deux tiers emportée, est aujourd'hui
dans l'état le plus déplorable, la partie du raisin préservée pourrit à
vue d'œil, et nous sommes obligés de vendanger, tandis que la plu-
part des grappes sont encore beaucoup trop vertes. En somme, nous
aurons un vin aussi peu abondant que fort détestable.
Pour ce qui a rapport aux labours préparatoires pour les semailles
d'automne, nous jouissons d'un temps magniiique, et tous les travaux
delà saison se font dans de très bonnes conditions.
A. -P. Leyrisson.
REYUE COMMERCIALE ET PRlX-COURÂNT DES DENRÉES AGRICOLES
(2 OCTOBRE 1880).
I. — Situation générale.
Sur le plus grand nombre des marchés, il y a peu d'affaires. Les cours de la
plupart des denrées ne subissent que des variations peu importantes. Les culti-
vateurs sont moins nombreux sur les marchés. Les semaines se pressent, en effet,
et il faut, dans la plupart clés dépaitements, se hâter d'exécuter les travaux des
champs, les labours préparatoires des semailles, aussi bien que les vendanges,
les arrachages de betteraves et de pommes de terre, etc. Les bittages qu*^ l'on
avait fait en grande quantité pendant le mois d'août et les premières semaines
de septembre sont moins actils aujourdhui; beaucoup de récoltes ont été mises
en meules pour être battues à l'aise pendant les mois d'hiver. Cette réserve d'un
grand nombre d'agriculteurs, après les premiers besoins d'argent satisfaits, devait
être signalée.
II. — Les grains et les farines.
Les tableaux suivants résum'^nt les cours des céréales, par quintal métrique, sur
les principaux marcliés de la France et de l'étranger.
REVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT (2 OCTOBRE 1880).
35
I" RÉOION.— NORO-OUEST.
Blé. Seigle. Orge.
Galvados. Condé
— Lisieux
Gôtes-d.- \ord Pontrieiix
— Trégnier
Finistév'- Morlaix
Quimper
llle-et-Vilnine. Rennes.
— St-Malo
Manche. Avranches. . . .
— Poiitorson
— Villedi*-.!
iiayenne:. Lava'
— Chàleau-Gontier. .
Morbihan. Heimel^ont..
Orne. Seez ,
— Viluouiiers
Sarihe. l,p Mans
— Sablé
Prix moyens.,
î« REGION. -
Aisne. Soissons 25.
— St-Quentin ?d.
— Vilitis Cotterets. . i:,.
Eure. Evreux 27
— Bern.iy là
— Damvillî 25
Eure-et-l.iirr. Chartres. 27.
— Anneau 27
— Notjeni-le-Botrou. 2'.
/Vord, Cambrai 25
— Douai 27
— Valencieniies .. . . 26
Oise. Beau vais 2b.
— Com|)iègne 26.
Nojon 26.
fr
28.00
27 75
28.25
26 . «0
2tf.50
28 50
25.50
26.50
28.00
.00
29.00
26.00
26.25
26 00
25.50
28.00
25.75
26 00
fr.
23.50
21.00
21.00
2i.50
19.50
20.00
Pas-de-Calais. Arras .. . 28
— Saint-umer 28
Seine. P ris 27,
S.-et-Mar7ie Meaus 25
— ?ilotitereau . . 27
— Nemours. ....... 2S
S.-et-Oist. Angerville .. 27
— Potitoi.se 26
— Versailles 27
Seine-Inr'f'-ifure. Rouen 24
— Di''|ipe 28
— Kécaiiip 26
Somme. Ahlieville 27
— Péronne 26
— Roye 25
Prix moyens 26.
3° RÉOION. — S
Ardennes. charlevill
19.00
1S.50
19.70
18.50
1 7 00
18.75
20 . 50
17. 00
20. PO
19.50
lif.50
18.75
21 00
19.00
21.25
20.50
20.00
20.00
19.50
18.50
17.50
18 25
18.30
fr.
19.00
17 00
15.75
16.00
15. 50
19.00
19.75
19.. '5
19..-.0
IC 40
13.00
19.50
19. :5
1G.75
17 00
17.00
1 8 . Vt
20 . 00
2 1 UO
18.50
21.00
18.25
19.50
19.75
20.25
19.50
21.00
20 00
19.50
18.00
18. Î5
19. ^0
19.00
20 UO
19. CO
Ayoioe.
fr.
23.00
23 50
16.50
16.00
16.75
16.00
20.25
21.00
22.25
23.75
19.00
17.00
17.50
20.75
31.50
18.50
17 50
20 50
17 5"
17.25
17.00
18 00
17 50
17.25
18.50
19.25
18.00
19. 0
18 75
18 50
17.25
20.25
20.75
21.00
20. If.
19.00
19 50
18.50
52 19.08 19.27 18.54
Aube. Bar-surAube
Mé'y-Mir-Seine...
— Troyes
ifarne. Chain rii
— Epernay
— BelM s. .
— Sé^anne
Hte-Mar7ie. Chaumont.
Meurt.-f.t Moxrlie Nancy
— Lunévilla
— Todi
Meuse. Bar-le-Duc
— Verdun
Haute-Saône Grav
— Vesoul '.
Vosges. Eiiin;il
^ Raoii-1 "étape
Prix irioyeas
4" RÉOION.
Charente. Angouiême. .
— Ruffec
Charente In fér . Marans.
Deux-Se.vve». Niort
Indre-ef-i.oire. Tours..
— Blere
^ Châieaii-Henaalt.
Loire-Inf. Nantes
M.-et-l.oire,. Saumur . .
Vendée. Lnçou
— Fontnnav
Vienne. Chàiellerault. . .
— MontmoriUon. . ..
Haute-Vienne. Unaoges
Prix moyens
25 00
26. 00
V7.Ù0
27.25
27.00
25 75
26.00
26.00
27 25
2.S.00
27.75
26 50
25 00
26 50
26.30
28 50
28.75
26.73 19.76 19 07
— «rEST.
18.50
18.50
20 00
20.75
21.00
19 50
20.75
19.25
19.00
2^.25
20.00
19 00
19.50
18. A5
19.00
19.00
17.75
18.25
19.50
20.75
20.00
20.25
18.50
19.50
19.00
18.25
19.^0
18.25
18.50
17.00
17.50
17.70
16. 'lO
18.15
19.25
19 lO
16 50
16 00
16.25
17.25
16 75
17.50
16.10
16 00
15.40
17.50
27.25
28.00
25 75
28 00
28.25
26. CO
27.25
26 2S
26 .=^^0
19.90
17.00
17.20
20.00
19.50
•26.00
26 00
27.00
27^0 19.00 »
26. 8S 18.55 19.24
20.00
19.50
19.00
18.00
18.50
19.50
20 00
20.25
20.00
19.50
13.110
19.75
13.25
21.50
18.00
17.f,0
19. CO
17 50
17.50
17.00
18 25
18.00
17 00
16.75
16 00
18 00
17 84
5» REGION. — CBiNTRB.
Blé.
Seigle.
Orge.
AToine.
fr.
fr.
fr.
fr.
Allier. Moulins
27.75
18.00
20.00
18. 00
— i\.ontluço'i
. 27.00
20 00
19.00
17.25
— St-Pourgain
C/ier.8n.r...P.:
28 00
19 00
19 00
17.00
27 00
18 00
21.50
17.25
— Oraçay
27.25
18.50
19 00
18.25
— Vierzoïl
27.75
18.50
20.00
17.75
Creuse. Aiibusson
27.20
18.75
20 00
Indre. Ctiâteauroux...
25.50
20.00
20.00
16.75
— Iss.Hidun
27.70
18.50
20 25
16.50
— Valençay
26.00
20.00
19.75
16.00
Loiret. Orléans
2,S.00
21 00
18.00
18.00
— Oien
27.00
18.50
19 50
17.50
— Pitlviers
. 25.75
19.75
18.00
16 50
Loir-ei-Cher. Blois
25.50
18 00
19.25
18.75
— Montoire
27 00
16.5*
18.00
Nièvre. Nevers
26.00
16.50
- Cnsne
26.50
18.00
18 00
16.50
. 27 00
26. 00
20 00
18. SO
18 50
19.80
17.75
18.00
— Joi^uy
— St-Florentiti
. 28 25
19 50
18. 2r.
16. 00
Prix moyens
26 90
18.88
19.21
17.36
6« RÉGION. —
EST.
Ain. Bourg
2* 00
19 75
17.00
16.50
— Pont-de-Vaux. ..
28 00
18.75
21.25
Côte d'Or Dijon
27 25
19.75
21.00
16.50
— Beaune
28 .00
o
18.50
16.50
Doubs Besançon
27 00
n
17.00
fsere. Grenoble
. 29.00
19.50
,
1 8 00
— Vienne
28 75
16.75
17.50
16 50
Jura. Lons-ie-Saulnier.
28 00
16.75
Loire, ^"harlieu
29 00
18 00
19.00
18.75
P -de-fJômeClermoatF
29 00
2".?,0
21.00
Hhone. Lyon
28.50
18 75
18.50
17.75
Snône-et- Loire. Chalon
28 25
20.00
22.00
17 50
— Aijtun
27.25
19.00
s
16 75
Savoie Chanibéry
28.75
1
1
17 50
Hte-Savoie. Annecy.. . .
30.00
a
i>
19 25
Prix moyens
28.38
19.02
19.84
17.30
T RÉGION. -
- SCI»-
OUKST.
Ariège. Paraiers
2S.25
17.25
»
20.00
Dordogne. Bergerac
29. 00
19.30
»
20.75
Hte-Garonne. 'loulouse.
28.25
19.75
17.00
20. CO
— Viiiefranche-Laur
27.75
18. eo
18.00
19.00
Gers. Condom
27.80
27.. 50
»
»
20 00
— Eaaze
19 50
— Mirande
26.75
g
»
19 25
Gironde. Bordeaux....
27-25
19 75
»
19.50
— Lesparre
26 75
20.00
»
21.25
Landes. Dax
28 00
19.25
a
»
Lot-et-Garonne. Agen..
27 . 00
19.011
»
20.5;)
27.25
27 00
19.25
19. bM
»
IS.f.O
B.-Pyrenees. Bayonne. .
20.00
Htes- Pyrénées. Tarbes
27 25
19.00
0
19.25
Prix moyens
27.76
19.15
13.83
19.83
8« RÉGION. — Sn».
Aude. CarcTssonne. .
27.75
„
18.75
20.50
Aveyron. villefranche.
27.00
19.50
17.00
Canlal. Mauriac
29.35
23 60
s
23.25
Covreze. Luherzac
29 00
19.25
20.00
20.75
Hérault. Cette
28.75
»
18.75
18.50
Lot Ficeac
28.50
31.55
31.65
20.00
30.50
29.75
20.25
23.60
20.75
Lozère. Mende
25.90
- Marvejols
31.85
25.75
24.50
24.85
23 00
21.60
Pyrenêes-Or. Perpignan
25.55
Tarn. Albi
27.25
19.25
19.25
20.00
ra»->i-e<-Gar. Monta uban
27. 75
19-50
18 60
20.25
Prix moyens
28.01
22.88
20.71
21 37
9« KÉGION.
— sri»-ttST.
Basses-Alpes Mauosque
29.20
n
»
24.20
Haute."!- Alpes. Briançon
29.75
19.00
20.00
20.25
4 LpKs- Maritimes Cannes
28- 75
)9 25
18.60
20. 50
29.90
20.05
18-25
20.80
8. du-Hhône. Arles
28.00
B
18.00
21.00
Urô,ne. Monlélimar ...
28. SO
21.00
17.25
17.50
28.25
30.50
2.1.25
20.00
18.50
21.50
20.50
Haule-Lotre. Le Puy. ..
17.00
Var. St-Maximin
29.25
»
»
20.50
Vauclune. Carpentras...
30. -'5
»
18.75
20.00
Prix moyens
29 23
19.92
18 88
20.22
Moy. de toute la France
27.03
19 77
14.09
— de lisemainepréced.
27 43
19 75
19 08
18.92
Sar la se naine \ Hausse,
précédente., (Baisse.
36 REVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT
3le. Seigle. Orge. Avoine.
fr fr, fr
Algérie. Alger 26.00 » 15.f.0 16 50
Angteurre. Lomlres 27.65 » 20.40 20.70
Belgiiiue. Anvers 24 75 n 75 18. 25 15 50
— Bruxelles 25 45 19. .50 » 18.65
— Liège 25 85 21.75 22.00 17 75
— Nhitiup 24 00 20 00 20 00 17 00
Pays-Bas. AmstHrdHm 24 00 23.45
Lutembourq. Luxemi'Ourg 2!) 00 24 00 26 00 17 00
Alsace-Lorravte. Strashourg 28. V5 24 25 22 75 17 75
— Colmar '?8 50 22. TO 2175 18 50
— MiiliMuse 28.50 23 00 22.00 20 25
Allemagne. Berlin 26 :iO 25 50 » •
— Cologne 26 S5 25 60 » »
— Hanahourg 24 60 23 50 • •
Suisse. Genf^ve 29 00 » » 17.50
— Lausanne 29.0 • » 17.00
Italie. .Miian 28 00 21.25 » 19 25.
Autriche. Vienne 24.00 21 50 18 00 15 25
Hongrie. Budapesth 22.75 20 00 13 00 12.50
Russf. Saini-t'élersbourg.. . 24.50 22.00 » 13 25
Espagne. Valadoliil 25.30 » » 18 00
Etats-Unis. New-york 24 50 » »
Blés. — La physionomie des marchés n'a pas considérablement changé celte
semaine. Suivant que les agriculteurs ont plus ou moins avancé leurs battages
d'après leurs besoins immédiats, suivant aussi qu ils sont plus ou moins occupés
aux travaux des champs, ce qui varie suivant les régions, ils font des offres plus
ou moins abondantes. MhIs en géné-al ces offres sont moins considérables que
durant les semaines précédentes; dans le rayon de Paris, il en est résulté un peu
de hiiusse, ailleurs les prix se maintiennent avec fermeté. Il y a donc peu de
chose.-- à changer à notre appréciation de la semaine précédente; à moins de cir-
constance exceptionnelle, les cours paraissent devoir désormais se maintenir. —
A la halle de Paris, le mercredi <^9 se, tembre, il n'y a eu que très peu d affaires,
à la suite d offres très restreintes. Les prix ont été maintenus avec une grande
fermeté; on cotait de 27 à '28 fr. 50 par lOû kilog. suivant les qualités,
ou en moyenne 27 fr. 2.'S. — Au marché des blés à livrer, on cotait : oturant du
mois, i9 fr.; octobre, 27 fr.: quatre derniers mois, 27 fr. '25 à 27 fr. bO; novembre
et décembre, 26 fr 50 à -26 fr. 75; quatre mois de novembre, 26 fr. 50 à 2-' fr. 75;
quatre premiers mois, 2^ fr. 50 à 26 fr 75. — Au Havre, il y a eu, durant cette
semaine, des affaires assez actives en blé rouges d'Amérique, au prix de 25 fr. 50
à 26 fr. par lOif kilog., suivant les sortes. — A Marseille, les airivages de la
semaine ont été de 130, Oud hectolitres ; le stock est descendu à 94,OijO quintaux
métriques. Au dernier marché, on payait par 00 kilog.: Berdianska. 30 fr. 75;
Azoff, durs, 27 fr. 25 ; Pologne, 27 fr. 75 à -26 fr. 75; Italie, 27 tr, 75 à 28 fr. 75 :
ïuzelles d'Algérie, 29 à 30 Ir. 25. — A Londres, durant la semaine dernière, les
arrivages de blés étrangers ont été de 110,8^0 quintaux métripies. Il y a une
grande activi é dans les affaires, et les cous accusent une grande fermeté. Au
dernier marché, on payait par 10 » kilog., 2 ■ fr 50 à 28 fr. 75.
Farines. — Les aft'aiies sont calmes en ce qui concerne les farines, et les cours
varient peu. — A la hall-' de Paris les farines de consommation étaient payées
le ï9 septembre aux mêmes jtrix que la semaine précédente : marque D, 60 fr.;
marques de choix, 62 à 63 Ir ; bonnes marques, 60 à 61 fr.; sortes ordinaires,
58à59fr.; le tout par sac de i 59 kilog., toile à rendre, ou 157 kilog net, ce qui
correspond aux prix extrêmes de 36 l'r. 95 à kO fr. 10 par mo kiiog , ou
en moyenne 38 fr 55. comme le mercredi f»récédent — En ce qui concerne les
farines de spéculation, on cotait à P^ris le mercredi 29 septembre au soir : j urines
huit-m'irques, courant du mois 57 fr. à 57 fr 25; octobre, 56 fr 5J ; quatre der-
niers mois, 56 fr. 50; novembie et décembre, 5^ fr. 50 à 55 fr. 75; quatre mois de
novenjbre, 55 fr. 0 à 55 fr. 75, quatre premiers mois, 55 fr. 50 à d5 fr 75; le
tout par sac de 159 kilog : f'irines siipéneu' es, ouvdnt dn mois, 35 fr. à 37 fr. 2o;
octobre, 3t fr. 25; quatre derniers mois, 3^^ fr. 2 b; novembre et décembre, 36 fr. à
36 fr. 25; quatre mois de novembre, 6 fr. ; (juatre premiers mois, 3o fr. 50 à
35 fr. 75; le tout par 100 kilog — La cote otticielle en disponible a été éta-
blie, comme il suit, pour chacun des jouis de la semaine :
Datey (septembre), 23 24 25 27 28 29
P.irines huit-marques 57.50 57.25 57.50 57.75 .5800 57.15
— supérieures « » . 37.25 37.25 37.25
DES DENRÉES AGRICOLES (2 OCTOBRE 1880). 37
Le prix moyen a été de 57 fr. 50 par 157 kilog. pour les farines huit-marques,
et de 37 fr. 5!5 par 100 kilog. jiour les farines supérieures. — Les farines
deuxièiues. sur lesquelles il n'y a que peu de demandes, sont cotées de 28 à 33 Ir,
par 100 kilo^. comme la seiuaine précédente.
Sei(il.t-s. — La hausse continue à se produire sur le seigle; les offres de ce grain
sont toujours faibles. On paye de 20 fr. 76 à 21 fr. 25 par lou kilog. à la halle
de Palis. — Quant aux farines, on les paye de 29 à 31 fr. par quinial métrique.
Oryes. — Les belles qualités sont recherchées, mais les cours varient peu. On
paye à la halle de Paris, de 18 fr. 50 à 20 fr. 50 par hO kilog. suivant les
qualités Les escourgeons valent, comme précédera 'nent, de 19 fr. 50 à 20 fr. —
A Londres, il y a toujours peu d'arrivages d'orges étrangères, avec des demandes
peu importantes; on cote de 19 fr. 50 à 21 fr. 20 par 100 kdog. avec des prix
faibles.
Mait. — Les cours sont les mêmes que précédemment, avec peu d'affaires, aussi
bien pour les malts d'orge que pour ceux d'escourgeon.
A>oi)ies — Les prix sont un peu plus faibles, avec des offres abondantes. On
paye à la halle de Paris, de 18 fr. 2f> à 20 fr. 25 par lOO kilog. suivant poids,
couleur et qualité. — A Londres, le marché yirésente une assez grande activité, et
les cours accusent de la tendance à la hausse. On cote de 18 fr. 90 à 21 fr. 60
par 100 kilug. suivant les sortes.
Sarrasin. — Les affaires sont calmes. Les sarrasins nouveaux sont cotés aux
cours de 17 (r. 50 à )10 fr. par quintal métrique
MaU. — Les cours demeurent à peu près sans changements dans les ports pour
les maïs d'importation. On vend, au Havre, 14 fr. 25 à 16 fr. 25 par 100 kilog.
pour les maïs d'Amérique.
hsves. — Les pi-ix sont faiblement tenus à la halle de Paris On paye par
10 kilog : gros son seul, 13 fr. 75à !4 fr.; son trois cases, 13 fr 25 à 13 fr. 50;
sons fins, 12 fr. 50 à 13 fr ; recoupettes, 12 à 13 fr.; remoulages bis, 14 à 15 fr.;
remoulages blancs, 16 à 18 fr.
III. — Vins, spiritueux, vinaigres, cidres.
Vins. — Tous les vignobles, nous en exceptons cependant le Centre nord, sont
en pleine vendange. Les Gharentes ont commencé, le Nantais commencera le
5 octobre, la Champagne a débuté par le canton d'Aï, la Franche-Comté se pro-
pose de procéder à la cueillette du l<"" au 5 octobre, la Brisse et la Haute-Bour-
gogne, le Beaujolais, le Dauphiné, la Dordogne, le Bordelais, la Grascogne, l'Ar-
magnac, le Languedoc, le Roussillon, vendangent et, en général, le Midi a rentré
ses vin- rouges, seuls les vins blancs sont encore sur pied Le temps est du reste
magnifique On ne saurait avoir une plus douce température : chaude et humide.
— Aujourd'hui, la question qui domine ; ce sont les cours. Nous allons donner,
à ce point de vue, les divers renseignements qui nous sont parvenus depuis notre
dernier bulletin. — A Beziers Hérault), les petits vins de plaine se vendent 21 à
22 fr 50; les petits Aramons de Soubergue, 24 à 26 fr ; les Soubergues, divers
choix, 26 à 3ii fr.; les Montagnes, P' choix, 30 à 34 fr. l'hectoUtre par récolte
entière — A Mines (Gard), voici les prix de début : Aramons, l'hect., 21 fr. 50 à
23 fr.; Montagnes, 25 à 2b fr ; Narb'>nne, 32 à 35 fr. — Uzignan (Aude), il s'est
vendu : la cave de Montrabech l'hect., 36 fr.; la cave de G-aujac, 33 fr. la cave
du Grand Caumont, 32 fr ; la cave Cathory, 3 ^ fr.; il s'est traité à Luc, 5,000
hecto itres à 3.3 fr ; à Talairan 5,0iiO hectolitres à 35 fr. — A Bordeaux (Gironde),
toujours on en récolte de 1880, on nous communique les ventes suivanies :
Châieau du Taillan, le tonneau de i* barriques, 825 ; Château-la-Blaye, 850 fr.;
Château-Bois-Grammont, 700 fr.; Ile de Cazcux-Pierlot, 75 fr.; cr.. ''^rouilhet,
Moutleri and, 650 fr.; Château -de- Nord-Baurech. (500 f r ; Palus St-Loubès,
600 fr ; Ravez-Arabès, 525 fr. Branden-bourg-Ambès, 600 fr.. — Si l'on compare
ces dirtérents prix avec ceux de l'an dernier, on constate que les vins de la région
du Midi valent cett-) année 2à 4 fr. de plus par hectolitre et les vins du Bordelais,
20 à kO ir. de plus par tonneau de 90u litres. On ne croit pas sur les marchés
du Midi à la persistance de ces prix et en général on estime que les premières
affaires traitées à des cours aussi élevés, ne seront pas avantageuses pour ceux
qui les (mt faites. Quant à la propriété, elle est satisfaite et elle a. suivant nous,
raison de l'être.
Sjjiri'uenx. — Le mouvement de hausse de la semaine dernière, n'a pas eu de
suite Dès mardi, les cours ont rétrogradé et la baisse s'est continuée jusqu'au
samedi, comme il résuite des chiffres ci-après : début : 63 fr. 75, puis 63 fr.,
33 REVDE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT
62 fr. 25, 62 l'r., 61 fr. 50, et en clôture, 61 fr. 25. La stock est actuellement,
de 7,750 pipes, contre 8,2 lû, l'an dernier à la même date. La production f^éné-
rale, d'après le tableau officiel de la production et de la consommation des alcools
est en déficit de 144,000 huctolitres sur celle de la campagne précédene, cette
diminution est heureusement compensée par 115 000 hectolitres d'importation.
Le Marché de Lille reste stationnaire entre 62 et 62 fr. 50. Les mar hés du Midi
sont sans variations. — A Paris, on cote : 3/6 betteraves, 1" ({ualit(% 90 degrés
disponible 62 fr. 75, novembre-décembre 60 fr. 75, quatre premiers 59 fr. 25 à
59 fr. 50.
Vinaigres. — Rien de nouveau sur cet article.
Cidres. — Cours sans changement.
IV. — Sucres. — Méltissex. — Fécules. — Glucoses. — Amidons. — Houblons.
Sucres. — Les offres sur les sucres bruts de toutes sortes sont nombreuses à la
halle de Paris, et les prix accusent de la baisse pour toutes les sortes. Un paye
par 100 kilog. pour les sucres bruts, «8 degrés saccharimétriques : n"^ 10 à 13,
54 fr. 50; n"^ 7 à 9, 6! fr. ; sucres blancs n° 3, 61 fr. à 61 fr. 5 ». - Sur les
marchés des départements, on paye à Lille : n°* 10 à 13, 54 fr. 50 à 55 fr.
— A Saint-Quentin, n"' 7 à 9, 62 fr. 7 5. — A Valenciennes, n"" 10 à 13, 54 fr. —
A Paris, le stock de l'entrepôt réel des sucres est descendu à 175.000 sacs, avec
une nouvelle diminution de 27,('0osacs de|)uis huit jours. — Les transactions sont
assez calmes pour les sucres raffinés; les cours sont ceux de la semaine dernière à
Paris, où l'on paye de 145 à 1^9 fr. par 100 kilog. à la consommation, et de
71 fr. 50 à 74 fr, 5') pour l'export tion. — A Londres, les affaires sont assez
actives, tant sur les sucres bruts de betteraves que sur les sucres raffinés, avec une
grande fermeté dans les cours.
Mélasses. — Cours sans changements. Ou paye à Paris 13 fr. par 100 kilog.
pour les mélasses de fabrique, 14 fr. pour celles de raffinerie. — A Valenciennes,
les mélasses de fabriijue valent 13 fr. par iOO kilog.
Fécules. — Les demandes sont faibles, et les prix s'établissent en baisse. On
paye suivant les sortes, à Pans, 34 à 35 fr. pour les fécules premières du rayon.
— A Gompiègne, 33 fr. pour les técules premières de l'Oise. Les lécules vertes
sont vendues assez facilement, de 20 fr. à 20 fr. 50; aux mêmes cours que précé-
demment.
Glucoses. — Les sirops sont cotés dans Paris : sirop premier blanc de cristal,
60 ir. à 62 fr.; sirop massé, 50 tr. à 52 fr.; sirop liquide, 40 fr. à 42 fr., le tout
par quin' al métrique. Ces prix sont faibles.
Arnido is. — Les offres sont actives, et les prix faiblement tenus. On cote à
Paris, par 100 kilog. : amidon de pur froment, en paquets, 7o à 72 fr.; amidon de
province, 5« à 62 fr ; amidon d'Alsace, 56 à 60 fr.; amidon de maïs, 42 à 44 fr.
Houblon^. — La cueillette n'est pas partout achevée. Les oiix commencent à
s'établir dans les principaux centres de production. On paye à Alost, SOfr.à l20fr.
par luuhilog. suivant les sortes; à Busigny, 140 fr. à loOfr.; en Bourgogne, 100 fr.
à 120 fr., pour les sortes ordinaires, 180 fr. à 200 fr., pour les qualités supérieures.
En Angleterre, les cours d' établissent depuis 100 jusqu'à 300 fr. suivant les qua-
lités.
V. — Huiles et graines oléagineuses.
Huiles. — Les cours accusent un peu plus de fermeté que la samaine précé-
dente pour les huiles de colza. Ce les-cisont payées à Paris : en tous fus, 75fr.;
en tonnes, 77 fr.; épurée en tonnes, 85 fr.; celles de lin valent : en tous fûts,
70 fr 25; en tonnes, 72 fr. 25. — Sur les marchés des départements, on paye les
huiles de colza : Caen, 70 fr. 50; Arras, 76 fr. à 76 fr. 50; Rouen, 7-» fr. 75;
et les autres sortes : lin, 70 fr.; arachides comestibles, 110 à liOfr.; sésame
comestible, 100 à 1 0 fr.; olives lam[)antes, 145 fr. — Dans le Midi, les transac-
tions sont très restreintes sur les huiles d'olives.
Granie.^ olMr/ineiises. — On cote dans le Nord par hectolitre : œillette nouvelle,
33 fr. ^0à36fr.; colza nouveau, 20 fr. 50à22fr 50; lin nouveau, 21 fr.50 à 23 Ir. 75;
cameline, 15fr. 50 à 19fr.; •— à Caen, colza, 19 à 21 fr.
VI. — TourteauT. — Noirs. — Engrais.
Tourteaux. — Les prix sont fermes. On paye dans le Nord par 100 kilog. :
œillette, 18 fr.; coiza, 15 fr. 50 à 17 fr. 50; lin, 25 à 26 fr.; canèline, 17 fr.; —
à Marseille, Un pur, 2 ifr.; araohid^isen coques, 12 fr. 75; décortiquées, I5fr.50;
sésame blanc, 15 à 15 fr. 50 ; colza du Danube, J4fr.; coton d'Egypte, 12fr.;
DES DENRÉES AGRICOLES (2 OCTOBRE 1880). 39
palmistenaturel, 10 fr. 50 ; palmiste repassé, 9 fr.; ravison ! 3fr.; coprats, 16 fr. 75.
Noirs. — Mèines cours que la semainH précédente à Valenciennes.
Elirais. — On cote par rjuintal métrique : guano du Pérou, 32 fr. à 38 fr.;
pbospho-guano, 29 fr.; superphosphate de guano, 19 fr.; superphosphate de
guano complet, 23 fr.; engrais Goignet, 30 fr.; engrais agenais de Jaille, 12 fr. à
28 fr.; copros-guano, 30 fr, — A Turin, ou olfre du sulfate d'ammoniaque à 45 fr.
les 100 kilog.
Vit. — Matières résineuses, colorantes et tannantes.
Matièrm résineuses. ~ Hausse très accentuée sur les marchés du sud-ouest.
On paye à Bordeaux, par 100 kilog. pour l'essence pure de térébenthine; 7^ fr. à
75 fr.; à Dax, 65 fr.
Gaudf's. — On paye comme la semaine dernière, 20 fr. par 100 kilog. dans le
Languedoc.
V]II. — Suifs et corps gras, cuirs et peaux.
Suifs. — On paye, comme la semaine précédente, à Paris, 86 fr. par 100 kilog.
pour les suifs purs de l'abat de la boucherie.
Salaisons. — On vend au Havre, 1 12 fr. par 100 kilog. pour les saindoux d'A-
mérique; 117 fr. à 119 fr. pour les lards salés.
H. — Beurres. —Œufs. — Fron âges. — Volailles et gilier.
Beurres. — On a vendu, pendant la semaine, à la halle de Paris, 233,683 kilog.
de beurres. Au dernier jour, on payait par mille: en demi-kilog., 2 fr. à 3 fr. 86;
petits beurres, 1 fr. 96 à 2 fr. 80 ; Gournay, 1 fr. 80 à 4 fr. 80 ; Isigny, l fr. 50
à 5 fr 58.
OEufs. — Il a été vendu du 21 au 27 septembre, à la halle de Paris 3,550,175
œufs. Au dernier jour on payait par mille : choix, 100 à 115 fr.; ordinaires, 70 fr.
à 104 fr ; petits, 54 fr. à 64 fr.
Fromages. — On cote à la halle de Paris : par douzaine, Brie, 5 fr. 50 à
70 fr. 50; Monthléry, 15 fr.; par cent, Livarot, 29 fr à 87 fr.; Mont-d'Or, 16 fr.
à 35 fr. ; Neufchàtel, 5 fr. à 26 fr.; divers, 7 fr. à 75 fr.; par 100 kilog., Gruyère,
1 26 fr. à 1 70 fr.
X. — Chevmix. — Bétail. — Viande.
Chevaux. — Aux marchés des 22 et 25 septembre, à Paris, on comptait 965 che-
vaux. Sur ce nombre, 352 ont été vendus comme il suit :
Chevaux de cabriolet
Amenés.
204
Vendus
40
60
123
28
101
. Prix extrêmes.
300 à 980 fr.
— de trait
30ti
310 à 1,350
326
25 k 1,075
— à l'enchère
28
60 à 435
— de boucherie
101
25 à 125
Anes et chèvres. — Aux mêmes marchés, on comptait 24 ânes et 7 chèvres;
15 ânes ont été vendus de 25 à 90 fr, ; 4 chèvres, de 20 à 55 fr.
Bétad — Le tableau suivant résume le mouvement du marché aux bestiaux de
la Yillette, du jeudi 23 au mardi 28 septembre :
Poids Prix du kilog. de viande sur pied
Vendus moyea au marché du lundi 27 septembre.
Pour Pour En 4 quartiers. 1" 2» 3« Prix
Amenés. Paris, l'extérieur, totalité. kil. quai. quai. quai. moyen.
Bœufs 6.820 3,117 1,675 4,792 » 1.54 1.40 1.06 1.31
Vaches 2 170 699 876 1,575 225 1.44 1.25 0 96 1 l9
Taureaux 315 175 37 212 370 1.24 1.10 0.90 1.67
Veaux 4,057 2,457 1,000 3,477 77 1.90 1.75 1.34 1 67
Moutons 44.381 18,249 18,6z7 36,876 19 1.94 1.62 1.32 1 6^
Porcsgras 11460 1,832 3,454 5,286 90 155 1.50 1.46 1.48
— maigres. 16 6 10 16 40 1.50 • » 1.5^
Pour toutes les sortes d'animaux, les arrivages ont été considérables ; mais la
demande n'est pas sensiblement plus élevée, et un grand nombre de bêtes sont
restées sans trouver d'acheteurs. Il en est résulté que les prix continuent à être très
faibles pour toutes les cntégories, sauf toute fois en ce qui concerne les veaux qui
sont vendus à des cours plus élevés que la semaine précédente
_A Londres, les importations d'animaux étrangers, durant la semaine der-
nière, se sont composées de 17,343 têtes, dont 22 bœufs, 1-9 veaux, 4,943 mou-
tons et 69 porcs venant d'Amsterdam; 251 bœufs de Boston; 543 moutons de
Brème; 202 bœufs de Gothembourg; 501 moutons et 40 porcs d'Hambourg
40 REVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT (2 OCTOBRE 1880).
104 bœufs, 48 veaux, 2,d8:-> moutons et 9) porcs d'Harlingen ; 37 bœufs du
Havre; 19o' bœufs et 552 moutons de Montréal; 25 bœufs, 253 veaux, 3, Mb mou-
tons et 96 porcs de Rotterdam; 1,601 bœufs et '^,6 17 moutons de Tonning;
70 bœufs de Vigo. Prix du kilog. : Bœuf, V" 1 fr. 87 à 1 Ir. i*9; 2«, 1 fr, 58 à
1 fr. 75; quabté inférieure, l fr. 40 à 1 Ir. 58. — Vmu, l'% 1 fr. 93 à 2 fr. 10;
2% 1 fr. 75 à l fr. 93. — Mouton, ï'% 2 fr. 28 à 2 fr 45; 2% 1 fr. 9^ à 2 fr. 10;
qualité inférieure, 1 fr. 75 à 1 fr. 93. — l\>rc, 1"', 1 Ir. 70 à 1 fr. 8? ; z% l fr. 40
à 1 fr. 58.
Via^ide à la criée. — On a vendu, à la halle de Paris, du 21 au 27 septembre :
Prix du kilog. le 27 septembre.
B euf ou vache
Mouten.
Porc...
kilog
188,651
143,684
7-2.916
'27,291
1" quai.
0.84 à 1 70
1.44 1.84
1.28 '2.00
"2« '(liai.
0.66 à 1.46
1.'20 1.56
0.80 1.76
7 11 al.
0.48 à 1.2G
0 75 1 32
0.62 1.42
1 20 1 1 88
l'.hirx Basse Toiiclierie.
0.92à2.30 O.lOà 1.00
U.('4 2.06 » »
0.88 3.20 .
[-•orc frais . .
432,542 Soit par jour 01 .792 kilo,^'
Les ventes ont été inférieures de S-CO kilog. environ par jour à celles de la
semaine précédente. Les prix sont en hausse pour la viande de veau et celle de
mouton.
XI. — Cours de la viande à Vabatioir de la Villette du 30 septembre {par 50 kilog.)
Cours de la charcuterie. — On vend à la Villette par 50 kilog. : l'« qualité,
Bœufs.
Veaux. Moutons.
r« 2» 3«
,r.
2. 3= ' 1" 2«
3"
quai. quai. quai.
quai
quai. quai. quai. quai.
quai.
fr. fr. fr.
fr.
fr. fr. fr. fr.
fr.
72 66 58
96
88 78 83 76
68
XII. — UarcM
aux bestiaux de la Villette du jeudi 20 septembre.
Cours des com
uissionaalres
Poids
Cours officiels. en bestiaux.
moyen
_- — „ ^,^ ^ — - iiii
lin —-.^
Animaux
général.
1" 2« 3» Prix 1" 2" 3»
Prix
amenés. Invendus.
kil.
quai. quai. quai, extrêmes, quai. quai. quai.
extrêmes.
Bœufs 2.183 90
36 ï
1.62 1.46 1.12 1.08àl.66 1.60 1.45 1.12
1.05àl.64
Vaches b82 6
2E.0
1.48 1.32 1.00 0.95 1.52 1.45 1.30 1.10
0."5 1.50
Taureaux... 124 s
375
1.28 1.15 0 95 0.90 1.32 1.30 1.15 0 95
0.90 1.32
Veaux 1.135 30
80
2.00 1.88 1.40 1.36 2.10 » » »
» »
Moutons.... 2>.1'0 6Î6
18
1.94 1.62 1.32 1.25 2.00 » » .
» »
Porcs gras.. 4.27i) •
84
1.60 1.44 1.3S 1.30 1.60 » . .
» »
— maigres. » »
•
» *
Vente très active sur toutes les espèces.
Xllf. —Résumé.
Pour la plupart des denrées agricoles, les cours demeurent fixés presque
sans changements aux taux de là semaine dernière. A. Remy.
BULLETIN FENlNfGIER.
Le marché continue à être peu animé :1a biisse a fait de nouveaux progrès : peu
sensible aux Sociétés de crédit elle l'a été davantage à nos cheJiins de fer. La rente
3 0/0 à 85 fr, 05 a perdu 0 fr. h5 ; l'amortissable à 88 fr. a perdu 0 fr. 30; la
rente 5 U/0 à 119 fr. 80 n'a perdu que 0 fr. 20.
Cours de la Bo-ir^e du 22 aa 2) septembre 1830 [au comptant).
Principales valeurs frangaises :
Plus Plus
Rentes o/o
Rente i o/O amortis
Rente 4 1/2 0/0
Rente 5 0/0
Banque le bVance
Comptoir d'essonple
SDciele gêné -ait;
Crédit foncier
Est Actions 500
Midi d"
Nord d»
Orléans d"
Ouest d"
Pans-Lyon-Méditerranée d"
Paris IS71 obi. 4oo 3 o/O . .
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3^3.00
346.00
267.75
CHRONIQUE AGRICOLE o octobre
1880).
Félicitations adressées à M. Chevreul pour le 94* anniversaire de sa naissance. — Le crédit agri-
cole. — Volume publié par les soins de l'adminihlration de l'agriculture. — Historique des
enquêtes et des travaux entrepris sur le crédit agricole. — Travaux dont est saisie la Commis-
sion actuelle. — Emiuête sur l'état sanitaire du bétail. — Circulaire du ministre de l'agriculture
aux préfets. — Sur remploi des engrais complémentaires du fumier de ferme. — Conférences
faites dans la Seine-Inférieure, par M. Eugène Marchand. — Arrêté du ministre de l'agriculture
déterminant les départements dans lesquels des concours d'irrigation auront lieu en 1881, et
les conditions de ces concours. — Le phylloxéra. — .\ote de M. Mares sur l'emploi du sulfocar-
bonate. — Extension du phylloxéra dans l'Aude. — Traitement des vignes attaquées. — Les
effets du dégrèvement des sucres. — Les rapports entre les agriculteurs et les fal>ricants de
sucre. — Rapport de M. Boucard sur les désastres causés par le froid dans les forêts de la
Sjlogne. — Evaluation de ce désastre. — Publication du troisième volnn-,c des Annales de l'In-
stitue agronomique. — Principaux travaux qu'il renferme. — Examens d'admission à l'Institut
agronomique. — Liste des élèves admis à l'Ecole nationale d'horticuliurp de Versailles. — Exa-
mens de sortie et d'admission à la ferme-école de la Corrèze. — Sériciculture. — Nouveau tour
pour tirer la soie des cocons. — Concours spécial de la race bovine du Mézenc. — Achat déta-
lons de gros trait par la Société d'agriculture de la Nièvre. — Nécrologie : M. Jules Aubin. —
Une nouvelle vigne. — Situation des récoltes dans les Pays-Bas et dans les Indes néerlandaises.
I. — Le 94* anniversaire de la naissance de M. Chevreul.
Le 31 août dernier, à l'occasion du 9V anniversaire de la naissance
de M. Chevreul, l'illustre président de la Société nationale d'agriculture,
l'Association américaine pour l'avancement des sciences, réunie dans sa
29" session à Boston, a envoyé à l'illustre doyen de la science dans le
monde entier un télégramme pour lui présenter ses vives félicitations,
avec l'espérance que sa vie et ses travaux pourront être prolongés
au moins jusqu'à la fin du siècle. Ce sont des vœux auxquels s'asso-
cient tous les amis de la science dans tous les pays. M. Chevreul
vient d'achever, pour la cinquantième fois, au Muséum, son cours de
40 leçons de chimie appliquée à l'étude des êtres organisés.
II. — Le Crédit agricole.
Il vient d'être publié, par ordre de M. le ministre de l'agriculture
et du commerce, un volume intéressant sous le titre : JSote sur le
Crédit agricole mobilier. C'est à la demande de la Commission chargée
de 1 étude de la question du crédit agricole que cette note a été rédi-
gée. Elle commence par rappeler les anciennes études faites sur la
question, études qui ont pour origine un vœu émis par le Conseil gé-
néral de l'agriculture, des manufactures et du commerce dans sa ses-
sion de 1840-41. Ce vœu a eu pour résultat pratique la mission don-
née à Royer de se rendre en Allemagne pour faire connaître dans tous
leurs détails le mécanisme des Sociétés et banques de crédit foncier,
ainsi que des caisses de crédit et de prévoyance aboutissant à un cré-
dit mobilier qui existait chez nos voisins d'outre-Rhin. Le rapport de
Royer a été publié. Peu de temps après, une enquête fut faite sur la
situation de la propriété immobilière au point de vue des hypothèques;
elle venait d'être publiée parle ministre de la justice lorsqu'éclata la
Révolution de 1 8-^18. Dès que M. Tourette eut pris possession du mi-
nistère de l'agriculture, il s'empressa d'étudier la question, et il pré-
senta à l'Assemblée nationale, le 18 décembre 1848, un projet de loi
sur les avances ta l'agriculture par l'Etat. Les événements politiques
empêchèrent ce projet d'aboutir. Le décret du 25 février 1852, en
instituant des Sociétés de crédit foncier, n'avait résolu qu'une partie
du problème; il restait à s'occuper du crédit agricole mobilier. L'ad-
ministration de l'agriculture décida de faire faire une enquête sur le
mécanisme des institutions étrangères et de créer une Commission
qui étudierait tous les systèmes. L'enquête faite à l'étranger a donné
lieu à un rapport de M. Léonce de Lavergne, qui était resté jusqu'à
N» 600. — Tome IV de 1880. — 9 Octobre.
42 CHRONIQUE AGRICOLE (9 OCTOBRE 1880).
présent inédit, et à un volume de M. Josseau, qui est classique et qui
est intitulé : TraiLé du crédit foncier. Le rapport de M. de Lavergne
s'occupe surtout des banques d'Angleterre et d'Ecosse, et de deux
caisses de crédit aj^ricole existant en Westphalie et en Hanovre; il con-
clut à la création de comptoirs d'escompte ouverts aux propriétaires et
même aux simples cultivateurs dans chaque chef-lieu d'arrondisse-
ment. Depuis lors, l'étude de la question a été soumise à des commis-
sions successives : en 185G, à une Commission composée de MM. Suin,
Josseau, Cornudet, de Germiny, Grellet el Leroy; en 18G6, à une autre
commission composée de MM. Suin, de Germiny, Cornudet, Lepelle-
tier dAulnay, Guillaumin, de Raynal, Josseau, de Monny de Mornay,
Alauzet et Leroy. Enfin, en 1 S8i>, une nouvelle commission a été nom-
mée. Depuis la mort de M. Victor Borie et la démission de M. Joi-
gneaux, elle est ainsi composée : MM. Bozérian, Denormandie, Gar-
nier, Labiche, Bethmont, Christophle, Drumel, Proust, Tisserand,
Dufrayer, d'Esterno, Mauguin, secrétaire.
La nouvelle Commission se trouve saisie de mémoires, projets ou
systèmes présentés par MM. Tremoulet, Granié, Félix Charnay,
Grandidier, Huart, Davin, Le Boutteux, d'Artigues, Couture, Cattin,
Léon Camel, Leveau, Méresse, Billette, Dauphin, Romain Bonnet,
Lempreur, D.imourette, Paillard, Desprès, Dubost, Jacques Valserres,
le comte d'Esterno, Leduc-Vie, un anonyme, un économiste qui a
pris le pseudonyme d'unrt??u" de V agriculture, et par le projet du rapport
de M. de Lavergne. La Commission a, en outre, reçu plusieurs com-
munications, écrites ou orales, de MM. Riverain-PoUet, Daudin,
Giraud, Lucet, Lepelletier de Sainl-Rémy, Copin, Josseau.
Le volume qui vient d'être publié donne, soit intégralement, soit
par analyse, tous les projets, toutes les communications orales ou
écrites, que la Commission a reçus. En outre, il renferme les réponses
faites par 66 Conseils généraux aux questions que M. le ministre de
l'agriculture leur a adressées par sa circulaire du 30 juillet 1879 que
nous avons insérée l'an dernier, ainsi que les rapports de 45 agents
consulaires à l'étranger.
D'après cet exposé, on voit que le volume nouveau sur la question
du crédit agricole contient un grand nombre de documents, mais ne
fournit aucune donnée sur ce que pense la Commission ni sur les
projets qui peuvent sortir de ses délibérations.
IIL — Enquête sur l'état sanitaire du bétail.
Ainsi que nous le disions dans nos dernières chroniques, la fièvre
aphteuse a pris, depuis quelque temps, une grande extension dans
beaucoup de départements. A ce sujet, M. Tirard, ministre de l'agri-
culture et du commerce, a adressé aux préfets la circulaire suivante :
« Paris, le 20 septembre 1880.
« Monsieur le préfet, je suis informé que la fièvre aphteuse ou cocotte s'est
déclarée dans plusieurs départements et a même acquis, sur certains points, une
intensité inquiétante. Sauf quelques exceptions, mon administration n'a pas été
officiellement informée de l'apparition de cette affection coQtasjieuse ; non seule-
ment je ne sais quelle est la gravité du mal, mais encore j'ignore si quelque chose
a été tenté pour arrêter sa mirche. J'ai malheureusement lieu de crainlre que les
règlements sanitaires ne soient trop oubliés, ou tout au moins appliqués trop
mollement; il m'est revenu en effet de divers côtés que les autorités 1 cales font
preuve à cet égard d'un laisser-aller des plus regrettables; l'article 459 du Gode
CHRONIQUE AGRICOLE (9 OCTOBRE 1880). 43
pénal qui prescrit la déclaration des cas de maladie contagieuse n'est pas partout
observé, et il serait nécessaire de réagir contre la tendance à s'alifranchir de cette
obligaiion qui est comme la pierre angilairede la police sanitaire.
« Le service des é[)izooties est con>titué d ^n^^ un grand nombre de départements
et, dans ceux où cette organisation exisie, MM les préfets doivent être tenus au
courant de la situation et posséder des renseignements précis sur l'état sanitaire
du bétail; dans les départements où le service des épizooties n'a pas encore été
créé, je suis persuadé qu'il ne serait pas l'ait en vain appel au concours des vété-
rinaires
a Je viens donc vous prier, monsieur le préfet, de vouloir bien procéder à une
enquête générale sur l'état sanitaire actuel du bétail dans votre département, et
m'en transmettre les résultats dans le plus bref délai Je vous serai obligé de me
faire connaître en même temps, et s'il y a lieu, les mesures sanitaires que vous
auriez prescrites et celles qui seraient en projet. A ce sujet, j'exprimerai le désir
d'être tou|Ours consulté en pareille circonstance; par ce moyen, il serait possible
d'établir une uniformité, d'ailleurs nécessaire, entée les mesures à preu'lre, pour
la même maladie, sur les différents points du territoire et, en outre, de donner à
ces mesures le degré de rigueur que comporte la nature du mal. »
« Recevez, etc. Le minùtre de i'agricuUure et du commerce^
« P. TlRARD. »
Nous ne cesserons de demander que la loi sur la police sanitaire
des animaux domestiques arrive enfin en discussion et soit volée.
C'est seulement par des mesures d'ensemble que l'on arrivera à faire
disparaître les maladies contagieuses qui prennent trop facilement de
l'extension en France, grâce à la manière insuflisante dont le service
sanitaire est aujourd'hui organisé et pratiqué.
W. — Les engrais.
Pour accroître les rendements des récoltes et assurer la prospérité
d'une exploitation agricole quelconque, il n'est pas de procédé plus
suret plus efficace que l'emploi des engrais appropries; nous ajoute-
rons : des engrais employés surtout à l'automne, au moment des
grands et forts labours, avant les seu'ailles bien plutôt qu'en couver-
ture, les cultivateurs qui peuvent ajouter à leur fumier 300 à
400 kilog. par hectare de bons engrais, tels que le guano du Pérou,
le phospho-guano, le guano dissous, les tourteaux de graines oléagi-
neuses, le sulfate d'ammoniaque, le sang desséché, les débris de laine,
les phosphates et superphosphates, les matières fécales, les nitrates
de soude et de potasse, etc., suivant les terrains et les circonstances
économiques, ne doivent pas hésiter un seul instant à le faire. Us
trouveront là le meilleur placement qu'ils puissent faire de leur argent
ou de celui que peuvent leur procurer, dans le présent ou dans l'ave-
nir, les institutions de crédit. Pour s'éclairer sur la valeur des
engrais, au double point de vue de ceux qui conviennent le mieux à
un sol ou à une récolte déterminée, il n'y a rien de mieux que d'avoir
recours à des expériences, pourvu que celles-ci soient bien faites.
Comme ce n'est pas un art toujours facile de bien expérimenter,
il est bon que des indications à cet égard soient données aux agricul-
teurs. M. Eugène Marchand, dont nous avons plusieurs fois analysé
les travaux, a fait sur ce sujet, cette année, dans douze cantons des
arrondissements du Havre et d'Yvetot, une conférence que nous nous
plaisons à signaler. Nous n'aimons pas beaucoup le nom d'engrais
chimiques dont M. Marchand se sert, à l'imitation de beaucoup d'au-
tres personnes, car il ne donne qu'une idée fausse ou inexacte. Le
nitrate de soude et le phosphate de chaux, par exemple, diffèrent-ils
44 CHRONIQUE AGRICOLE (9 OCTOBRE 1880).
lorsqu'on les prend dans la nature ou bien lorsqu'on les fait sortir
d'une fabrique de produits chimiques? Evidemment non. Pour appré-
cier tous les engrais, quels qu'ils soient, il faut des connaissances
chimiques. De même nous repoussons l'appellation d'engrais chi-
mique complet, parce qu'il n'y a que des engrais complémentaires.
Mais, à part ces réserves et quelques autres, il faut approuver l'en-
semble des leçons données par M. xMarchand et applaudir à l'esprit de
progrès qui anime son enseignement.
V. — Concours d'irrigation en 1881.
Les départements dans lesquels auront lieu, en 1881, les concours
d'irrigation, viennent d'être déterminés par l'arrêté suivant de M. le
liiaistre de l'agriculture et du commerce :
Le ministre de l'agriculture et du commerce,
Vu l'ulilité d'un lion aménagement des eaux courantes et des eaux pluviales,
ainsi que de celles qui sont emmagasinées dans des réservoirs naturels ou arti-
ficiels ;
Considérant que le meilleur emploi de ces eaux consiste dans l'arrosage des
terres ;
Vu l'avis des inspecteurs généraux de l'agriculture ;
Sur la proposition du directeur de l'agriculture,
Arrête :
Art. 1". — Un concours sera ouvert, en 1881, dans les départements des
Hautes-Pyrénées, du Var, de la Gorrèze, de l'Ardèche, des Deux-Sèvres et du
Gard, entre les agriculteurs, propriétaires, fermiers ou métayers qui auront utilisé
de la façon la plus profitable les eaux susceptibles d'être employées en irrigations.
Art. 2. — Les récompenses seront réparties de la manière suivante dans
chacun des départements mentionnés ci-dessus :
1" Catégorie. — Propriétés contenant plus de 6 hectares de terres aiTOsées :
V prix, médaille d'or et 1,000 fr. — S"* prix, médaille d'argent grand module et
700 fr. — 3" prix, médaille d'argent et 400 fr.
2° Catégorie. — Propriétés ayant 6 hectares et au-dessous soumis à l'irrigation :
1" prix, médaille d'or et 500 tr. — i'^ prix, médaille d'argent et 400 fr. — 3" prix,
médaille de bronze et 300 fr. — 4« prix, médaille de bronze et 200 fr.
Art. 3. — Un objet d'art pourra être décerné dans chaque département au
lauréat du premier prix de l'une des catégories ci-dessus, reconnu relativement
supérieur ou jugé digne d'être plus spécialement signalé pour l'aménagement
économique des eaux dans la pratique des irrigations.
Dans le cas de l'attribution de l'objet d'art, la médaille d'or affecté au premier
prix ne sera pas décernée.
Art. 4. — Trois médailles d'argent et trois médailles de bronze pourront être
décernées par le jury de chaque concours aux agents employés spécialement aux
travaux d'iriigation des exploitations primées, ou à ceux qui les auront exécutés.
Art. 5. — Les prix attribués seront décernés, en 188 2, à la séance de distribu-
tion solennelle des récompenses du concours régio-^al agricole de la circonscription
à laquelle appartient le département. Ils figureront dans la liste des prix du
concouis régional.
Art. 6. — Les déclarations des concurrents contenant une note explicative et
l'indication exacte des contenances arrosées, certifiées parle maire de la commune,
devront être adressées à la prélecture du domicile du concurrent, le l*'' mars 1881,
au plus tard, pour dernier délai.
Art. 7. — Le directeur de l'agriculture est chargé de l'exécution du présent
arrêté.
Fait à Paris, le 29 septembre 1880. P. Tirard.
C'est donc dans six nouveaux départements, pour lesquels il n'y en
a pas encore eu, qu'auront lieu, l'an prochain, les concours d'irriga-
tion. On ne peut qu'approuver ce roulement qui transporte successi-
vement, dans tous les lieux intéressés, l'utile institution de ces con-
cours, à laquelle nous sommes heureux d'avoir contribué.
CHRONIQUE AGRICOLE (9 OCTOBRE 1880). 45
VI. — Le phylloxéra.
Au sujet des résultats qu'il a obtenu par les traitements de ses
vignes au moyen du sulfocarbonate de potassium, dans son vignoble
de Launac, notre éminent confrère et ami, M. Henri Mares, nous
envoie la note suivante :
« J'ai obtenu cette année, un succès complet par le traitement de mes vignes
au moyen des sulfocarbonates de potasse. D'après ce qui se passe à Launac, je
ne doute pas qu'à l'avenir tous les vignobles en vins fins ou à grands produits
ne soient traités par cette méthode. Je vois se restaurer complètement des pieds
de vigne vieilles, attaquées depuis 1874, et dans lesquelles le quart des ceps a suc-
combé. Ces vignes se sont couvertes de racines nouvelles qui ont poUssé sur les
anciennes, et qui reprennent possession de la terre, mais elles sont de nouveau
envahies par le phylloxéra, comme cela passe dans les vignes submergées, sul-
furées, etc , et comme je l'avais vu d'ailleurs l'an dernier, à pareille époque. Il y
a actuellement, grâce au beau temps dont nous jouissons, une effrayante pullu-
lation d'insectes et un grand essaimage de phylloxéras ailés.
« Les vendanges ont été belles, bonnes et abondantes dans les localités oià il y
a des vignes, mais celles-ci diminuent tous les jours; c'est la richesse pour les
uns, et la disette pour les autres. En somme, on n'aura guère que le quart des
anciennes récoltes de 1870 à 1875. »
Les documents communiqués aux Conseils généraux permettent de
constater les progrès de l'invasion phylloxérique dans un certain nom-
bre de départements. Pour quelques-uns de la région méridionale,
cette invasion est rapide. Le département de l'Aude compte parmi ces
derniers; deux arrondissements, ceux de Carcassonneet deNarbonne,
sont aujourd'hui très attaqués; on y compte actuellement 41 9 foyers
constatés. Ils occupent une surface de 92 hectares, dont 2 hectares
75 ares seulement dans l'arrondissement de Carcassonne. Ces 92 hec-
tares ont été traités par le sulfure de carbone, ainsi que 55 hectares
autour des taches, comme zone de protection. La dépense s'est élevée
à 39,517 fr., soit, en moyenne, 269 fr. par hectare. D'après le rap-
port de M. Henrion, délégué départemental, le traitement a donnédes
résultats excellents; quelques exceptions, signalées à Ouveillan et à
Peyriac-de-Mer, seraient dues à ce que les vignes traitées étaient en-
vahies depuis quatre ans et avaient perdu presque entièrement leur
système radiculaire.
VIL — Sur le dégrèvement des sucres.
Depuis le 1" octobre, le dégrèvement des sucres est un fait accompli;
il a été accueilli avec la plus grande faveur par toutes les populations.
A ce sujet, des agriculteurs nous demandent pourquoi le prix de
vente des betteraves n'augmente pas immédiatement et si les fabri-
cants de sucre seront les seuls à profiter du dégrèvement, et à voir
leurs bénéfices augmenter dans la proportion de celui-ci. Nous
croyons donc utile de rappeler que, pour le moment, le consommateur
est le seul qui profite directement du dégrèvement, car il paie, ainsi
que cela se pratique dans toutes les épiceries de Paris, le kilog. de
sucre 0 fr. 30 de moins que pendant le mois de septembre. C'est par
l'augmentation de la consommation, résultat fatal de la baisse des
prix, que les fabricants de sucre d'une part et les agriculteurs de
l'autre, profiteront de ce dégrèvement. Les fabricants ne seront donc
plus admis à faire valoir les conditions mauvaises de leur industrie
pour obtenir des agriculteurs le maintien de la réduction des prix des
betteraves que ceux-ci ont dû consentir depuis quelques années. C'est
46 CHRONIQUE AGRICOLE (9 OCTOBRE 1880).
seulement en offrant à la culture un prix plus rémunérateur et en
renouvelant les abonnements dans des conditions plus avantageuses
■que les fabricants pourront s'assurer un approvisionnement certain
pour l'avenir et le concours des agriculteurs pour poursuivre, dans
«n temps plus ou moins proche, une nouvelle exonération de l'impôt.
VIII. — Les pineraies de la Sologne.
A maintes reprises, depuis le printemps dernier, nous avons insisté
sur les dommages causés en Sologne par le dernier hiver, surtout
dans la partie boisée qui faisait la fortune de cette vaste région jadis
déshéritée. L'évaluation des dommages commence à être faite. Dans
sa dernière session, le Conseil général du Loiret a reçu commu-
nication d'un rapport sur cet important sujet, fait par
M. Boucard, conservateur des forêts à Tours, et il en a ordonné la
publication aux frais du département. Ce rapport signale d'abord
les dégâts causés dans les bois, puis il indique les moyens de venir
en aide à la Sologne et, enfin, il se termine par des conseils et des
encouragements pour le reboisement. Il sera l'objet d'une étude
spéciale dans le Journal; aujourd'hui nous devons nous borner à en
résumer la première partie.
Sur une étendue totale de 500,000 hectares, la Sologne compte
120,000 hectares en bois tant feuillus que résineux; le pin maritime
■est l'essence dominante et il occupe une surface d'environ 8i),000 hec-
tares. Déboisée à l'excès pendant les deux derniers siècles, la Sologne
a commencé à être reboisée il y a cinquante ans environ. L'exploita-
tion des pineraies donnait surtout des résultats remarquables;
M. Coudard estime que les 80,000 hectares de pins maritimes pro-
duisaient à leurs propriétaires une somme annuelle de trois millions
et demi de francs en nombre rond. Celte situation si prospère a reçu
une première atteinte pendant l'hiver 1<S78-79 par l'action d'un verglas
d'une intensité et d'une durée tout à fait extraordinaires; la proportion
des pins maritimes brisés par ce phénomène a dépassé 20 pour 100.
Mais le grand désastre a été amené par les rigueurs exceptionnelles du
dernier hiver. « Aujourd'hui, en Sologne, dit M. Coudard, il ne reste
plus de pins maritimes vivants, à l'exception des semis de un à deux
ans, qui ont été protégés par la neige. » Il estime que, en fin de
compte, la perte subie par les habitants de la Sologne peut être évaluée
à 42 millions de francs. C'est, pour beaucoup, une véritable ruine, et
pour tous une énorme perte. Les résultats de plus d'un demi- siècle de
travail et de lutte ont été tout d'un coup à peu près absolument
détruits, mais l'énergie des agriculteurs est assez grande pour résister
.à cet assaut; ceux qui le peuvent recommencent dès maintenant la
reconstitution de leur domaine forestier.
IX. — Annales de l'Institut national agronomique.
Le troisième volume des Annaks de Vlnstitul national agronomique
vient d'être publié. Ce volume renferme un grand nombre de travaux.
Mais nous devons d'abord signaler le rapport de M. Risler, direeteur,
sur la situation de ce grand établissement; ce rapport démontre que
cette situation est absolument prospère, en même temps que le recru-
tement se faitdans de bonnes conditions. A la suite de ce rapport,
sont insérés quelques-uns des travaux de recherches exécutés par les
CHRONIQUE AGRICOLE (9 OCTOBRE 1880). 47
professeurs, les chefs de travaux et les élèves de notre École supérieure
d'agriculture. Tout d'abord, M. MLintz, chef des travaux chimiques, a
continué son étude sur l'alimeutalion des chevaux si intéressante pour
les Sociétés de transport et pour les armées. On sait que ce*s recherches
qui sont faites sur la cavalerie de la Compagnie des omnibus ont per-
mis déjà à cette Société de réaliser des économies considérables.
M. MiiQtz donne également un travail sur la constitution de la graisse
des animaux primes au concours du Palais de l'Industrie. M. Prillieux,
professeur de botanique^ publie un mémoire sur les ravages occasion-
nés par l'hiver de 1879-80 dans les plantations de pins. M. Regnard,
professeur de physiologie, donne deux études : une d'elles est relative
à l'influence des radiations rouges sur la végétation; l'autre à la
respiration. M. du Breuil, professeur d'arboriculture, fournit la
nomenclature des principaux cépages français avec leurs particula-
rités distinctives; ce travail a été publié dans le Journal. M. Brocchi,
répétiteur de zoologie, est allé étudier 1 installation des pêcheries de
l'Adriatique à l'embouchure du Pô et en fait l'objet d'un intéressant
rapport. M. Cliesnel, secrétaire de l'Ecole, a été chargé par le ministre
de l'agriculture d'étudier l'enseignement agricole, l'instruction laitière
et la fabrication des produits du lait dans le Danemark et la Suède;
la première partie de son rapport se trouve dans ce volume. Parmi
les élèves diplômés, M. Nivet publie un travail sur la décomposition
des sels ammoniacaux et M. Lami une étude sur le lait. Les Annales
de r Institut agronomique sont éditées par M. Tremblay, 5, rue de
l'Eperon, à Paris.
Les examens d'admission pour l'Institut agronomique commence-
ront le lundi 25 octobre, à huit heures et demi du matin, au siège de
l'Ecole, 292, rue Saint- Martin. Les bacheliers es sciences sont dispensés
de l'examen et sont admis de plein droit. Les demandes doivent être
adressées avant le 1 5 octobre, au directeur de l'Ecole. — L'ouverture
des cours aura lieu le mercredi 3 novembre.
X. — Ecole nationale d'horticullure de Versailles.
La rentrée des élèves à l'Ecole nationale d'horticulture de Versailles,
a eu lieu le 1" octobre. Les élèves admis en première année ont subi,
à leur arrivée, un examen de classement, dont voici le résultat :
1. MM. Deville (Ariège). — 2. Layé (Eure-etLoir). — 3. Mayrat (Charente). —
4. Rossignol (Haute-Vienne). — 5. Siruguet Doubs). — 6. Augey (Seine-et-
Marne). — 7. Legendre (Seine-et-Oise). — 8. Diibut i Seine). — 9. Nivet (Haute-
Vienne). — 10. Rivoiron (Rhône). — 11. Parnot (Aisne). — 12. Fleury (Orne).
— 13. Pescher (Haute-Viennej. — 14. Renard (S -ine-et-Marne) . — 15. Zugetta
(Seine). — 16. Camagny (Seine). — 17. Duraont (Oise). — 18. Lemonnier (Avey-
ron). — l^. Mary (Seine-et-Oise). — 20. Barbeau (Seine). — 21. Racine (Seine-
Intérieure). — 2i. Pasdeloup (Seine-et-Oise). — 23. Cavelan (Seine-et-Oise). —
24. Le Saout (Finistère). — 25. Joly (Loiret).
Sous l'habile direction de M. Hardy, l'école de Versailles est en
pleine prospérité, et répond complètement au but que sa création pour-
suivait.
XL — La ferme-école de la Corrèze.
Les examens d'admission et de sortie à la ferme-école des Plaines
(Corrèze), dirigée par M. le comte d'Ussel, ont eu lieu le 2Ï septembre.
Le jury était présidé par M. Gustave Heuzé, inspecteur général de l'a-
griculture.
48 CHRONIQUE AGRICOLE (9 OCTOBRE 1880).
Ont été admis comme élèves, les candidats suivants :
« 1° MM. Minard, 17 ans; 2" Besse, 16 ans; 3" Lascaud, 16 ans; 4° Ghèze,
16 ans ; b" Lanby, 18 ans; 6° Ghautnerliac, 17 ans; 7" Escurat, 16 ans ; 8° Four-
najoux, 16 ans; 9° Delair, 16 ans; 10° Bacheleiie, 17 ans; IPCussac, 16 ans;
12° Destève, 17 ans; 13" Rastois, 17 ans; 14° Turdif, 16 ans; 15" Bassaud,
18 ans; 16° Moustarde, 19 ans. »
Le jury a admis, en outre, comme élèves surnuméraires :
1°MM. Bessé (François) 16 ans; 2° Griroud, 18 ans; 3" Morel, 17 ans; 4" Es-
curat (Baptiste), 16 ans.
'- Comme à la ferme-école du Montât (Lot), les candidats, au nombre
de 39, appartenaient à des familles de [)ropriétaires, cultivateurs ou
de fermiers.
Les élèves de deuxième année qui ont obtenu leur certificat d'apti-
tude et une somme de 300 fr. sont au nombre de douze, savoir :
1° MM. Thomas; 2" Gouquot; 3° Rou^^erie; 4" Besse; 5" Mirande; 6° Dumaure;
7» Sourzac; 8° Yeux; 9» Ghassain; 10° Boueix; 11° Ballet; 12° Gliataignié.
Après la proclamation des noms des élèves ayant reçu lejr certi-
ficat de fin d'études, M. d'Ussel a distribué une somme de 500 fr.
entre les élèves qui ont obtenu, pendant leur séjour à l'école, le plus
grand nombre de bons points.
XIL — Sériciculture.
La fabrication d'étoffes de soie à bon marché est un problème qui
semble insoluble dans nos pays oii la main-d'œuvre est à prix si
élevé, comparativement aux contrées de l'extrême Orient. Et cepen-
dant, il est prouvé, dès à présent, que les cocons peuvent être obtenus
très économiquement par le système des petites éducations, faites par
les femmes et les enfants, en observant les précautions que la science
a fait connaître. Maintenant, on nous annonce que MM. Philip et
Faisat, du Vigan, viennent d'inventer un tour à tirer la soie des cocons,
grâce auquel une fileuse produit 350 grammes de soie, au lieu de 200,
par journée de travail, sans préjudicier en rien à la belle qualité
du fil obtenu; cette invention est déjà exploitée par un habile fila-
teur d'Alais, M. Frauczon. Voilà donc un nouveau progrès, qui per-
mettra à la fabrique d'employer, pour le même prix, une soie meil-
leure. Peut-être reverrons-nous bientôt la soie pure obtenir les faveurs
de la mode ; ce jour-là, la sériciculture française sera sauvée une fois
de plus.
XIIL — Concours spécial à la race bovine du Mézenc.
Depuis quelques années, le Comice agricole du Puy (Haute-Loire) a
organisé des concours spéciaux de la race bovine du Mézenc, qui jouit,
dans cette partie du centre de la France, d'une si légitime réputation.
Le concours de cette année a eu lieu le 26 septembre à Fay-le-Froid.
D'après les appréciations de M. Jacotin, secrétaire du Comice, ce con-
cours a été très remarquable. Voici, en effet, en quels termes il en rend
compte :
« Rien n'y manquait, et malgré la fièvre aphteuse qui a fait, comme on le sait,
de cruels ravages dans cette belle et riche contrée du Mézenc, les agriculteurs
avaient amené en grand nombre des bêtes de premier choix. Cette affluence inac-
coutumée d'exposants prouve que l'élève du bétail est en voie de progrès dans ces
régions dont les luxuriants et gras pâturages résistent, sans peine, aux longs et
durs hivers.
CHRONIQUE AGRICOLE (9 OCTOBRE 1880), 49
« A neuf heures du matin, le jury, précédé de la fanfare de Tence, s'est rendu
sur remplacement du concours. Les opérations ont commencé par l'examen des
taureaux au-dessous de deux ans. Bien c{ue quelques sujets laissassent à désirer
au point de vue de la conformation extérieure, il y avait, néanmoins, quelques
beaux spécimens. Les éleveurs savent, du reste, qu'à cet âge on ne peut espérer
de trouver des animaux complètement sans reproches.
« Les taureaux de deux à trois ans offraient un ensemble remarquable par la
perfection et l'harmonie générale des formes. La plupart des sujets, au nombre de
17, avaient le dos horizontal, la culotte bien descendue et bien fournie. Quelques-
uns même avaient une grande analogie avec des types de races beaucoup plus
fines et plus précoces.
« La commission n'a eu que l'embarras du choix parmi les 57 génisses sou-
mises à son appréciation. Ce qui frappait surtout dans cette catégorie, était la
grande pureté originelle delà race du Mézenc, qui, quoique moins résistante à la
fatigue que la race d'Aubrac, et moins lactifère que la race tarentaise, est digne
d'une grande sollicitude à cause de sa parfaite adaptation à la culture de notre
département, et de ses qualités précoces pour la boucherie.
a Les kb vaches de tout âge présentaient des produits remarquables de forme
et de finesse. Avec de pareils animaux, les éleveurs de la montagne ne peuvent
qu'obtenir d'excellents résultats. Cependant, on ne saurait trop leur recommander
de veiller sur le choix des taureaux et de soigner davantage l'alimentation pendant
le jeune âge. En outre, ce n'est que par une sélection bien entendue qu'ils arri-
veront à faire des animaux d'un engraissement plus précoce et produisant une plus
grande quantité de lait.
a Quoique l'éleveur du Mezenc s'adonne surtout à la production des animaux
dont il peut tirer profit, on remarquait parmi les bœufs des sujets dignes de la
plus grande attention. Dans un pays où la culture n'est que secondaire, on ne
saurait demander à l'agriculteur des bêtes de travail irréprocliables, et il est bon de
lui tenir compte des efforts qu'il a faits pour exposer des sujets dont les apparie-
ments ne sont pas trop défectueux. »
Les principaux lauréats de ce concours ont été M. Alexandre Des-
cours, aux Éstables; M. Pierre Pessernesse, à Freycenet-La cuclie;
M. Pierre Michel, aux Estables, tant pour les taureaux que pour les
génisses et les vaches.
XI\'. — Achat d'étalons de gros trait.
M. le comte de Bouille, président de la Société départementale d'a-
griculture de la Nièvre, prie les éleveurs qui auraient à vendre de
très beaux étalons de gros trait, à robe noire, de l'en prévenir, en liti
indiquant l'âge, la taille et le prix de chaque cheval. La Société d'a-
griculture de la Nièvre continue, en etîet, dans ce département, la for-
mation d'une famille de chevaux de gros trait commencée depuis quel-
ques années.
XV. — Nécrologie.
Nous avons le regret d'annoncer la mort de M. Jules Aubin, l'un
des principaux minotiers du rayon de Paris, il était âgj de 62 ans
seulement. On lui doit l'invention d'une meule spéciale, dite meule
blutante, que nous avons décrite il y a quelques années. M. Aubin
était maire de Bouray (Seine -et-Oise), et chevalier de la Légion d'hon-
neur.
XVL — Une nouvelle vigne.
Dans notre chronique du 25 septembre, nous avons signalé une
lettre écrite du Soudan par M. Lécard, à M. le ministre de l'instruction
publique, sur de nouvelles vignes sauvages qu'i^ a trouvées dans ce
pays. De différents côtés, on nous demande comment on pourra s'en
procurer des graines ou des plants. M. Lécard est dans un pays avec
lequel les communications sont rares et difficiles; il est donc probable
50 CHRONIQUE AGRICOLE (9 OCTOBRE 1880).
qu'il faudra attendre son retour. Toutefois, nous pensons que ces de-
mandes doivent être adressées au ministère de l'instruction publique
qui a chargé M. Lécard de la mission qu'il accomplit. D'un autre côté,
on pourra aussi s'adresser à M. de Lunaret, à Montpellier, qui s'oc-
cupe avec une si grande ardeur de la propagation des végétaux utiles,
et qui est en correspondance avec le voyageur africain.
XVII. — Les récolles dans les Pays-Bas.
C'est un lieu commun de répéter, aujourd'hui, que tous les pays
sont solidaires les uns des autres au point de vue des conditions géné-
rales de leurs approvisionnements et des moyens de satisfaire à leurs
besoins. Les ressources et les exigences, même des plus petits pays,
doivent entrer en ligne de compte. A ce titre, nous devons signaler
les renseignements que renferme le discours du trône prononcé le
22 septembre à l'ouverture des états généraux des Pays-Bas, L'agri-
culture et l'élevage du bétail y sont dans une situation florissante; les
nouvelles concernant la récolte sont en général très favorables, la péri-
pneumonie a presque disparu. La situation des Indes néerlandaises
pourrait être appelée satisfaisante si, dans quelques contrées, des
maladies dévastatrices ne sévissaient tant sur la population que sur
le bétail; néanmoins, l'intérêt plus marqué qui se porte sur l'agricul-
ture et sur l'industrie exerce une heureuse influence sur la situation
financière de la colonie de Surinam. J.-A. Barral.
SUR LA NON-RËGIDIVE DE L'AFFECTION
CHARBONNEUSE *
J'ai été chargé par M. le ministre de l'agriculture et par le Comité
des épizooties de porter un jugement sur la valeur d'un procédé de gué-
rison du charbon des vaches, imaginé, par un habile vétérinaire du
Jura, M. Louvrier. M. Chamberland a bien voulu s'adjoindre à moi
pour ces recherches et c'est en mon nom et au sein que j'en communique
à l'Académie les résultats. Le procédé de M. Louvrier a été décrit dans
le Recueil de Médecine vétérinaire de notre confrère M. Bouley.
L'auteur s'efîorce de maintenir l'animal à une température élevée
par des frictions, par des incisions à la peau dans lesquelles il introduit
un Uniment à la térébenthine, entin en recouvrant l'animal, la tête
exceptée, d'une couche épaisse de 0'".20 de regain, préalablement
humecté de vinaigre chaud, qu'on retient par un drap qui enveloppe
tout le corps,
Le 14 juillet 1879, nous avons inoculé à deux vaches cinq gouttes
d'une culture du parasite charbonneux derrière l'épaule droite. Nous
désignerons ces vaches par les lettres M et 0. Dès le lendemain un
œdème sensible se manifeste sur les deux vaches, moins étendu sur
la vache M que sur sa voisine. Le 16 juillet, l'œdème de M paraît déjà
diminué; celui de 0 n'a fait que s'accroître et il descend même sous
le ventre -. La vache et très malade, très faible sur les jambes de
1. Communication faite à l'Académie des sciences.
2. Notons, en passant, le fait dds tumeurs, des œdèmes chez les vaches inoculées. Dans les cas de
charbon spontané chez les vaches, rien n'e t pla< rare |ue !a présence des tumeurs symptomati-
qiies. C'est que, suivant les conclusiims de mon Rapport du 17 septembre 1878, au ministre de
l'agriculture, 1-. claaib)n spontané s'inocu'e par les voies liigestives. Dan-i les cas rares de tumeurs
charbonneuses, il doit y avoir eu mjculation dir-^cte. par exemple par d^s mouche? piquantes dont
le (lard vient de puiser le charbon sur un cadavre charbonne ix, par la morsure d'un chien de
berger qui a divoié des chairs chaibonn-use^, etc. M. Boatetm'a dit un jour : « Sur cent vaches
charbonneuses, il n'y en a pas une avec tumeur. »
SUR LA NON-RÉCIDIVE DE l' AFFECTION CHARBONNEUSE. 51
derrière, qu'elle écarte pour ne pas tomber. La température de cette
vache, qui était au débat de 38°. 8, est montée à 41°. 5. C'est alors que
M. Louvrier commence à lui appliquer sa méthode de traitement le 16,
à 9 heures du soir.
Le 17 juillet, la vache M va bien. Sa température qui ne s'est pas
élevée, est toujours la température du début. La vache 0 est très
malade; les ganglions près de la cuisse sont durs, très engorgés.
Le 18 juillet, la vache M n'a plus d'oedème. Elle est guérie et n'a
jamais été sensiblement atteinte. C'est évidemment une vache qui était
naturellement rél'raclaire au charbon. La vache 0, au contraire, est
toujours malade, avec un énorme œdèma sous le ventre et les ganglions
de la cuisse droite durs et douloureux. Sa température est cependant
descendue à 39°. 7. Le 19 et le 20 juillet, la vache 0 paraît aller mieux.
Le 21 juillet sa température est à 39°, quoique l'œdème sous le ventre,
devenu fluctuant, soit toujours considérable.
A partir du 22 juillet, la température de cette vache est normale;
Tœdème diminue et se résorbe. Laguérison devient peu à peu complète.
La vache M s'étant montrée réfractaire et témoin infidèle, on essaye
de suppléer à ce terme de comparaison, qui fait défaut, en réinoeu-
lant cette vache M à la place précédemment indiquée et une nouvelle
vache P qui n'a pas encore servi. On emploie cette fois dix gouttes de
culture du parasite charbonneux au lieu de cinq. C'était le 4 août. Les
jours suivants la vache M n'a pas changé de température et n'a pas
offert d'œdème. La nouvelle vache inoculée P présente un œdème dès
le lendemain, et sa température a passé de 38°. 8 à 39°. 3. Le 8 août,
elle înarque 4l°.2; l'œdème s'est étendu, et les ganglions de la cuisse
droite, du côté inoculé, sont enflammés.
Le 9 août, on note 4 T. 5. L'œdème est descendu sous le ventre; il
est de plus en plus volumineux. La vache est fort triste et très
malade.
A partir du 10 août, la température commence abaisser. Le 13,
elle est de 39\5. Le 14, elle est de 38°. 3. La vache est guérie.
Je répète que cette vache n'a pas été traitée, parce qu'elle était des-
tinée à servir de témoin pour la vache 0 qui avait subi les remèdes
Louvrier.
En résumé, une vache traitée par M. Louvrier a guéri, et une
vache non traitée a guéri également. Une troisième vache s'est mon-
trée naturellement réfractaire au charbon.
Ces expériences ne permettent donc pas de porter un jugement sur
l'efficacité du remède dont nous avions à juger la valeur pratique.
Nous résolûmes de les recommencer; mais nos travaux nous rappe-
lant à Paris, nous donnâmes rendez-vous à M. Louvrier, dans le Jura,
pour l'époque des vacances de 1880. Je vais faire connaître les résul-
tats de ces nouvelles expériences; mais, auparavant, que l'Académie
me permette de l'entretenir du sujet principal de cette note, de la ques-
tion de la récidive ou de la non-récidive du charbon, dont la solution
s'offrait naturellement à nous.
Nous venons de constater que des vaches auxquelles on a donné
le charbon par inoculation et qui en ont subi les effets de la manière
la plus grave peuvent se guérir spontanément. Telles sont les vaches
0 et P, qui ont eu des tumeurs douloureuses énormes, des élévations
de température considérables^ et qui ont été, à un moment, si ma-
52 SUR LA NON-RÉGIDIVE DE L'AFFEGTION CHARBONNEUSE.
lades, qu'elles pouvaient à peine se tenir sur leurs jambes. Nous
avons voulu savoir si ces vaches pouvaient reprendre la maladie. Dans
l'espoir que du sang charbonneux, frais serait plus actif peut-être que
les cultures de bacléridies, pr'';cédemment employées, nous avons, le
15 août 1879/réinoculé la vache 0, très bien guérie, avec du- sang
charbonneux pris à un cochon d'Inde qui venait de mourir, le sang
rempli de bactéridies. On essaye rgalement l'effet de ce sang sur la
vache M, qui jusque-là avait résisté à deux inoculations de culture
très chargées du parasite.
Le 1G, rien d'apparent dans la région des inoculations.
. Le 1 8, léger œdème aux deux vaches, sans élévation de température.
Le 19, pas d'aggravation.
Le 20, les œdèmes, toujours très faibles, diminuent; la tempéra-
ture est normale.
Ce jour, nouvelle inoculation à chacune des deux vaches par dix
gouttes d'un liquide du culture de bactéridies. Les jours suivants,
rien de visible aux points inoculés et pas d'élévation de température.
Ces faits, et particulièrement ceux qui concernent la vache 0, qui
avait été une première fois malade, avec un œdème considérable et
une température élevée de 3 degrés, démontrent qu'une première
atteinte de la maladie préserve l'animal d'atteintes ultérieures. Le
charbon ne récidiverait pas. On peut présumer en outre qu'une réci-
dive, si elle a lieu, est de moins en moins accusée.
Je passe aux résultats de notre étude récente en 1880.
Le (3 août 18S0, à onze heures du matin, on inocule quatre vaches,
A, B, G, I), par cinq gouttes de culture du parasite charbonneux.
Leurs températures sont comprises entre 08", 5 et 39 degrés au moment
de 1 inoculation. On décide que les vaches A et B seront livrées à
M. Louvrier, qui leur appliquera sa méthode de traitement dans Técu-
rie môme où se trouvent les quatre vaches. Les vaches G et D seront
conservées comme témoins.
Le 10 août, à 2 heures du matin, c'est-à-dire quatre jours après
l'inoculation, les vaches B et D meurent charbonneuses, après avoir
eu de fortes tumeurs et une grande élévation de température.
B est une des deux vaches auxquelles M. Louvrier a appliqué sa
méthode de traitement; D est une des vaches non traitées. Quant aux
deux autres, la vache A, traitée par M. Louvrier, s'est guérie, mais
également la vache C, non traitée, et toutes deux ont manifesté des
symptômes morbides fort accusés jusqu'au 12 août, jour à partir
duquel la température a commencé à diminuer, les ganglions à être
moins douloureux et les œdèmes à se résorber, après avoir été énormes,
pendants sous le ventre, conteiant certainement, disait M. Louvrier,
plusieurs litres de sérosité'.
[La suite prochainement.) L. Pasteur,
Membre de l'Institut et de la Société nationale d'agriculture .
1. Détail des observations de la malalie des .leux «achos A et C :
7 août. Vache A, léger œdème, 39°. — Va^he C, pts d'œdème, 38°.7.
8 — — A, œiè ne, 41".! — Vache C, pas d'œdème, SS^-ô.
9 — — A, œdème des;enil sjus le ventre, 4i**, b. Le traitement pour ôette vache commence
à 9 heures du soir. — Vache C, Ipgtr œdème, 38**. 6.
10 — — A, œdème consiiérable, ganglionsgros et sensibles, 41°.
— — C, gros œdème sous le ventre, ginglions engorgés, 39°.
11 — — A, température 41°.
— — C, — 41°. 5.
12 — — A, — /)0°.5. — Vache C, température 41°,5.
Fuis, les jours suivants, les températures vont en décroissant assez rapidement.
CONSERVATION DES ŒUFS ET DE L'OSEILLE POUR L'HIVER. 53
GOfNSERVATION DES ŒUFS ET DE L'OSEILLE
POUR l'hiver.
En 1875, j'indiquais la manière bien simple d'avoir des œofs frais
pendant Thiver, époque oi^i les. poules pondent très peu. Comme l'ex-
périence m'a prouvé que le résultat était des plus satisfaisants, je
crois devoir en parler de nouveau pour ceux qui ne la connaissent pas.
Ayant observé que le jaune a toujours une tendance à descendre,
j'ai pensé que pour remédier à cet inconvénient, il fallait tous les
jours retourner les œufs, travail qui serait long et peu amusant s'il
fallait les remuer les uns après les autres. Je place mes œufs, aussitôt
retirés du poulailler, dans des boîtes remplies de son, en les mettant
les uns à côté des autres, afin de ne pas laisser de vide. Une fois la
boîte pleine, je n'ai plus qu'à la retourner tous les jours.
Au bout de 3 à 4 mois, je trouve mes œufs très frais. Pour rendre
la coquille plus dure, je donne tous les matins à mes poules des
plâtras écrasés, ce qui leur est salutaire et rend la coquille plus dure,
avantage indiscutable pour ceux qui expédient des œufs; ils évitent
par ce moyen beaucoup de casse. J'utilise les coquilles en m'en ser-
vant pour mes semis de primeurs sous châssis. Au lieu de briser les
œufs, je casse avec précaution la coquille du côté du gros bout, comme
si je voulais les manger à la coque, et après avoir vidé l'œuf, je perce
le petit bout. Au moment de faire mes semis sous châssis, je m'en
sers comme de petits pots, et lorsque mes semis sont assez forts pour
être mis en place, au lieu de les dépoter, comme c'e^^t l'habitude, ce
qui expose à défaire la motte et à briser les racines, on se contente de
briser légèrement la coquille, de manière à permettre aux racines de
s'étendre.
Je suis toujours surpris que tous les cultivateurs n'aient pas de
poules; il n'existe point d'animaux domestiques qui soient moins à
charge que la poule. Si elle est en liberté, elle pourvoie presque seule
à sa nourriture, elle mange les limaces, les escargots ; comme elle est
omnivore, elle se nourrit de tous les insectes.
Ayant voulu me rendre compte de la dépense de chaque poule, j'ai
eu la patience d'inscrire pendant un an, jour par jour, le nombre
d'œufs que je retirais du poulailler, et en additionnant l'avoine, 1j
petit blé, sarrasin, etc., j'ai trouvé que chaque œuf pouvait revenir à
10 centimes; si je déduis la valeur des poules, certes c'est un prix
raisonnable pour avoir des œufs frais. Si on habite un endroit un peu
isolé, le chant matinal du coq vous égaie.
Un point très important, c'est que l'intérieur du poulailler soit tou-
jours propre; pour cela, il faut le faire blanchir à la chaux deux ou
trois fois par an. C'est une dépe ise bien minime, pour avoir des poules
bien portantes. Si l'espace le permet, il y a un grand avantage d'avoir
un hangar couvert où elles peuvent se mettre à l'abri s'il pleut ou s'il
fait froid. Cet endroit ne doit pas être pavé et l'on y met de la cendre
afin qu'elles puissent s'y rouler.
Minière de conseroer f oseille pour lliiver. — A l'automne, éplucher
et laver à grande eau l'oseille que vous destinez à la conserve pour
l'hiver, l'égouter et la placer dans un chaudron sur un feu modéré;
l'eau qui reste sur les feuilles suffit pour aider à la cuisson. Au fur
54 CONSERVATION DES ŒUFS ET DE L'OSEILLE POUR L'HIVER.
et à mesure que l'oseille fond, on remplit la chaudière à nouveau, en
remuant sans cesser. Lorsque l'oseille est toute fondue, cela suffit ; on
la renverse dans une terrine et on la laisse refroidir ; le lendemain on
place cette oseille, en mélangeant ce qui est épais avec ce qui est
humide, dans des bocaux ou des bouteilles que l'on ferme avec de bons
bouchons. Cette conserve n'a pas besoin d'être placée à la cave; il
faut éviter l'impression du froid et celle du chaud. Les feuilles d'oseille
contiennent une grande quantité d'acide de potasse; de là leur saveur
aigrelette, leurs propriétés rafraîchissantes et antiscorbutiques.
Elles sont le contre-poison des substances acres dont elles neutrali-
sent promptement les effets. Mais les goutteux et surtout les personnes
affectées de gravelle, ne doivent jamais manger d'oseille.
EuG. Vavin.
CONCOURS RÉGIONAL DE GLERMONT-FERRAND
Le concours régional de Clehnont-Ferrand pour la région compre-
nant les départements de l'Ardèche, de la Loire, de la Haute-Loire,
de la Lozère, du Puy-de-Dôme et du Rhône, s'est tenu tardivement
cette année, parce que l'on a désiré se rendre au désir du Conseil géné-
ral du Puy-de-Dôme et du Conseil municipal de la ville pour faire
coïncider la solennité agricole avec la fête d'inauguration du monu-
ment élevé à la mémoire de Pascal. L'ensemble des fêtes de Clermont
y a gagné, mais la solennité agricole y a certainement perdu. L'atten-
tion publique dispersée sur trop d'objets à la fois, a une grande ten-
dance à négHger le solide pour se porter sur le brillant. L'exposition
agricole a donc été un peu délaissée; elle méritait d'être davantage
suivie.
Si l'on comptait les bandes d'animaux, il y avait plus de 400 têtes
de l'espèce bovine. L'élite était constituée par la race de Salers, puis la
race d'Aubrac. Venaient ensuite de beaux animaux de la race charo-
laise et de la race durham. Les principaux lauréats ont été, pour les
uns et les autres, MM. Amilhon-Billon, Palluat de Besset, Couderchet,
Tiersonnier, de Montlaur.
Dans l'espèce ovine, on ne pouvait guère signaler comme tout à fait
remarquable, que les lots de race southdown-berrichonne exposés par
M. Couderchet; et dans l'espèce porcine, que les animaux yorkshire
de M. Caubet. Ajoutons aussi que Mme Caubet se distingue par son
bon élevage d'animaux de basse-cour.
L'exposition des machines était très nombreuse. Il y avait 81 2 instru-
ments différents. Parmi les constructeurs, il y en avait plusieurs des
plus célèbres de France : ainsi MM. Bajac, Meugniot, Plissonnier, Fon-
deur, Pécard, Del, Gumming, la Société française de matériel agricole,
Gautreau, Pilter, etc. Le perfectionnement de la construction est tel
aujourd'hui que tous les constructeurs, à raison de la concurrence
même qu'ils se font, sont arrivés à fabriquer des machines réellement
satisfaisantes. Aussi les essais, surtout quand on y procède rapide-
ment, ainsi que c'est l'habitude, n'aboutissent qu'à faire donner les
prix, le plus souvent, aux instruments qui ont la chance d'avoir les
meilleurs conducteurs. Les prix deviennent des prix d'habileté, et le
hasard y joue son rôle.
A Clermont, les expériences ont surtout porté sur les machines à
battre les céréales et celles à égrener le trèfle ou la luzerne. Le pro-
GONHOURS REGIONAL DE GLERMONT-FERRAND.
55
gramme avait désigné, pour concourir, les machines à l)attre pour
moyennes exploitations, ce qui est déjà une spécification assez vague;
il avait fait une subdivision en machines à battre en bout et machmes
à battre en travers. Pour ces dernières, il ne voulait que des machines
à manège, ce qui éloignait les machines mues par les locomobiles à
vapeur. Mais pour les premières, il ne s'expliquait pas, et par consé-
quent, quel que fut le moteur, les machines étaient admises, sans
qu'on dût distinguer celles qui vanneraient et celles qui ne vanne-
raient pas. C'est forcera juger ensemble des instruments qui ne sont
pas comparables. Les difiicultés ont été encore accrues par ce fait que
le blé sur lequel les expériences ont dû être faites, était loin d'être
homogène. Chaque constructeur avait reçu 100 kilog. de gerbes. Quoi
qu'il en soit, voici le tableau résumant les expériences qui ont été
faites, tel qu'il a été rédigé par le secrétaire du jury :
Di-finition
de la
batteuse.
npnilcmpnl
lirain.
^ £
= .;.
J
Exposant.
emiil,,;,.
nattnosp.
Manvge.
Tarare,
. Locoiiiùbile.
Paille
batlue.
Grain
cassé.
Grain
tanné.
ii
1 Observations.
—
—
—
—
—
Pétillât
en boal
IGl-OGO
4-1.5'
17uf
200 f
50 r
j,
9
8
9
0
Maréchaux....
en bout
19 liUO
4 20
200
300
130
,)
15
10
,
13
15
—
en boutperfec-
Lionné vannant
19 100
4
9C0
700
„
,
16
l '^
15
. -
17
VI. Fortin frères
en travers
19 000
6 15
9.-.0
500
,
,
10
19
17
17
15
3 chevaux, 2"°. 60
c. française de
1/2 bout
itériel agricole .
nettoyant
18 900
3 30
1,150
1,
t
2,700f
17
15
17
16
17
, Breloux
1/-' bout
nettoyant
2-' 80
3 10
1,500
'
'
2,500
17
15
17
IG
17
2 essais, rende-
ment supérieur.
3 chevaux.
- Pécard
1/2 bout
21 000
2 35
2,500
),
,
5,000
17
16
18
16
15
M. Texieretfils.
en bout
25 OOO
6 35
200
150
»
15
15
15
Secoueur de
paille.
. Gautreau
en travers
27 000
7 10
850
4S5
))
D
.7
18
16
16.5
15
2 chevaux.
. Plissonnier fils.
en bout
27 OOO
3 30
800
i,
»
2,400
13
18
17
18
3 chevaux.
—
en bout
25 000
3 45
210
240
>
,)
17
16
»
14
2 chevaux.
. Lanz (Henri}...
en bout
,1
315
23u
»
„
16
8
,
13
15
2 chevaux.
—
—
23 2
3 10
a
»
»
»
16
10
y,
15
—
26 000
2 50
l,nOO
»
i)
2,250
15
14
17
„
16
M. Sauzay frères.
en bout
26''000
4 15
190^
,)
.
2,01(jf
16
15
0
15
15
2 chev. vapeur.
2'i 6
4 15
950
,.
"
2,500
16
14
16
25
l7
engorgement du
secours.
—
—
19 bCO
•
323
288
"
16
13
»
14
15
2 chevaux et se-
coueur.
. Del (Ferdinand)
en bout
20 300
2 40
2,2l0
1
»
4,000
16
17
18
17
18
4 chevaux.
—
—
21 300
3 20
1,000
»
»
2,000
17
18
17
18
On verra, par la liste des prix, que le jury a au moins voulu dis-
tinguer les machines vannant de celles ne vannant pas, en créant deux
catégories spéciales.
Les machines à égrener le trèfle et la luzerne ont fait beaucoup de
progrès depuis quelques années; elles sont arrivées aujourd'hui à
donner des résultats tout à fait satisfaisants.
A Ciermont, un premier essai a été fait entre quatre machines, en
donnant à chacune la même quantité d'une graine de trèfle en bourre,
et en rebattant toutes les bourres à une même machine. Voici les résul-
tats constatés :
Nom de l'Exposant.
Société française de matériel
agricole. .*
MM. Merlin et Cie
M. Maréchaux >
M. Cumming
M. De!
Prix
de
l'égreneuse.
2,200^
2,000
200
1,900
2,200
Temps
emp'oye.
1 40
1 25
2 2.5 (battage)
3 30
1 40
Rendement
après un
l" ballotage.
6''341
6 6v)l
3 891
6 016
6 016
Rebattage
des
bourres.
P2âl
3.51
1 026
1 031
376
Le jury avait conclu, en tenant compte à la fois du temps du battage
1. Prix du manège : 300 fr. — Cette machine ne ne'toyait pas.
56 CONCOURS REGIONAL DE CLERMONT-FERRANO.
et du moindre rendement du rebattage de la bourre, que l'ordre pour
les récompenses devait être: 1"1M. ^lerlin; T M. Del; 3" iM. Cumming;
4° M. Maréchaux; 5° la Société française de matériel agricole. — Une
difficulté s'étant élevée sur les réelles quantités données par le rebattage
des bourres de MM. Del et Merlin, il a été décidé qu'une seconde expé-
rience serait faite pour ces deux machines. Voici les résultats obtenus
dans celte deuxième expérience :
^^^^ Temn Po'ds de la Qualité Poids Rebattage
Nom de l'exposant. de emolové grain" «" Rendement. delà delà delà
l'égreneuse. ^ ^ " bourre. graine. bourre. bouire.
M. Del (Ferdinand) .. . 2, '200' l'Ù IC^DOO 4'<367 18 9^500 OkOQe
MM. Merlin et Oie.... 2.000 135 16 900 4 885 14 9 100 0 232
A cause de la grande diiïérence des deux graines obtenues, on les
a fait repasser toutes les deux à un tarare Vermorel, qui a donné les
résultats suivants :
Machine Del Machine Merlin
kilog. kilog.
1"= qualité 3.799 3 653
2'= — 0.531 0.784
Totaux 4.3,0 4.437
Les produits agricoles étaient plus beaux et plus variés que dans les
autres concours régionaux, par la raison bien simple que la récolte
venait d'être faite.
Le rapport sur le concours de la prime d'honneur a été fait par
M. Duchesne, sous-inspecteur des forêts à Roanne, professeur àl'institut
agricole dEcully. Le Journal en publiera des extraits, afin de faire res-
sortir les progrès faits par l'agricullure de l'Auvergne. On remarquait
surtout les produits sortant des usines de M. Borie Chanal, à Toulouse.
La distribution des prix a été présidée par le préfet du département,
M. Glaise. Dans son discours, il a insisté sur la situation agricole.
M. Heuzé, inspecteur général de l'agriculture qui a dirigé le concours,
s'est ensuite exprimé en ces termes :
« Messieurs, j'avais eu l'intention de signaler à votre attention les améliora-
lions agri oies qu'on est heureux de constater quand on parcourt votre beau
déparlement; je me proposais aussi d'esquisser à grands traits les progiès faits
par la mécanique agricole depuis la tenue du précédent concours régional, dans le
but de constater une fois encore que l'activité intellectuelle de nos constructeurs
est incessante.
« Si je ne puis, à mon grand regret, pour ne pas prolonger la distribution des
prix si vivement attendue, vous enlreteoir dus progrès de l'agriculture dans l'an-
cienne Auvergne, vous parler des reboisements opérés avec tant de succès sur les
montagnes volcaniques et granitiques de ces départements, signaler l'intéressante
exposiiion due au zèle et à l'activité de MM. les agents des forêts, vous décrire la
magnifique exposition envoyée par M. Vilmorin, dont la maison qui porte son
nom date de cent ans, vous me permettrez, j'ose l'espérer, de vous dire un mot
de M. Droche, si connu des agriculteurs par ses nombreuses libéralités en faveur
des serviteurs agricoles.
« M. Auguste Droche, originaire du département de l'Aube, est mort au mois
de juillet dernier, à l'âge de soi.\ante-dix-huit ans. Il quitta Chessy, à l'âge de
quinze ans, emportant lui-même son modeste bagage. Il avait alors 1 fr. pour
tout capital.
« Appartenant à la classe qui comprend les personnes laborieuses et économes,
il tut le bonheur de se trouver un jour à la tête d'une des principales maisons
financières de la ville de Lyon. Cette situation ne diminua pas son amour pour
le travail, mais elle le mit en évidence. Sa rappelant avec fierté son origine
modeste, il s'imposa la douce et noble mission d'être le bienfaiteur des vieux et
fidèles serviteurs ruraux. C'est dans le but de les signaler à l'attention publique
CONCOURS RÉGIONAL DE GLERMONT-FERRAND. 57
qu'il distribua depuis 1873, dans les grandes assises annuelles de l'agriculture,
plus de tiU,000 fr. aux habitants des campagnes dont l'existence est si modeste et
si laborieuse.
« M. Droche, messieurs, s'est acquis par ses largesses, ses actes de bienfaisance,
des droits à la reconnaissance publii^un ; sa mort est une grande perte pour
l'agriculture. M. le ministre de l'agriculture et du commerce admirait l'inépui-
sable générosité de ce bienfaiteur; aussi a-t-il toujours prescrit de donner le plus
de solennité possible à la distribution des prix qu'il fondait annuellement, con-
vaincu que M. Droche, par ses vertus touchantes et sublimes, semait chaque
année le bonheur sous ses pas en encourageant l'amour du travail et l'amour de
la patrie !
« La mort si regrettable de M. Droche n'est pas la seule perte que déplore en
ce moment la région des montagnes du Centre. Au mois de juillet dernier, elle
jetait aussi des pleurs sur la tombe de Victor Borie, qui était né, en 1818,àTulle
(Gorrèze) et dont la famille occupait alors une position très modeste.
«Par ses études, son espiit judicieux, ses idées libérales, sa nature généreuse et
ardente et son amour pour l'agronomie, Victor Borie avait su con luérir une
excellente position parmi les économistes. Ses écrits d'un style simple et d'une
lecture attrayante rappeleront aux agriculteurs qu'ils ont perdu un défenseur
intelligent et dévoué des libertés pubU }ues et économiques.
« M. Léonce de Lavergne, que la petite bourgade de Chatelus-le-Marchais,
près de Bourganeuf, était heureuse et fière de compter au nombre de ses habi-
tants, est mort au commencement de l'année actuelle. Ce grand économiste avait
conquis en France et à l'étranger une importante renommée. Gha'^un aimait à
écouter sa parole claire et persuasive lorsqu'il prenait la défense des intérêts agri-
coles. Ses écrits, dans lesquels apparaît à chaque page cette sublime devise :
Dieu et l'homme, le pouvoir et la Liberté ! ont été et seront toujours lus avec fruit.
Sa mort est une perte irréparable pour l'agriculture et la république!
« Les quelques fleurs que je me suis permis de jeter sur des tombes fermées
il y a quelques mois seulement, ne peuvent me faire oublier l'exposition spéciale
organisée dans le jardin Lecoq. Les récompenses décernées aux jardiniers par la
ville de Glennont-Ferrand et le département du Puy-de-Dôme, seront certaine-
ment applaudies par tous les amis de l'horticulture, car nulle classe parmi les
travailleurs ne mérite autant d'appui que celle des laborieux horticulteurs. En
effet, le jardinier, par ses mœurs douces et paisibles, ne connaît ni l'ambition qui
trouble l'âme, ni la jalousie qui dessèche le cœur. Habitué à vivre au milieu de
la nature et à l'épier, il est heureux et continue ses travaux sans se préoccuper des
choses de ce monde. Aussi Dioclétien, solUcité par Maximin de reprendre sa
pourpre impériale et de ceindre de nouveau son diadème, eut-il raison de dire :
ce Ah ! mon ami, si vous voyiez la beauté des légumes que je cultive et le plaisir
« qu'ils me donnent, vous ne me parleriez jamais de les quitter pour le gouverne-
« ment du monde ! »
« Toutefois, si la culture des légumes assure mille jouissances, celle des fleurs
fait les délices de la vie, parce que c'est dans leur culture qu'on trouve le plus de
félicités et de consolations. C'est qu'elles parlent au cœur, éveillent l'imagination
et produisent en nous une exaltation intime et mystérieuse. Et ces impressions
sont d'autant plus grandes qu'on les admire lorsque des gouttes de rosée, sus-
pendues à leurs brihantes corolles, apparaissent comme de véritables diamants
que la brise agite et que le soleil fait scintiller.
« Continuez, mesdames, continuez d'aimer les fleurs; veuillez les prendre sous
votre protection, d'abord pour vous-mêmes, parce qu'elles charment la vertu et
empruntent vos grâces; pour elles-aêmes, parce qu'elles consolent les affligés et
qu'elles sont parfois arrosées des larmes de la veuve et de l'orphelin; ensuite,
pour ceux qui les aiment, parce qu'elles font le bonheur du pauvre et sont le prin-
cipal ornement de la chaumière.
« Protégez-les, pour qu'elles concourent toujours à l'ornement de nos jardins.
Si, sous François I^"", une cour sans femmes était un printemps sans roses, de nos
jours, un parterre sans fleurs est un ciel sans étoiles 1 »
Après la lecture du rapport sur la prime d'honneur, les récompenses
pour les diverses sections du concours régional ont été décernées dans
l'ordre suivant:
Prime d'honneur consistant ea une coupe d'argent de la valeur de 3,500 fr., et une somme
de 2,000 fr., pour l'exploitation du département du Puy-de-Dôme ayant réalisé les améliorations
58 CONCOURS REGIONAL DE CLERMONT-FERRAND.
les plus utiles et les plus propres à être offertes comme exemple. Décernée à M. Blot, propriétaire
à Collanges, canton de Saint-Germain-Lembion, lauréat du prix cultural de la 1" catégorie.
Prix cultural de la 2"= catégorie, consistant en nn objet d'art de 500 fr., et une somme de
2,000 fr., à M. Domas, fermier à Saint-Chamant, commune de Coppel.
Prix cnlluraJ da la 4" catégorie, consistant en un objet d'art de 200 fr, et une somme de 600 fr.
à M. Broquin, à Bonencontre, commune de Courpière.
Blédailles de spécialité.
Médailles d'or (grand module). — A MM. Féligonde, à Saint-Genés-l'Enfant, près Riom ;
Roussel, à Viilevialle, commune de Laqueuille. — Médailles d'or, à l'Ecole de pisciculture de
Clermont-Ferrand ; Guérin, propriétaire à I-'icherande; Fradei, propriétaire à Saint-Vincent;
Fougerouse, propriétaire à Chaniposlelle, commune de Saint-Anthème. — Médaille d'argent,
M. Mollet, au Biezet, commune de Clermont-Ferrand.
Récompenses aux agents des exploitations qui ont obtenu des prix culturaux.
l'-'' Catégorie. — Primes d'honneur. — Agents de M. Blot. — Médailles d'argent, MM. Brossel
(Henry), régisseur depuis 14 ans; Brossel (Pierre), maître valet depuis 13 ans.— Médailles de
bronze, M. Courtil aîné, bouvier depuis 8 ans ; Mme Martin (Antoinette), ménagère depuis 5 ans ;
M. Courtil jeune, petit bouvier depuis 6 ans. — Médaille d'argent, Bugette-Sembel, jardinier,
13 ans de service.
2'' Catégorie. — Agents de M. Domas. — Médailles d'argent, MM. Domas (André) fils,
Sappe-Domas, gendre. — Médailles de bronsc, MM. Ducros (Etienne); Mouilloux (Jean); Mandon
(Joseph); 50 fr. à M. Dutheil (François).
4^ Catégorie. — Agents de M. Broquin. — Médailles d'argent, MM. Poux (Pierre), chef de
culture; Kenaud (Guillaume), bouvier. — Médailles de bronze, MM. Chigrois (Jean), vacher ;
Mme l'Hortet, ménagère.
Animaux reproducteurs. — Espèce bovine.
Les premiers prix sont accompagnés d'une médaille d'or; les seconds prix, d'une médaille d'ar-
gent ; et les prix suivants d'une médaille de bronze.
l"*^ Catégorie. — Bace de Salers. — Mâles. — 1" Section. — Animaux de 1 à 2 ans. — 1" prix,
M. Lenègie, à Besse (Puy-de-Dôme); 2% M. Amilhon-Billon (Jacques), à Chazerat (Puy-de-Dôme).
3% M. Amilhon-Billon, à Félines (Puy-de-Dôme); 4% M. Verdier (Jean), à Chamhon (Puy-de-Dôme).
— 2"= Section. — Animaux de 2 à 4 ans. — V prix, M. Prade (Félix), à Saint-Vincent (Puy-de-
Dôme); 2% M. Farmond-Paty,à la Roche-Blanche (Puy-de-Dôme); 3% M. Amilhon Billon (Jacques);
4", M. Bellonte, à Besse (Puy-de-Dôme). — Femelles. — ]"■= Section. — Génisses de 1 à 2 ans. —
l"p:ix, M. Amilhon-Billon (Jacques); 2°, M. Formond-Paty ; 3", M. Domas, à St-Julien-de-Coppel
(Puy-de-Dôme). — 2" Section. — Génisses de 2 à 3 ans pleines ou à lait. — l^' prix, M. Amilhon-
Billon aîné ; 2°, M. Amilhon-Billon (Jacques); 3», non décerné. — 3° Section — Vaches de plus
de 3 ans pleines ou à lait. — 1" prix, M. Amilhon-Billon (Jacques); 2% M. Amilhon-Billon aîné;
3°, M. Fanuond-Paty; 4% M. Cohendy, à Romagnat (Puy-de-Dôme); 5", M. Chabril'at, à Gerzat
(Puy-de-Dôme).
Frir d'ensemble à la race de Salers. — Un objet d'art. M. Amilhon-Billon (Jacques).
2= Catégorie. — Race Ferrandaise. — Mâles. — l"-" Section. — Animaux de 1 à 2 ans. — 1" prix,
M. Ba.ssin-Tixier, à Gerzat (Puy-de-Dôme); 2% M. Garmy (Jeani, à Saint-Btauzire (Puy-de-Dôme).
— 2' Section. — Animaux de 2 à 4 ans. — ]"prix, M. Chabrillat (François); 2", M. Delsuc,
(François-Gabriel), à Latour-d'Auvergne (Puy-de-Dôme). Mention très honorable, le comte de
Bonnemie de Pogniat, à Aubiat (Puy-de-Dôme). — Femelles. — 1'" Section. — Génisses de 1 à
2 ans. — 1" prix, M. Courtet (Annet), à Chamalières (Puy-de-Pôme); 2% M. Commandoire, à
Cebazat (Puy-de Dôme) ; 4% M. Collange, à Malintrat (Puy-de-Dôme). — 4" Section. — Génisses
de 2 ou 3 ans, pleines ou à lait. — l" prix, M. Espirat (Antoine), à Gerzat (Puy-de-Dôme); 2%
non décerné. — 3° Seclion. — Vaches de plus de 3 ans pleines ou à lait. — 1" prix, M. Mignot
(Gabriel), deSaint-Myon (Puy-de-Dôme); 2% M, Conrtet (Annet); 3% M. Collange.
3" Catégorie. — Race d'Aubrac. — Mâles. — V" Section. — Animaux de 1 à 2 ans. — l"" prix,
non décerné; 2°, M. Grousset, à Barjac (Lozère). — 2° Section. — Animaux de 2 à 4 ans. —
1" prix, M. Couderchet, au Puy (Haute-Leire); 2", M. Grousset.— Femelles. — V^ Section. —
Génisses de 1 à 2 ans. — l" prix, M. Grousset; 2', M. Couderchet. — 2'= Section. — Génisses
de 2 à 3 ans. — 1" prix, M. Grousset ; 2°, M. Couderchet. — 3'= Section. — Vaches de plus de 3 ans,
pleines ou à lait. — l"' prix, M. Grousset: 2", M. Couderchet.
4" Catégorie. — Race du Mezenc. — Mâles. — 1''= Section. — Animaux de 1 à 2 ans. — Prix
unique, M. Descours, aux Estables (Haute-Loire). — 2^ Section. — Animaux de 2 à 4 ans. —
1" prix, M Rochette, aux Estables (Hailte-Loire). Mention honorable, M. Descours. — Femelles. —
V Seclion. — Génisses de 1 à 2 ans. — l"-pnx, non décerné; 2% M. Chanal (Pierre), à Bouchon
(Haute-Loire). — 2= 5ec</o)i. — Génissesde 2 àSans, pleinesouàlait.— 1" prix, M. Chànal (Régis), a
Chaudeyrolles (Haute-Loire); 2^ M. Eyraud, aux Estables (Haute-Loire). — 3'= Section. —
Génisses de plus de 3 ans, pleines ou à lait. — 1" prix, M. Descours; 2% M. Pesse-Messe, au petit
Freycenet-la-Cuche (Haute-Loire); 2,", M. Eyraud.
5^ Catégorie. — Race charolaise. — Mâles. — 1" Seclion. — Animaux de 1 à 2 ans. — I" prix,
M. Palluat de Besset, à Nervieux (Loire); 2°, M. Jaquelin (Pierre), à Nervieux (Loire); 3=,
M. Dardouillet, à Crevant (Puy-de-Dôme). — 2° Section. — Animaux de 2 à 4 ans. — 1" prix,
M. Chauvassaignes (Loui^), à Lavaure (Puy-de-Dôme); 2"=, M. Auclair, à Roanne (Loire). Mention
honorable, M. Côte (Josepli), à Riom (Puy-de-Dôme). — Femelles. — l'<= Section — Génisses de 1
à 2 ans. — 1" prix, M. Dardouillet; 2», M. Blettery, à Saint-Vincent-de-Reins (Rhône). Mention
honorable, M. Côte. — T Section. — Génisses de 2 à 3 ans, pleines ou à lait. — l" prix,
M. Palluat de Besset; 2% M. Jacquelin, à Nervieux (Loire). — 3'= Section. — Vaches de plus de 3 ans,
pleines ou à lait. — P' prix, M. Blettery ; 2% M. Palluat de Basset; 3% M. Chauvas-aignes (Louis).
6" Catégorie. — Race tarentaise. — Mâles. — 1"= Section. — Animaux de 1 à 2 ans. — Prix
unique, M. de Verdeihun de Molles, à Langogne (Lozère). — 2*^ Section. — Animaux de 2 à 4 ans.
— !"• prix, M. Courderchet. Mention très honorable, M. Grousset. — remelles. — 1" Section. —
G énisses de 1 à 2 ans. — Prix unique, M. Couderchet. — 2'' Section. — Génisses de 2 à 3 ans,
pleines ou à lait. — Prix unique, M. de Verdeihun. — 3'= Section. — Vaches de plus de 3 ans,
pleines ou à lait. — Prix unique, M. de Verdeihun de Molles.
CONCOURS REGIONAL DE CLERMONT-FERRAND. 59
'i' Catégorie. — Races françaises pures ou croisées. — Mâles. — 1" Section. — Animaux de 1 à
2 ans. — l" prix, non décerné ; 2", (race durham-cliarolaise), M. de Teyras de Grandval, à Orcines
(Puy-de-Dôme) ; 3% (race tarentaise-aubrac), M. Grousset. — 2<= Section. — Animaux de 2 à 4 ans.
l"prix, (race bretonne), M. Caubet ; 2% (race tarontaise-aubrac), M. Grousset ; 3", (race durham
croisée), M. Thoral, àBrieanon (Loire). — Femelles — !'■'= Section. — Génisses de 1 à 2 ans. —
1" prix, non décerné; 1", (race tarentaise-a-ubrac), M. Vitet, à Arguilhe (Haute-Loire): 3% (race
fémelme), M. Caubet. — 2" Section. — Génisses de 2 à 3 ans, pleines ou à lait. — 1" prix, (race
ferrandaise-salers), M. Place, à Malintrat (Puy-de-Dôme) ; 2'=, M. Couderchet ; 3% Sucrerie de
Bourdon (Puy-de-Dôme). — 3° Section. — Vaches de plus de 3 ans, pleines ou à lait. — 1" prix,
(race durham-charolaise), M Palluat de Besset; 2% (race otentine) , M. Cbauvassaignes ; 3°, (race
limousine croisée), M. Bégon, Montferraod (Puy-de-Dôme); 4'-', (race tarentaise-aubrac), M. Grousset,
à Barjac (Lozère).
8' Cat''(iorie. — Races étrangères diverses. — Mâles. — V'' Section. — Animaux de 6 mois à 1 an.
— Prix unique (race durham), M. Tiersonnier, à Gimouille (Nièvre). — 2° Section. — Animaux
de 1 à 2 ans. — l"" prix, (race durham) , M. le marquis Be Montlaur, à Cognat-Lyonne (Allier);
2% (race schwitz), M. Balfié (Ferdinand), à Saint-Christophe-d'Aliier (Haute-Loire). — 3'= Section.
— Animaux de 2 à 4 ans. — l"'' prix, (race durham), M. le marquis de Montlaur ; 2^, (race hollan-
daise), M. Blot. Mention honorable, (race durham), JL Girodon (Ferdinand), à Mably (Loire). —
Femelles. — l" Section. — Génisses de 6 mois à 1 an. — 1" prix, (race durham), M. Meaude de
Sugny, à Xervieux (Loire) ; 2*, (race schwitz), .M. Caubet. — 2" Section. — Génis-;es de 1 à 2 ans.
— 1" prix, (race durham), M. Tiersonnier; 2'', (race hollandaise), M. Caubet. — 3' Section. —
Génisses de 2 à 3 ans, pleines ou à lait. — P" prix, (race durham), M. le marquis de Montlaur;
2% .M. Girodon. — 4° Section. — Vaches de plus de 3 ans, pleines ou à lait. — 1" prix, (race hol-
landaise). Administration des hospices de Clermont-Ferrand ; 2^, (race schwitz], M. Caubet; 3',
(race durham). M. le marquis de Montliur.
Prix d'ensemble. — Un objet d'art décerné à M. Palluat de Besset (Joseph), à Nervieux (Loire).
— Bandes de vaches laitières (en lait). — P" prix, (race schwitz), M. Caubet; 2% (race larentaise),
M. Couderchet; 3% (race hollandaise), M. Blot'; 4", M. Farmond-Paty.
Espèce ovine.
V Catégorie. — Race.s françaises diverses. — Mâles. — 1" prix, M. Couderchet, au Piiy (Haute-
Loire); 2% M. Caubet, à Villeurbanne (Rliône); 3", .M. Cussat-Legras, à Monton (Puy-de-Dôme); 4',
M. Chanal (Pierre), à Bouchon (Haute-Loire). Mention honorable, M. Baffié (Ferdinand), à Saint-
Christophe-d'Allier (Haute-Loire). — Femelles. (Lot de 5 brebis) — l'"" prix, M. Caubet; 2%
M. Chanal (Pierre); 3% M. Baffié (Ferdinand); 4% M. Farmond-Paly, à la Roche-Blanche (Puy-de-
Dôme).
2'^ Catégorie. — Race étrangères diverses. — Mâles. — \" prix, M. Céran-Maillard, à Sainte-
Marie-du-Mont (Mande); 2°, M. Couderchet; 3", M. Verdelhun de Molles, à Langogne (Lozère).
Mention himorable, liécerné à la sucrerie de Bourdon (Puy-de-Dôme). — Femelles. (Lot de 3 brebis.
— 1" prix, M. Couderchet; 2=, M. Signoret (Henri), à Sermoise (Nièvre)- 3% M. Céran-Miillard.
3° Catégorie. — Croisements divers. — Mâles. — \" prix, M. Couderchet; 2% M. Caubet;
3% M. Grassion-Lamy, à Lempdes (Puy-de-Dôme). Mention honorable, Société de la Sucrerie de
Bourdon. —Femelles. (Lots de 3 brebis). — l""' prix, M. Couderchet; 2% Société de la Sucrerie
de Bourdon; 3°, M. Chanal.
Prix d'ensemble. — Un objet d'art, M. Couderchet.
Espèce porcine.
1" Catégorie. — Races indigènes pures ou croisées entre elles. — Mâle?. — Pas d'animaux pré-
sentés. — Femelles. — Pas d'animaux présentés.
2° Catégorie. — Races étrangères pures eu croisées entre elles. — Mâles. — V prix, M. Cau-
bet; T, M. Cote, Joseph, à Riom (Puy-de-Dôme): 3% M. Gaudet, Jean, à Saint-Laurent-b-Couche,
parieurs (Loire); 4^ non décerné. — Femelles. — 1" prix, M. Cote, Joseph; 2', M. Caubet;
3°, M. Gaudet, Jean; 4", non décerné.
3" Catégorie. — Croisements divers entre races étrangères et races françaises. — Mâles. — Pas
d'animaux présentés. —Femelles. —1" prix, M. Gaudet (Jean); 2% M". Rousselet (Gilbert), à
Gerzat (Puy-de-Dôme): 3^, non décerné.
Prix d'ensemble. — Un objet d'art, M. Caubet.
Animaux de basse-cour.
Les premiers prix sont accompagnés d'une médaille d'argent, les autres d'une médaille de
bronze.
1" Catégorie. — Coqs et poules — ]"•= Section. — Races françaises diverses. — 1" prix,
M.Voitellier, à Mantes (Seine-et- Oise) ; 2", M"' Caubet, à Villeurbanne (Rhône); 3% M. de Douhet
de Villosanges, àAuthezat (Puy-de-Dôme); 4% M. de Sémallé (René), à St-Jean-d'Heurs (Puy-de-
Dôme); 5% M. Egal (Pierre), à Issoire (Puy-de-Dôme). Mention honorable, M. Voitellier. — 2<' Sec-
'ion. — Races étrangères diverses. — 1" prix, M""* Caubet; 2% M. Blot, à Collanges (Fuy-de-Dôme);
3% M. Voitellier; 4'^ M. Sémallé (René). 2 mentions honorables, M"<= Caubet. — 3" Section. — CtoI-
sements divers. — 1" prix, M. de Sémallé ; 2% M""" Caubet.
2' Catégorie. — Dindons. — 1" prix, M"= Caubet : 2% M. de Sémallé.
3^ Catégorie. — Oies — 1" prix, M"* Caubet; 2% M"'= veuve Domas, à Pérignat-ès-Allier (Puy-
de-Dôme); 3% M"' Bertrandon; à Beaumont (Puy-de-Dôme).
4"^ Catégorie. — Canards. — P'prix. M. V. itellier; 2% M. de Sémallé; 3" M. Blot; 4% M. Gau-
det (Jean), à Saint-Laurei,t-la-Couche (Loire). Mentions honorables, M"' Caubet, M. Vidaillet fils,
à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme).
5= Catégorie. — Pintades et pigeons. — 1" prix, M. Voitellier; 2% M"" Caubet; 3% M. Gobert
(Francisque), à Montferi and (Puy-de-Dôme). Mentions honorables, M. Blot, M. Gobert (Francisque),
M. de Sémallé.
6° Catégorie. — Lapins et Léporides. — 1" prix, M"° Caubet; 2°, M. de Sémallé. Mentions
honorables, M. Blot, M. Voitellier.
Prix d^ensemble. — Un objet d'art, M"« Caubet.
60 CONCOURS RÉGIONAL DE CLEKMONT-FERRAND.
Récompenses avx serviteurs qui ont soigné les animaux primés. Médailles d'argent,
MM. Cliaber (Joseph), chez M. Caubet; Vitel (Jean;, chez M. Couderchet; Alix (Louiv), chez
M. Chanal (Pierre); Gd (Elienne), chez M. Amilhon-Billoii (iacques). — Médailles de bronze,
Noaly, chez M. Palluat de Besset ; Julien, cliez M. (jr>iissel; Breuil, chez M. Amilhon-BiUon
aîné; Chatelard (Pierre), chez M.Gaudet, Martin (Po liniqae), chez M. le marquis de Montlaur;
Laporte (Jean), chez AI, de Verdelhun de Molle; Chanal (Louis), chez M. Evraud; M"»» Goudin
(Catherine), chez M""= Caubet; MM.JSoyer (Antoine), chez M. Descours; Vassoile, chez M. Ja-
quelin.
Machines et instruments agricoles.
Instruments d'extérieur de ferme. — 1° Charrues di'chaunrieuses. — 1" prix, méiaille d'or,
M. Bajac-Delahaye, à Liancourt (Oise); 2% méda lied argent, M. Chambonnière, à Cussel (Allier);
3% médaille de bronze, M. Meugniot, à Dijon (Côte-d'Or). Mention honorable, M. Pétillai, à Vichy
(Allier^. — '2" Charrues vigneronnes. — 1" prix, médiiillp d'or, M. Plissonnier, à Lyon (Rhône) ;
2', me laille d'argent, M. Renault-Gouin, à Sainte-Maure (Indre-et-Loire) ; 3^ mé laiÙe de bronze,
MM. Moreau-Chaumieret Dumont-Moreau, à Tours (Inlre-et-Loire). — 3" Charrues pour labours
très profonds avec retournement de la bande (au-de-su-; de O-^îô). — 1" prix, médaille d'or, M.
Fondeur, à Viry-Noureuil (Aisne) : 2°, médaille d'argent, M. Chambonnière: 3°, médaille de bronze,
M. Meugniot. Mention honorable à M. Rouault. — 4' Herses diverses. — l" pri*, médaille d'or,
M. Puzenat aîné, à Bourbon-Lancy (Saône-et-Loire); 2% médaille d'argen', M. Puzenat (Emile),
à Bourbon-Lancy (.Saône- et-Loire) ; 3% médaille de bronze, M. Chambonnière. Par application de
l'art. \b de l'arrêté du 18 novembre 1879. Mention honorable à M. Decauville aîné, à Petit-Bourg
(Seme-et-(Ji~e).
Instruments d'intérieur de ferme. — 1° Machines à battre en bout, pour moyennes exploitations.
— 1"-' Sous-Sectinn. — Machines vannant. — 1'' pii<', médaille d'or, M. Pécard à Nevers
(Nièvre); 2% médaille d'argent, Sosiélé française du matériel agricole, à Vierzon (Cher) ; 3% mé-
daille de bronze, M. Breloux,à Nevers (Nièvre), — 2' Sous-Section.— Machines ne vannant pas.
— 1°'' prix, médaille d'or, M. Plissonnier fils, à Lyon (Rhône): 2% médaille d'argent, M. Sauzay, à
Autun (Saône-et-Loire) ; 3% non décerné. Mention hono-able, M. Lanz (Henri), à Paris (Seine). —
2" Machines à baitre en travers pour moyennes exploilatiuns. — l"' prix, médaille d'or, M. Gau-
treau, à Dourdan (Seine-et-Oise); 2", médaille d'argent, M. Kortin, à Montereau ,Seine-et-Oise); 3%
non décerné. — 3° Egrenoirs de trèfle et Luzerne. — I" prix, médaille d'or, M. Del (Fcdinaiid), à
Vierzon (Cher) : 2°, médaille d'argent, M. Merlin et C% à Vierzon (Cher)- 3% médaille de bronze,
M. Cumming, à Orlf ans (Loiret. — 4° Menus outils à main (fourches, p'ioches, rà eaux, haches,
etc. — I"prix, Médaille d'or, M. Pilter, à Paris (Seine) ; -^^ médaille d'argent, M. Borel, à Paris
(Seine); 3% médaille de bronze, M. Pétillât, à Vichy (Allier).
Mentions honorables décernées par application de l'article 15 de l'arrêté du ISnovembre 1879.
— Mentions honorables à M, Borie-Chanal, à Toulouse ; à M. Ladeuil et C% à la Ferté-sous-Jouarre
(Seme-et-Marne); à M.Brisgault, àCinq-Mars (Indre-et-Loire); à M. Pinot-Maniglier, à Vesjul
(Haue-Saône) ; àBlM. Mulier et Roux, à Paris (Seine); à M. Beaume à Boulogne-sur-Seine ; à
M. Gy, à Lyon. '
Récompenses aux conducteurs de machines, aux contre-maîtres et ouvriers des constructeurs. —
MM. Demonne, père et fils, à Aulnat (Puy-de-Dôme): Carly, chez M. Del Ferdinand; Bondifard,
chez M. Maréchau ; Lavesand, à la Société du matériel agricole à Vierzon; Renard, chez M. Cum-
ming; Chaput (Jacques), chez M. Pécard; M. Lavallette, chez M. Brouhot; André, chez M. Sau-
zay; Maître, chez M. Plissonnier; Pouper, chez M. Louet.
Exposition d'instruments organisée par la Société centrale d'Agriculture du Puy-de-Dôme. —
Médaille d'argent, M. Girard-Col, à Clermont-Ferrand.
Médailles de bronze, MM. Louis frères, à Issoudun (.Vièvre).
Produits agricoles et matières utiles à l'agriculture.
Concours spéciaux. — 1° Produits des fruitières, cives et burons. — !'■<= Section. — Fromages.
-■ Médaille d or , M. Itier, à Saint-Chamousset (Rhône). — Médailles d'argent, M. Tournadre, à
Besse (Puy-de-Dome); M. Monier, à La Godivelle (Puy-de-Dôme). — Médailles de bronze, M. Le-
nègre, a Besse (Puy-de-Dôme); M. Léotoing-d'Anjnny, à Tournemine (Cantal). — 2' Section. -
Beurres. — Médaille d or, non décernée. — Médailles d'argent, M. De la Motte-Dreuzy, au Breuil
(PUY-de-Dome): non décernée. — Médailles de bronze, M. Blet, à Codanges (Puy-de-Dôme);
M, Fc'j^erousse, a Saint-Anthême (Puy-de-Dôme); M. Serve-Coste, à Annonay (Ardèche); non
décernée.
2° Produits horticoles (collection d'arbustes, fleurs, plantes industrielles et tinctoriales). —
Médaille d'or, M. Monin, à Vichy (Allier). —Médailles d'argent, M. Faure jeune, à Clermont-Fer-
rand; M. Guillot, à Clermont-Ferrand; M. Aguillon-Rohert, à Issoire (Puy-de-Dôme); M. Veysset,
à Montferrand; M. Baquelin-Bellet, à Montferrand. — Médailles de bronze, M. Martign-t, à Cler-
mont-Ferrand ; M. Montorcier, à Clermont-Ferrand ; M. Dauparis (Pierre) à Clermont Ferrand ;
Mm. veuve Denis, à Lyon (Rhône): M. Colin-Goyon, à Clermont-Ferrand; M. Chassagne (Pierre), à
Mirabel (Puy-de-Dôme); M. Jaffeux (Louis), à Vassel (Puy-de-Dôme).
Produits divers non compris dans les concours spéciaux. — Médailles d'or, MM. Vilmorin, An-
drieux et Cie; MM. Vilmorin, And ieux et Gie; M. Gerzat, à St-Ignat (Puy-de-Dôme) ; M. Talion,
à Varenne-sur- Allier (AlUer); M. Héribaud, à Clermont-Ferrand; M. Serve-Coste, à Annonay (Ar-
dèche). — l/edaî7?es d'ar^e/U, M. Borie-Chanal, à Toulouse (Haute-Garonne); M. Cote, à Riom
(Puy-de-Dôme); MM. Durand et Locatelli, à Dijon (Côte d'Or); M. Moynier, à Montpellier;
M. Blot; M. Domas, St-Julien-de-Coppel; MM. Viallis frères, à Châteauroux; M. Arbouin, à
Lignères-Sommeville (Charente); M. Gau, à Brives (Corrèze); MM. Bosdure-Batisse et Brossard
frères, à Dore-l'Eglise. — Médailles de bronze, .Société de la sucrerie de Bourdon (Puy-de-
Dôme); M Hortigier-Raymond, à Sauxillanges (Puy-de-Dôme); M. Bassin (Reray), à Entraigues
(Puy-de-Dôme); M, Couderchet, au Puy (Haute- Loire) ; M. le comte de Lestranges, à Bois-
Bretau; M. Marchie; (Pierre) et Cie, à Privas (Ardèche); M. le comte de Lestranges; M. Escande,
a foulouse (Haute-Garonne); M. d'André (Frédéric), à la : ferme-école de Recoulettes (Lozère);
M. Escande; M. Thibaudier.'à Lvon (Rhône); M. Vasseur père et fils, à Sauxillanges. — Mentions
honorables. — M. Ménard fils, à Paris, rue des Ecoles, 33: M. Héribaud; M. Sève, à Clermont-
Ferrand. '
CONCOURS RÉGIONAL DE CLERMONT-FERRAND 61
3» Produits maraîchers. — Médaille d'or, non décernée. — MédaiRps d'argent, M. Domergue, à
Billora; M. Rivoire, à Lyon. — Médaillesde bronze, M. B;itjetas, à Clermorit-Ferrand ; M. Jou-
venceau (Genès). à Issoire ; M. Robin, à Bessat; M. Domas, à Clermont-Ferrand ; M. Lachal-Thoma-
zet, à riermoiit-Ferrand; M. Amhert, à Gerzat; M. Bargeon (Edouard) à Clerrnont.
4° Produits forestiers. — Méd'iille d'or, M. Urbain-F^aurie, à Bour^'-A' gentil (Loire). —
Médailles d'argent, M. AguillonRobert, à Issy (Puy-de-Dôme); MVL Vass=!ur père et fils, à Saxil-
langes (Puy-de-Dôme); M. GuUlot, à Clerrnont (Puy-de-Dôme); M. Bayle-Courton, à Lsoire (Puy-
de-Dôme); M. Henry (François), à Thiers (Puy-de-bôme).
Récompenses aux agents de l'administration forestière qui ont coopéré à l'organisation de l'expo-
sition forestière. — M. Gra^, brigadier de reboisement ; M. Teillot, brigadier de reboisement.
Exposition horticole organisée par la Société d'agriculture du Puy-de-Dôme.
Fleurs coupées et bouquets. — M'°* P'aure jeune, à Clermont-Ferrand; M. Martiguat, à Clermont-
Ferrand.
Fruits et conserves. — Médailles d'argent, M. Herrier, à Issoire (Puy-de-Dôme); M. Thomas
(Charles), à Cournon ; M. Juilhard (Joseph), à Saint-Sandoux. — Médailles de bronze, M. Serve-
Coste, à Annonay (Ardèche); M. Bayle-Courton, à Issoire; M. Jouvenceiu (Genès), à Issoire;
M. Guiliot, àClermont; M. Veysset, àMontferrand; M. Celv (Charles), à Clerrnont; M. Levadoux
(Jean), à Clerrnont.
5" l'roduits séricicoles. — Médailles de bronze, M. Domenach (Joseph), à Ille-sur-Tet (Pyrénées-
Oriemales).
6° Vins rouges. — MdaiVZe d"or, M. Serindas (Pierre) , à Dallet (Puy-de-Dôme). — Médailles
d'argent, M. Toures-Gavaix, à Mezel (Puy-de-Dôme) ; M. Ferrand, à Segonzac (Charente). —
Médailles de bronze, M. Blot, à Collang-s (Puy-de-Dôme); M. Girard-Gamet, à Moriat (Puy-de-
Dôme); M. de la Foulhouse, à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) ; M. Butin, à Louchy (Allier).
7° Vins blaucs. — Médaille d'or, M. .Soulier, à CoUioure (Pyrénées-Orientales). — Médailles
d'argent, .M™" veuve Pénissit, à Blanzat (Puy-de-Dô:rje); M. Serve-Coste. à Annouay (Ardèche). —
Médailles de bronze, M. Chassa<^ne, à Mirabel, (Puy-de-Dôme); M. Chalar.i-Ciiambige, à Vertaizon
(Puy-de-Dôme); M. Escande, à Toulouse (Haute-Garonne); M. Montagne, à Maury (Pyrénées-
Orientales).
8° Produits de distilleries. — Médailles d'argent, MM. Durand et Locitelli, à Dijon (Côte-d'Or);
M. Arbouin, à Lignières-Sonneville (Charente). — Médailles de bronze. — M. le comte de Les-
tranges, à Bois-Breteau (Charente); M. Escande.
L'horticulture a eu ensuite sa distribution solennelle ; puis ont été
décernées des médailles tant au nom de la Société nationale d'encou-
ragement à l'agriculture que de la Société des agriculteurs de France ;
enfin, les prix Droche ont été distribués aux vieux serviteurs de l'agri-
culture. G. Gaudot.
CHRONIQUE HORTICOLE
C'est par un Congrès pomologique que se sont achevées les fêtes du
Cinquantenaire de l'indépendance belge. Le congrès a été nombreux,
car toutes les branches de l'arboriculture et de l'horticulture ont de
nombreux adeptes en Belgique. Il a d'abord été convenu que la cul-
ture du pêcher en plein vent est devenue bien difficile, pour ne pas
dire impossible, dans ce pays, à raison des légions innombrables de
pucerons qui attaquent les fruits à peine formés, aussi bien qu'en
raison de l'inclémence des saisons qui compromet presque toujours
soit la floraison, soit la formation et le développement de la pêche. Pour
les fruits de grande consommation, la discussion a porté principale-
ment sur les espèces les plus recommandables, et l'accord s'est pro-
duit pour signaler spécialement les espèces suivantes :
Poires. — Durondeau, double Philippine, Marie-Louise, fondante des bois,
beurré d'Amanlis.
Pommes. — Court-pendu, bellefleur de Brabant, bellefleur de France, gra-
venstein, reinette grise, brandebourg barbu.
Prunes. — Prune Monsieur, reine-claude verte, bleue de Belgique, queen
Victoria, prune Englebert. — Double altesse et Sainte-Catherine pour faire sécher.
Cerises. — Anglaise hâtive, Lemercier, Bigarro Esperen , Montmorency
courte-queue.
D'autres variétés ont aussi été proposées ; mais pour quelques-unes
l'expérience n'est pas suffisamment concluante, tandis que, pour
d'autres, on ignore encore si elles s'adapteront à la diversité des
terrains en Belgique. — Une proposition relative à l'établissement de
62 CHRONIQUE HORTICOLE.
la carte pomologique du pays a été accueillie avec beaucoup de faveur,
eL des mesures ont été prises pour son exécution.
— Le monde végétal est encore loin de nous avoir livré tous ses
secrets ; mais peu à peu la science les lui arrache. Voici encore une
nouvelle conquête que nous devons enregistrer, c'est celle du suc
Fig. 3. — Papayer commun portant ses fruits.
digestif extrait par MM. Wurtz et Boucliut d'un arbre très curieux,
le papayer commun. Cet arbre, qui paraît originaire des îles Molu-
ques, est acclimaté dans l'Inde, à la Réunion, aux Antilles, dans une
partie de l'Amérique méridionale. Il appartient à la famille des cucur-
bitacées. Son tronc droit (fig. 3) s'élève de 3 à 5 mètres; il est ter-
miné par un bouquet de larges feuilles qui lui donnent le port d'un
palmier. La figure 4 montre la fleur femelle; on voit en o l'ovaire
formé de cinq carpelles et en s les stigmates ; la fleur est dessinée de
CHRONIQUE HORTICOLE.
63
grandeur naturelle. La fig. 5 donne la forme du fruit et montre les
trophospermes et l'appendice charnu suspendu dans quelques-uns.
Ces fruits sont groupés sous les feuilles qui les abritent, et quand ils
sont mûrs, ils sont très appréciés. Depuis longtemps, on les con-
somme à l'état frais, et quelquefois on les confit avant leur maturité
complète. On savait que l'eau mélangée du liquide laiteux qu'on peut
retirer de la tige par incision, jouissait de la propriété d'attendrir en
peu de temps les viandes qu'on y plongeait. Les recherches de
^j. Wurtz ont démontré que ce suc laiteux renferme un principe diges-
tif qu'on peut en extraire, et qui, sous le nom de papaïne, peut avoir
des applications très nombreuses, et notamment faire dii
pei
Fig. 4. — Fleur femelle du papayer.
Fig. 5. — Fruit du papayer
sonnes dont l'estomac fonctionne mal. La solubilité et la stabilité de
ce corps, bien préparé, permettent d'en assurer la conservation pen-
dant très longtemps.
— Nous devons signaler le catalogue de MM. Jacquemel-Bonne-
fond, pépiniéristes à Annonay (Ardèche), qui vient de paraître pour
l'hiver 1880-1881. A côté des arbres forestiers et d'ornement, ainsi
que des arbres fruitiers, ce catalogue renferme de nombreuses indica-
tions sur une belle collection de mûriers cultivés pour la nourriture
des vers à soie. Il se recommande particulièrement, à ce titre, aux
agriculteurs de la région méridionale. J. de Pradel.
PISCICULTURE. — ENCORE LES ÉCREVISSES
Un de nos lecteurs, au nom de quelques amis des poissons d'Eure-
et-Loir, demande notre avis sur la mortalité des écrevisses, qui
semble vouloir devenir une calamité publique.
Nous accéderons avec d'autant plus d'empressement à la question
de notre honorable correspondant, que nous aurons ainsi la bonne
fortune de pouvoir, avec notre réponse, remercier la Société de pisci-
culture de ce pays vaillant entre tous (Châteaudun-1870 ne devant
64 PISCICULTURE. — LES ÉCREVISSES
pas être oublié par la génération présente) de l'honneur qu'elle nous
fit clans sa séanre du 21 novembre 1856, en nous associant à ses
travaux. Notre si honoré M. le docteur Lamy, son si digne président,
a bien pu lire dix et vingt fois dans nos nombreuses publications pis-
cicoles, que nous n'avions cessé d'en témoigner notre profonde gra-
titude.
Vidé cet incident, qu'un hasard sans nul doute vient de provoquer,
quittons momentanément l'Océan et arrivons aux écrevisses.
Le mal est, en effet, profond et semble toujours prendre de nou-
velles proportions.
Dans notre causerie du M octobre 1879, n° 548 du Journal, nous
disions ici même : la mortalité de la présente année ne doit être attri-
buée, selon nous, qu'aux arrière-neiges du froid printemps que nous
avons eu; ayant en juillet 1867 traité déjà dans cette Hevue la ques-
tion « mortalité des poissons », nous ne nous y arrêterons donc pas,
priant nos lecteurs de s'y reporter.
Il est vrai de dire, ajoutions-nous, que cette mortalité prend, dans
nos départements de l'Est surtout, de malheureuses proportions; mais
nous persistons à ne la croire qu'un de ces accidents passagers dus à
cette époque de perturbations météorologiques que nous venons de
traverser, et que, espérons-le, nous ne reverrons plus de longtemps.
Environ un an s'est écoulé depuis que nous écrivions les lignes
ci-dessus, et le mal, loin de disparaître, va sans cesse en s'aggravant.
Les Conseils généraux de ces départements viennent de spécialement
s'en préoccuper dans leurs sessions de 1880, et le gouvernement, par
le service des ponts et chaussées, y met également la main. Quelques
milliers d'écrevisses dans les ruisseaux dépeuplés feraient probablement
beaucoup mieux leur affaire; mais enfin rendons la justice due, et
examinons si cela suffit. Constatons d'entrée que dans lEst la ma-
ladie était antérieure aux rigoureux froids de 1879-1880. Ce qui nous
doit faire avouer que la cause n'était pas où nous la cherchions. Nous
en étions là de nos hésitations, quand notre honoré collègue, à la So-
ciété nationale d'agriculture, M. Gallicher, publia dans le n" 555,
t. IV, 29 novembre 1879, un article intitulé, Anguilles et Ecrevisses,
qui fut une révélation.
N'a-t-onpas dépassé la mesure avec la montée d'anguilles distribuée
si généreusement par l'administration des ponts et chaussées, actuel-
lement chargée du service de la pisciculture? demandait notre colla-
borateur.
Les faits observés et cités par lui, près de Fourges, depuis 1856,
ne laisseraient aucun doute à cet égard.
Nous ne saurions mieux dire, et nous prierions notre honorable cor-
respondant chartrain de lire et méditer ledit article facile à retrouver
dans la collection du Journal de M. Barrai. Resterait la question, si
dans l'Est avaient aussi eu lieu ces distributions de montée par le gou-
vernement, et, depuis quand?
En 1852, nous avions déjà imprimé dans notre travail sur la montée,
que l'écrevisse, au moment de ses mues, n'avait pas d'ennemis plus
acharnés que l'anguille, l'été surtout, peu avant le temps de sa descente
à la mer. Chaque trou est fouillé, spécialement par le Long-Bec, et
malheur à l'écrevisse qui s'y est blottie. Ceci se passait donc en
France en 1879.
PISCICULTURE. — LES ÉCREVISSES. 65
Voici maintenant ce que nous lisions dans la Gazctted Aagsbourg du
30 juillet 1880 :
a La maladie des écrevisses sévit en Bavière. \]n. pêcheur, qui avait
loué la rivière Altemnhal, remarqua au commencement du mois
qu'il ne s'y trouvait plus une seule écrevisse vivante, tandis que quel-
ques jours auparavant il en avait pris une grande quantité sans dé-
couvrir la moindre trace de maladie; les eaux de la rivière furent
examinées, et l'on vit que son sol était jonché d'éerevisses mortes
réunies par six, dix; et fait curieux, toutes couchées sur le dos; on
voit même des membres épars de ces pauvres bêtes.
« On constata sur diverses écrevisses mortes la présence de petits
vers en forme de spirale, mais nécessairement ces vers ne sont pas
la cause de la maladie, puisqu'ils se retrouvent aussi sur des crustacés
parfaitement bien portants.
« On serait porté à conclure que cette cause serait dans les petits points
blancs que l'on remarque sur toutes les écrevisses mortes et qui se n-
blent provenir d'une sorte de champignon.
(( L'inquiétant est que les mêmes phénomènes se reproduisent dans
d'autres rivières de l'Oberland bavarois, lesquelles vont être bientôt
radicalement dépeuplées d'éerevisses. »
Cette nouvelle nous parvint dans les premiers jours d'août, alors
que nous hésitions entre les froids de 1879 et l'anguille du savant
agriculteur du Cher.
L'idée nous vint alors de demander à un pêcheur de notre connais-
sance pourquoi, cet été, il ne nous apportait plus d'éerevisses comme
il le faisait ordinairement depuis des années en cette saison.
Oli les prendre, nous répondit-il ? Nos ruisseaux de la plaine de
l'Aar en sont absolument vidés, il n'y en a plus qu'en haut, c'est-à-
dire à une altitude de 1700 ou 1900 pieds, qu'en Suisse, l'écrevisse, à
notre connaissance, dépasse rarement, à moins des rares exceptions
ci-dessous : température plus élevée de certaines sources ou faune
spéciale à certains terrains calcaires.
Les deux ou trois principaux ruisseaux affluents d3 l'Aar, continua
notre fine loutre, oii elle abondait et dont, pour le plus important, la
pêche est une propriété privée, ont été ravagés par ceux mêmes qui
les auraient dû ménager.
Sous prétexte d'en fournir quelques douzaines au propriétaire du-
dit droit, on en prit par 100 douzaines. Justement au printemps on
les mettait en boutiques, oi^i on les pourrissait, et, l'été, elles étaient
alors livrées aux hôteliers de Thun pendant leur saison. Plus de pères,
plus d'enfants, m'ajoutait-il, dans son langage aussi concis que pit-
toresque.
Et des anguilles, en avez-vous péché?
Jamais autant que cet été, me répondit-il.
M. Gallicher et notre pauvre pêcheur des bords de l'Aar suisse ne
seraient donc pas loin de s'entendre, et une bien intéressante enquête
serait maintenant de savoir si, dans les affluents de l'Isaar et du
haut Danube, les mêmes causes n'auraient pas produit les mêmes
effets !
En 1879, n° 548 delà collection, nous parlions d'un de nos parents,
ancien élève de notre Ecole des beaux-arts, architecte à Berne et, en
ses loisirs, pisciculteur aussi zélé qu'éclairé.
66 PISCICULTURE. — LES ÉGREVISSES.
Possesseur d'un ruisseau dans lequel les écrevisses abondent et
dans lequel, à ce jour, il n'y a pas trace de maladie, nous prîmes le
parti de l'aire appel à sa compétence.
M. Eggiraann-Karlen pose en fait que d'abord les taches rouges et
blanches doivent être mihcs hors de question, car, dans son ruisseau
de plusieurs kilomètres de long, il en a fait cet été pêcher des milliers,
qui, bien que tachées de rouge, ne s'en portaient pas moins bien.
L'unique cause de cette mortalité est, pour lui, dans les gelées tar-
dives du rude hiver de 1880, lequel, après un mouient de relâche en
janvier, pendant lequel les abondantes neiges de novembre avaient
commencé à fondre, avait repris en février avec une telle violence
que la terre en fut gelée à presque 4 pieds.
Surprises dans leurs retraites, les pauvres bûtes y périrent toutes,
leurs carapaces éclatées. Ce fait est si vrai, et cela semblerait être, en
effet, le haut point de la question, que, dans des ruisseaux comme le
sien, à bords à pics, non pentueux, à excavations profondes, elles ne
furent nullement touchées.
Et de l'anguille, que pensez- vous?
Pour nos ruisseaux du second étage, c'est-à-dire ceux qui ne sont
pas en communication directe avec TAar ou nos lacs, cette question
n'est pas à poser dans notre canton de Berne.
Sans nous mettre en opposition avec ce praticien si éclairé, nous
formulerions ainsi nos conclusions : L'anguille a commencé en France ce
que le terrible hiver de 1880 a achevé dans certaines parties de l'Europe.
Le succès de quelques réem.poissonnements dans l'Est doit éloigner
ridée d'une épidémie sur l'espèce, bien que ce ne serait pas la pre-
mière fois qu'en zoologie une espèce disparût, soit pour faire place à
une supérieure dans l'échelle des êtres, soit pour être à jamais anéantie.
Pourquoi la pisciculture ferait-elle exception?
Dans les volatiles, par exemple, combien d'espèces ne sont pas sur
leur fm. Demandez à cette si spirituelle autorité qui s'appelle notre
cher Toussenel, ce qu'il pense de l'outarde, du Gauga, de la canepe-
tière, du guignard, etc., sans parler du bison et de l'élan disparus, ni
du lièvre des Bouches-du-Rhone qui procure à l'heureux Marseillais
qui le rapporte, un triompiie à la Canebière, et l'honneur d'être
mis en vers latins.
Espérons que pour nous, pisciculteurs, nous n'en sommes pas
encore là avec notre écrevisse; mais veillons, car le mal est grand, et,
sans retard, agissons!
— On nous écrit de Pontarlier que M. le préfet du Doubs vient d'inter-
dire la pêche des écrevisses pour au moins un an dans ce même
Doubs, oi\ il y a 25 ans, nous les vîmes prendre à boisseaux pleins^
et d'où elles sont menacées de disparaître aussi.
Que le préfet que nous n'avons pas l'honneur de connaître nous
permette de lui répéter ce que nous disions à son collègue du dépar-
tement de la Somme à propos d'un de ces arrêts si rares dans les
annales administratives, car :
Rien ne sert de courir,
11 faut partir à point.
Honneur à vous, monsieur le préfet du Doubs ! Ce que vous venez
de l'aire là est utile et d'un grand à propos. Chabot-KahleiN,
Tliun (Suiise). Correspondant de la Société nationale d'agriculture de France.
LE FOIN NOUVEAU 67
LE FOIN NOUVEAU
Je lis clans le numéro du 26 août du Journal de l'agriculture un ar-
ticle sur le foin nouveau, de M. Larvaron, stagiaire agricole à Grand-
Jouan, oi^i l'auteur trouve que les lignes qu'il reproduit du Messager
agricole du Midi concernant les effets du foin nouveau sont bien graves.
Si, avant de tirer des conclusions a priori^ M. Larvaron avait donné
seulement pendant quatre jours du foin nouveau à un cheval, il aurait
été convaincu immédiatement que l'auteur de l'article du Messager
agricole du Midi HYait raison, en disant que le foin nouveau n'est pas
un bon aliment.
Il y a à peine 8 jours, je fus appelé par un client qui donnait depuis
5 ou 6 jours du foin nouveau à ses chevaux. La ration de 4 kilog. 1/2
par jour n'était pas bien forte-, elle suffit pour provoquer chez ses deux
chevaux une échauboulure comme on en voit peu. De gros boutons
apparurent sur diverses parties du corps, l'épiderme se souleva et laissa
à nu des taches rondes de la grandeur d'une pièce de 20 fr., rouge vif,
saignantes même, ce qui effraya beaucoup le propriétaire. Ces accidents
disparurent en deux jours à l'aide de boissons rafraîchissantes et légè-
rement laxalives. Si M. Larvaron prend de nouveau ce fait pour une
fausse observation, c'est qu'il est, ma foi, bien sceptique.
Je puis lui en citer une autre qui date de deux ans. Un propriétaire,
était venu à la fêle du pays avec un petit cheval, de ces doubles po-
neys comme on en voit tant. Le lendemain, au moment de partir, la
bête était couverte de boutons d'un bout à l'autre du corps. Je suis appelé.
L'œil est rouge, injecté, sort de l'orbite, est larmoyant, l'animal
éprouve une gêne générale. — Je demande s'il a mangé du foin nou-
veau. — Non. — Me voilà dérouté. — Il n'a mangé que de la paille. —
Mais patience? La paille était, comme on dit dans le pays, très four-
rageuse; c'était de la paille nouvelle contenant la moitié de graminées
et de labiées de toutes espèces et toutes très odorantes. Deux ou trois
bottes de cette paille avaient suffi. Une saignée légère et un léger pur-
gatif firent tout disparaître. L'animal reprit son service le lendemain et le
propriétaire festoya un jour déplus. Sans aller plus loin, on n'a, du
reste, qu'à consulter les divers auteurs qui se fcont occupés delà ques-
tion soulevée par M. Larvaron. Tous étaient d'accord que le foin nou-
veau pouvait faire naître des désordres plus ou moins graves dans
Téconomie.
C'est à la suite de ces assertions nombreuses et unanimes que
la Commission d'hygiène hippique s'occupa de la question. -Après
expériences faites sur les chevaux de l'armée, elle vint donner un dé-
menti formel à l'ancienne théorie. Le foin nouveau donné aux chevaux
d'expériences n'avait amené aucun accident. Bien au contraire, il était
préférable à tout autre. Mais ce foin avait été bottelé, secoué, aéré en
quelque sorte et avait perdu pendant cette opération une partie de ses
principes volatils, excitants. En outre, la ration est si faible (elle varie
entre 3 et 4 kilog. selon les corps) qu'il n'est point étonnant que rien
ne soit survenu. Mais, pour se placer dans les conditions ordinaires,
il aurait fallu mettre ces animaux au régime des chevaux de ferme où
le foirfi est donné à discrétion presque, et c'est alors que l'on au-
rait eu à constater des échauboulures, dans le genre de celles relatées
plus haut, et qui sont les moindres des accidents déterminés par le
68 LE FOIN NOUVEAU.
foin nouveau. C'est souvent des gastrites, des gastro-entérites, des indi-
gestions vertigineuses qu'il détermine. Tous ces accidents ne sont du
reste constatés qu'au moment de la récolte du foin et ils sont surtout
fréquents après les années de disette, alors que les fenils sont vides
depuis longtemps et que les fermiers sont obligés d'alimenter leurs
animaux avec de nouveaux foins.
Le foin nouveau contient plus de matières grasses, plus de principes
aromatiques, plus de matières sucrées, de dextrine, d'amidon, etc., que
le foin vieux, c'est du moins ce que décèle l'analyse, il est plus nour-
rissant et plus excitant. On conçoit facilement les effets d'une telle ali-
mentation à une époque de l'année oij l'homme lui-même recherche
une alimentation aqueuse, a une tendance naturelle à se nourrir
presque exclusivement de végétaux, afin de supporter plus facilement
l'excitation produite par Télévation de la température.
Comme conclusion, je crois bon de rappeler aux lecteurs ce que
nous professait, à Alfort, le vénérable M. Baillet, actuellement directeur
de l'Ecole vétérinaire de Toulouse : « En aérant le loin nouveau, en
rationnant les animaux, on peut faire usage du foin, mais si on prend
le foin en meule avant qu'il ait ressué, il y aura de graves accidents à
redouter, surtout chez le cheval. » Aug. Elouîe,
I^auréal de la Société véténn.-iire de l'Aisne
et du Conseil général en 1879.
COMICE AGRICOLE
DE l'arrondissement DE SAINT-JULIEN
Une petite place pour vous signaler la résurrection des concours du
comice agricole de l'arrondissement de Saint-Julien (Haute-Savoie).
Le concours a eu lieu, le jeudi 16 septembre, à Annemasse. Cette
réunion agricole, quoique des plus modestes a cependant fourni l'occa-
sion de constater des progrès suivis, faits dans l'élevage du bétail bovin
de la contrét^, ainsi que des améliorations réelles apportées dans la
fabrication des fromages et autres produits laitiers.
Nous avons eu, en outre, la satisfaction d'entendre applaudir les
idées libres-échangistes franchement arborées par le Président.
M. Chautemps, dans le discours de distribution des prix, nous a parlé
de la marée montante des produits étrangers qui menacent d inonder
nos marchés.
A sa manière de voir, la meilleure digue que nous ce paissions lui
« opposer, ce n'est pas l'augmentation du nombre des douanes, ni
(( l'élévation des droits prolecteurs, mais bien un surcroît d'activité,
« d'intelligence et d'initiative: c'est avant tout l'abaissement du prix
« de revient de nos denrées par tous les moyens que la science et
<' l'expérience peuvent mettre en notre pouvoir, spécialement : par
« l'extension des cultures fourragères, par l'amélioration du bétail,
« par l'emploi des meilleures machines et des engrais commerciaux;
« en un mot par la mise en pratique d'une agriculture aussi rationnelle
« et aussi intensive que possible, w
On ne saurait trop appuver des paroles aussi justes et aussi sensées.
F. D.
NOTE SUR LE CONGRÈS VITIGOLE DE LYON
Le Journal de VagricuUure a publié, dans le numéro du 2 octobre,
un article de M. G. Gaudot sur le Congrès intertmtiomd de viiicuUure
NOTE SUR LE CONGRÈS VITIGOLE DE LYON. 69
de Lyon. Ce travail me semble conçu dans un excellent esprit, très
bien fait. Les très courtes observations que je vais présenter portent
seulement sur le titre.
Le congrès de Lyon n'a pas été un congrès. « Congres^ se dit aussi
d'une assemblée de plusieurs personnes qui se réunissent pour se
communiquer les résultats de leurs études et échanger leurs idées sur
des points de science, etc. » (Académie). A Lyon, on n'a pas échangé
des idées, on a fait des conférences sur des points de science viticole
relatifs au phylloxéra.
Que les hommes animés du désir de se rendre utiles, s'entendent
pour faire des conférences, rien de plus louable; mais il serait bien de
dire clairement ce dont il s'agit, afin d'éviter toute surprise, soit avant
soit après.
Ainsi, un mouvement d'humeur semble permis, lorsqu'on a fait
deux cents lieues avec beaucoup de fatigue et de dépense pour prendre
part à un congrès et en tirer quelque profit, et qu'on se voit réduit à
entendre, sans discussion, une série de conférences sommaires,
déjà entendues pour la plupart dans les congrès précédents ou qu'on
a pu lire dans les écrits de leurs auteurs. S'il est, en effet, intéressant
et instructif de voir les opinions contraires aux prises dans une lutte
courtoise et bienveillante, le temps consacré à un simple défilé d'opi-
nions particulières, mitigées par des concessions mutuelles (les mots
soulignés sont de M. Gaudot), peut paraître du temps perdu.
La confusion entre les mots congrès et conférence a un inconvénient
d'un autre ordre : une conférence n'engage que celui qui la fait; dans
un congrès chacun est moralement responsable de l'usage qu'il fait de
la liberté qu'il a de parler ou de se taire, le mot congrès exprimant
implicitement que cette liberté existe; or, à Lyon, elle n'existait pas.
Lorsque, après de simples conférences, des formules de vœux sont
présentées aux auditeurs et acceptées par eux, de tels vœux ne sauraient
avoir l'autorité que donne à une opinion collective la discussion
approfondie où elle s'est formée. Une surprise n'est pas facile dans un
congrès; elle est par trop aisée après une suite de conférences.
Croit-on, par exemple, que le dernier vœu accepté par l'assemblée
de Lyon aurait tenu devant une critique, même sommaire?
Je ne veux pas ici discuter le fond, mais poser de simples réserves
pour l'avenir. Prosper de Lafitte.
BIBLIOGRAPHIE AGRICOLE
Élevage et maladies du mouton, par M. Alfred Leroy. Un vol. ia-l8 de 216 pages, chez Auguste
Goin, éditeur, rue des Écoles, 62, à Paris. — Prix : 2 fr.
Voici un livre de polémique passionnée autant que de didactique habi-
lement exposée qui se recommande par des vues judicieuses et une
grande expérience pratique, malgré la forme belliqueuse dont il est
revêtu. Son auteur M. Alfred Leroy, ancien élève de l'illustre Malingié, est
un éleveur distingué. Après avoir fait le commerce et l'engraissement
des moutons de diverses races, sur une vaste échelle, dans la région
du nord-est, il a observé que le mérinos ne lui donnait que des résultats
médiocres etmêmele laissait en perte. Alors il a fait campagne contre
la pauvre bête à laine de Daubenton dont la naturalisation en France
nous a valu pourtant pas mal de millions. Comme il arrive souvent
chez nous, "on entreprend tout d'une façon trop absolue. Il est certain
70 BIBLIOGRAPHIE AGRICOLE.
que les conditions économiques de l'élevage et del'entreliea de l'espèce
ovine ont changé depuis un demi-siècle. Il y a quatre-vingts ans, la
laine se vendait très cher et la viande hon marché. Quarante années
plus lard les proportions ont commencé à se renverser; la consomma-
tion de la viande a pris un accroissemeat qui n'a pas cessé de se déve-
lopper. Il fallait donc chercher ce que les Anglais, nos maîtres en
beaucoup de choses agricoles, ont réussi avec tant d'art, c'est-à-dire
faire des races spécialement pour les pays, et ne point importera l'aveu-
glette des troupeaux du nord au midi et réciproquement, comme cela
s'est passé en France la plupart du temps, sans qu'on se préoccupât
des plus rudimenlaires règles de la physiologie. Il est certain qu'il
serait plus commode d'avoir une race unique, produisant abondam-
ment partout, à tous les points cardinaux, de la laine et de la viande.
Mais c'est là un phénix zootechnique qu'on ne trouvera pas, les lois
naturelles s'y opposant. Au reste, c'est bien Ci3 que tous nos maîtres ont
compris depuis Malint<ié, Elisée Lefèvre, Godin aîné, Graux de Mau-
champ, de 13ouillé, Nouelte-Delorme. Les uns ont fait exprès des races
pour leur région; les autres ont introduit des races exotiques, mais
tous ont appliqué avec autant d'art que de persévérance les trois
moyens les plus féconds : le croisement, la sélection, une abondante
nourriture. Et que l'animal fût croisé ou importé, après l'avoir bien
approprié aux exigences climatériques, ils ont continué à faire de la
sélection intelligente, c'est-à-dire qu'ils ont compris qu'il ne fallait
pas tomber dans la consanguinité et qu'ils ont su sans cesse aller
retremper leur troupeau à des sources nouvelles. Il est certain que le
croisement transforme une race, tandis que la sélection la modifie
seulement. C'est par le premier moyen que Malingié, qui était un
agriculteur très habile et surtout un zooteclmicien pratiijuant éminent,
a fabriqué la race de la Charmoise qui ne périra pas, car elle est fixée,
et si, par le fait des événements, elle venait à disparaître, il serait
facile de la reconstituer, parce que la recette a élé transmise par le
créateur. Malingié a eu un trait de génie et a laissé un exemple qu'on
n'imite pas assez.
La race de la Charmoise est composée de 50 pour 100 de New-
Kent et de 50 pour 100 de Berrichon, Solognot, Tourangeau, Mérinos.
Par son ossature fine, sa petite tête, son aptitude à prendre de la
chair musculaire et peu de suif, sa laine abondante, l'animal créé par
Malingié est un type parfait, et c'est un véritable titre de gloire pour
son auteur. Nous comprenons et nous partageons l'admiration de M.Al-
fred Leroy pour son maître ; mais nous trouvons qu'il va trop loin quand
il accuse M. Sanson de vouloir faire du mérinos primiiif le mouton
universel, le seul pouvant donner de la viande et de la laine fine pour
suffire aux besoins de la boucherie et des manufactures. Non, M. San-
son est un savant trop éclairé pour soutenir des thèses abso-
lues ; il est trop initié aux lois naturelles, aux exigences variables des
contrées, aux nécessités des climats, pour recommander à ses nom-
breux disciples d'élever parbmt, à l'exclusion d'autres, la race mé-
rinos. Oui, M. Sanson a entrepris la réhabilitation de cet animal
qu'on cherche à déprécier aujourd'hui, car il lui est arrivé ce qui sur-
vient aux meilleures choses chez nous; on a exagéré l'application du
mérinos. Il a d'abord réussi à peu près partout, mais artiliciellement;
avec les années les déboires sont venus, et quand l'étranger a diminué
BIBLIOGRAPHIE AGRICOLE. 71
la demande des béliers qui se sont vendus à des prix exorbitants
pendant un certain temps, l'éleveur s'est aperçu que son troupeau
fait exprès pour la production du mâle, le laissait en perte, et il s'est
dit que le jour où l'Allemagne et l'Australie se sufliraient, la ruine
arriverait rapidement. De plus, voyant son troupeau dégénérer, ne pas
s'acclimater malgré l'achaL de bêtes dites de régénération coûteuse-
ment acquises dans des établissements de l'Etat, dirigés sur les mêmes
errements que les bergeries particulières, il s'est pris d'un grand
découragement. De là les plaintes, les désespoirs ; de là Tanatlième
lancé contre M. Sanson ; de là le livre de M. Alfred Leroy. Au lieu de
tout cela, il aurait fallu se persuader qu'il est absolument indispen-
sable d'approprier ou de créer pour son pays des animaux qui peuvent
y vivre sans dégénérer, se développer sans s'épuiser dans un dange-
reux in and in, comme on fait pour les plantes. La nature est le meil-
leur guide. H faut toujours l'observer, et qui va contre ses lois ne
commet que des sottises et n'aboutit qu'à d'amères déceptions. Il est
évident que le mérinos antique n'est point une bête de boucherie par-
faite; son ossature est trop forte, sa tête est énorme, elle pèse avec les
cornes de 7 à 8 kilogrammes et se vend un franc! Avec ce qu'il a
fallu d'azote et de phosphate pour la former, on aurait produit un
bon petit mouton berrichon valant au moins 15 francs. C'est ce qu'a
fait remarquer, avec beaucoup de justesse, M. Alfred Leroy; mais il
oublie qu'on est parvenu à diminuer un peu cette tête gigantesque, et
il omet volontiers les beaux spécimens des mérinos précoces dont les
qualités sont si remarquables.
Enfin, des déceptions supportées, aux plaintes formulées trop vive-
ment, pour proposer de supprimer le mérinos il n'y a qu'un pas, et
c'est ce que ses adversaires demandent. Ils sont dans l'exagération,
c'est-à-dire dans l'erreur, comme sont ceux qui prônent à l'excès
cette illustre race. Elle rend de grands services dans les régions oii
elle s'est acclimatée, quelle a enrichies et dont elle fait encore la
fortune à l'heure actuelle. Demandez aux Sapiot, aux Achille Maître, du
Ghâlillonnais, s'ils pensent à anéantir la race mérinos qu'ils ont su
si bien adapter à leur contrée, grâce à leur sûreté de coup d'œil, aux
lois spéciales du croisement et de la sélection si habilement établies
chez eux par les longs travaux d'Elisée Lefevre, l'éminent directeur de
la bergerie de Gevrulles, et de Godin aîné, le véritable créateur des ma-
gnifiques troupeaux de la Côte-d'Or, — tous deux morts aujourd'hui,
mais ayant laissé un nom qui ne périra pas dans le cœur de leurs
compatriotes et dans l'enseignement des maîtres futurs, et qu'il faut
placer à côté de celui deMalingié.
Demandez aussi aux Hutin, aux Gilbert, et autres grands éleveurs
du Soissonnais et de la Beauce, s'ils n'ont pas su faire un mérinos
sélectif donnante! de la laine et de la viande.
Le traité de iM. Alfred Leroy se divise en trois parties. La première
est consacréeà des considérations générales sur la sélection, le croise-
ment, la nourriture, la bergerie. Dans la seconde, il s'occupe de l'éle-
vage du mouton et il donne sur l'accouplement, la gestation, l'agne-
lage, la castration, les méthodes les mieux expérimentées, véritable
fruit d'un praticien consommé. La troisième partie est un véritable
traité d'art vétérinaire appliqué aux maladies diverses. Elles y sont
toutes passées en revue, depuis la cache\ie aqueuse, le sang de rate,
72 BIBLIOGRAPHIE AGRICOLE.
le tournis, jusqu'aux affections de l'appareil digestif, dont le mouton
est atteint comme le plus humble des Parisiens. M. Alfred Leroy a
décrit de main de maître les caractères de chaque maladie et indiqué
avec clarté le traitement à suivre. 11 n'a pas oublié de rappeler les
règles de l'hygiène si méconnue dans nos campagnes. C'est avec de la
propreté, de l'air, une bonne alimentation, qu'on fait des animaux,
sains, présentables, coûtant moins et rendant mieux. On ne devrait
jamais oublier les moyens préventifs, et suivant les indications four-
nies par les maîtres de la science, de ceux auxquels il faut toujours
remonter, il recommande l'emploi du phénol de thym, un des anti-
septiques les mieux appropriés aux usages ruraux, car il est huit fois
plus puissant que le phénol de goudron et il n'a point l'odeur désa-
gréable de ce dernier. Il ne répugne pas aux animaux, et si les
agriculteurs prenaient l'habitude d'en ajouter àl'eau employée dans la
boisson ou dans les soins de nettoyage, ils éviteraient un grand nom-
bre de maladies qui n'ont point d'autres origines que les innombrables
ferments qui encombrent la nature. Nous avons entendu soutenir par
des éleveurs, même très instruits, que l'eau pure suffisait pour lessi-
ver les étables ou asperger les plaies. C'est une grave erreur. L'eau
avec l'air constitue le véhicule constant des organites inférieurs dont
beaucoup sont si ténus qu'ils se dérobent encore aux microscopes
actuels les plus puissants et leur amas forme les virus contagieux.
L'eau qui paraît la plus claire en contient toujours. Avant d'en faire
usage, il faut donc les anéantir ou les rendre inofïensifs. La prudence
la moins exagérée exige une semblable précaution et recommande
qu'on ne se serve pas d'un litre d'eau, n'importe comment, sans y avoir
ajouté dix grammes de phénol de thym. Nous nous étendons sur ce
sujet parce qu'il est d'une réelle importance.
Nous avons entendu Claude Bernard qui se consacrait dans les der-
niers mois de sa noble carrière, si inopinément abrégée, à des recher-
ches sur les ferments, nous dire : « La vie est une fermentation —
même une putréfaction, et c'est dans l'étude des ferments qu'il faut
aller chercher son secret. Ce sont eux qui causent tout le bien et tout
le mal et l'homme ne sera le maître de sa santé, c'est-à-dire de son
existence, que du jour oii il aura pénétré dans le mystère de leur
production.» M. Alfred Leroy n'a pas omis de mettre son traité au
niveau des découvertes contemporaines et il va sans dire qu'il a décrit
les beaux travaux de M. Pasteur dont l'avenir saura tirer uu mer-
veilleux profit. En résumé, malgré la campagne menée grand train
contre le mérinos, le livre de M. Alfred Leroy est un excellent guide
pour l'éleveur de moutons. Georges ïoian.
SUR LES CÉPAGES RESISTANT AU PHYLLOXERA
Monsieur le rédacteur, je lis non sans surprise, au sujet du congrès
de Lyon, que l'on me fait dire que j'ai eu une discussion avec
l'éminent M. Planchon, au sujet de la résistance au phylloxéra du
cépage le Clinton, tandis que j'ai protesté contre les affirmations de
M. Meissner, pépiniériste américain, qui soutenait que tous les
cépages résistaient en Amérique aux piqûres du phylloxéra !
J'ai dû rappeler que le célèbre viticulteur avait en 1875 été admo-
nesté dans les journaux du Midi par M. Lischtenstein, qui s'était
SUR LES CÉPAGES RÉSISTANT AU PHYLLOXERA. 73
plaint d'avoir été induit en erreur au sujet des millions de Concords,
qui avaient été recommandés et importés en France, et dont la courte
existence avait fait reculer de dix ans la question des vignes résis-
tantes, .l'ai même reçu plusieurs lettres de félicitations, depuis le
congrès, au sujet de ma sincérité, sans laquelle plusieurs viticulteurs
allaient planter des Clinton et des Concords.
Enfin dans les quelques minutes qui m'ont été accordées, j'ai pu
protester contre cette mode, qui s'infiltre jusque dans les vignes et
qui fait que l'on s'engoue tous les ans d'un cépage exotique, qui
n'a que la durée des roses, ainsi qu'on le verra pour certains Riparia
avant peu.
Bref, j'ai dit : que les cépages américains que Ton nous signalait
naguère comme des piliers de résistance, mouraient depuis G et 8 ans
en Amérique au fur et à mesure que le vastatrix envahit, comme en
Europe, certaines contrées. Il y avait même dans l'assemblée, un
viticulteur de l'Illinois qui, depuis G ans, a dû renoncer à la culture
des cépages américains, en Amérique. J'ai en ma possession assez de
documents pour prouver que, seuls, les Herbemont et les Scuppernong
résistent aux Etats-Unis aux piqûres du vastatrix, les Américains ne
cultivant pas, ou ne possédant plus les Solonis, les York, les Gaston
Bazile, le Vialla et même le véritable Jacquez.
Si ces faits, sur lesquels je demande une enquête, se vérifient, vous
comprendrez, monsieur le Directeur, que la discussion dépassera de
beaucoup, entre moi et l'honorable M. Planchon, les limites du Clin-
ton ; c'est peut-être ce que l'on a redouté en me prêtant le rôle de figu-
rant, que j'aurais tenu au congrès; mais ce rôle est emprunté au
code du bon plaisir. Je vous l'affirme.
Veuillez agréer, etc. L. Laliman.
LA FIÈVRE APHTEUSE DU BÉTAIL OU COCOTTE^
M. Blanchi, vétérinaire à Bourg, a publié dans le Courrier de l'Ain
un article d'actualité sur cette maladie qui commence à envahir
quelques étables dans notre région. Nous en extrayons des renseigne-
ments utiles sur les précautions à prendre pour l'éviter et sur le traite
ment à faire suivre aux animaux atteints.
Tout d'abord il faut bien se persuader que cette maladie, appelée
vulgairement Cocotte, esl essentiellement contagieuse et se transmet
avec la plus grande facilité, soit par le contact immédiat entre les
animaux, soit par la fréquentation des mêmes pâturages, des chemins
ou des abreuvoirs, soit par l'intermédiaire des objets et des personnes
qui passent d'une étable contaminée dans une autre encore indemne.
Prenez donc garde à la Cocotte^ dit M. Blanchi, ne la laissez pas
entrer chez vous, car c'est une affreuse mégère qui fera avorter et tarir
vos vaches, périr les veaux et les porcs, et maigrir toutes vos grosses
bêtes au point que, si vous avez actuellement un poids vif de 1 0,000 ki-
log. de viande, vous n'en aurez plus dans un mois que 7,000, soit
3,000 kilog. de perdus sans compter la dépréciation de ce qui reste et
la perte du travail des bœufs de labour !
Dans la marche de la maladie il faut distinguer deux états à com-
battre : un état général qui est la fièvre, et un état local qui siège à
la bouche et aux pieds.
1. Extrait du Bulletin du. Comice agricole de Trévoux.
74 LA FIÈVRE APHTEUSE DU BETAIL OU COCOTTE.
La fièvre exige radministration des sels alcalins à petite dose, des
boissons et lavements tempérants, d'une nourriture rafraîchissante et
de soins de propreté et d'aération, à l'exclusion absolue de la saignée
et des sétons, fort nuisibles dans ce cas.
On déterge la bouche deux fois par jour en faisant des injections ou
des gargarismes, à Taiiie d'un léchet, avec une solution composée de :
Acide phénique, 5 grammes; Vinaigre, 1 litre; Miel, quantité suf-
fisante. Quant aux pieds, il faut :
1''Les maintenir très propres et, pour cela, faire coucher les ani-
maux sur une litière fraîche sans laisser le fumier s'amonceler; les
laver en faisant passer et séjourner le bétail dans un cours d'eau,
ou, à défaut de cours d'eau, dans l'herbe couverte de rosée; T les
lotionner avec la solution suivante :
Sulfate de cuivre . ., 500 grammes.
— de zinc 300 —
Alun 300 —
V naigre fort 2 litres.
Eau 5 —
S'il existe des plaies, les cautériser avec la liqueur de Knops et
même y appliquer des pansements imprégnés de cette liqueur.
LES PRAIRIES ARTIFICIELLES EN PICARDIE
En 1 785, l'Académie d'Amiens mettait au concours la question de
la culture des prairies artificielles dans la généralité d'Amiens. Le
concours était clos en 1787, et le prix était décerné à Gilbert, profes-
seur à l'école vétérinaire d'Alfort, dont le nom est resté célèbre dans
l'histoire de l'agriculture et de la science vétérinaire.
Le manuscrit couronné n'avait jamais été publié; il a été retrouvé
récemment par M. Gh. Dufour, ancien conseiller général de la Somme,
qui a jugé qu'il était utile, au point de vue de l'histoire de l'agricul-
ture en Picardie, de le mettre au jour. Gette publication a été faite par
l'imprimerie Douillet, à Amiens; elle est précédée d'une notice, due
à M. Dufour, sur les travaux de Gilbert et sur Thistoire de ce manus-
crit. Ce dernier, écrit ayant le Traité des prairies artificielles que Gilbert
publia en 1 790, ne peut pas ajouter beaucoup à sa gloire agronomique,
mais il était d'un véritable intérêt de produire à la lumière un Mé-
moire écrit spécialement en vue d'une des principales provinces de
l'ancienne France. M. Ch. Dufour a d'ailleurs eu l'heureuse pensée
d'ajouter à cette publication un index des diverses publications agri-
coles intéressant la Picardie, qui ont paru dans la deuxième moitié du
dix-huitième siècle. Henry Sagnier.
REVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT DES DENRÉES AGRICOLES
(9 OCTOBRE 1880).
I. — Situation générale.
Les travaux des semailles et de préparatioa des terres, en même temps que
ceux d'arrachage des betteraves et des pommes de terre, se poursuivent presque
partout. Dans quelques départements, des pluies assez abondantes les entravent
dans de^ proportions plus ou moins grandes. Les marchés agricoles sont peu
fréquentés, et les affaires sont calmes pour le plus grand nombre des denrées,
principalement en ce qui concerne les céréales.
II. — Les grains et les farines.
Les tableaux suivants résumant les cours des céréales, par quintal métrique, sur
les principaux marchés de la France et de l'étranger.
REVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT (9 OCTOBRE 1880).
I'* HBOION.— NORD-OUEST.
Blé. Seigle. Orge. AToioe.
fr. fr. fr. fr.
Calvados. Cnndé 71.7b 21.50 19.50 21.0)
— Lis eux. 27 75 20 50 » 23. uo
Côtes -du- Nord Pontrieiix 26.50 » i5 50 lo.7S
— Tie^.iier 2m.oo » 1500 16 25
Finistère Morlaix 26.75 21.00 17 oo 16. Ih
- Qiiiailier 28.25 2i.oO 16 00 16 00
Ille et-Vilaine . Kenties. 25.75 » » »
— Sl-Malo 26.50 » 19.00 20.00
Manche. wrHDches .... 28.00 20.25 19.50 21. ou
— Porilorson 27.00 » 18. dO 21.00
— ViUedi^ii 28.75 20.00 19.75 23 oO
Mayenne. Lava'... 2o.oo » IT oo »
— Chàleau-Gonlier.. 26. 5i i is.OO 19.00
Morbihan. Heimelmiil.. 26 00 19.00 • 17.00
Orne. Seez 26 25 20.00 19.50 17. i5
— Vimouiiers 27.80 » 19.50 20. t5
Sarthe. I.e Mans 26.25 18.50 17.25 21.75
— ■ Sablé 26 oO » 17 00 •
Prix moyens 27.01 20.30 17.83 19. 3J
3* RBOION. — NORD.
Aisne Soissons 26.30 20.50
— Si-Quentin 27. oo
— Villtrs Cotterets. . 7600
Eure. Evreux 26 00
— P.icy 10.50 20.2» 20 30
— Beiriay 26 50 ltt.75 2o.uo
Eure-et-Loir . Chartres. 27.25 2(i.50 18.50
— AiiUeaii 28 00
— Nogeiii-le Rotrou- 2". 25
A^ord, Cambrai 27.00
— Douai 27 2b
— Valenciennes .... 26.00
Oise. Beanvais ....... . 7b. 2b
— Corapiegne 26. co
— Novon 26.25
Pas de-Calais. Arras .. . 29. oO
— Sani-oiiier 27.00
Seine P ris . 27.75
S.-et-Marne Meaiis 2» 50
— Daiiiin.irun 26.75
— Provins 27 50
S.-et-Oise Dourdan .... 28.00
— PoMioise 27 25
— Rambouillet 26.00
Seine-Inférieure Koiien 2.S.45
— Dijppe 27.25
— Yvelot 26 00
Somme. Abheville 27.00
— Péronoe 26. oo
— Roye 2500
Prix moyeas 26.66 19.68
Z' RBdloN. — NORD- EST
IS.OO
19 75
20.00
20. 2i
la. 75
2(1.50
19 65
18.00
19.50
18.50
21.50
18 00
20.25
20.25
lir.50
19.75
21 25
19.50
19.50
21.75
21.00
21.00
18.25
20.65
19.75
20.00
18.00
18 75
19.00
18.60
19.50
19.75
19.50
19.75
18.53
18.75
18.50
19.^0
19.50
19. JO
17.50
17.00
20 UO
19.50
18.25
15.20
20 00
18.5»
18 00
20 00
19 LO
19.00
(9 25
17 25
15 50
17 00
17.25
17. KO
18.00
17 50
17 00
17.25
19.25
18 75
18. 0
19 00
19 50
20 uo
17.75
2J.50
2U.00
16.75
19.00
17 50
17.00
19.20 20.34
5* RÉOION. — CENTRB.
Ardennes Charleville. . 25 50
Aube. Bar-snr Aube ... 26.50
«- Méry-siir-SHine... -^7.70
— Nogent-surSelne. 28.25
Morne. Cbàiorib 26 75
— Epernay 25 50
— Reins 26. 00
— Séîanne 26 25
Hte-Marne Bourbonne . 26.00
Meurihe-vt-Mo>!etle >iHncy 27.50
— Poni-à-iMoa?son.. 27.25
— Toul 27.50
Meuse. Bar-le-Duc 26 50
— Verdun 26.00
Haute-Saône Gray 27 . 00
— Vh>.,ui 26.70
y^osges. Neufchàteau... 26 50
— Rdon-léiape 26.70
Prix moyens 26.67
4* RÉaiON. — Ol
Charente. Angoulème.. 27.50
17.00
17.50
17. VI
19. 2S
19.(10
18.50
19 lO
17 00
15 25
16.50
16.00
17 00
» 18.00 17.2b'
20.00 18.50 le.i'O
t » 16 00
» 14.80 15.70
19.60 » 15.20
» . 15.50
19.87 18.78 16.98
18.25
18.50
21 25
21.00
21.75
18 50
20.25
19.25
21.00
20.00
19 00
19.00
17.75
18.50
19.50
20.75
19.50
20 00
18.50
20.00
20.00
18.25
— R.iffpn
Charente Infér Varans.
Deux Sèvres . Niort....
ndre-ei.i.oire. Tonrs..
29 00
25 75
28 00
28.00
— Blere. 26.00
— Châiean-Renault. 27.00
Loir><j-M/. Sautes 26.50
M.-«<-'oir«. saumur . . 26 40
Vendée. Lnçou 26 oo
— Font-nay 2S.80
Fienne Poitiers 29 25
— Monimurillon. . .. 27 00 »
Haute-Vienne. Limoges 27.00 19.50
Prix moyens ., 27.01 19.07
18.00
19.50
18.50
18.00
17.00
20.25
19.75
19.75
20.50
19.00
18.25
18.50
19.25
20 00
20.74
20.00
19.75
18.50
20.00
18.0"
11 uil
17 75
18.00
17.01)
20.70
s
18. 00
17.25
18 00
17 00
18.00
Blé. Seigle.
fr. fr.
Allier. Moulins 27 80 18.50
— Montliii^oa 26.75 2o 00
— Gannat 28.50 »
C/ier. Bourse 4 27 00 18 00
— Graçay 28.25 •/'.25
— Vierzôn 27-75 18.50
Creuse. Anbnsson 27.20 18.75
Indre. Châteauroux.. . . 25.00 19 00
— Issoiidtin 27 50 18.40
— Valençay 26.00 20.00
Loiret. Orléans 27.50 20 2b
— Oien 26.75 16.50
— Pitîviers 27.50 22.25
Loir-et-Cher. Hlois 27. 25 18 50
— Montoire 26 00 17.75
Nièvre. Nevers 26.50 »
— Cosne 26.50 18.25
Vanne. Brienon 27 50 20 25
— Joigny. 27.00 18.4s
— Sens 28 00 19 75
Prix moyens 27.il 19, 07
6" RÉGION. — EST.
Orge.
fr.
20.00
20.25
20.00
18 50
20.00
18.00
20 25
19.50
18.75
19 00
19.00
19.50
20.00
18 00
18 75
18.75
20.00
Ain. Bourg 2'3.oo
— Pont-de-Vaui. .. 28 00
Côte d'Or Dijon 27 5o
— Beaune 27.75
Doubs Besançon 27 25
Isère. Grand-Lemps 28 00
— Bonrgoin. 28 00
Jura. Dole 27 00
Loire. Charlieu 29 00
P -rfe Oômiî Clermonl F.' 32 00
Rhône. Lyon 29.00
S'iône-et-Lnire. Chalon. 28 25
— Maçon 28.50
Savoie. Chambery 28 50
//te-Sauote. Annecy 28.75
,. 28.43
19.50
18.73
20.00
18.01
17.25
19.50
1» 25
18. bO
19. 50
19.25
19.50
17.50
16 50
19.00
17.00
18.50
21.50
75
AToine.
fr.
18 00
18.75
17.50
16 50
17.00
17.55
20.00
16.75
17.25
16.50
19.75
17.25
18 80
18.00
16 80
17.00
16.50
18.00
17.00
17.50
17.00
16.50
16.75
16.50
17.20
17.00
16 3S
17.00
18.75
■
17. 00
17 00
16.50
Prix moyens..
7
18.90 1
Sro-OITGST.
Ari/'-g*. Pamiers 28
Dordogne Bergerac... 29
Hle-Garonne. Touiouse. 28
— vyiefranche-Laur. 28
Gers. Condom 28
— Eauze 27
— Mirande 26.
Gironde. Bordeaux.... 27.
— Laréole 28
Landes. Dax 28
Lot-et-Gnronne. Agen.. 28.
— Marmaude 27.
B.-Pj/r«néB«. Bayonne. . 27
Htes-Pyrénees. Tarbes. 27
Prix moyens 27
8' RÉaiON.
Aude. Castelmadary.. 29.
.Aveyron. villefranche. 27.
Cantal. .Mauriac 28.
Cnrreze, Loberzac 28
Hérault. C-itte 28
Lot. Pigeac 28
Lozère, \lende 28
— Marvejols 27.
— Florac 31.
Pyrénées-Or. Perpignan 26
Tarn. Albi 27.
Tarn-et-Gar. Montauban 28
00 18.00
00 19. 2ï
00 19.75
25 19.50
00 •
80 »
50 -a
25 20 50
00 18.50
9.75
9.5»
9.00
25 19.25
50 19.00
80 19.28
00 20.50
25
50
Prix moyens.
Basses-Alpes. Manosque
Hautes- Alpes. Bnançon
Alpes-Maritimes Cannes
Ardeche. Privas
B.du-Rhône. Aix
Drô-)ne. Valence
Gard. Nimes
Haule-Lotre.. Le Puy....
Kar. Draguignan
Vaucluxe. Carpe ntras...
Prix moyens
Moy. de toute la France
— de 1 isemaine precéd.
précédente.
50 19 50
35 24 30
75 19.25
25 »
50 20.00
55 2?. 55
10 23.65
20 22.90
30 2(1.00
50 19.25
00 20.00
28.25 21.08
— SPD-K8T,
29.00 »
29.50
29.25
29.60
30.25
29. 2i
28.50
30.25
29.50
30.00
29.54
27.60
27.03
19.00
19 25
20 05
20 75
2(1.25
20.00
19.88
19 90
19 77
17.00
18.00
18. 2-.
17T75
19.50
20.00
19.50
20.25
20.30
22.15
23.00
19.25
18 50
20.27
19.75
18.75
18.25
20.50
18.00
18.50
21. 00
19.00
19 21
18 98
19.09
20.00
20,50
30.35
19.25
20.25
30 00
19 25
19.75
20.00
19.50
19.75
19.50
19.83
19.50
17.00
23.25
20.75
18.40
20.75
23.35
21.40
24.45
20.00
20.00
20.80
25.15
20.25
20 00
20.80
20.00
17.50
20.50
17.75
20.25
20.00
20.22
18.94
18.80
76 REVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT
Blé. Seigle. Orge. Avoine,
fr. il. fr. ir.
Algérie. Alger 2G.00 » lo.50 16 00
Angleterre. Londres 27.40 » 20.00 20.50
Belgique. Anvers 24. 25 21 75 21.75 18.00
— Bruxelles 26.00 22. .50 » 18.65
— Liège 25 50 21.75 22.00 17.25
— Namur 24.00 20 50 20.00 17.00
Pays-Bas. Amsterdam 24.50 24.00
Luxembourg. Luxembourg 28 50 24 00 23.00 18 00
Alsace- Lorraine. Strasbourg 28.50 24.50 22.50 17 50
— Colmar 28 00 22.75 21 .lO 18.25
— Mulhouse 28.25 23.00 22.25 20.00
Atlemagne. Berlin... 26 35 25.00 » «
— Cologne 26 85 26 25
— Hambourg 24.75 23 50 •
Sutsse. Genève 29 00 » • 17.50
— Lausanne 28.75 • » 17.25
Italie. Milan 28 00 21. .50 » 19 00
Autriche. Vienne 24.00 2175 18.00 15 25
Hongrie. Budapesth... 23 00 20.50 14.25 12 50
Russie. Saint-Pétersbourg... 24.50 22.00 » 13.00
Espagne. Valladolid 26.00 » . 14 50
Etals-Unis. New-Vork 21. 20 » » ■
Blés. — Dans notre dernière revue, nous avons dit que la baisse qui s'était
manifestée pendant quelques semaines sur la plupart des marchés en France,
était enrayée, et que les cours accusaient une grande fermeté. Cette situation s'est
maintenue cette semaine, ainsi que le constatent les cours que nous enregistrons
pour la plupart des marchés. Ce n'est pas seulement en France que les choses se
passent ainsi; dans le plus grand nombre des autres pays, il eu est de même,
jusqu'en Amérique dont les marchés accusent une grande fermeté. Ajoutons que
les nouvelles de la pénurie de la récolte dans une partie de l'Allemagne et dans
beaucoup de provinces russes se confirment de plus en plus. — A la halle de
Paris, le mercredi 6 octobre, les offres u'étaient pas plus abondantes que la
semaine précédente ; les affaires ont été restreintes, et les prix bien tenus. On
cotait de 27 à 28 fr. 50 par 100 kilog. suivant les qualités. Le prix moyen s'est
fixé à 27 fr. 75, comme mercredi dernier. — Sur le marché des blés à livrer, on
payait par 100 kilog. : courant du mois, 27 fr. 75; novembre, 27 fr. 25;
novembre et décembre, 27 à 27 fr. 25; quatre mois de novembre, 26 fr.; quatre
mois de novembre, 27 fr. — Au Havre, les affaires sont assez calmes pour les
blés d'Amérique, mais les cours sont bien tenus aux taux de la semaine dernière.
— A Marseille, les arrivages de la semaine ont été considérables; ils ont dépassé
300,000 hectolitres. Le stock reste, dans les docks, sans changements, à 94,500
quintaux. Au dernier marché, on payait par 100 kilog. : Berdianska, 31 fr. 25;
Pologne, 26 fr. 50 à 27 fr. 50; Irka, 26 fr. 50 à -^8 fr.; Richelles, blanches,
29 fr. 25; Azoff, durs, 26 fr. 50 à 27 fr.; Tuzelles d'Oran, 29 à 3û fr. 50. — A
Londres, le marché accuse aussi une grande fermeté; pendant la semaine, les
arrivages de blés étrangers ont été de 1 16,000 quintaux ; au dernier jour, on cotait
de 26 fr. 65 à 29 fr. par 100 kilog. suivant les provenances et les qualités.
Farines. — Les cours des farines ont peu varié depuis huit jours, avec des
affaires assez calmes. En ce qui concerne les farines de consommation, elles
étaient payées à la halle de Paris, le mercredi 6 octobre : marque D, 60 fr.;
marques de choix, 62 à 63 fr. ; bonnes marques, 60 à 61 fr.; sortes ordinaires,
58à59fr.; le tout par sac de 159 kilog., toile à rendre, ou 157 kilog. net, ce qui
correspond aux prix extrêmes de 36 l'r. 95 à 40 fr. 10 par 100 kilog., ou
en moyenne 38 fr. 55, comme mercredi dernier. — Pour les farines de spécu-
lation, les cours accusent une grande fermeté. On cotait à Paris, le mercredi
6 octobre, au soir, à Paris : farines huil-marques, courant du mois, 58 fr. 25 à
58 fr. 5U; novembre, 57 fr. 25 à 57 fr. 50; novembre et décembre, 57 fr. 25;
quatre mois de novembre, 57 fr.; quatre premiers mois, 56 fr. 75 à 57 fr.; le tout
par sac de 159 kilog. net : farines supérieures, couLrânt du mois, 37 fr. à 37 fr. 25
novembre, 3.i fr. 50 à 36 fr. 75; novembre et décembre, 36 fr. 25 à 36 fr. 50
quatre mois de novembre, 36 fr. 25; quatre premiers mois, 36 fr. 25 à 36 fr. 50
le tout par sac de 100 kilog. — La cote officielle, en disponible, a été établie comme
il suit, pour chacun des jours de la semaine :
Dates (octobre). 30 1" 2 4 5 6
Farines huit-mariTues (157 kilog). .57.60 57.75 57.50 57.85 58.25 58.50
— supérieures (100 kilog). 37.50 37.25 36 75 36.75 37.00 37.15
DES DENRÉES AGRICOLES (9 OCTOBRE 1880). 7 7
Le prix moyen a été de 58 fr. par 157 kilo;^. pour les farines huit-marques, et
de 37 fr. par quintal métrique pour les farines supérieures. Il y a peu d'af-
faires sur les farines deuxièines; elles sont cotées de 28 à 33 fr. comme mercredi
dernier.
Seigles. — C'est encore de la hausse que nous devons enregistrer sur les sei-
gles qui sont payés à la halle de Pans, de 21 à 21 fr. 50 par 100 kilog. —
Quant aux farines, les cours demeurent fixés de 29 à 31 fr. par ([uintal métrique.
Orge:;. — Il y a toujours des transactions assez actives sur les orges ; les prix
sont ceux de la semaine dernière. On cote de 18 fr. 50 à 20 fr. 50 par 100 ki-
log. suivant les sortes à la halle de Paris. Les escourgeons valent de 19 fr. 50
à 20 fr. — A Londres, les transactions sont assez actives; les cours se fixent de
19' fr. 80 à 21 fr. 55 par quintal métrique, suivant les sortes.
Avoines — Mêmes cours que la semaine précédente à la halle de Paris, mais
avec une grande fermeté dans les prix, caries demcndes sont actives. On cote de
18 fr. 2.^ à 20 fr. 25 par quintal métrique, suivant poids, couleur et ({uaiité. —
A Londres, les arrivages en avoines étrangères sont assez abondante; les cours
accusent beaucoup de fermeté; on cote de 18 à 21 fr. 85 par 100 kilog. suivant
les sortes.
Sarrasin. — Les cours varient peu. On paye à la halle de Paris, de 18 fr. 50
à 20 fr. par 100 kilog., suivant lessortes pour les sarrasins nouveaux.
Maïs. — Peu d'affaires sur les maïs d'Amérique qui sont cotés à la halle de
Paris, de 14 fr. 25 à 14 fr. 50 par 100 kilog.
Issues. — Mêmes prix que précédemment. On paye à la halle de Paris par
10 J kilog. : gros son seul, l.-i fr. 75 à 14 fr.; son trois cases, 13 fr, 25 à 13 fr. 50;
sons fins, 12 fr. 50 à 13 fr.; recoupettes, 12 à 12 fr. 50; remoulages bis, 14 à
15 fr.; remoulages blancs, 16 à 18 fr.
III. — Vins, spiritueux, vinaigres, cidres.
Vins. — Les vendanges continuent avec un remarquable entrain. Quand ces
lignes paraîtront, le Midi aura terminé sa récolte et les vignobles du Centre et du
Centre-Nord seront en pleine cueillette. Dans l'Hérault, l'Aude, le Gard, les Py-
rénées-Orientales, des achats importants se concluent à des prix relativement très
élevés. De Béziers on nous écrit : « L'empressement que l'on a apporté aux ventes
faites, ces jours-ci, semble indiquer que cette effervescence est loin de vouloir se
calmer et qu'elle se maintiendra quelques semaines encore, mais nous n'oserons
le garantir. Nous croyons même, qu il serait prudent, de la part des propriétaires,
de profiter de cet élan pour vendre avantageusement leur récolte; un moment
d'arrêt pourrait bien suffire pour paralyser cette fiévreuse activité dans les achats.
L'ensemble de toutes les ventes de la semaine, qu'il serait trop long d'énumérer,
ne s'élève pas à moins de 150, lOO hectolitres environ, et nous ne comptons pas dans
ce chiffre les ventes d'excédants, faites en assez grandes quantités. » A Pézenas,
• les petits vins se payent 22 à 25 fr. l'hectolitre, au lieu de 18 à 21 fr. qu'on les
payait l'an dernier; les vins moyens, 26 à 30 fr., et les vins dé 1" choix, suivant
mérite, de 30 à 35 fr. Dans le JBeaujolais et le Maçonnais, on a traité quelques
vins nouveaux aux cours de 100 à lio fr. la pièce de 216 litres, vin nu, pris au
pressoir. Dans le Bordelais, les vins blancs se traitent, assure-t-on, au prix de
300 à 350 fr. le tonneau de quatre barriques, suivant qualité. A Nérac, dans le
Lot-et-Garonne, on nous signale une vente au prix de 480 fr., le tonneau logé.
Dans les côtes châlonnaises, à Givry, les propriétaires demandent 100 et 105 fr.
les 228 litres nus , de leurs vins nouveaux; cependant, on a vendu en premier choix
plusieurs lots au prix de 94 à 96 fr., et en deuxième choix, 80 à 85 fr. Dans
l'Orléanais, la récolte est pour ainsi dire nulle, aussi demande-t-on aujourd'hui
100 à 120 fr. de la pièce de 230 litres, vin logé. En Poitou, il n'y a pour ainsi
dire pas de vin rouge, mais on aura du vin blanc; celui-ci vaut 60 a 65 fr. les
270 litres nus. En Provence, dans le Var, les vendanges sont terminées, il n'y a
pas encore de prix arrêtés : on parle de 40 fr. l'hectoUtre pris chez le propriétaire,
ce qui nous semble considérable. Ej Sologne, le vin blanc bourra, 1880, vaut
68 à 72 fr.. les 2.8 htres nu. Telle est aujourd'hui, à vol d'oiseau, la situation de
nos vignobles.
Spiritueux. — Les cours se sont relevés, au début delà semaine : de 61 fr. 25,
ils ont fait successivement : 61 fr. 7ô, 62 fr. 75 et sont redescendus à 62 fr. 50.
Voici ce que nous lisons, dans un journal ordinairement bien informé, à propos
des incertitudes qui régissent actuellement le marché : « Nous continuons à re-
78 REVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT
marquer beaucoup de calme dans les transactions sur la prochaine campagne; on
connaît à peu près le résultat de ce qui vient de se terminer; les ressourcées ont
un peu d(''passé les prévisions et les hauts |)iix n'ont pu se maintenir loiiii^temps,
malgré les ellorts tentés, en avril dernier, par les détenteurs du stock. Nous ne
croyons pas àde bit-n grandes variations jiendant la nouvelle campagne, et la
spéculatinn paraît as^ez de cet avis pour l'instant, puisqu'un écart de 5 centimes,
entre l'offie et la demande empêche, la plupart du temps, les tiansactions d'abou-
tir. » Le stock aujourd'hui est de7,^50 pipes contre 7,800 en 18"9. A L'Ile, les
cours sont sans variations, ils restent stationnaiies entre 62 et 62 Ir. 50 II en
est de même des marchés du Midi, qui sont sans changements. Le marché alle-
mand accuse delà baisse. A Paris, on cote 3/6 betterave, 1" qualité, oO degrés
disponible 63 fr. 75, novembre et décembre b-z f'r. 50 à 62 fr, 75, quatre premiers
60 fr.
Vinniqres. — On nous écrit d'Orléans : « On cote les vinaigres l*' choix, de
28 à 35 fr.; 2« choix, de 23 à 27 fr. l'hectolitre nu, pris à Orléans, payable à
30 jours, 2 pour 100 d'escompte.
Cidres. — Rien de nouveau, quant à présent, nous, espérons, sous peu, avoir
quelques renseignements sur les cidres nouveaux, dont la récolte, quoiqu'il arrive,
sera des plus réduites.
IV. — Sucres. — Mélassex. — Fécules. — Glucoses. — Amidons. — Houblons.
Sucres. — Après un peu de baisse sur les sucres bruts pendant les premiers
jours de la seraame, les cours ont repris faveur et sont maintenant très fermes pour
toutes les sortes. Depuis le 1^"' octobre, les anciens types sont supprimés, et les
cours des sucres bruts s'établissent pour les sucres 88 degrés et les sucres blancs.
On paye à Paris par 100 kilog. : sucres bruts 8^i degrés saccharimétriques. 53 fr.;
sucres blancs n» 3, 60 fr. 7o à 61 fr ; à Péronne, 59 fr.; à Lille, o8 fr. 50 à
60 fr.; à Saint-Quentin, 59 fr. 25 à 62 fr. Le stock de l'entrepôt réel des sucres à
Paris était, au 6 octobre, de 16S.000 sacs pour les sucres inligènes, avec une
diminution de 7,tOO sacs depuis huit jours — Pour les sucres ralfîués, il y a une
demande active pour la consommation intérieure, les prix sont bien tenus de 112
115 fr. par 100 kilog. pour l'intérieur, et de 70 fr. 25 à 73 fr 5 - pour l'exporta-
tion. — A Londres, les prix accusent, pour toutes les sortes, moins de fermeté
que la semaine précédente.
Mélasses. — Il y a un peu de faihlesse dans les cours On paye à Paris 12 fr. 50
par 100 kilog. pour les mélasses de fabrique, 13 fr. 50 pour celles de raffinerie.
Fécales — Les prix continuent à accuser de la baisse. On paye à Pans 32 fr.
à 32 fr. 50 par 00 kilog. pour les fécules premières du rayon ; à (^ompiègne, 32 fr.
pour celles de l'Oise. Les fécules vertes disponibles valent de 21 fr. .0 à 22 fr.
— Les pommes de terre pour féculerie sont payées 3 fr. 50 à 4 fr. par 100 kilog.
Glucoses. — Les demandes sont peu actives et les prix sont en baisse. Ou paye
à Paris par lOO kilog : sirop premier blanc de cristal, 59 à 60 fr. ; sirop massé,
48 à 50 tr.; sirop liquide, 38 à 40 fr.
Amido is. — Les ventes sont peu importantes, mais les prix se maintiennent.
On cote par lOo kilog. : amidon de pur froment, en paquets, 7u à 72 fr.; ami-
don de province, •• 0 à 62 fr.; amidon de maïs, 40 à 42 fr.
Houblon^. — Les nouvelles de la ré;^olte accusent généralement une bonne qua-
lité ; les affaires sur le plus grand nombre des marchés sont encore peu impor-
tantes cette senaine. On cote, suivant les régions, par quintal métri |ue. Alost,
90fr. à 100 fr.; Poperinghe, 140 fr.; Bousier, 130 fr. à 140 fr.; Busigny, 140 à
160 fr.; Dijon, 160 fr. pour les belles qualités.
V. — Huiles et graines oléagineuses.
Huiles. — Les affaires sont peu importantes, et les prix sont sans cliRngements
pour les huiles de colza. On cote à Paris par 100 kil. : huile de colza en tous
fiàts, 75fr.; ea tonnes, 77 fr.; épurée en tonnes^ 85 fr. ; huile de lin en tous fiits,
71 fr. 25; en tonnes, 73 fr. 25. — Sur les marchés des départements, on paye les
huiles de coIzh : Gaen, 70 fr. 50; Rouen, 74 fr. 50; Arras, 7d fr. à 76 fr. 50;
Cambrai, 71 fr.; et pour les autres sortes : œillette, 136 fr, ; lin, 6-> fr. — A
Marseille les affaires sont calmes sur les tiuiles de graines; quant à celles d'olive,
les qualités comestibles sont cotées de 135 à 190 fr. par quintal métri.^ue à la
consommation.
Graines oléagineuses. — Il y a un peu de baisse dans les prix. On paie dansle
Nord par hectolitre : œillette nouvelle, 34 fr. à 35 fr. 50; colza, 21 fr. à22fr.; lia,
DES DENRÉES AGRICOLES (9 OCTOBRE 1880;. 79
22fr.à23fr.; cameline, 12 fr. à 17fr.; — à Rouen par 100 kil. : colza, 32 fr. à
33 fr.
VI. — Tourteaux. — Noirs. — Engrais.
Tourteaux. — Les prix se raaintieanent biea sur les divers marchés. On paye
à Garabiai par 100 kilog. : tourteaux d'oeillette, 17 fr. 50 à H fr.; de colza, 16 tr.
à 18 fr. ; de lin, zb fr. 60 à 26 fr. 50; de cameline, 17 fr. 50; — à Rouen, tour-
teaux de colza, 15 fr. 25 ; d'arachides, en coques, 12 fr.; de sésame, 16 fr.; de lin,
24 fr. — A Marseille, hausse sur les arachides décortiquées cotées 16 fr.; les sé-
sames, 16 fr. 2o; les œillettes, 14 fr. 50.
Noirx. — On cote à Valenciennes : noir animal neuf en grains, 32 fr. par
100 kilog.; noirs d'engrais vieux grains, 8 à 9 fr. par hectolitre.; de lavage,
2 à 4 fr.
VII. — Matières rf^sineuses, colorantes et tannantes.
Matières résineuses. — Les cours accusent toujours une grande fermeté. On
paye à Bordeaux, 73 fr. par 100 kilog. pour l'essence pure de térébenthine; à Dax,
69 fr.
VIII. — Suifs et corps gras, cuirs et peaux.
Suifs. — Les cours accusent un peu de faiblesse. On paye à Paris, 85 fr. par
100 kilog. pour les suifs purs de l'abat de la boucherie.
Cuirs et peaux. — Aux ventes mensuelles de la boucherie, le 30 septembre, on
payait par 100 kilog. : bœufs, 90 fr. 20 à 116 fr. 80; vaches, 96 fr. oO à 89 fr. 50;
taureaux, 86 fr. 90 ; veaux, 120 fr. 60 à 165 fr. 25.
IX. — Beurres. ■— Œufs. — Promages. — Volailles et gibier.
Beurres, — On a vendu, pendant la semaine, à la halle de Paris, 229,755 kilog.
de beurres. Au dernier jour, on payait par kilog.: en demi kilog., 2 fr. 20 à
3 fr. 98; petits beurres, 1 fr. 62 à 2 fr. 94 ; Gournay, 2 fr. 20 à 4 fr. 30;
Isigny,2 fr. 20 à 5 fr. 70.
Œufs. — Du 28 septembre au 3 octobre, il a été vendu à la halle de Paris
3,478,105 œufs. Au dernier marché, on payait par mille : choix, 106 à 130 fr.;
ordinaires, 72 à 118 fr ; petits, 59 fr. à 7 0 fr.
Fromages. — Dernier cours de la halle de Paris : par douzaine, Brie, 6 à
81 fr.; Monthléry, 15 fr.; par cent. Livarot, 25 à 93 fr.; Mont-d'Or, 8 à 32 fr.;
Neufchâtel, 4 à 27 fr,; divers, 6 à 62 fr.; par 100 kilog., Gruyère, 134 à 170 fr.
X. — Chevaux. — Bétail. — Viande.
Chevaux. — Aux marchés des 29 septembre et 2 octobre, à Paris, on comptait 963
chevaux. Sur ce nombre, 411 ont été vendus comme il suit :
Cbevsiux de cabriolet ... . .
Amenés.
. .. . 204
Vendus
43
93
137
28
110
. Prix extrêmes.
300 à 1,015 fr.
— (le trait
3:i3
300 â 1,315
— hors d'âge
288
30 i 1,080
— à l'enctière
28
45 à 3t0
— de boucherie
110
25 à 115
Anes et chèvres. — Aux mêmes marchés, on comptait 16 ânes dont 8 ont été
vendus de 35 à 95 fr.
Bétail. — Le tableau suivant résume le mouvement du marché aux bestiaux de
la Yillette, du jeudi 30 septembre au mardi 5 octobre :
Poids Prix dn kilog. de viande sur pied
Veadus moyea au marché du luadi 4octobre,
Pour Pour En k quartiers, l" 2« 3« Prix
Amenés. Paris. l'extérieur totalité. M. quai. quai. quai. moyen.
Bœufs 5.176 3,455 L,h3û 4.985 346 1.66 l 50 1.16 1.42
Vaches 1,501 704 709 1,413 235 1.52 1.36 1-10 l.Sj
Taureaux 364 209 36 2.55 375 1.32 1.18 1.00 l.l6
Veaux 3,765 2,743 911 3,654 76 2.00 1.90 1.50 I.75
Moutons 43.815 31.240 il, 305 42..Ô45 19 1.98 1.66 1.38 1 67
Porcs gris 5,928 2,3jO 3,598 5,928 87 1 bû 1.54 1.48 I.55
— maitfres, 5 » 2 2 25 1.40 » » 1.4o
Les approvisionnements dumarchéont été moins considérables, principalement
pour les gros animaux ; d'un autre côté, la consommation augmentant dans des
proportions sensibles ; les ventes ont été actives pour toutes les catégories, et les
prix sont sensiblement supérieurs à ceux de la semaine précédente. Les bœufs,
les vaches et les veaux ont principalement profité di ce mouvement de reprise,
A Londres, les importations d'animiux étrangers, durant la semaine dernière,
se sont composées de 12,885 têces, dont 22 bjeufs, 109 veaux, 2,548 moulons et
80 REVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT (9 OCTOBRE 1880).
10 porcs venant d'Arastcrdara ; 1,014 Lœul's et 279 moutons de Boston ; 220 mou-
tons de Brème; 692 moutons et 134 porcs d'Hambourg; k\ bœufs, 12 veaux,
1,344 moutons et 21 porcs d'Harlingen ; 14 bœufs du Havre; 437 bœufs et
895 moutons de Montréal; 326 bœufs de New-York; 122 bœufs d'Oporto;
27 bœufs, 208 veaux, 1,748 moutons et 116 porcs de Rotterdam; 863 bœufs et
1,507 moutons de Tonning; 106 bœufs de Yigo. Prix du kilog. : Bœuf, \",
1 fr. 93 à 2 fr. 05; 2% 1 fr. 58 à 1 fr. 75 ; qualité inférieure, 1 fr. kO à 1 fr. 58.
Veau, V% 1 fr. 93 à 2 fr. 10; 2% 1 fr. 75 à 1 fr. 93. — Mouton, 1", 2 fr. 28 à
2 fr. 45; z% 1 fr. 93 à 2 fr. 10; qualité inférieure, l fr. 75 à 1 fr. 93. — Porc,
1", 1 fr. 58 à 1 fr. 75 ; 2% 1 fr. 40 à 1 fr. 58.
Viande à^acriee. — On a vendu, à la halle de Paris, du 28 septembre au 4 octobre :
Prix du kilog. le 4 octobre.
vache
Veau.. .
Mouton.
Porc...
1" quai.
0.9Gàl 80
1.60 2.20
1.42 2.00
2» quai.
0.82àl..^'t
1.18 1.90
1.12 1.70
quai. Choix. Basse boucherie.
0.60à 1.34 l.00à2.70 O.lOà 1.]
0 90 1 44 1.00 2.20 • >
0.70 1.37 1.00 3.20 -
1.16 à 1.90: Porc salé, 0.92 à 1.48
kilog.
I.ôl,263
141,172
71,296
_29,491 Porc frais.
393,22-r Soit par jour 56,175 kilog.
Les ventes ont été inférieures de 5.000 kilog. environ à celles de la semaine
précédente. Pour toutes les sortes, les prix sont fermes ou accusent de la hausse.
XI. — Cours de la viande à l'abatioir de la Villette du 7 octobre (par 50 kilog.)
Cours de la charcuterie. — On vend à la Villette par 50 kilog. : 1" qualité,
83 à 85 fr.; 2% 77 à 80 fr.; poids vif, 56 à 60 tr.
Bœufs.
Veaux.
Moutons.
.- —
1
-,
1" 2« 3»
1"
2» 3" 1"
2«
3»
quai. quai. quai.
qua
quai. quai. quai.
quai.
quai.
fr. fr. fr.
fr.
fr. fr. fr.
77 68 62
89
80 75 87
80
72
XII. — Marché aux bestiaux de la Villette du jeudi 7 octobre.
Cours des commissionnaire»
Poids
Cours officiels.
en bestiaux.
moyen
— IIM Mil ■ --^_ ^
Il ^
Animaux
général.
"l" 2-» 3« Prix la-
2« 3"
Prix
amenés. Invendus.
kil.
quai, quai. quai, extrêmes, quai.
quai. quai.
extrêmes.
Bœufs 3.16B 809
360
1.60 1.46 1.12 1.08àl.68 1.58
1.45 1.10
1.05àl.65
Vaches 892 186
2àO
l.oO 1.34 1.06 ' 1.02 l.b6 1.50
1.30 1.05
1.00 1.55
Taureaux... 154 î9
365
1.28 1.14 0.98 0.94 1.32 1.25
1.10 0.95
0.90 1.30
Veaux 1.458 3.19
80
1.96 1.86 1.46 1.40 2.06 »
» »
> »
Moutons.... 23.817 4.101
18
1.94 1.64 1.34 1.28 2.U0 »
» I
» >
Porcs gras.. 4.231 .
83
1.68 1.52 1.4« 1.38 1.70 »
» »
» >
— maigres. » »
•
» »
» »
Vente lenle sur les bœufs, les ve
lux et les
moulons, assez active sur les porcs.
XIII. —Résumé.
Fermeté dans les cours des céréales, des vins, des alcools, des sucres, des
produits animaux, tel est le bilan de la semaine pour les principaux produits
agricoles. A. Remy.
BULLETIN FL^[ANGIER.
Semaine de reprise : la rente 3 0/0 est à 85 fr.I5, gagnant 0 fr. 15 ; et la rente 5 0/0
à 120 fr. 10, gagnant 0 fr. 30. L'amortissable coupon détaché reste à 87 fr. Vive
reprise également à nos chemins de 1er: boane tenue des Sociétés de crédit.
Co%rs de La Bourse du 21 septembre au 6 octobre 1880 (ait comptant].
Principales valeurs françaises:
Plus Plus Dernier
bas. haut, cours.
Rente30/o 85.15 80.65 8.S.15
Rente 3 0/0 amortis 87.00 88. 3J 87.00
Rente 4 1/2 0/0 114.60 115.00 114.70
Rente 5 o/o 119.97 120.20 120.10
lianque de France ........ 3475.00 3490.00 3'i75.oo
Comptoir d'escompte 950.00 960.00 960.00
Société générale 570.00 575. oo 573.75
Crédit foncier 1352.50 1360.00 1352.50
Kst Actions 500 7'0.00 780.00 780.00
Midi do 1050.00 1060.00 10)7.50
Nord d' 1633.75 1648.75 1645.00
Orléans , d» 1250.00 12G3.75 1258.75
Ouest d" 8.57.50 *i»5.00 837.50
faris-Lyon-Méditerranée d» 1423.75 1437 50 1436.25
Paris 1871 obi. 400 3 0/0 .. 396.50 399.00 397.00
Italien 5 0/0 , 85.15 86.50 8615
Gérant ; A. BOUCHÉ.
Valeurs diverses :
Plus
Plus
Dernier
bas.
haut.
cours.
Créd. fonc. obi. 50o 4 ù'o
52.1.00
535.00
525.00
d» d» d" d» 3 0/0.
560.00
560.00
560.00
d° obi. c<" 500 3 0/0
470.00
474.00
474.00
Bque de Paris ad. 500...
llOi.OO
1 1 25 . 00
1125.00
Crédit ind. et coin. 500...
735.00
740.00
740.00
Dépôts et cples cts. 500...
711.25
712.50
712.50
Crédit lyonnais d°...
9.52.50
960.00
957.50
62^.00
1370.00
630.00
1375.00
Cie parisienne du gaz 250
1370.00
Cie genér. transatl 500
oQ.i.ûO
COO.OO
598.65
Messag. maritimes d"
7 40 00
7iO.U0
7<*0.00
Canal de Suez . ...d"
1240.00
775.00
120 2.50
781.25
1262.50
d" délégation d»
775.00
d" obll. 5 0/0 d»
565.00
582.00
565.00
Créd. fonc. Autrioh 500
755.00
765.00
762.50
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CHRONIQUE AGRICOLE (lo octobre isso;.
Organisation du service des égoûts de la ville de Paris. — Volume d'eau employé parla ville —
Mesures à prendre pour le déversement des eaux impures. — Nécessité d un canal pour enlever
i'exc&s des eaux. — Procédé de M. Aubry-Vitet pour l'épuration des eaux vannes des usines. —
La vidange à l'egout et l.i fabrication du sulfate d'ammoniaque. — Intérêt de l'agriculture engagé
dans la question. — Congrès phylloxérique de Saragosse. — Délé^'ués du gouveinemerit fran-
çais. — Vœu du Conseil général" des Bouches-du-Rhône relatif à la clias.^e des hirondelles. —
Lettre de M. ïirard, ministre de l'agriculture, à M. Diancourt. — Décoration pour servicss ren-
dus à l'ai^riculture. — Nécrologie : Mort de M. Guy. — Concours ouvert par la Société nationale
d'encouragement à ra;,'riculture. — Concours international des races ovines ouvert par le gou-
vernement mecklemhour^'eois. — Concours de l'industrie laitière à Neufchàtel-en-Bray. — Nom-
bre des exposants dans chaque catégorie du Concours. — Publication du Journal des s'ations
agronomiques. — Concours agricole à Niort. — Discours de M. Girerd, sous-secrétaire d'État au
ministère de l'agricu'ture. — Les encouragements à donner à l'agriculture. — Les souscriptions
pour le canal d'irrigation dérivé du Rhône. — Examens d'admission et de sortie à la ferme-
école des Trois-Croix. — Les cultures de la ferme-école. — Rapport de .M. Aymard au Conseil
général de la Haute-Loire sur les travaux de la Société di-s amis des sciences de Puy. — Résul-
tats des Concours d'animaux gras. — Enquête sur les dégâts causes par l'hiver. — Distribution
de graines de plantés nouvelles. i
I. — Les engrais des Villes.
La discussion de la question qu'on a appelée les odeurs de Paris, a
pris une grande arapleur devant le conseil munÀcipal. M. Aîphand,
directeur des travaux de la ville et ingénieur très distingué, a fait un
tableau magistral de l'ensemble des travaux souterrains que Belgrand a
commencés, et qu'il continue maintenant afin d'assurer la salubrité pu-
blique. Amener beaucoup d'eau dans le but de bien laver les rues et les
maisons et d'enlever tout ce qui peut se diluer, tel est le projet primi-
tivement conçu par Belgrand qui l'a mis en partie en exécution avant
de mourir, et dont l'achèvement en est aujourd'hui poursuivi. Seule-
ment, on avait d'abord pensé que le volume total que les égouts en-
traîneraient chaque jour moyen, serait de 100,000 mètres cubes. On
est passé à 200,000, puis à 300,000, et dans sa dernière haranirue au
conseil municipal, M. Belgrand avance le chiffre de 400,000. C'est un
véritable fleuve. Or, si nous voyons que les ingénieurs se sont occupés
des moyens de faire arriver beaucoup d'eau dans Paris, nous n'aper-
cevons nullement qu'ils aient conçu des moyens suffisants pour faire
une colalure salubre et eflicace de tout le liquide nauséabond ramassé.
On a renoncé pour l'avenir, avec raison, au déversement pur et simple
dans la Seine qu'on n'a pas le droit de rendre indéfiniment infecte. On
fait des travaux d'irrigation à Gennevilliers et on se propose de les
étendre à Saint-Germain ou dans quelques autres communes des envi-
rons. Mais il ne nous paraît pas qu'on se rende compte suffisamment
de l'étendue que devraient occuper les cliaiTips arrosés, pour pouvoir
utiliser la totalité de l'eau. En effet, 400,000 mètres par jour corres-
pondent à 4,600 litres par seconde; c'est, dans le Midi, de quoi arro*
ser 4,600 hectares, et on n'y pratique les irrigations que du 1" avril
au 30 septembre. Si l'on a de l'eau à déverser sur les champs toute
l'année, il faut au moins le double, peut-être le triple ou le quadruple,
pour que la terre ne soit pas saturée et dans l'impossibilité de produire
des récoltes. D'ailleurs à l'époque des grandes pluies, des neiges, des
gelées intenses, etc., les égouts ne cesseront pas de fonctionner; au
contraire, et alors que fera-t-on du cours d'eau fétide qui n'aura pas
d'embouchure? Pour nous, dès qu'on admet le système des égouts
lavés par une eau abondante, il faut absolument songer à un collecteur
qui aille jusqu'à la mer, mais qui, sur son parcours, pourra fournir
de l'eau fécondante à tous les agriculteurs qui en demanderont. On
rencontrera de vastes surfaces qui, dans des saisons convenables,
N" 601. — Tome IV de 18«0. - 16 Octobre.
82 CHRONIQUE AGRICOLE (16 OCTOBRE 188J).
pourront utiliser une plus ou moins grande quantité tlu cours d'eau
artificiel. Celte idée a été reprise devant le conseil municipal. Les évé-
nements amèneront, un jour ou l'autre, son exécution.
La Revue des Deux-Mondes, dans son numéro du l"'" octobre, a
publié un article de M. Aubry-Vitet, qui propose d'appliquer un sys-
tème d'épuration employé avec succès à la papeterie d'Essonnes^ siar
1 0,000 mètres cubes d'eaux insalubres que l'usine émet chaque jour.
Le système d'épuration consiste à traiter les eaux par de la chaux, à
raison de 250 grammes par mètre cube. C'est un des moyens dont on
fait usage à Reims, également pour des eaux d'usines. Mais il n'est
pas du tout démontré que la chaux produirait un effet également
efficace sur des eaux d'égout contenant les matières des fosses d'ai-
sance. Déjà aujourd'hui, 15,000 fosses d'aisance, à Paris, envoient
leurs liquides directement aux égouts. Si Je projet soutenu par
M. Alphand est exécuté, ce seront plus de 100,000 fosses qui s'y vide-
ront. L'action de la chaux aura bien pour résultat de clarifier les eaux
d'égout, mais elle ne leur enlèvera pas les parties solubles qui, au
bout de quelque temps, reproduiront l'infectioin. Il y aura toujours
un fleuve nauséabond dont il faudra se débarrasser. Le problème ne
sera pas résolu, il sera seulement compliqué par la construction
d'immenses bassins d'épuration dans lesquels il faudra, chaque jour,
amener 100 tonnes de chaux, et d'où il faudrarelirer 400 à 500 tonnes
de produits. Enorme manipulaition, montagne de produits à enlever
et milliers d'hectares nécessaires pour les 'répandre !
Les travaux souterrains des égouts de Paris sont une œuvre admi-
rable qui était indispensable et qui fait le plus grand honneur aux
ingénieurs, mais il faudra prendre bravement le parti de la compléter
par un grand canal collecteur qui ira jusqu'à la mer. Quant à la
vidange directe des fosses d'aisance dans les égouts, même lorsqu'on
la limite aux parties liquides, cela ne nous paraît pas une idée aussi
heureuse. Nous lui préférons de beaucoup la désinfection permanente
des fosses et l'envoi des matières des vidanges vers des plaines loin-
taines et isolées, où l'on permettrait rétablissement de fabriques de
sulfate d'ammoniaque et de poudrette. Dans le système de la vidange
directe, à l'égout, de tous les liquides des fosses, on supprime absolu-
ment la fabrication du sulfate d'ammoniaque par les urines, et il ne
reste comme source de ce produit si utile à l'agricLilture que les eaux
ammoniacales du gaz. Il peut être très avantageux pour les compa-
gnies de gaz d'éclairage qu'on supprime la concurrence que leur font
les fabriques de sulfate d'ammoniaque traitant les eaux vannes des
fosses d'aisance. Elles vendront, en efîet, leur sulfate beaucoup plus
cher; elles le vendaient naguère de 25 à 30 fr., elles le vendent aujour-
d'hui 50 fr. et plus par 100 kilog., parce que l'agriculture reconnaît
déplus en plus l'efficacité de cet engrais. Que, dans les grandes villes,
on ne puisse plus ramasser les urines, les compagnies du gaz y trou-
veront un grand avantage, mais l'agriculture y perdra. Il faut ajouter
encore que les matières vertes des fosses, employées directement dans
les terres, sont un excellent engrais, dont, dans l'intérêt de l'agricul-
ture, il ne faut pas diminuer la quantité et la qualité par des lavages.
Ce sont là des considérations dont nous croyons qu'on devra tenir
compte, car elles sont d'accord avec la pensée de protéger efficace-
ment la salubrité publique. Et d'ailleurs quand on parle de l'intérêt de
CHRONIQUE AGRICOLE (16 OCTOBRE 1880). 83
l'agriculture, on a dirôclement en vue la production des subsistances,
et par conséquent l'intérêt général des populations.
IL — Congrès phylloxérique de Saragosse.
Le Congrès international ouvert en Espagne, à Saragosse, pour
l'étude des moyens de combattre le phylloxéra, a clos ses discussions.
Il a été présidé par don Fermin Lasala, ministi-e de fomento, assisté
de M. Cardenas^ directeur général de l'agriculture à ce ministère.
Une nombreuse affluence de viticulteurs est venue assister ou prendre
part à ses discussions. La France était officiellement représentée par
M. Camille Saint-Pierrej directeur, et M. Gustave Foëx, professeur à
l'Ecole nationale d'agriculture de Montpellier. Ainsi que cela se pro-
duit toujours dans les réunions de ce genre, quelques théories ont
été émises pour soutenir que le phylloxéra n'était pas la véritable
cause de la mort de la vigne. Mais les principales discussions ont
porté sur les moyens de lutter contre les ravages de l'insecte; la plus
grande place a été occupée par les travaux et les essais exécutés en
France, et sur les résultats qui ont été obtenus. Nous publierons pro-
chainement un compte rendu des discussions du Congrès et. des con-
clusions qui ont été adoptées.
in. — La chasse d s hirondelles.
Le gibier est rare en Provence, et surtout dans une partie du
département des Bouches-du-Rliône. Préoccupé de cette situation, le
Conseil général des Bouclies-du-Rliône a exprimé le vœu que la chasse
des hirondelles fut autorisée pendant leur passage. Faisant droit à
cette demande, le préfet a pris un arrêté autorisant la chassedes hiron-
delles pendant un mois. Cette mesure a vivement frappé l'attention
publique, et nous devons ajouter qu'elle a produit une véritable stu-
péfaction, qui s'est manifestée par de vives réclamations. Nous en
trouvons la preuve dans la lettre suivante que M. le ministre do
l'agriculture vient d'adresser à M. Diancourt, député de la Marne :
« Monsieur le député et cher collègue, vous avez appelé mon attention sur une
nouvelle publiée par plusieurs journaux et relative à un arrêté du préfet des
Bouclies-du-Rhône qui auloriserait la chasse aux hirondelles. Vous faites remar-
quer que cette mesure est contraire aux intérêts de l'agriculture.
« J'ai l'honneur de vous annoncer que mon attention avait été appelée, il y a
plusieurs jours, sur cette afïaire, et que je me suis hâté d'écrire à M. le préfet
pour savoir si la nouvelle était exacte.
« J'invitais, en même temps, ce fonctionnaire, pour le cas où il aurait pris une
semblable mesure, à retirer immédiatement son arrêté qui était contraire aux
instructions émanées, à plusieurs reprises, de mon ministère et de celui de l'in-
térieur.
ce Je ne perdrai pas de vue, du reste, cette affaire à laquelle je me propose de
donner une solution conforme aux intérêts de l'agriculture.
« Je vous remercie, néanmoins, de la sollicitude que vous avez témoignée, en
cette occasion, pour notre industrie agricole.
« Recevez, etc. Le ministre de CagricvUure et du commerce^
« P. TiRARD. «
La loi doit être respectée, surtout quand elle est édictée 'pour dé-
fendre des êtres aussi utiles que les hirondelles. Les instincts cyné-
gétiques de quelques Marseillais pourront être froissés, mais ce n'est
pas une considération suffisante pour permettre d'éluder les disposi-
tions édictées.
84 CHRONIQUE AGRICOLE (16 OCTOBRE 1880).
IV. — Décoration pour services rendus à l'agriculture.
Nous sommes heureux d'annoncer que M. Bobierre, directeur de
l'école supérieure des sciences de Nantes et du laboratoire an;ronomique
delà Loire-Inférieure, vient d'être nommé commandeur de l'ordre d'I-
sabelle la-Catholique d'Espagne, pour ses Iravaux de chimie agricole.
Nous applaudissons de tout cœur à la haute distinction conférée à l'un
des savants qui ont le plus contribué à répandre parmi les agriculteurs,
les saines notions de la science agricole et des applications de la chi-
mie à la production végétale.
V. — Nécrologie.
Nous avons le vif regret d'annoncer la mort de M. Guy, ancien
directeur de l'Ecole nationale d'arts et métiers de Cbâlons-sur-Marne,
qui n'était âgé que de soixante-deux ans. JM. Guy a été, pendant dix-
sept ans, directeur de l'Ecole de Chidons. Sa vie tout entière a été
consacrée aux travaux de la mécanique appliquée; parmi les construc-
iSÊurs de machines agricoles, on compte un grand nombre des élèves
qu'il a formés et dont il a toujours suivi les travaux avec le plus vif
intérêt, n'épargnant jamais ses conseils quand il s'agissait des progrès
de la mécanique. Souvent nous l'avons eu pour collègue dans les jurys
des concours régionaux, et nous avons pu apprécier sa science et son
dévouement.
VI. — Sociélé d'encouragement à V agriculture.
La Société nationale d'encouragement à l'agriculture met au con-
cours la question suivante : « Quels sont, dans la région des céréales,
les moyens qui, dépendant des cultivateurs et de leur initiative, peu-
vent améliorer la situation de l'agriculture française. » Une médaille
de 1,000 francs sera décernée à l'auteur du meilleur mémoire. Les
manuscrits devront être adressés, sous pli cacheté, à JM. Foucher de
Careil, sénateur, président de la Société, avant le 15 avril 1881. Une
commission sera nommée par le conseil pour faire fonction de jury.
Tous les renseignements complémentaires seront donnés au siège de
la Société, rue Basse-du-Rempart, 5G, boulevard des Capucines.
VII. — Concours international des races ovines.
Le gouvernement mecklembourgeois va ouvrir, les 24 et 25 mai
1881, avec l'assistance de la Société d'agriculture du IVlecklembourg-
Strelilz, à Neubrandenburg, un concours international d'animaux de
l'espèce ovine, béliers, brebis et moutons de toute race et de tout âge.
La date choisie est celle de la tenue du grand marché annuel des che-
vaux de luxe qui a lieu dans la même ville. Il ne sera point distribué
de primes; mais les ventes d'animaux exposés seront autorisées. Les
éleveurs et cultivateurs français qui désireraient prendre part à ce
concours devront s'adresser, pour les demandes d'admission, comme
pourles renseignements dont ils pourraient avoir besoin, à M. Praefcke,
avocat, à Neubrandenburg (Mecklembourg-Strelitz).
VIII. — Concours de Neufchdtel-en-Iiray.
Nous avons annoncé que la Société française de l'industrie laitière
organisait un concours spécial de beurres, fromages et autres produits
CHRONIQUE AGRICOLE (16 OCTOBRE 1880). 85
OU objets (le laiterie, qui aura lieu à Neufchàtel-en-Bray, du 21 au
24 octobre. Ce concours promet d'être très brillant. Les déclarations
faites jusqu'ici comprennent, en effet, 185 exposants de beurres frais
et salés, 1 73 de fromages de Neufchâtel, Bondons, JMalakoffs, etc., 32 de
fromages divers, 7 d'instruments de laiterie, 15 de produits divers
pour la laiterie et 5 de plans, travaux et ouvrages relatifs à cette
industrie. En outre, sept cultivateurs se sont fait inscrire afin de
concourir pour les primes offertes par la Société; leurs fermes ont été
visitées par une Commission spéciale qui présentera son rapport au
concours de Neufchâtel.
IX. — Le Journal des stations agronomiques.
Nous recevons le premier numéro d'un nouveau recueil périodique
mensuel intitulé : Journal des stations agronomiques et du professorat
agricole. Il est publié sous les auspices du ministère de l'agriculture
et du commerce, par iM. Gassend, directeur de la station agronomique
de Meîun, professeur départemental d'agriculture. Ce recueil est
destiné princij)alement à établir un lien entre les directeurs des sta-
tions agronomiques et les professeurs d'agriculture. Nous lui souhai-
tons vivement un succès complet; plus il y aura en France d'écrits
agricoles bien faits, et plus l'œuvre du progrès agricole se développera
avec rapidité.
X. — Les fêtes de Niort.
Le dimanche 3 octobre, des fêtes nombreuses ont réuni à Niort les
populations du département des Deux-Sèvres. Parmi ces fêtes, figurait
un concours agricole. M. Girerd, sous-secrétaire d'Etat au ministère
de l'agriculture et du commerce, chargé de représenter le gouverne-
ment, y a présidé la distribution des récompenses. A cette occasion,
il a prononcé le discours suivant que nous croyons utile de repro-
duire :
« Par la variété d^i ses produits, par leur importance au point de vue de l'ali-
mentation et de la richesse publique, par les débouchés qu'elle assure aux autres
industries, par le nombre des ouvriers qu'elle emploie, en un mot par la somme
du travail et des produits qu'elle donne, l'agriculture est véritablement notre
industrie nationale. Aussi, rien de ce qui l'intéresse n'est de médiocre importance :
un gouvernement soucieux des intérêts du pays ne saurait apporter trop de solli-
citude à l'observation des faits qui la concernent.
« Mais il ne faut pas oublier qu'ils doivent être envisagés en même temps au
point de vue des producteurs et d-s consommateurs.
« C'est pourquoi, quel que 5oit son désir, sa volonté d'aider et de protéger
l'agriculture,, le gouvernement ne saurait accéder à tous les vœux qui sont parfois
formulés en son nom. Il lui est facile de reconnaître que leur accomplissement
serait souvent funeste à ceux-là mêmes pour lesquels ds sont émis et compro-
mettrait, l'intérêt général.
« La France ne produit ni assez de blé, ni assez de bétail pour fournir le pain
et la viande nécessaires à l'a iraentation de ses habitants. Il lui faut en emprun-
ter aux nations qui produisent au delà de leurs besoins.
« Or, frapper, comme on le demande quelquefois, à leur entrée en France, les
blés et les bestiaux étrangers, c'est, ou les empêcher d"y venir, ou en surélever
les prix ; c'est piiver la plupart des consommateurs de ce dont ils ont besoin pour
vivre; c'est nuire à l'alimentation et au bien-être des populations.
a Pour aider et protéger l'agriculture, il y a mieux à faire.
« Les résultats déjà obtenus sont à la fois la récompense des efforts qui ont été
faits et un encouragement à persévérer dans la voie déjà tracée.
« Regardez autour de vous : comparez le tableau qui est sous vos yeux à celui
que traçait, il y a auarante ans environ, un des vôtres, un de ces hommes qui,
86 GliRONIQUE AGRICOLE (16 OCTOBRE 1880).
éclairés par le bon sens et inspirés par l'amour du l^ien public, sont des guides
si précieux.
«t Quelque temps avant 1848, Jacques Bujault voyait dans ce déparleincat « une
« plaine effritée, un sol peu ou point fumé », « des produits faibles 5>, « une po-
« pulation pauvre et sans énergie, tourmentée par le besoin », « des bestiaux
« mourant de faim », « une population rare parce qu'il y a peu de travail »
« A quelles causes attribuait-il cette situation? Il ne les dissimulait pas à ses
contemporains ; il avait le courage de leur reprocher leur « ignorance et leur
paresse. »
a Aujourd'hui tout est changé. Les enseignements de Jacques Bujault ont porté
leurs fruits ; sans remonter jusqu'au lemips où il écrivait, vous po'uvez constater
les progrès accomplis depuis moins de vingt ans.
« La charrue à conquis des milliers d'hectares sur les landes ; la jachère a été
considérablement réduite; en 1879, l'étendue des terres cultivées dépasse de
33 000 hectares ce qu'elle était en 1862. — Les terres sont copieusement fumées
et amendées ; aussi donnent-elles moins de méteil et de seigle, mais plus, beau-
coup plus de froment, d'avoine, de maïs, de pommes de terre, de betteraves; on
récolte 125 milhoiLs de kilogrammes de betteraves; le chanvre et le hn ont plia-s
que doublé.
« L'amélioration est de même nature dans les prairies, et partant dans l'état
du bétail : moins de moutons, plus de bœufs et de vaches.
« La somme de viande produite a notablement augmenté ; aussi l'alimentation
générale a-t-elle suivi une progression constante : en 1862, dans les villes du dé-
partement, la consommation en viande était en moyenne, pour chaque habitant,
de 39 kilog. ; elle était de 40 kilog en 1872, et, en 1877, nous la voyons portée à
50 kilog. S'il est impossible de faire une semblable constatation pour les popu-
lations des campagnes, il n'en est pas moins vrai, et nul ne saurait le contester,
que la progression est analogue,
« Les prix s'élèvent avec la même persistance et la même régularité.
« €e sont là des signes certains de l'accroissement de la richesse publique et du
bien-êitre de tous.
a Ces progrès, c'est l'amélioration des méthodes de culture, c'est l'intelligence^
c'est le travail qui les ont réalisés.
« Ils montrent que vous êtes dans la bonne voie et doivent vous exciter à con-
tinuer. Le gouvernement de la République vous y suivra, vous y secondera de
toutes ses forces.
« Par l'enseignement agricole, qu'une loi récente a décrété, le travail, plus
raisonné, deviendra en même temps plus attrayant et plus productif; il retiendra
aux champs les populations qui seraient tentées de les quitter.
« Par ses subventions à vos comices et à votre société d'agriculture, le gouver-
nemeirt continuera à favoriser la propagation des bonnes méthodes, des machines
et des instruments perfectionnés.
« Par ses encouragements, il vulgarisera la pratique des irrigations, dont les
effets sont si bienfaisants ; déjà, vous le savez, le ministre de l'agriculture et du
commerce vient d'ouvrir, dans votre département, à côté du concours pour la
prime d'honneur, un concours spécial pour un prix d'irrigation.
a Par l'améUoration des vcies et des moyens de .transport, par le dégrèvement
des i.rupôts qui pèsent sur l'agriculture, — et déjà le dégrèvement opéré sur l'im-
pôt des boissons et sur celui du sucre est un pas considérable fait dans cette voie,
— le gouvernement améliorera de plus en plus les conditions économiques de la
production agricole.
« C'est ainsi qu'il vous rendra plus facile la solution de ce problème qui s'im-
pose à toute industrie : produire davantage et à meilleur marché. C'est ainsi qu'il
conciliera, autant qu'il est possible, les différents devoirs qui lui incombent.
a Quant à vous, messieurs, par la persévérance de vos efforts, vous contribue-
rez de plus en plus à développer le travail national et la richesse publique. »
Les pensées développées dans ce discours ont trouvé un vif écho
auprès des agriculbeurs présents à la réunion. Elles renferment des
promesses dont les faits déjà acquis permettent de regarder la réalisa-
tion comme certaine. En outre, en rendant justice à Jacques Bujault et
à i'intluence que ses conseils ont exercée sur l'agriculture de cette région,
a fait ressortir avec vérité l'importance des progrès méthodiques.
CHRONIQUE AGRICOLE (16 OCTOBRE' 1880), g?
XI. — Le canal cVirrigation du Rhône.
On sait que la loi qui a déclaré d'utilité publique les travaux de
construclion du caual d'irrigation dérivé du Rhône a subordonné
l'exécution de ces travaux à la souscription d'une somme de 3 miU
lions de francs pour les redevances annuelles, tant pour arrosage que
pour submersion de vignes ou pour usage d'eau continu. Le comité
des fondateurs du canal, qui avait déjà recueilli de très nombreuses
souscriptions, s'est mis iiijimédiatement à l'œuvre pour faire réaliser
le chiffre demandé par la loi. Il résulte d'un rapport qu'il vient
d'adresser à M. le ministre des travaux publics que, au 15 sep-
tembre dernier, le montant des souscriptions atteignait la somme de
2,328/288 fr. 4 G. Le nombre des hectares souscrits s'élevait, à cette
date, à 21,343. Les souscriptions continuent d'ailleurs avec rapidité,
et il est permis d'espérer que, d'ici à la lin de l'année courante, elles
auront atteint le chiffre demandé par la loi. Les populations des
départements que traversera le canal comprennent de plus en plus
l'immense avantage qu'elles retireront de son exécution, et le nom de
M. Aristide Dumont est réellement devenu populaire parmi elles.
Xir. — Il ferme-école des Trois-Cr^oix.
Les e>:amens de fin d'année viennent d'avoir lieu à la ferme-école
des Ïrois-Croix. Quinze élèves ayant achevé leur temps réglementaire,
ont subi avec succès les épreuves qui leur donnent droit au certificat
d'apprentissage et à la prime de 300 francs qui l'accompagne. Ils ont
été reçus dans l'ordre suivant :
l.M. Charles-Marie Lorgeré, de Squiffiec (Côtes- du-Nord), — 2. M. Joseph-
Marie Adam, de Pomraer-et-Jaudy (Côtes-du-Nord). — 3. M. Alexandre-Henri-
Marie Guingant, de Douarnenez (Finistère). — 4, M. Frédéric Grimault, de
Dourdain (Ille-et-Yilaine). — 5. M. Aimé- Alexandre Richard, de St-Lormel
(Gôtes-du-Nord). — 6. M. Pierre Liron, de Solligny (Manche). — 7. M. Pierre-
Marie Paillardon, de Carho (Côtes-du-Nord). — 8. AI. Jules Liron, de Solligny
(Manche). — 9. M. François Denis, de Pizé itlIe-et-Villaine). — 10. M. Pierre-
Marie Villeneuve, de Gesson (Ille-et-Vilaine). — 11. M. Jean-Louis Guigouresse,
de Melaque (Finistère). — 12. M. Félix-Gabriel Blondel, de Reffuveille (Manche).
— 13. M. Jean-Marie Durand, de Gorseuil (Gôtes-du-Nord). — 14 M. Pierre
Trinquart, de Bédée (Ille-et-Vilaine). — 15. M. Alain-Marc-Marie Fravallo, de
Melgven (Finistère).
Douze élèves de première année ont été déclarés capables de suivre
les cours de deuxième année. Enfin, douze nouvelles admissions ont
été prononcées pour compléter l'effectif réglementaire de l'Ecole. Voici
dans quel ordre les admissions ont eu lieu :
1. M. Pierre-Marie Duclohier, de Renac (Ille-et-Vilaine). — 2. M. Yves-
Marie Esvan, de Guidel (Morbihan). — 3. M. Joseph-Marie Le Bris, de Kgrist
(Morbihan). — 4 M Auguste-Pierre Plaintossé, de Roz-sur-Gouesnon (Ille-et-
Vilaine). — 5. M. Jean-Marie Mahé. de Plouagat (Gôtes-du-Nord). — 6. M. Emile-
Marie Saulnier, de Cintré (Ille-et- Vilaine). — 7. M. Amand- Henri Rou'leau, de
Pleumeleuc (Ille-et-Vilaine). — 8. M Edouard-Gabriel Verdon, de St-Thurial
(Ille-et-Vilaine). — 9. M. Jules-Ferdinand Vaudevire, de St-Lô (Manche). —
10. M. Victor-Etienne Bource, de Guignen (Ille-et-Vilaine). — 11. M. Louis-
Baptiste Guy, de Lassay (Mayenne) 12. M, Ale.xandre-Mai'ie Philippeaux, de
Rennes (Ille-et-Vilaine).
La ferme-école des Trois-Croix continue à maintenir sa vieille répu-
tation. Fondée en 1832, elle s'est toujours facilement recrutée dans la
Bretagne. L'enseignement y est appuyé par une culture faite avec le
88 CHRONIQUE AGRICOLE (16 OCTOBRE 1880).
plus grand soin, et dont les rendements sont très élevés dans les
années ordinaires. Mal^^ré des circonstancQS météorolof^iques con-
traires, les rendements de l'année 1880 méritent d'appeler l'atten-
tion; ils ont été, pour les principales récoltes, par hectare : blé,
25 hectolitres sur 14 hectares; avoine, 50 hectolitres sur 6 hectares;
orge, 4 5 hectolitres sur G hectares et demi. L'année dernière, la sole
de betteraves avait donné 75,000 kilog., et celle de maïs-fourrage
80,000 kilog. par hectare. Nous ne saurions trop répéter que les fermes-
écoles dans lesquelles l'enseignement théorique et pratique est donné
avec autant de soin qu'à celle des Trois-Croix, mérilent tous les encou-
ragements des amis de l'agriculture. M. Bodin fils soutient avec hon-
neur les traditions de son père qui fut un des premiers pionniers de la
Bretagne,:
XIII, — L'agriculture dans le département de la Haute-Loire.
A diverses reprises, nous avons eu l'occasion de signaler les efforts
faits par les associations agricoles de la Haute-Loire pour y développer
le progrès, et de constater le succès qui les concerne. Nous trouvons
une nouvelle preuve de ce succès dans un intéressant rapport que
M. Aymard, président de la Société des amis des sciences, de l'in-
dustrie et des arts, vient d'adresser au Conseil général du département,
sur les travaux: de cette active Société pendant l'année 1879-80. En
voici quelques extraits :
« La Sociélé, secondée par son Comice agricole, s'est montrée encore, cette
année attentive' à étendre son action sur toutes les branches de l'économie rurale
dont l'heureuse diversité, dans notre région accidentée, l'a préservée, à bien des
égards, des crises agricoles.
ce Les trois concours de bestiaux, pour lesquels nous recevons les généreuses
subventions de l'Etat, du département et de la ville du Puy, contribuent au
perfectionnement de l'élevage du bétail, source principale de la richesse de nos
campagnes, tandis que la Société manifeste également sa sollicitude à bien d'autres
points de vue, par ies distributions de graines, par les encouragements à l'outil-
lage rural, par des expositions annuelles des produits de tous genres, non moins
qu'au moyen d'intéressantes communications et des rapports laits dans nos réu-
nions mensuelles. .
« Concours a animaux gras au Puy. — Le concours était nombreux et brillant
et, entre autres progrès qu'il nous a révélés, le compte rendu en a signalé trois
essentiels : V L'état remarquable d'engraissement des bœufs de la deuxième caté-
gorie dans laquelle dominaient les sujets de la race du Mezenc; %" le nombre de
plus en plus accentué et les qualités fort méritantes des sujets de l'espèce ovine en
ce qui concernait notre précieuse race de montagne, dite des bizels; 3» la présence
de porcs du pays à chair succulente, dont l'engraissement n'était pas dû, comme
dans certains concours précédents, à l'usage de la farine. Conservons donc nos
locales exemptes; autant que possible, de croisement ; améUorons-les par 1
races
sélection et nous n'aurons rien à redouter de ces prétendues importations ds viandes
américaines dont on a fait trop de bruit dans le cours de cette année.
« Témoin des succès éclatants qui ont recommandé notre race bovine du Mezenc
(ainsi <|ue la race tarentaise, introduite chez nous par un agriculteur distingué)
dans les concours régionaux, notamment à ceux de Mende, de Lyon, de Guéret,
aussi bien qu'à l'Exposition universelle de Paris, j'ai cru devoir, au nom de la
Société, convocjuer nos éleveurs pour celui qui aura lieu cette année à Glerraont,
Notre appel a été entendu et j'ai l'assurance qu'encore une lois ils feront honneur
au département Malheureusement le programme nous a fait regretter une réduc-
tion de prix, au sujet de laquelle, aussitôt que nous en avons eu connaissance,
nous avons Dansrnis nos réclamations au ministère II était sans doute trop tard
pour qu'il pût y être fait droit; mais nous sommes certains que h su[)ériorité de
notre exhiLilioù decidei'a le jury, comme précédemment, à lui attribuer des prix
supplémentaires. 11 serait bien désirable qu'un vœu du Conseil général consacrât, la
légitimité de notre demande, afin qu'à laveiair le programme du concours régional
CHRONIQUE AGRICOLE (16 OCTOBRE 1880). 89
maintînt le nombre des prix qui, depuis plusieurs années, était fixé pour la race
bovine du Mezenc.
« Distribution de graines. — Parmi les graines fourragères, nous persistons à
introduire celles des deux espèces de maïs; quarantains et caragua, qui convien-
nent le mieux à notre sol. Nous avons distribué également une certaine quantité
d'avoine prunier; après avoir reconnu les qualités de cette céréale par l'expérience
heureuse qu'en a faite l'un des vice-présidents du Comice, M. Couderchet.
« Dégâts causés par les froids de cet hiver. — Désireux d'avoir des indications
précises, nous les avons recueillies à différentes reprises, à de convenables inter-
valles de temps, afin de les obtenir en toute sûreté à mesure que la végétation
progressait. Il en est résulté que les inquiétudes qui, tout d'abord, s'étaient trop
vivement manifestées, se sont beaucoup amoindries. Bien des arbres et arbustes
indigènes ou même exotiques, qu'on supposait perdus, ont résisté aux rigueurs de
l'hiver et, si certaines cultures ont éprouvé quelques souffrances, elles ont été at-
ténuées par le retour bienfaisant de la belle saison.
« Etudes diverses d'agriculture. — Celles de ces études que nous avons jugées
applicables au département sont, entre autres, les suivantes : résultats de l'exploi-
tation d'un domaine depuis plusieurs années; culture de plantes aromatiques au
Puy ; les tourteaux de graines de coton d'Egypte; essais de culture de la betterave
géante, de carottes, de panais, de pommes de terre diverses, de cerfeuil bulbeux,
de rave géante, de la chicorée à grosse racine de Bruxelles, de l'avoine du Mexi-
que, etc.; une larve d'insectes dévastatrice des raves; l'origine et les quantités
supérieures de l'orge Chevalier; les céréales à végétation rapide; emploi de l'es-
courgeon comme fourrage vert ; nouveau procédé de culture des artichauts ; emploi
du paroire pour l'extirpation du chiendent; application du chaulage aux ensemen-
cements des raves, dans les pays de montagnes ; avortement des vaches ; utilisation
agricole des eaux d'égout; le chiffre d'hectares cultivés en vignes dans la Haute-
Loire; préservation delà vigne contre les gelées printanières; ensilage des feuilles
de vigne ; bouturage du thymélée des Alpes ; syndicat obligatoire applicable aux
chemins ruraux, etc. »
Cet exposé montre que les questions qui intéressent le plus le dé-
veloppement de la richesse agricole sont étudiées avec soin par la
Société; les sacrifices qu'elle s'impose, notamment pour la distribu-
tion de graines, sont un des meilleurs moyens de diffusion des bonnes
plantes. J.-A. Bahral.
CULTURE DE LA POMME DE TERRE
PLANTATION D'AUTOMNE.
La question de la plantation de la pomme de terre au mois de
novembre n'est point nouvelle en France. Cette question a été déjà
plusieurs fois traitée dans ce Journal, mais il manquait à cette pra-
tique la sanction de l'expérience et c'est là le sujet du présent travail.
La semaine dernière, le Times a publié une lettre écrite par un des
agronomes les plus distingués de l'Angleterre, M. James Howard, le
représentant des agriculteurs du comté de Bedford à la Chambre des
Communes, dont la parole est une des plus autorisées sur toutes les
questions que la discussion des intérêts agricoles soulève dans cette
enceinte parlementaire.
Cette lettre est on ne peut plus opportune, à une époque où la
culture de la pomme de terre, reconnue comme un des produits les
plus importants de Tagricnlture moderne, excite tant d'intérêts et
donne lieu à des recherches si sérieuses. En effet, chez nos voisins,
encore plus que chez nous, la récolte de ce tubercule ne le cède en
importance qu'à celle du blé, et son abondance ou sa disette exerce
sur l'économie sociale de l'Angleterre, au point de vue de la grande
question de l'alimentation, des effets d'une puissance dont les éco-
90 CULTURE DE LA POMME DK TERRE.
nomistes, même les plus savants, ont peine à se rendre compte, et
doat il est difficile d'exagéreu l'énorme inikience. Le trouble que l'in-
certitude de celte récolte a plusieurs fois apporté dans l'économie
alimentaire de la Grande-Bretagne et surtout en Irlande, a, dans ces
derniers temps, si fortement préoccupé les hommes politiques, que le
parlement a dû s'en occuper sérieusement et a institué une Commis-
sion, dont j'ai déjà parié, pour étudier les- causas de ces fluctua-
tions'de rendement dans la récolte du précieux tubercule et y trou-
ver un remède. Certes, la chose en vaut la peine, quand on vient à
considérer que la valeur moyenne de la récoite des pommes de teirre
dans le Royaiune-Uni n'est pas moins de 750. millions de francs
par an.
Auj mois d'août de l'année dernière, le Times publia une lettre
signée : Un curé de campagne, dans laquelle on préconisait la plan-
tation, des pommes de terre dans le courant du mois d'octobre et au
commencement de, novembre. Les raisons données à l'appui de cette
pratique étaient tellement plausibles que M. James Howard, esprit
novateur s'il en fut, résolut d'expérimenter lui-môme cette pratique
afin d'en constater les résultats.
Avant de reproduire ses expériences et leurs suites, je vais d'abord
résumer les arguments du curé de campagne, en faveur de la nouvelle
méthode.
Si l'on emmagasine les pommes de terre dans les caves jusqu'au
printemps, observe le curé^ il se produit à la longue une végétation
énergique, on voit de longs filaments pâles sortir des yeux do chaque
tul)ercule. Cette végétation intempestive doit nécessairement épuiser
la force végétative du tubercule, et, ainsi affaiblies, les pommes de
terre, lorsqu'elles sont plantées au printemps, ne peuvent opposer
aucune vigueur, aucune résistance à la maladie qui s'en empare sans
difficulté. D'ailleurs les germes étant déjà épuisés par cette végétation
prématurée, ne donnent presque aucun produit. Si, au lieu d'em-
magasiner les pommes de terre dans une cave, on les met dans un
grenier, le résultat est encore pire, car si la température n'est point
assez froide pour les faire geler, elles se dessèchent et se flétrissent,
et les germes ne tardent pas à mourir, tandis que si on les met en
terre à Tautomne, on les conserve contre les atteintes de la gelée,,
contre lé dessèchement produit par Pair, et contre la végétation pré-
maturée des caves. Au printemps suivant elles sortent de terre avec
toute leur vigueur et toute leur puissance de végétation, et donnent
des produits bien meilleurs et bien plus abondants.
Voilà d'excellents arguments, et le curé de campagne, s'il avait
connu le mode de conservation usité dans bien des pays en France,
il aurait pu ajouter que l'ensilage sous terre étant un des meilleurs
moyens de conserver la pomme de terre, il est raisonnable et logique
de conclure que la plantation d'automne est équivalente à l'ensilage,
avec cet avantage que l'opération de la plantation se trouve toute faite,
avantage immense en ce qu'il économise un temps précieux au prin-
temps, sans compter celui non moins important d'un produit meilleur
et plus abondant, et moins susceptible de la maladie.
Influencé par ces considérations, M. James Howard, dans les
premiers jours de novembre dernier, fit planter sur un sol très argileux
une certaine quantité de pommes de terre hâtives, connues sous le
CULTURE DE LA [POMME DE TERRE 91
nom de Early Royal Àshleaf de Rivers, à une profondeur d'environ
20 centimètres. Du 15 au UO mars suivant, il lit planter sur deux
bandes du même terrain, côte à côte avec celui ensemencé au mois de
novembre précédent, la même variété de pommes de terre. Ces plants
semés en mars, sortirent de terre à l'époque ordinaire, mais ceux
plantés en novembre ne donnaient encore aucun signe de vie, et
M. Howard commenta à craindre que les froids intenses de l'hiver
dernier n'eussent, comme l'avait prédit son jardinier, détruit les
plants eux-mêmes. Cependant trois semaines plus tard, les plants de
novembre commencèrent à pousser de fortes tiges à la surface. Ces
tiges se- développèrent rapidement et ne tardèrent pas à surpasser
leurs voisines en vigueur et en luxuriance de feuillage. Les tubercules
arrivèrent à maturité et furent récoltés au moins trois semaines avant
que la maladie ne se manifestât. Les plantes semées au printemps
furent attaquées par la maladie avant la maturité des tubercules,
ainsi qu'une petite portion de celles plantées en novembre qu'on avait
laissées en terre exprès pour constater sur elles l'effet de la nraladie.
M. Howard remarque que la maladie ne s'étendit point à d'autres
bandes d'un terrain voisin et contigu, planté de pommes de terre
Champion, lesquelles récoltées la semaine dernière ont donné dix-neuf
vingtièmes de tubercules parfaitement sains. Voici donc une nou-
velle preuve de l'immunité de la Champion contre les atteintes de
la maladie. Je prépare mon rapport sur mes expériences de cette
année, par lequel on verra que je n'ai point eu à constater le moindre
symptôme de maladie dans toute ma récolte, tandis que les autres
espèces que j'ai cultivées ont plus ou moins souffert.
La récolte des pommes de terres plantées en novembre par
M. Howard, fut enlevée pendant qu'il était à Londres, vaquant à ses
devoirs de membre du parlement, et malheureusement cette récolte ne
fut point pesée. Son jardinier, à qui il reprochait celte négligence, lui
fit observer qu'il n'y avait aucune nécessité de faire ce pesage, car tout
le monde était d'accord, en les voyant, que la récolte était presque le
double de celle des pommes de terre semées en mars.
Plusieurs autres cultivateurs ayant suivi les conseils du curé de
campagne, ont, paraît-il, obtenu les mêmes résultats favorables que
M. James Howard. Le curé de campagne lui-môme avait remarqué
dans la lettre de l'année dernière, qu'il pratiquait cette méthode depuis
vingt-cinq ans et toujours avec le même succès.
Cette expérience faite dans son jardin a paru si satisfaisante à
M. James Howard, qu'il déclare son intention de la répéter cette
année sur une plus grande échelle, dans la culture de son exploi-
tation agricole. — Je vais moi-même faire cet essai sur ma
ferme, avec plusieurs espèces comprenant la Early Rose, la Magnum
Bonum et la Champion, car celte méthode me semble rationnellement
justifiée par des arguments logiques et sérieux; d'ailleurs les faits
constatés par un agriculteur aussi sérieux et aussi pratique que
M. James Howard, suffisent pour démontrer le caractère recommafl-
dable de cette méthode et mettre son adoption au delà des aléas
d'une simple expérimentation. Quant à moi, je n'y vois que deux
inconvénients, c'est la fumure du terrain qu'il n'est guère facile
d'effectUeû bien longtemps avant la plantation, ce que je condamne
absolument, car le fumier d'étâble appliqué immédiatement avant la
92 CUf/rUKE DE LA POiMME DE TERRE,
plantation engendre des vers destracteurs, qui quelquefois suffisent
pour anéantir la recolle tout entière. iM. Howard |le constate lui-
même dans sa lettre au Times. Il remarque qu'une partie du lot
de terrain où la plantation de novembre a été faite n'a point donné
d'aussi bons résultats que les aulres parties, ce qu'il attribue à ce que
cette portion avait été copieusement fumée avec du fumier d'étable
immédiatement avant l'ensemencement. Dans ce cas, il recommande
de saupoudrer la semence avec de la suie au moment de la planter.
D'un autre côté, en général, il vaut toujours mieux que le fumier ait
séjourné quelque temps dans la terre avant l'en-emencement de
n'importe quelle récolte. Ma pratique constante est de fumer et de
labourer profondément avant l'iiiver les terres que je destine à la
pomme de terre comme aux betteraves et autres racines de printemps.
L'autre inconvénient de cette plantation d'automne, c'est qu'elle
tombe juste au milieu des semailles de blé, à une époque oii les atte-
lages sont fortement; occupés et l'attention des cultivateurs accaparée
par des travaux plus urgents. Mais, comme l'observe justement
M. James Howard, si cette nouvelle méthode de culture est satisfai-
sante et donne plus de produit que Tancienne, on trouvera bien les
moyens d'obvier à cet inconvénient.
Il reste encore une autre objection qu'il convient d'examiner. C'est
le danger de la gelée dans les hivers rigoureux comme celui que nous
venons de traverser. L'expérience de M. James Howard et celle des
autres cultivateurs qu'il cite dans sa lettre au Times^ est faite pour
dissiper toute appréhension à cet égard, par le fait de cette végétation
tardive manifestée par les plants mis en terre à l'automne. Dans le
jardin de M. Howard, ces plants, mis en terre au commencement de
novembre 1879, n'ont manifesté leur végétation à la surface du sol
que trois semaines après ceux mis en terre vers le 20 mars 1880. Il
est vrai que la nature compacte du sol oii ils avaient été plantés a pu
exercer une certaine influence de résistance plus grande que celle d'un
sol plus léger. C'est un problème que je vais me charger de résoudre,
car je compte planter vers la fin d'octobre diverses variétés de pommes
de terre dans une terre très légère, et je pourrai constater l'effet qui
se produira. F.-R. de la Tréhonnais.
LE CONCOURS D'IRRIGATION
DES HAUTES ET BASSES-ALPES
Le lundi 20 septembre a eu lieu, à Gap, ainsi que le Journal l'a déjà fait con-
naître, la distribution des récompenses aux lauréats du concours d'irrigation
ouvert, en 1879, dans les Hautes et Basses-Alpes. Cette solennité a présenté un
très grand intérêt; elle était présidée par M. Vernet, préfet des Hautes- Alpes Nous
Sublions ci-dessous les discours prononcés, ainsi que la liste des récompenses
écernées.
L — Discours de M. Vernet, préfet des Hautes-Âlpes.
Messieurs, je suis fier et surtout heureux de l'honneur qu'a bien
voulu me faire M. le ministre en me confiant la présidence de cette
fête de l'agriculture, qui intéresse deux départements frères.
La meilleure partie de ma vie s'est écoulée parmi les populations
agricoles. Je les connais et je les aime; aussi, c'est une vive satisfac-
tion pour moi d'avoir à récompenser leurs efforts, si souvent ignorés.
La terre, messieurs, ce principal générateur de la richesse publi-
CONCOURS D IRRiaATION DES HAUTES ET BASSES-ALPES. 93
que, a subi, vous le savez, des fortunes diverses suivant les milieux
sociaux qui se sont succédé. Avant 1789, maîtresse stérile de la
noblesse et du clergé, elle fut arrachée de leurs bras impuissants par
la grande Révolution et donnée en légitimes noces à celui qu'on a si
excellemment nommé le paysan, l'homme du pays. Sous sa robuste
étreinte, elle est devenue merveilleusement féconde et la richesse
qu'elle a créée a permis aux autres générateurs de la production natio-
nale d'atteindre à ce développement et à cette puissance qui font l'éton-
nement du monde entier.
Mais les conditions économiques se modifient sans cesse comme les
sociétés, et les autres éléments producteurs, soumis à des charges
moins lourdes, ont pu, en offrant au capital et au travail une plus
large rémunération, éloigner peu à peu de la terre ces agents néces-
saires à toute production.
.Telle est, messieurs, je le crois, non point l'unique cause, mais la
cause principale du malaise qui pèse sur l'agriculture.
Il appartenait au gouvernement réparateur de la République de se
préoccuper de cette situation. Cette fête, messieurs, témoigne de sa
sollicitude; mais ces solennités demeureraient impuissantes si elles
n'étaient pas le couronnement de mesures plus efficaces.
Pour rétablir l'équilibre dans la répartition des moteurs, le capital
et le travail, dont je parlais tout à l'heure, et les ramener à elle, la
terre se trouve dans la nécessité absolue de leur offrir un loyer plus
élevé. Il faut donc ou alléger les charges qui la grèvent sous des
formes si multiples, ou bien diminuer le 'prix de revient de ses pro-
duits en les augmentant.
Le premier de ces moyens préoccupe, en ce moment, d'éminents
esprits et la prospérité sans précédent de nos finances permet d'espérer
qu'il pourra être appliqué dans un avenir prochain. Le second,
messieurs, nous en voyons chaque jour l'emploi fécond. Les ressources
de nos budgets ne vont plus, comme sous l'Empire, s'engloutir dans
des aventures lointaines et funestes. C'est à ouvrir des voies de commu-
nication, c'est-à-dire à réduire le prix des transports ; à creuser des
canaux, c'est-à-dire à augmenter les produits du sol, que sont
employés les excédents de la richesse publique. Et ces subventions,
vous l'avez remarqué, messieurs, ne sont point, ainsi que l'ont pra-
tiqué tous les régimes précédents, réparties en raison des sacrifices,
mais en raison des besoins : en d'autres termes, c'est aux plus pauvres
que le gouvernement républicain donne davantage.
..Les populations reconnaissantes de ces montagnes ne l'oublieront
pas; elles se souviendront que, si la grande Réforme de 89 a créé
l'égalité des droits, la République de 70, sa fille légitime, a pratiqué
la solidarité des intérêts. La première, elle s'e?,t efforcée sérieusement,
et ce sera son éternel honneur, de fixer nos populations robustes sur
le sol natal qu'elles fécondent et dont la possession les moralise. En
se dévouant à cette noble entreprise, la République n'a fait, d'ailleurs,
qu'obéir aux lois de sa nature. Elle est le gouvernement des races
fortes et saines; elle a besoin de vertu, a dit Montesquieu, non point
de cette vertu anémique qui vit de macérations et d'extases, mais de
cette vertu virile qui se complaît dans les luttes pour la grandeur de
la patrie et l'avancement de l'humanité.
Je termine laces considérations générales; des voix plus autorisées
94 CONCOURS D'IRRIGATION DES HAUTES ET BASSES-ALPES.
que la mienne vont vous dire, messieurs, comment doivent être secon-
dées les intentions bienveillantes du gouvernement.
o
IL " Discours de M. du Peyrat, inspecteur général de l'agriculture.
Messieurs, l'année dernière, le i^ouvcrnement avait ouvert dans les
deux départements réunis des Hautes et des Basses- Alpes un concours
d'irrigation auquel soixante-douze concurrents ont pris part. La procla-
mation des noms des lauréats devait avoir lieu en môme temps que la
distribution des récompenses du concours régional de Grenoble, au mois
de juin dernier. Mais M; le ministre de l'agriculture a pensé qu'il était
préférable que le concours des prix d'irrigation fit l'objet d'une solen-
nité spéciale dans le chef-lieu du département des Hautes- Alpes, au
milieu des populations laborieuses dont nous venons aujourd'hui
récompenser les efforts et signaler les travaux. Vous verrez tous,
messieurs, dans cette pensée du gouvernement, un nouveau témoi-
gnage de sa haute sollicitude pour les intérêts agricoles et de son
désir d'honorer les cultivateurs.
Parmi les moyens qui permettent de mettre en valeur vos montagnes
et d'en retirer les produits les plus rémunérateurs, il n'en est pas de
plus puissant que l'emploi des eaux d'arrosage. Des travaux considé-
rables ont déjà été faits dans vos déparlements pour l'irrigation des
terres, d'autres se poursuivent en ce moment et des études en voie de
préparation permettront de compléter une œuvre qui est intimement
liée à la prospérité de ce pays.
En organisant des concours pour récompenser les cultivateurs qui
utilisent les eaux de la manière la plus intelligente, l'administration
de l'agriculture a voulu, dans le Midi surtout, attirer l'attention des
propriétaires sur l'utilité des irrigations et provoquer le progrès par
des encouragements qui vont rechercher, jusque dans vos vallées les
plus reculées, des mérites ignorés, des efforts utiles, des résultats qui
servent à l'enseignement de tous.
A l'avenir, ces encouragements spéciaux aux irrigations prendront
même une plus large extension en se généralisant, et trouveront place
dans le programme des prix culturaux qui s'applique successivement
à chacun des sept départements formant la région agricole.
Par l'application de cette mesure, tous les sept ans un concours
d'irrigation aura lieu dans chacun des départements qui composent la
région, en même temps que le concours ouvert pour la prime d'honneur
et les divers prix culturaux.
Ce concours se tiendra en 1883 dans le département des Basses-
Alpes, et en 1884 dans celui des Hautes-Alpes. J'espère, messieurs,
qu'à cette époque les agriculteurs des Alpes répondront à Fappel du
gouvernement, comme ils l'ont déjà fait l'année dernière, et qu'ils
nous procureront l'occasion de constater de nouveaux progrès en leur
décernant de nouvelles récompenses.
Je laisse à l'honorable M. Barrai, rapporteur du jury, le soin de
vous parler des lauréats de ce concours et de vous entretenir des
questions générales qui se rattachent à l'économie rurale de ce pays.
Les travaux remarquables publiés sur les irrigations du Midi de la
France par ce savant si sympathique aux agriculteurs, seront complétés
par un nouveau rapport spécial aux irrigations des deux départements
des Hautes et Basses- Alpes.
CONCOURS D IRRIGATION DES HAUTES ET BASSES-ALPES. 95
Je me félicite, messieurs, des circonstances qui nous ont réunis au
milieu des fêtes de celte ville, oi^i les plaisirs eux-mêmes ont pris une
forme utile et où une ingénieuse charité a su récolter la part des mal-
heureux. Une meilleure occasion ne pouvait nous être offerte pour
couronner publiquement les lauréats du concours d'irrigation, et je
prie les organisateurs de cette réunion, M. le préfet et M. le maire de
Gap, de vouloir bien recevoir l'expression de mes sympathiques
remercîments, au nom de l'administration que j'ai l'honneur de repré-
senter.
III. — Discours de M. J.-A Barrai, rapporteur du Jury.
Monsieur le préfet, mesdames, messieurs, par l'institution des
concours d'irrigation qui ont pour but de récompenser et de signaler
à l'attention publi([ue les agriculteurs dont les travaux de bon amé-
nagement des eaux amènent une abondante production végétale, le
gouvernement de la République a voulu donner une plus vive im-
pulsion au développement de la richesse agricole de la France. L'eau
étant un des moyens d'action les plus puissants que l'homme puisse
employer pour accroître le rendement de ses récoltes dans tous les
pays qui souffrent de la sécheresse, et par conséquent dans le Midi,
il est d'un intérêt patriotique de premier ordre qu'aucune source,
qu'aucun cours d'eau ne se perde inutile, car l'eau qui s'écoule inutile
pour aller se mêler aux flots de l'Océan, c'est du pain, c'est de la
viande, c'est du bien-être pour les populations qui se trouvent déplo-
rablement gaspillés, sans compter que l'eau non absorbée par la
végétation devient parfois un danger immense pour la sécurité des
nations. Féconde, si elle est utilisée et bien aménagée, terrible et dé-
vastatrice si elle est abandonnée à elle-même par l'homme insouciant,
telle est cette substance liquide qui constitue une grande partie du
globe terrestre. Trop souvent, dans le passé de l'humanité, on a délaissé
cet élément de la nature sans songer à le dominer par des efforts
sufhsants, quoique des travaux nombreux aient été faits dès la plus
haute antiquité pour irriguer les terres. C'est partout qu'il faut agir,
c'est un ensemble complet de mesures qu'il faut prendre pour ré-
soudre définitivement le grave problème de l'utilisation de toutes les
sources et de tous les cours d'eau. Le gouvernement de la Répu-
blique l'a compris. Il fait appel à tous les efforts individuels, et il
propose des lois qui les coordonneront, des mesures qui solidariseront
la puissance publique et les travaux particuliers. Les concours d'irri-
gation sont un des moyens par lesquels il montre sa sollicitude en
cette matière et excite les intéressés à l'aider de leur activité intelli-
gente, car c'est avec tous, par tous et pour tous que le bien peut seul
s'accomplir dans sa plénitude.
Le Midi, surtout, a besoin des irrigations. Vous savez les nom-
breux canaux qui sont établis et que l'on construit chaque jour dans
les plaines de la Provence, du Dauphiné, du Languedoc, oii des con-
cours d'irrigation ont, durant ces cinq dernières années, dévoilé les
merveilleuses récoltes obtenues grâce à de bonnes pratiques d'arro-
sages, et répandu une émulation féconde parmi les propriélaires, les
fermiers et les métayers. Les laborieuses populations des montagnes
devaient d'autant moins demeurer étrangères à ces encouragements,
qu'elles sont plus courageuses, plus patientes, et qu'elles montrent
96 CONCOURS D'IRRIGATION DES HAUTES ET BASSES-ALPES.
toujours un dévouement absolu à la patrie; d'ailleurs la lutte pour
vivre malgré les fléaux naturels y est plus énergique que dans les
plaines, et elle y donne aussi des résultats plus considérables qui revê-
tent un caractère d'utilité plus générale, parce que c'est à leur origine
qu'il faut éteindre les sources qui vont peut-être se transformer
tout à l'heure en torrents indomptables. Un grand concours d'irriga-
tions a donc été créé en 1 879 pour les deux départements des Basses
et Hautes-Alpes. Je dois vous en rendre un compte sommaire dans ce
résumé. Un rapport développé formant un gros volume, pourra seul
faire connaître la grandeur de l'œuvre déjà accomplie, qui remonte
pour ses commencements aux temps les plus anciens, mais qui reçoit
de nos jours un développement pour lequel le gouvernement de la
République ne ménage ni les subsides, ni les grands travaux que
l'Etat seul peut mener à bonne fin, parce que leur exécution dépasse
la puissance des individus isolés.
A l'appel du gouvernement, 72 concurrents ont répondu; 16 se
sont fait inscrire dans le département des Basses-Alpes, 56 dans
celui des Hautes-Alpes. H était naturel que ce dernier nombre sur-
passât le premier, car aujourd'hui le département des Hautes-Alpes
compte plus de 20,000 hectares irrigués, tandis qu'il n'y en a que
8,000 à 9,000 hectares dans celui des Basses-Alpes. La Commission
chargée de décerner les prix promis par le programme, s'est trans-
portée dans tous les lieux oi^i les concurrents avaient fait des travaux,
parfois môme des projets de travaux. Les cultivateurs des hautes
montagnes ont vu pour la première fois la sollicitude des grands
pouvoirs publics se manifester par l'attention avec laquelle leurs
efforts étaient étudiés et appréciés. C'était un événement heureux pour
ces populations qui ont montré avec orgueil les soins qu'elles mettent
à féconder la terre. Des villages entiers venaient assister aux visites,
et bien des cultivateurs qui avaient négligé de se faire inscrire pour
Fépoque fixée comme clôture du concours, regrettèrent de n'avoir
pas été plus diligents. Notons que d'admirables travaux d'irrigation,
admirables surtout par la patience et le courage persévérant qu'ils
révèlent, sont faits à des altitudes de 1,800 à 2,200 mètres et plus,
à Ristolas, à Vars, par exemple. Et quels durs labeurs s'imposent ces
populations habituées aux frimats, aux privations de tous genres,
aux pratiques de la vie la plus sévère, où parfois le pain (de ce pain
dont nous avons mangé) est cuit une fois en septembre pour servir toute
l'année. Aussi quels hommes vigoureux, quels défenseurs solides ces
populations donnent-elles à la patrie.
Le programme avait proposé huit prix pour tant de concurrents.
La Commission se trouvait ainsi dans la pénible nécessité de laisser
sans récompenses des efforts de grand mérite. M. le ministre de
l'agriculture a bien voulu consentir à accorder des médailles supplé-
mentaires, afin de montrer combien le gouvernement prend en consi-
dération les travaux de l'agriculture. C'est ainsi qu'aujourd'hui vont
être proclamées 38 récompenses, consistant en 8 prix en argent d'une
valeur totale de 4,400 fr. accompagnés d'un objet d'art et d'une
médaille d'or, de 4 médailles d'argent et de 2 médailles de bronze,
plus 4 médailles pour les agents irrigateurs des exploitations primées,
et en dehors du concours, 9 médailles d'argent , grand module,
1 1 médailles d'argent ordinaires, 8 médailles de bronze.
CONCOURS D IRRIGATION DES HxVUTES ET BASSES-ALPES. 97
Malgré tant de récompenses, tous les mérites ne sont pas encore
reconnus, mais d'autres concours viendront qui permettront à ceux
qui ne sont pas élus aujourd'hui de triomphera leur tour; de nouveaux
travaux auront été accomplis, les anciens auront été perfectionnés ou
améliorés; nul ne doit se décourager, car les efforts agricoles ont cela
de particulier, c'est qu'ils ont des résultats permanents; ceux-ci
s'imposent aux applaudissements par la fécondité imprimée au sol et
qu'une végétation luxuriante dénonce toujours.
Les prix proposés par le programme sont divisés en deux catégories :
V Les propriétés ayant plus de 6 hectares à l'arrosage; 2' les exploi-
tations, celles des petits cultivateurs, ayant au maximum G hectares
en terres arrosées.
Le premier prix de la première catégorie a été attribué à M. Gabriel
Arnoux, ancien officier de marine, qui exploite directement un
domaine de 24 hectares, sur la rive gauche de la Durance, près du
pont des Mées. A l'aide du colmatage, M. Arnoux a réussi à consti-
tuer une couche de terre végétale d'une épaisseur variant de 0'".35 à
1™.20, selon la sinuosité de la surface, sur des graviers incultes où de
distance en distance apparaissaient quelques maquis d'osiers. Déjà
plus de 1 I hectares sont en pleine production et sont recouverts de
vignes, de mûriers, de poiriers, de jardins ou de champs cultivés. Le
reste de l'étendue est en préparation; des bourrelets de terre établis
en vue du colmatage enserrent une surface de plusieurs hectares à des
degrés différents de transformation, montrant ainsi toutes les phases
de l'opération. Pour les planîations de vignes nouvelles, M. Arnoux
emploie un procédé qui mérite d'être cité et qui consiste à planter
dans le gravier même et à amener sur le sol déjà garni, à l'automne
ou en hiver, les meilleurs dépôts de la Durance. Le développement de
la jeune vigne se fait simultanément avec l'exhaussement progressif
du sol; on gagne ainsi 2 ou 3 ans dans la formation du vignoble.
D'ailleurs, M. Arnoux a établi ses vignes pour lutter victorieusement
contre le phylloxéra par la submersion automnale ])Our laquelle tout
est préparé. En ce qui concerne l'irrigation, M. Arnoux est arrivé à
acquérir le droit aux trois quarts des voix dans le syndicat d'aval
des Mées, et il a acheté toutes les sources de la ville ainsi que les
sources voisines de sa propriété. Il peut ainsi joindre à l'efficacité du
colmatage la qualité des eaux d'arrosage et une fumure indirecte.
Aussi les récoltes qu'il obtient sont abondantes, et il a constitué un
exemple qui mérite d'être suivi et que le jury du concours a voulu
signaler à Fattention de ceux qui aiment et veulent suivre le
progrès.
Les trois autres prix de la première catégorie ont été décernés à des
agriculteurs des Hautes-Alpes qui emploient principalement les irriga-
tions à la production des fourrages pour arriver à l'entretien d'un
bétail nombreux et bien nourri. Ce sont MM. i\ïazan, Aurouze et
Martin.
Sur sa propriété de Laraque, M. Mazan a mis près de 1 2 hectares
à l'arrosage, dont 7''50 en prés, et le reste en cultures diverses. Le
rendement moyen de ses prés est de 9,000 à 10,000 kilog. de foin
qui est entièrement consommé dans la ferme où nous avons trouvé
20 têtes bovines, 60 têtes ovines, 40 porcs et 2 mules. M. Mazan fait
d'abondantes fumures ; il accroît la fertilité de son domaine par des
98 CONCOURS D'IRRIGATION DES HAUTES ET BASSES-ALPES.
achats de paille et de tourteaux, de manière à restituer et au delà les
principes qu'il exporte.
M. Aurouzc exploite comme fermier le domaine de Pascal, sur le
territoire de Charance près de Gap. Cette ferme présente une étendue
de 31 hectares sur lesquels 21 hectares sont à l'arrosage; il y a
10 hectares de prés naturels et 8 hectares de prairies artificielles.
Depuis son entrée en jouissance, M. Aurouze a doublé l'étendue
arrosable des terres et, il n'a pas cessé d'introduire de constantes
améliorations; il a appliqué les vidanges de la ville à des irrigations
très bien réussies^ en les délayant dans de l'eau. Les rendements qu'il
obtient en foin, en pommes de terre, en choux, en d'autres légumes,
sont très satisfaisants; il a présenté des cultures sarclées très remar-
quables. Il a introduit la faucheuse, la moissonneuse, la faneuse, tous
les instruments perfectionnés, et c'est à noter comme bon exemple
donné par un fermier. Il entretient un bon bétail; dans les concours
régionaux, ses animaux ont plusieurs fois remporté des prix. Il vend
du lait à la ville avec profit et son lait est excellent; les agneaux de
son troupeau sont aussi recherchés par la boucherie. Un tel agriculteur
a droit aux applaudissements des amis du progrès.
Le domaine exploité par M. Martin occupe la croupe et les versants
d'un mamelon dominant le village de Laye, dans le canton de Saint-
Bonnet. Pour y amener l'eau, il a dû capter une source au flanc de la
montagne voisine, faire un canal d'une longueur de 3 kilomètres,
traverser un ravin à l'aide d'un siphon, puis creuser et maçonner un
bassin-réservoir sur le point culminant de la propriété afin d'emmaga-
siner l'eau et la reprendre ensuite par des rigoles à faible pente sur
une surface de 27 hectares. Autre détail à noter, il a construit un
second bassin })our recevoir les eaux de colature, n'en rien perdre
et cependant maintenir toujours les terres parfaitement saines. Les
résultats obtenus sont remarquables, quoiqu'on puisse regretter que
les prés ne reçoivent pas de plus abondantes fumures que celles qu'il
leur accorde avec un peu de parcimonie. Mais deux troupeaux des
espèces bovine et ovine sont dans un très bon état. Le lait des
vaches est converti en beurre et en fromage qui trouvent facilement
preneurs sur le marché de Gap. L'irrigation aboutit ici à une
fructueuse spéculation en produits animaux.
Nous arrivons aux prix de la T catégorie, ceux destinés à la petite
culture. En tête, le jury a placé M. Deblieux, qui exploite un peu plus
de 3 hectares arrosés à Mezel, pour lesquels il paye un gros fermage de
500 fr. par hectare. Malgré cette charge considérable, par le bon amé-
nagement des eaux qu'il emploie, par les hautes fumures qu'il pro-
digue à ses champs, il a réussi à faire des bénéfices remarquables.
Sur ses prés (il en a 1 hectare 87 ares), il parvient à récolter 1 0,000 ki-
log, de foin par hectare, parce qu'il emploie beaucoup de fumier et
en outre du guano du Pérou. Il fait en outre, pour les pays environ-
nants, des plants de choux, de betteraves, de choux-raves, d'oignons,
d'ail, de poireaux, etc., et la vente ne produit pas moins de 3,000 fr.
sur moins d'un hectare. C'est de la petite culture intensive à un haut
degré, et dont le succès, il faut le reconnaître, est dû en partie à l'ad-
mirable situation de Mezel. Mais l'habileté du cultivateur doit surtout
consister à profiter des circonstances heureuses du sol et du climat,
et des conditions économiques où il se trouve.
CONCOURS D'iRRIGATIOx^ DES HAUTES ET BASSES-ALPES. 99
Les trois autres lauréats de la même catégorie appartiennent aux
Hautes- Alpes.
M. Rambaud, dans le canton de Tallard, a créé un canal de 2 kilo-
mètres, afin de pouvoir arroser une portion de sa petite propriété, qui
n'a pas 13 hectares en totalité; il a mis 30 ans et dépensé 10,000 fr.
pour accomplir son œuvre, mais il est parvenu à doubler le rende-
ment de ses récoltes.
M. Galland, à Clémence-d'Ambel, arrose un peu plus de 5 hectares
sur les 7 hectares qu'il possède ; il est dans un pays où l'irrigation est
en usage depuis des siècles; on ne compte pas moins de six canaux
dans la commune; il a participé à l'acceptation du règlement des
eaux entre les membres des syndicats. Il récolte assez de fourrage
pour nourrir 5 vaches laitières, 3 génisses, 10 chèvres, 40 moutons,
3 porcs et 1 mulet, c'est-à-dire plus d'une tête et demie par hectare.
De* là les fumures abondantes qu'il peut faire, et qu'il accroît encore
avec raison par des achats de paille et de feuilles et herbes sèches pro-
venant des montagnes, et dont il se sert pour faire de la litière. Il y a
dans tous ses actes d'administration des preuves d'urte intelligence
remarquable.
M. Meissimilly exploite sur la commune d'Arvieux, dans le canton
d'Aiguilles, une surface de 4 hectares en prairies particulièrement bien
traitées, au double point de vue des fumures, de l'arrosage, de l'em-
ploi économique des eaux; M. Meissimilly a, pour l'étendue, su
mettre un nombreux bétail dans un parfait état. Il est le premier dans
une commune remarquable où il rencontre beaucoup de rivaux pour
bien cultiver, beaucoup produire et, j'ajouterai, pour peu dépenser.
Le cultivateur des Alpes n'aime pas, on le sait, à sortir de l'argent
de sa bourse, s'il est soucieux de chercher à la remplir.
Il serait bien long de développer, même succinctement, tous les
mérites des 26 lauréats des médailles accordées hors concours par
M. le ministre de l'agriculture sur la demande du jury; vous en enten-
drez la nomenclature succincte.
Il faut citer, toutefois, les médailles accordées pour concordance
entre des travaux d'irrigation et des créations de fruitières. Il ne
suffit pas d'encourager la création de prairies et de dire aux paysans
des Alpes: faites beaucoup c!e foin; il faut encore leur faciliter les
moyens de faire avantageusement consommer ce foin. La création des
fruitières a été, à cet égard, un grand bienfait, et les agriculteurs qui,
comme MM. Blanc, à Arvieux; Bresson et Jullien, àOrcières; Joseph,
Jean et Christophe Laurens, à Ristolas; Boursier, à Abriès; Esca-
lier, à Meleret, ont contribué à la création des fromageries par associa-
tion, où la production du lait trouve un placement certain et avanta-
geux., ont rendu de grands services à la cause du développement der
irrigations. D'ailleurs, il faut bien, alors que l'on met des terres en
défens afin de les reboiser et apporter ainsi une diminution forcée
dans l'élevage de l'espèce ovine, il faut bien, disons-nous, donner aux
populations des montagnes le moyen d'accroître fructueusement l'éle-
vage de l'espèce bovine. Reboisez, c'est bien; mais en même temps,
multipliez et réglementez les pâturages, arrosez ceux-ci, rendez-les
stables et productifs; c'est là, avec l'extinction des torrents, l'œuvre
qu'il faut accomplir pour restaurer les montagnes et sauver les plaines.
Combien le rapporteur de la commission voudrait pouvoir faire valoir
100 CONCOURS d'irrigation DES HAUTES ET BASSES-ALPES.
tant d'efforts modestes, qui se produisent loin du bruit des villes,
dans le silence des campagnes solitaires, souvent délaissées, et où il
importe de ramener ou de maintenir la prospérité. Elles sont bien
placées, les médailles qui rappellent les mérites d'hommes tels que
MM. Gueyraud, Cocordan, Turcan, Bertrand, Escallier, Grignon, Jou-
glard, Reynaud, Roux, Rozan, Bellon, Chevally, David, Gérard, Girau-
deau, Laurens, Risoul, créateurs decanaux plus ou moins considérables,
propagateurs de tous les progrès relatifs à l'emploi intelligent des
eaux d'arrosages, pionniers des améliorations à toutes les altitudes,
jusque près des neiges perpétuelles.
Entre tant de mérites divers, il fallait choisir pour l'objet d'art,
prime d'honneur du concours d'irrigation. Le jury a désigné M. Ar-
noux,dont les travaux ont un caractère vraiment exceptionnel de bonne
exécution et qui constituent une véritable conquête-ç puis il a désigné
quatre employés des exploitations pour recevoir deux médailles d'ar-
gent et deux médailles de bronze qui figuraient dans les récompenses
des collaborateurs aux chefs d'exploitation. C'est de la démocratie bien
entendue; le partage de l'honneur après le partage du travail.
Et maintenant, me sera-t-il permis de tirer de ce concours quel-
ques conséquences d'intérêt général, peut-être même de donner timide-
ment quelques conseils?
Un auteur qui a laissé dans ce pays un souvenir d'estime, M. Fer-
naud, ancien secrétaire général delà préfecture des Hautes-Alpes, a été,
en 1 820, récompensé par la Société nationale d'agriculture de France,
pour un travail sur les irrigations du département. Dans ce mémoire,
il a dit à plusieurs reprises : c'est avec delà chaleur et de l'eau qu'on
produit toutes les plantes; le ciel donne la chaleur au cultivateur,
donnons lui de l'eau, et la prospérité de l'agriculteur sera complète.
Oui, avec de l'eau et de la chaleur, les plantes deviennent vigou-
reuses, mais il faut encore remplir une condition : donner abondam-
ment la fumure, donner l'engrais. On doit restituer au sol l'équiva-
lent de ce que l'on y prend; il n'est pas de terre qui ne s'épuise si
on n'y remet rien. La science a appris et la pratique a vérihé qu'il faut
à toutes les récoltes, à celle du foin non moins qu'aux autres, beau-
coup de fumier, et non pas seulement celui produit sur le terrain
même, mais encore des engrais extérieurs, si Ton veut obtenir de
grands rendements, les seuls qui enrichissent; la science a aussi
montré qu'il ne suffit pas de donner de l'eau à une terre, mais qu'il
faut encore, après avoir arrosé, assainir, c'est-à-dire qu'il importe de
combiner les canaux de colature avec les canaux d'arrosage. A ce
double point de vue, les cultivateurs des Alpes déjà entrés dans la
voie du progrès, comme le prouve le concours de 1879, ont encore
beaucoup à faire.
Le gouvernement de la République a contribué pour une forte part
à l'œuvre qui grandit aujourd'hui. J'ai pu vous dire que les irriga-
tions, dans le seul département des Hautes-Alpes, s'étaient augmentées
depuis 1820 dans la proportion de 13 à 20. C'est surtout depuis 1870
que ce progrès s'est accompli, et sa marche en avant est accentuée par
les mesures prises récemment par le gouvernement de la République
qui prend à sa charge les travaux de canalisation ou en avance une
forte partie, sauf à rentrer dans ses avances par des annuités lorsque
les bénéfices seront venus récompenser les labeurs des cultivateurs.
CONCOURS d'irrigation DES HAUTES ET BASSES-ALPES. 101
C'est ainsi que le canal de Prunières, le canal de Ventavon, le canal
de Ristolas, celui de Gap, celui de Saint-Firmin et plusieurs autres,
vont être terminés prochainement et féconderont tant de terres oii le
cultivateur, dès qu'il aura de 1 eau, multipliera ses efforts pour avoir
une production abondante, richesse pour lui, richesse pour le pays
tout entier. Bientôt plus de 5.000 hectares nouveaux recevront aussi
le bienfait de l'arrosage. Les associations syndicales, désormais dé-
barrassées de la gêne qui trop souvent empêche leur action, fonc-
tionneront avec succès ; le cultivateur ne trouvera plus l'eau trop chère,
lorsqu'il en profitera avec sécurité. Les subventions de l'Etat qui
s'élèvent à plusieurs millions de francs pour les Alpes, ne seront ni
regrettées ni marchandées par les pouvoirs publics, alors que leur
fécondité sera manifeste. L'eau qui est une nécessité absolue pour
l'agriculture méridionale, lui sera abondamment fournie; et au lieu
delà désertion des campagnes, on pourra alors voir de nombreuses
familles repeupler des contrées où une brillante et vigoureuse végé-
tation appellera de beaux troupeaux et retiendra des habitants recon-
naissants. C'est à cette œuvre que vous vous êtes associés, messieurs,
en m'écoutant ! Puissent tous nos vœux, pour la prospérité de vos
montagnes, être complètement et prochainement exaucés !
IV. — Récompenses décernées par le Jury.
1" Catégorie. — Propriétés contenant plus de 6 hectares de terre arrosées. — 1" prix, objet
d'art 1, M. Gabriel Arnoux, propriétaire aux Mées (Basses-Alpes); 2°, M. Lucien-Yves Mazan,
propriétaire, àLarage (Hautes-Alpes); 8° et4% méJailles d'argent, M.M.Aurouze, fermier, à Charance,
commune rie Gap (Hautes-Alpes)*; Jean Martin, propriétaire, à Laye (Hautes-Alpes).
2» Catégorie. — Propriétés arrosées d'une étendue de 6 hectares et au-dessous. — 1" prix, mé-
daille d'or, M. Joseph Dpblieux, f-^rmier, à M-zel (Basses-Alpes): 2% médaille d'argent, M. Paul-
Germain Ram'-aud, propriétaire, à Sigover (Hautes-Alpes) ; 3= et 4% médailles de bronze, MM. Jac-
ques-Michel Galland, propriéiaire, à Clémence-d Ambel (Hautes-Alpes) ; Charles Meissimilly, pro-
priéiaire, à Arvieux (Hautes-Alpe~).
Récompenses aux agents des exploitations primées. — ■Médailles d'argent, MM. Hippolyte More-
nas, employé chez M. Arnoux; Louis Deblieux, employé chez M. Joseph Deblieux. — Médailles de
bronze, MM. Pierre Reynaud, employé chez M. Mazan ; Louis-Adriea-Michel Galland, employé chez
M. Jacques-Michel Galland.
Récompenses supplémentaires. —Médailles d'argent grand module, M. Jean-Dcsiré Blanc, pro-
priétaire à Arvieux (Hautes-Alpes); M. Jules Bresson, fermier à Orcières (Hautes-Alpes); .M. Jac-
ques Bues, propriétaire à Ristolas (Hautes-Alpe^) : M. Jacques-Etienne Cocordan, propriétaire à
Vars (Hautes-Alpes); M. Gueyraud fils, fermier à Pontoise, commune de Gréoulx [Basses-Alpes):
M. Marius Jullien, propriétaire à Orcières (Hautes-Alpes); M. Joseph Laurens, propriétaire à Risto-
las (Hautes-Alpes); M. Pierre Reynaud, pr.>priétaire à Montmaur (Hautes-Alpes); M. Joseph Tur-
can, propriétaire au château de Bévans, à Bévans (Basses-Alpes).
Médailles d'argent, M. Valentin Bertrand, propriétaire et fermier à Aiguilles (Hautes-Alpes) ;
M. Boursier, propriétaire à Abriès (Hautes-Alpes) ; M. Jacques Cornand, propriétaire à Montmaur
(Hautes-Alpes); M. Jean Escallier, propriétaire au Méiezet, commune des Orres (Hiutes-Alpes);
M. Charles Eymar, propriétaire à Arvieux (Hautes-Alpes); M. Jean-Baptiste Grignon, propriétaire
à Embrun (Hautes-Alpes); M. Jnuglard, propriétaire du domaine des Sanières, commune de Gap
(Hautes-Alpes); \IM. Jean et Christophe Laurens, propriétaires à Ris'olas (Hautes-Alpes); M. Jo-
seph Reynaud, propriétaire à Sallerans (Hautes-Alpes) ; M.Jean Roux, fermier à Montmaur (Hautes-
Alpes); M. Joseph Rozan, propriétaire à Guillestre (Hautes-Alpes).
Médailles de bronze. — M. Pierre Bellon, propriétaire à Guillaume-Peyrouse (Hautes-Alpes) ,•
M. Victor Chevally, propriétaire à Varsie, com'iiune de Gap (Hautes-Alpes); M. Adolphe David, pro-
priétaire à Vars (Hautes-Alpes); M. Auguste Escallier, propriétaire aux Fauvins, commune de Gap
(Hautes-Alpes); M. Joseph Gérard, proi riétaire à Histolas (Hautes-Alpes); M. Salomon Givaudar,
propriétaire à Bersac (Hautes-Alpes); M. Pierre Laurent, (fils de feu François), propriétaire a
Ristolas (Hautes -Alpes); M. Barthélémy Risoul, propriétaire à Vars (Hautes- Alpes) .
A L'ŒUVRE^
Pendant que j'écris ces pages, il se greffe chaque jour des milliers
de vignes, d'après mon système ou d'après l'un de ceux que je viens
1. L'objet d'art est décerné en remplacement de la médaille d'or au lauréat du premier prix de
Tune des deux catégories, reconnu relativement supérieur ou jugé digne d'être plus spécialement
signalé pour l'aménagement économique des eaux (Art. 3 de l'arrêté ministériel).
2. Extrait du Traité théorique et pratique du greffage de la vigne. — Un volume in-8°, à la
librairie de G.
102 A l'œuvre.
de décrire. C'est, un travail fécond dont ceux qui le font seront bien
vite récompensés. Mais combien de viticulteurs perdent un temps
précieux et restent les bras croisés, atLcndant que le phylloxéra s'en
aille on que la pluie le noie ou que le froid le gèle, ou que les savants
l'empoisonnent ou que le gouvernement le détruise!
Or, le phylloxéra ne s'en ira pas tant qu'il trouvera une vigne à
dévorer; la pluie ne le noie jamais; quand il a été gelé par le froid,
il se dégèle par la chaleur et repousse comme le chiendent ; les savants
en empoisonnent des milliers et des milliards^ mais les survivants
ne s'en portent que mieux, et ils ont vite fait de remplacer les défunts;
quant au gouvernement, il commence à se dégoûter du métier qu'on
lui fait faire et qui n'est pas plus le sien que celui de destructeur des
punaises, de preneur de taupes ou même de pépiniériste en vignes. Il
n'a d'ailleurs qu'à compter ce que lui coûte ce beau métier et ce qu'il
lui rapporte : d'un côté, les millions dépensés en pure perte; de
l'autre 100,000 hectares de vignes envahis chaque année, et les
plaintes fondées des contribuables qui trouvent mauvais que l'argent
des pays ruinés soit dépensé, dans les régions qui ne le sont pas
encore, en expériences coûteuses et en essais hasardés.
Ce n'est ni du gouvernement, ni du ciel, ni même de 1 Académie,
que le salut nous tombera comme une caille toute rôtie. Que Dieu
nous garde des sauveurs, quels qu'ils soient, et surtout de ceux qui
veulent nous sauver malgré nous et par force. En viticulture, comme
pour tout le reste, n'ayons d'autres sauveurs que nous-mêmes.
Ce qu'il nous faut d'abord, c'est la liberté. On a inventé des milliers
de remèdes contre le phylloxéra; il ne nous en manque plus qu'un
qui vaut plus à lui seul que tous les autres ensemble, qui seul permet
de les choisir et de les employer utilement, qui les renferme et les
dépasse tous, et sans lequel tous les autres sont impuissants : c'est la
liberté.
Nous l'avions autrefois; mais au moment où nous commencions à
savoir nous en servir, la viticulture a subi, elle aussi, ses journées
de décembre. Et maintenant qu'autour d'elle tout s'affranchit et tout
respire librement, elle est encore soumise à un régime exceptionnel
et césarien. Je ne veux accuser personne, je me borne à constater un
fait, une sorte d'anachronisme étrange, injusticiable, un malheureux
coin oublié et laissé, par mégarde, en dehors des réformes et des pro-
grès que nous voyons s'accomplir de tous côtés.
La viticulture souffre, la viticulture se meurt : elle va périr sous les
étreintes de son terrible adversaire. Qu'a-t-on imaginé jadis pour lui
donner des forces? On l'a couverte de chaînes; on l'a entourée d'en-
traves; elle ne peut faire un pas sans violer quelqu'une de ces mesures
protectrices qui ne sont elles-mêmes que des violations de son droit
primordial de légitime défense, et l'on s'étonne qu'ainsi garrottée,
entravée, réduite à n'employer que des armes dont elle ne sait, ne
peut ou ne veut se servir, elle ne puisse se défendre contre les légions
d'ennemis qui la rongent ou qui la protègent!
Le vigneron des régions envahies par le phylloxéra est exactement
dans la môme situation que s'il était attaqué par une bande de
brigands. Supposons qu'on lui défende, pour repousser les assaillants,
de se servir de son bras droit ou d'employer d'autres armes que des
sabres de bois et des pistolets de paille, et qu'on interdise, en outre,
A L'ŒUVRE. 103
à ses voisins de venir à son secours?.... Qu'on essaye donc de faire
pour la viticulture ce qu'on fait pour tout le reste. Qu'on lui ôte ses
chaînes, qu'on la débarrasse de ses entraves, qu'on lui donne de l'air,
de la lumière, de la liberté et, l'on verra si, remise enfin en pleine
possession de tous ses droits de légitime défense, maîtresse de ses
mouvements, libre de choisir ses armes, elle ne saura pas tenir tête
au phylloxéra et retrouver bientôt son ancienne splendeur.
A l'œuvre donc ! Au lieu de demander sans cesse au gouvernement
des subventions, des secours, des aumônes qui ne peuvent être que
temporaires et limités, car ils sont nécessairement pris dans la bourse
d'autres contribuables plus infortunés peut-être que nous; au lieu de
lui demander des mesures restrictives, et soi-disant protectrices, qui
sont impuissantes à arrêter le fléau et qui n'arrêtent que le progrès,
demandons-kii d'abord la liberté, qu'il sera heureux de nous accorder^,
demandons-lui des chaires d'agriculture, des laboratoires d'analyse,
des stations agronomiques, des conférences, des concours, des exposi-
tions-, tous les moyens de nous instruire qui sont les vrais moyens de
nous défendre. Demandons-lui des canaux pour submerger nos vignes,
des chemins et des diminutions de frais de transport pour nos engrais,
des dégrèvements d'impôts sur les produits de la vigne; des lois sur
le crédit agricole, sur les syndicats, les associations qui augmenteront
nos forces en nous permettant de les unir pour nous défendre;
demandons-lui tout ce qu'il peut, tout ce qu'il doit nous donner, et
soyons assurés que nous l'obtiendrons.
Demandons à la science le secours de ses lumières. Mais déclarons-
lui nettement que, tout en lui étant profondément reconnaissante de
ses bienfaits, la viticulture veut rester maîtresse chez elle.
La viticulture est heureuse d'avoir la chimie agricole pour alliée
dans sa lutte contre le fléau et dans la recherche des engrais fertilisa-
teurs. Elle est prête à accepter et à payer généreusement les services de
la collaboratrice, mais non à subir son joug et à lui laisser prendre
chez elle la position dominatrice de servante-maîtresse. La viticulture
pratique, agricole et productive des vignerons, ne se laissera jamais
anéantir et supplanter par la viticulture chimique, empirique et
abstractive des laboratoires. Tous les viticulteurs sont disposés à
être toujours les amis des chimistes, mais jamais leurs esclaves.
Avec la liberté — que nous avons déjà ou que nous aurons dès que
nous le voudrons, — avec la science — qui consentira volontiers à
n'être que notre auxiliaire, notre alliée, notre amie et non notre
tyran, — avec notre propre courage, avec notre ferme volonté de
triompher, qui sont toujours les premières et les plus indispensables
de nos armes, mettons-nous tous résolument à l'ouvrage !
Que ceux qui ont de l'eau submergent leurs vignes ; que ceux qui
ont des sables plantent dans les sables, ceux-là sont les privilégiés,
mais ils sont bien rares.
Que ceux qui ont des vignes à grands rendements ou à vins chers —
et des bourses bien garnies — essayent de lutter au moyen d'insecticides
quelconques, accompagnés d'abondantes et énergiques fumures ; ce
sont encore des heureux, mais ils feront bien de songer à l'avenir.
Quant à nous qui n'avons ni sables ni vignes submersibles, à nous
1. Tous les arrondissements qui l'ont demandée sérieusement l'ont obtenue.
2. Pas de pépinières ! c'est l'affaire des Ecoles d'agriculture ou des Sociétés viticoles de chaque
région.
104 A l'œuvre.
qui formons riinmense majoritédes viticulteurs, il ne nous reste qu'un
moyen, mais un moyen facile et sûr de résister au fléau : c'est de planter,
des vignes qui lui résistent. Greffons-les si nous voulons conserver
nos vieilles variétés françaises; gretfons, si nos vignes sont détruites,
pour les remplacer ; greffons, si elles sont atteintes, pour les maintenir;
greffons, si elles ne sont que menacées, pour être prêts à la défense.
Ce qui nous manque le plus souvent, ce sont les sujets. Si nous
voulons les avoir abondamment et à bon marché', il faut les produire
nous-mêmes et, avant d'être greffeurs, il faut être nos propres pépinié-
ristes. Je cherche à comprendre par quel raisonnement un écrivain
distingué d'un journal sérieux' en est venu à se dégoûter des vignes
américaines qu'il croit bonnes, à en dégoûter les autres, parce qu'elles
sont chères.
Les asperges aussi sont chères et aussi les beaux fruits, les belles
fleurs et les beaux légumes, et ce n'est pas une raison pour n'en pas
planter. Il y a bien d'autres choses qui sont chères : les truffes, les
huîtres, le Champagne, les bons dîners, les bons articles, les beaux
chevaux, les belles... peintures, et pour celles-là je comprendrais
qu'on eût quelque bénéfice à en dégoûter les autres; mais je doute
qu'on y réussisse... et pas davantage pour les vignes américaines.
Quant aux porte-greffes, si vous les trouvez trop chers, plantez-en.
C'est pour eux qu'on a inventé la maxime : Times is money^ et si vous
ne voulez pas les acheter avec de l'argent, achetez-les avec du temps.
Il vous en faut mille, plantez -en dix; et avec le temps, vous aurez à
bon marché, non seulement votre mille, mais des dizaines de milliers.
Ce qui les rend chers, c'est que ceux qui en veulent sont plus nom-
breux que ceux qui en ont. Que chaque viticulteur augmente le
nombre de ceux-ci, et l'on verra.
Un autre obstacle à la propagation des porte-greffes est l'ostracisme
inexplicable dont sont frappées les boutures américaines. 11 serait
difficile d'imaginer une mesure plus impossible à justifier et plus
profondément nuisible à la viticulture. Mais il faut avoir bon espoir.
La théorie de la génération spontanée du phylloxéra dans les pépins
américains a été repoussée, dit-on, par l'Académie, et les pépins amé-
ricains circulent librement.
On laisse circuler librement aussi les trains de chemins de fer qui
peuvent, en'^été, entraîner des nuées de phylloxéras, et qui ont certai-
nement contribué pour une large part à Tinvasion du Beaujolais, de
la Bourgogne, etc. Le phylloxéra lui-même peut circuler librement
d'un pays à un autre, non seulement sur l'aile du vent, mais sur les
bagages d'un voyageur, sur le chapeau d'un inspecteur, sous les
semelles de bottes d'un touriste et jusque dans la barbe d'un insecti-
cideur. On finira bien — et bientôt — par laisser circuler librement
les boutures américaines, sur lesquelles tout le monde sait, ou
devrait savoir, qu'il est impossible de trouver un phylloxéra pendant
1. 1] ne faut pas s'en rapporter, sur cette question, à certains renseignements dont on pourra
apprécier l'exactitude par l'exemple suivant :
Dans un rapport sur le traitement des vignes de l'Hermitage, contresigné par un honorable
viticulteur habitant Lyon, et reproduit par tous les journaux, je trouve à la page 19 : « Achat de
12,000 boutures de Clinton à 35 fr. le cent; 4.200 fr. ; intérêts à 5 pour 100 d'une avance de
4,200 fr. pendant trois ans, 67ô fr. Total, 4,875 fr. »
Or on peut fdcilement se procurer 12,000 boutures de Clinton pour 200 fr. Ce n'est qu'une petite
erreur de 4,665 fr. sur 4,875 — plus de 95 pour 100 — et l'on eu rencontre chaque jour de pareilles
dans les notices de ce genre.
2. Le ïemps.
A L ŒUVRE. 105
l'hiver, à moins de l'y avoir mis, et qui ne possèdent^ pas plus que
les pépins, le privilège de la génération spontanée du phylloxéra.
L'impossibilité de se procurer des porte-greffes^ en boutures par-
faitement inoffensives', n'est d'ailleurs qu'un obstacle tellement,
beaucoup disent absurde, mettons inqualifiable, tellement atten-
tatoire aux droits de la législation, qu'il ne peut être qu'essentielle-
ment transitoire et qu'il est inutile d'en tenir compte.
Nous savons maintenant que pour obtenir des porte-greffes résis-
tants, il nous suffit de le vouloir.
Nous savons que le greffage des vignes n'est pas une hypothèse en
l'air, une théorie creuse, une expérience hasardeuse, un essai aven-
turé; c'est une certitude acquise, un système complet qui est large-
ment entré dans la pratique viticole et qui donne des résultats ra-
pides, féconds et évidents. Sur ces résultats, nous ne pouvons plus
avoir ni doutes ni inquiétude; les opérations pour les obtenir ne nous
offrent plus aucune difficulté.
A l'œuvre donc ! mes chers collègues. Entrez résolument dans la
voie du greffage et surtout dans la voie nouvelle, facile, économique
et prompte de la greffe-bouture. Elevez pendant quelques mois en
pépinières vos greffes-boutures, qui ne vous coûtent que quelques
centimes. Vous les mettrez bientôt en place. Au bout d'un an, elles
vous donneront une demi-récolte; à la seconde année, récolte pleine.
Vous aimez les belles vendanges; à bientôt vos belles vendanges!
Aimé Champin,
"5
Membre du Conseil général de la Drôme.
MACHINE A DÉCORTIQUER LES PETITS BOIS
La figure 6 représente un appareil imaginé par M. Monget, sous-
inspecteur des forêts à Dijon, et qui est destiné à enlever l'écorce de
l'osier, et en général de tous les bois employés après écorcement, tels
que ceux de fusain et de bourdaine, qui sont affectés à la fabrication
des poudres de guerre. Cet appareil a été décrit par M. Bouquet de la
Grye dans la Revue des eaux et forêts, et il a été employé par M. Per-
renet, propriétaire d'oseraies aux environs de Dijon, qui en a obtenu
les meilleurs résultats.
Les brins d'osier, de bourdaine, etc., sont écorcés à la main; ce
travail est long et coûte cher, tandis que celui de la machine est beau-
coup plus rapide. Convenablement élagués, les brins sont placés sur
une table horizontale qu'on voit en avant de l'appareil, et poussés
en r entre cette table et une planchette rapprochée par un ressort m.
Ainsi guidé, le brin arrive entre deux disques B et B, dont la circon-
férence est munie intérieurement d'un léger chanfrein qui doit faciliter
l'introduction du brin; ces disques tournent sur un cylindre métal-
lique D. Ils sont munis de deux viroles en caoutchouc dont l'élasti-
cité assure une compression énergique du brin entre les disques et le
cylindre, en même temps qu'il est entraîné par le mouvement de
l'appareil. Le brin trouve de l'autre côté de l'appareil un deuxième
système de deux disques et d'un cylindre tournant dans un plan ver-
tical, entre lesquels il est de nouveau entraîné. Lorsque le brin sort
\. S'il restait l'ombre d'un danger, ce que je ne crois pas, il serait bien facile de le faire dispa-
raître avec l'un des innombrables moyens de destruction du phylloxéra que la science a inventés
et qui sont, dit-on, inoffensifs pour la vigne : un bain de sulfocarbonate, une fumigation de sul-
fure de carbone, une solution de savon noir ou vert, etc.
i06 MACHINE A DÉCORTIQUER LES PETITS ROIS.
de ces cylindres, l'écorce en est complètement détachée, et il suffit
d'une léc'ère pression de la main pour enlever les fragments qui peu-
vent rester encore adhérents.
On voit, à la partie supérieure de l'appareil, le volant qui reçoit le
mouvement, soit d'une manivelle à bras d'homme, soit d'un autre
moteur, par exemple d'un petit manège; la force dépensée est peu
considérable. On voit aussi les engrenages qui transmettent le mouve-
ment aux diverses parties. L'ensemble repose sur un bâti en bois, et
porte sur des galets qui permettent de le transporter. Son poids est de
150 kilog. environ.
D'après les calculs faits par M. B. de la Grye, l'économie réalisée
Fig. 6, — Machine de M. Monget pour écorcer les petits bois.
par l'emploi de cette machine dans Técorçage des bourdaines, serait
énorme. L'écorçage de la botte réglementaire qui coûte, dans les con-
ditions ordinaires, 0 fr. 60, ne reviendrait pas à plus de 0 fi*. 10.
L. DE Sardriac.
LES NOYERS DU SUD-OUEST
Déjà décrits dans de précédentes notices, je ne veux que traiter brièvement de
leur culture, qui tend plutôt à diminuer de jour en jour. Des cas de force majeure
m'obligent de faire ce que je reproche aux agriculteurs des départements do ia
Haute-Garonne et de l'Ariège. Par suile des désastreuses inondations de 1875,
je dois faire exploiter ou vendre de seize à vingt vieux noyers âgés de quarante à
cent-trente ans, leurs racines recouvertes de plus d'un mètre de gros sable, ou de
cailloux roulés sont ou pourries ou sèches, les branches et le feuillage ont dû en
subir de funestes conséquences, et depuis cette époque je n'ai pu récolter un seul
fruit. Mon fermier n'a pu me fournir les hectolitres que je m'étais réservé. Le
25 juin dernier, une forte trombe, pendant un orage mêlé de grêle, a arraché,
LES NOYERS DANS L'ARIEGE. 107
déraciné, cassé et brisé un groupe de quatre épicéas, âgés de plus de soixante ans
et un pareil nombre de noyers noirs d'Amérique du même âge. Tout à côté un
beau noyer cendré a été beureusement conservé. Il reste isolé et l'etfet ornemental
y gagnera puisqu'on pourra plus facilement admirer son beau port, son écorce
lisse et blancbàtre, son vert feuillage composé de six folioles avec une impaire.
Il est à regretter que ce superbe végétal ne donne que de faibles récoltes et que ses
fruits n'aient pas les qualités du fameux noyer Jiujlans Pacan^ si estimé des
Américains.
Mais il est temps de m'arrôter, l'intérêt que m'inspire la culture des noyers en
général et des noyers américains dont je possède en manuscrits des figures et de
nombreux extraits du grand et bel ouvrage d'André Michaux, me fera pardonner,
je l'espère, ce trop long préambule.
Je ne voulais parler ici f[ue de l'abondante récolte des noyers communs, des
noyers originaires du Sud-Ouest, des noyers à bouquets, noyers hâtifs, noyers de
Borthère, noyers monophylles, noyers à feuilles laciniées, noyers américains dont
je cultive avec fruit (sans calembour), de 10 à 12 espèces, enfin d'une très belle
variété de noyers noirs américains (Juglans americana CUrlfurmis, Nobis), obtenu
il y a 12 à 15 ans dans nos cultures du vigne. Je n'ajouterai rien à sa description
déjà donnée dans votre si utile Journal. Sa végétation dépasse de beaucoup celle
des sujets dont elle est sortie, sa floraison et sa fructification sont vraiment remar-
quables; les fruits, très gros, viennent par bouquets de trois à quatre et sont
portés par un court et gros pédoncule. Je ne saurais trop en conseiller la culture,
et je serais heureux de pouvoir en envoyer un assez grand nombre à mes hono-
rables collègues et correspondants.
P. -S. — On sert journellement sur notre table des melons presque tous excel-
lents, de grandes assiettes de framboises Bifère ou à gros fruits, aussi parfumées
qu'au printemps; enfin, dans cette année grasse^ ou tout abonde, nos fruiteries et
bientôt nos caves et nos greniers seront remplis par nos récoltes d'amandes, de
noix, de châtaignes. La vigne seule ne donnera que de faibles ou médiocres pro-
duits oïdés. Il ne reste presque plus de feuilles jaunies et desséchées.
L-. d'OuNOUS,
secrétaire de l'Orphelinat protestant de Saverdun (Ariège),
LES RÉCOLTES EN VENDÉE
Maintenant que les battages sont terminés, on peut apprécier les ré-
sultats de la récolte dans notre arrondissement de Fontenay-le-Comte.
Les blés sont partout beaux et lourds, mais, dans nos plaines cal-
caires, les gelées ont éclairci le plant et les rendements ont été très
médiocres. Les orges de printemps ou baillarges ont mieux réussi et
les avoines semées en lévrier et'mars pour remplacer celles que l'hiver
avait détruites, ont parfaitement graine. Elles rendent beaucoup au bat-
tage, mais elles ont généralement peu de poids.
La température de la première quinzaine de septembre a été très fa-
"vorable à la végétation des racines et des fourrages verts. Les pommes
de terre sont mûres et le temps de l'arrachage est arrivé. La maladie
dont on redoutait les graves atteintes n'a pas fait de grands ravages
et la récolte sera satisfaisante dans notre pays. J'ai essayé, cette année,
la Champion, la Magnum Bonum et la Séguin. Les tubercules de ces
trois variétés n'ont atteint qu'une grosseur moyenne. La Cliam-pion
dont les tiges s'élèvent à 70 et 80 centimètres n'était pas assez espacée
et n'a pu prendre un développement complet. J'aurai soin, l'année
prochaine, de remédier à cet inconvénient. Je mets toujours .aux pre-
miers rangs les pommes de terre ruban rouge, farineuse rouge, flocon
déneige, elvander-vcer. Cette dernière convient spécialement à la grande
culture et devient une sérieuse rivale pour la Reine-Blanche et la
Chardon.
J'ai planté le 25 février dans un terrain d'alluvion, sur le bord de
108
LES RECOLTES EN VENDEE.
la Vendée, quelques lurions de consoude ru joueuse du Caucase,
(symphytum asperrimum). Cette plante très vigoureuse m'a donné
trois coupes abondantes. Nos vaches l'ont d'abord refusée, mais elles
s'y sont habituées et la mangent actuellement avec avidité lorsqu'elle
9St tendre.
Bien que les céréales cultivées dans mon champ d'expériences
aient été moins productives que les années précédentes, leur rende-
ment a dépassé de beaucoup celui des blés récoltés en plaine.
Le tableau ci-joint fera connaître les résultats obtenus. J'y ajoute
quelques observations sur les variétés expérimentées :
Date de la
Varicti's. semaille.
Blé perle (de Biscoii) 25 octobre
Blé inversable on du Roussillon 6 novembre
Blé Keissingland 7 —
Blé de Ncrac 7 —
Blé de Bergues ou de Flandre. . 27 octobre
Blé de Pologne 30 novembre
Blé bybride Galland 5 —
Blé de Roumélie 5 —
Blé Chiddam d'automne 8 —
Blé Hélène d'Orléans 6 —
Blé Victoria d'automne 27 octobre
Blé Hunter 29 —
Blé roseau... 28 —
Blé rousselin 20 —
Blé hérisson sans barbes 28 —
Blé red Chaff Dantzick 28 —
Blé Danicourt . 6 novembre
Blé bleu ou de Noë 4 —
Blé de la Tréhonnais 3 —
Blé hickling de mars 11 février
Blé Chiddam de mars 12 —
Escourgeon de Poméranie 25 octobre
Orge Que, grosse 25 février
Orge noire 25 —
Avoine d'hiver • 25 octobre
Avoine de Pologne 7 février
Avoine de Sibérie 14 —
Avoine noire de Tartarie ...... 14 —
Le blé perle m'a été envoyé, il y a quelques années, par un agricul-
teur belge, M. de Biscou. Le grain est blanc et ressemble à celui du
blé de Flandre.
Ce dernier réussit toujours bien ici. Son rendement, cette année en-
core, est assez élevé (36 hectol. à l'hectare).
Le blé hybride Galland a dégénéré malgré mes soins. Sa production
d'abord très abondante est devenue fort médiocre.
Le Chiddam d'automne et le blé Hélène d'Orléans sont deux variétés
à grains blancs, très recommandables, qui m'ont toujours donné
d'excellents résultats.
Le blé Hunter est beau, mais peu délicat.
Le blé Hérisson sans barbes, qu'on avait semé par erreur en blé
d'hiver, a énormément souffert delà gelée. Aussi n'a-t-ilpu donner que
9 hectol. à l'hectare.
J'ai cultivé, pour la première fois en 1880, le blé Roseau et le blé
Rousselin. Ils n'ont pas paru souffrir du froid, mais le premier s'est
montré plus productif que le second.
Le blé de Roumélie et le blé de Nérac, que je dois à un de mes bons
Date de la
Rendei
ment
à
récolte.
l'hectare.
Observations.
26 juillet
26 hect.
24 -
33
—
26 —
33
—
26 —
30
—
26 —
36
—
27 —
28
—
27 —
11
—
Epi court peu graine.
26 —
30
—
1'= année de culture
en Vendée.
27 —
30
26 —
39
—
Variété très productive
26 —
19
—
26 —
34
—
26 —
34
26 —
19
—
Variété nouvelle â
grains blancs.
24 —
9
—
En partie détruit par
la gelée.
24 —
26
—
24 —
29
—
24 —
30
26 —
32
_
Grain rouge, très lourd .
27 —
11
—
27 —
13
16 -
50
—
Variété belge très pro-
ductive.
6 —
22
6 —
27
—
16 —
Complètement gelée.
16 —
22
—
23 —
18
20 -
34
—
LES RÉCOLTES EN VENDÉE. 109
correspondants du Midi M- Léo d'Ounous, ont donné le morne produit
(30 heet. à l'hectare;.
Le rendement des blés de printemps a été faible parce qu'on les
avait semés sur une luzerne mal rompue pendant l'hiver. Malgré deux
ou trois sarclages- les herbes adventices les ont envahis. Jamais peut-
être je n'avais eu une aussi faible récolte.
L'orge noire et l'orge nue grosse sont des variétés de collection qui
offrent peu d'intérêt pour la grande culture.
Le blé de Pologne n'est aussi cultivé chez nous qu'à titre de
curiosité.
L'avoine noire de Tartarie ou de Hongrie a été, cette année, bien su-
périeure à l'avoine blanche de Sibérie. Celle-ci sera désormais rem-
placée dans mes cultures par l'avoine de Pologne, dite canadienne ou
Merveilleuse, dont le rendement est meilleur et le poids ordinairement
plus élevé,
On s'étonnera peut-être de ne pas voir figurer sur cette liste l'orge
Chevalier. Elle est depuis longtemps sortie du champ d'expériences
pour entrer dans la grande culture; mais semée en février der-
nier, dans une terre ingrate, elle n'a pas répondu à mes espérances.
Le grain était léger, mélangé de folle avoine, et a dû être livré aux
hôtes de la basse cour.
Tous les blés d'automne, faits sur betteraves et sur pommes de terre,
ont été semés en lignes espacées de 20 à 2'2 centimètres. Je ne sème
à la volée que les blés de mars et les avoines. Les racines et les choux
sont cultivés sur billons. Le fumier de ferme est le seul engrais em-
ployé* Le sol est calcaire, sec et peu profond.
J'ai adopté depuis plusieurs années l'assolement biennal alterne
avec cultures dérobées de vesces, navets et maïs-fourrage. Pour suivre
un pareil assolement, il faut avoir en dehors de la rotation des prairies
naturelles, des luzernes ou des sainfoins dans la proportion du quart
au tiers de l'étendue du domaine.
Les fumures toujours appliquées aux plantes sarclées doivent être
renouvelées tous les deux ans. ■ E. Boncenne fils.
L'ANNÉE AGRICOLE DANS LE SUD-OUEST
Notre année ai^ricole, dans le sud-ouest, se clôt dans des conditions
favorables. Les départements du Tarn, de la Haute-Garonne notam-
ment, pourront reprendre la série des améliorations agricoles inter-
rompues par la gêne, la pénurie, que ces dernières années nous
avaient apportées.
n est évident, pour celui qui suit le mouvement de notre industrie
rurale, qu'il se produit une tendance manifeste vers le mieux. Sous
la pression de cii'constances, de données diverses, nos cultivateurs
ont compris qu'il fallait modifier leur faire. Ce n'est plus par distrac-
tion et sans but qu'on lit l'annonce d'un engrais, d'une machine
nouvelle: On se hâte d'aller voir le résultat de la matière fertilisante,
l'essor qu'elle a donné à telle culture. La machine nouvelle est égale-
ment discutée, étudiée. Si le voisin n'a pas l'engin dont on parle,
on ne craint pas d'aller au loin prendre les renseignements, les leçons
de l'expérience.
Depuis peu de temps, des avis, des prospectus ont couru la contrée
110 L'ANNÉE AGRICOLE DANS LE SUD-OUEST.
indiquant le mode de faire potiF obtenir des marcs de vin soit avant,
soit après pressurage, un liquide précieux pour augmenter la quan-
tité de vin à livrer au commerce : vin hygiénique, naturel. Les sucres
de maïs, les glucoses, nécessaires à ces manipulations, ont été enle-
vés dans les divers dépôts qui les offraient aux cultivateurs. Le prix
était assez élevé. H y a quelques années, l'hésitation eut été grande ;
bien peu eussent tenté Tessai. On eût traité de cultivateur fantaisiste,
le téméraire qui eût acheté 1,000 kilogrammes de massé de maïs potir
les mêler à un résidu de nos cuvaisons, dont on faisait à peine un en-
grais. Aujourd'hui tout le monde est lantaisiste ; ce n'est plus comme
essai, ne disant presque rien, c'est en grand que l'on procède.
Si je parle de vin, vendange et revenus de nos vignobles, il faut
dire un mot de ce phénomène bizarre qui s'est manitésté sur notre
précieux arbuste. Vers les derniers jours de juillet, à notre grand
étonnement dans le ïarn, dans la Haute-Garonne et je crois aussi,
dans une partie du Gers, de l'Aude, de Tarn-et-Garonne, les feuilles
de nos vigiles prirent l'aspect qu'elles ont d'ordinaire après une assez
forte gelée, gelée qui se serait produite à l'insu de notre thermomètre.
Le seul phénomène météréologique qu'il y eût eu à noter, c'est de
forts orages exceptionnels survenus, après un mois d'une tempéra-
ture assez élevée. Si je dis que nos vignes présentaient, quant à leurs
feuilles, l'aspect qu'elles ont après une première gelée, je ne suis pas
exact; la feuille de la vigne a commen*)é de se dessécher par les bords,
elle se repliait sur elle-même, comme si une chaleur intense eût pré-
cipité sa dessiccation; elle se détachait au moindre choc. Du reste, que
puis-je faire de mieux que de tracer tout au long ce qu'un de nos plus
habiles viticulteurs en a dit, dans le journal de sa localité.
M. le docteur Ph. Thomas, viticulteur à Gaillac, a écrit, au Mémo-
rial de Gaillac, la note suivante :
Encore un nouveau fléau de la vigne. — Apparition dans le dé-
partement du Tarn, du Peronospin-a viticola (Berkeley). Depuis une
quinzaine de jours, les viticulteLirs de l'arrondissement de Gaillac
sont frappés de l'aspect insolite d'une grande partie du vignoble dont
le feuillage rappelle en ce moment celui de nos vignes après les gelées
blanches du mois de novembre.
Le mal fait de rapides progrès, et menace tous les vignobles. On le
reconnaît aux caractères suivants : les feuilles jaunissent, brunissent
par plaques, puis se crispent, se recoquillent, se dessècht^nt, sont
comme grillées par le soleil, ou brunies par la gelée blanche. Elles
tombent bientôt après, laissant les raisins à découvert. Ceux-ci con-
servent d'ailleurs leur aspect ordinaire. Dans ces conditions, le grain
cesse de grossir, lavéraison et la miaturation s'opèrent mal, au grand
préjudice de la récolte.
Toutes ces altérations sont dues à une infime moisissure qpi a reçu
le nom de Peronospora vilicola, proche parent du Peronospora infestans,
(Montagne), qui produit la maladie des pommes de terre.
Les feuilles malades présentent à leur face inférieure un aspect
blanc, farineux, différent de celui de l'oïdium et qu'il ne faut pas con-
fondre, non plus, avec le duvet cotonneux de novembre, plus ou moins
abondant, qui existe sur cette partie de la feuille de beaucoup de nos
cépages.
Vue à la loupe, cette sovte de poussière farineuse paraît formée par
L ANNEE AGRICOLE DANS LE SUD-OUEST. 111
une multitude de petits filaments dressés, branclius, terminés par une
petite troupe de corpuscules brillants, vraie forêt en miniature.
Vus au microscope, à des grossissements de 200 à 500 diamètres,
ces filaments dressés se montrent composés de tubes transparents, à
bords nets et à cavité continue, c'est-à-dire non cloisonnée. Une cloi-
son se montre souvent un peu au-dessous du point où chacun d'euK
émet des branches latérales. Ces tube&, en effet, émettent latérale-
ment dans leur quart supérieur 3 à 5 petites branches alternes des-
quelles se détachent des rameaux secondaires plus courts, portant
chacun trois pédicules minuscules, terminés par un organe reproduc-
teur appelé Sporange.
Le sporange est ovalaire, simple, non cloisonné et pourvu à une de
ses extrémités d'une petite saillie papillaire à peine visible. Ses
contours nettement accusés dénotent une enveloppe épaisse sous
laquelle existe un contenu granuleux, d'abord incolore, puis jaune
brunâtre dont l'issue laisse le sporange vide, transparent et plissé.
La marche du fléau est des plus rapides, tant au. point de vue de
son extension que de ses effets sur les vignes attaquées. Notre plaine
et nos coteaux sont en ce moment envahis sur de grandes et nombreuses
surfaces, et tout nous fait craindre que l'entier vignoble de Gaillac ne
soit infesté avant l'époque des vendanges, tant les conditions atmosphé-
riques d'humidité, de chaleur, d'électricité, si exceptionnelles de la
fin de cet été, sont favorables au développement de toutes les moisis-
sures.
Gomme le prévoyait l'habile viticulteur de Gaillac, le mal s'est
généralisé. Un journal agricole italien m'apprenait ces jours-ci que
dans les environs de Padoue le vignoble entier est atteint, là, comme
ici, on cherche un remède. Le gouvernement italien doit publier une
instruction. Sous cette funeste influence, nos raisins ont peu mûri,
ils résistent à la pression du doigt, ils sont acides. Il est à crain ire
que nos vins ne s'en ressentent, comme quantité et comme qualité.
Il nous paraissait qu'avec la lutte contre l'oïdium, le phylloxéra, la
pyrale, le gribouri, la gelée, la coulure, l'anthracnose, il y en avait
assez. Le courage ne manque jamais aux agriculteurs; qu'on leur
indique vers quels points ils doivent diriger leurs essais, et demain,
ils seront à l'œuvre, pleins d'énergie et d'espérance.
De Puy-Mombrun.
SUR LA NOX-REGIDIYE DE L'AFFECTION
CHARBONNEUSE. — II ^
En résumé, nouvelle impossibilité de rien conclure touchant l'efïï-
caciié du remède Louvrier, puisque des deux vaches qu'il a traitées
une est morte, que l'autre a guéri, et que des deux témoins une est
également morte, et que la seconde également a guéri.
Il n'est pas inutile de faire la remarque que, si les vaches A, B,
C, D avaient été distribuées différemment, que les vaches A et C
eussent été confiées à M. Louvrier, et que B et D eussent servi de
témoins, on aurait eu l'illusion de croire que le remède avait été sou-
verain, puisqu'il aurait guéri deux fois sur quatre et que les deux
vaches témoins seraient mortes. Il ne faut jamais oublier que, dans
1. Voir le Journal du 9 octobre, page 50 de ce volume
112 SUR LA NÛN-RKGIDIVE DE L'AFFECTION CHARBONNEUSE.
certaines questions, la méthode expérimentale peut être sujette à ces
dangereux hasards.
Laissons donc sans jugement la valeur du remède Louvrier, et
essayons de soumettre de nouveau à une épreuve expérimentale le
problème théoriquement si important de la récidive du charbon.
Le 15 septembre 1880, les deux vaches guéries A et C, qui ont été
fort malades, comme on vient de le voir, à la suite des premières
inoculations charbonneuses du 6 août, sont réinoculées du côté
gauche, c'est-à-dire du coté opposé aux premières inoculations. On se
sert de cinq gouttes d'une culture de bactéridies du charbon, bactéri-
dies provenant d'une vache charbonneuse et non d'un mouton, car
nous avons reconnu qu'entre ces deux sortes de bactéridies il existe
une différence sur laquelle nous reviendrons.
Les jours suivants, pas d'œdème sensible ni sur l'une ni sur l'autre
vache, et pas d'élévation de température. La question est donc
éclaircie : le charbon ne récidive pas, et si l'on se rappelle que, dans
une note récente (12 juillet 1880), nous avons signalé que, en i878,
dans nos expériences de Saint-Germain, près de Chartres, sur un des
champs de la ferme de M. Maunoury, sept moutons sur huit qui
avaient été malades à la suite de repas souillés de cultures charbçn-
neuses ont résisté à des inoculations directes de sang charbonneux,
même à haute dose, on peut dire que le fait de la non-récidive s'ap-
plique aux moutons de races françaises comme aux vaches'.
Par mes communications sur le choléra des poules (9 février et
26 avril 1 880), nous connaissions une maladie virulente parasitaire
qui est susceptible de ne pas récidiver. Nous en avons maintenant un
second exemple dans l'affection charbonneuse. Nous savons également
que, dans le charbon comme dans le choléra, des inoculations qui
ne tuent pas sont préventives, et qu'enfin, de même que dans le cho-
léra, on peut sans doute prévenir à tous les degrés.
L'importance de ces résultats ne saurait échapper à personne, car
la pathologie humaine nous en offre d'analogues, et ils tendent une
fois de plus à rapprocher les maladies virulentes à parasites micros-
copiques des maladies virulentes dont la cause étiologique est encore
inconnue. Rappelons que la non-récidive est, au moins pour un temps
plus ou moins long, un caractère habituel des maladies virulentes
proprement dites, et j'ai eu soin de faire remarquer antérieurement
que les faits de vaccine humaine permettaient de conclure qu'on pou-
vait être vacciné à divers degrés et que peut-être on l'était rarement
au maximum.
Et maintenant, rapprochons des observations précédentes le fait
1. Sur 7 /aches auxquelles nous avons communiqué le charDon par inoculation direcie, deux
seulement ont péri. N'en soyons pas '■urpris. Dans les expériences faites de 1850 à 1852 par l'As-
sociation médicale de Chartres, dans le but de résoudre la question de l'inoculation possible du
charbon aux divers animaux, sur 20 vaches inoculées, une seule a péri. La vache est bien plus ré-
fractaire au chai bon que le mouton. Elle en est malade le plus souvent, mais elle guérit facilement.
Sur 47 moutons inoculés directement par l'Association médicale de Chartres, 35 sont morts, 12
ont survécu (Vou- le Rapport de M. Boutet, de 1852). Par les motifs indiquées dans la Note du
12 juillet, que je vien-i de rappeler, on doit pouvoir rencontrer des moutons réfractaires au charbon
dans les pays où l'affection est enzoclique, mais il est sensible que les vaches jouissent d'une im-
munité constitutionnelle relative. Il peut également s'en trouver qui soient réiractaires à la suite
d'inoculations spontanées.
Je dois faire ici un erratum à ma Note du 12Juillet 1880. Il est dit dans cette Note, p. 87, ligne
36, du compte rendu : Les spores, dans ce cas, se retrouvent dans les excréments des cobayes et
également dans les excréments des moutons. Cela va au delà des faits que nous avons constatés.
Nous avons reconnu seulement que les excréments des cobayes et des moutons peuvent donner le
charl on : mais les spores charbonneuses ingérées y sont-elles intactes ou s'y sont-elles développées
en partie ? C'est ce que nous ignorons. Nous le rechercherons.
SUR LA NON-RÉCIDIVE DE L' AFFECTION CHARBONNEUSE. 113
que M. Chauveau vient de constater sur des moutons algériens dans
une suite de notes très intéressantes. Après avoir démontré que la race
des moutons algériens est moins apte à prendre le charbon que les
moutons de races françaises (8 septembre 1 879 et 14 et 28 juin 1880),
l'éminent directeur de l'école vétérinaire de Lyon a fait voir que cette
immunité devient plus marquée à la suite d'une première inoculation,
quand celle-ci n'a pas entraîné la mort (19 juillet 1880). M. Chauveau
est porté à croire que l'immunité relative des moutons algériens et son
renforcement par inoculation préalable « sont dus à des matières nui-
sibles à la prolifération de la bactéridie », et, fort de cette opinion qui
n'est pourtant qu'une vue préconçue sans appui dans l'expérience,
M. Chauveau croit trouver dans les faits qu'il a observés une objection
à l'explication que j'ai proposée de la non-récidive du choléra des
poules et des maladies virulentes. Je ne puis me ranger à sa manière
de voir, qui a déjà mis en défaut la sagacité de notre savant confrère
M. Bouley. L'immunité relative des moutons algériens me paraît être,
comme tous les faits du même ordre, un effet de constitution, de résis-
tance vitale. Celle-ci s'oppose à la prolifération de la bactéridie, comme
celle de la poule non refroidie s'y oppose, comme chez la poule encore
cette même résistance vitale s'oppose à la prolifération mortelle des
virus atténués du choléra des poules... Pas n'est besoin, comme le
pense M. Chauveau, d'invoquer l'existence de matières nuisibles à la
vie de la bactéridie. Certes, pour la poule, ce n'est pas vraisemblable-
ment une matière nuisible à la vie de la bactéridie qui empêche celle-ci
de proliférer, puisqu'il suffit de refroidir la poule pour qu'elle devienne
charbonneuse. Et quant au fait du renforcement de l'immunité par de
premières inoculations, ne se confond-il pas avec le fait de la non-
récidive de l'affection charbonneuse et ne s'explique-t-il pas par la
stérilité qu'amènent plus ou moins à leur suite dans un même milieu
une ou plusieurs cultures successives d'un organisme microscopique.
Loin de voir avec M. Chauveau, dans les faits relatifs aux moutons de
l'Algérie, une objection à la théorie de la non-récidive des maladies
virulentes, telle que je l'ai exposée dans mes communications sur le
choléra des poules, ils me paraissent en être une confirmation, car
ces faits sont exactement du même ordre que ceux qui, à la suite de
mes études sur le choléra des poules, ont provoqué ma manière de
voir. Je n'abandonnerai pas facilement cette théorie de la non-récidive
des maladies virulentes; elle repose sur des observations qui lui sont
pour ainsi dire adéquates, et elle satisfait l'esprit dans une ques-
tion qui défiait jusqu'à l'hypothèse. Quel mystère, en effet, que celui
de la non-récidive d'une maladie virulente! Et combien plus ce mys-
tère s'est accru lorsqu'il fut démontré que la non récidive s'appliquait
également à un^ maladie virulente parasitaire, le choléra des poules!
Tant que la théorie que j'ai proposée de la non-récidive rendra compte
des faits acquis, et, suivant moi, elle a toujours cette vertu, notam-
ment de par les observations mêmes de M. Chauveau, qu'elle eût pu
prévoir et qu'elle a peut-être provoquées à l'insu de leur auteur, il
sera sage, ainsi que je le disais récemment dans une lettre à M. Dumas
[Comptes rendus, séance du 9 août), de conserver et de tenter de fortifier
cette théorie. Dans tous les cas, ces tentatives seules pourront devenir
le critérium de son triomphe ou de sa faiblesse. L. Pasteur,
Membre de l'Institut et de la Société
nationale d'agriculture.
114 NOUVELLES DE L'ÉTAT DES RÉCOLTES.
NOUVELLES DE LtTAT DES RÉCOLTES
Situation dans les Vosges.
Chèvreroche, le 4 octoljre 1880.
L'ensemble des récoltes est satisfaisant- mais ce qui l'emporte comme rende-
ment exceptionnel, ce sont les seigles et les Iburrages sur les prairies sèches des co-
teaux. Dans les prairies basses, marécageuses, le déficit est considérable pour les
i'oins surtout. La pluie est survenue hier, au moment où les retardataires n'ont
pas fini partout la rentrée des regains. Pour les pommes de terre, le rendement
est très bon où la maladie n'a pas fait de dommages sérieux. Bien des localités
seraient fort maltraitées par le fléau. On se plaint partout de la multitude des
guêpes. Ici, dans le voisinage des sapins, les essaims sont très nombreux. J'en ai
détruit autour de mon habitation une douzaine en quelques instants, écrasant les
nids après avoir bouché l'entrée. On opère pendant la nuit. J.-B. Jacquot.
Situation dans le département de l'Ain,
Pont-de-Vaux, le 6 octobre 1880.
L"été qui vient de s'écouler a été, dans notre contrée, l'un des plus favorables
aux récoltes de la terre, L'un des plus beaux que nous ayons observés depuis de
longues années. La somme des pluies tombées depuis le l''' juillet jusqu'au l"" oc-
tobre a été seulement de 0'".28 répartis en 24 jours, c'est-à-du'c d'une quantité
moyenne de 0"'.094 par mois, ce qui est tout à fait dans les meilleures conditions
possibles, et la température moyenne a été de 20° centigrades.
Les pluies et la chaleur ont été si heureusement et si providentiellement amé-
nagées que toutes les récoltes en ont profité dans la plus large mesure. — En
somme, abondance de foin dans les prés clos et dans la prairie. Abondance de
froment et de bonne quahté, beaucoup de paille et des grains à l'avenant. Les
avoines ont bien réussi. Le maïs et le sarrasin sont de toute beauté. J'ai mesuré
une tige de maïs dont la hauteur était de 2"\60. Les chanvres étaient dans la même
proportion. La récolte des pommes de terre n'a rien laissé à désirer.
La vigne seule a souffert des gelées de l'hiVer et des pluies du mois de juin, à
ce point que, dans 32 ares de vignes basses et de hautins, je n'ai fait à ma part que
30 litres de vin au lieu de H hectolitres que je fais en moyenne. En compensation,
la treille qui entoure ma maison de campagne était chargée de chasselas roses et
blancs de Fontainebleau.
Dans celte partie du département de l'Ain que nous habitons, c'est-à-dire dans
le canton de Pont-de-Vaux, l'année peut être classée dans les années très bonnes.
Malheureusement, il n'en est pas ainsi dans toutes les parties du département.
— L(j sarrasin ou blé noir, qui a été semé après le blé, n est pas encore récolté.
Il lui faudrait encore un mois de chaleur. Aurons-nous la chance d'échapper aux
gelées précoces? Jusqu'ici rien ne nous les fait pressentir. Garin.
Situation dans le département de l'Aisne.
Cliâleau-Thierry, le 11 octobre 1880.
Pendant quelque temps, l'agriculture a été dans une grande perplexité, l'ab-
sence d'eau rendait impossible les ensemencements. Les terres étaient trop sèches :
Éofin la pluie est venue, les travaux ont pu s'exécuter dans d'excellentes conditions :
seigle, dravières, et blé n'ont pas été interrompus un seul jour.
On s'occupe en ce moment d'arracher les betteraves, les dernières pluies leur
ont été très profitables. Il y a une belle et abondante récolte de pommes de terre^
dans aucun champ on n'en trouve de gâtées. Dubosq.
REYUE COMMERCIALE ET PRÎI-COIRINT DES DENRÉES AGRICOLES
(16 OCTOBRE, 1880).,
I. — Situation générale.
La situation est la même que la semaine précédente. Le plus grand nombre des
marchés sont peu fréquentés. Les affaires sont calmes sur la plupart des denréeS'
agricoles, et les cours accusent peu de variations importantes.
IL — Les grains et Les farines.
Les tableaux suivants résument les cours des céréales, par quintal métrique, sur
les principaux marchés de la France et de l'étranger.
REVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT (16 OCTOBRE 1880).
115
1" RÉGION.— NORD-OUEST.
Blé. Seigle. Org«.
Ca'vadps. Condé
— Lisieux
€ôles du-Nord Lannion.
— Tiégiiier
Finistère. Morlaix
Quimper
lUe et-Vilaine . Rennes.
— St-Malo
Manclie. Avranches . . . .
— Pontorson.
— Villedieii
Mayenne. Laval
— Châleau-Gonlier..
Morbihan. Hennebont. .
Orne. Seez
— Vimoutiers
Sarihc . Le Mans
— Sablé
fr.
27.00
■27 50
28. '25
29.00
27.00
28.25
26.00
26.50
27. 7i
as. 00
'.'8.50
fr.
2t. 50
20 00
26.5'J
25.00
26. £0
20.00
26.50
16. 00
19.00
20.00
fr,
19.50
15 75
15. 50
17.00
16. 00
18.50
19.00
19.75
18.25
19.50
1T.50
13.50
17.50
19.25
17.50
17.25
AToioe.
fr.
21.00
23.00
10.50
16.75
16.25
20.00
20.75
21.00
21.50
19.50
20. ?5
18.75
Prix moyens '
2» RÉGION.
Aisne. Soissons
— La Fère
— Villfcis-Cotterets. .
Eure, Evreux
— Bernay
— Damviîle '
Eure-et-Loir. Chartres.
— Anneau
— Nogent-le-Rotrou.
A^ord. Cambrai
— Douai '
— Valenciennes ..... '
Oise. Beauvais
— Compiègne '
— Novon
Pas-de-Calais . Arras .. .
— Saint-Oiner '
Seine . P.iris
S.-el-Marne Melun
— Nemours
— Uammarlin
S.-el-Oise. Dourdan ....
— Pontoise
— Versailles
Seine In fcrieure. Rouen
— Fécarap
— Dii'ppe
Somme. Abbeville
— Amiens
— Roye
Prix moyens. ■.
3« RÉOilON. -
Ardennes. Charleville. .
Aube. Bar-sur-Aube ...
Méry-sur-Seine...
— Nogent-sur-Selne .
jl/arne.Cbàions
— Epernay
— Reims . .
— Sézanne
Ille Marne. Rourbonne .
MeuHhe-eU Mo^ielle Nancy
— LuncviKe
— Toul
Meuse. Bar-le-Doc. . . ...
— Verdun
lia lUe-Saône Gray
— Vesoul
Vosges. Epinal
-*■ Ratiibervlllers. . ..
'iHrt* mctf^fas,
4*'R'iSioN.
Charente. Angoulème. .
— Ruffec......
Charente Infêr. ^ïarans.
Deuic-Sèvres. Niort
Indre-et-Loire. Tours..
— Bléré
— Château-Renault.
Lotre-/n/. Nantes
M.-e<-i,oitre. saumur . .
Vendée. Liiçou
— Fontenav
Vienne. Chatellerault.. ..
— Loudun
Haute-Vienne. Limoges
Prix moyens .,
2 20.28 18 07 20. 6i
NORI>.
19.50
20.00
20.25
20.00 18.7 5
18.75 18 50
20 50 »
19.75 18.50
19.89 19.39 18.82
26. ri 20.01
— OUEST,
27.75 18.25
28.00 20.00
26. 8« 19.02 19.63 18.29
Blé.
fr.
Allier. Gannat 28.50
— Montlii(;ori 27.25
— Varennes 27.00
C/ier. Boiirues 27.00
— Oraçay 27.75
— Yierzon 27.50
Creuse. Aiilnisson. 27.25
/ndre. ChàleauPoux.... 26.00
— Issoiidiin 27 25
— Valençay 26.25
Loiret. Montargis 26. OO
— Gien ■ 27.25
— Piliviersv 26.20
Loir-et-Cher. Blois. 27 .50
— Montoire 26.20
Nièvre. Nevers 2d.25
— Cosne 26.50
i'onne. Brlenon 27.50
— Joigny 27.25 18. '0
— Sens 28.75 19 20
Prix moyens 26.90 19.21
6« RÉGION. ~ EST.
Ain. HoiH-g. S2.00 20.00
— Pont-iie-Vaux 27. fO 19-75
Câled'Or. Dijon 28 25 20.25
^ Beanne 2800 »
Doubs. Besançon...*... 27 25 »
Isère. Grenoble 29.00
— Buirgoin 28.00
Jura. D'Jle 27 . 00
Loire. Charlieu 29 00
Seigle.
fr.
20 00
18.40
l!J 25
19.50
18.50
18.25
20 . 25
18.00
19.50
21 50
19.50
19.75
18.70
18.00
18.25
20.75
Orge.
fr.
20.50
20 iO
19.75
20.50
20.00
Avoine.
fr.
17. bO
18.00
17.25
18.50
16.25
17.50
20.00
17.25
17.00
16.75
17.50
19.85
19.50
I0.75
17.00
19.00
17.25
_• *^ °°
i9.til 17.93
19.00
20 00
19.25
19.50
19.75
19.70
18.50
21.75
18. 00
18 40
18.70
P -de-Ûdme Clermont^F.
Rhône. Lyon
S'iône-et- Loire. Chalon.
— Autun ,
Savoie. Chambéry
Hte-Savoie. Annecy
Prix moyens
7* RÉGION. -
19.50
17.25
20.00
18 50
IS.5O
19 25
19.20
31.00
2«.00
28 50
27.25
28 50 •
29.25 »
28.96 18.31 i
. SUD-OBEST.
19.50
2(.(i0
17.50
18. (.'0
19.00
17.00
18 UO
19.50
Ariège. Pamiers 28.00
Dordogne. Bergerac..., 28 50
Hte-Garonne. Toulouse. 27.50
— Viiiefranche-Laur. 28.00
Gers. Condom 28.00
.— Eauze 27.50
— Mirande 2ii.00
Gironde. Bordeaux.... 27. 80
— La Réole 28 00
Landes. Dax 28.25
Lot-el-Garnnne. Agen.. 27.50
— Marmande 27.75
B.-Pj/rén«Bs. Bayonne. . 27.50
Htes'Pyrénees. Tarbes. 27.75
19.25
19.00
19.75
19.50
20 5t)
19.00
19.50
19.50
19.25
19.50
1S.25
Prix moyens 27.71 19.45
8» RÉGION
Aude. Castfelniudary
Aveijra',%. Ridez
2S
28
Cantal. M
Correze. Lnherzac 28
Hérault. C^îtte 28
Lot. Figeac 28
Lozère. Mende 23
— Marvejols 27.
— Florac 31.
P!/rcnêC5.-<!/r. Perpignan 26
Tarn. Mb\ .. 27.
rat-n-et-Gur.Montauban 28
20.50
20.25
24 30
l'9.00
19.50
27.55
23.65
22.90
20.00
19.50
20.00
Prix moyens
9" RÉGION.
Basses-Alpes. Manosque
Hautes- Alpes. Briançon
AlpeS-Maritimifs Cannes
Ardeche. Privas
B.-du-Hhône. Aix
Drame. Montélimar
Gard. Nimes
Haiit^-Lmve. Le PUy....
Var. Draguiunati.. . .^ . ..>
VaucluKv. Carpentras.. .
Prix moyens
Moy. do loijte la France
— de lAsemaine preced.
Sur la semaine^ Hàosse.
precedeûtie., | Baisse.
28.26 21.10
— srn-EST.
29.00
•29.50
29.00
29.90
30.00
28. -tO
28.75
30.00
29.50
28.50
19.00
1« 25
20.05
17.75
18.25
18.25
18.08
19.75
20.00
20.25
20.30
22.15
23.00
19. 2S
13.50
19.75
19.00
18.25
20.25
17.00
18.25
2Î0.50
29.26 19.75
27-63 19 89
27.60 19 90
19.00
19,09
18 98
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17. <N)
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17. SO
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20.00
20.25
19.75
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20.00
19 2»
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19.75
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17.50'
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20 .00
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116 REVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT
aie. Seigle Orge. Avoine
fr. t'. fr. Ir.
Algérie. Alger 2(i.'2.j » 15.50 16 00
Angleterre. Lomlrps 27.!)() » 20.2'» 20.80
Belgique. Anvers 24.-'.') îl 75 22-00 18.00
— Bruxelles • 26. oO 21. dO » 18.85
— Liège 2(i.liO '-•2. 75 '>2.0n 18.00
— Nainur, 25.00 2+50 20.50 17.50
Pays-Bas. Amsterdam 25.20 24. H5
Luxembourg. Luxembourg 29.00 24 00 -> 17.25
Alsace- Lorraine Strasbourg 28.75 24.50 23 00 17.50
— Colmar 29 00 23.10 21 55 18.50
— Mulhouse 27.75 23.00 23.25 20.25
Aueinagne. Berlin... 27.75 2(5 85 » »
— Cologne 28 10 27 50
— Hambourg ,.. 26.35 25.75 •
Suuse. Genève 29 00 ■> • 17.50
— Lausanne 28. ,'0 » » 17.25
Italie. Milan 27.75 22.75 19.00 19.25
Autriche. Vienne 24.00 22 25 18.50 14 50
Hongrie. Budapesth 24.75 21.50 » 13 25
Busste. Saint-l'étersbourg... 27.10 22.10 s 14.00
Etats-Unis. New-iork 22.25 >• » »
Blés. — Les semaines se suivent, et les faits qui se produisent sur le plus
grand nonab're confirment les prévisions que nous avons émises. Les prix des blés
se maintiennent avec beaucoup de fermeté dans la plupart des départements, sans
hausse notable, mais aussi sans baisse. Les cultivateurs restreignent leurs offres,
parce qu'i's sont occupés soit aux travaux des semailles, soit à ceux d arrachage
des betteraves ou des pommes de terre; d'un autre côté, les arrivages de blés d'A-
mérique sont moins considérables, et il est désormais certain que la Russie et
l'Orient ne pourront donner qu'un faible appoint à l'importation — A la halle de
Paris, le mercredi l.i octobre, les transactions ont été aussi restreintes que les
semaines précédentes; les prix ont été tenus avec une grande termeté. On payait
de 27 fr. 50 à 29 fr. par quintal métrique pour les blés de pays, ou en moyenne
28 fr. 25, avec 50 centimes de hausse sur le prix du marché précédent. — Sur le
marché des blés à livrer, on cote par 100 kilog. : courant du mois, 28 fr. 25
à 28 fr. 50 ; novembre, 27 fr. 75 à 28 fr ; novembre et décembre, 27 fr. 75; quatre
mois de novembre, 27 fr. 50; quatre premiers mois, 27 fr. 25. — Au Havre, la
situation est la même que la semaine précédente; les cours des blés d'importation
se maintiennent avec beaucoup de fermeté. — A Marseille, les affaires sont assez
actives sur les blés disponibles; les cours ont été maintenus avec une grande fer-
meté pour les divei ses sortes. Les arrivages de la semaine ont été de 210,000 hecto-
litres environ; le stock s'est élevé, dans les docks, h 102,^00 quintaux. Au
dernier jour, on payait par 100 kilog : Berdianska, 3J fr. 75 à 31 fr. ;
Marianopoli, 30 fr. ; Irka, 26 fr. 50 à iS fr. ; Danube, 25 fr. à 25 fr. 50; Ri-
chelles rouges, 29 fr. ; Michigan, 27 fr. 50; Azofi" durs, 27 fr. à 27 fr. 50; Tu-
zelles d'Oran, 29 Fr.à 29 fr. 75. — A Londres, durant la semaine dernière, on a
importé 100,770 quintaux de blés étrangers; les cours se maintiennent avec beau-
coup de l'erme'é. Au dernier marché, on payait de 26 fr. 7U à 29 fr, par 100 ki-
logrammes suivant les provenances et les qualités.
Farines. — Les cours des diverses sortes de farines accusent une plus grande
fermeté. Pour les farines de consommation, on les payait à la halle de Paris,
le mercredi 13 octobre : marque D, 61 fr.; marques de choix, 62 à 64 fr. ; bonnes
marques, 61 à 62 tr.; sortes ordinaires, 59 à 60 fr.; le tout par sac de 159 kilog.,
toile à rendre, ou 157 kilog. net, ce qui correspond aux cours de 37 fr. 60
à 40 fr. 70 par 100 kilog., ou en moyenne 38 fr. 9J, avec une hausse de
0 fr. 40 sur le prix moyen du mercredi précédent. — Pour les farines de spécu-
lation, on cotait à Pciris, le mercredi 13 octobre, au soir : farines huit-marques,
courant du mois, 59 fr. 25 à 59 fr. 50; novembre, 57 fr 75 à 58 fr.; novembre
et décembre, 57 fr. 50 à 57 fr. 75; quatre mois de novembre, 57 fr. 25 à
57 fr. 50; quatre premiers mois, 57 fr. à 57 fr. 25; le tout par sac de 159 kilog.
toile perdue, ou 157 kilog. net; /"ariaes supérieure.?, courant du mois, 38 fr. 25;
novembre, 3S fr.; novembre et décembre, 37 fr 75; quatre mois de novembre,
37 fr. à 67 fr. 2b; quatre premiers mois, 36 fr. 75 à 37 fr.; le tout par sac de
100 kilog. — La cote officielle, en disponible, a été établie comme il suit :
Dates (octobre). 7 8 9 11 12 13
Pannes huit-marjue.' (157 kilog). 58.75 58.85 59.50 59.80 59.50 59.25
— supérieures (100 kilog). 37.50 37.75 38.25 38. bO 38.25 38.35
DES DENRÉES AGRICOLES (16 OCTOBRE i880j. 117
Le prix moyen général a été de 59 fr. 25 pour les farines huit-marques, et de
38 fr. pour les farines supérieures. C'est une liausse de 1 fr. sur les prix
moyens da la semaine précédente. Les farines deuxièmes sont vendues à des prix
fermes, de 29 à 33 fr. par 100 kilog;.les gruaux, de 44 à 52- fr.
Seigles. — La hausse continue à se reproduire sur les cours des seigles. On les
paye à la halle de Paiis, de 22 à 22 fr. 50 par 100 kilog. — Quant aux
farines, elles sont cotées de 31 à 34 fr, avec des demandes nombreuses
Orges. — Les belles qualités sont recherchées, et leurs cours accusent un peu de
hausse. On paye à la halle de Paris, de 18 fr. 50 à 21 fr. par 100 kilog., sui-
vant les qualités. Quant aux escourgeons, leurs cours s'étal^lissent de 19 fr. 75
à 20 fr. 25. — A Londres, les importations sont restreintes; les cours accusent
beaucoup de fermeté; on paye de 19 fr. 80 à 21 fr. 55 par 100 kilog., suivant
les sortes,
Mail. — Les cours varient de 27 à 33 fr. par 100 kilog., suivant les sortes.
Avoines. — Peu d'offres, avec des affaires restreintes. On paye à la halle de
Paris, de 18 fr. 25 à 20 fr. 25 par 100 kilog.; suivant poids, coideur et rfualité.
— A Londres, les arrivages de la semaine dernière ont été de 84,OuO quintaux;
les cours accusent de la hausse Au dernier marché, on payait de 19 fr. 25 à
22 fr. 10 par 100. kilog. suivant les sortes.
Sarrasi)i. — Les prix sont faiblement tenus. On cote de 17 à 18 fr. par 100 ki-
log. à Paris.
Maïs. — Les prix sont plus fermes. On paye de 14 fr. 75 à 16 fr. 75 par
100 kilog. au Havre, pour les maïs d'importation américaine.
Issues. — Les cours sont en baisse, à la halle de Paiis, où l'on cote : gros
son seul, 13 fr. 50 à 14 fr.; son trois cases, 13 fr. à 13 fr. 25; sons fins, 12 fr. à
12 fr. 50; recoupettes, 12 à 12 fr. 50; remoulages bis, 14 à 15 fr.; remoulages
blancs, 16 à 17 fr.; le tout par 100 kilog.
m. — Vins, spiritueux, vinaigres, cidres.
Vins. — Les vendanges sont terminées à peu près partout Si nous en excep-
tons le Midi, on se plaint ici du défaut de quantité. Il du manque de qualité.
Combien le vignoble français donnera-t-il cette année d'hectolitres de vin? C'est
toujours la question qui domine, nul ne le sait ! et en présence de la diversité des
appréciations, bien haidi celui qui oserait avancer un chiffre. — A l'empresse-
ment aux achats du Bordelais a succédé un calme relatif. Il en est de même du
Midi, et cependant, dans les localités où le phylloxéra n'a pas laissé de trop pro-
fondes traces de son passage, on compte des excédents. Ce calme relatif a
croyons-nous pour cause les prétentions de plus en plus exagérées des déten-
teurs. A ce sujet, on nous écrit du département de l'Aude : « Celui-là sera sage
qui profitera pour vendre de l'empressement des acheteurs, sans attendre une
hausse plus grande, car on peut bien se contenter à moins. Peut-il arriver quel-
que chose de plus heureux, en effet, à des gens qui ont [dus que leur pleine
récolte que de vendre leurs excédants de 23 à 38 francs, suivant la qualité, car
c'est là où nous en sommes. Réaliser à ces hauts prix, faire des réseives en vue
de l'avenir, ce devrait être la pensée de gens sages. » Les vins nouveaux, à Bé-
ziers, dans l'Hérault, se traitent également à de hauts prix : Aramons de 6°. 5 h
7°. 5, 23 à 25 fr.; Montagne ordinaire, 8°, 27 à 28 fr.; joli Montagne, 9% 29 à
31 fr.; Montagne, i" choix, 10 à li", 32 à 35 fr.; type Narbonne et Montagne
supérieur, 11». 5 à 12% 37 à 41 fr.; Bourret, 8 à 9", 28 à 30 fr.; Picpoul, 11 à_12'',
32à35fr., le tout à l'hectolitre nu. En présence de ces hauts prix, on émet
l'avis de voir bientôt les vins de raisins secs faire une redoutable concurrence
aux vins ordinaires, surtout après la circulaire 293 de M. Audibert, qui assimile
les vins de raisins secs aux vins de raisins frais. Dans les Charentes, les vinr
sont bien tenus. A Ars (île de Ré), la vendange est supérieure à celle de l'an
dernier, mais il n'est pas encore question de prix. A Jonzac, on cote le vin nou-
veau, 60 fr. la barrique de 225 litres. A Saintes, il ne s'est encore traité aucune
affaire en vin nouveau, cependant on trouverait preneur à 27 fr. l'hectolitre, mais
f)ersonne ne se décide encore à vendre. A Nantes, le gros-plant se traite à 60 fr.
a pièce nue prise au pressoir; quant au muscadet, il est si rare, qu'il n'en faut
pas parler. A Orléans, on parle de 100 à 120 fr. la pièce de 230 htres logé, La
Sologne fait ses vins blancs nouveaux bourrus, 68 à 72 fr, la pièce de 220 litres.
Enfin on côte dans le Roussillon les vins de 1880, l'hectolitre nu : supérieur,
42 à 45 fr.; 1" choix, 38 à 40 fr.; 2-^ choix, 34 à 36 fr.; petits vins de 8% 27 à
30 fr. Dans notre prochain bulletin nous donnerons une cote détaillée.
118 REVUE GOxMMERGIALE ET PRIX-COURANT
Spiritueux. — Les alTaires ont toujours très peu d'activité, la spéculation même
est calme dms ses alluies et paraît craiadre de s'engager soit sur la voie de k
hausse, soit sur celle de la bai.sse, elle se borne à profiter des Légères fluctuations
de l'aTticle. Voici, du reste, le mouvement de la semaine en cei^ui concerne le
livrable : 62 !r. 50, 63 ir., 63 fr. 50, 63 fr. 75, 63 Ir. 25 et 63 i'r. 5U en clôture.
Le stock est aujourd'hui de 7,2-25 pipes contre 7,275 en 1-79. On remarquera
que le stock ne présente qu'une différence de 50 pij>es sur celui de 1879. La place
de Lille est sans changement, l'alcool de betterave reste iixé au prix de 62 fr.
Les cours sur les marchés du ?vlidi sont également sans variations. Les marchés
allemands accusent cette semaine un peu plus de fermeté. — Paris, on cote,
3/6 betterave, 1" qualité, 9 J degrés disponible 63 fr. 75, novembre-décembre
62 fr. 75, quatre premiers (1 fr. 75.
Vinaigres. — A Dijon (Gùte-d'Or), voici les prix établis par le commerce de
gros : vinaigre blanc, l'hectolilre nu, 8°, 14 fr.; IS", 20 (r.
Cidres. — Encore rien de nouveau sur cet article. Au mois d'août dernier, il
est rentré dans Paris, 2,666 hectolitres de cidre, ayant acquitté les droits d'octroi.
lY. —Sucres, — Mélasses, -r- Fécules, -^ Glucoses. -—Amidons. — Houblons,
Sucres. — Les affaires sont plus importantes que la semaine dernière, et les
cours des sucres bruts accusent une grande fermeté, sur les principaux marchés.
On cote à Paris : les sucres bruts 88 degrés saccharimétriques, ô^* fr. 25; les
sucres jjlancs en poudre, 60 fr. 2o; à Lille, les 88 degrés, 52 fr. 2:-'; à Yalenciennes,
53 ir.; à Saint-Quentin, 60 à 62 fr. pour les sucres jjlancs. Le stock de l'entrepôt
réel, à Paris, était au 13 octobre de 140,000 sacs, avec une nouvelle diminution de
28,000 sacs depuis huit jours. — Les cours des sucres raffinés sont un peu plus
faibles; on les paye à Paris de ill à 113 fr. par quintal métrique à la consom-
mation, et 69 fr. 25 à 74 fr pour l'export ition. — A Londres, les sucres de
betteraves sont cotés avec une grande fermeté, principalement ceux de provenar.ce
française.
Mélasses. — ' Les prix sont sans changemenis. On paye par ICO kilog. à Paris :
mélasses de fabrique, 13 fr,; de raffinerie, 14 fr.
Fécules. — Les féculeries travaillent avec une grande activité. Les offres sont
nombreuses. On paye à Paris à 32 fr. 50 à 33 fr. par lOO kilog. pour les fécules
premières du rayon; à Compiègne, 32 fr. 50 pour celles de l'Oise. Les fécules
vertes valent actuellement de 20 fr. à 20 fr. î:0.
Glucoses. — - Les demandes sont nombreuses; les prix sont ceux de la semaine
dernière. On paye à Paris par 100 kilog. : sirop premier blanc de cristal, 59 à
60 fr.; sirop mansé, 4-< à 50 ir.; sirop liquide, 38 à 40 fr.-
Amidons. — Quoi(jue les transactions soient assez restreintes, les prix se main-
tiennent bien. On paye à Paris par 100 kilog. : amidon de |)ur froment, en paquets,
70 à 72 fr.; amidon de province. lO à 62 f r ; amidon d'Alsace, 56 à 58 fr.; ami-
don de maïs, 40 à 42 fr.
Houblons. — Les affaires sur les houblons nouveaux sont calmes dans la plupart
des départements. On paye par 100 kilog. dans le Nord : Poperinghe, 120 à 150 fr.;
en Lorraine, 80 fr. à 150 fr., suivant les qualités; à Eischwiller, 80 à 60 fr.; à
Dijon, 100 à 200 fr. En Allemagne, les marchés sont très abondamment fournis
pour les qualités ordinaires.
V. — Huiles et graines oléagineuses.
Huiles. — Par suite des offres abondantes, les cours des diverses sortes
d'huiles de graines accusent de la faiblesse, On paye à Paris par 100 kil. : huile
de colza en tous fûts, 74 fr.; en tonnes, 76 fr.; épurée en tonnes^ 84 fr. ; huile de
lin eu tous fûts, 69 fr. 50; en tonnes, 71 fr. 50. — Sur les marchés des départe-
ments, on cote par 100 kilog pour les huiles de colza : Gaen, 73 fr. 75; Rouen,
69 fr, 75; Cambrai, 73 fr. ; Arras, 75 fr. à 76 fr., et pour les autres sortes:
pavot, 105 fr.; lin, 71 à 7^ fr.; cameline, 71 à 72 fr.; œillette, 136 fr. — A Mar-
seille, les cours des huiles de d'oHve, sont les mêmes que la semaine précédente.
Dans les A'pes -maritimes et le Var, les affaires sont assez restreintes, et les
cours sont faibles, sauf pour les belles qualités.
Graines oUaçjinevses. — Les affaires sont assez actives, et les cours accusent
une grande fermeté sur les marchés du Nord. On paye ]iar hectolitre à Arras :
œillette nouvelle, 33 fr. à 37 fr.; colza nouveau, 21 à 23 fr. 25; lin nouveau,
22 fr. 50 à 24 ir. 75; cameline, 18 à 19 fr. 50; — à Gaen, colza, 19 à 21 fr.
DES DENRÉES AGRICOLES (16 OCTOBRE 1880). 1Î9
VI. — Tourteaux. — Noirs j — Engrais.
Tourteaux. < — Prix bien tenus. On cote à Marseille, par 100 kilog. : tourteaux
de lin, 20 fr.; arachides en coques, 12 fr. 75; décoi'tiquées, 16 fr.; sésame blanc,
15 fr. 50 à 16 fr.* œillette, 14 fr. 50; colza du Danube, 14 Ir. 50; coton d'Egypte,
12 fr.; palmiste naturel, 10 fr. 50; palmiste repassé, y fr.; ravison, 13 fr. ; — à
Rouen, tourteaux de colza, 15 fr. 25 à 15 fr. 50; arachides en coques, 12 fr.;
sésame, 16 fr.; lin, 24 (r.
VIL — Matières résineuses, colorantes. — Textiles.
Matières résineuses. — Les offres sont restreintes, et les prix très fermes. On
paye à Bordeaux 78 fr. par 100 kilog. pour l'essence pure de térébenthine; à Dax.
69 fr.
Gaudes. — Maintien du prix de 20 fr. par 100 kilog. dans le Languedoc.
Crè'ne de tartre. — On paye dans le Midi 270 fr. par 100 kilog. pour le piemier
blanc de cristal.
Chanvres. — Les chanvres nouveaux sont abondants dans l'Anjou, où Ton paye
80 fr. par 100 kilog.
VIII. — Fruits.
Amandes. — Dans le Languedoc, les amandes à la dame sont cotées 83 fr. par
quintal métrique.
Prunes. — Dans l'Agenais, les cours accusent une grande fermet-é. Oa paye
par 100 kilog. : 40 à 45 fruits à la livre, 220 fr.; 50 à 55 fruits, 150 fr.; 60 à
65 fruits, 120 fr.; 70 à 75 fruits, 100 fr.; 80 à 85 fruits, 94 fr., etc.
IS. — Beurres, — Œufs. — Fromages.
Beurres. — On a vendu, pendant la semaine, à la halle de Paris, 249,348 kilog.
de beurres. Au dernier marché, on payait par kilog. : en demi-kilog., 2 fr. 10 à
3 fr. 82; petits beurres, 2 fr. 04 à 2 fr. 92 ; Gournay, 1 fr. 96 à 4 fr. 04;
Isigny,2 fr. 04 à 6 fr. 34.
Œufs. — Du 5 au 12 octobre, il a été vendu à la halle de Paris 3,650,235 œufs.
On payait par mille : choix, 114 à 128 fr.; ordinaires, 75 à US fr.; petits, 65 à
70 fr.
Fromages. — Derniers cours de la halle de Paris : par douzaine, Brie, 3 à
41 fr.; Monthléry, 15 fr.; par cent, Livarot, 5 à 90 fr.; Mont-d'Of, 17 à 32 fr.;
Neufchâtel, 5 à 28 fr.; divers, 4 à 51 fr.; par 100 kilog., Gruyère, 126 à 170 fr.
X. — Suifs et corps gras, cuirs et peiux.
Suifs. — On paye à Paris, le 13 octobre, 83 fr. 50 par 100 kilog. pour les
suifs purs de l'abat de la boucherie ; suifs en branches, 62 fr. 60.
Saindoux. — Prix très fermes au Havre de 118 à 119 fr. par 100 kilog. pour
les saindoux d'Amérique.
XI. — Chevaux. — Bétail. — Viande.
Chevaux. — Aux marchés des 6 et 9 octobre, à Paris, ou comptait 991 chevaux.
Sur ce nombre, 432 ont été vendus comme il suit :
Arnsnéa. Vendus. Prix extrêmes.
Chevaux de cabriolet 178' G3 2:i0 à 1,020 fr.
— detrait 319 !04 2:o0à.l.280
— horsd'àge 359 13) 4.3 à 1,05.5
— à l'e;iclière 41 41 75 à 370
— de boucherie 94 94 35 à 110
Bétail. -^ Le tableau suivant résume le mouvement du marché de la Villette,
du jeudi 7 au mardi 12 octobre :
Poids Pris du kilog. de viande sur pied
Veadus moyea au marché du lundi u octobre.
Pour Pour En 4 quartiers. 1" 2» 3= Prix
Amenés. Paris, l'extérieur, totalité. kil. quai. quai. quai. moyen.
Bœufs 7,409 3,85i 1,906 5,760 345 1.60 1.46 1.12 1.38
Varhes 2 027 744 706 1,450 235 1.48 l.3i 1.04 1.26
Taureaux 331 216 37 253 369 1.30 1.16 1.00 l.li
Veaur 4,603 2,773 1,178 3,851 76 1.90 1.84 1.44 1 72
Moutons 48,037 22,833 18, .504 41,337 19 1.93 1.66 1.38 1 66
Porcs gras 5,903 2,347 3,5.56 5,903 86 1 60 1.54 1.48 1.50
— maigres. 11 3 8 11 35 1.60 . » 1.65
Beaucoup plus d'arrivages que la semaine précédente, et par suite dépréciation
des cours, et perte de la reprise que nous signalions la semaine dernière sur la
plupart des catégories.
A Londres, les importations d'animaux étrangers, durant la semaine dernière,
se sont composées de 12,885 têtes, dont 4 bœufs, 174 veaux, 5,677 moutons et
120
REVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT (16 OCTOBRE 1880).
46 porcs venant d'Amsterdam ; 585 bœufs de Boston; 327 moutons de Brème;
70 bœufs de Dunkerque; 59 moutons d'Hambourg; 92 bœufs, 54 veaux,
2,684 moutons et 57 porcs d'Harlingen; 39 bœufs, 117 veaux, 3,294 moutons
et 154 porcs de Rotterdam; 1,101 bœufs et 980 moutons de Tonning; 99 bœufs
de Vigo. Prix du kilog. : Bœuf, 1", 1 fr. 93 à 2 ir. 05; 2% l fr. 58 à 1 fr. 75;
qualité inférieure, 1 fr. 40 à 1 fr. 58. Veau, V, 1 fr. 93 à 2 fr. 05; 2% 1 fr. 75
à 1 fr. 93. — Mouton^ V, 2 fr. 28 à 2 fr. 45; i.% 1 fr. 93 à 2 fr. 10; qualité
inférieure, 1 fr. 75 à 1 fr. 93. — Porc,V% l fr. 81 à 1 fr. 99; 2% 1 fr. 58 à
1 fr. 75.
Viai^de à la criée. — On a vendu, à la halle de Paris, du 5 au 11 octobre :
Prix du kilog. le u octobre.
kilog.
Buôuf ou vache . . 184,273
Veau 156,880
Mouton 88,794
Porc -28,475
quai. 2« quai. 3' quai
l.Oôàl 70 0.92àl.46 0.60àl.l6
l.fiS 1.90 1.18 1.66 0 80 1 16
1.36 1.58 1.12 1.34 0.84 1.10
Porc frais.
Soit
Choix. Basse boucherie.
1.00à2.70 O.lOà 1.16
1.00 2.20 . »
1.00 3.20 .
1.20à 1.70: Porc Ealé, 0.00 à 0.00
458,422 Soit par jour 65,489 kilog.
Pour toutes les sortes, principalement pour la viande de mouton, les cours
accusent de la faiblesse depuis huit jours.
XII. — Cours de la viande à rabatwir de la Villette du 14 octobre {par 50 kilog.)
Cours de la charcuterie. — On vend à la Villette par 50 kilog. : 1" qualité,
85 à 87 fr.; 2% 77 à 80 fr.; poids vif, 58 à 64 tr.
Bœufs. Veaux.
f*
2»
3»
quai.
quai.
quai.
fr.
fr.
fr.
74
66
60
1" 2'
quai. quai.
fr. fr.
92 82
3«
quai,
fr.
75
quai,
fr.
Moutons.
2" 3*
quai. quai.
fr. fr.
80 72
Marché aux bestiaux de la Villette du jeudi 14 octobre.
Animaux
amenés.
Bœufs 2.8V2
Vaches 648
Taureaux...
Veaux
Moutons.,..
Poros gras..
— maigres.
142
1.052
2Ï..835
3.9.)3
Invendus.
173
130
16
80
2.23f)
14
Poids
moyen
général.
kil.
360
250
365
80
18
84
Cours officiels.
Cours des commissionnaires
en bestiaux.
ir. 2» 3.
quai. quai. quai.
1.6> !.48 1.18
1.48 1.3'J 1.04
1.16 1.1-4
1.92
1.65
1.30
2.06
.6Q
1.52
1.36
1 .43
Prix
extrêmes,
1.14àl.6S
1.00 1.54
1.00 1.34
1.44 2.16
1.30 1.98
1.40 1.70
,r.
quai.
1.60
1.45
1.30
2«
quai.
1.45
1.30
1.15
3«
quai.
1.18
1.05
1.00
Prix
extrêmes.
I.l5àl.64
0.95 I.3O
0.95 1.32
Vente assez active sur toutes les espèces.
XIV. — Résamé.
Les prix des céréales, des alcools et des vins, des sucres, se maintiennent avec
fermeté ou sont en hausse; pour les autres produits, il y a faiblesse dans lescaurs.
A. REMy>.
BULLETIN FINANCIER.
Après un moment de baisse le marché a reconquis à peu de chose près les cours
de la semaine précédente: la rento 3 0/0 est à 85 fr. 20, perdant 0 fr. 05; la rente
b 0/0 reste à 120 fr., perdant 0 fr. 10; et l'amortissable à 86 fr. 80, perdant 0 fr. 20.
R^rise aux Sociétés de crédit faiblesse à nos chemins de fer.
Cours de la Bourse du 6 01* 13 octobre 1880 {au comptant).
Principales valeurs françaises:
Plus Plus Dernier
bas. haut, cours.
Hente30/0 84.20 85.10 85.10
Rente 3 0/0 amoriis 86.40 86.99 86.80
Rente 4 1/2 0/0 114.00 114.70 114.50
Rente 5 0/0 119.50 i2u.oo 120. 00
Banque de France 3475.00 3500.00 3500.00
Comptoir d'escoiDiiie 925.00 955.00 932.50
Société générale 565.00 572.50 572.50
Crédit foncier tîoo.oo iî90.oo 1340.00
Est Actions 500 767.50 775.00 77.i.00
Midi d»
Nord d*
Orléans d»
Ouest d'
Paris-Lyon-Méditerriinée d»
Paris 1871 obi. 4ou < o/O .,
Italien & o/o
1035.00 1055.00 10.5.00
1625.00 1640.00 1640.00
12 5.00 1230.00 1227.50
810.00 6i2.b0 822.50
1412.50 1425.00 1425.00
393.00 397.00 395.00
35.20 36.05 86 05
Giran.t : A. BOUCHÉ.
Fonds publics et emprunts français et étrangers:
obligations du Trésor
remb a 500.4 o'o.
Consolidés angl. 3 o/O
5 0/0 autrichieu
4 o/O belge
6 0/0 égyptie.i
3 o/o espagnol, extéf.
d* intérieur
5 o/O Etats-Unis
Honduras, obi. 30i>...
Tabacs ital., obi. 500..
6 o/O péruvien
5 O/o russe
5 0/0 turc
5 0/0 roumain
Bordeaux, lOo, 3 o/o..
Lille, 100,3 0/0
Plus
b.is.
517.50
62 1/8
107.00
320.00
21 1/8
62 1/4
107.00
323.00
21 3/4
Dernier*
cours.
517.50
98 3/6
62 1/4
107.00
323.00
213/4
106 7/3 107 1/2 106 7/8
93.75
9.70
94.75
10.20
94. 7S
10.20
BTBBaïKï
CHRONIQUE AGRGOLE (iîoctoeriousso;.
Ce qu'il faut pour èlre un boa agriculteur. — Exposé de^ connaissances et des qualités qu'implique
l'exploitation d'une ferma. — Les mœurs que doit avoir un agriculteur. — Gonilit entre l'admi-
nistration préfectorale de Maine-et-Loire et le Comice agricole de Segré, — Exposé des faits. —
Lettre du ministre de l'agriculture. — Le rôle des associations agricoles défini par M. de Fal-
loux. — Les concours et les allocations de l'Etat. — Publication des rapports sur l'Evposition
universelle de 1878. — Analyse du rapport de M. Alfred Darand-Claye sur le matériel et les
procédés des e.xploitations rurales et l'oreUicres. — Extensioi de l'exportation d i bétail vivant
d'Amérique. — Comparaison des exportations de viandes abattues et d'animaux vivants de
1875 à 1880. — Conférences séricicoles de M. Maillot dans le Midi. — Le phylloxéra. — Bro-
chure de M. Odvier sur l'emploi du sulfure de carbone et les effets obtenus. — Les vignes sau-
vages du Soudan. — Lettres de M. Léon de Lunaret.— Distribution de graines par l'Académie des
sciences. — Circulaire du directeur des contributions indirectes relative aux vins de raisins
secs. — Pisciculture. — Brochure de M. Chabot-Karlen sur les étangs. — Le concours de la
prime d'honneur dans l'Imlre-el-Loire en 1881. — Concours du Comice de Vienne. — Discours
de M. Trénel — Primes de viticulture. — Réunion du Comice de Trf voux. — Achat en commun
de graines fourragères. — Notes de MM. Villeroy et de Lentilhac sur la situation agricole dans la
Bavière rhénane et dans la Dordogne.
I. — Les conditions à remplir pour être agriculteur.
On a prétendu longtemps que, poui' exercer la profession d'agri-
culteur, la première condition à remplir était d'être né dans le métier,
d'être enfant de parents agriculteurs eux-mêmes. Gela peut faciliter
l'accès de la carrière; mais, ce qui vaut beaucoup mieux, c'est une
éducation et une instruction spéciales préalables, combinées avec des
aptitudes particulières. Il faut posséder le goût, prendre les mœurs et
avoir reçu une instruction appropriée très développée. Si vous ne
vous plaisez pas dans les champs, si vous préférez le séjour, les plai-
sirs et les distractions de la ville à l'habitation de la campagne et à
ses exercices consistant principalement en longues courses à pied, à
cheval, en voiture, si vous n'aimez pas les animaux, si la vie intime
de la famille n'a pas pour vous plus de charme que les relations mon-
daines, vous ferez difiicilement un bon agriculteur. Quant à l'instruc-
tion à la fois théorique et pratique qu'il faut posséder, elle doit être
très développée : ce n'est pas qu'il soit nécessaire d'être très fort sur le
maniement de la charrue, comme on l'a répété si souvent; non, mais
il faut le bien connaître, alin de juger les aptitudes des agents et des
ouvriers qu'on emploie. Ce qu'il importe de savoir, ce sont les sciences
dont les applicaiions ont fait dans le passé et continueront à assurer
dans l'avenir tous les progrès de l'agriculture : chimie, physique,
mécanique, histoire naturelle, sans compter les connaissances gé-
nérales qui constituent désormais, dans nos sociétés modernes, le fonds
commun de l'instruction de tout homme bien élevé.
Durant longtemps, on a admis que celui qui, dans une famille, ne
pouvait pas arriver à embrasser uu'^ profession dite libérale avec
quelque chance de succès, en savait toujours assez pour être agricul-
teur.Si l'on avait dit un mauvais agriculteur, on eût eu raison; mais,
pour être un bon agriculteur, il faut posséder une instruction plus
variée et plus approfondie que pour bien parcourir tout autre carrière,
et il faut, en outre, acquérir un coup d'œil, un tact, un esprit de déci-
sion tout particuliers. On doit pouvoir appliquer à la découverte des
propriétés des sols, de grandes connaissances en chimie, en géologie,
en physique, en physiologie végétale. Il faut être ingénieur et hydrau-
licien pour diriger ou au moins surveiller des constructions et des
travaux de drainage et d'irrigation. Des connaissances complètes doivent
avoir été acquises en mécanique agricole pour permettre de juger les
instruments et de faire procéder à leur réparation en cas de besoin. H
K« 6U2. — Tome IV de 1880. — 23 Octobre.
122 CHRONIQUE AGRICOLE (23 OCTOBRE 1880).
importe de bien connaître le bétail et de savoir le soigner dans l'état
de santé, et môme dans l'état de maladie, car, quoiqu'on ne soit pas
forcé d'être vétérinaire, et quoiqu'il soit toujours nécessaire d'avoir
recours à un homme de l'art pour appliquer des traitements médicaux
ou faire des opérations chirurgicales, il est indispensable de posséder
des notions qui permettent d'exercer au moins avec utilité un traite-
ment expeclatil. Un coup d'œil qui ne s'acquiert que par l'expérience,
par l'observation, permet de juger et l'état du bétail et la convenance
de fciire, selon les circonstances météorologiques, telles ou telles cul-
tures. Il faut être homme du dehors et liomme d'intérieur, veiller tou-
jours à tout, à l'étable, à l'écirrie, à la bergerie, à la basse-cour, à
l'atelier des machines, à tous les travaux des champs, aux cours d'eau,
aux chemins et aux routes, donner aux diverses cultures annuelles ou
pérennes en temps opportun les travaux nécessaires, bien soigner les
engrais, tant de la ferme que du conunerce, et les appliquer au
moment convenable, selon les sols et selon les récoltes à obtenir, pré-
voir tous les besoins, savoir bien vendre et bien acheter, être toujours
au courant des variations des marchés, profiter de la lecture des jour-
naux spéciaux pour pouvoir essayer les semences nouvelles et les pro-
cédés récemment préconisés, afin de ne se laisser dominer par aucune
circonstance que de plus prévoyants sauraient exploiter, tenir chaque
jour, pour toutes les dépenses et toutes les recettes, une comptabilité
simple, mais sévère et rigoureuse; ce sont autant de devoirs absolus
que l'agriculteur doit s'efforcer de remplir. On voit que la tâche est
rude et que la somme des connaissances strictement nécessaires est
considérable, sans compter qu'il faut encore la science et l'habileté de
l'administrateur accompli. Ne faut-il pas commander à un personnel
souvent peu éclairé, le faire obéir et lui imposer chaque jour une
besogne ardue et souvent pénible, pendant laquelle il y a à lutter
contre les intempéries, contre de longues pluies, contre l'ardeur du
soleil, depuis avant l'aurore jusqu'au delà du crépuscule? Ne faut-il
pas aussi être en relation constante, sur les foires et les marchés, avec
des gens méfiants, qui supposent toujours qu'on veut les tromper, et
que, par conséquent, s'ils trompent à leur tour, ils ne font que se
montrer plus avisés que leurs adversaires? On ne peut vaincre, dans
cette lutte quotidienne, qu'en se montrant très au-dessus des compé-
titions vulgaires, mais aussi très capable de les déjouer et de les
dominer. La connaissance complète des lois et des usages, aussi bien
que des ressources infinies de la chicane, est indispensable. On le
voit, c'est un travail de tous les instants qu'il faut développer, en même
temps qu'on aura la possession constante de soi-même et de toutes les
facultés de l'esprit, de l'intelligence et du cœur.
Mais de quelles mœurs aussi est-il nécessaire qu'on ait l'habitude?
La journée de travail des employés d'une exploitation commence avant
la venue du jour, car les attelages sortent dès le lever du soleil, pour
aller labourer ou pour aller conduire au marché voisin les denrées que
l'on veut vendre. Or, il importe que les subalternes sachent que le
chef est sur pied pour veiller à l'accomplissement de toutes les be-
sognes, pour s'assurer que les animaux ont reçu leur provende et que
tout le monde est à son poste. L'agriculteur doit se montrer à l'im-
proviste pour que sa présence soit en quelque sorte virtuelle à toute
heure, en tout lieu. Son esprit de justice et de ferme bienveillance est
CHRONIQUE AGRICOLE (23 OCTOBRE 1880). 123
ensuite sa plus grande force. Bon avec tous, simple mais réservé,
n'ayant pas l'air de chercher la confiance et sachant cependant la
capter, il sera au courant des affaires de tout sans jamais avoir Tair
inquisiteur. Il montrera l'exemple du strict accomplissement du de-
voir et rendra service en toute occasion en ne montrant de sévérité
que pour le mal. De même que levé le premier, il se couchera aussi
le dernier, et il n'hésitera pas à faire de temps à autre des rondes
nocturnes pour s'assurer que l'ordre règne ; il cherchera, non pas à
surprendre, mais à faire régner la crainte qu'il pourrait surprendre ;
il gouvernera plutôt par les récompenses que par les punitions. Il
sera sobre en toutes choses, en actions comme en paroles, mais il
arrivera le premier si quelque danger, quelque malheur survenaient pour
un des agents de son exploitation ou un membre quelconque de la
famille de l'un d'eux. Il aura d'ailleurs le respect des usages locaux et
la simplicité rurale dans son costume et dans ses gestes, dans son
langage, dans toute sa vie extérieure. Il sera à la disposition des
paysans, mais sans excès d'empressement, et il ne songera jamais,
dans les affaires électorales, à imposer sa manière de voir; il sera
d'autant plus écouté qu'on recherchera d'avantage son opinion et qu'il
n'essayera pas de la faire prédominer. Il ne devra jamais se laisser
tromper, mais aussi il sera de la loyauté la plus scrupuleuse, sans
aucune tergiversation. Tel doit être le bon agriculteur, chef d'une
exploitation rurale, quelle que soit d'ailleurs sa qualité de propriétaire,
de fermier, de régisseur ou de métayer.
II. — Les Comices agricoles et, le gouvernement.
Des difficultés se sont élevées entre l'administration préfectorale du
département de Maine-et-Loire et le Comice agricole de Segré. Nous
venons de recevoir sur ce sujet une brochure de M. de Falloux,
président de ce Comice; nous devons en dire quelques mots. Nous ad-
mettons parfaitement que la dignité des associations agricoles doit être
l'objet de la sollicitude de leurs présidents ; à cet égard, nous ne sau
rions qu'approuver M. de Falloux d'avoir montré beaucoup de suscep-
tibilité. Mais cela dit, nous croyons qu'il devait chercher à concilier
cette dignité avec des exigences, parfaitement légitimes, de la part de
l'autorité départementale. Le fait quia été l'origine de toute une grosse
affaire est bien simple. L'autorité préfectorale demandait à M. de Fal-
loux de mettre dans ses affiches pour le concours du Comice de Segré,
que ce Comice était subventionné par l'Etat et le département, et de
faire connaître les chiffres des deux subventions. M. de Falloux s'y est
refusé. Alors le sous-préfet de l'arrondissement a refusé, à son tour,
d'approuver les affiches. La question a été portée devnnt le (.'onseil
général, et l'esprit de parti aidant, la discussion n'a fait qu'envenimer
le débat. Le concours de Segré a été ajourné, et M. de Falloux, sur la
demande de son Comice, a adressé une protestation au ministre de
l'agriculture, qui a répondu par la lettre suivante :
ce Monsieur, j'ai demandé à M. le préfet de Maine-et-Loire, des éclaircisse-
ments sur la difficulté survenue entre vous et lui à propos des affiches du Comice
agricole de Segré, et qui a motivé la lettre que vous m'avez fait l'honneur de
m' adresser.
a II résulte des explications de M. le préfet, que la mention prescrite par lui
et que vous trouvez excessive avait simplement pour but déporter très visiblement
à la connaissance des populations agricoles, les subventions accordées par l'Etat
et par le département.
124 CHRONIQUE AGRICOLE (23 OCTOBRE 1880).
« Cette mesure est excellente, et je puis d'autant moins la blâmer, qu'à plu-
sieurs reprises, je l'ai moi-même recommandée à MM. les préfets.
« J'estime, en effet, qu'il est indispensable de faire connaître aux intéressés, le
montant des allocations que le gouvernement distribue chaque année aux associa-
tions agricoles, industrielles et hippiques, au moyen des crédits votés par les
Chambres et par les Conseils généraux.
« Sur ce point d'ailleurs, il n'y a pas désaccord entre nous, puisque vous avez
déclaré ne faire aucune difficulté à l'inscription en tête de vosalfiches, en caractères
aussi apparents que possible, du chiffre des subventions de l'Etat et du dépar-
lement. Vous refusez seulement d'employer la formule de M. le préfet : « Go-
« mice subventionné. »
cf Je vous avoue que j'ai peine à concevoir la réprobation soulevée par cette fore
mule, qui aurait pu être aisément modiiiée, je le reconnais, mais qui, telle qu'ell-
est, ne me paraît ni blessante ni dictée par un sentiment de méfiance; je ne vois
donc là qu'une futile querelle de mots, dans laquelle il m'est d'autant plus difficile
d'intervenir utilement, que l'affaire a eu un grand retentissement et qu'elle a
fait l'objet d'une délibération du Conseil général, dont M. le préfet conteste la lé-
galité.
« Je suis convaincu qu'une simple explication adressée immédiatement à
M. le sous-préfet ou à M. le préfet, aurait suffi pour lever vos scrupules ou
amener l'entente d'une rédaction satisfaisante pour tout le monde.
« Malheureusement, la correspondance a pris dès le début une allure de protes-
tation, dont la vivacité n'a pas permis à l'autorité administrative de modifier sa
décision; je le regrette profondément, car j'attache le plus grand prix au maintien
delà bonne harmonie dans toutes les questions qui touchent aux intérêts agricoles.
Je voudiais avoir notamment la possibilité de faire cesser le différend que vous
m'avez soumis; mais il a pris un tel caractère, qu'il m'est impossible de vous
donner satisfaction, sans infliger à l'administration préfectorale un blâme im-
mérité.
« Agréez, etc. « P. Tirard. »
Nous croyons que tous les gens impartiaux diront, avec M. le
ministre de l'agriculture, que vraiment, à l'origine, il eût été
facile de modifier la formule contre laquelle M. de Falloux s'est
élevé, et de mettre, par exemple, au lieu de subventionné : « recevant
des allocations de l'Etat et du département. » C'eût été une affaire à
traiter amiablement, avant de la laisser s'envenimer. Tout doit se pas-
ser au grand jour dans les Comices agricoles, et par conséquent rien
n'est plus simple ni plus juste que de dire à tous sur des affiches :
« Allocations de l'Etat, tant; — allocations du département, tant; —
montant des cotisations des membres du Comice, tant. >> La vérité ne
peut blesser personne. Nous admettons que le mot subventionné est
quelquefois pris en mauvaise part; mais recevoir de l'Etat une alloca-
tion pour faire le bien, nous paraît être un fait honorable ; il ne per-
drait ce caractère que si l'on se mettait à faire la guerre au gouverne-
ment. Or, les Comices doivent rester absolument dans leur rôle agricole,
que M. de Falloux définit luimême en ces termes :
« Un Comice agricole est une congrég.Uion autorisée, c'est même par excellenc»
une institution démocratique; tout y est populaire, le but et le moyen; tout tend
au bien commun; tout s'y fait à l'élection; tous les intérêts, toutes les opinions,
toutes les classes s'y rencontrent et s'y confondent dans un unique sentiment : le
dévouement à la plus féconde de nos industries, industrie sans rivale qui nous
donne la richesse indéfinie du sol par une amélioration continue, en même temps
que fabondanc? et la salubrité dans l'alimentation publique. Chacun de nos pro-
grès est un élément considérable de la prospérité nationale et l'énuilation locale
s'inspirti ici du patriotisme le plus éclairé. Nous avons donc le droit de défendre,
soit contre le préfet, soit contrôle ministre, les franchises qu'aucun gouvernement
n'avait méconnues. Nous garantissons l'égalité et la fraternité parmi nous, qu'on
nous laisse la liberté. »
Tout cela est excellent, sauf deux lignes. Ce n'est pas perdre ses
CHRONIQUE AGRICOLE (23 OCTOBRE 1880). 125
franchises , pour im Comice, que d'avouer hautement qu'il reçoit
1000 francs tant de l'Etat que du département, comme c'est le cas pour
le Comice de Segré. Ce n'est pas perdre sa liberté. Au contraire, il nous
semble que refuser de faire connaître publiquement un fait aussi simple,
c'est se couvrir d'une ombre ou d'un voile qui ne convient pas à la
vraie liberté, ni davantage au patriotisme; car, dans les fêtes des
Comices qui sont un terrain neutre, le patriotisme doit consister à
marcher d'accord avec le gouvernement dont on distribue les encoura-
gements donnés pour le progrès agricole.
m. — Les rapports sur l'Exposition universelle de 1878.
La publication des rapports sur l'Exposition universelle de 1878,
vient de commencer; on sait que, dans chaque classe, ces rapports
ont été confiés aux membres du jury, secrétaires de la classe. 25 rap-
ports sont aujourd'hui en vente à l'Imprimerie nationale. Dans ce
nombre, trois intéressent d'une manière spéciale les agriculteurs :
celui de M. Alfred Durand-Claye, sur la classe 51 (matériel et pro-
cédés des industries agricoles et forestières; celui de M. Charles Joly,
sur la classe 85 (serres et matériel de l'horticulture) ; celui de M. Lai-
zier, sur la classe 87 (plantes potagères). Nous avons déjà signalé le
rapport de M. Joly; nous venons de recevoir celui deM. AlfredDurand-
Claye. La classe 51 comprenait des catégories multiples; les princi-
pales se rapportaient aux plans et modèles de culture et aux aména-
gements agricoles, aux travaux de dessèchements, de drainage et d'ir-
rigation, au matériel des fermes, aux matières fertilisantes d'origine
organique ou minérale, aux plans d'aménagement des forêts et au ma-
tériel des exploitations forestières, aux instruments et machines de la
préparation des tabacs. Sur chacune de ces sectians, M. Durand-Claye
donne des détails très intéressants. Un atlas important accompagne ce
rapport, que les agriculteurs étudieront avec beaucoup d'intérêt et de
profit; cet atlas renferme, à côté de plans d'aménagement et de travaux
d'irrigation ou d'assainissement, les dessins du plus grand nombre des
machines nouvelles ou perfectionnées qui figuraient dans la classe 51
à l'Exposition universelle. La large place que ce travail occupera dans
l'ensemble des rapports est d'ailleurs complètement justifiée par l'im-
portance prise à cette grande solennité par les industries des engrais
et du matériel des champs.
IV. — Exportation du bétail américain.
Une enquête faite récemment aux Etats-Unis a démontré que l'ex-
portation des animaux vivants provenant de ce pays surpasse désor-
mais celle de la viande. Les chargements durant l'année dernière ont
atteint 105,314 tètes; cette aunée, jusqu'au commencement d'août,
ils ont été de 118,000, sans compter les expéditions faites par le
Canada, voie de Montréal. C'est par le port de New- York que Fexpor-
tation a été la plus considérable; Boston vient ensuite et a expédié à
peu près les deux tiers de la quantité chargée à New- York; Philadel-
phie, Baltimore, puis enfin Portland occupent le dernier rang pour
l'importance de leurs exportations. La valeur de la viande et des ani-
maux vivants, bœufs ou moutons, exposés en 1879 approche, de 178 mil-
lions de francs. Le bas prix du fret pour le bétail vivant donne à ce der-
nier commerce un avantage considérable. Un grand nombre d'ani-
126 CHRONIQUE AGRICOLE (23 OCTOBRE 1880).
maux américains embarqués à Montréal sont expédiés dans le nord
de l'Angleterre^ et de là envoyés dans les districts du sud comme bes-
tiaux écossais, et y trouvent des prix de vente très élevés. Les mêmes
bestiaux expédiés par New-York ou Boston ne sont pas autorisés à
sortir des dépôts aux porls d'arrivée en Angleterre, mais doivent y
être abattus dans les sept jours qui suivent leur débarquement. Les
animaux exportés proviennent principalement de l'Obio, du Ken-
tucky, de 1 Illinois, de l'ïowa, du Missouri, du Kansas, du Nebraska
et du Colorado. Quelques bêtes arrivent du Texas, mais généralement
ne sont pas aussi fortes ni aussi belles que les autres; elles sont
toutes abattues et envoyées ensuite en Europe; les animaux les plus
gros et les meilleurs sont expédiés vivants.
Ce commerce d'exportation n'est entré en activité qu'en 1875;
en 1876, il comprenait 2"2,5()(> bêtes, presque toutes expédiées abat-
tues. En 1877, le nombre d'animaux vivants exportés a atteint 1 5,000,
pendant qu'on exportait la viande provenant de 45,000 autres bêtes.
En 1878, l'exportation comprenait 30,000 animaux vivants et la
viande provenant de (35,000 têtes. En 1879, elle a été de 33,295 ani-
maux vivants, et elle comprenait la viande provenant de 7 2,029 ani-
maux abattus. Pour l'année 1880, de janvier au 15 août, les embar-
quements ont enlevé 64,853 animaux vivants et les quartiers de
51,529 bêtes mortes. Ces animaux sont expédiés principalement sur
Anvers, Glasgow et Deptford. Le cbargement moyen d'un navire
est estimé à 200 bêtes. Les chargements les plus considérables qui
aient été faits sur les plus grands bateaux à vapeur affectés à ce ser-
vice, ont été, à. Boston, de 841 têtes, et à New- York de 650 têtes.
L'enquête que nous signalons est muette sur la proportion des animaux
qui sont débarqués sains et en bon état.
V. — Conférences séricicoles.
M. Maillot, directeur de la station séricicole de Montpellier, va en-
treprendre, pendant les deux derniers mois de cette année, la septième
série de ses conférences séricicoles dans le midi de la France. Voici
l'itinéraire qu'il suivra :
Novembre 1880. — Jeudi 4, Grenoble. — Samedi 6, Valence. — Mardi 9,
Crest. — Jeudi 11, Montélimar. — Samedi 13, Privas. — '■ Mardi 16, Aubenas.
— Jeudi 18, Largentière. — Samedi 20, Les Vans. — Mardi 23, Nîmes. —
Mercredi 2^*, Le Vigan. — Samedi 27, Avignon. — Mardi 30, Apt.
Drc mbre 1880. — Jeudi 2, Garpentras, — Samedi 4, Bagnols-s.-Gèze. —
Mardi 7, Marseille. — Jeudi 9, Aix. — Vendredi 10, Manosque. — Mardi 14,
Nice, — Jeudi 16, Draguignan. — Samedi 18, Brignoles, — Lundi 20, Toulon.
— Jeudi ,3, Montpellier. — Lundi 27, Perpignan. — Mercredi 29, Géret.
Dans chaque ville, la conférence aura lieu à deux heures du soir.
M. Maillot a adopté, pour programme de ces conférences, la confec-
tion et la conservation des graines de vers à soie.
VI. — Le phylloxéra.
Nous n'avons pas appris que le phylloxéra ait fait de nouvelles inva-
sions; l'essaimage est maintenant pyssé, et les effets nuisibles qu'il
produira ne seront reconnus qu'un peu plus tard. Quant à présent,
on ne peut discuter que sur les mêmes questions qui ont été tant de
fois discutées dans le Journal. Une vérité nous paraît seulement de plus
en plus évidente, c'est qu'il est possible de combattre ce funeste ennemi
CHRONIQUE AGRICOLE (23 OCTOBRE 1880). 1^7
de nos vignobles. C'est ce que démontre encore une brochure récente
publiée sur ce sujet par M. Paul Oliver, vice-président du Comité cen-
tral d'études contre le phylloxéra dans les Pyrénées-Orientales. Cette
brochure renferme le rapport que M. Oliver a présenté au congrès
international de viticulture de Lyon sur les résultats obtenus par l'em-
ploi du sulfure de carbone; elle constate les succès obtenus soit dans
le Midi, soit dans le Libournais, succès qui permettent désormais
d'avoir confiance dans l'avenir.
Vil. — Les vignes sauvages du Soudan.
A l'occasion de la note que nous avons publiée, dans un précédent
numéro, sur les vignes sauvages du Soudan découvertes par M. Lécart,
nous recevons de M. Léon de Lunaret, la lettre suivante ;
Montpellier, 15 octobre 1880.
« Mon cher directeur, j'ai publié, il y a quelques jours, dans nos journaux de
Montpellier, une note sur la vigne africaine, découverte dans le Soudan, par
M. Lécart. Les personnes qui ont lu cette note, n'ont pas songé à me demander
des graines et des tubercules, car rien n'indiquait que j'en eusse à ma disposition.
La vérité est que je n'en ai malheureusement pas.
« Mais voilà que depuis cinq ou six jours, j'ai reçu plus de cent lettres dans les-
qu elles on me demande des graines, et un de mes correspondants s'appuie sur
une annonce de votre Journal qui l'autorise à penser que je dois en avoir.
ce Outre le travail matériel que me procure la grande publicité de votre excellent
Journal, il m'est fort désagréable de répondre par un refus forcé à d'honnêtes
gens qui m'accablent de compliments.
« Je viens donc vous prier de faire cesser au plutôt cette avalanche de de-
mandes, en annonçant , que je n'ai jamais vu ni une graine ni un tubercule de la
vigne de Soudan, que si j'en avais, je serais très heureux de leur en oflrir; que
je désirerais en avoir et surtout voir se réaliser tout ce que nous annonce M. Lé-
cart, mais que malheureusement je n'en ai pas.
« Je ne cherche pas à me soustraire à une peine qui serait bien compensée par
la grande satisfaction que j'éprouve à être utile, et je vous prierai d'user de votre
grande influence pour obtejiir des graines et des tubercules dès que M. Lécart
aura pu en faire parvenir; je m'engage à les cultiver et à les propager gratui-
tement, ainsi que je l'ai fait pour bien d'autres plantes que j'ai eu la bonne for-
tune d'introduire dans mon pays. « Léon de Lunaret. »
Dans la dernière séance de TAcadémie des sciences, M. Dumas,
secrétaire perpétuel, a annoncé qu'il avait reçu, soit directement,
soit par l'intermédiaire du ministère de l'agriculture ou du ministère
de l'instruction publique, un certain nombre de lettres dans lesquelles
des viticulteurs demandent à être compris dans la distribution qui
pourra être faite des plants ou graines envoyés par M. Lécart. Il a
ajouté que ces demandes, ainsi que celles qui pourraient être faites
ultérieurement, seront réunies par la Commission du phylloxéra, et
qu'il y sera fait droit dès que l'envoi annoncé par M. Lécart sera par-
venu à l'Académie. C'est donc à celle-ci que les demandes des viti-
culteurs devront être adressées.
IX. — Les vins de raisins secs.
On se souvient qu'une circulaire du ministre de la justice avait,
l'année dernière, ordonné que les vins de raisins secs ne pourraient
circuler et être mis en vente qu'avec la désignation de leur origine.
Cette mesure avait suscité de vives réclamations de la part de nombreux
commerçants. Une circulaire récente du directeur général des contribu-
tions indirectes a fait connaître que cette disposition est abandonnée.
Désormais les déclarations de mélano^e de vins de raisins secs ne seront
128 CHRONIQUE AGRICOLE (23 OCTOBRE 1880),
plus exigées, et il ne sera plus tenu de compte distinct pour ces vins
par les agents de la régie.
IX. — Pisciculture.
Notre excellent collaborateur, M. Chabot-Karlen, dont tous nos lec-
teurs apprécient les études de pisciculture, à la fois précises et écrites
avec une verve infatigable, vient de publier, sous le titre Les FAangs ',
une brochure qui se recommande particulièrement à l'attention.
M. Chabot-Karlen a pensé, avec raison, qu'il était temps d'appeler
d'une manière active les réflexions sur les richesses que les eaux peu-
vent fournir, et de mettre à la portée de tous, dans des écrits que tous
pourront lire, les faits les plus saillants à faire ressortir. C'est par des
publications et un enseignement populaires que l'on peut faire péné-
trer la vérité jusque dans le fond des masses : M. Chabot-Karlen nous
en donne aujourd'hui l'exemple. Les 220 000 hectares d'étangs que
renferme la France rapportent actuellement, dit-il, 4 millions de re-
venu net; par un aménagement intelligent, ils devraient produire an-
nuellement 40 à 45 millions de kilog. de poissons. M. Chabot-Karlen
donne, dans cette brochure substantielle, des indications précises sur
le repeuplement des étangs ; il y ajoute des détails sur les poissons qui
y conviennent le mieux, notamment sur la tanche et sur la carpe.
C'est un travail mûr et pratique qui n'a pas eu de précédent.
X. — Concours régional de Tours en 1881.
Par décision du ministre de l'agriculture et du commerce, la visite
des domaines concourant à la prime d'honneur et aux prix culturaux
dans le département d'Indre-et Loire, aura lieu, exceptionnellement,
au commencement de 1881 .
Les mémoires à fournir par les concurrents, ainsi que les plans,
notes et autres documents à l'appui, devront être adressés à la pré-
fecture d'Indre et-Loire, au plus tard, le 31 décembre 1880, dernier
délai.
XI. — Concours du comice de Vienne.
Le concours annuel du comice agricole de Vienne-Roussillon (Isère)
s'est tenu le dimanche 26 septembre, sous la présidence de notre
excellent collaborateur M. Trénel. A la distribution des récompenses,
dans le discours suivant, il s'est principalement attaché à montrer la
nécessité de la reconstitution du vignoble détruit par le phylloxéra :
Notre agriculture dans nos trois cantons a subi, cette année, une dure épreuve;
un hiver sans neige d'une rigueur sans précédent, en détruisant les ensemence-r
ments en céréales, colza et fourrages, a obligé nos agriculteurs à déployer une
énergie que nous nous faisons un devoir de signaler.
« Presque tous ont été largen^ent rémunérés de leurs peines et de leurs dépenses,
par les produits en blé de printemps, orge, avoine et pommes de terre, les four-
rages faisant défaut, il a été fait de nombreux semis de maïs, vesces, gesses, etc.,
qui atténueront, dans une certaine mesure, le déficit, nonobstant, les animaux au-
ront à souffrir de ce désastre exceptionnel. Le reste de nos vignes, bien traitées
par de copieux engrais, nous faisait espérer un rendement moyen, la coulure
a fait disparaître cet espoir, la récolte sera presque nulle.
« En résumé, on peut h proclamer hautement, la situation agricole est généra-
lement déplorable. Espérons cependant que la série des années mauvaises cessera,
et que nous pourrons voir enfin renaître une ère de prospérité,
« Mais la cessation des accidents atmosphériques ne suftira pas pour voir le
produit de nos récoltes augmenté et nos vignes reconstituées.
1. Une brochure de 74 pages, à la librairie de G. Masson, 120, boulevard Saint-Germain. —
Prix : 60 centimes
CHRONIQUE AGRICOLE (23 OCTOBRE 1880). 129
« Les fumiers de ferme devront être enrichis par les engrais chimiques, ou ces
derniers employés seuls au besoin. Les vignes détruites pourront être replantées
en les plaçant sur racines résistantes,
« La demande formulée par notre société agricole auprès du Conseil général,
pour la création à Vienne, d'un laboratoire de chimie, de-tiné à l'analyse de nos
terrains, a reçu l'accueil le plus favorable; tout nous fait prévoir qu'en 1881, nous
aurons obtenu cet établissement indispensable aujourd'hui à toute culture intel-
ligente et lucrative.
« Quant à la question de la résistance de certains cépages exotiques vis-à-vis
des attaques du puceron, les renseignements recueillis au Congrès viticole de Lyoa,
ont prouvé que cette résistance était certaine, et que nous pouvions, sans souci de
l'avenir, nous mettre hardiment à l'œuvre pour cette opération si importante.
ce Votre commission spéciale chargée de vérifier dans nos trois cantons, chez de
nombreux propriétaires, l'état de végétation des cépages résistants en surface
phylloxérée, a pu constater que chez tous (quelle que fut la constitution des terrains),
elle était splendide ; que chez plusieurs, des greffons français, placés sur plants
résistants, étaient à leur 2'"" feuille chargés de raisins. Dans certaines expositions,
la production directe de certains œstivalis à maturité précoce sera même possib'e.
« Que chaque viticulteur se hâte donc de se procurer quelques-uns de cas plants,
dont les prix, grâce à leur multiphcation facile, sont aujourd'hui très modérés, et
il lui sera permis, à l'aide de leur prodigieuse végétation, d'obtenir les boutures
nécessaires pour la reconstitution de ses vignes.
c< Les insecticides peuvent également être utilisés pour la conservation des vi-
gnobles dès le début de l'invasion ; mais avant d'entrer dans cette voie, le viticul-
teur aura à dresser le bilan du coût de l'opération et du produit de la vigne. Car
tout, en agricuhure comme en industrie, se résoud en une question de doit et avoir.
« Les vignes infestées peuvent encore être soutenues plusieurs années sans in-
secticide par l'emploi seul des engrais chimiques, appropriés au sol, on obtient;
végétation et fructification; le coût peut s'élever, au maximum, à 150 francs
l'hectare.
« Votre président, pour toutes ces questions de vignes résistantes, d'insecti-
cides, d'engrais chimiques, sera toujours à votre disposition ; en outre, dans nos
cantons, il vous sera facile de consulter des praticiens émérites, qui pourront vous
montrer des plantations splendides remontant à plusieurs années. Dans un instant,
ils vous seront signalés et leur œuvre mérite toutes nos sympathies, car c'est grâce
à leur initiative que l'aisance pourra renaître dans vos ménages. «
Le Comice de Tienne avait ouvert un concours pour la reconstitu-
tion des vignes. Le premier prix, consistant en une médaille de ver-
meil, pour le viticulteur qui aurait le plus propagé les cépages
américains résistants, leur bouturage, leur greffage, pour la reconsti-
tution des vignobles détruits parle phylloxéra, a été attribué à M. Eu-
gène Jourdan, propriétaire, demeurant à Agnin, pour ses belles et
grandes pépinières de plants résistants, et surtout pour ses deux hec-
tares de vignes françaises greffées sur cépages résistants, dont une
partie, à la seconde feuille, est chargée de raisins; le deuxième prix,
consistant en une médaille d'argent, à M. Baborier, propriétaireàCha-
nas, pour ses pépinières de cépages résistants bien tenues, ses plan-
tations importantes de cépages exotiques en surface phylloxérée,
destinées à la production directe, et spécialement pour l'excellente
réussite de son système de greffage.
XII. — Réunion du Comice de Trévoux.
L'Assemblée générale du Comice de Trévoux (Ain), présidée par
M. de Monicault, aura lieu à Villars, le 26 octobre. Ce Comice donne
l'excellent exemple d'achat de graines fourragères en commun. Qualité
et réduction de prix, tels sont les avantages que cette combinaison
donnera aux cultivateurs.
Xin. — Nouvelles de l'état des récoltes.
Les nouvelles des dernières récoltes sont généralement bonnes. —
laO CHRONIQUE AGRICOLE (23 OCTOBRE 1880)
D'après la note que M. Yilleroy nous envoie du Rittershof, à la date
du 1G octobre, la production des pommes de terre dans la Bavière
rhénane a été abondante :
. » La récolte des pommes de terre est terminée. II y en a beaucoup et elles sont
très bonnes. La pomme de terre primitivement plante fourragère est devenue
plante commerciale : est-ce un bien? On la vend, elle apporte de l'argent au
cultivateur qui en a tant besoin, mais elle est une plante épuisante; elle prend
beaucoup à la terre et elle ne lui rend rien. D'ici, Bavière rhénane, on en a les
années précédentes exporté de grandes quantités pour la Hollande et pour l'An-
gleterre. Cette année, les prix offerts sont si bas qu'il faut renoncer à l'exportalion.
Elles seront consommées par le bétail et fourniront du fumier.
« Les grains sont à des prix qui, pour le producteur, ne sont pas assez élevés :
les frais, les charges qui pèsent sur le cultivateur augmentent tous les jours, il
a à soutenir la concurrence du monde entier, même pour le bétail. Cet état de
choses ne peut pas durer. On se demande comment cela finira. »
C'est surtout sur le résultat des vendanges dans la Dordogne, en
même temps que sur la marche envahissante du phylloxéra, que
M. de Lentilhac insiste dans la note qu'il nous adresse de Saint-Jean-
d'Ataux, à la date du 13 octobre :
« En septembre, nous avons eu 10 jours de beau ciel et 20 de temps plus ou
moins, ayant fourni : 8 jours de pluie, 4 de brouillard, 13 de rosée, 4 d'orage. —
Dans cette période, il est tombé 97""". 75 d'eau; l'averse la plus considérable,
celle du 16, adonné 18'""". 75. — La température la plus élevée, -)- 29°; la plus
basse, -}- 5", et la moyenne générale, -\- 15». 3. — La plus forte pression baro-
métrique a été de 757'"'". 96; la plus faible de 744""". 42 et la moyenne de
751""". 64. — Le venta soufflé 5 jours du nord, 4 du nord-est, 2 de l'est, 2 du
sud-est, 3 du sud, 2 du sud-ouest, 9 de l'ouest et 3 du nord-ouest.
« Les vendanges s'achèvent par une température des plus favorables. La qualité
du vin sera supérieure à celle de l'an dernier, la quantité aussi, bien que nous
soyons encore en présence d'une fort médiocre récolte, sans parler du phylloxéra,
dont la marche envahissante s'accentue chaque jour, de la coulure dont l'effet a
été désastreux, nous avons constaté que l'oïdium a fait disparaître dans nos con-
trées les deux tiers du fruit que portaient les ceps de vigne il y a deux mois
encore. Depuis j 862, où l'oïdium prit de telles proportions que les vins doublè-
rent de prix, ce fléau n'avait eu une telle int-ensité. Ses effets ont été si capricieux
qu'il serait fort difficile d'en expliquer la cause. Dans les mêmes conditions de
sol et de cépage, tel pied de vigne est resté parfaitement indemne au milieu de
ceps détruits. Ailleurs, un côté seulement est frappé; le plus souvent, c'est sur
la même grappe que ses effets sont disséminés. Toutefois, il faut reconnaître que
les vignes très vigoureuses, et ce que nous appelons les cépages fins, sont les plus
maltraités. Le triage des grains malades épars dans une grappe est impraticable,
et comme ce qu'il en reste est en verjus ou altéré, il ne peut qu'en résulter un vin
médiocre et difficile à clarifier.
« En rapprochant les phases météorologiques de 1862 et 1880, nous trouvons
une certaine concordance; le mois de juin fournit à peu près le même nombre de
jours de pluie (12 et 14); le mois de juillet le même maximum de température
(-|-34*); mais ce qui est surtout à remarquer, c'est qu'avec une température rela-
tivement élevée pendant le jour, se présentent dans ces deux périodes des abaisse-
ments nocturnes assez sensibles qui, en apportant momentanément le trouble dans
la circulation de la sève, ont du sans doute en affaibhr la vitalité et par suite
favoriser les conditions que recherche l'oïdium, comme toutes les végétations
cryptogamiques, l'appauvrissement végétal. »
Le mois d'octobre se montre propice aux travaux d'arrachage des
pommes de terre et des betteraves, ainsi qu'à la récolte du maïs dans
le Midi, aux coupes des derniers regains, etc. Les travaux de prépara-
tions des terres, et de semailles se poursuivent également, dans la
plupart des départements au milieu de circonstances favorables. •
J.-A. Barral.
SUR LE BOIS DE PIN MARITIME GELÉ. 131
SUR LE BOIS DE PIN MARITIME GELE'
Les froids extraordinairement violents du dernier hiver ont tué
presque tous les pins maritimes du nord et du centre de la France et
causé, notamment en Sologne, des pertes énormes.
La quanlilé d'arbres gelés que l'on a dû abattre et dont on cherche
à tirer parti est extrêmement considérable : leur bois se vend à vil prix
et leur déj)réciation est d'autant plus grande qu'ils sont considérés
comme ayant perdu, sous l'action du froid, beaucoup de leur
qualité.
Les pins maritimes en Sologne ne sont pas gemmés comme dans les
Landes, mais ils sont exploités surtout comme bois de feu, et la quan-
tité considérable de résine qu'ils contiennent les fait particulièrement
rechercher pour chauffer les fours des boulangers.
La croyance que les pins gelés ont perdu une grande partie de leur
résine, que la gelée détruit la résine, s'est répandue fort généralement
et a été admise à peu près sans conteste en Sologne, au grand détri-
ment des propriétaires.
Bien qu'une pareille opinion dût paraître peu vraisemblable, elle a
pris trop d'importance pour qu'il n'y ait pas un véritable intérêt à
rechercher sur quoi elle s'est fondée et quelle part de vérité il peut y
avoir en elle.
J'ai reçu, grâce à l'obligeant intermédiaire de nos confrères MM. H.
Mangon et Tassy, de nombreux échantillons de bois de pin maritime
gelés d'âge et de provenances diverses. Différents propriétaires de
Sologne, parmi lesquels je dois remercier ici tout particulièrement
M. de Laboulaye, qui m'a fourni de nombreux et intéressants rensei-
nements, et M. Huau, de qui j'ai reçu des bois bien comparables
'âge et de provenance, les uns tués par la gelée, les autres survivant
aux froids, ont bien voulu m'aider dans mes recherches et m'ont mis
à même d'élucider complètement cette question.
Un premier point peut être d'abord très positivement établi, c'est
que le bois gelé ne laisse pas suinter de résine quand on le travaille,
comme cela a lieu pour le bois vivant : les ouvriers qui débitent les
bois gelés ont les mains nettes et non poissées comme d ordinaire. J'ai
pu constater le fait moi-même et m'assurer qu'une plaie faite d'un
coup de serpe sur le pin vivant se couvre aussitôt de gouttelettes de
résine, tandis que sur le pin gelé la plaie sèche et ne poisse pas le
doigt.
L'apparence semblait donc, à première vue, justifier l'opinion qui
attribue à la gelée la propriété de détruire la résine dans le tronc des
pins; mais, de ce que la résine n'apparaît pas à la surface des bois, est-
on autorisé à conclure qu'elle est détruite? Sans discuter la vraisem-
blance d'une pareille hypothèse, le mieux était de doser directement
la quantité de résine contenue dans des échantillons comparables de
bois gelé et non gelé.
M. Miintz, chef des travaux chimiques de l'Institut agronomique, a
bien voulu se charger de ce travail, et c'est le résultat de ses
recherciies que contient le tableau suivant :
1. Communication à la Société Dationale d'agriculture.
132 SUR LE BOIS DE PIN MARITIME GELÉ.
Bois d'arbres non tués par la gelée. Bois d'arbres tués par la gelée.
PMOOdeboisnaturel. Régine p. l(i(» P' lOûde boisnaturel. Hésinep.io<i
Bésine. Jlumidilf. bois sec. Résine. Humidité, bois sec.
Bois de deux troncs comparables
entrecux l.o 35.5 1.9 3.3 3^. G 5.0
Arbres de 28 ans C.3 32.3 7.5 2.5 52.3 5.1
Bûche prise avant la gelée U.'J ll.O 10 — — —
Bois de la cime de deux arbres. l.'> -35.5 1.8 1.7 57.0 3.9
Arbresde leans 1.2 11.6 1.3 1.4 13.2 1.6
Arbres de 20 ans 1-3 11.4 1.4 2.8 11.3 3.1
Arbres de 40 ans j_£ 11.1 1-3 1.6 14 9 1.8
Moyennes 1.9 ' 21.2 2.3 2.2 31.3 3.4
On voit qu'en général le bois gelé contient, pour 1 00 de bois natu-
rel, un peu plus d'eau et de résine, et que pour 100 de bois sec la
quantité de résine est assez notablement supérieure à celle que contient
le bois non gelé.
C'est donc à tort et trompé par une fausse apparence que l'on a
affirmé que les bois gelés sont dépourvus de résine. Il semblerait
même que le contraire a lieu. Ce résultat qui paraît paradoxal est peut-
être dû à ce que, sur les bois vivants, une certaine partie de la résine
a été détruite pendant la végétation printanière ou qu'elle s'est écoulée,
soit à la surface des coupes, soit à l'intérieur même des tiges par suite
de lésions mécaniques produites par le gel. Il me paraît probable que
c'est à une telle cause que l'on peut attribuer la richesse exception-
nellement grande en résine de Téchantillon n' 3.
En somme, le bois gelé n'est pas moins riche en résine que le bois
non gelé, mais la résine ne s'en écoule plus. A quoi est dû ce phéno-
mène? Doit-on admettre que la résine a subi sous l'action du froid
quelque modification? Je ne le pense pas. Ce que produit la gelée dans
les tissus de l'arbre, ce n'est pas l'altération de la résine, mais une
certaine désorganisation des membranes cellulaires qui en change
complètement les propriétés osmotiques et physiologiques. On sait
que la mort, qu'elle soit due au froid, ou à un excès de chaleur, ou à
tout autre cause, modifie les propriétés des parois des cellules qui
laissent filtrer les substances dissoutes que, vivantes, elles contenaient
à leur intérieur et que, mortes, elles ne peuvent plus retenir. On sait
aussi que, sous l'action du froid, le liquide abandonne l'intérieur des
cellules pour aller former des glaçons hors d'elles dans les espaces
intercellulaires que l'air occupe d'ordinaire. On connaît bien l'aspect
llasque et transparent que présentent les feuilles gelées au moment du
dégel. Cette eau extravasée et accumulée entre les cellules s'évapore
rapidement, et les cellules, elles-mêmes, tuées et privées de leur eau
de végétation par le gel, forment bientôt un tissu noir, sec et friable
qui semble avoir été brûlé.
On doit admettre que, dans les troncs de pin maritime tués par la
gelée, il a dû se passer des phénomènes analogues. Cela ressort, du
reste, des réponses que j'ai reçues de plusieurs propriétaires de Sologne
aux questions que je leur ai adressées à ce sujet : les arbres tués par
la gelée étaient imbibés d'eau au dégel d'une façon extraordinaire :
« Le bois fondait littéralement en eau, au dire des ouvriers, fait com-
« plètement inconnu jusqu'alors, j> m'écrivait M. de Laboulaye en
revenant d'une réunion de propriétaires de Sologne qu'il avait bien
voulu interroger à ma demande sur ce point intéressant.
SUR LE BOIS DE PIN MARITIME GELÉ. 133
Dos troncs d'arbres gelés que j'ai vas au bois de Boulogne m'ont
paru de môme gorgés d'une quantité d'eau tout à fait extraordinaire,
et les premiers échantillons de bois gelés qui m'ont été envoyés étaient
encore imbibés d'une telle quantité de liquide au'ils laissaient sumter
l'eau sur le côté de l'instrument que 'on: aisait entrer dans une ron
délie pour la fendre, comme eut fait une éponge humide très fortement
pressée.
Les tissus laissant ainsi échapper leur eau de végétation sont évi-
demment dans un état autre d'équilibre intérieur que ceux qui, pleins de
vie, ne laissent pas filtrer leur contenu. La turgescence des cellules est
la cause de tensions intérieures souvent considérables, et c'est certai-
nement à la pression que les cellules entourant les canaux résini-
fères exercent sur eux qu'est due l'expulsion de la résine aussitôt qu'on
les ouvre, comme on le fait, par exemple, quand on entaille d'un coup
de serpe un tronc de pin vivant. Au contraire, dans un pin gelé les
cellules ont perdu leur contenu liquide, elles sont vides et réduites de
volume, elles ne compriment plus les canaux résinifères et c'est pour
cela qu'ils ne se vident plus.
En résumé, le bois gelé contient, au moins, autant de résine que le
bois sain; c'est à l'altération des parois cellulaires seule qu'est due la
non-apparition de gouttes de résine à la surface des entailles que l'on
fait sur le bois gelé.
La modification produite par le gel sur les organes élémentaires des
tissus des bois en doit-elle entraîner la plus rapide décomposition ? Je
n'ai pas encore répondu d'une façon positive à cette question qui in-
téresse bien vivement les propriétaires de Sologne; je donnerai seu-
lement ici, à litre de document, le résultat d'expériences sur les pro-
priétés hygrométriques des bois gelés et non gelés. Des échantillons
comparables, du reste, d'âge, de provenance et dans un même état de
siccité, ont été placés, durant douzejours, dans une atmosphère limi-
tée et saturée d'humidité. On voit dans le tableau suivant que les bois
gelés ont absorbé un peu plus d'eau que les bois non gelés.
Poids
du
bois sec.
Poids
du
bois humide.
Quantité
d'eau
absorbée
Quantité
d'eau absorbée
par 100 grammes
de bois sec.
Bois d'un arbre
de 3 ans
non gelé,
gelé
grammes.
.303. '2
237.6
grammes.
319.6
254.0
grammes.
16 4
16.4
grammes.
5.4
6.9
Bois d'un arbre
de 16 ans
non gelé.
i gelé.. ..
130.5
103.9
141.4
115.3
10.9
9.4
8.3
9.0
D'après cette expérience, il y a, ce semble, lieu de craindre que les
bois gelés, se chargeant plus facilement d'humidité, se conservent
moins bien que les bois non gelés, car on sait que l'humidité est
éminemment favorable au développement des champignons qui pro-
duisent la rapide destruction du bois- Prillieux,
M'ambre de la Société nationale d'agriculture.
SUPPRESSION DE LA RAGE
Enveloppé de causes de destruction de toute nature, si multipliées
qu'on s'étonne de l'y voir résister pendant trois quarts de siècle et
plus, l'homme emploie tous les moyens possibles, durant sa vie, pour
conjurer les dangers qui la menacent. L'hygiène, quand il est assez
134 DESTRUCTION DE LA RAGE.
sage pour en observer les règles, lui donne des garanties de santé; la
vaccine, renouvelée à propos, l'affranchit du fléau hideux et délétère
de la variole. De plus, les savants aspirent à découvrir le germe des
fièvres exanthématiques comme la fièvre typhoïde et la scarlatine, et
ils préludent peut-être à cette immense découverte par les travaux re-
tentissants dont la maladie du charbon et celle du choléra des poules
sont actuellement l'objet. Connaître la cause du mal, découvrir l'en-
nemi pour pouvoir l'attaquer en face, tel est l'objet de la noble ambi-
tion dhoinmes qui vouent leur existence aux progrès de l'humanité.
Il y a longtemps que le père de la médecine a dit : sublala causa,
tollitur effeclus. En effet, supprimer la cause du mal, quand onlepeut,
est beaucoup plus simple et plus expéditif que de guérir le mal quand
il s'est déclaré. Entre parenthèse, je dois dire que je blâme les per-
sonnes qui ne se font pas revacciner, car, si l'opération ne réussit pas,
elle n'a aucune suite désagréable et donne de fortes présomptions en
faveur de l'immunité permanente du sujet ; et si elle réussit, bonté di-
vine, combien ne faut-il pas se réjouir d'avoir prévenu un grand dan-
ger au prix d'un bien mince inconvénient, celui de porter pendant
quelques jours un ou plusieurs boutons qui ne sont que de la Saint-
Jean à côté d'un vulgaire furoncle.
En général, la cause est facile à supprimer; ce qui est difficile, c'est
de parvenir à la connaître, et il est certain qu'il sera bien venu parmi
ses semblables, tout homme qui leur fournira le moyen de couper
court à une affection qui prélève annuellement un cruel tribut sur
l'espèce humaine. Il en est une dont le nom seul épouvante et qui
frappe, avant d'arriver à nous, nos auxiliaires les plus dévoués. J'ai
nommé la rage.
On a proposé contre elle le curare et une fouie de substances médi-
cinales qui ne jouissent d'aucune efficacité réelle. Mais pourquoi s'at-
tarder à frapper à la porte de la pharmacopée, quand on a beaucoup
mieux à faire? Ne vaut-il pas mieux détruire l'instrument de propaga-
tion de rage?
— Quoi! vous voulez qu'on détruise tous les chiens?
— Au contraire, je propose de mettre un terme au massacre de
chiens qui s'opère annuellement et qui, sous prétexte de rage, atteint
même les chiens non hydrophobes,
— A la bonne heure ! mais comment procéderez-vous?
— Je demande qu'on mette tous les chiens — je dis tous — dans
l'impossibilité de communiquer la rage, même quand elle s'est déve-
loppée spontanément chez eux. Faites-moi le plaisir de me dire à quoi
servent les dents canines du chien, du chien civilisé, du vigilant gar-
dien de nos propriétés, du fidèle compagnon de nos vovages et de nos
plaisirs. Tous les naturalistes, je lésais, placent le chien dans la tribu
des animaux carnivores, et je n'ignore pas qu'il se repaît volontiers de
chair, quand on lui en donne. Mais vous reconnaîtrez de bonne foi
qu'ils sont rares, les propriétaires qui attachent leurs chiens avec des
saucisses. Il y a bel âge que le chien, au service de l'homme, est de-
venu un simple granivore comme le moineau, avec cette seule diffé-
rence qu'au lieu de manger le grain en nature, il absorbe les produits
de la meunerie pétris par le boulanger et légalement arrosés de sa sueur.
Entre nos mains le chien est devenu un soupivore. On n'a pas consulté
son goût pour savoir si la mixture qu'on lui sert sous le nom de soupe
DESTRUCTION DE LA RAGE. 135
lui agrée autant que le pain sec qui, avec l'eau, en forme la composi-
tion presque exclusive, dans la généralité des cas. Le Spartiate velu au-
quel on distribue quotidiennement ce brouet clair n'a évidemment pas
besoin de dents pour l'avaler. Je veux bien qu'on lui conserve ses
molaires qui, avec le secours de puissants masséters, lui permettront
de broyer les os qu'il rencontre sur les tas ou que la générosité du
maître lui abandon ae, parce qu'elle ne leur trouve pas cl'emploi plus
économique. Mais, en ce qui concerne les canines, je ne leur vois
plus d'emploi possible, dans l'état de domesticité de la race qui leur
doit son nom, je ne leur vois plus d'emploi pratique, attendu que,
encore un coup, le chien civilisé n'a plus de chair à déchirer pour sa
nourriture et que, si on lui permet de temps à autre d'enfoncer ses
crocs éburnés dans la chair des passants, c'est par le fait d'un abus
intolérable contre lequel j'ai personnellement le droit d'élever la voix.
En effet, depuis deux ans j'ai été mordu sept fois et, au moment oi^i j'écris
ces lignes, je porte au mollet gauche l'empreinte des œuvres d'un petit
basset allemand. Il y a une semaine que je tire la jambe, avec cela;
mais je m'attends à garder le lit pendant un bon mois, le jour inévi-
table où je serai appréhendé par un de ces énormes chiens danois que
les immigrants sont en train de mettre à la mode en Alsace-Lorraine.
Comme 1 impôt sur les chiens, originairement destiné à diminuer le
nombre de ces animaux, semble avoir pour effet de l'accroître sans
cesse, on ne peut plus guère entrer dans une maison sans avoir un
compte à démêler avec la garde armée qui veille à la porte et dans les
couloirs. On y rencontre des canines qui se hérissent comme des baïon-
neLtes naturelles dontl'action est subordonnée à la fantaisie des porteurs.
L'antipathie de ces derniers s'exerce également contre le beau sexe
et contre les hommes, avec une nuance dans les effets, car les femmes
sont protégées par leurs jupons, tandis que chez nous il est vraiment
trop facile de saisir le morceau, ce qui fait que mes jambes ont été
mamtes fois accrochées par les chiens de mes amis. Ces animaux
(les chiens) n'ont trouvé que cette manière de s'attacher à moi.
Si vous n'avez jamais été mordu, en entrant dans une maison, je
vais, pour votre instruction, vous dire comment les choses se passe-
ront lorsque votre tour arrivera, ce qui est inévitable.
Vi'us. — Sapristi! votre chien m'a mordu.
L'? propriétaire. — Tiens ! c'est étonnant; il n'est pourtant pas mé-
chant.
Vous. — Méchante ou non, la maudite bête m'a mordu. Voyez : mon
pantalon est déchiré..., et voici du sang.
Le propriétaire. — C'est extraordinaire, car Médor est très doux.
Nous en faisons tout ce que nous voulons.
Vous, sévèrement. — Quand on a des animaux féroces, on devrait
les tenir à l'attache.
Le propriétaire^ caressant le délinquant: — Ah î polisson, vilain
chien, que cela vous arrive encore!
La faiblesse aveugle des propriétaires est plus incorrigible que la
colère de leurs toutous. Cet amour déraisonnable pour leurs animaux
les rend bêtes et leur fera pousser de hauts cris le jour — puisse-t-il
luire bientôt — oij. la loi leur prescrira de faire couper les quatre ca-
nines de leurs favoris à poils. Les maîtres enrageront quand leurs ser-
viteurs ne pourront plus communiquer la rage. Du moins, cette rage
136 DESTRUCTION DE LA RAGE.
mue, celle hydropliobie non rabique ne sera pas transmissihle.
Ma proposition n'esl-clle pas archi raisonnable? Je demande pure-
menl et simplement qu'on supprime les canines des cbiens, devenus
impropres à aucun but utile et uniquement capables de satisfaire
rbumeur atrabilaire de ces animaux, quand le ciel est lerne et gris,
ou de propager l'afi'reuse maladie de la rage, de cbien à chien, ou du
cliien àl'liomme. Quand je dis supprimer, je ne vise pas l'exlraclion
complète des canines, mesure radicale qui me vaudrait certainement la
reconnaissance des dentistes, je me borne à demander qu'on excise les
canines au niveau des dents voisines, ce qui rendra impossible les mor-
sures profondes, les plaies. La morsure du chien ressemblera à celle
du cheval, avec la violence en moins, et elle ne pourra plus déterminer
généralement que des contusions sans gravité, sans parvenir à enta-
mer les vêtements.
Mais pour arriver à ce résultat d'où découlera certainement l'extinc-
tion de l'hydrophobie, laquelle restera limitée au cas d'invasion spon-
tanée, il faudra une loi. L'assemblée constituante qui la votera mon-
trera un véritable souci des intérêts de l'humanité et s'attirera la
reconnaissance des habitants dans le pays qui bénéficiera de la
nouvelle loi.
Je ne suis pas assez jeune pour croire qu'on ne rira pas d'une idée
neuve. Qu'on en rie tant qu'on voudra, pourvu qu'on la mette en pra-
tique. Laissez-les rire, disait Mazarin, ils paieront.
Je la publie donc, cette idée, en bravant les rancunes des vieilles
douairières, dont plus d'une me gardera une dent, ce qui lui sera tacile
puisqu'elle en recueillera quatre par tête d'animal. Je la sème dans le
domaine de la presse, cette idée, avec la conviction qu'elle trouvera un
parrain puissant pour la tenir sur les fonts de baptême. Son adop-
tion nous garantira contre la morsure des chiens enragés et contre la
mort sûre qu'entraîne l'inoculation du virus rabique.
D*" Félix ScilNESDER,
Correspondant de la Société nationale d'agriculture.
CONCOURS SPÉCIAL DE BATTEUSES A MEAUX
RAPPORT SUR LES TRAVAUX DU JUHY.
11 y a aujourd'hui quinze jours, le samedi I 8 sepLembre, avaiL lieu un
des concours spéciaux qu'organise avec tant de succès notre Société,
depuis plusieurs années déjà. Ainsi qu'on l'avait publié : les machines
à neiloyer et à cribler les grains et graines, les appareils économisant la
main-d'œuvre et rendant le travail moins pénible, formaient cette fois,
vous le savez, l'objet du concours.
Le jury s'est réuni, cours Lafayette, lieu du concours, dès neuf
heures du matin, et après avoir choisi à l'unanimité pour président
M. Lavaux, un de ses membres les plus autorisés, il a immédiatement
procédé à l'examen des machines exposées.
S'il ne fut pas très nombreux, le concours n'en fut pas moins inté-
ressant. Grâce en effet à l'obligeance et au dévouement de M. A. Petit,
qui fournit un nombre suffisant de gerbes de même nature, et de
M. Lucy, qui les fit apporter et prit soin de leur distribution, le jury
put l'airti foQctionner devant lui chacun des instruments clans des con-
ditions absolument comparables, et les juger en travail normal. Der-
rière chaque machine était placée une charrette chargée de gerbes
CONCOURS SPECIAL DE BATTEUSES A MEAUX. 137
magnifiques, trop belles peut-être, à ne consulter que les intéressés,
car la longueur de la paille fut pour toutes un obstacle^ pas une ne sut
la conserver intacte. A chacune était attribué pour le battage un même
nombre de gerbes; la paille liée immédiatement, le blé ensaché étaient
de suite enlevés. Sous tous les rapports, le jury doit donc de vifs
retnercîments à la Commission d'organisation qui a ainsi grande-
ment facilité sa tâche en le délivrant complètement de la responsabilité
d(;s détails accessoires.
Le programme du concours comportait six catégories de machines,
qui furent passées en revue successivement.
Dans la première catégorie, celle des machines à ballre à vapeur^
vannant et criblant, cinq concurrents s'étaient fait inscrire.
M. Gautreau, de Dourdan, présentait une machine à battre de 6 che-
vaux;
M. Girardin, d'Étampes, une de h chevaux;
M. Gérard, ou la Société française de matériel agricole, de Viei^zon,
une de 6 chevaux ;
M. Cumming, d'Orléans, une de 6 chevaux;
Enfin, M. Bertin, de Montereau, une de 3 chevaux.
Chacune était accompagnée d'une locomobile de force correspon-
dante, servant de moteur et complétant l'installation.
Les prix de ces diverses maclimes, si on tient compte de leur force
respective, sont comparables. Aussi le jury s'attacha spécialement,
non seulement à mesurer la quantité de travail produit dans un temps
donné, mais encore à étudier les conditions plus ou moins favorables
du service, et à apprécier l'état dans lequel le blé et la paille étaient
rendus par l'appareil. A ce sujet, il n'est pas inutile d'insister et de
vous faire remarquer, messieurs, que c'est surtout en se plaçant à ce
point de vue spécial de la qualité du travail produit, que le jury résolut
de se' former une opinion... Les conditions, dans lesquelles se faisaient
les expériences, étant, comme nous l'avons vu, les mêmes pour tous,
il le pouvait sans craindre d'être induit en erreur par quelque inégalité
fortuite.
On fit faire deux battages à la machine de M. Gautreau; car, dans
la première expérience, croyant à une lutte de vitesse exclusivement,
le constructeur avait battu cent gerbes en treize minutes ; mais cela
correspond à un travail tout à fait anormal pour les hommes de ser-
vice, et absolument impossible à soutenir pendant une journée... Dans
la deuxième expérience cinquante gerbes furent battues en dix minutes
et demie. C'est la quantité qui fut dès lors donnée à toutes les machines
de cette classe pour concourir.
La durée du battage de ces cinquante gerbes permit au jury d'éli-
miner dès d'abord deux concurrents, iMM. Girardin et Bertin, dont
les machines, plus faibles d'ailleurs que les autres, produisaient, à
cause de cela même, et comme on devait s'y attendre, un travail insuf-
iisant pour cette catégorie de machines à vapeur dites à grand travail.
Si Ton examine les trois autres, on reconnaît bientôt qu'elles ont des
défauts et des qualités communs, les différences sont assez faibles; ce
type de machine semble station naire depuis quelque temps, et néces-
sairement tous les constructeurs tendent à se rapprocher plus ou moins
les uns des autres. Il n'y a plus guère que des modifications d'une
importance secondaire. La paille bien secouée est en général froissée.
138 CONCOURS SPECIAL DE BATTEUSES A MEAUX.
mêlée, cassée et mal rcjeUc au dehors; le blé assez propre et bien
battu.
C'est dans les détails qu'il faut entrer pour faire quelques dis-
tinctions.
Dans la machine Gautreau, il y a deux cases à blé; dans Tune il
est très propre et marchand, dans l'autre encore sale. Cette machine
est munie d'un aspirateur particulier appelant les otons, et les reje-
tant sur les secoueurs; c'est un perfectionnement particulier à cette
machine. Le réglage du contre-batteur peut s'effectuer en marche.
Nous avons aussi remarqué une grille destinée à cribler le blé, d'une
forme ingénieuse. Les trous de cette grille ont la forme d'un cylindre
dont l'axe a la même direction que l'air lancé par le ventilateur à peu
près parallèlement à la grille elle-même; de cette façon, le grain se
dégage de la paille et passe facilement. Cette tôle perforée est
appliquée à tous les ventilateurs des machines de cette maison. Les
tourillons des arbres sont en acier; les lames du batteur à angles
arrondis pour le blé sont mobiles et peuvent être facilement remplacées
par des lames à angles vifs ; alors la machine sert à battre l'avoine.
La machine Gérard a un nettoyage parfait; à notre avis, c'est sa
supériorité. La paille y est assez bien traitée; et le blé, s'il est un peu
cassé, en soi-t très propre et même bien lisse. Ce dernier résultat est
obtenu à l'aide d'une sorte de ventilateur placé sur le côté de la
machine, qui aspire le blé battu et le remonte dans un ensachoir placé
en contre-haut; c'est dans ce mouvement forcé que le blé passe le
long d'une surface cannelée sur laquelle il est projeté, et en sort lisse
et exempt de poussière. C'est en petit l'effet d'une colonne de net-
toyage. La construction de l'appareil nous a paru très soignée.
Dans la machine Cumming, les orifices de l'ensachoir sont placés
un peu bas. Elle se distingue par la disposition de son secoueur de
paille. Au lieu de recevoir le mouvement à l'une de leurs extrémités,
les lames du secoueur le reçoivent en leur milieu; il en résulte que
les deux bouts ont exactement le même mouvement, ce qui n'a pas
lieu dans les autres machines. Cela nous semble d'ailleurs avoir peu
d'importance, car, en général, la paille est bien secouée dans toutes
les machines de cette classe.
Nous avons cru devoir nous arrêter un peu longuement sur ces
appareils; car ils nous ont paru, comme à vous sans doute, messieurs,
être par leur importance même, les plus intéressants du concours.
Dans la deuxième catégorie, celle des macJnnes à battre, vannant
et criblant, à manèges de 3 et 4 chevaux, se présentaient trois construc-
teurs :
M, Gautreau avec une machine à manège à 3 chevaux;
M. Girardin avec une machine de même force;
M. Maréchaux, de Montmorillon (Vienne), avec une machine à
manège à 4 chevaux.
Le jury, tout en appréciant, comme il convenait, les sacrifices faits
par ce dernier constructeur, pour venir d'aussi loin concourir dans
notre ville, et porté à lui en savoir gré, eut le regret de ne pouvoir mettre
sa machine en ligne avec les autres. Cette batteuse est une batteuse
en long ; toutes celles, autres que celle de M. Maréchaux, que nous
avons eu à examiner, sont des batteuses en travers, seul type, du reste,
adopté dans nos campagnes. Les batteuses en long peuvent être estimées
CONCOURS SPÉCIAL DE BATTEUSES A MEAUX. 139
dans les contrées où on recherche la paille, brisée, hachée ; mais elles
ont pour la nôtre, un défaut primordial, contre lequel ne peut pré-
valoir la modicité du prix de l'appareil : elles rendent la paille inven-
dable. Cependant quoique seule de son type, quoique les nécessités du
commerce en interdisent l'usage chez nous, le jury étudia cette
machine avec soin et l'eût récompensée, s'il avait cru y reconnaître
un perfectionnement notable introduit dans ce genre de batteuses qui
peuvent évidemment rendre des services, et de grands services quand,
comme dans le Midi, on recherche la paille hachée pour la vente. Un
des principaux reproches à lui faire, est la force qu'elle emploie : un
manège à 4 chevaux suffit à peine pour effectuer le travail dont les
autres viennent à bout avec 3 chevaux seulement.
Il ne restait dès lors, pour cette classe, que deux concurrents véri-
tables. On leur donna à chacun vingt-cinq gerbes à battre. Les
machines ici ne présentaient rien de bien saillant à signaler. Nous nous
contenterons de dire que les résultats de la machine Gautreau nous
ont paru très supérieurs. Avec le même nombre d'hommes, dans le
même temps, douze minutes, on a obtenu un blé mieux battu, une
paille mieux secouée, encore qu'un peu mêlée, mais sans menue paille
à repasser. Ici pourtant, trouve encore sa place le reproche que nous
faisions à la grande machine : le blé est reçu dans deux cases, et dans
l'une d'elles il est trop sale et a besoin d'un nouveau nettoyage pour
être propre à la vente.
Dans la machine Girardin, le battage, le secouage, le nettoyage étaient
insuffisants, et la disposition, ainsi que la construction du mécanisme,
ont été iufifées inférieures.
Dans la troisième catégorie ou venaient se ranger les machines a
battre, mues par un et deux chevaux et les machines à bras, nous avons
eu à comparer les machines de :
M. Gautreau, machine à 2 chevaux; M. Fortin, de Montereau,
machine à 2 chevaux; M. Bertin, machine à plan incliné, 1 cheval;
M. Maréchaux, machine à battre en long, 2 chevaux.
Nous retrouvons ici une machine à battre en long du même con-
structeur que dans la classe précédente et ici encore, les mêmes dé-
fauts ont frappé l'attention du jury, et naturellement ont amené une
décision analogue.
Nous nous arrêterons seulement maintenant un instant au sujet de
la machine à plan incliné de M. Bertin. Cette machine, avec un seul
cheval, a fait en une heure et quart ce que les autres avec deux che-
vaux ont fait en une heure et cinq minutes; que si le travail est un
peu moins bon, il est du moins suffisant et l'appareil se recommande
par la commodité de son installation, et la facilité de la mise en place
et de la mise en route. Le jury cependant, devant une transmission de
mouvement un peu compliquée, ou du moins de construction forcé-
ment un peu grossière, n'étant pas édifié sur le degré de fatigue que
supporte le cheval moteur, ne pouvant se rendre compte de la durée
du travail qu'il* peut fournir dans ces conditions, a hésité à placer
cette machine au premier rang.
Celle de M. Gautreau d'ailleurs se recommande par un excellent
travail.
Signalons encore la machine de M. Fortin, qui manœuvre sans être
calée; avantage médiocre, il nous semble, car on a toujours le temps
140 CONCOURS SPPXIAL DK BATTEUSES A ME AUX.
de procéder à cette opération^ môme au moment de battre^ quand elle
est nécessaire. Quoi qu'il en soit, cette propriété de la machine résulte
d'une disposition ing;énieuse du tarare et du secoueur, dont les mou-
vements sont opposés et équilibrés de façon à rendre le calage inutile.
Les trois dernières catégories ne nous occuperont pas longtemps; il
y avait peu de machines intéressant par quelque nouveauté.
Il nous est impossible, cependant, de passer sous silence dans la
quatrième catégorie, celle des machines à battre les petites graines,
L'excellent appareil de M. Gumming, analogue aux machines à battre
le blé et donnant un très bon travail, par la simple combinaison des
grilles alternées à travers lesquelles passe la graine à battre. Le jury
l'a expérimenté avec du trèfle. — Dans ce même genre de machines,
nous ferons aussi remarquer la batteuse de M. Chenel, présentée par
M. Bertin, de Montereau, où la séparation de la graine est obtenue par
'a projection du trèfle sur une toile métallique résistante. Mais con-
trairement à ce qui se produit dans la précédente batteuse, la graine
(btenue est très mal nettoyée et très mal triée : elle n'est pas encore
véritablement marchande.
Le jury a placé et récompensé dans la cinquième catégorie des
appareils et procédés relatifs au battage et au vannage des graines et
grains, économisant la main-d'œuvre et rendant le travail moins pénible y
deux tarares très bien appropriés aux machines à battre qu'ils servent;
ce sont : le tarare américain de M. Girardin et le tarare déboureur et
cribleur de M, Maréchaux, appareil sans lequel le travail de la bat-
teuse en long serait absolument incomplet : le blé qu'elle jette de tout
côté mêlé à la paille et à la poussière serait invendable sans l'opéra-
tion de nettoyage très bien effectué par ce tarare.
Enfin dans la sixième catégorie celle des machines à nettoyer les
grelins et graines^ le jury a cru devoir faire deux classes.
Dans la première il a placé les tarares de ferme parmi lesquels il
convient de distinguer les tarares légers et très économiques de M. E.
Mabille, de Reims.
Dans la seconde, les cylindres trieurs. Ceux de 5f. Symon, de Meaux,
ont été remarqués et l'objet d'une récompense.
Telle a été la manière de procéder du jury; la qualité du travail
produit a été son critérium pour toutes les classes de machines;
et nous vous avons exposé aussi fidèlement que possible les princi-
p des raisons qui, dans chaque cas, ont déterminé sa décision et motivé
son jugement. ATant de vous donner lecture de? récompenses qu'il
a décernées, qu'il nous soit permis de constater que ce nouveau con-
cours spécial a parfaitement réussi et de nous en féliciter. Si ces sortes
de concours offrent plus de monotonie au regard indifférent du siijiple
curieux, ils ont pour les intéressés l'avantage précieux de mettre côte
à côte, pour ainsi dire, des machines entre lesquelles un jour ils se-
ront peut-être appelés à se prononcer; ils leur permettent un examen
comparatif dans des conditions absolument identiques, avantage indé-
inable pour un juge. L'esprit n'est pas distrait par la vue" de ma-
chines étrangères et les différences se saisissent plus facilement;
l'impression en est plus durable. Ce sont ces circonstances mêmes, on
peut le dire, qui nous ont permis cette année de classer d'une façon,
que vous approuverez, nous l'espérons, des machines à peu
près aussi perfectionnées les unes que les autres; et entre lesquelles
CONCOURS SPÉCIAL DE BATTEUSES A ME AUX. 141
en l'absence de transformation saillante, d'inventions nouvelles, il eût
pu paraître dilTicile de se prononcera P. Cormier,
Rapporteur du Jury.
BIBLIOGRAPHIE AGRICOLE
Les parasites et les animaux parasitaires chez l'homme, les animaux domestiques et les animaux
sauvages avec lesquels ils peuvent être en contact, par P. Mégnin, lauréat de l'Institut. — Un
volume in-8, avec 63 Apures dans le texte et un atlas de 26 planches. — A la librairie de
(t. Masson, 12'1, boulevard Saint-Germain, à Paris. — Prix, avec l'atlas, 20 francs.
Les animaux parasitaires sont ceux qui vivent aux dépens des
autres êtres vivants; leur nombre est presque infini, et si un problème
est réellement surprenant, c'est qu'ils n'aient pas fait disparaître une
grande quantité d'espèces. 11 en est de tout genre et de toute famille;
quelques-uns, mais c'est le plus petit nombre, sont inoffensifs; la plu-
part sont de véritables et redoutables fléaux pour les êtres auxquels ils
s'attachent. C'est à eux, par exemple, que les animaux domestiques
sont redevables de beaucoup des maladies qui les attaquent; l'homme
n'échappe pas à leur action, et quelques-uns peuvent être, pour lui,
des agents de mort. Il est donc important à la science vétérinaire,
aussi bien qu'à l'agriculture, de connaître ces animaux, leurs mœurs,
les effets de leur action sur l'économie animale, aussi bien que les
moyens de les combattre. 3Iais cette élude est délicate. En effet, le
plus grand nombre des animaux parasitaires appartiennent aux der-
nières classes du règne animal; ce sont des êtres souvent microsco-
piques dont une observation longue et p;itiente peut seule permettre
de préciser les caractères et de dévoiler les mœurs. Il n'est donc pas
étonnant que leur étude ait été pendant longtemps négligée, tandis que
la plupart des autres branches de l'histoire naturelle se développaient
rapidement, et que l'on se soit contenté de généralités peu précises.
On aura une idée des difficultés que présente cette étude quand on
saura que l'on connaît aujourd'hui 58 espèces d'épizoiques ou hexapodes
aptères (vulgairement les poux) qui vivent en parasites sur l'homme
ou sur les seuls animaux domestiques. Il ne suffit pas d'ailleurs de
distinguer les espèces; il faut encore mettre leur rôle en relief, et ne
pas, par exemple, anathématiser un être inoffensif qu'on aura confondu
avec un voisin beaucoup moins pacifique.
Parmi les savants qui ont, depuis vingt ans, pris à cœur l'étude
des parasites, M. P. Mégnin figure au premier rang. Il est parti de ce
principe qu'il est nécessaire d'étudier à fond Fhistoire naturelle et les
mœurs de tous les parasites, quels qu'ils soient, leur organisation et
leurs moyens d'action. 11 a jusqu'ici consacré vingt-cinq années à ces
études minutieuses. Déjà, dans plusieurs monographies, il a fait
connaître les résultats de queljuesunes de ses recherches. Dans le
volume qui vient de paraître, il présente ïe fruit de l'ensemble de ses
études. Et encore, ce volume n'est-il qu'une première partie; car il
est consacré seulement à l'examen des parasites appartenant aux ordres
des insectes, des arachnides et des crustacés. Dans un second ouvrage,
actuellement en préparation, le laborieux savant s'occupera des
Helminthes, des Infusoires et des Cryptogames parasites. On voit com-
bien ce travail est immense, et on conçoit la sagacité et la persévé-
rance qu'il exige chez celui qui l'a entrepris. Il serait inutile d'insister
ici sur les résultats qui en sortiront au point de vue pratique.
1. Le Journal du 2 ociobr^ a publié (p. 26'; la liste des récompenses décernées.
142 BIBLIOGRAPHIE AGRICOLE.
Après cette aperçu général, il nous reste à donner quelques détails
sur les éludes que renferme le volume que M. Mégnin vient de publier.
Nous ne pouvons guère fournir qu'une nomenclature aride, car les
descriptions d'espèces qu'il renferme échappent à l'analyse qui ne
pourrait qu'en donner une idée tout à fait incomplète et souvent
même inexacte.
Nous avons dit que M. Mégnin s'occupe successivement des para-
sites appartenant aux ordres des insectes, des arachnides et des crus-
tacés. Chacun des ordres de ces classes, renfermant des animaux
parasitau-es, est l'objet d'un chapitre spécial composé de deux par-
ties : la première est consacrée à l'histoire naturelle; la seconde à la
Fig. 7. — Hypoderme du bœuf.
Fig. 8. — Grand pou du cheval.
pathologie, c'est-à-dire aux maladies déterminées par ces animaux.
Dans la classe des Insectes, l'auteur passe successivement en revue
les Diptères, les Hémiptères, les Coléoptères et Aphaniptères, les Epi-
zoïques. A la première de ces classes, appartiennent les cousins, les
taons, les œstrides, etc.; c'est dans cette famille que se trouve l'hy-
poderme du bœuf que représente la fig. 7, qui montre en a la
femelle, en b la larve, en d une nymphe. Dans la seconde classe, nous
rencontrons les punaises; dans la troisième, les puces ; dans la qua-
trième, l'innombrable légion des poux et de leurs congénères. On voit
(fig. 8) le grand pou du cheval, parasite de cet animal et de l'âne.
Les animalcules microscopiques qui sont la cause des différentes varié-
tés de gale, et chez l'homme et chez les animaux, appartiennent à un
groupe qui, pour Linné, au siècle dernier, ne formait qu'un petit
genre, le genre Âcarus, dont le type était le ciron du fromage. Ce genre
constitue aujourd'hui, dans la classe des Arachnides, un ordre très nom-
breux en espèces, dont le nombre augmente encore tous les jours.
C'est à l'histoire et à la description de ces espèces qu'est consacrée
la plus grande partie de l'ouvrage de M. Mégnin ; il s'est fait, en
quelque sorte, une spécialité de l'étude des Acariens et il y a acquis
BIBLIOGRAPHIE AGRICOLE.
143
une autorité universellement proclamée. On ne peut pas attendre de
nous la nomenclature des onze familles d'Acariens ; notre rôle est
simplement celui d'un bibliographe. Voici, toutefois, quelques types,
pour donner une idée du soin avec lequel les dessins de tous les ani-
FJg. 9. — Gamase ptéroptoïde, ('es rongeurs.
Fig. 10. — Sarcopte scabiel, de riiomme.
maux décrits sont exécutés, soit dans le volume, soit dans l'impor-
tant atlas qui l'accompagne. La plupart de ces dessins sont d'ailleurs
dus àÏM. Mégnin lui-même. Les fig. 11 et 12 montrent l'Argas réfléchi,
Fig. 11. — Argas réfléchi vu par-dessus. Fig. 12. — Argas réfléchi vu pai-dessous.
VU par-dessus et par-dessous; cet acarien est surtout parasite des
colombiers, d'où il se répand sur les pigeons, principalement sur les
jeunes; mais il est très rare aujourd'hui en France. La fig. 9 montre
le gamase ptéroptoïde, parasite des petits rongeurs. La fig. 10 repré-
sente le sarcopte de l'homme, un des acariens qui déterminent la gale
chez les races humaines. On lira avec beaucoup de profit l'étude sur
les gales, qui suit l'histoire naturelle des Acariens.
La dernière classe d'animaux que M. Mégnin étudie dans ce volume,
est celle des Crustacés, dont un seul ordre, celui des Acanthotèques,
renferme quelques animaux parasitaires.
144 BIBLIOGRAPHIE AGRICOLE.
Cette esquisse rapide suffira, nous l'espérons, pour montrer l'im-
portance de l'œuvre de iVL Mégnin. Cette œuvre s'impose à tous ceux
qui étudient les causes et les remèdes des maladies des animaux
domestiques, par conséquent aux agriculteurs éclairés.
Henry Sagmep,.
PISCICULTURE. — LE WITHEBAÎT
La pisciculture anglaise nous devant aussi au moins quelque chose,
nous allons donc une lois pêcher en ses eaux.
D'autant mieux que cette pêche nous mènera à cette grande question
toujours pendante de la migration de certaines espèces : sardines,
harengs, morues, dont, dans un calendrier marin, il faudra pourtant
parler tôt ou tard et peu ou prou.
Ce n'est pas vous, très honorés frères Ashwortli, vous les ouvriers
de la première heure que nous avons eu l'honneur de connaître, vous,
qui avez donné à cette branche de voire richesse publique une si rude
poussée, qui nous refuserez cette incursion internationale!
Notre but n'est pas tant d'aborder l'historique withebait par son
côté gastronomico politique, que par le vaste champ des hypothèses
que cette petite bête, à la mode depuis si longtemps, laisse à nos mé-
ditations.
Le Daily News imprimait, à propos du célèbre withebait-diner, ou
dhier d'adieux des ministres, une de ces savantes dissertations sur ce
favori des Anglais de haute souche, que nous croirions digne de la
plume de l'inspecteur général des pêches si connu, ex-médecin en chef
des gardes du corps delà reine, M. Buckiand.
Nous ne saurions donc mieux faire que d'en donnera nos lecteurs la
partie pittoresque et scientifique par laquelle ce petit seigneur, fai-
sant toujours si grand bruit en x4.ng1eterre, nous est servi, à nous les
mortels, appelés M. tout-le-monde. Le Withebait ou bianche amorce, a
été mis à la mode en 1 780 par un pêcheur de Black Wall, nommé
Richard Cannon.
Qui fit qu'à cette époque oi^i l'xlnglais ne goûtait qu'avec répu-
gnance au savoureux turboi, mais se délectait en revanche des salades
de certains varechs; qui fit que le withebait conquit la première
place dans ses délices gastronomiques, ce nous serait assez difficile à
dire.
La mode s'en empara à ce point que, plus que jamais, sa pêche
est uevenue une branche de cette si imponante industrie. Il s'en fallut
de peu que, celte année, le célèbre wilhèbait-diner réunit bien Fillustris-
sime diplomatie anglaise à Grennwich comme cela se fait depuis
juste 100 ans; mais, sans withebait! Il y avait environ 15 jours
qu'il n'en était plus apparu un seul sur le carreau du grand marché
de Billingsgate: Une tlotte de bateaux dut être envoyée au large pour
le ])êcher, car comment passer sans withebait ce jour si célèbre dans
les annalesde la gastronomie anglaise!
Un proverbe des pêcheurs anghiis dit qu'il ne peut être péché que
pendant la session du parlement, c'est-a-dire de février à mi-août.
Le parlement ayant siégé cette année jusqu'en septembre, le Withe-
bait avait gagné le large pour ne revenir comme Spralt, qu'en no-
vembre à l'embouchure de la Tamise, payer sa dette à Mansion-Housc
le 9 dudit mois. Toujours d'après le dicton anglais.
PISCICULTURE. — LE WITHEBAIT. 145
La partie si curieusement originale des mœurs de nos voisins
énoncées ci-dessus, étant vidée, comme tout bon Anglais le doit à son
loyalisme conservaiif\ l'auteur arrive aux questions sérieuses que
soulève et soulèvera encore longtemps celle curieuse petite bête.
Comme Lavaret, Anguille; que d'inconnus dans ce monde sans cesse
sous nos yeux ! vrai porte-défi à notre grand dix-neuvième siècle !
Le poisson appelé Bail, change d'aspect et de qualité selon son âge
et les saisons. En février et mars c'est le yaivlings, vraisemblablement
le hareng cCun an. En juin et juillet les Bail sont si petits que les
pêcheurs ne les nomment que (têtes et yeux) espèce de gélatineuse
créature, dont le grand œil argenté semble faire et composer la plus
grande partie. Les Bait du dîner de ce jour, examinés spécialement
par l'auteur, ne sont pour lui quç des spratts, charmant poisson
argenté et d'un goût aussi fin que délicat.
Dans ces derniers temps, les Anglais ont commencé à protester
contre leur destruction et avec toute raison; pourquoi ne pas les laisser
au moins atteindre à l'adolescence?
Mais il y en a tant! l'embouchure de la Tamise n'y suffirait! le
marché de Billingsgate n'en regorge t-il pas l'hiver! Ynverness et les
autres marchés de l'Ecosse de même, à ce point qu'on en fume des
champs de navets et des houblonnières, etc.
Une seule maison de Londres paye 1,000 livres sterling par semaine
pour la pêche du vsithebait durant la saison. Oserait-on espérer qu'un
parlement anglais aura le courage d'enrayer ces massacres, tant que
le withebait-dinersera dans ses habitudes politiques? Ici notre auteur,
afin de ne pas se compromettre, met un grand point d'interrogation.
Charbonnier étant maître chez lui, la parole ne nous appartient
pas dans ce débat; mais, cependant, nous demanderons à poser nos
conclusions sur cet incident de pisciculture, le seul, croyons-nous, oii
se trouve si curieusement mêlée une coutume diplomatique. Il y a plus
de vingt-cinq ans, à propos du lavaret, nous imprimions : sera-t-il
Dieu, marbre ou cuvette ?
Nos lecteurs peuvent voir, par ce qui précède, que le chemin par-
couru n'est pas grand. Le si charmant lavaret, de notre temps,
n'avait pas moins de sept noms sur les bords du lac de Constance :
Seelen, Sluhen, Ganglifisch, Reuen, Halbfelch, Dreyen et Felchen;
question d'âge et de tons. Il n'a donc rien à envier au withebait des
Anglais. Car enfin, sera-t-il : Spratts^ Yaiclings, Folicigs, Roohans^
Buntings, Morue ou Hareng ?
Si nous insistons sur ces noms, ce n'est que pour rappeler cette
belle parole de Coste toujours à notre pensée, que la pisciculture
marine n'est, avant tout, qu'une question d'histoire naturelle; que la
science cherche et formule, mais d'abord qu'imî pratique prudente et
éveillée, sinon encore renseignée, guidée, dirigée, sache tirer parti des
faits dont se tisse la vie des hommes de la mer.
Notre Spratt, de la baie de Douarnenez, dont on fume aussi les
champs par certaine saison, alors que l'année suivante, deux ans même,
on n'en voit plus un seul sur toute la côte sud de notre Bretagne,
serait-il le même que celui de la mer du Nord? Le lavaret du lat; de
Constance et le Conegone Fera d'Hartman dévorant le frai des harengs
sur les côtes de Suède, seraient-ils vraiment de si proches parents que
la science n'aurait encore pu distinguer ces deux êtres à mœurs et à
146 PISCICULTURE. — LE WITHEBAIT.
ha1)itat si différents? Le lavaret et l'Agoni des lacs italiens ne seraient-
ils que les jalons prodigués par la nature à nos eaux douces, nous
mettant sur la trace des mœurs de leurs frères de Ij mer, harengs^
sardines, ces éléments de si grandes richesses pour les côtes qu'ils
fréquentent ?
Arriverions-nous par là à la connaissance de cette si grave question
de la migration de ces espèces, sur lesquelles on possède, le hareng
excepté, des données si confuses et si vagues ?
La rencontre, dans ce grand entonnoir des mers de nos côtes qui
s'appelle le golfe de Biscaye, et dont les profondeurs sembleraient être
les lieux de prédilection d'habitat de la sardine; la rencontre de deux
courants de température différente, celui du sud pour la branche
extrême droite, rabattue, d'après Maury, par le promontoire de la Bre-
tagne (îles de Sein) et celui du pôle, arrivant en dessous par la Man-
che, ne devrait-elle pas donner lieu à certaines études ! La rencontre de ces
deux courants dans ces profondeurs où il semble désormais acquis que
ces immenses et prolifiques familles des dupées et des gades passent
leur vie, ne montant aux eaux éclairées que pour y aimer, jouir et mou-
rir ! Cette rencontre ne serait-elle pas la cause de ces irrégularités si
fatales à nos populations marititnes et aux industries dont elles sont la
base!
Nos lecteurs se rappelleront que dans le numéro 583 du Journal
nous avons, à propos d'une de ces irrégularités, relative à la dernière
saison de pêche de la sardine, déjà a[ipelé l'attention du ministre de
la marine sur ce fait. En attendant réj)onse aux questions ci-dessus,
nous prions qu'on nous pardonne cette petite excursion dans ce champ
si vaste des hypothèses de la mer, sur lequel nous sommes arrivé en
quittant le withebait-diner des ministres de la reine.
Chabot -Kaîlen,
Tliun (Sui;se). Correspondant de la Société nationale d'agiiculturo de France.
SUR LE CREDIT AGRICOLE- — II
IV. — On reproche aux cultivateurs français de ne point entretenir un
bétail suffisant, ce qui revient à leur reprocher de ne pas produire
assez de fourrages. En Angleterre, en effet, la proportion des superfi-
cies emblavées en fourrages naturels et artificiels est à la superficie
cultivée comme 65 est à 100; en Ecosse, comme 40 est à 100; en
France, elle n'est que comme 22 est à 100. Ce n'est pas tout : notre
climat, comprenant des zones plus étendues, est, en somme, beaucoup
moins favorable à la production fourragère que celui des Iles Britanni-
ques.
Si, partageant la France en trois zones, nous cherchons comment s'y
répartissent les produits fourragers, voici ce que nous constatons,
comme moyenne de dix ans :
Il en résulte un déficit moyen annuel de 1 .63 ; soit, en calculant sur
le chiffre d'une année moyenne fd'après la statistique officielle de
1862), 56,431,971 quintaux métriques, un déficit moyen annuel de
i^il 9,841 quintaux représentant au rationnement de A pour 100, sur
500 kilog. vif, la nourritureaunuelle deplusde l2,6U0bœLifs ou s-aches
ou l'équivalent en d'autre bétail. Mais, en fait, le déficit est plus grand
encore, parce que 1 1 majeure partie de l'excédent est gaspillée dans
LE CREDIT AGRICOLE. 1 47
l'année, ou avariée pendant le cours de la suivante. Il y a ainsi, tous
les ans, 12,600 têtes de gros bétail vendues pour cause de fomine et
un déficit dans la production du fumier de 211,502,200 kilog., soit
la fumure triennale de 21,156 hectares.
Nous avons banni famines et disettes pour l'homme, en multipliant
les voies de transport, réformant la législation et organisant le com-
merce; il est temps de poursuivre un résultat identique pour le bétail,
instrument de production, source de fécondité, ressource alimentaire ;
le moyen, c'est la compression.
Non seulement elle fait des fourrages une denrée économiquement
Iransportable, mais elle régularise leur emploi tout en assurant l'en-
tretien du bétail. Ce qui se passe en France se produit en Europe et
dans le monde entier, pour le fourrage comme pour le blé : récoltes
excédantes ici, insuffisantes là. La compression à bras peut amener le
foin à la densité de 150 à 200 kilog. au mètre cube; avec une force
motrice, 300 à 350 kilog.; puis avec des presses hydrauliques spécia-
lement construites, 600 à 700 kilog., suivant la nature des fourrages
et les régions qui les auront produits. L'importation devient alors
aisée et lucrative, comme le démontre l'exemple de la Compagnie géné-
rale des omnibus de Paris qui, en 1873-74, a pu, avec une dépense de
matériel de 14,000 fr., réaliser une économie de 600,000 fr. sur les
deux tiers de son approvisionnement de l'année, et ceci comme début
dans ce procédé d'essai sous leur surveillance administrative.
Cette économie de 600,000 fr. sur la nourriture annuelle de
8,000 chevaux (deux tiers de 12,000, son effectif;, ou de 75 fr. par
cheval, aurait représenté pour cette même année et pour les 1 00,000 che-
vaux de notre cavalerie parisienne, le chiffre fort respectable de sept
millions et demi de francs.
Ce n'est pas tout ! Que faisons-nous de nos excédents lorsqu'il y en a?
Logés dans les greniers superposés aux écuries, ces foins sont ava-
riés par les émanations du bétail; disposés en meules, ils sont gâtés
par la pluie et exposés à l'incendie; dans un cas comme dans l'autre,
ils perdent, d'une année à la suivante, leur couleur, leur arôme et la
moitié au moins de leur valeur nutritive. En balles pressées, à la den-
sité de 250 à 300 kilog., ils occuperont trois à quatre fois moins de
place, laisseront libres des greniers où. l'aération s'organisera sponta-
nément; ils pourront être logés sous un hangar, dans un silo même,
car la balle, bien faite, peut rester exposée un an à l'air, sans perdre
de ses qualités, deux heures dans un brasier sans y brûler, six heures
dans l'eau sans s'y mouiller.
On objectera, à coup sûr, les frais de compression, et c'est parfaite-
ment juste; au lieu de botteler, on comprime. Le bottelage de 1 ,000 ki-
log. à trois liens coûte 3 fr., à un lien 1 fr. 25 ; la compression coû-
tera 5 fr. pour le même poids. Mais aussi tenez compte, outre les
avantages précités, que, par le pressage, vous évitez à chaque charge-
ment ou déchargement un déchet de 5 pour 100 sur le foin en vrac,
de 3 pour 10 J sur le foin bottelé, sans compter un semblable déchet
moyen de route, ou en tout 1 5 pour 100 pour le premier et 9 pour 100
pour le second ; que vous ne payez le transport que poids pour poids
et qu'ainsi vous pouvez faire venir avec profit des foins des contrées
où la récolte en a été le plus abondante Tosges, Creuse, Nièvre, Seine-
Inférieure, Ecosse, Suisse, Lombardie, Hongrie, Hollande, Etats-Unis),
148 CRÉDIT AGRICOLE.
pour combler le déficit de celles où la famine se montre menaçante ^
Soupçonnez-vous maintenant quels profits peut procurer ce com-
merce qui ouvre un débouché aux uns et comble les besoins des autres,
utile à tous conséquemment?
Des foins achetés à Paris en 1873-74, revendus à Paris en 1875-7G,
eussent donné un bénéfice net de 75 fr. par I^OUO kilog. En 1877-78,
les foins achetés en France à 60 fr. et transportés à Londres où ils
valaient 140 fr., eussent donné un bénéfice net de 25 fr. par 1 ,000 ki-
log. En 1877-78, des foins de France transportés à Naples eussent
laissé un profit net de 29 fr. toujours par 1 ,000 kilog. Nous pouvons
bien conclure à un bénéfice net moyen de 20 fr. par \ ,000 kilog. mani-
pulés, importés ou exportés; mettons 10 fr. seulement, pour un prix
d'achat moyen de 80 fr. Ce sera un intérêt net de 12 fr. 50 pour 100.
V. — Une Société consacrant un capital de 12 millions de francs dont
2 en installation et matériel et 10 en fonds de roulement, commercerait
chaque année, le foin étant supposé au prix de 80 fr., sur
125 millions de kilog. ; le bénéfice net étant de 10 fr. par 1.000 kilog.,
le profit serait de 1.250.000 fr., soit plus de 10 pour 100 du capital
social, en admettant qu'on ne fasse qu'une seule opération par an,
tandis que, dans le fait, le capital se reproduira deux ou même trois
fois par an. Le commerce des fourrages, tel qu'il se pratique actuelle-
ment, même à Paris, à plus forte raison dans nos grandes cités et dans
nos villes de garnison, est tout à fait primitif; c'est l'enfance du
commerce.
J'ajouterai que les pailles pour nourriture, litière, emballage, pape-
terie, peuvent donner lieu à un commerce et à des profits iden-
tiques; qu'enfin, le commerce des fourrages et des pailles est intime-
ment lié au commerce, à la conservation, à la spéculation des
avoines.
Voilà ce que, depuis douze ans, m'a révélé mon découvreur que j'ai,
soigneusement et avec un vif intérêt, suivi dans toutes les transforma-
tions de ses idées et de ses machines, mon inventeur que le ministre
de la guerre eût dû, dès l'abord, accueillir à bras ouverts et qu'il a
longtemps fait attendre à la porte ; mon inventeur qui met fin à tant
d'abus, qui encourage en même temps la production fourragère mieux
que toutes les Sociétés d'agriculture et les Comices, qui prêche la pro-
duction du bétail bien mieux que les primes et médailles de nos con-
cours, qui travaille à la fertilisation du territoire bien mieux que tous
nos fabricants d'engrais; qui présente enfin, aux capitalistes, un rare
placement de leur fortune et aux agriculteurs un crédit que l'Etat lui-
même ne saurait organiser.
VI. — C'est, en effet, à Faide des bénéfices réalisés par la Société
dans le commerce des fourrages comprimés, qu'il entend organiser le
crédit mobilier agricole en nature.
Pour cela, il divise la Société des Comptoirs réunis de l'agriculture
en quatre branches : 1° Bétail et substances alimentaires du bétail;
2° Engrais ei semences; 3" Matériel agricole; 4° Améliorations
foncièi'es.
1" Bétail et substances alimentaires. — Nous avons parlé des four-
\, Nous espérons d'ailleurs qu'il sera prochainement possible d'obtenir des Compagnies de che-
uiins de 1er, des tarils réduits'pour les foins coui primés qui ne courent aucun risque d'incendie et
n'ont nul besoin d'être bâchés.
LE CREDIT AGRICOLE. 149
rages et pailles ; nous n'y reviendrons pas. Mais un autre point se rat-
tache assez direetemejit à celui-ci. Avec les proo;rèsde la culture, sont
venus les progrès du bétail; on a introduit en France des races nou-
velles des espèces bovine, ovine et porcine; on les a multipliées à
l'état de pureté ou de croisement et, cliaque jour, elles gagnent du
terrain. Pour se procurer des reproducteurs de ces races, pour les clioisir
sans même pouvoir les juger comparativement, il faut parcourir, sinon
Ja France entière, du moins toute une ou deux contrées. D'un autre
coté, le producteur, l'éleveur sont à la recherche ou dans l'attente de
l'acheteur, et tous deux n'ont chance de se rencontrer qu'une fois par
an, dans l'un ou l'autre de nos douze concours régionaux. Pourquoi
ne point faire pour notre bétail agricole ce qu'on a fait pour les chevaux
de service ou de luxe? pourquoi ne pas ouvrir une salle de vente, un
Tattersall dans lequel le producteur exposerait ses élèves et où l'acheteur
pourrait choisir et comparer toute Tannée? Ouvert à tous, nationaux
et étrangers, pour toutes les espèces etpour toutes les races, cet établis-
sement aiderait notablement à l'étude comparative et à la multiplication
des meilleurs types.
2° Engrais et semences. La fabrication et le commerce des engrais
ont donné et donnent malheureusement lieu à des fraudes ruineuses
pour l'agriculture. On nous dit : achetez sur analyse ! mais les chimistes
ne les font pas gratuitement ces analyses, et il ne les font pas en une
heure ; dépense d'argent et de temps qui se renouvelle à chaque livraison.
Bon encore pour la grande culture, mais pour la moyenne et la petite
propriété? Le grand propriétaire, le gros fermier, achètent des
quantités notables qu'ils payent moins cher et qu'ils peuvent faire
vérifier; le petit fermier, le petit propriétaire, le métayer qui achètent
par petits lots, payent plus cher et prennent ce qu'on leur donne. Une
Société, achetant en gros, au prix du gros, sur analyse, pourra livrer
ces engrais garantis, à un prix unique pour toutes fractions.
Le commerce des semences culturales donne lieu à un grand mou-
vement d'affaires dans lesquelles la falsification joue son rôle aussi :
on vend de vieilles graines pour des jeunes, des semences dégénérées
ou croisées pour des variétés pures, des luzernes et des trèfles infestés
de cuscute, des mélanges oi^i l'on a fait entrer ce qu'on a voulu, etc.
La Société, elle, achetant et vendant à ses clients, pourrait toujours
leur fournir des semences garanties de variétés pures, prises au pays
d'origine, étudiées et expérimentées.
3° Matériel agricole. La fabrication des instruments agricoles a pris
un tel développement, en France et à l'étranger, les perfectionnements se
succèdent si nombreux, les concours ont successivement décerné tant
de médailles, que l'agriculteur est fort embarrassé de choisir le meil-
leur système et le meilleur constructeur; aussi va-t-il souvent au plus
près, sur renseignements plus ou moins éclairés. De là, ce nombre
d'outils perfectionnés que nous voyons dormir sous les hangars de
tant de nos fermes, capital dépensé en pure perte et qui eût pu être si
fructueux ! On pourrait dire que tous ces instruments sont bons (lors-
qu'ils sont bien construits) ; mais le plus grand nombre répond à des
circonstances un peu particulières dans lesquelles il l'emportera sur
un autre. Une Société dirigée par des hommes compétents sera tou-
jours apte à conseiller, à choisir l'instrument et le constructeur, et l'ache-
teur y épargnera temps et argent.
150 LE CREDIT AGRICOLE.
4° Amélioralions foncières. On n'a certes pas tiré^ en France, du drai-
nage, tout le parti qu'il pouvait donner; il coûte trop cher et ne s'est
pas toujours montré eflicace. Il coûte trop cher, parce qu'on a presque
toujours servilement imité l'Angleterre, et n'a pas toujours été efficace
parce qu'on a trop multiplié les drains ou qu'on ne, les a pas placés à
une suffisante profondeur. Mais ce drainage, les conducteurs des
pont et chaussées sont ou doivent être aujourd'hui compétents pour
l'établir. 11 en n'est pas de même pour Tinstallation des irrigations,
pour les constructions rurales, etc., travaux qiii sortent de leur compé-
tence. La Société munie d'ingénieurs et de contre-maîtres spéciaux
pourrait faire exécuter ces travaux avec toute la perfection économique
et rendre à la culture de grands et précieux services.
Or, la Société des Comptoirs réunis pourrait faire tout cela dans les
meilleures conditions, se contentant d'une rémunération fixée au taux le
plus faible, avançant les capitaux dont elle se couvrirait par une prime
d'amortissement annuel. Payant comptant, profitant de l'escompte et
d'une remise, tirant d'abondantes ressources du commerce des four-
rages et pailles, elle pourrait, tout en payant à ses capitalistes un
intérêt convenable, prêter à longs termes et supporter les pertes inévi-
tables. Ce qui me touche, c'est qu'elle pourrait et devrait devenir, étant
bien administrée, un puissant levier pour le progrès. Une semblable
affaire ne saurait être œuvre de spéculation, mais bien une œuvre d'u-
tilité publique. Elle se fera tôt ou tard par l'agriculture et ses amis :
agricoUura fara da se! A elle de voir si le moment est venu.
A. GOBIN.
tCOMIGE AGRICOLE CENTRAL DE LA MARNE
RAPPORT SUR LES PRIX DE CULTURE
Au nom du Comice départemental, je viens, comme chaque année, vous
exposer les mérites des lauréats de nos concours et vous faire connaître les ré-
compenses dues à leurs efforts et à leurs travaux.
Permettez-moi, en raison de l'extrême aridité du sujet, de réclamer votre in-
dulgence, car parmi les auditeurs qui veulent bien nous prêter en ce jour quelque
attention, certains sont plus accoutumés au langage scientifique et commercial,
qu'au langage agricole. Nous essaierons cependant de vous intéresser aux incon-
testables mérites de ces infatigables travailleurs auxquels vous allez, dans un
moment, remettre des récompenses vaillamment conquises.
Le programme décerne un objet d'art à l'agriculteur de la circonscription du
Comice de Reims, cultivant plus de 50 hectares, dont l'exploitation sera la mieux
dirigée et qui aura réalisé les améliorations les plus utiles.
Sept concurrents se sont d'abord présentés, un seul s'est désisté au dernier mo-
ment. Le jury, composé de MM. Ballot, Herment-Bidault, Vigy-Brémont, Mous-
seaux, Villiers-Herluison, Carinet, Bourel, Raymond Poasard que ses collègues
ont nommé rapporteur, a visité les six exploitations qui restaient sur les rangs.
M. Lollier-Candon, fermier à Champigny, exploite, moyennant une redevance
annuelle de b,2k0 tr., une ferme contenant 169 hectares de prés et terres silico-
calcaires d'une culture facile et rapprochée.
Le froment donne à l'hectare une moyenne de 1,000 gerbes et Favoine de
8 Ou gerbes.
Le mobilier agricole est aussi complet que possible au point de vue des instru-
ments nouveaux qui sont bien entretenus.
Les chevaux, au nombre de 12, sont bons et tous nés et élevés à la ferme. Les
vaches, les porcs et le troupeau, représentant environ une 1/2 tète à l'hectare.
sont dans un état satisfaisant.
La Commission a constaté avec plaisir l'ensemble des récoltes et surtout du
troupeau.
COMICE AGRICOLE CENTRAL DE LA MARNE. 151
M. Leconte fit l'acquisition de la ferme de l'Espérance en 1866: elle était à cette
époque pour ainsi dire abandonnée ; mais M. Leconte, grâce à son énergie et à
sa science en agriculture, ne s'est point effrayé. Il a triomphé de cette terre in-
grate et a prouvé à tous que le nom de sa ferme n'était point un vain titre.
En pénétrant dans la cour on aperçoit des bâtiments bien aménagés, symé-
triquement rangés, un fumier parfaitement tenu et facilement arrosable à l'aide
d'une pompe à purin bien établie.
Une pompe puissante, fonctionnant à l'aide du manège delà batterie, distribue
l'eau partout et économise très sensiblement la main-d'œuvre. Une forte bascule
permet de peser les fumiers, le bétail et les récoltes.
Sept chevaux participent aux travaux de la ferme. La vacherie, presque unique-
ment composée de hollandaises, renferme 16 laitières et 8 génisses très remar-
quables par leur état d'entretien toujours excessivement difficile à conserver dans
nos terres calcaires où les prairies permanentes font complètement défaut compa-
rativement à ces immenses pâturages hollandais, dont le bétail ne sort que chassé
par les neiges. La porcherie est fort bien tenue et garnie de 25 têtes environ à
divers degrés d'engraissement.
La proxunité de la ville explique parfaitement l'absence d'un troupeau. M Le-
conte tirant un excellent profit de son lait, y pousse avec raison; pour le même
motif, la volaille est fort nombreuse et très variée. Indépendamment des fumiers
de ferme, M. Leconte fait recueillir en ville des engrais liquides avec lesquels il
exécute des arrosages iréquents, lui permettant d'augmenter ses récoltes dans des
proportions considérables ; la végétation active qu'on rencontre dans certaines
pièces de terres, notamment sur les betteraves, rend manifeste l'influence réelle
des engrais chimiques.
Une comptabilité bien en règle permet à M, Leconte de contrôler toutes les
opérations de la ferme.
M. Viville-Prévoteau, de Vitry-lez-Reims, est un bon propriétaire-cultivateur
qui a amélioré sensiblement sa position à force de travail, de soins et d'économie
bien raisonnée.
La culture de son domaine n'a rien de bien tranchant sur celle du voisinage, ses
terres sont fort bien soignées.
Son assolement a ceci de particulier : c'est que la jachère ne revient que tous
les huit ans. Achetant fréquemment, dans Reims, des fumiers de cheval à un
prix modéré, il arrive ainsi, en les mélangeant k ceux de sa ferme, à produire
une culture très intensive et ol)tient des récoltes réellement surprenantes et
qui étonnent ses voisins. Son troupeau, en parfait état, est nombreux et cette
abondance de récolte lui permet d'entretenir plus d'une tête de bétail par hectare,
ce qui est considérable pour la nature des terres qu'il exploite.
Sans être un novateur, M. Viville est un de ces bons administrateurs qu'on
aime à rencontrer, perfectionnant le plus possible ce qu'il remarque de bon au-
tour de lui, qu'on doit citer avec éloges et signaler comme exemple à suivre.
M. Viville ayant débuté avec peu, est aujourd'hui, grâce à son travail, à la tête
d'une belle position de fortune, arrachée du sein de la terre. _ .
M. Floquet Philippot, de Puisieulx, exploite la ferme de Mme Senart-Colombier,
moyennant une redevance annuelle de 7,315 fr. Cette ferme, composée de terres
argilo-calcaires, est d'une contenance de 196 hectares.
Les récoltes sont fort belles, les seigles et les blés donneront 1,100 gerbes à
rhectare. Les luzernes sont bien fourmes et formeront de forts aaidains.
Les chevaux, au nombre de 9, et les vaches, au nombre de 14, sont en très
bon état.
Le troupeau métis-mérinos est remarquable et compte près de 800 têtes. C'est
incontestablement un des meilleurs troupeaux de la contrée, des plus suivis et
présentant l'ensemble le plus régulier. Aussi, M. Floquet en retire-t-il chaque
année un produit justifié dépassant 11,ÛC0 fr.
Les bâtiments d'exploitation, les fumiers, la fosse à purin sont en excellent
état, et les dispositions générales très bien comprises sous tous les rapports.
M. Floquet, cultivateur intelligent et travailleur, a depuis longtemps compris
l'importance des instruments agricoles, aussi la ferme de Puisieulx renferme-
t-elle ceux les plus perfectionnés.
Chef d'une nombreuse famille habituée de bonne heure au travail, M. Floquet,
par sa persévérance, à l'aide d'ordre et d'économie, est arrivé à se créer une belle
position que l'avenir ne peut que rendre de plus en plus prospère.
152 COMICE AGRICOLE CENTRAL DE LA MARNE.
Nous arrivons, messieurs, à M. Bailliot-Deligny. Peu de concurrents éveillent
autant de syaipathie que M. Bailliot. Il a su continuer et faire prospérer depuis
mars IS*??, la culture de la ferme du château de Muizon.
M. Bailliot paye un fermag ! de 13,000 fr. et exploite 216 hectares de terres
prés et bois.
Les rendements en céréales sont très élevés. Les betteraves, destinées à la
sucrerie de Fismes, dépasseront cette année 40,000 kilog. à l'hectare. M. Bailliot
est sur le point d'arriver au desiderata que nous cherchons tous en agriculture, et
qui seul peut, sinon nous sauver, tout au moins nous prolonger, c'est de faire peu
ou point de jachères. Des navettes, des rainettes, du jarros, des trèfles incarnats,
tous fourrages verts et précoces avec lesquels il entretient en excellent état de
santé et de produit son très nombreux bétail.
M. Bailliot est un véritable pionnier agricole : il a compris que le fumier de
ferme seul ne peut, en raison de son prix élevé et des différences de récoltes que
présentent certaines années, lui permettre d'arriver à une culture très intensive.
11 emploie comme adjuvants et à de très hautes doses les engrais liquides et chi-
miques ; le suKate d'ammoniaque, le nitrate de soude et le superphosphate d'os
ont obtenu ses préférences.
Le troupeau, composé de 630 bêtes blancbes métis-mérinos, a été créé, amé-
lioré et amené à la dernière perfection possible par M. I^ailliot; 72 béliers desti-
nés à la reproduction sont loués chaque année par les cultivateurs du voisinage et
aussi appréciés que recherchés.
Les lames de M. Bailliot sont à tel point estimées qu'elles lui ont été payées
cette année 14 fr. 50 la toison.
Personne n'a atteint un aussi haut prix.
M. Bailliot a présenté à la Commission une comptabilité parfaitement régulière,
établissant que les recettes dépassaient de beaucoup les dépenses.
La bonne tenue de la ferme, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur, ne laisse abso-
lument rien à désirer; les écuries, bergeries, étables, fumiers, tout est correct.
On sent qu'une volonté ferme' et énergique est à la tête de ce remarquable train
de culture. Enfin, messieurs, le jury n'a eu que des éloges à adresser à M Bailliot
et à sa famille. Alfred Lequeux,
(L« suite prochainement.) Secrétaire général du Comice de la Marne.
CONGRÈS VITIGOLE DE SARAGOSSE
Le Congrès de Saragosse s'est tenu avec un éclat auquel nous
sommes peu habitués en France pour des assemblées de ce genre.
M. Fermin de Lasala, ministre de Fomento, est venu en personne
ouvrir la session, et M. J. de Cardenas, directeur de l'agriculture, en
a présidé toutes les séances avec une habileté et uue compétence des
plus remarquables.
Diverses nations s'étaient fait représenter officiellement à cette réu-
nion, sur la demande du gouvernement espagnol. L'Autriche avait
envoyé M. le baron de Prato, le Portugal M. Batalha Reis et la France
MM. Saint-Pierre et Foëx. De plus, MM. Planchon, Lichtenstein,
J. Leenhardt, Hortolès et Bouscaren représentaient la Société d'agricul-
ture de l'Hérault, et M. Meissner, de Bushberg (Missouri), la viticulture
des Etats-Unis, dans ces grandes assises. L'accueil fait aux délégués
étrangers a été des plus cordiaux et des plus gracieux, digne en tous
points de la courtoisie espagnole, si renommée déjà de longue date.
Banquets offerts par la municipalité, par le syndicat du canal d' Ara-
ion, excursions, rien n'a manqué pour rendre aux hôtes de la ville
e Saragosse, leur séjour agréable et instructif tout à la fois.
La journée du 1" octobre a été consacrée à des séances préparatoires,
pour la discussion du règlement et la nomination du bureau. Le 2,
après-midi, séance officielle d'ouverture à laquelle assistent toutes les
autorités en tenue officielle; la municipalité arrive précédée par ses algua-
zils à cheval et ses massiers à perruque, MM. de la Paz Graëlls, Plan-
I
COMICE AGRICOLE CENTRAL DE LA MARNE. 153
chon, Batalha Reis et de Prato viennent successivement indiquer l'état
de l'invasion en Espagne, en France, en Suisse, en Allemagne, en Autri-
che-Hongrie, en Portugal et en Italie. Partout le mal est en progrès,
malgré les efforts faits parles divers gouvernements.
Le lundi 3, lecture des rapports de M. Bragat, ingénieur en chef
forestier, et de MM. Berbegal et Robles, ingénieurs agronomes, qui
venaient d'être envoyés en mission dans l'Ampourdanpour y juger les
effets des traitements administratifs; ils ont constaté à peu près
partout des résultats insuffisants, surtout dans les parties traitées par
l'anhydride sulfureux de M. Monnier. La nature sèclie et rocailleuse
du sol, qui rend difficiles la recherche des points d'attaque et Texécu-
tion des traitements, non moins que la résistance obstinée des popu-
lations, ont fait échouer les généreux et énergiques efforts de iM. Miret
qui s'était consacré avec un zèle et un dévouement au-dessus de tout
éloge à la désinfection de cette contrée.
Les séances suivantes ont été consacrées à des luttes oratoires un
peu longues et a priori entre les partisans exclusifs des insecticides
ou des viunes américaines. Les délégués étrangers, instruits par une
plus longue expérience, ont cherché à ramener l'accord entre ces opi-
nions trop absolues, en montrant comment chaque système a son
heure et sa place, et que ce n'est pas trop du concours de tous les
moyens proposés pour sauver la situation. Les questions pratiques rela-
tives à l'emploi des vignes américaines, de la submersion, de la plan-
tation dans les sables et des divers moyens culturaux ont été successi-
vement traitées.
Enfin, il restait à formuler des conclusions qui pussent servir de
base aux nouvelles mesures que le gouvernement espagnol compte
prendre à la suite de l'échec des traitements administratifs dans l'Am-
pourdan et de l'extension du mal à Malaga. Le Congrès a adopté les
résolutions suivantes :
« 1° Des mesures préventives et de défense seront prises contre le phylloxéra.
« 2° Des insecticides seront employés pour sa destruction.
a 3" Si ces insecticides sont inefficaces, l'emploi des cépages américains sera
recommandé.
« 4° Des pépinières de ces cépages seront créées.
« 5° Les cépages américains seront importés sans racines et avec la plus grande
précaution,
« 6° Le Congrès demande la revision de la législation actuelle.
C'est en somme la méthode que l'expérience a consacrée dans les
pays anciennement phylloxérés: les insecticides en premier lieu et tant
que l'on peut conserver l'espoir de sauver les vignes existantes, les
vignes américaines ensuite pour remplacer celles qui ont succombé.
En vue de préparercette dernière solution, le gouvernement espagnol
a l'intention de créer à Centa, sur la côte du Maroc, une pépinière ana-
logue à celle que va établir l'Italie dans l'île de Pianosa. Les plants
importés sous forme de bouture (c'est-à-dire probablement sans phyl-
loxéra), seront cultivés et soumis à une véritable quarantaine pendant
deux ou trois ans, et ensuite importés sans crainte dans la péninsule,
si le phylloxéra n'apparaît pas sur leurs racines.
A la suite du Congrès, une excursion a eu lieu à la prise du Canal
impérial d'Aragon; le ministre de Fomento y a associé les membres
étrangers du Congrès. Parti à 8 h. 30 du matin de Saragosse (ligne de
Saragosse à Pampelune), le train spécial qui emportait le ministre et
S'4 CONGRÈS VITICOLE DE SARAGOSSE.
ses invités, après avoir traversé les belles plaines couvertes de mais,
de rizières et de vignes qu'arrose le canal, pénétrait bientôt eu Na-
varre et déposait ses voyageurs au delà de la station de Rivaforada,
près de la prise. Après un excellent déjeuner dont M. le baron de la
Linde, président du syndical du canal, fit gracieusement les honneurs,
on se rendit au barrage, qui est actuellement en voie de reconstruc-
tion et d'exhaussement sous l'habile direction de M. MarianoRoyo, 1 in-
génieur en chef du canal. Ce dernier, après avoir fait parcourir aux
visiteurs ses beaux chantiers où toutes les ressources de la science ej
de l'industrie moderne ont été mises aux prises avec les difficultés
d'une ajrande œuvre, voulut bien donner aux étrangers les renseigne-
ments suivants: le Canal Impérial d'Aragon, qui est une dérivation de
l'Ebre, a été commencé sous Charles-Quint, en 1529; il était tout à
la fois destiné à la navigation et à l'irrigation. Il débite à Tétiage
17,000 litres par seconde et la moyenne de printemps et d'autonme
est de 30,000 litres. Il domine une zone irrigable de 33,000 hectares.
La création du chemin de fer de Saragosse à Pampelune a ruiné com-
plètement la navigation sur ce canal et l'administration a sagement
formé le projet d'utiliser pour l'agriculture les eaux restées disponi-
bles ; elle fait donc relever ses prises de manière à ajouter 20 000 hec-
tares à la surface actuellement irrigable. Après ces intéressantes expli-
cations, les invités prirent place sur un bateau traîné au trot par des
mules sur le canal lui-même, et furent ainsi ramenés à la station de
Rivaforada où- les attendait le train de retour. Tous sont revenus en-
chantés de cette intéressante excursion et des aimables attentions dont
ils ont été environnés, les Français méridionaux rêvant eau du Rhône
et irrigations, les Espagnols justement fiers de ce qu'ils avaient pu
leur montrer.
Le lendemain matin à 7 heures avait lieu l'inauguration, par le mi-
nistre, de la station viticole organisée sous les auspices de la députation
provinciale de Saragosse et de l'administration de l'agriculture, par
M. A. Berbegal, ingénieur agronome de la province. Les invités ont
visité avec le plus vif intérêt la large installation et le magnifique ou-
tillage scientifique dont a été doté cet établissement, et ils ont parcouru
le beau champ d'expériences de30 hectares qui en dépend, dans lequel
vont être transportés les plants des pépinières américaines de semis de
la province. Un lunch où figurait une remarquable collection de vins
espagnols est venu clore la fête.
Pendant cette excursion, en voyant la sollicitude dont était l'objet cet
établissement, qui est le troisième fondé depuis quelques années en
Espagne, en admirant l'ampleur et la richesse de cette installation, nos
compatriotes ne pouvaient s'empêcher de faire un retour sur notre
pénurie à ce point de vue et de faire des vœux pour que l'administration
de l'agriculture française donnât une impulsion nouvelle à cette bran-
ches des études agricoles. G. Gaudot.
REYUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT DES DENRÉES AGRICOLES
(23 OCTOBRE IBeO).
I. — Situation générale.
Les affaires sont peu importantes sur le plus grand nombre des marchés pour
la plupart des denrées agricoles.
]I. — Les grains et les farines.
Les tableaux suivants résument les cours des céréales, par quintal métrique, sur
les principaux marchés de la France et de l'étranger.
REVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT (23 OCTOBRE 1880). 155
RÉGION.— NORD-OUEST.
Ca'va '-(,s. Condé
— Lisieux
Côtes du-Nord Lannion.
— Tiégiiier
Fuus^ci'e. Landernaeu ..
Qiiiinper
nie et-V Haine . Rennes.
— Si-Malo
Manche. Avranches ....
— Pontorson
— Villedieu
Mayenne. Laval
— Chàleaii-Gonlier. .
Morbilian. Hennebont..
Orne. Seez
— Vimouiiers
Sarthr. Le Mans
— Sablé
Prix moyens.
29.00 17.50
26.00 18.50
28.25 21.00
26.75 .
25.20 19.00 » 17.50
27.00 20.00 18.00 iO.bO
28.00 » 19.25 20.25
27.00 20.50 17.50 20.60
26-75 1 17 40 IS.ÎS
27.26 19.92 17 89 19.44
8» HEGION. — NORD.
.lisne. Soissons 27.50 22.25
— Si-Quentin 28.00 2i .00
— ViUers-Cutterets. . 27.00 20.25
ii«re. Evreux 26.00 20.50
— Bernay 23. 20 19.50
— Damville 25.75 19.00
Eure-et-Loir. Chartres. 27.00 2o.75
— .4.uneau 27.25 19 50
— Nogenl-le-Botrou. 26.25 18.75
A^orrf. Cambrai 27.00 19.50
— Douai 27.25 19.75
— Valenciennes 28.00 19.00
Oise. Beau vais 26.50 18.50
— Compiegne 27.50 21.00
— Noyon 27.00 20.50
Pas-de-Calais . Kms .. . 29.00 20.25
— Saiiil-Omer 28.00 19.75
eine . P ris 28 . 50 22 . 50
.-et-Marne Melun 29-50 »
— Uamniarlin. ...,., 27.25 20.50
— Meaux 2S.75 21.00
S,-et-Oise. Dourdaa .. ,. 28.25 22.75
— Ponloise 27.00 22.75
— Versaillds 27.00 »
Seine-Inférieure. Rouen 26.35 22.00
— Dieppe 29.00 21.00
— Yvetot. 27.85 21.75
Somme. Montdidier, ... 27.00 i>
— Péronne 26.50 19.25
— Roye 27.50 20.25
Prix moyens 27.35
3« RÉOION
19.75
20.00
19. .',0
19.50
20-20
20.42 19.58 18.65
NORD-EST.
.irdennes. Sedan 26.50 22. on
Aube. Bar-sur-Aube .. . 27-00 19.25
Méry-sur-Seine. ,.27.25 21.00
— Troyes 28.00 22.75
Jl/arne.Chàlons 28 00 22,75
— Epernay 26.50 20 oO
— Reims 27.00 22.25
— Sézanne 26 50 19.25
Hte-Marne. Bourbonne . 26.25 »
Meurthe-et-Mosselle tiSincy 28. 00 21-50
— Pont-à-Mousson.. 26.50 21.00
— Toul 27.75
.Meuse. Bar-le-Duc 27.75
— Verdun 27-00
Haute-Saône . Gray 26.75
— Vesoui 27-20
Vosges Epinal 29.75
— Raon-l'Etape 29-50 »
Prix moyens 27.40 20.85
4« RÉGION. — OCEST.
C/va)'en<e. Angoulême.. 28.00 18.00
— Hiiffec 28.25
C/iaren/e /rt/'ér. Marans. 26.25
Deux Sèvres. Niort.... 29.00
Indre-et-Loire. Tours,. 28.25
— Bleré. 27.00
— Cliâteaii-Renault, 27-25
Loire-/n/. Nantes 27.00
M.-et-Loire. Saumur . . 27 00
Vendée. Lnçon 26.75 »
— La-Roche-sur-Yon 27.00 »
Tienne. Chalellerault.... 26 50 19.00
— Loudun 27.00 »
Haute-Vienne. Limoges 28.00 20.25
Prix moyens 27.30 19 .33
19 50
20.75
20.50
.50
20.00
20.50
21-25
16-85 15.65
» 16-50
• 17.00
19 32 17.40
21.00
18.50
18.00
20.00
20.75
19.79 18-40
Orge. AToine.
Blé.
fr.
.4nter. Moulins 28.50
— iVontlii(^on 27-25
— Gannat 28.75
Cher.bo.r^es 28.00
— Graçay 27.75
— Vieizon 27.50
Creuse. Aiibusson 27.25
Md)'e, Cliâleauroux.... 27.75
— Issoudun 28.50
— Valençay 26-50
Loiret. Orléans 27.50
— Oieri. 27.75
— ^/ontargii 26.75
Loir-et-ther. ..lois 28.00
— Montoire 26 25
Ni'evrt. Nevers 27.50
— Cosne 27.00
Yonne. Brienon 20 80
— St-Floreniin ..27.75
— Sens 27.50
Prix moyens 27.47 19,84 19.34 18.12
6« RÉGION.
Ain. Bourg 29
— Pont-de-Vaux- .. 28
Côte-d'Or. Dijon 28
— Beaune 28
Doubs. Be.sançon 27
Isère. Grenoble 29
— Bourgoin 28.
Jura. Dole 27
Loire, rharlieu 28
f .-de-OÔ7»eClermont-F. 3*,
Rhône. Lyon 29,
Saône-et-Lnire. Cbalon, 28
— Maçon 27,
■S'aDoie. Chambéry 29.
//te-Sot'ote. Annecy 29.
Prix moyens 28.
EST.
20.25
22.00
19.50
17.75
20.50
18.50
18.50
19.50
20.00
19.20
29-50
20.00
21. bO
20. UO
18.50
18.25
17.75
17.50
19.00
16-75
18.50
20.50
17.25
17. 5O
17.50
17.50
18.50
16 75
17.00
18.75
18 00
17.75
16.50
" 17 50
18.93 17.46
7» REGION, — SPD-OCEST.
Ariège. Pamiers
Dordogne. Bergerac
Hte-Garonne. Toulouse,
— Viiiefranche-Laur.
Gers, Condora
— Eauze
— Mirande
Gironde. Bordeaux..,,
— LaRéole
Landes. Dax..
Lot-et-Garonne. Agen..
— Néiac.
B.-Pyrériées. Bayonne.,
Htes- Pyrénées. Tarbes.
28.25
28.50
29-00
28-25
28.00
27.80
27.00
28.50
28 00
28.25
28.50
27.75
28.00
28.25
19-60
19. 25
19.50
19.75
20 50
19.50
20.00
19.75
19.03
19.25
19.50
17.00
17.50
20.00
20.25
19.75
19.00
19.75
20 2à
19 25
20.75
20.50
19.50
20,00
19,75
Prix moyens 28. i4 19.59 17,
8« RÉGION. — SUD.
Aude. Castelnaudary. . 28.50
,89
Aveyron, Rodez 28.
Cantal. Mauriac 28.35
Corréze. Luherzac 28.25
Hérault. Cette 28-75
Lot. Figeac 28.75
Lozère. Mende 28-55
— Marvejols 27.10
— Florac 31.20
Pj/rmee»-0>-. Perpignan 26.30
Tarn. Albi 28.00
ra»*n-c«-Gor.Montauban 28.50
20.50
24.30
19.25
19-50
22,55
23.65
22.90
20.00
19.50
ly.7S
Prix moyens
9» RÉGION,
Basses-Alpes . Manosque
Hautes- Alpes. Briançon
Alpes-Maritimes C-Ann&s
Ardèche. Privas
B.-du-Hkône. Arles ,
Drame. Romans
Gard. Mais
Haute-Loire. Le Puy. ,,.
Var. Dragui^nan
Vaucluse. Carpentras.. .
Prix moyens
Moy. de toute la France
— de lj.!?emaine preced.
Sur la semaines Hausse. 0.34
précédente., j Baisse. a
28.37 22.17
— sro-BST.
20.50
19.25
23.25
20.50
18.50
20.50
23,35
21.40
24.45
20.50
20.25
19.99 21.13
20,00
17.00
20.00
20.30
22.15
23.00
19.00
18-50
356 REVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT
Blé. Seigle. Orge. Avoine
fr. fr. fr. fr.
Algérie. Alger 26.50 » 15.50 16 00
Angleterre. Londres 27.15 • 20.90 20.50
Belgique. Anvers 24 25 22 00 22.00 18.00
— Bruxelles 26.75 23.75 » 18.50
— Liège 26 75 23.25 22.00 18 00
— Niiinur - 25.50 22 00 20.50 18.20
Pays-lias. Amsterdam 25.85 24.55 » »
Lmembourg. Lu,\ein!iourg 30.50 24 00 23.50 17 25
Alsace-Lorraine, vStrasbourg 29.50 26.25 23.25 18 25
— Colmar 29 00 24.00 22.25 18.50
— .Mulhouse 2!). 20 24.75 23.25 20.75
Ailemagne. Berlin... 26.10 26 10 » »
— Cologne 28 10 27 50
— Hambourg 26.25 24 85
Suisse. Genève 28 1 5 « • 18.50
— Lausanne 28. £0 » >• 18.00
Huiu: Milan 28 00 22.75 » 19 25
AiUriche.] Vienne 24.25 22 00 18.50 15 00
Hongrie. Budapesth 25 00 2!. 75 » 13 50
Ihissic. Saint-Pétersbourg... 27.50 23.80 » 14.00
Etats-Unis. New-Vork 23.00 » » »
Blés. — La situation du plus grand nombre des marchés au blé ne s'est pas
modifiée d'une manière sensible depuis huit jours. Les cours continuent à pré-
senter une grande fermeté; les offres ne sont pas plus abondantes que la semaine
dernière. Le bruit avait couru que l'exportation des céréales avait été prohibée ou
soumise à des droits en Russie et dans une partie de l'Allemagne; ces nouvelles ont
été démenties, mais elles ne prouvent pas que la situation de ces pays soit meil-
leure qu'on l'avait annoncé. — A la halle de Paris, le mercredi 20 octobre, les
affaires ont été peu importantes en blés indigènes; les belles qualités étaient
principalement recherchées. On cotait, suivant les qualités, de 27 fr. 50 à 29 fr. 50;
le prix moyen s'est établi à 28 fr. 50 avec une nouvelle hausse de 25 centimes.
Au marché des blés à livrer, on cotait : courant du mois, i8 fr. 50 à 28 fr. 75;
novembre, 28 fr. 25; novembre et décembre, 28 fr. ; quatre mois de novem-
bre, 27 fr. 75 à 28 fr. ; quatre premiers mois, 27 fr. 75. — Au Havre, les blés
d'Amérique sont cotés actuellement sur wagon de 26 fr. 50 à 28 fr. par 100 kilog.
— A Marseille, les arrivages de la semaine ont été de 1H0,000 hectolitres environ;
les affaires sont assez actives, avec des prix fermes; le stock est descendu, dans les
docks, à ^3,000 quintaux. Au dernier jour, on payait par 100 kilog : Berdianska,
30 fr- 50 ; Marianopoli, 30 fr. ; Pologne, 27 fr. 50 à 28 fr. 25 ; Michigan, 28 fr. 50 ;
Azoff durs, 27 fr. 25 à 28 fr. ; Tuzeiles d'Afrique, 28 fr. 75. à 30 fr. — A Lon-
dres, les importations de la semaine dernière ont été de 108,000 quintaux envi-
ron. Les affaires sont assez difficiles; après quelques fluctuations les prix sont re-
venus aux taux de la semaine précédente. On paye de 26 fr. 70 à 29 fr. par
100 kilog. suivant les provenances et les qualités.
Farines. — Les prix des farines se maintiennent avec fermeté ; il y a même
tendance à la hausse. — Pour les farines de consommation, les prix sont ceux
de la semaine précédente; on payait le mercredi 20 octobre à la halle de Paris :
marque D, 60 fr.; marques de choix, 63 à 64 ir. ; bonnes marques, 61 à 62 fr.;
sortes ordinaires, 59 à 60 fr.; le tout par sac de 159 kilog., toile à rendre, ou
157 kilog. net, ce qui correspond aux cours extrêmes de 37 ir. 60 à 40 fr. 75
ou en moyenne 39 fr. 20 par 100 kilog.; c'est une hausse de 30 centimes sur
le prix moyen du mercredi précédent. — Pour les farines de spéculation, on
payait le mercredi 20 octobre, au soir, à Paris : farines huit-marques, courant du
mois, 60 fr.; novembre, 58 fr. 75 à 59 fr.; novembre et décembre, 58 fr. 50 à
58 fr. 75; quatre mois de novembre, 58 fr.; quatre premiers mois, 57 fr. 75;
le tout par sac de 159 kilog toile perdue, ou 157 kilog. net; farines supérieures,
courant du mois, 38 fr. 75 ; novembre, 38 fr. 25 ; novembre et décembre, 37 fr. 75 ;
quatre mois de novembre, 37 à 37 fr. 25 quatre premiers mois, 37 à 37 fr. 25;
le tout par sac de 100 kilog. — La cote officielle, en disponible, a été établie
comme il suit pour chacun des jours de la semaine :
Dates (octobre). 14 15 16 18 19 20
Patines huit-marque.s(157 kilog.). 59.50 60.25 60.50 60.00 60.00 60.00
— supérieures (100 kilog.), 38 25 38.50 38.75 38.50 38,75 38.75
Le prix moyen a été pour les farines huit-marques de 60 fr., et pour les su-
périeures, de 38 fr. 50. C'est une hausse^ de 50 à 75 centimes sur ceux de la
DES DENREES AGRICOLES (23 OCTOBRE 1880;. 157
semaine précédenle. Les farines deuxièmes sont vendues aux cours de 29 à 34 f'r.:
les gruaux, de 44 à 52 fr. .
Seifilfs. — Les cours sont très fermes à la halle de Paris, à 22 fr. 50 par
100 kilog. Les farines sont vendues de 31 à 34 fr.
Orges. — Les belles qualités sont recherchées à la halle de Paris Les cours sont
fermes de 18 à 21 fr. 50 par Ji 0 kilog., suivant les provenances et les sortes.
Quant aux escourgeons, ils sont vendus aux cours de 19 fr. 50 à 20 fr. 75. — A
Londres, les importations sont toujours restreintes; les cours accusent beaucou|)
de fermeté. Un paye de 19 fr. 95 à 21 fr. 60 par 100 kilog , suivant les sortes.
Malt. — Les prix pour les malts nouveaux s'établissent de 30 à 35 fr.
par KO kilog., suivant les sortes.
Arowes. — H y a beaucoup de fermeté dans les prix des avoines à la halle de
Paris. On les paye de 19 à 21 fr. par 100 kilog.; suivant poids, couleur et qualité.
- — A Londres, les importations sont assez actives; les cours sont faibles,
de 19 fr. 10 à 22 fr. par quintal métrique.
Sarrasin. — On paye à la halle de Paris, de 18 à 19 fr. par quintal métrique,
pour les sarrasins nouveaux.
Maïs. — Les cours des maïs nouveaux varient, sur la plupart des marchés du
Midi, de 18 à 21 fr, par lOo kilog. — Au Havre, on cote les maïs d'Amérique
aux prix de 15 fr, à 15 fr. 50
Is.^ues — On paye à la halle de Paris par lOù kilog. : gros son seul, 13 fr. 75
à 14 fr.; son trois cases, 13 fr. à ^3 fr. 50; son fin, 12 fr. à 12 fr 50; recoupettes,
12 fr. à 12 fr. 50; remoulages bis, 14 à 15 fr.; remoulages blancs, 16 à 17 fr.
III, — Fourrages. — Légumes secs.
Fourrages. — Toujours grande fermeté dans les prix. On paye dans Paris par
100 kilog. : foin, 116 à 156 fr ; luzerne, 114 à 148 fr,; regain, 112 à 136 fr.;
paille de blé, 84 à 96 fr.; paille de seigle, 96 à 110 fr.; paille d'avoine, 80 à 94 fr.
Les oifres sont peu abondantes.
Légumes secs. — On cote par hectolitre et demi à la halle de Paris : flageolets,
90 à 1-25 fr.; haricots de Soissons, 70 à 75 fr ; Liancourt, 60 à 70 fr , par 100 kilog. :
lentilles, 50 à 70 fr.; pois ronds, 30 à 32 fr.
IV. — Vi7is, spiritueux, vinaigres, cidres.
Vms. — Nous voici en plaine décuvaison, encore quelques jours et les vins de
1880 pourront être appréciés à leur juste valeur. En général, on est d'accord pour
les comparer aux 1878, qui, personne ne l'ignore, n'appartiennent pas à une
grande année, mais qui n'en sont pas moins d'une qualité très acceptable par le
commerce et la consommation. Au point de vue de la valeur des vins de 1880,
voici seulement ce qu'on peut en dire; rien de plus, rien de moins. — Quanta
la quantité, la question est beaucoup plus complexe et en outre, les renseignements
.nous font encore défaut. Voici cependant quelques chifl"res, intéressant certains
points vinicoles de la Fiance et qui nous paraissent approcher de la vérité. Le
Midi, et par Midi nous entendons les départements de l'Hérault, de l'Aude, du
Gard et des Pyrénées-Orientales, qui ont récolté l'an dernier 9,810,623 hectolitres
de vin, récolteront cette année, assure-t-on, 16 millions d'hectolitres. Les Gha-
rentes qui n'ont eu l'an dernier qu'une récolte de 1 million 900,000 hectolitres,
arriveront, croyons-nous, à 3 millions La Gironde ne dépassera pas sa récolte de
l'année dernière, si elle y atteint, soft 1,600,000 hectohtres. Quant aux autres
départements, nous ne possédons aucun chiffre, capable de pouvoir nous guider
dans une question aussi difticile à élucider. Au sujet des vins nouveaux, voici les
derniers renseignements qui nous sont parvenus : — A Pézenas (Hérault), on
cote actuellement les petits vins, 2i à 26 fr. l'hectolitre nu; les vins moyens,
27 à 30 fr.; les Montagnes, 2'" choix, 31 à 32 fr.; les Montagnes supérieurs 34 à
40 fr, — A Narbonne (Aude), la faveur s'attache surtout aux vins de choix et sur
ces sortes, nous constatons une hausse de 1 à 2 irancs : les petits vins valent 29 à
30 fr. l'hectolitre nu; les vins moyens, 31 à 32 fr.; les premiers choix, 36 à 40 fr.;
les Narbonne, 41 à 42 fr.; les Gorbières et Fitou. 42 à 44 fr. — Dans les Pyré-
nées-Orientales, on paye les Roussillons supérieurs, 48 à 55 fr. la charge de
120 litres; les premiers choix, 35 à 40 f r ; les deuxièmes choix, 30 à 35 tr. —
Dans le Bordelais, la vente est assez active, les 1879, surtout, s'enlèvent avec un
remarquable entrain, particulièrement les 2% 3% 4« et 5'^ cru, aux prix de 1,400 à
825 fr. le tonneau de quatre barriques. Les 1880 sont encore peu demandés, de-
puis les achats sur souche de la première heure. — Dans les Gharentes, on parle
158 REVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT
de quelques atlaires eu vins nouveaux ; à la Rochelle ils sont en hausse : de 200 fr.
le tonneau de 4 barriques, ils se traitent actuellement à 250 fr.; à Oleron on parle
de 3iO francs. — A Nantes (Loire-Inférieure) les gros plants nouveaux sont de-
mandés à 55 fr. et offerts à 60 fr.; le peu de muscade que l'on a récolté se traite
au prix de 115 à i20 fr. la pièce nue. — Dans l'Armagnac, h Condom, le vin,
dit-on, est de médiocre qualité et peu alcoolique, on parle de 35 à 40 fr. la bar-
rique. — En Lorraine, à Bar-le-Duc, le vin nouveau ordinaire se vend 50 fr.
l'hectolitre nu. ^ — Nous n'avons encore aucun renseignement positif sur les autres
vignobles, les vins sont à peine décuvés et peu appréciables, par suite il n'y a pas
de cours établis.
Spiritueux. — Les cours du 3/6 disponible sont bien tenus aux prix de 63 fr. 50
à Qk fr. La semaine a clôturé à ce dernier chiffre. C'est une amélioration de 1 fr.
sur la semaine précédente. A Lille, les affaires sont toujours très restreintes, et
le 3/6 betterave paraît s'être inamoviblement fixé à 6-2 fr. Le Midi est également
sans changement : Cette, cole toujours 110 fr.; Béziers, 103 fr.; Nîmes, 100 fr.;
MontpeUier, 105 fr.: Narbonne, "l 10 Ir.; Pézenas, 98 francs. — A Paris, on
cote, 3/-i betterave, 1'^ qualité, 90 degrés disponible, 64 fr. ; novembre-décembre
62 fr. 25 à 62 fr. 50; quatre premiers, 61 fr. 25.
Vinaigres. — A Orléans (Loiret], on cote le vinaigre nouveau de vin nouveau,
logé, l'hectolitre, 42 à 44 fr.; vinaigre nouveau de vin vieux, 45 à 47 fr.; vinaigre
vieux, 52 à 57 tr.
V. — Sucres. — Mélasses. — Fécules. — Glucoses. — Amidons. — Houblons.
Sucres. — Il y a toujours des affaires assez actives sur le marché de Paris aussi
bien que sur ceux des départements du Nord. Les cours sont un peu plus faibles
que la semaine précédente On cote à Paris par 100 kilog. : sucres bruts 88 de-
grés. 53 fr. 75 à 54 fr.; sucres blancs, n" 3, 59 fr. 50 ; à Lille, sucres bruts, 52 fr.;
à Péronne, sucres blancs. 59 fr. 25; à Valenciennes, f'2 fr. 25 à 52 fr. 50; à
Saint-Quentin, sucres bruts, 52 fr. 75. — A Paris, le stock de l'entrepôt réel des
sucres était au 20 octobre de 141.000 sacs, avec une augmentation de 1,000 sacs
environ depuis huit jours. — Quant aux sucres raffinés, les cours sont les mêmes
que la semaine dernière; on paye à Paris, à la consommation, 111 à 113 fr. par
10(1 kilog., et pour l'exportation, 69 fr. 25 à 74 fr , suivant les qualités. — Les
nouvelles d'Autriche signalent une grande abondance dans la récoltedes bette-
raves et beaucoup d'activilé dans la fabrication.
Mélasses. — Mêmes prix encore que la semaine précédente. On cote à Paris,
par 100 kilog,: mélasses de fabrique, 13 fr.; de raffinerie, 14 fr.
Fécules. — Il y a une reprise dans les cours qui sont cotés avec hausse. On
paye à Paris par 100 kilog. pour les fécules premières 33 fr. 50 à 34 fr ; à Com-
piègne, pour celles de l'Oise, 3^4 fr. Les fécules vertes sont cotées 21 fr. 50.
Glucoses. — Mêmes prix que la semaine dernière. On cote à Paris par 100 ki-
log : sirop premier blanc de cristal, 59 à 60 fr.; sirop massé, k^ â 50 fr.; sirop
liquide, 38 à 40 fr.
Amidons. — La fermeté que nous signalions la semaine dernière se maintient,
mais sans hausse. On paye par 100 kilog. : amidon de pur froment, en paquets,
70 à 72 fr.; amidon de province. tO à 62 fr ; amidon d'Alsace, 56 à 58 fr.; ami-
don de riz, 34 à 38 fr.
Houblons. — Dans le Nord, les affaires sont calmes; mais dans les autres régions
il y a assez d'activité, notamment en Bourgogne. On paye par 100 kilog.: à Dijon,
120 à 160 fr.; en Alsace, UOà 170 fr. pour les belles qualités , mais seulement
80 fr. pour les sortes inférieures.
VI. — Huiles et graines oléagineuses.
Huiles. — Les affaires sont assez calmes sur les liuiles de colza, et les cours
accusent de la faiblesse à Paris ; mais, au contraire, il y a fermeté sur celles de
lin. On paye par 100 kil. : huiles de colza en tous fûts, 73 fr. 50; en tonnes,
75 fr. 50; épurée en tonnes^ 83 fr. 50; huile de lin en tous fûts, 70 fr 50; en
tonnes, 72 fr. 50. — .Sur les marchés des départements, les huiles de colza sont
payées : Rouen, 72 fr. 50 ; Caen, 68 fr. 75 ; Arras, 75 fr. à 76 fr.; Cambrai, 73 fr.;
et pour les autres sortes : pavot, 105 fr.; lin, 72 à 7'+ fr.; cameline, 72 fr.; pavot
industriel, 99 fr.; œillette, 135 à 136 fr. — Dans le Midi, notamment dans le Var,
on commence à exprimer des craintes sérieuses relativement au rendement des
prochaines récoltes d'olives.
Graines oléagineuses. — Maintien des cours, et grande fermeté dans le Nord,
DES DENRÉES AGRICOLES (23 OCTOBRE 1880). 159
OÙ l'on paye par hectolitre : œillette, 34 à 36 fr. 75; colza nouveau, 20 fr. 50 à
22 fr. 75; lin nouveau, 22 fr. 5J à 24 Ir. 50; caineline, 14 à 19 fr. 50; — à Gaen,
colza, 19 à 21 fr.
VU. — Tourteaux. — Noirs. — Engrais.
Tourteaux. — Grande fermeté partout, dans les prix. 0;i paye à Arras, par
100 kilog. : tourteaux d'œillette, 17 fr. 25; de colza, 17 fr. 50; de lin, 28 fr. —
A Cambrai, tourteaux d'œillette, 18 fr. 50; de colza, 16 à 18 fr.; de lin, 26 fr. à
27 fr. 50; de caraeline, 17 fr. 50. A Marseille, les prix sont au-^si bien tenus.
Noirs. — On cote à Yalenciennes : noir animal neuf en grains, 32 fr. par
100 kilog.; noirs d'engrais vieux grains, 8 fr. par hec^tolitre.
Engrais. — On cote par 100 kilog. : guano du Pérou, 32 à 36 f r ; pliospho-
guano, 29 Ir.; superphosphate de guano, 19 ir.; superphosphate de guano complet,
23 fr.; engrais Goignet, 30 fr.; engrais agenais de Jaille, 12 à '28 fr.
VIII. — Matières résineuses, colorantes. — Textiles.
Matières résineuses. — Les prix accusent encore de la hausse celte semaine. On
paye à Bordeaux 83 fr par 100 kilog. pour l'essence pure de térébenthine; à Dax,
78 fr. Les autres produits sont aussi en hausse.
Crè'iie de tartre. — Le cours reste fixé à 270 fr. par 100 kilog. pour le premier
blanc de cristal.
IX. — Fruits.
Amandes. — Prix fermes dans le Midi, à 84 fr. pour les amandes à la dame.
Prunes. — Les cours sont toujours très fermes. On paye par 100 kilog. : 60 à
65 fruits à la livre, 110 à 120 fr.; 70 à 75 fruits à la livre, 100 à 110 fr.; et
ainsi de suite, par catégories; les prunes communes valent 40 à 45 fr.
X. — Beurres. — Œufs. — Fromages.
Beurres. — On a vendu, pendant la semaine, à la halle de Paris, 234,160 kilog.
de beurres. Au dernier marché, on cotait par kilog.: en demi-kilog., 2 fr. 70 à
3 fr. 72; petits beurres, 2 fr. 02 à 3 fr. 14 ; Gournay, 1 fr. 96 à 4 fr. 30;
Isigny,2 fr. à 6 fr. 64.
Œufs. — Du 12 au 18 octobre, on a vendu à la halle de Paris 3,692,640 œufs.
Au dernier jour, on payait par mille: choix, 121 à 130 fr.; ordinaires, 75 à
116 fr.; petits, 60 à 68 fr.
Fromages. — Derniers cours de la halle de Paris : par dizaine. Brie, 5 fr. 50
i 21 fr. 50; Montlhéry, 15 fr.; par cent, Livarot, 24 à 62 fr.; Mont-d'Or, 16 à
28 fr.; Neufchâtel, 5 fr. 50 à 23 fr. 50; divers, 5 à 55 fr.; par 100 kilog., Gruyère,
104 à 170 fr.
XI. — Suifs et corps gras, cuirs et peaux.
Suifs. — On cote à Paris, le 20 octobre, 82 fr. 50 par 100 kilog. pour les
suifs purs de l'abat de la boucherie, et 61 fr. 85 pour les suifs en branches. Les
prix sont en baisse.
Lards et saindoux. — Les affaires sont calmes au Havre. Les prix sont faibles.
On paye les saindoux d'Amérique 1 15 fr. 50 à 116 fr. par 100 kilog. suivant les
sortes.
XII. — Chevaux. — Bétail. — Viande.
Chevaux. — Aux marchés des 13 et 16 octobre, àParis, on comptait 1,123 che-
vaux. Sur ce nombre, 495 ont été vendus comme il suit :
Amenés. Vendus. Prix extrêmes.
Chevaux de cabriolet 204 37 23.S à 1,060 fr.
— detrait 32> 85 310 à 1,31.5
— horsd'àge 375 151 40 à 1,10!)
— à l'enchère 108 108 65 à 600
— de boucherie 114 114 42 à 105
Bétail. — Le tableau suivant résume le mouvement du marché aux bestiaux de la
Villette, du jeudi 14 au mardi 19 octobre :
Poids Prix du kilog. de viande s'ir pied
Veadus moyen au marché du lundi isoctobre.
Pour Pour En 4 quartiers. 1" 2» 3» Prix
Amenés. Paris, l'extérieur, totalité. kil. (}ual. quai. quai. moyen.
Bœufs 7.467 4.074 1,725 5,799 355 1.56 1.42 1.06 1.30
Vaches 2,2-'2 812 589 1,401 248 1.44 1.28 0.96 1 19
Taureaux 362 203 37 240 360 1.24 1.12 1.00 1.11
Veaux 3,910 2,608 948 3,556 81 2.00 1.90" 1.50 175
Moutons 49,529 24,165 18,2.50 42,415 19 1.90 1.62 1.32 1 61
Porcsgras 5,801 2,161 3,442 5,603 87 1 60 1.50 1.46 1.50
— maigres. 16 » 2 2 30 1.40 » » 1.40
160 REVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT (23 OCTOBRE 1880).
Les approvisionnements du marché ont continué à être aussi abondants que la
semaine précédente. Les alïaires sont calmes, et les prix sont faiJiles; il y a même
eu une baisse assez accusée en ce qui concerne les cours des gros animaux Quant
aux veaux et aux moutons, ils se maintiennent aux taux de la semaine précédente.
A Londres, les importations d'animaux étrangers, durant la semaine dernière,
se sont composées de 18,525 tètes, dont 372 bœufs et 629 moutons de Montréal;
1,149 bœufs et 100 moutons de New-York; 9 bœufs et 205 moutons de Québec.
Prix du kilog. : Bœuf, 1 l'r. à 1 l'r. 99 Veau, 1 fr. 40 à 2 fr. 10. — MoiUon,
1 fr. 75 à 2 tr. 40. — Porc, l fr. 58 à 1 fr. 93.
Viande à la criée. — On a vendu, à la halle de Paris, du 12 au 18 octobre :
Prix du kilog. le i* octobre.
kilog. l" quai. '2» quai. 3» quai.
Bœuf OU \ache. . 214,743 I.l2àl70 0.8Gàl.46 O.o6àl.ù4
Veau 15.5,967 l.Wi 1.90 1.J6 1.G4 0 90 134
Mouton 108,544 1.48 1.58 1.02 1.40 0.60 l.ûO
Porc 28,592 Forcirais 1.0Oàl.7O
507.846
Choix. Rasse boucherie.
1.00à2.36 O.lOà 1.16
0.95 2.04 .
0.70 2.90 •
Fore Irais.,
Soit par jour 72,549 kilog.
Les ventes ont été supérieures de 7,000 kilog. environ par jour à celles de h
semaine précédente. Les prix demeurent sans changements.
Xll. — Cours de la viande à l'abatioir de La Villette du 2l octobre {par 50 kilog.)
Cours de la charcuterie. — On vend à la Villette par 50 kilog. : l"^ qualit'
80 à 82 fr.; 2% 75 à 80 fr.; poids vif, 55 à 60 ir.
Bœufs. Veaux. Moutons.
1"
2»
3"
1"
2. 3» ir.
2'
3«
quai.
quai.
quai.
quai
quai. quai. quai.
quai.
quai.
fr.
fr.
fr.
fr.
fr. fr. fr.
fr.
fr.
72
64
56
98
90 82 85
77
68
XIII.
— Marché aux bestiaux de la Villette du jeudi 21
octobre.
Col
rs des commissionoalrej
Poids
Cours officiels.
en bestiaux.
moyen
_ Il • III - — — ^. ,- —
— - 1^1 ^
_ Il ~ — •---
\^nimaux
gênerai.
1" 2° 3" Prix 1"
2» 3»
Prix
amenés' Invendus.
kil.
quai. quai. quai, extrêmes, quai.
quai. quai.
extrêmes
Bjeufs
•i.923
170
361)
[.36 Î.42 1.06 1.02 ai. 62 1.56
1.40 1.05
1.00 à 1.60
Vaches
805
318
245
1.44 1.28 0.96 o.9i) 1.48 1.40
1.25 0.95
0.90 1.45
Taureaux..
175
66
365
1.24 1.12 I.OO 0.94 1.28 1.20
l.li» 1.00
0.90 1.28
Veaux
1.109
139
80
2.00 1.90 1.50 1.40 2.10 »
* »
» »
Moutons...
22.966 2
.896
18
1.84 1.56 1.28 1.24 1.88 »
„ ,
( »
Porcs gras.
4.397
1S5
Si
1.54 1.44 1.38 1.30 1.60 »
» •
» *
— maigres
»
»
»
» >
» »
Vente lente sur toutes les espèces.
XV. — Résumé.
Grande fermeté sur les prix des céréales, des vins, des sucres, des houblons ;
mais beaucoup de faiblesse sur ceux des produits animaux, tel est le bilan de la
semaine.
A. Remy.
BULLETIN FLXANGIER.
Nous avons une seitiaine de hausse: la rente 3 0/0 est à 85 (r. 50 gagnant
0 fr. 40 ; la rente 5 0/0 est à 12) fr. 35 gagnant 0 fr. 35 et l'amortissable à
87 fr. 15 gagnant 0 fr. 35. Les sociétés de crédit sont demandées : reprise à nos
chemins de fer.
Cours de la Bourse du 13 au 20 oc(oZ)/'e 1880 {au comptant).
Principales valeurs françaises: Chemins de fer français et ét.angers :
Plus Plus Dernier
bas. haut, cours.
ftente 3 O/0 85.20 85.6.S 85.50
Rente 3 0/0 amortis 87.00 87.70 87.15
Rente 4 1/2 0/0 114.90 115.50 115.00
Rente 5 O/0 120.20 120.55 120.35
Banque de France 3520.00 4560.00 3590.00
Comptoir d'escompte 950.00 960.00 96o.oo
Société générale 572.20 602.50 595.00
Crédit foncier.
Est Actions 500
Midi d»
Nord d-
Orléans d°
Ouest d'
Paris-Lyon-Méditerranée d"
Paris 1871 obi. 4oo 3 o/O ..
Italien i o/O
355.00 1373.75 13d5.00
771.50 780.00 777.50
1055.00 1062.25 1060.00
1635.00 1650.00 1650.00
,250.00 1238.75
«■<8.75 827.50
1436 25 1432.50
396.50 396.25
86.75 86.60
1238.75
818.75
1430.00
395.00
36.20
Gérant : A. BOUCHÉ,
Autrichiens. d"
Lombards. d°
Romains. d°
Nord de l'Espagne, d"
Saragosse à Madrid, d"
Portugais. ■ d"
Est. Obi. 3 0/or. àôOOf.d"
Midi
Nord.
Orléans.
Ouest.
Paris-Lyon-Méditer.
Nord Esp. priorité.
Lombards.
145.00
345.00
375.00
6n.50
389.25
389.00
395.50
391.25
389.00
386.00
336,50
267.50
Plus
haut.
600.00
188.00
147.00
36 .25
387.50
6 20.00
39.*. 00
391'. 00
397.50
39 2.75
390.00
387.50
342.00
269.00
Oernief
cours.
595.00
US. -.'5
146.25
345. o;i
375. OU
6(8.75
389.25
S'JT.OO
392.00
390.00
387.50
340.00
268.25
CHRONIQUE AGRICOLE (30 octobre isso).
Dates et sièges des concours régionaux en 1881. — Coïncidence du concours d'Alger avec la ses-
sion de l'Association française pour l'avancement des sciences. — Les chevaux dans les concours
régionaux. — Utilité d'urîe semblable mesure. — Projet d'un congrès et d'une exposition inter-
nationale d'électricité à Paris. — Sur les subventions du gouvernement aux associations agri-
coles. — Lettre de M. de Falloux. — Transaction facile à trouver. — Les Comices doivent être
la réunion de tous les amis du progrès agricole. — Recrudescence de la fièvre aphteuse. — Cir-
culaire du ministre de l'agriculture relative à la désinfection des wagons employés au transport
du bétail. — La désmfection rendue obligatoire. — Nécessité de diminuer le prix de cette opé-
ration.— Vœu du Comice de Lille. — Nécrologie : Mme Villeroy. M. Donzel. — Examens de
sortie de la ferme-école de la Nièvre. — La récolte du blé en France'. — Nouvelle évaluation don-
née par M. Bivort. — Le phylloxéra. — Nouvelle de son apparition dans le département de l'Allier.
— Réunion de la section permanente de la Commission supérieure. — Allocation de subventions
à des syndicats pour le traitement des vignes par les insecticides et la submersion. — Le congrès
viticole de Saragosse. — Brochure de M. de Mortillet sur le bouturage et le greffage des vigues
américaines. — Expériences de M. Chabriersur l'emploi du guano dissous en Bretagne. — Les
nouvelles de l'arrachage des betteraves et de la fabrication du sucre. — Nouvel Annuaire des
fabriques de sucre, par M. Bureau. — Mesures prises pour te transport des marchandises
d'Algérie. — Réunion du Comité central agricole de la Sologne. — Recherches sur la bruche des
lentilles. — Note de M. Lamothe sur la situation des récoltes dans la Dordogne.
I. — Les concours régionaux de 1881 et V espèce chevaline.
M. le ministre de l'agriculture vient d'arrêter, ainsi qu'il suit, les
dates et les sièges des concours régionaux en 1881. C'est une bonne
mesure que d'avoir pris de bonne heure une décision à cet égard. Voici
la liste donnée par le Journal officiel:
2 au 11 avrils Alger (concours de l'Algérie).
7 au 16 mai^ Pau.
14 au 23 mai, Nîmes.
21 aw30 mai^ Gahors et Ghâlon-sur-Saône.
28 mai au 7 juin, Alençon, La Roche-sur- Yon, Tours.
11 au 20 juin, Annecy, Epinal.
18 au 27 juin, Saint-Brieuc, Montbrison, Versailles.
Les déclarations pour être admis à prendre part à ces concours doi-
vent être envoyées au ministère de l'agriculture avant les dates sui-
vantes :
Alger, le 15 janvier. — Pau, 25 mars. — Nîmes, 1" avril. — Gahors, Chalon-
sur-Saône, 7 avril. — Alençon, La Roche-sur- Yon et Tours, 15 avril. — Annecy
et Epinal, 25 avril. — Saint-Brieuc, Montbrison et Versailles, l*'' mai.
Le concours d'Algérie a été fixé à Alger au mois d'avril; c'est une
heureuse coïncidence, l'Association française pour l'avancement des
sciences devant tenir à Alger sa session de 1881 à cette date. L'occa-
sion sera bonne, pour un homme distingué, ami des sciences et de
tous les progrès, de visiter l'Algérie et d'apprendre à connaître notre
colonie africaine entrée désormais dans la voie de la prospérité, surtout
au point de vue agricole.
Nous avons appris avec une vive satisfaction qu'il était question de
remplir un vœu émis bien souvent parles agriculteurs, c'est d'admettre
l'espèce chevaline dans les concours régionaux. Incontestablement les
concours de juments poulinières faits par l'administration des haras
rendent des services, mais ils ne tiennent nullement lieu des concours
régionaux. Ce sont deux institutions différentes qui doivent vivre côte
à côte. Les animaux reproducteurs de l'espèce chevaline doivent être
visités dans les concours au même titre que les animaux reproducteurs
des espèces bovine, ovine et porcine ou que les animaux de basse-
cour. Tous ils sont des produits de la ferme, et les agriculteurs qui
élèvent les uns doivent recevoir des encouragements aussi bien que
ceux qui élèvent les autres, dans ces grandes assises où s'agitent tous
les ans, pour les diverses régions de la France, les questions d'amélio-
ration. Incontestablement l'élevage des chevaux eût fait des progrès
N° 603. — Tome IV de 1880. — 30 Octobre.
162 CHRONIQUE AGRICOLE (30 OCTOBRE 1880j.
beaucoup plus grands en France depuis trente ans, si dans tous les
concours régionaux, les reproducteurs mâles et femelles, avec les jeu-
nes produits, avaient été régulièrement appelés à figurer. Les élevages
se seraient multipliés bien davantage, et la population chevaline de
la France se serait accrue d'une manière profitable pour l'armée aussi
bien que pour l'agriculture, le commerce et l'industrie. L'administra-
tion (fos haras aura sa place toute marquée dans les jurys appelés à
décerner des récompenses aux meilleurs chevaux et juments, et ses
représentants, dans leur contact avec tous ]cs agriculteurs, trouveront
d'exctîUentes occasions pour exposer et faire admettre les principes
qu'ils regardent comme nécessaire d'appliquer pour la production des
chevaux de valeur et convenant le plus au pays. Dans tous les con-
cours agricoles étrangers, notamment en Angleterre, Tespece cheva-
line figure au premier rang; il était étrange qu'il n'en fût pas de
même en France. Bien des fois, lorsque nous avons rencontré sur les
champs de nos concours, des agriculteurs étrangers venus pour les
visiter, nous les avons entendus poser cette question :« Est-ce que, pour
vous autres Français, les chevaux ne sont pas des animaux faits par
ragriculture?»Nous ne saurions donc que remercier M. le ministre de
l'agriculture de vouloir faire cesser une anomalie vraiment étrange et
que ne peut expliquer aucune bonne raison.
IL — Congrès international des électriciens.
Sur le rapport de M. Cocliery, ministre des postes et des télégraphes,
un décret vient de décider qu'un congrès international des électriciens
serait ouveit à Paris' le 15 septembre 1881, et que le palais des
Champs-Elysées serait mis gratuitement à la disposition de la Com-
mission privée autorisée par le gouvernement à organiser, à ses ris-
ques et périls, une exposition internationale d'électricité du 1"août
au 15 novembre 1881. Nous annonçons cette nouvelle, parce que
l'électricité est certainement appelée à rendre des services à l'agricul-
ture. Déjà des essais ont été faits ;il faut encourager leur continuation,
car l'électricité doit intervenir et dans l'intérieur de la ferme et au
milieu des champs pour rendre plus faciles un grand nombre de tra-
vaux et mettre à la disposition des cultivateurs des forces encore au-
jourd'hui non employées. L'appel fait par le gouvernement français
"sera certainement entendu et deviendra le signal de nouveaux progrès.
in. — Les subventions du Gouvernement aux associations agricoles.
En réponse aux observations que nous avons cru devoir présenter
sur le désaccord existant entre le président du Comice agricole de
Segré et le préfet de Maine-et-Loire, nous avons reçu de M. de Falloux
la lettre suivante :
ce Monsieur, je suis très reconnaissant de la place que vous avez bien voulu
faire au Comice agricole de Segré dans votre très important Journal, et j'y recon-
nais une bienveillance qui, depuis bien des années, ne m'a pas fait difaut. Cepen-
dant, vous avez laissé échapper une erreur sur laquelle il m'est impossible de ne
pas vous demander une rectification.
« Selon vous, je refuse de constater publiquement les allocations que je ne
refuse pas de recevoir, et vous ajoutez : « C'est se couvrir d'une ombre ou d'un
voile qui ne convient pas à la vraie bberté ni davantage au patriotisme. »
« Vous avez parfaitement raison, monsieur, et je suis si complètement de votre
avis que j'ai offert trois fois la constatation sur nos affiches, en caractères appa-
rents, des deux allocations officielles : T dans ma première lettre à M. le sous-
GHROiNIQUE AGRICOLE (30 OCTOBRE 1880). 163
préfet de Segré; i" dans le projet d'affiches manuscrit envoyé à la sous-préfec-
ture; '■ " dans ma lettre à M. Tirard.
« J'int^iste à cet égard près de vous, monsieur, non pour ma justification per-
sonnelle seulement, mais aussi dans un intérêt plus général et plus élevé. La
question des Comices s'est ouverte à Segré, mais elle se poursuit sur beaucoup
d'autres points et ne se fermera que par une solution équitable. Veuillez réclamer
cette solution avec nous, monsieur, et nous l'obtiendrons.
« D'accord avec M. le ministre de l'agriculture, vous reconnaissez que la
formule trop impérieusement exigée par M. le pré'et de Maine-et-Loire est facile
à modifier; mais, comme M le ministre aussi, vous regrettez que l'intervention
du Conseil général ait rendu l'accommodement dilficile.
ce Vous oubliez, monsieur, que c'est M. le préfet de Maine-et-Loire lui-même
qui a mis le Conseil général dans l'obligation d'intervenir, puisque la lettre de
M. le sous-préfet de Segré stipulait au nom du département comme au nom du
gouvernement. Jusqu'à ce jour, le Conseil général avait fixé l'allocation départe-
mentale sans y mettre aucune condition et sans songer à se plaindre de l'ingrati-
tude des comices; il était donc très naturel, il était inévitable que le Conseil
général, ainsi mis en scène à son insu, tint à expliquer lui-même sa propre pen-
sée. Voir là une usurpation, comme Ta fait M. le préfet de Maine-et-Loire, un
indice de l'esprit de parti, comme l'indique un peu M. le ministre et comme vous
le dites en propres termes, monsieur, n'est-ce pas apporter soi-même plus d'es-
prit de parti que n'en ont montré le Comice agricole de Segré, et le Conseil
général de Maine-et-Loire ?
« En tout cas, monsieur, est-ce l'agriculture qui doit payer les frais d'un si
mince débat ? Ne convient-il pas à un journal, tel que le vôtre, de sortir d'une si
étroite querelle et de réclamer tout simplement la transaction sur laquelle tout le
monde serait d'accord : les afficiiCS porteront, en gros caractères, les allocations
officielles ; les prélets se contenteront d'une constatation ostensible que personne
ne leur conteste et renonceront à l'adjectif subventionné qui, vous l'admettez
vous-même, monsieur, est quelquefois pris en mauvaise part. Dans cette transac-
tion, personne ne pourra se plaindre, personne ne se plaindra et les comices con-
tinueront à rendre patriotiquement, sans aucune jactance, sans aucun esprit de
parti, des services dont l'agriculture est moins que jamais en situation de se
passer,
« Je ne doute pas, monsieur, que votre loyauté ne me fasse l'honneur de
publier cette réponse dans votre plus prochain numéro et je joins d'avance mes
remercîments à l'expression très sincère des sentiments de la plus haute consi-
dération. A. DE Falloux.
Bourg d'Iré, 25 octobre 1880.
iMalgré les explications de notre honorable correspondant, nous per-
sistons à penser qu'il eût été bon d'arranger à l'amiable et parla voie
de la conciliation, le différend né de la demande faite par l'au-
torité préfectorale, de faire connaître publiquement l'allocation reçue
par les Comices, tant de la part de l'Etat que de la part du gouverne-
ment. Puisque M. de Falloux a fini par en appeler au ministre^ il eût
été plus simple de commencer par là, au lieu de laisser le débat s'en-
venimer par des discussions publiques. D'ailleurs, M. de Falloux paraît
aujourd'hui admettre parfaitement la convenance de reconnaître hau-
tement les encouragements de l'Etat. On est donc complètement d'ac-
cord sur le fond de la question. Dès lors, la forme nous paraît facile à
trouver, et Ton pourra donner satisfaction à tout le monde. Les Comices
et les Sociétés d'agriculture devant être, de l'assentiment unanime,
des occasions de réunion où les hommes de tous les partis peuvent
se rencontrer pour faire ensemble le bien du pays, il ne saurait être
admissible qu'on en fît disparaître toute attache gouvernementale,
alors qu'on a sollicité le concours du gouvernement. Les difficultés
ne sont venues que du jour où, soit les uns, soit les autres, ont cherché
à tirer parti des réunions comitielles dans un intérêt électoral ou dans
un intérêt politique. Depuis tantôt quarante ans, dans les journaux
164 CHRONIQUE AGRICOLE (30 OCTOBRE 1880). ■
agricoles dont la direction nous a été confiée, nous n'avons cessé de
tenir ce lant-age. C'est un devoir que nous devons remplir, de même
que nous honorons de toutes nos forces tous ceux qui rendent des ser-
vices à l'agriculture, sans nous occuper de leurs opinions, et lors
même que nous nous trouvons, sous ce dernier rapport, dans des
camps absolument opposés. C'est ainsi que nous avons toujours fait à
l'égard de M. de Falloux; nous continuerons. S'il y a eu, dans ces der-
niers temps, des discordes dans le monde agricole, elles ne sont venues
que de la part de ceux qui se sont laissé emporter par des passions po-
litiques, de manière à oublier et même à compromettre l'agriculture.
Mais cela ne nous fera pas changer, et nous tâcherons toujours que
des transactions loyales, honnêtement exécutées de part et d'autre,
permettent à tous les amis de l'agriculture, de donner ensemble une
énergique impulsion aux progrès qui peuvent agrandir la prospérité de
la patrie,
IV. — Sur la désinfection du matériel employé au transport des animaux.
La fièvre aphteuse continue à exercer de véritables ravages dans un
grand nombre de départements. Sur plusieurs points, on a jugé utile
de suspendre les foires et les marchés, afin d'arrêter l'extension de la
maladie qui se propage si facilement par le contact des animaux con-
taminés ou même seulement des objets qui ont été en contact avec
eux. Depuis longtemps, les agriculteurs demandent que le matériel
de transport, employé pour le bétail, soit soumis, après chaque voyage,
à une désinfection rigoureuse; la prescription de la désinfection entre
dans le projet de loi sur la police sanitaire actuellement soumis aux
Chambres. Mais M. le ministre de l'agriculture a pensé qu'il était
urgent de mettre en vigueur et de rendre obligatoires les mesures sur
la désinfection des wagons prises en 1 877 par le ministère des tra-
vaux publics. En conséquence, par une circulaire qu'il vient d'adres-
ser aux préfets, il les engage à prendre, chacun dans leur département,
des arrêtés prescrivant désormais d'une manière générale la désinfec-
tion des wagons, après chaque expédition d'animaux vivants, ainsi
que le nettoiement des voies et des quais que les animaux auront par-
courus. Cette circulaire est ainsi conçue :
« Monsieur le préfet, une épizootie de fièvre aphteuse sévit actuellement dans un
gTand nombre de départements, et Tune des causes principales auxquelles on doit
attribuer son extension est l'absence de désinfection des wagons employés aux
transports des bestiaux.
« Il est inévitable, en effet, quelle que soit la surveillance exercée sur le bétail
dans les localités oiî l'affection est signalée, que des bêtes contaminées et même
quelquefois des bêtes malades échappent à la surveillance de l'autorité, alors sur-
tout que l'épizootie commence à se manifester. Si ces animaux sont transpor-
tés par chemin de fer, le wagon qui les aura contenus sera infecté, et les autres
animaux qui passeront successivement dans ce wagon seront exposés à contrac-
ter la maladie.
« Le projet de loi sur la police sanitaire, qui a été adopté déjà par le Sénat et
qui est en ce moment soumis à l'examen de la Chambre des députés, porte,
comme vous le savez, que les wagons à bestiaux doivent être désinfectés après
chaque transport, en tout temps et quel que soit l'état sanitaire. Je ne doute pas
de l'adoption de cette disposition dans un délai très prochain ; mais je pense qu'en
raison de la situation sanitaire actuelle il est d'absolue nécessité de ne pas attendre
le vote de la loi. La plupart des autres pays d'Europe nous ont d'ailleurs précédé
dans l'application de cette mesure qui intéresse à un si haut degré l'agriculture;
le matériel de chemin de fer est désinfecté d'une manière générale et permanente
chez presque toutes les nations voisines. La désinfection sera utile contre l'exten-
CHRONIQUE AGRICOLE (30 OCTOBRE 1880^. 165
sion non seulement de la fièvre aphteuse, mais aussi de la péripneumonie conta-
gieuse du gros bétail qu'on signale sur plusieurs points.
c< Un arrêté de M. le ministre des travaux publics, en date du 27 octobre 1877,
donne aux préfets le droit de requérir la désinfection du matériel de chemin de
fer affecté au transport du bétail. Toutefois cette opération ne peut avoir d'effi-
cacité réelle qu'à la condition d'être effectuée dans tous les départements et pour
toutes les espèces d'animaux. Il est donc absolument indispensable de la généra-
liser, et j'ai l'honneur de vous prier, monsieur le préfet, de vouloir bien prendre
un arrêté à cet effet.
ce J'ajouterai que la fièvre aphteuse laisse des germes de contagion dans tous les
lieux que l'animal malade a traversés et, pour ainsi dire, dans les empreintes de
chacun de ses pas, car un liquide virulent s'écoule des vésicules qui se dévelop-
pent entre les onglons, et la bave qui tombe de la bouche en est également in-
fectée. Il est par suite nécessaire que les Compagnies soient astreintes aussi à
faire nettoyer, après chaque expédition ou chaque débarquement, les voies et quais
que les animaux auront parcourus, ainsi c[ue les locaux dans lesquels ils auront
séjourné et le matériel spécial qui a pu servir à leur embarquement.
« L'arrêté que je vous prie de bien vouloir prendre peut être ainsi conçu :
Vu l'arrêté de M. le ministre des travaux publics, en date du 27 octobre 187 7,
qui a prescrit aux Compagnies de chemins de fer de faire désinfecter, à la réqui-
sition des préfets, les wagons ayant servi au transport du bétail, et qui a autorisé
ces Compagnies à percevoir pour frais de désinfection une taxe de 3 fr. par wagon ;
Vu la loi du 16-24 août 17S0;
Vu les instructions de M. le ministre de l'agriculture et du commerce, en date
du 22 octobre 1880, ~ Arrête :
Article premier. — Il est prescrit à la Compagnie du chemin de fer d de
faire nettoyer et désinfecter, dans les vingt-quatre heures qui suivront le déchar-
gement, tous les wagons qui auront servi au transport des animaux de quelque
espèce que ce soit.
Immédiatement après l'embarquement des animaux, il sera collé sur chaque
wagon une étiquette imprimée portant la mention suivante : Gare de (Nom de
la gare expéditrice ou de transit.) — A désinfecter à Varriuée.
Après la désinfection, cette étiquette sera remplacée par une autre portant :
Gare de (Nom de la gare destinataire.) — Désinfecté.
Il est interdit de mettre en chargement aucun wagon à bestiaux qui ne porte
cette seconde étiquette.
Art. 2. — Les hangars et cours servant à recevoir les bestiaux dans les gares
de chemins de fer; les rampes et quais d'embarquement et de débarquement; le
matériel spécial employé pour l'introduction des animaux dans les wagons, devront
être nettoyés par le balayage et le lavage à grande eau après chaque expédition
ou chaque arrivée d'animaux.
Art. 3. — Le présent arrêté sera notifié à la Compagnie du chemin de fer de
— Il sera pub'ié et alfiché.
Sont chargés d'en surveiller l'exécution : MM. les sous-préfets, MM. les maires
et adjoints; M. le commandant de gendarmerie et tous les fonctionnaires et agents
du service de la poHce ; MM. les fonctionnaii'es et agents de contrôle ; MM. les
vétérinaires du service des épizooties.
« Vous voudrez bien me transmettre deux exemplaires de cet arrêté.
« Recevez, etc. « Le ministre de V agriculture et du commerce^
« P. TiRARD. »
Ces mesures seront accueillies avec reconnaissance par les agricul-
teurs. Toutefois, nous devons faire remarquer que la taxe de 3 fr. que
les Compagnies sont autorisées à percevoir pour frais de désinfection
de chaque wagon, deviendra beaucoup trop élevée lorsque l'opération
sera appliquée à tout le matériel de transport. Il y a donc lieu d'ap-
peler, sur ce fait, l'attention du ministre des travaux publics et celle
des Compagnies de chemins de fer. La désinfection du matériel est un
service d'intérêt général qui doit être payé à sa juste valeur et sur le-
quel il ne peut être admis que les Compagnies de transport fassent des
bénéfices.
166 CHRONIQUE AGRICOLE (30 OCTOBRE 1880).
A diverses reprises, nous avons appelé l'attention sur les travaux
auxquels se livre le Comice de Lille, relativement aux maladies conta-
gieuses. Récemment sur la proposition de M. Yittu, il a adopté la déli-
bération suivante :
« Le Comice agricole de Lille, vu l'existence d'une épizootie aphteuse, et consi-
dérant que la connaissance pour tous des lieux où règne une maladie contagieuse,
quelle qu'elle soit constitue l'une des principales mesures propres à empêcher et à
prévenir la contagion, émet à l'unanimité le vœu suivant pour être communiqué à
M le préfet, avec prière, dans Tintérêr de l'agriculture, de le mettre à exécution :
« Que dans chaque commune soient publiés et affichés à la mairie les noms des
étahles, écuries et prairies renfermant des animaux atteints de maladie contagieuse ;
les noms seront enlevés à mesure que la maladie disparaîtra,
« Que la même publicité soit faite dans chaque chef-lieu de sous-préfecture ou
préfecture. »
La réalisation de ce vœu contribuerait certainement à arrêter l'exten-
sion des maladies contagieuses notamment de la fièvre aphteuse.
V. — Nécrologie.
Un de nos plus vénérés et plus aimés collaborateurs et confrères,
M. Félix Villeroy, qui est aussi un des doyens de l'agriculture euro-
péenne, vient d'éprouver une grande douleur; il vient de perdre sa
femme qui était sa compagne depuis tantôt soixante années. Elle était
arrivée à l'âge de quatre-vingt-six ans. Tous les agriculteurs prendront
part à la douleur d'un de ceux qu'ils regardent comme leurs chefs et
dont ils aiment à écouter les conseils.
On annonce aussi la mort de M. Donzel, fabricant de sucre et culti-
vateur dans le département du Nord. 11 a été l'un de ceux qui ont le
plus contribué, par leurs exemples et leurs travaux, à l'extension et aux
progrès de l'industrie sucrière en France.
VL — La ferme-école de la Nièvre.
A la suite des examens de sortie de la ferme-école de Saint-Michel
(Nièvre) dirigée par M. Salomon, six élèves ont obtenu leur brevet
d'instruction agricole dans l'ordre suivant :
I Magdelènat, Louis, de Pouques; — 2 Giordani, Rigobert, de Muro (Corse);
— 3 Clievrier, Joseph, de Ghampvert; — 4 Barthélémy, Amable-Yon, de Cuéri-
gny; — 5 Regnault, Victor, de La Fermeté; — 6 Deschamps. Jean-Marie, deChâ-
teau-Chinon.
De ces six élèves, deux sont rappelés par leurs parents, pour
cultiver avec eux; un entre comme boursier à l'école d'agriculture de
Saint-Remy, deux ont obtenu cliacun une bourse de 600 fr. à l'école
d'irrigation du Lézardeau; enfin un autre, ayant concouru pour entrer à
l'école nationale de Grignon, y a été admis le deuxième des candidats
des fermes-écoles avec une bourse de 1,200 fr. Sur les nombreux
candidats présentés aux écoles nationales par la ferme-école de la
Nièvre depuis son origine, pas un seul n'a échoué. Ces résultats
démontrent qu'elle se maintient à un rang excellent parmi les établis-
sements d'enseignement agricole de France.
VIL — La récolte du blé en France.
II est désormais certain que, dans son ensemble, la récolte du blé
en France a été égale, cette année, à la production d'une année moyenne.
C'est ce que confirment les appréciations qui, de divers côtés, sont
réunies et viennent s'ajouter à celles que nous avons déjà données.
Nous devons signaler aujourd'hui l'évaluation qui vient d'être publiée
CHRONIQUE AGRICOLE (30 OCTOBRE 1880). 167
par notre confrère, M. Bivort, directeur du Bulletin des halles. Il estime
à 96,500,000 hectolitres, le produit de la récolte de 1880, en France.
La moisson, d'après les renseignements qu'il a réunis, a été très bonne
dans 5 départements, bonne dans 30 départements, assez bonne dans
32 départements, médiocre dans 15 départements, mauvaise dans 5
départements. La récolte moyenne, en France, est estimée à 100 mil-
lions d'hectolitres; il n'y aurait donc, d'après M. Bivort, qu'un faible
écart avec une récolte moyenne. 11 est juste d'ajouter que, dans la li-
mite d'une différence de 4 à 5 millions d'hectolitres, importante en
elle-même, il est vrai, il est impossible d'obtenir une approximation
plus exacte, étant données les difficultés que présente la réunion de
documents de ce genre.
VIII. — Le Phylloxéra.
Des journaux du centre nous apprennent que le bruit a couru que
le phylloxéra avait été trouvé à Chantelle, dans l'arrondissement de
Gannat (Allier). Nous ne savons pas si la nouvelle est exacte; la chose
est possible. Dans tous les cas, nous avons la certitude que le traite-
ment administratif de la tache signalée ne lardera pas, si le fait est
vérifié. L'administration de l'agriculture et la section permanente de
la Commission supérieure du phylloxéra n'hésitent jamais dans des
cas semblables. La Commission vient d'approuver le traitement admi-
nistratif, par le sulfure de carbone, de deux taches de l'Aveyron et
de deux petites taches de Tarn-et-Garonne, puis la continuation des
traitements administratifs dans le Gers. La tache de Mézel, dans le
Puy-de-Dôme, qui se trouve dans un terrain caillouteux, va être traitée,
par l'intermédiaire de syndicats, au moyen du sulfocarbonate de potas-
sium. Des syndicats devront être organisés dans les Pyrénées-Orien-
tales pour que le traitement du phylloxéra, dont l'invasion est générale,
puisse être encouragé par l'État. Un syndicat de recherches établi à
Mercurey, dans Saône-et-Loire, va recevoir également des encourage-
ments. Un syndicat dans le Gard et trois syndicats, dans le Rhône,
recevront des subventions pour le traitement des vignes par le sulfure
de carbone; il en sera de même d'un syndicat de la Gironde, récemment
formé pour l'application du procédé de la submersion. Nous dirons à
cette occasion que les syndicats pour la submer^sion, dans la Gironde,
ont admirablement réussi. Les travaux ont été exécutés depuis deux
ou trois ans, antérieurement à la loi sur les syndicats viticoles; les
bénéfices obtenus sont tels que vraiment il n'est pas nécessaire de
demander des subventions à l'Etat ; des récompenses peuvent seulement
être données pour reconnaître le zèle des promoteurs de l'application
du procédé de M. Faucon dont les services deviennent tous les jours de
plus en plus éclatants.
Nous avons publié dans notre dernier numéro, un compte rendu
du congrès viticole de Saragosse. Nous devons dire ici que ce congrès
a été plus particulièrement consacré à l'éloge des services que peuvent
prendre les cépages américains. Aux noms des Français qui y ont assis-
tés, dont le Journal a donné la liste, il convient d'ajouter M. Jules
Maistre, propriétaire à Villeneuvette; M. Sylvestre, propriétaire a
Clermont-l'Hérault ; M. Dejardin, secrétaire de la Société d'agriculture
du Gard. On trouvera dans ce numéro un nouvel article sur cette
importante réunion.
168 CHRONIQUE AGRICOLE (30 OCTOBRE 1880).
IX. — Sur le greffage des vignes.
Les études sur le greffage de la vigne, tant au point de vue des mé-
thodes à adopter que des cépages qui conviennent le mieux pour cette
opération, se poursuivent avec une grande activité. Beaucoup de tra-
vaux sur ce sujet ont été déjà publiés. Nous devons signaler aujour-
d'hui une étude que M. H. de Mortillet vient de faire paraître sous le
titre : Bouturage et greffage des vignes américaines, pour le midi et le
centre de la France. Sans chercher à augmenter ou à diminuer la
faveur dont jouissent les vignes américaines, M. de Mortillet s'est
principalement préoccupé de rendre faciles aux personnes peu initiées
aux procédés de multiplication, les essais qu'elles tenteraient de faire
sur les cépages du nouveau monde. C'est ainsi qu'il passe successi-
vement en revue les soins que réclament la préparation et la planta-
tion des boutures, et les diverses méthodes de greffage. C'est un tra-
vail fait surtout au point de vue des opérations pratiques et qui, à ce
titre, se recommande tout spécialement à l'attention des viticul-
teurs.
X. — Le guano dissous du Pérou.
M. Chabrier, directeur de la station agronomique de Morlaix, a fait
cette année des essais sur l'emploi du guano dissous du Pérou et du
superphosphate de guano fabriqué par la maison Ohlendorff. Par le
guano dissous, il a obtenu à l'hectare 34 hectolitres de grain (pesant
2,605 kilog.) et 5,200 kilog. de paille; par le superphosphate de
guano, 26 hectolitres de grain (pesant 1,950 kilog.) et 4,300 kilog. de
paille. Les deux résultats sont très beaux, mais particulièrement celui
fourni par le guano dissous. M. Chabrier ajoute que, avec les autres
engrais qu'il a employés sur des parcelles de même surface pour faire des
essais comparatifs, il n'a rien obtenu d'aussi considérable. Ainsi
se trouvent vérifiées par l'expérience nos prévisions relativement à la
convenance d'employer tous les guanos et, notamment le guano dis-
sous, dans les terres argilo-siliceuses de la Bretagne.
XL — Les sucres et les betteraves.
L'arrachage des betteraves se poursuit avec beaucoup d'activité.
Malheureusement l'extrême humidité des derniers jours, non seulement
a entrave cette miportante opération, mais encore, a provoque la pour-
riture des racines arrachées et laissées sur le champ. Quant au travail
de la fabrication, il est en pleine ardeur. Les différences que l'on
constate dans la richesse des racines sont très considérables, non seu-
lement d'un canton ou d'un arrondissement à un autre, mais sur des
points très rapprochés les uns des autres.
Notre confrère, M. Bureau, vient de publier son Annuaire des fa-
briques de sucre pour la campagne 1880-81. Cet annuaire renferme,
comme les années précédentes, la liste générale des fabriques de sucre,
des raffineries et des distilleries de France, de Belgique, de Hollande
et d'Angleterre. Cette liste est suivie de l'exposé de la législation des
sucres, en France et en Europe, d'un traité d'analyse à l'usage des fa-
bricants de sucre, ainsi que d'un tableau de droits d'entrée des sucres
dans divers pays. On voit que cette publication, faite d'ailleurs avec
beaucoup de soin, est remplie de renseignements qui offrent un grand
intérêt.
CHRONIQUE AGRICOLE (30 OCTOBRE 1880). 169
XII. — Les transports des produits agricoles.
La Compagnie des chemins de fer de Paris à Lyon et à la Méditer-
ranée nous fait savoir qu'elle accepte maintenant, dans toutes les
gares de son réseau, tant en grande qu'en petite vitesse, des expédi-
tions à destination directe du littoral et de l'intérieur de l'Algérie (via
Marseille.) De même, en sens inverse, il pourra être fait des envois
directs de l'Algérie sur la France. Sont exceptés, toutefois, du bénéfice
de cette mesure, en raison des conditions particulières de la traversée,
les marchandises inflammables de quelque nature qu'elles soient, les os
et les chiffons, ainsi que les céréales en vrac (blés, orges, avoines, maïs,
seigles, etc.). Jusqu'à nouvel ordre, les expéditions à destination di-
recte de l'Algérie ne seront acceptées qu'en port dû et sans garantie
de délais en ce qui concerne les parcours étrangers au réseau de la
Compagnie.
XIII. — Le Comité central agricole de la Sologne.
Le Comité central agricole de la Sologne est convoqué pour sa
session d'automne, sous la présidence de M. E. Boinvilliers, le
31 octobre, à l'hôtel de ville de Lamotte-Beuvron. Parmi les questions
portées à l'ordre du jour, nous devons citer : concours de médaille
d'or pour les instituteurs primaires de la Sologne, rapporteur :
M. E. Gaugiran. — Prix d'honneur, et prix sur l'utihsation des eaux,
rapporteur : M. d'Arlon. — Culture de la vigne, rapporteur : M. le
D' Burdel. — Travaux de la Commission spéciale des indemnités et
secours pour les dommages occasionnés dans les pinières, rapporteur :
M. Boinvilliers, — Observations sur un insecte qui s'attaque aux pins
sylvestres, rapporteur : M. David Cannon. — Projet de fondation d'une
société forestière en Sologne présenté par M. D. Cannon, et Mémoire
sur la sylviculture, par M. E. Girard, rapporteur : M. Baguenault
de Viéville, président de la Société d'agriculture, sciences et arts
d'Orléans. — Dépôts d'étalons en Sologne, rapporteur : M. A. de la
Selle. — Etudes sur l'élève et la reproduction de la vache laitière en
Sologne, rapporteur : M. A. Julien, président du Comice d'arrondis-
sement de Bomorantin. — Plantes, insectes, animaux nuisibles en
Sologne, rapporteur : M. Martin, président du tribunal civil de Romo-
rantin et M. J. Duchalais, inspeeteur des eaux et forêts.
XIV. — La bruche des lentilles.
Dans une précédente chronique, nous avons signalé le rapport
adressé par M. Aymard au Conseil général de la Haute-Loire sur les
travaux de la Société des amis des sciences, de l'industrie et des arts
dans ce département. Depuis quelques années, la bruche qui attaque
les lentilles, a pris un assez grand développement dans les cultures du
centre. M. Aymard nous apprend que cet insecte est aujourd'hui l'objet
d'études spéciales qui, en révélant mieux peut-être qu'on ne Ta fait
jusqu'ici, les phases de la vie et les habitudes de ce coléoptère, amène-
ront probablement à connaître le moyen de le détruire. Les observa-
tion de ce genre, poursuivies par les associations, peuvent toujours
rendre de réels services.
XV. — Nouvelles de Vèlat des récoltes.
Les notes que nous recevons de nos correspondants n'apportent
que peu de changements aux appréciations que nous avons déjà pu-
170 CHRONIQUE AGRICOLE (30 OCTOBRE 1880),
bliées. — Sur'la situation agricole dans le département de la Dordogne^
M. de Lamothe nous envoie de Mareuil-sur-Belle, à la date du 22 oc-
tobre, la lettre suivante :
c< Décidément les hirondelles ont eu tort de nous quitter à la fin du mois der-
nier. Les moucherons n'ont point disparu, et les chaleurs persévèrent ; il y a eu
quelques jours de fraîcheur, mais qui n'ont pas duré.
« Pour en revenir à la température, elle est fort douce, plus même que tiède
depuis mercredi surtout Aujourd'hui, vers deux heures de l'après-midi, le ther-
momètre marquait 21 degrés au-dessus de zéro et à sept heures du soir, encore
19. Quelques petites pluies ayant humecté la terre hier, on profite de cet état
de chose pour activer les semailles de froment qui s'effectuent dans de honnes
conditions. Nos regains sont rentrés. Ici, comme aux environs de Périgueux, ils
ont réuni l'abondance à la qualité. Leur quantité a notablement dépassé celle du foin,
assez rare, il est vrai, cette année. On a récolté les maïs du rendement desquels
on est satisfait ; il y a beaucoup de pommes de terre et de topinambours On
peut en dire autant des raves semées après la pluie, celles qu'on s'est hâté d'en-
semencer de suite après le déchaumage, confiées à un sol sec, presque en poussière,
ont, par contre, à peu près manqué. Il y a des châtaignes et des noix, ces der-
nières un peu froissées par la grêle, qui, dans plusieurs communes du canton
de Mareuil et de la partie de la Charente qui les joint, ont nui grandement au
froment et aux fruits d'été, non moins qu'au vm. Celui-ci n'abonde pas, par
suite de ce fléau, de l'oïdium et du phylloxéra. La conséquence naturelle de ce
déficit est qu'il est fort cher. Plusieurs propriétaires n'auront pas même leurs
provisions. Je ne vous parle pas du tabac. L'administration, en cela fort mal ins-
pirée, vient de retirer la permission de le cultiver à la seule commune du can-
ton qui est parvenue à lui donner une place dans ses assolements et qu'il aurait
fallu encourager à continuer. Par malheur, cette administration est loin d'agir
toujours avec à propos en ce qui concerne la culture et les livraisons de la
plante qu'elle a mission de protéger, tandis qu'elle nuit souvent à sa propaga-
tion et à son amélioration par ses chicanes et ses exigences sans motifs.
« En somme, notre contrée a été moins heureuse que plusieurs autres de la
Dordogne en 1880. Voici plusieurs années de suite que nos propriétaires sont en
pertes, aussi beaucoup d'entre eux commencent-ils à être découragés, »
Des pluies abondantes sont tombées depuis quelques jours sur la
plus grande partie de la France ; elles ont, sur quelques points, pro-
voqué le débordement des rivières et occasionné de véritables dé-
sastres, soit dans les champs, soit dans les villages. Partout elles ont
entravé les travaux d'arrachage des betteraves ou des pommes de terre,
ainsi que ceux de semailles ou de labours d'automne. Tel est le fait
caractéristique de la situation présente. J.-A. Barr.\l.
SUR LES MATIÈRES SUCRÉES
CONTENUES DANS LE FRUIT DU CAFÉIER*
La baie ou cerise du caféier a la grosseur d'une merise; à l'état de
maturité elle est rouge; sa pulpe jaunâtre possède une saveur légère-
ment sucrée. Chaque fruit renferme deux coques ellipsoïdes, presque
rondes, planes d'un côté, accolées par leurs faces aplaties et enveloppées
de deux minces tuniques. L'épaisseur de la pulpe comprise entre l'é-
pidermeet la graine est très faible; on en jugera par les dimensions
prises sur une cerise de forme à peu près ovoïde : grand axe 0'\015 à
O^.Oie, petit axe O^.OiS. L'épaisseur de la couche charnue a varié
de 0«'.002 à O-^-OOS.
Dans les plantations du Venezuela, lorsque je les visitai, on déga-
geait les graines de café du fruit en désagrégeant la pulpe. A cet effet,
les fruits étaient étendus sur une aire légèrement inclinée. La fermen-
tation avait lieu presque immédiatement en répandant une odeur
TÎneuse. Le suc fermenté s'écoulait où se desséchait. Après quelques
1. ComJaunication faite à l'Académie des Sciences.
SUR LES MATIÈRES SUCRÉES DU FRUIT DU CAFÉIER. 171
jours d'insolation, les fruits secs étaient soumis à deux triturations,
la première, pour obtenir le grain, la seconde, à l'effet d'en briser l'en-
veloppe coriace pour le décortiquer.
Dans mes notes, je lis que I hetolitre de cerises rend de 35 kilo-
grammes à 40 kilogrammes de cafémarcliand.
Durant mon séjour dans les vallées d'Aragua, à Maraca.y, j'avais
reconnu dans le fruit du caféier plusieurs sucres dont il restait à spé-
cifier la nature; mais les moyens dont je disposais et aussi l'état de
nos connaissances ne me permirent pas alors de continuer des re-
cherches qui seraient restées inachevées, si, à ma prière, l'empereur
du Brésil, auquel on ne s'adresse jamais en vain lorsqu'il s'agit de
l'intérêt des sciences, ne m'eût fait parvenir par l'intermédiaire de
notre éminent et regretté confrère le général Morin, des cerises de
caféier mises dans l'alcool immédiatement après la cueillette. Ces fruits
parvinrent au Conservatoire des arts et métiers en septembre 1 879.
De Tune des dames-j cannes on retira :
A. L'alcool dans lequel les fruits avaient séjourné 6 kilog. 400
B. Fruits imbibés d'alcool 9 kilog. 030
A. L'alcool, d'une teinte ambrée, d'une saveur légèrement sucrée,
laissant un arrière goût amer, ayant une réduction acide, a été distillé
dans le vide jusqu'à réduction au volume de I litre. C'est dans ce résidu
de la distillation qu'on a dosé des matières sucrées que l'alcool avait
dissoutes après un traitement préalable par le sous-acétate de plomb.
Le liquide, débarrassé du plomb introduit en excès, fut amené à
consistance sirupeuse; le sirop, placé dans le vide sec, se prit en vingt-
quatre heures en une masse cristalline. Les cristaux obtenus par expres-
sion,, puis purifiés par cristallisation dans l'alcool, présentaient un
assemblage d'aiguilles déliées, incolores, d'une saveur fraîche et peu
sucrée. Ces cristaux, ne possédant pas de pouvoir rotatoire, entraient
en fusion à la température de 1 66". Ce sont là des caractères de la
mannite qui existerait dans les cerises du caféier mêlée à du sucre in-
terverti et à du saccharose, dont on a déterminé les quantités.
B.Les cerises imbibées d'alcool pesant 9kil. 030, misesàl'étuve, ont
été réduites au poids de 3 kil.800; on y a dosé les sucres et la mannite.
Voici les résultats des dosages :
A. Dans B. Dans les 3 kilog. 800
l'alcool. de cerises sèches.
Total.
gr- gr- gr.
Mannite 72.0 20.0 92.0
Sucre interverti 233.3 131.1 364.4
Sucre de canne 65.9 32.7 98.6
En restituant aux cerises sorties del'étuve, pesant 3,800 grammes,
les matières sucrées que l'alcool avait enlevées, 371 gr. 2, on a, pour
le poids des cerises sèches, environ 4,171 gr. 2.
Pour 100 grammes de cerises séchées à l'étuve, dans l'état où elles
sont parvenues à Paris, on aurait :
Mannite 2.21
Sucre interverti 8.73
Sucre de canne 2.37
Substances indéterminées 86.69
100.00
Dans les matières indéterminées se trouvaient la pulpe privée de
substances solubes et des graines avec leur tuniques cartilagineuses
172 SUR LES MATIÈRES SUCRÉES DU FRUIT DU CAFÉIER.
(endocarpe). On a constaté, en outre, dans les solutions alcooliques
de l'acide malique et de la caféine.
Les cerises desséchées à l'étuve ont donné pour 100 : graines, netles. . . 47.93
Des cerises retirées d'une autre dame-jeanne 47.81
Une dessiccation que je fis sur des cerises fraîches cueillies sur un
caféier de Venezuela, a produit pour 100 :
Graines non décortiquées 33.4
, . Pulpe sèche .5.6 l „ i u -j /.^ <?
■ ■ Eau par difTcrence _61U0 ( Pulpe humide. . . 66.6
100.0
De Humboldf, considérant la promptitude avec laquelle la cerise du
caféier fermente, et la masse énorme de substances organiques fournies
par des plantations de cent mille arbustes, était étonné qu'on n'eût
jamais pensé à en retirer de l'alcool. Je ne saurais partager l'étonne-
ment du célèbre voyageur, et je doute que la distillation des baies du
caféier soit lucrative; je la crois môme difficilement praticable. D'abord
cette cerise, l'analyse l'indique, est relativement pauvre en pulpe
sucrée, si on la compare à la cerise ordinaire, à la merise et aux
autres fruits à noyaux avec lesquels, en Europe, on prépare des liquides
alcooliques.
Ainsi, tandis que la cerise du caféier ne renferme pas au delà de
66 pour 100 de pulpe,
La cerise ordinaire en contient , SO
La prune à quekhenicasser 95
J'ajouterai que, pour faire fermenter le fruit du caféier, il faudrait
recourir aux procédés suivis dans la préparation du kirschenwasser,
du quetchenwasser, opérer en vases clos et soumettre à la distillation,
dans un espace de temps fort limité, la totalité de la masse fermentée,
graines comprises. Or, il est douteux qu'après une coction dans
l'alambic, lea graines de café ne perdent pas de leur qualité. Il con-
vient d'ailleurs de remarquer qu'en présence de la culture de la canne,
ce grand producteur de sucre et par conséquent d'alcool, il n'y a réel-
lement aucune raison pour distiller le fruit du caféier, ne donnant,
ainsi que je m'en suis assuré, qu'une eau-de-vie sans ces parfums
qui font coter si haut au-dessus du prix de l'alcool ordinaire les
alcools de merises, de mirabelles, de quetchen. Au reste, il n'est
pas exact d'affirmer qu'on n'ait pas tenté d'obtenir un liquide alcoo-
lique du fruit du caféier. On lit, en ellet, dans les mémoires de l'aca-
démie des Inscriptions, « que les habitants de l'Arabie prennent la
peau qui enveloppe la graine et la préparent comme le raisin; ils en
font une boisson pour se rafraîchir pendant l'été. Cette liqueur vineuse
semble posséder toutes les propriétés excitantes que l'on apprécie
dans le café. »
Dans cette préparation, on fait fermenter la pulpe après en avoir
extrait la graine, qui ne saurait, par conséquent, subir aucune altéra-
tion; quant au vin de café, il est naturel qu'il ait, à un certain degré,
la faculté excitante de l'infusion, puisque la cerise cède, comme on
l'a vu, de la caféine à l'alcool, et que des principes fixes de la pulpe
restent dans le liquide après la fermentation, qui ne détruit que les
matières sucrées. Boussingault,
Membre de l'Académie des sciences et de la Société nationale d'agriculture.
SUR LES POULES PONDEUSES. 173
SUR LES POULES PONDEUSES
La question des poules pondeuses est intéressante et me semble
mériter d'être étudiée.
La poule peut-elle avoir dans son ovaire plus ou moins de
600 œufs? — Y a-t-il des races de poules pondeuses qui produisent
plus d'œafs que d'autres races, ou bien a-t-on cru que les poules pon-
daient plus parce qu'elles pondaient dans un court espace de temps
tous les œufs quelles devaient pondre dans l'année?
Dans la nature, la poule, comme tous les oiseaux, ne devrait pondre
que les œufs qu'elle doit couver. Tous les animaux domestiques ne
sont pas tels qu'ils étaient dans l'état de nature. Comme il y a des va-
ches d'une race qui prend facilement la graisse et des vaches d'une
race qui donne beaucoup de lait, il y a des poules renommées pour la
délicatesse de leur char, — les poulardes du Mans. Il y a aussi
des races de poules pondeuses. Il serait intéressant de les connaître.
Ce sont les fermières, les ménagères de la campagne qui doivent don-
ner la solution de cette question, d'abord en comptant, avant de
mettre la poule au pot, les petits œufs qui forment la grappe qu'elle a
dans son ovaire, pour qu'on sache si ce nombre est toujours le même
ou s'il varie selon les races.
Les observations transmises au /oio'/m/ de l'Agriculture seront accueil-
lies avec reconnaissance par tous ses lecteurs ou lectrices, et feront
voir, une fois de plus, que les femmes ont un rôle à remplir dans le
ménage rustique, où il y a tant de détails qu'elles seules peuvent et
doivent surveiller. F. Villeroy.
SUR LE REBOISEMENT DE LA SOLOGNE '
Après avoir recherché les moyens d'exploiter et d'utiliser les bois
endommagés, il y a lieu d'étudier quels sont les procédés à employer
pour refaire les forêts de la Sologne et les reconstituer .cette fois de
façon à les préserver dans l'avenir des causes de ruine qui viennent
de les atteindre. 11 y a urgence, car le désastre occasionné par les gelées
a produit une grande émotion, et il importe que ce sentiment ne dé-
génère pas en découragement. Tous les propriétaires sont disposés à
refaire les plantations détruites; mais leurs eiïbrts pourraient ne pas
aboutir, si l'Etat ne mettait ses conseils à leur disposition.
Nous allons successivement exposer avec quelles essences les forêts
de la région doivent être reconstituées et indiquer quels sont les
meilleurs procédés d'exécution.
Essences à préférer. — Pour reboiser la Sologne, on ne peut songer
qu'au chêne et aux résineux :
Or, les peuplements de chêne sont dispendieux et difficiles à créer
dans les terrains dénudés et sans abri; il est même presque impos-
sible de les élever d'une manière satisfaisante lorsque le sol est en-
vahi par certaines plantes parasites telles que l'augère (fétuque azurée),
la bruyère et Tajonc; il faudrait, préalablement et à grands frais, dé-
truire ces plantes par des cultures répétées.
D'autre part, le chêne ne commence à donner des produits qu'à un
âge relativement avancé et eon accroissement n'est pas considérable.
1. Evtrait du rapport adresse au Conseil général du Loiret. — Yo:r le Journal du 9 octobre,
page 46 de ce volume.
174 LE REBOISEMENT EN SOLOGNE.
Dans la forêt d'Orléans comparable à la zone qui lui fait face, sur la
rive gauche de la Loire^ on ne constate qu'exceptionnellement pour
cette essence une production annuelle de 4 mètres cubes à 4 mètres 1/2
par hectare, tandis que les sols de la môme forêt, qui sont peuplés en
résineux, produisent un volume presque double. Et il convient d'autant
plus de tenir compte de cette circonstance que, depuis quelques années,
l'écait entre le prix des produits feuillus et des produits résineux a
singulièrement diminué. On trouve, en effet, dans la mercuriale du
marché parisien vers lequel s'écoulent tant de bois de Sologne, les chiffres
suivantsrbois neufs durs, le décastère175 à1S5fr.; bois pelard-chêne,
160 à 165 fr.; bois durs de flot, 150 à 160 fr. ; pin, 140 à 150 fr.
Sauf dans quelques cas particuliers, il n'y a donc pas lieu de pré-
coniser les semis ou les plantations de chêne. Il reste à examiner les
résineux. Parmi eux, nous ne voyons que trois espèces de pins que
l'on puisse penser à recommander pour les travaux de quelque im-
portance; ce sont les laricio d'Autriche, dit pin noir, le pin maritime
et le sylvestre. 11 y a lieu de reconnaître qu'il existe en Sologne
des bouquets et même quelques petits massifs de pins noir, les-
quels ont dépassé vingt ans et sont assez vigoureux ; mais il
n'en est pas moins vrai que cette essence n'a pas encore fait ses
preuves d'une façon suffisante et qu'on n'est positivement fixé ni sur ses
exigences au point de vue du sol, ni sur la rapidité de son accrois-
sement, ni sur sa longévité ni sur la qualité de son bois, notamment
pour la boulangerie. En fait, on s'accorde généralement à considérer
le pin noir comme une essence des terrains calcaires, et l'un des ca-
ractères de la Sologne est l'absence ou l'extrême rareté du carbonate de
chaux. Employer cette essence sur une grande échelle serait donc une
réelle imprudence qui pourrait conduire à des mécomptes.
Le pin maritime, qui domine en Sologne, présente des inconvénients
sérieux. 11 est sujet à la maladie du rond qui a déjà causé de grands
dommages; lorsque par une révolution de résineux, on se propose de
préparer le sol à la culture des essences feuillues ou des céréales, il ne
lemplit pas le but, car son couvert léger laisse vivre en sous-étage,
les plantes parasites. Il ne supporte pas les sols argileux, c'est un
grave danger pour son élevage dans les terrains de Sologne, oii l'épais-
seur et la nature des couches sont sujettes à des variations subites (bien
souvent des peuplements de pin maritime, semés sur un terrain suf-
fisamment sableux à la surface, sont morts avant d'avoir atteint les di-
mensions utilisables, parce que leurs racines avaient rencontré un
banc d'argile dont l'existence n'avait pas été soupçonnée). Enfin, même
en admettant que les retoiu's des grands froids ne se présentent qu'à
de longs intervalles, il est impossible de méconnaître la portée delà dure
leçon de l'hiver 1879: l'impossibilité où se trouve le pin maritime
de résister aux abaissements de température de plus de 25 degrés
centigrades, sera une menace permanente pour les propriétaires qui
continueront à cultiver cette essence. Le pin sylvestre est, d'après la
théorie et l'expérience, le résineux le mieux approprié à la localité.
Il prospère dans tous les terrains de la Sologne; il s'accommode des
sels peu profonds, très argileux et mouillés; grâce à son couvert, il
débarrasse ces terrains des bru}'ères et des ajoncs; il leur procure un
riche amendement; enfin, il a parfaitement supporté les fortes gelées
qui viennent de détruire son congénère.
LE REBOISEMENT EN SOLOGNE. 175
Malo;ré les considérations qui précèdent, la plupart des proprié-
taires de Sologne ont pour le pin maritime une préférence marquée,
et il est par suite nécessaire d'examiner ici, avec détails, si les motifs
de cette préférence sont bien fondés.
Tout d'abord, les partisans du pin maritime déclarent que c'est
celui qui permet de reboiser un terrain le plus économiquement.
Emise d'une façon aussi générale, cette assertion ne saurait être accep-
tée; la nature et Tétat du sol, le prix de la graine ou celui des plants,
le salaire des ouvriers, les instruments que l'on peut y employer, la
situation du propriétaire, sont autant de données essentiellement
variables dont dépend le prix d'un reboisement, ensuite que le pro-
blème du prix de revient n'est pas susceptible d'une solution unique
et absolue. Ce qu'il est seulement vrai de dire, c'est qu'en Sologne,
dans certains cas, le repeuplement par le pin maritime entraîne à une
dépense moindre que tout autre système de boisement. Lorsque, en
effet, dans les terres depuis plus ou moins longtemps en culture, on
peut semer le maritime avec une dernière céréale, la combinaison pré-
sente les avantages suivants :
1° Les frais de labour et de hersage sont mis au compte de l'exploi-
tation agricole et ils sont réellement plus que payés par la récolte;
T l'entreprise forestière ne se trouve grevée que du prix d'achat de
la graine, et cette charge est minime; 3" l'opération est facile à faire,
car la graine de maritime étant relativement grosse supporte d'être
recouverte assez largement, c'est-à dire peu minutieusement, comme
le permet l'instrument ordinaire qu'on appelle la herse; 4° de plus,
la semence étant généralement bonne, le succès du semis se trouve
presque toujours assuré; 5" enfin, quant aux jeunes plants, abrités
par le seigle (ordinairement employé], et placés dans un tiTrain bien
ameubli, ils ne peuvent que prospérer et se développer rapidement.
Mais, on le voit, il ne s'agit là que d'un cas tout particulier et non
d'un système applicable en général; très peu de pineraies détruites
en 1879 pourront maintenant être défrichées et cultivées préalable-
ment en céréales ; la plus grande quantité d'entre elles devra être
reboisée directement, non seulement sans cultures transitoires, mais
peut-être même sans qu'il ait été possible d'y arracher les souches
mortes.
Il est vrai qu'il existe pour le pin maritime un autre mode de semis,
qui, lui aussi, ne revient guère qu'au prix de la graine : c'est celui
qu'on désigne habituellement sous le nom de semis sur bruyères. Il
est fait à la volée sur le sol, sans que celui-ci ait subi de préparation,
et l'on compte, pour enterrer les graines, sur le piétinement des
ouvriers, la marche des chevaux ou même le passage de troupeaux
introduits spécialement à cet effet. Sans doute, on a assez souvent
obtenu aussi des résultats satisfaisants que l'on montre complaisam-
ment; mais à côté de ces réussites, il y a eu bien des insuccès dont
on a pas parlé. La vérité est que, en opérant de la sorte, on se met,
bien plus qu'en semant de tout autre façon, à la merci des saisons, de
l'humidité et de la sécheresse. Le procédé du semis sur bruyères donne
des résultats essentiellement variables, irréguliers et incertains ; il
est absolument aléatoire; enfin il ne peut être employé avec quelques
chances de succès que dans les terrains envahis seulement par la
bruyère, car partout où il existe des ajoncs, cette plante si répandue
176 LE REBOISEMENT EN SOLOGNE.
en Sologne, la graine ne pourrait pas arriver jusqu'au sol. La seconde
raison que donnent les propriétaires de leur préférence pour le pin ma-
ritime, c'est que, disent- ils, sa croissance est plus rapide que celle
du sylvestre. Pendant les premières années, le pin maritime végète, en
effet, plus vigoureusement que son congénère, mais cet avantage ne
se mai rtient pas jusqu'à l'âge de l'exploitabilité. En outre, si les pins
maritimes sont, à âge égal, généralement plus gros que les sylvestres,
ils demandent un espacement plus considérable et sont par suite
moins nombreux sur une même surface. D'ailleurs, considération
importante, leur écorce est beaucoup plus épaisse et l'opération de
l'écorcement (réclamée impérieusement par le grand consommateur
de ces bois : la boulangerie) donne un déchet notablement plus consi-
dérable. Il n'est donc nullement démontré que le volume utile
d'un massif maritime soit plus fort à l'hectare que celui d'un massif
de sylvestre. On fait remarquer en dernier lieu que, sur le marché
de Paris, les bois de maritime se vendent plus cher que ceux de
sylvestre. Le fait est exact; mais la différence de prix n'est que d'en-
viron 2 fr. 25 par 100 cotrets, soit moins de 40 centimes par stère;
elle ne présente donc guère, en temps normal, qu'une plus-value de
1/20 pour le propriétaire, ce qui évidemment ne suffirait pas pour
compenser les graves inconvénients signalés.
En résumé, nous pensons qu'il y a lieu de ne pas déconseiller
l'emploi du maritime aux petits propriétaires lorsqu'ils sont placés à
proximité des centres de population, lorsqu'ils peuvent faire par eux-
mêmes une culture agricole préparatoire au reboisement, lorsqu'ils
sont en possession de tirer parti des plantes inférieures que cette
essence laisse vivre sous son léger couvert et lorsqu'ils ont besoin pour
tuteurs ou charniers des petits pins à supprimer dans les premières
éclaircies ; encore faut-il toujours qu'il s'agisse de terrains franche-
ment et profondément sableux.
Dans toutes les autres circonstances, de beaucoup les plus nom-
breuses, le pin sylvestre présente une supériorité incontestable.
Tout l'effort de l'Etat doit donc avoir pour but de réagir contre
l'esprit de routine qui pousse certains propriétaires à semer du pin
maritime pur, afin d'obtenir au moins que, par prudence et à titre
d'assurance contre les gelées, on lui associe le pin sylvestre en notable
proportion. Seulement partout où cette combinaison serait adoptée, il ne
faudraitpasperdrede vue les repeuplements ainsi mélangés, car le pin
maritime dans les premières années dominant son congénère, pourrait
l'étouffer. Pendant cette phase il sera nécessaire de venir en aide
aux pins sylvestres pour les dégager des plants voisins de maritime.
On diminuerait ces travaux délicats et minutieux ou du moins on
en simplifierait l'exécution si, au lieu de mélanger les deux semences,
on les séparait entièrement sur le terrain, ce qui peut se faire soit en
semant par bandes alternes chacune des graines isolément, soit en
plantant en ligne les pins sylvestres sur les terrains préalablement
ensemencés en maritime. Bolcard,
Conservateur des forêts à Tours.
CONCOURS RÉGIONAL D'ORAN
I.— CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES
De tout temps les peuples ont eu le goût des exhibitions publiques
qui ont puissamment aidé à la prospérité de leur commerce et de leur
CONCOURS RÉGIONAL D'ORAN. 177
industrie, et aussi, disons-le, aux progrès divers dont le résultat est
de servir avec succès la cause de la civilisation. Ces expériences du
passé, reproduites au moyen âge, sont encore pratiquées de nos jours,
mais avec toute la splendeur et la perfection que permet l'état pros-
père de l'agriculture et du commerce des différents pays qui les
apprécient.
Or le but poursuivi dans ces circonstances est atteint non seule-
ment par les grandes assises internationales, dont les Expositions de
Londres, en 1851 et 1862, celle de Vienne, en 1873, ainsi que celles
de Paris, en 1855, 1867 et 1878, sont les plus beaux exemples qui
puissent être offerts aux nations soucieuses de suivre la même voie,
mais aussi. par les expositions locales et les concours régionaux qui,
pour avoir un champ d'action plus restreint, n'en portent pas moins
des fruits sérieux et multiples
Quels services n'a pas rendus à la métropole, depuis 1857, l'insti-
tution de la prime d'honneur, créée d'abord pour la grande propriété,
puis en 1869 mise à la portée d'un plus grand nombre de cultivateurs
par la formation de plusieurs prix culturaux? Quels avantages les
agriculteurs n'en ont-ils pas retirés, ainsi que de la tenue des concours
régionaux où chacun d'eux vient examiner les instruments nouveaux,
apprécier les formes des meilleurs reproducteurs, s'assurer des bonnes
espèces de semences qu'ils peuvent avoir intérêt à utiliser?
Le zèle de chaque individu se trouve ainsi stimulé, et les améliora-
tions dans les procédés agricoles et industriels d'un pays ne tardent
pas à se produire, surtout lorsque, par de sages réformes, nos gou-
vernants s'appliquent à maintenir les programmes de ces luîtes paci-
fiques à la hauteur des différents progrès.
C'est pour ces motifs que l'Algérie a été, presque de tout temps,
favorisée de semblables institutions qui ont ici, plus que partout ail-
leurs, leur véritable raison d'être, puisque leur but, comme nous
l'avons déjà dit, est avant tout d'enseigner, pour chercher à mettre
en mouvement les forces, encore inutilisées, qui ne demandent qu'à
produire.
Ajoutons qu'elles ont donné d'excellents résultats, la population de
la colonie se déplaçant facilement dans le but d'assister à une expé-
rience, de voir fonctionner un instrument nouveau, ou de suivre les
détails d'une culture perfectionnée.
La statistique des chemins de fer algériens confirme celte remarque,
la proportion des voyageurs, dans des conditions semblables, étant
beaucoup plus grande que celle des marchandises.
Au moment où nous entrons dans une ère nouvelle, il ne sera peut-
être pas inutile de regarder en arrière, et de résumer, sans autre dé-
tail, les expositions qui ont eu lieu dans la partie Nord de l'Afrique où
la France entreprend une véritable mission de civilisation en même
temps qu'une œuvre importante au point de vue de la prospérité éco-
nomique du pays.
La première de toutes eut lieu dans la cour du collège d'Alger au
mois de septembre 1848, conformément à l'arrêté du gouverneur gé-
néral du 8 juillet de la même année. Les producteurs européens des
trois provinces, sans distinction de territoire, y furent conviés, et des
primes d'encouragement furent décernées avec les prix accordés aux
produits exposés.
178 CONCOURS RÉGIONAL D'ORAN.
En 1849, le minisire de la guerre décida que les dispositions de
l'arrêté du Président de la République, en date du 18 janvier, sur
l'exposition des produits agricoles et industriels de France, seraient
étendues aux départements algériens, tandis que Constantine bénéfi-
ciait des avantages qui avaient été, l'année précédente, le partage de
la ville d'Alger.
Pendant les années 1850, 1851, 1852, 1853 et 1854, les exposi-
tions eurent lieu simultanément dans les trois provinces, suivant un
programme uniforme, et dès cette période les commissions d'examen
mirent en relief le bétail, quelques végétaux industriels et les fruits
des vergers de l'Est, les améliorations de toutes natures introduites
dans les procédés de culture du Centre, les efforis considérables des
colons de l'Ouest et les importants domaines qui couvraient déjtà cette
partie du territoire.
L'expérience de ces dernières années permit à la colonie de tenir
une place sérieuse à l'Exposition universelle de 1855, et en 1856 un
arrêté du gouverneur général du 15 septembre décida qu'il y aurait
tous les ans une exposition générale des produits de Tagriculture et
des différentes industries agricoles, et que ces expositions seraient
ouvertes successivement au chef-lieu de chacune des trois provinces,
où tous les indigènes et les Européens de la colonie seraient indis-
tinctement admis, les cultivateurs de la province dans laquelle l'ex-
position aurait lieu, pouvant seuls concourir pour les objets dont
l'examen devait se faire sur place : plantations d'arbres, irrigations,
exploitations agricoles. Par suite le concours pour les bestiaux fut
seul maintenu, cette année-là, dans les trois divisions administratives.
C'est dans ces nouvelles conditions que ces solennités eurent lieu à
Aliier en 1857, à Oran, en 1858, pour être réorganisées ensuite par
l'arrêté du 30 août 1861 .
Le 31 mars suivant, un nouvel arrêté, portant que l'exposition gé-
nérale se tiendrait cette année à Alger, annonçait en même temps
qu'une prime d'honneur serait décernée à l'agriculteur dont l'exploi-
tation la mieux dirigée aurait réalisé les améliorations les plus propres
à être offertes comme exemple. Mais aucune des fermes présentées ne
réunit, d'après le rapport du jury, les conditions exigées par le
programme.
En 1863, cette haute récompense fut accordée à la ferme de Medez-
Aman, près Guelma dans le département de Constantine, et en 1864
à celle de Saint-Charles, appartenant à M. Daudrieu, agriculteur du
département d'Oran.
Ces solennités furent alors interrompues durant une longue série
d'années, pendant "laquelle l'Algérie affirma cependant ses nombreux
progrès à l'Exposition internationale de Paris, en 1867, où 1,05()
exposants obtinrent 276 récompenses, à Vienne en 1873, et enfin à
l'Exposition universelle de Paris, en 1878, où plus de 3 millions de
personnes visitèrent le pavillon spécial de la colonie, admirant les
riches et variés produits présentés par 1,990 exposants auxquels furent
attribuées 470 récompenses, dont 32 médailles d'or.
A ce moment se produisit un fait particulier d'une haute impor-
tance, puisque c'est à lui, en partie, que nous devons notre organisa-
tion actuelle, et que nous ne saurions, par suite, passer sous silence.
Depuis 1870, le pays, meurtri des blessures résultant d'une cam-
CONCOURS REGIONAL D ORAN, 179
pagne malheureuse et néfaste, n'avait cherché qu'à panser ses plaies,
en concentrant tous ses efforts sur les travaux de nature à réparer
tant de désastres, lorsque bientôt, par l'application de sages lois éco-
nomiques, par l'ardeur, l'énergie et l'activité déployées dans toutes
les branches des productions nationales, mettant en œuvre les forces
vives du peuple français, l'arriéré fut enlin liquidé, et les regards de
chacun se portèrent sur un avenir meilleur.
C'est alors qu'en Algérie, oii, pendant ces longues heures de muette
et de fiévreuse réparation, les peines, les sacrifices, puis les espé-
rances de la mère-patrie, ont été successivement et intimement par-
tagés, s'ouvrit une ère nouvelle au déi)ut de laquelle se créèrent de
nombreuses associations dans le but de donner une impulsion nou-
velle à l'agriculture locale.
La Société d'agriculture d'Alger, dont le dévouement soutenu re-
monte bien avant dans le passé, organisa alors, en 187G, une bril-
lante exposition, à l'occasion de laquelle la prime d'honneur fut vail-
lamment disputée par de dignes émules, puis finalement décernée à
M. Gros, propriétaire àBoufarik.
Cet exemple, tiré de ce qui se pratique en France où, à côté de la
grande prime d'honneur du gouvernement, il existe aussi des récom-
penses semblables accordées par des associations opérant grâce à des
crédits mis à leur disposition par des corps élus et qui forment un
excellent stimulant, fut suivi par le Comice agricole d'Oran dont les
efforts furent couronnés d'un plein succès en 1 877, et qui remit la
prime d'honneur à M. Sommer, pour sa ferme de Moussa-Thuill.
Dans l'Est de la colonie une série de concours commença avec la
création de la Société d'agriculture de Constantine; le premier se tint
au chef-lieu, en octobre 1874, le second eut lieu à Bône en septembre
1875, et le troisième à Philippeville en octobre 1876, époque où la
prime d'honneur fut attribuée à M. Ceccaldi, pour la ferme des
Zerdezas.
En ! 877, les préparatifs de l'Exposition universelle de Paris arrê-
tèrent la Société de Constantine qui s'adonna tout entière à la grande
œuvre, tandis que le Comice de Bône faisait des démarches auprès du
député du département en vue d'obtenir une subvention de nature à
rehausser l'éclat du concours qui devait se tenir dans cet arron-
dissement.
M. Gaston Thomson sollicita le ministre de l'agriculture qui fut
frappé des immenses avantages qui résulteraient pour la colonie de
l'introduction des pratiques suivies dans la métropole, et l'application
des concours régionaux fut ainsi décidée.
La première expérience se fit à Bône à la fin du mois de septembre
1879, et les lecteurs du Journal de V Agriculture ont pu apprécier les
heureux résultats obtenus en cette circonstance.
Nous assistons en ce moment au second essai qui, nous le verrons
bientôt, sera non moins intéressant que celui qui Fa précédé, et auquel
tout présage un réel succès.
C'est parce que ces réunions doivent se compléter mutuellement,
servir d'enseignement aux uns, de termes de comparaison aux autres
et fournir l'occasion de parler de chaque région agricole que la direc-
tion de cette publication nous a prié de rendre compte de celte solennité.
Nous nous sommes d'autant plus empressé daccepter cette invi-
[80
CONCOURS RÉGIONAL D'ORAN.
tation que nous avons la conviction que l'Algérie sera réellement ap-
préciée le jour où on la connaîtra telle qu'elle est. Aussi allons-nous
résumer les efforts tentés par tous les intéressés pour assurer la
réussite d'une œuvre essentiellement agricole, entreprise au moment
oii se produit l'extension du territoire civil, événement dont l'impor-
tance n'échappera à personne.
A ceux que nos modestes arguments n'auront pas convaincus, nous
nous bornerons à répéter : venez voir par vous-mêmes, ne craignez
pas quelques heures de traversée, quelques jours d'absence pour vous
renseigner.
Vous aurez, pour vous recevoir, une population laborieuse, active,
intelligente, et qui a le sentiment de l'hospitalité et de la sociabilité
poussée au dernier point. Les distractions ne vous feront pas défaut,
et vous trouverez sur place tout ce que la vie intellectuelle peut dési-
rer, en même temps qu'un ciel toujours beau, des situations natu-
relles originales, des mœurs hétérogènes très curieuses à étudier.
Mais vous admirerez surtout nos riches produits agricoles, notre
industrie qui s'affermit, nos travaux de tous les jours, les immenses
résultats qu'ils produisent, et vous repartirez amis sincères et défen-
seurs dévoués de cette colonie trop peu connue jusqu'à ce jour.
Le prochain concours régional qui se tiendra à Alger au mois
d'avril 1881 fournira, nous l'espérons, une belle occasion de venir
contrôler notre manière de voir. L. Bastide,
Président du Comice de Bel-Abbès.
HAIES ET CLOTURES
C'est pendant l'hiver que se font les opérations de plantation ou
d'entretien des haies et des clôtures. Nous croyons donc utile d'em-
prunter au Traité général des parcs el jardins, de M. Edouard André,
Fig. 13. — Haie plantée sur le
bord d'un fossé.
Fig. 14.
Haie plantée au fond
d'un fossé.
quelques indications sur l'organisation des haies, qu'on lira avec
intérêt.
Tout d'abord, dit-il, il faut proscrire les haies à double rangée qui
laissent passer les animaux et se dérangent facilement. La plantation
se fait ou sur le bord ou sur le fond d'un fossé. Le plus souvent, dans
le premier système, on plante (fig. 13) un rang de jeunes arbres à
50 centimètres du bord du fossé ou de la limite de la propriété. Si
HAIES ET CLOTURÏS.
l'on plante au fond du fossé, on peut également ne faire qu'une ra
(iig. 14); on n'aperçoit à distance que la partie supérieure, et
181
ngée
elle
Fig. 15. Haie multiple au fond d'un fossé.
A //4^'a\a.
Fig. 16. — Haie d'ajoncs, en Bretagne,
forme une clôture très défensive. Mais M. André préfère le modèle de
plantation en lignes multiples au fond et sur les talus, comme le
jÉ.rA
, H
r
Fig. 17. — Haie sur un mur, à Guernesey. Fig. 18. — Haie sur un mur, en Angleterre.
montre la fig. 15. Cette haie, qui paraît à l'œil peu importante, forme
toutefois un obstacle infranchissable.
Dans quelques parties de la Normandie et de la Bretagne, ainsi que
Saut de loup fleuri, à Milan.
dans les îles de la Manche, on plante des haies d'ajoncs, comme on le
voit dans la fig. 16, qui en indique une coupe. Les ajoncs sont plantés
au sommet de cordons de terre élevés au-dessus du niveau des champs;
sur les côtés, on plaque xles mottes d'herbe A A pour retenir les terres;
les ajoncs B sont coupés chaque année.
182 HAIES ET CLOTURES.
Les haies peuvent servir d'ornement, en même temps que de
clôture. M. André cite notamment le modèle que représente la fîg. 17,
et qui est répandu à Guernesey. Un mur, sur le bord du chemin C,
soutient les terres relevées en dedans de la propriété; la haie est
plantée en A, de lauriers-amande, de fusains du Japon, ou de lauriers-
tins; une bordure de fougères B en orne le pied. — Voici (fig. 18) un
autre modèle adopté en Angleterre : le mur est haut d'un mètre; les
terres, relevées à l'intérieur, ont reçu une plantation de lauriers-
amande A assez éloignés du bord pour pouvoir se développer en liberté ;
sur le devant, des lierres B retombent et cachent entièrement la
muraille jusqu'au sol G.
L'effet défensif et ornemental des haies peut être combiné avec des
sauts de loup. Le parc public de Milan présente, dit M. Edouard
André, une plantation de ce genre (fig. 19) qui fait l'admiration des
visiteurs. Le talus du saut de loup est planté depuis le fond B
jusqu'en C, sur toute sa hauteur, de massifs homogènes de lilas, de
ketmies de Syrie, de spirées, qui produisent un effet charmant lorsqu'on
les voit de l'avenue intérieure A.
La plantation des clôtures simples se fait en défonçant une bande
de terrain, de 50 centimètres à 1 mètre de largeur, sur une profondeur
de 60 à 75 centimètres, plusieurs mois avant la plantation. On espace
les jeunes plants de 10 centimètres. La première année, on les rabat
près du sol, et les années suivantes on les taille de plus en plus long,
suivant les dimensions que la haie doit prendre. J. de Pradel.
PISCICULTURE- - REVEIL DE LA QUESTION
La pisciculture reconnaissant que décidément elle fit fausse route
en France, sous le second empire, qui ne réussit qu'à la compromettre '
comme tant d'autres choses, la pisciculture est de nouveau chez nous
remise à l'ordre du jour. Non seulement le Sénat vient de reprendre
cette question, dont l'importance ne peut échapper qu'aux esprits
légers; mais voici que les grands recueils scientifiques recommencent
à s'en préoccuper : revues, journaux se remettent à traiter de l'in-
dustrie du poisson. Les brochures reprennent leur cours comme il y
a trente ans. M. Ghabot-Karlen, l'ex-régisseur de l'établissement
d'Huningue, vient, lui aussi, de se remettre à l'œuvre et de publier, à
la librairie G. Masson, une plaquette de 72 pages, intitulée ; Les Etangs,
Nous n'en détachons que ces lignes relatives aux fleuves et aux petits
cours d'eau :
« Dans l'état actuel de la propriété en France, la mise en culture
d'un cours d'eau non navigable et flottable serait une telle rareté que
nous ne nous y arrêterons pas. Quel duc de Richemond y possède une
rivière de son embouchure à sa source sur un parcours de plus de
12 lieues, comme c'est ici le cas pour la Spey? 5lais dans les autres
cours d'eau l'Etat étant nous, à l'Etat donc ce devoir de haute pré-
voyance !
« En Suisse, M. le colonel de Loës, près Aigle, canton de Vaud,
vient de parfaitement poser et résoudre ce problème, ce qui, du reste,
lui a mérité à l'exposition internationale de pêches à Berlin, mai 1880,
une éclatante distinction.
« Nos très sincères vœux à ce continuateur de la grande tradition
scientifique suisse des Nicolet, Agassiz et Chavannes. »
PISCICULTURE. — REVEIL DE LA. QUESTION. 183
Bien qu'aucune petite rivière n'appartienne chez nous tout entière
à aucun marquis de Garabas, ce dont nous nous félicitons grande-
ment, la question du repeuplement de ces petites rivières se résoudra
quand on le voudra sérieusement, comme elle l'a été en Angleterre et
ailleurs, quoique, ni en Angleterre ni ailleurs, le fait du duc .de
Richemond ne se renouvelle en beaucoup de localités. Il ne faut qu^;
s'arraeher au dieu Routine, qui, malheureusement, « est un puissant
dieu ». Eugène Noël.
COMICE AGRICOLE CENTRAL DE LA MARNE
RAPPORT SUR LES PRIX DE CULTURE. — II'
La dernière exploitation qu'a eue à visiter la Commission est celle de M. Renard -
Matras.
M. Renard, jeune homme laborieux, intelligent et doué d'une indomptable
activité, est entré à Luthernay en 1863, prenant la suite d'un bail ayant enco!o
huit années à courir et renouvelé depuis.
Le sol !e Luthernay, de nature argilo-calcaire et argilo-siliceuse, est compac',
imperméable, exige une forte et fréquente culture et surtout une somme de travau
pénible et considérable.
Indépendamment de ce sol extrêmement difficile, M. Renard, à son entrée, a
trouvé la ferme en mauvais état de culture. N'écoutant que son courage, il se mit
bravement à la besogne. M. Renard est d'ailleurs, pour Je Comice dépariemental,
une vieille connaissance.
Il me semble encore entendre les applaudissements dont il fut à juste titre
l'objet en 1877, au concours de Vitry-!e-François, pour un drainage, considéré
comme impossible avant lui, de 15 hectares sur cette même terre de Luthernay
et qui lui valut la médaille d'or. Je vous disais à cette époque : M. Renard-Matras
est un de ces hommes d'une intelligence supérieure qui savent mettre en pratique
cette devise qui, quoique ancienne, est toujours vraie : Aide toi et le ciel t'aidera.
Eh bien! messieurs, n'avions-nous pas raison et ne voyez-vous pas aujourd'hui
que M. Renard a triomphé de tous les obstacles?
La ferme de Luthernay, d'une contenance de près de 2tO hectares, est trans-
formée, les labours profonds et les défoncements en ont rendu les terres plus meu-
bles et plus friables ; les fumiers et les engrais sont devenus assimilables; mais
au prix de quelles fatigues et de quels sacrifices !
Comme à Muizon, on ne voit déjà plus de jachères. Les blés rendent aussi en
moyenne -28 à 30 hectolitres, l'avoine 36 et les betteraves 40,000 kilog.
Sur toute l'étendue du domaine les récoltes sont admirables. Les bâtiments de
Luthernay sont vastes et bien distribués. La force motrice est représentée par
douze magnifiques percherons et ardennais et par 14 puissants charolais d'attelage.
La vacherie, quoique peu impoi tante, est tenue avec le plus grand soin. Le
troupeau de race mérinos est très beau, les instruments nombreux et bien appro-
priés au sol. Des brabants doubles donnent à ces terres tories une excel-
lente préparation, ameublissent le sous-sol et lui rendent l'aptitude nécessaire
aux récoltes à grands rendements qui peuvent seuls rémunérer d'aussi durs travaux.
En présence de deux concurrents aussi méritants à des titres divers que
MM. Railliot et Renard, le jury a éprouvé une hésitation telle qu'il a été tenté de
mettre les deux concurreLts sur une même ligne et de partager le prix.
Mais les termes du programme s'opposaient à ce partage. La prime d'honneur
est un objet d'art indivisible. Le scrutin secret ayant été réclamé, 4 voix furent
données à M. Renard et 3 à M. RaiUiot.
Après avoir apprécié en toute conscience la situation et les titres des divers can-
didats, la Commission a pris les résolutions suivantes et a ainsi décerné les ré-
compenses (jue le programme mettait à sa disposition :
Prime d'honneur, objet d'art, à M. Renard-Matras, fermier à Luthernay.
Vu les mérites exceptionnels de M. Railliot, une médaille d'or, transformée en
un objet d'art de valeur supérieure, est attribuée k M. Railliot-Deiigny, de Muizon.
Une médaille d'or à M. Floquet-Phihppot, de Puisieulx; une médaille de ver-
meille à M Leconte, de la ferme l'Espérance ; une médaille d'argent à M. Viville-
1. Voir le Journal du 23 octobre, p. 150 de ce volume
184 RAPPORT SUR LES PRIX DE CULTURE DANS LA MARNE.
Prévoteau, de Vitry-lez-Reims; une médaille de bronze à M. Loillier, de
Ghampigny.
Le paragraphe 2 de l'article I" réserve une médaille d'or à la petite culture.
La Commission, sous la présidence de M. de Beffroi (M. Guérault-Godard,
rapporteur), était composée en outre de MM. Flamain, Eugène Debin et Piot-
Delaire.
M. Jules Bouton, propriétaire à la Maison-Blanche, exploite à quelques kilo-
mètres de Reims avec une grande ardeur, 28 hectares d'un sol de mauvaise na-
ture, mais dont il a su tirer bon parti. Les bâtiments nombreux sont bien tenus
et installés d'une façon commode. La tenue des fumiers et l'introduction des
engrais liquides ont attiré particulièrement l'attention de la Commission, qui a
constaté aussi la présence d'un excellent troupeau de 225 têtes. M. Bouton, dont
les ressources sont relativement modestes, s'est imposé de sérieux sacrifices pour
l'acquisition d'instruments agricoles.
Le plus précieux concours est apporté par Mme Bouton à la prospérité de la
maison. Aussi la Commission a-t-elle pensé qu'elle devait associer Mme Bouton
à la récompense due à son mari, et a sollicité pour les époux Bouton une médaille
de vermeil.
M. Houriez, cultivateur à Bazancourt, exploite 17 hectares de terres dont
l'excellent état a impressionné la Commission.
Dans ce petit ménage, Talimentation du bétail est l'objet d'un soin minutieux,
tous les instruments auxiliaires d'intérieur sont agencés d'une façon fort intelli-
gente, et le petit troupeau, ainsi que les chevaux et les vaches, ont fort bon air.
Là encore, messieurs, le dévoué et intelligent concours de Mme Houriez se
fait sentir; sa basse-cour suffit et au delà à l'entretien des dépenses de chaque jour.
Une mention très honorable est accordée à M. Houriez, le programme ne per-
mettant point à la Commission, qui eu a éprouvé un vif regret, de ne pouvoir dis-
poser d'aucune autre récompense.
L'exploitation de M. Ribaille, de Ludes, est organisée d'une façon intelligente, la
tenue de ses étables et l'excellent état de son troupeau méritent d'être cités. Il y
a là de l'avenir, encore quelques efforts et le Comice central sera heureux de pou-
voir compter M. Ribaille parmi ses lauréats La Commission, toutefois, ne
voulant point r^-ster indifférente à ses mérites, lui a décerné une mention ho-
norable.
En terminant, messieurs, j'ai le devoir de vous faire connaître que vos com-
missions ont éprouvé partout la plus heureuse impression; elles ont rencontré
d'infatigables travailleurs qui, par leurs efforts incessants, ont transformé toutes
ces fermes concurrentes en plaines fertiles et couvertes de belles moissons. Nous
devons donc proclamer bien haut, que si l'arrondissement de Reims, par son in-
dustrie, occupe en France, l'un des premiers rangs, son agriculture, sous l'inspi-
ration de son vaillant et sympathique président M. Charles Lhotelain, n'est rebelle
à aucune idée de progrès, et rivalise avec celle des contrées de notre sol les mieux
favorisées.
L'art. 2 attribue un objet d'art au propriétaire-vigneron de l'arrondissement de
Reims qui, dans l'exploitation de ses vignes, aura réalisé les progrès les plus re-
marquables et les plus dignes d'être offerts en exemple.
La Commission, composée de MM. Juglar, Callet, Ivernel, Giret, Testulat-
Gaspard, Coutorbe, et Vimont, désigné comme rapporteur, s'est transportée dans
les divers vignobles concurrents.
Quatre propriétaires se trouvaient en présence : MM. de Sapicourt, à Sapicourt ;
René Ghandon de Briailles, à Romont ; Amédé Fortel, à Sillery; Ernest Irroy, à
Ambonnay, Bouzy et Avenay.
Le domaine de Sapicourt comprend 3 hectares 1/2. La culture est celle de la
contrée.
La mise en lignes régulières permettant le travail des charrues, l'emploi d'engrais
chimiques complémentaires, la substitution du cordon à l'arçon, ont déjà valu à
M. de Sapicourt, de la part du Comice de Reims, des récompenses spéciales.
Ces vignes, entièrement gelées l'hiver, reconstituent cette année leur charpente;
la Commission ne pouvait donc juger sur le travail spécial, sur les fructifica-
tions.
Nous devons dire que successivement les propriétaires cités plus haut ont tous
été à diverses époques lauréats du Comice de Reims. 'et comme tels proposés au
concours. Tous ont présenté à l'examen de la Commission, des vignes fort belles
RAPPORT SUR LES PRIX Dïï GULTQRE DANS LA MARNE. 185
et parfaitement tenues, tous suivaient sans variations ou améliorations importantes
la culture traditionnelle de Champagne.
M. René Ghandon fait travailler à la tâche.
M. Forte! emploie une tâche mitigée qui lui laisse plus d'action sur le travail
des. ouvriers. Ces vignes ont de fib à 82 ans et n'ont pas encore subi de replan-
tations; elles se renouvellent par le simple provignage et sont, par conséquent,
exclusivement constituées d'anciens plants champenois.
M. Ernest Irroy fait tout cultiver à la journée. Tous oes messieurs logent
leurs ouvriers ou donnent une indemnité de logement et cultivent une étendue
de 16 à 18 hectares,
M. Ernest Irroy se distingue par ses plantations qui, pour les vignobles de
Bouzy etAmbonnay, s'élèvent à 14 hectares 45 ares.
Ces plantations très réussies, chargées aujourd'hui de raisins, ont donné à des
terrains naguère incultes, une valeur très élevée.
La Commission a cru trouver un de ces faits dignes d'être offerts en exemple
et pour lesquels l'art 2 a réservé son prix.
Lecomice départemental, heureux de ratifier le vœu de la Commission, a dé-
cerné à M. Ernest Irroy, pour ses vignobles d'Ambonnay et de Bouzy, la prime
d'honneur.
Alfred Lequfux,
(La suite prochainement.) Secrélaire général du Comice de la .Marne.
LA RÉCOLTE DU BLÉ EN ANGLETERRE EN 1880
Les prédictions qui avaient été faites l'automne dernier relativement
à la mauvaise récolte de 1879, ont été pleinement justifiées. Il est très
probable que pas même le quart de la quantité de blé consommé parla
population anglaise, pendant Tannée qui s'est terminée en août der-
nier, avait été récolté sur notre sol.
Depuis un certain nombre d'années, la culture du blé a été aban-
donnée sur une très grande superficie du pays, où le sol et le climat
ont été trouvés peu favorables à sa végétation. On doit espérer cepen-
dant que le rendement moyen sera à l'avenir plus élevé; mais l'année
1879 a donné un rendement moyen de 14 hectolitres et demi par
hectare de blé d'une misérable qualité, c'est la plus mauvaise récolte
du siècle présent.
Il n'est pas douteux que le grain à peine mûri, qui nécessaire-
ment a été employé pour faire les semailles de la récolte [)résente, n'a
pas dû développer une plante très vigoureuse; de plus, le blé semé à
l'automne 1879 a poussé au milieu d'un temps très dur qui lui a
causé des injures. L'hiver, le printemps et le commencement de l'été
ont été d'une sécheresse inaccoutumée, et si ce n'avait été l'excessive
quantité de pluie tombée pendant le mois de juillet, on aurait pu
moissonner une abondante récolte. A Rothamsted, pendant le mois de
juillet, on a enregistré 133""° d'eau de pluie, il a plu tous les
jours moins deux. Cette humidité excessive, cependant, n'a élé que
partielle, et dans les districts où elle n'a pas existé, la récolte est bonne.
Le tableau suivant donne le rendement de 1880 sur certains lots,
dont l'un n a point reçu d'engrais; les autres lots ont reçu des engrais
divers et ont produit du blé pour la 37' année sans interruption. Le
rendement de ces lots est considéré comme celui de l'Angleterre.
Ce tableau donne aussi la comparaison du produit moyen de ces lots
pendant les dix dernières années 1870-79; de celui des "dix-huit années
précédentes, 1852-69; et de celui d'une période totale de vingt-huit
années 1852-79, pendant laquelle les mêmes engrais ont été employés
annuellement sur les mêmes lots.
18o RÉCOLTE DU BLÉ EN ANGLETERRE EN 1880.
Pas d'engrais. Fumier. Engrais artificiels. Moyenne des lots.
Hectolitres de blé par hectare. Lots. Lot 2. Lot 7. Lots. Lot 9. 7,8,9. » l'^'o'o
bectol. hectol. hectol. hectol. heciol. bectol. hectol
Année 1880 10 45 34 86 31:^5 32 03 3101 3147 2â 56 (a)
Moyenne de 10 années, 1870-79.. 9 20 26 81 24 ()4 28 97 32 49 28 85 21 58(6)
— de 18 années, 1852-69.. 13.52 32 49 32 49 34 99 33 28 33 51 26 47 (c)
— de 28 années, 1852-79.. 1193 30 44 29 65 32 94 32 94 3180 24 76(d)
Poids de l'hectolitre de blé. kilog. kilog. kilos. kilog. kilog. kilog. kilog.
Année 1880 70 580 75 026 74 321 73 '42 71750 73 075 72 919
Moyenne de 10 années, 1870-79.. 72 374 75 026 74 087 74 087 73 853 74 012 73 853
— de 18 années, 1852-69.. 72 374 74 3H 73 775 72 997 72 529 72 919 73 073
— de 28 années, 1852-79.. 72 374 74 870 73 851 73 642 72 841 73 622 73 075
Poids de la paille par hectare. kilog. kilog. kilog. kilog. kilog. kilog kilog.
Année 1880 13017 4429 1 4540 2 5080 0 4984 7 4873 7 3540 2
Moyenne de 10 année?, 1870-79.. 1053 6 3667 6 3603 6 4683 2 5270 5 4.508 5 3079 7
— de 18 années, 1852-69.. 1698 6 4333 8 5.505 3 3349 7 5302 2 508o 0 3699 0
— de 28 années, 1852-75).. 1476 3 409o 7 4238 7 5111 7 5286 5 4873 7 3476 7
On voit que, tandis que le lot sans engrais a donné un rendement
plus élevé que la moyenne des 10 dernières années, ce rendement est
au-dessous de la moyenne des 18 années et de la moyenne de la
période de 28 années. Ce lot n'a reçu aucune sorte d'engrais depuis
quarante ans et soufYre évidemment d'épuisement.
Le lot qui reçoit chaque année 35 francs de fumier à l'hectare donne
un rendement presque de 35 hectolitres, ce qui est supérieur au pro-
duit moyen des trois périodes de 1 0, 1 8 et 28 années.
Les trois lots recevant des engrais artificiels donnent un produit
moyen qui varie peu avec celui de la période de 28 ans.
En 1874, où la récolte fut la seule bonne qu'on ait eu en blés pen-
dant 10 ans, le produit des lots sans engrais et avec fumier fut presque
exactement le même que celui de celte année; mais le rendement
moyen des trois lots recevant des engrais artificiels fut en 1874 de
35 hectol. 90, tandis qu'en 1880 il n'est que de 31 hectol. 47. Le
rendement moyen de tous les lots en 1880 est égal à 25 hectol. 56,
équivalant à 24 hectol. 53 par hectare, en calculant le poids de l'hec-
tolitre à 76 kilog. 106.
Quelques districts, où se fait la culture du blé, n'ont pas souffert
au même point que ma contrée, ou celles du Midland, du mauvais
temps de juillet; c'est pour celte raison que je suis disposé à pen-
ser que la récolte du blé en Angleterre donnera un rendement qui
dépassera à peine un rendement moyen, et j'incline à estimer ce ren-
dement à 27 hectol. 26.
En comptant que la population à nourrir, pendant l'année qui
finira au 31 août 1881, soit de 3^,750,000 âmes, nous aurons besoin,
pour notre consommation, de 71 millions 1/4 d'hectolitres de blés.
Les statistiques agricoles donnent peu de variation dans la superficie
semée en blés pour les deux dernières saisons. Il y a eu 1 ,223, 1 1 3 hec-
tares de blés qui ont été moissonnés, ce qui, à raison de 27 hecto-
litres 26 par hectare, donne 33,342,000 hectolitres ; il faut en déduire
228 litres par' ^ctare pour semence, ce qui laisse pour la consommation
seulement *" '^'ons et demi d'hectolitres de blés; tandis qu'il en
faut plus (u ^ns. Il est donc nécessaire que nous nous procu-
rions 41 mil. tolitres de blés étrangers. C'est-à-dire qu'avec
(a) Correspondant . int 76'' 104 par hectùlitre.
(0 _ ., _ ._
(d) — 23
LA RÉCOLTE DU BLÉ EN ANGLETERRE EN 1880. 187
une récolle donnant un rendement de 27 hectolitres 26 par hectare,
57 pour 100 de la population anglaise sera nourrie de blés étrangers,
et avec des probabilités de prix plus bas, plutôt que plus élevés. La
population croissante de l'Angleterre dépendra de plus en plus de la
récolte générale du monde pour trouver le pain qui lui est nécessaire.
J.-B. Lawes.
ÉTUDES VITICOLES
LE FUMIER ET LES MATIÈRES MINÉRALES DE LA VIGNE
Ce n'est pas chose facile que de déterminer les matières minérales
qui sont enlevées par une récolte dans un vignoble. Les éléments sont
complexes. Il faut tenir compte, non seulement des raisins, mais
encore des bourgeons rognés ou pinces et du bois enlevé par la taille.
Deux savants allemands, les docteurs Wagner et Prinz, ont étudié
cette question sous toutes ses faces, et ont publié les résultats de leurs
expériences. Je vais résumer leur mémoire pour les lecteurs du Jour-
nal de V Agriculture. Les essais ont été faits dans différents vignobles
sur les cépages les plus répandus dans la vallée du Rhin, Y autrichien
et le riesling ; ils ont toujours porté sur 8 à 12 ceps.
Les bourgeons rognés et les sommités pincées sont d'abord dessé-
chés à l'air ; ils sont mis pendant huit semaines entre deux feuilles de
papier, pesés dans cet état, ils donnent 107 kilog. par 1,000 ceps
pour le cépage autrichien et 102 kilog. pour le rieslmg. Desséchés à
MO degrés, ils pèsent 95\5 et 9lM4. Les autrichiens renferment
par 1,000 ceps, 0\502 d'acide phosphorique, 1^847 de potasse, et
les rieslings, 0\55 et 1^.957. Le rapport de l'acide phosphorique à la
potasse est ^ff} pour l'autrichien et ^^^^5^ pour le riesling.
Quant aux raisins, Wagner et Prinz opérèrent sur 2 à 3 kilog.
100 ceps autrichiens portaient en moyenne 72". 3 de raisins, et
100 rieslings 56''. 6. Sur 1 ,000 ceps autrichiens, les raisins renferment
u''.602 d'acide phosphorique et 2\790 de potasse, et sur 1,000 ries-
lings, 0''.474 et 2*. 064. Le rapport de l'acide phosphorique à la po-
tasse est '^\qI^ pour les autrichiens, et ^ ^^ ^ g -"^ pour les rieslings.
Wagner et Prinz desséchèrent à l'air le bois coupé à la taille ; ils
déterminèrent l'eau sur 30 grammes et les cendres sur 1 00 grammes.
Ils trouvèrent que pour 1,000 ceps autrichiens le bois desséché à l'air
pèse 164". 1 et 146". 8 desséché à 110 degrés, et 184". 0 et 165". 1 pour
les rieslings. Le bois coupé de 1,000 ceps autrichiens renferme
0".386 d'acide phosphorique et 1".322 de potasse, celui des rieslings
0". 4'.^1 et 1".449. Le rapport de l'acide phosphorique à la potasse
est ^^ pour les autrichiens et ^j^ pour les rieslings.
Toute la récolte (bourgeons, raisins, bois) enlève sur 1,000 ceps
autrichiens 1".49 d'acide phosphorique et 5". 96 de potasse, et 1".47 et
5". 47 sur les rieslings. Le rapport de l'acide phosphorique à la po-
tasse pour toute la récolte est, dans le premier cas, j^ , et dans le
second, ^j^j^ Les chiffres cités plus haut ont montré que ce rapport
est le même dans les bourgeons et le bois.
Pour 100 kilog. d'acide phosphorique, la vigne enlève au sol
400 kilog. de potasse. D'après les analyses de Wolff, le fumier de
ferme contient sur 100 d'acide phosphorique, 250 de potasse. Le
fumier est par conséquent pour la vigne un engrais trop pauvre en
188 ETUDES LITIGOLES.
potasse. Quand on opère dans un vignoble peu riche en potasse, on
peut donc se servir de fumier pour donner la quantité voulue d'acide
phospLorique et recourir, en outre, aux sels de potasse.
Les cliifl'res que j'ai cités sont relatifs à 1 ,000 ceps; pour une vigne
de i 0,000 ceps à l'hectare, ils montrent qu'une récolte de 6,445 kilog.
enlève 58 kilog. de potasse et 14^7 d'acide phosphorique. Dans les
vignobles rhénans, la récolte peut parfaitement s'élever à 8,000 kilog.
de raisins. Elle enlève alors (bourgeons, raisins et bois) 18 kilog.
d'acide phosphorique et 71 kilog. de potasse. Cette quantité d'acide
phosphorique et de potasse est faible comparativement à celle qui
est enlevée par les autres récoltes. 2,300 kilog. de blé renferment,
y compris la paille, 29 kilog. d'acide phosphorique et 34 kilog.
de potasse; 2,200 kilog. de seigle, 28 kilog. d'acide phosphorique et
48 kilog. dépotasse; 16,000 kilog. de pommes de terre, 30 kilog. d'acide
phosphorique et 92 kilog. de potasse; 36,000 kilog. de betteraves,
43 kilog. d'acide phosphorique et 233 kilog. dépotasse; 36,000 kilog.
de luzerne verte, 54 kilog. d'acide phosphorique et 163 kilog. dépo-
tasse.
En général, les vignobles sont fortement fumés. Amsi, dans les pays
rhénans, on mettons les trois ans 60,000 kilog. de fumier par hectare,
ou 20,000 kilog. par an. A Éguisheim (Haute-Alsace), nous n'em-
ployons que 10,000 kilog. par an et nous obtenons des récoltes su-
périeures à celles des pays rhénans. Ces 20,000 kilog. renferment,
d'après Wolff, 42 kilog. d'acide phosphorique et 1 04 kilog. de potasse;
comme la récolte ne prélève que 18 kilog. d'acide phosphorique et
71 kilog. de potasse, le fumier enrichit annuellement le sol en sels mi-
néraux. Wagner et Prinz ont malheureusement négligé de doser l'azote,
de sorte que leur étude est inachevée. Ce travail devrait donc être
complété. Il pourrait de même être repris par nos directeurs de sta-
tions agronomiques, qui auraient à déterminer le rôle du climat, de la
taille, etc. Les expériences de Wagner et Prinz montrent que l'influence
des cépages est nulle. Paul Muller.
Correspondant de la Société nationale d'agricullure.
CONCOURS DE NEUFCHxVTEL-EN-BRAY
La Société française de l'industrie laitière vient de tenir, du 21 au
24 octobre, à Neufchâtel-en-Bray, son deuxième grand concours.
L'année dernière, à peu près à la même époque, s'ouvrait le concours
de Meaux. Les sièges de ces deux concours ont été très bien choisis,
car ce sont deux grands centres de production laitière : dans la Brie,
la fromagerie domine exclusivement; dans le pays de Bray, elle est
harmonieusement unie à la production du beurre. Ici tout le monde
vit et s'enrichit par les herbages et le lait que les belles vaches, le
plus souvent admirablement traitées, savent en tirer. C'est, pour le
pays, une grande industrie profitable à tous, n'exigeant pas de grandes
avances de capitaux, mais demandant à toutes les fermières des qua-
lités spéciales qui en font souvent les véritables directrices de la fortune
de la ferme.
Disons tout de suite que le concours de Neufchâtel a parfaitement
réussi. Le président delà Société, M. deToustain, etM. Delalonde, son
secrétaire général, n'avaient pas ménagé leurs peines, non plus que le
Comice agricole de Neufchâtel, qui possède à sa tête un des agricul-
CONCOURS DE NEUFCHATEL-EN-BRAY. 189
leurs les plus constamment dévoués an bien public qu'il nous ait encore
été donné de rencontrer, M. Rasset. 500 lots de beurres et de fromages
ont été apportés au .concours, et sous ce rapport celui-ci était sensi-
blement supérieur à celai de Meaux ; mais ici les appareils de laiterie
étaient peu nombreux, tandis qu'à Meaux ils formaient une très belle
collection. Ce sont là les caractères différentiels de ces deux concours,
sans tenir compte, bien entendu, de la diversité des produits exposés.
Tandis qu'à Meaux les fromages de Brie avaient envahi toutes les
tables, à Neufchâtel ce sont les produits locaux qui dominent, sous la
forme de fromages à la crème, Boudons, Malakoffs, fromages de Gour-
nay, etc., ce qui n'empêche pas que les autres sortes, notamment les
Camemberts, les Livarots, les Pont-l'Evêque, les Mont-d'Or, etc., y
tenaient aussi une bonne place.
La première section comprenait les beurres. Les provenances dites
de Gournay y occupaient le premier rang; la réputation de cet
excellent beurre n'est [plus à faire, il soutient très honorablement la
lutte avec les produits les plus réputés du Calvados. Le premier
prix a été attribué à M. Elle Banse, cultivateur au Thil-Riberpré,
près de Forges. Deux médailles d'or ont, en outre, été accordées à
M. Victor Philippart, à Ménerval, et à M. Arthur Arson, à Haussez. —
Parmi les beurres exposés par des producteurs étrangers à l'arrondis-
sement de Neuclfâtel, deux surtout ont attiré l'attention: un excellent
lot exposé par M. Pouyer, président de la Société d'agriculture de la
Seine- Inférieui^e, agriculteur à Amfreville-sur-lton, non loin de Lou-
viers, et un beurre de Livarot, exposé par M. Poussin, à Orbec (Cal-
vados). L'un et l'autre ont reçu une médaille d'or. — Quant aux beurres
d'exportation, on en fait peu ici, et les quelques exposants de beurres
salés venaient de Calvados et d'IUe-et-Yilaine.
Le jury des fromages, présidé par notre excellent collaborateur
M. Pouriau, a eu une rude besogne à accomplir; car il lui a fallu
arriver à classer sans erreur les multiples produits qu'il devait préa-
lablement déguster. Les exposants étaient très nombreux, et c'était
pour eux une affaire importante qu'une plaque de prix, car les mar-
chands de Paris étaient là, tous prêts à se les disputer à bons deniers
comptants. En première ligne, pour suivre l'ordre du programme, se
plaçaient les fromages double crème; leur consommation a augmenté
dans des proportions énormes ; aussi à Gournay, les grands établisse-
ments qui se livrent à cette fabrication, notamment ceux de
M. Etienne Pommel, et de M. Carrier fils, sont-ils en grande voie de
progrès. Pour les boudons, les petits carrés, les malakoffs, soit à tout
bien, c'est-à-dire faits avec le lait auquel on n'ajoute pas de crème,
soit affinés, les principaux lauréats sont M. Alphonse Duclos, à Mes-
nil-Mauger; M. À'idecoq, à Gravai; M. Journoy, à Neufchâtel; M. Fou-
quet, à Mauquenchy. — Pour les fromages produits en dehors du pays
de Bray, il faut citer les médailles d'or décernées à M. Clémence, à
Sainte-Marie-aux-Angiais, pour ses Camemberts; à M. Chevalier, à
Lessard (Calvados), pour des Livarots; à M. Léon Ernie, à Saint-Cloud
Beaumont (Calvados), pour des fromages de Mont-d'Or. Enfin, une der-
nière médaille d'or a été attribuée à M. Morin, marchand à Paris, pour
une collection très variée de fromages de provenances diverses.
Dans les sections des appareils de laiterie et des produits servant à
la fabrication du beurre et du fromage, nous ne voyons guère à citer
190 CONCOURS DE NEUFCHATEL-EN-BRAY.
que récrémeuse centrifuge de Laval exposée par M. Pilter, les barattes
Fouju, une machine de M. Fournier pour préparer la pâte de fromage,
une machine de M. Morellepour mouler les fromages, les extraits de
présure exposés d'une part par M. Bollet, d'autre part, par M. Fabre,des
engrais spéciaux aux pâtures préparés par M. Chouillou, à Rouen.
Un concours de fermes laitières avait été ouvert, dans l'arrondisse-
ment de Neufchâtel. La Commission de visite était composée de
MM. J.-A. Barrai, secrétaire perpétuel de la Société nationale d'agri-
culture; Bénard, agriculteur à Coupvray (Seine-et-Marne); Hardon,
agriculteur à Courquetaine (Seine-et-Marne). A la distribution des
récompenses, il a été donné lecture d'un extrait du rapport de M. Bar-
rai, que nous devons reproduire parce qu'il présente un tableau de
la situation agricole dans cet arrondissement :
« La Commission de visite des fermes laitières a été frappée, d'abord, de la
propreté exquise qui préside partout à la laiterie, à la fabrication du beurre et à
celle du fromage, et de l'intelligence parfaite qui dirige toutes les opérations. Par-
tout le bétail est extrêmement bien soigné, et il dépasse souvent une tête et demie
par hectare. Mulle part, il n'y a moins d'une grosse tête L'espèce porcine est
élevée ou engraissée de manière à ne perdre absolument aucun des résidus de
l'industrie laitière. Les pâturages et les prairies sont admirablement entretenus;
nulle part on ne perd une goutte de purin, et je ne crois pas qu'il y ait d'autre
pays en France comptant autant de tas de fumier et de fosses à purin bien soignés.
Les prairies naturelles ou artificielles et les herbages reçoivent beaucoup d'engrais.
Il y a, dans toutes les fermes visitées, des importations directes d'engrais ou bien
de nourritures achetées pour le bétail, de telle sorte que partout on obéit à la loi
de restitution qui domine toute agriculture prospère. Les cultures de céréales se
restreignent de plus en plus pour laisser une plus grande place à la production
fourragère et surtout des fourrages qui donnent de la quaUté au lait, par suite au
beurre et au fromage.
a Dans toutes les fermes qu'elle a visitées, la Commission a constaté des progrès
considérables effectués peu à peu avec une rare persévérance, tous dignes d'être
donnés en exemple, et qu'il serait injuste de ne pas récompenser. Aussi la
Commission remercie la direction de la Société française de l'industrie laitière,
de lui avoir accordé les sept récompenses qu'elle a demandées et qu'elle décerne
dans l'ordre suivant :
« Objet cVart, à M. Augustin Fouquet, à Mauquenchy, pour la création d'une
ferme entièrement basée sur l'industrie laitière, appliquée à la production des fro-
mages Malakoff, terme qu'il a drainée et dont il a établi tous les herbages, à ses
frais, alors qu'il en était fermier, avant d'avoir fait assez de bénéfices pour pouvoir
l'acheter après la mort du propriétaire.
« Médaille cVor grand module, à M. Menard-Guian, à Ménerval, pour son très
remarquable choix de vaches laitières employées à la production du beurre.
« Médaille d'or, à M. Edgard Godouet fils, à Sarràngs-Bully, pour une ferme
remarquablement drainée par son père, oi^i la production des fromages de
Neufchâtel . est très bien combinée avec l'élevage des porcs, la production des
pommes et l'emploi complémentaire d'engrais extérieurs.
« Médaille de vermeil, à M. Armand Joly, à Massy, qui a combiné le marnage
avec le drainage pour créer des herbages sur lesquels les vaches laitières trouvent
une excellente nourriture pour fournir à une remarquable production de bondons
de Neufchâtel.
a Médaille de vermeil, à M. Numa Ménage, à Beaubec-la-Rosière,'pour une bonne
production laitière sur une ferme dans laquelle se trouvent alliés à la production
du beurre et des fromages de Gournay, l'élevage des porcs, l'engraissement des
vaches et un élevage distingué de l'espèce chevaline,
« Médaille d'argent, à M. Féhx Joly, à Sommery, pour une ferme laitière apphquée
spécialement à la production des bondons de Neufchâtel, et à l'élevage des porcs,
en même temps que sur la ferme sont engraissés des moutons.
« Médaille d'argent, à M. Gilbert-Féret, à Nesle-Hadeng, pour une très bonne
petite ferme consacrée à la production du beurre par les vaches laitières, et un
bon aménagement des eaux.
CONCOURS DE NEUFGHATEL-EN-BRAY. 191
« La Commission a regretté de ne pas avoir eu à visiter officiellement pour les
signaler, les établissements qui s'adonnent à la production des fromages à la
crème. Il faut mentionner cette production, afin que le tableau de toute l'industrie
laitière de l'arrondissement de Neufchâtel soit complet »
La ville de Neufchâtel s'était mise en fête pour le concours. Banquet,
fanfares, illuminations, feu d'artifice, etc., rien des réjouissances qui
caractérisent les fêtes publiques, n'avait été omis. L'affluence des
visiteurs du concours a été très nombreuse; les organisateurs ont été
largement récompensés de leur peine. Ilenry Sagnier.
SUR LE CONGRES VITIGOLE DE SARAGOSSE
Monsieur le directeur, je vous demande la permission de compléter
en quelques mots le compte rendu du congrès de Saragosse que vous
avez publié. Mais d'abord quil me soit permis de remercier
M. Lichtenstein. C'est grâce à lui, grâce à son esprit d'initiative que
ce premier congrès a eu lieu en Espagne. Ce congrès sera certainement
le point de départ de plusieurs autres congrès et il aura eu surtout pour
résultat de faire mieux connaître l'Espagne aux Français.
Nous avons le tort en France de ne pas apprendre assez l'espagnol
et l'italien et cependant, en ce qui concerne l'agriculture, ces deux
langues ont plus d'intérêt pour nous que la langue anglaise. Il est bien
sûr que si, au lieu de connaître seulement l'Espagne par l'intermé-
diaire de quelques romanciers, nous eussions vu les Espagnols de près,
nous aurions appris bien vite que ce peuple a des qualités qui nous
manquent bien souvent. Mais revenons plus directement à l'agriculture.
Il est bien sûr qu'une visite en Espagne nous aurait prouvé une fois
de plus que pour faire de la bonne viticulture, il faut, avant toute
chose, faire de la bonne agriculture.
Mais en France, nous avons le défaut de nous passionner beaucoup
trop pour toutes les questions et de nous mettre trop facilement à la
remorque de la mode. Or, dans ce moment, la mode en agriculture ou
mieux en viticulture, c'est de ne voir de salut que dans les vignes
américaines.
Ce que nous venons de dire est-il de l'exagération ? Nous ne le
pensons pas. En effet, trois congrès ont eu lieu pendant ces derniers
mois.
Le premier, celui de Clermont-Ferrand, avait pour but de prouver
que Ton pouvait sauver la vigne française par les insecticides. Je ne
sais s'il a eu un résultat très pratique.
Le deuxième, celui de Lyon, était fait en grande partie par les parti-
sans des vignes américaines.
A-t-il été plus pratique que celui de Clermont? Je ne le pense pas.
Tout ce que je sais, c'est qu'ànotreretour de Saragosse nous avons fait
unevisiteà M. Laliman, à Bordeaux, et cela en compagnie de M. Jules
Léenhardt et de M. Meisner des Etats-Unis. M. Laliman nous a
déclaré qu'il n'a pas pu prendre la parole à Lyon et que ce n'est que
le dernier jour du congrès qu'il a pu répondre à M. Meisner.
M. Laliman nous a dit qu'il cultivait des vignes américaines depuis
vingt ans et qu'au bout de douze ans des vignes américaines mouraient
du phylloxéra. Enfin il ajoute qu'il avait reçu des lettres, constatant
qu'à mesure que le phylloxéra faisait des progrès en Amérique, les
vignes américaines mouraient aux Etats-Unis, Tout cela prouve qu'il
192 SUR LE CONGRÈS VITICOLE DE SARAGOSSE.
faut être prudent lorsqu'on engage à remplacer nos cépages par des
cépages américains.
Le troisième congrès a été celui de Saragosse. A Saragosse, dans
une région oi^i le phylloxéra est encore heureusement inconnu, les
agriculteurs ne pouvaient répondre aux délégués étrangers qui disaient
que les insecticides sont trop chers et que surtout ils sont insuffisants
pour arrêter le mal; que la submersion est, avec le sable, le seul moyen
de combattre la maladie; mais la submersion n'est praticable que dans
des cas très rares; elle demande beaucoup d'eau, des sols en plaine et
il faut de plus que le sol sur lequel agit l'eau ne soit ni trop perméable
ni trop imperméable. Alors il ne reste plus que les vignes américaines
pour combattre la maladie de la vigne.
Voilà ce qu'on a été dire en Espagne et ce que répète le Journal de
r agriculture d'après une correspondance envoyée de Saragosse. Dans
cette correspondance il n'est pas dit un seul mot de ce que j'ai exposé
dans trois séances différentes au congrès de Saragosse.
J'ai dit qu'on pouvait sauver la vigne française' et la vigne espagnole
avec'les insecticides si, aux insecticides, on avait le soin d'ajouter de
l'eau. J'ai dit surtout que quand on s'adressait à un pays sec comme
l'Espagne où la sécheresse est un ennemi autrement puissant et autre-
ment difficile à combattre que le phylloxéra, la première condition
pour avoir de la vigne c'était de faire de la bonne agriculture.
Et pour faire de la bonne agriculture, il convient de boiser les mon-
tagnes les plus élevées. Au lieu de dépenser des sommes plus ou
moins fortes à créer des pépinières américaines, il faut créer, sans
retard, des bassins pour conserver les eaux de l'hiver.
Tout cela a été dit parce que je crois que cela est de la première uti-
lité pour un pays tel que l'Espagne; mais cela n'a pas été répété dans
le compte rendu du congrès de Saragosse. La mode est à la vigne
américaine. Presque tous les viticulteurs se laissent entraîner sur une
pente si facile qu'il peut paraître téméraire de chercher à s'y opposer.
Mais, malgré les tendances de nos viticulteurs, tendances beaucoup
trop exagérées, je persiste à dire que nous ne faisons rien pour rendre
notre climat plus favorable, et que par suite, nous ne cherchons pas
le moyen le meilleur et le plus sûr pour venir en aide à nos agriculteurs
et à nos populations.
En résumé, la vigne américaine pourra bien donner quelque bons
résultats dans les bons fonds, mais c'est une folie de croire qu'un ar-
buste qui vient dans un pays plus frais que le nôtre nous donnera
des produits sur l'emplacement de nos anciennes vignes.
Dans le nord de la France, pays des herbages et où les pluies sont
plus régulières que dans le midi, au moyen des arbres et des haies,
on fait tout pour conserver cette fraîcheur qui est peut-être exagérée
dans certaines années, mais qui, dans l'ensemble, permet d'obtenir de
belles récoltes.
Dans le Midi, au contraire, nous détruisons les arbres et les haies
et cela dans une région où il conviendrait de les multiplier. Nous de-
vrions, de plus, varier nos cultures et rien de cela n'a lieu. La vigne
avait tout envahi, et au lieu de demander à grands cris et la création
du canal du Rhône et celle de tous les canaux ou bassins qui peuvent
fournir un plus grand volume d'eau, nous voyons un délégué de la
Société d'agriculture du Gard se rendre à Saragosse, et là, dans un
SUR LE CONGRES VITICOLE DE SARAGOSSE. 193
pays où l'on a déjà créé de magnifiques canaux, mais où les travaux
de ce genre sont encore insuffisants pour permettre à l'Espagne de re-
trouver son ancienne richesse^ on va dire que bientôt le Gard pourra
avoir trente mille hectares en vignes américaines. S'exprimer ainsi à
Saragosse, c'est dire aux Espagnols qu'ils pourront, eux aussi, entrer
dans la même voie, le jour où la vigne indigène n'existera plus.
Je soutiens, au contraire, que c'est là une solution fausse et qui
serait funeste à l'Espagne.
Du reste, M. Meisner, avec qui j'ai eu le plaisir de voyager depuis
Montpellier jusqu'à Saragosse, et plus tard depuis Saragosse jusqu'à
Bordeaux, n'a pu s'empêcher de reconnaître qu'il serait difficile de
faire vivre la vigne américaine sur les montagnes de l'Espagne, là où
déjà, sans la présence du phylloxéra, la vigne indigène a de la peine
à vivre, à cause de l'extrême sécherese du sol.
A Saragosse, je n'ait pas dit nettement : On vous induit en erreur
lorsqu'on vous dit que le salut est seulement dans la vigne améri-
caine, mais j'avais cependant dit assez clairement que le meilleur
moyen de venir en aide à l'agriculture espagnole et, par suite, d'avoir
du vin en Espagne, c'était de favoriser l'irrigation. Et puisque au-
jourd'hui cette importante question n'est pas même rappelée dans le
compte rendu du congrès de Saragosse, je me suis décidé à écrire
cette note, afin de protester contre une tendance qui me paraît exa-
gérée et pour mon pays et pour les pays qui entourent les bords de
la xMéditerranée et qui, avant toute chose, ne trouveront de salut que
par l'eau. Jules Maistre.
A PROPOS DU CONCOURS REGIONAL DE PÊRIGUEUX
Château d'Auvers, près Mareuil-sur-Belle (Dordogne), 22 octobre 1880.
Monsieur le directeur, j'ai trouvé ces jours derniers, dans une des livraisons
de votre Revue que je n'avais pu lire plus tôt, la relation du concours régional
agricole de Périgueux, par un de vos correspondants dont le nom m'échappe en
ce moment, n'ayant pas ici la brochure sous les yeux, et qui, je crois, m'est
inconnu. C'est avec plaisir que j'ai vu que, dans ce compte rendu, plusieurs des
erreurs de la liste officielle en ce qui concerne les noms et demeures des expo-
sants ont été rectifiées; mais l'auteur a pourtant, à son tour, commis une petite
faute en indiquant Segonzac, domicile du concurrent qui a mérité le premier prix
pour ses eaux-de-vîe, comme appartenant à la Dordogne. Il y a deux Segonzac
parmi ceux qu'habitent les personnes qui ont pris part à la lutte sur nos boule-
vards. L'un est en Périgord et non dans l'Angoumois, comme le croit à tort le
rédacteur du catalogue ministériel; c'est celui auquel appartient Vergnaud, primé
pour ses volailles, et ses vins aussi si j'ai bonne mémoire, l'autre est dans la
Charente ; c'est celui-là qui est le vainqueur pour les eaux-de-vie.
Il me semble, en outre, que l'auteur de l'article a été bien sévère pour la caté-
gorie des races bovines laitières, qui était remarquable et par le nombre et par
le choix des animaux. Seulement, je conviens qu'elle présentait un singulier amal-
game de races, mais c'est la faute du programme gouvernemental qui a tout
mêlé, grandes et petites, françaises et étrangères, chose à soigneusement éviter
une autre fois. Enfin je regrette qu'il ait oublié de mentionner nos beaux pro-
duits agricoles, nombreux et remarquables, comme n'en a présentés aucun autre
concours cette année. Il est vrai qu'on leur avait fait une si petite place qu'ils
étaient absolument les uns sur les autres. De plus on a été, en ce qui concerne
leur admission, d'une sévérité plus qu'outrt?e, tout à fait déraisonnable, et c'est
ainsi que deux des plus beaux lots n'ont pu figurer au concours, parce qu'ils
étaient, soi-disant, arrivés quelques minutes trop tard. Une autre fois, sans
doute, l'administration voudra bien se souvenir qu'il est possible que, parfois, un
convoi de chemin de fer arrive un quart d'heure après le moment fixé par ses
règlements, et faire disposer pour les objets déclarés un espace suffisant au lieu
194 A PROPOS DU CONCOURS RÉGIONAL DE PÉRIGUEUX.
d'un endroit absurde par son exiguïté. Sauf cette petite critique, dont je demande
pardon à la personne (jui a bien voulu exposer dans votre recueil le résultat de
notre grande fête du mois dernier, je ne puis que me féliciter d'avoir vu celle-ci
si bien jugée et si courtoisement appréciée.
Mais ce qui m'a le plus surpris, c est de lire, après la narration intéressante de
notre remarquable concours, les quelques lignes, fort inattendues de moi, que votre
collaborateur a eu l'obligeance de consacrer à ce qu'il appelle mon ouvrage. Je suis
resté confondu de cette appréciation dont la bienveillance dépasse toutes les bornes,
et contre les éloges, peu mérités de ma part, qu'elle me vaut. Je dois à la vérité de
tenir vos lecteurs en garde. Hélas! non, monsieur, je n'ai pas publié réellement
mes Voyages ogricoles en volume. Je ne me fais pas assez illusion à leur égard
pour cela. Je me suis simplement borné à réunir, pourdes amis et quelques biblio-
thèques des corporations auxquelles j'ai l'honneur d'appartenir, ce que j'ai fait
paraître dans les livraisons des Annales de notre Société départementale de la
Dordogne. Cette brochure n'a été tirée en tout qu'à trente et quelques exemplaires
que j'ai distribués moi-même aux personnes et aux associations pour lesquelles
ils étaient destinés. Cette publication n'embrasse même pas la première partie de
mes récits tout entière. Elle ne forme que sa première section, comme il est facile
de s'en apercevoir en constatant que la brochure en question ne renferme pas
encore la table des matières, le second volume, suite et partie intégrante de celui
quia paru, avec lequel il doit faire corps et être relié devant suivre bientôt- Puis
viendra la seconde partie. Le tout ne formera pas un livre hors ligne, il s'en faut,
mais simplement un amoncellement brut de matériaux. J'ai fait le convoyeur dans
la mesure de mes forces, sans me méprendre sur l'importance de mon rôle et de
mes recherches. Mon seul but et mon seul désir est de pouvoir, en colligeant de
divers côtés, avec l'aide d'hommes instruits, capables et dévoués, parvenir à
ramasser quelques aperçus et documents utiles, perdus au milieu de bien des fa-
tras, je l'avoue, et si dans cet assemblage informe, un jour, un habile artiste
trouve des paillettes qu'il puisse convertir en pièces d'or pour l'honneur de mon
pays qui m'-est cher, j'en serai trop heureux. Le bien qui peut exister dans mon
travail revieut à ceux qui sont assez bons pour ra'aider. Je ne réclame comme
m'appartenant que la bonne volonté.
Veuillez agréer, etc. L. de Lamothe.
REYUE COBEERCIALE ET PRIX-COURANT DES DENRÉES AGRICOLES
(30 OCTOBRE 1880).
I. — Situation générale.
Dans la plupart des départements, les marchés agricoles présentent beaucoup
de calme; les offres delà culture sont peu importantes, les transactions sur presque
toutes les denrées sont assez restreintes.
II, — Les grains et les farines.
Les prix des céréales paraissent désormais arrivés aux taux qu'ils doivent garder
pendant une grande partie de la campagne. La situation respective des divers pays
paraît désormais à peu près fixée d'une manière définitive. Les Etats-Unis d'Amé-
rique ont, comme l'année dernière, de grandes quantités de grains à exporter;
mais la France n'est plus le principal pays qui ait besoin de demander des res-
sources à l'importation. Dans le nord de l'Europe et dans le Centre, de grands
vides se sont produits, et c'est vers ces pays, de même que vers l'Angleterre, que
se portera le principal courant des blés d'Amérique. En fait, les importations, en
France, sont beaucoup moins considérables que l'année dernière — Depuis huit
jours, les cours des blés ont accusé, dans notre pays, une grande fermeté, dans
les quatre régions du Nord-Est, de l'Ouest et du Centre; dans les autres régions,
il y a peu de faiblesse. Pour le seigle, toutes les régions, à l'exception de celle du
Sud, accusent de la hausse — Il en est de même en ce qui concerne l.orge;
dans toutes les régions, sauf celles de l'Est et du Sud-Ouest, les prix sont en
hausse — Pour l'avoine, au contraire, il y a la de baisse, excepté dans les deux
régions de l'Ouest et du Sud-Est. — Sur la plupart des marchés étrangers, no-
tamment en Allemagne, en Autriche et en Russie, les prix des blés, et surtout
ceux des seigles sont en hausse accentuée.
Les tableaux suivants résument les cours des céréales, par quintal métrique, sur
les principaux marchés de la France et de l'étranger.
REVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT (23 OCTOBRE 1880). 195
RÉGION.— NORD-OUEST,
Blé. Seigle. Orge.
Calvaios. Coudé
— Lisieux
Côlesdu-Nord Pontrieux
— Trégiiier
Finistère. Lindernenii ..
~ Qnimper
lUe el-Vilaine. Rennes,
— St-Malo
Manche. Avraaclies ....
— Ponlorson
— ViUedieu
Mayenne. Laval
— Chàleau-Gonlier..
Morbihan. Henneboat..
Orne. Seez
.■me.
SarUie. Le Mans.
— Sablé
fr.
27.25
27 50
24.00
25.00
27.00
28.25
26.00
26.50
27.50
29.00
29.25
26.50
27.00
26.00
27.00
27.25
27.00
27.00
fr.
21.50
20 25
17.00
21.00
20.50
20.00
fr.
19.50
15.50
•5.50
19.00
17.00
16.50
18.25
19.25
18.00
19.50
18 25
19.00
18.25
21.00
Ayoioe.
fr.
21.00
22 00
16.50
16.75
16.00
16.50
17.50
19.00
20.25
21.00
22.50
19.25
17.50
20.25
18.00
18.75
18.25
Prix moyens 26.94 20.00 18.12 18.88
a» RÉGION. — NURD.
Aisne. Soissons 27.00
— ViUfcis-Cotterets. .. 27.75
— LaFère 28.25
Eure. Evreux 26.00
— Berriay 27.00
— DamviUe 26. 25
Eure-et-Loir. Chartres. 26.75
— Aaneau 27.25
— Nogenl-Ie-Rotrou. 27.25
iVorci. Cambrai 27.00
— Douai 27.25
— Valenciennes .... 28.00
Oise. Beauvais 26.00
— Corapiègne 27.00
— Senlis 27.50
Pas-de-Calais. Arras.. . 29.00
— Saml-Omer 28.00
Seine. Pnris 28.00
S.-el-Marne Nemours... 28.00
— Uammanin 27.75
— Provins 27.25
S.-et-Oise. Dourdan .... 27.50
— Angerville 27.75
— Versailles 27.50
Seine-hifèrieure. Rouen 27. 2o
— Dieppe 29.25
— Yvetot 27.25
Somme. Abbsville 27.00
— Péronne 26.50
— Roye 27 25
Prix moyens 27.36 20.67
3» RÉGION. — NORD-EST.
17.93
Ardennes. Charleville.. 27.00
22.75
19.25
22.50
22.25
23.25
20.25
22.50
20.75
21.50
21.50
20.75
Aube. Bar-sur-Aube .. . 27.50
•- Méry-sur-Seine. .. 28.00
— Troyes 28.00
3/arne. Chàlons 27.25
— Epernay 26.75
— Reims 27.00
— Sézanne 27 00
Hte-Marne. Bourbonne . 26.25
Meurthe-et-Moselle Nancy 27 .75
— Lunéville 27.75
— Toul 27.25
il/euse. Bar-le-Duc 27.25
— Verdun 27.50 »
Haute-Saône. Gray 27.50 20.00
— Vesoal.. ..,..,.. . 27.20 »
yosges. Epi r, al. 28.50 21. bO
— Raon-l'Etape 29.75 20.00
Prix moyens 27.51 21.33
4» RÉGION. — OUEST.
Charente. .\ngouIéme.. 28.75 19.50
— Ruffec 28.50 21.00
Charente Infér.U!iTa.as. 26.25 »
Deux Sevrés. Niort 29.00 »
Indre-et-Loire. Tours.. 28.25
— Bieré 26.75
— Ciiàteau-Renault. 27.25
Lotre-M/'. Nantes 27.50
M.-«t-Loire. Saumur . . 27.50
Vendée. Luçon 26.75
— La-Roclie-sur-Yon 27.25
Fienne. Chatellerault... 30.00
— Poitiers 27.00
Haute-Vienne. Limoges 28.00 20.50
Prix moyen». 27.83 19.45
21.25
18.50
19.25
19.50
21.75
20.00
20.75
19.50
19.50
19.50
18.75
18.00
17.50
18.00
18.00
18.50
19.00
18.75
18. 50
15.00
15.50
16.50
16.75
17.75
16.00
15.65
16.50
17.20
17.30
19.50
20.25
5» RÉGION. — CENTRE.
Blé.
Seigle.
Orge.
AToine
fr.
fr.
fr.
fr.
Allier. Moulins
28.50
19.50
20.00
18 00
— Gannat
28 75
20.50
21.00
17.75
17.50
— Si-Pourçain
28.00
20 00
C/»er. Bourses
27.25
— Graçay
25.75
20.50
19.50
17.25
— Vierzon
27.25
18.50
20.00
Creuse. Aubusson
27.00
18.25
20. 00
Indre. Chàteauroux.. . .
27.75
20.00
18.75
18.00
— Issondun
27.75
18.50
20 2o
17.75
— Valençay
26.50
19.25
19.59
17.00
Loiret. Orléar.s
27.50
21.25
19.25
19.00
— Gien.
27.25
1
20.00
17.50
— Montargii
27.00
23.50
19.50
17.50
Loir-et-Cher, olois
27. 50
21.25
19.50
20.00
— Montoire .
26 00
18.75
19.00
22 50
17.50
19.50
Nièvre. Nevers
27.00
— Cosne
27.00
13.00
18.25
17.50
ro7we. Brienon
27.25
21.75
19 50
18.50
17.50
— St-Florentin
28.50
19.25
20.00
28.25
20 75
19.50
17.75
Prix moyens
27.47
19.84
19.34
18.12
6« RÉGION. — EST.
Ain. Bourg
30 00
20.00
20.25
17.75
17.50
— Pont-de-Vauï. ...
28 50
21,25
Côte-d'Or. Dijon
28 25
21.00
21.00
16.50
— Semur
27.50
20.50
Doubs. Besançon
27 75
»
17.25
Isère. Grenoble
29.50
19.25
18.50
13.00
— Bourgoin
28.50
18.25
18.00
16 75
28.50
28 75
20.50
18.75
17.50
18.28
16.75
18.50
Loire. Charlieu
P. -de-Dôme Clermont-F
31.75
19.50
17.25
28.75
28.50
20.00
20.75
18.50
18.25
18 00
Saôn&-el-Loire. Chalon
— Maçon
27.50
19.50
j)
16.75
Savoie. Chambéry
29.25
20.50
t
Hte-Savoie. Annecy.. . .
29.50
»
y)
17 7S
Prix moyens
28.83
19.92
18.78
17.40
7" RÉGION. -
- SUD-
OUEST.
Ariège. Pamiers
28.25
20.00
•
20.25
Dordogne. Bergerac...
28.50
19.50
«
20.00
Hle-Garonne. Toulouse.
28.00
19.00
16.25
19.50
— Viliefranche-Laur
27.75
19.25
18.00
19.00
28.25
28.50
»
19.25
19 50
— Condom
— Mirande
27.00
»
,
20.00
Gironde . Bordeaux ... .
28.75
y
28 00
28.25
18.75
19.75
»
21 00
Lot-et-Garonne. Agen.
28.50
20.00
»
21.00
— Nérac-
28.00
19.50
»
19.50
B.-Pyrénées. Bayonne.
28.00
19.25
18.25
20.00
Htes-Pyrénées. Tarbes
28.25
19.00
19.50
Prix moyens
. 28.13
16.60
17.50
18.87
8» RÉGION. —SUD.
Aude. Casteinandary.
28.50
»
20.25
Aveyron. Rodez
27.00
18.50
»
18.70
Cantal. Mauriac
30.00
24.30
x>
24.40
Corrèze. Luberzac
28.50
19.25
19.50
20.25
Hérault. Cette
28.75
28.50
19.25
20.00
20.25
18.75
Lot. Figeac
20.50
Lozère. Mende
28.55
27.10
19.90
21.75
20.30
22.35
— Marvejols
— Florac,
29.40
20.30
21.50
17.70
Pj/«»«né«s-Or. Perpignan 26.30
20.00
23.00
24.45
Tarn. Albi
27.75
1 28.50
19.75
18.50
19.50
Tarn-et-Gar. Montauba
20.50
Prix moyens
. 28.24
20.33
20.43
20.66
9» RÉGION
— SUD-EST
Sasses-^ipes. Manosque
29.00
,
»
25.15
Hautes-Alpes. Briançon
29.25
19.00
19.50
20.25
Alpes-Maritimes Cannes
29.25
20.00
19.00
19.50
Ardéche. Privas
30.50
20.55
18.50
21.00
B.-du-Rhône. Arles....
28.50
B
18.00
21.25
Drame. Romans
29.00
20.50
»
17.50
Gard. Alais
29.75
30.00
20.00
18.00
20.25
22.50
Haute-Loire. Le Puy...
18.00
Var. Draguignan
29.25
»
»
20.50
VaucLuse. Carpentras..
28.75
»
19.00
Prix moyens
29.27
20.00
19.25
20.59
Moy. de toute la France 27.94
20.18
18.93
19.00
— de lisemaineprécéd
27.60
19 89
19.09
18.96
Sarlaseoiaine^ Hausse
préoôdente.. \ Baisse
. 0.34
0.29
»
O.04
»
»
0.39
•96 REVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT
Blé. Seigle. Orge. Avoine
fr. Jr. ff. fr.
Algérie. Alger 26.25 » lo.50 16 00
Angleterre. Londres 27.7.^ » 20.95 20.40
Belgique. Anvers 25.25 22,75 22.75 18.00
— Bruxelles 26.. SO 23.75 » 19.10
— Liège , 27.:)0 24.75 23.00 18.50
— Namur 25. .50 23.00 20.50 18.00
Paya-Bas. Amsterdam 25.85 25.00 » »
Luxembourg. Luxembourg 2'.). 75 24.00 21.50 17,00
Alsace-Lorraine. Strasbourg 30.50 26.25 23.25 18.50
— Colmar 29.00 24.50 22 25 19.00
— Mulhouse 29.25 25.25 23.50 20.25
Ademagne. Berlin 26,50 26 85 » »
— Cologne 28.10 27 50 • »
— Hambourg 26.10 25 10 »
Smsse. Genève 28 75 •> » 18.50
— Lausanne 28.00 » » 18.25
Italie. Milan 27.75 22.75 20.25 19.25
Autriche.] Vienne 25.75 22 00 18.00 15 00
"Hongrie. Budapesth 26.75 2i.75 16.00 13 50
Russie. Saint-Pétersbourg... 27.75 25.40 s 13.95
Etats-Unis. New-York 22.90 » » »
Blés. — La plupart des marchés continuent à être assez mal approvisionnés ; la
culture ne fait que des offres restreintes, et dans un grand nombre de départe-
ments, les transactions sont surtout importantes en ce qui concerne les blés de
semence. Les cultivateurs s'occupent avec ardeur des travayx de semailles, mais
presque partout ces travaux sont entravés par les pluies abondantes qui sont
tombées durant ces derniers jours, et qui, sur plusieurs points, ont iait déborder
les rivières, de manière même à amener des sinistres. Les cours continuent à se
maintenir sur les marchés avec beaucoup de fermeté. — A la halle de Paris, le
mercredis? octobre, les affaires ont été peu actives, quoique les offres de la culture
aient été plus abondantes que la semaine dernière; les prix étaient faiblement
tenus On payait, suivant les qualités, de 27 à 29 fr. par 100 kilog. Le prix moyen
s'est fixé à 28 fr. avec 50 centimes de baisse. — Au marché des blés à livrer, on
payait par 100 kilog. : courant du mois, 28 fr. 25; novembre, 27 fr. 75 à 28 fr.;
novembre et décembre, 27 fr. 50 à 27 fr. 75 ; quatre mois de novembre, 27 fr. 50
à 27 fr. 75 ; quatre premiers mois, 27 fr. 50. — Au Havre, les offres sont modérées
en blés exotiques, qui sont payés de 26 fr. 50 à 28 fr. par 100 kilog. — A Marseille,
les arrivages de la semaine ont été de 250,000 hectolitres; le stock s'est relevé,
dans les docks, de 5,000 kilog.; il est actuellement de &8,000 quintaux. Les
affaires présentent peu d'activité, mais les cours accusent une grande iermeté. On
paye par 100 kilog. : Irka, 27 à 28 fr.; Pologne, 27 fr. 25 à 28 fr. 25; Richelles
blanches, 29 fr. à 29 fr. 50; Danube, 25 fr. 25 à 26 fr. 50; Michigan, 28 fr. 25;
tuzelles d'Afrique, 28 fr. 50 à 30 fr. — A Londres, les importations de blés
étrangers durant la semaine dernière, se sont composées de 88,000 quintaux mé-
triques; les transactions sont assez lentes ; les cours accusent de la fermeté pour
les bonnes quahtés, mais il y a de la baisse sur les sortes ordinaires. Au dernier
marché, on payait de 26 fr. 50 à 29 fr. par 100 kilog. suivant les provenances et
les qualités.
Farines. — Il y a eu, depuis huit jours, peu de changements sur les cours des
farines. En ce qui concerne les farines de consommation, les prix sont les mêmes
que la semaine dernière. On cotait à la halle de Paris, le mercredi 27 octobre :
marque D, 60 fr.; marques de choix, 63 à 64 fr. ; bonnes marques, 31 à 62 fr. ;
sortes ordinaires, 59 à 60 fr.; le tout par sac de 159 kilog., toile à rendre, ou
157 kilog. net, ce qui correspond aux prix extrêmes de 37 fr. 60 à 40 fr. 75
ou en moyenne 39 fr. 20, comme le mercredi précédent. — Pour les larines de
spéculation, on payait, à Paris, le mercredi 27 octobre, au soir : farines huit-
marques, courant du mois, 59 fr. 50; novembre, 58 fr. 75; novembre et dé-
cembre, 58 fr. 50 ; quatre mois de novembre, 58 fr.; quatre premiers mois, 57 fr.;
le tout par sac de 159 kilog. toile perdue, ou 157 kilog. net; farines supérieures^
courant du mois, 38 fr, 75 ; novembre, 38 fr. 25 ; novembre et décembre, 37 fr. 50 ;
quatre mois de novembre, 37 fr. 25; quatre premiers mois, 37 fr.; le tout par
100 kilog. — La cote officielle, en disponible, a été arrêtée comme il suit pour
chacun des jours de la semaine :
Dates (octobre). 21 22 23 25 26 27
Farines huit-marques (157 kilog.). 60 00 63.03 60.00 59.75 59.85 59.50
— |3upérieuros (100 kilog.). 38.75 38 75 38 76 38.75 39.00 39.00
DES DENRÉES AGRICOLES (30 OCTOBRE 1880). 197
Le prix moyen de la semaine a été de 38 fr, 75 pour les -farines supérieures e*
de 60 fr. pour les farines huit-marques. C'est une hausse de 25 centimes pou^
les premières. — Les cours des gruaux demeurent fixés de 44 à 52 fr. par lOOkilog.",
ceux des farines deuxièmes, de 29 à o4 fr.
Seigles. — Il y a toujours une grande fermeté sur les prix de ce grain à la halle
de Paris. On paye de* 22 fr. 50 par 100 kilog. Les farines sont cotées de 31
à 34 fr. par ICO kilog.
Orges. — Les offres sont peu abondantes à la halle de Paris, et les cours accu-
sent beaucoup de fermeté. On paye de 18 fr. 50 à 22 fr. par 100 kilog., suivant
les sortes. Quant aux escourgeons, ils valent de 20 fr. cO à 21 fr. — A Londres,
les apports d'orges étrangères sont toujours peu importants, les affaires sont
calmes, et les prix demeurent stationnaires, de 19 fr. 95 à 22 fr. par quintal
métrique.
Malt. — La situation reste la même. Les malts nouveaux sont payés de 34 à
35 fr. par 100 kilog. à la halle de Paris.
Avoines. — Il n'y a pas de changements dans les cours depuis huit jours.
On paye de 19 à 21 fr. 50 par 100 kilog., suivant poids, couleur et qualité. — A
Londres, on a importé 78,000 quintaux durant la semaine dernière. Les de-
mandes sont limitées, et les cours sont faiblement tenus de 19 à 21 fr. 75 par
100 kilog.
Sarrasin. — Prix fermes, à la halle de Paris, pour les sarrasins de Bretagne,
qui sont payés de 18 à 19 fr. par 100 kilog.
Maïs. — Dans le Midi, les prix se maintiennent de 18 à 22 fr. par 100 kilog.
— Au Havre, on cote les maïs d'Amérique de 15 fr. à 15 fr. 50 par quintal
métrique .
Issues. — Les prix sont ceux de la semaine dernière. On paye par 100 kilog.
à la halle de Paris : gros son seul, 13 fr. 75 à 14 fr.; son trois cases, 13 à !2fr. 50;
sons fins, 12 à 12 fr 50; recoupettes,12 à 12 fr. 50; remoulages bis, 14 à 15 fr.;
remoulages blancs, 16 à 17 fr.
III. — Vins, spiritueux, vinaigres, cidres.
Vins. — L'activité, qui présidait aux transactions de la spéculation, s'est spon-
tanément calmé. Le commerce régulier commence à entrer en scène et procède
avec plus de méthode; il sait aujourd'hui ce qu'il achète et il n'achète qu'à bon
escient. Il résulte de cette situation nouvelle un calme relatif et en même temps
sinon une baisse, au moins des cours moins bien tenus. La propriété cède après
force débats, mais à des prix plus doux, elle sent qu'il ne faut pas compromettre
l'avenir. « Une seule chose, nous écrit-on de Narbonne, peut s'opposer, quelque
temps du moins, à la dépréciation des cours, c'est la qualité de nos vins, qui est
généralement bonne, ainsi que le manque de vins similaires en Espagne, ou tout
au moins leurs prix élevés. De tout ceci, il résulte qu'on ignore encore aujour-
d'hui la véritable situation et qu'il faut attendre quelques semaines avant
de voir les prix prendre leur niveau normal et les affaires se traiter sur des bases
plus solides. En dehors du Midi, la situation est encore bien incertaine : en géné-
ral les vins sont tenus à des prix très élevés et cependant on se plaint : les uns,
du peu de couleur; les autres, d'un manque d'alcoolicité. Nous ne parlerons
point des vins étrangers, ni des vins de raisins secs, car ceux-ci n'exerceront d'in-
fluence sur nos cours qu'autant que les prix des vins courants seront exagérés,
nous redoutons plutôt les vins dits à l'eau sucrée, qui sont, croyons-nous, suscep-
tibles de jouer un grand rôle cette année, comme auxiliaire des vins de coupage.
A Paris, le commerce de gros sollicité par la demande du détail, qui est toujours
très active, achète de fortes parties de vins vieux, malgré une hausse de 2 à 3 fr.
et cela afin de fournir aux besoins toujours croissants de la consommation et ce-
pendant, le commerce de détail limite, autant que possible, ses achats, de ma-
nière à ne pas se trouver encombré en fin d'année; on doit, en effet se rappeler
que les droits d'entrée seront diminués d'une dizaine de francs le l" janvier 1881,
et c'est ce qui explique la réserve du commerce de détail qui ne veut pas se con-
situer de stock. Il est certain que les entrées des vins dans Paris, en décembre,
seront pour ainsi dire nulles, tandis que les entrées, en janvier 1881, seront
considérables .
Spiritueux. — Les affaires sont nulles et cependant la tendance reste ferme.
En résumé, la situation est ce qu'elle était il y a huit jours. Voici, du reste, le
mouvement de la semaine écoulée : début, 64 fr., 63 ïr. 50, 64 fr., 64 fr. 25,
clôture, 64fr. Le stock est actuellement de 7,100 pipes contre 6,775 en 1879,
198 REVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT
soit une différence de '325 pipes en plus pour 1880. Généralement on ne croit pas
à la baisse. A Lille, c'est toujours le même calme : l'alcool de betterave reste coté
de 61 fr. f)0 à 61 75 ; le livrable pour les deux derniers mois est fixé à 6i fr. Sur
les marchés du Midi, les cours sont faiblement tenus : Celle cote toujours 110 à
105 fr.; Nîmes, 100 Ir.; Béziers, 103 fr ; Narbonne, 110 fr.; Pézenas. 98 fr. Les
marchés allemands accusent de la baisse. — A Paris, on cote 3/6 betterave,
l"- qualité, 90" disponible 63 fr. 65, novembre et décembre 62 fr. 50à62 fr. 75,
quatre premiers 60 fr. 50 à 61 fr.
Vinaigres. — L'article vinaigre est toujours dans la même situation, sans chan-
gement de prix et sans tendances appréciables.
Cidres. — De Vimoutiers (Orne), on écrit : que depuis 1847, les pommes à
cidre n'ont jamais été aussi chères dans la vallée d'x\uge. On les cote li) fr. l'hec-
tolitre comble et l'on n'en trouve pas.
IV. — Sucres. — Mélassea. — Fécules. — Glucoses. — Amidons . — Houblons .
Sucres. — Les affaires présentent beaucoup de calme sur la plupart des marchés,
en ce qui concerne les sucres bruts; les cours sont faiblement tenus pour les
diverses sortes. On paye par 100 kilog. pour les sucres bruts 88 degrés sacchari-
métriqiies : à Paris, 53 fr.; sucres blancs, n" 3, 59 fr.; à Valenciennes, sucres
bruts, 51 fr. 50; à Lille, sucres bruts, 51 fr. 50; à Saint-Quentin, poudres
blanches, 58 fr. 50 à 59 fr. 50. Le stock de l'entrepôt réel des sucres était à Paris,
de 149,000 sacs, le 27 octobre, avec une augmentation de 8,000 sacs depuis huit
jours. — Quant aux sucres raffinés, ils sont vendus aux mêmes prix que la semaine
dernière, de 11 1 à 113 fr. par 100 kilog., à la consommation, et de 69 fr. 25 à
74 l'r pour l'exportîition, suivant les qualités.
Mélasses. — Les cours accusent de la hausse depuis huit jours. On paye à
Paris, 13 fr. 50 par 100 kilog, pour les mélasses de fabrique, et 15 fr. 50 pour
celles de raffinerie ; à Valenciennes, 13 fr. pour celles de fabrique.
Fécules. — Les affaires sont assez restreintes, et les prix sont ceux de la
semaine dernière. On paye à Paris, 34 fr. à 34 fr. 50 par 100 kilog. pour les
fécules premières du rayon; à Compiègne, 34 fr. pour celles de l'Oise. Les fécules
vertes sont cotées de 20 fr. 50 à 21 fr. 50.
Glucoses. — Transactions peu importantes, avec les mêmes prix que la semaine
dernière.
Amidons. — H y a peu d'affaires, mais les prix se maintiennent bien. On paye
à Paris par 100 kilog. : amidon de pur froment, en paquets, 70 à 72 fr.; amidons
de province, 60 à 62 f r ; amidon d'Al?ace, 56 à 58 fr.; amidon de riz, 34 à 38 fr.
Houblons. — Les marchés des centres de production continuent à accuser beau-
coup de calme; les prix, pour les diverses sortes, se maintiennent sans change-
ments. On paye dans le Nord et Belgique, 90 à 160 fr. par 100 kilog. suivant les
provenances et les qualités; en Bourgogne, de 110 à 140 fr.; en Lorraine, de 90 à
120 fr.; en Alsace, de 100 à 160 fr.
V. — Huiles et graines oléagineuses.
Huiles- — Peu de variation sur les prix des diverses sortes d'huiles de graines,
avec des transactions assez restreintes. On cote à Paris, par 100 kil.. : huiles de
colza en tous lûts, 73 fr, 50; en tonnes, 75 fr. 50; épurée en tonnes^ 83 fr. 50;
huile de lin en tous fûts, 70 fr. en tonnes, 72 fr. — Sur les marchés des dépar-
tements, on paye les huiles de colza : Gaen, 69 fr,; Rouen, 72 fr. 50; Cambrai,
73 fr.; Arras, 76 fr.; et pour les autres sortes : lin, 71 50 à 74 fr.; caraeline, 7 2 fr.;
pavot industriel, 97 fr.; pavot à bouche, 105 fr.; œillette surfine, 135 Ir. — Il n'y_a
que peu de transactions, sur les marchés du Midi, pour les huiles d'olive, les prix
demeurent à peu près sans changements.
Graines oléagineuses. — La vente est facile avec maintien des cours dans le
Nord. On paye, à Arras, par hectolitre : œillette nouvelle, 33 50 à 36 fr. 50;
colza 20 à 23 fr.; lin, 22 à 24 fr.; cameline, 14 à 19 fr. 50; — à Gaen, graine de
colza, 19 à 21 fr., comme la semaine précédente.
VI. — Tourteaux. — Noirs, — Engrais.
Tourteaux. — La situation est à peu prés la même que la semaine dernière.
On paye à Marseille, par 100 kilog. : tourteaux de bn pur, 20 fr.; arachides en
coques, 12 ir. 75; arachides décortiquées, 15fr. 75; ricins, 12 fr. 75; sésame,
15 50 à 16 fr. 50; œillette, 14 fr. 50; colza, 14 fr.; coton, 12 fr.; palmiste na-
turel, 10 fr. 50; palmiste repassé, 9 fr.; ravison, 13 fr. 50.
Noirs. — On paye à Valenciennes, par lûO kilog. : noir animal neuf en grain,
DES DENRÉES AGRICOLES (30 OCTOBRE 1880;. 199
32 fr.; par hectolitre, noirs d'engrais vieux grains, 8 à 9 fr.; de lavage, 2 à 4 fr.
VIL — Matières résineuses, colorantes. — Textiles.
Maiières résineuses. — Les transactions continuent à accuser beaucoup de fer-
meté et les prix sont très fermes. On paye à Bordeaux 83 fr. par 100 kilog. pour
l'essence pure de térébenlliine; à Dax. tO fr.
Gaudes. — Prix très fermes dans le Languedoc, où l'on paye 12 fr, par 100 kilog,
Crèfiie de tartre. — On paye dans le Midi, 270 fr, à 275 fr. par 100 kilog. pour
le premier blanc de cristal.
VIII. — Beurres. — Œufs. — Fromages.— Volailles et gibier.
Beurres. — On a vendu, pendant la semaine, à la halle de Paris, 239,508 kilog.
de beurres. Au dernier jour, on payait par kilog.: en demi-kilog., ordinaires et
courants, 2 fr. 64 à 3 fr. 72; petits beurres, 2 fr. 30 à 2 fr. 84 ; Gournay, 1 fr. 98
à 4 fr. 80 ; Isigny,2 fr. 06 à 6 fr, kk.
OEufs. — Du 19 au 25 octobre, il a été vendu à la halle de Paris 3,752,907 œufs.
On cote par mille : choix, 119 à 133 fr.; ordinaires, 75 cà 121 fr.; petits, 62
à 68 fr.
Fromages. — Derniers cours de la halle de Paris : par douzaine, Brie, 7 à
29 fr.; Montlhéry, i5 fr.; par cent, Livarot, 23 à 91 fr,; Mont-d'Or, 15 à 3i fr,;
Neufchâtel, 5 à 27 fr.; divers, 6 à 88 fr.; par 100 kilog., Gruyère, 112 à 165 fr.
Volailles et gibier. —On vend à la halle de Paris : Canards, 2 50 à 4 fr. 50. —
Chapons, 5 à 6 fr. 5 0. — Crêtes en lots, le kilog,, 6 à 8 fr. — Dindes gras ou
gros, 10 à 12 fr. ; commun, 7 à 9 fr. — Lapins domestiques, 1 fr. 50 à 4 fr.;
garenne, 2 à 3 fr. — Levrauts, 2 50 à 4 fr, — Lièvres de pays, 6 à 7 fr. — Per-
drix, 2 à 3 fr. 75, — Oies grasses, à 9 fr.; communes 3 50 à 4 fr. 50. — Per-
dreaux de pays, 3 50 à 5 fr. — Poules ordinaires, 1 75 à 3 fr. — Poulets gras,
5 à 7 fr.; communs, 2 à 3 fr. 50.
IX. — Suifs et corps gras, cuirs et peaux.
Suifs. Les prix sont toujours faibles. — Ou paie à Paris, le 27 octobre,
82 fr. par 100 kilog. pour les suifs purs de l'abat de la boucherie, 61 fr. 50 pour
les suifs en branches.
Lards et saindoux. — Les cours se maintiennent difficilement au Havre, où l'on
cote 114 fr, par 100 kilog, pour les saindoux d'Amérique.
XI. — Chevaux. — Bétail. — Via7ide.
Chevaux. — Aux marchés des 20 et 2 3 octobre, à Paris, on comptait 876 che-
vaux. Sur ce nombre, 375 ont été vendus comme il suit :
Chevaux de cabriolet , ,
— de trait
— hors d'âge
— à l'enchère.,..
— de boucherie.
Amenés.
Venrlus
. Prix extrêmes.
138
20
270 à 1,075 fr.
249
60
300 à l,(i80
314
113
45 à 935
69
69
75 à 700
106
l(j6
32 à 100
Anes et chèvres. — Aux mêmes marchés, on comptait 12 ânes et 8 chèvres. 5 âne^
ont été vendus de 35 à 90 fr. ; 6 chèvres, de 20 à 75 fr.
Bétail. — Le tableau suivant résume le mouvement du marché aux Lestiaux de la
Villette, du jeudi 21 au mardi 26 octobre :
Poids Prix du kilog. de viande sur pied
Vendus moyen au marclié du lundi 25 octobre.
Pour Pour En k quartiers, i" 2« 3» Prix
Amenés. Paris, l'extérieur, totalité. kil. quai. quai. quai. moyen.
Bœufs 6.835 4,272 1,452 5,72i 350 1.62 1.46 l.lO 1.35
Vaches 2,220 706 716 1,422 240 1.48 1.30 0.98 1.22
Taureaui 393 211 50 261 382 1.24 1.10 0.96 1.24
Veaux 3,624 2,610 805 3,415 75 2.10 2.00 1.60 185
Moutons 48,172 27,392 15,201 42,593 19 1.84 1.56 1.28 1.57
Porcsgras 6.297 2,434 3,708 6,142 85 1 58 1.50 1.46 1.51
-- maigres. 16 » 11 11 40 1.25 » » 1.25
Les approvisionnements du marché ont continué à être très abondants, mais
les affaires ont été plus actives que la semaine précédente. Pour le plus grand
nombre des espèces d'animaux amenés, les prix accusent une plus grande fermeté;
c'est surtout sur les gros animaux, ainsi que sur les veaux, que ce mouvement
se produit.
A Londres, les importations d'animaux étrangers, durant la semaine dernière,
se sont composées de 18,525 têtes, dont 3 bœufs, 104 veaux, 5,251 moutons et
24 porcs venant d'Amsterdam; 750 moutons de Brème; 55 moutons et 212 porcs
200 REVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT (30 OCTOBRE 1880).
d'Hambourg; 33 bœufs, 61 veaux, 830 moutons et 41 porcs d'Harlingen ;
434 bœufs et 75 moutons de New-York; 60 bœufs d'Oporto; 304 veaux,
2,763 moutons et 200 porcs de Rotterdam; 1,576 bœufs et 1,938 moutons
de Tonning. Prix du kilog. : Bœuf^ V 1 fr. 87 à 1 fr. 99 ; 2" 1 fr. 75 à 1 fr. 87;
qualité inférieure, 1 fr. 58 à 1 fr. 75. Yeau, 1" 1 fr. 9i-i à 2 fr. 10; 2M fr. 75 à
1 fr. 93. — Mouton, 1'" 2 fr. 28 à 2 fr. 34; 2« 1 fr. 93 à 2 fr. 10; qualité infé-
rieure, 1 fr. 75 à 1 fr. 93. — Porc, 1" 1 fr. 75 à 2 fr. 02; 2« 1 fr. 58 à 1 fr. 75.
Viande à la criée. — On a vendu, à la halle de Paris, du 19 au 25 octobre:
Prix du kilog. le 25 octobre.
Bœuf ou vache
Veau
Mouton ,
Porc
kilog. 1" quai. 2« quai. 3^ quai.
197,561 0.96àl.64 0.78àl.44 0.50àl.lO
135,020 1.78 2.20 1.26 1.76 0.80 1 24
84,728 1.36 1.54 1.1,2 1.34 0.60 1.10
33,670 Porc frais 1.30àl.80
Glioix. Basse boucherie.
0.90à2.50 O.lOà 1.16
0.96 2,30 .
0.80 2.50 »
450,979 Soit par jour..... 64,425 kilog.
Les ventes ont été inférieures de 8,000 kilog. environ parjour à celles de la
semaine précédente. Il y a eu hausse sur la viande de veau, mais un peu de
baisse sur les autres catégories.
X. — Cours de la viande à l'abattoir de la Villette du 28 octobre {par 50 kilog,)
Cours de la charcuterie. — On vend à la Villette par 50 kilog. : 1" qualité^
85 à 87 fr.; 2% 80 à 85 fr.; poids vif, 56 à 60 tr.
Bœufs. Veaux. Moutons.
XI. — Marché aux bestiaux de la Villette du jeudi 28 octobre.
Bœufs....
Vaches...
Taureaux. .
Veaux.....
Moutons...
Porcs gras.
— maigres
Animaux
amenés*
. -2.882
905
115
. 1.350
. 21.3i7
. 3.757
Invendus.
558
276
31
186
2.307
Poids
moyen
général,
kil.
365
250
370
80
18
84
Cours officiels.
Cours des commissionnaires
en bestiaux.
1" 2» 3« Prix 1" 2» 3» Prix
quai. quai. quai, extrêmes, quai. quai. quai. extrêmes.
02àl.64 1.60 1.40 1.05 l.OOàl.64
60 1.25 0.90 0.85 1.50
20 1.10 0.95 0.85 1.35
.60
1.46
1.20
2.10
1.82
1.62
i5
1.28
1.08
2.00
1.54
1.54
1.06
0.94
0.90
1.60
1.28
1.50
0.90
0.8b
1.45
1.25
1.40
1.50
1.22
2.20
1.85
1.70
Vente lente sur toutes les espèces.
XII.
Résumé.
Les prix n'ont pas subi de changements importants pour la plupart des denrées
agricoles depuis huit jours. A. Remy.
BULLETIN FINANCIER.
Bien que le marché se ferme en réaction, les derniers cours donnent une
hausse prononcée sur ceux de la semaine précédente : la rente 3 0/0 est à
85 fr. 75 gagnant 0 fr. 25 ; l'amortissable à 87 fr. 70 gagnant 0 fr. 55, et la
rente 5 0/0 à 120 fr. 65 gagnant 0 fr. 30. Faiblesse à nos chemins de fer, très
bonne tenue des sociétés de crédit.
Cours de la Bourse du 20 au 27 octobre 1880 [au comptant).
Principales valeurs française* :
Plus Plus Dernier
bas. haut, cours.
Rente30/0 85.40 86.00 85.75
Rente 3 0/0 amortis 87.50 87.95 87.70
Rente 4 1/2 0/0 114.25 115.65 115.65
Rente 5 O/0 120.47 120.85 120.65
Banque de France 3530.00 3600.00 3530.00
Comptoir d'escompte 957.50 975.00 975.00
Société générale 590.00 597.50 597.50
Crédit foncier 1350.00 1373.75 1355.00
Est Actions 500 775.00 777.50 775.00
Midi d" 1055.00 1060.00 1058.75
Nord d* 1650.00 1670.00 1670.00
Orléans d" 1237.50 1250.00 1240.00
Ouest d* 820.00 8ï7.50 820.00
Paris-Lyon-Méditerranée d» 14Î5.00 1462.50 1462.50
Paris 1871 obi. 400 3 0/0 .. 394.00 396.00 396.00
Italien 5 0/0 86.75 88.00 87, JO
Gérant : A. BOUCHÉ.
Valeurs diverses :
Plus
bas.
500 4 0/0 530.00
d° 3 0/0. 550.00
500 3 0/0 472.50
Plus
haut.
535.00
560.00
476.25
Créd. fonc. obi
do d» d»
d» obi. c<"
Bque de Paris act. 500... 1138.75 1166.25
Crédit ind. et com. 500... 740.00 750.00
Dépôts et cptes cts. 500... 711.25 715.00
Crédit lyonnais d'... 965.00 977.50
Créd. mobilier 642.50 650.00
Cie paris'enne du gaz 250 1362.50 1375.00
Cie génér. transatl 500 592.50 600.OO
Messag. maritimes d' 735.00 750.00
Canal de Suez d» 1277.50 1292.50
d' délégation d» 780.00 790.00
d' obli. 5 0/0 d" 567.00 570.00
Créd. fonc. Autrich 500 750.00 778.75
Créd mob. Espagnol.... d* » »
Créd. fonc. Russe 390.50 395.00
Dernier
cours.
530.00
555.00
476.25
1155.00
745.00
715.00
977.50
650.00
1365.00
595.00
750.00
1277.50
780.00
570.00
778.75
605.00
395.00
CHRONIQUE AGRICOLE
(6 NOVEMBRE 1880).
Nouvelles recherches de M. Pasteur sur le choléra de? pou'es. — Moyen; à adopter pour trans-
former le virus de la onlalie "O vaccin. — Appli;atioi ait autres maladies virulentes. — Ke-
Frise d'S séances de la Société nauoniie d'ag iaultare. — .No ainaiion dî irois adjoints à
in pec io'i générale de l'agriculture. — Les vms de raisins secs. — Lettre d; M Gréa. ^
L'intervention du législateur- dans les procé lés de tainciti m. — Exposiiion viiicole de Beiu 13.
J^ — Le phylloxéra. — .Nécessité de fiir^ cesser l'inertie des c iltivateurs. — Les vignes a néri-
caines résistantes. — Lettre de .M Lilimin. — Pab!i;ation de la deuxième pirtie il 1 Joirnal
de la Sociéié roijale d'agriculture d'Anjleierre, p )ur ls80. — Dammbr.^ment 'lu bétail en An-
gleterre.— Les recensements fiits à des dues préc ses — Concours des exploitatiois rurales
dans le comté de Derby. — Les entrep ises a^^ricoles à l'étranger et en France. — Nécrologie :
Mort de M. Gruber — Décoi-ation pjur services rendis à l'ignculture. — Cours de l'Institut
agronotniqie pour l'année I88018-<1. — Les cours a^'-iioles ilu Co iservatoire des ai-ts et mé-
tiers. — Sériciculture. — Les procélés d'hveination des griines. — Les procél''S d'-^mousse-
ment des dents des chiens contre la propigUion de lirage. — Lettre de M. Bourrd. — Son
Traité de la r-ige. — Nouvel exemple. — Lettre de M. Destremx. — Les réformes i alopterdaas
les tarifs des transports. — Analyse du rapport fait par M. Dacos à la Société d'agriculture de
Vaucluse.
I. — Sur C allénuxlion des virus pour en faire des vaccins.
M. Pasteur avait annoncé avoir trouvé le moyen de rendre inoffensif
pour 1 individu auquel il serait inoculé, le virus qui, d'après lui, cons-
titue la iniladie dite le choléra das poules ; il n'avait pas voulu faire
connaître son procédé avant de l'avoir soumis préalablement à un
nombre suffisant d'épreuves pour en démontrer à lui-même l'efticacité.
C'était incontestablement son droit comme savant, et nous ajouterons
qu'on ne saurait le blâmer d'avoir voulu entourer de toutes les preuves
de la certitude l'exposition de sa découverte. Il a fait cette exposition
dans la séance de l'Académie des sciences du 26 octobre dernier ; le
Journal reproduira le beau travail de M. Pasteur dans son prochain
numéro. Tout ce que nous voulons en dire aujourd'hui c'est qu'il y a
dans la méthode de notre savant confrère quelque chose de général
qui s'élève bien au-dessus du cas particulier qui lui a donné naissance.
D'un autre côté, l'application à nos animaux de basse-cour deviendra
désormais facile; on pourra remettre aux ménagères des exploitations
rurales le virus vaccin pour leurs poules, de manière à empêcher une
maladie qui trop souvent dévastait les basses-cours d'une manière en
quelque sorte foudroyante.
IL — Reprise des travaux de la Société nationale d'agriculture.
La Société nationale d'agriculture a repris, le mercredi 3 novembre,
le cours de ses séances, qui se tiendront désormais chaque mercredi
à 3 heures, sous la présidence de M. Ghevreul, dans son hôtel, rue de
Bellechasse, 18. Le Journal reprend, en même temps, le compte rendu
de ces séances qu'il continuera sans interruption, chaque semaine.
IIL — Nomination d'adjoints à l'inspection générale de V agriculture.
Dans notre chronique du 14 août (page2H du tome III de 1880),
nous avons donné les résultats du concours ouvert pour trois places
d'adjoint à l'inspection générale de l'agriculture. Par un arrêté récent,
M. le ministre de l'agriculture a noiimé les titulaires de ces trois
places, qui sont M. Philippir, directeur de l'école d'irrigation et de
drainage du Lézardeau; M. Randoing, ingénieur agricole; M. Léon
Vassillière, professeur départemental d'agriculture de la Vendée. Les
trois nouveaux adjoints sont entrés en fonctions depuis le 1"" no-
vembre.
IV. — Les vins de raisins secs.
A propos de la circulaire de M. Audibert, directeur général les
N* 604. — Tome IV de 1880. — 6 Novembre.
202 CHRONIQUE AGRICOLE (6 NOVEMBRE 1880).
douanes, que nous avons signalée dans notre ouméro du 23 octobre,
nous avons reçu de M. Gréa la lettre suivante :
« RoUlier (Jura),, 2(» octoJjre 1880.
« JSfonsieur et honoré collègue, je lis dans le dernier numéro du Journal de
V Aiiru'/uhia e <]ue, par une récente décisioc de M. le directeur général das con-
tribution? indiieftes, les vin« de raisins secs ne seront plus nsstijetlis à la tîécla-
ration de leur origine pour la circulation et la vente. An nom des vignerons de
ma contrée, qui sont unanimes a ce sujet, je tiens à protester contre cette me^'ure
qui me paraît aussi tiuneste pour le! consommateur que pour le producteur. Nous
n'admi-ttronh" jamais que les boisions fabriquées soient assimilées au vin et en re-
çoivent pour ainsi dire oflicielleraent le nom. Nous n'empêchons personne d'en
faiie et d'en vendre, mais à la cnnditian de ne pas tromper l'acheteur sur la qua-
lité de la marcliandise vendue. En cela, nous sommes con>plètement d'accord avec
le Co''e pénal et avec les circulaires de M. le ministre de la justice. Nous espé-
rons que nos récoltes ne seront pas toujours aussi mauvaises et, quand nous
pourrons de noyveau avoir du vin à vencLre aux Français et aux étrangers, il ne
îaut pas que nos produits viennent se confondre avec les tristes boissons que la
nécessit(é iopce d'accepter aujouixl'hui.
« Je vous serais obligé, monsieur et bonoré collègue,, de faire paj-t de csea ob-
servations à vos lecteurs.
« Veuillez agréer, etc. « E. Gréa,
Correspondant de la Société nationale, ppésident du Comice de Lons-le-Saulnier.
Il nous paraît difficile de déclarer que du vin fait avec du raisin sec
n'est pas du vin au même titre que celui fait avec du raisin frais, car
ce serait amener la loi à s'occuper des procédés de fabrication. Par
quels motifs reposant sur une vérité quelconque pourrait-on empêcher
un propriétaire de dessécher tout ou partie de sa vendange avant de
faire du\in. s'il y trouvait un avantage? Mais ce qui nous paraît
juste^ c'est d'imposer le raisin sec arrivant de l'étranger d'un droit
équivalant à celui que paie le vin même introduit en France. Par
exemple, s'il est bien démontré qu'avec lOO kilog. de raisins secs on
fait trois hectolitres de vin, il faut faire payer aux raisins trois fois le
droit fixé sur le vin.
V. — Exposition viticok de Beaune.
Comme les années précédentes, le Comité de viticulture et d'agri-
culture de Beaune organise une exposition des vins nouveaux de Bour-
gogne. Cette exposition aura lieu le dimanche 7 novembre, jour de la
Tente des vins des hospices. Les vins fins ou ordinaires de l'ancienne
Bourgogne sont seuls admis à cette exposition. Un concours d'instru-
menls de viticulture aura lieu le même jour. Trois catégories d'ins-
truments pourront seules recevoir des récompenses : les charrues vi-
gneronnes de tous modèles; les chaudières pour échauder la vigne et
les autres instruments pour détruire la pyrale; les appareils pour le
soufrage de la vigne. Les récompenses consisteront en médailles de
\ermeil, d'argent et de bronze.
VI. — Le phtjUoxera.
Il est désormais indiscutable que les vignerons ontmaintenant entre
les mains des moyens efficaces pour lutter contre la destruction de
leurs vignes, mais que le plus grand obtocle à l'efficacité de la lutte
■est dans l'inertie ou l'indifférence d'un trop grand nombre de proprié-
taires. C'est celte même pensée qu'exprimait, au Congrès viticole de
Clermont-Ferrand, en termes excellents, M. Langlois, président du
Comité central de la Haute-Loire; c'est pou.rquoi nous croyons utile
de reproduire cette partie de sa communication :
GHRCKNrQUE AGRICOLE (6 NOVEMBRE 1880). ^03
« Tâchons d'obtenir, dans notre région du Châtre, une mutuilité bien orga-
nisée, une surveillance incessante de la propriété viticole, un signalement instan-
tané, si la chose est possible, des premiers sy.nptô.nes de l'envahissement, G3
n'est plus alors un hectare que vous ave/, à soignif, c'est un espice bMacoup
moins étendu, et avec une dépanse minime, souvent insigniliante, vous arriverez
à préserver, non plus un hectare de vignes, miis an vignoble tout entier.
« Ceci nous ramène directement à une phrase du début de cette trop longue
communication : le pire des maux, c'est la résistance par inertie dis populations.
Oui, messieurs, dans nos contrées, là est le véritable ennemi à combattre ; sur ce
terrain surtout, nous devons nous grouper et lutter avec toute l'énergie rfue nous
pourrons déployer. Faire comprendre aux propriétaires qu'il y a un danger immi-
nent, sérieux; que leurs vignes tout entières, par conséi{uent la fortune d'un
grand nombre d entre eux, sont menacées de mort; leur persuader que d'eux seuls,
de leur surveillance incessante, de leur réunion en syndicats dépeni la |X)ssibilité
d'enrayer l'invasion du fléau; leur bien expliquer que la lutte est possible, pos-
sible même à peu de frais s'ils veulent y prêter la main; mais que plus ils tar-
dent, plus les résultats deviennent douteux et ne peuvent bientôt plus s'obtenir,
s'il en est encore temps, qu'au moyen d'une énorraeaugmeatation dans la dépense;
leur bien inculquer l'idée qu'en présence de l'ennemi implacable qui les poursuit,
ils sont aujourd'hui les seuls conservateurs de leurs vignies et que, s'ils lei aban-
donnent, elles sont condamnées à une mort procJiaine.
« Quand nous serons arrivés à ce résultat, nous pourrons appliquer avec succès
les moyens que nous fournit la science. »
La lutte, qui paraissait assoupie entre les partisans des insecticides
et ceux des vignes américaines, menace de reprendre avec une nou-
velle vigueur. A l'occasion de la note de M. Jules Maistre, insérée dans
notre dernier numéro, M. Laliman nous adresse la nouvelle lettre sui-
vante :
« Monsieur le rédacteur, je ne puis laisser passer la narration de M. Maistre
au sujet de la visite dont il m'a honoré en compagnie de MM. Lenhardt et Meisaer,
ce serait enterrer les vignes américaines résistantes, dont je suis l'ardent défen-
seur; et je dis plus, ce serait exalter les vignes américaines non résistintes, dont
je suis l'en/zemi déclaré. « M. Laliman nous a dit qu'il cultivait des vignes amé-
ricaines depuis vingt ans, et qu'au bout de douze ans, les vignes américaines mou-
raient du phylloxéra; enfin queies vignes américaines mouraient aux Etats-Unis. »
Tels sont les paroles que me prête M. Maistre.
« Tandis ((ue j'ai dit : il y a plus de trente-cinq ans que je cultive les vignes
américaines, et je n'ai aperçu la maladie qu'il y a quinze ans;, si j'avais importé
le puceron a^ec elles, comment mes vignes françaises auraient -elles résisté au
fléau pendant vingt-cinq ans? Elles seraient donc plus résistantes que les vignes
américaines? et mes Labrusca non résistants auraient réd'itè vi'Kji-clnq ans!
tandis que je déclare que certains cépages tels que le Vialla, le York, le Solonis,
le Jacquez, le Gaston-Bazille, etc., n'ont en Europe que quinze années de résis-
tance au phylloxéra, au maximum !
« J'ai bien dit : qu'en Amérique, les cépages que l'on nous vantait comme ré-
sistant, tels que les Goncords, les Clinton, les Hortefort-Prolific, et même certains
autres, y mouraient aujourd'hui; mais depuis six ou sept ans seulement! qu'en
Californie, les cépages européens et les Catawa, cultivés depuis deux siècles dans
ces para^ies, partageaient ce même sort, vo;ilant par là prouver l'invasion récente
phjlloxérique dans les deux mondes, et combattre l'origine américaine de i'Aphys.
« Mais aussi, j'ai ajouté : les vignes meurent en Amérique, parce que les Amé-
ricains ne possèdent pas les véritables vignes américaines résistantes ; et que depuis
bientôt dix ans, M. Riley et nos écrits universitaires les lanç.iieut dans 'a cul-
ture des Concords, Clinton, etc., alors que ces cépages, ainsi que je l'écrivais depuis
1869, étaient déjà morts chez moi, tués par le phylloxéra.
a Quanta soutenir, comme M. Maistre, qu'un arbuste qui vient dans un pays
f)lus frais que le noire, ne pourra pas venir en Europe, c'est méconnaître non seu-
ement l'expérience, puisqu'aux Açores l'on récolte, depuis longtemps, des vins
améiicains; puisqu'en Espagne et en Portugal, ces vignes y végètent, deouis
longtemps, à merveille ; mais c'est encore oublier qu'il fait plus chaud, même à
New-I'ork, pendant l'été, qu'à Madrid et à Lisbonne, sans oublier queies Florides,
204 CHRONIQUE AGRICOLE (6 NOVEMBRE 1880).
le Texas, etc., sont encore plus chauds; ce que je prouve suffisamment dans mes
dernières études phylloxériqueo, pour me dispenser de revenir sur la rudesse du
climat de la Nord-Amérique, qui de 25 degrés de froid, passe sans printemps, à
25 degrés de chaleur!
« J'espère que ces explications prouveront que je ne suis pas un renégat des
vignes américaines, comme le ferait supposer l'article de M. Maistre ; mais, au
contraire, un défenseur d'autant plus sincère que je ne m'appuie que sur certains
cépages que l'étude, et surtout noire grand maîl<-e, l'expérience, m'ont appris être
résistants dans tous les sols, comme dans tous les climats, et cela depuis quinze
ans, aux piqiàres du vastatrix.
« Veuillez agréer, etc. « L. Laliman.
« Château Latourate, 1" novembre 1880. »
D'un autre côté, nous avons reçu, à propos de quelques-unes des
observations antérieures de M. Laliman, deux lettres de M. Morlot et
de M. Meissner sur les conditions de la culture de la vigne en Amé-
rique; nous les publierons dans notre prochain numéro.
VII. — Journal de la Société royale d'agriculture d'Angleterre.
La seconde partie du seizième volume (année 1880) du Journal de la
société royale d'agriculture d'Angleterre vient de paraître ; il contient
les articles suivants : 1° sur la production, les importations, la con-
sommation et le prix du blé pendant vingl-hiiit années, 1852-53 à
1879-80, par J.-B. LawesetJ.-H. Gilbert; 2" un mémoire sur l'utili-
sation des substances perdues et l'emploi économique des machines et
du matériel de la ferme, par Robert Scott-Burn ; 3" des notes sur l'en-
tretien d'un troupeau de Durham, par W. Housman; 4° une notice sur
la création des prairies, par James Howard; 5° un rapport sur les haras
et l'espèce chevaline en Hongrie, par J. Collins ; G" un rapport sur les
maladies du bétail dans l'île de Chypre, par Charles Heidenstam ;
T une étude sur les sources d'approvisionnements du marché aux
fruits et aux légumes de Manchester, par John Page; 8° le rapport sur
le concours de 1880 pour les fermes du Cumberland et du Westmore-
land, par Herbert J. Little ; 9" une note sur une nouvelle méthode
d'essai du lait, par le docteur Vœlcker, et deux notes du même au-
teur sur la composition du lait de brebis et sur celle du lait de chèvre;
10" des rapports sur le bétail à l'exposition de Carlisle, en 1880, par
le lieutenant-colonel Picton-Tubervill et par M. Finlay Dun; 11° un
rapport sur les machines agricoles, par M. Frankish; 12° un rapport
sur l'exposition et les essais des machines agricoles à Carlisle, par
M. Robert Ne ville.
VIII. — Dénombrement du bétail en Angleterre.
Nos lecteurs savent que, chaque année, au mois de juin, un dénom-
brement des animaux domestiques est fait en Angleterre. Les résultats
du dernier dénombrement viennent d'être publiés; nous les résumons
dans le tableau suivant, en les rapprochant de ceux constatés en 1879 :
Grande-Bretagne. Pays de Galles. Ecosse. Irlande. Bojaome-Bnl tout entltr.
S 187!> 1880 1879 1880 1879 1880 1879 1880 1879 1880
Espèce chevaline 1,100,707 1,092,272 136,391 134,895 1P5,747 194,013 513,036 499,284 1,955,394 1,929,68(
— bovine 4,(28,940 4,158,046 643,815 Ob'), 714 1,083,601 1.C9 ,'286 4,C67,o94 3,9vl,026 9,961,526 9,871,153
— ovine 18,445,522 16.828,646 2,873,460 2,7183(6 6,838, .iS8 7,l'72,(i83 4,017,h89 3,561,361 32,237,958 30,239,92o
•— porcine 1,771,081 1,697, 9l4 192,757 182,«C3 127,721 120,925 1,071,990 849,046 3,178,106 2,663.428
Pour toutes les races d'animaux domestiques, le recensement de
1880 accuse une diminution sur le Royaume-Uni tout entier; mais
c'est principalement sur le bétail de l'Irlande que cette diminution
CHRONIQUE AGRICOLE (6 NOVEMBRE 1880) 205
prend des proportions considérables. Tandis, par exemple, que l'es-
pèce bovine est en augmentation dans l'Angleterre, le pays de Galles
et l'Ecosse, elle est en diminution en Irlande dans des proportions as-
sez grandes pour annuler, sur le total général, l'accroissement des au-
tres parties. C'est aussi principalement en Irlande que sont accusées
des diminutions dans l'élevage des moutons et des porcs.
A celte occasion, nous croyons devoir insister sur l'utilité des dé-
nombrements du bétail faits chaque année à des époques fixes. En
Angleterre, on a adopté la date du 4 juin, et l'on s'y tient d'une ma-
nière permanente; en France, les dénombrements des animaux do-
mestiques sont faits tantôt à une date de l'année, tantôt à une autre;
il en résulte des variations qui ne peuvent s'expliquer. Ainsi, pour
l'espèce ovine, pendant l'été, des mdliers de troupeaux transhumants
n'appartiennent à aucun département. De même, pour l'espèce bo-
vine, un dénombrement fait dans le nord delà France, pendant l'été,
trouvera les etables dégarnies, tandis que, s'il est opéré en hiver, il
accusera dans toutes les fermes un nonbre considérable de boeufs et
de vaches soumis à l'engraissement avec les pulpes de sucrerie et de
distillerie.
IX. — Concours des exploitations rurales en Angleterre.
A l'occasion du prochain concours de la Société royale d'agriculture
d'Angleterre qui aura lieu en juillet 1S8I, à Derby, le Comité local
de cette ville a offert des prix, pour les fermes les mieux aménagées
dans le comté de D3rbyou situées dans un rayon de 32 kilomètres
autour de la ville. Ces prix seront distribués par les membres du
jury de la Société, comme il sait : fermes laitières, au-dessus de
60 hectares, l" prix, 2,625 fr.; 2' prix, 1,312 fr,; — fermes laitières,
de 60 hectares ou au-dessous, 1" prix, 1,312 fr.; 2^ prix, 656 fr.;
— fermes à terres arables ou mixtes, au-dessus de 60 hectares,
r^ prix, 1,312 fr.; 2" prix, 650 fr.
X. — Les entreprises agricoles à l'étranger.
Un prétendu journal agricole qui, par la nature de sa polémique,
cherche à mériter le titre de Gazette de la mi'ivaise foi, profite de ce
que nous avons émis l'opinion qu'une entreprise d'agriculture au
Texas pouvait être avantageuse, pour en conclure que nous donnons
le conseil d acheter des terres en Amérique et de renoncer à toute
propriété en France. C'est tout simplement monstrueux. Nous approu-
vons tous les efforts qui ont pour tendance une entreprise agricole
bien constituée. S'il y en a de ce genre en Amérique, il y en a aussi
en France; nous n'avons jamais cessé un instant de le démontrer.
L'homme de bonne foi, dont il s'agit, peut aller le dire au Sénat. Mais
ce que nous lui défendons, c'est de donner notre adresse pour avoir
des renseignements sur une entreprise au Texas; il sait bien que nous
n'y sommes absolument pour rien.
XL — Nécrologie.\
C'est avec un vif regret que nous apprenons la mort de M. Gruber,
chef de l'importante usine de bière de Strasbourg connue sous le nom
de Gruber et Reeb. En même temps qu'industriel actif, M. Gruber était
an agriculteur distingué; il a fait une active propagande, d'ailleurs
206 CHRONIQUE AGRICOLE (6 NOVEMBRE 1880).
couronnée de succès, pour l'extension en Alsace de la culture dea
meilleures variétés d'orbe, notamment de l'orge Chevalier. Il était âgé
dû 55 ans seulement.
XII. — Décoration pour services rendus à r agriculture.
Par un décret en date du 30 octobre, M. Raillard, inspecteur général
dea ponts et chaussées, a été promu au grade d'officier de la Légion
d'honneur. M. Raillard s'est occupé,, avec une grande distinction
de drainage, d'irrigation, et d'aménagement des eaux; on lui doit l'exé-
cu.tion de plusieurs ti^avaux importants qui ont rendu des services à
l'agriculture. Il compte quarante années de services.
XIII. — Cours de V Instilul national agronomique.
Toi'ci Tordre des cours de l'Institut national agronomique, pour
l'année scolaire 1880-81, qui commence :
Stemestre d'hiver (novemhre, décembre, janvier et février).
Première année d'études. — 3Iécam'que. — M. Tiesca, membre de l'Académie
des sciences, professeur, — Les lundis et les jeudis, à huit heures et demie du
matin jusqu'au 15 janvier 1881.
Chimie générale. — M. Grimaux, agrégé de la faculté de médecine, professeur.
— Les mardis et les vendredis, à huit heures et demi du matin.
Minéralogie. — M. Garnot, professeur à l'école des mines, professeur. — Les
vendredis, à onze heures et demie du matin.
Zoologie. — M. E. Blanchard, membrede l'Académie des sciences, professeur, —
Les mardis et les samedis, à onze heures et demie du matin.
Physiologie générale. — M. le docteur Regnard, directeur-adjoint du laboratoire
de physiologie à la Sorbonne, professeur, — Les lundis et les mercredis, à onze
heures et demie du matin.
Botanique [or gano graphie et histologie végétale). — M. Prillieux, membre de la
Société nationale d'agriculture de France, professeur. — Les mercredis et les
samedis, à 8 heures et demie du matin.
Physique et météorologie. — M. Duclaux, professeur. — Les jeudis, à onze
heures et demie du matin, jusqu'au 1" février; et à partir du 1" février, les
jeudis et les samedis, à huit heures et demie du matin.
Agriculture générale et assolements. — M. MoU, membre de la Société natio-
nale d'agriculture de France, professeur. ■— Les lundis, à huit heures et demie
du matin, à partir du 15 janvier.
Deuxième année d'études.— Technologie agricole. — M. Aijné Girard, profes-
sur au Copservatoir des arts et métiers, professeur. — Les lundis et les jeudis, à
huit heures et dfmie du matin.
Economie rurale. — M. Lecouteux, membre de la Société nationale d'agricul-
ture de France, professeur. — Les mardis et vendredis, à onze heures et demie
du matin, jusqu'au 1" janvier; et, à partir du 1" janvier, les mardis et l-es samedis,
à onze heures et demie du matin.
Génie rural. — M. N...., professeur. — Les lundis, jeudis et vendredis, à
onze heures et demie du matin, à pp,rtir du 1"'' janvier.
Chimie agricole. — M Schlœsing, directeur de l'Ecole d'application des manu-
factures de l'Etat, professeur. — Les mardis et les vendredis, à huit heures et
demie du matin.
Droii administratif et législation rurale. — M, Victor Lefranc, ancien ministre
de l'agriculture et du commerce, professeur. — Les mardis et les vendredis, à
huit heures et demie du matin, à partir du 20 février.
Agricultvre umirale. — M. MoU, membre de la Société générale d'agriculture
de France, professeur. — Les lundis et les samedis, à onze heures et demie du
matin, jus-qu'au 1" janvier.
Zootfchnie. — M*. Sanson, professeur. — Les mercredis et les samedis, à huit
heures et demie du matin.
Horticulture. — M. du Breuil, professeur. — Les mercredis, à onze heures et
demie du matin.
GHRO^fI(?MÊ Jl&RTC&LE (6 NOVEMBRE IMOf. 2bf
Semestre d'été (mars, avril, mai et juin).,
^Première annêed'étuoes.— ^j^o/fP^ie.^- M. Delesse^ menibre de l'Aaadénaiflde»
gcieîices, inspecteur général des mines, professeur. — Les mercredis à oûze heures
et demie du m'atin.
Chimie g-'itéralie. — M. Grimaux, agrégé de la Faeulté de médecine, profasaeur.
— Les maixlis et les vendredis, à huit heures et demie du matin».
2-ootecliiiie. — M. SanSon, professeuN-. — Les mercredi* et Jes «amedis, à hmi
heures et demie du matin; et, à partirdu 15 juin, les mercredis, à huit heures et
demie, et les samedis, à onze heures et demire du matin
Chimie ni^ricol". -— M. Schlœsing., directeur de l'Ecole d'aptplication des m mu-
factures de l'Etat, professeiir. — A partir da i 5 juin» des mardis et les samedis, à
huit heures et demie du matin.
Agriculture générale (cultures spéciales et assahi^untsy^ — M. MoU, professeitr»
— Les lundis et les vendredis, à onze heures et demie du matin, jusqu'a^A iSavrilj
et^ à partir du 15 avril, les lundis, à onze heures et demie du matin;
Génie rural. — - Ms N....... professeur. — Les lundis et les vendrédia^ à huit
heures et demie du matin, à partir du 11 marsi
Chimie awilyiique. — M. Peligot^ membre de l'Acadéniie des seieaces, profes-
seur. Les mardis et les vendredis, à deux heures et demie d« Tétprès midij à
partir du 20 mars.
Physique et météorologie. — M. Duchux, professeur. — Les lundis et les-
jeudis, à huit heures et demie du matin, jusi[u'au i^"" avril; et à partir du 1" avril,
les mardis, à. huit heures et demie du nlatiid-.
Zoologi", (insectes utiles et nuisibk^, [iiscinulture). — ■ M. E. Blanckitd, menlBrè
de l'Académie des sciences, professeur. — Les mardis et les samedis, à onze heures
et demie du matin jusqu'au 1*' avril; at, à partir du i" a^rily leg samedis, à onze
heures et demie du matin.
DEPJXiëMÊ ANvÉE d'étuoeS. ^^ AqHtûUufeàohfïïpàtèè.^^ M\ ïliélef, ttembrè de
la Société nationale d'a;gricuUure de France, profésseUr-dit-eCteiir. -^ Lès luâdis t^
les vendredis, à deux heures et demie de l'aprèsi' raidie à partir dû lu mar^j
Droit administratif et législniion rurale. -^ M. Vietor Lefrancy anoiei» ministre
de l'agriculture et du commerce, professeur. -^ Les mardis et les veùdredis, à
huit heures et demie du matin.
Botanique, — M. Prillieux, professeur. — Les taercTredig et lè^ sâùiedi's, â
huit heures et demie du matin.
>'yl])ixalture. — M. Tassy, ancien conservtlteur des forêts, pi'ofesseùr. «»- Le*
mardis et les samedis à onze heures et demie du matiui,
Géjv<i rural. — M. N...., professeur. — Les lundis et les jeudis â orize heures
et demie du matin, jusqu'au I7 mars.
Arboriculture. — M. du Breuil, professeur. — Les rbêrctedis, à ortze heures' et
demie du matin, jas:{u'au 27 mats; et, à partir du il mars, les lundis, hait
heure-! et demie, et les mercredis, à onze heures et demie du matin.
Hygiène — M-, le docteur George, maîlre de contérences. — Les mercredis, à
onze heures et demie du matin En juin, les mercredis, àonie heufeè et demie, et
les samedis, à huit heures et demie du mutin.
Exercices pratiques, travaux cU laboratoire., conférenfB^ et ext*,ii/rsiontf.' ^^ Biitii
fois par semaine, il y aura cours de levés et de des-^ins topoj:râphiques. d'arelùtec-
ture rurale et de machines agricoles, sous la direction du prolesseur de géuie
rural, par M, Vuaillet, chef de travaux.
Des (n;inij)ulations de chimie auront ôgaleraent heu deux fois par semaine, sous
la conduite de M. Mûntz, chef des travaux chimiijues, dans les laboratoires phci^S
sous la haute direelion de M. Boussingault, membre de l'Académie des science!^,
professeur.
Des conférences de' comptabilité, des démonstrations et des exercices pratiijues
de micrographie, de physiologie, de zooltgie, de pliysi({ue, de génie ruial ma-
chines), d'agriculture, dé comptabilité, de zootechnie et sylviculture, auront heu
toutes les sem lines, pendant les deux semestres.
Enfin, des excursions agricoles, botaniques, géologirfues, etc., se fero.it t ms les
jeudis. Une excursion générale aura lieu au mois de juin.
En dehors des élèves, des auditeurs libres peuvent s'inscrire pour
suivre les cours de l'Institut agronomique en totalité ou en partie.
208 CHRONIQUE AGRICOLE (6 NOVEMBRE 1880).
XIV. — Cours du Conservatoire des arts et métiers.
Les cours du Conservatoire des arts et luéliers ont repris le mercredi
3 no\'embre. Nous croyons utile de placer ici le programme des trois
cours qui intéressent d'une manière spéciale les agriculteurs :
Chir)}ie agricole et analyse chimqve. — Les mercredis et samedis, à neuf heures
du soir. — M. Boussingault, professeur. En cas d'empêchement, M. Boussin-
gaull sera remplacé par M Schlœsing. — Objri des Uçnns. — Nutrition des végé-
taux. — Oripine et assimilation des éléments qui les constituent. — Analyse des
gaz. — Analyse minérale appliquée à l'agriculture.
AçiricvUure. — Les mardis et vendredis, à sept heures trois qunrts du soir. —
M. Mail, professeur (Une affiche spéciale indiquera l'ouverture de ce cours.) —
Obj^t des leçons. — Etude des éléments qui constituent l'entieprise agricole :
l'exploitant, cultivateur, agriculteur, agronome, propriétaire, régisseur, feimier,
métayer, grande et ])etite culture. — La terre. — Sol productif et ses parties cons-
tituantes. — Classement. — La ferme — Bâtiments. — Place relativement aux
terres. — Morcellement et réunions territoriales. — Le Capital : foncier, mobilier,
fixe, circulant. — Quotité de ces divers capitaux.
Irovavx ogricol is ci génie rvrol. — Les mercredis et samedis, à sept heures
trois quailsdu soir. — Oljti deskçoiis. — Hydrologie agricole. —Drainage. — Cura-
ges,— Dessèchements ; poldei s ; colmatages. — Irrigations ; Hmonages. — Etangs ;
pisciculture.
Ces cours se font au siège du Conservatoire des arts et métiers,
292, rue Saint-Martin^ à Paris. Ils sont publics et gratuits.
XV. — Sériciculture. — Hivernation des graines.
Plusieurs fois, dans ces chroniques, nous avons rappelé de quels
soins il convient d'entourer les graines de vers à soie pour assurer
leur conservation. Combien d'éleveurs, après s'être donné beaucoup de
peines pour préparer une graine saine, ou l'avoir bien chèrement
achetée à quelque producteur en renom, ont laissé ce précieux produit
s'avaiier sous leurs yeux, sans pour ainsi dire y prendre garde! Un
écrivain renommé, très connaistseur en cette matière, M. Duseigneur-
Kléber, écrivait un jour dans le M(>mlfur des soies : « Je suis ferme-
«< ment persuadé que la conservation des graines, si souvent prônée
« par les manuels de sériciculture, parmi les hardes de la famille dans
« les placards de l'habitation, prise trop à la lettre, a par le passé enlevé
« plus de cocons aux récoltes qu'aucune de ces maladies secondaires
« dont les mêmes traités nous énumèrent en gémissant les ravages. »
Cette année, nous pouvons citer un fait qui s'est passé dans l'Ardèche
et la Drôme, et qui a fait ouvrir les yeux à bien des gens. Un millier
d'onces de graines de race verte, hivernées jusqu'en avril, dans l'éta-
blissement Susani, ont produit environ 40,000 kilog. de cocons,
tandis que quelques onces de la même graine, conservées sans soins
spéciaux, n'ont donné que 15 kilog. à l'once. Aussi est-il sérieusement
question d'établir en France des locaux à l'exemple de l'habile sérici-
culteur italien, à qui nous devons déjà des preuves si éclatantes de
l'efficacité des méthodes de sélection pour la santé des graines.
XVI. — Emoussement des dents des chiens contre la rage.
Dans notre numéro du 23 octobre, nous avons publié un article de
M. le docteur Félix Schneider, préconisant l'émoussement des dents
canines des chiens, pour mettre en garde contre les morsures des ani-
maux quideviennentenragés. Sur ce sujet, nous recevons de M.L Bour-
rel, vétérinaire à Paris, la lettre suivante :
CHRONIQUE AGRICOLE (6 NOVEMBRE 188Û). 209
« Paris, le 28 octobre 1880.
« Monsieur le Directeur, votre savante feuille du 23 de ce mois, page 133, con-
tient un intéressant article sur la liage, de votre correspondant le docteur Félix
Schneider, de Thionville. Je lui écris en même temps au'à vous pour lui faire
connaître que l'idée de raccourcir les dents des chiens, a'en faire des couronnes
plates, a été conçue par votre serviteur en 1862 (Mémoire déposé à l'Académie
de médecine).
« Mais, si l'on se bornait, ainsi que l'indique votre honoré correspondant,
à agir sur les quatre dents canines seulement, nous ne serions que très faiblement
préservés de l'inoculation de la rage.
« C'est au moyen, particulièrement, des dents incisives que se pratique l'ense-
mencement rabique. De là la nécessité, pour s'en garantir, de limer les seizedents
antérieures que porte la gueule du chien.
« Je publiais sur cet objet un opuscule, en 1867; un traité complet, en 1874;
une réponse aux objections, en 1878.
« Ainsi s'établit mon droit de priorité que M. Schneider sera le premier à re-
connaître, quand il aura pris connaissance de l'historique de la méthode préven-
tive de la rage, que je recommande depuis dix-huic ans.
«Je suis tout heureux de rencontrer un dévoué auxiliaire de mes idées dans le
dernier écrit de M. le docteur de Thionville. C'est pour moi un puissant encoura-
gement. — J'étais seul; nous sommes deux; demain trois, sans doute...
a Si l'homme veut, la rage sera vaincue! Le moyen est trouvé.
« Agréez, etc., « Bourrel. j»
En même temps qu8 cette lettre, M. Bourre! nous faisait parvenir le
Traité complet de la ra;/e qu'il a publié en 1874', et les réponses aux
objeclions, parues en 1878. On y trouve des preuves multiples deTerû-
cacilé du procédé de l'émoussement des dents. Cette opération est
d'ailleurs facile à faire, et ce ne serait certainement pas une chose im-
possible de l'introduire dans les mœurs. On y gagnerait une grande
sécurité, ainsi que le prouve encore la lettre suivante que nous recevons
d'autre part de M. Destremx, agriculteur dans le Gard, ancien député,
qui s'exprime ainsi qu'il suit:
« Mon cher collègue, permettez-moi de venir appuyer le moyen que propose
M. le D'' Félix Schneider pour arriver à atténuer la propagation de cette terrible
maladie ; ce procédé a été employé par moi il y a douze ans, et je lui dois la vie;
aussi ai-je cherché, ma s vainement, à le faire pratiquer.
«Le 2 mai 1868, un petit chien inconnu se trouva, je ne sais comment, au miUeu
de mes chiens, devant la porte de mon habitation à la campagne; mon attention
fut éveillée par les cris d'un jeune king-charles qui venait d'être légèrement
mordu. Je le pris immédiatement et je cautérisai la plaie fortement et profon-
dément avec de l'acide phénique; je fis également dépointer les quatre crochets du
chien, et comme le chien ne me cjuittait que très rarement, je le soumis à une
sévère surveillance, quoique convaincu qu'il ne pouvait devenir hydroj)hobe. Un
mois après, le chien modifia ses allures; il était beaucoup plus caressant et cher-
chait surtout à lécher tous les autres chiens, lesquels se retiraient instinctivement
de lui, sauf sa mère, enfin il suivit un autre petit chien d'un voisin et ne reparut
plus ; je mis tout le monde en campagne pour le retrouver, mais vainement. Le
lendemain, à l'heure du déjeûner, alors que je continuais à m'inquiéter de son
absence et de l'inefficacité des recherches, il sortit tout à coup de dessous un
meuble du salon et vint à la salle à manger. Mon premier soin fut de m'assures
de son état, en lui donnant quelque chose à manger, il s'élança dessus avec um
vivacité extraordinaire et me prii te doigt q\i'il serra et pinça foriement, mais il ne
put avaler la nourriture; je le pris aussitôt dans mes bras et l'enfermai à double
tour dans une chambre sans autre issue, lui laissant à boire et à manger; le chien,
toujours calme et soumis, fut immédiatempnt se coucher au fond de la pièce, et
le lendemain il était mort. Depuis lors, je n'ai cessé d'engagertous les propriétaires
de chiens de faire dépointer le.s crochets de leurs chiens, o]^ér3iiion si simple et si
facile, surtout lorsque l'animal est jeune.
1. Un volume ia-8, chez Assi-lm, place de l'iicole-de-Médecine, à Paris.
210) GHROWQUJS. AGRICOLE, (6 NOVEMBRE 1880).
« Mordu le 25 mal 18d8,, le chien était mort le 2 juillet ; mais vingt jours après
sa mère, qui n'avait pas été mordue, mais ^eulement léchée par son fils, présenta
les mêrnes' aympUômes et maurut trois fOurs après, sans accès de rage C'est le
?[nat)rième chien que je vois mourir après morsure; sans chercher à mordre, sans
ureur rabitjue ; o est, die-on, la. rage-mue' ou muette, plus foudroyante queTautre.
« Je souhaite que M. le B' Félix ^chneidersoit plus heureux que moi^ pour la
vulgarisation et l'applTcatiun à'wn.' procédé si simple et qui aurait de si grands
résultats.
« La loi de 18&5, en imposant lea chiens, aiproclamé la liberté du chien sous foeil!
et la responsabilité dû maître- Bile a conia-f.né le chien errant, le propagateur de
la rage à disparaître, mais cette bonne loi est-elie bien exécutée ?' hélas ! non, car le
nombre des chiens erranlB n'a pas diminué et le nombre' des. cag de rage augmente
totrjours.
«Il serait pourtant facile d'obtenir de meilleurs résultats. Pourquoi n'obligCTait-
on pas les propriétairns de chiens àc attacher au collier une petite plaque de cuivre
qui leur serait donnée, comme quittance de l'impôt, par le percepteur. De cette
manière, tous les agents, de la. sûreté- publique pourraient contrôler le payement
de k taxe;
« En résumé, pour diminu-er dans' de larges proportions les terribles accidents
causés paT la rage, il faut faire une guerre acharnée aux chiens errants et a'-corder
toute protection au chien utile, aimé, choyé par son matre qui, n'aura que bien
rarement la rage sponrauée, et ne la propagera pas-, surtout si ses crocheta ont été
préalablement dépohiiv^.
« Veuillez agréer, etc. <• L. Destremx. »
Nous ne pouvons qu'appuyer lea observations présentées p;ii7 nos
correspondaatsw L'application du procédé précomisé par M. Bourrel
est une question d'intérêt publk qui doit appelée l'attention de tous les
administrateurs.
XYIL — las, tarifs de. transport.
 diverses: reprises,, aivus avons sig^ialé les. vœux émis parles asso-
ciations agricoles (i;ii midi de la France, relativement à l'amélioraBion
des moyens de traiL-port, pai' grande vittesse, des légumes frais et des
fruits de primeur expédiés vers les grands centres de consommation.
Sur cet important suj,et, nous devons signaler aujourd'hui le Rapport
adressé à ia.Saciéié, d'agriculture- de Vaur.luse, par M. Ducos, ancien
commandant du génie, président de la Commission des tarifs. Dans
ce rapport, M. Djc«»s étudie avec beaucoup de soin les conditions qui
sont faites, d'une part, aux produits français; d'autre part, aux produits
italiens ou espagnols expédiés vers le Nord, et il montre dans quelle,
mesure ces derniers sont favorisésau détriment desi premiers. Les con-
clusions de G& rîi[)port nous paraissent tout à fait sages, car elles
peu\ent être résumées en deux points : T suppression de l'impôt de
10 pour )00 sur les transports de fruits et de légumes, par grande vi-
tesse; on ne saurait trop appuyer celle demande que l'étatdes finances
de l'Etat justifie d'une manière complète; 2° revision par les Com-
pagnies de transport, de ce que l'on appelle les tarifs différentiels. Sans
vouloir établir l'égalilé des prix de transport proportionnellement à
l'unité de dislance, et admettant cette loi économique, d'après laquelle
les tarifs sont de plus en plus réduits à mesure que la distance
augmente, M. Ducos réclame dans l'application cette règle d'équité, à
savoir, qu'aucun produit d'une région n'acquitte un prix supérieur à
celui payé par le produit d'une région plus éloignée, c'est-à-dire, que
nulle part, on ne paye moins pour une distance totale plus grande. Ici
encore nous ne pouvons qu'approuver, et nous pensons qu'on doit fa-
cilement arriver à l'application de principes qui n'expriment que la
justice la plus rigoureusement élémentaire. J.-A. Barral.
RESISTANCE ET ADAPTATION Dï:S VIGNES AMÉRICAINES. 211
RÉSISTANCE ET ADAPTATION-
DES VIGNES AMÉRICAINES AU POINT DE VUE PRATIQUE (').
J'espérais pouvoir traiter devant vous trois des points les plus im-
portants de la question des vignes américaines. Ces points étaient les
suivants :
r Résistance et adaptation envisagées au point de vue pratique;
2° Des porte-greffes en général et des Riparias en particulier;
3" De la greffe sur plant jeune; greffe anglaise sur la table à la ma-
chine, et réglementation de la greffe en fente simple sur plant d'un an
en place. Mais le court espace de temps que le grand nombre de com-
munications laisse à chaque orateur, m'oblige à ne traiter avec les dé-
tails nécessaires que la première question. Je serai donc aussi bref
que possible, tout en tâchant de répondre au passage, à la demande de
renseignements que vient de m'adresser M. Hortolès et à laquelle ma
deuxième communication projetée devait répondre d'une façon com-
plète. Ceci posé, j'entre de suite en matière en supprimant tout détail
d'une importance secondaire.
La résistance au moins relative des vignes américaines ne se dis-
cute plus : de tous les faits qui servent à la démontrer, je ne veux en
retenir qu'un seul, c'est celui de l'origine américaine du phylloxéra.
Inutile d'insister sur les faits de tout ordre qui prouvent directement,
cette origine est démontrée d'une façon pratique par les échecs mille
fois répétés des tentatives de la culture de nos vignes européennes sur
tout le versant oriental des Cordillères; M. Gollot, en trouvant le phyl-
loxéra dans les forêts vierges de Panama, est venu apporter une preuve
de plus, mais il manquait encore un chaînon. Nous sommes peu au
courant de la flore et de la faune de l'Amérique du sud, et on pouvait
se demander si le golfe du Mexique marquait au sud les limites de
l'habitat de l'insecte. Aujourd'hui la chaîne est complète. Il ressort,
en effet, d'une communication récente sur l'agriculture du Brésil que
dans la province de Minos-Geraès, province du nord, et qui touche
de près aux forêts vierges qui couvrent les premiers contreforts des
Andes, tandis qu3 les vignes indigènes sont exubérantes de végéta-
tion et couvertes de fruits, les essais de culture de la vigne euro-
péenne n'ont jamais donné que des insuccès, ces vignes mourant
toutes au bout de quelques années. La similitude des résultats doit
être évidemment attribuée à la similitude des causes, c'est la répéti-
tion exacte de ce qui se passe aux Etats-Unis depuis deux siècles et
ces insuccès répétés sont évidemment dus à la présence de l'insecte.-
Or, si le phylloxéra, comme tout permet de l'affirmer, a existé de
tout temps en Amérique, il faut bien qu'il y ait des vignes améri-
caines résistantes, sans quoi le dernier phylloxéra serait mort de faim
depuis bien des siècles sur le tronc desséché de la dernière vigne.
Pour moi, la généralité des vignes américaines résiste au phyl-
loxéra : les quelques inégalités citées dans les ouvrages américains
qui traitent de la viticulture aux Etats-Unis, prouvent jusqu'à l'évi-
dence qu'il a suffi souvent d'une circonstance insignifiante pour rele-
ver des vignes atteintes qui étaient en voie de dépérissement; M. Meiss-
ner vous a dit le peu d importance qu'on attache au phylloxéra en
Amérique, et les faits nombreux déjà observés en France permettent
1. Communication faite au Congrès de viticulture de Lyon.
212 RÉSISTANCE ET ADAPTATION DES VIGNES AMÉRICAINES.
d'affirmer que toutes les vignes d'origine purement américaine sont
susceptibles de résister; je ne connais pas, en effet, de variété de ces
vignes dont je n'ai va quelque spécimen splendide de vigueur à côté
des vignes françaises détruites ou mourantes. Toutes peuvent donc
lutter victorieusement.
Il y a cependant de vrais insuccès dans les plantations de vignes
américaines, et nous allons en rechercher la cause exacte; c'est là le
but de cette communication.
Quand on tente le transport d'un végétal quelconque de son habitat
naturel dans une autre région, on se trouve en présence d'un pro-
blème excessivement complexe dont le résultat, si la solution est
favorable, est l'acclimatement du végétal, c'est-à-dire la possibilité
pour la plante de se développer, de fructifier et de se reproduire
comme si elle n'avait jamais quitté son milieu d'origine.
Je n'aborderai pas ici l'étude de toutes les influences qui peuvent
seulement gêner, ou même s'opposer entièrement au but que l'on
désire atteindre. La chose m'entraînerait, en effet, trop loin; il me
suflira d'en énumérer quelques-unes pour vous faire toucher du doigt
que dans la question des vignes américaines on n'a au début à peu
près tenu compte d'aucunes des pierres d'achoppement qui pouvaient
se présenter.
Rien que dans les conditions climatériques seules, il faut tenir
compte de la lumière, de la température, tant au point de vue de
ses extrêmes qu'au point de. vue de la température moyenne et de la
quantité de chaleur produite dans une période donnée, de Ihumidité
de l'air, de la fréquence et de la rareté des pluies, de l'exposition, de
Taltilude, etc., etc.; en un mot, de tout un ensemble de circonstances
dont les combinaisons peuvent se multiplier à l'infini et amener par
conséquent à leur suite des résultats d'une variabilité extrême.
Mais ce n'est pas tout, et il y a encore d'autres conditions d'une
importance encore plus grande et dont on n'a pas plus tenu compte
que des premières. Le végétal fixé au sol par des racines et ne pouvant
aller lui-même à la recherche de sa nourriture, doit la trouver toute
préparée et à sa portée dans le sol nouveau où on le place.
Ce point de la question est d'une importance primordiale, de lui en
effet dépend pour la plus grande partie la possibilité de l'acclimate-
ment; c'est là ce qu'on a désigné sous le nom d'adaptation, et cette
question a bientôt paru d'une importance telle qu'elle a presque
absorbé toutes les autres et que c'est à son éclaircissement que tendent
à peu près tous les derniers travaux parus sur les vignes américaines
et dont quelques-uns vous ont été communiqués dans les séances
d'hier et de ce matin.
il a été fait, en effet, quelques pas vers la solution scientifique de
la question. Ainsi la silice et le fer, parmi les éléments de nos sols
arables, sont ceux qui paraissent exercer sur la végétation des vignes
américaines l'intluience la plus favorable. La silice ne me paraît agir
que physiquement et comme un des facteurs les plus utiles au main-
tien de la fraîcheur des terres, fraîcheur que nous verrons tout à
l'heure être indispensable à certaines variétés. Le fer, auquel pour la
plupart des végétaux connus on s'accorde à n'accorder qu'une sorte de-
pouvoir excitant de la nutrition, me paraît au contraire exercer sur les
vignes américaines une influence plus marquée, sa présence^ est
RÉSISTANCE ET ADAPTATION DES VIGNES AMÉRICAINES. 213
presque indispensable. Il semble jouer un rôle plus important, et
constituer en quelque sorte un véritable aliment.
Celte question de l'adaptation a donc une grande importance, et je
suis loin de la méconnaître, mais je suis aussi forcé de reconnaître,
qu'envisagée de cette façon elle présente de bien grandes difficultés
pour la masse de nos viticulteurs, fort peu préparés pour la plupart
par leurs études antérieures aux recherches scientifiques, qui au
premier abord paraissent indispensables pour sa solution. Elle ne
constitue d'ailleurs qu'une des parties du problème à résoudre, et il me
semble qu'on a peut-être un peu exagéré son importance au point de
vue strictement pratique. Je crois en un mot que le viticulteur désireux
d'entreprendre la culture des vignes américaines, ne doit pas trop se
laisser eflrayer par cette sorte d'épée de Damoclès, et, j'espère vous le
démontrer par la suite de cette étude.
Si la composition chimique du sol a son importance, et nous venons
de voir que c'est elle qui rend l'acclimatement plus ou moins difficile
à obtenir, la constitution physique du sol, sa perméabilité aux racines,
et surtout son état de fraîcheur ont une influence non moins forte, et
qui, dans certains cas, prend souvent la première place. Je ne fais que
signaler ici cette influence, j'y reviendrai tout à l'heure, et son étude
nous donnera peut-être l'explication de bien des faits de tenue médiocre
de certaines vignes américaines, faits controversés et encore inexpliqués.
Dans un autre ordre d'idées, mais toujours au point de vue de
l'étude des circonstances qui peuvent gêner l'acclimatement d'un
végétal quelconque, il y a lieu de tenir compte des ennemis des
plantes, principalement de ceux qui appartiennent à la classe si nom-
breuse des insectes; soit que ces ennemis, indigènes dans le climat où on
veut tenter l'introduction de la plante, trouvent en elle des éléments de
nutrition plus favorables, et se mettent à l'attaquer au point de rendre,
dans certains cas, sa culture fort difficile sinon impossible, soit
qu'indigènes aussi dans la région dont la plante est originaire et
introduits avec elle, ils trouvent dans ce milieu nouveau des conditions
de multiplication éminemment favorables et puissent gêner alors le
développement d'un végétal qui ne souffrait que peu ou pas du tout
de leurs attaques, dans son milieu d'origine. Ceci m'amène tout natu-
rellement à examiner quelle peut être l'influence du phylloxéra sur les
vignes américaines plantées en France, c'est-à-dire à l'étude de leur
résistance réelle.
On ne tarda pas à s'apercevoir, dès le début des plantations de vignes
américaines, que du moins pour certaines variétés, les racinQs se com-
portaient sous l'influence des piqûres phylloxériques d'une façon tout
autre que les racines des vignes européennes; il devenait alors logique
de rechercher, dans la constitution propre de ces racines, la cause réelle
de cette différence dans le mode de réaction, et de tous côtés, des expé-
riences furent instituées dans ce but. M. Foex, que vous avez entendu
hier, prouva par des expériences d'une exactitude irréprochable, que
les racines des vignes américaines se lignifiaient avec une grande rapi-
dité, que leurs tissus étaient plus denses, plus serrés que ceux des
racines des vinifera, que les échanges intercellulaires étaient plus
difficiles, plus lents à se produire, et il attribua à cette lignification
rapide des racines, et à cette densité de leurs tissus, la cause premièia
de la faculté de résistance.
214 RESISTANCE ET ADAPTATION DES VIGNES AMÉRICAINES.
D'autres observateurs, partis d'une idée première différente, arri-
vèrent à des conclusions naturellement différentes des siennes et crurent
devoir attribuer une influence prépondérante à d'autres propriétés de
ces mômes racines. Ce n'est pas ici le lieu de se livrer à une discus-
sion approfondie de ces opinions et des observations sur lesquelles
elles reposent; il nous sufiit de constater et de bien retenir que quel
que soit le point de vue auquel on se place, quelle que soit la théorie
que l'on adopte, il y a, sinon uniformité absolue, du moins une grande
conformité dans les listes de cépages résistants, classés par ordre
de mérite. Il est donc juste de supposer que les cépages qui, d'après
toutes les théories et ces expériences diverses, sont toujours cités
comme devant être les plus résistants, ont de grandes chances
d'être bien réellement ceux qui présentent le plus de garanties sous ce
rapport.
Ces résultats ont une grande importance; ils prouvent que la résis-
tance est inhérente, au moins dans une certaine proportion, à la consti-
tution propre de la plante; or, on sait que cette constitution ne peut
varier. Pour moi, après avoir répété une partie de ces expériences, et les
avoir contrôlées sur le terrain, j'ai été amené à une manière de voir un
peu différente. Je crois, d'accord en cela avec M. Foex, que c'est à la
lignification excessivement rapide de leurs racines, que les cépages
américains doivent pour la plus grande part cette faculté si précieuse,
mais je crois que ce n'est pas tout; je crois que cette lignification
rapide est le principal facteur de la résistance, mais qu'il n'est pas
le seul. Pour moi, les causes sont multiples, la résistance est le pro-
duit complexe de plusieurs facteurs susceptibles de varier en nombre
ou en importance; en un mot, chaque vigne américaine a sa façon
propre de résister au phylloxéra.
Voyons maintenant l'état dans lequel nous trouvons ces racines
quand nous les examinons en terrain manifestement et ancien-
nement phylloxéré, c'est-à-dire demandons aux faits pratiques s'ils
viennent réellement confirmer ce que les études scientifiques per-
mettent d'avancer a priori.
Un grand point se dégage dès les premiers examens et on ne saurait
trop insister sur son importance; c'est que, tandis que sur certaines vi-
gnes américaines on trouve des phylloxéras en grande quantité, des
pondeuses volumineuses entourées de colonies nombreuses, tandis que
sur ces mêmes variétés les nodosités des radicelles sont innombrables et
pourrissent rapidement, et que sur les grosses racines on constate des
tubérosités- nombreuses, presque confluentes avec des lésions péné-
trant souvent dans l'intérieur des rayons médullaires, par contre sur
d'autres variétés, le nombre d'insectes est relativement restreint, sur
quelques-unes même on n'en trouve que par hasard et toujours ou
presque toujours à l'état isolé. Les insectes sont de petite dimension,
on les dirait maigres et mal nourris, et les colonies autour des pon-
deuses sont toujours composées d'un très petit nombre de phylloxéras.
Ces faits seuls permettraient d'affirmer que l'insecte trouve là des
conditions de nutrition insuffisantes et de nature à gêner considéra-
blement sa puissance effroyable de multiplication, mais il y a encore
autre chose de plus rassurant; sur ces mêmes variétés, les nodosités
sont toujours petites et très rares, la pourriture ne les envahit que
très lentement. Le cylindre ligneux central est toujours ou presque
I
i
RÉSISTANCE ET ADAPTATION DES VIGNES AMÉRICAINES. 215
toujours intact et la nodosité se dessèche et tombe en laissant à la
racine toute sa vitalité ; les tubérosités, sur les grosses racines, soat
encore plus rares, manquent même à peu près complètement sur cer-
taines variétés, et les lésions sont dans tous les cas toujours superfi-
cielles, de peu d'importance et suivies d'une guérisoii assez rapide
par suite du dessèchement et de la chute da la tubcrosité au-dessous
de laquelle on trouve une écorce saine de nouvelle formation.
On peut donc diviser les vignes américaines en deux grandes
classes, qu'on peut désigner ainsi : vignes faisant et vignes ne faimnt
pas de phylloxéra. Cette façon de les désigner est impropre et entière-
ment inexacte au point de vue scientilique ; la vigne, en effet, ne fait
pas de phylloxéra et le reçoit toujours du dehors, je la retiens cepen-
dant et je m'en sers quand même parce qu'elle rend, par une phrase
rapide et claire, ce qui paraît réellement se passer dans la pratique.
On peut, en étudiant les divers ordres de faits que je viens de
signaler, soit séparément, soit d'une façon connexe, établir comme
une échelle de résistance des vignes améi'icaines, et on constate alors
que si cette échelle n'est pas toujours entièrement conforme à celle que
l'on peut établir en se basant sur les recherches scientifiques seules,
ce n'en sont pas moins les variétés dont les racines sont les plus
dures, ont les tissus les plus denses, et présentent les signes de la
lignification la plus rapide qui forment la série des vignas que j'ai
désignées comme ne faisant pas de phylloxéra, et ce sont justement
les légères différences que présentent les deux listes, qui m'ont surtout
conduit à admettre que chaque variété de vigne américaine avait son
mode dd résistance spécial et particulier. Mais il ne faut point cepen-
dant perdre de vue qu'entre les espèces qui font du phylloxéra et
celles qui n'en font pas, il existe, surtout au point de vue pratique,
une vaste lacune; et que, sous le rapport chi li résistance, la plus miu-
vaise de celles qui ne font pas d'insectes est encore infiniment supérieure
à la meilleure de celles qui en font. L. Despetis,
{La suite prochainement.) Viticulteur à Florensac (Hérault).
GOMIGE AGRIGOLE GENTRAL DE LA MARNE
RAPPORT SUR LES PRIX DE GULTQRE. — III '
L'art. 3 accorde 3 médailles de vermeil accompagnées chacune d'une prime de
100 fr., aux serviteurs ruraux ou vignerons de l'arrondissement de Reims, le plus
méritants.
La Coinmission. composée de MM.Dacliâtaux, Leconte, Lacomrae, Levieux, Le-
clerc, Vauier, avait désigné comme président M. Ducliàtaux et comme secrétaire
M. Vanier.
L'unique demande pour les primes aux vignerons, a été adressée par M. Gres-
set (Jean-Marie), vigneron tâcheron, chez M. Billet de Fismes, depuis 62 ans.
Gresset n'était pas seulement vigneron, mais il suppléait presque entièrement
le maître, en dirigeant tous les travaux des vignes, vendanges et pressurages.
En 1859, il recevait déjà une médaille pour '4I ans ai bons services, et il a fallu
pour ainsi dire le contraindre cette année, pour qu'il consentît à être présenté d'of-
nce. En présence de services aussi longs et aussi méritants, la Commission n'a
point hésité à lui ac:order k récompense qu'il a si bien méritée, c'est-à-dire une
prime de 100 tr, et une médaille de vermeil.
La dame Lagauche, depuis 43 ans au servies de M. Chopin, de Goulommes ; et
et la dame Lelarge, depuis 28 ans chez M. Perrier de Savigny, sont les deux con-
currentes comme servantes de ferme.
La nature des travaux de la dame Lelarge chez M. Perrier de Savigny, n'ayant
1. Voir le Journal du 23 et du 30 octobre, p. 150 et 185 de ce volume
216 COMICE AGRICOLE CENTRAL DE LA MARNE.
point un caractère aussi rural que ceux de la dame Lagauche chez M. Chopin, la
Commission tout en reconnaissant les mérites de celle-là, a proposé à l'unani-
milé d'accorder la médaille de vermeil el la prime de iUO fr. à la dame Lagauche,
pour k3 ans de bons services.
Cinq concurrents se présentent pour la catégorie des serviteurs ruraux.
Ce sont : 1° MM. Dumalras, garçon de cullure depuis 29 ans chez M Cérardin, à
Tauxières' 2" M, îlenry, ouvrier moissonneur depuis dO ans, chez M. Gantelet, à
Tauxières; 3" M. Landois-Randoulet; ouvrier de culture, depuis 58 ans, chez
M. Lemarteleur, à Warmériville ; 4" M. Colcy, berger depuis kk ans chez
M. Couvreur, à Fismes; 5° enfin, M. Pierrat, berger depuis 43 ans chez M. Bail-
hot, à Muizon.
Le premier de ces cinq concurrents a été éliminé comme n'ayant pas encore
été récompensé par le comice de Reims ; Randoulet a dû être éliminé comme n'é-
tant pas à proprement parler serviteur rural attaché à la maison et ayant d'ailleurs
épuisé la série des récompenses, jusqu'à la médaille d'or inclusivement.
Parmi les trois deinieis, la Commission n'a retenu que les nommés Colcy et
Pierrat. Tout en reconnaissant leurs mérites réels à des tities divers, elle s'est
prononcée unanimement en faveur de Pierrat, auquel le Comice accorde une mé-
daille de vermeil et une prime de 100 francs pour 48 ans d'exercice comme berger.
L article 4 accorde des médailles et des primes à ceux qui, par des amélipra-
tions sérieuses, des travaux importants, des services réels se seront rendus digne
d'une récompense départementale.
M. Levoye, fermier à Bermericourt, est entré à la ferme de Sainte-Marie de-
puis quelque temps seulement, et c'est sous son active direction que des terrains
naguère presque incidtes ont été transformés en un soldes plus fertiles. M Le-
voye fait peu de céréales et s'adonne plus particulièremeiit aux cultures potagères
et fourragères. Il a pr^'senté à la Commission, des betteraves, des pommes de terre,
des pois et des haricots d'une végétation extraordinaire.
Un semblable résultat prouve surabondamment ce que peut en tous lieux le tra-
vail intelligent uni aux soins et à l'ordre. On ne p^^ut qu'applaudir à ces vaillants
efforts et féliciter l'agriculteur qui n'a reculé devant aucun sacrifice pour atteindre
ce but.
Le Comice décerne à M Levoye une médaille de vermeil pour culture potagère
pratiquée sur une grande échelle.
M Edouard Robinet, d'Epernay, est l'auteur de plusieurs ouvrages sur l'analyse
des vins et sur la fabrication des vins mousseux. Ces publications bien connues du
public et justement appréciées traitent de la fabrication des vins mousseux avec
une compétence indiscutable.
Depuis longtemps le commerce des vins de Champagne y puise de très utiles
indications. Le Comice central, heureux de récompenser ces ouvrages, et la Commis-
sion, composée de MM. de Mareuil, Bouché, docteur Plonquet et Ayala, a pensé
avec lui qu'il y avait lieu d'encourager d'aussi louables etîorts tendant à vulgariser
le^ pratiques les plus utiles dans une industrie qui intéresse une si grande partie
du département de la Marne, et accorde à M. Edouard Robinet une médaille de
vermeil.
CJne Commission composée de MM. Frieh, inspecteur primaire. Chaudron,
Bertrand, Petit-Thierry, Comte, Gralichet Dammanget, Noël et Pouillot, a examiné
la demande de MM. Guénard, instituteur à Epense, et Appert, instituteur à
Maffrécourt.
La pre i.ière visite a été pour Eponse. Les élèves de cette école, interrogés sur
les matières agricoles, ont répondu avec une précision qui témoigne de l'intérêt
({u'ils prennent à l'enseignement qui leur est donné.
Le jardin d'expériences de M Guénard renferme notamment de nombreuses
variétés de blés et de betteraves appropriées aux cultures locales et présentant les
apparences d'un rendement considérable.
L'ensemble est excellent et à l'unanimité la Commission propose pour M. Gué-
nard, une récompense que le Comice central n'a point hésité à placer en première
ligne. En conséquence, un ouvrage d'agriculture est décerné à M. Guénard, insti-
tuteur à Épense.
La Commission s'est ensuite transportée à Maffrécourt et a interrogé les enfants
sur divers sujets d'agriculture. Leur réponses claires, nettes et précises ont
permis de conclure que M. Appert s'occupait d'une manière sérieuse et suivie de
l'enseignement agricole.
COMICE AGRICOLE CENTRAL DE LA MARNE. 217
Les sujets de rédaction traités par les enfants n'ont pas moins frappé la Com-
mission. Le jardin de l'école, tenu avec soin et intelligence, est un exemple pour les
enfants. Les louab'es efforts deM. Appert devant être encouragés et récompensés,
le Comice lui accorde un ouvrage d'agriculture.
M. Hyonne, instituteur à Mareuille-Porf, sollicité par plusieurs membres du
Comice d'Epernay connaissant son amour de l'agriculture, a consenti à faire une
demande. Une commission composée deM. Venot, inspecteur primaire àÉpernay,
Président, de M. Prin, membre du Conseil général, de M. le maire de Mareuilet
e MM. Pujos, Baudin, Rondeau etTicry, s'est rendue à Mareuil.
Les questions les plus diverses sur les matières agricoles ont été adressées aux
enfants; tous ont répondu avec facilité et d'une manière très satisfaisante.
M. Hyonne compte 56 ans d'âge et 36 ans d'exercice dans sa longue carrière
d'instituteur, et il a toujours enseigné, soit à la classe du jour, soit au cours d'adultes,
les éléments d'agriculture.
Plusieurs récompenses lui ont déjà été décernées. La Commission, appréciant
d'aussi sérieux mérites, a demandé pour lui une médaille d'argent que le comité
central lui a accordée.
M. Eugène Giraux, cultivateur à Ecury-sur-Goole , a exploité d'une ma-
nière remarquable et amélioré sensiblement pendant une période de seize années
toutes les propriétés de la famille Hurault. Mme Giraux a notablement secondé
son mari. Leur travail n'a jamais rien laissé à désirer et la Commission, composée
de MM. Lebonvallet, Doiselet, Paillard, Lefèvre, Carquet et Dominé, a réclamé
pour eux un encouragement public. Le Comice, s'associant au vœu exprimé par
•ette Commission, décerne aux époux Giraux une médaille d'argent.
M. Caranjeot-Féry, de Nauroy, opère des plantations de résineux sur d'impor-
tantes étendues de terrain appartenant à divers propriétaires et notamment chez
M. de Grandrut oià il a obtenu un véritable succès, confirmé d'ai'leurs par le
temps. M. Carenjeot, dit M. Blanrue de Fontaine, le rapporteur de cette Com-
mission, a les meilleurs antécédents, ses travaux sont connus de toute la contrée
et il mérite les plus grands éloges. Si l'on établit une comparaison entre ses
nombreuses plantations et celles qui ont été entreprises par d'autres personnes,
on constate une supériorité incontestable sur la réussite et le travail raisonné de
M. Garenjeot-Féry, auquel le Comice accorde une médaille de vermeil.
Tel est le résumé aussi sincère et exact que possible des travaux accomplis
par les diverses commissions du Comice départemental pour la première partie
de notre programme. Alfred Lequeux,
Secrétaire yénéral du Comice.
PISCICULTURE. - LES BOUCHOTS
Puisque nous sommes avec les boucholeurs d'Esnandes et de
Marsilly, c'est-à-dire à ce joli et riche coin de notre France appelé
côtes de la Saintonge, fixons encore un point des origines de la pisci-
culture; car là, de moules à huîtres il n'y pas loin.
Depuis des siècles, le treizième pour le premier et le seizième pour
le second, se maintenaient et prospéraient bien humblement : deux
grands faits du monde moderne. La liberté religieuse avec les pasteurs
du désert et avec les descendants du pauvre naufragé irlandais
Walton, l'exploitation de l'eau par la culture des mollusques. Ostende,
Saint-Servan, monsieur tel ou tel, doivent ici laisser la parole aux
faits ; or les faits sont les suivants.
Avant de parler de moules dont l'industrie des boucholeurs a fait
une si intéressante source de notre richesse nationale, un mot sur
l'huître, ce grand seigneur du jour dans la pisciculture marine et
officielle auquel chacun s'empresse d'offrir hommages et services.
Ce fut des côtes de Saintonge, de ce beau pays instruit, aisé, libre
dans sa pensée, que partit en 1821 le mouvement huitrier, mouve-
ment qu'avec MM. d'Orbigny et Robert, en 1846 et 1852, nous
pourrions suivre avec M. Pougnard, notaire à la Tremblade, égale-
218 PISCICULTURE. — LES BOUCHOTS.
ment 1852. Mais ayant déjà traité incidemment ce point dans une de
nos précédentes causeries (n" 45T, du 12 janvier 1878) à propos du
rapport au ministre de la marine de M. Bouciion-Brandely, nous n'in-
sisterons pas.
Nous n'y serions pas revenu si, dans un récent ouvrage de piscicul-
ture (Rothschild, éditeur, .Paris 1880), M. Pisetta, intelligente recrue
saluée avec joie, car il nous en faut des ouvriers de la onzième heure!
M. Pisetta ne reproduisait le môme fait entièrement inexact, à moins
de documents officiels que nous ignorons.
En les attendant, ce sera par Cosle, page 138 de son grand travail
sur la pisciculture, que nous nierons à M. de Bon la priorité des essais
sur le naissain en 1853.
Car ce fut par le même rapport du 5 février 1858, que les pisci-
culteurs entendirent pour la première fois prononcer le nom du com-
missaire de ]a n^arine, aujourd'hui conseiller d'Etat, à propos de ses
expériences à la Rance, page 158 de l'appendice de la première édi-
tion citée ci-dessus. La pisciculture en 1853 nous appela à Granville,
Pontorson, Mattignon ; nous la traversâmes, cette fameuse Rance, et
nous devons à la vérité de déclarer que pas un seul mot nous enten-
dîmes des pêcheurs avec lesquels, par douzaines, nous étions sans
cesse en relation, sur de tels essais sur le naissain, ce qui est un fait,
non une preuve. Mais en nous rendant l'année suivante avec Coste
lui-même à la Seudre, nous vîmes, grâce à l'initiative de M. Ackermann,
commissaire de la marine à Marennes, des essais très sérieux sur
le dérabage; dont (page 143 de son grand ouvrage) il rendit compte.
Malheureusement, il ne fut imprimé qu'en 1855.
Entre temps, notre deuxième travail sur la Pisciculture (Versailles,
imprimerie Beau), avait paru en mai 1854, nous avions pris date et
prononcé le premier le nom de ce modeste officier de la marine.
C'est en nous rendant des Bouchots à la Seudre et en traversant des
marais salants de Brouage , que ce même M. Ackermann appela l'at-
tention de Coste sur la possibilité de leur transformation en fermes
huîtrières ou claires et, surtout en parcs à petits mollusques. Notre
causerie sur les Oubliés a dit comment (Voir n" 596 du Journal).
Ce sont de grands faits rappelant à notre esprit de trop doux souvenirs,
pour que nous, vivants, nous ne tenions pas à honneur de dire avant
tout ia vérité à la géné^-ation qui n'a pas (heureusement pour elle)
pu être tém'oin d'un si laborieux enfantement.
Elle eut assez à souffrir, celle qui la fit naître, pour qu'au moins
nous ne lui marchandions pas la justice qui lui est due.
La moule, cette huître du pauvre, vient en un an. Comme d'après
Lamark il n'y en aurait qu'une petite soixantaine d'espèces, nous
ne nous tiendrons qu'à.... la moule, ce mollusque à la belle coquille
luisante au dehors, bien nacrée au dedans que tout le monde connaît,
et que l'intelligente culture des boucholeurs a améliorée d'une si
remarquable façon.
Elle est incontestablement un des êtres de la création sur lequel la
patience et le génie de l'homme se soient exercés avec le plus de
profit.
Ce n'est pas trop de dire, pour ceux qui ont eu le bonheur de voir,
il y a 30 ans, cette belle contrée, à la vie si douce et aux mœurs si
pures (c'est encore là que dans tout un village on trouvait les portes
PISCICULTUBE — LES BOUCHOTS. 219
sans serrures), quelle harmonie dans ses rives, climat heureux et tout
humain, a dit Michelet; vignes, moissons, la mer, tout est là comme
à plaisir, réuni sous un ciel doux, aux miroitements infinis. La tem-
pête de temps en temps y fait bien rage, arrachant par bancs ses fa-
laises calcaires, les roulant sans cesse comme avertissement de notre
humaine Cragililé. Qu'importe, si le crustacé ne s'y peut fixer et n'y
trouve sa sécurité, les vasières utilisées de ses anses et la douceur des
eaux de son large, ne nourrissent-elles pas poissons et mollusques à
nuls autres seconds ! C'est la partie des côtes de notre Gironde aux
belles rives, doublée de Tarn et Dordogne, à la Loire ; où, par bonne
mer, se pèchent quantité et qualité.
Maury, dans sa dernière carte du Gulf-Stream, en détache une
branclje, extrême droite du grand courant montant au pôle; qui des
îles Sien à Ortegal, réchauffant nos côtes Ouest, en fait un tiède et
doux berceau où abonde la vie, mais provoquant aussi, quand la pro-
portion des eaux douces, qu'y jettent la Loire et la Gironde, est trop
forte, les terrible tempêtes du golfe de Biscaye entre les 8° et ! 6° degré
longitude.
La moule se reproduit de février à avril, et, hermaphrodite comme
l'huître, en de telles quantités que, malgré les hécatombes qu'en font
les turbo lilloralis et les étoiles de mer surtout (au printemps, ces der-
nières ont presque fait disparaître tous les bancs de la côte normande),
il en reste et restera toujours assez pour l'ensemencement de tous les
bouchots créés ou à créer. A la moule, il faut les vases de l'Océan et
les tranquilles étangs salés de la Méditerranée où nous ne doutons pas
qu'elle ne devienne la base d'une industrie digne de son aînée des
côtes de Saintonge.
Les articles publiés en 1868, sur la culture de l'huître, à la ferme-
école du port de Bouc et celui de notre honoré collaborateur, M. Mayet,
professeur à l'Ecole nationale d'agriculture de Montpellier, n° 571
de la collection du Journal, nous dispensent d'insister sur ce point.
Ces messieurs, mieux instruits que nous ne pouvons l'être, nous ren-
seigneront un jour bien certainement.
Revenons à nos bouchots de l'Ouest, que nous n'avons pas revus
depuis 1853.
Quelle proportion d'eau douce aime la moule, est encore un de ces
points à fixer. Celles cultivées en pleine rade de Toulon, sont les plus
succulentes et les plus grasses que l'on connaisse; or, elles n'en re-
çoivent pas une goutte ! Il est constaté que les bouchots, recevant le
plus directement les eaux de la Vendée et de la Sèvre-Niortaise ou
rivière de Marans, sont avec ceux d'Amont (les plus près de la côte),
ceux où elles s'engraissent et profitent le moins, une fois fixées sur la
fascine ou le pieu au moyen de sa langue- pied ^ ayant hlé une espèce
de byssus, sorte de câble d'attache, au nombre de 150, qui n'est
autre, comme on vient de le découvrir si curieusement, que de la soie
liquide.
Entre marée, les coquilles de la moule sont toujours hermétique-
ment fermées et pleines d'eau, ne les entrouvrant qu'à mer haute, en
laissant saillir sur les valves les bords de son manteau bordés de petites
franges blanches, fait caractéristique de l'espèce, dans toute cette
grande famille des mollusques.
L'histoire de Walton et la construction des bouchots ont été redites
220 PISCICULTURE. — LES BOUCHOTS.
tant de fois, que nous n'y insisterons pas. Cette clôture en bois (Bout-
choat), sur laquelle se feit l'engraissement de la moule est, par l'origi-
nalité de son exploitation, un des faits des plus curieux de l'histoire
naturelle, lequel, sans la découverte de TAcon ou pousse-pied, c'est-
à-dire, de la boîte en bois ou batefiu poussé sur la vase au moyen du
pied droit, jambe gauche et les deux mains formant point d'appui;
lequel, sans cette découverte, serait mort-né.
Ici nous demandons à poser une interrogation qui nous a causé bien
des embarras. Comment le célèbre colonel russe, Préw^alski,a-t-il, dans
son historique voyage au Lob-Nor, c'est-à-dire à cet immense plateau du
Pamir, d'où seraient sorties les races indo-européennes, et spécialement
nous ariens, comment a-t il trouvé sur les bords de cet inconnu Turiui.
le pousse pied de nos boucholenrs saintongeois, et surtout l'appareil
hydraulique de la grande pêcherie de Commachio?
Bien cher Broca, qui le 2 juillet, m'adressiez votre dernier mot
poissoîi, de ce Sénat même, dont juste dix jours après, vous deviez
si malheureusement pour la France et pour nous, disparaître à jamais,
quel intéressant problème à votre si haute compétence!!..
Notre cher directeur nous permettra cette petite digression qui est
une pieuse pensée, au souvenir des belles heures qu'ensemble, chez
ce bon Jourdier Decrombecque, aussi lui disparu, nous passâmes au
joli Vert-Galant, pisciculturant et péchant sur le canal de l'Ourcq.
Etait-il aimable, joyeux, pétillant ce cher Broca ! Comme il s'amu-
sait à nous faire prendre à nous, les deux ou trois pisciculteurs pré-
sents, des harengs!...
N'étaient-ce pas aussi des pêches miraculeuses celles-là? Notre
"egretté Broca n'étant plus, qui nous répondrait aujourd'hui? car,
quant à nous, nous avouons franchement n'y pas comprendre le
premier mot.
Un bon bouchot fournit une charge de moule par mètre de long,
soit 300 livres dont la valeur était de 25 fr., soit 2,000 à 2,500 fr.
par bouchot où de notre temps 12 ou 1,300,000 fr. Chiffre doublé
depuis, nous a-t-on assuré, car de 40 millions de kilog. de moules,
on en récolterait près de 80, année moyenne.
C'est le bouchot qui a trouvé pour ce coin heureux de la terre la
solution du plus grand de tous les problèmes de tous les temps. La
suppression de la misère!
Ces trois communes d'Esnandes, Marsilly et Charron ne comptent
pas un seul pauvre parmi les hommes valides. Sous la République,
un pareil fait ne saurait être assez connu et ne pas rester isolé
comme il l'a été jusqu'à ce jour.
L'immense vasière de Bourneuf est là au nord de la Vendée. Nous
nous plaisons à espérer qu'on y prouvera bientôt que la République
c'est l'action. Acla et non verba.
N'ayant l'habitude de parler que de ce que nous connaissons, nous
ne disons rien des bouchots de la Somme (cap Hirner) laissant à des col-
laborateurs du Journal, mieux renseignés, d'en entretenir nos lecteurs
La moule s'accommodera-t-elle des si fortes marées de la Manche?
L'établissement du bouchot y sera-t il posssible et économique? C'est
un désir que nous exprimons, et quoi qu'il en soit, bon et utile serait-
il de l'avoir essayé. Chabot-Karlen,
Correspondant de la Société nationale d'agriculture, à Tbun (Suisse].
l'arrachage des betteraves.
•221
L'ARRACHAGE DES BETTERAVES
Nous avons déjà appelé l'attention de nos lecteurs, en 1879, sur
l'arrache-betteraves construit par M. Oiivier-Lecq, à Templeuve (Nord),
et qui a été adopté par un grand nombre de cultivateurs. Cet appareil,
que représente la fig. 20, peut arracher un hectare de betteraves par
jour. Son prix est de 2*20 fr. Il se recommande d'une manière spéciale
quand viennent les gelées. Les ouvriers ne peuvent que très dit'iicile-
ment continuer leur besogne, tandis que l'arracheur mécanique fonc-
tionnera encore parfaitement en cassant la croûte gelée, ses socs péné-
trant de 10 à 12 centimètres en terre.
M. Decrombecque, de Lens, qui depuis trois ans, arrache ses 1 1 Ohec-
ij.Fig. 20. — Arrache-betteraves de M. Olivier-Lecq.
tares avec quatre instruments qu'ila disposés en outre en butteurs dou-
bles et en houes à cheval très énergiques, affirme qu'il trouve dans
l'emploi de cet appareil une économie de 1 8 fr. à l'hectare.
L. DE Sardri.vc.
PLANTATION AUTOMNALE DE LA POMME DE TERRE
La plantation automnale de la pomme de terre sur laquelle M. F. R.
de la Tréhonnais appelle l'attention des lecteurs de, ce Journal en
citant les conseils donnés sur ce sujet dans le Times par un curé de
campagne et l'expérience faite par M. James Howard, n'est point une
nouveauté, tant s'en faut. Il y a une trentaine d'années, alors que la
maladie sévissait avec le plus d'intensité, M, Leroy-Mabille, de Bou-
logne-sur-Mer, préconisa la plantation automnale pour rendre la ré-
colte plus précoce, plus mûre, et par suite l'arracher à la pourriture;
il se fit l'avocat convaincu, on pourrait dire l'apôtre de cette méthode,
qu'il s'attacha à propager par tous les moyens possibles.
Il obtint, en effet, des résultats bien propres à convaincre les plus
incrédules, dans les expériences qu'il poursuivit afin d'appuyer ses
conseils sur des preuves indéniables.
Ces résultats sont réellement curieux et intéressants. Voici, entre
autres, ceux se rapportant à deux expériences.
A partir du T' octobre 1849 jusqu'en mai suivant, M. Leroy Ma-
222 PLANTATION AUTOMNALE DE LA POMME DE TERRE.
bille planta le l*^"" de chaque mois des pommes de terre dans un ter-
rain qui n'avait pas reçu le moindre engrais, mais qui avait été fumé
fortement l'année précédente. La récolte lut faite le 21 septembre et
l'on constata :
Plantation du Tubercules. Gâtés. Perle.
1" octobre 95 6 G. 66 pour 100
1" novembre 70 7 10 —
1" décembre 187 25 13.(56 —
Jusque-là, M. Leroy-Mabille n'avait pas fait abstention du nombre
de pieds; à partir de ce qui suit, il a opéré sur vingt pieds apparte-
iiant à chaque catégorie :
Tubercules. Gâtés. Perte.
1" février 221 125 .'iG po;ir 100
1" mars :i81 92 51 —
1" avril 245 193 78 —
1" mai 167 113 67 —
Le même résultat s'observe dans une autre expérience faite la même
année dans un terrain inculte depuis près d'un siècle, et n'ayant
jamais reçu un atome d'engrais :
Plantation du Bonnes. Mauvaises.
15 novembre 174 2
15 décembre ,. 180 2
15 janvier 11 'i 0
15 février 202 7
15 mars 179 16
15 avril 106 44
En résumé, les essais entrepris par M. Leroy-Mabilie et par d'autres
cultivateurs prouvaient non seulement que la plantation automnale
donnait plus de tubercules sains, mais aussi qu'elle procurait une
récolte plus abondante et même plus riche en fécule.
Malgré le vif intérêt qui s'attachai'L vers cette époque à de sem-
blables travaux, malgré tous les avantages que semblait présenter
la plantation d'automne, la pratique n'a jamais adopté cette méthode
qui n'est pas sortie du domaine expérimental et n'en sortira proba-
blement pas davantage aujourd'hui. C'est qu'en effet, à côté des avan-
tages qu'elle peut offrir, il y a aussi pas mal d'inconvénients, et je
dirai même des obstacles insurmontables à son adoption par la grande
culture.
La pomme de terre, pour réussir, demande impérieusement un
terrain défoncé, fumé et meuble. Dans beaucoup de cas, les défonce-
ments d'été sont impossibles à cause de la sécheresse, à moins d'o-
pérer dans un sol très léger. Et si l'on veut faire succéder la
pomme de terre à un fourrage artificiel : trèfle, luzerne ou sainfoin,
ce qui est une excelienle pratique, surtout en terrain fort, il faut y
renoncer avec la plantation automnale. Au contraire, avec la planta-
lion de printemps, on peut défoncer (ce que je recommande beaucoup}
le plus tôt possible en hiver, vers le commencement de novembre, et
en même temps l'on enfouit une fumure abondante. Surviennent les
gelées d'hiver qui ameublissent la terre la plus forte, émiettent les
mottes les plus énormes ; et au moment de la plantation, au prin-
temps, on trouve le sol le plus friable, le plus favorable au dévelop-
pement des tubercules.
Avec la plantation d'automne, il faut placer les tubercules à une
PLANTATION AUTOMNALE DE LA POMME DE TERRE. 223
profondeur assez considérable pour les empêcher d'être atteints par la
gelée. L'arrachage sera d'autant plus difficile et dispendieux.
Et dans les sols compacts, si l'hiver est pluvieux, que deviendront
ces tubercules au milieu de cette humidité glaciale? Et «i ensuite
succède un printemps très sec, comment les jeunes pousses auront-
elles la force de percer l'épaisse couche de terre durcie par les pluies
et par la sécheresse ? Il faut avoir cultivé pour sentir le vice de cer-
taines méthodes quand on veut, de la théorie, les faire entrer dans la
pratique. Et certes là ne sont pas les seuls inconvénients inhérents à
la plantation d'automne.
Un curé de campagne prétend que, par suite de l'emmagasinage des
pommes de terre dans les caves, il se produit une végétation vigou-
reuse sous forme de filaments, qui épuise nécessairement le tubercule.
Je lui répondrai que toutes les variétés ne germent pas ainsi dans les
caves. Je cultivais autrefois d'anciennes variétés appelées ici quaran-
taine, blanche fiae, qui, malgré tous les soins, formaient au prin-
temps un ATai champ de fanes blanchâtres. Je les ai remplacées depuis
quelques années par la Reine-Blanche qui n'éiiiet aucun germe ; j'ai
seulement soin de faire remuer le tas deux ou trois fois après l'hiver.
Cette variété est excellente, les tubercules sont sans exception parfaite-
ment réguliers et très appréciés par le commerce et dans le ménage.
Mes anciennes variétés étaient abîmées par la maladie, la Reine-
Blanche résiste parfaitement.
Je ne veux certes décourager personne dans des recherches, des
expériences nouvelles, car l'expérience est une des conditions de la
marche du progrès agricole, et aujourd'hui, plus que jamais, l'agri-
culture, dans la crise qu'elle traverse, a besoin du bon vouloir et du
concours de chacun. Seulement je tenais à constater que la plantation
automnale de la pomme de terre a déjà été préconisée en France, il y
a plus de trente ans par M. Leroy-Mabille, qui s'en est fait le chaleu-
reux avocat, comme moyen de lutter contre la maladie, et d'obtenir
un produit plus abondant; et que, malgré tous ses mérites apparents,
cette méthode, possible dans la petite culture ou la culture maraîchère
ou dans des conditions de sols exceptionnelles, n'a pas été acceptée
par la pratique agricole, surtout par la grande culture. Et je crois
fort que ce premier jugement sera maintenu. Louis Léouzon.
La Poule, près Loriol (Drôme).
LA GLAVELEE DANS LE MIDI
ET LE BÉTAIL ALGÉRIEN.
Sommaire. — L'État est impuissant à empêcher la clavelée de pénétrer en France avec le bétail
étranger. — Conséquences fâcheuses qui en résultent. — Moyens proposés pour empêcher cette
importation. — La clavelisatioa en Algérie n'est pas pratirfue, elle serait inefScace. — Mesures
conseillées par l'auteur de ce mémoire.
Malgré l'application rigoureuse à la frontière des arrêtés sanitaires
destinés à empêcher l'importation de la clavelée par le bétail étranger;
malgré la diminution considérable du nombre de bêtes ovines im-
portées cette année de l'Algérie, conséquence inévitable des me-
sures prises, la clavelée a pas moins pénétré dans nos départements
méridionaux où elle fait rage, semant la ruine chez les éleveurs, ajoutant
ainsi de nouvelles pertes aux pertes hélas! déjà si grandes, produites
par le phylloxéra, la maladie des vers à soie et la perte de la garance.
Ce'te importation inévitable, si facile à prévoir, se répétant réguliè-
224 LA CLAVELÉE ET LE BÉTAIL ALGÉRIEN.
rement tous les ans avec la même intensité et les mêmes desastres, dé-
montrant mieux que tous les raisonnements l'impuissance des arrêtés,
aurait dû provoquer de nouvelles recherches, à l'effet de trouver un
moyen pratique de concilier les intérêts gravement compromis d'une
deshranches très importantes du commerce algérien, avec ceux non
moins respectahles des éleveurs du Midi.
Bien que des milliers de faits étahlissent clairement combien les
arrêtés so«f veœatoires.... et parfaitement inutiles, n'est-il pas étonnant
d'apprendre que M. Rougemont, au nom de la Société d'agriculture
des Bouches-du-Rhône, a adressé une pétition à M. le préfet de ce dé-
partement, demandant la stricte exécution des règlements en vigueur
et, en outre, que les moyens de désinfection les plus puissants soient
employés pour purifier les navires qui transportent les bestiaux.
On ne saurait nier l'efficacité de la désinfection demandée ; quant
au restant, on peut répondre hardiment à l'honorable président : non
seulement l'Etat est impuissant à empêcher la clavelée de pénétrer en
France^ mais l'application stricte des mesures aura pour effet de faire
supporter, par le bétail algérien seulement, toute la rigueur des arrêtés,
tandis qu'il sera toujours facile d'y soustraire le bétail allemand, ita-
lien, espagnol, etc. Les éleveurs étrangers bénéficieront ainsi des ca-
pitaux que des lois injustes retireront de notre colonie algérienne.
L'explication de ce que j'ai l'honneur d'avancer est, tout entière,
dans la connaissance pratique des phases diverses de la variole ovine.
Cette maladie présente, en' effet, dans sa marche, deux périodes
bien distinctes. Entre la pénétration du virus claveleux dans un mouton
et la manifestation des signes caractéristiques de la maladie, il s'écoule
un laps de temps varialile entre dix et vingt-quatre jours, pendant
lequel il nest pas possible de la reconnaître; cest la clavelée quon ne
voit pas.
A cette première période succède la seconde : de petites taches
rouges, et, plus tard, des pustules apparaissent à la surface de la peau :
c'est la clavelée qu'on voit; rien nesi plus facile à reconnaîlre.
Les gens habiles faisant le commerce des bestiaux n'ignorent au-
cune de ces particularités; aussi ne s'exposent-ils jamais à voir leurs
animaux refusés aux postes de la douane française. Une visite
du troupeau, faite quelques heures avant la visite officielle, leur
permet de reconnaître la clavelée qui peut se voir; les sujets atteints
sont mis soigneusement de côté, le restant du troupeau renfermant un
certain nombre de moutons ayant la clavelée, qui ne se voit pas,
franchit aisément la frontière. La loi est respectée, mais le but pour
lequel elle a été faite n'est pas atteint. Il y a même celte circonstance
aggravante, que ces animaux, déclarés sains par les inspecteurs, sont
vendus aux éleveurs français, sans qu'il soit pris à leur égard la
moindre précaution sanitaire. La clavelée apparaît bientôt et ne tarde
à se propager de proche en proche ; telle est, le plus souvent, l'origine
de la plupart des épidémies claveleuses.
Cette fraude si facile à mettre en pratique lorsqu'il s'agit du bétail
allemand, espagnol, italien, etc., n'est pas possible pour le bétail al-
gérien, soumis à l'inspection aussitôt après sa sortie du navire.
Les exemples suivants montreront l'odieux des arrêtés sanitaires ap-
pliqués à la clavelée.
M, Pierre, colon, achète en Algérie, quinze cents moutons qu'il
L.\ CL.WELÊE ET LE BÉTAIL ALGÉRIEN ^25
expédie en France; arrivés à Marseille, l'inspecteur reconnaît vingt
sujets atteints de pustules claveleuses. En vertu de l'arrêté ministériel,
en date du 1 I mai 1877, les quinze cents moutons doivent être sé-
questrés, parqués pendant un temps parfois très long dans un espace
réduit. La mortalité qui se produit, les fraif> de nourriture et les soins,
absorbent bien vite la valeur de cette marchandise.
Si Pierre avait été un sujet Allemand, avant de soumettre les quinze
ce^-.ts moutons à la visite faite à l'un des bureaux de douane placés à la
frontière de l'Est, il n'avait, au préalable, qu'à éliminer les vingt sujets
claveleux, les quatorze cent quatre-vingts moutons restants franchiraient
la frontière sans soulever la moindre difficulté.
Pierre voulant démontrer, une fois de plus, Tabsurdité de l'arrêté
précité, aurait pu inoculer aujourd'hui les quatorze cent quatre-vingts
sujets déclarés sains et les expédier le lendemain en France, inutile
d'ajouter, sans soulever la moindre observation à la douane.
La cause principale de l'inefficacité des mesures prises, réside dans
ce fait qu'entre un animal sain et un autre sujet atteint de la clavelée
à sa période d'incubation, il n'y a pas la plus légère différence.
La Société d'agriculture desBouches-du-Rliône, désireuse de ne plus
voir la clavelée importée par le bétail algérien, aurait dû indiquer à
ÏE'at un moyen pratique de reconnaître la clavelée qui ne se voit pas.
Ce moyen, une fois connu, il devenait facile de publier un nouvel
arrêté autrement efficace que celui du 11 mai 1877. Or la pétition
adressée par l'honorable président ne renferme absolument rien à ce
sujet; donc quelle que soit la sévérité employée dans l'application des
mesures sanitaires, l'Etat n^ empêchera jamais la clavelée de pénétrer en
France.
L'impuissance des arrêtés étant un fait démontré, indiscutable, au
lieu de demander leur conservation, n'est-il pas plus rationnel, plus
logique de leur substituer d'autres mesures d'une efficacité incontes-
table?
Quelles sont ces mesures?
"^'" Avant de faire connaître mon humble avis à ce sujet, il me paraît
""nécessaire d'en signaler une, tour à tour conseillée par de savants
professeurs d'un grand mérite. Très simple, très facile en apparence, à
mettre en pratique, si séduisante lorsqu'on ne tient aucun compte de
la très grande habileté pratique des personnes qui se livrent depuis
longtemps au commerce du bétail, cette mesure, dis -je, est la claveli-
sation en Al;/érie dt^s bêtes ovines.
N'est-il pas évident que cette opération devrait être également imposée
à tout le bétail expédié en France, sans quoi les Algériens auraient
quelque peu raison dédire à l'Etat: en vertu de quel droit nous obligez-
vous à claveliser, si vous ne l'exigez des bêtes ovines fournies à la
France par l'Allemagne, l'Autriche, la Russie, l'Italie, l'Espagne,
etc.. qui ne présentent, à l'égard de la clavelée, aucune garantie?
L'Etat décrèlera-t-il la clavelisation en masse de tous les animaux
importés ?
L'efficacité de ce moyen ne saurait être douteuse, s'il était consciencieu-
sement appliqué, mais il compromettrait grandement les sources four-
nissant annuellement deux millions de bêtes ovines absolument néces-
saires aux besoins de l'alimentation française.
D'ailleurs, quelles seront les preuves exigées à la frontière établissant
226 LA GLAVELÉE ET LE BÉTAIL ALGÉRIEN.
que la clavelisation a été bien faite ? Nul doute qu'on exigera des
certificats et les traces qui résultent de cette opération.
Les certificats, tout le monde le sait, étant trop faciles à obtenir,
n'auront le plus souvent aucune valeur.
Quant aux cicatrices de la clavelisation, on peut prévoir d'avance ce
qu'il arrivera : les inspecteurs constateront sur tous les sujets présentés
à la frontière des cicatrices semblables à celles provenant des pustules
de la clavelée, avec cette différence que le plus grand nombre d'entre
elles résulteront d'une plaie faite babilement à l'aide d'un fer rouge ou
d'un caustique quelconque.
Le moyen signalé ne présenterait donc aucune garantie contre l'im-
portation de la variole ovine. Appliqué seulement au bétail africain,
il aurait pour conséquence de léser les intérêts des colons algériens au
bénéfice des spéculateurs qui sauraient simuler sur les animaux
achetés à vil prix, tous les caractères de la clavelée à sa période de
cicatrisation. Pourquier,
[la suite proehaiyiement.) médecin vétérinaire à Montpellier.
CONCOURS GÉNÉRAL AGRICOLE D'ORAN
11. _ ORGANISATION DU CONCOURS
Le 10 mai dernier, le ministre de l'agriculture prenait un arrêté
portant que le concours général d'animaux reproducteurs, d'animaux
gras, d'instruments et de produits agricoles de l'Algérie, se tiendrait,
en 1880, dans la ville d'Oran, du 10 au 25 octobre.
A cette occasion une prime d'honneur devait être décernée à l'agri-
culteur d'une circonscription déterminée, dont nous parlerons dans
un paragraphe spécial, pour le meilleur ensemble cultural, et bientôt
après l'administration décidait qu'une exposition industrielle, des
beaux-arts et scolaire, serait adjointe au concours régional, tout en
restant indépendante dé lui, les prix à y affecter devant être payés à
l'aide de subventions fournies par le gouvernement général, la
Chambre de commerce et les communes du département.
Pour tous ceux qui connaissent les détails auxquels il faut présider
pour conduire à bien une œuvre semblable, les délais accordés paraîtront
certainement trop courts; mais il faut se souvenir, dans le cas parti-
culier qui nous occupe, que la municipalité d'Oran et le Conseil géné-
ral du département, dont la coopération était indispensable, n'ont pu
se prononcer que tardivement.
Aussi M. de Lapparent, inspecteur général d'agriculture, assisté de
M. Nicolas, professeur de la chaire agricole d'Oran, n'a-t-il été appelé
à présider à l'organisation du concours, en qualité de commissaire
général, que par arrêté du SO juin.
C'est donc sur les bases bien déterminées ci-dessus que la muni-
cipalité d'Oran s'est mise à l'œuvre, et disons, une fois pour toutes,
qu'elle a été à la hauteur de sa tâche, et que si certaines difficultés
n'ont pu être vaincues, elle a cependant tiré le meilleur parti possible
de la situation et concouru, pour la plus grande part, au succès que
tout le monde enregistre en ce moment.
La Commission d'organisation, nommée par arrêté municipal du
18 juin 1880 et composée du conseil municipal, des présidents des
Comices agricoles de la province, des délégués de la Chambre de
commerce, du professeur agricole, du chef du bureau de la colonisa-
CONCOURS RÉGIONAL D'ORAN. 227
tion à la préfecture et de soixante-cinq notables propriétaires et in-
dustriels, ne tarda pas à se subdiviser en quatre parties chargées, la
première, de l'organisation matérielle du concours et de l'aménage-
ment des locaux; la seconde, de la publicité, de l'appel aux exposants,
des rapports avec la municipalité, la préfecture, les commuaes, les
éleveurs, les agriculteurs et les industriels; la troisième de l'exposi-
tion industrielle, scolaire, artistique et des beaux-arts; la quatrième,
enfin des fêtes publiques.
Entreprendre de retracer les travaux de ces sous-commissions en
décrivant cette tâche de dévouement incessant, exigerait des dévelop-
pements qui nous feraient sortir des limites de la mission que nous
avons acceptée.
Gomment, en effet, rappeler, sans de trop long détails, les efforts
de chacun, la publicité employée, les appels successifs adressés à tous
les intéressés, et en particulier à près de cent propriétaires considérés
comme possédant les principales exploitations de la circonscription
de la prime d'honneur, et à plus de cent vingts constructeurs d'instru-
ments agricoles de France et d'Algérie.
Nous ne pouvons cependant omettre de dire que la participation
effective d'un très graud nombre de personnes a été sollicitée pour
donnner au concours le plus d'éclat possible, la municipalité s'étant
adressée dans ce but au ministre de l'instruction publique pour un
matériel de pédagogie et quelques objets provenant des musées ou des
manufactures nationales, aux maires des principales communes de
France pour exciter les industriels h, prendre part à celte fête du
travail, au conservateur des forêts et à l'ingénieur des mines, pour
obtenir de ces services des collections des essences forestières parti-
culières aux régions des différentes inspections, des minerais, des
marbres et des échantillons de plâtres, de ciment, de chacun des trois
départements, à tous les particuliers dont lès collections ont une cer-
taine importance, au général de division et aux chefs indigènes pour
toutes* les industries arabes ainsi que pour l'installation d'ouvriers
exerçant leurs métiers sous les yeux du public.
Neuf Compagnies de chemins de fer et cinq de navigation ont, en
outre, consenti des réductions dans les prix des transports, tandis que
les maires, sous-préfets et administrateurs, les présidents de Comices
et de Sociétés hippiques de la colonie ont largement répondu à l'at-
tente des organisateurs qui se sont dévoués à cette tâche pénible, et
parmi lesquels nous devons retenir les noms de MM. Mathieu, maire,
Durel, adjoint, et Grebin chargé de l'exécution de différentes décisions.
A côté de cette organisation d'ensemble, rappelons encore la solli-
citude du commissaire général pour tout ce qui concerne les détails du
dernier moment, le classement des objets exposés, la nourriture indis-
pensable aux animaux, le service des dépêches assuré deux fois par
jour dans l'exposition même, et l'aide de ses collaborateurs aussi zélés
qu'affables : MM. Laverrière, bibliothécaire de la Société nationale
d'agriculture de France, commissaire; Rivière, professeur d'agricul-
ture de la Mayenne, et Magami, commissaires-adjoints, délégués aux
produits agricoles; ]M. Mesnier, commissaire pour les instruments;
M. Girin, pour le classement des animaux, et MM. Puygreffier et De-
launay préposés à la direction de l'exposition industrielle, des beaux-
arts et scolaire, ainsi qu'à la réception des objets,
228 CONCOURS REGIONAL D OHAN.
Mais le point le plus important à résoiulre a été certainement celui
qui a trait au choix d'un emplacement convenable, cette détermina-
tion pouvant avoir une grande influence sur le succès de l'entreprise.
C'est donc après un examen sérieux, et après avoir écai'té l'idée
d'une installation sur la place de la République qui se trouve dans les
quartiers du bas de la ville, auprès de la magnifique promenade
Létang, que la (>ommisi«ion a cru devoir adopter, pour siège du con-
cours, Ihôpital civil en construction.
L'éloigné ment de cet édilice du centre de la ville constituait ce-
pendant\ine difficulté sérieuse, reconnue p:ir tous ceux qui se sont
occupés de cet organisation; aussi a-t-on cherché à porter remède à
ce mal en priant M. Ddcauvrlle atné, d'installer 1/200 mètres de rails
pour conduire les visiteurs à l'aide de son charmant matériel depuis
la place d'Armes jusqu'au concours. Mais cet habile constructeur,
prévenu tardivement, n'a pu répondre à cet appel, et des services
d'omnibus ont alors été organisés pour l'ouverture de l'exposition.
Toutefois, à côié de cet inconvénient sérieux qui empêchera bien
des personnes de retourner souvent à celte fête, combien d'avantages
réels sont offerts par l'établissement public ainsi choisi.
Le nouvel hôpital civil d'Oran, d'après une notice que nous devons
à l'obligeance de M. Brunie, chef de service de la voirie départementale,
à qui revient le mérite et l'honneur d'avoir édifié ce bel ensemble,
est construit derrière la prison civile, sur un plateau situé dans l'en-
ceinte des fortifications et dont l'altitude est à 1 30 mètres au-dessus
du niveau de la mer.
Des massifs d'arbres de diverses essences, tels que pins, acacias,
ormeaux et faux poivriers, protègent l'établissement contre les vents
du sud, tandis que l'absence de constructions en avant favorise l'arri-
vée des vents dominants du nord et du sud-ouest.
L'hôpital qui a été projeté pour recevoir 650 malades, ofîre une
surface totale de 10 hectares et doit se composer, contrairement ^à ce
qui s'est fait dans le passé, d'une série de pavillons distants les uns
des autres de 23 mètres et reliés entre eux par des marquises légères
en fer, destinées à abriter les personnes des intempéries.
Ces différentes salles ont 8'". 80 de large, 6™. 80 de haut jusqu'au
sommet du plafond, et presque toutes atteignent 60 mètres de long;
les murs sont recouverts à l'intérieur d'un enduit en stuc, et tous les
angles sont arrondis.
Le sol des pavillons est à 1 mètre au-dessus du terrain naturel dont
il est isolé par des voûtes en briques, supportant une couche de béton,
revêtu d'asphalte; l'air extérieur peut pénétrer sous les voûtes au
moyen d'ouvertures grillées, ménagées à cet effet.
11 est aisé de régler à volonté l'introduction de l'air à l'intérieur,
grâce à des gaines longitudinales en briques établies à l'aplomb du
pied-droit des voûtes, tandis que des arrêtoirs placés aux fenêtres per-
mettent de les laisser entrouvertes dans toutes les positions possibles.
L'installation complète de l'hôpital nécessitera, abstraction faite du
mobilier, une dépense de 1,500,000 francs.
Tel est l'endroit choisi pour la tenue du concours qui dispose ainsi
d'une série de pavillons aménagés de telle façon que de longtemps en
Algérie on ne trouvera des avantages aussi nombreux pour l'organisa-
tion d'une fête semblable.
CONCOURS RÉGIONAL D'ORAN. 229
Uq chemin, ouvert tout récemment et pavoisé dans toute sa lon-
gueur, conduit à l'entrée principile, et le visiteur, pénétrait dans
l'enceinte, trouve tout d'abord une partie de l'exposition des instru-
ments, à sa gauche les stalles préparées pour recevoir les animaux de
l'espèce chevaline, et à droite, celles destinées aux. bœufs, les compar-
timents pour les porcs, et les ca^es pour les oiseaux de basse-cour.
A gauche de l'avenue centrale se trouvent échelonnés le commis-
sariat des instruments, le commissariat général, la salle des fêtes et
des conférences, le pavillon des produits agricoles et quel|ii3s bâti-
ments dont une partie renferme un restaurint du système bonillon-
Duval, le tont réuni par un élégant jardin anglais ou pxr l'installa-
tion de plusieurs constructeurs de machines agricoles.
A droite se succèdent le pavillon des Beaux-Arts, celui del'hidustrie,
la salle de l'exhibition scolaire, dilTérents bâtiments conte. lant le res-
taurant et le grand café de l'Exposition, précédés d'un square et ter-
minés par d'immenses hangars où s'etagent de magnifiques voitures,
et plus loin, tous les objets dont la grandeur n'a pas permis l'entrée
des salles particulières.
Le tout est très bien décoré, fort bien aménagé, et de ce côté encore
le public ne peut qu'adresser de sincères félicitations à tous ceux qui
ont présidé à cette organisation.
Nous avons, du reste, la bonne fortune de pouvoir placer sous les
yeux des lecteurs du Journal de t AijricaUare, un plan qui leur p:îr-
mettra de se rendre un compte exact de l'heureuse disposition du
Concours. Ce plan paraîtra avec notre prochain article.
Au jour marqué par l'arrêté du ministre, l'ouverture de l'Exposition
a eu lieu simplement, sans le cérémonial que nous avions remarqué à
Alger, en 1876, comme à Oran, en 1877; mais il ne faudrait pas dé-
duire de l'admission du public^ le lundi 18 octobre, que tout ait été
terminé à cette date.
Nous aurons dans le cours de l'examen, auquel nous nous livrons,
quelques négligences à signaler, certaines imperfections à rappeler, et
nous le ferons toujours sans hésitation comme sans partialité; mais
nous avons le devoir de dire ici que si l'on n'a pas été cooiplètement
prêt à l'heure convenue, cela tient non seulement à ce que l'on a com-
mencé trop tard les travaux d'aménagement, mais aussi à l'indifférence
des colons eux-mêmes, dont une grande partie des déclarations n'ont
pas été adressées dans les premiers délais accordés.
Ainsi pour le concours régional, le c italogue établi à Paris, sur les
déclarations reçues au ministère, est bien moins important que celui
qu'il a fallu imprimer à Oran, pour y comprendre les de n in les pro-
duites tardivement et acceptées par l'administration préfectorale; de
là, on le comprend, des lenteurs, de l'indécision sur l'espace nécessaire
et aussi l'impossibilité de donner avant le 15 au soir des emplacements
promis aux producteurs pour le 13.
A l'Exposition industrielle, les demandes d'admission ont été reçues
jusqu'au dernier moment; aussi l'installation ne peut- elle être com-
plétée pour l'époque voulue.
Les premiers prêts ont été, sans contredit, les constructeurs de ma-
chines, et à voir l'ordre, l'activité et la précision déployés dans le
classement, on comprend vite qu'il y a li une catégorie d'exposants
habitués à ces luttes et à ces grandes réunions.
230 CONCOURS RÉGIONAL D'ORAN.
Fallait-il dans ces conditions observer strictement les premières dé-
cisions, s'en tenir aux premiers délais, et se priver ainsi de riches
produits bien faits pour rehausser l'éclat de cette fête? Telle n'est pas
assurément notre pensée. Mais nous avons voulu donner à chacun sa
part de responsabilité et aussi montrer à tous ceux qui prennent part
à ces exhibitions, qu'ils doivent compter un peu plus sur eux-mêmes et
beaucoup moins sur l'administration.
Que de colons hésitent lon^jtemps avant de prendre une détermi-
nation à ce sujet, combien d'industriels des yilles ne se déclarent
qu'au dernier moment, parce qu'ils ont connaissance de l'admission
de confrères plus soucieux de leurs véritables intérêts.
Il ne doit pas en être ainsi, et si, comme oous l'avons dit en com-
mençant, les concours servent à récompenser, à enseigner et aussi à
établir des relations commerciales, chacun de nous doit s'y préparera
l'avance, comme on le fait d'ordinaire, pour l'accomplissement des
nombreux devoirs que nous impose notre réunion en société.
Nous modifions un peu Tordre que nous voulions suivre dans ce
compte rendu, en donnant à cette place la liste complète des lauréats
dn concours, qui doit être attendue avec impatience par un grand nom-
bre d'agriculteurs.
Prime d'honneur canshiant en un objet d'art et vme somme de 1,500 francs. Pour l'exploitation
de la circonscription d'Oran présentant le meilleur -ensemble cu'tural et ayant réalisé les améliora-
tions les plus propres à être offertes comme exemple, décernée à Mme veuve Berihoin, ferme
Sainte-Eugénie, commune de la Senia.
Médailles accordées par M. le ministre de l'agriculture et du commerce, sur la demande du Jurj
de la prime d honneur. — Médailles d'or (gta,n>\ module), M. Joseph Sommer, à Moussa-Touil et Sidi-
Chami, pour création d'une exj loiiation importante et spécialement l'excellente tenue delà ferme;
M, Karoubi (Messaoud), à Bellevue (Cran), pour création d'un vignoble de 63 hectares; exemple
salutaire donné ainsi à ses coreligionnaires. — Médaille d'argent (grand module), M. Xavier
Derriey, à Bou-Sfer, pour plantations de vignes en coteaux et emploi de bons instruments de
culture.
Objets d'art offerts par M. le gouverneur gén<^ral de l'Algérie. : M. Kaddour-Charef-ben-Si-
Hammed, à Tounin (Cran), pour la jument qui a obtenu le \" prix de sa section ; — M. Bou-Lefred,
à IVIostaganera, pour l'étalon qui a obtenu le l"' prix de sa section
Animaux reproducteurs. — Espèce chevaline.
1'° Catégorie. — Races oiient^les de pur sang (races ssriennes et analogues). — Femelles. —
Juments nées avant le l" juin 1877. — Prix unique, M. Arlès-Dufou'', à Oued-el-Haleug (Alger),
2" Catégorie. — Race baibe et arabe. — Mâles. — l" Seclmn. — Poulains nés depuis le 1" juin
1877, — !"■ prix, M. Abdeliiader Ben Amara, à Tounin (Cran) ; 2", M. Mohammed Boui'iane, à
St-Leu (Cran). Prix supi lémp<ntaires, M. Pierre Léger, à Uran ; M. M'hammed bel Haouari,à Tenazet
(Oran); M. Ben-Aouda Bel Aroui, au Kçar (Or.m) ; M. François Guillet, â Mangm (Oran). Men-
tions honorables, M. Nicolas Bilger, â St-Louis (Oran); M. J.-B. Arviset, à Orleansville (Alger);
M. Edouard Duc, à St-Leu (Oran). — 2' Section. — Etalons nés avant le P'' juin 1877,— P"' prix,
à M. Bou-Lefred, à Mostaganem. — 2% M. Bea-Aouda-Ben-Mazari, à Aïn-Témouchent (Oran). Prix
supplémentaire, M. El-Hahib-Bel-Ghali, à Blail-Touaria (Or^n); M. Moharamed-Ould-el-Hadj, à
Sidi-Ghalem (Oran). Mentions honorables, M. Mokretar-Ben-Dida, à Tenazet (Oran); M. Moham-
med-Ben-Saïla, au Tlélat (Oran); M. Ismall-OuM-Djelloul, à Daya (Oran); M. MustHpha-Ould-Mus-
tapha-ben-lsmaïl,àAïn-Témouch^'nt(Oran).M.Abdelkader-ouiii-Sliman,àLourmel (ûran). — Femelles.
1" Section. — Poul clies nées avant le l" juin 1877. — l" prix, M. Charles Alibert, à Saint-
Lucien (Oran); 2% M, Joseph Torregro3=a, à Oran. Mention très honorable, M. Makhlouf-ould-
Lakdar ben Amare, à Tounin (Oian). Menlionh honorables, M. Makhlouf-be.i-si-Himail, à Tounin
Oran); M. J.-B. Arviset. — 2" Section. — Juments née-; avant le 1" juin 1877, [)leine£ ou suitêes.
— l" prix, M. Kaddour Cbaref hen si Hame I, à Tounin (Oran); '2-, M! Pierre Vinçon, à Fleuras
(Oran). Prix supplémentaires, M. Pierre Montels, à Oian; M. Ismaïl ould Djelloul, à Daya (Oran);
M. Ferdinand Chevrol, à Mangia (Oran). Mention très honorable, M. M.ontels. Mentions honorables,
M. El-Hadj Abdeikader ould El-Arbi, â Aïn-Boudinar (Oran); M. Jac^ue, Gabel, à Mangin (Oran);
M. Montels; M. Pepe Mira, à Sidi-Chami.
3° Catégorie. — Baces pures non dénommées ci-de«isus et croisements divers. — Mâles —
l^prix, M. Arlès-Dufour. — Femelles. — 1" prix, M. Emile David, du Tlébat (Oran); 2%
M. François Durand, à Sidi-Chami (Onin). Prix supplémentaires, M. Salva, à Oran; M. Joseph
Sommer' à Sainte-Baibe-du-Tlélat (Oran); M. Chevrol; M. Nicolas Bilger, Mentions honorables,
M. Jules Blanfamay, à Saint-Leu (Oran); M. Eugène Delage, à Mangin,
Espèce bovine.
1" Catégorie. — Race de Guelma. — Pas de prix décernés.
2* Catégorie. — Races africaines autres que la race de Guelma. — Màks. — Taureaux nés depuis
le 1" juin 1876 et avant le l" juin 1879. — P'' prix, M. Calmets, à Si li-Chami (Oran); 2% M. Pierre
Duveyrier, à Aïn-Beïda, Misserghin. — Femelles. — Génisses âgées de plus d'un an et vaches
pleines ou àlait. — I" prix, M. Galmels ; 2% M. Duveyrier,
GOMîCrURS RÉaiOfWAL D'ORAÎf. 23Î
a* Catégorie'. — Races d'Europe. — Mâles. — Tiursafix nés depais le 1»' juin 1876 et avant le
1" janvier 1879.— î" prix, M. GasJav« Rada, ai SMi^-bei-Abhès; 2", M: Brunet, représentant; l'i/mon
du Sig. Pris sapp^émeHtaiPe, Mr. LatureatAupèclei, Boupdika (Alger). — Pèmdles. — Génisses
âgées de plus d'un au el vachea pleines ou à laat. — 1«- prix, AI. Arles-Dufotip; 2% M, François
Gayraudi, $ Onan; 3', M. Kada.
i" Catégorie i. — (îroisem«nts divers.— Mâle». — Tonneaux nés depuis lel" juin 1876etavant le li*'
janvier ]H1^. — I»rix unique; M, Gayraudf. Prix suppléotentaire, M. Arïès Duifour. — Pi^raelles. —
Génis^esde'plas.d'uTi an et vaches pleines ouà lait. — P'prix, M. Arlès-Dutoar; 2*, iVI. Giyraidj
3', M. Auguste- In-,. à iarjfuenitab (Oraa)'. Prix supplémentaire^ M'. Joseph Sommer, à Sainte-Barbe^
du-Tl'élSft (Oram)!.
Espèce ovine.
1" Catégorie. — Races mérinas et métis mérinos. d'fJurope, nées et élevées soit en France, soit
en AIgé, ie. — Mâles nés avant Le 1" janvier 1879; 2' prix, M'. B'runnt, représentant de
l'Union du Siq..— Femelles nées a-vaut Le l" juin IS'TS ; 3' (mx, M. Brunet, représentant de
l'Union dia Sig.
2? Catégorie. — Race barbarine. — Pas.de prix.décernés.
3° Catégorie. — Races des hauts-plateaux et du Sud. — Mâles nés avant le I"' juin 1878. —
2" prix, à M. Landelle. — Femelles nées a.vant.lè 1" juin 1878. — 1" pci:»,, M. Philippe Fabas ; 2'^
M. Durand; 3", M. Jean-Joseph Lagier, à As6i-bou-Xir(()ran),
4* Catégorie. — Croisements enire mérinos. et races alLrériennes. — Mâles nés avant ïe l"' juin
1878. 2" prix, Mu Ajrlês-Dufôur. — Femelles nées a^dnt le 1" juin 1878. 2» prix,, M. Sommer.
Espèce' porcine.
Animaux de toutes races, pures ou croisées, nés avant fe 1«" jum 1879. — MMfis. 2» prix,
M. Débono, à Boufarik; 3*, M.. Aupècle. — Femelies. 1" prixv. U. d'Aurelles de Paladines, ^
Boufarik.
Animaux de basse-cour.
MéiaiUts d'argent, Mme. veuve Berthoin, pour un lofe de dindons;, M. Arlès-Ditfour, pour coq et.
poules;, M. Duveyrier, pouc coq;eli poules; Mrme- Philippijiâ AraaL à, Oued-RioLi-1, ikermmn (Oran);
M. Gorailliac, à OTaa, pouf ctiq et poules; M. La^ie--,, pour cop e» paules. — Méda.>iles de hranze,
M. Pierre Vinçon,à Fleurus (Oran), pour coq et poules; M. Aupècle, pour pigeons; M. Aupècle, pour
lapins.
Animaux gras.
1" Section. — Bœufs. — l" pnix, à if. Calmel^ ; 2«, à M. Sommer; 3% à M. Gabillot, à Mala-
koff (Alger); prix sopTémentaire, à M. Omar-bcn^Hadj-H issen. — T" Section Vachea -.Migraissées.
— Pas de pri\ dfecernés. — 3" Sect'km. Montons gras. — 1" prix, à M. AH.'S-Dufo ir; 2*, à'
M. Flabas; 3', à M. Durand'. — 4* section. Parcs gi-as. — l'" pris, à M. Sommer; 2", à M. Cal-
mels; 3*, à M. Joyet, à* Oran.
Concoure SQéciàuz de macMnes et mstramfints.
Instruments d'extérieur dii ferme. — 1" Charrues bisocs. — I''' prix,, à M. Billiardy, d'Alger, pour
le bisoc Doreibasl-; 2% à M. Bergougnoux, de Sidi-bel-Abbès ;, 3', à. M. Legembra, d'Alger,
pour le bisuc Rarasomes ; pnx supplémentaire, à M.M. Aultmann et CTie, dse Pari.'?, [fOur leur
bisoc Meufiniot.;, memtion/hnnorabl© à. MMt Audtrmaan et Cie, pour le bisoc- Ga.ailelJer.
2» Semoirs pour cultures en li,gne;iie ceieailes et autres planiesa — l""" p-rix,. ai M. Gaut-eau, de
Dourdan tSeine-et-Oise-}, pour son semoir ; 2% à MMu Aultmana et Cie,' pour le- semoir De-
moûcy ; » 3', à M. Piltei-,,d8 Paris, pour soh seinoitr Garret.
3» Houes à cheval/. — 2° prix, a. MM. Aultmann et Cie,^poiir la bnue Candeliei-.
4° Charrues vigneronnes. — P*- prix, à M. Billiard, pour la charma Renault Goair ; 2° à
MM. Aultm 'nn et Cie, pottE la ohajrrae Souehu Pinet; prix su!iplémentaivei> à M. J.-I5. Dolive-,
de Be;ii-.Vlered, pour sa.charrue ; à M.. Bergougnoux,, pour sa cliajcrufi; nœntdoa honorable, a
M. Billiard, pour la cliarrae Vernette.
Instruments d'iMeriefur de-ferme. — 1° Hachepaille à grand travail., — \" prix, à M. Pilter,
pour le haclie-pdiUe de Cro-wley; 3«, à MM, Aultmann et Cia, pour le hache-paille Picks-
ley; prix supplîmentaire, à M. Presson, de Bourges (Cht^r), pour son hache-paille).
2° Béliers hydrauliques. — p' prix, à M. Pilter, pour le bélier hydrauUqu* Dcru^laa.
3° Moteurs à air. — Pds de prix décernés.
4'' Filtres à vin, pompes à vins et autres appareil* viivaires., — 1,"'' priis, à M. Vigoureux, pour
son filtre; 2', à M,V1. Fray-Be/nard et Durand, de Nîmes, poux la, pompe à vin; prix sa(>plémen-
taire, à M. Noël, piur sa pompe; à MM. Aultmann et Gie, pour la pompe Moret Bro.juet; menr
tion très honorable à M Vigouroux. poursapomps.
5° Pressoirs — 1" prix, à MM. Aultmana ei Cie, pour le pressoir Piquet; 2l%. à M. Vigour
roux, pour son pressoir.,
Beconipenî*^ aux contre-maîtres et conducteurs agricoles. — Jfedaito d'argfenf, à M. Jules Ser
rein, contie-maître chez M. Aultmann et Cie, à Paris; à M Louis Foucré, contre maîirp, chez
M. Pjlter, à Paris. — Kêdailles de bronze, à M. Jean Ducarroz, contre-maître chez M. Ga'jireau, à
Dourdan(Stiine-et-Oise);à M. Alphonse Richer, contre-maiire chez MM. Aultmann et Cie, à Paris;
à M, Oil:er, ouvricr-aju.vteur chez M. Noël, à Paris; à M. Perceval, conducieur de macuines chez
M. Billiard, à Alger.
Produits agricoles, horticoles et matières utiles à l'agriculture.
Vins rouges. — Médailles d'or, Mme veuve Berthoin, vin de Tannée 1880; M, Trihaudeau
(Louis), deFl-urus (Oran, vin de l'année 1880; M. Merle, de la Sélia (Ornn), vin de l'ani ee 1880.
— Médailles d'argent, M. Francisque(iMichel), de la Sénia (Oran). vin de l'année 188o ; Mme veuve
Kremner, de Saiiil-Hemy (.iran), via de l'ciiince 1879; M. Durand, d'Arcole (Oran), vin «le l'année
1879; M. Milhe-Poutingon, de Rio-Salad) (Oran), vin de l'an .é« 1879: M. Honoré Mirir-, d'Ar-
cole, vin de l'année 1878. —Médailles de bronze, M. Barban, d'iffry (Oran), vin de l'an-iée 1878;
à M. Joseph Delauzun, d Assi-ben-Okba (Oran) vin de l'aneée 188');, à M. Davet, d'Onn, vin de
l'année ls80; a M. Brunet, représentant de l'Union agricole du Si'j, vin de l'année 1879; à .VI. Der-
riey, de Bou-SPer (Jran), vin de l'année 1880; à Mme veuve Camusat, de Mascara (Oran), vin de
l'année 1879; Mme veuve Bouscarcm, de la Sénia (Oran), vin de l'année 1879; M. Dijou, de Bou-
232 CONCOURS RÉGIONAL D'ORAN.
Sfer (Oran), vin derann(''e 1879; M. Garel, de Renault (Oraii). vin de l'année 1880; M. Gaatschi,
de Sidi-Cliami (Oran), vin de l'iinnée 1880. — Mentions honorables, à M. Mahouiat, de Dar-Beida
(Oran , vin del'anr ée 1877; à M. Causse, d'Arcde (Orai ), vin de 1 année 1880; à M. Girard, de
Saint-Remy (0-an), vin de 1 année 1879; à M. Mal ois, d^ Bli.lah (Alger), vin de l'année 1879; à
à M. Saurel, de Saint-Remy (Oran), vin île l'-innée 1879; à M. Bouchon de Samt-Loui» (Oian), vin
de Tannée 1880; à M. Josepii Tournier, d'EI-Kantour (Conslanli e), vin de l'année 1878; à
M. Chauv n, de Mostagnnem (Oran), vin dp l'année 18 8; à M. Ancessy. de Saint-Louis (Oran), vin
de l'Hnnée 1879;à M.Crozes, ne la S-nia ( rari). vin de Tannée 1879; à M. Ranc, de la Senia
(Oran) , vin (le Tannée 1880; à M. Madcm, de Mai gin (Oran), vin de Tannée 1880; à M, Rabis?e,
de Flenrus (Oran), \in de Tannée lH80;à M. Bergy, de Bt-n-Feréah (Oran), vin de l'année 1880;
à M. I.e Brasseur, d^- Fieuruo (Oran), viti de l'année l.'^:80; à M. Lacombe, de Kléber (i)ran), vin
de Tannée 1880; ;i M. ^afrar é , de Tl mcen (Omn), vni de Tarn ée 1880; à M. Cornillac, d'Oraa
vin de Tannée 1880; à M. Perry, de Bei-Abliès (Or.n), vin de Tannée 1880; à M. Lioult, de Mos-
taganeni (Oiaii), vin de Tannée 1880; à M. Fabre, d'Arcole (Oran), vin de Tannée 18/9; à M. Bé-
rino, de Saint-Louis (Oran), vin de Tannée 1879, à M. Flutet de Tiaret (Oran), vin de Tannée
1878.
Vins blancs. — Médailles d'argent, à M. Noguès, de Mascara (Oran), vin de Tannée 1879; à
à M. Lonsteau, de Mascara (Oran), vin del'année 1878; à M. Rey, de Misserghin (Oran), vin de
T.innée 1876. — MédaULcs de bronze, à lournier, d'M-Kantour (Consianline), vin de Tannéa
1879); à M. Cauzier, de la Chiffa (Alger), vin de Tannée 188(1; à M. Gozlan , de Blidah (Alger),
vin de Tanin e 1875: à M. Stotz, de Crescia (Alger), vin de Tannée 1875. — Mentions liononibies,
à M. Sommer, du Tlélat (Oran), vin de Tannée 1879; à M. Lebrun, d'Oran, vin de Tannée 18795
à Mme vi uve Berthoin, il'Oian, vin de 1880; à M. Derriey. de Bou-Sfer (Oran), vin de 1880; à
Mme veuve Kremer, de Saint-Remy (Oran), vin del'année 1K79.
Eaux-ile-iie. — MMaille d'argent , à M. Somn er, du l'Iélat (Oran), eau-de-vie de Tannée 1875.
— médailles de bronze, à M. Malbois, de Blidah (Al^'e ), eau-de-vie dé Tannée 1878; à M. Ma-
gnan,dela Senia (Alger), eau de-vie de Tannée 1879; à M. Arles-Dufour, de TOued-Alleg (Al-
ger), eau-'ie-vie de Tannée 1875. — Montions honorables, à M. Gozlnn, de Blidah (Alger), eiu-
de-vie de Tannée 1874; à M. Bergy, d'Assi ben-Fereah (Oran), eau-de-vie de Tannée 1876; à
M. Auguste Mayet, de S.iint-Clouo (Oran), eau-de-vie de Tannée 1879; à M. P. Montels, de la
Séni< (Oran), eau-de-vie de Tannée 1878); à M. Derriey, de Bou-Sfer (Oran), eau-de-vie de Tan-
née 1880.
Alcfols, — Mentions honorables, à Mme veuve Berthoin, d'Oran; à M. Tournier, d'El-Kan-
tour (Constaniine) , de 1878; à M. Bergy, d'Assi-ben-Kereah (Ornn).
Amsi'tte. — Mention honorable, à M. Sommer, du Tlélat (Oran), de 1879.
Ensemble des produvs vinicoies. — Médaille d'argent, à M. Renaudet, de Boufarik (Alger).
Uiiilen. — Médaille d'or, à M. Conput, d'Akbou (Constantine). — Médaille d'aigent, à M. Rouira,
de Mascara (Oran) — Médailles de bronze, à M. Masselot, d'Akbou (Constantinei ; à M. Safrane,
de Tlemcen (Oran). — Mentions honorables, A M. Massot, de TIemcen (Oran); à M. Canac, de
Mouzaiaville (Alger); à M. Ovar Lafiue, à Cl:ercheil (Al^er); à l'orphelinat de Delly-Ibrahim.
Comice agricole. — Médaille de bronze, au Comice aur'cole de Boufarik.
Ensemble des produits agricole-.— Médailles d'or, à M Bastide, de Bel-Abbès (Oran), céréales,
fruits, vins, huile; à M. Auguste Lamur, à Oran. — Médaille d'aruent, ^ la Compagnie fianco-algé-
ricnne. à ï'Eàhrn. — Midailles de bronze, à M. Arlés-Dulour, de Boufarik (Alger)"; à M. d Aurelles
de Paladine, de Boufarik (Alger); à M. Navarro, de Bel-Abbès (0. an); à M. J. M. Guyonnet, d'Assi-
Bon-Nif (Oran). - Mention honorable, h M. Calmeis, Sidi-Marouf (Oran).
Céréales. — médaille d'or, M. Barraud, du Tessalah (Oran). — Médailles de bronze, à M. Der-
riey, de Bou-Sfer (Oran); à M. Mohammed-ben-Abdallah, de Bône (Constantiiie) . — Mention
honorable, à M. Sabalier, de Rivoli (Or;.n);à M. Chauvin, de Mo-taganem (Oran); à M. Zeller, du
Sig (Oran); à M. Sellier, de Bel-Abbès (Oran); à MM. Zenovardoet Remzion (Blidah).
Farinex, semoules {minoterie). — Médaille d'or, à M. Lavie, de Constantine. — Médailles d'ar-
gent, à M. Deyron, de Souk-Arras (Constantine). — Médailles de bronze, à MM. Choutet et Picot
fils, d'Alger à M.Boiidon, de Blidah lAlger); à M. Goizalve, d'unm ; à M. Masuchetti, de Mers-el-
Ketiir (Oran) Montions himorabl'S. à M. Antoine Podtsta, d'Oran ; à M. Sobitrot. de Tiaret(Oran).
— Alffs. — MédailL s d'argent, a 'HM. Laurent, Perpol et Dufurest, ancienne maison Poirson, à
Perrégaux; à MM. Quenct et Dorigny, d'Oran.
Tabac. — Médailles de bronze, à M. Renaudet, à Beni-Méred (Alger).
Sériciculture. — }hdaillede bronze, à Mme veuve Dupuy de Lavau, de Saint-Cloud (Oran). —
Mention honorable, à M. ZfUer, du Sig (Ornn).
Mil tt lire — Médailles de bronze, à MM Alboia, de Boufarik (Alger); à M. Hamou-ould-si-
Moliamme'l, d'Oan; Ment'on honorable, à M. Cornillac, à Sainte-Marie (Oran).
Graines et plant/s. — Médailles de bronze, à M. Candela, jardinier, à Oran.
Spécialités. — Médailles de bronze, à M Moktar-Mesfif, de Tleuicen (Oran) olives; à M. Gasque,
de Boufarik (Alger), graine de luzirne ; ît M. Heintz, de Mascara (Oran), rai>ins secs ; à M. Debono,
de Boufarik (Alger), maïs géant; à M. Nougier, d'Oran, raisins frais. — Mention honorable, à
M. Barban, d'iflry (Oran), amandes fines.
L. Bastide,
président du Comice de Bel-Abbès.
COURRIER DU SUD-OUEST
Les grands travaux agricoles s'achèvent dans notre zone méridionale, avec les
semailles d'automne Ces derniers labeurs sont favorisés par un temps à souhaits,
car les teries bien préparées perinettent d'apercevoir déjà les premiers effets de la
geiminaison des blés tt des graines fourragères
A propos de ces dernières, il convient de reconnaître le malheureux effet du
Fil V (^uc (Tiigouella lœnum giœcnm) de la famille des papillonacées, qui a été
introduit dans les départements du Gers et du Lot-et-Garonne, depuis un certain
nombre d'années.
COURRIER DU SUD-OUEST. 233
Au retour de leur voyage d'exploration et notamment du concours régional d Auch,
les élèves de Grrignon recherchaient vainement le nom de cette plante, qui végétait
en abondance dans la vallée du Gers. Il est probable que leurs professeurs émérites
MM. banson et Dubost, n'en recommanderont pas l'emploi, lorsqu ils sauront tous
les mécomptes auxquels elle donne lieu.
Tous les animaux, sans exception, auxquels elle est donnée en pâture, deviennent
impropres à la consommation. Leur viande s'imprègne d'une telle odeur visqueuse
et ietide que la boucherie les écarte formellement de tout marché. Le lait des vaches,
le miel des abeilles est également iufesté.
Lorsque l'assolement est biennal, il reste toujours des tiges de ce fourrage qui
se récoltent à la moisson du froment. Les graines s'en échappent, se mêlent à la
pile du blé et lui communiquent la même infection.
La meunerie néglige parlois de se prémunir contre la présence de ces mau-
vaises graines. Ces farines deviennent alors impanifîables, car la boulangerie, à
son tour, laisse pour compte les marchandises de Cette nature.
Une qualification énergique est appliquée à ce produit; nos piysans l'appellent
l'Allias, c'est-à-dire le père de l'ail.
La pénurie des récoltes fourragères a malheureusement favorisé la propagation
du fenu grec. — Sans doute, il faut nourrir le bétail, lorsque la sécheresse dé-
truit les herbages, mais encore ue faut-il pas le perdre ou en avilir singulièrement
la valeur.
Ce qui manque au Sud-Ouest pour obvier à la détresse des éleveurs et leur pro-
curer ae copieuses ressources alimentaires, c'est une meilleure déviation des eaux
de la chaîne des Pyrénées. La question des canaux d'irrigation s'impose plus que
jamais à nos contrées trop exposées aux ardeurs du soleil. i
Le gouvernement devrait encourager les associations ayant pour objet de profiter
des rivières dont le débit peut être mieux aménagé et utilisé. Un arrêté ministériel
du 30 septembre accorde des subventions spéciales aux départements des Hautes-
Pyrénées, du Var, de la Corrèze, du Gard, de l'Ardèche et des Deux Sèvres.
Pourquoi ne pas étendre ces encouragements aux contrées moins montueuses,
mais tout aussi méritoires dans les bassins de la Garonne et de l'Adour?
Le canal des Landes, entre autres, si vaillamment défendu à la Chambre, par
l'honorable M Pascal Duprat, aura-t-il la chance d'être jamais voté.
Que nos législateurs le veuillent, et le Sud-Ouest les en remerciera bien vive-
ment. Jules Serret.
SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRICULTURE
Séance du 3 novembre 1 880. — Présidence de M. Chevreul.
M. le secrétaire perpétuel donne lecture des procès-verbaux des
réunions du bureau pendant les vacances. Parmi les principales com-
munications parvenues à la Société, il faut citer un mémoire de
M. Marion sur les travaux entrepris depuis cinq ans par la Compa-
gnie de Paris-Lyon-Méditerranée, pour combattre le phylloxéra ; des
notes de M. Trépagne, sur le musée agricole de Limours; une lettre
de M. Perrier, inspecteur général des ponts et chaussées, posant sa
candidature à la place vacante par la mort de M. Nadault de Buffon;
le volume sur le crédit agricole mobilier publié par la Commission
du crédit agricole au ministère de l'agriculture; un mémoire de
M. Mauguin sur le crédit appliqué à l'agriculture ; le rapport de
M. Alfred Durand-Claye sur le matériel des exploitations agricoles
et forestières à l'Exposition universelle de 1878.
M. Bourdier envoie un mémoire sur une machine qu'il a inventée
pour filer et mouliner la soie des cocons produits par les insectes
sauvages; — M. Decroix, une brochure qu'il vient de publier sur la
ferrure à glace; — M. Sanson, un mémoire qu'il a publié récemment
sur la source du travail musculaire et sur les prétendues combustions
respiratoires. Les conclusions de ce mémoire ont été publiées dans le
Journal.
S^4 SOGli^LTÉ NATIONALE D'AGRICULTURE DE FRANCE.
M. Eugène Robert écrit pour poser sa candidature à une place de
membre associé, vacante dans la section de sylviculture,
M. Bouley présente, de la part de M'. Gallier, professeur à TEcole
vétérinaire de Lyon, un ouvrage qu'il vient de publier sous le titre :
Traité des inalaiie& contagieuses et de la police sanitaire des animaux
domestiques. — M. Dutertre présente aussi, de la part de Fauteur, le
Cours de minéraiogie h. l'usage des élèves des écoles d'agriculture, par
M. Albert Roussille, professeur à l'Ecole d'agriculture de Grignon.
M. Clievreul propose à la Société de décla.rer la vacance pour une
place de membre associé natioiûali dans la section des sciences physico-
chimiques. (Celte proposition est adoptée.
M. Barrai fait une commumeation sur la visite (îe plusieurs, fermes
qu'il a faite dans l'arrondissement de Neufchâlel-ea-Bray ; il insiste
sur la grande production beurrièreet fromagère de cet: arrondissement,
sur l'utilisation des fumiers et surtout des purias sur les prairies, ainsi
que sur l'élevage important de porcs, qui est fait avec le petit-lait,
résidu de la fabrication du fromage; cet élevage donne des résultats
très rémunérateurs. Alla suite de cette communication, M. Boussingault
présente quelques observations sur l'enirploi du purin dans les prairies,
et tes dangers pouvant résulter d'une trop grande coneentration du li-
q^uide qui détruit les plantes les moins robustes?. M, Chevreul' fait, de
son coté, quehiues remarques sur la valeur alimentaire du petit-lait
dans lequel l'albumine est restée, grâce au mode de fabrication adopté
pour les fremages.
M. J'osseuu lait hommage à la Société de la deuxième édition de
son Traité du Crédii foncier en France e( à f étranger ^ publiée, en 1872.
M. Gayot fait„ au nom de la section d'économie des animaux, un
rapport verbal sur une demande relative aux études faites sur le mal
de montagne. Cette question a été mise au concours par la Société, et
ce concours n'a pas encore donné de résultats.
M. Prillieux fait une communication sur la nature du Peronospora
viticola, parasite de la vigne, vulgairement appelé faux oïdium ou
mildew. Ce champignon, constaté par M. Cornu, il y a trois ans, pa-
rait avoirélé iinportéen France avec les vignes américaines. M.. Pril-
lieux l'a étudié cette ;m.née dans les vignes d'Indre-et-Loire et de Loir-
et-Cher, notamment chez M. Dujardin-Beaumelz. Il espère que ce^
parasite ne causera pas de grands dommages aux vignes ; il se déve-
loppe tardivement après la formation des grappes, et n'attaque pas
celles-ci; les feuilles seules tombent. Quelques observation* sont en-
suite échangées entre M. Duchartre et M. Chevreul sur la formation
des fruits, ainsi que sur le rôle' que jouent les stomates des feudlea
dans la végétation à[\ peronospora. Ces observations confirment celles
de M. Prillieux. Henry Sagmikr.
RETUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT DES DENRÉES AGRICOLES
(6 NOVEMBRE 1880).
I. — Situation générale.
Depuis quelques jours, la te:npera'ture s'est sensiblement refroidie. A un tenaps
pluvieux, ont succédé des jours secs et froiiis. Les transactions sont toujours assez
calmes sur la plupart des marchés pour le plus grand nombre des denrées agricoles,
Ih — Le& grains et Les farines.
Les tableaux suivants résument les cours des céréales, par quintal, métrique, sur
les principaux marchés de ta France et de l'étranger.
REVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT (6 NOVEMBRE 1880). 235
t'« RÉaiON.— NORD-OUEST.
Blé. Seigle. Orge.
Calvadoâ. Caen
— Lisieox
Côtes-du-Xord Pontrieux
— Trégiiier
Fints/ère. Landerneau ..
— Qiijmper
Ille-el-Vilaine Rennes.
— Sl-Malo
Manche. Avranches ....
— Pontorson
— Villedieu
Mayenne. Laval
. — Chàleau-Gontier..
Morbihan. Heiinebont..
Orne. Seez
— Vintiuutiers .......
Sarthe. Le Mans
— Sablé
fr.
26.25
J7 25
25.00
S9.00
27.00
28.25
26.00
Î6.50
Î0.20
Ï7.50
30.00
26.25
26.50
26. 00
27.00
27.25
26.75
27.25
18.50
17.25.
20.50
21.00
20.25
15 50
<6 00
19. UO
17.25
16. 75
19.00
1 8 . UO
17.00
20.00
18 50
19.00
18.50
20.2»
17.25
18.00
Avoine-
fr.
22,00
16.50
18.75
1(5.00
26.60
17.50
19.25
22.25
ÏI.OO
23. 00
2>.25
17.00
iO.25
IS.OO
J0.60
18.75
Prix moyens 27.22 20.38 18 00
S» RÉOION. — NORD
Aisne. Soissons 26.20
— Neuilly-St-Front.. 26.50
— ViUers-Cotterets.. 27.25
Eure. Evreur 28.00
— Conohe? 27.25
— Pacy 27.75
Eure-et-Loir. Chartres. 27.00
— Auneau 27 25
— Nogeol-le-Rotrou. 27.25
iVord. Cambrai 27.00
— Douai 27.75
— Valenciennes 27.75
Oise. Beau vais 26.55
— Moyen 27.50
— Senlis 27.00
Pas de-Calais. Arras... 28.50
— Sa.ini-Uiner 28-00
Seine. F ris 28.00
S.-et-Marne Meaux 26 s 0
— Uammariin ... 27.75
— Provins 27.50
S.-et-Oise. Versailles... 27.75
— Pontoi-e , '£1 2h
— Angerville 27.50
Seine Inférieure. Rouen 27. 15
— Die[)pe.. . .......... 27.25
— Yvetor. 27 00
Somme. Abbeville 27.20
— Montdidier 27.00
— Roy e 27 00
. 27.27
Prix moyen
3» a
eaioN.
22.00
21.00
21.50
20.30
21.00
21.00
2t. 25
20. 35
20.00
19.50
19.00
20.50
22.50
20.00
20.25
19.50
22 75
21 25
20.50
19.75
20.25
22.00
22.35
21.25
22.75
19. Ï5
20 50
21.00
20.07
NORD-esT.
Ardennes Charleville .. 27 .00
Aube. Bar-sur-AuDe .. . 27.50
Wéry-sur-Seine. .. 27.00
— Troyes 28.00
Marne. Cbà.\ona 27 00
— Epernay 26.75
— Reluis 27.25
— Sésanne 27 oa
Hte-Marne Bourbonne . 27.00
Meurihe-el-Monelle Nancy 27 75
— Luneville 27.75
— Toui 27.75
Meuse. Bar-le-Duo 27.25
— Verdun... 27.50
Haute>-SaQne Gray 27 00
— Vesuul 27.65
Fosges. Epir.al 29.75
— Raon-l Etape 29.50
Prix moyens 27.4
4« RÉGION. — Oi:
Charente. Angoulème.. 28.50
— Riiffec 28.75
Charente Infér Marans. 26 00
Deux Sevrés. Niort 28.00
Jndre-ei-i.oire. Tours.. 28. 25
— Blere 26.25
— Chàlean-Renault. 27.00
Loire-in/. Nantes 27.75
M.-e/-/.oi*-e.Saumur . . 27 50
Vendée. Lnço» 26.00
— Fomenay 27.00
l'ienne. Chalellerault 26 50
— Loudun 27.00
Haxite-Vienne. Limoges 28.00
Prix mo)ens 27.37
22.50
19.50
22 . 80
22. UO
23.00
20 75
22.00
2i.00
20.75
20.50
21. îb
M. 50
17.00
19.7b
20.75
20 50
18.50
21.25
19.20
19.75
21.00
20 25
20.00
19.0»
18.50
20.00
21.00
18.75
20.05
1«.50
19.5»
18.50
18.50
19.23
2'1.25
18.75
1S.25
19.50
22.00
20.00
20.75
19.50
19.50
19.75
19.50
18.75
19.00
17.70
18 05
18 0«
18.25
18.5"
19 OO
18.7^
18.5»
19.00
17.50
18 50
17.25
18.50
18.50
17.50
17 50
18.00
17.80
20.25
20.00
1-8. S')
18. Td
21.00
18.25
18.25
22.10
2U.50
17.00
17.25
18 50
17.25
18. t9
18.00
17.50
18.00
18. UO
19. «0
ly.oo
18. 75
18 75
15.25
16.25
17.00
16.80
17.75
18.00
16.00
16.30
17.00
17.20
21.40 19.65 17.47
Blé.
fr.
^iiter. Moulins 28.50
— Montiuçon. ....... 28.25
— Si-Pour^ain 28.00
C/ier.Boiirtieé. 27.50
— Graçay 27.00
— Vierïoii 27.25
Creuse. Aubusson 27.00
Indre. Châteauroux.. . . 27. T5
— Issoiidun 27.50
— Valençay 26.75
Loiret. Orléar.s 27.75
— Gien... 27. 80
— Patay 27.50
Loir-et-Cher. Blois 27 50
— Montoire 26 50
Nièvre. Nevers 28.00
— Cosne 27.00
Yonne. Brienon 27.25
— Je gny.. .., 28.00
— Sens 27.75
Seigit.
fr.
20.25
21.00
19.75
20.00
19.00
18.50
19.00
19.25
22.25
21.10
20.50
21 .00
19.50
6. ATOine.
Prix moycTis 27 86
6« RÉOION. —
Ain, Bourg 30.00
— Pont-de-Vaux 2875
Côie-d'Or. Dijon 28 25
— Beaune 28.00
Doubs. Besançon 28 00
Isère. Grenoble 29.25
— Bourgoin 28.00
Jura. Dôle 28.00
Loire, i^arlieo 28 75
P.-de-Oôme Clerraont-F. 32.50
Rhône. Lyon 28. 7S
Saône-et- Loire. Autun.. 27 50
— Chalon. .......... 25.00
•SriDote. Charabéry 29.25
//I9-Soyoie. Annecy 29.50
PKix moyens 28.90
7" RÉGioi». — srn-
.. 28.25
.. 28.50
28.00
28.00
28.00
27.75
27.00
28.25
28 25
26 25
28.50
28 . 25
27 80
28 00
21.50
17.50
20 75
19.94
EST.
20.75
20.50
21.00
19.00
20.00
19 75
20.00
20 00
19.30
19.25
18.50
19.50
19.50
19.00
22 25
19 00
19 25
19.25
20 00
19.50
17.75
20 . 50
19 00
19.00
20.00
IS.50
20.25
20.50
21.00
19.50
18.50
17.50
19.00
fr.
17.75
17.50
17.50
18. 0<
17.25
17.00
18 75
18.75
18.25
17.00
18.25
18.00
18.75
19.00
17.20
17.00
17.50
18.00
18.25
18. 00
17.50
17.73
17.00
16. Ï5
17.75
18.75
17 00
16.50
18.50
18.50
ld.75
17.75
Àriëge. Pamiers
Uordogne. Bergerac...
Hle-Ga/i'onyie. Toulouse.
— Viiiefranche-Laur.
Gers. Condom
— Auch
— Mirand*
Gironde. Bordeaux....
— Bazas
Landes. Dax
Lot-el-Garorvne. Ageo..
— Nérac. .,
B.-Pyrénées. Bayoone. .
Hlee- Pyrénées. Tarbos.
16.25
18.00
18.85 18.78 17-75
OrEST.
20.50 » 30.25
19.75 » 20.00
19.U0
19.25
20.50
20.00
19.50
30.00
19.75
19.50
20.00
Prix moyens 28.09 19.79
18.00
17.41
00
24.30
19.50
19.25
19.90
21.75
20.
8» RBOION. — SUU,
Aude, Castelnandary.. 28.25 o
Aveyron. Rodez 27. fO
Cantal. Mauriac 30.00
Corréze. Lul>erzac 28.75
Hérault. Cette 29.00
Lot. Figeac 28.50
Lozère. iMende.... 28.55
— Marvejols 27.10
— Florac 29.40
Pj/r«néfis-Or. Perpignan 26.30
Tarn. Albi 27.75
Tam-et-Gar. Mootauban 28 . 50
Prix moyens
9» RÉOIOM.
Basses-Alpes. Manosque
Hautes-Alpes. Briançon
Alpes-Maritimes Cannes
Ardèche. Privas
B.-du-Rhône. Arles
Drame. Valence
Gard. Nîmes
Haute-Loire. Le Puy....
Var. Sl-Maximin
Vaucluse. Carpentras.. .
Prix moyens
Mcy. <le toute la France
— de 1 i semaine preced.
SarlaseLiiainei
précédente., i
Hausse. 0.05
Baisse. »
29.53 19.88
27.99 20.08
27.94 20
236 REVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT
Blé. Seigle. Orge. Avoine,
fr. fr. fr. fr.
^Algérie. Alger 26.50 » 15. .SO 16 00
Angleterre. Londres 27.75 » 21.00 20.50
Belgique. Anvers 25.25 23 50 23 00 18.50
— Bruxelles 27. .50 23.25 20 .jO 18.50
— Liège 27.50 24.75 23-00 18. hO
— Namur. 26.00 22 50 20.50 17.50
Pays-Bas. Amsterdam 25.85 25 00
Lu:rembourg. Luxemhourg 2.50 24 00 23 50 17 00
Alsace-Lorraine, Strasbourg 30.50 26.. 50 23.00 18 50
— Colmar 29.50 24.75 22 25 19 00
— Mulhouse 29.25 25 00 23.00 20.25
Allemagne. Berlin... 26.25 26 75
— Cologne 28. 10 27 50 .
— Hambourg 25 25 25 25 • »
Smsse. Genève 29 25 * • 19.00
— Lausanne 28.75 » » 18.50
Italie. Milan 29 00 22.75 20 00 19 25
Autriche.] Vienne 26. UO 23 00 18.25 15 00
Hongrie. Budapesth . 2fi 50 22.00 16.25 14 00
Bussie. Saint-Pétersbourg... 27.50 26.00 » 14.00
Etats-Unis. New-Vork 23.00 • ' »
Blés. — Les faits qui se passent sur le plus grand nombre des marchés, depuis
l'ouverture de la campagne actuelle, c'est-à-dire depuis la dernière moisson, sont
tout à fait de nature à fixer l'attention. Ea fice d'une récolte sensiblement supé-
rieure en qualité, comme en quantité, aux deux dornières qu'il avait laites, le cul-
tivateur a agi avec prudence ; sans se laisser entraîner par quelques conseillers qui
prédisaient une baisse écrasante à court terme, il a vendu ses premiers battages
pour réunir l'argent dont il avait besoin, puis il a prudemment attendu les événe-
ments. Ceux-ci lui ont donné raison; les cours se maintiennent et les importations
sont sensiblement inférieures à ce qu'elles étaient l'an passé à pareille époque —
A la halle de Paris, le mercredi 3 novembre, les transactions ont été peu impor-
tantes ; les cours ont peu varié. On cotait, comme la semaine précédente, y-l à
29 fr. par 100 kilog.; le prix moyen jzénéral s'est maintenu à 28 fr. — Sur le mar-
ché des blés à livrer, on payait par 100 kilog. : courant du mois, 28 fr.; décem-
bre, 28 fr.; quatre premiers mois, 27 fr. 75 à 28 fr ; quatie mois de mars,
27 fr. 75 à 28 fr. — Au Havre, les blés d'Amérique sont cotés, comme la semaine
dernière, 26 fr. 50 à 28 fr. par loO kilog., avec des olïres peu importantes. — A
Marseille, les arrivages de blés pendant la semaine ont été de -240,000 hectol.;
le stock s'e^t relevé, dans les docks, à 111,000 quintaux. Les ventes sont calmes.
Au dernier jour, on payait, par 100 kilog. : Irka, 26 fr, 75 à 27 fr. 50; Sarrdo-
ninka, 27 fr. 50 ; Azotdur, 27 fr. 50 à 28 fr. 50; Pologne, 27 fr. 25 à 28 fr.; tu-
zelles d'Afrique, 28 fr. 50 à 30 fr. — A Londres, il n'y a eu, durant la semaine,
que 62,0v;0 ((uintaux métriques importés. Les affaires sont assez actives, et les
prix accusent beaucoup de fermeté On cote de 2o fr. 50 à 29 fr. par 100 kilog.,
comme la semaine dernière, suivant les proveaances et les qualités.
Farines. — Les affaires sont assez peu importantes, sur les farines, et les cours
n'oflrent pas beaucoup de variations. Pour les farines de consommatitm, on paye
à la halle de Paris, comme la semaine dernière, le mercredi 3 novembre : marque
D, 61 fr.; marques de choix, 63 à 64 Ir. ; premières mari|ues, 51 à 62 fr ; bonnes
marques, 59 à 69 fr. ; le tout par sac de i;.9 kilog., toile à rendre, ou 157 kilog.
net, ce qui correspond aux prix extiêm^^s de 37 Ir. 60 à 40fr. 75, par loOkdog.,
ou en moyenne 39 fr. 2 », comme le mercredi précédent. — En ce qui concerne les
farines de spéculation, il y a une grande fermeté dans les prix. Oi cotait à Paris,
le mercredi 3 novembre : /ar t?ie,s- hul.l-marqu es, coura.nt du mois. 59 fr.; décembre,
58 50 à 58 fr. 75 ; quatre premiers mois, 58 à 58 fr. 25 ; quatre mois de mars, 58 à
58 fr. 25; le tout par sac de 159 kilog toile perdue, ou 157 kilog. net; farines
supérieures, courant du mois, 38 fr. 2>; décemcre, 38 fr.; quatre premiers mois,
37 à 37 fr. 50; quatre mois de mars, 37 fr. ; le tout par sac de 100 kilog. — La
cote officielle, en disponible, a été arrêtée comme il suit, pour chacun des jours
de la semaine, par .'^ac de 157 kilog. net :
Dates (novembre). 28 29 30 1" 2 3 f^
Farines hait-iaarjue> (157 kilo^.). 59 50 59.50 59.50 ?^» 59.50 5900
g— jsupérieure^ (lOJ kilog.). 39 00 39.25 39 OJ '» 38.00 38.25
Le prix moyen a été pour les farines huit-marques de 59 fr. 50, et pour les
supérieures de 38 fr. 50. — Pour les gruaux, les cours accusent plus de fermeté;
DES DENRÉES AGRICOLES (6 NOVEMBRE 1880). 237
on les paye de 43 à 54 fr. par 100 kilog. Les farines deuxièmes se vendent toujours
de 29 à 3^* fr.
Seigles. — Lfts cours de ce grain accusent beaucoup de fermeté à la halle de
Paris. On les paye de 22 fr. 50 à 23 fr. par 100 kilog. Quant aux farines, leurs
cours se maintiennent de 32 à 35 fr.
07'yes. — Les demandes sont plus restreintes, et les cours sont plus faibles.
On paye à la halle de Paris, de 19 à 21 fr.. par 100 kilog., suivant les sortes.
Les escourgeons sont peu offerts, et sont cotés de 20 à 21 fr. — A Londres, les
importations d'orges étrangères ont été, depuis huit jours, de 36,000 quintaux,
presque complètement de France et de Russie ; on payait de 19 fr. 95 à 22 fr.
par h 0 kilog., suivant les sortes.
Malt. — Peu d'affaires. On paye à Paris, de 29 à 34 fr. par 100 kilog. pour les
malts d'orge, et 29 à 33 fr. pour ceux d'escourgeon.
Aïoines. — Les transactions sont assez calmes, et les prix sont assez calmes
à la halle de Paris, oià l'on paye de 19 à 21 fr. 50 par 100 kilog., suivant poids,
couleur et qualité. — A Londres, au contraire, les affaires présentente beau-
coup d'activité. On paye de 19 fr. 40 à 21 fr. 90 par quintal métrique. Les im-
portations de la semaine ont été de 67,000 quintaux.
Sarrasin. — Les cours accusent plus de fermeté. On paye à la halle de Paris,
18 à !8 fr. 50 par 100 kilog.
Mais. — Dans le Midi, on paye comme précédemment, 18 à 21 fr. par quintal
métrique. Les maïs d'Amérique valent, au Havre, de 15 à 15 fr. 50.
Issues — Les prix varient peu. On paye à Paris, par 100 kilog. gros son seul,
13 fr. 75 à 14 fr.; son trois cases, J3 à i3fr. 50; sons fins, 12 à i2 fr 50; recou-
pettes, 12 à 12 fr. 50; remoulages bis, 14 à 15 fr.; remoulages blancs, 16 à 17 fr.
III. — Vins, spiritueux, vinaigres, cidres.
Vins. — La situation, depuis notre dernier bulletin, n'a pas varié : à l'activité
des premiers jours a succédé des allures plus calmes. Nous attribuons cet état de
choses, un peu aux exigences exagérées de la propriété, et surtout à la qualité
des produits. On reconnaît aujourd'hui que ceux-ci laissent à désirer, non seule-
ment au point de vue de la couleur, mais aussi au point de vue de l'alcoolicité
Quelques vins faibles commencent même à jaunir, aussi est-on inquiet sur la ma-
nière dont ces vins passeront la saison. Actuellement, pour une cause ou pour une
autre, ils sont délaissés et, en ce moment, tous les efforts du commerce se por-
tent sur les vins forts en couleurs, les gros vins d'opération, et comme ceux-ci ne
sont pas très communs cette année, leurs prix augmentent en proportion de leur
rareté. En résumé, nous écrit-on du Midi : « Les vins de couleur sont recherchés
et les prix sont bien tenus, les bons Montagnes de 10 degrés 1/2 se vendent 31 à
35 fr.;les Montagne.s supérieurs 35 fr. l'hectolitre; les deuxièmes choix ou vins
de Soiiberque, se vendent de 27 à 30 fr., et les petits vins de 24 à 28 fr. l'hecto-
litre. Les vins de 24 francs, sont les plus inférieurs et les plus difficiles à expé-
dier sans mélanges de vins corsés. » En dehors de la région méridionale, les prix
des vins nouveaux sont très fermement tenus : dans le Médocain (Gironde), les
propriétaires des crus classés refusent 1,200 et 1,400 fr. le tonneau des vins de
5* cru, si bien que le commerce est obligé de se rejeter sur les petits vignerons et
les petits paysans, Bas-Médoc, qui valent 500 et 525 fr. En Basse-Bourgogne, les
cours sont également très fermes : on paye les blancs nouveaux au pressoir 55 à
60 fr. la feuillette de 136 litres, les rouges de 65 à lOO fr. A Nantes, les Musca-
dets valent de 115 à 120 fr., et les gros-plants s'établissent dans les prix de 60 à
65 fr. la pièce. A Barbezieux (Charente), les vins blancs, sans rendement alcoo-
lique connu, se payent 65 fr. la barrique de 228 litres; le^ vins rouges n'ont pas
encore de cours établis. Enfin, les vins nouveaux du Roussillon valent : Rous-
sillon supérieur, de 45 à 47 fr. l'hectolitre; 1" choix, 41 à 42 fr. ; 2' classe, 37 à
39 fr.; et les petits vins de 8 degrés, 28 à 32 francs.
Spirifveux. — Le marché cette semaine a été assez mouvementé, c'est la baisse
qui semble vouloir l'emporter et cela se comprend, dit-on, car il est certain au-
jourd'hui que la récolte en vin ne sera pas inférieure à celle de Tan dernier, que
les froments et particulièrement le maïs seront abondants, et que la betterave,
quoique pauvre en qualité, donnera au moins 400,000 tonnes contre 277,000
1 année dernière. Voici, du reste, le mouvement de la semaine écoulée : début,
63 fr. 75. puis successivement 64 fr., 63 fr. 55, 63 fr. 25, 63 fr. et 62 fr. 75 en
clôture. Le stock est aujourd'hui de 7,200 pipes, contre 6,675 l'an dernier ^ la
même date. Le calme continue sur le marché de Li le, le 3/6 betterave disponible
238 REVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT
reste coté à 61 fr. Les prix sont sans changements sur les marchés du Midi, on
paye toujours à Cette, lOi à 110 fr.; à Narbonne, 115 fr.; à Montpellier, 95 fr.; à
Pézeoas, 98 fr.; à Béziers, 103 fr.; à Nîmes, 100 fr. — A Paris, on cote 3/6
betterave, l" qualité, 90 degrés disponible 62 fr. 50 décembre, ,62 fr. 25, quatre
premiers 61 fr.
Vinaigres. — L'article vinaigre est en hausse : on paye à Orléans : vinaigre
nouveau de vin nouveau, logé, l'hectolitre, 45 à 46 fr.; vinaigre nouveau de vin
vieux, 46 à 48 fr.; vinaigre vieux, 5) à 60 fr. l'hectolitre, logé.
IV. — Sucres. — Mélasses. — Fécules. — Glucoses. — Amidons. — Houblons.
Sucres. — Les ventes accusent, sur la plupart des marchés, pour les sucres
bruts, beaucoup plus d'activité que les semaines précédentes; aussi les cours sont
en hausse, aussi bien sur les marchés des départements qu'à Paris. On paye par
100 kilog. pour les sucres bruts 88 degrés saccharimétriques : à Paris, 51 fr. à
51 fr. 50;à Lille, 52 fr. 25 à 52 fr. 50; à Saint-Quentin, 52 fr. 50; à Péronne,
52 fr. 50; à Valenciennes, 52 fr. 75. — Les sucres blancs, à Paris valent 61 fr. ;
à Saint-Quentin, 59 fr. à 59 fr. 50. Le stock de l'entrepôt réel des sucres était,
au 3 novembre, à Paris, pour les sucres indigènes, de 176,000 sacs, avec une
augmentation de 27,000 sacs depuis huit jours. — Pour les sucres raffinés, les
demandent accusent beaucoup d'activité : on paye à Paris 113 à 115 fr. par 100
kilog. suivant les qualités, à la consommation, et de 71 fr. à 76 fr pour l'expor-
tation. — A Londres, les affaires so'it assez calmes pour les sucres de betteraves.
Mélasses. — Beaucoup de fermeté dans les prix. On paye à Paris, 13 fr. 50 à
14 fr. par 100 kilog. pour les mélasses de fabrique, 15 fr. 50 pour celles de raf-
finerie.
Fécules. — Les cours accusent plus de fermeté. On paye à Paris, 34 fr. 50 à
36 fr. par 100 kilog. pour les fécules premières; 21 fr. pour les fécules vertes. A
Gompiègne, les fécules premières de l'Oise valent 34 fr.
Glucoses. — Les prix varient peu. On paye à Paris par 100 kilog. : sirop pre-
mier blanc de cristal, 59 à 60 fr.; sirop massé, 48 à 50 fr.; sirop liquide, 38 à
40 fr.
Amidons. — Mêmes prix que précédemment : amidon de pur froment, en
paquets, 7o à 72 fr.; amidons de province, bO à 62 fr.; amidons d'Alsace, 56 à 58 fr.;
amidons de maïs, 40 à 42 fr.
Houblons. — Les cours accusent plus de fermeté sur le plus grand nombre des
marchés, principalement dans le Nord et en Alsace.
V.— Huiles el graines oléagineuses.
Huiles. — Les affaires sont assez calmes pour la plupart des huiles de graines
et les prix sont en baisse On paye à Paris, par 100 kilog. : huile de colza en tous
fiits, 73 fr. 25; en tonnes, 75 fr. 25; épurée en tonnes, 83 fr. 25 ; huile de lin en
tous fûts, 69 fr. 25; en tonne, 71 fr. 25. — On paye, sur les marchés des dépar-
tements, pour les huiles de colza : Rouen, 72 fr. 50; Gaen, 69 fr. 25; Cambrai,
72 fr. à 72 fr. 50; et pour les autres sortes : lin, 68 fr. 50 ; œillette, 145 fr. —
Dans le Midi, on ne signale <le transactions importantes^ en ce qui concerne les
huiles d'olive, que pour les qualités de choix; les autres sortes sont délaissées.
Graines oléagineuses. — Les prix des graines oléagineuses sont toujours jeunes.
On paye dans le Nord, par hectolitre : œillette, 34 fr. à 35 fr. 50; colza, 21 à
22 fr.; lin, 23 fr. à 24 fr.; cameline, 14 fr. à 17 fr. 50.
VI. — Tourteaux. — Noirs, — Engrais.
Tourteaux. — - Il y a toujours beaucoup de fermeté. On cote, à Rouen, par
100 kilog. : tourteaux de colza, 14 fr. 75 à 15 'r.; d'arachides en coques, 12 fr..;
d'arachides décortiquées, 18 fr.; de sésame, 16 fr.; de lin, 25 fr ; — à Cambrai;
œillette, 18 fr.; colza, 16 fr. à 18 fr.; lin, 26 à î7 fr.; cameline, 17 fr.
Engrais. — Les ventes sont actuellement peu importantes, mais les prix ac-
cusent beaucoup de fermeté.
Noirs. — On cote dans le Nord : noir animal neuf en grains, 22 fr. par 100
kilog.; noir d'engrais vieux grains, 8 à 9 fr. par hectolitre.
VIL — Matières résineuses, colorantes. — Textiles.
Madères résineuses. — Les prix sont un peu plus faibles, avec des affaires
lentes dans le Sud-Ouest. On paye à Bordeaux 82 fr. par 100 kilog. pour l'essence
pure de térébenthine; à Dax, bO fr.
Gaudes. — Maintien du prix de 21 fr. par 100 kiîog. dans le Languedoc.
Raisins secs. — On paye à Cette, par 100 kilog. : Corinthe nouveau, 43 à 44 fr.;
DES DENRÉES AGRICOLES (6 NOVEMBRE 1880). 239
Thyra, 40 à 42 fr.; Samos, 36 à 42 fr.; figues d'Espagne, 26 à 27 fr. Les achats
sont devenus moins importants.
Chanvres. — Les prix sont en baisse pour toutes les sortes. Aii Mans, on ne
cote plus que 68 à 75 fr. par luO kilog., suivant les sortes.
VIII. — Suifs et corps gras, tuirs et peaux.
Suifs. Les prix sont ceux de la semaine dernièrfi. — On paye à Paris, 82 fr.
par 100 kilog. pour les suifs purs de l'abat de la boucherie, et 61 fr. 50 pour les suifs
en branches.
Cuirs et peaux — Aux ventes mensuelles de la boucherie, le 30 octobre, on
cotait par It 0 kilog. : bœufs, 90 à 117 fr. 40; vaches, 99 à 100 fr. 30; taureaux,
93 fr. 80; veaux, 168 80 à 119 fr.
IX. — Beurres. — Œufs. — Fromages. — Volailles et gibier.
Beurres. — Ona vendu, pendant la semaine, à la halle de Paris, 228,325 kilog.
de beurres de toutes sortes. Au dernier jour, on payait par kilog.: en demi kilog.,
ordinaires et courants, 3 04 à 4 fr. 02, petits beurres, 2 24 à 3 fr. 28; Gournay,
2 16 à 4 fr. 96; Isigny,â 12 à 7 fr 82.
Œufs. — Du 26 oetobreau 1*' novembre, on a vendu à la halle de Paris 3,466,760
œufs. Au dernier marché, on payait par mille : choix 123 à 136 fr.; ordinaires,
74 à l5;0 fr.; petits, 51 à 61 fr.
Fromages. — I>emiers cours de la halle de Paris : par douzaine. Brie, 11 à
27 fr.; Montlhéry, 15 fr.; par cent, Livarot, 30 à 92 fr.; Mont-d'Or, 14 à 2S fr.;
Neufchâtel, 6 à 24 fr.; divers, 12 à 68 fr.; par 100 kilog.. Gruyère, 114 à 174 fr.
Vo ailles et gibier. —On vend à la halle de Paris : Agneaux, lu à 18 fr. —
Alouettes (la pièce), 0 l'r. 14 àO fr. 29. — Bécasses, 3 fr. 50 à 6 fr. — Bécas-
sines, 0 fr. ^0 à 0 fr. 80. — Cailles, 0 fr. 60 à 1 25. — Canards barboteurs,
1 fr. 75 à 4 Ir. 75. — Canards sauvages, 1 fr. 25 à 3 fr. — Cerfs, chevreuils et
daims, de 25 à 90 fr — Crêtes en lots, 0 fr. ^0 à 8 fr. 50. — Dindes gras ou
fros, « à 12 fr. — Dindes communs, 4 à 7 fr. 60. — Faisans et coqs de
ruyère, 4 fr. 90 à 20 fr. — Lapins domestiques, 1 fr. 50 à 4 fr. 25. — Lapins
de garenne, 1 fr. 40 à 3 fr. — Lièvres, de 3 à 7 fr. — Oies grasses, 6 à 9 fr. 50.
— Oies communes, 3 9ô à 5 fr. &0. — Perdrix grises, 1 fr. 85 à 5 fr. — Pigeons
bizets, 0 fr. 50 à l fr, 40. — Pilets, 1 fr. à 2 fr. — Pluviers, 0 fr. 60 à 1 fr. —
Poules ordinaires, de 3 fr. à 4 fr. PO — Poulets gras, 4 fr 8u à 8 fr. — Poulets
communs, 1 Ir. 30 à 2 fr. 60. — Bâles de genêt, 0 fr. 75 à 1 fr. 25. —Rouges,
2à 2 fr. 25 —Sarcelles, 0 fr. 90 à 1 fr 25. — Pièces non classées, 0 fr. 40
à 12 fr. 50.
X. — Chevaux. — Bétail. — Viande.
Chevaux. — Aux marchés des 27 et 30 octobre, à Paris, on comptait 1,012 che-
vaux. Sur ce nombre, 417 ont été vendus comme il suit :
Chevaux de cabriolet
Amenés.
.>. . 214
Vendus
39
70
121
69
128
. Prix extrêmes,
300 à 1,020 fr.
— detiait
316
310 à l,2o0
— hors d'âge ,
— à l'enchère
— de boucherie
295
59
128
52 à 1,070
50 à 400
40 à 110
Bétail. —Le tableau suivant résume le mouvement du marché aux bestiaux de la
Yillette, du jeudi 28 octobre au mardi 2 novembre :
Poids Prix du kilog. de ^ande sar pied
Vendus moyen au marché du lundi i^r novembre.
Pour
Pour
En ^
quartiers. 1"
26
3«
Prix
Amenés.
Paris, l'extérieur.
totalité.
kil. quai.
quai.
quai.
moyen.
Bœufs
7.485
3 899
1,542
5,441
350 1.60
1 44
1.04
1.32
Vaches
2,575
8tà
423
1,318
240 1 46
1.28
0.90
US
Taureaux
v95
163
38
201
364 1.20
1.08
0.90
1.04
Veaux
3,846
2,713
852
3.565
82 2.16
2.00
1.60
1 89
Moutons
43.946
^5,990
13,5-i6
39,546
19 1.82
1.54
1.28
1.56
Porcs gras
5,417
2,327
3,090
5,417
8i 1 66
1.60
1.56
1.57
— maigres.
a
»
4
4
30 1.28
»
»
1.28
Les approvisionnements du marché ont continué à être très considérables;
les afi'aives sont calmes, et les ventes difficiles, principalement pour les gros ani-
maux Aussi les cours sont-ils faibies, et c'est seulement sur les prix des veaux que
nous avons de la fermeté à signaler durant cette semaine.
A Londres, les arrivages d'animaux étrangers, durant la semaine dernière,
se sont composés de 11,375 têtes, dont 58 veaux, 6 091 moutons venant d'Ams-
terdam; b3a moutons de Brème; 22 bœufs, 29 veaux et 17 moutons de Gothem-
240 REVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT [6 NOVEMBRE 1880).
bourg; 204 veaux et 38S moutons d'Himbourg; 62 bœufs, 18 veaux, 1,035 mou-
tons et 13 porcs d'Harlingen ; 50 bœufs de New-York; 3 bœufs, 269 veaux,
2,351 moutons et 63 porcs de Rotterdam; 80 bœufs de Vigo. Prix du kilog. :
Bœvf, 1"= 1 fr. 87 à 1 Ir. 99 ; 2« 1 fr. 5^ à 1 fr. 75; qualité inférieure, 1 fr. 40 à
1 fr. tS. Veau, 1" I fr. 9.-5 à 2 fr. 10; 2« 1 fr. 75 à 1 fr. 93. — Ho'iton, l'«
2 fr. 28 à 2 fr. 45 ; 2* 1 fr. 93 à 2 fr. 10; qualité inférieure, 1 fr. 75 à 1 fr. 93.
— Porc, l" 1 fr. 75 à 1 fr. 93; 2" 1 fr. 58 à 1 fr. 75.
Viande à la criée. — Du 26 octobre au 1" novembre, il a été vendu, à la halle
de Paris.
Prix du kilog. le i" novembre.
Bœuf ou vache
Veau
Mouton
Porc
1" quai. 2« quai,
1.02àl.60 0.9>àl.'46
1.72 2.06 1.18 1.70
1.42 1.4fi 1.26 1.40
Porc frais
quai,
0.62 4 1.10
0 96 1.16
0.64 1 '24
1.30à 1.72
Otioix. Basse boucherie.
1.00 à 2 50 0.10 à 1.10
1.18 2 2i « .
0.82 2.70 .
kilog4
189,522
135,544
90,6i)2
27,132
442,890 Soit par jour 63,270 kilog.
Les ventes ont été inférieures de 1,200 kilo^. environ par jour à celles delà
semaine précédente. Les prix sont en baisse pour toutes les sortes.
XI. — Cours de la viande à l'abattoir de la Villette du novembre ii{par 50 kilog.)
Cours de la charcuterie. — On vend à la Villette par 50 kilog. : 1" qualité,
87 à 90 fr.; 2% 80 à 85 fr.; poids vif, 57 à 60 ir.
Bœufs. Veaux. Moutons.
1"
qaal.
fr.
75
2»
quaL
fr.
67
3»
quai.
fr.
58
quai,
fr.
103
20
quai,
fr.
94
3-
quai.
fr.
87
quBl.
fr.
72
quai.
fr.
67
3»
quai.
fr.
58
XII. — Marché aux bestiaux de la Villette du jeudi 4 novembre.
Cours officiels.
Poids
moyen
Animaux général. 1" 2« 3*
amenés. Invendus. kil. quai. quai, quai,
Bttnfs 2.3 6 91 365
Vaches 883 58 250
Tanreauz... il2 s 37o
Veaux 973 24 80
Moutons.... t8.70i 272 18
Porcs gras.. 3.528 » 82
— maigres. » » •
Vente très active sur toutes les espèces.
Cours des commissionnaires
en bestiaux.
Prix
extrêmes.
1.68
1.50
1.26
2.20
1.86
1.50
1.3Î
1.12
2.10
1.60
i.64
1.12
1.00
0.98
1.70
1.34
1.60
0.92
0.94
1.52
1.30
2.30
1.90
1.76
quai.
1.67
1.48
1.25
2«
quai.
1.50
1.30
1.10
3«
quai.
1.10
Prix
extrêmes.
l.OSàl.T»
0.95 1.52
0.90 1.30
XII. — Résumé.
Sauf pour les produits animaux, les prix de la plupart des denrées agricoles
sont en hausse ou se maintiennent. A Remy.
BULLETIN FINANCIER.
A nos fonds publics le marché débute par la baisse : la rente 3 0/0 est à
85 fr. 50 perdant 0 fr. 25 ; l'atnortissable gagne 0 fr. 05 à 87 fr. 75, et la
rente 5 0/0 après le détachement du coupon reste à 119 fr. 20, sait doncO fr. 05
de perte. Vif mouvement de hausse à nos chejiins de fer, très bonne tenue des
sociétés de crédit.
Cours de la Bourse du 27 octobre au
Principales valeurs françaises :
Plus Plus Dernier
bas. haut, couis.
Rente3o/o 85. SO 86.10 85.50
Rente 3 0/0 amortis 87.70 88.10 87.75
Rente 4 1/2 0/0 U4.00 ii4 50 lU.oo
Rente 5 0/0 ti9.20 120. 80 119.20
Banque de France 353o.OO 3h80.o0 3565.00
Comptoir d'escompte 970.00 99i.oO 97.S.00
Société générale 587.50 595.00 587.50
Crédit foncier 1355.00 1370 00 13;id.oo
Est. Actions 500 777.50 780.0.1 78i>.00
Midi d» 1058 75 1075.00 1072. so
Nord d* 1670.00 1700.00 16S0.00
Orléans d» 1237.50 1250.00 t24o.oo
Ouest d« 820.00 *<2.50 820.00
Paris-Lyon-Méditerranée d» 1476.25 1057 50 1057.50
Paris 1871 obi. 400 3 0/0 ,. 394-50 39550 395.0»
Italien 5 0/0 87.60 88.00 87.80
Gérant : A. BOUCHÉ.
3 novembre 1880 {au
comptant
.
Fonds publics et Emp
Obligations du Trésor
remb a 500. 4 0/0.
Consolidés angl. 3 o/O
5 00 autrichien
runts français et et
Plus Plus
bas. haut.
517.50 523.00
6Î3/8 64.00
107.20 107.30
335.00 336.75
201/8 20 1/2
106 7/8 107 3/8
94.45 95.00
10.30 10.55
» »
» »
iBTBBalSR
rangers :
Derniers
cours.
522.50
99 11/16
64.00
6 0/0 égyptiea
3 o/o espagnol, extér'.
d* intérieur
5 0/0 Etats-Unis
Hoaduras, obi. 300...
Tabac» ital., obi. 500..
6 o/O péruvien
336.75
20^1/4
107 1/4
94.70
10.30
5 0/0 roumain
Bordeaux, 100,3 o/O..
Lille, 100,3 0/0
«
s
CHRONIQUE AGRICOLE {i3 novembre isso,.
La rentrée des Chambres. — Extrait de li déclaration faite au nona du gouvornenaeiit. —Situa-
tion du projet du canal d'irrigation dérivé du Rhône. — Piiblicatio i de l'étit approximatif de
la récolte du blé, du méteil et du seigle en 1880 en France. — Comparaison de la récolte ac-
tuelle aveo celle des cinq années précédentes — Réparation des pertes subies par les agriculteurs,
— Arrêtés pris par les préfets relativement à la désinfection des wagons ayant servi autransport
du bétail. — Le phylloxéra. —Formation de nouveaux syndicats pour le traitement des vigne;
malades. — Autorisations relatives à la culture des vignes américaines. — Vente îles vins des
hospices de Beaune. — Rapport du jury de dégustation.— Récompenses attribuées pour le
Concours dps instruments de viticulture. — Labjurage.à vapeur et les conditions de son appli-
cation. — Publicaiion de M. Pyro. — Concours d'animaux reproducteurs dans le département
de l'Aude. — Extrait du rapport de M. Castel. — Rapport de M. Foiiiuet sur le projet de dé-
grèvements des sucres destinés au sucrage des vendanges. — Texte de la proposition de loi. —
Nouvelles de l'arrachage des betteraves et de la fabrication du sucre. — Brochure de M. Mar-
chand sur la vérification du lait. — Notes de M. de LentilhaiJ et de M. Leyrisson sur lajsi.ua-
tion des récoltes dans le département de la Dordogne et de Lot-et-Garonne.
I. — Les améliorations agricoles.
Dans îa déclaration lue, au nom du gouvernement, à la Chambie
des députés et au Sénat, le 9 novembre, se trouve sur l'agriculture
un très important passage dont les populations agricoles prendront
acte avec la plus vive satisfaction. Ce passage est ainsi conçu ;
« En matière de travaux publics, toutes les grandes lois sont faites, et le
plan de M. de Freycinet se poursuit résolument. Nous le compléterons par des
projets importants qui concernent soit la réfection des routes nationales, soit les
grandes améliorations agricoles, et notamment celui qui hâtera l'exécution du
canal dérivé des eaux du- Rhône, si vivement désiré par le midi de la France, si
nécessaire aux régions les plus cruellement atteintes de notre pays, w
La promesse de hâter le commencement de l'exécution du canal
dérivé du Rhône -attirera particulièrement l'attention. Il est temps
qu'on sorte enfin des préliminaires pour cette œuvre qui est depuis
assez longtemps à l'étude. Nous croyons savoir que l'article 2 de la
loi du 20 décembre 1879 est maintenant complètement satisfait. Cet
article portait que la déclaration d'utilité publique serait non avenue
si, dans le délai de deux ans, les départements, les villes et communes
et les propriétaires intéressés n'avaient pas souscrit des engagements
s'élevant, en redevances annuelles, à la somme de 3 millions de francs.
D'après la déclaration que nous a faite M. Aristide Dumont, les 3 mih'
lions sont dès maintenant souscrits.
IL — La récolte des prvicipales céréales.
Le ministère de l'agriculture et du commerce a publié, dans|k
Journal officiel du 7 novembre, un état approximatif de la récolte du
froment, du méteil et du seigle en 1880. Nous publions ce document
dans ce numéro (p. 249). Il en résulte que, pour les trois sortes de
grains, il y a eu à la fois : 1° de plus grandes surfaces emblavées;
2° une récolte supérieure à celle de l'an dernier de près du tiers en sus
par rapport à celle-ci; 3" un excédent de rendement moyen par hectare
d'un peu plus de 3 hectolitres pour chacun des grains; 4° sauf pour
le méteil, une qualité notablement supérieure, puisque l'hectolitre
moyen de froment pèse cette année 2 kilog. et demi de plus à peu près
que l'hectolitre de l'an dernier, et qu'il y a, en outre, un excédent
d'un kilog. environ sur le poids de l'hectolitre de seigle.
La dernière récolte de froment s'élèverait à environ 101 millions
d'hectolitres ou 79 millions de quintaux métriques; c'est un peu plus
que la récolte des années 1875 et 1877. Il est intéressant de rappro-
N' 605. — Tome lY de 1880. — 13 Novembre.
2i2 CHRONIQUE AGRICOLE (13 NOVEMBRE 1880).
cher de ces résultats les cours du froment pendant les quatre der-
nières années, au commencement de novembre. Ils sont aujourd'hui
de 28 (r. par quintal pour Tensemble de toute la France. En 1875 et
1877, les prix moyens étaient respectivement de 25 fr. 94 et de
30 fr. 89. En 1878, avec une récolte moindre (95 millions d'hecto-
litres), il n'était que de 27 fr. 78. Quant à Tannée passée, l'année de
la plus mauvaise récolte qu'on ait eue depuis longtemps, il ne s'était
élevé qu'à 31 fr. 52. La situation est donc aujourd'hui incomparable-
ment plus satisfaisante. En effet, si l'on évalue en argent la valeur de
chacune des récoltes des six dernières années, d'après les cours du com-
mencement de novembre, et en tenant compte des poids moyens rela-
tifs de l'hectolitre dans chaqueannée, onobtientles nombres suivants :
. . Valeur de la récolte de
■^""^■^^ froment.
1875 1 , 97 1 , 4^0 ,000 francs
1876 2,00>,900,000 —
1877 2,347,640,000 —
1878 1 ,9.52 ,254 ,000 -
1879 1,867,643,000 —
1 880 2 ,204,300 , OC'O —
Ainsi, tandis que, tout à coup, de 1877 à 1878, l'agriculture avait
perdu environ 400 millions de francs, qu'une nouvelle perle en plus
de 100 millions avait dû être supportée en 1879, elle regagne
350 millions environ en 1880, et elle se trouve avec 200 millions de
plus que pendant chacune des deux années 1875 et 187G. Ce sont des
faits qui tiennent essentiellement aux circonstances météorologiques
que l'agriculture a dû traverser.
III. — Désinfection du matériel des chemins de fer.
Dans une précédente chronique (n" du 30 octobre, p. 164 de ce
volume), nous avons publié la circulaire que M. le ministre de l'agri-
cuUure a adressée aux préfets pour les inviter à prendre des arrêtés
prescrivant la désinfection du matériel des chemins de fer, toutes les
fois qu'il aurait servi au transport du bétail. Nous apprenons que tous
les préfets se sont empressés de se conformer aux instructions qui leur
étaient données, et que, dans tous les départements, des arrêtés ont
été pris conformément au modèle que renfermait la circulaire du mi-
nistre de l'agriculture. La désinfection des wagons, après tout trans-
port de bétail, est devenue obligatoire dans toute la France. C'est une
mesure dont on ne saurait trop se louer, et qui contribuera puissam-
ment à arrêter l'extension des maladies contagieuses.
IV. — Le phylloxéra.
La lutte contre le phylloxéra au moyen des insecticides continue.
Un nouveau syndicat s'est formé, dans le Rhône, pour le traitement
par le sulfure de carbone et a demandé, aux .termes de la loi, une
subvention qui lui a été accordée. Dans les régions considérablement
dévastées, la faveur est toujours grande pour l'emploi des cépages
américains, et l'on désire y avoir la liberté complète du transport des
sarments, boutures et plants enracinés. C'est ainsi que l'arrondisse-
ment de Moissac, dans Tarn-et-Garonne et celui de Saint-Pons, dans
l'Hérault, ont demandé à être teintés en noir sur la carte phylloxé-
rique; toutes les formalités ayant été remplies à cet égard et les Con-
CHRONIQUE AGRICOLE (13 NOVEMBRE 1880). 243
seils généraux des départements approuvant, la section permanente
de la Commission supérieure du phylloxéra a donné un avis favorable.
Des demandes analogues faites pour la Gironde et la Loire ont élé ajour-
nées;, attendu que les enquêtespréalables n'étaient pas encore suffisantes.
V. — Vente des vins des hospices de Beaime.
La vente annuelle des vins des hospices de Beaune a eu lieu, ainsi
que nous l'avons annoncé, le dimanche 7 novembre, devant une grande
affluence de commerçants et d'agriculteurs, en même temps qu'avait
lieu une exposition de vins de la Bourgogue. Cette exposition a donné
à lieu une dégustation des vins nouveaux, faite par un jury présidé par
M. le comte de Vergnette-Lamotte. Ce rapport sert chaque année de
première base pour la future classification des vins de qualité; c'est
pourquoi nous croyons devoir le reproduire ici, les viticulteurs y devant
trouver de bons éléments d'appréciation. Voici le texte de ce rapport :
« Il s'est produit, cette année, pendant la végétation de la vigne, deux faits
utiles à signaler : la formation du verjus dans de bonnes conditions et la ven-
dange des raisins de la Côte par un beau soleil.
« Il en est résulté une fermentation assez prompte et les vins, au décuvage,
présentent de la couleur et de la vinosité, de la franchise et de la fermeté.
« Cet ensemble satisfaisaot rend les vins dignes d'être présentés au commerce
et par celui-ci à ses clients.
« On peut évaluer la récolte des vins fins de 1/5 à I/IO d'année moyenne, et
pour les ordinaires à la moitié d'une année moyenne.
« Les vins blancs sont généralement bons.
« Cette appréciation s'étend à tous les vins de l'ancienne Bourgogne. »
En même* temps que l'exposition des vins, a eu lieu un concours
d'instruments de viticulture. Trois catégories d'appareils ont seules
été admises à y recevoir des récompenses. Celle-ci ont été décernées
comme il suit :
f* Section. — Charrves vigneronnes. — ]" Prix : Médaille de vermeil avec
100 fr. de prime : M. Râteaux, fabricant à Yignolles, pour l'ensemble de son
exposition. — 2" Prix : Médaille d'argent avec 50 fr. de prime : M. Pétrot, con-
structeur à Dijon, pour sa charrue à vigne. — 3^ Prix : Médaille d'argent :
M. L Menault, fabricant à Sfe-Marie-la-Blanche, pour sa charrue à vigne. —
4*^ Prix : Médaille d'argent : M. Robert, constructeur à Auxerre (Yonne), pour
l'ensemble de son exposition. — 5* Prix : Rappel de médaille de bronze: M. Bois-
selet, fabricant à Montagny-les-Beaune, pour sa herse et sa charrue à vigne.
2'"" Section. — Chaudières à échauder la vignp, Pyrophores. — l*"" Prix : Mé-
daille de vermeil avec 100 fr. de prime : M. Boisson, constructeur à Belleville
(Rhône), pour sa chaudière. — Rappel de médaille de vermeil : M Duteil-Mar-
cenot, constructeur à Beaune, pour sa chaudière avec accessoires (hors concours).
— 1''' Prix : Médaille de vermeil avec lOO fr. de prime : M. Bourbon, construc-
teur à Perpignan, pour son pyrophore. — 2.« Prix : Médaille d'argent avec 50 fr.
de prime, M. Caillot, p)ur son thermophore. — 4^ Prix : Médaille de bronze, M. (j
Paulin, propriétaire à Beaune, pour sa caisse rotative à échauder les échalas.
3'"^ Section. — Soufreuses. — Médaille d'argent : M. Terraud-NicoUe, pro-
priétaire à Varennes, pour vulgarisation d'un appareil utile, la soufreuse inventée
par M. Fojadelli. — Médaille d'argent : M. Vantelot-Béranger, constructeur à
Beaune, pour vulgarisation d'un instrument utile, la soufreuse bordelaise, très
employée dans le Bordelais. — Médaille de bronze : M. G. Paulin, propriétaire à
Beaune, pour vulgarisation de la soufreuse à pomme d'arrosoir.
Ces récompenses signalent plusieurs excellents appareils, dont
quelques-uns ont déjà fait leurs preuves dans de nombreuses circons-
tances.
244 CHRONIQUE AGRICOLE (13 NOVEMBRE 1880).
Vr. — Sur le labourage à vapeur.
Les publications sur l'exposition du matériel agricole à Pans,
en 1878, ont déjà été nombreuses. Parmi celles qui méritent spéciale-
ment d'appeler l'attention, nous devons signaler un livre de 160 pages
environ, que M. P}'ro, professeur à l'Institut agricole deGembloux (Bel-
gique), vient de publier sous le titre : Labourage à vapeur, exposé hisio-
rique et pratique. Les divers chapitres de ce livre répondent complète-
ment à ce que l'on pouvait en attendre. Toutes les phases par lesquelles
est passée la construction des appareils, tant en Angleterre qu'en
France, y sont exposées avec beaucoup de détails ; la description de
ceux qui sont aujourd'hui adoptés dans les divers pays, y occupe
aussi une place importante; on y trouvera donc d'excellents renseigne-
ments. Les conditions du travail du labourage à vapeur sont extrême-
ment variables ; il faut donc se garder de porter des jugements absolus
soit pour, soit contre ce système. Si la moyenne et la petite culture ne
peuvent, dans l'état actuel des choses, à part les circonstances d'as-
sociation, se servir avec avantage des appareils mus par la vapeur, il
est, au contraire, pour les vastes exploitations un assez grand nombre
de circonstances, dans lesquelles les appareils de culture à vapeur
rendront des services importants. Les conclusions de M. Pyro sur ce
sujet sont sages. D'ailleurs nulle part, en agriculture, il n'est prudent
d'adopter des principes exclusifs.
VIL — Concours cVaniniaux reproducteurs.
Le concours d'animaux reproducteurs de l'espèce bovine organisé
par la Société centrale d'agriculture de l'Aude a eu lieu le 20 septembre
à Saint-Denis. Ce concours a été des plus brillants, d'après le rapport
du jury que nous avons sous les yeux. Les principales récompenses
ont été attribuées, pour les taureaux, les génisses et les vaches, à
MM. Emile Rives, Edmond Combes, ïissié. Dans son rapport, M. Castel
ajoute quelques détails sur les intéressants, sur les méthodes adoptées
par M. Lades-Gout, sur son domaine de Fargues, à Saint-Denis, pour
l'élevage de la race bovine de la Montagne-Noire. Il s'exprime en ces
termes
« Chaque année, au 1"" novembre, le domaine de Fargues renferme 6 taureauv,
dont 2 âgés de six mois,' 2 de dix-huit mois et 2 de trente mois ; 12 génisses, dont
4 âgées de six mois; 4 âgées de dix-huit mois; 4 âgées de treute mois; et
16 vaches adultes, âgées de trois ans et demi et au-dessus,
« Les génisses commencent à être saillies à trois ans et demi; la période de
gestation dure neuf mois, et celle de l'allaitement trois mois ; chaque vache peut
ainsi donner un produit tous les ans.
« On vend chaque année : deux jeunes bœufs, provenant de la castration des
taureaux âgés de trente mois, et quatre vieilles vaches qui, à cause de leur âge,
donneraient des produits défectueux. Sur les jeunes veaux de l'année, on en
choisit six qui sont conservés pour remplacer les animaux qui ont été vendus; les
autres sont livrés à la boucherie.
« Ainsi, sur un domaine de 180 hectares, qui renferme 60 hectares de terres
labourables, 30 hectares de prairies, 15 hectares de bois, et 105 hectares de landes
et d'ajoncs, on élève 16 animaux de travail et 18 animaux encore jeunes, destinés
à entretenir et à renouveler le bétail.
« La faible production du fumier, dans un pays où les animaux sont presque
eonstamment nourris sur les pâturages, limite la puissance culturale et restreint
.l'étendue des terres labourables.
« Nous nous sommes permis cette digression sur l'élevage dans la Montagne-
Noire, pour bien faire ressortir que l'espèce bovine de cette région est très appro-
CHRONIQUE AGRICOLE (13 NOVEMBRE 1880j. 245
priée aux services qu'elle est appelée à remplir; on doit néanmoins cherchera
l'améliorer au moyen de sélections faites avec intelligence, et tâcher de la perfec-
tionner par des croisements avec des races étrangères. »
Tous les efforts qui sont faits pour augmenter la production du
bétail dans une contrée où il est encore trop clairsemé, duivent être
encouragés La Société centrale d'agriculture de l'Aude est donc entrée
dans une excellente voie.
VIII. — Sur le sucrage des vendanges à prix réduit.
A la rentrée des Chambres, le rapport fait par M. Fouquet, au nom
de la Commission chargée d'examiner la proposition de loi tendant à
dégrever les sucres employés au sucrage des vins, bières, cidres, poirés
et hydromels, a été distribué à la Chambre des députés. On se souvient
que cette proposition a été signée par G8 députés et que la Chambre
en a, par un vote antérieur, décidé la prise en considération. Le rapport
de M. Fouquet donne des détails très intéressants sur la situation du
commerce des sucres, et il insiste sur la nécessité où se trouve la
France d'augmenter, dans une large proportion, la consommation de
celte denrée. L'emploi du sucre dans les vendanges a été restreint
jusqu'ici par les droits élevés qui le frappaient; ce serait faire acte
favorable à la fois à la viticulture et à la sucrerie indigène que
d'abaisser ces droits à la dernière limite. La proposition de loi ea
question ne renferme qu'un article qui est ainsi conçu :
« Les sucres employés au sucrage des vins, bières, cidres, poirés et hydromels,
à la cuve avant fermentation, soni passibles d'un droit égal à celui des glucoses, à
la condition qu'ils seront préalablement soumis à une dénaturation soit dans les
fabriques, soit dans les établissements spéciaux qui seraient assimilés aux
entrepôts réels.
« Un règlement d'administration publi pe déterminera les conditions de dénatu-
ration et le mode de surveillance des agents des contributions indirectes. La
réduction du droit sur les sucres employés au sucrage des vins est limité à une
durée de deux années à partir de la promulgation de la présente loi. n
Nous espérons que la discussion de cette proposition sera bientôt
mise à l'ordre du jour de la Chambre, et qu'elle pourra être rapide-
ment adoptée. Quant aux procéd'^s de dénaturation, on peut, dans la
situation actuelle des choses, les considérer comme présentant toute
garantie pour les intérêts du Trésor public.
IX. — Sucres et betteraves»
Les arrachages de betteraves se poursuivent avec des alternatives de
pemps favorable ou fâcheux. On peut maintenant avoir une idée à peu
rès complète du rendement 'qui, dans beaucoup de départements,
n'est pas aussi favorable qu'on l'avait d'abord espéré. Il y a aussi beau-
coup d'inégalités dans la richesse sucrière des betteraves; à ce point
de vue, il y a encore des déceptions assez amères. La plupart des sucre-
ries signalent, pour les travaux exécutés jusqu'à ce jour, un rende-
ment médiocre en sucre. Les nouvelles de Belgique et d'une partie de
l'Allemagne donnent d'ailleurs des appréciations analogues à celles
qui ont été réunies pour la France.
X. — La vérification du lait.
M. Eugène Marchand vient de présenter à la réunion du Conseil
d'hygiène du département de la Seine-Inférieure un intéressant
mémoire sur l'utilité de la vérification du lait. Sa conclusion est que
246 CHRONIQUE AGRICOLE (1?, NOV.'^MBRE 1880).
la vérification du lait est possible, et qu'e'îs d&t d'exécution facile, en
permettant des conclusions positives lorsqu elle est faite avec conve-
nance, conformément aux prescriptions de la science. Il y a, en effet,
longtemps que, à Paris et dans plusieurs grandes villes, la vérification
du lait se fait sans aucune difficulté; c'est une pratique qui doit être
étendue à toutes les agglomérations de population un peu importantes.
XL — Nouvelles de l'état des récoltes.
Les dernières récoltes ont donné, dans la plupart des départements,
d'excellents résultats, ainsi qu'il résulte des notes que nous recevons
de nos correspondants. M. de Lentilhac nous envoie de St-Jean-d'Ataux
(Dordogne), à la date du 6 novembre, les renseignements qui suivent :
« Aujourd'hui que toutes nos récoltes sont retirées, nous pouvons faire le bilan de
la campagne agricole qui vient de finir. On s'accorde à reconnaître que pour les
céréales, le résultat pour la France est celui d'une récolte moyenne, pour le Pé-
rigord, nous n'hésitons pas à allirmer qu'elle est au-dessous: les blés ont réparé,
il est vrai, plus qu'on ne pouvait l'espérer, les dégâts occasionnés par les froids
de l'hiver; ils ont bien tallé, n'ont pas été atteints par la coulure, ont foirni un
gram généralement bien nourri, mais n'ont pu compenser les nombreuses victimes
des gelées. La récolte du maïs, très importante en Périgord, occupe cette année
une bonne moyenne, son grain ayant parfaitement mûri même dans les ierrams
froids.... Celle des pommes de terre est très bonne, et jusqu'à présent exception-
nellement saine... Les haricots ont peu donné, la sécheresse survenue en juillet
ayant arrêté leur développement-... Les betteraves et carottes ont également souf-
fert de la chaleur; il en a été de même des tabacs dont la ieuille n'a atteint qu'un
faible développement.
« Le vin, ce produit d'un si grand poids dans la budget en Périgord, a donné,
comme nous le faisions pressentir dans notre chronique de septembre, de tristes
déceptions. Un peu supérieure comme quantité et qualité à celle de l'an dernier,
la récolte de 1880 atteint à peine le sixième d'une année moyenne; le vin est vert
à cause d'une maturité irrégulière du raisin, et peu coloré, les cépages rouges
ayant été plus particulièrement frappés par la coulure et l'oïdium.... Beaucoup de
propriétaires, pour assurer leurs provisions, ont eu recours aux marcs arrosés
d'eau sucrée, mais ces seconds vins, dont on a beaucoup parlé, beaucoup exagéré
les mérites surtout, sont loin, quoi qu'on fasse, de remplacer nos vins médiocres.
« La châtaigne est petite, mais abondante et très saine ; il n'en est pas de même
des noix, qui ont été brouillardées dans leur coque, longtemps avant la maturité
du fruit.
« Les noyers eux-mêmes ont eu leurs feuilles maculées de nombreuses taches et
frappées de caducité anticipée.
« Le commerce du bétail offre peu d'animation.... Les bêtes d'attelage sont
bon marché à cause du manque de foin, les bœufs gras d'un prix relativement
élevé.... Les porcelets sont fort demandés, à cause sans doute de la bonne réus-
site de la pomme de terre et du maïs, mais surtout du glaod qui a rarement
offert une pareille abondance. 5»
D'après la note que M. Leyrisson nous envoie de Tridon fLot-et-
Garonne), à la date du i" novembre, les semailles ont été jusqu'ici
peu favorisées par le temps dans ce département :
« L'année vinicole a été tellement triste que, de mémoire d'homme, on n'avait
vu, ici, une telle pénurie de vin. On y obvie néanmoins par la fabrication de
piquettes de pomme, ce dernier fruit ayant été d'une abondance prodigieuse. On
a même imaginé dernièrement un très simple et très ingénieux petit pressoir, qui
du reste, n'est autre chose qu'un levier de deuxième ordre, au moyen duquel on
écrase et l'on pressure dans les meilleures conditions possibles.
« Les semailles, peu favorisées jusqu'ici par la température pluvieuse que nous
subissons, jusqu'à hier, vont probablement prendre une meilleure voie, car main-
tenant le temps semble s'être mis au beau fixe. »
Tous les renseignements qui arrivent maintenant confirment les
premières appréciations que nous avons données sur les résultats des
CHRONIQUE AGRICOLE (13 NOVEMBRE 1880) 247
vendanges. A part quelques parties du Midi, le vin est très peu abon-
dant, mais il est généralement d'une assez bonne qualité. Quant aux
ponnnes de terre, elles ont donné une bonne récolte; il en est de
môme pour le maïs dans un grand nombre des départements méri-
dionaux. J.-A. Barkal.
SUR LES VIGNES AMÉRICAINES EN AMÉRIQUE
Monsieur le Directeur, je vous demande la permission de répondre
à la lettre de M. Laliman sur la résistance des cépages américains
[Journal du 9 octobre.)
J'ai, en effet, perdu ma vigne dans l'Illinois sous les attaques du
phylloxéra, aidé dans son œuvre de destruction par un autre insecte
presque aussi funeste, VErythroneura vitis outhe (jrapeleaf hopper, sorte
de très petite sauterelle ailée qui s'attache aux feuilles, en suce la sève et
en amène la chute rapide. Le bois ne pouvant s'aoùter dans ces condi-
tions déplorables, si l'hiver suivant est rigoureux, la vigne succombe.
Tel fut le cas de mon vignoble, à la suite de l'hiver désastreux de 1875.
Le 30 septembre dernier, j'ai informé M. Laliman, sur sa demande,
des trois causes présumées de la perte de ma vigne. Le 10 de ce
mois, le lendemain de la publication de la note de M. Laliman, je
lui ai de nouveau écrit, sur son invitation, les lignes suivantes :
« Je viens vous dire que je n'ai rien trouvé de plus sérieux, pour répondre à vos
assertions sur les invasions progressives du phylloxéra, en Amérique, au lieu
d'admettre la théorie de son état indigène dans ce pays, comme à celles qui ont-
trait à la non-identité de l'insecte sous les deux formes de vnslatrix eUÏe gallicole,
que de consulter, sur ces matières controversées, les autorités acceptées comme
compétentes en Amérique, MM. Ouderdouk,Berckraans et Campbell; je vous trans-
mettiai leurs réponses sitôt qu'elles me seront parvenues.
_ « Pour ce qui m'est personnel ou plutôt pour ce qui est particulier à ma
vigne, elle a dû être envahie parle phylloxéra, dès l'année 1863, par des racines
de Clintnn, achetés à Rochester, chez M. Frost et Cie, Etat de New-York.
« J"ai remarqué, en recevant ces plantes et en les mettant en terre, des nodosités
ou renflements considérables et anormaux sur leurs racines, ne me doutant pas
que j'inlroduisais chez moi le redoutable fléau. J'ai observé ausssi des gaVes sur
ces mêmes Clmton.
« Depuis cette époque, j'ai acheté particulièrement des Labrusca pour avoir
plus de rapport; mais le me suis aussi procuré dans d'autres maisons des Riparia
ou Gordifolia et des Œstivahs pour l'établissement de mon vignoble. Peut-être ces
maisons m'ont-elles envoyé avecleurs cépages, de nouveaux éléments de destruction,
je l'ignore, n'ayant pas observé sur les racines les mêmes exostoses ijue sur le
Clinton, venant de Rochester.
« J'ai acheté aussi des vignes françaises en 1861, chez M. André Leroy,
d'Angers. Elles se composaient de onze variétés des plus méritantes, dans mon
opinion. Une seule de ces vignes a fructifié une seule fois, le Pituau blanc de
Saumur. La plupart étaient mortes dès la deuxième année de plantation. La der-
nière avait disparu la quatrième année. J'ignore les causes de leur perte.
« Quant aux vignes indigènes que je cultivais chez moi, elles ont presque tou-
jours été à l'état de souffrance, à l'exception du Concord et du Norton, qui m'ont
donné de beaux résultats. Le Concord surtout prospère magnifiquement dans
l'Ouest, malgré la présence du phylloxéra, dont pas un vigneron ne s'inquiète en
Amérique, si ce n'est la Californie qui est décimée, cumme nous, et se prépare à
nous imiter en appliquant la greffe sur des racines résistantes. On replante
même le Catawba, quoique l'insecte fait terriblement maltraité dans beaucoup
de localités. Le vin de ce cépage est très recherché en Amérique, par les Amé-
ricains et les Allemands. Les Français préfèrent le vin rouge, et le Concord, quoi-
que produisant un vin commun se rapprochant de celui du Gamay, fournit leur
boisson, en général. Ce vin se vend 35 centimes le litre, ou environ.
« Je l'améliorais sensiblement et je m'étais fait une réputation en le vinantà la
cuve. Ce procédé que j'appliquais après la fermentation active ou tumultueuse est
248 SUR LES|VIGNES AMÉRICAINES EN AMÉRIQUE.
indispensable pour rehausser cette variété en neutralisant les acides et en pro-
duisant l'éther, et je crois que si on l'employait en France, on pourrait, peut-être,
réhabiliter ce vin dans la fâcheuse réputation qu'il a ici. Je le trouve, pour mon
compte, bien supérieur au vin d'York-Madeira que vous m'avez fait goûter pendant
le congrès de Lyon et que je récoltais dans l'IUinois. Quelques bouteilles venant
de ma cave, importées en France, avaient gagné beaucoup de la traversée, au
lieu d'en être amoindries. Ce qu'il y a d'étrange, c'est que le Concord et Cives
Seedling résistent à l'insecte, en Amérique, et qu'en France on les rejette. Je ne
suis pas pas bien sûr que les motifs de cette proscription soient fondés.
« On commence à croire, en Amérique, f[ue le Tayinr n'est pas un Riparia pur
sang ain^i qu'on l'avait supposé jusqu'à présent, mais un hybride accidentel entre
un Riparia et un Labrusca inconnu. Ce qui fortifie cette opinion nouvelle, c'est
que des semis du Taylor qui ont donné l'Elvira ont, par des semis de cette der-
nière variété, donné naissance à plusieurs autres variétés dont le vin présente ce
goût foxé spécial au Labrusca, sans nuire toutefois à la finesse du vin, comme
par exemple dans le Gatawba qui est un Labrusca. »
Il y aurait beaucoup à dire sur les points que JM. Laliman met en
relief dans la note que vous avez publiée et pour lesquels il demande
une enquête. Mes observations pourront déjà l'édifier. J'espère être
bientôt en mesure de lui fournir des renseignements plus complets
venant de voix plus autorisées. En attendant, qu'il veuille bien me
permettre d'ajouter quelques informations à celles contenues dans ma
lettre du 10 courant.
La vigne meurt en Californie, parce que ce sont les plants d'Europe,
les vitis vinifera qui forment la masse des vignobles de ce pays.
Suivant les renseignements certains^ le Concord a produit cette
année, dans l'IUinois, une récolte énorme et sans précédents. Un res-
pectable fermier, mon voisin, m'écrit que son beau-frère afoit 14 barils
et demi de vin sur 384 ceps ; un autre a récolté 24 barils sur
1800 pieds (première récolte), à quelques cents mètres de la vigne que
j'ai perdue après une lutte de douze à quinze ans. Ces chiffres prouvent
que le Concord est plus solide que les roses dont parle M. Laliman.
Je n'engage pas M Laliman à insister sur les documents qui prouvent
quele Scuppeniong et la Herbemont sont seuls résistants en Amérique,
cette assurance manquerait de fondement comme celle de M. Meissner,
s'il a dit que tous les cépages résistent en Amérique. Ce sont deux exa-
gérations.
Aucun rapport défavorable sur la résistance des Riparia ne m'est
parvenu d'Amérique. Il est entendu que je ne fais pas d'allusions aux
expériences faites en France.
Il est vrai que les Américains ne possèdent plus le Solonis et qu'il
leur reste peu d'York- IMadeira. Ils n'ont pas non plus les hybrides
Gaston-Bazille et Vialla, dérivés de Riparia et qui sont de création
française, mais ils ont de précieuses et nouvelles ressources à offrir à
la France. Quant au Jacquez, que M. Laliman se rassure, le véritable
peut encore être obtenu, au Texas seul, par des millions de boutures.
La préférence qu'on accorde partout, en Amérique, à l'Herbemont
sur le Jacquez, est motivée par le double avantage qu'on retire du pre-
mier pour le vin et le fruit, tandis que le Jacquez ne peut être utilisé
que pour le vin. Aucune de ces deux variétés ne souffre de Fanthrac-
nose au Texas.
Si je ne craignais d'abuser de votre hospitalité, j'expliquerais pour
quelles causes tous les Labrusca sont, en dehors du phylloxéra, fata-
lement condamnés au sud de l'Amérique et que, partout dans ce pays,
les vitis vinifera ont succombé sous les attaques de l'insecte, après
SUR LES VIGNES AMÉRICAINES EN AMÉRIQUE. 249
quelques années de lutte. Les mêmes causes qui font échouer les Labrusca
et d'autres variétés au Sud des Etats-Unis, ont pu produire des effets
analogues chez M. Laliman, malgré les belles apparences de vie et les
grands résultats des premières années.
Je dirais aussi qu'au lieu de recommander les Rotundifolia comme
stock pour porte-greffe pour les variétés d'Europe^ on les repousse,
tandis que leur concours serait utile pour les OEstivalis du Sud.
Je termine avec le ferme espoir que mes remarques seront accueillies,
n'étant inspirées que par des sentiments de déférence et de courtoisie
envers l'un des plus distingués des initiateurs de la vigne américaine
en France; mais surtout parce qu'elles relèvent d'un mobile plus sé-
vère et plus élevé, parce qu'elles intéressent la cause de la viticulture
et qu'elles m'imposent le devoir de dire ce que je crois la vérité.
Recevez, etc. G. Morlot.
PARTIE OFFICIELLE
Evaluation approximative de la récolte du fromant, du méteil et du seigle en 1880.
Le ministère de l'agriculture et du commerce (direction de l'agriculture, 2'^ di-
vision, bureau des subsistances) publie, dans le Journal officiel du 7 novembre,
le relevé des rapports transmis par les préfets dans les six semaines qui ont suivi
la moisson :
FROMENT MÉTEIL SEIGLE
Dl.PARTENUCNTS. Surfaces Produit en grains Surfaces Produit en prains Surfaces
enspiiientws. llco(olilrcs. Quiulaus raelr. ensemencées. Ueelolilres. Quin(an\ nielr. ensemencées. Ileeluliues. UuialLJUi m
1" Tiécjion [N.-O.). — — ____ _ _
Finistère 45.000 687,002 499, O^t? 5,400 126,000 81,090 32.000 616,807 423,
CÔles-du-Nord 80,;io3 1.410.7S0 1,035,860 9,372 162,320 116,8 '0 30.988 453,245 Îl4,i
M'Tljilian 40,000 b75,000 4-1,220 2,405 18,400 3,970 81.000 1,288,000 9i5,
Ille-et-Vilaine 113, ICO 1,399,475 1,049,607 2,80S 14,300 (8,S60 10,600 115,030 82,1
Manche 101,115 1,363,866 l,0i4,026 6,235 77.253 57,939 7,521 55.244 40,:
Calvados 96,300 1,499.430 1,139,567 850 16,330 11,921 5,180 C2,' 86 51,'
Orne 76,535 1,107,889 839,041 10,060 179,846 125.892 8,8S0 123,750 86,i
Mayenne 106,878 1,701,660 l,32-'i,i51 11,798 119,236 9», 922 4,150 92,073 61,'
Sartbe 78,546 1,163,608 9i.'7,770 27,187 377,508 294,456 24,623 309,745 232,
Totaux 737,777 ;O,913,680 8,301,189 76,557 1,091,193' 801,860 204,942 '3,128,780 2.238,
2« Réjion {Nord).
Nord • 125.000 3,885,621 2,836,503 1,200 40,331 27,862 11,000 315,663
Pas-deCalais 140,847 3,183,255 2,419,274 9,610 284,398 210,825 11,720 312,597
Somme 99,867 1,617,648 1,218,240 85^840 594,94i* 438,283 18,900 351,351
Seine-lut'érieure 118,800 2,281,992 1,744,483 1,380 35,628 26,880 19,130 2'j9,67o
Oise 98,197 2,276,271 1,767,330 12,089 262,701 196.508 16,088 361,651
Aisne 134,627 2,9i»2,34l 2,216,465 8,596 410,352 299,553 30,000 746,116
Eure 118,000 1,926,26a 1,483,224 5,70? 80,90't 60,678 11.900 195,192
Kure-et-Loir 115,515 2,350,294 1,787,821 9,164 183,816 121,202 10,593 217.970
Seine-et-Uise 90,391 2,325,000 1,767,000 6,748 138,400 102,400 17,049 395,900
Seine 4,715 99,475 74,606 » » o 1,642 19,725
Seine-et-Marne 107,738 2,337,443 ' 1,943.502 4,744 84,663 63,015 12.554 24J,2>3
Totaux 1,153,697 25,285,610 19,258,448 145,071 2,116,687 l,ji7,219 161,176 3,408,058
Z<^ Région (N.-E.).
Ardennes 67,210 1,143.615 853,041 3,045 70,731 51,482 14,500 269,179
Marne 91,5 45 1.483.856 1,'71,097 4,349 67,796 51.020 63.643 (,548,99s
Aube 80,000 1,213,000 913,900 1,000 13.400 10.000 40,000 485,500
Haute-Marne 99,058 1,350,028 1,019,271 2.43J 34,020 23,814 4.7oo 60,404
Meuse 98,7b7 1-670,150 1,252,612 » « » 4.447 69,654
Meurthe-et-Moselle 87,309 1,261,264 933,335 60 > 10,834 7.800 4.8 22 11 3, .81
Vosges 52,591 847,542 640,251 9,795 150,599 112^130 10,9o6 327,805
Haut-l;hin (Belfort) 5,270 100,130 75,097 840 13.440 9,8!1 2,380 36,940
Totaux 582,650 9,078,585 6,758,604 22,064 360,820* 266,057 156,398 2,011,988 1,839,:
4-= Région [Ouest].
I-oire-Inférieure 96,000 1,723,000 1,347,840 600 12,0.00 9,129 19,400 388,00) 294.:
Maine et-Loire 160.000 2,970,0)0 2,310,000 5,000 55.000 41,250 10,0)0 88,000 66,'
Indre-et-Loire I!i4,500 1,001,3)0 781,014 8,500 93,500 70.125 10,000 95,000 71,'
Vendée 145,675 2,200,000 1,765,500 2,322 44,000 30,360 3,212 68,00Q 46,:
Charente-Inférieure 128,200 1,594,073 1,184,636 6.241 34,790 24,758 5,950 21,843 15,;
Deux-Sèvres 140,720 1,334,<I60 1,023,304 3,200 177,072 135,345 6.780 251,190 183,
Charente 105,429 1,015,400 799,011 10.654 98,054 71,62 2 lb,220 155,477 110,
Vienne 113,252 1,132,212 863.488 15,476 169,165 116,293 10,538 188,873 131,
Haute-Vienne 40,863 441,000 339,570 1,000 = » 62,558 828,000 579,
Totaux 1,034,639 13,416,045 10,414,413 5Î,993 684,181 499,873 143,688 2,084,383 î^
2£0
PARTIE OFFICIELLE.
FROiMENT
DKPARTEMENTS. Surfaces Produit ea grains
ensoincncéi's. Iloclulllres. Quiiilaus iiicli'.
S' Région Centre). — — —
Loir-et-Cher i;n,8'jO 895,:i7:i 68'i,377
Loiret 78,005 1,529,708 l,188,<i79
Yonne 119,150 1.98O,0(iO 1,418,000
Indre..... W,WO l,0OO,77'i 1,'211,I35
Cher 81,445 1,091,112 9()6.'>47
ISièvre 77,000 1,090,125 850,3uO
Creuse 8,954 84,g:>9 69,727
Allier 91,080 1,242,353 9>6,G11
Puy-de-Dùnie 48,500 959,000 73^062
Totaux (i85,G34 10,473,102 8,078,033
6'- Hcyion {Est).
Cùte-d'Or 130,030 l,GS6,r.37 l,233,3ll
Haute-Saône 70,480 981,673 751,467
Doubs 45,000 768,000 68 i, 680
Jura 55,185 880,000 600,000
Saône-et-Loire 137,484 2,079,000 1,580,040
Loire 62,000 435,2 iO 330,790
lUlone 43,010 500,000 38il,000
Ain 92,000 1,018,682 766,456
Haute-Savoie 28,379 496,205 39 7,770
Savoie 19,500 294,219 223,606
Isère 133,775 838,610 (i2,H,957
Totaux 816,833' 9,958,276 7,536,0)7
T= Région (S.-O.).
fiironde 87,316 l,6'!5,'i7S 1,307,342
Dordogne 187,304 1,272,809 992,791
Lot-et-Garonne 139,000 1,951,951 1,541,471
Landes 70,480 675, 4S0 555,360
Gers 131,835 1,941,408 1,563,126
Basses-Pyrenées, 52,256 886,240 709,072
Hautes-Pyrénées 23,000 460.000 358,000
Haute-Garonne 151,250 1,458,791 1,094,193
Ariège 39,203 451.265 330,948
Totaux 881,674 10,733,372 8,443,113
8'= Région [Sud).
Coirèze 19, 000 2*3,000 189,540
Cantal 8,950 83,550 62,622
Lot 80,000 862,500 090,000
Aveyron.... 82,000 6ll,'i37. 483.355
Lozère 7,850 77,528 51,990
Tavn-6t-Garonne 95,195 1,124,300 876,954
Tarn loi, 5(0 1, '6-7,515 1,144.661
Hérault 68,200 500,000 400,000
Aude » " »
Pyrénées-Orientales lO,b4o 185,000 144,300
Totaux. ........ 473,235 5,154,630 4,043,463
9" Région [S.-E.).
Haute-Loire.... 15,000 149,490 118,083
Ardôche 35,238 160,202 122,103
Drôme 120,000 790,000 592,500
Gard 47,844 725,492 681,923
Vaucluse 76,162 826,519 644,500
Basses-Alpes 61,564 705,772 550,502
Hautes-Alpes 23,886 263,700 218,700
Bouclies-du-UhÔne 61,100 852,400 679,362
Var 66,000 880,000 722,800
Alpes-Maritimes 21,320 215,386 161,547
Totaux 5,530,114 5,568,961 4,492,080
10" Région.
Corse 33,659 499,575 399,660
S urfaces Produit
CQsomi'iiciH's. Ili'clolilrc:
2,951
149,171
6,510
278,817
6,150
132, OUO
4,120
53,15?
2,767
34,682
1,500
21,546
SKIGLE
eu «rains
S urfac
es Produit en grains
Qainlaui mélr.
ensemencées
. II«'Uliln)s. gui
iatauv mi-lr
—
—
—
—
110,535
26,343
308,157
220,68&
211,^26
29,860
457,353
334,923
85.800
18,600
275,000
198,000
38,805
13.986
22-1,783
161,209
25.361
17,246
190,404
130,292
16,374
19,000
192,400
142,376
»
84.606
914,298
656,599
41,300
642,125
475,394
11,285
80.000
1 ,200,000
876,000
499,686 330,941
3,200
109,8(2
79,064
7,800
147,480
106,185
8,403
117,255
«6.383
11,489
161.555
121,014
7,000
126,438
94,085
2,000
39,706
21,753
1,545
18,900
13,608
3,S0O
33,600 '
23,520
759
11,978
8,8<i5
24,261
540,750
381,990
10,000
40,000
28,800
55,000
6*9,800
467,800
1 ,200
15,000
10,950
17,400
190,000
133,000
7,500
70,0)8
51,023
11,500
119,615
83,897
3,358
50,32 5
39,120
4,510
80,872
62,275
4,000
77,770
59,105
16,200
23 M 30
177,178
6,673
111,291
77,903
32,085
470, OHO
315,362
,667,198 1,900,97j
615
2,730
7,312
96,791
5,849
72,593
19.875
21,690
«,900
96,386
348,823
371,009
142,^31
584,840
279,063
271,317
104.266
412,630
1 ,052
7,400
3,9J5
4,783
17,'i41
185,000
45,464
80,542
13,604
136,900
24,550
56,887
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9i7il
14,540
224,000
6, 067
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11,341
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27,460
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2,orio
30,000
22,500
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IbO.'iOO
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-.5,291
35,500
49,200
567,882
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29,051
20,335
3,095
40,<J98
26,649
■./,80 1
2 .',200
15,762
33,000
623,180
642,457
550
3,200
2.400
5,700
70,00u
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47,000
32,900
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313,2U0
181,000
3,809,168
130,200
18,645
240,313
2,755,637
8.500
92,087
67,341
72,000
905,484
645,010
2,180
2,310
1,956
77,260
373, 4. '8
281,321
3,900
22,000
16,200
24,000
157,000
102,050
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3,540
3,250
4,720
75,455
69,431
' 508
3,',!67
2.266
1,425
15,755
11,296
1.579
20,365
14,968
2,769
20,636
14,034
2,167
30,800
24,530
7,286
123,320
91,600
1
122
1,;50
887
600
6,600
5,016
000
6,600
5,016
1,211
8,345
6,259
1,528
17,637
12,828
191,710 1,154,320
Total pour toute lai 1880
France moins le{
dép. de l'Aude..! 1879
Diftérence en plus p. 1880
6,909,931
6,876,075
101,081,836 78,725,075
78,831,066 59,443,975
455,946 6,555,502
400,692 4,555,207
33,857 22,250,770 19,281,100 55,254 2,000,295
i,792,012
5,344,624
1,447,388
MÉTEIL
1,871,160
1,759.811
26,120,644 18,532,952
18,744,333 13,135,093
111,349 7,326,306 5,377,8
Rendement moyen par hectare en 1 880
— — 1879
Différence pour 188O....
Poids moyen par hectolitre en 188O
— — 1879
Diffère nce pour 1880..
hectol.
14,62
U.'iO
3,16 en plus.
kilog.
77,88
J,48 en plus.
hectol.
14.37
11,36
3,01 en plus.
kilog.
73,14
73,42
hectol.
13,96
10,68
3,28 en plus.
kilog.
70,95
69.88
0,28 en moins. 1,07 en plus.
ATTÉNUATION DU VIRUS DU CHOLÉRA DES POULES. 251
ATTÉNUATION DU VIRUS DU CHOLÉRA DES POULES
Des divers résultats que j'ai eu l'honneur de communiquer à l'Aca-
démie sur l'affection vulgairement appelée choléra des poules, je
prends la liberté de rappeler les faits suivants :
V Le choléra des poules est une maladie virulente au premier
degré chez ces animaux.
2" Le virus est constitué par un parasite microscopique qu'on mul-
tiplie aisément par la culture, en dehors du corps des animaux que le
mal peut frapper. De là la possibilité d'obtenir le virus à l'état de
pureté parfaite et la démonstration irréfutable qu'il est seul agent de
maladie et de mort.
3° Le virus offre des virulences variables : tantôt la maladie est
suivie de la mort; tantôt après avoir provoqué les symptômes mor-
bides d'une intensité variable, elle est suivie de guérison.
4° Les différences que l'on constate dans la puissance du virus ne
sont pas seulement le résultat d'observations empruntées à des faits
naturels : l'expérimentation peut les provoquer à son gré.
5° Comme cela arrive en général, par toutes les maladies viru-
lentes, le choléra des poules ne récidive pas ou plutôt la récidive se
montre à des degrés qui sont en sens inverse de l'intensité plus ou
moins grande des premières atteintes de l'affection; il est toujours
possible de pousser la préservation assez loin pour que l'inoculation
du virus le plus virulent ne produise plus du tout d'effel.
6° Sans vouloir rien affirmer présentement sur les rapports des
virus varioleux et vaccinal humains, il est sensible par les faits pré-
cédents que dans le choléra des poules il existe des états du virus qui,
relativement au virus le plus virulent, font l'office du vaccin humain
relativement au virus varioleux. Le virus vaccin, proprement dit,
donne une maladie bénigne, la vaccine, qui préserve d'une maladie
plus grave. La variole, pareillement le virus du choléra des poules,
présente des états de virulence atténuée qui donnent la maladie et non
la mort, et dans de telles conditions que, après guérison, l'animail
peut braver l'inoculation d'un virus très virulent. La différence est
grande cependant, à certains égards, entre les deux ordre?i de faits, et
il n'est pas inutile de remarquer que, sous le rapport des connais-
sances et des principes, l'avantage est du côté des études sur le cho-
léra des poules; tandis qu'on discute encore sur les relations de la
variole et de la vaccine, nous avons la certitude que le virus atténué
du choléra dérive du virus très virulent propre à cette maladie, qu'on
passe directement du premier de ces virus au second, en un mot,
que leur nature fondamentale est la même.
Le moment est venu de m'expliquer sur l'assertion capitale qui fajt
le fond de la plupart des propositions précédentes, à savoir qu'il
existe des états variables de virulence dans le choléra des poules,
étrange résultat assurément quand on songe que le virus de cette
affection est un organisme microscopique qu'on peut manier à l'état
de pureté parfaite, comme on manie la levure de bière ou le myco-
derme du vinaigre. Et pourtant, si Ion considère de sang-froid cette
donnée mystérieuse de la virulence variable, on ne tarde pas à recon-
naître qu'elle est probablement commune aux diverses espèces de ce
groupe des maladies virulentes. Oi^i donc est l'unicité dans l'un ««ri
252 ATTÉNUATION DU VIRUS DU CHOLÉRA DES POULES.
l'autre des fléaux qui composent ce groupe ? Pour ne citer qu'un
exemple, on ne voit pas d'épidémies de variole très graves à côté
d'autres presque bénignes sans que les différences puissent être attri-
buées à des conditions extérieures de climat ou de constitution des
individus atteints. Ne voit-on pas également les grandes contagions
s'éteindre peu à peu pour reparaître plus tard et s'éteindre de nouveau ?
La notion de l'existence d'intensités variables d'un même virus
n'est donc pas faite à la rigueur pour surprendre le médecin ou
l'bomme du monde, quoiqu'il y ait un immense intérêt à ce qu'elle
soit scientifiquement établie. Dans le cas particulier qui nous occupe,
le mystère apparaît surtout dans cette circonstance que, le virus étant
un parasite microscopique, les variations, dans sa virulence, sont à
la merci de l'observateur. C'est ce que je dois établir avec rigueur.
Prenons pour point de départ le virus du choléra dans un état très
virulent, le plus virulent possible, si l'on peut ainsi dire. Antérieu-
rement, j'ai fait connaître un curieux moyen de l'obtenir avec cette
propriété. Il consiste à aller recueillir le virus dans une poule qui
vient de mourir, non de la maladie aiguë, mais de la maladie chro-
nique. J'ai fait observer que le choléra se présente quelquefois sous
cette dernière forme. Les cas en sont rares, quoiqu'il ne soit pas très
difficile d'en rencontrer des exemples.
Dans ces conditions, la poule après avoir été malade maigrit de plus
en plus et résiste à la mort pendant des semaines et des mois. Lors-
qu'elle périt, ce qui a lieu peu de temps après que le parasite localisé
jusque-là dans certains organes a passé dans le sang et s'y cultive,
on observe que, quelle qu'ait été la virulence originelle du virus au
moment de l'inoculation, celui qu'on extrait du sang de l'animal qui
a mis un si long temps à mourir, est d'une virulence considérable
qui tue ordinairement dix fois sur dix, vingt fois sur vingt.
Cela posé, faisons des cultures successives de ce virus à l'état de
pureté dans du bouillon de muscles de poule, en prenant chaque fois
la semence d'une culture dans la culture précédente, et essayons la
virulence de ces cultures diverses. L'observation démontre que cette
virulence ne change pas d'une manière sensible. En d'autres termes,
si nous convenons que deux virulences sont identiques lorsque, en
opérant dans les mêmes conditions sur un même nombre d'animaux
de même espèce, la proportion de la mortalité est la même dans le
même temps, nous constaterons que pour nos cultures successives la
virulence est la même.
Dans ce que je viens.de dire, j'ai passé sous silence la durée de
l'intervalle d'une culture à la culture voisine, ou si l'on veut la durée
de l'intervalle d'un ensemencement à l'ensemencement suivant et son
influence possible sur les virulences successives. Portons notre atten-
tion sur ce point, quelque minime que paraisse son importance. Pour
un intervalle d'un à huit jours, les virulences successives n'ont pas
changé. Pour un intervalle de quinze jours, même résultat. Pour un
intervalle d'un mois, de six semaines, de deux mois, on n'observe
pas davantage de changement dans les virulences. Toutefois, à me-
sure que l'intervalle grandit, on croit saisir parfois, à certains signes de
peu de valeur apparente, comme un affaiblissement du virus inoculé. Par
exemple la rapidité de la mort, sinon la proportion dans la mortalité,
subit des retards. Dans les diverses séries inoculées on voit des poules
ATTÉNUATION DU VIRUS DU CHOLÉRA DES POULES. 253
qui languissent très malades, souvent très boiteuses, parce que le pa-
rasite, clans sa propagation à travers les muscles, a atteint ceux de la
cuisse; les péricarditcs traînent en longueur, les abcès apparaissent
autour des yeux, enfin le virus a perdu pour ainsi dire de son carac-
tère foudroyant. Allons donc encore au delà des intervalles précités
avant la reprise et le renouvellement des cultures. Portons leurs
durées à trois, à quatre, à cinq, à huit mois et plus, avant d'étudier
la virulence des développements du nouvel être microscopique. Cette
fois la scène change du tout au tout.
Les différences dans les virulences successives qui jusque-là ne
s'accusaient pas ou qui s'accusaient d'une manière douteuse, vont se
traduire maintenant par des effets considérables. Avec de tels inter-
valles dans les ensemencements, il arrive que, à la reprise des cul-
tures, au lieu de virulences identiques, c'est-à-dire de mortalité de
dix poules non inoculées, on tombe sur des mortalités descendantes
de neuf, huit, sept, six, cinq, quatre, trois, deux, une sur dix, et
quelquefois même la mortalité est absente, c'est-à-dire que la mala-
die se manifeste sur tous les sujets inoculés et que tous guérissent. En
d'autres termes, dans un simple changement de mode de culture du
parasite, dans le seul fait d'éloigner les époques des ensemencements
nous avons une méthode pour obtenir des virulences progressivement
décroissantes et finalement un vrai virus vaccinal, qui ne tue pas,
donne la maladie bénigne et préserve de la maladie mortelle.
Il ne faudrait pas croire que pour toutes ces atténuations les choses
se passent avec une fixité et une régularité mathématique. Telle culture
qui attend depuis cinq ou six mois son renouvellement peut montrer
une virulence toujours considérable, tandis que d'autres, de môme
origine, seront déjà très atténuées après trois ou quatre mois d'attente.
Nous aurons bientôt l'explication de ces anomalies qui ne sont qu'ap-
parentes. Souvent même il y a comme un saut brusque d'une virulence
encore fort grande à la mort du parasite microscopique et pour un
intervalle de peu de durée : en passant d'une culture à la suivante on
est surpris par l'impossibilité de tout développement; le parasite est
mort. La mort du parasite est d'ailleurs une circonstance habituelle
et constante toutes les fois qu'avant la reprise des cultures on laisse
s'écouler un temps suffisant.
Et maintenant l'Académie connaît le véritable motif du silence dans
lequel je me suis renfermé et pourquoi j'ai réclamé la liberté d'un
délai avant de l'informer de ma méthode d'atténuation. Le temps est
un élément de ma recherche.
Au cours des ])hénomène3, que devient donc l'organisme microsco-
pique? Change-t-il de forme, d'aspect, en changeant de virulence d'une
manière aussi profonde? Je n'oserais pas affirmer qu'il n'existe pas
certaines correspondances morphologiques entre le parasite et les
virulences diverses qu'il accusent; mais je dois avouer qu'il m'a été
jusqu'ici impossible de les saisir et que, si elles se montrent réellement,
elles disparaissent pour fœil armé d'un microscope devant la petitesse
si grande du virus. Les cultures sont pareilles pour toutes les viru-
lences. Si l'on croit parfois apercevoir de faibles changements, ils
semblent bientôt n'être qu'accidentels, car ils s'effacent ou se pro-
duisent en sens inverse dans les cultures nouvelles.
Ce qui est digne de remarque, c'est que, si l'on prend chaque
254 ATTÉNUATION DU VIRUS DU CHOLÉRA DES POULES.
variété de virulence comme point de départ de nouvelles cultures
successives faites à intervalles rapprochés, la variété de virulence se
conserve avec son intensité pro})re. S'agit-il^ par exemple, d'un virus
atténué qui ne tue plus qu'une fois sur dix, il garde cette virulence
dans ses cultures, si les intervalles des ensemencements ne sont pas
exagérés. Chose également intéressante, quoiqu'elle soit dans le sens
général des observations précédentes, un intervalle d'ensemencement
qui suffit pour faire périr un virus atténué, respecte un virus plus
virulent qui peut bien en être atténué de nouveau, mais qui n'en meurt
pas nécessairement.
Au point oi^i nous en sommes arrivés, une importante question se
présente, celle de la cause de la diminution de la virulence.
Les cultures du parasite se font nécessairement au contact de l'air
parce que notre virus est un être aérobie et qu'à Tabri de l'air son
développement n'est pas possible. Il est donc naturel de se demander
tout d'abord si ce ne serait pas dans le contact de l'oxygène de l'air
que réside l'influence affaiblissante de la propriété de virulence. Ne se
pourrait-il pas que le petit organisme qui constitue le virus restant
abandonné en présence de l'oxygène à l'air pur, dans le milieu de
culture ou il vient de se multiplier, subisse quelques modifications
qui se montreraient permanentes quand on soustrairait l'organisme à
l'influence modificatrice. On peut, il est vrai, se demander en outre si
quelque principe de l'air atmosphérique autre que l'oxygène, principe
chimique ou fluide, n'interviendrait pas dans l'accomplissement du
phénomène, dont l'incomparable étrangeté autorise toutes les suppo-
sitions.
Il est aisé de comprendre que la solution de ce problème, au cas où
elle relèverait de notre première hypothèse, celle d'une influence de
l'oxygène de l'air, est assez facilement accessible à l'expérience : si
l'oxygène de l'air, en effet, est l'agent modificateur de la virulence,
nous pourrons vraisemblablement en avoir la preuve par les effets de
la suppression de sa présence.
A cette fin, pratiquons nos cultures de la manière suivante : une
quantité convenable de bouillon de poule étant ensemencée par notre
virus très virulent, remplissons-en des tubes de verre aux deux tiers,
aux trois quarts, etc., de leur volume; puis fermons ces tubes à la
lampe d'émailleur. A la faveur de la petite quantité d'air restée dans
le tube, le développement du virus va commencer, circonstance qui
se traduit pour Tœil par un trouble croissant du liquide; le progrès
de la culture fait peu à peu disparaître tout l'oxygène contenu dans le
tube. Alors le trouble tombe, le virus se dépose sur les parois et le
liquide de culture s'éclaircit. Il faut deux ou trois jours pour que cet
effet se produise. Le petit organisme est désormais à l'abri du contact
de l'oxygène et il restera dans cet état aussi longtemps que le tube ne
sera pas ouvert. Que va-t-il advenir cette fois de sa virulence? Pour
plus de siireté dans notre étude, nous aurons préparé un grand
nombre de tubes pareils, et simultanément un nombre égal de flacons
de la même culture, mais librement exposés au contact de l'air pur.
Nous avons dit ce qu'il advient de ces cultures exposées au contact
de l'air, nous savons qu'elles éprouvent une atténuation progressive
de leur virulence; nous n'y reviendrons pas. Parlons seulement des
cultures en tubes fermés à l'abri de l'air. Ouvrons-les : l'un après un
ATTÉNUATION DU VIRUS DU CHOLÉRA DES POULES. 255
intervalle d'un mois et, après avoir fait une culture par ensemence-
ment d'une portion de son contenu, essayons-en la virulence; l'autre
après un intervalle de deux mois, et ainsi de suite pour un troisième,
un quatrième, etc., tubes, après des intervalles de trois, de quatre, de
cinq, de six, de sept, de huit, de neuf, de dix mois. C'est là que je
me suis arrêté pour le moment. Il est remarquable, Texpérience le
prouve, que les virulences sont toujours semblables à celle du début,
à celle du virus qui a servi à préparer les tubes fermés. Quant aux
cultures exposées à l'air, on les trouve mortes ou en possession des
plus faibles virulences.
La question qui nous occupe est donc résolue, c'est l'oxygène de
l'air qui affaiblit et éteint la virulence.
Vraisemblablement, il y a ici plus qu'un fait isolé : nous devons
être en possession d'un principe. On doit espérer qu'une action inhé-
rente à l'oxygène atmosphérique, force naturelle partout présente, se
montrera efficace sur les autres virus. C'est dans tous les cas une
circonstance digne d'intérêt que la grande généralité possible de cette
méthode d'atténuation de la virulence, qui emprunte sa vertu à une
influence d'ordre cosmique en quelque sorte. Ne peut-on pas présumer
dès aujourd'hui que c'est'à cette influence qu'il faut attribuer dans le
présent comme dans le passé la limitation de grandes épidémies?
Les faits que je viens d'avoir l'honneur de communiquer à l'Aca-
démie suggèrent des inductions nombreuses, prochaines ou éloignées.
Sur les unes et les autres, je me suis tenu à une grande réserve. Je ne
me croirai autorisé à les présenter au public que si je parviens à les
faire passer à l'état de vérités démontrées. L. Pasteuu,
Membre de l'Institut et de la Société nationale d'agriculture.
NOUVELLES CONSIDERATIONS
EN FAVEUR DE LA PLANTATION DES POMMES DE TERRE EN AUTOMNE
Dans le numéro du 16 octobre de ce Journal^ j'ai exposé quelques
raisons très plausibles en faveur de la plantation des pommes de
terre en automne, puisées dans une lettre que M. James Howard avait
adressée au Times, dans laquelle cet éminent agronome relatait son
expérience et les résultats qu'il avait obtenus de cette méthode, sinon
nouvelle du moins peu usitée. Je trouve dans le dernier numéro de
la Gazette cf Agriculture une nouvelle lettre sur ce sujet, laquelle jette
quelque lumière que je crois utile de réfléchir dans le but d'éclairer
les esprits pratiques qui, convaincus par les raisonnements déjà expo-
sés, auraient l'intention d'expérimenter cette méthode dès la saison
présente, ainsi que je me propose de le faire moi-même.
Cette pratique de planter les pommes de terre en automne, dit
l'auteur du travail dont je vais donner un résumé, fut expérimentée à
Kuntsford, dans le comté de Cheshire, dès l'année 1847, et les résul-
tats furent satisfaisants. Les variétés hâtives, plantées en automne,
sortirent de terre plus tard que les plants des mêmes variétés mis en
terre au printemps, mais elles donnèrent un meilleur rendement et
mûrirent plus tôt. Cette expérience fut faite très consciencieusement
et sur une échelle assez importante pour donner des résultats con-
cluants. Les variétés étaient les mêmes et les conditions de sol, d'en-
grais, d'exposition et de culture étaient absolument identiques. L'im-
256 OBSERVATIONS SQR LA PLANTATION DE LA POMME DE TERRE.
munité contre les atteintes de la gelée par une végétation plus tardive^
sont incontestablement des avantages d'une grande valeur, et la cer-
titude, aujourd'hui acquise, que ces avantages résultent inlaillible-
ment de la plantation d'automne, suflit pour en justifier la pratique
ou tout au moins l'expérimentation. Il y a trente ans, continue l'au-
teur, les préjugés contre toute espèce d'innovation étaient encore trop
tenaces pour l'aire adopter d'emblée une pratique si contraire aux
idées reeues de ce temps-là, malgré le succès des mieux constatés de
ce nouveau mode decullure. D'un autre côté, la science de la physio-
logie végétale n'était pas encore assez avancée, ni surtout assez répan-
due parmi les agriculteurs, pour jeter la lumière sur ce sujet et en
expliquer les phénomènes, n'ayant encore que la sanction d'une pra-
tique expérimentale peu répandue.
Aujourd'hui les circonstances ne sont plus les mômes, et les agri-
culteurs ont dû se persuader, par une dure nécessité, que la science et
le progrès sont des facteurs indispensables de leur succès et de leur
prospérité.
Voici quelques considérations très plausibles, avancées par l'auteur
de la lettre en question, qui me paraissent dignes d'être reproduites,
du moins en substance, sinon en termes t-extuels : Il existe, dit-il,
non seulement des faits, mais encore des raisons qui les expliquent,
lesquels sont de nature à encourager et à diriger nos efforts. Comme
la profondeur à laquelle il convient de planter, est un point essentiel,
et conduit au raisonnement physiologique qui explique le bien-fondé
du système, l'auteur commence par déclarer que la pratique de plan-
ter à une profondeur de 20 à 23 centimètres ne lui paraît pas ration-
nelle, bien que le savant botaniste, le docteur i-indiey, recommande
même une plus grande profondeur: mais une expérience onéreuse a
obligé l'auteur d'abandonner la plantation profonde. Il affirme que
même à 15 centimètres, la plantation des variétés hâtives a été trop
profonde. Dans les régions tempérées du nord de la France et des
trois quarts de l'Angleterre, par exemple, une profondeur de 12 cen-
timètres est amplement suffisante; l'auteur en est convaincu. Il cite
même l'exemple d'un lot de cette magnifique variété : la Magmim-
Bonum de Sutton, qui, malgré l'hiver exceptionnel de 1879-1880,
malgré un sol durci comme du marbre, ne fut point détruit par la
gelée, bien que planté à tout au plus 12 centimètres et demi, et donna
une merveilleuse récolte. La pratique recommandée par l'auteur, est
-déplantera tout au plus lO centimètres de la surface, puis de rame-
ner sur le rang une couche de terre d'égale épaisseur, de manière à
former un ados de 10 centimètres au-dessus du sol, ce qui recouvre
la semence d'une couche de 20 centimètres, amplement suffisante
pour la garantir de la gelée. Lorsque tout danger a disparu, on nivelle
l'ados de manière à combler la raie creusée de chaque côté pour l'édi-
fier. Avec ce système, repète l'auteur, on est certain d'obtenir, avec la
plantation automnale, un rendement plus abondant, plus sain et plus
hâtif, et voici quelles sont les raisons qu'il donne pour expliquer ces
résultats.
La température du sol se prête à la production et au développe-
ment des racines, longtemps avant que les tiges et les feuilles ne
peuvent y puiser le stimulant et la force nécessaires à leur épanouis-
sement à la surface. Les semences mises en terre à l'aulomne,
OBSERVATIONS SUR LA PLANTATION DE LA POMME DE TERRE. 257
germent; et à mesure que la température baisse, la jeune plante
entre dans une période de repos ; mais il n'en est point ainsi des racines.
Celles-ci se développent et s'affermissent, et avant que la chaleur du
printemps ne fasse sortir la jeune plante du sol, une abondance de
radicelles s'est déjà formée pour soutenir énergiquement cette végé-
tation extérieure qui n'en devient que plus rapide et plus luxuriante.
En horticulture, les semis d'automne ou bien la stratification des graines
n'ont point d'autre objet. En agriculture nous semons le seigle et le
blé à l'automne plutôt qu'au printemps, dans le but de produire cette
richesse dans le développement latent des racines, et quant aux
céréales de printemps, nous les semons dans le mêmebut d'aussi bonne
heure que possible. Dans la structure végétale, il en est de même que
pour celle des bâtiments : la partie essentielle, c'est la fondation. Si
l'on plante le bulbe d'un crocus ou d'une tulipe dans un pot que l'on
tient quelque temps dans un milieu froid, le bulbe commence à rem-
plir le pot de ses racines et la tige extérieure ne fait aucun progrès;
mais aussitôt que le pot est placé dans un milieu dont la température
est élevée, la tige et la fleur jaillissent pour ainsi dire du sol et s'épa-
nouissent avec luxuriance et splendeur. Le même bulbe planté dans
un pot immédiatement placé dans une atmosphère chaude, manifeste
aussitôt une végétation rapide, mais les racines n'ayant point eu le
temps de se développer, cette végétation est étique, et la fleur n'ob-
tient ni ampleur ni éclat. Dans tout cela il y a sans doute une cer-
taine différence de modes et de degrés, mais le principe est le même.
Il est évident que la pomme de terre plantée en automne, ne déve-
loppe point ses racines immédiatement; mais, au printemps, les ra-
cines se développent longtemps avant que la tige ne paraisse à la sur-
face, et celle-ci végète avec d'autant plus de luxuriance et de rapidité
qu'elle a mis plus de temps à venir percer la surface. Le milieu où se
trouve la racine ayant une température plus élevée que celle de la sur-
face, végète bien plutôt que la tige, et lorsqu'enfin celle-ci com-
mence à s'animer, elle trouve dans le développement antérieur des
racines une source de vigueur et d'énergie qui lui font rapidement
gagner le temps perdu.
On doit admettre que ce sont là des raisons sérieuses alléguées en faveur
de la plantation d'automne. Dans tous les cas, cette pratique, ainsi
expliquée, vaut la peine d'être expérimentée et je la recommande avec
d'autant plus de confiance qu'elle n'est point nouvelle et qu'elle a déjà
fait ses preuves d'après l'affirmation de spécialistes éminents.
Un mot maintenant sur la question des « Champion ». Ainsi que je
l'ai déjà déclaré dans ce Journal^ il ne saurait plus me convenir de dis-
tribuer des semences de cette variété. L'année dernière, mon rôle de
propagateur me faisait un devoir de mettre à même ceux qui, ayant con-
fiance dans mon expérience, voulaient bien essayer, à leur tour, la
culture de cette pomme de terre. Ayant affirmé une proposition à ce
sujet, il n'était que naturel que je misse les autres à même de juger
par leur propre expérience, du mérite de la mienne. Ce rôle de propa-
gateur, je l'ai accompli avec zèle, conscience et désintéressement. Ce
rôle est aujourd'hui terminé, et je ne puis le recommencer cette année
sans courir le risque d'être accusé de réclame et de spéculation, deux
choses qui ne conviennent ni à ma position ni à mon caractère de pu-
bliciste et d'agronome. Est-ce à dire que je renonce à donner des avis
258 OBSERVATIONS SUR LA PLANTATION DE LA POMME DE TERRE.
et à répondre à ceux qui me feront l'honneur de me consulter?
Non, sans doute. Je me ferai toujours un véritable devoir de ren-
seigner pleinement ceux qui désireraient se livrer à la culture
de la pomme de terre Champion, ainsi qu'à celle du Magnum-Bonum,
de Sutlon, que je considère comme les meilleures que l'on puisse
cultiver; je leur indiquerai volontiers où ils pourront se procurer
les semences les plus pures; mais quant à procurer moi-même ces se-
mences, je prends cette occasion de déclarer, une fois pour toutes, que
cela m'est impossible à tous les points de vue. D'abord, je ne suis
point marchand de graines, je ne possède pour ce négoce, ni le per-
sonnel, ni les moyens d'action, ni surtout l'aptitude nécessaires, et je
le répète, en ce qui concerne la pomme de terre Champion, mon rôle
de propagateur est fini. C'est à ceux qui, ayant expérimenté cette cul-
ture avec les petites parcelles que j'ai pu leur procurer au printemps
dernier, malgré les sérieuses difficultés que l'on connaît, qu'il appar-
tient aujourd'hui de donner au public le résultat de leur expérience.
J'ai déjà reçu de plusieurs, des témoignages non équivoques des ré-
sultats plus ou moins favorables qu'ils ont obtenus. Mais je dois
m'abstenir de les publier moi-même. Je n'ai point fait de la Champion
une question d'intérêt personnel, ni même d'amour-propre, j'ai cru
remplir un devoir de progrès, c'est à ce principe que j'ai consacré ma
vie, et je suis trop vieux aujourd'hui pour changer ce but.
F.-R. DE LA TRÉHOr<NAIS.
LA PETITE GUERRE
J'ai le projet de faire de temps en temps la guerre de tirailleur dans
les colonnes de ce Journal. Les partisans du système restrictif appliqué
à l'agriculture ont été vaincus à la Chambre, mais ils redoublent d'ef-
forts pour gagner le Sénat à leur cause, en feignant de se poser comme
défenseurs exclusifs de l'agriculture, uniquement préoccupés de servir
ses intérêts. A les entendre, celui qui demande les droits les plus élevés
sur le bétail et les autres denrées agricoles de l'étranger, est aussi celui
qui fait preuve du plus grand dévouement à l'agriculture nationale, et il
faut être ou mécréant ou ennemi des cultivateurs pour oser prendre
résolument le parti delà liberté commerciale. C'est contre cette tactique
de nos adversaires que je tiens à protester, pour mon compte; ce sont
ces prétentions mal justifiées que je veux réduire à leur juste valeur.
Depuis que j'ai reçu lé bienfait du solide enseignement de M. Léonce
de Lavergne, à l'Institut agronomique de Versailles, je n'ai jamais
cessé, un seul instant, d'être fidèle à la cause de la liberté. Trente ans
d'études n'ont fait que confirmer la conviction que sa parole élégante
et claire déposait dans nos esprits. Je dois donc à la mémoire de mon
illustre et regretté maître, je dois à la science que j'enseigne et à l'agri-
culture que je sers, de rester sur la brèche jusqu'au triomphe complet
et définitif de la liberté commerciale.
I. — Dans un article paru en septembre dernier, sous le le titre de :
« La question du bétail », M. E. Gayot semble avoir eu pour unique
but de jeter Falarme, dans l'esprit de nos cultivateurs, sur les effets
futurs de la concurrence américaine. Il est bien forcé d'admettre qu'au-
jourd'hui cette concurrence est nulle, mais il prévoit qu'elle sera
énorme un jour, quand l'Amérique « se sera mise en mesure de rem-
LA PETITE GUERRE. 259
plirtous les besoins de la consommation anglaise; qu'elle dépréciera
alors nos cours, portera le plus grand préjudice à nos cultiva-
teurs, etc., etc.... » La thèse va jusqu'à mettre en cause la liberté du
travail elle-même, puisque l'auteur s'en prend aux intermédiaires qui
gardent pour eux « tout le profit résultant de la baisse du bétail sur
pied. »
La boucherie est aujourd'hui placée sous le régime du droit commun,
c'est-à-dire de la liberté. Le consommateur qui n'est pas satisfait de
son boucher, a le droit d'en changer; il a même le droit de se faire
boucher lui-même, s'il trouve que l'industrie est trop lucrative et que
les consommateurs sont trop rançonnés. Mais là s'arrête le droit du
client, et les bouchers sont, comme les charbonniers, maître des choses
qui leur appartiennent.
Peut-être 31. Gayot trouvera-t-il cette économie politique bien naïve.
C'est cependant la bonne, car elle est le fruit de l'expérience univer-
selle. La concurrence, quoi qu'on veuille, est la loi fatale ou provi-
dentielle du monde économique, et il n'y a point de meilleure ma-
nière de régler le juste prix des choses et des services, que de laisser
le vendeur libre de vendre et l'acheteur libre d'acheter. Quand M. Gayot
aura pénétré plus profondément dans l'étude de l'organisme social, il
se convaincra que le dernier mot de la science et l'idéal de la sagesse
humaine, c'est la liberté.
Quelques remarques maintenant sur les deux arguments principaux
à l'aide desquels on cherche à nous épouv-anter.
L'exemple de l'Angleterre inondée par le bétail américain qu'une
flotte de 481 steamers ne cesse de tranporter des Etats-Unis à Liver-
pool, Londres, Bristol, Hull et Soulhampton, n'a rien qui puisse nous
effrayer, et Ton peut dire que c'est la condamnation de la thèse que
soutient l'auteur. M. Gayot, quia compté avec tant de soin les steamers
adonnés à ce commerce, a complètement oublié de nous parler des
prix. C'était là cependant le point essentiel. Si une pareille invasion
nous attend et va déprécier nos cours, nul doute qu'elle a d'abord déprécié
ceux de l'Angleterre. Il n'est pas moins évident que si nous sommes
menacés d'être ruinés par cette concurrence future, l'Angleterre qui la
subit depuis quelques années, n'est pas seulement menacée de la ruine,
elle est ruinée déjà. Or il n'en est rien, et il suffit de jeter les yeux
sur les mercuriales du marché de Londres que publie ce Journal dans
chacun de ses numéros, pour s'en convaincre. Malgré l'invasion du bé-
tail américain, en Angleterre, en dépit des 481 steamers construits ou
frétés pour en faire le transport, le prix du bétail à Londres est au moins
de 18 pour 100 plus élevé qu'à Paris. L'exemple de l'Angleterre est
donc bien plus propre à exciter notre envie qu'à provoquer nos alarmes.
Souhaitons pareil destin : des prix plus élevés et plus réguliers pour
les producteurs, un approvisionnement plus considérable et plus varié
pour les consommateurs.
Avec un peu de réflexion et d'étude, il était facile de soupçonner que
les prix en Angleterre devaient être plus élevés qu'en France. L'im-
portation des denrées étrangères dans un pays n'a qu'une seule cause,
l'élévation des prix. Pas plus que les autres peuples, les Américains
ne font le commerce à contre sens. Comme tous les négociants du
monde, ceux d'Amérique n'ont qu'un but, réaliser des profits par
leurs opérations, et qu'un moyen de l'atteindre, acheter bon marché
260 LA PETITE GUERRE.
et vendre cher. Ils importent du bétail en Angleterre et n'en importent
pas en France, uniquement parce que les Anglais paient mieux le
bétail que nous, ou en d'autres termes, parce que le prix du bétail
est plus élevé en Angleterre qu'en France. C'est l'application pure et
simple de la loi générale qui préside aux opérations du commerce
extérieur. On peut la formuler ainsi : « Les prix élevés provoquent
l'importation, les prix faibles la repoussent. »
M. Gayot ajoute que les Américains ne se bornent pas à envahir le
marché anglais, ils nous en chassent. La preuve, c'est que nos expor-
tations de bétail en Angleterre, très importantes, il y a cinq ans, quand
celles d'Amérique étaient nulles, sont aujourd'hui sans importance,
depuis que celles d'Amérique sont devenues si considérables.
Les faits sont exacts ! nos exportations en Angleterre ont diminué
énormément dans ces dernières années ; celles des Etats-Unis se sont,
au contraire, singulièrement accrues. Mais ces deux faits sont-ils con-
nexes? L'un est-il la cause, et l'autre Teffet ? Pour le prétendre, il
faudrait du moins en fournir l'explication. Si le bétail américain avait
fait baisser les prix de Londres au-dessous de ceux de Paris, il serait
exact de dire que le bétail d'Amérique a refoulé celui de France. Mais
il n'en est rien, comme je l'ai dit plus haut. Si donc notre bétail ne.
prend plus le chemin de l'Angleterre, comme par le passé, il y a à cela
une raison, bétail américain à part, et cette raison est connue : ce sont
les quarantaines et autres formalités imposées par les Anglais dans un
intérêt sanitaire. Le mal n'est donc pas dans le bétail américain et
dans le commerce qui s'en fait en Angleterre; il est dans les
épidémies auxquelles le bétail est malheureusement trop sujet chez
nous. Par conséquent, le remède n'est pas dans des restrictions appor-
tées à notre commerce extérieur ; il est dans l'amélioration de notre
régime sanitaire. M. Gayot, qui est compétent dans cette question,
pourrait nous rendre un grand service, en nous facilitant, par les lu-
mières qu'il possède, le moyen de recouvrer le marché anglais que nous
avons perdu .
Plus loin, M. Gayot juge à propos de revenir sur la simpiternelle
question de la balance du commerce. Nous achetons plus de marchan-
dises, hélas ! que nous n'en vendons, et le flot des importations ne
cesse de monter. Phénomène aussi douloureux qu'étrange ! L'auteur ne
dit pas pourquoi, mais il laisse entendre qu'il en sait long là-
dessus.
Il y a beau temps que cette théorie de la balance du commerce est
démodée. Les protectionnistes l'invoquent encore, parce qu'ils sont à
bout d'arguments. Mais, en vérité, pour me servir d'un terme familier
qui sera ici à sa place, cette balance-là n'est plus qu'une balançoire.
Je n'en ferai pas ici la réfutation complète. Je laisserai de côté tout
ce qui peut servir à expliquer, dans le commerce d'un peuple riche,
l'excédent des importations de marchandises sur les exportations :
erreurs d'évaluation de la douane, frais de tra,nsport par mer, béné-
fices du commerce extérieur, intérêts de nos créances sur l'étran-
ger, etc.. Je me bornerai simplement à quelques notions élémentaires
sur l'échange.
Dans toute opération commerciale, qu'elle soit faite entre nationaux
ou entre indigène et étranger, chacun des contractants est à la fois
acheteur et vendeur : acheteur de marchandises et vendeur d'argent ;
LA PETITE GUERRE. 261
vendeur de marchandises et acheteur d'argent. A la seule condition
que les contractants soient laissés complètement libres, la transaction
s'accomplit toujours au profit des deux intéressés, sans quoi elle
ne s'accomplirait pas. L'acheteur de marchandises attache plus de
prix aux marchandises qu'il reçoit qu'à l'argent qu'il donne ; le ven-
deur de marchandises en attache moins aux marchandises qu'il donne
qu'à l'argent qu'il reçoit. Encore une fois, si les choses n'étaient pas
ainsi, la transaction n'aurait pas lieu. On cherche vainement à dé-
couvrir comment une opération de ce genre pourrait devenir préju-
diciable à l'un ou à l'autre des intéressés, par cela seul qu'ils seraient
de nationalité différente. Des deux côtés de la frontière il y a parité
d'avantages, et le vendeur de marchandises n'a pas ffiit une meilleure
affaire que l'acheteur, par l'excellente raison qu'il y a autant d'avan-
tages à acheter qu'à vendre, pourvu toutefois que le contrat ait été
conclu après libre débat des conditions. Acheteur et vendeur ont éga-
lement hénéficié de l'opération et en ont fait bénéficier avec eux la
nation à laquelle ils appartiennent.
Les partisans de la balance du commerce attribuent à ces importa-
tions en excès deux effets pernicieux: la ruine de l'industrie nationale
])ar la concurrence des produits ou des denrées à vil prix, la ruine
du pays par répuisement du numéraire.
Le premier de ces effets est véritablement absurde. On ne ruine
pas les autres en leur cédant à vil prix ses marchandises, on se ruine
soi-même. La nation qui recevrait pour rien ou pour peu de chose les
produits étrangers, ne pourrait que s'enrichir à ce jeu. L'excédent des
importations, quand il est réel, prouve tout simplement qu'on reçoit
plus qu'on ne donne, ce qui, en tout pays, est tenu pour avantageux.
Quant à l'épuisement du numéraire, nous n'avons aucunement à
le redouter. Notre approvisionnement d'or et d'argent subit nécessaire-
ment des fluctuations par la nécessité où nous sommes parfois d'im-
porter des masses de denrées alimentaires, quand les récoltes ont fait
défaut. Mais il vaut encore mieux exporter un peu d'or quand on en a
en abondance, que de mourir de faim quand la récolte a manqué. Le
mal n'est donc pas dans le commerce qui nous, préserve de la disette
et de ses douloureux effets, il est dans l'insuffisance des récoltes et
dans les intempéries qui en sont la cause.
D'ailleurs je dois rendre cette justice à M. Gayot, que s'il a signalé
comme un dangereux symptôme la supériorité de nos importations sur
nos exportations, il n'est pas allé néanmoins jusqu'à nous menacer
d'un épuisement total de numéraire. Peut-être s'est-il souvenu de l'a-
gitation qui se fit, il y a douze ans environ, c'est-à-dire avant la
guerre, autour de ce qu'on nommait alors la grève du milliard. C'était
la première fois que l'encaisse métallique de la banque de France attei-
gnait pareille hauteur. Depuis lors nous avons subi la guerre néfaste,
nous avons payé 5 milliards aux Prussiens, nous en avons perdu
beaucoup d'autres, et nous venons de traverser une série d'années
calamiteuses. Cependant l'encaisse de la banque de France est encore
à près de deux milliards, et le numéraire regorge à ce point dans nos
établissements de crédit, que certains d'entre eux font concurrence à
la }3anque de France, pour l'escompte des effets de commerce, bien
qu'ils ne jouissent pas, comme elle, du privilège de l'émission. On
serait assurément mal fondé, dans la circonstance, à accuser notre
262 LA PETITE GUERRE.
régime commercial d'être une cause d'épuisement du numéraire.
M. Gayot a fait acte de bon sens en s'abstenant de formuler cette
accusation. P.-C. Dubost,
Professeur d'économie et de législation rurales à
l'Ecole nationale d'agriculture de Grignon.
SUR L'ÉGRENAGE DU MAIS
L'égrenage du maïs est une opération longue et assez délicate que
l'on fait le plus souvent exécuter à la main, et pour laquelle les bons
instruments et appareils sont rares. Il en existe cependant quelques
Fig. 21. — Petit égrenoir de maïs de Tritschler.
modèles excellents, mais qui sont trop peu connus d'un grand nombre
d'agriculteurs. Dans ce nombre, il faut citer l'égrenoir à maïs de
M. Tritschler, constructeur à Limoges, qui a acquis depuis longtemps
une légitime réputation dans la construction des charrues, des ta-
rares et de quelques autres instruments et machines. En même temps
qu'il fabrique d'excellentes charrues, M. Tritschler fait aussi de
grands efforts pour leur multiplication, en cédant aux forgerons
des villages toutes les pièces nécessaires à leur montage, coulées sur
les modèles ou forgées dans ses ateliers.
Il y a deux modèles d'égrenoirs à maïs. Le plus petit (fig. 21) se
compose de deux plaques en fonte, qui forment en même temps l'en-
veloppe du corps de la machine, et d'un plateau tournant sur le même
axe que la manivelle. Ce plateau porte sur l'une de ses faces des ergots
en pointes de diamant qui sont les organes égreneurs. Sa couronne est
dentée et engrène avec un pignon monté sur l'axe du volant. Ce même
axe porte une roue conique qui a pour but d'imprimer à l'épi un mou-
SUR l'égrenage du mais.
263
vement de rotation, de telle sorte qu'il présente toute sa surface à
l'action des pointes du plateau. Cet appareil égrène très bien toutes les
sortes de maïs; il peut livrer 20 à 25 hectolitres de grain par jour.
Son prix est de 65 l'r. avec les coussinets en fonte, et de 75 fr. avec
les cousinets en bronze.
Quant au grand modèle d'égrenoir, il se compose (fig. 22) d'un cy-
lindre en fonte armé d'ergots disposés en hélice sur tout son pourtour,
et d'un ressort placé à l'arrière sous la trémie dans laquelle on intro-
duit les épis. Ce ressort peut être réglé différemment suivant la gros-
seur moyenne des épis et leur forme, de manière à pouvoir donner un
égrenage parfait dans toutes les circonstances. Le dessin montre
d'ailleurs l'ensemble de l'appareil d'une manière suffisante, pour qu'il
22. — Grand égrenoir de maïs de Tritschler.
soit inutile d'insister sur sa description. L'égrenoir peut être mis en
mouvement soit à bras, soit à l'aide d'un moteur quelconque. Son
débit peut aller jusqu'à 100 hectolitres de grain par jour. Le prix
est de 160 fr., avec deux manivelles pour fonctionner à bras et une
poulie pour le moteur. L. de Sardriac.
JURISPRUDENCE AGRICOLE -LES JACHERES
On nous a posé la question suivante :
La clause d'un bail est ainsi conçue : « Le fermier devra laisser, à
« l'expiration du présent bail, cinq hectares en jachère qui devront être
« livrés en cet état aux époques d'usage au fermier entrant; quant
« aux terres, elles seront livrées au fermier entrant, au fur et à me-
« sure de l'enlèvement des récoltes. »
On demande si le fermier entrant peut ensemencer les jachères dé-
livrées par le fermier sortant (ferme complètement dépaillée) .
264 JURISPRUDENCE AGRICOLE.
Si le bail ne renfermait aucune disposition spéciale à cet égard, il
faudrait consulter les usages locaux et s'y conformer. A plus forte
raison, en doit-il être de même, quand le bail dit que les jachères
seront livrées en cet état aux époques d'usage au fermier entrant. Celui-
ci est donc tenu d'observer cette clause du bail qui le lie, et ne
mettre en culture le sol en jachères que dans les conditions et les
délais déterminés par les usages locaux. Une pourrait ensemencer im-
médiatement qu'au cas où la prohibition de dessoler serait tombée en
désuétude dans la contrée où se trouve le fermage. Alors, en effet, la
clause du bail devrait être considérée comme non écrite, ou plutôt le
fermier l'observerait en se conformant à la coutume du pays, qui
autorise certaines cultures sur les terres composant la sole à
jachères.
Supposons que le système d'assolement soit encore suivi, et dans
toute sa rigueur, par les propriétaires etfermiers voisins : si le fermier
entrant, malgré cet usage, et malgré son bail qui lui ordonne de le
respecter, cultive immédiatement les terres en jachères laissées par son
prédécesseur, quelle sera la sanction de dessolement interdit par le
bail et par les usages locaux?
Le propriétaire pourra obtenir des dommages-intérêts contre son
fermier, mais à une condition : c'est qu'il établisse que la culture an-
ticipée des terrains à jachère lui a causé un préjudice.
Il pourrait arriver en effet que le fermier, par l'emploi intelligent
des engrais et par le choix habile des cultures, loin d'épuiser la terre,
augmentât au contraire sa fertilité. Dans ces circonstances, on conçoit
que le propriétaire serait mal fondé à demander des dommages-intérêts
à son fermier.
Le tribunal, devant qui le différend serait porté, ordonnerait une
expertise pour rechercher si, et dans quelle mesure, le propriétaire
a été lésé par le dessolement.
C'est ce qui a élé jugé par un arrêt de la Cour de Douai, du
20 mars 1846.
Le tribunal d'Arras, dans un jugement du 25 novembre 1845, avait
décidé que la prohibition de dessolement, écrite dans le bail, devait être
considérée comme non avenue, et que, par suite, la violation de cette
clause ne pouvait donner lieu à aucuns dommages-intérêts.
La Cour a décidé, au contraire, que la clause devait être respectée;
et elle a nommé des experts pour apprécier le dommage pouvant ré-
sulter de sa violation par le fermier.
L'arrêt délare toutefois que des dommages-intérêts seront dus seu-
lement au cas où l'expertise établirait un préjudice, et ce malgré le
bail qui stipulait des dommages-intérêts pour le seul fait de violation
de la clause prohibitive du dessolement.
Il résulte de cette jurisprudence que le fermier entrant peut mettre
en culture les terrains laissés en jachères par son prédécesseur, pourvu
qu'il ne cause par là aucun préjudice au propriétaire.
Ajoutons, du reste, que si la ferme est entièrement dépaillée, le
fermier est en droit de réclamer les pailles qui lui sont nécessaires,
soit au fermier sortant, si celui-ci les a reçues lors de son entrée en
jouissance, soit au propriétaire qui pouvait les retenir suivant l'esti-
mation. (Art. 1778, Code civil.) , Eug. Pouillet,
avocat a la Cour de Paris.
LA SAUTERELLE DÉVASTATRICE DES CHAMPS EN RUSSIE 265
LA SAUTERELLE DÉVASTATRICE DES CHAMPS
EN RUSSIE
L'année actuelle a été très malheureuse pour l'agriculture russe, par
suite des ravages qu'ont causés aux champs, dans diverses contrées
de l'empire, différents insectes destructeurs tels que les calandres, et
surtout la sauterelle de passage.
Nous avons sous les yeux un intéressant mémoire récemment publié,
par les soins du département de l'agriculture et de l'industrie rurale,
à Saint-Pétersbourg, et résumant les moyens dont on s'est servi jusqu'à
ce jour pour combattre cet insecte, ainsi qu'une courte notice sur la
vie de ce dernier.
On distingue, généralement, deux espèces de sauterelles de passage,
qui nuisent tant aux champs qu'aux jardins et aux forêts de la Russie
méridionale : la sauterelle de passage commune, OEdipoda miyratoria,
et la sauterelle de passage italienne, OEdipoda italica, qui est un peu
moins grande que la première. Le corps de la femelle de VOEdipoda
migratoria est long d'environ 4 centimètres et demi, en mesurant delà
nuque jusqu'à la partie la plus externe, et de C centimètres et demi,
comptant de la nuque jusqu'au bout des ailes rabattues. Les ailes
déployées, elle mesure 11 centimètres à 12 centimètres et demi. Le
mâle est un peu plus petit que la femelle. La sauterelle de passage se
distingue, en outre, de la locuste verte, Locustella viridissima, qui est
d'une taille tout aussi grande que la première, par ce fait que ses an-
tennes ne mesurent que les trois quarts de la longueur du corps;
tandis que les antennes, chez cette dernière en dépassent de beaucoup
la longueur. D'ailleurs, l'oviscopte, chez la femelle, n'est pas tirée en
une longue gaine courbée en forme de sabre, comme c'est le cas chez
la locuste verte. VOEdipoda italica n'étant qu'un peu plus petite que
la sauterelle de passage commune, ressemble, cependant, complète-
ment à cette dernière, dans sa manière de vivre, à la seule différence
toutefois qu'elle n'entreprend pas de migrations aussi lointaines que
VOEdipoda migratoria.
En automne, la femelle dépose ses œufs, au nombre de 50 à 100,
dans la terre, notamment dans un creux profond de 3 centimètres et
demi à 4 centimètres, qu'elle creuse elle-même au moyen des prolon-
gations en forme de pincettes de sa tarière. Une femelle peut pondre
jusqu'à 1 50 de ces œufs oblongs qui sont déposés en rangées, à côté
l'un de l'autre. Ils se couvrent, pendant la ponte, d'une matière
blanche et gluante qui prend bientôt un aspect grisâtre et se durcit,
après qu'une quantité relativement considérable de terre s'y est at-
tachée. C'est ainsi que se forme une espèce de cocon, long de 2 cen-
timètres et demi à 3 centimètres et demi et d'une forme tout à fait ir-
régulière, qu'un œil expérimenté discernera difficilement d'une motte
de terre ordinaire. Les nymphes éclosent sept ou huit mois plus tard,
ne sachant pas voler, grandissant peu à peu, se dépouillant quatre
fois de leur peau et, ce faisant, recevant chaque fois des antennes et
des tronçons d'ailes plus longs, jusqu'à ce qu'elles se développent
enfin, en quarante jours, à l'état d'insecte parfait. Plus la saison est
chaude, plus vite s'opère le développement. Après leur éclosion, les
nymphes qui ressemblent à peu près aux insectes développés, ont la
266 LA SAUTERELLE DEVASTATRICE DES CHAMPS EN RUSSIE.
couleur blanche-jaunâtre avec une légère rougeur. Cette couleur se
fonce vite, et, en quelques heures déjà, elle se transforme peu à peu en
gris-foncé. Après leur troisième et quatrième mue, les nymphes
prennent, en partie, une teinte couleur orange, et en partie, une teinte
vert-luisant. Pendant, ainsi que peu de temps avant et après leurs mues,
elles ne prennent point de nourriture, elles sont peu vives, ti'ès flétries et
paraissent dans un état maladif. Leur accouplement qui est suivi de la
ponte des œufs, durant six semaines, et enfin de la mort de l'a femelle, a
lieu quelques semaines plus tard, c'est-à-dire après que leurs ailes se sont
entièrement développées. Les œufs étant très sensibles à l'humidité, la
femelle choisit toujours des lieux secs et élevés, pour les y déposer, et
ce faisant, elle préfère le sol dur au sol friable, le terrain argileux au
terrain sablonneux. Les œufs des sauterelles survivent facilement au
grand froid, et ce n'est que la qualité desséchante du soleil et de l'air
qui, outre l'humidité, exerce une action destructive sur eux.
C'est pourquoi la sauterelle habite, de préférence, les steppes secs, évi-
tant les contrées humides, boisées et montagneuses, et ne touchant
aux roseaux et aux joncs des fleuves et des lacs que durant la migra-
tion. Le développement de la nymphe sortant de l'œuf demande une
température d'au moins 1 7 degrés centigrades. Par les automnes chauds,
il arrive quelquefois que les nymphes éclosent en automne même;
mais ne pouvant pas se développer, naturellement, elles périssent alors.
Dans la Russie méridionale, les nymphes éclosent, généralement, dans
la seconde moitié de mai et reçoivent leurs ailes à la fm de juin ou
dans les premiers jours de juillet. Ensuite, les insectes adultes s'ac-
couplent à partir des premiers jours d'août, et la ponte se prolonge
parfois jusqu'à la mi-octobre. Comme on sait, la sauterelle se nourrit
de toutes sortes de végétaux; elle attaque aussi, en cas de besoin, la
viande et se fait Carnivore. Son penchant pour la sociabilité est carac-
téristique. Déjà à l'état de nymphes, les individus isolés se groupent
en sociétés qui s'accroissent de jour en jour et qui sont bientôt forcées
de migrer, parce que la nourriture commence.à faire défaut dans les lieux
de leur naissance. Ces migrations sur la terre ferme se font, aussitôt
la rosée évaporée, et se prolongent jusque vers les cinq heures du soir.
Les masses s'avancent, selon la quantité de nourriture qu'elles ren-
contrent sur leur passage, de 60 mètres jusqu'à 15 kilomètres et plus,
dans le courant d'une journée. Ces cohortes d'insectes ne s'arrêtent
devant rien, elle traversent à la nage même de larges rivières. Mais
les véritables migrations lointaines qui inondent des pays entiers,
ne commencent qu'à l'état ailé des sauterelles. Alors les essaims se
réunissent en cohues épouvantables et volent à la hauteur de 5 à
7 mètres au-dessus de la terre, descendant sur les lieux qui leur con-
viennent précisément. Ces lointains voyages durentenviron six semaines;
ensuite, les grandes cohortes se redivisent en plus petites sociétés qui
occupent un lieu quelconque et y mènent, pendant presque deux mois,
une vie contemplative jusqu'à la fin de leurs jours, s'adonnant à l'ac-
couplement et à la ponte.
Tout en étant une habitante permanente de la Russie méridionale,
la sauterelle de passage dont nous parlons, ne s'y multiplie que dans
certaines conditions en proportions prodigieuses; et c'est dans ces
circonstances-là seulement qu'elle cause des ravages funestes à l'a-
griculture, anéantissant des révoltes entières.
LA SAUTERELLE DEVASTATRICE DES CHAMPS EN RUSSIE. 267
Une série d'années sèches, chaudes et secondées d'un temps sec et
chaud au mois de septembre, favorise beaucoup la grande multipli-
cation des sauterelles ; tandis que des millions en périssent par des
automnes froids et humides. C'est sur cette sensibilité des sauterelles
à l'humidité, et de leurs œufs, en outre, au courant d'air desséchant,
ainsi qu'à l'action directe du soleil, qu'on a pu baser les moyens
destructifs dont on s'est servi, souvent avec succès, contre cet insecte.
Nous allons en mentionnerquelques-uus des plus efficaces.
Sans doute, c'est dans leurs œufs qu'on anéantit le plus sûrement
les sauterelles. Pour atteindre ce but, on laboure les lieux où ont été
déposés les œufs, à une profondeur de six à sept centimètres, et l'on
fait passer dessus une herse en fer. Alors les œufs viennent à la sur-
face d'où ils peuvent être aisément ramassés à la main, ou bien détruits
par les cochons et la volaille domestique. Par des hivers chauds et
dépourvus de neige, le recueil des œufs peut s'opérer pendant toute
la saison. Abstraction faite de ce qu'on les ramasse, pour être détruits,
bon nombre de ces œufs sont déjà anéantis par ce fait seul qu'ils se
trouvent découverts à la surface. Aussi atteint-on des résultats très
satisfaisants par le labour seul du sol à une profondeur de 10 à 15 cen-
timètres, labour qui doit être poui'tant suivi de l'aplanissement du
sol au moyen de pesants rouleaux. De cette façon, on a pu recueillir,
en 1860, dans les environs de Khotine, en Bessarabie, sur une étendue
d'environ 2,000 hectares, 2,G88 hectolitres d'œufs, ce qui équivaut à
l'anéantissement de cinq milliards de sauterelles.
Les nymphes une fois écloses, on a le choix des moyens de destruc-
tion suivants qu'on peut éventuellement appliquer à la fois: 1° on
peut les brûler; 2° on peut les écraser au moyen de divers instruments
et du bétail ; 3" on peut les pousser dans des profonds silos; 4° on
peut les ramasser; 5" on peut les faire manger par les cochons et la
volaille.
Pour les brûler, on n'a qu'à répandre, dans les endroits secs, de
petits tas de paille et de ramilles où les nymphes se cachent, pendant
la nuit, afin de se préserver de la rosée. On brûle ainsi les nymphes en
allumant la paille qu'on peut, pour la faire mieux prendre, arroser avec
un peu de pétrole. — Pour les écraser, on se sert de fléaux, de pelles,
de rouleaux, ainsi que d'une espèce d'instruments particuliers en
forme de cadres rectangulaires, longs d'environ un mètre et larges
de deux mètres, et appelés volokouchki. Au-devant du cadre se trouve
le timon, sous sa partie externe sont attachées des broussailles serrées
contre le sol par des pierres ou n'importe quel fardeau dont on charge
cet instrument. Un certain nombre de volokouchki travaillent à la fois,
la première commençant par tourner dans un cercle de 1 60 à 1 80 mè-
tres, la seconde suivant, pour la moitié, la trace de la première et
n'ajoutant, pour sa part, qu'un mètre de nouvelle trace au cercle, la
troisième suivant la seconde de la même façon, et ainsi de suite. Par
ce procédé, on parvient, en partie, à écraser toutes les nymphes qui se
trouvaient dans l'espace parcouru de ces instruments, en partie, à
pousser dans la fosse qui se trouve au centre du cercle, où elles
sont écrasées. On a pu se servir, avec le même succès, à la fois
de ces volokouchki et de rouleaux. Un autre instrument plus solide
que le premier, mais bien plus compliqué, le volokouchki à den-
telures inventé par M. Wedell, dont on se sert de la même façon
268 LA SAUTERELLE DÉVASTATRICE DES CHAMPS EN RUSSIE-
que des volokouchki ordinaires^ est très avantageusement employé
aussi à la destruction des nymphes, — Quant aux autres moyens
destructifs pratiqués, en Russie, contre elles, ils n'ont nul besoin
d'être commentés. Il ne reste qu'à observer qu'en faisant manger les
sauterelles par les cochons et par la volaille qui en sont friands, on ne
doit pas leur ménager l'eau, attendu que cette nourriture excite beau-
coup leur soif.
On n'a pas encore trouvé de moyen sur, pour combattre les sau-
terelles de passage ailées. Il est vrai qu'on a réussi parfois, au moyen
de bruits, à les empêcher de faire leur descente et à les chasser sur
des champs voisins. Mais les sauterelles bien affamées ne font souvent
pas môme attention au bruit le plus épouvantable tel que le tir de
la mousqueterie, etc. On a pu aussi protéger les champs non encore
attaqués par les nymphes, contre les sauterelles ailées avançant par
bandes, au moyen de fossés larges d'un demi-mètre à un mètre, ayant
des bords bien dressés et des trous profonds à leur intérieur, pourvu
que la longueur de ces fossés correspondît à la largeur des cohortes
d'insectes qui s'avançaient. En ce cas, on n'avait qu'à écraser les
sauterelles qui tombaient dans le fossé, ou on les poussait dans les
trous qui s'y trouvaient, afin de les anéantir avec plus de facilité.
Mais en somme, ces moyens étant déjà loin d'être bien efficaces, il n'y
en a pas d'autres, jusqu'à présent, qui le soient plus, contre les
sauterelles ailées. Nicolas de Nasakine.
PISCICULTURE- — LES NETTOYEURS '
Les voici donc ces terribles ennefnis des vivants et des morts, armés
et cuirassés si puissamment pour la destruction, sauf un seul défaut
de la cuirasse dont nous parlerons.
Ils sont, pour tout ce qui vit dans l'onde, la terreur même. Et puis,
quelle construction, quelle science : pas de cou, la tête dans le ventre;
leurs pinces, appareils d'attaque et de respiration ; leur bouche, une
machirxe de 12 ou 14 pièces, scies, enclumes et marteaux, à laquelle
rien de pareil ne saurait être comparé, si ce n'est l'horrible bouche
des monstrueux mangeurs de corail de l'océan Austral, où ils les pais-
sent, comme les moutons l'herbe de nos prés.
Mais ajoutons, à leur bénéfice, qu'ils sont aussi, par leur insatiable
voracité, les plus grands agents de la salubrité des mers et les plus
puissantes machines de transformation de matières animales que l'on
connaisse, car tout passe à la minute dans cet estomac, qui n'en a que
le nom, presque un sac, et tout est dit. Insectes suceurs et
broyeurs, les uns ont la queue longue et les autres courte, les yeux
du homard, des brillants aux 2,500 facettes; leurs antennes, organes
de toucher, d'odorat, d'ouïe, sont des chefs-d'œuvre de simplicité
chez les uns et de mécanique chez les autres, les crabes, par exemple.
Longtemps on a cherché oii l'odorat, si développé chez tous, avait
son siège, mais les récents et si curieux travaux de M. le docteur
Huxley, sur les ganglions nerveux de l'écrevisse, ne laissent plus au-
cun doute.
Comme le toucher, l'odorat réside dans les antennes. Nous étant
longuement occupé de ces décapodes dans notre calendrier (article
1. Voir le Journal du 11 et du 25 septembre, page 418 et 489 du tome III de 1880; du 9 et du
23 octobre, du 6 novembre, page 62; 144 et 217 de ce volume.
PISCICULTURE. — LES NETTOYEURS. 269
Ecrevisse), et surtout dans nos monographies du homard et de la lan-
gouste dans V Encyclopédie de fagricu/leur, nous n*y reviendrons pas.
La si délicate et si longtemps inconnue reproduction de ces féroces
est aujourd'hui parfaitement claire et hors de question depuis les
beaux travaux de MM. Coste, Gerbe et Delidon; il n'y a donc pas à s'y
arrêter.
Ce que nous aborderons dans cette causerie, ce seront les deux points
de pratique et d'industrie dont nous n'avons pas encore parlé, celle
de leur domestication dans les viviers ou parcs fermés à la cote, ou
dans les boutiques mobiles^ comme celles des marchands en gros de
Billingsgate; et surtout de l'élève des crevettes.
Avant de quitter ce terrain, toujours si glissant pour nous, de la
science pure et de nous renfermer dans ce qui nous ouvre cette /îey«e,
c'est-à-dire les côtés pratiques de la pisciculture, citons pourtant ce
dernier et si curieux fait en pendant à celui qu'il y a de longues
années, nous avions avancé un des premiers dans V Encyclopédie^ sur
leur reproduction par contact; à savoir qu'à l'encontre de tous les
êtres respirant par la bouche, c'est-à-dire d'avant en arrière ou de
haut en bas, ces curieux êtres chez lesquels tout est le comble du
curieux, respirent, eux, d'arrière en avant, l'eau entrant par leur ca-
rapace et sortant par la bouche après avoir traversé leurs branchies
et leurs sacs aériens. Redisons enfin que dans toute celte famille la
proportion des mâles est à celle des femelles comme 6 est à 1 , détail
fort important à considérer dans l'application des règlements concer-
nant leur multiplication.
Les crustacés inférieurs, dont nous nous occuperons spécialement,
font seuls exception à cette loi; car, chez eux cinq et même six géné-
rations peuvent s'engendrer d'une seule copulation.
Le phénomène, de la mue spécial à tous, est le défaut de cuirasse
dont nous parlions en commençant. Chez le homard, il ne se répète
pas moins de huit ou dix fois la première année, allant en diminuant
pour aboutir à deux ou trois à sa quatrième ou cinquième année. 11 y
a là des faits précis acquis à la pratique par le lamaneur de Concar-
neau connu de tous, ne laissant plus subsister le moindre doute sur
leurs époques mathématiquement fixées, et leurs coefficients de gros-
sissement.
Changer sa carapace est le moment oi^i ce terrible ravageur est à la
merci de tous et celui où, à son tour, le tyran tremble. L'anguille
fait alors dans nos ruisseaux de véritables hécatombes d'écrevisses et
les pourchasse dans leurs trous. A partir de la cinquième et sixième
années, nousnecroyons pas que l'écrevisse ait plus d'une mue par an;
passé dix a.ns, mue-t-elle tous les an^? problème. En mer, saumons,
labres, trigles, rougets surtout, eu font sur les grèves de pantagrué-
liques repas.
C'est de son" estomac, sous forme de boule calcaire, que ce fier
capitan devenu si humble, craintif et solitaire, tirera la substance de
sa nouvelle armure; deux fois quarante-huit heures et il n'y paraîtra
plus rien.
Par quel miracle d'élasticité tout cela s'est-il fait? Comment, an-
tennes, yeux, dents, mâchoires y ont-ils passé? C'est un point d'in-
terrogation, dont, quant à nous, nous ne croyons pas que la solution
soit é!oignîe et que nous prenons la liberté de recommander à l'atten-
270 PISCICULTURE. — LES NETTOYEURS.
lion de notre vénéré maître M. deLacaze-Duthiers, àsonlaboratoirede
lioscoff.
La crise passée, gare alors au pauvre mollusque ou au fretin con-
fiant qui passera à portée de sa terrible pince, dague et tenaille en
même temps.
Nous n'avons rien à ajouter à ce que nous avons dit des homards et
langoustes, si ce n'est que leur stabulation est aujourd'hui un fait écono-
mique tellement résolu, que les 10,000 pièces que Londres consomme
journel'cment, n'ont point d'autres provenances que les grands ré-
servoirs de Billingsgate, où ils sont nourris en attendant la vente.
Depuis quelques années, cette pratique se fait aussi sur nos côtes
de Bretagne et de Normandie, pour l'approvisionnement du marché
de Paris, notamment dans les réservoirs de ]\L de Crésolles, à l'île
Tudy. L'amorce préférée pour les casiers est l'étoile de mer, dont ils
sont tous si friands.
On dit que la mer Méditerranée contient plus de langoustes que de
homards. Le pourquoi, nous serions embarrassé de le donner, mais
c'est un feit qu'il importe de constater et d'étudier. La taille réglemen-
taire de vente étant de 0'"20, ils n'y arrivent guère avant cinq ou six
ans et au moins 18 à 2.5 mues.
C'est au printemps et à l'été, aux pleines lunes surtout, que les
crustacés doivent être mangés.
Pourquoi, à ce jour, l'élève de la langouste n'a-t-il donné aucun ré-
sultat, alors que celui du homard a si bien réussi? Nous espérons que
ces messieurs du laboratoire de Concarneau ne nous feront plus trop
longtemps attendre une réponse qu'il y a plus de quinze ans nous leur
avons posée pour la première fois.
Arislote ne mettait rien au-dessus du dîner d'une langouste au prin-
temps, arrosé de vin de Samos. D'autres aussi auraient le faible du
erand stasririte.
Les crevettes baptisées avec tantd'à-propos du nom d'abeilles de la
mer, par M. Delidon, ont à peu près les mômes moyens de reproduc-
tion que leurs proches et grands parents ci-dessus.
Seulement, Coste meta mars cequeM. Delidon avance être à octobre;
c'est un point sur lequel il faudrait pourtant s'entendre, s'il n'y a pas
là une simple question de latitude et de température, si commune
dans la pisciculture.
En revanche, l'âge de trois ans pour sa nubilité paraît devoir être
généralement accepté, et la ponte qui a lieu vingt-quatre heures après
l'accouplement varie de 100 à 1000 œufs. Question d'âge comme pour
les écrevisses, dont nous prendrons la liberté de recommander la
lecture t. IV, n° 548 du Journal, ol\ nous avons traité spécialement la
question des fameux crochets, aux temps d'amours de ces crustacés.
Le palémon porte-scie ou crevette-franche, comestible si recherché,
est regardée par nous comme la grande ressource de la transforma-
tion de nos marais salants.
L'élevage de ce si délicat crustacé, dans le parc même, est appelé
à un grand avenir, croyons-nous, si l'Administration de la marine y
met la moindre bonne volonté.
L'y nourrir serait si facile; sa rusticité si grande, du moment qu'elle
peut se réfugier sous les goémons, algues et warech, des petits fonds,
qu'il n'y a là véritablemeïit qu'à vouloir.
PISCICULTURE. — LES NETTOYEURS. 271
Aussi elle, elle ne devrait être mangée des gourmets qu'en pleine
lune.
La pêche des crevettes aux rets, de notre compatriote le pêcheur,
Groinard, est une des heureuses trouvailles des cotes de Vendée, oii
elle est appliquée aujourd'hui en grand, par tous les temps et toute
marée.
La conservation de la crevette vivante, dans des hoîtes remorquées
par le bateau, est une condition essentielle à observer,
A côté du palénion, les côtes de notre Vendée et si curieusement
celle de Nice, ont un crangon et un pénée spécial à rostre long et à
trois sillons.
Nous finirons par les crabes, dont nous mettrons de côté les douze
ou quatorze espèces, pour ne parler que du -tourteau, le meilleur, le
plus caractéristique. iMôiues mœurs, même facilité de reproduction,
dont pour quelques-uns, le chitîre n'est pas moins de 100,000 œufs;
mais il offre cette particularité, que l'accouplement est complet par
l'intromission directe des appendices copulateurs.
Ce sont à eux que s'appliqueraient les lignes par lesquelles nous
avons commencé cet entrelien, car ce sont eux surtout les premiers
agents de la salubrité de nos rivages où ils pullulent.
Le meilleur, le plus fort, le cancer-paguras ne quitte pas le flot;
c'est-à-dire, qu'il monte et descend avec lui, gagnant ses repaires
connus.
il s'est parfaitement reproduit dans les viviers de Concarneau, où on
en a obtenu les plus inattendus résultats, que nous acceptons comme
essais de laboratoire, mais auxquels, au point de vue économique et
industriel, nous ne saurions attacher la moindre importance.
Du crabe sauteur (le tolitre), qui, par millions, couvre nos plages,
aux terribles crabes de 12 ou 15 kilog. dévorant les marins blessés de
l'amiral Drake, il y a toute une série, qui, ni chair ni poisson, vrai
peuple de combat, est le -< factotum » de nos rivages.
Les uns volent la nuit; d'autres, quittant la mer, vont à la maraude;
les uns se dissimulent, les autres se font faux-frères, qui, après avoir
mangé le pauvre mollusque, volent sa maison; d'autres, enfin, habitent
nos dunes où ils passent l'hiver dans leurs terriers, ne regagnant la
mer qu'au printemps, pour y déposer leurs œufs.
Nous reviendrons à Tétude de ces mêmes iorbans, plus intéressants
pour l'analogiste que pour l'économiste, quand nous aurons fini la
partie plus opportune de ces entretiens sur la pisculture marine.
Chabot-Karlen,
Correspondant de la Société nationale d'agriculture de France.
SUR LA PRODUCTION DE LA LAINE ET DE LA VIANDE
Monsieur le directeur, M. Georges Tojan a bien voulu consacrer un
article bibliographique à notre livre : Elevage et maladies du mouton,
dans les colonnes de votre esti niable ./o/f/'/?a/. V^euillez agréer, nous vous
prions, pourvousetpourlui, nos biensincères remercîments pourla ma-
nière bienveillantedont il aparlédecetouvrageaupointde vue didactique.
Mais nous demandons à M. G. ïojan la permission de lui signaler
quelques erreurs qui se sont glissées, bien involontairement, sans
doute, sous sa plume, et auparavant, de nous expliquer sur un fait
personnel.
272 SUR LA PRODUCTION DE LA LAINE ET DE LA VIANDE.
Votre collaborateur nous reproche d'avoir fait « un livre de polé-
mique passionnée. » Nous ne contestons pas la justesse de cette ap-
préciation ; mais nous sommes persuadé que les hommes compétents
qui liront le cinquième volume du Traité de zootechnie de ]\1. Sanson,
et le nôtre, nous excuseront, nous absoudront même; et nous en
avons pour garant certaines lettres de félicitations, émanant de som-
mités agronomiques et spécialement d'éleveurs distingués.
Mais passons et arrivons à la question de faits.
M. G. Tojan dit : « Nous comprenons et nous partageons l'admira-
tion de M. Alfred Leroy pour son maître; mais nous trouvons qu'il
va trop loin quand il reproche à M. Sanson de voidoir faire du nie-
rions primitif, le mouton universel, le seul pouvant donner de la
viande et de la laine fine* pour suffire aux besoins de la boucherie
et des manufactures. Non, M. Sanson est un savant trop éclairé
pour soutenir des thèses absolues; il est trop initié aux lois naturelles,
aux exigences variables des contrées, aux nécessités des climats,
pour recommander à ses disciples d'élever partout, à l'exclusion d'au-
tres, la race mérinos. »
Nous n'avons pas reproché à M. Sanson de préconiser le mérinos
primitif, ce qui eût été contraire à la vérité, mais bien d'avoir fait
une vigoureuse campagne pour le mérinos précoce ou amélioré, comme
on voudra; c'est-à-dire, pour la production abondante et simultanée
de la laine et de la viande. Et cela, depuis 1862, dit-il en s'en félici-
tant, à la page 162 de son livre. Mais étant donné que M. Sanson
soit « un savant trop éclairé pour soutenir des thèses absolues,» il n'en
a pas moins dit et répété à satiété que le mérinos amélioré par sélec-
tion est la bête de toutes les situations.
C'est contre cette énormitéque nous avons protesté, en disant dans
la préface de notre ouvrage, que de tous les troupeaux de mérinos
précoces de notre département, il n'y en a pas un qui ne constitue
son propriétaire en perte, si on distrait le « compte béliers » de celui
du reste du troupeau.
Que celui qui peut nous démentir par des chiffres le dise!
Et quand M. G. Tojan ajoute : « Il est évident que le mérinos
antique n'est point une bête de boucherie parfaite; son ossature est
trop forte, sa tête est énorme, elle pèse avec les cornes 7 à 8 kilog.
et se vend un franc! Avec ce qu'il a fallu d'azote et de phosphate
pour la former, on aurait produit un bon petit mouton berrichon va-
lant au moins 15 francs. C'est ce qu'a fait remarquer avec beaucoup
de justesse M. Alfred Leroy; mais il oublie qu'on est parvenu à dimi-
nuer un peu cette tête gigantesque et il oublie volontiers les beaux
spécimens des mérinos précoces dont les qualités sont si remar-
quables. »
M. Tojan se trompe. Ce sont « ces beaux spécimens de mérinos
précoces dont les qualités sont si remarquables » qui ont des têtes de
ce poids -là, et non le mérinos antique. C'est le mouton idéal de
M. Sanson, celui qu'il a vu dans notre pays et dont il donne une gra-
vure fig. 33, page 142 du V volume de son fameux Traité de
zootechnie. Aussi, c'est précisément ce qui nous surpasse de voir le
professeur de l'Institut agronomique donner le mérinos du Soisson-
nais comme le type du producteur économique de la viande. Car au
chapitre de l'espèce porcine, l'auteur rend compte, page 257, d'une
SUR LA PRODUCTION DE LA LALNE ET DE LA VIANDE. 273
comparaison de rendement faile entre deux porcs, par le regretté
Emile Baudement, à la suite du concours de Poissy en 1860. Chez
l'un, le rapport du poids de la tête au poids vif était 1 : 20; chez
l'autre, 1:11.49. La différence était donc presque du simple au
double. Et M. Sanson ajoute : « Ce rapport implique celui qui exis-
tait 7îé restai renient entre les deux squelettes. »
Est-ce qu'il n'en est pas exactement de même entre les mérinos,
dits de boucherie, et les bêtes anglaises, leurs dérivées, ou leurs
similaires ?
Maintenant c'est à vous, c'est au chimiste éminent, au savant dis-
tingué que nous demandons : Connaissant la teneur chimique de la
viande et de la laine, croyez-vous qu'il soit possible de les produire
au même prix?
Que penseriez-vous, monsieur, d'un homme qui dirait aux fabri-
cants de sucre : « Il ne suffit pas de produire avec mille kilogrammes
de betteraves beaucoup de sucre, il faut encore produire beaucoup de
mélasse, car les deux productions sont inséparables l'une de l'autre?»
Vous hausseriez les épaules, n'est ce pas?
Eh! bien, M. Sanson ne dit pas autre chose à propos de la produc-
tion de la laine et de la viande.
Exemples, page 2 : « Par la nature même des choses, il n'y a point
chez les ovidés ariétins — lisez espèce ovine — d'individu qui ne soit
à la fois producteur de viande et producteur de laine. Par cela seul
qu'il vit, il produit les deux, et il ne peut produire beaucoup de l'une
sans produire beaucoup de l'autre. »
Qu'en penses-tu, du haut des cieux, vieux Daubenton? tu ne pou-
vais donc pas produire beaucoup de laine sans produire beaucoup
de viande ?
Page 3 : k II est démontré que les deux fonctions économiques in-
séparables d'ailleurs, comme nous l'avons déjà dit, peuvent et doivent
être remplies en même temps, par un seul et môme individu, au plus
haut degré de rendement. »
Quand on est savant, on doit savoir que mille kilogrammes de foin
ne peuvent se transformer qu'en une quantité donnée de matières
animales et qu'ils formeront d'autant moins de viande qu'ils pro-
duiront davantage des os, des cornes et delà laine!
Encore une fois, nous demandons aux princes de la science : Croyez-
vous que l'on puisse produire autant de laine avec un kilogramme
de foin que l'on produirait de viande?
Nous profitons de cette occasion pour vous prier de vouloir
bien insérer la rectification suivante : nous avons dit page 27 de notre
livre que le troupeau de M. de Bouille était le produit d'un croisement.
C'est une erreur de plume, car il est du sang South-Down le plus pur,
puisqu'il fut acheté chez Jonas Webb, il y a environ trente ans.
Veuillez agréer, etc. Alfred Leroy.
SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRICULTURE
Séance du 10 novembre 1880. — Présidence de M. Chevreul.
M. le ministre de l'agriculture et du commerce envoie ÏAnnuaire
statistique de la France pour 1880, qui forme le 3^ volume de cette
publicalion.
274 SOCIÉTÉ NATIONALE D'aGRICULTURE DE FRANCE.
M. Grandvoinnet, professeur à l'Ecole nationale d'agriculture de Gri-
gnon,écritpour poser sacandidature à la place de membre titulaire dans
la Section (le mécanique agricole et des irrii^ations. Renvoi à la Section.
M. xMarchand, correspondant de la Société, envoie une brochure sur
l'utilité de la vérification du lait,
M. Delimoges, président du Comice agricole de Seurrc (Côte-d'Or).
envoie deux brochure intitulées, l'une, Sur la mande et le blé; l'autre,
Quelques observations sur le système d'étalonnage suivi dans la Côte-d'Or.
M. Jaussan, vice-présideat du Comice de Béziers (Hérault), envoie
une brochure sur l'emploi du sulfure de carbone dans les vignes at-
taquées par le phylloxéra.
M. Barrai fait hommage d'une brochure, qui renferme les discours
sur les irrigations qu'il a prononcés, en I 880, aux concours régionaux
de Perpignan, de Grenoble et à Gap. — 11 fait ensuite une communi-
cation relative à la publication, par le ministère de l'agriculture, du
relevé de l'évaluation de la récolte du blé, du méteil et du seiçrle en
France, en 1880. 11 insiste sur les déductions que l'on peut tirer de
ces documents relativement aux ressources que la récolte de cette
année donnera aux agriculteurs pour réparer une partie des pertes
subies depuis trois ans; les principales idées émises à ce sujet sont
reproduites dans la chronique de ce numéro. M. Pluchet appuie les
observations de M. Barrai, et il ajoute que ce n'est pas seulement delà
récolte et du prix du blé, du méteil et du seigle, mais aussi des résultats
donnés par l'orge, l'avoine et les autres céréales qu'on doit se réjouir.
M. Lavallée fait hommage de la 2" livraison qu'il vient de publier
de son grand ouvrage sur VArlwretum de Segrez. Cette livraison ren -
ferme la description, avec planches à l'appui, des espèces suivantes :
Cratœgns Lavallei, Dienilla sessilifolia, NutlaHa cerasiformis, etc.
M. Barrai fait une communication sur les résultats obtenus dans
les études relatives au phylloxéra et aux moyens de lutter contre son
action pernicieuse sur les vignes. Il fait ressortir les succès obtenus
suivant les lieux et les circonstances, avec la submersion automnale
des vignes, avec la plantation en terres sableuses, avec le sulfocarbo-
nate de potassium et avec le sulfure de carbone. Il conclut en affir-
mant que désormais la science a mis entre les mains des viticulteurs
les moyens de lutter et de produire du vin malgré le phylloxéra. A
cette occasion, M. Boussingault présente quelques observations sur la
résistance que divers sols, notamment les terres siliceuses, telles que
celles provenant de la désagrégation des grès des Vosges, peuv^^aL
opposer à la multiplication du phylloxéra, et M. Raoul Duvai ajoute
quelques détails sur les opérations de colmatage opérées sur plusieurs
parties des bords de la Garonne dans d'anciens marais à sangsues.
Henry Sagxier.
REYUfi COMERCIÀLE ET PRIX-COURANT DES DENRÉES AGRICOLES.
(13 NOVEMBRE 1880).
1. — Suuation générale.
Gomme la semaine dernière les transactions présentent peu d'animation sur le
plus grand nombre des marchés agricoles.
II. — Les grains et les farines.
Les tableaux suivants résument les cours des céréales, par quintal métrique, sur
les principaux marchés de la France et de l'étranger.
à
REVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT (13 NOVEMBRE 1880)
275
NORD-OCEST.
Ca'vaios. Condé
— Lisieux
Côtes -du-Xoi'd Lannion
— Tréguier
Finislèro. Landerneau .
~ Oiiiinper
Ulc el-Vilatne. Renne3,
— Redon
Mayiche. Avranches ...
— Ponlorson
— Villedieu ,
Mayenne. Laval
— Chàteau-Gonlier..
Morbihan. Henaeboat..
Orne. Fiers...
— Vimoutiers
S/ifthe. Le Mans
— Sablé ,
Blé.
fr.
29.00
. 27 50
28.50
2.S.50
26.00
29.25
26.00
27.00
30. 2i
28.75
29.50
27.00
26.50
26. 50
27.00
27.25
26.75
27.25
Seigle.
fr.
23.75
21 00
18.50
19.00
20.50
20.25
2&.00
21.00
21.50
Orge.
fr.
20.00
15 75
<6.50
21.00
15.75
17.00
18.25
18.00
19.25
18 75
19.00
19.00
20.00
17.25
18.00
AToine-
fr.
23 .50
22 00
16.50
16.75
16.25
17.60
17.25
17.50
22.25
21.00
23. 00
2>.25
19.50
19.50
18.00
21.75
18.85
Prix moyens 27.72 21.00 17.60 19.49
2= RÉGION. — NURI»
Aisne. Soissons
— Sl-Qiientin
— La Fera
Eure. Bernay
— Evreux
— ConcJie?
Eure et-Loir. Chartres.
— Auneau
— Nogenl-le-Rotrou.
.Voï'd . Cambrai
— Douai
— Valencieanes ....
Oise. Beauvais
— Noyon
— Senlis
Pas de-Calais. Arras.. .
— Saint-Omer
Seine P..iis
.S.-et-Marne .Melun
— Nemours
— Montereau
S.-et-Oise. Dourdan. ...
— Pontoiée
— Elampes
Seire Inférieure. Rouen
— Dieppe
— Yvetot
Somme. Abbeville
— Peronne
— Amiens
Prix moyens 28.03 21.42
3» RÉGION. — NORD-EST
Ardennes Ctiarleville.. 27.00
Aube. Bar-sur-Aube .. . 28.00
Méry-sur-Seine. ,. ^6.50
— Troyes 27.50
iVa»'ne. Châions 27.00
— Epernay 26.75
-^ Keims 26.50
— Sézanne 27 00
//te-il/ar/ie. Bourbonne . 27.00 »
Meurlhe-et-Monelle Hsincy 26. 75 21.00
— Lunéviile 27.25 22.50
— Toul 27.75 22.00
Jl/ewse. Bar-le-Duc 26.50 »
— Verdun 26. 25
Haute-Saône Gray 27 50
— Vesoul 27.65
Fosses. Epi n al 28.00
— Raon-1'Etape 29.75
27.26
.50
23.00
21.00
19.75
19.25
18.25
19.00
18.33
Krix moyens 27.26 21.18
4* RÉGION. — OUEST.
Charente. Angoulême.. 28.25 i9.50 »
— Ruffec 29.25 20.00 18.50
Charente Infér. Murans. 26 00 » 19.00
Deux Sevrés. Niort 28.00 » 18.00
Indre-et-Loire. Tours.. 28.25 19.75 19.23
— Bléré.. 27.00 20.00 19.75
— Château-Renault. 26.50 19.00 21 50
Loire-/n/. Nantes 26. 75 2i.25 20. ."lO
iT/.-et-/.oire. Saumur . . 27 50 20.50 20.25
Vendée. Luçon 27.00 » 20.00
— Fontenay 27.25 20.25 »
T'ienne. Chatellerault... 26.75 19.50 19.75
— Loudun 28.00 18.00 20.00
Haute-Vienne. Limoges 28.00 20.25 •
17.25
16.75
17.00
18.25
16.00
16.00
16.30
16.40
17.00
17.92
22.00
20.00
19.00
19. OU
18.00
18.50
17.50
18 50
18.75
19.25
19.00
18 00
13.25
20 CO
Prix moyens.
27.46 19.98 19.70 18 98
5« RÉGION
. — CENTRE
Blé.
Seigle.
Orge.
Avoine.
fr.
fr.
fr.
fr.
Allier. Moulins
28.50
20.50
18.00
— Montiuçon
. 27.00
20.00
19.00
18.50
. 28.25
27.25
20.00
2:. 00
20.25
18.00
18.00
C/ier.Boiirueâ
— Graçay
. 27.50
20.50
19.50
17.00
— v^ierzon
. 28.25
20.50
19.50
18.00
Creuse. Aubusson
. 27.00
18.75
18.50
Indre. Chàteaurcux.. .
. 27.25
20.50
20. '35
17.50
— Issoudnn
28.00
20.50
20.00
18.00
- Valençay
27.25
19.75
19.25
17.50
Loiret. OrleaiiS
27.75
23 CO
— Gien
27.50
20.75
19.75
18.25
— Montargis
. 27.00
22.00
20.00
18 50
Loir-et-Cher. Blois
. 28. 00
19 50
19.25
20.00
— Montoire
. 26 75
28.50
19.25
19.00
18 50
17 50
Nièvre. Nevers
19.00
— Ces ne
. 27.00
. 27.50
18.75
21.25
19 00
19.20
17 75
Vonne. Brienon
19.50
— St- Florentin
. 27.7.1
21.35
13.50
17.75
. 28.00
20 25
20 00
18.00
Prix moyens
. 27.60
20.38
19.55
18.17
6» RÉGI
ON. —
EST.
Ain. Bourg
30 00
2! .00
16.75
18.00
— Pont-de-Vaux...
29.00
21.25
„
Côte-d'Or. Dijon
. 28 25
21.50
21.50
16.50
28.00
28 00
»
19.50
Doubs. Be.sançon
17.80
Isère. Grenoble
29.25
19.50
>
18.75
— Bourgoin
28.50
18.25
17.75
16.75
28.25
28 75
20.50
19 00
17.50
18.75
Loire, charlieu
18.50
P.-de-Dôme Clermonl-F
32.75
19.20
18.00
Rhône. Lyon
28.25
20.75
*
,)
Saone-et-Loire. Autun.
27 50
19.50
>
lô 75
— Chalon
25.00
20.75
19.00
17.75
Savoie. Chambéry
29.25
20.50
18.00
Hte-Savoie. Annecy
29.00
B
s
17.50
Prix moyens
28.63
19.88
18.27
17.85
7» RÉGION. -
- SUD-
OUEST.
Ariège. Pamiers
28.50
18.75
»
18.50
Dordogne. Bergerac...
28.25
20.00
»
20.15
Hte-Garonne. Toulouse.
28.00
19.00
16.00
20.50
— ViUefranche-Laur
28.00
19.50
17.75
19.50
Gers. Comlom
28. fO
s
»
20.75
27.50
26.50
»
l
19 50
— Mirande
18.75
Gironde. Bordeaux....
28.75
21.75
»
20.50
— Bazas
28 25
27.50
20.25
18.50
»
»
20 25
Landes. Dax
Lot-et-Garonne. Agen..
28.25
20.00
»
21.00
— Marmande
28.00
20.25
a
20.50
B. -Pyrénées. Bayonne. .
27 80
19.75
18.25
20.00
Htes- Pyrénées. Tarbes.
28.00
20.25
Prix moyens
27.43
19.77
17.33
20.01
8" RÉGION. — SUD.
Aude, Carcassonne.. .
2S.00
»
18.00
19.50
Aveyron. Rodez
27.75
20.00
),
19.25
Cantal. Mauriac
29.35
25.00
s
21.50
Correze. Luberzac
28.50
20.50
19.25
20.25
Hérault. Cette
28.00
20.00
Lot. Figeac
28.50
19.50
20.25
20.50
Lozère. Mende
28.55
27.10
19.90
21.75
20.30
22.35
— Marvejols
29.40
2G.30
20.30
20.00
21.50
23.00
17.70
Pyrénées-Or. Perpignan
24.45
Tarn. Albi ....
28.00
23.50
21.00
20-50
i8.5(i
19.75
Tarn-et-Gar. Montaubai
20.50
Prix moyens
28.16
20.84
18. S7
20.50
9« RÉGION.
— SUD- EST.
Basses-Alpes .Ma.nosquo
29.65
•
a
23.70
Hautes-Alpes. Bnançon
29.25
21.00
19.50
Alpes-Maritimes Cs.\ixiei
29.50
20.75
19.00
19.50
Ardèche. Privas
30.05
20.15
18.40
20.80
B.-du-Rhône. Arles
£9.50
18.25
21.50
Drôme. R mans
29.10
21.50
»
16.50
Gord. Nîmes
29.50
2...-,0
20.75
20.00
19.00
22.25
21.50
Haute-Loire. Le Puy....
17.75
Var. St-Maxiniin
29.25
»
>
20.00
KoMciwse. Carpentras...
28.75
•
!7.00
19.00
Prix moyens
29.39
20.69
19.05
Moy. de toute la France 27.96
20.57
18.-2
— de lisemaineprécéd.
27.99
20.08
19.04
Sarlase.iiaine^ Hausse
D
0.10
»
0.41
précédente., | Baisse.
0.03
'
O.U
276 REVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT
Blé. Seigle. Orge. Avoine
fr. fr. fr. fr.
Algérie. Alger 26.75 » 16.00 16 bO
Angleterre. Londres 27.75 » 21.00 20. "26
Bdgique. Anvers 25.25 23 50 23.00 19.00
— Bruxelles 27.00 23.85 » 20.00
— Liège 28 00 2?. 75 23.00 18. .SO
— Naojur 26.00 22.50 20.50 17.50
Pays-Bas. Amsterdam 26.10 24.75 »
Luxembourg. Luxembourg 2'. 50 24 00 23.25 17 00
Alsace-Lorraine, Strasbourg 30.75 26.75 23.25 18 25
— Colmar 29 00 24.00 2175 19 00
— Mulhouse 29.25 25.50 22.75 19.75
Allemagne. Berlin 26.60 27.25
— Cologne 28.00 28 10 .
— Hambourg 25.50 26 00 »
Suisse. Genève 29 25 » » 19.00
— Lausanne 29.00 » » 18.75
Italie. Milan 29.50 22.75 20. GO 19 25
Espagne. Valladolid 26.50 » « 16 00
Autriche.] Vienne 26.50 23 00 18.50 15 00
Hongrie. Budapesth . 26.50 22.00 17.00 14-25
Russie. Saint-Pétersbourg... 28.60 26.70 t 15.30
Etats-Unis. New-York 23.50 » » »
Blés. — La situation se dessine de plus en plus dans le sens que nous indiquions
dans nos précédentes revues. La publication qui vient d'être faite des premières
évaluations officielles de la récolte de 1880 en France, ne paraît pas de nature à
modifier les convictions des cultivateurs. La récolte a été ce que l'on pourrait
appeler une médiocre moyenne, en ce sens qu'elle ne pourra pas suffire aux
besoins de la consommation, sans cependant qu'il soit nécessaire de faire appel
aux importations dans une très large mesure. Nous rentrons dans la situation
normale qui précédait les mauvaises années que nous venons de traverser. —
A la halle de Paris, le mercredi 10 novembre, les offres de la culture étaient peu
actives, et pour toutes les sortes de blés, les prix étaient tenus avec une grande
fermeté. On cotait de 27 fr. 50 à 2i fr. 50 par 100 kilog., suivant les qualités ou
en moyenne, 28 fr. 50, avec une hausse de 50 centimes sur le prix moyen, du
mercredi précédent. — Au marché des blés à livrer, on cote : courant du mois,
28 à 28 fr. 24; décembre, 28 à '18 fr. 25; quatre premiers mois, 28 à 23 fr. 25;
quatre mois de mars, 28 fr. 25 à 28 fr. 50. — Au Havre, les importations de blés
étrangers continuent à être calmes, et les prix sont fermes; les blés d'Amérique
valent : sur wagon, 26 fr. 50 à 28 fr. par 100 kilog. — A Marseille, les arrivages
de la semaine ont été de 180,000 hectolitres environ; les transactions sont assez
calmes, et les ventes sont difficiles. Le stock s'est relevé, de 2,000 quintaux dans
les docks, pour atteindre 113,000 quintaux. Au dernier jour, on payait, par 100
kilog. : Irka, 26 fr 75 à 28 fr.; Pologne, 27 fr. 25 à 28 fr.; tuzelles d' \frique,
26 fr. 50 à 29 fr. 50; Azof dur, 27 fr. 50 à 28 fr. 50 ; Richelles blanches, 29 fr.25;
Michigan, 26 Ir. 75 à 27 fr. — A Londres, les importations de blés étrangers
ont été de 158,0C0 quintaux durant la semaine; les cours se maintiennent bien,
de 26 fr. 50 à 29 fr. par 100 kilog. suivant les provenances et les qualités.
Farines. — 11 y a assez de calme dans les transactions, et les cours varient peu
pour les diverses sortes. En ce qui concerne les farines de consommation, on
payait le 10 novembre à la halle de Paris : marque D, 61 fr.; marques de choix,
62 à 64 ir. ; bonne marques, 61 à 62fr ; sortes ordinaires et courantes, 59à60fr.;
le tout par sac de 159 kilog., toile à rendre, ou 157 kilog. net, ce qui correspond
aux prix extrêmes de 37 Ir. 60 à 40fr. 75, par 100 kilog., ou en moyenne 39 fr 20,
comme le mercredi précédent. — Pour les farines de spéculation, o.i cotait à Paris,
k 10 novembre au soir : farines huit-marques, coursint du mois, 59 à 59 fr. 25;
décembre, 58 ir. 75; quatre premiers mois, 58 à 58 fr. 25; quatre mois de
mars, 58 fr. 25; le lout par sac de 159 kilog. toile perdue, ou 157 kilog. net;
farines supérieures, courant du mois, 38 fr. 25; décembre, 37 fr. 75; quatre
premiers mois, 37 fr._ 75 ; quatre mois de mars, 37 fr. 75 ; le tout par sac de 100
kilog. — La cote officielle, en disponible, a été établie comme il suit, pour chacun
des jours la semaine.
Dates (novembre). 4 5 6 8 9 10
Farines huit-marque!. (157 kilog.). 59 35 59.15 ô'J.uO 5'J.OJ 59.C0| .59.15
— supérieures (100 kilog.). 38 50 38 50 38.25 38.00 38.25 38.25
Le prix moyen a été, pour les farines huit-marques, de 59 fr. 15, et pour les
DES denrées: AGRICOLES (13 NOVEMBRE 1880j. 277
supérieures, de 38 fr. 25. C'est une baisse de 0 fr. 35 pour les premières et de
0 fr. 25 pour les secondes depuis huit jours. — Les farines de gruaux soui toujours
cotfes de 43 à 54 fr. par 100 kilog., et les farines deuxièmes de 29 à 34 fr.
Seigles. — La hausse continue à se produire sur ce grain, mais lentement. On
paye à la halle de Paris de 23 fr. à 23 fr. 50 par quintal métrique. Les farines
de seigle valent de 32 à 35 fr.
Oryes. — Devant des offres plus nombreuses, les cours sont plus faibles à la
halle de Paris. On cote de 18 fr. 50 à 20 fr. 50 par 100 kilog., suivant les qua-
lités. Quant aux escourgeons, ils sont payés aux prix de 20 fr. 50 à 21 fr. 50. —
A Londres, les importations continuent à être restreintes; les cours se maintien-
nent avec fermeté de 19 fr. 95 à 21 fr. 95 par UO kilog., suivant les sortes.
Mail. — Mêmes cours que précédemment. On paye à Paris de 29 à 34 fr. par
100 kilog. pour les malts d'orge, et de 29 à 33 Ir. pour ceux d'escourgeon.
Avoines. — Les aiïaires continuent à être assez calmes sur les avoines, et les
cours n'éprouvent pas de grandes variations. On paye à la halle de Paris de 19 fr.
à 21 fr. 50 par 100 kilog., suivant poids, couleur et qualité. A Londres, les ar-
rivages ont été de 64,000 quintaux durant la semaine dernière ; on paie de
19 ir. 60 à 22 Ir. 15 par 100 kilog., suivant les sortes.
Sarrasin. — Il y a un peu de hausse à la halle de Paris. On paye 18 fr. 50 à
19 fr. 25 par 100 kilog., suivant les sortes.
Maïs. — Les prix se maintiennent dans le Midi. Au Havre, les maïs d'impor-
tation valent de 15 fr. 50 à 16 fr. 50 par 100 kilog.
Is.sues — Les affaires sont peu importantes, et les cours varient peu. On cote
à la halle de Paris, par 100 kilog. gros son seul, 13 fr. 75 à 14 fr.; son trois cases,
13 à 13 fr. 50; sons fins, 12 à 12 fr 50; recoupettes, 12 à 12 fr. 50; remoulages
bis, 14 à 15 fr.; remoulages blancs, 16 à 17 fr.
III. — Vins, spiritueux, vinaigres, cidres.
Vins. — A l'activité qui avait caractérisé le début de la campagne, a succédé
le calme. Au Midi, comme au Centre, à l'Ouest comme à l'Est, les transac-
tions semblent momentanément arrêtées. On se recueille. On s'aperçoit, qu'on
a été en commençant, un peu trop vite : achats sur souche, achats à la récolte,
achats au décuvage, rien n'a manqué à l'élan de la spéculation. Le commerce
régulier, toujours sage et prudent, a attendu : et comme c'est à son tour de mar-
cher, au lieu de s'exécuter, il hésite et temporise. Il veut voir venir, et il attend
de meilleurs jours, ayant encore par devers lui un stock, sinon important, au
moins assez considérable, pour le conduire jusqu'au soutirage de mars. Cette
accalmie momentanée réagit sur les cours, aussi ceux-ci ont-ils, sinon fléchis, au
moins des tendances à la baisse, et cela, d'autant plus, que la qualité des petits
vins courants, laisse de plus en plus à désirer. On espérait, au moment des ven-
danges, sur une qualité relativement excellente et il n'en est rien ; celle-ci selon
les vignobles est tantôt supérieure, tantôt inférieure à celle de l'an dernier. En
revanche, on commence à croire que la quantité sera plus considérable qu'on ne
l'espérait; nous donnons toutefois cette dernière nouvelle sans toute réserve,
n'ayant rien de positif pour l'affirmer. En somme, nous n'avons réellement rien à
ajouter à nos dernières appréciations et celles-ci [jeuvent aujourd'hui se résumer
en deux mots : calme dans les transactions, tendance à la baisse.
Spiritueux. — Les affaires continuent à être peu actives. Les cours ont fléchi
pendant toute la semaine qui vient de s'écouler : ainsi, le cours de début qui était
de 62 fr. 75 a fait successivement 62 fr. 50, 62 fr. 25, 62 fr. et 61 fr. 75. Le
stock s'est accru cette semame de 650 pipes et dépasse aujourd'hui de plus de
1,000 pipes, celui de l'année dernière à pareille époque, — il s'élève aujourd'hui à
7,850 pipes. — Ce fait suffirait pour justifier la lourdeur qui règne en ce moment
sur le marché, qui continue à n'avoir d'autre aliment que les affaires de spécula-
tion locale. Comme celui de Paris, le marché de Lille est toujours au grand
calme : J'alcool betterave disponible est descendu à 6 ' fr. 75 et même à 60 fr. 50;
enfin, les prix sont sans changement sur tous les marchés du Midi. — A Paris, on
cote, 3/6 betteraves, f'' quabté, 90 degrés disponibles 60 fr., novembre 60 fr.,
décembre 59 fr. 75, quatre jiremiers 59 fr. 50, quatre d'été 58 fr. 50 à 59 fr.
Voici maintenant le prix des eaux-de-vie à Bercy et à l'Entrepôt : fine Champagne
vieille, l'hectolitre, 500 à 565 fr; fine Champagne, 3 à4 ans, 395 à 410 fr.; fin
bois très vieux, 395 à 410 fr.; fin bois, 3 à 4 ans, t9 degrés, à 305 fr.; fin bois
de choix, 250 à 255 fr.; Cognac ordinaire, 215 à 225 fr.; coupage de choix,
degrés, 195 à 200 fr.; coupage ordinaire, 125 à 130 fr.; Armagnac, 1" choix, 180
278 REVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT
à 185 fr.; 2*^ choix, 170 à 175 fr.; 3" choix, 160 à 165 fr.; Aigrefeuille, l''-' choix,
60 degrés, 270 à 275 fr.; 2" choix, 255 à 260; Rochelle, l'" choix, 270 à 275 t'r.;
2* choix, 255 à 260 fr.; Montpellier, 115 à 120 fr . Rappelons que l'entrée dans
Paris, par hectolitre, est de 266 fr. 05 par 100 degrés.
Vinaigres. — Rien de nouveau sur cet article, sinon que les cours ont toujours
une grande fermeté.
Cidres. — A Fauvelle (Seine-Inférieure), les pommes à cidre tardives, viennent
d'être récoltées ; mais eHes sont rares cette année, aussi le prix en est très élevé ;
on les vend jusqu'à 4 fr. 50 le demi-hectolitre, pour les exporter dans les grands
centres. — A Janzé (lUe-et-Vilaine') le cidre nouveau se vend 35 fr. la barrique, '
et la pomme à cidre, 3 fr. le boisseau; à Fougeray, même département, le cidre
vaut 30 à 38 fr. la harrrique, et la pomme, 3 fr. l'hectolitre.
IV. — Sucres. — [Mélasses. — Fécules, — (Jlucoses. — Amidons. — Houblons.
Sucres. — La hausse sur les sucres bruts, que nous signalions la semaine der-
nière, contmue à se produire sur le plus grand nombre des marchés. On cote à
Paris pari 00 kilog. bucres bruts 88 degrés, 55 fr. 25; sucres blancs en poudre,
62 fr.; à Lille, sucres bruts, 53 fr. 50 ; sucres blancs, 61 fr. 50 à 62 fr.; à Péronne,
sucres roux, tS fr. 75; à Valenciennes, 5i fr.; et les poudres blanches, 60 fr. 50.
— Le stock de l'entrepôt réel des sucres à Paris, s'est élevé à 182,000 sacs de
sucres indigènes, avec une augmentation de 6,000 sacs depuis huit jours, La
même hausse se produit sur les sucres raffinés, qui sont cotés de 1 1 5 à 1 1 7 fr.
par 100 kilog. à la consommation, et de 74 fr. à 78 fr. pour l'exportation. —
Dans les ports, il n'y a que très peu d'arrivages de sucres coloniaux; les cours
accusent une grande fermeté. On bignale des affaires assez actives sur les sucres
raffinés.
Mélasses. — Maintien des anciens cours. On paye à Paris, 13 fr. 50 à 14 fr.
par 100 kilog* pour les mélasses de fabrique; à Valenciennes, 13 fr.
Fécules. — Les prix sont bien tenus pour les diverses sortes. On paye à Paris,
34 à 34 fr. 50 par lOO kilog. pour les fécules premières du rayon ; à Uompiègne,
34 fr. pour celles de l'Oise. Les fécules vertes sont cotées aux prix de 20 fr. 50
à 21 fr. 50.
Glucoses. — Les sirops conservent leurs anciens prix. On paye à Paris par 100
kilog. : sirop premier blanc de cristal, 59 à 60 fr.; sirop massé, 48 à 50 fr.; sirop
liquide, 41 à 42 fr.
Amidons. — Peu d'affaires, sans changements dans les prix. On paye par 100
kilog, : amidon de pur froment, en paquets, 70 à 72 fr,; amidons de province,
60 à 62 fr.; amidons de maïs, 40 à 42 fr."
Houblons. — Les ventes sont devenues plus actives, et les prix accusent beau-
coup de fermeté. On cote dans le Nord, par 100 kilog., 150 à 160 fr.; en Lorraine,
150 fr ; en Bourgogne, 160 à 180 fr.
V. — Huiles et graines oléagineuses.
Huiles. — Les affaires accusent plus d'activité, et les cours sont plus fermes
que la semaine précédente. On paye à Paris, par 100 kilog. : huile de colza en
tous fûts, 73 fr. 75; en tonnes, 75 fr. 75; épurée en tonnes, 83 fr. 75; huile de
lin en tous fûts, 70 fr. 25 ; en tonne, 72 fr. 25. — Sur les marchés des départe-
ments, les prix des huiles de colza s'établissent comme il suit : Rouen, 73 fr. 50 ;
Lille, 72 fr.; Cambrai, 73 fr ; Arras, 76 fr.; et pour les autres sortes : pavot, 95 à
101 fr.; lin de pays, 73 f r ; lin étranger, 69 fr. 50 à 70; Gameline, 70 fr, — Pen-
dant que dans le Languedoc, la récolte des olives s'annonce bien, dans le Var
elle paraît devoir être précaire. Néanmoins les prix des olives sont très bas, elles
ne se payant pas plus de 0 fr, 70 par double décalitre.
Graines oléagineuses. — Les prix sont très fermes et même en hausse pour
quelques sortes, dans le Nord, on paye à Cambrai par hectolitre : œillette, 35 à
36 fr. 50; colza, 21 à 22 fr.; camehne, 16 à 17 fr. 50; lin, 23 à 24 fr.
VI. — Tourteaux. — Noirs — Engrais.
Tourteaux. — Les prix sont toujours très fermes dans le Nord. A Arras, on
cote par 100 kilog. : colza, 17 fr.; œillette, 17 fr.;lin, 26 fr.; cameline, 16 fr. 75;
pavot, 14 fr. 50. — A Marseille, on paye : lin, 20 fr. 75; arachides en coques,
13 fr.; arachides décortiquées, 16 fr.; sésame, 16 fr.; œillette exotique, 14 fr, 50;
coton d'Egypte, 10 fr.; palmiste naturel, 10 fr. 50; palmiste repassé, 9 fr. 25;
ravison, 13 fr. 50; coprah, 17 fr.
Noirs. — On cote à Valenciennes : noir animal neuf en grains, 32 fr. par
100 kilog.; noir d'engrais vieux grains, 8 à 9 fr. par hectolitre.
DES DENRÉES AGRICOLES (13 NOVEMBRE 1880). 279
VII. — Matières résineuses, colorantes. — Textiles.
Matières résineuses. — Il y a plus d'activité dans les transactions, et les cours
sont en hausse à Bordeaux, où l'on paye 85 fr par 100 kilog. pour l'essence pure
de térébenthine. Celle-ci est toujours cotée hO tV. à Dax.
Gaudes. — Les prix restent fixés à 21 fr. par 100 kilog. dans le Languedoc.
Raisins secs. — Dans les ports du Midi, on signale beaucoup d'activité et des
prix en hausse. On paye à Cette, par 100 kiloi,^. : Corinthe, 44 à 48 fr.; Thyra,
41 à44 fr.; Sainos,37 à 44 fr.; suivant les qualités; ligues d'Espagne, 27 à 28 fr.
Chanvres. — On paye, comme la semaine précédente, dans la Sarthe, 70 à 75 fr.
par 100 kilog., suivant les qualités.
VIII. — Suifs et corps gras, cuirs et peaux.
Saindouv. — Les affaires sont assez actives au Havre, en saindoux d'Amérique,
avec des prix fermes, de 115 à 117 par 100 kilog.
IX. — Beurres. — Œxifs. — Fromages. — Volailles et gibier.
Beurres. — Pendant la semaine, il a été vendu à la halle de Paris, 221,758 kilog.
de beurres de toutes sortes. Au dernier jour, on payait par kilog. : en demi-kilog.,
ordinaires et courants, 3 04 à 3 fr. 80, petits beurres, 2 44 à 3 fr. 10; Gournay,
2 20 à 4 fr. 44; Isigny, 1 92 à 7 fr. 20.
Œufs. — Du 2 au 8 novembre, il a été vendu à la halle de Paris, 3,557,560 œufs.
Au dernier jour, on payait par mille : choix, 126 à 136 fr.; ordinaires, 75 à
122 fr.; petits, 48 à 58 fr.
Fromages. — Derniers cours de la halle de Paris : par douzaine, Brie, 13 à
29 fr.; Montlhéry, 15 fr.; par cent, Livarot, 27 à 69 fr.; Mont-d'Or, 18 à 30 fr.;
Neufchâtel, 4 à 26 fr. 50; divers, .0 à 68 fr.; par 100 kilog., Gruyère, 128 à 175 fr.
Volailles et gibier. — On vend à la halle de Paris : Alouettes (la pièce), 0 fr. 14
àO fr. 30. — Bécasses, 3 fr, 75 à 6 fr. 50. -- Bécassines, 0 fr. 60 à 1 fr 25. —
Cailles, 0 fr. 50 à 1 40. — Canards barboteurs, 1 fr. 25 à 4 fr. 50. — Canards
sauvages, 1 fr. 60 à 3 fr. — Cerfs, chevreuils et daims, 17 fr. 50 à 70 fr. — Crêtes
en lots, 1 fr. 10 à 6 fr.. —Dindes gras ou gros, h à 14 fr. — Dindes communs,
4 à 7 fr. 25. — Faisans et coqs de bruyère, 3 fr. 50 à 8 ir. — Lapins domes-
tiques, I fr. 30 à 4 Ir. — Lapins de garenne, 1 fr. 25 à 3 fr. — Lièvres, de
3 fr. 50 à 6 fr. — Oies grasses, 7 à 9 fr. 50. — Oies communes, 3 25 à 6 fr. 20. —
Perdrix grises, 2 fr. 50 à 4 fr. 50. — Perdrix routes, » ■>» à >) »«. Pigeons
de volière, » «» à » »». — Pigeons bizets, 0 fr. 40 à 1 fr. 40. — Pilets, 1 fr. 50
à 2 fr. 20. — Pluviers, 0 fr. 55 à 0 fr. 65. — Poules ordinaires, de 3 fr. à 4 fr. 50.
— Poulets gras, 4 fr. 60 à 7 fr. — Poulets communs, 1 ir. 25 à 2 fr. 60.
X. — Chevaux. — Bétail. — Viande.
Chevaux. — Aux marchés des 3 et 6 novembre, àParis, on comptait 1,026 che-
vaux. Sur ce nombre, 429 ont été vendus comme il suit :
Chevaux de cabriolet . .
— de trait
— hors d'âge....
— à l'enchère.. . .
— de boucherie.
A menés.
Vendus
. Prix extrêmes.
199
58
310 à 1,055 fr.
306
91
30.3 à 1,230
357
116
:n à 1,070
68
68
50 à 400
96
96
40 à 120
Bétail. — Le tableau suivant résume le mouvement du marché aux bestiaux de la
"Villette, du jeudi 4 au mardi 9 novembre :
Poids Prix du kilog. de viande sur pied
Vendus moyen au marché du lundi nove.ubre.
Pour Pour En ^ quartiers. 1" i" 3" Prix
Amenés. Paris. l'extérieur, totalité. kit. quai. quai. quai. moyen.
Bœufs 7,047 3 873 1,765 5,638 350 I.CO 1.44 1.06 1.31
Vaches 2,456 988 819 1,807 241 1.46 1.28 0 96 1.20
Taureaui 238 163 28 191 360 1.24 1.10 0.96 1.10
Veaux 3,419 2,3^9 978 3,327 81 2.24 2.14 1.76 199
Moutons 43,376 28,233 11,519 39,752 19 1.80 1.55 1.30 l 55
Porcsgras 5,605 2,273 3,331 5,605 85 1 60 1.56 1.50 1.55
— maigres. 13 1 12 13 35 1.60 » » 1.60
Les apports sur le marché ont été à peu près les mêmes que la semaine précé-
dente. Les transactions ont été assez pénibles, et les prix n'ont pas subi de chan-
gements sensibles. Toutefois il faut signaler une reprise assez marquée qui continue
à s'accentuer sur les cours des veaux.
A Londres, les importations d'animaux étrangers, durant la semaine dernière,
se sont composées de 12,832 têtes, dont 66 veaux et 2,622 moutons venant d'Ams-
terdam ; 2 bœuis, 35 veaux et 728 moutons d'Anvers; 490 bœufs de Boston;
280 REVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT (13 NOVEMBRE 1880).
1,448 mouons de Brème; 439 moutons d'Hambourg; 10 bœuls, 40 veaux,
1,198 moutons et 11 poi-cs d'Harlingen ; 120 bœufs et 41 moutons de Mont-
réal; 145 bœufs de New-York; 14 ba'ufs, 207 veaux et 1,730 moutons de Rot-
terdam; 2,367 bœufs et 979 moutons de Tonning ; 100 bœufs de Vigo, Prix du
kilog. : Bœuf, 1'% 1 fr. 87 à 2 fr. 05; 2'', 1 fr. 5s à 1 fr. 75; qualité inférieure,
1 fr. 40 à 1 fr. 58. Veau, 1", 1 fr. 9.-5 à 2 fr. 05; 2% 1 fr. 75 à 1 fr. 93. —
Moiilon^ V, 2fr. 22 à 2 fr. 34; 2% 1 fr. 93 à 2 fr. 10; qualité inférieure, 1 fr. 75
à 1 fr. 93. — Porc, 1", 1 fr. 75 à 1 fr. 93; 2% 1 fr. 58 à 1 fr. 75.
Viande à la criée. — On a vendu à la halle de Paris, du 2 au 8 novembre.
Prix du kilog. le 8 novembre.
kilog*
Bsuf ou vache.. 20H,73o
Veau r2;j,66:j
Mouton 9.>,-2i:5
Porc 29,942
457,. ^54
Les ventes ont été
1" quai. 28 quai.
1.02 à 1.66 0.88àl.'i(i
1.78 2.20 1.3(5 1.76
l.SlJ 1.4(1 1.02 1.34
Porc Irais
i" quai.
0.60 4 1.16
l 00 1 34
0.80 1 01)
l.l6à 1 76
.. 65,36.5 kilos.
Choix. Basse boucheria,
1.00à2.66 O.lOà MO
1.10 2.3) .
0.76 2.30 •
Soit par jour.
supérieures de 2,000 kilog. environ par jour à celles de la
semaine précédente. Pour toutes les catégories, sauf pour la viande de mouton,
dont les prix sont stationnaires, il y a de la hausse depuis huit jours
XI, — Cours de la viande à l'abatwir de la Villette du 11 tiovembre {par 50 kilog.)
Cours de la charcuterie. — On vend à la Villette par 50 kilog. : 1" qualité,
88 à 90 fr.; 2«, 85 à 87 fr.; poids vif, 60 à 65 tr.
Bœufs. Veaux. Moutoas.
1" 2«
3»
1" 2» 3» 1" 2»
3»
quai. quai.
quai.
quai. quai. quai. quai. quai.
quai.
fr. fr.
fr.
fr. fr. fr. fr. fr.
fr
74 67
58
108 96 88 75 67
60
XII.
— Marche
aux bestiaux de la Villette du jeudi 11 novembre.
Cours des commissionnaire»
Poids Cours officiels. en bestiaux.
moyen ^— — - m - n — -^ ^
^0^ -.
Animaux
gênerai. 1" 2» 3» Prix 1" 2» 3«
Prix
amenés. Invendus.
kil. quai. quai. quai, extrêmes, quai. quai. quai.
extrêmes.
Bœufs 2.S40
i71
365 1.6i 1.44 1.06 1.02 àl. 68 1.64 1.40 1.05
1.00 à 1.66
Vaches 8C9
8'i
250 1.46 1.30 0.95 0.90 1.50 1.45 1.30 0.95
0.90 1.50
Taureaux... 112
7
370 1.24 1.10 0.96 0.94 1.30 1.24 1.00 0.95
0.90 1.30
Veaux 1 019
50
80 2.24 2.14 1.76 1.64 2.34 » » »
» »
Moutons.... 17.8613
688
18 1.84 1.60 1.34 1.30 1.88 » » »
X 1
Porcs gras.. 3.4il
50
82 1.66 1.6? 1.56 1.46 1.76 » » »
» »
— . maigres. »
»
» •
Vente lente sur toutes les espèces
XIII. — Résumé.
Fermeté dans les prix des céréales, des farines, des vins, des sucres, des huiles,
des tourteaux, de la plupart des produits animaux, tel sst le bilan de la semaine.
A Remy.
BULLETIN FINANCIER.
Après des alternatives de hausse et de baisse,nous retrouvons nos fonds publics
à peu près au même cours que la semaine dernière. La rente 3 0/0 à 85 fr. 50: et
la rente 5 0/0 à 119 fr, 10, perdant 0 fr. 10. Bonne tenue de nos Sociétés de crédit:
faiblesse à nos chemins de fer.
Cours de la Bourse'du 3 au 10 novembre 1880 [au comptant).
Principales valeurs françaises :
Plus Plus Dernier
bas. haut, cours.
Rente 3 0/0 85.20 85.55 85.50
Rente 3 0/0 amortis 87.10 87.65 87.30
Rente 4 1/2 0/0 113.75 114.50 114.50
Rente 5 0/0 118.75 119.10 119.10
Banque de France 3570.00 Ssoo.oo 3595.00
Comptoir d'escompte 965.00 972.50 97i.50
Société générale 585.00 588.75 587.50
Crédit foncier 133000 1350.00 1345.00
Est Actions 500 755.00 776.25 755.00
Midi d° 1067.50 1080.00 1080.00
Nord d- 1665.00 1685.00 1675.00
Orléans d" 1232.50 1245.00 1235.00
Ouest d» 810.00 8-^0.00 810.00
Paris-Lyon-Méditerranée d" 1490.00 1515 00 i497.50
Paris 1871 obi. 400 3 0/0 .. 393.00 396.00 396 0;)
Italien & 0/0 87.10 87.65 87.50
Gérant : A. BOUCHÉ.
Chemins de fer français et étrangers :
Plus
Plus
Dernier
bas.
haut.
cours.
Autrichiens.
d»
595. 00
605.00
605.00
Lombards.
d'
182.25
191.25
191.25
Romains.
d-
142.50
149.00
142. ?0
Nord de l'Espagne.
d"
350.00
356.25
356.25
Saragosse à Madrid
d"
375.00
385.00
382 50
Portugais.
à'
610.00
625.00
617.50
Est.Obl. 3 0/or. àùOOf.d"
391.50
394.00
394.00
Midi
d'
390.00
392.00
391.25
Nord.
d"
396.00
398.00
397.50
Orléans.
d-
392. PO
393.50
39i.50
Ouest.
d»
390.50
395.00
392.00
Paris-Lyon-Méditer
d-
386.00
390.00
386.00
Nord Esp. priorité.
d'
3:i4 00
339.75
339.00
Lombards.
d'
269.75
270.25
270. tO
CHRONIQUE AGRICOLE m nove i. -issoj.
Ce qu'il faut entendre par agronome. — Ses diverses branches. — Problèn.es actuellement résolus,
— Ce qu'il reste à élucider. — Mécrologie : Mort de M\l. Ljuis Goniii, de Hamm, Colin, Jeannin.
— L'en>eigneraent agricole dans le dépirtement de l'Oise. — Nomination d'un nouveau direc-
teur à l'Ecole fore-lière de Nancy.— Retraite de M.VI. Nanquette et Mathieu. — Résultats des
examens d'admission à l'Ecole nationale d'agriculture de Gngaon. — Admissions à l'Ecole na-
tionale d'agriculture de Mon pellier. — Liste des él'.'ves admis dans les écoles nationales vété-
rinaires d'Aliort, de Lyon et di Toulouse. — Renseignements sur la ferme-école de Nolhac dans
la Haute-Loire. — Le phylloxéra. — Gommunicatio iS de M. Henneguy et de M. Boiteau à l'Aca-
démie des sciences. — Renseignements sur la manière de traiter les vignes par le sulfure de
carbone. — Le syndicat de Cluroubles (Rhône). — Effets du traitement. — Nouveaux rensei-
gnements sur la distribution de graines des vignes du Soudan. — Sériciculture — Initiative
prise parle syn licatdes (ilateursde Valence pour l'hivernage des graines. — Publication de ['An-
nuaire delà Société des agriculteurs da France — La fabrication des engrais. — Les entre-
prises agricoles à l'étranger. — Lettre de M. Heivé. — La culture de l'olivier dans les Alpes-
Mai itimes. — Moyen de reconnaître l'âge des œufs. — Note de M. Ritter. — Formation d'une
Société d'eccoui-agement et de bienfaisance pour les campagnes dans le département de Meurthe*
et-MoselIe.
I. — L'agronomie et l'agriculture.
Dans une précédente chronique, nous avons cherché à expliquer les
qualités et les devoirs de l'agriculteur. On nous a demandé de
définir ce que nous entendions par l'agronomie. « L'agronomie, dit
le Dictionnaire de f Académie française) est la théorie de l'agriculture. »
C'est la science qui découvre et coordonne les lois de la production
des matières organiques, végétales ou animales. L'agriculture est l'art
de faire cette production dans un but de profit. L'agrologie s'occupe
S lus particulièrement des rapports de la production avec la nature
es terrains, la phytologie des lois de la naissance et du développe-
ment des plantes, la zoologie des lois de la naissance et du développe-
ment des animaux, sans avoir aucune vue d'utilité pratique; la
zootechnie de Télevage et de Tengraissement des diverses espèces
d'animaux domestiques en vue de leur emploi pour les besoins de
l'homme; l'économie rurale, de la production de toutes les matières
organiques en tant que richesses sociales. L'agronomie étudie les
relations mutuelles de toutes ces branches des connaissances humaines
pour établir les principes devant guider l'agriculture. Le rôle de celle-
ci est de mettre en pratique les lois découvertes par celles-là en se
fondant sur l'expérience et l'observation érigées en corps de doctrine
par la dépendance trouvée entre l'effet et la cause immédiate.
Les mots agronome, agronomie^ agronomique n'ont commencé à
paraître dans le langage agricole qu'à la fin du dix-huitième siècle.
L'abbé Rozier, dans son Cours d'agriculture (1785), dit que le mot
agronome est nouvellement introduit dans notre langue et qu'il n'ea
est encore fait mention dans aucun dictionnaire. Peu à peu seulement
on a senti le besoin de distinguer d'une part les procédés techniques
de l'agriculture, ce que l'on peut appeler les manipulations agricoles,
et d'autre part les interprétations des faits bien expérimentés et leur
liaison scientifique. A la fin du dix -neuvième siècle, l'agronomie n'est
encore que dans l'enfance, parce que l'emploi de la méthode expéri-
mentale est plus difficile en cette matière qu'en tout autre, à cause
du temps considérable que demandent les essais et les moindres véri-
fications, et aussi, il faut bien le dire, en raison de l'ignorance de la
méthode scientifique dans laquelle se trouvent le plus souvent ceux
qui sont placés de manière à pouvoir bien expérimenter, s'ils avaient
reçu une instruction et une éducation appropriées.
Les seules parties de l'agronomie qui commencent à être bien consti-
tuées, sont : 1 " celles qui, partant de la graine ou du bourgeon, ont
W 606. — Tome lY de 1880. — 20 Novembre.
282 CHRONIQUE AGRICOLE (20 NOVEMBRE 1880).
déterminé les conditions nécessaires pour la germination et le dévelop-
pement des véiiélaux, l'alimentation des p'anles et la produclion
spéciale de quelques ims des principes immédiats qu'on en retire, et
2° celles qui traitent les mêmes questions en ce qui concerne les pro-
duits animaux. Mais il reste pncore un gr.md nombre d'inconnues à
déterminer, même dans ces questions resireinles. Les lois de la for-
mation du sucre, pour ne citer qu'un seul exemple, sont encore
inconnues, et c'est à peine si Ton sait quelques-unes des conditions
qui la favorisent.
IL — Aécrologie.
Nos lecteurs apprendront certainement avec douleur la mort de
M. Louis Gossin, Je déxoué et sympathique professeur d'agriculture
du déj)artement de l'Oise. S'il est, mort trop toi et encore dans la force
de 1 âge, on peut du moins dire de lui que sa vie a été bien remplie et
entièrement dévouée à la c;iuse du progrès et à celle de l'enseignement.
Il laisse des ouvrages estimés, dont les principaux sont intitulés :
L'agricuUurc française, pn'ncipcs cV agriculture ei Manuel élcmeiit(nre et
classi<jve (l agriculture, iCt,rboricuUare et de jardinage, et à côté une
série d'ouvrages classiques rapportés aux choses rurales. Il était
correspondant de la Société nationale d'agriculture depuis de longues
années. Aidé par M. de Tocqueville, il avait fondé l'enseignement de
Tagriculture dans le département de l'Oise, et il était arrivé à joindre
cet enseignement à plusieurs lycées et collèges, et à l'introduire dans
un grand nombre d'écoles primaires. Il laisse à cet égard un conti-
nuateur de son oeuvre dans son fils, M. Chaj-les Gossin. L'Institut
agricole de Beauvais lui doit certainement une grande partie de son
succès. Il est mort à Eclaron (Haute-JMarne), dans la famille de sa
femme où il était aile passer ses vacances. C'est un véritable ami que
nous avons perdu.
Nous avons aussi à annoncer la mort de M. le chevalier de Ilamm,
conseiller aulique et directeur de l'agriculture au ministère austro-
hongrois; il était âgé de soixante ans. Le Journal de l'Agriculture a
publié plusieurs mémoires que M. de Hamm lui avait envoyés, notam-
ment sur la dynamite. C'était aussi un homme dévoué à la cause du
progrès agricole.
M. Louis Colin, député du Doubs, qui vient de mourir, avait con-
sacré ses efiorts au développement de la fromagerie, qui est si impor-
tante dans ce département. 11 a été l'un des fondateurs et des premiers
vice-présidents de la Société française de l'industrie laitière.
Enfin, nous devons aussi annoncer la mort de M. Jeannin, ancien
vétérinaire des haras, à Angers, qui était, depuis trente ans, corres-
pondant de la Société nationale d'agriculture. bïS^
in. — L'École forestière de Nannj. -"^^3^
M. Nanquette, directeur, et ]M. Wathieu, sous-directeur de l'Ecole
forestière de Nancy, ont été admis récemment, sur leur demande, à
faire valoir leurs droits à la retraite. En se retirant, M. Nanquette a
reçu le titre d'inspecteur général des forêts. L'un et l'autre apparle-
• naient à l'Ec oie depuis l'année 1 844, où M. Nanquette avait été nommé
proles-seur de sylviculture, et SI. Mathieu, yrrofesseur d'histoire natu-
' relie; ils laissent, dans cette école, le souvenir d'une longue série de
services rendus et de grands travaux exécutés; les nombreuses pro-
CHRONIQUE AGRICOLE (20 NOVEMBRE 1880) 283'
motions d'agents forestiers qu'ils ont formés en témoignent avec una-
nimité. — Par un arrêté, en date du 23 septembre, M. Puton, pro-
fesseur à l'Et^ole, a été nommé conservateur des forêts et directeur de
l'Ecole. Ses travaux importants comme forestier et comme juriste sont
un gage des services qu'il rendra encore dans cette nouvelle et impor-
tante situation.
IV. — Ecole nationale d'agriculture de Grignon.
Los examens d'admission à l'Ecole nationale d'agriculture de Gri-
gnon ont eu lieu les I I octobre et 15 novembre (2* session) et ont
donné les résultats suivants. Sur 47 candidats qui s étaient fait
inscrire, 42 ont été admis à l'Ecole, savoir :
MM. Arriéta (Gliili), — Brocard (Gôte-d'Or). —De Pison (Espagne) et ZoUa
(Seine), bachulier^ es sciences. — Agithon, Dj4mat, Néchat et Stiaiikopolo
(Turquie), porteurs de titres étrangers équivalents au baccalauréat, ont été admis
sans examen.
Piétri (Seine). — Diiiier (Aisne), bachelières lettres — Grinoa (Nord)j élève
delà forme-(''cole delà Sirihe. — Bos an de Garagnol fSeine-et-Oise). — Duclert
(Aisne) — Devaux (Seine). — Qncrette (Aisne), bachelier es lettres. — Thjmas
(Haule-Garonne), licencié en droit. — Raboisson (0 se). — Brayer (Haute-
Matne), élève de TEcoIe pratique d". Saint-Bon. — Lion (Nièvre). — Sempé
(Hautes-Pyrénées). — Petitjean (Allier), — Mote (Nord). — Brou'iot (Cher). —
Barthélémy (Nièvre), élève de la ferme-école de Siint-Micliel. — Anselmier
(Loiret). — Meunier (Allier). — Peytel (Nord), — Perrier (Suisse). — Larbalé-
trier (Seine). — Aquello (Républi]ue argentine). — Musseri (Egypte). — Mapa-
taud (Haute-Vienne). — De Rochemonteix (Puy-de-Dôme). — Nicholson (Angle-
terrei. — Passy(Seine-et-Olse). — De^'uison (Greuse). — Bjutroux(S irthe). — G iHeau
(Seine-et-Marne). — Bourgojjne (Saône-et-Loire), bachelier es lettres — Water-
nau (Nord\ bachelier es lettres . — G-uerrajain (AuDe) et Michaël (Indre-et-
Loire) ont été admis après avoir subi l'examen.
Par suite de l'admission de cette nouvelle promotion, l'École de
Grignon compte, à la date de ce jour, 103 élèves, qui se répartissent
de la manière suivante : 3* année, 22 internes; 2* année, 30 internes;
1'* année, 40 internes et 2 externes; en outre, 9 auditeurs libres. A
cette occasion, nous croyons bon de rappeler que les nouveaux
adjoints à l'inspection de l'agriculture qui viennent d'être nommésau
concours, sont, tous les trois, d'anciens élèves de Grignon.
V. — È^:ole nationale d'agriculture de Montpellier.
A la suite des examens d'admission à l'École nationale de Mont-
pellier, 33 candidats ont été admis comme il suit :
MM. Fourtic, Toulouse. — Roulet, Marseille. — Torkoraian, Scutari. — Téhé-
rassi, Turquie, bach. es sciences. — Pérez, Mascara (Algérie) — Gar. Marseille. —
Saraerre, Roquevaire (B. -du- Rhône). — Pêcheur, Gelte — Ferrand, AU'érie. —
Bayle, Satillien (Ardèche). — Apostolidès, LeGaire. - Peltier, Musta|iha (Alg-^rie).
— BezHrd, Ghalabre (Aude) — Farreac, Nice. — D>ulas, Andrinojde — Damont,
Reims (Marne). — Troupel, Nîmes. — Gadoret, Montmeyran (Drôrae). — Rivaz,
Saint-Romain (I^ère). — Gi-le, Nîmes — B.junet, Bissan Hérault). — Jouve,
Vias (Hérault). — Jeungnier, La Garde-Frcinet(Var). — Ripertj Orange (Vaucluse).
Gatchotl, Roumélie. — Miriraanoff, Russie,
AudiLnirs. — Engelfred, G golin (Var). — MllePinew.ski (Russie^ — DeSteg-
mann, St-Pétersbourg. — Adossidès, île de S. mus (Grèce). Gorovit2, Vaita
(Crimée), — Mares (Georges), Montpellier.— Saporito, Ricca.
L'effectif de lécole est actuellement de près de 80 étudiants. O.i re-
marquera sur la liste des auditeurs, le nom d'une demoiselle; c'est la
première fois que le fait se produit dans une do nos écoles d'agriculture.
284 CHRONIQUE AGRICOLE (20 NOVEMBRE 1880).
YI. — Admissions dans les écoles nationales vétérinaires.
Le Journal officiel publie la liste des élèves admis dans les écoles
nationales vétérinaires, à la suite des examens qui ont eu lieu ré-
cemment :
École d' Al for t.— MM.. Bâillon.— Barroux. — Derré. — Desguéret. — Dupuy.
— Grandmontagne. — Ingueneau. — Launay. — Leclerc. — Liard. — Magui-
gny. — Schmitt. — Seuffert. — Theis, élèves dispensés de l'examen, en raison
de leurs diplômes. — Thieriet. — Monaco. — Gaillard. — Gaudiot. — Wolçert.
— Delbroize. — Goursin. — Demy. — Constant, — Bigot. — Cavaillé. — Guérin.
— Depret. — Antoine. — Frotteau. — Patureau. — Carreau. — Bergereau. —
Ghanot. — Fortiû. — Malherbe. — Bobert. — Fhmichaut. — Fouanon — Jay.
— Tricolet. — Frapin. — Granger. — Morel. — Scrève. -»- Vigier. — Dubron.
— Souchel. — Troufleau. — Boeslin. — Tancré. — Bailly. — Gravin. — Ma-
rion. — Roux. — Vie, — Métrinal — Bescond. — Goix. — Lion. — Dormoy.
' — Boucher. — Leclercq. — Cabaret. — Lynde. — Gadiot. — Marié. — Dela-
porte. — Beaufds. — Pinaut. — Lacamp. — Bonin. — Cambier. — Siegris.
— Wiart. — Gazon. — Auzat. — Girard. — Maugras. — Bernard. — Stoclet.
— Glay. — Ducrey. — Dumoulin. — Barbier. — Dellac. — Loyer. — Auger.
— Vaillant.
École de Lyon. — Blanc. — Cabran. — Lachmann. — Larchevêque. — Magnien.
— SteuUet, élèves dispensés de l'examen, en raison de leurs diplômes. — Vau-
thrin. — Fernet. — Schelameur. — Savre. — Garcin. — Blanchy. — Guil'emin.
— Niot. — Dufrène. — Page. — Monnier. — Poinsot. — Adam. — Miribel. —
Ghabardès. — Pesle. — Dalmas. — Parisot. — Provost. — Raymond. — Cou-
der, — Dugelay. — Piffault. — AUarousse. — Pillot. — ChevaHer. — Estignard.
— Petit. — Perre. — Richard. — Dumont. — Coufignal. — Gavard. — Tur.iin.
— Heyd. — Servoingt. Revire. — Bertheaut. — Prajalas. — Margeridon. — Sirié'
— Saint-Jean, — Millerioux. — Guerrin. — Jourand. — Morel. — Streicher.
— Arbite. — Weil. — Duranthon. — Négret.
École de Toulouse. — Balauze. — Gamboulives. — Malrieu, élèves dispensés
de l'examen, en raison de leurs diplômes. — Vielle. — Fabre. — Orssaud.
— Crouzel. — Marot. — Dupin, — G rdères. — Dessimon. — Darclanne.
— Julien. — Parazols. — Ghoutean. — Azibert, — Berte. — Vignier (Joseph).
— Boudet. — Retoret. — Senié. — Toulouze. — Ducourneau. — Bruno. —
Réchou. — Gazeaux. — Bouscharain. — Boussin. — Pellauzy. — Darros. —
Saint-Martin. — Belly. — Saint-Bézar — Hubert. — Perrault. — Béasse. —
Raynal. — Cazalas. — Viguier (Jacques). — Mestre. — Fage. — Arnaud, —
Deïi^jacques. — Téxier. — Tarrier. — Palenc, — Robin. — Flamens. — Rieufré-
gier. — Mougneau. — Cavaillé, — Parnaut,
Cette liste comprend 199 noms, dont 90 pour l'école d'Alfort, 57
pour celle de Lyon et 52 pour celle de Toulouse.
VII.—- La ferme-école de la Haute-Loire.
Nous recevons de M. Aymard qui a été, en 1849, le promoteur,
auprès du Conseil général de la Haute-Loire, de la création de la
ferme-école de Nolbac, des renseignements très intéressants sur la
marche de cette école et les services qu'elle a rendus depuis trente ans.
Dirigée d'abord par M. Cliouvon, cette ferme-école est aujourd'hui sous
la direction de M. Nicolas, qui professe l'agriculture avec distinction
à l'Ecole normale du Puy, depuis la création de cette chaire par le
département. On constate dans un grand nombre de départements, une
augmentation dans lenombre des candidats aux fermes-écoles. Ce mouve-
ment s'est particulièrement accentué cette année à Nolbac; 53 candidats
ont pris part aux examens qui viennent d'avoir lieu, mais 20 seulement
ont pu être admis à rai son del'insuifisance des locaux affectés à la ferme-
école. Les élèves trouventd'ailleurs, dans Fexploitation de la ferme-école,
des modèles excellents de toutes les cultures auxquelles ils sont initiés.
CHRONIQUE AGRICOLE (20 NOVEMBRE 1880). 285
VIII. — Le Phylloxéra.
Dans sa dernière séance, l'Académie des sciences a reçu communi-
cation de notes de deux de ses délégués relativement aux résultats obte-
nus sur divers points, cette année, dans le traitement des vignes. Tout
d'abord, M. Henneguy fait connaître les observations qu'il a faites dans
le Midi sur les vignes de M. Henri Mares et de M. Teyssonnière traitées
par le sulfocarbonate, et sur le vignoble de M. Jaussan traité par le sul-
fure de carbone. Ces observations confirment celles que nous avons
déjà publiées sur ces mêmes vignes ; elles constatent les heureux
effets de ces agents sur des ceps dont le système radiculaire n'avait
pas encore été complètement détruit. On ne saurait trop répéter qu'il
faut se hâter de faire les traitements dès que l'on constate qu'une
vigne est atteinte; plus on attend, et plus on court le risque de ne pou-
voir réussir. — De son côté, M. Boiteau nous fait connaître que les
études sur la descendance des œufs sexués, empêchées par les cir-
constances climatériques, en sont encore au même point que l'an der-
nier à pareille époque. Il ajoute d'ailleurs, sur le mode opératoire du
traitement parle sulfure de carbone, des détails qu'on lira avec intérêt:
« Je répèle qu'il faut multiplier le moins possible les injections, mais qu»
cependant il faut au moins en mettre deux par mètre carré. Le rayon insecticide
efficace ne dépasse jamais, d'après mes observations, répétées plusieurs fois cette
année encore, û"35 ou 0"'40. Le bouchage des trous ne semble guère agir sur
l'efficacité de la diiïusion et de la destruction, car des trous laissés ouverts ont
donné les mêmes résultats que ceux qui avaient été fermés. Le tassa^e des
ouvertures peut donc être négligé dans ce qu'il a de trop accentué. Le pied de
l'ouvrier suffit largement à leur occlusion.
« Les opérations à lignes parallèles s'appliquent facilement à tous les modes de
plantation, et elles ont l'avantage de donner le contingent le plus faible de morti-
fications. Ou doit autant que possible alterner les trous, de manière à obtenir une
diffusion des plus régulières et à pouvoir ainsi diminuer d'une manière assez
considérable les quantités de toxique à employer. Suivant qu'on emploie la dispo-
sition en carrés réguliers ou par lignes alternes on peut économiser un tiers ou
un quart de la matière insecticide, tout en obtenant les mêmes résultats. Cette
dernière disposition fait ainsi qu'il n'y a jamais en présence des ceps et à la plus
petite distance une seule injection ; celles qui sont du côté opposé, par leur
alternance se trouvent beaucoup plus éloignées.
« Dans la direction des lignes on place tous les trous à û'°70 les uns les autr- s.
« Dans les vignes plantées au-dessous de 0'"80 d'interlignes, une seule raDiréo
de trous suffit; danscellesqui sont distantes de 0™80 à r"50, il en faut deux; d.ias
celles qui se trouvent entre l'"30 et 2'"10 il en faut trois. La dose par injection
varie suivant le nombre de trous qui entrent dans un hectare, nombre qui peut
aller à 20,000 et à 35,000. La quantité de sulfure par mètre carré doit être en
moyenne de 15 à 20 grammes. Cette dose est insuffisante l'hiver, et les résultats
qu'on obtient, en opérant ainsi que je viens de l'expliquer, sont très remarquables.
Lorsque les effets sont incomplets, cela provient surtout de ce qu'on espace trop les
trous, ce qui met dans l'impossibilité d'atteindre les insectes dans tout le cube de
terre, quelles que soient les doses et que le traitement soit simple ou réitéré.
Cl À cela il faut ajouter le traitement complémentaire que nous avons indiqué
l'année dernière, et qui consiste à badigeonner la partie inférieure des ceps et la
base des premières racines avec un mélange de chaux, 5 ou 6 parties d'huile lourde
et 1 de coaltar, le tout étendu de 8 ou 10 [larties d'eau. Cette solution doit être
employée au printemps avant le réveil des hibernants.
« Toutes les fois que ces indications ont été parfaitement suivies, les résultat»
ont été des plus concluants.
«Dans les vignes en bon état, un traitement alterné, de deux ans l'un, suffit
généralement. »
Le fonctionnement des syndicats de défense est désormais régulier
sur un grand nombre de points. Nous recevons le rapport du syndicat
286 CHRONIQUE AGRICOLE (20 NOVEMBRE 1880).
de Clîiroublcs Ubône), présidé par M. Gonin, sur ses opérations en
1880 avec le sulfure de carbone. Ce rapport estdù à M. Clieysson, ingé-
nieur en cbef des ponts et cbaussées. C'est sur 7'i hectares que les vignes
ont été traitées; le résultat ne s'est pas fait attendre. Après quel(|ue3
appréhensions, au printemps, à raison de l'époque tardive du traite-
ment, tous les associés,, sans exception, s'accordent à proclamer
l'amélioration très notable que présentent les parties traitées, par
rapport à celles qui ont été abandonnées àelles-mêmes. Le programme
d'action du syndicat est le suivant : adopter comme traitement cul-
tural le traitement d'biver, à raison de 3i» grammes par mètre carré,
en deux applications successives, espacées de buit à dix jours; fumer
abondamment, afin d'aider à la reconstitution des racines; taire un
traitement annuel jusqu'à ce qu'on soit maître de la situation.
IX. — Les vignes du Soudan.
On a fait beaucoup de bruit autour d'une lettre envoyée du Soudan
par un voyageur, M. Lécatt, sur les vignes annuelles, à tubercules,
qu'il a découvertes au Soudan, dans un voyage d'exploration dont il
était chargé par le ministre de l'instruction publique. Un grand nombre
de viticulteurs se sont émus, et ont demandé où ils pourraient se pro-
curei" des graines de ces vignes. La Commission du phylloxéra, à
l'Académie des sciences, a annoncé qu'elle recueillait les demandes
et qu'elle ferait la distribution des graines aussitôt que celles-ci lui
seraient parvenues. Or, il résulte d'une notice que M. Lécart a fait
imprimer au Sénégal, et qui vient de parvenir en France, qu'il ne
veut pas se dessaisir de ses droits sur les graines de ses vignes. Il ren-
trera en France probablement à la fin du mois de décembre, et il
vendra directement ses graines, soit à son domicile, à Scey- sur-Saône
(Haute-Saône), soit par l'intermédiaire de son correspondant, M. Chan-
tin horticulteur à Paris. Le dernier numéro des comptes rendus de
l'Académie des sciences donne d'ailleurs un extrait de cette notice
dans lequel cette intention du voyageur est clairement exprimée.
X. — Séricicullvre. — Hivernation des graines.
Nous avons fait allusion, dans une de nos dernières chroniques, à
un projet de création de locaux propres à l'hivernation des graines de
vers à soie. Ce projet est réalisé. Le syndicat des filateurs et mouli-
niers de la région de Valence, qui possède à sa tête des hommes dé-
voués aux intérêts de l'industrie séricicole, a choisi deux postes à des
altitudes dépassant 1,000 mètres, l'un dans la Drôme, l'autre dans
l'Ardèche, et il se charge d y faire porter, et dy conserver avec tous
les soins nécessaires, les graines qu'on voudra bien lui confier pour
cet objet. Jusqu'à concurrence de 200 onces de graines, ce service sera
absolument gratuit. Les adhérents peuvent, dès à présent, et jusqu'au
25 de ce mois, adresser leurs communications à M. Blanchon, prési-
dent du syndicat, à Valence (Drôme), rue de l'Université, 14. Nous
n'avons pas besoin de faire ressor tir l'importance du service ainsi rendu
par cette Société à toute l'agriculture du Midi ; son exemple sera suivi,
n'en doutons pas. il est même regrettable que le futur observatoire
météorologique de M. Ventoux ne soit pas plus avancé, car il serait
bien placé pour héberger de la même manière les graines de vers à
soie de la région environnante. C'est une idée que nous recommandons
aux créateurs de cet observatoire.
CHRONIQUE AGRICOLE (20 NOVEMBRE 1880). 287 ,
XI. — Sociêlé des agricxilteun de France»
La Société des agriculteurs de France vient de publier son Annuaire
pour IS8(), qui reatenne les comptes rendus des travaux de la
1 1* session i^énérale annuelle qui a eu liiu au mois de février dernier.
Ce volume, de GOO pag^^s compactes, contient, à côté du procès-verbal
des séances i^énérales, les travaux des I I sections, ainsi (jue la table^
par ordre alpliabétiqu3, des nouveaux membres et des associations
affilées.
XII. — La fabrication des engrais.
Nous apprenons que M. Ea.?ène Passé vient de prendre la direction
de la maison Robart et Gie qui s'occupe depuis si longtemps de la
fabrication des engrais. M. Koliart continuera à la Société son concours
scientitiiiue et l'appui de son expérience. M. Passé, a été, depuis
1 5 années, le collaborateur de M. Robart ; il est lui-même ancien élève
du laboratoire de M. Girardin.
XIII. — Les entreprises ar^ricoUs à l'étranger.
M. Louis Hervé nous adresse la lettre suivante pour se plaindre de
la réponse que nous avons faite dans notre cbronique du 6 novembre,
à une attaque qu'il avait dirigée contre une opinion émise par nous sur
la valeur d une entreprise agricole au Texas. Nous ne faisons aucune
difûcullé à insérer textuellement cette lettre.
« Monsieur, l'attaque injurieuse dont je suis l'objet dans votre dernier numéro
me touclieiait fort peu, si je n'avais découvert moi-même en relisant mon article,
que la phrase qualifiée par vous de monstruosité a été mal comprise par vous, et
cela un peu par ma faute. Ea effet cette phrase triiuit rai pensée d'une façon peu
claire, et je me dois à m)i-raêne comme à vous de l'expliquer.
« Je n'ai nullement voulu donner à entendre que vous donnez aux cultivateurs
le co't>('?î de vendre leurs terres pour aller cultiver en Améri fue. J'ai voulu dire
que ce ronseil se déduit de lui-même de la lecture de votre mémoire. Q loi de plus
naturel, en etfet, en [>résjnce de U cultu-e inlii^ène qui ne lait pas ses frais et de
la culture au Texas qui donn-i la fortune ! Tel a été le sens exact de ma pensée qui ne
prétend point mettre la vôtre en jeu.
« En second lieu, si j'ai donné votre adresse, c'a été à la demande de M. Léon
Barrai, votre iils. Je me demande comment cet acte d'obligeance envers le flls a
pu être désobligeant pour le père !
«Au nom de la bonne foi dont vous prétendez me donner une leçon, j'espère
que vous ne refu«erez pis d'insérer une rectificaiion que je vous adresse unique-
ment en vue de rétablir la vérité.
« J ai l'honneur, etc. « L. Hervé,
E[« Directeur de la Gazelle de la Mauvaise foi. »
Puisque M. Hervé éprouve le besoin d'expliquer sa pensée et
d'éclairer une obscurité (ju'il reconnaît fâcheuse, il reste démontré que
nous avons eu raison de lui faire une réponse verte, nous l'avouons,
mais non pas injurieuse. Encore une fois, nous jugeons les choses
agricoles avec un détachement complet de tout intérêt pjrsonnel, et
nous n'ayons pas à rendre compte à M. Hervé de notre appréciation
relative à la dernière phrase de sa lettre. Nous plaignons ceux qui ne
voient p.is avec satisfaction le progrès agricole, sur quelque point du
globe qu'il s'implante ; nous regrettons vivement l'espèce de person-
nalisme qu'on cnerche à introduire dans l'agriculture qui, jusqu'à
ces derniers temps, était toujours restée libéralement ouverte à tous
les hommes de progrès, quelques fussent leur opinions et leurs pei^
aonnalités.
288 CHRONIQUE AGRICOLE (20 NOVEMBRE 1880).
XIY. — Cvllure de Volivkr.
A la suite des dégâts occasionnés dans les plantations d'oliviers
par la mouche spéciale qui s'attaque à cet arbre, un Comité d'initiative
s'est formé à Grasse (Alpes-Maritimes), dans le double but : 1" de pré-
venir désormais l'invasion de la mouche kéïroune en faisant aban-
donner le système des récoltes tardives, qui paraît avoir pour résultat
défavoriser la reproduction de l'insecte; 2" d'obtenir de 1 Etat, pour
cette année, la remise de l'impôt foncier sur les terres complantées
d'oliviers, à cause de la perte absolue de la récolte. Ce Comité a dé-
cidé qu'il convoquerait, dans une réunion générale, un grand nombre
d'intéressés à la culture de l'olivier dans la région. Dans cette réu-
nion, il sera procédé à la formation d'une Commission générale, qui
sera définitivement chargée de conduire à bonne fin la double entre-
prise qu'on s'est proposée.
XV. — L'dge des œufs.
Un de nos correspondants nous transmet la note suivante, relative
à un procédé propre à faire connaître l'âge des œufs :
« Les journaux de Leipzig, qui s'occupent de l'élevage des volailles, recom-
mandent le procédé suivant, pour connaître l'âge des œufs, distinguer ceux qui
sont frais de ceux qui ne le sont plus. Cette méthode est basée sur la densité, de
plus en faible que prennent les œufs en vieillissant.
« On dissout 120 grammes de sel de cuisine dans un litre d'eau. L'œuf du jour
abandonné dans cette dissolution, descend jusque sur le fond du vase. Celui qui
a été pondu le jour précédent n'atteint pas tout à fait le fond du vase. L'œut est-
il âgé de trois jours, il nage dans le liquide; est-il âgé de plus de trois jours, il
flotte à la surface du liquide, et tend à s'en éloigner de plus en plus, d'autant qu'il
est plus vieux.
« Ce moyen si simple de connaître l'âge des œufs, peut être utile aux ménagères
qui sont dans le cas d'en acheter pour la consommation, ou pour les faire couver.
RiTTER.
Ce procédé peut être applinué par tout le monde; il sera donc facile
d'en reconnaître l'efficacité
XV t. — Société de bienfaisance dans Meurthe-et-Moselle.
Il vient de se constituer, dans le département de Meurthe-et-Moselle,
une Société privée dont nous devons signaler la formation. Cette Société,
q^ui a pris le titre de Société d'encouragement et de bienfaisance, dans les
campagnes de Meurthe-et-Moselle, se propose d'arrêter, autant que
possible, l'émigration qui paraît s'y produire, des communes rurales
vers les grands centres, et d introduire, dans les mêmes commu-
nes, toutes les améliorations matérielles et morales réalisables; elle
veut honorer et récompenser le travail agricole, en même temps que
remplacer par des occupations régulières, le chômage qu'occasionnent
les intempéries des saisons. L'action de la nouvelle association n'est
pas absolument locale, mais elle s'étend sur toute la surface du dé-
partement de Meurthe-et-Moselle; dans plusieurs assemblées généra-
les, elle s'est déjà occ-upée des meilleurs moyens à employer pour at-
teindre son but. Cette Société, dont les principaux fondateurs ont été
MM. Duroselle, Dufour, Voinier, Traxelle, Prévost-Lebletz et Claudon,
a droit à toutes les sympathies; elle a d'ailleurs déjà trouvé de nom-
breux adhérents. Son siège esta Nancy. J.-A. Barral.
NOUVELLES RECHERCHES SUR LA MALADIE CHARBONNEUSE. 289
NOUVELLES OBSERVATIONS SUR L'ËTIOLOGIE
ET LA PROPHYLAXIE DU CHARBON'.
Ce n'est pas devant cette Académie qu'il y a lieu d'exalter la néces-
sité des recherches expérimentales pour éclairer les phénomènes na-
turels dont les causes nous sont encore inconnues. Alors même que,
dans certains sujets, des solutions pratiques semblent se dégager des
faits d'observation pure, la vérité n'est acceptée et ne devient féconde
en applications suivies que le jour où elle a pour point d'appui les
démonstrations rigoureuses. La maladie désignée vulgairement sous
les noms de charbon, sang de rate, pustule maligne, est si ancienne-
ment connue, que certains auteurs sont portés à croire que ce fut une
des dix plaies d'Egypte sous les Pharaons. Néanmoins, c'est seulement
dans le cours de ces derniers mois que nous avons pu en établir sû-
rement l'étiologie. Cette connaissance a fait surgir aussitôt âans l'es-
prit de tous, comme par une déduction obligée des faits nouveaux,
un ensemble de mesures prophylactiques dont l'application, aussi
simple qu'efficace, peut faire disparaître le tïéau dans un nombre
d'années très restreint. Ce ne serait pas la première fois qu'une ma-
ladie se trouverait facilement combattue (je citerai l'exemple de la
gale), à la suite de la découverte de sa véritable nature.
Des divers côtés j'ai reçu des témoignages rassurants sur les efforts
qui seront tentés contra la fièvre charbonneuse par les propriétaires
intéressés et par l'administration. S'il fallait ajouter de nouveaux sti-
mulants à l'urgence des mesures à prendre et convaincre des bienfaits
dont elles seront le point de départ, aucune communication ne serait
mieux faite pour contraindre l'intérêt bien entendu des cultivateurs de
nos départements oi^i l'affection charbonneuse est enzootique, qu'une
note manuscrite qui m'a été confiée par M. Tisserand, le savant di-
recteur du ministère de l'agriculture et du commerce. Les lectures
que j'ai faites récemment à l'Académie lui ayant rappelé le souvenir
(le cette note et son existence dans ses papiers, il a été assez heureux
pour la retrouver. Elle porte la date : janvier 1 865. C'est à une époque, •
à la suite d'une conversation qu'il eut avec M. le baron de Seebach,
ministre de Saxe, à Paris, que celui-ci lui remit cette note, tout entière
écrite de sa main en langue française. Les faits qu'elle relate sont
une confirmation si éclatante de l'étiologie du charbon que j'ai exposée
récemment en mon nom et au nom de mes collaborateurs, MM. Cham-
berland et Roux, que je demande la permission de l'insérer intégra-
lement dans nos Comptes rendus. Elle est d'ailleurs aussi courte qu'in-
structive.
« Ea ISkb, un nouveau fermier prit l'administration de mon domaine.
« Celui-ci comptait faire des améliorations sensibles, surtout rendre les terres plus
fécondes par des engrais.
« Dans ces contrées, les terres apportées pendant l'été dans Tétable des moutons,
souvent remuées après avoir servi de litière aux bêtes pendant la nuit et après être
restées recouvertes par la paille en hiver, servent d'engrais et ont beaucoup d'avan-
tages Près de la ferme, il y avait une bande de terrain assez étendue pendant
laquelle les bêtes avaient été enfouies depuis les temps immémoriaux. Elle ap-
paraissait au fermier comme particulièrement apte à être préparée par le procédé
indiqué, pour servir d'engrais.
1. Communication faite le 2 novembre à l'Académie des sciences.
2£r0 NOUVELLES RE':iIER(^,IlES SUR LA MALADIE CHARRONNEUSE
« Le vieux berger s'opposa à ce <[ue cette terre (ùl introduite dans l'étable, nifiis
il ne put obtenir qu'une luo ùfieation aux <iépositioas arrêtées, en ce sens que l'on
ne commença «pie par la moitié de l'étalile.
« Près de neuf cents bêles étaient couchées sur ta terre ainsi introduite, à côté il
V avait les brebis, et le reste iJans le fond hors de contact avec les [jre.nières. Pen-
dant .(uniques jour-*, les pertes n'étaient qm normiles; puis une nuit, deux, et le
lenlemiin six bètes crevaient. On attribuait c^s perte-i à une cime quilcon [ue et
l'on laissait la terre dans l'étable. Le lenieaiain niitin on trouva ([uirantd-cinq
bètes crevées ; une bre'ais de l'enclos juxtip )sî avait parta^'3 le niè;nj sort, Dias
le cours de k même journée, eintjuante bètes étaient crevées.
« Enfin la terre l'ut extraite de l'étable et celle ci nettoyée, et une couche de-
fumier d'un picid d'épaisseur introduite dans réta!)le.
ce Pendant huit jours, les perties lurent les mèm-îs, et ce n'est qu'alors qu'elles
diminuèrent jietit à p^tit. Pdudant les quinze premiers jours, trois cents douze
bètes du premier enclos crevèrent et huit brebis de l'enclos juxtaposé. Dms la
partie (jui n'avait aucun contact dans la terre introduite, ou n'eut à déplorer au-
cune perte.
•^< La raorta'ité continua dans des proportions moindres tout l'hiver, de sorte-
([ue jusf[u'au moment de la toison, quitre cents bè es étaient C;evées. C'est à ce
moment que j'obtins par cession l'adininistrat-on de la ferme.
« L"s moutons crevés avaient été enfouis dans le même endroit, et la terre,
après avoir été bien travaillée, av.iit été employée comme fumier dans une prairie
sèche J'envoie, par principe, les montons au printera[)S sur ces sortes de prairies ;
je permis donc que les moutons allass.tfit paître sur la prairie ainsi fum'e, et
d'autant plus facilement qa'i me semblait avantageux d'ameublir ainsi ces terres
au moyen des moutons. En huit jours je perdis tre ze bètes et je ne pus com-
prendre comment cette terre, ayant été exposée à la gelée et à l'air et travaillée
après avoir été mélangée avec de la chaux et de la cendre, pouvait contenir encore
des germes de maladie.
« Atin de me convamcre encore plus complètement, je choisis dix des plus mau-
vaises bètes et je les laissai pâtre exclusivement sur cette prairie. En trois jours
j'en perdis trois. Alors je cessai l'expérience, puisque j'avais acquis la preuve que
cette terre contenait encire des éléments de contagion qui étaient communii[ués
aux bêtes lorsque leurs nez étiient restés en contact perpétuel avec elle.
«On a 1 habitude, dans nos contrées, de laisser en été les moutons pen lant la
nuit sur des terres que l'on veut préparer pour l'ensemencement. Lorsque les
moutons cièvent, ils cièvent généralement pendant la nuit et sont enfouis sur le
terrain même.
« Mon berger avait une répugnance que je qualifiais de superstitieuse pour
certains champs et ne voulait pas. y laisser des animaux pendant la nuit. Il pré-
Cendait, sans en savoir la raison, que ces champs étaient malsains. Plus tard,
j'arrivai à la conclusion (|u"il avait raison et je lâcliai de m'en rendre compte.
« Le terrain, au printemps est très dur, et le travail pour y creuser un trou
suffisant pour y enfouir les bêtes est très pénible. On le fait, par conséquent, très
superficiellement, et les ca lavres sont très facilement mis à découvert par les
chiens. Ceci me paraissait fort dégoûtant, et je donnai une bêche a mes bergers
afin de les rendre à même de mieux enfouir leurs animaux.
« Un jour, dcS chevaux attelés à une charrue s'enfoncèrent dans le terrain et
furent aspergés par. une matière putride; la charrue mit à découvert les restes
d'un mouton en putrilaclion; ceci me dégoûta et j'ordonnai une vigilance tévère
sur la manière d'enfouir les bêtes.
« Le coin du champ où cet incident était arrivé m'est resté clairement
dans la mémoire Le cfiamp fut ensemencé cette année-là même avec du blé et
l'année suivante avec du trèfle. A la place en question, le trèfle vint avec profusion
et à une hauteur extraordinaire.
« Un jour, je m'aperçus que ce trèfle avait disparu; je ne doutais pas ([u'il
m'eût été volé,
« Le lendemain matin, une femme vint en plotirant à la ferme me dire que sa
chèvre était crevée et que sa vachi-, était très malade.
« Clutte circonstance m'ouvrit les yeux, et je me rendis aussitôt dans son '
étable, où je constatai que la vache avait la maladie de rate la plus prononcée. Le
cadavre de la chèvre me lut apporté et je constatai également la même maladie.
La femme m'avuui qu'elle avait pris le trède justement à la place qui m'était
restée dans la mémoire et qu'elle en avait nourri ses deux bêtes.
NOQVELLES RECHERCHES SUR LA MALADIE GHARBONNEQSE. 291
« Il y avait près de deux ans que le mouton avait été enfoui, et le trèlla qui
avait poussé à cette place avait répandu les germes de la malndie.
« J'ordonnai aussitôt ({ue tous le-i cadavres fussent app )rtés à un endroit dési-
gné par moi, que j'entourai d un fos^é de deux pieds et d'une barrière.
« Depuis ^8ô4, toutes les bètes crevées sont enfouies à cette place, et il ne
me reste plus qu'à indiquer les résultats de cette précaution :
De I8i9 à 1854, je perdis 15 à 20 pour 100 par au
De 1H54 à 18" 8, — 7 —
De 1S60 à 1864, — 5 —
En 1865, — 3 —
Tels sont les précieux renseignements que contient cette curieuse
note. Aujourd'hui nous savons à quoi nous en tenir sur la véritable
cause de Tinfection qui s'empara des troupeaux de M. de Seebach.
Elle ressort des faits que nous avons publiés récemment sur la culture
du parasite charbonneux autour des cadavres des animaux enfouis et
sur les germes nés de cette culture profonde que les vers, par leurs
déjections, ramènent à la surface de la terre et sur les plantes qui y
poussent. Elle ressort également de cette décisive expérience où quatre
moutons ayant élé parqués sur une fosse contenant une vache char-
bonneuse enfouie plus de deux ans et trois ans auparavant à 2 mètres
de profondeur, un des quatre moutons mourait le huitième jour de
l'habitation sur la fosse, présentant toutes les lésions du charbon
spontané et de sang rempli de filaments du parasite charbonneux. Je
rappelle enfin que depuis deux ans toutes les tentatives que nous
avons faites pour donner le charbon à des cobayes, soit avec la terre
de la surface de cette fosse, soit avec les déjections des vers, ont eu
des résultats positifs, dans les derniers jours du mois d'août, »ous
avons, M. (.hamberland et moi, reproduit cette mê;ne expérience sur
quatre nouveaux moutons en les faisant parquer sur une fosse toute
semblable à la précédente. Dans la même prairie, avec cette seule
modification que des barbes d'orge coupées en fragments de O^.OI de
longueur environ furent jetées sur la terre de la fosse en même temps
que 11 nourriture des moutons. Cette fois un mouton mourait le
sixième jour et un second le septième jour de leur habitation sur la
fosse. Quatre moutons témoins, nourris delà même manière, parqués
à côté, mais non au-dessus de la fosse, n'eurent aucun mal. Ces
faits avertissent une fois de plus les cultivateurs du danger des ali-
ments piquants non macérés quand il y a lieu de craindre qu'ils
soient souillés par des germes charbonneux.
Dans la Beauce, on a remarqué depuis longtemps que la mortalité
se déclare surtout après qu'on a commencé le parcage des troupeaux
sur les chaumes. Deux circonstances contribuent dans ces conditions
à une exagération de la mortalité relativement à ce qu'elle est à
l'étable. Sur les chaumes, les occasions de blessures sont plus fré-
quentes et les moutons sont à tout moment exposés à rencontrer les
sources mêmes des germes de charbon, sur les points où dans les
années antérieures ont été enfouis des cadavres charbonneux.
Quand on envisage les horribles maux qui peuvent résulter de la
contagion dans les maladies transmissibles, il est consolant de pen-
ser que l'existence de ces maladies n'a rien de nécessaire. Détruites
dans leurs principes, elles seraient détruites à jamais, du moins toutes
celles dont le nombre s'accroît chaque jour, qui ont pour cause des
parasites microscopiques. Comme tous les êtres, ces espèces parasites
292 NOUVELLES RECHERCHES SUR LA MALADIE CHARBONNEUSE.
sont à la merci des coups qui peuvent les frapper. Bien différent est
le groupe des affections qui accompagaent les manifestations de la
vie considérée en elle-même. L'humanité ne saurait être à l'abri d'une
fluxion de poitrine ni de mille accidents divers d'où peut naître la
maladie avec toutes ses conséquences. En ce qui concerne l'affection
charbonneuse, je crois fermement à la facile extinction de ce fléau.
Le monde entier pourrait l'ignorer, comme l'Europe ignore la lèpre,
comme elle a ignoré la variole pendant des milliers d'années.
L. Pasteur,
Membre de l'Institut et de la Société nationale d'agriculture.
RÉSISTANCE ET ADAPTATION
DES VIGNES AMÉRICAINES AU POINT DE VUE PRATIQUE. — II'.
Il nous reste maintenant à étudier à la fois l'adaptation et la résis-
tance dans leurs rapports réciproques, à voir en un mot les modifica-
tions que toutes les influences que nous venons d'étudier peuvent
apporter à la végétation des vignes américaines et à en dégager, si
faire se peut, des conclusions pratiques, les seules qui importent
réellement à la masse des agriculteurs.
Or, que voyons-nous quand nous étudions à ce point de vue un
grand nombre de plantations de vignes américaines d'un certain âge,
en puissance incontestable de phylloxéra, démontrée par la mort, soit
des anciennes vignes françaises voisines, soit des nouvelles plantées
comme témoins ? Nous nous trouvons en présence de trois états bien
différents :
Dans une première série de faits, toutes ou presque toutes les vignes
américaines sont atteintes de chlorose avec rabougrissement et meu-
rent en peu d'années. Les pousses et les feuilles sont jaunes, les
feuilles se dessèchent et tombent bientôt, les sarments sont minces,
d'une consistance mollasse analogue à celle du caoutchouc et aoûtent
mal ou n'aoûtent pas du tout. Les bourgeons axillaires émettent
toute une série de petites feuilles jaunes qui se dessèchent bientôt à
leur tour; la vigne se rabougrit, végète misérablement et meurt rapi-
dement. Cet état est bien dû, comme je l'ai affirmé dès 1878, à une
nutrition insuffisante, à une mauvaise adaptation, et c'est bien là la
seule cause du mal ; transportez, en effet, ces vignes malades dans un
terrain mieux approprié h leurs besoins, et toujours vous les voyez
revenir à la santé dans le cours de la première année qui suit cette
opération; c'est une expérience que j'ai répétée plusieurs fois et tou-
jours avec des résultats identiques. Celte maladie ^e produit d'ailleurs
avec ou sans phylloxéra sur les racines, et ces deux ordres de faits
prouvent bien que si le phylloxéra exerce une influence quelconque, ce
ne peut être qu'une influence secondaire, puisqu'elle cesse d'agir par
la transplantation dans un autre terrain. Le phylloxéra peut bien dans
ces cas contribuer à accélérer la mort de la vigne; mais, avec ou sans
phylloxéra, elle serait morte tout de même et fort rapidement.
Dans ces circonstances, on trouve cependant sur les variétés qui ne
font pas de phylloxéra, plus d'insectes qu'elles n'en portent habituel-
lement, des nodosités plus volumineuses et des lésions plus sérieuses
que celles que l'on peut considérer comme normales, mais ce fait
s'explique parfaitement ; les racines participent en effet à cet état de
1. Voir le Journal du 6 novembre, page 211 de ce volume.
RÉSISTANCE DES VIGNES AMÉRICAINES. 293
ramollissement spécial que j'ai décrit pour le système aérien; elles
sont molles, plus charnues, moins dures ; la sève mal élaborée qu'elles
reçoivent ne leur permet pas de se lignifier avec aulant de rapidité et
l'insecte a le temps de se loger dessus. C'est d'ailleurs un lait général
dans la nature que cette préférence des parasites pour les individus
affaiblis.
Cet état est donc entièrement le résultat d'une mauvaise adaptation
des cépages, mais ici encore nous constatons des faits tout à l'avantage
des variétés ne faisant pas de phylloxéra. Ce sont, en elYet, celles sur
lesquelles on le constate le moins souvent, et je vous citerai le York's
Madeira, par exemple, que M. Gaston Bazille qualifiait hier de Che-
valier sans reproche, et pour lequel il n'a été signalé encore à ma cou-
naissance que deux faits de cette nature, un qui m'est spécial dans
une terre argilo-marneuse blanclie à sous-sol crayeux, et un autre,
je crois, dans la région des Charcutes. Je ne connais pas de faits
plus nombreux à mettre au passif du Solonis, un ou d^ux au plus; et,
pour les Riparias, ils ne se produisent guère non plus que sur les va-
riétés que j'ai déjà signalées comme faibles et délicates. C'est évidem-
ment à la rusticité plus grande de ces variétés d'élite qu'il faut attri-
buer le peu de fréquence de ces cas de mauvaise adaptation.
En deuxième lieu, nous nous trouvons en présence d'un ordre de
faits bien différent. Nous ne constatons plus de chlorose, plus de dépé-
rissement dans le sens propre du mot, mais tandis que certaines vi-
gnes américaines se montrent splendides de développement et poussent
sans interruption depuis le printemps jusqu'aux premières gelées de
novembre, on en voit d'autres qui, après des promesses de végétation
brillante au début de la pousse, s'arrêtent tout d'un coup vers les pre-
miers jours de juin, ne poussent plus, perdent leurs feuilles et
aoùlent leurs sarments de fort bonne heure; mais, je le répète, il n'y a
pas de chlorose, pas de dépérissement dans le sens propre du mot, le
tronc se développe peu, mais grossit cependant tous les ans. La pé-
riode active delà végétation paraît seulement réduite à quelques mois
au lieu de s'effectuer pendant les T ou 8 qui forment sa durée normale.
Ces faits se constatent surtout dans les régions à périodes estivales
sans pluies, et dans les terres compactes et craignant la sécheresse.
Quand le printemps est pluvieux, le moment d'arrêt de la végétation
est reculé plus ou moins, suivant l'abondance des pluies, et quand il
pleut dans le courant île l'été, il n'est pas rare de voir la végétation,
déjà arrêtée, reprendre avec une certaine vigueur.
Ici, l'influence de l'humidité paraît prépondérante; il n'en est pas
cependant tout à fait ainsi, la sécheresse ne suffit pas toute seule à pro-
duire cet état. Il faut les deux influences combinées de la sécheresse
et de linsecte. On ne le constate jamais, en effet, sur les variétés qui ne
font pas de phylloxéra. Les espèces de la deuxième catégorie le pré-
sentent seules et seulement en terrain sec et phylloxéré. Il est donc
impossible de nier ici l'influence du phylloxéra, l'examen des racines
en donne d'ailleurs des preuves suffisantes. A partir du mois de juin,
dans les années sèches et dans ces conditions de terrain, le chevelu
est presque entièrement détruit sur les variétés à phylloxéra. Les gros-
ses racines sont presque saines. La vigne, ainsi qu'il résulte de l'in-
téressant mémoire de mon excellent ami et confrère, M. le docteur Coste,
dont il vous a été donné lecture dans une des précédentes séances,
294 RÉSISTANCE DKS VIGNES AMÉRICAINES.
peut bien se soutenir par l'humiclité absorbée par endosmose au moyen
de ses grosses racines, mais privée de la presque totalité do ses radi-
celles, c'est-à-dire de ses bouches absorbantes, elle cesse de végéter.
Vers la fin de l'hiver, avant la reprise de la végétation et pendant la
période de repos hivernal de l'insecte, les grosses racines émettent
de nouvelles radicelles, et la vigne, pourvue d'un nouveau système
radiculaire, reprend vigoureusement; l'insecte revient alors en avril,
et trouvant un système radiculaire jeune et mal constitué, en a vite
raison, d'où l'arrêt de végétation dès que l'humidité du sol n'est plus
suffisante pour solliciter l'émission de nouvelles radicelles par les-
quelles la vigne pourrait continuer à absorber les matériaux nécessaires
à son développement.
Cet état, je le répète, et f insiste là-dessus parce que son importance pra-
tique est de .premier ordre, n'est jamais présenté par les variétés qui
n'offrent pas d'habitude de grandes quantités de phylloxéras et qui
doivent celte précieuse propriété, comme nous l'avons vu, à la consti-
tution spéciale de leurs racines.
Enfin dans un troisième ordre de faits, nous trouvons toutes les vi-
gnes américaines sans exception, dans un état luxuriant, et on peut
dire alors réellement que dans ces conditions elles résistent complète-
ment, l'influence de l'insecte sur leur végétation étant bien réellement
et entièrement nulle.
Mais à l'examen des racines les résultats sont bien différents : tandis
que sur les vignes qui ne font pas de phylloxéra, ce n'est qu'après des
recherches répétées qu'on arrive à trouver un ou deux insectes ou
quelques nodosités isolées; sur les autres, au contraire, celles qui font
du phylloxéra, on en trouve des quantités innombrables, autant et
peut-être plus que sur les vignes françaises, mais on constate alors
que la racine de ces dernières est dans un état de travail incessant et
qui se continue sans interruption jusqu'au moment où les premières
gelées de novembre viennent interrompre la vie végétative de la plante.
La puUulation radicellaire est, on peut le dire, énorme, et les radi-
celles se reproduisent au moins aussi vite que le phylloxéra peut les
détruire. Mais en voyant cet incessant et fabuleux travail de Pénélope
souterrain, on se demande comment les faits que j'ai signalés dans la
seconde catégorie, ne sont pas encore plus fréquents ; toute cause de
faiblesse ou de nature à détruire l'équilibre entre le système aérien et
radiculaire de la plante doit les amener presque aussitôt, et j'ai pu les
produire expérimentalement et pour ainsi dire à volonté.
Il y a donc là deux modes de résistance bien distincts 'pour les
vignes qui ne font pas de phylloxéra, elles résistent et résisteront
toujours, parce qu'elles n'offrent à l'insecte qu'un milieu où ses fa-
cultés de destruction et de pullulation sont réduites à un minimum
qui ne lui permet plus de nuire en rien au végétal; les autres pa-
raissent, au contraire, ne résister que par suite de leur vigueur propre
qui leur permet, quand elles se trouvent dans des conditions favorables,
de réparer les désastres avant qu'ils n'aient eu le temps de se pro-
duire.
Il faut cependant accorder quelque chose à la constitution propre de
leur système radiculaire, puisque les grosses racines sont rarement
atteintes gravement, et que l'insecte ne tue pas ces vignes même dans
le deuxième état que j'ai décrit.
RESISTANCE DES VIGNES AMÉRICAINES. 295
Avec le temps d'ailleurs et sur certaines de ces variétés, pas sur
toutes, on dirait, et probablement sous l'inlluence de l'augmentation
de dureté de tissus, que le pliylloxera montre une certaine tendance
à les attaquer moins fortement; Tàge lend sous le rapport de la ré-
sistance à les rapprocher des variétés qui ne font pas de phylloxéra.
Quoi qu'il en soit, à mon avis et au point de vue pratique, elles
doivent impitoyablement être mises de coté.
Est- il maintenant possible de tirer, de cet ensemble de faits que
nous venons de passer successivement en revue, des conclusions pra-
tiques au point de vue de la reconstitution des vignobles détruits? Je
n'hésite pas à répondre aflirmativement.
Imi etiet, puisque nous nous trouvons en présence de vignes qui, dans
leur état normal de végétation, ne présentent presque jamais d'insectes
sur leurs racines; puisque la vigueur de ces variétés est au moins
égale et souvent supérieure à celle des vignes de l'autre catégorie;
Puisque pour ces mêmes vignes qui ne tontpas de phylloxéra, les dif-
ficultés de l'adaptation semblent disparaître et paraissent, dans tous les
cas, ne pas devoir être plus considérables que celles que nous pre-
ssentaient nos anciennes vignes françaises ;
Puisque, enfin, ces vignes doivent leurs facultés précieuses de ré-
sistance à leur constitution propre, à leur essence, si on peut s'expri-
mer ainsi, et qu'on peut affirmer que c'est une propriété persistante.
Layricukeur qui se trouve obligé de reconstituer son vignoble doit
s adresser à ces variétés d'élite, parce que seules elles lui présentent toutes
les garanties de réussite et de duré"" qiùm doit rechercher quand on en-
treprend une œuvre aussi coûteuse.
Les autres espèces peuvent bien dans certaines conditions donner
ou avoir donné des succès ; elles n'en doivent pas moins être repoussées
d'une manière absolue, parce que, comme l'a si bien dit mon excellent
ami, M. Victor Gauzin, quand on peut employer de l'excellent, il ne
ne faut pas choisir du médiocre. L. Despetis,
[La fin procliaineinent.) Viliciilleur à Floiensac (Hérault).
BOTTELAGE ET COMPRESSION DES FOURRAGES
Les appareils destinés à faire les boites de foin et de fourrages
ayant toujours un poids égal, sont actuellement peu nombreux, mais
il en est quelques-uns qui peuvent rendre de grands services, soit
pour obvier à la pénurie d'ouvriers habiles, soit pour parer aux in-
convénients de la hausse des salaires. Parmi ces appareils, ceux que
^L Guitton, constructeur à Corbeil (Seine-et-Oise), livre à l'agriculture
depuis trois ans environ, méritent d'appeler spécialement l'attention.
La botteleuse (fig. 23j se compose d'une caisse métallique à claire-voie
portée sur un bâti, et à laquelle peut s'ajouter un appareil de pesage.
De petits ressorts sont fixés à la partie inférieure de la caisse qui reçoit
les foins ou les pailles, et d'autres ressorts se rabattent pour former
couvercle à volonté. Deux mancherons et une paire de petites roues en
rendent le transport facile sur tous les points où il est nécessaire. Les
liens sont passés sous les ressorts du fond; lorsque la caisse est
remplie, on accroche les deux ressorts supérieurs au levier d'une
pédale; en appuyant avec le pied sur celle-ci, on serre la botte;, puis
saisissant les deux extrémités de chaque lien, on les tord. On dé-
croche les ressorts fixés à la pédale, et l'on sort la botte toute faite.
La rédaction du volume est d'environ d'ua tiers sur le bottelage à la
296 BOTTELAGE ET COMPRESSION DES FOURRAGES.
main, l.orsque la botteleuse est en même temps peseuse, le pesage de
la boite est fait avec un fléau de romaine lixé derrière la caisse. Le
poids est suspendu à l'aide de crochets entrant dans des trous dont
la distance est calculée par demi-kilog. M. Guilton construit des botte-
leuses non peseuses, faisant des bottes à un, deux ou trois liens, qui
coulent de 55 à 80 fr.; les mêmes, avec l'appareil de pesage, coûtent
de 85 à 120 fr.
L- s botteleuses à deux liens, faisant des bottes de 4 h. G kilog., et
ayant 75 centimètres de long, sont principalement usitées dans le
nord, l'est, l'ouest et le sud-ouest. Les botteleuses à trois liens, ayant
95 centimètres de longueur et faisant des bottes de 5 à 7 kilog., sont
recherchées dans les environs de Paris et dans les régions qui approvi-
Fig. 23. — Bolleleu>e peseuse. de M. Guitton.
sionnent la-capitale. D'autres botteleuses, également à trois liens,
mais à caisse plus large et ayant des ressorts plus longs, pouvant
faire des bottes de 10 kilog., sont usitées dans le centre et les Gha-
rentes, ainsi que dans une partie de la Dordogne. La Provence et le
Languedoc préfèrent des modèles plus courts, faisant des bottes de
2 kilog. à 2 kilog. et demi, avec un seul lien.
M. Guitton construit aussi des })resses à fourrage et à paille (fig. 24
et 25) qui ont été adoptées parla Compagnie des Omnibus de Paris, et
qui ont reçu plusieurs récompenses dans les concours régionaux.
Elles sont formées par des caisses dans lesquelles on introduit le four-
rage, que presse un plateau intérieur mobile. On presse d'un côté,
pendant qu'on charge de l'autre. Il y en a deux modèles :
Les petites presses sont bonnes pour la culture et font 10 kilog, à
20 kilog. suivant le n°, avec 150 kilog. de densité au mètre cube;
avec deux hommes seulement on peut faire 15 à 20 bottes à l'heure.
Les grandes presses, celles employées par la Cie des Omnibus,
peuvent presse la paille si la largeur est portée à 1'".40, et du foin si
elle est de 0™.95. Les bottes dans les deux cas sont introduites hori-
zontalement et pressées après introduction de G bottes de 5 kilog. et
demi et sont liées par deux liens pour le foin et trois pour la paille.
BOTTELAGE ET COMPRESSION DES FuURHAGES
297
Ces liens sont en fil de fer et ils font un long usage ; leur prix est de
GO fr. le mille.
Ces macbines peuvent servir aussi pour le foin en vrac et sont dis-
Petile j.resse à fourrages de M. Guilion.
posées pour recevoir cinq liens afin de suppléer aux liens des bottes
primitives. On peut faire avec ces machines 200 balles par journée de
dix heures. On peut charger un wagon de 200 balles de G bottes, ce
Grande presse à fourrages et ;\ paille.
qui fait 1200 bottes à 5 kilog. et demi, soit 6,600 kilog., ou une éco-
nomie de 3 cinquièmes au moins sur les transports. On a de plus
l'avantage de trouver les rations toutes faites en déliant les balles. Le
prix de ces machines est de 1700 francs. La densité pour ces grandes
presses est de 120 kilog. pour la paille et 150 kilog. pour le foin.
L. DE Sahdriac.
298 CONCOURS HKGIONAL iVORAX,
CONCOURS GÉNÉRAL AGRICOLE D'ORAN
III. — TENUK DU CONCOURS.
Lu première impression produite sur le visiteur du Concours ré-
gional d'Oran est celle qui a trait au mélange des populations don-
nant à ces solennités un cachée tout particulier, inconnu dans les
léunions du même genre.
Ici se coudoient, en effet, l'Arabe, représentant des derniers con-
quérants de l'Afrique septentrionale, le Juif, expression vivante du
trafic, le Maure, habitant des villes, le Berbère, premier occupant de
celte contrée, quelques indigènes du Maroc, de Trmis et de l'intérieur
de cette région, ainsi que les représentants des différents pays qui con-
courent à l'œuvre de colonisation entreprise en cet endroit : Français,
Anglais, Espagnols, Italiens, Allemands, Beiges, Américains, Suisses,
Gi'ecs, Polonais, oUandais, Russes,
La représentation de ces diverses nationalités, aux mœurs et aux
costumes variés, auxquels nous faisons peu attention nous mêmes,
mais qui doivent diversement impressionner les étrangers, fait croire
à une véritable exposition internationale. C'est un avantage de plus
qu'offriront les concours de l'Algérie à ceux qui viendront les
visiter.
Une aftluence considérable de visiteurs., qui a répondu à l'appel des
organisateurs de cette fête, se porte partout où l'attire l'intérêt par-
ticulier de chaque journée, et augmente de plus d'un tiers la popu-
lation de la ville d'Oran, rendant ainsi l'hospitalité presque impos-
sible, si chaque habitant n'avait contribué pour une très large part à
l'accueil cordial fait aux nouveaux venus.
Toutefois, malgré l'empressement de chacun, puisque le nombre des
entrées s'est élevé à près de quinze mille dans la plus forte journée,
les recettes de l'Exposition ont à peine atteint le quart des prévisions
et un peu plus de la moitié de celles effectuées on 1877 par le Comice
d'Oran dans de semblables circonstances. Cela tient, avant tout, à
l'éloignement de l'emplacement dont nous avons déjà parlé, aux caries
de faveur distribuées en grand nombre et à l'autorisation d'entrer gra-
tuitement accordée pendant plusieurs jours, pour facilitera toutes les
situations l'examen des objets exposés. Personne ne saurait évidemment
critiquer cette dernière mesure adoptée dans un but des plus louables.
La période proprement dite du Concours a été remplie par les expé-
riences des instruments de ferme, dont nous parlerons dans un ar-
ticle spécial, par les opérations des divers jurys et les fêtes organisées
par les soins du Conseil municipal.
Des conférences préparées par le Comice d'Oran et la municipalité
n'ont pu avoir lieu, au grand regret des instituteurs, des colons et de
plusieurs intéressés. On a perdu là une des meilleures occasions
d'instruire de nombreuses personnes avides de se renseigner et d'uti-
liser une des principales attractions des expositions.
Quant aux fêtes publiques, nous ne saurions trop louer ceux qui
ont présidé à leur organisation, par la raison que le programme en a
été préparé de telle sorte que personne ne fut détourné du but prin-
cipal. Les abords de l'Exposition étaient complètement dépourvus de
baraques de marchands forains, qui quelquefois attirent l'attention des
CONCOURS RKGIONAL D'OR AN. 299
visiteurs, el ceux qui recherchaient ces sortes d'amusements n'avaient
qu'à s'arrêter sur la place d'armes où ces divertissements se trouvaient
groupés au centre de la ville.
La plupart des réjouissances publiques ont eu lieu au début ou à la
fm de l'Exposition, ou bien encore pendant la soirée, de manière à
récréer les visiteurs sans amoindrir en quoi que ce soit l'importance
du Concours régional.
Le Concours a été ouvert, le lundi 18 octobre, par des expériences
des béliers hydrauliques, des moteurs à air, des filtres à vin, des se-
moirs pour cultures en lignes, et des hache-paille à grand travail;
— le lendemain, jugement des produits; essais des charrues
bisocs, des houes à cheval, des charrues; — le mercredi, suite
du jugement des produits, expériences sur les pressoirs mettant
fin à la série des concours spéciaux d'instruments prévus au pro-
gramme; essais des presses à fourrages et des moulins agricoles
commençant les expériences et démonstrations pratiques d'instruments
ne prenant pas part aux concours spéciaux; — le jeudi, réception et
classement des animaux après la visite faite par M. Santrot, vétérinaire
désigné par le commissaire général. Examen des trieurs, des tarares
et des chemins de fer agricoles; opération du jury des animaux et de
celui des produits; — le vendredi, expériences de défoncements à la
dynamite sur la ferme de Tamasouet, appartenant à M. Lamur.
Le même jour a eu lieu la réunion sous la présidence du commis-
saire général des délégués des associations agricoles des membres du
jury et des exposants, pourproposerles modifications qu'il conviendrait
d'apporter à l'arrêté du concours de l'année prochaine. Nous ne pouvons
moins faire que de rappeler les principales décisions suivantes adoptées
par cette assemblée sous forme de vœuoc^ : A l'avenir les concours ré-
gionaux auront lieu en Algérie, au printemps, et les intéressés, prévenus
dix mois à lavance, pourront adresser leurs déclarations au chef-lieu
même du département algérien oi^i se trouvera le siège du concours. —
Les instruments de ferme seront soumis à des concours spéciaux, de
telle sorte que la série des plus utiles soit épuisée dans une période
de trois années ; si quelques machines ne peuvent être expérimentées
à cette époque de l'année, comme les moissonneuses et les batteuses,
il sera procédé pour elles à des concours tenus au moment favo-
rable; on aura, de la sorte, à Alger, en 1881, des concours d'araires
pour labours profonds, de herses articulées, de trisocs, de faucheuses,
de râteaux à cheval, d'appareils élévatoires quel que soit le moteur,
de ventilateurs, de trieurs, d'objets de lonnellerie, de pompes à vin. —
La prime d'honneur comprendra des prix culturaux, comme cela se
pratique en France, et il sera, en outre, décerné à cette occasion des
prix de spécialité. — A la suite de considérations très intéressantes
présentées notamment par MM. Arlès-Dufour, Bonzom et Brémond,
la 1" classe, espèce chevaline, a été augmentée d'une quatrième caté-
gorie s'appliquant aux races de trait; une nouvelle classe a été in-
troduite concernant l'espèce mulassière; les bœufs de Guelma, qui
formaient une catégorie particulière, ont été compris dans celle in-
diquée sous la dénomination de race algérienne; une nouvelle caté-
gorie a été créée pour les bœufs de travail, tandis que les races bar-
barine et des Hauts-plateaux, dans l'espèce ovine, ont été réunies sous
la désignation de races algériennes; enfin, les prix attribués à ces
3Q0 CONCOURS RÉCIONAL D'ORAN.
différentes espèces ont été sérieusement augmentes, en ^^^ème temps
que sur la proposition d'un indigène, appuyée par iM. Bonzon les
romadaires ont été appelés à.concourir à l'avenir, et que sur celle de
M Fourrier, maire de Boufarik, une catégorie spéciale a ele creeepour
les autruches, dont on doit encourager l'élevage dans la colonie. —
Des vœux ont encore été émis sur la nécessité de voir accorder la ré-
duction des prix de transport des objets exposes aussi bien a l aller
qu'au retour d'obtenir le transport gratuit des instruments par voie
de mer, ainsi que la suppression des droits grevant la dynamite qui
pourrait être utilisée avec grand profit par la culture locale. - L as-
semblée s'est alors séparée après avoir émis le vœu, sur la proposition
de M. Arlès-Dufour, que M. de Lapparent, qui a su gagner les sym-
pathies de tous, fût appelé à organiser le Concours régional qui doit
se tenir à Alger, en 1881. . ,
i.a journée entière du samedi s'est passée a faire lonctionner les
F4g. 26. — Pian de l'Hislaliatioa du concours d'Oran.
charrues brabant, les charrues doubles, les défonceuses, les trisocs
et les cultivateurs. Pendant chacune de ces journées, une nombreusr
alfluence s'est promenée dans l'enceinte du concours.
Le dimanche a été la première journée des courses inscrites au
programme; elle s'est terminée avec un plein succès et jamais, peut-être,
la Société hippique n'a fait d'aussi belles receltes avec les prix des
places des spectateurs ou les engagements des coureurs. Nous n'avons
rien à dire de ces réunions considérées aujourd'hui plutôt comme une
fête publique que comme un moyen propre à améliorer l'espèce clie-
valine; aussi retiendrons-nous simplement une innovation consistant
à admettre les chevaux autres que ceux de la race algérienne, ce qui
a permis à un pnr sang anglais, Vannité appartenant à M. Sclimith,
de Paris, de gagner le grand prix de 5,000 fr. Nous mentionnerons
également la "course au^rot attelé, dont M alvu, monté par M. Maine,
est sorti vainqueur après avoir parcouru 3,600 mètres en 8 minutes
4 secondes. — La deuxième journée des courses a été marquée par
un grand malheur, l'un des jockeys étant mort à la suite d'une chute
faite dans une course où 27 concurrents se trouvaient en ligne sur la
même piste. Nous avons entendu regretter par un grand nombre de
personnes, que l'on n'exige pas des coureurs un certificat attestant
CONGOUKS RRGIÛNAL D'ûRAN. 301
qu'ils sont assurés sur la vie, de manière à dégager l'avenir de leurs
familles, avant de se lancer dans une lutte qui peut avoir des consé-
quences de la dernière gravité. Le grand prix de 10,000 fr., couru
par 15 chevaux n'ayant encore gagné aucun prix sur un hippodrome
de l'Algérie, est attribué à Gladiateur appartenant à M. Paillard.
Malvu, monté par M. Marne, remporte de nouveau le prix de la
course au trot monté, qui, pour nous, est de beaucoup la plus intéres-
sante, parce qu'elle montre, comme le dit M. E. Gayot, non seulen-ient
la valeur et la force absolues de l'organisation du cheval-, mais sur-
tout le mérite relatif à J'àge, la liberté des mouvements, la docilité du
caractèi'e, l'aptitude acquise à remplir une tâche imposée, qualités que
chacun recherche dans l'achat d'un cheval. Aux dernières courses de
printemps de Bel-Abbès, Malvu avait remporté le même prix en par-
courant 3,000 mètres en 6 minutes 3 secondes, soit 1,000 mètres en
2 minutes 1 seconde, avec une allure soutenue, et rasant la terre de
très près, et en fournissant une course très régulière, gracieuse, sans
fatigue pour le cavalier.
La distribution solennelle des récompenses a eu lieu le mardi 20 oc-
tobre dans la salle des fêtes, décorée pour cette circonstance avec art
et beaucoup de gotit. En ouvrant la séance, le gouverneur général de
l'Algérie fait l'éloge de tous ceux qui ont contribué au succès du Con-
cours régional dont le second essai ne pourrait être tenté ailleurs
qu'au chef-lieu de cet important département de l'Ouest qui a tant
aidé à la prospérité de la colonisation algérienne.
M. de Lapparent prononce ensuite en ces termes le discours d'usage :
« Nous touchons au terme de cette exhibition agricole, qui, on ne peut le con-
tester, a été brillante et devra être féconde en résultats heureux pour la prospé-
rité de notre belle colonie.
« Bien que, dans un instant, je doive moi-même donner lecture du rapport de
la prime d'honneur fait par M. Gros de Bout'arik, ce colon qui s'est fait un renom
si mérité dans le monde agricole, je tiens à prendre la parole pour reporter à qui
de droit les mérites, du succès obtenu : à M. le préfet du département, à ]\I. le
mai'equise dévoue dans la mission difficile d'administrer une ville en travail
d'agrandissement; au Conseil général et au Conseil municipal, qui l'ont rais à
même de donner à cette fête agricole un éclat exceptionnel.
« Qu'ils rae permettent d'associer auxremercîments que je leur adi'esse bu nom
de M. le ministre de l'agriculture et du commerce et en mon nom personnel, mes-
sieurs les membres du jury et du commissariat, ainsi que M^[. les exposants qui
n'ont point été arrêtés par les frais considérables et les sacrifices occasionnés par
de grandes distances à franchir.
« Je ne veux point oublier non plus, messieurs, l'honorable ]\L Durel qui a si
bien dirigé l'organisation de l'exposition annexe scolaire, de l'industrie et des
beaux-arts.
« Dans de semblables conditions, la tâche du commissaire général devient facile.
« Si l'année dernière, le premier essai fait dans la voie des concours généraux
."igricoles en Algérie a été couronné de succès, la seconde étape a été encore plus
heureusement franchie et affirme la justesse de l'idée d'assimilation de notre
grande colonie à la France, au point de vue agricole, comme à tous les autres
points de vue.
« Par ces exhibitions, les colons algériens se trouveront à même d'apprécier ces
excellents instruments d'agriculture destinés à leur rendre d'immenses services.
« L'émulation se développera pour l'élevage des animaux et tout spécialement
de cette précieuse race de chevaux arabes.
« Enfin il sortira de ce contact et des échanges d'idées entre agriculteurs, un
accroissement de cet élan dans le orogrès agricole que j'ai une si grande satisfac-
tion à constater dans la région d'Oran. Le Fervet opus, de Virgile, est bien l'expres-
sion exacte pour caractériser ce qui se fait dans cette partie de l'Algérie.
302 r.oNCOlIRS RÉGIONAL D'ORAN.
« Un des points saillants, que je me plais à constater, c'est l'esprit d'intelli-
gence progressive des agriculteurs Oranais.
« On se rend compte que loin d'être liostiles aux inventions nouvelles, ainsi que
cela se voit encore sur quelques points du territoire français, ils les favorisent et
sont prêts à les appliquer dès qu'ils ont acquis la conviction de leur utilité.
« Je ne saurais non plus passer sous silence cette manifestation remarquable de
solidarité, qui s'csL ; rriiuite entre les agriculteurs de toutes les.parti^s de l'Algérie.
« La Société d'agi; nlture d'Alger, les Comices d'Alger, de Eoufarik, de Phi-
lippeville, de Mostagauem et d'Oran ont voulu contribuer à l'éclat de ce concours
et suppléer, par des envois de médailles et de sommes d'argent, aux lacunes qu'un
crédit trop restreint avait nécessitées dans le programme officiel.
« Parmi ces récompenses annexes décernées par un jury local, des plus com-
pétents, je signalerai d'une manière toute spéciale une prime de 300 fr. accordée
à un cultivateur propriétaire d'une étendue de 20 hectares au maximum.
« C'est un viticulteur. M. Moatels, qui a mérité cette prime, et cette décision
est la confirmation de celle prise par le jury de la prime d'honneur, qui, lui-
même, a accordé cette récompense pour une exploitation spécialement agricole.
« Le jury a pour mission, avant tout, de faire ressortir des exemples utiles à
suivre, d'indiquer la voie dans laquelle il faut largement s'engager et au point de
vue de l'extension de la vigne, il n'a point hésité un seul instant, se basant sur
ce qui se passe en France dans les régions oi^i la vigne doit régner en conquérante.
« Hélas, pourquoi faut-il qu'un fléau terrible vienne paralyser les efforts et en-
traîner des ruines sur le sol de la mère patrie.
« Mais n'est-ce pas encore une raison de plus pour que nous cherchions, au
profit commun de !a France et de l'Algérie, une compensation qui paraît assurée.
« En terminant, messieurs, laissez-moi vous dire que j'emporterai de ce séjour
dans la région a'Oran un souvenir ineffaçable, en même temps que le regret de
n'avoir fait qu'entrevoir tant de questions importantes.
« Je dirai, avant tout, à M. le ministre de l'agriculture et du commerce, puis je
publierai chaque fois que j'ea trouverai l'occasion, que l'Algérie est lancée dans
une voie de progrès et de prospérité qui ne doit plus s'arrêter et qu'elle peut assu-
rer_le succès à tout agriculteur français sérieux qui viendrait y planter sa tente. »
Le commissaire général lit également le rapport concernant la
prime d'honneur, sur lequel nous reviendrouvq sous peu, puis les
récompenses sont appelées conformément à la liste que nous avons
donnée précédemment.
Nous regrettons sincèrement qu'aucune décoration n'ait été décer-
née dans cette circonstance, étant de ceux qui pensent que cette
marque d'honneur est très bien portée parle colon énergique et labo-
rieux quia su conduire à bien son œuvre en triomphant de toutes les
difficultés. Le Concours régional, qui est bien la fête des agriculteurs,
fournissait cependant une belle occasion de distinguer les candidats
sérieux qui ne manquent pas. Espérons qu'à l'avenir l'exemple de ce
qui s'est fait en "1878 sera suivi, tout en regrettant de nouveau que
les vaillants cultivateurs de l'Ouest n'aient pas eu leur tour ces
jours-ci.
On a aussi remarque avec peine que la distribution des récompenses
de l'exposition industrielle, véritable complément du Concours régio-
nal, n'a pas été faite le même jour.
Le soir, un banquet de deux cent cinquante couverts, présidé par
M. le gouverneur généi^al, réunissait les députés et les sénateurs de
l'Algérie, à l'exception de M. Lucet, de nombreux conseillers généraux
d'Alger et d'Oran, les autorités, les chefs indigènes, les représentants
de la presse de plusieurs villes, ainsi que les principaux lauréats.
Plusieurs toasts ont été vivement applaudis; on a particulièrement
écouté le discours dans lequel M. le gouverneur général a dit qu'il
continuerait tous ses efforts pour affermir le succès du régime civil
CONCOURS RÉGIONAL D'ORAN- 303
auquel il consacrera toute sa\ie, et qu il appliquerait tous ses soins à
servir les instiluLions que nous possédons avec la conviction d'être
utile en raênip. temps aux intérêts de l'Algérie.
A partir du lendemain le Concours n'avait plus d'existence réelle,
malgré un avis du maire portant que l'exposition industrielle, des
beaux-arts et scolaire était prolongée de huit jours. Tout était bien
fini, car nous n'avons pas à parler des réceptions officielles auxquelles
a donné lieu le séjour du gouverneur général à Oran. Ainsi s'est ter-
minée cette belle fête du travail qui laissera un souvenir de longue
durée dans l'esprit de tous ceux qui y ont pris une part quelconque.
Elle a étroitement resserré les liens des trois départements algériens
toujours solidaires et unis lorsqu'il s'agit de l'honneur, de la prospé-
rité et de l'intérêt de la colonie. Puisse-t-elle aussi avoir produit une
profonde impression chez les visiteurs de la Métropole, venus ici à
un titre quelconque, de manière à les engager à revenir en grand
nombre dans notre beau pays.
Nous allons maintenant aborder les différentes parties de l'exposi-
tion de nature à oiîrir un réel intérêt, en commençant par la prime
d'honneur. L. Bastide,
Président du Comice de Bel Abbes.
LES CHENILLES DES PINS
Favorisés par les pluies chaudes et fréquentes des mois de juillet
et d'août, qui ont fourni à nos diverses emblavures de printemps une
admirable nourriture, ces rongeurs en sont déjà à leur seconde mue
et se hâtent, après les avoir dévorées, de gagner les hautes branches du
sommet oii elles forment ces énormes bourses soyeuses si apparentes
et d'une si difficile extraction. Il faut une véritable habileté pour que
mon jeune grimpeur muni d'une sorte d'hirondelle, sorte de serpe
bien aiguisée, puisse atteindre la sommité d'un beau pin de Sabion qui
me donna l'an dernier six énormes cônes deux fois plus gros que ceux
de mes plus vieux pins pignons; ils sont plus gros et meilleurs que
ceux du pin de la xAIédilerranée. J'ai été heureux d'en adresser une
partie aux nombreux amateurs de la grande famille des conifères.
Il est certaines espèces qui ne sont que peu ou point sujettes à leurs
attaques; très rares sur les trois espèces de cèdre, je n'ai jamais observé
de chenilles sur les Séquoia, les Cryplomeria, les Cyprès funèbres de la
Chine. C'est surtout les pins sylvestres, maritimes, et les pins
noirs d'Autriche, qu'elles semblent préférer et qu'elles abîment en les
dépouillant de leurs sombres folioles avant leurs dernières mues du
printemps. Une belle avenue composée de plus de 60 pins, âgés de
35 à 40 ans, était l'an dernier presque indemne de ces terribles ron-
geurs ; ce n'est pas sans une vive peine que je les ai vus reparaître en
septembre et octobre. Je m'empresse de les faire extirper dans la
crainte que, plus tard, amoncelées et réunies par plusieurs centaines,
l'échenilloir ne brise ou casse la branche du sommet, et dans ce cas,
le plus bel arbre est déshonoré et ne donne plus que des branches la-
térales du plus mauvais effet ornemental. Léo d'Oi'nous.
LA GLAVELÉE DANS LE MIDI
ET LE BÉTAIL ALGÉRIEN. — II ^
II. —Si l'importation du bétail algérien est une des principales cau-
l. Voir le Journal du 6 novembre, page 223 de ce volume.
sod LA (U-aveli^:e dans le midi.
ses de rapparilion de la clavelée, il faut bien avouer, que le retard
apporté dans la déclaration à l'autorité, des troupeaux atteints, con-
tribue grandement à la dissémination du mal. Le plus souvent, la
déclaration n'est h'ite que très tard, alors ([Lie la maladie sévit sur un
trop grand nombre d'animaux, et qu'il n'est plus possible de la tenir
cachée; parfois même on a le soin de vendre sur les marchés avoisi-
nants les sujets en apparence sains qui ne tardent pas à contaminer les
troupeaux dans lesquels on les place. Aussi la clavelée est-elle en per-
manence dans le midi de la France, du mois de juin à fin janvier.
Li crainte qu'elle produit, empêche un grand nombre d'agriculteurs
de cette région de se livrer à l'élève ou à l'engraissement du bétail. Si
ce fléau disparaissait, nul doute que l'État aurait rendu un grand ser-
vice à l'agriculture méridionale. Pour atteindre ce but, voici le projet
que j'ai l'honneur de soumettre à l'attention de M. le minist-e de
l'agriculture et du commerce :
1" Maintenir la visite des bêtes ovines à la frontière et même en
Algérie aux ports d'embarquement. Tout sujet recomm, à Mar-
seille ou à Cette, atteint de la clavelée, serait immédiatement sacrifié;
en Algérie, la clavelée élant b3nigne, il suffirait de l'éliminer. I.e res-
tant du troupeau pourrait être vendu aux éleveurs qui se seraient
soumis aux prescriptions suivantes.
2" Tout propriétaire qui désirerait acheter un troupeau d'africains
devrait en faire la déclaration à la préfecture ou à la sous-préfecture, du
15 avril au 1'' mai de chaque année. Cette déclaration n'obligerait
nullement l'individu à faire son achat, mais elle serait obligatoire.
3" Tous les troupeaux étrangers importés devraient être considérés
comme suspects et traités comme tels, c'est-à-dire cantonnés pendant
vingt jours au moins et soumis aux fréquentes visites d'un homme
compétent payé par l'Etat \
Le cantonnement serait moins rigoureux si les troupeaux placés
dans le voisinage avaient été clavelisés .
4" La clavelisation des troupeaux élevés prés des fermes où ïon se pro-
pose d' introduire du bétail d'Afrique serait faite au mois de mai, par les
soins de l'Etat, qui prendrait à sa charge, non seulement les frais de cla-
velisation, mais aussi la mortalité qu'elle en'raînerait '. Ces dépenses
pourraient ê're largement couvertes par un droit d'entrée s élevant à In
modique somme de vingt centimes par mouton africain introduit en
FftAA'CE. Aux mois de septembre et d'octobre, on opérerait les sujets
du pays récemment achetés, excepté pourtant les brebis dans un
état de gestation trop avancé.
Le plus grand obstacle, en effet, à la vulgarisation de la clavelisa-
tion, est dû aux perles, parfois e/iorw^A-, qu'elle occasionne. Il est certain
que si lEtat la pratiquait sans tenir compte des causes défavorables,
le projet que j'ai l'honneur de présenter ne serait pas viable, car les
dépenses qu'il entraînerait dès la première année, s'élèveraient à un
chitYre trop élevé.
Les causes favorables et défavorables étant connues, l'Etat devrait
avoir à la disposition des personnes à qui la pratique de cette opération
1. Le; bêles ovines de l'Algérie ne craignant pas hi clavelée, ne serait-il pas plus efficace de
claveliser le lendemain du jour de leur arrivée en France '?
2. .l'ai la ferme conviction que le jour où l'Etat feia connaître aux éleveurs un moyen ou une
méthode de rendre l'opération sûrement bénigne, la plupart de ceux qui sont annuellement exposés
avoir leur troupeau contaminé, n'hésiteraient pas à claveliser sans avoir recours à l'indemnité
indiquée.
LA CLAVELKE DANS LE MIDI. 305
serait confiée, une quantité suffisante de virus très bénin. Pour l'ob-
tenir, il suffi! de se livrer à sa culture en suivant les meilleurs pro-
cédés déjà connus.
« L'idée de recourir à une pustule inoculée, dit M. ReynaP, de pré
férence à une pustule naturelle, même très bénigne, pour recueillir du
virus, celle de son affaiblissement par des inoculations successives, de
sa moindre activité et de la transmission d'une clavclée peu intense,
exempte d'accidents et n'occasionnant qu'une très petite mortalité;
ces idées, 'disons-nous, étaient à peine connues en France, lorsque depuis
longtemps déjà, en Allemagne, elles étaient appliquées et servaient de
base aux clavelisalions faites en grand, soit dans les bergeries de
l'Etat, soit dans les bergeries particulières.
« C^'est surtout à Pessina qu'on peut considérer comme l'intro-
ducteur, le propagateur de la clavelisation en Autriche, que revient
l'honneur d'avoir modéré l'activité du virus claveleux par des pro-
cédés aussi ingénieux qu'intelligents, qu'il désignait sous le nom géné-
rique de culture du claveau. »
Voici, suivant Pessina, comment se pratique cette culture :
« On fait choix de dix moutons jeunes, parfaitement sains, et on les
inocule avec du virus provenant d'une puslule claveleuse bénigne.
Parmi ceux-ci, on prend celui qui a les pustules les moins nombreuses,
les plus belles, les mieux développées, et avec le produit de leur sécré-
tion, on inocule dix autres moutons. On choisit de nouveau celui qui
offre la pustule la mieux dessinée, avec le virus de laquelle on inocule
encore dix animaux. A chaque inoculation il se manifeste un nombre
de pustules de moins en moins grand, et on continue ces inoculations
jiisfjuà ce quon obtienne une seule et belle pustule. D'après Pessina et
les auteurs vétérinaires, ce caractère est l'indice que le virus est arrivé
à celte période ou son inoculation produira toujours une clavelée ti^ès
bénigne.
« Les résultats satisfaisants de la culture du virus sont confirmés
par des expériences faites sur une très vaste échelle en Autriche, qui
possède, comme on sait, une quantité innombrable de troupeaux de
bêtes à laine.
« C'est avec du virus cultivé d'après les principes de Pessina que
MM. Pessani et Liebbald (de Moscou) ont inoculé cent mille moutons
dans les immenses domaines de la Russie.
« De même que Pessina et les auteurs allemands, Togl, Waldinger,
Wild, Pettinghofer, ces expérimentateurs ont constaté que la clavelisa-
tion, pratiquée dans ces conditions, donne naissance à une clavelée qui
parcourt, presque sans troubles fonctionnels, ses diverses périodes et
sans occasionner des accidents.
« M. E. Veith a fait connaître les expériences qui se font depuis
trente ans, dans les plus grandes bergeries de l'Autriche, celles sur-
tout du baron Ehrenl'elds, ciui a éprouvé une perte de 15 pour 100 avec
du virus brut, tandis quavec du virus un peu cultivé, elle ne s'est élevée
quà 3 et U pour 1 00, et quavec du virus bien cultivé, la fnortalité a été
nulle. »
A l'Ecole vétérinaire de Vienne, où l'on a continué à cultiver le cla-
veau, la clavelée est presque toujours bénigne, et le plus souvent il ne
se développe qu'une seule pustule. C'est dans cet élfi*^'- sèment que les
1. Dicitonnaire de médecine et de chirurgie-vétérinaire. '
306 LA CLAVELKE DANS LE MIDt.
grands propriétaires des bergeries de l'Autriche puisent souvent le
virus qu'ils emploient avec succès à la clavelisation de leurs trou-
peaux.
Il parait donc aujourd'lmi hors de contestalion :
1" Que le virus claveleux cultivé perd de son activité virulente par
des inoculations successives, tout en conservant ses propriétés préser-
vatrices ;
2° Qu'il est préférable toutes les fois qu'on peut s'en procurer, afin
d'éviter les accidents qui sont parfois la conséquence de la *clavelisa-
tion avec du virus provenant d'une pustule naturelle'.
Une fois eu possession d'une bonne et abondante source de vacci-
nation^ l'Etat confierait aux hommes spéciaux le soin de claveliser les
troupeaux, avec l'obligation de se conformer strictement aux instruc-
tions ministérielles basées sur le procédé reconnu ie meilleur.
La clavelisation ainsi faite ne suffirait pas encore à empêcher les
épidémies claveleuses.
Tout le monde sait, en effet, que dans la première quinzaine du
mois de juin, les troupeaux du Midi émigrent dans les Alpes, l'Avey-
ron, la Lozère, l'Ardèche, etc. Or, un troupeau ciavelisé au mois de
mai, présente en juin des pustules ou des croûtes éminemment favo-
rables à la contagion. La transhumance, opérée dans de telles condi-
tions, aurait pour effet de propager la clavelée et de rendre par consé-
quent la mesure conseillée autrement dangereuse que les épidémies
produites aujourd'hui par le bétail africain.
Il est donc indispensable de trouver un moyen pratique de claveliser
les bêtes ovines au mois de mai et ne point empêcher ou rendre dan-
gereuse la transhumance en juin.
Ce moyen, je le trouve tout tracé dans un travail publié récemment
par un savant professeur de l"Ecole vétérinaire de Lyon. Le procédé si
ingénieux de M. Galtier^ est presque passé inaperçu, et pourtant, à
mon avis, les services qu'il peut rendre, surtout aux éleveurs du Midi,
sont considérables. Combiné avec l'emploi d'un virus bien cultivé, il
permettra de résoudre d'une façon économique et sans danger le pro-
blème d'empêcher les épidémies de clavelée importée tous les ans par
les Africains. Voici quelles sont, mot à mot, les paroles prononcées
par ce jeune savant :
(c Depuis plus d'une année, je me suis occupé de chercher un
moyen de claveliser les moutons de manière à leur conférer l'immu-
nité sans leur donner une maladie grave et sans les rendre dangereux
pour les autres; j'ai cherché à prévenir la transmission de la maladie
par les animaux clavelisés.
« J'ai cautérisé ou extirpé les pustules formées à la suite de l'inocu-
lation et voici les résultats qui se dégagent de mes expériences.
« L'extrémité de l'oreille ou l'extrémité de la queue, mais surtout
l'extrémité de l'oreille doit toujours être choisie comme lieu d'élection
pour pratiquer la clavelisation ; une fois pratiquée par une ou deux
piqiires à l'extrémité d'une ou des deux oreilles, on attend le dévelop-
1. 11 résulle de mes observations faites sur les troupeaux élevés aux environs de Montpellier que
la mortalité a été nulle toutes les fois que la clavelisation a été pratiquée au printemps avec du
virus nn peu culiivé sur les moutons du Larzac.
2. M. Galtier est l'auteur d'un traité de police sinitaire, mis au courant des progrès scientifiques
les plus récents et rempli d'idées neuves, originales, d'une grande valeur. L'ouvrage de ce jeune
savant devrait être non seulement dans toutes les biblioliièques municipales, mais encore entre les
mains de tous ceux qui s'occupent ou qui s'intéressent à l'élève du bétail.
LA CLA.VELÉE DANS LE MIDL 307
peraent complet des pustules, ce qui a lieu du dixième au quinzième
jour; puis on ampute la partie de l'oreille qui les supporte et on cau-
térise légèrement avec l'eau forte la plaie, ou bien, on la laisse en
l'état; de la sorte on confère aux animaux clavelisés une maladie bé-
nigne et on prévient tout danger de propagation par les bêtes ino-
culées. »
En résumé :
Considérant que le bétail étranger est absolument nécessaire aux be-
soins de Talimentalion française; que l'application stricte : P de
l'arrêté ministériel en date du 11 mai 1877, et 2% du nouvel arrêté
pris le 19 octobre 1879 par M. le gouverneur général civil de l'Al-
gérie, est impuissante à empêcher l'introduction en France de la cla-
velée; que le bétail algérien supporte seul toute la rigueur des arrêtés ;
que le clavelisation en masse (avant son importation) soit du bétail
algérien, soit de tout le bétail étranger, est un moyen peu pratique et
surtout inefficace, par suite de la facilité qu'il y a de simuler les traces
de la vaccination :
J'ai l'honneur de proposer les mesures suivantes, à mon avis d'une
efficacité incontestable :
r Faire sacrifier, à Marseille et à Cette, tous les animaux reconnus
claveleux dès leur sortie du navire;
2° Oulif;er les propriétaires qui voudraient acheter un troupeau d'a-
fricains, d'en faire la déclaration avant le I" mai.
3° Cantonner tous les troupeaux étrangers dès leur arrivée dans une
ferme et les soumettre à une surveillance.
4° Créer, dans le midi de la France^ un établissement oi^i l'on se li-
vrerait à la culture du claveau d'après la méthode de Pessina.
d'' Claveliser aux mois de mai, septembre et octobre, tous les trou-
peaux placés dans le voisinage du bétail africain \ Cette opération se-
rait toujours pratiquée à l'aide d'un virus bénin et du procédé Galtier.
L'État prendrait à sa charge les frais de vaccination et la mortalité,
seulement à f égard des troupeaux exposés à être contaminés par les
algériens.
6" Rendre le bétail africain responsable des dépenses résultant de
l'application de ces mesures en prélevant un nouveau droit de vingt-
cinq centimes par tête. P. Pourquier.
Médecin-vétérinaire à Montpellier.
SUR LÉ GONdRÈS VITIGOLE DE SARAGOSSE
iMonsieur le directeur, je lis dans votre numéro du 30 octobre, au sujet
du Congrès viticole de Saragosse, un article de mon excellent ami M. J.
Maistre, auquel je me crois obligé de répondre par ces quelques mots.
En ma qualité de correspondant attitré en Europe depuis neuf ans
de M. Meissner, de Saint-Louis, je lui dois de ne pas laisser s'accré-
diter une interprétation de sa pensée que M. Maistre a mal comprise ou
mal rendue.
Dans l'intéressant voyage que nous eûmes le plaisir de faire tous
trois en Espagne à l'occasion du Congrès phylloxérique de Saragosse,
M. Meissner a eu souvent l'occasion d'exprimer ses impressions qui
n'ont été qu'approbatives à l'égard des sages mesures intelligemment
décidées à ce Congrès.
1. Le meilleur moyen d'arrêter la contagioa de la clavelée d'Afrique, est de créer, autour de
chaque troupeau d'algériens, une zone suffisamment grande d'animaux jouissant de l'immunité.
308 SUR LE CONGRÈS VITIGOLE DE SARAGOSSE.
En effet, tout en s'efforcant de retarder l'invasion du fléau et de le
combattre à ses débuts, on s'empresse de créer par les semis de
pépins américains (dont l'importation n'offre aucun danger) des vignes
qui résisteront au fléau le jour où l'on sera débordé par le puceron.
Mais M.Meissner n'a pas précisément dit, comme l'écrit M.JMaistre,
« qu'il serait difficile de faire vivre la vigne américaine sur les mon-
tagnes de l'Espagne, là où déjà, sans la présence du phylloxéra, la
vigne européenne a de la peine à vivre. » S'il a du déclarer, avec sa
bonne foi constante, que sur des montagnes élevées, à des altitudes
où la vigne européenne ne peut vivre, ilne pouvait garantir, ni pres-
sentir que la vigne américaine vivrait, il a, par contre, affirmé qu'il
avait la conviction bien arrêtée que partout où vivait la vigne euro-
péenne, il n'y avait pas de doute qu'il fût aisé de cultiver des vignes
américaines (résistant chez lui à 30 degrés de froid) qui végètent
admirablement en Amérique depuis les froides régions du Canada
jusqu'aux rivages brûlants du golfe du Mexique.
Mon ami, M. Maistre, croit nécessaire, pour plaider la cause de
rirria;ation, de continuer la vieille euerre dont les vie;nes américaines
ont été l'objet, alors qu'elles n'avaient pas encore fait leurs preuves.
Moins exclusif que lui, nous nous associerons à ses efforts, avec
toute l'énergie possible, pour demander les eaux du Khône (sans
étroite parcimonie) et le reboisement des montagnes. Mais nous nous
garderions de donner des conseils aussi exclusif's que ceux qu'il re-
nouvelle dans votre estimable Journal après les avoir exprimés au
Congrès de Saragos^e.
A mon avis, si les Espagnols se bornent à émettre plaloniquement
des vœux pour la diffusion des eaux sur des coteaux arides où, pour
Ja plupart, il ne sera jamais possible d'en amener, s'ils ne songent
qu'à boiser leurs hautes montagnes, ils verront, avant très peu d'an-
néas, disparaître absolument les immenses vignobles qui sont pour
eux la source des plus grandes richesses, tandis que s'ils continuent
sagement à se préparer, par la création sans danger au moyen des
semis, un stock important de vignes résistantes, ils pourront, sans tran-
sition, conserver toujours leurs riches vignobles en se bornant à rem-
placer, au fur et à mesure de leur destruction, les vignes europé ennes
par des ceps américains.
M. Maistre commet encore une erreur quand il parle de la vigne
américaine comme d'un « arbuste qui vient dans urf pays plus frais
« que le nôtre et qui ne pourra dès lors nous donner des produits. »
Nous lui observerons qu'on ne saurait, certes, considérer le Texas
(d'où nous viennent le Jacquez, l'Herbemont, etc.) comme un pays
plus frais que le nôtre.
Et du reste ces vignes se sont chargées depuis bien des années de
nous prouver que non seulement elles vivent dans l'Hérault, mais
qu'elles y produisent beaucoup.
^I. Aguillon (du Var) m'écrit justement que la production de ses
importantes plantations de Jacquez, constatée par le maire de sa com-
mune, lui a donné une moyenne de huit kilog. par souche sur des pieds
de 5 ans taillés à long bois.
Si la vigne américaine est depuis quelques années cultivée sur 'une
échelle chaque année infiniment plus étendue, il serait singulier d'at-
tribuer ce fait à une question de '< mode », comme l'assure M. Maistre.
SLR LE CONGRÈS VITIGOLE DE SARAGGSSE. 309
Il est si naturel de se rendre à l'évidence et de reconnaître qu'après
des "préventions bien naturelles et une opposition générale, avant
qu'elle eût fait ses preuves, la vigne américaine a, par le seul fait
de son succès inespéré, désarmé l'un après l'autre la presque géné-
ralité de ses anciens adversaires, qui tous aujourd'hui s'empressent de
la planter après avoir vu que ses qualités de porte-greffe et souvent
de producteur direct assureraient désormais la reconstitution de nos
anciens vignobles.
Les agriculteurs sont généralement pratiques et ce sont les faits plus
que les théories et la mode qui les décident.
Si notre ami, M. Maistre, a été réellement assez heureux pour
conserver encore, en les irriguant, quelques vignes, comme du reste
nous en avons encore ailleurs quelques-unes de vivantes dans des
terrains sablonneux ou submersibles, nous désirons autant que lui
que ce résultat soit durable et surtout se généralise chez tous ceux qui,
ayant leurs vignes à sauver, ont aussi la bonne fortune d'être dans des
conditions topographiques qui leur permettent de les irriguer.
Mais tant que nous serons en présence d'un fait presque isolé à
l'appui de son système et que nous verrons les vignes américaines
avoir fait leurs preuves depuis huit ans chez des centaines et des
milliers d'agriculteurs intelligents, tels que MM. Pagezy, G. Bazille,
Vialla, Saint-Pierre, Bouscaren, Arnal, Guiraud, Blouquier, etc., tant
d'autres dans les régions les plus diverses de la France, nous n'hési-
terons pas à conseiller de recourir aux vignes américaines, avec d'au-
tant plus de raisons que la plupart des terres à planter ne pourront
en aucun cas ètve jamais arrosées. J'ajouterai même que depuis que la
multiplicité des plantations et que la production de bois américain ont
ramené les prix à 0.05, 0.10 et 0.15 la bouture, il n'est pas de
moyen plus économique en même temps que plus sur de replanter
un vignoble détruit, et de se garantir mieux contre les éventualités de
destruction par le phylloxéra.
Vous voudrez bien, monsieur le Directeur, ainsi que mon ami
M. Maistre, m'excuser d'avoir répondu peut-être trop longuement à
son article inséré dans votre numéro du 30 octobre, mais j'ai cru ne
pas devoir laisser sans réponse, en l'absence de M. Meissner,une inter-
prétation de sa pensée contre laquelle il eut certainement réclamé s'il
n'était déjà reparti pour le Missouri.
Je ne voudrais pas finir sans m'associer à M. Maistre pour exprimer
toute notre gratitude pour l'accueil si cordial et si affectueux, dont les
étrangers et particulièrement les Français ont été l'objet en Espagne.
Veuillez agréer, etc., J. Leenhart-Pomier.
LA PISCICULTURE EN AMÉRIQUE'
Nous parlerons dans celte causerie du développement vraiment
extraordinaire que la pisciculture a pris en Amérique dans ces vingt
dernières années; là encore, partis bien après nous, les Américains
nous ont depuis nombre d'années de beaucoup devancés.
Nos lecteurs se souviendront peut-être qu'au n° 523 du tome II de
1879, dans un de nos entretiens sur YHuningue allemand, nous les
avions entretenus en passant, d'un certain saumon de Californie (Che-
1. Voir le Journal des It ei 25 3eptembre,pages 418 et 489 du tome 111 delS80; des 9 et 23 octobre,
6 et 13 novembre, pages 02, 144, 217 et 268 de ce volume.
310 PISCICULTURE EN AMERIQUE.
nook-Salmon ou Salmo nrientalis)^ sur lequel il s'y faisait de fort inté-
ressantes expériences d'acclitnalation^ le transport et l'incubation de
l'œuf ayant parfaitement réussi.
Puisque cette question de la pisciculture aux Etats-Unis semble être
le liant plut du jour, parlons-en donc.
Comment le feu sacré pour cette question,- dont le positivisme avait
de suite frappé les citoyens delà grande république, avait été allumé,
et par qui? Voilà, nous croyons ce dont nos jeunes confrères de la
presse piscicole, qui maintenant sur ce thème nous servent traduits
de si intéressants articles, ne se doutent guère.
yoici le fait uniquement dû aux correspondants des journaux amé-
ricains, dont un de nos amis qui écrivit de Paris en 1853 à la Tri-
bune de New-York, une série de lettres faciles à retrouver dans la
collection de ce grand organe politique, et cela à la suite d'un de
ces vigoureux articles comme ce toujours jeune et rude lutteur, qui
s'appelle Victor Meunier, sait les écrire.
l/arlicle en question ayant paru dans la Prease, notre ami nous
demandait quelques chiffres sur l'importance économique de cette
question, laquelle pour ses compatriotes n'était alors que de l'arien.
En Américain spirituel et instruit doublé de Yankee (il a formé
depuis les 30 ans qu'il habite notre Paris, la plus complète et la plus
rare collection de Franklin-Washington-Lafayette qu'il y ait certaine-
ment dans le monde), M. Hundington, comprenant de suite le parti à
tirer d'une telle communication, s'en empara et la traita dans cet
organe de la grande presse du nouveau monde.
Sa conclusion, que nous ne pouvons résister au plaisir de repro-
duire, était surtout digne .d'un esprit si humoristique et si précis
dans ces temps oij, aux Etats Unis, commençait à poindre cette grosse
question d'un socialisme mal digéré, qui depuis les a tant inquiétés.
« Comment, chez nous avecnos immenses réserves non utilisées, le
peuple dit j'ai faim, écrivait-il; mais comment cela peut-il être?
n'avons-nous pas gibier, viande, oiseaux, côtes immenses peuplées
d'animaux de toutes sortes! Eh bien, voilà miintenant du poisson,
faites-en donc à souhait et ne vous plaignez plus si vous en manquiez,
car le coupable ne serait alors que toi, peuple de l'immense ré-
publique ! »
De 1853 à la fin de la guerre de sécession, la question sommeilla,
mais à partir de 1870, son réveil n'en fut que plus éclatant sous l'im-
pulsion des Agassiz, pour la publication de la faune duquel son
éditeur eut, en moins de six mois, plus de 3 millions de souscrip-
teurs; succès unique, dont malheureusement la mort ne le laissa pas
jouir longtemps. Des Mathez de New-York, Green, Spencer, Baird et
surtout M. Stone.
Ce qu'il y eut de particulier, c'est que le saumon sur lequel les pre-
miers essais se firent, et cela dansquellesproportions I ce fui justement
celui qui nous conviendrait si bien, puisque sa rusticité lui permet de
supporter les hautes tempéralur/'S auxquelles le solar ne résiste pas.
Le Saline orientalis du Sacramento étant le même que celui des côtes
d'Asie, du Pacifique, en un mot, comme le nôtre, le salar, l'est de
l'océan Atlantique, c'est à-dire le seul à ce jour connu, ne dépassant
pas les 55 et ^3 degrés de latitude; le premier, du contraire, ne se
tenant qu'entre les 30 et 35 degrés, aurait donc pour notre bassin
PISCICULTURE EN AMKRiyUE. 311
iiiéditerranéeii la plus sérieuse importaiicn, car à quoi bon le nier, la
piscicullure n'a à ce jour cueilli de ce côlé que de bien rares lauriers.
Ce Salino orienlalis est déjà connu, ou l'éLait avant les grandes expé-
rience « américaines, car il ne serait autre que le king des Anglais et
le cliowiciie des Uusses. Est-ce bien pronvéy
A lluningue, nous n'avons jauiais pu voir noire saumon du Rhin
supporter +''^~'» ^ -f- 2(r dans des eauv abondantes et non en-
feuiUéi's, il languissait; à 4-23", c'était au bout de quelques jours
sûrement la mort, au moment de l'alevinage surtout. Le quinnot sup-
portait, lui, aisément jus(|u'à -[-20% d'oîi les conséquences faciles à
déduire pour ce que nous annoncions ci -dessus.
Ce saumon offrirait aussi cette particularité que son frai dure du
mois de juin à la fln de février, donc 3/4 de l'année.
Les premiers mineurs californiens y trouvèrent d'abondantes res-
sources, et nous tenons de l'un d'eux que ce n'est qu'au quinnot que
ce pa^ys a du son si prompt et prodigieux développement, après l'or,
bien entendu.
Le mets favori des pionniers, après les Egyptiens des Pharaons,
dit Strabon, était le saumon en soupe, le saumon frit sur les charbons
ou à l'indienne, mais surtout de pain fuit de farine et de muscles de
saumons hachés ?nenus.
C'est par millions qu'on les prend aux sources de la Mac-Léod ou
Mac-Cloud, en plein pays indien, c'est là que le gouvernement des
Etats-Unis fait, parsesagents, recueillir ses semences précieuses, trans-
portées par un outillage spécial qui s'adapte à toutes les voies ferrées,
dans toutes les parties de 1 Union par millions d'œufs sur chaque train.
La remonte de la Leod dure de mars à octobre, époque oîi tous les
poissons sont alors chassés par les pluies de l'hiver. L'œuf du s lumon
américain étant plus gros que le nôtre, son coefficient, par poids vivant,
est donc moindre; la moitié, dit-on, mais qu'importe, la source étant
tellement abondante que nulle crainte n'est à concevoir de ce côté.
Ayant déjà parlé de son incubation et de son premier alevinage dans
l'article lluningue cité ci-dessus, nous n'y reviendrons pas.
Les saumons ne mangeant pas en eau douce y maigrissent rapi-
dement à l'époque de leurs amours. Il en serait de même du saumon
californien, car sur les U8,()0i», pris en 1874, trois seulement, dit
AL Stone avaient l'estomac plein alors qu'ils avaient été péchés à
300 kilomètres de l'embouchure du Sacramento. Durant le temps de
ses amours, le quinnot, toujours d'après M. Stone, aurait quelque
chose de la mabilité du brigand de Calabre, ses yeux paraissent
agrandis par l'amaigrisseMient de son corps qui a remplacé par de
i'udes et dures écailles, les beaux tons de sa livrée d'amour vert orangé,
(^'cst alors qu'il montre sans cesse de formidables mâchoires garnies
(le dents allant parfois jusqu'à un demi pouce Que nos lecteurs re-
tiennent leur étonnement à ce chiffre de 300 kilomètres dont nous
avons parlé, car les frayères du quinnot sont à une altitude de 1 1 à
1200 mètres et à plus de 1700 kilomètres du Pacifique.
Leur station entre deux eaux, comme disent les pêcheurs de Maes-
trich n'a d'autre l)ut que de débarrasser les saumons des crustacés
attachés à leurs corps, — un beau sujet d'études pour la haute science
de nos laboratoires marins.
L'AiTiéricain en suprême fabricateur de dollars a établi près de ces
312 PISCICULTURE EN AMÉRIQUE.
estuaires, ses immenses fabriques de conserves, dont seulement pour
rOréiion. il fut expédié vers l'Est, en 1875, plus de 10 millions de
kilogrammes de saumons en boîte, chiffre que notre ami M. Hunding-
ton nous disait dernièrement, à Paris, avoir été plus que doublé
Si nous ajoutons à cela le poisson frais, ne lévaluons qu'à la
moitié! et que le lecteur mette lui-même des chiffres qui sembleraient
tenir de l'hyperbole, si nous ne parlions à un public agricole, d'un
pays oii s'exploite aujourd'hui des fermes de 15,000 hectares;
c'est-à-dire près de I 10,000 boisselées déterre! comprenez-vous cela,
mes chers Vendéens?
Plus de 10,000 ouvriers y trouvent leur gagne-pain peu lant la sai-
son de la remonte et le chiffre affaire était fixé, toujours en 1875,
entre *24 et '28 millions de francs.
Ce carnage ne devait pas laisser que de donner quelques inquiétudes
aux amis prévoyants et soucieux des intérêts de la grande république,
aussi le congrès a-t-il cherché à y mettre un frein, et cela, non par
des lois restrictives de la liberté de la pêche, mais bien par un intel-
ligent aménagement dans la culture de l'eau en élevant, en un mot,
la production à la hauteur de cette inquiétante consommation; états,
sociétés privées, tout se mit à l'œuvre pour réparer le mal et continuer
le bien.
Dans un seul établissement de pisciculture crée dans ce but, celui
delà rivière Clackamas. affluent de l'Orégon, on ne fait pas moins de
'20 millions d'alevins.
Que sont nos chiffres d'Huningue, près de pareils géants!... Les 9
ou 1 0 millions d'œufs des établissements de pisciculture russe nous
frappèrent déjà, et n'avions-nous pas raison de prévenir nos lecteurs
qu'ils n'étaient pas au bout de leurs surprises.
Au moment oii nous corrigeons ces épreuves, 100,000 œufs de ce
même saumon américain arrivent à Paris des bords du Saeramento
dans les meilleures conditions de succès.
Nous demandons au gouvernement de la Képublique de ne pas
laisser passer sans la mettre à profit, cette occasion de *àire l'expé-
rience ci-dessus mentionnée pour notre bassin méditer. » •:• n.
Xous croyons qu'il serait prudent de la tenter s... îjis points,
divisant par 13 des alevins que, en mars et avril, ■ :: .evrait, selon
nous, placer sur d'anciennes frayères de truites pnaitement con-
nues. Xous croyons, 1", sur l'Oignon; 2", vers Embrun; 3", en
amont d'Aubenas, sur l'Ardèche, à la condition formelle que lesdits
emplacements seraient pendant au moins trois ans surveillés d'octobre
à janvier par les agents des ponts et chaussées avec la dernière sévérité.
Dans une de nos prochaines causeries, nous aborderons enfin, nous
aussi, cette grandesse de nos mers, l'huître, à laquelle nous eûmes lin-
signe honneur d'être un des premiers appelé à offrir nos hommages
Arcachon, en 185ii. Chabot-Karlen,
CoiTespondant de la Société nationale d'agriculture de France^
PLAXTATIOX AUTOMNALE DES POMMES DE TERRE
Avec raison et bien grande raison même, on s'occupe dans votre
excellent Jourml du moyen d'atténuer les ravages de la maladie de
la pomme de terre, ravages qui augmentent de plus en plus par ces
années de grande humidité.
PLANTATION AUTOMNALE DES POMMES DE TERRE. 313
Je crois la plantation à l'automne excellente pour obtenir sinon tout
à fait, du moins en partie ce résultat. Voici comment je vais opérer la
semaine prochaine; car, à cause de mes trop nombreuses occupations,
je n'ai p:is encore trouvé le temps de faire ma plantation et je crois
qu'il est un peu tard.
Je laboure ma terre avec une forte charrue suivie d'une sous soleuse
Howard, mais après l'avoir préalablement fumée avec du fumier de
ferme très décomposé, de la poussière de chaux ou du plâtre, des
cendres de bois et du sel de morue (c'est-à-dire du sel qui ne peut
plus servir et que nous payons à llontleur, 5 fr. les 100 kilog.).
Je plante mes pommes de terre à 20 centimètres de profondeur,
après avoir bien ameubli ma terre avec de bonnes herses articulées.
Puis, avant les grandes gelées, je couvrirai mon champ de pommes
de terre d'une bonne couche de long fumier que j'ôterai au printemps
quand les froids seront passés et que je serai décidé à commencer
les binages.
De cette façon, rien ne gèlera et la chaux et le sel chassant tous les
insectes de la terre, la pomme de terre sera, au premier beau temps,
en parfait état de conservation et donnera des germes puissants.
E. Cassé,
Agriculteur, a Saint-Aubin (E'Ji'e).
SITUATION AGRICOLE DANS L'ARDÊGHE
Quintenas, 12 novembre 18S0.
Notre région, après avoir eu de fortes chaleurs, accompagnées d'une sécheresse
intense, résultant du manque de neige l'iiiver dernier et de pluies au commence-
ment de l'année, a eu un automne très pluvieux, qui a favorisé les dernières ré-
coltes et les semailles de céréales.
La quantité d'eau tombée en juillet a été de 0"' 030, en août de 0'".062, en
septembre de 0'" ( 2S en octobre de Û"'.l 0, et en novembre, à l'heure actuelle,
il est déjà tombé 0"'.080. Nous avons eu aussi des variations très brusques. C'est
ainsi que le 27 octobre, le thermomètre a oscillé de — 3" à-j- 16".
Les vendanges se sont faites dans de bonnes conditions; le vin est aussi bien
meilleur crue l'année passée. Les vignes qui n'avaient pas été atteintes par la
gelée de l'hiver dernier, ou la coulure occasionnée par les pluies froides de juin,
ont donné une bonne récolte ; malheureusement elles ne sont pas en majorité. Le
phylloxéra continue aussi sa marche envahissante. Quoique lents, les progrès
n'en sont pas rhoins réels. Dans les parties calcaires, la marche est beaucoup plus
rapide. Quelques essais de sulfure de carbone ont été faits au printemps; mais
comme les vignes oià ces expériences ont été faites étaient déjà assez malades, les
résultats sont peu encourageants pour la première année. 11 est à craindre que
notre sol, presque exclusivement granitique et peu profond, laisse dégager les
vapeurs trop rapidement. Il serait à souhaiter qu'on trouvât bientôt un moyen
d'emprisonner des doses fixes de sulfure dans des petites capsules, ce qui rendrait
l'opération bien plus facile et à la portée de tout le monde.
Les pommes de terre, que l'on finit de ramasser, ont donné une très belle
récolte. Par suite des emblavures d'hiver détruites par les fortes gelées, la surface
consacrée à cette culture avait été beaucoup augmentée ce printemps, ce qui fait
qu'avec la bonne récolte, il y a longtemps que la région n'avait pas eu d'aussi
grandes quantités disponibles. Le prix qu'en offre le commerce n'étant pas ré;cu-
nérateur, puisqu'il n'arrive pas à ^ fr. par 100 kilog., il est probable qu'une
grand», partie va être consommée par le bétail sur place, ce qui sera d'un grand
secours, vu la petite récolte de foin et le prix auquel il est déjà arrivé.
L'état sanitaire de la race bovine laisse beaucoup à désirer à cause de le fièvre
aphteuse qui continue à sévir d'une manière assez intense.
Le bétiil maigre abonde sur les foires et se vend à vil prix.
En somme, année très médiocre pour la culture, qui n'a presque pas eu de blé
froment, une demi-récolte d:i foin, et par suite une grande dépréciation du bétail,
dont une partie est encore amoindrie par la maladie L.-F. de Brezenaud.
314 SOCIÉTÉ NATIONALE D AGRICULTURE DE FRANCE.
SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRICULTURE
Séince du 17 novembre 1880. — Présidence de M. Chevreul.
M. le secrétaire pf^rpéJuel annonce la mort de M. Louis Gossin, pro-
fesseur d'agriculture de l'Oise, correspoii<lant de la Société dans la
Section d'économie, de statistique et de législation agricoles, et celle
de M. Jeannin, correspondant dans la Section d'économie des
animaux.
M. le docteur Eugène Robert, correspondant, envoie une noie sur
la restauration naturelle des arbres atteints par le froid dans l'hiver
de 1 879-1 S80.
M. Léo d'Ounous envo'e une note sur la plantation automnale des
pommes de terre, dans laquelle ilconlirme les observations qni ont été
récemment présentées sur ce sujet par JM. Léouzon, dans le Journal.
M. Laliman envoie plusieurs échantillons de vins provenant des
vignes américaines cullivées dans son domaine de la Touratte, près
Bordeaux, notamment le Jacquez, l'Herbamont et le Dumas.
M. Sacc envoie une note sur diverses productions de l'île des Pin-
gouins, sur le littoral de la République Argentine, dans l'Amérique
du Sud.
La Société d'agriculture de la Basse-Alsace envoie les 2* et 3* fasci-
cules de son Bulletin trimestriel pour l'année 1880.
M. Pasteur fait un exposé de l'ensemble de ses travaux sur les ma-
ladies virulentes, notamment sur le choléra des poules. Il indique les
résultais auxquels il est an ivé, et qui ont été exposés dans les diverses
notes sur ce sujet, que nous avons reproduites, notamment dans
notre dernier numéro (page 2.ï1). Nous n'y insisterons donc pas da-
vantage, mais nous devons enregistrer que iM. Pasteur a exprimé Tes-
poir d'arriver, dans un avenir prochain, à augmenter progressive-
ment l'intensité du virus du choléra des ])oules, comme il est parvenu
à en faire décroître progressivement la viruler^ce. M. Bouley ajoute
quelques observations sur limportance deà travaux de M. Pasteur.
M. Rlilne-Edwards rappelle, à cette occasion, les faits constatés de-
puis longtemps sur la diminution de l'intensité des maladies virulentes
par des inoculations succe-sives.
]M. le comte de la Vergne fait .une communication sur la situation
du iMédoc au point de vue du phylloxéra; il insiste sur ce fait que
les terres naturelles de graves, qui renferment 80 pour 100 de sable
pur, sont à peu près indemnes du puceron. Il fait aussi l'exposé des
bons résultats qu'il a obtenus par la combinaison de la décortication
de la partie inférieure de"} souches avec le traitement par Us insecti-
cides; le Journal reviendra sur cette .question. Henry Sag.nieh.
REVUE COMMERCULE ET PRIX-C01jR\NT DES DENRÉES AGRICOLES
(20 NOVEMBRE 1880).
1. — Situation générale.
Les travaux de la saison ont étéinterrorapu-'î par des pluies persistantes sur ua
grand nombre de points. Les marchés agiicoles présentent une plus grande anima-
tion, et les transactions sont plus importantes.
U, — Les grains et les farines.
Les tableaux suivants résum^-nt les cours des céréales, par quintal métrique
leR principaux marchés de la France et de l'étranger.
à
REVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT (20 NOVEMBRE II
315
!'• BBGION.-
- NORI
Ï-OUEST.
Blé.
Seigle.
Orge.
ATome-
fr.
fr.
fr.
fr.
Co'î'aMs. Condé
Î9.00
2i.75
20.00
23 50
— Liseiix
. 27 50
21.50
B
22 ou
Côtes du-Nord Ponlrieax 26.00
15 50
lô.SO
— Treg'iier
24.00
»
<6 00
16 50
Finistère Morluix
26 25
„
15.00
15.50
- yiuinper
24 50
22.00
16. 00
17.00
Ille etVilaine Ketuies.
2 '.00
*
16.50
18.50
Recl'jn . . .
27.00
30. 2i
30.50
24 . 00
18.50
18 ■'5
Manche. Avranclies ...
22.25
— P.Hilorsoii
28. 50
»
18.00
21 .50
— Villedieii
29.50
20.75
1!) 25
22 25
Uayenni'.. Laval
26.50
16 25
— Chàleau-Gonlier..
26.25
I
19.00
2 .00
Morbihan Heinieftuiil..
26 75
21.00
19.0.)
Or/ie. Bîllènie
27 2s
21.25
23.00
21. bO
— Viiii uliers
2;. 25
20.50
20.00
18 00
Sarthe. Le Mans
26.75
17.50
18. ;o
- Sablé
27.25
»
18.00
18.75
Prix moyens 27.03 21.69 17.90
2» RÉGION. — NURD.
Aisne. Soissons 26.65
— St-Oi:e jiin 2s.oo
— Vil ecs-Cotieiels.. 27 25
Eure. Evreux 27 80
— Combe? 28.00
— Picy 2S 00
Eure-et-Loir. Chartres. 27.25
— Anneau 28 00
— Nogeni-le-Rotrou. 27.50
JN'ord. Caiiilirai 27.50
— Doua) 29 00
— Valenciennes .... 27. 5 J
Oise. Beadvais 26.75
— Compiègne 27.00
— Nu>on... 27.25
Pas-de Calais. Arras.. . 28.25
— Saiiii-utiier 28. 00
Seine. P lis 28.50
S.-et-Marne Weaux 27.50
— Provins 28.(0
— Nemours 27.50
S.-«-Oî,se. Versailles. .. 28.00
— Poniûi-e 27.00
— Eiampes 27.25
Seine Inférieure. Houen 27.75
— Di ;(ipe 27.50
— Fecamp 27 00
Somme. Abbiville 27.75
— Montdiiier 27. OJ
— Roye 26 25
Prix moyens 2756
3» RKOION. — NORD-BST
Ardennes CharUville.. 27.00 22 50
Aube. Bar-Sur-Aube... 28.00 »
Méiy-sur-Seine. .. ï7.25
— Troyes 27.50
1/arne. ChAions 26 75
— Ep-rnay 26.75
— Beluis 25.50
— Vitry-le-Français . 27 0)
HU-Marne Houi boiitie . 26.75
Meurlhe-ei Monelle Nancy 27 25
— Luiieville 27.75
— Toui 27 75
Meuse. Bar-le-Duc 26 50
— Verrlun 27 50
Haute-Saône Gray 27 75
— Ve>..ui.. 27.65
Vosges Mire'-onrt 27.00
— Raoa-lElape 29.75
Prix moyens 27.30
4* RÉGION. — OUEST.
Charen/e. Angouiême.. 28.50 >
— Buffi-c 29 00 20.00
Charente Infér Marans. 26 25 »
Deux Sevrés. Niort 28 oo »
Indre-et-i.uire. Tours.. 28. 25
— Blere 27.00
— ChAleau-Benault. 27 25
Loire-Zn/. Nar.ies 26 fO
1/ -?*-/ oite. Saumur . . 28 00
Vendée. Luçi.i. ï6 50
— LaRoclie 'il .vO
Vienne. Poitiers 28 50
— Londun 27.00
Haute-Vienne. Limoges 28.00 20.50
23 00
23 50
23.25
2l 00
22.50
22.50
22.25
2^.50
22 . 00
20.75
20.50
21.25
22.21
20.00
19.00
19.50
21.00
21.50
18.50
18.50
19.25
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21.50
20. «0
19 75
21. UO
19.50
19.75
18.75
19.00
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19.63
18.50
19.00
18.00
19.50
2 00
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19. 50
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18 75
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15 00
16. 7j
17.25
17.00
17.75
16 oo
16 75
16.10
15.30
16. "5
52.50
19. 75
19.(0
H.IU
18 oo
17.50
17. OJ
IS 50
10.75
18.50
19.00
18 75
18 00
20 lO
Prix moyens 27.45 20. 00 19.68 18.87
h* RÉGION
— CENTRE.
Blé.
Seigle.
Orge.
Atojm.
fr.
fr.
fr.
fr.
Allier. Monlluçon
27.00
21.75
19.50
18 50
— St-Poiirçain
28.00
20.00
17. 5O
— Gannal
Cher.bn.,!..,^, ,
28.00
»
2; 00
18. oO
27.50
20 75
20.25
18.0''
— Graça"
27.75
28.25
20.50
21.00
19 00
19.50
17.00
18 00
- T^^r^ô,^ :;...
Creuse. Aut)nsson
27.00
19.00
18 5O
Indre. Cliâleaiiroux. . . .
27.25
20. to
20. IS
17. 5O
— Iss-.udun
27 75
19. -5
20.50
17.00
- Valençay
27 . 25
19.50
19. -^5
17.50
Loiret, x.oiuargis
27.50
22 25
19.50
17.75
— Oien
27.75
26.70
20.75
21.50
lh.50
20.00
18.00
20 60
— Puhiviers
Loir-ei-CUer. «lois
28 00
19 25
19. 50
20.00
— Montoire
26.00
28.00
19. tO
19.25
18 uO
19. oO
Mevre. Nevers '..'..
— Cosne
27.00
18.75
22.25
20.7.S
19 00
18 50
18.50
18. uO
19.00
17.50
Konne. Brienon
27 2 1
— St Floreniin
27.75
— Seus
28.00
20 25
20 00
17.75
Prix moyens
27 49
20.47
19. SI
18.15
6' RÉGION. —
EST.
Ain. Bourg
30.00
2'. 25
20 ..00
21.40
17.00
17.50
— Pon:-de-Vaux. ..
.»
Côte-d'Or Dijon
27 00
21.75
21.00
16 50
— Beaune
28 00
»
19.50
16.75
Doubs Be-.aiiçon
28 00
s
17.80
17.50
Isère. Grand-Lemps. . . .
28. '0
19.73
,
— Bourgoin
28 50
18.25
17.75
16 75
Jura. Dùle
ri 25
28 75
18.50
19 00
18.00
18.75
17.25
18.50
Loire. < harlieu
P-rf«-£>ôm«Clermont-F
31.00
20.00
21.00
Rhône. Lyon
Saône-et-L»ire. Autua..
29.. 0
20 80
18 00
18.25
27 50
19.50
20.75
17 25
— Chalon
28.50
20.25
17.75
S'ivoie. Chainbery
30.50
20.70
>
18.00
Hle-Savoie. Annecy
29.00
«
a
17 75
Prix moyens
28.71
19.99
19.34
17.46
7» RÉGION. -
- SUD-
OUEST.
Ariège. Pamiers
Dnrdogne. Bergerac...
28.25
19.00
a
19.50
28 50
20.25
s
2U.00
Hle-Oa,;,nne. louloiise.
28.00
19.00
17.00
20.25
— Vili^franche-Laur.
28.00
20.25
17.50
19. 25
Gers , Oondom
28 20
20.00
19 25
— Eauze
27.50
»
»
— Miraude
26.50
»
18.50
Gironde. Bordeaux....
28.50
21.75
»
20 50
— Bazas
28 00
20.00
»
21 00
Landes. Uax
27 50
18.75
Lol-et-Garonne. Agen..
28.75
20.00
»
20.50
— Nérao...
28.25
27.80
19.75
20.00
20.25
B.-Pyreiie.ex. Bayonne..
18.00
Hles- Pyrénées. Tarbes.
28.00
20.00
Prix moyens
27. S8
19.86
ilTiô
19.92
8» RÉGION. — SUD,
Aude. Carcissonne
27.50
»
18.00
20.00
Aveyron. Ridez
27.00
19.50
20.25
Cantal. \Jauiiac
29.35
25.00
a
21.50
Coi~,-eze. Lnherzac
29.00
20.75
19.50
20.50
Hérault. C-lte
28.50
20.00
Loi. Figeac
28.25
19. 75
20.25
20.50
Lozère. Vieiide
2S.55
19.90
20.30
22.35
- Marvejols
27.10
21.75
— Florac
29.40
20.30
21.50
17.70
Pyrenees-Or. Perpignan
2G.30
2U.00
23.00
24.45
Tarn. AIbi
27.75
17.75
Tarn-el-Uar. Montauban
28.50
20-50
18 50
20.50
Prix moyens
28.10
20.82
20.15
20.50
9" RÉGION.
— SITD-BST
Basses-Alpes Manosque
29.65
>
•
23.70
Haulex-Al(jex. Briançon
29.25
21.00
19.50
20.75
Alpr.K-Maritiine»CAUU^î
29.50
21 25
19.00
19.75
Ardrche. Privas
30.20
20.15
18 6i
20.20
U. du-Khôue. Arles....
29.25
18. UO
21.00
Urôme. Valence
30.10
21 00
18.00
Gard. Ni nés
29.50
20.50
19.00
21.25
Haute- l.„<r^. Le fuy....
30.50
20.75
22.00
18.25
Var. Draguignan
29. -lO
20.25
»
20.25
VaucLuKu. Caipeutras...
28. 50
21.00
20.00
Prix moyens
29 58
2,.. 70
19 59
20.31
Moy. de louie la France
— de Useuiaïuepreoed.
27 93
20 80
19. 2i
19.99
27 96
20 57
18.72
19. OS
SariaseaiaiDex Baosse
preceaente., \ Baisse
s
0.23
o.u
»
0.03
O.Ofi
316 REVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT
Blé. Seigle. Orge. Avoine
fr. tr. fr. fr.
Algérie. Alger 26.50 » 16.00 1650
Angleterre. Londres 27.75 » 20.95 21.00
Belgique. Anvers 25.75 23 75 22.75 19.00
— Bruxelles 28.20 23.00 » »
— Liège.. 27 00 24.25 23.00 18.50
— Namur 26. .50 23.50 21.00 18.00
Pays-Bas. Amsterdam 26.35 24.05 » »
Luxembourg. Luxembourg 29.50 25.00 23.00 17.25
Alsace-Lorraine. Metz 28.00 25.25 19.50 18.25
— Strasbourg 30.25 26.50 23. 50 18.25
— Mulhouse 29.00 24.20 22.00 18.50
Allemagne. Berlin 26.35 26.75
— Cologne 28.10 28.10 .
— Hambourg 25.10 25.60
Suisse. Genève 29. 25 » • 19.00
— Zurich 31.00 • » 18.50
Italie. Milan 29.00 22.75 » 19.75
Espagne. Valladolid 26.50 » . 16 00
Autriche. Vienne 27.00 23.00 18.00 15 00
Hongrie. Budapesth 26.75 21.50 17.25 13.50
Russie. Saint-Pétersbourg... 30.25 26.00 > 15.35
Etats-Unis. New-York 23.70 » » •
Blés. — Les appréciations actuelles sont celles de la semaine dernière. Dans la
plus grande partie de la France, les marchés se suivent et se ressemblent. Les
apports de la culture sont peu nombreux, les prix sont bien tenus. D'autre part,
les stocks du commerce et de la meunerie sont bien restreints. Il en résulte une
grande fermeté dans les cours. Enfin, circonstance sur laquelle il faut toujours
fixer aujourd'hui son attention, les cours des grands pays d exportation se main-
tiennent, et dans les conditions actuelles rien n'y fait prévoir de baisse subite. —
A la halle de Paris, le mercredi 17 novembre, il n'y a eu que peu d'affaires sur les
blés indigènes ; les cultivateurs ont bien maintenu leurs cours. On payait, suivant
les qualités, de 27 fr. 50 à 29 fr. 5û par 100 kilog. Le cours moyen s'est fixé à
28 fr. hO, comme le mercredi précédent. Sur le marché des blés à livrer, on cote :
courant du mois, 28 fr. 75 ; décembre, 28 fr. 25; quatre premiers mois, 28 fr. 25;
3uatre mois de mars, 28 fr. 25. — Au Havre, la fermeté se maintient sur les blés
'Amérique qui sont cotés de 26 fr. 75 à 28 fr. 25 par 100 kilog. suivant les
Qualités. — A Marseille, le marché des blés accuse une très grande fermeté ; les
emandes sont d'ailleurs assez actives. Les arrivages de la semaine ont été de
185,000 hectolitres environ; le stock continue à s'accroître dans les docks; il
atteint actuellement 144,000 quintaux. Au dernier jour, on payait, par 100 kilog. :
Irka, 27 fr. 75 à 28 fr. 50; Pologne, 27 fr. 75 à 28 fr. 50; Danube, 25 fr. 25 à
26 fr.; Richelles, 29 fr. à 29 fr. 50; Michigan, 28 fr. 25 à 28 fr. 50; Azof dur,
27 fr. 50 à 29 tr.; tuzelles d'Afrique, 29 fr. 50 à 30 fr. — A Londres, les impor-
tations de blés étrangers ont été, durant la semaine dernière de 157, OC 0 quintaux.
Les transactions sont assez calmes; les cours sont ceux de la semaine dernière.
On paye de 26 fr. 50 à 29 fr. par 100 kilog. suivant les provenances et les qualités.
Farines. — La situation ne s'est pas beaucoup modifiée depuis huit jours. On
paye les mêmes prix pour les farines de consommation qui sont cotées à la halle
de Paris : mararque D, 62 fr,; marques de choix, 63 à 64 fr. ; bonnes marques, 61
à 62fr ; sortes ordinaires, 59à60fr.; le tout par sac de 159 kilog., toile à rendre,
ou 157 kilog. net, ce qui correspond aux prix extrêmes de 37 Ir. 60 à 40 fr. 75, par
100 kilog., ou en moyenne 39 fr. 20, comme le mercredi précédent. — Pour les
farines de spéculation, on cotait à Paris, le 17 novembre au soir : farines huit-
marques, courant du mois, 59 fr. 50 à 59 fr. 75; décembre, 59 Ir. 25; quatre
premiers mois, 59 fr. quatre mois de mars, 59 fr.; le tout par sac de 159 kilog.
toile perdue, ou 157 kilog. net; farines supérieures, courant du mois, 38 fr. 75
à 39 fr,; décembre, 38 fr. 25; quatre premiers mois, 38 fr.; quatre mois de mars,
38 fr.; le tout par sac de 100 kilog. — La cote otficielle, en disponible, a été établie
comme il suit, pour chacun des iours de la semaine, par sac de 157 kilog. net :
Dates (novembre). 11 12 13 15 16 17
Farines huit-marque>s (157 kilog.). 59.10 59.10 59.00 59.15 59.35 59.65
— supérieures (lOa kilog.), 38.25 38 25 38.25 38.25 38.6il 39.00
Le prix moyen a été, pour les farines huit-marques, de 59 fr. 40, et pour les
supérieures, de 38 fr. 50, ce qui correspond à une hausse de 25 centimes pour
les unes et les autres depuis huit jours. — Cours sans changements pour les
DES DENRÉES AGRICOLES (20 NOVEMBRE 1880;. 317
f:ruaux qui sont cot^s de 43 à 54 fr. par 100 kilog., et les farines deuxièmes dont
es cours sont fixés de 29 à 34 fr.
Seigles. — Les ventes sont assez faciles aux mêmes cours que la semaine der-
nière de 23 fr. à 23 fr. 50 par 100 kilog. — Pour les farines, mêmes prix aussi,
de 32 à 35 fr., par quintal métrique.
Orges. — Les offres sont toujours nombreuses, mais les prix sont bien tenus
pour les diverses sortes. On paye de 19 à 20 fr. 50 par 1(0 kilog., suivant les
sortes. Les escourgeons valent de 20 fr. 25 à 20 fr. 75, avec un peu de baisse. —
A Londres, faibles importations d'orges, qui sont payées de 19 fr. 95 à 22 fr.
Malt. — Affaires peu importantes et prix sans changements.
Avoines. — Il y a des ventes assez nombreuses à la halle de Paris, où les prix
sont ceux de la semaine dernière, de 19 à 21 Ir. tO, par 100 kilog. — A Londres,
les arrivages sont un peu plus abondants; ils sont, depuis huit jours, de
83,000 quintaux; les prix se maintiennent de 19 60 à 22 fr. 15. par 100 kilog
Mais. — Les jirix accusent un peu plus de fermeté; on paye au Havre, 16 à
à 17 fr. par 100 kilog. pour les maïs d'Amérique.
Sarrasin, — La fermeté se maintien. On paye à la halle de Paris, de 18 fr. 76
à 19 fr. 10 par 100 kilog., suivant les sortes.
Issues — Mêmes cours que précédemment, avec peu d'affaires.
Pommes de terre. — Les qualités comestibles valent à la halle de Paris :
Hollande, communes, 7 à 8 !r. l'bectolitre, ou 10 à 11 fr. 40 par 100 kilog.;
jaunes communes, 5 à 6 fr. par hectohtre, ou 7 fr. 15 à 8 fr. 55 par 100 kilog.
— A Londres, on cote de 9 fr. 60 à 14 fr. par 100 kilog. suivant les qualités.
III. — Vins, spiritueux, vinaigres, cidres.
Vins. — Depuis trois semaines, la situation n'a pas changé : c'est toujours le
calme qui domine, et ce qui caractérise parfaitement cet état expectant, c'est la
nullité de nos correspondances, qui se résume en celte phrase pour ainsi dire sté-
réotypée : Rien de nouveau. Kous voilà donc forcément obligé de nous abstenir de
toute réflexion et de nous contenter de donner aujourd'hui les cours nouveaux qui
nous sont adressés des déf;artements vinicoles. — A Barbezieux (Charente), les
vins blancs valent 70 fr. la barrique de 228 litres; les vins rouges te vendent
ICO, 110 et jusqu'à 120 fr.; mais les preneurs sont rares à des cours aussi élevés.
— A Amboise (Indre-et-Loire , les vins rouges des côtes de la Loire sont vendus
de 93 à lOO fr. la pièce logée. Sur le Cher, on paye les vins de belle couleur
i"usqu'à 120 fr.., la pièce également logée. — A Bordeaux (Gironde^ de nombreux
)ourgeois supérieurs duHaut-Médoc, se sont vendus 800 et 1000 fr le tonneau de
4 barriques, logé; des artisans de Listrac et Moulins, 7 à 800 fr.; quelques arti-
sans du Bas-Médoc, 480 à 506 Ir.; dans leBlayais, les bourgeois supérieurs se trai-
tent à 600 fr.; en ne peut obtenir des vins paysans à moins de 500 fr. — A Puligny
(Gôte-dOr) : on cote les vins nouveaux 188U : ordinaire rouge, 95 à 115 fr. les
228 litres nus; ordinaire rouge arrière-côtes, 85 à 95 fr. les 228 litres; les vins ordi-
naires blancs de Puligny, 65 à 7C fr. la feuillette de 114 litres nus, et les ordi-
naires blancs des environs de Puligny, 48 à 55 fr. la feuillette. — A Cour-Che-
verny (Loir-et-Cher;, on paye : Sologne, 1880, 85 à 90 fr. les 228 litres nus;
Gamay, 1880, 100 à 105 fr. les 228 litres nus; Gros noirs, 1880, 140 fr. les
228 litres nus. — A Perpignan (Pyrénées-Orientales), voici les cours : Roussillon,
supérieurs, 1880, 45 à 47 fr. l'hectohtre nu; l"^"^ choix, 41 à 42 fr.; 2* choix, 37 à
39 fr.; petits vins, 8°, 28 à 32 fr. — A Béziers (Hérault), on cote les vins nou-
veaux, l'hectolitre nu : Aramons, 7 degrés, 26 fr.; Aianions supérieurs, 8 degrés,
39 fr.; Montagne ordinaire, 9 degrés, 31 fr.; joli montagne, 10 degrés, 34 fr.;
Montagne, 11 degrés, 37 fr.; beau Narbonne, 12 degrés, 45 fr.; Dourret, 9 de-
grés, 29 fr.; Picpoul, 11 degrés, 35 fr. — A Lézignan (Aude), voici les cours,
l'hectolitre nu : Aramons ordinaires, 24 fr.; Aramons de choix, 26 à 28 fr.;
petit Montagne, 28 à 30 fr.; Montagne de choix, 30 à 32 fr ; Lézignan, 2' choix, 33
à 35 fr.; Lésignan, 1" choix, 36 à 38 fr.; Minervois, 2' choix, 3^ à 36 fr.; Miner-
vois, 1" choix, 37 à 38 fr.; Corbières, 2" choix, 39 à 40 fr.; Corbières, 1" choix,
41 à 42 fr. — Des autres vignobles, on nous écrit, en général, que les cours ne sont
pas encore définitivement fîsés. Dans tous les cas, les prix, croyons-nous, resteront
Btationnaires jusqu'à ce que l'on connaisse exactement le chiffre officiel de la récolte
de 1880, chiffre que d'ordinaire l'administration nous donne le 1" janvier de chaque
année.
Spiritueux. — Le mouvement de baisse s'est continué cette semaine. Voici du
reste le cours du livrable pendant la huitaine écoulée : De 61 fr. 65 au début, le
318; REVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT
disponible a fait successive nent 61 fr. S"», 6) ïv. 50, 60 fr-, et en clôture 59 fr.50.
Le stock, après avoir épro ivé une au'^meatalioa Je 50 pipes, est en diiuinutioa
de 1 0 pipes sur la semiine dernière. Oa croit, en général, qun la grosse pro-
duction d'alcool de betterave sera cette année un éléinent de baisse qui dirigera
le marché. — A Lille, les affaires sont calmes et es prix ont lléchi, l'alcool dispo-
nible vaut de 68 fr. 5 ' à 57 fr. Encore aujourd'hui les prix sont sans changements
sur les marchés du Midi. Les marchés allemands accusent égalera-nt du calme.
Vinaigre'!. — A Orléans (Loiret), les vinaigres sont à la hausse. Le vinaigi-e de
vin nouveau, logé, vaut, l'hectolitre, 45 à 46 i'r.; le vinaigre nouveau de vin vieux,
logé, 46 à 48 fr , et le vinaigre vieux, 55 à 60 fr.
Cidr>',s. — A la Gnierche (lUe-ot- Vilaine), le ci Ire vaut 36 à 38 fr. la barrique;
à Château Geron, 35 à 38 Ir.; à Dol, 24 fr. et à Bain, 2b à 35 fr. la birri([ue.
IV. — Sucres. — \Mélassei!. — Fécules, — Glucoses. — Amidons. — Houblons, ;
Sucres. — Les résultats de la nouvelle fabrication sucrière s'accentuent de plus
en plus ; aussi la fermeté que nous signalions la semaine dernière sur les sucres
bruts se maintiennent de plus en plus, et s'accuse-t-elle sur tous les marchés. On
paye par 100 kilog., à Paris : sucres bruts 88 degrés saccharimétriijues, 54 fr. 25
a 54 fr. bO; sucres blancs, n° 3, 61 i'r. 50; à Ldle, sucres bruts, 52 fr. 25 à
52 fr. 50; àPéronne, sucres bruts, 52 fr, 75 à 53 fr.; sucres blancs, 60 fr.; à
Saint-Quentin, 60 fr. Le stock de l'entrepôt réel des sucres à Paris, était au
17 novembre, 220.000 sacs de sucres indigènes, avec une augmentation de'
38,000 sacs depuis huit jours. — Les sucres raffinés sont aussi en hausse; on
les paye de 118 à 120 fr. par iO» kilog. à la consommation, et de 76 à 80 fr.
pour l'exportation, nets de droit. Dans les ports, toujours peu d'arrivages sur les
sucres coloniaux; à Bordeaux, les rafiinés sont payés 116 à 120 fr. p^r 100 kilog.
à la consommation
Mélasses. — Les prix sont un peu plus faibles. On paye à Paris, 13 fr. par
100 kilog. pour les mélasses de fabrique; 15 fr. pour celles de ralfinerie ; — à
Valenciennes, 12 fr. 50 pour celles de fabrique.
Fécules. — Peu d'affaires pour les diverses sortes et maintien des prix. On paye
à Paris, 34 fr. 50 à 36 fr par lOO kilog. pour les fécules premières du rayon;
à Compiègne, 34 fr. pour celles de l'Oise. Les fécules vertes sont cotées de
21 fr. 50 à 22 fr.
Glucoses. — Mômes prix, que précédemment On paye à Paris par 100 kilog.:
sirop premier blanc de cristal, 58 à 6ufr.; sirop massé, 48 à 50 fr.; sirop liquide,
38 à 40 fr.
Amidons. — Il n'y a pas de variations dans les cours. On paye par quintal
métrique : amidon de pur froment, en paquets, 7u à 72 Ir.; amiduns de pro-
vince, f 0 à 62 fr ; amidons d'Alsace, 56 à ^ 8 Ir.; amidons de maïs, 40 à 42 fr.
Houblons. — Le plus grand nombre des marchés de production accusent une
grande fermeté, et même de la hausse. On paye par lOo kilog. : dans le Nord,
100 à 1 lu fr.; en Belgique, 100 à 1. 0 fr ; en Alsace, 220 à 250 fr., en Bourgogne,
150 à 180 fr. Les qualités médiocres mêmes se vendent facilement.
V. — Huiles et graines oléagineuses.
Huiles. — Les transactions reprennent plus d'activité, et les cours, après avoir
fléchi à la fin de la semaine précédante, sont actuellement en hausse. On paye par
100 kilog. : à Paris, huile de colza en tous iiàts, 75 fr.; entonnes, 75 fr.; épurée
en tonnes, 85 fr.; huile de lin en tous fûts, 69 fr. 25; en tonne, 71 fr. 25. —
Sur les marchés des départements, pour les huiles de colza : Gaen, 71 fr ; Lille,
72 fr. 50; Cambrai, 72 fr.; Arias, 76 fr.; et pour les autres sortes : pavot, 94 à
98jr.; Un, 68 fr ; Cameline, 6^ à 69 fr.; œillette, 145 fr, — A Marseille, les
huiles de graines sont cotées : sésame, 71 à 72 fr ; arachide, 72 à 73 fr.; coton,
77 à 78 fr. Quant aux huiles d olives, les affaires sont toujours peu importantes
dans le Midi.
Graines oléagineuses. — Les ventes sont faciles à des prix très fermes sur tous
les marelles. Ou paye par 100 kilog. à Fécamp : colza, 32 fr. 50 à 33 fr.; navettes,
31 à H3 fr ; cameline, 32 à 32 ir. 50; lin, ^2 à 34 fr ; chanvre, 30 à 34 fr.; par
hectolitre, à Cambrai : œillette, 35 à 36 f r ; colza, 21 à 22 fr.; cameline, 16 à
18 fr.; lin, 24 à 25 fr.
VI. — Tourteaux. — Nnrs, — Engrais.
Tnurtemtx. — Les affaires sont peu importantes et les prix se maintiennent,
A Marseille, on ne signale pas de changemeuts, A Rouen, on cote par 100 kilog. :.
DES DENRÉES AGRICOLES (20 NOVEMBRE 1880). 319
tourteaux de colza, 16 à 17 fr.; de lia. 24 à 25 fr.; à Arras, œillette, 17 fr. 25 à
17 fr 50; lin, 26 fr.-, cameline, 16 fr. 75.
Noirs. — Mêmes cours que précédemment. On paye à Valenciennes : noir
animal d vuf en grains, 32 ir. par 100 kilog.; noir d'engrais \ieux grains, 8 à
9 tr. par hectolitre.
VII. — Matièreu ri'sinpugps, colorantes. — Textiles,
ilalièresrés'me.useii. — Peu d'alTaires. On paye à Bordeaux 81 fr. par 100 kilog.;
à Dax, Si) fr. pour l'essence pure de térébeniljme.
Gaudes. — (Jours sans variation dans le Languedoc, à 21 fr. par 100 kilog.
Luines. — On signale des affaires assez actives, tant à Bordeaux qu'au Havre,
en ce qui concerne les laines coloniales. Les prix soi.t bien tenus pour les diverses
catégories; les Buenos- Ayies en suint de grande (|ualité, valent 2 fr. 45 à 2 fr. 60
Vill. — Suifs et corps gras, cuirs et peaux.
Suifx. — Les cours sont en hausse notable. On paye à Paris 86 fr. par 100 ki-
log. pour les suifs puis de l'abat delà houclierie.
Suihduuj-. — Les prix sont faibles, au Havre, où Ton paye 111 à 112 fr. par
100 kilog. pour les samdoux d'Amérique.
IX. — Beurres. — Œufs. — Fromages.— Volailles cl gihier.
Beurres. — Il a été vendu pendant la semaine, à la halle de Paris, 230,095 kilog.
de beurre'S de toutes sortes Au dernier jour, on payait par kilog. : en demi kilog.,
ordinaires et courants, 2 fr. 32 à 3 fr. 4i; petits beurres, 2 Ir. 12 à 2 fr. 82;
Gournay, 2 fr. à 4 fr. 86; Isigny, -i fr. 30 à 6 fr 88.
Œii/'s. — Du 9au 15 novembre, ilaélé vendu à la halle deParis, 3,155,270 œufs.
Au dernier jour, on payait par mille : choix, 127 à 142 fr.; ordinaires, 73 à
117 Ir ; petits, 50 à 58 Ir.
Froninges. — Derniers cours de la halle de Paris : par douzaine, Brie, 10 à
29 f r ; Montlhéry, !5 fr.; par cent, Livarot, 24 à 74 fr.; Mont-d'Or, 20 à 34 fr.;
Neufcliâtel, 4 5u à 27 fr. 50 ; divers, 5 à 71 fr ; par lOÛ kilog., Gruyère, 12'4à 175fr.
Vo ailles et gibier. — On vend à la halle deParis : Aloueites(la pièce), 0 fr. 14 5/2
àO fr. 29. — Bécasses, 3 fr. 50 à 5 fr. 50. — Bécassines, à 0 fr. 75 à 2 fr. —
Cailles, 0 fr. 45 à 1 15. — Canards barboteurs, l fr. 70 à 5 Ir. — Canards
sauvages, l fr. 50 à 3 fr. — Cerls, chevreuils et daims, 25 à 90 fr. — Crêtes
en lots, 1 fr. à 10 fr.. — Dindes gras ou gros, "< à 13 fr. — Dindes communs,
3 i*5 à 7 fr. 20. — Faisans et co (S de bruyère, 3 fr. 50 à 9 tr. — Lapins domes-
tiques, 1 fr. 50 à 5 Ir. lO — Lièvres, de 3 fr. 50 à 6 fr. 50 — Oies giasses, 8 à
11 fr. — Oies communes, 3 50 à 7 fr.25. — Perdrix grises, 1 fr. 85 à 5 Ir. — Pi-
■geons bizets, 0 fr. 50 à l fr. 25. — Poules ordinaires, de 3 fr. à 5 fr. 10. — Poulets
gras, 4 fr 60 à 7 fr. — Poulets communs, 1 Ir. 40 à 2 fr. 20.
X. — Chevaux. — Bétail.— Viande.^
Chevaux.— Aux marchés des 10 et 13 novembre, àParis, on comptait 1,150
chevaux. Sur ce nombre, 509 ont été vendus comme il suit :
Amenés. Venrfus. Pris extrêmes.
Chevaux de cabriolet '223 45 34.'î a 1,090 Ir.
— détail 325 8i 3lOà 1,220
— horsd'âge 35'* 133 40 i 1 OôJ
— à l'enchère 1:»3 133 45 â 585
— de boucherie 115 Ho 40 à 110
Bétail. — Le tableau suivant résume le mouvement du marché aux bestiaux de la
Viilette, du jeudi 11 au mardi 16 novembre :
Poids Prix du kilog. de yjande sur pied
Veodus moyea aumarclié du lundi 15 novembre
des . - — ».^
k quartiers, jre
Bœufs
Vaches
Taureaui
Veaux
Moutons
Porcs gras
— maii^res.
Les approvisionnements du marché sont devenus sensiblement plus faibles que
la semaine piécéderite. Les ventes sont faciles, les cours sont lermes, principalement
en ce qui concerne les veaux et les moutons. — A Rouen, on paye par kilog. :
bœuf, 1 fr. :-5 à 1 fr. 65; vache, 1 fr. 25 à 1 fr. 60 ; veau, 1 fr. '/5 à 2 fr. 00;
mouton, i fr. 75 à 2 fr. 10 ; porc, 1 fr. 35 à 1 fr. 50.
320 REVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT (20 NOVEMBRE 1880).
A Londres, les importations d'animaux étrangers, durant la semaine dernière, se
sont composées de 32 veaux et 2,338 moutons venant d'Amsterdam; 200 bœufs,
de Boston; h 4 moutons et 22 porcs, dHambourof; 41 bœufs, 12 veaux, 1,707
moutons et 34 porcs, d'Harlingen; 31 bœufs, du Havre; 299 bœufs, 531 moutons
et r» porcs, de Montréal; 431 bœufs et 150 moutons, de New-York; C6 bœufs,
d'Oporto; 6 veaux et 1,223 moutons, de Rotterdam; 2,391 bœufs et 1,907 mou-
tons, de Tonning Prix du kilog. Bœuf, 1«, 1 fr. 87 à 1 fr. 99; 2", 1 fr. 58 à
1 fr, 75; qualité inférieure, 1 fr. 40 à 1 fr. 58. — Veau, 1", l fr. 93 à 2 fr. 05;
2% 1 fr. 75 à 1 fr. 93. — Moulon, V\ 2fr. 28 à 2 fr. 40; 2% 1 fr. 93 à 2 fr. 10;
qualité inférieure, 1 fr. 75 à 1 fr. 93. — Porc, 1", 1 fr. 75 à 1 fr. 87 ; 2% 1 fr. 58
à 1 fr. 75.
Viande à la criée. — On a vendu à la halle de Paris, du 9 au 15 novembre.
Prix du kilog. le 15 novembre.
Bœuf ou vache
Veau
UoUtOQ
Porc
kilog.
191,167
rr>,68 5
91,7'22
3i,827_
440,399
ventes ont été
l" quai.
0.93 à 1.6)
1.78 -2.14
l.îli 1.40
•2» quai.
0.88 à 1.44
1.36 1.7(5
1.08 1.24
.<•' '(Ull.
0.60 à 1.16
0 94 1.34
0.80 1 06
l.l4à 1.70
Porc frais..
Soit par jour 62,914 kilog.
inférieures de 2,590 kiloa^. environ
Ctioix. Basse boucherla.'
I.l6à2.40 O.lOà 1.00
1.10 2.30 . .
1.00 2.40 .
ir jour à celles de 1*
semaine précédente. Les cours accusent de la baisse depuis huit jours.
XI, — Cou,rs de la viande à l'abattoir de la Villette du \8 novembre (par &0 kilog.)
Cours de la charcuterie. — On vend à la Villette par 50 kilog. : 1" qualité,
80 à 83 fr.; 2% 75 à 80 fr.; poids vif, 55 à 58 ir.
Bœufs. Veaux. Moutons.
1"
quai,
fr.
74
quai,
fr.
3»
quai,
fr
58
XII. — Marché aux bestiaux de la Villette du jeudi 18 novembre.
Animaux
amenés.
. 1.9ii2
110
. 1 106
. 20.682
. 4.484
Invendus.
881
23 i
14
122
1.698
187
Poids
moyen
général,
kil.
360
250
370
80
18
84
Cours officiels.
Cours des commissionnaire!
en bestiaux.
20 3*
quai. quai. quai.
1.62
1.48
1.24
2.50
1.86
1.50
1.44
1.30
1.10
2.20
1.60
1.46
Prix
extrêmes, quai. quai.
1.40
1.30
1.30
1.52
1.30
2.40
1.90
1.62
1.60
1.45
1.24
1.40
1.30
I.IO
3»
quai.
1.00
0.S5
1.00
Prix
extrêmes.
0.95 à 1.41
0.35 1.50
0.90 1.30
Bosnfs
7aohes....
Taareaux..
Veanx
Moutons...
Porcs gras.
— maigres. » » ■»»»»»»»»»■
Vente calme sur le gros bétail; assez acti^^e sur les autres espèces.
XIII. —Résumé.
Les prix des céréales, des vins, des spiritueux, aussi bien que des sucres et des
huiles, accusent beaucoup de fermeté ; ceux des produits animaux tendent à se
relever. A. Remy.
BULLETIN FINANCIER.
Semaine de baisse : la rente 3 0/0 est à 85 fr. 20, perdant 0 fr. 30. L'amor-
tissable conserve son cours, et le 5 0/0 perd 0 fr. 30 à 118 fr. 80. Faiblesse éga-
lement à nos chemins de fer et à nos Sociétés de crédit :
Cours de la Bourse du 10 au 17 novembre 1880 [au comptant).
Principales valeurs françaises : Valeurs diverses
Plus Plus Dernier Plus
bas. haut, cours.
Rente30/0 85.20 85.55 85. ïO
Rente 3 0/0 amortis 87.05 87.65 87.50
Rente 4 1/2 0/0 11375 114.25 113.75
Rente 5 O/o II8.80 119.00 II8.8O
Banque de France 3585.00 3^20.00 362U.00
Comptoir d'escompte 97ii.00 980.00 975.00
Société générale 581. i5 587.50 581.25
Crédit foncier 133000 1340.00 1332.50
Est Actions 500 745.00 753.75 745.00
Midi d° 1075.50 H18I.25 1078.75
Nord d* 1660.00 1676.26 1660.00
Orléans d° l'235.00 1243.75 1240.00
Ouest d* 812.50 St7.50 812.50
Paris-Lyon-Méditerranée d" 1447.50 1485 00 1470.00
Paris 1871 obi. 400 3 0/0.. 394 00 397.00 396 O'J
Italien b 0/0 87.15 87.35 87.35
Gérant : A. BOUCHÉ.
Créd. fonc. obi. 50o 4 o'o
do d" d» d" 3 0/0.
d* obi. c" 500 3 0/0
Bque de Paris act. 500...
Crédit ind. et corn. 500...
Dépôts et cples cts. 500. . .
Crédit lyonnais d'. . .
Créd. mobilier
Cie parisienne du gaz 250 1342.50 1355.00
Cie génér. transatl 500 590. 00 595.00
Messag. maritimes d' "47 50 752.50
bas.
515.00
543.75
465.00
1132.50 1140 00
736.25 750.00
708.75 710.00
960.00 972.50
642.50 650.00
Plus Dernier
haut, cours.
517.50 515.00
550.00 550.00
470.00 465.00
1140.00
750.00
708.75
965.00
642.50
1355.00
595.00
750.00
Canalde Suez d» 12ao.oo 13J2.50 1302.50
..d°
..d»
.500
d" délégation....
d* obli. 5 0/0....
Créd. fonc. Autrich..
Créd mob. Espagnol.... d* » »
Créd. fonc. Russe 386.25 390.00
iBTBUilBa
820.00 840.00
568.00 5G9.00
788.75 796 2i
820.00
575.00
788.75
CHRONIQUE AGRIGOLlil m novemp
f.K 1880).
Présentation au Sénit du rapport de la Cominission des finances sur le budget des dépenses do
1881. — Observations du rapporteur sur la participation des animaux de l'espf^ce chevaline aux
concours régionaux. — Analyse des programmes des concours régionaux dMjrer, de Pau, de
Nîmes, de Caiiors, de Chalon-sur-Siône, d'Alençon et de Tours. — Concours pour les animaux
reproducteurs. — Programme des concours spéciaux de machines et instruments, de produits
et de matières utiles à l'agriculture. — Date du conco irs général de Nevers en 1881. — Prin-
cipales pirties de ce programme. — Concours de volnUes grasses à Bourg. — L'engiai^s'^ment
intensif des volailles. — Prochaine réunion de la Commission supérieure du phylloxéra. —
Recherches de l'insecte. — Découverte d'une tache dans l'arrondissement de Condom. — Sub-
ventions à des syndicats. — Décret rel itif à rimporliticn de plants de vignes du Portugal. —
Recherches relatives à l'œuf d'hiver. — nécrologie : M. Duhosi]. — Liste des élèves admis à
l'Institut national agronomique. — Programme du cours public d'arboriculture de M. du Breuil.
— Les Annalex agronomiques. — Nouvelle liste île membres de la Société nationale d'encou-
ragement à ragricuUure. — Date de rassemblés générale de la Société. — Réunion prépara-
toire du Congrès Féricicole international de Sienne. — Nouvelle méthode de culture. — Lettre
de M. Goëtz. — Concours spécial de trieurs et de hache-paille ouvert par la Société d'agriculture
de l'Indre. — Prochain concours d'animaux gras ;'i Angoulème. — Séance de rentrée de la
Société nationale d'agriculture de France. — Nomination de M. Lézé comme professeur à l'Ecole
nationale d'agriculture de Grand-Jouan.
I. — Le biidgel de l'agi iruUure au Sénat.
M. Cordier a déposé sur le bureau du Sénat, dans la séance du
15 novembre, le rapport de Li Cominission des finances sur le budget
des dépenses pour l'exercice 188 I . La Commission ne demande aucun
changement aux votes émis par la Chambre des députés en ce qui con-
cerne le ministère de l'agriculture. Nous n'avons ti^ouvé à citer dans
ce travail que l'observation suivante relative à la présence des animaux
reproducteurs de l'espèce chevaline dans les concours régionaux ;
mais du moins cette observation est intéressante et absolument con-
forme au vœu de tous les amis du progrès agricole. « Plusieurs Conseils
généraux, dit le rapporteur du Sénat, ont émis le vœu que, à l'avenir,
nos races de chevaux de trait soient primées dans les concours régio-
naux; ils y voient un grand intérêt pour l'agriculture et pour la re-
monte de l'artillerie. Votre Commission estime qu'il y a là une amélio-
ration à introduire dans les concours, et elle invite M. le ministre de
l'agriculture à l'étudier pour le prochain budget. » Le vœu des Conseils
généraux, appuyé par la Commission sénatoriale, aura-t- il pour résul-
tat défaire admettre les chevaux dans les concours régionaux en 1882?
Il faut l'espérer, car l'administration deshanis. qui a !dni par faire
avorter les projets qu'on avait conçus pour ibîSl et que nous avons
mentionnés dans une de nos dernières chroniques, ne pourra pas
résister à un vote des Chambres; elle linira par comprendre d'ailleurs
que l'intérêt public exige qu'elle marche d'accord avec l'agriculture.
L'union est féconde; les divisions sont toujours funestes et stériles.
II. — Les concours régionaux en 183i.
Dans un précédent numéro, nous avons publié les dates des con-
cours régionaux de 1881. Les programmes de ces concours sont
aujourd'hui fixés ; nous commençons à en donner l'analyse, tant pour
le bétail que pour les instruments et les produits :
Concours de l'Algérie, à Alger, du 2 au 1 1 avril. — Animaux reproducteurs :
Espèce chevaline, 3 catégories : 1" races orientales de pur sang (race syrienne et
ses analogues) ; 2" race algérienne (barbe, arabe, etc.) ; 3° autres races pures et
croisements divers. — Espèce bovine, 4 catégories : i° race de Gruelma ; 2° autres
races africaines ; 3° races d'Europe ; k" croisements divers. — Espèce ovine, 5 caté-
fories : L" races mérinos et métis-mérinos d'Europe, nées et élevées soit en
'rance, soit en Algérie ; 2'^ race barbarine ; 3° races des hauts-plateaux et du sud,
N' 6Û7. — Tome IV de 1880. — 27 Novembre.
32-2 CHRONIQUE AGRICOLE (27 NOVEMBRE 1880).
à face Lruiie et à face blanche; 4" croisements entre mérinos- et races algériennes;
5» races piues el croisements divers. — Espèce porcine, 2 catégories : 1° races
étrangères pu; es ou croisées entre elles; 2" races irançaises pures ou croisées. —
Animaux gras : hœuï'fi, vaches, moulons, porcs, handes de bœufs, bmdes de
moutons. — Tous les animaux exposés devront appai tenir à des agriculteurs
alo-ériens depuis le 1*'' janvier 1881. — Instruments d'extérieur de f tri ne, k con-
cours spéciaux : 1" charrues bisocs pour labours de 20 centimètres; 'z" semoirs
pour cultures de cérénles en lignes pour grandes exj)loitations, ensemençant une
bande de 2 mètres de largeur au moins ; 3" houes à cheval pour cultures de céréa-
les en lignes dans les grandes exploitations; 4" charrues vigneronnes. — Instru-
ments dhnlcrieur, 3 concours spéciaux : 1" machines élévatoires pour_usage_ d'ir-
rigations ; 2" moteurs actionnant des appareils élévatoires pour irrigations ;
3" appareils vinaires. — Un avis spécial indiquera la date du concours de semoirs.
— Pruduits agricoles, échantillons de toutes les plantes agricoles « ultivées ou
exploitées, produits agricoles non alimentaires, produits agricoles alimentaires,
produits de l'horticuhure et de i'arboricuhure, produits des exploitations fores-
tières, produits de l'ostréiculture et de la pisciculture, modèles et dessins.
Concours de Pau, du 9 au 16 mai, pour la région comprenant les départements
de l'Ariége, de la Haute-Garonne, du Gers, des Landes, de Lot-et-Garonne des
Basses-Pyrénées et des Hautes-Pyrénées. — Espèce bovine, 8 catégories :
1° races béarnaise basquaise et analogues ; 2° race d'Urt ; 3° race de Lourdes ; 4°
races des vallées d'Aure et de Saint-Girons ; 5" races gasconne et carolaise,
6" race garonnaise, 7'' race bazadaise; &" races laitières françaises ou étrangères,
pures ou croisées. Deux prix d'ensemble : 1" pour la première catégorie, 2" pour
les autres. — Espèce ovine, 4 catégoiies : 1" race mérinos et métis-mérinos; 2°
races Irançaises diverses ; 3" races étrangères diverses ; 4" croisements divers.
Un prix d'ensemble. — Espèce porcine, 3 catégories ; 1" races françaises pures ou
croisées entre elles ; 2" races étrangères pures ou croisées entre elles ; 3" croise-
ments divers. Un prix d'ensemble. — ÀJiimaux de basse-cour, 7 catégories :
1° coqs et poules; 2" dindons; 3° oies; 4" canards; 5» pintades ; 6" pigeonsi;
7° lapins et lépoiides. Un prix d'ensemble. — Instruments d'cxlètieur de ferme^
3 concours spéciaux : 1° charrues avec avant-lrain pour labour de 20 centimètres
au moins ; i« semoirs à toutes graines pour la petite culture (force de 1 cheval au
plus) ; ii" pompes élévatoires, norias, etc. — Instruments d'intérieur, 3 concours
spéciaux : 1" clôtures économiques pour paddocks ; 2» collections d'ustensiles de
laiterie; 3" pompfs pour le soutirage des vins. — Produits a'jricoles. 6 concours
spéciaux : i" produits des fruitières des Pyrénées; 2'^ vins récoltés dans le départe-
ment des Basses-Pyrénées ; 3" collections de raeines fourragères ; 4" plantes texti-
les; 5" expositions scolaires; 6° expositions collectives. — Trois médailles d'or,
six d'argent et huit de bronze pourront être attribuées pour les produits végétaux
ou animaux, pour ceux de l'hoiticuUure et de l'arboriculture, de la pisciculture,
des exploitations forestières, et pour les dessins et modèles d'instruments.
Coiico'i'rs de Mmes, du 14 au 2< mai, pour la région CDmj)renant les départe-
ments des Alpes-Maritimes, de l'Aude, des Bouches-du-Bhône, de la Corse, du
Gard, de l'Héiault, des Pyrénées-Orientales et du Var. — Espèce bovinp., 4 caté-
gories ; 1" race de la Camargue ; 2" race tarentaise ou tarine ; 3° races française»
pures spécialement aptes à la production de la viande et au travail ; 4° races laitiè-
res françaises ou étrangères puies ou croisées. Deux prix d'ensemble : 1° pour les
deux pitmièies catégories; 2" pour les deux dernières. — Espèce ovine, 7 catégo-
ries : 1" races mérinos et métis-mérinos, 2" race de Larsac ; 3" races des Gaus-
ses ; k" race barbarine; 5" race du Lauraguais ; 6° races étrangères diverses pures;
7" races fiançaises di\ erses et croisements divers. Un prix d'ensemble. — Espèce
porcine, comme au concours de Pau, — Animaux de basse-cour, 6 catégories :
1» coqs et poules; 2" dindons ; 3" oies ; 4" canards; 5" pintades et pigeons;
• 6" lapins et lépondes. Un prix d'ensemble. — Instruments d'extérieur de ferme,
7 concours spéciaux : 1° machines élévatoires en vue de la submersion des vignes;
2" brabants doubles pour labours ordinaires (15 à 20 centimètres de profondeur),
3* instruments propres à faire mécaniquement le greffage de la vigne ; 4° mois-
sonneuses simples; 5" moissonneuses-lieuses; 6** lieuses indépendantes mues par
les animaux; 7* lieuses indépendantes à main. Pour ces quatre concours, dés
épreuves auront lieu au moment de la moisson. — Instruments d'inférieur,
2 concours spéciaux : 1° locomobiles à vapeur de la force de six chevaux ; z° ma-
chines à battre à vapeur, à grand travail, vannant et criblant, de. six chevaux au
CHRONIQUE AGRIGOLL; [^Zl NOVEMBRE 1880) 32 3
moins. — Produits agricoles, 6 concours spéciaux : 1" pro-Juits s^éricicoles ; 2^ vins
de la région (récoltes de 1879 et 1880): o" huiles d'olives; 4" produits raa;-ai-
chers ; 5'' expositions scolaires ; 6" expositions collectives. — Pour les produits
divers, comme au concours de Pau.
Concours de Cahors, du 21 au 30 mai, pour la région comprenant les départe-
ments de l'Aveyron, du Cantal, de la Corrèze, de la Greuze, du Lot, du Tarn et
de Tarn-et-G-aronne. — Espèce bovine, 8 catégories : 1° race garonnaise; 2" race
limousine; 3" race d'Aubrac; 't" race de Salers ; 5" race marchoise; 6'^ race
d'Angles; 7° races françaises diverses pures ou croisées; 8° races étrangères pures
et croisements divers. Deux prix d'ensemble, po!ir la l""** catégorie et pour les
autres. — Trois prix pour les bandes de vaches laitières en lait. — E<pèoe ovine,
5 catégories : 1" race des Causses de l'Aveyron, de Larzac, de Sigalas, etc.;
2" race des Causses du Lot; 3° races françaises diverses; 'i" races étrangères di-
verses; 5" croisements divers. Un prix d'ensemble. — Espèce porcine, comme au
concours de Pau, — Animaux de basse-cour, comme au concours de Nimes. —
Instruments d'extérieur de ferme, 3 concours spéciaux : 1° charrues Brubant pour
labours ordinaires ; 2" charrues araires pour labours ordinaires de -aO centimètres;
3° charrues vigneronnes. — Inslrunienls d'intérieur, 3 concours spéciaux : l" hachs
paille; 2" coupe-racines; 3° égrenoirs pour maïs. — Produits agricoles, 7 concours
spéciaux : 1" tabacs en feuilles; 1" fromages; 3<* produits forestiers; ^^ vins du Lot,
du Tarn et de Tarn-et-Garonue ; 5° produits maraîchers et fruits; 6" expositions
scolaires ; 7° expositions collectives. Pour les produits divers, comme au concours
de Pau.
Concours de Chd'on-sur-Sadne, du 21 au 30 mai, pour la région comprenant
les départements de l'Ain, de la Côte-d'Or, du Doubs, du Jura, de la Haute-
Saône, de Saône-et-Loire, de l'Yonne et la circonscription de BelFort. — Espèce
bovine, 6 catégories : P race charolaise ; 2° race durham ; 3" croisements durham;
4" race fémeline; 5" races françai-es diverses; 6° races étrangères laitières. Deux
prix d'ensemble pour la P^ catégorie, et pour les autres. Trois prix pour les
nandes de vaches laitières en lait. — Espèce ovine, b catégories : 1° races mérinos
et métis-mérinos; 2** races françaises diverses ; S" races étrangères à laine longue;
4" races étrangères à laine courte; 5" croisements divers. Un prix d'ensemble. —
Espèce porcine, 3 catégories, comme au concours de Pau. — Animaux de basse-
cour, 7 catégories comme au concours de Pau. — Instruments d'extérieur de
ferme, 3 concours spéciaux : \° charrues vigneronnes ; 2° autres instruments pour la
culture de la vigne; 3" barrières et clôtures à l'usage des herbages. — Instruments
d'intérieur,?, concours spéciaux : 1" pompes à purin; 2" trieurs servant au net-
toyage des grains; 3° instruments de météorologie utilisables pour l'agriculture. —
Produits agricoles, 8 concours spéciaux : 1" fromages de Gruyère; 2" beurres Frais ,
Babeurres de fruitières; 4" vins rouges de la région (récolte de 18"'9 et 1R80);
5' vins blancs de la région; 6" produits de l'horticulture; 7- expositions scolaires;
8° expositions collectives. —Pour les produits divers, comme au concours de Pau.
Concours d' Alençon, du 28 mai au 7 juin, pour la région comprenant les
départements du Calvados, de l'Eure, d'Eure-et-Loir, de la Manche, de l'Orne,
de la Sarthe et de la Seine-Inférieure. —Espèce bovine, 3 catégori.es : P race
normande; 2° race durham; 3° croisements durham Un prix d'ensemble dans
chaque catégorie. Trois prix pour les bandes de vaches laitières en lait. — Espèce
ovine, 6 catégories : i" races mérinos ou métis-mérinos; 2° races françaises
diverses; 3° races étrangères à laine longue; 4" races étrangères à laine courte;
5° croisements d shley-piérinos ; 6" croisements divers. Un prix d'ensemljle, —
Espèce porcine, 3 catégories et un prix d'ensemble comme au concours de Pau. —
Animaux de basse-cour, 6 catégories, comme au concours de Nîmes. — Instruments
d'extérieur df- ferme, 3 concours spéciaux : 1° charrues Brabant doubles pour
labours n'excédant pas 0™.20 ; 2° semoirs en lignes divisés en trois seciions : a,
semoirs pour toutes graines; b, semoirs pour céréales ; c, semoirs pour racines;
3'» houes à cheval. Le concours de semoirs fera l'objet d'essais préalables qui
auront lieu vers le \" mars sur une échelle convenable. Pour y prendre part, les
exposants devront envoyer leurs déclarations au ministère de l'agriculture avant
le 1" février. — Instruments d'intérieur, 3 concours spéciaux : 1» machines à
battre à vapeur, vannant et criblant, ne dépassant pas une force de six chevaux ;
2° machines à battre à manège, de deux chevaux au moins et de trois chevaux au
plus; 3° triturs. — Produits agricoles, 5 concours spéciaux : 1° .beurres frais;
ï" fromages à pâte molle, frais; 3" fromages à pâte molle, affinés; 4» expositions
Sâ't CHRONIQUE AGRICOLE (27 ^NOVEMBRE 1880).
scolaires; 5" expositions collectives. — Pour les produits divers, comme au con-
cours de Pau.
Concours de Tours, du 28 mai au 7 juin, pour la région comprenant les dépar-
tements de TAllier, du Gliei-, d'Indre et-Loire, de Loir-et-Cher, du Loiret et de
la Nièvre. — Espèce bovine, 5 catégories : 1° race nivernaise ou charolaise ; 2" race
durham ; 3" croisements durham ; k" races laitières françaises ou étrangères
pures; 5" races di3 tiavail. Deux prix d'ensemble, pour la race charolaise et pour
les autres races. — Espèce ovine, 6 catégories : 1" race southdown ; 2° race dish-
ley ; 3° races mérinos et métis-mérinos; 4° race de la Chamoise; 5° races fran-
çaises diverses; 6" croisements divers. Deux prix d'ensemble : pour les deux pre-
mières catégoiies et pour les quatre autres. — Espèce porcine, 3 catégories, comme
au concours de Pau — Aiùinaux de basse-cour, 6 catégories, comme au concours
de Nîmes. — Instrun-unts d'extérieur de ferme, 3 concours spéciaux : 1° charrues
vigneronnes avec accessoires pour la culture complèle de la vigne au moyen d'atte-
lages ; 2" machines à faire les menions et ma( bines à charger; 3" botteleuses. —
Instruments d'intérieur, 9 concours spéciaux; 1" presses à fourrages; 2" trieurs de
graines ; £" pressoirs ; 4" louloirs; 5° égrappoirs; 6° fouloirs-égrappoirs ; 7" filtres à
vin; 8'' pompes vinaires ; 9" ustensiles divers pour la vinification et la conservation
du vin. Les expériences de ces sept derniers concours auront lieu au moment de la
vendange, près de Tours, dans les conditions de la pratique ordinaire. — Produits
agricoles, 4 concours spéciaux : 1" vins de la région (récoltes de 1879 et 1880) ; 2°
p<-oduits des pépinières; 3" expositions scolaires; 4" expositions collectives. Pour
les produits divers, les conditions sont les mêmes qu'au concours de Pau.
Nous continuerons l'analyse des des programmes six derniers con-
cours régionaux de 1881 dans un prochain numéro.
III. — Concours général de Nevers.
Nous recevons le programme du concours général d'animaux gras,
de volailles vivantes et mortes^, de fromages Jjeurres, céréales, racines,
graines, etc., de l'exposition d'animaux reproducteurs, de l'exhibi-
tion de machines et instruments et de vins de la Nièvre, qui auront
lieu, comme les années précédentes, à Nevers, sous la direction de la
Société départementale d'agriculture de la Nièvre, présidée par M. de
Bouille. Ces concours se tiendront du 10 au 13 février prochain, et
précéderont d'une semaine les concours généraux de Paris. La grande
importance prise par les concours de la Nièvre se maintient et s'aug-
mente. Au mois de juillet 1881, aura lieu un concours de moisson-
neuses-lieuses et de lieuses indépendantes; enfin, cette même année
sera décerné le prix d'honneur départemental à disputer entre les lau-
réats des prix de culture des quatre Comices de la Nièvre.
IV. — Concours de volailles grasses.
Le Comice agricole de l'arrondissement de Bourg (Ain), qui se
préoccupe, avec juste raison, de l'augmentation de la production des
volailles, a déjà organisé, l'année dernière, un concours de volailles
grasses. Encouragée par le succès obtenu, cette association ouvre cette
année un nouveau concours, qui se tiendra à Bourg, le 23 décembre,
et qui comprendra les chapons, les poulardes et les canards. Le Co-
mice fera une exposition d'ensemble au concours général de Paris,
au mois de février prochain.
L'industrie des volailles de Bresse a pris une grande extension. On
sait, en effet, qu'aucune volaille ne saurait avoir atteint son degré de
finesse et de qualité, si elle n'a été préalablement soumise quelque
t emps à un engraissement forcé. La manière dont on fait les poulardes
d u Mans et d'ailleurs, a été trop souvent décrite pour que nous y re-
V enions. Depuis plusieurs années on a inventé des procédés mécaniques
CHRONIQUE AGRICOLE (27 NOVEMBRE 1880). 325
pour l'engraissement des volailles. Nous profitons de l'occasion pour
citer l'appareil inventé par MM. Rouiller et Arnoult, de Gambais-les-
Houdan (Seine-et-Oise). Cet appareil, baptisé la Compressive^esi d'une
grande simplicité et solidement construit : un réservoir avec corps de
pompe est posé sur un bâti en chêne, une pédale fait mouvoir ie piston
de la pompe. Celle-ci, au moyen d'un tube, introduit la pâtée dans
l'estomac do l'animal. Le même appareil peut gaver un nombre indé-
terminé de volailles, et de toutes les espèces.
V. — Le Phijlloxera.
Nous croyons pouvoir annoncer que la Commission supérieure du
phylloxéra ouvrira sa session générale le 8 décembre prochain. Les
recherches systématiques, qui maintenant sont bien organisées, font
découvrir quelques nouvelles taches; cependant on admet générale-
ment que la marche du tléau n'a pas été aussi accélérée en 1880 que
dans les années précédentes. Cela ne prouve pas que l'invasion soit
dans son déclin, cela démontre seulement que les circonstances mé-
téorologiques n'ont pas été aussi favorables qu'antérieurement à la
multiplication de l'insecte. Une tache a été trouvée dans l'arrondisse-
ment de Condom (Gers) qui, jusqu'à présent, était considéré comme
indemne; elle va être traitée administrativement avec le concours du
propriétaire du vignoble. Trois syndicats ont demandé des subven-
tions pour l'emploi du sulfure de carbone : deux dans le Rhône et un
dans la Drôme ; un autre syndicat, dans Vaucluse, a reçu également
une subvention pour l'emploi du sulfocarbonate. Partout la lutte
contre l'insecte se poursuit avec énergie.
On surveille d'ailleurs les importations étrangères, comme le prouve
le décret suivant, relatif à la désignation des bureaux de douane par
lesquels pourra s'effectuer l'importation des plants de vigne, boutures
et sarments, provenant du Portugal :
Le président de la République française,
Sur le rapport du ministre de l'agriculture et du commerce.
Vu la convention internationale de Berne, du 17 septembre 1878, relative aux
mesures à prendre contre le phylloxéra ;
Vu le décret du 12 janvier 1880, qui a rendu cette convention exécutoire en
France ;
Vu l'article 4 de la loi du 5 juillet 1836 ; — Décrète :
Art, P^ — L'importation en France des plants de vignes, boutures et sarments,
des plants, arbustes et produits divers des pépinières, jardins, serres et orange
ries, provenant du Portugal, ne pourra s'effectuer que par les bureaux de douane
existant dans les ports de mer du Havre, de Saint-Nazaire, de Bordeaux et de
Marseille.
Art. 2. — Le ministre de l'agriculture et du commerce et le ministre des
iinances sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l'exécution du présent
décret.
Fait à Paris le 17 novembre 1880. Jules Grévy.
Par le Président de la République :
Le Ministre de V agriculture et du, commerce : Le Ministre des finances :
P. TiRARD. J. Magnin.
La recherche de l'œuf d'hiver du phylloxéra continue partout; elle
ne donne pas lieu à de grandes découvertes, ce qui est heureux, car
il faut désirer que ce mode de propagation de l'insecte soit réduit à
son minimum de fécondité. On nous a annoncé que trois œufs d'hiver
avaient été trouvés aux environs de Perpignan, par M. Féret et un
autre observateur.
S26 CHRONIQUE AGRICOLE (27 NOVSMBRK 13^0).
YI. — Nécrologie.
Nous avons le vif regret d'annoncer la mort de M. Georges-Alfred
DuLosq, propriétaire à Château-Thierry, décédé le 11 novembre dans
sa cuialre-vingt-deuxicme année. M. Dubosq était notre correspondant
depuis de nombreuses années, et léccmment encore il nous envoyait
des notes pleines d'intérêt sur la situation agricole de l'arrondissement
qu'il habitait.
YII. — Admissio7is à l'Instilut national agronomique.
Les examens d'admission viennent de s'achever à l'Institut
national agronomique. 47 candidats s'étaient fait inscrire; sur ce
nombre, 40 ont été admis, soit en vertu de titres scientifiques, soit
après les examens. En voici la liste :
1» CaïuHdnts admis de plein droit comme bacheliers es science'^ : M. Kayser
(Luxera Ijourg), bacheliers es sciences, licencie es sciences pliysiques. —
MM. Cai-on (Paris); Alexandre (Orne); Couturier (Isère); Murcan (Oise); Pecquet
(Oise); Ducamp (Gard); de Wùlf (Nord'; Nicklès (Meurthe); Boitel (Somme);
Hébert (Paris,; Calavassy (Turquie), bacheliers es sciences et es lettres. —
Nourey-Bey (Turquie), bacheher es sciences; M, Frommel (Haute-Alsace),
diplôme étranger équivalent; M. de Dios Pérex (Colombie), diplôme étranger de
professeur es sciences naturelles ; M. Navassardiantz (Caucase), diplôme étranger
équivalent; M. LiriUo y Morlins (Espagne), dijilôme étranger équivalent.
2» Candidats admis après eoramen :M. Gos (Var), diplômé de 1 Ecole nationale
d'agriculture de Montpellier; M. de la Plcsse {Ille-et-^'ilaine), diplômé de t'Ecole
nationale d'agriculture de Grand- Jouan, bacheher es lettres, licencié en droit;
MM. Langin, bachelier es lettres, bachelier es sciences restreint; MAL Biart
de Beauregaid (Cuba) ; Hickel (Haut-Bhin); Legigan (Paris); Landry (Pas-de-
Calais); Alla -^Mord); Bellard (Somme); Riy de Boissieu (Ardennes); Barberou
(Loiret); Lavenir ^Côte-d'Or); Gentil (Paris); Machado (Portugal); Le Nouël
(Manche); Raimbault (Paris); Quinot (Gard); Gordillo (Cuba); Le Pesqueur
(Manche); Degrange (Guadeloupe); Youssoulfian (Turquie); Guilloux (Meuse);
Dangny (Seine-et-Oise), bacheliers es lettres. •
Cette promotion comprend 17 élèves munis du diplôme de bachelier
es sciences ou titre équivalent, et 23 élèves admis après examen.
L'Institut agronomique possède actuellement : 40 élèves de première
année; '24 élèves de deuxième année; 6 élèves diplômés, faisant une
troisième année à Joinville-le-Pont; 16 auditeurs libres; soit en tout
86 élèves. Dans un piécédent numéro, nous avons publié le pro-
gramme des cours qui sont ouverts depuis le commencement de
novembre.
Vn. — Cours public d' arboriculture.
Le cours public et gratuit d arboriculture professé à Paris par
M. du Breuil, a repris le mardi 23 novembre, à huit heures du soir,
dans la salle de la Société d'horticulture, 84, rue de Grenelle-Saint-
Germain. Les leçons théoriques seront continuées tous les mardis
et vendredis à la même heure. Les leçons pratiques seront faites tous
les dimanches, à une heure et demie, à partir du dimanche 23 jan-
vier 1881, LEcole pratique d'arboriculture de la ville de Paris, située
au bois deVincennes, avenue Daumesnil, près de la porte de Picpus
(tramway de la Bastille à Charenton et chemin de fer de Ceinture,
station de Bel-Air). — Voici l'objet du cours de cette année :
Notions d'anaîomie et de physiologie végétales appliquées à l'arbori-
culture; agents naturels de la végétation; — eau, température, sol,
engrais; multiplication des plantes ligneuses; ■ — pépinières; culture
des vergers, des vignobles, des arbres et arbrisseaux d'ornement, des
CHRONIQUE AGRICOLE (27 NOVEMBRE 1880). 327
arbres forestiers d'alignement. — A l'issue du cours, un jury d'exa-
men proposera au préfet de la Seine de délivrer des certificats de ca-
pacité aux élèves qui rempliront les conditions indiquées par le règle-
ment, dont la communication leur est donnée au début du cours.
IX. — Les Annales agronomiques.
Le troisième fascicule pour l'année 1880, des Annales agronomiques,
publiées par M. Dehérain sous les auspices du ministère de l'agri-
culture, vient de paraître. Il renferme plusieurs mémoires que nous
devons signaler. C'est d'abord le compte rendu des séances de la sec-
tion d'agronomie, au Congrès de l'Association française pour l'avan-
cement des sciences, à Reims; puis des recherches de M. Maquenne, sur
les pouvoirs absorbants et diffusifs des feuilles; des travaux de
MM. Audoynaud et Chauzit, sur le passage des eaux pluviales au
travers de la terre arable; une étude de MM. Corenwinder et Re-
nouard sur les tourteaux de lin et de chanvre et leur falsification;
enfin, la première partie d'un mémoire de M. F. Masure, sur l'évapo-
ration de l'eau libre, de l'eau contenue dans les terres arables et sur la
transpiration des plantes. Dans l'analyse des travaux publiés à
l'étranger que renferme ce fascicule, il faut pirticulièrement citer ceux
de M. Siemens pour l'emploi de la lumière électrique dans la culture
forcée.
X. — Société nationale d'encouragement à l'agricul'.ure.
Nous recevons communication de la liste suivante de nouveaux
membres fondateurs ou ordinaires de la Société nationale d'encoura -
gement à l'agriculture :
MM. Arbellot, juge de paix (Vienne). — Ange, ancien percepteur à Bligny
(Aube). — Bonjean (Georges^, à Orgeyille (Eure) et à Paris, fondoteur. —
Bourgouin, rédacteur au ministère des travaux publics. — Barillier, minotier à
Arsonval (Aube). — Belime, conseiller général, propriétaire à Vitteaux (Gùte-
d'Or). — Brugère (Joseph), colonel, officier d'ordonnance du président de la
République, propriétaire (Loiret). — Blauchot (docteur), conseiller général, à
Grandville (Haute-Saône). — Brusset, notaire et conseiller général, à Besançon
(Doubs). — Barat, conseiller général, à Grray (liaule-Saouii). — Bailiy, conseiller
général à Vesoul (Haute-Saône). — Baudran, sous-préfet à Verdun (Meuse). —
Brugère, conseiller général à Moupont (Dordogne). — Bergasse (Fabrice), pro-
priétaire à Cessenon (Hérault). — Bastid (Adrien', député, à Aurillac (Cantal). —
Bastid (Edouard), conseiller général, maire de Saint-Gernin (Gantai). — Bruge-
rolle (Alfred), conseiller général, maire de Massiac (Gante 1), — Batmain, con-
seiller générai, à Ghâteauneut (Savoie). — Branthôme, à Poitiers (Vienne). —
Bacon (Réray), notaire et maire à Labouheyre (Landes). — Boucau (Albert),
maire à Lévignacq (Landes). — Breton, maire à Outre (Aube). — Baudoin (Am-
broise), cultivateur à Jessains (Aube). — Bruer-Prelong, trésorier général à
Niort (Deux Sèvres). — Gbargelaigue (Aristide), docteur-médecin, maire à Gouhé-
Vérac (Vienne). — Chamerois-ïhieblemont, à Grespy (Aube). — Gollard, négo-
ciant à Trannes (Aube).— Gès-Gaupenne (Alfred), conseiller général, à Gaupenne
(Landes). — Ghuffart, à la sucrerie de Ponterry (Seine-et-Oise). — Coillot, con-
seiller général à INIontbozon (Haute-Saône). — Glère, conseiller général, à Faver-
nay (Haute-Saône). — Goraon (Louis), ingénieur agricole à Longuyon (Meurthe-
et-Moselle). — Gheneau (Henri], conseiller général, maire à Brecy (Cher). —
Cabanes (Joseph^ conseiller général, maire d'Aurillac (Cantal). — Cabanes (Léon),
conseiller général, maire de Saint-Mamet (Cantal) — Chanson, conseiller géné-
ral, avoué à Saint-Flour (Cantal). — Carquet, conseiller général, à Le Bourg-
Saint-Maurice (Savoie) — Chevallay, député, à Ghambéry (Savoie). — Cousneuc
(Léopold), propriétaire, conseiller d'arrondissement, à Cessenon (Hérault). —
Couteaux (Léonide), à Poitiers (Vienne). — Couteaux (Léon), à Usson-du-Poi-
tou (Vienne). — Delamare, à Eprunes (Seine-et-Oise). — Dior (frères), fabri-
328 GHKONlUUli AGRICOLE (27 NOVEMBRE 1880).
canls d'engrais à Granville (Manche). — Dumont (Aristide), ingénieur en chef
des ponts et chaussées (Paris), fondateur. — Decker et Mot, constructeur de
machines agricoles (Paris), fondateur. — Déthomas. conseiller général (Seine et-
Marne), fondateur. — Decauville (Paul), agriculteur à Petit-Bourg (Seine-et-
Oise), fondatnir. — Delzons (Charles), conseiller général, avocat à Aunllac (Can-
tal), — Dermet, banquier à Yenne (Savoie). — Ducom, propriétaire à Mon-lezun
(Grers). — Durand, docteur-médecin à Nemours (Seine-et-Marne). — Drothier, à
Saint-Cyr (Vienne). — Desraarest (Abel), propriéhaire-agriculteur à Couhé-Yérac
(Vienne). — Desraarest (Marc), adjoint au mairfi à Couhé-Vérac (Vienne). —
Escaude, docteur, conseiller général, à Saint-Cyprièn (Dordogne). — Fautier, con-
seiller général (Seine-et-Oise). — Fouquet, au ministère de 1 agriculture. — Flan-
din, député du Calvados. — Foex, professeur à l'Ecole d'agriculture de Montpellier. —
Guerraud, avocat, conseiller général, au Havre (Seine-Inférieure). — Goupy,
conseiller général de Seine-ct-Oise. — Le ( omice agricole de Gray (Hte-Saône). —
Guillemot, capitaine en retraite, conseiller général, à Malans (Hte Saône). —
Gourdau-Fromentel, conseiller général, à Charaplette (Hte-Saône;. — Gudin-du-
Pavillon, sousprétet, à Cannât (Allier). — Gadaud, conseiller général, à Péri-
gueux. — Goulley (Henry), secrétaire général du Cantal, à Aurillac. — Gue-
neau (Lucien), sous-préfet à Ghâteau-Ghinon (Nièvre). — Gevelot, député de
l'Orne, fondateur. -- - Gatine, substitut, à Bar-sur-Aube (Aube). — Guillaumot-
Bour, marchand de bois, à Éclance (Aube). — Geoffroy, propriétaire, à Arson-
val (Aube). — Gastine, chimiste délégué du ministère de l'agriculture, service du
phylloxéra. — Gabarret, médecin-véténnaire, à Lasserade (Gers). — Guerrapaiu
(Félix), agriculteur, à Bolancourt (Aube). — Hugon, industriel, à Glairvaux (Aux)e).
— Hérier, conseiller général, à Jumilhac-leGrand (Dordogne). — Hortala
(Alexandre), conseiller d'arrondissement, maire, à Ornac (Héiault). — Huart
(Jules), à Crespy l'Aube). — Hardoin. agriculteur à la ferme de Bligny (Aube). —
journault, ancien député, à Sèvres (Seine-et-Oise). — Jacquinot, pharmacien,
à Bar-sur-Aube (Aube). — Jacob, fabricant de chaux, à Ville-sous-la-Ferlé (Aube).
— Juzan (Louis), chef de division, à Mont-de-Marsan (Landes). — Lambert-
Harter, constructeur-mécanicien, à Bar-sur-Aube. — Landais (Emile), à An-
tony (Seine). — Lambezat, inspecteur général de l'agriculture, fondateur. —
Loustalot, député des Landes. — Lafargue (Léopold), sous-préfet, à Barcelon-
nette (Basses-Alpes). — Lafarge, conseiller général, à Sarlat (Dordogne). — Las-
combes, conseiller général, avocat à Mauriac (Cantal). — Lajus (F.), avocat,
propriétaire, à Panjas (Gers). — Laverrière, directeur de l'Echo agricole (Paris).
— Lallemand, directeur de VAvrnir^ Poitiers (Vienne). — Leclerc, agriculteur,
à Bayel (Aube). — Léglise (Félix), conseiller d'arrondissement, à St-Martin-
de-Leignanx (Landes). — Lacroix (Adrien), conseiller général, Mont-de-Marsan
(Landes). — Lafitte (Théagène), conseiller général, à St-Jean-de-Marsacq (La-
ndes). — De Laussat, sous-préfet, à St-Sever (Landes). — Levier, sous-préfet,
à Bar-sur-Aube (Aube). — Léger, agriculteur, à la tome des Quatre-Frères
(Aube). — LhuiUier, à Radonviliiers (Bube). — Mazaroz, viticulteur (Jura). —
Masson, trésorier payeur, à Melun (b^eine-et-Marne). — Maniot. — Moreau
(père), docteur, à Podenzac (Gironde). — Moreau (fils), propriétaire viticulteur
(Gironde). — Maquin, élève diplômé de l'Institut national-agronomique, conseiller
d'arrondissement, à Villeceaux (Seine-et-Marne). — Marseron (Clovis), sous-
préfet, à Boussac (Creuse). — Le Comice agricole de Monlbozon (Hte-Saône).
— Maréchal, conseiller général, à Vitry (Hte-Saône). — Marquiset (Gaston), dé-
puté (Hte-Saône). — Meillier, conseiller général et maire à Vesoul (Hte-Saône).
— Michel, conseiller général, à Laulx-les- Vesoul (Hte-Saône). — Le Comice agricole
de 3Iirebeau,-sur-Bèze {Cô\e-à' Or). — Marmier. conseiller général, à Carlux (Dor-
dogne) . — Mayet , député (Savoie). — Massor, (Célestin), juge de paix et propriétaire,
àlaTrivalle (Hérault). — Martin (Alphonse), propriétaire et maire, à Cessenon
(Hérault . — Maréchal-Lebrun, préfet des Landes. — Monniot, propriétaire à Jaucou'rt
(Aube), — Modot, cultivateur àJouvancourt (Aube). — Marlot, propriétaire à Spoy
(Aube). — Michel, maire à Bligny (Aube). — Mancerf, agriculteur à Argançon
(Aube). — Martin, au Pont-Neut, commune de Dolancourt (Aube). — Noblot, à
Bayel (Aube). — Noblot, agriculteur à la Barde (Aube). — Noirepoudre de Sau-
vigné, propriétaire à Bay (Haute-Saône). — Pisson (Benoît), instituteur (Paris)
— Pisson (Georges), chimiste (Paris). — Pigornet, rectificateur d'alcool, à Orléans .
— Pollantru, agriculteur à Bligny (Aube). — Paris, conseiller général à Gy (Haute-.
Saône. — Le Comice agricole de Pervenchère (Orne). — Parsat, conseiller gêné
CHRONIQUE AGRICOLE (27 NOVEMBRE 1880). 329
rai à Montpazier (Dordogae). — Prre, conseiller général à Moutiers (Savoie). —
Parent, sénateur (Savoie). — Poirrier (A.) conseiller général, propriétaire (Seine-
et-Marne). — Patout, maire, à Amance fAube). — Panou, agriculteur à la lerme
de Éclance (Aube). — Pazat (Ghildebert), maire à Mont-de-Marsan (Landes). —
Rose (Victor), graveur (Paris). — Ruelle, agriculteur, conseiller d'arrondisse-
ment, à Arrentières (Aube). — Rousseau, juge d'instruction à Bar-sur-Aube)
(Aube). — Riffard (Léon), sous-préfet, à Mantes (Seine-et-Oise). — Bazimbaud,
conseiller général, à Gebazan (Hérault). — Le Comice agricole de Royan et de la
Tremblade (Charente-Inférieure). — Reuilly (Emile-Achille), au Chalet (Indre). —
Ruelle (Joseph), cultivateur à Trannes (Aube). — Simon, à Ury (Seine-et-Oise). —
De Saint-Martin, viticulteur à Bar-sur-Aube (Aube). — Saillard, ancien maire à
Bar-sur-Aube (Aube). — Saves (Pierre), stagiaire de Grignon à Jourlaud (Nièvre).
■ — Simon (A.), conseiller général à Ribérac (Dordogne). — Saillard (Camille),
avocat, président de la Commission météorologique de l'Aube, à Bar- sur- Seine
'^Aubej. — Schrantz, agriculteur à Éclance (Aube). — Thirion (Albert), à Quim-
perlé (Finistère). — Toyot, ancien banquet à Bar-sur-Aube (Aube). — Thezenas,
délégué départemental pour le phylloxéra, à Beaune (Côte-d'Or). — Thirion (E.),
vice-président de la Société d'horticulture de Senlis (Oise). — Talion, député. —
La Société d'Agriculture de Tarn-et-Garoime, à Montauban. — Wiart (Gustave),
négociant à Cambrai (Nord). — Le Comice agricole de Vergt (Dordogne). — Vil-
lotte, conseiller général à Périgueux (Dordogne). — Valentin, conseiller général,
notaire à Marcenat (Cantal).
Dans sa dernière séance, le Conseil d'administration a décidé que
la prochaine réunion générale de la Société se tiendra le mercredi
4"" décembre, à quatre heures, à l'Hôtel Continental, à Paris. Dans
cette réunion, qui marquera la constitution définitive de la Société, il
sera rendu compte des travaux, de l'état des finances, des adhésions
reçues tant des particuliers que des associations agricoles affiliées, des
allocations votées par plusieurs Conseils généraux, en vue de témoi-
gner de leur sympathie. Les élections définitives du président et du
Conseil se feront dans cette même séance. Le soir un banquet aura
lieu à l'Hôtel Continental ; les adhésions, pour ce banquet, doivent
être envoyées au siège de la Société, 56, rue Basse-du-Rempart, avant
le 29 novembre.
XI. — Congrès séricicole de Sienne.
On se souvient que le septième congrès séricicole international doit
avoir lieu à Sienne (Italie) en 1881. Une réunion préparatoire des
membres du Comité d'organisation se tiendra dans cette ville le
5 décembre prochain. Cette réunion aura principalement pour objet de
fixer la date précise de l'ouverture du congrès, et de déterminer les
questions principales sur lesquelles porteront ses discussions, ainsi
que sur l'ordre dans lequel seront présentés les rapports sur les
problèmes dont Fétude a été décidée par le sixième congrès, qui s'est
tenu à Paris en 1878.
XII. — Nouvelle méthode de culture.
Nous recevons de M. Goetz la lettre suivante, avec prière de l'in-
sérer :
« Monsieur, par votre estimable Journal, vous avez communiqué à vos abonnés
l'invitation que je leur ai faite d'assister le 25 juin 1880 à la confirmation, par les
récoltes de 1880, des résultats obtenus par M. Cothias et constatés par les récoltes
de 1879 comparées à celles de 1874.
a Le tableau ci-joint donne la situation constatée :
Etats des produits de la ferme de Champerreux en 1874. — Surface, 132 hec-
tares, dont 25 hectares de blé rendant 550 hectolitres; 25 hectares d'avoine
rendant 625 hectoHtres; 25 hectares de cultures sarclées et 57 hectares de luzerne
330 GHRONlQaE AGRlGOLli (27 NOVEMBRE 1880).
et pâturages pour la nourriture du bétail, dont les produits ont étô de 14,972 IV .
Etais des prodidls en 1879 et en 1880, avec mî-nu contenance de terre et de
fermage. — 50 hectares de blé rendant 1,200 hectolitres; 25 hectares d'avoine
rendant 1,000 hectolitres; 27 hectares de cultures sarclées et 30 hectares de
luzerne tt pâturages pour la nourriture du bétail, dont les produits ont été d«
25,8^12 tr.
« Veuilkz donner place à ma lettre, dans un de vos premiers numéros. En même
temps je fais l'olïVe, à chacun de vos abonnés, du compte rendu de 16 pages, qui
explique les résultats du tableau.
« Le retard mis à l'aire cette communication provient de ce que M. Gothias a
tenu de donner la moyenne de ses récoltes après battage. L. (joetz,
Auteur de la nouvelle méthode de culture.
M. Gœtz nous prie d'ajouter qu'il n'enverra cette communication
qu'aux personnes qui lui transmettront, ]7, boulevard des Invalides,
avec leur demande, la bande de leur journal.
XIjI. — Concours spécial de trieurs.
La Société d'agriculture de l'Indre organise des essais publics de
trieurs, tarares-trieurs et haclie-paille, qui auront lieu à Cliâteauroux
le 4 décembre. Une vente aux enchères aura lieu à la suite des essais.
Une Commission nommée par le Bureau, pourra écarter de la vente
les instruments que certains défauts empêcheraient de recommander.
Les deux espèces d'instruments seront mis en vente à lourde rôle dans
l'ordre suivant : T les trieurs et tarares-trieurs ; 2" les hache-paille. La
mise à prix sera de 50 pour 1 00 du prix de facture. Nul ne pourra être
acquéreur s'il n'est sociétaire et agriculteur habitant le déparlement de
riiidre. Le fait d'être déclaré adjudicataire est pour l'acquéreur un
engagement : 1° de conserver l'instrument pendant l'année 1881 ; T de
faire un rapport sur l'emploi de l'instrument elles résultats obtenus.
XIV. — Concours d'animaux gras à Angoulême.
La Société d'agriculture de la Charente, présidée par M. Eug. de
Thiac, a décidé qu'elle tiendrait à Angoulême son concours annuel
d'animaux gras les 12 et 13 février 1881. Seront admis dans ce
concours les animaux nés et élevés dans la région du Sud-Ouest,
départements de la Charente, Charente-Inférieure, Garonne, Lot-et-
Garonne, Dordogne, Haute-Vienne, Vienne, Deux-Sèvres et Vendée.
Les prix sont importants et il y a lieu de penser que ce concours
répondra aux succès des années précédentes.
11 y aura aussi un concours d'animaux reproducteurs, mais spécial
à la Charente. Enfin, des mentions honorables sont réservées aux
instruments et machines d'une utilité reconnue.
XV. — Séance de rentrée de la Société nationale d'agriculture.
La séance solennelle de rentrée de la Société nationale d'agriculture
se tiendra le mercredi 15 décembre, dans son hôtel, rue de Belle-
chasse, 18, à Paris. Cette séance sera spécialement consacrée à la lec-
ture d'éloges biographiques des anciens membres de la Société.
XVL — Nomination d'un professeur dans les écoles d'agriculture.
Le concours que nous avons annoncé, pour la nomination d'un
professeur de physique, chimie, minéralogie et géologie appliquées
dans les écoles nationales d'agriculture, a été ouvert à Paris, le 3 no-
vembre. A la suite des épreuves du concours, M. Lézé, ingénieur des
arts et manufactures, a été classé au premier rang par le jury. En con-
séquence, il a été nommé à la cliaire vacante à l'Ecole nationale d'agri-
culture de Grand-Jouan. J. A. Barral.
ENSILAGE DU MAIS-FOURRAGE A COURQQETAINE.
331
CULTURE DU xAIAIS-FOURRAGE A GOURQUETAINE
Le maïs cultivé comme fourrage est destiné à nourrir le bétail
pendant la saison d'été ou pendant la saison d'iiiver. Dans le premier
cas, on récolte au fur et à mesure des besoins de l'alimentation; dans
le second cas, on recueille toute la récolte en même temps et pour la
conserver jusqu'au moment de son emploi, on la met en silo.
L'ensilage du maïs, usité depuis peu d'années, tend à se répandre
par suite de l'avantage que beaucoup de cultivateurs trouvent dans
son emploi. Quant à la culture de cette plante, elle peut s'introduire
dans la pratique des pays riches d'autant plus facilement qu'elle est
de celles qui sont qualifiées dérobées. En effet, après une récolte de
fourrages de printemps tels que vesce d'hiver, trèfle incarnat,
minette, etc., la terre étant libre au mois de mai, on donne les façons
nécessaires pour semer le maïs qui n'occupe le sol que jusqu'à la fin
de septembre; il est possible alors de semer du blé d'automne/ ainsi
qu'on a coutume de le faire à Courquetaine (S^ine-et-Marne).
Voici d'après la comptabilité du domaine de Courquetaine, un
résumé de cette culture.
ANNÉE ]880. MAIS ENSILÉ. SOLE DE 4 HECTARES.
Préparation du sol.
*2 labours, 10 jours 3/4 de 4 bœufs à 8 fr. par jo-jr 86 fr. 00
2 hersages, 4 jours de 2 bœufs à 4 fr. par jour 16 — 00
2 roulages, 4 jours 3/4 de 2 bœufs à 4 fr. par jour . . 17 _ OO
119 fr. 00
Amendement.
Un cinquième d'un chaulage ayant coûté 19'.) fr 38 — CO
Fumure.
60,000 kilog. fumier de ferme à 4 fr. 50 les l',000 kilog. . , 270 fr. 00
Transport, 2 jours 1/2 de chevaux à 10 fr. par jour 25 — CO
Chargement et épandage (travail fait à la tâche) 17 — 00
Pour enterrer le fumier, 2 jours d'un gamin à 1 fr. 75. . . . 3 — 50
Engrais complet D Joulie, 1,000 kilog 242 — 55
Pour le répindre, 1/2 jour, 2 chevaux et 1 journée dhomœe
à 3 fr. 50 8 — 50
566 - 55^
Semaille.
Grain variété Caragua,- 400 kilog.. 96 — 00
Pour semer, 1 jour 3/4 de 2 chevaux et 1 jour 3/4 d'un
homme 23 — 65
119 — 65
Garde du jeune mais contre les oiseaux.
14 journées d'un gamin à 1 fr. 75 l'une o'i — 50
Binarje.
54 journées d'homme à 3 fr. 50 l'une 1 89 — 00
Ensilage comprenant coupe à la faucheuse, ramassage,
chargement, transport au hache-maïs, coupage et mise
en fosse.
7 6 journées d'homme à 4 fr. 50 l'une 342 — oo
18 journées de 2 chevaux à 10 fr. Tune 180 — 00
Frais de hache-maïs et de machine à vapeur 80 — 00
Intérêts de la construction des silos 80 — 00
j , X. , , • 682 — 00
Loyer de 4 hectares pendant 4 mois 1 60 00
Total des dépenses i,898 — 70
Récolte de 200,000 kilog. de maïs ensilé à 12 fr. les
1,0Q0 kilog 2,400 fr. 00
Bénéfice .501—30
Total égal 2,400 fr. 00 2,400 ff- 00
332 ENSir-AGE DU MAIS-FOURRAGE A GOURQUETAINE.
Pour un hectare la dépense est de /i74 f'r. 70, la recette de 600 fr.
et le bénéfice de 125 fr. 30.
L'ensilage se fait très simplement ; il suffît de fouler convenable-
ment le maïs sortant du hache-maïs. Le tassement doit être suffisant
pour éviter la fermentation acétique que déterminerait la présence de
l'oxygène de l'air après la fermentation alcoolique qui se produit au
début de la mise en fosse.
Cette pratique de l'ensilage met à la disposition du cultivateur un
surcroît d'aliments très utile dans les années où le fourrage ordinaire
est peu abondant, par conséquent d'un prix très élevé, comme cela se
présente en 1880. En outre cela procure une nourriture verte dont on
apprécie les bienfaits surtout quand on la donne à des vaches
laitières.
En résumé, on augmente la production par unité de surface, ce qui
est un des moyens les plus efficaces d'atténuer les crises que subit de
temps à autre notre industrie agricole. Chedville,
Stngiaire agricole, élève diplômé de Grignon.
CONCOURS RÉGIONAL D'ORAN
IV. — PRIME D'HOx\NEUR.
Nous avons indiqué déjà les avantages offerts par la prime d'hon-
neur en France, et nous nous sommes appliqué dans plusieurs cir-
constances à rappeler les améliorations successives dont elle a été
l'objet : aussi n'y reviendrons-nous pas. Mais nous ferons remarquer
qu'en Algérie nous sommes à la période du début, et qu'il paraît
utile d'apporter de sérieuses modifications si l'on veut obtenir tous les
résultats que comporte cette institution.
Si, en effet, on compare le grand nombre des exploitations
auxquelles on s'est adressé pour éveiller la concurrence au peu d'em-
pressement que l'on a mis à répondre à cet appel, on sent vite que
l'on est placé sur un mauvais terrain, et que dans peu d'années la
série des candidats se trouvera épuisée.
Nous y voyons la nécessité de créer au plus tôt des prix culturaux,
comme cela se pratique en France depuis le 13 janvier 1869, de
manière à obtenir plus d'émulation et à répartir les bienfaits de la
prime d'honneur sur un plus grand nombre d'agriculteurs.
Pour se conformer au vote pris par le Conseil général d'Oran dans
sa séance du 14 avril dernier au sujet de la division du département
en trois régions, l'article 2 de l'arrêté du ministre de l'agriculture,
du 10 mai, portait qu'une prime d'honneur, consistant en un objet
d'art et une somme de 1,500 francs, serait décernée à l'agriculteur
de la circonscription déterminée qui, reconnu relativement supé-
rieur à ses concurrents, présenterait le meilleur ensemble cultural
et aurait réalisé dans la ferme ou le domaine exploité par lui, les amé-
liorations les plus utiles et les plus propres à être offertes comme
exemple.
La circonscription du concours de la prime d'honneur embrassait
le territoire compris entre la Méditerranée et une ligne partant de
l'embouchure de la Tafna, englobant la plaine de la Mléta, passant par
le Tlélat, et suivant ensuite la limite méridionale des communes
mixtes traversées par le chemin de fer P.-L.-M., jusqu'à la limite du
département d'Alger.
LA PRIME D'HONNEUR AU CONCOURS D'ORAN. 333
Pour représenter cette belle circonscription, sept concurrents seule-
ment se sont fait inscrire ! Ce fait seul est de nature à décourager
profondément, lorsqu'on se souvient que les beaux domaines, bien
aménagés, parfaitement exploités, ne manquent pas sur ce territoire.
Combien de noms se pressent, en effet, sous notre plume que nous
n'inscrivons pas, uniquement dans la crainte d'en oublier quelques-
uns, tellement ils sont nombreux. Pourquoi ces défaillances? Nous
nous garderons bien de répondre, mais nous aurons la franchise de
dire que quelques-uns nous ont avoué qu'en présence de tels concur-
rents qu'ils considéraient comme leur étant supérieurs, ils ont préféré
ne pas se présenter, résolution qu'ils regrettent aujourd'hui.
Quant à nous, nous le déplorons bien autrement qu'eux, ce qui nous
a amené à signaler ces abstentions regrettables à de nombreux points
de vue.
On a souvent parlé en France de la composition des commissions
d'examen, et nous nous voyons dans la nécessité de dire un mot de
celle qui nous intéresse.
Le jury pour la prime d'honneur devait comprendre, sous la prési-
dence du commissaire général, deux membres du département d'Oran,
un d'Alger et un autre de Constantine; les colons de l'Ouest ont vu
avec la plus grande peine que les deux membres chargés de les repré-
senter, n'étaient pas des agriculteurs exploitant des propriétés dans
cette partie de l'Algérie.
Il ne s'agissait pas ici d'enseignement à un titre quelconque, mais
il était uniquement question de constater les meilleures pratiques
agricoles, et sur ce terrain l'Administration aurait certainement trouvé
bon nombre de cultivateurs dévoués, et très aptes à remplir cette
mission.
Un seul argument peut être opposé à notre manière de voir, et il
est tiré de ce qui se pratique en France oii, pour diverses raisons, on
ne prend pas comme jurés les cultivateurs du département dans
lequel on doit décerner la prime d'honneur. Dans ce cas encore on
aurait dû se souvenir qu'en Algérie, chaque département est divisé en
trois circonscriptions distinctes pour la tenue des concours régionaux,
chacune d'elles jouant à peu près le rôle du département dans les
circonscriptions de la métropole. En faisant son choix dans les^ divi-
sions voisines de celle d'Oran, il aurait donc été aisé de donner
satisfaction aux agriculteurs qui désirent être jugés par leurs pairs,
sans déroger à ce qui se fait en France.
Celte question a une trop grande importance pour que nous ne
citions pas encore comme exemple, ce qui a eu lieu dans le même cas
à Oran, soit en 1864 à l'occasion de la prime d'honneur du gouver-
nement, soit en 1877 pour celle du Comice, où les jurés ont été
désignés comme nous le demandons.
Le rapport sur la prime d'honneur, lu dans la séance solennelle des
récompenses, entre tout d'abord dans des considérations générales sur
les bienfaits que nous devons au, gouvernement de la République qui
a étendu nos chemins de fer, multiplié nos villages et constitué nos
concours régionaux; tout en faisant l'éloge du département d'Oran, si
agricole, il signale l'écueil des défrichements, engageant aussi à
fumer les terres, car ce n'est pas ici que l'on peut appeler le bétail un
mal nécessaire. Il entre ensuite dans des détails intéressants sur la
334 LA PRIME D'HONNEUR AU CONCOURS D'ORAN.
culture de la vigne qui prend sur ce territoire une très grande exten-
sion et dont l'importance grandit encore en raison du malheur qui
frappe cette industrie en France; ses conseils s'étendent à la plantation
faite généralement sans un défoncement préalable^, ce qui arrête
bientôt le développement des racines, à la taille défectueuse, au
manque de restitution au sol des principes enlevés par la végétation,
au peu d'espacement des ceps entre eux, aux procédés de vinification
encore peu rationnels dans certains cas.
Disons tout de suite que ces considérations générales ont guidé les
intéressés dans l'appréciation qu'ils ont eu à émettre sur les domaines
visités, d'autant mieux qu'à chaque concurrent, nous trouvons relevé
avec soin le nombre d'hectares cultivés en vignes et que deux
d'entre eux sont signalés d'une façon particulière comme étant encore
peu entrés dans la voie des plantations de cette nature. Nous avons
encore retrouvé les mêmes appréciations sur l'importance de cette cul-
ture dans le discours du commissaire général, ce qui nous amène à
nous faire l'écho de l'opinion publique manifestée soit dans la presse
d'Oran, soit dans les différentes classes de la population.
S'inspirant de ce qui s'est fait de tout temps en Algérie et des termes
de l'arrêté ministériel, chacun estimait que, dans cette lutte, on avait
surtout à tenir compte des efforts produits, de leur durée et des ré-
sultats acquis. Mieux que personne, nous comprenons l'importance de
la culture de la vigne, et plus que tout autre, peut-être, nous avons
encouragé nos concitoyens à adopter résolument cette industrie pour
conserver entre les mains de la France, l'Algérie et la Métropole no
faisant qu'un, un produit si éminemment national et qui aurait pu
lui échapper.
Mais ici, il s'agissait avant tout, selon nous, de mettre en relief les
travaux de longue date, ayant produit des faits heureux pouvant être
offerts comme exemple. Sans doute, la viticulture est très intéressante,
et son extension doit être encouragée : mais qu'est-elle à côté de
l'œuvre du colon s'étendant sur l'ensemble des travaux que comporte
une exploitation agricole bien conduite?
On nous a dit que, dans les départements de France où la vigne avait
la prépondérance, les plus hautes récompenses étaient réservées aux
vignobles. Nous reconnaissons encore la possibilité de ce fait. Mais
ici, la vigne loin d'être prépondérante comme culture, c'est-à-dire
dans la période où l'on doit récompenser, n'est-elle pas encore dans
celle où elle a besoin d'encouragement?
Et d'ailleurs, pour se rendre un compte exact des progrès accomplis
que l'on devra donner ensu'te comme exemple, ne faut-il pas remonter
au point de départ, voiries procédés de culture utilisés à cette époque,
le colon luttant contre les difficultés de toutes sortes : sol non défriché,
indécisions sur les récoltes à entreprendre, maladies, défaut de sécu-
rité, mauvais instruments, puis, à force de patience, de courage et
d'énergie, arrivant à modifier ces causes défavorables, ces motifs d'in-
succès, en créant des cultures prospères, en adoptant le matériel per-
fectionné, en montrant comme résultat final un beau domaine dont
les revenus certains sont la preuve que le propriétaire a suivi la bonne
voie, celle qui enrichit par un travail honnête et incessant.
De tels exemples, et ils ne sont pas rares, en étant de véritables
stimulants pour les Européens, aident aussi au progrès des indigènes,
LE PRIME d'honneur AU CONCOURS D'ORAN. 335
en les habituant peu à peu à l'usage de nos instruments perfectionnés,
en leur donnant de bonnes notions de culture, en les initiant enfin aux
mille détails de la vie ordinaire du colon laborieux.
A ces divers titres, ces situations méritent évidemment d'être dis-
tinguées, signalées, et d'obtenir nos plus hautes récompenses, parce
que non pas d'hier, mais dans une longue suite d'années, elles ont
aidé l'œuvre de colonisation et en ont, peut-être, assuré le succès.
Résumons enfin d'une façon rapide les travaux des divers con-
currents, sans nous arrêter aux prix décernés que nous avons déjà
mentionnés dans la liste générale précédemment publiée.
M. Sabatier^ àMisserghin, n'ayant présenté que 6 hectares de terrain
dont quatre en vignes, n'a pu prendre part au concours.
M. Merle, qui possède 53 hectares, à quelques kilomètres d'Oran,
don 7 et demi complantés en vignes, a su produire une œuvre sérieuse,
tout en ne disposant au début que de faibles moyens. Mais l'énergie,
le travail persévérant ont suppléé à tout; aussi, aidé par sa compagne,
est-il arrivé à une très belle situation, après avoir élevé sa nombreuse
famille.
La vigne, qu'il soigne d'une façon toute particulière et qui lui
donne en retour ses produits rémunérateurs, a été le principal levier
de cette aisance que nous nous plaisons à constater pour la signaler
aux petits cultivateurs de France, qui, malgré de sérieux et pénibles
efforts, ont de la peine à équilibrer leurs dépenses et leurs bénéfices.
M. Derriey, propriétaire à Bou-sfer de 80 hectares, dont 1 3 en
vignes, a surmonté de grandes difficultés inhérentes au sol même
qu'il a mis en valeur.
La plantation de vignes bien tenue et les bons instruments qu'il
utilise, le signalent à l'attention de ses collègues de la même contrée.
M. Karouby exploite non loin d'Oran son domaine de Bellevue,
ayant 1 03 hectares, dont 67 en vignes et 3 en arbres fruitiers de di-
verses essences. Les bâtiments bien aménagés sont vastes et en rap-
port avec les besoins de l'entreprise. Ce propriétaire emploie des Israé-
lites comme gérant et comme maître-chai, ce qui a conduit à le
donner comme exemple à des coreligionnaires peu portés d'ordinaire,
ici, à s'adonner aux pénibles travaux des champs.
Nous aurions été heureux de voir appuyer cette sanction sur les
résultats financiers de l'exploitation qu'il est toujours nécessaire d'in-
diquer à ceux qui doivent suivre la même voie.
M. Calmels a acquis le 3 février 1852, à Sidi-Marouf, propriété
située près d'Oran, et qu'il présente au concours, 516 hectares aux-
quels il a ajouté 460 hectares achetés en 1873.
On a relevé contre cette exploitation la non-utilisation de l'eau
d'une petite mare qui se trouve dans ses terres et que l'on aurait pu
faire tourner au profit de cultures irriguées, l'emploi des condamnés
comme main-d'œuvre à la place de celle du pays, la disproportion qui
existe entre le bétail et l'ensemble du domaine, ainsi que le peu de
vignes plantées, 28 hectares sur les 35 qu'il possède, provenant d'un
héritage.
A notre tour nous rappellerons que, à l'époque oii ce concurrent
s'est vu dans la nécessité de se faire colon, les voies de communica-
tion étaient très défectueuses, la sécurité n'existait pas, les denrées et
les matériaux étaient fort chers, les instruments imparfaits, le»
336 LA PRIME D'HONNEUR AU CONCOURS D'ORAN.
locaux rares, les terrains peu profonds et remplis de rigoureux
palmiers.
Après une lutte énergique et patiente qui a duré plus de vingt-
trois années, nous trouvons à la place de la situation que nous ve-
nons de résumer, 600 hectares complètement défrichés, un assole-
ment triennal très bien compris : labours préparatoires, céréales,
fourrages, promettant d'obtenir de très bonnes récoltes, de belles
bêtes de travail, une centaine de vaches indigènes et du fumier pro-
duit abondamment avec les pailles de la ferme; nous y relevons en-
core des labours profonds, de vastes constructions, un outillage per-
fectionné pouvant rivaliser avec celui des meilleures exploitations de
France, 3 hectares d'essences forestières comprenant le pin d'Alep,
le pin Pignon, les Eucalyptus globulus et colossea, le Casuarina, et
somme toute, une très belle situation financière couronnant cette lon-
gue existence agricole. M. Calmels accuse, en effet, pour les années
1878-1879 et 1879-1880, une moyenne de 56,955 fr. de bénéfice
net, soit 1 h pour 1 00 du capital engagé.
Les quelques récompenses suivantes indiquent bien, par leurs dates,
qu'il s'agit d'efforts anciens, soutenus et suivis de succès : en 1858,
prix unique pour la race ovine; en 1864, médaille d'or pour les veaux
et pour la vigne dont la plantation remonte aux années 1860 et
1863 ; en 1868, 1" prix pour bœufs de boucherie; en 1877, médaille
d'or grand module pour plantations forestières; en 1878, à Paris,
médaille d'argent pour produits; en 1880, médaille d'or pour vins
blancs.
Dans la monographie que nous avons faite de cette propriété en
1877, nous disions en terminant, et nous pouvons répéter aujourd'hui
en accentuant ces conclusions dans un sens favorable : « S'il reste
encore beaucoup à faire à l'habile et infatigable administrateur de ce
domaine, il y a là déjà de sérieux services rendus à l'agriculture du
département par l'introduction d'un outillage perfectionné, l'usage
du fumier et l'emploi de bonnes pratiques agricoles. Aussi, doit-on
exprimer le témoignage public que ces exemples ont certainement
contribué à améliorer l'agriculture de la contrée. »
M. Sommer présente 500 hectares de terrain, dont 415 hectares ap-
partenant à la ferme de Moussa-Thuil ont été achetés en 1853 au
prix de 15,000 fr.
Ce que nous avons dit de l'énergie et des efforts persévérants de
M. Calmels, s'applique également à ce concurrent, qui, toujours sur
la brèche avec sa courageuse famille, a su créer une très belle exploi-
tation agricole, avec de grands bâtiments, un bétail de toutes les
espèces très nombreux, très bien entretenu et donnant lieu à de lucra-
tives spéculations, un matériel des plus complets et des plus perfec-
tionnés,! un assolement triennal : jachère, avec deux labours prépa-
ratoires, blé, orge, et Femploi judicieux des fumiers.
Ce concurrent, dont les livres accusaient en 1877 des bénéfices
donnant 12 pour 100 du capital engagé, dirige avec une rare habileté
son exploitation, aidé de ses fils et de Mme Sommer qui a fait preuve
d'un courage réel, lorsque la ferme se trouva assiégée par un de ces
malfaiteurs indigènes qui est resté longtemps la terreur de la contrée.
M. Sommer a obtenu plusieurs récompenses dans différents con-
cours, et notamment la prime d'honneur accordée, en 1 877, par le
LA PRIME D'HONNEUR AU CONCOURS RÉGIONAL D'ORAN. 337
Comice d'Oran sur les conclusions suivantes du jury : « L'ensemble
de ce domaine représente évidemment une œuvre agricole bien appro-
priée aux conditions économiques du milieu où elle existe, et qui
sert de témoignage vivant aux vingt-quatre années d'utiles et hono-
rables travaux exécutés par M. Sommer. L'entreprise solidement orga-
nisée, repose sur des fondements qai ont cette apparence de durée
nécessaire pour promettre de bons résultats à celui qui Ta fondée. »
Mme Vue Bertlwuin })ossède à quelques minutes d'Oran la propriété
de Sainte-Eugénie, d'une contenance de 1 00 hectares, dont 72 plantés
en vignes, et le surplus cultivé dans les conditions du pays, en attendant
que le tout puisse être converti en vignoble. Les principaux cépages
sont, en premier lieu, le Carignan, le ^lorasflel, l'Aramon et le Gre-
nache. La plantation se fait à 2 mètres en tous sens, à l'aide de sar-
ments non enracinés et par carrés de 2 hectares environ. A part les
labours donnés avec les huit bêtes de la ferme, les différents travaux
sont exécutés par des gens du dehors sous la direction active d'un
homme de confiance. Un très bon cellier renferme des foudres de 60
et de 250 hectolitres chaque, dont une moitié environ n'a pas en-
core été utilisée. Un système de tuyautage, aidé d'une pompe, ainsi
que la proximité des cuves dont l'accès est rendu facile aux char-
rettes transportant la vendange, et qui permettent au liquide d'ar-
river à la cave à laide de conduits en maçonnerie, rendent les diffé-
rentes opérations des ouvriers faciles et économiques,, tandis qu'un
appareil de distillation très complet, du système Vigouroux, permet
de convertir, sans retard, en alcool à 92 degrés, l'eau dans laquelle
les marcs ont été préalablement macérés.
Le but de l'entreprise est donc bien déterminé et permet de con-
centrer de sérieux efforts sur une spécialité, alors qu'une grande
exploitation agricole, dans le vrai sens du mot, comporte l'applica-
tion d'une science particulière qui réclame une longue pratique et
exige des soins répartis sur de nombreuses branches, dont chacune
concourt forcément aux résultats d'ensemble.
Hâtons-nous de dire que, dans les limites de ce cercle, l'œuvre est
bien conduite et semble devoir promettre dans l'avenir d'heureux
résultats. Aujourd'hui, un peu plus seulement de la moitié de la vigne
est en rapport, les bâtiments ne sont pas complétés, quelques cuves
n'ont pu encore être utilisées, l'alambic n'a servi qu'une fois; il est
donc impossible de déterminer, dans ces conditions, quelle sera la re-
lation du capital engagé et des efforts incontestablement produits, avec
les résultats qui ne pourront être définitivement chiffrés que dans plu-
sieurs années.
Mais ce qui fait évidemment le principal mérite de cette œuvre,
c'est que, étant récente, elle a été en grande partie réalisée avec bon-
heur par Mme Berthouin elle-même,' qui a dû déployer dans cette
circonstance des qualités particulières qui lui font honneur.
Pour relater tout ce qui a trait aux visites des fermes, nous devons
ajouter que le Comice agricole d'Alger a offert 300 fr. pour être don-
nés au petit propriétaire de 1 5 à 20"^ hectares exploitant directement,
et dont la propriété se ferait remarquer par son organisation intelli-
gente, son rendement et l'établissement des bâtiments au point de vue
de l'hygiène. Le rapport de M. Griffon, secrétaire du Comice d'Oran,
nous donne à ce sujet des détails trèç intéressants.
338 LA PRIME D'HONNEUR AU CONCOURS D'OR AN.
Sur quatre concurrents, MM. Lagier, d'Assi-bou-Nif, et Gros
d'Hamman-bou-Hadgar, cultivant l'un 45 hectares, l'autre 29 hec-
tares, ont dû être écartés comme n'étant pas dans les conditions exi-
gées par le Comice d'Alger.
M. Guyonnet, qui vient ensuite, est un colon courageux d'Assi-bou-
Nif, qui lutte depuis trente et un ans à l'aide de son travail, et qui,
sur 16 hectares, entreprend différentes cultures et en obtient des
résultats qui ne sont pas sans mérite.
Mais le candidat heureux est M. Montels, dont la petite propriété de
16 hectares se trouve aux portes mêmes d'Oran, sur la route de la
Sénia. Les bâtiments bien compris sont confortables, bien aérés, et
offrent 'toutes les conditions désirables d'hygiène.
L'outillage est en rapport avec les besoins de l'exploitation, les ani-
maux de travail sont dans un excellent état. Si l'on en excepte les
700 mètres bâtis, 25 ares cultivés en légumes irrigués et 25 ares de
luzerne, toute la propriété est plantée de vignes qui présentent un
aspect de prospérité remarquable. Les procédés de culture et de vini-
fication ont paru à la Commission très bien compris; aussi les ré-
sultats financiers sont-ils très importants.
Il est de toute utilité de rappeler que les efforts de ce concurrent
remontent à l'année 1864. Aussi le jury les a-t-il récompensés eii
décernant à M. Montels le prix du Comice d'Alger, avec cette convie^
tion que dans* l'état actuel de la colonisation, sous notre climat algé-
rien, dans un sol favorisé seulement par des pluies d'hiver et voué
l'été à une longue sécheresse, il serait difficile d'obtenir un succès
plus remarquable d'intensité productive.
C'est également grâce à ces considérations que le jury lui a, en
outre, remis une médaille d'or de la valeur de 200 fr. offerte par la
Société d'agriculture d'Alger pour être attribuée au lauréat le plus
méritant de la section de viticulture. L. Bastide,
Président du Comice de Bel-Abbès.
RESISTANCE ET ADAPTATION
DES VIGNES AMÉRICAINES AU POINT DE VUE PRATIQUE. — III*.
Deux mots encore pour répondre à une objection que j'ai souvent
entendu faire à l'emploi des vignes américaines, objection toute spé-
cieuse et qui n'a qu'une valeur des plus modérées, bien qu'au premier
abord, elle puisse paraître sérieuse aux personnes peu au courant de
la question.
On nous dit : les vignes américaines résistent en Amérique, c'est
entendu ; nous admettons même qu'elles y résistent d'une manière
absolue ; mais là elles se trouvent chez elles, dans leur milieu naturel,
elles sont soumises à des procédés de culture ou de taille que l'expé-
rience a démontré leur être excessivement favorables, ou bien pour
les espèces sauvages, rien ne les gêne dans l'expansion de leur fou-
gueuse végétation ; or que deviendra cette résistance quand, au change-
ment de milieu, viendra se joindre un changement complet dans les
modes de traitement qui leur seront appliqués?
A ceci je pourrais répondre d'abord, que la vigne européenne, elle
aussi, est, si nous en jugeons d'après nos lambrusques, un être aussi
expansif que la vigne américaine, et que les mutilations atroces àux-
1. Voir le Journal des 6 et 20 novembre, pages 211 et 292 de ce volume.
RÉSISTANCE ET ADAPTATION DES VIGNES AMÉRICAINES 339
quelles nous la soumettons tous les ans depuis des milliers d'années
n'ont nullement altéré sa constitution; que d'ailleurs, n'aurions-nous
pour faire du vin que la ressource de traiter en France les vignes amé-
ricaines, comme on les traite en Amérique, nous nous y soumettrions
parfaitement; nous le ferons très probablement d'ailleurs, rien que
pour augmenter la quantité de leurs produits.
Mais j'irai beaucoup plus loin. Au point de vue théorique, cette
objection n'a aucune valeur, et au point de vue pratique, les faits se
sont chargés de démontrer qu'elle n'en a pas davantage.
Au point de vue scientifique, il y a bien peu de chose à dire : un
végétal que l'on change de milieu, s'acclimate ou ne s'acclimate pas;
s'il s'acclimate, il continue à vivre, à végéter, à fructifier et à se
reproduire absolument comme il le faisait dans son climat d'origine;
et admettre, dans ces circonstances, la possibilité d'un changement
capable de modifier la constitution du végétal, ce serait tout simple-
ment un comble de gros calibre; s'il ne s'acclimate pas, sa culture
devient impossible, et peu importent alors les modifications de con-
stitution qui rendent précisément cette culture et cet acclimatement
impossibles. Or, en fait de vignes américaines, le doute n'est plus
possible, V acclimatemeni iiest plus à faire, il est fait.
La masse des viticulteurs préférera peut-être à cette affirmation^
toute positive qu'elle soit, quelque chose de plus tangible; je vais le
lui donner.
Parmi les vignes américaines, une des plus résistantes, qui appar-
tient justement à la catégorie de celles qui ne font pas de phylloxéra,
le Chevalier sans reproche de M. Gaston Bazille, ÏYork's Madeira, se
trouve justement en France, chez le comte Odart, depuis une qua-
rantaine d'années au moins. M. Henri Mares en a quelques exem-
plaires dans ses cultures depuis vingt-quatre ans. Il existe chez le
docteur Rey, dans le Lot, depuis dix-sept ans, et chez M. Laliman,
dans la Gironde, au moins depuis dix-huit ans. Dans la Touraine^
dans l'Hérault, dans le Lot, dans la Gironde, il a été soumis depuis
cette époque aux procédés de culture en usage dans ces régions. Ce
cépage a-t-il vu diminuer d'une façon quelconque ses facultés de ré-
sistance? A-t-on pu constater un changement quelconque dans sa con-
stitution? Pas le moins du monde, il a toujours continué à végéter de
la même façon dans les terres les plus maigres ; ses racines sont tou-
jours aussi fibreuses qu'au premier jour de sa culture en France, on y
trouve toujours aussi peu de phylloxéras aujourd'hui qu'il y a qua-
torze ans, et ici pas moyen de se retrancher derrière un retrempage
au pays d' origine. Les milliers de pieds de ce cépage cultivés en
France proviennent tous sa7is exception des quelques pieds primitifs
du comte Odart, et ont, par conséquent à leur passif, une cinquantaine
d'années de ces procédés qui auraient déjà dû modifier largement sa
constitution si le fait n'était matériellement impossible.
11 ne nous est jamais arrivé, en effet, une seule bouture de York's
des Etats-Unis, où l'on a depuis plus de trente ans abandonné la cul-
ture de ce cépage comme trop improductive, et où le York's Madeira
n'existe peut-être qu'à l'état de pied isolé dans quelques collections,
à tel point que si les Américains voulaient en reprendre la culture,
c'est nous qui serions obligés de leur fournir les boutures.
Cette objection n'a donc aucune valeur, et je n'y ai répondu un peu
340 RÉSISTANCE ET ADAPTATION DES VIGNES AMÉRICAINES.
longuement que parce que, de toutes les objections mises en avant
contre les vignes américaines, c'était la seule qui eut en apparence,
mais en apparence seulement, quelque semblant de valeur, et qu'elle
me paraissait de nature à effrayer peut-être, pour l'avenir, quelques
viticulteurs peu au courant des détails de la question des vignes
américaines.
Il ne me reste plus maintenant qu'à vous dire quelques mots en
particulier de chacune de ces vignes qui ne font pas de phylloxéra.
J'estime, en effet, que, sauf dans quelques cas exceptionnels, on ne
peut en recommander aucune d'une façon spéciale. La vigueur de vé-
gétation qu'elles montreront dans chaque nature de terrain devra sur-
tout fixer le choix de l'agriculteur auquel je conseillerai toujours de ne
s'arrêter à l'une d'entre elles que lorsqu'il se sera assuré, par des ex-
périences préliminaires, de celle qui vient le mieux chez lui. Ces va-
riétés sont en effet toutes de simples porte-greffes qui n'ont qu'une
ambition ; conserver les vignes et les vins français en prêtant aux pre-
mières leurs racines à l'abri du puceron, et l'on sait quelle impor-
tance il faut accorder à la vigueur du sujet quand il s'agit de choisir
un porte-greffe.
Parmi les vignes américaines qui ne font pas de phylloxéra, celles
qui jusqu'à présent m'ont toujours paru les plus réfractaires à l'in-
secte, sont les Cordifolias vrais, aujourd'hui bien distincts des Ri-
parias.
Je comptais les étudier avec un peu plus de détails dans ma seconde
note projetée sur les porte-greffes, le temps me presse, je n'en dirai
que quelques mots. Ces variétés paraissent toutes assez difficiles à la
reprise de bouture , et l'emploi de la greffe-bouture à la machine
paraît diminuer notablement cette difficulté de reprise. Ce sont des vi-
gnes d'introduction récente et encore à l'étude.
Après celles-ci viennent les Biparias sauvages vrais, dont quelques
formes ne présentent presque jamais d'insectes sur leurs racines.
Quelques-unes ont une exubérance de végétation à peine croyable,
toutes reprennent assez bien ou très bien de boutures ; elles consti-
tuent généralement de vigoureux porte-greffes, et quoique leur emploi
doive être précédé d'un triage énergique dont la nécessité s'affirme de
jour en jour, il est certain qu'une grande place leur est réservée dans
la reconstitution de nos vignobles disparus.
Dans ce groupe il faut faire une place au Solonis, dont les semis
démontrent bien l'origine américaine. C'est peut-être le meilleur de
tous les porte-greffes, et quoiqu'on trouve sur ses racines un peu plus
fréquemment des phylloxéras que sur certaines des autres formes de la
famille des Riparias, ses qualités lui réservent un rang élevé dans
la série.
Je dois signaler chez cette vigne la production peut-être plus fré-
quente que chez les autres vignes américaines d'une bizarrerie de vé-
gétation dout je n'ai pu encore trouver l'explication : c'est le fait de
pieds primitivement et originairement malades et chétifs. Au milieu
d'une centaine de pieds d'une végétation magnifique, on en trouve
de temps en temps quelques-uns, un ou deux par exemple, qui ne
veulent pas se développer et restent chétifs J'ai pu, dans certains cas,
remonter à la cause, et l'attribuer à une gêne, une souffrance quel-
conque dans la végétation de la première année de la plantation. J'ai
RÉSISTANCE ET ADAPTATION DES VIGNES AMERICAINES. 341
cru devoir signaler ces cas, d'ailleurs assez peu nombreux, parce qu'ils
ont été presque toujours le point de départ des critiques qui ont été
adressées à cette excellente vigne.
Dans une autre famille, nous devons signaler le York's Madeira
dont j'ai prononcé le nom plusieurs fois déjà. C'est une vigne des plus
rustiques, et des plus réfractaires à l'insecte; sa bonne tenue dans les
terres maigres, sa résistance à la sécheresse, et son développement
plus modéré que celui des autres vignes américaines, en feront un
porte-greffe précieux surtout pour les régions où on cultive des vignes
à végétation moins exubérante que certaines de nos vignes de l'Hé-
rault. Il nourrit d'ailleurs ces dernières d'une façon fort convenable,
comme on peut en juger par les greffes de Carignans sur York's du
Mas de las Sorre. Le York's est certainement un hybride sur l'origine
et les parents duquel nous n'avons aucun renseignement ; ce qu'il y a
toutefois de certain au point de vue pratique, et c'est là l'essentiel, c'est
qu'il ne porte que rarement du phylloxéra et toujours en fort petite
quantité.
Après les vignes dont nous venons de parler et qui constituent ce
qu'on peut appeler les vignes d'élite, nous devons signaler, quoiqu'elles
montrent un peu plus d'aptitude à recevoir l'insecte, le Vialla et pres-
que toutes les vignes de son groupe, groupe dont j'ai au congrès de
Nîmes signalé l'existence sous le nom de groupe intermédiaire, et
que M. Planchon a désigné depuis, avec juste raison, sous le nom de
groupe des demi-labrusca; ils présentent, en effet, des signes d'hybri-
dation labruscoïde incontestable par leurs vrilles qui ne sont jamais
régulièrement intermittentes. Quelques-unes des formes de ce groupe
n'offrent pas plus de phylloxéras que le York's, entre autres le Gaston
Bazille ou Pedroni; le Vialla, quoiqu'on trouve assez habituellement
des insectes sur ses racines, n'en porte jamais de grandes quantités;
c'est une vigne rustique, très vigoureuse, qui ne craint pas les terres
médiocrement riches, et qui constitue un vigoureux porte-greffe. Elle
reprend facilement de boutures.
Enfin et toujours dans la catégorie des vignes qui présentent peu de
phylloxéras^ il me reste à vous dire quelques mots d'une vigne, ou
plutôt d'un groupe de vignes d'introduction récente, dont les diffé-
rentes formes sont excessivement voisines et ne diffèrent que par des
nuances. Elle se reproduit d'ailleurs d'une façon remarquable par le
semis, ce qui prouve bien que c'est un type spécial; je veux parler du
Vitis rupestris.
Reprise facile, végétation remarquable, pied grossissant fort vite,
recevant fort bien la greffe, n'offrant, quand elle en porte, que des no-
dosités superficielles et des lésions de peu d'importance, cette vigne
paraît devoir nous rendre quelques services. D'après les essais faits
jusqu'à ce jour, elle sera probablement une ressource précieuse pour
les coteaux pierreux et les vignes en terrasse.
Il y aurait encore certainement beaucoup de choses à dire sur cette
importante question que j'ai eu à peine le temps d'effleurer; j'espère ce-
pendant en avoir dit assez pour vous amener à penser, comme moi, que
la reconstitution des vignobles détruits au moyen des vignes améri-
caines est aujourd'hui parfaitement certaine et n'est plus, on peut le
dire, qu'une question de tçmps. L. Despetis,
. Viticulteur à FlQrçnsac (Hérault) -
3k%
COMPTEUR A LIQUIDES.
UN COMPTEUR A LIQUIDES
A diverses reprises, le Journal de V Agriculture a signalé les appareils
hydrauliques ingénieux imaginés par M. Samain, ingénieur-con-
structeur à Blois (Loir-et-Cher). Ses béliers, ses pressoirs, sa pompe
rotative sont connus des lecteurs du Journal. Aujourd'hui, nous devons
signaler une nouvelle application des principes qui l'ont guidée dans
la construction de sa pompe rotative, pour l'agencement d'un comp-
teur à eau et aux liquides. Ce compteur, remarquable par sa précision
comme par sa simplicité, trouvera d'abord son application dans toutes
les concessions d'eau ; il peut servir pour le mesurage de tous les
liquides, notamment des vins et des alcools, de même que dans les
industries agricoles, spécialement dans les sucreries et les brasseries.
Fig. 27. — Vue du compteur à eau de SamadD;
La figure 27 montre la vue extérieure du compteur; la fig. 28 en
donne la coupe verticale, et la fig. 29 la coupe horizontale.
L'appareil se compose de quatre cylindres disposés horizontalement
en forme de croix. A l'intérieur de ces cylindres, dont les extrémités
sont fermées, se meuvent des pistons, dont les bielles agissent sur un
arbre à vilebrequin placé au centre. L'eau, entrant par l'ouverture A
(fig. 27), pénètre dans un tiroir circulaire, monté sur cet arbre, qui
distribue alternativement l'eau dans les cylindres, au moyen de con-
duits qui servent à la fois d'introduction et d'échappement. Ce tiroir
est surmonté d'un chapeau en fonte, dont la partie supérieure porte
ej^térieurement l'appareil enregistreur; celui-ci consiste en un cadran
COMPTEUR A LIQUIDES.
343
gradué sur lequel se meut une aiguille. La marche normale du comp-
teur est de 60 évolutions par minute. L'eau chassée des cylindres par
le mouvement des pistons, s'échappe par l'ouverture de dégagement B
(^fig. 27). On voit que le mécanisme est des plus simples, puisqu'il ne
comporte qu'un arbre central, quatre bielles, quatre pistons et un
tiroir.
Dans les appareils de ce genre, le principal obstacle au fonctionne-
EntPcf de l'eau
A
B
Fig. ^8. — Coupe verticale du compteur, suivant G D de la fig. 29
ment régulier est dans les chocs et les changements de vitesse qui
peuvent se produire pendant la marche de l'eau. Ces inconvénients
sont évités : T par la combinaison des quatre cylindres, grâce
à laquelle les volumes engendrés par les pistons sont constamment
les mêmes ; 2° par la transmission de mouvement par un axe à vilebre-
quin ; par cette disposition, la vitesse des pistons devient progressi-
vement nulle, et par conséquent le sens de la marche se change sans
chocs sur la masse liquide.
Quanta la surveillance, elle est des plus faciles; il suffit de dévisser
la plaque extérieure des cylindres pour les visiter intérieurement ; en
outre, les pistons @oiit indépendauts de kurs biêUet, et m peut In
344
COMPTEUR A LIQUIDES.
retirer à la main, sans démonter le mécanisme. Ajoutons que, dans
tous les conduits, les orifices pour le passage de l'eau ont été dis-
posés de façon à éviter tout étranglement qui amène inévitablement
une perte.
11 est facile de comprendre que, vu les conditions de mécanisme
dans lesquelles il est construit, le compteur Samain peut aussi bien
servir pour les eaux limoneuses que pour les eaux limpides. Toute-
fois, on peut établir un robinet à l'extrémité inférieure de la partie
Fig. 29. — Coupe horizontale du compteur, suivant A B de la lig. 28.
centrale qui sert de boîte à dépôt. Ce robinet a non seulement pour
but de vider le compteur do tout dépôt vaseux laissé par Teau, mais
encore de le vider, au moins partiellement, lorsque le service est
interrompu et que l'on redoute l'action des gelées.
Il faut ajouter que toutes les pièces du compteur obéissent par
simple entraînement au moment de rotation de l'arbre central, sur le
tiroir duquel l'eau agit directement. Il n'y a pas d'articulation, et par
suite aucune perte de vitesse pour en vaincre la résistance.
Il y a plusieurs modèles du compteur Samain; leur débit varie sui-
vant la pression du liquide et suivant le diamètre des orifices d'in-
troduction et d'échappement. D'après des expériences faites avec le
plus grand soin, le compteur n" 2, qui coûte 1 35 fr. , et dont les cri-
COMPTEUR A LIQUIDES, 345
fices ont O'^.OIO^ donnent les débits suivants par heure : avec une
pression de 2 mètres, 6 hectolitres; avec une pression de 5 mètres,
Il hectolitres; avec une pression de 10 mètres, 19 hectolitres; avec
une pression de 20 mètres, 30 hectolitres. Le plus grand modèle,
dont les orifices ont 0"'.060, débite dans les mêmes conditions 141,'
. 218, 372 et 540 hectolitres par heure. Quant à la précision du mesu-
rage, elle est de 2 à 3 litres par mètre cube, c'est-à-dire que la com-
paraison entre le poids de l'eau écoulée et la quantité indiquée par
Taiguille ne donne pas une plus grande différence. C'est 2 à 3 pour
1,000 seulement.
Le compteur Samain a été adopté par la ville de Paris. Il jouira
rapidement d'une grande faveur. L. de Sardriac.
PISCICULTURE- — LES MARAIS SALANTS'
Avant de terminer la première partie de ces entretiens sur la pisci-
culture marine, il ne nous est pas possible de taire à nos lecteurs la
pénible impression que nous avons rapportée de nos visites au Car-
reau de la halle, où depuis plus de vingt ans nous n'avions mis les
pieds.
Ce n'est pas le tout de faire de bonnes lois, de travailler dix, douze
ans pour les obtenir, si on ne les applique pas. Nous avons visité
chaque jour le Carreau du 1"" au 17 novembre de la présente année :
or pas une seule fois il ne nous arriva de ne pas voir des mannes se
remplir de truites prêtes à frayer ; aujourd'hui 1 7, nous avons compté
huit mannes portant chacune 7 pièces de 1 1/2 livre à 4 livres.
Il est vrai d'ajouter que ce ne devait être évidemment que des
truites de maraude, car les 5/6 étaient pointées; mais enfin c'étaient
des truites.
Des saumons nous ne dirons rien, puisqu'il y a de ce côté, dit-on,
une convention internationale, qui, là encore, a fait règle d'une excep-
tion et permis d'éluder la loi.
Cette décision ministérielle ouvre, selon nous, la porte aux plus
grands abus. Croyons donc qu'il n'arrive aux mannes que saumons
anglais, hollandais et allemands, et reposons en paix sur ce moelleux
et si commode arrêté administratif.
Dormez, messieurs, laissez faire; moi, je vous ajourne à dix ans
encore de ce côté, et comme avec l'écrevisse, avec la grive de notre
cher Toussenel, vous aurez, je l'espère, pour votre instruction insou-
ciante ou inconsciente décision, le réveil amer!
Vraiment, on aurait juré l'anéantissement de nos richesses aqua-
tiques qu'on ne s'y prendrait pas autrement.
Mais que fait donc cette unique administration que l'Europe 'nous
envie y laquelle partant de l'ingénieur en chef, doit, en passant par l'in-
génieur, le piqueur, l'éclusier, le garde, enfin, assurer par son nombre,
son organisation, sa discipUne, l'augmentation et la conservation de
cette partie des richesses de la nation? (Coste, Rapport à V empereur,
juin 1855.) Ahl pourquoi n'êtes-vous plus là, mon cher et toujours
vénéré maître !
Quand vous avez planté cet arbre, ne vous cria-t-on pas sur tous
1. Voir le Journal des 11 et 25 septembre, du tome 111 de 1880; des 9 et 23 octobre; des 6, 13
et 20 Dovembre 1880.
346 PISCICULTURE. — LES MARAIS SALANTS.
les tons : Le sujet est beau, plein d'espérance, mais gare les sau-
vageons !!!
Qu'en reste-t-il?nous demandions-nous ce matin à la halle en pré-
sence de cette effrontée violation des règlements et de la loi ; est-ce
l'arbre ou les sauvageons?
On sait que les si malheureuses et curieuses perturbations atmos-
phériques que nous traversons depuis si longtemps, vents chauds et
brumes entre les équinoxes de mars et de septembre, et les procédés
nouveaux d'extraction et de purification des sels de mines, ont porté à
notre ancienne industrie des sauniers de l'Ouest le coup mortel. Dix
fois déjà, depuis quelques années seulement la question fut portée
avec toute justice devant nos parlements et disons, à l'honneur de la
France, que sur ce terrain il n'y eut point de partis, mais seulement
des Français.
Mais malheureusement dans ces sortes de questions, seule la bonne
volonté ne suffit pas.
Cette question des marais salants touche à tant de côtés, marine,
finances, travaux publics, droits de propriété, concessions, bref, juste
quatre fois plus qu'il n'en faudrait pour la placer cette intéressante
question, comme le pauvre âne de Buridan, sans que la pisciculture
y ait mis son premier mot.
La première fois que nous en entendîmes parler, ce fut à Brouage,
en 1854, par M. le commissaire de la marine Ackermann.
Ce si modeste et si studieux officier de la marine exposait à GosLe
ses idées sur ce qu'il y aurait à faire, selon lui, pour parer à une
telle calamité et nous mettait au courant de ce qu'il avait fait et se
proposait de faire, avec son garde Rabeau, pour y parer dans la limite
du possible.
Pour lui, la transformation des marais salants en claires et parcs
à petits mollusques, était le remède que modestement il nous avouait
être le rêve entrevu.
Ce fut là et sans bruit que se firent les premières tentatives de cette
idée qui, après vingt-six ans d'incubation, semble être aujourd'hui celle
de tous, accaparée par quelques-uns.
Nousaffirmons,pourl avoir vu, que c'est là, entre Brouage, la mer
et le triangle dont Marennes est l'angle droit, en joignant Hièrs par
sa grande projection, que naquit cette question aujourd'hui à l'ordre
du jour.
Rendons à Coste cette justice qu'il fit son possible pour lui faire
prendre corps ; mais soit ceci soit cela, de la marine aux finances, de
Gaïphe à Pilate, il y renonça de guerre lasse, à notre connaissance,
pour ne plus s'occuper que de ce fatal Saint-Brieuc où l'attendaient
de si grandes amertumes.
De la transformation des marais salants en claires ou de claires à
réservoirs à poissons il n'y avait qu'un pas.
Nous avons lu dans des publications piscicoles, publiées à grands
frais par nous, l'Etat, que les réservoirs d'Arcachon et Commachio
n'étaient qu'un même fait différemment appliqué ; oui, un même fait,
comme le jour et la nuit, auquel nous avertissons nos jeunes con
frères que M. de Civrac est absolument étranger.
Messieurs, qui avez des missions pour nous tenir au courant des
progrès qui se font ou doivent se faire en tout et partout, avant de
PISCICULTURE. — LES MARAIS SALANTSv 347
nous parler de Coste, à nous qui l'avons connu dans les belles années
de son exubérante et belle vie, relisez-le donc attentivement.
Vous y verrez clairement et nettement que les cinq droits des ré-
servoirs à poissons d'Arcaclion sont des droits auxquels le grand
Colbert, dans sa grande ordonnance de 1685, n'a pas même osé lou-
cher, lui qui aussi dans ce temps osait toucher à tant de choses.
Nos lecteurs n'attendent pas que nous leur réimprimions nos pla-
quettes de ces temps éloignés sur ce même sujet, que nous entrions
dans les explications des boire, déboire, boses, jars, des opérations
piscicoles desdits réservoirs.
Pour transformer des marais salants en réservoirs à poissons, ad-
mise la bonne volonté de l'administration de la marine, ce qui selon
nous, sous la République des républicains, ne saurait faire doute, la
chose n'est pas si simple.
Construction de digues, et surtout des écluses : car la mer est là !
c'est avec elle que dans les sysygies (nouvelles et pleines lunes), du
15 mars au V novembre, soir et matin, deux jours par mois, com-
mencent et s'exécutent les grandes manœuvres d'ensemencement.
Les muges entrent par le haut, les blancs ou sauteurs en moins
grande quantité que les noirs.
Les brigues ou bar, en très petite quantité, mais aussi quelle crois-
sance, quelle bombance pour eux dans cet abbaye de Thélème oiî tout
leur est servi à bouche que veux-tu.
Quelques carrelets et dorades, ces dernières diminuant chaque
annnée sans qu'on sache trop pourquoi.
Par-ci par-là quelques soles, mais rougets et turbots, jamais.
Nous redirons pour la dixième fois (ce qu'on nous pardonnera)
que c'est après le grand flot de mars que commencent les grandes
migrations de toutes les vallées sous-marines vers la côte; mais à ce
propos nous poserons à ces messieurs, de nos laboratoires marins,
cette question à laquelle, encore aujourd'hui, nous avouons ne rien
comprendre, bien que très attentivement nous nous soyons toujours
tenu un peu au courant de tout ce qui se faisait de Kildermund (Po-
méranie) à Naples, de Vimereux à Marseille et de Roscoff à Concar-
neau. Pourquoi le fretin du flot d'avril est-il si curieusement toujours
plus fort que celui de septembre ?
Le marais salant transformé en réservoir ensemencé, tout n'est pas
dit; inutile défaire remarquer que du réservoir à poissons à claires,
ou à parcs à petits mollusques, la distance est si courte que nos lec-
teurs comprendront que nous ne nous y arrêtions pas. Notre réservoir
ensemencé, notre bétail aquatique en stabulation, nous le devons
garer surtout des vents froids si dangereux pour les muges, nord-est,
sud-est; les plus mauvais doivent être surtout paralysés, alors que,
larges ouverts ils doivent être au sud-ouest et nord-ouest.
Si, par bonheur, en creusant des abris, des fosses, où l'hiver ils
se reposeront, on trouvait des sources, ce qui est souvent le cas dans
certaines straUes des bords de nos mers (Bretagne en partie exceptée),
on les ouvrirait avec soin, car de -|-8 à-j- 12 degrés, sont des tempé-
ratures toujours préférées hiver et été en dehors de la question d'en-
graissement par les eaux douces que nous réservons pour la seconde
partie de ces entretiens sur la pisciculture de la mer.
Si par possible, la ruppelle [Ruppia spiralis), la meilleure plante des
348 PISCICULTURE. — LES MARAIS SALANTS.
pacages, pour les muges surtout, à cause des coquillages microsco-
piques qui y adhèrent, y croissait, il faudrait donc se garder de la
détruire lors du nettoyage ; de même de la Icge sur laquelle se déve-
loppe une espèce de mousse (conferves) dont les crevettes sont extrê-
mement friandes.
La grande valeur des cinq concessions du bassin d'Arcachon était
surtout dans l'ancienneté de leurs fonds : car, de ce côté aussi, le
temps est un des grands éléments du succès, bars, dorades, soles et
carrelets ne venant bien que sur des vieux fonds.
La pêche du moureguin (lisez anguille) ne diffère que peu de celle
des grandes pêcheries de Commachio; mêmes causes, mêmes effets.
Du reste, notre intention étant de compléter Commachio par les pêche-
ries de la Tresa, dont nos jeunes missionnaires en Italie pour la pis-
ciculture ne nous ont pas dit un mot, nous y reviendrons à notre
heure.
On calcule le rendement de 1 hectare de réservoir à 200 ou
300 kilog. de poissons, c'est-à-dire un produit double, comme valeur
argent à celle des meilleurs marais salants dans leurs meilleurs temps.
Comme le soleil est taché, derrière cette belle question des réser-
voirs sur laquelle on ne croyait pas la contradiction possible, puis-
qu'elle n'était que l'utilisation de non-valeurs, on a soulevé des objec-
tions.
On a d'abord parlé de l'insalubrité.
Nous rappelerons à nos pessimistes que Coste, à propos de Comma-
chio, a depuis longtemps réduit à zéro ces craintes non pas seule-
ment chimériques, mais ignorantes. Comment une eau renouvelée
deux fois par mois pourrait-elle être insalubre? N'est-il donc pas
prouvé que c'est précisément dans ces conditions de mélange d'eau
douce et d'eau salée que se trouvent toujours les poissons les plus
fins, les plus délicats et en plus grand nombre, nourrissant les popu-
lations les plus belles, les plus prolifiques et les plus robustes.
Rien que ce fait si simple d'histoire naturelle ne devrait-il pas être
déjà pour nous un enseignement, pour nous qui ne comprenons et
ne voulons la pisciculture que dans les conditions les plus naturelles,
pour nous, en dehors desquelles il n'y a qu'illusions et désastres; les
dix premières années de Ballysadare et Saint-Brieuc ne sont-elles pas
là pour nous instruire 1 faudra-il donc y revenir ad œternum ?
On nous dit encore : Et la concurrence aux inscrits de la marine?
N'^ 405 de janvier 1875, nous nous sommes longuement expliqué
sur ce fait du préjudice aux inscrits que leur causait la pisciculture.
De 9,000 barques montées par 40,000 marins en 1869, on était en,
1876 arrivé à 20,200 barques montées par 69,000 marins, en dehors
de ces chiffres que nous nous garderons bien de commenter à nos lec-
teurs. Ils disent encore : mais sur le marché de Bordeaux, il nous
font la baisse. Comment I des réservoirs ne se pèchent que l'hiver,
et il font une baisse à des produits que vous n'avez pas neuf fois sur
dix ! Est-ce dans les mois d'hiver que vous passez le goulet d'Arcachon.
Faisons au moins des objections sérieuses 1
Les muges, enfin, entrent aux réservoirs ayant une longueur
moyenne deO^'.OS a 0™.06; or, les merlus en novembre qui en sont
extrêmement friands leur font une impitoyable chasse à tel point que
de suite ils en deviennent gras, novembre et décembre étant le mo-
PlSClCULTliKK. — LES MARAIS SALAiNTS. 349
ment des merlus : or, comme 1 ,000 mu^es donnent à cet âge environ
1 kilog. de matière alimentaire, alors que parqués, engraissés, et pré-
servés par les réservoirs, la même quantité donne entre deux et trois
ans 1000 kilog. de viande, avons-nous encore besoin de commenter
de pareils chifï'res?
Erreurs et leçons ne sont-elles pas là encore écrites en caractères
tels que seuls les aveugles ne les sauraient lire.
Un gros problème, dans la question de transformation qui nous
occupe, est la construction de l'écluse. Avouons franchement ([ue nous
n'avons aucune compétence dans cette spécialité pour laquelle abon-
dent du reste des traités sj)éciau>. se copiant et t^e réimprimant par
douzaines.
Eloignons de même l'idée de la fécondation artificielle des muges:
pure question d'art pour l'art qui nous semblerait tout simplement le
comble du ridicule.
Le seul point par lequel nous finirons en nous résumant, c'est
qu'avant tout on doit se préoccuper dans l'établissement des réservoirs
sur les salines transformées, de ce fait delà plus extrême importance,
base de tout succès; l'eau ne doit jamais descendre à -|-9 degrés de
salure de l'aréomètre de Baume, à -f- 5 degrés le mal commence, à
-f-2 degrés tout languit.
[1 faut donc : i" amener les eaux douces ; 2" dessaler le sol ; 3" le
dessécher; 4", le labourer ; 5°, creuser les profonds; 6", ménager des
pacages; 7" et enïni ])\iiniei' {[-d Jiuppia spïralis su vloiil) les pacagée
et les digues nord-est surtout.
Un décret de 1862, a rendu possible cette transformation ; profitons-
en davantage, car jusqu'à la lin de 1876 nous n'avions encore que
1,000 hectares d'autorisés alors que la marge se compterait par 10
et tant de milliers.
Voir pour détails qui ne sauraient trouver place ici nos entretiens
sur les crassats d'Arcachon, collection du Journal, juin 1859, et notre
rapport sur Arcachon, 1853.
Nous ne saurions terminer sans citer le nom d'un pisciculteur dont
nous avons souvent parlé. Les travaux de M. Delidon ne doivent
jamais être passés sous silence quand il s'agit de pisciculture sérieuse,
et à plus forte raison, par un fils de Vendée parlant marais salants.
Ce beau et riche coin de notre France est réservé, selon nous, à un
grand avenir par la pisciculture. Il y aura bientôt trente ans que pour
la première fois, nous l'avons imprimé.
Sans viser au rôle des géants, dont ie pauvre Ancelade nous a appris
la piteuse fin, restons les Français Vendéens de Caulmiers!
N'est-ce pas là, à ce même Croix-de-Vie dont M. Ddlidon nous a
parlé, que les Tertrais, les Ballereau ont, il y a plus de trente-
cinq ans, commencé ce bon combat, continué si dignement par le
studieux et consciencieux observateur dont nous rappelons le souve-
nir avec justice et empressement. Chabot-Kaulex,
Paris, novembre 1880. Correspondant de la Socicio nationale d'agriculture.
REBOISEMENT DES TERRAINS EN PENTE
PAR L'AILANTE
Les pins, surtout ceux de la Sologne, ont été bien éprouvés par les
gelées de l'hiver dernier, sur une étendue de 500,000 hectares plantés
350 REBOISEMENT DES TEHUAINS EX L'ENTE PAU L AILANTE.
en bois. Le pin maritime est la piincipale essence employée; il
occupe une surface d'environ 80,000 hectares. Le conservateur des
torêts de Tours estime que ces 80,000 hectares produisaient à leurs
propriétaires environ 3 millions et demi de francs. Cette situation si
prospère a reçu une première atteinte pendant 1 hiver de 1878 à
1879. La perle a été évaluée à 20 pour 100; mais la rigueur de l'hi-
ver dernier a causé encore de plus grands désastres, que l'on peut
évaluer à 42 millions.
La Société d'acclimatation de Paris, considérant que l'allante ou
vernis du Japon s'accommode facilement de tous les sols, que les
troupeaux ne touchent ni à s 's feuilles, ni à son écorce, et qu'il serait
esseniiellement propre au reboisement de certains terrains pauvres ser-
vant actuellement de pâture, la Société institue un prix de 1,000 fr.
qui sera décerné à la personne qui justifiera de la plantation de 5 hec-
tares de celte essence. Les concurrents devront établir que la planta-
tion est fuite depuis plus de cinq ans. Ce concours est ouvert jusqu'au
1^' décembre 1890. L'allante végète dans tous les terrains; sa crois-
sance rapide, avec beaucoup de drageons, doit le recommander. Dans
un sol qui lui convient, il croît de un mètre par an; et dans les pays
d'oii il nous a été importé, il s'élève jusqu'à 15 et 20 mètres. Est-ce
pour ce motif que les Chinois l'ont appelé ailanlo? qui veut dire arbre
du ciel, allusion à la hauteur à laquelle atteignent ces arbres. Le bois
est employé par la carrosserie et par la menuiserie. Cet arbre offre
encore un grand avantage, c'est qu'on peut laisser sur le terrain sur
lequel il est planté, sans inconvénient, brouter les troupeaux, qui n'y
touchent pas, à cause de son odeur acre, at qui mangent les plantes
environnantes qui finiraient par étouffer le jeune semis; pendant
l'hiver, lorsque le bétail rentre à la ferme, il mange avec avidité les
feuilles sèches. Le ver blanc, qui fait tant de dégâts, ne touche pas
aux racines de cet arbre. Cette observation ne serait-elle pas de nature
à diriger les recherches des chimistes, qui pourraient peut-être
trouver là une belle occasion de nous délivrer du phylloxéra?
Notre savant confrère, M. Maurice Girard, fait ressortir l'utilité
d'obtenir du ver de l'allante de la soie facile à dévider; grâce au pro-
cédé récemment découvert par notre zélé collègue, M. Ch. Le Doux,
de la Société d'acclimatation. Les procédés de dé vidage proposés anté-
rieurement n'étaient pas susceptibles d'une utilisation industrielle.
Aujourd'hui, on va pouvoir dévider le cocon en soie grège avec les
appareils employés pour les cocons du ver à soie ordinaire, ce qui est
un point capital, eu égard à l'esprit routinier des filateurs du midi de
la France, qui consentent difiicilement à modifier leur outillage, pour
utiliser les nouveaux cocons. Eug. Vavin.
SUR LE FOIN NOUVEAU
Dans le numéro du 9 octobre, M. Eloire a jugé utile de réfuter les
opinions que j'avais émises sur les effets de l'alimentation des animaux
par le foin nouveau.
Loyalement, franchement, M. Eloire, dont j'aime du reste les tra-
vaux que j'ai toujours consultés avec fruit, vient, appuyé sur des ob-
servations personnelles, se mettre sur les rangs des détracteurs du
foin nouveau.
LE FOIN NOUVEAU. 351
Je ne me défendrai pas entièrement du scepticisme dont il m'ac-
cuse ; la vérité et l'erreur ont quelquefois chacune en même temps des
champions illustres, et alors, où est la vérité, où est l'erreur?
Dans son article, l'auteur ne contredit nullement ma manière de
voir sur les causes qui ont établi la réputation du foin nouveau : j'en
prends acte.
Le foin nouveau, dit-il, contient plus de matières grasses, plus de
j)rincipes aromatiques, plus de matières sucrées, de dextrine, d'ami-
don, etc.; il est plus nourrissant et plus excitant.
Si par excitant M. Eloire entend qu'il est plus propre à aiguillon-
ner, stimuler l'appétit, je suis parfaitement de son avis, et c'esl, du
reste, je crois, ce que j'ai dit. Mais si, donnant à ce mot un sens plus
large, il veut parler des désordres qui peuvent survenir à la suite de
l'ingestion d'un aliment, je ferai remarquer que cette excitation peut
avoir deux causes :
1** L'aliment contient des substances alibiles en proportion trop
forte.
2" Il peut, par sa nature ou sa composition, être nuisible à la santé.
Dans le premier cas, l'antidote est tout trouvé : donner une
moindre quantité de fourrage, ce sera de bonne économie rurale puis-
qu'avec un poids donné on nourrira un plus grand nombre d'ani-
maux, et comme la consommation du foin nouveau se fait en été, on
fera toujours bien de donner des boissons rafraîchissantes; dans les
exploitations bien tenues, cela se pratique toujours, même lorsque
les animaux consomment du vieux foin.
Dans le cas où le foin contiendrait des plantes nuisibles, de deux
choses l'une, ou il faut le rejeter complètement ou attendre une plus
complète dessiccation.
Je m'explique. Dans les prairies négligées, on trouve souvent des
plantes coupantes ou vénéneuses telles que les laîches ou carex; les
hellébores; la grande chélidoine; la cardamme des prés; l'OEnanthe
fistuleuse; les carderés; le populage, etc., etc.; ces plantes conser-
vent leurs mauvaises propriétés à un état de siccité le plus avancé;
les foins qui en contiennent beaucoup ne doivent jamais entrer dans
l'alimentation.
Dans d'autres prairies, surtout celles humides, marécageuses, on
trouve souvent des plantes telles que la renoncule acre, la renoncule
scélérate, les clématites, les anémones, la bétoine officinale, le col-
chique d'automne, etc., etc., qui nuisibles à l'état vert ou à un état
de dessiccation plus avancé, deviennent complètement inoffensives
lorsqu'elles sont sèches, parce que le principe acre ou aromatique
qu'elles contiennent se volatilise en même temps que la dessiccation
s'opère.
Tirons donc une conclusion :
Lorsque le foin n'est composé que de graminées, de légumineuses
ou autres plantes ne possédant aucune mauvaise propriété, comme
c'est de beaucoup le cas le plus général, il peut être consommé à toutes
les époques et son coefficient de nutrition est cl autant plus grand, que la
consommation est faite à un état de dessiccation moins avancé.
Si le foin possède en grande quantité des plantes nuisibles selon ce
que nous venons de voir, on devra le rejeter complètement de la
consommation, ou on ne le fera consommer que plus tardivement.
352 LK FOIN NOUVEAU.
Là, comme partout, il faut commencer par le commencement, il
faut améliorer les prairies.
Eh bien ! M. Eloire cite deux cas où il a observé les mauvais effets
de la consommation de fourrages nouvellement récoltés.
Dans le premier cas, est-ce que le foin ne pouvait pas provenir de
prairies basses, humides, contenant beaucoup de renoncules ou autres
plantes, si dangereuses lorsqu'elles ne sont pas entièrement desséchées.
L'analyse botanique aurait peut-être donné la solution vraie.
Et les accidents dus à la paille fourrageuse ne doivent-ils pas être
imputés aux labiées, que l'auteur accuse de posséder une odeur si
forte et d'être si nombreuses ; les labiées ne sont-elles pas par excel-
lence des plantes aromatiques, stimulantes, toniques, excitantes, dont
beaucoup conservent à l'état sec presque toutes leurs propriétés? Et
alors cette paille fourrageuse aurait été nuisible encore six mois après.
La Commission d'hygiène hippique, qui s'est prononcée en faveur
du foin nouveau, n'était pas placée dans des conditions extraordinaires
quand elle opérait sur du foin boUelé^ secoue, aéré., car à part le botte-
lage qui ne doit avoir aucune influence ici, je crois que partout pour
faner le foin on le secoue et on l'aère et qu'il ne sera pas plus aéré
quand il aura passé longtemps en meule ou en magasin.
On m'accuse de n'avoir point pris la précaution de donner du foin
aouveau à un cheval pendant quatre jours, avant de me prononcer.
Je ferai remarquer à mon honorable contradicteur que ce n'est pas
sur un cheval ni pendant quatre jours que j'ai vu faire l'expérience;
c'est sur 26 chevaux et pendant toute la saison dernière ; jamais on
n'a eu à déplorer aucun accident.
Voilà l'explication des faits, voilà des preuves et si le doute persiste
encore dans certains esprits, que l'année prochaine on fasse des
observations judicieuses et qu'on rende compte avec la bonne foi et la
loyauté qui doivent caractériser toutes les discussions scientifiques
ou agricoles; c'est le meilleur moyen pour ne pas imposer plus
longtemps quarantaine à la vérité. F. Larvap.on.
LES EMBLAVURES D'AUTOMNE EN ARIÈGE
Nous ne pouvons que nous réjouir de l'abondance et de la beauté de nos der-
nières récoites de céréales et de fourrages. Pour la première fois, peut-être, on a
pu effectuer quatre et cinq coupes de grandes luzernes, et deux et trois de trèfle.
Les nouveaux ont déjà fourni une première coupe fort abondante et permettent
d'y trouver d'excellentes dépaissances pour nos bêtes bovines et ovines.
La cueillette des maïs nous occupe depuis plus de quinze jours. Les tiges gar-
nies de deux et trois épis ont un beau feuillage, nourriture excellente
pendant les longs mois d'hiver; les fourrages de cette si utile plante donnent à
nos bœufs de labour une vigueur et un embonpoint très remarquables. Jusqu'à
présent nous ^n'employons guère les silos ; les maïs se conservent bien dans nos
granges et nos hangars.
La récolte des pommes de terre n'a jamais été aussi belle et aussi abondante, et
nos classes pauvres n'auront pas à souffrir des rigueurs de l'hiver prochain. Nos
semailles de céréales de toute nature s'eiîectuent ou se terminent dans les plus
favorables conditions. Léo d'Ounous,
Correspondant de la Société nat'onale d'agricuUure.
SOJA HISPIDA
J'ai cultivé cette année-ci ce petit haricot dont il a été question plu-
sieurs fois dans le Journal de V agriculture. J'en ai planté une partie
dans mon jardin et l'autre partie en plein champ.
SUR LE SOJA HISPIDA. 353
Quelque peu rebelles pour percer la croule de la surface du sol, les
jeunes plants (semblables à de jeunes rosiers) ont été d'abord assez
chétifs; mais arrivés à la formation de leurs petites cosses, on n'a pu
rien voir d'aussi productif et c'était certainement ici le cas de dire :
« Beaucoup plus de cosses que de feuilles. » La récolte que j'appré-
hendais être très tardive, a mûri au commencement de septembre.
En somme, je crois que ce dolique sera bientôt très recherché;
toutefois, comme chez moi il a été presque impossible, en plusieurs
reprises, de faire cuire cet intéressant légume malgré qu'ici, côte à côte,
les haricots, pois, fèves, etc., cuisent à merveille, je serai très recon-
naissant à ceux qui déjà ont entretenu vos lecteurs des précieuses
qualités nutritives de ce soja, s'ils veulent bien vulgariser le procédé
qu'on emploie chez eux pour obtenir une cuisson plus ou moins facile;
car cette lacune une fois comblée, je n'hésite pas à recommander la
culture sur une plus ou moins vaste échelle. Je me propose d'ailleurs,
le cas échéant, d'en semer beaucoup l'année prochaine.
A. -P. Leyrisson.
SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRICULTURE
Séance du 24 novembre 1 880. — Présidence de M. Chevreul.
A l'occasion du procès-verbal de la séance précédente, M. Bous-
singault présente quelques observations poufconîirmer les faits établis
par M. Pasteur, relativement à la négligence qui préside souvent à la
vaccination des enfants.
M. Renou, directeur de l'observatoire météorologique de Saint-Maur,
écrit pour poser sa candidature à la place de membre associé dans la
Section des sciences physico-chimiques agricoles.
M. Baudrillart fait hommage du grand ouvrage, qu'il vient de publier,
sur l'histoire du luxe privé et public depuis l'antiquité jusqu'à nos
jours.
M. le docteur Eug. Robert fait hommage de deux ouvrages qu'il a
publiés, l'un sur l'histoire naturelle de la commune de Meudon, l'autre
sur les ravageurs des forêts et des plantations d'arbres d'alignement.
M. Fousset, ancien professeur à l'école normale d'Orléans, envoie un
petit livre qu'il vient de publier sous le titre : Le Conseiller de la chau-
mière.
M. Laliman envoie plusieurs échantillons de vins de vignes amé-
ricaines. Renvoi à la Section des cultures spéciales.
M. Pays envoie une note sur un procédé qu'il a imaginé pour le
traitement des vignes.
M. Heuzé fait une communication sur les résultats obtenus dans le
département de l'Hérault, pour la reconstitution des vignes au moyen
des cépages américains; il insiste particulièrement sur les o]>servations
poursuivies par M. Vialla pour l'adaptation au soldes divers cépages. A
cette occasion, M. Gaston Bazille donne des explications très intéres-
santes sur les observations qu'il a faites depuis longtemps. Après avoir
rappelé que l'année 1880 a été, dans le Midi, favorable à la vigne et
défavorable à l'insecte, il fait connaître que les cépages qui lui pa-
raissent devoir être recommandés pour la production directe sont le
Jacquez, le Cunningham et l'Herbemont, et que ceux qui sont le plus
propres à la greffe des vignes françaises sont le Solonis, le Riparia,
l'York-Madeira et le Rupestris. — M. de Tillancourt ajoute que l'on a
354 SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRICULTURE DE FRANCE.
annoncé l'apparition du phylloxéra dans le départememont de fia
Marne, mais que le fait ne paraît pas encore démontré.
M. de Bouille présente le programme des concours généraux agri-
coles qui auront lieu à Nevers, au mois de février, et le premier bul-
letin de la Société d'agriculture de la Nièvre. Il ajoute quelques ob-
servations sur la situation agricole du département.
M. Barrai fait une communication relativement à l'appareiUmaginé
par M. Savalle pour reconnaître la pureté des alcools; il insiste sur la
valeur de cet instrument tant pour reconnaître la présence des matiè-
res étrangères à l'alcool, que pour déceler les falsifications qui peuvent
avoir été apportées à des eaux-de-vie. Il donne ensuite des détails sur
l'extension prise par les appareils de diffusion dans les sucreries, ainsi
que sur la valeur des pulpes qui proviennent de ces sucreries. A la
suite de cette communication, M. Chevreui présente des observations
sur les apparences membraneuses que peuvent présenter des liqueurs
filtrées, sans renfermer de membranes, et sur les inconvénients qui
peuvent résulter de l'emploi de la chaleur quand il s'agit de la déter-
mination des principes immédiats que renferme une substance.
M. Bouley revient sur les recherches relatives aux caractères
de la maladie charbonneuse, et sur les procédés à employer pour
faire avec succès l'inoculation préventive. Il insiste sur les pré-
cautions qui doivent présider à cette opération, ainsi que sur les
différences que présentent les diverses maladies charbonneuses. Il
annonce que MM. Pasteur, Leblanc etTrasbot se sont rendus à Senlis
pOur faire dans un champ maudit, des expériences directes sur le
mode de transmission du charbon. A cette occasion, une discussion
à laquelle prennent part MM. de Tillancourt, Gaston Bazille, deBouillé,
Barrai et Bella, s'engage sur les maladies charbonneuses. M. de
Bouille insiste sur le soin avec lequel les agriculteurs cachent l'appa-
rition des maladies contagieuses dans leurs étables. M. Barrai fait
observer que le projet de loi sur la police sanitaire du bétail, en
ordonnant l'enfouissement des animaux morts de maladies contagieu-
ses, prescrit une opération qui peut avoir pour effet de propager celles-
ci, et qu'il y aurait lieu de modifier cette prescription, d'ordonner,
par exemple, la crémation ; il est vrai qu'on serait obligé d'avoir
recours à des appareils qui sont encore à construire; mais à des
besoins nouveaux doivent répondre des procédés nouveaux. M. Bella
rappelle que, à Grignon, il s'est toujours très bien trouvé de faire
cuire les moutons morts du charbon dont il faisait consommer la
viande par les porcs. Henry Sagnier.
REVUE COMMERCIALE ET PRIX -COURANT DES DENRÉES AGRICOLES
(27 NOVEMBRE 1880).
1. — Situation générale.
Depuis huit jours, des perturbations atmosphériques considérables se sont pro-
duites sur la plupart des points de la France. Des chutes abondantes de pluies
ou de neige ont interrompu les travaux dans beaucoup de départemenîs. Quant
aux marchés agricoles, ils continuent à être assez bien approvisionnés, et les
transactions sont actives pour la plupart des denrées.
II. — Les grains et les farines.
Les tableaux suivants résument les cours des céréales, par quintal métrique, «ur
les principaux marchés de la France et de l'étranger.
REVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT (27 NOVEMBRE 1880)
NORD-OUEST.
Blé. Seigle. Orge. Avoine-
355
Ca'ra (os. Condé
— Lisieux
Cales du-Nord Pontrieux
— Trégiiier
Finistère Laaderneuu..
^ MorUix
llle etV'ilaine. Rennes..
— Redon
Manche. Avranches ....
— Pontorson
— Villedieu
Majenne.. Laval
— CluUeau-Gonlier..
Morbiltnit. Heiiiiebont..
Oriie. Seez
— Viinnitiers
Sai'lhe . Le Mans
— Sablé
fr.
29.00
27 75
26. 'ij
25. UO
26.00
26.50
27.25
27,00
29.00
28.25
29.25
27.00
26.50
27. 09
27.50
27.25
27.00
27.25
fr.
23.50
22 00
21.00
22.00
20.75
21.75
fr.
20.00
21.00
15.00
16.75
18.50
18.00
19.00
17.00
18.75
22.50
20.00
16.75
18. 00
fr.
23 25
21 :;,
ld.50
16.50
'.6.00
15.50
18.50
19.0.»
24. OJ
21 .50
24 00
19.75
19.00
23.>
18 %^
■21. S
18.50
PriT moyens 27.26 21.61 18 23 19.77
2« RÉGION. — NORD
Aisne. Soissons 26.75
:vii^— La Fère 25.50
— Villers-Cotterets.. 27 75
Eure. Evreux 29 00
— Conche? 28.50
— Picy 28.25
Eure et-Loir. Chartres. 27.75
— Aiuieau 28 25
— Nogeni-le-Rotrou. 28.50
Nord . Cambrai 27.50
— Douai 28 25
— Valenciennes . . . . 28.50
Oise. Beau vais 27.25
— Compiègne 28.00
— Noyon 28.00
Pas de-Calais. Arras... 27.80
— Saint-Omer 28.00
Seiiie. p. ris 29.75
S.-el-Marne Uaramartin . 27.25
— Nemours 28. co
— P.'-ovins 27.75
S.-ei-Oise. Dourdan.... 28.50
— Angerville 28.75
— Poniûi-e -7.20
Seine Inférieure. Rouen. 27.95
— Dieppe 29.00
— Fécamp 27.25
Sointne. Abbeville 27.75
— Montdidier 27 50
— Koye 26 50
Prix moyens =
3» RÉGION.
Ardennes Charleville .
Aube. Bar -sur-Aube ..
Méry-sur-Seine. ,
— Troyes .
23.25
18.00
22.50
21. 2.-)
21.00
21.75
22.75
21.70
19.50
19.25
22.50
19.75
21.50
23.00
20.75
21.00
23.25
21.50
23.50
21.00
22.50
20.75
22.45
22.00
20.50
21 00
21.75
18.00
19.00
20.2b
20 50
19.25
21.35
18.50
20.23
21.50
19.50
19.25
21.25
20 50
19.25
13. 5r
19.25
20.50
19.50
19.75
21.00
19.75
18.00
20.25
18.75
18.50
18.35
19.00
18-50
18.50
18 2:
19.00
20.00
18.00
17.75
17.25
18.50
18.00
18.50
18.50
17.00
19.00
20.50
18.50
19.00
18.50
19 25
19.50
18.75
21.75
20.00
17.60
18.00
IS 50
17.25
. 28.10 21.41 19.70 £8.53
— NORD-EST.
. 27.00
. 26.7.>
. 27.50
. 27.75
. 27.25
. 27.00
. 26.25
. 27 50
27.25
22.50
23.00
23.25
23.75
20. 50
22.50
22.25
22.75
22.25
22.50
20.75
20.75
A/arne.Ch.4lors
— Eptrnay
— Rei:ns
— Ste-Menehould. .
Hte-Marne Chaumorit.
Meurlhe-et Moselle Nancy 27 .76
— Lunèville 27.75
— Toul 27.00
Meuse. Bar-!e-Duc 26.50
— Verdun 27.50
Haute-Saône Gray 27. 75
— Vesoul 27.35
Fosgres Epina! 28.25
— Raon-l'Etape 29.75
Prix moyens 27.43
4* RÉGION. — OCEST.
C/ia»'e»i/e. Angoulême.. 28.50 »
— Ruffec 29.00 20.00
C/iarente/a/eV.Marans. 26.50 »
Deux Sevrés. Niort 28.25 »
Indre-et-Loire. Tours.. 28.25
— Bléré 27.25
— Château-Renault. 27.00
Loire-/n/. Nantes 26.50
Mi-et-Loire.SAumur. . . 28 00
Vendée. Lnçon 27.00
— LaRoche 27.25
Vienne. Chatellerault. . . 30 00
— Loudun 28.50
Haute-Vienne. Limoges 28.00 20.25
Prix moyens 27.85 21.00
.12
19.50
20.00
21.00
21.75
20.50
19. CO
21 00
19.00
19.40
20.50
21.75
20.00
19.75
21.25
19.00
19.00
19.50
19.00
16.55
19.00
19.62
20.50
19.50
19.00
18.50
19.75
21.00
21 50
20.25
20.0)
19.50
20 l'O
20.25
19.50
18.75
17.00
18.00
17.80
19.20
19.50
18 00
17 80
15.50
18.00
17.00
18.25
16.25
16.00
16.50
17.2a
17.00
17.40
23.00
18.75
19.00
19. 2u
18-50
16.25
18.00
18 50
18.75
17.50
19.00
18 .25
19.00
20 00
19.94 18.97
i' REGION
— CENTRE.
Blé.
Seigle.
Orge. Awine.
fr.
fr.
fr.
fr.
Allier. St-Pourçain
29.00
21.00
19.00
17-50
— Montluçon
27 00
20.80
18.75
— Gannat
28.25
21.00
28.00
27.00
22.00
20.50
20.00
19.75
18.0'
18.00
— Aubigtiy
— N^ierzon
28. 25
20.50
20.50
17.50
Creuse. Aubusson
27.00
19.25
18 50
Indre. Chàteauroux
27.25
20.00
20.00
18.00
— Issoudun
27 . 50
20.75
17.60
- Valençay.^
27.00
20.00
■21.00
17.26
Loiret. Montargis
27.50
22 50
19.50
18.50
27.75
28.50
28 00
20.50
21.00
19.25
19.-5
20.00
19.50
18.00
19.00
Loir-et-Cher. Blois
26 50
27.50
19.00
19.00
21.50
17.50
19.00
Xievre. Nevers
— Cosne
27.25
19.00
Vonne. Brienon....
27.75
23.00
18 60
18.50
18.00
— . St-F!orenlin
58. 25
2;. 25
20.50
— Joigny
27.50
19,50
19.70
17.00
Prix moyens
27.63
20.53
19.93
18.10
6» RÉGION. — EST.
Ain. Bourg
30.00
20.75
„
17.00
— Pont-de-Vaux. ...
29. 50
21.50
p.-
17.50
Côle-d'Or. Dijon
28 00
21.75
20.75
— Beaune
28.25
»
20.00
17.00
Doubs. Besançon
28 50
»
18.00
Isère. Grenoble
2'). 60
19. 5Q
,
18.75
— Grand-Lemps ...
28.75
19.75
18.00
17.00
Jura. Dôle
28.50
21.00
18.00
17 25
Loire. Charlieu
28 75
19 25
18.75
P.-de-Dome Issoire
28.75
19.50
20. 2i
17.00
29.10
27 75
21.50
19.50
18.50
17 80
16.75
Saône-el- Loire. Autun.
— Cbalon.,..
28.75
20.75
19.00
18.00
Savoie. Chambéry
31.00
21.20
Hte-Savoie. Annecy.. . .
29.25
g
18.00
Prix moyens
28.95
20.49
19.15
17.50
T REGION. -
- SUD
OUKST.
Ariège. Pamiers
28.25
18..-.0
,
Dordogne. Bergerac...
28.50
20.00
,
Hle-Garonne. Toulouse.
28.25
19.00
16.50
— Viiiefranche-Laur
28.25
2J.25
17.00
19.75
Gers. Condom
28.50
D
20.00
27.50
27.00
»
'
19 60
17.75
— Miraride
Gironde. Bordeaux....
29.00
21.50
■
20.26
— Lesparre
27 50
18.00
jf
Landes. Dax
27.75
28.50
19.00
20.50
•
Lot-et-Garonne. Agen..
21. CO
28.25
28 00
20.25
20.50
20.25
B. -Pyrénées. Bayonne.
18.50
Htes-Pyrénées. Tarbes
28.25
»
20.50
Prix moyens
28.10
19.66
17.33
19.89
8» RÉGION. — SITD.
Aude. Carcassonne
28.00
21.00
18.50
20.00
Aiveyron. Rodez
27.50
19. 0
20.25
Cantal. Mauriac
32.35
2G.75
Q
23. SO
Corrèze. Luberzac
29.00
21.00
19.75
20.15
Hérault. Cette
28.50
19.50
Lot. Figeac
28.25
28.55
20.25
19.90
20.50
20 . 30
20.25
22.35
Lozère. Mende
— Marvejols
27.10
21.75
29.40
26.30
20.30
20.00
21.50
23.00
17.70
24.45
Pyrénées-Or. Perpignai
Tarn. Albi
28.00
1 28.50
20-75
19.00
13.25
20.25
Tarn-et-Gar. Montaubai
Prix moyens
28.45
21.12
20.22
20 64
9» RÉGION
— SUD-EST
Sasses-^ipes. Manosque 29.65
,.
23.70
Hautes- Alpes. Briançon 29.50
20.75
19.50
20.50
^ipes-A/aî-tUmes Cannes 2i).75
21.00
19.50
19.25
Ardéche. Privas
30 . 20
20.15
18.65
20.20
B.-du-Rhône. Arles....
29.25
17.75
21.00
Drôme. Montélimar . .
31.50
19.50
17.25
17.25
Gard. Nîmes
. 29.75
. 30.00
21.00
20.25
19.50
22.50
21 .25
Haute-Loire. Le Puy. ..
.18.00
Var. Draguignan
29.75
20.50
s
20.25
Vaucluse. Carpentras..
28.50
»
19.50
Prix moyens
29.78
20.45
19.23
20.09
Moy. de toute la France
— daUsemaineprécéd
28.17
20.92
19.26
18.99
27.93
20.80
19.25
19.99
Surla semaine < Hausse
précédente. . { Baisse
. 0.24
0.12
0.01
»
»
cib REVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT
Blé. Seigle. Orge. Avoine
fr. Jr. fr. fr.
Algérie. Alger 26.00 » 15.00 17 00
Angleterre. Londres 28.2.Ô » 21.00 20.95
Belgique. Anvers 2.Ô.75 23 75 22.75 19.00
— Bruxelles 27.25 24.00 » 20.00
— Liège 27 00 24.75 23.00 18.50
— Namur 26. .50 23 50 21.00 17.50
Pays-Bas. Amsterdam 26.50 24.05
Luxembourg. Luxembourg 29.50 25.00 21.00 17 25
Alsace-Lorraine. Metz 29.00 25.25 19.75 18.00
— Strasbourg 30.2,-i 26. CO 23 50 18.25
— Mulhouse 20.00 2450 22.00 18.50
Allemagne. Berlin . 26 2.Ô 27 On
— Cologne 28 10 28 10
— Hambourg 25.2.3 35 75 • •
Sx.isse. Genève 28:5 •■ » 19.50
— Zurich 31. .50 • - 18.^0
Italie. Milan ?« .'0 2M5 » 19 75
Espagne. Valladolid 26.75 » » 16 00
Autriche. Vienne 27.00 23 25 18.25 15 00
Hongrie. Budapesth 23.7:i 21.50 17.25 13.50
Russie. Saint-Pétersbourg... 30. ÎU 24.80 » 15 55
Etats-Unis. New-Vork 25. 10 » y »
Blés. — Le fait le plus important cjui se soit produit depuis huit jours, a été
l'apparition de la neige dans la région orientale de la France. D'autre part, des
pluies abondantes ont interrompu les travaux des champs. Heureusement,
presque partout les semailles des céréales, ainsi que la rentrée des dernières
récoltes, ont )iu se faire dans de bonnes conditions. Quant aux marchés agricoles,
ils sont approvisionnés d'une manière normale. Partout les cultivateurs, qui se
sont tenus au courant de la situation réelle des choses, maintiennent avec
fermeté les anciens cours et résistent aux tentatives de baisse qui peuvent se pro-
duire. — A la halle de Paris, le mercredi 24 novembre, les transactions ont été
beaucoup plus actives que le^ semaines précédentes; devant la hausse qui se
manifeste dans la plupart des départements, et les demandes plus nombreuses de
la meunerie, les prix sont en hausse sensible. On cotait de 28 fr. 50 à 31 fr.
par 100 kilog. ou en moyenne, 29 fr. 75, avec une hausse de 1 fr. 25 depuis huit
jours. — Sur le marché des blés à livrer, on paye par ICO kilog, : courant du mois,
29 fr. 75 ; décembre, 29 fr. 75; quatre premiers mois, 29 fr.; quatre mois de mars,
28 fr. 75 à 29 fr. — Au Havre, on signale aussi beaucoup de fermeté sur les blés
d'Amérique qui valent de 27 fr. 75 à 29 fr. par 100 kilog. — A Marseille, les
arrivages de la semaine ont été environ de 198,000 hectolitres. Les affaires ont
été assez actives pour les diverses catégories ; le stock est peu varié ; il est actuel-
lement de 144,000 quintaux métriques. Les cours accusent une grande fermeté.
Au dernier jour, on payait, par l'O kilog. : Pologne, 27 fr. 50 à 28 fr. 50;
Danube, 25 fr. 75 à 26 fr.; Richelles, 29 fr. à 29 fr. 50; Michigan, 28 fr. 50:
tuzelles d'Afrique, 29 fr. à 29 fr. 50; Azof, 27 fr. 50 à 29 Ir.; Irka, 27 fr. 50 à
28 fr. 50. — A Londres, les arrivages de blés étrangers ont été, durant la semaine
dernière de 2û0,0C0 quintaux m.^Hriques. Le marché présente beaucoup d'activité,
et les cours accusent de la hausse. On payait au dernier marché, de 27 fr. à
29 fr. 50 par 100 kilog. suivant les provenances et les qiuiUtés.
Farines. — Les ventes sont faciles pour toutes les sortes de farines, et les
cours accusent une hausse sensible depuis huit jours. En ce qui concerne les
farines de consommation, on cotait à la halle de Paris, le mercredi 24 novembre :
marque D, 64 fr.; marques de choix, 64 à 67 ir. ; bonnes marques, t-'2à 63fr ;
sortes ordinaires, 61 à 62 fr.; le tout par sac de 159 kilog., toile à rendre, ou
157 kilog. net, ce qui correspond aux prix extrêmes de 38 fr. 85 à 42 fr. 65, par
100 kilog., ou en moyenne 40 fr. 7ô, soit une hausse de 1 fr. 55 depuis huit
jours. — Pour les farines de spéculation, on cotait à Paris, le 24 novembre au
soir : farines huit marques, courant du mois, 62 fr. 50 à 62 75 fr.; décembre,
62 fr. 50 à 62 fr. 75 ; quatre premiers mois, 61 fr. 25 à 61 fr. 50 ; quatre mois
de mars, 61 fr.; le lout par sac de 159 kilog toile perdue, ou 157 kilog. net;
farines supérieures, courant du mois, 40 fr. 50 à 40 fr, 75; décembre, 40 fr.;
quatre premiers mois, 39 fr. 75 ; quatre mois de mars, 39 fr.; le tout par sac de
lOOTiilog. — La cote officielle, en disponible, a été établie comme il suit, pour
chacun des jours de la semaine.
Dates (novembre). 18 19 20 22 23 24
Farines huit-marques(l57 kiiog.). 60 Où 60.75 60.50 61.75 63.25 62-50
— supérieures (100 kilog.). 39 50 39.75 39 15 40.25 41.00 40.75 •
I
DES DEiNRÉES AGRICOLES (27 A'OVEMBRE 1880)/ 357
On peut voir, par ce tableau, que la hausse a été progressive chaque jour. —
Les autres sortes de farines ont suivi le même mouvement de hausse. — On paye
les gruaux de 44 à 55 fr. , et les farines deuxièmes de 30 à 35 fr.; le tout par
100 kilog.
Seigles. — Les transaclions sont un peu moins actives, mais les prix accusent
de la fermeté. On paye à la halle de Paris de 23 à 23 fr. 50 par 100 kilog. sui-
vant les qualités. — Quant aux farines de seigle, elles sont cotées de 32 à 36 fr.,
suivant les sortes.
Orges. — Les offres sont toujours assez actives, et les prix accusent de la fer-
meté. On paye à la halle de Paris, de 18 fr. 50 à 20 fr. 75 par quintal métrique,
suivant la qualité. — Les escourgeons sont vendus aux cours de 19 fr. 75 à
20 fr. 25. — A Londres, les arrivages d'orges durant la semaine n'ont pas
atteint 30,000 quintaux; les prix demeurent stationnaires: on paye de 19 fr. 95
à 21 fr, 90, par 100 kilog., suivant les sortes.
Malt. — Les ventes sont peu actives. On paye à Paris de 29 à 35 fr. par
100 kilog. pour les malts d'orge, et de 29 à 33 fr. pour ceux d'escourgeon.
.Avoines. — Il y a toujours des affaires abondantes à la halle de Paris. On
paye de 19 Ir. 50 à 21 fr. 75, par 100 kilog., suivant poids, couleur et qualité. —
A Londres, les arrivages d'avoines étrangères ont été de 95,000 quintaux mé-
triques depuis huit jours. Les cours accusent de la hausse.. Au dernier marché,
on vendait de 20 à 22 fr. 65 par UO kilog. suivant les sortes.
Sarrasin. — Même cours à peu près que précédemment à la halle de Paris, où
l'on cote de 19 fr. à 19 fr. 50 par 100 kilog.
Maïs. — Sur tous les marchés du Midi, les prix se maintiennent. Au Havre,
les maïs d'Amérique se vendent à des prix eu hausse, de 16 à 17 fr. par 100
kilog.
Issues. — '■ Les affaires accusent beaucoup d'activité, et les prix sont en hausse.
On cote par 100 kilog : gros son seul, 14 fr. 25 à 14 fr. 50 ; son trois cases,
13 fr. 75 à 14 fr. ; sons fins, 13 fr. à 16 fr. 50 ; recoupettes, 12 fr. 50 à 13 fr. ;
remoulages bis, 15 à 16 fr.; remoulages blancs, 17 à 18 fr.
m. — Vins, spirilneux, vinaigres, cidres.
Vins. — Encore rien de nouveau aujourd'hui : le calme persiste, les cours restent
stationnaires avec toujours tendance à la baisse. On nous annonce bien du Midi
une prochaine reprise, mais rien ne justifie une semblable nouvelle, sinon le dé-
sir de voir le pronostic se rf aliser Nous avons cependant une exception à signaler
à l'égard du vignoble bordelais. Depuis quelques jours il y a parait-il, une reprise
et un entrain inaccoutumé dans les transactions; des ventes importantes ont été
réalisées, à des prix élevés, et par suite à la satisfaction des détenteurs-proprié-
taires. En général, on paye le tonneau de quatre bariiques en vins, 1880 :
Cinquième cru, 1,600 fr.; bourgeois supérieurs, 1,300 à 1,400 fr.; bourgeois or-
dinaires, 1,000 à 1,200 fr.; paysans des paroisses supérieurs, 900 à 1,000 fr.;
paysans des p.groisses ordinaires, 7^0 à 8 0 fr.; Montfeirand, Bassens et Gam-
blancs, 650 à 700 fr.; Floirac, La Souys, Bouliac, Quinsac, 625 à 676 fr.; Izon,
Vayres, Ambarès, Ambès, etc., 550 à 600 fr.; BJaye et Bourg, 1" cru, 750 fr ;
artisans et paysans, 525 à 575 fr. — On nous écrit de La Flotte, île de Ré, que
les vins sont très bien réussis : on peut en ce moment obtenir des vins blancs
1" choix, au prix de 240 fr. le tonneau, sur lie, pris à la campagne, et le vin
rouge, au même prix et dans les mêmes conditions. — A Nantes, les muscadets
nouveaux, sur lie et sur vins, continuent à se traiter au jirix de 115 à 120 fr. la
pièce, et le gros-plant aux mêmes conditions, aux prix de 65 à 66 fr. — Dans la
Provence, à Toulon, Brignoles, Vidauban, les vins valent le prix élevé de 38 à
40 fr. l'hectolitre. — Dans l'Hérault, à Pézenas, on paye comme il y a huit jours
les petits vins, 23 à 26 fr. l'hectolitre ; les vins moyens, de 26 à 29 fr., les Mon-
tagnes, 2« choix, 31 à32fr,; les Montagnes supérieurs, 34 à 38 fr.; les blancs,
suivant mérite, 25 à 30 fr. — A Orléans, les vins se vendent, la pièce de
228 litres, année 1879, vin de pays, 100 à 110 fr.; le vin blancs de Sologne, 85
à 95 fr.; le vin blancs nantais, 72 à 75 fr.; le vin blancs des îles, 70 à 72 fr.; le
vin blanc de Poitou, 65 à 66 fr.; le vin blanc de Blois, 75 à 80 fr. Le tout sans
logement.
Spiritueux. — Ce marché est toujours trop lourd et cependant il s'est sensible-
ment raffermi cette semaine. Voici, du reste, le mouvement pour le livrable sur
le mois courant : de 59 fr. 50, le cours a fait successivement 60 fr., 60 fr, 50,
358 REVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT
61 fr.; 60 fr. 75, pour clôturer à 60 fr. 50. Le livrable en décembre et les mois de
janvier à avril, ne présente plus d'écart avec le coui'ant du mois, les quatre d'été
restent seuls en déport de 1 Ir. environ. Le stock continue à décroître, il est de
7,725 pipes contre 6,950 pipes l'an passé à pareille date. Le marché de Lille reste
sans cluingement, le cours continue à osciller entre 58 fr. 50 et 59 fr. Quant aux
marchés du Midi, ils restent sans changement. — Le tableau de la production et
de la consommation publié par l'Adramistration, nous apprend que celles-ci se
sont élevées à IQ't,?!? hectolitres, tandis que nos débouchés, consommation et
exportation n'atteignent que 1/8,865 hectolitres, d'où résulte une augmentation
de 15,852 hectolitres sur notre stock général qui était, au 31 octobre dernier, de
243,316 hectolitres.
Vinaigres. — Rien de nouveau sur cet article qui reste aux mêmes cours, avec
tendances à la hausse.
Cidres. — On écrit de Saint-Pierre-sur-Dives (Calvados) : « La vente des
pommes à cidres devient de plus en plus difficile, les prix sont très élevés. On
vend aujourd'hui depuis 11 jusqu'à 13 fr. l'hectolitre. Jamais on n'avait payé
les pommes ce prix-là. «
IV. — Sucres. — MéUxsses. — Fécules. — Glucoses. — Amidons. — Houblons,
Sucres. — H y a toujours beaucoup de fermeté dans les cours des sucres bruts ;
les transactions continuent d'ailleurs à être assez actives dans les principaux
marchés. On paye à Paris, par 100 kilog., sucres bruts 88 degrés saccharimé-
triques, 55 fr.; sucres blancs, n° 3, 61 fr, 75 à 62 fr, ; à Lille, sucres bruts,
53 fr.; à Péronne, sucres bruts, 53 fr. 50; sucres blancs, 60 fr. 50 à 50 fr. 75;
à Saint-Quentin, sucres blancs, 62 fr. — Le stock de l'entrepôt réel des sucres,
à Paris, était au 24 novembre, 246,000 sacs de sucres indigènes, avec une
augmentation de 26,000 sacs depuis huit jours. — Le mouvement de hausse
se produit aussi sur les sucres raffinés qui sont cotés actuellement de 119 à 120 fr.
f)ar 100 kilog. à la consomma tion, et de 76 à 80 fr. pour l'exportation. Dans
es ports, il y a aussi beaucoup de fermeté sucres coloniaux, qui sont vendus faci-
lement, à Bordeaux, pour les raflinés, de 117 à 119 fr. par quintal métrique à la
consommation.
Mêlasses. — Prix très fermes. On paye à Paris, par 100 kilog.: mélasses de
fabrique, 13 fr.; de rallinerie, 15 fr. — à Valenciennes, mélasses de fabrique,
13 à 13 fr. 50.
Fécules. — Quoique les offres soient abondantes, les cours accusent toujours
beaucoup de fermeté. On paye à Paris, 35 à 36 fr. par 100 kilog. pour les fécules
premières; à Gompiègne, 35 fr. Les lécules vertes sont cotées de 21 fr. à
21 fr 50.
Glucoses. — Peu d'aflaires sur les sirops, et prix faiblement tenus. On paye
par quintal métrique dans Paris : sirop premier blanc de cristal, 58 à 60 fr.; sirop
massé, 48 à 50 fr.; sirop liquide, 3g à 40 fr.
Amidons. — Les ventes sont peu importantes, mais pour toutes les sortes, les
cours accusent beaucoup de fermeté.
Houblons. — Les affaires sont assez calmes sur le plus grand nombre des mar-
chés des pays de production ; néanmoins, pour toutes les sortes, les cours
accusent une grande fermeté. En Angleterre, les prix accusent spécialement
beaucoup de tenue.
V. — Huiles et graines oléagineuses.
Huiles. — La situation que. nous indiquions la semaine dernière s'est main-
tenue. Les cours ont peu varié pour les diverses sortes d'huiles de graines. On
paye par 100 kilog. : à Paris, huile de colza en tous fûts, 75 fr.; en tonnes.,
75 fr.; épurée en tonnes, 85 fr.; huile de lin en tous fûts, 67 fr. 50; en tonne.,
69 fr. 50. Sur les marchés des départements, on paye les huiles de colza par
100 kilog. : Gaen, 71 fr. 50; Arras, 74 fr.; Cambrai, 73 fr. 50; et pour les autres
sortes : lin, 68 fr.; œillette, 145 fr.; cameline, 63 fr. — A Marseille, les affaires
sont peu importantes sur les huiles de graines, et les prix sont sans changements.
On paye celle d'olive, de 125 à 180 fr. par 100 kilog. suivant les quaUtés.
Graines oléagineuses. — Les prix se mentiennent avec beaucoup de fermeté sur
les marchés du Nord où l'on paye par hectolitre : œillette, 34 fr. 50 à 35 fr. 50;
colza, 21 à 22 fr. 25; lin, 24 à 25 fr.; cameline, 16 à 18 fr.
VI. — Tourteaux. — Noirs — Engrais.
Tourteaux. — Pri; tou^'v? fermes. On paye sur les marchés du Nord
DES DENRÉES AGRICOLES (27 NOVEMBRE 1880;. 359
œillette, 19 fr. à 19 fr. nO; colza, 16 à 18 fr.; lin, 26 à 27 fr.; cameline, 18 fr. —
A Marseille, lin, 21 fr. 50; arachides en coque, 13 fr. 50; arachide décortiquée,
16 i'r,; sésame, 16 fr.; œillette, 15 fr.; colza, 15 fr.; coton, 12 fr.; ravison,
13 fr. 75; farine de palmier, 10 fr. 75 ; palmiste repassé, 9 fr.; coprah, 19 fr.
Noirs. — On paye à Valenciennes : noir animal neuf en graisse, 32 fr. par
100 kilog.; noirs d'engrais vieux grains, 8 à 9 fr. par hectolitre; noirs d'engrais,
2 à 4 fr.
VII. — Matières résineuses, colorantes et tannantes. — Textiles.
Matières résineuses. — Les prix sont en baisse sur les marchés du Sud-Ouest.
A Dax, on paye 73 fr. par 100 kilog. pour l'essence pure de térébenthine.
Gaudes. — Les affaires sont actives à Marseille. On paye par 100 kilog.:
Corinthe, 46 à kl fr.; Alexandrette, kk à45fr.; Vourla, 41 à 42 fr.; Thyra, 40 à
41 fr.; figues d'Espagre, 25 à 26 fr.; Caroubes, 14 à 15 fr.
Ecorcfs. — On paye par ICOO kilog. à Paris : Normandie, 150 à 165 fr.;
Berri, 140 a 150 fr.; Nivernais, 130 à 135fr.; Gatinais, 120 à 135 fr., Bourgogne,
95 à 115 fr.; Jura, 105 à 1 15 fr.; chêne vert, i50 à 180 fr.; sumac, 35 à 36 fr.;
châtaignier tout venant, 70 fr.
Chahvres. — Les prix accusent un peu plus de fermeté en Anjou. A Saumur,
on. cote de 100 à 110 fr. par 100 kilog.
Vni. — Suifs et corps gras, cuirs et peaiix.
Suifs. — Prix fermes à Paris, à 86 fr. par 100 kilog. pour les suifs purs de
l'abat de la boucherie, et 64 fr. 50 pour les suifs en branches.
Saindoux. — La reprise est assez grande au Havre, oià l'on cote 118 à
120 fr. par 100 kilog. pour les saindoux d'Amérique.
IX. — Beurres, — Œufs. — Fromages. — Volailles et gibier.
Beurres. — On a vendu pendant la semaine, à la halle de Paris, 203,432 kilog.
de beurres. Au dernier marché, on payait par kilog. : en demi kilog., 2 fr. 60 à
4 fr. 70; petits beurres, 2 38 à 3 fr. 30; Gournay, 2 60 à 5 fr.; Isigny, 2 fr. à
6 fr. 68.
Œufs. — Du 16 au 22 novembre, il a été vendu à la halle deParis, 3,569,670 œufs.
Au dernier marché, on payait par mille : choix, 132 à 141 fr.; ordinaires, 73 à
121 fr; petits, 56 à 60 fr.
Fromages. — Derniers cours de la halle de Paris : par douzaine, Brie, 9 à
29 fr.; Monîlhéry, 15 fr.; par cent. Livarot, 2'i à 82 fr.; Mont-d'Or, 18 à 30 fr.;
NeufcLâtel, 4 50 à 22 fr. 50 ; divers, 8 à 58 fr.; par 100 kilog.. Gruyère, 132 à 175 fr.
Volailles el gibier. — On vend à la halle de Paris : Agneaux, 15 à 20 fr. 50. —
Alouettes (la pièce), 14 à 22 fr. 1/2 c. . — Bécasses, 3 à 5 fr. — Bécassines,
0 fr. 60 à 1 fr. — Cailles, 0 fr. 40 à 1 10. — Canards barboteurs, 1 fr. 50 à
4 Ir. 80. — Canards sauvages, 1 fr. 60 à 3 fr. — Cerfs, chevreuils et daims, 25
à 70 fr. — Sangliers, 37 à 60 fr. — Crêtes en lots, 1 fr. à 8 fr. — Dindes gras
ou gros, 8 à 12 fr. — Dindes communs, 4 fr. 75 à 6 fr. 50.
X. — Chevaux. — Bétail. — Viande.
Chevaux. — Aux marchés des 17 et 20 novembre, à Paris, on comptait 985
chevaux. Sur ce nombre, 389 ont été vendus comme il suit :
Chevaux de cabriolet . .
— de trait
— hors d'âge....
— à l'enchère...,
— de boucherie.
Bétail. —Le tableau suivantrésume le mouvement du marché aux bestiaux de la
Villette, du jeudi 18 au mardi 23 novembre :
Poids Prix du kilog. de viande sur pied
Vendus moyea au marché du lundi 22 novembre;
Pour
Amenés. Paris l'(
Bœufs
Vaches
Taureaux
Veaux
Moutons 39^883
Parcs gras 6 ,048
^ maigres. 12
La fermeté que nous signalions dans notre précédente revue, en ce qui concerne
les cours de toutes les sortes d'animaux, s'est maintenue depuis huit jours. Les prix
sont revenus aux taux nouveaux qu'ils avaient perdus depuis quelqu» temps. Les
Amenés.
VenHus
Prix extrêmes.
169
33
340 à 1,070 fr.
251
59
300 à 1,260
375
107
32 à 985
70
70
35 à 415
120
120
32 à 125
360 REVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT (27 NOVEMBRE 1880).
approvisionnements du marché commencent aussi à revenir aux conditions ordi-
naires.
A Londres, les arrivages d'animaux étrangers, durant la semaine dernière, sa
sont composés de 15 veaux et 1,745 moutons venant d'Amsterdam; 34 bœufs,
de Boston ; 43 bœufs, 2 veaux et 10 moutons de Gothambourg; 75 bœufs, de
Gibraltar; 430 moutons d'Hirlingeu; 8 bjeufs, 87 veaux, et 994 moutons de
Rotterdam; 1,502 bœufs, 15 veaux et 1,426 moutons de Tonning. Prix du kilog.
Bœuf, V\ 1 fr. 93 à 2 fr. 10; 2% 1 fr. 5S à 1 fr. 75; qualité inférieure, 1 fr. 40
à 1 fr. 58. - Veau, 1", l fr. 99 à 2 fr. 16; 2% 1 fr. 75 à 1 fr. 93. — Mouton,
r«, 2 fr. 28 à 2 fr. 45 ; z% 1 fr. 93 à 2 fr. 10 ; qualité inférieure, 1 fr. 75 à 1 fr. 93.
— Porc, 1", l fr. 75 à I fr. 93; 2% 11 fr. 58 à fr. 75.
Viande à la criée. — On a vendu à la halle de Paris, du 16 au 22 novem bre .
Prix du kilog. le 22 novembre.
Bœuf ou vache
Veau
Mouton
Porc
i* (jual.
0.78àl.46
1.40 1.84
1.28 1.42
3« quai.
0.6U 1.18
116 1.38
0.84 1 26
1. 36à 1.70
cnoix. Bisse boucheria .
I.l0à2.64- O.lOàO.74
1.38 2.78 .
1.04 2.80 .
Porc frais..
Soit par jour 62,227 kilog.
Les ventes ont été à peu près les mêmes que la semaine précédente. Les cours
sont en hausse pour toutes les sortes.
XI, — Cours de la viande à l'abattoir de ia Villette du 18 novembre {par 50 kilog.)
Cours de la charcuterie. — On vend à la Villette par 50 kilog. : 1" qualité,
86 à 88 fr.; 2% 80 à 85 fr.; poids vif, 58 à 62 tr.
Bœufs. Veaux. Moutons.
J"
2»
3»
1"
2« 3» 1" 2»
3»
qnal
quai.
quai.
quai.
quai. quai. quai. quai.
quai.
fr.
fr.
fr.
fr.
fr. fr. fr. fr.
fr.
75
68
60
125
110 KO 82 76
68
XII.
— Marché aux bestiaux de la Villette du jeudi 25 novembre.
Cours des commissionnaire»
Poids
Cours officiels. en bestiaux.
moyen
^ — — ~^_^
Animaux
gênerai.
1" 2" 3" Prix 1" 2» 3«
Prix
anaenés. Invendus.
kil.
quai. quai. quai, extrêmes, quai. quai. quai.
extrêmes.
Bœufs
2.936
363
360
.65 1.42 1.04 i.OOàl.70 1.64 1.40 1.05
0.00 à 1.68
Vaches
6iiî
107
250
.50 1.30 0.91 0.88 1.54 1.^8 1.3U 0.95
0.90 1.54
Tanreaaz...
128
7
305
.28 1.14 1.02 0.98 1.36 1.28 1.15 1.00
0.95 1.3S
Veaux
1 082
172
80 2.35 2.25 1.65 1.54 2.45 » » »
» »
Moutons. . . .
19.211
b62
18
.88 1.64 1.40 1.34 1.9J » » •
> »
Porcs gras..
3.995
»
84
.60 l.b6 1.50 1.40 1.75 » > >
* *
— maigres.
»
»
»
• •
Vente assez active sur toutes les
espèces.
XIII.
Re.s'uiHfi.
Pour toutes les denrées agricoles, nous avons à signaler cette semaine des cours
très fermes ou en hausse sensible depuis huit jours. A. Remy.
BULLETIN FINANCIER.
Reprise de nos fonds pub ics : la rente 3 0/0 est à 85 fr. 50, gagnant 0 fr. 30 ;
et la rente 5 0/0 à 119 fr. 05, gagnant 0 fr. 25. Bonne tenue de nos Sociétés de
crédit : hausse à nos chemins de fer. Réapparition dans la circulation monétaire des
pièces de 5 fr. En Angleterre, les consolidés 3 0/0 sont au pair.
Cours de la Bourse du 17 au 24 novembre 1880 [au comptant).
Principales valeurs françaises :
Plus Plus Dernier
bas. haut, cours.
Rente30/o 85.20 85.55 85.50
Rente 3 0/0 amortis 36.80 87.50 87.50
Rente 4 1/2 0/0 ii4.oo iis.oo ii5.oo
Rente 5 0/0 lis. 00 li9.25 119. oi
Banque de France 3660.00 3800.00 3800.00
Comptoir d'escompte 975.00 980.00 976.25
Société générale 573.75 577.50 575.00
Crédit foncier 1325.00 lî50.oo I33j.oo
Est Actions 500 745.00 755.00 755.00
Midi d» 107O.25 1085.00 1085.00
Nord d* 1665.00 1675.00 1665.00
Orléans d» 1236.25 1243.75 1240.00
Ouest i' 812.50 816.25 815.00
Paris-Lyon-Méditerranée d» 1465.00 1480 00 i475.00
Paris 1871 obi. 400 3 0/0 .. 395.25 398.00 398 OJ
lUhen I 0/0 S6.85 87.65 87.65
Gérant : A.. BOUCHÉ.
Fonds publics et Emprunts français et étrang'ers:
Plus Plus Dernier»
bas. Iiaut. cours.
Obligations du Trésor •
remb a 500. 4 0/0. »
Consolidés angl. 3 o/O »
5 0/0 autrichien 63 3/4
4 0/0 belge 105.00
0/0 egyptiea.
3 ojo espagnol, extér'.
a' intérieur
5 o/o Etats-Unis
Honduras, obi. 300...
Tabacs ital., obi. 500..
6 0/0 péruvien
5 o/o russe
5 0/0 turc
5 0/0 roumain
Bordeaux, lOo, 3 o/o. .
Lille, 100,3 0/0
W7.50
201/2
64.00
105.00
330.00
21.00
517.50
100 1/6
64.00
105.55
329.00
20 1/2
105 1/2 105 7/8 105 l/>
94.50 95.70
95.70
10.50
101. to
101.50
CHRONIQUE AGRICOLE (4 décembre
1880;
Mort de M. Louis M^ll. — SerTices qu'il a rendus à l'agriculuire. — Mort de M. G^rnigon. —
Voie par le Sénat du bj(ig9t de l'agriculture. — Observations reluives à l'intioducion des races
de chevaux de Irai, dans les cou'ouis rc'-gionaux. — Les bulnemions accordées aux ass >ciation3
agricoles, — Déclaialici du minisire de l'agri^iulture. — Pnjet de loi re'atii' h l'aclievoinent des
routes nationales. — Utilité et économie de ce proiet. — Proiiosition de M. Pa;ioii sir la révi-
sion du cada-stre. — Le phylloxéra en Ciimée. — Nomination d'un nouveau délégué du ministre
de l'agriculture. — Recherches de M. Fabre sur les mij-'iations du phylloxer.i. — Réclamations
de priori é de Mi de Lafitle. — Les vignes ilu Soudan. — Cunlérences de M. Léc'art à Bordeaux.
— Admissions à 1 Ecole nationale d'agriculiure de Grand-Jouan et à flnslilijt a.riiole de Gem-
bloux. — Conërence de l'akimétrie dans les écoles d'agrijulture et les fermes-écoles. — L'Arbo-
relum de Segret, publié par M. Lavallée. — Succès de cet'.e publicaiion. — Le cKire, — Lettre
de M. Cassé. — M >yen de f.iire une boisson a ixiliiire du cidre. — Date de la prochime sessioa
de la Société de^ agriculte.irs de France. — Mé lailles décernées par le Congrès poinolcgique de
France. — Les concours d'animaux de bouch=rie «m Angleterre.
I. — Nécrologie.
L'agriculture vient de faire une grande perte. M. Loui?? INfoll est
mort le 30 novembre. Il élait professeur d'agriculture au Conserva-
toire des arts et métiers depuis 1837, et membre de la Socielé natio-
nale d'agriculture depuis 1843 ; il y faisait partie delà Section d'éco-
nomie, de statistique et de législation agricoles. Nous aurons à dire
les services qu'il a rendus et le rôle important qu'il a joué dans la
transformation des procédés de culture depuis un denn-siècle. Au-
jourd liui nous ne pouvons qu'exprimer notre douleur et nos regrets.
Dès 1838, nous avons connu M. Moll ; quoique bien jeune encore, il
était déjà arrivé à une situation considérable. Nous portions alors
runiforine de l'Ecole polytecbnique. Ce sont sans douie les conver-^
sations que nous alors avec lui qui décidèrent de no're cairière.'
Il élait bon, affectueux, ouvert aux jeunes gens, et tel nous l'ai-ona
toujours retrouvé pendant les nombreuses années où nous avons été
son collègue ou bien l'avons eu comme collaborateur. Nos lecteurs se
souviendront du véritable charme de son style; c'était l'ijodinie tout
entier : beaucoup de cœur, de dévouement et d'amour du bien.
M. JMoU était âgé de 71 ans.
Nous avons aussi le regret d'annoncer la mort de M. Gernigon, prési-
dent du Comice agricole de Chàieau-Gonlier (Mayenne), qu'une courte
maladie vient d'emporter à l'âge de soixante-dix ans. Uepui.^ près de
trente cinq ans, il avait pris un rang très distingué parmi les agricul-
teurs et les éleveurs d'une région qui en compte un graii<l nombre
d'habiles, il avait été le promoteur de concours, d'expositions et d'im-
portation de bétail amélioré; il a exercé une grande et heureuse in-
fluence dans la région qu'il habitait.
II. — Le budget de l'agriculture au Sénat.
Dans sa séance, du 27 novembre, le Sénat a volé, sans aucunes mo-"
difications, le budget de l'agriculture. Il n'y a eu de discussion que
sur deux points : sur la présence désirable des clievaux dans les
concours régionaux, et sur le rôle des comices et auti-es associitions
agricoles. On sait les nombreuses réclamations que nous avons tant
de fois, et tout récemment encore, élevées au sujet de l'ahsciice regiet-
table, dans les concours, de l'espèce chevaline. Il y a huit joncs, nous
citions, à ce sujet, un passage du nipport de M. le sénatt^ur Coi<li r. Au-
jourd'hui, nous reproduisons intégralement la courte discii>sio:i qui a'
eu lieu au Sénat et où l'on verra qu'un commencement de satisfaction-
N» 608. — Tome IV de 1880. — 4 Décembre.
862 CHRONIQUE AGRICOLE (4 DÉCEMBRE 1880).
aux \œu\ (1rs nirriciilleiirs aélé promis par M. le niinislre deragricial'-
ture. Voici le tjxte du cori[)tj readu inexlenso dà la séance : '-.^^''^^
Af. Fo'iihr.r de Corel'. — Je n'ai pas. comma mfmb-e de la Commission des
BnaiKt's jwHser.lé «l'amt-mleiDimt aucliapiiie 8; in;iis,' dans Je sein dti ia Gtimnis-
giop, j .li liiit une (ibsi'ivaliori, it j*^ prolite de la |)réseiice de M. le fnini lie de
rj^niiluiir ei (!ii (on;mii<e | di.r lui poser une i|uestion, espéiùiit cju'il voudra
Lim y i< poi.dre d'i j e n îuiit le |■i.^ omble.
Lf cliapiire H c.omjireiid IfS Hnr.ouragumenfs à l'agriciil'ure, pt nohimment les
encniir;!»,' jneii's so;:.s lorme de lOiicours réj,noiiaiix ; eh t ii-n, dans beaucoup de
CoiiSi'i s gi nora' x, — et je crois que je n»* serai j.as déuienti par ceux de mes coït
lè}:i (S(|ui if| r sei Itiit Hes contrées nù l'élève du clieval e^l eu honneur, el c'es
une uiaiiile paitie de la Fiance. — dans beaucoup de • on-eils géoétaux, des vœux
ficcisMlsoil eu I our ofijet d aifieler l'.-.tleuMou d(^ M. le mini^lre de Taj^iicul-
tnre sur un desiJeialuin dont la réal salion serait vraiineul 1res Idvorable à l'agrî-
cullure.
l)Hn>;nos conco' rs légionaux, les r^ces de chevaux de trait ne sont p.is repré-
jseniées et ne soni pas piimées. Ma di mande a pctui- but de iaiie ce^ser une iné-
galité choquai. le lar vous savez ipi'il y a drs concouis de beslimx; mais il n'y
tn a pas, \>f le répète, j)our les races de. chevaux de trait. Il s'a^'il là d'un intérêt
consideinbîe pour l'agi icullure el qui a la plus grande importante pour des con-
llé^ enlièies ce la France.
Eu coii'éiu nce, je viens demandera M. le ministre de l'ap-riculture, confor-
iru'ment au \œu a opté par la coininission des liiiances, de vouloir bien ineitre à
réiude la possil iliié de récompenser, de primer la race des chevau.x de traii dans
lescor.couis légiomux à parler 'lu piochaiii budget.
il 'lisnlm. — 'J'i es lien ! c'est ap|)iiy< !
Jl/. te firr.snln /. — M le mii isire de l'agriculture et du commerce a la parole.
A'. Tir r<l, ministie de ragricuJluie et du commeice. — I\le^^ieuls. je suis
leuieux de pouvoir ii'jondie à 11 onoialle M. Fuiuhei de Cncil (p e l'j.dminis-
Iration à la tête de hicpulie j';.i l'i oiim ur dêlre | lacé a dP|:i mis la (puslionà
i'rli de et cpie, san^ aitendie h- budget de I8"2, sur les londs dont nous dispose-
fons en IS»-!, ni us nous piopusoiis de l'aire, sinon dans ions bîs concours ié';io-
nauN. du n oins dans quel.iue>-uiis, l'essai (pi'il deiraude. J'a;ouleiai le déhiil —
qui n'a p< ni-èiif 1 as m e piande impoiiaiice et (|ui leia peul-èiie rie plusieurs
d'entie vo's — (|u'indé|i( ndamment des concours de chevaux que nous cherchons
& êirblir ( n Fiance, nous auio; s en Algéiie des concours uoa seuLinent de che-
vaux, mai> aussi dediijneaux Rites ]
m. Du/ umj. — Ce n'est pas risible du tout, c'est, au contraire, une très bonne
innovation.
Sur le rôle des associations ag;rieole«, la discussion a en pourpoint
de dépat t la réclamalion de V. de Falloux, jirésidrtiit ilii (^mnice de
Sejçré, au sujet de la mention des sulivenlion> de lEt.it et du déparle-
mi'iil, sur les aniclies-pro,:iraniin s des concours. Nous avons inséré
sur celle qnesti(m à peu près tout ce qui a élé dit au Sén;it, et nous
n'avons à y revenir (pie pour cih r la prome.^se de .M. Tiraid qui aura
rappiol»;ilion i^énéiale des a^ricultfiirs. « Pour r.innée iirocnnine, je
prendrai une bn-ninle i>;énci;iie qui, je crois, sera de nitnre à donner
fîtiislat tion ii tout le monde et à faiie cesser toute susceptdnlilc, mais
qni |crnie;traà rAdniinisii\iiion de s'.'issuror que l'on a poiléà la con-
naissance de*: popuinlions ce Kiit que FEiyt met des fonds à la dispo-
sition des présideins des comices et des sociétés a^rico!es. »
P«M!r le resie de la discn.-sion qui a roulé l^ur le droit de-, dissolution
des conncps j)ar les prèle s, nous devons encore répéter conilnen il
est désir.ible que, dans les associ.itions ii^ricole.s, on Ccaile tonte j>oli-
liqne et qu on s'aimniie ])onr (pi'elles soient jéellennnl un terrain
neuire oii tous les hommes de progrès puissent se réunir et s entendre
pour faire le Lien de ragricullure.
CHRONIQUE AGRICOLE (4 D'XSMBR'? 1830). 363
m. — L'aiiieremetit di^s ro'Uex iialionnf,>^s.
Malgré lo ijr.ind dt've!()p;)>Mn.3:ït |)i'is pu* lis voids tdrri'^as, les roulea
de Un-ii irtinl i-iea p.irdii *lc l;ur .iii>jij.i n i nj) n-ta, ïcj. L'îs «jUHsiiijnâ
relalivcs à Imir a:;liève;iient et à i(3iii* ;i;mliiit*aLi(jii ofit clé CiMijjrises
diris le pi-oLÇiM mii^; des grm Is travinK |)ii dios éld)i>i'é <l.i,»iiis «leu\
nns. AI. Sidi Ciniot, iniuislre des IravaiiK publics, vijiit de présealer
à lu (lliamlire (Jes députés ua pntjt'i d,; loi sur 1^6 roules u itioii îles.
Ou (»eul le considérer cnuiine le ciu [lièiad de celle sôiie. En elïjt, il
aéléd.'jà siiiuiisàla CliiMibre, iro'is his rolalives : 1" aux. clusaiius de
fer; 2° aux voies navigables <le i'iiilé/i iur ; ^i"aux p'irls niirilinies. Ea
outrvî, le SiMiil esl saisi dj I'cîx lui.^n dî'i q testions (jui s; i-atlielieat
à la iiieiil Mire uiiiisalion agricDÎ.i ou iudu?.trielle de njs cuirs d eau.
Ces (|u;slious, snig Kuisein.îul ex luii lées par L; Ciuseil dliiit, ^oat
compris 'S d ins l'cuseMible "le U'ilr.i u!)uveau sys'èui ; île niisj CJ uiou-
venie.it de Imis les «déments de la ri^b.!s>e publiipie t'rineiise.
Les iMUl<»s iialiouales présentent, d .ijM-ès l'exposé djs motifs du
projet de loi, un iratie d'euvii\)u l,Tili> millions de tonnes kilnuiétri-
ques. qui e*it le ciiiquiènn* du Irafic de la petite vitesse des clrîinins
de fer; il siiljii iTtiblenir du biu éial djs roules labAisseuiant de
1 ceiiiimesiir le prix de trans|)(>!l, (pii est en moyenne de 30 e. ])ar
tonne et par kilouietiv, pour réaliser au profit du pays une ée uiomie
annuelle de lî luiliiiuis. Une dépeu>e de 3'i0 millions trouveraitdone
sa lémiiuér 'lion imuiédiale dans l'œuvre mô ne qu'elle permt lirait de
conduire à son acbèvemenl parfait Mr*is il n'est pas nccessairtj d'en
dépenser niême la inoilié, liiiîii que les roules nationales aient élé beau-
coup Irop négligées depuis longle'ops. l.e-s ingénieurs cml dressé le
tableau cuinp'et îles opérations qu'il inipoite d'exéoiiler pour empèolier
ce |)ieuiier a]>|);iivil de e reiilaliou de dépérir, et pour le lenitv, sur
tous les points du lerriioire, aii-si iiliie (pi'il doit Tètre. C; tableiiu
présume une dépense «le 150 millions, m;MS (|ui pourrait être réduite
à riO milhous, sav«tir : '21 pour les laeun«'-s, ,*Î7 '/i pour les rijctilioa-
tious, /)') pour la reconstitution des cliaiissées pavéïîs et empierrées,
et 10 i/i pour rimprévn, ()e n'est «pie le tiers des 3'i-0 millions du
capiial que i«'piésente 1 écon«»mie annuelle d"envir<jii 17 millions à
réali.-er sur les prix du transport p ir raelièvemenl «'t l'eiilrelieu régu-
lier des nulles. Il faudrait atleii Ire vingt-cinq ans |)Our y arriver, si
l'on dev;dl ne compter que sur les ressources ordinaires du budget ;
et le [)ays se Inuiverait, en attend int, cliargé d'un siipplé ne.it diî frais
de lrans|)ort dép.issmt«le beaucoup la dépense aiiiiuelle «pi't'xigera
l'exécution du programme densembîe. et «ela sans aucune améluu'a-
tion dans le système de nos roules nationales, et par cjuséquent en
pure perle.
Les IJO millions seront pris sur les ressources extraordinaires an-
nuellenuîut créées par le moyen des émissions de 3 0/ • amortissable.
On peut se demander laqiiellede tîntes ce.^ nalures dedé[)U^sesexllMO^-
dinalres : voies ferrées, voies navigab es, ports maritimes, travaux
d'iriigiiion. travaux des routes, esl faile pour êtiele pluslôtet lepliis
largement rémunératrice. Elles seront toutes rémunératrices; mais la
moins n (te^siiie n'est pas celle des travaux des routes, qui intéresse
plus particulièrement les régions de la Fr.mci ne disposant pas encore
d'autres moyens de circulaiion et décliange, c'est-à-dire les régions
qui, jusqu'ici, ont été les plus mal partagées.
564 CHRONIQUE AGRICOLE (4 DÉCEMBRE 1880).
IV. — Sur le cadastre.
La Chambre des députés est aduellement saisie de plusieurs pro-
position- di! lui relatives à la revision du cadastre. Ces propositions
émanent soit du f:^ouvernement, soit de l'initiative parlementaire ; une
commission spéciale a été cliarc^ée de les examiner. Une nouvelle pro-
position vient de lui être renvoyée; celle-ci est due à M. Papon, et
elle euibrîi.-i-e une revision complète du cadastre. Cette révision, qui ne
pouvait être autre chose qu'une reconfection, embrasserait tout le ter-
ritoire de la France, et devrait être achevée en dix ans. Elle compren-
drait le burna£!;e, larpenlage cl 1 évaluation des propriétés bâties et
non bût es, le lever des plans, et la conieclion de rej^istres qui pour-
raient servir de base aux titres de propriété. Il est peu probable que
la Clwnnbre actuelle puisse examiner celte proposition, ainsi que les
autres (|ui s(mt soumises à son examen, avant sa séparation. La ques-
tion du cadastre est cependant une de celles dont la solution importe
le plus l\ une juste répartition de l'impôt foncier, qu'il s'agisse des
propriétés bâties ou des propriétés non bâties.
V.' — Le 'pliTjlloxera.
A diverses reprises, on avait annoncé, sans confirmation ultérieure,
la présence du jih^lloxcra dans les vignobles de la Crimée. Aujourd'hui
celte nouxelie paraît certaine, d'après le télégramme suivant que
public le ColnSj un des principaux organes de la presse russe :
« La nouvelle de l'apparilion du phylloxéra, en Crimée, est confirmée. Une
commissiuii scientifique composée de viiiculteurs, d'entomologistes, dn maréchal
de la niiblii>se, et présidée par M. Danihuski, a procédé à l'inspection des vi-
gnoble.'S de M. llaichsky, près la porte de Baïdas, et a constaté que k déciatines
Tenviron k h< ctares) de vignes étaient ravagés par le phylloxéra. Des mesures
énergiques, ont été prises pour combattre le fléau. Le dommage causé est estimé
à envu'on 70, OOu roubles. »
Par suite de la nomination récente de nouveaux adjoints à l'inspec-
tion de lagricullure, quelques modifications ont été apportées au
service des lecherches relatives aux progrès du phylloxéra. M. Vas-
sillière, ins| ecleur général adjoint, a été appelé à la tête de ce service,
en reniplacement de M. de Lapparent, inspecteur général. Nous
sommes heureux de nous faire, à cette occasion, l'interprète de tout
les viticulteurs qui ont été en rapport avec IM. de Lapparent, pour té-
moigner de la vive sympathie qu'il a laissée derrière lui, à laison du
zèleéclaiié et de l'activité qu'il a déployés dans l'exercice de celte
importante mission.
Parmi l.^s travaux récents sur le fatal puceron, nous devons signaler
aujourd'hui, d'une manière spéciale, une étude de M. Fabre, délégué
de l'Académie des sciences, sur les mœurs du phylloxéra pendant la
période d'août à novembre 1880. Ses observations ont été faites à Sé-
rignan (Vaiicluse), un des points les f)lus éprouvés par le fléau, oii il
n'y a plus que quelques vignes rares et faibles. La conclusion de ses
rechen-h -s est que les migrations, soit par les insectes aptères, soit
par ceu\ pourvus d'ailes, ont été, cette année, plus difïicultueuses, et
que de l,i serait résulté le ralentissement dans l'invasion reconnu par
les viticulieurs. En ce qui concerne l'acarus hyalin qui avait été
trouvé en concomitance avec le phylloxéra, M. Fabre a constaté
CHRONIQUE AGRICOLE (4 DÉCEMBRE 1880). 36fc .
que cet arachnide n'est pas un pira^ita de phylloxeri, mais un
commensal qui s établit parfois sur la môme radicelle qu3 le ()ueeron,
et s'y nourrit de matières végétales décomposées.
Dans une communication qu'il vient d'adresser à l'Académie,
M. Prosper de Lafitte revendique la priorité pour un mode de distri-
bution des trous dans le traitement des viiijnes par le su! Cure de car- '
bone. Cette méthode qu'il avait décrite en 1878, a pour cara:lère dis-
tinctit'que la place de chaque trou se trouve fixée indépendamment de
la position des souches.
VI. — Les vignes du Soudan. ]
ISous avons tenu nos lecteurs au courant des communications faites
à fAcadémie des sciences relativement à la découverte par \in voyageur
français, M. Lécart, dans le Soudan, d'une vigne annuelle à fruits
excellents et abondants. M. Lécart vient de rentrer en Fr-iace, et il a
fait sur sa découverte, devant la Société de géographie d; Bordeaux,
une conférence que le journal La Gironde analyse dans les terme*
suivants :
« Le tubercule, dont M Lécart a successivement étudié les Heurs et les fruits,
est une vi<^ne annuelle qui, à la saison sèche, perdait feuilles et l)ois pour en
produire dt; nouveaux à l'époque des pluies. Les sarments que nous avon>^ vu-? dans
l'herbier <le M Lécart ont (juelque similitude avec ceux de nos vignes européennes,
quoi |ued'a|>paience moins ligneuse.
M Celte vi^'ue, adirme M. Lécart, s'acclimate partout, jusqu'en Sibé-ie » Gomme ,
elle ne laisse (|uun tubsrcule enfoui dans le sol, et aiufuel il sufàt 'le trois mois
de ciialeur pour produire, elle donnera des fruits n'importe oij ; le co iférencier
qui a habité tour à tour le Sénégal, la Nouvelle-Calédonie, la Gochiiichine, etc..
s'en porte j^arunt. Sans doute il y aura quelques déboires avant que r<^xpéiience
ait déterminé los procédés certains à employer, mais il en tst ainsi pour tous les
essais.
« M. Lécart avait emporté des plants et des graines : malheureusem 'ntlesàne^
qui portaient les premiers se sont noyés dans une fondrière, et il ii'.i sauvé que
les graines, qui, dans deux ans, il l'affirme encore, auront gcmé et donneront
des fiuits Nous souhaitons ardemment que ces prévisions se réali^sent.
«M. Lécart se défend vivement d'avoir voulu faire de sa découverte une affaire
d'argent, ainsi qu'on le lui a reproché à rx\cadémie des sciences : il ne p mvait et
ne peut encore disposer de rien avant que le ministère compétent ait statué sur sa
mission. Du reste, il a prouvé combien la vulgarisation de sa découver e lui tenait
à cœur, puisqu'il a prodigué les indications sur les lieux de produclion de la vigne
annuelle, et donné les noms des gens du pays qui l'ont aidé. »
De ces explications nouvelles il résulte que les viticulteurs doivent
encore attendre avant qu'ils puissent être fi.Kés sur le prulit qu'ils
pourront tirer du nouveau végétal,
•o/il^f VIL — École nationale a^ agriculture de Grand-Jouan.
VoiRi la liste des élèves qui viennent d'être admis à l'Ecale nationale
d'agriculture de Grand-Jouan :
Élèves admis de droit ; M. Belléoch (Finistère), liachelier es sci -ncps.
Elèves od'iiis après pxampn : MM. Luare Thibault (Lnire-Inlérieure). ^
Emmanuel Thibat (Loiro-Inféiieure). — Berry /Paris). — Planlhnreux (Indre).
— Levè.pae (H.iute-Vienne). — De Meckenheim (Loir-et-Gh^^r). — (Jrr.is (Maine-
et Loire). — Jacob (Loire-Inférieure). — Naudin (Djux-Sèvres). — Mesnet ,
(Indre-et-Loire). — Duboussct (Allier). — Le Dain fMorbihan). — H let (Côtes-'
du-Nord). ^ •
Dans de précédents numéros, nous avon> publié la liste de.i élèves^
3e6 CHRONIQUE AGRICOLE (4 DHCFMBRE 1880).
admis à Tinsliliit ngi'onomiqiie et aux écoles nulionales de Giignon
et de Montpellier.
Viir. — L'Iiifilitut agricole de Gcmhhvx.
Voici 11 liste des élèves qui viennent d'étie admis, à la snile des
derniers cxauiens, à l'inslilut auricule dd l'Iilat, ùGenibloiix (I]e!<j;i()ue):
E<h)rs i t'rnrs. — MM. E.-A. Gl^rfeyt, do V^-lthem. — L. Tion.^t, de N..uf-
cliâtt'îiii. — J.-M Glerffyt, de \Vliii"m. — A. -G., Il^woiick, de ll.iy - G -K -
L. Flîi!>;i, de l'.eraicouit — E. V^nd r^";iclir. d'Aiiv.-rs. — G.'-l\ -Iv Joii-
nisiix, de Vdlers-li-T.tni- — M.-E L" Docte, de Gernblonx. — G de Flities, de
Foresse S'-l;ivn. — V -N. R^skiii, de LiéL^e — A -A. Ferrainiie, de l.ibm —
F.-J -J. Tomheiir de IVuix-Miioir. —A Delvaux, d.; Biuxf-lles. — L, Delvaux,
de Biuxelles. — B -H. I)el»y, d'Ixelles. — G -". S.ili-ot, de Wiers — A. -G -P.
Mallieu, de Fi'rlibiaix-ErtjUeuue. — E.-L.-J. Lobleuux, de Héveilé. — J. Van
El^'en, de Lié:fe
KUurs r.T'.rnrx. —MM L. Dell ie, de ?n•..l)r(•fT.^ _ .T.-H.-A. W.iS«ei-ft, de
Liéjfe, — E H J Gooi-, de Lame. « — G.-G.-J. IlnririoM, de Gonrdiiiiv. —
A. J. neylnii, de S;iiMt StTV;iis-lcz-N;irniir. — H -M -G. Verstnesse^i, d- Siiiit-
Niuolas, — A -J. 'i\)mkiiis, île Loiidn-s (Arifi'eltMie). — St;uiislas Lebowski, de
Prziuykow (Pdiogne). — Ladislas de llricel, de Graco\ie (Pologne).
Cett»^ liste comprend 28 noms, dont 25 de Belges et 3 d'autre na-
tionalité.
IX. — L'i In'iiindiiio,.
Une série de conférences sur la takîméirie et sur la Inkini-n^f/rlrre
viennent d être laites aux trois pram ttions réunies de lEole naionale
d'agiiculliire de Grigiion. l'allés ont eu un grand succès, et il est
qiiesli^ii da b^s continuer. En veriii d.î la même décision miiiistér elle,
d'auires conféri'Ui'es avaiiîiit été (ait's avec nn égal succès aux deux
autres écoles niiioniles d,*, Moiti) ;l!i .^r et île Grand-.Iouau. IM. Lig«)ui^
aut.Mir (b) Il UDUv/^elle méilinh, av.iii dé,à déb-j^ué M. Perreau, un de
ses plus ar leuls eolbiborateur.s. p tur aller initier le perstnnu'l dei
ferm.^s écoles. .\ l'issue dd sa missio.i, iM. Perreau a reçu une lettre
offîciidie de féliciiation.
Un utile présent à faire à un c.^urs d'à luîtes ou à nne école pri-
maire co isi-t'irait 01 un maléri.d mny*^n d'enseignement lakiujètiique,
dont le p'ix est de ôi) fr.m(;s et eu um^ di.->ti ibution aux écoliers d'J
livre fo idaïuerUal appelé Cahier du bolJal du (jénie^ qui est traduit
dans pres{[iie toutes les laugies.
Al exposition pé lagogiipiede Home, la traduction de la la/ii'nélu'e et
de la iakin. al jcbrc^ par M. A. linsi, vient d'obtenir une récoiujiense
de seco ule lisse. Gest pir uii3 fav.^ ir spéciale, attendj que les tra-
ductions n'éiaiiMit p is adini ses an Cirncours. On a fait exception à la
rè.gle par b; moiifipiele uiiaistre de l'airicidiure d'Italie f.iit propager
la tikimôlrie de])nis plusieurs ajinées dans les nombreuses écoles qui
dépBudeut d.î son administration.
X. — Varhn>e:um de Spgrpz,
Nous avons annoncé la public ition du 1"^ fascicnle de la grande
encyclopVlie d'arboriculture (pie ndre éminent confrère M. Alpbonse
Lavalléea entr prise sous le litre d'/l/'.^»rc/M/n de Segrez (librairie Bail-
lière et lils. à Paris). I.e 2* f is.nc île qui vient de paraître, e t con-
gacrn à la description des es[)èces qui suivent : Cra'œ^ns L'ivalld^
DicrniUa s"ssdifo'ia, Nidta'ia rerasif >r<nis, Catalpa Kœmpfrri, K.vo-
efiorda grandi/lora. Cette œuvre importante a été accueillie avec la
CHRONIQUE AGRICOLE {4 DECEMBRE 1880). 367
plus grande faveur pir tous les hol.mistes et les arbDPiciilteurs ; celts
îiivejr est juslilioe tant pir le soin scrii;»iilfjnK avec hi.\iiti[ les pianies
soat déui'iLei ((ii3 pir l'ctaotitude (|iii |)i'ési.lj à rovéciiLio.i do pluites
gravées accoiiiijigaant l'ouvrage. Uae preuve de ctîlte liaiitt; esiiuie en
esld.iiis le fait suivaat. Le grand journal anglais T/ic Girdei, qui
jouit d'une Icgitinie autorité, vie.it de dédier à M. Lavilléj sou dix-
septièaie volume, d;ms lequel il a publié son poiTrait, avej ceite dédi-
cace : u Eu recanuaissancoj de ses ir ivau>: po ir l'iuirodu-îliou «l'arlires
remarifuibles et rar.is dans les jir hns de rEiirop3. >. (]dl lionaeur
n'avait eueor; clé fait qu'aux batinisles H dIchp, Jolm Ti)trey, N^ven,
Louis Vin-lljulle, David Moor, Asa Giay, CIi ules L iwsou et lli^g 1.
Nous en félicitons bien viveuient M. Livallée par qui un nom Lan-
çais figure dans cette liste.
XL — Le cidre,
L'Iiivcr de I87i)-S0 a causé de gmnds désastres duis Irîs forêts et
sur les arbres frj^iiliers. Les arbres à cidre ont été p irli^ulièrement
frappés daas beaucoup il.i puys. Aussi les pommes soat, cette année,
généralement rares et clières, et iinj ln)is>oa à la [iie'le b.îiucoap de
populalio is sont liabitiiées fait dé!aul. Comment remédiera cette véri-
tabbî disette^ c est la question posée dans la lettre suivaale :
« L'ouvrirr de uns campagnes ai.ne le ciJre Avec ([hhI juîs verres de cidre il
se coiiteiiie de 11 naurriîuio la plus siraplu, la moins sucoul-iUe, mais sans cidre
à son iej)as, il se tr )uve désfrieiilé, et le uav^iil lui cnùte l)ieri davantage.
« Ct-tii^', siisi):i, au grand désesjijir de tout le moule, les p)n.n!^ ittiiitp*eQt
dans ootrti Nir uajnlie. Le peu qie nous en avons récolté s'en vi d.j n^s ca upa-
gûes euL'VJ par les villes aux prix de 10 et. Il friiics l'hectolitre.
«Dms les m -nnges d'ouvriers illaudra hoi o de l'.vm ! Je l'eau, c'est bi-m peu
pour la tem:nti ipu reste à la imiso i à travailler tint le jour et p >ui- les pnvr<-s
enfants qui \o it k l'école avec u!ie sim^ile tirtiuj de bj irre ou le iro a\:;i p)ur
toute nourriture ! De leau, c est l)ien froi l, pn m- ces petits è res à pjrie cou-
verts de mauvais vête neiits (jui ont à tnivers^r cha'jue jour, ces immenses plair
nés l'Uijour-liumides en liiver, et nuîlqunfois couv^ries de neigtî et de verglas.
«Oh ! cimnie j'éprouve delà peine eu voyant toutes ces misères, rt comme je
serais lieu -eux de l-s aUénuer, di'.s li mesure de injs forces eu iu liquiut à ce*
pauvi'es ge is uue bo;ine recette pi ir Itire, à ifu ite friis, une boiss m sai le, utt
peu roi'iilia:ile et se rapprocliaut le plus passible, comme g »ùt de leur ciJre
auquel ils ^onl si lidbiiués. un. G\SiÉ.
Il n'cat pas po sible de donner à une boisson le goût du cidr^,
aulremenl (pTen prenant le cidre lui mè uemi bien lemaredi pou iies.
Nous ne donnons donc que le conseil de dedouliler les cidres quj l'oa
peut faire celte année, ou ceux ipie Ton a co iservés d'ua ; année aaté-
rieupiî, en ajnutmt, en même temps (|ue de leau, la quantité d<; sii^re
néc.iss ire pinr maintenir la force alcoolique. Li proi)j!-tion de siure
à emp'oyer est de I kilogr. GilO de glycose pour cbaque de^re d nlcool
qiî'on voudra obtenir dans un liect<»liire. Nous ia liq ■■i)n6 le sucre de
glyco.^e pai'cj ipie c'est celui qui ctuile le medL-ur mirclié, et ipi'il
est d'ailleurs tout transformé pour subii-la feriuenlation sur le mir:oii
dansle umùt de pomme étendu d'eau. Les cidres or linaires renferment
G pour li)J d'alcool, les boas cidres du commsrce Vl pour I0ii;oû
■voit pir là (pieLe quantité de giycose il fiiidra employer d'aju'es la
proportion d'eau doat on usera. Si, avec du cidre déj » lait, on veut
obtenir une boisson ressemblant au cidiM, on pourra emj)l(>yi'r d§
l'alcool du co.ntiierce, ei prenant de l'alcool rectifia et i»ur; oaap» itéra
en. même temps un peu de sucra, le cinquième ou le sixième de lalcooi,
368 CHRONIQUE AGRICOLE (4 DÉCEMBRE 1880).
de minière à se rapprocher aulant que possible de la eoniposilion que
M. BoJisingault a trouvée pour un cidre iri'jyen et qui est la suivante :
Grammes.
Alcool ah«o'u ti9 9.')
Sucre iiit^rvci-ii lô-'iO
GhcériiiP et acile succ'iii |ue '2.ii8
Aci le cab ii)U|;ie 0.27
— iiu'iiue , 7.74
— acéii'iun indices.
Maii'Te g.immeuse 1.4l
Potasse 1.55
Chaux, chlore, acides plio.^phoriques et sullu-
rique 0.20
Maiicie azotée 0.1 >
Lau 920 78
Total 1,020 00
Il sera très facile d'ajouter encore un peu de glycéiine que l'on
trouve dans le comnierca, mais on ne pourra guère se procurer de
l'acide malique, si ce n'est au m )yen de quelques fruits, tels que des
rmue>, que l'on trouve facileuient et dont il serait possible de faire des
■extraits aqueux, en restant dans les proportions indiqué ;> p;ir l'analyse,
c'est-à-dire de I pour 100 environ. L'ad lition d'un sipli^n d'eau de
seltz, par hectolitre, complélerait heureusement la boisson.
XII. — Scsfiion de (a Société des agrkullcurs de France.
Dans sa dernière réunion, le Conseil d'administration de la SDciété
des agriculteurs de France a décidé que la session annut'lle de la
Sociéîé, en 1881, se tiendrait du 21 février au 1" mars, 11 a, en outre,
fixé au '21 décembre la date de li réunion, à Paris, des délégués des
associations agricoles affiliées à la Société, en vue de fixer le pro-
gramme des questions qui seront soumises à la session générale.
XIII. — Congrès pomo!oglque de Fiance.
D.ins sa 22^ session tenue à Moulins, le l*"" octobre, le Congrès po-
molof^ique de France a décerné à notre excellent collaborateur,
M. Th. Buchetet, la médaille d'or d^îstiaée à la personne qui a rendu
les plus grands services à la pômologie. Une récompense semblable
a été volée en faveur de M. Marie, horticulteur à Moulins.
Le Congrès a décidé que, dans sa session de 1881, il s'occuperait
du classement des fruits pir catégorie de mérite et qu'il réunirait tous
les éléments relatifs aux variétés fruitières qui ont le mieux résisté à
l hiver 1879-1880.
XIV. — Concours d'animaux gras en Angleterre.
La saison des concours d'animaux gras a commencé, en Angleterre,
par le concours de Birmingham; l'origine de ce grand concours re-
monte à 1848, mais il était alors limité à une petite exposition de
porcs et de volailles; en décembre 1850, se tint le premier 'con
coursétabli sur les principes actuels, comprenant les es|)èces bovi-
nes et ovines, et Bnugley Hall, fut alors construit spécialement
pour ce concours annuel. C'est avec le grand concours de Londres,
qui, cette année, aura lieu du 6 au 10 décembre, le plus important
de la Grande-Bretagne,
Il faut encore citer le concours de Tredegar qui vient d'avoir lieu à
Newport, pour les bestiaux et les volailles"; puis le concours de HuU
et Èast Riding. Dans le courant des mois de décembre et janvier, il
sera tenu plus de trente concours de volailles et pigeons, et en outre,
un grand no'nbr? d'expositions canines. J.-A, B.4rral,
CHRONIQUE AGRICOLE DE L'ANGLETERRE. 369
CHRONIQUE AGRICOLE DE L'ANGLETERRE
Vente de lord P'nrhyn. — Nouveau contraste entre la valeur des vrais Durhams et celles de»
Durhams à sang mélangé. Ciicours Je la Société Je la laiterie à Isliagiun.
La vente d'une partie du troupeau de lord Penrhyn, qui vient d'avoir
lieu la semaine dernière, nous fournit encore un nouvel exemple
frappant de la différence énorme qui existe entre la valeur commer-
ciale des Durhams issus de familles distinctes et celle des animaux
issus de descendants purs, mais de familles diverses, et ne pi-ésr^nlant
dans leurs géuéalo'iiies aucune lignée suivie, aucune parenté continue,
aucune affinité d';illiances, en un mot aucune méthode raisonnes
dans leurs accouplements fortuits.
Celle vente a eu lieu le 28 octobre dernier, par les soins de M.John
Thornlon, à Wicken Paik, près de Buckini^liam.
Le troupeau de lord Ponrliyn, divisé en deux bandes dont l'une se
trouve au château de Penrliyn dans le p-'vs de Galles, et l'autre à
Wicken Patk, s'il ne peut se vanter d'une ancienne orij^ine, n'en n est
pas moins devenu un des plus remarquables de rAni>leterre, par le soin
et la munilicence qui ont présidé à sa formation. Lord Pe.irliyn, l'un
des pairs d'An<:;leterre les j)lu3 opulents, homme éclairé et dévoué au
pro<^iès de l'agriculture, n'a pas hésité à réunir dans ses étables les
plus précieux spécimens des familles de Thomas B.ites, au prix des
plus généreux sacrifices. C'est de 1850 que date l'oi-igine de ce grand
troupeau. Les premiers éléments en furent pris chez M. Faulkner et
chez iM. xManning, éleveurs bien connus dii comté de Norlhampton.
Le premier taureau employé fut Lovemore (IO,47Gj élevé par sir
Charles Kinghtley. Plus tard, le célèbre taureau Marmaduke (^ L4,89r)
fut iittroduit dans le troupeau, -et en ISGI la belle vache Bel/e of
Oxford, et le magnifique taureau Duke of Ceneva (i9,()L'i) furent
importés d'Amérique. — Ces deux animaux, l'un de la f.imille O.cfordei
le second pur Duchesse, directement issus des deux meilleures familles
de Bâtes, donnèrent un grand éclat au troupeau de lord Penrliyn. —
L'année suivante, le sang illustre des Cheny-Duchcss fut introduit et
ne fit qu'en rehausser la renommée; et depuis, lord Penrliyn s'est
distingué comme acheteur enthousiaste dans toutes les ventes
célèbres, oiîdes représentants purs des familles de Bâtes étaient expo-
sés. Le troupeau renforcé et ennobli par toutes ces acquisitions,
ayant grandement fiuclifié, plusieurs ventes périodiques ont eu lieu.
La première consistant en quelques taureaux seulement, eut lieu en
18(j"?. En 18G5, une vente bien plus considérable eut lieu à Wicken
Païk. Cette vente comprenait une quarantaine danimaux de ;Lirand
n.éritc, et depuis celte époque, les dilîérentes ventes qui ont eu lieu
n'ont pas compris ensemble moins de 3*27 têtes, dont la moyenne a
dépassé 2,500 francs. 11 faut dire aussi que les taureaux employés ont
toujours été choisis parmi les ireilleures familles de sang Baies, et
c'est ce qui explique la faveur exceptionnelle qu'obtiennent les ventes
péiiodiques de lord Penrliyn auprès des éleveurs de la noble lace
Durliara. Parmi ces taureaux loués ou achetés dans le but d'imprimer
leur cachet de haute nobless:^, et de continuer le caractère de grande
distinction et d'excellentes qualités laiiiôres laissé comme un précieux
héritage, par DiÀke of Geneva (19,614), il me suffira de nommer le
370 niROXIQUE AGRICOLE DE L'ANGLETERRE.
troisième Duc (lo Whnrr.lcile (21, r» 19), V^C.r'ind Duc onzième, de Tlognn
(J 1.840;, Oxford Hcan, <|ii colonel Kiii^scote f2'.),'i8')), dand Ifuke
vinulièmc (lîl/iSI), de M. Oliver, Ch mj Duke [l'.^JWl], G-and Unk"
of 0>(ili>n\l^,\H)>() et dernièiviiient Cra».! llulc of OjD/ord {W/^^Xj
issu de B'iroii Oj'/ord ([w iU-'\h>in% et de Grand IJiitli ss of O.cfoid ,'y\\j\m)L
précieux du troupeau d'il )lkt'r, do , etc., tous taureau v purs UUes, paur
donner une idée de la dislinctio.i et de la val.-ur du troupeau, dont
une partie t^eulemetit a été olÏMte aux. rnclières la se. naine lierni.re.
Parmi ces animaux, il y avait 14 vaclieset i^énisses de sangn élancé
ou très à^ies, dont la iiii»yeiine n'a atteint que SOO IV , prix des
\aclies or iinaires, bitui (pie posse lait un meril; indivi lu ;l remar-
quable tel qu'on peut le supposer sous rinlluence djs taureaux que je
viens de nommer. Mais en revanche les dix autres comprenaient : une
génisse Orford, vendue 0,(M)t» IV ; 2 Walcrlo't, vendus 8,1) U) fr.;
2 Will li]j'x. vendues 7,000 fr.; une Sr'aphiii', vendue l,2i)0 fr.
seidement; 2 Chirr;/ Du h('s<y vemlues 7,500 fr.; 2 Dachess .V/n y,
vendues 4,000 IV.; ces dix vaches et gé.iiss-is oal atteint une moyenne
de 3,070 IV.
Parmi Ihs 13 taureaux, il y avait 3 Oxford dont un très âj[é et «Tune
capacité dont use, (pii se sont vendus en moyenne I 1 ,2')!» fr. l/ua
deux a atteint 8,0iiOfr.;un taureau IJndie.^se, l.').000 fr.; 2 WUl Etj s,
en moyenne 3,500 IV.; un Ch>rrij Diirivss et un ]Va>crloo^ vendus
en moyenne 1,800 fr. Ceux de san;.;- mêlé ont atteint une moyenne de
1,200 fr., tandis que la cuoyeune des autres s'est élevée à 4,700 IV. El
nwic cnidimni!
Quelle chance notre adminisîralion de l'agricidtiire anrait eue
d'envoyer un aciieteur à c.Ule veole, où la vacherie de Corbon aurait
pu s'enrichir de vrais Dirhams à des prix bien i i érieurs à ceux que
les envoyas spéciaux ont p.iycs j)onrd*es sujets sans valeur aucune! C'é-
tait une excellente occasion (pii ne se renouvellera plus d'ici loiglemps.
En elTel, la saison avanttée, le mauvais temps, les nombreuses ventes
pré^é lentes (|ui ont épuisé la bourse d-s acliHeurs, rempli les vides
et saii.d'iii les besoins; toutes c îs cireon tantes alliiji's à la détresse
agricole, qui malgré une récolte assez fivorabie, se ftit emrore lourde-
ment sentir, miliîaient cmjtre te ven leur et par eonséijuent en faveur
des acheteurs. Mais il faut cr »ire que nos gouvernants sont étrangers
à tontes ces considérations et déd lignent de choisir leurs oj)portunités.
Plusieurs éleveurs «le Dui'hams bMUçais m'ont é.vrit ()oar me
reprocher de cheivher à discréditer leurs troupeaux. Les faiîs tels que -
ceux (pie j'ai exposés, et dont il est im|)ossible de coniester les co.isé-
quences, pirlent bien plus haut que mes f.iibles |tarol ;s ei proclament
par mo i humble ])tum î celte eclalanle et incontestable vciité : //
ji'ij a point de vert laides Dw/mins en l'runce.
Dms tons les cas, il e.-l b.)n ipie les éleveurs français sachent l)ien
qu'ils j cuvent puiser dans un troupeau c unme cc'iii de lord Penrhyn,
où depiis vingt ans on n'emploie cpie tl^.A lanreiiix Duhcss et Oxford
dont la simple location coule suivent 25,0.10 fr. par an, des vaches
et génisses au moins aussi bi lies que leurs jdiis belles et moue que
celles de Co bon, et tout aussi bien nées, à une moyenne de tout
au plus liait cents francs! V^oilà u i lait incontestable, quelles que soient
les consc (uences qu'on en ])eut tirer.
Maintenant passons à un autre sujet.
1
CHRONIQUE AGriinOLE RN ANGLETERRE. 37I
LaSociôlé de l'industrie lailière du rAn<;!elerre, dont je n'ai jamais
mantjiié de raconler les faits et i^esles dans les pai^^es de qq Journal
vient de tenir son concours annuel dans le grand local d'Islin-lon à
Londres.
Celte S »ciété née d'hier, pour ainsi dire, a déjà atteint l'iraporlance
et riidl ie.ii;e d'asso.'ialio:is j»lus anciennes. Le nombre de ses rnt^mbres
qui s'est ^r «nilenirnt accru, l'i Mj)oriance des j)rix (jii'elle distribue
l alttu wice i\^^.i visiteurs »[ni viennent admirer les richesses de lin-
dusLi'ie laiiiè.v, prése.itées par un i uni -nse concours d'exposants, tour
en un mot, l'établit comma une d\di principales institutions agricoles
du pays.
1) I us le biitd 'être utileà la société laitière rrane;iise que des hommes très
dévoués, très intelligents, m lis, sidon moi, animés d'un cerîain parti-
pris systrmali<pie <'t exclusit'(pii nuit déjà et nuira encore dava!)ta"^e
qu'ils le sachent bien, à l'œivre qu'ils ont fondée, je V{»is donner
qneîquivs détails sur l.'S arraugi^nniis intérieurs et sur r(»ri'anisati*)n
des concours de la société anglaise. On pourra trouver là nuehiues
bonu's le(;jnsà suivre et (|uel(|ues bons e emples à irniler.
Le l'ait (pu domine dans les concours de laSociéte laitière de Londres
c'est so » catactère large et fécond de généralité. Ici, r)oint de caie>'()-
ries exclusives à certains districts, admellaiit les uns, excluant les
autres, circonscrivant certains di.-.liicts |)rivi;égies et imj>iiovable-
ment fermant la porte aux pro'anes, ce qui donne à celte société
les allures dune ])Oli;e église, pour entrer dans Lupielle il
faut montrer ])atte blamdie, fondée expressément pour favoriser
cerlair^s prrjugés économiques qui n'ont absolument jien à faire
au jirogrès général de l'industrie laitière en général et qui tendent
plutôt à fnre prévaloir certaines races et certains systèmes. (Je eu ac-
tère large et ouvert qui disiingue la société anglaise ne s'aiiéle [»is
même à sa nationalité, elle ouvre son enceinte à tout le monde entier.
Elle forme même des catégories spéciales pour les races laitières
de l'étranger, et on a vu au dernier coucou r-s les races de la Hol-
lande et du Uolstein ligiii-er avec himneur dans des classes spéciales
par des exj)édiiions c!:oisies et organisées sous le patronaije et avec
l'aide du gouvernement des Pays lias. C •gouvernement intelli^-enl dans
l'intérêt aiiricole du p lys «bxit les iniérêts lui sont confies avec une
pe.i'si)ic.icité et un zèle (pii lui ftuit honneur, a vu dans celle solenuilé
agricdiî une occasion fivorable p(.ur faii-e appréciiM* les qualités émi-
nemment laitières de ses rac3s et en fajilitei' ainsi l'adoption dans un
pays iiUjHjrtaîeur qui ne peut sullire à la demande de lait et de .ses
produits immédiats : le fromage et le beurre, nécessaires à l'aliment i-
li(»n de son peuple aus.^i grand par le mmibre qu'il l'est par son acti-
vité industrielle et sa richesse commerciale.
On d )it se rappeler que l'année dernière, ce fut une vache hollan-
daise q ri remporta le 1" pri< (le rende nent de lait en quantité, sinoa
en qudité en concurrence avec une vache Uurham, dontJe rendement
fut un tr.s petit p.^u au d(îssous de celui de sa rivale exotitiue mais
qui raclsetait cette légère iid'ériorilé de quantité par une richesse de
beaucoup supérieure. Cette dilTerenee donna lieu à quelques remon-
trances, on doit se le rappeler, et celte année on a ajoulé un ncujvtd
élément d'a])|)réciation pour l'a Ijudic ition du prix, qui, à parlirdu
dernier coûcours, ne sera accordé qu'à la vacke qui aura tiouroi ie
37 2 CHRONIQUE AGRICOLE DE I/ANGLETERRE.
plus grand rendement en qualité aussi bien qu'en quantité. Cette
îois-ci, malgré la concurrence de l'élite des races hollandaises et du
Holslein, malgré celle des races des îles de la Manche, du comté
d'Ayr, des races de Kerry, du Sulîolk, du Norfolk et de Sussex, en un
mot de toutes les races laitières les plus fameuses et les plus renom-
mées, à l'exception toutefois de nos races françaises, qui brillaient
par leur absence complète, c'est à la race Durham qu'est échue la
gloire (lu triomphe absolu sous les points de vue de la quantité et de
la qualité.
O vous, qui ne voulez pas observer les fails et qui dans
les concours des Comices où vous exercez votre influence funeste et
injuste pour écarter la race Durham, sous prétexte qu'elle n'est point
laitière, qu'elle est délicate, difficile à nourrir, onéreuse à entretenir,
que j'aurais voulu vous voir à ce concours laitier d'Islington! Là,
vous auriez pu contempler une collection de vaches laitières dont vous
n'avez jamais eu l'occasion de voir ni l'ampleur ni la perfection. Si
vous aviez vu ces rangées de vaches gigantesques, se cachant pour
ainsi dire derrière leurs vastes mamelles aux puissants trayons, gon-
flées par un lait généreux dont le parfum moelleux remplissait l'atmo-
sphère de ses effluves plantureuses, vous vous seriez alors peut-être fait
une idée de ce que c'est qu'une vache laitière, ce dont, j'en suis certain,
vous n'avez pas la moindre idée, malgré vos airs tranchants et con-
naisseurs, quand vous trônez avec votre majesté locale, j'allais dire
féodale, dans les infimes expositions de vos Comices. Que de fois je
vous ai vus affectant ces attitudes et combien, de fois vous
m'avez fait lever les épaules de pitié! Ces magnats locaux, fiers de
leurs heclares, se figurant encore d'avoir des vassaux, prétentieux
autant qu'ils sont bornés, existent encore en assez grand nombre dans
notre pays. J'ai juré de leur faire la guerre, non à canse de leurs
hectares, ni pour leurs convictions politiques et sociales avec les-
quelles je sympathise plutôt, mais à cause des obstacles que, dans
leur ignorance obstinée, ils apportent au congrès agricole de notre
pays, et certes, je tiendrai mon serment.
Le caractère des expositions agricoles, à tous les points de vue pos-
sibles, ne doit point être exclusif. Leur but, en effet, n'est pas seule-
ment d'intéresser et d'instruire les agriculteurs, il doit aussi viser* à
récréer les visiteurs appartenant à toutes les classes de la société, Il
tant savoir attirer tous les goûts, toutes les idiosyncrasies, toutes les
pentes et tous les intérêts. Aussi, généralement, les expositions orga-
nisées par les Sociélés anglaises réunissent-elles autant que possible
une variété d'objets et de représentations d'industries diverses plus
au moins connexes et se rattachant peu ou prou à l'art de l'agriculture.
Chacun y trouve ce qui l'intéresse. Les cultivateurs y trouvent la partie
technique, ces termes de comparaison entre les races et les animaux
qui forment le jugement, les ustensiles de leur industrie principale,
et, par dessus tout, la rencontre d'amis et de connaissances, qui don-
nent lieu à rechange de vues et d'opinions, ef qui souvent amènent
l'entenle dans les idées et la combinaison dans les ettbrts. Le public
ordinaire, lui, y voit l'étalage des produits dont il fait un usage jour-
nalier et dont il apprend ainsi à connaître le mérite, en se rendant
compte des moyens qui servent à la manipulation et à la manufac-
ture finale de la préparation pour le marché. Puis, en dehors de ces
CHRONIQUE AGRICOLE DE L'ANGLETERRE. 373
objets purement agricoles, on trouve dans des expositions distinctes,
des volailles de toute espèce et de toutes races; des monta-
gnes de fromages provenant de tous pays, de toutes formes et de
tous systèmes variant à l'infini, du lait, de la crème, des quantités
de beurre en barils, en pots, en mottes pkis ou moins artistement
dressées. Plus loin, d'ingénieux industriels exhibent une multitude
de petits outils, de machines à hacher la viande, à extraire le jus, à
écraser les citrons, à faire des saucisses, des machines à laver le
linge, à tordre, à repasser, des presses à beurre, des manipulateurs
rotatifs, des moules, des multitudes de barattes; en un mot, un
heureux assemblage de bibelots plus ou moins utiles étalé devant les
gens de ménage dont l'esprit aventureux aime à collectionner toutes
ces inventions pour étonner les simples du village où l'on rapporte avec
fierté ces petits souvenirs de l'exposition.
Malgré la frivolité de ce que l'on peut appeler les parasites
d'une exposition agricole, j'avoue que ce mélange hétérogène me
plaît ; c'est un peu l'attrait et le caractère bruyant de nos vieilles
foires qui maintenant hélas ! comme tant d'autres institutions qui ré-
jouissaient nos ancêtres, sont tombées en désuétude. En France, on y
mêle des fleurs, des fruits et des légumes, et c'est un trait des plus
intéressants qui manque aux expositions agricoles en Angleterre.
Mais, d'un autre côté, les administrateurs des villes, chez nous, s in-
génient à créer des diversions à nos Comices agricoles, de sorte que
la foule des visiteurs sollicitée par des concours de tirs, de fanfares,
des concerts, des jeux de toute espèce, se porte de préférence vers ces
spectacles plus attrayants que les choses rurales, et délaisse absolu-
ment l'exposition agricole dont les travées restent désertes et silen-
cieuses. Mais ce chapitre de griefs contre l'organisation de nos
concours agricoles en France est trop long pour que je m'y arrête au-
jourd'hui, cela m'entraînerait trop loin. — Revenons donc au con-
cours de la Société laitière anglaise et étudions-en l'économie et l'or-
ganisation.
L'exposition était divisée en trois grandes divisions : 1° les ani-
maux; 2" les produits; 3° les ustensiles. La division des animaux
consistait en quatre catégories avec deux annexes comprenant, l'une,
les volailles ; l'autre, les abeilles.
La première était celle des vaches laitières divisée en dix classes :
1° vaches de race pure Durham, éligibles à l'inscription au Herd
Book, en lait ou pleines. Dans cette catégorie, M. W.-R. Wodehouse,
chez qui j'ai puisé les vaches les plus remarquablement laitières de
mon troupeau, remporte le l*"", le 3" et une mention très honorable
avec prix réservé et le prix d'honneur. On voit que j'étais allé frappera
une bonne porte. On voit ensuite : 2°, vaches de race Durham, non éligi-
bles, à l'inscription au Herd Book, exposées en paires; 3°, vaches de race
Durham, non éligibles, exposées seules; 4°, vaches de race d'Ayr;
5", vaches de la race de Jersey; 6°, vaches de la race de Guernesey ;
7", vaches delà race de Kerry; 8% vaches de la race hollandaise ou
Holstein; 9", vaches d'autres races pures non admissibles dans les
classes précédentes; 10**, vaches de races croisées.
Le seconde catégorie était celle des génisses, divisée en huit classes,
répétant à peu près les précédentes.
La troisième était celle des taureaux divisés en six classes, dont trois
374 CHROiNIQUE AGHICOLE DE L'ANGLETERRE.
consacrées à la race Durhaai pure et inscrite, et distinguées seulemejç^
par l'âge; la 4^ comprenait les taureaux de tout âge de la race d'Ayr^
la 5% ceux de la race de Jersey et la 6^ ceux de toutes les autres
races.
La quatrième catégorie comprenait les races caprines et était divisiez
en trois classes.
J'ai déjà dit que les deux annexes appartenaient aux abeilles et aux
animaux de basse-cour.
La division des produits comprenait les diverses variétés de fro-
mages anglais tels que le Stillon^ le Cheahire, le Cheddar, les fro-
mages de Derby et de Leicesler, les fromages en pains, les fromages
à la crème et à pâte molle anglais; et finalement, les fromages divers
d'origine anglaise.
Viennent ensuite les fromages d'origine exotique pouvant être expo-
sés par les marchands ou facteurs de fromages importés et par les
fabricants eux-mêmes.
Puis viennent la crème et le beurre, celui-ci en motte, en pots ou
en barils.
Outre une exposition générale, des plus complètes, des ustensiles de
laiterie, il y avait encore des concours spéciaux pour la fabrication et
la préparation du beurre et pour les véhicules à transporter le lait.
En un mot, celte exposition était complète, au point de vue des
exposants comme à celui des visiteurs ; aussi le succès a été aussi
brillant que la Société laitière le mérite. Je souhaite que cet exemple,
soit un enseignement pour nous. F.-R. de la Tréhonnais.
LES VENDANGES DE 1880 EN PAYS PHYLLOXÉRÉS =
J'écrivais d'Italie, il y a trois ans, et je l'ai depuis répété à satiété,,'^
ma conviction s'est fortifiée encore : «La solution de la question du phyK
loxera est dans ces deux termes pour le Midi : Vigne américaine et
canal du Rhône. » Eh bien ! ce qui se passe aujourd'hui autour de nous
en pays phylloxéré me donne heureusement raison et je puis annoncer,,
preuves en main, la fin de la crise terrible qui a accumulé tant de
ruines.
J'ai dit que la question n'est pas seulement française. Elle est eu-
ropéenne. Partout où il y a une vigne, il y a le phylloxéra.
Sa marche est lente ou rapide suivant le degré d'humidité du sol;
rapide dans le Midi, elle se ralentit en marchant vers le Nord; mais
pour être plus lente, elle n'en est pas moins sure, et le vignoble eii--,,,
ropéen est fatalement condamné à périr.
Le phylloxéra a fait son apparition dans les vignobles allemands,
l'Autriche Hongrie se préoccupe de ses ravages, il a traversé les Alpes
et les Pyrénées; l'Italie, l'Espagne et le Portugal réunissent des coh^
grès de viticulteurs.
Mais la Providence a placé le remède à côté du mal : rAllemagne
a le Rhin; l'Autriche-Hongrie, le Danube. L'Italie est le pays le plus
admirablement arrosé du monde et le canal Villoresi une fois exécuté
permettra de créer sur 50,000 hectares au nord de Milan un magni-
fique vignoble américain. Le Portugal a le Tage, et l'Espagne, la terre
classique de l'irrigation, a au nord l'Ebre, au sud le Guadalquivir, les
eaux dérivées de îa Siarra Morena et de la Sierra Nevada, canalisées
LES VENDANGES EN PAYS PIIYLLOXÉRÉ. 375
fjài" les Maures entretenues par leurs successeurs préserveront du tïéau
les vignes de la Huerta de Valence et de la Yega de Grenade, qu'elles
arrosent depuis des siècles.
La France enfin, qui jusqu'à ce jour a dédaigné les richesses dont lu
nature s'est montrée si prodigue, la France peut sauver tous ces crus
réputés qui ont fait sa fortune et sa gloire, car tous ses vignobles peuvent
être arrosés par des fleuves. Au sud-ouest, la Garonne, plus haut,
la Gironde, le Lot, au centre et à l'ouest, la Loire, l'Indre, le Cher, au
nord, la Marne et la Seine et enfin, au sud-est, le Rhône, le fleuve essen-
tiellement agricole, le plus grand cours d'eau créée pour l'agriculture,
le Rhône canalisé en partie, peut sauver et enrichir les sept départe-
ments qu'il traverse. A l'œuvre donc! et, que sans perdre une heure
toutes les forces vives de la Nation se réunissent pour s'opposer à l'in-
vasion; nous possédons les moyens certains de vaincre, sachons nous
en servir.
Que l'Etat aujourd'hui éclairé par des faits incontestables, entre dans
une voie nouvelle : plantations de pépinières américaines, aménage-
ment des eaux, création de canaux d'irrigation; que les grandes Com-
pagnies de cheniin de fer, dont l'existence est si intimement liée à la
prospérité agricole, se préoccupent de la reconstitution de la vigne
française; que la Compagnie de Lyon à la Méditerranée, par exemple,
dont personne n'a méconnu les sentiments patriotiques, reconnaisse,
après expérience faite, que le même remède ne saurait être appliqué
dans toutes les maladies, vu qu'il faut tenir compte des tempéraments
et que si le sulfure de carbone a produit de bons eff'ets dans cer-
taines conditions, pour conserver pendant quelques années encore les
précieuses récoltes des grands crus, dont le vin se vend à des prix
très élevés, il ne saurait convenir dans le Midi où l'extrême séche-
resse du sol oppose un obstacle invincible à sa diffusion ; que,
d'ailleurs nos vignerons ne pouvant supporter, pour des pro-
duits à bas prix, des frais s'élevant au minimum à 300 fr. par hec-
tare, renouvelés tous les ans, renonceraient à une dépense onéreuse,
et que le seul moyen pratique de reconstitution de nos vignobles mé-
ridionaux consiste dans la plantation des vignes américaines ; que cette
Compagnie, dis-je, use de sa puissante influence pour hâter la con-
struction du canal d'irrigation du Rhône et crée, dans le pays atta-
qué, de vastes pépinières où le plant sera donné ou vendu à vil prix.
Que les grands propriétaires qui ont de l'eau à leur disposition mul-
tiplient les cépages américains pour les distribuer à leurs voisins, les
agriculteurs pauvres et les paysans, et que les capitaux entrent hardi-
ment dans la reconstitution de nos vignobles, ils y trouveront un em-
ploi rémunérateur.
Que les congrès se réunissent, car les congrès sont une chose
utile, mais leur travail se trouvera singulièrement simplifié. Il n'y a
aujourd'hui que deux questions à traiter : celle de l'adaptation du
cépage au terrain et celle non moins importante de l'adaptation des
greffes au porte-greffe ; la seconde, celle de l'aménagement des eaux
et de la construction immédiate de canaux d'irrigation qui apporte-
raient sur les coteaux les plus élevés, l'eau nécessaire à la rapide végé-
tation et à l'abondante production des vignobles nouveaux.
La solution de la première question concernant la double adaptation
a déjà fait un grand pas, elle peut être résolue dans une année pour
376 LES VENDANGES EN PAYS PHYLLOXERE.
chaque propriétaire. Il est facile et peu coûteux de faire un essai biea
simple et (jui permettra à chacun de se rendre compte du cépage qui
convient le mieux à son terrain.
Pour le Midi, suivant que l'on veut un plant de production directe'
ou un cépage porte-greffe;, on peut essayer pour les premiers : le
Jacquez, ieCuninghain et rilerbemont; pour les seconds : le Taylor,
le Clinton et les Riparias; à la lin de la première année le cultivateur
sera éclairé et pourra procéder hardiment et sciemment.
D'ailleurs, les savants travaux du président de la Société d'agricul-
ture de l'Hérault, M. Vialla, et le remarquable rapport de M. Di^jardin,
secrétaire de la Société d'agriculture du Gard, ont fait faire un grand
pas à la question d'adaptation.
L'aire occupée par les vignes américaines comprend une vaste zone
qui s'étend du Texas, pays des Jacquez, jusqu'au Canada, à qui nous
devons des hybrides multiples et avantageux, qui donnent depuis
huit ans les preuves d'une résistance merveilleuse et d'une vigueur
extraordinaire. Nous trouverons, dansTimmense collection des vignes
américaines, dont plus de 200 variétés sont à l'étude, des cépages pour
tous les climats et pour tous les terrains. Et lorsque, après avoir
accompli son œuvre dévastatrice, après avoir complètement détruit le
vignoble européen, le terrible aphidien voudra revenir sur ses pas, il
se trouvera en face des racines américaines qui, après avoir apporté
le fié lu, auront ap()orté le salut et lui opposeront une barrière que sa
rage désormais impuissante ne pourra Irancbir. Et les viticulteurs de
Vaucluse, du Var, du Gard, de l'Hérault qui, les premiers envahis
auront, parleur énergique persévérance, préparé ce grand jour de la
revanche, auront bien mérité du pays. Et ces pauvres marchands de
sarments, pour lesquels on a montré tant d'ingratitude, seront consi-
dérés à bon droit comme les sauveurs de nos vignobles, reconstitués
grâce à leur initiative, à leurs sacrifices et à leur persévérance, tant
il est vrai que si l'heure de la justice est lente, elle finit toujours par
sonner.
Oui, cette année 1880, on vendange dans les environs de Montpel-
lier, on vendange aussi dans la Drôme, dans Vaucluse, dans le Gard,
dans le Var; partout oii la vigne américaine a été plantée, elle com-
mence à donner des produits sérieux déjà, et qui font présager la fin
de nos misères. Les faits sont nombreux, concluants, incontestables.
Je pourrais en remplir les colonnes de plusieurs numéros de votre
Journal. Je me bornerai'à citer ce qui se passe autour de nous, ce que
tout le monde peut vérifier, pas un fait ne peut être démenti.
Mon voisin, M. Bouscaren, d'i Terrai, un agriculteur intelligent et
pratiipie, a planté L") hectares, et le proiluitde sa vendange deJacquez
de qualrri ans a été d^ plus de 8 i hectolitres à Ihectare. Dans trois
ans, son vignoble sera reîonslilué, et sa récolte sera au moins égaie à
celle qu'il avait avant l'invasion.
M. Dalbis, un autre de mes voisins, vient de terminer ses vendanges;
des Jacquez à la troisième feuille ont produit près de 50 hectolitres
à l'hectare. Or, comme le prix actuel du vin de Jacquez varie de
50 à 80 fr. l'hectolitre, c'est, en prenant le chiffre minimum, un re-
venu par hectare de 2,500 fr. Il convient d'ajouter à ce chiffre, qui
est celui d'un revenu qui doit aller croissant, le chiffre suivant qui
peut être considéré comme un capital décroissant avec la valeur du
LES VENDANGES EN PAYS PHYLLOXÉRÉ. 377
bois. Chaque souche américaine, suivant sa variété, représente en
sarments une valeur qui peut varier de 50 centimes à 2 fr. Au prix
actuel du Jacquez (150 fr. le mille), la souche peut donner 2 fr. de
bois. A 4,000 souches par hectare, c'est un produit de 8,000 fr ,
c'est-à-dire deux fois la valeur de la terre. N'est-ce pas le cas de dire
qu'il y a des fléaux bienfaisants?
Plus loin, près de Lavérune, M. Arnal, au Mas des Chots, a récolté,
sur 500 souches d'Aramonts gretï'és depuis trois ans sur Clintons de
trois ans, 35 hectolitres de vin, ce qui représente un produitde 280 hec-
tolitres à l'hectare, en terrain exceptionnellement fertile et très frais.
M. Jouveau, l'intelligent pépiniériste, a fait palisser autour de sa
maison des plants de Jacquez de trois ans, dont chacun porte 25 kilog.
de raisin,
M. Douisset, le hardi introducteur du Jacquez, m'avait écrit pour
m'engagera aller visiter ses vignobles de Montbazin; il comptait
obtenir sur des Jacquez de quatre ans, plantés dans un terrain
médiocre, un rendement en vin de 180 hectolitres à l'hectare,
et ce n'est pas sur une souche isolée que se fait ce produit^ c'est
sur 30,000 souches. J'ai le très grand regret que l'état de ma
santé ne m'ait pas permis de répondre à la gracieuse invitation démon
collègue de la Société d'agriculture, mais j'ai eu depuis des renseigne-
ments très sérieux qui ont confirmé la vérité de ce que m'annonçait sa
lettre. J en suis très heureux, car M. Douisset a fait de très grands sacri-
fices et a rendu de grands services au pays; il est temps que l'ère des
compensations arrive pour cet agriculteur intelligent et dévoué.
M. Gaston Bazille n'est pas seulement un viticulteur, c'est un agri-
culteur dans l'acception la plus étendue du mot ; son nom est bien
connu dans tous les concours régionaux oia il a méi'ité les plus hautes
récompenses auxquelles on puisse prétendre et, n'ayant plus rien à
obtenir pour lui, il a accepté 1 1 mission, qu'il remplit avec une compé-
tence que personne ne pourrait contester, de les distribuer à ses an-
ciens concurrents. M. Bazille possède à Lattes une propriété qui est le
type de ce que pourront être un jour toutes les propriétés de notre
pays. L'exception deviendra la règle le jour oij le canal du Rhône sera
fait et M. Bazille y aura contribué pour une bonne part. La propriété de
Saint-Sauveur est consacrée, grâce aux irrigations du L'^z, à la culture
delà prairie et celle de la vigne. Les "vignes submergées l'hiver à grands
frais sont dans un merveilleux état de végétation; 17 hectares ont
produit cette année 1,750 hectolitres de vin, M. Bazille n'a pas hésité à
payer le prix de 1 50 fr. par hectare pour une submersion qui n'est pas
toujours faite d'une manière très satisfaisante; l'eau du canal lui coûtera
bien moins cher et lui permettra de faire de la submersion continue.
Les vignes américaines de Saint-Sauveur sont les plus anciennes qu'on
ait plantées dans la plaine de Lattes, et M. Bazille, qui le premier avait
préconisé, avec une entière bonne foi, les résultats obtenus par le sul-
î'urde carbone, éclairé parles expériences faites sur sa demande, s'em-
pressa de planter les vignes américaines. Ses premiers essais datent de
1872; on peut donc voir chez lui des vignes âgées de 8 ans, dont la
résistance n'a pas été un seul instant douteuse, ces plantations ont
pris une plus grande importance en 1876, et bientôt M. Bazdle pourra
vendanger 18 hectares de vignes américaines. L. de Lunaret.
[La suite prochainement.)
378 LABORATOIRE AGRONOMIQUE DE LA LOIRE -INFÉRIEURE.
LABORATOIRE AGRONOMIQUE ' ' """
DE LA LÙIRE-INFÉRIEURE
Correspondance relative à la vente du guano péruvien
Nantes, 22 novembre 1880.
Monsieur Bobierre, à Nantes,
Monsieur, une difficulté nous est faite par un acheteur auquel nous avons
expédié 5 tonnes de guano du Pérou. Celui-ci prétend que nous n'avons pas livré
la marchandise vendue, et qu'à titre de simple renseignement, nous avions dit
devoir contenir 3.5 à 4 pour 100 d'azote, 22.59 d'acide phosphorique, 2 de potasse.
Nous joignons à ce pli la copie d'une analyse opérée sur un échantillon qui a
été envoyé par notre adversaire au directeur du [Laboratoire agronomique de
Metlray. Il semble que l'on se soit uniquement occupé de la solubilité dans l'eau
des éléments dont il est cas. Cette manière de procéder excite foit notre surprise et
aous paraît absolument contiaire à la réalité. Est-ce que, dans le commerce, on
â soulevé la prétention que l'azote et l'acide phosphorique du guano dussent être
soiubles dans l'eau ?
Voudriez-vous avoir la complaisance de nous exposer vos vues sur cette ques-
tion fort importante. \vi Jijioi
Veuillez agréer, etc. A. Jamont et Huari:|,,(^^,,L
Voici la pièce jointe à cette lettre :
LABORATOIRE AGRONOMIQUE ' ''^-Jfj
DE LA SOCIÉTÉ DES AGRICULTEURS DE FRANCE, A METTRA^J'^'^'^ '''
A 'IfJOq
Echantillon de guano du Pérou, envoyé par M. Vital Pajot le 15 septembre, l%^}\)
Acide phosptiorique soluble dans l'eau Traces . ,, j.iiQob flQ
Azole — soluble dans l'eau 1 57 7<> r* f i
Potasse — soluble dans l'eau :i.02 iiifr/l)j;Oll>l 91
MeUray, le 21 septembre 1880, ' ■rnmfiTj:^
Le Directeur du Laboratoire agronomique, Ad. PERRev^J'it'l
RÉPGNSE. , .;,
Messieurs, le guano péruvien dont la vente adonné lieu au malen-
tendu dont vous m'entretenez, contenait, d'après analyse faite sur un
échantillon prélevé par moi-même dans les magasins de la Lhambre
de commerce de Nantes (Chargement Mohur] :
Sliii JJp
Humidité 16.70 ,..,,„ j,^u
Matières organiques/ ... 14 50 ■•'*J« «a*^
Sels ammoniacaux. ) ' : '£ «0(313
Sable .. 11.20 ■ A
Acide phosphorique 23.30 lI 0I71/16q
(Conespundant en phosphate tribasique de chaux ., -»hio£*b
à 50.86 pour 100). "
Chaux unie à l'acide phosphorique, sels divers alcalins '■>')'! Stl&Si
calcaires et magnésiens 34.30 >^8,U3\l
100.00 uùhnfi'^
Azote organique et ammoniacal 3. 30 pour 100. "J^»~"JVvf
; '([ â3b
Un échantillon, prélevé avec moins de précautions et parvou%|i%^
vait fourni : i-U) D«ob
Humidité 15.70 - <• „.,•
Sable 11.20 • - ^ WÇIMV
Acide phosphorique 23 60 qq &[t3
Azote 3.20 r
(I, -t!!.-. >f<r.i!
Ces déterminations qui, je m'en suis assuré, étaient en accord avec
celles elTectuées depuis longtemps déjà sur le chargement Mohur
établissaient donc nettement la composition moyenne et l'homo-
généité de l'engrais mis en vente.
Examiné à un point de vue tout spécial et sur la demande for-
LABORATOIRE AGRONOMIQUE DE LA LOIRE-INFÉRIEURE. 379
melle d'un acheteur, au laboratoire agronomique de Mettray, le
même guano a offert à l'analyse :
Acide phosfifionqne soluble dans l'eau Traces.
Azote — — 1.57
Potasse — — 3.02
En transmettant ces résultats, le directeur du laboratoire de
Mettray n'a pas eu pour but de donner une indication s'appliquant
soit à la valeur commerciale du guano soumis à son examen, soit à
son action dans le sol ; il a purenient et simplement répondu avec
clarté à la question qu'un acheteur lui soumettait.
L'application peu fondée des chiffres ci-dessus au cas qui vous
concerne, motive la préoccupation bien légitime dont vous me faites
part, et je n'hésite pas à vous donner sur ce point un avis auquel toute
personne compétente se rangera, je n'en doute pas.
La vente du guano naturel provenant des gisements péruviens s'est
toujours faite sur renonciation de sa richesse en acide phospkorique
total Pt en azote total. Ce renseignement a été souvent complété par le
dosage de la potasse à Vétat de sel soluble.
Les agriculteurs dans leurs achats, les marchands dans leurs tran-
sactions, la Banque de France dans ses négociations relatives au
Warrantaoe, enfin, les agronomes dans leurs écrits, ont toujours pris
pour base de leurs évaluations le tant pour cent des principes chimi-
ques que je viens de citer; aussi les tarifs de vente ont-ils été dressés
en donnant : à l'acide phosphorique, un prix de 0 fr. 50 à 0 fr. 60
le kilogramme : à l'azote, un prix de 2 fr. 40 à 2 fr. 50 le kilo-
gramme; les matières utiles complémentaii^es étant comptées, d'autre
part, comme représentant en moyenne une valeur de 1 fr. 50 à 2 fr.
Pourquoi ce mode d'évaluation ? parce qu'une longue expérience
a démontré que, soluble ou non soluble dans l'eau, le phosphate
basique renfermé dans le guano a une action satisfaisante sur la
Mégétation ; il est assimilable en un mot, et la simple observation des
faits parle cultivateur a depuis longtemps fixé l'opinion sur cette vérité.
Les chimistes n'arrivent à constater sur les phosphates fossiles
qu'une insignifiante solubilité dans leurs réactifs. Le noir d'os usé
des sucreries, le noir résidu des rafïïneries offreùt bien peu de prin-
cipes attaquables par l'eau et par le citrate d'ammoniaque. Le guano
péruvien enfin n'a donné au laboratoire de Mettray que des traces
d'acide phosphorique soluble dans l'eau; en résulte-t-il que ce puis-
sant réactif qui s'appelle le sol arable, et au sein duquel de mysté-
rieuses actions chimiques et physiques s'accomplissent dans des
conditions si variables, n'attaque pas parfaitement, au grand avantage
des plantes, ces différents engrais?... C'est là une question résolue
par l'agriculture depuis longtemps. La solubilité dans la terre peut
donc exister en présence de l'insolubilité relative dans les réactifs employés
jusquà ce jour par le chimiste.
Cela ne ve ut pas dire que, pour des cultures particulières et
dans certaines circonstances, il ne soit pas logique et profitable
d'acidifier un phosphate basique ou un guano naturel en vue d'une
assimilation plus rapide, d'une homogénéité désormais assurée
ou de tout autre avantage à rechercher. La vente du guano dissous,
celle des superphosphates comportent nécessairement une indication
de l'acide phosphorique soluble soit dans l'eau, soit dans le citrate
380 LABORATOIRE AGRONOMIQUE DE LA LOIRE-INFÉRIEURE.
d'ammoniaque, et c'est seulement à l'aide de telles ressources que le
commerce peut justifier la surélévation des prix de l'acide phospho-
rique, qui de 50 à 60 centimes — taux auquel il est coté dans le
guano péruvien naturel — s'élèvera de 90 centimes à 1 fr. 10 dans
les superphosphates oii sa solubilité est devenue maxima.
Ces raisons me semblent très sérieuses et je ne comprendrais nulle-
ment qu'une vente de guano péruvien — dont tous les principes solubles
ou insolubles sont cependant assimilables — fût l'objet de contesta-
tionSj parce que l'eau employée pendant quelques minutes ou pen-
dant quelques heures aura été sans action appréciable sur eux.
Ici surtout apparaît cet inconvénient grave que j'ai si souvent signalé
dans mes publications et qui consiste à appeler assimilable ce qu'on
devrait se borner à appeler : soluhle^ en indiquant le véhicule employé.
Le chimiste remarque que, dans ses appareils, un réactif enlève un
certain poids d'acide phosphorique dans un temps déterminé. Cela
est au mieux et la science en pareil cas a fourni un renseignement ;
mais l'agriculteur, de son côté, consulte l'opinion du végétal et enre-
gistre f/es rendements. L'agronomie, appelée à conclure, a pour véritable
mission de rapprocher ces données obtenues dans des circonstances
diverses, d'apporter dans son œuvre une grande somme de réserve et
de modestie, et de ne pas trop confondre le terrain offert à ses investi-
gations avec celui d'une science pure. La vérité — à mon sens du
moins — est dans cette manière d'interpréter le rôle de la chimie ap-
pliquée à l'agriculture.
Encore une fois. Messieurs, les difficultés que l'on soulève contre
vous ne me paraissent fondées, ni en principe, ni en fait.
Veuillez agréer, etc., le Directeur du laboratoire,
A. BOBIERRË.
PISCICULTURE
Notre pensée, paragraphe 3 de la dernière page de notre dernier
article : Marais salants, doit être rétablie ainsi : M. Delidon cite, etc.
Encore un mot sur l'incroyable et audacieuse violation de la loi
dont nous avons parlé.
Ce matin 29 noveiiibre, ce n'était pas sept mannes de truites que
nous avons comptées, mais bien vingi-neuf,ei cela depuis la truitelle à
peine nubile à 28 ou 30 à la manne du carrecm., jusqu'aux magnifiques
femelles de 3 et 4 kilog., futures mères de 8 à 10,000 alevins.
Où s'arrêtera ce carnage, si l'on ne s'en prend pas aux responsabi-
lités en jeu? Il importe extrêmement, croyons-nous, que l'on sache
bien partout,, en haut comme en bas, qu'avant tout, la République
c'est la loi, que ceux qui la violent doivent être punis et que ceux qui
par indifférence ne lui apportent pas le concours qu'ils lui ont promia,
doivent être immédiatement cassés aux gages. Chabot-Kaulen.
LA SCIENCE EN PLEIN AIR ,;;^;^^;;
Les récréations scientifiques ou renseignement par les jeux, par Gaston Tissandjer, rédacteur en
chef du journal La Nature. Un volunae grand in-8°, avej 223 figures dans le texte. — A la li-
brairie de G. Masson, 120, boulevard St-Germaiu, à Paris. — Prix, broclié : 10 fr.
Parmi les nombreux ouvrages qui ont été écrits depuis vingt-cinq
ans pour initier la grande masse du public aux progrès incessants des
sciences, il en est peu qui soient réellement dignes de confiance.
Il faut donc signaler, d'une manière spéciale, ceux qui répondent
BIBLIOGRAPHIE AGRICOLE.
381
Yéritablement aux besoins des lecteurs avides de s'initier à la marche
des découvertes. Les recherches so poursuivent aujourd'hui avec une
grande activité dans toutes les branches des connaissances; leurs ré-
sultats s'accumulent à ce point que celui qui ne les suit pas avec la
plus grande régi^larité est bientôt distancé. C'est pour être utile à tous
que M. Gaston ïissandier, qui a donné une si vive impulsion au
journal scientifique La Nature qu'il dirige, a eu la pensée d'y adjoindre
une collection d'ouvrages qui portera le titre général de Bibliothèque
de la Nature. Le but de cette coUection est « de mettre entre les mains
iU[) aalir
Fig. 30. — Aquarium fait avec une cloche à melon.
des savants, des hommes du monde et de la jeunesse, une série de
volumes qui puissent donner aux uns des documents sur les branches
nouvelles de la science en voie de formation, fournir aux autres des
livres d'enseignement et d'instruction pratique, et initier enfin tout
le monde aux plus récentes conquêtes des sciences naturelles ou expé-
rimentales. » Le premier volume de cette nouvelle bibliothèque est celui
que nous allons présenter à nos lecteurs.
Le titre de l'ouvrage en indique le but. L'auteur a soin de l'expliquer,
en s'appropriant cette pensée d'un savant mathématicien du dix-
septième siècle, Ozanam : « Les jeux d'esprit sont de toutes les sai-
sons et de tous les âges ; ils instruisent les jeunes, ils divertissent les
vieux, ils conviennent aux riches et ne sont pas au-dessus de la partie
382
BIBLIOGRAPHIE AGRICOLE.
des pauvres. » lastruire en récréant, c'est un problème dont la solution
n'est pas à la portée de tous; mais que de fruits quand on réussit^
quand on développe l'esprit d'observation et que l'on fait apparaître
aux plus distraits des faits ou des vérités qu'ils ne soupçonnaient pas.
La variété dans le choix des sujets est une des premières conditions
des récréations; M. Tissandier se garde bien de manquer à cette règle.
C'est ainsi qu'il nous fait successivement passer en revue la science
en plein air, la physique sans appareils, la chimie sans laboratoire, la
maison d'un amateur de science, la science appliquée à l'économie
Fig. 3L — Aquarium muni d'une échelle à grenouilles.
domestique. La première partie de cet ensemble attrayant doit appeler!
spécialement l'attention des habitants de la campagne.
Chaque jour de l'année, le cultivateur est appelé à observer la
nature chez elle ; elle n'a pas de secrets pour lui, pour peu qu'il se
plaise à l'étudier dans ses œuvres et dans les mille manifestations
constantes de sa force infinie. Il vit en véritable communauté avec
elle, en même temps que les diversions bruyantes de la vie des villes
ne troublent pas son esprit. M. Tissandier nous rappelle que Bernard
Palissy ne voulait point avoir d'autre livre que le ciel et la terre,!
ajoutant qu'il est donné à tous de connaître et de lire ce beau livre. En
même temps, il donne des détails nombreux sur la manière dont on
doit le lire, et il suggère des méthodes d'observation simples, faciles à
BIBLIOGRAPHIE AGRICULE.
393
suivre, et qui permettent de saisir le nœud de beaucoup de problèmes
de la vie des petits êtres ou des caractères de la vie végétale. En voici
quelques exemples.
S'agit-il d'étudier les petits animaux aquatiques, on aura à peu de
frais un aquarium du genre de celui que représente la fig. 30. Quatre
piquets de bois sont enfoncés en terre ; on cloue au-dessus une planche
percée, en son milieu, d'un trou circulaire sur lequel on place une
cloche à melons renversée. Quelques cailloux et des coquillages font,
au fond du vase, un lit rocailleux; la cloche est remplie d'eau, on y
Fig. 32.
Aquarium pour l'étude des infusoires.
fait plonger quelques plantes d'eau et quelques roseaux; tous les
animaux capturés y trouveront un asile que M. Tissandier déclare très
confortable. La fig. 3 1 montre un autre modèle d'aquarium, moins
primitif, auquel a été adaptée la classique échelle aux grenouilles,
augmentée d'une plate-forme pittoresque; mais pour en conserver les
habitants, il a fallu ajouter un filet à mailles fines au travers desquelles
ils ne peuvent passer. Voilà des engins qui permettent de faire un
très grand nombre d'observations. Pour l'étude des animaux et des
plantes d'ordre inférieur, on peut fabriquer un petit aquarium du
genre de celui représenté par la fig. 32. Quelques feuilles (une branche
de persil, par exemple) sont mises dans un vase qui contient de Teau ;
on recouvre le tout d'une cloche de verre, et on l'expose aux rayons
384
BIBLIOGRAPHIE AGRICOLE.
du soleil; deux ou trois jours après, une goutte de cette eau, examiaéçi
au microscope, commence à laisser découvrir quelques infusoires ; œ^
peut même voir se succéder les espèc(!S, pendant un temps plus ou
moins long. Pour étudier des insectes d'une certaine grosseur, on
pourra les enfermer dans une caiije spéciale (fig. 33); elle est formée de
quelques planchettes, et des fils de fer régulièrement espacés en
forment les parois. — Telles sont quelques unes des récréations
scientifiques que M. Tissandier décrit avec un talent fin et délicat, et
nous n'avons rien dit de ce qnj concerne la physique sans appareils,
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Fig. 33. — Cage pour conserver les insectes vivants
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ces détails
la chimie sans laboratoire, etc. Mais nous pensons que
sommaires suffiront pour donner envie de lire cet ouvrage intéressant,
et qui répond complètement à son titre. Henry Sagnier.
CONCOURS RÉGIONAL D'ORAN ;,u;'lJ^^nq
V. — ANIMAUX REPRODUCTEURS. -- INSTRUMENTS D'AGRICULTURE .'^^cj
PRODUITS AGRICOLES. — PRIX OFFERTS PAR LES ASSOCIATIONS AGRICOLES;
Animaux reproducteurs. — Ici encore, bien des personnes ont eu
d'autant plus à regretter l'absence de catalogues dans les premiers
jours du concours, que, aucun écriteau n'indiquant les différentes caté-
gories inscrites au programme, les recherches des intéressés étaient
fort longues, et les études très difficiles.
En suivant l'ordre adopté dans l'arrêté ministériel nous rencon-
CONCOURS RÉGIONAL D'ORAN. 385
Irons tout d'abord l'espèce chevaline, représentée àOran, nous sommes
heureux de le dire, de la façon la plus remarquable.
Ce deuxième essai, couronné d'un plein succès, montre bien tout
Tavantage qui s'attache à ce genre d'exposition et fait ressortir la né-
cessité d'admettre l'espèce chevaline dans les concours régionaux de
France au même titre que les différentes espèces d'animaux domestiques.
Malgré le grand nombre de reproducteurs présentés, nous avons
entendu dire à des officiers supérieurs, ayant dirigé quelques-uns de
nos établissements de remonte, que l'on aurait pu obtenir encore
mieux en excitant les indigènes jusqu'au dernier délai accordé pour
les déclarations.
L'exemple du Comice de Mostaganem, appelant les Arabes, leur
évitant les frais de transport, les encourageant, jusqu'au dernier mo-
ment, vient confirmer la justesse de la remarque qui précède; car,
sur dix produits envoyés dans ces conditions, sept ont été primés.
La première catégorie, races orientales de pur sang, n'était repré-
sentée que par deux beaux produits appartenant à M. Arlès-Dufour, à
Oued-el-Haleug (déparlement d'Alger). Tout le monde connaît les
efforts de cet éleveur, qui remontent à l'année 187! en ce qui concerne
le cheval syrien, dont l'élégance et l'intelligence sont appréciés de
tous, et qui donne de beaux résultats avec les juments du Sahara.
Mais la race barbe, qui répond à une production bien autrement
importante, était de beaucoup la mieux représentée, 128 animaux se
trouvant inscrits dans celte catégorie. Dans les différents sujets
primés on retrouvait réunies les qualités qui distinguent cette
race, dont on ne saurait oublier la vieille réputation, et qui a été la
source de plusieurs autres races d'Europe : la beauté, l'agilité, la
force et la sobriété.
Le nombre et la nature des prix accordés aux indigènes dans cette
catégorie, montrent suffisamment que l'élevage du cheval barbe est,
en grande partie, entre leurs mains; les produits qu'ils obtiennent
étant d'autant plus beaux, en général, qu'ils les nourrissent bien, les
traitent avec douceur et familiarité, et les laissent libres de leurs mou-
vements tout en leur faisant faire de bonne heure de longues et
nombreuses promenades.
On ne saurait cependant s'occuper de cette question sans protester
contre l'abus que font les indigènes de la puissante bride arabe dans
leurs sorties de chaque jour, et surtout dans les réjouissances publi-
ques connues sous le nom de fantasia. Le pauvre cheval qui en est
victime, a non seulement la bouche abîmée, mais il est sujet, de plus,
à diverses affections dans l'articulation du jarret.
Plusieurs Européens ont eu aussi quelques beaux sujets primés, et
il faut les en féliciter d'autant plus que, parfois ne trouvant pas des
prix avantageux lorsque le service de la remonte cherche à leur acheter
des chevaux barbes qui sont excellents pour la troupe, et aussi dans
lé but d'obtenir des chevaux plus étoffés, plus forts pour les travaux
de l'agriculture, ils ont une tendance à adopter, de préférence, des
races exotiques, ou bien à opérer des croisements au lieu de procéder
par voie de sélection, par le choix judicieux de meilleurs reproduc-
teurs, et par des soins de diverses natures pour obtenir ce qu'ils dé*:
sirent en utilisant notre excellente race du pays.
C'est par suite de la tendance que nous venons de signaler, que
386 CONCOURS RÉGIONAL D ORAN.
nous trouvons une trentaine d'animaux parmi les races non dénom-
mées ci-dessus et les croisements divers ; les animaux primés étaient
des sujets croisés Breton-Percheron, Arabe-Percheron, Perehet^r.
Espagnol;, Arabe-Syrien et Français-Arabe. - -^1
Ceux qui, malgré ce que nous avons dit des avantages de notre rstëd
locale, préfèrent, pour une raison quelconque, se livrer à ces croisfe^
ments, ne doivent pas oublier qu'ils ne sauraient augmenter la taille,
sans modifier sensiblement le régime et les soins de tous les jours, et-
se souvenir que le milieu dans lequel se trouvent placés ces métis 'a^^
à la longue, une action certaine sur leur organisation et leur déVêr^
loppement. ' uloâui-
L'espèce mulassière, non prévue au programme, a été représentée'
cependant par quelques beaux sujets qui sont venus se disputer les
prix alloués par le Comice d'Oran.
Quant à l'espèce bovine, on peut dire qu'à part de très beaux spé-'
cimens et malgré les quelques paires de bœufs appelés à un concours
particulier par le Comice d'Oran, l'attente générale n'a pas été satis
faite, une cinquantaine d'animaux seulement ayant été soumis â'
l'examen du jury.
Notre remarque a d'autant plus de valeur que nous avons encore
présents à la mémoire les résultats d'une exhibition semblable faite,
en 1878, avec les produits d'un seul arrondissement, sous les auspices
du Comice agricole de Bel-Abbès, oi^i '288 animaux de différentes
espèces ont été présentés et au sujet desquels le rapporteur s'exprimait
alors en ces termes : « .... Qui de vous, messieurs, en voyant la ma-
gnifique et nombreuse catégorie de juments poulinières suitées, n'a
laissé échapper des signes d'étonnement et d'admiration? Cinquante
exposants se disputaient quelques modestes prix. Cette catégorie au-
rait été digne de figurer dans les plus beaux concours régionaux de
France — Les catégories de poulains et de pouliches de deux ans étaient
aussi magnifiquement représentées, quarante-cinq exposants prenant'
part à cette lutte. » Et plus loin : « L'espèce bovine était à notre conî-^
cours peut-être mieux représentée que l'espèce chevaline, car plus de
cent têtes d'animaux hors ligne se pressaient dans l'espace réservé. »
Au dernier concours régiona,! d'Oran, deux concurrents seulement
se trouvaient en présence pour montrer les échantillons de notre race
algérienne, affaiblie depuis longtemps, mais qui a cependant encore
de précieuses qualités qu'il est aisé d'utiliser, en choisissant de bonâ
reproducteurs pour les placer dans un milieu convenable et les enloii-^*
rer de quelques soins. ;iîi8iioa
Les bêtes de race exotique et celles provenant de croisements, atix-
quelles on s'adresse pour obtenir plus vite la viande et le lait nécesM
saires à la consommation, ainsi que la force réclamée par l'agrieiil^
ture, offraient des sujets plus importants. '''-'■
On a particulièrement remarqué, parmi les races pures de l'Eu-
rope, des échantillons de la race comtoise, acclimatée depuis vingt'-*^'
trois années par un éleveur de Bel-Abbès et qui, très appropriée aux
besoins du pays, donne de magnifiques résultats, à la condition de ra-
fraîchir le sang à certaines époques, en important de France quelques
nouveaux reproducteurs des races durham, espagnole, charolaise,
suisse, bretonne et de Salers.
Parmi les animaux croisés, le jury a distingué des bêtes des envi-
CONCOURS RÉGIONAL D'ORAN. 387
rons de Guelma, sans autre désignation, les Charolais-Guelma, les
Durham-Charolais-Guelma, qui se trouvaient à côté de quelques Espa-
gnols-Arabes, de Suisses-Arabes et de Suisses-Espagnols.
Rappelons en terminant, ce que nous disions en 1877 sur le même
sujet dans le rapport de la prime d'honneur : « Si le nombre des têtes
de bestiaux n'a augmenté que dans de faibles proportions, cela tient
surtout à ce que les indigènes sont toujours les principaux éleveurs.
Or, l'état de tranquillité dans lequel vit le pays, les facilités de trans-
port, le prix élevé de l'orge, les offres réitérées pour l'exportation, le
peu de soins prodigués aux jeunes bêtes par les indigènes, le manque
absolu d'abris, l'excès de froid et de chaleur, sans qu'un peu de nour-
riture vienne au domicile compléter l'alimentation des champs, insuf-
fisante pendant une grande partie de 1 année, sont autant de causes
pour lesquelles l'élevage ne donne que de bien maigres résultats.
D'un autre côté, quel est celui qui n'entrevoit pas avec crainte le mo-
ment où l'industrie européenne, qui consiste à engraisser le bétail
aux champs ou à l'étabie, ne pourra plus être entreprise en raison de
la diminution de ce dernier par suite des motifs qui viennent d'être
énumérés? Il y a donc là une branche de culture à adopter résolu-
ment parles colons avec l'idée que le bétail procure de la viande et
du fumier, qu'il est aussi indispensable sur une ferme que la meil-
leure pratique agricole, et qu'il rend toujours en raison des soins, de
l'entretien et de la nourriture qu'on lui prodigue. » U
L'espèce ovine, en dehors de quelques lots de toute beauté, était
assez peu représentée pour que le jury se soit cru dans la nécessité,
sur huit premiers prix, médailles d'or, de n'en décerner qu'un seul à
un lot de brebis indigènes appartenant à M. Fabas. Ce fait très regret-
table a pour principale conséquence de démontrer l'incontestable
utilité des efforts que tente en ce moment le gouvernement pour amé-
liorer les moutons du pays, en créant une bergerie nationale à Maud-
jeheur, près Médéah, avec une école de bergers, où sera donné un
enseignement spécial à une quarantaine de jeunes indigènes, ainsi
qu'aux fils de colons désireux de s'initier à la conduite d'une grande
ferme et aux soins exigés par de grands troupeaux d'élevage.
Mais, si l'on considère l'importance de cette question qui intéresse
à la fois la consommation et l'industrie manufacturière de la Métro-
pole, on est amené à réclamer l'extension aux départements de l'Est et
de rOuest de la colonie de l'essai qui se fait actuellement dans celui
d'Alger, dans le but d'obtenir une solution réelle, par suite du nombre
considérable de moutons que possède l'Algérie.
Quelques beaux porcs Yorkshire et du pays, un lot de dindons,
quelques autres de coqs et poules de la Bresse, espagnols, anglais,
cochinchinois, de pigeons divers et de paons, complétaient l'exposi-
tion de cette division.
A part l'époque du printemps où tous les animaux trouvent ici une
nourriture abondante dans les champs mêmes, la viande grasse fait
défaut pendant trop de temps, par suite de la difficulté d'entretenir le.
bétail si l'on n'a pas préparé les instruments nécessaires à cette in-îj
dustrie, pour que nous négligions de signaler les bêtes grasses que
nous avons admirées dans la section des bœufs, comme dans celle des
moutons et des porcs de la 2* division.
Les bêtes primées nous ont bien montré les précieux avantages de
388 CONCOURS RÉGIONAL D'ORAN.
notre race bovine algérienne, si facile à prendre l'embonpoint voulu,
aussi ne saurions-nous trop solliciter de sérieux encouragements pour
un semblable concours dont l'importance augmente encore lorsque
l'on considère qu'il intéresse au plus baut point lalimentation pu-
blique.
Instruments tV agriculture. — Nous serons sur ce paragraphe d'au-
tant plus bref que, nous adressant à des lecteurs d'un pays qui est
largement entré dans la voie des achats de tous les instruments né-
cessaires aux exploitations agricoles les mieux conduites, la descrip-
tion que nous en ferions ici ne pourrait leur être d'aucune utilité.
Il nous suffira d'ailleurs de citer les principaux instruments exposés
pour donner de suite une idée de ce qu'était cette exhibition dont on
ne saurait faire trop d'éloges. M. Piller, représenté par M. Billiard
d'Alger, exposait une collection de tous les instruments utiles aux
colons : semoirs en lignes et à la volée, hache-paille de Crowley,
brabants, cultivateurs, herses, tarares, aplatisseuses, pompes et bé-
liers, faucheuses, râteau automatique, chargeur de foin tenant lieu
de plusieurs tasseurs, presses à foin faisant des bottes cylindriques
très faciles à emmagasiner, moissonneuses Wood, moissonneuses-
lieuses, dont une nouvelle remplaçant le fil de fer par de la ficelle, ce
qui rend son emploi bien plus économique, batteuses à vapeur et à
manège, élévateurs de paille.
M. Billiard avait, en outre, et en grand nombre : scarificateurs,
bisocs Dombasle, charrue vigneronne Renault-Gouin, pressoirs,
alambics, appareils à distiller, filtres, couveuses artificielles, clôtures
en fer delNuM. Louetfières, barattes, robinets, tuyaux en caoutchouc,
chemin de fer de IM. Decauville aîné, ce précieux auxiliaire de la
culture à laquelle il fait réaliser économie de temps et de main-
d'œuvre.
M. Aultmann, de son côté, produisait une collection très complète
des mêmes instruments que nous n'inscrivons pas de nouveau unique-
ment pour ne pas nous répéter, mais parmi lesquels nous citerons
particulièrement : moissonnause-lieuse dont le mécanisme est d'une
simplicité remarquable, aplanisseuse, machine à vapeur et batteuse,
transmission pour divers instruments, charrues Meugniot et celles
Candelier, vigneronne Souchu-Pinet, hache-paille Picksley, divers
instruments d'intérieur de ferme, moulin, pressoir Piquet, pompe
Moret-Broquet, semoir Demoncy.
M. Vigouroux, de Nîmes, se faisait remarquer par une fort belle
collection d'instruments vinicoles : pressoirs, fouloirs, filtres, alambics,
grues, chaudières à étuver les futailles, pompes, seaux à vendange,
robinetterie.
Nous avons ensuite remarqué d'une façon particulière les charrues
de divers types, de : MM. Mougeot, de Bel-Abbès; Bergougnoux, du
même endroit; Robin, de Boufarik (Alger); Souillé, au même heu;
Fondeur, à Viry-Noureuil (Aisne); Pétrot, de Dijon (Côte-d'Or), repré-
senté par M. Bonifay, à Oran; Legembre, à Alger; les appareils à
vapeur de M. Aubert, l'exposition collective du Comice agricole de
Boufarik, comprenant notamment les collections d'instruments pro-
venant des ateliers de MM. Dolive, à Béni Mered (Alger); Leroux, à
Birtouta (Alger); Souillé, à Boufarik (Alger); et ceux de la Société
anonyme de construction mécanique, du même lieu, les machines et
CONCOURS REGIONAL D ORAN. 389
a<;ct5SSoipes servant à l'usage de la dynamite de M. Feutrier, d'Oran;
les appareils vinicoles de M. Formis-Banoît, à Montpellier (Hérault);
le semoir, la batteuse et la lotîoinobile de M. Guitreau, à Dourdan
(Seine-et-Oise); les pressoirs de MM. Mabille frères, à Amboise
(Indre et-Loire) : les tarares de MM. Nu re frères, à Lyon (Khône) ;
les pompes de M. Noël, à Paris ; les faucheuses et moissonneuses de
M. Osborne et Cie, à Paris; l'hydro-incubaleur de M. Oudot, de Kouba
(Alger); les trieurs et le hache-paille de M. Presson, à Bourges (Cher);
le foudre-cuve de M. ïrinquier aîné, à Oran; les trieurs et appareils de
ferme de M. Vermorel, à Villefranche (Rliône;; les norias et le rouleau
pour le dépiquage des céréales de M. Billes, d'Ot-an; les petits instru-
ments et les lessiveuses de M. Cliauveau, à Loudun ([sera); les
pressoirs et les moulins à farine de M. Jolmer, fondeur, à Oran; le
fouloir de M. Trinité, à Dalmatie (Alger); les appareils à filtrer de
MM. Bouchette et Cie, à Paris; la batteuse, la locomobile et le mante-
paille Ruslon, Procter et Cie; les pompes de MM. Fray- Bernard et
Durand, à Nîfnes (Gard),
Dans le cas où, involontairement, nous aurions omis de signaler
quebjue instrument important, il sera toujours facile à l'intéressé de
se reporter au catalogue très complet qui a été dressé et qui se trouve
entre les mains de presque tous ceux qui ont visité le concours
agricole. L. Bastide,
(La suite pi'ocliaineini-)it) Président du Comice de Bel-Abbès. . , . .,.
.îio..Tiq ,. L'ALIMENTATION RATIONNELLE
L'attention des agronomes a été attirée depuis un <e- ain temps sur
les questions relatives à l'alimentalion. On s'est particulièrement oc-
cupé delà nourriture du cheval, et on a préconisé diverses rations de
substitution. Nous ne voulons pas contester les résultats publiés, nous
les considérons comme acquis; nous voulons seulement examiner la
question au point de vue biologique et chiniique, et montrer qu'on a
peut-être été téméraire en appelant rationnel et scientifique, un sys-
tème d'alimentation qui n'a d'autre mérite que celui du bon marché.
Rien n'est moins connu que les phénomènes relatifs à la chaleur
animale et à la source de la force musculaire. Un animal absorbe, indé-
^pendammantdecertainssels minéraux, desmatières ternaires (graisseset
gféculents), et des matières quaternaires (albumine et ses congénères);
lï élimine par des voies diverses de l'acide carbonique, de l'eau, de
l'urée et quelques autres produits accessoires. Il était très simple d'ima-
giner que l'organisme, foyer de combustion brûle, grâce à l'oxygène
introduit par les poumons, les matières ternaires et quaternaires et,
rejette comme produits ultimes de la combustion, de l'acide carbonique
de l'eau et de l'urée. Les chimistes n'admettaient cependant pas vo-
, lontiers cette production directe de l'urée par l'oxydation de l'al-
!'Bumine; M. Béchamp n'était pas parvenu à répéter l'expérience oii il
'prétendait avoir obtenu de l'urée en oxydant l'albumine. C'est seu-
jçlement il y a quelques années qu'un chimiste distingué, le professeur
Ritter, de Nancy, dont la bonne foi scientifique est incontestable, montra
que dans certaines conditions, on réalise la réaction de M. Béchamp.
L'hypothèse de l'organisme, foyer de combustion, était simple, ce qui
ne veut pas dire qu'elle était exacte. Noire éminent collaborateur, le
professeur Sanson, vient de publier dans le Journal de VAnalomie, du
3Ç0 SUR 1/ ALIMENTATION RATIONNELLE,
docteur riiarles Roliin, un important mémoire sur la source du travail
njusculaire dont (M1 lait coimaiire 1«'S ctontlusions à nos lee-
tfiirs, dans ]e Jovrnul de C Ayriiulliue i\\\ 21 août 1880. !M. Santon
nioiilK! p.ii lailenient dans ce lra>ail, riche en e>pfricnecs originales
et «Ml apeiçiis nouveaux, qu'on n'a jias une notion juste des jihéno-
inènes (pu t-e pas.^cnt dans les réacti(»ns nuliitivcs (piand on les ap-
pelle coudiustions lT^|»i^atlUles. A' trrieuieuient, ]\J. Sanson avyil déjà
lait voir (pie leliiuinatiou de l'acide carbtuiique par le pouiiioii suit
une loi purement pli^'^iipM', et s effectue en laiïioa directe de la tetn-
piT.iliiieel en raison inverse <le la pression. L'acide carbonique est le
iii'on'uit de réaelions tivs coiupliipiées. Slintzing, Franckel et Greliant
ont uu)iiiié(|ue des ré.iciiotîs [u-oiluiles par les elémenls des lualières
allMiuiin» ïdes deveIo|»peiit de l'acide carbuniipie. Ou ne peut plus dire
que la eombiistitui le^pilal(li^e est la source d»! l'.iciile carlxmicpie et
que la ebaltiir déijaiiee par la combustion se Iran s forme en sou e(|ui-
valciit de lorce mec.miipie.
I écdiiomie e>t le siè^^e de pliénomènos de synthèse, de dissociation,
de (Irdtiiibleinent, dli^dratalion, île dé.-liydiMlatioii qui produisent de
la elialeiir tout aus>i bien tpie les |>liéuoiuènes d'oxydation. ')ri se
tiompeiaitdu res!ei:i'«»ssièreuieni en calculant les chaleurs de combus-
tion des COI |!S c(Uupo.-és d après celles des corps s«iin|)les qui les ciuis-
tiluenl. M. IJeithelot (|ui e^t, wsiuon le père, du moins le léiiovaleur de
la theniKtchiuiie, a fiil. \oir (jue les cm ps iiras ronrnisseiit eu iiènéra
une (pianlilé de chaleur un peu moindre <pie leurs éléments coin-
busiiiiles, et les matières sucré;'s nue (pianiiié un peu plus ^l'an îe.
« Les pruiripes albiiuiinoïdes, dit M. B-rihelot, sont des amitiés, et
comme Vis, peuvent dtmnnr lien à des piiénomènes caloriliipies
tr.mchés, lors de leur hydratation avec deiloiibicment ou de leur
deshyilrataiion avec ciunlti lai.-on. Les hydrates de carbone, sucres et
analoi'iies, peuvent «h'^aucr la chaleur j»ar leurs seuls dédoiiblemeuls,
indépendamment dd toute oxydilion. lilnlin les corj)s ^^ras peuvent
aussi produire de la chaleur en se iledonblant et par simple liy<lra-
lalio i Tous ces faits et calculs uiontreiit coninent le problème de la
cijaleur animale d»ut être entendu aujour.l'hui et généralisé. L'idée
fondamentale subsi.-le, mais coniuie il arrive toujours dans les
sciences, le problème se ciuuplitpie à mesure (pie l'on pénètre davan-
taiio dans les condiliims véritables du phénomène naturel. »
Ou est porté à afimettre (le> synihè.-^es multiples. Ainsi Sohmiedeberg
a montré qu •. l'acide hippuri([iie jieiit se foniuîr dans le rein Si on
injeclc à un chien de l'aeide benzoïqiie et du i-lycocolle eu liant les.
uretères, on trouve dj l'aciJc hippuriipie dans le sing; si on lie les
ar:èivs et veines rendes, «m ne rencontre dans le san.c quj Tacida
benzoïjuc et le jilyeocolle, et non pas le pro luit synthétiipie, l'acide
hippuriipie. l/uree e.-t peut-être formée en partie par voie de synthèse,
par 1 union de l'acide carbainiipie et de l'ammoniaque. L'organisme
renrerme, en effet, de l'ammoniaipie, car on en trouve dans l'urine,
surtout chez les oiseaux; il contient aussi de l'acide carbamique, caren
injeciant de la taurine, on obtient de l'acide taurocarbainique. (ïliez
les oiseaux dont l'urine rcnlérme surtout de l'acid'i urique, la leiicine,
le glycocolle peuvent donner par synthèse de l'acide uriipie. Voilà
donc autant de phénomènes qui peuvent développer de la chaleur.
Il se passe, il est vrai, des réactions particulières dans les muscles
SUR L'ALIMENTATION RATIONNELLE. 391
en travail. An ropns, la ré:»clion cliinii jiie du suc musculaire est
neutre ou alciline. QuanJ un travail uiiLsculaire est eiïeclué, surtout
si ce travail est excessif, réliuiinalion des proiluiis n'est plus assez
rapide poui* entraîner les matécianx de déconipo^ilion; l'acide lacliriiie
e.«t forme en ijuanlilé trop considéraUle, 1 1 réact on du suc niuscuLire
devienl acide. L'acidilicalion caiise la faliiitie. Hanke a produit arlili-
cielleuienL l.i f aiij,nc, en injectant dt; l'acide lacti(|ue.
PendiiiL que le nuK-^cle travaille, la chaleur produite se partante en
deux pirlies : l'une, laclialeurseasible; l'autre, l.i ciLiIeur transf innée
en Irasail rnécanicpie. Liebij; prétendait (|ue la force utilisée coiunie
chaleur setisiljle CL la puissance rué anirpie des inuscLs n'ont pas la
mê;ue «M'ii^ine. t.a coinhiislion des niaiieres ternaires fournit seule^
suivant lui, li cliaUîur destinée à entretenir h température de l'animal
et celle de la (il>re musculaire, la chaleur transformée en travail mé-
eanique La théorie de Liebiu; est une pure hj'polhèse qui a été forte-
ment léfutée par Mayer. La chaleur |)rovenant des phénomènes qui
se passent dauîi les matériaux az)lés, est hien loin de représenter Ix
totalité, «le II foro^ musculaire dévelopjiée par les miisclei. Li force
mécani pie est |U'o(luileà la fois par la chaleiuMJégagée dans les réac-
tions des corjis liM'uaires et quaternaires. L'azote paraît avoir un r.Me
très iiiq):irtant. L observation qiiotidienne a appris depuis loautemps
que les aliments .-izolés sont particulièrement des aliinenia tic force.
Le docteur Rellner a rjiontré récemment qu'il exista n\\ certain rap-
port e.itre le travail muscu'aire elTectué et li quantité d urée éliminée
parles urines. Il a constaté ipic rahmentalion restant invariable, la
diminuiio.'i du travail e^t accompajjçnée d'une diminution de l'uzote
élimine et dune au^^nentalion du poids vif. Les expériences du doc-
teur Ke'lner sont nombreuses et bien conduites.
Ce n'est tiutefois pas une raison p mr abandonner la théorie de
l'équivalent mé-aniipie de la cliib'ur. Nous ne connaissons ipie ÏQ'Ci-
senible de la (piestion, le rôle important de l'azite, et jusqu'à preuve
du contraire, nous di vons a lujettre (pie la force provient de la Ir.ms-
formitinn de la chaleur. « D.ms Tori» inisme animal, dit un savant
allemand, WollT, la chaîeur développée par la conibus'.ion ne peut
être traasf.irîuée eii mouvement uïécaniqua comme dans la machine à
vapeur, parce que dans le corps luau pie absolument une des con H-
lions ind's|)ensa!>!es, c'est-à-dire la diUérence de température qui
existe dans li juichine entie la chaudière et le condensateur. »
]\L Wili-kens est du même avis. Ce sont là de simj)les allirmations
qui n'iulirment pas la ihéarie etablid par Mayer de llcilbronn, Helm-
hollz et llirn.
La «liseiission à laquelle nous venons de nous livrer fait voir dans
quelle i^nu-ance nous uois trouvons relativement à l'alimentation.
Si nous abiu'd.ms des questions plus tech.iiques, nous rencontrons la
même insuf;isane(;. ï~*art.int de ceque l'azite est l'éiément essentiel, on
a recommiîidiî des ratioas de substiluiion ilevant donner la môme
quantité d'azote. On a toutefois oublié d'examiner si cet ^zole est
alibile.
Pour déterminer la valeur nutritive d'un fourra^^e, on dose l'azote
total, on luul ipiie le nombre obtenu par G. '25 et on croit avoir la ri-
chesse en a biimine. On admet en moyenne que l'albumino renferme
46 pour 100 d'azote, ce qui correspond au l'acteur G. 25. Multiplier par
392 SUR L'ALIMENTATION RATlONELLE.
G. 25, c'est donc croire que toute l'albumine renferme 1G pour 100 d'a-
zote et que tout l'azote est à l'état d'albumine. Or Uiitliausen a trouvé
que la congluline du lupin jaune contient 18.40 pour 100 d'azote, le
gluten du iVoment 17.14, etc. De plus, rien ne prouve que dans des
fourrages ditTérents la môme quantité dazole ait la môme action
sur la formation de la viande, du lait, etc. L'équivalence de ces di-
verses matières protéiques n'est nullement certaine. Enfin, les végé-
taux renferment des corps azolés non protéiques, en proportion souvent
notable. Ces composés azolés sont les ppplones, les amides, les alca-
loïdes, les glucosides, les nitrates et les sels ammoniacaux.
Les peptones sont des corps voisins de l'albumine; ils s'en distin-
guent parce qu'ils ne sont pas coagulables par la chaleur et par cer-
tains réactifs. Gorup-Besanez a trouvé dans les plantes des ferments
transformant l'albumine en peptone et qui ont assurément la môme
action pendant la germination, Celte question est très peu connue.
Les amides sont vraisemblablement très abondants dans les plantes.
Le corps le plus répandu est l'asparagine. On rencontre aussi la glu-
tamine, la leucine, la tyrosine, l'acide amidocaproïque, etc. L'aspara-
gine, d'après Pfelfer, est une réserve d'azote. Formée pendant la ger-
mination, elle peut refaire de l'albumine. Dans la seconde année, elle
disparaît des racines, se porte vers les feuilles et y forme probable-
ment de l'albumine. L'asparagine s'obtient facilement par cristallisa-
tion. Dans des germes de lupin on en a trouvé jusqu'à "J5 pour 100
des matières sèches. L'asparagine et les autres amides sont dosés au
moyen de l'acide azoteux qui dégage l'azote lequel est mesuré. Le
D' Sacchse a indiqué une méthode pour déterminer la quantité d'as-
paragine. L'asparagine, sous l'influence d'une ébullition jirolongée,
avec l'aide cliloihydrique donne de l'ammoniaque et de l'acide
aspartique qui, de même que l'asparagine n'est pas attarpié par l'hy-
pobromite de soude à la température ordinaire. Si donc on traite
par le procédé de Knop une solution d'asparagine bouillie avec l'acide
c'hlorhydrique, l'ammoniaque seule dégage de l'azote. A 14 ])arties
dazote correspondent à 132 d'asparagine.
Les principaux alcaloïdes sont la quinine, la cinchonine, la mor-
hine et autres produits opiacés, la strychnine, la bruc-ine, la caféine,
a nicotine. Le tabac peut renfermer ju^quà 8 pour 100 de nicotine.
Dans le lupin on a trouvé la dimélhylcoahydrine; dans la betterave, la
bôtaïne. En général, les matières fourragères ne renferment pas d'al-
caloïdes ou des quantités négligeables.
Ritthausen a isolé l'amygdaline dans les vesces, la solanine dans les
pommes de terre. On peut laisser de côté la détermination des glu-
cosides.
11 est facile de doser les nitrates et les sels ammoniacaux. C'est seu-
lement dans les betteraves et le maïs qu'on a trouvé des quantités
notables d'acide nitrique.
Schulze a dosé, il y a -déjà quelques années, l'azote sous ses
diverses formes dans la betterave; il a trouvé dans les betteraves
fraîches :
Azote protéiquft 0.0.S03 pour 100
— (ies araide-: 0,0, 8à
~ rie-! nitrates O.DnîO
ammoniacal Oa>0)6
0,1815
l
SUR L ALIMENTATION RATIONNELLE. 393
Le dosage de l'azote totale avait donné 0,1883 pour 100. Cette ana-
lyse montre que l'azote assimilable ne représente que 2S pour 100 de
l'azote total. Dans la pomme dà terre, Sjliulze et iMaercker ne trouvè-
rent que 37 pour 100 de l'azote total sous forme de matière protéique.
Les vesces, les pois, les haricots, les résidus de pomm ss de terre et
de betteraves, les mélasses renferment toujours des quantités notables
d'azote cristallisable. Wolff a trouvé dans la luzerne *24 pour 100 de
l'azote total à l'état cristallisable, dans le trèfle, 2 i, dans le ray-grass, 16,
dans le foin, 12. Ces cliitîres ne sont pas constants. Plus on se rap-
proche de la maturation, plus on trouve d albumine. L'3S céréales,
d'après Kellner, ne renferment que de la protéine. Toutes les données
admises relativement à la valeur nutritive des fourrages sont donc
fausses. Les analyses sont à refaire; elles doi\ent avoir pour objet les
principes immédiats et non l'azote total.
Les dosages de l'albumine exigent des précautions minutieuses. On
précipite les matières albuminoïdes par le phénol, le sulfate de cuivre,
l'acélale de fer, le sous acétate de plomb, et on dose l'azote dans le
précipité. On est arrivé ainsi à des résultats diiïérents. parce que cer-
tains réactifs peuvent précipiter en même temps 1 albumine et des
amides. Ainsi, l'emploi du sulfate de cuivre donne des chitlVes trop
élevés pour la pomme de terre. Le chimiste de la Station agronomique
du Connecticut, M. Armsby. a montré que pour le foin ces sources
d'erreur sont nulles. Les différents réactifs lui ont donne le môme
résultat. Il suflit de traiter le foin par l'eau bouillante pour éliminer
Talbuniine.
Les calculs des coefficients de digestibilité sont de même entachés
d'erreur. On les a faits jusqu'ici en admettant que l'azote des aliments
est tout entier à l'état protéique. Celte question doit donc être remise
à l'étude.
Enfin, on ne s'appuie sur aucune donnée scientifique en voulant
comparer à l'amidon les aliments non azotés. Il n'y a auiun équiva-
lent entre les matières féculentes et les matières grasses. Toutes ces
questions sont absolument inconnues. Les théories de l'alimentation
sont aujourd'hui purement empiriques; elles ne reposent pas sur la
science expérimentale. Paul iMullkr.
Correspondant de la Société nationale d'agriculture.
SOCIÉTÉ D'ENCOURIGEMEOT A L'AGRICULTURE
La deuxième réunion générale de la Société nationale d'en30urage-
ment à l'agriculture a eu lieu, ainsi que le Journil l'a annoncé, le
l*' décembre, sous la présidence de M. Foucher de Careil. — 250 mem-
bres environ y assistaient.
iM. Foucher de Careil était assisté au bureau par M. Gaston Tîazille,
l'un des vice présidents; M. de Lagorsse, secrétaire général; M. Go-
defroy, secrétaire; M. Lami, agent général de la Société.
Il a été rendu compte de la situation de la Sociité, dâs adhésions
qui dépassent actuellement 1,200 membres, des subventions votées
par les Conseils généraux, de l'action exercée par la Société dans les
concours régionaux, de la création de sociétés affiliées existant au-
jourd'hui dans 17 départements. Surce dernier sujet, MM. Lisserre,
de Roys et Godefroy ont donoé des détails précis, sur lesquels nous
aurons à revenir. Les membres du Conseil d'administration ont été
Î94 SOCIÉTÉ d'encouragement A L'AGRICULTURE.
mainlenvis dans loiirs fondions, pour remplacer les p' ries amenées
par la mort. AIM. lioiicaui, presidenl (Jj Ju Suciélé d ai^riculUiie des
Landes L'I Aime Girard, prolesaeiir au Conservatoire, oui élé noaiuics
^dmiiii.-tia Leurs.
Le soir un i^rand banquet, auquel a-sislaieat M. Tirard, miaislrede
l'a^rieultnre, et M. Gnerd, si»us-secrét.»ire d'Etitau minisicie de
i'ai:,i'ieiiltiire, a réuni les membres de la Sociélé. Des toisls très
ap[)l.»udis o.it élé successivement, porté.-^ par MM. Foncliar de Cireil,
Tirard, liirr.il, de Lagorsse, GidelVoy et Kicbard (du Canial).
La procliaiue reunioa dd la SjcieLe se tiendra à Vers-iilleis, au mois
de juin, pendant le concours rci^io.iul, ileniy Sagnieu.
SOGIËT£ NATIONALK D'AGRICULTURE
Se lact', il h 1"' (lé -irii >r.: I ^Su — /'/•(Jvt Le t;-- de, \l. G h'^onal.
M. le secrctaire perpétuel anuonjc li juort de M. .Moil, membra de
la Socieiedans la beclion d'économie etde législation. AL le prc.-ident
«xj)rnne les \ils re^rels de la Socié.é pourccite perle doulouicuse.
M. Artoin^, Corne; iii et Taonts e.ivoient \\{\ô njle sur l'iaocula-
bilité du charbon symplomatique et ^es carac cies.
M. O.ivcr, prcsKJtîut de la Coiiniission des l'yrénées-Orienlales,
■envoie deux notes, l'une sur les avaata^es des Iraiteaieats (jreaervauts
ConU\î le pli)'llo\era, et l'autre sur I eai,»loi du suMure d.; carbjae.
M. le docLcnr Lugèae Uobeit envoie un mémoire sur la plijsijuoniie
du bassin de i\iris avant la pic.nière aj)pariiioa de 1 liomme.
M. Lloire, médecin • veléi inaue, envoie uae note sur la caatralion
des le m cl les des animaux doiiiesii{|ues.
Sur la pr.ipooilion de M. ll;.-ve Mjni^jon, la So;îiété déclare la va-
<^nce ouverte par la mort de M. iVilaultde Ûallon dans la Sjctian de
mécanique a-ncole et des irrii»a.ions.
ûl. Uailly lait uae commuaioaLio.j sur les ravages qu il a constatés
sur des planlatioas de pin .^vUestre dan.s la llauie-Marae
M. Paaicur analyse les premiers ràsuUats d observaiions qu'il a
faites sur la terme de Rosière-, j)ivs de Senlis (Oi^e), relaiivimeal à
des champs nnudils où le charbon e.verce des ravages inuiliples. Ue
ces observaiions, il résulte a ses yeux (|ue la terre prise au-Jessus
des lusses dans lesipielles des animaux charbonneux ont clc! e.. louis
depuis douze ans, est encore inljciee des germes de la nnlatJie, dont
les \^{'6 continuent à être les véhicules. A la suite de celle co.nmuni-
calioa. une discussion s'engage a lupielle prennent pirt MM. liarral,
iJautpieLde la Grye, lijila, 'Cii'aniureleat., Mille et D^lesse. M. Pasteur
d'une part, M. birral tlaulre put, insistent sur le danger (|ue prc-
seaie le projet adojité pu- le Co iscil municipal de Paris, de co.idaire
toutes les eau\ défont daus lia s iriace de 1 /JDO heciares, da.is la
forêt de SaiaL-Germai.i, pour être puriliées par la lilira loa à travers
A^ s^i* Henry Sagmer.
REVUE COMZIICIALE ET PRIX -COURANT DES DENRÉES AaRlCOLES
\k Di.CE.MHUE l^ 0).
. . _ 1. — ."» la II •»»/ yénéfale.
La sitiiitni Jj-j nixi-jUin a^ioildi .j ir, ijujoarsêtrecoisidir/e c ):nrne !)oane,
L3S Ira.isuaja* sai- la pla^iut Jo> Je i ojs a.;ajoljs [ii-éseuteiit assjz d'ao ivuéi
It — /..-s ,;»■•. i„.s «; («.s f.irinns.
li'is lablea IX siiviat.s résum al lesc.jiirsil«.s^:;réales, parQU.NTAL métrique, sur
k-.s pj-.uoi^jiUA iiiaio.iês de ia Frauca et J« l'otraii^rer :
REVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT (4 DVGEMBRE 1880).
nuRu-nvKHT,
Ca'
ro-**!». for.âÀ
— Or>>-n
Côtes du-i\'oril Laiiii.
— 7vei"'nr .. . .,
FinÎ!Hrre-M-ir\:i\t ...
— L. ilM.ii^.iti
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Eure. FV.-.-II.X .... 2S ■-':» <i.i'0
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ffwre ft-l.tiir |-.llaIl^e^. W.O) •:•> S»
— Ali-ai. 28 50 2J 00 2ii-ti
_ N..u.-111-Ik Holniu. ?H 00 » 18. 7i
Xord. ^HiolT^i 28 2'. C» 50 'iu.oj
— u.'.iHi 2'j.o vo.ro
.— Vnl.'ii.iHtii.es .... vu. 5. Il b<> 21. So
0«,«e. H-M..v;,i~ 28 00 2.1 v5 IH =,.1
— Cltrmotit 27 io 20 8> 18.95 M h
— N'\..-i 2'.7.i 2.' 7b • 17 -
Pas de Ciitni.1 xrras... •-'<) n> :o 7i 2i rû <8 »
— ^a m- '.i.er 28 bO 71.(10 '.O SU 18 7
.Seine. ^ ■>* 3'. 7b 2t -o i» fin •".:
s. «/-.l/rtm.- Ui.o'nartin. -.'S 2i ï!..-;.» lA-h< 18:.
— N-iii • IIS 2K. 0 23.» l!».5n in.i
— Pr.viTis 29 r.0 •.■1.7.Î 19. bO -iO •-
S.-et-OiM.'-\ -erville 20 bn •;! 7i l».7b \J •-
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396 REVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT
Blé. Seigle. Oree. Avoin«s.
fr. fr. fr. fr.
^J Algérie. Alger 26.25 » 15.00 17 OQ
Angleterre. Lomlres 27.70 » 20. .50 20.60 . ,
Belyi>,ue. Anvers 25.50 23 85 22 85 19.50
— Bruxelles 28.50 2!(.25 22.25 r> - -
— Liège 27 50 25.23 2300 19.00
— Namur 27.00 23.75 21.03 17.50
Pay.;-na.<s. Amsterdam 26.75 24.25
l.uiemhourg. Luxembourg 30 25 25 00 23 . 50 17 50
Alsace- Lorraine. Metz 28.50 25.25 19,50 18 50
— Strasbourg 31 00 27.25 23 75 1H.75
— Alulliouse 29.25 25.25 23,00 lO.ip,^,^,;,
/llrmaqne, Berlin... --'6 25 26 35 » • ' '■ *
— Cologne 27 50 27 50 . ./ ItJyluO!)
— Hambourg 25. 50 25.35 » »
Shisse. Genove 28 75 * ■ 19. 5C
— Zurich 3!. 50 • » 18.75
llahf. Milan 29 00 23. Cû » 19 75
Esp'igrte. ValladoliJ 21.00 » • 16 00
-ru(r„/,e,| Vienne 27.50 23 50 18.25 15 25
Ilonfjrie. Bu'Japesth . 2Ô.75 21.50 18.00 14.0;i
nusxie. Sainl-l'élersbourg... 30.25 25. CO > 16.00
Elatx-Unis. Nc\v-> ork 25 95 » ■ »
Farines. — Les demandes sont actives, et les prix sont en hausse pour toutes
les sortes. — Les farines de consommation sont rechercihées, à la hiille de Paris.
On paye suivant les catégories : marque D, 65 fr.; marques de choix, 65 à 68 Ir. ;
bonnes marques, 63 à 64i ir.; sortes ordinaires, 62 à 63 fr.; le lout par sac de
159kilo<;., toile àrendre, ou 157 kilog. net, ce qui correspond aux prix extrêmes
de 39 50à43 fr. 30, par luO kilog.. ou en moyenne ^l fr. 80, soit une hausse
de 1 fr. 05 depuis huit jours. — Pour les farines de spéculation, oi cotait à
Paris, le m rcredi I" décembre, au soir : farines huit marques., courant, du mois,
62 fr. 75 à 62 50 ; jmvier-lévrier, 62 ir. à 62 fr. 5;5 ; quatre premiers mois,
61 fr. 75; quatre mois de mars, 60 Ir. 75; le tout par sac de 159 kilog toile
perdue, ou 157 kilog. net; farines supérieures, courant du mois, ^lO à 40 fr. 25 ;
janvier, 39 fr. 50; janvier-février, 39 fr. 50; quatre premiers mois, 39 fr. 25; à
39 fr. 50; quatre mois de mars, 38 fr. 75 à 39 fr.; le tout par sac de 100 kilog.
— La cote otficielle, a été établie comme il suit, pour chacun des jours de
la semaine.
Blés. — Il n'y a eu, durant cette semaine, que des approvisionnements res-
treints sur le plus grand nombre des marchés. Les aflaires sont calmes presque
partout; on n'a eu à enregistrer que des ventes peu importantes sur les blés. Les
besoins du comaierce sont toujours considérables; les agriculteurs qui ont appris,
à leur.s dé[>ens, pendant les dernières années, à défendre leur bourse, maintien-
nent leurs prix avec une granle énergie. Geu.x-ci sjnt fixés désormais au moins
jusqu'au printemps, avec (juel fues oscillations en hausse qui se produiront suivant
les besoins locaux. — A la halle de Paris, le mercredi I*^' décembre, il n'y a eu
que peu de transactions; les prix ont été fermes, de 28 fr. 50 à 31 Ir. par
100 kilog. ou en moyenne, 29 fr. 75, comme le mercredi prr'cédent. — Sur le
marché des blés à livrer, on cotait : courant du mois, 29 fr. 50 ; janvier, 29 fr.; jan-
vier-février, 28 fr. 75 à 29 fr.; quatre premiers mois, 28 fr. 7ô à i!9 fr.; quatre
mois de mars, 28 fr. 50. — Au Havre, les transactions sont calmes, et les prix
très fermes sur les blés américains, qui valent de 27 fr. 50 à 2^ fr. — A Marseille,
les anivages de la semaine ont été de 200,000 hectolitres environ; Je stock est,
dans les docks, de 254,000 auintaux métriques, avec une augmentation de
10,0 JO quintaux depuis huit jours. Au dernier marché, on cotair, par 100 kilog. :
Irka, 27 fr 50 à 29 fr.; Michi^an, 28 fr. 50; Kichelles, 29 fr. 50 à 30 fr.;
tuzelles, 29 fr. 50 à 30 fr. 50; Pologne, 28 fr. à 28 fr. 50; Azolï durs, 27 fr. 50
à 29 Ir. — A Londres, les arrivages de blés étrangers ont été, durant la semaine,
de 166, Oi 0 quintaux métriques. Le marché était calme, et les prix plus (aibles que
la semaine précédente. Ou payait de 26 fr. 40 à 29 fr. par 100 kilog. suivant les
provenances et les qualités.
Dates (novembre), 25 26 27 29 3o 1"
Fa-ines hiiit-raar(iue!(I57 kilo?.). 6Î.35 62.50 62.10 62.65 62.75 'i G3 50
— sijpérie. ires (10 J kilo,'.). 4025 39.75 39.25 39.75 .3). 75 4.10.1
Sur toutes les sortes, ce tableau indique une grande fermeté. Il en est d.^ même
pour 1- s farines deuxiè nés qui sont vendues* de 30 à 35 fr.; et |)Our les gruaux
cjue l'on cote de 44 à 55 fr.
DES DENRÉES AGRICOLES (4 DÉCEMBRE 1880). 397
Seiolps. — Peu d'affaires, et cours faibles, à la halle de Paris, à 23 i'r. par
100 kilofî. Les liuines sont vendues de 3^ à 36 i'r. par quintal métrique.
Urges. — Les prix sont bien tenus. On cote à la halle de Paris, de 18 fr, .'=>0 à
20 fr. 7 5 I ar hOkilofr. suivant les sortes. Les escourgeons sont vendus de :9 fr. 75
à -20 fr. 25. A Londres, il y a eu, celle semaine, des arrivasses de <i3,0(0 quin-
taux d"orges (trangères; il y a un peu de faiblesse dans les prix; on paye de
19 fr. 45 à 21 fr 50 par quintal métri(jue,
Mail. — Les affaires sont calmes, mais les cours varient peu. On cote à Paris,
de 30 à 34 fr. par 100 kilog. pour les malts d'orge indigènes.
Avoines. — Les offres sont resireintes, les cours accusent beaucoup de fermeté.
On paye à la iialle de Paris, de 19 fr. 50 à 21 fr. 75 par lOJ kilog. suivant poids,
couleur et qualité. — A Londres, on a compté, pendant la semaine, les arrivages
de 157,000 (piiiilaux métriques. Les prix sont faiblement tenus de 19 fr 20 à
22 fr. par LO kilog.
SnrrMin. — Lts prix sont bien tenus à 19 fr. 50 par quintal métrique à la halle
de Paris.
Mu'is. — Mêmes cours que la semaine dernière, tant sur les marchés du Midi
que dans les ports d'impoitation.
Issues — H y a un peu de faiblesse dans les prix, qui s'établissent à la halle
de Paris : gros son, 14 à 14 fr. 25; son trois cases, 13 fr. 50 à \A ir. 75 ; sons
fins, 13 à U fr. 25 ; rccoupettes, 12 fr. 50 à 13 fr.; rcmoulages bis, 15 à 16 fr. ;
remoulages blancs, 17 à 18 fr.
III. — Vins, spirilueux, vinaigres, cidres
Vins. — L'activité des marchés bordelais s'est subitement apaisée, et la situa-
tion devient dans tous les vignobles de plus en plus calme. Cet éiat de chose est
diversement apprécié par nos correspondants et par les chroniqueurs de la presse
vinicole. Les uns attribuent l'accalmie commerciale actuelle à la prochaine dimi-
nution des droits d'entrées dans Paris, qui doit avoir lieu le P' janvier 1881, ce
qui, par suite, engage le commerce à ne pas s'approvisionner avant celle époque.
Nous avouerons que nous n'avons pas grande confiance dans celte pi etnière raison,
car l'abstention ne peut avoir du vrai, ((u'à l'égard du commerce de détail, le
commerce de gros étant toujours à même de mettre ses vins en entrepôt et d'at-
tendre le moment où les entrées ne seront plus aussi fortes. Les autres attribuent
la phase d'indifférence que nous tiaveisons à la concurrence que fait à nos petits
vins courants et à quelques-uns de nos vins d'opération, les vins de raisins secs,
les vins à l'eau sucrée et autns piquettes. Voici, à ce sujet, ce que nous lisons
dans le Lai'guKlocien de Pézenas (Hérault) : « Il serait difficile de se faire une
idée du degré d'habileté que sont parve-.us à atteindre les fabricants de vins de
raisins secs, dans la confection de ces succédanés du vin. Cette sujiériorité a de
plus un autre mérite, celui de venir à son heure. Pour nous servir d'un mot qui
a fait fortune, elle a choisi pour se produire le moment opportun, l'heure précise
oii les vins légers ne présentent pas les conditions de solidité qu'ils avaient d'or-
dinaire. » D'autres enfin répètent que tous les ans, à pareille épnque, il se pro-
duit un moment d'arrêt dans les transactions, et qu'on ne doit pas être surpris du
calme relatif des affaires. Quoi qu'il en soit, la situation a eu pour effet de jeter
la défaveur sur les petits vins, qui, cette année, nous l'avons déjà dit, manquent
de couleur et d'alcoolicité. On cite dans le Midi, des ventes de vins longes, pe-
sant neuf degrés au prix de 18 fr. En généri:l, la baisse peut être estimée de 3 à
5 fr. par hectolitre, seulement, empressons-nous d'ajouter, que les beaux et bons
Tins, aussi bien ceux du Midi que ceux de l'Est, de l'Ouest et du Centre, main-
tiennent leurs prix avec une fermeté qui ne peut laisser l'espoir à ceux qui, sur ces
qualités, attendent de la baisse. En résumé, nous traversons une période expec-
tante déterminée : par la diminution prochaine de l'impôt ; par l'inlroduciion dans
les affaires courantes des vins de raisins secs, des vins à l'eau suciée et des pi-
quettes ; par la grande concurrence que font les vins élrancers aux vins indigènes
d'opératiin. et enfin par l'infériorité notoire de nos produits de consommation
courants. En dehors de ces appréciations générales, nous n'avons rien de nouveau
à signaler et nous le répétons encore une fois, les choses resteront d^.ns le même
état, jusqu'à ce que l'on connaisse lecfiiffre officiel de la récolte dernière.
Spiriiuevx. — Les cours ont fléclii cett-i semaine, particulièrement sur le rap-
proché. Le livrable e-t mieux tenu. C'est particulièrement depuis jeudi que la
tendance a pris de la lourdeur. Voici, du reste le mouvement du disponible sur le
mois couiaut : début, 60 fr. £0, puis successivement en hausse, 60 fr. 75, 61 fr.,
398 REVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT
pour descendre ensuite à 60 Ir 75, 6.1 fr. 50, 60 fr. et 59 fr. 50, cln.Tre de clô-
tun". Le. .-narclié (Je Lilla reste calme tt suis viriaîions : l'alcool betterave di-po-
nil)l". e>t Cillé .th Ii-., le livrable, laute datViire-», n'a pas de cours Ndiis n avons
fgHlemeiii aucun tliatigernent à sif^iialer dans le Midi : Cette, Nlacs, B zeis,Nar-
bonne. M -ut, ellier, Pczenas, »'ic , i.'niii j).is cliai'gé. Quant aux niar li-s alle-
mand-', ils ac u-eut. dr; la baisse. — A P.ms, on cote y/o betterave, l" <[iinlilé,
i<0 de<j)ps disj»<inib!e 60.25 dectnibre b0.50 quatre premiers cU.75 à 6! fp.
quatie d été 5.V<75 à tO tr.
VDiaijrt''. — A 0'-L-nii< I Loiret). !« vinaii^re noiiveiu de vin nouveau, s ^ traite
totijour.-* au prix de 45 à 46 tr. i'iiectoliire lo jé ; le vinaigre nouveau de via \ieux,
46 à ^i"» fr. et le vinaigre vieux, 5- à 60 I)-.
(lires. — A Be luvu's (Oi-'e\ les poimues à cidre sont très recherchées au prix
de 4 Ir. .' t la razuie de 5 iiires.
IV. — .>«.re.>. — Mélttsi-ei!. — Fécules. — (Jluroses. —Amidons. — Houhlovs.
Sucres. — les offies en sucres sont ioujours rares sur le plus gran 1 nombre
des tna'cliés; lestiansaclions présentent |i.-u d'actixiié, et les cours ont légèrement
fléchi dej.iiis btiit joni's r|uoi |u"ils suienl encoie bien tenus. Les r^isultats de la
Cam|>agiu; actuelle sont tonji>ur> peu tavoiables. un paye par 100 kilug.: à Paris,
fucres biiits 8^ degrés saccha-imétriipjes, o4 fr.; sucivs blancs, n" i, 61 Ir. 25
à 61 fr. rO; à Ldle, sucres bruts, 52 Ir. 5u; à St-Quentin, sucres bruts, f^.6 fr. 25;
sucres blancs, 60 IV 25; à Djuai, sucres biuis, 54 Ir. zb à 54 Ir. 50. — L^ stock
de rentie,iôt réel des sucres était, au >'-'■ déceinbie, à i*aris, de 2 i .00 ' sics de
suer s in iigènes, av«-c une augmentation de 3 ,00'J sacs depuis huit jours.
- — Pi)nr les sucres ralfinés. les cuips accusent beaucoup de fermeté; on les paye
de 115 à I vO fr. p.ir .pnotnl métiipie, à la consomMU.tion, à Pdris, et de V5 à
79 fr. par TeXiiortalion. La siiuritio;i est tu. j.nirs ^ans changements, ilans les ports,
pour les sucres colo iiaux, taul bruts cpie raliinés.
McLis.'^es. — Les cours varient peu Un paye à R'iris 13 fr. par 100 ki'.og. pour les
mélasses de falniijue, 14 fr. 50 à lo fr pour celles de ralliaerie.
Fr.niii'.'< — Les prix accusent beaucou,» de fermeté, ([iioi pie les atr".iir-s soient
assez cal ries. Les fécules pi-. mières >ont c .tées par 00 klog.: à P iris, ,35 à 36 fr.;
à CompièpMie, 3 > \v. Les iécnles vertes valent de 21 Ir. 5!) à 22 fr
Ciliinis-". — Il y a un peu de baisse dans les cours. On cote par 100 kilog , à
Paris : sirop pre trier blanc decri-tal, 55 à 5« fr.; sirop massé, 4j à 48 fr.; sirop
liquide. 38 à 4(i tr.
Aniiilo s. — Toujours Ijeanconp de fertneté d ins les prix. On cote par 103 kilo:^.:
amidons du pur boujent en pa piers. 7 i à 7 i tr.; a nidj is de prjvmcd, 62 à ot Ir.;
ami ions dWlsai-e, ^8 à 6 • f. ; amidons d^ riz, 38 à 40 fr.
Ihiiih'itn^. — Sur tons les muclies, les cours accuseit une gran le lermalé; les
ventes >ont clives. Ou cote par bio kilo^'. Al »st, 12» à 1-3 i fr.; B j-i-^îiess i, 170
à 18" fr.; Biilleiil, 14 ' à i50 fr; Bousier, 150 fr ; en Bjurgogne, 180 à 22j fr.;
«a Alsace, -20 à 250 Ir.
V.— Huiles pf grairex olt^ngineu/ies.
Ih'iles — Lps ventes sont assez acti\es en huiles de grainps de toutes sortes,
à Paris. 0 I piye (lar lOc kilog. : bmle de colza en buis lùls, 7r. IV. 25; en
tonnes, 77 fr. 2 s éiinrée en tonnes, 85 fr. 2-; bnile de lin en tous fûts, 69 IV.;
en tonne, 7 1 Ir. — Su' les raai-cliés des déiiartements, les hui hs de colza sont
cotées : à Gaen, 7| IV 2'^; <à t^lambrai. 7' fr ; à .Vnas, 75 à 77 fr.: et les autres
sortes : pavot, 97 fr.; lin, 73 fr ; caineline. 1 i à 73 fr.: pavot, 93 à ^5 fr. — A
Marseille, les allaires sont calmes sur les huiles de. graines, sans chingeraents ; les
buile- (l'olive, au contraire, piésent.nt des transactions assez actives, aux prix de
14!S à 19 ' Ir. par l "• kilo^'. à la consomn.ition. — La cueillette des olives est
commencée dans le Var; le rendement est faible, les jirix accusent bei-ucoup de
fermeté, ou | aye ces Iruits de .<• à 6 • fr. par bectolilre.
Cirunic-. ilèiipn'-nscs. — Les afl'.iires sont assez calmes, mais les prix se raaîn-
tiennei;t sur les marchés du Nord, fiù l'on paye par hectolitre ; œilltt'e, H4 fr. LO
à 35 fr. 5*. ; colza, 21 à II IV ; 5; lin, 24 à 25 fr.; caraeline, 15 à 17 fr. 50.
VI. — T^uriennx. — Nmrs j — Euyrais.
fnmtpmiT. — Il y a toujours dans les cour» une grande ferm'^fé. On pave par
ion kilojT à Arras : lonrteaux d'(pillette, 19 fr 50 à 20 fr ; ro'za, 17 f r ; de lin,
27 fr.: de caineline, 16 fr. 75 à 17 Ir. — A Marseille, mêmes cours que la semaiae
précédente.
DES DENRÉES AGRICOLES (4 DI^:CEM8RE' 1880). 39»
Noirs. — Les prix sont les mêmes que là semaine dernière sur les marchés du.
N«rd.
VII. — Vnlières rrsini'Vf^cs, c(>\(>rniiii>s et tarmnntrs.
Miiii'prrf! rêswpiises. — Les 1j.Tnsaciiuns t-oiil calmes et les piix demeurent sans
chatT.oments sm- les marchés du INIidi,
Cdiiiles. — Maint en du j.rix de il fr. j ar ICO Ivilog. dans le Larpuedoc.
h-i'fp's. — L's couis accusent une grandi- h-imelé dans le P-ii>:oid Les qua-
lités marchandes valent de ^ Ir. à «* Ir. 50 par kilog. en |i eni er athal.
Viil. — Sv^fs tt corps yriis, niirs et peuux.
Suif'--. — Los cours sont en Laisse à Pans, à 85 Ir. par KO kiiog. pour les
suifs pu- s de Tahat delà bouchfrie.
Cwis et p'fnix. — Anx veiiles n'enfudles de la boncherie le 30 novembre, on
cotait en mn^eni e ] ar 100 kilog. : hœuls. b'i à 10» Ir.; \aches. 93 fr. 2ô à i*9 fr..;
taureaux, 94 ir.; vtaux, 124 Ir. 3U à 171 ir.
I.K. — heurres. —Œiifn. - hrnmnups.— Volniilesftui'-ier.
Betirrps. — On a vendu pendant la si raaine, à la I aile de Paris. SO^jVîA Ic'log.
de beurres. Au dernier jour, on pt-yail |.at kilug. : en demi kilo-.. 2 fr. 80 à
4 Ir. SO; petits beurres, 2 30 à 3 Ir. lU; Gourna\, i 32 à 5 IV. 24, Isigny, -z fr. 30
à 8 fr 30.
Cfe'/'/:v. — Ilaérévrndu à la halledePari<,du 23 au 29 novembre, 3,^ 8f..-" 00 œufs.
Au dernier jour, on payait par mille : il.oix, 1:6 à 142 Ir., oïdinaires, 75 à
12^ Ir ; leliîs, 59 à 6b Ir. Les cours ^ont m bajf»se.
Fnnofffies. — Derniers cours de la halle de Patis : par dou^nine. Brie, 9 à
27 Ir ; Montlliéry, i5 Ir.; |ar cent, Livarot, 31 à 75 fr.; M<>nt-.l'()i . 3 à :-i0 Ir.;
Neufchâlel, 4 5;) a i6 fr. 50 ; diveis, 8 à »U fr ; par Kd kilog., Lnuyi re, ]6> à l 7u Ir.
Va ailles ei gil-ier. — On vend à la halle de Paris : Agneaux, 1 -. à 2'i f i . —
Aloue tes (la |.vèce), 0 ir. U5 à d fr. 3 -. — Bécasses, 3 fr. à 7 Ir 75 ~ Bécas-
sines, 0 fr. 5 > à 3 fr. ^0. — Cailles, 0 U: 80 à l fr. 10. — Canards barl». leurs,
1 fr. 85 à 6 Ir. 60 — Canards sauvages, 2 fr 50 à k fr. 40 — Ce.ls, clh-vieuils
et daims, 25 à t>b fr — Sangliers, «. 0 à i I». fr. — Cièies eu lots, 0 Ir 4 ■ à o fr.
— Ouides gras ou gtos, ^ à lô fr. — Dimlcs communs. 3 fr. 90 à 7 fr m5. —
Faisans et coqs de btuvère, 3 fr. fO à h fr. — La[.ins doraostiqu-s. I fr. ?5 à
4 Ir. 80 — La|.ins de'garenne. 1 fr. 50 à 3 fr. — Lièvres, .1 à 6 fr. — Oie«
grasses, 8 Ir. a lO iV. 50.— Oies communes, -* Ir 60 à 6 (r. tO. — Perdrix grises^
1 fr H5 à 5 T. — Grives et merles, 0 fr. 20 à 0 tr. 85. — Pigeonsde ^o!ié^e, .- Ir 25
à 2 fr. — Pigecns bizels, 1 fr. à «» »». — Pi'ets, 1 fr. à 1 fr. 7S - PluMers^
0 fr. 75 à l Ir. — Poules ordinaires, 3 à u fr. — Poulets gras, 4 f r 6 à H ir. 50.
— Poulets communs, i Ir. 40 à 1 fr. 95 — Riles de genêt, 0 fr. 5' à I fr. 2^*.
— Ruuges, I Ir. 60 à 2 (r. — Saicelles. 0 fr tO à 2 fr. — Vanneaux, 0 fr. 3j à
0 fr. 90. — Pièces non c!a>sées, O fr 25 à 7 fr.
X _ t.hei.m.v. — Hpi'hI. — Viaur/r. ^ _
Chi'vau.T. — Aux marchés dds 24 et 27 mve q ire, à Piris, on comptait 149
chevaux. Sur ce nombre, 421 ont été vendus coiume il suit :
Ain-i!.-». VeiiMls Prix eictrpi>f<.
Chevaux de cabriolet 237 39 3o0al,i80tr.
— dpt ait 3*4 3;n i l.;iM)
— hors^.l'aue 380 I 30» 1 .' "20
— à t'eacl.ere 1)2 9=î 3'l » 29 1
— de bouuttene CO 9J 32 à ll.->
BHaiL — Le tableau suivant résume le mouvement du marché aux bestiaux de la
Villette, du jeudi 25 au mardi 30 novembre :
Poids pri« du kilo^. de ».«i.iiesir uied
Vendus moyen au marche du imui ï5 "lovembii.
La situation n'est plus aussi favorab'e que pe 'd.int les deux dernières semaine».
Les oll'res, pour les diverses catégories daiiuaux, sont seusiuleiueuL pius cunsi-
déralif^s, et les cours sunt l'ailuement tei us.
A Londres, les arrivages d'anLuaux ttiangers, durant la semaine dernière, sA
400 REVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT (4 DÉCEMBRE 1880).
sont composés Hc 9,f99 lots, dont 13 bœufs, 8
veaux \c'i)aiit d'Arasttjdam ; bb5 moulons de Brème
veaux, 2,294 moutons et 8
; 880 moulons d'Hambourg;
13 l.œuls, 'Jb vciiux, 2,i0l moutons et 1 jioc d'Harliugen; 218 1 œuls de New-
Yoik; i;-i bœuts, 2^4 veaux et 2,3^5 moutons de Rotterdam; b-lk bœufs et
28:4 moutons de Tonning l'rix du kiJog. tœvf, 1", 1 fr. 87 à 2 ir. 0:-^ ; 2% 1 Ir. 58
à 1 fr. 7i); qualité infmeure, 1 Ir. c5 à I fr. i.8. — Veav, f', l fr. 96 à 2 fr. 10;
2*^, 1 fr. 70 à 1 fr. 8i. — Mouton, l'«, 2lr. 22 à 2 fr. 34; 2% 1 fr. tS à 2 Ir. 10;
qualité inférieure, 1 Ir. 70 à 1 fr. 87. — Porc, 1", 1 ir. 75 à 1 fr. 99; L% 1 fr. 58
à fr. 75.
Vianie à la criée. — Oa a vendu à la halle de Paris, du 23 au 59 novembre.
Prix du kilog. le 29 novembre.
Bœuf ou vache.
Veau ,
Mouton ,
Porc
kilog.
, 2 ty,!i:]6
16.i.277
84.6fi8
2.),394_
483,27.T
l" quai.
0.92 à I 5d
1.72 2.10
1.J6 1.46
"î" qilHl.
0.78àl.36
1.18 1.70
1.18 1.34
Porc frais
Soit par jour 69,039 kilog
quai.
0.50à 1.16
0 80 1.16
0.76 1 16
1. I6à 1.70
0.90;
0,90
0.90
X. Basse houcherie,
2.40 O.lOà 1.10
2.40 .
2.Ô0 .
Les ventes ont été supérieures de 7,00o kilog. environ par jour à celles de la
semaine pricédente Pour toutes les sortes, les prix sont faibles.
XI. — Cours de la viande à Vabattoir de la ViUette du 2 décembre [par 50 kilog.)
Cours de la charcuterie. — On vend à la Villette par 50 kilog. : 1" qualité,
, . ^. <• „ „„ . __ -. poitig^jf^ 50 à 62 ir.
87 à 90 fr.; 2% 83 à 85 ir.
XII. — Marché aux bestiaux de la Villette du jeudi 2 décembre.
Cours des commissioQDalre*
Poids Cours officiels.
Bœufs....
Vaches...
Taureaux.
Veaux....
Moutons..
Porcs firas
— iDai^re
Vente as
Animaux
amenés.
,. Ï.WS
Vtï
146
811
. 19.221
. 3..3i
Invendus.
214
lti3
28
65
moyen ^-
général, !'•
kil. gual.
360 1.68
3&0
3f.5
80
18
l.2i
2.40
qiial. quai.
.46 I.ii4
.3» l.ltO
Prix
extrêmes.
.00 ài.7J
1.54
1.30
2.50
1.9.»
1.76
quai.
1.68
1.48
1.25
en bestiaux.
Prix
quai. quai. extrêmes.
1.4^ t.uo 0.9Sàl.70
1.3U 1.00 0.9U 1.54
i.lO 1 tO 0.90 1.30
; active sur toutes les espèces.
XIII. — Résumé.
Sauf en ce qui concerne les produits animaux, les cours de la plupart des den-
rées accusent cette seauiae une gratiJc lermeté.
A. Remy.
BULLETIN FINANCIER.
pubii
Marché lourd: après des variai ions insignifiantes nous retrouvons nos fonds
abiics aux cours de la senifiine dernière : le 3 0/0 à 8 ,60; Tamortissable à
87,40; le 5 (■/o à 11^,05. Très bonne tenue des sociétés de crédit : l'ermeté aux
actions de nos chemins de fer; légère faiblesse à leurs obligations.
Cours de la Bourse du 24 novembre au 1" décembre 1880 [au cnmiitant).
Principales valeurs françaises:
Gérant : A. BOUCHÉ.
•Chemins de fer français et étrangers :
Plus
Plus
Dernier
Plus
eius
uirniei
bas.
haut.
coûts.
b,iS.
haut.
cour».
Rentes o/o
85. tO
85.70
85.60
Autrichiens. d»
60» 75
611.2".
6(0.00
Rente 3 O/o amorlis
87.35
87 50
87.40
Loniliaiils. d°
19». uO
-.03.75
198.00
Rente 4 i/v o/o
1 U.iiU
1 I 5 . dO
114. 0't
M. .mains. d«
iiél.f'O^
Rente 5 o/o
1l9.(.5
37 .'0.00
119.20
;(765.00
Nord de TEspagne. d*
barayo.^se à Wadiid. d-
355.00
377.50
3 7 50
385.00
3' 5.00
377 50
Banqne ,u Krance
37.,o.oo
Con ptoir d e^icniple
97^.(l()
«^bO.iiO
!.7o.0U
Pcilneai-s. t»
6u8.:b
615.UO
61O.OO
Socitle (•pnéalr.
5-0.00
573.00
5 7.S.()0
hst.Obl. 3 0/ûr. àôOOf.d-
392.00
39^.. 0
3 3.:o
Crédil foi;c.er
134.. 00
l.t6'>.IM)
l3.S.t.OO
Midi d-
392. ^0
3!y8."ti
393.110
Est Actioi^.s 5(10
750.10
7.-2., '.O
7.i...,.o
Koid. à'
3it8 1.0
399.00
3^9.00
Midi f|<
IO«ci.('0
1.85.! 0
1085.0 1
Uiléans. d'
3v5 10
3»; 50
395.00
Nord d-
1661). lui
1675 0))
l(.7<i.).U
Ouest. d-
3^-3 00
394. 0
394.50
O'-lé'-ns d»
r>37.50
1:45. 50
1245.110
pali^-Lyon-^Tédiler. à'
393.25
3fl5.0U
3s4.50
Ouest (j.
blS.no
^vll.^n)
82u.<0
Nord £sp. priorité, d"
3(5 tO
337.0'.>
33. .50
Paris- l.yon-Médit erra nVed»
1465-UU
141 7 <»o
I'i7>.i 0
LonibarUs. d*
274 50
275.50
27i.50
Paris 1871 ohl. 400 3 o/O . .
3v6 25
399. 00
396 25
Italien & o/o
87.40
87.75
87.40
CHRONIQUE AGRICOLE (u décembre isso,.
Discours prononcé par M. le docteur Gilbert au Congrès de l'Association britanpiiiue pour l'avan-
cement (les sciences en 1880. — Recherches relatives aux applications de la chimie à l'agricul-
ture.— Travaux exi^cutés depu s un siècle. — l'école de M. Boussinirault. — La question de
l'absorption diiecle de l'azote de l'almosphùre par les plantes. — Le rôle des mirais azotés. —
Nécrologie : Mort de. M. Eur\ale Cazeaux et de M. Doumet. — FroihMirie élt-ction d'un membre
associé a la Société nnionale d'agriculture. — Programme de l'exposition de la Société centrale
d'horticulture en 1881. — Organisation du concours général de Nevers. — Concours d'animaux
de boucherie à Besançon. — Réunion de la Commission supérieure du phylloxéra. — Rapport
de M. Tis.^eraiid sur là marche du tleau en 1880. — Organisa lion des syndicats. — Ira tements
administratifs. — Allocations accordées sur le budget de 1 Etat. — Concours dans le départe-
ment de Vaucluse pour la pUntaiion de vignes américaines. — Conclu ion du rapport de
M. Ducos. — Les p'antations de vignes américaines au château de Saletles. — Vœu du Comité
central du phyll xera dans le défiartement des Pyrénées Orientales. —Rapport de M. Mf'nudier
au ministre de l'agriculture.— Conclusions d'un rapport de MM. Rouvier et Cilvet. — Propa-
gation des vignes américaines dans Lot-et-Garonne. — Concours pnur la chaire d'ag iculiure
à l'Institut auronomiqne. — Programme du concours. — Analyse des pro.:rammes des concours
régionaux d'Annecy, <ie Monlbrisoi et de Sainl-Brieuc. — Principales innovations apportées aux
programmes des concours régionaux.
I. — La chimie appliquée à Vagr iculiure.
Dans la dernière session de l'Association britannique pour l'avan-
cement des sciences, qui s'est tenue, au mois d'août dernier, à
Swansea, le docteur Gilbert, l'associé de M. Lawes pour les nombreux
travaux de chimie agricole exécutés à Rothamsted, a prononcé un
important discours sur les applications de la chimie à l'agriculture.
Nous devons signaler ce discours, dont la traduction vient de paraître
dans les numéros de novembre et de décembre du Moniteur scienti-
fique, du docteur Quesneville. On y trouve tout d'abord l'histoire assez
complète des recherches de chimie agricole faites en divers pays
depuis la fin du siècle dernier. Le docteur Gilbert constate que ce
n'est qu'après les travaux établissant d'une manière spéciale la com-
position de l'air et de l'eau, que leurs relations mutuelles avec la
végétation furent d'abord indiquées. C'est aux travaux collectifs de
Black, de Scheele, de Priestley, de Lavoisier, de Cavendish et de
Watt, que l'on doit de savoir que l'air ordinaire consiste principale-
ment en azote et en oxygène, avec des traces d'acide carbonique, que
l'acide carbonique est composé de carbone et d'oxygène, et l'eau
d'hydrogène et d'oxygène. Priestley, Ingenhousz , Sannebier et
Woodhouse, recherchèrent les relations mutuelles de ces corps avec
la croissance des végétaux. Vinrent ensuite les travaux de Saussure et
de sir Ilumphry Davy, qui, les premiers, montrèrent quelles sont les
principales substances empruntées au sol par les végétaux. Le docteur
Gilbert reconnaît et proclame que, sur celte question, les recherches de
M. Boussingault sont celles qui ont jeté la plus vive lumière, sans nier
toutefois que Liebig a pris une grande part, avec d'autres illustres
chimistes français, à la découverte de la vérité. Nous ne le suivrons
pas dans le détail des faits ni dans l'examen auquel il se livre des
études qui ont amené, en Angleterre et en Allemagne, à déterminer
les éléments de la nutrition et de la respiration chez les animaux, la
production des matières grasses, les relations entre l'alimentation,
la production de la chaleur animale et la dépense de força muscu-
laire, les contributions spéciales du sol et de latmosphère au dévelop-
pement des végétaux, le rôle de la chlorophylle, rintluence de la
lumière sur la croissance des plantes. Il insiste, avec raison, sur
l'importance des éludes entreprises à Rothamsteil sur des cultures
prolongées dans le même terrain pendant une période qui maintenant
dépasse trente années.
De ses recherches, il résulte une conclusion capitale, qui est tout à
fait conforme à la doc'.rine que nous soutenons depuis tant d'années,
N* 609. — Tome IV de 1880. — II Décembre.
402 CHRONIQUE AGRICOLE (11 DECEMBRE 1880).
SOUS le drapeau d'abord arboré par M. Boussingault, c'est que rien ne
démontre que les plantes doivent une partie quelconque de leurs
matières azotées à l'azote libre et non combiné qui existe dans l'atmos-
phère. « Non seulement, dit M. Gilbert, la balance de 1 évidence expé-
rimentale directe penche contre l'admission de l'assimilation d'azote
libre par les plantes, mais il nous semble encore que la balance des
£siits exii^tant indirectement penche en faveur d'une autre explication
de nos difficultés. » L'explication qu'il donne est que les plantes
puisent dans le sol tout l'azote qui est nécessaire et dont il exisle des
quantités très considérables dans les couches superposées à différentes
profondeurs. En effet, toute culture prolongée sans aucune addition
d'engrais, diminue la quantité des matières azotées existant dans la
couche où la végétation s'est accomplie. D'un autre côté, les engrais
azotés, après un certain épuisement dû aux récoltes successives,
donnent toujours lieu à un accroissement de rendement, en même
temps qu'à un enrichissement des matières azotées dans les récolles,
tandis que l'appauvrissement du sol coïncide avec un fait analogue
dans la composition des plantes. Les restitutions de l'atmosphère sont
évaluées par M. Gilbert exactement aux mêmes chiffres que nous
avons déduits de nos travaux de 1850 à 1851.
Le docteur Gilbert discute ensuite la question difficile de l'influence
exercée par la composition des aliments sur la production des prin-
cipes immédiats que l'on trouve dans les différents organes des
animaux. H y a lieu de noter qu'on ne doit pas faire jouer un rôle
trop considérable, parfois exclusif, aux aliments purement azotés. Les
autres matières alimentaires hydrocarbonées ont un rôle considérable
que l'école de Liebig notamment a trop méconnu.
IL — Nécrologie.
Un homme d'une véritable valeur et qui a rendu plus de services
qu'on ne l'a reconnu, M. Euryale Cazeaux, inspecteur général de
l'agriculture en retraite, vient de mourir à Paris à Tâge de soixante-
quinze ans. C'est à peine, hélas! si dans le petit nombre de personnes
qui composaient le cortège funèbre, nous avons compté trois repré-
sentants de l'agriculture. Sorti de l'Ecole polytechnique dans le corps
des ingénieurs hydrographes, M. Cazeaux s'était occupé de très bonne
heure des questions agricoles, particulièrement au point de vue de
l'influence de l'eau dans la production végétale; il a publié sur ce sujet
quelques écrits pleins de verve et de bon sens. On lui doit aussi un
livre remarquable sur le rôle des femmes en agriculture. Comme
inspecteur général, poste auquel il fut appelé après la révolution de
1848, il a exercé une heureuse influence sur les progiès agricoles.
Jusqu'à ses derniers moments, d'ailleurs, il n'a pas cessé de les pro-
pager dans divers grands journaux auxquels il collaborait avec
talent, tout en gardant toujours une grande modestie.
Un autre vétéran de l'agriculture, M. Doumet, président de la
Société d'horticulture de l'Allier, vient de mourir à l'âge de quatre-
vingts ans. On lui doit plusieurs travaux importants sur diverses
branches de la culture ; il s'était dévoué avec passion au progrès des
plantations de fleurs et de légumes. Petit-fils du célèbre botaniste
Adanson, il avait encore développé et enrichi la grande et riche
collection de végétaux remarquables qui avait été formée par sa mère.
GHRÛNIQUE. AGRIC:OLE (11 DÉCEMBRE 1880). 403
III. — Prochaine élection à (a So)ié:é naliona'e d'agriculture.
Dans le comité secret de su séance du 8 décembre, la Société
natioaale d'agriculture a entendu le rapport de la Section des sciences
pliysico-cliimiques agricoles sur les candidats à une place de membre
associé national vacante. La Section a présenté la liste de candidats
qui suit : en première ligne, M. Renou, directeur de l'observatoire
météorologique de Siint-AJaur; en deuxième ligne, M. Pagnoul, pro-
fesseur au lycée d'Arras, directeur de la Station agronomique du Pas-
de-Calais; en troisième ligne, M. le docteur Louis de Martin, proprié-
taire-viticulteur à Narbonae fAude). Les litres des- candidats ont été
discutés. L'élection aura lieu dans la séance publiqinedu 15 décembre.
A cette occasion, nous croyons utile de rappeler que la date de la
séance solennelle de rentrés est fixée au mercredi 22 décembre.
IV. — Exposition d'horticulture de Paris.
La Société centrale d'borticulture de France a décidé q^ue, pour
donner le plus grand éclat possible à ses expositions annuelles, elle
les organiserait désormais sans le concours d'aucune autre mani-
festation des arts ou des industries n'ayant pas un rapport direct
avec l'Uorticultuie. La principale exposition de 1881 aura lieu durant
la deuxième quinzaine de mai; l'emplacement du jardin où elle se
tiendra, sera fixé ultérieurement. L'exposition durera buit jours, et
com.prendra, la iloricuUure, la culture maraîcbère, les arts et
industries borticoles. L'exécution du jardin servant à l'exposition sera
l'objet d un concours, et le jury aura la laculté d'accorder pour ce
jardin jusqu'à une grande médaille d'or. Nous ne doutons pas que
sous l'active direction de M. Alphonse Lavallée, l'exposition de la
Société d'horticulture n'obtienne un grand succès.
V. — Concours général de Nevers.
Nous avons annoncé que le concours général de Nevers aura lieu,
en 1881 , du 10 au 13 février. Comme les années précédentes, des
primes nombreuses et importantes seront distribuées aux exposants
d'animaux gras de toutes races, des espèces bovine, ovine et porcine.
Les volailles vivantes et mortes, les fromages, beurres et produits
agricoles, sont admis à ce concours; des récomfienses leur seront
attribuées. Une exposition d'^instruments et de machines agricoles y
est annexée. Une exhibition d'animaux reproducteurs des espèces
chevaline, bovine, ovine et porcine, nés et élevés dans la Nièvre, aura
lieu à la même époque. Les animaux qui figureront au concours
général de Nevers pourront ensuite être présentés à celui de Paris.
Le concours de Nevers, le plus important de France après celui de
Paris, attire tous les ans, des points les plus éloignés de la France,
et même de l'étranger, une foule nombreuse d'agriculteurs. C'est
aujourd hui le grand marché des animaux reproducteurs de la race
nivernaise-charolaise, dont les qualités comme race de travaU et lea
remarquables aptitudes à l'engraissement sont universellement connues
et appréciées.
Le programme détaillé du concours et les formules de déclaration
seront envoyés franco aux personnes qui en feront la demande à
M. Vallière, secrétaire de la Société d'agriculture, à Nevers. Le délai
pour l'admission des déclarations expire le 31 décembre courant.
404 CHRONIOUE AGRICOLE (11 DÉCEMBRE 1880).
VI. — Concours d'animaux gras à Besançon.
Nos lecteurs savent que, depuis plusieurs années, des concours
d'animaux de boucherie ont élé organisés, dans la légion de l'Est,
par les soins des associations locales, avec le concours des conseils
généraux des quatre déparlements du Doubs, du Jura, delà Haute-
Saône et de Saône-et-Loire. En 1881, c'est à Besançon que se tiendra
ce concours, du 11 au 13 février, il admettra, outre les animaux
venant des départements qui viennent d'être indiqués, ceux provenant
des départements de l'Ain et de la Côte-d'Or. Il comprendra les races
bovines, ovines, porcines, ainsi que les volailles mortes. Des prix
nombreux y seront décernés, et un prix d'honneur, consistant en un
objet d'art, sera attribué au meilleur animal ou au meilleur ensemble
d animaux exposés. Il y aura, en outre, des expositions d'animaux
reproducteurs et de volailles vivantes, ainsi qu'une exposition
générale d'instruments agricoles. Les déclarations des exposants
doivent être envoyées avant le 10 janvier, à M. Emmanuel Gréa, pré-
sident du Comité d'organisation, à Rotalier, par Vincelles (Jura).
VU. — Le phylloxéra.
La première séance de la Commission supérieure du phylloxéra a
eu lieu, comme nous l'avons annoncé, le 8 décembre, sous la prési-
dence de M. Dumas, en l'absence de M. le ministre de l'agriculture.
La plus grande partie de cette séance a élé consacrée à la lecture du
rapport de M. Tisserand, directeur de l'agriculture, sur les travaux
effectués pendant l'année qui s'achève. De ce rapport, il résulte que
41 départements sont aujourd'hui atteints par le fléau; les Landes et
les Basses-Pyrénées doivent être ajoutés à ceux dont hi liste a été
donnée l'année dernière. Pendant l'année 18S0, les traitements admi-
nistratifs ont élé exécutés sur 815 hectares de vignes, au lieu de
300 à 400 pendint l'année précédente; ces traitements ont coûté
328,815 francs. On compte aujourdhui 63 syndicats constitués dans
onze déparlements pour le traitement des vignes, soit par la submer-
sion, soit par le sulfure de carbone, soit par le sultbcarbonate ; ils
s'étendent sur un périmètre de 5, 481 hectares et ils ont reçu 382,501) fr.
en allocations de la part de l'Etat. En outre, le service des recherches
a demandé une somme de 142,000 fr.; 20,000 fr. ont été mis à la
disposition de l'Aca lémie des sciences pour la continuation de ses
recherches, et 2(', 000 fr. ont été consacrés à l'iicole d'agriculture de
Montpellier. Lesdépenses de rElat,pour la lutte contre le phylloxéra, ont
élé cette année de î)72,000 fr. Quant aux Vignes américaines, le rap-
port constate qu'elles sont l'objet d'une faveur de plus en f)lus grande
dans le Midi, et il rend justice au rôle exercé par l Ecole nationale
d'agriculture de Montpellier dans celle voie.
Par un vote unanime, la Commission a demandé que le rapport de
M. Tisserand reçut la plus grande publicité, attendu qu'il constate que
la science a désormais trouvé les moyens de lutter contre le terrible
fléau, et que la pratique peut désormais se servir avec certitude
des indications qui lui sont fournies.
VIII. — Les plantations de vignes américaines.
Plusieurs associations agricoles delà France méridionale ont com-
mencé à distribuer des encouragements pour la culture des vignes
CHRONIQUE AGRICOLE (11 DECEMBRE 1880). 405
américaines. Un des concours de ce genre les plus importants a été
organisé cette année par la Société départementale d'agriculture
de Vaucluse. Nous venons de recevoir le rapport dû à W. Dueos,
ancien commandant du génie. Pour les plantations à demeure, le pre-
mier prix a été attribué à M. Sénaux, pour sa vigne de la llou^tane,
à la Tour d'Aigi.es, plantée au printemps de 1878 en barbues d'un an,
greffée à demeure au printemps de 18T9 et en pleine production
en 1880; le rendv^ment a été de 30 hectolitres en 1 580. Pour les vignes
non encore arrivées à l'époque de la production, le premier prix a été
aCtribué à IM. Loubet, président du Comice de Carpentras. Pour les
pépinières, le premier prix a été attribué à iM. Uousseau, à l'Isle,
qui cultive 24,<>00 à 25,000 plants de cépages divers pour l'étude et
la propagation. Nous croyons utile de reproduire la conclusion du
rapport de M. Ducos :
« La période des expériences, des tâtonnements est close; c?lle des résultats va
s'ouvrir; après avoir étudié la mise en pi ce, l'adaptation au terrain, nos popula-
tions sont prêtes pour a plantation à demeure et le gretVa:^e en masse; au champ
d'essai, à la pépinière, va succéder la grande culture. Tout le prouve : l'importance
des chiffres que nous avons mis sous vos yeux, le nombre des concurrents, et plus
encore la passion convaincue qui les anime et le ferme-propos ({u'ils manifestent
de mener à fin leur tentative. Partout nous avons renconiré l'expression de ce
sentiment de confiance et d'espoir; et combien pourrions-nous vous en citer parmi
ceux qui ne figurent ici que pour quelques ares, qui nous ont dit : « L'année pro-
« chaîne, c'est par dix fois, c'est par vingt fois cette surface que je veux compter
« mes plants américains. »
Puisque nous parlons des cultures de vignes américaines, nous
devons signaler le nouveau catalogiie des plantations du château de
Salettes, près Montélimar (Drôme). On sait que notre excellent colla-
borateur, M. Aimé Champin, y a introduit, acclimaté et cultivé depuis
neuf ans, plus de 80 variétés américaines et de 150 variétés fran-
çaises qui prospèrent, les unes portant les autres, en pleine invasion
phylloxérii^ue. iM. Cbampin insiste sur la longueur des boutures, et
il recommande, avec raison, de leur donner la plus grande longueur
qu'il est possible, .afin que, lors de la plantation ou ensuite de la
greffe, on puisse les préparer à sa guise et suivant les conditions les
plus appropriées aux sols ou aux exigences des diverses variétés.
M. Champin est d'ailleurs un maître dans l'art de greffer; le succès
qui a accueilli son Traité de greffage de la vigne est la légitime ré-
compense des efforts et des travaux qu'il poursuit sans s'arrêter.
Dans sa dernière séance, la Société agricole di^s Pyrénées-Orientales
a admis à l'unanimité, la proposition faite par M. Nurai Lloubes, que
la teinte noire soit appliquée, pour tout le département, à la carte phyl-
loxérique, aQn que la circulation et la plantation de toute nature de
vignes y soit autorisée.
Les études sur la résistance et sur la propagation des vignes améri-
caines sont d ailleurs poursuivies avec une grande activité dans
beaucoup de départements. Dans le département de la Charente-Infé-
rieure, ui^i, depuis plusieurs années, on a cherché à lutter contre
l'insecte fatal, le Comité central départemental propage activement
la création et la propagation de pépinières de vignes américaines.
C'est ce qui résulte d'un rapport de M. Menudier au ministre de
l'agriculture, dans lequel nous trouvons encore que, sur 188,000 hec-
tares de vignes, il n'en reste plus que 53,000 qui n'aient pas été
406 CHRONIQUE ACRlCOLECll DÉCEMBRE 1880).
attaqués. Le Comilé a, en outre, adopté les conclusions de deux rap-
ports, dus à M. Rouvieretà M. Calvet, et qui peuvent se résumer ainsi :
1" Il est (|uelques variétés de cépages américains, entre autres Jacquez,
Herbemont, Solonis etRiparia, dont les racines sont réfractaires au phylltxera
jusqu'à aujourd'hui; la période d'essai, qui est en Saintongede six et sept ans,
atteint dans le Midi dix et douze ans ;
2° Selon les terrains, les expositions, les conditions du milieu, la végétation
peut présenter chez ces plants des apparences diverses (chlorose, antrachnosc) ;
mais le système radiculaire est indemne de parasite ;
3° Il est nécessaire de multiplier les expériences pour trouver les cépages résis-
tants s'adaptant le mieux aux divers sols et aux diverses expositions ;
4" On a essayé avec succès de nombreux procédés de muhiplication du bois
américain : semis, bouturage, greffage en souche française, marcottage ;
5" Les divers procédés de greffe des cépages français sur racines américaines
résistantes, ont été déjà employés utilement en Saintonge ; pour les viticulteurs
en mesure de recourir a des spécialistes, les greffes anglaises (Jhampin.MiUardet,
Bouschet, etc., sont d'un usage avantageux. Pour les petits propriétaires, la
greffe en fente simple, connue dès longtemps, est d'une efficacité assurée et d'une
pratique facile ;
6° Il y a intérêt, en général, à ne mettre en place, en plein champ, que des
plants élevés en pépinière et greffés au préalable.
D'un autre côté, le Comité central de Lot-et-Garonne, présidé par
M. Prosper de Lafitte/vient de décider l'.ittribution d'une somme de
5,000 fr. à rachat de boutures. Son choix, s'est porté sur le Jacquez,
l'Elvira etTHerbemont pour la production directe, et sur le Riparia-
Fabre, le Solonis, l'York-Madeira et le Vialla comme porle-grelYes.
IX. — Concours pour une chaire à l'InslUut agronomique.
Un concours sera ouvert, à Paris, le 17 janvier prochain, pour la
nomination à l'emploi vacant, par suite de la mort de M. Moll, d'un
professeur d'agriculture général de l'Institut agronomique. Le coTi-
cours sera public et aura lieu au siège de l'établissement, 292, rue
Saint-Martin, Conservatoire des arts et métiers. Le programme se dis-
tribue à Paris, au ministère de l'agricullure et du commerce, et à
l'Institut agronomique, 202, rue Saint-Martin. Voici ce programme :
I. — Le cours comprend cinquante leçons distribuées en deux années, et doit
embrasser l'agriculture orénérale, toutes les cultures spéciales, sans excepter celles
des colonies, et la théorie de la succession des récoltes.
IL — Concluions d'admission au concours. — Les candidats devront : 1° se faire
inscrire le 10 janvier ls81 au plus tard au ministère de l'agriculture et du com-
merce; 2° justifier qu'ils sont Français ou naturalisés Français, qu'ils auront
vingt-uii ans au moins à l'époque du concours en produisant leur acte de nais-
sance ; 3" faire connaître leurs antécédents agricoles, leurs titres et travaux
scientifiques, et transmettre, à cet effet, leurs diplômes et quatre exemplaires au
moins des livres ou mémoires pubhés par eux.
Ces titres et travaux compter(«nt comme éléments d'appréciation pour une valeur
que le jury aura à déterminer.
Chaque candidat devra joindre aux documents énumérés ci-dessus le programme
sommaire du cours, tel qu'il entendrait le professer.
m. — Epreuves du concours. — 1'^ épreuve. — Exposition verbale du projet
de programme du cours présenté par chaque candidat.
i." épreuve. — Composition écrite sar une question d'agriculture générale ou
spéciale. Pour cette épreuve, quatre heures seront accordées aux candidats, sans
que ceux-ci puissent se servir de livres ou de notes manuscrites.
3* épreuve. — Leçon sur une question d'agriculture générale après quatre
heures au plus de piéparation et dans les conditions de la 1" épreuve.
4« épreuve, — Leçon sur une question se rattachant aux cultures spéciales, ou
aux systèmes de culture, etc. Les candidats auront vingt-quatre heures pour se
préparer.
CHRONIQUE AGRICOLE (11 DÉCEMBRE 1880). 407
5* épreuve. — Démonstration pratique ou conférence sur le terrain.. Les candi-
dats auront à mettre en évidence leurs connaissances pratiques; à cet effet une
excursion aura lieu sur une exploitation désignée par le jury. Les concurrents
auront à exécuter les opérations indiquées parle jury et à donner toutes les expli-
cations qui leur seront demandées.
Le jury déterminera le temps à accorder pourles exercices pratiqaes
de la cinquième épreuve.
X. — Les terres vaines en Bretagne.
Dans notre chronique du 17 juillet dernier, (page 81 du tome III
de 1 880) nous avons analysé le projet de loi présenté à la Chambre
des députés, ayant pour objet de proroger pour dix ans la Loi de 1850
organisant le partage des biens communaux dans les cinq départe-
ments formés par l'ancienne province de Bretagne. Il y reste encore
17,890 hectares de terres vagues indivises. La Chambre des députés,
après avoir voté l'urgence, a adopté le projet de loi dans sa séance
du 23 novembre dernier. Celui-ci a été immédiatement transmis au
Sénat; il n'y a pas à douter qu'il recevra une rapide solution, car
l'action de la loi de 1850 expire à la fin de l'année courante.
XL — Concours régionaux de 1881.
Dans notre avant- dernière chronique 'p. 321), nous avons com-
mencé l'analyse des programmes des concours régionaux de 1881.
Voici la suite de cette analyse :
Concours d^ Annecy, du 11 au 20 juin, pour kt région comprenant les départe-
ments des Basses-Alpes, des Hautes-Alpes, de la Drôme, de l'Isère, de la Savoie,
de la Haute-Savoie et de Vaucluse. — Espèce bovine, 4 catégories : 1" race taren-
taise ou tarine; i^race de Villard-de-Lans; 3" races françaises diverses pures, plus
spécialement aptes au travail ou à la production de la viande; 4" races laitières,
françaises ou étrangères, pures ou croisées. Deux prix d'ensemble pour la pre-
mière catégorie et pour les autres. — Espèce ovine, 5 catégories: 1° métis et métis-
mérinos; 1° race des Alpes; 3° races françaises diverses; 4° races étrangères
diverses; 5** croisements divers. Un prix d'ensemble. — Espèce porcine, 3 caté-
gories : l"' races indigènes pures ou croisées entre elles; 2" races étrangères
pures ou croisées entre elles; 3" croisements entre races françaises et races étran-
gères Un prix d'ensemble. — AnimaiiX de bnsse-cour, 8 catégories : 1° coqs et
Ï)Oules ; 2° dindons; 3° oies; 4° canards, 5° pintades, 6" pigeons; 7° lapins et
éporides ; 8° autres animaux de basse-cour. Un prix d'enspmble. — Instruments
d'extérieur de ferme, 3 concours spéciaux : 1° charrues Brabant doubles pour
labours légers; 2° charrues tourne-orfille; 3" râteaux à cheval. — Imtruments
d'intmeur, 4 concours spéciaux : 1° hache-païUe et hache-fourrage; 2° tarares;
3° collections d'ustensiles de laiterie ; 4° ruches. — Produits agricoles, 8 concours
spéciaux : 1" vins de la région, de 1879 et 1880; 2° produits des fruitières;
3° miels et cires ; 4" laines en toison ; 5" semences et plants pour plantations et
reboisements ; 6" produits horticoles ; 7" expositions scolaires ; 8" expositions
collectives — Trois médailles d'or, six d'argent et huit de bronze pourront être
décernées, en outre, pour les produits végétaux et animaux, pour ceux de l'horti-
culture et de l'arboriculture, de la pisciculture, des exploitations forestières, et
pourles modèles d'instruments.
Concours de Montbrison, du 18 au 27 juin, pour la région comprenant les
déparlements de l'Ardèche, de la Loire, de la Haute-Loire, de la Lozère, du Puy-
de-Dôme et eu Rhône. — Espèce bovine, 8 catégories : l" race tharolaise;
2° race deSalers; 3" race d'Aubrac ; 4° race du Mézenc; 5° race tarentaise;
6" races françaises diverses pures ou croisées; 7° race durham; 8° races étrangères
diverses. Deux prix d'ensemble ; pour les quatre premières catégories, et pour
les autres. Quatre prix pour les bandes de vaches laitières en lait. — Espèce ovhio^
3 catégories : 1° races françaises diverses; 2° races étrangères diverses ; 3» croiser
ments divers. Un prix d'ensemble. — Espèce porcin?, comme aa concours d'An-r
necy. — Animaux de basse-cour, 6 catégories : 1° coqs et poules; 2° dindons;
408 CHRONIQUE AGRICOLE (11 DÉCEMBRE 1880).
3° oies; 4" canards; 5" pintades et pigeons; 6** lapins et léporides. Un prix d'en-
semble. — Juftrvnienis d'extérieur de ferme, 5 concours spéciaux : 1° charmes
bisocs ; 2" appareils jour travaux d'irrigation; 3" faucheuses; k" arracheuses de
pommes de terre; 5° arracheuses de betteraves. — Insiiuments d'intérieur de ferme:
1" laveurs de racines; i" coupe-racines. Ces quatre derniers concours feront
l'objet d'épreuves spéciales qui auront lieu au moment de l'arrachage des bette-
raves et des pommes de terre. — Produits agricoles, 6 concours spéciaux :
1» fourrages; 2° vins de la région de 1879 et 1880; 'à" produits maraîchers;
4" semences et plants pour plantations et reboisements; 5" exposiions scolaires;
6" expositions collectives. — Pour les produits divers, comme au concours d'An-
necy.
Concours de Saint-Brieuc, du 18 au 27 juin, pour la région comprenant les
départements des Gôtes-duNoid, du Finistère, d'Illp-et-Vilaine , de la Loire-
Inlérieure, de Maine-et-Loire, de la Mayenne et du Morbihan. — Espèce bovine,
6 catégories : 1" race bretonne; 2" race' durliam, 8° croisements durham-breton ;
k" aaties croisements durham; 5' race parthenaise et ses dérivées; 6" races
laitières françaises ou étrangères pures ou croisées. Trois prix d'ensemble, pour
la race durham, pour la race bretonne et pour les autres catégories. Trois prix
?'Our les bandes de vaches laitières en lait — Espèce, ovine, 4 catégories : 1° races
rançaises diverses pures; 2" races étrangères à laine longue; 3" races étrangères
à laine courte; 4° croisements divers. Un prix d'ensemble. — Espèce porcine,
comme au concours d'Annecy — Animaux de basse-cow, comme au concours de
Montbrison. — Insl'^iimeiits d'ex'érie r de ferme, 3 concours spéciaux ; 1® char-
rues tourne-oreille; 2" charrues bisocs; 3" houes à cheval pour racines. — Instru-
ments d' intérieur "c ferriic^ 3 concours spéciaux : 1° machines à battre à manège
de 2 chevaux au plus, ne vannant ni criblant; 2° tarares; 3° mou ins à vent pour
usages agricriles, pompes, etc — Produits auricules, 7 concours spéciaux :
1" beurres de Bretagne; 2° fromages à pâte molie; 3° produits maraîchers, de pri-
meur ou autres; ^^ plantes textiles, lins, chanvres, etc.; 5° cidres et poirés;
6" expositions scolaires ; 7" expositions collectives. Pour les produits divers,
comme au concours d'Annecy.
Les programmes des concours régionaux de la Rocbe sur-Yon (du
28 niai au 7 juin), d'Epinal (du 11 au 20 juin) et de Versailles (du
4 8 au 27 juin) seront analysés dans notre prochain numéro.
L'examen des programmes que nous venons d'analyser, suggère
quelques réflexions. — Tout d'alDord, les chevaux, ainsi que nous l'a-
vons déjà dit, n'y figurent pas; mais il est important que la question
de leur ad(nission dans ces solennités agricoles continue à être agitée,
afin qu'elle puisse enfin aboutir. — En deuxième lieu, par une heu-
reuse innovation, les dates des essais spéciaux deplusieurs instruments
qui ne peuvent êtreemployés qu'à quelques éjioques de l'année, ont été
fixées de manière que ces instruments pourront être expérimentés dans
les conditions ordinaires de la pratique cuîturale. C'est ainsi que, au
printemps, auront lieu les essais de semoirs aux environs d'Alençon;
au commencement de l'été ceux de moissonneuses auprès de .Nîmes, et
enfin, à l'automne, ceux des appareils de vendanges et de vinification, à
Tours, ceux d'arracheuses de betteraves et de pommes de terre, de la-
veurs de racines, aux environs de Montbrison. — Une autre innovation
manifeste la sollicitude de l'administration de l'agriculture pour l'en-
seignement agricole; dans tous les concours régionaux auront lieu, pour
la première fois, des expositions scolaires auxqu3lles tous les institu-
teurs de la région pourront prendre part. — EnLn, les administrations et
les associations agricoles concourront pour des expositions collectives ;
mais les récompenses décernées aux collectivités n'enlèveront pas aux
agriculteurs, dont les produits auront figuré dans l'exposition d'ensem-
ble, le droit de concourir individuellement aux récompenses spéciales
peuvant être attribuées pour ces produits. J.-A, Barral.
DESTRUCTION DES CADAVRES DES ANIMAUX CHARBONNEUX. 409
DESTRUCTION DES CADAVRES
DES ANIMAUX CHARBONNEUX K
Il est un moyen très simple et très efficace de supprimer les dangers
que les animaux morts du charbon font courir aux bestiaux et aux
hommes, alors môme qu'on les enfouit, comme le prescrit la loi sur la
police sanitaire. Ce moyen, c'est une chaleur de 100 degrés. C'est la
coction des chairs cliarbonneuses et leur utilisation pour la nourriture
des porcs et de la volaille.
Pendant les quarante années du bail de la Société agronomique de
Grignon, il est mort dans cet établissement un assez grand nombre
d'animaux charbonneux, et jamais on n'a créé par leur enfouissement
ce qu'on a appelé assez justement des champs maudits. Une bergerie
de 800 à 1,000 bêtes à laine admettait, presque chaque année, des
moulons aclietés en Beauce et en Champagne qui, à plusieurs reprises,
y ont introduit le sang de rate II y avait d'ailleurs dans le voisinage
de l'Ecole une localité qui passait aussi pour communiquer le
charbon aux troupeaux qui y passaient; et enfin Grignon a, par
deux fois, donné asile, sur ses prairies de Thiverval, à des troupeaux
décimés par I3 sang de rate, parce que ces prairies, qui sont assez
humides et donnaient la cachexie, passaient pour arrêter le sang de
rate. Y a-t-il là quelque microbe capable d'arrêter le dtveloppement
de la bactéridie charbonneuse ? C'est une question que j'ai déjà
posée à notre savant confrère M. Pasteur. Ce qui est certain c'est que
ces troupeaux laissaient derrière eux des cadavres qui ont été recueillis
par la porcherie de Griijjnon.
La 1 ouverie et la vacherie de Grignon qui contenaient environ
100 têtes, ont aussi fourni à la cuisine des porcs plus d'un cadavre
atteint du charbon. Enfin lorsque la viande des animaux morts dans
l'établissement venait à manquer, on ne se faisait pas faute d'en
acheter dans les environs. Les cultivateurs voisins savaient trouver un
débouché assuré pour leurs bestiaux morts et les y apportaient pour
ne pas tout p^^rdre.
Eh bien! ces animaux morts qui étaient tous consommés par une
porcherie de 5i) à 70 truies et par leurs gorets, n'ont jamais importé
la terrible maladie dans cette étable et on n'a jamais constaté d'in-
convénients par suite de cette alimentation.
Voici comment on procédait: les cadavres, après avoir été dépouillés
avec les précautions voulues, étaient dépecés à coups de hache et de
serpe; les morceaux pris à la fourche étaient mis dans une grande
chaudière avec de l'eau qu'on portait à l'ébullition ; c'est-à-dire qu'on
en faisait un véritable bouilli dont le liquide et la viande venaient ani-
maliser les rations de pommes de terre cuites et de farine qui faisaient
la base de la nourriture des porcs. Les quantités de bouillon et de
bouilli variaient nécessairement avec la taille, le poids et l'état des
animaux, comme aussi avec le but à atteindre : on ne donnait que du
bouillon aux gorets et on réservait la viande pour les mères et les
verrats, encore n'en abusait on jamais ; on avait remarqué, en effet,
que les animaux recevant de fortes rations de viande, devenaient
méchants et cessaient d'avoir le poil lisse.
Lorsque les animaux morts arrivaient en trop grandes quantités
1. Communication à la Sociélé nationale d'agriculture.
410 DESTRUCTION DES CADAVRES DES ANIMAUX CHARBONNEUX.
pourralimentation journalière, ils étaient conservés et mis en réserve
par la méthode usitée dans tous les ménages ruraux. Les morceaux
convenablement salés étaient mis dans des tinettes ou tonneaux.
Une partie des moutons qu'il faut abattre parce qu'ils vont périr du\
sanc/ de rate, personne ne l'ignore dans les campagnes, est consommée
à bas prix par les populations rurales : les bergers croiraient manquer
à leur devoir professionnel, si, malgré le danger très grave qu'ils
courent en dépouillant et en faisant les moutons qui vont périr, ils ne
sauvaient, pour leurs patrons, la peau et la cliair de ces moutons. Or,
je n'ai pas connaissance d'inconvénients sérieux occasionnés par
la consommation après cuisson de ces viandes charbonneuses, tandis
que j'ai eu connaissance d'un grand nombre d'inoculations charbon-
neuses par la manipulation, sans précautions suffisantes, des viandes
crues. Ln de mes voisins succombaitau charbon, tandis quemoi-même
n'échappais qu'à grand'peine aux conséquences d'une blessure que je
m'étais iaile avec un bistouri qui avait servi à scarifier un bœuf
atteint de tumeurs charbonneuses, au dire des vétérinaires attachés
à rétablissement. J'ai constaté aussi dans plusieurs porcheries,
notamment dans celle de M. liette, à Bresle, dans lesquelles, à
l'exemple de ce qui se passait autrefois à Alfoit, on jetait aux porcs
les viandes crues, que des moutons morts du sang de rate avaient
inoculé la maladie aux porcs qui les avaient consommées. Commpnt
s'opérait la transmission? Par l'appareil digeslifou par quelque bles-
sure des gencives? C'est ce que je ne saurais dire. IMais ce qui
est certain c'est que ce grave inconvénient ne s'est jamais produit à
Grignon, oia il était de règle absolue de faire bouillir toutes les chairs
et même tous les os provenant du débitage des carcasses d'animaux.
Ce qui semble bien prouver que l'innocuilé de ces viandes est due àl a
cocLion.
Je pense qu'il ne doit pas en être autrement de la bactéridie
charbonneuse que de la trichine, dont on a constaté la destruction
par Teffet de la chaleur.
Je me souviens d'un jour qui avait vu affluer à Grignon, une
grande quantité d'animaux charbonneux. L'illustre physiologiste
Magendie était précisément en villégiature chez moi; je lui sou-
mis ma pratique constante et les scrupules de conscience qu'elle
m'inspirait parfois. Magendie, qui appartenait à l'Ecole expérimentale,
jugea a poslcriori que la pratique était bonne et devait être continuée.
La science reconnaissait la bonté du proverbe populaire : Le feu piirife
tout.
En résumé, je trouve dans une longue pratique, qu'Auguste Bella
avait apportée de Lorraine, la justification de la proposition que j'ai
faite dans la dernière séance de la Société nationale d'agriculture:
La coction devrait rem.placer partout renfouisscment qui a été
recommandé à tort par la loi sur la police sanitaire. Cette coction
est possible partout au moyen de chaudières, chaudrons et marmi-
tes, qui ne manquent pas dans les campagnes. Elle ne coûterait
pas plus que le transport et l'enfouissement profond dans les
champs des animaux morts, et la dépense serait compensée par la
riche alimentation, qui en serait la conséquence, pour les animaux de
basse-cour : les porcs et la volaille.
Je crois devoir ajouter que depuis les belles découvertas dues
DESTRUCTION DES CADAVRES DES ANIMAUX CHARBONNEUX. -411
à M. Pasteur, sur le choléra des poules, toutes les volailles mortes de
cette maladie qu'on enfouissait dans les tas de fumier dans les fermes
que j'administre, sont préalablement trempées dans l'eau bouillante.
C'est une pratique qui, malheureusement, n'est pas générale; et il est
bien probable que beaucoup de volailles atteintes de cette maladie sont
vendues pour le marché de Paris. F. Bella,
Directeur honoraire àe Grigaoa.
DISCOURS PRONONCÉ AUX OBSÈQUES DE M- xMOLL
Au nom de la Société nationale d'agricultui-e. le 2 décembre 1880
Messieurs, la mort, a dit Sénèque, est une loi sévère. Combien est
dure cette vérité ! Notre Compagnie l'éprouve cruellement, car, dans
le cours de moins d'une année, elle vient d'être inexorablement déci-
mée. Bourgeois, Léonce de Lavergne, le général Morin, Nadault de
Buffon_, Victor Borie sont, en quelques mois, descendus dans la
tombe, et voici que Louis MoU nous quitte à son tour et tout d'un
coup. Il a disparu alors que nous nous réjouissions de le revoir venir
prendre place parmi nous, à la rentrée des vacances, au retour des
champs oi^i nous espérions qu'il avait été prendre de nouvelles forces
pour continuer celte vie de lutte qui fut toujours la sienne, lutte pour
le progrès agricole et le triomphe du bien qu'il poursuivait avec pas-
sion. C'est un hommage que lui rendent tous les compagnons de ses
longs travaux.
Né à Wissembourg, le 22 novembre 1809, Louis 31oll a passé la
plus grande partie de son enfance, puis de sa jeunesse, au milieu des
populalions rurales de l'Alsace et de la Lorraine; il y avait, dès ses
premiers pas dans le monde, appris l'amour de la culture du sol ; cet
amour grandit en lui sous Mathieu de Dombasle dont il fut, à Roville,
successivement l'élève et le collaborateur.
A l'âge de vingt ans, il était déjà professeur. Dès 1831, il publiait
le récit animé de ses premières observations agricoles ; c'était d'un
voyage dans les Vosges qu'il rendait compte, dans ce style clair,
chaleureux, souvent charmant, qui depuis a toujours caractérisé ses
écrits. 11 quitta alors l'enseignement agricole de Roville pour devenir
cultivateur à ses risques et périls. Mais il était dans sa destinée d'en-
seigner. Il lui a été donné d'appartenir à la première école d'agricul-
ture établie en France, et à la dernière qui y ait été créée ; s'il a vu
périr Roville, il a eu la satisfaction de laisser en pleine prospérité
l'Institut national agronomique. Dès '1835, il faisait œuvre d'enseigne-
ment général, d'une grande portée pour l'époque, dans une forme
modeste, en publiant, sous les auspices de la Société d'agriculture de
Nancy et du Conseil général du département de la Meurthe, un traité
élémentaire de la science agricole pour les écoles rurales du nord-est
de la France.
Nous avons relu les leçons qu'il a ainsi composées, il y aura bientôt
un demi-siècle; son âme s'y trouve tout entière. « Pour réussir,
disait-il alors, le cultivateur doit posséder la moralité qui est la pre-
mière base de succès dans toute entreprise. S'il est religieux, probe,
kborieux, rangé, bon, serviable envers tout le monde, ceux qui l'en-
tourent l'imiteront; il n'aura que de bons voisins et de bons serviteurs.
Il doit être avec ses domestiques et ses ouvriers, comme un père
avec ses enfants ; passer sur les fautes involontaires ou provenant
412 DISCOURS PRONONCÉ AUX OBSÈQUES DE M. MOLL.
d'étourderie, d'ignorance ou de maladresse ; mais être inexorable pour
toutes celles qui montrent de la corruption ou qui partent d'un mau-
vais cœur, comme les mauvais traitements enve/s les animaux. Dans
les gens, il doit considérer beaucoup plus la moralité que l'habileté, i)
Ces paroles le peignent. On peut dire qu'il a toujours prêché
d'exemple.
Appelé à occuper, dès l'âge de vingt-huit ans, au Conservatoire
des arts et métiers, comme vous l'a dit notre confrère, M. Hervé Maa-
gon, qui aujourd'hui a la bonne fortune de diriger ce grand établisse-
ment national, la première chaire d'agriculture du monde. M. Aïoli ne
larda pas à être élu membre de la Société nationale d'agriculture.
Il entra dans notre Compngnie en 1S43; il y a fait partie de la Section
d'éct)nomie, de statisticjue et de législation agricoles. 11 revenait de
faire un voyage en Algérie; quelques temps après, il publia sur la
colonisation et Tagricullure de nos possessions en Afrique, un livre
plein de vues remarquables et de conseils excellents dont heureuse-
ment beaucoup ont été suivis.
Les nombreux rapports, les communications incessantes de M. Moll
sur les sujets les plus variés, la part considérable qu'il prenait à
toutes nos délibérations, sont présents à vos esprits.
En évoquer le souvenir, c'e.-t aviver nos regrets et notre douleur;
car nous aimions à l'entendre et à suivre ses conseils si pleins de
sagesse et de bienveillance, lors même que nous n'adoptions pas ses
opinions.
En I 8()5, ses confrères l'clevèrent à la présidence de notre Compa-
gnie. Le discours qu'il a prononcé à ce titre dans notre séance solen-
nelle annuelle est un modèle. Nous sortions d'une longue discussion
sur la question douanière; il avait volé contre la solution libérale qui
fut adoptée. Eh bien ! il n'hésita pas à dire, du haut du fauteuil de
la présidenci^ : « Quoique j'aie été du petit nombre des opposants,
mon devoir est aujourd'hui de maintenir haut et ferme le drapeau que
notre ('ompagnie a adopé. Au fond, d'ailleurs, j'étais d'accord avec
la majorité; je n'en ditt'^^rais (pie sur l'opportunilé. Je reconnais que
je m'ttais trompé. » Et il ajoutait celle phrase, bien digne d être
mé'lilée : « Tandis qu'auîrefois une récolte médiocre et même mau-
vaise était presque toujours plus avantageuse pour le culiivateur
qu'une bonne récolte, par la raison toute simple qu'un déficit d'un
dixième dans le produit élevait souvent le prix de moitié en sus,
aujourd'hui la pleine récolte seule peut nous donner du bénéfice. »
Celait battre la charge pour exciter les agriculteurs à monter à l'assaut
du progrès. Mais, en niôuie temps, M. Moll demandait avec instance
que l'agriculture fût mieux armée et débarrassée des charges et des
entraves qui, trop souvent, empêchent ses mouvements.
Notre confrère fut toujours en marche, sans trêve ni merci. Heureux
ou malheureux, plus souNent malheureux, il ne se décourageajamais.
Parmi ses litres à l'estime [publique, il faut rappeler ses elforts pour
faire adopter l'emploi des engr.iis liquides; il se mit lui-même à
l'œuvre afin de donner l'exemple; si le succès n'est pas encore
complet, il a préparé les voies à une bonne solution d'un problème
difficile.
A la Société d'encouragement pour l'industrie nationale où il fut
appelé à faire partie du Conseil d'administration dès 1846, il ne se
DISCOURS PRONONCÉ AUX OBSÈQUES DE M. MOLL. 413
montra pas riiôins laborieux et utile qu'à la Société d'agricullure. De
très nombreux et excellents rapports l'attestent iiautemeat.
La publication de V Encyclopédie pratique, de l agriculteur qu'il a
faite on collaboration avec notre conirère, M. Gayot, a été aussi une
œuvre de lal)eur intrépide.
Il avait donc légilimemcnt conquis la grande autorité qui s'attachait
à tous ses écrits, tant en France qu'à l'étranger. Son dévouement
désintéressé à la chose publique, à la patrie, à l'agriculture, restera
dans la mémoire de tous ; c'est le glorieux héritage de sa famille.
Nous ilisons donc, au bord de cette tombe, un dernier adieu à un
véritable ami du bien, à un cœur chaud, généreux, qui mérite
d'être pleuré. J.-A. Barral.
SUR LA COMPOSITION CHIMIQUE DES ALIMENTS
ET LA RELATION NUTRITIVE.
Les lois physiologiques de la nutrition animale non seulement inté-
ressent la science, mais exercent aussi sur la pratique raisonnée, une
telle influence, qu'il y a déjà longtemps que les agriculteurs et les
zootechniciens sont tenus en suspens par les promesses de la chimie
physiologique. Et aussi il faut convenir, que la perspective, ouverte à
l'hygiène animale, d'être en mesure de régler l'assimilation par un
mélange calculé des matières albuminoïdes et hydrocarbonées, tantôt
dans la direction de la croissance ou du développement des forces mus-
culaires, tantôt en faveur des excrétions, ou même de la rétention des
matières rétrogradées dans les tissus, promet les plus grands avan-
tages pour la réglementation de toutes les phases de la vie physique.
Malheureusement les analyses des aliments ordinaires, accumulées
pendant ces dernières années par les laboratoires de chimie agricole,
ont démontré des variations si considérables, non seulement quant au
contenu absolu, mais même quant à la proportion relative des matières
nommées, que le praticien aura beaucoup de peine à trouver son che-
min. Il est déjà généralement convenu que les moyennes, si'souvent
offertes aux agriculieurs, dans les comptes rendus des Stations agro-
nomiques, sont sans valeur sérieuse, surtout parce que les différences
intérieures ne se révèlent guère par des signes extérieurs; même Ir
poids de qualité (le poids hollandais), si souvent employé pour juger
la valeur des céréales, n'impliquerait aucune différence de composition
intrinsèque, d'après les expériences récentes de M. Grandeau. En outre,
les différentes compositions azotées, qui se trouvent particulièrement
dans les herbes et dans les racines tuberculeuses, ajoutent encore aux
dilticullés de l'évaluation du contenu nutriiif; et celte difficiiUé mérite
l'attention, d'autant plus que ce sont justement les aliments qui sont
le plus estimés par la pratique, parce qu'ils poussent au développement
des tissus, qui, le plus souvent, sont dépréciés par les chimistes en
raison de l'état moins avancé de leurs compositions azotées.
Ayant commencé mes études spéciales comme aide-naturaliste au
Muséum d'anatomie comparée de l'université de Topenhague dès 1843
jusqu'en 1846, j'ai toujours été imbu des principes de l'anc'enne
école française, fondée par Cuvier, et c'est pourquoi ma conscience
physiologique s'est toujours mal accordée avec les prétentions de la
nouvelle école de chimie animale. Des conclusions, fondées sur lei.
414 SUR LA COMPOSITION CHIMIQUE DES ALIMENTS.
phénomènes d'assimilation d'un très petit nombre d'espèces herbivores,
sans être contrôlées par un aperçu général des phénomènes corres-
pondants chez les différents embranchements du règne animal, ne
me semblent pas offrir les garanties exigées par les sciences exactes.
Mais si les faits constatés par la biologie comparée ne s'accommodent
que très mal avec les assertions de l'école chimique, d'un autre côté
ces mêmes faits sont en plein accord avec les expériences d'une pra-
tique judicieuse, comme celle des célèbres éleveurs anglais.
La physiologie ne sait que faire des etîets prétendus d'une relation
différente des matières albuminoïdes et hydrocarbonées, ou plutôt elle
en sait tirer des conséquences d'un ordre tout à fait différent. La na-
ture nous offre tous les jours par l'œuf fécondé une expérience très fa-
cile à contrôler, oii l'on a sous les yeux une transformation en tissus
vivants d'une mixtion de matières albuminoïdes avec de la graisse
(et avec un minimum de sucre et les sels nécessaires). Il est incon-
testable que la proportion des matières grasses suffit pour transformer
le contenu albuminoïde en tous les tissus du corps animal, et nous
tenons ainsi, de par la nature elle-même, un point de départ assuré.
Il est vraisemblable que les œufs des différents animaux n'offrent pas
tout à fait les mêmes proportions de matière adipeuse, l'évolution de
l'œuf n'aboutissant pas aux mêmes lins chez tous les animaux; mais alors
c'est l'œuf le plus maigre, qui servira d'étalon pour fixer le minimum
nécessaire à la transformation des matières contenues en tissus vivants.
Il y a toujours perte de matière adipeuse, mais il faudra pourtant
convenir, que la transformation n'est possible avec cette dépense
minime, que parce que le contenu de l'œuf présente déjà un état mo-
léculaire, une certaine tension, qui le rapproche de l'état des tissus
vivants.
On arrive au même résultat, en faisant passer en revue les divers
aliments, partant du sang à la viande, au grain jusqu'à Iherbe, le foin
et la paille; on observera toujours que la proportion relative des ma-
tières non azotées augmente en relation de l'état plus pectueux ou plus
dense des éléments azotés. La biologie comparée démontre, en outre,
que les animaux à sang froid subissent tout à fait les mêmes lois, quant
au choix de leur nourriture, que les animaux à sang chaud. Il dépend
toujours de l'organisation du tube digestif, que l'animal soit en état
de "digérer des aliments grossiers, mais d'un autre côté l'expérience
nous fournit assez de preuves que la plupart des animaux, et en par-
ticulier les animaux domestiques et l'homme lui-même, passent avec
assez de facilité à la consommation des aliments plus haut placés dans
Téchelle nommée (d'un état moléculaire plus tendu), mais qu'on se
heurte bientôt à l'impossible quand on essaie le remplacement en sens
contraire.
En contradiction au dogme des laboratoires agronomiques sur
la portée de la relation nutritive, l'expérience démontre suffisamment
qu'un excédent de matières non azotées ne dérange pas la régularité
de la digestion, et que, dans la grande majorité des cas, le superflu est
simplement évacué avec les excréments\ — Les moutons anglais, en-
graissés en parcage sur les champs de turneps, consomment beaucoup
1. Un grand excédent de sucre augmente certainement toutes les excrétions animales, mais il
n'est aucunement prouvé que les transformations des albuminoses, simultanément absorbées,
soieut modifiées parla présence des dérivés du sucre. Le problème que les sucres, en présence
de ferments, peuvent causer des dérangements des intestins, ne touche pas la question actuelle.
SUR LA COMPOSITION CHIMIQUE DES ALIMENTS. 415
plus de sucre qu'il ne faut pour digérer le contenu albuminoïde et
même la ration de tourteaux; l'homme qui, en maints endroits, se nour-
rit des légumineuses, additionnées de l'huile strictement nécessaire, se
contente, en d'autres lieux, avec du riz à grand excédent de sucre, et
dans les pays sauvages il a souvent pour unique nourriture du gibier
ou. du poisson, dont la combinaison de matières s'approche beaucoup,
ou même ressemble tout à fait à la composition de son propre corps.
L'alimentation du cochon ofYre des parallèles analogues.
D'un autre côté, les matières azotées se présentent tellement comme
les aliments par excellence, que même, ingérées avec trop peu de
graisse (ou d'hydrocarbures en général), elles savent tirer les matières
complémentaires des tissus déjà formés; ainsi dans les expériences
de M. Voit, à Munich, la graisse nécessaire était fournie par la rctro-
gression ou la dissolution des tissus, et la même absorption s'offre à
notre observation par lentraînement du cheval pur sang anglais. En
employant l'avoine de première qualité, on fournit déjà une nourL iture
riche en matières azotées, mais pourtant l'expérience a démontré qu'il
fallait ajouter un demi-kilog. ou trois quarts de kilog. de fèves, pour
soutenir les forces du cheval pendant 1 entraînement. Mais en présen-
tant une nourriture riche en matières azotées, d'une telle qualité
qu'elles excitent les glandes excrétrices et particulièrement le foie (jus-
tement comme les aliments savoureux excitent les nerfs et les glandes
de la bouche), l'absorption des matières rétrogradées est tellement
avancée, que les muscles se présentent tendus, denses et tout à fait dé-
pourvus de graisse, c'est-à-dire, dans un état diamétralement opposé
à celui de l'engraissement^ Ce sont des faits faciles à contrôler, la grande
activité du foie et la sécheresse des muscles; ici, je me iDornerai à
citer ces faits sans essayer de démontrer leur relation physiologique;
mais la même chose se reproduit aussi par la méthode employée en
médecine contre l'obésité maladive de l'homme (la méthode de Banting).
Sans doute il faudra convenir que de tels faits ne rentrent pas
dans les doctrines des stations agronomiques, et que les mêmes doc-
trines ne nous donnent non plus la raison pour laquelle les aliments, ri-
ches en matière azotée moins excitante, ne font profiter que d'une partie
souvent minime de leur contenu albuminoïde; on pourrait ajouter
l'expérience bien connue, qu'il faut toujours augmenter la proportion
des hydrocarbures (et particulièrement du sucre) vers la fin de l'en-
graissement (comme vers la fin des repas de l'homme) pour soutenir
le travail de la digestion, et en fin de compte, on pourrait nommer
exem-ple définitif, toutes les expériences de l'alimentation anglaise.
Mais l'esprit des sciences exactes exige que la doctrine embrasse tous
les fait connus, pour qu'elle puisse soutenir sa valeur et son droit.
Je n'ai fait qu'ébaucher ici les considérations que j'ai développées dans
mes leçons et principalement dans mon Manuel de l'hygiène des animaux
domestiques, 3™* édition, Copenhague 1875 ; mais pendant que
j'ai cherché mon point de départ dans la biologie comparée et surtout
dans l'étude de la structure anatomique de l'appareil digestif chez les
différentes espèces du règne animal, il semble que la chimie physio-
logique soit enfin en train de toucher aux mêmes conclusions. Car
1. Autrement un excédent de matières albuminoïdes offertes dans un étal moléculaire, qui li'ex-
cite pas les nerfs des intestins, traverse les voies digestives dans un état tout à fait inaltéré, ou seu-
lement dans un état de putréfaction débutante.
416 SUR LA COMPOSITION CHIMIQUE DES ALIMENTS.
dans Landwirihschaflichc jahrb'àcher, vol. VIII (1879) p. 65-119,
M. le professeur Zuntz attaque vivement les assertions des stations
agronomiques, et leur reproche surtout d'omettre tout à fait la démons-
tration des sources de chaleur, nécessaire pour donner au contenu al-
buminoïde des plantes, la tension propre aux tissus des animaux; il
n'y a qu'un pas de là à reconnaître que c'est justement la trans-
formation de l'état moléculaire des aliments, qui soit le but principal
du travail digestif, et la raison de la variation excessive des matières
non azotées, employées comme véhicules. V. Proch,
Professeur à l'fccole royale dagriculture de Copenhague,
CONCOURS RÉGIONAL D'ORAN- - VI-
Nous tenons à signaler, tout spécialement, l'importance que
prend lindustrie algérienne appliquée à la mécanique agricole. Notre
colonie est, en effet, placée dans des conditions particulières, sous
le rapport de la configuration et de la nature de son sol, du caractère
de ses habitants, de leurs aptitudes, et de l'œuvre même entreprise
dans ce pays, qui font que pendant longtemps l'agriculture et le
commerce lormeront les principales branches de sa prospérité, l'in-
dustrie, jusqu'à ces derniers temps, n'ayant eu un développement réel
que dans ses applications à la consommation proprement dite. Il y a
là cependant un élément de richesse publique tellement important,
que Ton doit êlre heureux chaque fois qu'il est permis, comme dans
le présent cas, d'enregistrer de sérieuses améliorations et de constater
un mouvement en avant très accentué.
Or, l'examen de nos concours régionaux, et les prix qui y sont
décernés, montrent bien que nos constructeurs des grands centres
agricoles : Bel-Abbès, Oran, Mustapha, Alger, Boufarick, stimulés
par les demandes des agriculteurs, sont largement entrés dans cette
voie très lucrative pour eux, et qu'ils ont réalisé des progrès tels
qu'ils peuvent quelquefois lutter avantageusement avec leurs collègues
de la Métropole.
L'exposition des instruments agricoles, nous nous plaisons à le
répéter, était une des plus belles de tout le concours^ et nul doute
qu'à l'avenir elle n'augmente encore d'importance.
L'automne est évidemment une époque mal choisie pour attirer
un grand nombre de constructeurs, dont le but principal est d'écouler
autant que possible les produits de leur industrie. A ce moment les
moissons et les récoltes de céréales sont terminées depuis longtemps,
les vins se trouvent en cave, et le cultivateur désireux de faire des
acquisitions de ce genre, préfère attendre le retour des grands travaux,
plutôt que d'immobiliser pendant un an des ressources dont il a
toujours besoin.
Au printemps, cette situation est toute différente, et chacun de nous
peut se rappeler, sans aller plus loin, combien les instruments étaient
recherchés au mois d'avril dernier, par suite du manque de bras, ce
qui aurait donné lieu à un chiffre considérable d'affaires, si le
concours se fût tenu à cette époque.
On sait, d'autre part, qu'il existe aujourd'hui une tendance chez un
grand nombre de constructeurs à considérer les concours comme un
moyen de propagande commerciale, et que plusieurs même demandent
que le principal juge soit le public qui, une fois satisfait, leur procure
CONCOURS REGIONAL D ORAN. 417
une bonne clientèle, tandis qu'un juge.ment du jury peut, quelquefois
à tort, la leur enlever. Cette manière de voir se généralisant, nous ne
voyons rien d'impossible, pour notre compte, que dans un avenir
rapproché, les concours n'aient plus pour but que de donner des
encouragements à certaines parties qui en ont plus particulièrement
besoin : le bétail, quelques instruments plus spécialement utiles dans
le moment à chaque contrée, tels produits agricoles qu'il y a intérêt à
propager pour des raisons qui ne peuvent se prévoir à l'avance, mais
que les intéressés eux-mêmes signaleraient chaque année dans des
assemblées générales. On procéderait ainsi à des concours spéciaux,
primant des catégories bien déterminées et en réservant les expositions
d'ensemble, dans le sens le plus large du mot, pour les exhibitions
internationales que l'on multiplierait.
L'idée des assemblées générales que nous venons d'émettre nous
conduit à dire que, dans l'intérêt des décisions qui y sont adoptées, ont
doit éviter d'imiter ce qui s'est passé à Oran, oii le 22 octobre, les
délégués des associations agricoles délibéraient pour proposer des
modifications à l'arrêté du concours de l'année suivante, sans savoir
que cet arrêté avait déjà une existence réelle depuis le 28 septembre
précédent.
Dans ces conditions les constructeurs, désireux de se préparer pour
les concours spéciaux de 1881, doivent ne pas tenir compte de ce que
nous avons dit précédemment, mais bien s'en rapj)orter uniquement
à l'arrêté du ministre de l'agriculture et du commerce.
Disons en terminant un mot des expériences d'Oran qui ont vive-
ment intéressé tous ceux qui les ont suivies, et mentionnons-les dans
l'ordre où nous les retrouvons dans le programme ministériel, tout
en renvoyant à la liste des récompenses les personnes désireuses de
connaître les noms des différents lauréats.
Sept bisocs ont pris part à la lutte sur un sol dur, pierreux et peu
propre à l'essai tenté. Malgré ces conditions défavorables, tous ont
donné un très beau résultat, et le jugement du jury n'a été émis
qu'après un sérieux examen motivant l'attribution du 1" prix à
M. Billiard, d'Alger, pour le bisoc Dombasle, très facile à régler.
Les semoirs pour culture en lignes, parmi lesquels celui de
M. Gautreau a été particulièrement distingué, exigent des terres bien
propres et une assez grande traction ; aussi a-t-on regretté que les
semoirs à la volée n'aient pu être primés, leur utilité dans la contrée
paraissant bien plus immédiate.
Parmi les houes à cheval, celle de M. Candelier, représenté par
M. Aultmann, remplissait seule les conditions exigées pour le
concours.
A la suite d'expériences de charrues vigneronnes faites dans une
vigne de deux ans, appartenant à M. Lamur, et où les deux premiers
instruments de ce genre se sont fait remarquer par leur bon
travail, M. Billiard a été classé premier pour la charrue Renault-
Gouin.
Les hache-paille ont donné des résultats très satisfaisants qui
encouragent à les utiliser sur les propriétés qui emploient des bat-
teuses ne brisant pas la paille, car dans le reste du pays le système
de dépiquage généralement adopté laisse la paille dans un état de
ténuité qui ne saurait être dépassé avec profit.
418 ' CONCOURS RÉGIONAL D'ORAN.
Le bélier Douglas, présenté par M. Piller, est un précieux instru-
ment pour certaines situations où l'on a intérêt à élever l'eau sans tenir
compte de la diminution du débit résultant de cette opération; cet
appareil est simple, solide, d'un prix peu élevé et d'un bon fonction-
nement.
Les essais des appareils vinaires ont surtout mis en relief le filtre à
vin, de M. Vigoureux, d'un prix très modéré et qui est remarquable en
ce sens que filtrant sans le secours de noir animal ni de colle, son
action se produit dans un laps de temps très court. Deux expériences
distinctes ont été faites sur de la lie de vin et ont donné chaque fois
un liquide très clair conservant son goût et sa couleur.
Les cinq pompes mises en présence, ont aussi fonctionné dans de
très bonnes conditions fournissant généralement avec peu de force un
volume d'eau supérieur dans un laps de temps très court; nous
aurions été heureux de voir compléter ces expériences dans le sens
de la facilité à élever l'eau à une certaine hauteur, ces appareils étant
surtout destinés à transvaser le vin, quelquefois même avec une
grande différence de niveau.
Malgré le grand nombre de pressoirs qui figuraient au concours,
trois seulement ont pu prendre part à la lutte comme rentrant exacte-
ment dans les conditions suivantes exigées par le programme : dia-
mètre de la cage, 1 mètre, hauteur de la charge dans la cuve, 0"65,
diamètre maximum de la vis 0'"08. L'expérience s'est faite sur 204
kilog. de marc, préalablement mouillé, et que chaque concurrent a
déposé lui-même pour commencer l'opération au signal donné par le
jury. Le pressoir Piquet à M. Aultmann a produit 38 kilog. de
liquide, celui de M. Vigoureux 33 kilog., el celui de M. Billiard,
29 kilog. seulement, pendant la même expérience.
Sans entrer dans de grands détails, nous avons cru remplir un
devoir en résumant ces essais très intéressants, et pour lesquels
les concurrents ont subi des épreuves dont nous avons à leur tenir un
compte sérieux.
En plaçant sous les yeux de nos vaillants colons de l'Ouest, les
collections complètes du matériel agricole comprenant depuis l'instru-
ment primitif jusqu'aux machines les plus perfectionnées, nos
constructeurs n'auront pas perdu leur temps, car ils se sont adressés
à une population qui sait apprécier le progrès de la mécanique,
et qui, très versée dans les pratiques agricoles de toutes sortes,
est attentive à bénéficier des moindres améliorations produites dans
cette partie.
Aussi, avons-nous la conviction que les résultats obtenus en
Algérie, dans un avenir très rapproché, par les constructeurs de
machines, confirmeront entièrement nos appréciations.
Produits agricoles. — L'exposition des produits agricoles a été cer-
tainement moins belle que celle organisée par le comice d'Oran,
en 1877, mais il faut se souvenir que les récoltes de toutes natures
ont été peu favorisées cette année par les phénomènes météorologi-
ques, une sécheresse persistante ayant compromis de sérieux intérêts,
tandis que la rouille a nui également à la qualité des céréales de cer-
taines contrées.
Malgré cela, et bien que l'ensemble n'ait pas répondu à l'attente de
chacun, cette exibition offrait toutefois des spécimens de toute beauté,
CONCOURS RÉGIONAL D'ORAN. 419
de' nature à donner une idée des forces de production de ce pays et
qui ont dû étonner plus d'un visiteur.
A côté de la qualité des produits exposés, l'examinateur attentif était
aussi surpris de la variété des échantillons qui tous provenaient
cependant d'une seule et même région agricole, mais dont les agricul-
teurs disséminés tirent parti de nombreuses situations topographiques
qui jouissent de climats très différents, ce qui leur permet d'ob-
tenir les productions des zones agricoles les plus riches et les plus
variées.
Il y a encore là un avantage que nous inscrivons à l'avoir des con-
cours régionaux de la colonie, et que l'on ne saurait retrouver en
France, oi^i chaque région est caractérisée par des produits agricoles
bien plus homogènes.
Pour suivre l'ordre adopté par le jury, nous devons mentionner en
premier lieu les vins dont les échantillons, envoyés de tous les points
delà colonie, dépassaient le chiffre de quatre cents. A en juger par le
nombre de récompenses accordées, on a tout lieu de croire que ce
précieux liquide est aujourd'hui fabriqué dans de bonnes condi-
tions.
Les vins de la colonie, suivant des expériences faites ces jours-ci,
à Bel-Abbès, à l'aide de l'appareil Malligan, pèsent 14° forts; ils sont
en outre francs de goût, limpides, très riches en tannin et possèdent
déjà un certain bouquet agréable. Ils constitueront donc un puissant
auxiliaire pour le commerce de la Métropole, dès que la production
dépassera les besoins de la consommation locale.
Si nous nous faisons l'écho de ce qui s'est dit dans la presse d'Oran,
nous sommes obligé de reconnaître que bien des négligences ont été
signalées ici.
Nous avions l'intention de donner le nom de tous les territoires
dont les produits ont été primés ; mais des échantillons n'ayant pas été
indiqués, bien que classés à la dégustation, et d'autres n'ayant pas
été décachetés, nos remarques n'auraient aucune importance, n'étant
pas générales.
Les eaux-de-vie de marc, les alcools et les anisettes faisaient bonne
figure à côté des vins, aussi ont-ils obtenu une bonne part des récom-
penses décernées.
Les trois provinces ont envoyé des huiles, précieuse production de
ce pays, et la qualité des échantillons exposés montrait que nos
colons apportent tous leurs soins à la culture de l'olivier, en même
temps qu'ils utilisent les meilleurs procédés de fabrication.
De magnifiques arachides semblaient promettre d'excellents résul-
tats à ceux qui tenteront de les convertir en huile comestible.
Mais la plus belle collection présentée au concours était, à coup
sûr, celle des céréales de Bel-Abbès, contrée où elles réussissent très
bien et où surtout les tuzelles ont une réputation justifiée.
Un examen attentif de l'exposition, sous ce rapport, nous conduit à
émettre l'avis que les comices agricoles de la colonie devraient relever
les productions particulières à chaque contrée, pour les signaler aux
colons intelligents qui pourraient ainsi se procurer de belles semences
pour les sortes que leurs voisins produisent dans de meilleures con-
ditions qu'eux.
la beauté des céréales primées, provenant du Thessalah (Bel-Abbès),
420 CONCOURS REGIONAL D ORAN.
de 13ou-Sfer, de Bône, de Rivoli, de Moslaganem, du Sig et de Blidah,
montrait bien que le jour où TÉlat aura exécuté certains grands tra-
vaux qui lui incombent et oii la culture aura réalisé quelques amélio-
rations, l'Algérie, placée à quelques centaines de kilomètres de la
France, fournira avec avantage à la mère-patrie, les blés qu'elle tire
du nouveau monde malgré son éloignement.
Nous avons encore remarqué les belles collections de fruits frais
d'Oran, les riches produits de Perrégaux, les productions industrielles
et les tabacs odorants et distingués de Boufarik, et ceux de Beni-
Mered, les farines et semoules de qualité supérieure de Constantine,
d'Alger, de Blidah, d'Oran, de Mersel-Kebir et de Tiaret, les magni-
fiques spécimens de la production séricicole de Saint-Cloud, du Sig et
de Tlemcen, les miels parfumés et très purs de Boufarik, d'un indi-
gène d'Oran, et de la propriété Sainte-Marie, les olives de Tlemcen,
les rais^ins secs de Mascara, les cotons du Sig, témoins d'une richesse
très importante dans le passé pour toute cette contrée, mais qui
aujourd'hui est presque perdue, les belles dattes de Misserghin, de
beaux échantillons de chanvre d'Assi-bou-Nif et de ramie de rtïillil,
les spécimens des richesses forestières de la colonie envoyés par le
gouvernement général et qui offraient une collection très remarqua-
ble des bois du pays.
L'absence presque complète des produits agricoles des indigènes a
été d'autant plus regrettée, que plusieurs d'entre eux, ayant perfec-
tionné leurs cultures, auraient pu présenter des huile, laine,- blé, orge,
maïs, bechna et fruits secs de nature à montrer les progrès réalisés.
Ces abstentions donnent plus de valeur et de mérite aux efforts de la
commune mixte de Bône qui a exposé un très bel ensemble des pro-
duits indigènes de son territoire.
Nos observations générales du début restant vraies, il n'en résulte
pas moins de 1 "étude de 1 exposition des produits agricoles telle qu'elle
est, que l'ensemble du pays est en très bonne voie, et qu'il progresse
sans subir de temps d'arrêt.
Que les désirs suivants, généralement exprimés par nos colons,
soient accomplis, et l'Algérie prendra vite un développement considé-
rable : assimilation progressive, le législateur devant garder en vue,
pendant longtemps encore, les différences qui existent entre la
Métropole et la colonie; établissement plus large et plus rapide de la
propriété individuelle chez les indigènes, qui constitue le moyen le
plus efficace de coloniser; améliorations de nos voies de communica-
tion; prompte mise à exécution du réseau de chemins de fer dintérêt
général, votés par les Chambres; organisation d'institutions de crédit
agricole qui, jusqu'à ce jour, ont fait défaut; conservation et reboise-
ment des forêts ; création de barrages et de puits artésiens ; instruc-
iion primaire agricole; création de fermes-écoles, de stations agrono-
miques, de chambres consultatives d'agriculture; continuation des
encouragements accordés à l'agriculture, l'État venant en aide aux
comices pour l'organisation des expositions et la distribution des
prix.
Avec de semblables améliorations, l'Algérie, promptement peuplée,
bâtie et cultivée, ne tarderait pas à être le véritable grenier de la
France, après avoir été celui de Roma, et à lui procurer honneur et
profit.
CONCOURS RÉGIONAL D'ORAN. 421
Prix offerts par les associations agricoles. — Avant de dire un
mot de l'exposition industrielle d'Oran, nous donnerons ici la liste
des récompenses décernées aux exposants da concours régional au
nom des associations agricoles désireuses de voir combler les lacunes
que rinsuflisance de crédit avait laissé subsister dans le programme
du ministre de l'agriculture.
Prix culturaux : Médaille d'or grand module, offerte par la Société d'agricul-
ture d'Alger, au cultivateur le plus méiitant dans la section de viticulture,
décernée à M. Pierre Mmtels, propriétaire et cultivateur à Oran (banlieue).
Prix cultural de 300 francs, otl'ert par le Goinice agricole d'Alger au petit pro-
priétaire possédant 15 à 20 hectares, exploitant directement et dont la propriété se
ferait remarquer par son organisation intelligente, son rendement, et l'établisse-
ment des bâtiments au point de vue de l'hygiène, décerné à M. Pierre Montels,
précité.
Prix iVenaemble : Médaille d'or, offerte par M. Gr. Lesueur, président du Co-
mice agricole et de la Gliambre de commerce de Philip|)eville (département de
Constautine), décernée au Comice agricole de Boufarik, pour son exposition col-
lective de produits agricoles
Prix du comice île Philippevilte : Médailles de vermeil, à MM. El-Habid-
bel-Ghali, à Blad-Touaria ^Or^n, pour son cheval arabe, numéro kO; Audibert,
horticulteur à Oran, pour son exposition de plantes et graines diverses. Médailles
d'argent, à MM. Pierre Léger, à Oian, pour son cheval arabe alezan doré, nu-
méro 11; Pierre Montels, précité, pour sa jument arabe, numéro 92 ; Johner,
constructeur à Oran, pour son pressoir à vin, numéro 504; Py, fils, à M'Siia,
Oran, pour lièges en planches. Médailles de bronze, à MM. Ismaïi-ould-Djelloud,
à Daya, Oran, pour sa jument arabe, numéro 86 ; Salva, à Oran, pour sa jument
percheron-arabe, numéro 37; Sommer, au Tlélat, Oran, pour sa jument française,
nuaaéro 123; M'hammed-bel-Haouari, à Tenazet, Oran, pour son cheval arabe,
numéro 53; Billes, constructeur, à Oran, pour sa noria à tampon, numéro 491 ;
Trinquier, constructeur, à Oran, pour son foudre, numéro 4-29; Mollier, à Tlem-
cen, pour soie grège et cocons ; Touruier, propriétaire à Ref-Ref, Constantine,
pour ensemble de ses produits agricoles.
Prix alloués par le Comice agricole d'Omn, pour concours spécial d'attfhge de
travail. — Mules et mulets. — 1^"" prix : à M. François Rousset, banlieue d'Oran,
pour une mule de 3 ans; 2^ à M. Xavier Bois^ière, à l'Etoile de Sidi-Chami, pour
un mulet de 18 mois ; 3* à M. Alexandre Saurel, à Sidi-Chami, pour une mule
de 3 ans.
Bœufs de travail. — Premier prix, à M. Antoine Martinet, à Saint-Louis, pour
son attelage de deux bœufs rouges de 6 ans 2% à M. Alexandre Galmels, de Sidi-
Marouf, poui- son attelage de deux bœufs rouges de 8 ans. Mention honorable, à
M. Charles Sauvage, de Mangin, pour un baudet noir, de 7 ans.
Prix offert par la Société nationale d'encouragement à f auriculture de Paris :
Médaille d'or décernée à M. Nobel, pour application de la dynamite à l'agriculture
et spécialement au défoncement du sol en vue de la plantation des vignes.
L. Bastide,
Président du Comice de Bel-Abbès.
ESSAIS DYx\AMOMÉTRIQUES DE MACHINES A BATTRE
Le Journal a rendu compte sommairement des essais de machines à
battre organisées par la Société des agriculteurs de France, à la fin du
mois de septembre dernier, à la ferme de Joinville-le-Pont, qui avait
été mise à sa disposition par le directeur de l'Institut national agro-
nomique. Nous devons y revenir pour donner la description des
expériences et indiquer la manière dont elles ont été conduites; quant
aux résultats, ils seront consignés dans un rapport que nous ferons
connaître lorsqu'il sera achevé.
La Commission chargée de l'organisation de ces essais était composée
de MM. de Dampierre, président de la Société; Jacquemart et Bertin,
422 ESSAIS DYNAMOMÉTRIQUES DE MACHINES A BATTRE.
vice-présidents; Barrai, Buignet, Mangon, Petit, membres du Conseil;
F. Raoul-Duval, président, Ghabrier, vice-président, et Liébaut,
secrétaire de la Section de génie rural; de Monicault, président, et
Hardon, secrétaire de la Section d'agriculture; Risler, Gatelier, de
Fleurière, Durand-Claye, Morandière et Vallée, membres de la Société.
Les expériences ont été faites sous la direction de M. Alfred Tresca,
répétiteur de génie rural à l'Institut agronomique, secondé par
M. Vuaillet, préparateur de ce cours, et M. Viet, directeur de la ferme
de Joinville. Hâtons-nous d'ajouter que nous devons à l'aimable
obligeance de M. Alfred Tresca la plupart des renseignements qui
Fig. 34. — Essai dynamométrique d'une maciiine à battre.
nous ont permis de suivre la marche des appareils et de l'exposer
à nos lecteurs.
Six machines seulement ont pris part aux essais : deux machines
anglaises de Garrett, envoyées par M. Pilter; deux machines de
Marshall, envoyées par MM. Waite, Burnell; une machine française,
de M. Pécard; une machine américaine, de M. Aultmann. Il est à
regretter qu'un plus grand nombre de constructeurs n'aient pas
répondu à l'appel qui leur avait été fait.
Le but des expériences de Joinville était de déterminer la force
dépensée dans le battage des grains par les machines des différents
systèmes. Pour résoudre cette question, il fallait avoir un moteur
uniforme, ou dont on pût enregistrer à chaque instant les variations,
et un appareil qui constatât la force employée; tel est le rôle du
dynamomètre.
Le moteur était une machine à vapeur sortant des ateliers de
MM. Wehyer et Richemond; elle était d'une force nominale de
ESSAIS DYNAMOMÉTRIQUES DE MACHINES A BATTRE.
423
12 chevaux de 75 kilogrammètres. Elle était pourvue d'un cadran
gradué montrant les admissions de vapeur, et des indicateurs de
Watt donnant les courbes du travail sur le piston. En outre, elle avait
été munie d'un manomètre enregisteur et de tous les appareils
nécessaires, pour relever à chaque moment la pression, la tempéra-
ture, etc.; un régulateur automatique maintenait constante la vitesse
de la machine. Avec ce mécanisme, on obtenait, en ayant soin d'en
suivre les indications, l'évaluation du travail exigé par la batteuse. Le
dynamomètre donnait une seconde évaluation contrôlant la première.
Le dynamomètre a été construit en Angleterre. Il est à rotation, et
il se compose de deux grandes poulies montées parallèlement sur le
même axe. Sur l'une d'elles passe une courroie sans fin qui la relie à
la machine à vapeur; sur la seconde roule une deuxième courroie qui
actionne la batteuse. Le dynamomètre est ainsi interposé pour renvoyer
à la batteuse le mouvement ds la machine à vapeur. La fig. 34
Fig. 35. — Coupe longitudinale du dynamomètre à rotation.
montre l'installation de l'ensemble pendant l'essai d'une machine.
Le mécanisme du dynamomètre est facile à comprendre, avec les
fig. 35, 36 et 37. Les deux extrémités de l'arbre A sont encastrées
dans deux chaises en fonte L,L, qui sont vissées sur une semelle en
bois S formant un cadre rigide permettant de fixer le dynamomètre
sur le sol. A l'une des extrémités de l'arbre, on voit un manchon B
pour joint de Cardan, et à l'autre extrémité le support I fixé à l'une
des chaises, pour porter la boîte H qui renferme l'appareil enregistreur.
La poulie G est calée sur l'arbre A et reçoit le mouvement du moteur;
quanta la poulie^C, elle est mobile sur l'arbre, et c'est celle sur laquelle
on place les courroies transmettant le mouvement à la machine à opérer.
Mais elle ne pourrait accomplir cette fonction, si elle n'était reliée à la
poulie G par une série de trois ressorts en spirale, D, dont l'une des
extrémités est fixée en d (fig. 37) sur son manchon, et dont l'autre
extrémité s'arrête en d' sur la jante de la poulie G. Lorsque celle-ci est
mise en mouvement, elle entraîne par l'intermédiaire de ces trois
424
ESSAIS DYNAMOMETRIQUES DE MACHINES A BATTRE.
ressorts la poulie C; suivant Ja résistance offerte, la tension des ressorts
est plus ou moins grande, et la distance angulaire des deux poulies
varie. On a ainsi la mesure du travail effectué. JMais pour éviter
les accidents.
buttoir
(fig. ,37) pour
Fig. 3G. — Coupe transversale du dynamomètre.
d'arrêt aux lames des ressorts, si la flexion de ces lames dépassait
la limite que l'on s'est fixée.
On comprend, sans qu'il soit besoin d'insister, comment les variations
Fig. 37. — DispositiOQ des ressorts d'acier,
de tension des ressorts entraînent uii mouvement oscillatoire de la
poulie G'. Il s'agit de transmettre ce mouvement à Tappareil enregistreur
renfermé dans la boîte H. A cet effet, un arc denté E (fig 35) est fixé au
manchon de cette poulie, et il engrène avec un pignon F, dont l'axe,
grâce à une rainure G, ménagée dans l'arbre, agit sur une crémaillère
double, montée à l'intérieur de celui-ci, qui transforme les oscillations
de la poulie mobile en un mouvement rectiligne de va-et-vient qui
suit l'axe de l'arbre. L'extrémité de cette crémaillère sort en a (fig. 38) de
Tarbre A.
ESSAIS DYNAMOMETRIQUES DE MACHINES A BATTRE.
425
L'appareil enregistreur (^fig. 38 et 39) a un double but : r compter
le nombre de tours du dynamomètre; 2° évaluer le travail produit sur
la poulie mobile. A cet effet, il renferme deux compteurs, l'un T' enre-
gistrant les tours de l'arbre A, et TautreT servant à enregistrer les dé-
placements angulaires de la poulie mobile par rapport à la poulie
lixe. Voyons successivement comment ils fonctionnent.
Sur le prolongement de l'arbre A est fixée une roue dentée b, dont
le mouvement est transmis à une série de roues et de pignons b^b,b,b,b,
Fig. 38. — Plan de l'appareil enregistreur.
jusqu'à une dernière dont Taxe prolongé C actionne les organes du
mouvement d'horlogerie faisant mouvoir les aiguilles des cadrans du
compteur T'; ces aiguilles indiquent ainsi le nombre des tours de
l'arbre A.
Pour le deuxième compteur, voici son mécanisme. La tige a qui tra-
verse l'arbre A, est douée, ainsi que nous l'avons dit, d'un mouvement
Fig. 39. — Vue verticale de Taf.p ireil enregistrcui.
rectiligne alternatif ou de va-et-vient provenant du déplacement angu-
laire de la poulie mobile C (fig. 35). Son extrémité est reliée à'un
bâti Q qui porte une roulette R, laquelle est montée sur un axe met-
tant en mouvement les dilTérents axes ttt du compteur T. Cette rou-
lette s'appuie sur le plateau circulaire ,P calé sur l'axe C. Le plateau
entraîné par celui ci fait tourner la roulette R. En même temps, celle-ci
se déplace par rapport au plateau, sous l'influence du mouvement delà
tige a, de quantités proportionnelles au déplacement angulaire des
deux poulies du dynamomètre. Par suite de cette combinaison, le
426 ESSAIS DYNAMOMÉTRIQUES DE MACHINES A BATTRE.
compteur T enregistre le travail absorbé par la machine sur laquelle
les essais sont pratiqués.
Ajoutons que le levier V permet le débrayage du compteur et le dé-
placement du plateau P parallèlement à lui-même, de manière à sup-
primer tout contact de la roulette R avec ce plateau.
Cette description que nous avons faite aussi complète que possible,
afin que Ton se rende bien compte du mécanisme d'un appareil jus-
qu'ici inconnu en France, donnera aux agriculteurs une idée de la
précision avec laquelle il est construit. Est-il besoin d'ajouter que le
premier venu ne peut pas se servir du dynamomètre? Il faut, par des
essais préalables se rendre compte de la formule de réduction de
chaque enregistreur, et par des calculs spéciaux transformer en no-
tions de forces les mouvements enregistrés. Mais chacun peut com-
prendre comment il est possible, avec ce dynamomètre, d'apprécier
rigoureusement la force dépensée par une machine à battre, marchant
à vide ou en travail, ainsi que par chacun des organes de cette ma-
chine; on peut débrayer tel ou tel organe, disséquer en quelque sorte
l'ensemble, suivant l'heureuse expression de M. Liébaut; en un mot
se rendre compte de l'influence proportionnelle du battage proprement
dit, du secouage de la paille, du vannage du grain, etc. On comprend
aussi comment ce même dynamomètre peut servir à établir le travail
de tout autre machine agricole que l'on peut installer dans des con-
ditions analogues.
Aux expériences de Joinville, les six batteuses ont été soumises à ces
essais. Les essais dynamométriques ont été faits, pour chacune, pen-
dant le battage de 1 ,100 gerbes. Les grains, les pailles, les déchets ont
été mesurés et pesés, puis soumis à l'examen des membres de la Com-
mission. Nous ne connaissons pas encore les décisions de celle-ci,
ainsi que nous le disions en commençant. Afin de préparer nos lec-
teurs à les comprendre, nous donnerons successivement la descrip-
tion détaillée, avec figures à l'appui, des machines qui ont pris part
aux expériences. Henry Sagnier.
LA SERICICULTURE EN CORSE
En parcourant, ces jours derniers, la collection du journal, le Mo-
niteur des soies, de Lyon, appartenant à la bibliothèque de la station
séricicole de Montpellier, j'ai rencontré quelques lettres adressées à la
rédaction de cet estimable journal et s'occupant de l'état de la
sériciculture dans le département de la Corse.
Deux de ces lettres ont surtout attiré mon attention. La première,
qui se trouve dans le numéro du 17 juillet 1875, est de M. H.
A. Charpentier, membre de la Société de géographie de Bordeaux, et la
seconde, publiée dans le numéro du 11 novembre 1876, est de M. R.
Carlotti.
« En Corse, ce pays trop mal jugé, dit M. Charpentier, la culture
des vers à soie est pratiquée depuis de longues années et y produirait
des résultats splendides si les éducateurs étaient toujours sûrs de
l'écoulement de leurs produits. Mais l'incertitude du placement des
cocons et des graines arrête et paralyse l'élan des populations séri-
el coles. »
En terminant sa lettre, M. Charpentier ajoute :
LA SÉRICICULTURE EN CORSE. 427
« Un filateur qui s'était établi ea Corse, M. Heibert, disait dans un
rapport adressé à M. le ministre de l'agriculture et du commerce, que
si l'industrie séricicole était encouragée dans ce pays et si les édu-
cateurs trouvaient l'écoulement de leurs récoltes assuré, la Corse pro-
duirait la plus belle soie du inonde. )>
M. R. Cariotti nous apprend Tannée suivante, dans sa lettre du
M novembre 187G, que depuis (873 jusqu'à 1876 inclus, Casabianda
a fait chaque année des éducations avec un succès remarquable. L'éta-
blissement a vendu de la graine pour 12,000 fr., en moyenne, tous
les ans, à un prix qui a oscillé entre 20 et 25 fr. l'once.
Les graines de la Corse ont toujours eu une renommée incontestable ;
certainement, elles peuvent rivaliser avec celles du Roussillon, des
Basses-Alpes et du Var. Mais, pour que ces graines donnent les ré-
sultats cités plus haut, il faut qu'elles aient été préparées d'après les
méthodes indiquées par le savant M. Pasteur.
J'admets que les éducateurs de la Corse n'aient pas besoin de conseils
sur la manière pratique d'élever leurs vers à soie; mais, où iront-ils
puiser des renseignements nécessaires à la préparation de leurs graines,
d'après les indications données depuis quelques années seulement
par la science, et apprendre à se servir d'un microscope pour la sélec-
tion de ces graines, qui les préservera de la maladie de lapébrine.
Plus de doutes maintenant ! Avec un bon microscope, on n'a plus rien
à craindre de la part de la pébrine; nous en avons eu les preuves
partout oi^i le graioage cellulaire (système Pasteur) a été pratiqué.
Quant à la flacherie, cartainement le microscope n'est pas suffisant
pour nous préserver de cette terrible maladie; mais, celle-ci peut être
évitée par suite d'une bonne conservation de la graine et d'une édu-
cation faite, avec beaucoup de soins, dans un climat tout à fait favo-
rable à la bonne santé des vers à soie, comme l'est d'ailleurs celui de
la Corse.
Bien que quelques ateliers de grainage aient été créés dans cette
île, la majorité des éleveurs est encore dans une ignorance à peu près
complète des méthodes de grainage et des soins que réclame, d'une
manière spéciale, l'éducation des vers destinés à la reproduction.
Le but auquel on doit viser, en Corse, c'est de faire de la bonne
graine, en quantité assez considérable pour pouvoir approvisionner
l'Italie, qui en fait une immense consommation, le midi de la France
et l'Espagne, qui dès lors n'iraient plus s'adresser à la Chine et au Japon
dont les graines sont la plupart du temps avariées à la suite des
voyages qu'elles ont à faire avant d'arriver à leur destination.
Depuis le commencement du mois de novembre, M. Maillot, direc-
teur de la station séricicole de Montpellier a entrepris la série de ses
conférences pour l'année 1 880 dans les principales villes du midi de
la France. La Corse, qui est un pays essentiellement séricicole, ce qui
a été dit plus haut le prouve, ne peut, vu sa position en dehors du con-
tinent, bénéficier des excellents conseils donnés chaque année par
l'un des hommes les plus compétents en sériciculture.
En 1870, M. Maillot, délégué du ministère de l'agriculture et du
commerce, avait déjà commencé à propager le système Pasteur chez
quelques éducateurs delà Corse; ses premiers essais eurent lieu dans
les domaines de M. le comte de Casablanca, à Yescovato, les résultats
en furent très satisfaisants.
428 LA SÉRICICULTURE EN CORSE.
Mais, depuis cette époque, on ne s'est plus occupé de ce dépar-
tement, et personne n'a continué les travaux entrepris par le directeur
actuel de notre station séricicole.
Jl serait à souhaiter que le gouvernement français s'occupât de cette
partie du territoire (française aussi bien que la partie continentale),
et favorisât le développement de ces industries agricoles. Nul doute
alors que la sériciculture, en Corse, ne soit bientôt aussi renommée
qu'elle Test dans le Roussillon, les Basses-Alpes et le Var.
A. MlOZZIGONACCl,
Stagiaire agricole, attaché a la station scricicole de Montpellier.
LE GREFFAGE DE LA VIGNE
11 semblait qu'après la publication de livres tels que ceux de
MM. Charles Baltet et Aimé Champin sur le greffage de la vigne, des
leçons pratiques données à Montpellier, et d'une foule d'autres travaux
remarquables sur une question dont l'importance est chaque jour
mieux appréciée, il ne devait rester rien à dire. Il ne s'agissait plus,
croyait-on, que de se mettre à l'œuvre et de greffer par l'une des mé-
thodes assez nombreuses que des maîtres experts offrent à notre choix
Hé bien, voici une brochure qui, avec les allures les plus modestes et
les plus dignes cependant du vrai savoir qui distingue son auteur,
nous apprend du nouveau. Elle nous dit, en résumé, avec preuves à
l'appui : greffez, car le salut de vos vignes est là, mais prenez garde
à la sorte de greffe que vous emploierez ; après quatre années de
patientes expériences, je suis arrivé à la conviction qu'il n'y en a
qu'une seule qui vous assure un pied de vigne bien constitué et du-
rable, c'est la greffe anglaise, à double fente, sur pieds enracinés
américains. Voici à l'appui de cette affirmation, des dessins de
coupes de greffes pour lesquels j'ai sacrifié un grand nombre de mes
pieds de vignes, profitez de ces sacrifices et de ces expériences.
Cette brochure a pour titre : De la conslitation et du greffage des
vignes; elle aborde les plus graves questions de physiologie végétale
avec une sûreté étonnante, et elle est d'une femme, Mme veuve Ponsot,
que l'amour maternel a vouée à la défense et à la reconstitution d'un
vignoble Bordelais violemment attaqué par le phylloxéra, le jour où
un père a manqué à ses enfants pour accomplir lui-même cette mis-
sion.
Plusieurs des correspondants de Mme Ponsot avaient été frappés de
son rare talent d'observation, de la finesse et de la clarté qui caracté-
risent sa manière d'écrire, et ils lui ont demandé défaire connaître au
public le résultat de ses intéressantes expériences. C'est ainsi que ce
travail a été inséré, d'abord dans les Mémoires de la Société des sciences
physiques et naturelles de Bordeaux, et publié ensuite sous les auspices
du Comité départemental du ph)lloxera. Le voici aujourd'hui en un
volume, accompagné de dessins instructifs, qui sont également de
Mme Ponsot.
Mme Ponsot, obligée d'user du greffage pour reconstituer son vi-
gnoble, situé aux environs de Libourne, a cherché depuis quatre ans
quelle était la meilleure méthode à employer ; elle a essayé de toutes,
elle a tranché, disséqué par milliers ses meilleurs plants; elle a pu
ainsi surprendre les mystérieux effets de la sève dans le travail de
fusion provoqué par le rapprochement des deux espèces que l'on s'est
SUR LE GREFFAGE DES VIGNES AMÉRICAINES. 429
proposé d'unir, et elle a été conduite par ses analyses à des conclusions
claires, logiques, à la portée de tout le monde.
Mme Ponsut, dans son écrit, démontre l'importance des conditions
dans lesquelles se lait la soudure de la greffe, car la vigne ne se
soude pas dans toutes ses parties, comme on l'a légèrement affirmé
souvent, les surfaces ligneuses ne se rapprochent pas même sous
terre; mais il existe entre les couches ligneuses et les couches
cortic;)les ce que M. Baltet nomme « la couche génératrice m le cambium,
substance qui émane de la sève elle-même, qui, à un moment
donné, concentre toute l'aclivilé de la plante et linit par se solidi-
ûer, et Ton comprend combien est décisive l'opération délicate
de la mise en coniaet des cambium des deux sujets que l'on veut unir.
« A>semblep aussi exactement, aussi solidement, aussi complètenvut
(c que possible les parties actives du greffon et du sujet, * tel est le
desideratum de Mme Ponsotet la condition de succès de la reprise des
greffes. Selon elle, la greffe anglaise à double fente, sur racines, est la
seule à réaliser absolument ces conditions, la seule de tous points
irréprochable, et qui lui semble « le dernier mot du greffeur, comme
a la barriqu3 contenant, enfermant, roulant le liquide, est le dernier
« mot du tonnelier. »
Partant de là, Mme Ponsot passe en revue les diverses méthodes de
greffage et elle en fait la critique raisonnée. Elle est sévère pour
presque toutes, car elle en a surpris les graves défauts, et, malgré sa
déférence pour les inventeurs de quelques-uns de ces systèmes, elle ne
les ménage pas. Jamais n'a mieux été appliquée la belle parole
latine : amcus Plato, sed mayis arnica veritas.
Il est ti'ès digne de remarque que deux femmes, Mme la duchesse
de Fifz-James et Mme Ponsot, donnent, chacune dans son pays,
l'exemple de l'application aux plus sérieux travaux de la terre des
connaissances acquises par l'éducation la plus forte et la plus soignée.
Leurs taletits ne semblaient les destiner qu'à briller dans le monde
élégant ou savant, où elles vivaient l'une et l'autre à Paris, et les
voilà utilisant ces talents au profit de la richesse nationale, sans se
douter presque de la valeur d'un tel enseignement.
]Mme la duchesse de Filz-James a déjà greffé ou planté dans le Gard
plus de dcu.D cents hectares de vignes américaines. Elle écrit et elle
dessine comme Mme Ponsot, et nous obtiendrons peut être un jour
d'elle, qu'elle coramimique au monde agricole les résultats de ses
pa'ieiiLS et merveilleux travaux. Voici, en attendant, la brochure de
son émule de la Gironde : son objei paraît bien restreint, mais sa
portée est grande cependant, car Mme Ponsot a fouillé tous les coins
et recoins de son sujet, et il en résulte ce que le praticien recherche le
plus, des conseils appuyés sur des exemples et donnés avec une sûreté
et une bonne foi indiscutables. D.
LA PETITE GUERRE- — IL
La campagne qui se fait pour associer l'agriculture à la défense des
privilèges indusinels, en invoquant la chimère d'un droit protecteur
sur le bétail semble avoir aujourd'hui pour chef reconnu M. E. Lecou-
teux. C'est un chef de qualité, car il est tout à la fois secrétaire géné-
ral de la Société des agriculteurs de France, membre de la Société
430 LA ^PETITE GUERRE.
nationale d'agriculture, rédacteur en chef d'un journal d'agriculture,
enfin titulaire de la seule chaire d'économie rurale qui existe encore
aujourd hui à Paris. S'il y a de bons arguments à l'appui de la
thèse, c'est évidemment sous sa plume que nous aurons quelque
chance de les rencontrer.
Le premier argument qu'il invoque pour réclamer un tarif élevé sur
l'entrée du bétail étranger en France, c'est l'inégalité du traitement
douanier entre l'agriculture et l'industrie. Les taxes établies au profit
d« cette dernière se traduisent par de gros chiiYres, et pour compenser
le préjudice qu'en éprouve l'agriculture, il faut lui donner, à sonlour,
un traitement de faveur pour le bétail. Il a môme résumé toute sa
pfenséedans l'un de ces aphorismesqui lui sont familiers : ce La liberté
commerciale est le but; l'égalité douanière est le moyen. »
Cette manière de raisonner qui consiste à se prévaloir du tort fait
à Fagriculture par l'industrie, pour réclamer en faveur de l'agriculture
le droit de rançonner l'industrie, à son tour, ressemble fort, si je ne
ne me trompe, à la querelle des deux cochers qui se battent sur le
dos de leur « bourgeois ». Il y a là-dessous, en etfet, un bourgeois,
dont 011 ne dit rien et pour cause, car on ne lui laisse évidemment
d'autre perspective que de recevoir les coups des deux côtés à la
fois : c'est le consommateur qui n'est ni agriculteur, ni industriel.
Pourquoi ne pas s'exprimer nettement sur ce qu'on compte lui offrir
en compensation des nouvelles charges qu'on lui impose ? Serait-on
d'avis que le consommateur est fait pour être rançonné, comme le
bourgeois pour être battu ?
L'argument suppose d'ailleurs que la protection sur le bétail ser-
virait les intérêts de l'agriculture. Ce serait absolument contraire à
tous les faits de l'expérience, depuis le commencement du siècle.
Quand nous avions des droits élevés sur le bétail, la consommation
de la viande était minime, et le prix était à la fois très faible et sta-
tionnaire. Depuis la forte réduction des droits, la consommation a pris
un tel essor que le prix de la viande s'est rapidement accru. Une
nouvelle expérience de la protection amènerait le même effet. La raison
en est que les facultés des consommateurs ne sont pas illimitées et que,
si l'on surélève artificiellement les prix, la demande se restreint for-
cément. D'où privations pour le consommateur et perte de débouché
pour l'agriculture. A la vérité, le consommateur aurait la satisfaction
de ne manger que de la viande nationale. Mais il y a gros à parier que
la satistaction lui paraîtrait mince, quand sa ration aurait diminué.
M. Lecouteux ne s'y trompe pas. 11 a cent fois constaté l'insuffisance
de notre production animale et la hausse croissante des prix. Il ne
méconnaît donc ni la marche progressive de la consommation, ni l'effet
de cet accroissement sur la prospérité de l'agriculture. Il sait aussi
que les questions de subsistances sont des questions politiques au
premier chef, et que le gouvernement ne commettra point la faute
mortelle d'enchérir la vie. Quel but poursuit il donc en demandant,
au nom des prétendus intérêts de l'agriculture, une protection et des
tarifs qu'il est assuré d'avance de ne pas obtenir?
C'est lui-même qui va faire la réjwnse à cette question. Voici ce
qu'il écrivait dans son journal, à la date du 10 janvier 1879 :
^ a Ce n'est pas défendre, c'est compromettre les intérêts de l'agriculture et de
l'industri^- que de les pousser toutes deux à faire campagne en faveur du système
LA PETITE GUERRE. 431
protecteur. Parmi les deux alliées, il en est une qui est plus fine que l'autre,
parce qu'elle espère bien mander les marrons tirés du feu par la patte de son
associée de passage. L'industrie n'est nullement pour l'égalité, et si elle promet
protection à l'agriculture, il est bien entendu que, lors du .partage du gâteau, la
part de l'industrie sera plus grosse que celle de sa rustique alliée.... Tâchons de
n'être pas dupes. «
Cela est clair. En 1879, il voulait que les cultivateurs ne fussent
pas dupes. Il a simplement changé d'avis.
Le second argument, celui qu'on pourrait appeler son argument
favori, tant il se complaît à nous le présenter sous toutes les formes,
c'est l'influence des engrais sur l'agriculture. Le bétail, suivant lui, est
producteur d'engrais. Avec beaucoup d'engrais, on a beaucoup de blé,
beaucoup de fourrages et beaucoup de bétail. Donc pour avoir beaucoup
de viande et à bon marché, il faut encourager le bétail national qui
nous donne ses engrais et tout ce qui s'ensuit, il faut repousser le
bétail étranger, dont les engrais n'ont servi qu à féconder le territoire
de nos rivaux.
Je prie le lecteur de bien se persuader que je ne plaisante pas, et
au besoin, je défie M. Lecouteux. lui-même de me prouver que je n'ai
pas résumé exactement sa pensée. Toutes les fois qu'il nous a vanté,
dans ces derniers temps, les mérites du bétail producteur d'engrais,
(/a été invariablement pour en conclure qu'il faut protéger l'agriculture
nationale contre la concurrence du bétail étranger.
C'est un singulier raisonnement au point de vue de la logique. Si le
bétail était réellement producteur d'engrais ou de matières fertili-
santes, et s'il était vrai que les engrais sont, à leur tour, producteurs
de bétail, la conclusion naturelle qui découlerait de ces prémisses,
c'est que pour nous assurer les avantages que procure le bétail, nous
devrions faire tous nos efforts pour attirer chez nous celui de nos
voisins. Mais l'argument n'est pas seulement d'une logique qui défie
toute discussion, d'une fantaisie qui passe toute mesure, il est par-
dessus tout un tissu d'erreurs.
Le bétail n'est pas producteur, mais destructeur d'engrais :
M. Boussingault l'a dit avec juste raison. Ce qu'on lui demande, ce
sont des forces ou des valeurs, et c'est pour les obtenir qu'on lui fait
consommer des fourrages. Le fumier est simplement le résidu de
cette consommation, mélangé aux pailles de litière. On recueille ce
résidu parce qu'il est utile à la production. Mais il n'est pas vrai de
dire qu'on nourrit le bétail pour avoir des engrais : car, en passant par
le corps des animaux, les fourrages se sont appauvris; il y a moins
d'azote et de sels minéraux dans les déjections du bétail, que dans la
masse de ses aliments. Si la production des entrais était le but, on
enfouirait les fourrages en vert, au lieu de les faire consommer parles
animaux. Cela a été recommandé, et je crois même tenté, mais sans
le moindre succès. Il n'y a pas d industrie qui s'accommode moins de
l'utopie et de l'erreur que l'agriculture.
jM. Lecouteux ne se trompe pas moins quand il fait remonter la
source du bétail aux engrais. Le cultivateur tient du bétail en propor-
tion de ses fourrages, parce que les fourrages n'ont point d'autre desti-
nation que la consommation par les animaux. Mais il n'a pas néces-
sairement du fourrage et par conséquent du bétail en proportion des
engrais dont il dispose, parce que l'application des engrais aux
cultures, de fourrages ne constitue ni le seul, ni même le meilleur
432 LA PETITE GUERUE-
emploi du l'umier. Ce qui le prouve d'une manière non douteuse, c'est
que la fumure s'applique presque toujours aux récoltes qui donnent
des produits de vente, comme les céréales et les cultures industrielles.
Les fourrages, comme les engrais, sont pour la culture un moyen,
ils ne sont pas le but.
C'est le manque de notions justes sur les choses et de termes pré-
cis pour les exprimer, qui fait que M. Lecouteux se trompe sur
tous ces points.
Son troisième et dernier argument, qu'il invoque plus rarement et
avec plus de mollesse, comme s'il n'y avait qu'une confiance limitée,
consiste dans l'assimilation des taxes de douane perçues à la fron-
tière, aux taxes d'octroi perçues à l'intérieur des villes. Puisqu'on
admet ces dernières, qui pèsent si lourdement sur le consommateur,
pourquoi ne pas admettre les premières? C'est l'octroi qui enchérit
la viande, ce n'est pas l'agriculture, etc.
Que les taxes d'octroi soient lourdes, qu'elles aient l'inconvénieut
de peser sur les besoins, non sur les facultés des consommateurs, je
n'y contjedis point. Une réi'orme est nécessaire, et je m'associe d'a-
vance à tous les efforts qui seront tentés pour la hâter et la faire
réussir. Mais ce point vidé, l'on doit s'étonner ^rpandement que
M. Lecouteux n'ait pas fail deux remarques. La première, c'est que
l'aggravation des taxes douanières, au lieu de soulager les habitants
des villes, ne ferait qu'ajouter à leur fardeau. La seconde, c'est qu'il
n'y a aucune analogie à établir entre l'octroi et les taxes de douane,
telles du moins qu'il les comprend. Il ne les invoque, il Ta souvent
répété, que pour protéger l'agriculture nationale contre la concur-
rence du bétail étranger. Or, les taxes d'octroi n'ont pas été établies
pour protéger quelqu'un contre la concurrence du dehors. Elles n'ont
pas le caractère protecteur que M. Lecouteux voudrait donner aux
taxes douanières sur le bétail. L'octroi est un impôt municipal, mal
établi, cela n'est pas douteux, mais un simple impôt municipal.
Voilà les seuls arguments invoqués, à l'appui de sa thèse, par
M. Lecouteux. Par la valeur de ces arguments, le lecteur peut se faire
une juste idée de la valeur de la cause. P.-C. Dubost,
Professeur à TEcole nationale d'agriculture de Grignon.
BIBLIOGRAPHIE AdRICOLE
TraHé des maladùs contaqieusef 'l de la police sanitaire des animaux domestiques, par M. Gal-
TitR, profpsseur de police sanitaire à l'blcole naliun île vétPr'iiMire de Lyon. — Un fort volume
in-8° de 940 pages. — Imprimerie de B-^aa jeune, rue de la Pyramide, 3, à Lyon, — Prix : 18 fr.
La question de la lutte contre les maladies contagieuses qui, trop
souvent, déciment les troupeaux d'animaux domestiques, est une de
celles qui préoccupent .le plus, ajuste titre, l'attention publique. Elle
est soumise aux études des pouvoirs publics, en même temps que les
savants les plus éminents en font l'objet de leurs investigations. La police
sanitaire est une des branches les plus importantes des études vétéri-
naires; elle doit devenir familière aux agriculteurs. JM. Galtier, profes-
seur à l'Ecole vétérinaire de Lyon, a donc entrepris une œuvre émi-
nemment utile, en publiant le traité que nous annonçons aujourd'hui.
Mais pourquoi, dira-t-on, publier aujourd'hui un traiié de police
sanitaire, alors que bientôt doit aboutir le projet de loi sur la question
actuellement soumis aux Chambres? M. Galtier répond avec raison,
que, d'abord, l'issue rapide de ce projet de loi est plus que prdbléma-
BIBLIOGRAPHIE AGRICOLE. 433
tique, et en deuxième lieu, quel que soit le texte de la future loi, son
traité s'y adaptera très bien, attendu que, sur toutes les questions, il
s'est inspiré du dernier état de la science. L'objection tombe donc
d'elle-même, et l'étude de son traité ne perdra rien de son opportunité.
Il est impossible, dans une note bibliographique, de pas?er en revue,
môme sommairement, ce que renferme le livre de IM. Gallier. Repro-
duire les litres de ses chapitres, ce serait, en quelque sorte, faire la
nomenclature des maladies contagieuses, et ce n'est pas ce que nos
lecteurs nous demandent. Nous dirons donc seulement, que pour cha-
cune de ces maladies, l'auteur en étudie successivement les sièges, les
caractères, les modes de contagion, les variabilités de caractères, les
modes de traitement, etc. Pour chaque sorte de maladie, M. Galtier,
fidèle à sa promesse, donne des détails complets sur l'état actuel des
connaissances acquises. C'est ainsi que, pour n'en citer qu'un exemple,
on trouve dans son livre l'analyse complète des recherches récentes
auxquelles MM. Pasteur, Toussaint, Chauveau, etc., se sont livrés sur
les maladies charbonneuses. Les résultats de ces recherches sont dis-
cutés avec beaucoup de soin, de manière à fournir les indications les
plus utiles aux vétérinaires et aux agriculteurs.
Les grandes usin'>s, en France et. à l'étranger, études industrie'les. par M. Tu igan. — TomeXli:,
1 vol. grand in-S", avec de nombreuses gravures. — Librairie Caimaun Levy, rue Auber. 3, à
Paris. — Prix : 12 fr.
La grande publication entreprise par M. Turgan il y a une vingtaine
d'années, sur les grandes usines de France et des pays étrangers, est
poursuivie par son auteur avec une grande activité. Le treizième
volume vient de paraître. Après avoir consacré son douzième volume
à la revue de l'Exposition universelle de 1878, M. Turgan a repris les
monographies distinctes consacrées à chaque industrie. Le nouveau
volume renferme ainsi la description de quinze grands établissements.
Quelques-uns de ces établissements offrent un intérêt tout à fait
spécial aux agriculteurs; il faut citer notamment l'usine de M. Egrot,
d'où sortent des appareils de distillation estimés; celles de M. Cuse-
nier, pour la fabrication des liqueurs, et particulièrement de
l'absinthe et du kirsch; enfin et surtout l'établi.-sement Moët et
Chandon, à Epernay, connu dans le monde entier pour la fabrication
du vin de Champagne. M. Turgan ne se borne pas à donner des
détails, d'ailleurs pleins d'intérêt, sur les opérations mêmes de la
fabrication du vin de Champagne; il y ajoute des renseignements,
qu'on lira avec le plus grand fruit, sur 1 histoire de la culture de
la vigne dans cette province , ainsi que sur les méthodes de
culture. Les soins dont la vigne est entourée, ceux avec lesquels se
pratique la vendange, renferment autant de détails auxquels s'ini-
tieront avec profit ceux qui n'ont pas visité les coteaux et les caves
de la Champagne dorée. Sans adopter la boutade de Voltaire : « Il n'y
a rien de sérieux ici-bas que la culture de la vigne, » on doit avoir
un véritable respect pour les beaux fleurons de cette grande branche
nationale.
nouvelle géographie universelle, la trrre et les hommes, par Elisée Heclits. — Tomes IV et Y,
2 grands vulumes in-8, avec cartes ptï couleur, caries noires, vues ei types giavés sur bois.
Librairie Hacheite et Cie, 79, boulevard Sdi ut -Germain, à Paris — Prix de chaque volume, 30 fr.
M. Elisée Reclus continue la publication de son grand ouvrage
sur la géographie universelle. Cet ouvrage renferme un grand nombre
484 BIBLIOGRAPHIE AGRICOLE.
de documents que les agriculteurs consulteront avec fruit, sur les
conditions de la production dans les divers pays ; c'est pourquoi nous
croyons utile de Je leur signaler d'une manière spéciale. Le Journal a
déjà rendu compte des trois premiers volumes de l'ouvrage; on se
souvient que le premier volume est consacré à l'Europe méridionale,
le deuxième à la France, le troisième à l'Europe centrale (Suisse,
Autriche-Hongrie, Allemagne). Les troisième et quatrième volumes,
qui ont été publiés récemment, ont pour objet l'Europe du nord-ouest
(Belgique, Hollande et Iles-Britanniques), et l'Europe Scandinave et
russe.
Dans la plupart des ouvrages relatifs à la géographie, on ne trouve
que des résumés arides de délimitations de frontières, d'organisation
administrative, de nombre des villes, etc. M. Reclus procède par une
méthode toute différente : la description physique des diverses
parties du globe, la vie des peuples, leurs forces productives et leur
commerce, figurent, dans son œuvre, à la première place. C'est dire
que l'agriculture y occupe un bon rang. Les renseignements qu'il
donne sont puisés aux sources les meilleures et les plus autorisées.
Aujourd'hui que la prospérité agricole d'un pays est liée aux transfor-
mations incessantes qui se jjroduisent sur les divers points du globe,
l'agriculteur y trouvera des documents qui sont pour lui d'un grand
intérêt. Henry Sagnier.
CUISSON DU POrS OLÉAGINEUX
Dans le numéro du 27 novembre, du Journal^ M. Leyrisson qui cul-
tive avec succès l'excellent snja hispida^ demande qu'on lui fasse con-
naître le meilleur procédé pour faire cuire ce haricot.
Voici comment notre cuisinière agit : elle met tremper la veille,
puis faire cuire à l'eau froide, comme tout légume sec ; il faut salera
mi-cuisson. En purée, le soja est j)arfait; nous l'aimons beaucoup
entier, joint à la viande ; on le met sans être cuit à l'avance, comme
on ferait du salsifis.
M. Blavet, président de la Société d'horticulture de l'arrondissement
d'Etampes, grand partisan de ce dolique, me recommande le mode de
cuisson qui suit :
Pour un litre de graines qui en fournira trois après la cuisson,
mettre le soja dans deux litres d'eau de rivière ou de pluie, dans la-
quelle on aura fait dissoudre 100 grammes de sucre; le lendemain,
égoutter les grains, les plonger comme les autres légumes secs dans
l'eau froide et portée à l'ébuUilion pendant deux heures et demie,
puis faire cuire à grande eau, saler convenablement à mi-cuisson;
on peut mettre à ce moment ou peu après, gros comme une noix de
beurre, enfin assaisonner au gras ou au maigre. E. Vavin.
SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRICULTURE
Séance du 8 décembre ] 880. — Présidence de M. Chevreul.
M. le ministre de l'agriculture et du commerce écrit à la Société
pour lui rappeler qu'il a demandé un rapport sur les moyens de
reconnaître les falsifications commises dans le commerce des huiles
d'olives pures.
M. Laurent, président du Comice de la Flèche, écrit pour demander
SOCIÉTÉ NATIONALE D* AGRICULTURE DE FRANCE. 435
à la Société une médaille pour le concours de volailles grasses qui
aura lieu à la Flèche, les 19, 20 et 21 décembre.
M. Doniol, préfet- de la Gironde, envoie une brochure que
Mme veuve Ponsot vient de publier sur la reconstitution et le greffage
des vignes. Une plume très autorisée rend compte de ce travail dans
ce numéro (page ^j28).
M. de Lapparent, directeur des constructions navales en retraite,
envoie un mémoire manuscrit sur l'heure pratique ou l'heure du
chemin de fer obtenue à l'aide du règle-montre solaire d-es campagnes.
Renvoi à la Section de mécanique agricole.
M. le secrétaire perpétuel rend compte des obsèques de M. Moll, et
donne lecture du discours qu'il a prononcé sur sa tombe.
M. Magne donne lecture d'une note sur les causes premières des
ma!adies contagieuses. Sa conclusion est qu'il y a encore de nom-
breuses recherches à faire sur cette importante question.
JM. Milleprésentsune notepour répondre aux craintes exprimées par
M. Pasteur, relativement au danger qui peut résulter du transport des
eaux d'égout de Paris sur la forêt de Saint Germain pour y être épurées
par la filtration. iM. Pasteur répond par quelques réflexions pour bien
poser le fait que les germes ne sont pas, à ses yeux, détruits par le
passage dans le sol. Après quelques observations de 'M. Bouley, la
note de M. Mille est envoyée aux Sections de grande culture et des
sciences physico-chimiques, auxquelles 3IM. Pasteur et Bouley sont
adjoints.
M. Prillieux présente une no'e sur un blé niellé, et insiste sur
l'opportunité que présenteraient de nouvelles recherch s sur celte
maladie. Henry Sagnier,
REYUE COMERCIALE ET PRIX-COURANT DES DENREES APtRICOLES
(11 DÉCEMBRE 1880).
I. — Situation générale.
Les marchés agricoles présentent à peu près la même situation qne 'a semaine
dernière. Lss transactions sont assez actives, et les cours des diverses denrées se
maintiennent bien.
II. — Les grains et les farines.
Les tableaux suivants réîum^ntlesccursdes eiréales, par quintal métrique, sur
Les principaux marchés de la France et de l'étranger :
Blf.
fr.
Algérie. Alger ,.... 26. 50
Angleterre. Loadres 27. UO
Belgique. Anvers 26/75
— Bruxelles 28.00
— Liège 28 00
— Namur 27.00
Pays-Bas. Amsterdam 26.. Su
Luxembourg. Luxemtx)urg 30.25
Alsace-Lorrainéî Jletz 29.25
— Strasbourg 3il.75
— Mulhouse 29.50
Allemagne. Berlin... 25.85
— Cologne 27.25
—I Hambourg 25.60
Suisse. Genève ..,. 29.00
— Zurich 31.75
Italie. llil*a 29 00
■Espagne. Burgos , 27.00
Aturictie, Vieuiie 27.50
Ilangrie. Budapesth 27.00
Russie. Saint-Pétersbourg ... 29.2.J
Etats-lfnis, New-Vork 24.00
Saigle.
Orga.
ATsJne,
Ir.
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17.00
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21.65
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23.25
18.00
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Aisne. Soisson».
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— ViHers-Cotieiels. 28 50
Eure. Evreiix 29 2»
— Bernay 29 «O
— Picy 29 50
Eure et-Loir. Chartres 2S.75
— Anneau 28 00
— Nogeni-le-Rotrou 30 80
Nord. Cambrai 27.75
— DoHHi 28 tO
— ValeiicienrieF.... -ig 5t
Oise. Beaiivai» '(8 2:)
— Clermont 27. -lO
— Noyon 28 50
Pas de Calais. Arras. V9 00
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Seine P ris 2<.25
S.-el-Mame. Meaux . 28 00
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Daininartir
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S.-et-Oise. Anfierville.
— Fonloi-e
— Ve'-SMiUes
Seine Inférieure Koiieo 28 4"»
— Ui -l'pe 27 60
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Somme. Abbeville 28 Oi
— Montdidier 27 00
— Hoye 27 25
Prix moyen*' ?8 06
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Ardennes Charl. ville. 27 7
Aube. Bar-Siir Adhe . 27 50 2.> 50
Mé'-y-.-*ur-beitie . v7.75 22 75
— Troyes V8 00
Marne. Cbàmns 28 oO
— Epernay 27.75
— Reitns 2600
— Sézanne 27 00
Hte Marne Boiirbonne 27 5'i
Meurihe-et Mon. Nadc^ 28 25
— Briey 26 75
— Tom 2' 75
Meuse. B^r-le-Ddc. . .. 27 so
— Verdon 28 25
Haute-Saône Gr.iy.... 28 75
— Ves 27 3,
Vosges Epin.TJ . 28 50
— Ch, truies . 28 00
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21.50
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21.50
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Prix moyens.
Charente. Angouleme. 28.75
— Kiiffpc vy 75
Charente In fer. M »r»u!. 27 00
Deux tievres. Niorl.. 29 oo
Indre et-iuire.Tinir». . 28.25
— Blere v8.("o
— ChAleaii-Reiiaolt 27 75
Lo»'•e-/n^. Nantes ■^^ «o
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Vendée. Lnçin....
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Vienne. ChatelleiauK
— Poitiers
27.68 21.95
ï7 00
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Haute-Vienne. Limoges 28.00
Prix moyens 27.98
20.00
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19 00
19.50
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Indre. Chàteaiiruux.. .
— Issdiidiin ,
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Loiret. .Vontargis
— Oien
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Loir-et-Cher. Hlnis
— Montoire
Nièvre. Nevers
— Cosne
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Blé. Stigle.
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6» RÉOION. — RST.
^tn. Bourg 3125 21. 2S »
— Pont-de-Vaux. .. 2» 75 21. 5o. 20 00
Côle-d'Or Dijon 28 00 21.75 20.50
— Beaune 28 25 • 18.50
Doubs. Besancon 28 50 » »
/sere. Grenoble 2 ' 2'> 20.50 •
— Grand-Lemps 28 50 21.V5 •
Ju>'a. Dôle 28 0 1 21.00 18.00
Loire. ( harlieu 29 00 19 75 ly 00
P-dis-JomfClerm.-Ferr. 31.00 23.50 20.00
Rhône. Lyon 3 '.00 2t. ï5 i7 50
Saône-et- Luire. Aiitun.. 28 50 20.50 »
— Chalon U9 >:0 2i.50 19.00
Saooie. Chaidbery 29.50 21.50 •
/fte-Saooie. Annecy 28.50 » »
Prix moyens 29.13 21.27 19.t6
7» BBoioN. — sni-orKST.
Ariè.ge. Pamiers 28.7s
Dnrdogne Périgueux... 29 00
Hte-Gai'nifne. 'l'0(ilu(l»e, 28.50
— Vilipfrannhe-Laur. V9.00
Gers. Condom 2h 50
— Eaiize 27.50
— Nérac 28 25
Girond''.. «ordeaux... . 29 25
— La Réole 28 80
Landes. Dax vj» 00
Lot- et- Garonne. Knen.. 29 Oo
— Mtrminde 28 75
fl.-Pi/r«n««.'(. Rayonne.. 29 <0
Htes- Pyrénées. Tarbea. 28 75
20 00
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19.(0
20.00
16 00
17.00
21.00 18.50
20.50
Prix moyens 28. 71 2).ï7
8« RKoioN. — srn.
Aude. Cast'ln'iidary. . 28. 75 20.0»
Aveyran. Villefrancbe. 28 75
Cantal. Manille. 31 65
Corrèze. Lubtrï^n ^9 .su
Hérault. Montp Hier... 28.25
Lot. Figeac 28.50
Lozère. Viende 2S.55
— MarVHJols 27.10
— Florac. 2H.40
Pyrénéex-ilr. l'erpignan 26 :<0
Tarn. AIbi 2« 2i » »
rarn-et-Gdr. Monlaoban 28 50 20-50 18.50
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21.50
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Prix moyen»
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28. 62 21.21
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19.59 19.14 I
Sarlasenfiaine J Hansse. • „ ",
précedeate.. | Baisse. 00.04 00.13 00.14
DES DENRÉES AGRICOLES {11 DÉCEMBRE 1880). 437
Blés. — Le plus grand nombre des marchés français ont présenté, durant cette
semaine, une plus grande activité que pendant les semaines précé'entep. Dans la
Elupart des départements, on signale des transactions nombieuses sur les blés,
les baltaires sont poursuivis avec ardeur dans un grand nombre d'exploitations
rurales. Malgré ces apports plus nombreux, les prix, pour toutes les sortes, se
maintiennent avec beaucoup de fermeté. Ge qui justifie les appréciations que nous
donnions récemment sur la fixité des cours pendant la plus grande partie de la
campagne. — A la halle de Paris, le mercredi 8 décembre, quoiqu'il y ai eu peu
de transactions, les prix ont été plus faiblement tenus que pendant la semaine
dernière. On payait, de 28 Ir. à 3o fr. 50 par 100 kilog. suivant les qualités, ou
en moyenne, ïJy fr. 75, avec une diminution de 50 centimes sur le piix moyen du
mercredi pr.'eédent. — Sur le marché des blés à livrer, on cote par quintal
métrique : courant du mois, 29 fr. 25 à 29 fr. 50 ; janvier, 29 fr.; janvier-février,
28 fr. 75; quatre premiers mois, 28 fr. 50 à 28 fr. 75; quat e mois de mars,
28 fr. 50. — Au Havre, les cours des blés d'Amérique se maintiennent aux taux
de la semaine dernière : on paye de 27 fr. 50 à 29 fr. par 100 kilog. suivant les
qualités. — A Marseille, on accuse un très grand calme dans les transactions, mais
avec beaucoup de fermeté dans les prix des diverses catégories. Les importations
ont été de 160 hectulilres environ depuis huit jours, et l»^s prix se main-
tiennent aux taux que nous avons donnés dans notre précédente revue. — A
Londres, les importations de blés étrangers durant la semaine dernière se sont
composées de 2o2,u. 0 quintaux métriques; les ventes soit assez difficiles, et les
prix accusent un peu de baisse. On paye de 26 fr. à 28 fr. 10 par quintal mé-
trique suivant les (jualilés et les provenances.
Farines. — Les demandes sont assez actives pour toutes les sortes de farines,
et les prix accusent beaucoup de fermeté. — Pour les farines de consommation,
on payait le 8 décembre, à la halle de Paris : marque D, 65 fr.; marques de
choix, 65 à68lr ; bonnes marques, 64 à 6o fr ; sortes ordin-nires 63 à 64 fr.;
le tout par sac de Ifgkilofî., toile àrendre, ou 157 kilog. net, ce qui correspond
aux prix extrêmes de 40 lOà 'iS fr. 30, par luO kilog., ou en moyenne 41 fr 70,
comme la semaine précédente — Les farines de spéculation, so t aussi cotées à
des prix très fermes. On les a vendues, suivant les sortes, à Paris, le m rcredi 8 dé-
cembre, au soir : farines hait-innrqves, courant du mois, t5 fr ; janvier, 62 fr. 75;
janvier- évrier, 62 Ir. 20 à 62 fr. 50; quatre premiers mois, 61 fr 50; quatre
mois de mars, 60 fr. 25 à 60 fr. 50; le tout par sac de 159 kilog toile perdue,
ou 157 kilog. net; farines supérieures, courant du mois, kQ fr 25 à 40 fr. 50;
janvier, 39 fr. 75; janvier février, 39 fr. 50 à 39 fr. 75 ; quatre premiers mois,
39 fr. 25 à 39 fr. 50; quatre mois de mars, 38 fr. 75; le tout par sac de 100 kilog.
— La cote olficielle en disponible, a été établie comme il suit, pour chacun
des jours de la semaine.
Dates (décembre). 2 3 4 6 7 8
Farines huit-marques (15* kiIo3.). 63.75 6^.00 6^.00 64.75 65 25 65-50
— supéiieuiei (103 iiilog.j. 4'J.OO 40.25 40 00 40. UO 40-00 40.03
La fermeté que nous signalions la semaine dernière pour toutes les sortes,
s'est maintenue depuis huit jours. — Pour les farines deuxièmes, les prix demeurent
sans changements, de 30 à 35 fr. par 100 kilog., et pour les grua'X, de 44 à 55 fr.
Seigles. — La baisse que nous signalion3 la semaine dernière s'est accentuée.
On paye à la halle de Paris, de 22 fr. 25 à 22 fr. 75 par 100 kilog. — Pour les
farines, elles se vendent facilement de 32 à 34 fr.
Orges. — Ge grain est ppu recherché à la halle de Paris. On le paye de 18 fr.
à 20 fr. 50 par 100 kilo?, suivant les sortes. Les prix des escourgeons se main-
tiennf nt de 20 fr. à 20 fr. 25. — A Londres, il y a aussi un peu de baisse dang
les prix. On paye de 19 à 21 fr. par 100 kilog.
Mail. — Maintien des anciens cours, avec des affaires peu importantes, à la
halle de Paiis.
Avoines. — La situation est à peu près la même que la semaine dernière. On
cote à la halle de Paris, de 19 Ir. 50 à 21 fr. ^0 par 10 J kilog. suivant poids, cou-
leur et qualité. — A Londres, les arrivages d'avoines étrangères continuent à être
abondants. On paye f-uivant les sortes, 19 fr 20 à 22 fr. par quintal métrique.
Sarrasin. — Lts prix sont faibles. On paye à la halle de Paris, 18 fr. 50 par
100 kilog.
Mais. — Peu d'affaires dans les ports sur le maïs d'Amérique. On cote au Havre
438 REVUE GOMAIERCJALE ET PRIX-COURANT ,
par quintal métrique, de 15 fr. 50 à 16 i'-. — Bans le Midi., les prix varient de
L8 à 22 fv. suivant les ([ualités-.
lsm(is — Les cours ont repris plu» de fermeté. On cote par iOO kilog. à la
halle de Paris : gros son seul, 14 Ir. îiô à 14 l'r. 50; sou trois cases, 13 ir. 50 à
14 Ir.; sons lins, 13 à LiJ ïx. 25 ; recoupettes, 12 Ir. 50 à 1,3 fr.; remoulages bis,
15 à 16 fr. ; remoulages blancs, 17 à 18 fr.
]1I. — Fourrages, graines fourragères, pommes de terre.
Fourrages. — Les cours accusent toujours beaucoup de fermeté. On paye dans
Pari», par 100 kilng. : foin, 125 à 160 fr.; luzerne, 120 à 150 fr.; regain, 116 à
14'4 fr.; paille de blé, 84 à 94 fr.; paille de seigle, 80 à 110 fr.; paille d'avoine,
76 à ^2 fr.
G'aines fovrrnrferes. — On cote à Paris, par 100 kilog. : trèfle violet, 90 à
140 fr , suivant les qualités; luzerne de Provence, 150 à 163 fr.; de Poitou, 145
à 155fr.; minette, 45 à 55 fr.; trèlle blanc, 150 à 200 fr.; vesce de printemps, 23 à
25 fr.; sainfoin double, 46 à 48 ir.; sainfoin simple, 44 à 46 fr.
Pommes de terre. — Les piix varient peu. On paye à la halle de Paris : hollande
communes, 9 à 10 fr, par hectolitre; jaunes communes, 7 à 8 fr. pour les qualités
comestibles. A Londres,, les pommes de terre sont cotées de 6 à l'2 fr. 60 par
quintal métrique.
IV. — Vins, spiritueux, vinaigres, cidres.
Vins. — Voici les nouvelles qui nous sont parvenues du vignoble, pendant la
semaine écoulée. En Bourgogne, c'est le calme qui domine, il est vrai de dire
que la qualité du vin laisse un peu à désirer. Les affaires se traitent aux cours
suivants : Dijon, Oamay, choix arrière-côte, 95 à 100 fr.; Garaay, courant, ar-
rière-côte, 85 à 95 fr.; Gramay, choix, côte, 110 à 120 fr.; Gamay, courant, côte,
100 à 105 fr., le tout par pièce de 228 litres. A Gevrey-Gharabertiu, pas d'affaires,
les vignerons, dit-on, ont des prétentions trop élevées, malgré la qualité douteuse :
A Meursault, il se fait quelques transactions : les vins rouges 1880 valent 90
à 100 fr. la ] ièce, nu, les 1878, 205 à 115 fr. la pièce, nu; les passe-tous-
grains, 1878, 230 à 250 fr., la pièce, logé. A Givry, les vins sont assez bien
réussis, et le commerce par suite est un peu plus actif qu'ailleurs ; le vin rouge
ordinaire, 1" choix, vaut 108, 110, 112 et L15 fr. les 228 litres nu; les
2* choix, 100 à 105 ir.; les vins rou,'es fins, côte de Givry, 150 à i70 fr. la pièce,
logé. — En Busse-Bourgogne^ la récolle n'a pas été considérable, mais la qualité
est comparable à celle de 1878. A Tonnerre, la récolte n'a pas dépas-^é en vin
rouge Ih dixième d'une année ordinaire, ceux-ci valent 70 à 75 fr. la feuillette de
136 litres; mais- en vin blanc, la qualité et la quantité peuvent être comparées à
celles de 1878 ; à Gliablis, on vend la feuillette de vin blanc, 105 à 120 fr. — En
Auvergne., les vins qu'on avait supposé valoir ceux ds 1878 sont inférieurs
comme couleur et comme qualilé, ce qui n'empêche pas les propriétaires d'être
très exigeants sur les prix. — Dans le Jii(/(, les achats sont pour ainsi dire sus-
pendus : le commerce local s'abstient et les acheteurs étrangers sont très rares;
les petits vins sont en baisse de 3 à 4 fr. par hectolitre, les bons vins et surtout
ceux de couleur se maintiennent à de hauts prix. — Dans le Bordrlais, les affaires
se calment de plus en plus, les acheteurs de 1880 ayant à peu près terminé leurs
achat-, il ne se fait plus, guère que des affaires courantes d'approvisionnement.
— Dans les Charenhes, devant la fermeté du commerce, les propriétaires lâchent
un peu la main. — Les, cours des vins, dans le Nanlais., ne varient pas : on paye
par continuation de 115 à 12.5 fr. les muscadets de 1880, et d;e 65 à 66 fr les
gros plants ; le tout pris au vignoble et sur lie. — Dans le Gdlinais-OrléanaiSy il
ne se fait aucune demande, aussi ne saurait-on obtenir un cour normal; les pro-
priétaires avisés ont traité aux prix oITeits, mais d'autres détenteurs qui avaient
des prétentions exagérées, ont encore leurs vins dans leurs celliers.
Spi'iliieiix. — Le marché est lourd et les affaires pour ainsi dire nulles. Les
prix, pendant la semaine écoulée, ontpeu varié, ils ont débuté à tO fr., ont fait
60 fr. 50, 60 fr. 75, et ont clôturé à 6U fr. 50. Les quatre premiers mois se sont
relevés de .^ 0 centimes au cours de 61 fr., et une faveur semblable s'est produite
sur les quatre mois de mai. Le stock s'est légèrement accru, il est aujourd'hui de
7,875 pipes contre 6,625 l'an dernier, il dépasse donc de 1,250 pipes celui de
1879. Les affaires restent calmes sur la place de Lille, comme sur celle de Paris.
On cote l'alcool betterave disponible, 58 fr. 50 et pas d'affaires sur le bvrable.
Quant aux marchés du Midi, ils n'accusent aucun changement notable dans les
cours. Les marchés allemands sont en baiase. — A Paris, on cote 3/6 betterave,
DES DENRÉES AGRICOLES (1 1 Dâ^EMBRiC 1880;. 439
P* qualité, 90 degrés disponible, 60 fr. 25; quatre premiers, 61 fr.; quatre d'été,
60 fr. à 60 fr. 50.
Vinnigre. — A Dijon, le vinaigre 1" choix vaut 18 fr. l'hectolitre nu pris en
gare. Le vinaigre dit de Bourgogne, vaut de 14 à 20 fr. l'hectolitre nu, suivant
qualité.
Cvires. — A Saint- Pierrfi-^sur-Divef! (Calvados), la récolte des pommes a été
difficile, et les prix sont en hausse; elles Vdlent de 14 à 15 fr. l'hectolitre. Beau-
coup d'ouvriers, ajoute-t-on, ne pourront pas boire de cidre cette année.
V. — Tourteaux. — Noirs j — Engrais.
Tourteaux. — Les prix accusent partout une grande fermeté. On cote à Mar-
seille, par 100 kilog. : tourteaux de lin, 21 fr. ^0; d'arachides, 13 fr. 50; d'ara-
chides décortiquées, 16 fr.; de sésame, 14 fr, 25 à 15 fr.; d'oeillette, 15 fr.; de
colza du Danube, 14 fr. 75; de coton, 12 fr ; de farine de palmiers, 10 fr. 75; de
palmiste repassé, 9 fr.; de ravison, 13 Ir. 75. — A Rouen : colza, 15 fr. 25; ara-
chides eu coque, 12 fr ; sésame, 16 fr.; Un, 25 fr.
]\^oirs. — On cote à Valenciennes : noir animal neuf en grain, 32 fr. par
100 kilog.; noirs d'engrais vieux grain, 8 à 9 fr. par hectolitre.
VI. — Suifs et corps gras, cuirs et peaux.
Suifs. — Les prix sont encore cette semaine en baisse. On paye à Paris, 84 fr.
par ICO kilog. pour les suifs purs de l'abat de la boucherie.
Saindoux. — Les cours accusent plus de fermeté au Havre, où l'on paye les
saindoux d'Amérique, 18 fr. par JOO kilog.
VIF. — Beurres. — Œufs. — Fromages. — Volailles et gibier.
Beurres. — On a vendu pendant la semaine, à la halle de Paris, 217,116 kilog.
de beurres de toutes sortes. Au dernier marché, on payait par kilog.: en demi-
kilog., ordinaires et courants, 2 fr. 80 à 4 tr. 70; petits beurres, 2 lO à 3 fr. <àO;
Gournay, 2 40 à4fr. 96; Isigny, ^ fr. 20 à 7 fr 40.
Œufs.— Du 30 novembreau6 déc-rabre, il a été vendu, à la halle de Paris,
3,536, H 10 œufs. Au dernier jour, on payait par mille : choix, 13i à 145 fr.;
ordinaires, 72 à t2û fr.; petits, 54 à 66 Ir.
Fromages. — Derniers cours de la halle de Paris : par douzaine, Brie, 13 à
25 fr.; Montlhéry, 15 fr.; par oenL, Livarot^ 27 à 67 fr.; Mont-d'Or, 19 à 29 fr,;
Neufchàtel, 5 à 25 fr.; divers, 12 à 58 fr.; par 100 kilog., Grayère, 138 à 175 fr.
VJJI — Chevaux. — Bétail. — Viande.
Chevaux. — Aux marchés des 1'"" et 4 décembre, à Paris, on comptait 1,074
chevaux. Sur ce nombre, 453 ont été vei^'ius comme il suit :
Amenés. Vendus. Prix ejftrémes.
Chevaux de cabriolet 2.39 64 30© à 1 ,070 Ir.
— detiait 324 90 31ô à 1.270
— horsd'âKe 33$ 121 40 à 985
— à l'enctière 76 76 40 à 325
— de boucherie 102 102 32 à 112
Bétail. — Le tableau suivant résume le mouvenaent du marché aux bestiaux de la
Villette, du jeudi 2 au mardi 7 décembre :
Poids Prix di] kilofç. de »iande sur oied
Vendus moyea au marché da lundj 6 décembre.
Pour Pour En k quartiers, f* 2» 3» Prix
Amenés. Paris, l'extérieur, totalité. kil. quai. quai. quai. moyen.
Bœufs 6.161 3.611 1,585 5.;9Ô 340 1.64 \.^2 I.Où 1.32
Vaches 2,080 813 699 1,512 235 1.48 1-28 0 94 1.20
Taureaui 3.:3 210 ^3 253 2:0 1.25 1.10 100 1-13
Veaux 2,5ro I,8n 588 2,4 2 75 2.60 2.44 1.80 2 20
Moulons 39,8.56 29,277 8.57! 37.848 19 1.88 1.64 1-40 1 6^
Porcs gras 5, 587 2,302 3,045 5,347 83 1 60 1.56 1.5U l.c5
— maigres. 8 « 8 8 25 1 60 - » l-(-0
Les ventes ont été à peu près les mêmes que pendant la semaine précédente.
Pour le gros bétail, la situation, au point de vue des cours, est restée à peu près
la même; mais les prix des veaux et des moutons ont sensiblement remonté
depuis huit jours. Il faut toutefois que, pour toutes les sortes, les prix des qua-
lités !-upérieures sont très fermes.
A Londres, les importations d'animaux étrangers, durant la semaine dernière,
se sont composées de 9,647 têtes, dont 1 bœuf, 21 veaux et 4,556 moutons
venant d'Amsterdam; 4i8 moutons d'Anvers; 1,104 moutons d'Hatnbour^;
34 bœufs, 12 veaux et 1,525 moutons d'Harlingen; 368 bœuis de New- York;
440 REVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT (Il DECEMBRE 1880).
1 bœuf, 143 veaux et 1,454 moutons de Rotterdam. Prix du kilog. Bœuf, l'«,
1 fr. 93 à 2 fr. 10 ; 2% 1 Ir. 5S à 1 fr. 75; qualité inférieure, 1 Ir. ^0 à I fr. 58. —
Veau, 1", 1 fr. 75 à 2 fr. 05; 2% 1 fr. 58 à 1 fr. 75. — Mouton, P% 2 fr. 28 à
2 fr. 40; 2«, 1 fr. &3 à 2 fr. 10; qualité inférieure, 1 fr. 75 à 1 fr. 93. — Porc, \",
1 fr. 75 à l fr. 87; 2% 1 fr. 58 à 1 fr. 75.
Vianle à la criée. — On a vendu à la halle de Paris, du 30 novembre au
6 décembre :
^ Prix du kilog. le 6 décembre.
kilog. !'• quai. 2» quai. î' quai. Choix. Basse boucherie.
Bœuf ou vache.. 21. S. 7 60 l.06àI.6D 0.92àl.46 0.60àl.l6 0.90à2 50 0.10 à 1.10
Veau 1.^5.803 1.82 2.40 1.18 1.80 1 00 1 16 1 16 2.94 .
Mouton 90.661 1.42 1.50 1.12 1.40 0.76 1 10 0.80 2.70 •
Porc 3J,650_ Porc frais 134àl.72
495,874 Soit par jour 70,839 kilog.
Les ventes sont supérieures de 1,000 kilog. environ par jour à celles de la
semaine précédente. Pour toutes les catégories, nous devons signaler une hausse
sensible.
IX, — Cours de la viande à l'abatioir de la Villette du 9 décembre {par 50 kilog.)
Cours de la chai cuterie. — On vend à la Villette par 50 kilog. : 1" qualité,
83 à 85 fr.; 2% 80 à 82 fr.; poids vif, 58 à 60 tr.
Bœufs. Veaux. Moutons.
1" j» $• 1" j« 3» 1" i* l»
quai. quaU quai. quai. quai. quai. quai. quai. qiial.
fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr.
75 67 58 130 120 116 80 72 64
X. — Marché aux bestiaux de la fillette du jeudi 9 décembre.
Cours des commissionnaires
Poids Cours officiels. en bestiaux^^
Animaux général. 1" 2* 3* Prix 1" 2« 3« Prix
amené». Invendus. kil. quai. quai. quai, extrêmes, quai. quai. quai. eitrèrces.
Bœufs Ï.616 615 360 1.64 i.38 1.00 0.P8àl.68 «.60 1.38 l.oo 0.95àl,64
Vaches Ihî les 2iO 1.48 l.J3 0.90 O.il l-IO 1.45 l.'J5 0.90 0.85 1.50
Taureaux... I5S 49 365 1.20 1.08 0.92 0.86 1.24 1.20 1.10 0 95 0.80 1.25
Veaux 1.085 153 80 2.50 2.40 1.80 l.TO 2.60 » » » » »
Moutons.... 18.10) 1.179 tS 1.88 1.64 1.40 1.35 19»»». » »
Porcs gras.. 4.460 |222 83 1.52 1.48 1.40 1.30 1.62 » » • • »
— maigres. » » »»»»»»»»»»•
Veute lente sur le gros bétail ; assez active sur les autres espèces.
XI. — Résumé.
Les cours de toutes les denrées agricoles, à l'exception de quelques produits
animaux, accusent cette semaine une grande fermeté.
A. Remy.
BULLETIN FINANCIER.
Semaine de fluctuations à nos fonds publics : le 3 0/0 conserve son cours de
85 fr 60; raraoïiissable perd 0 tr. 40 à 87 fr.; et le 5 0/0, gardant son cours de
119 fr., perd U fr. 05. Cherté des reports; néanmoins très bonne tenue de nos
chemins de fer, des sociétés de crédit et des valeurs industrielles et commer-
ciales.
Cours de la Bourse du l" au 8 décembre
Principales valeurs françaises :
Plus Plus Dernier
bHS. haut, couis.
Rente30/0 85.30 8b. 60 85.60
Rente 3 0/0 amortis 87.00 87.40 87.00
Rente 4 1/2 0/0 lli.uo 114.40 II4.00
Rente 5 O/o 1i8.75 Ii9.0i) 119.00
Banque de i-Vance 3'4o oo 3775.00 3775.00
Con>ptoir d'escompte 97ri.Z5 980. oo 978.75
Société générale 57^.00 5»2.bO 5H2.50
Crédit foncier 1340 0» i37ù.oo i37o.oo
Est Actions 500 750.00 7.17.60 757.50
Midi d« I08O.C0 U2).t0 noi.oo
Nord d" 1667. bO I6«i.00 1676. iS
Orléans d" r.'.-.o.oo ijyo.OO 1285. uo
Ouest d* i(|7.50 êSO.OO 825. tO
Paris-Lyon-Méditerraneed" i4<j5.oo 1497. 50 1487.50
Paris 1871 obi. 400 3 0/0.. 3t-9 no 40000 399.00
Italien i 0/0 37.40 87.95 87.90
Le Gérant : A. BOUCHÉ.
{au comptant).
Valeurs diverses :
Plus
b;.3.
517.50
S'.OuO
467.51
Créd. fonc. obi. 5on 4 o^o
cl» d» d» d' 3 0/0.
d" obi. c" 50i» 3 0/0
Bque de Paris acl. 5iiO. ..
Crédit ind. et ce n. .soo ..
Dépôts et cples cts. 5oO...
Crédit lyonn;iis d"...
Créd. raoliilier
Cie parisienne du gaz 250
Cie frenér. transiil 500
Messag. iiianl.imes d*
Canal de suez. . .
d° délégation
d" ohli. D 0/0 d»
Créd. fonc. Aiitrlih 500
Cred raob. E*pa«i<ol... .d*
Créd. fonc. Russe
Plus
haut.
5-io.no
5S-Î.50
473.75
m7 -lO 1 41 Td
731.01 7411.00
7(18.75 710. 00
967. .10 97.S.OO
66'.00 677.50
438.75 149j.OO
eOo.OO ôl) 00
730 oO 7^5.00
d» 1275.00 I29i.(i0
d» »00 00 818 75
570.00 575.00
790 0 > 8"2 50
657 50 867.50
3s0.(i0 394.00
Leterrier.
Dernier
cours.
518. 7S
552.00
473. 7S
1148.75
735.00
710.00
975.00
665.00
1495.00
607.50
745.00
1275.00
800.00
572.50
790.00
667.5»
394.0»
CHRONIQUE AGRICOLE ds décembre i88oj.
Lenteur apportée à l'examen <ln projet de loi sur la police sanitaire du bétail. — Urgence de la
solution de la question. — Exemples donnés par rAn<jleterre et par l'Allemagne. — Nouvelle
loi promulo;Mée dans l'empire d'Allemagne. — Arrêté relatif à l'admission des chameaux au
concours régional d'Alger. — Analyse des programmes des concours régionaux, de la Roche-sur-
Yon, d'Ëpinal et de Versailles. — Les expositions scolaires dans les concours régionaux de 1881.
— Rôle de la Société d'encouragement à l'agriculture dans cette in^iovation. — Lettre de M. de
Lagorsse. — Nécndogie : mort de M Baron-Dutaya et de M. Lécart. — Election d'un membre
associé à la Société nationale d'agriculture. — Prochaine séance publique de la Société. — Ré-
sultats du concours pour la chaire de génie rural à l'Institut agronomique. — Nomination de
professeurs départementaux d'agriculture. — Sur la détermination d-s la valeur des engrais. —
Lettre de M. Perrpy. — Les engrais in.médiatement soluhles. — Travaux de la Commission su-
périeure du phylloxéra. — L'essaimage en 1880, d'après M. de Lafitte. —Note de M. Catta sur
i'emplni du sulfure de carbone. — Compte rendu du Congrès de Clermont-Ferrand. — Le faux
oïdium des vignes. — Note de M. Cornu. — Brochure de M. Lespiault sur les vignes américaines
dans le Sud-Ouest de la France. — Catalogue des vignes américaines cultivées à l'Ecole natio-
nale de Montpellier. — Les fourrages et les engrais verts. — Lettres du M. Pujo et de M. Dubost.
I, — L^s lois sur ks èpizoolies.
Depuis le 10 juin 1879, le projet de loi sur les épizooties voté par
le Sénat a été déposé sur le bureau de la Chambre des députés;
dix-huit mois se sont écoulés sans que le rapport ait été fait. Nous
nous permettons d'insister pour qu'il n'y ait pas de plus long retard.
Nulle loi n'est plus importante pour l'agriculture. Les plus graves
intérêts sont engagés dans une question dont le règlement ne devrait
pas être renvoyé à la législature qui suivra le parlement actuel, car
tout serait à recommencer. Sans doute la loi, telle qu'elle est sortie
des délibérations du Sénat, a besoin d'amendements, car elle contient
des prescriptions qui devraient être renvoyées à des règlements d'ad-
ministration publique, parce qu'elles sont insuffisantes ou contraires
aux découvertes de la science, et susceptibles d'être modifiées d'après
des recherches nouvelles. C'est une raison de plus pour que la
commission de la Chambre des députés se hâte, puisque la loi devra
retourner au Sénat. Les Etats voisins nous ont donné l'exemple, en
édictant des lois sévèrement protectrices de leur bétail. L'Angleterre a
commencé, et nos lecteurs savent avec quelle sévérité se trouve traité
par la loi britannique le bétail étranger. Quant à nous, nous n'hésite-
rions pas à imiter pour la France les prescriptions qui ont été adoptées
de l'autre côté du détroit. Cela vaudrait mieux que les tarifs sur
lesquels on s'obstine à discuter sans aboutir. Mais voici que l'empire
d'Allemagne vient, à son tour, de promulguer une loi très sévère qui
entrera en vigueur le 1" avril prochain, et dont le premier eiîet sera,
non pas seulement de protéger la santé du bétail allemand, mais
encore de faire refluer sur la France tous les animaux suspects de la
Germanie. Il y a donc une complète urgence à ce que la loi française
soit prochainement achevée. Nous publierons, du reste, dans un de
nos prochains numéros, le texte de la loi allemande tel qu'il a été
promulgué dans l'Alsace-Lorraine, c'est-à-dire par une traduction
officielle. Pour l'agriculture, comme pour toute chose, il importe
d'avoir toujours les re2;ards fixés de l'autre coté de notre frontière de
FEst.
IL — Le concours régional d'Alger.
Le Journal officiel annonce que, par un arrêté du ministre de l'agri-
culture en date du 8 décembre, il a été créé au concours régional
agricole qui se tiendra à Alger, du 2 au 1 1 avril 1881, une classe
spéciale pour les animaux de l'espèce cameline (chameaux, droma-
daires, méharis et analogues). Il y aura également un concours spé-
N» 610. — Tome lY de 1880. — 18 Décembre, 1
442 • CHRONIQUE AGRICOLE (18 DÉCEM:BRE 1880).
cial pour les faucheuses et les râteaux à cheval. Pour prendre part à
ces concours, les exposants devront remplir les formalités ordinaires,
c'est-à-dire adresser au ministère de l'agriculture et du commerce,
une déclaration écrite avant le 1 5 janvier prochain.
III. — Les concours régionaux de 1881.
Dans deux précédents numéros (pages 321 et 407 de ce volume)'"
nous avons commencé l'analyse des programmes des concours régio-
naux de 1881. Voici la fin de cet exposé :
Concours de la Rochesur-Yori, du 28 mai au 7 juin, pour la région comprenant
les départements de la Charente, de la Charente-Inférieure, de la Dordogne, de la
Gironde, des Deux-Sèvres, de la Vendée, de la Vienne et de la Haute-Vienne. —
Espèce bovine, 10 catégories : l'^race parthenaise et ses dérivés (vendéenne et nan-
taise) ; 2" race limousine ; 3" race maraîchine ; k" race garonnaise ; b^ race baza-
daise; 6* race de Salers; 7" race durham ; 8° croisements durham; 9» raced'Ayr;
10" races laitières françaises ou étrangères pures. Deux prix d'ensemble, pour la
l'« catégorie et pour les autres. — Espèce ovine, 3 catégories : 1° races françaises
diverses; 2'' races étrangères diverses; 3- croisements divers. Un prix d'ensemble.
— Espèce porcine, 3 catégories : 1° races françaises pures ou croisées entre elles ;
2» races étiangères pures ou croisées entre elles; croisements divers. Un prix
d'ensemble. — Animaux de basse-cour, 6 catégories : 1° coqs et poules; •<" din-
dons ; 3° oies ; 4» canards : 5'' pintades et pigeons ; 6° lapins et léporides. Un prix,
d'ensemble — Instrumenl s d'extérieur de ferme, 3 concours spéciaux.: 1» charrues.
a?ec avant -train pour labours de 20 centimètres de profondeur; 2" herses articulées
en fer ; 3" faucheuses mues par des chevaux ou par des bœufs. — Instruments
dHnlérieur de ferme, 3 concours spéciaux: 1° trieurs de grains; 2'^ dépulpeurs
pour racines de la force de 1 cheval au maximum; 3'^ bascules à bestiaux et à voi-
tures. — Produits agricoles, 7 concours spéciaux : P semences- de blés d'hiver ;
2" semences de féverolles 3" plantes textiles, lin ou chanvre ; 4"* collections de
produits maraîchers; 5" semences et plants pour plantations et reboisements; 6" ex-
positions scolaires; 7'^ expositions collectives. — Deux médailles d'or, trois d'argent
et six de bronze pourront être décernées, en outre, pour les produits végétaux ou
animfiux, de l'horticulture et de l'arb riculture, de la pisciculture, des exploitations
forestières, et pour les modèles d'instruments.
Concours d'Epi'ial, du 1 1 au 20 juin, pour la région comprenant les départe-
ments des Ardennes, de l'Aube, de la Marne, de la Haute-Marne, de Meurthe-et-
Moselle, de la Meuse et des Vosges. — Espèce bovinr, 5 catégories :_1° race durham ;
2° croisements durham ; 3'* race laitières françaises (races vosgienne, meusienne
ardennaise et analogues); 4'^ races étrangères laitières; 5" autres races pures et
croisements divers. Deux prix d'ensemble, pour les deux premières catégoiies, et
pour les trois dernières. Trois prix pour les bandes de vaches laitières en lait; —
Espèce ovine, 5 catégories: 1" mérinos et métis-mérinos; 2° races françaises diverses;
3"> races étrangères à laine longue; 4"* races étrangères à laine courte; 5° croisements
divers Un prix d'ensemble. — Espèce porcine, comme au concours de la Roche-
sur-Yon. — Animaux de basse-cour, 7 catégories: 1" coqs et poules; 2° dindons^
3» oies; 4» canards; 5^' pintades ; 6^ pigeons ; 7» lapins et léporides. Un pi ix d'en-
semble.— Instruments d'extérieur de ferme, 3 concours spéciaux: 1" scarifica-
teurs; 2» houes à cheval pour pommes de terre; 3'' butteurs. — Instruments
d'intérieur de ferme, 3 concours spéciaux: 1" pre-^ses à fourrages ; 2°' vases et
ustensiles de laiterie; H*» appareils de féculerio agricole (râpes, tamis, etc.). —
Produits agricoles, 6 concours spéciaux: r fromages à pâtes molles ; 2° pommes
de terre pour féculeries ; 3" produits des féculeries agricoles ; 4" produits • horti •
coles ; 5" expositions scolaires ; 6° expositions collectives. — Pour les produits
divers, comme au concours de la Roche-sur- Yon.
Concours de Versailles, du 18 au 27 juin, pour la région comprenant les dépar-
• tements de l'Aisne, du Nord, de l'Oise, du Pas-de-Calais, de la Seine, de Seine-
et-Marne, de Seine-et-Oise et de la Somme. — Espèce bovine, 6 catégories r
1» race flamande pure ; 2» race normande; 3" race hollaijdaise ; 4* race durham;
5* croisements durham ; 6" races françaises ou étrangères diverses et croisements
divers. Deux prix d'ensemble : pour les trois premières catégories ei pour les
autres. Trois prix pour les bandes de vaches laitières en lait. — Espèce ovine^
CHRONIQDE AGRICOLE (18 DÉCEMBRE 1880). 443
4 catégories : 1» races mérinos et métis-mérinos; 2" races françaises diverses et
croisements divers; 3" races étrangères à laine longue; 4» races étrangères à laine
courte. D ux prix d'ensemble : pour les races françaises et pour les races étran-
gères. — Espèce porcine, comme au concours de la Roche-sur-Yon. — Anvnaux
de basse-cour, comme au concours de la Roche-sur-Yon — Instruments d'extérieur
de ferme, 3 concours spéciaux : 1° appareils propres à l'arrachage mécanique des
betteraves ; 2» chemins de fer portatits pour usages agricoles ; 3» appareils de labou-
rage mis en mouvement au moyen d'une transmission à distance facilement appli-
cable à la force motrice (électricité et autres). -- Instruments d'intérieur de fenne,
3 concours spéciaux : 1" machines à battre, à vapeur, à grand travail, d'une force
de huit chevaux et au-dessus ; -2° élévateurs de paille; 3° appareils de distillerie
agricole de betteraves. — Produits agricoles, 7 concours spéciaux : 1" Iroment, no-
tamment les variétés les plus remarquables pour le rendement, la qualité du grain
et la précocité; 2" graines de luzerne et de trèfle; 3° laines en toison; k" produits
maraîchers; 5" semences, plants et arbustes pour plantations; 6° expositions sco-
laires; 7° expositions collectives. — Pour les produits divers, comme au concours
de la Roche-sur-Yon.
A ToccasioD du Concours régional des sept départements du nord-
est, qui doit avoir lieu du 11 au 20 juin, la* ville d'Epinal orga-
nise dès à présent une série de fêtes et d'exhibitions : concours de
musiques instrumentales et d'orphéons, de tir, de gymnastique, de
service des pompiers, d'horticulture et de sylviculture. Ou prépare une
exposition industrielle et une exposition artistique à laquelle seront
annexées une exposition des arts rétrospectifs, une exposition scolaire
et une exposition géographique. Enfin des courses auront lieu sur le
Champ-de-Màrs.
IV. — Socii'tè d'encouragement à ragriculture.
A l'occasioa des réflexions que nous avons faites dans notre dernier
numéro, au sujet de l'annexion des expositions scolaires aux pro-
chains concours régionaux, nous recevons la lettre suivante :
« Monsieur le directeur, je lis dans le Journal de VAgricu'ture, toujours si bien
renseigné ,(n«du 11 décembre), qu'une adjonction importante vient dêtre faite par
l'Administration de l'agriculture au programme des concours régionaux. Désor-
mais, des expositions scolaires auxquelles tous Ibs instituteurs de la région pour-
ront prendre part, seront organisées dans chaque concours et des récompenses
leur seront affectées.
« En félicitant l'Administration de son heureuse innovation qui révèle toute la
sollicitude du gouvernement pour l'enseignement agricole, il est permis de rappeler
que l'initiative de cette mesure émane de la Société nationale d'encouragement à
l'agriculture. Au concours régional de Tulle, M Latrade, député, délégué de la
Société, a prononcé, en remettant notre médaille d'or à un instituteur de la Gorrèze,
une allocution que vous avez bien voulu insérer dans votre journal (n'' du ^i juin),
et dans laquelle l'honorable Président du comice agricole de Rrive constatait,
avec regret, l'absence de toute exposition scolaire dans le concours.
« Quelques jours plus tard, au concours régional de Périgueux, la réunion des
exposants et des membres du jury formulait, sur ma proposition, une demande
diB revision de programmes dans le même sens.
« Ces deux vœux, transmis à l'Administration et appuyés par MM. les inspecteurs
généraux Heuzé et Malo, ont été accueillis, et si je revendique pour la Société
a encouragement une part d'influence dans cette utile réforme, c'est pour affirmer
u'ne fois de plus que la sollicitude de notre patriotique association est toujours en
éveil pour la défense des intérêts dont elle est la représentation libre et autorisée.
« Agréez, etc. J.-M. de Lagorsse,
Sacrétaire général de la Société nationale
d'encouragement à l'agriculture.
Nous sommes toujours heureux de prêter notre concours à tous
les efforts qui sont faits pour le développement des efforts utiles au
progrès.
444 CHRONIQUE AGRICOLE (18 DÉCEMBRE 1880).
^V. — Nécrologie.
M. Baron-Dutaya, directeur honoraire des haras, \ient de mourir
à Saint-Brieuc, à l'âge de G4 ans seulement. Après avoir été directeur
des dépôts d'étalons de Lamballe et de Saint-Lô, il avait été nommé,
en 1862, inspecteur général, et en 1872, directeur général des haras;
au commencement de 1879, il avait été admis à faire valoir ses droits
à la retraite.
On annonce de Scey (Haute-Saône), la mort de M. Lécart, le bota-
niste voyageur dont le nom était devenu récemment célèbre par l'an-
nonce de la découverte de vignes annuelles à tubercules dans le
Soudan. Il a succombé, âgé de 46 ans seulement, aux suites de son
voyage pénible dans l'Afrique équatoriale.
YI. — Election à la Soc'été nalionale d'agriculture.
Dans sa séance du 15 décembre, la Société nationale d'agriculture
a procédé à l'élection d'un membre associé national dans la Section
des sciences physico-chimiques. Sur 36 votants, la majorité étant 19,
M. Renou a obtenu 33 suffrages, M. Pagnoul 2 et iM. de Martin 1.
En conséquence, M. Renou a été proclamé élu; son élection sera sou-
mise à l'approbation du président de la République. On connaît les
importants travaux de M. R^nou sur la météorologie ; il dirige l'ob-
servatoire de Saint-Maur, qu'il a mis à la disposition du bureau cen-
tral météorologique de France. — Nous profitons de cette occasion
pour rappeler que la Section est ainsi composée par ordre d'ancien-
neté : membres titulaires, 1832, M. Chevreul; 1841, M. Boussingault;
1851, M. Dumas; 1856, M. Barrai; 1870, M. Peligot ; 1878,
M. Becquerel; — membres associés, 1856, M. Dubrunfaut; 1877,
M. Isidore Pierre; 1880, M. Renou; membre étranger, 1856, M. Lawes.
VII. — Séance publique de la Société nationale d'' agriculture.
Nous avons annoncé que la séance publique de rentrée de la Société
nationale d'agriculture aura lieu le mercredi, 22 décembre, dans son
hôtel, 18, rue de Bellechasse, à 3 heures. Dans cette séance qui sera
présidée par M. Chevreul et à laquelle M. le ministre de l'agriculture
assistera, il sera donné lecture des éloges biographiques d'Amédée
Durand et de Darblay aîné, par M. le secrétaire perpétuel, de Hardy
père et de l'abbé Nolin par M. Heuzé.
VIII. — Concours pour une chaire à Vlnstitut agronomique.
Nos lecteurs savent que, le 6 décembre, a été ouvert le concours
pour la nomination d'un professeur de génie rural à l'Institut national
agronomique. Le jury de ce concours était composé deMM. H. Mangon,
directeur du Conservatoire des arts et métiers; Albaret, ingénieur-
constructeur; Cheysson, ingénieur en chef des ponts et chaussées ,
Philipps, professeur à l'Ecole polytechnique; Risler, directeur de
l'Institut agronomique. — A la suite des épreuves, auxquelles quatre
candidats se sont présentés, le jury a placé en première ligne,
M. Grandvoinnet, professeur à Grignon; en deuxième ligne, M. Alfred
Tresca, répétiteur à l'Institut agronomique; en troisième ligne,
M. Duplessis, professeur départemental du Loiret. Le quatrième
candidat s'était retiré avant la fin des épreuves.
CHRONIQUE AGRICOLE (18 DÉCEMBRE 1880). 445
IX. — Nomination de professeurs départementaux.
Les concours ouverts dans onze départements pour la nomination
de professeurs d'agriculture sont achevés. — Six professeurs ont été
nommés : dans l'Allier, M. Jouffroy, répétiteur à l'École d'agriculture
de Grignon ; — dans les Hautes-Alpes, M. Allier, directeur delà jerme-
école de ce département; — dans la Drôme, M. Bréhéret, stagiaire à
l'École d'agriculture de Montpellier; — dans Eure-et-Loir, M. Cazeaux,
répétiteur à l'Ecole d'agriculture de Grignon; — dans Indre-et-Loire,
M. Dugué, directeur de la Station viticole des Hubaudières ; — dans
la Loire-Inférieure, M. Arnault, ancien élève de l'Institut agrono-
mique. — Dans les quatre départements des Alpes-Maritimes, du Nord,
du Pas-de-Calais et du Rhône, les concours n'ont pas donné de résul-
tat ; dans celui des Deux-Sèvres, aucun candidat ne s'élant présenté,
le concours a été ajourné.
X. — Sur la détermination de la vcdeur des engrais.
L'article de M. Bobierre que nous avons inséré dans notre numéro
du 4 décembre, nous a valu de M. Perrey une lettre que nous devons
publier. Il s'agit de la question de savoir si l'on peut apprécier la
valeur d'un guano, par exemple, en se contentant de déterminer les
matières immédiatement solubles dans l'eau, qu'il renferme La lettre
de M. Perrey est ainsi conçue :
« Monsieur le Directeur, je vous serais bien obligé d'insérer la lettre suivante
dans le Journal de l'agriculture.
« La vente d'un guano péruvien a donné lieu à une contestation sur laquelle
M. Bobierre s'est prononcé dans votre numéro du 4 décembre, dont je ne prends
connaissance qu'aujourd'hui.
« Je n'ai qu'à remercier M. Bobierre, qui a fait ressortir que le Directeur du
laboratoire de Mettray avait purement et simplement répondu à la demande
formelle d'un acheteur, en dosant dans ce guano les éléments solubles. Ce sont
ces éléments qui avaient été garantis à M. Vital-Pajot par un vendeur qui n'était
pas MM. Jamont et Huart, et après les représentations que j'ai cru devoir faire
à M. Vital-Pajot, je n'avais qu'à exécuter les dosages demandés.
« J'ajouterai seulement que si MM. Jamont et Huart, dont la lettre évidem-
ment destinée à la publicité est datée du 22 novembre, avaient cru devoir me
demander plus tôt les explications qui m'ont été demandées en leur nom le 23, ils
auraient compris pour(^uoi 07i s'était o'ccupé uniquement des éléments solubles;
cette manière de procéder n'aurait pas 'c excité si fort leur surprise », et le
Directeur du laboratoire de ]\[ettray n'aurait pas eu cette surprise, lui, d'avoir à
se défendre de l'application de ses chiffres à la mesure de la valeur commerciale
ou agricole du guano.
« Veuillez agréer, etc. Le Directeur du laboratoire de Mettray^
« Ad. Perrey. »
Il résulte de cette lettre que le directeur du laboratoire de Mettray
savait parfaitement qu'en traitant un échantillon de guano par de
l'eau et en se contentant de doser les matières dissoutes, il ne fourni-
rait pas un résultat qui pourrait servir à établir la valeur commerciale
ou agricole d'un engrais. Mais, ajoute-t-il, on lui avait fait une ques-
tion formelle et il y a répondu, ou du moins il croit y avoir répondu.
En effet, il résulte des expériences de M. Chevreul qui ont été plu-
sieurs fois communiquées à la Société nationale d'agriculture, que le
guauo abandonne encore des matières solubles après un dix-huitième
lavage par l'eau, et quand on laisse l'action de l'eau se prolonger. Un
seul lavage n'entraîne qu'une partie des matières solubles, celles ijnmé-
446 CHRONIQUE AGRICOLE (18 DÉCEMBRE 1&80).
diatement solubles. Or, il ne paraît pas que l'acheteur dont parle M. le
directeur du laboratoire de Mettray, ait fait cette restriction. Par con-
séquent, la réponse faite ne résout pas, dans sa généralité, la ques-
tion posée. Nous ajouterons que, dans les lavages successifs du guano,
on obtient une dissolution partielle des phosphates ; or, dans l'analyse
de Mettray telle que nous la connaissons, l'absence de dissolution
d'acide phosphorique est indiquée, si ce n'est à l'état de traces. En
outre, on n'a aucun renseignement sur la quantité d'eau employée
pour provoquer la dissolution. Ces remarques peuvent être appliquées
à d'autres engrais, notamment à de la poudrette, à du sang et d'au-
tres matières animales, etc. ; elles ont donc un intérêt agricole général.
11 serait déplorable que l'on introduisît dans la jurisprudence de la
surveillance des engrais, une doctrine qui aboutirait à donner un-e-
protection spéciale aux seuls engrais ayant la propriété d'être immé-
diatement solubles. Si ces engrais doivent être quelquefois recomman-
dés, il est beaucoup de circonstances où, au contraire, ils doivent
être repoussés. D'ailleurs, dans le sein de la terre, les engrais ne se
comportent pas comme ils le font dans un vase de laboratoire en pré-
sence d'eau ou de tel ou tel réactif. Les directeurs de Stations agrono-
miques doivent se tenir en garde contre les conclusions que Ton peut
tirer de déterminations isolées; il leur appartient d'éclairer les agri-
culteurs qui s'adressent à eux, et ils ne doivent pas se borner à donner
des réponses à des demandes susceptibles d'interprétations douteuses.
XL — Le phylloxéra.
La commission supérieure du phylloxéra a clos sa session le
10 décembre sous la présidence de M. Tirard, ministre de l'agricul-
ture et du commerce. Il a été décidé que, dans la Gironde, les arron-
dissements de Lesparre et de Bordeaux seront autorisés à importer et
à cultiver des cépages étrangers; la même demande pour Bazas a été
ajournée. L'arrondissement de Toulouse, dans la Haute-Garonne, doit
être teinté sur la nouvelle carte, car le phylloxéra y a été retrouvé.
Dans tous les mémoires envoyés pour concourir au prix de 300,000 fr.,
la commission n'a rien trouvé de sérieux. Elle a émis un vœu éner-
gique en faveur de l'exécution du canal dérivé du Rhône. De tous
les documents qui ont été produits", il résulte manifestement que
quatre moyens permettent désormais de lutter efficacement contre le
fieau ; ils doivent être employés selon les circonstances dans lesquel-
les le vignoble est placé. Ces moyens sont : la submersion automnale,
le sulfure de carbone, le sulfocarbonate de potassium et la plantation
des cépages américains comme porte-greffes des cépages français.
Grâce à l'emploi judicieux de ces moyens, les vignes peuvent être
incontestablement sauvées ou reconstituées. Le fléau a causé des
ruines; il causera un excès de dépense, mais il n'empêchera plus la
production du vin.
Dans la dernière séance de l'Académie des sciences, plusieurs
communications ont été faites relativement au phylloxéra. Tout
d'abord, nous devons signaler une note de M. Prosper de Latitte sur
l'essaimage du phylloxéra en 1880; cette note sera publiée dans un
des prochains numéros du Journal. En outre, M. Catta, délégué de
l'Académie, a transmis le résultat de ses observations relativement à
l'action de l'eau dans les applications du sulfure de carbone aux
GHRONIOaE AGRICOLE (18 DÉCEMBRE 1880). 447
vignes phylloxérées. Ces observations qu'il est utile de connaître,
peuvent se résumer ainsi : « Une humidité légère du sol ou même la
pluie survenant après l'injection, alors que le sulfure est déjà à l'état
de vapeur, favorise l'action insecticide et la reprise de la végétation,
tandis que l'introduction du liquide sulfocarbonique dans un terrain
détrempé constitue un danger pour la plante. »
D'un autre c(5té, nous devons signaler la publication des procès-
verbaux du congrès des vignes françaises tenu à Glermont-Ferrand
•du 'AO août au 2 septembre. Cette publication donne les comptes
rendus analytiques des séances, ainsi que le texte des vœux, q.ue
nous avons fait connaître au moment de ee congrès-
XII. — Le faux oïdium des vignes.
Les viticulteurs sont de plus en plus inquiets par la propagation du
faux oïdium ou mildew, qui a été importé en France avec les vignes
américaines. Des études nombreuses ont été déjà faites sur ce nouveau
parasite de la vigne. Nous devons signaler aujourd'lmi celles que
M. Max. Cornu vient de communiquer à l'Académie des sciences. Le
champignon, cause de la maladie, et qui a reçu le nom de Peronos-
pora viticola^ est déjà répandu dans une grande partie de la France,
et il est probable que, dans peu d'années, il aura atteint tout le territoire
viticole. On sait que c'est aux feuilles qu'il s'attaque. M. Cornu donne,
sur les altérations qui en résultent, les renseignements qui suivent :
« A. Les feuilles sont jeunes, d'un vert jaunâtre, tendres, et souvent destinées
à s'accroître eni'ore. — Les taches du mildnc sont arrondies et blanclies; la partie
supérieure de la feuille est d'aborl ua peu jaunâtre ; elbe débermineat le hrunis-
-sement et le dessèchement de cette partie; la feuille peut, dans son accroissement
ultérieur, se crisper ou même se déchirer.
« B. Les feuilles sont adultes, d'un vert assez foncé, ou revêtant déjà la teinte
automnale; elles sont coriaces.
a 1' Les taches sont isolées. — Les taches sont en général polygonales, limitées
aux nervures petites ou grandes; le tissu de ces nervures est sans méat, et le
mycélium ne les a pas franchies. Elles sont toncées, brunes, ou d'abord plus
vertes que le fond; le mycélium y est généfaleraent demeuré vivant et peut encore
émettre des spores, propriété très dangereuse par les temps humides.
« La feuille est comme mouchetée, cette apparence est très spéciale, plus visible
à la face su(iérieure.
« Suf' la feuille âgée, les taches se rapprochent des nervures principales et de
leur point de réunion.
« !>" Les taches sont confluentes. ~ Le*: taches précédentes s'entourent d'une
auréole de tissu desséché, ce qui modifie l'apparence générale, mais les mouchetures
sont plus toncées que le fond desséché, qui occupe souvent l'extrémité des lobes ou
la base des nervures principales.
« Des coupes transversales delà feuille montrent que, dans ces différents cas, le
tissu est entièrement frappé de mort. Une partie importante du limbe est ainsi
détruite ; souvent le pétiole se désarticule et tombe. »
On se souvient que récemment M. Priliieux, devant la Société natio-
nale d'agriculture, a considéré ce champignon comme peu redoutable,
€ar la grappe de raisin n'est pas attaquée directement. M. Cornu ne
paraît pas partao;er cette opinion ; il cite des observations de M. Paul
Oliver, de Collioure (Pyrénées-Orientales), d'où il résulte que le
mildew peut devenir désastreux, tant en diminuant la qualité du rai-
sin qu'en empêchant, dans certaines circonstances, celui-ci de
mûrir.
Dans une intéressante brochure qu'il vient de publier sur les vi^^nes
448 CHRONIQUE AGRICOLE (18 DÉCEMBRE 1880).
américaines dans le sud-ouest, M. Lespiault donne également de
détails sur le mildew. 11 estime que la plantation des cépasjes les
plus précoces, combinée avec la taille courte, de manière à hâter la
maturation du raisin, pourrait être un moyen de conjurer, au moins
en partie, les funestes effets de l'action de cet insecte.
XIIL — Les vignes américaines à Montpellier.
IVI. G. Foex, professeur à l'Ecole nationale d'agriculture de Montpel-
lier, vient de publier le catalogue des vignes américaines et asiatiques,
et des Ampélopsis, cultivées dans les collections de l'Ecole en 1880.
Cette liste comprend 243 cépages, savoir 44 de Vîtis A^stivalis, 58 de
F. Riparia, 53 de Y. Labrusca, 58 de vignes hybrides, IG de vignes
diverses ou encore non classées, 7 de vignes asiatiques et 7 d'Ampé-
lopsis. M. Foex a fait suivre celte liste d'une clé analytique pour la
détermination des espèces de vignes américaines le plus usuelles en
France, et de la description des cépages américains les plus générale-
ment cultivés; ce sont, pour la production directe, parmi les /Estivalis,
Je Cunningham, le Rulander, l'Herbemont et le Jacquez; comme porte-
greffe, parmi les Riparia, le Riparia sauvage, le Solonis, le Clinton, le
Taylor, le Vialla, l'Elvira; parmi les Labrusca, le York-JMedeira, et
enfin le F. Hupestris. La brochure de M. Foex peut servir d'excellent
guide pour les viticulteurs.
XIV. — Engrais verls et fourrages.
A l'occasion d'un passage de l'article de notre collaborateur
M. Dubost, inséré dans notre dernier numéro, nous avons reçu la
lettre suivante que nous publions, parce qu'elle renferme des ré-
flexions que d'autres lecteurs ont pu faire :
a Monsieur le Directeur, je lis dans votre numéro du 11 décembre, page 431,
une phrase de M. Dubost que je ne comprends pas très bien ; la voici :
c< Si la production des engrais était le but, on enfouirait les fourrages en vert
au lieu de les faire consommer par les animaux ; cela a été recommandé, et je
crois même tenté, mais sans le moindre succès. »
« Que veut dire par là l'honorable professeur de Grignon ? Faut-il croire que
les engrais verts sont tout bonnement une utopie ? Soyez assez bon, monsieur,
pour m'éclairer à ce sujet et veuillez agréer, etc. D'. PuJO. »
Nous avons communiqué cette lettre à notre collaborateur qui nous
répond dans les termes suivants :
« Mon cher Directeur, voici l'explication que vous demande M. le docteur
Pujo dans la lettre que vous voulez bien me communiquer.
« Les plantes que l'on enfouit en vert ne sont pas des plantes fourragères. Les
fourrages ont une autre destination que de servir directement d'engrais . c'est de
passer par le corps du bétail pour le transformer en viande, en lait, en laine, ou
même simplement en forces mécaniques pour l'exécution des travaux de culture.
Quant à la tentative infructueuse de convertir directement les fourrages en
engrais, je n'ai pas voulu dire que les fourrages sont impropres à servir d'engrais
verts, j'ai voulu dire simplement qu'il ne saurait être d'une bonne administration
de les affecter à cet emploi. C'est d'un insuccès financier que j'entendais
parler.
« Je regrette de n'avoir pas été assez clair pour être compris de M. le doc-
teur Pujo. Je me mets volontiers à sa disposition, s'il avait de nouvelles explica-
tions à me demander.
« Agréez, etc. Dubost.
Il n'y a pas de contradiction, ainsi que cette lettre le prouve, entre
les idées émises par M. Dubost et la pratique de l'enfouissement de ce
qu'on appelle communément les engrais verts. J..-A. Barral.
LES VENDANGES DANS LES PAYS PHYLLOXÉRÉS. ' 449
LES VENDANGES DE 1880 EN PAYS PHYLLOXÉRES- — II
La terre de Viviers, située sur la route d'Assas, est depuis longtemps
connue, et visitée par les planteurs de vignes américaines. C'est, en
effet, le premier domaine où l'on sest occupé sérieusement de la plan-
tation en grande culture de ces cépagos. Le premier vignoble détruit
sera le premier reconstitué. M. Jules Pagezy, son propriétaire, est non
seulement un agriculteur distingué, mais c'est l'homme du monde qui
connaît le mieux toutes les questions économiques se rattachant
à la vigne et à ses produits. Il eut à donner bien souvent des preuves
à la tribune de la Chambre des députés et au Sénat, où il a, pendant
de longues années, représenté et défendu avec une grande autorité et
une grande énergie, les intérêts agricoles et commerciaux de notre
département en particulier et ceux des viticulteurs et du commerce en
général. Lorsque le besoin de repos s'est fait sentir, il a renoncé aux
affaires publiques; mais il est des organisations pour lesquelles l'acti-
vité est un besoin, et dans sa verte vieillesse il a entrepris une lâche
devant laquelle bien d'autres auraient reculé. Il a trouvé encore le
moyen, en reconstituant son vignoble détruit, de servir d'exemple et
de relever les courages. Sa première plantation de Clinton remonte à
l'hiver de 1873 à 1874. Il m'est arrivé bien souvent d'entendre dire,
dans ces dernières années : Avez-vous vu les vignes de M. Pagezy? On
dit qu'elles jaunissent ou qu'elles meurent par suite de l'affranchisse-
ment des greffes. Les nouvelles les plus alarmantes circulent tous les
étés, nouvelles intéressées ou' non; plusieurs fois, pour me rassurer,
j'ai été voir, je suis toujours revenu satisfait de ma visite. La vérité,
la voici : les mille souches d'Aramont, greffées sur Clinton, plantées
en 1874, ont produit, cette année, malgré les gelées d'avril 1879,
4'i hectolitres de vin. Une de ces souches, qu'on a admirée au congrès
de Lyon, portait 32 gros raisins, beaucoup en avaient 40. M. Pagezy
laisse dire, et justement fier des résultats obtenus il continue son
œuvre : cinquante hectares sont déjà replantés à Viviers.
M. le vicomte de Turenne, secondé par M. Molinier, son homme
d'affaires, a planté dans ses belles propriétés de Pignan et de Valautre
une grande quantité de Riparias qui ont donné de prodigieux résul-
tats. Les plantations s'étendent déjà sur 120 hectares à Valautre et sur
90 au château de Pignan; les excellentes terres de Valautre, fraîches
et profondes, paraissent très favorables à la culture des Riparias. J'ai
compté sur 180 souches d'un an greffées en Aramont cette année,
MiO reprises; des greffes de 3 ans ont produit 16 kilogrammes de
raisins par souche. M. le vicomte de Turenne imite l'exemple que lui
donne sa belle-mère, Mme la duchesse de Fitz James le plus grand
agriculteur du Gard; sa belle terre de Saint-Bénazé, transfor-
mée par elle en une immense pépinière américaine, lui donne
de très beaux revenus par la vente des sarments en attendant qu'elle
lui en donne de plus considérables encore par la vente du vin.
La capacité et le zèle de M. Molinier sont un sûr garant de la re-
constitution rapide des terres qu'il administre.
M. Emmanuel Coulet a planté, dans sa propriété du Pont-de-Lavé-
rune, 2 hectares de Petit-Bouschet franc de pied.
Submergé à eau courante, sans le secours de machines élévatoires,
par les eaux de la Mosson, ce jeune plantier donnera l'an prochain
450 LES VENDANGES DANS U^IS PAYS 1»HYLL)0XÉRÉS.
une fort belle récolle ; un seul point où le nivellement était incomplet
m'a paru attaqué par le phylloxéra, il set^ facile d'y remédier.
Le petit Bou«chet et toas les plants de cette famille entrent pour
une ^randepart dans la reconstitution d^e nos vignobles. Avant l'inva-
sion, on avait reconnu les grands services qu'ils étaient destinés à
rendre.
iRéunissant à la couleur du teinturier la fertilité de l'Aramont, du
Terret, des Carignans, de tous nos cépages de grande culture, les
piroduits des vignes Bouschet jouissai-ent d'une grande faveur sur
nos marchés viticoles.
L'obtenteur de ces plants remarquables n'a certainement pas été
récompensé comme il le méritait, car il a i^endu un éminent service à
la viticulture française.
Les cépages Bouschet réussissent parfaitement sur tous les porte-
greffes américains ; J'en ai vu de très beaux et chargés de fruits, gref-
fés sur Clinton, chez M. Barrai.
J'engage donc nos agriculteurs à ten^r grand compte de la valeur
des vignes Bouschet, car elles produiront une grande quantité de
fruits et de vins très colorés, recherchés par le commerce.
M. Douysset met le Jacquez au premier rang; pour M. Barrai, le
Clinton oc<îupe la première place; mais le meilleur cépage pour
M. Jullian, c'est le Taylor,.
ils ont tous trois obtenu de beaux résultats; ils ont donc chacun
la meilleure raison pour préconiser leur cépage favori, le succès.
M. J'ullian'a planté le premier à Villeneuve-lès-Maguelone, il y a sept
ans, desTaylors, qu'il a greffés en Chasselas dès la seconde feuille.
4,200 souches lui ont produit cette année 2,500 kilog. de raisins pré-
coces qui ont été expédiés à Paris et ont donné un très bon revenu.
S'il est un propriétaire dont la ferme volonté, la ]^rsistance et les
sacrifices méritent une récompense, c'est assurément le propriétaire
du domaine de Maurin.
M. Félix Sabatier lutte depuis le premier jour avec une énergie que
rien o'a pu lasser; après avoir essayé, dans les meilleures conditions
et avec les plus grands soins, l'emploi des agents chimiques, et après
avoir vu mourir toutes ses vignes, il a pris le sage parti de recourir à
la submersion pour la vigne européenne et à l'irrigation pour la vigne
américaine.
5^ hectares de vignes européennes à la submersion et 12 hectares
de vignes américaines composent .aujourd'hui son vignoble presque
renouvelé.
La submersion se fait très complètement au moyen des eaux de la
rivière La Mosson, élevées par de puissantes pompes actionnées par
des locomobiles. J'ai parcouru ces vignes qui présentent tous les ca-
ractèi-es d'une grande vigueur et sont chargées de fruits; la récolte de
cette amaée a été malheureusement amoindrie par une terrible inva-
sion d'oïdium dont les soufrages, contrariés par les pluies fréquentes,
n'ont pu suffisamment arrêter les effets.
Les vignes américaines chargées de fruits ne me paraissent pas avoir
souffert; en somme : récolte satisfaisante et espoir fondé pour l'avenir.
Mais ce qu'il y a surtout d'intéressant à Maurin, c'est l'Ecole des
vignes et les pépinières américaines.
Depuis l'invasion du phylloxéra, M. Sabatier a, l'un des premiers.
LES VENDANGES DANS LES PAYS PHYLLOXÉRES. 451
fait venir à grands frais d'Amérique, une collection très complète de
tous les cépages de ce pays. On peut, à l'aide d'une classification très
exacte, faire des études très fructueuses et comme j'ai eu la bonne
fortune d'être guidé dans cette visite par le propriétaire lui-même, j'ai
pu en retirer un très grand profit.
31. Sabatier, grâce à sa prodigieuse mémoire et à ses études appro-
fondies, possède à fond toute sa collection, et il est impossible de ne
pas admirer avec quelle facilité il sait reconnaître au milieu de cet
océan de feuillages, le nom, souvent fort difficile à retenir et à pronon-
cer, de la variété qu'on recherche.
Avec un tel guide, on voit vite et bien, et j'engage les étrangers qui
veulent se rendre compte des résultats obtenus et de ceux que l'on
peut espérer, à aller visiter la collection des vignes de Maurin. Je puis
leur donner l'assumnce, par mon expérience personnelle, qu'ils y
seront bien accueillis et qu'ils emporteront de cette visite un agréable
souvenir.
M. Félix Sabatier est un agriculteur trop intelligent et trop pratique
pour n'être pas partisan du canal du Rhône, et, le jour où ses eaux
bienfaisantes viendront arroser nos plaines et nos coteaux, c'est avec
joie qu'il remplacera ses machines d'épuisement et ses locomobiles
par des eaux de submersion d'hiver et d'irrigation d'été qui lui don-
neront, à bien moins de frais, des résultats plus avantageux.
M. Barrai est le champion du Clinton. Propriétaire du domaine de
Lamoure, près Mauguio, et d'une terre près Celleneuve, il planté le
Clinton sur une grande échelle. Cette année, les vers blancs et gris ont
détruit une partie de sa récolte de raisins de Clinton; en revanche, ses
greffes lui ont donné de manilîques résultats. Le Clinton est un ex-
cellent porte-greffe, dans les terrains qui lui conviennent, pour la
plupart de nos cépages américains. Son bon marché et sa reprise
facile lui ont fait beaucoup de partisans; sa résistance est attestée,
jusqu'à présent, par des faits nombreux; le seul reproche fondé qu'on
puisse lui faire, c'est qu'il nourrit beaucoup de phylloxéras sur ses ra-
cines et dans les galles de ses feuilles; ce dernier inconvénient dispa-
raît par la greffe, et les attaques répétées des phylloxéras sur ses
racines attestent chez lui l'énergie de sa résistance et de sa prodi-
gieuse vigueur.
M. Barrai récoltera cette année 175 hectolitres de vin, et estime que
ses Aramonts greffés sur Clinton lui ont donné un produit de 200 hec-
tolitres à l'hectare.
M. des Hours emploie ses loisirs à faire de l'agriculture, il y trou-
vera plus de satisfaction et plus de profit que dans l'administration
d'un département. M. des Hours est le fils d'un homme dont le
souvenir est cher aux agriculteurs méridionaux et il sait mieux que
personne que : noblesse oblige.
Le domaine de Mezouls est situé dans la fertile plaine de Mauguio;
son riche vignoble entièrement détruit par le phylloxéra sera bientôt
reconstitué par ses soins intelligents.
Le Clinton règne en maître à iMezouls. Le voisinage de M. Barrai et
la réussite de ce cépage ont engagé son Yoisin à en faire la base de la
reconstitution de ses vignes.
1 5 hectares sont déjà plantés, greffés en Aramont, Carignan et
Petit-Bou&chet; les deux premiers hectares greffésj ont été gelés au
452 LES VENDANGES DANS LES PAYS PHYLLOXI^RÉS.
mois d'avril 1879, ils ont néanmoins produit cette année 50 hecto-
litres à l'hectare.
Mezouls possède une très belle collection de cépages américains
plantés depuis sept ans et de vastes pépinières très bien tenues.
J'ai gardé pour la fin ma visite à l'Ecole nationale d'agriculture de la
Gaillarde. Jeune d'âge, vieille parles succès, cette école s'est trouvée
la première sur la brèche en pays phylloxéré.
Abandonnant pour un temps les cultures accessoires, son jeune et
sympathique directeur, aidé et soutenu par un corps de professeurs dis-
tingués, s'est livré avec une persévérance qui ne s'est jamais démentie,
à une lutte énergique contre le terrible ennemi de nos riches vignobles.
L'Ecole a été ouverte à toutes les expériences, ouvertes à tous; elle
est devenue le champ d'études le plus complet qui existe en Europe.
L'importance qu'elle a déjà acquise et qui augmente tous les jours,
lui a valu, de la part du gouvernement, des subventions qui lui ont
permis de s'agrandir en augmentant ses moyens d'action.
Aussi, de tous les pays atteints ou seulement menacés, nous avons
vu accourir des délégués chargés d'étudier le fléau et les moyens de
le combattre ; l'Autriche-Hongrie, l'Italie, l'Espagne, l'Allemagne, la
Suisse, ont envoyé leurs agriculteurs les plus éminents, et l'accueil
gracieux et cordial qu'ils ont reçu, les facilités qu'ils y ont rencon-
trées pour se livrer à leurs études, leur ont permis de se créer d'agréa-
bles et solides relations et d'échanger des idées utiles et profitables
aux rapports existant entre la France et les pays qu'ils représentaient.
Si bien que de nationale qu'elle était, on peut dire aujourd'hui que
l'Ecole de Montpellier est devenue une école internationale.
Après avoir tout essayé, on a reconnu que la vigne américaine était
le seul moyen pratique de reconstituer nos vignes perdues.
Tous les efforts ont alors tendu vers ce but. Une collection unique
de cépages de tous les pays du monde, à laquelle tous les viticulteurs
ont été heureux de concourir, a été créée et sa remarquable classi-
fication en a rendu l'étude facile à tous.
Des vignes d'expériences ont été plantées. Cette année on a ven-
dangé, et voici les résultats ofticiels dont je dois la communication à
l'inépuisable obligeance de mon excellent ami le directeur de l'Ecole,
M. Camille Saint-Pierre.
La vigne de Cunningham plantée en 1878, en boutures, surface
26 ares, a produit 1 ,051 kilog. de raisins, ce qui représente à l'hectare
un produit de 4,082 kilog.
La plus belle souche a donné 6 kilog. de raisins, le plus beau rai-
sin a pesé 270 grammes.
La vigne d'Herbemont, plantée en 1877, occupe une surface de
24 ares, son produit a été de 1,295 kilog. de raisins. La moyenne de
la production par souches a été de 2 kilog. 160 grammes. Le produit,
par hectare, aurait été- de 5,400 kilog.; la plus belle souche a donné
5 kilog. 800 grammes de raisins, et le plus beau raisin a pesé
290 grammes.
La troisième vigne, plantée en Jacquez en 1877, a une contenance de
29 ares; son produit a été de 1 ,934 kilog. de raisins, la moyenne par
souche de 2 kilog. 384 grammes, la plus belle souche portait 7 kilog.
800 grammes de fruits, le plus beau raisin pesait 370 grammes.
[La suite prochainement,) Léon de Lunarkt.
SUR LES BASES SCIENTIFIQUES DE L'ALIMENTATION. 453
SUR LES BASES SCIENTIFIQUES DE L'ALIMENTATION
A plusieurs reprises déjà l'occasion s'est présentée de signaler aux
agriculteurs les exagérations dans lesquelles on tombe si Yaeileinent
chez nous, à propos des recherches récentes sur la théorie de l'alimen-
tation des animauv. D'une part, on nous montre les résultats de ces
recherches tels qu'ils ont été obtenus en Allemagne, comme devant
être acceptés sans restriction ni réserve, et on nomme leur ensemble
« Talimenlation rationnelle ». Plutôt que de prendre la peine de l'exa-
miner et de le discuter, en admettant qu'elles soient en mesure de le
faire, bien des personnes trouvent plus simple et plus commode de
l'adopter aveuglément et en bloc, et même le plus souvent d'en faire
honneur à ceux qui n'en ont été et n'en sont encore que les purs tra-
ducteurs ou les compilateurs. Les conceptions allemandes de Wolff, de
Henneberg et de leurs élèves, passent ainsi dans un certain public,
pour mot d'évangile, sous d'autres noms. Ce sont des questions de
confiance.
D'autre part, on vient nous dire que tout cela ne signifie rien, que
les théories de l'alimentation sont aujourd'hui purement empiriques,
et que tout est à faire pour en établir qui soient assises sur la base de
la science expérimentale.
Je ne crois pas qu'il soit dans l'intérêt du progrès réel d'osciller de
la sorte entre la foi et le scepticisme absolu. Dans une conférence que
j'avais été appelé à faire sur ce sujet à Nantes, en 1874, à l'occasion
du concours régional, il me semble être resté dans la véritable mesure
pour apprécier la valeur de ce que nous possédons. Cette conférence a
été recueillie. Il ne sera peut-être pas inutile d'en reproduire ici la
courte partie relative à la portée pratique des notions qui sont en
question. Six années de recherches et de vérifications nouvelles m'ont
laissé à cet égard le sentiment que j'exprimais alors.
c( Messieurs, disais-je après avoir terminé l'exposition des connais-
sances acquises sur les bases scientifiques de l'alimentation, nous
venons de faire de la science exacte, de la science abstraite, parce que
nous avons raisonné sur des bases rigoureusement définies. Est-il
besoin d'ajouter qu'on s'exposerait à commettre de graves erreurs et
de graves fautes si l'on accordait à ces bases et surtout aux nombres
dont je me suis servi pour les exprimer, une valeur pratique absolue?
Gardez-vous bien de ces erreurs qui ont pour résultat certain de com-
promettre la science, à laquelle sont dus tous nos respects, et qui sont
la cause ordinaire de cet antagonisme absurde trop souvent établi entre
la science et la pratique, par les gens qui n'ont pas assez de bon sens
pour comprendre son véritable rôle et sa véritable utilité. Ahj le boa
sens, quelle chose précieuse et rare, bien qu'on lui donne souvent le
nom de sens commun ! On ne l'acquiert point dans nos écoles. Quand
on ne Ta pas apporté avec soi en y venant, on s'en retourne sans doute
avec des connaissances acquises, on a la tête meublée, mais il manque
toujours la manière de s'en servir utilement, parce qu'on est dépourvu
de la faculté de discerner les cas de leur application opportune. La
science agit sur des données qu'elle a pour objet de réduire, par l'ana-
lyse des phénomènes, à leur dernier degré de simplicité. Dans la pra-
tique, au contraire, on est toujours en face de faits complexes, qu'il
454 SUR LES BASES SCIENTIFIQUES DE L'ALIMENTATION.
s'aiîit précisément d'analyser à l'aide des données scienlifiques, en
faisant funclioiiner celles ci de la manière judicieuse qu'indique cette
faculté que nous '^ 'lions de nommer le bon sens.
« Ne \oyez doi* je vous en prie, dans les bases scientifiques pré-
cises que je viens d'exposer devant vous, rien autre chose que des
points de repère pour vous guider dans la pratique de l'alimentation
de vos animaux. En parlant ainsi, je ne songe pas à en amoindrir la
valeur, croyez-le bien. Je les tiens pour les guides les plus précieux
auxquels vous puissiez vous confier. J'entends seulement qu'ils ne
sauraient vous dispenser des qualités qui font le pralirien habile, du
tact sensé qui fait l'observateur atieniif et judicieux. Ils décupleront
votre puissance, si vous savez les inter|)réter et les approprier aux cas
particuliers. Songfz que dans 1 animalité, il n'y a pas deux unités
absolument semblableset que nos nombres scientifiques représentent
des moyennes abstraites. C'est l'individualité qui domine, dans la
pratique zoolechnique surtout, et qui crée les plus grandes difficultés
d'application, difficultés insurmontables pour le praticien empirique,
tandis que le praticien éclairé ou guidé par la science en vient toujours
à bout, s'il est doué du vérilable sens pratique.
« Dans les limites que je viens de tracer, vous pouvez toutefois tenir-
les données en question pour tout à fait cerlaines ou scientifiques.
Elles résultent d'expérimentations rigoureuses, dans lesquelles on
analyse tout ce qui entre au corps animal objet de la recherche, et
tout ce qui en sort, pour conclure, par le bilan, ce qui a été retenu ou
utilisé. »
Te. le est encore présentement ma propre appréciation. Les exagé-
rations dont elle s'écarte ne se produisent pas seulement en France. On
en observe aussi en Allemagne, dont les nôtres ne sont peut-être que
des échos. L'an passé, celles auxquelles Emile Wolfî se laisse si volon-
tiers entraîner, vraisemblablement en sa qualité de pur chimiste, lui
ont valu de vives critiques venues de deux côtés dilTerents et tous les
deux également autorisés. Julius Kiihn lui a reproché vertement la
valeur absolue qu'il accorde à ses miryennes, dans le calcul des
normes d'alimentation. On sait qu'en ces matières Julius Kûhn a le
sens pratique très développé. Wikkens, allant beaucoup plus loin, a
contesté toute valeur à ses combinaisons, en insistant sur l'incertitude
des méthodes d'analyse usitées et en faisant remarquer d'ailleurs que
les méthodes de la chimie ne sont pas suffisantes dans les recherches
physiolof^iques.
Sans doute il reste encore bien des choses à faire pour que tous les
problèmes posés par l'alimentation des animaux soient résolus. Il ne
paraît pas douteux, par exemple, qu'il y aurait grand avantage à ce
que lanalyse immédiate, pour ce qui concerne le groupe des matières
azotées, pût être substituée à l'hypothèse dont on a dû jusqu'à présent
se contenter. On ne peut pourtant pas méconnaître, sans manquer de
justice, que des eflorts nombreux et persévérants se font en Allemagne
dans cette, direction. Cela ne fait que plus cruellement sentir l'ennui
des di ficultés qu'on éprouve, chez nous, à obtenir les moyens maté-
riels de paPL-ourir soi-même les voies qu'on a ouvertes et sur lesquelles
on éprouve le chagrin de se voir distancer par les étrangers. Mais,
encore une l'ois, de ce que tout n'est pas fait, est-il permis de conclure
que tout reste à faire ?
SUR LES BASES SCIEiNTIFIQUES. DE L'ALIMENTATIOX. 455
La science, d'où qu'elle vienne, est le patrimoine commun. C'est
une pure maladresse de la rejeter à cause de son origine. Elle n'a pas
de nationalité. Les savants seuls en ont une, et ce n'est pas moi qui
leur reprocherai d'y tenir. Avec ce qui est acquis déjà sur la théorie
de l'alimentation, je dis acquis solidement, et en laissant de côté
tout ce qui prête au doute ou bien doit être sans hésitation reconnu
comme sans valeur, il y a de quoi rendre à la pratique de signalés
services. Nous en avons, je crois, donné de nombreuses preuves, et
je puis ajouter que nous en donnons tous les jours, sans bruit et sans
les taire valoir par des moyens de mise en scène. Il serait fâcheux
que de simples affirmations, peut être un peu légèrement formulées,
et en tout cas dépourvues de justifications suffisantes, pussent
détourner les agriculteurs français éclairés et désireux de progresser,
de Tintérêt qu'ils prennent de plus en plus aux questions ^dont il
s'agit.
Plutôt que de condamner ainsi eu bloc et sur des considérations
pour la plupart étransjères au sujet, tout un ensemble de recherches
qui attestent au moins la bonne volonté des laborieux travailleurs
qui les exécutent, ne vaudrait-il pas mieux en reprendre soi-même
les parties faibles et contribuer à leur amélioration? Ce serait, je
crois, la meilleure manière de servir la science de l'alimentation. La
seule critique véritablement utile est celle qui substitue la vérité à
l'erreur. Un outil imparfait vaudra toujours mieux, pour travailler,
que l'absence d'outil quelconque. Quand on compare ce qui s'obtient
aujourd'hui, dans l'alimentation des animaux, à ce qui s'obtenait, du
moins en France, il y a seulement dix ans, il est impossible de ne
pas constater un très grand progrès. Peut-on nier qu'il soit dû à la
diffusion des notions scientifiques? Pour le contester, il faudrait ne
l'avoir point observé. Et je crains bien que ce soit le cas de ceux qui
le contestent. Ecrire est une chose; observer en est une autre, il ne
faut pas les confondre.
Je voudrais saisir l'occasion de revenir sur quelques notions qui
ont besoin d'être rétablies dans leur expression (exacte.
Nul n'a jamais eu, que je sache, la prétention d'infirmer la théorie
dynamique de la chaleur, dont le principe est dû à Carnot, et non
point à Mayer de Heilbronn, non plus qu'à Helmholtz ou à Hirn. En
démontrant que, dans l'organisme animal, la transformation de la
chaleur en travail n'est pas possible, on a fait voir seulement que la
machine animale ne fonctionne point comme la machine à feu, comme
la machine à vapeur. Et il est évident que la démonstration d'un tel
fait n'a pas seulement un intérêt de curiosité. Car elle a des consé-
quences pratiques de la plus grande importance, et pour l'alimenta-
tion et pour l'emploi des moteurs animés. Ces conséquences, je les ai
exposées et développées à plusieurs reprises. Personne, jusqu'à pré-
sent, n'a cherché à les réfuter, pas plus que la démonstration du fait.
JMais il est non moins évident que cela ne touche en rien au prin-
cipe fondamental de la thermodynamique, principe absolument inat-
taquable. La conservation de l'énergie et ses transformations par voie
d'équivalence n'en subsistent pas moins, parce que dans la machine
animale celle énergie se dégage directement sous forme de travail, au
lieu de se dégager sous forme de chaleur; parce que du travail s'y
transforme en chaleur, au lieu que ce soit la chaleur qui s'y trans-
456 SUR LES BASES SCIENTIFIQUES DE L'ALIMENTATION.
forme en travail. La seule différence est que le rendement en travail
de l'alimentation est considérablement plus élevé dans la machine
animale que dans la machine à vapeur.
Si la chaleur a un équivalent mécanique^ le travail a, inversement,
un équivalent calorifique. 425 kilogrammètres équivalent à une calo-
rie comme la calorie équivaut à 4 "2 5 kilogrammètres. Que peuvent
donc signifier des jugements sommaires comme celui qui consiste à
dire purement et simplement que, jusqu'à preuve du contraire, nous
devons admettre que la force provient de la transformation de la cha-
leur? Est-ce que cette preuve du contraire, et péremptoire, n'a pas été
donnée? Est-ce que le principal de ses éléments ne se trouve pas pré-
cisément énoncé à plusieurs reprises avant la proposition contradic-
toire qui vient d'être formulée? Qu'est-ce que cela signifie, encore une
fois? Et de quelle autorité se permet-on de qualifier de simples affir-
mations des constatations qui ont pour auteur, par exemple, un phy-
sicien comme Glausius, et qui sont d'ailleurs conformes au théorème
de Carnot? En vérité, cela passe l'imagination. On serait en droit de
se montrer sévère, en présence d'une telle légèreté.
Il est certes permis de discuter tout un ensemble de travaux
auxquels s'applique, sur la surface de l'Europe, une pléiade de cher-
cheurs consciencieux et persévérants, parmi lesquels on peut compter
bon nombre de savants de premier ordre. En signaler les côtés faibles
est même un devoir. Tout le monde ne peut pas être soi-même cher-
cheur. La critique a son rôle utile, pourvu qu'elle soit sérieuse. Mais
se borner à nier avec désinvolture la valeur des résultats péniblement
acquis, sans même s'apercevoir que le peu d'arguments qu'on a
fournis sont en contradiction avec la négation, et que tout cela se suit
sans aucun lien, on n'en voit, à aucun égard, l'utilité.
Le comble, c'est de proclamer que les systèmes d'alimentation
déduits des recherches scientifiques n'ont d'autre mérite que celui du
bon marché. Et quels autres voudriez-vous donc qu'ils eussent, s'il
vous plaît? Est-ce que nous nous donnons de la peine dans d'autres
vues que celle d'améliorer les conditions industrielles des entreprises
zootechniques? On aime assurément la science pour elle-même et pour
cela seul qu'elle est la vérité. Le vrai savant, en la cultivant, n'y
cherche point des occasions de lucre personnel, et c'est ce qui lui
donne droit à une estime et à un respect particuliers. Mais ne sait-on
pas que les découvertes scientifiques sont toujours bonnes et utiles
pour l'intérêt public, en augmentant notre puissance pour nous appro-
prier les forces naturelles? A quoi pourraient bien conduire celles
touchant l'alimentation des machines animales, si ce n'est à nous
mettre en mesure d'en obtenir un plus fort rendement pour la même
dépense ou le même rendement pour une moindre dépense?
Pour mon compte, je déclare sans hésiter que tout ce qui satisfait
à une telle condition me suffit amplement, pour la raison bien simple
que cela ne se peut point réaliser sans que le point de vue biologique
reçoive, de .son côté, pleine satisfaction. En ce qui concerne le fonc-
tionnement des êtres organisés, le point de vue chimique ne se sépare
pas du biologique. Ici la chimie n'est qu'un outil.
En définitive, concluons qu'il ne saurait être bon de chercher, pour
des motifs dont je n'ai point à m'occuper, à détruire la confiance que
les résultats des recherches scientifiques sur l'alimentation peuvent
SUR LES BASES SCIENTIFIQUES DE L'ALIMENTATION, 457
inspirer aux agriculteurs. Que cette confiance soit maintenue dans ses
justes limites, rien de mieux. Notre devoir est de nous élever toujours
contre les exagérations auxquelles le sujet ne peut pas plus échapper
qu'aucun autre, et c'est pourquoi cet article a été écrit. Celles dans
le sens du dénigrement sont toutefois encore plus repréhensibles que
les autres. Car si l'adhésion enthousiaste et irréfléchie peut conduire
quelques personnes au découragement par la déception, la négation
systématique est absolument et nécessairement stérilisante.
A. Sanson,
Professeur de zuologie et zootechnie
à l'École nationale de Grignon et à l'Institut national agronomique.
DU TOURTEAU DE CHANVRE - COMPOSITION ET USAGES
Le tourteau de chanvre auquel nous allons consacrer quelques
lignes est un de ceux que recherche le plus l'agriculture comme
engrais. C'est surtout à la culture du lin et du tabac que ce tourteau
est employé. On le considère généralement comme un engrais chaud,
c'est-à-dire que c'est un engrais dont la décomposition est assez
rapide et qui fournit par suite, assez promptement aux plantes pour
lesquelles on le met en terre, les éléments nécessaires à leur nutrition.
Mais il est très rare, dans nos contrées du moins, de voir ce produit
utilisé à l'alimentation du bétail, et c'est sur ce point intéressant que
nous voulons rappeler aujourd'hui l'attention des cultivateurs. Nos voi-
sins, les Hollandais, les Allemands, les Danois et les Suédois emploient
presque exclusivement les tourteaux de chanvre à l'alimentation du
gros bétail et paraissent s'en trouver fort bien. C'est môme chez eux
que s'écoule une grande partie de notre production de ces résidus.
N'ayant pas eu jusqu'ici l'occasion de constater dans la pratique de
nos cultivateurs du Nord cette utilisation à l'alimentation, du produit
qui nous occupe, nous avons voulu rechercher si dans la composition
de ce tourteau il y avait quelque substance nuisible ou dangereuse,
et si sa consommation pouvait présenter quelque inconvénient.
Nous avons recouru pour cela à l'analyse chimique et à des essais
pratiques.
Pour faire nos analyses, nous avons examiné avec soin les échan-
tillons des principales maisons de production s'occupant de l'extrac-
tion de l'huile de chanvre ou de chènevis, et nous avons trouvé dans
ces produits une composition assez constante, s'écartant assez peu de
celle de l'échantillon que nous ont adressé MM. Marchand frères, de
Dunkerque, dont voici l'analyse :
Humidité 13.25
Albumine et gluten azotés 29.68
Huile grasse 6.22
Amidon 9.07
Sucre et gomme 5 . 32
Cellulose 14.25
Matières extractives diverses 10 , 95
Phosphate de chaux 5.17
Chlorure de sodium 1.47
Sels divers de potasse et soude 2.44
Carbonate de chaux, magnésie, etc 2.25
100.00
Azote : 4.75 pour 100
Acide phosphorique : 2.37 —
Les tourteaux analogues d'autres provenances renfermaient une pro-
portion d'azote variant entre 4.10 et 5.20 pour 100. Celui dont nous
458 TOURTEAU DE CHANVRE, VALEUR ET COMPOSITION.
donnons l'analyse correspond bien à la moyenne des divers échantil-
lons examinés.
Outre la proportion de chlorure de sodium (sel marin) naturellement
contenue dans tous les produits semblables, IMIM. Marchand en ont ajouté
environ 1 pour 100, ce qui a élevé un peu Ja quantité de ce sel dans
le tourteau analysé. Cette addition a pour but d'empêcher l'altération,
réchauffement ou la moisissure de ces matières. Chacun sait, en effet,
que toutes les matières organiques soumises à la salaison, depuis les
fourrages verts jusqu'aux viandes destinées à l'homme, résistent bien
mieux à la fermentation et à la décomposition que celles qui n'ont pas
subi cette opération. On peut ajouter encore à cela que les bestiaux
aiment le goût du sel, qu'ils mangent plus volontiers les aliments oii
cet ingrédient a été répandu également et avec ménagement, et que
cette pratique a toujours été regardée comme très favorable à leur
engraissement. On ne peut donc qu'approuver les industriels qui l'ont
adoptée et l'emploient avec discrétion.
Les essais pratiques de nourriture au moyen des tourteaux de
chanvre ont été faits sur des bœufs, vaches, chevaux et moutons, qui
tous ont paru accueillir très bien cette nourriture. On doit, néan-
moins, éviter d'en donner trop à la fois aux moulons, que cela échauf-
ferait facilement.
Quand nous aurons ajouté que ces tourteaux valent beaucoup moins
cher que les autres, tels que ceux de pavot, œillette, lin, qui coû-
tent de 20 à 2S fr. les 100 kilog., tandis que ceux-ci sont vendus au
prix de 1 4 fr. 50 rendus en toutes gares du Nord, nous croyons que nous
aurons suffisamment renseigné les cultivateurs pour qu'il apprécient
l'intérêt qui existe pour eux à faire entrer, désormais, le tourteau de
chanvre dans la nourriture de leurs animaux. A. Ladu-reau,
Directeur de la Station agronomique du Nord
JURISPRUDENCE AGRICOLE
Un cultivateur de graines potagères peut-il, en dehors des temps
de chasse, tuer au fusil les oiseaux Cdans l'espèce, des sansonnets
et des chardonnerets) qui mangent et gaspillent sa récolte?
Aux termes de l'article 9 §, 3 de la loi du 3 mai 184A, le préfet
peut, sur l'avis du Conseil général, prendre des arrêtés pour détermi-
ner : rt Les espèces d'animaux malfaisants et nuisibles que le proprié-
« taire, possesseur ou fermier pourra en tout temps détruire sur ses
« terres, et les conditions de l'exercice de ce droit, sans préjudice du
« droit appartenant au propriétaire ou au fermier de repousser ou de
(( détruire, même avec des armes à feu, les bêles fauves qui porteraient
« dommage à ses propriétés, »
Si donc le préfet avait pris un arrêté rangeant les sansonnets et les
chardonnerets parmi les animaux malfaisants et nuisibles, le proprié-
taire aurait le droit de tuer ces oiseaux en tout temps, à charge toute-
fois de se conformer aux prescrijjtions de l'arrêté préfectoral, et
notamment de ne faire usage que des moyens de destruction auto-
risés.
Mais, en l'absence d'un arrêté de ce genre, quel est le droit des pro-
priétaires ?
11 est bien évident qu'ils ne peuvent se prévaloir de la disposition
finale de l'article 9; car les sansonnets et les chardonnerets ne sau-
JURISPRUDENCE AGRICOLE. 459
raient, malgré ^us les ravages qu'ils peuvent causer aux récoltes, être
considérés comme des hètes fauves pi-opreraniil dites.
Cependant, à maintes reprises, [^.a tribnnaux ont décidé que le
propriétaire, fermier on possesseur, avait le <lroit de détruire ea tout
temj)S et par tous moyens, notamment pir les armes à feu, les ani-
maux qui causent à sa propriété un dommage actuel, encore bien
qu'ils n'aient point été classés au nombre des animaux malfaisants
et nuisibles, et qu'ils n'aient rien de commun avec les bêtes
fauves.
i( La destruction de ces animaux,» dit un arrêt de la Cour de
Rouen du 7 août 18(i2, « no saurait constituer le fait de chasse puis-
« qu'il se rattache à Texercice du droit de défense, d'une défense
« nécessaire et légitime, ayant pour objet non p:is seulement l'intérêt
« du propriétaire, mais aussi l'intérêt géoéral de la conservation des
«récoltes. » (Dalloz J8b4-2-132). Il s'agissait dans l'espèce de
dégâts causés par des corbeaux et des pigeons.
Il a été juge de même: pour des oiseaux, par un arrêt de la Cour
d'Agen du 21 juillet 1852 (Dalloz, 1853-2- 10); pour des
pigeons, par un arrêt de la Cour de Rouen du 14 février 18*5 (Dalloz,
1845 - 2-5), et par un jugement du Tribunal correctionnel de Cler-
mont du 20 mars 1>68 (Dali., 1871 - 3 - 100).
Mais d'après ces mêmes décisions, cette faculté du propriétaire,
par cela même qu elle procède du droit de légitime défense, ne peut
s'exercer qu'en présence d'un dommage réel. Il faut que les oiseaux
soient tires au moment même oii ils commettent leurs dei^âis. Autre-
ment le propriétaire se rendrait coupable d'un véritable délit de chasse.
Cette jurisprudence, qui paraissait tout à fait assise, vient pourtant
d'être contredite par un arrêt tout récent de la Cour de cassation.
Cet arrêt, rendu le 1 I juin 1880, décide en effet que les pif/eons
ramiers et les pies ne rentrent pas dans la catégorie des bêtes fauves qui
seules peuvent être détruites en tout temps, sans autorisation, même
avec des armes à feu, en cas de dommage causé aux récoltes. Cette
expression de bêtes fauves, d'après l'arrêt, s'applique uniquement aux
animaux tels que les cerfs, daims, chevreuils ou encore aux san-
gliers, loups, renards, etc., mais ne saurait comprendre le menu
gibier, tel que les oiseaux, lesquels, dans les anciennes ordonnances,
étaient toujours distingués des bêles fauves. L'arrêt repousse impli-
citement, mais nettement, la doctrine qui avait prévalu jusi]ue-là et qui
consistait à voir l'exercice du droit de légitime défense dans le fait de
tuer des oiseaux portant dommage aux récolles, encore que, à propre-
ment parler, on ne pût pas les classer dans la catégorie des bêtes
fauves. La Cour de cassation rejette toute distinction ; suivant elle, le
droit de détruire en tout temps, avec des armes à feu, les animaux
malfaisants n'existe qu'à l'égard des bêtes fauves. Pour les autres ani-
maux, et spécialement pour les oiseaux, le droit ne peut exister qu'en
vertu d'un arrêté préfectoral. Cet arrêt, très intéressant, est suivi dans
Dalloz (1880- I -2Sl) d'ime note substantielle qu'on lira avec fruit.
En présence d'une pareille décision émanant de la Cour suprême,
nous pensons que, en l'absence d'un arrêté préfectoral, il est prudent
de ne pas faire, en temps prohibé, la chasse aux sansonnets et aux
chardonnerets. Eue. Pouillet,
Avocat à la Cour de Paris.
460 BIBLIOGRAPHIE AGRICOLE.
BIBLIOGRAPHIE AGRICOLE "
Les principales applications de Vélectricité, par E. Hcspitalieb, ingénieur des arts et manufac-
tures. — Un volume in-8", orné de 133 figures dans le texte et de 4 planches. — Librairie de
G. Masson, 120, boulevard Saint-Germain, à Paris. — Piix : 30 fr.
Voici le deuxièsne Yolume de la bibliothèque de la Nature. La
semaine dernière, nous parlions du premier volume, et nous signalions
les enseignements que le cultivateur peut y puiser; nous pourrions
recommencer les mêmes réflexions avec autant d'à-propos. Cette
fois, il s'agit de l'électricité, de cette force immense que l'homme a su
rapidement appliquer à un si grand nombre des besoins des sociétés
modernes. L'électricité est la puissante servante de l'homme civilisé : pour
lui, elle éclaire, elle parle, elle supprime les distances, et même elle
commence à travailler. C'est là que l'agriculture l'attend, pour appli-
quer avec son aide, à la culture du sol, les innombrables forces natu-
relles disséminées sur tous les points du globe et dont on ne peut
utiliser encore qu'une bien faible partie. Le problème commence à
être résolu; l'année passée, nous avons raconté ici les expériences
de Sermaize; nous les trouvons signalées de nouveau dans le livre de
M. Hospitalier, et nous lui empruntons une gravure (fîg. 40) qui
reproduit ces essais avec une grande fidélité. Par ce que l'homme a
déjà obtenu de l'électricité, on peut bien augurer de l'avenir. L'exposé
de ces conquêtes est fait, avec une grande habileté, par M. Hospitalier.
Dans un style clair et précis, il les passe successivement en revue,
sans rien omettre, et en sachant se mettre à la portée de tous les lec-
teurs. Son livre sera utile à lire, et on y reviendra avec profit. Per-
sonne, d'ailleurs, n'a le droit de se tenir en dehors du grand courant
scientifique qui emporte le siècle; il faut beaucoup apprendre et avoir
la curiosité de connaître beaucoup, dans quelque voie que Ton dirige
ses efïbrts. Dans un avenir plus ou moins éloigné, pour en revenir à
notre sujet, les applications de l'électricité seront devenues univer-
selles ; ceux qui auront suivi ce mouvement seront les mieux préparés
à savoir en tirer parti.
les poissons d'eau douce et la pisciculture, par M. Ph. Gaukleh, ingénieur en chef des ponts et
chaussées. — Un volume in-8°, avec figures dans le texte. — Librairie de Germer Baillière, 108 ,
boulevard Saint-Germain, à Paris. — Prix : 8 fr.
La pisciculture est revenue à l'ordre du jour : les importants articles
de notre excellent collaborateur, M. Chabot-Karlen, n'ont pas été étran-
gers à ce mouvement de l'opinion, ils ont montré que, dans la plu-
part des autres pays, on s'est vivement occupé des moyens d'augmen-
ter la production des eaux, tandis qu'en France, sauf sur quelques
points des plages marines, on a presque toujours piétiné sur place. Le
nouveau livre que nous annonçons, vient ainsi à une heure favorable;
son auteur marche d'ailleurs dans la même voie que M. Chabot-Kar-
len. Comme lui, il démontre que la pisciculture est un art qu'on peut
pratiquer à peu de frais pour obtenir de grands résultats; comme lui
encore, il insiste sur l'importance des ressources qu'on peut tirer
soit de l'appropriation des étangs, soit de la multiplication des pois-
sons voyageurs.
La première partie du livre de M. Gaukler est consacrée aux carac-
tères et aux mœurs des poissons que l'on rencontre le plus habituel-
lement dans nos rivières et nos cours d'eau. 11 passs^ ensuite successi-
462 BIBLIOGRAPHIE AGRICOLE.
vementen revue les divers procédés que l'on emploie pour obtenir la
multiplication des espèces les! plus utiles, pour les faire prospérer et
les inlrodi]ire dans les. eaux oii elles n'existaient pas auparavant. Ces
procédés peuvent se grouper sous les titres suivants : T la culoni>a-
tion des eaux par l'introduction de poissons adultes, capables de se
reproduire; 2" l'élevage dins des étangs ou dans des eaux fermées;
3° la récolle du frai naturel, son transport et sa conservation ;
4" l'appropriation des cours d'eau aux convenances de certaines
espèces par l'organisation de frayères et refuges, par la destruction
'des espèces nuisibles et par l'établissement de réserves et d'échelles à
poissons; 5° la pisciculture artificielle ; 6° la destruction des animaux
ennemis des poissons. Sur chacune de ces questions, M. Gaukler
entre dans des détails qu'il est impossible d'analyser ici, mais ses
conseils peuvent se résumer en ces mois : du soin, beaucoup de soin
assurent le succès. Dans un appendice à son ouvrau^e, il reproduit le
texte du premier mémoire relatif à la fécondation artificelle des œufs
de poissons, publié par Jacobi en 1763; c'est une pièce historique
d'un réel intérêt.
Diamnnts et "pierres 'précieuses, bijoux, jotjaux et orfèvrerie, par MM. Jannettaz. Fontenay,
Vanderhrym et Coutance. — Un vol. in-8* de 6 0 pazes, avec 350 vignettes. — Librairie de
J. Rothschild, 13, rue des Sainls-Pères, à Paris. — Prix : 20 fr".
Voici un livre qui se rattache bien difficilement aux questions agri-
coles; aussi n'essayerons-nous pas de taire un rapprochement forcé.
Nous nous contenterons de dire qu'il est d'une lecture fort intéres-
sante et fort instructive, qualité qu'il est toujours utile de signaler,
quand elle se rencontre. En outre, il y a pour objet l'étude d'indus-
tries qui sont généralement peu connues et qui méritent de l'être. Les
documents qu'il renferme sont nombreux, et ils sont présentés par
des hommes dont la compétence sur ces questions est universellement
reconnue. ' Henry Sagnier.
SUR LES VIGNES AMÉRICAINES
Puisqu'après tant d'affirmations sur l'histoire naturelle du phyllo-
xéra, la science, par Torgane de l'illustre M. Dumas, vient de déclarer
au nom de la Commission supérieure du phylloxéra que cette étude
est à reprendre, et n'a pas tenu ses promesses ; puisqu'après tant
d'affirmations sur la résistance de tous les cépages américains aux
piqûres du phylloxéra, l'expérience aussi bien en Europe qu'en
Amérique, a prouvé qu'il n'existait que très peu de cépages vrai-
ment résistants*; il est urgent que cette dernière question soit étudiée
à nouveau, et que dégagée de ses erreurs^ qui ont jeté tant de troubles
et semé tant de ruines chez nos viticulteurs, elle soit enfin pré-
sentée sous son véritable aspect.
J'ose donc espérer que tout recueil agricole voudra bien aider
l'initiateur dans la question des vignes résistantes, à vulgariser sa
réponse à la lettre de M, Morlot quiaparudansle/owmn/r/p /'a9r/c////Mre,
le 13 novembre 1880, et j'espère, que de cette réponse comme des
discussions qui ont eu lieu au congrès de Saragosse, il résultera
I. Si un seul cépijj;e américnin ne rf^sistnit pas en Amérique, l'on serait en droit d'en déduire
que le vastatnx n'pst pas arnénv:ain et n'n pis to ijours exisié partout et en tous lieux en Amé-
rique, comme l'affirme M. Pl^nchon; mais presque tous les cépages meurent aujourd'hui dans le
nouveau monde. Cette déduction s'impose donc forcément.
SUR LES VIGNES AMÉRICAINES. 463
quelque peu de lumière, enfin que les doctrines défraîchies, qui sont en
vogue, cesseront d avoir cours.
Que dit le viticulteur de rillinois, M. Morlot, dans sa lettre?
« Qu'il a cultivé vinj^^t ans avec succès les cépages américains, mais
« qu'il les a perdus, tués par le phylloxéra en 1875 ». Donc il n'avait
pas le phylloxéra au début de ses cultures; et lorsque, au congrès de
Lyon, j'ai dû en quelques secondes protester contre les affirmations de
M. Messner, pépiniériste américain, soutenant que tous les cépages
exotiques résistaient en Amérique; lorsquej'ai dû signaler notimment
la mortalité des Concords, et autres Labrusca, déclarés défunts en
Amérique par son compatriote M. Kiley, à l'époque de son dernier
voyage en France en 1875; bref lorsque j'ai dû rappeler les millions
de Concords morts dans le Midi, d'après le rapport de iM. Vialla lui-
même, ainsi que ceux signalés* par M Gaston Bazille, par M. Vimont,
par M. de Cherville, etc., etc.; non seulement M. Morlot ne m'a pas
interrompu; mais il est au contraire venu me remercier de ma fran-
chise et de ma loyauté, pour avoir osé protester, seul, contre de
pareilles affirmations, ce que tant d'autres membres du congrès
auraient dû faire avec moi.
J'ignore donc pourquoi M. Morlot veut réhabiliter le Concord
aujourd'hui, alors qu'en 1869, devant le congrès de B 'aune, j'avais
déjà téclaré l'avoir perdu chez moi, tué par l'aphys; alors que les
annales d'agriculture de l'Hérault et deVaucluse, regorgent de preuves
sur sa non-résistance, alors que le directeur du jardin impéiial de
Klostennenburg, M. Lelbaron Babo, sous la date du 18 octobre, écrit à
M. Rébora : « qu'en Autriche les Concords et les Taylors ne sont pas
résistants au phylloxéra^; » alors que le célèbre viticulteur du Texas,
M. Onderdonk, écrit dans son catalogue de 1880 :
h Nous avons abandonné totalement depuis quelques années les
« vignes Labrusca qui périssent aujourd'hui chez nous tuées par le
«phylloxéra »,et M. Onderdonk supprime de ce même catalogue, non
seulement tous les Labrusca, mais m'écrit spécialement avoir perdu
le Concord^?
Le rapport fait en 1876 dans le Vaucluse par le baron de Serre-
monteil ne dit-il pas déjà à cette époque : que le Concord, le Taylor,
l'Isabelle, le Catawba, leClinton, du plantureux vignoble de M. Perron,
avaient subi un cataclysme pbylloxérique complet? Et ce sont les
seuls cépages qui forment le fond des vignobles américains avec
quelques Herbemont hybrides.
Son compatriote, le docteur Shutezé de Wespoint, Etats-Unis,
n'écrit-il pas en 1880, qu'il a perdu depuis six ans ses Clintons,
ses Concords et autres cépages tels que Rulanders, etc., depuis
l'arrivée du puceron dans sa région?
Je pourrais même retracer ici Thistoire déjà nuageuse de certains
Riparia sauvages, moribonds dans le Var, déjà défunts dans le Lyonnais,
languissant dans certaines localités de l'Hérault, d'après lesaffirmations
1. Vùir les Annahs l'e Ih -ociété flagnculluie de l'Hérault, 1874-1875, de Vaucluse.
2. Se souvenir qu'avani l'invasion du vasiatnx (laQ> le '!"• xas, les Laltrusja y ilonnaient deux
récoltes, d'après le catalogue i!e M. Meissner <-t d'airès Ks reii>eignemfnt^ Onderdonk Donc le
phyiloxe-a tu° depuis huit ans seulement les vi^r^es de ce pays, et le peiuphygiis était aa
Texas depuis gua'aiiie-six ans! De plis, je reçois à l'instant une letire de onderdonk du
11 n veoibre 1880, qui me dt ^voir perdu ses Co cords, et une a tre du docteur Snu ezé qui
certifie même chose, et ce depuis l'article de M. Morlot. Le bulletin de la Société d'agricuhure de
Vaucluse de novembre 1880, déclare que chez M. de Caraaret. les Concords, les Hartefords sont
morts.
464 SUR LES VIGNES AMÉRICAINES,
d'autorités honorables qui ne cachaient pas leurs opinions à ce sujet au
congrès de Lyon'.
Mais j'en ai assez dit pour prouver que le plus grand nombre des vignes
américaines ne résistent pas au phylloxéra. Pour joindre mes efforts à
ceux de Téminent publiciste du journal le Temps, M. de Gherville, et
de convenir comme lui et avec lui :
« Que la Commission supérieure du phylloxéra doit s'appliquer à
« faire pénétrer un peu de jour, dans la question des vignes résistantes,
« il s'agit d'un intérêt national et international. »
M. JVIorlot invoque l'autorité de MM. Onderdonk, Berkmans et de
Campvell, pour décider l'identité du phylloxéra gallicole, avec l'iden-
tité du phylloxéra radicole. Il se soumettra, dit-il, à leurs décisions.
Nul doute, dès lors, ne peut plus exister, puisque le premier déclare
dans une lettre, plus dans son catalogue de 1880, qu'il a renoncé à
tous les Labrusca, qu'il n'en offre plus un seul à ses clients et les
détourne non seulement des Cynthiana qu'il a perdus avec ses Con-
cords, mais de beaucoup de cépages qu'il n'insère plus dans son cata-
logue; parce que le vastatrix les tue chez lui à cette heure, tandis
que le phylloxéra gallicole les respectait avant.
Quant à M. Berkmans, j'ai vingt lettres dans lesquelles non seulement
il combat l'identité des deux phylloxéras, mais je possède plusieurs
articles de journaux de lui, et divers naturalistes ou viticulteurs amé-
ricains déclarent : que le phylloxéra vastatrix a été envoyé par l'Eu-
rope à l'Amérique. C'est du reste l'opinion de Campwel, puisque
M. Morlot m'a envoyé depuis son article, une lettre de cet érainent
viticulteur, datée du 26 octobre 1 880, qui s'exprime ainsi :
(( Monsieur Morlot, j'ai toujours cru que le phylloxéra gallicole
était d'espèce différente, et rien encore ne m'engage de changer d'opi-
nion? » Ce même savant délégué du gouvernement américain, à l'Ex-
position universelle de Paris (voir mes Etudes phijUoxériquGs), décla-
rait que le phylloxéra gallicole était américain, mais que le radicole
était européen !
En 1861, dit M. Morlot, je fis venir de chez M. Leroy, pépiniériste
à Angers, différents cépages français qui moururent dès la seconde
année dans l'Illinois. C était l'intempérie, mais non le phylloxéra qui
en était la cause.
Il avoue lui-même qu'il n'avait pas le phylloxéra à cette épo-
que, et puisque les ceps européens, greffés sur racines américai-
nes, succombent même dans la Caroline, tandis qu'ils vivaient et
vivent encore sur leurs propres racines dans les régions plus chaudes
non entièrement envahies, tels que l'Arkansas, une partie du Texas,
des Florides et même dans le Mexique encore à l'abri de l'insecte ;
elles font de même en Californie, dans la vallée du Sacramento, dans
la région de las Angeles oii elles prospèrent depuis deux cents ans,
malgré la présence du phylloxéra gallicole, ramassé sur las feuilles
du Vitis arizonica^ il y ^ dix ans.
1. Le rapport fait en 1880 par le conseiller général de l'Hérault, M. Allen, établi aussi la mor-
talité du Rulander et du Concord, M. Douysset, en 1878, et M. Pellicot se plaignaient déjà de la
faiblesse du Riparia; M. Gaillard, éminent pépiniériste du Lyonnais et M. Bander, président dff
la Société d'agriculture de Lyon, déclaraient en 1880, pendant le Congrès de Lyon, qu'ils avaient
perdu leurs Riparias.
2. Les vignes des vallées de Napa, de Sonoma, sont détruites et partie de celles de Sonoma et
de Victoria. Le Clinton vient d'être exterminé en Californie, et le professeur Hilgard, déclare :
que l'insecte y a été envoyé par l'Europe. Le phylloxéra gallicole n'y est pas signalé, le phylloxéra
ailé non plus; et l'œuf d'hiver y paraît introuvable.
SUR LES VIGNES AMÉRICAINE^. 465
M. Morlot ne croit pas à la résistance, en Amérique, deTHerbemont
et du Scupernong, je tiens cet aveu du docteur Stuké; mais si ces
deux vignes ne résistaient même pas en Amérique, sur quelles vignes
s'appuierait-il pour le salut des vignobles exotiques et des nôtres? Le
Taylor et l'Elvira ont, dit-il, du sang de Labrusca dans les veines !
et, d'après son aveu, les Américains ne possèdent plus de Solonis,
pas du tout de Vialla, très peu de York, moins encore de Gaston-
Bazille; quant au Dumas et l'Elsemboro, c'est leur parler grec! Tels
sont pourtant les Titans que j'ai recommandés depuis quinze ans à
nos vignerons, et qui luttent avec THerbemont contre les piqûres du
phylloxéra depuis seize ans.
Quant au véritable Jacquez sur lequel M. Morlot compte, et qui
existe, dit-il, par millions, au Texas, Onderdonk, dont il est le repré-
sentant en Europe, vient de lui écrire qu'il ne cultive que des Lenoir,
et que le véritable Jacquez est inconnu'au Texas ! ..
Campwell, d'après sa lettre du 25 octobre 88 lui écrit à son
tour en ces termes :
« Je puis vous envoyer du plant du Lenoir, mais il est différent de
rOhio, ou cégar Box ou du Jacquez véritable. Berkmans, dans sa lettre
à M. Mares*, dit : Nous n'avons plus de Jacquez en Amérique; si
M. Laliman ne nous rsnvoie pas des siens, cette vigne n'existera plus
pour nous; et la preuve que ces sommités ne se trompent pas, je la
trouve dans cette lettre que m'écrivait le 1" janvier 1 876 l'un des plus
intelligents viticulteurs du Midi, M. Reich, del'Armellière, près Arles. »
« Monsieur, j'ai reçu de MM. Buch et Messner des plants de Jac-
« quez, mais je viens de m'apercevoir que les Jacquez Laliman sont
« une tout autre plante que mes Jacquez américains; s'il vous est
« possible de m'envoyer quelques plants enracinés de votre Jacquez,
« avec quelques Solonis, vous me rendrez service; car je n'ai aussi
« que le Solonis Mischangii de l'Allemagne. »
Comme tout festin exige sa pièce de résistance, je conclus et je
dis : r que l'adaptation du sol n'a pour moi sa raison d'être qu'au
point de vue fructifère de la vigne; que c'est avec ce mirage que l'on
éternise l'étude des cépages médiocres, alors que l'on a les bons sous
la main; et que ces derniers vivent dans tous les sols où une vigne
française a pu vivre avant l'arrivée du vastatrix; que c'est avec cette
invention fallacieuse que l'on a empoisonné les Charentes, en les inon-
dant avec le premier des Riparia, le Clinton ; pour lequel il a fallu
sept années d'études, avant de procédera son enfouissement absolu, ce
qui a complètement dégoûté les viticulteurs, surtout après l'échec du
Concord ;
2° Je dis qu'il faut se tenir en garde contre les seconds Riparia, dits
sauvages, puisque déjà de nombreux faits attestent leurs défaillances.
Qu'il n'est pas moins utile de se défier quelque peu de ce panacé qui
fanatise le monde viticole, la vigne patate du Soudan, dont le mer-
veilleux frise autant la mythologie que la réalité ;
3° Que l'on doit se renfermer dans le giron de l'église expérimen-
tale qui, depuis seize années, fait ses preuves, pour la résistance des
cépages que j'ai signalés et qui n'ont pas trop de ces chevrons
pour inspirer confiance ;
4° Que c'est mon loyal adversaire, M. Morlot, qui m'a transmis
1. Voir mes Études phylioxiiriques.
466 sua LES VIGNES AMÉRICAINES.
les lettres et documents qui prouvent que le Lenoir n'est pas le
véritable Jacquez et j'ajoute que le premier de ces cépages n'a ni la
fertilité ni la résistance du second;
5° Que c'est aussi M. Morlot (jui m'a transmis une partie des docu-
ments qui établissent la non-identité du phylloxéra gallicole avec le
pliylloxera radicole, soumettant la décision à trois notoriétés améri-
caines qui prouvent par les laits ou leurs écrits qu'ils sont de mon
avis ;
6" Je dis, en terminant, que je suis aussi heureux de reconnaître
la sincérité de mon loyal adversaire, que de prouver que loin de
déserter Jes \ignes américaines résistantes, je suis au contraire plus
que jamais persuadé qu'elles seront, au point de vue pratique, un
des plus puissants moyens de salut de la viticulture universelle; mais
à condition qu'on les choisisse, non dans les vignes douteuses, mais
dans les vignes résistantes. C'est vraiment, du ret-te, ce qu'a compris
M. Morlot, puisqu'il a fait l'empiète d'une grande quantité de Vialla
pour les expédier en Amérique; car, je le répète, les Américains ayant
échoué avec les insecticides, ils se tournent vers les cépages qu'ils
n'ont pas ou qu'ils n'ont plus, pour sauver leurs vignobles aussi
menacés de disparaître que les nôtres. L. Laliman.
PROJET DE STATION FORESTIÈRE EN SOLOGNE
Sur les 450,000 hectares compris dans les limites de la Sologne, il
faut compter que, par la nature de leur sol, par leur proximité des
marchés de Paris, par la nécessité d assainir la région, •200,000 hec-
tares au moins sont destinés à devenir forêts. Depuis peu d'années,
une partie importante de ces hectares avait été plantée. Les résultats
obtenus devaient assurer la plantation du reste dans un temps rap-
proché, lorsque les gelées de décembre 1879 sont venues détruire
plus de 70,0(10 hectares de pins marUimes de 3 à 35 ans d'âge.
Il importe à 1 État et il est inutile d'invoquer près de lui la loi na-
turelle et admise des secours en cas de sinistres, l'intérêt de la grande
spéculation des impôts devant suffire à nous gagner son intervention
(voir Rapport de M. Sainjon sur les résultais dus à rinterveniioti de
VEtat (Annales du comité central de la Solugne 1874). Il importe à
l'Etat même que nos forêts détruites soient refaites et que celles à
créer soient semées et plantées promptement et écouoniiquen^ent.
Nul pays autre que la Sologne ne compte autant de colons, si ce n'est
habiles, du moins ardents aux combats agricoles et sylvicoles, dignes
d'être secondés. Si nos agriculteurs n'ont pu obtenir, selon leur
demande et notre projet d'Ecole ré()û>nale agricole^ une Stalion agrono-
mique à LamotteBeuvron, peut-être nos sylviculteurs seront-ils plus
heureux et verront-ils fonder une Siation forestieie?
A côté de notre laborieuse fortune agricole, agrandi plus facilement
une puissance forestière que le chiffre des désastres de nos forêts a
trop chèrement démontrée.
L'Etat semble regarder nos sylviculteurs frappés, mais non décou-
ragés et qui se remettent à l'œuvre. Nous croyons qu'il cherche les
moyens de nous secourir elficacement. Eh bien, le temps est opportun
pour la création de cette station forestière.
Les titres des questions écrites sur notre sol sont bien ceux des
UNE STATION FORESTIÈRE EN SOLOGNE. 467
solutions cherchées par les travaux de l'administration des forêts:
graines, plants, pépinières, maladies des pins, l'hylésine, études sur
des diverse essences des pins, leur acclimatation et leur véritable
valeur, leur usage, injection, caibonisation, fabrication des briquettes
de charbon, etc.
L'État possède à Lamotte des terrains favorables à l'établissement
de belles pépinières et à toutes ex[)ériences sylvicoles. L'Etat a des
bras nombreux et disponibles à la colonie de Saint-Maurice, un per-
sonnel spécial d hommes instruits et dévoués, que nos désastres ont
émus et qui étudient avec une généreuse sympathie les moyens de
répaier les dommages et de les éviter dans lavenir.
Nous demandons que ces hommes de science spéciale viennent
étudier au milieu de nous et nous enseigner; nous demandons à
l'Etat une station furestière à Lamolte-Beuvron. Ernest Gaugikan.
SITUATION DES PAYSANS RUSSES
APRÈS L'ABOLITION DU SERVAGE
Nous avons sous les yeux une étude approfondie sur la situation
précaire des paysans russes émancipés et sur leurs rapports avec les
propriétaires des biens-fonds seigneuriaux; étude très intéressante que
M. Euycne Markof vient de publier dans le Golos, et que nous nous
empressons de reproduire dans ses parties les plus essentielles.
Il y a vingt ans que le servage a été aboli, en Russie, et vingt ans
aussi que les anciens serfs ont été transformés en une classe de pay-
sans soi-disant temporairement obliges. Or, un tel laps de temps est
trop long pour une situation provi>oire. Celle-ci pourra même, comme
nous le verrons, se prolonger indéfiniment, au grand préjudice de la
situation morale et économique du pays qui y pâtit, cela va sans dire,
de la prépondérance anormale d'une classe de la société sur une autre.
Il y a longtemps que le paysan russe participe aux travaux du zemstvo
et au jury. Comme sohlat, comme étudiant et même, en partie, comme
contribuable, il jouit des mêmes droits que les autres classes de son
pays. Il est évident que sa dépendance légale d'une autre classe quel-
conque est un fait incompatible avec sa dignité.
Cette subordination forme aussi une entrave pour toute une série de
mesures reconnues, indispensables telles que l'organisation de la com-
mune villageoi.-e, la distribution aux paysans, de terres libres, par
l'Etat, et l'émigration qui s'ensuit, la réforme du système des
passe[)orts, etc. Il reste donc encore beaucoup à faire, pour rendre le
paysan russe vérilablement émancipé et pour le délivrer définitivement
de 1 arbitraire des propriétaires des biens fonds seigneuriaux; car l'au-
torilé de l'ancien seigneur sur le paysan est toujours encore grande, et,
dans maintes circonstances elle est de force à paralyser l'activité de la
société villageoise.
A la vérité, en vertu du règlement agraire, le seigneur est le curateur
de la commune rurale, tant que les membres de celle-ci appartiennent
à la catégorie des temporairement obligés. C'est lui aussi qui est investi de la
police domaniale. Le même règlement lui confie la surveillance supé-
rieure du maintien de la sécurité et de l'ordre publics. Il accorde au
propriétaire des pouvoirs étendus sur le maire du village, pour tout ce
qui concerne la préservation des biens seigneuriaux de l'incendie et
468 SITUATION DES PAYSANS RUSSES ÉMANCIPÉS,
d'autres dégàls, ainsi que par rapport à l'entretien des chemins ; et il
lui donne même le droit d'exiger de la commune l'arrestation de
personnes suspectes ou coupables.
Ces prérogatives, tout en tenant aux besoins les plus impérieux de la
vie rurale, en Russie, sont cependant anormales en ce qu'elles constituent
le privilège exclusif du grand propriétaire foncier, au préjudice des
autres habitants de la commune.
Les prérogatives du seigneur ne sont d'ailleurs pas limitées à ce
droit de réclamer l'assistance de la commune, elles empiètent aussi
sous maints rapports sur l'indépendance de l'administration locale. La
loi autorise également l'immixtion du seigneur dans les affaires de la
propriété territoriale des paysans. Plus encore, elle lui donne le droit
d'exiger que le paysan échange son lot de terre contre un autre, dans
certains cas, même si des constructions y sont élevées, chaque
fois que le bien seigneurial le réclamerait en vue d'exploitation de
mines, de l'établissement d'usines ou de moulins, de la construction de
routes, canaux, etc. Malgré Tindemnité à fournir par le propriétaire fon-
cier, les droits de propriété de la classe rurale n'en souffrent pas moins.
En outre, le droit de propriété du paysan est limité par nombre de
dispositions faites au profit du bien-fonds seigneurial. Ainsi le paysan
est empêché d'étendre son exploitation agricole et d'élever des bâtisses
à une distance moindre de 50 à 150 hectares de la limite du bien
seigneurial. En cas d'irrégularités de paiements, son lot de terre peut
être confisqué pour trois ans ou même incorporé à la propriété du sei-
gneur. Même la liberté personnelle du paysan est atteinte par la faculté
du grand propriétaire foncier d'autoriser ou de ne pas autoriser son
éloignement temporaire de la commune, circonstance qui, dans les lo-
calités où les paysans ont l'habitude d'aller chercher du travail au loin,
met leur bien-être en question. L'autorisation du propriétaire foncier ou
de son intendant, nécessaire pour le départ des paysans, ne s'étend pas
seulement tur ceux d'entre eux qui paient en nature leurs redevances
territoriales, mais même sur tous ceux qui le font en argent, aussitôt
que la somme n'est pas versée à terme par un seul des membres de la
commune, celle-ci répondant de tous.
On voit, par ce que nous venons de dire, que la classe rurale, en
Russie, n'est encore indépendante qu'à demi. Vu cet état de choses, il
est donc impossible de songer à une amélioration sérieuse de l'agricul-
ture et par là même, à l'accroissement de la richesse nationale. Tout
peut dépendre du caprice ou de l'ineptie d'un voisin appartenant à la
classe privilégiée.
En présence de ces faits, le publiciste du Golo.s ne peut s'empêcher
d'exprimer toute sa surprise de voir l'administration convoquer des con-
grès soi-disant agricoles, mais qui, pour la majeure partie, ne seraient
composés que de fonctionnaires; les questions qui doivent y être
traitées sont l'œuvre des chancelleries. «Le développement de la culture
des plantes fourragères sur les terres » des paysans et « l'amélioration du
bétail villageois », telles sont, entre autres, les questions soumises cette
année-ci aux délibérations des congrès agricoles. En posant ces ques-
tions, on n'a certes pas songé que le paysan russe sème le blé même sur
des terrains destinés aux pâturages et que, deux fois par an, régulière-
ment, il est contraint de vendre son dernier bétail, pour être en mesure
de payer les arriérés d'impôts. D'ailleurs ce bétail périt par milliers de
SITUATION DES PAYSANS RUSSES ÉMANCIPÉS. 469
la peste bovine, sans que les autorités compétentes se préoccupent beau-
coup des moyens de faire disparaître ce fléau. Comment vouloir donc
étendre la culture des fourrages ou remplacer les vaches chétives
actuelles par des animaux de belle race? On ferait, sans doute,
mieux de se souvenir que, malgré vingt ans de nouveau régime,
le paysan russe est encore à demi-serf, qu'il végète sur des lots de terre
insuffisants et qu'il vit dans des cabanes rapprochées les unes des
autres et par là même continuellement exposées aux horreurs de l'in-
cendie.
L'expérience prouve qu'avec les progrès de la situation matérielle
d'un peuple augmentent aussi ses besoins et sa valeur morale. Aussi,
avant de songer aux diiîérentes améliorations agronomiques, certaine-
ment très nécessaires, l'administration ferait bien de débarrasser la
population rurale des entraves qui empêchent tout développement. On
n'aurait qu'à garantir au paysan la jouissance tranquille de son avoir et
des fruits de son travail ; qu'à le doterde lots de terre suffisants pour ses
besoins, quand même il lui faudrait pour celaémigrer; qu'à écarter les
effets préjudiciables du système des passeports, de la perception d'ar-
riérés d'impôts, des servitudes et obligations; qu'à mettre un terme aux
incendies qui anéantissent, tous les ans, une consi«lérable partie de la
richesse nationale; qu'à combattre l'épizootie qui enlève également au
peuple russe un grand nombre de bétail: pourvu que toutcela se réalise,
le paysan saura lui-même semer du trèfle et acheter des vaches de
bonne race.
Ily a une autre question qui, de l'avis de M. Markof, ne se résout
pas si simplement. Le droit du paysan de s'émanciper de l'autorité
du grand propriétaire foncier reste purement fictif, même lorsqu'il
s'acquitte de ses dettes vis-à-vis de ce dernier.
Toujours d'après le règlement agraire, le paysan n'a le droit de
rachat que pour la portion de la terre où sont ses l)âtisses, ce qui forme
environ un demi-hectare par âme df recrnsement; tandis que le rachat
de la terre en friche ne peut s'efïectuer que sur la demande ou avec
le consentement dii propriétaire foncier. Dms le cas où le seigneur
s'opposerait au rachat, il ne resterait au paysan qu'à demeurer indé-
fininient obligé temporaire ou d'abandonner ses champs qui constituent
cependant son unique ressource, dette dernière alternative devient
évidemment impossible, la grande majorité des paysans étant exclu-
sivement agriculteurs. A tout prendre, il leur serait plus avantageux
de renoncer au lot entier, aux champs aussi bien qu'aux bâtisses et
aux potagers ; alors du moins ils a;îquerraient le droit d'émigrer et
de recevoir des terres dans d'autres gouvernements moins peuplés et
plus riches en terres libres.
Louer des terres est pour le paysan une chose presque impraticable
D'abord, le nombre de petits lots de tere à louer est très peu consi-
dérable ; puis les prix de location sont énorme-i. En outre, le paye-
ment doit s'effectuer d'avance. Etant donné toutes ces circonstances
défavorables, le paysan préfère rester temporairement obligé j et cela
continuera ainsi tant que la législation agraire, en Russie, ne sera pas
modifiée.
La statistique de la propriété foncière en Russie, publiée par les
soins du bureau central de statistique de l'empire, nous apprend que
dans huit gouvernements du centre, notamment dans ceux de Koursk,
4à70 SITUATION I>ES PAYSANS RUSSES ÉMANCIPÉS.
de Voronhje^ à^Orcl, de Toula, de Kalouga, àe Riazan, de Tambofaide
Pensa, ayant ensemble 12,700,000 habitants, 28 pour 100 du nombre
total des paysans émancipés se trouvaient, au premier janvier 1878,
dans la condition des tempcr aire ment ubligés, et pendant les deux
années suivantes cette proportion n'avait diminué que de 3 ou 4 pour
100. Il résulte de ce calcul que, dans les huit gouvernements indi-
qués, il y avait à cette date environ un mdlion et demi de paysans des
deux sexes temporairement obligés qui disposaient de 2 millions d'hec-
tares de terre à peine.
Ces chiffres sont alarmants, même envisagés dans leur ensemble;
mais la situation paraîtra encore plus délicate si l'on examine les
différentes localités séparément Dans le gouvernement de Toula^ par
exemple, les paysans temporairement obligés atteignent 40 pour 100
de la population émancipée, dans celui d'Ore/, 30 pour 100 à peu
près. Il y a plusieurs districts où cette proportion est encore plus con-
sidérable; dans celui de Livny, dans le gouvernement d'O/e/, elle est
de 64 pour 100.
D'après les informations du bureau central de statistique, les len-
teurs que subirait l'opération du rachat des terres des paysans pro-
viendraient de ce que, depuis dix ans, les grands propriétaires fon-
ciers semblent convaincus du désavantage qu'il y aurait pour eux à
faire grâce aux paysans des payements supplémentaires que ceux-ci
sont tenus d'ajouter à la taxe de rachat versée par le trésor de l'Etat,
et qui forment un cinquième du prix de leur lot de terre. Il est certain
qu'un grand nombre de propriétaires de biens-fonds ne songent même
pas à consommer le rachat, craignant surtout de perdre leur influence
dans la commune et puis d'être privés d'une main-d'œuvre se trou-
vant toujours à leur disposition. Pour tous ceux des propriétaires
fonciers qui organisent d'une façon rationnelle leur exploitation agri-
cole et en retirent de bons rendements, il est plus essentiel d'avoir
des ouvriers sous la main que de toucher un capital de rachat.
Mais comment sortir de cette situation précaire? Il est impossible
de recourir à un bouleversement complet du régime actuel, en suppri-
mant le règlement agraire de 18G1. D'ailleurs, cela n'est nullement
nécessaire, d'après le publiciste du Golos ; il suffit, dit-il, d'attribuer
au paysan le droit dont dispose à l'heure qu il est le propriétaire fon-
cier, celui de réclamer le rachat. Dans ce cas le propriétaire fon-
cier pourrait exiger le payement de la totalité, au lieu des quatre
cinquièmes du prix qu'il touche actuellement par l'intermédiaire de
l'Etat. On pourrait fixer le terme de deux ans pour l'achèvement de
ces opérations, et cela fait, le rachat obligatoire pourrait être ordonné
et effectué dans le courant de deux autres années. Le seigneur devrait
se contenter alors des quatre cinquièmes du prix d'évaluation, ayant
déjà touché, en main-d'œuvre et en prestations, le cinquième restant.
Toute la difficulté serait du côté du fisc. Celui-ci aurait, en effet, à
opérer en deux ans un payement considérable, dépassant de beaucoup
le budget actuel de l'opération du rachat. Même autrefois, des considé-
rations de nature financière sont souvent venues ralentir l'application
de certaines parties du règlement agraire en vigueur. L'émancipation
étant, cependant, avant tout un événement historique, de l'avis de
M. Markof, les moyens matériels ne sauraient faire défaut, pour en
assurer tous les avantages.
SITUATION DES PAYSANS RUSSES ÉMANCIPÉS. 471
En somrae, la grande œuvre de l'émancipation des serfs, en Russie,
ne sera un fait réellement accompli que lorsqne la classe des paysans
.temporairement obligés aura «essé d'exister.
Nicolas -de Nasakine.
LA MALADIE DES OLIVIERS
AUX ENVIRONS DE MONTPELLIER
La récolte des olives dans l'Hérault eût été belle, cette année, sans
les ravages d'un insecte qui l'a en grande partie compromise.
Il est très rare que la multiplication de cette espèce atteigne d'une
façon sensible la récolte des olives en Languedoc, le fléau est plus
spécialement provençal; mais cette année il n'en a pas été ainsi. De
divers côtés, des plaintes nous sont arrivées et les oliviers de l'Ecole
d'agriculture de Montpellier ayant été très attaqués, nous avons été
bien placé pour étudier la cause du dommage.
Le ravageur est une petite mouche grise à pieds et à antennes
jaunes, longue de 4 à 5 millimètres, qui a reçu des Entomologistes le
nom de Dacusoleœ.
Il y a deux générations par an, l'une qui paraît en juillet et l'autre
en septembre. L'œuf est déposé dans l'olive; la larve, qui ressemble
à un petit asticot d'un blanc jaunâtre, ronge la pulpe et y pratique
des galeries. La larve adulte quitte l'olive, et pour se transformer en
nymphe ou chrysalide, s'enfonce dans le sol. Si le fruit est entassé
dans un cellier, elle se contente, pour passer à l'état de nymphe, d'un
endroit obscur et un peu humide. C'est sous cette forme de chrysa-
lide que l'insecte passe l'hiver.
Plusieurs auteurs se sont occupés des métamorphoses de cette
mouche. Je citerai en Franjce M. Buyer de Fonscolombe et M. Guérin-
Menneville; en Italie, M. Passerini, de Florence.
Quand l'olive est attaquée par une ou plusieurs larves, elle se des-
sèche souvent et tombe. La première génération de l'insecte ne dé-
truit pas toujours le fruit; celui-ci peut continuera grossir et mûrir,
quoique de mauvaise qualité ; mais il n'en est pas de même à la se-
conde génération. L'olive, presque mûre, tombe et se pourrit sur
le sol.
Il faut avoir grand soin de faire ramasser les oli\^3 tombées. Non
seulement on peut les utiliser en les donnant aux volailles, aux dindes
surtout; mais encore la larve du Dacus, qui n'est souvent pas sortie
du fruit, est ainsi détruite.
Il faut déplus, quand on s'aperçoit du mal, presser les olives de
suite après la cueillette. On tue ainsi les neuf dixièmes des lars^es,
qui sans cela, quittent l'olive et vont assurer la continuité du fléau
pour l'année suivante. Valery-Mayet,
Professeur d"entomo!ogie à l'Ecole nationale d'agriculture
de Montpellier,
LE CIDRE
Je lis dans la chronique du Journal de Vagriculture du 4 décembre,
la note que vous consacrez au cidre. 11 n'y a pas de question qui ait
plus d'actualité pour nos départements de la Bretagne, de la Picardie
et delà Normandie; le prix des pommes atteint aujourd'hui 250 fr. les
472 LE CIDRE.
1,000 kilog. ou 20 hectolitres. C'est plus de trois fois la valeur
moyenne des cinq dernières années.
Avant votre chronique, j'avais déjà pris le parti d'augmenter la
quantité de cidre que je retire ordinairement de la pomme, c'est au
sucrage par le sirop de glucose, qui me donne le sucre au meilleur
marché, que j'ai recours; des essais faits Tannée dernière et au
commencement de cette saison m'ont démontré l'économie que Ton
peut en retirer. Je crois être utile à mes collègues en décrivant ici
mon mode de procéder.
En année ordinaire, par le brassage de 1 ,000 kilog. de pommes
auxquelles j'ajoute 400 litres d'eau, je retire en moyenne 1,000 litres
d'un cidre dosant 4". Cette année je veux obtenir 1 ,500 litres de cidre;
c'est 500 litres d'eau à ajouter en plus que je sucre de manière" à ce que
la fermentation donne 4°. Je fais mes calculs sur les bases suivantes :
1 00 kilog. de sirop de glucose du commerce donnent 72 pour 1 00 de
sucre de glucose chimique; 100 kilog. de glucose chimique donnent
63 kilog. d'alcool à 90°; donc T d'alcool est produit dans un hectolitre
d'eau par 2 kilog. 25 de sirop de glucose commercial. Pour mes 500
litres d'eau, j'ai donc à ajouter, pour avoir 4° d'alcool par hectolitres,
5 hectol. X 4" X 2 kilog. 25 = 45 kilog. de sirop de glucose.
Comme économie j'ai :
Fabrication ordinaire :
1,000 kilog. de pommes à 220 fr. prix moyen 220
Eau 400 litres
Produit 10 hectolitres à 22 fr. l'hectolitre 220
Fabrication avec sirop de glucose :
1,000 kilog. de pommes à 220 fr 220
45 — de sirop à 54 fr 24
900 litres d'eau
Produit 1,500 litres à 16 fr. l'hectolitre ' 244
C'est-à-dire que les 5 hectolitres en plus ne coûtent que 9 francs
l'hectolitre. Sur ces bases, chaque fabricant de cidre pourra faire varier
les proportions de sucre selon l'emploi qu'il veut donner au cidre; ici,
je ne fabrique que la consommation courante de mes ouvriers, et pour
l'année.
A côté des proportions, le mode d'emploi est important; il ne suffit
pas d'ajouter de l'eau sucrée, il faut que cette eau séjourne dans le
marc pour s'approprier les principes de la pomme, ce que l'eau sucrée
fera mieux que l'eau pure. Prenant pour exemple ce qui se fait pour
le vin, je procède ainsi :
Je brasse 1,000 kilog. de pommes que je réunis dans une cuve avec
la moitié de l'eau totale ; après douze heures de macération, je soutire
et mouille à nouveau le marc avec la seconde moitié de l'eau et j'ajoute
le sirop nécessaire préalablement dissous à l'eau chaude. Plusieurs
fois dans la journée je fais une lessive en soutirant par le bas et rever-
sant sur le marc; je laisse reposer une nuit, je soutire à nouveau, je
presse le marc et mélange les trois produits dans les tonneaux. J'ai
ainsi un cidre homogène et ayant toutes les qualités et l'arôme du cidre
de pommes pur.
L'emploi du sirop de glucose a quadruplé cette année dans la fabri-
cation du vin; il n'y a pas de raisons pour que cette méthode ne soit
pas appliquée au cidre.
LE CIDRE. 473
Le sirop massé de glucose vaut aujourd'hui 54 francs les 100 kilog.
MM. Delarue, fabricants à Verberie (Oise), le livrent à ce prix en gare
de Verberie, en boîtes de 25 et 50 kilog.; pour les quantités supé-
rieures à 100 kilog., il est préférable de le prendre en fûts, ce qui dimi-
nue le prix.
Pour ceux qui auraient achevé le brassage des pommes, on paut
ajouter du sirop dans les tonneaux, si toutefois la fermentation n'est
pas achevée. C. Boursier.
Chevrières (Oise), 14 décembre 1880.
SUR LE CONCOURS REGIONAL D'ORAN
Monsieur le Directeur, je reçois à l'instant une demande de rectifi-
cation que j'accueille avec d'autant plus d'empressement qu'elle relève
une erreur regrettable.
Eli citant quelques appréciations consignées dans le rapport sur la
prime d'honneur décernée à Oran en octobre dernier, je vous ai écrit
que M. Calmels n'avait planté que sept hectares de vignes, alors que,
en réalité, en 1872 et 1875, cinq autres hectares ont été ajoutés par
lui à cette première plantation qui remontait elle-même aux années
1860 et 1863, comme j'avais eu le soin de le dire pour bien montrer
que ses efforts de ce genre ne dataient pas de la veille.
Je vous prie de vouloir bien signaler cette modification, qui a
certainement son importance, et de me permettre d'ajouter que le
Comice d'Oran, dans sa séance ordinaire du 7 novembre 1880, a
donné son entière adhésion aux motifs exposés par M. Calmels pour
expliquer l'emploi de la main-d'œuvre des prisonniers indigènes qui
lui avait été reproché à l'occasion du même concours.
Veuillez agréer, etc. L. Bastide.
SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRICULTURE
Séance du 15 décembre 1880. — Présidence de M. Chevreul.
M. le ministre des po&tes et des télégraphes envoie les documents
relatifs à l'Exposition internationale d'électricité qui aura lieu à Paris
en 1881, et dans laquelle les applications de l'électricité à l'agriculture
auront une place spéciale. Le Journal a déjà signalé ce projet d'expo-
sition qui sera exécuté, au palais de l'Industrie, pendant l'été pro-
chain. A l'occasion de cette exposition aura lieu également un con-
grès international d'électriciens.
M. de Lapparent envoie la règle-montre relativement à laquelle il a
récemment présenté un mémoire à la Société.
M. Schatzmann, correspondant de la Société, envoie le rapport sur
la Station laitière de Lausanne de 1 879 à 1 880, et une brochure sur
la fabrication du from ige de Roquefort.
M. Seurratde la Boulaye envoie un deuxième mémoire sur la maladie
ronde des pins en Sologne. Il attribue cette maladie au développement
d'un cryptogame, le Wiizina undulata ; les dernières observations
confirment complètement cette opinion.
M. le secrétaire perpétuel présente les résultats de l'analyse d'un
vin de jacquez, envoyé par M. Laliman. Cette analyse a été faite par
M. Joseph Boussingault; elle a donné les résultats suivants, rapportés
à un litre :
474 SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRIGULTURE DE FRANGE.
Alcool en volume - 97"
Acidité totale exprimée en acide sulfurique 5»'. 97
Crème de tartre .., 0«'.54
Glucose - indices
Tannin l«^50
Exlmit soc obt«mn dans le vide 39*'. 80
Glycosine • S«'.00
Acide succinique 2«' . 00
Gendres , , 3«^00
Alcali des cendi'es exprimé en potasse !«'.€2
La densité de ce vin était de 0.989. L'acidité, ajoute M. J. Boussin-
gault, était très forte, et il est probable qu'il y avait eu un commence-
ment de fermentation acide. — Un deuxième vin, provenant du
cépage qu'il appelle Dumas^ avait aussi été envoyé par M. Laliman;
mais la quantité était trop faible pour que l'analyse pût en être
exécutée.
M. Forney, professeur d'arboriculture, offre à la Société une livraison
d'une revue américaine qui renferme un article étendu sur la grande
culture du blé dans l'état de Dakota.
M. Milne-Edwards demande, au nom de la Section d'histoire natu-
relle, que la Société déclare la vacance pour une place de membre
associé dans cette Section. — M. Passy fait la même demande pour
une place de membre titulaire vacante dans la Section d'économie, de
statistique et de législation agricoles. Ces propositions sont adoptées.
M. Clavé fait une communication sur la diminution de charbon con-
statée dans la carbonisation de bois détruits par les gelées de l'hiver
dernier. A cette occasion, des observations sont successivement pré-
sentées par MM. Chevreul, Boussingault, Dumas, Barrai, Becquerel et
d'Ësterno, sur les conditions dans lesquelles les liquides des végétaux
se congèlent. M. Chevreul insiste sur l'opportunité et la nécessité de
faire, à cet égard, des observations précises.
La Société procède à l'élection d'un membre associé dans la Sec-
tion des sciences physico-chimiques agricoles. M. Renou est élu.
M. Muntz donne lecture d'une étude sur la conservation des grains
par l'ensilage. Ses recherches confirment les idées émises par Doyère,
appuyées des observations de M. Bella, à savoir que la siccité relative
du grain, la préservation des parois des changements de température
et une fermeture parfaite sont les conditions essentielles pour prati-
quer avec succès la conservation des grains par l'ensilage.
M. Barrai demande que la Société s'occupe des dispositions législa-
tives, à l'étude à la Chambre des députés, sur les moyens de destruction
des cadavres des animaux atteints de maladies contagieuses. Après
quelques observations de M. Chevreul et de M. Bouley, cette question
est renvoyée à la Section d'économie des animaux.
Henry Sagnier.
REYUE COMMERCIALE ET PRIX- COURANT DES DENRÉES AGRICOLES
(18 DÉCEMBRE 1880).
1. — Situation générale.
_ Dans la plupart des départements, les marchés agricoles sont assez bien appro-
visionnés Les prix des céréales et ceux de la plupart des denrées se maintiennent
assez facilement.
II. — Les grains et les farines.
Les tableaux suivants résument les cours des céréales, par quintal métrique, sur
les principaux marchés de la France et de l'étranger :
REVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT (18 DÉCEMBRE 1880). 471
»'• RÉOIOM.— NORO-OCE8T.
Blé.
fr.
Cafuarfox. CoBdé JO.oO
— Lisieux 28 50
Côtes du-Nnrd. Lannion îi.50
- Trég'l'er 2400
Finistère. Morlaix S5-75
• Landerneau 26.00
nie et-V daine Rennes. îS.oo
— Saint-Malo 27.75
Manche. Avrancbes.... 2».'>0
— Pontorson 29-00
— VilleHien 29.50
Mayenne.. Laval 27.00
— chàleau-Gontier. 27.25.
Morbihan. Henuebont. 27 50
Orne. Belle ma 2» "o
— Seez 26.75
Sarthe. Le Mans 27.50
— Sablé 27^
Prix moyens 27.48
Seigle.
fr.
34.00
2t. 00
iS.tfO
•Jl.t-'O
18. SO
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Orge.
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20 RBOION.
27.00
28.110
29 00
29.00
29.50
Aisne. Soissons
— Saint-Quentin..
— Villers-Cotterets
Eure. Evreux
— Bernay
— Picy
Eure et'Loir. Chartres 29.00
— .\iineaii 28 50
— NogenUle-RotroU 28.15
Nord. Cambrai 27.75
— Donwi 28 00
— Valenciennes.. . . 28. 5')
Oise. Rcaiivai» 28.50
— Clermont 27.05
— S&nli~ 27.50
Pas de-Calais. Arras.. 28.50
— Saint-Omer 28 25
Seine P ris 28.7b
S. et-Mame Uammartia 28.25
— Nemours 28.00
— Provins 28.50
S.-et-Oise. Dourdan 29. 50
— RaraboaiUet ... 27.25
— Ve'-sailles 27.50
Seine h^férieure Rouen 28 30
— Di-npe 29 00
o— Yvetot 27 70
—Smme. Abbeville 27.80
Peronne 27 00
— Roye 27 5o
Prix moyens 28.13
22 25
22 .00
21.75
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19.50
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Ardennes Charleville. 27 25 22 25
Aube. RomiUy 27.50 22 oo
Mé'-y-snr-Seine . 27.50 22 00
— îiogènt-sur-Seine 27.80 22.50
Marne. Chàions 27 75 22.75
— Epernay 27.50 2o 75
— Reins 26.75 21.25
— Sézanne 27 00 20.50
Hte- Marne Boarbonne 27.50 20 25
llteurthe-etMo<i. Nancy 28.00 22. ■'5
— Pont à-Mousson. 27.25 22.00
_ Toul 27.75 23 00
Meuse. Bar-le-Dnc... 27. 75 21 50
_ VerHnn 26. 50 21.00
aute-Saône Gray.... 28 oO »
— Vfts.Mll
Vosges Neufchàteaa
— Raon-i'Eiape. .
Prix moyens.. ..
4» RKOION. — «»1TEST.
Charente. Angoulème. 28.75 18.00
_ Riiffpc 29 50 20.00
Cftaren/e M/'ér.Marans 26.75 »
Deux Sevrés. Niort... 29 00 »
Indre-et-i.oire. Bleré.. 28.00
— Châtean-Renault 27.75
Lo»re-/n/. Nantes 27- 00
M.-eU4oire.. Angers ... 27 00
— Saumur 28-25
Vendée. Loçon 26 5(J »
— Fontenay 26.75 »
Vienne. Chatellerault. . 27 50 20.75
— L-^ndun 27.25 »
HavX&^Vienne Limoges 28.00 20.50
Prix moyens 27.71 20.00
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— Sai'nt-Pourcain..
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— Vierzon
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Indre. Chàteauroux.. . .
— Issoiidnn
— Valençay
Loiret. \:ontargi3
— Gien
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Loir-et-Cher, Vendôme.,
— Monloire
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— St-F!oteniin ,
— Sens
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18.50 18.00
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Pnx moyens. 28
6« RÉGION.
Ain. Bourg 31.00
— Pont-de-Vaux. .. 2». 75
Côle-d'Or. Dijon 27 00
— Beaune 28. oo
Doubs. Besançon 28 50
Isère. Grenoble 29.75
— Bourg^jin 28 50
Jura. Dôle 28 Oo
Loire. Saint-Etienne 28 50
P.-de-ûôme Rium 27.75
Rhône. Lyon 29.50
Saône-et- Loire. Autun.. 28 50
— Màcoa 2>.5a
Savoie. Ctiambery 29 . 50
///e-Souote. Annecy 29. OO
18.00
22 50
20.75
21 00 au 00 18 25
20. Î4 119.37 18.51
EST.
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20.00
20.50
18.75
17.75
17. .'0
20.50
19.50
18.00
Prix moyens 28.98 20.79 i
7« RÉGION. — SHU-OPEST.
Ariige. Pamiers 29
Dordogne. Bergerac.... 29,
Hte-Garonne. Toulouse. 28-
— Viliefranche-Laur. 29.
Gers. Condom 29.
— Eauze 27.
— Mirande 27.
Gironde. Kordeaux....
— La Réole
Landes. Dax
Lot-etnaronne. Agen..
B.-Pyrenees. Rayonne. .
Htes-Pyrénees. Tarbes,
Prix moyens ,
S« RsaiON.
Aude, Carcassonne.... 28
Aveyron. Rodez 27
Cantal. Mauriac 31
Correze. Luherzac 29
Hérault. Celte 29
Lot. Figeac 28
Lozère. Mende 29
— Marvejols 27.
— Florac 27.
Pyréneex-Ur Perpignan 28.
Tarn. Puy-Laurens.. .. 27
rorrr-et-GÛr.Moniauban 28
20.05
26.25
20 . UO
20.50
19.00
20.50
21.00
20.75
28.57 20.25
19. 7-.
26 40
21.25
»
20.50
19.25
22 Oi)
20.50
2U.00
16.00
17.25
18.50
17.25
20.25
19.80
21.2b
23.00
17.00
17.75
16.75
17.00
17.50
18.75
17 00
17.25
17.00
20.00
17 25
17.25
17.50
18.75
17.80
19.50
19.25
20.25
20.50
19 2à
19 00
21.00
20.25
20.50
20.00
20.25
20-25 18.06
Prix moyens 28.60 21.10 20.18
9« RBOION. — SCTO-B8T.
Basses-Alpes. Manosque
Hautes-Alpes. Briançon
Alpes-Maritimes Cannes
Ardeche. Privas
B.-du-Hhône. Aix
Drôme. Romans
Gard. Nines
Haute-Lotre. Le Puy....
Var. Draguignan
Vaucluse. Carpentras...
Prix moyens
Mot- de toute la France
— de lisemaine preced.
SarlaseJialnev Hausse,
précédente.. { Baisse.
19,97
19.50
20.00
22.10
20.25
21.00
20.00
21.15
17.76
24.45
18.75
20. SO
20.49
00.19 00. 2S _
476 REVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT
Blé. Seigle. Orge. Aroine.
fr. fr. fr. ir. \
Algérie. Alger 26.50 • lô.50 17.00
Angleterre. Londres 26.75 • 19.90 20.50
Belgique. Anvers 26.75 23 85 21.65 19.50
— Bruxelles 28.00 23.35 » 20.25
— Liège 27.50 24.75 23.00 19.25
— Nainur 27.00 23.75 21.00 17.75
Pays-Bas. Amsterdam 25.9.i 24.15
Luxembourg. Luxembourg 29.50 24-25 23.00 1725
Alsace-Lorraine Metz 28.75 25.50 21.00 18.75
— Strasbourg 30.75 26.75 23.25 18.25
— Mulhouse 29.75 25.75 23.00 19.50
Allemagne. Berlin 25.60 26.60
— Cologne 27 50 27 35 »
— Mayence 27.75 25 00 • 18.00
Suisse. Genève 29 75 • • 18.75
— Zurich 31.25 » » 19.00
Italie. Milan 29 00 23.20 . 20 00
Espagne. Burgos 27.00 » 18.00 15 75
Autriche. Vienne 27. .50 23 50 18.75 15 25
Hongrie. Budapesth 27.25 22.00 18.50 15.00
Russie. Saint-Pétersbourg ... 29.00 25.00 » 15 50
Etats-Unis. New-York 24.10 » ■ »
Blés. — Suivant les régions, les marchés agricoles sont plus ou moins bien
approvisionnés, mais presque partout il faut signaler le maintien de la situation
que nous avons constatée depuis plusieurs semaines. Les cultivateurs font des
offres assez importantes en blé, mais en même temps ils maintiennent avec une
grande fermeté les cours précédemment acquis. Suivant que les offres sont plus
ou moins abondantes, la fermeté est plus ou moins grande, mais il ne se produit
pas de baisse d'une manière sensible. D'un autre côté, on commence à se préoc--
cuper de la persistance du temps doux actuel. — A la halle de Paris, le mercredi
15 décembre, les offres de la culture étaient considérables, mais il y avait peu
d'affaires. On payait suivant les qualités de 27 tr. 50 à 30 fr. Le prix moyen s'est
fixé à 28 fr. 75 avec une diminution de 50 centimes sur celui de la semaine der-
nière. — Sur le marché des blés à livrer, on cotait avec prix faibles : courant du
mois, 28 fr. 50 à 28 fr. 75; jcnvier, 28 fr. 25; janvier-février, 28 à 28 fr. 25;
quatre premiers mois, 28 fr.; quatre mois de mars, 27 fr. 75 à 28 fr. — Au Havre,
les ventes sont peu importantes sur les blés d'Amérique ; les prix se maintiennent
de 27 fr. 25 à 28 fr. 50 par 100 kilog. suivant les sortes. — A Marseille, les arri-
vages de la semaine ont été de 235,000 hectolitres environ. Les ventes sont un
peu actives, mais le stock est toujours faible dans les docks, car il ne dépasse pas
201,000 quintaux. Au dernier jour, on cotait par 100 kilog. : Berdianska, 32 fr.;
Marianopoli, 31 fr.; Irka, 27 fr. 50 à 29 fr.; Pologne, 27 fr. 50 à 28 fr. 50; Da-
nube, 25 fr. à 25 fr. 50 ; Red-Winter, 28 fr. 50 ; Azoff dun, 27 fr. 50 à 28 fr. 50.
— A Londres, les arrivages de blés étrangers, durant la semaine dernière, ont
été de 125,000 quintaux environ. Les affaires étaient assez difdciles, et les prix
en baisse. On cotait de 25 fr. 50 à 27 fr. 75 par 100 kilog. suivant les quaUtés et
les provenances.
Farines. — Les affaires sont assez calmes tant sur les farines de consommation
que sur celles de spéculation, et les prix sont faibles. Pour les premiers, on cotait
à la halle de Paris le mercredi 15 décembre: marque D, 64 Ir.; marques de
choix, 64 à67fr. ; bonnes marques, 62 à 63 fr ; sortes ordinaires, 61 à 62 fr.;
le tout par sac de 159 kilog., toile à rendre, ou 157 kilog. net, ce qui correspond
aux prix extrêmes de 38 fr. 8 ô à 42 fr. 65, par 100 kilog., ou en moyenne 40 fr. 75,
soit une baisse de 1 fr. depuis huit jours. — Pour les farines de spéculation, on
cotait à Paris, le mercredi 15 décembre, au soir : farines huit-marques, courant du
mois, 63 fr. 25 à 63 fr. 50 ; janvier, 61 fr. 25 à 61 fr. 50 ; janvier-lévrier, 61 fr. 25
à 61 fr. 50; quatre premiers mois, 60 fr. 50 à 60 fr. 75; quatre mois de mars,
59 fr. 50 à 59 fr. 75; le tout par sac de 159 kilog. toile perdue, ou 157 kilog.
net; farines supérieures^ courant du mois, 39 fr. 75 ; janvier, 39 fr. 25; janvier-
février, 39 fr. 25; quatre premiers mois, 39 fr. ; quatre mois de mars, 38 fr. 50;
le tout par sac de 100 kilog. — La cote officielle en disponible, a été établie
comme il suit, pour chacun des jours de la semaine.
Dates (décembre). 9 10 11 13 14 15
Farines huit-marques (157 kilog.). 64.50 64.35 64.15 64.50 63.75 63-35
— supérieures (100 kilog.). 40.00 40.00 39.75 40.00 39.75 39.75
DES DENRÉES AGRICOLES (18 DÉCEMBRE 1880). 477
Les prix ont peu varié comme on le voit, depuis huit jours, quoiqu'ils aient un
peu baissé. Il n'y a pas de changements dans les prix des tarines deuxièmes cfui
sont vendues de 30 à 35 fr. par 100 kilog., et dans ceux des gruaux, que l'on cote
de 44 à 55 fr.
Sei()l''s. — Il y a toujours une assez grande faiblesse dans les prix des seigles.
On cote à Paris, de 21 iV. 75 à 22 fr. 25 par 100 kilog. Les prix des farines sont
aussi plus faibles; elles se paient de 31 à 34 fr. par quintal métrique.
Orges. — Les affaires sont calmes, à la halle de Paris, et pour les diverses
sortes les cours accusent un peu de baisse On cote à la halle de Paris, de 18 fr.
à 20 fr. 50 par 100 kilog. suivant les sortes. Pour les escourgeons, leurs cours se
fixent de 20 fr. à 20 fr. 50 par quintal métrique. A Londres, les arrivages d'orges
étrangères sont restreints; le march-^, présente beaucoup de calme, et les prix
sont en baisse de '8 fr. 80 à 21 fr. par 100 kilog
Malt. — Peu de changements dans les prix. On paye à Paris, 29 à 35 fr. par
100 kilog. pour les malts d'orge, 28 à '^3 fr; pour ceux d'escourgeon.
Ai:oines. — Il y a beaucoup de lourdeur dans les prix, et les affaires sont peu
importantes. On paye à Paris, de 19 tr. 50 à 21 fr. 50 par 100 kilog. suivant
poids, couleur et qualité. A Londres, les arrivages ont été de 66,000 quintaux
environ depuis huit jours. Les prix sont à peu près stationnaires,de 19 fr. 20 à
22 fr. par 100 kilog.
Sarrasin. — Prix toujours faibles à la halle de Paris. On cote de 18 fr. 50 à
19 fr. par KO kilog.
Maïs. — Mêmes prix que précédemment, dans le Midi, de 18 à 22 fr. par
100 kilog. suivant les marchés, et au Havre de 15 fr. 50 à 16 ff. pour les maïs
d'Amérique.
Issues — Les cours accusent de la baisse depuis huit jours. On paye à la halle
de Paris : gros son seul, 13 fr. 50 à 13 fr. 75; son trois cases, i3 fr. à 13 fr. 25 ;
sons fins, 12 fr. à 12 fr. 50 ; recoupettes, 12 fr. à 13 fr.; remoulages bis, 15 à
16 fr. ; remoulages blancs, 17 à 18 fr.; le tout par iOO kilog.
III. — Vins, spiritueux, vinaigres, cidres.
Vins. — Il n'y a rien de changé à la situation depuis notre dernier bulletin, aussi
notre chronique de ce jour est-elle pour ainsi dire nulle, et il en sera de même,
croyons-nous, jusqu'aux premiers jours de janvier Tout est suspendu, il n'y a ni
vente, ni olïre, ni transaction. On attend d'abord le chiffre officiel de la récolte,
car ce chiffre aura certainement un influence sur les cours; on attend, en outre, le
premier janvier époque du dégrèvement des vins dégrèvement qui aura particulière-
ment un effet appréciable dans Paris et dans toutes les villes rédimées. Plusieurs
de nos correspondants nous ont posé la question suiv;nte: Combien à partir du
1" janvier 1881 un hectolitre de vin, paiera-t-il pour entrer dans Paris? Nous
n'avons pas ré|)ondu à cette question il y a huit jours, car nous ignorions alors
ce que ferait le Conseil municipal. Dans sa séance du 11 décembre, le Conseil
municipal a enfin pris une détermination et voici ce que nous pouvons aujourd'hui
officiellement annoncer: — A partir du 1" janvier 1881, un hectolitre de vin paiera
pour entrer dans Paris en principal Trésor 8 fr. 25; plus à l'octroi 10 fr. 62 c,
soit 18 fr. 86 cent, au lieu de 23 f. 87 cent. : soit une différence en moins de 5 fr.
00 cent. 5 — Ainsi une bordelaise de 225 litres qui paie actuellement 52 fr.72 c,
ne paiera plus que 42 fr. 46 soit une différence en moins de llfr. 26. —
Quant aux villes rédimées des départements, il nous est impossible de déterminer
les détaxes, en ce sens que ces détaxes sont établies en vertu de l'article 4 delà
loi du 9 juin 1875, ainsi conçu: Art. 4. — Le tarif de la taxe unique sera revisé
périodiquement dans toutes les villes rédimées, d'après le prix moyen de la vente
en détail et d'après les quantités vendues par les débitants. Le prix de la vente en
détail sera celui constaté dans l'arrondissement pendant les trois dernières années.
Les quantités vendues par les débitants seront celles relevées d'après les expéditions
et sur les registres des contributions indirectes en prenant la moyenne des trois
derninères années.
spiritueux. — A partir du 1" janvier 1831 le régime des boissons alcooliques
est modifié ainsi qu'il suit : — Les eaux-de-vie en bouteilles, les fruits à l'eau-de-
vie, les liqueurs et l'absinthe sont soumis aux mêmes droits de consommation
et aux mêmes taxes de remplacement que les eaux-de-vie et esprits en cercles,
proportionnellement à leur richesse alcoolique.
Le marché est toujours au calme et les prix se maintiennent sans changement
avec ceux de la semaine dernière, soit entre 60 fr. et 60 fr. 50. La circulation, n'a
478 REVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT
pas dépassé ving-cinq pipes, et le stock est de 7,825 pipes, contre 6,600 en 1879.
On incline à croire en général que la hausse offre plus de probalité que la baisse.
A Lille les aiïaires sont toujours très calmes et le cours de 58 fr. 50 reste jusqu'à
nouvel ordre un ( hiffre inamovible. Les marchés du Midi accusent également peu
de changement et les marchés allemands sont à la baisse. A Paris on cote 3/6 bet-
terave, 1"= qualité, ^0 degrés disponible, 61 fr. 50; quatre premiers, 61 fr. 25 à
61 fr. 50 ; (juatre d'été, 60 fr. 75 à 61 fr.
Vinaigres. — Rien de nouveau '^ur cet article qui conserve sa fermeté. Au mois
d'octobre dernier, il est entré dans Paris 3,187 hectolitres de vinaigre à tous degrés
d'acidité.
Cidres. — Rien également de nouveau sur les cidres qui sont toujours fort
chers. Pendant le mois d'octobre dernier, il en est entré dans Paris 2,362
hectolitres.
IV. — Sucres. — Mélasses. — Fécules. — Glucoses. — Amidons. — Houblons.
Sucres. — Les transactions sur les sucres bruts continuent à accuser peu
■d'importance; les cours varient peu pour les diverses sortes. Onpayepar 100 kil.,
à Paris, sucres bruts 88 degrés saccharimétriques, 55 fr. 25; sucres blancs, n" 3,
€3 fr. ; à Lille, sucres bruts, 53 fr. 50 à 54 fr. ; à Valenciennes sucres bru.s, 52 fr.
25; sucres blancs, 60 i'r. Le stock de l'entrepôt réel des sucres à Paris, était, au
15 décembre, de 385,000 sacs pour les sucres indigènes et 3,000 sacs pour les sucres
coloniaux. Pour les sucres raffinés, les prix se maintiennent bien. On paye à Paris
115 à 116 fr. par lOu kilog. à la consommation, et 72,75 à 75,50 pour l'exporta-
tion — Dans les ports, il y a toujours beaucoup de calme dans les affaires sur les
sucres coloniaux, tant bruts que raffinés.
Mélasses. — Prix peu variés. On paye à Paris 13 fr. par 100 kilog. pour les mé-
lasses de fabrique, 14, 50 pour celles de raffinerie.
Fécules. — Les affaires sont assez calmes, et les prix ne subissent pas de chan-
gements. On cote à Paris 35 à 35. 50 par 100 kilg. pour les fécules premières du
rayon, 21, 50 pour les fécules vertes. Celles de l'Oise sont cotés à Compiègne 35 fr.
par quintal métrique.
Glucoses. — Peu d'affaires, avec des prix assez bien soutenus. On cote à Paris
100 kilog: sirop premier blanc de cristal, 53 fr. ; sirop massé 46 à 49 fr.; sirop
liquide, 39 h*.
Amidons. — On paye Paris par 100 kilog. : amidons de pur froment en paquets,
70 à 72 fr.; amidons de province, 60 à 62 fr.; d' Alsace, 56 à 58 f.; de maïs, 40 à
42 fr.
Houblons. — Il y a actuellement peu d'affaires sur le plus grand nombre des
marchés, et les cours sont ceux que nous avons indiqués dans nos précédentes
Tevues.
V. — Huiles et graines oléagineuses.
Huiles. — Après avoir été cotés en baisse, les prix des diverses sortes d'huiles de
graines sont plus fermes. On paye à Paris, par 100 kilog. : huile de colza en
tous fûts, 73 fr. 50; en tonnes, 75 fr. 50; épurée en tonnes, 83 fr. 50; huile de
lin en tous fûts, 67 fr. 50; en tonnes, 69 fr. : 0. — Sur les marchés des dé-
partements, on paye les huiles de colza : Gaen, 69 fr. 50; Rouen, 73 fr. 25;
Cambrai, 71 fr ; et pour les autres sortes, à Rouen : lins, 69 fr ; arachides à
fabrique, 78 à 84 fr.; arachides comestibles, 105 à 115 fr.; sésame, "78 à 82 fr.
— A Marseille, les prix sont laibles sur les huiles de graines ; celles de sésame
■sont cotées à 67 fr. — Quant aux huiles d'olive, les prix sont tenus partout avec
une grande fermeté, les nouvelles de la récolte continuant à signaler de nom-
Ibreuses déceptions.
Graines oléagitieuses. — Les ventes sont assez actives, avec des prix fermes sur
les marchés du Nord, on paye par hectolitre à Cambrai : œillette, 34 à 35 fr. 50;
-colza, 21 à 22 fr. 25; lin, 24 à 25 fr. 50; cameline, 13 fr. 50 à 17 fr. 50.
VI. — Tourteaux. — Noirs — Engrais.
Tourteaux. — • A Marseille, les prix sont fermes. A Rouen, on cote : colza,
15 fr. 25; arachides en coques, 12 fr ; sésame, 16 fr.; lin, 25 fr.; — à Cambrai,
tourteaux d'oeillettes, 22 fr. 50; de colza, 16 à 18 fr.: de cameline, 18 fr.; de lin,
•26 à 27 fr.
Noirs. — On paie à Valenciennes : noir animal neuf en grains, 32 fr. par
100 kilog.; noirs d'engrais vieux grain, 8 à 9 fr. par hectolitre; de lavage, 2 à 4 fr.
DBS DENRÉES AGRICOLES (18 DÉCEMBRE 1880). 479-
Vn. — Matières résineuses, colorantes et tannantes.
Matières résineuses. — Sur le marché de Baza», les gemmes ne sont pas cotées
au delà de 35 fr. par barrique. Les brars valent de 12 à 13 francs.
Gaudes. — Cours très fermes dans le Langnedoc, à 2-2 fr. par l©0 kilog.
Laines. — Dans les ports, on n'accuse qiae des affaires peu importantes sur Les
laines coloniales, avec peu de changements dans les. anciens prix.
VI II. — Suifs et corps gras, cuir.i et tJeœux.
Suifs. — On paie comme la semaine précédente, à Paris, 84 h. par 100 kiiog.
pour les suifs purs de l'abat de la boucherie.
Saindoux. — Les prix accusent beaucoup de fermeté au Havre, de 119 fr. à
119 fr. 50 par 100 kilog, pour les saindoux d'Amérique.
I.\. — Beurres. — Œufs. — Frwnages.— Volailles et gibier.
Beurres. — On a vendu pendant la semaine, à la halle de Paris, 216,640 kilog.
de beurres. Au dernier marché, on payait par kilog.: en demi-kilog.: 2 fr. 60 à
4 Ir. 62; petits beurres, 2 24 à 3 fr. lU; Gournay, 2 2)0 à, 5 fr. 60 j Isigny, 2 fr. 50
à 7 fr 34.
Œufs. — Du 7 au 13 décpmbre, il a été vendu, à la halle de Paris,
3,528,855 œufs. Aa dernier marché, on payait par mille: choix, 133 à 150 fr.;
ordinaires, 74 à 117 fr.; petits, 52 à 62 fr.
Fromages. — Derniers cours de la halle de Paris : par douraine. Brie., 10- à
26 fr.; Montlhéry, 15 fr.; par cent, Livarot, 28 à 66 fr.; Mont-cTOr, 20 à 30 fr.;
Neufchâtel, 5 à 19 fr.; divers, 9 à 55 fr; par 100 kilog.. Gruyère,. 130 à 170 fr.
Volailles et gibier. — On vend à la halle de Paris : Agneaux, »» à »» fr. —
Alouettes (la pièce), 0 fr. 16 à 0 fr. 29. — Bécasses, 3 fr. '25 à 7 fr. — Bécas-
sines, 0 fr. 50 à 1 fr. 80. — Cailles, 0 fr. 55 à 1 fr. 00. — Canards barboteurs,
1 fr. 50 à 4 fr. 60. — Canards sauvages, » fr. »» à » fr. »». — Cerfs, chevreuils
et daims, 20 à 140 fr.— Sangliers, 60 à 125 fr.— Crêtes en lots, 0 fr. 40 à 5 fr. 20.
— Dindes gras ou gros, 3 fr. 50 à 12 fr. 50. — Dindes communs, » fr. »» à
» fr. >5». — Faisans et coqs dé bruyère, 3 fr. 50 à 7 fr. 25 — Lapins domesti-
ques, 1 fr. 25 à 4 fr. 10 — Lapins de garenne, » fr. 55» à » fr. — Lièvres, 2 fr.
à 6 fr. 75. — Oies grasses, 3 fr. 50 à 9 fr. 50. — Oies communes, » fr. »» à
» fr. »». — Perdrix grises, 1 fr. 70 à 5 fr. — Grives et merles, 0 fr. 35 à 0 fr. 75.
— Pigeons de volière, 0 fr. 60 à 2 fr — Pigeons bizets, » fr. à » »». — Pilets,
0 fr. 90 à 2 fr. 25. — Pluviers, 0 fr. 80 à 1 fr. 75. —Poules ordinaires, » à» fr.
— Poulets gras, 1 fr. 50 à 8 fr. 25. — Poulets communs, » fr. »» à » fr. »»
— Râles de genêt, 0 fr. 50 à 1 fr. 25. — Rouges, 1 fr. 75 à 2 fr. 50 — Sarcelles,
1 fr. à 1 fr. )ib. — Vanneaux, 0 fr- 80 à 1 fr. — Pièces non classées, 0 fr. 45 à
9 fr.
X. — Cheoaux. — Bétail. — Viande.
Chevaux. — Aux marchés des 8 et 11 décembre, à Paris, on comptait 1,050
chevaux. Sur ce nombre, 393 ont été vendus comme il suit :
Amenés. Vendus. Prix extrêmes.
Chevaux de cabriolet 2i2 58 315 à 1,090 fr.
— detrait 282 80 300 à 1,215
— horâd'âge 381 "o 30 à 1,080
— à l'enchère 92 92 25 à 470
— de boucherie 83 83 25 à 112
Anes et chèvres. — Aux mêmes marchés, on comptait 16 ânes et 4 ehèvre»; 9 ânes
ontété vendus de 22 à 50 fr. ; 2 chèvres, de 30 à 52 fr.
Bétail. — Le tableau suivant résume le mouvement du marché aux bestiaux de la
Yillette, du jeudi 9 au mardi 14 décembre :
Poids Prix d\i Itilog. de viande sur pied
Veadus moyea an marché da lundi 13 décembre.
Poar Pour En ^ quartiers, f
Amenés. Paris, l'extérieur, totalité.
Bœufs 5.932
Vaches 1,950
Taureaux 305
Veaux 3,183
Moutons 35,817
Porcs gras 5,961
— maigres. 6
Sauf pour les moutons, les approvisionnements ont été à peu près les mêmes
que la semaine précédente. Pour toutes les catégories d'animaux, les cours accu-
sent, sur les divers marchés, une grande fermeté C'est surtout sur les gros ani-
maux que cette situation est principalement accusée.
430 REVQE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT (18 DECEMBRE 1880).
A Londres, les arrivages d'animaux étrangers, durant la semaine dernière,
se sont composés de 9,160 têles, dont 6 bœufs, 12 veaux et 4,559 moutons
venant d'Amsterdam; 513 moutons d'Anvers; 36 bœufs de Gothembourg;
516 moutons d'Hambourg; 48 bœufs, 8 veaux et 1,270 moutons et 1 porc d'Har-
lingen; 184 bœuts et 15 j moutons de New-York; l'iO bœufs d'Oporto; 1 bœuf,
151 veaux et 1,562 moutons de Rotterdam. Prix du kilog. Bœixf^ l'*, 1 fr. 99
à 2 fr. 10; 2", 1 fr. 75 à 1 fr. 90; qualité inférieure, 1 fr. 'iO à 1 fr. 75. —
Veau, 1", l fr. 93 à 2 fr. 10; 2% 1 fr. 75 à 1 fr. 93. — Mouton, V\ 2 fr. 28 à
2 fr. 45; 2% l fr. 93 à 2 fr. 10; qualité inférieure, 1 fr. 75 à 1 fr. 93. — Porc, 1",
1 fr. 75 à 1 fr. 99 ; 2% 1 fr. 58 à 1 fr. 75.
Viande à la criée. — On a vendu à la halle de Paris, du 7 au 13 décembre .
Prix du kilog. le 13 décembre.
kilog.
Boauf OU vache . . 203,462
Yaau 177,830
Mouton 85,572
Porc _31,499_
4'98^363
1" quai. "2« ijual. i» quai. Gboix. Basse bouclierie.
1.96àl.60 0.78àl.46 CôOàl.lO 0.86 à2. 50 0. 10 à 100
1.78 2.30 1.26 1.76 0.70 1.24 0.80 2.70 .
1.40 1,52 1.02 1.38 0.64 1 00 0.80 2.80 »
Porc frais 1.30à 1.70
Soit par jour 71,195 kilog.
Les arrivages ont peu varié. Les cours ont subi un peu de baisse depuis hui*
jours pour les diverses sortes.
XI. — Cours de la viande à l'abattoir de la Villette du 16 décembre {par 50 kilog.)
Cours de la charcuterie. — On vend à la Villette par 50 kilog. : l'« qualitn,
90 à 95 fr.; 2«, 85 à 90 fr.; poids vif, 60 à 64 Ir.
Boeufs. Veaux. Moutons.
,r, 2. 3.
1"
2» 3« 1" 2»
3"
qaal. quai. quai.
quai
quai. quai. quai. quai.
quai.
fr. fr. fr.
fr.
fr. fr. fr. fr.
fr
76 67 58
120
105 98 85 76
68
XII. — Marché aux bestiaux de la Villette du jeudi I6 décembre.
Cours des comraisslonnr ires
Poids
Cours officiels. en bestiaux.
moyen
_- Ml ^1 „^ 1^
_ Il —
Animaux
général.
1" 2» 3« Prix 1" 2" 3»
Prix
amenés. Invendus.
kil.
quai. quai. quai, extrêmes, quai. quai. quai.
extrèn-es.
Bœufs î.49n 362
365
1.66 1.48 1.04 1.00 àl. 70 1.64 l.féS 1.05
l.OOàl 68
Vache» 784 126
3&0
1.50 1.32 0.96 0.90 1.55 1.50 1.30 0.95
0.90 1.55
Taureaux... loi 5
370
1.30 1.18 l.UO 0.96 1.40 1.28 1.18 1.00
0.95 1.3S
Veaux 1.047 i48
80
2.50 2.40 1.90 1.60 2.60 » » »
» ».
Moutons.... is.376 613
18
l.S>6 1.70 1.46 1.36 2.110 > > >
» »
Porcs gras.. 3.580 •
82
1.62 l.f.2 1.54 1.50 1.76 > » •
» ■
— maigres. » »
1
» •
Vente assez aclive sur toutes les
espèces.
XIII. — Résumé.
Les cours de la plupart des denrées n'ont subi
variations peu importantes sur la plupart
depuis huit jours, que dt
marchés. A. Remy.
BULLETIN FINANCIER.
Faiblesse à nos tonds publics :1a rente 3 0/0 est à 85 fr. 65, gagnant 0 fr. 05;
l'amortissable reste à 87 fr.; le 5 0/0 perd 0 fr. 10 à 118 fr 90. Néanmoins, très
bonne tenue et même hausse à nos sociétés de crédit : fermeté à nos chemins de
ter.
Cours de la Bourse du 8 au 15 décembre IJ
Principales valeurs française!:
Plus Plus
bas.
Rente30/o 85.55
Rente 3 0/0 amortis 87.00
Rente 4 1/2 0/0 it4.to
Rente 5 0/0 118.85
Banque de France 3775.00 3805.00 3805.00
Comptoir d'escompte 977.50 990.00 986. 2i
Société générale 591.00 6o7.50 605.00
Crédit foncier 1395.00 1420. oo 1415.00
Est Actions 500 755.00 760.00 755.00
Midi d'
Nord d'
Orléans d-
Ouest d'
Paris-Lyon-Méditerranée d'
Paris 1871 obi. 4oo 3 o/O .,
Italien & o/o ,
nernier
haut, cours.
85.70 85.65
87.40 87.00
114.30 114.10
10 118.90
H15.00 llîD.OO 1120.00
1677.50 169 1.00 1680. CO
1280.00 l'85.00 1280.00
830.01) 831.25 830.00
1480.00 1490.00 1480.00
3&9 75 400 50 400.00
87.95 88.20 87.95
Le Gérant : A. BOUCHÉ.
[au comptant).
Fonds publics et Emprunts français et étrangers
Plus
Pius
Dernier»
bas.
haut.
cours.
Obligations du Trésor
»
D
»
rerab. a500.4 0'0.
518 00
522.00
521.00
Consolidés angl. 3 o/O
98 11/16
5 0'0 autrichien
64.00
65.00
64.00
4 0/0 belge
105.45
105.80
105.80
6 o/o égyptieii
348.50
377.50
348.50
3 0/0 espagnol, extér'.
211/8
21 1/2
21 1/2
d" intérieur
»
»
5 o/o Etats-Unis
105 1/8
105 1/2
105 5/8
Honduras, obi. 300...
»
»
»
Tabacs ital., obi. 500..
»
n
>
6 0/0 péruvien
»
s
•
5 o/o russe
96.50
»
97.25
13.15
96.50
5 o/o turc
12 80
5 0/0 roumain
Bordeaux, lOO, 3 0/0..
»
»
101.00
Lille, 100,3 0/0
(
s
101.50
Leterrier.
CHRONIQUE AGRICOLE (25 décembre issoj.
La valeur des engrais. — Opinions successivement émises sur cette délicate question. — Ce qui
est acquis et ce qui demeure encore hypothétique. — Comment se font les analyses d'engrais
et comment elles doivent se faire. — Lettre de M. Perrey. — L'action des dissolvants. —
Deuxième lettre de M. Perrey. — Arrêté réglant l'admission des chevaux dans les concours
régionaux. — Rapport de M. Schatzmann sur la station laitière de Lausanne. — Les progrès
dans les alpages de la Suisse. — Programme du concours d'animaux de boucherie et d'ani-
maux reproducteurs à Bourges. — Sur les expositions scolaires dans les concours régionaux. —
Lettre de M. Vidalin relativement aux derniers concours de Tulle. — Les dépôts d'étalons. —
Crédit accordé pour leur agrandissement. — La production des alcools pendant les deux pre-
miers mois de la campagne. — La conservation des betteraves. — Les primes aux sucres étran-
gers. — Discussion au Sénat du projet de loi sur la restauration des terrains en montagne. —
Texte du projet adopté. — Abrogation des lois de 1860 et de 1864. — Le phylloxéra. — Organi-
sation des associations syndicales dans la Gironde pour le traitement des vignes. — Subventions
accordées. — Application de la théorie des germes aux champigohs parasites do la vigne. —
Note de M. Maxime Cornu. — Note de M. Campana sur la découverte des œuf^ d'hiver dans le
département des Pyrénées-Orientales. — Situation agricole dans les trois provinces de l'Algérie.
I. — Sui' la détermination de la valeur des engrais.
Depuis un demi-siècle, la chimie a rendu de très grands services à
l'agriculture. Le principal a été de montrer que, selon la définition don-
née par M. Glievreul, les engrais ne sont que des compléments de ce
qui manque au sol pour que celui-ci puisse fournir des récoltes déter-
minées. Mais l'application de ce principe général absolument vrai
exige trois sortes de recherches très délicates, et pour lesquelles la
science est encore bien loin d'avoir dit son dernier mot. Il faut tout
d'abord avoir des moyens très exacts d'analyser un sol et d'y détermi-
ner le degré d'importance et d'assimilabililé plus ou moins immédiate,
rapide ou lente, des diverses combinaisons qu'on y rencontre. Il faut,
en second lieu, faire des analyses complètes des plantes récoltées et
arriver à établir une distinction entre les matières nécessaires à la
constitution du végétal et les substances qui peuvent s'y rencontrer
accidentellement. Enfin, en troisième lieu, il faut pouvoir connaître à
fond la composition des engrais et le rôle spécial de chacun des corps
qui s'y rencontrent, lorsque ces engrais sont introduits dans une terre
arable de telle ou telle nature. Or, sur chacun de ces trois points, il
faut bien le proclamer, beaucoup de recherches restent à faire, et le tort,
soit des agriculteurs, soit des chimistes, est de regarder les questions
comme étant élucidées, et de donner dès maintenant des solutions
absolues, alors que ces solutions n'ont véritablement qu'une valeur
contingente et qu'elles devraient n'être considérées que comme des
approximations plus ou moins voisines de la vérité.
D'abord on ne savait pas grand'chose sur la nature spéciale des en-
graiselon les jugeait empiriquement, eu les classant sous les noms d'a-
mendements, d'engrais minéraux, d'engrais animaux, d'engrais végé-
taux. Plus tard, et c'était un progrès, on a dressé une table des équi-
valents des matières fertilisantes basée uniquement sur le dosage en
azote. Plus tard encore, on a fait intervenir les dosages en acide phos-
phorique, puis en potasse. C'étaient encore deux progrès qui ont con-
duit à subdiviser davantage. En ce qui concerne l'azote, on a fait trois
classes : les nitrates, les sels ammoniacaux et les matières organiques;
c'est insuffisant, car il y a un grand nombre de matières organiques,
dont le rôle est incontestablement différent dans le sein de la terre ;
d'un autre côté, au point de vue de l'utilité agricole, on est loin d'être
fixé sur les valeurs relatives de l'azote sous les trois formes qui
viennent d'être indiquées. En ce qui concerne l'acide phosphori-
que, les difficultés sont plus grandes encore : on a voulu réduire la
N* 611, — Tome IV de 1880 — 25 Décembre.
482 CHRONIQUE AGRICOLE (25 DÉCEMBRE 1880).
question à considérer l'acide phosphorique comoie engagé dans des
phosphates acides^ des phosphates triba^iques et des phosphates rétro-
gradés. Mais cette classification repose sur de pures hypothèses spécu-
latives. Il en est de même lorsqu'on recherche seulement la solubilité,
laquelle peut être, comme nous l'avons dit dans notre dernière chro-
nique, immédiate ou non immédiate, et dépendante de la quantité et
de la nature du dissolvant enployé. Enfin, pour la potasse, les pro-
priétés des combinaisons dans lesquelles cette base est engagée doivent
aussi intervenir dans les appréciations; tandis qu'on ne connaît pas
jusqu'à préseat exactement le rôle propre de chacune de ces combi-
naisons.
Il ne nous paraît pas indifférent, pour les applications immé-
diates et pour l'avenir de la science agricole, que ces choses
soient connues des agriculteurs. D'après la lettre un peu énigmatique
que nous adresse M. le directeur du laboratoire de Metlray, il ne
partage pas notre opinion. M veut bien nous dire, en efîet, que les
marchés d'engrais ne se traitent |:>as à la Société nationale d'agricul-
ture; nous ne l'ignorons pas, mais nous savons aussi qu'il appartient
à cette Société de fixer les principes et de rappeler qu'il ne faut pas don-
ner à certaines méthodes d'analyse une autorité qu'elles n'ont pas dans
l'état actuel de nos connaissances. Cela est d'un intérêt général. En nous
oceupant de la question, nous n'avions nullement Tintention de faire
de notre exposé de doctrines, une application spéciale et de donner une
leçon à M. le directeur du Laboratoire de Mettray. j\L Bobierre nous a
envoyé un article que nous avons inséré parce qu'il était intéressant
pour les agriculteurs. Sur ce, M. le directeur du laboratoire de Mettray
nous a adressé une lettre, en nous en demandant la publication, et
nous faisant intervenir dans une polémique qu'il ouvrait lui-même.
Nous ne croyons pas qu'il eût la pensée de nous interdire de prendre la
parole dans notre Journal? Quoi qu'il en soit, voici sa nouvelle lettre
que nous faisons suivre de réponses succinctes aux questions qu'il pose :
Mettray, le 19 décembre 1880.
« Monsieur le directeur, un acheteur m'envoie un échantillon de guano en me
demandant d'y doser l'acide phosphorique soluble dans l'eau. Je dose l'acide irn-
médiatement soluble, j'ai tort selon vous : l'acheteur n'a pas fait de restriction,
je ne dois pas en faire, et je suis condamné à reprendre au 18* les lavages com-
mencés par M. Ghevreul.
« L'arrêt est sévère ; mais ma déférence pour vott'e autorité, monsieur, est trop
grande pour que je veuille en appeler à un autre qu'à vous-même.
« Lorsque l'on vous demande à connaître dans un superphosphate l'acide soluble
au citrate, ne répondez-vous pas par le dosage de l'acide immédiatement soluble,
sans cependant faire de cet adverbe l'escorte indispensable de vos résultats ana-
lytiques ?
« Les expériences de M. Ghevreul sont fort intéressantes, vos recommanda-
tions de prudence adressées aux directeurs de stations, sont fort justes, ainsi que
vos réserves sur l'efficacité des engrais solubles. Permettez-moi toutefois d'ajouter
que les marchés d'engrais ne se traitent pas à la Société uationale d'agriculture,
que le rôle du directeur de Mettray a été jugé absolument correct par M. Bo-
bierre, puis par MM. Jamont et Huard eux-mêmes, et qu'enfin la prétention d'as-
similer le sol à un simple verre à expériences peut aller se faire condamner ailleurs
que sur mon dos.
a Veuillez agréer, etc. « Ad. Perrey, «
« Directeur du Laboratoire de Mettray. »
Nous n'avons jusqu'à ce moment, dans le Journal, parlé que de la
question générale. Lorsque nous aurons en mains toutes les pièces
relatives à la question spéciale à laquelle M. Perrey fait allusion.
CHRONIQUE AGRICOLE (25 DÉCEMBRE 1880). 483
nous nous formerons une opinion sur celle-ci. Pour le moment, nous
nous bornerons à dire que, quand on vient nous demander le de^ré
de solubilité d'une matière, nous avons soin d'épuiser absolument
cette matière par le dissolvant, et nous ne donnons une réponse
que lorsque le dissolvant a cessé de dissoudre, sans nous en rappor-
ter à un premier lavage avec une quantité de liquide limitée. Si
spécialement on nous demande la solubilité dans le citrate, nous
avons soin de dire le procédé analytique suivi et d'indiquer, si, par
exemple, c'est le procédé Joulie, lequel donne des résultats divers,
si l'on modifie les proportions des réactifs.
— Les lignes qui précèdent étaient écrites, lorsque nous avons reçu
de]\DI. JamontetHuart, avec prière de l'insérer et après qu'ils en eurent
prévenu M. Perrey, la lettre suivante que celui-ci leur a adressée:
Mettray, le 19 décembre 1880.
« Messieurs, le 15 septembre j'ai reçu de M. Vital-Pajot un échantillon de
guano avec cette étiquette de garantie.
Azote 3.54
Acide phosphoriqiie 22.59
Potasse 2 . 00
« Soluble à l'eau. Signé: Aubfrt.
« Je n'ai pas cru d'abord qu'un pareil marché ait pu être conclu, parce qu'on
n'a jamais vu acheter un guano pour ses éléments solubles.
« Toutefois, le soluble, sans S, écrit au-dessous de potasse m'a rappelé une ruse
à laquelle j'ai vu prendre souvent les acheteurs confiants parles vendeurs malhon-
nêtes. J'ai mis l'acheteur en garde ; l'acheteur savait ce qu'il faisait et m'a formel-
lement demandé de doser
l'acide phosphorique soluble à l'eau
l'azote soluble à l'eau
la potasse soluble à l'eau,
« J'ai répondu purement et simplement à la question posée et ma réponse était
que le guano ne renfermait pas les éléments solubles garantis par M. Aubert.
« Ce pouvait être le meilleur des guanos, mais n'étant pas questionné sur ce
point, je n'avais point à en parler.
a Le 22 novembre, M. Maret, chimiste à Paris, me demande des explications sur
les conditions dans lesquelles j'ai reçu l'échantillon de M. Vital-Pajot, et m'ap-
prend que MM. Jamont et Hiiard sont poursuivis pour avoir vendu à M. Aubert
un produit qui ne renferme pas une garantie donnée par M. Aubert à M. Vital
Pajot. Je ne connaissais que le marché Vital-Pajot-Aubert ; mieux encore je n'a-
vais à connaître que la question très spéciale à moi posée par M. Vital-Pajot.
« Je fus donc fort étonné lorsque dans le Journal de l'ayî'icuUw e du k décembre je
lus une lettre de MM. Jamont et Huard qui faisait ou pouvait faire peser sur moi
l'imputation de fixer la valeur d'un guano d'après sa teneur en éléments solubles.
Dans une consultation jointe à la lettre, M. Bobierre rétablissait mon rôle; mais
je devais au laboratoire que je dirige, de protester personnellement, ce que je fis
aussitôt avec une mauvaise humeur explicable contre MM. Jamont et Huard qui
me mettaient en cause sans m' avoir interrogé.
« Je viens de recevoir votre lettre, messieurs, et j'en avais déjà reçu une de
M. Bobierre, il v a deux jours. J'ignorais les circonstances et je me sais mépris
sur les sentiments qui vous ont dicté la lettre pubhée le 4 décembre ; je m'em-
presse de retirer le reproche que je vous adressais dans ma réponse.
ce Laissant cet incident, et ne voulant pas que le moindre doute puisse subsister
sur la portée de mon analyse, au risque de me répéter, j'ajoute :
«M. Vital-Pajot a acheté de M Aubert un guano dans lequel il s'était fait garan-
tir par M. Aubert une teneur déterminée en éléments solubles. La teneur garantie
ne se trouve pas dans l'échantillon. C'est tout ce qu'a pu dire le directeur du labo-
ratoire de Mettray, interrogé sur ce seul point.
ce La vente des guanos ne se fait jamais avec une semblable garantie. Donner cette
484 CHHONIQb'K Ar,MinOLE(25 DXGKMBHE n8 ^ . '
garantie, c'est donner en même tenaps la preuve d'une ignorance absolue de la
nature du guano ou d'une intention arrêtée de tromper l'acheteur.
« Je ne dis pas pour cela que la vente d'un guano ne puisse se faire, et qu'il ne
soit désirable qu'elle se lasse, avec une garantie.
« Mais il est absurde de prendre la teneur en éléments solubles d'un guano
pour la mesure de sa valeur commerciale ou de son efficacité agricole.
« Vous ferez, messieurs, de ma lettre, tel usage qu'il vous conviendra; si elle
peut aider à définir la responsabilité de chacun, j'en serai heureux, et je ne doute
pas, quanta moi, que vous n'ayez à vous féliciter de ce résultat.
« Agréez, etc. « Ad. Perrey,
« Directeur du Laboratoire de !a Société des agriculteurs de France. »
Cette lettre démontre combien nos observations étaient fondées.
Nous les avions faites d'une manière générale; elles s'appliquent par-
faitement au cas particulier que nos lecteurs peuvent maintenant ap-
précier, et M. Perrey est d'accord avec nous.
IL — Les chevaux dans les concours régionaux.
La promesse faite par M. le ministre de l'agriculture, devant le
Sénat, de commencer à introduire les animaux des races chevalines
dans les concours régionaux de 1881, va recevoir sa réalisation. Par
un arrêté en date du 22 décembre, une classe spéciale aux chevaux a
été créée dans les concours régionaux qui se tiendront à Epinal du
1 1 au 20 juin, et à Versailles du 18 au 27 juin. Nous ferons connaître
prochainement les'conditions dans lesquelles aura lieu cette adjonction.
Aujourd'hui nous devons seulement remercier M. le ministre de l'agri-
culture d'avoir donné une réalisation aux vœux de tous ceux qui s'in-
téressent au progrès de la production chevaline en France.
HT. — La station laitière de Lausanr,e,
M. le docteur Schatzmann vient de publier le huitième rapport de
la station laitière suisse qu'il dirige à Lausanne. Ce rapport démontre,
en même temps que l'extension toujours croissante du commerce de la
Suisse pour les produits de la laiterie, les heureux résultats qui ont
été obtenus par Tinitiative de la station laitière de Lausanne. C'est
par des cours publics et particuliers, par des conférences, par la dis-
tribution gratuite d'écrits populaires, que celle-ci manifeste surtout
son activité. Sous son influence, dans un certain nombre de monta-
gnes, les alpages ont été améliorés; on a appris à ne pas les surchar-
ger de bétail et à savoir en tirer meilleur parti pour une plus lucra-
tive production du lait. L'élevage et l'entretien des races laitières sont
les principales sources de revenu de l'agriculture suisse ; celle-ci en
tire des avantages chaque année plus grands, parce que la population
bovine a augmenté, que le prix du bétail a haussé, en même temps
que ceux des produits du lait et de la viande. Mais, ainsi que le fait
observer M. Schatzmann, il y a encore beaucoup à faire pour généra-
liser les profits réalisés sur un certain nombre de points; mais les
résultats déjà obtenue permettent d'en prévoir de bien plus considé-
rables. En fait, la production agricole suisse est, dans plusieurs can-
tons, en pleine voie de progrès; l'économie alpestre négligée pendant
de longues séries d'années, se reconstitue avec une grande activité.
IV. — Concours d'animaux de boucherie et d'animaux reproducteurs à Bourges.
La Société d'agriculture du département du Cher organise son
deuxième concours général d'animaux de boucherie et d'animaux
CHRONIQUE AGRICOLE (25 DÉCEMBRE 1880). 485
reproducteui's, qui se tiendra à Bourges, du 3 au 6 février prochain.
Le concours d'animaux gras aura des sections spéciales pour les races
bovines nivernaises, durham et les autres races françaises et étran-
gères, pour les bandes de bœufs et de vaches; pour la race ovine
berrichonne; pour les races porcines françaises et étrangères. Le con-
cours d'animaux reproducteurs comprendra : dans l'espèce bovine,
les races nivernaise-charolaise, durham, ainsi que les races lai-
tières ou françaises diverses ; dans l'espèce ovine, les races southdown,
dishley, charmoise, berrichonne et ses variétés. Dans cette solennité,
la Société distribuera, en primes, une somme supérieure à 1 0,000 fr.,
et en médailles, une somme de 700 fr. — A ce concours sera an-
nexée une exposition de machines et instruments agricoles, qui ne
seront astreints à aucun essai ; l'emplacement sera fourni gratuite-
ment aux exposants. — Pour les animaux gras, chaque exposant devra
payer une redevance de 10 francs par bœuf ou vache, et 2 fr. par
mouton ou porc; pour les animaux reproducteurs, cette redevance
sera de 15 fr. par taureau, 5 franc par case de 2 béliers, et 5 fr. par
verrat. — Les déclarations des exposants doivent être envoyées avant
le 20 janvier, soit au président, soit au secrétaire de la Société, à
Bourges.
V^ — Les expositions scolaires dans [les concours régionaux.
A l'occasion de la lettre que nous avons publiée dans notre dernier
numéro (p. 443), nous recevons les observations suivantes que nous
nous faisons un devoir d'insérer :
a Monsieur le Directeur, dans le dernier numéro du Journal\de l'Agriculture,
vous publiez une lettre de M. de Lagorsse qui pourrait laisser croire à l'absence
de toute exposition scolaire dans le concours régional de Tulle.
« La vérité exige que les souvenirs de mon honorable compatriote, soient recti-
fiés sur ce point.
« Grâce à l'initiative d'un comité local, il y a eu à ce concours, les expositions
suivantes :
« 1° D'arbres fruitiers, de fruits et de légumes cultivés par des instituteurs.
ce 2° De cartes des produits agricoles de la Gorrèze, dressées par les élèves de
l'école normale de Tulle.
« 3° De produits de pisciculture obtenus par un instituteur.
« 4° De cahiers de dictées et de narrations sur des sujets de culture, rédigés
par les élèves des écoles primaires du département.
« De plus, une exposition annexe a consacré deux salles spéciales aux travaux
scolaires et aux travaux "d'aiguille des écoles primaires
« M. de Lagorsse pourra s'en convaincre en feuilletant les listes de prix de l'ex-
position. Il y verra Tes médailles attribuées à divers exposants pour des choses
scolaires.
« Enfin, n'avez -vous pas fait vous-même, sur les instances de ce comité local,
une très intéressante conférence relative aux engrais, devant un public attentif,
qui comptait les élèves de l'école normale de Tuile, et de nombreux instituteurs
ayant amené des élèves des écoles primaires les moins distantes.
« Les jours payants et aux heures réservées, ces élèves ont été conviés à visiter
gratuitement le concours avec leurs maîtres ; ils y ont reçu les explications les
plus empressées.
« Il est déplorable qu'après un tel effort pour solidariser l'instruction primaire
au progrès agricole, en ce concours régional de Tulle, votre honorable correspor-
dant ait pu vous écrire que toute exposition scolaire a manqué à ce concours.
« Il se fait au fond des provinces une marche en avant, qui, si elle n'est pas
bruyante, n'en est pas moins persévérante.
« Agréez, etc. « F. Vidalin,
c Agriculteur de ta Corrèze. »
486 CHRONIQUE AGRICOLE (25 DÉCEMBRE 1880).
Ainsi que M. Vidalin le fait observer, c'est à des comités locaux ou
à des associations agricoles qu'était réservée jusqu'ici l'organisation
d'expositions scolaires dans les concours régionaux. Mais à partir de
1881, ces expositions feront partout partie intégrante du concours. Il
n'y a qu'à applaudir à cette heureuse innovation.
YI. — Les dépôts (Télalons.
On se souvient que, dans la séance du 29 juin, un projet de loi a
été présenté à la Chambre des députés pour l'ouverture d'un crédit
spécial de 1 million de francs destinés à la reconstruction et à l'agran-
dissement des bâtiments des dépôts d'étalons. Ce crédit devait être
ajouté au budget de l'exercice 1880; il était rendu nécessaire pour
l'exécution de la loi du 29 mai 1 874 sur la réorganisation du service des
haras et des remontes. Le rapport de la Commission du budget sur ce
sujet vient d'être déposé; il conclut à l'adoption du crédit, en même
temps qu'à autoriser le ministre des travaux publics à faire exécuter
les travaux de reconstruction du dépôt de Saint Lô, et d'agrandisse-
ment des dépôts du Pin, d'Angers, d'Aurillac, de Libourne, de Pom-
padour, de Rodez, de Rozières et de Tarbes.
VIL — Fermeture de la chasse.
Par une décision récente du ministre de Lintérieur, la date de la
chasse dans le territoire ressortissant de la préfecture de police a été fixée
au dimanche 16 janvier. La mise en vente, la vente, l'achat, le trans-
port et le colportage du gibier seront interdits à partir dn lendemain
17 janvier. La même date a été fixée pour la fermeture de la chasse
dans la plupart des départements.
Vin. — La production des alcools.
Le Journal officiel publie le tableau de la production et du mouve-
ment des alcools à la fin du mois de novembre, c'est-à-dire pour les
deux premiers mois delà campagne de 1880-81, Pendant ces deux
mois, la production a été, pour les distillateurs de profession, de
380,000 hectolitres, et pour les bouilleurs de crus, de 9,000 hectoli-
tres. A la fin du mois de novembre, le stock était de 181,460 hectoli-
tres. Pendant les onze premiers mois de l'année courante, les exporta-
tions ont été de 247,984 hectolitres et la consommation intérieure a
pris 1 ,950,045 hectolitres. Il y a eu, comparativement à l'année précé-
dente, une diminution de 40,677 hectolitres dans- les exportations, et
de 36,644 hectolitres dans la consommation intérieure. La production
des bouilleurs est, cette année comme en 1879, très peu considérable,
ce qui est la conséquence naturelle de la faiblesse de la récolte des
vins.
IX, — Les sucres et les betteraves.
La douceur de la température continue à mettre obstacle à la bonne
conservation des betteraves. La campagne sucrière se poursuit dans
des conditions assez difficiles. D'un autre côté, tous ceux qui s'inté-
ressent à la production du sucre continuent à s'inquiéter des primes
queplusieurs Etats étrangers ontétablies à f exportation de leurs sucres.
L'état de gêne qui en résulte pour notre fabrication indigène demande
une solution. Les négociations entamées à diverses reprises n'ont pas
abouti. Pour noire part, quoique nous soyons, en principe, opposé au
GSROWrOUE AGRICOLE (25 DÉCEMBRE 1880). 487
système des primes, nous ne comprenons pas que, ces primes existant
dans plusieurs paya, on ne frappe pas d'un droit égal les sucres qui en
proviennent. Ce n'est plus là qu'une question de légitime défense.
X — Sur la restauration des terrains en montagnes^
Dans ses séances des 14 et 16 décembre, le Sénat a discuté et
adopté en deuxième délibération le projet de loi relatif à la restaura-
tion et à la conservation des terrains en montagnes. La discussion a
été longue et animée, car il s'agit de remplacer les lois de 1860 et de
4864 sur cette question. Voici le texte du projet tel qu'il a été adopté
par le Sénat :
Art. !«'. — II est pourvu à ia restaui-atioQ et à k coaaervation des terrains en
montagne soit au moyen des travaux exécutés par l'Etat ou les propriétaires avec
subventions de l'Etat, soit au moyen des mesures de protection conformément aux
dispositions de la présente loi.
Art. 2. — L'utilité publique des travaux de consolidation ou de gazonnement
rendus nécessaires par la dégradation du sol, et des dangers nés et actuels, ne
peut être déclarée que par une loi.
La loi fixe le périmètre des terrains sur ^lesquels les travaux de restauration
doivent être exécutés.
Elle est précédée :
1" D'une enquête ouverte dans chacune des communes intéressées ;
2" D'une délibération des conseils municipaux de ces communes;
3" De l'avis du conseil d'arrondissement et de celui du conseil général ;
k° De l'avis d'une Commission spéciale composée du préfet ou de son délégué
président, avec voix prépondérante, d'un membre du conseil général et d'un membre
du conseil d'arrondissement délégués pour un an par leur conseil respectif et
toujours rééligibles ; de deux propriétaires de la commune intéressée désignés dans
les mêmes conditions par le conseil municipal avec l'adjonction des plus imposés ,
d'un ingénieur des ponts et chaussées ou des mines ; d'un agent forestier, ces deux
derniers membres nommés par le préfet.
Le procès-verbal de reconnaissance des terrains, le plan des lieux et l'avant-
projet des travaux proposés par l'administration des forêts restent déposés à la
mairie pendant l'enquête dont la durée est fixée à trente jours.
Ce délai court du jour de la signification de l'arrêté préfectoral qui prescrit
Touverture de l'enquête et la convocation du conseil municipal.
Art. 3. — La loi est publiée et affichée dans les communes intéressées; un du-
plicata du plan du périmètre est déposée la mairie de chacune d'elles.
Le préfet fait, en outre, notifier aux communes, aux établissements publics et
aux particuliers, un extrait du projet et du plan contenant les indications relatives
anx terrains qui leur appartiennent.
Art. 4. — Dans le périmètre fixé par la loi, les travaux de restauration seront
exécutés par les soins de l'administration et aux frais de l'Etat, qui, à cet effet,
devra acquérir soit à l'amiable, soit par expropriation, les terrains reconnus néces-
saires. Dans ce dernier cas, il sera procédé dans les formes prescrites par la loi du
3 mai 1841, à l'exception de celles qu'indiquent les articles i, 5, 6, 7, 8, 9 et 10
du titre II, et qui sont remplacées par celles des articles 2 et 3 de la présente loi.
Toutefois, les propriétaires, les communies et les étabhssements publics pour-
ront conserver la propriété de leurs terrains, s'ils parviennent à s'entendre avec
FEtat avant la décision du jury et s'engagent à exécuter dans le délai à eux imparti,
avec ou sans indemnité aux clauses et conditions stipulées entre eux, les travaux
de restauration qui leur seront indiqués et à pourvoir à leur entretien sous le con-
trôle et la surveillance de l'administration forestière. lia pourront,, à cet effet,
constituer des associations syndicales conformément aux dispositions de la loi du
21 juin 1865.
Art. 5, — Dans les pays de montagnes, en dehors même des périmètres établis
conformément aux dispositions qui, précèdeoit, des subventions continueront à être
accordées aux communes, aux associations pastorales et fruitière», aux établisse-
imenis publics et aux particuliei'8, à raison des t£a.¥aux entrepris par eux pour
l'amélioiatiozi du soL
488 CHRONIQUE AGRICOLE (25 DÉCEMBRE 1880).
Ces subventions consisteront soit en délivrance de graines ou de plantes, soit en
argent, soit en travaux.
Les conditions auxquelles sera soumise l'obtention de ces subventions seront
déterminées par le règlement d'administration publique rendu en exécution de la
présente loi.
Art. 6. — Le paragraphe 1" de l'article 224 du code forestier qui autorise le
défrichement des jeunes bois pendant les vingt premières années après leurs semis
ou plantations, n'est applicable dans aucun cas aux reboisements effectués en
exécution de la présente loi.
Mais les bois ainsi créés bénéficient sans exception de l'exemption d'impôts
établie pendant trente ans par l'article 226 du code forestier.
Arl„ 7, — L'administration forestière devra requérir, soit sur la demande des
communes, soit d'office, la mise en dél'ens des terrains et pâturages en montagne
appartenant aux communes, aux établissements publics et aux particuliers toutes
les fois que le ravinement ou la dégradation du sol nécessiteront cette mesure.
Art. 8. — Après délibération des conseils municipaux, des communes intéres-
sées, et avis de la Commission spéciale instituée par l'article 2 de la présente loi,
le préfet statuera en conseil de préfecture dans le mois qui suivra la notification,
des pièces aux communes, aux établissements publics, en la personne de leurs re-
présentants, et aux particuliers avec mise en demeure de fournir leurs observa-
tions.
Art. 9. — L'arrêté du préfet déterminera la nature, la situation et les limites
des terrains à interdire. Il fixera, en outre, la durée de la mise en défens sans
qu elle puisse excéder dix ans, et le délai pendant lequel les parties intéressées
pourront procéder au règlement amiable de l'indemnité annuelle à accorder au
propriétaire pour privation de jouissance.
A l'expiration des dix ans, l'administration, si elle le juge nécessaire, pourra
renouveler l'interdiction, en se conformant aux prescriptions de l'article 8, sauf le
droit pour les parties, d'en demander la mainlevée à toute époque en remplissant
les mêmes formalités.
Art. 10. — Deux parts seront faites de l'indemnité accordée aux communes.
L'une représentera la perte éprouvée par elle à raison de la suspension de l'exer-
cice de leur droit d'amodier les pâturages ou de les soumettre à des taxes locales
et l'autre la perte supportée par les habitants pour privation de leurs droits de
dépaissance.
La première portion de cette indemnité sera versée dans la caisse municipale,
et l'autre partie entre les habitants portés au rôle sur les terrains interdits.
Art. 11. — Pendant la durée de la mise en défens, l'Etat pourra exécuter sur les
terrains interdits tels travaux que bon lui semblera, pour parvenir plus rapidement
à la consolidation du sol sans qu'il puisse, à l'expiration du délai fixé par l'arrêté
Îiréfectoral, exiger du propriétaire une indemnité quelconque à raison des amé-
iorations que les travaux auront procurées à sa propriété.
Art. 12. — Les parties intéressées pourront déférer au ministre l'arrêté préfec-
toral qui aura statué sur une demande de mise en défens, et se pourvoir au conseil
d'Etat contre l'arrêté du conseil de préfecture qui aura fixé l'indemnité due pour
privation de jouissance.
Devant le conseil d'Etat il sera procédé sans frais dans les mêmes formes et
délais qu'en matières de contributions publiques.
Art. 13. — Les délits commis sur les terrains mis en défens seront constatés
et poursuivis dans les bois soumis au régime forestier. Il sera procédé à l'exécu-
tion des jugcements, conformément aux articles 209, 211, 212, et aux paragra-
phes 1" et 2 de l'article 210 du code forestier.
Art. 14. — Dans l'année qui suivra la promulgation de la présente loi et, à
l'avenir, avant le l*"" janvier de chaque année, les communes, dont les noms seront
inscrits au tableau annexé au règlement d'administration publique prévu par l'ar-
ticle 20, devront transmettre au préfet du département un règlement indiquant la
nature et les limites des terrains communaux soumis au pacage les diverses espèces
de bestiaux et le nombre des bêtes à y introduire, l'époque du commencement et
de la fin du pâturage ainsi que les autres conditions relatives à son exercice.
Art. 15. — Ces règlements, s'ils ne donnent lieu à aucune contestation dans le
mois de la date du récépissé de la délibération du conseil municipal, sont rendus
exécutoires par le préfet.
Art. 16. — Les contraventions aux règlements de pâturages intervenus ci-dessous
seront constatées et poursuivies dans les formes prescrites par les articles 137 et
CHRONIQUE AGRICOLE (25 DÉCEMBRE 1880). 489
suivants du code d'iastructioa crimiaelle et au hesoia par tous les officiers de
police judiciaire.
Les contrevenants seront passibles des peines portées par les articles 471 du
code pénal et 47'!, en cas de récidive, modifiées, s'il y a lieu, par l'application de
l'article liQS.
Art. 17, — Si, à l'expiration du délai fixé par l'art, 7, les communes n'ont
pas soumis à l'approbation du préfet le projet du règlement prescrit par le même
article, il y sera pourvu d'office par le préfet, après avis d'une Commission spé-
ciale composée du secrétaire général ou du sous-préfet, président, du conseiller
général, du conseiller d'arrondissement du canton ou du plus âgé d'entre eux, du
maire de la commune intéressée et de l'agent forestier local.
Il en sera de même dans le cas où les communes n'auraient pas consenti à mo-
difier le règlement proposé par elles, conformément aux observations de l'admi-
nistration.
Dispositions transitoires.
Art. 18. — Les lois du 28 juillet 1860 et du 8 juin 1864 sont abrogées.
Toutefois les périmètres décrétés jusqu'à ce jour sont provisoirement maintenus.
Ils seront revisés tous les trois ans à partir de la promulgation de la présente
loi.
Pendant ce délai, l'administration des forêts devra notifier aux propriétaires la
liste des parcelles qu'elle se propose d'acquérir pour en former de nouveaux péri-
mètres sous l'engagement de tenir compte aux propriétaires, dans les règlements
à intervenir avec eux, à partir de l'expiration du délai de trois ans ci-dessus men-
tionné, des intérêts au taux légal des sommes destinées à représenter le prix.
Art, 19, — A l'expiration de ce délai, les communes, les établissements pu-
blics et les particuliers rentreront dans la pleine propriété et jouissance des par-
celles qui ne figureront pas sur cette liste. Ils ne pourront en être dépossédés de
nouveau qu'après l'accomplissement des formalités prescrites par la présente loi.
Art. 20. — Dans les dix ans, à partir de là promulgation de la présente loi,
l'administration devra traiter avec les communes, les établissements publics et les
particuliers pour l'acquisition des parcelles maintenues dans les périmètres de
gazonnement et de reboisement, et le recouvrement des créances qui pouvaient
exister au profit de l'Etat par suite de l'exécution des deux lois ci-dessus abrogées.
Il en sera rendu compte aux Chambres.
Art, 2 i , — Si les propriétaires des parcelles que l'Etat se propose d'acquérir
n'a€ceptent pas les prix qui leur seront offerts, il sera procédé ainsi qu'il est pre-
scrit par l'art. 4 de la présente loi.
Dans la fixation de l'indemnité due à raison de l'expropriation des terrains, il
sera tenu compte à l'Etat de la plus-value résultant des travaux exécutés par lui.
Art, 22. — Dans les communes assujetties à l'application de la présente loi,
les gardes domaniaux appelés à veiller à l'exécution et à la conservation des tra-
vaux dans les périmètres de reboisement et de gazonnement, seront chargés en
même temps de la constatation des infractions aux mises en défens et aux règle-
ments sur les pâturages, et de la surveillance des bois communaux, de manière que
pour le tout, il n'y ait désormais qu'un seul service entièrement à la charge de
l'Etat.
Art. 23. — Un règlement d'administration publique déterminera les disposi-
tions à prendre pour l'application de la présente loi.
Ce projet de loi sera transmis à la Chambre des députés pour y être
l'objet d'une étude complète.
XI. — Le phylloxéra.
A diverses reprises, nous avons insisté sur le développement pris
par les associations syndicales pour le traitement des vignes pliylloxé-
rées. Nous recevons du département de la Gironde un tableau qui
donne sur l'extension des syndicats dans ce département, des détails
pleins d'intérêt; nous le publierons dans notre prochain numéro, mais
nous devons le résumer ici. Le département compte actuellement
49 syndicats constitués pour le traitement de 1,345 hectares. Parmi
ces syndicats, 27 emploient la submersion, 18 le sulfure de carbone,
490 GHRONIOOE AGRICOLE (25 DÉCEMBRE 1880).
et 4 le sulfocarbonate de potassium. La dépense effectuée est de
557,855 fr. Les subventions accordées s'élèvent à 126,903 fr., tantde
la part de l'Etat que de celle du département. M. Doniol, préfet de la
Gironde, a exercé sur la formation de ces syndicats, une très active et
très heureuse influence; M. de Lapparent, inspecteur de l'agriculture,
y a aussi beaucoup contribué. Quant au service local, il a été installé
d'une manière remarquable, grâce au zèle et à l'activité de M. Artigue,
délégué départemental.
Dans une nouvelle note qu'il vient de communiquer à l'Académie
des sciences, M. Max. Cornu a appliqué la théorie des genres aux cham-
pignons parasites des végétaux, et spécialement à ceux qui attaquent
la vigne. Cette note se termine par quelques conseils que nous devons
reproduire :
«t La vigne est attaquée par trois parasites principaux appartenant au règne
végélal et déterminant trois maladies:
« L'oïdium et l'anthracnose n'ont pas de spores dormantes; leur présence n'em-
pêcherait pas d'utiliser les débris des plantes. Mais ces deux parasites demeurent
sur les rameaux ; il convient donc, pour s'en rendre maître, de supprimer la réinva-
sion par des spores venues de la plante elle-même. On devra donc enlever les par-
ties malades : pour l'oïdium, le bois taché; pour l'anthracnose, les parties carrées.
Il conviendra, en outre, de badigeonner les parties aériennes de l'année, avec les
produits sulfureux, par exemple des sulfocarbonates, pour tuer les mycéliums
eccore vivants. Etendu à la totahté du cep, ce traitement aurait l'avantage de
détruire à la fois l'œuf d'hiver du jîhylloxera et de la pyrale, ce qui exige souvent
une opération spéciale dans le Midi et dans l'Ouest.
V Les feuilles, les rameaux détachés par la taille, peuvent contaminer les vignes
si on les abandonne sur le sol, dans des conditions où les parasites peuvent conti-
nuer leur évolution; il faut donc les recueillir et les emporter loin des cultures.
« L'existence du Peronospora viticola commande de les brihler; les cendres pour-
raient alors être utilisées comme amendements. En les détruisant ainsi, on em-
pêchera la réapparition des germes dans une proportion considérable ; la préser-
vation sera efficace surtout si l'on prend quelques précautions pendant les premières
années ; il ne faut pas laisser les spores dormantes s'accumuler sur le sol, le mal
serait Lien plus difficile à combattre ; ce soin se recommande surtout aux viticul-
teurs possesseurs de plants fins et déhcats (Médoc) ou aux producteurs de raisins
de choix, Thomery, Fontainebleau. »
Nous avons déjà signalé la découverte de l'œuf d'hiver dans le
département des Pyrénées-Orientales. Cette découverte est confirmée
par une note transmise par M. Campana à l'Académie des sciences.
C'est en procédant avec beaucoup de soin qu'il a pu découvrir trois œufs
seulement sur un très grand nombre de souches qu'il avait arrachées
et emportées pour en examiner les écorces à loisir.
XIL — Situation agricole en Algérie.
Les dernières nouvelles de l'Algérie constatent que les travaux de
l'automne ont été, dans les trois provinces, contrariés par la séche-
resse qui a régné pendant la plus grande partie de la saison. C'est
principalement dans la province d'Alger que la sécheresse a été per-
sistante; un grand nombre de travaux n'ont pu être effectués au mo-
ment convenable, principalement en ce qui concerne les semailles de
blé. Toutefois, des pluies survenues à la fin du mois de novembre
ont permis, principalement dans le cercle de Médéah, de reprendre les
travaux des labours. Dans la province de Constantine, les postes ont
été supprimés dans les régions oii, par suite de l'abaissement de la
température, il n'y avait plus à craindre d'incendies de forêts.
J.-A. Barral.
LA PETITE GQERRE. 491
LA PETITE GUERRE. — III
A la discussion que j'ai faits de ses arguments, M. Lecouteux a
répondu par deux articles séparés.
Le premier qui semble avoir eu pour objet de. nous donner eniSn
l'explication de l'axiome cabalistique : « La liberté commerciale est
le but, l'égalité douanière est le moyen, » est intitulé : Débroiiillom,
n embrouillons pas. Voici de quelle façon il remplit ce double pro-
gramme.
Après nous avoir dit que l'agriculture sera logique « en cherchant
à faire prévaloir les principes de l'égalité, non pas de cette égalité
intransigeante qui fait table rase d'un seul coup, » il ajoute que, pour
son compte, il ne veut pas « jouer le rôle de ces intransigeants qui
posent fièrement un principe, laissent violer ce principe, et se con-
tentent d'attendre des jours meilleurs pour le triomphe de leurs
idées. » C'est là sans doute ce qu'il appelle débrouiller les choses.
Le second point du programme, n embrouillons pas, n'est pas moins
instructif : « N'embrouillons pas la question. L'agriculture s'incline
devant les nécessités politiques qui feraient assumer par le gouverne-
ment la responsabilité de la cherté du pain. Elle sait compter avec les
préjugés. » Plus loin, il va jusqu'à demander des droits protecteurs
sur le bétail, « au nom de la consommation publique. » La cherté du
pain, un préjugé! Le bétail étranger repoussé de nos frontières, dans
l'intérêt du consommateur ! Deux trouvailles ! deux perles !
Quant à l'explication du fameux aphorisme, voici celle qu'il essaye
de nous donner. « Que l'industrie désarme. Qu'elle fasse un pas, plu-
sieurs pas, vers la liberté commerciale. Et TagriciUture placée à des
conditions égales sur le marché des capitaux et du travail, désarmera
aussi. Jusque-là, il y aura guerre de tarifs, il y aura inégalité dans la
lutte, etc » Ce qui se dégage de plus clair de ces métaphores
guerrières, c'est que cette fameuse égalité douanière nous fera sûre-
tourner le dos à la liberté commerciale, au lieu de nous conduire
directement par « le chemin de la logique. » L'industrie n'est pas
près de désarmer, pour parler le langage de M. Lecouteux. Pourquoi
le ferait-elle, quand des agriculteurs naïfs, qui n'ont vraiment rien
à y gagner, lui viennent en aide pour assurer la conservation de ses
privilèges ? Pense-t-on que l'industrie « mettrait bas les armes, »
lorsque l'agriculture aurait obtenu, si toutefois elle pouvait l'obtenir,
sa part de protection ? Désarmez, vous-mêmes, dirait-elle aux agri-
culteurs, et donnez l'exemple du désintéressement, puisque, après
tout, la protection vous coûte si cher et vous rapporte si peu.
Ce qu'il y a de plus plaisant, c'est que ces beaux raisonnements
nous sont présentés sous l'invocation des noms de Bastiatet de Léonce
de Lavergne. Bastiat, l'immortel auteur des Sophismes économiques^ qui
qualifiait de spoliation les effets du régime protecteur ! Léonce de La-
vergne, l'un des principaux auteurs de la réforme douanière, qui s'ap-
puyait justement sur l'inutilité de la protection accordée nominalement
à l'agriculture, pour lui conseiller d'y renoncer, dans l'espoir que ce
pan de mur démoli, tout le reste de l'édifice ne tarderait pas à s'é-
crouler !
Le second article est consacré entièrement à l'argument du « bétail
492 LA PETITE GUERRE.
producteur d'engrais. » L'auteur a voulu sans doute isoler cette
partie de sa réponse, pour mieux montrer le cas qu'il fait de l'argu-
ment, sentiment bien naturel, puisqu'il en est sans contredit le
père.
Il nous apprend que M. Boussingault n'a pas eu tort d'appeler le
bétail destructeur d'engrais, mais que ceux qui l'appellent producteur
d'engrais n'en ont pas moins raison.
Il nous apprend aussi que la valeur du fumier diminue le prix de
revient de la viande et de la laine. Le prix de revient se composant •
de frais et le fumier ne donnant pas des recettes, on voit difficilement
de quelle façon le fumier, qui ne se vend pas, peut diminuer le prix
de revient de la viande et de la laine qui se vendent. N'est-il pas plus
simple et plus sensé de dire que le bétail est fait pour donner ce qui
se vend, c'est-à-dire la viande et la laine, et que s'il y ajoute quelque
chose qui ne se vend pas, c'est pour rien, puisque nous n'avons que
la peine de le recueillir? Ce serait donner, il me semble, une idée
bien autrement « haute de la fonction économique du bétail. » L'azote
du fumier vaut tout au plus 3 fr. le kilog. ; celui de la viande vaut dix
fois })lus. Le bétail joue donc un rôle bien plus important que celui
que lui prête M. Lecouteux, car il nous permet de tirer bon parti des
fourrages par la valeur de ses produits et de ses services, et il donne le
fumier par-dessus le marché, c'est-à-dire pour rien. Tant mieux si ce
fumier vaut 20 fr. la tonne. Il n'en faut savoir que plus de gré à nos
bêtes de nous le donner gratis.
Il répète aussi sans rire et même avec un certain dédain à l'adresse
de ceux qui seraient tentés de céder dans la circonstance à une douce
gaieté, que le bétail étranger n'arrive chez nous qu'après avoir
fécondé la terre étrangère. Mon Dieu! c'est bien vrai, mais ce n'est pas
du moins aux dépens de nos fourrages. Qui nous empêcherait d'ail-
leurs de faire servir le bétail étranger à fertiliser notre propre terri-
toire? Il suffirait de l'y retenir et de l'y fixer, une fois qu'il aurait
franchi nos frontières. A moins qu'il ne pousse la perfidie jusqu'à
nous refuser son... tribut, quand nous lui prodiguerons nos fourrages,
on ne voit pas au juste ni pourquoi nous aurions fait une mauvaise
affaire, de recevoir à bon compte une pareille source de fortune, ni
comment l'étranger en aurait fait une bonne, de nous céder à vil prix
cet instrument de fertilité.
Il nous révèle aussi que la protection sur le bétail aura pour effet
de «placer les étrangers au nombre des contribuables jouissant de
w notre marché et concourant à nos dépenses publiques. » Mais si cela
était vrai, qui empêcherait les étrangers de nous faire contribuer aussi
à leurs charges, en nous opposant des tarifs encore plus forts que les
nôtres ? Est-ce que c'est là cette liberté qu'on nous montre comme
but, en affirmant de nouveau « mille fois » que la protection est le
moyen d'y arriver ?
Enfin il nous fait une dernière et plus grande révélation dans la
phrase mystérieuse qui suit : La terre n'est, à vrai dire, qu'une ma-
chine à multiples effets.» C'est le mot de la fin, l'argument pour la
bonne bouche, car il part de là pour entonner son hosannah : Oui,
mille fois oui !
Et nunc erudimini P.-C. Dubost,
Professeur d'économie et de législation rurales
à l'Ecole nationale d'agriculture de Grignon.
COiNCOURS d'animaux GRAS EN ANGLETERRE. 493
CONCOURS D'ANIMAUX GRAS EN ANGLETERRE
La dernière quinzaiae qui vient de s'écouler a été tout entière
consacrée aux fêtes de la viande en Angleterre. C'est en vain que
l'Irlande s'agite, que l'horizon oriental s'assombrit, que le taux
de Tescompte s'élève et que le gouvernement anglais est inquiet, tout
cela ne pèse pas un fétu de paille dans la balance qui règle les mou-
vements des fastes agricoles de nos voisins. Les concours de Birmin-
gham et de Smithfield n'en suivent pas moins leur cycle périodique,
et la même foule, animée du même enthousiasme, en envahit les en-
ceintes avec la même ardeur de curiosité et d'intérêt. Ce qu'il y a de
remarquable dans cette vogue qui, loin de s'amoindrir, ne fait qu'aug-
menter chaque année, c'est que rien ne ressemble tant à ces concours
que les concours précédents. Ainsi au point de vue de la simple curio-
sité qu'excite un spectacle toujours le même, on ne s'explique pas
bien cet engouement qui tient de la passion. Mais quand on vient à
considérer les différents mobiles qui donnent le branle à ces foules et
les portent vers les concours d'animaux gras pir centaine de mille,
l'étonnement cesse et la chose se comprend facilement. Chez les uns,
c'est la constatation de termes de comparaison pour juger si le baro-
mètre du progrès chez les races à viande est en hausse ou en baisse.
Puis cette recherche s'étend de toutes les espèces et de toutes les races,
à une race spéciale à laquelle on s'intéresse particulièrement. D'autres
s'intéressent encore plus spécialement aux hommes qu'aux bêtes,
et aiment à saluer l'avènement des jeunes exposants nouveaux qui,
chaque année, viennent remplacer ceux qui disparaissent. Puis encore
il y a l'intérêt de la concurrence, la passion de la rivalité qui poussent
un grand nombre à venir jeter un coup d'œil sur les productions des
rivaux, et chercher une idée dans cette masse de produits divers. Il y a
encore parmi cette foule bien des gens qui viennent pour rencontrer
de vieux amis et deviser des choses qui les intéressent.
Une autre grande attraction du concours de Smithfield, ce sont les
assemblées générales des membres des grandes associations agricoles
qui ont lieu dans la semaine du concours. C'est d'abord la réunion
annuelle du club de Smithfield, où l'on nomme le président pour
l'année suivante et les membres du Conseil pour remplacer ceux qui
se retirent par rotation, selon les statuts. C'est ensuite la Société royale
de l'Angleterre, qui tient son assemblée générale semestrielle; puis le
Club central des fermiers oi^i l'on prononce un grand discours sur le
sujet qui présente le plus d'actualité et où l'on festoie joyeusement
dans un dîner pantagruéliquement rural, c'est-à-dire où s'assouvis-
sent ces merveilleux appétits qui distinguent les hommes des champs.
Cette année, c'est le membre du parlement rural, Clare Servell Read
qui a tenu la tribune et a prononcé le discours d'usage.- Son sujet
était tout indiqué, car il revient d'Amérique où il avait été envoyé
avec un de ses collègues, M. Pell, pour procéder à cette partie de
l'enquête sur Tagriculture pour laquelle la chambre des Com-
munes avait nommé une Commission parlementaire. M. Read a con-
densé son remarquable rapport dans un discours des plus intéressants,
dont j'ai l'intention de reproduire dans ce Journal les traits les plus
saillants et les plus importants pour notre propre agriculture.
494 COiNGOURS D'ANIMAUX GRAS EN ANGLETERRE.
L'Association centrale des Chambres d'agriculture a de môme tenu
ses assises annuelles dans la salle de la Société des arts. Ainsi, on le
voit, cette semaine du concours de Smitiifield a été bien remplie
ailleurs que dans lenceinte du palais d'Islington oi^ cependant plus
de cent mille visiteurs ont payé leur entrée aux tourniquets. Les
citoyens de Londres, pour qui le spectacle de cette magnifique viande
de Noël en perspective, demeure toujours un grand attrait, n'ont pas
manqué de suivre leur pente de curiosité et de convoitise gastrono-
mique, et ont, comme toujours, largement contribué à grossir la foule
des visiteurs.
D'ailleurs, malgré la physionomie monotone de ces concours, le
spectacle offert par cette collection d'animaux dont pas un n'était
frappé du cachet de la médiocrité, qui tous témoignaient par
leur engraissement régulier de leur aptitude à l'engraissement,
de leurs grandes qualités d'assimilation, et surtout de l'habilité
pratique de leurs engraisseurs, avait un aspect de grandeur qui
saisissait l'esprit et l'éievait bien au-dessus de l'idée restreinte des
aspirations de l'ebtomac. Il y avait là, en effet, une manifestation
frappante du génie des grands éleveurs de l'Angleterre, qui, depuis la
fin du siècle dernier, ont pu transformer les races agricoles, les
modeler toutes sur le même type esthétique, à quelque espèce qu'ils
appartiennent, développer leur puissance d'assimilation pour arriver
à la précocité et leur donner cette constitution robuste et rustique qui
leur permet de subir impunément toutes les exigences d'une domesti-
cité raffinée et d'une insatiable consommation. Ces qualités si pré-
cieuses ont été non seulement données à l'individu, mais se sont
enracinées dans le sang des races, et par une sélection même fortuite
et non raisonnée, se transmettent dans une proportion plus ou moins
grande, selon le degré de pureté du sang des producteurs, à tous leurs
produits. Au point de vue de la science zootechnique, voilà un grand
triomphe et le spectacle, comme celui du concours de Smithfield qui
en produit la manifestation, mérite, certes, l'empressement de cette foule
immense qui en envahit l'enceinte.
Chez nous, cette appréciation et cet intérêt n'ont point encore
pénétré les classes non rurales. Nous possédons pour nos concours
d'animaux gras, la plus belle enceinte qu'il y ait au monde. La salle
d'Islington, avec ses sombres galeries, n'est qu'un bouge à côté du
Palais de l'Industrie, et malgré cela, malgré la vaste population de
notre capitale, malgré la présence en hiver de toute sa population,
riche, intelligente et instruite, les travées de nos concours sont
comparativement désertes.
Pendant les cinq jours que le concours de Smithfield a duré, le
passage de 120,272 visiteurs a été enregistré aux tourniquets. Si l'on
ajoute à ce nombre la foule des porteurs de cartes gratuites, comme
membres du club, exposants et serviteurs, on arrive à un chiffre qui
dépasse une moyenne de 26,000 par jour — et encore faut-il observer
quelepremier jour le prix d'entrée est fixé à cinq shillings (Gfr. 25) —
et que pour ce jour-là il ne faut compter que tout au plus 1,200 visi-
teurs; ce qui laisse pour les quatre jours suivants une moyenne de
32,000 visiteurs.
Comme ensemble, le concours de Smitiifield de 1880, s'il ne
surpasse point le mérite de ses devanciers immédiats, maintient une
CONCOURS d'animaux GRAS EN ANGLETERRE. 495
bonne moyenne et ne manifeste aucune dégénérescence. Dans les
classes distinctes des races pures, il n'y avait rien de bien remar-
quable, excepté chez les Devons dont l'ensemble homogène de couleur,
de formes et de caractère, présentait un charmant coup d'œil, coaime
le fait une troupe de soldats d'élite ayant le môme uniforme et la
même taille. Les Durhams de race pure étaient moins homogènes et
présentaient peu de sujets d'un mérite exceptionnel; cela s'explique
par le peu de choix qu'offre cette race, dans les jeunes classes surtout.
Presque tous étant destinés à la reproduction, il se trouve bien peu
d'exposants pour sacrifier la valeur de reproduction en faveur de celle
de boucherie. Mais là où brillait le mérite exceptionnel de la race,
c'était dans les vaches âgées dont la classe contenait des vieilles
douarières, à bout de production et appartenant à quelques-unes des
plus nobles familles de la race, telles que celles des Gwyimes, des
Winsoine, des Seraphinas, etc. Un 3 vieille vache ayant produit
plusieurs veaux, ne conserve jamais l'élasticité musculaire de ses
formes extérieures, et partant la régularité des lignes disparaît,
même après un entraînement d'engrais bien dirigé. Aussi n'ofîrent-
elies point cette surface unie et symétriqu-e des génisses stériles qui,
plus jeunes, ont conservé leur fraîcheur et leur symétrique rotondité.
Le prix d'honneur a été cette année remporté par un croisement
durham-écossais, mais durham par son apparence, ses cornes et son
caractère. La classe dans laquelle ce magnifique animal était exposé,
celle des croisements divers, âgés de moins de quatre ans, ne contenait
que trois sujets, à qui on a distribué les trois prix sans vergogne, car
certes ces récompenses étaient bien méritées. Le bœuf, premier prix
de cette classe, présenté par M. Colman, gagne non seulement le pre-
mier prix de sa classe, mais comme le plus bel animal de tout le
concours, remporte le prix d'honneur de cent livres sterling offert
par les propriétaires du palais d'Islington et une médaille d'or de
grand module offerte par le club de Smithfieid àTéleveur, M. J. Durno.
Du reste, dans toutes les classes, une médaille est toujours réservée à
l'éleveur de l'animal primé. Autrefois, si je ne me trompe, c'était la
règle dans nos concours français : mais cette mesure de justice, comme
beaucoup d'autres, est tombée en désuétude; car on u'en entend plus
parler dans nos programmes, et je ne comprends pas pourquoi.
De l'aveu de tous les éleveurs praticiens, jamais on n'avait eu
l'occasion de voir des croisements durhams mieux réussis et mani-
festant à un plus haut degré l'excellence de la race Durham comme
élément de croisement. Cette classe était le trait saillant du concours
et c'est là que convergeait la foule des visiteurs.
Dans les classes ovines, ce sont les southdowns qui ont remporté le
prix d'honneur, bien mérité par de magnifiques représentants du
troupeau de Merton. A Birmingham comme à Smithfieid, c'est lord
Walsingham qui, du reste, a remporté les principaux honneurs. Le
seul rival qui ait tenu tête au vainqueur, c'est un lot de shropshires
d'une perfection merveilleuse, mais les southdowns de Merton l'ont
emporté par leur exquise finesse et leur rare symétrie.
Comme toujours. Sa Majesté la Reine et Son Altesse Royale le
prince de Galles ont concouru avec honneur et remporté quelques
prix importants ; et, parmi les autres exposants et lauréats, on ren-
contre sur le catalogue un bon nombre de membres de la haute aris-
496 CONCOURS D'ANJMAUX GRAS EN ANGLETERRE.
tocratie de naissance et de finance. Je l'ai dit bien des fois, c'est sur-
tout à ce haut et puissant patronage des grands personnages du
sang et de la finance, que l'agriculture anglaise est redevable de sa
grandeur et de ^sa perfection. Le lord chancelier, président de la
Chambre des-lords, s'assied sur un sac de laine. Les anciens rois
d'Angleterre ont ennobli le lîlet de bœuf enveloppé de ses côtes. Il y
a le baron de Bœuf et le chevalier des Côtes-de-Bœuf. De tout temps
l'agriculture a été l'honneur et le plaisir du rang et de la richesse,
depuis le souverain jusqu'à l'épicier enrichi.
L'exposition de l'espèce porcine n'a jamais été surpassée. La race
Berkshire a tenu le premier rang sur toute la ligne. On ne l'avait
jamais vue briller d'un tel éclat de perfection. C'était un des grands
traits distinctifs du concours.
En résumé, on comptait au concours 183 têtes de bétail, pesant
ensemble environ 1 50,000 kilog. poids vif, ce qui donne une moyenne
de plus de 800 kilog., et quand on considère que dans toutes les caté-
gories il y avait des classes de jeunes bœufs au-dessous de deux ans,
de trois ans et de quatre ans, on se fait une idée du succès obtenu
par l'engraissement de toutes ces races d'élite.
Il y avait 137 lots de moutons, pesant ensemble au delà de
35,000 kilog., ce qui donne pour chaque individu une moyenne de
près de 90 kilog. Cette simple statistique, à elle seule, suffit pour
donner une idée de l'importance et de l'excellence de cette remar-
quable exposition.
Je ne dirai rien des accessoires usuels de ces concours. Je me con-
tenterai de dire que tous les fabricants de machines et instruments
agricoles et autres, petits comme grands, avaient tenu à honneur et
à intérêt d'exhiber quelques spécimens de leur fabrication, et cela
dans la proportion que l'exiguïté du local leur permettait.
C'est le lundi qui suit le concours de Smithfieid qu'a lieu le grand
marché de Noël de Londres. Cette fois-ci, il y avait 7,760 bœufs et
11,630 moutons exposés. La vente s'est faite dans d'excellentes
conditions ; le temps, ce qui est très rare, était favorable, et le
bétail en parfaite condition. Tout a été vendu à des prix très rému-
nérateurs.
A propos du prix de la viande en Angleterre, les chiffres suivants
obtenus à la vente annuelle des animaux gras de la Ferme royale, dite
du Prince-Epoux, dans le Park de Windsor, en donneront une idée.
Cette vente, aux enchères publiques, qui a lieu tous les ans pendant
le concours de Smithfieid, comprenait cette p,nnée 36 bœufs gras et
431 moutons southowns et cheviots, engraissés à la ferme. I-es bœufs
ont réalisé une moyenne de 1 ,120 francs.
Les Anglais se montrent toujours reconnaissants envers les hommes
dont la carrière s'est distinguée par un certain caractère d'utilité spé-
ciale. C'est un trait caractéristique de leur race. Quand un homme
s'est acquis par son honorable activité un certain renom, et qu'il
arrive à l'âge où le repos devient une nécessité, on lui offre ce qu'on
appelle un témoignage [teslimonial) . Un comité se forme, les sous-
criptions sont sollicitées, et au moment opportun, on se réunit, soit
dans une assemblée, soit dans un dîner, et le témoignage, quelle que
soit sa forme, est offert à l'honorable récipiendaire. C'est ce qui se fait
actuellement en faveur de M. Henry Sirafford, l'éminent commis-
CONCOURS D ANIMAUX GRAS EN ANGLETERRE. 497
saire-priseur des ventes de Durhams depuis quarante ans. Un
comité influent vient de se former, et nui doute que le témoignage
projeté ne soit digne des services rendus à la race Duriiam par
M. Henry Strafford. F.-R. de la Tréhonnais.
LES PEPINS DES VldNES AMÉRICAINES
Les localités non encore phylloxérées s'empressent d'arrêter aux
frontières les plants et boutures des vignes américaines, mais elles
laissent librement circuler leurs pépins.
C'est peut-être l'opposé qu'il aurait fallu faire; car, en général, les
germes parasitaires adhèrent à la graine du végétal, afin de le suivre
partout oi^i il est resemé. La cuscute de h luzerne, le charbon du fro-
ment, l'ergot du seigle (pour ne citer que les plus connus) témoignent
de celte affinité.
Le célèbre voyageur Schweinfurth, dans son Voyage au cœur de
r Afrique^ raconte ceci :
« En 1868, j'apportai en Europe des graines d'un acacia du haut
Nil, appelé sopfiar^ ce qui veut dire flûte, à cause que la larve d'un
parasite y forme des ampoules qui restent creuses et percées de deux
trous quand l'insecte a quitté la galle qui lui sert de demeure. Parti-
cularité inexpliquée, les arbres venus en Europe ont été affectés du
parasite en question, lequel avait son germe dans la graine sans
aucun doute. »
Voilà qui pourrait donner à réfléchir aux partisans de l'innocuité
des pépins de vigne.
Ce que j'en dis ici, au surplus, n'est nullement pour appeler de nou-
velles rigueurs sur les cépages d'Amérique, mais uniquement pour
montrer qu'en tout ce qui a trait au phylloxéra, à sa transmission, à
ses mœurs, à son origine, nous n'avons devant nous que des incon-
nues, et que partant nous devrions être très sobres de ces réglementa-
tions, dont le moindre inconvénient est de mettre obstacle à l'initia-
tive privée.
Que le phylloxéra nous ait été apporté de toutes pièces par les
vignes de provenance américaine, j'ai peine à le croire, je l'avoue. Il
y a, d'ailleurs, trop peu d'années que nous avons le phylloxéra et
trop de temps que les vignes américaines sont parmi nous, soit à
titre de curiosité chez les particuliers, soit à titre de spécimen chez
les collectionneurs : l'effet n'eût pas autant tardé, si telle eût été la
cause.
Pour ma part, je possède des ceps américains (l'Isabelle) depuis
bientôt un demi-siècle; j'en ai même greffé deux pieds, sur cépage
indigène, depuis quarante ans; ils sont pleins de vigueur et prouvent
par cette vigueur même que la vigne s'accommode fort bien de la
greffe.
Donc, nul ne pouvant dire comment s'y est pris ce petit envahis-
seur pour traverser les mers et fondre sur nos vignobles, je vais tâcher
de donner de ce fait une explication, laquelle, naturellement, vaudra
ce qu'elle vaudra.
Je crois que le phylloxéra a très bien pu nous arriver sur l'aile des
vents. Un courant atmosphérique violent et direct aura jeté sur notre
continent ce minuscule insecte.
498 LES PÉPINS DE VIGNES AMERICAINES.
On voit traverser l'Atlantique à 'des matières moins ténues.
Les cendres de l'incendie de la ville de Chicago sont arrivées aux
Açores, le quatrième jour, en y répandant une odeur empyreuma-
tique; elles avaient fourni un trajet de plus de 1,500 lieues, et tou-
chaient aux rivages d'Europe.
En 1780, le brouillard sec qui, pendant trois mois, couvrit, en
obscurcissant le soleil, l'Europe tout entière, était produit par une
éruption des volcans d'Islande.
Les sables du Sahara, transportés par le siroco, atteignent le nord
de l'Italie.
Si des cendres, des sables, peuvent rester en suspension dans l'air
pendant un long voyage, à plus forte raison l'invisible, l'impondérable
phylloxéra, et qui a des ailes.
Le vent, au surplus, n'est-il pas le semeur universel !
L'interdit que certains Etats, certaines régions, mettent sur les
vignes de l'Ohio et du Missouri, n'est donc pas fondé en raison,
et c'est là que je voulais en venir.
Il y a grand préjudice à empêcher un viticulteur de préparer à
l'avance les cépages résistants qui pourront remplacer, pour lui, ses
vignes indigènes, lorsque le fléau régnant les aura détruites, à leur
tour.
Fonder une vigne est une opération de longue haleine. Cela ne se
jette pas en moule. Il y faut du temps et encore du temps. On a beau
se presser, on ne fait qu'un pas en avant tous les douze mois. Bien
que pourvu, dès 1876, de plants américains, et sur une assez vaste
échelle, je n'y suis guère qu'un commençant. Je ne m'y épargne pas
pourtant, ayant toujours présente à l'esprit la recommandation du
vieux Caton aux agriculteurs de son temps : « Quand il s'agira pour
toi de bâtir, retarde le plus que tu pourras, et, pour bien faire, ne
bâtis pas; mais quand il s'agira de planter, oh ! plante tout de suite ! »
Mais, pour planter tout de suite, encore faut-il que l'autorité n'y
mette pas obstacle. Honoré Sclafer ,
Propriétaire à Sallebœuf (Gironde).
A PROPOS DE LA RAGE
Monsieur le directeur, je croyais qu'une voix autorisée répondrait
au savant et spirituel docteur Schneider, qui indique, comme mesure
sanitaire à appliquer contre la rage, l'émoussement des dents canines
du chien.
Toutefois vous avez publié la lettre par laquelle M. Bourrel a juste-
ment revendiqué l'honneur d'avoir été le premier qui ait indiqué
l'émoussement des dents du chien, contre la terrible maladie dont
cet animal est trop souvent atteint. Permettez-moi d'a,jouter que, en
août 1878, au Congrès international d'hygiène de Paris, la question
revint sur le . tapis, soutenue avec conviction par M. Belval, de
Bruxelles.
On objecta, avec beaucoup de raison, à M. Belval « qu'en matière
de police sanitaire canine, les seules mesures efficaces sont celles qui
sont simples, faciles à appliquer, nullement tracassières ou vexatoires. »
Cette mesure n'est ni simple, ni facile à appliquer, car il faudrait un
outillage spécial pour que l'émoussement des dents soit bien fait et
rapidement.
A PROPOS DE LA RAGE. 499
Sérieusement, M. Schneider croit-il que les propriétaires, qui ont
un amour déraisonnable pour leurs favoris poilus, se résoudraient à
faire raser les canines de ces favoris, si cette mesure était ordonnée
par une loi? Il doit penser qu'ils chercheraient à éluder la loi, que beau-
coup passeraient outre.
Et alors qui charger du devoir dangereux d'inspecter les mâchoires
de ces énormes chiens danois, de ces mastifs féroces trop nombreux,
pour s'assurer de l'état réel de leurs canines redoutables?
Et si ces canines ne sont pas émoussées!... Que de boiteux! Que de
réformés pour infirmités contractées pendant le service ! Que de pen-
sions de retraite! M. Schneider n'y pense pas. H. Esquené,
vétérinaire.
ESSAIS DYNAMOMËTRIQUES DE MACHINES A BATTRE -II
Dans un précédent article (n° du 1 1 décembre, page 420 de ce vo-
lume), nous avons donné la description du dynamomètre à rotation
employé pour les essais de machines à battre organisés à Joinville-le-
Pont par la Société des agriculteurs de France.
Il y a quelques mois, le Journal a donné une description complète
des batteuses américaines de Aultmann; nous n'y reviendrons donc
pas aujourd'hui. Nous décrirons successivement les batteuses de
Pécard, de Garrett et de Marshall.
La fig. 41 représente la coupe longitudinale de la batteuse Pécard.
— Les gerbes déliées sont présentées par l'ouvrier engreneur à l'ou-
verture supérieure I, par laquelle elles sont entraînées entre le bat-
teur et le contre-batteur. La plus grande partie du grain séparé de^ la
paille passe entre les lames du contre-batteur, et le reste est entraîné
avec les pailles sur le secoueur J. La paille projetée sur les secoueurs
est rejetée, en W, en dehors de la machine sur une grille inclinée
où les ouvriers-lieurs la prennent et l'enlèvent. Pendant la marche de
la paille, le grain qui y est mélangé passe à travers le secoueur, tombe
sur le plan incliné de la table K, et s'y réunit à celui qui est sorti du
contre batteur. La table K étant douée d'un mouvement oscillant, tout
ce grain, mélangé de menues pailles, se rassemble sur une grille.
Cette grille L^percée de trous de 0'".020, a pour fonction de séparer
les menues pailles du grain; les menues pailles sont retardées dans
leur mouvement par des rainures en travers de la grille et viennent
tomber, de chaque côté de la batteuse, par le conduit X.
Le grain ayant passé au travers de la grille L tombe dans un enton-
noir M en tôle, qui le renvoie sur la grille N, oii il subit le premier
coup de ventilation; les balles et les matières plus légères que le grain
s'échappent par l'orifice Y, tandis que le grain, passant au travers de
la grille N, tombe sur une première grille 0 en tôle perforée qui le dé-
barrasse des otons qu'il pourrait encore contenir et qui tombent en
dessous.
Ayant traversé la grille 0, le grain tombe sur une deuxième grille
en tôle perforée, mais avec des trous beaucoup plus petits, qui enlève
toutes les grenailles et petites graines, lesquelles retombent en des-
sous de l'extrémité inférieure de l'élévateur ou chaîne à godets. Le
grain y est pris et élevé, puis rejeté par un conduit dans le tambour T
dans lequel se meut une hélice 1, qui l'amène à l'ouverture par laquelle
il tombe dans la boîte à grains.
&00
ESSAIS DYNAMOMKTRIQUES DES MACHINES A BATTRE.
C'est dans le tambour que s'opère l'opération du second nettoyage.
Pendant queriiéliee 1 ramène le grain, le ventilateur qui tourne à une
très grande vitesse, insuffle de lair dans le tambour; le batteur^ de
son côté, par le conduits, fait aspiration, et l'action combinée de l'as-
piration du batteur et du refoulement du ventilateur opère le second
ESSAIS DYNAMOMÉTRIQUES DE MACHINES A BATTRE. 501
nettoyage et le grain tombe à la boîte, prêt à être conduit au marché.
Dans cette machine les produits des gerbes passées au batteur sor-
tent par SIX endroits différents: 1° les pailles à l'avant; 2" les menues
pailles de chaque côté de la batteuse en arrière ; 3" les balles à l'arrière;
4" les otons sur le côté à gauche; 5" les grenailles en-dessous ; et 6" le
grain à droite de la machine sur le côté.
Il est à remarquer que la machine ne faitqu'une seule sorte de grain;
le fermier, pour le vendre, n'a donc pas besoin de le mélanger.
Un des avantages que présentent ces batteuses, c'est qu'elles sont
ouvertes de tous les côtés et que, par conséquent, elles sont d'un accès
facile et d'une surveillance très commode. 11 est inutile d'ajouter que
tous les organes en sont exécutés avec le plus grand soin, de manière
à présenter à la fois solidité et bon fonctionnement.
Henry Sagnier.
NOTES SUR LE COMMERCE DU BEURRE
Nous nous proposons de passer successivement en revue : 1° le
commerce du beurre en France à l'importation et à l'exportation ;
2° l'importation du beurre en Angleterre par les différents pays;
3" la consommation du beurre à Paris et la vente aux halles.
I. — Commerce du beurre en France.
Voici d'abord le commerce spécial des beurres de 1869 à 18T9.
L'unité de valeur adoptée est 1 million de francs.
1861 . . .
Beurres im
en France et
consommj
5 6
portés
, mis en
ition.
Beurres expor
de
France.
30 9
1866
8.5
66.0
1869
12 0
71.3
1870
10 4
49.3
1871
1872
8.3
11.4
45.1
56.1 ♦
1873.
12 0
76.6
1874
1875. ...
10.6
11.7
84.8
89.6
187Ô
13,0
102 8
1877
1878 . .
13.3
13 6
96.5
80.9
187y
16.8
66.8
On voit par les chiffres ci-dessus que, depuis 1876, la valeur de
nos importations augmente d'une manière sensible, tandis que celle
de nos exportations va, chaque année, en diminuant.
Les totaux du tableau précédent se décomposent comme il suit, pour
les diverses catégories :
IMPORTATION,
EXPORTATION.
Beurres frais
ou tondus. Beurres
salés.
Beurres frai
s ou fondus
Beurres salés.
Milliôn's
""Millions" Millions
Millions
Millions
Mi. lions
Millions Millions
de kilog.
de fr. de kilog.
de fr.
de kilog.
de fr.
de kilog. de fr.
1869....
3.4
11.8 0.098
0.250
1.9
6.8
24.8 64,5
1870...
2.8
10.0 0.143
0.380
1.9
6.3
17.2 43.0
1871....
2.5
8.0 0.159
0.399
2.0
6,1
18,1 39.0
1872....
3.3
10.8 0.249
0.624
2.8
8.8
21.0 47.3
1873....
3.6
11,7 0.125
0.321
3.3
10.8
28,0 65.8
1874....
3.4
10.3 0,128
0.308
4.4
13.6
32,3 71.2
187 .S....
3.6
11.4 0.1.O3
0 384
5.4
17.1
30 2 72,5
1876....
4.0
12,8 0.111
0.283
5.7
18.3
33.8 84.5
1877....
4.2
13.0 0.123
0,301
6.5
20.1
31.1 76.4
1878....
4.6
13.3 0.154
0,35.i
.. 6.3
18.7
27.0 62.2
1879,...
o.O
14.9 0.836
1.924
4,7
14.0
22.9 52.8
502 NOTES SUR LE COMMERCE DU BEURRE.
Si l'on compare les chiffres de l'année 1879 à la moyenne des
cinq dernières années 1874-1878, on obtient les résultats sui-
vants :
IMPORTATION.
Millions Millions Millions Millions
de kilog. de fr. de kilog. de fr.
Beurres frais OU fondus 1879 5,070 14,965 Beurres salés. 1879 0,837 1,924
— 1874-1878. 3,9A0 12,160 — 1874-1878. 0,133 0.326
— iogmeiitation.. 1 ,130 2,796 — ingnientation. . 0,704 1,5'J8
EXPORTATION.
Millions Millions Millions Billions
de kilog. de fr. de kilog. de fr.
Beurres frais ou fondus 1874-1878. 5,660 17,560 Beurres salés. 1874-1878.30,880 73,360
— 1879 4.700 U,0n0 — 1879 22,950.52,800
— Diminntion.... 0,960 3,560 — Diminution.... 7,930 20,560
Ce qui donne, en résumé, pour notre commerce de beurres de
toutes sortes, en 1879, quand il est comparé à la moyenne de 1874-
1878:
IMPORTATION. EXPORTATION.
AUGMENTATION. DIMINUTION.
Quantités. Valeur. Quantités. Valeur.
Millions Millions Millions Millions
de kilog. de fr. de kilng. de fr.
Beurres frais ou fondus 1,1.30 2,796 0.1^60 3.560
— salés 0,704 1.598 7,930 20,560
Totaux 1,834 4,394 ~8^,890 ~ 24,120
Commerce avec V Angleterre. — L'importation en France des beurres
frais ou fondus d'Angleterre est nulle; celle des beurres salés a été, en
1879, de 129,000 kilOg., quantité supérieure de 78,000 kilog. à la
moyenne des quatre années précédentes. Quant au commerce d'expor-
tation, il a donné les résultats suivants :
Exportation. Beurres frais ou fondus. Beurres salés.
kilog. kilog.
Moyenne 1874-1878 1,86.'), 000 26,466,000
4879 1,263,000 19,009,000
Diminution 602,000^ "^7 ,457 ,000~
Commerce avec V Algérie. — Notre commerce avec l'Algérie consiste
dans l'exportation des beurres frais ou fondus.
Beurres frais ou fondus. Exportation.
Moyenne 1874-1878 298,000
1879 270,000
Diminution 28 , 000
Commerce avec la Belgique. — En voici le tableau, tant pour l'im-
portation que pour l'exportation :
Importation. Exportation.
Beurre frais ou fondus. 1879 3,085,000 2,400,000
— 1874-1878 2,440,000_ 2,400,000
Augmentation 645,000 sans changement.
NOTES SUR LE COMMERCE DU BEURRE. 503
Importation. Exportation.
Beurres salés 1879 171,592 269,880
1874-1878 68,000 491,000
Augmentatioa . . lu3,o92 Diminution 221,120
Commerce avec la Suisse. — Le commerce des beurres salés avec
la Suisse est insignifiant pour l'importation et nul pour l'exporta-
tion. Pour les autres, on a :
Beurres frais ou fondus. Importation. "Exportation.
1879 129,972 306,000
1874-1878 99,000 345,000
Augmentation a(j,972 Diminution 39,u0o '
Commerce avec Vltalie. — Le commerce des beurres salés avec
l'Italie est sensiblement nul; il en est de même pour l'exportation de
nos beurres frais ou fondus. Quant à l'importation des beurres frais
d'Italie en France, elle tend à s'accroître chaque année.
Beurres frais ou fondus. Importation.
1879 1,. 589, 000
1874-1878 1,260.000
Augmentation
Commerce avec V Allemagne et la Norvège. — Le commerce des
beurres salés avec l'Allemagne est nul, il en est de même de l'im-
portation des beurres salés de Norvège en France.
ALLEMAGNE.
NORVÈGE,
SUÈDE.
Beurres frais ou foi.c
lus.
^Beurres
salés.
Importation.
Exportation,
Exportation.
1874-1878
1879
kilog.
135,000
228,560
93,560
kilog.
642,000
4S3 400
kilog.
558 000
109,600
448,400
Augmentation.
Diminution.
158,6UU
Diminution.
Commerce avec le Brésil. — En voici le tableau :
Beurres salés. Exportation.
1879 2,400,000
1874-1878 1,958,000
Augmentation 442, ÛUU
Notre exportation de beurres salés au Brésil tend à augmenter
chaque année d'une façon notable.
Commerce avec les possessions anglaises et espagnoles d'Amérique, la
Guadeloupe, la Martinique, Saint-Pierre et autres pays. — Il est résumé
dans le tableau qui suit :
Beurres salés. Exportation.
1874-1878 1,405^000
1879 1,1.59,520
Diminution 245
Nous avons établi précédemment, pour 1 879 et par rapport à la
moyenne des cinq années 1874-1878 :
1" L'augmentation de notre importation ; 2° la diminution de notre
exportation. Nous allons maintenant discuter ces résultats.
I. Commerce d'importation. — L'augmentation de 1,834,000 kilog.
en 1879, se répartit comme il suit :
50 i NOTES SUR LE COMMERCE DU BEURRE
Quantités.
Sortes de beurres.
kilog.
640,000
frais.
103.600
salés.
30,900
frais ou fondus.
3-.'9 ,000
frais.
330.000
salés.
93.000
frais.
1«.5,000
salés.
78,000
—
39,500
frais et salés.
Belgique •
Suisse
Italie
Pays-Bas
Allemagne . .
Etais-Unis
Angleterre
Autres pays
Total 1,834,000
d'où il résulte que les pays qui, depuis quelques années, nous envoient
des quantités de beurres frais ou salés de })Ius en plus considérables,
sont : la Belgique, l'Italie, les Pays Bas et l'Allemagne; quant aux
Etats-Unis, les beurres salés de ce pays ont fait irruption en France
pour la première fois en 1879, et le chiffre d'importation, pour cette
année, ne laisse pas que d'être assez considérable.
II. Commerce d'exportation. — La diminution de 8,890,000 kilog.
en 1879, par rapport à la moyenne de 1874-1878, se répartit comme
il suit :
kilog. kilog.
iavec l'Angleterre 602,000 ]
— l'Algérie 28,000 i
— laSuisse 39,000) 960,000
— l'Allemagne 158,600 i
— les autres pays 132,400 )
Beurres J avec l'Angleterre 7,457,000
salés. [ — les autres pays 473,000
7,9.30,000
Total 8,890,000
La moyenne de notre commerce d'exportation des beurres salés de
1874 à 1878, avec la Belgique et les pays autres que l'Angleterre
avait été de 2,465,000 kilog.
En 1879, ce commerce n'a été que de 1,550,000 —
d'où un déficit de 915,000 kilog.
Mais d'autre part, nous avons exporté au
Brésil, en plus de la moyenne des cinq dernières
années 442,000 kilog.
Ce qui a réduit le déficit avec les pays autres
que l'Angleterre à. , 473,000 kilog.
On voit par la récapitulation qui précède que si, en 1879, la dimi-
nution totale dans notre commerce d'exportation s'est élevée à
8,890,000 kilog. par rapport à la moyenne de 1874-1878, c'est à peu
près exclusivement en Angleterre que notre commerce a subi cette
diminution, puisque pour ce seul paySj le déficit se décompose comme
il suit :
Beurres salés 7,457,000 kilog.
— - frais 602,000
Total 8,1.59,000
Nous allons examiner les causes qui ont porté un si grave préjudice
à notre exportation en Angleterre, en 1879, et à cet effet, nous com-
mencerons par résumer dans un tableau général un certain nombre de
documents relatifs au commerce d'importation du beurre dans le
Royaume-Uni, et dont nous devons la communication à l'obligeance
de M. Jenkins, secrétaire de la Société royale d'agriculture d'Angleterre.
{La suite prochainemcîit.) A. -F. Pouriau.
LES VENDANGES DE 1880 DANS LES PAYS PHYLLOXÉRÉS. 505
LES VENDANGES DE 1880 EN PAYS PHYLLOXERES - III
Il m'a été impossible de parcourir toutes les plantations améri-
caines des environs de Montpellier, mais je sais de source sûre que
les résultats ont été les méL-nes partout, aussi bien dans le beau vi-
gnoble du Chalet à M. Ernest Leenhardt qu'au château de Saint- Clé-
ment où le regretté M. Fabre a le premier inauguré sur une grande
échelle les plantations de vignes américaines.
Partout où la submer.-ion a été bien faite, le succès a couronné les
efforts du viticulteur. Dans les propriétés qui bordent le Yidourle,
chez M. Vais, chez MM. Castelnau, à Saint-Laurent d'Aigouze, chez
M. le vicomte de Ginestous, les vignes submergées ont donné d'abon-
dantes récoltes.
Les régions sablonneuses où le phylloxéra n'a pas encore pu péné-
trer ont donné des produits très encourageants et l'on ne reprochera
plus à nos plages leur nudité et leur aridité ; car aujourd'hui les vignes
plantées dans le sable émergent juisque dans la mer leurs pampres
verdoyants.
J'ai été frappé, dans toutes les visites, des produits considérables des
Aramonts greffés sur cépages américains.
Ce fait qui n'a rien d'étonnant pour un agriculteur qui le considère
comme une des conséquences de la greffe d'abord et ensuite de la
richesse en sève du sujet, me paraît devoir être signalé comme un
encouragement; il est évident aujourd'hui, pour moi, que nos vignes
reconstituées donneront de plus grands produits qu'autrefois.
Une autre remarque que j'ai faite est celle-ci : presque tous les
essais qui ont été tentés, l'ont été dans des terres profondes, fraîches
ou dans des terres ferrugineuses, défrichements de garrigues, et où
les racines pénétrant sous les rocbes trouvent la fraîcheur nécessaire à
leur végétation.
Quant aux vignes que l'on a pu arroser, les résultats sont pro-
digieux.
Une souche de Jacquez plantée en bouture au mois d'avril 1879,
dans une terre médiocre, arrosée trois ou quatre fois, a produit cette
année, à la seconde feuille, onze magnifiques grappes de raisins.
C'est une erreur qu'on ne saurait trop combattre, que celle-ci. J'ai
entendu dire à des agriculteurs : Maintenant avec la vigne améri-
caine, nous pourrons reconstituer nos vignobles; a quoi servira le
canal du Rhône? '^'
A quoi servira le canal du Ehône? mais il servira précisément à
assurer la durée de cette reconstitution. Croyez-vous que si la vigne
américaine avait à traverser des séries d'années de sécheresse, comme
nous en avons vu trop souvent, elle résisterait sans le secours de l'ar-
rosage? Pour moi, je réponds hardiment et avec une conviction pro-
fonde : « La vigne américaine détruite dans ses parties aériennes
parla sécheresse brûlante, attaquée dans ses parties souterraines par
le phylloxéra, et ne trouvant pas dans le sol desséché la force néces-
saire pour émettre de nouvelles racines, la vigne américaine mourra. »
En présence des résultats acquis, on se demande si l'on rêve ou si
l'on est éveillé, mais il est une question qu'il convient de se poser
parce qu'elle domine tout.
506 LES VENDANGES DE 1880 DANS LES PAYS PHYLLOXÉRÉS
Dans quelles circonstances se sont produites ces merveilles et à
quoi convient-il d'en attribuer la cause en grande partie?
La cause, pour moi, est dans les pluies abondantes qui sont tom-
bées cette année, exceptionnellement, dans le Midi. La récolte des
fourrages a été très abondante, abondante la paille, abondantes les
fruits. La réussite exceptionnelle de la vigne américaine plantée en bou-
tures ne peut être attribuée qu'à la pluie du ciel; les années précé-
dentes, moins pluvieuses, ont donné des résultats différents.
Les cépages, dont la reprise paraissait la plus difficile, ont aussi
bien réussi que les vignes européennes.
J'ai chez moi,à Rieucoulon, où tout le monde peut les voir, des
Taylors qui ont donné 100 pour 100; des Jacquez, 98 pour 100; des
Cuninghams, 97 pour 100; des Norton- Virginia enfin, qui sont si
difficiles à la reprise, ont donné 90 pour 100.
Dans ces conditions, la reconstitution des vignobles peut se faire
rapidement; et il faut, dans l'intérêt de tous, que cette reconstitution
soit en effet rapide ; car, en agriculture, les années perdues se chif-
frent par centaine de millions, et deux années de récolte pourraient
payer les travaux d'établissement du canal du Rhône.
Et puisque je suis amené à parler du canal du Rhône, à propos de
vignes américaines, car ces deux termes pour moi sont inséparables,
j'ai la très grande satisfaction d'annoncer à nos populations qui
commencent à en comprendre l'indispensabilité, que les souscriptions
marchent avec un remarquable entrain; déjà le chiffre 2,400,000 fr.
est atteint, et même il est dépassé à l'heure où j'écris, et les retardataires
feront bien de se hâter, car plus tard il ne sera plus temps.
Déjà la souscription est close dans le territoire de Béziers, où la
quantité d'eau disponible a été rapidement dépassée.
Dans une seule journée, à Montpellier, plus de 100 hectares
ont été souscrits.
On a enfin compris que la souscription au canal est tout simple-
ment une assurance et une assurance contre un fléau plus fréquent et
plus désastreux pour notre agriculture que l'incendie et la grêle : c'est
une assurance contre la sécheresse.
En présence de ce qui se passe, le gouvernement n'attendra sans
doute pas que le chiffre soit atteint, et le jour où la loi définitive sera
votée, je ne crains pas de prédire que, de 3 millions, le chiffre s'élè-
verait à 6 millions, si l'on voulait continuer à recevoir des sou-
scriptions.
Cette lettre est peut-être un peu longue, mais il y a tant de
choses à dire sur une question aussi vitale, et je suis si heureux
d'annoncer la bonne nouvelle à mes concitoyens que je n'ai pas su
être plus court.
Je termine en me résumant par quatre phrases en style télégra-
phique que j'ai adressées ces jours derniers à un viticulteur hongrois
de mes amis, qui me demandait où en était la question du phylloxéra :
Cépages américains. — Ca?ial du Rhône. — Phylloxéra vaincu. —
Vignobles reconstitués. L. de Lunaret.
L'ÉTABLE DE SARON
Le petit village de Saron, dans le département de la Marne, a
acquis depuis quelque temps une notoriété réelle dans le monde
L'ÉTABLE DE SARON. 507
agricole. C'est là, en elïet^que notre collaborateur, M. de la ïréhonnais,
a entrepris de donner un exemple pratique des doctrines qu'il soutient
dans les colonnes de ce Journal sur les qualités spéciales de la race
durliam au point de vue de la production laitière. Ce n'est pas là un
fait absolument nouveau, mais il était peu connu en France. Si nous
exceptons M. Sanson qui, dans son Traité de zootechnie, a rendu
hommage à celte qualité de quelques familles de la race durham,
personne n'avait encore, chez nous, attiré l'attention sur ce fait, avant
la campagne vigoureuse entreprise par M. de la Tréhonnais.
Saron est bâti sur un coteau, au-dessus de l'Aube, à une petite
distance de Marcilly, et près du confluent de cette rivière avec la
Seine. Le château, qu'habite M. de la Tréhonnais, domine le cours de
la rivière d'une hauteur de 15 à 18 mètres. Sur la pente douce du
coteau, il a planté un parc et créé des prairies, qui sont irriguées au
moyen des eaux de la rivière, élevées par une petite machine à air
chaud qui fournit également toute l'eau nécessaire aux besoins de
l'habitation et de la ferme. Nous reviendrons bientôt sur cette ingé-
nieuse machine, de construction anglaise. La plus grande partie de
l'exploitation qui comprend environ 50 hectares, est consacrée à la
production soit des fourrages, soit des racines nécessaires pour la
consommation de l'étable et de la porcherie qui forment la base de
la spéculation agricole de la ferme.
Le troupeau de Saron se compose en moyenne, de vingt-cinq têtes
de durham pur sang. Il y a quelques semaines, le nombre en a été
un peu réduit, à cause des ventes faites récemment. Les animaux sont
entretenus au pâturage, du printemps à l'automne, pendant huit mois ;
ils ne sont en stabulation que pendant les mois de novembre à mars.
Mâles et femelles étant exclusivement destinés à la reproduction, la
nourriture est combinée de manière à suffire à l'alimentation normale
sans produire cet état d'obésité des animaux de concours. M. de la
Tréhonnais n'expose jamais, ne voulant sacrifier aucune de ses bêtes
pour se faire une réputation d'exposant. L'hiver, la ration journalière
consiste en 20 kilog. de betteraves, et lOkilog. d'un mélange de foin et
paille hachés avec des racines coupées en cossettes, dont la moitié est
servie le matin et la moitié le soir. Au milieu du jour, le troupeau est
conduit à la rivière, puis on sert un kilog. de tourteau oléagineux
avec une demi-botie de foin. On donne aux vaches à grand rendement
laitier, par un supplément de 4 litres de gros son, mélangé de 2 litres
d'avoine ou orge. Les veaux sont abondamment nourris avec des tour-
teaux, de la graine de lin bouillie, des farineux, des betteraves et du
foin haché.
On sait que M. de la Tréhonnais recommande de n'importer en
France que des animaux durham appartenant à des familles pri-
vilégiées, dont il a donné ici l'histoire. Ce n'est pas à d'autres sources
qu'il a puisé pour constituer son troupeau. Nous allons reproduire
les explications qu'il nous a données et les notes qu'il nous a fournies,
qu'on lira certainement avec intérêt.
Commençant par les taureaux, il a acheté en Irlande un taureau de
la famille Gwijnne, qui remonte directement à Princess de Robert Col-
ling, vache célèbre d'oii sont sortis les types dont Bâtes s'est servi
pour former ses principales familles, telles que les Duchess, les Oxford,
les Red'Rose, etc. Cette vache Princcss remontait directement à Hub'
508 L ET AELE DE SARON.
bock et était fille de l'avourile (252). (Test à cette souche, comme l'a
dit M. de la Trehonnais dans son histoire des grandes familles de la
race durham, que remonte l'origine de presijue toutes les tribus dis-
tinctes de la race, et c'est à cette origme qu'elles doivent leur noblesse
et la faveur exceptionnelle dont elles jouissent parmi tous les
éleveurs. Ce taureau Gicynne que nous avons vu à la vacherie de Saron,
porte bien dans l'ensemble de ses formes charnues et cubiques, et sur-
tout, dans la distinction de la physionomie, les signes caractéristiques
de la noblesse de sa famille. A côté de celui-là, nous en avons remar-
qué un autre, appartenant à la famille Charmer, l'une des plus
laitières de la race. C'est un jeune taureau de pelage rouan, admirable
de conformation, avec une peau d'une souplesse moelleuse, et d'un
toucher irréprochable. La famille Charmer remonte à la vache
Sylph dont les qualités laitières sont passées à l'état de légende. C'est
cette vache Sylph par Sir TFalter (2,637) qui a fait la renommée du
troupeau de sir Charles Knigbtley. Sylph remonte à la même origine
que Princess. C'était une arrière-petite-fille du taureau Duchesse Midas
(435) et elle compte parmi ses ancêtres les meilleurs taureaux de l'éle-
vage des Colling tels que Cornet (1 55), fils de Favourite (252) et finale-
ment Hubback (3 1 9) .
Nous avons aussi remarqué plusieurs génisses d'un grand mérite,
telles que French JFalmU de la famille distincte des fValwit, célèbre
entre toutes par ses qualités laitières et l'une des plus estimées; Darling
9% génisse rouge très laitière et mère d'une charmante génisse, Perle
de Saron » que nous avons aussi admirée; Havering Queen 3", génisse
sortant de l'élevage de M. M. Intosh, avec sa jeune vêle ; Princesse de
Saron, par Prince of Havering4% pur Bâtes de la famille des RedRose;
Lady Godiva 10% yache à vaste mamelle, donnant 13 litres de lait à
chaque mulsion et un kilog. de beurre par jour; Coralie, jeune génisse;
petite-fiUe de Countess^ lauréate du concours laitier à Londres en
1878. et de douze premiers prix dans les grands concours de l'An-
gleterre, dont deux aux concours de la Société royale, et fille d'un
taureau pur Bâtes, de la famille de Red -Rose. Cette vache, l'une des
plus belles que nous ayons vues, a été achetée par M. de la Trehonnais
chez l'éleveur qui vient de remporter le prix d'honneur au dernier
concours de la Société laitière récemnifint tenu à Londres. Comme type
de vache à grand rendement laitier, il n'est guère possible de rien voir
de supérieur. A côté de Lady Godiva, nous avons aussi remarqué Marie-
Antoinette du même type que celle-ci, et que M. de la Trehonnais
a achetée à la dernière vente du marquis d'Exeter. Cette vache qui
est sur le point de vêler, a une ampleur de formes extraordinaire et
annonce aussi une grande fécondité laitière.
Après la vacherie, nous avons visité la porcherie qui, dans son
genre, n'est pas moins remarquable. Nous avons pu suivre l'élevage
du porc dans toutes ses phases et constater l'état florissant des types
reproducteurs, la scrupuleuse propreté des loges et le soin extrême
avec lesquels les conditions d'hygiène sont combinées. Les loges sont
établies sous une arcade légère qui garantit du froid en hiver et de la
chaleur en été, tout en permettant à l'air pur de circuler en toute
liberté. Le type que M. de la Trehonnais a réussi à former, est remar-
quable par la symétrie des formes cubiques, la longueur et le déve-
loppement extraordinaires des sujets. Nous avons vu des truies de
L ETABLE DE SARON. 509
douze mois pesant, sans être engraissées au moins 250 kilogrammes.
M. de la Tréhonnais s'est attaché à former un type qui convient le
mieux au goût du consommateur français, c'est-à-dire donnant une
viande ou les proportions de gras et de maigre soient bien équilibrées.
Les éléments qu'il a choisis dans les meilleures porcheries de l'Angle-
terre réunissent h sang de Victor, de MM. Howard, produit du
croisement d'un verrat que M. delà Tréhonnais leur avait cédé en 1865,
lequel Victor gagna le 1 " prix aux concours de la Société royale d'Angle-
terre à Oxford et à Wolverhampton, deux années successives, de Pre-
tender, de M. Walcker, de Manchoster, de M. Eden, 1" prix au concours
de Manchester et de Baron Liverpool de lord Ellesmere, prix d'honneur
au concours de Liverpool. M. de la Tréhonnais a soin de changer les
verrats chaque année; il nous en a montré un qu'il a dernièremeut
choisi dans la porcherie de lord Ellesmere. C'est grâce à ces change-
ments fréquents dans les animaux reproducteurs, dont le choix est tou-
jours combiné avec le plus grand soin, que l'habile éleveur réussit à
maintenir le caractère de sa porcherie, caractère qui est de plus en
plus apprécié par ses nombreux clients, au nombre desquels il compte
un grand nombre de comices et de sociétés agricoles, tant de France
que de l'étranger.
Nous avons donc rapporté la meilleure impression de notre visite
à Saron. Tous ceux qui feront ce voyage, d'ailleurs facile, sont certains
d'y trouver le plus cordial accueil. Henry Sagnier.
SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRICULTURE
Séance publique du 22 décembre 1880.
La séance du 22 décembre a été une séance exceptionnelle, la
séance de rentrée, consacrée à la lecture des éloges des anciens mem-
bres de la Société. Ainsi que M. le président Chevreul l'a fait remar-
quer dans son discours d'ouverture, elle a été spécialement consa-
crée au passé, aux services rendus par d'anciens membres de la
Société, et à Faction qu'ils ont exercée sur les progrès de l'agriculture.
Son but principal était, ainsi, de rendre justice à des hommes dont le
souvenir s'oublie parfois trop facilement.
En effet, après quelques paroles de M. Chevreul pour développer ce
thème, la séance a été tout entière remplie par quatre éloges biogra-
phiques. Une nombreuse assistance avait répondu à l'appel de la
Société et se pressait dans la grande salle des séances.
Les éloges dont il a été donné lecLure sont ceux de M. Darblay et de
M. Amédée Durand, par M. Barrai, secrétaire perpétuel, et ceux de
Nolin et de M. Hardy père, par M. Heuzé.j Le souvenir de Darblay, d'A-
médée Durand, de Hardy, sont encore vivants : quant à l'abbé Nolin,
il fut au dix-huitième siècle, un des promoteurs des progrès de l'hor-
ticulture et de l'arboriculture ornementale. — Le Journal publiera les
parties les plus importantes des lectures de cette séance dont le
succès a été complet. Henry Sagnier.
REVUE COMERCIALE ET PRIX-COUR.OT DES DENRÉES AGRICOLES
(25 DÉCEMBRE 1880).
I. — Les grains et les farines.
Les tableaux suivants résument les cours des céréales, par quintal métrique, sur
les principaux marchés de la France et de l'étranger :
510
REVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT
V RÉGION.— NORD-OUEST.
Blé. Seigle. Org«.
fr. fr. fr.
C cUvado*. Coaié .27.00 29.50 18.00
— Lisienx 28 50 » »
CôUsdu-Nord. L-dnaion. n. MO 21.00 Ib 50
— Trégiiier 2S.00 » «5.50
Finistère. Landerneau. 27.00 20.00 19.50
Morlaix 26.00 21.00 15.20
lUeet-Vîlaine. Kannea. •:&. 00 » 16.00
— Saint-Malo 27.50 21.25 »
Manche. Avranches 29.50 ■> 19.00
— Pontorson 29.00 » 18.25
— Villedieu 29.50 21.00 19.50
Mayenne.. Laval 27.00 » 18.50
— Cliâleau-Gonlier. 27.25 i 18.50
Morbihan. Heanebont. 27.00 20.00 »
Orne. Bellème 28.00 » 18.50
— Séez 27.25 19.75 20 00
Sarihe. Le Mans 27.00 21.25 16.50
— Sailé 27.()0 » 18.75
Prie moyens 27.30 2o.97 17.81
2» HBOION. — NOR»
Aisne. Soissons 26.55 21.50 •
— Saicit-Queutia... 28.00 21.00 »
— Villers-Cotterets, 26.50 20. bO 17.00
Eure. Evr eux 29. OU 20. UO 20.00
— Conches 28.50 20.50 19.25
— Pacy 29.25 21.25 19 50
Eure-et-Loir. Chartres 28.00 22.75 19.00
— Anneau 28. 50 2i.00 20.50
— Nogent-le-Rotrou 28.25 » 18. 50
Nord. Cambrai 27.80 18.75 19.00
— Douai 27.75 20.50 20.00
— Valeiiciennes 28.25 21.25 21.50
Oise. Beaavais 27.50 19.75 19. bO
— Compiègne 27.00 21.25 19.00
— Noyon 28.25 21.25
Pas-de-Calais. Arras.. 29.00 20.25 21.00
— Saint-Omer 28.00 80. 50 20. 5o
Seine. P^ns 28.50 2150 19.25
S.-ei-il/arntfDammartia 27.75 20.50 17.50
— Nemours 27.50 21.75 18.75
— Provins., 28.25 21.50 20.50
S.-et-Oise. Angerville.. 28.00 22 00 19.25
— Pontoise 27.50 23 25 22.00
— Versailles 27.50 • »
■Seine-Inférieure Rouen 27.85 20.85 19.85
— Dieppe 28.75 21.25 »
— Yvetot 27.80 21.50 19.25
Somme. Abbeville .... 27.25 20.50 19.75
— Amiens 27.25 19.50 19.50
— Roye 26.75 21.25 18.50
Prix moyens 27.87 20.95 19.12
3" RÉOION.— NORD-EST.
Ardennes- Vooziers... 26.50 21.00 19 00
Aube. Arcis-sur-Aube. 26.75 20.50 19.25
Méry-sur-Seine.. 27.00 22.50 18.75
— Troyes 27.00 19.50 19.50
Marne. Chàlons 27.25 21.75 20.50
— Epernay 27.50 21.00 18.50
— Reims 28.00 19.50 19.00
— Sézanne 27. 20 20.75 19.00
Hte-Marne. Bourbonne 27.00 » »
Meurthe-et-Moi , Nancy 27.25 22.00 18.59
— Lunéïille 25.50 22.50 19.00
— Pont-à-Mousson. 27.50 22.00 »
Meuse. Bar-le-Diic... 27. OJ » 19.25
— Verdun 27.75 21.00 19.00
aute-Saône. Gray.... 27.75 • »
— Vesoul. ........ 27.45 16.85 15.00
Fosges. Epinal 28.25 21. io »
— Raon-l'Etape 28.30 22.00 »
Prix moyens J7.33 20.95 18.78
4* RÉaiON. — «CEST.
Charente. Angoulême. 28.75 18.50 »
— Ruffec 29.50 20.00 19.00
Charente Infer.Ma.Ta.ns 26.75 » 19.00
Deux Sevrés. Niort... 28.00 » 18.00
Indre-et-Loire. Tours. 27.50 19.25 2o!oo
~ Si®'"®-- 27.00 19.00 20.00
— Château-Renault 27.00 19.50 2150
I,o»r«-/ti/'. Nantes 27.00 21.25 tl.OO
Jtf.-<*-Lo*re. Saamur... 28 40 21.00 19.50
Vendée. Luçon 27.00 * 19.00
— *^°?j7ay 27.00 » 18. 00
Kienne.chatellerault.. 27.50 19.50 19.50
— Poitiers 28.50 20.25 19.00
aaute-Vienne. Limoges 2<.76 20.50 19.25
Prix moyens 27.76 19,87 19.44
AToice.
fr.
21 50
16.50
17.75
18.50
16.25
18.00
19.0»
23.50
21.25
18.50
21.00
2'). 75
18.00
18.25
18.50
21.75
20.50
18.50
20.00
18.08
18.50
18.50
19.2;
17.50
18.00
18.25
18.25
19.00
18.50
18.50
19.0')
20.25
18.50
18.75
18.25
19.00
18.50
20.25
21.75
20.00
17.00
18.00
21.25
18.75
18.86
17.75
17.25
18.00
18.75
19.25
19.00
18.50
18.25
15.00
16.75
16.50
17.50
18.50
17.50
16.00
16.20
16.75
16.85
17.51
22.00
19.25
19.50
21.00
18.75
18.50
17.00
18 75
19.00
19.50
19.00
18.25
19.00
18-75
19.16
5' RKGIOM. — CENTRE.
Blé. Seigle. Orge.
fr. fr. fr.
Allier. Gannat 28.25 » 20.50
— Montluçon 27.50 21.00 19.00
— La Palisse 27.50 18.50 20 25
Cher. Bour^îes 27.50 19.50 19.50
— Gracay 28.50 21.00 19.50
— Vierzon 28.25 20.75 20.25
Creuse. Aubusson 27.75 19.00 »
/nrfre. Cbâteauroux. ... 27.50 20.75 19.25
— Issoudun 27.80 18.75 19.50
— Valençay 27.00 21.00 'io.50
Loiret. Montargis 28.00 20.75 19.50
— Gien 28.00 19.50 19.50
— Pilhiviers 27.50 21.50 18.75
Loir-et-Cher. Blois. 28.00 18.50 19.00
— Montoire 27.50 20.00 18.75
Nièvre. Nevers 28.50 » 18.50
— La Charité 30.25 18.75 20.25
Vonne. Brienon 27.7a 22. OO 18. 00
— St-Florenlin 28.00 20.75 18.50
— Sens 28.50 21. 00 20. 25
Prix moyens 27.97 20.15 19.43
«• RÉGION. — EST.
Ain. Bourg 30-80 21.00 »
— Pont-de-Vaux. ... 24.00 21.20 •
Côte-d'Or. Di}oa 27 50 21.00 20. 0»
— Beaune 28.00 » 18.50
Dnuhs. Besançon 28 25 » »
Isère. Grand-Lemps 28.50 20.00 »
— Bourgjin 28.50 19.50 17.50
■/wra. Dole 28. OU 20. .so 17.50
Loire. Saint-Etienne 28.25 19 7» 20.25
P.-de-/Jôme. Cleim.-Fer. 30.50 19.50 19.75
iî/iône. Lyon .29.50 20.50 17.50
Saône-et-Loire. Chalon . 29 4o 20.75 »
— Màcon 29.59 21.50 »
Satioie. Charabéry 29.50 20.25 •
//<e-Sauoie. Annecy 29.00 » »
Prix moyens 28.94 20.45 18.71
T RÉGION. — SUD-OUEST.
Ariége. Pamiers 28.75 19.00 »
Dordogwe. Périgueux .. 2800 » »
//te-Gai-onne. Toulouse. 28.50 20.00 16.50
— Viliefranche-Laur. 28.25 20.25 17.25
Gers. Condom 29.00 » »
— Eauze 27.75 » »
— Mirande 27.25 » »
Gironde. Bordeaux.... 28.50 21.00 »
— Lesparre 27 50 19.00 »
Landes. Dax 29.09 19.25 k^
Lot-et-Garonne. Agen.. 28.50 20.00 »
— NJrac 28.25 » »
S.-Pyrénées. Rayonne.. 28.50 21.25 19.00
Htes- Pyrénées. Tarbes. 28.25 20.50 »
Prix moyens... -.. 28.28 20.02 17.58
8« RÉGION. — SUD.
Avrde. Carcassonne.... 27.75 19.25 18.50
Aveyron. Rodez 27.50 19.00 »
Cantal. Mauriac 31.65 26.40 »
Corrèze. Luberzac 29.25 2i.S0 20.50
HérauU. Cette 29.50 » »
Lo<. Figeac 28.50 20.75 20.25
Lozère. Mende 29.00 19.25 19.80
— Marvejols 27.10 22.00 »
— Florac 27.75 20.50 21.25
Pj/renées-Or. Perpignan 26.30 20.00 .^3.00
Tarn. Albi 27.00 » »
ram-et-Gar.Moatauban 28.50 20-50 18.06
Prix moyens 28.33 20.91 20.18
9» RÉGION. — SîTD-RST.
Basses-Alpes.îAa.nosqne 28.10 « *
Hautes-Alpes. Briançou 23.50 20.75 19.25
Alpes-Maritimes Cannea 29.00 20.50 19.50
Ardeche. Privas 30.30 20.90 19.00
S.-dM-fi/iône. Arles 29.00 » 18.5a
Drôme. Valence 29.50 22.00 »
Gard. Nîme^ 29.25 2n.50 »
i/aM<e-Z,oire. Le Puy.... 30.50 20.75 20.25
Kar. Draguignan 30.25 ao.50 19.50
Vaucluse. Carpentras... 28.25 » 17.50
Prix moyens 29.36 20. 84 19.07
Moy. de toute la France 28.12 20.56 18.90
— de U semaine précéd. 23.33 20 73 18.91
Sarlase.-naineJ Hausse. » »
précédente., i Baisse. 0.21 0.17 o.oi
Awine.
fr.
17.75
18.25
18.00
18.00
17.50
18.00
18.50
19.00
17.50
18.00
18.50
18.00
20 60
19.50
18.00
28.25
17.50
20.00
18.50
18.00
18.36
17.00
19.75
)6.50
17.25
17.50
19.50
17 00
17.25
17.00
17 25
18.00
17.50
16.50
17.00
17.64
19.00
19.50
20.25
20.00
20.25
19 àO
19.75
21.50
23. OÙ
21.00
20.25
20.00
20.50
20.34
20.00
19.50
22.10
20.25
20.00
19.75
21.15
17.70
24.45
19. 50
20.50
22 00
20.50
19.75
2i>.20
21.50
18.00
22.00
18.20
20.25
19.00
20.14
19.09
19.15
DES DENRÉES AGRICOLES (25 DÉCEMBRE 1880). 51 1
Blé. Seigle. Orge. AToine.
fr. fr. fr. fr.
Algérie. Oran 27.00 . 16.00 15.50
Angleterre. Loadres 27.00 » 19.50 20.25
Belgique. Anvers 26.75 23 85 21.65 19.50
— Bruxelles 27.25 21-50 « 19,00
— Liège 27.25 23.75 23.00 18.75
— Namur 26. .50 23 00 21.00 17.75
Pays-Bas. Amsterdam 25.75 24.05
Luxembourg. Luxembourg 29. .50 24 <J0 23.00 17 00
Alsaee-Lmraine Metz 28.00 25. .50 19.50 18. .50
— Strasbourg 3025 25. 7o 2375 18.00
— Mulhouse 29.75 26.00 23.00 19.50
Allemagne. Berlin 25.10 26.25
— Cologne 2750 26 25
— Hambourg 26.10 24. 10 • »
Suisse. Genève 2925 - > 18..50
— Zurich 31.00 » » 19.50
Italie. MUan . 28.00 22.50 20.00 19.75
Espagne. Burgos 27.00 » 18.25 16.00
Autriche. Vieune 27. .50 23 75 18.50 15 50
Hongrie. Budapesth 25. 50 21.00 16.50 13.00
Russie. Saint-Pétersbourg.... 29.25 24.30 > 14 90
Etats-Unis. New-york 23.00 - . •
Blés. — Les offres de la culture sont toujours assez importantes : il en résulte
une certaine lourdeur dans les transactions, en même temps que les prix sont
plus faiblement tenus. Les blés d'automne sont, dans la plupart des départements,
dans une bonne situation ; mais les mauvaises herbes ont poussé aussi avec beau-
coup de vigueur, ce qui est la source de quelques craintes, dans le cas où l'hiver
se passerait sans froids. — A la|halle de Paris, le mercredi 22 décembre, les
affaires ont été peu importantes, et les prix étaient faibles. On cotait de 27 fr. 50
à 29 fr. 50 par 100 kilog., suivant les qualités et les provenances; le prix moyen
s'est fixé à 28 fr. 50, avec 25 centimes de baisse depuis huit jours. — Sur le mar-
ché des blés à livrer, on cotait par 100 kilog. : courant du mois, 28 fr. 25 ; jan-
vier, 28 fr.; janvier-février, 27 fr. 7 5 à 28 fr.; quatre premiers mois, 28 fr.;
quatre mois de mars, 28 fr. — Au Havre, il y a aussi un peu de baisse sur les prix
des blés d'Amérique ; ceux-ci sont cotés de 26 fr. 75 à 27 fr. 50 par 100 kilog.
suivant les qualités. — A Marseille, le marché présente peu d'activité ; les prix
des diverses sortes varient peu, mais il y a tendance à la baisse que nous devons
signaler, — A Londres, les importations ont été durant la semame dernière, de
187,000 quintaux de blés étrangers ; les ventes sont assez actives, et les prix
présentent assez de fermeté. — On cote de 25 à 28 fr. par 100 kilog. suivant les
qualités et les provenances.
Farines. — Les cours des diverses sortes de tarines ont un peu varié depuis
huit jours. En ce qui concerne les tarines de consommation on cotait à la halle de
Paris le mercredi 22 décembre , sans changement depuis huit jours: marque D,
64 fr.; marques de choix, 64 à 67 Ir. ; bonnes marques, 62 à 63 fr ; sortes or-
dinaires et courantes, 61 à 62 fr.; le tout par sac de 159 kilog., toile à rendre, ou
157 kilog. net, ce qui correspond aux prix extrêmes de 38,85 fr, à 42 fr. 65, par
100 kilog., ou en moyenne 40 fr. 75, soit le même prix moyen que le mercredi
précédent. — Pour les farines de spéculation, on cotait à Paris, le mercredi 22
décembre, au soir : farines huit-marques, courant du mois, 62 fr. 50 à 62 fr. 75 ;
janvier, 61 fr. 25 ; janvier-lévrier, 61 fr. ; quatre premiers mois, 60 fr. 50 quatre
mois de mars, 59 fr, 50; farines supérieures, courant du mois, 39 fr. 50; janvier,
38 fr. 75; janvier-février, 38 fr. 50; quatre premiers mois, 38 fr. ; quatre mois
de mars, 37 fr. 75 à 38 fr. ; le tout par sac de 100 kilog. — La cote oificiellcj en
disponible, a été établie comme il suit, pour chacun des jours de la semame,
par sac de 157 kilog. net.
Dates (décembre). 16 17 18 20 21 22 i
Farines huit-marques (157 kilog.). 62.65 63.25 63.35 63.15 62.50 62.50
— supérieures (100 kilog.). 39.25 39.75 39 75 39.50 39.25 39.50
On voit que, pour les diverses sortes, les cours sont demeurés à peu près sans
variations depuis huit jours. — Les cours des farines deuxièmes demeurent sans
changements, de 30 à 35 fr. par 100 kilog., et ceux des gruaux, de 44 à 55 fr.
Seigles. — Les ventes sont difficiles sur ce grain et les prix sont encore en
baisse. On paye à Paris, de 21 fr. 25 à 21 fr. 75 par 100 kilog. suivant les sortes.
Quant aux farines, elles sont toujours vendues aux prix de 31 à 34 fr.
512 REVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT
Orges. — Peu d'aiïaires et maintien des prix de la semaine dernière. On paye à la
halle de Paris, de 18 fr. à 20 fr. 50 par 100 kilog. suivant les sortes. 11 y a aussi
un peu de baisse sur les escourgeons qu on paye de I9fr. 75à -20 fr. 25par lOOkilog.
— A Londres, il n'y a eu, depuis huit jours, que 28,000 quintaux d'orges importés;
le marché accuse beaucoup de calme; "on paye de 18 fr. 80 à 21 fr. par 100 kilog
Malt. — Les transactions sont calmes, et les prix sans variations, de 29 à 33 fr
par 100 kilog. pour les malts d'orge, et 29 à 35 fr. pour ceux d'escourgeon.
Avoines. — Les affaires sont toujours calmes, avec des prix faibles. On paye à
la halle de Paris, de 19 tr. 50 à 21 fr. par 100 kilog. suivant les qualités. Les
arrivages ont été plus abondants à Londres, et ont atteint 117,000 quintaux. Les
cours accusent beaucoup de fermeté : on paye de 19 fr. 25 à 22 fr. 15 par
quintal métrique.
Sarrasin. — Très peu d'affaires, aux prix de 18 fr. à 18 fr. 50 par 100 kilog.
à la halle de Paris.
Mais. — Dans le Midi, maintien des prix, de même que dans les ports pour les
maïs d'Amérique.
Issues. — Peu d'affaires et prix sans changements. On paye à Paris par
100 kilog. : gros son, 13 fr. 50 à 14 fr.; son trois cases, 13 fr. à 13 fr. 25; sons
fins, 12 fr. à 12 fr. 50 ; recoupettes, 12 fr. à 13 fr.; remoulages bis, 15 à 16 fr.;
remoulages blancs, 17 à 18 fr.
II. — Vins, spiritueux, vinaigres, cidres.
Vins. — Nous l'avions prévu, la situation reste la même : c'est toujours le
calme qui domine, c'est toujours la dépréciation des cours sur les petits vins et
la bonne tenue des prix sur les vins de qualité ayant de la couleur et du corps,
offrant, par suite, de solides éléments de conservation. En présence d'un tel état,
de chose, nous en sommes réduits à donner les cours, tels qu'ils sont ])ratiqnés
sur les diverses places du marché français. Midi. — A Pézenas (H-'ifiiuh), on paye
actuellement l'hect. nu : petits vins, 18 à 23 fr.; vins moyens, 25 à28 fr.; Montagne,
2^ choix, 30 à 32 fr.; Montagne supérieur, 34 à 40 fr.; blancs, suivant mérite, 25 à
32 fr. — ANarbonne(Aude), on cote l'hect. nu : petits vins, 23 à 26 fr.; vins moyens,
1" choix, 28 à 30 fr. ; vins moyens, l»-" choix, 30 à 36 fr.; Narbonne, 40 à 42 fr.,
Gorbières, Fitou, 42 à 45 fr. Roussillon. ■ — A Perpignan (Pyrénées-Orientales),
voici les cours : Roussillon supérieur, l'hect. nu, 45 à 47 fr.; Roussillon, 1" choix,
41 à 42 fr.; Roussillon, 2'= choix, 37 à 39 fr.; petits vins, 8 degrés, 25 à 30 fr.
Bordelais — A Bordeaux (Gironde, on cote actuellement les vins rouges 1880, le
tonneau de 4 barriques : bourgeois supérieurs, 1,300 à 1,400 fr.; bourgeois ordi-
naires, 1,000 à 1,200 fr.; paysans supérieurs, 900 à 1,000; paysans ordinaires,
750 à 800 fr.; bourgeois et paysans Bas-Médoc, 550 à 800 fr.; Montferrand,
Bassens etCambkucs, 650 à 700 fr.; Floirac, La Souys, Bouliac, Quinsac, 625 à
675 fr.; Nyon, Vayres, Ambarès, Ambès, 550 à 600 fr.; Blaye et Bourg, l"^crus,
700 à 750; artisans et paysans, 525 à 57o. Armagnac. A Condora (Gers), les vins
blancs se payent 6 fr. 50 le degré de la pièce de 228 litres ; les vins valent 85 à
90 fr. la barrique bordelaise sans logement. Gascogne. — A Buzet (Lot-et- Ga-
ronne), le vin rouge 1880, vaut le tonneau de 4 barriques, 370 à 4i0 fr.; de
Nérac, 330 à 350 fr.; et le vin blanc, prix moyen, 220 fr. Charentes. — A l'île
d'Oleron (Charente-Inférieure), le vin rouge vieux, vaut, le tonneau de 4 barri-
ques, 400 fr.; le vin rouge nouveau, 340 fr.; le vin blanc vieux, 300 fr.; à Saint-
Jean-d'Angely, on cote le vin rouge et le vin blanc nouveau, 30 fr. l'hectolitre.
Sologne. — A Gour-Gheverny (Loir-et-Cher), le vin, récolte de 1880, les 228 litres
nu, vaut : Sologne, 85 à 90 fr.; Gamay, 100 à 105 fr ; gros-noir, 140 fr. Orléa-
nais. — A Orléans (Loiret), voici la cote des courtiers : vins blancs de Sologne,
1879, la pièce, 85 à 95 fr.; vin blanc nantais, 1879, 72 à 75 fr.; vins blancs des
îles, 70 à 72 fr.; vin blanc du Poitou, 65 à 66 fr.; vin blanc de Blois, 75 à 80 fr.;
vin rouge de pays, K 0 à 110 fr. Bourgogne — A Puhgny (Côte-d'Or), on cote,
ordinaire rouge, les 228 litres nu, 95 à 115 fr.; arrière-côte, 85 à 95 fr,; plaine,
85 à ^5 fr.; ordinaire, les 114htres, logé, 65 à 70 fr. Maçonnais. — A Mâcon
(Saône-et-Loire), on paye : Mâcon 1880, 1" choix, la pièce de 216 litres, nu,
105 fr.; 2" choix, 95 fr.
Spiritueux. — Il faut constater cette semaine une légère hausse et même une
fermeté relative, comme il résulte du mouvement du livrable sur le mois courant,
ainsi le 3/6 bon goût disponible a fait au début 61 fr. 25, t- 2 fr., puis 61 fr. 50,
• 61 fr., et en clôture 61 fr. 50. En général, on a confiance dans le lelèvement des
cours. Quant au stock, il est de 8,500 pipes, contre 6,750 en 1879. Le marché
DES DENRÉES AGRICOLES (25 DÉCEMBRE 1880). 513
de Lille paraît avoir plus de fermeté, l'alcool betterave disponible est coté 59 fr.
Quant aux marchés du Midi, jusqu'à ce jour, nous n'avons aucun changement à
signaler, ce sont toujours les mêmes cours. — A Paris, on cote, 3/6 betterave,
1'-' qualité, 90 degrés disponible, 61 fr. 50; quatre premiers, 61 fr. 75; quatre
d'été, 61 fr. 50.
Vinaigres. — Les cours sont sans changement.
Cidres. — Rien de nouveau sur cet article qui conserve, du reste, une grande
fermeté.
m. — Suifs et corps gras.
Suifs. — On vend, à la halle de Paris, comme la semaine dernière Sk fr. par
100 kilog.pour les suifs purs de la boucherie, et 63 fr. pour les suifs en bran-
ches.
Saindoux. — Peu d'affaires au Havre, où les saindoux d'Amérique valent
116 fr. 50 à 117 fr. par quintal métrique.
IV. — Beurres. — Œu{s. — Fromages.— Volailles et gibier.
Beurres. — On a vendu pendant la semaine, à la halle de Paris, 207,470 kilog.
de beurres de toutes sortes. Au dernier marché, on payait par kilog.: en demi-
kilog. : 2 fr. 80 kk fr. 50; petits beurres, 2 30 à 3 fr. 12; Gournay, 2 30 à 5 fr. 20 ;
Isigny, 2 fr. 52 à 8 fr. 54. , u . j r> •
Œufs. — Du 14 au 20 décembre, il a été vendu, à la halle de Pans,
3,915,735 œufs. Au dernier marché, on payait par mille: choix, 130 à 140 fr.;
ordinaires, 77 à 119 fr.; petits, 49 à 55 fr, _
Fromages. — Derniers cours de la halle de Paris : par douzaine, Bne, 10, 50 à
22 fr. 50 ; par cent, Livarot, 30 à 62 fr.; Mont-d'Or, 25 à 31 fr.; Neufchâtel, 4 à
22 fr.; divers, 9 à 63 fr.; — par 100 kilog., Gruyère, 122 à 170fr.
Volailles cl gibier. — On vend à la halle de Paris : Agneaux, 18 à 22 fr. —
Alouettes (la nièce), 0 fr. 1^5 à 0 fr. 3^. — Bécasses, 2 fr. à 5 fr. 50. — Bécas-
sines, 0 fr. 75 à l fr. 85. — Cailles, 0 fr. 30 à 0 fr. 90. — Canards barboteurs,
2 fr. à3 fr. 40.— Canards sauvages, 1 fr. 70 à 2 fr. 95.— Cerfs chevreuils et
daims, 21 à 160 fr. —Sangliers, 45 à 110 fr. — Crêtes en lots, 1 fr. à 8 tr. 75.
— Dindes gras ou gros, 8 à 14 fr. — Dindes communs, 5 fr. 25 à 7 fr. 75.
— Faisans et coqs de bruyère, 3 fr. à 7 fr. 50 — Lapins domestiques, 1 fr. 60
à 5 fr. — Lapins de garenne, 1 fr. 30 à 3 fr. — Lièvres, 2 fr. 85 à 7 fr. 75. —
Oies grasses, 6 fr. à 10 fr. 50. — Oies communes, 3 fr. 35 a 5 fr. 85. -Per-
drix grises, I fr. 80 à 5 fr. — Grives et merles, 0 fr. 40 à 0 fr. 75. — Pigeons de
volière, » fr. »» à » fr. — Pigeons bizets, 0 fr. 45 à l fr. 95. — Pilets, 1 tr. à
2 fr. 80. — Pluviers, 0 fr. 40 à 1 fr. —Poules ordinaires, 2 fr. 40 à 4 fr. 75. —
Poulets gras, 4 fr. 75 à 7 fr. — Poulets communs, 1 fr. 75 à 3 fr. — Râles
de genêt, 0 fr. 35 à 1 fr. 25. — Rouges, 2 fr. à 2 fr. 50. — Sarcelles, 1 fr. à
1 fr. 75. — Vanneaux, 0 fr. 25 à 1 fr. — Pièces non classées, 0 fr. 30 à 7 fr.
Y. — Chevaux. — Bétail. — Viande.
Chevaux. — Aux marchés des 15 et 18 décembre, à Paris, on comptait 973
chevaux. Sur ce nombre, 427 ont été vendus comme il suit :
Amenés. Vendus. Prix extrêmes
Chevaux de cabriolet 203
— de trait 34»
— hors d'âge 257
— à l'enchère "i^
— de boucherie 98
Aneset c/ièyre^. — Aux mêmes marchés, on comptait 12 ânes, dont 5 ont été ven-
dus de 35 à 90 fr. . i. • . i
Bétail. — Le tableau suivant résume le mouvement du marché aux bestiaux ai U
Villette, du jeudi 16 au mardi 21 décembre : ...... ^
' •• Poids Prix du Iiilog. de viande sur pied
Veudus moyen au marclié du lundi 20 décembre.
Pour Pour En k quartiers, f 2»
Amenés. Paris, l'extérieur, totalité. liil- quai. quai.
Bœufs 6.647 3,601 1,693 5,294 340 1.64 I.46
Vaches 2,062 807 710 1,517 220 1.50 1.32
Taureaux 22.^ 181 32 213 380 1.30 1.1b
Veaux 3,238 2,297 621 2,918 81 2.40 2.34
Moutons 36,241 29,651 6,314 35,935 19 1.90 1.68
Porcsgras 5.818 2,559 3,259 5,818 85 1-72 1.68
— maigres. 3 » 3 3 20 1.70 »
La fermeté que nous signalions la semaine dernière, se maintient pour les
diverses catégories. — Les marchés des départements accusent une situation
59
300 à :
1,020 Ir.
93
300 à :
1,210
103
25 à
950
74
55 à
315
98
25 à
120
3«
Prix
quai.
moyen.
I.U4
1.34
0.95
1.20
0.96
1.14
1.70
2 00
1.42
1.63
1.60
1.68
1.70
514 REVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT
analogue. A la dernière foire d'Angers, on constatait une hausse de 100 a 120 fr.
{)ar paire de bœufs de choix depuis un mois ; les vaches laitières se vendaient a'ïec
àcilité ; quant aux porcs, de mémoire d'homme on ne les avait vus à un prix aussi
élevé.
En Normandie, aussi, on signale une plus grande activité dans les transactions
et les prix plus élevés pour la plupart des sortes. A Alençon, on paye par kilog.
sur pied : bœuf, 1 fr. 35; veau, I fr. 75 ; mouton, 1 fr. 55; porc, 1 fr. 45; — à
Fiers : bœuf, 1 fr. 80; veau, 1 fr. 80; mouton, 2 fr.; porc, 1 fr. 60; — à Sablé,
bœuf, 1 fr. 60; veau, 1 fr. 80; mouton, 1 fr. 80; porc, 1 fr. 10.
Dans le Centre, les affaires présentent aussi une meilleure situation. A
Montluçon, on paye par kilog. de poids vif: bœuf gras, Q fr. 85 à 0 fr. 90;
vaches, 0 fr. 85 à 0 fr. 90; porcs gras, 0 fr. 50 à 0 fr. 55. Les ventes sont
faciles.
A Londres, les importations d'animaux étrangers, durant la semaine dernière,
se sont composées de 4,968 têtes, dont 1 bœuf, 15 veaux, 227 moutons et
16 porcs, venant d'Ams^terdam; 615 moutons d'Anvers; 12 bœufs de Gron-
stadt; 40 bœufs, 8 veaux et 10 moutons de Gbotliembourg; 440 moutons et
138 porcs d'Hambourg; bk bœufs, 9 veaux et 861 moutons d'Harlingen; 150 bœufs
et 586 moutons de New-York; 191 bœufs et 50 moutons de Québec; 16 bœufs,
159 veaux et 787 moutons de Rotterdam; 311 bœufs et 263 veaux de Tonning.
Prix du kilog. Bœuf, P^, 1 fr. 93 à 2 fr. 05; 2«, 1 fr. 58 à 1 fr. 75; qualité
inférieure, 1 fr. 40 à 1 fr. 58. —Veau, 1", 2 fr. 28 à 2 fr. 4'; 2% 1 fr. 73 à
2 fr. 10. — Mouton, V% 2 fr. 28 à 2 fr. 45; 2% 1 fr. 93 à 2 fr. 10; qualité infé-
rieure, 1 fr. 75 à 1 fr. 93. — Porc, 1«,1 fr. 75 à 1 Ir. 99; 2«, 1 fr. 58 à 1 fr. 75:
Viande à la criée. — On a vendu à la halle de Paris, du H au 20 décembre .
Prix du kilog. le 20 décembre.
kilog« ^1" quai. 2» quai. 3» quai. l'tiolx. Basse houcheriar
Bœuf ou vache.. 199, 292 1.06àl.68 0.8Hàl.40 0.06àl.l6 0.94à 2.92 0. 10 à Î.16
Veau 185,524 1.92 2.42 1.18 1.90 0.92. 1.16 0.96 2.68 .
Bouton 69,710 1.46 1.S8 1.18 1.44 0.6& 1,16 0.82 2.84 -
Porc 36,175 Porc frais 1.34à 1.72
490,701 Soit par jour 70,100 kilog.
Les ventes ont été inférieures de 1,800 kilog. par jour à celles de la semaine
précédente. Les prix accusent de la hausse pour toutes les sortes depuis huit jours.
VI. — Cours de la viande à l'abattoir de la Villette du 25 décembre [par 50 kilog.)
Cours de la charcuterie. — On vend à la Villette par 50 kilog. : 1'"* qualité,
89 à 94 fr.; 2% 84 à 89 fr.; poids vif, 59 à 63 tr.
Bœufs. Veaux. Moutons.
2" 3« t" 2» 3»
quai. quaU quai, quai. quai. quai.
fr. fr. fr. fr. fr. fr.
78 70 61 122 107 95
VU. — Marché aux bestiaux de la Villette du jeudi 25 décembre.
Cours des commissionnaires
Poids Cours officiels. en bestiaux.
Animaux général, l" 2» 3» Prix 1" 2» 3» Prix
amenés. Invendus. kil. quai. quai. quai, extrêmes, quai. quai. quai. extrêmes.
Bœufs 2.577 296 360 1.64 1.44 1.06 1.00 àl. 68 1.62 1.42 1.05 i.00al.6S
Vaolie» 742 130 250 1.50 1.30 0.94 0.84 1.55 1.50 1.30 0.90 0.85 1.52
Taureaux... 116 5 3T0 l.?8 1.14 l.OO 0.94 1.34 1.25 1.15 1.00 0.95 1.30
Veaux 1.050 67 83 2.50 2.40 1.70 1.50 2.60 » » » » »
Moutons.... 22.677 1.550 18 1.88 1.65 1.42 1.28 1.92 » » » » »
Poros gras.. 3.165 56 82 1.64 1.60 1.52 1.48 1.74 » » ». » »
— maigres. » » •»»»»»•»»»■
Vente assez active sur toutes les espè«s.
VITI. — Résumé.
Sauf pour les céréales, les cours de la plupart des denrées agricoles accusent,
cette semaine une grande fermeté. A. Remy.
BULLETIN FINANCIER.
Reprise à nos fonds pubbcs ; après détachement de coupon le 3 OjO reste
à 84. 60; l'amortissable est à 87.30 gagnant 0.30, et le 5 0(0 à 119.15, ga-
gnant 0.35.
quai.
2»
quai.
quai.
fr.
fr.
fr
86
78
72
DES DENRÉES AGRICOLES (25 DÉCEMBîlE 1880).
515
Très grande fermeté et. hausse à nos sociétés de crédit et à nos chemins de fer.
Cours de la Bourse du 15 au 22 décembre 1880 [au comptant).
Principales valeurs françaises :
Plus Plus
bas. haut.
Rente 3 0/0 84.60 8b. 57
Rente 3 0/0 amortis 87.30 87.55
Reate 4 1/2 0/0 114.10 115 »
Rente 5 0/0 1|9 » Ii9.i5
Banque de France 37^0 » 381o »
Comptoir d'escompte 986.25 1000 »
Société genêt ;ile 6(Ji » 615 »
Crédit foncier 1420 » I45u »
Est Actions 500 752.50 755 »
Midi d» 1115 » 1117.50
Nord d° 1682.50 1715 •
Orléans d" Ii82.50 1296.25
Ouest d" 825 o 635 »
Paris-Lyon-Méditerranée d° 1475 i I4t>» •
Paris 1871 ohl. 400 î 0/0.. Îâ9.75 402 »
Italien 5 0/0 86 » 88 »
Le Gérant : A.. BOUCHÉ
Dern
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rs.
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87
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115
»
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Autrichiens. d»
605 »
6ll.i5
605 «
Lombards. d°
207 n
2i'2.50
209 »
Romains. d°
14 7.. S»
148 .
147.50
Nord de l'Espagne, d»
355 »
36J »
360 •
Saragosse à Madrid. d°
382.50
385 »
383.75
Portusais. d'
628.75
64« »
640 »
Est.Obt. 30/or. àâOOf.d-
387 .
389 »
388 »
Midi d'
394 »
397 »
397 «
Nord. d"
398 »
400 »
399.50
Orléans. d*
3a5 »
397 »
397 »
Ouest, d*
396 »
397 »
396 •
Parii-Lyon-Mediler. d*
395 ))
397 »
397 »
Nord Esp. priorité, d-
3i6.50
337.50
337,25
Lombards. d"
276 ■>
277 '>
275 »
Leterrier.
TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS
DU QUATRIÈME VOLUME DE 1880.
A. D. — Une c inférence viticoleau Plauii-Cher-
mignac, 29.
ATiMARD. — Travaux de la Société des Amis
des sciences de la Haute-Loire; 88.
BAaEAi.(J.-A.). — Chronique agricole du 2 oc-
tûtire, 5 ; — du 9 octobre. 41 ; — du 16 oc-
tobre, 81 ; du 23 octobre,' 121; — du 30 oc
tobre, loi; — du 6 novecnbre, 201; — du
13 novembre, 241 ; — du 20 novembre, 281 ;
— du 27 novembre. 321; — du 4 décembre,
361; — du 11 décembre, 401;— du 18 dé-
cembre, 4+1 ; — du 25 décembre, 481. — Dis-
cours prononcé à la distribution des récom-
jtenses du concours d'irrigalion des Aipes,
95. — Concours des ferm-s laitières dans le
pays de Bray, 190. — Discours prononcé aux
obsèques de M. Moll, 411.
BASTiDi! (L.). — Concours régional agricole
dOran, 176, 226, 298, 332, 38'*, 416, 473.
BBLLA. — Destruction des cadavres des ani-
maux charbonneu.x, 409.
BiANCHi. — La fièvre aphteuse du bétail ou co-
cotte, 73.
BOBXEHRE. — Correspondance du Laboratoire
agronomique de la Loire-Inférieure sur la
Tente des engrais, 378.
BOiTEAtT. — Su'- le mode de traitement des
vignes par le sulfure de carbone, 285-
BONCSKAE. — Exposition agricole et horticole
à Fontenay-le-Comte, 25. — Les récoltes en
Vendée, 107.
BOVCARD. — Sur le reboisement delà Sologne, 173.
BOURREL. — Sur la suppression de la rage, 209.
BOURSIER. — Sur le cidre, 471.
BonssiNSAiTLT. — Sur les matières sucrées
contenues dans le fruit du caféier, 170.
BRÉZENAUD (F. de). — Situation agricole dans
l'Ardèche, 313.
CASSÉ. — Plantation automnale des pommes de
terre, 312. — Sur les moyens de faire une
boisson analogue au cidre, 367.
CASTBL. — Elevage de la race bovine de la
Montagne-Noire, 244.
CA80T..— Lettre relative à la pratique du plâ-
trage "des vins, 6.
CHABOT-KARLEN. — Pisciculture ; encore les
écrevisses, 63. — Le wilhebait, 144. — Les
bouchots, 217. —Les nettoyeurs, 268. — La
pisciculture en Aonerique, 309. — Les marais
salants, 34.5. — Le carnage des truites à la
halle de Paris, 380.
CHAMPix (Aimé). — A l'œuvre, 101.
CHBDVII.X.B. — Culture du maïs-fourrage à
Co'irquetaine, 331.
CORMIER. — Rapport sur les travaux du jury du
concours spécial de batteuses à Meam, 136.
CORN0. — Sur les effets du mildew sur les
feuilles de la vigne, 447. — Sur les moyens
de détruire les parasites de la vigne, 49a.
D. — Le greffage de la vigne, 428.
DECRU -nsECQUE. — Variétés de blés pour se-
mences, 1 1.
DESPETis. — Résistance et adaptation des
vignes américaines au point de vue pratique,
n\, 292, 338.
SESTBSMX. — Sur les moyens de faire dispa-
raître la rage, 209.
DUBOSQ. — Nouvelles de l'élat des récoltes dans
l'Aisne, 114.
DTTBOST. — La petite guerre, 258, 429, 491. —
Sur les fourrages et les efigrais verts, 448-
Ducos. — Sur un concours de vignes améri-
caines dans Vaucluse, 405.
ELOIRE. — Le foin nouveau, 67.
ESQUENiÉ, — A propos de la rage, 498.
FALtoux (de). — Sur le rôle des Comices agri-
coles, 124. — Lettre sur les subventions du
gouvernement aux associations agricoles, 162
F. D. — Comice agricole de l'arrondissemen-
de Saint-Julien, 68.
GARiN. — Nouvelles de^l'éufdes récoltes dans
l'Ain, 114.
GAiTOOT. — Congrès international de viticul-
ture à Lyon, 22. —Concours régional de Cler-
mont-Ferrand, 54. — Congrès viticoie de
Saragosse, 152.
GAU3IRAH. — Projet de station forestière en
Sologne, 4(>6.
GIRERD. — Discours prononcé au concours dé-
partemental agricole de Niort, 85.
GOBIN. — Le crédit agricole, 31, 146.
GOETZ. — Application d'une nouvelle méthode
de culture, 329.
HEUZB. — Discours prononcé à la distribution
des prix da concours régional de Clermont-
Ferrand, âfi.
JACOTIN. — Concours spécial à la race bovine
du Mézenc, 48.
JACQUOT. — Nouvelles de l'état des récoltes
dans les Vosges, 114.
j.AoaREATT. — Du tourteau de chaurre ; sa
composition et ses usages, 457.
L&OORSS3 (de). — Sur le rôle de la Société
nationale d'encouragement à l'agriculture,
443.
516
TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS.
Z^LIMAN. — Sur les cépages résistant au
phylloxéra, 72, 203. — Sur les vignes amé-
ricaines, 462.
LA moHVONNAis (de). — Concours hippiques
de l'Association bretonne, 28.
LAMOTHC (lie). — Nouvelles de l'étit des récol-
tes dans la Dordogne, 170. — A propos du
concours ré^Monal de l'éri;j;ueux, 193.
LAN6LOIS. — Sur la s irveillarice des vignes
contre le phvUoxera, 203.
1.APPARENT (dp). — Discours prononcé au
concours régional agricole d'Oran, 301.
Z.ARVARON. — Sur le foin nouveau, 350.
lA TRÉaoNNAis (de). — Les vrais et les faux
Durhams; leur valeur respective, 13. — Cul-
ture de la pomme de terre; plantation d'au-
tomne, 89. — Nouvelles considérations en
faveur de la plantation des pommes de terre
en aulonine, 2h'). — Chronique agricole de
l'Angleterre, 369. — Les concours d'animaux
gras en Angleterre, 493.
lAUNAY. — Concours départemental du
Mans, 17.
LECNHAROT-POiaiER. — Sur le congrès viti-
cole de S r;i,.40sse, 307.
LAWiis. — La récolte du blé en Angleterre
en 1880, 185.
I.BNTII.HAC (de) . — Nouvelles de l'état des
récoltes dans la Uordogiie, 130, 246.
I.ÉOJZON. — Variétés de pommes de terre
pour semences, 10. — Plantation automnale
de la pomme de terre, 221.
LEQUEtTX. — Rapport sur les prix de culture
décernés par le Comice central de la Marne,
150, 183, 215.
LER07. — Sur la production de la laine et de
la viande, 271.
IBTERRIER. — B'iUetin financier du 2 octobre,
40; — du 9 octobre, 80; — du 16 octobre
120; — du 23 octobre, 160; — du 30 octi-
bre, 200; — du 6 novembre, 240 ; — du 13
novembre, 280 ; — du 20 novembre, 320; —
du 27 novembre, 360; — du 4 décembre,
400; — du 11 décembre, 440; — du 18
décembre, 480; — du 25 décembre, 514.
LETRISSON. — Situation agricole dans Lot-et-
Garonne, 34. — Nouvelles de l'état des ré-
coltes dans Lot-et-Garonne, 246. — Soja
hispida, 352.
LUMARET (L. de). — - Sur les vignes sauvages
du Soudan, 127. — Les vendanges de 1880
en pays phylloxérés, 374, 449, 505.
MAiSTRE (J.) — Sur le congrès viticole de
Saragosse, 191.
MARES (H.) — Note sur le traitement de ses
vignes à Launac, 45.
BSiocciNOQAZzi. — La sériciculture en
Corse, 426.
moRLOT. ^- Sur les vignes américaines en
Amérique, 247.
laniXER (Paul). — Études viticoles; le fumier
et les matières minérales de la vigne, 187.
— L'alimentation rationnelle, 389.
HAZAKiNE (de). — La sauterelle dévastatrice
des champs en Russie, 265. — Situation des
paysans russes après l'abolition du ser-
vage, 467.
NOËL (Eugène'. — Pisciculture; réveil de la
question, 182.
ornons (d'). — Les noyers du Sud-Ouest, 106.
— Les chenilles des pins, 303. — Les em-
blas ures d'automne en Ariège, 352.
Partie officielle. — Évaluation approximative
de la récolte du froment, du méteil et du
seigle en 1880, 249.
PASTEUR. — Sur la non-récidive de l'affection
charbonneuse, 50, 111. — Atténuation du
virus du choléra des poules, 251. — Nouvel-
les observations sur l'étiologie et la prophy-
laxie du charbon, 289.
PERRET. — Lettre relative à la détermination
de la valeur des entrais, 445, 482- — Lettre
à MM. Jamont et Huard sur une vente de
guano, 483.
PBYRAT (du). — Discours prononcé à la distri-
bution des récompenses du concours d'irri-
gation des Alpes, 94.
poniLLET. — Jurisprudence agricole. — Les
jachères, 263. — Sur la chasse aux sanson-
nets et aux chardonnerets, 458
PO1TRTA0. — Notes sur le commerce du
beurre, .501.
PonRQtTiER. — Nature de l'immunité des mou-
tons contre le sang de rate, 18. — La clave-
lée dans le midi et le bétail algérien, 223,303.
PRADEL (J de). — Chronique horticole, 61. —
Haies et clôtures, 180.
PRiLLiEiTX. — Sur le bois de pin maritime
gelé, 131.
PROCH. — Sur la composition chimique des
aliments et la relation nutritive, 413.
P0JO. — Sur les engrais verts et les fourra-
ges, 448.
P0T-MONTBR0N (de). — L'année agricole dans
le Sud-Ouest, 109.
REMT. — B.evw- commerciale et prix-courant
des denrées agricoles du 2 octobre, 34; —
du 9 octobre, 74; — du 16 octobre, 114;
— (lu 23 octobre. 154: — du 30 octobre,
194; du 6 novembre, 234; — du 13 novem-
bre, 274; — du 20 novembre, 314; — du 27
novembre, 354; — du 4 iiécembre, 394. —
du 11 décembre, 494; — du 18 décembre,
474; — du 25 décembre, .509.
RITTER. — Des poules pondeuses, 22; — Sur
un moyen de reconnaître l'âge des œufs, 283.
SASNIGR (Henry). — Concours de la Société
d'agriculture de Meaux, 26; — Les prairies
artificielles en Picardie, 74; — Bibliographie
agricole, 141, 432, 460; — Concours de
Neufchàtel-en-Bray, 188. — Séances hebdo-
madai'-es de la Société nationale d'agricul-
ture, 233, 273, 314, 350, 394, 434, 473, 509. —
La science en plein air, 380. — Société d'en-
couragement à l'agriculture, 3'^3. — Essais
dynamométriques de machines à battre, 421,
499. — L'étable de Saron, .507.
SAMSON. — Sur les bases scientifiques de l'ali-
mentation, 453.
SARDRIAC (L. de). — Manège mobile d'Alba-
ret, 20. — Destruction de la cuscute, 27. —
Machine à décortiquer les petits bois, 105. —
L'arrachage des betteraves, 221. — Sur l'égre-
nage du maïs, 262. — Bottelage et compres-
sion des fourrages, 295. — Un compteur à
liquides, 342.
SCHNEIDER. — Suppression de la rage, 130.
scLAFBR (Honoré). — Les pépins de vignes
américaines, 493.
SEEBACH. — Observations sur la maladie
charbonneuse. 289.
SERRET. •— Courrier du Sud-Ouest, 232.
TIRAHD. — Lettre relative à l'exécution de la
convention internationale de Berne sur le
phylloxéra, 11. — Circulaire relative à une
enquête sur l'état saintaire du bétail, 42.
— Arrêté relatif aux concours d'irrigation
en 1881, 44. — Lettre sur la chasse des
hirondelles, 83. — Lettre au président du
Comice de Segré, 123. — Circulaire ordon-
nant la désinfection du matériel employé au
transport du bétail, 164.
TOJAif. — Bibliographie agricole, 69.
TRÉHEL. — Discours prononcé au concours
du comice de Vienne, 128.
VAiERT-MATET. — La maladie des oliviers
aux environs de Montpellier, 471.
VAVïw. — Conservation des œufs et de l'oseille
pour l'hiver, 53. — Reboisement des terrains
TABLE ALPHARÉTiQfJE DES AI:TEURF.
M7
par l'ailante, 349. — Cuisson du pois oléagi-
neux, 434.
V£RKET. — Discours prononcé à la distribu-
tion des récompenses du concours d'irriga-
tion des Alpes, 92.
VIDAIXN. — Sur les expositions scolaires dans
les concours régionaux, 485.
vitLEHOT. — Nouvelles de l'état des récoltes
dans la Bavière rhénane, 130. — Sur les pou-
les pondeuses, 173.
TABLE ALPHABETIQUE DES GRAVURES NOIRES
Aquarium fait avec une cloche à melon, 3S],
— Aquarium muni d'une échelle à grenouille.
382; — Aquarium pour l'étude des infu-
soires. 383.
Argas réfléchi, 143.
Batteuse à grand travail sysièrue Pécard. —
Coupe longitudinale, .SDO.
Arracheur de betteraves de M. Olivier-Lecq, 221.
Botteleuse-peseuse de M. Guitton, 296.
Cage pour conserver les insectes vivants, 384.
Compteur d'eau de Sitmain, 342. — Coupe
verticale et coupe horizontale, 343 et 344.
Cuscute. — Appareil cuscuteur de Gaup, 27.
Dynamomètre à rotation ; coupe longitudinale,
423; coupe transversale, 424; jeu des ressorts
d'acier, 424; — plan et coupe de l'appareil
enregistreur, 425.
Écorçage. — Machine de M. Mouget pour écor-
ser les petits bois, lOô.
Égrenoir à maïs de Tritscher, 2G2, 263.
Kssai dynamométrique d'une machine à bat-
tre, 422.
Fleur femelle et fruit du papayer commun, 63.
Gamase des rongeurs, 143.
Haie plantée au fond d'un fossé. 180; — sur
le bord d'un fossé. 180; — Haie multiple au
fond d'un fossé, 181. — Haie d'ajoncs en
Bretagne, 181. — Haies sur un mur, 181.
Hypoderme du bœuf, 142.
Labourage par l'électricité à Sermaize, 461.
Manège locomohile d'Albaret, 21.
Papayer commun portant ses fruits, 62.
Plan du concours régional d'Oran, 300.
Pou du cheval, 142
Presse à fourrages de M. Guitton. — Grand et
petit modèle, 297.
Sarcopte de la gale, 143.
Saut-de-loup fleuri, à Milan, 181.
TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES!
Agriculteur. — Les conditions à remplir pour
être agriculteur, 121.
Agriculture. — La situation agricole dans la
Haute- Loire, 88. — L'anm'e agricole dans le
Sud-Ouest, 109. — Les entreprises agricoles à
l'étranger, 205, 287.
Agronomie. — Définition; en quoi elle se dis-
tingue de l'agriculture, 281.
Allante. — Son emploi pour le reboisement des
terrains en pente, 3'i9.
Alcools. — Tableau de leur production, 485.
Algérie. — Réduction des frais de transport des
produits agricoles à destination de l'Algérie,
169. — Les concours agricoles en Algérie,
177. — La clavelée importée dans le Midi par
le bétail d'Algérie, 223, ."303. — Concours ré-
gional d'Oran, 226, 298, 332, 384, 416, 473.
— Analys'' du programme du concours d'Al-
ger, 321, 441. — Situation agricole en Algé-
rie, 490.
Alimentation. — Des bases scientifiques de l'ali-
mentation rationnelle du bétail, 389, 413,453.
Amérique. — Sur l'exportation du bétail amé-
ricain en Europe, 125. — La pisciculture en
Amérique, 309.
Angleterre. — La récolle du blé en 1880, 185.
— Publication du Journal de la Société royale
d'agriculture, 204. — Dénombrement du bé-
tail, 204. — Con-nurs d'exploitations rurales,
205. — Concours d'animaux gras, 368, 493. —
Vente du troupeau diirham de lord Perhyn,
369. — Exposition de la Société laitière à
Islington, 371.
Aquarium. — Modèles divers pour les études
d'histoire naturelle, 381.
Arboriculture. — Congrès Domologique • de
Bruxelles, 61. — Cours public d'arboricul-
ture à Paris, 326. — L'arboretum de Segrez,
366. — Récompenses décernées par le Congrès
pomologique de France, 368.
Batteuses. — Essais dynamométriques de ma-
chines à battre organisés par la Société des
agriculteurs,9,421, 499. —Concours spécial or-
ganisé par la Société d'aericullure de Meaux,
26, 136. — Expériences sur les batteuses de
céréales et celles de graines fourragères, à
Clermont-Ferrand, 55. — Batteuse Pécard,
à grand travail, 499.
Bergers. — Sortie des élèves-bergers de l'Ecole
de Rambouillet, 10. — Création d'une école
de bergers en Algérie, 10.
Bétail. — Valeur respective des vrais et des
faux durhams, 12. — Concours d'animaux
reproducteurs au Mans, 17. — Enquête sur
l'état sanitaire. du bétail en France, 43- —
Concours spécial à la race bovine du Mézenc,
48. — Traitement de la fièvre aphteuse, 73.
— Concours d'animaux gras au Puy, 88 —
Exportation du bétail américain, 125. — Sur
ladésinf ction du matériel employé au trans-
port du bétail, 164, 242. —Dénombrement
du liétp.il en Angleterre, 204- — La race bo-
vine de la Montagne-Noire, 244. — Compa-
raison de la production de la laine et de la
vi.inde, 271.
Betteraves. — Récolte et arrachage des bette-
raves, 168, '^4', 486 — Arracheur de bette-
raves de M. Olivier-Lecq, 2,;1.
Beurres. — Concours de l'industrie laitière à
Nenfchâiel, l89. — Commerce du beurre de-
puis dix ans, 501.
Bitdiographie agricole. — Elevage el maladies
du mouton, par M. Alfred Leroy, 69. — Jour-
nal des Stations agronomiques, par M. Gas-
send, 85. — Les étangs, par M. Chabot-Kar-
len, 128, 182. — L^s parasiter et les animaux
parasitaires chez rhomme et Us animaux do-
mestiques, par M. Mé.'uin, 141. — Bouturage
et greffage des vignes américaines, par
M. H. de Morlillet, 1H8. — Anmiaire des fa-
briques de sucre, par M. Dureau, 168. —
Journal de la Société royale d'agriculture
d'Angleterre, 204. — Labourage à vapeur,
exposé historique et pratique, par M. Pyro,
244. — Annales agronomiques, de M. Dehé-
rain, 327. — Les récréations scientifiques,
par G. Tissandier, 380. — Traité des mala-
dies contagieuses et de la police sanitaire des
animaux domestiques, pir M. Galtier, 432. —
Les grandes usines de France, par M. Tur-
gan, 433. — Nouvelle géographie universelle,
par M. Reclus, 433. — Les principales appli-
cations de l'électricité, par M. Hospitalier,
460. — Les poissons d'eau douce et la pisci-
culture, par M. Gaukler, 460. — Diamants et
pierres précieuses, 462.
518
TABLE ANALYTIQUE DES. MATIERES
Biographie. — Le 94' anniversaire de la nais- (
sance de M. Chevreul, 41. —M. Louis Moll,
411.
Blés. — Offre de variétés pour semences, IL— -
Culture comparée de plusieurs variétés, 108.
— Appréciations de la réc ilte de 1880, 167,
242. — La récolte du blé en Angleterre en
1880, 185. - Evaluation approximative offi-
cielle de la récolte en 1880, 249.
Bouchots. — Leur organisation dans l'Ouest.
217.
Bretagne. — Vote du projet de loi sur le par-
tage des terres v;iines de Bretagne, 407.
Bruche. — Ravat^es de la bruche des lentilles
dans la Haute-Lnire, 169.
Budget de l'agriculture pour 1881. — Dépôt au
Sénat du rapport de la Commission des fi-
nances, 321. — Discussion et vnte, 361.
Bulletin financier du 2 octolire, 40 ; — du 9 oc-
tobre, 80; — du 16 octobre. 120; — du
23 octobre, 160; —du 30 octobre, 200;— du
6 novembre, 240 ; — du 13 novembre, 280 ;
— du 20 novembre, 320 ; — du 27 novembre,
360; —du 4 décembre, 400;— du 11 dé-
cembre, 440; — du 18 décembre, 480; — du
2.5 décembre, 514.
Cadaste. — Proposition de loi relative à la ré-
vision du cadastre, 364.
Caféier. — Recherches sur les matières sucrées
contenues dans le fruit du caféier, 170.
Céréales. — Appréciations sur la récolte en
1880, 5. — Evaluation approxiT^ative offi-
cielle de la récolte du froment, du méteil et
du seigle en 1880, 249.
Charbo'i. — Nature de l'immunité des moutons
algériens contre le sang de rate, 18. — Sur
la non-récidive de l'affection charbonneuse,
50, m. — Nouvelles observations sur l'étio-
logie et la prophylaxie du charbon, 289, 354.
— Desiruction pai- le feu des cadavres des
animaux charbonneux, 409.
Charrues. — Concours de charrues vigneronnes
à Reaune, 243.
Chas-f>. — Arrêté du préfet des Boucbes-du-
Rhône sur la chasse des hirondelles, 83. —
La chasse des sansonnets et des chardonne-
rets, 458. — Date de la fe;-meture de la chasse
en janvier 1881, 4S6.
Chevaux. — Concours hippiques de l'Ajisocia-
tion bretonne, 28. — Achat d'étalons de gros
trait dans la Nièvre, 49. — Sur l'admission
des chevaux dans les concours régionaux, 161,
321, 362. — Arrêté relatif à leur admission
aux concours d'Epinal et de Versailles, 484.
Chimie. — Historique des applications de la
chimie à l'agriculture, 401.
Choléra des poules. — Recherches de M. Pas-
teur sur l'atténuation du choléra des poules
pour en faire des vaccins, 201, 251.
Chronique agricole du 2 octobre, 5; — du
9 octobre, 41 ; — du 16 octobre, 81 ; — du
23 octobre, 121; — du 30 octobre, 161 ; —
du G novembre, 2r'l; — du 13 novembre,
241 ; — du 20 novembre, 281 ; — du 27 no-
vembre, 321; — du 4 décembre, 361: — du
Il décembre, 401 ; —du 18 décembre, 441 ;
— du 25 décembre, 481.
Cidre. — Sur les moyens d'en augmenter la
quantité, 367, 471.
Clavelée. — Mesures qui peuvent préserver le
bétail du Midi de la clavelée, 223, 303.
Clôtures. — Systèmes divers de clôtures pour
les champs et les parcs, 181.
Comices agricoles. — Sur le rôle que doivent
iouer les Comices et sur les allocations qui
lenr sont faites par l'Etat, 123, 162. — Voir
Concours divers.
Commerce agricole. — Revue commerciale du
2 octobre, 34; — du 9 octobre, 74; — du
16 octobre, 114 ; — du 23 octobre, 154 : —
du 30 octobre, 194; — du 6 novembre,
234; — du 13 novembre, 274; — du 20 no-
vembre, 314 ; — du 27 novembre, 354 ; —
du 4 décembre, 394; — du 11 décembre,
434; — du 18 décembre, 474 ; — du 25 dé-
cembre, 509.
Compteur a eau de Samain. — Description
et usages, 344.
Concours régionaux d'animaux reproducteurs.
Compte rendu du concours de Clermont,
54. — Dites et sièges des concours régionaux
de 1881, 161. — Compte rendu du concours
régional agricole d'Oran, 176, 226, 298, 332,
384, 416. — Sur le concours régional de
Périgucux, 193. — Analyse des programmes
des concours régionaux de 1881, 321, 407,
442.
Concours d'animaux de boucherie. — Programme
du concours de Nevers, 324 403. — Con-
cours de volailles grasses à Bourg, 324. —
Concours d'animaux gras à Angoulème, 330;
— à Besançon, 404. — Concours d'animaux
de boucherie et d'animaux reproducteurs à
Bourges, 484. — Concours d'animaux gras en
Angleterre, 493.
Concours divers. — Concours départemental de
la Haute-Loire, 12. — Concours spécial aux
races bovines, à Lamotte-Beuvron, 12. —
Concours départemental de la Sarthe, 17. —
Concours du Comice de Fontenay-le-Comte,
25 ; — de la Société d'agriculiure de Meaux,
26; — de l'Association bretonne, 28; — du
Comice de Saint-Julien, 68; — de la Société
d'agriculture de Niort, 85 ; — du Comice de
Vienne, 129; — du Comice de Trévoux, 129;
— du Comice agricole central de la Marne,
150, 183, 215. —Réunion du Comité central
de la Sologne, 169. — Création de la Société
de bienfaisance de Meurthe-et-Moselle, 288.
Courriers agricoles. — Courrier du Sud-Ouest,
232.
Crabe. — Mœurs et rôle, 271.
Crédit agricole. — Exposé d'un système d'or-
ganisation du Crédit agricole, 31, 147. —
Publication des procès-verbaux de la C'>mmis-
sion du Crédit mobilier agricole, 41.
Crevette. — Son élevage sur les côtes- de
l'Océan, 270.
Cuscute. — Destruction par le cuscuteur de
Gaud, 27.
Décorations pour services rendus à l'agricul-
ture, 84,206.
Décoriicage. — Machine de M. Monget pour
décortiquer les petits bois, 105.
Droit ru'-al. — Les jachères dans les baux,
265. — La chasse des sansonnets et des
chardonnerets, 458.
Durham. — Leur valeur respective suivant les
familles auxquelles ils appartiennent, 13. —
L'étable de Saron, 507.
Dynamomètre à rotation. — Description et
foncironnement, 421- — Essais dynamomé-
triqu e des machines à battre, 499.
Ecoles nationales d'agriculture. — Admissions
aux écoles do Grignon, 283; — de Montpel-
lier, 2«3 ; — de Grand-Jouan, 365. — Nomi-
nation de M. LézéyComme professeur à Grand-
Jouan, 330.
Ecoles nationales vétérinaires. — Liste des
élèves admis en 1880, 284.
Economie rurale. — Sur l'inutilité et le danger
d'élever les tarifs de douane sur les produits
agricoles, 258, 429, 491.
Ecrevisses. — Leur mortalité en Europe, 63.
Egouts. — Sur les moyens d'assainir Paris et
d'utiliser les eaux d'égout pour l'agriculture,
8, 81. — Les eaux d'égout et la propagation
des maladies contagieuses, 394, 435.
Egrenoir de maïs de Tritschler, 262-
Electricité. — Congrès et exposition interna-
tionale d'électricité à Paris, en 1881, 182.
Engrais. — Leur valeur pour accroître le ren-
dement des récoltes, 43. — Sur la valeur et
le meilleur mode d'emploi des engrais des
TABLE ANALYTIQUE DES AUTEURS
519
Tilles, 8, 81. — Expériences faites avec le
guano dissous du Pérou, 168. — Changement
de direction de la maison Roûart, 287. — Sur
la solubilité des entrrais et leur val«ar com-
merciale, 378, 44,=), 482.— Les engrais verts et
les fourrages, 448. — Sur les points établis
par la science relativement à la valeur et à
l'emploi des engrais, 481.
Enseignement agricole. — Examens d'admis-
sion à l'école Maihieu de Dombasle, 10. —
La ferme-école de la Corrèze, 47. — La
lerme-école des Trois-Croix, 87. — La ferme-
école de la Nièvre, 166. — Cours a^ricoes
du Conservatoire des arts e; métiers, 208. —
La ferme-école de la Haute-Loire, 284. —
Admissions à l'Institut agricole de Gembloux,
366. — Les expositions scolaires dans les
prochains concours régionaux, 408, 443, 485.
— Nomination de professeurs départementaux
d'agriculture, 445.
Ensilage. — Reclierches de M. Muntz sur la
conservation des grains par l'ensilage, 474.
Exposition universelle de 1878. — Commence-
ment de la publication des rapports officiels,
1U5.
Fièvre aphteuse. — Mode de traitement, 73. —
Vœu du Comice de Lille relativement à la
fièvre aphteuse, 166.
Foin. — Sur les propriétés et le danger de
l'emploi du foin nouveau, 67, 350.
Forêts. — Nomination de M. Paioa comme
direcrteu: de l'Ecole forestière deMiticy, t&'à,
— Projet de station forestière en Sologne,
466. — Vote par le Sénat du projet de loi
sur la restauration des terrains en montagne,
4g7.
Fourrages. — Avantage de la compression des
fourrages, 147. — Machines Guiiton pour 1b
bottelage et la compresiion des foarra.r«s,
295.
Fromages. — Concours d« la f>ociété d'indus-
trie laitière à .\eufchàtel-eu-Bray, 189.
Greffe. — Sur le greffage de la vigne, 101.
Haies. — Modèles divers de plantation des
haies, 180.
Haras. — Subvention pour l'agrandissement
des dépôts d'étalons, 486.
Hirondelles. — Sir la chasse de ces oi-
seaux, 83.
Horticulture. — Mesures relatives au com-
merce d'exportation des plants et arbustes.
11. — Exposition horticole à Fonienay-le-
Comte, 27. — Examens d'admission à Técole
nationale d'horticulture de Versailles, 47. —
Chronique horticole, 61. — Exposition de la
Société centrale d'horticulture en 1881, 403.
Inspection générale de l'Agriculture- — iNomi-
nafjon de trois adjoints à l'inspection géné-
rale, 201.
Institut national aïronomique. — Publication
•du 3' volume de ses annalps, 46. — Examens
d'admission, 47. — Cours pourrannée sco-
laire 1880-81 . 206. — Elèves admis en 1880,
326. — Concours pour la chaire d'agriculture,
406. — Résultats dii concours poir la chaire
de génie rural. 444.
Irrigations. — Arrêté otg misant les concours
d'irrigations en 1881, 44. — Souscription j
pour le canal d'irrigation du Rhône, 87. —
Résultats du concours ouvert pour les irriga-
tioBs dans les Hautes et les Basses-Alpes en
1879, 92. — Canal d'Aragon en Espagne, 154.
— Déclaration du minisf-re relativement à
l'exécution du canal du Rhône, 241.
Labourage à vapeur. — Exposé historique, 244.
Laiterie. — Concours de la Société française de
l'industrie laitière à Neufchâtel-en-Bray, 85,
188. — Sur l'utilité de la vérification du lait,
245. — E.xpositien de la Société laitière
anglaise à Islington, 371. — Notes sur le com-
merce du beurre, 50L Travaux de la station
laitière de Lausanne 484.
Maïs-fourrage. — Résultats de sa culture sur
la ferme de Courquetainé, 331.
Manège tocomobile construit par M. Alba-
ret, 20.
Marais salants. — Manière d'en tirer parti
pour la pisciculture, 346.
Mécanique agricole. — Essais dynamométri-
ques organisés par la Société des agricul-
teurs, 9, 421. — Manège mobile d'Albaret,
20. — Machine de M. Mooget pour décorti-
quer les petits bois, 105. — Arrache-bettera-
ves de M. Olivier-Lecq, 221. — Egrenoir de
maïs de Tritschler, 262. — Machines Guitton
pour le bottelage et la compression des four-
rages, 295. — Compteur à eau de Sa-
main, 342. — Dynamomètre à rotation, 421.
— Grande batteuse système Pécard; descrip-
tion et coupe, 499.
Mildew. — Observations sur sa nature et ses
dangers, 234, 447, 490.
Moules. — Leur élevage sur les côtes de
l'Ouest, 217.
Moutons. — Nature de l'immunité des mou-
tons algériens contre le sang de rate, 18. —
Concours international de races ovines en
Allemagne, 84. — Comparaison de la produc-
tion de la lalae et de la viande, 271. — La
clavelée importée dms le Midi par le bétail
d'Algérie, 303.
Mûriers. — Catalogue spécial de M, Jacque-
met-Bonnefoud, 63.
Nécrologie. — M. Aubin, 49. — M. Guy, 84. —
Mme Ydieroy, M. DoazeU 116. — M. Gru-
ber, 205. — M. Louis Gossin, M. de Hamm,
H Jeaniiin, M. Colin, 282. — M.Dubos-i, 326.
— M. Louis Moll, M. Gernigon, 361. —
M. Cazeaux, M. Doumet, 402. — M. Baron-
Dutaya, M. Lécart, 444-
Noyers, — Variéiés cultivées dans le Sud-
Ouest, li)7.
Œafs. — Sur les poules pondeuses, 22, 173. —
Conservation des œufs pour l'hiver, 5). —
Moyen de reconnaître l'âge des œufs, 288.
Olivier. — Formation d'un comité à Grasse
pour l'étUile des maladies de l'olivier, 288. —
Les inalalies des oliviers aux environs de
Montpellier, 471-
Oseille. — Conservation pour l'hiver, 53.
Ph paver. — Suc digestif extrait de ses
fruits, 62.
Pays-Bas. — Les récoltes de 1880, 50.
Phylloxcra vistatrix. — Sur l'emploi de la
résine pour traiter les vignes, 12. — Confé-
rence de M- Catta à Ajaccio, 12. — Résultats
obtenus avec le sulfocarbonate de potas-
sium, 45, 373, 404 ; — avec le sulfiu-e de
carbone, 127, 273, 285, 286, 404, 447. —
Extension du fléau dans l'Aude, 45. — Trai-
tements administratifs, 167, 325, 404. —
Subventions aux syndicats de viticulteurs,
167, 242, 325, 404. — Nécessité de défendre
les vignes avec ensemble, 20-3. — Etudes de
M. Boiteau sur la descendance des œufs
sexués, 285. — Recherche de l'œuf ri'hiver,
325. — Décret relatif à l'importation des
plants et boutures de vignes du Portugal,
325. — Date et travaux de la réunion de la
Commission supérieure du phylloxéra, 325,
404, 446. — Le phylloxéra en Crimée, 364. —
Changement dansle personnel des délégués
de l'administration, 364. — Recherches sur
les mœurs du phylloxéra en 1880 dans Vau-
cluse, 364. — Sur l'essaimage du phyl-
loxéra, 466. — Organisation des associations
syndicales dans la Gironde et résultats obte-
nus, 489. — Voir Viticulture.
Pins. — Evaluation des dégâts amenés dans
520
TABLE ANALYTIQUE DES MATIERES.
les pineraies de la Sologne par l'hiver de
1879 80, 46. — Valeur des bois de pins ma-
ritimes ge es, 131. — Sur la valeur du pin
maritime et du pin sylvestre pour le reboise-
ment de h Sologne, 173. — Les chenilles
des pins, 303.
Pisciculture. — La mortalité des écrevisses,
63. — Le withehait, 144. — Les bouchots,
217. — Les nettoyeurs de la mer, 269. —
La pisciculture en Amérique, 309. — Les
marais salmis, 345. — La vente des truites
à la h.lle de Paris, 380.
Plâtrage. — Ajournement des mesures cœrci-
citives du plâtrage des vins, 6.
Police sanitaire. — Enquête sur l'état sanitaire
du hi'iail en France, 42. — Arrêtés prescri-
vant la désinfection du matériel employé au
transport des animaux domestiques, 164,
242. — Importance des lois sur la police
ganitaire du bétail, 441. — Loi promulguée
en Allemagne, 441.
Pommes de terre. — Offre de variétés pour
semences, 10 — Sur les avantages et les
inconvénients de la plantation automnale,
89, 221, 2hh, 312. — Culture comparative de
plusieurs variétés, 108.
Poules. — Sur la questiou du nombre des œufs
des diverses races de poules, 22, 173.
Prairies. — Mémoire de Gilbert sur les prai-
ries artificielles en Picardie, 74. — Sur l'em-
ploi du purin dans les prairies, 234. —
Résultats obtenus par la méthode de culture
de M. Gœtz, 329.
Primes d'honneur. — Lauréat de la prime
d'honneur au concours régional de Cler-
mont-Ferrand, 58. — Visite des fermes dans
Indre-et-Loire, 128. — Prix décernés par le
Comice agricole central de la Marne, 150,
183 , 215. — Prime d'honneur décernée au
concours régional d'Oran, 230, 332.
Rage. — Sur l'émoussemeni des dents des
chiens pour combattre la rage, 13 J, 208, 498.
Récoltes en terre. — Situation agricole dans
Lot-et-Garonne, 34, 246. — Les récoltes en
Vendée, 107. — Nouvelles de l'état des récol-
tes dans l'Ain, l'Aisne et les Vosges, 114; —
dans la Bavière, 130; — la Dordogne, 130,
170, 246. — Situation agricole dansl'Ar-
dèche, 313. — Les emblavures d'automne
dansl'Ariège, 352.
Routes. — Projet de loi rektif à l'achèvement
du réseau des roules nationales, 363.
Russie. — Ravages causés dans les champs
par les sauterelles, 265. — Situation des
paysans russes après l'abolition du ser-
vage, 437.
Saumon. — Production, en Amérique, du
saumon de Californie, 310.
Sauterelles. — Les ravages dans les champs en
Russie, 265,
Sériciculture. — Tour pour tirer la soie des
cocons, 48. — Conférences séricicoles faites par
M. Maillot, 126. — Hibernation des graines
de vers à soie, 203, 286. — Congrès sérici-
cole de Sienne, 329. — - Méthode de dévidage
du cocon du ver à soie de l'allante, 35d. —
La sériciculture en Co se, 426.
Société nationale d'agriculture. — Reprise de
ses travaux, 201. — Compte rendu des séan-
ces hebdomadaires, 233, 273, 314, 353, 394,
434, 473. — Séance de rentrée, 330, 44'i. —
Election de M. Renou comme membre asso-
cié dans la Section des sciences physico-chi-
miques, 403, 445. — Compte rendu de la séance
solennelle de rentrée, r,09.
Société des agriculteurs de France. — Publica-
tion de 1 annuaire de 1880, 287. — Date de
la session de 1881 et de la réunion des délé-
gués des associations agricoles affiliées, 368.
Société d'encouragement à l'agriculture. —
Ouverture d'un concours sur les moyens
d'améliorer la situation des agriculteurs, 84.
— Nouvelle liste d'adhérents, 327. — Date de
la réunion générale, 329. — Compte rendu
de la réuiiiou générale, 393. — Sur son rôle
dans l'organisation des expositions scolaires,
443.
Soja hispida. — Sur le mode de cuisson de ce
pois, 252, 434.
Sologne. — Réunion du Comité central de la
Sologne, 168. — Sur les essences à choisir
pour reboiser la Sologne, 173. — Projet de
station forestière en Sologne, 466.
Soufrage. — Concours de soufreuses da vignes,
à Beaune, 243.
Submersion des vignes. — Extension du pro-
cédé et résultats obtenus dans la Gironde, 167.
Sucres. — Effets du dégrèvemat.t des sucres,
45. — Campagne sucrière de 1880, 168, 245,
4S6. — Proposition de loi relative au sucrage
des vendanges à prix réduit, 245.
rakymétrie. — Son enseignement dans les
écoles d'agricultures, 366.
Tarares. — Concours spécial de la Société d'a-
griculture de Meaux, 26, 140.
Tarifs de transports. — Vœi de la Société d'a-
griculture de Vaucluse relatif à la diminu-
tion des tarifs de transports, 210.
Tourteaux. — Composition et usage du tourteau
de chanvre, 457.
Trieurs. — Concours spécial ouvert par la So-
ciété d'agriculture de l'Indre, 330.
Vendanges. — Appréciations sur la récolte
de 1880, 6. — Proposition de loi sur le su-
crage des vendanges à prix réduit, 245.
Vidanges. — ^ur les meilleurs moyens d'utili-
ser les vidanges de Paris, 8.
Vins. — Ajournement des mesures cœrcitives
du plâtrage des vins, 6.
Vins. — Sur l'assimilation des vins de raisins
secs aux vins ordinaires, 127, 292. — Tra-
vaux de M. Robinet sur l'analyse des vins
et la fabrication des vins mousseux, 216. —
Vente des vins des hospices de Beaune, 243.
— Analyse chimique d'un vin de Jac-
quez, 474.
Viticidture. — Congrès international de viticul-
ture à Lyon, 22, 68; — à Saragosse, 63, 153,
167, 191. — Conférence viticole au Plaud-
Chermignac, 29. — Sur les vignes sauvages
du Soudan, 49, 127, 286, 365. — Sur les
cépages d'Amérique résistant au phylloxéra,
72, 203, 353, 374, 405, 469. — Le greffage
des vignes françaises, 102', 169,405,428. —
Concours de greffage et de plantation de
vignes dans ris';re, 129; dans Vaucluse, 405.
— Le fumier et les matières minérales de la
vigne, 187. — Exposition viticole de Beaune,
202, 243. — Résistance et adaptation des vi-
gnes américaines au point de vue pratique,
211, 292, 338. — Observations sur le mil-
dew, 234,447, 490. — Surlaculturedïs vignes
américaines en Amérique, 247, 307, 462. -~
Les vendanges de 1880 dans les pays phyl-
loxérés, 374, 449, 50r-. — Catalogue des vignes
américaines de l'école d'agriculture de Mont-
pellier, 448. — Sur les plantations des pépins
de vignes américaines, 497. \ oit Phylloxéra.
Volailles. — Concours de volailles grasses à
Bourg, 324. — Engraissement mécanique des
volailles, 325.
Zootechnie. — Sur les bases de l'alimentation
rationnelle des animaux domestiques, 389,
453. — Sur la composition chimique des ali-
ments et la relation nutritive, 413.
FIN DE LA TABLE DU QUATRIÈME VOLUME DE 1880.
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